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(Dix heures cinq minutes)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'aménagement et des équipements
entreprend maintenant ses travaux pour procéder à
l'interpellation adressée au ministre des Transports par le
député de Lévis sur le document intitulé "Plan
d'action 1988-1998 - Le transport dans la région de
Montréal".
Est-ce que nous avons des remplacements ce matin, M. le
secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue) est remplacé par M. Marcil
(Beauharnois); M. Camden (Lotbinière) est remplacé par M.
Gobé (Lafontaine); M. Charbonneau (Verchères) est remplacé
par Mme Harel (Maisonneuve); M. Gauvin (Montmagny-L'Islet) est remplacé
par M. Bélanger (Laval-des-Rapides) et M. Middlemiss (Pontiac) est
remplacé par M. Bélisle (Mille-Îles).
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
secrétaire. Je rappelle aux membres de cette commission que dans un
premier temps nous aurons un bloc de 20 minutes réparties entre M. le
député de l'Opposition et M. le ministre; un deuxième bloc
de 80 minutes réparties en 5 minutes consécutives et finalement
des remarques de conclusion de 20 minutes. Je reconnais maintenant le
député de Lévis pour 10 minutes.
Exposé du sujet M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, j'aimerais tout d'abord, au
début de l'intervention, dire au ministre, qui se proclame toujours
d'une ouverture légendaire du point de vue de fournir à
l'Opposition les documents, que d'une façon générale c'a
été vrai, sauf dans deux cas. Dans le cas des liqueurs de sulfite
usées, il faut essayer d'avoir les documents un par un et
également, lors du dépôt du plan de transport de
Montréal, plan d'action 1988-1998, les journalistes ont pu prendre
connaissance du plan à huis clos à partir de 13 h 30. Le huis
clos a fini à 15 heures et nous n'avons pu en avoir copie qu'à 16
heures. Le ministre a même été plus sévère
que le ministre des Finances où là, au moins, l'Opposition prend
connaissance du budget du ministre des Finances en même temps que les
journalistes dans un huis clos, tandis qu'ici c'est seulement une heure
après la fin du huis clos qu'on a reçu copie du plan, à 16
heures, alors que le huis clos était fini depuis 15 heures. Je dois dire
que ce n'est pas vraiment une grande ouverture.
Dans un premier temps, j'aimerais dégonfler l'annonce de 1 600
000 000 $ du ministre. On ne sait pas à ce moment-ci qui paiera le
montant de 1 600 000 000 $, puisque le ministre n'a pas indiqué que ce
montant viendrait du gouvernement du Québec, mais qu'il serait à
partager avec les intervenants, ce qui est indiqué dans ses
communiqués de presse. Si l'on compare son plan aux investissements qui
ont été faits au cours des années antérieures,
entre 1976-1977 et 1985-1986, la période de dix ans qui a
précédé sous le gouvernement du Parti
québécois, on se rendra compte que le ministre va dépenser
beaucoup moins d'argent dans une période de dix ans postérieure,
entre 1988 et 1998, que le gouvernent du Parti québécois entre
1976 et 1986, puisque, pour le réseau routier, le gouvernement du Parti
québécois a investi, entre 1976 et 1985, 658 500 000 $, alors que
le plan Côté de 1988-1998, au point de vue du réseau
routier, prévoit des sommes de 841 900 000 $, ce qui veut dire, sous cet
aspect, 183 400 000 $ de plus. Mais si on avait tenu compte de l'inflation,
même seulement à 3,5 %, c'est 889 000 000 $ qu'il aurait dû
dépenser et, encore là, à ce moment, cela aurait
été - une inflation, remarquez bien, de 3,5 %, c'est bien
conservateur - 47 100 000 $ de moins que le gouvernement
précédent. Si on avait pris une inflation de 4,5 %, cela aurait
été 113 000 000 $ de moins.
Quant au transport collectif, le gouvernement du Parti
québécois, entre 1976 et 1985 - parce qu'il croyait au transport
collectif - a investi 1 068 800 000 $, alors que le plan Côté,
lui, dix ans plus tard, entre 1988 et 1998, prévoit seulement 780 500
000 $, soit 288 300 000 $ de moins que sous le gouvernement du Parti
québécois entre 1976 et 1985-1986. S'il y avait eu un taux
d'inflation de 3,5 % seulement, il aurait dû dépenser, pour
équivaloir aux mêmes sommes investies sous le gouvernement du
Parti québécois, 1 442 900 000 $, c'est-à-dire un
écart, à 3,5 % d'inflation seulement, de 662 400 000 $. À
4,5 % d'inflation, il aurait dépensé 769 300 000 $ de moins.
Alors, si on prend le grand total, on se rend compte que le gouvernement
du Parti québécois, entre 1976-1977 et 1985-1986, a investi, dans
le transport de la région de Montréal, soit au réseau
routier ou soit au transport collectif, principalement dans le transport
collectif, 1 727 300 000 $, alors que le plan Côté prévoit
moins en chiffres absolus, même sans tenir compte de l'inflation, soit
seulement 1 622 400 000 $, 104 900 000 $ de moins.
Dix ans plus tard... Imaginez-vous, M. le Président, on n'a pas
calculé l'inflation depuis le début; on a seulement
calculé l'inflation à la fin des dix ans. S'il avait fallu
calculer l'inflation au
tout début, l'écart aurait été encore bien
plus grand. Cela veut dire que, pour maintenir les acquis à un taux
d'inflation de 3,5 %, il aurait dû dépenser 2 332 000 000 $,
c'est-à-dire qu'il dépensera 710 000 000 $ de moins. À 4,5
% d'inflation, le plan du ministre des Transports pour Montréal entre
1988 et 1998, à un taux d'inflation de 4,5 % qui sera à peu
près le taux réel, prévoit 882 000 000 $ de moins. C'est
quelque chose!
M. le Président, le ministre a beau se péter les
bretelles, au fond il investit dans le transport collectif à
Montréal, à cause de l'inflation, on peut dire environ 700 000
000 $ de moins et, dans le transport terrestre, une centaine de millions de
moins, selon l'inflation qui peut varier entre 3,5 % et 4,5 % d'après
une estimation des prévisions, mais ce ne sera sûrement pas en bas
de 3,5 %; ce n'est pas en bas de 3,5 % depuis quelques années. Cela s'en
va beaucoup plus vers 4,5 % ou plus dans les années qui viennent.
Donc, c'est un plan qui est beaucoup moins généreux qu'il
n'en a l'air et qui ne touche pas les vrais problèmes de transport. On a
l'impression, quand on voit le plan du ministre, d'avoir un catalogue d'avant
Noël et on dit: Choisissez. Alors, pour l'un, ce sera une mitaine, pour
l'autre, un gant, pour l'autre, une paire de lunettes, pour l'autre, une tuque
ou une paire de bas. Mais, quand on a fini de faire les cadeaux du catalogue,
on se rend compte que le système n'est pas habillé. Il y a des
éléments d'habit, mais il n'y a pas de plan d'ensemble. C'est
cela la principale lacune de ce plan annoncé par le ministre des
Transports pour la région de Montréal. Il n'y a pas de plan
d'ensemble, il n'y a pas d'objectif. Quel est l'objectif du ministre? On ne le
sait pas, à tel point même qu'on se rend compte que, même
après avoir dépensé cet argent-là, les transports
et les équipements routiers seront sans doute plus congestionnés
que jamais, non pas sans doute, mais sûrement plus congestionnés
que jamais parce qu'on va construire de nouvelles autoroutes et augmenter la
capacité de celles qui existent, sans contribuer à diminuer le
nombre de véhicules dans le centre de Montréal. Ce qui voudra
dire... Et ce n'est pas pour rien que les Montréalais indiquent dans un
sondage récent que, dans une proportion élevée, ils sont
même prêts à interdire les automobiles au centre-ville parce
qu'ils se rendent bien compte - ils ne sont pas fous - qu'avec le
système qui est pensé par le ministre on assistera sans doute
à une congestion qui n'aura jamais été aussi grande dans
le centre de Montréal.
De plus, on se rend compte que, pour l'organisation du transport, on ne
prévoit rien concernant un mécanisme régional
d'organisation et d'exploitation du transport en commun. En
réalité, il n'y a rien. L'efficacité du transport en
commun dans la région de Montréal souffre profondément de
la multitude des intervenants dont les intérêts sont divergents.
D'ailleurs, le plan semble avoir accentué les clivages plutôt que
les diminuer. C'est pourquoi il y a une forte opposition des membres de la
Communauté urbaine de Montréal qui sont appuyés par
plusieurs groupes, la chambre de commerce... Habituellement, la chambre de
commerce appuie le gouvernement libéral. Même la chambre de
commerce, avec son président, M. Claude Garcia, que j'ai bien connu,
puisque c'était mon opposant comme candidat libéral, en 1981,
dans le comté de Lévis, même M. Garcia, qui est un homme
intelligent, n'a pas été capable de dire que le ministre avait
fait un bon plan. Les syndicats et l'Union des producteurs agricoles se sont
élevés contre ce plan. C'est quand même quelque chose de
surprenant. (10 h 15)
Pas de concertation régionale, étalement urbain
favorisé, un catalogue sans objectif d'ensemble! On ne saisit pas les
objectifs. Et ceux qui ont fait la critique - par exemple, je pense aux
éditorialistes qui ont fait la critique - ont dit: On ne saisit pas les
objectifs dans ce plan. Des orientations d'ensemble n'apparaissent pas, sauf un
catalogue, ce qui, à mon avis, est vraiment le signe d'un organisateur
politique, le ministre des Transports. En fait, il dit: Je vais faire un petit
cadeau ici, un petit cadeau là; certains maires vont être contents
parce qu'ils auront reçu leur petit cadeau. Cela ne veut pas dire que,
dans l'ensemble, le problème du transport a Montréal sera
réglé, au contraire. C'est pourquoi les gens les plus
clairvoyants ont dénoncé ce plan de transport. Je vous
remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député Lévis. Je vais maintenant reconnaître M. le
ministre pour dix minutes.
Réponse du ministre M. Marc-Yvan
Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
c'est avec beaucoup de sympathie et même de reconnaissance que je veux
remercier ce matin le député de Lévis et critique de
l'Opposition en matière de transport pour l'occasion qu'il nous fournit
de s'adresser directement à la population du Québec qui
écoute ce matin et qui a beaucoup entendu parler du plan de transport,
selon le siège où l'on se situait.
Pour bien leur faire comprendre exactement ce qui s'est passé et
ce qui se passera, il faut retourner un peu dans le temps. Du temps où
elle était critique de l'Opposition en matière de transport, Mme
la députée de Maisonneuve avait, dès les premiers instants
de décembre 1985, souhaité, au nom de la grande Communauté
urbaine de Montréal, que nous puissions avoir une commission
parlementaire afin d'entendre des intervenants sur un plan d'ensemble quant
à la réponse sur les immobilisations futures en
matière de transport en commun dans la grande région de
Montréal. Et, à l'époque, j'avais accepté en disant
que nous pourrions la tenir, et dès août 1987 - après des
reports, il faut bien le préciser, demandés par les
autorités de la ville de Montréal qui était en
élection et par la suite demandés au printemps de 1987 par la
Communauté urbaine de Montréal qui souhaitait que ce soit
davantage à la fin de l'été, début de l'automne -
donc, au mois d'août 1987, on a tenu à Montréal une
commission parlementaire aux fins d'entendre les intervenants de la grande
région de Montréal qui devaient s'exprimer sur leurs besoins
futurs et, finalement, manifestant de l'ouverture - comme le
député de Lévis le disait tantôt, ce qui est une
marque de commerce chez nous - nous avions accepté que la commission
parlementaire puisse déborder sur le financement du transport en
commun.
La principale demande quant au financement du transport en commun
était pour obtenir une enveloppe fermée, indexée pour les
cinq prochaines années, mettant fin ainsi aux différents
programmes qu'avaient mis sur pied nos prédécesseurs et où
une chatte ne retrouvait pas ses petits, programmes qui étaient
contraignants pour la Société de transport de la
Communauté urbaine de Montréal puisque, plus elle avait de monde
sur ses lignes, plus elle était pénalisée par des mesures
de plafonnement. Nous avons donc réglé cette partie-là en
reconnaissant une enveloppe fermée pour cinq ans répondant aux
besoins et à la demande telle qu'elle avait été
élaborée par les autorités de la STCUM.
Différents intervenants sont venus demander des choses, ceux de
Laval sont venus et c'était clair, ceux de la rive sud de
Montréal sont venus et c'était clair. Et, finalement, in
extremis, une semaine avant la commission, l'ensemble de la communauté
urbaine s'entendait pour déposer, au nom de la Communauté urbaine
de Montréal, donc incluant la Société de transport de la
Communauté urbaine de Montréal et toute une série de
personnes, soit la STCUM et les maires, un document que j'ai ici. Et regardons
le, parce que c'est la base même de l'intervention gouvernementale qui
voulait, dans son plan de transport, répondre à la logique
déposée lors de la commission parlementaire. C'était
normal. On était interpellé, donc il fallait répondre
selon leur propre logique.
Dans le mémoire de la Communauté urbaine de
Montréal, à la page 19 on voit le programme d'investissement qui
demandait 1 100 000 000 $ pour les dix prochaines années. Le ministre
des Transports du Québec est comme le député de
Lévis, il ne connaît pas Montréal. C'est un
gaspésien d'origine, de Charlesbourg maintenant, pas dans le trafic
trop, trop. Il est comme le député de Lévis, il ne
connaît pas ça. Eux, ils connaissent ça parce que
c'était toute la "gang" de Montréal qui connaissait le transport
en commun. Ils ont donc mis ça dans un beau petit document. Un beau
petit document qui dit: trois niveaux d'intervention: le développement
des infrastructures et l'acquisition du matériel roulant: 450 000 000 $;
le renouvellement du parc d'autobus: 205 000 000 $; la conservation du
patrimoine et l'amélioration du service: 420 000 000 $. C'est heureux
parce qu'à partir du moment où c'est le document de
référence de gens qui connaissent le transport en commun on doit
avoir une vision régionale, à tout le moins pour l'île, et
ça doit au moins vouloir dire quelque chose.
C'est à partir de ces données que nous avons
analysé les demandes et que nous avons émis un plan de transport.
Le député de Lévis peut bien porter le jugement qu'il veut
sur l'ensemble qui n'est pas cohérent ou sur le manque d'objectif.
L'objectif est pourtant très clair: parachever ce que vous n'avez pu
parachever, une complémentarité entre des réseaux
routiers, d'une part, qui transportent des personnes qui ont quand même
la liberté de prendre leur voiture malgré les
inconvénients et, d'autre part, un réseau de transport en commun
qui doit autant que possible desservir la totalité des intervenants.
C'est clair.
Nous avons donc répondu à cela et en perfectionnant la
réponse, compte tenu du peu d'information que nous avions au moment
où cela nous a été déposé puisque l'entente
était intervenue sept jours auparavant. M. le Président, à
partir des analyses que nous avons faites, on a donc pris comme scénario
d'intervention le modèle même proposé par la CUM.
Premièrement, conservation du patrimoine, donc maintien des acquis;
deuxièmement, amélioration des systèmes existants pour
optimiser leur efficacité et, troisièmement,
développement, la logique voulant qu'on conserve d'abord les acquis
avant de faire du développement et qu'on aille dans le sens de
l'amélioration de ce qui existe, la logique étant ultimement que
nous irions vers le développement. C'est tout simplement ce qu'on a
fait.
Je regarde le renouvellement du parc d'autobus: 205 000 000 $; ce
dossier était déjà réglé puisque le
programme a été renouvelé, M. le Président, dans le
plan du renouvellement de la flotte d'autobus. Donc on l'oublie, on le sort, et
il n'est même pas compris à l'intérieur du plan de
transport. Cela fait donc 1 100 000 000 $, moins 205 000 000 $, donc
approximativement 900 000 000 $ demandés par la CUM. À ce
moment-là, nous répondons à la demande. Le
député de Lévis dit: On va tenter de dégonfler le
montant de 1 600 000 000 $ de telle sorte que cela paraisse que nous, de
l'excellent gouvernement précédent, sommes intervenus de
manière massive et plus substantielle que le gouvernement actuel. Ce
n'est pas ce qu'il faut voir. Vous avez une attitude du passé, alors
qu'il faut regarder vers l'avenir. C'est clair. Vous êtes
passéistes, alors que les gens de la région de Montréal
attendent davantage quelqu'un qui a une vision de l'avenir. Vous tentez de
défendre votre gouvernement. Arrêtez,
vous avez été battus. C'est clair. Il faut regarder vers
l'avenir et c'est dans ce sens-là qu'il faut regarder. Arrêtez de
comparer. La nostalgie du passé, il faut que ça finisse. Il faut
regarder vers l'avenir et voir quels sont les besoins des gens. Ils ont
d'ailleurs été exprimés très clairement. Est-ce que
vous êtes plus connaissant que la Communauté urbaine de
Montréal au plan de ses futurs besoins? J'imagine que, si nous ne le
sommes pas, on peut au moins tenir pour acquis qu'ils connaissent ça un
peu. Et je vous mets au défi, pendant les deux heures que nous avons, de
nous dire les éléments qui n'ont pas été
touchés à l'intérieur de la demande même de la
Communauté urbaine de Montréal. Je vous mets au défi.
S'il y a des problèmes de distinction entre la
Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal et la CUM, la société n'avait qu'à venir
déposer un mémoire. Mais ils ont choisi de le faire à
l'intérieur du cadre de la communauté urbaine et c'est ça
qu'on nous a demandé et c'est à ça que nous avons
répondu.
Globalement, le plan de transport de 1 622 000 000 $ est payé
presque en totalité par le gouvernement du Québec puisque, dans
l'hypothèse où !e métro serait payé à 100 %
par le gouvernement du Québec, c'est le gouvernement du Québec
qui paie. Dans le cas des routes, c'est le gouvernement du Québec qui
paie. Il y a une participation du gouvernement fédéral pour le
train de banlieue de Deux-Montagnes et une participation très marginale
dans un autre projet. Donc, on peut dire très facilement que 90 % ou 95
% de la facture dans ce cas est une facture payée par le gouvernement du
Québec.
Au-delà de tout ça, on dit qu'on ne touche pas au vrai
problème. Comme ministre, je réponds à des demandes
provenant du milieu qui sont sur la table de travail depuis dix ans. C'est
l'inventaire de toutes ces demandes qui ont été traitées
au ministère et qui a fait en sorte qu'on a eu un plan d'ensemble, pas
uniquement un plan d'ensemble pour IHe mais un plan d'ensemble pour la grande
région de Montréal. Il ne faut pas parler avec deux chapeaux. Il
faut bien distinguer et être logique du début à la fin.
Lorsque vous parlez d'une superstructure qui devrait exister sur le plan
de la coordination du transport en commun à Montréal,
c'était effectivement une conclusion de la commission parlementaire, et
une table fonctionne actuellement pour éliminer ces divergences pour en
arriver éventuellement à cette décision. Vou-driez-vous
que le gouvernement du Québec l'impose? Je pense qu'il faut davantage
axer notre orientation dans une recherche d'équilibre, ce que nous avons
fait dans sept ou huit réunions jusqu'à maintenant, avec des
représentants de Laval, des représentants de la rive sud, des CIT
du nord et du sud, avec la Société de transport de la
Communauté urbaine de Montréal, auxquelles participe M. Hamelin,
qui est le président de la Communauté urbaine de
Montréal.
Dans ce sens, il est clair que pendant deux heures nous discuterons du
plan de transport. Si vous avez des questions spécifiques, je les
attends. Je tenterai d'y répondre avec les arguments que j'ai. Quant
à l'opposition que vous avez manifestée jusqu'à maintenant
en disant qu'il y a de l'opposition au plan, je prendrai soin, dans chacun des
cas, de vous rétablir la vérité en commençant par
M. Garcia, votre exadversaire, à qui vous trouvez bien des vertus
aujourd'hui, vertus que vous ne reconnaissiez pas au moment de la campagne
électorale de 1981.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. Je
vais maintenant reconnaître M. le député de Lévis
pour cinq minutes.
Argumentation M. Jean Garon
M. Garon: Ce que je voulais dire essentiellement, c'est que, si
M. Garcia a jugé bon de condamner le plan du ministre des Transports, ce
n'est pas parce que c'est un ami personnel du député de
Lévis ou du Parti québécois, c'est un ancien candidat
libéral. Il fallait qu'il ne le trouve vraiment pas à son
goût et que son organisme ne le trouve pas à son goût. Ce
n'est pas par amitié. Je pense bien que ça ne lui faisait pas
plaisir d'être obligé de dire que le plan n'était pas
bon.
Quand vous dites que les propositions de la STCUM, dans son
mémoire présenté à la commission parlementaire en
août 1987, se retrouvent toutes dans votre plan, oui, mais pas selon les
mêmes évaluations. Si on compare les coûts totaux des
projets, le mémoire de la STCUM parlait de 340 000 000 $ et, dans le
plan que vous avez proposé, on parle de 206 000 000 $. Cela fait un joli
écart. Pour plusieurs projets, les évaluations de la STCUM et du
ministère des Transports du Québec ne correspondent pas. Le
ministre peut-il dire pourquoi? Quand on regarde, par exemple, le coût
des mesures - je ne prendrai pas tout - les mesures 2, 9, 10, 11, 12 et 13,
dans le plan de la STCUM, il est évalué à 99 000 000 $;
dans votre plan, on l'évalue à 46 000 000 $. Cela fait un moyen
écart. Cela fait plus que la moitié moins.
Quand on compare les choses comparables, on se rend compte qu'il y a un
écart considérable entre 206 000 000 $ dans votre plan et 340 000
000 $ dans le plan de la STCUM. Qu'on vienne dire que c'est la même
chose, ce n'est pas vrai. Ce n'est pas la même chose. On peut bien mettre
les projets, excepté qu'ils sont quasiment, pas tout à fait
à moitié prix - c'est un montant considérable - mais moins
élevé. Le ministre a beau dire que je regarde dans le
passé, l'argent c'est l'argent. Si on dit: On va faire mieux que le
précédent gouvernement et qu'on dépense
l'équivalent de 800 000 000 $ de
moins, c'est-à-dire 1 600 000 000 $, alors qu'il aurait fallu
pour faire la même chose investir à peu près 2 332 000 000
$ selon le taux d'inflation, c'est-à-dire 710 000 000 $ de moins ou 880
000 000 $ de moins si on parle de 3, 5 % ou de 4, 5 % d'inflation, c'est de
l'argent. Ce n'est pas des pinottes, ce n'est pas des cuillérées
d'asphalte quand on est rendu à 800 000 000 $ de moins en dollars
constants si on tient compte de l'inflation. Là il s'agit de montants
d'argent considérables. Le ministre a beau dire ce qu'il voudra, c'est
beaucoup moins d'argent que le gouvernement précédent.
Maintenant, si on regarde l'absence de vision globale, votre plan
favorise l'étalement urbain. Des mesures qui individuellement... Un
maire peut dire: Moi, je suis content de ce pont, de ce bout de route, ou je
suis content de telle mesure, mais ce n'est pas ça un plan de transport.
Ce n'est pas un catalogue de cadeaux de Noël. Ce n'est pas ça.
Essentiellement, votre plan de transport, pour un organisateur politique, ce
n'est pas pire. C'est un catalogue de cadeaux Eaton. Sauf que, quand on regarde
le plan d'ensemble, on ne le retrouve pas. C'est pour ça que je dis: Sur
le plan de l'étalement urbain... Pourquoi tout le monde s'est-il plaint
de l'étalement urbain, pourquoi le maire de Montréal, s'il
trouvait ça bon, s'élève-t-il contre le plan de transport
devant la Chambre de commerce où il y avait 900 personnes venues
entendre le maire de Montréal parler du plan de transport et l'applaudir
devant la Chambre de commerce de Montréal? C'est quand même
quelque chose. Le ministre dit: J'ai fait l'unanimité. À
Charlesbourg, peut-être, mais à Montréal, s'il ne
connaît pas Montréal, je n'aimerais pas ça qu'il m'inclue
dans le même bateau que lui parce que je peux vous dire que depuis une
quinzaine d'années j'ai vécu pas mal de temps à
Montréal.
Sur le plan de l'étalement urbain, les gens disent: Cela va
favoriser l'étalement urbain. La population de Montréal n'est pas
desservie, et on reviendra en parler tantôt. Dans l'est, par exemple,
où ce sont les gens les plus démunis, où il y a le moins
d'automobiles, c'est là qu'il y aura le moins de transport en commun. Il
faut toujours bien aligner les choses ensemble. Comment se fait-il que les gens
qui ont le moins d'automobiles, qui ont le niveau de vie le moins
élevé sont ceux qui auront le moins de transport en commun? (10 h
30)
Quant au zonage agricole, pourquoi les gens de la protection des terres
agricoles disent-ils que le plan du ministre des Transports aura pour effet de
favoriser l'étalement, donc, l'activité qui va s'étendre
dans le territoire? C'est cela qui coûte le plus cher. L'option
préférentielle d'aménagement, le ministre en dit un mot
pour dire qu'il a regardé cela. Est-ce qu'il est pour, est-ce qu'il est
contre? On ne retrouve pas cela dans le plan. La congestion va-t-elle diminuer
sur les ponts, au centre-ville et sur les grands boulevards? Seulement pour le
développement des infrastructures, on prévoit dépenser 465
000 000 $ pour le réseau routier et 420 000 000 $ pour le transport
collectif. Pour les améliorations des infrastructures, le plan
prévoit dépenser 190 000 000 $ pour le réseau routier et
seulement 70 000 000 $ pour le transport collectif. Il y a un choix qui a
été fait dans ce projet. Ce n'est pas un choix pour le transport
collectif. C'est un choix qui n'a pas de vision. Quand on regarde le
développement démographique, le maire de Montréal l'a
souligné, on ne prévoit pas d'augmentation de la
démographie au Québec au cours des prochaines années;
même selon les démographes les plus optimistes, il n'y aura
à peu près pas de changement dans la population. Si le ministre
fait du déplacement, s'il favorise l'étalement urbain, qu'est-ce
qu'il va faire? Il va augmenter les coûts pour une même population
en promenant le monde. C'est pour cela qu'on dit: II n'y a pas de plan
d'ensemble, il y a une absence totale de continuité dans l'action. Les
gens qui ont analysé - non pas les gens qui ont dit: Moi, j'ai mon
cadeau - le plan d'ensemble se rendent compte qu'il n'y a pas de vision, qu'il
n'y a pas d'objectif dans ce plan.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. Je vais maintenant reconnaître M.
le ministre pour cinq minutes.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
à écouter le député de Lévis, cela fait deux
interventions d'une quinzaine de minutes qu'il fait, on a l'impression qu'il
veut tenter de s'improviser chef. Il tente de faire une certaine bouillabaisse,
et on sait que cela ne lui a pas très bien réussi dans le
passé de tenter de s'improviser chef. Ses propres militants ont
décidé qu'il n'avait pas les qualités pour l'être.
Il parle de toutes sortes de choses sans être capable de poser une
véritable question dans un cas particulier. On arrive à du
catalogue de Noël: organisateurs, chambre de commerce, M. Doré, le
zonage agricole et l'est de Montréal. Cela me fait rire un peu. C'est le
gars de l'Opposition qui essaie de s'accrocher à n'importe lequel os
pour tenter de l'amplifier. Cela m'apparaît très clair et
très évident.
Le député de Lévis a parlé de ceux qui
s'opposaient au plan comme si c'était quelque chose d'extraordinaire.
Est-il au fait que M. Garcia n'est plus à la Chambre de commerce comme
président de la Chambre de commerce de Montréal? Je pense que la
vision de la Chambre de commerce de Montréal évolue passablement
et dans pas grand temps vous aurez très certainement une très
belle surprise. Vous allez voir que ce grand penseur qu'était M. Garcia,
son passage aurait été très marquant à la
Chambre
de commerce de Montréal mais pas pour longtemps.
Le député de Lévis aborde la problématique
de l'est de Montréal. Cette même petite question est très
simple. Avec toutes les centaines de millions de dollars que vous avez
dépensés sous votre régime, avec la force tout à
fait exceptionnelle des Léger, des Camille Laurin, des Gilbert Paquette
et à l'occasion de Mme la députée de Maisonneuve -
malheureusement pour elle, pas très longtemps, parce qu'elle avait des
convictions - du premier ministre, l'ancien député d'Anjou, M.
Johnson, avec toutes ces centaines de milliers de dollars, de millions de
dollars, de milliards de dollars, dites-nous ce que vous avez fait pour
régler les problèmes de l'est de Montréal. Dites-nous
où vous avez investi dans le transport en commun pour être capable
d'avoir un équilibre sur cette île, pour répondre
véritablement aux besoins de cet individu qui aujourd'hui, dans l'est de
Montréal, est celui qui a peut-être le moins de revenus, comme
vous dites, et qui n'a pas d'automobile. Dites-nous donc d'une manière
très précise ce que vous avez fait avec tout cet argent pour
développer l'est de Montréal. À ce moment, vous aurez
contribué au débat et vous serez beaucoup plus crédible
pour défendre les gens de l'est de Montréal. Vous avez eu des
choix à faire à l'époque. Et j'ajoute les Tardif, il y en
avait des ministres dans ce coin-là, il y en avait de la force!
Même Tardif, ministre des Transports. Dites-nous
précisément, à part le métro fer sur fer qui n'a
jamais marché, qui était un ballon de campagne électorale,
ce que vous avez fait pour les gens de l'est de Montréal. Quand on parle
de l'opposition de M. Proulx, de l'UPA, et qu'on l'associe à tout le
monde, allez donc voir les gens de la rive sud de Montréal pour voir
s'ils sont contre !a route 30, les gens de l'UPA que j'ai rencontrés sur
le plan régional. C'est une question de respect, à tout le moins,
de la base de l'UPA. J'imagine que l'UPA régionale a plus d'importance
pour la route 30 qu'en a l'UPA nationale, parce qu'elle fait un grand combat
national. Finalement, je reconnais que le maire de Montréal, M. Jean
Doré, est l'un de ceux qui s'opposent le plus au plan et qu'il a ses
raisons que je ne lui conteste pas, compte tenu de la situation de la ville de
Montréal.
Le phénomène d'étalement urbain est un
phénomène au coeur des préoccupations et il l'a toujours
été. Dans ce plan préférentiel
d'aménagement, il faudra toujours se rappeler qu'en 1984 la force de M.
Lévesque, qui venait de la rive sud, et la force de Bernard Landry, qui
venait de Laval, ont fait un accroc à ce plan d'aménagement
prioritaire pour faire en sorte que l'on puisse, sur le plan des centres-villes
de Laval et de Longueuil, favoriser l'étalement. Malgré le fait
qu'on ait mis un blocage sur le développement du réseau routier
au cours des dix dernières années, cela a eu un
phénomène d'étalement, parce que c'est la liberté
de l'individu de choisir où il veut s'Impliquer. Si le gouvernement
décide de mettre des contraintes sur le plan de l'implantation de ces
gens-là dans les banlieues, soit par des mesures coercitives ou autres,
sur le plan de l'accès au centre-ville, c'est une question qui sera
sûrement discutée éventuellement.
Au-delà de tout cela, le plan de transport, malgré le fait
que le député de Lévis n'y voit pas un plan d'ensemble,
s'il n'en voit pas, c'est exactement la même philosophie qu'ils ont eue
à l'époque, c'est un document qui veut que le réseau
routier soit complémentaire au réseau de transport en commun. Et
nous voulons réparer des erreurs que vous avez faites pendant les
dernières années. Vous avez négligé l'entretien du
réseau routier à Montréal qui, lui aussi, fait partie du
maintien des acquis.
Le Président (M. Saint-Roch): Je remercie M. le ministre.
Je reconnais maintenant Mme !a députée de Dorion pour cinq
minutes.
Mme Violette Trépanier
Mme Trépanier: Merci, M. le Président. Étant
députée de l'est de Montréal, vous me permettrez de
concentrer mon intervention sur ma région.
L'équilibre et la complémentarité entre le
réseau routier et le transport collectif, d'une part, et
l'équilibre et la complémentarité, d'autre part, entre les
quartiers et les municipalités qui composent la communauté
urbaine sont essentiels pour un réseau de transport cohérent.
Notre gouvernement a posé des gestes concrets et significatifs pour
relancer l'économie dans l'est de Montréal. Les conclusions du
Comité de relance de l'économie et de l'emploi de l'est de
Montréal sont claires, et la députée de Maison-neuve est
sûrement au courant. Ce que l'on décèle dans ces
conclusions, on y dit que des liaisons routières incomplètes et
insuffisantes sont les principales lacunes qu'il faut corriger pour relancer
l'économie et l'emploi; d'autre part, on dit aussi que l'absence d'un
réseau de transport en commun freine le développement commercial,
industrie! et résidentiel.
En ce qui concerne la partie développement dans le plan de
transport, le ministre a pris en considération les demandes
exprimées et formulées dans des schémas
d'aménagement et également dans les sommets
socio-économiques et à la commission parlementaire d'août
1987. Force nous est d'admettre qu'aucune intervention n'avait
été "priorisée" dans le développement par la
Communauté urbaine de Montréal en ce qui a trait au
développement du réseau, ne serait-ce qu'un montant global de 450
000 000 $ pour des projets futurs. Nonobstant cette lacune de taille, et c'est
dommage qu'elle ait existé, je le concède, dans le cheminement de
la consultation en vue de l'élaboration du plan, nous devons être
cohérent dans nos interventions et c'est notre responsabilité.
Maintenant que nous avons
"priorisé" une action dans l'est de Montréal, c'est notre
responsabilité de fournir à cette région les outils
nécessaires aux développements résidentiel et
économique. Déjà, en août 1976, il y avait un
comité de transport de la région de l'est de Montréal qui
était formé. Ce comité a proposé des
recommandations le 14 septembre 1977: cela fait onze ans et rien n'a
été fait. Le député de Lévis parlait de
millions; ce n'est sûrement pas dans l'est que ces millions ont
été injectés. Il n'y a rien de fait dans l'est de
Montréal pour le plan de transport. Tout ce qu'on a réussi
à faire, c'est un moratoire en 1977 et en 1978. On sait que les
préoccupations du gouvernement sont d'un tout autre ordre, mais les
problèmes sont là, ils sont majeurs et il faut les
régler.
À mon avis, le débat est loin d'être clos et on fera
encore beaucoup de travail dans ce sens-là. Le projet du plan de
transport est perfectible et c'est la raison d'être d'une commission
parlementaire, mais pour y arriver, cependant, il est primordial d'avoir une
vision globale de la région métropolitaine. Il est essentiel
également que les autorités régionales travaillent ce
dossier en concertation. Les élus des différentes
municipalités ne doivent pas être des adversaires, mais des
partenaires dans ce plan de transport.
En conclusion, je dirai, M. le Président, que le plan de
transport qui nous a été présenté ces mois derniers
est un pas énorme vers l'amélioration du réseau et aussi
vers le développement de ce réseau. Mais je souhaite ardemment -
je m'adresse au ministre - que l'on puisse redéfinir certains points du
plan, pour arriver à desservir plus adéquatement la population de
l'extrême est de la Communauté urbaine de Montréal, tant au
point de vue du réseau routier que du point de vue du transport en
commun. Il en va de l'intérêt de tous les Montréalais, il
en va de l'intérêt des municipalités de la
communauté urbaine.
J'entends, avec mes collègues-députés de
Montréal, déployer toute l'énergie nécessaire pour
arriver a cet objectif. M. le Président, je vous remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, Mme la
députée de Dorion. Je vais maintenant reconnaître M. le
député de Lévis pour cinq minutes.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, je comprends que la
députée de Dorion n'est pas au courant, mais le moratoire mis en
place, c'était seulement sur les autoroutes. Deuxièmement, dans
votre comté, vous avez été chanceuse de voir
l'inauguration de stations qui ont été mises en place par
l'ancien gouvernement. Il y en a seulement trois dans votre comté - en
passant, sur la ligne 5 en direction d'Anjou jusqu'au boulevard Saint-Michel -
qui ont été construites et votées par l'ancien
gouvernement. Alors, vous pourriez au moins avoir l'honnêteté de
le dire.
Deuxièmement, en ce qui concerne le plan du ministre pour l'est
de Montréal, il n'a répondu à aucune des questions que
j'ai posées. J'en ai posé sur les dix ans, en comparant les
sommes d'argent dépensées en dix ans, il n'a pas répondu.
Je lui ai dit que les projets acceptés dans son plan, quand on les
comparait aux coûts qui avaient été prévus par la
STCUM, c'est 206 000 000 $ contre 340 000 000 $. Il n'a pas répondu non
plus là-dessus.
Là, j'aimerais lui souligner qu'en ce qui concerne l'est, dans le
projet qu'il présente, il n'y a pas grand-chose. Pourtant, c'est
là qu'est le besoin actuellement, puisqu'on voit qu'actuellement,
à l'ouest de Saint-Laurent, il y a 85 kilomètres et qu'à
l'est de Saint-Laurent il y en a 28. On se rend compte également qu'en
termes d'automobiles, dans l'est, il y a 33 % des ménages à
Montréal qui n'ont aucune automobile comparativement à Toronto
où c'est 25 %. Quand on regarde la carte du ministre des Transports, son
plan, la carte 6 - taux de possession d'automobiles par logis en 1982 - on se
rend compte que l'endroit où il y a le moins d'automobiles, c'est
justement dans l'est, au sud-est de l'île dans le plan de la
communauté urbaine. C'est là qu'il y a le moins d'automobiles. On
se serait attendu qu'on favorise davantage le développement du transport
en commun dans cette région, mais on ne voit pas ça
apparaître. Pourtant, c'est là que les revenus sont les moins
élevés également. On parle de 30 % de gens à
Montréal qui ont un revenu de moins de 15 000 $ par année. On en
parlait lors de la tenue de la commission parlementaire qui a
siégé à Montréal au mois d'août dernier, ce
sont des gens qui ont un revenu moins élevé et qui n'ont pas
d'automobile. Pourtant, le gouvernement ne s'occupe pas de ces gens. C'est pour
ça qu'on comprend mal.
On comprend mal - j'aimerais que le ministre nous en dise davantage - le
financement. Le financement ne dit pas grand-chose non plus. Le ministre dit
simplement que le ministère ne sera pas l'unique bailleur de fonds,
alors que, déjà, 1 600 000 000 $ représentent 700 000 000
$, à 3,5 % d'inflation, de moins que les sommes d'argent investies par
l'ancien gouvernement. Si on calculait qu'il payait entièrement le
montant de 1 600 000 000 $, cela représenterait quand même,
à 3,5 % d'inflation, 700 000 000 $ de moins que ce qui a
été investi dans la région de Montréal entre 1976
et 1985. C'est quelque chose, M. le Président. Ce ne sont pas des petits
montants d'argent, ce sont des sommes d'argent considérables et,
pourtant, le ministre n'a pas de réponse. On s'attendrait à ce
que le ministre dise quelque chose. Il ne répond pas. Il parle de M.
Garcia; il parle de la Chambre de commerce et tout cela. Mais ce n'est pas
ça que je lui demande. J'ai souligné, en passant, que la critique
qui avait été faite n'a pas été faite par quelqu'un
qui était considéré
comme un militant du Parti québécois. C'est tout
simplement ce que je lui indiquais. (10 h 45)
Je lui indique actuellement qu'en ce qui concerne le transport en commun
il n'y a pas d'objectif. On dit: II y a moins de gens qui prennent le transport
en commun. Oui, mais c'est parce qu'il est moins organisé qu'à
Toronto. Il faut aller dans le sens d'organiser davantage et d'améliorer
le transport en commun vers l'est de l'île. Je pense que cela
apparaît évident à tout le monde, ne pas couper au plus
court, mais faire en sorte que les gens soient mieux desservis. Ma
collègue, la députée de Maisonneuve, va intervenir tout
à l'heure pour souligner davantage cet aspect. Il faut, à un
moment donné, commencer à dire qu'il ne faut plus donner aux plus
riches et moins aux plus pauvres. Actuellement, la philosophie du gouvernement
semble être d'enrichir les riches et d'appauvrir les pauvres. Cela semble
être sa philosophie résumée en peu de mots. Cela s'est
manifesté, on l'a vu dans les discours sur le budget, sous plusieurs
aspects. C'est pour cela que je dis au ministre: Dites-nous quelque chose par
rapport à ce que vous avez l'intention de faire dans l'est de
Montréal parce qu'actuellement il n'y a pas grand-chose qui
apparaît par rapport aux besoins.
Je comprends qu'on parle de conservation du réseau, mais cela ne
fait que réparer un habit existant. Il faut que cela se fasse, mais ce
n'est pas cela qui améliore la situation. Maintenant, en fonction de la
situation qui a changé, qui s'est modifiée... Je pensais que le
document du Parti libéral, c'était Maîtriser l'avenir.
Je suis en train de me demander si ce n'était pas "Gérons le
passé", parce qu'il n'y a pas de vision d'avenir en tenant compte de ce
qui s'en vient dans ce secteur, avec le vieillissement de la population, avec
une démographie qui ne change pas beaucoup. Il faut un plan d'action en
conséquence, avec des objectifs, des orientations qu'on ne retrouve pas
dans le plan de transport du ministre des Transports.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. Je vais maintenant reconnaître M.
le ministre pour cinq minutes.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
vais, tel que m'y invite le député de Lévis, tenter de
répondre à certaines de ses interrogations. Ma collègue de
Dorion a évoqué tantôt le fait que le plan était
perfectible, je suis encore pleinement convaincu qu'il l'est. J'attends encore
de différents intervenants qui s'y sont opposés des
éléments qui pourraient rendre le plan perfectible.
Le député de Lévis disait: II n'a pas
répondu à mes questions sur les différences d'argent. Le
document de base déposé par la
CUM à la commission parlementaire est toujours, d'après
moi, un document de référence. C'est le document qui nous a
permis de travailler et de continuer de faire le plan. Mais, compte tenu de
certaines particularités de la communauté urbaine et dans le but
d'obtenir - il faut bien se le dire - certains appuis au niveau du plan de
transport, il est arrivé le 20 juin 1988 un petit document additionnel
qu'on aurait voulu voir considérer dans le plan, alors que le plan
était terminé, sur certains ajustements à être
apportés quant à la vision de la desserte de l'île de
Montréal. Il devenait très évident que c'était pour
se protéger alors qu'au préalable on n'avait pas eu la vision
d'inclure dans le plan une desserte adéquate de l'est de
Montréal. Cela m'apparaît très évident.
C'était un geste très circonstanciel dans le but d'aller chercher
en particulier l'appui du maire d'Anjou contre le plan de transport, c'est
clair; il faut dire la vérité, c'est celle-là. Alors, si
les chiffres ne correspondent pas aujourd'hui sur le plan de la réponse
par rapport à la demande, c'est que le document majeur et essentiel de
référence était celui du mois d'août 1987, pas celui
du mois de juin 1988, au moment où le plan était terminé.
C'est cela la différence entre certains chiffres.
Au-delà de tout cela, on me dit que dans le plan il n'y a rien
pour l'est. Il n'y a rien de plus faux. On me dit: Dans le plan, il n'y a rien
pour l'est. C'est faux! C'est totalement faux! Lorsqu'on parle du métro
à Montréal-Nord, situez-vous Montréal-Nord à Laval
ou si vous le situez dans l'est de Montréal? On l'a dit: il est clair
que Montréal-Nord, en prenant Saint-Léonard, en prenant
Montréal-Nord, c'est 60 % de la population de l'est de l'île de
Montréal. Nous avons donc choisi de desservir un marché de
population qui est très important, donc 60 %, là où on
retrouve au-delà de 45 000 déplacements par jour et là
où on répond à tout près de 50 000 emplois
créés dans ce milieu.
Élément très intéressant, le
député de Lévis dit: le financement. On a donc
réglé un programme de financement aux opérations, ce qui
était la base, pour cinq ans à l'automne 1987. On a
réglé en 1987 la subvention régulière au
renouvellement de la flotte d'autobus. Il reste un document qui est devant les
instances gouvernementales à ce moment-ci, le mémoire ou la
politique sur le plan de financement des immobilisations, que ce soit pour la
conservation ou le développement du transport en commun.
Le député de Lévis dit depuis le début: Le
gouvernement n'a pas de vision d'avenir, c'est un catalogue de Noël.
Lorsqu'on regarde ce que vous avez fait, il y avait une vision à sens
unique sous votre gouverne puisque vous avez laissé
dépérir l'ensemble du réseau routier et que vous avez fait
le développement du transport en commun, non pas en ajout d'argent au
budget du ministère, mais davantage au détriment du réseau
routier lui-même. Et lorsqu'on regarde ce que vous avez fait avec vos
milliards, avec vos
centaines de millions de dollars... Aujourd'hui, vous êtes
très compatissants vis-à-vis de ce qui se passe dans l'est. Je
voudrais vous rappeler que le comté de Dorion n'est pas tout à
fait dans l'est de Montréal. Quand vous parlez d'ouverture de stations
dans le comté de Dorion, c'est peut-être davantage pour la partie
ouest de l'île, du moins la partie ouest de l'est, et ce ne sont pas
nécessairement les gens que vous voulez desservir par vos
interventions.
Lorsqu'on regarde la petite carte du développement du
métro sous votre gouverne, bien sûr qu'on a fait un petit bout
vers l'est dans ce développement. Mais, quand vous regardez ce qui s'est
passé - on va se tasser un peu pour être bien sûr qu'on se
comprend bien, pour que vous puissiez voir - vous voyez tout le
phénomène qui s'est développé vers l'ouest. C'est
vous qui avez choisi d'aller développer l'ouest. Alors, aujourd'hui, ne
venez pas me servir la dialectique que nous vouions desservir les riches au
détriment des pauvres, alors que votre action propre a été
de bien garnir ceux qui étaient déjà bien desservis dans
le passé, avec les montants d'argent que vous avez évoqués
tantôt. C'est cela la réalité aujourd'hui; alors, vivez
avec.
Au-delà de tout cela, tout le monde est pleinement conscient
qu'il y a une certaine lacune quant à la desserte de l'est de
Montréal et qu'il nous faut faire des choses dans les plus brefs
délais. Sur le plan du réseau routier, il y a un dossier
très cher à Mme la députée de Maisonneuve et c'est
Ville-Marie. Le prolongement de Ville-Marie jusqu'à la 25 est à
l'intérieur du plan de transport et il n'avait même pas
été demandé par la ville de Montréal et la
communauté urbaine. Cela nous apparaissait un lien très important
pour rejoindre la 25 qui est une artère de communication nord-sud
extrêmement importante, donc communiquant avec l'est et l'ouest et allant
directement au centre-ville.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. Je
vais maintenant reconnaître M. le député de Lafontaine pour
cinq minutes.
M. Jean-Claude Gobé
M. Gobé: Merci, M. le Président. Je pense que le
député de Lévis, encore une fois, mélange un peu
toutes les choses et essaie d'embarquer le monde en disant: L'est de
Montréal a été oublié, il n'y a pas grand-chose
dans le plan du ministre. Je me demande si le député de
Lévis va souvent dans l'est de Montréal. C'est vrai que, dans le
temps, on le voyait à l'occasion dans sa limousine se rendre chez son
ancien collègue préparer des putschs, mais je dois dire qu'on ne
le voit pas souvent examiner l'état du réseau routier ou
l'état du réseau de transport en commun. D'ailleurs, j'ai
l'impression qu'il pense que l'est de Montréal s'arrête dans le
comté de Dorion.
Je l'entendais parler avec ma collègue tout à l'heure. Il
disait: Vous avez trois stations de métro. J'aimerais vous dire, M. le
député de Lévis, que dans le comté de Lafontaine,
dans le comté d'Anjou, dans Pointe-aux-Trembles, dans
Montréal-Est et dans Saint-Léonard, le métro, on l'attend
encore. Et si on l'attend, c'est peut-être parce que, lorsque vous
étiez au gouvernement, votre chef, M. Johnson, et M. Tardif, qui
était ministre des Transports, ont complètement
négligé cela. Je vois le député de Lévis qui
rigole, mais je pense que les gens de Montréal, le matin, quand ils
partent de Pointe-aux-Trembles pour aller à l'université, les
jeunes, et que cela prend deux heures, ils ne rigolent pas, eux. Je pense que,
quand les gens de Rivière-des-Prairies, qui doivent se rendre travailler
à Pointe-aux-Trembles, dans le parc industriel, et que cela leur prend
une heure de transport en commun, ils ne rigolent pas. Alors, riez comme vous
voulez, mais je pense qu'on est plutôt ici pour parler de choses
sérieuses et des problèmes que les gens vivent.
Je fais un petit résumé pour les gens qui écoutent.
Vous prendrez l'autoroute 25. Cette autoroute est certainement un acquis futur
qui va permettre de tout débloquer l'accès de
Rivière-des-Prairies à l'autoroute, non seulement Ville-Marie par
la suite, mais au début, au boulevard Métropolitain. En enlevant
la circulation des camions sur ce boulevard, cela va peut-être nous
mettre à 30 minutes plus près du centre-ville.
On regardera aussi les routes rapides qui vont se faire avec le
boulevard Ville-Marie. On peut se rendre compte qu'un autobus express qui
partirait de Pointe-aux-Trembles ou de Rivière-des-Prairires pourrait se
retrouver au centre-ville en moins de 25, 30 minutes. Donc, il y a un besoin
d'améliorer le réseau routier.
On voit aussi le boulevard Henri-Bourassa. On sait que le boulevard
Henri-Bourassa a fait l'objet de demandes depuis au moins une dizaine
d'années auprès du gouvernement pour obtenir de l'aide pour le
réparer. On sait que cela appartient à trois
municipalités: Montréal-Est, Anjou et Montréal, et qu'il y
a un peu de problèmes de juridiction. Il n'y a jamais eu de
réponse, aucun accusé de réception de l'ancien
gouvernement quant à mettre des fonds pour venir en aide aux villes dans
ce développement. Il est vrai qu'il n'y a pas de métro à
Pointe-aux-Trembles, mais le métro, cela va prendre dix ans avant de
l'amener à Pointe-aux-Trembles. C'est vrai qu'il n'y a pas de
métro à Rivière-des-Prairies, mais cela va prendre dix
ans. Aujourd'hui, on a besoin de régler nos problèmes
immédiats. On a besoin de lignes d'autobus express, de lignes d'autobus
rapides, pas des rêves de métro, pas faire accroire aux gens que,
parce qu'il n'y a pas de métro, on ne peut rien faire. On n'a pas le
métro parce que vous ne l'avez pas fait. Maintenant, on est pris avec ce
problème. Et si on doit attendre encore dix ans, je peux vous assurer
que les gens ne seront pas heureux de
l'apprendre.
M. le député de Lévis, comme d'habitude, vous
essayez de faire porter le blâme de votre inaction sur les autres. Je
n'ai vu personne de votre formation ministérielle venir faire des
propositions au ministre quant à son plan de transport pour l'est de
Montréal. Je n'ai rien vu. Je n'ai pas reçu à mon bureau
une copie de la part de la députée de Maisonneuve ou du
député de Lévis, me disant: M. le député de
Lafontaine, l'Opposition propose ça au ministre, voulez-vous l'appuyer?
C'est où ça? Vous pouvez bien parler aujourd'hui de l'est de
Montréal. Vous n'avez rien fait, à ma connaissance. Si vous
l'avez fait, j'aurais peut-être aimé être mis au courant.
J'aurais pu vous appuyer.
C'est la même chose pour la STCUM. Je n'ai jamais vu M. Hamelin ou
quelqu'un de la STCUM appeler le député de Lafontaine et d'autres
députés pour dire: MM. les députés, on a un plan
à présenter au ministre, on voudrait avoir votre appui. Pourtant,
à Laval ou dans d'autres municipalités, les maires appellent les
députés et leur disent: Voilà, voulez-vous recommander ou
appuyer nos projets? Cela ne s'est pas fait. Il n'y a pas eu de concertation.
Ce n'est quand même pas la faute du ministre. Ils nous ont soumis un
document en commission parlementaire l'an dernier. On l'a eu, le document. On
le remplit à peu près à 80 %. Ce n'est pas si mal, vous
savez.
Eh bien, je crois que, dans tout cela, on peut comprendre maintenant
pourquoi, une fois de plus, il semble que nous, les députés
libéraux de l'est de Montréal, on va devoir, tous ensemble, faire
nos propres recommandations au ministre afin d'essayer de bonifier ce plan de
transport. Nous nous préparons, avec ma collègue, la
députée de Dorion, présidente du caucus, qui, même
si elle a le métro chez elle, a intérêt à ce que
ça se développe partout ailleurs, à faire des
recommandations au ministre. Et nous espérons que l'Opposition
supportera nos recommandations afin que le ministre voie qu'il y a
unanimité aussi bien chez les députés ministériels
que dans l'Opposition et chez les élus de Montréal. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Lafontaine. Je vais maintenant reconnaître Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Louise Harel
Mme Harel: Merci, M. le Président. Vraiment, c'est de la
pure démagogie que fait ce matin le député de Lafontaine.
A défaut de se faire appuyer par l'Opposition, peut-être
pourrions-nous souhaiter que le député de Lafontaine soit plus
sensible à l'ensemble des arguments qui ont été
exprimés publiquement par tous les élus de l'est de
Montréal. Et je lui rappelle que la concertation s'est faite dans l'est.
Malheureusement, elle s'est faite en l'absence des députés
libéraux de Québec. Elle s'est faite entre les
conseillères et les conseillers municipaux de l'est de Montréal,
donc du RCM. Elle s'est faite avec les maires des municipalités d'Anjou,
de Saint-Léonard, de Montréal-Est et elle s'est faite avec la
seule députée de l'Opposition qui siège ici à
l'Assemblée nationale. Elle s'est faite essentiellement autour d'une
insatisfaction et surtout d'une inquiétude profonde face au plan de
transport.
Je vous rappelle les propos de l'ensemble des élus de l'est de
Montréal à cet effet qui jugent essentiel de placer les
priorités au bon endroit et au bon moment, et qui considèrent que
le plan d'action proposé par Québec ne constitue pas une
réponse satisfaisante aux besoins de l'est de Montréal et risque
même, à certains égards, d'y freiner le
développement résidentiel, commercial et industriel.
Voilà, M. le député de Lafontaine, le point de vue des
élus de l'est de Montréal.
Le ministre a fait état d'une insuffisance du gouvernement
précédent à l'égard du développement du
transport collectif dans l'est de Montréal. Je voudrais lui rappeler un
élément fondamental qui, malheureusement, non pas justifie, mais
explique cette paralysie, la paralysie de nos projets d'immobilisations. Vous
connaissez certainement ces plans de développement, d'immobilisations
qui ont été préparés par Québec et qui,
malheureusement, ont été freinés par les contradictions
internes existant à ce moment au sein même de la Communauté
urbaine de Montréal. Mais, M. le ministre, vous pouvez maintenant,
contrairement à ce que nous avons pu connaître, vous appuyer sur
un consensus ferme au sein de la Communauté urbaine de Montréal.
Et cet élément nouveau devrait vous amener à certainement
consolider cette vision consensuelle qui s'est dégagée sur
l'île de Montréal en faveur d'une option
préférentielle pour le transport en commun.
J'aimerais rapidement vous rappeler, puisque vous l'avez fait, que,
lorsqu'il y a trois ans votre parti s'est engagé à tenir une
consultation, elle portait sur les immobilisations du transport en commun; par
la suite, elle a été élargie au financement. Mais,
finalement, on se rend compte qu'il y a un glissement. Dans le plan que vous
déposez cet automne, nous nous rendons compte que ce glissement s'est
fait en faveur du réseau routier. Et, s'il y a une option
préférentielle, c'est celle de l'asphalte. (11 heures)
En effet, les conclusions des communiqués qui émanent de
votre bureau sont les suivantes et je cite: il faudra consolider le
réseau routier et le transport collectif, dites-vous, ce qui veut dire
doter les banlieues de liens routiers efficaces et, ensuite, améliorer
les trajets de transport en commun. Dans tous les communiqués, ce qu'on
retrouve, c'est une option, dites-vous, en faveur de quatre grands
problèmes, dont le premier invoqué est le réseau routier.
Le réseau routier est toujours considéré comme
prioritaire dans l'ensemble de ce qui émane de votre bureau
depuis quelques semaines et quelques mois.
En matière de transport collectif, je vous cite, "la
première faiblesse du transport collectif réside dans ses trains
de banlieue". Alors, si c'est ce qu'on appelle favoriser l'est de
Montréal! Cette situation que vous nous reprochez, qui s'explique,
malheureusement, qui est inacceptable et qui fait qu'à l'est de de
Lorimier nous pouvons compter sur neuf stations de métro pour 316 000 de
population, la moitié de la grande Communauté urbaine de
Québec, tandis que c'est quoi? 56 stations de métro qui
desservent la population à l'ouest de la rue de Lorimier, corrigez-la.
Vous en êtes capables. Vous avez maintenant l'appui de tous les
élus de 111e de Montréal, ce qui nous a fait défaut, ce
qui nous a manqué. Corriger cette situation, ce n'est pas favoriser,
d'abord, les trains de banlieue en matière de transport collectif des
personnes, puisque votre gouvernement veut favoriser l'est de Montréal,
dites-vous. Je vous rappelle-Le Président (M. Saint-Roch): En
conclusion, Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: En conclusion, M. le Président, j'aimerais
savoir ce que le ministre entend répondre à cette revendication,
à cette recommandation de la communauté urbaine de se servir de
la ligne 7, donc dans l'axe nord-sud, pour desservir toute la population
d'Hochelaga-Maisonneuve jusqu'à Rivière-des-Prairies. Je rappelle
au député de Lafontaine que, malheureusement, la ligne 5 n'est
prévue que pour la période de 1993-1998 et, encore là,
elle ne desservirait qu'une infime partie des populations de l'est.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, Mme la
députée de Maisonneuve. Je vais maintenant reconnaître M.
le ministre.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
pense que le député de Lafontaine a touché à
quelques éléments extrêmement importants de la
problématique de transport pour I est de Montréal. Je reviendrai
aux propos de Mme la députée de Maisonneuve par la suite.
Henri-Bourassa est au coeur des problèmes vécus, des
solutions revendiquées et demandées par les gens de l'est de 111e
de Montréal et pas très appuyées par la ville de
Montréal. Je suis encore à chercher une lettre dans mon courrier
qui appuierait le retapage d'Henri-Bourassa est-ouest, alors que, dans le cas
de Rivière-des-Prairies, cela nous paraît très clair,
l'ensemble des intervenants économiques de ce milieu souhaitent le faire
le plus rapidement possible.
C'est, si ma mémoire est bonne, la même Mme Bordeleau,
aujourd'hui conseillère, qui était au cabinet de Marcd
Léger à l'époque, qui, il n'y a pas tellement longtemps, a
écrit à La Presse, se plaignant du manque de services
dispensés aux citoyens de l'est de Montréal par la
Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal. Ce n'est pas le ministre des Transports qui décide des
services qu'offre la communauté. Si Mme Bordeleau a des interventions
à faire, elle peut en profiter pour en parler à M. Perreault; ils
sont dans le même parti et j'imagine qu'elle doit avoir de l'influence
auprès du président pour être capable de développer
ce secteur-là.
Revenons aux propos de Mme la députée de Maisonneuve qui
dit: 11 y a eu consensus des conseillers, des maires d'Anjou, de
Saint-Léonard et de Montréal-Est et de la seule
députée péquiste de l'est de IHe de Montréal sur la
problématique. Je ne mettrai jamais en doute la volonté de la
députée de Maisonneuve de bien desservir ses concitoyens de l'est
de Montréal. J'ai l'honnêteté de le faire et je l'ai
toujours dit. Sauf qu'on vient me dire aujourd'hui: M. le ministre, vous allez
tenir compte, dans votre plan de transport, de cette nouvelle unanimité
qui a eu pour sommet une conférence de presse le 15 octobre 1988,
quatorze mois après la commission parlementaire. On va vous le dire, ce
qui s'est passé. Ils ont dormi; ils se sont réveillés
après le plan de transport et ils ont dit: II faut sauver la face parce
qu'on a été incapables de la sauver avec le document
déposé par la CUM. On va se les dire, les vérités.
Là, ils sont en situation de rattrapage et, quand on ne veut pas perdre
la face, on dit aux citoyens du Québec ou on tente, aux bouches de
métro, en passant de petits dépliants faits par le RCM, de faire
croire que c'est la responsabilité du gouvernement du Québec,
alors qu'ils n'ont pas été capables eux-mêmes, à
l'intérieur de la communauté urbaine et, d'abord, de leur propre
parti, de faire valoir la vision de développement de transport de l'est
de Montréal. La vérité a tout de même ses droits. On
est aujourd'hui en situation de rattrapage. Ce qui m'étonne, c'est que
Mme la députée de Maisonneuve ait cautionné ça,
parce qu'elle n'était pas en situation de rattrapage, elle a toujours eu
la même vision. C'est exactement ce qu'on vit aujourd'hui.
Alors, que Mme Bordeleau, Mme Daviau et Cie, du RCM, puissent se faire
aller à tous les vents dans l'est de Montréal pour tenter de
faire assumer la responsabilité d'une carence en développement de
transport dans l'est de Montréal au ministre des Transports actuel, je
vous dis que c'est viser la mauvaise cible.
Je suis prêt à en tenir compte, effectivement. On dit qu'il
y a de la méfiance qui s'installe, de l'insatisfaction. S'il y a de
l'insatisfaction, c'est vis-à-vis même de leur propre gang; ils
n'ont pas su faire ce qu'ils avaient à faire dans le bon temps. Alors,
ne me demandez pas de tenir compte, dans le plan de transport qui est connu,
qui est rendu public depuis déjà fort longtemps et
préparé depuis longtemps, de
recommandations qui sont venues le 15 octobre, trois mois après
la publication du plan et quatorze ou quinze mois après la commission
parlementaire qui devait en traiter.
D'autre part, je suis bien heureux de voir qu'il y a cette
unanimité maintenant qui fait en sorte qu'on veut privilégier
l'est de Montréal, mais on doit aborder le problème tel qu'il
est. Dans le montant de 450 000 000 $ qu'on déposait de demandes en
termes de développement du réseau à la commission
parlementaire de 1987 - on va se le dire, on va le ventiler -
l'équilibre qu'on avait réussi à atteindre officieusement
était à savoir que nous allions développer la ligne de
trains de banlieue de Deux-Montagnes et qu'en échange nous allions
développer le métro pour Montréal-Nord. C'est ça
qui faisait les 450 000 000 $. On n'allait pas au-delà de tout ça
pour l'est de Montréal. Ne tentez pas de nous faire accroire et de faire
accroire aux citoyens aujourd'hui que c'étaient à d'autres fins
que celle-là. C'était ça, la décision et le
consensus, sept jours avant même le dépôt du mémoire.
Allez discuter avec les gens et ils vont vous le confirmer.
Je trouve votre accusation un peu grosse lorsque vous dites qu'on ne
parle que d'asphalte dans le plan. On parle d'asphalte, de béton dans le
cas de la conservation. Et qu'est-ce qu'on conserve? On conserve un
réseau qui a été construit depuis 20 ans, de la même
manière qu'on va, dans la conservation des wagons de métro,
appuyer la STCUM sur le plan de la réfection des wagons de métro
de 1963. Cela, c'est du maintien du patrimoine. Si on parle de maintien du
patrimoine dans le domaine du transport en commun, permettez-nous, à
tout le moins, de parler de conservation du patrimoine dans le réseau
routier. Les efforts du gouvernement au cours des prochaines années sont
pour rattraper le retapage du réseau routier que vous n'avez pas fait
pendant les dix dernières années. Si c'est ça l'accusation
de l'asphalte, de la "garnotte" et du béton, je la prends, mais c'est
uniquement pour corriger des carences que vous n'avez pas su corriger du temps
où vous étiez là.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Mille-Îles.
M. Jean-Pierre Bélisle
M. Bélisle: Merci, M. le Président. Le
dépôt par le ministre des Transports du plan de transport pour
l'ensemble de la grande région de Montréal présente une
problématique; une problématique dans la bonne perspective, dans
une perspective interrives, régionale, suprarégio-nale où
tous les besoins des personnes vivant dans la grande région de
Montréal, c'est-à-dire les 3 000 000 de personnes qui vivent dans
la grande région de Montréal, ont été
considérés.
D'abord, je voudrais éliminer quelques points soulevés par
le député de Lévis et la députée de
Maisonneuve. Disons tout de suite qu'à l'UPA de Laval 300 producteurs
agricoles se sont réunis dans trois assemblées différentes
et ont voté sur le seul protocole d'entente existant au Québec en
matière d'aménagement et de schéma d'aménagement du
territoire de Laval. Alors, que les représentants de l'UPA, au niveau
national, viennent nous dire qu'ils sont d'accord avec les vues de
l'administration de la ville de Montréal, de l'administration
Doré, je dois vous dire que, pour l'UPA, les 300 producteurs agricoles
présents qui ont voté à Laval, c'est faux.
Deuxièmement, la Chambre de commerce de Rivière-des-Prairies, si
je ne m'abuse, dans l'est de Montréal et la Chambre de commerce de
Montréal-Nord, dans l'est de Montréal, sont tous des organismes
qui ont donné leur appui au plan de transport.
Cela dit, venons tout de suite à la problématique de l'est
de Montréal. Ce n'est pas nous qui, en 1978, avons établi un
moratoire prohibant la poursuite de la construction du réseau
autoroutier dans la région de Montréal. C'est votre gouvernement
du Parti québécois de l'époque. Vous avez voté
également une option préférentielle d'aménagement
du territoire de l'île de Montréal. Volontairement et sciemment,
vous avez oublié les citoyens de la région de Laval, de la
couronne nord, de la rive sud, de la Montérégie, pensant dans
votre grand ensemble doctrinaire, votre grande idéologie de
technocrates, que vous régleriez le problème de
l'étalement urbain.
M. le député de Lévis, qui étiez au Conseil
des ministres, Mme la députée de Maisonneuve, vous avez
pensé que vous, vous pouviez changer une des lois fondamentales en
économie, la loi de la rareté. Ce qui fait qu'un jeune couple
s'installe à l'extérieur du périmètre de
l'île de Montréal, c'est le prix du terrain, le prix d'une maison,
une politique d'accès à l'habitation. Et vous vous êtes
imaginé dans votre beau monde en or, dans votre univers de technocrates,
que vous changeriez quelque chose. C'est une faillite monumentale, ce que vous
avez fait. La preuve, c'est que, malgré un moratoire sur la completion
du réseau autoroutier dans la région de Montréal,
malgré une option préférentielle d'aménagement sur
IHe de Montréal, les chiffres sont éloquents: plus de gens se
sont installés dans les banlieues. Ce n'est pas en appliquant une
politique semblable présentement qu'on va corriger la situation.
Il ne faut pas oublier, M. le député de Lévis, que,
dans le Journal de Québec du 11 mars 1986, vous faisiez
état du 1 000 000 000 $ qui manquait sous l'ancien gouvernement,
l'impasse budgétaire. Vous disiez: "On pourrait dire que c'était
à des fins référendaires." Donc, c'est 2 000 000 000 $
présentement que le plan de transport va nous coûter. Sans vous et
votre idéologie pour tenter de donner un Québec
indépendant aux Québécois, ce 1 000 000 000 $,
on pourrait déjà l'appliquer au plan de transport et on
réglerait le problème des 3 000 000 de citoyens dans la
région de Montréal.
Le Parti québécois, avec son option
préférentielle d'aménagement, a construit des
métros pour les riches de Montréal, dans l'ouest et à
l'ouest du boulevard Saint-Laurent, les gens ayant les plus hauts revenus, les
gens ayant les plus belles maisons, les gens ayant les commerces. Pour les gens
qui sont défavorisés, qui sont à l'est du boulevard
Saint-Laurent pour les prestataires de l'aide sociale, pour les industries
polluantes qui sont dans l'est, les carrières et les sablières,
vous n'avez rien fait.
Le plan de transport corrige la situation. À l'ouest du boulevard
Saint-Laurent, qu'est-ce qu'on retrouve? L'autoroute 20, l'autoroute
Décarie, l'autoroute 40, l'autoroute 520, Mirabel, le train de banlieue
de Rigaud. De 1976 à 1985, quand vous aviez les rênes du pouvoir
pour aider la plus forte densité de francophones au Québec
à l'est du boulevard Saint-Laurent, qu'avez-vous fait? Rien. L'autoroute
Ville-Marie est restée en plan. Dans le prolongement de l'autoroute 25,
le pont dans l'est qui desservirait en ce moment 110 000 personnes par jour,
plus de 80 000 véhicules par jour, troisième pont en importance
au Québec, il n'est même pas commencé. Je me demande si
vous avez réellement regardé les besoins des citoyens.
Ce que je peux vous dire, c'est que vous verrez prochainement un
mouvement populaire important, qui va venir s'acheminer à
l'Assemblée nationale et vous prouver que les 700 000 personnes de la
couronne nord sont unanimes derrière le projet, le plan global de
transport du ministre des Transports et du gouvernement actuel. Et ça,
ça colle à la réalité et aux besoins fondamentaux
des gens parce que, dans tous les sondages de la région de
Montréal, le problème no 2 identifié par 'es 3 000 000 de
personnes qui vivent à Montréal, c'est le transport.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Mille-Îles. Je vais maintenant reconnaître
M. le député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, le député de
Lévis a écouté le député de
Mille-Îles, mais d'une fois à l'autre il ne s'améliore pas.
Quand il dit qu'en 1980-1981, l'année du référendum, on
dépassait 1 000 000 000 $ de déficit, je peux vous dire que le
référendum était au mois de mai. Si vous pensez que le
déficit apparaît au mois de mai, it faut vraiment ne pas
connaître la comptabilité gouvernementale pour dire des affaires
de même. Vous n'avez pas une grosse partie du budget qui est
dépensée au mois d'avril et au début de mai. Alors, le
député de Mille-Îles a dit des niaiseries.
On va tomber dans des sujets plus sérieux.
On va ignorer ce qu'a dit le député de Mille-Îles.
D'abord, je comprends que le ministre des Transports est bien occupé
depuis quelque temps. il est dans plusieurs dossiers et tout ça. Il est
moins au courant de ses dossiers qu'il ne l'était auparavant. (11 h
15)
Les chiffres que j'ai cités, quand j'ai dit 206 000 000 $ versus
340 000 000 $ sur le coût total des projets, ce n'est pas dans le dossier
du mois de juin 1988. C'est dans le même dossier que vous aviez
tantôt - je ne comprends pas ça - qui est le mémoire sur
les infrastructures du transport dans la région de Montréal
devant la commission de l'aménagement et des équipements,
daté du 25 août 1987. Pas dans votre document du mois de juin
déposé en panique avant le dépôt du plan de
transport par la communauté urbaine. Pas du tout, ce n'est pas cela.
C'est le document qui a été présenté au mois
d'août 1987. Entre ce document et vos chiffres il y a un écart de
134 000 000 $, c'est-à-dire que vous prévoyez 206 000 000 $,
alors qu'eux prévoyaient 340 000 000 $. Alors, on ne se contera pas de
menteries, là.
Deuxièmement, lorsqu'on parle de conservation et d'entretien, le
ministre nous pète beaucoup de broue, sauf que, de 1976 à 1986,
l'ancien gouvernement a dépensé dans l'entretien 318 000 000 $,
d'après vos propres documents; ce n'est pas d'après les miens,
c'est d'après les vôtres. Vous prévoyez dépenser,
entre 1988 et 1998, 186 000 000 $ - c'est juste 132 000 000 $ de moins - pour
l'entretien et la conservation, sans même compter l'inflation, en
chiffres absolus! Alors, vous me dites que vous allez vous occuper plus de la
conservation qu'on ne s'en est occupé. Vous dites qu'on ne s'occupait de
rien, alors qu'on a mis 318 000 000 $, puis que vous, vous allez tout conserver
avec 186 000 000 $ en dix ans! Arrêtez donc, on n'est pas des valises! Je
comprends!
À part cela, on l'a fait durant la crise économique, en
1981, 1982, 1983 et 1984, avec le plus haut niveau de taux
d'intérêt qu'il y a eu dans l'histoire du Québec, cela a
atteint même 19 3/4 % pour les obligations d'épargne du
Québec. Malgré cela, on a réussi à dépenser
beacoup plus d'argent et à investir dans le transport à
Montréal beaucoup plus que vous et beaucoup plus dans la conservation
aussi. Je cite vos chiffres, d'après vos documents, pas d'après
les miens. Arrêtons de nous conter des histoires!
Maintenant, on va parler du financement. J'aimerais savoir où
vous allez aller avec le financement. Par exemple, on devait avoir une
commission parlementaire à l'automne. Là, on ne sait plus quand
cela va avoir lieu. Hier, vous avez laissé entendre que cela pourrait
être en décembre ou en janvier. Les budgets ne sont pas
fermés actuellement à la ville de Montréal et à la
communauté urbaine. On attend pour voir ce qui va arriver au point de
vue du budget de transport. Dans le financement de ce plan de dix
ans, vous ne dites même pas comment cela va se passer.
Vous laissez des "ballounes" partir en l'air. Le transport en commun:
Côté veut impliquer l'entreprise privée. C'est fini, le
temps où le gouvernement du Québec défrayait seul les
immobilisations du métro. Cela va être quoi? Personne ne le sait.
On dit également, dans un communiqué du 10 août: "Quant
à la question du financement - et cela apparaît dans le document -
le ministre Côté a déjà clairement dit que le
ministère des Transports ne serait pas l'unique bailleur de fonds.
L'argent nécessaire à la réalisation de tous ces projets
ne proviendra pas uniquement du gouvernement du Québec, mais d'une
collaboration de tous les partenaires qui participent au financement des
réseaux de transport." Sur les 1 600 000 000 $, qui représentent
déjà beaucoup moins, 700 000 000 $ de moins à 3,5 %
d'inflation, que sous le précédent gouvernement pendant les dix
ans précédents, combien proviendront du gouvernement du
Québec? On ne le sait pas. Sur quels projets le ministre attend-il !a
participation financière d'autres intervenants? On ne le sait pas.
Lesquels? Combien? On ne le sait pas. Au moment où on se parle - parce
que le ministre doit avoir eu des autorisations; il ne peut pas s'en aller
comme ça dans le décor sans autorisation - quelles sommes a-t-il
été autorisé à dépenser? On ne le sait pas.
Quelle participation financière compte-t-il recevoir du gouvernement
fédéral? Sur quel projet? Pas un mot, nulle part! M. le
Président, c'est quelque chose.
Là, on regarde pour la fin de cette année. On parle d'un
déficit de 34 000 000 $ pour l'année qui s'en vient, en 1989. Le
budget n'est pas fermé. On parle d'un déficit qui sera rendu, en
1993, à 93 000 000 $ à la Société de transport de
la Communauté urbaine de Montréal. Comment le ministre va-t-il
intervenir pour résoudre ce problème? On ne le sait pas.
Entend-il prendre une décision quant à une éventuelle
participation du gouvernement au déficit de la STCUM? On ne le sait pas.
Le ministre est-il conscient que son plan est muet sur toute la question du
financement des opérations qui est, pourtant, un problème
fondamental, pas seulement sur la question des investissements, sur la question
des opérations?
Le Président (M. Saint-Roch): En conclusion, M. le
député de Lévis.
M. Garon: II n'y a rien de prévu. M. le Président,
c'est quelque chose. On n'est pas dans le petit "change". On est dans un projet
de 1 600 000 000 $ en plus des opérations de l'année qui sont
déficitaires. Le ministre ne dit rien.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. Je vais maintenant reconnaître M.
le ministre.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
vais faire l'inverse de ce que j'ai fait tantôt, parce que les propos du
député de Lévis sont un peu confus, contrairement à
ce qu'a évoqué Mme la députée de Maisonneuve. Il y
a une différence très nette et on n'a pas gagné au change
en changeant de critique. Je reviendrai sur la question du déficit en
cours de route.
Le député de Lévis dit: Le ministre ne nous a pas
répondu sur la différence entre les chiffres de la
communauté urbaine et ceux du plan de transport. C'est simple. Dans le
document déposé par la communauté urbaine, c'est un
chèque en blanc ou à peu près sans ventilation. Ce n'est
pas complique. On a, quand même, travaillé depuis le mois
d'août 1987, avant que le plan sorte. On a fait des analyses, on a
reconnu un certain nombre de choses et il y a des choses qu'on n'a pas
reconnues. À titre d'exemple - et je ne vous dis pas que c'est
celui-là qu'on devrait prendre; je vous en donne un qui me vient
à l'esprit - si demain matin on doit investir dans l'informatique et que
ça doit coûter 20 000 000 $ à la Société de
transport de la Communauté urbaine de Montréal et qu'ils en
économisent 40 000 000 $, qu'ils ne viennent pas me demander de les
financer, ce n'est pas mon problème, c'est leur problème. C'est
clair. Alors, il y a donc eu une analyse de chacun des points et il y a des
choses qui étaient retenables et d'autres qui ne l'étaient pas.
C'est clair. C'est la différence entre les chiffres.
Le député de Lévis revient sur l'entretien: On a
fait encore plus que vous. Vous pensez que vous allez faire des miracles avec
l'argent dont vous parlez. Le député de Lévis n'a pas
compris que la problématique du plan de transport vient, dans le cas du
routier, solliciter une intervention ad hoc, ponctuelle et additionnelle au
budget régulier. Le budget régulier du ministère continue,
alors qu'il mêle, dans son temps, à la fois le régulier et
l'additionnel. Dans ce cas-ci, c'est une reconnaissance de besoins
spécifiques au Métropolitain en particulier que nous faisons et
nous ajoutons de l'argent pour corriger des problèmes qu'on a eus. Dans
ce cas-là précis du Métropolitain, de la même
manière que pour les échangeurs Saint-Pierre et Turcot, ce sont
des budgets additionnels votés par le cabinet pour les fins
spécifiques de rattraper ce que vous n'avez pas fait dans le temps,
additionnés au budget régulier du ministère qui va
chercher 500 000 000 $ sur les cinq prochaines années pour l'entretien.
Faites les calculs et débrouillez-vous avec.
Quant au financement, qui est la question tout à fait
traumatisante pour le député de Lévis, qui lui permet
d'avoir une sauce ravioli: tout mêlé, il n'a pas encore compris
qu'il y avait une distinction très nette entre les opérations et
les immobilisations. Oui, c'est vrai. Cela me surprend pour un gars qui a
déjà été ministre.
Alors, cela ne me surprend pas que le déficit du Québec
ait été ce qu'il a été sous votre gouverne. Le
problème des opérations, il a été
réglé, vous avez dû vous en apercevoir, on en a
discuté en commission parlementaire au mois d'août 1987 et on a
donné la réponse au mois de décembre 1987 avec un projet
fermé pour cinq ans indexé. C'est ça, l'opération,
au cas où vous ne le sauriez pas. On a dit: II y a des déficits
à la STCUM aujourd'hui. On a répondu à ce qu'on nous a
demandé: le principe de l'enveloppe fermée pour cinq ans, au lieu
d'un méli-mélo de programmes, comme vous en aviez, qui
pénalisaient la STCUM. Dans ce sens-là, on a réglé
ce problème. Alors, qu'il ne vienne pas me remêler tout cela dans
le plan de transport. Le plan de financement est clair et la politique du
financement du remplacement des autobus, c'est clair, elle est publique. S'il
n'a pas les documents, qu'il me les demande, je vais lui fournir. C'est
réglé.
Quant au reste, il y a un mémoire devant le conseil actuellement,
et qui sera débattu au cours des prochaines semaines, sur le financement
et la participation du gouvernement du Québec. Est-ce qu'on paie 100 %,
90 %, 80 % ou 75 % des infrastructures, la logique voulant que, dans le
passé, le gouvernement du Québec ait payé 100 % dans le
cas du métro et 75 % dans le cas des autres infrastructures? On est
à discuter au gouvernement de la réponse qu'on va donner pour
l'avenir. Dans ce sens-là, on dit: Quelle est la participation du
gouvernement du Québec? Quelle est la participation du gouvernement
fédéral? 1 622 000 000 $ - je l'ai dit en conférence de
presse, j'aurais dû vous inviter, je vais le faire la prochaine fois -
pour la simple et bonne raison qu'il y a le train de banlieue de Deux-Montagnes
qui sera partagé avec le gouvernement fédéral et
l'amélioration de la gestion des corridors autoroutiers Décarie,
Ville-Marie, Métropolitain et autoroute 25 qui sera payée, pour
50 % des coûts, par le gouvernement fédéral. Le reste,
c'est le gouvernement du Québec. Cela m'apparaît très
clair. Dans ce sens-là, il faut démêler les choux et les
raves. J'ai l'impression que vous ne l'avez pas fait jusqu'à maintenant,
malgré le fait que vous ayez une bonne connaissance du monde
agricole.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Je reconnais maintenant M. le député de
Laval-des-Rapides.
M. Guy Bélanger
M. Bélanger: M. le Président, je suis un peu
étonné du discours du député de Lévis sur le
plan de transport. D'abord, pour me situer personnellement dans ce plan de
transport, j'ai participé à toutes les tables de concertation
rive nord, rive sud et Montréal, comme président des tables. Ces
tables réunissaient les maires et les différents
présidents des CIT, c'est-à-dire les commissions intermunicipales
de transport, qui faisaient valoir leurs points de vue et qui ont reçu
avec énormément d'enthousiasme le plan de transport du ministre.
Quand je dis avec énormément d'enthousiasme, je comprends que
vous ne le mentionniez pas; vous avez une vision qui est restée celle
que vous aviez en 1978 quand vous avez décrété l'option
préférentielle à Montréal. Quelques années
après, vous avez admis votre erreur. En 1981, vous l'avez
modifiée considérablement. Mais Montréal - ne l'oubliez
pas - est restée encore à l'heure 1978 et réclame encore
le maintien ou une philosophie qui se rapproche de ce qu'on disait a ce
moment-là.
Mais, M. le député Lévis, depuis le début,
vous n'avez parlé que de Montréal et des besoins de
Montréal. Vous oubliez que, sur la rive sud, quand on parle de
Boucherville, Beloeil, Saint-Bruno, Saint-Hubert, Longueuil, Brassard,
Châ-teauguay, Kahnawake, Valleyfield, il y a une population de plus de 1
000 000 qui est desservie dans ce coin-là, c'est-à-dire un poids
de population qui est aussi important que celui de Montréal, des gens
qui paient des taxes et qui ont besoin de services, eux aussi.
Si vous allez sur la rive nord, vous avez la deuxième ville en
importance du Québec, la ville de Laval, dont toutes les autoroutes que
vous nous avez léguées finissent en cul-de-sac au milieu de nulle
part. Pas une seule de nos autoroutes à Laval finit quelque part, pas
une, toutes en cul-de-sac. C'est l'héritage que vous nous avez
laissé avec 300 000 de population. Toutes les Basses-Laurentides,
Saint-Jérôme, Terrebonne, Mascouche, allons dans Lanaudière
plus loin, même les gens de Repentigny, vous oubliez tout ce monde. Mais
cela existe. Ils sont des Québécois aussi. Ils paient des taxes.
Mais où sont-ils dans votre discours? Vous ne l'avez pas
mentionné une seule fois. Vous avez complètement oublié
qu'ils existaient.
Vous dites qu'on n'a pas de vision d'ensemble. Où est la
vôtre? Vous n'avez qu'une vision partielle, biaisée. Mais ouvrez
vos yeux plus grand. Il existe des Québécois dans les deux bouts.
Il y en a 2 000 000. C'est, quand même, assez important.
Vous dites qu'on n'a rien fait pour le transport en commun dans ce
secteur et qu'on ne fait que de l'asphalte. Je vais vous nommer deux projets
tout de suite: l'estacade au pont Champlain. Savez-vous que l'estacade va
permettre plus de fiabilité dans le service? Il ne sera pas
arrêté lors des tempêtes ou des mauvaises conditions de
température comme c'est le cas actuellement, ce qui constitue 10 % du
temps. Savez-vous que cette estacade va permettre un déplacement plus
efficace, plus sécuritaire de 12 000 personnes aux heures de pointe,
c'est-à-dire plus de 200 autobus? C'est un projet majeur. Demandez donc
aux maires ou aux présidents des commissions intermunicipales de
transport ce qu'ils en pensent sur la rive sud. Ils sont tous
non seulement favorables, ils seraient prêts à commencer
les travaux tout de suite demain. C'est ce qu'ils désirent le plus
actuellement comme une des solutions au transport en commun sur la rive
sud.
En ce qui concerne le métro à Laval, le ministre nous a
fait une ouverture très importante. Savez-vous que Laval et les
Basses-Laurentides, c'est 160 000 déplacements par Jour? Savez-vous que
60 000 de ces déplacements vont vers le centre-ville de Montréal?
Vous l'avez oublié? Ah, là, la! C'est effrayant de ne pas
connaître son dossier plus que ça et vous venez nous faire une
interpellation pour nous parler du plan de transport qui manque de vision
d'ensemble! Mais où est la vôtre? À quoi pensez-vous quand
vous nous dites ça? Voyons, M. le député de Lévis!
Je vais vous amener faire un tour dans notre comté de Laval-des-Rapides.
Je vais vous amener sur la rive sud que je connais très bien.
D'ailleurs, j'avais vécu, à l'époque, les effets de
votre vision de Montréal. J'étais un élu municipal d'une
petite ville où vous avez zone tout notre parc industriel agricole, pour
être sûr qu'on ne le développerait pas pour envoyer tout
cela à Montréal.
Une voix: C'était leur option
préférentielle.
M. Bélanger: Cela a été ça, votre
option préférentielle. C'est cela, votre vision. Mais où
nous amenez-vous? Oh, là, là! C'est épouvantable. M. le
Président, faute de temps, je dois, malheureusement, m'arrêter.
J'aurais aimé lui parler du métro à Laval qui est
très important. Si on rend cette rame de métro, par exemple,
près de la route 440, avec un parc d'incitation, on peut desservir les
populations de Terrebonne, tout le comté de Terrebonne, Mascouche et on
peut desservir une partie des Basses-Laurentides, Saint-Jérôme,
Boisbriand, Sainte-Thérèse, donc, une population très
importante qui a besoin de transport en commun. Ils ne sont pas
montréalais, eux, mais ils en ont besoin, quand même.
M. le Président, je m'arrête. Mon temps est
écoulé. J'en aurais encore beaucoup à dire.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Laval-des-Rapides. Je vais maintenant reconnaître
M. le député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, j'ai entendu le
député de Laval-des-Rapides. On m'avait dit que c'était un
genre d'homme comme ça. C'est la première fois que je
l'entendais, parce qu'il ne parle pas souvent. Je vais vous dire que c'est
exactement ce que j'ai expliqué depuis le début. Vous n'avez pas
l'air de comprendre ce que j'ai dit. J'ai dit que c'était, justement, un
plan d'ensemble que ça prenait et qu'il y avait une lacune importante
dans ce plan concernant l'est de Montréal.
Deuxièmement, vous venez, au fond, par vos propos, exactement
endosser les propos de la Communauté urbaine de Montréal qui dit
qu'il y a des effets de débordement importants. C'est ça que vous
venez de dire, qu'il y a une population considérable qui s'en va
à Montréal, qui s'en va sur le réseau de Montréal.
(11 h 30)
Un des problèmes, justement, c'est qui va payer quoi? Quelle sera
la participation de chacun? Ce qui avait été
déterminé au mois d'août dernier, qui avait
été l'une des conclusions importantes, c'est la concertation
régionale. Pas essayer de diviser les gens en disant: On va annoncer un
plan, on va essayer d'en mettre quelques-uns de notre bord; après cela,
le monde sera divisé et on va essayer d'arbitrer dans tout cela. Ce
n'est pas cela. Il avait été convenu que cela devait être
la concertation régionale. Je n'ai jamais travaillé de
façon à diviser pour régner. Je n'ai jamais suivi la
méthode anglaise. J'ai toujours pensé qu'il fallait, au
contraire, travailler dans la concertation. Ce n'est pas pour rien, quand j'ai
été ministre de l'Agriculture, que j'ai été celui
qui a fait 50 % des concertations sectorielles. Je crois à cela, la
concertation. Mais pas s'engueuler avec les gens, essayer de les mettre les uns
contre les autres, mettre les gens de l'est contre les gens de l'ouest. J'ai
dit simplement: Si vous regardez les chiffres, ce sont des gens de l'est - on
mettra la période d'années qu'on voudra - qui ne sont pas assez
desservis, qui ont des besoins actuellement, qui devraient en avoir plus.
J'ai dit aussi - et là, j'allais parler, justement, de cela; on
ne peut pas parler de tout en même temps quand on a cinq minutes - qu'il
fallait établir une table de concertation. La table de concertation
n'est pas là. Elle n'est pas là. Mais qu'est-ce qu'elle a
donné de concret, jusqu'à maintenant? Rien de concret
jusqu'à maintenant. Les résultats ne sont pas là et tout
le monde avait dit que le ministre devait s'impliquer dans la table de
concertation parce que c'est celui qui était à même de
faire quelque chose.
Même le journal Les Affaires récemment disait que le
ministre des Transports devrait jouer un rôle plus important concernant
le transport en commun. J'ai ici des coupures, je les montrerai tout à
l'heure; je les ai dans mes papiers. Même le monde des affaires aussi dit
qu'il faut faire davantage pour le transport en commun.
Même le député de Rivière-des-Prairies, parce
qu'il y est allé à l'emporte-pièce, n'a pas
réalisé à quel point son discours est, au fond, un appel
à la concertation parce qu'il dit, justement, que les gens d'en dehors
de Montréal viennent profiter des services de Montréal, viennent
profiter dû centre-ville de Montréal. Le problème que tout
le monde mentionne, c'est: Qui
va payer quoi là-dedans? C'est cela, la concertation et le
financement. J'ai parlé du financement. J'ai demandé au ministre
tantôt: Quel serait le financement? Il ne le dit pas, il ne le sait pas.
Quand ii nous dit qu'on se trompe dans les chiffres, écoutez donc, je
sais lire! Je vais vous dire une chose: Je n'ai pas étudié
l'histoire, j'ai étudié l'économique. J'ai obtenu mes
diplômes en économique aussi. Je ne me prétends pas
économiste autodidacte, comme le premier ministre. J'ai passé les
examens.
Je vais vous dire une chose: Si vous regardez à la page 82,
entretien, vous arrivez à 318 100 000 $ pour les dépenses
d'entretien. Quand vous arrivez dans le plan du ministre, à la
conservation des acquis: 185 000 000 $. Je prends ses chiffres; sur la
période qu'il indique, c'est lui-même qui indique ces
chiffres-là. Alors, on ne se contera pas de peurs. Et son budget, dans
l'ensemble, on le regardera. Avec ce qu'il a dépensé, il n'a
même pas rattrapé encore le budget de 1985, si on tient compte de
l'inflation, en termes de conservation, d'entretien et d'amélioration du
réseau. Ne nous contons pas d'histoires, c'est cela la
réalité!
Le ministre devrait reconnaître que son plan élargit les
clivages. Il ne fait pas la concertation, il élargit les clivages. Il
crée des oppositions. Il blâme la ville de Montréal de
distribuer des dépliants aux bouches du métro, mais il ne dit pas
un mot, par exemple, du parti politique du maire Lefebvre, qui fait 100 000 $
de publicité à la radio pour donner un "break" au ministre. De
cela, il n'en dit pas un mot. Pourquoi la publicité de l'un et la
publicité de l'autre, ce n'est pas équivalent? L'une est
condamnable, l'autre est correcte.
Le plan du ministre ne contribue pas à la régionalisation
dans l'organisation et l'exploitation du transport en commun dans la
région de Montréal et c'est là la principale lacune. Ce
n'est pas un plan de régionalisation, ce n'est pas un plan de
concertation et ce n'est pas un plan qui établit une conception
d'ensemble. C'est pour cela que les gens sont même rendus à parler
de faire une véritable régionalisation comme il y en a une
à Toronto. C'est rendu que les gens sont fatigués de ces
affrontements et ils souhaitent aller beaucoup plus... Pourtant, le ministre a
bénéficié d'une concertation...
Le Président (M. Saint-Roch): En conclusion, M. le
député de Lévis.
M. Garon: ...comme la députée de Maison-neuve le
lui a dit, dont on n'a jamais bénéficié avec la
communauté urbaine. Il a bénéficié d'une
concertation et il ne s'en sert même pas.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. Je vais maintenant reconnaître M.
le ministre.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, j'ai
été heureux d'entendre à la fois le député
de Mille-Îles et le député de Laval-des-Rapides projeter
dans ce débat la préoccupation des couronnes, l'importance de
Laval et de tous les gens qui ont difficilement accès à
l'île. Je pense qu'il est très heureux que quelqu'un puisse
apporter ces éléments. De quelle manière avons-nous
tenté de régler le problème? En privilégiant le
métro, ce que vous n'avez pas su faire au fil des ans, ce que vous
n'avez pas su imposer à la ville de Laval à l'époque et
que nous avons décidé de faire, mais en concertation avec Laval.
Est-ce que ce n'est pas privilégier le transport en commun et faire en
sorte que les gens qui, quotidiennement, n'ont d'autre choix que de prendre
l'automobile pour aller sur l'île de Montréal puissent
éventuellement utiliser le métro? Est-ce que ce n'est pas
là une décision responsable? C'en est une, dans le sens de
favoriser le transport en commun.
Le pont sur l'autoroute 25 est en parfaite harmonie avec la logique
même de la conception du développement du réseau routier.
Il ne fait que compléter un réseau discontinu - c'est clair,
c'est très clair - revendiqué même par des
députés de l'Opposition quant à sa construction. Je me
souviens du député de Bertrand qui me disait que même avec
l'échéancier prévu, c'était trop tard, qu'il
faudrait le faire avant. Je me souviens de cela. Et, encore tout
récemment, le chef de l'Opposition actuel me transmettait avec grand
plaisir des lettres d'appui à la construction du pont sur
Rivière-des-Prairies, donc dans le prolongement logique de l'autoroute
25.
Au-delà de tout cela, il m'apparaît très clair que
l'on complète un réseau discontinu. On a parlé de
l'estacade. C'est clair, l'estacade. C'est routier, mais c'est un
élément extrêmement important dans la compréhension
de la problématique du transport dans la grande région de
Montréal. Historiquement, on a fait de IHe de Montréal la
locomotive du développement économique du Québec. On y a
donc concentré le développement industriel, permettant aux
banlieues d'accueillir chez elles le développement résidentiel.
C'est clair que le gars ne peut pas coucher à l'usine. Il va aller
coucher à la maison et, pour cela, il faut qu'il traverse des ponts, il
faut qu'il prenne le transport en commun. Alors, pour moi, l'estacade devient
un élément très important quant à la reconnaissance
de l'importance du transport en commun et afin de privilégier des moyens
d'accéder à l'île et d'en sortir qui favorisent la
collectivité et non pas l'individu.
Je ne suis pas de ceux qui favorisent l'isolement de Montréal. Je
comprends que vous soyez en parfaite harmonie avec M. Doré. Après
avoir manqué votre coup d'isoler le Québec par
l'indépendance, vous venez poursuivre l'idée de l'isolement de
Montréal dans la problématique de
la grande région de Montréal. Ce qui est tout à
fait extraordinaire, le député de Lévis dit qu'il n'est
pas surprenant maintenant que des gens pensent à implanter à
Montréal la vision de Toronto. Je vais vous expédier pour votre
bonne compréhension, sans que vous me le demandiez, la conférence
de presse du mois de mai de M. Fulton, ministre des Transports de l'Ontario,
qui a rendu publique la vision de transport de la grande région
métropolitaine de Toronto qui, elle, a véritablement une vision
de concertation.
Mais est-ce que la concertation doit inévitablement mener a la
vision montréalaise du développement? Je ne suis pas sûr de
cela. On dit: Depuis 1987, il ne s'est rien passé à la table. Je
m'excuse pour vous, ma vision à moi et ma compréhension à
moi de la concertation et du travail à faire en équipe sur le
plan du développement régional et d'une vision régionale
du transport en commun va au-delà de penser, comme l'a fait et l'a dit
M. Perreault, de la STCUM, à menacer de bloquer la ligne 4 à
Longueuil. Si vous opposez ma vision de la concertation à celle de M.
Perreault, je préfère la mienne, elle est beaucoup plus ouverte.
Ce geste échappé et ces paroles échappées
manifestent très bien ce qui se cache derrière.
Nous avons donc travaillé, depuis maintenant un an, à une
table de concertation qui s'est réunie sept ou huit fois pour qu'on
puisse tracer les ponts d'une concertation régionale. À cette
table participent le maire de Laval, les gens de la rive sud, la STCUM, la
communauté urbaine. On y a fait effectivement du chemin, à pas de
tortue, il faut l'admettre, mais on part de loin. Je suis pleinement convaincu
que cette table va finir par aboutir. Que le maire de Laval ait reconnu
publiquement qu'il n'avait pas d'objection à l'implantation d'une
structure suprarégionale sur le plan du transport en commun était
déjà un pas extraordinaire en avant, il faut au moins lui en
donner le mérite.
Quant aux mesures, certainement, le ministre des Transports actuel ne
fera pas durer le plaisir pendant des années quant à des
décisions. Dans ce cas comme dans d'autres, on a dit qu'on prenait le
volant pour prendre des décisions et on s'installera derrière le
volant pour le faire, dans la mesure où ce sera devenu
nécessaire.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Beauharnois.
M. Serge Marcil
M. Marcil: À la suite de tous ces discours qu'on entend
depuis des années et des années en ce qui concerne la rive sud de
Montréal - pour être plus précis, la
Montérégie - si on mettait bout à bout tout ce qui s'est
dit depuis les deux dernières décennies sur le prolongement de
l'autoroute 30, je peux vous dire que discours plus conférences de
presse plus propos, l'auto- route 30 ne se terminerait pas à
Coteau-Landing ou à Coteau-du-Lac, comme on le prévoit dans le
plan, mais plutôt tout près de Yellowknife ou bien en Alaska.
La Montérégie, pour ceux qui sont ignorants de cette
région - parce qu'il y a des gens qui ne prennent pas conscience que la
Montérégie est la deuxième plus grande région au
Québec - c'est une population de 1 200 000; 1 150 000, tout près
de 1 200 000. C'est donc une agglomération très importante qui
regroupe tout près de 225 municipalités. Ceci tout simplement
pour vous situer et étouffer dans l'oeuf cette prise de position de la
ville de Montréal ou d'autres personnes qui disent publiquement
qu'accélérer le développement des réseaux routiers
dans les régions comme la rive nord et la rive sud aurait pour
conséquence d'urbaniser l'extérieur de Montréal. Donc,
c'est toujours le phénomène d'étalement. Ce que les gens
oublient... J'aurais aimé voir ici aujourd'hui les députés
du Parti québécois qui représentent la rive sud, la
Montérégie, les gens de Terrebonne, de Shefford, de Bertrand, de
Taillon et de Verchères parce que c'est d'une importance capitale
lorsqu'on parle de la Monté-régie. Quand on parle de la
Montérégie avec ses 225 municipalités, on parle de
capitale régionale. Ce n'est pas une banlieue de Montréal.
Lorsqu'on parle de Sorel avec son parc industriel, son dynamisme, lorsqu'on
parle de Granby, on ne parle pas de villes qui composent la banlieue de
Montréal. On parle de capitales régionales. Lorsqu'on parle de
Saint-Hyacinthe, c'est une capitale régionale, ce n'est pas une banlieue
de Montréal. Lorsqu'on parle de Vaudreuil, d'Iber-ville, de
Salaberry-de-Valleyfield, ce sont des capitales régionales, ce ne sont
pas des banlieues de Montréal. Ce sont des municipalités, des
capitales qui ont leur propre dynamisme, qui ont besoin de se développer
et qui ont également besoin d'instruments pour leur
développement.
Donc, lorsqu'on parle - soit dit en passant, l'UPA régionale de
la rive sud est entièrement d'accord avec le prolongement de l'autoroute
30 - lorsqu'on parle de cette voie de contourne-ment de l'île de
Montréal par le sud ou par le nord, on parle de doter des
régions, qui ont droit à leur propre développement,
d'instruments qui vont favoriser davantage la création d'emplois et
davantage d'ouvertures sur des marchés tels l'Ontario et les
États-Unis, du moins en ce qui concerne la Montérégie,
parce que nous sommes à la frontière de ces deux grands
marchés. Surtout dans le cadre du traité de libre-échange,
je crois que ce sera un avantage très positif pour l'ensemble des
Québécois que de s'ouvrir à ces deux marchés qui
sont au sud-ouest du Québec.
On parle de graves problèmes de circulation sur l'île de
Montréal. On parle de graves problèmes de circulation lorsqu'on
parle du pont Mercier, lorsqu'on parle du pont Champlain, lorsqu'on parle des
ponts sur la rive nord, lorsqu'on parle également de la 20 par le
boule-
vard Métropolitain. On dit que le trafic d'est en ouest, de l'est
du Canada à l'ouest du Canada, ou vice versa, passant par le boulevard
Métropolitain est composé à environ 15 % de gens, de
camions qui n'ont même pas à transiter à Montréal.
Donc, l'effet d'une route de contour-nement, en plus d'avantager le
développement socio-économique d'une région puisque nous
favorisons davantage le développement régional permettra
également un meilleur accès à ceux qui vivent ou qui
travaillent sur l'île de Montréal.
Donc, M. le Président, tout ce que je peux vous dire, c'est que
l'étude des réseaux routiers de la majorité des grandes
métropoles nord-américaines et européennes, que ce soit
Toronto, Chicago, Boston, Paris, Rome, etc., démontre que celles-ci se
sont dotées d'un réseau de transport routier
élaboré en fonction d'une entité spatiale qui englobe
l'ensemble de l'agglomération urbaine. En ce sens, le
développement et l'aménagement du territoire de Montréal
doivent être pensés selon une perspective régionale qui
intègre de façon complémentaire les intérêts
de tous les partenaires. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Beauharnois.
Je vais maintenant reconnaître Mme la députée de
Maisonneuve.
(11 h 45)
Mme Louise Harel
Mme Harel: M. le Président, ce sera ma dernière
intervention. J'aimerais, d'une certaine façon, conclure en disant que
cette discussion que nous avons eue ce matin est certainement de nature
à aviver les pires inquiétudes et les pires craintes que vit
actuellement tout le réseau montréalais. On a d'abord
assisté à une séance où, notamment, les
députés de Mille-Îles et de Laval-des-Rapides ont mis en
échec, ont mis en doute et ont mis en cause l'option
préférentielle d'aménagement qui est pourtant
prétendument celle de leur propre gouvernement. On a
également...
Oui, oui. Je suis contente de vous l'apprendre. Je ne sais pas si vous
avez lu les communiqués publiés par le ministre des Transports et
responsable du Développement régional selon lesquels son plan de
transport tenait compte de l'option préférentielle
d'aménagement de la région de Montréal. Je trouve que, ce
matin, le ministre a fait complètement défaut de défendre
cette option préférentielle d'aménagement. C'est
certainement de nature à augmenter les inquiétudes actuelles du
réseau montréalais. Le ministre a essentiellement essayé
d'isoler l'administration montréalaise en oubliant ce qu'on ne peut pas
oublier, qu'elle a l'appui de l'ensemble des élus de la
Communauté urbaine de Montréal et que les 2 000 000 de
résidents de l'île de Montréal considèrent que
l'indécision, l'espèce de mollesse qui semble prévaloir
actuel- lement quant au développement régional est certainement
préjudiciable au développement de la seule ville dans la ligue
majeure qui doit concurrencer Boston ou New York. Je comprends très bien
que Valleyfield est une capitale régionale, mais je pense que
Montréal a un défi majeur à relever en Amérique du
Nord et elle ne peut malheureusement pas compter sur le gouvernement du
Québec pour le relever.
Je rappelle ce que disait le milieu montréalais, et je cite:
"C'est comme si le gouvernement du Québec se contentait de rappeler du
bout des lèvres l'option préférable d'aménagement
pour mieux l'oublier par la suite. C'est d'autant plus inquiétant que le
ministre Côté est aussi le ministre responsable du
Développement régional."
M. le Président, je veux qu'on note ce matin que le ministre a
invoqué la douzième heure des élus municipaux de l'est de
Montréal pour écarter les recommandations très
précises qu'ils lui ont faites en matière de plan de
développement, mais qu'il n'a pas traité de la même
façon l'intervention du maire de Laval, à la treizième
heure, qui lui réclamait une station de métro. J'aimerais
également qu'on se rappelle que, si Québec a, durant des
années, financé 100 % des immobilisations, pendant très
longtemps, Québec n'a pas eu un mot à dire quant aux
décisions d'immobilisations et, du côté de l'Opposition, on
considérait cette volonté de Québec, à
l'époque, de vouloir discuter des choix comme de l'ingérence. On
partage maintenant le point de vue que ces choix n'ont peut-être pas
été les plus judicieux, mais qu'on ne les attribue pas au
précédent gouvernement.
M. le Président, le ministre n'a pas parlé de financement.
Il considère que ce sujet est clos. Je voudrais, en terminant, à
la fois lui rappeler que, quant au prolongement de l'autoroute 25, il est de
commune renommée que ça va créer une énorme
pression quant à l'exode industriel et résidentiel à
l'extérieur de Montréal et qu'un choix va devoir être fait,
compte tenu que le développement industriel, commercial et
résidentiel ne peut pas être consolidé partout en
même temps et que le Comité de relance de l'économie et de
l'emploi de l'est de Montréal a jugé essentiel d'obtenir l'appui
inconditionnel des trois niveaux de gouvernement, qu'au cours des dix
prochaines années les besoins prioritaires à combler doivent
être ceux de l'est de Montréal.
Je rappelle au ministre qu'il abordait, il y a quelques mois à
peine, l'émergence d'un quatrième partenaire en matière de
financement. Je rappelle les propos qu'il tenait à l'époque
concernant ce quatrième partenaire qui devait être l'entreprise
privée, les trois autres étant le gouvernement
québécois, les municipalités et les usagers. Je lui
rappelle ses propos très fermes. Le ministre disait: On a payé
des cathédrales à de grosses compagnies en aménagement des
sorties de métro qui vont dans les grands magasins et dans les tours
à bureaux. C'est presque scandaleux, ajoutait-il. Alors, je lui
demande ce qu'il entend faire en cette matière pour consolider la
venue d'un quatrième partenaire en matière de financement du
transport en commun.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, Mme la
députée de Maisonneuve. Nous en sommes maintenant à
l'étape des conclusions de cette interpellation. Je reconnaîtrai,
dans un premier temps, M. le ministre pour dix minutes, suivi de M. le
député de Lévis pour dix minutes. Je cède
maintenant la parole à M. le ministre.
Conclusions M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, vous
admettrez avec moi que dix minutes pour tenter de conclure ce sujet, compte
tenu de ce qui a été évoqué par mon collègue
de Beauhar-nois, c'est très peu. Mais, à tout le moins, cette
vision de cette volonté du sud de Montréal, y incluant des
comtés représentés par le Parti québécois,
était très claire et très nette: 225 municipalités,
y inclus l'UPA, au sommet de la Montérégie, ont fait de leur
première priorité la construction de l'autoroute 30 qui,
aujourd'hui, est combattue par d'autres pour desservir non seulement uniquement
les gens de la Montérégie qui sont 1 200 000 personnes, mais
l'ensemble de ceux qui doivent transiter, allant vers l'Ontario, l'Ouest
canadien ou les États-Unis, une autoroute importante qui doit donc faire
changer ce trafic de direction et ne pas le faire passer par la ville de
Montréal ou IHe de Montréal.
On a oublié - on n'en a pas parlé - le train de banlieue
à Châteauguay qui est extrêmement important dans cette
vision du développement et pour donner l'occasion aux gens pris sur le
pont Mercier de prendre un transport en commun. C'était donc cette
volonté de leur offrir la possibilité de.
Mais, pour rattacher mon intervention à la dernière de Mme
la députée de Maisonneuve qui parle d'un appui de 2 000 000 de
personnes, de tous les maires de l'île de Montréal, elle aura
éventuellement des surprises parce que c'est un peu gros. Dans les
faits, ce n'est pas tout à fait ça. L'avenir très
immédiat, les prochains mois, nous révélera que cet appui
n'est pas si solide, si ferme que l'a démontré M. Perreault au
moment de sa conférence de presse très bien
préparée sur le plan de la stratégie politique, ça
visait un objectif politique.
Je veux juste le lui rappeler pour sa bonne compréhension;
peut-être était-elle en vacances au moment où ça
s'est passé, cela lui a peut-être échappé. Je ne
veux que prendre une déclaration de M. Doré en Corée lors
de son passage aux jeux d'été au mois de septembre, qui nous a
été rapportée brièvement par les journaux,
lorsqu'on l'a interrogé en lui disant: Vous avez perdu pour
Montréal l'implantation de la seule usine de fabrication d'automobiles
au Québec qui est Hyundai. Sa réponse a été claire
et nette: Non, puisque Bromont fait partie de Montréal et qu'à
Bromont, c'est Montréal. Si Bromont est Montréal, il faut
s'assurer à tout le moins qu'à l'intérieur de cette grande
volonté montréalaise on puisse y accéder. On ne peut pas
parler et avoir deux langages, un en Corée et un à
Montréal. Cela me paraît clair, c'est un minimum. Comme on ne peut
pas avoir deux langages en disant aux gens: On favorise le transport en commun
et, quand on construit des édifices au centre-ville de Montréal,
permettre 800, 1000, 1200 stationnements pour y faire accéder des
voitures. On ne peut pas avoir deux langages. On est rendu au jour où on
devra n'en avoir qu'un seul.
Au-delà de tout ça, on dit: L'est de Montréal est
le grand oublié et le gouvernement actuel le laisse tomber. Mme la
députée de Maisonneuve, je vous savais et je vous reconnais
toujours plus d'honnêteté intellectuelle que ce que vous avez dit.
J'ai fraîche à la mémoire comme ministre responsable du
Développement régional une conférence de presse que j'ai
faite et à laquelle vous avez assisté quant à la
reconnaissance de besoins spécifiques pour Pointe-Saint-Charles, pour
Maisonneuve, dans des corporations de développement économique
qui ont fait en sorte que nous avons donné, nous, 3 000 000 $ sur trois
ans alors que la ville de Montréal donnait 30 000 $ pour trois ans. Je
pense que ça fait une différence très importante et c'est
la reconnaissance de besoins spécifiques pour le développement de
communautés en difficulté dans l'île de
Montréal.
Qui donc a financé le CREEM si ce n'est pas l'OPDQ pour 150 000 $
par année et endossé sur le plan de la technique de la recherche
quant à l'inventaire de la problématique... Et l'OPDQ sous ma
gouverne et sous la gouverne du gouvernement actuel de la même
manière que mon collègue Daniel Johnson a mis des sommes
très importantes pour être capable de développer l'est de
Montréal. C'est clair. Nous avons cette vision. Nous voulons continuer
de l'avoir sur le plan du développememnt du transport. Lorsqu'on parle
de la treizième heure, Mme la députée de Maison-neuve, il
faut bien comprendre que c'est vrai que c'est une treizième heure dans
le cas des éche-vins de l'est de Montréal, mais dans le cas de
Laval, ce n'est pas le maire de Laval qui a demandé un métro.
C'est le gouvernement du Québec qui a discuté avec le maire de
Laval pour lui faire accepter un métro à Laval. Cela fait une
différence très importante et, dans ce sens, ça
s'inscrivait dans une desserte d'une très large communauté de la
grande région de Montréal et pour faire ce lien que tout le monde
souhaite, une structure régionale pour être capable de mieux
desservir les citoyens qui veulent emprunter le transport en commun et qui ont
des irritants.
Au-delà de tout ça, le transport en commun
est une priorité pour le gouvernement du Québec puisque
nous continuons de consacrer approximativement 66 % des efforts gouvernementaux
par l'injection au cours des six prochaines années de 380 000 000 $ par
année de budget régulier. Ajoutez à cela les
préoccupations du plan de transport, on se retrouve dans une situation
où on reconnaît l'importance du transport en commun et de
continuer à le développer.
On a dit qu'au cours de votre mandat vous l'avez développé
au détriment du réseau routier en le laissant pour compte. Nous
devons nous assurer que cette philosophie revendiquée,
déposée, exigée par la communauté urbaine lors de
la commission parlementaire quant à la conservation des acquis, si c'est
vrai dans le transport en commun, c'est aussi vrai dans le transport routier.
L'amélioration, si c'est vrai dans le transport en commun, c'est aussi
vrai dans le transport routier. Quant au développement, la commission
parlementaire portera sur cela et on devrait faire des choix
éclairés au lendemain de cette commission parlementaire.
M. le Président, c'est une vision suprarégio-nale que le
gouvernement du Québec a eue en termes de développement de
transport, de complémentarité et un plan de transport pragmatique
qui correspond et qui répond à des demandes du milieu
exprimées depuis une dizaine d'années. Je suis heureux de
constater que, dans tous ses propos, le député de Lévis
n'a pas tenté de dire que nous n'avions pas répondu aux besoins
de la couronne nord, que nous n'avions pas répondu aux besoins du sud,
que nous n'avions pas répondu aux autres besoins de l'île, se
bornant à évoquer la faiblesse du plan de transport quant
à la desserte de l'île de Montréal. Et j'en prends
note.
Quant au financement, M. le Président, je l'ai dit tantôt,
les éléments importants sont réglés dans le cas du
financement pour le remplacement des autobus, pour l'opération. Il reste
le financement des immobilisations et le gouvernement du Québec ne
pouvait pas se commettre sur l'ensemble de tout cela sans que le milieu se soit
prononcé. Le mémoire est actuellement entre les mains des
autorités quant à des décisions. Il sera disponible pour
la commission parlementaire laissant place à une interprétation
aussi vaste que vous le souhaitez quant à cette reconnaissance. Quant
à moi, il y a un dossier qu'on n'a pas traité de manière
plus importante, c'est assurément celui de l'option
préférentielle d'aménagement. Nous y croyons, je vous ai
dit au début que vous aviez senti comme gouvernement l'obligation de
reconnaître que le centre-ville de Laval et le centre-ville de Longueuil
devaient s'ajouter à l'option préférentielle
d'aménagement de l'île de Montréal, qui était celle
d'origine. Vous avez donc reconnu des phénomènes de croissance
pour satisfaire la clientèle de M. Lévesque de l'époque et
la clientèle de M. Landry de l'époque, qui était celle de
Laval. Je pense que la vérité a tout de même ses
droits.
Au-delà de tout cela, au-delà de toutes les
barrières, cette course à obstacles que vous avez
implantée, il faudra tout de même se rappeler qu'il y a eu par
rapport aux couronnes nord et sud une croissance de la population qui s'y est
implantée pour des raisons autres que celles que vous évoquez. On
est à l'heure où les dirigeants de l'île et de la ville de
Montréal devront faire des choix, des choix difficiles, mais n'allez pas
demander à un individu qui veut s'implanter et qui veut se construire
une première maison de payer le prix d'un terrain sur l'île de
Montréal qui vaut le prix de la maison qu'il ira habiter en banlieue! Ce
n'est pas le problème du gouvernement! C'est un problème
typiquement montréalais, et en philosophie, il faut être à
l'occasion pragmatique et être pragmatique, cela signifie que les
autorités de la ville de Montréal devront faire certains choix
quant à l'avenir de Montréal. Dans ce sens-là, le
gouvernement du Québec aura à appuyer et continuera d'appuyer les
efforts de la ville de Montréal, mais ne venez pas aujourd'hui tirer la
conclusion que, pour bien desservir l'est de Montréal, c'est au
gouvernement du Québec de décider pour tout ce qui s'est
passé.
Les projets déposés sur la table le 15 octobre, je suis
à les étudier, en collaboration avec mes collègues qui me
font des représentations quotidiennes sur la nécessité de
renforcer la vocation du transport dans l'est de Montréal et cette
ouverture de la part du gouvernement est là. Nous aurons très
certainement au cours des prochains mois des réponses très
spécifiques à fournir aux gens de l'est de Montréal,
répondant par le biais, bien sûr, aux volontés
exprimées par les échevins de la ville de Montréal qui, je
le répète, se sont davantage inscrits en défense et la
meilleure défense, c'est d'accuser les autres. Dans ce sens-là,
c'est une situation très claire et je fais une distinction très
nette entre la publicité que fait Laval sur le plan pour informer les
citoyens et la publicité que font les échevins du RCM aux bouches
des métros pour désinformer la population.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Je reconnais maintenant M. le député de
Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, j'ai remarqué que le
ministre tirait une conclusion qu'il ne devrait pas tirer quand il dit: Si vous
n'avez pas parlé de telle chose, telle chose, telle chose, c'est parce
que vous êtes d'accord. Un instant. J'aurais aimé parler, par
exemple, des problèmes reliés à l'estacade sur le pont
Champlain. Est-ce réalisable physiquement? Y a-t-il des problèmes
techniques et sont-ils tous surmontables? Si oui, comment va-t-on diminuer le
trafic d'automobiles puisqu'on a abandonné le train de banlieue? Il y a
toutes sortes de questions qui se posent, mais
c'est évident que, dans un débat restreint, on ne peut pas
parler de toutes les questions. (12 heures)
L'objectif de la rencontre de ce matin pour l'Opposition, c'est de
montrer à quel point, comme plan d'ensemble, il y a quelque chose qui ne
va pas. La meilleure preuve, ce sont les interventions des
députés libéraux qui n'ont pas l'air d'être au
courant que l'option préférentielle d'aménagement a
été reconduite par le gouvernement, notamment, le
député de Mille-Îles, parce qu'ils se sont amusés
à parler contre. Alors, si l'option d'aménagement
préférentielle a vraiment été reconduite par le
gouvernement, cela ne paraît pas chez les députés et cela
montre à quel point est le sérieux de la reconduction de l'option
préférentielle d'aménagement, si les députés
libéraux en parlent comme de leur dernière chemise ou de leur
dernière culotte. Cela veut dire qu'ils ne prennent pas cela au
sérieux.
C'est pourquoi, M. le Président, j'aimerais mieux vous dire, par
exemple, que, quand vous lisez Le Devoir du 19 août 1988, Albert
Juneau y dit: En somme, il n'est pas certain que le plan Côté
réduira la pression sur les ponts et sur les voies rapides
congestionnés de ITle. Au contraire, il risque d'empirer les
embouteillages. C'est cela qu'on dit.
Alors, quel est le sens de ce plan de transport? Où allez-vous,
M. Côté? C'est ça qu'on dit. On dit: Où allez-vous?
On ne sent pas que vous allez quelque part avec votre plan. On ne voit pas de
vision d'ensemble. L'option préférentielle d'aménagement,
on ne sent pas que vous croyez à ça. Votre plan ne le
démontre pas.
La protection des terres agricoles, on ne sent pas que ça existe
encore, même sur le plan des directives données par le ministre
à la commission. Là, aujourd'hui, les gens disent: Mais qu'est-ce
qui arrive? C'est le dézonage qui s'en va d'une façon
générale. On ne croit plus à ça. Qu'est-ce qui
arrive? On s'en va vers l'étalement urbain avec une conception du
transport qui favorise l'étalement urbain, alors qu'il n'y a aucune
croissance démographique significative prévue dans les
années à venir.
Au contraire, on prévoit un vieillissement de la population.
Habituellement, un vieillissement de la population, cela n'a pas tendance
à s'étaler. Cela a tendance à revenir vers les
centres-villes, à condition que ce soit bien fait. Vous remarquerez que
le ministre n'a pas eu la chance que J'ai eue au mois d'août dernier
quand je suis allé entendre la commission parlementaire. Pour la
première fois, j'arrivais aux Transports. J'arrivais comme quelqu'un qui
est objectif.
Mais, un peu avant, j'ai siégé à la commission sur
l'habitation et j'ai vu les gens qui venaient du domaine de l'habitation
montrer à quel point le plan que prévoyait le gouvernement pour
l'habitation à Montréal aurait pour effet de vider les
centres-villes des gens qui y restaient, de briser des paroisses. Même
des curés venaient avec leurs regroupements paroissiaux dire à
quel point la politique d'habitation préconisée par le
présent gouvernement aurait un effet néfaste sur l'habitation au
centre-ville.
Quand on regarde cela dans son ensemble, on voit que, au fond, c'est
ça qu'on veut dire quand il n'y a pas de vision globale ou de vision
d'ensemble. C'est ça qui apparaît dans ce document. Le ministre
lui-même, lors de la commission parlementaire, a dit... Remarquez bien,
ce n'était pas ma conclusion. J'aurais pu dire que, moi aussi,
j'étais d'accord là-dessus. Quand il dit, par exemple, ici: Quand
on a parlé d'aménager les structures, on a également dit
qu'indépendamment des travaux qui devraient être faits dans le
territoire l'amélioration du transport en commun devra être
réalisée en priorité dans l'est de Montréal,
c'était sa conclusion à lui. C'était la conclusion de la
commission parlementaire au mois d'août, à la page CAE-5076 du 27
août 1987. C'est le ministre qui parle.
Il dit: "Indépendamment des travaux qui devraient être
faits dans le territoire, l'amélioration du transport en commun devra
être réalisée en priorité dans l'est de
Montréal". Dans son plan, à toutes fins utiles, il n'y a rien
pour cela. C'est lui-même qui disait cela. À tel point que les
sondages disent que 40 % des Montréalais sont prêts à
fermer le centre-ville aux autos. C'est quelque chose! Les deux tiers disent
qu'il faut d'abord privilégier le transport en commun, alors que le
ministre privilégie d'une façon traditionnelle les autoroutes et
les ponts. Cela ne va pas dans le sens des conclusions qu'il tirait
lui-même après le sommet.
Je regarde, par exemple, le financement qui est important dans cette
affaire. Il y a la conception, les orientations et les objectifs. D'abord, les
objectifs, ensuite les orientations, les modalités d'application et
enfin le financement pour réaliser tout cela. Pour le financement, en
plus, rien non plus! Comment voulez-vous que les gens puissent fonctionner
sérieusement quand ils ne savent pas où ils s'en vont, même
sur le plan du financement? Quand vous voyez des journaux... Je regarde le
journal Les Affaires, qui n'est pas habituellement antipathique au Parti
libéral. Quand il est rendu à dire - pourquoi dit-il cela? -
quand il est rendu à dire: "Le transport en commun à
Montréal, M. Côté devra décider d'un regroupement.
Le transport en commun, Québec doit s'en mêler..." Je vais vous
dire ce qu'il dit dans "Le transport en commun, Québec doit s'en
mêler". "À son tour, Québec doit délier les cordons
de sa bourse. Sa table de concertation sur les effets de débordement n'a
encore rien réglé." M. Jean-Paul Gagné, dans
l'éditorial du journal Les Affaires. "En attendant une solution
à ce problème, il lui faut combler le manque à gagner de
la STCUM. Les résidents de Laval et des municipalités de la rive
sud utilisent le réseau de la STCUM pour 49 % et 33 % de leurs
déplacements respectifs. Ne serait-il pas logique que ces
municipalités
participent au financement de la STCUM? C'est à ce niveau que
Québec doit surtout faire preuve de leadership." Je dis qu'actuellement
le ministre se comporte plus comme un organisateur que comme un leader, un
organisateur qui dit: II faut que je fasse plaisir à des individus, peu
importe si, dans l'ensemble, cela va marcher. Un leader, c'est
différent. C'est pour cela qu'on dit: II y a un besoin de leadership
actuellement.
L'an dernier, la même chose. Même M. Perreault, qui ne
semble pas aimer beaucoup le ministre, lui dit la même chose: Ces
divergences de vues pourraient même aller jusqu'à un regroupement
entre Laval, Montréal et la rive sud, peu importe la forme, parce qu'il
dit: Cela ne peut pas continuer comme cela dans le désordre. On dit:
"Ces divergences de vues seront sans doute très difficiles à
harmoniser. C'est pourquoi, quand on demande à M. Perreault si
l'intégration souhaitée peut se faire sans l'intervention
prioritaire du ministre Côté, il répond sans
hésiter: Qui d'autre pourrait l'imposer?" Lui aussi demande...
Montréal n'en veut pas au ministre, elle lui dit de faire preuve de
leadership. Pourquoi? Parce que c'est cela qui est important. Et quant à
faire payer les autres, le ministre dit: Faire payer les autres... Bien
justement, il ne paie pas parce que, dans le plan qu'il vient d'annoncer, il
met moins d'argent que le précédent gouvernement, alors que le
précédent gouvernement vivait une période de crise en
1981, 1982, 1983 et 1984, avec des taux d'intérêt qui frisaient
les 20 %. Malgré cela, le gouvernement a mis, en dollars constants, si
l'on tient compte des dollars d'aujourd'hui et des dollars d'hier,
l'équivalent... Il faudrait que le ministre, à 3,5 % d'inflation,
mette 710 000 000 $ de plus dans son plan pour équivaloir à ce
qu'a mis le gouvernement du Parti québécois entre 1976 et 1985,
et, avec un taux d'inflation de 4,5 %, il faudrait qu'il mette 882 000 000 $ de
plus. Qu'il ne vienne pas nous conter des histoires. En plus, son financement -
il dit que c'est 1 600 000 000 $ - il ne le paiera pas à 100 %, il va en
payer seulement une partie. C'est quelque chose, M. le Président!
J'aimerais terminer en disant qu'il est temps que ces questions se
règlent. On ne parle pas des effets de débordement. Le ministre
les aura connus, les effets de débordement. Pourtant, il n'en parle pas,
il ne dit pas un mot là-dessus. À la commission parlementaire du
mois d'août, la conclusion principale a été la
concertation. Je pense que le ministre a promis une commission parlementaire en
matière de transport. Il faut qu'il tienne cette commission
parlementaire le plus rapidement possible, au cours du mois de novembre. On en
a dit un mot hier. On a dit de ne pas attendre et de ne pas laisser pourrir le
problème. Il faut qu'il tienne une commission parlementaire le plus
rapidement possible pour qu'au cours de la commission parlementaire et dans les
semaines qui suivront la commission parlementaire il tente de faire une
véritable concertation où le ministre devra faire preuve de
leadership.
Il dit qu'il paie beaucoup. Habituellement, celui qui paie doit voir
à ce que les dollars versés servent à quelque chose.
Actuellement, on n'a pas ce sentiment. Au contraire, on a le sentiment, comme
la plupart des intervenants qui le disent et qui sont objectifs, que le plan ne
va nulle part. Il faut que le ministre convoque cette commission parlementaire
et qu'on établisse qu'il faut une concertation. Je pense que, si le
ministre n'est pas capable de faire une concertation, il sera nécessaire
éventuellement de parler d'un regroupement sur le plan du transport dans
la région de Montréal. Je vous remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. La commission de l'aménagement et
des équipements, ayant maintenant accompli son mandat, soit celui de
procéder à l'interpellation adressée au ministre des
Transports par le député de Lévis, ajourne ses travaux
sine die.
(Fin de la séance à 12 h 10)