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(Dix heures dix-sept minutes)
Le Président (M. Paradis, Matapédia): À
l'ordre, s'il vous plaît!
Alors, la commission de l'aménagement et des équipements
reprend ses travaux. J'aimerais vous rappeler le mandat de la commission, soit
de procéder à J'étude détaillée du projet de
loi 15, Loi modifiant la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la
faune concernant les habitats fauniques.
M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président, il n'y a aucun
remplacement.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Alors, je
cède immédiatement la parole à M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Yvon Picotte
M. Picotte: Merci, M. le Président. Contrairement à
ce que nous avons fait avec l'autre projet de loi, j'aimerais faire, le plus
brièvement possible, une déclaration d'ouverture dans le but de
préciser davantage certains points qui vont peut-être apporter des
éclaircissements et montrer un peu dans quelle orientation le
gouvernement se dirige face à la protection des habitats fauniques. Je
vais commencer immédiatement.
Puisque nous commençons l'étude article par article du
projet de loi 15, Loi modifiant la Loi sur la conservation et la mise en valeur
de la faune, pour y ajouter des dispositions devant assurer la conservation des
habitats fauniques, permettez-moi de rappeler les dispositions principales de
ce projet.
Douze types d'habitats sont définis par voie
réglementaire. Pour dix d'entre eux, la localisation exacte ferait
l'objet d'un plan cartographie et l'existence de chacun d'eux serait
publicisée par un avis à la Gazette officielle du
Québec. De plus, le plan d'un habitat faunique serait transmis au
ministère de l'Énergie et des Ressources pour insertion dans le
plan d'affectation des terres publiques ainsi qu'aux municipalités
régionales de comté pour insertion éventuelle dans les
schémas d'aménagement le cas échéant. Le projet de
loi prévoit que nul ne peut, dans un habitat faunique, faire une
activité susceptible d'entraîner des dommages à cet
habitat. Cette interdiction ne s'applique pas, cependant, à une
activité exclue par le règlement: à une activité
faite conformément aux normes ou conditions d'intervention
déterminées par règlement: à une activité
préalablement autorisée par le ministre ou le gouvernement et
à une activité requise pour prévenir ou réparer un
dommage résultant d'une catastrophe appréhendée.
En cas de non-respect de la procédure d'autorisation ou des
conditions d'autorisation, le ministre pourrait suspendre ou révoquer
l'autorisation ou confisquer la garantie fournie par le titulaire et l'utiliser
afin de réparer les dommages causés à l'habitat. Il
pourrait également émettre une ordonnance ou requérir une
injonction de la Cour supérieure.
Le gouvernement pourrait, aux conditions qu'ii détermine,
autoriser la réalisation d'une activité qui modifie un habitat
faunique s'il estime que la non-réalisation ou l'abandon de cette
activité entraînerait pour la collectivité un
préjudice plus grand que l'altération de l'habitat faunique en
cause. Ceci donnerait au gouvernement l'occasion de rendre une décision
avec l'éclairage qu'apporterait une audience publique. Un avis
d'autorisation, assorti éventuellement de conditions susceptibles de
rendre le projet plus acceptable au plan écologique, pourrait ensuite
être émis.
Pour l'exercice de ses responsabilités, le ministre pourrait, par
protocole d'entente, confier certains de ses pouvoirs à une corporation
municipale ou à une municipalité régionale de
comté. Il pourrait, dis-je, également délivrer une
autorisation générale à un autre ministre pour des
activités effectuées par ce dernier dans un habitat faunique
conformément à des normes et à des conditions
d'intervention applicables.
En vue de l'application des dispositions de ce nouveau chapitre sur la
protection des habitats, le ministre pourrait émettre des
règlements sur les normes et les conditions d'intervention dans un
habitat faunique, ainsi que divers autres règlements.
Outre les amendes imposées pour une infraction à certaines
dispositions, le ministre pourrait, aux frais du contrevenant, remettre un
habitat dans l'état où il était avant la commission de
l'infraction. Enfin, le ministre pourrait accorder une aide financière
à toute personne qui exerce une activité sur une
propriété privée où est situé un habitat
faunique si le refus d'autoriser une activité, si une condition
prévue dans une autorisation ou si une norme ou condition d'intervention
prévue par règlement lui cause un préjudice
réel.
M. le Président, lors du dépôt du projet de loi 15,
l'Opposition a eu l'occasion de faire état de ses commentaires
préliminaires. M. le député de Dubuc a rappelé
à ce moment, ainsi que je le faisais moi-même dans mon discours de
présentation du projet de loi, les préoccupations et les
démarches que le gouvernement antérieur avait entreprises quant
à la conservation des habitats fauniques. Cependant, au-delà de
ces préoccupations communes, le député de Dubuc a
manifesté quelques appréhensions sur des points
spécifiques
du projet de loi.
En guise de présentation devant la commission de
l'aménagement, j'aimerais reprendre les appréhensions
exprimées et tenter de fournir des éléments de
réponse. Ainsi, on semble craindre que trop de latitude ait
été laissée au ministère de l'Énergie et des
Ressources dans l'application de la loi.
J'aimerais rappeler, M. le Président, que la détermination
du plan d'un habitat se fait en collaboration avec divers ministres
identifiés à l'article 128.2, dont, entre autres, le ministre de
l'Énergie et des Ressources. Ce ministère n'a donc pas la
latitude de déterminer lui-même le nombre, la localisation et la
superficie des habitats visés. Le ministère de l'Énergie
et des Ressources n'a pas, non plus, la latitude de ne pas Inscrire au plan
d'affectation le plan d'un habitat faunique déterminé. Il est
tenu de le faire selon l'article 125.5. De plus, le ministère de
l'Énergie et des Ressources n'a pas la latitude d'imposer ou de
révoquer les conditions aux activités autorisées, ni de
révoquer une autorisation accordée. Il n'a rien à voir
dans l'établissement ou la confiscation d'une garantie ou l'imposition
d'amende, ni dans la conclusion de protocoles d'entente avec les
municipalités régionales de comté.
Le rôle du ministère de l'Énergie et des Ressources
se limite à collaborer avec le ministre dans la détermination du
plan des habitats, dans l'établissement des activités exclues par
règlement ou des conditions d'intervention déterminées par
règlement. Le ministère entend, cependant, utiliser le Guide des
modalités d'intervention en milieu forestier pour la définition
de la plupart des types d'habitats et légiférer par
référence à ce guide, quitte à en compléter
les prescriptions spécifiquement fauniques.
On s'interroge aussi à savoir pourquoi certains habitats
fauniques feront l'objet d'un plan et d'autres pas. La plupart des types
d'habitats seront effectivement cartographies car ils sont localisés sur
des sites connus, utilisés année après année et
font l'objet d'inventaires sur une base récurrente. Seuls deux types
d'habitats ne seront pas cartographies, soit l'habitat du poisson et celui de
l'orignal.
Dans le cas de l'habitat du poisson, il représente l'ensemble des
plans d'eau du Québec fréquentés par le poisson. Nous ne
croyons pas qu'il soit nécessaire de reprendre cette cartographie d'une
façon spéciale. En réalité, l'information est
disponible sur toute carte topographique.
La définition de l'habitat de l'orignal caractérise les
sites que cette espèce recherche pour s'abriter. Ces sites peuvent
être distribués sur l'ensemble du territoire utilisé par
cette espèce. Ils n'apparaîtront pas sur le plan des habitats,
mais ils seront identifiés sur les cartes de coupe forestière
lorsqu'elles nous seront présentées.
On a aussi dit, M. le Président, que la loi est construite sur le
principe de l'autorisation de faire une activité dommageable pour un
habitat faunique. En fait, tout ce qui n'est pas autorisé par l'article
128.6 est interdit. Je pense qu'il faut bien le préciser: tout ce qui
n'est pas autorisé par l'article 128.6 est interdit, ce qui
représente une quantité considérable d'activités
potentielles. !! faut étudier individuellement chacune des quatre
exclusions pour en comprendre l'esprit.
En premier lieu, le gouvernement pourra par règlement exclure
certaines activités qui ne sont pas susceptibles de porter atteinte
à l'habitat et qui pourraient varier selon le type d'habitat
visé. Ainsi, par exemple, la cueillette de fruits sauvages dans
l'habitat du cerf ou de l'orignal, l'utilisation d'une motoneige dans des lieux
humides protégés pendant la saison froide ou la récolte de
sirop d'érable dans un ravage de chevreuils pourraient être des
activités nommément exclues de la prohibition
générale.
Deuxièmement, il sera possible de faire certaines
activités dans un habitat faunique si celles-ci sont
exécutées conformément aux normes et conditions
d'intervention déterminées par règlement du gouvernement.
Ces normes viseront à garantir qu'une activité potentiellement
dommageable soit effectuée dans des conditions acceptables pour la
conservation d'un habitat faunique. Ainsi, il pourrait, par exemple, être
permis de couper des arbres dont le tronc est supérieur à un
diamètre donné ou d'utiliser de la machinerie de petite dimension
lors d'interventions requises en habitat d'oiseaux aquatiques. Ces normes
pourront viser aussi des activités qui se font
régulièrement dans des conditions comparables et sur des sites
différents tels, par exemple, l'aménagement de cours d'eau
à des fins agricoles ou la construction et l'entretien de ponts.
La troisième exception à la prohibition
générale vise les activités autorisées par le
ministre ou le gouvernement, telles que prévues plus en détail
par les articles 128.7 a 128.9 qui suivent. Cette exception se conçoit
aisément dans la mesure où la loi édicté, en
principe, que toute activité est interdite dans un habitat. Il importe
donc de prévoir un mécanisme qui permette de donner une certaine
souplesse pour faire face aux cas d'espèce. On doit considérer
que ces activités dans un habitat faunique peuvent être
compatibles avec la conservation de cet habitat lorsqu'on leur greffe des
mesures conservatoires et compensatoires et qu'elles peuvent même
constituer une amélioration de l'habitat.
La dernière exception vise les cas d'urgence pour prévenir
ou réparer les dommages causés par une catastrophe réelle
ou appréhendée. Ainsi, par exemple, pour combattre un feu de
forêt, on pourrait creuser des tranchées ou abattre des arbres
pour tenter de circonscrire l'incendie sans se préoccuper de savoir si
ces endroits sont des habitats fauniques protégés.
La délégation de pouvoir à des organismes
municipaux élus semble créer des appréhensions
quant à la multiplication des exceptions et aux multiples
interprétations qui pourraient en découler. Je rappellerai, M. le
Président, qu'il ne s'agit pas de déléguer à des
organismes un pouvoir discrétionnaire qui pourrait conduire à
autant d'interprétations et d'exceptions qu'il y a d'organismes
bénéficiaires d'une délégation. Le
délégataire se verra plutôt confier l'exercice de pouvoirs
balisés par des règlements et guides techniques où les
interprétations ont peu de place. De toute façon, s'il devait y
avoir abus, le protocole comportera des clauses de résiliation qui
pourraient être utilisées, le cas échéant, de
même que des clauses relatives à l'évaluation et au
contrôle du mandat donné aux délégataires.
Lors de leur exposé à l'Assemblée nationale
à l'occasion du dépôt de projet de loi, les
représentants de l'Opposition déploraient l'absence, dans le
projet de loi, d'une proclamation des objectifs et des moyens mis de l'avant
pour assurer la conservation des habitats fauniques. J'aimerais
préciser, M. le Président, qu'à mon point de vue une loi
n'est pas un instrument pédagogique et n'a pas à
énumérer les objectifs qu'elle poursuit. Les objectifs sont
généralement exposés dans un document de politique, ce qui
a, d'ailleurs, été fait dans le document intitulé
"Politique sur la conservation des habitats fauniques et proposition d'adoption
de mesures législatives" émis par mon ministère le 20 mai
1987. Quant aux moyens mis de l'avant, le projet de loi en contient plus d'un
qui se rattachent aux pouvoirs suivants: 1° un pouvoir d'imposer des
conditions aux activités autorisées; 2° un pouvoir de refus
de délivrer une autorisation; 3° un pouvoir de requérir tout
renseignement relatif à la réalisation d'une activité;
4° un pouvoir de suspendre ou de révoquer une autorisation
accordée; 5° un pouvoir d'établir une garantie, de la
confisquer ou de l'utiliser à réparer les dommages causés;
6° un pouvoir d'ordonnance; 7° un pouvoir de recours à
l'injonction; 8° un pouvoir d'imposer des amendes; 9° un pouvoir de
restaurer un habitat altéré et d'en réclamer les frais au
contrevenant, 10° un pouvoir, aux municipalités participant au
protocole, d'imposer des amendes prévues et d'en conserver les montants.
Il y a déjà, comme je viens d'en faire état, une dizaine
de pouvoirs à l'intérieur de la loi. (10 h 30)
Mon collègue, le député de Dubuc, estimait, en
outre, que le partage des responsabilités entre les différents
ministères était absent du projet de loi. Pourtant, le projet de
loi prévoit l'attribution de responsabilités spécifiques
à des ministères spécifiques. Ainsi, le ministère
de l'Énergie et des Ressources, le ministère de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation, le ministère des Transports du
Québec et le ministère de l'Environnement du Québec
doivent collaborer, en vertu de l'article 128. 2, à dresser le plan des
habitats fauniques. Le MER doit inscrire, selon l'article 128. 5, le plan des
habitats fauniques au plan d'affectation des terres du domaine public. Le
ministre peut, en vertu de l'article 128. 8, délivrer une autorisation
générale à un autre ministre. Le ministre peut
requérir, en vertu de l'article 128. 9, le ministre de l'Environnement
de mandater le BAPE de tenir une audience publique. Le ministre doit consulter
ses collègues aux fins de l'établissement des règlements
prévus à l'article 128. 18. Le ministre est tenu de faire adopter
par le Conseil des ministres diverses dispositions de la loi. Comment peut-on
affirmer que les responsabilités des différents ministères
ne sont pas départagées dans le projet de loi avec les points que
je vous ai soulignés, M. le Président, aux différents
articles qui démontrent, hûrs de tout doute, qu'il doit y avoir
cette collaboration assez importante entre les différents
ministères? Enfin - et je clos ma présentation là-dessus -
la Fondation de la faune du Québec sera mise à contribution dans
la mise en oeuvre dudit projet de loi.
Voilà, M. le Président, les remarques d'ordre
général que je tenais à faire, surtout à la suite
des discours de deuxième lecture qui ont été faits
à l'Assemblée nationale par différents collègues et
des questions que se sont posées les représentants de
l'Opposition face à certains points. Je pense bien que les brèves
explications que j'ai pu fournir sont venues éclaircir davantage les
points que l'Opposition pouvait trouver obscurs. Sans aucun doute, au fur et
à mesure de l'étude des articles, M. le Président, il nous
sera possible de dissiper ou, en tout cas, de corriger certaines impressions
que pourrait avoir laissées le projet de loi après une lecture
rapide. C'est la raison pour laquelle nous procéderons plus en
profondeur pour éciaircir ces points-là. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Est-qu'il y a des remarques préliminaires, M. le député de
Dubuc?
M. Hubert Desbiens
M. Desbiens: M. le Président, je serai très bref.
J'ai trouvé bien que le ministre précise, comme il vient de le
faire, certains éléments ou certains articles de la loi. Il est
évident qu'à l'étude de chacun de ces articles-là,
on va reprendre tous ces points-là. Il y a, quand même, un point
ou deux que je veux relever rapidement. Il a dit qu'une loi n'est
évidemment pas un document politique en soi. Ce n'est pas catastrophique
que ce ne soit pas dans la loi. Cela ne l'est pas dans plusieurs lois, c'est
évident. Mais, par ailleurs, il y a, quand même, des lois
où les objectifs sont indiqués directement.
De notre part, on aurait aimé que, justement, les objectifs qui
sont poursuivis par la loi sur les habitats fauniques soient inscrits comme
tels dans la loi afin de leur donner un corps et peut-être de les mettre
davantage en relief. C'est, tout simplement, l'objectif qu'on pour-
suivait.
Dans le projet de loi 110, Loi sur la Régie des
télécommunications, dont l'étude s'est terminée en
commission parlementaire, justement, pendant la même période de
session, à l'article 4, on dit: "La présente loi s'inscrit dans
la poursuite des objectifs suivants" et il y a rénumération des
objectifs. C'est une loi qui a été étudiée en
commission ici, Sa semaine dernière. Alors, ce n'est pas catastrophique,
encore une fois, sauf qu'ii me semble que cela aurait été bien
que cela se retrouve inscrit en toutes lettres.
Le deuxième point dont on rediscutera au cours de l'étude
et que je veux souligner immédiatement, ce sont les
délégations et les subdélégations dont le ministre
vient de parler. On en discutera plus à fond, ainsi que de la
difficulté que cela peut créer, à un moment donné,
sur le contrôle et sur l'application des articles de la loi. Quand c'est
délégué aux MRC qui elle-mêmes veulent le
redéléguer à d'autres, pour l'application cela peut
devenir compliqué et difficile de contrôle. Ce sont des points sur
lesquels on s'attardera en cours de route.
Quant à l'étude du principe on ne recommencera pas, on est
d'accord, c'est bien évident, avec cette loi. Comme le ministre l'a
souligné, cela fait un bon bout de temps que c'est en gestation. Je
pense que c'est le produit final maintenant et tout le monde en est heureux.
Pour l'instant, M. le Président, ce sont les seules remarques que je
voulais faire.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Dubuc. Est-ce qu'il y a d'autres remarques
préliminaires? Non. Sur ce, nous allons passer a l'étude
détaillée du projet de loi. J'appelle maintenant... M. le
ministre.
M. Picotte: Juste une courte réaction aux propos du
député de Dubuc qui nous a souligné, évidemment,
une autre loi que nous étudions à la même session, M. le
Président. Dans la loi sur la protection des habitats fauniques, ce qui
est drôlement intéressant et ce qui est important, c'est de se
donner des pouvoirs pour protéger les habitats fauniques alors que
parfois, dans d'autres projets, avec des régies, il faut s'assurer de
bien définir les objectifs puisqu'on donne à d'autres des
pouvoirs discrétionnaires. Mais, chez nous, on garde ces pouvoirs et on
se donne des pouvoirs pour protéger les habitats fauniques. Je pense que
c'est un peu la raison pour laquelle nous avons préféré
procéder de cette façon. L'important chez nous, c'est vraiment
d'avoir les pouvoirs de protéger les habitats fauniques. Cela donne un
peu une réponse, peut-être non satisfaisante, au
député de Dubuc, mais cela donne un peu les objectifs qui nous
ont guidés dans la préparation de cette loi.
Cela étant dit, nous arrivons au premier amendement
proposé.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article. 1. M. le ministre.
Étude détaillée
Administration
M. Picotte: L'article 1, merci, M. le Président. Cet
article fait référence à l'article 2 de la Loi sur la
conservation et la mise en valeur de ia faune (L.R.Q., chapitre C-61.1) qui est
modifié par l'addition, à la fin, de ce qui suit: "et de son
habitat".
Alors, les commentaires: L'article 2 de la loi énonce les
objectifs que sous-tend l'action du ministre, soit de veiller à la
conservation et à la gestion de la faune. C'était cela qui
était inscrit dans la loi. L'amendement proposé introduit le
nouveau chapitre sur les habitats fauniques prévu au présent
projet en précisant que la loi vise non seulement la faune, mais aussi
son habitat. Alors, il s'agit de rajouter comme objectif ces quatre mots qui
viennent préciser davantage notre action face au chapitre que nous
introduisons.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
commentaires?
M. Desbiens: II y a un amendement?
M. Picotte: Bien non, il n'y a pas d'amendement. C'est
l'article.
M. Desbiens: C'est l'article. C'est l'amendement à la loi.
D'accord.
M. Picotte: C'est l'amendement à la loi, c'est cela. Ce
n'est pas un papillon. Je faisais référence à l'amendement
à l'article de la loi.
M. Desbiens: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
commentaires?
M. Desbiens: Son habitat, c'est employé comme cela au
singulier pour généraliser, quoi?
M. Picotte: On parle de la faune et de son habitat.
M. Desbiens: Par rapport à la faune et non aux
animaux.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
l'article 2.
Conditions d'exploitation de la faune
M. Picotte: L'article 2, M. le Président, c'est
finalement: "L'article 26 de cette loi est remplacé par les suivants. "
Il s'agit, dans l'article 2, de remplacer l'article 26 qui dit ceci: "Nul ne
peut déranger, détruire ou endommager le barrage du castor ou les
oeufs, le nid ou la tanière d'un animal.
Toutefois, une personne ou celle qui lui prête main-forte peut
déroger à cette interdiction si elle ne peut empêcher un
animal de causer des dégâts à sa propriété ou
à une propriété dont elle a la garde ou est chargée
de l'entretien. "Le ministre peut, aux conditions qu'il détermine,
autoriser une personne à déroger au premier alinéa. "
Les explications d'usage sont les suivantes: l'article 26 existant - qui
n'est pas encore en vigueur, d'ailleurs, au moment où l'on se parle, on
doit vous le souligner - prohibe de détruire l'habitat d'un animal
déterminé par règlement sauf aux conditions
déterminées par règlement. La rédaction de cet
article en rend l'application difficile puisque, dès sa mise en vigueur,
il faudrait adopter par règlement une liste exhaustive des animaux
protégés et des exceptions permises.
L'amendement proposé vise à corriger cette
difficulté en prohibant d'une façon générale de
détruire ou d'endommager le nid ou la tanière d'un animal, sauf
dans le cas où un animal cause des dégâts à une
propriété. Le propriétaire ou la personne qui l'assiste
pourrait alors passer outre à cette prohibition. Cette approche permet
donc d'éliminer la nécessité d'adopter un règlement
pour donner effet à cette interdiction.
Par ailleurs, compte tenu de la généralité de la
prohibition, il est requis de prévoir un mécanisme pour permettre
dans certains cas d'y passer outre. C'est pourquoi il est prévu que le
ministre pourra, aux conditions qu'il déterminera, déroger
à cette prohibition.
Le contenu de ce nouvel article 26 reprend en partie l'interdiction
prévue au deuxième paragraphe de l'article 67 de la loi qui n'est
pas encore en vigueur. L'article 67 sera donc modifié en
conséquence quand on arrivera là, M. le Président.
Voilà les explications d'usage face à l'article 2 qui vient
modifier l'article 26 de la présente loi.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions à l'article 26?
M. Desbiens: Une question, en tout cas. La tanière d'un
animal, c'est très vague. Est-ce que ce sont tous les animaux?
M. Picotte: J'ai dit, M. le Président, qu'en ce qui
concerne les animaux il y a seulement le castor qui a une maison
différente, si on peut s'exprimer ainsi, qu'on appelle le barrage. La
tanière, c'est l'expression utilisée pour la maison de tous les
animaux. C'est ce qu'on a, d'ailleurs, à l'article 67 du projet de loi.
Si on regarde à l'article 67: "2° détruire sa tanière
si elle est située sur sa propriété ou sur une
propriété dont elle a la garde ou est chargée de
l'entretien. " Donc, le mot "tanière" est le mot utilisé
couramment et qui fait référence à l'habitat ou à
l'habitation des animaux en générai. L'autre différence
qu'il y a, c'est que, pour les oiseaux, on parle de nid et, pour le castor, on
parle de barrage.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Cela veut dire que tout animal est visé;
c'est "at large". C'est cela?
M. Picotte: En utilisant le mot "tanière", tout animal est
visé puisqu'il s'agit là de sa maison, de son habitat.
M. Desbiens: C'est pour cela que vous avez enlevé "par
règlement". Ce sont tous les animaux.
M. Picotte: Avec l'article actuel, il aurait fallu faire un
règlement qui aurait peut-être comporté une centaine de
pages, parce qu'il aurait fallu donner le nom de tous les animaux, alors
qu'avec cela on couvre tous les animaux.
M. Desbiens: C'est beau.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article
26...
M. Desbiens: Maintenant, au troisième alinéa: "Le
ministre peut, aux conditions qu'il détermine, autoriser une personne
à déroger au premier alinéa. " Pourquoi avez-vous encore
enlevé le mot "règlement"?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: Maintenant, on reprend cela un peu à
l'inverse. Dès qu'on a accepté de couvrir tous les animaux et
qu'on met le mot tanière", il faut maintenant au moins prévoir,
quand on aura un cas d'espèce, une possibilité de déroger
à cela. Il faut le prévoir. C'est ia façon de le
prévoir d'utiliser cette formulation. (10 h 45)
M. Desbiens: II faut ie prévoir! Justement, c'était
écrit dans la loi "aux conditions déterminées par
règlement".
M. Picotte: Ce n'est pas par règlement, parce que, si
ça l'était, il serait difficile d'intervenir dans des cas ad hoc.
Exemple: si cela prend un règlement pour intervenir immédiatement
dans un cas que nous jugeons ad hoc, vous voyez tout ce que cela suppose:
prépublication,
publication, etc. Alors, l'habitat serait détruit depuis
longtemps ou, en tout cas, on n'aurait pas le moyen...
M. Desbiens: Sur la façon d'intervenir dans un habitat, il
y a des conditions. Les conditions qui autorisent une personne à
déroger ne visent pas chacun des cas en particulier. Il y a une
façon de procéder. C'est cela, finalement, des conditions.
M. Picotte: M. le Président, je vais demander à Me
Côté... Ah, je m'excuse, vous n'aviez pas terminé.
M. Desbiens: Non, non, allez-y.
M. Picotte: Je vais demander à Me Côté de
donner quelques explications additionnelles sur la façon dont l'article
est rédigé.
Le Président (M. Saint-Roch): Me Côté.
M. Côté (Gaétan): En fait, le nouveau
libellé de l'article établit une prohibition
générale, soit de ne toucher à aucun habitat.
Hypo-thétiquement, il pourrait y avoir des cas ad hoc où on
aurait besoin de déranger le nid d'un animal. Les conditions pourraient
être: vous pouvez détruire la tanière à condition de
la retransporter ou de la réaménager pour compenser. Cela
pourrait être le type de condition, comme on le fait
déjà.
Compte tenu de l'ampleur de l'interdiction, cela se veut un moyen pour
que ce soit viabie dans les cas d'espèce qui pourraient se
présenter. S'il fallait intervenir uniquement par règlement dans
ces cas d'exception, il serait fort difficile d'essayer de prévoir tous
les cas qui pourraient se produire.
M. Picotte: En fait, M. le Président, ce qu'il faut
préciser davantage, c'est que nous ne sommes pas encore à
l'étude des articles sur l'habitat. On est en train de faire du
ménage, d'ajuster les articles qu'on a déjà dans la loi
afin d'utiliser les bons termes face à ce qu'on va apporter. L'exemple
qu'on pourrait donner pour illustrer ce que vient de dire Me Côté
est le suivant. Je me souviens qu'entre autres, à Trois-Rivières,
il y a déjà quelques mois de cela, sinon quelques années,
on avait démoli un édifice plus que centenaire. Il y avait
à l'intérieur des nids d'oiseaux d'une espèce rare et qui
pouvait être menacée. Il a fallu donner i'autorisation pour que
ces nids soient changés de place avec beaucoup de précaution et
aménagés dans un autre endroit.
Ce sont des cas d'espèce semblables à celui-là qui
nous permettront - puisque nous ajustons ces articles avant d'arriver dans le
pur et !e dur de la discussion sur les habitats fauniques - d'intervenir,
maintenant que nous avons déterminé, avec l'article que nous
venons d'étudier, que l'habitat de tous les animaux est
protégé. Il y a des cas d'espèce qu'il faudra
prévoir et il faudra se donner Ses moyens de pouvoir agir rapidement, si
nécessité il y a.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: Je reviens sur le même point. L'article existe
depuis 1983 dans ia loi et il n'y a aucune réglementation. C'est parce
qu'il est indiqué "par règlement". Est-ce que ce règlement
a été préparé?
M. Côté (Gaétan): De la manière dont
l'article est conçu, il faudrait que le règlement
énumère tous les animaux. Il faudrait énumérer
également toutes les conditions dans lesquelles on pourrait
déroger à l'interdiction. L'articie se lit actuellement comme
suit: "Nul ne peut déranger (... ) la tanière d'un animal
déterminé par règlement. " Il faudrait
énumérer tous les animaux. Ceux qu'on n'énumérerait
pas dans le règlement, cela signifierait qu'on aurait le droit de les
déranger ou de détruire leurs nids ou leurs oeufs. On a
inversé la disposition pour en faire une interdiction
générale plutôt qu'une interdiction visant seulement les
cas prévus par règlement, car on ne conçoit pas, de prime
abord, qu'il y ait des animaux dont on pourrait permettre de détruire la
tanière sans raison.
M. Desbiens: Vous parlez toujours de cas, mais la loi parle de
conditions. Les conditions, c'est général. I! peut y avoir des
conditions identiques pour 100 espèces d'animaux. Il est évident
qu'on ne peut rédiger un règlement pour chaque espèce
animale. Il s'agit des conditions de la dérogation. I! me semble que
c'est assez général pour avoir un règlement-cadre qui
englobe cela, à l'intérieur duquel il pourrait y avoir: "dans les
autres cas, le ministre prend une décision". Il y a déjà
une balise pour les cas généraux qui peuvent se produire.
M. Côté (Gaétan): II existe
déjà, en fait, une première exception qui est
prévue au deuxième alinéa, le cas où un animal
détruit une propriété. Cela permettra au
propriétaire d'aller à l'encontre de cette prohibition. Dans les
autres cas, ce pourrait être l'exemple suivant: on construit une route et
il y a l'habitat d'un animal autre que ceux qui seront protégés
en vertu de la section sur les habitats fauniques. Il pourrait y avoir des nids
d'oiseau, une tanière de rats musqués ou d'autres choses comme
cela. Notre interdiction est très très générale, ce
qui fait qu'on ne pourrait pas faire passer la route s'il y avait un nid
à cet endroit. Dans ce cas, on pourrait dire au ministre des Transports
ou à la municipalité: Oui, vous pouvez construire votre route,
même s'il y a l'habitat de tel type d'ani-mal.
M. Desbiens: Vous me parlez toujours de cas.
M. Côté (Gaétan): Cette disposition se veut
vraiment une disposition ad hoc, pour des cas d'espèce.
M. Desbiens: Le ministre va devoir...
M. Côté (Gaétan): II est difficile de
prévoir, dans tout l'activité humaine, quels pourraient
être les cas susceptibles de se présenter.
M. Desbiens: S'il y a 100 cas qui lui sont soumis, le ministre
devra, quand même, avoir un guide pour intervenir. Il devra savoir
quelles sont les conditions générales qu'il impose pour
déroger à la loi. Ce sont ces conditions que je veux voir
inscrire, de façon très spécifique dans un
règlement.
M. Picotte: C'est cela, M. le Président, la
difficulté. Voilà pourquoi cela va surtout faire appel au gros
bon sens d'un peu tout le monde au ministère. Cela va dépendre,
d'abord, de l'ampleur des travaux à effectuer. Parfois, ce seront des
travaux qui ne commanderont pas d'exigences aussi marquées que s'il
s'agissait de travaux d'une ampleur telle qu'on obligerait les gens, soit
à déménager cet habitat, ces nids ou ces tanières,
ou soit à attendre quelques mois ou quelques semaines que les petits
aient quitté le nid ou aient commencé à voler de leurs
propres ailes. Ce sont des cas qui vont nécessiter des applications
particulières, dépendamment de l'ampleur, etc. C'est la raison
pour laquelle il devient difficile de prévoir tous les cas d'avance.
Cela ne serait pas possible.
Je vous donne un exemple, pour bien vous faire comprendre. Est-ce qu'il
faudrait empêcher la construction d'une route de communication entre
paroisses rurales parce qu'il y a deux nids d'écureuil à cet
endroit? Ce serait un peu trop gros comme protection par rapport à
l'utilité que cela pourrait avoir. On est obligé de fonctionner
avec les cas d'espèce qui nous seront soumis et, dépendamment de
l'ampleur et de l'importance, de poser un jugement parfois
différent.
M. Desbiens: Je pense qu'on ne se comprend pas. Je sais qu'il va
y avoir des cas, mais, pour les régler, le ministre chaque fois va
commencer une étude spécifique de ce cas? Contrairement à
ce qu'il mentionne, cela va être plus long s'il n'y a rien de
prévu, si aucune condition n'est établie nulle part, il faudra
qu'il effectue une étude élaborée dans chacun des cas.
C'était déjà dans la loi.
Pour le premier alinéa, cela va, je pense qu'on est d'accord. Sur
l'autre alinéa concernant les dérogations, il me semble qu'il
devrait y avoir un cadre de règlement général.
Après cela, chaque cas serait jugé en fonction de ce
règlement. Ce règlement, ce cadre général
permettrait de plus au ministre d'agir pour les cas qui ne sont pas
prévus dans le règlement. Il se garderait toujours une marge de
manoeuvre pour les cas non prévus au règlement.
En tout cas, on ne passera pas la journée là-dessus, mais
il me semble que ce sont les conditions générales...
M. Picotte: M. le Président, on me dit...
Le Président (M. Saïrrt-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: ...que ce serait très compliqué d'agir
ainsi, avec un cadre général, compte tenu de la diversité
des animaux et du nombre de cas qui pourraient être spécifiques.
Je pense que la formulation qu'on a serait plus souple et nous permettrait
d'agir plus aisément.
M. Desbiens: Plus aisément ou plus difficilement? Ce n'est
pas sûr que ce sera toujours plus aisément ou plus rapidement.
Quand les conditions sont déjà exprimées dans un
règlement, le ministre n'a plus, à ce moment-là,
qu'à s'occuper des véritables cas exceptionnels.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 26 est
adopté?
M. Desbiens: On l'a souligné, je pense, suffisamment au
ministre. S'il veut se garder ce privilège, ce droit,
c'est-à-dire...
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 26 est
adopté?
M. Desbiens: Adopté, mais sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur division. J'appelle
l'article 26.1.
M. Desbiens: Est-ce que vous me permettez de revenir quand
même un peu sur l'article 1, la faune et son habitat? La faune, c'est
général. La faune, ce sont plusieurs espèces d'animaux,
donc plusieurs habitats différents, au moins deux habitats
différents, une tanière ou un barrage de castor. Est-ce que cela
ne devrait pas être au pluriel? Êtes-vous bien sûr de
cela?
M. Picotte: On me dit que non. On me dit, à part cela, que
c'est utilisé au masculin parce que cela élargit...
Une voix: Cela est sûr.
M. Picotte: ...davantage l'endroit.
Une voix: Si c'était au féminin...
M. Picotte: Au singulier, c'est-à-dire. Cela
élargit l'endroit. Quand on parle d'un habitat, on parle
évidemment aussi de son environnement. Je
pense que cela vient élargir l'endroit comme tel. On me dit, M.
le Président, après étude des spécialistes, que
c'est la bonne formulation. Je ne peux pas vous répondre autre chose que
cela. Je n'ai pas vraiment fait une étude particulière, à
savoir si cela devrait être au pluriel ou au singulier, mais on me dit
que cela devrait être au singulier.
M. Desbiens: C'est cela qu'il est allé chercher, je
suppose?
Le Président (M. Saint-Roch): Le terme équivalent
serait "milieu de vie" qui comprend les trois milieux: eau, terre, eau.
Une voix: Sol.
Le Président (M. Saint-Roch): Eau, terre, sol.
M. Picotte: On me dit que le singulier comprend le pluriel,
d'après la Loi d'interprétation.
Une voix: Est-ce que le masculin... M. Desbiens: Ah!
M. Picotte: Vous voyez comment cela est facile.
Le Président (M. Saint-Roch): Le masculin inclut le
féminin.
M. Picotte: On me dit qu'habitat, au masculin, se définit
comme ceci: C'est un milieu géographique propre à la vie d'une
espèce animale ou végétale.
Une voix: C'est tout?
M. Picotte: C'est ce qu'on veut protéger pour tous les
animaux. Il faut alors parler de son habitat.
M. Desbiens: Est-ce qu'il a un sens différent au
pluriel?
M. Picotte: Non, il n'a pas de sens différent au
pluriel.
M. Desbiens: Alors, vous allez modifier le titre de la loi aussi,
vous allez écrire: conservation de la faune et de son habitat.
Le Président (M. Saint-Roch): Me Côté.
M. Côté (Gaétan): D'une part, le titre de la
loi est déjà suffisamment long. Par ailleurs, le titre n'est pas
obligé de faire état de tous les éléments qu'il y a
dans la loi; c'est la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune.
Par exemple, II y a la fondation; dans la loi, on n'en parle pas. On en parle,
en fait, on vient préciser au... (11 heures)
M. Picotte: II dit que, pour le titre on utilise ses
habitats.
M. Desbiens: Voilà, de la faune et de son habitat,
concernant son habitat.
M. Côté (Gaétan): Disons que le titre
du projet de loi 15 va mourir. Dès qu'elle sera
intégrée dans les statuts refondus, cette loi va
disparaître. Dans le contexte du projet de loi 15, on ne modifie pas la
mise en valeur de la faune et de son habitat, on ne change pas le titre de la
loi. On dit qu'on modifie la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la
faune concernant le sujet suivant: les habitats fauniques.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 26. 1. M. le ministre.
M. Picotte: Oui. Nous avions adopté l'autre article sur
division. Parfait. L'article 26. 1, c'est un nouvel article: "Malgré
l'article 26, le titulaire d'un permis de piégeage peut, durant la
période de piégeage, endommager le barrage d'un castor ou ouvrir
la tanière d'un rat musqué pour y installer un piège.
"Cependant, il doit refermer la tanière du rat musqué
immédiatement après l'installation du piège. "
Cet amendement introduit une exception législative à la
prohibition d'endommager le barrage d'un castor ou la tanière d'un
animal. Un piégeur pourra, pendant la période de piégeage
pour laquelle il a un permis, endommager le barrage d'un castor ou ouvrir la
tanière d'un rat musqué pour y installer un piège. Cette
disposition ne fait que reprendre une exception qui est déjà
prévue par règlement dans le cas du rat musqué. Dans le
cas du rat musqué, il y a déjà une exception prévue
dans le règlement; c'est le règlement no 3 sur le piégeage
des animaux à fourrure, chapitre C-61. 1. Dans le cas du castor, c'est
de pratique courante de piéger cet animai de cette façon.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions à l'article 26. 1?
M. Desbiens: Si on tue l'animal, pourquoi? il n'a plus besoin de
sa tanière. Si on piège l'animal et qu'on le capture, il a encore
de besoin de sa tanière?
Le Président (M. Saint-Roch): Me Côté.
M. Côté (Gaétan): Sous toute réserve,
parce que je ne suis pas un piégeur, je crois que la période de
piégeage du rat musqué est une période où les
petits sont sortis de la tanière.
M. Desbiens: Ils peuvent y revenir après.
M. Côté (Gaétan): Ils peuvent y revenir. Une
tanière de rat musqué a tout de même plusieurs
entrées. Ici, la méthode de piéger est d'aller mettre cela
dans la tanière. En fait, on fui permet d'ouvrir le trou et de mettre un
piège, mais de le refermer.
M. Desbiens: Et le barrage du castor?
M. Côté (Gaétan): Le barrage du castor, c'est
la même chose. La manière de piéger, c'est de mettre le
piège dans l'une des entrées du barrage.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 26.1
est adopté?
Adopté. Est-ce que l'ensemble de l'article 2 est
adopté?
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
l'article 3.
M. Picotte: "L'article 67 de cette loi est remplacé par le
suivant: 67. Une personne ou celle qui lui prête main-forte ne peut tuer
ou capturer un animal qui l'attaque ou qui cause du dommage à ses biens
ou à ceux dont elle a la garde ou est chargée de l'entretien
lorsqu'elle peut effaroucher cet animal ou l'empêcher de causer des
dégâts."
Cet amendement reprend la teneur de l'article 67 tel qu'il existe
actuellement en y soustrayant le contenu du paragraphe 2 qui interdit de
détruire la tanière d'un animal située sur une
propriété privée. En effet, le contenu de ce paragraphe a
été repris dans l'article 26 dont on a fait l'étude
précédemment. L'actuel article 67 prohibe de détruire la
tanière d'un animal sauf si on peut l'effaroucher ou l'empêcher de
causer des dégâts. Dans le nouvel article 26, l'obligation
d'effaroucher n'a pas été reprise puisqu'il apparaît
difficile d'éloigner un animal indésirable qui cause du
dégât et qui a établi son nid autrement qu'en
détruisant ce nid.
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 3 est
adopté. J'appelle l'article 4.
M. Picotte: Merci, M. le Président. L'article 4 fait
référence à l'article 68 de cette loi qui est
modifié par la suppression, dans la première ligne, des mots "le
paragraphe 1° de". C'est un amendement de concordance avec le nouvel
article 67 introduit par l'article 3 du présent projet. Vu que la
nouvelle rédaction de l'article 67 ne contient plus de paragraphe et que
l'article 68 visait le cas prévu au paragraphe 1° de l'article 67,
la rédaction de l'article 68 est ajustée en conséquence.
Il n'y a plus de paragraphe 1°; alors, il faut l'ajuster en même
temps.
M. Desbiens: Cela va. J'aurais une autre question, le premier
alinéa de l'article 68 se lit ainsi: ..."accidentellement, une personne
doit, sans délai, lorsqu'il s'agit d'un animal déterminé
par règlement." Étant donné qu'on l'a enlevé
à l'article 2 - à l'article 26, vous avez enlevé "par
règlement", "un animal déterminé par règlement" -
ne faut-il pas l'enlever là aussi? Est-ce que vous enlevez uniquement
les mots "le paragraphe 1°"? À la quatrième ligne, on dit:
"un animal déterminé par règlement". Tantôt,
à 26, vous l'avez enlevé. Est-ce qu'il ne faut pas l'enlever
là aussi, par concordance?
M. Côté (Gaétan): Je ne suis pas certain de
comprendre. C'est que, dans les articles 67 et 68, on n'a pas de renvoi
à des règlements. En fait, le nouvel article 68 se lirait: "Dans
le cas prévu par l'article 67 ou dans le cas d'un animal trouvé
ou d'un animal tué ou capturé".
M. Desbiens: Tantôt, à l'article 26, vous avez fait
un amendement. Après "la tanière d'un animal", vous avez
enlevé "déterminé par règlement". Dans l'article
67, on parle d'un animal en général aussi.
M. Picotte: M. le Président, je serais porté
à croire qu'effectivement il faudrait l'enlever. Peut-être qu'on
pourrait suspendre l'étude de cet article, M. le Président, dans
le but de vérifier, mais, à première vue, je serais
porté à croire qu'il faudrait aussi, par souci de concordance,
enlever "déterminé par règlement*. Mais donnons-nous
l'occasion de faire une vérification. On y reviendra.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 4 étant
maintenant suspendu, j'appelle l'article 5.
Habitats fauniques
M. Desbiens: Ah, habitats fauniques au pluriel.
M. Picotte: "Cette loi est modifiée par l'insertion,
après l'article 128, de ce qui suit: Chapitre IV. 1 Habitats
fauniques."
Une voix: Au pluriel.
M. Picotte: Au pluriel. L'objet principal du présent
projet de loi est de prévoir des dispositions particulières pour
protéger les habitats fauniques. En ce sens, il est proposé
d'introduire un nouveau chapitre à la Loi sur la conservation et la mise
en valeur de la faune. On aurait pu en faire une loi distincte sur les habitats
fauniques, mais il est apparu préférable de l'insérer dans
la loi générale qui pourvoit à la conservation de la
faune.
Le Président (M. Saint-Roch): Me Côté.
M. Côté (Gaétan): Je pense que
l'interrogation est sur le pluriel du titre. Si on regarde les autres titres
qu'il y a dans la loi, par exemple les réserves fauniques, les refuges
fauniques, les territoires structurés, la loi est au pluriel; c'est un
peu par symétrie.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interrogations sur le titre? Cela va? J'appelle maintenant l'article 128.1.
M. Picotte: On est rendu à quoi?
Le Président (M. Saint-Roch): À l'intérieur
de l'article 5, l'article 128.1.
Application
M. Picotte: Bon. C'est nouveau, cela, M. le Président. En
fait, c'est ia section I qui détermine l'application qui dit: "128.1 Le
présent chapitre s'applique aux habitats fauniques qui rencontrent les
caractéristiques ou les conditions déterminées par
règlement et, dans les cas prévus par règlement, qui sont
identifiés par un plan dressé par le ministre."
Cet article indique quels sont les habitats fauniques qui pourraient
être protégés. Ce seront ceux qui, dans un premier temps,
rencontreront les conditions et les caractéristiques
déterminées par règlement et ceux, dans certains cas, qui
seront, en outre, identifiés sur une carte dressée par le
ministre. Les habitats fauniques qu'il est prévu de protéger en
priorité sont les suivants. Je vais vous faire état de neuf
habitats, finalement, qui sont prévus: le premier, c'est le ravage du
cerf de Virginie; le deuxième, l'aire de confinement de l'orignal; le
troisième, les aires de mise bas du caribou; quatrièmement,
S'habitât du rat musqué; cinquièmement, les
héronnières; sixièmement, les aires de concentration
d'oiseaux aquatiques; septièmement, les colonies d'oiseaux;
huitièmement, l'habitat d'espèces vulnérables ou
menacées; neuvièmement, l'habitat de certains poissons. Dans la
liste qui précède, seule l'aire de confinement de l'orignal et
l'habitat du poisson seraient identifiés uniquement par des normes
réglementaires. Dans les autres cas, le ministre dresserait un plan des
habitats à partir des caractéristiques déterminées
par règlement du gouvernement et ces habitats ne seront
protégés qu'à compter de la publication de ces plans, tel
qu'il est prévu par les articles qui suivent.
Voilà, M. le Président, les principaux habitats. Je vous
ai souligné les raisons pour lesquelles nous parlons de plan dans
certains cas plus précisément.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Comme ma première remarque, M. le
Président, le présent chapitre est consacré aux habitats
qui rencontrent les caractéristiques ou les conditions
déterminées par règlement. Cela nous ramène
à notre discussion de tantôt parce que les conditions peuvent
être déterminées par règlement. Cela ne vous donne
pas le goût de revenir en arrière, cela n'a pas l'air de
ça. Deuxièmement, à la suite de ce qu'on discutait lors de
l'étude des crédits, par exemple, concernant la ouananiche,
est-ce que c'est en vertu de cet article-là que la MRC pourrait obtenir
qu'il y ait la détermination d'une bande? Est-ce que les rives de la
rivière pourraient être considérées comme faisant
partie intégrante de l'habitat?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Arsenault.
M. Arsenault (George): La protection de ces rives est
prévue dans le règlement d'intervention en milieu forestier qui
est en préparation présentement par le MER; on négocie
avec lui sur les bandes qui doivent être protégées le long
des cours d'eau.
M. Desbiens: Mais, est-ce que cette bande-là, qui est de
20 mètres et que les MRC demandent d'étendre à 60
mètres - la MRC de Lac-Saint-Jean entre autres - est
considérée comme faisant partie de l'habitat de la ouananiche? Je
veux dire que c'est là...
M. Arsenault: La bande est considérée comme
étant un complément. L'habitat, dans le sens de notre loi, serait
plutôt le lieu où le poisson fraye. La protection de la bande
autour, c'est pour protéger de l'érosion et tout cela le cours
d'eau en question. Alors, dans ce sens-là, ce ne serait pas cartographie
comme un habitat faunique. Mais, on parle constamment de l'aspect
complémentarité de notre loi. On ne voulait pas tout
réglementer. On ne veut pas se substituer à d'autres
ministères. Alors, il faut le voir comme un complément.
M. Desbiens: J'avais cru comprendre, l'autre jour, dans la
discussion, que la loi sur les habitats pourrait, justement, aider à
résoudre ce problème-là, dans le sens que le MER et les
ministères, bien sûr, puisque vous avez discuté du nouveau
règlement qui fait suite au guide des modalités... Le ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche n'a pas plus de pouvoir sur cela pour
dire: II y a des frais à saumons, là. C'est le maire qui va
déterminer et qui va étudier le cas, finalement. (11 h 15)
M. Picotte: En fait, la loi va empêcher les gens d'aller
faire de la drague dans un cours d'eau, de toucher à l'habitat comme
tel. Tout ce qui est à l'extérieur, évidemment, pourrait
être régi par d'autres guides, d'autres lois ou le plan
d'aménagement de la MRC, suivant son acceptation. Ce qui nous concerne,
c'est ia protection de l'habitat comme tel.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le
député
de Dubuc.
M. Desbiens: Mais le ministère des Affaires municipales a
refusé jusqu'ici à la MRC d'inclure dans son schéma
d'aménagement une bande de 60 mètres le long de la rivière
Ashuapmushuan. Si on parle d'habitats fauniques comme dans le cas d'une
frayère, la bande forestière autour est absolument
nécessaire, je dirais.
M. Picotte: On pourra le faire, M. le Président, mais pas
en vertu de la loi sur la protection des habitats fauniques, en vertu de la Loi
sur les forêts.
M. Desbiens: Je n'aime pas beaucoup laisser cela au
ministère de l'Énergie et des Ressources.
Le Président (M. Saint-Roc h): M. Arsenault.
M. Arsenault: Un autre ministère aussi intervient dans la
protection de fa bande riveraine, c'est le ministère de l'Environnement
qui a présentement une politique là-dessus. Pour le moment, ce
n'est qu'une politique, mais eux aussi oeuvrent à la protection de la
bande riveraine. Encore une fois, je reviens à la nature
complémentaire de notre loi. Nous essayons de protéger le milieu
aquatique, que personne d'autre n'y touche vraiment directement. Avec d'autres
ministères, on va avoir par concordance la protection de la bande
riveraine.
M. Desbiens: Si vous protégez strictement la
frayère, dans le cas de la ouananiche, vous croyez que c'est suffisant
pour protéger l'habitat lui-même? Tout l'entourage,
l'environnement immédiat, cela relève aussi de l'Environnement,
vous l'avez mentionné. Mais l'environnement immédiat a une
influence aussi sur ta frayère, c'est bien sûr, dans le cas que je
souligne. Dans une frayère, l'environnement forestier a son rôle
à jouer.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Arsenault.
M. Arsenault: L'ensemble de l'environnement, c'est sûr que
c'est important, le milieu aquatique et la bande riveraine, mais il faut
compter sur la réglementation des autres ministères pour les
protéger aussi.
M. Desbiens: Est-ce qu'il en existe au ministère de
l'Environnement actuellement?
M. Arsenault: Pour le moment, c'est une politique qui sera
transformée...
M. Desbiens: C'est une politique gouvernementale, ce n'est pas
une loi. Ce n'est même pas un règlement. Alors, cela ne vaut pas
cher pour nous. Parce que le ministre de l'Environnement lui-même a bien
mentionné à certaines occasions, lors de l'étude de ses
crédits, que certaines parties de sa politique ne sont pas
respectées présentement. Il a mentionné le
développement domiciliaire. Moi, je mentionne la frayère de la
ouananiche.
Si le ministère de l'Énergie et des Ressources
décide de maintenir son règlement à 20 mètres, on
craint beaucoup au Lac-Saint-Jean. Les MRC l'ont exprimé parce qu'elles
voulaient justement inclure une bande de 60 mètres pour assurer
l'absolu... Vous savez qu'on ne peut prendre aucun risque, surtout la
rivière Ashuapmushuan qui est le lieu privilégié de
frayère de la ouananiche. Le ministère du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche travaille actuellement à sa restauration, il faut se
donner toutes les garanties de réussite. La loi, à ce point de
vue, je pense, pourrait permettre de le faire dans ce cas précis et dans
d'autres occasions.
M. Picotte: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: Je pense que c'est important de préciser que
cela concerne l'habitat faunique. Tout ce qu'on peut faire, c'est de tenter,
avec mes collègues d'autres ministères, d'adopter une
réglementation particulière dans les cas tels que
soulignés par le député de Dubuc. C'est évident
que, en ce qui concerne les terres publiques, il y a une bande de protection
qui est déjà déterminée. En ce qui concerne les
terres privées, c'est autre chose. On souhaite, évidemment, et on
espère que les autres ministères qui viennent en
complémentarité de notre loi puissent faire adopter dans les
meilleurs délais ou avoir dans les meilleurs délais des
règlements permettant la protection la plus complète possible de
ce que nous voulons faire. Mais, en ce qui nous concerne chez nous, on doit se
limiter à la protection de l'habitat comme tel.
M. Desbiens: Mais, au moment où l'on se parle, M. le
ministre, est-ce que vous avez eu - je suis aussi bien de continuer avec cet
exemple, la ouananiche toujours - des demandes ou est-ce que des consultations
ont été faites à votre ministère concernant la
ouananiche avec le ministère des Affaires municipales, par exemple?
À qui se réfèrent-ils? Est-ce qu'ils se sont
référés au ministère de l'Énergie et des
Ressources?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Arsenault.
M. Arsenault: Avec le ministère des Affaires municipales,
pas à ma souvenance personnelle, mais on est en négociations
régulièrement, actuellement, avec le ministère de
l'Énergie et des Ressources. Nous, on a identifié toutes les
rivières à saumons et à ouananiches, et on cherche
à faire adopter une bande riveraine spéciale pour la protection
de cette ressource
dans ces cas-là. Alors, c'est nous qui devons négocier
avec le ministère de l'Énergie et des Ressources parce que ce
sont eux qui ont juridiction sur ce territoire-là. C'est sûr que
la bande en fait partie indirectement. C'est Important pour la ouananiche, mais
c'est dans les frayères que nous pouvons intervenir. Si on avait deux
ministères qui avaient un règlement ou le pouvoir d'intervenir
dans la bande riveraine, cela porterait peut-être à confusion dans
la population, dans ce cas-ià.
M. Desbiens: Mais cela soulève, il me semble, un point
important. Vous allez pouvoir agir sur la frayère, mais, si le
ministère de l'Energie et des Ressources, après cela, n'a pas une
réglementation qui donne suite au guide ou autrement... Il faut qu'il y
ait une réglementation. J'aurais préféré que ce
soit la loi sur les habitats qui vous donne à vous, le ministre
responsable, des pouvoirs importants pour pouvoir influencer, influer, et
même des pouvoirs décisionnels sur l'entourage de l'habitat. On ne
peut pas protéger un habitat en protégeant strictement le lieu
précis d'une frayère, par exemple, et laisser faire n'importe
quoi tout autour quand cela a une influence directe sur l'habitat
lui-même.
Le Préskient (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: M. le Président, je pense que la politique
gouvernementale qui a été établie est que chacun agit dans
sa juridiction respective. Chaque ministère agit dans le domaine de sa
juridiction personnelle. $
M. Desbiens: Je comprends cela, M. le ministre, mais ce que je
veux dire, c'est que...
M. Picotte: Nous sommes en discussion présentement avec le
MER pour qu'il y ait un règlement et il y aura un règlement.
Alors, nous sommes en discussion avec le ministère de l'Énergie
et des Ressources pour qu'il arrive avec un règlement de protection en
signe de complémentarité. Nous sommes persuadés, M. le
Président, que, lorsque les discussions seront terminées, il y a
un règlement qui sera mis en vigueur en ce qui concerne la protection
riveraine. Cela devrait venir compléter. Ce que nous avons, comme
objectif, c'est de protéger l'habitat. Le MER arrivera avec un
règlement pour protéger la bande riveraine. Cela devrait
répondre aux interrogations du député de Dubuc
là-dessus.
M. Desbiens: En espérant que vous travaillez sur le
règlement actuellement. C'est tout ce qu'on peut dire à ce
moment-ci, parce que ce que Je conçois, c'est que c'est le ministre de
l'Energie et des Ressources qui va avoir le mot final. C'est lui qui va
être le patron. Mais il peut détruire tout ce qu'il y a autour de
l'habitat. Détruire ce qu'il y a autour de l'habitat peut vouloir dire
aussi détruire l'habitat dans certains cas.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: On me dit qu'il y a une réglementation qui est
présentement en voie de préparation, un comité de
sous-ministres qui, au niveau des deux ministères, le MER et le
ministère de l'Environnement, deux ministères
complémentaires au mien, sont en discussion pour en arriver à une
réglementation. Donc, le MENVIQ est mis à contribution, le MER et
le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, par un
comité de sous-ministres qui fait des réunions
régulièrement dans le but d'arrimer les choses pour qu'il y ait
une protection complète.
M. Desbiens: Des cas comme celui de la frayère de la
rivière Ashuapmushuan ont bien dû faire l'objet d'une discussion
à l'intérieur du comité. C'est un bel exemple.
M. Picotte: Je pense que ces cas-là, entre autres, tout ce
qui s'appelle les rivières à saumons, sont sur la table à
des fins de discussion pour en arriver à un règlement de
protection.
M. Desbiens: Est-ce qu'on peut demander au ministre de s'assurer
que son point de vue prévale dans le cas de certaines
espèces?
M. Picotte: On va certainement faire tous les efforts
nécessaires parce qu'il serait illogique de protéger l'habitat et
qu'à côté d'autres choses puissent le détruire. La
politique gouvernementale ne tiendrait pas. Je compte faire valoir - je l'ai
fait d'ailleurs jusqu'à maintenant et mes collègues sont
très soucieux sur ce point-là - que cela ne sert à rien de
protéger l'habitat si on ne fait rien pour protéger ou ne pas
détruire, ou faire en sorte que la non-protection des bandes riveraines
vienne défaire ce que nous faisons. Ce seraient des énergies
perdues. Cela ne nous donnerait rien d'avoir un type de. protection semblable
à celui-là. Cela a été accepté lorsque j'ai
discuté de cette loi au comité d'aménagement, le COMPADR,
comme on l'appelle. Ce principe a été accepté par tous mes
collègues.
M. Desbiens: Cela veut dire que les municipalités peuvent
espérer voir inscrite une bande de 60 mètres, le long de la
rivière Ashuapmushuan dans leur schéma d'aménagement.
M. Picotte: Je ne peux pas vous dire si c'est 60 mètres,
mais il y a de bonnes possibilités que dans certains cas exceptionnels
cela soit fait et que ce soit accepté.
M. Desbiens: Les 20 mètres... M. Picotte: ...ne
sont pas suffisants.
M. Desbiens: ...sont jugés insuffisants dans certains
cas.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 126.1? Excusez, 128.1?
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 128.1 est
adopté. J'appelle l'article 128.2.
M. Picotte: Article 128.2, M. le Président: "Le ministre
dresse le plan d'un habitat faunique en collaboration, selon le cas, avec le
ministre de l'Énergie et des Ressources, le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation, le ministre des Transports ou le
ministre de l'Environnement. "Il peut, de la même manière,
modifier un plan, !e remplacer ou l'abroger."
Cet amendement indique le pouvoir du ministre de dresser le plan des
habitats fauniques en collaboration avec les ministres concernés, soit
le ministre de l'Énergie et des Ressources, le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, le ministre des
Transports et le ministre de l'Environnement. Ce sont les ministres qui sont le
plus directement concernés par des interventions sur le territoire et le
projet de loi les associe, nommément, au processus pour assurer
l'harmonie de leurs interventions. La modification, le remplacement ou
l'abrogation de plan sera soumis au même processus. Ce pouvoir de dresser
un plan est dévolu au ministre plutôt qu'au gouvernement puisque,
de par la nature souvent mobile de certains habitats, il importe de
prévoir un processus d'intervention simple et rapide. Par ailleurs, ce
pouvoir du ministre sera balisé par des normes gouvernementales, puisque
le ministre ne pourra dresser des plans que dans les cas prévus par
règlement du gouvernement et que l'habitat correspond aux conditions ou
caractéristiques prévues dans ce même règlement.
M. Desbiens: M. le Président, quand vous dites "en
collaboration", qu'est-ce que la collaboration? Vous restez le maître du
plan et...
M. Picotte: C'est cela.
M. Desbiens: ...vous demandez les avis de ces
ministères?
M. Picotte: Le ministre qui est responsable et qui est
maître d'oeuvre de cette loi, c'est celui qui vous parle, c'est le
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. Il doit se soucier
d'avoir la collaboration et d'identifier certaines choses avec ses
collègues compte tenu qu'il y a parfois... Nous avons justement
identifié ces ministères en fonction des interventions qui se
font plus directement par ces ministères dans les milieux.
M. Desbiens: À un moment donné, vous voulez
déterminer un habitat faunique. Vous communiquez, selon le cas, pas
nécessairement avec tous ces ministères dans chacun des cas, mais
avec l'un ou l'autre ou plusieurs de ces ministères.
M. Picotte: C'est cela. (11 h 30)
M. Desbiens: II m'apparaît qu'un ministère a
été oublié. Je l'ai mentionné tantôt dans le
cas du plan d'aménagement, mais dans le cas des villes riveraines, entre
autres, il peut y avoir nécessité d'avoir des avis du
ministère des Affaires municipales. Pour faire du développement,
on sait que plusieurs villes vont agir sur les rives des cours d'eau et nuire
ou détruire possiblement des habitats fauniques. J'en ferais même
un amendement. Je vais attendre la réponse du ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: Évidemment, le ministre des Affaires
municipales n'est pas souligné, mais c'est parce que cette discussion
s'est passée avec les municipalités comme telles. Ce n'est pas le
ministre des Affaires municipales qui intervient mais plutôt les
municipalités qui interviennent directement.
M. Desbiens: Les municipalités peuvent faire du
développement, mais non selon leur bon vouloir, il faut qu'elles suivent
la Loi sur le ministère des Affaires municipales. C'est une question de
concertation.
Le Président (M. Saint-Roch): Me Côté.
M. Côté (Gaétan): En fait, l'objectif, ce
sont les ministères qui interviennent beaucoup. Par exemple, si on fait
le plan d'un habitat qui est dans une forêt publique, on va
évidemment consulter le ministre de l'Énergie et des Ressources.
Si on désigne des habitats dans des milieux agricoles, on va davantage
consulter le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. Dans le cas des municipalités, elles vont être
assujetties évidemment a un habitat. En fait, ce ne sont pas vraiment
les municipalités. Ce sont les individus, les propriétaires qui
seront assujettis à la loi. Consulter le ministre des Affaires
municipales, je ne sais pas si cela pourrait être effectif dans la mesure
où ce n'est pas le ministre des Affaires municipales qui intervient ni
la municipalité comme telle. Lorsque quelqu'un fera des travaux qui
pourraient affecter un habitat, c'est le propriétaire
du terrain. Évidemment, la municipalité peut êt'e
propriétaire à certains égards mais...
M. Desbiens: On pourrait dire que ce serait identique pour
l'agriculture. En fait, c'est l'agriculteur qui intervient et non le
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation.
M. Côté (Gaétan): Sauf qu'en matière
d'agriculture, les travaux qui sont les plus susceptibles d'affecter les
habitats sont souvent des travaux d'irrigation. On sait bien que la plupart de
ces travaux sont fortement subventionnés par le ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Desbiens: Par le plan d'aménagement des MRC, H y
a une action qui est exercée par les municipalités, comme
municipalités, au chapitre des plans d'aménagement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: Je pense que le député de Dubuc
était au sommet de la faune et qu'il a pu le constater aussi de la part
des MRC, qui ont souligné qu'elles ne veulent pas être
obligées de se voir imposer des choses à ce sujet. Ce que nous
faisons, c'est de continuer nos discussions avec les MRC et de leur confier des
responsabilités si, effectivement, elles le désirent bien. C'est
pourquoi nous avons parlé de protocole d'entente. Maintenant, elles
devront se comporter à l'égard des bandes riveraines comme tout
citoyen responsable ou comme tout individu qui a à protéger des
choses avec la loi que nous faisons adopter.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: M. le ministre, on va vous parler de... Vous dressez
votre plan des habitats fauniques. Vous dites qu'il n'est pas question de
coercition dans cet article-là, mais plutôt de collaboration.
Justement, n'est-il pas bon que le ministère des Affaires municipales
soit un des collaborateurs qui puisse indirectement, par la table
Québec-municipalités, influencer les municipalités dans
leur action?
Le Président (M. Saint-Rcch): M. le ministre.
M. Picotte: En fait, ce que nous retrouvons à
l'intérieur de l'article, c'est à la suite de discussions au
comité d'aménagement, le COMPADR, où le ministre des
Affaires municipales était assis à la même table que
d'autres ministres, et ceux qui ont demandé à être mis en
collaboration, ce sont ceux qui sont touchés directement. On n'a jamais
eu de demande de la part du ministre des Affaires municipales pour être
associé à la démarche. Alors, c'est pour cela qu'on
retrouve cette formulation-là. Il me semble que cette collaboration, qui
est exigée de la part d'autres ministres, vient les mettre à
contribution dans leurs milieux respectifs. Je me demande si on pourrait
ajouter autre chose, sinon la consultation ne finirait plus non plus. On
pourrait très bien dire: On consulte les municipalités, on
consulte les industriels, on consulte ici, on consulte là, une
collaboration directe et étroite. À partir de ce
moment-là, cela viendrait alourdir davantage le processus, M. le
Président.
M. Desbiens: Oui, mais c'est une collaboration, et c'est une
collaboration, comme c'est bien écrit, selon le cas. Vous avez un bel
exemple, celui que j'ai soulevé concernant la ouananiche; c'est une
intervention du ministère des Affaires municipales et de la MRC. En tout
cas, je trouve que c'est assez important pour en faire une motion d'amendement,
M. le Président. L'article 128. 2 du projet de loi 15 est modifié
par l'insertion, à la quatrième ligne du premier alinéa,
entre les mots Transports" et "ou", des mots le ministère des Affaires
municipales". J'ai été capable de le lire, vous devriez pouvoir
le lire.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, merci, M. le
député de Dubuc. L'amendement est recevable.
M. Desbiens: Bon, je ne reprendrai pas l'argumentation, mais cela
m'apparaît un élément important que le ministère des
Affaires municipales... Je répète l'exemple qu'on vit chez nous,
au Lac-Saint-Jean, concernant la rivière Ashuapmushuan et la
frayère de ouananiches, et la demande des MRC d'élargir la bande
forestière et le refus qui a été amené par le
ministère des Affaires municipales aux MRC du coin concernant cette
demande. Il peut se produire certainement d'autres cas. Les
municipalités riveraines dans le coin de Montréal, il y en a
beaucoup. Cela touche le schéma d'aménagement qui est une
responsabilité directe du ministre des Affaires municipales, qui doit
approuver les schémas d'aménagement. Ce n'est pas une obligation
en plus pour le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche de faire
appel à ces ministères. Il y fait appel pour collaborer selon le
besoin, selon le cas. Pour ces raisons-là, on croit que ce devrait
être inclus dans la loi. M. le ministre, je pourrais même... Un
autre exemple a été vécu ici, sur la route pour aller
à Beaupré. Bien, c'est la route, ce n'est pas le ministère
des Affaires municipales qui était directement touché,
c'était le ministère des Transports.
Le Président (M. Saint-Roch): La commission va suspendre
ses travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 11 h 39)
(Reprise à 11 h 41)
Le Président (M. Saint-Roch): La commission reprend ses
travaux. M. le ministre.
M. Picotte: Cela fera une lettre de plus à envoyer au
ministre des Affaires municipales pour l'aviser de ce que nous faisons comme
protection à l'habitat. En plus, évidemment, comme cela ne se
produira que dans de très rares cas, selon les spécialistes, et
que le ministre des Affaires municipales était partie à la
décision du COMPADR, moi, je ne vois pas d'objection à accepter
l'amendement. Cela fera un intervenant de plus, c'est tout. Pour autant
que...
M. Desbiens: Je pense que, dans l'esprit de l'article que vous
avez présenté, dans le fond, c'est seulement pour une
collaboration...
M. Picotte: Alors, M. le Président...
M. Desbiens:... selon les cas, quand cela se produit. Quand cela
se produira, ce sera inscrit là...
M. Picotte: Moi, M. le Président, je suis prêt
à voter en faveur de cet amendement-là.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'amendement
à l'article 128. 2, proposé par M. le député de
Dubuc, est adopté?
M. Desbiens: Vote, M. le Président.
M. Picotte: M. le Président, il faudrait peut-être
relire pour être bien sûr que...
Le Président (M. Saint-Roch): D'accord. L'amendement se
lit comme ceci: "L'article 128. 2...
M. Picotte:... cela s'incorpore avec le français puis tout
ce que...
Le Président (M. Saint-Roch):... du projet de loi 15 est
modifié par l'insertion, à la quatrième ligne du premier
alinéa, entre les mots Transports" et "ou", des mots "le ministre des
Affaires municipales".
M. Desbiens: Virgule.
Le Président (M. Saint-Roch): Ah! oui, il y a les virgules
et les guillemets.
M. Picotte: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, l'amendement est
adopté?
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 128. 2,
tel qu'amendé, est adopté?
M. Desbiens: Adopté. M. Picotte: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 128. 3.
Une voix: Bon.
M. Picotte: "Le ministre publie à la Gazette officielle
du Québec un avis indiquant que le plan d'un habitat faunique est
dressé ou, selon le cas, modifié, remplacé ou
abrogé. "L'avis désigne l'animal visé et indique
sommairement la localisation de son habitat. "Le plan entre en vigueur le
quinzième jour de la publication de l'avis ou à toute date
ultérieure qui y est prévue. "
Cet article énonce que les plans dressés par le ministre
seront publiés dans la Gazette officielle du Québec et
qu'ils entreront en vigueur quinze jours après cette publication.
Comme autre mesure de publicité et de diffusion, dis-je, il est
également prévu à l'article 128. 5 - que nous verrons un
petit peu plus loin - que ces plans devront être transmis au ministre de
l'Énergie et des Ressources, à certains organismes municipaux et
au bureau d'enregistrement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Le troisième alinéa, c'est le
"quinzième jour de la publication", c'est la procédure
réglementaire habituelle, c'est cela.
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 128. 4.
M. Picotte: Le ministre a la garde des "orignaux" des plans qu'il
dresse. Des...
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Picotte: On reprend, effacez tout cela, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous recède la
parole, M. le ministre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Picotte: "Le ministre a la garde des originaux des plans qu'il
dresse. " Je commençais à trouver cela compliqué pour un
ministre!
M. Desbiens: Je me demandais à quelle place vous alliez
les regrouper.
M. Picotte: À quelle place on mettrait tous ces
animaux-là.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Picotte: Alors, on recommence. L'article 128. 4, M. le
Président, se lit comme suit: "Le ministre a la garde des originaux des
plans qu'il dresse. "Il en transmet une copie à toute personne, sur
demande, moyennant le paiement des frais de transmission et de reproduction
fixés par le ministre. "
Cet article énonce que le ministre a la garde des originaux des
plans et qu'il en transmet copie à toute personne qui en fait la
demande, moyennant le paiement des frais de reproduction et de
transmission.
Bien que les plans seront publiés à la Gazette
officielle du Québec, il pourrait être utile, dans certains
cas, d'avoir une copie d'un plan à une échelle plus grande que ne
le permet le format de la Gazette officielle. Ainsi, en plus des
personnes ou organismes visés à l'article 128. 5 que nous
verrons, auxquels le ministre devra transmettre automatiquement une copie des
plans, il sera possible à toute personne intéressée d'en
obtenir aisément une copie.
Alors, ce qu'il faut dire là-dessus, c'est qu'il y a des
organismes officiels qui doivent recevoir les plans et pour lesquels on va les
acheminer. Maintenant, toute personne qui désirera obtenir des plans
additionnels pourra le faire aux conditions que nous prévoyons à
l'intérieur de cet article-là. (11 h 45)
Le Président (M. Sairrt-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions à l'article 128. 4?
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
l'article 128. 5.
M. Picotte: M. le Président, l'article 128. 5 se lit comme
suit: "Le ministre transmet une copie du plan d'un habitat faunique: "1° au
ministre de l'Énergie et des Ressources qui l'inscrit au plan
d'affectation des terres préparé conformément à
l'article 21 de la Loi sur les terres du domaine public (1987, chapitre 23);
"2° à la municipalité régionale de comté dont
le territoire est visé par ce plan afin qu'elle puisse l'inscrire au
schéma d'aménagement prévu à la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme (L. R. Q., chapitre A-19. 1); "3° a la
municipalité dont le territoire est visé par ce plan afin qu'elle
en tienne compte dans l'exercice de ses fonctions; "4° au bureau de la
division d'enregistrement dont le territoire est visé par ce plan pour
en permettre la consultation par les personnes intéressées. "
Cet article énonce à qui le ministre devra obligatoirement
transmettre le plan des habitats fauniques. Ainsi, il sera transmis au ministre
de l'Énergie et des Ressources, selon l'article prévu à la
Loi sur les terres du domaine public. Lors de l'octroi de droits de coupe de
bois sur les terres publiques, l'emplacement des habitats
protégés sera nommément identifié et le ministre de
l'Énergie et des Ressources devra en conséquence en tenir
compte.
Le plan d'un habitat sera également transmis aux
municipalités régionales de comté visées par un
plan pour qu'elles puissent l'inscrire à leur schéma
d'aménagement. Cette obligation est moins stricte que celle
imposée au ministre de l'Énergie et des Ressources pour ne pas
imposer la mise en application de la présente loi aux MRC. L'obligation
de respecter la loi est faite aux personnes qui peuvent altérer un
habitat et la MRC pourra être associée comme partenaire volontaire
pour sa mise en application, comme nous le verrons lors de l'étude de
l'article 128. 16.
Évidemment, dans la mesure où la MRC intervient
elle-même personnellement dans l'exécution d'une activité
sur le territoire, elle devra, il va de soi, respecter les habitats fauniques
existants comme toute autre personne ou organisme. Le plan sera
également transmis aux corporations municipales dont le territoire est
visé par ce plan.
Comme dans le cas des MRC, la municipalité ne sera pas tenue
d'assurer elle-même la mise en application de la loi et le plan lui est
transmis pour qu'elle puisse en tenir compte. Cela permettra aux citoyens de la
municipalité d'avoir accès au plan d'habitat faunique
situé dans la municipalité sans avoir à s'adresser au
ministre ou à consulter la Gazette officielle du Québec.
Cette mesure vise donc à faciliter la consultation des plans par le
citoyen. Par ailleurs, si la municipalité accepte par protocole
d'entente de surveiller l'application des dispositions sous la protection des
habitats fauniques, elle aura en main la documentation requise.
Enfin, le ministre devra transmettre une copie du plan d'un habitat au
bureau de la division d'enregistrement concerné pour en permettre la
consultation. Ici encore, cette mesure vise à assurer la diffusion des
plans sans que cela implique pour la personne qui les reçoit
d'obligation formelle. Voilà, M. le Président, les explications
d'usage.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il des interventions
sur l'article 128. 5?
M. Desbiens: Adopté, M. le Président.
Activités dans un habitat faunique
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 128. 6.
M, Picotte: M. le Président, l'article 128. 6:
Activités dans un habitat faunique, section II, dit ceci: "128.6
Nul ne peut, dans un habitat faunique, faire une activité susceptible de
modifier un élément biologique, physique ou chimique propre
à l'habitat de l'animal ou du poisson visé par cet habitat.
Cette interdiction ne s'applique pas: "1° à une
activité exclue par règlement; "2° à une
activité faite conformément aux normes ou conditions
d'intervention déterminées par règlement; "3° à
une activité autorisée par le ministre ou le gouvernement;
"4° à une activité requise pour réparer un dommage
causé par une catastrophe ou pour prévenir un dommage qui
pourrait être causé par une catastrophe
appréhendée."
Cet article est la disposition principale concernant la protection des
habitats fauniques. Il prohibe toute activité dans un habitat faunique
susceptible de modifier l'habitat ou l'aspect faunique visé par cet
habitat. À noter que l'emploi du verbe "modifier" plutôt que d'une
expression telle que "porter atteinte à" ou "altérer" est tout
à fait volontaire et justifié. En effet, le concept d'une
activité susceptible de modifier un habitat n'exige pas un jugement de
valeur, car il vise toute activité, contrairement au concept d'une
activité susceptible d'altérer ou de porter atteinte à un
habitat qui implique d'évaluer l'impact d'une activité.
Toute activité est donc en principe prohibée au point de
départ. La loi prévoit cependant quatre types d'exception. En
premier lieu, le gouvernement pourra, par règlement, exclure certaines
activités qui ne sont pas susceptibles de porter atteinte à
l'habitat et qui pourraient varier selon le type d'habitat visé. Ainsi,
par exemple, la cueillette de fruits sauvages dans l'habitat du cerf ou de
l'orignal, l'utilisation d'une motoneige dans les lieux humides
protégés pendant la saison froide ou la récolte de sirop
d'érable dans un ravage de chevreuils pourraient être des
activités nommément exclues de la prohibition
générale.
Deuxièmement, il sera possible de faire certaines
activités dans un habitat faunique si celles-ci sont
exécutées conformément aux normes et aux conditions
d'intervention déterminées par règlement du gouvernement.
Ces normes viseront à garantir qu'une activité potentiellement
dommageable soit effectuée dans des conditions acceptables pour la
conservation d'un habitat faunique. Ainsi, il pourrait, être permis de
couper des arbres dont le tronc est supérieur à un
diamètre donné ou d'utiliser de la machinerie de petite dimension
lors d'interventions requises dans l'habitat d'oiseaux aquatiques. Ces normes
pourront viser aussi des activités qui se font
régulièrement dans des conditions comparables sur des sites
différents; par exemple, l'aménagement de cours d'eau à
des fins agricoles ou la construction et l'entretien de ponts.
Une troisième exception à la prohibition
générale vise les activités autorisées par le
ministre ou le gouvernement telle que prévue plus en détail par
les articles 128.7 et 128.9 qui vont suivre dans notre étude, M. le
Président. Cette exception se conçoit aisément dans la
mesure où la loi indique qu'en principe toute activité est
interdite dans un habitat. Il importe donc de prévoir un
mécanisme qui permette de donner une certaine souplesse pour faire face
aux cas d'espèce. On doit considérer que des activités
dans un habitat faunique peuvent être compatibles avec la conservation de
cet habitat, lorsqu'on leur greffe des mesures conservatoires et
compensatoires, et peuvent même constituer une amélioration dans
certains cas de l'habitat.
La dernière exception vise les cas d'urgence pour prévenir
ou réparer les dommages causés par une catastrophe réelle
ou appréhendée. Ainsi, par exemple, pour combattre un feu de
forêt, on pourrait creuser des tranchées ou abattre des arbres
pour tenter de circonscrire un incendie sans se préoccuper de savoir si
ces endroits sont des habitats fauniques protégés.
Voilà, M. le Président, les explications relatives
à cet article-là.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens: II y a seulement à 3°, "une
activité autorisée par le ministre ou le gouvernement". Je n'ai
pas entendu très bien les explications du ministre. S'il vous
plaît?
M. Picotte:...
M. Desbiens: Troisièmement, oui: "une activité
autorisée par le ministre ou le gouvernement".
M. Picotte: Une troisième exception à la
prohibition générale vise les activités autorisées
par le ministre ou le gouvernement telle que prévue en détail par
les articles 128.7 et 128.9 qui vont suivre, M. le Président, et qui
vont venir baliser comment se font les autorisations dans ces
cas-là.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Desbiens: À 1°, évidemment, une
activité exclue par règlement, c'est très large. Il y a au
moins le règlement qui est là. Cette interdiction ne s'applique
pas à une activité exclue par règlement. Il y a tout de
même un règlement...
Le Président (M. Saint-Roch): Me Côté.
M. Desbiens: Avez-vous pris des cas d'activité, des
exemples d'activité?
Le Président (M. Saint-Roch): Me Côté.
M. Côté (Gaétan): Une grande catégorie
d'activités. On peut facilement prévoir des activités
lorsque l'habitat n'est pas utilisé par l'animal en question. Par
exemple, le ravage du cerf de Virginie, c'est en hiver surtout qu'on le
protège, alors qu'en été on pourra permettre toutes sortes
d'activités dans ce ravage, pourvu, évidemment, qu'on ne
détruise pas comme tel le ravage. On peut, par exemple, penser à
tous oiseaux aquatiques. Pendant la période où ils ne sont pas
là, on pourra permettre aux gens de se promener en motoneige ou de faire
certaines activités qui, finalement, ne touchent pas à l'animai
puisqu'il n'est pas là. Si on permettait aux gens de faire ces
activités pendant que l'animai est là, cela troublerait
l'animal.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: Dans le cas, par exemple, de drainages agricoles ou
de constructions de ponts, ce sont des activités qui se font partout de
ia même façon. Par contre, il faut regarder d'autres types de cas
en fonction de leur spécificité. Cela ne se fera pas
nécessairement de la même façon d'un habitat à
l'autre. Alors, c'est pour cela qu'il y a lieu de faire cette distinction.
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 128.6 étant
adopté, j'appelle l'article 128.7.
M. Picotte: "Le ministre peut autoriser la réalisation
d'une activité qui modifie un habitat faunique. "À cette fin, il
peut imposer les conditions qu'il détermine et, notamment, exiger du
requérant une garantie conformément à ce qui est
déterminé par règlement. "Avant de délivrer une
autorisation, le ministre tient compte, notamment, des caractéristiques
du milieu, de la nature de l'activité projetée, des
conséquences économiques et sociales qui découlent de
l'activité projetée, de l'impact de l'activité sur la
conservation de ia faune et de son habitat et de la possibilité
d'aménager un habitat de remplacement."
Cet article a pour objet de permettre au ministre d'autoriser une
activité dans un habitat faunique, même si cela modifie cet
habitat. En vue de minimiser l'impact négatif d'une intervention
projetée, le ministre pourra imposer des conditions pour la
réalisation des activités et même exiger le
dépôt d'une garantie dans les cas prévus par
règlement du gouvernement. En cas de non-respect des conditions, cette
garantie pourrait être utilisée pour remettre l'habitat faunique
dans l'état où il était avant l'intervention non
appropriée.
Afin de guider le ministre dans la discrétion qui lui est
accordée de donner des autorisations, la loi prévoit certains
critères dont le ministre devra tenir compte dans son évaluation,
soit les caractéristiques du milieu, la nature de l'activité
projetée, les conséquences économiques et sociales qui
découlent de l'activité projetée, l'impact de
l'activité sur la conservation de la faune et, enfin, la
possibilité d'aménager un habitat de remplacement.
M. Desbiens: Auriez-vous une couple d'exemples de cela?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: On me dit, entre autres, de tenir compte de certaines
périodes données. Par exemple, on pourrait accepter qu'il se
fasse certaines activités compte tenu des périodes propices ou
non propices, remettre de la végétation dans certains secteurs
après avoir effectué certains travaux, etc.
M. Desbiens: Vous n'avez pas d'exemples précis de ce type
d'activité?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Arsenault.
M. Arsenault: Je peux vous donner un exemple: le dragage de la
voie maritime. Avec les sédiments de dragage, on peut créer de
nouveaux milieux comme les Hots de nidification pour les oiseaux. On permet
l'activité, mais on fixe des conditions qui font que non seulement cela
ne détruit pas, mais que cela peut créer de nouveaux milieux
intéressants pour la faune. D'un Hot de dragage au lac Saint-Pierre, on
a même fait une réserve écologique. C'est de ne pas tout
interdire, mais, si on doit intervenir et poser des gestes, qu'on utilise ces
gestes à l'avantage de la faune là où c'est possible.
C'est un exemple.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il d'autres
interventions à l'article 128.7? Adopté?
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
maintenant l'article 128.8.
M. Picotte: Merci, M. le Président: "Le ministre peut,
pour les activités, aux conditions et pour la durée qu'il
détermine, délivrer une autorisation générale
à un autre ministre pour des activités effectuées dans un
habitat faunique par ce ministre ou pour son compte."
Cet article a pour objet de permettre au ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche de délivrer une autorisation
générale à un autre ministre pour des activités que
ce dernier fait ou fait faire à son compte. Le ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche demeure ainsi le maître d'oeuvre
chargé de la protection des habitats fauniques, mais il pourra donner
des autorisations générales aux conditions et pour la
durée qu'il
détermine. Ainsi, il pourrait autoriser le ministère des
Transports à faire la réfection de certaines routes, à
certaines conditions, le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation à entretenir des fossés de drainage ou le ministre
de l'Énergie, et des Ressources à faire des relevés
cadastraux. Cette disposition vise donc à permettre une certaine
souplesse pour autoriser à l'avance certains types d'activité
aptes à être balisés par des normes réglementaires.
(12 heures)
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Cela peut, cela m'apparaît...
M. Picotte: Excusez-moi, M. le Président, il faudrait
remplacer "des normes réglementaires" par "des normes
générales".
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Je vois un certain danger à cela. On a vu
comme l'autoroute - je ne sais pas comment elle s'appelle, le long du fleuve,
ici, l'autoroute Dufferin-Montmorency - avait créé des remous. Un
ministre peut autoriser - dans ce cas, le ministre du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche - un autre ministre à faire des travaux qui pourraient
nuire considérablement à un habitat faunique. Pourquoi n'est-ce
pas comme à l'article 128. 9, après des audiences publiques, ou
en tout cas qu'il y ait une garantie?
M. Picotte: M. le Président, je pense que ce qu'il faut
voir là-dedans, ce sont les situations suivantes: D'abord, c'est
à la discrétion du ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche de pouvoir donner des autorisations semblables. Il ne faut pas le
voir, en fonction de la construction de routes, parce que, si on arrivait avec
une construction de route, bien sûr qu'il faudrait, je pense, faire des
audiences publiques dans des cas spécifiques comme ceux-là. C'est
inévitable. Par contre, dans l'entretien d'une route déjà
existante, dans l'entretien de chaussées ou de choses semblables, je
pense que, pour des travaux mineurs, le ministre pourrait confier au ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation ou à celui
des Transports, avec certaines directives bien appropriées, certaines
responsabilités. C'est plutôt sur le plan de l'entretien et de
choses semblables que sur celui d'une construction. Pour une construction, je
pense que des audiences publiques et tout cela vont nécessiter que le
gouvernement en tienne compte.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le ministre?
M. Picotte: Dans le drainage agricole, par exemple, où on
me précise qu'il peut y avoir de 700 à 800 interventions par
année ce qui pourrait arriver, c'est que celui qui vous parle fasse un
guide d'intervention et exige de son collègue qu'il applique le guide
d'intervention dans les travaux devant être effectués.
M. Desbiens: II y aurait un guide d'intervention à
établir ou c'est juste une hypothèse que vous posez
là?
M. Picotte: Non, non...
M. Desbiens: Est-ce une intention? Allez-vous faire un guide
d'intervention?
M. Picotte: C'est l'intention. Il y aurait un guide
d'intervention qui serait sur la table pour savoir comment les gens vont se
comporter.
M. Desbiens: Vous travaillez là-dessus actuellement?
M. Picotte: Effectivement.
M. Desbiens: À préparer un guide d'intervention,
par exemple, pour le drainage agricole et d'autres cas aussi, sans doute?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Arsenault?
M. Arsenault: Au point de vue de l'intervention, en milieu
agricole, le ministère de l'Agriculture a déjà un guide
d'intervention pour les travaux de drainage agricole, entre autres, et, nous,
on est en train de préparer un guide dans le même sens. On a un
comité entre les deux ministères et on intègre les deux
guides ensemble, on fait une intégration pour avoir un seul guide, pour
ne pas que les usagers soient obligés de courir un peu partout, mais
c'est surtout en ce qui concerne les travaux d'entretien. Ce ne sont pas des
projets de grande envergure, de réclamation de terres et des choses
comme celles-là.
M. Desbiens: Parce que dans ces travaux de drainage il peut y
avoir destruction d'habitat.
M. Picotte: C'est pour cela, M. le Président, qu'on veut
que ces guides-là, que nous faisons en collaboration, s'intègrent
et pour que les citoyens n'aient pas trois ou quatre guides à respecter
et pour qu'il y ait une facilité aussi. Ils devront s'adresser à
un seul ministère dans le but d'obtenir des autorisations et ne seront
pas obligés de se promener d'un ministère à l'autre.
M. Desbiens: Est-ce que ce guide-là donnera naissance,
comme le guide des modalités d'intervention en milieu forestier,
à une réglementation, à un règlement?
Le Président (M. Saint-Roch): Me Côté?
M. Côté (Gaétan): Ce pourra être par
règlement ou non. Dans les cas qu'on pourra baliser facilement, ce
seront les exceptions prévues à l'article précédent
qu'on a vu, 128. 6, ou ce pourrait être une activité, si elle est
faite conformément aux normes approuvées par règlement du
gouvernement. Il y aura aussi des cas ad hoc, par exemple, une activité
qui ne concerne qu'un ministre, si on pense à des travaux comme tirer
des lignes pour faire du cadastrage. On donnera peut-être davantage
l'autorisation au ministre de l'Énergie et des Ressources de le faire en
respectant certaines données. En fait, cela se veut deux outils
d'intervention: un premier de nature réglementaire pour les sujets qui
s'y prêtent et un autre plus ad hoc pour d'autres types d'intervention.
Il n'est peut-être pas utile de faire un règlement qui,
finalement, va s'appliquer uniquement à un autre ministre. Il serait
peut-être plus approprié que le ministre autorise un autre
ministre en respectant les normes qui auront été
établies.
M. Desbien»: Mais je me pose la question, à savoir
si cet article est nécessaire. D'habitude, on ne fait pas des articles
pour rien. L'article 128. 6 ne vous donne-t-il déjà pas tout ce
qu'il faut pour réaliser ce que vous dites à l'article 128.
8?
M. Côté (Gaétan): À la limite, cela se
rapproche sauf que l'article 128. 8 est beaucoup plus souple. Il ne nous oblige
pas à fonctionner par des normes aussi rigides que nous y oblige un
règlement. Probablement qu'une grande partie d'entre elles le seront par
règlement, mais il pourrait y avoir plusieurs situations où on
pourrait autoriser le ministre des Transports, par exemple, à faire de
la réfection de routes en lui donnant des balises qui ne s'appliquent
qu'à lui puisque ce n'est que lui qui serait visé par cela. Cela
vise, d'une part, à éviter une surréglementation et,
d'autre part, à avoir des outils d'intervention plus appropriés
et moins lourds.
M. Desbiens: À 3°, quand on dit: "à une
activité autorisée par le ministre... "
M. Côté (Gaétan): En fait, c'est pour
éviter que le ministre soit obligé d'autoriser toutes les
activités qui ne seraient pas prévues par règlement. On
pourrait dire à un autre ministre: C'est vous qui intervenez beaucoup
dans ce secteur, je vous autorise d'une façon générale
à faire cette activité, à la condition de respecter telle
ou telle contrainte et telle ou telle condition. On pourrait dire, par exemple:
Vous pouvez faire de l'entretien de ponts et non de la construction; vous
pouvez faire de l'entretien de routes et non de l'élargissement de
routes. Pour l'élargissement de routes, revenez me voir et on
étudiera cela cas par cas.
M. Desbiens: Le ministre a pris la peine de le spécifier
à l'article 128. 6, quand H a parlé de l'utilisation du terme
"modifier", qui est très restrictif. Troisièmement, le ministre
peut autoriser une activité. Qu'elle soit faite par un autre ministre
ou, comme c'est dit à l'article 128. 8, qu'elle soit faite par n'importe
qui d'autres, le ministre peut, en vertu du paragraphe 3°, faire ce qui est
écrit à l'article 128. 8.
Le Président (M. Saint-Roch): Me Côté.
M. Côté (Gaétan): À l'article 128. 6,
ce serait le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche qui pourrait
autoriser le ministre des Transports, par exemple, chaque fois. Ou on pourrait
dire au ministre des Transports: Si vous faites tel type d'activité de
telle manière, vous n'êtes pas obligé de venir me voir.
Vous êtes autorisé à le faire de cette manière.
M. Desbiens: II est autorisé en vertu de l'article 128. 6,
1°: "une activité exclue par règlement".
M. Côté (Gaétan): Cela pourrait ne pas
être nécessairement des activités exclues. Les
activités exclues seraient davantage des activités qui
n'affecteraient pas un habitat faunique, tandis qu'on pourrait permettre des
activités, même si elles modifient, un habitat faunique mais en le
faisant d'une manière par rapport à une autre qui
n'abîmerait pas trop, ou on pourrait dire: Vous pouvez le faire à
la condition d'avoir des normes compensatoires.
M. Desbiens: Cela ne veut pas dire la même chose
qu'à l'article 128. 6. L'article 128. 6, dans votre esprit, ne permet
pas de faire ce que l'article 128. 8 autorise le ministre à faire. Cela
veut dire que le ministre se donne une large part discrétionnaire. Ce
que lui défendra l'article 128. 6, il s'autorisera à le faire par
l'article 128. 8 d'une façon discrétionnaire.
M. Côté (Gaétan): L'article 128. 6 permet au
ministre d'autoriser une activité "at large", c'est-à-dire qu'il
pourra donner des conditions. L'article 128. 8 vient compléter cela en
permettant au ministre de travailler en collaboration avec les autres ministres
intéressés. C'est quand même le ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche qui demeure le maître d'oeuvre. On lui donne
la possibilité de le déléguer à un autre ministre.
Cela peut s'apparenter à une MRC à qui on pourra demander
d'appliquer la loi pour nous si elle le veut tout comme dans cet article. Mais
le ministre se garde toujours, évidemment, le gros bout du bâton:
il peut retirer cette délégation. C'est un petit peu la
même chose avec les autres ministres. Cela se veut des outils
d'intervention très souples, compte tenu...
M. Desbiens: Oui, mais tellement souples que c'est tout à
fait discrétionnaire, et tellement
souples qu'il me semble que cela peut même lui permettre de
contourner l'article 128.6.
M. Côté (Gaétan): Cela ne contourne pas
l'article 128.6. Cela vient le compléter, parce qu'en vertu du
paragraphe 3°, le ministre peut autoriser une activité, même
si elle modifie. Cela permettra au ministre de déléguer à
un autre ministre, tout comme à l'article 128.16 que l'on verra plus
loin, on pourra déléguer à une MRC le soin d'appliquer la
loi, à l'intérieur évidemment, des conditions et des
normes que le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche aura pu
fixer.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): Un bref commentaire, M. le
Président. On a le choix d'être bien balisés dans une
réglementation rigide. Ma courte expérience politique
m'amène cependant à croire que c'est aussi très
intéressant parfois d'avoir des interventions modulées, d'avoir
des interventions de souplesse qui permettent d'agir. En tout cas, on se bute
trop souvent à cette réglementation gouvernementale rigide. Cela
nous empêche d'agir dans plusieurs cas. Cette fois-ci, on a pensé
à un règlement souple ou, du moins, à un article de loi
qui permet une certaine souplesse. Je pense qu'il faut le saluer et le
remercier.
M. Desbiens: Je suis d'accord avec le député de
Matapédia. Est-ce que c'est le bon? Je ne me suis pas trompé
cette fois?
Le Président (M. Saint-Roch): C'est la bonne
circonscription, M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: II me semble que le 3° de l'article 128.6: "une
activité autorisée par le ministre", lui donne cette souplesse
dont il a besoin.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à 128...
M. Desbiens: II ne s'agit pas du ministre actuel. On parle de
façon générale. Cela prend une part de
discrétionnaire dans certains cas pour avoir cette souplesse, je suis
d'accord, mais je trouve que cela devient très large à l'article
128.8. On l'adopte surdivision, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 128.8 étant
adopté sur division, j'appelle maintenant l'article 128.9.
M. Picotte: Merci, M. le Président. L'article 128.9: "Sur
avis du ministre et après que celui-ci ou son représentant ait
tenu une audience publique, le gouvernement peut, aux conditions qu'il
détermine, autoriser la réalisation d'une activité qui
modifie un habitat faunique s'il estime que sa non réalisation ou son
abandon entraînerait, pour la collectivité, un préjudice
plus grand que l'altération de l'habitat faunique en cause. "Le ministre
peut requérir le ministre de l'Environnement de mandater le Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement de tenir l'audience publique."
Cet article a pour objet de permettre au gouvernement, sur avis du
ministre, d'autoriser une activité qui modifie un habitat faunique
lorsque l'intérêt public le justifie, dans le cas où la
non-réalisation ou l'abandon du projet entraînerait pour la
collectivité un préjudice plus grand que la modification d'un
habitat. Avant de soumettre un tel avis au gouvernement, le ministre devra
préalablement tenir une audience publique. À cette fin, il pourra
utiliser la compétence du Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement, si le ministre de l'Environnement y acquiesce. Cet article
vise des objectifs similaires au pouvoir du ministre de délivrer des
autorisations. Il se situe cependant dans un cadre plus large, où
l'importance et l'impact des travaux projetés justifieraient la tenue
d'audiences publiques et l'intervention gouvernementale. Cela pourrait
être le cas, par exemple, pour des travaux d'érection d'un
barrage, pour un développement minier majeur ou pour l'implantation
d'infrastructures routières. Par ailleurs, les travaux de grande
envergure risquent fort d'être assujettis à ia procédure
d'évaluation et d'examen des impacts sur l'environnement prévus
par la Loi sur la qualité de l'environnement. Comme c'est alors le
gouvernement qui délivre un certificat d'autorisation, il pourra donc
délivrer une autorisation tant sous l'aspect environnement que sous
l'aspect protection des habitats fauniques.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Dubuc.
M. Desbiens: Je suis bien content de voir la tenue d'audiences
publiques. Au deuxième alinéa, que signifie "le ministre peut
requérir"? (12 h 15)
M. Picotte: Je ne peux pas obliger à la tenue d'audiences,
alors je dois demander à mon collègue, le ministre de
l'Environnement, de mandater le Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement...
M. Desbiens: C'est une requête.
M. Picotte: ...de tenir justement ces audiences. C'est lui qui a
l'autorité sur le Bureau d'audiences publiques.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Desbiens: Bien là...
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que 128. 9 est
adopté? M. le député de Dubuc.
M. Desbiens: Est-ce que vous avez songé, quand vous dites
à la troisième ligne du premier alinéa: "le gouvernement
peut, aux conditions qu'il détermine...", que c'est toujours la
même expression qu'on retrouve depuis deux ou trois articles, "aux
conditions qu'il détermine"? On a vu une fois: "aux conditions qu'il
détermine par règlement".
M. Picotte: On me dit que cela fait référence ici
à des cas ad hoc.
M. Desbiens: Tous des cas ad hoc. Ah! Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, l'article 128.9
étant adopté, j'appelle l'article 128.10.
M. Picotte: Merci, M. le Président. L'article 128.10, M.
le Président: Toute personne qui requiert une autorisation doit le faire
par écrit au ministre. "Le ministre peut exiger tout renseignement qu'il
estime nécessaire pour rendre sa décision."
Cet article indique comment se fait une demande d'autorisation. Celle-ci
doit être faite par écrit au ministre qui peut alors exiger tout
renseignement qu'il estime nécessaire pour rendre sa décision.
Les types de renseignement requis doivent être laissés à la
discrétion du ministre plutôt qu'être
déterminés par règlement, puisque les autorisations sont,
par essence, spécifiques. Il importe donc que le ministre ait toute la
latitude nécessaire pour exiger les renseignements requis, afin de
pouvoir rendre une décision éclairée.
M. Desbiens: N'aurait-il pas été plus simple de
dire: Toute personne qui requiert une autorisation doit le faire par
écrit au ministre en motivant sa demande, quelque chose comme cela?
M. Picotte: On me dit que, libellé de cette façon,
l'individu pourrait très bien motiver sa demande à sa
façon et que si cela ne satisfait pas le ministre, celui-ci serait
obligé de la considérer comme ayant été
motivée, alors qu'autrement cela me permettrait d'aller chercher des
renseignements additionnels, le cas échéant, si la motivation
comme telle de l'individu n'était pas satisfaisante pour le
ministère ni pour la protection de l'habitat.
Le Président (M. Saint-Roch): Bon, adopté? M.
Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 128.11.
M. Picotte: "Un ministre motive tout refus de délivrer une
autorisation et le notifie par écrit au requérant."
Cet article a pour objet de préciser que toute décision du
ministre refusant une demande d'autorisation doit être motivée et
notifiée par écrit au demandeur. Cette obligation de motiver une
décision permettra au citoyen de connaître pourquoi sa demande est
rejetée et préviendra le risque de décision arbitraire
basée sur des considérations autres que celles visant à
protéger des habitats fauniques.
M. Desbiens: Cela va comme cela, mais si le requérant ne
trouve pas que la motivation du ministre est bonne, quel est son recours? Il
n'a plus de recours possible ou y a-t-il un appel, quelque part, qu'il peut
faire?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: On me dit, M. le Président, qu'il n'y aurait
pas de recours sauf que, si on est capable de prouver que le ministre a agi de
mauvaise foi, il y aurait alors des recours aux tribunaux.
Une voix: Cela n'arrivera jamais.
M. Desbiens: Non, je sais bien que cela n'arrivera jamais avec
l'actuel ministre - il va toujours être bien motivé - mais, quand
même, il faut toujours prévoir...
Une voix: Recours à... Des voix: Ha, ha, ha!
M. Desbiens: C'est cela, vous vous organisez pour nous donner du
travail! Sérieusement, il n'en demeure pas moins qu'il faut une
ouverture au citoyen. Évidemment, il y a toujours les tribunaux, mais
c'est un ultime recours, et ce n'est pas une procédure facile ni rapide,
on le sait.
M. Picotte: Me Côté.
Le Président (M. Saint-Roch): Me Côté.
M. Côté (Gaétan): J'attire l'attention sur
l'article 128.14 qui suit et où l'on précise qu'avant de refuser
une autorisation, le ministre donne au titulaire l'occasion de faire ses
représentations. Par ailleurs, au niveau des décisions
motivées - c'est ce qu'on retrouve de plus en plus dans les lois - au
niveau des organismes administratifs qui interviennent, on leur fait obligation
non seulement de dire oui ou non, mais encore de dire pourquoi, pour que la
personne puisse savoir si le refus est effectivement pour une raison qui
ressort des objectifs de la loi.
M. Desbiens: Ah! Cela, c'est bien. Je suis parfaitement d'accord
avec cela. L'article 128. 14 donne au requérant l'occasion, avant une
décision finale, de discuter. On y reviendra tantôt.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 128. 11
est adopté?
M. Desbiens: C'est important, M. le Président, que le
citoyen puisse avoir des moyens de contester les décisions des
gouvernements. L'article 128. 14 est un minimum de garantie. Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 128. 11 est
adopté. J'appelle l'article 128. 12
M. Picotte: M. le Président, l'article 128. 12: "Le
ministre peut exiger tout renseignement relatif à la réalisation
d'une activité dans un habitat faunique. "
Cet article donne au ministre le pouvoir d'exiger tout renseignement
relatif à la réalisation d'une activité dans un habitat
faunique. Cette disposition permettra au ministre de s'assurer du respect de la
loi, tant à l'égard des activités autorisées
spécialement que des activités qui pourraient, à certaines
conditions, être exemptées par règlement du
gouvernement.
M. Desbiens: Je reviens encore à l'article 128. 6 qui est
très complet. Est-ce que ce n'est pas implicite à l'article 128.
6? Il n'y a pas moyen de modifier quoi que ce soit à l'habitat faunique,
mais le ministre dans certaines circonstances, c'est-à-dire
l'interdiction ne s'applique pas... C'est une activité autorisée
par le ministre et c'est implicite qu'il va demander des renseignements, des
explications, quelque chose avant de prendre sa décision.
Le Président (M. Saint-Roch): Me Côté.
M. Côté (Gaétan): Cet article vise à
donner un moyen d'intervention au ministre pendant que l'activité se
déroule. Cela pourrait être, par exemple, une activité qui
a été exclue d'une autorisation, tout comme une activité
qui a été autorisée et, en cours d'opération, le
ministre pourrait demander: Comment réalisez-vous cela? Est-ce que vous
respectez comme il faut mes conditions? Pouvez-vous me fournir des informations
sur tel élément? C'est un mode d'intervention.
M. Desbiens: Oui, je comprends l'explication, mais est-ce
nécessaire d'indiquer cela? Si le ministre a pris une décision
sur une activité dans un habitat faunique et qu'il a indiqué ses
conditions comme on l'a déjà dit, il va nécessairement
surveiller l'exécution de son autorisation, non?
M. Picotte: On vient de me dire que cet article-là a lieu
d'être, dans le sens que c'est un pouvoir d'enquête que le ministre
se donne spécifiquement durant les travaux pour bien s'assurer que tout
est respecté.
M. Desbiens: C'est nécessaire qu'il soit là? M.
Picotte: On me dit de chaque côté... M. Desbiens: Bon,
si c'est nécessaire.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, est-ce que l'article
128. 12 est adopté? M. le ministre.
M. Desbiens: Cela va. Je pensais qu'il y avait des explications
supplémentaires.
M. Picotte: On me dit que si on ne l'avait pas, on ne pourrait
pas intervenir suffisamment rapidement ou on pourrait nous reprocher de ne pas
intervenir. À partir de ce moment-là, cela causerait certains
problèmes. Alors, on me dit des deux côtés et en
arrière que c'est nécessaire.
M. Desbiens: En tout cas, cela ne me convainc pas
nécessairement, mais ce n'est pas nuisible. On va l'accepter.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 128. 12 est
accepté.
M. Picotte: M. le Président, c'est le principe du trop
fort ne casse pas.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant
l'article 128. 13.
M. Picotte: 128. 13, M. le Président: "Lorsque le
titulaire d'une autorisation fait défaut de se conformer aux conditions
qui y sont mentionnées, le ministre peut suspendre ou révoquer
l'autorisation ou confisquer la garantie fournie par le titulaire et l'utiliser
afin de réparer les dommages causés à l'habitat faunique.
"
Cet article énonce ce que le ministre peut faire si le titulaire
d'une autorisation ne respecte pas les conditions qui y sont prévues. Le
ministre pourrait alors suspendre ou révoquer l'autorisation ou
même confisquer s'il y a lieu la garantie qui a pu être fournie et
l'utiliser pour réparer les dommages causés à l'habitat
faunique.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions?
M. Desbiens: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 128. 13
est adopté?
M. Desbiens: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
l'article 128. 14.
M. Picotte: M. le Président, cela fait
référence à ce qu'on a souligné tantôt.
"128.14 Avant de refuser, de suspendre ou de révoquer une autorisation
ou de confisquer une garantie, le ministre donne au requérant ou au
titulaire l'occasion de fournir ses observations dans ie délai qu'il
indique." Je pense que les explications sont faciles.
M. Oesbiens: Le délai qu'il indique. Il faut entendre
qu'il aura un délai suffisant. C'est très vague.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: On me dit que, comme il s'agit parfois de travaux
à caractère urgent, indiquer un délai fixe ne serait pas
approprié. Alors, ce qu'il faut faire, c'est d'obliger le ministre
à donner au requérant ou au titulaire l'occasion de fournir ses
informations dans un délai qui est compatible avec l'urgence des travaux
ou la façon de procéder. Mais il évident qu'il faut
permettre, M. le Président, et là-dessus je serai d'accord avec
le député de Dubuc, tel qu'il l'a souligné tantôt,
il faut permettre au citoyen non seulement d'être informé, mais de
pouvoir aussi nous faire ses remarques, le cas échéant où
il y a un refus, de sorte que le citoyen soit bien avisé des points
importants qui motivent le refus du ministre.
M. Desbiens: Bien sûr, M. le Président, que la loi,
c'est un peu comme on le disait dans le projet de loi 101 pour les pouvoirs
nouveaux accordés aux ZEC, aux zones d'exploitation
contrôlée, c'est à l'usage qu'on va voir ce que cela donne.
Dans ce cas-là, s'il y a lieu, si le ministre abuse de son délai,
la loi devra être modifiée parce qu'il faut avant toute chose...
Les lois sont faites pour les citoyens, donc on doit leur donner toute la
possibilité d'être bien entendus. Si on va aux affaires sociales,
par exemple, il y a trois niveaux d'appel possibles. Sans aller
jusque-là dans le cas présent, cela peut même, dans
certaines circonstances, être important qu'il y ait des recours et...
M. Picotte: En fait, M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Picotte: ...ce qu'il est important de souligner, c'est que la
Charte des droits et libertés nous oblige aussi à certaines
choses, au droit d'être entendu de la part du citoyen et le ministre qui
profiterait d'une situation comme cela pour aviser quelqu'un le jeudi soir ou
le vendredi, vers la fin de la journée, sans lui permettre d'utiliser
son droit d'au moins discuter du refus, se verrait sans doute blâmer
sévèrement. Mais je suis d'accord avec le député
de
Dubuc que, autant dans le domaine des ZEC où on a apporté
des changements majeurs à la loi 101 que dans ce domaine, il va falloir,
à mon avis, dans un délai relativement court, revenir pour
s'ajuster sur certains articles de loi. C'est indéniable, M. le
Président, surtout qu'on est dans des domaines où on peut parfois
léser des citoyens qui sont de bonne foi. Je pense qu'effectivement on
ne pourra pas s'empêcher de revenir, dans un délai assez rapide,
corriger certaines choses.
M. Desbiens: En tout cas, l'obligation est là pour le
ministre. Si le ministre donne au requérant... Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 128.14
étant adopté et comme nous sommes à une minute de la fin,
à moins qu'il n'y ait un consentement... M. le député de
Dubuc. 6»
M. Desbiens: II n'y a rien de vraiment litigieux, sauf que... On
ne peut pas revenir cet après-midi, c'est le débat sur le
budget.
Le Président (M. Saint-Roch): Nous avons le mandat de
siéger jusqu'à 12 h 30 et, actuellement, nous n'avons pas de
mandat pour cet après-midi, mais des ordres pourraient être
donnés après les affaires courantes.
M. Desbiens: Oui, mais cet après-midi, à cause du
budget, je pense qu'on ne peut pas siéger en commission.
Le Président (M. Saint-Roch): Oui, vous avez raison,
à cause de la réplique au discours sur le budget.
M. Desbiens: La réplique.
Le Président (M. Saint-Roch): Si nous revenions...
M. Picotte: Peut-il y avoir un mandat... Je ne sais pas. Peut-il
y avoir un mandat après la réplique officielle?
M. Desbiens: Oh! Je ne le sais pas. Une voix: Cela dure
deux heures.
Le Président (M. Saint-Roch): Non, je crois que ce serait
plutôt...
M. Picotte: Ah! deux heures.
Le Président (M. Saint-Roch): ...après 20
heures.
M. Picotte: Cela veut dire qu'on va probablement se retrouver
après 20 heures, M. le Président.
M. Desbiens: Est-ce que cela ne vous ferait rien de continuer
jusqu'à 13 heures?
M. Picotte: Ah! Je n'ai pas d'objection à cela si mes
collègues...
M. Desbiens: Je pense qu'on pourrait finir. J'ai l'impression
qu'on pourrait finir.
Le Président (M. Saint-Roch): On pourrait finir. Il en
reste quelques... Est-ce qu'il y a consentement?
M. Picotte: II y aura, M. le Président,
sûrement...
M. Desbiens: II y a un article qu'il faut revoir. On est aussi
bien de remettre cela.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 4 qui était
demeuré...
M. Picotte: Oui, parce qu'il y aura deux articles, entre autres,
où on sera obligé de revenir parce que je dois aller au
comité de législation aussi pour certains papillons. Alors...
M. Desbiens: Ce n'est pas trois ou quatre heures, plus tard qui
va changer l'application de la loi.
M. Picotte: C'est cela. On se retrouvera, M. le Président,
selon les directives.
Le Président (M. Saint-Roch): Selon les directives et les
ordres de l'Assemblée nationale.
Sur ceci, la commission de l'aménagement et des
équipements suspend maintenant ses travaux sine die.
(Fin de séance à 12 h 31)