Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures vingt-quatre minutes)
Le Président (M. Parent, Bertrand): La commission de
l'aménagement et des équipements entreprend de nouveau
l'étude détaillée du projet de loi 96, Loi modifiant de
nouveau la Loi sur les élections et les référendums dans
les municipalités et la Loi sur la Commission municipale concernant la
délimitation des districts électoraux municipaux. M. le
secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Charbonneau
(Verchères) est remplacé par M. Claveau (Ungava); M. Desbiens
(Dubuc), par M. Boulerice (Saint-Jacques) et M. Garon (Lévis), par Mme
Vermette (Marie-Victorin).
Le Président (M. Parent, Bertrand): On reprend donc
où l'on avait laissé hier. Les remplacements sont: M. Claveau
(Ungava) qui remplace M. Charbonneau (Verchères); M. Boulerice
(Saint-Jacques) qui remplace M. Desbiens (Dubuc) et Mme Vermette
(Marie-Victorin) qui remplace nul autre que le député de
Lévis, M. Garon. Mme Juneau est un membre permanent actif de cette
commission. M. le ministre, vous aurez la parole en temps et lieu. Alors, on
reprend donc ces travaux de la commission. Nous en étions à une
motion qui avait été présentée par le
député de Jonquière. Une motion qui se lisait comme suit:
En vertu de l'article 244 de nos règles et procédures, que la
commission de l'aménagement et des équipements consulte le
président de l'Union des municipalités régionales de
comté, soit l'UMRCQ, sur le contenu du projet de loi 96, et ce, avant
d'entreprendre son étude détaillée. C'était le
député de Jonquière qui avait la parole. Il lui restait
donc huit minutes sur une intervention totale de 30 minutes. M. le
député de Jonquière, if vous reste huit minutes sur cette
motion.
Motion proposant d'entendre le président de
l'UMRCQ (suite)
M. Francis Dufour
M. Dufour: Merci, M. le Président. Cela a quelquefois des
avantages, durant les commissions parlementaires, de ne pas avoir fini nos
interventions. D'une part, ce matin j'ai d'autres collègues qui sont
préoccupés du domaine municipal et qui se joignent à moi
pour parler de ce projet de loi qui, sous sa forme anodine, est certainement
très important et de nature à changer les règles du jeu
qui sont bien connues du monde municipal.
En quelques mots, je vais essayer de faire une perspective de ce projet
de loi, qui, à mes yeux, dans sa forme et dans sa teneur actuelle, va
faire problème pour le monde municipal, mais aussi pour le gouvernement
du Québec. Il faut se rappeler pourquoi on demande que le
président de l'Union des municipalités régionales de
comté ou son représentant se présente ici. C'est parce que
effectivement on n'a pas l'impression que ces gens-là ont
été consultés et, en même temps, ils ne sont jamais
venus nous dire qu'ils sentaient le besoin qu'on apporte une réforme
aussi majeure dans le domaine des élections.
Je prends à témoin tous les membres de cette commission
pour affirmer qu'à mes yeux et selon les connaissances ou les
tractations que j'ai eues avec le monde municipal, que je sache, personne ne
s'est plaint à ce jour du comportement de la Commission de la
réforme électorale ou du Directeur général des
élections dans l'intrusion du domaine municipal concernant la
délimitation des quartiers.
Donc, il faut comprendre le processus. Avant les élections ou un
an avant les élections, les municipalités sont astreintes
à faire un découpage électoral.
Régulièrement, il y a certaines municipalités qui refusent
de le faire parce qu'elles voient à travers cette démarche des
conflits d'intérêts potentiels. Il y a des villes comme
Québec ou Montréal qui confient carrément les divisions de
quartiers de leurs municipalités à la Commission de la
représentation électorale, sous la gouverne du Directeur
général des élections, pour qu'il n'y ait pas de conflit
de personnalité ou qu'il n'y ait pas de problème entre le conseil
en place et les électeurs.
S'il y a des problèmes, en supposant que la Commission de la
représentation électorale fait son travail de délimiter
les quartiers ou si le conseil municipal le fait, à ce moment-là,
ces problèmes sont jugés ou arbitrés par le Directeur
général des élections qui vient écouter les
doléances des contribuables et qui, après coup, détermine
les limites.
Donc, cette action qu'on veut changer et transférer à la
Commission municipale n'a jamais fait problème. Je voudrais bien qu'on
confirme, à nos yeux, par le président de l'Union des
municipalités régionales de comté, s'il y a eu des
problèmes ou pas. S'il n'y a pas eu de problème avec
l'application de la loi, on a le droit de se demander, nous, comme élus,
pourquoi on apporte des changements. Il faut se rappeler que le Directeur
général des élections et les représentants de la
Commission de la représentation électorale du Québec sont
sous la responsabilité directe de l'Assemblée nationale. Donc, ce
sont des gens qui sont à l'abri des reproches de qui que ce soit,
puisqu'ils sont redevables au point de vue de l'application devant
l'Assemblée nationale, et devant l'ensemble des députés du
Québec. Cela me semble drôlement important. Cela enlève
toute apparence de partisanerie qu'il pourrait y avoir par rapport à
leurs actions.
En voulant faire ce transfert à la Commission municipale, il y a
un autre point important. C'est qu'on n'est pas à l'abri des conflits
parce que, régulièrement, la Commission municipale a à se
prononcer sur les actions du domaine municipal. Je prends à
témoin un exemple du Directeur général des
élections qui nous dit: S'il y a des municipalités en tutelle,
ces municipalités tombent sous le contrôle de la Commission
municipale. Donc, la Commission municipale serait juge et partie puisqu'elle
adopterait des lois ou des règlements pour diviser les
municipalités en quartiers. Après qu'elles seraient
divisées, c'est elle qui aurait à juger si c'est bon ou pas.
Le ministre nous a informés - c'est là où je pense
que le bât blesse, et c'est la seule explication qu'on a pu avoir - en
disant: On veut être à l'abri de ces conflits. On pourrait
continuer de laisser cela au Directeur général des
élections lorsqu'une municipalité est en tutelle. Mais quelle est
la notion rationnelle du positionnement du gouvernement actuel quand H nous dit
qu'il transfère l'application de la loi à la Commission
municipale? Déjà, le gouvernement voit qu'il peut y avoir conflit
parce qu'il dit du même souffle que, s'il y a un conflit, on le
transfère au bureau du Directeur général des
élections. Je trouve qu'il y a une aberration quelque part. On cause un
problème où il ne serait pas censé y en avoir. On est
censé régler un problème et on en crée un autre.
Quel était l'élément rationnel de la loi électorale
quand on l'a établie? C'était de créer une loi
administrée par le même groupe, par la même composition de
personnes pour en arriver à faire l'unicité, si on veut, dans
cette loi.
On parle d'élection. On parle de démocratie
électorale. La démocratie électorale fait que les gens,
autant que possible, peuvent se reconnaître dans cette loi. Comment ces
gens peuvent-ils se reconnaître? D'une part, le Directeur
général des élections et la Commission de la
représentation électorale sont administrés par les
mêmes personnes, les mêmes membres. Si on veut faire une loi un
jour avec un cens électoral unique, on pourrait trouver des
réponses à l'intérieur de la démarche qu'on a
commencée. Mais je me demande, par rapport aux arguments qu'on apporte,
si les membres du gouvernement ont lu les réflexions du Directeur
général des élections sur le rapport préparé
par le Secrétariat à la réforme électorale, ayant
pour sujet la délimitation des circonscriptions électorales. Il y
a quelques pages là-dedans où on devrait essayer de se
comprendre. En transférant le travail de la commission électorale
à la Commission municipale, on vient de créer une entité
distincte qui sera obligée de mettre sur pied un ensemble de
mécanismes pour l'application de la loi. Ce qui veut dire que le service
de recherche, les cartothèques, la question des statistiques, le profil
socio-économique, la grandeur ou les limites territoriales, les
bibliothèques et tout le service de recherche, le service du
contentieux, tout cela sera remis en place, sera refait par la Commission
municipale. Donc, ce qu'on peut essayer de déterminer par rapport
à cela c'est: est-ce que le gouvernement n'a pas des choses
cachées, des ambitions ou des actions cachées par rapport
à cette démarche qu'il a commencée? De ce
côté, on a soulevé suffisamment d'interrogations pour le
savoir. Enfin, quand on examine la qualité des représentations
municipales qu'on a devant nous, qui ont toujours été
consultées dans des projets importants, il est surprenant que le
ministre des Affaires municipales ne veuille pas consulter ces gens. Leur
expertise pourrait nous servir, serait de nature à mieux éclairer
les travaux de cette commission et en même temps nous amener sur des
pistes de réflexion intéressantes. Je ne vois pas cette
volonté de la part du gouvernement, si ce n'est qu'on veut
débâtir ce qui a été correct et ce qui a
été fait. C'est tout.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le
député de Jonquière, votre temps est terminé. Y
a-t-il d'autres intervenants sur la motion? Oui, M. le ministre.
M. André Bourbeau
M. Bourbeau: II serait facile de contrer les arguments du
député de Jonquière. On voit très bien que
l'Opposition, dans la tactique qui a été adoptée, cherche
manifestement à bloquer le projet de loi ou enfin à retarder son
adoption par des mesures dilatoires, des mesures de diversion. Pour cette
raison et en toute logique, je ne me permettrai pas de faire un discours aussi
long que celui du député de Jonquière parce que je
viendrais, à ce moment-là, ajouter et collaborer à la
tactique de l'Opposition, qui est de retarder indûment l'adoption du
projet de loi. Dans ces conditions, M. le Président, quant à
nous, nous serions prêts à passer à l'adoption de l'article
1 du projet de loi.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci, M. le
Président. M. le député d'Ungava, vous avez demandé
la parole? M. le ministre.
M. Christian Claveau
M. Claveau: M. le Président, il me fait plaisir de prendre
la parole en cette enceinte afin d'appuyer les propos de mon collègue,
le député de Jonquière, lui-même ex-président
de l'Union des municipalités du Québec, ex-maire de
Jonquière...
Le Président (M. Parent, Bertrand): Je m'excuse, M. le
député d'Ungava, je m'excuse de vous interrompre. Votre temps de
parole est de 10 minutes contrairement a M. le député de
Jonquière qui avait un temps de parole de 30 minutes. Je veux
seulement que ce soit clair.
M. Claveau: D'accord.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Vous avez droit
à 10 minutes.
M. Claveau: J'ai droit à 10 minutes.
M. Bourbeau: Mais il en reste neuf et demie.
M. Claveau: II n'y a pas de problème.
Le Président (M. Parent, Bertrand): C'est important que
vous le sachiez de façon à structurer votre discours.
M. Claveau: Je vais "synthèser". Une voix: Cela va
être nouveau. Une voix: On avait déjà vu la
structure.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Je voulais que ce soit
clair pour les deux côtés.
M. Claveau: Je vous remercie, M. le Président, de votre
diligence.
Le Président (M. Parent, Bertrand): La parole est au
député d'Ungava. Si vous voulez l'écouter religieusement,
cela va être sûrement très intéressant.
M. Claveau: Je vous remercie, M. le Président, pour la
diligence avec laquelle vous acceptez mon intervention et pour les
avertissements tout à fait légitimes, d'ailleurs, que vous venez
de m'apporter.
Comme je le disais, c'est avec beaucoup d'intérêt que je
viens ici appuyer et renchérir les propos tenus par mon collègue,
le député de Jonquière, ex-président de l'Union des
municipalités du Québec, maire de Jonquière pendant de
nombreuses années et qui a lui-même eu à travailler dans
des conditions difficiles. On se rappellera entre autres la fusion de
Jonquière-Kénogami-Arvida pour une seule et même ville,
où mon collègue, à ce moment, était si on peut dire
en plein dans le bain, dans le feu de l'action. Il a réussi à
manoeuvrer à travers tout cela et à faire en sorte que la ville
de Jonquière devienne aujourd'hui une seule et même entité
formée de ces trois municipalités. Par la suite, il a pris la
gouverne de cette nouvelle municipalité pour en faire ce que l'on
connaît aujourd'hui, un Jonquière dynamique, agréable
à vivre enfin, une administration saine et prospère.
Si je dis cela, M. le Président, c'est pour féliciter mon
collègue qui devait vivre des situations pas toujours faciles et
comportant beaucoup de pression. Mais c'est aussi pour faire comprendre
à tous les membres de cette commission que, quand mon collègue,
le député de Jonquière, parle de ces choses, il ne parle
pas à travers son chapeau. Il sait de quoi il parle. Je suis convaincu
qu'il a eu l'occasion dans les derniers jours, de consulter tous les gens
compétents et pouvant s'exprimer à ce sujet. Les propos qu'il
nous tient devant cette commission sont tout à fait
légitimés par l'ensemble des intervenants du milieu municipal qui
l'ont déjà choisi, d'ailleurs, comme leur porte-parole officiel
en tant que président de l'Union des municipalités du
Québec. Je ne vois pas pourquoi aujourd'hui ces mêmes individus
l'induiraient en erreur, lui donneraient de la mauvaise information ou ne se
fieraient pas encore à lui comme porte-parole auprès de cette
assemblée, auprès de cette commission, face au ministre, pour
exprimer leur véritable point de vue.
On n'est pas convaincus dans tout cela que le ministre a bel et bien
pris le temps de consulter tout le monde et de s'assurer que son projet de loi
allait dans le sens d'un voeu unanime de l'ensemble des municipalités du
Québec. La preuve en est que justement, jusqu'à ce jour, le
ministre n'a pas été capable de démontrer et personne - on
s'entendra qu'on ne parle pas de la démarche -. Le Président
(M. Parent, Bertrand): M. le député d'Ungava.
M. Claveau: Le ministre est en train de nous dire que cela fait
deux ans qu'il n'a pas dit un mot. On va lui demander de se
dépêcher de parler.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le
député d'Ungava, allez-y. Vous n'avez rien entendu.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Je disais que
jusqu'à maintenant, depuis deux ans et demi, le ministre n'a pas
été capable de démontrer la pertinence d'un tel projet de
loi. Il ne peut pas s'appuyer sur des revendications spécifiques de
quelque municipalité que ce soit, à moins que ce ne soient des
revendications obscures, des coups de téléphone de nuit à
son bureau ou chez lui de la part de certains maires amis qui aimeraient bien
voir la loi modifiée. Le ministre ne peut s'appuyer sur aucune
démarche légale officielle, de quelques instances municipales que
ce soient qui lui ont demandé: II faut absolument que la loi soit
modifiée; il faut, M. le ministre, que vous nous changiez cela parce que
ce n'est plus vivable; on n'est pas capables de travailler avec le
président des élections; cela ne marche pas, il y a plein de
problèmes; ce serait beaucoup mieux si c'était la Commission
municipale qui faisait le travail au lieu du Directeur général
des élections.
Si le ministre est capable de nous démontrer qu'effectivement il
y a eu un tollé de protestations, qu'il y a eu des demandes par
centaines, des lettres officielles, des pétitions qui lui ont
été adressées dans ce sens, tant mieux.
On pourra donc considérer son point de vue avec certains
égards. Mais, jusqu'à maintenant, depuis deux ans et demi, il le
dit lui-même, il n'a pas eu l'occasion d'en parier. C'est probablement
parce qu'il n'y a pas eu beaucoup de demandes à ce sujet-là.
Quand on regarde le projet de loi, M. le Président, on se rend
compte... À la limite, c'est un projet de loi qui semble anodin, comme
ce gouvernement a l'habitude d'en faire depuis deux ans et demi, un projet de
loi qui semble ne pas parier, mais qui, tout en faisant des gesticulations
muettes, modifie tout un comportement social. C'est ce qui est grave. On
regarde le projet de loi, on le feuillette tranquillement. C'est vite
feuilleté, vous en conviendrez, il y a deux pages. Il y a quatre
feuilles, mais les deux premières sont pour le titre et les notes
explicatives, il reste deux pages. Treize articles dont les huit premiers ne
font que dire: Dans tel article on substitue tel mot par tel autre mot. Il
reste 9, 10, 11, 12, 13, où il y a un peu de contenu. Ce petit peu de
contenu, c'est pour nous dire qu'on va modifier complètement le
comportement des électeurs dans les municipalités au
Québec.
En s'attaquant à la forme, à la façon dont onva
gérer l'administration de l'élection, on s'attaque aussi au fond,
on s'attaque aux électeurs, on change leur comportement. Quand on
introduit la possibilité de conflits d'intérêts ou qu'on
enlève la grande expertise ou la reconnaissance sine qua non d'une
autorité incontestable dans le domaine des élections que sont le
Directeur général des élections du Québec et tout
son personnel compétent qui ne font que cela, quand on enlève
cette compétence incontestée, qui donne la garantie que les
choses vont se faire de la façon la plus honnête, la plus
précise, la plus viable possible pour l'ensemble de l'élec-torat,
quand on remet cette responsabilité à un corps qui est
éminemment administratif et qui relève directement d'un
ministère, on risque de créer passablement de
mécontentement dans le milieu et on risque aussi de faire en sorte que
le ministre, à l'occasion, se retrouve dans une situation où il
aura lui-même à trancher dans une mécanique
électorale, dans un processus électoral.
Que je sache, le ministre n'a pas nécessairement
été élu, premièrement comme député et
ensuite comme ministre, pour modifier le comportement de la machine
électorale. Ce n'est pas son rôle. Si on avait voulu que ce soit
cela, on aurait fait en sorte, par exemple, que le Directeur
général des élections du Québec ait un statut de
ministre qu'il soit élu et qu'il ait un ministère qui s'appelle
le ministère de la représentation électorale ou quelque
chose de semblable. À ce moment-là, on aurait eu une machine
électorale politique. On n'a pas voulu cela au Québec. On a voulu
une machine électorale carrément indépendante de la
machine politique et à juste titre d'ailleurs.
En assimilant ou en intégrant le comportement électoral
des municipalités à l'intérieur de cette machine, qui est
strictement apolitique, on en faisait aussi un instrument de base fondamental
où on était certain que tous les électeurs, quels qu'ils
soient, de quelque tendance politique qu'ils soient, aient une juste,
équitable et égale représentativité ou une
égale chance de défendre leur point de vue. Mais, en changeant
cela, en mettant la responsabilité des élections municipales sous
la gouverne d'un organisme qui relève d'un ministère dont le
principal intervenant ou principal responsable est un ministre élu
premièrement comme député, qui est donc lui-même, je
dirais, une émanation de cette machine électorale, à ce
moment-là, on se retrouve dans une situation où c'est un
élu qui va avoir à décider du comportement des autres
élus quant aux modalités d'une élection. On se retrouvera
dans une situation qui va être invivable et inacceptable. Je suis certain
que les municipalités ne l'accepteront pas, M. le ministre. Vous vous
mettez dans le trouble. (10 h 45)
Motion de sous-amendement proposant d'entendre aussi
M. Jacques Parizeau
Enfin, étant donné qu'on est toujours sur la motion de mon
collègue, député de Jonquière, motion qui visait
à demander que le président de l'Union des municipalités
régionales de comté vienne donner son point de vue devant cette
commission, eh bien, vous me permettrez, M. le Président, de faire un
amendement à cette motion, en ce sens que M. Jacques Parizeau,
président de la commission... En fait, je vais lire l'amendement: II est
proposé un amendement à la motion principale afin d'ajouter
après les mots "président de l'Union des municipalités
régionales de comté" les mots "Jacques Parizeau, président
de la commission d'étude sur les municipalités".
Le Président (M. Parent, Bertrand): C'est un amendement.
Sur l'amendement vous voulez dire? Sur la recevabilité?
M. Bourbeau: Oui.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Oui.
M. Bourbeau: Sur la recevabilité.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Allez-y, M. le
ministre.
M. Bourbeau: Je présume que, pour que l'amendement soit
recevable, il faut qu'il ait du sens. Sans cela, il ne serait pas recevable.
Or, la commission d'étude sur les municipalités est dissoute,
elle n'existe plus depuis un an. Alors, comment est-ce qu'on peut convoquer un
président d'une commission qui n'existe plus? Il faudrait
peut-être qu'on m'explique cela.
Le Président (M. Parent, Bertrand): S'il vous plaît,
s'il vous plaît! M. le député de Jonquière, oui.
M. Dufour: M. le Président, je pense bien que le sens de
la résolution... On peut peut-être essayer de trouver des
faux-fuyants comme des façons de trouver que cela ne marche pas, que M.
Parizeau ne connaît pas ce dossier. Il faut toujours bien dire au
départ que M. Parizeau a fait une étude sur les
municipalités. Qu'on l'invite comme individu ou comme
ex-président de la commission d'étude, c'est évident que
lorsqu'on invite des gens c'est selon leur bon vouloir. Il faut d'abord
convaincre le gouvernement en place ou la commission que ces gens sont
recevables et qu'on veuille les entendre. Je pense que, de ce
côté, l'amendement est de nature à éclairer les
travaux de la commission et de permettre de se faire une opinion
éclairée, à savoir si on veut l'entendre ou ne pas
l'entendre. Je crois qu'au départ, M. Parizeau est une personne,
à mes yeux, qui... et c'est pertinent puisqu'il a fait une
tournée provinciale. Il est allé écouter et entendre
l'ensemble des municipalités et ce serait pour nous très
intéressant de savoir ce que pense M. Parizeau de tout ce qu'il a vu et
entendu dans cette tournée, ce qu'on ne peut pas ne pas retrouver
peut-être dans son volume. Il a peut-être eu d'autres confidences
qu'on ne connaît pas. C'est sur cela que l'amendement est proposé.
C'est en ce sens que M. Parizeau est invité à venir se
présenter à cette commission, à la condition, bien
sûr, qu'on puisse convaincre les membres de la commission de pouvoir
l'écouter et l'entendre.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le
député de Jonquière, juste un instant sur la
recevabilité. M. le député de Jonquière et M. le
député d'Ungava qui est le parrain de cette motion ou de cet
amendement de motion, il faudrait placer quand même les mots
"ex-président de la commission" pour la rendre plus conforme.
M. Dufour: Avec plaisir.
M. Bourbeau: M. le Président...
Le Président (M. Parent, Bertrand): Oui, M. le
ministre.
M. Bourbeau: Je trouve un peu étrange que le
président de la commission vienne donner des conseils à
l'Opposition sur la façon de rédiger sa motion. M. le
Président, si vous permettez que je termine mon...
M. Dufour: M. le Président.
M. Claveau: Tous les présidents ont toujours fait cela, M.
le ministre.
M. Dufour: M. le Président...
Le Président (M. Parent, Bertrand): S'il vous plaît,
s'il vous plaît, la parole est au ministre.
M. Bourbeau:... il me semble que vous êtes là pour
présider l'assemblée. On vous dépose des motions et il
vous appartient de dire si elles sont recevables ou non recevables, mais je
vous signale que le président n'est pas un conseiller juridique qui doit
venir dicter ou indiquer aux formations politiques comment rédiger leur
motion. Moi, je vous dis respectueusement M. le Président, que votre
rôle est de rendre une décision sur la recevabilité d'une
motion, telle qu'elle est présentée. Si l'Opposition veut
reformuler une autre motion après que votre jugement aura
été rendu, quitte à elle à le faire. Mais je ne
vois pas comment le président viendrait dire à l'une des parties:
Voici, veuillez changer tel ou tel mot. Je ne vois pas que le président
soit un conseiller juridique et je pense que votre rôle se limite
à dire si la proposition, telle que déposée, est recevable
ou non.
Le Président (M. Parent, Bertrand): S'il vous plaît,
j'aimerais qu'on s'entende en commission. C'est de part et d'autre. M. le
ministre des Affaires municipales, il est dit à l'article 193 que le
président doit refuser tout préavis ou toute motion contraire aux
règlements. Il peut corriger la forme ou la rendre recevable, lorsqu'il
s'agit d'une motion. Alors, il est tout à fait dans mon rôle
d'apporter des correctifs, s'il y a lieu, et je n'ai pas l'intention d'agir
comme conseiller juridique ou comme juriste, encore moins comme notaire. Je
n'ai pas cette formation, M. le ministre.
J'ai précisé à l'auteur de cette motion que pour la
rendre conforme, lorsqu'on mentionne dans son état actuel le
président de la commission d'étude sur les municipalités,
M. Jacques Parizeau, il faut apporter le correctif ex-président.
M. Boulerice: Est-ce qu'il va s'excuser, M. le Président,
d'avoir tenu des propos qui, nette-ment, vous attaquaient?
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le
député Saint-Jacques, cela va.
Des voix: Ah!
M. Boulerice: II vous a prêté des intentions qui
étaient indignes de la part d'un ministre, d'ailleurs. Le ministre ne
connaît pas son code de procédure mieux que cela. Est-ce qu'il
connaît son ministère au moins?
Une voix: Eh là! M. le Président, voulez-vous lui
demander...
Le Président (M. Parent, Bertrand): S'il vous plaît!
On ne s'en ira nulle part de cette façon. Je demanderais la
collaboration...
Des voix:... d'aller nulle part.
Des voix: Est-ce que vous avez l'oreille bouchée?
Le Président (M. Parent, Bertrand): S'il vous
plaît!
Des voix:...
Le Président (M. Parent, Bertrand): Messieurs les
députés, membres de cette commission, je fais appel à vous
pour qu'on puisse procéder dans les meilleures conditions possible. Il y
a une motion, il y a un amendement de motion qui a été
apporté par le député d'Ungava et je vais juste
préciser, pour qu'elle soit recevable, qu'on mette le mot
"ex-président". Est-ce que vous pouvez la modifier en
conséquence? La motion ou l'amendement de la motion du
député de Jonquière présenté par le
député d'Ungava se lit comme suit: Est proposé un
amendement à la motion principale, afin d'ajouter après les mots
"président de l'Union des municipalités régionales de
comtés", les mots "Jacques Parizeau, ex-président de la
commission d'étude sur les municipalités".
Dans ce sens, la modification ou l'amendement à la motion est
donc recevable. Est-ce qu'il y a des intervenants sur cette modification? Oui,
Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: Merci beaucoup, M. le Président. Mon
collègue responsable de la commission, le député de
Jonquière, est-ce que c'est à lui d'intervenir le premier sur la
modification de...
Le Président (M. Parent, Bertrand): Mme la
députée de Johnson, la modification a été
apportée et présentée par le député
d'Ungava, et c'est le député d'Ungava qui a droit à 30
minutes d'intervention comme parrain de cette motion.
Mme Juneau: Bon, cela va.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Et les autres
intervenants auront droit à dix minutes, de part et d'autre.
Mme Juneau: D'accord, je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le
député d'Ungava, vous avez droit à 30 minutes.
M. Christian Claveau
M. Claveau: Oui. M. le Président, je vous remercie. En
tout cas, je vais essayer d'être le plus bref possible parce que j'aurais
de quoi parler pendant une heure. Alors, 30 minutes, c'est quand même
être très bref. N'en déplaise à mes collègues
de l'aile ministérielle, il reste qu'il faut prendre tous les moyens
pour mettre les choses au clair. Je vois qu'il y a ici en avant plusieurs
ex-maires, puisqu'il faut utiliser le préfixe comme dans le cas du
président de la commission, et j'irais même jusqu'à
demander à ces gens s'ils ont vécu des problèmes avec la
mécanique actuelle au moment de leur élection, après leur
élection ou lors d'élections partielles, complémentaires
dans leur municipalité? C'est la question fondamentale. S'agit-il
uniquement de faire plaisir au ministre qui, sous l'impulsion d'une
émanation d'extra-terrestres, a décidé qu'il y avait des
problèmes à régler au sujet des élections
municipales, alors que personne ne lui a signifié officiellement ces
problèmes? Je n'irais pas jusqu'à dire qu'il n'a pas reçu
d'appels téléphoniques à 2 heures du matin. On le sait.
Cela s'est vérifié dans d'autres ministères. Le ministre
de l'Énergie et des Ressources nous a parlé souvent de ces appels
téléphoniques à l'Assemblée nationale.
Peut-être qu'il en a reçus lui aussi et qu'il ne nous en parle
pas.
Mais, officiellement, c'est une démarche formelle qui
amène le dépôt d'un projet de loi pour régler un
problème. Vous savez, on parle d'un projet de loi on ne parle pas de
n'importe quoi. On ne parle pas d'une feuille de chou. On ne parle pas de
quelque chose qui va s'estomper ou disparaître demain matin.
Peut-être que dans 100 ans cette loi sera encore là. On a des lois
qui datent du début de la Confédération, puisqu'il faut
utiliser le mot, du début de la fondation de l'Assemblée
nationale du Québec. On en a. Mais aujourd'hui on est souvent pris avec.
On se rappelle que, dernièrement, le ministre responsable de la Loi sur
les terres a été obligé d'amender la loi sur les trois
chaînes à la suite d'un tas de problèmes causés par
une loi qui traînait historiquement dans les archives des Lois refondues
du Québec.
Vous savez que c'est ce que le ministre se prépare à faire
aujourd'hui. Ces deux feuilles de papier, anodines en soi, qui n'ont pas une
valeur commerciale énorme, mais qui peuvent modifier...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau:... fondamentalement le comportement de
l'électorat québécois en termes d'élections
municipales. Ça, c'est fondamentalement important et cela a une grande
valeur intrinsèque, si le papier comme tel n'a pas une grande valeur, le
contenu, lui, est extrêmement important quant à l'avenir du
comportement de l'électorat municipal au Québec. On a un contexte
où cela fonctionne bien. Bon! Un contexte où il n'y a pas de
problème. Un contexte où il n'y a pas de conflit
d'intérêts potentiel parce que, comme je le disais tout à
l'heure, les gens
qui sont responsables de la représentation électorale sont
en dehors de toute partisanerie politique. Ils sont en dehors de toute la
houle, de toutes les vagues que peuvent susciter les diverses pressions d'un
milieu quand on cherche à se faire élire. Ils ne sont pas
liés à cela. Le ministre parle de transférer cette
responsabilité à un organisme, la Commission municipale, qui
elle-même relève d'un ministère qui relève d'un
ministre qui a été lui-même élu. Si ce n'est pas une
possibilité de conflit, je ne sais pas quand vous allez vous ouvrir les
yeux pour voir où il y a un véritable potentiel de conflits.
On part d'une situation où on a presque éliminé les
possibilités de conflits, bien qu'à la limite on pourrait
toujours essayer de trouver un cas disparate ici et là sur une
période de 25 ans. Peut-être! Je ne sais pas. Mais on part d'une
situation où on est presque au niveau de la perfection quant à
l'impossibilité de conflit d'intérêts et on va, par le
biais d'un petit projet de loi de 13 articles, se mettre dans un contexte
où, là par exemple, on va pouvoir faire toutes les pressions
qu'on veut sur le ministre. On va pouvoir faire toutes les pressions qu'on veut
sur les commissaires de la Commission municipale. On va pouvoir aller au
président de la Commission municipale et lui dire: Écoute un peu,
si tu ne me donnes pas cela comme ça, je vais aller voir le
sous-ministre qui, lui, va aller jusqu'au ministre et si cela ne fait pas, je
vais aller voir le ministre directement qui, lui, va te donner des ordres. On
se met dans un contexte de conflit potentiel. Alors, pourquoi le ministre
s'acharne-t-il à se mettre de la pression sur les épaules? Il
n'en a pas encore assez comme cela? Pardon?
M. Camden: M. le Président, question d'ordre, s'il vous
plaît. Voulez-vous rappeler le député d'Ungava à la
pertinence de l'amendement qu'il a proposé pour qu'on se rapporte
à la justification de l'invitation de son chef?
M. Claveau: J'y venais, j'y venais, M. le Président.
M. Camden: Je trouvais que le préambule était un
peu long, M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lotbinière.
M. Camden:... je voulais en arriver au dénouement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
d'Ungava, s'il vous plaît.
Une voix: C'est comme l'indépendance du Québec,
cela ne vient pas vite!
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Saint-Jacques! La parole est
à M. le député d'Ungava. M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Je sais que le député de
Lotbinière essaie de trouver un moyen de passer au Journal des
débats et à l'histoire du Québec. Mais il pourra
peut-être prendre la parole après.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Claveau: II pourra peut-être prendre la parole justement
sur l'amendement et nous expliquer ce qu'il comprend du contexte, comment il le
vit et comment il risque de le vivre. Peut-être aussi qu'il pourra nous
amener de véritables éclaircissements et, lui aussi, il aura le
droit de prendre ses quelques minutes pour nous expliquer cela, pour nous aider
et probablement faire comprendre le problème au ministre.
Une voix:... étant du service de recherche du Parti
libéral, il pourrait parler.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député d'Ungava.
M. Claveau: On me demande de parler sur les raisons de
l'amendement et c'est là-dessus que je suis. Si comme commission
parlementaire, on apporte un amendement pour se donner le maximum
d'informations possible, pour être capable de prendre la décision
la plus juste, la plus honnête, la plus équitable possible quant
aux électeurs québécois qui auront à élire
leurs représentants municipaux, à ce moment-là, il faut
faire affaire... et il faut convoquer les compétences dans le domaine,
les gens qui ont vraiment de la matière à nous donner pour
pouvoir alimenter notre réflexion et alimenter aussi le ministre qui,
probablement, aurait dû, malgré toutes ses grandes visions
partisanes, consulter ces gens avant de déposer son projet de loi.
Toujours est-il que la présence de M. Parizeau,
ex-président de la commission, est excessivement importante dans cette
commission. C'est tout à fait objectif et il n'y a rien là-dedans
de non objectif dans la mesure où M. Parizeau a tenu une consultation
publique sur l'ensemble du territoire québécois justement pour
alimenter le ministre dans ses réflexions, dans ses comportements, dans
sa façon de voir et dans sa façon d'agir face aux
municipalités. Il serait probablement très intéressant que
l'ex-président de cette commission qui, de toute façon, a
été payée avec les deniers de l'État, vienne nous
expliquer ce qu'il a pu ressentir comme problèmes face aux
élections municipales, ici, partout au Québec, dans ses
périples, dans ses rencontres, dans ses soupers, dans ses discussions,
dans ses moments de séances publiques avec les élus municipaux,
pour voir jusqu'à quel point on l'a pressé, on lui a dit: II faut
absolument que tu fasses comprendre au ministre
le plus vite possible que nous avons des problèmes au niveau des
élections, et il faudrait que cela relève de la Commission
municipale pour X, Y, Z raisons. (11 heures)
II faudrait qu'il vienne nous l'expliquer pour voir si, vraiment, il a
eu des pressions là-dessus, des discussions formelles au moment de ces
périples, et même des discussions informelles. Je suis certain
qu'il sera capable de nous donner une image juste de la situation des
municipalités. Au moment où l'on se parle, c'est probablement
l'homme le plus capable, le plus compétent, le mieux placé pour
le faire, dans la mesure où c'est lui qui a été
nommé par le gouvernement pour justement rencontrer l'ensemble des
municipalités du Québec, déterminer quels sont les
problèmes, donner les grandes orientations, les objectifs de base sur
lesquels le ministre pourrait s'appuyer pour travailler dans ces projets de loi
futurs.
Si c'est cela, si on n'a pas fait faire ce travail pour rien, pour
s'asseoir dessus, il devrait s'en inspirer, travailler sur cette base. Et, par
le fait même, il ne devrait pas avoir peur non plus comme ministre de
dire: Je vais faire venir le président de cette commission et je vais le
faire siéger ici pour qu'il nous explique... Si le ministre est capable
de maintenir que le petit projet de loi qu'il nous dépose - et qui,
comme je le disais, va changer l'ensemble des comportements des
électeurs dans les municipalités, quoi qu'il en dise - est une
revendication municipale fondamentale, il devrait être le premier ici
à inviter M. Parizeau à venir s'asseoir au bout de la table pour
nous expliquer qu'effectivement c'est ce qu'on lui a rapporté comme
grands problèmes dans les périples qu'il a faits au Québec
au niveau municipal, que c'est là-dessus qu'il s'appuie et qu'il n'a pas
peur de confronter son point de vue avec celui de M. Parizeau parce qu'il est
certain qu'il va dans le bon sens. Il devrait être, par la même
occasion, absolument convaincu que, si M. Parizeau vient s'asseoir ici pour
témoigner devant la commission, il va amener un éclairage
complémentaire qui va amener tous les membres de la commission à
se ranger du côté du ministre et à dire: Effectivement, M.
le ministre, on s'excuse, vous aviez raison.
Mais tant et aussi longtemps que le ministre va empêcher la
commission, par toutes sortes de moyens, d'avoir tout l'éclairage de la
part de tous les gens qui sont potentiellement capables de nous informer, on
aura toujours le droit de douter des véritables intentions du ministre
quant au dépôt d'un tel projet de loi. Voilà pourquoi il
est fondamental qu'un type de la compétence de M. Parizeau... Ce n'est
pas moi qui l'ai inventé, vous ne viendrez pas me dire que c'est une
question partisane. M. Parizeau a fait un travail exceptionnel, le rapport de
la commission d'étude sur les municipalités. Un travail
exceptionnnel.
M. Dufour: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Dufour: Je voudrais vous rappeler que mon collègue
mérite la considération des membres de la commission. S'ils
veulent parler, ils interviendront. À mes yeux, il s'adresse au
président comme intervenant. Les membres de la commission devraient
avoir au moins la politesse de l'écouter religieusement. Il dit des
choses intéressantes, d'ailleurs.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Comme je le disais, M.
Parizeau, en tant que président de la commission d'étude sur les
municipalités, dont le rapport aurait dû être lu par
l'ensemble des membres de cette commission, qui, de toute évidence, vont
voter sur les amendements et la discussion de ce projet de loi et même
sur son texte final... Avant de l'amener en Chambre, ils vont avoir à
voter là-dessus. Ils devraient voter avec tout l'éclairage
possible et non pas uniquement sur les dires du ministre, mais en prenant toute
l'information nécessaire pour être certains de faire un bon vote,
un vote qui sera fondamentalement respectueux du droit des électeurs
québécois à avoir une mécanique électorale
non partisane, j'oserais dire "safe", si vous me permettez le terme, une
mécanique à toute épreuve. C'est important, parce que,
comme je vous le disais, les treize articles du projet de loi qu'on a sous les
yeux vont fondamentalement changer le comportement et des élus
municipaux et des électeurs, parce que, à partir du moment
où on enlève la marque de commerce, si vous voulez, que
représente la Commission de la représentation électorale,
on enlève ou on crée, on introduit une notion d'élection
partisane et c'est ce qui est fondamentalement dangereux.
Pour en revenir au rapport sur la commission d'étude sur les
municipalités, vous voyez l'immense travail qui a été fait
et qui mérite sûrement d'être regardé. On regarde les
différents chapitres de ce rapport. Chapitre premier: Émergence
des institutions municipales, évolution des structures municipales,
municipalités d'aujourd'hui, description générale, cadre
juridique de fonctionnement, les lois. On y parle des élections
justement. On parle de la problématique des élections municipales
au chapitre 2. 2, page 64. Il serait peut-être bon de s'y
référer pour voir ce qu'on en dit et pour voir ce que le
président de cette commission pourrait venir nous dire devant cette
commission. On parle des élections à la page 64... Est-ce que
tout le monde l'a? On pourrait peut-être en discuter?
Des voix:...
Le Président (M. Saint-Roch): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député d'Ungava.
M. Claveau: M. le Président, en l'absence de l'information
écrite du rapport de la commission, peut-être que ces gens sont
trop surchargés et n'ont pas le temps de consulter cela, il serait
peut-être bon que le président de cette commission vienne
expliquer, dans ses propres mots, quel était son point de vue et
pourquoi le ministre doit aller dans le sens de ce projet de loi. Il s'agit
là d'une approche qui est tout à fait normale, qui est tout
à fait admissible, au moment où l'on se parle, pour permettre un
éclairage fondamental, optimal de tous les membres de la commission qui
auront à voter sur ce projet de loi et qui, je l'espère, ne
voteront pas sur n'importe quoi et n'importe comment, seulement parce qu'on
leur a dit de voter de cette façon. Il faudrait qu'il y ait un peu plus
de sérieux que cela dans la démarche des membres de la commission
qui va les amener à voter sur une question aussi fondamentale - je n'ai
pas peur de me répéter une centaine de fois là-dessus s'il
le faut - une question aussi fondamentale que la modification du comportement
de l'électorat quant à la mise en place de la
représentation dans chacune des municipalités. C'est important.
Même si le petit projet de loi de deux pages semble anodin, il reste que
dans 50 ans on sera peut-être encore pris avec et qu'on devra aller de
modification en modification, d'amendement en amendement, parce qu'il va
toujours y avoir des cas d'exception. D'ailleurs, le ministre a
déjà fait part de quelques cas d'exception. Il parlait d'une
ville sous tutelle. Il dit: Si une ville est en tutelle... Il est bien
évident que c'est la Commission municipale qui exerce la tutelle et qui
va devoir, elle-même, tout en exerçant la tutelle et en
gérant quotidiennement la municipalité, à toutes fins
utiles, s'occuper d'organiser les élections. Il y aurait peut-être
là une possibilité de conflit. On va donc laisser la Commission
de la représentation électorale responsable de ces
cas-là.
On est en train d'avoir un corps bicéphale. On est en train
d'avoir une institution à deux têtes. Dans certains cas, cela va
être la Commission municipale, en règle générale.
Mais, au moment où l'on se parle, on a déjà
théoriquement une mesure d'exception. Combien d'autres vont se
présenter avec le temps? À tout bout de champ, il va y avoir
quelqu'un qui va se lever et dire: Je ne suis pas d'accord avec cela, parce
que, dans tel cas, on est sur une histoire de règlement d'emprunt, la
Commission municipale s'est prononcée contre, le conseil a
démissionné parce que la Commission municipale n'avait pas
accepté le règlement d'emprunt. C'est cette même commission
qui va nous amener à aller en élection rapidement, à la
suite d'une de ses propres décisions. Vous voyez tout le contexte dans
lequel on risque de se trouver? Ce ne sont pas des choses en l'air qu'on dit
là. Tous ceux ici qui ont exercé des fonctions municipales
doivent bien savoir que c'est comme cela que cela se passe à l'occasion,
qu'une décision de la Commission municipale, sur quoi que ce soit, peut
amener le conseil de ville d'une municipalité à se questionner
à nouveau par rapport à ses intérêts de continuer et
peut même amener des membres à démissionner. À ce
moment-là, ce sera cette même commission qui, après avoir
poussé certains élus municipaux au pied du mur en les obligeant
presque à démissionner, va organiser des élections
après et se promener sur le terrain en répartissant les cartes,
en divisant les quartiers, etc.
Vous conviendrez, M. le Président, que les possibilités de
conflit sont pour le moins évidentes. On n'ira pas jusqu'à dire
qu'il va y en avoir dans tous les cas, mais, pour le moins, il y a une
apparence de conflit potentiel. Vous comprenez? Actuellement, la commission
peut trancher telle ou telle chose et, après cela, si cela doit aller en
élection, cela va en élection. Mais c'est une autre instance
complètement indépendante qui s'occupe de cela. Cette instance
complètement indépendante, on va quand même la garder sur
le qui-vive. On va la garder en suspens parce qu'il peut y avoir des cas de
conflits où il va falloir y avoir recours. Donc, elle va devoir
continuer quand même à se mettre au courant, à s'informer
quotidiennement du fonctionnement des municipalités, à suivre
toute la démarche, à voir de quelle façon, par exemple, la
Commission municipale agit dans tel ou tel cas. À ce moment-là,
on ne la déleste pas complètement. On va même lui accorder
un surcroît de travail ou l'y obliger, dans la mesure où elle va
devoir faire le suivi de quelque chose dont elle n'aura plus le contrôle
parce que, éventuellement, elle va avoir à intervenir s'il y a un
conflit potentiel ou s'il y a un conflit évident dans le milieu au
moment où on déclenche des élections.
Donc, on va avoir deux structures d'élections municipales au lieu
d'une, comme si ce n'était pas déjà assez compliqué
comme cela. Le ministre des Affaires municipales, membre de ce gouvernement,
disait, en décembre 1985, pas plus tard qu'il y a deux ans et quatre ou
cinq mois: Notre priorité va être de légiférer mieux
et moins. Mieux et moins. On l'a vu pour le moins. Je pense qu'il n'y a jamais
eu autant de lois que dernièrement. C'est vrai que ce ne sont pas de
grosses lois. Souvent, le contenu est plutôt discutable. Vous avez des
projets de loi pour changer un mot. On en a vu plus d'un. Mais, pour le moins,
en tout cas, ce n'est pas encore évident. Pour le mieux? Là, par
exemple, on peut en parler sérieusement. Mieux et moins, on va
légiférer mieux et moins. On nous dépose ici un projet de
loi sur lequel on n'aurait même pas besoin de légiférer du
tout. On fait perdre du temps à cette Chambre en essayant d'introduire
une nouvelle notion sur un projet de loi qui
n'est demandé par personne, sinon par le ministre et
peut-être à la suite de quelques coups de téléphone
nocturnes, et on vient nous dire que c'est une urgence nationale. Probablement
que le premier ministre va se lever en Chambre et qu'il va dire: Mais vous ne
nous questionnez pas sur les urgences nationales.
Le ministre lui-même est en train de fausser le débat,
alors qu'il y a des problèmes dans les municipalités qui sont
graves et pour lesquels il aime mieux se mettre des oeillères. Il nous
arrive, pour distraire probablement, ou pour montrer qu'il fait quelque chose,
pour distraire l'attention de la commission, et dit: De temps en temps, il faut
quand même qu'on parte des municipalités à la commission,
je vais donc amener un petit projet de loi. Mais plutôt que de toucher
aux questions qui sont vraiment fondamentales ou aux revendications
continuelles de toutes les associations municipales et de l'ensemble des
intervenants municipaux, il va se trouver un petit projet de loi bien facile
qui, par exemple, va lui permettre de faire son petit jeu politique à
l'intérieur de la mécanique électorale, mais un projet qui
n'est demandé par personne. Il pense qu'on va accepter cela comme cela,
sans même prendre la précaution de consulter ou d'amener devant
cette commission parlementaire les gens qui sont les plus compétents
pour venir éclairer les membres de la commission sur telle
décision ou telle démarche du ministre. Voyons donc! Il ne faut
quand même pas que le ministre nous prenne pour une bande de niaiseux qui
ne comprennent absolument rien à sa démarche. On ne peut pas dire
que le terme est antiparlementaire, je me l'applique dans la discussion.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre!
M. Claveau: II ne faut quand même pas que le ministre nous
prenne pour des matelas, si vous voulez. On n'est quand même pas aveugles
à ce point. S'il se promène avec des oeillères dans les
milieux municipaux pour ne pas voir les vrais problèmes, il ne faut pas
qu'il s'imagine que tous les députés se promènent avec les
mêmes oeillères. Il y en a peut-être qui se
promènent, au contraire, avec tout un tas de miroirs pour être
sûrs de ne rien manquer. Ce n'est pas son cas. Il devrait peut-être
le faire, par exemple, M. le Président. La commission aurait
peut-être, à ce moment-là, à travailler sur des
projets de loi pas mal plus fondamentaux, pas mal plus conformes aux demandes
des municipalités que le petit projet de loi qu'il nous amène
là et qui ne relève d'aucune demande de qui que ce soit, comme je
le disais, à moins qu'il ne nous ait pas fait part de tous ces coups de
téléphone. Pour le reste, à quelle place voyez-vous une
demande fondamentale? À quelle place avez-vous vu dernièrement
une levée de boucliers contre la mécanique électorale dans
les municipalités? (11 h 15)
Je demande aussi à tous les membres de cette commission qui ont
eu à exercer, de par le passé, des fonctions municipales, autant
comme maire que comme conseiller, de nous dire honnêtement, sans le
moindre parti pris, sans la moindre ligne de parti politique, s'ils ont
vécu des problèmes quant à la représentation
électorale, ou quant au découpage électoral dans leur
municipalité, ou quant à la manière d'organiser la
journée du vote, etc., de nous dire s'ils n'ont pas reçu les
réponses qu'ils voulaient lorsqu'ils ont posé des questions aux
représentants de la commission électorale sur telle ou telle
chose: des questions sur le financement, sur la publicité, sur les
délais. Tout est là, tout est organisé et la
mécanique marche. Si elle ne marche pas, à l'occasion, c'est
peut-être parce que certains voudraient qu'elle ne marche pas, justement,
pour être capables de faire des entourioupettes. Mais on n'ira pas
jusque-là. On va quand même se contenter de la question
fondamentale.
J'aimerais honnêtement que ceux qui sont devant nous ici, les
membres de la commission qui ont eu à exercer des fonctions, viennent
nous faire part, viennent pleurer sur les problèmes qu'ils ont pu avoir
au moment où ils ont été élus, parce qu'ils
auraient été brimés dans leurs droits de citoyens par la
Commission de la représentation électorale qui ne leur aurait pas
permis de pouvoir s'exprimer pleinement et entièrement ou qui aurait
éventuellement fausser le débat lors de leur propre
élection. S'ils sont capables de nous faire la preuve que tel est le
cas, probablement qu'on va commencer à regarder un peu pour voir si le
ministre ne pourrait pas avoir raison dans son projet de loi.
Le ministre lui-même, qui est un ancien élu municipal,
pourrait-il nous dire, ici devant cette commission, et nous prouver que, lui,
comme ministre des Affaires municipales aujourd'hui, a eu, au moment il
était maire, des problèmes graves, des confrontations à
n'en plus finir en raison de ses relations avec la Commission de la
représentation électorale? Pourrait-il nous expliquer comment il
se fait qu'aujourd'hui il pense que c'est la Commission municipale qui est
là? Pourquoi, alors qu'il était lui-même
représentant de l'Union des municipalités du Québec,
n'a-t-il pas travaillé à ce moment pour introduire en force cette
notion, pour rallier les représentants des municipalités à
ce point de vue? Tout à coup, il est ministre, puis il se revire et dit:
Bon, maintenant que je suis ministre, il faut bien que je fasse quelque chose.
Il faut que je laisse mon nom dans l'histoire du Québec. Donc,
peut-être que la plus belle façon de le faire, c'est de semer la
zizanie dans les élections municipales, comme cela tout le monde va se
souvenir de moi. On se demande si ça ne va pas jusque-là, si ce
ne sont pas là les véritables intentions du ministre! Il ne sait
plus quoi faire pour faire parler de lui. Il ne sait plus quoi faire pour
essayer de montrer que, comme ministre des Affaires municipales, il a un peu
d'emprise sur les lois. Alors, il dit: La meilleure affaire... Je
suis certain que si je réussis à mettre la zizanie dans
l'ensemble des municipalités du Québec, l'histoire va se souvenir
de moi. Probablement que dans 100 ans les livres d'histoire vont dire: Un jour,
il y a eu au Québec un ministre qui a réussi à
détruire une mécanique qui fonctionnait bien et à mettre
la guerre, la pagaille dans l'ensemble du territoire québécois.
Comme cela, il est certain qu'il va passer à l'histoire. Peut-être
que c'est un ministre martyr. Peut-être que c'est un ministre qui souffre
d'un certain besoin de faire parler de lui, de se sentir tiraillé, de
sentir qu'on ne lui fait pas encore suffisamment de pressions et qui voudrait
en avoir un peu plus. C'est peut-être cela son "thrill" en politique, on
ne sait pas. Mais il reste que, jusqu'à maintenant, il n'a jamais
été capable de rendre la situation claire et de démontrer
que ce projet de loi était efficace, nécessaire et absolument
inévitable pour la survie. Dans ce sens, M. le Président...
M. Camden: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lotbinière.
M. Camden: Est-ce qu'on pourrait à nouveau inviter le
député d'Ungava à la pertinence du débat? On a de
la difficulté à saisir l'importance d'inviter son chef devant
cette commission.
M. Boulerice: Ce n'est pas de la pertinence. Pour nous, c'est une
question d'intelligence!
Le Président (M. Saint-Roch): A l'ordre, M. le
député de Saint-Jacques! A l'ordre, s'il vous plaît! M. le
député de Lotbinière.
M. Camden: Merci, M. le Président. Si le
député d'Ungava veut mettre cela au neutre, un instant!
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Saint-Jacques, s'il vous plaît!
M. Camden: Ce qu'on veut, c'est qu'on nous en fasse la
démonstration. C'est ce qu'on attend. À venir jusqu'à
maintenant, on ne nous a pas prouvé que c'était important de
l'inviter.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
d'Ungava.
M. Claveau: Si le député de Lotbinière
prenait le temps de regarder les documents, de lire en profondeur le projet de
loi et d'écouter ce qu'on dit au lieu de faire sa correspondance durant
la commission, peut-être qu'il comprendrait quelque chose et qu'il
saurait sur quoi il va voter. Mais, au rythme où on est partis, on n'a
pas l'impression que le député de Lotbinière a
démontré beaucoup d'intérêt au débat et,
à ce moment-là, il est bien mal venu de venir nous parler de la
pertinence de la discussion.
M. Camden: Question de privilège, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lotbinière.
M. Camden: Je vais vous dire une chose. Si je suis en train de
lire certains éléments de correspondance, c'est que ce sont
précisément des éléments de correspondance en
provenance des municipalités de mon comté qui m'apparais-sent
beaucoup plus importants que la justification qu'on fait.
Une voix: Ah oui...
M. Boulerice: Ah oui? Dépôt, M. le
Président.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Boulerice: Dès qu'il y a un document ici, il doit y
avoir dépôt.
M. Camden: M. le Président, voulez-vous demander au
député de Saint-Jacques de se taire? Qu'il respecte au moins les
membres de la commission quand il s'adresse au président. Cela
m'apparaît élémentaire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lotbinière, en conclusion, s'il vous plaît!
M. Camden: Quant aux faits, je vais vous dire qu'on lui demande
de s'entretenir de la pertinence de l'amendement qu'il a fait. On n'a rien
senti dans le débat. Il n'y a pas de quoi soulever notre
intérêt. Depuis ce matin, depuis l'arrivée, c'est la
même cassette, c'est la même disquette, et le même petit
discours qu'on entend. Alors, qu'on aille sur la pertinence.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vais maintenant
reconnaître M. le député d'Ungava. Si vous voulez
poursuivre, s'il vous plaît!
M. Claveau: Merci, M. le Président. Je comprends bien que
le député de Lotbinière a besoin d'un temps de parole pour
s'exprimer. Il veut empiéter sur le mien. Je vous ferai juste
comprendre, M. le Président, que les questions de privilège
n'existent pas, à ce stade-ci - vous devez le savoir - dans les
débats en commission parlementaire et qu'on ne peut se replier ou se
camoufler derrière une question de privilège pour exprimer un
point de vue. S'il a un point de vue à exprimer, il n'a qu'à
demander la parole et je suis certain que son ministre se fera un plaisir de
lui permettre de s'exprimer pendant quelques minutes là-dessus. Il n'a
pas à empiéter sur mon temps de parole pour cela. Si le
député de
Lotbinière n'avait pas été tant intempestif et
impatient, peut-être qu'il aurait compris là où j'en venais
quand on disait au ministre...
M. Camden: II ne s'en vient pas vite...
M. Claveau: Est-ce que le député de
Lotbinière a demandé la parole et s'est inscrit sur les temps de
parole, parce qu'il y a un temps de réplique à l'amendement?
Est-ce qu'il s'est inscrit, M. le Président?
Une voix:... sa correspondance.
M. Claveau: Pouvez-vous me dire si le député de
Lotbinière est inscrit sur la liste de ceux qui ont demandé la
parole à la suite de mon intervention?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
d'Ungava, si vous voulez poursuivre, s'il vous plaît, sur votre motion!
Je demande, à ce moment-ci, la collaboration des deux côtés
de cette table. J'ai entendu - autant lorsque vous interveniez, M. le
député d'Ungava, que lorsque M. le député de
Lotbinière intervenait - des commentaires qui venaient des deux
côtés. Pour la bonne marche de nos travaux, je demanderais,
à ce moment-ci, la collaboration des deux côtés afin de
respecter le temps de parole de chacun des parlementaires. M. le
député d'Ungava, si vous voulez poursuivre.
M. Claveau: Merci, M. le Président. Malheureusement,
l'intervention du député de Lotbinière a interrompu ma
démonstration et il faudrait presque que je commence au
début...
Des voix:...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Claveau:... pour essayer d'avoir le fil conducteur
nécessaire à la compréhension de l'ensemble du
débat. Toujours est-il que je vais conclure. Je vais conclure en
répétant, justement, ce que je disais. Il y a eu une commission,
la commission d'étude sur les municipalités qui, avec tambour et
trompette, a fait le tour du Québec. Comme vous le savez, le rapport de
la commission a été publié le 11 octobre... La commission
a été créée en octobre 1985 et le rapport a
été publié au quatrième trimestre de 1986.
Donc, ce n'est pas vieux, cela. On ne va pas aux calendes grecques
là-dedans. Octobre 1986, et le ministre était là au moment
de recevoir le rapport. Alors, quand on demande que le président de
cette ex-commission, puisqu'on m'a dit que ce n'est pas le président qui
a été dissous, mais bien la commission, j'aimerais mieux alors
qu'on parle du président de l'ex-commission, quand on demande donc que
ce président vienne témoigner devant la commission pour nous
faire part de ce qu'il a connu au Québec, on ne parle pas du
Québec des années quarante. On parle de 1986, du Québec
moderne, informatisé, électronique,
"hydroquébécois", comme on pourrait presque dire, qu'on
connaît aujourd'hui.
C'est de cela qu'on parle. Le président de cette commission, qui
s'est promené dans tout le Québec, avec tambour et trompette,
aurait probablement des choses très importantes à nous dire qui
permettraient au député de Lotbinière, comme à tous
les autres députés qui sont ici, autant de notre formation
politique que de la formation politique de l'aile ministérielle, d'avoir
l'éclairage maximal pour pouvoir voter, non pas sur une ligne de parti,
non pas sur les prétendus dires un peu vagues d'un ministre ou dont on
ne sait la provenance, mais à partir de la véritable information
de base de la part de gens qui connaissent le domaine, de gens qui ont parcouru
le Québec, qui savent de quoi ils parlent et qui pourraient nous amener
des compléments d'information indispensables pour prendre une
décision saine, équitable, juste par rapport à l'ensemble
des électeurs du Québec qui, en fin de compte, auront à
nommer leurs élus municipaux et qui doivent avoir la garantie de ce
gouvernement qu'ils vont le faire dans la plus stricte neutralité
politique quant à l'organisation de l'élection
elle-même.
Ce n'est pas à la machine gouvernementale de faire de la
partisanerie ou de prendre position. C'est aux électeurs sur le terrain
qu'il appartient de faire un choix. On doit leur donner la garantie stricte que
la machine électorale qui va encadrer leur comportement
d'électeur pour faire leur choix n'est pas politique. Cette machine ne
dépend pas des hauts, des bas et des aléas d'un ministre qui peut
changer du jour au lendemain et qui peut même changer d'idée dans
la même journée. C'est ce qu'il faut faire comprendre.
Une voix: Brian, Brian...
M. Claveau: À entendre parler, je n'ai plus de temps, M.
le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! Il vous reste 30 secondes, M. le député.
M. Claveau: II me reste 30 secondes pour dire que j'incite les
membres de cette commission à voter, sans égard, pour que
viennent témoigner ici devant cette commission tous ceux qui peuvent
nous éclairer fondamentalement sur les prétentions du ministre
et, en l'occurrence, M. Jacques Parizeau, ex-président de la commission
d'étude sur les municipalités. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député d'Ungava. Je vais main-
tenant reconnaître Mme la députée de Johnson. Mme
Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci, M. le Président. Je voudrais à
mon tour intervenir sur le sous-amendement que mon collègue d'Ungava a
apporté, c'est-à-dire la présentation ici de M. Jacques
Parizeau, ex-président de la commission d'étude sur les
municipalités...
Une voix: Futur premier ministre.
Mme Juneau: Je vais vous donner les raisons qui m'incitent
à vous dire pourquoi nous souhaiterions autant, nous de notre
côté... Et je suis persuadée que même si,
aujourd'hui, au moment où l'on se parle, ils n'ont pas encore admis que
la présence de M. Parizeau apporterait un éclairage tout à
fait spécial et important aux membres de la commission parlementaire, je
pense que, lorsque j'aurai terminé mon exposé, les gens de
l'autre côté vont demander la parole pour insister auprès
de leur collègue, le ministre des Affaires municipales, pour que M.
Parizeau soit présent à cette commission afin d'éviter que
plus tard on fasse éventuellement un mea culpa en disant: On aurait donc
dû le faire venir. Vous savez que le club des "t'aurais donc dû",
après que c'est fait, existe. Il est bien malheureux, quand l'occasion
se présente, que les gens ne reconnaissent pas l'importance d'une
personne qui a un potentiel de connaissances aussi important et qui pourrait le
mettre au service des membres de la commission.
M. Parizeau est un homme fort compétent. Ce n'est pas d'hier que
dans tout le Québec, et je dirais même beaucoup plus que pela, au
Canada, à l'extérieur du pays, aux États-Unis et un peu
partout dans le monde, on connaît M. Parizeau. On connaît la
réputation de cet homme fort compétent et fort bien
préparé à occuper des postes aussi importants qu'il a
occupés durant toute sa vie et qu'il occupera à partir de
demain.
Une voix: Bravo!
Mme Juneau: Je voudrais vous faire le c. v. de M. Parizeau, sur
les connaissances qu'il a acquises au cours de sa vie, comme apport à sa
personnalité qui est déjà très forte et
exceptionnelle. Je voudrais vous mentionner que j'ai fait venir la biographie -
ce que je trouvais drôlement important - des membres de
l'Assemblée nationale. J'ai appris beaucoup de choses en lisant
différentes pages de cette biographie. J'ai appris beaucoup de choses,
non pas sur M. Parizeau parce que je le savais depuis fort longtemps, mais sur
d'autres membres de la commission qui, s'ils avaient appris autant de choses
que M. Parizeau, ne seraient peut-être pas ici devant nous, mais, au
moins, ils pourraient insister pour qu'on ait des éclairages d'autant
plus importants.
Si je vous disais que M. Parizeau a fait ses études à
l'École des hautes études commerciales à Montréal,
à l'Institut d'études politiques à Paris. Ce n'est pas
n'importe qui là. Aussi au London School of Economies en Angleterre...
Une voix: En anglais? (11 h 30)
Mme Juneau:... où il obtint... Écoutez bien cela
parce que je ne suis pas sûre qu'il y en ait d'autres que lui ici qui ont
fait toutes les études qu'il a faites. Je ne suis pas sûre qu'il y
ait ici une personne ayant un doctorat en sciences économiques, mis
à part M. Parizeau, qu'on souhaiterait entendre ici. Je ne suis pas
sûre que le ministre ait lui-même ce doctorat en sciences
économiques. Mais en plus de cela, M. le Président, je vous dis
que les raisons pour lesquelles nous devrions entendre M. Parizeau qui est une
sommité, il faut l'admettre... Et les gens de l'autre bord sont d'accord
avec moi, je les vois opiner du bonnet. Ils opinent du bonnet. Je vois que les
gens de l'autre bord sont en accord avec ce que je dis, et avec raison. Ce
n'est pas tous les jours que je donne raison aux gens d'en face, mais quand ils
opinent du bonnet sur les choses que je dis de M. Parizeau, je pense que c'est
parce qu'ils savent que j'ai raison. C'est un homme exceptionnel et de fort
calibre qui pourrait être ici, je me répète, pour venir
témoigner à la commission pour nous éclairer.
M. Parizeau a été professeur à l'École des
hautes études commerciales de 1955 à 1976 et il est directeur de
l'Institut d'économie appliquée de cette école. Consultant
auprès des ministères des Finances, des Richesses naturelles et
de l'Éducation. En plus, M. le Président, je pourrais
peut-être demander aux ministres qui sont là aujourd'hui, au
ministre de l'Éducation, au ministre des Richesses naturelles et au
ministre des Finances d'être ici pour écouter M. Parizeau. Je suis
sûre que cela leur donnerait peut-être des conseils sur la
façon de diriger leurs ministères sectoriels. Il a
été conseiller économique et financier du Conseil des
ministres de 1961 à 1967 et du bureau du premier ministre. Je pense que
le premier ministre qu'on a aujourd'hui aurait peut-être tout
intérêt à accueillir et à écouter les paroles
de M. Parizeau, cela le renseignerait très bien sur ce qu'il a besoin de
savoir.
M. Parizeau est aussi chargé de recherche à la Banque du
Canada, à la Commission royale d'enquête sur le système
bancaire et financier, membre du Conseil supérieur du travail et du
conseil d'administration de Sogefor. Dans le domaine journalistique, il fut
directeur de la revue l'Actualité économique de 1955
à 1961, chroniqueur... Voyez-vous!
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Une voix:... pour acheter son journal...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Juneau: Chroniqueur de l'hebdomadaire Québec-Presse
de 1969 à 1974 et président du conseil d'administration et
éditorialiste du journal Le Jour en 1974 et 1975.
Une voix: Vous auriez dû acheter des copies, cela aurait
été...
Mme Juneau: Écoutez bien cela, M. le Président, je
n'ai même pas terminé, et cela fait un bout de temps. Membre et
président du Conseil exécutif du Parti québécois en
1970 et 1971 et, aujourd'hui, président du Parti
québécois, candidat de la circonscription d'Ahuntsic aux
élections de 1970, candidat dans le comté de Crémazie en
1973, élu député de la circonscription de L'Assomption en
1976 et en 1981 et, prochainement, pour la prochaine élection, s'il
était dans le comté de L'Assomption, il deviendra
député de L'Assomption. Je pense qu'il faudrait, même si on
anticipe un peu, parce qu'on ne connaît pas la date...
Une voix:... ou il ne reviendra pas comme...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Juneau:... des élections générales, on
anticipe quelque peu, mais je suis persuadée, M. le Président,
que M. Parizeau sera assis ici, sur les banquettes de l'autre côté
avec nous, aux prochaines élections. C'est pour cela que je pense qu'il
est d'un intérêt tout à fait spécial qu'on puisse
entendre cette sommité qu'est M. Parizeau.
Je continue, M. le Président, pour vous dire à quel point
cet homme mérite qu'on l'entende. M. Parizeau a été
assermenté ministre des Finances et ministre du Revenu dans le cabinet
de notre bien-aimé président fondateur, M. Lévesque...
Une voix:... très regretté premier ministre.
Mme Juneau:... et président du Conseil du trésor,
remplacé par M. Michel Clair au poste de ministre du Revenu en septembre
1979, nommé ministre des Finances et ministre des Institutions
financières et Coopératives le 30 avril 1981, membre du
Comité des priorités. Nommé président du
Comité de développement économique, il demeure ministre
des Finances lors du remaniement ministériel du 9 septembre 1982.
Après cela, il a été président de la commission
d'étude sur les municipalités. Je pense que, comme mon
collègue d'Ungava disait, ce n'est pas lui qui est ex-président,
c'est la commission qui n'existe plus, parce que je pense qu'on n'aurait pas
été capable de se passer de M. Parizeau, compte tenu de tout ce
que je viens de vous dire.
M. le Président, comme il me reste seulement une minute pour
intervenir, je voudrais faire une motion de sous-amendement, s'il vous
plaît.
Une voix: Pas seulement une minute.
Mme Juneau: Une minute. Vous n'avez pas trouvé le temps
long? M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): II resterait une minute
à Mme la députée de Johnson.
Motion de sous-amendement proposant d'entendre aussi
M. Vincent Lemieux
Mme Juneau: Ma motion est la suivante: Est proposé un
sous-amendement à la motion d'amendement afin d'ajouter après les
mots "Jacques Parizeau, ex-président de la commission d'étude sur
les municipalités" les mots "et Vincent Lemieux, auteur du rapport sur
les municipalités régionales de comté du
Québec".
Vous allez voir la recevabilité, M. le Président?
Le Président (M. Saint-Roch): A l'ordre, s'il vous
plaît! Mme la députée de Johnson, je suis prêt
à rendre ma décision sur la recevabilité de votre motion.
Je la déclare recevable et vous avez maintenant 30 minutes pour votre
motion de sous-amendement.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: M. le Président, je vous rends respect. Je
pense que vous avez jugé la motion de la façon dont elle devait
être jugée. Je vous remercie beaucoup de me permettre à
présent de parler de M. Vincent Lemieux, politicologue à
l'Université Laval et président du comité.
Encore là, M. le Président, je pourrais discourir
jusqu'à 13 heures sur M. Vincent Lemieux et je ne pense pas que je
manque de choses à dire, compte tenu de l'importance du personnage et de
la qualité des interventions qu'il a faites, comme président du
comité, sur le rapport du comité de travail sur les pouvoirs des
municipalités et des MRC.
Vincent Lemieux est un homme fort connu et fort apprécié.
Tout parlementaire devrait avoir la possibilité de pouvoir un jour ou
l'autre travailler aux côtés de M. Vincent Lemieux. D'ailleurs, M.
Vincent Lemieux était entouré aussi de beaucoup d'autres
personnalités connues et reconnues, entre autres un professeur de la
Faculté des sciences de l'administration de l'Université Laval,
M. Dominique Achour. Il était aussi entouré du maire de
Saint-Philippe-de-Néri et préfet de la MRC de Kamouraska, qui
n'est pas le dernier venu, M. Marcel Barbeau. Il avait aussi, pour l'aider dans
sa tâche importante, M.
Robert J. Gravel, qui est professeur à l'École nationale
d'administration publique et conseiller à la ville de Sillery, qui n'est
pas non plus le premier venu.
Je vois mon collègue, le député de
Jonquière, qui est, lui aussi, un homme fort connaissant, compte tenu de
tous les postes qu'il a occupés avant celui de député. Il
était le maire de Jonquière et le président de
l'UMRCQ.
M. Bourbeau: II opine du bonnet.
Mme Juneau: Comme vous, M. le ministre? M. le
député de Jonquière est responsable des affaires
municipales et aux prochaines élections sera sûrement le ministre
des Affaires municipales. Je pense que M. le député de
Jonquière connaît les personnes dont je fais mention au moment
où je vous parle. Il est tout à fait d'accord pour dire que ce
sont des gens célèbres dans le milieu municipal puisqu'ils
occupent un poste important et sont aimés de l'ensemble de leurs
concitoyens.
Il y a aussi la mairesse de Lyster qui faisait partie de ce
comité, Mme Charlotte Leblanc. Il y avait aussi M. Michel Poirier, qui
est avocat chez Monty, Coulombe. Je ne veux pas faire de publicité pour
l'un ou l'autre, mais je pense que si cet avocat, M. Poirier, faisait partie du
comité, c'est probablement un homme de grande valeur. Malheureusement,
je n'ai pas le plaisir de le connaître. Mais il y en a d'autres qui l'ont
eu, ce plaisir, et qui ont trouvé que cet homme avait fait un excellent
travail.
M. Vincent Lemieux était aussi entouré de Floriant
Saint-Onge, qui est le maire de Carillon et préfet de la MRC
d'Argenteuil. Il était aussi accompagné de Richard
Sévigny, aménagiste et secrétaire du comité qui a
fait un excellent travail de secrétaire, étant donné que
le rapport que j'ai en main est fort bien exprimé et fort bien
détaillé.
M. le Président, quand je vous ai parlé du
président du comité de travail sur les pouvoirs des
municipalités et des MRC, je voudrais vous dire comment ce fameux
comité a procédé. Ce comité a procédé
en trois étapes. Il y a eu la préparation d'un document
préliminaire pour stimuler les réflexions et suivre les
nombreuses consultations, autant des membres que du public. Cela veut dire que
ces personnes avaient le respect de ceux et celles qui les entourent. Ils
n'allaient pas, comme le ministre que nous avons aujourd'hui, présenter
un projet de loi sans avoir fait au préalable une consultation. Je vous
parlerai tout à l'heure des consultations du ministre. J'ai eu
connaissance de ce qui s'est passé à la MRC, chez nous. Je vais
vous parler de M. Vincent Lemieux, étant donné que c'est le
sous-amendement que je viens de faire. Je ne voudrais pas que vous me rappeliez
à l'ordre. Je sais que vous faites votre travail comme vous devez le
faire, M. le Président. Je vais vous parler pour commencer de M. Vincent
Lemieux.
M. Vincent Lemieux a aussi présidé cette commission et je
vous ai dit une des étapes. La deuxième étape était
la rédaction de la synthèse des opinions émises par les
personnes et les groupes consultés. Il y en a eu plus d'un, je vous
l'assure. La troisième étape du procédé a
été la présentation de recommandations contenues dans ce
rapport final du comité sur les pouvoirs des municipalités et des
MRC, qui a été déposé ici.
M. le Président, je voudrais vous dire combien ces personnes ont
travaillé sérieusement. Si tous les ministres, surtout le
ministre des Affaires municipales, étaient aussi sérieux que
l'ont été ces gens nommés sur ce comité, je pense
qu'on ne serait pas ici aujourd'hui à essayer de faire comprendre le bon
sens au ministre et à lui demander de retirer ce projet de loi qui va
faire la bisbille partout. On ne serait pas là aujourd'hui. Il serait
à l'écoute. Il ne veut rien savoir de qui que ce soit. Il se sert
de l'autorité qui lui est dévolue sans consulter. Le premier
ministre devrait peut-être considérer de le faire changer de
chaise avant que tout le monde se dresse contre lui. Il en a dressé
plusieurs et il va en dresser d'autres s'il continue.
Si le ministre avait été aussi responsable que les membres
du comité dont je viens de donner la liste, qui ont analysé - pas
des coups de téléphones de nuit, comme mon collègue
d'Ungava disait - 70 mémoires... Ils n'ont pas fait cela comme le
ministre des Affaires municipales depuis deux ans et demi. Ils ont
analysé 70 mémoires qui leur furent présentés par
différents intervenants du milieu. La prise en compte des remarques, des
suggestions qui lui ont été émises par plus de... Je vous
le donne en mille, combien de participants se sont présentés
à cette commission. Je pense que vous ne le savez pas, mais je vais vous
le dire, car je l'ai écrit dans le rapport. Il y a eu 1000 participants.
Personne n'a frappé à la porte sans être entendu. Est-ce
que vous trouvez, comme moi, que ce comité d'étude a fait un
travail de géant? Si le ministre était assez responsable pour
faire le même travail que ces gens ont fait, on ne serait pas en train de
discuter aujourd'hui. Il a fait la même chose dans mon comté,
regrettablement. Il y avait un comité d'évaluation et
d'étude qui avait reçu 33 mémoires. Ils avaient entendu
tous les gens du milieu. Tous les gens qui voulaient se faire entendre ont eu
droit à une écoute attentive du comité, tout autant que
les 1000 personnes, les 70 mémoires qui ont été
présentés au président et aux membres du comité,
à M. Vincent Lemieux. Les gens de chez nous avaient eu une écoute
attentive tout autant que ces gens ici. (11 h 45)
Le ministre a fait fi de tout cela, avec un comité que
lui-même a mis sur pied et qui a vu quelques intervenants en fermant la
porte à d'autres personnes qui auraient voulu être entendues. M.
le Président, je trouve regrettable
que le ministre ne soit pas plus à l'écoute que les gens
qui étaient membres de ce comité, sous la présidence de M.
Lemieux. M. Lemieux est un homme fort important et, surtout, il a une
qualité extrêmement importante que tous les députés
devraient avoir, c'est-à-dire être à l'écoute des
gens qui nous entourent. Il y a toujours des gens qui nous entourent et qui
nous éclairent. C'est indéniable. Quand on croit que c'est nous
qui leur en apprenons le plus, à ce moment-là on se rend compte
que c'est l'autre qui ouvre une petite lumière et qui nous en apprend
davantage sur les décisions que nous devons prendre, autant dans le
travail que nous avons à effectuer comme membres, députés
et représentants d'une circonscription électorale. Si les membres
du comité, c'est-à-dire le ministère des Affaires
municipales, avec son ministre en tête, étaient aussi à
l'écoute que ces gens-là, M. le Président, je pense qu'on
aurait une tout autre législation pour le monde municipal.
Le monde municipal, M. le Président, ce sont des élus
comme nous, mais élus par une majorité de gens dans les
municipalités. Nos électeurs sont plus nombreux, bien sûr,
parce que c'est au niveau d'une circonscription électorale mais les
maires des municipalités sont des gens élus. Mais, bien des fois,
à bien des égards, ce n'est pas leur seul travail. Ils y sont
obligés parce que les salaires des maires des petites villes sont
tellement minimes, sinon rien du tout. Pas rien du tout, mais tellement minimes
que cela leur coûte plus cher de leur poche pour les
représentations qu'ils ont à faire dans leurs
municipalités. Je pense qu'ils sont obligés d'avoir un autre
travail pour être en mesure de boucler la boucle pour le financement de
leur famille. Donc, ce sont des gens qui ont été élus par
une population et ils ont à rendre des décisions, eux aussi.
Donc, ce sont des gens qu'on doit écouter lorsqu'il y a une
réflexion ou une prise de décision, une loi à mettre sur
pied, une réglementation à faire. Ce sont des élus du
peuple. Si une collectivité a eu confiance en ces gens, comme ils ont eu
confiance en leurs députés en leur donnant la majorité
dans leurs circonscriptions électorales, c'est qu'on doit, M. le
Président, croire que nos maires sont des gens très importants et
que nous devrions, surtout le ministre des Affaires municipales vu qu'il est
supposé être le chef de file des maires des municipalités,
quand il met une loi sur pied, consulter non seulement les maires qui ont sa
couleur à lui, mais l'ensemble des maires des municipalités qui
veulent s'exprimer sur une réglementation, sur un projet de loi, sur une
décision importante qui va toucher, dans l'avenir, le travail qu'ils ont
à faire dans leurs municipalités respectives.
M. le Président, je voudrais aussi vous parler de la
démarche du comité dont M. Vincent Lemieux était
président. Dans sa démarche, le comité a voulu identifier
l'essentiel des préoccupations du monde municipal dans sa recherche
d'avenues qui assureront son avenir et son épanouissement. Ce n'est pas
à coups de lois qu'on va, je pense, permettre au monde municipal de
s'épanouir. Une loi, ordinairement, est faite parce qu'il y a un
problème quelque part. Dans le cas de la loi dont on discutera et dont
on discute aujourd'hui, il n'y a eu aucune espèce de recommandation ni
de problème. S'il y en a eu, le ministre s'est bien gardé de nous
les faire connaître. Nous ne les connaissons pas au moment où l'on
se parle et je pense qu'il serait dans l'intérêt des membres de
cette commission, si le ministre a certaines informations de ce genre, qu'il
les dépose pour que nous puissions en prendre connaissance. S'il ne l'a
pas fait, c'est sans doute parce qu'il n'est pas en mesure de nous les fournir,
car il n'en a pas. S'il n'en a pas, pourquoi faire une loi pour changer ce qui
fonctionnait bien pour les quartiers municipaux?
J'étais en train de vous lire la démarche du
comité. Le comité de M. Vincent Lemieux, que j'aimerais que vous
acceptiez d'entendre à la commission, mettait au point un document qui
puisse favoriser des discussions et des prises de décision
éclairées de la part des élus. Je viens de vous faire un
exposé sur ce qu'est un élu du peuple, une personne qui a un
rayonnement, qui a des connaissances et en qui ses concitoyens et concitoyennes
ont confiance puisqu'il lui ont donné la responsabilité de
premier magistrat de leur municipalité. Donc, c'est un homme ou une
femme qui a l'estime de ses concitoyens et concitoyennes et qui devrait, dans
les cas d'une loi municipale, être consulté. Le ministre va s'en
mordre les pouces, et cela ne prendra pas de temps. Le monde municipal est en
congrès. Il débute ce soir. Je pense que des questions seront
posées sur le ministre. Est-ce que c'est un ministre qui s'entoure d'une
cage de verre autour de laquelle ne gravitent que les personnes qui ont la
même idée que lui? Est-ce que c'est un ministre qui ne veut pas
questionner les autres maires pour ne pas déranger sa petite ligne de
pensée? Est-ce que c'est ce dont le monde municipal a besoin comme chef
de file? Je ne pense pas, M. le Président. Je pense que les élus
municipaux vont être en mesure de témoigner au ministre de leur
déception, en ce sens qu'ils se croient mis de côté par un
ministre qui n'a pas confiance en eux. Il ne peut pas avoir confiance aux
maires de chacune des municipalités s'il ne les consulte pas. Donc, M.
le Président, je trouve regrettable qu'on ait un ministre qui fasse la
sourde oreille au monde municipal.
Tout à l'heure, je vous disais qu'il y avait d'autres
démarches que le comité de travail sur les pouvoirs des
municipalités et des MRC a mises sur pied, c'était de favoriser
aussi chez les élus locaux - écoutez bien cela, M. le ministre,
cela va peut-être vous éclairer - le développement d'un
discours plus structuré et représentatif des orientations
privilégiées pour les membres de l'Union des municipalités
régionales de comté du Québec, stimuler la
réflexion sur les inquiétudes
et les aspirations du monde municipal. Voilà la démarche
fort concrète et fort pertinente que le comité de travail de M.
Vincent Lemieux, qui était le président de ce comité, a
mise sur pied.
Il y a eu beaucoup de questions et de recommandations du comité
sur les inquiétudes du monde municipal. Si le ministre faisait de
même, nous aurions aujourd'hui l'occasion de dire que c'est un ministre
vraiment responsable et représentatif du monde municipal.
M. le Président, puis-je vous demander combien il me reste de
temps? Je m'excuse.
Le Président (M. Saint-Roch): II vous reste 13 minutes,
Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: Un chiffre chanceux, M. le Président. Je suis
très contente d'apprendre qu'il me reste 13 minutes et probablement que,
dans ces 13 minutes, je vais être en mesure d'obtenir que le ministre des
Affaires municipales puisse acquiescer à ma demande de pouvoir, en plus
de M. Parizeau, accepter que M. Vincent Lemieux vienne éclairer le
ministre ici. Je pense que M. Vincent Lemieux se ferait un plaisir
déboutonné de venir nous rencontrer et nous éclairer sur
les mesures et l'expérience fort concrète qu'il a amassée
tout au long des études et des évaluations qu'il a faites lors de
son travail. Il y a eu, dans le contexte du comité, de nombreuses
questions qui ont été posées en ce qui concerne les
structures locales et régionales. Les orientations et recommandations
que nous proposons à ce sujet, dit le comité de M. Vincent
Lemieux, ont été regroupées sous quatre thèmes
principaux soit: les municipalités locales, les municipalités
régionales de comté, les organismes régionaux et
l'état du monde municipal.
La première question, attendez, j'ai vu cela tout à
l'heure, il y a eu beaucoup de questions soulevées par les gens du monde
municipal, les principaux intervenants. J'aimerais vous en faire part, M. le
Président. Je m'excuse si j'ai un petit délai. C'est parce que je
suis en train d'essayer de trouver l'endroit. Bon! Les principales
interrogations des gens du monde municipal étaient: Devrait-on
préconiser une plus grande décentralisation des services et
pourquoi? Cette première interrogation est celle qui a suscité le
plus de débats. Je comprends! On veut leur donner plus de pouvoirs mais
moins d'argent. Quand on voit qu'ils ont trop de pouvoirs, on leur
enlève leurs pouvoirs et le ministre passe une petite loi pour
être le seul à donner le fin mot de l'histoire là-dedans.
Ce qui fait que les gens du monde municipal ne savent plus sur quel pied
danser.
Il y a un ministre, d'une part, qui ne les écoute pas et qui fait
sa petite affaire tout seul dans sa cage de verre, entouré de tous ses
"yes men" et ensuite, d'un autre côté, les gens du monde municipal
sont fort déçus, eux qui ont eu la faveur de leurs concitoyens et
de leurs concitoyennes se revirent de bord et, avec l'autorité qui leur
a été dévolue par l'élection municipale, se croient
en mesure d'être écoutés par le chef de file. Ils arrivent
ici: Non, pas de possibilité. Le ministre ne les incorpore pas à
la décision qu'il prend de mettre sur pied telle ou telle
recommandation, telle ou telle réglementation, telle ou telle loi. Une
chance qu'on a le député de Jonquière! Une chance! Moi, en
tout cas, je pense que si le député de Jonquière
n'était pas présent, attentif et n'était pas... Il faut
qu'il soit là, M. le ministre, parce que sans cela le monde municipal
serait complètement ignoré. Vous feriez des lois à votre
mesure, à votre ressemblance, sans accepter que le monde municipal
puisse avoir la parole. Une chance que le député de
Jonquière est là pour défendre les intérêts
d'un monde duquel il vient de sortir! Avec toute l'autorité qu'il avait,
les responsabilités qu'il connaît, il n'y a que le
député de Jonquière qui soit en mesure de discuter parce
que vous ne permettez pas aux maires des municipalités de pouvoir vous
parler. Une chance qu'il y a le député de Jonquière pour
défendre le monde municipal! Ce n'est pas vous qui le défendez.
Vous adoptez des lois et vous brimez, en quelque sorte, le monde municipal.
Je pense que des reproches vont vous être adressés en temps
et lieu. Dans l'électorat, il y a des gens qu'on n'entend pas en autre
temps que lors des élections. Par contre, quand les élections
arrivent, les gens silencieux font une croix. Ils vont faire une croix sur le
bon bord. Si le ministre des Affaires municipales continue de les ignorer,
lorsque le vote viendra, les gens du monde municipal, qui sont des élus
municipaux respectés, vont ignorer le ministre. S'il ne veut pas
comprendre le bon sens, qu'est-ce que vous voulez qu'on fasse? Ce n'est pas
nous qui irons faire du tapage pour que les gens changent d'idée. Ils le
savent, ils le voient faire depuis deux ans et demi. Le monde municipal se pose
de graves questions sur la décentralisation des services. Il y a des
maires devant nous. Je suis sûre qu'ils ont participé à
cela et qu'ils souhaiteraient que le ministre ait plus d'ouverture. M. le
Président, les participants sont conscients que la
décentralisation n'est pas une fin en soi, mais plutôt un moyen
pour réaliser certains objectifs. La discussion sur ce thème aura
d'abord permis de mettre en lumière - écoutez bien cela -
l'incohérence de certaines politiques gouvernementales. Ce n'est pas moi
qui le dis. C'est le monde municipal qui le dit. L'incohérence du
gouvernement, l'inadéquation de nombreux programmes... (12 heures)
M. Middlemiss: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Pontiac.
M. Middlemiss: Est-ce que la députée de Johnson
pourrait nous dire de quelle année on parle?
Mme Juneau: Je vous parle, M. le Président,
du rapport qui a été présidé par M. Vincent
Lemieux. Je voudrais qu'il soit assis ici pour nous éclairer sur le
rapport du comité de travail sur les pouvoirs des municipalités
et des MRC. S'il ne sait pas quelle année, c'est parce qu'il ne l'a pas
lu. S'il ne sait pas ce que cela dit, c'est parce qu'il ne le sait pas; il ne
s'en mêle pas; il ne s'en occupe pas. Il est là pour voter; c'est
une machine à voter. Il ne devrait pas poser des questions comme cela,
M. le Président. Il est en train de témoigner publiquement de sa
non-connaissance du rapport.
M. Middlemiss: M. le Président.
Mme Juneau: Je ne ferais pas cela à sa place, H se
cale.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Pontiac, sur une question de règlement.
M. Middlemiss: Est-ce que madame ne peut pas nous dire la date de
ce rapport. Sinon qu'elle l'oublie et je n'en ferai pas un plat.
Une voix: II a été publié en 1986.
Le Président (M. Saint-Roch):... M. le
député de Pontiac, ce n'était pas une question de
règlement.
M. Middlemiss:... un document. Est-ce qu'elle pourrait le
déposer, M. le Président?
Des voix:...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Vermette:... il dépose sa correspondance.
M. Middlemiss: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): A l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre, Mme la députée de Marie-Victorin!
M. le député de Pontiac, ce n'était pas une question de
règlement. Vous pouvez poursuivre, Mme la députée de
Johnson.
Mme Juneau: M. le Président, je reconnais encore votre
intégrité et je vous remercie beaucoup. Premièrement, je
ne peux pas le déposer. Je n'ai que ce rapport-là. S'il veut en
avoir un, qu'il aille s'en chercher un à la bibliothèque. Je ne
suis pas sûre qu'il sait le chemin pour aller à la
bibliothèque seulement!
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Donc, vous ne l'avez pas lu encore aujourd'hui?
Mme Juneau: M. le Président, est-ce que je pourrais
terminer mon intervention?
Le Président (M. Saint-Roch): Vous avez toujours la
parole, Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: Je vous remercie. Vous savez, plus on parle de
l'autre côté, plus on se cale. On se rend compte que ces rapports,
ils ne les ont pas lus et cela devrait peut-être... S'ils font partie,
s'ils ont été des anciens maires, cela devrait les regarder le
moindrement. Il me semble qu'ils devraient savoir ce que peut...
Une voix: Des maires indignes.
Mme Juneau:... contenir ce rapport fort important et fort
déterminant dans le monde municipal.
M. le Président, je suis en train de vous dire que
l'incohérence de certaines politiques gouvernementales,
l'inadéquation de nombreux programmes, le cloisonnement des
ministères ainsi que le manque de concertation entre le sommet et la
base... Savez-vous ce que cela veut dire, M. le ministre, le sommet et la base?
C'est vous et les maires. C'est ce que ça veut dire, voir la distance
qui sépare l'État central des régions. Vous comprendrez,
M. le Président, que je ne parle pas dans le vague, quand je dis que M.
Vincent Lemieux serait l'homme dont nous aurions besoin ici, non seulement pour
les membres de la commission, mais pour le chef de file des maires de nos
municipalités, qui s'appelle le député de...
Une voix: Elle ne s'en souvient pas?
Mme Juneau: Je n'ai pas le droit de le mentionner par son nom. Je
m'excuse, mais il y avait juste son nom qui me revenait à l'esprit, le
député de Laporte.
Une voix: C'est un nom prédestiné.
Mme Juneau: C'est le député de Laporte, je
m'excuse. Je ne voulais pas nommer le député par son nom, M. le
Président. Je sais que c'est interdit par le règlement. Il n'y
avait que son nom qui me revenait à l'esprit parce que c'est ce nom que
j'entends décrier dans mes municipalités qui ne sont pas
très heureuses qu'il soit là au ministère des Affaires
municipales.
Ils ne disent pas le député de Laporte chez nous. Ils
disent... Vous savez ce que je veux dire. Ils le nomment par son nom de
famille. Je vais dire, M. le Président, que je suis sûre que le
premier ministre n'aura pas de difficulté à faire la chaise
musicale avec celui que nous avons en face de nous, et le monde municipal
serait peut-être plus heureux d'avoir la députée de Dorion
comme ministre des Affaires municipales. Peut-être qu'elle serait plus
à l'écoute. Ordinairement, une femme écoute beaucoup mieux
et beaucoup plus qu'un homme. Je ne veux
pas faire de sexisme ici, mais je suis convaincue qu'elle ferait
peut-être un excellent travail comme ministre des Affaires
municipales.
Une voix: Elle est bonne, Violette, très bonne.
Mme Juneau: M. le Président, devant tout ce que je viens
de vous dire, j'espère que, dans mon intervention, j'ai
été en mesure de convaincre la personne responsable des Affaires
municipales de l'importance d'écouter M. Vincent Lemieux, qui serait
accompagné de M. Parizeau, bien sûr. Ils seraient deux
sommités en la matière pour être capables de venir nous
éclairer sur le projet de loi dont nous sommes en train de discuter.
M. le Président, j'aurais beaucoup de choses à vous dire.
Il y a eu une deuxième question, lors de ces auditions publiques - chose
qu'on ne verra pas avec le projet de loi sur lequel on discute - qui
inquiétait beaucoup le monde municipal. C'était: Quels sont,
d'après vous, les nouveaux pouvoirs qui devraient être
confiés aux municipalités locales et régionales? Je vais
vous faire grâce de tout ce qui s'est dit là-dessus, compte tenu
que je pense, en tout cas, je souhaite de tout mon coeur que le ministre des
Affaires municipales l'ait lu. S'il ne l'a pas lu, on pourra peut-être,
dans une soirée, l'initier à ce que peut contenir la question no
deux. La question no trois: Que pensez-vous de confier aux municipalités
locales la gérance de certains services gouvernementaux, comme par
exemple la protection des berges, qui continueraient cependant à
être réglementées par le gouvernement provincial?
Mais les municipalités sont ' fatiguées de n'avoir que
quelquefois la possibilité de s'exprimer. Elles veulent avoir l'occasion
d'aider le ministre à faire des lois qui vont être à la
hauteur de ce qu'elles attendent. M. le Président, pour toutes ces
raisons, je voudrais insister pour que vous puissiez m'aider à
convaincre le ministre qu'il est de première importance que M. Vincent
Lemieux soit à notre commission pour que nous puissions l'entendre
correctement. Je vous remercie beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vais maintenant
reconnaître la députée de Marie-Victorin.
Mme Cécile Vermette
Mme Vermette: Merci, M. le Président. Je trouve toujours
assez curieuse la réaction de l'ensemble des députés du
côté ministériel, lorsqu'une femme doit prendre la
parole.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Mme Vermette: M. le Président, par la réaction que
je suscite à ces simples propos, je crois que je fais bonne route en
soulevant....
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Marie-Victorin, je dois vous rappeler que j'ai entendu des commentaires,
à la suite de vos propos, des deux côtés de la table. Je
vous reconnais, Mme la députée, sur le sous-amendement.
Mme Vermette: J'aimerais que de l'autre côté de la
table, c'est-à-dire du côté ministériel, on soit
capable de considérer que les qualités et les attributs
féminins sont d'une portée très importante et
qu'être à l'écoute n'est pas nécessairement le
propre des femmes. Je crois bien que beaucoup d'hommes auraient
intérêt à développer cette qualité.
Le Président (M. Saint-Roch): Je m'excuse, Mme la
députée de Marie-Victorin. M. le député de
Pontiac.
M. Middlemiss: M. le Président, on vient d'écouter
attentivement Mme la députée de Johnson pendant 40 minutes. Je
pense que Mme la députée de Marie-Victorin est dans l'erreur.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Marie-Victorin, je me dois de rappeler que nous en sommes au sous-amendement
de la motion D.
Mme Vermette: Parfait.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vais maintenant vous
reconnaître sur le sous-amendement.
Mme Vermette: Merci beaucoup, M. le Président. Justement,
par le sous-amendement, nous aimerions, en tant qu'Opposition, favoriser M.
Vincent Lemieux, qui a participé au rapport du comité de travail
sur les pouvoirs des municipalités et des MRC, afin qu'il puisse se
faire entendre, au nom de la démocratie.
Je pense que, dans nos institutions, la démocratie est l'un des
volets les plus essentiels si nous voulons qu'encore une fois l'ensemble des
citoyens et citoyennes du Québec puissent avoir confiance en leurs
élus. Car, à la mesure et au rythme où nous allons
à l'heure actuelle, je crois que, de plus en plus, nous utilisons d'une
façon plus restrictive les règles de la démocratie. Il
devient de plus en plus difficile de pouvoir mettre de l'avant cette
qualité essentielle à toute forme de gouvernement, si nous ne
voulons pas tomber dans la dictature.
Je crois qu'évidemment il y a loin de la coupe aux lèvres,
vous me direz. Mais, c'est par leurs actes que l'on peut justement juger les
personnes. Nous disons simplement, si nous voulons vraiment témoigner de
cette ouverture d'esprit qui favorise les meilleurs consensus et
les meilleures prises de décision, qu'il est essentiel d'entendre
le plus de monde possible pour justement nous éclairer et nous apporter
une connaissance vécue de leur problématique, afin que nous
puissions, à notre tour, considérer leurs différentes
préoccupations pour arriver à des lois qui reflètent les
réalités du quotidien au Québec. À notre avis,
c'est pourquoi nous demandons que M. Jean-Jacques Lemieux, qui a
été un des artisans de ce rapport, vienne nous parler...
Une voix: M. Vincent Lemieux.
Mme Vermette: M. Vincent Lemieux, vienne nous parler des
véritables problèmes... M. le Président, comme ils m'ont
dit qu'ils voulaient m'écouter, qu'ils étaient tout oreilles, je
sais qu'ils en sont à leur début dans la pratique de
l'écoute, mais j'aimerais bien qu'ils en fassent la preuve d'une
façon plus constante.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La parole est à Mme la députée de
Marie-Victorin.
Mme Vermette: Je vous remercie, M. le Président. Je disais
donc qu'il serait fort intéressant d'entendre M. Vincent Lemieux, qui a
été un des éminents rédacteurs du rapport du
comité de travail sur les pouvoirs des municipalités, parce que
ce monsieur a pu écouter le vécu, voire le quotidien des
différentes parties dans les municipalités et des
différents membres des MRC. Il aurait été souhaitable
qu'il nous fasse part de leurs vraies récriminations. Est-ce que cette
modification que nous voulons apporter, est-ce que cette nouvelle structure que
nous voulons mettre de l'avant, correspond réellement à leurs
attentes et à leurs préoccupations?
Partout où nous faisons des lectures, que ce soit du rapport de
la commission qu'a présidée M. Parizeau, du rapport de la
commission d'étude sur les municipalités, du rapport du
comité de travail, jamais il n'est fait mention que, au cours de leur
exercice, les différentes autorités municipales ont eu de la
difficulté à mettre en vigueur le redécoupage ou tous les
problèmes auxquels nous faisons référence à l'heure
actuelle. C'est pourquoi nous voulons, non pas qu'il fasse partie de la
commission des élections au niveau national, mais plutôt d'un
comité ad hoc.
Jamais il n'en a été question, et c'est pourquoi nous nous
demandons s'il y a eu une omission de la part des rédacteurs ou des
personnes qui ont présidé ces différents comités.
Est-ce parce qu'ils auraient mal entendu ou mal interprété les
dires des différents représentants des différentes
municipalités? C'est pourquoi nous disons que, si rien ne transpire
à ce niveau dans les différents documents, il serait
intéressant de faire venir ces personnes pour nous dire pourquoi elles
ont fait cette omission dans les différents rapports des
différentes études. Là, nous ne voyons absolument rien.
Aucun chapitre. Même pas deux ou trois lignes pour souligner le fait. Je
trouve fort étonnant de voir une telle omission puisque c'est l'objet
même du projet de loi actuel que nous voulons mettre de l'avant avec le
ministre des Affaires municipales. Nous nous demandons sur quoi il se base, sur
quelle demande il se base pour en arriver à faire des modifications
aussi substantielles, alors que cela ne semble pas avoir soulevé une
problématique d'application dans les normes d'application que nous
connaissons à l'heure actuelle. Pourquoi faire tous ces transferts?
Pourquoi faire tous ces changements? Finalement, pourquoi former un
comité ad hoc qui devra être, encore une fois, en conflit
d'intérêts puisque la Commission municipale du Québec est
juge et partie, car elle doit faire référence au ministère
des Affaires municipales et de l'Habitation. Vous savez comme moi que, sans
trop vouloir accuser les gens de vouloir faire de la politique ou de la
politicail-lerie, nous sommes tous des hommes et des femmes plus ou moins
sujets à subir des pressions. Vous savez aussi que cela dépend
des différentes clientèles électorales, dans bien des cas.
(12 h 15)
Donc, pour éviter ce genre d'attitude et de comportement, nous
disons: Pourquoi ne pas laisser l'application de ces règles bien
établies, bien appliquées dans les structures déjà
existantes? Pourquoi vouloir imposer d'autres structures qui seraient tout
simplement une dépense de plus et qui ne répondraient pas
à l'amélioration et à l'efficacité que, justement,
la Commission de la représentation électorale, telle qu'elle
existe actuellement, tend à donner? Donc, je ne vois pas
l'utilité actuellement, au moment où l'on se parle, et le
ministre n'a pas pu nous faire la preuve de la nécessité et de la
volonté de l'ensemble des différents comités. J'aimerais
qu'une liste nous soit remise des gens qui ont présenté des
doléances ou qui, tout simplement, ont manifesté une
incapacité à mettre en application les règles du jeu
existantes, à cause de conflits qui pourraient survenir parce que,
justement, il n'y aurait pas possibilité pour eux de faire entendre ou
de faire connaître leur volonté. Il n'y a rien, aucune trace
à cet effet.
C'est pourquoi nous disons: Référons-nous à des
personnes compétentes, qui ont un vécu, qui ont pris connaissance
justement par des consultations très larges, qui ont pu vérifier,
auprès des intervenants et des principaux concernés, leurs
commentaires et leurs réactions face à leur gestion courante au
niveau des municipalités. Actuellement, ce serait d'un grand recours et
cela pourrait nous apporter un éclaircissement fort valable et
appréciable, et nous pourrions peut-être, à ce
moment-là, compte tenu des circonstances et compte tenu de ce qui
pourrait ressortir de ces propos et de ces débats, appuyer le ministre
si cela répond vraiment à une volonté
des gens qui sont en place. Par contre, si c'est simplement pour
éviter un consensus sur ce qui se passe à la Commission de la
représentation électorale, afin d'en arriver à favoriser
certaines clientèles électorales, eh bien, M. le
Président, vous savez fort bien qu'en tant qu'Opposition nous avons
rendu, parmi les premiers, les caisses électorales justement les plus
démocratiques possible et nous avons toujours été reconnus
pour notre forme et notre application de la démocratie. Je pense que
nous ne pourrons pas souscrire à un tel projet de loi.
Nous sommes ici pour favoriser l'ensemble de l'application qui maintient
justement la démocratie dans nos institutions. C'est pourquoi, M. le
Président, nous recommandons fortement que le ministre puisse
répondre à nos appels et qu'il favorise justement le fait que le
plus grand nombre de gens possible puisse venir nous éclairer et nous
apporter les raisons de leur omission dans leurs deux rapports, de sorte que
jamais nous ne puissions soulever une problématique de taille à
ce niveau. Je vous remercie, M. le Président, et j'espère que le
ministre en prendra bonne note.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, Mme la
députée de Marie-Victorin.
Des voix: Bravo!
Le Président (M. Saint-Roch): Je vais maintenant
reconnaître M. le député de Saint-Jacques.
M. André Boulerice
M. Boulerice: Effectivement, cette partie risque d'être
moins drôle puisque je remarque que le ministre n'a pas, cette fois, son
dictionnaire de citations; donc, il sera à court de réplique, de
façon évidente.
Une chose, M. le Président, qui me revient un peu à
l'esprit, c'est cette espèce de mépris que le ministre peut avoir
quand if s'agit d'inviter des gens à faire connaître leur opinion
sur un projet de loi qu'il défend ou une commission parlementaire qu'il
tient.
Je me rappelle fort bien, l'été dernier, lorsqu'on tenait
la commission sur l'habitation où l'on invoquait la pseudo-levée
du moratoire qu'il s'apprêtait à effectuer, on avait finalement
forcé le ministre à tenir une commission parlementaire. Je me
rappelle avec quel mépris, M. le Président, il a traité la
très grande majorité des intervenants qui se sont
présentés en commission parlementaire.
Voilà que dans un projet de loi, le projet de loi 96 qui est
présenté devant nous, on lui a demandé de rencontrer des
gens - et je vais employer cette expression populaire qu'il connaît bien,
j'espère - qui ne sont pas des "deux de pique"; on lui a demandé
de rencontrer le président-directeur général de la
Commission de la représentation électorale, qui est M.
Côté. Il a quand même une très grande expertise. Il
fait un travail, je pense, qui est apprécié, même si on
peut diverger, à l'occasion, sur certaines de ses appréciations.
Il est néanmoins reconnu que M. Côté est un homme d'une
très grande intégrité; une intégrité
d'ailleurs qui a été reconnue par le gouvernement
précédent, qui, lui, était moins partisan dans ses
jugements, et qui a fait d'ailleurs que le président-directeur
général des élections relève de l'Assemblée
nationale. On lui a demandé de rencontrer le président de
l'ex-commission d'enquête sur les municipalités, M. Parizeau,
ancien ministre des Finances, dont un de ses grands copains - je parle du
"ministre des Affaires minimales" comme il se plaît à s'appeler
lui-même - du ministre des Affaires municipales, le ministre
libéral des Finances de l'Ontario disait qu'il était un des
meilleurs ministres des Finances au Canada. Alors, c'est eux qui le disent au
départ.
Là, on demande de rencontrer, M. Vincent Lemieux qui a fait une
étude fort intéressante et fort pertinente, qui est le rapport
justement du comité de travail sur les pouvoirs des municipalités
et des municipalités régionales de comté. C'est un rapport
qui a été déposé en septembre 1986, si ma
mémoire est bonne. Le ministre se refuse à recevoir ces personnes
qui pourraient apporter un éclairage. Pourquoi le ministre s'y
refuse-t-il? Est-il, aujourd'hui, en train de faire - pour parier dans un
vocabulaire très québécois - la "job" de son
collègue, le leader du gouvernement, qui n'a pas le courage de venir la
faire lui-même et qui là fait faire par le ministre des Affaires
municipales? On voit le haut degré de démocratie qui peut animer
ce gouvernement quasi totalitaire numériquement dans le Parlement et
avec la tentation de même nature qui l'anime.
Quand le Parlement a voté une loi prévoyant un recensement
des électeurs compte tenu d'une modification de la carte et que l'on
voit M. Gratton se promener dans le paysage en disant: Ah! le vote du Parlement
on s'en fout, on va arriver avec une loi spéciale. Bel esprit de
démocratie pour des gens qui se sont appropriés le mot
"libéral" quand on connaît la définition et le sens
philosophique qu'il a, si on sait lire le dictionnaire. Le ministre aurait
avantage à lire le Petit Robert - "petit"" est l'appellation usuelle
d'un dictionnaire connu. Je ne faisais pas allusion à son chef. Le
ministre aurait avantage à lire le Petit Robert ou à
défaut le Grand Robert qui est une collection que je possède et
que j'aurais beaucoup de plaisir a lui prêter, s'il le souhaite, afin que
le ministre se rende compte qu'effectivement "libéral" n'a pas du tout
le sens qu'il lui attribue actuellement.
Donc, dans un projet de loi aussi important, demandé par
personne, entre parenthèses, est-ce que le ministre pourrait
m'énumérer la liste des organismes, des municipalités, des
maires, des présidents de MRC qui lui ont demandé de
réviser la loi dans le sens qu'il souhaite? Est-ce que le
ministre pourrait répondre à ma question? J'entends le silence.
Le silence est toujours une réponse. Lorsqu'on reste coi à une
question, c'est qu'on n'a effectivement pas la réponse. Le ministre
s'apprête à faire un traficotage. Qui pourrait mieux
dénoncer ce traficotage que les trois personnes qu'on a demandées
comme intervenants ici, auprès de cette commission, qui nous donneraient
un éclairage particulier de la situation qui prévaut? Vous savez,
il y a un chroniqueur dans un journal anglophone, à Montréal,
qu'on connaît bien, qui avait déjà écrit un article
compte tenu du nombre d'élections qu'il y avait eu dans ma
circonscription: élections municipales, élections scolaires,
élections partielles - qui ont été un triste
épisode qu'on a corrigé peu de temps après -
élections fédérales. Il citait la phrase suivante: Quand
on demande à un jeune dans la circonscription de Saint-Jacques, ce qu'il
veut faire dans la vie, il répond: Moi, je veux être comme mon
père, je veux être recenseur. Et la deuxième question
était: Quand cela frappe à votre porte, le matin, qu'est-ce que
c'est? La réponse: Ce n'est pas le laitier, c'est un candidat qui vous
donne son dernier tract électoral. C'était une façon assez
humoristique, M. le Président de noter, effectivement, les
chevauchements de juridiction qui peuvent exister et la multitude de
recensements électoraux avec des cartes différentes, ce qui peut
paraître anodin en milieu rural. Là, je fais allusion à
l'actuel député de Lotbinière qui ne semble pas
préoccupé par cette loi.
Le sentiment d'appartenance, les limites géographiques et
territoriales sont choses faciles en milieu rural, mais en milieu urbain, cela
devient beaucoup plus compliqué de faire ces délimitations et, en
plus, de permettre aux gens d'avoir un sentiment d'appartenance. Donc, nous
avions décidé, nous du gouvernement précédent, de
confier cette tâche à la Commission de la représentation
électorale, qui a une expertise reconnue depuis des années. Ce
sont toujours eux qui ont organisé les élections nationales au
Québec. Je dis bien national; je ne partage pas le point de vue
étroit de la partie gouvernementale, qui est de ramener le Québec
au rang de province, même si on dit qu'elle est distincte. Pour moi, le
Québec est un Etat. Je suis quand même fidèle à la
pensée de M. Lesage, qui a été votre premier ministre,
votre président de parti, longtemps, et que avez saqué
d'ailleurs, après la défaite de 1966 aux mains de l'Union
Nationale. Donc, qui, mieux que la Commission de la représentation
électorale, peut organiser les élections?
C'est bien entendu qu'on souhaiterait revenir, d'abord en
commençant par les municipalités, à ce bon vieux
traficotage des cartes, des analyses. Tel "poil", c'est rouge, on va le passer
sur notre bord. Tant mieux! Un exemple qu'on a bien connu. Un retour à
l'époque Tas-chereau ou à l'époque duplessiste, puisque,
à l'époque, bonnet bleu et bonnet blanc se ressemblaient bien. Il
semble que le ministre ait la nostalgie de cela et que son leader aussi.
Donc, on lui demande, pour une fois, d'entendre la voix de la raison et
de s'établir dans la distinction que Rivarol donnait de la politique en
disant: Un politicien prépare sa prochaine élection, ce qui est
bien son cas, et un homme politique prépare la prochaine
génération, ce qui est notre cas, nous, les députés
de l'Opposition. Ce qui nous préoccupe, c'est de donner au Québec
des institutions solides.
Donc, M. le Président, je ne peux qu'appuyer la proposition
présentée par ma collègue, la députée de
Johnson, préoccupée, d'ailleurs, de la question municipale,
puisqu'elle a dans sa circonscription au-delà de 30
municipalités, si ce n'est pas plus, même 35 municipalités,
une réalité qui échappe au député de
Laporte...
Le Président (M. Saint-Roch): En conclusion, M. le
député de Saint-Jacques.
M. Boulerice:... qui, lui, a été membre du conseil
d'administration de la Place Desjardins de 1973 à 1977. Oh! je ne sais
pas s'il discutait de réforme de la carte avec le directeur
général de la Place Desjardins à cette
époque-là. Mais il y a une chose qui est bien certaine, c'est que
le ministre éprouve un mépris évident envers tout
intervenant plus connaissant que lui-même sur le sujet. On l'a vu dans la
commission de l'habitation. Le ministre devrait, puisqu'il aime les citations,
employer celle de Talleyrand qui dit: Vaut mieux se rétracter et s'en
attribuer tous les mérites que de persister et être vaincu.
Alors, que le ministre s'évite le ridicule d'être
obligé de se promener en autobus dans le centre-ville de Saint-Jacques
pour constater l'état pitoyable de l'habitation, comme il a dû le
faire, alors qu'il ne voulait pas entendre les gens lui en parler et qu'il
accepte de rencontrer les gens dont on lui a souligné le nom et surtout
la très grande compétence. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Saint-Jacques en vous rappelant que vous avez
dépassé votre temps. M. le député de
Jonquière, il reste vingt secondes.
M. Dufour: Vingt secondes. Je vais demander l'ajournement du
débat, quitte à prendre le droit de parole au début de la
prochaine commission parlementaire.
Le Président (M. Saint-Roch): Ayant épuisé
le mandat qui nous avait été confié par l'Assemblée
nationale, j'entends par là l'horaire, la commission ajourne maintenant
ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 30)