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(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'aménagement et des équipements
entreprend maintenant ses travaux pour procéder à l'étude
des crédits budgétaires du ministre responsable du
Développement régional pour l'année financière
1988-1989. Est-ce que nous avons des remplaçants, M. le
secrétaire?
Le Secrétaire: Oui. M. Charbonneau (Verchères) est
remplacé par M. Brassard (Lac-Saint-Jean).
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
secrétaire. Je vais maintenant reconnaître M. le ministre pour des
remarques préliminaires.
Remarques préliminaires M. Marc-Yvan
Côté
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. C'est avec, bien sûr, beaucoup de plaisir et de
satisfaction que, pour la troisième année, j'ai l'occasion
d'analyser les crédits de l'OPDQ devant cette commission
parlementaire.
Je n'ai pas l'habitude, et je ne veux pas non plus le faire, de lire un
texte qui aurait pu être écrit par d'autres ou par moi et qui,
finalement, ferait un discours très ronronnant sur nos
réalisations et nos espoirs quant à l'avenir. Sachant fort bien
que ces commissions sont devenues des commissions de discussions sur bien des
sujets, je me contenterai de faire une rétrospective très rapide
de têtes de chapitres ou d'événements qui ont pu se passer
et qui pourraient alimenter notre questionnement au cours de l'avant-midi et de
l'après-midi de telle sorte qu'on puisse regarder aussi en termes de
perspectives quels sont les sujets qui pourraient retenir l'attention de
l'année financière qui vient de débuter.
L'année financière qui vient de se terminer nous a permis,
dans un premier temps, de régler un cadre de concertation avec des
intervenants importants du milieu. Si mon souvenir est bon, c'est en mai ou en
juin l'an dernier que l'on signait une entente qui regroupait tous les
représentants de CRD ou d'organismes de concertation des régions
issus dès sommets déjà tenus ou en voie d'être
tenus. De telle sorte que nous avons signé un protocole d'entente qui en
faisait, quant à nous, un partenaire privilégié dans nos
relations sur la définition de ce que devraient être les actions
gouvernementales en matière de développement régional.
Cela a été un événement assez important. Des
rencontres au cours de l'automne se sont tenues sur leur volonté de nous
indiquer un certain nombre de sujets sur lesquels devrait porter la
réflexion du gouvernement quant à l'élaboration d'un plan
de développement régional. Ces rencontres se sont poursuivies
à un rythme où, à la fois, le ministre et des officiers
supérieurs de l'OPDQ étaient présents.
Deuxièmement, le 22 décembre dernier voyait un
décret ministériel adopté pour délimiter les
régions administratives de manière quasi définitive,
puisqu'une partie du nord n'était pas déterminée de
façon finale. Mais, quant au reste, cela nous permettait de trancher
fà où le gouvernement précédent avait beaucoup
hésité, étant donné le tiraillement entre des
ministres qui défendaient des régions différentes, de
telle sorte que, même si, sur le plan populaire, c'est une
décision qui risque d'être contestée - à titre
d'exemple, dans le cas de la MRC Les Moulins nous avons pris la décision
que Les Moulins ferait partie de la région Lanaudière, pour qu'on
puisse avoir une région qui, sur le plan de la population, sur le plan
de l'homogénéité, ait une certaine chance de
réussite - nous sommes passé de 12 régions administratives
à 16, au Québec, et pour la plus grande satisfaction d'une
série de personnes qui étaient dépendantes d'autres.
À titre d'exemple, dans la région de Québec-Sud, certains
leaders, sur le plan de l'opinion publique de Québec, peuvent être
chatouillés à l'idée de voir naître sur la rive sud
une région autonome. Mais c'était la seule issue possible pour
permettre à ce milieu de se prendre en main, de voler de ses propres
ailes et de revendiquer au nom de son territoire qui est, à plusieurs
égards, bien différent de celui de la région de
Québec. Dans ce sens là, c'est un plus pour les gens de
Québec-Sud, et déjà on a pu sentir les effets de ce
découpage régional hier par la volonté du ministère
des Transports d'implanter à Black Lake un centre de voirie du
ministère des Transports pour respecter cette entité
régionale qu'est la région Québec-Sud et tout le travail
qu'il y a à faire.
Le ministre du Développement régional a finalement
convaincu le ministre des Transports de reconnaître ces entités
sur le plan géographique et de faire en sorte qu'on en ait le respect.
Donc de 12 à 16 régions, avec tout ce que cela comporte comme
travail, puisqu'il ne suffit pas de faire adopter un décret, pour dire
que, maintenant, il y a 16 régions au lieu de 12, pour penser que le
travail est terminé. Je le dis très honnêtement.
Malheureusement on associe toujours une région à des bureaux. Je
l'ai toujours dit et je le répète: Lorsqu'on parle de
découpage régional, de nouvelles régions administratives,
on doit le voir davantage comme une ouverture pour rallier tout le monde autour
du développement d'une région, que tout le monde
se prenne en main et lutte pour avoir ce qui lui appartient, non pas
seulement des gouvernements, mais qu'ils fassent eux-mêmes le
ménage dans leurs revendications, qu'ils s'entendent entre eux pour
développer des axes de développement spécifiques à
chacune de ces régions, de telle sorte que les bureaux soient
accessoires. Si les bureaux, dans une région administrative, deviennent
l'essentiel, il faudra craindre pour le dynamisme du milieu et l'esprit
d'entreprendre un certain nombre de choses.
Le message a été très clair et, en certains lieux,
on fait la bataille des bureaux, mais je pense qu'on fait la mauvaise bataille.
Quant à moi, tant que ceux de ces régions-là voudront
faire une bataille de bureaux, on réglera cela pas mai plus tard,
à partir du moment où le milieu aura certainement
démontré qu'il est apte à se prendre en main et à
revendiquer autre chose que des bureaux.
Les bureaux des ministères, peu importe le ministère, sont
effectivement un des éléments structurants d'une
communauté. Mais cela fait appel à des budgets récurrents.
Il faut davantage le voir comme un service qui serait
décentralisé et qui répondrait à des besoins
spécifiques d'une région plutôt que l'élément
moteur qui ferait en sorte que la région sortirait de son sommeil ou,
finalement, progresserait sur le plan du développement
économique.
On a eu l'occasion de tenir les deux premiers sommets selon la formule
de la nouvelle génération des sommets, ceux de l'Abitibi et de la
Montérégie, et on s'est rendu compte qu'il y avait des
ajustements nécessaires à faire, et je pense que ce n'est pas
faire injure à qui que ce soit que de dire: II y en a, il en a eu et il
y en aura encore.
On a vu avec quelle difficulté on était passé
à travers l'appareil, parce qu'il y a la volonté politique et,
après cela, il y a l'appareil. L'appareil, cela veut dire à peu
près tous les comités ministériels, y compris le
Trésor, capables de faire accepter ces ententes avec tout ce que cela
comporte sur le plan à la fois gouvernemental et du milieu.
Ce n'est pas seulement le gouvernement qui a accroché dans le cas
de l'Abitibi. C'est aussi le milieu qui n'a pas pu, dans certains cas, faire la
démonstration que les projets étaient complètement
fignolés au moment de l'exercice de la tenue du sommet et que les
ficelles étaient attachées. Alors, je pense que c'est une
responsabilité partagée, et on s'est rendu compte que des
projets, dans ce sommet-là, avaient été
présentés et acceptés lors de la tenue du sommet. Mais,
dans la réalisation, il y avait des distorsions entre les engagements
pris de part et d'autre par rapport à ce qu'on voulait livrer. À
ce moment-là, cela faisait une certaine différence par rapport
à l'esprit de l'entente et sur le plan interne, il faut bien dire qu'il
y avait des interprétations plus restrictives de la part de ceux qui
avaient à serrer les cordons de la bourse des décisions
gouvernementales. Cela nous permet et cela nous permettra, à la suite de
l'expérience de la Montérégie et de l'Abitibi, de
davantage fignoler nos décisions, de bien préciser la
portée d'une décision du Conseil des ministres et de faire en
sorte qu'on puisse également, au lendemain du forum, avoir un peu plus
de temps, puisqu'un certain nombre de dossiers ne sont pas attachés,
pour passer à travers tous les avis sectoriels et rattacher davantage le
dossier avec la région, avant même de se présenter lors du
sommet.
Cela a donc été l'objet de la signature de deux ententes
cadres qui sont perfectibles, bien sûr, avec l'Abitibi et la
Montérégie. Dans ce sens, c'était très heureux.
C'est signe que cet engagement peut être signé par des parties et
respecté par le comité de gestion de l'entente qui suit. Nous
avons tenu deux biennales; une première qui était celle de
l'Estrie et une deuxième qui était celle du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Je pense que là, comme ailleurs, il y a
certains ajustements nécessaires à la formule, mais, je pense que
globalement cela a été un exercice utile qui nous a permis de
faire un bout de chemin. Il y a aussi eu au cours de cette année le
colloque sur le financement du développement régional qui s'est
tenu à l'Université du Québec à Rimouski.
Malgré le fait qu'on n'ait peut-être pas obtenu tous les
résultats qu'on souhaitait de la part du secteur privé, en termes
d'engagement au financement du développement régional, on sera
à même, au cours des prochains mois, de constater que cela a
été l'élément déclencheur d'une
réflexion très importante d'organismes paragouvernementaux et
d'organismes de financement du secteur privé. Ils ont pris conscience
là-bas, devant des représentants d'à peu près
toutes les régions du Québec, du constat qu'il y avait des
problèmes extrêmement importants dans des projets qui faisaient
appel à un financement de moins de 250 000 $ et qui, effectivement, ne
trouvaient pas dans les programmes réguliers des ministères, tant
fédéraux que provinciaux, l'ouverture pour être capables de
réaliser un certain nombre de ces projets et qu'il fallait davantage
axer l'action gouvernementale, et peut-être même celle de
l'entreprise privée, dans des phases de prédémarrage
d'entreprises et dans du capital de risques de moins de 100 000 $. Dans ce
sens-là, cela a été une des conclusions très
importantes de ce colloque.
L'autre conclusion extrêmement importante a été de
prendre conscience qu'il ne suffisait pas pour une caisse, qu'elle soit
publique ou privée, d'investir dans les condominiums aux Jardins
Mérici pour pouvoir dire qu'elle avait fait du développement
régional. Cela avait une autre dimension que celle-là et cela a
été une prise de conscience assez importante à ce
moment-là. On avait eu tout de même l'occasion d'avoir des
participants du gouvernement fédéral qui étaient aussi
venus aussi tester - ou vérifier, pour ne pas avoir d'anglicisme, car on
pourrait nous le
reprocher - finalement le niveau de réceptivité de !a part
des gens de la base à propos des programmes du gouvernement
fédéra) qui nous sont très utiles dans les
négociations que nous menons actuellement. H y a eu, bien sûr, des
interventions plus ponctuelles. Je ne veux pas en faire le tour puisque ce
n'est pas ma volonté, mais, à tout le moins, prendre deux
exemples pour démontrer que le développement régional, ce
n'est pas uniquement les régions.
Lorsqu'on prend conscience des poches de pauvreté dans
l'île de Montréal, on se rend compte qu'il peut y avoir du
développement régional à l'intérieur même de
l'île de Montréal et que, dans ce sens, cet équilibre doit
être recherché, et c'est la responsabilité de celui qui est
responsable du développement régional d'avoir cette vision. C'est
pour cela que nous avons signé une entente de trois ans avec trois
corporations de développement communautaire de l'île de
Montréal, qui visait, en particulier, Pointe-Saint-Charles, tout ce qui
est du pont de Jacques-Cartier en allant vers l'est jusque dans le comté
de Mme la députée de Maisonneuve qui se réjouissait
d'ailleurs de cette signature au moment où nous avons signé
à Pointe-Saint-Charles et qui saluait là un niveau de
compréhension presque Jamais atteint de la part du gouvernement dans ce
développement de l'île de Montréal. Cela est clair. Cela
permettait à ce moment-là de reconnaître que, sur
l'île de Montréal, il y avait des poches de pauvreté qu'il
fallait aider et que le meilleur moyen de les aider n'était pas des
programmes très encadrés du gouvernement, mais de
reconnaître qu'il y avait des intervenants dans le milieu qui pouvaient
agir et qui visaient l'autofinancement à moyen et à long terme et
qu'on se devait de les appuyer. Dans ce sens, je salue tout le travail qui a
été fait par ces corporations de développement en leur
souhaitant bonne chance et en leur donnant tout notre soutien pour atteindre
les objectifs qui ont été fixés.
Bien sûr, elles ont réussi à aller chercher la
participation de la ville de Montréal, même si elle est minime,
soit 10 000 $ par année par corporation. Ce n'est pas le Klondike, mais
cela permet quand même de mettre un peu de "doré-sur la toast.
Dans ce sens-là, on peut souhaiter que le secteur privé y aille
encore davantage, et c'est ce qu'elles recherchent, sur une période de
trois ans.
L'autre dossier étant celui du CREM, pour l'est de
Montréal, où l'OPDQ a joué un rôle capital dans
cette intervention sur le plan de la préparation des dossiers et du
soutien financier quant à cette partie de l'île qui en a
besoin.
C'est rapidement, en rétrospective, les éléments
qui ont pu capter l'attention en cours d'année. Si on veut projeter un
peu sur ce qui risque de se passer au cours des prochains mois et des
prochaines semaines, on se rappellera que l'automne doit être assez
chargé, en ce sens que nous aurons trois sommets: celui de la
Côte-Nord, celui de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine
et celui du Bas-Saint-Laurent, qui se tiendront tous au cours de l'automne: En
septembre, dans le cas de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine;
fin octobre dans le cas de la Côte-Nord; et fin novembre, dans le cas du
Bas-Saint-Laurent. Cela complétera la tournée des régions
qui n'ont pas connu de sommets de première génération.
Dans ce sens, ce sont des sommets qui sont très bien engagés.
D'autre part, j'ai dernièrement autorisé la mise en marche
de la tenue du sommet de la Mauricie-Bois-Francs pour 1989. Une première
réunion aura lieu, si mon souvenir est bon, le 10 mai, quant au
comité d'organisation. On me dit qu'il y en a déjà eu une.
Il y en aura une autre, je pense, le 10 mai pour la mise en marche de tout
cela.
En termes de biennale, nous en tiendrons deux au cours de
l'année, celles de l'Outaouais et des Laurentides, qui ont
été revendiquées par ces régions pour finalement
mettre à jour les premiers sommets tenus sous notre gouverne. C'est
là qu'on a appris que, dans la pratique, il y avait beaucoup de bonnes
choses relatives aux sommets.
Un autre élément qui va certainement marquer
l'année est la tenue d'un colloque sur la diffusion et le transfert
technologique au bénéfice des régions. Nous sommes
actuellement en négociations avec l'Université de Sherbrooke.
Elles ne sont pas finalisées, mais il nous apparaît
déjà très clair que nous ne voulons nous priver de
personne dans la tenue de ces exercices, que toutes les universités
doivent être participantes, malgré le fait que cela puisse se
tenir à une université en particulier, et que la technologie et
l'expertise de chacune des universités du Québec, et en
particulier celle de l'Université du Québec qui est beaucoup plus
décentralisée que les autres universités sur le plan du
développement régional, ne pourraient être mises de
côté et feront sûrement partie de nos préoccupations.
Nous sommes à terminer nos négociations avec l'Université
de Sherbrooke quant à la tenue du colloque. Mais déjà
notre intention est de le tenir dans cette région qui a
déjà fait la marque de sa volonté en ce qui a trait au
développement technologique. (10 h 30)
Nous sommes en pleines négociations de l'entente
fédérale-provinciale sur le développement régional.
Je sais que mon collègue de Lac-Saint-Jean a eu l'occasion d'en discuter
avec mon collègue de Jean-Talon, qui est le grand "boss" des
négociations de ces ententes-là sur le plan de la forme et sur le
plan du contenu. Dans le cas des négociations
fédérales-provinciales, c'est le ministre responsable du
Développement régional. Nous sommes donc en pleines
négociations, de manière intensive. J'ose espérer que la
tenue d'élections dans Lac-Saint-Jean et la venue d'un autre Bouchard
dans l'arène ne perturbera
pas trop le travail du député actuel de Lac-Saint-Jean et
nous permettra de finaliser cela, nous l'espérons, le plus rapidement
possible.
Quant à notre énoncé de politique de
développement régional, elle a bien sûr été
retardée, compte tenu des négociations que nous menons, pour bien
s'assurer qu'il y ait une bonne harmonie entre ce que nous souhaitons comme
volonté de développement, de politique de développement
régional et ce que nous sommes à négocier avec le
gouvernement fédéral comme entente de développement
régional. Quant au plan de régionalisation qui découle
forcément de ce découpage régional, 20 ministères
sont à la table actuellement pour faire un plan de travail et s'assurer
qu'on puisse passer à travers le mandat qui nous a été
confié par le Conseil des ministres au moment même où nous
décidions des régions, de telle sorte que cette
régionalisation puisse se faire ou du moins que l'on puisse
déposer un plan d'application le plus rapidement possible. Cela signifie
très nettement qu'il faut que les ministères se mettent à
table, comprennent ce qu'est le développement régional et qu'on a
toujours avantage à avoir des antennes bien implantées en
régions, pour avoir une bonne connaissance de ce qui s'y passe. Tant
qu'on n'aura pas ces antennes-là, on aura de la difficulté
à faire des programmes qui collent bien à la
réalité régionale. Dans ce sens-là, cela
m'apparaît extrêmement important comme développement, et
cela va se faire. Nous allons continuer nos rencontres pour être capables
de déposer un plan le plus rapidement possible.
Quant au rôle des programmes réguliers de l'OPDQ, PECEC et
Fonds de développement régional, je pense qu'il est bien connu.
Dans ce sens-là, ce sont des programmes qui continueront à
être utilisés au cours de l'année actuelle. C'est,
finalement, au plus grand bénéfice des régions, puisque ce
sont deux programmes souples et, malgré le fait qu'il pourrait y avoir
en cours d'année des modifications au programme PECEC, c'est
assurément pour répondre encore davantage aux besoins des
régions, pour faire en sorte que ces programmes perdurent dans l'avenir
et qu'ils répondent aux besoins de chacune des communautés. Dieu
sait que nous recevons constamment des témoignages d'appréciation
de ces deux programmes et, lorsqu'ils viennent en particulier des commissaires
industriels du Québec, c'est peu dire du respect que les commissaires
industriels du Québec, sous la responsabilité du ministère
de l'Industrie et du Commerce, ont des programmes de l'OPDQ. Voilà, M.
le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Jacques Brassard
M. Brassard: M. le Président, quelques remarques avant de
procéder aux échanges sur bien des sujets. Compte tenu du temps
que nous avons, je suis persuadé que nous ne pourrons sans doute pas
toucher tous les sujets qui nous intéressent.
Dans le discours d'ouverture, on se rappellera que le premier ministre
annonçait que l'Assemblée nationale serait saisie d'un plan
d'action majeur en faveur des régions. Cependant, quand on regarde les
budgets et quand on regarde le livre des crédits, on se doit de
constater que cette intention d'un plan d'action majeur en faveur des
régions ne s'y reflète pas puisque, depuis trois ans maintenant,
on peut dire que le budget de l'OPDQ stagne. Il est autour de 56 000 000 $, et
le Fonds de développement régional de même que le PECEC, le
programme expérimental de création d'emplois communautaires,
n'ont pas connu de croissance. C'est la croissance zéro pour chacune de
leurs enveloppes respectives. Il n'y a donc pas de corrélation entre
cette intention, à tout le moins jusqu'à maintenant, entre cette
intention d'un plan d'action majeur en faveur des régions et les budgets
ou les crédits disponibles pour l'OPDQ et ses divers programmes. C'est
dans une conjoncture semblable que se situe l'intervention du gouvernement
fédéral en matière de développement
régional. C'est certainement l'un des sujets que je voudrais aborder
avec le ministre. On s'est rendu compte que, peut-être à cause de
l'imminence des élections fédérales, le gouvernement
d'Ottawa a cédé à la tentation d'accroître
probablement sa visibilité, mais aussi une certaine emprise dans un
secteur qui est, traditionnellement, de juridiction québécoise.
Récemment, donc en décembre, et cela s'est
répété dans d'autres régions par la suite, M. de
Cotret annonçait qu'il allait mettre en place quatre bureaux
fédéraux de développement dans les régions
périphériques, dont le Saguenay-Lac-Saint-Jean,
l'Abitibi-Témiscamingue, le Bas-Saint-Laurent et la Côte-Nord,
sans beaucoup se soucier des compétences constitutionnelles du
Québec en cette matière, puisque ces bureaux
fédéraux disposeraient de fonds spéciaux. Ils auraient
également la tâche de dégager des axes de
développement et de subventionner directement des projets qui seraient
retenus dans le cadre de ces axes de développement. C'était le
projet fédéral, en tout cas, à l'origine. C'est
évident que cela a provoqué des réactions d'opposition de
la part, je le reconnais, du ministre responsable du Développement
régional, de même que du ministre responsable des relations
fédérales-provinciales, mais également de ma part aussi.
Je pense que c'est également connu. Là-dessus, il y a eu
consensus parce que ces bureaux fédéraux, s'ils voyaient le jour
et s'ils étaient implantés, pourraient carrément, à
mon avis, court-circuiter la formule québécoise des
conférences socio-économiques régionales de
développement. Je pense qu'une pareille ingérence doit être
repoussée et est, à mon avis, inadmissible. Le gouvernement
fédéral doit battre en retraite sur cette question. Il y a donc
des
négociations, comme le ministre le signalait, qui sort
amorcées, qui sont enclenchées. J'en ai effectivement
discuté avec M. Rémillard lors de l'étude de ses
crédits, mais j'ai bien l'intention aussi d'en discuter avec le
responsable du développement régional pour tenter de faire le
point sur ces négociations majeures, importantes pour les régions
et leur avenir.
Donc, ce sera sûrement l'un des sujets de discussion après
les remarques préliminaires parce qu'il y a là une question de
juridiction qui n'est pas négligeable. Je ne pense pas que, de notre
côté comme du côté du gouvernement - c'est dy moins
ce qu'on peut constater par les déclarations gouvernementales - on
souhaite un recul du Québec sur le plan des juridictions en
matière de développement régional. Mais également,
il faut aussi tenir compte du fait que, dans les régions, on souhaite
pouvoir bénéficier de ces retombées et de cet argent
fédéral. Si le gouvernement fédéral a des
ressources disponibles pour les régions, je pense que tous les efforts
doivent être déployés pour que les régions puissent
bénéficier de retombées bénéfiques, mais
dans le respect des juridictions et dans le respect des compétences.
Actuellement, je pense que le Québec est perdant depuis l'abolition du
MEER, le ministère de l'Expansion économique régionale et
son remplacement par un autre ministère. On a vu naître et se
créer dans l'Ouest, de même que dans l'Est et dans les Maritimes,
des agences de développement fédéral disposant de budgets
considérables, plus de 1 000 000 000 $ dans l'Ouest et la même
chose du côté des Maritimes, évidemment, tout en
étant en parfait accord avec le gouvernement sur la question de ces
agences, je ne pense pas que le Québec doive accepter une telle formule
comme canal pour que les ressources fédérales soient investies ou
dépensées au Québec, parce que ce serait une
ingérence, à mon avis, inacceptable.
Il faut cependant, compte tenu du fait que des milliards s'investissent
et se dépensent de chaque côté, que le Québec puisse
retirer la juste part des budgets fédéraux qui lui revient et
à laquelle il a droit.
Je vais profiter aussi de l'étude des crédits pour savoir
quelle sont les intentions du ministre à l'égard du suivi des
délibérations du colloque sur le financement du
développement régional qui a eu lieu à Rimouski, je pense,
et qui était organisé en collaboration avec ta constituante de
l'Université du Québec à Rimouski. Il y a quand même
des consensus qui se sont dégagés lors de ce colloque, entre
autres, la modulation des programmes gouvernementaux en fonction des
réalités spécifiques des régions, la
décentralisation du Fonds de développement régional au
profit d'une gestion par les régions elles-mêmes, le rôle
accru de la Caisse de dépôt et placement en matière de
développement régional et, forcément aussi, le maintien du
mécanisme des sommets. C'est une chose acquise. Je souhaite
évidemment dialoguer avec le ministre sur ces consensus pour voir
comment il entend y donner suite. L'an dernier, le ministre a également
pris un certain nombre d'engagements ou a énoncé un certain
nombre d'engagements lors de l'étude des crédits. Il promettait,
entre autres, des politiques d'intervention de l'OPDQ à l'égard
des villes mono-industrielles, une politique adaptée au milieu rural et
des mesures favorisant le développement technologique en régions.
Un colloque va se tenir là-dessus. Est-ce la seule action dans ce
domaine ou est-ce que cela donnera suite également à d'autres
mesures gouvernementales? Cela avait été évoqué
dans son intervention ou dans ses remarques préliminaires, l'an dernier.
Jusqu'à maintenant, il n'y a pas eu de suite à ces
énoncés ou à ces engagements. Est-ce qu'il y en aura
bientôt ou est-ce que c'est carrément abandonné? Je pense
qu'il serait intéressant de le savoir.
La nouvelle carte administrative des régions est enfin rendue
publique, le ministre ayant constaté qu'il n'était pas facile
d'accoucher d'une nouvelle carte des régions...
M. Côté (Charlesbourg): Mais lui, II a
accouché...
M. Brassard: Oui, mais nous aussi, nous avions créé
des régions nouvelles. Finalement, cela a abouti, à peu
près, à la même chose. Cette nouvelle carte n'a pas fait
que des heureux, cependant. On peut minimiser la bataille des bureaux, oui,
mais elle fait rage présentement dans l'est, dans le Bas-Saint-Laurent,
particulièrement entre Rimouski et Rivière-du-Loup, où
l'on se querelle...
M. Côté (Charlesbourg): Vous allez revenir
là-dessus?
M. Brassard: Oui, je vais essayer de faire le point
là-dessus...
M. Côté (Charlesbourg): Parfait!
M. Brassard: Parce qu'il semble bien, en tout cas d'après
les coupures de presse, que la bataille des bureaux se fasse surtout là,
à la suite de la nouvelle carte des régions. C'est vraiment dans
la nouvelle région du Bas-Saint-Laurent, entre Rimouski et
Rivière-du-Loup.
J'aimerais parier également de la nouvelle région nordique
comprenant Chibougamau et Chapais, et voir quelles sont les intentions du
ministre à ce sujet également. (10 h 45)
Enfin, voilà, pour l'essentiel, les principales
préoccupations. Il y en a d'autres aussi que j'aimerais aborder avec le
ministre, mais ce sont surtout ces points que je souhaitais évoquer en
remarques préliminaires. Il y a la question des budgets, la question de
l'entente fédérale-provinciale sur lesquelles j'aimerais revenir,
la question de ia nouvelle carte également avec bien d'autres
sujets comme le colloque, comment l'OPDQ entend-H donner suite aux
consensus qui se sont dégagés au colloque, le Fonds de
développement régional, etc. Un autre sujet que j'aimerais
aborder avec le ministre est la question des incubateurs et des motels
industriels. Plusieurs sont de plus en plus subventionnés par le Fonds
de développement régional. Je pense qu'il serait
intéressant de voir comment l'OPDQ conçoit et comment il en
arrive à subventionner tel projet d'incubateur plutôt que tel
autre. C'est un sujet qu'on pourrait aborder dans les heures qui suivent.
Voilà! C'est tout pour le moment, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lac-Saint-Jean. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Bien sûr, M. le
Président, les règles souples nous permettent d'aborder toute une
série de sujets. Et je pense que cela est heureux plutôt que de
s'enfarger dans des programmes très spécifiques. On pourra
toujours y revenir. Il est sûr que mon intervention inspire le
député de Lac-Saint-Jean et que l'intervention du
député de Lac-Saint-Jean m'inspire aussi.
M. Brassard: Celle qu'il va faire va s'en doute m'inspirer
aussi.
M. Marc-Yvan Côté
(réplique)
M. Côté (Charlesbourg): Absolument. Non, mais elle
va peut-être vous éclairer davantage, je le souhaite à tout
le moins. La première remarque du député de
Lac-Saint-Jean, sur le discours d'ouverture, nous parlait d'un plan d'action
majeur sur le plan du développement régional et sa
première constatation était qu'il n'y avait pas de
corrélation entre l'intention manifestée dans le discours
d'ouverture et les crédits.
À peu près à pareille date l'an dernier, j'avais
dit au député de Lac-Saint-Jean, il faut quand même faire
attention, il y a toute une série d'événements qui se
passent sur le plan politique - et ce n'est pas à lui que je vais
l'apprendre - et qui passent par différentes étapes. Je lui dis
qu'à ce moment-ci, par rapport à l'an dernier, c'est fantastique!
C'est fantastique en ce sens qu'à ce moment-ci, par rapport à
l'an dernier, il y a 10 000 000 $ de plus dans les crédits de l'OPDQ. Et
cela, je pense que - il l'admettra lui-même - c'est très concret,
très clair et très net. Il y a même eu, M. le
Président, un peu plus que cela en cours d'année. Alors que les
crédits périmés de l'année budgétaire
1986-1987 étaient de 6 900 000 $, j'ai décidé de prendre
le taureau par les cornes, à l'intérieur, et de faire des
batailles là où il fallait les faire. Les crédits
périmés de l'OPDQ cette année sont de 2 000 000 $, il y a
donc une différence très nette de 5 000 000 $ qui a
été dépensée. Ah! C'est beau un budget, c'est beau
une enveloppe, mais si elle n'est pas dépensée et qu'ils viennent
vous la reprendre par en arrière avec les techniques habituelles du
Conseil du trésor, à ce moment-là, vous vous en sortez
très bien au moment des crédits, mais la vérité
concrète sur le terrain - et c'est de cela qu'on doit vivre - est fort
différente.
Finalement, en cours d'année, ma bataille a été de
dire: C'est un budget qui sert très bien les régions du
Québec, et, dans ce sens-là, sur le plan des crédits
périmés, on doit avoir des exigences moins voraces et on doit
davantage permettre de travailler avec le budget de l'OPDQ. Il y a une
différence de 5 000 000 $ cette année par rapport à l'an
dernier. On finit par apprendre. Dans ce sens-là, dix plus cinq, cela
fait quinze. Ce n'est pas pire!
M. Brassard: 2 700 000 $, dites-vous?
M. Côté (Charlesbourg): 2 000 000 $ de
crédits périmés cette année par rapport à 6
900 000 $ en 1986-1987.
M. Brassard: Donc, vous l'avez baissé par rapport à
ce qui est inscrit dans le livre des crédits.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Brassard: Parce que, dans le livre des crédits, il
était de 6 300 000 $...
M. Côté (Charlesbourg): C'était...
M. Brassard:... alors vous l'avez baissé de nouveau.
M. Côté (Charlesbourg): II faut bien se comprendre,
c'était à la demande du Conseil du trésor et on a fait ce
qu'il fallait faire sur le plan interne pour être capable de boucler
l'année financière. J'imagine qu'on a peut-être fourni des
informations au moment où tout cela n'était pas
terminé.
C'est donc très clair, sur ce point, il y a un gain très
appréciable en faveur du développement régional. Est-ce
que je peux présumer - puisque ma politique de développement
régional est dans les comités ministériels pour
étude à ce moment-ci - et demander au président du Conseil
du trésor de faire un acte de foi et de mettre dans le budget des sommes
d'argent que le gouvernement lui-même n'a pas encore accepté
globalement?
Vous connaissez le processus. Ce sont les comités
ministériels, le Trésor, le Conseil des ministres, et,
après, cela a des implications sur le plan budgétaire qui peuvent
certainement bonifier des enveloppes. Je ne peux pas vous dire, demain matin...
Quant à moi, j'ai fait mon lit sur le plan de l'énoncé de
politique du développement régional avec des programmes
spécifiques.
M. Brassard: Qui sont devant les comités
ministériels?
M. Côté (Charlesbourg): Qui sont devant les
comités ministériels, qye Je défends actuellement. tout
cela en parallèle avec les négociations avec le gouvernement
fédéral sur le plan du développement régional. Dans
ce sens-là, c'est sûr que cela a des implications
budgétaires qui vont, tôt ou tard, peut-être dans le
discours sur le budget, peut-être pas - il sera peut-être un peu
tôt - qui, de toute façon, vont avoir des impacts significatifs
sur le budget dévolu à l'OPDQ ou, à tout le moins, sur le
rôle de l'OPDQ, tel qu'il devrait être exercé, comme chien
de garde du développement régional à l'intérieur de
l'appareil gouvernemental.
Quand tu as un chien de garde à l'intérieur de l'appareil
gouvernemental pour le développement régional, c'est bien
sûr que c'est parce qu'il y a du monde à chasser un peu partout et
qu'il faut le faire. C'est cela, le rôle de l'OPDQ, et cela va continuer
de l'être, n'en déplaise à certains tenants de l'appareil
bureaucratique qui sont confortablement installés dans les
régions dites centrales et même capitales et qui auraient
avantage, à l'occasion, à aller voir ce qui se passe en
régions et à comprendre les effets bénéfiques des
programmes de l'OPDQ.
Dans ce sens-là, on va très certainement se revoir l'an
prochain pour une quatrième année d'étude des
crédits de l'OPDQ et on pourra faire le bilan de tout cela en cours
d'année, quant aux jalons posés pour le développement
régional. À ce moment-ci, la seule conclusion que j'en tire,
c'est qu'on est à 15 000 000 $ ou à eu près, à
pareille date, au-dessus des crédits de l'an passé, et, pour le
moment, cela me satisfait.
Ma deuxième interrogation...
M. Brassard: M. le Président, à moins qu'on ne
dispose de cette question-là...
M. Côté (Charlesbourg): D'accord, il n'y a pas de
problème avec cela.
M. Brassard:... la question des budgets et, après cela, on
passera à l'entente sur le développement, si cela vous...
M. Côté (Charlesbourg): D'accord, oui. J'avais pris
un certain nombre de notes en ce qui concerne les sujets sur lesquels le
député de Lac-Saint-Jean était intervenu et que je
voudrais traiter. Vous pouvez passer quand même...
M. Brassard: Ah oui, moi aussi, d'ailleurs. C'est
réciproque.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord.
Rôle de l'OPDQ
M. Brassard: Sur l'énoncé de politique ou le plan
d'action, si je comprends bien, je sais bien que vous ne le
révélerez pas aujourd'hui, mais une de vos intentions, c'est
d'accroître le rôle de l'OPDQ en ce qui a trait à la
coordination et même à une coordination plus qu'incitative
auprès des ministères.
M. Côté (Charlesbourg): Je vous résumerais
cela dans la phrase suivante. Il faut qu'on s'inspire davantage de l'OPDQ, et,
dans la mesure où chacun des ministères sectoriels pourrait
davantage s'inspirer de l'OPDQ, je pense que les résultats vont
être plus intéressants dans chacune des régions. Cela ne
veut pas dire qu'il n'y a pas de ministères qui ne le font pas. On a,
règle générale, une collaboration ministérielle
assez intéressante. Mais il y a des ancrages dans certains
ministères qui relèvent d'énoncés de politique du
passé et qui se retrouvent davantage ancrés auprès d'un
certain niveau de fonctionnaires et qui sont difficiles à percer.
Il est clair que nous sommes satisfaits du travail et de
l'évolution qui ont été faits, et que le mot d'ordre
devrait être davantage qu'on s'inspire de l'OPDQ, de l'action de l'OPDQ
plutôt que de s'en dispenser. Dans ce sens-là, effectivement,
quant à moi, il y a des décisions qui vont se prendre qui vont
faire en sorte qu'à la fois l'OPDQ - dans la mesure où je fais
triompher mon idée, bien sûr; on ne peut pas présumer,
demain matin, que mes collègues auront déjà
décidé; du moins, ce sont des idées que Je pousse - et le
comité ministériel permanent de l'aménagement et du
développement régional, puissent, de concert, avoir un rôle
un peu plus important dans tout ce qui va cheminer, sur le plan des documents
ministériels, dans les comités ministériels, et avoir une
préoccupation constante sur les effets de telle politique sur le
développement régional ou sur les régions du
Québec, il est clair, à ce moment-là, quant à moi,
sans que l'OPDQ aille nécessairement gérer le budget du
ministère de l'Industrie et du Commerce - ce n'est pas l'objectif - sans
que l'OPDQ aille gérer le budget du ministère de l'Énergie
et des Ressources, ni celui du ministère du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche, qu'on fasse davantage ce qu'on a réussi à faire
au cours de l'année avec le ministère des Affaires culturelles et
avec tes MLCP, soit intervenir avec le Fonds de développement
régional en disant pour ces ministères: Parfait, on ne paiera pas
la facture, on va multiplier les montants, dans le sens qu'on va en payer une
partie, mais vous allez payer l'autre partie. On l'a très bien
manoeuvré au cours de l'année avec le MLCP et avec le
ministère des Affaires culturelles. L'OPDQ a l'obligation d'avoir des
avis sectoriels positifs sur les dossiers. Les ministères demeurent des
ministères responsables quant à l'avis sectoriel négatif,
positif ou à la modification à apporter à un projet pour
qu'il
soit accepté. À la lumière de la décision
qui sera prise sur le plan du développement régional, d'action au
développement régional, et par rapport à l'entente
fédérale-provinciale, il y aura quant à moi renforcement
du rôle de l'OPDQ, sans nécessairement revenir à ce que
c'était antérieurement, rôle qui avait pâti un peu
voire pas mal sous votre régime.
M. Brassard: Affirmation pas mal gratuite.
M. Côté (Charlesbourg): Oui? Expliquez-moi donc
cela.
M. Brassard: L'OPDQ, sous le gouvernement du Parti
québécois, a joué essentiellement le même rôle
qu'il joue présentement. Vous pouvez songer à en accroître
le rôle, les pouvoirs et les compétences, mais, en matière
de concertation et de tenue des sommets, vous avez peut-être
modifié les modalités de la tenue des sommets, mais la tenue des
sommets en particulier et leur élaboration, c'était en
régions, sous la coordination, la direction...
M. Côté (Charlesbourg): 1983, cela ne vous rappelle
pas quelque chose?
M. Brassard:... du délégué régional
de l'OPDQ.
M. Côté (Charlesbourg): 1983, cela ne vous rappelle
pas un peu quelque chose?
M. Brassard: C'est-à-dire?
M. Côté (Charlesbourg): 1983. Je ne veux pas dire au
député de Lac-Saint-Jean que je veux qu'on revienne à ce
que c'était avant 1983. Quand on parle d'avoir affaibli l'OPDQ, c'est
qu'auparavant, c'était l'OPDQ qui négociait les ententes
fédérales-provinciales. De par votre volonté sur le plan
ministériel, en 1983, vous avez ramené cela sous un seul chapeau
qui était celui de M. Morin à l'époque...
M. Brassard: Relations fédérales-provinciales.
M. Côté (Charlesbourg):... Relations
fédérales-provinciales...
M. Brassard: L'ensemble des ententes.
M. Côté (Charlesbourg):... et toute la
négociation des ententes relève maintenant du SAIC. Je ne
conteste pas que ce soit là maintenant. Cela a donné un
très dur coup à l'OPDQ à l'époque et au rôle
qu'il jouait. Certaines personnes de l'appareil en ont bien sûr
profité pour régler quelques comptes du passé. Cela m'est
apparu très clair. Qu'on ne vienne pas me dire que le rôle de
l'OPDQ sous votre gouverne n'a pas mangé un bon coup. J'ai toujours
été reconnu comme celui qui disait: Je rends à
César ce qui appartient à César. Les sommets, c'est vous,
c'est bon.
M. Brassard: C'était l'OPDQ qui était le
gestionnaire des sommets, l'inspirateur.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Il faut faire
attention. Juste une petite distinction. Cela me rappelle un certain nombre de
dossiers qu'on a réglé. Je prends à témoin M.
Larouche qui était un employé du MMSR. Vous aviez tranché,
mais pas tranché. Il y avait le secrétariat qui dépendait
des responsabilités de M. Paradis et l'OPDQ qui, lui, s'occupait des
sommets. Les sommets, c'était à deux têtes. On se
retrouvait dans les régions et cela a été mon grand
étonnement, quand on s'est retrouvé dans les Laurentides et dans
l'Outaouais, par exemple, d'avoir un groupe d'un côté et un groupe
de l'autre côté qui faisaient la même chose ou à peu
près. On a décidé - le 23 juillet 1986 c'était fini
- de concert avec mon collègue, M. Paradis, le ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu tout cela. Regardez le
sourire de M. Larouche, comme il est heureux d'être rendu à
l'OPDQ, ainsi que ses collègues. Ce qui fait en sorte qu'il y a
maintenant un seul maître d'oeuvre des sommets régionaux: l'OPDQ.
(11 heures)
Je vous rends ce qui vous appartient. Les sommets, vous les avez partis
et on les a bonifiés. PECEC, c'est vous qui l'avez fait. C'est un
instrument extraordinaire. Je vous rends hommage là-dessus. Le Fonds de
développement régional, c'est M. Gérard D. Levesque qui
l'avait mis au monde à l'époque et je pense qu'on s'entend bien,
on se partage bien les...
Entente fédérale-provinciale de
développement régional
Quant au devenir, dans la mesure où le plan d'action est
accepté et dans la mesure où nous signons une entente de
développement régional, si jamais on signe. Je suis convaincu
que, dans les prochains jours ou les prochaines semaines, compte tenu de
l'appel pathétique de M. Lucien Bouchard à ses amis
péquistes pour le supporter dans le comté de Lac-Saint-Jean et
que cet homme sera extrêmement influent auprès du gouvernement
fédéral dans la défense des intérêts du
Québec, corde très sensible au député de
Lac-Saint-Jean, qu'on sera définitivement en mesure de signer une
entente dans le respect des champs de juridiction de chacun et que ce sera une
première, dans la mesure où on réussit. Durant la
campagne, quand vous allez faire du porte à porte, M. Bouchard,
n'oubliez pas de lui en glisser un petit mot qui pourrait nous être d'un
grand secours.
M. Brassard: M. le Président, sans doute que le ministre
n'a pas lu Le Quotidien de ce
malin, où j'indique très clairement que, quant à
nous, comme cela a toujours été ta cas dans le passé, le
Parti québécois et ses instances dirigeantes n'ont pas à
se mêler d'élections fédérales, de la même
façon que les libéraux du Québec ne se sont jamais, au
grand jamais, ingérés dans des élections au niveau
fédéral,
M. Côté (Charlesbourg): Cela m'inspire deux
réactions, M. le Président. C'est le retour à la politique
française: non-ingérence, mais non indifférence, de un. De
deux...
M. Brassard: Cela n'empêche pas les militants de...
M. Côté (Charlesbourg): Ah bon!
M. Brassard: On ne peut pas obliger personne.
M. Côté (Charlesbourg): Comme cela, le danger pour
vous, c'est que vous allez manquer de monde dans Roberval si vous ne pouvez pas
transférer les gens de Lac-Saint-Jean.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Brassard: Ce sont deux comtés différents. Il n'y
a aucun problème. Je suis au courant de la déclaration des
militants du Parti québécois dans Roberval. Ils sont suffisamment
nombreux et...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, ils étaient 350
à la convention, votant contre 3082 pour le Parti libérai.
M. Brassard: Ils n'auront pas à transférer de gens
dans Lac-Saint-Jean. J'aimerais savoir si les 3000 étaient des
militants.
M. Côté (Charlesbourg): Mais, quant à Lucien
Bouchard, il a été un défenseur des intérêts
du Québec...
M. Brassard: II l'est encore, j'imagine.
M. Côté (Charlesbourg):... à un point tel
qu'il a voté oui au référendum. Il n'a jamais
cherché à cacher qu'il était un gars qui avait beaucoup de
respect pour M. Lévesque, comme plusieurs d'entre vous, peut-être
un peu moins pour M. Parizeau, mais ça c'est une autre affaire.
D'ailleurs, vous êtes peut-être sur la même longueur d'onde
quant à M. Parizeau, lui et vous. Cela va être très
intéressant de suivre cela en cours de route. Sur la défense des
intérêts du Québec, je pense que Lucien Bouchard sera quand
même très bien positionné pour être capable de les
défendre. Alors, j'imagine que vous ne vous en mêlerez pas, mais
que vos disciples de Lac-Saint-Jean - et on sait qu'ils sont nombreux, on s'est
mesuré à la dernière élection et il nous en a
manqué pour vous passer à travers. Les vôtres
étaient plus nombreux que les nôtres - j'imagine que tout ce beau
monde-là, travaillant, vont passer certains messages sur le plan du
respect des compétences du Québec pour le développement
régional. Je remercie le député de Lac-Saint-Jean de nous
prêter son concours.
M. Brassard: M. le Président, je comprends pourquoi le
ministre me fait cette demande. On connaît sa position sur les relations
Bourassa-Mulroney. Il est en total désaccord, évidemment, avec
les relations harmonieuses et amicales de son premier ministre et du premier
ministre conservateur à Ottawa, et il a clairement déclaré
qu'au niveau fédéral, il était tout aussi libéral
qu'il l'était au niveau québécois. Alors, je comprends
pourquoi il fait une demande pour qu'on intervienne auprès de certains
ministres conservateurs.
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais, écoutez
bien, on va bien se comprendre. Je ne vous ai pas demandé d'intervenir
auprès de M. Bouchard pour lui dire que l'accord du lac Meech
était bon. Vous autres, vous voulez davantage vous réjouir que
cela ne passe pas.
M. Brassard: Non, cela, c'est sûr.
M. Côté (Charlesbourg): Alors, de ce
côté-là, je suis tellement convaincu que vous n'êtes
pas sur la même longueur d'onde.
M. Brassard: C'est certain que, de ce
côté-là, on est absolument en désaccord.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela. Alors, je vous
demande quelque chose que vous connaissez sur le plan du développement
régional. Je comprends que, sur le plan idéologique, on n'est pas
loin l'un de l'autre, et on aura l'occasion d'en discuter
éventuellement. Vous pouvez, à ce moment-là, faire jouer
un rôle important à M. Bouchard. Quant à mes intentions sur
le plan fédéral, l'accord du lac Meech...
M. Brassard: Elles sont claires.
M. Côté (Charlesbourg): Très claires.
L'accord du lac Meech, à mon avis, est extrêmement important. J'ai
trouvé très sensée la déclaration de mon premier
ministre dimanche soir, qui mettait en garde certains éléments du
gouvernement fédéral qui sont davantage retournés vers les
plaisirs du passé, où la domination était totale et
où le respect du Québec était foulé aux pieds par
ces gens, même des libéraux. C'est une ère qui est
révolue et la majeure partie de ces gens se retrouvent au Sénat
parce qu'ils n'auraient même pas réussi à se faire
élire dans leur circonscription au cours de la dernière
élection. Ne vous inquiétez pas, sur le pian des
élections fédérales, je suis un rouge, mais il y a
un certain niveau d'intensité quant à la rougeur. Cela se
manifeste par bien des éventails de décisions possibles. En fin
de compte, on verra bien ce qui va se passer. S'il y a un gars qui doit
être remercié a ce moment, il en paiera probablement le prix,
c'est M. Turner qui, lui, a dit oui à l'accord du libre-échange.
Dans ce sens, c'est un peu le prix qu'il paie aujourd'hui de certains
éléments qui, dans le passé, ont toujours pensé
qu'il y avait un seul gouvernement au Canada, c'était celui du
fédéral et qu'il y avait les minables provinces après
cela. Alors, si c'est ce relent que veulent imposer certains renards du Parti
libéral...
M. Brassard: Ou dinausores peut-être.
M. Côté (Charlesbourg):... ou dinosaures, je ne suis
pas inquiet quant à ma position éventuelle. Surveillez-moi aller
et vous allez voir! Vous allez avoir du plaisir.
M. Brassard: M. le Président, l'appel que lance le
ministre, je n'ai pas attendu qu'il me le lance pour exprimer d'une
façon très claire à plusieurs reprises, dans ma
région - et cela a d'ailleurs donné lieu je dirais, à des
diatribes de la part de certains médias ou de certains
éditorialistes qui sont portés à prendre l'argent
d'où qu'il vienne sans se soucier des juridictions - pour indiquer dans
la région comme ici d'ailleurs que je souhaitais un succès des
négociations présentes entre le gouvernement
fédéral et le gouvernement québécois sur le
développement régional dans le respect des juridictions parce
qu'il y a deux éléments qui me tiennent à coeur: les
compétences doivent être respectées, d'une part, mais,
d'autre part, les régions ont besoin de ressources, elles ont besoin
d'argent et de financement. Il n'y a pas de raison pour que le Québec
soit privé de sa juste part en provenance du fédéral. Je
l'ai déjà déclaré, je le redis: Je serai le premier
heureux et satisfait d'une entente conclue après les négociations
qui sont en cours présentement, le plus rapidement possible parce que je
pense que les régions ont besoin de ces ressources et de ces fonds pour
financer davantage le projet, mais cela doit se faire dans le respect des
compétences et dans le respect des exercices de concertation qui ont
été faits. Cela n'a pas à être
répété. On n'a pas à répéter les
exercices de consultations qui ont été faits dans ma
région, par exemple, où il y a eu une biennale
précédée deux ou trois ans avant d'un sommet. Il y a eu un
sommet et une biennale dans l'Estrie. Alors, l'Estrie n'est pas
concernée par le projet fédérai. Peut-être qu'elle
le sera par les négociations. Mais prenons
l'Abitibi-Témiscamingue. Il y a également eu un sommet de
concertation où les intervenants se sont entendus sur les axes de
développement, les priorités et les projets à retenir. Il
n'y a absolument pas de raison, ce serait aberrant, pour que le gouvernement
fédéral recommence une pareille opération. Quant à
moi, ma position est très claire. Je souhaite ardemment une
réussite rapide des négociations entreprises et en cours
présentement entre les deux gouvernements sur le développement
régional. Cela, je pense, sans équivoque que mes
déclarations antérieures le prouvent. Au fond, je ne fais que
répéter ce que j'ai déjà déclaré
auparavant.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
ne peux que me réjouir des propos réitérés du
député de Lac-Saint-Jean. Je sais qu'il les avait dits au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, mais en les disant ici, on a l'avantage de donner des
répercussions provinciales aux propos du député de
Lac-Saint-Jean. Je comprends que c'est l'harmonie à ce moment-ci sur le
plan de l'objectif de la signature d'une entente de développement
régional. C'est très heureux. Dans ce sens, nous allons
continuer, quant à nous, de négocier dans le respect des
compétences du Québec, bien sûr, et sur une base
très claire qui a été établie, soit celle des
ententes de 1984 par rapport aux ententes EDER. Dans ce sens, cela situe
très bien où en sont les négociations. Quant à moi,
nous allons continuer d'accélérer le tempo dans le but de signer
le plus rapidement possible.
M. Brassard: On peut peut-être poursuivre la discussion sur
ce dossier, si le ministre est d'accord.
M. Côté (Charlesbourg): Pas de problème.
M. Brassard: Je l'ai évidemment abordé avec M.
Rémillard, en commission. D'abord, le niveau des ressources qui seraient
impliquées. Il est question que cela tourne autour de 600 000 000 $.
Est-il exact que cela se situerait autour de ce montant de 600 000 000 $? Quant
au principe d'élargir le cadre de l'entente à d'autres
régions et de ne pas s'en tenir exclusivement aux régions dites
périphériques parce que le projet initial du gouvernement
fédéral ne portait, comme on le sait, que sur quatre
régions périphériques, est-ce que ce principe de
l'élargir à d'autres régions incluant l'Estrie, la
Mauricie, les Bois-Francs, Laurentides, Lanaudière, l'Outaouais, etc.,
de même que les régions centrales comme Montréal et
Québec, est accepté actuellement dans les négociations?
Est-ce que le niveau des 600 000 000 $ est également accepté?
M. Côté (Charlesbourg): II est clair qu'une des
exigences du Québec a été, dès le départ -
et cela venait de nous, cela a toujours été mon langage - de
toujours dire que, dans la mesure où on négociait une entente de
développement régional, elle devait l'être pour toutes les
régions du Québec. Cela me paraissait extrême-
ment important de situer le débat à ce moment-là,
alors que les intentions du gouvernement fédéral étaient
clairement connues de signer quatre ou cinq ententes pour des régions
périphériques, qui avaient comme assises le Plan de l'est qui est
finalement, la mère porteuse des ententes de développement
régional si on peut s'exprimer ainsi, puisque ces expériences
dans l'est du Québec ont quand même donné des
résultats pas toujours intéressants, mais intéressants
pour l'est, et que les gens revendiquent finalement une reconduction du Plan de
l'est. Cela a toujours été clair pour nous. Dans cette
négociation, il fallait aussi tenir compte du phénomène
que l'est du Québec était une région qui devait être
plus largement considérée que le reste des régions, compte
tenu des expériences passées, et puisque nous en sommes à
exporter, à peu près, tout en tentant de faire les accommodements
nécessaires au Plan de l'est pour le respect des juridictions et des
compétences. Dans ce sens, il est maintenant acquis que cela touchera
l'ensemble du Québec. C'est clair. Par rapport à l'enveloppe des
600 000 000 $, dans ce genre de négociations, on ne parle pas toujours
d'argent tant qu'on n'arrive pas à l'argent. Il faut d'abord
régler tous les problèmes sur le plan intérieur. Il en
reste encore un certain nombre à régler avant d'en arriver
à l'enveloppe. Ce qui circule, c'est un montant approximatif de 600 000
000 $. Cela me paraît toujours être ce dont il est question sans
nécessairement que ces dossiers aient été abordés
de manière précise à ce moment-ci. (11 h 15)
M. Brassard: M. Rémillard en a vaguement parlé la
semaine dernière. Sur le plan des principes, quels sont les points
actuellement qui exigent encore des discussions? Vous me dites qu'il est
entendu que cela va couvrir l'ensemble du Québec. C'est un premier point
d'acquis. L'ordre de grandeur des ressources, c'est aussi passablement
fixé. Quels sont les points qui accrochent? Sur le financement des
projets, par exemple, y a-t-il un problème de ce côté? Dans
l'entente sur le développement économique régional, on
sait que le principe du financement conjoint était appliqué et
accepté et que la maîtrise d'oeuvre des projets était
reconnue ou attribuée au Québec. Sur ces principes, par exemple,
y a-t-il encore des accrochages ou des discussions qui ont cours avec le
gouvernement fédéral?
M. Côté (Charlesbourg): II faut partir d'un certain
nombre de principes et, en particulier, des champs de juridiction, de
compétence. Ce qui est fédéral est fédéral
et ce qui est provincial est provincial.
M. Brassard: L'aéroport, par exemple, relève du
gouvernement fédéral. Prenons l'exemple.
M. Côté (Charlesbourg): Sauf que, dans certaines
ententes, le gouvernement fédéral a accepté de donner la
maîtrise d'oeuvre au Québec. Prenons l'expérience des
aéroports nordiques où mon adjoint parlementaire est allé
inaugurer à Inukjuak hier, un aéroport qui a été
inauguré de la même manière qu'on le fera à
Kangirsuk éventuellement, à Tasiujaq, et il y a tout une
série de projets comme ceux-là qui sont en construction
actuellement. Dans ces cas-là, malgré le fait que c'était
de juridiction fédérale, le gouvernement fédérai a
décidé de confier la maîtrise d'oeuvre, donc la
réalisation au gouvernement du Québec se réservant le
droit de choisir des professionnels pour la conception des plans et devis et
des inventaires quantitatifs, soit les analyses de sol, le gouvernement du
Québec étant responsable de la maîtrise d'oeuvre et de la
surveillance de la réalisation. C'est un exemple où le
gouvernement fédéral a accepté de confier à la
province certaines responsabilités.
Il est clair que ce que nous tentons de faire, c'est de répondre
à deux objectifs premiers. Vous l'avez dit vous-même tantôt,
dans le champ, les gens ne sont pas fous. S'il y a deux entités
complètement différentes de gouvernement, avec des sommes
d'argent, ils vont jouer avec les deux. Autant que possible, ils vont essayer
de les additionner, sans en tenir compte, un peu comme le député
de Laviolette l'a fait dans le cas du centre de ski de La Tuque, en disant que
l'argent du milieu étant l'argent du gouvernement fédéral.
En tout cas, c'est probablement la première fois que M. le
député de Lavioiette avoue que l'argent du gouvernement
fédéral est l'argent du milieu. En termes de comptabilité,
je pense qu'il y avait un exercice mental assez restrictif. Dans ce
sens-là, effectivement, on est très souvent joué, non pas
dans un sens négatif, mais les gens prennent les moyens qu'ils ont et
tentent de se débrouiller du mieux qu'ils peuvent. Et il n'y a pas de
concertation ou d'harmonisation entre les gouvernements fédéral
et provincial, il y a de la compétition. C'est à qui va annoncer
le projet le premier pour être capable d'enfarger l'autre. Et cela se
voyait très couramment sous votre gouverne et sous la nôtre aussi.
Il n'est pas sûr qu'on soit bien intelligent et ce n'est pas une question
de paraître, mais au bout de la ligne, il faut en faire le plus possible
avec notre argent, de manière intelligente, tenter d'aligner cela et de
faire en sorte qu'on ait des axes de développement qui vont être
structurants pour le développement de ces régions. Dans la mesure
où on va tendre vers cela et que tout le monde va bien sentir que les
deux gouvernements s'orientent dans ce sens-là, on aura fait un pas
énorme. Donc il y a deux objectifs: concertation et harmonisation pour
une meilleure utilisation des fonds publics.
M. Brassard: Ah! qu'en termes galants, ces choses-là sont
dites. C'est bien. Mais, concrètement, est-ce que cela signifie que les
deux
gouvernements vont respecter les exercices de concertation qui ont eu
lieu dans les régions et que, par conséquent, le gouvernement
fédéral va abandonner son idée initiale de procéder
à une opération un peu plus rapidement, cependant il faut le
dire, un peu moins élaborée, mais enfin, et va abandonner
l'idée de tenir lui-même, dans les régions, des
opérations de concertation pour dégager, de son
côté, des axes de développement, alors que, de façon
très sérieuse et très approfondie, les régions ont
déjà fait ce travail?
M. Côté (Charlesbourg): Cela ne me fait pas peur que
le gouvernement fédéral puisse faire de la consultation dans les
régions sur le plan d'éventuels programmes et sur le plan
d'acceptation d'un certain nombre de projets. Cela ne m'énerve pas. Cela
ne m'énerve pas pour la simple et bonne raison que les nôtres sont
tellement bien faits, qu'ils ne peuvent pas en arriver à d'autres
conclusions que de qualifier les nôtres comme étant bons. Cela ne
me fait pas peur. Et que le gouvernement fédéral sente
l'obligation de consulter la population pour savoir si effectivement son argent
va être bien dépensé ici ou là prouve que c'est un
gouvernement responsable. Alors, avant même de s'engager dans des choses
comme celles-là, qu'il veuille bien s'assurer que les programmes ou que
les projets correspondent à la volonté du milieu, est une
démarche de respect vis-à-vis des régions de la même
manière que nous l'avons fait. S'il l'avait fait dans le passé,
peut-être qu'il y aurait moins de monstruosités sur le territoire.
Bien des choses ont été construites sur le territoire, et on est
obligé de récupérer, à plusieurs occasions,
à même l'OPDQ, pour être capable de retaper des
bâtisses qu'ils nous ont laissées dans le champ et qui ont
été construites avec des programmes à l'époque. On
a été obligé de les récupérer aujourd'hui,
puisque eux sont disparus du décor.
C'est un peu tout cela qu'est l'objectif actuellement, quand on parle de
concertation et d'harmonisation. Prenons un exemple. Est-ce que vous croyez que
la consultation menée par le gouvernement fédéral au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, à l'égard de projets, est bien
différente de ce qui est issu du sommet et de la biennale tenus au
Saguenay-Lac-Saint-Jean?
Une analyse faite par nous témoigne très bien et vient
nous confirmer à peu près à 95 % la démarche
suivie. Que voulez-vous? À partir du moment où nous mettons les
efforts sur le plan de sommets et de biennales, en regroupant autour de la
table les maires, les préfets, le monde socio-économique, le
gouvernement provincial et qu'on dit aux gens dans le milieu: Vous allez mener
l'exercice dans les zones, vous allez mener l'exercice dans un forum et vous
allez alimenter le sommet ou la biennale, il peut bien arriver que quelqu'un,
quelque part dans telle municipalité entre-temps, ait une idée
brillante et que ce soit un projet intéressant, mais ce serait
exceptionnel par rapport à toute la démarche qui aurait
été faite.
On ne réinvente pas la roue. S'ils veulent s'assurer de tout cela
sur le plan de leur démarche, je pense que c'est leur liberté et
leur droit, parce que ce sont eux qui doivent répondre des sommes
d'argent qu'ils dépensent. Quant à moi, cela ne m'inquiète
pas du tout. Au contraire, cela va leur prouver que nous avons, sur le terrain,
la meilleure des organisations et que, dans la mesure où ils mettront de
l'argent, on pourra les associer en partenaires importants à notre
démarche. Dans ce sens-là, cela ne me fait pas peur du tout.
M. Brassard: Mais, M. le Président, je voudrais quand
même signaler au ministre un risque et un danger, parce que je suis
pleinement d'accord sur ce qu'il a dit auparavant. Quand il prétend
qu'il faut éviter que, sur le terrain, il y ait compétition entre
les deux ordres de gouvernement, les intervenants dans les régions, pas
plus fous qu'ils ne le sont, vont évidemment essayer de tirer les
marrons du feu, de profiter des deux et de conjuguer les ressources des deux,
de les additionner. C'est évident. Cela s'est déjà fait
dans le passé et ils vont continuer de le faire si vous les placer dans
une situation semblable.
Alors, si vous permettez ou si vous acceptez le fait que le gouvernement
fédéral tienne, de son côté, des exercices de
consultation et de concertation comme il avait l'intention... En tout cas, je
ne sais pas s'il a abandonné, mais quand on lit son document initial, on
se rend compte de cela.
C'est vrai que sur le plan des axes de développement, il arrive
à peu près à la même chose que l'OPDQ dans ses
analyses. Je lisais le document concernant ma région et son analyse de
la problématique régionale. Il n'y a absolument rien de nouveau
là-dedans. C'est carrément déjà fait. Ils se sont
sans doute largement inspirés des documents de l'OPDQ en régions.
Il n'y a pas de neuf là-dedans.
Cela peut arriver que ce soit similaire sur le plan des axes de
développement. Mais, sur le plan concret des projets, là...
Prenons un exemple bien simple. Dans le domaine touristique, dans ma
région, aussi bien au sommet qu'à la biennale, on a
adhéré à une stratégie de développement
récréotouristique, des axes de développement, des lignes
de force, mais cela se traduit sur le terrain par le fait qu'on
privilégie des projets concrets, des équipements bien
précis. Mais cela signifie aussi qu'il y a d'autres équipements
qui ne sont pas considérés comme prioritaires ou ne s'inscrivant
pas dans les axes, dans le cadre des orientations retenues et qui sont
écartés.
Tout le monde sait que, dans l'exercice d'un sommet ou d'une biennale,
il y a toujours des projets qui sont écartés et mis de
côté parce qu'ils ne sont pas jugés... Ce qui peut fort
bien arriver, si le fédéral fait son exercice de con-
certation et de consultation de son côté, c'est que les
promoteurs de projets rejetés, écartés et mis de
côté rappliquent auprès du fédéral. Ils vont
ramener leur projet qui a été écarté soit à
la biennale, sort au sommet. Ils vont faire des pressions auprès du
fédéral pour que leur projet soit retenu et financé.
On peut prendre chacune des régions et faire la liste des projets
qui ont été écartés, à l'une ou l'autre des
étapes. Pas nécessairement au sommet, mais soit à un
colloque de zone ou aux tables de concertation sectorielles. Les promoteurs de
ces projets considèrent toujours que ce sont des projets extraordinaires
et qu'ils ont été l'objet d'injustice ou de discrimination. Ils
vont rappliquer auprès du fédéral, si vous laissez le
fédéral faire sur le terrain. Ils vont tenter d'obtenir du
financement pour ces projets. Vous allez avoir un problème sur le
terrain. La compétition, la concurrence entre gouvernements, pour
s'accaparer les ressources des deux niveaux de gouvernement, que vous ne
souhaitez pas voir s'implanter, risque d'apparaître si vous permettez au
gouvernement fédéral de faire son exercice de concertation qui
est pas mal moins élaboré, moins sérieux et moins
approfondi que celui que le Québec a tenu.
C'est pourquoi, dans le cadre d'une entente
fédérale-provinciale, il m'apparaîtrait Important que les
deux gouvernements s'entendent sur le fait que, dans les régions, il n'y
a qu'une seule opération de concertation, celle qui, à mon avis,
est menée fort bien d'ailleurs par l'OPDQ, par les instances de
concertation qu'on retrouve en régions.
M. Côté (Charlesbourg): Je ne sais pas si le
député de Lac-Saint-Jean a bien pesé les deux
éléments que j'ai mis sur la table, où on parle de
concertation et d'harmonisation. Je le répète, au coeur de notre
discussion actuellement, on parle de concertation et d'harmonisation. Quand on
pousse l'analyse dans l'application d'harmonisation, il trouverait normalement,
dans la mesure où on s'entend, une bonne partie des réponses
à ses questions. (11 h 30)
M. Brassard: L'objectif d'harmonisation - c'est le terme qui est
utilisé, c'est celui que votre collègue des Affaires canadiennes
a également utilisé la semaine dernière - semble faire
consensus de votre côté, en tout cas. Le terme d'harmonisation et
la façon dont cela va apparaître dans l'entente, cela aurait pour
effet - si je vous comprends bien - d'empêcher ou d'éviter que des
situations telles que celles que je viens d'évoquer ou de
décrire, puissent apparaître dans les régions. Des
situtations de compétition qui feraient que les intervenants ou les
promoteurs qui ont été écartés en cours de route,
pourraient reprendre le chemin et s'en aller cogner à la porte du
fédéral.
M. Côté (Charlesbourg): II faut bien com- prendre
que l'exercice que nous menons quant aux sommets, l'exercice d'inventaires sur
le plan des zones, des projets, celui du forum qui vient consacrer un certain
nombre de projets qui seront défendus par la région, peut aussi
avoir ses injustices. Il ne faut pas s'illusionner. On n'a pas dit qu'on menait
un exercice parfait. C'est un exercice qui est mené par des hommes qui
tendent à se regrouper pour avoir une certaine influence pour faire
passer tel projet. Cela ne veut pas dire qu'en cours de route il n'y a pas,
à l'intérieur de cette banque de projets qui n'ont pas
été retenus, de bons projets qu'on pourrait inclure dans un
certain nombre de programmes, projets qui pourraient faire l'objet d'une
entente ou encore être récupérés par le Fonds de
développement régional ou par un ministère sectoriel.
M. Brassard: D'accord.
M. Côté (Charlesbourg): Ces réserves
étant mises de...
M. Brassard: À condition que ces projets ne resurgissent
pas, je dirais, sous le couvert de la compétition entre gouvernements,
à condition que cela s'inscrive quand même, que les...
M. Côté (Charlesbourg): Là aussi, il y a le
milieu qui peut pousser des projets, il y a la députation aussi qui peut
pousser des projets. Je pense que les députés de tout le
Québec sont très bien intégrés à l'exercice
de concertation que nous menons avec nos sommets. On ne peut pas dire que les
députés fédéraux sont actuellement associés
à cet exercice, puisqu'on a fait une tentative dans l'Outaouais et que
cela n'a pas donné les résultats qu'on escomptait. C'est pour
cela qu'en fin de compte, la position a toujours été que nous
étions prêts à ouvrir cette table de concertation qui
aboutit à l'harmonisation, et que, dans la mesure où il y avait
des montants du fédéral dans une entente de développement
régional, il y avait possibilité d'ouverture de cette table.
Réserver des sièges au gouvernement fédéral est
souhaité par le milieu et c'est souhaité par tout le monde, de
telle sorte que cet exercice puisse aussi être suivi par les
députés fédéraux. Dans ce sens, il est clair que
l'harmonisation aura des effets très bénéfiques. Si on
tient pour acquis - et il ne faut jamais le tenir pour acquis tant que ce n'est
pas signé - qu'on a une entente fédérale-provinciale et
que le principe d'harmonisation est présent, quant à moi, je n'ai
pas d'objection fondamentale à ce que les autorités
fédérales sentent le besoin d'une certaine consultation du milieu
pour bien savoir si cela répond effectivement à... Je suis
convaincu que cela ne résistera pas longtemps. La démonstration a
été faite, à quelques reprises jusqu'à maintenant,
quant à nos exercices tenus pour chacune des régions
périphériques visées au départ, aux régions
ressources, et quant à
leur propre exercice mené, on en arrive à peu près
à la même chose.
Il y a des discussions, quand on parle d'harmonisation, harmonisation de
plusieurs choses. D'abord, de notre comportement comme gouvernement, comme
élus et comme palier décisionnel, aussi, de faire en sorte qu'on
puisse dire au milieu: quand on s'harmonise, on s'harmonise. Le milieu doit
comprendre aussi que, forcément, il n'y aura pas de surenchère.
Il n'y en aura pas. S'il y a une entente qui laisse de la place à la
surenchère, il n'y aura pas d'entente. L'harmonisation va aussi loin que
cela. Finalement, pour l'utilisation de nos ressources, il faut bien prendre
soin que le milieu participe, sur le plan des analyses de chacun des projets
présentés. On ne va pas donner des cadeaux à tout le monde
en disant: Ton projet est bon, mon petit garçon, mais comme tu n'as pas
d'argent, ce sont les gouvernements fédéral et provincial qui
vont payer 100 % de ton projet. Je pense que les gens oublient cela, c'est du
passé.
Avec des axes de développement pour chacune des régions,
on va faire beaucoup d'effort pour encore mieux cibler nos axes et mieux les
faire comprendre pour chacune des régions. Dans la mesure où on
conclut une entente, ce n'est pas une entente tous azimuts. Ce n'est pas une
entente qui veut être tellement large qu'elle va couvrir tout ce qu'il
pourrait y avoir de demandes dans chacune des régions du Québec.
Non. Il faut bien se comprendre, quand on parle d'axes de développement.
Il est clair dans notre esprit que le focus sera mis sur certains programmes ou
certains secteurs de développement qui sont plus importants que
d'autres. Cela va être très apparent et cela va être
très clair si on met le focus sur certaines régions ou sur un
certain nombre de programmes à être réalisés. Cela
en respect du rattrapage à effectuer dans chacune des régions du
Québec. C'est pour cela qu'on parle davantage maintenant de
régions ressources dites périphériques et de
régions centrales.
M. Brassard: Est-ce que cela signifie que, dans l'entente, on
sélectionnerait un certain nombre d'axes et qu'il serait possible que
ceux évoqués ou proposés par le gouvernement
fédéral, peut-être pas tous, mais que certains d'entre eux
soient retenus? Si je me souviens bien, je pense qu'il était question de
développement technologique comme axe de développement retenu par
le gouvernement fédéral. Il y avait également, mettre
l'accent sur le développement des ressources naturelles, en particulier
la forêt...
M. Côté (Charlesbourg): II ne suffit pas d'avoir un
titre...
M. Brassard:... le tourisme également.
M. Côté (Charlesbourg): II ne suffit pas d'avoir un
titre de programme, il s'agit de savoir ce que cela contient. C'est
extrêmement important. La meilleure possibilité d'avoir du
succès, quant à nous, c'est de réfléchir un peu sur
ce qui s'est passé précédemment. Pourquoi des
régions sont-elles plus en difficulté que d'autres? Si on se pose
cette question et qu'on analyse la situtation, on va pouvoir tirer un certain
nombre de conclusions. Ce n'est pas uniquement le phénomène
d'éloignement qui fait que certaines régions sont en
difficulté, mais, comme par hasard, les régions en
difficulté sont les plus éloignées. Cela peut vouloir dire
aussi, tant du côté fédéral que du côté
provincial, que nos programmes réguliers, bien définis, bien
pensés par l'appareil et acceptés quand même par les
décideurs politiques - il n'y a pas de programme si les décideurs
politiques ne les acceptent pas - sont davantage pensés avec une
mentalité centralisatrice qu'une mentalité régionale.
L'application de ces programmes au cours des 20, 25, 30 dernières
années - pour ne blesser personne en particulier - a fait en sorte qu'il
y a encore des écarts substantiels entre les régions
périphériques et les régions centrales, et les
régions centrales et les - j'allais dire les métropoles - les
grandes agglomérations comme Montréal, Québec, Hull,
certaines communautés urbaines.
Malgré le fait que des efforts ponctuels et non concertés
du fédéral et du provincial ont pu faire en sorte que certains
écarts puissent se rétrécir entre des régions
périphériques et certaines régions centrales, il reste
encore des écarts très appréciables entre les
régions ressources et les régions centrales ainsi qu'entre les
régions centrales et les régions métropolitaines. C'est
donc dire l'écart qu'il y a entre les régions
métropolitaines et les régions périphériques. Il
faut donc constater que nos programmes réguliers normes n'ont pas permis
à ces régions de faire les pas qu'on aurait souhaité dans
le redressement. Cela ne veut pas dire qu'une nouvelle entente sur le
développement régional corrigerait complètement cet
écart demain matin. Je ne pense pas que cela soit possible. Il faut
toujours tendre vers. Il faut arriver avec de la souplesse, beaucoup de
souplesse. Et j'ai eu le plaisir de lire votre nouveau chef, celui sur qui vous
aviez un certain questionnement à un certain moment, au moment où
il vous effleurait l'esprit d'atteindre les sommets de votre parti, sur un
élément de modulation vis-à-vis des régions. Dans
ce sens, je pense qu'il y a certainement une adaptation de nos politiques. Si
c'est une politique de développement régional qu'on veut en
faisant un certain rattrapage, il faut, premièrement, y inclure des
éléments de souplesse Deuxièmement, qu'on ne remplisse pas
le vase par le haut mais par le bas. C'est ce qu'on a fait au cours des 20 ou
des 30 dernières années, de les remplir par le haut. Cela n'a pas
nécessaire ment correspondu aux besoins des régions. Il s'agit de
permettre davantage à la base de s'exprimer, de choisir les projets
qu'elle veut
privilégier. Parce qu'elle-même, connaissant mieux son
milieu, ses ressources, ses moyens, pourra davantage s'en sortir que d'un
programme conçu centralement, avec une culotte identique pour l'ensemble
des régions du Québec.
Il y a donc deux phénomènes très importants. La
souplesse et faire que l'alimentation se fasse par la base plutôt que par
le haut. Dans la mesure où on réussira à arrimer tout cela
avec le gouvernement fédéral, je pense qu'on aura franchi un pas
extrêmement important.
Programmes adaptés aux régions
M. Brassard: M. le Président, je reviens maintenant sur la
question, qui n'est pas nouvelle, de la modulation des programmes
gouvernementaux en conformité avec les caractéristiques propres
à chacune des régions. Ce n'est pas la première fois que
le ministre en parle. Il l'a déjà évoqué
précédemment, en soulignant également tes
difficultés. Forcément, puisqu'on ne peut pas dire qu'il y a eu
sur cette question des progrès concrets et notables.
M. Côté (Charlesbourg): II y en a eu.
M. Brassard: Dans votre plan d'action qui est devant les
comités ministériels, me dites-vous, est-ce que ce principe de
modulation des programmes gouvernementaux en fonction des régions est
d'une part retenu? J'imagine que oui. Mais surtout, est-ce que c'est l'OPDQ qui
est mandaté pour en assurer la réalisation? Parce qu'on peut bien
retenir le principe et, je n'ai pas de réserve quant au principe car on
peut le retenir dans un énoncé de politique. Mais encore faut-il
qu'au sein de l'appareil gouvernemental, dont la dynamique est la plupart du
temps centralisatrice, reconnaissons-le, sous tous les gouvernements quels
qu'ils soient, encore faut-il qu'il y ait une instance qui se sente responsable
de l'application de ce principe de la modulation, qu'il y ait un certain
pouvoir d'imposer concrètement cette modulation aux ministères
sectoriels, dans leurs programmes réguliers, en fonction des
régions.
M. Côté (Charlesbourg): Il n'est pas dans mon
intention de sortir du plan d'action qui est devant un comité
ministériel quelques éléments que ce soient.
M. Brassard: Non, mais simplement sur le pian, vous reconnaissez
qu'une instance au sein de l'appareil ou, du moins, qu'un organisme, si l'on
veut que la moduiation s'applique concrètement, il faut qu'il y en ait
qui se sentent responsables de l'application de ce principe. (11 h 45)
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela. J'y arrive. !l
faut d'abord commencer par prêcher par l'exemple. Dans ce sens, il est
clair que l'OPDQ doit d'abord l'appliquer chez iui. On a effectivement
commencé à l'appliquer à plusieurs programmes et pour
certains projets, en par-ticuiier dans certaines MRC plus en
difficultés. Mais, dans ce cas-ci, comme ce n'est pas inscrit "à
la norme de", il faut d'abord, assurément, aller au Conseil du
trésor et justifier chacun des cas. Les programmes de l'OPDQ seraient
effectivement, dans cette mesure, adaptés à cette nouvelle
réalité donnant l'exemple et incitant d'autres ministères
sectoriels à faire de même. À partir de cela, il y a
déjà certains progrès assez importants de faits, et je
pense que le pas te plus important est toujours le premier. Dans le cas de la
SDI où, effectivement, il y a une modulation de l'intervention de la
SDI, ce n'est pas le Klondike, mais au moins, un premier pas a
été franchi à ce niveau. Un deuxième pas a
été franchi, malgré le fait que cela ait soulevé un
peu l'ire de l'Opposition, avec le Service des achats, la nouvelle politique
d'achat régional. C'est un pas très important dans le respect des
régions. Dieu sait qu'à ce niveau-là, ce sont les
régions qui vont en bénéficier. Bien sûr que, demain
matin, des professionnels vont aller s'ouvrir une boîte
téléphonique avec un téléphone. Ils vont dire: Bien
sûr, je suis implanté à Matane ou je suis implanté
à Mont-Joli et est-ce que je pourrais avoir le contrat qui sera
réservé à cet effet? Mon collègue, le ministre des
Approvisionnements et Services, M. Rocheleau, est allé plus loin que
cela. Il a exigé tant d'ingénieurs, tant de techniciens, tant de
personnel de soutien et cela est une politique de décentralisation et de
développement régional. Quant à moi, je suis en parfaite
harmonie avec la décision qu'a prise le ministre des Approvisionnements
et Services, malgré le fait que des centres comme Québec, comme
Montréal, puissent être les premiers à payer la note parce
qu'il y a concentration des professionnels à ce niveau. Au-delà
de tout cela, je pense qu'il faut le plus possible faire
bénéficier les régions et je pense que c'est une certaine
forme de modulation, de respect des régions.
Déjà, le rôle de l'OPDQ se fait sentir un peu
partout. Vous dites qu'il faut que les gens sentent qu'il y a quelqu'un de
responsable, s'assurer qu'à l'OPDQ, on a pris cette
responsabilité. Il irait même plus loin que cela dans ces
responsabilités. Je vois très bien, demain matin, le COMPADR, le
comité ministériel permanent de l'aménagement et du
développement régional, à l'intérieur duquel passe
presque tous les projets qui ont une connotation d'aménagement, avoir
instantanément un réflexe de questionnement sur le respect des
régions. Je n'ai pas de misère à ce sujet à
convaincre le président du COMPADR non plus. Pas du tout! Je n'ai pas de
misère non plus à convaincre les 17 personnes qui, chaque jour,
analysent chacun des mémoires. Cela aussi est une élément
neuf très important qui - cela, je peux vous le dire - fait partie, bien
sûr, du plan et qui aura des conséquences très importantes.
Donc, un niveau de sensibilislation très élevé,
et non seulement pour la sensibilisation, mais aussi pour l'action.
Il est clair que, quand tout cela sera réglé, vous serez,
d'après ce que je peux comprendre - à part l'indépendance
qui va nous séparer - en parfaite harmonie et vous allez possiblement
vous dire surpris du niveau de compréhension des régions de la
part du Parti libéral. J'aurai beaucoup de plaisir à vous lire
pendant les deux prochains mois chez vous, quant à la
compréhension de ce qu'est le développement régional,
quant aux moyens d'action, non pas seulement envisagés, mais, dans
certains cas, pris quant au respect des régions. Finalement, je ne
pourrais pas faire la nomenclature - parce que cela serait un peu gênant
pour le député de Lac-Saint-Jean - des gestes posés sur le
plan du développement régional. Parce qu'il y en a eu des gestes
de posés aussi. Il a été l'un des premiers à
bénéficier de cette modulation de la taxe sur l'essence, que le
gouvernement a acceptée. Cela est une forme de modulation de
l'intervention gouvernementale. Je suis bien sûr que cela pourrait
peut-être le gazer un peu, mais on ne voulait pas l'asphyxier, et, dans
ce sens-là, c'est une forme de modulation que le gouvernement a
déjà commencé à mettre en place. Je n'ai pas
d'inquiétude quant à la réaction du député
de Lac-Saint-Jean dans la mesure où j'aurai convaincu tous mes
collègues, et cela est mon problème.
M. Brassard: C'est un bon problème. M.
Côté (Charlesbourg): Comment? M. Brassard: C'est un
problème.
M. Côté (Charlesbourg): C'est mon problème
dans le sens qu'on fait le travail qu'on a à faire. J'ai le soutien des
collègues députés qui le vivent et qui se
réjouissent de certains gestes. Cela donne déjà une bonne
indication de ce qu'ils souhaitent voir adopter comme politique
gouvernementale.
M. Brassard: Justement, il faudrait convaincre certains de vos
collègues qui ont pris des décisions qui n'ont pas toujours
été profitables pour les régions.
M. Côté (Charlesbourg): Lesquelles?
Développement culturel
M. Brassard: Je pense, par exemple, au moratoire sur les
équipements culturels. Il serait drôlement temps pour les
régions que ce moratoire soit levé, compte tenu des projets
nombreux qu'il y a en régions, en particulier concernant les
bibliothèques publiques et les projets d'équipements à
caractère culturel.
M. Côté (Charlesbourg): Je comprends et je dois vous
dire, à ce sujet-là, que...
M. Brassard: Je peux vous donner d'autres exemples aussi.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais on peut les
prendre un par un.
M. Brassard: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): On parle de
développement régional. On va les prendre un par un. Dans le
domaine culturel, Mme Bacon a fait pas mal plus que certains grands personnages
qui se promenaient plus souvent à Cannes qu'en régions. Dans ce
sens, on peut bien sûr dire aujourd'hui qu'il serait temps de lever le
moratoire, mais il y a aussi un certain degré de responsabilité
de la part du gouvernement. Vous le savez également. Vous pouvez aller
sur le territoire et dans chacune des municipalités du Québec. Il
va y avoir un projet de développement culturel, que ce soit une
bibliothèque, que ce soit une salle de spectacles, etc. Il faut que cela
se fasse selon certaines règles. Si on parle d'harmonisation et de
concertation actuellement chez nous, il faut aussi que, sur le plan des
équipements culturels, il y ait cette concertation et qu'on ait les
moyens de se les payer également. Dans ce sens, je suis pleinement
convaincu que Mme Bacon, qui a fait un travail exceptionnel jusqu'à
maintenant, va faire ce qu'il y a à faire dans un avenir prochain. Je ne
suis pas inquiet de ce côté, sauf qu'à un moment
donné, sur le plan budgétaire de l'appareil gouvernemental, il y
a des choix qu'un gouvernement doit faire. Des choix ont été
faits.
On commence maintenant à être capable de respirer un peu,
de revivre. Il y avait beaucoup d'ordre à mettre un peu partout. Dans ce
cas-là, cela s'est très bien fait sur le plan des
équipements culturels. Pour ma part, comme j'ai eu à vivre le
sommet des Laurentides, de l'Outaouais, de l'Abitibi, de la
Montérégie, des biennales, dans chacun de ces cas Mme Bacon,
s'est montrée ouverte, et on a réussi à régler un
certain nombre de dossiers.
Je vais vous en citer un qui est bien le "fun": Lanaudière. Le
gouvernement fédéral y avait annoncé une participation. Le
milieu la revendiquait. C'était un élément
extrêmement important pour le Festival de Lanaudière, qui est un
festival très important. Les gens ont convaincu tout le monde
d'intervenir. Il y a eu une complicité de l'OPDQ et des Affaires
culturelles qui a fait que, dans un cas comme celui-là, la
décision a pu être prise. Finalement, ce ne sont pas du tout les
couleurs politiques qui nous ont aveuglés puisque cela se passait dans
le comté du chef de l'Opposition à l'Assemblée nationale.
Comme vous voyez, nous avons un esprit très ouvert. Dans ce sens, c'est
un équipement culturel dans une région, qui est très
intéressant. De la même manière pour les
bibliothèques
centrales de prêts qui répondent certainement à un
besoin exprimé partout et dans les régions les plus
éloignées. Nous avons dit oui aux sommets. Nous avons
modulé l'intervention en Abitibi d'une manière plus Importante
que dans d'autres régions. On a déjà appliqué un
effet de modulation. Je pourrais vous parler en plus d'un autre projet qui est
dans le beau comté d'Arthabaska. Il s'agit de la troupe de
théâtre Parminou. Vous ne viendrez pas nous dire que ce sont nos
appuis. Le théâtre Parminou, qui revendiquait depuis
déjà fort longtemps...
M. Brassard: Non?
M. Côté (Charlesbourg):... une intervention, ta
réponse a été oui. Mme Bacon l'a annoncé. Dans ce
sens, on a réglé un certain nombre de dossiers et nous en sommes
très heureux.
M. Brassard: Ah! Vous avez sans doute réglé un
certain nombre de dossiers par le moyen des biennales et des sommets, mais il
n'en reste pas moins qu'on est toujours face à un moratoire sur les
équipements culturels. Vous me demandiez des exemples parce que vous
savez très bien que le développement régional ne se fait
pas uniquement par l'OPDQ et ses programmes. Tous les ministères, enfin
quelques-uns plus que d'autres, ont des impacts et des retombées sur le
plan du développement régional. Le ministère des Affaires
culturelles en est un et le moratoire empêche actuellement - même
si un certain nombre de dossiers ont été réglés -
un certain nombre de projets importants, dans les régions, de se
réaliser. C'est pourquoi il serait important que ce moratoire soit
pleinement et complètement levé.
Parcs et réserves
D'autres exemples... Je pense au budget des parcs et réserves,
par exemple. On sait très bien que le réseau des parcs se
retrouve en régions; il ne se retrouve pas à Montréal,
c'est évident. Il se retrouve en régions, le réseau des
parcs. Il y a eu, depuis deux ans et demi - c'est inscrit dans les livres des
crédits - une réduction substantielle des budgets de
développement des parcs.
Évidemment, cela s'est traduit concrètement dans les
régions par des immobilisations moindres, moins importantes, pour le
développement du réseau des parcs. Cela, ce n'est pas l'OPDQ, ce
n'est pas le ministre responsable du Développement régional;
c'est un ministère du gouvernement, le ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche qui a un impact important en régions et dont
la réduction des budgets, à un chapitre en particulier, celui des
immobilisations dans les parcs, a eu des répercussions importantes dans
toutes les régions du Québec où l'on retrouve les parcs.
Évidemment, les parcs ne se retrouvent pas en milieu
métropolitain.
L'autre exemple, c'est les programmes d'aide aux coopératives
régionales de développement. Il y en a certains qui ont
été retenus, mais, dans ma région et dans d'autres
régions, les coopératives de développement
régional... Cela, c'est le MIC, c'est le ministère de l'Industrie
et du Commerce. Simplement pour vous dire...
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Est-ce qu'on peut
prendre ces deux exemples-là?
M. Brassard: Oui, mais simplement pour vous dire, M. le ministre,
que tous les ministères, et certains plus en particulier, sont
directement concernés par le développement régional et
que, forcément, leur action sur le plan budgétaire, sur le plan
des immobilisations et sur le plan des programmes et leurs décisions ont
souvent des retombées négatives en régions.
M. Côté (Charlesbourg): II faut faire attention
à l'interprétation que le député de Lac-Saint-Jean
fait à ce moment-ci. En prenant l'exemple de réserves et parcs,
il faut le mettre en garde. Dieu sait que, du temps où le chef de
l'Opposition actuel était prédécesseur du
député de Lac-Saint-Jean à la tête du MLCP, je me
souviens d'avoir mené une lutte féroce pour l'adoption de la
SEPAQ, du projet de loi créant la SEPAQ.
Je ne me suis pas caché pour dire que la SEPAQ, depuis ce temps,
a gagné une bonne partie de ses galons. Ce que l'on craignait à
l'époque, en fin de compte, ne s'est pas matérialisé et la
SEPAQ joue un rôle très important. La SEPAQ a réussi
à rentabiliser ce que le ministère lui-même n'avait jamais
réussi, l'île d'Anticosti.
M. Brassard: C'était l'objectif de la SEPAQ,
d'ailleurs.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, c'était
l'objectif de la SEPAQ. Mais est-ce que, pour autant, il y a des budgets qui
sont à l'intérieur du budget du MLCP? Ce qui signifie que le
budget du MLCP en dollars peut être moindre, mais que l'action continue,
elle, d'être tout aussi efficace, peut-être même davantage
pour les régions. La SEPAQ a pris la relève dans plusieurs
endroits que le ministère lui-même n'a pas réussi à
rentabiliser et que la SEPAQ rentabilise. Donc, elle soulage le
ministère d'une facture négative.
Je veux transférer ce mécanisme à une
expérience que j'ai moi-même vécue avec la privatisation de
Quebecair. C'est 91 000 000 $ au cours des dernières années qui
ont été dépensés dans le cas de Quebecair et qui,
pour la plupart, ont émergé au budget du ministère des
Transports. C'est la dernière année que vous allez voir figurer
des sommes d'argent au budget du ministère des Transports: 4 300 000 S
ou 4 900 000 S cette année.
Cela voudrait donc dire que, l'an prochain, si mon budget était
indexé, au ministère des Transports, j'économiserais 5 000
000 $ et que
j'aurais 5 000 000 $ de plus à investir dans les routes du
Québec ou dans l'entretien. J'aurais donc fait un gain à ce
moment-là. Mais mon budget n'aurait été qu'indexé
et vous pourriez, comme critique, dire: Le ministre est faible; il n'a
même pas réussi à augmenter ses crédits et on les a
seulement indexés. Cela se travaille en plus et cela se travaille
en-dedans. C'est un peu cela faire plus avec moins dans le sens qu'il faut
aussi se donner de bons coups de pied dans le derrière sur le plan
interne pour être capable de maximiser les sommes d'argent qu'on a. Dans
ce sens, c'est vrai. Quand vous parlez de réserves et parcs, cela ne
veut pas dire qu'à cause que, dans certains cas, le budget a
diminué, le travail ne se fait pas pareil et qu'il ne se fait pas bien.
Je pense qu'il faut faire attention. (12 heures)
Coopératives de développement
Quant aux corporations de développement, c'est peut-être un
autre message qu'il faut livrer. Bien sûr que, si on avait répondu
comme gouvernement, lorsqu'on a eu le sommet d'Abitibi-Témiscamingue,
à la demande des organismes communautaires qui demandaient 11 000 000 $
sur quatre ans pour subventionner tous les organismes communautaires
d'Abitibi-Témiscamingue, cela aurait été un tonnerre
d'applaudissements, on aurait été des gens exceptionnels,
comprenant les besoins du milieu. Cela a des limites. Tu ne peux pas les
multiplier. C'est cela le message qu'il faut passer. Il faut arrêter de
multiplier les organismes tous les jours. Vous deviez être comme cela au
pouvoir et aujourd'hui aussi. Il n'y a pas une fois où tu fais du bureau
de comté où il n'y a pas quelqu'un qui a une maudite bonne
idée sur le plan des services à la communauté. La seule
chose qui manque au bout de la ligne, c'est l'argent. Dans ce temps-là,
ils viennent toujours demander au gouvernement. L'idée n'est pas dans le
fait de faire disparaître les coopératives de
développement, qui est nécessairement mauvaise, c'est davantage
de s'assurer que ce qui est en place puisse répondre aux besoins du
milieu. Cela s'appelle concertation. Des fois, il est bon que, sur le plan de
l'harmonisation, il en disparaisse. Cela m'apparaît clair aussi. Ce n'est
pas nécessairement en mettant de l'argent dans des structures qu'on
répond aux besoins du milieu. Mais l'argent qui est mis dans les
structures, qu'on la mette dans le milieu dans des projets spécifiques,
demain matin, je vous dis oui. Mais si, en échange de la disparition des
corporations de développement, on me disait: Prends l'argent et
crée des motels industriels ou des incubateurs industriels à
travers le Québec et s'il y avait de ces montants pour dépenser
de 2 000 000 $ à 3 000 000 $, qu'on me donne l'argent et je vais
encourager des incubateurs industriels et des motels industriels. Cela
s'appelle recentrer l'action gouvernementale dans des axes de
développement payants et non pas dans des structures d'animation qui, au
bout de la ligne, ne donnent pas toujours ce qui est souhaité. Si avec 2
000 000 $ on reconnaissait huit ou dix incubateurs ou motels industriels
répartis à travers le territoire, je suis convaincu que, sur le
plan des petits, au bout de la ligne, on va avoir une famille très
populeuse, alors que, sur le plan des coopératives de
développement, on serait encore au niveau des structures, des gens qui
occupent des bureaux, qui utilisent des téléphones et qui font
des papiers, qui remplissent du papier. C'est un peu cela le message qu'il faut
comprendre. Si votre compréhension du développement
régional est le maintien de structures dans les régions, qui
peuvent doubler le travail d'autres, je pense qu'on ne se comprend pas et qu'on
ne se comprendra jamais. Si, par contre, l'action gouvernementale vise à
mieux encadrer, pas encarcaner, mieux encadrer l'action gouvernementale et
mieux encadrer les axes de développement de chacune des régions
avec leur potentiel spécifique et avec un respect sur le plan modulaire
de chacune des régions du Québec, je pense qu'on commence
à se parler et vous allez voir que les résultats au bout de la
ligne, sur le plan du développement régional, vont être
beaucoup plus importants que ce qu'on a connu jusqu'à maintenant.
Fonds de développement régional
M. Brassard: M. le Président, la question des
coopératives régionales de développement et la
réponse du ministre m'incitent à aborder un sujet connexe. Le
ministre me dit: II ne faut pas multiplier les organismes. Il ne faut pas
financer trop d'organismes. Or, dans le cas des coopératives de
développement régional, en tout cas, celle que je connais, celle
de la région 02, sa performance en matière de création de
coopératives, d'aide à des projets d'expansion des
coopératives existantes dans la région, sa performance et son
rendement ne justifiaient pas l'abolition de l'aide à cette
coopérative de développement régional en provenance du MIC
d'autant plus que le MIC a maintenu l'aide aux coopératives dans les
milieux urbains, Montréal, Québec, et qu'il l'a coupée
totalement dans d'autres régions, dont la mienne. J'ai beaucoup de
difficultés à saisir son rationnel parce que le ministre de
l'Industrie et du Commerce parlait de rendement, parlait de performance. Or, le
rendement, la feuille de route des coopératives de développement
régional était tout à fait remarquable. Alors, il y a
quelque chose d'absolument incompréhensible, mais puisque le ministre
condamne la multiplication des organismes et le financement des organismes dans
le milieu, sur le terrain, j'aborde la question, par le Fonds de
développement régional. On l'a déjà abordé
l'an dernier. J'ai évidemment passé en revue l'état de la
situation du Fonds de développement régional tel que
communiqué par l'OPDQ et je me suis rendu compte, à la lecture de
ce
document, que l'aide au fonctionnement puis l'aide aux opérations
de divers organismes de développement ou de concertation
s'étaient accrues. Grosso modo j'ai calculé qu'il y avait plus de
3 000 000 $ en provenance du Fonds de développement régional pour
des organismes de développement, particulièrement dans la
région du Bas-Saint-Laurent. Il y a neuf organismes de
développement rural, corporations de développement
économique, de Kamouraska, de Rivière-du-Loup, du Bic, le Centre
d'entreprise Jeunesse, un peu partout dans toutes les régions.
Je sais que le discours du ministre était différent les
années passées, puisqu'il affirmait péremptoirement que
tes ressources du Fonds de développement régional devaient servir
prioritairement à des projets dits structurants et surtout à des
immobilisations. Je constate que le discours qu'il vient de tenir sur la
multiplication des organismes m'amène à cette question. Non
seulement cela semble, mais je suis persuadé que cela a augmenté
le nombre des organismes dont le fonctionnement a été
financé ou subventionné par l'OPDQ, dont les opérations en
quelque sorte ont été subventionnées. Là, ce ne
sont pas des projets que l'on peut qualifier de structurants, ce ne sont pas
des immobilisations, ce ne sont pas des investissements, c'est carrément
du fonctionnement
M. Côté (Charlesbourg): Je suis prêt à
répondre.
M. Brassard: Je relie cela avec ce qu'il vient de me dire
où il justifie la coupure du MIC aux coopératives de
développement régional implantées en régions qui
ont des feuilles de route assez impressionnantes en bien des cas, en tout cas
dans ma région. D'un côté, il nous affirme que le MIC a
raison de faire cela, puis, de l'autre, je constate que, dans le FDR, il y a
toute une série d'organismes. Je ne veux pas contester leur
utilité, mais j'essaie de trouver la cohérence entre le discours
qu'il me tient sur les coopératives de développement
régional et les subventions multiples...
M. Côté (Charlesbourg): Ce que je comprends du
député de Lac-Saint-Jean, c'est qu'il espère ne pas
trouver de cohérence. Je comprends le rôle de l'Opposition, j'ai
déjà fait cela.
M. Brassard: II y a comme un problème, un malaise dans le
problème, diraient certains.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais éclairer sa
lanterne. Il y a un programme que l'OPDQ a mis au monde en 1985. Donc, il y a
de fortes chances que ce soit vous au lieu de nous, étant donné
qu'on a occupé le pouvoir à la fin de l'année 1985. Volet
trois, cela va peut-être rappeler des souvenirs au député
de Lac-Saint-Jean qui reconnaît des agents de développement
industriel pour des régions en difficulté.
Ce que je lui disais tantôt c'est qu'il y a un peu partout des
commissaires industriels ou des commissariats que le ministère de
l'Industrie et du Commerce reconnaît Cela doit être à tout
le moins des repères très importants sur le plan du
développement industriel. J'imagine qu'il y en a un à Alma. Il y
en a certainement un à Chicoutimi. Il y en a un peu partout dans les
gros centres. Bien sûr qu'ils travaillent pour les gros centres. On a
réussi à négocier avec le ministère de l'Industrie
et le Commerce l'existence de ce programme, et, dans chacun des cas où
on veut reconnaître un agent de développement économique
dans le monde rural, le ministère de l'Industrie et du Commerce donne
son aval. C'est donc l'extension du commissaire industriel. Donc, il va dans la
logique de ce que je vous exprimais tantôt, alors que, dans certains cas
de coopératives de développement, on venait doubler le travail du
commissaire industriel. C'est clair. Dans ce cas-ci, il y a une ligne, ce sont
les commissaires industriels qui sont en place et nous reconnaissons un volet
trois à un certain nombre de communautés.
Tantôt vous me disiez qu'il y en a un peu plus dans le
Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie. S'il y en a plus maintenant, c'est
peut-être parce qu'ils n'ont pas été reconnus dans le
passé. Là, cela m'étonne toujours, pour la simple et bonne
raison qu'une bonne analyse et une bonne connaissance de la situation
économique du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie, des
Îles-de-la-Madeleine et de la Côte-Nord témoignent
très bien que ces régions auraient dû être, en tout
premier lieu, desservies par de tels programmes, de telle sorte qu'elles
puissent sortir de leur isolement sur le plan du développement
économique et que ces agents-là, reconnus pour une période
de trois ans, permettent de structurer des projets qu'autrement, ils ne sont
pas capables de structurer. Encore une fois, c'est la démonstration que
c'est en fin de programme qu'on réussit à reconnaître le
Bas-Saint-Laurent, la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine.
Cela ne me surprend pas que cela soit en fin de programme. Avec des
représentants comme Bérubé, qui était
député de Matane, qui a été transplanté
là-bas et qui n'avait aucune espèce de connaissance de ce
qu'était le milieu. Étant le porte-parole de tout le monde cela
ne m'étonne pas que la Gaspésie, les Îles-de-la-Madeleine,
te Bas-Saint-Laurent et la Côte-Nord n'aient jamais été
servis dans ce sens-là. Alors, ce que vous voyez aujourd'hui, en termes
de reconnaissance concrète, c'est le rattrapage qu'il y avait à
faire pour ces régions-là. En fonction de quoi? En fonction de
trois sommets qui s'en viennent et qui, eux aussi, auraient dû être
tenus avant pour être capables de faire le rattrapage pour ce qui est des
régions. Et nous avons semé des agents sur le terrain pour
être capables de préparer des projets qui auraient une orientation
économique, structurant à l'intérieur d'axes de
développement, de teiie sorte que, rendu au sommet de la
Gaspésie, des Îles-de-la-Madeleine, de la Côte-Nord
et du Bas-Saint-Laurent, on se retrouve dans une situation où ces gens
seraient sur le même pied que tout le monde.
C'est cela qui a été reconnu et cela ne jure pas du tout
par rapport avec ce que j'ai dit. C'est de l'argent pour supporter la MRC
Denis-Riverin, qui est la MRC la plus pauvre au Québec, pour supporter
la MRC d'Avignon, qui est une des MRC les plus pauvres au Québec et,
finalement, mettez-en comme cela un peu partout, dans le "Témis". Le
"Témis", est-ce que c'est assez fort? Je me suis même permis d'en
mettre deux à un moment donné pour être capable de
reconnaître au "Témis" le rattrapage qu'il y avait à faire.
Je pense que, dans ce sens-là, c'est la réponse et cela ne jure
pas du tout par rapport aux corporations de développement. Il ne faut
pas les multiplier en termes de structures, mais reconnaître que le monde
rural puisse avoir un agent de développement économique au
chapitre de la MRC, compte tenu de son état d'isolement et de sa
faiblesse sur le plan économique. Je l'ai puisé à
même mes racines et mon vécu en ce qui concerne la MRC
Denis-Riverin, où ils n'étaient pas capables de s'en sortir. Le
fait de leur reconnaître un commissaire industriel ou un volet trois dans
ce cadre-là, vous devriez voir l'effet tout à fait exceptionnel
que cela a provoqué à la MRC Denis-Riverin et la multitude de
projets qu'ils ont pour ce qui est du sommet de la Gaspésie, des
Îles-de-la-Madeleine, avec tous les problèmes que cela suppose.
Ils en ont trop. Ils ont de la difficulté à choisir, alors
qu'avant, ils n'en avaient pas un seul. C'est cela.
M. Brassard: M. le Président, cela m'amène à
une couple de remarques. Premièrement, le ministre justifie bien les
dépenses de fonctionnement en provenance du FDR. Je veux simplement lui
rappeler que c'est lui qui disait à l'origine, au moment où il a
accédé à ce poste, que le FDR devait consacrer ses
ressources aux investissements, aux immobilisations et aux projets
structurants. À ce moment-là d'ailleurs, il y a deux ans, je lui
disais que, quant à moi, je n'avais pas d'objection à ce que
certains fonds en provenance du Fonds de développement régional
soient utilisés pour du fonctionnement. Cela peut se justifier. Je
n'avais pas d'objection de principe à ce point de vue. C'est lui qui, en
partant, a affirmé péremptoirement que les ressources du Fonds de
développement régional devaient servir à des projets
structurants et qu'elles ne devaient pas être utilisées pour du
fonctionnement ou des opérations. (12 h 15)
M. Côté (Charlesbourg): II n'en manque pas un petit
bout là-dedans...
M. Brassard: Je n'ai pas terminé, M. le Président.
Alors, qu'il ait changé en cours de route, moi, je veux bien, cela ne me
scandalise pas. Cependant, je dis ceci: Est-ce qu'il ne serait pas opportun,
dans ces circonstances... Est-ce qu'au fond cela n'indique pas que le programme
d'aide aux commissariats industriels du ministère de l'Industrie et du
Commerce est plus ou moins bien adapté et que la fameuse modulation des
programmes, qu'on souhaite, pourrait s'appliquer là. Au fond, ce qui
arrive, c'est que, dans le programme d'aide aux commissariats industriels du
MIC, il ne semble pas que les critères et les balises répondent
bien aux besoins en matière d'animation et de développement de
l'est du Québec, par exemple, des régions rurales. Et
peut-être que c'est le programme du MIC qui doit être
adapté, qui doit être modulé pour permettre qu'il
réponde à ces besoins de façon que cet argent-là
puisse justement servir davantage à des immobilisations, à des
investissements qu'à du fonctionnement. Je pense qu'il y a là
quand même un élément intéressant. Peut-être
que le programme du MIC est mal adapté, qu'il convient de l'adapter, d'y
ajouter peut-être des ressources pour qu'il réponde à ces
besoins-là et à ces intérêts-là.
Dernière remarque, M. le Président. Moi, je veux bien que
le ministre justifie, cela semble d'une certaine façon cohérent,
l'aide au fonctionnement, puis l'aide à des organismes de
développement, particulièrement en milieu rural, en provenance du
FDR, moi, je veux bien. Je veux bien adhérer à son discours mais
il n'est pas obligé de justifier l'abolition de l'aide aux
coopératives de développement régional pour cela. Parce
que cela aussi m'apparaissait important. En tout cas, chez nous, dans le
secteur coopératif, les coopératives de développement
régional accomplissaient une action bénéfique, soutenaient
des projets coopératifs, les menaient à bon terme, et cela se
traduisait par la création d'emplois, par des investissements. Ce n'est
pas obligatoire qu'il justifie l'action de son collègue de l'Industrie
et Commerce. Il n'est peut-être pas obligé de le contredire, mais
il n'est pas obligé de le soutenir en tenant le discours qu'il vient de
tenir concernant les corporations de développement économique,
discours qui a une certaine cohérence. Mais qu'il ne se sente pas
obligé de justifier la coupure, la suppression de l'aide aux
coopératives de développement régional sous
prétexte qu'il ne faut pas multiplier les organismes, que... Le ministre
de l'Industrie et du Commerce a bien de la difficulté à justifier
ces coupures et c'est ce que je dis: qu'il ne se sente pas la mission de
justifier ces coupures-là, parce que les coopératives, compte
tenu de leur action, avaient une feuille de route tout à fait
performante et que leurs coupures, à mon point de vue, ne se justifient
pas.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
veux juste rappeler... D'abord, je ne me sens jamais d'obligation, soyez bien
sûr qu'il n'y a personne qui me tient une poignée dans le dos pour
me dire quoi dire. En règle générale, je dis
un peu ce que je pense, pas mat tout ce que je pense, puis il n'y a
personne qui me pousse dans le dos. Je me sens très bien à l'aise
dans ma peau.
Il faut tout de même admettre que te ministère de
l'industrie et du Commerce étant le ministère sectoriel qui donne
les avis, positifs ou négatifs, quant à la reconnaissance de
l'agent socio-économique, est finalement très habile et se sert
de l'OPDQ pour ajouter un complément aux programmes existant du
ministère. Et dans ce sens-là, je pense que c'est un chemin
très important et c'est une reconnaissance qu'il y a des
problèmes plus spécifiques à un territoire donné
qui est une MRC par rapport à une ville qui est plus importante
où il y a un commissaire industriel. Et cela est un complément
fort heureux. Qu'il vienne de l'Industrie et Commerce ou qu'il vienne de
l'OPDQ, bien, au bout de la ligne, l'important c'est que cela se
matérialise, que cela se fasse, et l'OPDQ, finalement, a un rôle
à jouer de ce côté-là et, demain matin, dans la
mesure où cette action-là fait prendre conscience davantage qu'il
faut en faire plus, tant mieux, c'est cela le rôle de l'OPDQ. Et vous le
disiez si bien tantôt. Cela prend quelqu'un pour être capable de
faire sentir aux autres qu'il y a le développement régional et
qu'il faut y penser très régulièrement.
En ce sens, dans le cas du volet trois, c'est clair que l'OPDQ a
joué un rôle extrêmement important. Ce n'est pas demain
matin la veille que l'OPDQ va lâcher.
M. Brassard: Vous ne pensez pas, M. le ministre, que cela peut se
comprendre que l'OPDQ instaure une telle forme d'aide pour une couple
d'années, mais que finalement, il serait aussi normal et même
souhaitable qu'une fois cette initiative mise en place, le MIC prenne la
relève et modifie, en quelque sorte, son programme d'aide aux
commissariats industriels pour pouvoir assumer cette aide initiée par
l'OPDQ de façon, après coup, que l'argent utilisé à
cette fin le soit pour des projets plus structurés, des projets
d'immobilisation ou pour financer... ?
Est-ce que vous ne croyez pas que cela peut se comprendre que
l'Initiative de départ soit venue de l'OPDQ qui connaît mieux le
terrain, les régions et les besoins, mais qu'il serait normal aussi que,
par la suite, une fois l'initiative lancée, mise en place, le
ministère de l'Industrie et du Commerce digère cette initiative
et l'intègre à ses programmes d'aide au développement?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, M. ie Président
Merci.
M. Brassard: Est-ce que c'est dans l'intention du ministre d'en
arriver à cela pour la prochaine année financière?
M. Côté (Charlesbourg): On tend toujours vers.
M. Brassard: On en discutera donc l'an prochain, à la
prochaine étude des crédits.
M. Côté (Charlesbourg): De sa réalisation ou
de son état d'avancement
Motels et incubateurs industriels
M. Brassard: C'est cela, M. le Président, J'ai
peut-être le temps d'aborder un autre petit dossier. Les motels
industriels, les incubateurs dont vous avez justement parlé tantôt
II faut faire la distinction évidemment entre un motel et un centre
d'incubation. D'ailleurs, dans l'annexe A qui nous a été fournie
par l'OPDQ, il y a onze projets qui ont été financés par
l'OPDQ. Ce sont là des instruments de développement
intéressants qui se multiplient un peu partout, dans toutes les
régions.
Cela prend la forme soit de motels industriels, donc ce sont surtout des
bâtiments qui sont mis à la disposition des entreprises,
principalement les jeunes entreprises, les entreprises naissantes. Mais cela
prend aussi la forme plus élaborée de centres d'incubation ou de
centres de création d'entreprises où, en plus des
bâtiments, on dispense et on fournit aux entreprises des services
communs. Il est évident - je tiens à le dire en partant - que je
suis vendu à cette idée de mettre en place de tels instruments.
J'adhère aussi à l'aide qu'on doit leur apporter.
Cependant, là encore, c'est l'OPDQ qui a pris l'initiative et qui
finance les projets. Mais c'est évident qu'on n'a pas encore, au
Québec, une politique en matière d'implantation de centres
d'incubation ou de motels industriels. Ma première question est - je ne
veux pas du tout prétendre que l'OPDQ y va de façon arbitraire -
sur quelle base, jusqu'à maintenant, en attendant qu'une politique
détaillée, articulée en matière d'implantation de
motels et d'incubateurs voit le jour au Québec... J'en avais
discuté de cela aussi avec M. Johnson, le ministre de l'Industrie et du
Commerce, qui m'affirmait que c'était en voie d'élaboration
à son ministère. Mais, enfin, une telle politique n'existe pas
encore, pour le moment Sur quelle base, jusqu'à l'énoncé
d'une politique et jusqu'à l'application d'une politique, sur quelle
base l'OPDQ travaiile-t-ii? Comment en arrive-t-il à sélectionner
les projets? Comment en arrive-t-il à accepter de financer tel projet
comme celui d'Alma par exemple - et j'en suis bien heureux - plutôt que
tel autre? Étant donné qu'il n'y a pas encore de politique
d'implantation d'incubateurs, comment l'OPDQ manoeuvre-t-ii? Comment
fonctionne-t-il à travers tout cela, a travers les projets, en
matière de choix, de sélection et de financement? Compte tenu de
l'heure, je ne vois pas d'objection à ce qu'on reprenne ie sujet cet
après-midi.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que c'est
peut-être préférable. On a toute une série de bonnes
réponses à donner au député.
M. Brassard: Sans aucun doute.
M. Côté (Charlesbourg): Les critères ne sont
pas des critères d'ordre politique.
M. Brassard: Ah! Loin de moi cette idée.
Allons donc! J'espère que cela n'a même pas effleuré
l'esprit du ministre que j'avais cela en tête.
M. Côté (Charlesbourg): Je sais que, lors de ma
nomination, cela a effleuré l'esprit de plusieurs de vos
collègues et même de vous, j'imagine, la possibilité que le
député de Charlesbourg soit l'un des "patroneux" du
système. Finalement, la démonstration a été faite
qu'on se sert davantage des besoins de chacune des régions et des
comtés que des couleurs politiques. Dans ce sens, le débat
politique, je l'ai toujours dit, va se livrer à chacune des
élections. On règle cela, à ce moment-là. Alors que
les dossiers qui sont soumis des dynamismes du milieu sont des dossiers qui
sont analysés chez nous où les décisions se prennent. On
abordera la question cet après-midi.
M. Brassard: Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur ce, la commission
suspend ses travaux jusqu'après la période des affaires
courantes.
(Suspension de la séance à 12 h 28)
(Reprise à 15 h 40)
Le Président (M. Paradis, Matapédia): À
l'ordre, s'il vous plaît! La commission de l'aménagement et des
équipements reprend maintenant ses travaux.
M. le député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Vous étiez en attente
d'une réponse.
M. Brassard: Oui, on avait abordé la question des motels
et des incubateurs.
M. Côté (Charlesbourg): On se demandait si un motel
pouvait incuber quelque chose. Dans d'autres domaines, c'est
évident.
M. Brassard: En fait, la question était simple. C'est que,
pour le moment, c'est l'OPDQ qui va de l'avant dans ce domaine. Je pense que
c'est peut-être souhaitable qu'il en soit ainsi pour le début, en
tout cas, puisque le gouverne- ment n'a pas encore, comme on le sait, de
politique connue en matière d'implantation d'incubateurs ou de motels
industriels. Alors, la question était évidemment: Comment l'OPDQ,
tant qu'il n'y aura pas de politique connue, fonction-ne-t-il? Sur quoi
s'appuie-t-il pour sélectionner les projets, en subventionner certains
et en laisser tomber d'autres? Comment l'OPDQ fonc-tionne-t-il, en attendant
une politique qui, je l'espère, viendra?
M. Côté (Charlesbourg): N'en déplaise
à mes collègues, on peut se rendre compte, puisqu'on a eu une
discussion, ce matin, sur le volet trois et qu'on a vu que l'initiative avait
été développée à l'OPDQ. On a un autre
exemple ici, pour ce qui est des motels industriels et des incubateurs,
où c'est encore l'OPDQ qui prend le devant. Je pense que la constatation
qu'on peut tirer, à ce moment-ci, est que l'OPDQ est un véritable
incubateur d'idées et de programmes. Dans ce sens-là, on est
très heureux que d'autres ministères puissent prendre la
relève pour dégager la marge de manoeuvre qu'il faut, pour
être capable à nouveau d'incuber d'autres projets et de faire en
sorte que d'autres programmes puissent être bénéfiques
à différents ministères.
M. Brassard: Une pouponnière d'idées.
M. Côté (Charlesbourg): Une pouponnière
d'idées. Je pense que, dans ce sens-là, la réussite est
assez exceptionnelle. Dans le cas des motels industriels et des incubateurs, il
y a actuellement onze réponses positives et affirmatives qui ont
été données, dont un incubateur, j'allais dire presque un
incubateur à bleuets. Le seul qu'il y ait, c'est celui d'Alma, que vous
connaissez très bien d'ailleurs. Cela a été la
première demande du genre et la première réponse du genre.
Quant aux dix autres, ce sont des motels industriels.
M. Brassard: Y compris celui de Grand-Mère, le centre de
création d'entreprises, c'est aussi un motel?
M. Côté (Charlesbourg): II est à cheval sur
les deux. Pour l'avoir visité moi-même, c'est un bon
mélange d'incubateur et de motel industriel. Ils ont
bénéficié du début de ce programme, de cette
ouverture. Mais, effectivement, comme cela prend toujours des avis sectoriels
du ministère de l'Industrie et du Commerce dans tous les cas, je pense
qu'il y a eu un réajustement pour tenter de bien décortiquer ce
que doit être un motel industriel et ce que doit être un
incubateur. Mais, dans chacun des cas, cela prend un avis sectoriel, et on
n'est pas encore allé dans le domaine des incubateurs, on est davantage
allé dans les motels industriels. C'est là qu'on a fait un bout
de chemin avec le ministère de l'Industrie et du Commerce. Sur les dix
motels industriels ou les onze projets globaux acceptés jusqu'à
maintenant, je suis très heureux d'ap-
prendre au député de Lac-Saint-Jean qu'il y en a
cinq dans les comtés représentés par
des membres de l'Opposition. Sur onze, ce n'est pas si mal. Alors, vous
êtes surreprésentés.
M. Brassard: C'est une bonne moyenne, c'est une bonne
moyenne.
M. Côté (Charlesbourg): Vous êtes
surreprésentés. Comme vous le voyez, c'est au-delà de la
proportion dans ce cas-ci. Tout cela pour vous dire que cela ne fait
référence à aucune connotation politique. Je pense qu'on
peut supporter des milieux comme East Angus, Sainte-Adèle, la MRC de
L'Or-Blanc, Weedon, Acton Vale, Alma, Nicolet, Grand-Mère,
Lac-Mégantic et Bromptonville, où les gens ont travaillé,
proposé, car ils pensaient qu'il y avait des choses qui pouvaient se
développer dans chacun de leurs milieux. Avec une démonstration
de faite, effectivement, il y a une sauvegarde d'entreprises. Je vous l'avoue
très honnêtement, dans le cas de celui de Lac-Mégantic, je
pense qu'il s'est réglé, si ma mémoire est bonne, à
peu près en cinq jours. On était dans une situation où
Lac-Mégantic risquait de perdre 600 ou 700 emplois, au profit d'une
région plus près de la région de Montréal. Dans ce
sens-là, pour sauver l'économie d'une place comme
Lac-Mégantic, on est allé chercher un avis assez rapide. L'OPDQ
en régions a été extrêmement efficace et au central
aussi. On s'est reviré de bord et on l'a donné. On l'a maintenu
à Lac-Mégantic et cela a fait des petits. Je suis ailé
visiter moi-même et cela a fait des petits autour. Donc, jusqu'à
maintenant, je pense qu'il faut se le dire, c'est le milieu qui pousse et qui,
finalement, essaie de sortir son projet. Il y en a d'autres qui sont dans la
machine actuellement, de la même nature, mais toujours dans des endroits
où on ne se retrouve pas dans une grosse ville, sauf Alma. C'est quand
même un centre, mais, à ce moment-là, c'est un incubateur.
Règle générale, au niveau des motels industriels, on est
dans la brochette des populations de moins de 10 000. C'est un critère
assez important parce qu'au-delà de l'impact industriel, il y a toute
une série de choses qui peuvent être reconnues.
Très prochainement, puisque cela fait partie de l'ensemble de
cette réflexion qui va aboutir bientôt, on va mieux encadrer. On
s'est toujours donné comme obligation, malgré le fait qu'on l'a
aussi dans le plan du programme, d'avoir l'avis sectoriel du MIC. On ne peut
pas avoir, au niveau de l'OPDQ, une vision du développement
économique et qu'il y en ait une autre au niveau du ministère de
l'Industrie et du Commerce. Ceia prend une collaboration très
étroite des deux, l'un pouvant aider l'autre ou l'autre pouvant
s'inspirer de l'un. En ce sens, cela m'apparaît très clair que,
très prochainement, on va avoir une série de mesures qui vont
encadrer cet exercice.
M, Brassard: Est-ce que cela signifie qu'au moment où te MIC, qui
donne déjà son avis sectoriel sur chacun des projets, sera
prêt à instaurer une politique ou un programme qui relèvera
du MIC... Est-ce que cela signifie qu'il y aura une espèce de "phasing
out" de l'OPDQ ou si le FDR va continuer d'intervenir sur le plan du
financement?
M. Côté (Charlesbourg): Le FDR pourrait continuer
à intervenir sur le plan du financement, de la même manière
qu'on participe sur le plan du financement des équipements culturels,
des équipements fauniques. Il n'y a rien qui m'empêche... Je n'ai
aucune espèce de restriction à ce que l'OPDQ puisse être un
partenaire dans ta mise de fonds ou dans la reconnaissance des
équipements sur le plan des petites communautés. Cela
correspondrait exactement à ce qu'on veut faire avec le Fonds de
développement régional. Donc, un axe bien déterminé
qui est l'axe industriel. Dans les municipalités de moins de 10 000,
donc en régions, dans des poches de pauvreté où des gens
ont besoin ou dans une ville mono-industrielle, en ce sens, cela correspond
exactement à ce qu'on veut. Quant à nous, on veut le mettre au
monde. C'est ce qu'on est en train de faire. À partir du moment
où on l'a porté et on l'a mis au monde, on est bien prêt
à le faire élever par un autre. Cependant, étant la
mère porteuse, on aura certainement un oeil très vigilant sur ce
qu'on va faire avec notre bébé, de façon que, lorsque
parvenu à maturité, il puisse en toute liberté bien servir
toutes les régions du Québec.
M. Brassard: Parce qu'évidemment, vous êtes bien
conscient du problème. Quand un ministère en arrive à
mettre au point un programme régulier avec tout ce que cela comporte, un
programme norme, c'est souvent toute la souplesse qu'on retrouve à
l'OPDQ qui disparaît. Je suppose que vous êtes bien conscient de
cela et que vous allez veiller à ce que, si c'est le MIC qui prend la
relève à un moment donné, en matière d'implantation
de motels ou d'incubateurs, dans le programme mis en place, le FDR puisse de
nouveau continuer à intervenir au chapitre du financement, mais
qu'également, ce ne soit pas un programme trop rigide qui fasse que bien
des projets utiles au milieu soient mis à l'écart à cause
de cette rigidité des normes.
Création d'une région nordique
Autre sujet, c'est la question de la nouvelle carte qu'on a tous les
deux évoquée dans nos remarques préliminaires. D'abord, la
question de la région nordique. Est-ce que le ministre pourrait faire le
point sur le projet de création d'une région nordique incluant
les villes de Chibougamau et de Chapais, territoire qu'on a pris, enlevé
à l'actuelle région 02?
M. Côté (Charlesbourg): Qu'on a enlevé
à la région 02?
M. Brassard: Qu'on enlèverait, si on créait la
région nordique.
M. Côté (Charlesbourg): II faut quand même
faire attention. Autant le Saguenay-Lac-Saint-Jean n'a pas à
déterminer pour Chibougamau et Chapais où elles doivent aller,
autant le Nord n'a pas à déterminer pour Chibougamau et Chapais
où elles doivent aller. C'est une question de Chibougamau et de
Chapais.
Nous avons confié une certaine responsabilité à la
municipalité de la Baie-James, en collaboration et de concert avec notre
collègue des Affaires municipales, soit le soin d'élaborer dans
ce domaine. On est en cours de consultation au niveau des trois ethnies: les
Cris, les Inuit et les Blancs. C'est ce que nous sommes en train de faire
actuellement. Le processus est enclenché. Quant à nous, on pense
qu'on pourrait peut-être faire un bon bout de chemin d'ici à la
fin juin. C'est un objectif, cela ne veut pas dire qu'on l'atteindra, selon le
niveau, pas de la collaboration, mais de la capacité de la
municipalité de la Baie-James d'avancer et de progresser à un
rythme x. En tout cas, on pourra peut-être finir par livrer d'ici
à la fin de juin. Mais là-dessus, on n'est pas plus sûr que
cela encore. C'est un objectif.
M. Brassard: Si je comprends bien, d'après le
décret, c'est le comité consultatif de la municipalité de
la Baie-James, qui est...
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça.
M. Brassard:... mandaté pour faire la consultation.
Où en sommes-nous dans ce processus de consultation? Est-ce que le
comité a entendu les intervenants?
M. Côté (Charlesbourg): M. Gagnon va... Je ne
souhaite pas être le perroquet de M. Gagnon. Je ne serais qu'une
pâle imitation. Dans ce sens, je préfère qu'il dise
lui-même l'état d'avancement.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vais maintenant
reconnaître M. Gagnon.
M. Gagnon (Jacques): M. le Président, une première
rencontre entre les autorités du comité de la municipalité
de la Baie-James et les autorités de l'OPDQ a permis de dégager
le mandat, dans un premier temps. Une deuxième rencontre le 3 mars,
cette fois à Chapais, a permis d'exprimer à l'ensemble des
partenaires du comité de la municipalité de la Baie-James le
mandat qui devait être le leur. La discussion a porté sur le
contenu du mandat, sur les limites sud du Nord, éventuellement, au 49
parallèle. Elle a porté également sur la toponymie
possible de la région nord du Québec.
Dans le mandat du comité de la municipalité de la
Baie-James, il est prévu qu'ils consultent tous les intervenants du
Nord, y compris les deux communautés autochtones. Au cours des derniers
jours, on nous a fait remarquer la difficulté de rentrer dans
l'échéancier. Toutefois, il y a eu des contacts entre l'OPDQ et
le comité de la Baie-James, et on pense que vers la troisième
semaine de mai, nous serons en possession d'un rapport préliminaire sur
le comité de consultation.
En ce qui concerne la toponymie, juste pour terminer là-dessus,
M. le Président, la Commission de toponymie du Québec a
élagué un certain nombre de travaux de façon à
pouvoir permettre une bonne discussion avec le comité de la
municipalité de la Baie-James. Nous soumettrons au ministre responsable
du Développement régional, dans quelques jours, les orientations
qui pourraient avoir cours en ce qui concerne la toponymie du Nord.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lac-Saint-Jean.
Répartition des bureaux régionaux des
ministères
M. Brassard: Est-ce que dans le mandat, il est question des
bureaux des ministères?
M. Côté (Charlesbourg): Non, les bureaux de
ministères font partie du mandat qui a été donné,
dans la décision du Conseil des ministres, à la fois pour toutes
les régions administratives du Québec. Dans les 20
ministères qui sont à la table actuellement, au niveau du
comité ministériel où cela se discute, on en parle pour
les 16 régions administratives du Québec.
M. Brassard: Y compris celle à naître du Nord?
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Brassard: Cela me permet d'enclencher sur cette question de la
localisation des bureaux. Évidemment, quand on crée de nouvelles
régions, même si le ministre affirme, avec raison, qu'il ne faut
pas que ce soit le seul sujet de préoccupation ou de discussion, une
région c'est aussi - je suis d'accord avec lui - un lieu de
concertation. Mais il reste également que c'est aussi le point de chute
des bureaux régionaux des ministères. Il est évident qu'il
y a des situations conflictuelles qui peuvent naître entre des
municipalités, pour accueillir tel ou tel bureau d'un ministère.
D'abord, je suppose et j'imagine que le ministre tient toujours au principe que
tous les bureaux ne doivent pas être concentrés dans un seul lieu
d'une région et qu'il y a lieu de prévoir une répartition,
la plus équitable possible, en tenant compte d'un certain nombre de
facteurs, dans
plusieurs municipalités d'une région. Je suppose que ce
principe est toujours un principe de base en matière de
répartition des bureaux. Est-ce qu'il compte toujours, également,
en arriver à répartir les bureaux régionaux des
ministères sans accroître les coûts, les dépenses
récurrentes, ou si cela peut à l'occasion, entraîner des
dépenses supplémentaires et entraîner aussi une
augmentation du nombre de fonctionnaires en régions?
M. Côté (Charlesbourg); D'abord, au niveau de la
répartition, on fait face à un débat de deux
générations de pensée. Si on recule un petit peu dans le
temps, en 1965, lorsqu'il y a eu les régions administratives, l'objectif
derrière tout cela était de décentraliser le pouvoir qui
était à Québec vers les régions. À
l'époque, après des combats très houleux et des
déchirements, on a quand même décidé de faire des
capitales administratives, des métropoles régionales. Alors, on
s'est retrouvé avec Rimouski, pour prendre celle-là comme
exemple, parce que c'est peut-être là où cela se placote le
plus, et, finalement, on a tout fourré à la même place. En
fait, cela a bien fait. On a fait une belle grosse ville avec une capitale sur
le plan administratif et on a concentré des bureaux. Je pense qu'il
n'est pas question de revenir sur le passé. Cela n'était pas
nécessairement une mauvaise décision et cela a permis à
Rimouski de rayonner, probablement, d'avoir une université, en tout cas,
avec tous les développements que cela comporte, et de Jouer son
rôle de capitale régionale, d'être campée dans les
positions pour jouer le rôle de capitale régionale. C'est la
première génération sur le plan de la pensée du
développement régional.
Il est clair que, lorsque vous vous en allez dans la deuxième
génération qui dit, bien, ce n'est pas sûr qu'on ne devrait
pas, dans certains cas, faire en sorte qu'un certain nombre de fonctionnaires
ou de ministères puissent être à nouveau
décentralisés de la capitale régionale en d'autres lieux,
les principes qu'évoquait le Québec en 1965 pour dire non sont
pris à leur compte maintenant par ceux qui, à l'époque,
combattaient cette idée. Ce ne sont pas les mêmes personnes, mais
disons que ce sont des gens qui représentent les mêmes milieux. Et
là, le combat c'est que vous ne nous viderez pas pour être capable
d'en mettre ailleurs, il serait peut-être bien étonnant de leur
faire lire des propos de l'époque et de les mettre sur la table, dans ce
sens que c'est clair qu'il n'est pas question de vider Rimouski demain matin.
Ce n'est pas cela l'objectif. L'objectif est de reconnaître qu'il puisse
y avoir, pour le gouvernement, des économies à implanter un
certain nombre de bureaux décentralisés par rapport à la
capitale régionale, étant donné les services à
offrir. D'autre part, il y a aussi une reconnaissance de certaines zones
satellites autour de la capitale qui peuvent renforcer le rôle de la
capitale. La capitale peut toujours être la locomotive, mais eiie sera
aussi forte, la locomotive, qu'il y a certains éléments
très dynamiques au niveau des communautés, des satellites aux
alentours. Elle sera aussi forte que Mont-Joli est forte, qu'Amqui est forte,
que Rivière-du-Loup est forte, que Kamouraska-Témiscouata est
fort. Dans ce sens, la région administrative du Bas-Saint-Laurent ne
signifierait pas grand-chose si Rivière-du-Loup et si
Kamouraska-Témiscouata étaient sorties de la région. (16
heures)
Mais cela nécessite aussi un respect de ces
entités-là sur le plan des MRC, pour être capable de leur
reconnaître la possibilité qu'éventuellement, il puisse y
avoir des bureaux gouvernementaux là, soit par la création de
nouveaux bureaux ou par un nouveau partage des bureaux. Quant à moi,
dans la création de nouveaux bureaux, il est clair qu'ils seront
répartis sur le territoire. La salade du maintien des acquis ne marche
pas dans ce cas-là. Forcément, lorsqu'on est rendu avec une
région comme la Gaspésie, les Îles-de-la-Madeleine et une
région du Bas-Saint-Laurent alors qu'auparavant on se trouvait dans une
situation où le Bas-Saint-Laurent était le
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie-îles-de-la-Madeleine, il va falloir que
quelques-uns déménagent. C'est clair. Les réactions
viscérales de certains à ce sujet ne me font ni chaud ni froid.
Je l'ai dit et je le répète: II faut apprendre à partager
pour être capables par la suite d'aller chercher des soutiens. Vous
n'avez pas demandé aux municipalités qui vous entourent de vous
soutenir par des résolutions municipales, pour revendiquer un certain
nombre de choses, et, quand c'est le temps de leur retourner l'ascenseur, leur
dire: II y a une panne d'électricité. Cela ne marche pas, ce
n'est pas à sens unique. Et, finalement, dans la mesure où on
veut faire cette concertation, je me serais attendu, quant à moi, que le
niveau de compréhension de Rimouski soit beaucoup plus
élevé qu'il ne l'a été jusqu'à maintenant,
compte tenu qu'on dit que c'est la Mecque, sur le plan de la réflexion,
quant au développement régional. Si c'est la Mecque sur le plan
de la réflexion, il faut passer à une nouvelle
génération dans sa réflexion et aussi dans ses gestes.
Cela me paraît très évident. C'est ce qui va nous guider au
cours des prochains mois, quant aux décisions qu'on aura à
prendre à ce sujet. Maintenant, je ne peux pas le faire seul. Il faut
que je le fasse de concert avec les ministères sectoriels
utilisés. Lorsqu'on a fait ce premier inventaire, il y avait deux
thèses. Notre analyse, à nous, qui disait qu'on pouvait faire
cette décentralisation ou la création des nouvelles
régions administratives sans augmentation des effectifs. Finalement, il
faut d'abord prendre tout cela comme étant aux environs de... Si, demain
matin, cela demandait la création de dix, quinze ou vingt postes
additionnels, ce n'est pas ce qui va faire mourir la fonction publique.
Dans l'autre hypothèse, on a dit aux ministères:
Dites-nous ce dont vous avez besoin
pour vous implanter dans les régions, et c'était 254 ou
257 fonctionnaires additionnels. On n'est pas fous, on a déjà vu
neiger un peu nous autres aussi. Dans la mesure où tu peux, comme
gestionnaire d'un ministère, te dire: Oui, j'accepte de le faire sans
effectifs additionnels, cela peut peut-être vouloir dire que ton poste
sera, à un moment donné, dans ceux qui seront
déménagés. Alors, tu n'as pas intérêt
à dire tout de suite que tu peux faire cela, au contraire. Tu as
peut-être intérêt à demander un certain nombre de
choses, un certain nombre de postes qui vont te permettre de régler les
problèmes que tu ne peux pas régler tout seul, sur le plan
sectoriel. C'étaient les deux extrêmes. Sur le plan des effectifs,
de par le mandat qui nous a été confié, on s'est remis
à la table, on a travaillé d'ar-rache-pied avec chacun des
ministères pour être capables de se comprendre, et on va revenir
avec cela, éventuellement.
Quant au coût récurrent, je ferai la distinction entre deux
ordres de coûts. Les coûts d'implantation, moi, j'en ai. J'annonce
à Black Lake l'implantation d'un district; j'ai des coûts
effectifs de 2 150 000 $ pour la construction d'un garage, d'un édifice
sur le plan administratif et d'un îlot. Alors, oui, dans ce
sens-là, j'ai des coûts...
M. Brassard:... mais non récurrents.
M. Côté (Charlesbourg):... mais non
récurrents. Dans ce sens-là, il y a effectivement une facture
à payer sur le plan des immobilisations pour loger les fonctionnaires
et, par la suite, des coûts récurrents d'entretien de ces
équipements-là ou de ces bâtisses-là. Quant aux
coûts récurrents proprement dits, s'il y a des fonctionnaires
additionnels, il y a forcément des coûts récurrents
additionnels. Alors, on tente de régler l'ensemble de cette situation,
il y aura un prix à payer; c'est clair qu'il y a un prix à payer.
Quel sera-t-il? On le saura quand on aura fait tous les calculs et qu'on se
sera entendus avec chacun des ministères. Mais, quant à moi, je
n'ai pas de honte à défendre, demain matin, qu'il y ait certains
coûts récurrents pour décentraliser des services dans des
régions administratives. Je vous donne un exemple où on va devoir
composer: seize régions administratives. Je vais vous parler de mes
propres responsabilités comme ministre des Transports. Cela ne veut pas
dire qu'il va y avoir seize directions régionales.
Il y a déjà des choses de décidées, par
exemple, et en application. Je veux tenter de donner l'exemple aux autres pour
qu'ils suivent. On a créé la région de la Côte-Nord
qui, au ministère des Transports, était dépendante de
Québec auparavant. Le chef de district de Québec le directeur
régional, avait la responsabilité de la route jusqu'à
Blanc Sablon. En plus de cela, il montait dans le Nord pour les
aéroports nordiques. C'était extraordinaire. On a coupé
cela au Saguenay et on a fait une région administrative à l'est
du Saguenay. Encore là, des libéraux seront probablement
très étonnés, on a décidé d'implanter le
bureau régional à Sept-îles dans le comté de
Duplessis, représenté par M. Denis Perron.
Le directeur régional est déjà là depuis
quelques semaines, depuis avril, à faire l'implantation. De la
même manière et cela n'est pas si mal non plus, en créant
la région de Lanaudière, vous l'avez mis au monde sans lui donner
à manger. C'était le temps qu'on arrive, parce que vous l'auriez
fait crever. Créant et reconnaissant la région
Lanaudière...
M. Brassard: On veanit de la créer quand même.
M. Côté (Charlesbourg): Pardon? M. Brassard:
On venait de la créer.
M. Côté (Charlesbourg): Vous veniez, mais sans
trancher le débat de la MRC Les Moulins, vous avez finalement
laissé une coquille vide. Alors, on y a mis du monde pour qu'elle soit
viable et, après cela, on fait en sorte qu'on règle un certain
nombre de problèmes. Quand on parle de répartition des
équipements sur le territoire, la division de voirie de la division
régionale, le bureau régional du ministère des Transports
va s'implanter, imaginez-vous donc, dans le comté de Terrebonne,
comté représenté par un député
péquiste.
Je pense qu'il y en a qui vont se demander si je ne suis pas devenu fou
tantôt. Mais c'est une question d'équilibre à travers la
région. Étant donné le fait que la MRC Les Moulins
était extrêmement réticente à s'intégrer
à cette région et ayant des craintes quant au rôle
historique de Joliette et de ses représentants au niveau provincial et
étant donné leurs influences de vouloir tout trainer à
Joliette, laissant pour compte des régions territoriales un peu plus
excentriques, dans ce sens-là, on l'a réglé.
À l'automne, il y aura l'implantation du personnel pour
être capable de faire face à la musique. Mais on le fait au
ministère des Transports - notre banque est un peu plus importante sur
le plan des ressources humaines - à partir de nos effectifs et on n'est
pas un des petits ministères. Si on pousse plus loin, on a
créé la région de Laval. Il n'y en aura pas de
région administrative de voirie à Laval. Je pense que la logique
est là et elle s'explique par elle-même. Cela ne nous donnerait
pas grand-chose de créer une région de voirie sur I'île de
Laval. Les gens comprennent cela et les gens du milieu acceptent bien cela. De
la même manière, aux Affaires sociales, pour le moment, il n'est
pas question de trois CRSSS. Il y en a un, peut-être deux et,
éventuellement, en tenant compte du territoire à desservir.
C'est un peu l'esprit qui nous anime en souhaitant que tout le monde
comprenne, et s'il
y en a qui ne comprennent pas, on fera comme on a fait dans Les Moulins.
On va trancher, ils vont se fâcher et ils auront le choix aux pro-chaines
élections de nous battre ou de nous élire. Étant
pleinement conscients qu'il fallait prendre ces décisions, on va les
prendre.
M. Brassard: C'est un peu sur ce processus décisionnel que
je voudrais interroger le ministre. Comment les décisions se
prennent-elles? Est-ce que c'est le COMPADR qui est l'instance qui examine, qui
décide et qui tranche les propositions des ministères avec,
à sa tête, le ministre responsable du Développement
régional? Prenons un exemple bien concret ou bien précis. Vous
l'avez évoqué tantôt: la querelle des bureaux entre
Rimouski et Rivière-du-Loup.
Prenons le cas du bureau régional du ministère de
l'Éducation qui est à Rimouski. Est-ce qu'il va s'en créer
un autre pour la.. Est-ce qu'il va être déménagé
à Rivière-du-Loup, comme certains le souhaitent ou pas? Je donne
cela juste comme exemple. Il y a un dossier qui ne fait pas l'unanimité.
Donc, il ne fait pas consensus. Il faut qu'une décision se prenne et il
faut qu'une décision se prenne quant à sa localisation, quant au
coût et quant au nombre d'effectifs. Où la décision se
prend-elle finalement? Qui fait l'arbitrage? Est-ce que c'est le COMPADR qui
tranche, qui a autorité pour trancher et qui peut même prendre une
décision qui est contraire ou très différente de celle que
le ministère concerné a pu proposer pour ce qui est, à ta
fois, de la localisation, du nombre d'effectifs et des coûts?
M. Côté (Charlesbourg): Effectivement, le COMPADR a
un rôle à jour qui est très important. C'est une structure
qui analyse. C'est un comité ministériel qui analyse les
documents présentés. Nécessairement, de ce comité
ministériel qui est en marche sous la responsabilité de l'OPDQ,
sortira une proposition qui, elle-même, sera analysée par le
COMPADR. Ce qu'on a toujours fait au COMPADR jusqu'à maintenant a
été de concilier, d'harmoniser, de faire en sorte qu'il y ait le
moins de heurts possible et que cela s'inscrive dans une certaine logique. Cela
a été le rôle du COMPADR Jusqu'à maintenant. C'est
ce rôle qu'il va continuer de jouer. Dans ce sens, comme c'est un mandat
qui ne vient pas du COMPADR, mais plutôt du Conseil des ministres, c'est
donc à l'instance du Conseil des ministres qu'on aura à approuver
en tout ou en partie, ou à racheter en tout ou en partie la proposition
qui émanera des consultations interministérielles menées
par l'OPDQ. Dans ce sens, lorsqu'on parle de l'exemple de l'Éducation
à Rivière-du-Loup ou à Rimouski, on se rappellera que.
dans la situation de Rivière-du-Loup, qui était comprise à
l'intérieur de la région du Bas-Saint-Laurent, de la
Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, les gouvernements avaient
toléré qu'aux chapitres des Affaires sociales et de
l'Éducation, les gens de Rivière-du-Loup puissent faire affaire
avec Québec.
Pourquoi les gens se sont-ils battus jusqu'à la dernière
minute pour maintenir cette situation malgré le (ait qu'on ne l'ait pas
maintenue? Ceia s'explique de la façon suivante. C'est qu'ils
s'estimaient très bien traités par les gens de Québec, en
ce sens que les gens de Québec ne voulaient pas nécessairement
avoir leurs malades et ne voulaient pas nécessairement avoir leurs
élèves non plus. C'était plus facile pour la région
de Québec de leur donner une école élémentaire ou
secondaire, enfin certains équipements, de la même manière
qu'il était plus facile pour la région de Québec qu'au
CRSSS de reconnaître des besoins, avec les budgets qu'ils avaient,
à Rivière-du-Loup au lieu de venir remplir les hôpitaux de
Québec.
Leurs craintes, leurs appréhensions, il faut bien le dire, selon
le constat que l'on peut faire de ce qui s'est passé sur le plan
historique, quand ils se retournent et réalisent qu'ils
dépendront demain du CRSSS de Rimouski, s'ils dépendaient de
Rimouski au chapitre du ministère de l'Éducation leurs
appréhensions étaient totalement à l'opposé: qu'on
se serve de leurs clientèles pour justifier les besoins à
Rimouski dans les deux sens et qu'eux ne reçoivent que les miettes.
C'est précisément ceia que certaines personnes, que je qualifiais
tantôt d'autres générations de pensée du
développement régional, n'ont pas encore compris. Elles sont
encore à l'heure de la centralisation sur le plan régional alors
qu'on est à l'heure de la concertation. Qui dit concertation ne dit pas
uniquement un appui par une résolution à un conseil municipal,
mais dit davantage de concertation pour en laisser un petit peu à
l'entourage de façon qu'eux aussi puissent vivre et aller faire
effectivement un tour à l'occasion dans le grand centre pour y
dépenser quelques dollars. C'est aussi clair que cela. C'est là
où nous en sommes.
Effectivement, il y a des revendications qui, en ce qui concerne
Rivière-du-Loup, et je ne veux pas identifier un ministère en
particulier, en ce qui concerne le comté de Matapédia, sont
faites. Ils veulent avoir leur part. Ils veulent avoir certains
éléments. Dans ce sens, je le dis tout de suite, c'est
très clair et c'est justifié. (16 h 15)
Vous vous souviendrez très certainement de la fameuse bataille
avant votre arrivée. Je me souviens qu'en septembre 1976, comme jeune
député, à l'époque, qui manquait
d'expérience, j'étais ailé faire un tour, j'étais
allé parfaire mon expérience dans le comté de
Lac-Saint-Jean. Pour nous accueillir, il y avait un jeune candidat
péquiste qui s'appellait M. Brassard qui, pendant toute la
journée, nous avait bourdonné dans les oreilles, par les
médias électroniques, toute une série de messages nous
souhaitant la bienvenue et nous parlant des problèmes vécus. Il y
avait à travers tout cela aussi tout le débat de centralisation
d'un certain nombres de bureaux à Jonquière par rapport à
Chicoutimi, par rapport à
Alma. C'était extraordinaire. C'était une bataille assez
exceptionnelle à l'époque qui était vécue. Ce n'est
pas unique à la région du Bas-Saint-Laurent, c'est ailleurs
aussi. C'est un peu moins fort ailleurs mais, précisément dans le
cas de Rimouski, la réaction a été assez - je pense qu'il
faut l'admettre - violente, entretenue un peu aussi par certains qui ne
souhaitent pas évidemment qu'on puisse transférer un certain
nombre de choses ailleurs. Mais on pourrait permettre dans cette logique de
fermer l'aéroport de Mont-Joli et de le déménager. Sur
cela on peut faire un déménagement à sens unique, mais,
dans les deux sens, c'est impossible. Dans ce sens, je ne partage pas cette
vision. N'en déplaise aux péquistes, aux libéraux, aux
unionistes, aux créditistes et à n'importe quelle gang, moi sur
cette base, il est clair que j'ai une autre vision que celle-là du
développement régional. Quant à moi, les décisions
qui seront prises seront teintées de cette volonté, sinon je ne
serai pas là. Tant que je serai là, il y aura un travail qui va
se faire pour tenter de décentraliser tout cela et toujours en gardant
une capitale, dans ce cas, forte. Il ne faut pas rêver en couleurs, si
Montréal n'est pas forte, les régions vont payer pour. Mais il y
a une limite à tout mettre dans la locomotive et ne pas avoir de wagons
en arrière. Cela prend des wagons et les wagons en arrière, ceux
qui mettent la matière première dans les wagons en arrière
et que la locomotive traîne, ce sont les régions. Ce n'est pas
pour rien qu'on parle des régions ressources. Dans ce sens, la grosse
locomotive va être aussi forte si des régions peuvent fournir du
charbon dans les wagons en arrière pour être capable de
l'alimenter ou, s'ils fournissent d'autres matières premières
pour être capable de faire une deuxième et une troisième
transformation. Aujourd'hui, Murdochville est en difficulté sur le plan
économique. Mais le cuivre qui était extrait à
Murdochville, pour une partie, s'en allait dans l'est de Montréal pour
faire de beaux petits tuyaux de cuivre. Donc, la région de
Montréal était forte parce que le cuivre venait de Murdochville
pour une partie. On pourrait prendre bien d'autres exemples comme
celui-là. Et pour l'Abitibi aussi évidemment. Dans la mesure
où on comprend qu'il y a une interdépendance des grands centres
vis-à-vis des régions ressources, une introdépen-dance des
capitales régionales vis-à-vis des satellites à
l'intérieur des régions, je pense qu'on va faire du chemin. Mais
si on se borne à faire une limite sur le plan géographique, qui
encercle cette capitale régionale, et qu'on oublie le reste, bien,
tantôt, ce monde n'aura plus d'argent pour aller acheter des biens de
consommation à la grande place à Rimouski. Puis tantôt, ils
n'auront plus les moyens d'aller à la grande université à
Rimouski, ils n'auront plus les moyens d'aller au cinéma à
Rimouski et ils n'auront plus les moyens d'aller au hockey à Rimouski.
Dans ce sens, il faut supporter ces gens. Je serais très heureux
déjà, un vendredi matin dans une visite dans le beau comté
de Matapédia, de démontrer jusqu'à quel point l'OPDQ est
sensible aux' régions. Il y a un effort tout à fait exceptionnel
qui a été fait par l'OPDQ et qui aura des conséquences
très évidentes sur le développement industriel d'autres
régions à travers le Québec.
M. Brassard: M. le Président, une dernière question
sur cela. En termes de délai, particulièrement en ce qui concerne
évidemment les régions de l'est du Québec, est-ce que le
ministre compte que les décisions soient prises dans les plus brefs
délais sur les dossiers des bureaux régionaux qui sont
passablement controversés sur ce territoire? Et est-ce que le ministre
compte prendre ses décisions dans les plus brefs délais, en tout
cas, avant la tenue du sommet? J'ai l'impression, je me trompe peut-être,
que si les décisions de cette nature ne sont pas prises avant la tenue
du sommet, celui-ci risquerait d'être perturbé par ces
problèmes et ces situations conflictuelles en matière
d'implantation de bureaux régionaux, de nombre d'effectifs. Est-ce qu'il
compte en arriver à trancher, à prendre des décisions,
avant la tenue du sommet, pour qu'au moment où le sommet se tiendra, ces
problèmes-là auront été en quelque sorte
réglés?
M. Côté (Charlesbourg): Le 6 juin 1987, à
Sainte-Anne-des-Monts, lorsque les intervenants des Îles-de-la-Madeleine,
des MRC de La Côte-de-Gaspé, Bonaventure, Avignon, Denis-Riverin
se sont réunis, il a été très clair qu'on
enclenchait le processus du sommet économique, et qu'à leur
demande, le sommet ne serait pas l'enjeu des bureaux. On voulait tirer profit
et bénéficier du sommet, et finalement aller chercher le maximum
sur le plan du développement de cette communauté-là, en se
disant que, les bureaux, cela viendrait après, parce qu'ils ont compris
que ce n'était pas une guerre de bureaux, qu'il fallait aller en
chercher d'avantage au niveau des décisions gouvernementales favorisant
le milieu. Cela a été assez exceptionnel, cela a
été extraordinaire, et on a convenu qu'on se reparlerait du
règlement de ces bureaux-là après, et cela ne veut pas
dire que, dans certains cas, un certain nombre de décisions puissent se
prendre sur le plan des bureaux quand même.
M. Brassard: Sur toutes ces questions-là, il y a un
concensus dans le milieu à l'effet que cela ne fasse pas partie ou que
cela ne soit pas l'objet de discussions au sommet.
M. Côté (Charlesbourg): II y a une seule chose qui
est décidée dans le cas de la Gaspésie et des
Îles-de-la-Madeleine, c'est que l'OPDQ aura un guichet unique aux
Îles-de-la-Madeleine. Cela, c'était très clair, et je pense
que cela répond à un besoin très spécifique des
Îles qui sont finalement isolées sur le plan des communications,
et dans ce sens-là, l'OPDQ va jouer un rôle très important
aux îles, et, au lieu que
les gens partent des Îles-de-la-Madeleine pour aller à
Rimouski ou à Chandler rencontrer le gars de l'OPDQ, c'est Ie gars de
l'OPDQ avec son support qui va être aux et qui va faire la navette pour
aller défendre les dossiers des gens des Îles. Alors, dans ce
sens-là, c'est la décision qui est très claire et qui a
été annoncée.
Quant au reste, tout le monde a bien convenu que, dans le cas de la
Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine, ce serait au lendemain du
sommet, soit à la fin de septembre.
Dans le cas de la Côte-Nord, cela ne crée pas de remous
très important. Un des gestes les plus importants qui est posé,
c'est celui du ministère des Transports, et déjà c'est
clair, c'est réglé. Nous avions un district à Baie-Comeau,
un district de voirie à Havre-Saint-Pierre, et Sept-îles
étant en plein centre, compte tenu des travaux qui seront
effectués au cours des prochaines années sur la route 138, alors
cela nous apparaissait aller de soi.
Il reste le Bas-Saint-Laurent. Quant à moi, je n'ai aucune
espèce de restriction à ce que cela puisse faire l'objet d'un
débat dans la cadre du sommet, si tel est le souhait de ceux qui seront
là. Pour peu que cela puisse faire progresser la cause, pas la mienne ni
la leur, mais celle de la région, parce qu'au bout de la ligne, c'est la
région qu'il faut desservir, et dans la mesure où eux le
souhaitent, il en sera ainsi. Mais des conversations que j'ai jusqu'à
maintenant, ce ne semble pas être leur volonté.
Politiques et plan d'action
M. Brassard: Sur un tout autre sujet, je l'avais apporté
dans les remarques préliminaires aussi, le ministre l'a sûrement
pris en note. L'an dernier, il avait évoqué la possibilité
d'instaurer des politiques particulières en ce qui concerne entre autres
les villes mono-industrielles, des politiques en milieu rural, de même
qu'une politique en matière d'Implantation de nouvelles technologies en
régions.
Est-ce que ces volets ou ces politiques sont appelées à
faire partie du plan d'action en matière de développement
régional, ou si ce sont des politiques qui devraient ou pourraient voir
le jour ou être rendues publiques incessamment, compte tenu
évidemment de ce qu'il avait dit l'an dernier. J'aimerais savoir
où on en est, en termes de réflexion sur ces trois dossiers,
qu'il avait semblé, à l'époque, privilégier.
M. Côté (Charlesbourg): La réflexion est
terminée. C'est maintenant le temps des décisions et c'est
effectivement inclus à l'intérieur du plan qui est soumis pour
approbation au comité ministériel.
M. Brassard: Donc, ce sont en quelque sorte des dimensions du
plan d'action?
M, Côté (Charlesbourg): Dans la mesure oit elles sont
retenues par le comité ministériel et, finalement, par le Conseil
des ministres, vous allez retrouver plusieurs de ces éléments
à l'intérieur de la politique qui est élaborée.
M. Brassard: J'imagine que le ministre me fera probablement la
même réponse concernant les résultats ou les fruits du
colloque tenu à Rimouski sur le financement du développement
régional. Je n'ai pas pu y assister parce que j'étais en mission
à l'étranger avec d'autres députés et te
président de l'Assemblée nationale à ce moment-là,
mais il y aurait même eu des consensus qui se sont dégagés
à la suite de ce colloque, entre autres la modulation des programmes en
fonction des régions, dont on a déjà parlé
auparavant. Il y avait aussi la question de la décentralisation du Fonds
de développement régional. Les régions ont
souhaité, à l'occasion de ce colloque, pouvoir administrer
elles-mêmes une partie du budget du Fonds de développement
régional qui leur serait assigné. Est-ce que les conclusions ou
les consensus qui se sont dégagés à l'occasion de ce
colloque seront intégrés d'une façon ou d'une autre au
plan d'action? Est-ce qu'on en a tenu compte ou si on les a tout simplement
laissés sur la tablette? Qu'est-ce qu'on a retenu? Qu'est-ce qui a
été écarté ou retenu des résultats de ce
colloque et qui va possiblement se retrouver au coeur du plan d'action?
M. Côté (Charlesbourg): Démarrage,
prédémarrage, Caisse de dépôt, participation du
monde privé sont des choses qui risquent d'être retenues. Une
chose est exclue dès maintenant. Il est clair que je ne souscrirai pas,
quant à moi, à un Fonds de développement régional
administré en régions, mais dont la majeure partie de l'argent
viendrait du gouvernement. Il y a une initiative en cours présentement
dans la région de Québec, à laquelle participerait la
Caisse de dépôt qui est un Fonds de développement
régional qui sollicitera pour une infime partie le gouvernement
provincial, mais où le monde de la finance privé, la Caisse de
dépôt vont mettre leur grain de sel. C'est davantage vers cela
qu'il faut aller concernant les régions, soit avec une administration
régionale, et avec des gens responsables du milieu qui peuvent le faire.
Mais, quant à moi, il n'est pas question que le Fonds de
développement régional, tel qu'on le connaît actuellement,
puisse être divisé en seize morceaux comme on dit: Les petits
amis, vous êtes dans le champ et amusez-vous avec. Je pense que c'est
clair là-dessus. Si l'objectif était de créer un Fonds de
développement régional à même le FDR dans les
régions, c'est non. Que le gouvernement lui-même, soit par l'OPDQ,
soit par d'autres ministères sectoriels, puisse participer à un
financement qui aiderait à du démarrage ou du
prédémarrage d'entreprises encore dans des créneaux qui ne
sont pas déjà couverts par des program-
mes gouvernementaux, c'est une autre affaire. Mais, il est clair que le
colloque sur le financement - c'était le premier du genre - aurait pu
être encore mieux réussi. D'abord, sur le plan financier, il a
fait lui-même un surplus de 15 000 $, ce qui n'est déjà pas
si mal. On a au moins démontré qu'on était capable
d'administrer. On n'avait pas de "boat à voiles" là-dedans.
Alors, finalement, ce n'était pas si mal. Dans ce sens, il est clair
qu'il y a des conclusions qui ont été tirées de ce sommet
par les gouvernements, mais aussi par les intervenants du monde privé
qui sont venus. Il y a eu des prises de conscience qui vont donner des
résultats très intéressants tantôt, par les caisses
populaires, par la Caisse de dépôt, par le monde de la finance et
même par le gouvernement fédéral. (16 h 30)
M. Brassard: J'ai ici justement une citation extraite de votre
allocution. Vous avez déclaré: "Les régions souhaitent
évidemment avoir un Fonds de développement régional. C'est
une question qui sera débattue au cours des prochains mois et qui
recevra très certainement des réponses. " Si je comprends bien,
confier une partie du FDR à des régions pour qu'elles le
gèrent, c'est exclus. Cela semble... si j'interprète les propos
du ministre.
Mais qu'une région prenne l'initiative de constituer un fonds de
développement avec des contributions à la fois du milieu et des
entreprises - je pense en particulier à l'expérience vécue
chez nous avec SOCCRENT - à ce moment, il n'est pas exclu que le Fonds
de développement régional participe au financement d'une telle
institution.
M. Côté (Charlesbourg): Non, du tout. Il n'est pas
exclu. Faire exactement dans ce cas comme on a pu faire dans d'autres domaines,
permettre la mise sur pied et s'inscrire en "phasing out" par la suite, de
telle sorte qu'on puisse faire autre chose avec notre argent,
éventuellement. Ce soutien, je n'ai pas de problème avec cela.
Sauf que de penser que l'OPDQ, par son budget du Fonds de développement
régional, puisse entrer dans un programme comme celui-là et
à peu près ne jamais en ressortir et être pogné avec
des frais récurrents, c'est non. Il faut que la journée où
on y entre, les gens soient bien conscients qu'on sait déjà
à quelle date on va en sortir et qu'on va savoir comment cela nous aura
coûté, de telle sorte qu'on puisse faire une certaine rotation
à ce niveau.
M. Brassard: II y a une expérience qui est tentée
dans la région de Québec, me dites-vous? Est-ce qu'il y a
d'autres régions qui songent ou qui s'apprêtent à mettre en
place, sans que ce soit une pâle imitation de SOCCRENT, des institutions
de ce genre?
M. Côté (Charlesbourg): SOCCRENT inspire beaucoup de
personnes, effectivement. Chacun tente d'y mettre une touche locale selon les
champs qu'on veut couvrir. Sur la Côte-Nord, il y a une réflexion
actuellement à ce sujet, mais qui a davantage comme objectif le fonds
minier, alors que d'autres régions pensent à d'autres formules.
Dans ce sens-là, il est clair qu'il est peut-être plus facile - et
c'est le danger qu'il va falloir essayer d'éviter - pour une
région comme celle de Québec d'attirer du parapublic et du
privé que des régions comme la Gaspésie ou la
Côte-Nord.
C'est bien plus visible pour la Caisse de dépôt, par
exemple, de venir à Québec que d'aller dans le Bas-Saint-Laurent
ou la Gaspésie. Il va falloir trouver des moyens pour qu'il puisse y
avoir cette présence un peu partout. La Caisse de dépôt,
quant à moi, va chercher ses cotisations un peu partout. Lorsque la
Régie de l'assurance automobile du Québec est obligée, de
par la loi, de confier ses recettes à la Caisse de dépôt,
la Régie de l'assurance automobile les perçoit de ceux qui
prennent des plaques d'immatriculation à Gaspé, à
Mont-Joli, à Québec, en Abitibi, au Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Il y aurait donc, sur le plan de la logique, malgré le fait que
la Caisse de dépôt a un objectif de faire de l'argent... Faire de
l'argent, c'est bien. Je pense que M. Campeau, avec qui j'ai eu des
discussions, s'est montré ouvert à cette dimension. Nous devons
nous rencontrer très prochainement pour faire un autre pas. Il me semble
que cela va de soi que cette présence puisse être partout.
M. Brassard: Cela répond en grande partie à ma
question. Justement, c'était sur la Caisse de dépôt. Donc,
vous confirmez que vous avez entrepris des discussions avec les
autorités de la Caisse de dépôt pour concevoir et mettre au
point des interventions de la Caisse de dépôt en matière de
développement régional.
M. Côté (Charlesbourg): Effectivement, il y a des
discussions. Comme la Caisse de dépôt ne dépend pas du
ministre des Transports, mais davantage de mon collègue, le ministre des
Finances. Je n'ai pas autorité sur la caisse. Sauf que, ce que j'ai
constaté, c'est que le colloque sur le financement du
développement régional à Rimouski, auquel a
participé M. Campeau, a éveillé chez lui une connaissance
ou du moins la volonté de connaître davantage les régions
du Québec et de voir tout ce qu'il était humainement possible de
faire pour aider les régions.
Et à ce sujet, j'avais vu cette ouverture d'esprit-là, je
l'avais salué et j'en ai profité. Alors, la porte étant
entrouverte, on se parle. Et j'ai eu aussi l'occasion de rencontrer M.
Béland des caisses populaires. On n'a pas discuté seulement de
cela, il y avait d'autres dossiers, à l'époque, qui nous
facilitaient la discussion, mais on en a profité pour élaborer un
peu et cela a été, quant à moi, très
bénéfique quant à l'esprit
d'ouverture de ces deux hommes-là qui sont à la tête
de plusieurs milliards de dollars. Et une petits partie pour les régions
du Québec, cela ne fera mourir ni l'un ni l'autre, mais cela peut faire
vivre bien des gens en régions.
Sommets régionaux
M. Brassard: M. le Président, l'aborderais un autre sujet,
rapidement: le deuxième sommet économique de la
Mauricie-Bois-Francs. On tenait, comme vous l'avez signalé, une
première réunion du comité d'orientation récemment,
au sujet du sommet qui devrait avoir lieu au printemps 1989. Est-ce que vous
avez arrêté une décision à l'égard du
deuxième sommet de la Mauricie-Bois-Francs et est-ce que vous avez
déjà prévu l'aide financière à la fois pour
le comité d'orientation et le conseil régional de concertation et
d'action?
M. Côté (Charlesbourg): Dans les états
financiers, effectivement, on a prévu le même soutien qu'on a
octroyé à d'autres. Quand je dis à d'autres, c'est en
faisant exception dé la Côte-Nord et de la Gaspésie, et
compte tenu de la particularité des Îles-de-la-Madeleine où
on a assumé certains frais de transport additionnels qui, en' tout cas,
ne devaient pas être assumés par les gens des îles. Il est
clair qu'on ne pouvait pas demander à des bénévoles qui
travaillent pour la cause du développement régional de payer les
frais d'avion pour aller faire une réunion aux îles, de la
même manière que payer avion et hôtel et aussi demander aux
gens des îles qui avaient une réunion par mois, dans chacune des
MRC... Et cela, c'est très intéressant.
Ce qui s'est fait au niveau de la Gaspésie et des
Îles-de-la-Madeleine, c'est que les gens ont décidé de
tenir une réunion dans chacune des MRC du territoire, de telle sorte que
chacun peut prendre connaissance du territoire de la MRC et s'Inspirer de toute
une série de choses, chacun faisant valoir les bienfaits de sa MRC.
Donc, on a fait un spécial au niveau des
Îles-de-la-Madeleine, et même, personnellement, Je me suis rendu
à un comité de gestion aux Îles-de-la-Madeleine, pour
permettre, en F-27, d'embarquer tous les maires et tous les comités
d'orientation avec moi et d'aller faire un tour aux Îles-de-la-Madeleine
pour tenir une réunion, à ce moment-là, et travailler.
Cela avait été très bénéfique.
De la même manière, les gens de la Moyenne et de la
Basse-Côte-Nord, en particulier, ont vu notre soutien se
matérialiser sur le plan de l'argent pour être capables de
faciliter le déplacement de ces gens-là pour représenter
une communauté qui est quand même, il faut bien le dire,
isolée par rapport au reste de la région. AJors, iis recevront le
soutien financier, qui est prévu, soit 100 000 $ pour la tenue du
sommet, à part l'argent qui est régulier dans l'exercice de
concertation.
Quant à la date et au moment de la tenue du sommet, cela n'est
pas décidé. On vient à peine de commencer l'exercice, de
mettre du monde autour d'une table et de s'entendre sur un comité
d'orientation, et à partir de ce moment-là, très
prochainement, il y aura de nouvelles rencontres et il n'est pas impossible
que, lors de ces prochaines rencontres, on puisse fixer le mois et
peut-être même les dates. Quand on parle de printemps 1989, c'est
à titre indicatif parce que, dans l'échéancier qu'on se
donne toujours, c'est 16, 17, 18 mois avant de le tenir, à partir du
moment où on le déclenche. Bon, si on ne veut pas escamoter un
certain nombre de choses, il faut prendre le temps de faire les choses. Et
quand on dit: Prendre le temps de faire les choses... Quant à nous, on
s'est rendu compte que nous n'avions pas suffisamment de temps, au lendemain du
forum, pour être capables de bien analyser chacun des projets et de
franchir toutes les étapes qui nous permettent de se présenter
à la table avec un mandat clair de négociations et
d'Interventions auprès des gens.
Programme expérimental de création d'emplois
communautaires (PECEC)
M. Brassard: M. le Président, je passe à un autre
sujet, étant donné que le temps file. C'est le PECEC. J'ai
regardé la liste des projets adoptés dans le cadre du PECEC. Je
me suis rendu compte qu'il y a maintenant très peu de projets qui
impliquent des subventions dépassant 75 000 $. Pour la plupart, la
très grande majorité sont des projets qui demandent des
subventions inférieures à 75 000 $. Est-ce que le processus
décisionnel du PECEC a été modifié? Vous aviez, je
pense que c'est l'an passé ou il y a deux ans, remis un peu en question
le processus décisionnel soit, entre autres, que, pour ce qui est des
projets demandant une aide financière inférieure à 75 000
S, la décision était prise en régions par le
délégué régional de l'OPDQ de façon directe,
sans en référer au central, parce que vous évoquiez
à ce moment-là la possibilité que des projets plus ou
moins utiles soient adoptés, surtout que, évidemment, compte tenu
de votre responsabilité politique, vous ne participiez pas à la
prise de décision et que vous étiez quand même tenu d'en
assumer politiquement la responsabilité. Est-ce que vous avez
modifié le processus décisionnel quant au PECEC?
M. Côté (Charlesbourg): Non, cela n'a pas
été modifié. Je vis personnellement avec les mêmes
contraintes que j'ai exprimées à cette époque et qui sont
toujours très présentes à mon esprit, ce qui fait qu'une
décision pourrait être prise demain matin - et je ne prête
de mauvaise intention à personne - qui placerait le ministre dans une
situation où il n'a jamais entendu parler d'un projet et où c'est
lui qui a à porter le blâme et la responsabilité sur le
plan administratif et sur le plan politique. J'ai de ta
misère à vivre avec cela.
J'avais de la misère quand on s'en est parlé et j'ai
toujours de la misère avec cela. La vertu du programme PECEC se
retrouve, bien sûr, dans le fait que, pour moins de 75 000 $, la
décision est prise en régions. Et c'est tant mieux, c'est
beaucoup plus rapide. Finalement, en termes de processus décisionnel,
cela sert bien les régions. Je pense qu'il n'y a pas de problème
là-dessus dans mon esprit. Il est clair, dans mon livre à moi,
que si vous vous présentez à l'OPDQ en régions et que vous
dites au gars que vous avez un projet qui peut demander 85 000 $, le premier
conseil qui va vous être donné est de le rabattre en bas de 75 000
$ pour être bien sûr que cela reste au niveau de la région.
Bon, c'est humain. Je pense qu'on vit avec cela. Même s'il est à
100 000 $, le gars va accepter de le baisser à 75 000 $ parce qu'il
pense qu'il va être capable bien plus facilement de le passer en
région que de le passer au central. Il n'a peut-être pas tout
à fait tort non plus. La réaction première est qu'au lieu
de risquer de ne jamais avoir de réponse positive pour 100 000 $ au
central, je suis bien mieux de me contenter de 74 950 $ ou 74 500 $ au niveau
de la région. Dans ce sens-là, c'est un des
phénomènes qui font qu'il y a beaucoup plus de projets en bas des
75 000 $ qu'en haut.
L'autre élément, peut-être le plus important sur le
plan de la réponse, fait en sorte que, dans à peu près
tous les programmes gouvernementaux, il n'y a pratiquement pas de place pour
les projets en bas de 100 000 $. Il n'y a pratiquement aucun programme à
part celui-là. Alors, automatiquement, les gens se dirigent vers ce
programme, qui les sert bien. D'ailleurs, il faut voir quel éloge a
rendu l'Association des commissaires industriels à PECEC pour
s'apercevoir que cela répond à un certain nombre de projets et de
besoins du milieu.
Dans ce sens-là, il faut tenter de concilier le
phénomène qu'il faut prendre la décision en régions
et l'autre phénomène que, sur le plan politique, H n'y en a qu'un
qui est responsable, et c'est le ministre. À part que de me retrouver
dans une situation où quelqu'un aurait pris une décision en
régions qui serait une bêtise et que j'aurais à en assumer
les responsabilités sur le plan politique, je lui paierais une visite.
(16 h 45)
Au delà de cela, cela ne règle pas mon problème.
J'ai toujours des problèmes sur le plan de la responsabilité
ministérielle et il faut que je trouve le moyen pour les régler.
On a avancé la réflexion sur des solutions en cours
d'année. On a même rédigé un mémoire pour
faire certaines modifications. Lorsque la politique ou le plan d'action sur le
développement régional est arrivé en cours de route et a
progressé à un rythme assez important, nous avons
décidé d'intégrer à la politique de
développement régional certaines modifications que nous voudrions
apporter au PECEC.
M. Brassard: Des modifications qui n'auront pas pour effet,
j'espère, d'allonger les délais ou d'amoindrir la souplesse qui
existe actuellement dans la gestion du PECEC.
M. Côté (Charlesbourg): Le ministre ne veut pas se
substituer à ceux qui ont à prendre les décisions au
niveau régional, dans le PECEC. Le ministre veut seulement s'assurer
que, quant à lui, étant le répondant sur le plan politique
et sur le plan administratif, il ait au moins quelques cordons de la bourse de
temps en temps pour être capable de prendre un certain nombre de
décisions. Ce n'est pas moi qui veut demain matin analyser chacun des
dossiers pour dire: Est-ce que c'est bon, est-ce que ce n'est pas bon? Et, fui,
cela va être oui, lui, cela va être non. Ce n'est pas mon
intention, pas une minute. On se retrouve dans la situation aujourd'hui
où ceux qui ont des oui, on ne le sait à peu près pas, et
ceux qui ont des non se ramassent tous chez nous, ou à peu près.
Il y a quelque chose de pas normal quelque part. Je ne questionne pas la
validité des décisions prises par le comité de gestion du
PECEC sur le plan régional. Il y a des représentants de chacun
des ministères et je pense que chacun fait son travail de manière
admirable. Ce n'est pas cela qui est mis en cause du tout. Si jamais un dossier
est décidé et n'est pas conforme, on peut aussi lui donner une
certaine orientation, quant à nos axes. En matière de politique
de développement régional, on a des axes, on va tenter de les
forcer dans ce sens. Mais la décision sera toujours prise sur le plan
régional, c'est un principe inattaquable. Il faudrait trouver un
mécanisme où au moins, à un moment donné, le
ministre puisse être au courant de ce qui se passe, de ce qui se
décide. Il ne traîne pas beaucoup de dossiers sur le bureau du
ministre. Il y a plusieurs fonctionnaires qui disent que c'est rendu au bureau
du ministre. C'est tout ce que j'ai entendu depuis que je suis ministre, c'est
clair qu'il ne reste plus de place dans mon bureau pour les dossiers. Il n'y a
que cela. Mais c'est facile de dire que c'est sur le bureau du ministre. Chez
nous cela ne traîne pas. Surtout dans ce genre de processus où les
décisions sont déjà prises, cela ne traîne pas.
M. Brassard: Quand vous dites qu'il y a plusieurs dossiers
refusés qui vous arrivent sur le bureau, est-ce que vous avez
procédé à des révisions de décisions?
M. Côté (Charlesbourg): Pas moi.
M. Brassard: Au niveau central, est-ce qu'il y a eu des
révisions de décisions, de décisions prises par une
région?
M. Côté (Charlesbourg): Dans le processus de
révision, si je ne m'abuse, de décisions prises par les
régions, c'est au président de l'OPDQ
qu'on doit Ies adresser. Je ne me trompe pas, non? Et c'est lui qui
enclenche le processus d'une révision ou d'éléments
additionnels qui feraient en sorte que l'analyse du dossier sur le plan du
PECEC prendrait une autre tournure. Il est clair qu'on se retrouve très
souvent dans des situations où des gens disent: J'aimerais que mon
dossier soit regardé, H a été refusé. À la
lumière même de la situation financière de l'individu, cela
ne correspond pas aux normes du PECEC, il est capable de l'absorber, il est
capable de faire face à la musique. Donc, il est retourné
immédiatement. Le PECEC est une instance ultime, après que toutes
les autres tentatives ont échoué. Finalement, c'est une
opération sauvetage qui fait en sorte qu'il n'y a plus aucun programme
gouvernemental qui puisse les aider. La petite différence que le PECEC
peut faire, c'est que la banque va sauter dans le dossier. Les gens du PECEC
ont eu à négocier des dossiers. Je me souviens qu'à notre
arrivée, on a eu à sauver des entreprises par l'entremise du
PECEC en impliquant des banques, en exigeant des concessions de la part des
banques. Cela a été des sauvetages d'entreprises qui ont
été bénéfiques. Cela ne veut pas dire que, demain
matin, on ne fera pas une erreur pour sauver une entreprise, vouloir la sauver,
qu'elle ne tombera pas en banqueroute le lendemain. On n'est pas exempt de tout
cela. Mais le bilan global du PECEC est assez impressionnant.
M. Brassard: Est-ce que des acceptations sont aussi
révisées au centrai? Est-ce qu'il y a des projets
acceptés? Est-ce qu'au central vous les examinez et qu'il est
arrivé que vous ayez renversé une décision positive?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Gagnon.
M. Gagnon: Oui. M. le Président, le processus de
décisions en régions est suivi par l'élaboration d'un
protocole entre l'entreprise et l'administration, et, à partir de ce
moment, il y a au central une vérification du contenu. Cette
vérification du contenu peut amener à un questionnement de la
décision prise en régions si cette décision vient
alourdir, à toutes fins utiles, la caractéristique du programme
en agissant comme une rallonge à un programme gouvernemental,
fût-il fédéral ou québécois. Dans ce
contexte, nous sommes vigilants, particulièrement dans des dossiers qui
font partie de la filière des réseaux où le gouvernement
du Québec a déjà des programmes du genre réseau des
affaires sociales, réseau de l'éducation. Nous sommes très
vigilants sur cette base, et c'est le central qui tient le bilan, si vous
voulez, de ces types d'activités et avise les régions très
souvent d'un moratoire sur des types de dossiers. Entre autres, nous avons
demandé un moratoire sur les radios..
M. Brassard: Les postes de radio?
M. Gagnon:... les postes de radio parce que, normalement, les
conditions d'octroi d'un permis de radio sont globales et tiennent compte de
l'autofinancement. Le PECEC ne devrait pas normalement avoir de place à
l'intérieur de cela.
M. Brassard: II vous arrive à l'occasion pour certains
projets acceptés en régions, non seulement de les questionner
comme vous dites, mais il peut arriver que vous renversiez la décision.
C'est arrivé quelquefois?
M. Gagnon: Oui. Il y a des dossiers qui peuvent avoir
été acceptés par le comité d'approbation
régional et refusés au central par le comité directeur qui
est un genre de comité d'administration, de conseil d'administration.
Cela s'est déjà vu, et, très souvent, ia raison du refus
est beaucoup plus l'évolution du dossier parce que déjà,
entre la décision du comité d'approbation en régions et
l'analyse qu'on fait au central, il peut s'écouler trois semaines
à un mois et l'évolution d'un dossier de financement est
très rapide. Nous, il nous arrive de refuser des dossiers pour lesquels
on a eu un accord en régions.
M. Brassard: C'est pour dire qu'il y a quand même un droit
de regard même pour un projet impliquant des subventions de moins de 75
000 $ où la décision se prend en régions, il y a quand
même un droit de regard du central et aussi un droit d'intervention en
découlant.
M. Gagnon: M. le Président, en bas de 75 000 $, nous
veillons à donner des directives préalablement à la prise
de décision quand il s'agit de dossiers dans un secteur
d'activité problématique. Les dossiers sur lesquels nous devons
nous prononcer au central, en bas de 75 000 S, sont ceux qui font l'objet d'une
aide supplémentaire. Et, en haut de 75 000 $, ils doivent recevoir une
approbation de la région, mais ils peuvent être acceptés ou
refusés au central.
M. Brassard: Moi, M. le Président, je suis prêt
à adopter les crédits.
Le Président {M. Saint-Roch): M. Gagnon.
M. Gagnon: Une petite précision, M. le Président,
en bas de 75 000 $, il arrive, dans la plupart des cas, que les projets soient
acceptés en régions sans que nous ayons à nous prononcer
au central. Et c'est la majorité des cas de 75 000 $ et moins.
Adoption des crédits
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Est-ce que les crédits de l'Office de planification et de
développement
du Québec, programme 1, Administration et concertation,
éléments 1 et 2, sont adoptés?
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 2,
Développement régional, éléments 1, 2 et 3, est
adopté?
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'ensemble des
crédits de l'Office de planification et de développement du
Québec sont adoptés?
M. Brassard: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
remarques de conclusion, M. le ministre?
M. Côté (Charlesbourg): Je veux vous remercier, M.
le Président, ainsi que le député de Lac-Saint-Jean et mes
collègues, et leur dire que l'année financière qui
commence, avec le budget qui est approuvé, sera probablement l'une des
années les plus déterminantes quant au développement
régional, avec la négociation d'une entente
fédérale-provinciale et aussi avec la publication d'un plan de
développement régional du gouvernement du Québec. À
ce moment-là, cela augure très bien, je pense, pour les
régions. Je suis très heureux que le député de
Lac-Saint-Jean partage la très large partie de la philosophie
libérale sur le plan du développement régional, qui se
retrouvera très certainement dans plusieurs des éléments
que nous rendrons publics, je le souhaite, d'ici à la fin de juin. Dans
ce sens-là, comme il y aura communication sur le plan des idées,
communication sur le plan de la pensée et communication aussi sur le
plan de la concertation et de l'harmonisation, il ne restera pas grand-chose
qui nous séparera. Quant à lui, H sera certainement porté
à nous dire que c'est l'essentiel, mais, quant à moi, je serais
très heureux de revenir l'an prochain discuter des crédits du
développement régional et de voir le chemin parcouru.
On est dans l'année budgétaire 1988-1989 et l'année
qui nous permettra de récolter ce qui a été semé au
cours des années précédentes, y compris, dans certains
cas, ce que le gouvernement précédent avait pu semer. Je pense
que ce sera très heureux pour les régions. 1988-1989 est
l'année de la sécurité routière, mais, à mon
grand point de vue, ce sera aussi très certainement l'année des
régions.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lac-Saint-Jean.
M. Brassard: Nous allons attendre avec beaucoup de hâte que
le ministre rende publics sa politique et son plan d'action. Je lui signale que
je n'ai pas eu besoin, quant à moi, de modifier ma philosophie du
développement régional, puisque c'est celle que l'ancien
gouvernement, pour l'essentiel, avait appliquée. Alors, je ne peux pas
être contre la poursuite, évidemment, des politiques
instaurées par mon gouvernement.
M. Côté (Charlesbourg): Surtout qu'en arrivant, je
l'ai cherchée et je ne l'ai pas trouvée.
M. Brassard: Je vous la montrerai.
Le Président (M. Saint-Roch): La commission de
l'aménagement et des équipements ayant maintenant accompli son
mandat, soit de procéder à l'étude des crédits
budgétaires du ministre responsable du Développement
régional, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 16 h 58)