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(Douze heures douze minutes)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission permanente reprend maintenant ses travaux pour
procéder à l'étude détaillée du projet de
loi 91, Loi sur l'acquisition de voitures pour la ligne de trains entre les
villes de Montréal et de Rigaud, du projet de loi 76, Loi modifiant la
Loi sur les transports, du projet de loi 92, Loi modifiant la Loi sur
l'assurance automobile et d'autres dispositions législatives, et,
finalement, le projet 77, Loi modifiant le Code de la sécurité
routière. Sur ceci, J'appelle l'étude du projet de loi 91. M. le
député de Lévis.
Organisation des travaux
M. Garon: M. le Président. Parfois le ministre se plaint
que je parle à la télévision, mais quelquefois je parle
quand la télévision n'est pas là, mais il n'y a pas
beaucoup de résultats. J'ai rencontré les gens que vous m'avez
demandé de rencontrer, de votre ministère et de la Régie
de l'assurance automobile, lis devaient me fournir des documents. Je n'en ai
reçu aucun. Pas un, pas une ligne; à moins que ce soit dans le
courrier, je n'ai rien reçu. Cela fait déjà un bout de
temps, 15 jours, je pense. Je n'ai pas reçu les règlements sur le
projet de loi 91. Je viens de recevoir un papier à l'instant. Sur le
projet de loi 76, on devait avoir le règlement, on ne l'a pas eu. En
vertu du projet de loi 92, on a demandé toute une série de
choses. Ils ont dit: Oui, oui, il n'y a pas de problème, sauf qu'il
n'est rien arrivé. En vertu du projet de loi 77, on avait demandé
des documents sur les écoles de conduite, on n'a rien eu non plus. Je
comprends, mais c'est un peu comme notre Seigneur quand il a dit: La foi sans
les oeuvres... Je comprends que les principes... Je ne veux pas me comparer,
mais la foi sans les oeuvres, je ne crois pas à cela beaucoup. C'est
pour cela qu'on aimerait avoir ces documents pour pouvoir faire une
étude sérieuse de toute cette affaire.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président.
M. Garon: Voyez-vous, on est ici aujourd'hui, on ne les a pas
encore eus. Je n'ai jamais suivi de cours de lecture rapide et ce sont des
documents assez considérables. On n'a rien reçu avant
aujourd'hui.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, dans
ce que dit le député de Lévis, il faut en prendre et en
laisser.
M. Garon: Comme quoi?
M. Côté (Charlesbourg): Laissez-moi répondre.
Vous avez parlé et jeté votre fiel, laissez-moi jeter le mien et
après cela on se parlera comme on doit se parler. Quand on commence en
attaquant, on risque de recevoir des claques, c'est ce que vous méritez
quand vous commencez de cette manière-là.
M. Garon: Non...
M. Côté (Charlesbourg): Laissez-moi finir.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La parole est à M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): La vérité a
ses droits et on va commencer à les mettre sur la table dès
maintenant. M. le Président, j'ai été à
l'Assemblée nationale au cours des dernières années et
dans l'Opposition de 1983 à 1985. Il n'y a jamais un pape de votre
"gang" qui nous a invités à analyser des projets de loi comme on
le fait avec vous, sur le plan de la coopération et de la collaboration.
J'ai ouvert les portes, depuis que je suis arrivé au ministère
des Transports, à votre prédécesseur, c'était Mme
Harel, à vous aussi, malgré le fait que vous n'êtes pas un
être facile. Dans ce sens, on a ouvert les portes. Et au lieu d'arriver
comme cela en bélier et de dire: II y a des choses qu'on a
demandées et qu'on n'a pas eues, la première des choses, c'est
que, si vous avez demandé des éléments à un moment
donné, c'est parce qu'y y a eu une réunion préparatoire
pour tenter de vous donner toute la vérité, autant que possible,
sur chacun des projets de loi, pas mai intentionnée, bien
intentionnée, pour qu'on puisse parler de choses qu'on connaît.
C'est cela l'exercice. Pour ne pas vous embarrasser, je ne suis même pas
là pour que vous puissiez poser toutes les questions que vous voulez aux
fonctionnaires. Étant là, cela pourrait faire en sorte que les
réponses ne soient pas ce qu'elles devraient être. C'est pourquoi
je ne suis pas là. J'ai dit: Posez les questions que vous voulez, c'est
ce que vous avez fait, il y a 14 jours, en présence de la Régie
de l'assurance automobile, en présence des fonctionnaires du
ministère, sur chacun des quatre projets de loi qu'on a à
étudier en commission parlementaire.
Effectivement, vous avez posé des questions sur les projets de
loi 91, 76, 77 et 92. Ce n'est pas compliqué. Vous avez demandé
des choses. On me dit qu'hier M. Brochu, votre recherchiste, a parié
à mon directeur de cabinet, M. Tourigny, en disant: On a demandé
des choses de la Régie de l'assurance automobile qui ne sont pas
arrivées, en particulier en ce qui concerne les écoles de
conduite. Ce qu'il a fait dans un premier temps, c'est de vérifier
auprès de la
régie. On ne les a pas eues nous autres non plus. J'imagine qu'on
est en droit d'avoir ces réponses parce que les réponses qui vous
intéressent peuvent nous intéresser. Et hier après-midi,
par bélino, on vous a expédié un certain nombre de choses.
Donc, ne dites-pas que vous n'avez rien reçu. Je ne sais pas si c'est
mêlé sur le bélino. Je ne dis pas que vous avez eu toutes
les réponses que vous souhaitiez avoir. Mais, par bélino, il y a
eu un envoi hier. Ce n'est pas la poste. Cela ne se perd pas dans la poste,
cela se perd quelque part. Il y a eu un bélino hier après-midi
qui vous a expédié un certain nombre de réponses. C'est
parce que M. Brochu a appelé, sinon peut-être que vous ne les
auriez pas eues. On ne savait pas si vous les aviez eues ou non. Alors, si cela
a transité par chez nous, on va les envoyer.
Le règlement qui accompagne la loi sur le vrac, la loi du
ministère des Transports pour régler le problème du vrac,
a été publié dans la Gazette officielle mercredi.
Il va être dans le cahier, comme on le fait à chaque fois. Je vais
vous transmettre le cahier. Pas sur la STCUM, il n'y en a pas, ce sont trois
articles. Mais, pour les autres, je vais vous transmettre exactement le
même cahier que je vous ai transmis pour chacune des lois. Je n'ai rien
à cacher. Il ne faut pas prendre le mors aux dents en pensant qu'on veut
cacher des choses. Il y a des informations que je viens de recevoir de la
Régie de l'assurance automobile, je vais vous les donner. Il y a des
choses qui vont arriver plus tard, et les gens sont ici pour répondre
aux questions. Les gens de la régie arriveront plus tard, les gens du
ministère sont ici et je n'ai pas de cachette. J'ai fait volontairement
appeler, en termes d'ordre, le projet de la STCUM et celui sur le vrac, pensant
que c'étaient peut-être les éléments les moins
contentieux, alors que le problème de la Loi sur la Régie de
l'assurance automobile était peut-être celui sur lequel vous aviez
un plus grand nombre de questions à poser et qu'on pourrait l'aborder
ultérieurement en souhaitant vous donner le plus de réponses
possible.
C'est dans cet esprit que je me présente ici. Finalement, les
questions si vous en avez, posez-les et on prendra le temps qu'il faut pour
tenter d'y répondre. Mais, à tout le moins, il y a au moins un
bélino qui a été expédié hier. Je ne sais
pas si on n'aurait pas le bon numéro du bélino si cela ne s'est
pas rendu, mais c'est à la suite de l'intervention de M. Brochu
auprès de mon directeur de cabinet, M. Tourigny, et cela a
été fait. J'ai mon directeur de cabinet avec moi. Je vous
donnerai tantôt les confirmations de l'expédition du
bélino, mais je ne peux pas vous donner des réponses que je n'ai
pas.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur ceci... M. Garon: M.
le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): Brièvement, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je trouve cela très gentil, d'abord. Quand iI
dit qu'il n'y a pas un pape qui faisait cela, un instant! Je dois dire au
ministre qu'il faudrait qu'il allume ses lumières un peu
là-dessus. Dès 1977, quand j'ai déposé le projet de
loi sur les petits abattoirs, les gens de l'Opposition ont eu le
règlement. Ils l'ont eu d'avance, et le règlement est à
peu près dix fois plus considérable que la loi. Et à
chaque fois que les règlements...
Une voix:...
M. Garon: Non, je peux le dire et, s'il y en a qui veulent
parler, qu'ils prennent le micro, mais qu'ils ne se promènent pas en
maugréant derrière les tables. Je ne suis pas impressionnable,
comprenez-vous. Je vais vous dire: Même s'il y en avait 50 qui
maugréeraient, cela ne m'impressionne pas du tout. J'ai
déjà été dans des assemblées plus grosses
que cela et j'ai fait face aux situations. Je suis déjà
allé au petit Colisée devant 8000 personnes, je n'ai pas eu peur.
Je n'ai besoin de rien pour... Sauf que... Une voix:...
M. Garon: Non, devant les motos non plus. Mais ce que je veux
dire tout simplement, c'est que comme ministre - je ne parlerai pas pour les
autres, je n'étais pas dans leur situation - à chaque fois que
les règlements étaient rédigés, je les ai produits,
et avant la commission, pas le matin même. C'était ma pratique de
le faire, parce que je me disais que j'aimais bien mieux qu'ils voient les
règlements et, s'il y avait quelque chose de pas bon dedans, de le
savoir avant de les faire adopter.
Deuxièmement, j'ai toujours fait des consultations publiques
aussi. Si vous remarquez, pour la protection des terres agricoles, il y a eu
une consultation par tout le Québec et avec tous les organismes qui ont
voulu venir en commission parlementaire. Je ne me sens pas visé du tout
par les propos du ministre. Sauf qu'il dit rarement non, il dit habituellement
toujours oui, mais la musique ne suit pas. Je ne suis pas plus avancé
s'il m'a dit oui car je n'ai pas reçu les papiers. Je ne les ai pas, le
bélino, M. Brochu, qui est avec moi, me dit qu'il a
vérifié ce matin même, il n'y avait rien pour lui au
bélino d'après les renseignements qu'il a eus.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, le
bélino a été expédié...
M. Garon: Un instant, M. le Président, je vais
finir...
M. Côté (Charlesbourg): Le bélino a
été expédié à Pierre Brochu, à
643-2957, à 17 h 27,
on vient de vérifier, le 8-12-88.
M. Garon: C'est hier soir.
M. Côté (Charlesbourg): Bien oui, mais...
M. Garon: Mais ce matin il n'y avait rien dans la machine.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas moi, si la
musique ne suit pas, dans ce cas ...
M. Garon: Qu'avez-vous envoyé par béiino?
M. Côté (Charlesbourg): Les exemples de la
Régie de l'assurance automobile.
Quand vous dites que la musique ne suit pas, je m'excuse...
M. Garon: Bien, dites ce que vous voudrez, que vous l'avez
envoyé à 17 h 30 hier soir, je vous dis que ce matin nous ne
l'avons pas encore eu.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas un
problème chez nous. On a un problème ailleurs.
M. Garon: Je ne sais pas où est le problème, ce
n'est peut-être pas nécessaire de l'envoyer par béiino.
M. Côté (Charlesbourg): C'est parce qu'on voulait le
fournir rapidement, ce n'est pas compliqué. On vous l'a envoyé
à 17 h 27.
M. Garon: Le règlement en vertu de la loi 76, vous ne
l'avez sûrement pas envoyé par béiino. C'est pour cela que
quand arrive l'étude des lois... On avait également
demandé des renseignements au sujet du moratoire sur les écoles
de conduite lors de la rencontre d'il y a quinze jours.
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez-bien.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Je veux bien qu'on se
comprenne. M. le Président, effectivement le député de
Lévis a demandé lors de la rencontre d'il y a quinze jours des
éléments d'information. Qu'il ne dise pas que c'est le ministre
qui a pris les engagements, je n'étais pas là.
M. Garon: Un instant...
M. Côté (Charlesbourg): Ne dites pas cela.
M. Garon: Un instant, M. le Président. Quand le ministre
n'est pas là, mais qu'il y a quelqu'un de son cabinet, ses yeux et ses
oreilles sont là. C'est bien beau de dire qu'on vous laisse libre, sauf
qu'il y a quelqu'un de son cabinet qui est là.
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais un instant...
M. Garon: II est là le monsieur qui était
là, il est derrière vous.
M. Côté (Charlesbourg): Non, un instant. Dans ces
conditions, dites que c'est quelqu'un du cabinet du ministre qui a pris
l'engagement, si vous voulez dire la vérité. Ce n'est pas parce
que je vais défaire son engagement de vous envoyer les documents, mais,
quand on pose des questions, si on a les réponses immédiatement
on vous les donne. Mais, si c'est de la recherche à la Régie de
l'assurance automobile, ne les blâmez pas de faire la recherche. J'ai eu
d'autres informations ce matin.
Vous vous rappellerez, M. le député de Lévis, que
notre réunion - je ne vous blâme pas, parce que vous avez
plusieurs responsabilités sur le plan de la critique pour l'Opposition
et en particulier le projet de loi très volumineux avec mon
collègue, M. Fortier, je comprends que cela demande des analyses - notre
réunion a eu lieu il y a quatorze jours, on a tenté de la faire
un peu avant, mais votre programme ne le permettait pas, à ce qu'on m'a
dit, ou vous avez été appelé en commission parlementaire.
On a essayé de la faire bien auparavant.
M. Garon: Je suis allé le lundi matin que j'avais de
libre.
M. Côté (Charlesbourg): Je comprends, mais...
M. Garon: II y a quinze jours quand même. Vous avez
déposé la loi le 15 novembre; jusqu'à lundi de la semaine
dernière, il y a quand même un bout de temps. C'était au
mois de novembre, pas longtemps après le dépôt de la
loi.
M. Côté (Charlesbourg): C'est parce qu'on s'efforce
chez nous de donner des réponses aux engagements qu'on prend. Pour ce
qui est des commissions parlementaires, en particulier des crédits, le
secrétariat se fait toujours un devoir de nous rappeler à l'ordre
si on met un peu trop de temps à répondre. À ce que je
sache, à moins de mauvaises informations, ii n'y a pas chez nous
d'engagements qui traînent, qui ont été pris devant des
commissions parlementaires de toute nature au sujet de documents à
être fournis à la commission. Si on en a, qu'on nous le dise, et
j'interpellerai les gens qui ne nous ont pas fourni les documents. Je me fais
un devoir de tenter de respecter cela, parce qu'effectivement je me dis une
chose, c'est qu'il faut donner aux gens de l'Opposition les instruments qu'H
faut pour être capable de faire l'analyse des projets de loi. De toute
façon, si on se chicane pendant une heure pour avoir des documents,
mieux vaut
donner les documents pour travailler. Ce sera bien plus intelligent
comme démarche.
M. Garon: Ou bien dites-nous que vous ne les donnez pas. Parce
que si vous me dites oui et que je ne les ai pas...
M. Côté (Charlesbourg): Non, non.
M. Garon:... j'aime autant que vous me disiez que vous ne les
donnerez pas.
M. Côté (Charlesbourg): De toute façon, je
vais vous dire une chose, c'est que si, dans mon esprit à moi, je dis
que je ne les donne pas, vous allez le savoir assez vite.
M. Garon: Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): Si, dans mon...
M. Garon: Oui, j'aime autant que ce soit clair. J'aime autant que
ce soit: Non, vous ne les aurez pas, que: Oui, vous les aurez, mais je ne les
al pas...
M. Côté (Charlesbourg): Non, j'ai...
M. Garon:... et je ne suis pas plus avancé.
M. Côté (Charlesbourg): Non, je n'ai aucun
problème avec cela. Dans le cas du dossier de Quebecair, pour vous
donner un exemple, à un certain moment, Mme la députée de
Maisonneuve souhaitait obtenir un document. Je lui ai dit: C'est non. Elle a
alors pris des moyens d'accès à l'information pour l'obtenir.
C'était son choix, que je n'ai pas critiqué, mais cela a
été clair. Dans tous les autres cas, les documents, quand je peux
les donner - et même, à l'occasion, on trouve que je suis un peu
trop libéral dans ce sens-là - c'est oui, parce que finalement,
puisqu'il y a d'autres moyens d'obtenir ces documents-là, c'est aussi
bien de les mettre sur la table. Alors, s'il y a d'autres
éléments pour lesquels vous n'avez pas reçu les
réponses souhaitées, je sais qu'on a mis un certain nombre de
projets de loi par ordre d'intervention, mais je tenterai de vous les faire
obtenir le plus rapidement possible de façon que ça puisse vous
guider dans les questions que vous pourriez poser et l'analyse que vous avez
à faire. Je n'ai pas d'objection du tout de ce
côté-là.
J'inviterais peut-être, si c'était possible, M. Brochu, qui
est votre recherchiste, a voir avec quelqu'un de mon cabinet, les
éléments et les questions qui n'ont pas eu de réponses de
façon que, le projet de loi venant, ces réponses soient
là.
M. Garon: M. Brochu, vous l'avez déjà
attaqué devant l'Assemblée nationale, alors il a pris la peine de
vous écrire une lettre, parce que, lui, il ne peut pas parler. Mais il a
pris la peine de vous écrire une lettre dans laquelle il a nié
les faits que vous avez dits devant l'Assemblée nationale.
M. Côté (Charlesbourg): M. Brochu aura une
réponse. Comme il a choisi la voie de la lettre, c'était la
sienne...
M. Garon: II n'avait pas beaucoup le choix, que vouliez-vous
qu'il fasse?
M. Côté (Charlesbourg):... il aura une
réponse par lettre.
M. Garon: Vous l'avez attaqué devant l'Assemblée
nationale...
M. Côté (Charlesbourg): Un instant! Un instant!
N'allez pas si vite que ça. Quand vous verrez la lettre, vous allez
comprendre un certain nombre de choses. D'accord? Attendez de voir la
réponse avec de vous étirer le cou, d'accord? Après cela,
vous vous étirerez le cou.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur ceci, j'appelle
l'article...
M. Garon: II a quand même eu le courage de mettre par
écrit sa version des faits.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Je n'ai pas peur de
dire que, dans chacun des cas où nous avons eu à collaborer avec
M. Brochu, je pense qu'on a offert une bonne collaboration à M. Brochu,
nous du ministère, et que nous lui avons donné les instruments
dont il avait besoin.
M. Garon: C'est-à-dire qu'à un certain moment, dans
le temps, cela a changé. À un moment donné, c'était
oui et à un moment donné, je dirais depuis la mi-octobre, un peu
avant cela, depuis le dépôt du plan de transport dans la
région de Montréal, cela a changé. Depuis ce
dépôt-là, ce matin-là, cela a changé, c'est
devenu comme avec le ministre des Finances, comprenez-vous?
M. Côté (Charlesbourg): Non, monsieur.
M. Garon: Ah oui. Et...
M. Côté (Charlesbourg): Vous avez... Non.
M. Garon: D'autant plus que vous auriez pu l'envoyer, je
n'étais même pas là.
M. Côté (Charlesbourg): Sur le plan de transport...
Non. Sur le plan de transport, tout le monde a été traité
sur le même pied, en ce qui concerne les documents accessibles sur le
plan de transport. Pas un document n'a été rendu public avant que
nous soyons, la journée même, en conférence de presse.
Au-delà de tout ça - c'était la question du plan de
trans-
port - l'autre élément était, bien sûr, notre
fameuse histoire commune du lignosulfonate et il n'y en a pas d'autres. Si vous
en avez d'autres, mettez-les-moi sur la table les autres dossiers sur lesquels
vous n'avez pas eu d'information. Les deux dossiers dont vous parlez...
M. Garon: Sur les lignosulfonates, il y a des questions sur
lesquelles vous avez pris avis...
M. Côté (Charlesbourg): Comment?
M. Garon: Vous avez répondu à une, mais j'en avais
posé quatre.
M. Côté (Charlesbourg): Non, vous en aviez
posé deux.
M. Garon: J'ai demandé...
M. Côté (Charlesbourg): Vous en aviez posé
deux, pas quatre; vous en aviez posé deux.
M. Garon: II y en avait trois additionnelles...
M. Côté (Charlesbourg): Et je vous attendais en
Chambre pour voir si vous auriez eu le courage de vous relever pour poser la
question le lundi matin...
M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...parce que j'avais les
éléments de preuve en main.
M. Garon: Non, j'ai posé quatre questions; une
principale...
M. Côté (Charlesbourg): Non, monsieur. Vous avez
fait des affirmations...
M. Garon: ...et trois additionnelles.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, non. Retournez
voir vos document. Tout cela part du 13 octobre.
M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, d'accord? Retournez
voir vos documents du 13 octobre; vous allez voir que ce n'est pas quatre
questions que vous avez posées. Vous avez posé une question
principale...
M. Garon: Ce n'est pas le 13 octobre, on n'était pas au
parlement le 13 octobre.
M. Côté (Charlesbourg): En commission parlementaire;
c'est là que cela a commencé, le lignosulfonate.
M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord? Alors, c'est
là que vous avez posé votre question et les autres ont suivi
toujours dans le même esprit et dans la même lignée.
M. Garon: Non, non, vous parlez des engagements financiers; je
vous pariais de la Chambre, quand j'ai posé des questions...
M. Côté (Charlesbourg): Le lignosulfonate...
M. Garon: ...sur la concentration et sur la fréquence de
la pose.
M. Côté (Charlesbourg): Cela fait combien? Est-ce
que ça fait quatre ou deux?
M. Garon: Non, ce n'est pas ça que j'ai dit. J'ai
dit...
M. Côté (Charlesbourg): Vous avez dit que vous avez
posé quatre questions...
M. Garon: ...j'ai posé quatre questions à
l'Assemblée nationale...
M. Côté (Charlesbourg): ...et que vous n'avez pas eu
de réponse. Non, non, il y en a deux.
M. Garon: ...une principale et trois additionnelles.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça. Finalement,
vous voulez le savoir? Effectivement, M. Brochu a insisté à
plusieurs reprises pour obtenir des réponses qui n'étaient pas
données en Chambre. On ne peut pas donner les réponses qu'on n'a
pas nous-mêmes sur le plan Interne. Quand les réponses viendront,
vous allez l'avoir, la dernière, ne vous inquiétez pas. Ne vous
inquiétez pas de ce côté-là. Vous allez l'avoir
comme vous avez eu les autres réponses. Trouvez-moi, depuis qu'on se
côtoie, depuis le mois d'août 1987, des questions posées aux
engagements financiers, dans le cadre des commissions parlementaires ou de
l'Assemblée nationale, où U y a eu des engagements à
répondre qui n'ont pas été remplis, à part votre
fréquence. Vous nous demandiez: Partout où il y a eu des
lignosulfonates, quelle en fut la fréquence? Bien coudon! Il faut au
moins prendre le temps de le voir et d'aller le chercher. (12 h 30)
Je vous ai dit que nous aurions, à la fin de novembre, un rapport
en ce qui concerne le lignosulfonate, pour l'année 1988. Dans le cas de
1988, nous allons avoir le rapport d'Ici les prochains jours. Je ne le garderai
pas dans mes poches, le rapport. On va le mettre sur la place publique et vous
en aurez une copie sans ambages. Alors, trouvez-moi d'autres
éléments sur lesquels nous vous avons bloqué
l'accès à
l'information sur le plan du ministère. Trouvez m'en
d'autres!
M. Garon: Je vais vous en donner un. Pensez-vous qu'on a le droit
d'avoir les documents au moins en même temps que les journalistes? Quand
vous avez déposé le plan de transport à Montréal,
les journalistes l'ont eu à 13 h 30 et nous, on l'a eu à 16
heures. C'est évident qu'on ne peut pas réagir aussi vite. Il
faut le temps de le lire et les heures de tombée, vous savez que c'est
à telle heure, et c'est malgré le fait qu'on ait
communiqué avec votre cabinet.
M. Côté (Charlesbourg): C'était le 10
août ça. Ce que je vous ai dit, en ce qui concerne le plan de
transport, c'est que les gens ont eu les documents la même
journée. Même si vous l'aviez eu à 13 h 30, ce que je
trouve assez curieux c'est que votre collègue de Bertrand ait
trouvé le moyen de réagir alors que Mme Harel, qui était
absente à ce moment-là, a réagi plus tard.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Le document, on l'a eu à 16 heures.
Projet de loi 91
Le Président (M. Saint-Roch): Je vais maintenant appeler
l'étude du projet de loi 91, Loi sur l'acquisition de voitures pour la
ligne de trains entre les villes de Montréal et de Rigaud. Est-ce qu'il
y a des remarques préliminaires? M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
d'abord, iI s'agit de réponses à des questions qui ont
été posées par le député de Lévis,
lors de la rencontre. Comme ce sont des réponses qui peuvent être
d'intérêt public, donc utiles pour mes collègues aussi,
vous me permettrez de les déposer. La situation des écoles de
conduite, de 1983 à 1988, telle qu'il avait été
demandé par le député de Lévis, on vient de
l'avoir. Je vais garder l'original, si vous me permettez, parce que ça
m'a été transmis, et vous pourrez en faire des copies que vous
pourrez donner au député de Lévis. Si vous voulez d'autres
Informations sur des questions qui n'auraient pas eu de réponses,
avisez-moi et je vais faire des téléphones sur le coup du midi
pour m'assurer qu'on ait les réponses. Si elles ne sont pas disponibles,
on va vous dire qu'elles ne sont pas disponibles.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre, nous allons
faire faire des photocopies pour distribuer aux membres de la commission.
M. Garon: Sur le vrac.
M. Côté (Charlesbourg): Sur le vrac? M. Garon:
Sur le vrac, oui.
M. Côté (Charlesbourg): On en a une copie. Je peux
vous remettre le cahier tout de suite qui va nous guider, parce qu'il est dans
le cahier; je l'avais fait inclure dans le cahier que je voulais vous
remettre.
Remarques préliminaires
Le Président (M. Saint-Roch): Sur ceci, est-ce que nous en
sommes aux remarques préliminaires au projet de loi 91? M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Aucune remarque
préliminaire. Cela a été largement exposé au moment
du discours lors de la deuxième lecture; alors, je suis prêt
à passer à l'article 1.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député,
est-ce que vous avez des remarques préliminaires sur le projet de loi
91?
M. Jean Garon
M. Garon: Oui, M. le Président. Le projet de loi 91, c'est
un projet de loi que le ministre, d'après ce qu'il nous a dit,
était obligé de faire adopter parce qu'il y avait
déjà un contrat de Bombardier avec les Américains, pour
faire des voitures pour le train. La ville de Montréal ou, si l'on veut,
la Société de transport de la Communauté urbaine est venue
se greffer à un contrat qui avait déjà été
fait par Sainte-Anne-de-la-Pocatière pour la ville américaine.
Ils ont donc obtenu, par négociation, un tarif qu'ils n'auraient
peut-être pas obtenu autrement puisqu'ils se greffaient
déjà à un contrat - je ne me souviens pas exactement - de
quelque 280 wagons qui étaient faits pour les États-Unis. On
venait d'ailleurs se greffer à ce contrat pour obtenir un bon prix. Sauf
qu'il s'agit de choses un peu générales. Il serait bon que le
ministre nous dise plus clairement, en ce qui concerne le contrat qu'il y a eu
entre les Américains, ou la ville américaine, ou la
société de transport américaine et Bombardier, à
Sainte-Anne-de-la-Pocatière, que c'était pour combien de wagons,
à quel prix et avec quel devis - je ne lui demande pas le nombre de vis
il y a par wagon - de quel type de wagon il s'agit - ce n'est pas assez
précis pour le particulariser - de même que des informations en ce
qui concerne les 24 voitures et les pièces de rechange qui vont
être faites pour la Société de transport de la
Communauté urbaine de Montréal, selon ce contrat.
Lorsqu'on regarde les journaux de ce matin, le ministre n'est pas tendre
pour la Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal. Comme iI s'agit d'un contrat qui a été
négocié par la Société de transport de la
Communauté urbaine de Montréal avec Bombardier, il faut voir
si ce projet est vraiment avantageux, puisqu'il ne s'agit pas d'un appel
d'offres par soumission ou sur invitation, mais qu'il s'agit d'un contrat
négocié où on nous dit que ça va être plus
avantageux de cette façon. Mais, là, il faut vraiment faire un
acte de foi. Il nous semble que le ministre devrait être plus
spécifique dans ce projet de loi pour ne pas qu'on nous dise,
éventuellement: Oui, vous étiez dans l'Opposition, alors vous
n'aviez qu'à poser des questions, vous n'aviez qu'à
vérifier, mais vous ne l'avez pas fait. Notre rôle, c'est de
vérifier tout cela et de ne pas prendre pour du comptant ce qui nous est
affirmé. Alors, il serait bon de voir, par exemple, si ce projet de loi
est nécessaire, pourquoi il est nécessaire, de quelle
façon il est avantageux, comment tout cela se fait et s'il y avait des
choix qui auraient été plus dans le sens d'appels d'offres
publics.
La décision de faire construire des wagons, cela n'arrive pas
comme une faim en fin d'après-midi. J'imagine que ça arrive un
peu d'avance, d'autant plus que le ministre a reproché encore
récemment, soit ce matin, à la Société de transport
de la Communauté urbaine de Montréal, de ne pas faire ses
devoirs. Alors, je voudrais bien avoir la démonstration que les devoirs
ont été faits par chacun dans ce dossier, dans ce contrat et que,
véritablement, l'intérêt des contribuables, à
Québec et à Montréal, a été bien
protégé dans ce contrat, d'autant plus qu'il n'y a pas eu de
soumissions publiques, alors que, normalement, le régime habituel, c'est
un régime de soumissions publiques. Mais dans un genre de contrat comme
celui-là, il est concevable qu'il soit plus avantageux de ne pas en
faire, selon les différents objectifs recherchés par la
Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal et par le ministre des Transports, si les deux en conviennent.
J'imagine qu'il a dû y avoir, dans ce cas-là, un échange de
lettres entre, par exemple, la Société de transport de la
Communauté urbaine de Montréal et le ministre des Transports,
concernant une demande à cet effet. Il y a dû y avoir toute une
trame d'actes qui ont été posés pour en arriver à
la conclusion de cette affaire de la façon dont ça a
été fait et de la façon dont le tout a été
réalisé.
Pour le ministre, connaissant la Loi sur l'administration
financière, il s'agit, dans ce cas, d'un processus exceptionnel qui
n'est pas nécessairement méchant parce qu'il est exceptionnel -
il peut être avantageux même s'il est exceptionnel - mais qui est
quand même exceptionnel et, parce qu'il est exceptionnel, des
explications sont nécessaires pour bien justifier la procédure
qui a été suivie, en l'occurrence, pour l'achat des voitures et
des pièces de rechange qui ont été acquises et qui sont
acquises par le ministre des Transports et cédées à la
Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal. Ce que j'ai pu comprendre des explications qu'on a eues
jusqu'à maintenant concernant ce projet ou du discours du ministre,
c'est que le tout a été négocié par la
Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal avec Bombardier et, ensuite, que le projet de loi est
nécessaire pour opérationaliser tout cela parce que le
ministère des Transports, normalement, doit aller en soumissions et que
la Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal, elle-même, doit aller en soumissions. Là, on
contourne le procédé d'appels d'offres publics non pas pour aller
vers la deuxième hypothèse d'un contrat sur invitation, mais pour
l'hypothèse d'un contrat négocié avec un seul fournisseur.
Or, pour que cela soit possible, dans l'intérêt des citoyens, il y
a une démonstration à faire et c'est pourquoi j'aimerais que le
ministre des Transports nous fasse cette démonstration dans ses
remarques préliminaires, avant de commencer l'étude du projet de
loi qui va venir opérationaliser tout ça.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
évidemment, très brièvement, je pense que les questions du
député de Lévis sont à propos et dans le sens d'une
saine gestion des deniers publics, y compris de ceux de la STCUM et, par
conséquent, du gouvernement qui est le payeur de ce train-là, il
faut bien le rappeler, à 100 %. C'est donc le gouvernement du
Québec, il faut se le rappeler, qui paie à 100 % l'achat des 24
wagons de métro. Ce que l'on a tenté de faire, au cours de
l'hiver 1988, fin 1987 début 1988, c'est d'aller voir sur le
marché s'il y avait des équipements existants en
disponibilité qui auraient pu faire notre affaire sur le plan financier.
Nous avons alors fait une proposition à Go-Transit, à Toronto,
pour un certain nombre de wagons, soit une cinquantaine, si mon souvenir est
bon, à un prix de 200 000 $ l'unité. Cela aurait
été pour nous un bon "deal" sur le plan financier, compte tenu de
ce que nous cherchions à l'époque et des dates que nous devions
respecter sur le plan de la mise en opération de ce train de banlieue
avec des wagons rénovés.
Notre proposition a été refusée par Go-Transit,
compte tenu du fait qu'ils estimaient à un montant beaucoup plus
élevé le coût par wagon. Quant à nous, nous avons
estimé qu'au-delà de ce montant-là il était
préférable d'aller dans des wagons neufs pour assurer une plus
grande longévité à notre investissement. Il y a eu des
rencontres entre la firme Bombardier et la STCUM, avec Mme Roy, en particulier,
sur le plan d'une proposition de la part de Bombardier qui a amené le
ministère des Transports à être associé à
cette démarche, parce qu'effectivement il fallait que nous
l'approuvions. Finalement, la proposition de Bombardier était la
suivante. Compte tenu du fait qu'ils étaient en fin de
réalisation d'un contrat pour SEPTA, en Penn-
syivanie, on nous proposait de construire les 24 wagons selon un certain
nombre de normes, soit les normes techniques qui étaient effectives pour
SEPTA et qui ont été vérifiées, par la suite, par
la Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal avec un comité technique du ministère, afin de
vérifier si, effectivement, cela correspondait à ce que
souhaitait obtenir la STCUM comme wagons à mettre sur la ligne de chemin
de fer Montréal-Rigaud.
Dans une lettre du 2 juin 1988, signée par Mme Louise Roy, il y
avait, évidemment, confirmation de l'acceptation de ces normes
techniques. Je peux peut-être vous faire la lecture de la lettre et vous
la déposer par la suite, le temps d'en tirer des copies. C'était
adressé à M. Lussier, de la direction du ministère
à Montréal. La lettre disait ceci: "L'entente à intervenir
entre le ministère des Transports du Québec et la firme
Bombardier rencontre les exigences techniques et administratives de la STCUM,
tout en considérant que la question du prix d'acquisition et des
modalités de paiement relève de la responsabilité du
ministère des Transports. Les objectifs que la STCUM s'était
fixés en mandatant ses représentants de participer aux
négociations ont été atteints. Toute modification
ultérieure au projet d'entente du 31 mai 1988 aurait pour effet de
modifier notre position. Veuillez agréer... Mme Louise Roy", et c'est
une lettre du 2 juin.
Donc, sur le plan technique, comme à tous les points de vue, de
toute façon, concernant ce dossier-là, il y avait parfaite
harmonie entre ce que souhaitait obtenir la STCUM et ce que souhaitait aussi le
ministère des Transports quant aux données techniques des
véhicules offerts par la firme Bombardier. Par la suite, s'est
entreprise une négociation avec la firme Bombardier à
différents points de vue. Bombardier évoquait que puisqu'ils
étaient, quant à eux, en fin de production et qu'ils couraient le
risque de tomber à un niveau précaire d'employés à
leur usine de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, ce contrat-là leur
permettrait de garder du personnel à l'ouvrage, le temps de revendiquer
d'autres contrats ou de soumissionner sur d'autres contrats à
l'extérieur, aux États-Unis, pour faire fonctionner à
plein régime, souhaitaient-ils, l'entreprise de
Sainte-Anne-de-la-Pocatlère. (12 h 45)
C'est un élément dont on a tenu compte sur le plan
économique, que ce soit fabriqué chez nous, le deuxième
étant le prix, parce que, dans la mesure où on s'embarque dans
une négociation avec un seul soumissionnaire, il faut, autant que
possible, tenter d'obtenir des prix. Le prix global de l'opération est
de 31 300 000 $ qui se décortiquent de la manière suivante: 27
200 000 $ pour l'achat des wagons; 600 000 $ en pièces de rechange, ce
qui fait 27 800 000 $; des frais financiers de 3 500 000 $ et, ajoutez à
tout cela, 5 % de taxe de vente, pour le total de 31 300 000 $. La production
étant en marche, nous avons eu des gains, en ce qui concerne les
coûts, de l'ordre de 6 % à 8 %, par rapport au montant de la
soumission de la Pennsylvanie. On a donc une économie sur le contrat. Il
faut se dire aussi que nous exigions que les wagons puissent commencer à
être livrés, à tout le moins, au 1er janvier 1989.
Actuellement, il y a déjà un wagon qui a été
livré. Tout cela mis ensemble fait qu'on a un wagon qui, sur le plan
technique, correspond aux besoins de la STCUM, puisqu'ils en sont les
utilisateurs et pour lequel, deuxièmement, on avait un délai de
livraison, qui, dans ce cas-ci a été respecté par la firme
Bombardier. En conclusion, nous estimons, selon les données du
ministère, que nous avons effectué de 6 % à 8 %
d'économie réelle sur la construction de ces voitures.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
Discussion générale
M. Garon: Une première question. On arrive donc à
31 300 000 $, c'est-à-dire 27 200 000 $ pour l'achat des wagons, et 600
000 $ pour les pièces de rechange...
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Garon: On a mis les frais financiers, mais cela dépend
comment vous allez les payer. Vous ne les payez pas comptant, j'imagine, les 3
500 000 $ de frais financiers?
M. Côté (Charlesbourg): C'est 5 % de frais
financiers et 9 % de taxe de vente. Je crois que j'ai dit 5 % de taxe de vente
tantôt mais c'est 9 %, évidemment.
M. Garon: En plus; ce n'est pas compris dans les 31 300 000
$.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, il est inclus.
M. Garon: II est inclus où? Si j'additionne 27 200 000 $
pour l'achat des wagons... à moins que ce ne soit compris dans les 27
200 000 $. Vous avez dit: 27 200 000 $ pour l'achat des wagons, 600 000 $ pour
les pièces de rechange, 3 500 000 $ pour les frais financiers.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Les frais financiers et
la taxe de vente sont inclus dans les 3 500 000 $.
M. Garon: Ah bon!
M. Côté (Charlesbourg): C'est pour ça que
cela fait 31 300 000 $.
M. Garon: Cela fait combien du wagon?
M. Côté (Charlesbourg): C'est pour 24
wagons, alors si vous calculez...
M. Garon: 27 200 000 $, mais vous dites qu'il y a une
économie par rapport à la Pennsylvanie. Alors, si on prend le
coût d'achat des wagons, quel était le prix de vente, aux
États-Unis, des wagons? Parce que c'est là-dessus qu'il faut
comparer. Vous dites qu'il y a 5 % à 6 % d'économie par rapport
au contrat américain, mais cela, ce n'est pas sur la taxe de vente,
c'est à part. Les frais financiers, ça dépend comment vous
financez, alors c'est à part. Éliminons les pièces de
rechange, il ne reste que l'achat des wagons. Donc, le prix de vente aux
États-Unis était de combien par rapport au prix de vente des
wagons au ministre des Transports? On peut diviser 27 200 000 $ par 24 et on va
avoir le prix exact par wagon. Vous dites que vous avez eu un meilleur prix
qu'aux États-Unis, alors eux, ils payaient combien?
M. Côté (Charlesbourg): C'est clair qu'on entre dans
une démarche qui concerne davantage Bombardier et SEPTA, qui est une
relation d'une entreprise privée avec les États-Unis. Cela a fait
l'objet d'une entente entre les deux parties, alors je me vois mal mettre sur
la table, aujourd'hui, le prix qui a été convenu entre les deux,
à moins que Bombardier me donne l'autorisation de le faire. Si
Bombardier me donne l'autorisation de le faire, je n'ai pas d'objection.
M. Garon: C'est parce que vous avez dit que vous aviez
réalisé une économie. L'économie est où?
M. Côté (Charlesbourg): Sur l'achat des wagons.
M. Garon: Vous dites qu'il y a de 6 % à 8 %
d'économie.
M. Côté (Charlesbourg): Sur l'achat des wagons.
M. Garon: Mais on ne peut pas le vérifier. Vous ne voulez
pas nous dire le prix de vente aux États-Unis, alors comment voulez-vous
qu'on sache s'il y a une économie par rapport au prix de vente des
wagons au Québec?
M. Côté (Charlesbourg): Vous me demandez de mettre
sur la table un prix qui a été négocié entre une
firme, qui s'appelle Bombardier, et une compagnie américaine. Je vous
dis que je n'ai pas d'objection à le faire si Bombardier m'en donne
l'autorisation. Il faut au moins que j'aille chercher ça. Si Bombardier
me dit: Oui, il n'y a pas de problème... il faut dire que c'est un
marché qui est très compétitif.
M. Garon: Oui, mais j'imagine que vous savez ce
prix-là.
M. Côté (Charlesbourg): Les analystes, chez nous,
qui ont fait le travail et qui ont recommandé au ministre d'aller de
l'avant m'ont informé que cette économie était de l'ordre
de 6 %à8 %...
M. Garon: À que! niveau?
M. Côté (Charlesbourg): Sur l'achat des wagons.
M. Garon: Sur l'achat?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Garon: II a fallu que vous sachiez le prix.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ce que les gens, chez
nous, ont analysé. C'est sûr qu'il y a des gens, chez nous, qui
savent le prix. C'est sûr.
M. Garon: Avez-vous vérifié auprès d'autres
manufacturiers de wagons si vous ne pouviez pas obtenir un meilleur prix
ailleurs ou si vous n'avez pas vérifié et que vous avez pris
ça pour du "cash"?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
effectivement, les gens du ministère ont vu le contrat avec la
Pennsylvanie. C'est un comité technique - non pas uniquement technique
mais avec la Société de transport de la Communauté urbaine
et le ministère - qui a fait cette analyse en compagnie de gens de
Bombardier. Ils en sont venus à la conclusion que, effectivement,
c'était un prix très raisonnable dans les circonstances et qu'il
y avait des avantages pour Bombardier de le faire à prix réduit,
et pour nous aussi, et que, si nous étions allés en appel
d'offres, ça nous aurait assurément coûté beaucoup
plus cher. C'est ça le constat qui a été fait par les
analystes du ministère et de la Société de transport de la
Communauté urbaine, compte tenu des délais qui étaient
très courts aussi.
M. Garon: Mais là vous avez dit - je prends les termes
exacts - que vous avez d'abord tenté d'aller auprès d'une
compagnie ontarien-ne - j'avais entendu parler de ça, d'ailleurs, dans
le temps - pour acheter des wagons usagés ou "recondttionnés" et
vous dites que, finalement, ils n'ont pas accepté votre proposition
parce que... Vous vous êtes virés de bord et vous avez
décidé d'en faire faire des neufs. Bombardier vous donne un prix
ou on vous donne un prix - je ne sais pas comment s'est faite la
négociation - tenant compte de leur contrat avec les Américains.
Mais une fois que vous avez eu ce prix-là, vous ne savez pas si vous ne
pouvez
pas obtenir un meilleur prix ailleurs. Avez-vous vérifié
si vous ne pouviez pas obtenir un autre prix ailleurs en appelant des
compétiteurs de Bombardier qui font aussi des wagons en leur disant: Si
vous me faisiez 24 wagons de telle catégorie, vous me demanderiez
combien? Je ne vous dis pas de faire un appel d'offres, je dis d'aller voir, de
magasiner un peu, pour dire: On a ce contrat-là, on pense à faire
faire 24 wagons et on aimerait savoir quel genre de prix on peut avoir, pour
pouvoir vérifier si le prix de Bombardier est vraiment le meilleur,
parce que je peux bien vous dire que c'est mon meilleur prix mais ce n'est
peut-être pas nécessairement le meilleur prix. Et si la compagnie
sent que vous négociez avec quelqu'un d'autre ou le sait, elle va
peut-être vous faire un meilleur prix que si elle sait que vous ne
négociez avec personne d'autre. Je pense que dans la
négociation...
Maintenant, j'aimerais savoir qui menait les négociations. Est-ce
que c'était la Société de transport de la
Communauté urbaine de Montréal ou le ministère des
Transports?
M. Côté (Charlesbourg): Le ministère des
Transports.
M. Garon: C'est le ministère qui négociait. Alors,
si c'est le ministère qui négociait, a-t-il vérifié
ailleurs pour savoir s'il obtenait le meilleur prix? Parce que là, si je
comprends bien, c'est le ministère qui achète - il ne faudrait
pas mélanger toutes les affaires, par exemple, mais en tout cas - mais
il va être remboursé ou bien est-ce...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Non, le ministère
achète et paie.
M. Garon: II paie à 100 %? M. Côté
(Charlesbourg): Oui.
M. Garon: C'est évident que pour la Société
de transport de la Communauté urbaine, que le prix soit trop
élevé ou pas trop élevé, elle est un petit peu
indifférente parce que ce n'est pas elle qui paie.
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais...
M. Garon: Si c'est le ministre des Transports qui paie...
M. Côté (Charlesbourg): On me fournit des
informations additionnelles que je peux peut-être donner tout de suite au
député de Lévis.
M. Garon: D'accord.
M. Côté (Charlesbourg): On me dit qu'il n'y a aucun
autre fabricant pour ce type de voitures au Canada. Pour ce type de voitures,
on se comprend bien. UTDC, en Ontario, selon les Informations qu'on avait
à ce moment-là, était en retard dans sa production pour
Go-Transit, mais pour des voitures différentes, des voitures de deux
niveaux, au lieu de ce que nous connaissons. Il faut se rappeler que Bombardier
détient la majorité des droits sur les designs de voitures de
Budd et de Pullman. Le concept de voitures de Bombardier, qui est
extrêmement important dans ce cas-là, est un concept qui a
été éprouvé sur le plan technique. Quand on a fait,
avec la STCUM, l'analyse du véhicule sur le plan technique, pour savoir
si cela correspondait, c'était clair, et la lettre de Mme Roy en
témoigne. Il y en a à Philadelphie; il y en a à New York;
il y en a à Boston et il y a d'autres contrats pour Amtrak. Dans ces
circonstances, ce qui est apparu aux gens du ministère qui
négociaient, c'est qu'il n'y avait pas d'issue possible ailleurs, quant
à des gens qui pourraient éventuellement être dans les prix
de Bombardier, étant donné que Bombardier terminait une
chaîne de production pour la Pennsylvanie et que les délais de
livraison étaient fin décembre 1988, début janvier
1989.
M. Garon: Je comprends bien. Le ministre nous a dit d'abord qu'il
a essayé de faire faire des wagons "reconditionnés" à
Toronto.
M. Côté (Charlesbourg): Non, pas faire faire des
wagons. Ce sont les wagons qui étaient disponibles chez Go-Transit. Ils
modernisaient leur flotte et avaient, par conséquent, des wagons
déjà utilisés qui étaient disponibles. On nous a
informés de cela. Quant à nous, après une analyse
très rapide, ces wagons, à 200 000 $ le wagon, pouvaient nous
permettre de remplir une période de temps, soit le temps de faire
construire ailleurs d'autres wagons. Go-Transit n'a pas accepté la
proposition qu'on a faite. Je pense qu'ils en ont accepté une autre ou
qu'ils ont décidé de les garder.
Une voix: Ils ont été vendus ailleurs.
M. Côté (Charlesbourg): Ils ont été
vendus ailleurs à plus fort prix. Dans ce sens, on s'est
retournés de bord. Les gens du ministère ont discuté avec
les gens de la STCUM des possibilités. Il faut se rappeler qu'au 1er
janvier 1989 il s'agissait toujours des conditions qui avaient
été négociées au moment de la modernisation de la
ligne Montréal-Rigaud, selon lesquelles la STCUM allait prendre la
gestion totale de la ligne, à compter du moment où tout
était modernisé - stations, locomotives, wagons aussi - et que
c'était la responsabilité totale du ministère de leur
transmettre tout cela. C'est dans cet échéancier que nous
étions pris. C'est alors qu'a commencé la négociation avec
Bombardier.
M. Garon: La STCUM prend la ligne, une fois que tout est
fait.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire qu'elle
l'opère maintenant, mais c'est le gouvernement qui paie le
déficit résiduel. Il était convenu, depuis le
début, que les déficits résiduels seraient absorbés
par la STCUM à compter du moment où la ligne serait refaite au
complet et équipée de locomotives et de wagons conformes aux
besoins et acceptés par les deux parties.
M. Garon: La lettre de Mme Roy ne se compromet pas beaucoup au
fond.
M. Côté (Charlesbourg): Pardon?
M. Garon: La lettre de Mme Roy ne se compromet pas beaucoup.
M. Côté (Charlesbourg): Sur le pian technique.
M. Garon: Oui. "L'entente à intervenir entre le
ministère des Transports du Québec et la firme Bombardier
rencontre les exigences techniques et administratives de la STCUM - je suppose
que c'est le délai de livraison pour les exigences administratives et
techniques - tout en considérant que la question du prix d'acquisition
et des modalités de paiement relève de la responsabilité
du ministère. Les objectifs que la STCUM s'étaient fixés
en mandatant ses représentants de participer aux négociations ont
été atteints. Toute modification ultérieure au projet
d'entente du 31 mai 1988 aurait pour effet de modifier notre position."
Donc, les choses sont claires. C'est le ministère qui
négocie le prix d'acquisition et les modalités et aussi sur le
plan technique parce qu'il faut qu'ils s'entendent selon le protocole d'entente
qu'il avait avec la ville.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire que le
ministère s'est entendu avec la STCUM quant aux exigences techniques
pour que les wagons correspondent à leurs besoins. C'est clair dans la
lettre. Je pense qu'elle le dit. Au-delà de tout cela, la
négociation sur le plan financier ne pouvait pas être faite
à l'époque par la STCUM, parce que la STCUM devait aller en appel
d'offres public et on risquait, à ce moment-là, d'encourir des
délais très importants et de ne pas avoir la livraison des wagons
souhaitée pour le 1er janvier 1989. C'est là où
réside toute la démarche.
M. Garon: Pourquoi la date limite du 1er janvier 1989?
M. Côté (Charlesbourg): Ce qu'il faut comprendre,
c'est qu'on avait déjà, au niveau du gouvernement du
Québec et un peu avec la collaboration du fédéral aussi,
sur le plan financier, investi beaucoup d'argent dans la modernisation de la
ligne Deux-Montagnes et que, dans l'entente de 1982 que vous aviez
signée avec la STCUM sur le plan de la rénovation de la ligne de
chemin de fer, il y avait un élément, celui de la
responsabilité de l'administration totale de cette ligne, une fois
terminée. Je ne me souviens pas si la date fixée était le
1er janvier 1989, mais le délai était de six ans. Ce que j'ai vu
dans les documents, c'est qu'on se donnait six ans pour le faire. Donc,
règle générale, cela devait être le 1er janvier
1988. Cela a été reporté parce que nous n'avons pu livrer
dans les délais impartis la rénovation, en particulier, de la
gare de Dorval, laquelle a été terminée et livrée
au mois de septembre, si je ne m'abuse. Dans ce sens-là, nous
étions dans une situation où on ne pouvait livrer pour le 1er
janvier 1989 et il fallait, par conséquent, régler le
problème des wagons de chemin de fer conformes et modernes. C'est ce que
nous avons réussi à livrer avec Bombardier. Nous avons
accepté dernièrement de reporter la prise en main du
déficit résiduel de 2 300 000 $ au 1er janvier 1989, le temps de
régler d'autres problèmes d'équipement qui sont en cours
actuellement et qui font l'objet de négociations entre la STCUM et le
ministère des Transports.
M. Garon: Vous dites qu'il y avait une date prévue
à l'entente.
M. Côté (Charlesbourg): C'était six ans que
les gens s'étaient donné.
M. Garon: Six ans, cela menait la livraison des wagons à
quelle date?
M. Côté (Charlesbourg): C'est la modernisation
globale dont il était question dans les six ans.
M. Garon: Cela comprenait?
M. Côté (Charlesbourg): L'infrastructure et les
wagons.
M. Garon: Les wagons aussi?
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Les stations aussi, le
tout. Finis, prêts à être remis à la STCUM.
M. Garon: Quelle était la date limite en vertu de
l'entente?
M. Côté (Charlesbourg): Cela a été
signé en 1982. C'était six ans. Alors, c'était quelque
part en 1988. J'essaie de trouver la date. Je ne suis pas sûr, dans les
documents que j'ai vus, qu'il y avait une date précise. C'était
davantage à compter de 1982, six ans.
M. Garon: On dit six ans. Il y avait une date de signature; donc,
c'est six ans à partir de la signature de l'entente.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais en tout cas. On
sait que dans ces choses-là il y a toujours un certain nombre de
retards.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, il est
légèrement passé 13 heures. À moins d'un
consentement unanime, je me verrai dans l'obligation de suspendre nos travaux
jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 3)
(Reprise à 15 h 10)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
maintenant ses travaux pour poursuivre l'étude du projet de loi 91, Loi
sur l'acquisition de voitures pour la ligne de trains entre les villes de
Montréal et de Rigaud. J'aimerais rappeler à M. le
député de Lévis qu'il lui reste cinq minutes et
quarante-cinq secondes pour ses remarques préliminaires et trois minutes
et vingt secondes à M. le ministre. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions au chapitre des remarques préliminaires? M. le
député?
M. Garon: C'est au sujet de la question qu'on se posait ce matin.
Le ministre, lorsqu'il a eu le prix que voulait lui faire la firme Bombardier
à La Pocatière pour les 24 wagons, a-t-il appelé d'autres
entreprises pour vérifier si c'était vraiment le meilleur prix
qu'il pouvait avoir? C'est un peu comme si je voulais m'acheter une hache. J'ai
un prix, mais je voudrais savoir si j'ai le meilleur prix. Je pourrais dire une
voiture. J'appelle les autres concessionnaires pour leur dire que je voudrais
acheter une voiture avec tel équipement et leur demander combien ils me
facturent, pour m'assurer que j'ai le meilleur prix. Alors, dans ce
cas-là, est-ce que le ministre a fait des vérifications pour voir
s'il avait vraiment le meilleur prix pour ces wagons?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre?
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, si
vous permettez, dans un premier temps, de vous déposer le
récépissé du bélino. Il a été
question ce matin d'expédition des documents avec M. le
député de Lévis.
M. Garon: Quand je suis sorti à treize heures, on ne
l'avait pas encore eu.
M. Côté (Charlesbourg): Mais on a la date
d'expédition, l'heure: 17 h 27, l'heure de récep- tion: 17 h 31.
On me dit que ça fait deux fois que ça arrive cette semaine et
que ça ne se rend pas. Pour vous démontrer notre bonne foi, le
moment où on l'a expédié...
M. Garon: Je n'ai pas nié ce que vous avez dit sauf que,
en partant d'ici, je me suis rendu à la salle de bélino et ce
n'était même pas encore entré. Je ne comprends rien
là-dedans.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, si le
député de Lévis me le permet, j'aimerais peut-être
revenir pour faire quelques corrections aux chiffres de ce matin, pour
être sûr qu'on a les bons et pour qu'ultérieurement, si on
avait à discuter du dossier, on puisse parler de la même chose. Le
coût total du projet est de 31 133 000 $. Il se décortique de la
manière suivante: 27 200 000 $ pour l'achat des véhicules,
incluant 600 000 $ d'achat de pièces, ce qui fait 26 600 000 $ pour
l'achat des 24 wagons. Les frais de financement, 1 484 000 $; la taxe, 2 449
000 $, pour 31 133 000 $. Alors, cela rétablit les chiffres de ce matin.
Il y a une variante de 200 000 $, mais je voulais vous le donner de
manière conforme.
Le coût total est de 26 600 000 $ pour 24 wagons, pour deux sortes
de wagons: 16 wagons-remorques au coût de 1 041 666 $ l'unité,
donc pour un coût total de 16 667 000 $, et 8 wagons avec loges au
coût de 1 241 666 $, pour 9 933 000 $. On en arrive donc aux 26 600 000
$. Ceci étant dit, on a le coût à la pièce. Ce que
nous proposait Bombardier au début de notre négociation,
c'était 1 158 210 $ quant aux voitures-remorques. On a donc conclu le
contrat pour 1 041 666 $. On demandait 1 379 566 $ pour les loges; on a conclu
à 1 241 666 $. Donc, voilà les coûts après les
négociations que nous avons eues avec la firme Bombardier et, me dit-on,
dans le cas de l'obtention du contrat de SEPTA en Pennsylvanie, un an plus
tôt, c'était sur invitation, et le compétiteur de
Bombardier était la compagnie Sumitomo, du Japon, mais soumise au
mêmes règles que Bombardier sur le plan de certains travaux
à être effectués aux États-Unis. C'était donc
un projet des coûts soumis aux appels publics.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le député de
Lévis.
M. Garon: Vous dites que vous avez juste négocié
avec eux.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire que sur
la base de la soumission publique - dans la mesure où il peut y avoir
des soumissions publiques dans ce domaine - c'est SEPTA qui a invité des
compagnies fabricantes à faire des propositions. Il y a eu celle de
Bombardier et celle de Sumitomo, une compagnie japonaise qui
est allée en compétition avec Bombardier. Le meilleur prix
a été celui de Bombardier pour SEPTA aux États-Unis. Donc,
un an plus tôt. On se comprend bien. Dans ce sens, c'est donc un
véhicule, sur le plan technique, qui correspondait aux normes et un
véhicule qui a été soumis à un appel de
propositions qu'on peut qualifier de public. C'est Bombardier qui avait
gagné à ce moment-là. C'est dans ce sens-là que
nous sommes ailés négocier avec lui à des prix
inférieurs à ceux qu'ils nous avaient fixés au moment
où on a commencé à négocier avec eux.
M. Garon: SEPTA, c'est un contrat de combien au total?
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce qu'on a le nombre de
voitures? 35 voitures, me dit-on.
M. Garon: 35 voitures?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Garon: Un contrat total de combien?
M. Côté (Charlesbourg): Je ne sais pas. On a
tenté de rejoindre les gens de Bombardier, on va continuer de le faire.
Dans la mesure où j'aurai les réponses et l'autorisation de le
faire, je vous les donnerai.
Le Président (M. Sairrt-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon: Avez-vous demandé à quelqu'un d'autre,
à un concurrent?
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Garon: Alors, vous ne savez pas dans le fond si vous aurez le
meilleur prix.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire que
selon toutes les évaluations faites par les services techniques du
ministère auxquels a été associée la STCUM... Je
comprends que votre argumentation est en ce sens que, la STCUM ne payant pas un
cent, pour elle peu importe le prix au bout de la ligne puisque c'était
le gouvernement qui payait en totalité. Donc, il y avait moins
d'intérêt pour elle en ce qui a trait au prix. À partir de
ce que je vous ai dit en matinée, compte tenu des compagnies
disponibles, effectivement, il n'y a pas eu de demande ailleurs.
Le Président (M. Sairrt-Roch): M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Comment se fait-il - j'ai manqué la
première partie ce matin - que ce n'est pas la STCUM qui fait
l'acquisition directement et que c'est le gouvernement, le ministre des
Transports qui va le céder avec les obligations par la suite à
la
STCUM, ce qui est contraire, par exemple, à ce qui a trait aux
wagons de métro ou ce genre de choses?
M. Côté (Charlesbourg): Dans le cas de la STCUM, la
loi constitutive de la STCUM ne lui permet pas de se porter acquéreur
sans soumissions publiques.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): J'ai de la misère à croire
cela parce que dans le cas de l'achat des autobus de General Motors...
M. Côté (Charlesbourg): Cela a pris un décret
gouvernemental. C'est le gouvernement qui a obligé l'ensemble des
sociétés de transport à se regrouper pour faire un achat
unifié auprès de
General Motors la STCUM étant l'organisme porteur pour les
autres.
M. Parent (Bertrand): Oui, à ce moment-là, la STCUM
avait quand même passé, à ce que l'on sache, le bon
d'achat. D'ailleurs, les problèmes que la STCUM, la STL et la STRSM ont
avec General Motors, ça se règle par le biais de la STCUM.
Pourquoi n'aurait-on pas pu le faire dans le cas des...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Me Drolet, qui a beaucoup
plus d'ancienneté au ministère que moi, me rappelle - il ne me
rappelle pas, parce que je ne le savais pas - m'informe que cela avait pris un
amendement sur le plan législatif pour autoriser un achat unifié.
Il y a donc eu des amendements législatifs. C'est pour cela que le
ministère a négocié, compte tenu des
échéances dont on parlait ce matin, la prise en charge totale du
1er janvier 1988 et parce que l'entente de 1982 faisait en sorte qu'on devait
remettre une ligne complètement modernisée et avec du
matériel convenable et potable. Nos tentatives pour avoir du
matériel semi-neuf ou à l'extérieur à moindre
coût se sont avérées vaines, en particulier à
Go-Transit. On s'est retrouvé dans une situation où les
échéances étaient très courtes, où on avait
un prix qui, selon les analyses faites par le ministère et
corroborées par la STCUM, était très abordable. Compte
tenu de ce que SEPTA avait obtenu aussi, pour nous, c'était un contrat
intéressant. C'est pour cela que nous l'avons fait ainsi. Le
ministère, lui, avait la possibilité de négocier,
étant le payeur à 100 % par une subvention. À ce
moment-là, on l'a fait.
On me donne ici: mai 1985, l'article 291.12 de la Loi sur la
Communauté urbaine de Montréal: acquisition de matériel,
autorisation du
ministre. Alors, c'était un amendement législatif.
M. Parent (Bertrand): On aurait pu, à la limite, faire de
même pour que la STCUM...
M. Côté (Charlesbourg): À ce qu'on me dit, la
distinction qui existe, c'est que ce n'est pas unifié. C'était un
achat unifié; donc, il impliquait tous les organismes et les
sociétés de transport du Québec alors que, dans ce cas-ci,
ce n'est pas unifié, c'est uniquement aux fins de la ligne
Montréal-Rigaud qui concerne la STCUM. Quant à moi, je n'en fais
pas une maladie mais, de venir passer mes journées devant la commission
parlementaire pour défendre des projets de loi, si j'avais pu
l'éviter, vous pouvez être sûr d'une chose, je l'aurais
évité.
M. Parent (Bertrand): Non, non, j'essaie seulement de
comprendre...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Parent (Bertrand): De toute façon, la philosophie qui
sous-tend davantage le Parti libéral est de ne se porter
acquéreur ni d'une flotte d'avions, parce que vous vous en êtes
départi, ni d'une flotte de trains ou d'autobus. Alors, j'avais de la
misère à comprendre, sachant que, dans le passé, en 1985,
il y avait eu achat de mobilier urbain, soit des autobus. Alors, les
explications que vous me donnez répondent... Toujours dans le même
esprit, les 600 000 $ que vous mentionniez tantôt quant aux
pièces, c'est un inventaire de pièces qui viennent avec les
wagons?
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela. C'est une
règle assez normale dans ces cas-là. Il faut à tout le
moins un certain nombre de pièces qui vont accompagner les wagons pour
faire des réparations, pour démarrer tout cela. C'est exactement
la même procédure qu'on a suivie lorsqu'on a acheté le
Challenger comme avion-ambulance. Il y avait un inventaire de pièces qui
suivait, qui était nécessaire, de base, pour être capable
de faire face à certains bris. C'est pour toute la mise en marche de ces
wagons-là.
M. Parent (Bertrand): Toute la réparation, tout
l'entretien et tout le service se feront non pas par le ministère, mais
bel et bien par...
M. Côté (Charlesbourg): ...la STCUM.
M. Parent (Bertrand): Le ministère est là
strictement pour le moment de la transaction, de l'acquisition.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela. C'est pour cela
que le projet de loi vient finalement régulariser l'achat et on
transfère les devoirs, les obligations du contrat à la STCUM. Sur
le plan financier, c'est le ministère des Transports qui assume la
responsabilité totale du financement à 100 %.
M. Garon: Mais il y a une affaire-Le Président (M.
Saint-Roch): M. le député de Lévis.
M. Garon: ...que je comprends mal. On avait une entente en 1982.
On avait décidé de moderniser tout cela, ce qui devait se faire
dans les six ans, donc à compter de la date de signature. Normalement,
quand on ne met pas de date, c'est à compter de la date de signature.
Pourquoi avoir pris une décision aussi tardive? Parce que vous
n'étiez pas obligé normalement de moderniser. Si vous deviez
prendre des décisions, cela devait être fait dans les six ans, ou
si...
M. Côté (Charlesbourg): Non, c'est-à-dire que
la décision a été prise de moderniser la ligne...
M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...Montréal-Rigaud.
Vous l'avez prise à l'époque.
M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Je vous ai dit que cela a
été une très bonne décision...
M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): ...sur le plan du transport
en commun.
M. Garon: Ah! Ce n'est pas cela.
M. Côté (Charlesbourg): Mais, pour que la STCUM
accepte à l'époque, il y avait des conditions,
c'est-à-dire qu'on remette la ligne à neuf: donc, les rails, les
stations partout sur le territoire et aussi la remise du matériel
nécessaire au fonctionnement. Comme c'est une ligne qui appartient au
CP, il y a des ententes avec le CP qui sont en cours et il y a du
matériel roulant qui ne correspond pas aux besoins des gens qui
circulent. Depuis qu'on a commencé la modernisation de la ligne et qu'on
a amélioré le matériel roulant, il y a eu une augmentation
de l'utilisation et de la fréquence. Il y a un lien direct entre les
deux. Finalement, ces obligations nous amenaient à mettre non pas
nécessairement des véhicules neufs, parce qu'on a, de concert
avec la STCUM, fait la tentative d'acquérir du matériel
usagé, très convenable, de Go-Transit. On ne l'a pas eu parce que
notre proposition n'a pas été acceptée.
À partir du moment où on est allé au Conseil du
trésor chercher les sommes nécessaires pour la modernisation de
la ligne, le Conseil du trésor a dit: À la condition que
la responsabilité de la gestion et de la prise en charge du
déficit d'exploitation soit, au 1er janvier 1988, prise en main par la
STCUM, on vous donne les crédits nécessaires pour
compléter la modernisation de la ligne.
M. Garon: À partir du 1er janvier 1988.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Mais on l'a
reporté, à la suite de la décision que nous avons prise,
au 1er janvier 1989. Dans ce sens-là, il est clair qu'après avoir
réparé des stations, après avoir réparé des
rails on en est à la phase finale de l'équipement. On n'a pas
fini parce qu'il reste autre chose à faire à ce sujet-là.
C'est là où on en est. On a choisi du matériel roulant
neuf, dans ce cas-ci, parce qu'on règle le problème pour une plus
longue période que ce qu'on aurait réglé avec du
matériel usagé.
M. Garon: Vous aviez laissé entendre...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon: ...que vous n'aviez pas le choix, pour respecter les
six ans, en tout cas pour ne pas trop les dépasser, de fonctionner de
cette façon-là.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire
c'était surtout le 1er janvier 1988, au moment où on a pris la
décision, parce qu'on était toujours dans l'hypothèse
selon laquelle, au 1er janvier 1988, la responsabilité du déficit
d'exploitation incombait toujours à la STCUM. En cours de route,
l'Office national des transports, au mois de septembre, a imposé
certains travaux de réfection sur la ligne - travaux qu'on peut
qualifier de majeurs - pour 5 900 000 $, qui ne peuvent pas
nécessairement être exécutés d'ici le 1er janvier
1988. Comme on les paie, eux aussi, à 100 %, on s'est dit: On va les
exécuter, on va les faire, on va se donner 1988 pour les terminer, et on
reporte au 1er janvier 1989 la prise en charge du déficit
d'exploitation. À ce qu'on me dit, il y a déjà un wagon de
livré à la STCUM ou sur le point de l'être. Il est
arrivé. Il y a un horaire de livraison qui est en cours et qui respecte
l'échéancier contractuel qu'on a fixé avec Bombardier. Les
24 wagons seront livrés dans les prochaines semaines, dans les prochains
mois. Au-delà de tout cela, c'est ça la situation. Là, ils
auront les équipements nécessaires, il reste des problèmes
de locomotives à régler. La loi sur la STCUM est toujours un peu
contraignante à ce sujet-là, sur le plan des appels d'offres
publics. Il y en a eu, mais ils ne peuvent pas faire de négociations au
chapitre des locomotives. Ce sont des problèmes qu'on réglera au
mois de janvier.
M. Garon: Les rails que vous avez modernisés, est-ce
qu'ils vous appartiennent ou s'ils appartiennent toujours au Canadien National
ou au Canadien Pacifique? Je ne me rappelle pas.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Je veux juste corriger. Le
premier wagon est terminé. Mais Bombardier attend qu'on lui donne
l'autorisation de livrer...
M. Garon: Par prudence.
M. Côté (Charlesbourg): C'est la loi; c'est cela, un
peu de prudence.
M. Garon: Les rails appartiennent...
M. Côté (Charlesbourg): Ils appartiennent au CP.
M. Garon: Oui, mais là vous modernisez les affaires de CP.
Il n'y a pas de transfert encore?
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire que la
totalité des coûts n'incombe pas au gouvernement du Québec
parce qu'il y a eu une entente fédérale-provinciale sur les
trains de banlieue qui impliquait des sommes d'argent du gouvernement
fédéral. Chacun des gouvernements a pris la partie ce qui faisait
son affaire, mais ^ont la maîtrise d'oeuvre a toujours
été sous la responsabilité du gouvernement du
Québec.
M. Garon: Mais est-ce que ces voies ferrées vont
appartenir éventuellement au gouvernement du Québec? Non?
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Garon: Mais il ne veut plus s'en occuper et...
M. Côté (Charlesbourg): C'est dans d'autres cas,
cela.
M. Garon: Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): C'est dans d'autres cas.
M. Garon: Pourtant, quand Ils sont à Terre-Neuve, qu'ils
s'en vont, ils paient des dédommagements. Là, non seulement ils
s'en vont et ils ne paient pas de dédommagements, mais ils gardent leurs
rails et on modernise leurs vieux rails. Je ne comprends pas trop. C'est un
contrat léonin. Ce n'est pas le même comportement qu'à
Terre-Neuve. M. Benoît Bouchard est dur pour ses amis. (15 h 30)
M. Côté (Charlesbourg): Dans ce cas-là...
M. Garon: J'aimerais autant que...
M. Côté (Charlesbourg): De toute façon, je
l'ai déjà dit au député de Lévis, je n'ai
pas la même notion que lui des amis. Je ne les veux pas parce qu'ils sont
payants. Je les veux parce que ce sont des amis. Des amis payants, Ils sont
payants une journée et le lendemain ils ne sont pas payants, ils
viennent percevoir. Dans ce sens-là, ce n'est pas ma définition
d'amis. Un ami, c'est un ami. C'est un gars qui va être là dans
les cas difficiles comme dans les bons temps et qui ne cherche pas à
m'expioiter. Cela c'est ma définition d'amis, de "chums". Alors, il ne
faut pas comparer et mettre sur le dos de Benoît Bouchard des choses
qu'il n'a pas lui-même décidées. Terre-Neuve, c'est
ça... S'il règle les problèmes de Terre-Neuve, c'est son
problème, mais qu'on mette la ligne de Rigaud sur le dos de Bouchard...
Je me demande même si à cette époque ce n'était pas
un libéral qui était là comme ministre des Transports
quand l'entente a été signée. Donc, ce n'est pas la faute
de Bouchard, aujourd'hui, qui est devenu ministre des Transports il n'y a
même pas un an. Donnons à Bouchard ce qui lui appartient dans les
bons et les mauvais coups mais Montréal-Rigaud, n'essayons pas de lui
passer des bibites.
M. Garon: C'est lui, par exemple, qui conclut une entente avec
Terre-Neuve de 800 000 000 $ dans laquelle le fédéral donne 700
000 000 $ et malgré cela les gens de Terre-Neuve n'ont même pas
voté pour lui. Il n'y a que Crosbie et un autre qui ont
été élus, ou Crosbie tout seul? Je ne suis pas certain. Il
n'y en a qu'un ou deux qui ont été élus. Cela veut dire
qu'ils ne se vendent pas bon marché, les gens de Terre-Neuve, ils ne se
vendent pas du tout. Même s'ils crachent cela par centaines de millions
et par milliards de dollars, ils n'obtiennent même pas les votes. La
Saskatchewan, c'est pareil. Ici, nous autres, c'est comme si on était
à vendre pour pas cher.
M. Côté (Charlesbourg): Non. La démonstration
des gens de Terre-Neuve c'est que, finalement, les amis ce n'est pas une
question de prix.
M. Garon: Non, je comprends. Mais c'est un drôle d'ami qui
est plus généreux pour les étrangers que pour ses amis.
Cela demande au moins le même traitement.
M. Côté (Charlesbourg): On verra.
M. Garon: Vous investissez des sommes d'argent
considérables pour des chemins de fer, au fond, qui appartiennent au
Canadien Pacifique. Mais pourquoi vous êtes-vous mis dans la situation de
procéder sans appel d'offres? Parce que cela a pris trop de temps avant
de prendre des décisions? Parce que, si vous aviez pris les
décisions un an plus tôt, vous auriez eu le temps d'aller en appel
d'offres.
M. Côté (Charlesbourg): C'est un processus qui a
été fait en parfaite harmonie et en parfaite complicité
avec la STCUM, qui est le gestionnaire. Cela, je vous l'ai dit tantôt, on
a fait plusieurs tentatives pour tenter de trouver du matériel. Je veux
bien répondre à toutes les questions, mais si on vient me dire
aujourd'hui qu'on a fait un mauvais choix en choisissant quelqu'un du
Québec, en particulier de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, à
un coût qui est inférieur à ce qu'ils ont donné aux
États-Unis dans une soumission publique un an plus tôt, si c'est
cela qu'on veut me reprocher, je suis prêt à prendre le
blâme public et aller expliquer cela aux gens de
Sainte-Anne-de-la-Pocatière.
M. Garon: Ce n'est pas cela. Vous dites que vous ne connaissez
pas le prix américain. Vous n'avez pas voulu nous le dire, donc on ne le
sait pas. Premièrement vous avez dit: Au début de la
négociation pour les wagons avec des loges, c'était 1 566 000 $
si j'ai bien compris, finalement on a réglé pour 1 241 000 $. Je
vais vous dire que là c'était 325 000 $ plus cher. Le prix a
commencé haut.
M. Côté (Charlesbourg): Non, je n'ai pas dit 1 500
000 $, ce n'est pas cela, il ne faut pas se tromper. C'est 1 379 000 $, c'est
cela que je vous ai dit. Je n'ai pas dit 1 500 000 $.
M. Garon: Pardon? Répétez-moi donc les deux
chiffres pour les deux affaires?
M. Côté (Charlesbourg): La remorque, le coût
de négociation du départ était de 1 158 210 $, on a
finalisé à 1 041 666 $. La loge, il y avait 1 379 566 $ au
début et on a fini à 1 241 666 $ et cela c'est sans tenir compte
des modifications aux wagons, parce qu'il a fallu faire des modifications aux
wagons par rapport à ce qui était planifié pour SEPTA et
par rapport à ce dont nous nous avions besoin.
M. Garon: Alors, le premier prix et le deuxième prix,
quand ils ont arrêté à ce prix-là vous ne saviez pas
si vous aviez eu le meilleur prix parce que vous n'aviez eu le prix de personne
d'autre.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, je ne
répéterai pas cinq fois ce que je vous ai dit. On n'est pas
allé en voir d'autres. C'est clair. Parce qu'un an plus tôt il y a
eu des soumissions publiques qui ont été faites et je vous ai
donné ce matin la liste de ceux qui éventuellement pouvaient le
faire et qui n'avaient pas le temps de le faire. Alors, au-delà de tout
cela, on n'est pas allé; même si vous essayeriez cinq fois de me
faire dire qu'on est allé, je ne vous dirai pas qu'on est
allé.
M. Garon: Non, je n'essaie pas de vous faire dire cela.
M. Côté (Charlesbourg): Alors, c'est clair!
M. Garon: Je n'essaie pas de vous faire dire que vous êtes
allé mais ce que j'essaie de vous faire dire au fond, c'est que vous ne
savez pas si vous avez eu le meilleur prix. Je ne dis pas que vous avez eu le
plus mauvais prix, mais vous n'avez pas d'assurance. Le but des soumissions est
de s'assurer qu'on a le meilleur prix. Là, vous auriez pu
téléphoner à des gens et leur dire: On a un devis et on
aimerait savoir votre prix pour telle affaire. Vous auriez pu vérifier,
vous n'avez pas vérifié seulement. Vous dites: On a essayé
de faire des wagons "reconditionnés", notre prix n'était pas
assez haut et on ne l'a pas eu. On a essayé de faire autre chose. Mais
on ne sait pas si vous n'avez pas demandé à d'autres leur prix
pour des wagons de ce type-là, même si cela n'avait pas
été en appel d'offres, en tout cas pour vérifier que vous
aviez le meilleur prix. Là, 1 379 000 $ et 1 241 000 $, cela fait quand
même 138 000 $, c'est 10 %. L'autre 1 158 000 $à1 041 000 $...
Le Président (M. Saint-Roch): Je vais être
obligé de vous demander, M. le député de Lévis, de
conclure s'il vous plaît.
M. Garon: Cela fait 117 000 $ de différence; encore
là, environ 10 %. C'est comme si on vous avait dit: Sur le prix qu'on
vous a fait au point de départ, on vous coupe 10 %. C'est à peu
près cela, en gros. Mais est-ce que c'était cela le meilleur
prix? On ne le sait pas. Les hommes d'affaires sont là pour faire une
piastre, je ne les blâme pas, ils sont en affaire pour faire de l'argent.
Ils essaient de faire une piastre...
Le Président (M. Saint-Roch): En conclusion, M. le
député de Lévis.
M. Garon: ...mais le gouvernement est là pour essayer
d'avoir le meilleur prix. Oui, je peux bien arrêter là quant aux
remarques préliminaires mais je pourrai poser des questions quand on
arrivera à l'article 1.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. Y a-t-il d'autres interventions, M. le
député de Bertrand?
M. Parent (Bertrand): Oui, sur l'aspect de la
sécurité, le contrat, j'imagine, prévoit certaines
garanties. Je pense qu'il y a eu des mauvaises expériences de faites
quant aux autobus, à la suite d'un important contrat avec une compagnie
aussi importante et aussi grosse que General Motors. De quel genre de garantie
a-t-on pu se prémunir dans cette transaction-là entre Bombardier
et le ministère?
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, ce
qu'on nous dit, c'est qu'on a eu des garanties soi-disant supérieures
à ce qu'on avait obtenu aux États-Unis sur le plan de la
sécurité. Des gens vont tenter d'obtenir une copie des garanties
pour pouvoir les déposer et vous informer de chacune des garanties que
nous avons obtenues sur ces véhicules.
M. Parent (Bertrand): Oui, je comprends, mais...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Je pense que le ministre doit être
conscient qu'une fois qu'on a passé une commande d'environ 30 000 000 $
et que des milliers de personnes voyagent à bord, cela ne sera pas tout
de dire qu'on avait les garanties suffisantes. Je pense que c'est une dimension
très sérieuse. Quand les autobus de la STCUM ou de la STRSM, en
1985 et 1986, ont commencé à avoir des défauts majeurs et
que les sociétés de transport se sont retournées, non vers
General Motors, mais vers le ministère des Transports, je peux vous dire
qu'on ne l'a pas trouve drôle. General Motors nous a envoyés -
j'étais président de la STRSM à ce moment-ià -
paître littéralement. Il y avait des réclamations de
l'ordre de 1 000 000 $ par autobus qui étaient dans le décor. Au
moment où vous faites affaire avec une société sans avoir
été vers d'autres pour des motifs que vous avez expliqués
précédemment, je me dis: dans quelle situation se place le
ministère. Est-ce qu'on n'est pas placé dans une situation
vulnérable?
M. Côté (Charlesbourg): Non.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Lorsqu'on fait la
comparaison avec les autobus, c'était la volonté du gouvernement
de l'époque sur le plan d'un achat unifié non pas pour
nécessairement avoir une qualité d'autobus, mais pour garder des
emplois à Sainte-Thérèse. C'était cela, l'objectif
premier de General Motors. C'était cela, l'objectif du contrat dans un
premier temps tout en essayant d'avoir la meilleure qualité de
véhicules, avec un devis, bien sûr. Dans notre cas, nous avons
exigé certaines mesures sur le plan de la sécurité, bien
sûr, parce qu'on ne peut pas commander des véhicules sans se
préoccuper de la sécurité et s'assurer qu'ils
correspondent aux normes de fabrication sur le plan sécuritaire et, par
la suite aussi, bien sûr, de l'entretien. On va vous fournir tantôt
les éléments spécifiques qui ont été
demandés sur !e plan des garanties de sécurité. Quant
à moi, une firme comme Bombardier qui est courue sur le plan
international et qui fait des wagons pour à peu près tout le
monde aux États-Unis, que ce soit SEPTA, que ce soit New York Transit,
que ce soit Boston et Amtrack, contrat qu'ils viennent de décrocher,
j'imagine qu'Us ont un respect de la sécurité, sans pour
autant faire un acte de foi sans garantie. À ce niveau, ce n'est pas moi
qui ai - je n'en ai pas la compétence - négocié les
garanties dans le contrat. Il y a des gens qui au ministère sont
spécialisés dans cela et qui font cela. Cela a été
fait avec un accord parfait sur le plan technique et, comme la lettre de Mme
Roy l'indique, en conformité avec ce qu'ils souhaitaient, donc, eux les
opérateurs.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand
M. Parent (Bertrand): Est-ce qu'il y a eu des options de prises
pour d'autres wagons, si c'était nécessaire, avec des prix
fermes? Ce que je veux dire c'est qu'une fois qu'on a commencé avec
Bombardier comme fournisseur, j'imagine, dans trois, cinq et dix ans, on n'aura
pas tellement le choix. Est-ce qu'il y a eu quelque chose de
négocié comme possibilités de commandes additionnelles
avec des prix fixes, toujours en référence avec le contrat global
initial de General Motors dans les autobus où les premiers autobus ont
coûté 120 000 $ et les derniers, 250 000 $? Là, tout le
monde était pris avec le bras dans le "tordeur*. Je me demande si dans
cela il y a eu quelque chose qui a été prévu dans ce
sens-là, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): D'abord, juste avant de
répondre à la deuxième question, j'ai un
élément d'information additionnel. On m'informe que l'office
national des transports s'est rendu vérifier les véhicules en
Pennsylvanie et que SEPTA a exigé de Bombardier certaines modifications
sur le plan de la sécurité qui ont été incluses au
devis et au contrat que nous avons signé avec Bombardier. Donc, sur le
plan sécuritaire, en termes de construction, je pense qu'on a fart ce
qu'on avait à faire. Cela ne veut pas dire pour autant que dans la
pratique on ne doit pas avoir certaines garanties contre des défauts de
fabrication. On verra tantôt lorsque les gens reviendront avec les
éléments. La deuxième question était: Avez-vous
indiqué une clause dans la mesure où dans le futur vous aurez
besoin de wagons compte tenu du fait que vous avez fait affaire avec eux?
D'après ce que j'ai compris c'est qu'effectivement Bombardier est
très intéressée à cela. Quant à nous, la
prochaine commande éventuelle de wagons serait celle qui pourrait
alimenter la ligne Montréal-Deux-Montagnes. À ce moment-ci, nous
prévoyons confier, après les fêtes, les mandats
nécessaires à la réalisation des plans et devis pour aller
à la phase de réalisation du train de Deux-Montagnes. Les
professionnels nous recommanderont un certain nombre de choses. Il n'y a pas
nécessairement compatibilité des lignes Rigaud et Deux-Montagnes
sur le plan technique. Donc, il n'y a pas de clause avec Bombardier disant que
dans le futur on leur achètera des wagons au prix d'aujourd'hui ou
à un prix indexé. Ce sera une négociation qui viendra
ultérieurement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Le fait que ni la Société de
transport de la Communauté urbaine de Montréal ni le
ministère ne soient propriétaires des rails, l'aspect de la
rénovation parce que ces trains-là vont être faits et
construits d'une façon où ils doivent être capables de
rouler dans certaines conditions... Par exemple, le TGV en France est construit
pour aller sur des rails qui sont construits beaucoup plus solidement à
cause de la haute vitesse. Je me demande si ces nouveaux wagons vont être
compatibles avec les rails et le fait que...
M. Côté (Charlesbourg): Voyons!
M. Parent (Bertrand): ...écoutez, M. le ministre...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais vous dire
très honnêtement, un homme qui, comme vous, a été
président d'une société de transport, poser une question
comme celle-là éveille des soupçons quant à mol,
à savoir si on ne veut pas emplir du temps. Vous me demandez à
moi - vous qui d'habitude êtes un homme assez sensé dans vos
questions - si on a acheté des wagons qui sont compatibles avec les
rails de chemin de fer. Voyons donc! Ils ne sont pas pour les mettre à
côté!
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Vous venez de me dire, M. le ministre, que
la compagnie Bombardier a fait des corrections par rapport à l'aspect
sécuritaire. Ce que je vous dis c'est que la sécurité
c'est compatible avec les rails qu'il y a là. Je ne suis pas ministre
des Transports, mais il y a une chose que je sais, par exemple, et c'est
drôlement Important. La ligne qu'il y a là actuellement il y a
peut-être des modifications importantes à faire. Est-ce que vous
le savez, vous, M. le ministre? (15 h 45)
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui. Je le sais parce
que les 5 900 000 $, la STCUM ne le savait pas elle, on lui a appris...
M. Parent (Bertrand): Ah!
M. Côté (Charlesbourg): ...qu'il y avait des
modifications que l'office avait... J'imagine que lorsque l'office
demande des modifications aux wagons et qu'il est allé voir ce qui se
passait aux États-Unis et que c'est lui qui a la surveillance et la
responsabilité de la sécurité routière en ce qui a
trait aux rails, il a dû se prémunir et s'assurer que le wagon
allait bien sur les rails. Il me semble bien...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): C'est cela que je vous demande, M. le
ministre. Vous avez l'air de tout connaître cela, vous. S'assurer
que...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Mon seul message
était de vous dire que je commençais à me poser des
questions sur le fait qu'autant de questions sur un projet de loi comme
celui-là m'étonnait un peu et me laissait soupçonner qu'on
voulait peut-être étirer le temps. C'est juste cela.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Là, vous me permettrez...
M. Garon: Le ministre n'a pas le droit de supposer qu'on a des
motifs autres que des motifs de bonne foi. C'est notre règlement.
Le Président (M. Saint-Roch): Ce n'était pas une
question de règlements, M. le député de Lévis. M.
le député de Bertrand.
M. Garon: On ne peut pas imputer de motifs ignobles à ses
collègues.
M. Parent (Bertrand): M. le ministre, cela allait bien, vous
n'auriez pas dû ...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, M.
le député de Lévis a raison, j'ai pris la peine de lui
dire qu'en règle générale le député de
Bertrand a des bonnes questions. Par le fait même en disant cela, je ne
voulais pas présumer que le député de Bertrand avait des
idées ignobles, c'est clair.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Ce n'était pas des mauvaises
questions, c'est le ministre qui a des idées en arrière de la
tête. Je pense que c'est important. Un dernier point, en ce qui me
concerne, c'est le montant du financement que vous avez mentionné
tantôt. De mémoire, c'était 1 400 000 $...
M. Côté (Charlesbourg): 1 484 000 $.
M. Parent (Bertrand): Si ce n'est pas le financement du projet
global, c'est le financement pour quoi exactement? 1 400 000 $ sur un projet de
30 000 000 $, j'essaie de voir c'est le financement de quoi.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): C'est un financement
intérimaire, bien sûr, dans ce cas-là, jusqu'à ce
qu'on en arrive au programme d'emprunt du ministère. C'est un
remboursement sur dix ans tant et aussi longtemps que les wagons ne sont pas
livrés et que le tout n'est pas terminé. Il y a donc un
financement temporaire et, par la suite, un financement sur dix ans.
M. Parent (Bertrand): C'est strictement un financement
intérimaire.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Parent (Bertrand): M. le ministre, dans le fonctionnement de
la STCUM, vous financez toujours à 100 % ces types d'équipement
mais il y avait un plafond de prévu, il me semble. Est-ce qu'il est
toujours là parce qu'on combine, à ce moment-là,
métro, autobus et là on est rendus dans les trains? De
mémoire, est-ce qu'il y avait un plafond? Il me semble qu'il y en
avait...
M. Côté (Charlesbourg): C'est l'ancienne
règle de fonctionnement où il y avait un plafond. Le plafond est
disparu avec le nouveau programme de cinq ans qu'on a signé et qui
s'appliquait à partir de 1988 sur une enveloppe fermée et
indexée, il n'y a plus de règles de plafond nulle part.
M. Parent (Bertrand): II n'y a plus de règles de plafond
ni quant au pourcentage ni quant au montant. Le but de ma question est: Ces 30
000 000 $ ne viendront-ils pas affecter de quelque façon que ce soit le
besoin de la flotte d'autobus parce qu'on aurait atteint un plafond?
M. Côté (Charlesbourg): Non, du tout. M. Parent
(Bertrand): D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Bertrand. Y a-t-il d'autres remarques
préliminaires?
M. Garon: Si vous nous donnez du temps, on en a d'autres.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis, lorsqu'on a fait l'article 127 de la loi sur la Commission des
transports en décembre 1987, vous m'aviez convaincu comme
président du respect religieux de nos règlements.
M. Garon: Vous avez vu que je ne me suis pas obstiné
longtemps non plus. Moi, je suis partisan de l'application Intégrale des
règlements et, s'ils ne sont bons, de les changer.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis, de votre compréhension. Sur ceci,
je vais appeler l'article 1 du projet de loi 91. M. le ministre.
Étude détaillée
M. Côté (Charlesbourg): "Le ministre des Transports
est autorisé à acquérir vingt-quatre voitures et des
pièces de rechange, pour le transport de voyageurs sur la ligne de
trains entre les villes de Montréal et de Rigaud."
M. Garon: M. le Président, j'aurais quelques
questions.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
Garantie contre la rouille sur les wagons
M. Garon: Est-ce qu'il y a eu une clause de garantie contre la
rouille?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: En Pennsylvanie, l'hiver n'est pas long, c'est au sud
de New York. L'hiver n'est pas long et je me rappelle qu'il y a eu des
problèmes de rouille dans le passé. On apprend des
expériences...
M. Côté (Charlesbourg): Je veux épargner le
temps qui est imparti au député de Lévis pour qu'il puisse
poser d'autres questions. Je vais lui répondre immédiatement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): C'est en aluminium. M.
Garon: Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): Ce sont des véhicules
en aluminium.
M. Garon: II n'y a aucune partie autre que l'aluminium? Pour ce
qui est des systèmes de roulement et des parties extérieures en
dessous des wagons...
M. Parent (Bertrand): Ce ne sont pas des roues en aluminium?
M. Côté (Charlesbourg): Non. On n'est pas encore
rendu là.
Une voix: Un alliage?
M. Côté (Charlesbourg): II parlait du wagon.
M. Garon: Non, je ne parle pas du wagon, je parle des parties. Je
suis toujours dans le système de sécurité dont parlait mon
collègue de Bertrand tantôt, quand il parlait des autobus qui ont
rouillé, parce qu'on peut dire que GM fait sûrement plus de
véhicules que Bombardier en fait dans toute l'Amérique du Nord,
excepté qu'il en fait pour le sud et la rouille, pour nous autres, c'est
important. Alors, est-ce qu'on a prévu que les wagons ne seraient pas de
même devis au point de vue de la sécurité, au point de vue
de la rouille sur les parties motrices et toutes les parties en dessous des
wagons et aussi pour la durée?
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Je le répète,
les wagons sont en aluminium. Donc, on vient de régler ce
problème. Évidemment, les roues ne peuvent pas être en
aluminium. Est-ce qu'on pourrait avoir les spécifications de la grosseur
des roues, de l'épaisseur de l'acier? 32 pouces de diamètre, les
roues...
M. Garon: Ce n'est pas ça.
M. Côté (Charlesbourg): Cela peut avoir de
l'importance, parce que si ce n'est que 16, ça peut rouiller plus
à 32.
M. Garon: Cela roule moins vite!
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, on va
s'informer du type d'acier et de la garantie antirouille et,
éventuellement, on va vous fournir les réponses.
M. Garon: Ce que je demande, c'est le devis. Le devis est... On
l'a dit, on se greffe à une commande américaine. Je comprends que
la Pennsylvanie peut avoir des devis différents de ce dont on a besoin
à Montréal, étant donné l'humidité qu'on a
ici, parce qu'on est reconnu comme humide. Il n'y a pas de territoire humide
comme ça en Amérique du Nord. Ne nous racontons pas d'histoire,
c'est très humide, le Québec. En plus, comme il y a du froid, on
sait que la combinaison du froid et de l'humidité, ça favorise la
rouille. Vous n'avez qu'à regarder le pont de Québec, sacrifice,
il ne roule pas, lui, et il est
rouillé. Regardez en haut. On ne peut pas dire comment cela se
fait qu'il est rouillé. On peut se le demander. Le pont de Québec
est tout rouillé et le mettre en ordre, ça prendrait 20 000 000 $
sur cinq ans.
Alors, ça rouille au Québec, même s'il n'y a pas de
calcium. J'imagine que le calcium ne doit pas être bien
considérable dans les parties en haut du pont de Québec. Alors,
c'est le climat qui favorise la rouille. Je demande ça. Sur le plan du
devis, a-t-on eu des exigences particulières différentes de
celles de la Pennsylvanie ou si cela a été les mêmes
exigences au point de vue de la rouille et des garanties contre la rouille?
M. Côté (Charlesbourg): On vérifie cela.
M. Garon: L'autre question que je me posais, c'est: Est-ce qu'il
y a eu une étude sur... Là, il semble qu'on s'oriente de plus en
plus vers les transports urbains par rail. Le député de Bertrand
avait commencé à en parler. Est-ce qu'on a fait une étude?
Parce qu'on parle de la ligne Montréal-Rigaud. Il est question d'autres
lignes de chemins de fer actuellement comme Montréal-Deux-Montagnes et
il y en a d'autres qui ne sont pas décidées. On dit aussi qu'il
peut éventuellement y avoir du transport plutôt par métro
de surface. Il y en a même qui ont des projets pour la région de
Québec. Je sais que le ministre n'y croit pas trop. Là,
Québec, c'est une place où il y a 155 pouces de neige en moyenne
et où il y a beaucoup d'humidité. Est-ce qu'on s'est juste
greffé au devis des wagons de Pennsylvanie ou est-ce qu'on a fait une
étude pour savoir, dans le développement des wagons ou de
voitures, si vous voulez, qui pourraient servir pour ce type de circulation,
est-ce qu'on a fait une étude pour voir quel serait le type
approprié pour ce genre de transport, en fonction de nos besoins, ou si
simplement on s'est greffé à cette commande en n'ayant pas de
spécifications trop particulières et que ça voudrait dire,
au fond, que les devis des voitures changeront à chaque commande? On se
retrouvera, à un moment donné, beaucoup plus avec des
échantillons de chaque modèle qu'un type de véhicule, de
voiture qui a été conçu pour le transport urbain sur rail,
en fonction de nos besoins particuliers étant donné notre climat.
Les portes qui ouvrent... On a vu des photos de personnes dans le métro
de Montréal. Quand elles sortent, comprenez-vous, elles ont toute la
face en grimace et elles ont de la misère à ouvrir les portes. Il
y a des personnes qui restent prises dans les portes. On a un climat
particulier. Sur le plan de la sécurité, est-ce qu'on s'est
posé ces questions-là ou non ou si tout simplement on s'est
greffés au contrat américain. C'est important.
Une voix: Oui, c'est important.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le minis- tre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
comprends le sens de la question du député de Lévis. Quant
à moi, j'ai toujours pensé que ce qu'il y avait de plus
avant-gardiste au Québec sur le pian de la connaissance, de la recherche
et du développement de wagons et qui colle à une clientèle
et qui est capable de voir au bout de son nez et pas ma! plus loin que son nez,
qui est capable de voir cinq ans ou dix ans en avant, c'est effectivement
Bombardier. C'est un leader mondial sur le plan de la connaissance des besoins
des clientèles qui ont à utiliser le transport en commun,
à un point tel qu'il va supplanter chez l'onde Sam, finalement, tout ce
qu'il y a de plus compétitif là-bas. Si Bombardier est assez
compétent pour rivaliser aux États-Unis, à New York,
à Boston, compétitionner d'autres compagnies aussi
avancées sur le plan technologique que les Japonais, j'imagine qu'ils
ont fait toute une série de recherches pour faire en sorte que leurs
véhicules soient des véhicules qui vont remplir les besoins des
années futures et que, par conséquent, il y a de fortes chances
que ce qu'ils nous offrent au Québec soit aussi à la fine pointe
des besoins des utilisateurs de ce genre d'équipements. C'est cela.
Alors, même si je ne peux pas avoir au ministère des Transports
une équipe pour vérifier si, effectivement, Bombardier fait la
bonne recherche et le bon développement et s'il répond exactement
en tout ou en partie à la grosseur des toilettes s'il y a un besoin de
toilettes, au tissu des sièges s'il y a un besoin de sièges,
à la grosseur de la poubelle ou du cendrier qu'il y a dedans, cela
m'apparaît être, en tout cas à tout le moins, une forte
chance que Bombardier soit d'avant-garde à ce chapitre-là et
qu'il peut répondre effectivement à nos besoins chez nous.
Au-delà de tout cela, quant à moi je suis extrêmement fier,
très fier de ce qu'a fait Bombardier sur le plan de la connaissance, du
développement, à Saint-Anne-de-la-Pocatière et un. peu
partout dans le Québec, de produits extrêmement compétitifs
sur le plan international, développés par des gens de chez nous
qui traversent tous les marchés nord-américains actuellement,
s'implantent en Asie et, dans certains cas, au Moyen-Orient. Alors moi,
ministre des Transports, demain matin je vais m'interroger sur la
capacité de Bombardier de répondre aux besoins des
Québécois qui veulent utiiiser un train de banlieue? Je ne suis
pas prêt à franchir ce pas-là. Alors, je suis prêt
à continuer d'encourager Bombardier, pas à n'importe quel prix,
mais encourager Bombardier et faire en sorte d'être là au moment
où il a besoin de nous, compte tenu du travail qu'y procure à des
centaines et des centaines d'employés chez nous, en particulier aux gens
de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Alors, c'est cela, je pense qu'à
ce chapitre-là je ne constituerai pas une équipe au
ministère pour vérifier si Bombardier a fait la bonne recherche
et le bon développement et si
son produit colle à la réalité.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Je comprends les propos du ministre de ne
pas vouloir tout remettre en question chez Bombardier et je lui dirais que nous
autres aussi, de ce côté-ci, on est bien fiers de Bombardier. Une
fois qu'on a dit cela, je pense qu'il faut comprendre une chose. S'il y a
quelqu'un qui sait construire des autobus et s'il y a quelqu'un qui sait
construire des automobiles, c'est bien la compagnie General Motors, qui est un
leader mondial. Pourtant, deux ans après avoir mis certains autobus sur
la route, ceux-ci ont rouillé complètement. Le ministre sait
exactement de quoi on parle. Pourtant, ce n'était pas des deux de pique,
c'était General Motors. Ce que je demande au ministre: Est-ce qu'il y a
eu des précautions de prises pour obtenir certaines garanties? Ce n'est
pas au ministre d'aller vérifier tout cela, mais je me dis que la
question de la rouille, c'est important.
M. Côté (Charlesbourg): Je pourrais vous
répondre, je viens d'avoir la réponse. J'ai envoyé
vérifier parce que je n'ai pas le contrat avec moi.
M. Parent (Bertrand): C'est cela le but de nos questions, c'est
de s'assurer que...
M. Côté (Charlesbourg): Je suis prêt à
vous répondre.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre. (16
heures)
M. Côté (Charlesbourg): C'est que la dernière
question du député de Lévis, ce n'était pas
celle-là. Je suis prêt à vous répondre. Les
garanties, en général, sont de deux ans; sur les bogies, c'est
cinq ans; sur la caisse, contre la rouille - je suis bien heureux de dire cela
au député de Lévis - quinze ans.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon: Quinze ans, où?
M. Côté (Charlesbourg): Comment?
M. Garon: Est-ce la spécification américaine ou la
vôtre?
M. Côté (Charlesbourg): C'est dans notre
contrat.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Moi, cela me satisfait. C'est important
qu'on sache cette chose.
M. Côté (Charlesbourg): On l'apprend en même
temps que vous.
M. Parent (Bertrand): Exactement. La question de la
sous-traitance, est-ce qu'on a exigé qu'il y ait un pourcentage et quel
pourcentage est exigé concernant la sous-traitance des pièces que
Bombardier fera faire ici au Québec? Dans les contrats gouvernementaux,
on s'assure que le maximum sera fait au Québec. J'imagine qu'il y a eu
des normes à respecter. Est-ce qu'on pourrait connaître grosso
modo quel pourcentage?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai eu moi-même
l'occasion de visiter Sainte-Anne-de-la-Pocatière. De ce que j'ai vu,
tout était fabriqué à Sainte-Anne-de-la-Pocatière.
Je vérifierai s'H n'y a pas quelques éléments ou quelques
pièces qui peuvent venir de l'extérieur. Mais, a ma connaissance,
les normes générales des produits québécois
étalent très largement dépassées. Je ne serais pas
surpris que ce soit la totalité qui ait été
fabriquée à Sainte-Anne-de-la-Pocatière.
Ce qu'on comprend dans ce genre d'opérations, vis-à-vis
SEPTA par exemple aux Etats-Unis, c'est que Bombardier a été
obligé de construire une entreprise aux États-Unis parce que les
Américains voulaient avoir de l'assemblage chez eux et que, dans
certains cas, c'est le châssis qui est fabriqué à
Sainte-Anne-de-la-Pocatière puis transporté et...
Une voix: Assemblé.
M. Côté (Charlesbourg): ...aménagé aux
États-Unis. Mais, dans ce cas-ci, il a été fait en
totalité à Sainte-Anne-de-la-Pocatière.
Une voix: Excellent.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 1? M. le député de
Lévis.
M. Garon: Le ministre a dit quinze ans, au point de vue de la
rouille. La durée d'un wagon... Quand vous en achetez un normalement, la
durée prévue est de combien d'années?
M. Côté (Charlesbourg): 40 ans.
M. Garon: Comment est-ce qu'on peut dire qu'un wagon qui doit
durer 40 ans est garanti contre la rouille pendant 15 ans? Le gros facteur pour
faire...
M. Côté (Charlesbourg): II faut quand même
se rendre compte... On a nos amis les camionneurs de tout le
Québec, ce qu'on a appelé le comité des 20, qui sont ici
et qui surveillent attentivement nos travaux, puisque le prochain projet de loi
Ses concerne. Dans la pratique, ils savent que, s'il n'y a pas d'entretien
régulier, cela va rouiller plus vite. Il y a certaines
précautions qui ne dépendent pas du fabricant mais davantage de
l'utilisateur. Dans ce sens, cela m'apparaît extrêmement important
que celui qui fait l'utilisation ait la sagesse minimale d'un entretien
adéquat dans ces circonstances.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 1? M. le député de
Lévis.
M. Garon: Par rapport à cette question, vous avez dit: il
est garanti quinze ans contre la rouille. Quelle différence y a-t-il
dans vos spécifications par rapport aux spécifications
américaines?
Les choses pour le Japon et les choses pour ici, ce n'est pas pareil. Je
suis allé au Japon, dans trois places, celle qui ressemble le plus au
Québec, l'île du nord, Okkaido, et j'ai remarqué que dans
les lits j'avais trois pouces de pieds qui dépassaient et, quand je me
faisais la barbe, il fallait que je sois en petit bonhomme. Ce n'est pas
pareil. Que voulez-vous, la grandeur moyenne d'un Japonais est plus petite que
la nôtre. Il y a des spécifications particulières. Ce n'est
pas le même genre de climat. Ici, on a un climat très rigoureux,
sur le plan de l'humidité. On regarde ailleurs, dans l'Ouest canadien,
par exemple en Saskatchewan, c'est sec comme une balle. Le problème
là, c'est la sécheresse. J'ai rapporté des cactus des
champs de blé - il y a de gros cactus dans les champs de blé de
la Saskatchewan - pour montrer cela à mes amis qui pensent qu'ils sont
avantagés par rapport à nous autres. Au contraire, c'est un
climat très sec. Et c'est au Canada. Tandis qu'ici on a un climat
très humide.
C'est pour cela que quand on dit: Garantie de quinze ans... Je voudrais
savoir si le devis... Parce que vous avez un devis. Ils n'ont pas fait
n'importe quoi, Bombardier, avec la Pennsylvanie. Ou bien la Pennsylvanie a
fait des réquisitions en termes de normes, des plans et devis de ce
qu'ils voulaient, ou bien ils ont eu une proposition de Bombardier. Je ne sais
pas ce qui s'est passé dans ce cas, mais habituellement c'est la
façon de fonctionner. Faites-nous une proposition, voici ce qu'on veut,
mais il y a des spécifications. Il n'y a pas rien. On ne dit pas: On
veut des wagons, proposez-nous des wagons. Ce n'est pas cela. Habituellement,
il y a des spécifications. Ce que j'aimerais savoir c'est quelles sont
les spécifications particulières par rapport aux
spécifications des Américains, concernant les wagons de la
Pennsylvanie? Est-ce qu'on a eu des exigences particulières ou est-ce
qu'on a marché sur le même type de wagon? S'ils rouil- lant
vraiment, on va avoir un problème, les wagons vont... Évidemment,
ce sera un autre gouvernement à ce moment-là et on ne sera
peut-être plus là, ni l'un ni l'autre. Dans quinze ans, je ne suis
pas certain qu'on sera encore Ici.
M. Côté (Charlesbourg): Attendez un peu. Est-ce que
ce sont les wagons ou les roues? On s'est compris sur ies wagons. On parle des
roues là.
M. Garon: Non. Je parle de toute la patente.
M. Côté (Charlesbourg): On parle de la rouille.
M. Garon: La voiture au complet. Vous avez dit: Cela doit durer
40 ans. On parle de 15 ans, II y a les parties motrices, il y a les portes, il
y a les parties qui roulent, qui bougent. Le dessus de wagon doit être
plus durable, j'imagine. C'est de cela qu'on parle quand on parle de wagon, les
portes qui ouvrent et qui ferment. Vous avez dit, je ne sais pas comment vous
avez appelé cela, mais en tout cas la voiture, le chassis et aussi
toutes les parties mobiles en dessous, les ressorts, ies roues, tout ce qui
fait la suspension, la mobilité du wagon, tout cela fonctionne avec des
parties. On a eu l'expérience des autobus. On n'avait pas de raison de
craindre General Motors. Comme le ministre dit: Ils en font beaucoup, mais on a
le droit d'avoir des garanties. On a le droit d'avoir des spécifications
parce qu'on est dans des conditions climatiques particulières, c'est
cela que... Bombardier, ils peuvent faire des voitures pour la Floride, pour la
Californie. Ce ne sont pas les mêmes spécifications. On dit
même, dans les documents que j'ai vus sur l'environnement, qu'aux
États-Unis on peut mettre des lignosulfonates sur des routes, mais on
dit dans des territoires arides. Alors qu'on sait bien que le problème
de Iignosuifonates, de ce que j'ai lu, c'est quand il pleut. Cela s'en va dans
ies rigoles et cela suit les rigoles. Si vous êtes au Nevada où il
ne pleut pas une fois par année, il n'y a pas trop de danger que ce soit
lessivé par la pluie. C'est un autre problème. Les
spécifications d'un produit sont différentes. C'est pour cela que
je demande la particularité des spécifications. On s'est
greffé à un contrat qui a été fait par un autre. On
s'est greffé à un contrat américain pour avoir un meilleur
prix. Mais est-ce qu'on a eu le produit en fonction de nos besoins ou si on a
eu la voiture en fonction des besoins des Américains de Pennsylvanie? Un
des critères, c'est la sécurité et la rouille. C'est pour
cela que je demande ceia. Est-ce qu'on a eu un changement dans ies
spécifications pour avoir une voiture en fonction de nos besoins ou
est-ce qu'on a accepté une voiture en fonction des besoins des
Américains? Je ne dénigre Bombardier en aucune façon en
disant cela. Est-ce
qu'on a acheté un prix ou est-ce qu'on a acheté une
voiture?
M. Côté (Charlesbourg): On a acheté une
voiture à bon prix, donc les deux. Ce qui n'avait pas
nécessairement été fait dans le cas de la commande
unifiée d'autobus à l'époque. La garantie de quinze ans
sur la rouille est une garantie assez importante. J'ai demandé qu'on
vérifie. C'est une garantie qui est beaucoup plus longue que ce qui a
été accordé aux Américains. D'autre part, il est
peut-être bon d'ajouter que le ministère des Transports a
payé à 100 % un employé de la STCUM qui a
été chez Bombardier, il y est encore, pendant toute la
construction des wagons pour s'assurer de la qualité du produit.
Au-delà de tout cela il est bien possible qu'H puisse arriver un
pépin ultérieurement. C'est bien possible. Dans ce
sens-là, la firme Bombar-bier est une firme très responsable qui
ne perdra très certainement pas son nom dans une opération, en
particulier à l'intérieur de sa province. Je me souviens que dans
le cas des autobus le problème était un problème de
rouille et GM prétendait que le fournisseur d'acier avait fourni un
acier qui était plus ou moins de qualité et que c'était de
là que provenait le problème de rouille prématurée.
Dans ce sens, effectivement, c'est moi qui al réglé le dossier de
manière finale avec GM par l'entremise de négociateurs qui ont
compensé pour certaines pertes encourues. C'est une expérience
très malheureuse qui nous a peut-être permis d'être un peu
plus sage dans d'autres cas.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon: Voyez-vous ce qu'il nous dit, au fond, c'est que le
problème des autobus, c'est une question d'acier. Normalement, quand GM
achète de l'acier, elle n'achète pas n'importe quel acier, elle
achète de l'acier selon certaines spécifications. Celui qui a
fourni l'acier, il a fourni l'acier demandé ou il n'a pas fourni l'acier
demandé. Il ne faut pas se conter d'histoires et se mordre le front avec
les dents d'en haut. On demande tel devis. Moi, ce que je demande au ministre,
et il ne me répond pas, je lui ai demandé: il y a eu une commande
américaine de 200 véhicules, qu'on a dit, pour la Pennsylvanie.
Ils ont obtenu en fonction de leurs besoins. Est-ce qu'on a changé, par
exemple, la qualité de l'acier pour les parties qui vont être
utilisées pour la voiture? Le ministre nous dit: On a eu une garantie
même plus longue qu'en Pennsylvanie. J'aimerais savoir quelle a
été la durée de la Pennsylvanie et quelle est la
durée d'ici. Quelles sont les spécifications qui ont
changé pour que Bombardier... Qu'est-ce qui a changé dans le
véhicule pour que Bombardier puisse nous donner une garantie plus longue
ou bien l'a-ton tout simplement donnée sur papier sans changer les
parties? C'est cela que j'aimerais savoir.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président. M.
Garon: Et c'est normal.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): II ne faut pas charrier non
plus. Je viens d'avoir l'information confirmée par Bombardier sur la
différence de la garantie donnée à SEPTA et celle
donnée au Québec, qui a probablement été
exigée par nous dans la négociation. La garantie
générale sur SEPTA est de deux ans, y compris pour la rouille,
alors que la garantie sur les bougies est de cinq ans. Point, "period",
à la ligne, cela se termine là aux États-Unis comme
garantie. Au Québec, la garantie générale est de deux ans,
la garantie sur les bougies est de cinq ans et la garantie sur les caisses,
contre la rouille, quinze ans. Une bonne différence.
J'imagine que le constructeur qui donne cette garantie-là doit
bien s'assurer un peu qu'il a les éléments et les produits de
qualité pour être capable de faire face à sa garantie,
j'imagine.
M. Garon: Oui, mais cela peut être tout simplement...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon: ...parce que cela ne rouille pas vraiment en
Pennsylvanie parce qu'il ne tombe pas de neige ou que le degré
d'humidité est moins haut. Moi, je peux vous dire, par exemple, que je
vais régulièrement dans l'Ouest américain et je vois des
voitures de dix ans qui n'ont pas de rouille. Que voulez-vous? Cela ne rouille
pas, il n'y a pas de neige, il n'y a pas de condition pour que cela rouille,
alors cela ne rouille pas. On peut bien mettre une spécification, on va
mettre cela à deux ans n'importe quand puisque au bout de dix ans cela
ne rouille pas. Nous autres, par exemple, ce n'est pas la même chose.
Nous autres, cela rouille.
M. Côté (Charlesbourg): Je comprends que deux ans
par rapport à quinze, il faut croire que ce n'est pas la même
chose, c'est sept fois plus.
M. Garon: Bien, je ne le sais pas. C'est pour cela que vous dites
probablement. Moi, je vous demande si vos fonctionnaires qui ont
négocié...
M. Côté (Charlesbourg): Non, non...
M. Garon: Vous dites: Probablement qu'ils ont demandé
quelque chose.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, je n'ai pas dit
probablement. Là...
M. Garon: C'est cela que vous avez dit.
M. Côté (Charlesbourg): Je suis revenu en vous
disant que c'était cela la différence.
M. Garon: Oui. Mais je vous demande si c'est la même
fabrication ou s'il y a une fabrication spéciale pour donner une
garantie différente. Est-ce que c'est la même fabrication ou si on
a... Est-ce qu'on a exigé une garantie? Est-ce qu'on a eu des
spécifications au point de vue de la rouille ou si tout simplement on a
changé la clause de garantie? C'est cela que je demande. Là, vous
ne me répondez pas. Vous dites: Ils ont probablement dit quelque chose
parce qu'on a une garantie qui n'est pas la même qu'aux
États-Unis. Mais je vous dis: Est-ce que cela a été
négocié? Est-ce qu'on a demandé des spécifications?
Est-ce qu'on a eu des exigences à ce point de vue? C'est fondamental,
parce que ça a été cela le problème dans l'affaire
des autobus. Dans l'affaire des wagons, est-ce qu'on l'a fait ou on ne i'a pas
fait? Je ne peux pas me contenter d'une réponse qui dit: Bon, cela a
l'air de cela. Ce n'est pas cela que je demande, je demande une réponse
précise. J'imagine que les gens qui vous entourent et qui vous
conseillent sur ce projet de loi ont participé aux négociations,
ils savent s'ils l'ont exigé ou non. ils savent si on a eu des exigences
par rapport à... Est-ce qu'ils ont tenu compte de cela ou s'ils n'y ont
pas pensé? Ou tout simplement qu'est-ce qu'ils ont demandé par
rapport à cette garantie? Qu'est-ce qu'il y a eu de différent
dans la construction de ces voitures pour donner une meilleure garantie sur les
voitures pour le Québec que sur celles pour la Pennsylvanie?
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il d'autres
interventions?
M. Garon: C'est une question que je pose. Ce n'est pas une
affirmation, c'est une question.
M. Côté (Charlesbourg): Probablement. M. Garon:
Pardon?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Probablement.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Oui. Il y a un détail sur la
façon dont l'article 1 a été rédigé.
Pourquoi a-t-on mis seulement 24 voitures et qu'on n'a pas cru bon de
préciser 16 wagons d'une sorte ou... (16 h 15)
M. Côté (Charlesbourg): Dans la loi?
M. Parent (Bertrand): Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Je ne le sais pas, aucune
idée.
M. Parent (Bertrand): Ce n'est pas nécessaire? C'est parce
que la cela fait global, alors qu'on sait que ce ne sont pas 24 wagons
réguliers. Il me semble que, vu que la commande était assez
spécifique, on aurait pu dire: "Le ministre des Transports est
autorisé à acquérir..." C'est une question que je me
pose.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Dans ce cas-ci, pour le
bénéfice du député de Bertrand, c'était
davantage le pouvoir d'acquisition qui était concerné. Le reste
étant, bien sûr, bien clair au dos du contrat.
M. Parent (Bertrand): Cela répond à ma
question.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 1? M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je voudrais poser une question au ministre au sujet de
la garantie contre la rouille. Il a parlé de deux ans pour les...
M. Côté (Charlesbourg): Une garantie
générale.
M. Garon: C'est parce que vous avez parlé de quinze ans
pour le wagon. Voulez-vous dire quinze ans sur le châssis ou bien...
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Garon: Pour les parties motrices?
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Garon: Les parties qui roulent, qui bougent
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Je répète au
député de Lévis...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Je répète au
député
de Lévis que la garantie générale, c'est deux ans.
M. Garon: Deux ans, c'est ce que je disais.
M. Côté (Charlesbourg): La garantie sur les bogies,
c'est cinq ans.
M. Garon: Quelle garantie sur les bogies?
M. Côté (Charlesbourg): Une garantie sur les
bogies.
M. Garon: La garantie...
M. Côté (Charlesbourg): D'abord, ce ne sont pas des
bougies comme dans le temps de Noël.
M. Garon: Je comprends cela.
M. Côté (Charlesbourg): II ne faut pas qu'il y ait
de méprise, parce que des fois la spécification de la bougie de
Noël n'est peut-être pas la même que la spécification
du bogie sur le wagon, évidemment.
M. Garon: Je comprends cela.
M. Parent (Bertrand): On n'est peut-être pas des
lumières, mais on comprend cela.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Au nombre de pannes de courant qu'il y a, il ne faut
pas se surprendre si les bougies sont parfois éteintes.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La parole est à M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): En ce qui concerne les
caisses, c'est quinze ans de garantie contre la rouille. Alors que, dans le cas
de SEPTA, c'est deux ans de garantie générale en incluant la
rouille, donc deux ans, et cinq ans sur les bogies. Je veux tout simplement
vous dire, parce que je sais que vous n'êtes peut-être pas
nécessairement à court de questions, qu'à compter du
moment où la négociation s'est entamée avec Bombardier Ils
ont fait la proposition des plans et devis de SEPTA et il y a eu, sur le plan
du comité technique, une négociation avec la STCUM et les
officiers de la -STCUM et des modifications ont été
apportées à la demande de la STCUM aux devis de SEPTA pour
correspondre à ce que la STCUM souhaitait. Il y a eu, effectivement,
toute une série de modifications et j'ai dit à mes
collaborateurs: Dans la mesure où je vais dire cela au
député de Lévis, sans doute son avidité de
connaissances va faire en sorte qu'il va demander: Est-ce que vous pourriez me
donner dans le détail chacune des modifications qu'a exigées la
STCUM ainsi que les garanties à obtenir avec le matériel qu'ils
fabriquent? Cela, je ne pourrais pas vous le fournir mais je vais en prendre
note et, si jamais votre question vient, je vous fournirai cela un peu plus
tard.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon: Puisque vous me l'offrez, je l'accepte.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: J'accepterais d'avoir ces Informations parce que cela
m'intéresse. Je calcule qu'il faut profiter des expériences
passées. Dans le cas des autobus, la rouille avait posé des
problèmes par rapport à quelles parties principalement?
M. Côté (Charlesbourg): Je m'excuse, mais dans ce
cas-ci je ne peux pas vous répondre parce que cela ne fait pas partie de
l'article 1.
M. Garon: Oui, je le demande par comparaison.
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Garon: C'est l'expérience avec les autobus.
M. Côté (Charlesbourg): Non, on est dans des wagons,
on n'est pas dans les autobus.
M. Garon: Même sans aller dans les wagons, dans les
voitures, il s'agit de savoir au fond sur quelles parties la rouille a
présenté des problèmes dans les autobus. Ce n'est pas
partout que cela a rouillé. Les autobus n'ont pas rouillé
à la grandeur.
M. Côté (Charlesbourg): J'imagine que c'est dans les
parties les plus vulnérables à la rouille.
M. Garon: Lesquelles?
M. Côté (Charlesbourg): Dans certains cas - vous
irez faire un tour dans les garages de la commission de transport de la
communauté urbaine et peut-être que votre collègue de
droite peut vous dire quelles parties - vous allez voir que, dans le bas des
châssis, il y a de la rouille en ce qui concerne les autobus.
M. Garon: Sur le plan de la sécurité - parce qu'il
avait été dit à ce moment-là que la
sécurité était en jeu - il a fallu qu'il y ait de la
rouille dans des parties autres que les châssis pour que ça
entraîne des problèmes de sécurité.
M. Côté (Charlesbourg): Si le châssis est
endommagé par la rouille, je pense que ça peut peut-être
finir par atteindre la sécurité des gens. Il me semble que le
châssis doit être important.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y
a d'autres interventions à l'articie 1? M. le
député de Lévis?
M. Garon: Est-ce qu'il y a eu des études pour l'avenir,
pour voir quel type de voitures sur le chemin de fer serait utilisé?
Est-ce qu'on a fait une étude pour savoir quel serait le modèle
qu'on pense utiliser pour Rigaud, pour les différentes parties où
l'on pense développer le voiturage par chemin de fer?
M. Côté (Charlesbourg): C'est en cours.
M. Garon: Cela veut dire que lorsque vous avez passé la
commande, à ce moment-là, pour le type de voiture que vous
envisagez comme voiture modèle au Québec, l'étude
n'était pas faite?
M. Côté (Charlesbourg): II y a une étude qui
est faite où on tente d'avoir une certaine compatibilité entre
les véhicules qui sont utilisés sur Rigaud et ceux qui seront
utilisés sur Deux-Montagnes.
M. Garon: Est-ce que l'étude est produite ou seulement
commandée ou si vous avez l'intention de la faire faire?
M. Côté (Charlesbourg): On a eu des contacts avec
différentes firmes qui, effectivement, se penchent sur le
problème, que ce soit UTDC, que ce soit Bombardier ou que ce soit
d'autres firmes de professionnels de la région de Montréal qui
ont tous intérêt à ce que la ligne de train de banlieue de
Deux-Montagnes se réalise, et c'est dans ce cadre-là que
ça va se finaliser.
M. Garon: Et quel est l'échéancier pour produire
l'étude?
M. Côté (Charlesbourg): II y a eu de multiples
études faites dans le passé, que ce soit par la Communauté
urbaine de Montréal, que ce soit par le ministère des Transports,
sur le train de Deux-Montagnes; il y avait des variantes de coûts assez
appréciables. Dans le cadre du pian de transport, le ministère
des Transports a retenu la solution intermédiaire qu'il a lui-même
élaborée à partir des études antérieures et
qui coûte à peu près 175 000 000 $. Nous allons confier,
après les fêtes, les mandats nécessaires à la
finalisation de toutes ces études.
M. Garon: Maintenant, dans ces genres de contrats, il y a
habituellement deux façons de faire. On établit nos besoins et on
demande à une entreprise de nous fournir un modèle, ou bien on
part avec des spécifications assez précises et on demande aux
entreprises de nous dire quels seraient les prix pour ces spécifications
assez précises. Ce que vous avez demandé, est-ce un concept de
voitures ou si ce sont des prix de voitures pour une voiture déjà
pas mal spécifiée où la marge de manoeuvre n'est pas
considérable pour l'entreprise et où le modèle est
déjà défini?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre?
M. Côté (Charlesbourg): il n'y a pas de choix de
fait. Ces choix viendront en temps opportun, en particulier, quand toutes les
décisions seront prises concernant la ligne qui mène à
Deux-Montagnes.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député de Bertrand?
Pièces de rechange
M. Parent (Bertrand): Sur les pièces de rechange, M. le
ministre, 600 000 $ de pièces de rechange pour 24 wagons, en
définitive, ça fait quelque chose comme 25 000 $ de pièces
de rechange. Pour quelle période estime-t-on que ces pièces de
rechange vont être valables? Est-ce qu'on en a pour deux ans, cinq ans?
Qu'est-ce que ça peut représenter 600 000 $ de pièces de
rechange? En termes de temps, est-ce que ce sont des pièces de rechange
pour un an et on devra, par la suite...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre?
M. Côté (Charlesbourg): On me dit que c'est quand
même assez difficile, assez imprévisible, mais c'est la
règle un peu standard qui s'applique ailleurs, dans ce
domaine-là.
M. Parent (Bertrand): C'est un pourcentage qu'on a
appliqué tout simplement?
M. Côté (Charlesbourg): C'est la règle,
semble-î-il, usuelle dans ce genre de dossiers, conseillée par les
fabricants. Ce qu'on prétend, c'est que très certainement, la
première année, on n'aura besoin de rien, mais, la
deuxième année, on peut commencer à en avoir besoin.
Alors, dire sur quelle période ça peut nous servir, c'est assez
difficile de le dire avec précision.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Est-ce qu'on a une certaine forme de
garantie quant à certaines pièces qui seraient des pièces
faites spécifiquement par le manufacturier? A part les pièces qui
peuvent facilement être réusinabies ailleurs, il y a des
composantes, à mon avis, qui sont des pièces très
spécifiques que Bombardier a faites.
Ma question est la suivante: Au bout de
cinq ans, si on n'a pas ces garanties d'approvisionnement des
pièces majeures, est-ce qu'on a mis une clause ou une garantie comme
quoi le manufacturier s'engage à fournir pendant x années des
composantes majeures qu'on ne pourrait pas avoir ailleurs?
U Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Avec votre permission, je
demanderais peut-être à M. Lussier de répondre à
cette question, parce qu'il est question de module ou de rechange en termes de
pièces. M. Lussier pourrait vous expliquer.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Lussier.
M. Lussier (Gilles): Je suis le directeur de l'expertise
technique en transport terrestre des personnes. C'est moi qui me suis
occupé de négocier ce contrat.
M. Garon: Pour le ministère?
M. Lussier: Pour le ministère. Maintenant, les
pièces de rechange, en général, dans ce genre de contrat,
c'est l'envergure des pièces de rechange qu'on acquiert, pour
répondre à ce que M. le député demandait
tantôt, pour avoir des pièces qui ne sont pas disponibles sur
tablette. Étant donné la somme normalement requise pour
ça, on avait un certain nombre de pièces recommandées. On
a fait cette liste. On a évalué les pièces et la liste de
pièces a été remise au ministère qui l'a
étudiée. Nous avons recommandé que ce soit plutôt
des modules, de façon que ce soit plus facilement utilisable et
Bombardier fabrique justement des modules. Ces modules seront disponibles
à la suite de la fabrication du matériel roulant.
En fait, nous avons négocié ça, non pas au prix des
pièces, c'était très coûteux, mais de façon
qu'on ait des économies d'échelle en disant: Cela correspond
à une partie du véhicule. Mais nous avons des pièces d'une
valeur d'au-delà de 1 200 000 $, ce que Bombardier n'a pas aimé
comme négociation. Mais on a dit: C'est ça qu'on veut et cela
nous a permis d'économiser énormément et d'avoir des
modules disponibles pour que, dès qu'il y a un bris, on puisse changer
le module et le réparer par la suite, ce qui se fait relativement
couramment maintenant.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. Lussier. M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Je pense que vous avez apporté de
l'éclairage, M. Lussier. Mais le sens de ma question est le suivant:
Pour quelle période cet approvisionnement de modules est-il
assuré? Est-ce que, en 1995-1998, on ne peut pas se retrouver dans
une situation vulnérable, parce qu'il faut calculer qu'on est dans une
première relation avec ce genre d'approvisionnement?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): II faut quand même
toujours tenir compte que la livraison aux États-Unis, à SEPTA,
est une livraison qui est là et qui risque de faire des petits
additionnels également et que, dans ce sens, ils ont aussi la
préoccupation d'une certaine pérennité des
équipements.
Vos connaissez un peu la recherche et le développement. Cela
coûte beaucoup de sous à une compagnie pour être capable de
développer ce genre de véhicule. Cela devient compétitif
au niveau des prix et, bien sûr, demain matin, ce n'est pas Bombardier
qui va être intéressée à changer de cap.
Effectivement, la garantie que nous avons et celle qui est offerte à
SEPTA un peu partout où ils ont livré ce genre de
véhicule... Dans ce sens...
M. Parent (Bertrand): M. le ministre, ma question vise juste
à savoir...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand. (16 h 30)
M. Parent (Bertrand): ...si dans le contrat il est prévu
une clause qui dit que Bombardier doit garantir au ministère des
Transports l'approvisionnement des pièces pour x années,
j'imagine. C'est juste ce que je voulais savoir. J'Imagine que cela a
été prévu d'une certaine façon. Si ce ne sont pas
les pièces, les modules. Mais il y a une forme d'engagement que vous
avez dû prendre pour vous assurer que... Je ne sais pas si vous comprenez
le sens de ma question. Je ne veux pas entrer dans les détails de
mécanique, mais je veux m'assurer.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Je viens de
vérifier auprès de M. Lussier. Non, il n'y a pas ce genre de
garantie à l'intérieur du contrat, parce que l'évaluation
qui en est faite, ce sont des pièces qui sont disponibles ou fabricates
dans d'autres circonstances. Ce sont des pièces qui sont usinables, qui
sont fabrlcables par celui qui opère ce genre de véhicule, dans
les ateliers, ou disponibles sur le marché courant, donc, à des
prix compétitifs.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Pour toutes les pièces?
M. Lussier: II faut quand même dire...
M. Parent (Bertrand): Je comprends que pour plusieurs
pièces on peut aller dans des ateliers d'usinage pour remplacer un
boulon spécifique, mais pour ies portes, pour des fenêtres qui
sont faites d'une certaine façon, sur un design spécial, ce n'est
pas vrai qu'on va être capable d'ailer faire faire ce genre de choses
à l'unité, à un moment donné, parce qu'il y a un
moule quelque part qui a été prévu. Je ne sais pas, mais
ce que je me dis c'est qu'il y a peut-être certaines composantes que seul
Bombardier a.
M. Lussier: il y a actuellement...
Le Président (M. Saint-Roch): M. Lussier.
M. Lussier: Excusez-moi. Il y a actuellement en fabrication 50
véhicules additionnels pour SEPTA; il va y en avoir 50 additionnels pour
Amtrak et peut-être 50 autres. Ils continuent donc à fabriquer
à peu près le même matériel roulant, pour ce qui est
de la caisse. Les bogies sont différents pour Amtrak, mais pour SEPTA,
ce sont les mêmes. Donc, il y a encore de la fabrication et il y a eu de
la fabrication depuis des années pour toutes les pièces. Les
fournisseurs sont toujours là pour approvisionner pour le moment. Ce
sont des pièces qui sont toujours choisies de façon qu'elles
soient disponibles. Ce ne sont pas des pièces spécialement
fabriquées. Quand il y a de petits détails pour un cadre de
porte, parce que c'est un escalier qui descend sur un quai bas, ces
pièces sont généralement standard, ou ne requièrent
pas de changements. Quand il s'agit de la caisse, c'est de la fabrication.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 1, M. le député de
Lévis?
M. Garon: Est-ce qu'il y a eu des exigences par rapport à
l'accessibilité à ces voitures pour les personnes
handicapées?
M. Lussier: Non, il n'y a pas eu d'exigence.
M. Garon: II n'y a eu aucune exigence pour l'accessibilité
aux voitures pour les personnes handicapées.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Lussier. M. Lussier: La
politique pour le transport...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): On a un programme de
transport adapté qui s'applique, qui est un transport parallèle
et qui s'est développé au fil des années de manière
considérable et qui s'occupe de ces clientèles spécifiques
qui ont besoin d'un transport spécial.
M. Garon: Les personnes handicapées doivent être
intégrées au transport régulier plutôt qu'avoir des
véhicules qui passent une fois ou deux par jour. Leurs
représentants voudraient de plus en plus que le transport en commun
régulier leur soit accessible. L'an dernier, des handicapés de
mon comté m'ont fait circuler dans une chaise roulante pendant une
demi-journée. Je me suis rendu compte qu'à bien des endroits les
devis pour les personnes handicapées ne sont pas respectés. Il
n'y a pas d'accessibilité pour les personnes handicapées, alors
qu'aujourd'hui on commence à faire les trottoirs pour les personnes
handicapées pour qu'elles puissent de plus en plus... Là, il
s'agit de wagons, de voitures neuves. Il me semble que cela aurait dû
être spécifié, on aurait pu demander des suggestions pour
que ce soit plus facilement accessible pour les personnes
handicapées.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Non. Je ne sais pas si vous
avez vu l'aménagement de la gare de Dorval. Vous imaginez les travaux
qu'il aurait fallu faire pour en arriver à cela, alors qu'on a une
subvention au transport adapté qui est parallèle, qu'on fournit
le transport aux personnes handicapées qui le demandent, avec la STCUM,
avec la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Québec. Il y a un transport adapté. Je pense qu'il ne s'agit pas
de doubler le service, mais davantage de s'assurer que ces gens ont un
transport qui est adapté à leurs circonstances et pas
nécessairement d'adapter le transport général à la
circonstance. C'est ce qui a été choisi. Ce n'est pas nous qui
avons mis ce projet au monde. C'est vous autres, à l'époque.
C'est un programme que nous avons continué et qui répond
très bien aux besoins d'aujourd'hui.
M. Garon: Ce n'est pas ce que je veux dire. De Rigaud à
Montréal, avec tout le circuit, je ne suis pas sûr qu'il y a un
transport adapté qui donne vraiment un service aux personnes
handicapées. Comme le ministre l'a dit, le transport en commun, qui
s'est bien développé au cours des six dernières
années, a doublé de volume.
M. Côté (Charlesbourg): Le programme de transport
adapté couvre l'ensemble de l'île, l'est de Montréal et il
est disponible pour d'autres organismes de transport qui voudraient l'organiser
au niveau de la couronne. Dans certains cas, il est déjà
organisé. Mon sous-ministre adjoint me disait à l'oreille que
c'est un service impeccable. Je n'oserais pas employer un tel qualificatif.
C'est un service d'avant-garde qui, actuellement, répond bien aux
exigences de la
problématique du transport pour handicapés.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le
député.
M. Garon: M. Lussier a parié de pièces
recommandées, que les pièces de rechange étaient des
pièces recommandées. Elles sont recommandées par qui?
M. Lussier: Cela a été recommandé
conjointement avec la STCUM. Le choix a été fait...
M. Garon: Par qui?
M. Lussier: Par la STCUM et le ministère des Transports.
Nous avons analysé les besoins, les deux organismes ensemble, et cela a
été approuvé par les deux organismes. Nous avons
même écrit une lettre qui en fait foi.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon: La compagnie avait des spécifications concernant
les pièces de rechange parce qu'elle doit savoir, j'imagine, quelles
sont les pièces qui s'usent et qui doivent être
changées.
M. Lussier: Les pièces de rechange ont les mêmes
garanties que le matériel roulant.
M. Garon: Ce n'est pas ce que je veux dire. Vous avez dit
"recommandées". Je pensais que cela voulait dire recommandées par
Bombardier. Vous me dites: Non, c'est la STCUM et le ministère des
Transports. J'imagine que Bombardier sait, dans ses véhicules, quelles
sont les pièces dont l'usage est limité dans le temps et qui
doivent être changées parce qu'elles s'usent plus vite que
l'ensemble du wagon?
M. Lussier: Oui. Pour répondre à votre question,
par exemple, les vitres se cassent souvent. Il y a des vitres qui ont
été fournies. C'est une liste qui a été
proposée par Bombardier. Mais ce sont la STCUM et le ministère
des Transports qui ont analysé cette liste et fait une recommandation
pour d'autres pièces qu'elles considéraient, avec
l'expérience de Rigaud en particulier - parce que nous avons quand
même du matériel roulant - nécessaires pour le premier
achat.
M. Garon: Quand vous avez dit que c'était l'achat par
modules, est-ce pour le prix? SI vous changez les pièces, vous changez
la pièce brisée ou le module au complet? Par exemple, dans
l'armée, quand le moteur brise, ils ne réparent pas le moteur,
Ils le changent au complet. Est-ce que vous vouiez dire que dans un module,
s'il y a un fusible qui brise, vous changez la boite de fusibles au complet?
Est-ce ce que vous voulez dire?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Lussier.
M. Lussier: Disons que, par exemple, si on parle de bogie, c'est
un bogie entier. Lorsque le bogie est changé, il faut réparer et
avoir des pièces. Il y a des pièces; changer une roue, si elle
est brisée, ou quelque chose comme cela. En particulier, il était
économique d'acheter plutôt des modules, parce qu'à la
pièce c'est très dispendieux. Mais les pièces sont
disponibles chez les fournisseurs.
M. Garon: Je comprends, mais ce n'est pas ce que je veux
dire.
Le Président (M. Saint-Roch): Je m'excuse, M. le
député de Lévis, mais votre temps est terminé
à l'article 1.
M. Garon: Ah oui?
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 1? Est-ce que l'article 1 est
adopté?
M. Côté (Charlesbourg): Adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis, est-ce que l'article 1 est adopté?
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 1 est
adopté sur division. J'appelle l'article 2.
M. Côté (Charlesbourg): "Les voitures et les
pièces de rechange acquises par le ministre sont cédées
à la Société de transport de la Communauté urbaine
de Montréal."
M. Garon: Je repose ma question sur les pièces.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon: Les voitures et les pièces sont
cédées à la Société de transport de la
Communauté urbaine de Montréal. Quand vous avez fait l'achat de
modules, était-ce pour fixer le prix par module ou parce que vous avez
l'Intention, quand vous aurez des bris, de changer le module au complet
plutôt que la pièce?
M. Lussier: Cela dépend de la défectuosité,
c'est sûr. Quand c'est majeur, il est préférable de changer
le module comme, par exemple, une porte entière. Au lieu d'aller
travailler sur une porte et de changer une poignée, il s'agit de savoir
si c'est tout le mécanisme qui est brisé à
l'intérieur. S'y faut défaire la porte, la porte est
changée; si c'est juste la poignée à changer, on va
changer la poignée. Ce qui coûterait très
cher, ce serait de défaire la porte et d'avoir un nombre
important de pièces pour cette porte. Ce serait assez dispendieux
à la pièce. C'est un peu comme pour une automobile. Si on
achète une automobile à la pièce, cela va nous
coûter trois ou quatre fois plus cher, tandis qu'un module ou un
véhicule complet coûte beaucoup moins cher. Il y avait une
économie énorme à faire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon: Cela dépend. Si, dans les modules qu'on
achète, il y a seulement une partie dont on a besoin et qu'on n'a jamais
besoin de l'autre partie, on peut se retrouver avec un nombre
considérable de parties de module en inventaire.
M. Lussier: On se retrouve surtout avec une économie de
travail.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon: Tantôt, vous avez dit que le devis de la
Pennsylvanie, SEPTA, et celui des voitures pour Montréal sont à
peu près les mêmes. Vous avez dit qu'Amtrak avait un devis
différent.
M. Lussier: Non, j'ai dit qu'Amtrak avait des bogies
différents.
M. Garon: Ah! bon. Vous aviez parlé de devis. En tout cas,
j'ai peut-être mal compris.
M. Lussier: J'ai mal prononcé, ce sont des bogies
différents. Les véhicules qui sont en fabrication à la
suite de la fabrication de ceux de Rigaud, ce sont des véhicules
semblables aux nôtres, c'est-à-dire les 50 suivants, et ensuite
les 50 qui vont être construits après cela, ce sont des
véhicules dont la caisse est semblable mais dont les bogies sont
différents, parce que ce sont des véhicules qui vont faire du
transport intercités.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 2? M. le député de
Lévis.
M. Garon: Les bogies s'usent donc plus rapidement quand vous
faites du transport intercités?
M. Lussier: Non, ce sont des bogies plus lourds et qui vont
à une plus grande vitesse, donc ils ont une conception
différente.
Exercice des droits et obligations
M. Garon: Dans la cession, les voitures et les pièces de
rechange acquises sont cédées à la Société
de transport de la Communauté urbaine de Montréal. Est-ce
qu'elles sont livrées directement à la Société de
transport de la Communauté urbaine ou si elles sont livrées
d'abord au ministère des Transports qui, après cela, les
livre?
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire que cela
sera cédé directement à la société de
transport.
M. Garon: Les garanties vont-elles être données au
ministère des Transports ou si elles pourraient éventuellement
être exercées conjointement?
M. Côté (Charlesbourg): À moins que le
député veuille qu'on passe tout de suite à l'article 3,
cela fait l'objet de l'article 3.
M. Garon: C'est qu'on dit que les voitures et pièces
acquises sont cédées.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais c'est parce que,
à l'article 3...
M. Garon: Alors, je ne prends pas de chance parce que, rendus
à l'article 3, on pourrait me dire: Vous auriez dû le demander
à l'article 2.
M. Côté (Charlesbourg): Non, il n'y a pas de
problème.
M. Garon: Comme 2 précède 3, je poserai ce que je
n'aurai pas demandé à 3!
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais il n'y a pas de
problème.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): C'est parce que je ne veux
pas que vous les posiez deux fois. À l'article 3, c'est bien clair, la
société acquiert les droits et assume les obligations.
f>
M. Garon: Oui, je comprends cela, les droits et les obligations.
Je comprends cela, mais ce n'est pas cela que je dis.
M. Lussier: Les garanties, c'est prévu qu'elles sont
transférables à la STCUM.
M. Garon: Non, ce que je veux dire, c'est que, comme elles sont
acquises par le ministère des Transports et cédées
à la Société de transport de la Communauté urbaine,
est-ce que, éventuellement, les garanties vont pouvoir être
exercées conjointement et ce, dans le sens suivant? Comme on les
cède à la Société de transport de la
Communauté urbaine, éventuellement, s'il y a des problèmes
de rouille ou des affaires comme cela, est-ce que cela veut dire
que c'est la Société de transport de la Communauté
urbaine qui devra entreprendre des poursuites ou, si elle ne les entreprend
pas, c'est le ministre qui pourra les entreprendre? Comprenez-vous? C'est parce
que le ministère des Transports, parfois, vis-à-vis de Bombardier
par exemple, peut avoir un plus grand pouvoir de négociation que la
Société de transport de la Communauté urbaine.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Non, c'est la
Société de transport de la Communauté urbaine parce que
les droits sont cédés à la Société de
transport de la Communauté urbaine. C'est elle qui devra entreprendre
ces poursuites-là, si elle le veut. C'est cela. Ce n'est pas le
ministère, c'est la société.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Étant donné que les 24 wagons
et les pièces vont être livrés en différentes
étapes - vous avez mentionné précédemment que le
premier wagon est prêt - comment va se faire tout l'échelonnement
du paiement? J'imagine que Bombardier n'attend pas pour se faire payer que
toute la commande soit livrée, mise sur rail et que vous soyez
satisfaits. Comment est-ce prévu? (16 h 45)
M. Côté (Charlesbourg): D'ailleurs, ils sont un peu
inquiets. Il y a déjà des wagons qui sont prêts, et
Bombardier n'a pas vu l'ombre d'un sou. La fin de la livraison est
prévue pour mars 1989 avec les conditions qui sont au contrat sur le
plan des paiements que je n'ai pas.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): 35 % à la
signature.
M. Parent (Bertrand): Le sens de ma question c'est qu'en plus de
cela il y a transfert. J'imagine qu'il va y avoir transfert en bloc des
voitures et des pièces, tel que spécifié à
l'article 2. Il va falloir que quelqu'un débourse à un moment
donné et il y en a un autre qui va être propriétaire
jusqu'à un certain point. Étant donné que ce n'est pas une
seule livraison, cela complique un peu.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): II y a un principe qui est
celui du versement de 623 333,33 $ par voiture, 15 jours après
l'acceptation provisoire de chaque voiture. C'est un principe qui est dans le
contrat. Normalement il y avait 35 % du prix total à la signature du
contrat, ce qui évidemment n'a pas été respecté
parce qu'on n'a pas les pouvoirs de le faire, mais il y a des
intérêts qui s'ajoutent, c'est normal.
M. Parent (Bertrand): Qu'est-ce qui arriverait si le projet de
loi n'était pas adopté?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Lorsqu'on est
déraisonnable dans certains cas, le gouvernement a des moyens sur le
plan législatif pour faire adopter les projets de loi. Dans mon esprit,
il n'y a aucun doute que le projet de loi va être adopté.
M. Parent (Bertrand): Alors, je vous pose la question sur le
plan...
M. Côté (Charlesbourg): C'est purement
hypothétique.
M. Parent (Bertrand): Si j'étais méchant je dirais
au ministre: Pourquoi l'a t-on un 9 décembre? On aurait pu l'avoir il y
a un mois.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire qu'il y
a eu une série de négociations...
M. Parent (Bertrand): Mais on n'y est pour rien, qu'on l'ait
aujourd'hui, on se comprend.
M. Côté (Charlesbourg): La question est purement
hypothétique dans le sens que le projet de loi va être
adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): C'est cela parce que c'est un "must". Cela
doit se produire. Depuis le 11 juillet, l'article 1 doit s'appliquer, on le
voit à l'article 4.
M. Côté (Charlesbourg): S'il n'est pas adopté
au mois de décembre, il va l'être au mois de mars; s'il n'est pas
adopté au mois de mars, il va l'être au mois de juin. C'est clair,
il va être adopté.
M. Parent (Bertrand): D'accord. Mais de façon que les
livraisons se fassent, vous mentionniez tantôt qu'il y a un montant qui
doit être versé, 623 000 $ par wagon, en principe. Ce que je veux
savoir, c'est ceci. La STCUM va se porter acquéreur en vertu de
l'article 2. Tel qu'il est libellé actuellement. J'ai un peu
l'impression que, lorsque les 24 wagons vont être livrés, la STCUM
à toutes fins utiles va devenir propriétaire. Mais, à
partir de la période du 1er janvier ou de maintenant, il y a le fait que
le ministère va payer ou va faire le déboursé. Il va y
avoir
une espèce d'intérim, mais qui va être
propriétaire de quoi?
M. Côté (Charlesbourg): Aussitôt que le projet
de loi sera adopté, c'est la STCUM qui va payer. Aiors, le
ministère quant à lui, par le programme normal paiera à
100 % les frais à la STCUM.
M. Parent (Bertrand): Donc, la STCUM devient propriétaire
non pas en bloc mais au fur et à mesure de la livraison.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Parent (Bertrand): D'accord. Ce n'est pas ceia tantôt
que je comprenais par le libellé de l'article 2. Il prend possession au
fur et à mesure et en est le propriétaire. Vous, vous payez la
facture en vertu des 100 % de financement que vous avez engagés.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ceia.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 2?
M. Garon: Selon l'échéancier prévu au
contrat, la dernière voiture est livrée quand?
M. Côté (Charlesbourg): En mars 1989.
M. Garon: En mars 1989, la 24e voiture est livrée et le
ministère est sorti du contrat?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Garon: Est-ce qu'il y a des clauses dans le contrat concernant
des recours que conserverait le ministère par rapport à
Bombardier si les garanties n'étaient pas... Étant donné
qu'il paie à 100 %... Avec Bombardier ou avec la STCUM, normalement,
quand il donne des subventions, il a des exigences. Là, comme c'est lui
qui achète, au lieu de donner une subvention à la ville de
Montréal, il doit y avoir... li y a la loi, mais la loi contient quatre
articles, dont un article sur la mise en vigueur et la
rétroactivité. Donc, il n'y a pas grand-chose là-dedans.
C'est un article qui dit: L'Immaculée Conception c'est vrai, mais
comment cela marche, on ne le sait pas. Ce que je voudrais savoir c'est comment
les recours vont s'exercer et quelles sont les ententes. Il y a là un
contrat avec Bombardier, il doit y avoir une entente entre le ministère
des Transports et la ville de Montréal. Est-ce qu'il y en a une? Est-ce
qu'il y a seulement un échange de lettres entre le ministre et la ville
de Montréal...
M. Côté (Charlesbourg): Non. M. Garon:... ou
est-ce qu'il y a...
M. Côté (Charlesbourg): Pas avec la ville de
Montréal, c'est avec la STCUM.
M. Garon: Pardon, avec la Société de transport de
la Communauté urbaine de Montréal.
M. Côté (Charlesbourg): Vous avez raison de parler
de la ville de Montréal, parce qu'ils ont beaucoup à dire quant
à la STCUM, au niveau du transfert des responsabilités. C'est
clair qu'en les transférant à la STCUM c'est la STCUM
reçoit les responsabilités. C'est la STCUM qui va payer
Bombardier, donc les obligations de Bombardier sont des obligations
vis-à-vis de la STCUM. Le ministère va, sur dix ans,
subventionner la STCUM pour le paiement à 100 % des frais
inhérents à l'acquisition de ces wagons. Il est clair que, dans
la mesure où il y aurait un défaut, un vice constaté en
cours de route, si la STCUM n'oblige pas Bombardier à respecter ses
engagements, on a toujours le recours quant à nous sur le plan du
paiement. On me signifie qu'il y a une lettre de garantie de 1 500 000 $ de
déposée par Bombardier qui est valide jusqu'en 1991.
M. Garon: Deux ans. C'est la garantie générale.
M. Côté (Charlesbourg): C'est la garantie
générale. Au-delà de tout cela, les dix ans de paiement,
les paiements vont être faits selon les termes convenus et on peut ne pas
verser les paiements s'il y a des vices et que la STCUM n'a pas poursuivi
Bombardier pour le respect du contrat.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? M. le député de Lévis.
M. Garon: il n'y a pas de protocole d'entente autre que des
lettres d'intention entre la STCUM et le ministre des Transports?
M. Côté (Charlesbourg): II y a un protocole
d'entente entre le ministère des Transports et la STCUM.
M. Garon: Qui date de 1982 ou qui...
M. Côté (Charlesbourg): Non, qui va dater de...
Dès que le projet de loi sera adopté, un protocole d'entente sera
signé.
M. Garon: II n'est pas fait actuellement?
M. Côté (Charlesbourg): II est
négocié. Il est fait. Pour la signature, il attend que le projet
de loi soit adopté.
M. Garon: Pour les autorisations. M. Côté
(Charlesbourg): Oui.
M. Garon: Est-ce qu'il serait possible d'avoir une copie de ce
protocole d'entente?
M. Côté (Charlesbourg): Aussitôt qu'il sera
signé, je vous en ferai parvenir une copie.
M. Garon: Pas par bélino, si c'est possible. Je ne veux
pas savoir quel est le problème dans le bélino, mais j'aimerais
le recevoir.
M. Côté (Charlesbourg): Prenez note de la date, de
l'heure et de l'engagement qu'on a pris.
M. Garon: Non. Comme vous avez une copie au ministère,
vous apporterez une copie ce soir en venant à 20 heures. Cela sera
parfait.
M. Côté (Charlesbourg): Quand il sera signé,
j'ai dit.
M. Garon: Cela ne me fait rien d'avoir le projet en
attendant.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai pesé mes mots
quand J'ai dit: Au moment où le protocole sera signé.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 2?
M. Garon: Le ministre est méfiant.
M. Côté (Charlesbourg): Non, si je prends des
engagements, je veux être capable de les respecter. Je veux vous
expédier des choses qui sont vraies, pas des choses qui sont
hypothétiques. Je vais vous expédier le protocole aussitôt
qu'il sera signé avec la STCUM. On va vous expédier le protocole
avec plaisir.
M. Garon: Êtes-vous prêt à faire la même
chose pour le contrat que vous avez signé avec Bombardier?
M. Côté (Charlesbourg): II faut que je
vérifie sur le plan juridique. Il faut aussi que je vérifie avec
Bombardier parce que c'est quand même quelque chose qui nous lie avec
Bombardier. S'il n'y a pas d'objection fondamentale... Il faudrait, au
préalable, que j'aie l'autorisation de Bombardier. Si je l'obtiens, je
vous le donnerai. Si je ne l'obtiens pas, vous ne l'aurez pas.
M. Garon: Mais c'est quand même un projet de loi public. Ce
n'est pas un projet de loi privé.
M. Côté (Charlesbourg): On fait quand même
affaire avec une compagnie qui est privée, la compagnie Bombardier, qui
doit faire face à une compétition sur le marché. Si elle
voit ses contrats traîner partout sur la place publique, je ne suis pas
sûr qu'elle va être bien heureuse et que ça va l'aider.
Alors, aidez-nous à aider une firme du Québec qui performe bien
sur le plan international.
M. Garon: Oui, mais nous, nous ne parlons pas de ça pour
envoyer ça dans les journaux. Je ne suis pas convaincu que les journaux
soient bien intéressés à publier des contrats. De toute
façon, le point qui m'intéresse particulièrement c'est
l'exercice des garanties. Je me dis que le ministre, quand il conclut une
entente - parce qu'il donne une subvention - exige certaines choses. Surtout
quand il paie pour un organisme public; la Société de transport
de la Communauté urbaine n'est pas un organisme privé. C'est un
organisme public auquel le ministre semble avoir une confiance mitigée,
si j'ai bien lu les journaux de ce matin. Comme il s'agit de fonds publics,
c'est lui qui les fournit à 100 % et c'est lui qui a
négocié le contrat.
Dans la lettre de Mlle Roy, je voudrais savoir ce que veut dire:
"L'entente à intervenir entre le ministère des Transports du
Québec et la firme Bombardier rencontre les exigences techniques et
administratives de la STCUM, tout en considérant que la question du prix
d'acquisition et des modalités de paiement relève de la
responsabilité du ministère. " On dit: "les exigences techniques.
" Il me semble que ce sont les spécifications sur le plan technique. Je
ne sais pas ce qu'elle veut dire par "exigences administratives". C'est vague.
Elle dit: "La question du prix d'acquisition et des modalités de
paiement relève de la responsabilité du ministère. "
Alors, je me demande de quoi font partie les garanties, l'exercice des
garanties, des recours possibles, tout ça. Ce n'est pas clair. Ce n'est
pas certain. C'est pour ça que j'aimerais savoir si le ministre, par ce
projet de loi, veut se dégager entièrement de tous les recours et
de toutes les garanties concernant les voitures et les pièces de
rechange, ou bien s'il va garder un lien quelconque pour les exercer au cas
où la STCUM ne les exercerait pas. Il paie à 100 %. C'est de
l'argent de l'ensemble des contribuables. Comme c'est le gouvernement du
Québec qui paie 31 133 000 $, ce ne sont pas des pinottes. Je ne suis
pas à l'époque de CD. Howe qui disait: "What's a million?" Je
pense que 31 133 000 $ c'est un gros montant d'argent. Et, à ce
moment-là, il faut s'assurer qu'éventuellement toutes les
spécifications rejoindront les garanties accordées même si
je trouve que les garanties ne sont pas si longues que ça.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, M. le Président.
Je l'ai dit au député de Lévis tantôt. Je pourrais
répéter exactement la même réponse. Je vais tenter
de le faire d'une manière plus rapide. Effectivement, les
responsabilités vont incomber à la Société de
transport de la Communauté urbaine. Le recours que nous avons c'est que,
si la STCUM n'exerce pas ses pouvoirs et ses
droits, nous pourrions suspendre le paiement ou retarder le paiement que
nous ferons sur une période de dix ans.
La Président (M. Saint-Roch): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Cela a l'air d'être plus compliqué que
ça. Regardez bien. Vous dites: Les modalités de paiement... Les
paiements ne sont pas faits. Les paiements se font sur une période de
dix ans. Mais, si vous cédez le contrat à la STCUM et qu'elle a
des garanties qu'elle n'exerce pas, comment pouvez-vous vous faire justice
à vous-même et arrêter de payer? Je ne suis pas sûr
que vous puissiez, en droit, arrêter de faire vos paiements. Si celui qui
a des garanties ne ies exerce pas... La compagnie pourrait dire:
Écoutez, pour autant que je suis concernée, tout est
respecté. Si la STCUM ne dit pas la même chose, c'est vous qui
continuez de payer entre-temps. Vous ne pouvez pas arrêter de payer en
disant: Je ne suis pas content. La compagnie va dire: Écoutez, j'ai
droit à mon paiement. Si on n'est pas content, il faut faire une mise en
demeure et aller devant les tribunaux. On ne peut pas se faire justice à
soi-même en disant: Moi, je ne paie plus, c'est réglé,
terminé.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Dans la lettre de Mme Roy,
il y a: exigences techniques, administratives et financières. Technique,
c'est réglé, cela a été fait avec eux.
Administratif, c'est garanti. Et financier, c'est nous qui payons.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon: Ce n'est pas sûr, cela. La lettre dit bien:
"L'entente à intervenir... " Donc, elle écrit cela avant que
l'entente soit intervenue ou complètement terminée. "L'entente
à intervenir entre le ministère des Transports du Québec
et la firme Bombardier rencontre les exigences techniques et administratives de
la STCUM, tout en considérant que la question du prix d'acquisition et
des modalités de paiement relève de la responsabilité du
ministère. " Si, dans ces modalités de paiement, le ministre a
des obligations fermes de payer disons 100 000 $ par mois, 200 000 $ par mois
ou tant par mois jusqu'à extinction du paiement des wagons, il ne peut
pas se revirer de bord à ce moment-là et dire: Moi, je ne paie
pas parce que vous ne respectez pas les garanties, alors que la STCUM n'exerce
pas ces garanties. Il ne pourra pas faire cela. Il faut, à ce
moment-là, que ce soit prévu dans les modalités de
paiement, ou quelque part, qu'il peut arrêter son paiement s'il n'est pas
satisfait.
Mais là la satisfaction ne dépend plus de lui, elle
dépend de la STCUM, avec des garanties. C'est pour cela que c'est un
contrat de nature particulière. D'ailleurs, il faut faire une loi, et la
loi ne dit rien.
Le Président (M. Saint-Roch): À la demande de M. le
député de Lévis, est-ce qu'il y a consentement pour
suspendre les travaux pour quelques instants?
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que c'est pour des
besoins naturels?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais j'ai le droit de
poser des questions, moi aussi.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Garon: Des besoins surnaturels.
M. Côté (Charlesbourg): Surnaturels. Et de quelle
nature? Il n'y a pas de danger de rouille?
M. Garon: Non, il n'y a pas de danger de rouille.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): La commission suspend ses
travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 5)
(Reprise à 17 h 8)
La Président (M. Saint-Roch): La commission reprend maintenant
ses travaux. Est-ce qu'il y a d'autres interventions à l'article 2?
M. Garon: Avant la suspension, j'avais posé une question
au ministre, qui était en consultation.
M. Côté (Charlesbourg): Très rapidement, M.
le Président. Dans tous les programmes qui ont existé depuis le
début du transport en commun, dans la préoccupation
gouvernementale depuis 1972, il n'y a jamais eu cette préoccupation
d'avoir, à l'intérieur de nos programmes d'aide, une mesure qui
nous permettrait de sanctionner ou d'obliger des organismes de transport en
commun, concernant le respect des garanties, à entreprendre des
poursuites, ni d'avoir une poignée, au ministère, pour l'exiger.
Cela n'a jamais été le cas, cela n'a jamais été
fait, selon
le principe que chacune des sociétés de transport
était responsable et que, dans la mesure où il y avait des
obligations ou des garanties, il était normal que chacune des
sociétés de transport puisse faire appliquer ces
garanties-là. Cependant, sur le plan du principe évoqué
par le député de Lévis, cela a un certain bon sens que le
ministère puisse peut-être se prendre une poignée à
l'intérieur de ses programmes d'aide pour exiger éventuellement
des sociétés de transport que, dans la mesure où il y a
des garanties, on nous fasse la démonstration que les garanties ont
été exécutées, ou qu'elles ont fait le
nécessaire pour qu'elles soient exécutées. Je vais prendre
les dispositions nécessaires pour qu'on inclue ce genre de
préoccupation dans les programmes d'aide aux immobilisations.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 2? M. le député de
Lévis.
M. Garon: Essentiellement, la question sous-jacente est que,
quand on fait une subvention à 50 %, 60 % ou 70 %, c'est une affaire.
Habituellement, les subventions, c'est rare qu'elles sont à 100 %.
Habituellement, c'est un pourcentage. L'organisme qui reçoit, parce
qu'il paie une partie, a un intérêt direct à exiger des
conditions ou des garanties plus fortes. Mais, étant donné la
façon d'opérer, où on paie à 100 %, à ce
moment-là, s'il arrive des problèmes, souvent c'est le
gouvernement du Québec qui continue à payer à 100 % pour
des voitures nouvelles ou même pour de la rénovation puisque le
ministre lui-même a dit qu'il avait essayé d'acheter des voitures
rénovées. Il s'agit d'une loi extraordinaire puisqu'elle vise
à aller en dehors du système régulier où c'est le
ministre qui agit. La Société de transport de la
Communauté urbaine de Montréal n'a pas procédé par
appel d'offres. On est dans une situation particulière. On n'est pas
dans une situation régulière. À ce moment-là, cela
oblige à faire des contrats d'une façon différente
puisque, c'est le ministre qui acquiert. On dit: "Les voitures et les
pièces de rechange acquises par le ministre sont cédées
à la Société de transport de la Communauté urbaine
de Montréal." C'est le ministre qui acquiert et, ensuite, il se revire
de bord et il cède les voitures à la Société de
transport de la Communauté urbaine de Montréal. Étant
donné l'expérience des autobus... Je ne dis pas que le ministre
est de mauvaise foi. Je ne pense pas cela une minute. Comme dans le cas des
autobus non plus, personne n'était de mauvaise foi, mais, quand arrive
la rouille, qu'est-ce qui arrive? Tout le monde se retrouve et dit: On est tous
de bonne foi. Sauf que cela ne règle pas le problème. En fait,
quand tout le monde est de bonne foi, ce qui arrive, c'est toujours la
même chose: c'est le contribuable qui pale. C'est pour ça que les
gens qui sont des professionnels dans un secteur doivent assumer leurs
responsabilités.
Habituellement, cela aide quand II y a une obligation de les assumer
quelque part, quand il y a une responsabilité de les faire assumer. Il y
a un vieux principe qui a souvent été énoncé en
cette Chambre: Celui qui pale, c'est un peu celui qui mène. Ce n'est pas
au député de Charlesbourg que je vais apprendre ça. Les
principes de base, je pense que le député de Charlesbourg est au
courant de ça. C'est un vieux principe: Celui qui paie, c'est celui qui
mène. Celui qui paie, là-dedans, c'est le ministre des
Transports. C'est à lui d'avoir des exigences, de s'assurer que les
exigences soient respectées et de prévoir le cas où, si
les exigences n'étaient pas respectées, il va les assumer. C'est
lui, au fond, qui est le maître d'oeuvre de toute cette opération.
Il doit donc assumer toutes les conditions de l'acquisition des voitures et
toutes les conditions de la cession des voitures à la
Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal.
M. Parent (Bertrand): Vous pouvez répondre à M.
Garon, je vais prendre sa place. M. Garon est appelé en Chambre. Ou bien
on a le choix: on ajourne ou on continue.
M. Côté (Charlesbourg): Je suis convaincu que votre
niveau d'intérêt pour ce projet de loi ne vous permettrait pas de
suspendre les travaux, étant donné la qualité des
informations que vous obtenez tout au long de nos discussions.
M. Parent (Bertrand): Alors, ne suspendons pas.
Le Président (M. Saint-Roch): La parole est à M. le
député de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Comme mon collègue avait posé
des questions que j'ai écoutées attentivement, j'attendais les
réponses.
M. Côté (Charlesbourg): Cela va dans la même
lignée des réponses qu'on a fournies précédemment,
du temps où le député de Bertrand était à
faire son discours en Chambre.
M. Parent (Bertrand): Cela n'a pas changé?
M. Côté (Charlesbourg): Cela n'a pas
changé.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand. Nous en sommes à l'article 2.
M. Parent (Bertrand): C'est ce que j'ai compris. J'avais
laissé à l'article 2, M. le Président.
Une voix:...
M. Parent (Bertrand): Je vous ferais remarquer, M. le
député, que vous avez le droit de parole. Si vous voulez parler,
posez des ques-
tions. Si vous ne voulez pas parler intelligemment, ne parle2 pas.
Franchement, j'arrive!
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Je ne veux pas reprendre tout le
débat qu'i! a pu y avoir, mais je veux juste m'assurer que la question
de la période de transition entre le début des livraisons et...
En fait, c'est la STCUM elle-même qui sera le propriétaire comme
tel de chacun des véhicules aussitôt qu'ils arriveront et qui en
assumera l'entretien et tout cela, mais le ministère demeure,
jusqu'à la fin de la livraison, l'acheteur, entre guillemets, celui qui
a passé le bon de commande. C'est donc le ministère qui demeure
responsable jusqu'à la fin. Ma préoccupation est de savoir, tout
d'abord, qui va s'assurer, même si, selon l'article 2, c'est acquis par
le ministère et cédé à la société...
Donc, on acquiert, on reçoit la livraison et on la cède
immédiatement à la société, mais qui, finalement,
sera responsable de la commande s'il y a des problèmes en ce qui
concerne la livraison des wagons ou de quelque nature que ce soit?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): C'est très simple.
À partir de la date de la sanction du projet de loi, toute la
responsabilité incombe à la Société de transport de
la Communauté urbaine de Montréal.
M. Parent (Bertrand): Donc vous êtes là juste pour
la forme?
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça.
M. Parent (Bertrand): Mais étant donné le fait que
c'est le ministère qui paie à 100 %, M. le ministre, ne
pensez-vous pas que ça devrait être davantage le ministère
qui s'assure de la livraison complète? Il y a une courte période
où on doit faire l'essai sur route du véhicule - je ne me
souviens plus exactement de la période que vous aviez mentionnée.
Mais supposons qu'on s'aperçoive alors que le wagon no 17, qui vient
d'arriver, a un défaut; est-ce la STCUM qui interviendra directement
auprès de Bombardier, et vous vous ne serez plus dans le décor
même si c'est vous qui avez payé?
M. Côté (Charlesbourg): C'est la STCUM qui s'est
assurée de la qualité, du contrôle pendant tout la
durée de la fabrication des véhicules. C'est une
responsabilité qui incombera donc à la STCUM, de vérifier
la qualité. J'ai dit tantôt que nous allions verser des montants
d'argent 15 jours après la prise en possession provisoire du
véhicule, en conséquence, d'un véhicule conforme aux
exigences contenues à l'intérieur du contrat, et personne n'est
mieux placé que la Société de transport de la
Communauté urbaine de Montréal pour faire ce
îravail-là.
M. Parent (Bertrand): Je comprends que, selon les explications
que vous m'avez données au début, la STCUM ne pouvait pas
elle-même agir directement, mais je trouve fort compliqué que
ïe ministère, à partir du moment où il y a sanction
ici, se retire totalement, ne soit plus dans le décor et qu'il ne reste
que la STCUM. Vous avez autorisé le montant global, en tant que
ministère concerné, et prévu les sommes
nécessaires, mais, en ce qui concerne l'application et la mise en marche
du produit qu'on reçoit, c'est la STCUM. Je trouve qu'il va y avoir un
problème tantôt parce que vous risquez de payer la facture, mais
ce n'est pas sûr qu'à l'autre bout ils seront satisfaits du
produit reçu.
M. Côté (Charlesbourg): li ne faut pas compliquer
une situation qui ne l'est pas, malgré le fait qu'on veuille occuper un
petit peu de temps. C'est clair, le ministère des Transports paie les
inspecteurs qui surveillent la construction, des inspecteurs qui ont
été choisis par la Société de transport de fa
Communauté urbaine de Montréal eî qui, finalement,
surveillent l'application d'un devis technique fait en collaboration avec la
STCUM, donc répondant à ses besoins. À partir du moment
où le ministère des Transports paie la totalité de la
facture, les responsabilités incomberont à la
Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal de s'assurer que tout ça est bien conforme au moment
où c'est livré.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Parent (Bertrand): Je n'ai pas d'autres interventions sur
l'articie 2, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, est-ce que l'article
2 est adopté?
M. Côté (Charlesbourg): Adopté, M. le
Président.
M. Parent (Bertrand): Sur division. Il avait adopté le
premier sur division.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté sur division.
J'appelle maintenant l'article 3.
M. Côté (Charlesbourg): "La société
acquiert les droits et assume les obligations du ministre au titre du contrat
qui le lie au manufacturier. Elle doit cependant payer la taxe de vente
conformément à la Loi concernant l'impôt sur la vente en
détail."
M. Parent (Bertrand): La fameuse taxe de
vente. Est-ce que le litige dans le cas du fameux contrat des autobus a
été réglé? Toute cette question de la taxe de vente
n'est-elle pas un cas similaire? Concernant la fameuse commande de 1985, il y a
un litige qui est encore devant les tribunaux - il l'était
l'année passée du moins - un litige important où des
sociétés de transport, du moins la STRSM, n'ont Jamais voulu
payer les 9 % parce que l'acheteur... Effectivement, il y a un sérieux
problème quant à la taxe de vente sur les autobus entre le
ministère des Transports et la compagnie General Motors. Cela a fait
l'objet de longues discussions avec les Juristes sur cet aspect parce qu'on ne
voyait pas pourquoi. Dans le cas de la STCUM, dans le fond qui va payer la taxe
de vente?
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas le seul cas qui
a été vécu de cette manière. Vous abordez le cas
des autobus. J'ai l'opportunité d'avoir à ma gauche Me Drolet, du
cabinet, qui n'en a Jamais entendu parler et, à ma droite, pour celui
qui a été directeur général de la Commission de
transport de la Communauté urbaine de Québec pendant cette
période des autobus, c'est la première nouvelle. De toute
façon, on s'est posé la même question chez nous au moment
où on a acheté le Challenger: il y avait une taxe de vente
à payer sur un équipement quand même assez important et on
l'a payée. Dans ce sens, la taxe de vente de 9 % est là et on la
paie. Elle est prévue dans les montants d'argent nécessaires au
paiement de tout ça.
Si d'autres veulent contester la taxe de vente devant les tribunaux, Je
pense que c'est leur privilège, sans nécessairement se
préoccuper ou savoir s'ils auront du succès de ce
côté.
M. Parent (Bertrand): Pour vous, dans le fond, la
société de transport paie la taxe dans le montant. Dans les 31
000 000 $, votre taxe de vente est incluse.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, pour 2 449 000 $, et
c'est le gouvernement qui la paie.
M. Parent (Bertrand): C'est toujours ça qui a
été l'incompréhension. Vous, en tant que ministère
des Transports, payez la taxe de 9 % qui s'en va au ministère du
Revenu.
M. Côté (Charlesbourg): Qui va au ministère
des Finances, qui va au fonds consolidé. C'est exactement ça. Ce
n'est pas d'aujourd'hui que ça se passe. Cela s'est passé comme
ça depuis déjà de nombreuses années. C'est un mur
qui n'est pas défaisable pour le moment.
M. Parent (Bertrand): Cela me surprend que vous n'ayez pas
attaqué cet aspect, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): II y avait beaucoup d'autres
choses bien plus importantes à régler que ça.
M. Parent (Bertrand): Pourtant, 9 % de 31 000 000 $, je pense que
ça commence à être Important.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, 9 % de 31 000 000 $
c'est très important, mais tous les citoyens sont égaux devant la
loi, y compris le ministère des Transports.
M. Parent (Bertrand): J'aimerais qu'on vérifie le litige
qu'il y a actuellement à cet égard. Effectivement, cette question
de la fameuse taxe sur les autobus avait fait l'objet d'un long débat et
c'était loin d'être réglé.
Quand on dit que la STCUM acquiert les droits, est-ce que ce sont tous
les droits? De quels droits s'agit-il?
M. Côté (Charlesbourg): Tous les droits.
M. Parent (Bertrand): Tous les droits en tant qu'acheteur.
M. Côté (Charlesbourg): Les garanties, les droits
contractuels. C'est le contrat. Tous les devoirs et obligations reliés
au contrat, elle en devient responsable dans un protocole qui est fin
prêt, qui a été négocié et qui sera
signé dès le moment où la loi aura reçu la sanction
du lieutenant-gouverneur.
M. Parent (Bertrand): Oui, mais il risque d'y avoir un
problème. Disons que je suis un administrateur de la STCUM, M. le
ministre. À compter du moment où la loi est sanctionnée -
mettons décembre 1988 - l'article 3 dit que je dois assumer tous les
droits, donc je dois assurer tous les paiements, etc. D'un autre
côté, il y a un gouvernement qui est là, qui a convenu de
faire la transaction et d'acheter, mais si, en mars 1989, trois mois plus tard
- c'est possible, pour différentes raisons - il y a un nouveau
gouvernement qui arrive et qui décide de ne pas assumer cette
responsabilité... Non, mais c'est quand même très
important, le fait de ne pas assumer cette responsabilité. Vous
êtes conscient que vous demandez à la société
d'assumer tous les droits au moment de l'entrée en vigueur de ce projet
de loi et, d'un autre côté - si toute la commande était
livrée et que c'était terminé, je comprendrais - puisqu'il
y a une période d'échelonnement, je trouve qu'on risque de se
retrouver dans toutes sortes de situations qui pourraient rendre la
société vulnérable parce qu'elle est responsable des 31
000 000 $ et de tout ce qui les accompagne.
M. Côté (Charlesbourg): C'est le ministère
des Transports qui paie la totalité des frais. J'ai un service de dette
et c'est clair, c'est un
programme qui est là, qui est déjà finalement
négocié. Alors, il n'y a pas de risque. Il y a encore bien moins
de risque qu'il y ait des élections d'ici la fin de mars.
M. Parent (Bertrand): Oui, cela est possible, vous en savez plus
que moi là-dessus.
M. Côté (Charlesbourg): On veut vous garder au mois
jusque-là.
M. Parent (Bertrand): Oui? C'est gentil! Vous me dites que les
programmes, M. le ministre, tels qu'ils existent actuellement, le financement
des équipements, comme pour ceux-là, à 100 %, c'est une
décision du gouvernement. Vous savez fort bien que vous-même, en
tant que gouvernement, vous pouvez décider de changer la règle.
D'ailleurs, elle a été changée. Les plafonds ont
sauté à un moment donné. Il y a des choses qui ont
passé à 75 %. Dans ce cas-là, il pourrait y avoir un
changement des règles du jeu.
M. Côté (Charlesbourg): II ne faut pas
mélanger les affaires. Les plafonds étaient dans la règle
de financement de l'opération...
M. Parent (Bertrand): C'est vrai.
M. Côté (Charlesbourg):... alors que là on
est dans de l'immobilisation.
M. Parent (Bertrand): Oui.
M. Côté (Charlesbourg): La seule règle qui a
été changée est celle du remplacement des autobus, pour
bien s'assurer qu'on achetait des autobus en fonction des besoins et non pas en
fonction d'une subvention. C'est la seule règle qui a été
changée. Dans ce cas-ci, c'est une règle qui est claire. Dans le
cas du train de banlieue, c'est payé à 100 % par le gouvernement
du Québec et une certaine partie par le gouvernement
fédéral, bien sûr. La règle est là; elle
n'est pas changée et elle ne changera pas non plus, à moins que
vous preniez le pouvoir au mois d'avril ou de mai ou d'octobre et que vous
décidiez de la changer.
M. Parent (Bertrand): Écoutez, on ne connaît pas
l'avenir, mais ce que je vous demande, c'est pourquoi vous faites le transfert
des droits, non pas à la terminaison de la livraison de la commande mais
au moment même de l'entrée en vigueur.
M. Côté (Charlesbourg): Pour protéger la
Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal, en lui donnant tous ses droits.
M. Parent (Bertrand): En tout cas, j'ai...
M. Côté (Charlesbourg): Pour éviter que d'ici
la fin mars il puisse peut-être y avoir quelqu'un d'autre, d'un autre
gouvernement, qui viendrait et qui voudrait changer ces règles. Pour que
nous, finalement, ayant suffisamment de principes pour faire adopter un projet
de loi comme celui-là à l'Assemblée, puissions aller
jusqu'au bout dans notre raisonnement et l'appliquer avant même que
quelqu'un d'autre puisse prendre ces responsabilités.
M. Parent (Bertrand): Donc, II y a des possibilités que
ça change.
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez, j'ai dit que
je ne pensais pas qu'il y ait des élections avant la fin mars, alors je
ne pense pas qu'il y ait de changement avant la fin mars.
M. Parent (Bertrand): Ce que j'ai de la difficulté
à comprendre, M. le ministre, c'est pourquoi, dans une transaction aussi
importante que celle-là, on n'a pas le transfert des
responsabilités et des droits au moment où a lieu la
terminaison...
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez...
M. Parant (Bertrand):... de la commande. On n'est pas dans une
situation où il y a une commande qui est livrée d'un seul coup,
et c'est terminé.
M. Côté (Charlesbourg): Vous connaissez les
relations cordiales que j'ai avec la Société de transport de !a
Communauté urbaine de Montréal...
M. Parent (Bertrand): Bien, cela m'inquiète.
M. Côté (Charlesbourg):... sur le plan de la
négociation.
M. Parent (Bertrand): Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Tout cela étant dit
pour vous rassurer, c'est que tout ça a été fait en
parfaite harmonie avec les gens de la Société de transport de la
Communauté urbaine de Montréal, à la fois sur le plan
administratif et sur le plan des devis que sur le plan du financement et du
protocole qui a été négocié et qui est prêt
à être signé, donc en parfaite harmonie avec la
Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal. Dans ce sens-là, je pense que c'est de nature à
vous rassurer. (17 h 30)
M. Parent (Bertrand): Bien, cela ne me rassure pas, M. le
ministre. Vous conviendrez que, pas plus tard que ce matin, je lisais que vous
leur demandiez de réduire leurs dépenses de 12 000 000 $
concernant l'équilibration de leur budget et la facture de
débordement qu'Us veulent envoyer.
M. Côté (Charlesbourg): Voulez-vous payer
la facture de débordement?
M. Parent (Bertrand): Oh non! Vous savez comme je me suis
débattu longtemps pour ne pas en payer, M. le ministre. On ne rouvrira
pas de débat parce qu'on va sortir de l'article 3. Mais vous dites, M.
le ministre, que vos bonnes relations avec la STCUM font en sorte que vous vous
êtes entendus là-dessus. Je vous dis que je comprends mal que, en
tant que gouvernement, vous cédiez finalement tous les droits, autant au
point de vue de les assumer qu'au point de vue des responsabilités. Je
me dis que, si la commande n'est pas livrée, s'il y a des
problèmes qui surgissent ou quoi que ce soit, on va se retrouver dans
une période où il risque d'y avoir un vide.
M. Côté (Charlesbourg): II n'y aura pas de vide. Il
n'y a pas de problème de vide à ce niveau-là. Je vous dis
que nous avons fait des choix et que j'assume l'entièreté des
choix que nous avons faits, y compris celui du transfert à la
Société de transport de la Communauté urbaine, avec son
assentiment quant aux négociations et quant aux clauses et quant aux
responsabilités de l'ensemble, compte tenu du fait que c'est le
gouvernement du Québec qui paie à 100 %.
M. Parent (Bertrand): Est-ce la même chose dans le cas des
wagons de métro? On a commandé des wagons de métro.
M. Côté (Charlesbourg): II n'y a pas de commande de
wagons de métro.
M. Parent (Bertrand): II n'y en a pas présentement, mais
il y en a eu. Il y en a eu et c'était un peu, j'imagine, le même
principe que ce qu'on connaît aujourd'hui. On n'a pas inventé une
nouvelle...
M. Côté (Charlesbourg): C'est la CUM qui achetait
à l'époque et, dans ces cas-là, ils ont été
en soumissions publiques.
M. Parent (Bertrand): Est-ce que le bon de commande des 24 wagons
pour 31 000 000 $ a été passé par le ministère des
Transports ou par la STCUM?
M. Côté (Charlesbourg): Par le ministère des
Transports.
M. Parent (Bertrand): Par le ministère des Transports. Qui
est responsable du bon de commande jusqu'à la fin?
M. Côté (Charlesbourg): Ce sera la
Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal dès le moment où il y aura... Il ne faut pas
oublier une chose; cela a été négocié avec elle. Il
y a des spécifications sur le plan des devis qui sont venues d'elle et
qui y sont incluses. On paie du monde qu'elle a choisi pour surveiller la
qualité du matériel livré. C'est fait en parfaite harmonie
avec la Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal et, en plus, on pale à 100 %. Nous n'avons
été que des intermédiaires, point à la ligne, pour
permettre à la Société de transport de la
Communauté urbaine de Montréal d'avoir des wagons des
années modernes et de profiter d'une occasion au plan financier. C'est
ça. Vous ne nous reprocherez certainement pas d'avoir profité
d'une bonne occasion, en plus de l'avoir fait faire par des
Québécois, dans une compagnie qui a pu en profiter par la suite,
qui a pu remplir une période morte chez elle et aller chercher chez
Amtrak 50 wagons additionnels, aller auprès de SEPTA prendre des
véhicules additionnels et continuer de faire travailler des centaines de
travailleurs à Saint-Anne-de-la-Pocatière. Voilà!
M. Parent (Bertrand): Je ne vous reproche rien, M. le ministre.
Je vous demande, compte tenu du fait que ce soit le ministère des
Transports qui ait passé la commande, donc qui en est responsable, et du
fait que vous nous disiez, par l'article 3, tel que libellé, que c'est
la STCUM qui en assumera tous les droits et les responsabilités, ce qui
arrivera si, à la livraison du douzième wagon, la STCUM n'est pas
satisfaite et que des problèmes surgissent. C'est elle qui a cette
responsabilité.
M. Côté (Charlesbourg): Elle va poursuivre.
M. Parent (Bertrand): Et c'est vous qui allez détenir
l'argent.
M. Côté (Charlesbourg): Elle va poursuivre et...
M. Parent (Bertrand): Non, mais c'est vous qui allez payer.
M. Côté (Charlesbourg): On va payer et c'est la
société de transport... On ne paie aucun wagon. C'est la
Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal qui paie. On ne donne pas un sou à Bombardier. Est-ce
clair? C'est la Société de transport de la Communauté
urbaine de Montréal qui va payer.
M. Parent (Bertrand): D'accord. Là, c'est
différent. Ce que j'avais compris, M. le ministre, c'est que vous payiez
directement Bombardier.
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Parent (Bertrand): Parce que c'est vous qui aviez passé
le bon de commande. Si je suis fournisseur et que j'ai un bon de commande,
c'est la personne qui m'a passé la commande qui paie. Si vous me dites
que c'est la STCUM, c'est autre chose. Je m'excuse, mais...
M. Côté (Charlesbourg): Je ne vous en veux pas parce
que vous étiez en haut au moment où la question a
été posée. J'avais répondu effectivement que
c'était la Société de transport de la Communauté
urbaine de Montréal qui payait la totalité.
M. Parent (Bertrand): D'accord. Alors, tout ce que vous faites,
c'est transférer les sommes et assurer 31 000 000 $ à la STCUM
qui en disposera selon les modalités du contrat...
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça.
M. Parent (Bertrand): ...au fur et à mesure qu'elle sera
satisfaite ou non.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça.
M. Parent (Bertrand): C'est cela que ça veut dire.
D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 3?
M. Parent (Bertrand): En tout cas, le seul point qui reste en
litige...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): ...c'est la deuxième partie de
l'article 3 que j'ai mentionnée tantôt concernant la taxe de
vente. En tout cas, même si on dit que ce sont les us et coutumes, que
c'est ainsi que ça s'est fait, je ne trouve pas normal et correct que
ça se passe de cette façon-là, ni pourquoi on le met
là-dedans. Même si le ministre me dit: C'est la façon dont
on doit le faire, on le passe d'un ministère, d'une poche à une
autre, tout s'en va dans la même poche, ça revient au même,
mais qu'on le met quand même, je continue à penser que ça
n'a pas de sens. Je pense que le ministre doit être d'accord avec
ça, mais il y a autre chose de plus important selon lui.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que ceci clôt
les interventions à l'article 3?
M. Parent (Bertrand): Si vous me permettez, juste un instant.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Pour ce qui est de la taxe de vente, pour
être bien sûr qu'on comprenne, M. le Président, dans le
montant total de la transaction, la taxe de vente de 9 % est incluse. Donc,
vous vous trouvez à transférer dans votre subvention la taxe de
vente que la STCUM va envoyer au ministère du Revenu.
M. Côté (Charlesbourg): On donne l'argent. On
calcule le prix total. La taxe de vente de 9 % est comprise dans le financement
global des 31 000 000 $ et c'est la STCUM qui paiera la taxe de vente. C'est
pour payer la taxe de vente. Ce serait probablement Bombardier dans ce cas-ci
qui, comme tout vendeur, prélève le 9 % et l'envoie au
ministère du Revenu.
M. Parent (Bertrand): Alors, ils vont le payer à
Bombardier et Bombardier va le payer au ministère. C'est ça?
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 3?
M. Parent (Bertrand): Même si on approuve et on adopte cet
article 3 aujourd'hui, j'aimerais beaucoup qu'on vérifie le litige
devant les tribunaux parce que, effectivement, il y a un problème. La
STRSM et, il me semble, la STCUM, n'ont jamais voulu payer cette fameuse taxe
de vente de 9 % sur l'achat global des autobus parce que les avocats - il y
avait deux ou trois bureaux d'avocats là-dedans - disaient:
Écoutez, ça n'a pas de sens. C'est le ministère des
Transports qui a acheté et, en tant que ministère, il n'avait pas
à payer cette taxe-ià.
M. Côté (Charlesbourg): On va vérifier. On
reviendra au début de la soirée, à 20 heures, avec les
renseignements.
M. Parent (Bertrand): Vous allez vérifier cet
aspect-là.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon: il est possible qu'il y ait répétition,
je ne le sais pas, parce que j'ai été appelé en commission
parlementaire sur...
M. Côté (Charlesbourg): Je serais
étonné.
M. Garon: Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): Je serais
étonné.
M. Garon: ...un bâillon. Le gouvernement fait deux
bâillons en deux jours. Quand on dit que la société
acquiert les droits et assume les obligations du ministre au titre du contrat
qui le lie au manufacturier, à quel moment la société
acquiert-elle les droits et assume-t-elle les obligations du ministre au
titre du contrat qui le lie au manufacturier?
M. Côté (Charlesbourg): Au moment de l'entrée
en vigueur de la loi.
Le Président (M. Saint-Roch): D'autres interventions? M.
le député de Lévis.
M. Garon: Au moment de l'entrée en vigueur de la loi?
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
Interventions à l'article 3?
M. Garon: II y a une question que j'aimerais poser au ministre.
Comme ce sont des lettres d'Intention qui ont été signées
fin mai ou au début de juin et qu'on demande la
rétroactivité au 11 Juillet 1988 dans un projet de loi de quatre
articles, incluant l'article de mise en vigueur et de
rétroactivité, pourquoi est-ce que le ministre a
déposé ce projet de loi seulement le 15 novembre plutôt
qu'au début de la session? Cela aurait déjà pu être
adopté, d'autant plus qu'entre la mi-octobre et la mi-novembre les trois
quarts du temps la Chambre ajournait après la période des
questions, peut-être pas les trois quarts du temps, mais souvent.
Plusieurs commissions parlementaires ne siégeaient pas à ce
moment-là; il y avait du temps de libre en quantité. Pourquoi
faire ça dans une fin de session, après avoir
déposé 29 projets de loi le 15 novembre? Je pense aux projets de
loi 91 et 76. On aurait aimé les étudier dès le mois
d'octobre ou de novembre, afin que cela n'arrive pas dans la période
intensive de la session, alors que le gouvernement savait qu'il y avait des
projets de loi considérables, comme celui sur les caisses
d'épargne et de crédit, qui compte 589 articles, les projets de
loi 106 et 107 - autour de 600 articles - donc des projets de loi
considérables. Pourquoi ne pas l'avoir présenté avant?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): II y a des règles.
Depuis notre arrivée, il y a un certain nombre de règles qui
doivent être respectées sur le plan du processus
législatif. Sous votre gouverne aussi, vous avez dit: le 15 novembre,
c'est la date ultime pour déposer des projets de loi qu'on souhaite voir
adopter avant les fêtes. Dans ce cas-ci, cette règle a
été respectée. Finalement, on peut bien poser la question:
Pourquoi ne l'avez-vous pas fait avant? Pourquoi ne l'avez-vous pas fait le
printemps passé, avant même d'acheter les wagons ou avant
même de savoir que vous pourriez faire affaire avec Bombardier? Quant
à ça, on peut bien le demander de cette
manière-là.
C'est au moment où il y a eu la signature du contrat qu'on s'est
rendu compte qu'il y avait des obligations sur le plan de la loi que nous
devions faire, et nous avons enclenché le processus normal d'un
comité ministériel, d'un comité de législation et,
par la suite, le dépôt. Nous sommes là aujourd'hui.
M. Garon: La règle du gouvernement, pour que les projets
de loi soient adoptés avant Noël, la date limite, c'est le 15
novembre.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Garon: Le but, ce n'est pas de tous les déposer le 15
novembre, c'est la date limite. Cela ne veut pas dire: N'en déposez pas
avant le 15 novembre et déposez en vrac 29 projets de loi. Je vais vous
dire qu'il y a des pages de lecture là-dedans. Pardon?
M. Middlemiss: La mémoire est une faculté qui
oublie.
M. Garon: Non. C'est parce que dans un projet de loi... Il y a
des projets de loi escamotés, on voit des lois qui pètent, qui
sont à moitié faites. Dans une loi, même les virgules
comptent. Les conseillers juridiques du ministre pourront vous le dire; une
virgule mal placée dans un projet de loi peut changer la signification
de l'article ou de la loi. Tout compte dans un projet de loi. Je ne veux pas
dire que le projet de loi qu'on étudie brille par sa précision;
il y a onze lignes et trois quarts. On ne peut pas dire que c'est un long
projet de loi. C'est pour ça que je pense qu'on aurait pu
l'étudier au début de la session, alors que le Parlement ne roule
pas à plein régime. Le ministre, qui reproche à la STCUM
d'avoir une mauvaise planification de ses affaires, devrait prêcher par
l'exemple et non pas déposer quatre projets de loi le 15 novembre,
à la date limite. Il devrait les déposer à temps, pas
à la dernière minute comme ça. On sait qu'entre le 15
novembre et le 1er décembre les gens travaillent à des heures
normales: le matin, l'après-midi et un peu en soirée. Mais le
régime continu du 1er décembre, n'est pas nécessairement
le meilleur régime pour adopter les projets de loi plus
sophistiqués, plus compliqués, parce que l'étude se fait
avec des gens qui sont pas mal plus fatigués.
M. Côté (Charlesbourg): Très
brièvement là-dessus, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre. (17 h
45)
M. Côté (Charlesbourg): II y a des choses que le
député de Lévis a dites et que je ne peux pas laisser
passer. Je suis encore à chercher des projets de loi qu'on a
adoptés depuis trois ans et qui ont pété devant les
tribunaux. Il y en a
peut-être, mais je ne m'en souviens pas. Je me souviens que
lorsque j'étais dans l'Opposition il y a un maudit paquet de projets de
loi adoptés par eux qui ont pété devant les tribunaux. Il
y a des gens qui sont dans la salle parce qu'il y a un règlement qui a
pété devant les tribunaux. S'ils ont été
obligés de venir, c'est parce qu'il a été fait en 1977, ce
règlement, et qu'il a pété devant tes tribunaux. Si on
veut jouer à cela, se rappeler ce qui a pété devant les
tribunaux par rapport à ce qui ne pète pas, si cela n'avait pas
pété devant les tribunaux, le règlement qui est là
sur le vrac, on ne serait pas là aujourd'hui pour régler les
problèmes de ceux qui sont ici et qui souhaiteraient davantage
être dans le champ à travailler avec leur camion que d'être
ici à attendre et à écouter cela pendant des heures de
temps.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 3?
M. Garon: Je veux dire au ministre qu'il est trop tôt pour
dire que les projets de loi de son gouvernement n'ont pas pété.
Cela ne pète pas dans les deux premières années. Alors,
quand le gouvernement élu...
M. Côté (Charlesbourg): Cela a fait trois ans le 2
décembre.
M. Garon: ...commence à siéger en 1986, il n'y a
pas eu encore beaucoup de causes jugées sous le régime qui a
été établi depuis que les libéraux sont au
gouvernement. Vous savez qu'une cause, cela prend une couple d'années,
deux ou trois ans, et qu'actuellement les lois qu'ils ont adoptées et
qui sont de leur cru ne sont pas longues et nombreuses. Cela a
été en 1987 et en 1988. Alors, vous comprenez qu'à ce
moment-ci on ne peut pas dire que le bilan est exhaustif. Le bilan n'est pas
encore commencé à ce point de vue.
M. Côté (Charlesbourg): J'ose espérer que
vous ne souhaitez pas qu'il en pète, j'espère que ce n'est pas
votre souhait!
M. Garon: Je pense qu'on prend des risques quand je vois par
exemple la loi 37, le bâillon, le ministre a déposé 100
amendements sur 134 articles dans les heures qui ont
précédé.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Parlez-nous donc de ceux
qu'on a adoptés. Vous êtes un bon légiste, cela fait
quelques années qu'on est ensemble. Vous en avez bonifié des
projets de loi avec l'ouverture d'esprit qu'on a eue.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le
député.
M. Garon: J'en al fait 60 et je dois vous dire...
M. Côté (Charlesbourg): 60.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon: ...entre 1976 et 1985, qu'il n'y a pas encore un
article qui a sauté.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis, j'ai énormément de difficulté à
relier vos propos à i'article 3. J'aimerais, s'il vous plaît,
qu'on revienne un peu à la pertinence de l'article 3. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions à l'article 3?
M. Garon: On dit: "La société acquiert les droits
et assume les obligations du ministre au titre du contrat qui le lie au
manufacturier." À ce moment-là - je sais que vous avez
parlé de cela, mais je ne sais pas si vous l'avez dit
précisément sur cela - est-ce que les paiements vont être
assumés, à compter de la cession du contrat, par la STCUM ou si
c'est le ministre au ministère qui va continuer à faire les
paiements?
M. Côté (Charlesbourg): Les paiements vont se faire,
à compter de la cession du contrat, par la STCUM.
M. Garon: Est-ce qu'il est fait le contrat? Est-il
prêt?
M. Côté (Charlesbourg): Le contrat est fait, il est
signé et le protocole aussi.
M. Garon: Cela veut dire qu'au fond II reste la loi...
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela. M. Garon:
...pour entériner tout cela. M. Côté (Charlesbourg):
C'est cela.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'y y a d'autres
interventions à l'article 3?
M. Garon: Non, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 3 est
adopté?
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 3 étant
adopté sur division, j'appelle l'article 4.
M. Côté (Charlesbourg): "Les dispositions de la
présente loi entrent en vigueur le (indiquer ici la date de la
sanction). Toutefois, l'article 1 a effet depuis le 11 juillet 1988."
M. Garon: C'est un gros article aussi. Vous savez, la
rétroactivité en droit, c'est une formule très
exceptionnelle. Il y a seulement le nouveau président du Conseil du
trésor qui pensait, à un moment donné dans un projet de
loi, qu'il pouvait mettre une clause réglementaire, une disposition pour
permettre de faire des règlements "at large", sur n'importe quoi,
rétroactivement. On sait qu'en droit la clause de
rétroactivité est une clause très exceptionnelle. Ici, on
a une clause de rétroactivité pour valider rétroactivement
des choses qui ne seraient pas valides au fond, des contrats qui ne seraient
pas valides. Le ministre vient de nous apprendre une chose importante, c'est
que tout est signé à ce jour. Tantôt on parlait de
l'entente à intervenir et il m'a laissé entendre dans ses
réponses que l'entente n'était pas signée avec la ville de
Montréal et qu'elle serait signée à la suite de la loi.
Là, il vient de dire que tout est signé. Il me semble que je n'ai
pas eu la même réponse. Tantôt, lorsque j'ai posé les
questions, vous avez dit que l'entente serait signée après
l'adoption de la loi. Là, vous venez de me dire que tout est
signé.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, je n'ai pas dit
que tout était signé. Tout était négocié,
tout a été négocié. Ce n'est pas signé. Cela
a été négocié. Le protocole est
négocié; il n'est pas signé. Si je vous ai dit cela, je ne
vous ai pas dit la vérité. Au cas où je vous aurais dit
cela, effacez cela. Si c'est cela, ce n'était pas la
vérité. La vérité, c'est que c'est
négocié, cela reste à être signé à
partir du moment où le projet de loi sera adopté.
M. Garon: Cela veut dire que ce n'est pas signé - c'est
important, cela - d'aucune façon, ce n'est pas signé.
M. Côté (Charlesbourg): Pouvez-vous m'expliquer un
peu les façons de signer?
M. Garon: Vous voulez mettre en place rétroactivement, au
11 juillet 1988, des choses qui sont prévues dans le projet de loi.
M. Côté (Charlesbourg): Le contrat, lui, il y a
quelqu'un qui l'a signé pour que Bombardier en commence la
réalisation.
M. Garon: Qui l'a signé?
M. Côté (Charlesbourg): C'est le
ministère.
M. Garon: Le contrat avec Bombardier est signé.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Garon: L'entente avec la ville de Montréal, avec la
Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal, elle, n'est pas signée.
M. Côté (Charlesbourg): Vous avez toujours raison de
parler davantage de Montréal quand vous parlez de la STCUM,
évidemment.
M. Garon: Pour les deux.
M. Côté (Charlesbourg): Mais ce n'est pas
signé. Le protocole n'est pas signé.
M. Garon: Alors, il serait encore temps pour le ministre de
s'assurer que les garanties seront vraiment, en tout cas revendiquées ou
réclamées, même si elles ne m'apparaissent pas
extraordinaires. Je vois votre conseiller juridique qui dit oui, mais vous,
vous souriez.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): M'avez-vous posé une
question?
M. Garon: Oh oui, j'avais posé une question.
M. Côté (Charlesbourg): Voulez-vous la
répéter?
M. Garon: Votre conseiller juridique, lui, faisait signe que
oui.
M. Côté (Charlesbourg): Non, c'était sur
autre chose.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Garon: Hein?
M. Côté (Charlesbourg): II me disait: Oui,
effectivement, il a raison de se mêler quand il parle de la STCUM et
qu'il parle de la ville de Montréal. C'est ça qu'il disait: Oui,
il a raison.
M. Garon: Ah bon!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Parent (Bertrand): Là, il dit non.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis, est-ce qu'il y a d'autres interventions à l'article
4?
M. Garon: J'ai posé une question. Est-ce que le ministre,
étant donné les discussions que nous avons eues ici autour de
cette table, a l'intention d'avoir des dispositions - qui aideraient,
d'ailleurs, la Société de transport de la Communauté
urbaine de Montréal, parce que c'est lui qui a négocié les
contrats - pour que les clauses de garantie soient vraiment
revendiquées
ou réclamées, s'il y a lieu...
M. Côté (Charlesbourg): Appliquées.
M. Garon:... ou appliquées, si vous vouiez, pour que
l'exécution en soit demandée, s'il y a lieu?
M. Côté (Charlesbourg): J'ai dit au
député de Lévis, tantôt, qu'à partir des
programmes réguliers du ministère aux subventions
d'immobilisations c'était un élément qui n'était
pas là, mais que je me faisais fort de faire l'analyse qu'il fallait
pour être capable de l'inclure.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Avant de passer à l'article 5, et il
n'y en a pas, alors avant de conclure, est-ce qu'il y a, dans le contrat, une
clause escalatoire sur le prix ou si on a bel et bien un prix ferme?
M. Côté (Charlesbourg): Ferme.
M. Parent (Bertrand): Un prix ferme. Donc, il n'y a pas de
possibilité lorsque le dernier wagon sera livré, de porte de
sortie où on se retrouve avec un excédent en dehors de ce qui est
confirmé.
M. Côté (Charlesbourg): Non. C'est ferme.
M. Parent (Bertrand): Si on me l'assure. C'est parce
qu'habituellement, quand, ça s'échelonne sur une période
de six à huit mois, on a des clauses qui permettent au fabricant
d'arriver avec des petites factures additionnelles.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ferme.
M. Parent (Bertrand): S'il n'y en a pas, il n'y en a pas.
M. Côté (Charlesbourg): II n'y en a pas.
M. Parent (Bertrand): Si c'est exact, cela va.
M. Garon: Aucune possibilité...
Le Président (ML Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon:... de factures additionnelles? Aucune
possibilité? Est-ce qu'on a prévu une clause, au cas où il
y aurait des exigences additionnelles en cours de contrat? Souvent, dans les
contrats de cette importance-là, il y a des clauses - le travail peut
être du travail horaire; je sais que, dans les chantiers maritimes, c'est
du travail calculé à l'heure - pour permettre des changements en
cours de route.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, il y a une clause. S'il
y a des changements aux devis, c'est clair qu'en cours de route il faut le
faire.
M. Garon: Oui, je comprends.
M. Côté (Charlesbourg): II y en a une.
M. Garon: De quelle nature est-elle?
M. Côté (Charlesbourg): On cherche la nature.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg):...
M. Garon: Aux coûts?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Garon: Le député de Bertrand, tantôt, a
fait allusion à des prolongations de la série, parce qu'il s'agit
des 24 wagons qui vont être prêts au mois de mars. Supposons qu'il
y ait des besoins additionnels et qu'on considère que ce type de wagons
correspond aux besoins, est-ce qu'il y a une entente portant sur
l'éventualité d'une addition à la commande actuelle ou si
ça devrait être entièrement un nouveau contrat sans aucune
référence à ce contrat-là?
M. Côté (Charlesbourg): Ce serait un nouveau
contrat.
M. Garon: II n'y a eu aucune référence ou quoi que
ce soit à ce sujet. Il s'agit pourtant d'un modèle qui a de
l'importance. Vous avez laissé entendre tantôt, lorsque vous avez
mentionné SEPTA en Pennsylvanie, qu'il y avait une autre
entreprise...
M. Côté (Charlesbourg): Amtrak.
M. Garon:... Amtrak, qui avait passé des commandes. Donc,
c'est un modèle qui, normalement, devrait être...
M. Côté (Charlesbourg): Qui va continuer.
M. Garon:... qui devrait continuer. Alors, comme vous allez
être obligé, à ce moment-là... Il y a toujours
avantage, au lieu d'avoir cinq ou six véhicules différents,
à avoir des véhicules plus homogènes pour les
réparations, pour la formation des techniciens, pour l'entretien, etc.
Est-ce qu'on a prévu, d'une façon ou d'une autre, l'avenir
concernant ce modèle de wagons ou de voitures?
M. Côté (Charlesbourg): L'avenir de ce wagon est
assuré en particulier par les comman-
des provenant des États-Unis et par notre propre commande
à nous, aussi, qui est en voie d'être livrée. J'ai dit
précédemment que, dans le cas de Deux-Montagnes, nous
étions à examiner les possibilités et que ça se
ferait au cours de l'année 1989. Par conséquent, on verra ce qui
va arriver.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Bertrand.
M. Parent (Bertrand): Une dernière question. Si la STCUM
décide de ne pas faire l'un des paiements, lorsqu'il devient dû,
à cause d'un défaut de fabrication ou pour quelques raisons que
ce soit, ne pensez-vous pas que, sur le plan juridique, Bombardier ne serait
pas en mesure de poursuivre celui qui a passé la commande, qui est
ratifiée au 11 juillet, qui est le ministère, et, à ce
moment-là, que ce serait le ministère qui serait poursuivi par
Bombardier, advenant un cas de litige dans une commande comme celle-ci?
M. Côté (Charlesbourg): Non, la loi qui est
là est claire...
M. Parent (Bertrand): II n'y a aucun recours possible
vis-à-vis du ministère.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Parent (Bertrand): Ce sera finalement un règlement de
comptes entre la CTCUM et Bombardier; c'est cela que vous me dites?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 4?
M. Garon: Comme cessionnaire et comme cédant - parce que
le ministre se retrouve un peu dans la position d'un cédant - si le
cessionnaire n'exécute pas les obligations que le ministre avait
prises.... Supposons, justement, que le cessionnaire voudrait faire ce que le
ministre disait qu'il voulait faire lui-même au point de vue du paiement,
advenant des difficultés - je dis ça, je ne dis pas qu'il va s'en
présenter - qu'est-ce que le ministre peut faire dans ces
cas-là?
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez, l'article 3
est clair: "La société acquiert les droits et assume les
obligations du ministre au titre du contrat qui le lie au manufacturier." C'est
la loi qui règle le problème.
M. Garon: Cela, habituellement, c'est clair jusqu'à tant
qu'on n'interprète pas ça de la même façon.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, peut-être
que d'ici ce temps-là vous serez juge, alors vous serez à
même de...
M. Garon: Non, je ne suis pas intéressé; je n'ai
pas le tempérament pour cela et je n'en ai pas le goût.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, si jamais
c'était le cas, ça ferait des Interrogatoires assez longs.
M. Parent (Bertrand): Je ne vous souhaite pas d'être la
personne jugée.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M. Garon: J'irais surtout à l'aide juridique, à ce
moment-là, pour que les frais d'avocat ne soient pas trop
élevés. Vous, vous êtes dans l'assurance, d'après
votre contentieux, que...
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela. C'est ce que le
contentieux m'assure. J'ai énormément confiance en mon
contentieux qui m'a bien guidé depuis trois ans et je respecte
scrupuleusement - en n'ayant pas de formation de base sur le plan juridique -
ce qu'ils me conseillent.
M. Garon: Vous savez, je vais vous dire une affaire par
expérience, non pas parce que j'ai eu une mauvaise expérience,
mais la confiance en un contentieux vient habituellement après le
deuxième mandat. Je dois vous dire qu'au premier mandat, à ce
moment-là, ii n'y a pas encore eu assez de choses que vous avez faites
qui sont contestées devant les tribunaux, mais, au cours du
deuxième mandat, vous vous en rendez compte, en voyant ce qui arrive
à vos collègues. Maintenant, je ne sais pas si ce sera le
ministre ou son successeur qui sera pris avec les problèmes.
M. Côté (Charlesbourg): Je suis très heureux
de voir que le député de Lévis confirme qu'on fera un
deuxième mandat.
M. Garon: Je n'ai pas dit ça.
M. Côté (Charlesbourg): Bien non, mais vous avez
parlé d'un constat selon lequel c'est au deuxième mandat qu'on
constate, et vous me dites: Je ne sais pas si le ministre sera là ou si
ce sera un autre, son successeur. Donc, vous confirmez qu'on fera un
deuxième mandat. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M. Côté (Charlesbourg): Adopté. M. Garon:
Sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté sur division.
Est-ce que le titre du projet de loi 91,
Loi sur l'acquisition de voitures pour la ligne de trains entre les
villes de Montréal et de Rigaud, est adopté?
M. Garon: Adopté.
M. Côté (Charlesbourg): Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'ensemble du
projet de loi 91 est adopté?
M. Côté (Charlesbourg): Adopté.
M. Garon: Surdivision.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté sur division.
Ceci met fin au projet de loi 91.
Constatant qu'il est maintenant 18 heures, la commission suspend ses
travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 9)
Projet de loi 76
Le Président (M. Saint-Roch): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend maintenant ses travaux
pour procéder à l'étude du projet de loi 76, Loi modifiant
la Loi sur les transports. Est-ce qu'il y a des remarques préliminaires,
M. le ministre?
Remarques préliminaires M. Marc-Yvan
Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, nous
en sommes à une étape extrêmement importante d'un processus
qui a duré un bon bout de temps et qui a d'abord été
précédé par une analyse de la situation du vrac dans tout
le Québec. Cette étude a été faite par des gens du
ministère, qui ont parcouru l'ensemble du Québec afin de
recueillir toute une série d'informations. Elle a été
doublée d'une enquête scientifique qui a aussi fait l'objet d'une
publication et qui lui a donné beaucoup de crédibilité.
Pour une des premières fois, on a pu obtenir des données
extrêmement importantes venant des propriétaires de permis de vrac
qui nous ont permis d'avoir un portrait assez large de l'industrie.
Au-delà de tout cela, nous avons, avec des officiers du
ministère, préparé une proposition de règlement qui
a été soumise à une consultation très large
à Saint-Hyacinthe, puisqu'il y avait là au moins 200 ou 250
personnes avec qui nous avons discuté pendant trois ou quatre heures; ii
y a des moments où la température s'est élevée,
d'autres où elle s'est rabaissée. De cette réunion est
sortie l'idée de créer un comité d'une vingtaine de
personnes, 24 plus précisément, représentant toutes les
régions du Québec, représentant l'ANCAS, avec les
officiers du ministère. On y a négocié, travaillé
ensemble d'arrache-pied pour tenter de trouver des solutions aux
problèmes que nous vivions, qui découlaient, en particulier, des
jugements que les tribunaux avaient portés sur le règlement,
toujours dans le but d'en arriver à une plus grande ouverture et de
tenter de régler des problèmes vécus et certains
problèmes appréhendés. Nous voulions donc un nouveau
règlement avec des assises sur le pian juridique qui pourraient nous
donner toutes les chances qu'il ne soit pas contesté. C'est dans ce sens
que le projet de loi a été préparé avec très
peu d'articles, une douzaine, je pense, dix plus précisément, et
avec un règlement qui a été publié mercredi, dans
la Gazette officielle du Québec, accepté par le conseil il
y a quelque temps et négocié aussi avec les intervenants du vrac,
de sorte que, dès le début de l'année 1989, puisse
s'enclencher le processus de mise en place de ces structures, de cette
confection de liste, que nous souhaitons, de gens intéressés
à faire partie d'un poste ou d'un sous-poste et, par le fait même,
que puisse s'enclencher toute la procédure, afin de régler, nous
l'espérons, pour assez longtemps la problématique du vrac au
Québec, avec des assises juridiques très importantes.
Suivra, lorsque tout cela sera mis en place, donc après les
fêtes, une rencontre qu'on a souhaitée pendant longtemps. On a en
effet consulté les camionneurs à travers le Québec et on a
associé à notre consultation l'ACRGTQ, le but ultime étant
de se retrouver, après les fêtes, dans une rencontre où
l'ACRGTQ serait présente, avec les gens du vrac pour discuter de
l'amélioration des conditions de l'un et de l'autre dans la pratique de
ce métier et faire en sorte qu'on puisse avoir la paix et que les gens
puissent en avoir et en faire davantage, tenter d'élargir l'assiette de
travail à distribuer. Dans la mesure où chacun, à la fois
les patrons, donc les donneurs d'ouvrage, et ceux qui obtiennent l'ouvrage,
pourra dire son point de vue fermement, comme ils l'ont fait avec le
ministère, avec toute l'ouverture d'esprit nécessaire. On pourra
régler d'autres problèmes, s'il en subsiste, afin de pouvoir
travailler de manière optimale, un peu partout au Québec, avec
des entrepreneurs artisans de toutes les régions du Québec, tout
en protégeant le travail, dans chacune des régions du
Québec, pour les artisans qui se seraient regroupés, soit dans un
poste, soit dans un sous-poste, mais à leur choix.
C'est le but de la loi, M. le Président, de trouver des assises
juridiques qui nous permettraient, au lendemain de l'adoption d'une loi que
nous avons adoptée il y a à peu près un an, de
concrétiser dans la loi la clause 75-25 de manière très
importante. Je suis extrêmement heureux de remarquer que les artisans ou
les représentants qui ont négocié avec nous depuis un bon
bout de temps se trouvent dans cette salle afin
d'assister aux délibérations et, en partie, au
façonnement de ce que sera la loi et, par conséquent, des
paramètres de leur action à l'avenir.
Quant à moi, M. le Président, je serais prêt
à entamer immédiatement l'analyse du projet de loi.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. M. le député de Lévis, est-ce que vous avez des
remarques préliminaires?
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, nous nous retrouvons ici pour
l'adoption d'un projet de loi pour lequel, en deuxième lecture, j'avais
assuré le ministre de la collaboration de l'Opposition. Je pense que
c'est un projet de loi important que nous attendions depuis longtemps, puisque
ça fait au-delà d'un an et demi que le processus a
été mis en marche. On peut dire que cela a été une
longue gestation, puisque le jugement invalidant certaines dispositions du
règlement remonte à 1986, lorsque, dans l'affaire Transporbec
inc., le juge Alice Desjardins à la Cour supérieure a
invalidé une disposition du règlement qui accordait
l'exclusivité des permis de courtage aux associations sans but lucratif
et aux coopératives. Le jugement datait du 20 mai 1986. Il y a eu un
autre jugement, le 28 janvier 1987, devant le juge Alphonse Barbeau, de la Cour
supérieure, dans l'affaire Poste de courtage Montréal-Laval,
région 10 inc. versus Transport Lager et al, de la ville de
Montréal, et, finalement, un autre jugement au mois de décembre
1986: Charles-Henri Fortier contre Serge Lafleur, devant les juges Dubé,
Paré et Nichols, de la Cour d'appel. Ce qui veut dire, au fond, que tous
ces jugements-là nous ramènent à il y a presque deux ans
pour le dernier et à plus de deux ans pour les deux autres, puisqu'il
s'agissait de jugements de 1986, autour de deux ans. Le processus de
consultation avait été engagé à ce moment-là
et, depuis longtemps, on attendait ce projet de loi qui, comme on l'a
mentionné, n'est pas un projet de loi volumineux - mais les projets de
loi n'ont pas besoin d'être volumineux pour être importants - parce
que, dans le fond, il y a dix articles, et le dixième est pour la mise
en vigueur de la loi. Essentiellement, il y a donc trois pages et quelques
lignes, qui, cependant, ne règlent pas tous les problèmes.
Je suis content de voir que le règlement a été
publié dans la Gazette officielle de cette semaine, parce qu'il
est indicatif, en même temps... J'aurais aimé ça le savoir,
mais, que voulez-vous, quand on siège en commission parlementaire le
matin, l'après-midi et le soir jusqu'à minuit et qu'à la
fin de la soirée, j'ai au moins une demi-heure de voiture à faire
pour retourner à la maison et repartir le matin, je dois vous dire que
ma lecture de chevet, habi- tuellement, ce n'est pas la Gazette officielle.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: C'est pour cela que j'aurais aimé le savoir,
parce que j'en ai une pile sur mon bureau; j'ai un peu de retard dans la
lecture de la Gazette officielle.
Cependant, je pense bien que le ministre sentait, lui aussi, que
ça lui avait pris un peu de temps parce qu'au congrès du mois de
mai à Chicoutimi il a préféré ne pas y aller. Il
s'est dit: Les gens vont me brasser un peu, parce que je n'ai pas encore
déposé le projet de loi. Le ministre le sentait et je pense que
c'est tout à son honneur d'avoir eu des remords...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: ...parce que, s'il n'avait pas eu de remords, il y
serait allé. Mais, comme il s'est dit: Est-ce que ce n'est pas trop
vite? Il n'y est pas allé. Il y a aussi des questions que j'ai
soulevées lors de l'étude du principe du projet de loi, qui
touchent les camionneurs. J'ai toujours eu beaucoup d'estime pour les gens qui
gagnent leur vie. J'ai été habitué pendant neuf ans avec
les cultivateurs. Ce sont des gens qui, à mon avis, se ressemblent,
parce que ce sont des gens qui investissent pour gagner leur vie. C'est plus
difficile, c'est plus compliqué. Les cultivateurs administrent une
terre; les camionneurs administrent un camion qui coûte de l'argent.
Souvent, ils administrent un camion qui vaut beaucoup d'argent pour, à
la fin de l'année, retirer l'équivalent d'un salaire ou non,
parfois, quand ils ont déduit leurs dépenses du revenu brut. Le
revenu brut et le revenu net, dans ce domaine-là, ce n'est pas tout
à fait la même chose quand on a fait les paiements d'assurances
sur le camion, les dépenses d'essence, etc.
Je pense que, dans des secteurs comme ceux-là, les gens doivent
avoir le plus de sécurité possible, parce que c'est un domaine
où il y a beaucoup d'insécurité. Cet hiver, par exemple,
les gens ne savent même pas s'il va y avoir de la neige, à toutes
fins utiles, parce que, jusqu'à maintenant, il n'y a pas eu de neige.
Alors, ceux qui gagnent leur vie dans la neige n'ont pas gagné
grand-chose. À toutes fins utiles, ils ne gagnent rien, parce qu'il n'y
a pas de neige. Donc, si on a un hiver sans neige, par exemple, leurs revenus
vont être bas au cours de la saison froide, alors que plusieurs d'entre
eux comptent sur ces revenus pour gagner leur vie.
Au cours de la période estivale, ça dépend. Une
source importante de revenus, ce sont les travaux du ministère des
Transports. C'est donc en fonction des travaux qui sont effectués et,
comme les travaux de construction et d'entretien ont diminué avec le
changement de gouvernement, il y a moins de travaux... J'ai d'ailleurs eu
l'occasion d'en dire un mot en Chambre, à l'Assemblée nationale,
à quelques reprises. Il y a
eu beaucoup moins de travaux de construction de routes, moins de travaux
d'entretien, alors, ça fait moins de travaux pour gagner sa vie. C'est
un fait et il faudra revenir là-dessus à d'autres reprises et
plus souvent.
Je n'en ai pas parlé durant la première année
où j'étais aux transports, je me suis dit: Bon, laissons-lui le
temps, un peu. En 1986, le budget n'a pas été gros. Il a
baissé considérablement dans le domaine des transports. Pourtant,
on disait que plusieurs députés devaient leur élection au
député de Charlesbourg. Alors, je me suis dit: Ils vont l'appuyer
pour qu'il ait un gros budget. J'étais convaincu qu'il aurait un budget
considérable, mais le budget a été petit, il a
été plus petit. En 1987, le budget n'a pas augmenté pour
la peine et on peut dire qu'en termes réels il n'a pas atteint le budget
qu'il y avait en 1985 dans le domaine des transports. Alors, cela, ça
fait moins de revenus pour ceux qui travaillent dans le domaine de la
construction des routes et pour ceux qui travaillent dans le domaine des
infrastructures routières, par exemple, comme les camionneurs artisans.
il y a aussi les surcharges dans le domaine de la sécurité
routière. À plusieurs reprises, lorsqu'on avait
étudié ces questions pour la Loi sur le camionnage, le ministre
avait donné des assurances sur ce plan. Mais on remarque qu'il y a
beaucoup de critiques concernant l'application de la loi sur les surcharges et
tout le personnel que le ministre avait dit qu'il mettrait en place; encore
là, il n'a pas obtenu les sommes d'argent qu'il aurait dû avoir
pour ça.
Pourtant, on aurait dû s'y attendre, d'autant plus que le ministre
des Finances a pris, sur quatre ans, l'équivalent de 450 000 000 $ dans
la caisse de l'assurance automobile, c'est-à-dire 60 000 000 $ par
année depuis 1986; sur quatre ans, avec l'indexation, ça fait
autour de 250 000 000 $ plus 100 000 000 $ par année, en 1988 et en
1989. Tout ça pour le ministre des Finances qui, en fait, n'est pas
assuré par l'assurance automobile. Il ne paie pas de primes. Pourtant,
celui qui aura les plus grosses prestations, ce sera lui, le ministre des
Finances, qui sera allé chercher 450 000 000 $ dans la caisse. J'avais
dit au ministre, à ce moment-là, qu'il aurait dû refuser,
parce que c'est lui qui est le gardien de la caisse des assurés et il
m'a dit qu'il était très content d'avoir donné 450 000 000
$ au ministre des Finances. Cela, je n'ai pas compris ça, parce que, je
vais vous dire une chose, je pensais qu'il dirait: "Over my dead body", selon
la formule anglaise.
Une voix: Vous parlez anglais?
M. Garon: Oui. C'est toujours mieux, en Amérique du Nord,
pour savoir ce qui se passe de l'autre côté des lignes, de parler
anglais. En 1939-1945, celui qui parlait l'allemand était plus en
sécurité que celui qui ne le comprenait pas.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Il pouvait écouter ce qui se disait à la
radio.
M. Poulin: Vous devriez faire comprendre ça à vos
alliés.
M. Garon: Comment ça?
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: Au Québec, c'est une affaire que le
français soit la langue de travail, mais pouvoir comprendre l'anglais,
c'est une autre affaire. De toute façon, le ministre devrait faire
respecter les règlements pour la sécurité des camionneurs,
parce qu'il ne faut pas qu'il y ait une concurrence enragée et
effrénée entre eux. D'ailleurs, j'avais dit au ministre, lors de
l'adoption de la Loi sur le camionnage, qu'en Californie où on avait
déréglementé, on recommençait à
réglementer, parce qu'on s'était rendu compte que l'application
de la déréglementation dans le domaine du camionnage avait
conduit à ce que les grosses compagnies, les plus grosses, mangeaient
les moyennes, de telle sorte qu'on se retrouvait avec la disparition, à
toutes fins utiles, des compagnies moyennes dans le domaine du camionnage, qui
avaient été avalées par les grosses compagnies avec la
multiplication des petits camionneurs qui, parce qu'ils étaient plus
nombreux, avec une concurrence beaucoup moins réglementée, se
retrouvaient avec un revenu plus faible. Cela a été
l'expérience de la Californie qui a recommencé à
réglementer dans le secteur du camionnage. Habituellement, la
Californie, en Amérique du Nord, est toujours, depuis plusieurs
années, en avant des autres, parce que c'est là qu'on
expérimente, aux États-Unis, ce qui se fera ailleurs. On y
expérimente les formules modernes. Il aurait été bon de
voir, par exemple, que les effets de la déréglementation ont
été Ses mêmes que dans le secteur de l'aviation où
les grosses compagnies, on l'a vu il y a quelques années aux
États-Unis, ont avalé les moyennes qui sont disparues alors que
les petites se sont multipliées, mais, encore là, avec une
concurrence qui est très forte, parce que les petites ne sont pas
organisées pour se protéger face aux acheteurs qui ont le gros
bout du bâton.
Dans le domaine des surcharges, au fond, c'est le transporteur qui
décide un peu. Encore là, dans l'application de la loi, alors
qu'on disait qu'on devait poursuivre, en ce qui concerne les surcharges, autant
les transporteurs que les camionneurs, actuellement, les gens du camionnage se
plaignent et disent que, dans le fond, ce n'est pas appliqué.
Et aussi, en ce qui concerne l'application de la clause 75-25 avec les
municipalités, je pense qu'il y a un point qui est soulevé par
l'ANCAl, qui se défend et sur lequel le ministre n'a pas
semblé vouloir, jusqu'à maintenant en tout cas, dans ses
déclarations, se compromettre ou il se compromettait en disant qu'il ne
voulait pas toucher à ça. il y a aussi le non-respect des droits
des camionneurs dans les contrats fédéraux alors que les
entrepreneurs qui obtiennent des contrats fédéraux, qui ne
respectent pas la loi et le règlement sur le camionnage,
pénalisent les camionneurs artisans. Le gouvernement
fédéral, quand il agit au Québec, dans ce
domaine-là, devrait respecter les taux minima de transport, il devrait
respecter les règles comme les autres dans le domaine du camionnage au
Québec.
C'est pour cela que j'en parle dans les remarques préliminaires -
parce qu'au-delà de la loi et des règlements il y a l'application
de la loi et des règlements. On peut avoir la meilleure loi au monde et
les meilleurs règlements, mais qu'on ne les applique pas. C'est toujours
un problème lorsque la loi et les règlements ne sont pas
appliqués, soit parce qu'il n'y a pas de personnel suffisant ou encore
parce que la volonté d'appliquer la loi n'est pas assez forte.
C'est pourquoi j'aimerais, à ce moment-ci, que le ministre nous
donne certaines explications concernant ces cas concrets et, notamment,
concernant le sel de Pontiac. Il en a dit un mot en Chambre, mais pas d'une
façon très explicite, lors de son discours en deuxième
lecture. J'aimerais cela, dans l'affaire du sel de Pontiac, qu'il nous dise si
la question est réglée de façon définitive
maintenant.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Lévis. M. le ministre.
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): Vous comprendrez, M. le
Président, que je ne peux pas laisser en plan toute la série
d'interrogations que le député de Lévis a soulevées
et qui méritent, assurément, dans certains cas, d'être
corrigées. Il y a des devoirs qui peuvent être bien faits par
certains étudiants et mal faits par d'autres ou faits partiellement. Il
faut donc, à l'occasion, corriger ces devoirs.
Le député de Lévis a dit: Cela a été
une longue gestation. J'ai préféré une longue gestation
acceptée par le milieu qu'une courte gestation non souhaitée par
le milieu. J'ai souhaité quelque chose d'applicable, d'acceptable par
les parties, en prenant le temps qu'il faut pour le faire, avec la
disponibilité qui a été donnée aux entrepreneurs
et, en particulier, aux artisans qui ont eu une collaboration très
étroite du ministère et du ministre aussi - je pense qu'on peut
le dire - et très soutenue, qui a obligé le ministre à
trancher, à l'occasion, dans certains cas, et je l'ai fait. (20 h
30)
Donc, c'est clair, l'important, c'est que la gestation finisse par
aboutir. C'est cela, l'impor- tant. Tu peux être en gestation pendant
cinq ans, si cela n'aboutit à rien, ça fait une belle
consultation et une belle concertation, mais qui ne donne rien. On est
aujourd'hui devant des faits concrets. Le projet de loi est là, le
règlement qui l'accompagne a été publié. Ce n'est
donc pas une question d'aller plus loin, d'attendre. C'est une question
d'application dès l'année 1989 et c'est pour ça que le
règlement a été publié.
Je vais prendre les questions du député de Lévis
une par une pour tenter de répondre à tout ça. En parlant
de gestation, il a dit qu'il comprenait que la longue gestation avait fait en
sorte qu'au mois de mai je n'étais pas allé au congrès de
l'ANCAl, à Chicoutimi. C'est avoir la mémoire courte. Je veux
simplement vous rappeler qu'au cours d'une opération à la fin de
mars, on m'a enlevé un disque, que le médecin m'avait prescrit
une convalescence de trois mois et que J'ai pris un mois. Je suis donc revenu
au travail à la fin d'avril. Vous comprendrez, lorsqu'on vous
enlève un disque dans le dos, que ce n'est peut-être pas
très utile, lorsqu'on vous donne une convalescence de trois mois et que
vous en prenez un seul, de commencer à vous promener en automobile et
à faire des démarches comme celle-là. C'est uniquement
ça qui a fait en sorte que je ne suis pas allé au congrès
de l'ANCAl. Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas très
nerveux et que ce n'est pas une situation difficile qui va m'empêcher
d'aller où je veux aller quand je veux et d'aller dire ce que je pense
quand je le pense. C'est aussi clair que ça. Il n'y a personne pour me
faire peur. J'en ai vécu d'autres.
Le député de Lévis disait ce matin: Cela ne
m'énerve pas, quelqu'un qui gueule autour de la table; j'ai
déjà été au Petit cotisée devant 8000
personnes, ça beuglait et ça ne m'énervait pas. Si le
député de Lévis n'est pas nerveux, qu'il prenne bien note
que le député de Charlesbourg n'est pas très nerveux, non
plus, et que le député de Charlesbourg, qui est ministre, ne
marche pas avec des menaces, non plus. Dans ce sens, je pense que les faits
sont rétablis et je ne souhaite pas d'opération au dos au
député de Lévis; il va comprendre ce que ça veut
dire.
Évidemment, c'est sa marotte habituelle: des budgets de
construction diminués, le budget d'entretien du ministère a
diminué. Il mêle tout, sciemment, évidemment, parce qu'on
pense toujours qu'il va en rester quelque chose. Mentez, mentez, il
réussira toujours à en rester quelque chose, même si les
gens finissent par rétablir un certain nombre de faits. Je ne tente pas
de vous dire que le budget de construction n'a pas diminué. Oui,
ça a été des choix gouvernementaux auxquels j'ai
participé. Je ne l'ai jamais caché, je l'ai dit. C'est 90 000 000
$ en moins, sur l'année budgétaire 1986-1987 qui n'ont pas
été donnés au ministère des Transports. Je l'ai
accepté parce qu'il y avait des besoins ailleurs et, dans ce
sens-là, ils ont été comblés.
Dire que le budget du ministère est moindre aujourd'hui que ce
qu'il était, c'est un peu grossier, c'est même très
grossier comme affirmation, et les chiffres ne démontrent pas ça
du tout.
Au-delà de tout cela, parce que ce n'est pas l'objectif du projet
de loi, il dit: Le ministre nous avait promis bien des choses dans
l'application des surcharges et des charges. En tout cas, je ne sais pas s'il a
fait le même tour que j'ai fait à l'automne, mais j'ai parcouru 35
circonscriptions électorales au cours de l'automne, à travers mon
travail, et j'ai rencontré bien du monde. J'en ai surtout
rencontré un maudit paquet qui me parlaient de leurs contraventions et
de l'application sévère du Code de la sécurité
routière par rapport au passé. Les gars se promenaient avec les
"tickets" et ils te les montraient. Un ticket parce que la municipalité
avait appliqué le code de manière trop sévère par
rapport à la façon dont la Sûreté du Québec
l'appliquait, et de manière généralisée. Alors, il
faut croire qu'il y a quelqu'un, quelque part, qui finit par appliquer les
choses. Qu'on me dise qu'il y a un relâchement ou que ça ne se
fait pas comme auparavant, c'est très fort et je n'aurai peur en aucun
temps de comparer l'application des normes et des limites de charges en 1988
à n'importe quelle année auparavant et même de reculer de
dix ans.
Finalement, interrogez les camionneurs eux-mêmes, ils vont vous le
dire, parce que ce sont, j'allais dire, les victimes. Mais c'est pour
éviter que les routes ne soient les victimes qu'on tente de l'appliquer
de manière plus importante, il y a effectivement des pesées qui
sont ouvertes plus longtemps au ministère, il y a des pesées
mobiles achetées par le ministère qui sont mises à la
disposition, et II y a le concours des corps policiers municipaux qui font un
travail poussé au zèle dans certains cas. En temps et lieu, on
aura l'occasion de remettre au pas certaines municipalités qui s'en
servent comme élément de financement.
Même rengaine, l'assurance automobile: 450 000 000 $ pris dans les
coffres de la Régie de l'assurance automobile, sans jamais faire les
distinctions nécessaires. Oui, 60 000 000 $ par année, pendant
quatre ans - qui vont être renouvelés, je vous le dis tout de
suite - pour payer les coûts d'hospitalisation des victimes d'accidents
de la route. De la même manière qu'avant le régime que Mme
Payette a instauré, celui qu'on connaît aujourd'hui, les
compagnies d'assurances payaient les frais hospitaliers; il est juste et normal
que la Régie de l'assurance automobile paie les frais d'hospitalisation
et il est juste et normal que ces 60 000 000 $ qui ont été
évalués aujourd'hui soient payés.
Pour votre information, c'est votre excollègue, M. Duhaime,
député de Saint-Maurice et ministre des Finances pendant pas
longtemps, qui avait donné l'autorisation, sous votre gouvernement, pour
la préparation d'un tel projet de foi que j'ai trouvé sur mes
tablettes quand je suis arrivé. On me dit: i! y avait déjà
une autorisation, mais le gouvernement ne l'a pas adopté. Je comprends!
Belle réponse, alors que la philosophie qui sous-tendaiî tout
ça dans votre impasse budgétaire faisait en sorte que vous alliez
chercher pas 60 000 000 $, mais 80 000 000 $, coût qu'on a fait
réviser. Dans ce sens, c'était en gestation chez vous. J'ai donc
pris le projet de loi et on l'a corrigé avec la collaboration des
Affaires sociales. Donc, ne venez pas me conter des histoire an disant que je
pige dans les poches de la Régie de l'assurance automobile pour remplir
les poches du ministre des Finances. Gérard D. Levesque a
succédé à Yves Duhaime qui, lui, avait le sigle du PQ dans
le front, comme vous, comme votre gouvernement, comme moi j'ai un sigle
libéral dans le front.
Branchez-vous! Vous dites qu'il n'y a pas assez de travaux pour les
camionneurs et on va chercher 200 000 000 $ à la Régie de
l'assurance automobile. Vous dites: Avez-vous fait des travaux avec? Là,
vous dites qu'on ne devrait pas les faire. À un moment donné, il
faut finir par se brancher dans la vie. Il faut arrêter de charrier et
c'est 200 000 000 $ qui ont été mis sur les routes du
Québec. Donc, i! y a quelqu'un qui a dû en profiter et aussi le
régime lui-même. Que vous le contestiez, c'est votre droit le plus
légitime de ne pas être d'accord avec ça. On l'a fait. Je
suis très heureux de l'avoir fait parce qu'il y va de la
sécurité du public et c'est extrêmement important.
Évidemment, si on veut écouler du temps à cette
commission, on peut parler de n'importe quoi. On peut parler de l'effet, de la
déréglementation. Je veux simplement vous rappeler que cela ne
les touche pas, eux, parce qu'ils sont réglementés.
C'était justement ça, le but. Ils ne sont pas
déréglementés, iis sont réglementés. Le
projet de loi, c'est pour donner des assises à un règlement qui
va les réglementer. Quand on parle des effets de la
déréglementation, cela ne les concerne pas. Cela concerne
d'autres gens qui oeuvrent dans le transport général. Quand on
parle des effets de la déréglementation, cela ne les concerne pas
et ceia ne concerne pas le projet de loi. C'est d'autres gens que ça
concerne.
I! y a un autre domaine du transport extrêmement important et on a
eu l'occasion d'en discuter très largement au cours des derniers mois et
des dernières années. On a dit: La demande a été
faite par l'ANCAl que, dans le cas des travaux municipaux, on puisse
s'appliquer la clause 75-25; le ministre n'en a pas parlé; on ne l'a pas
entendu. il y a une règle fondamentale au sujet de laquelle je me suis
exprimé de manière très claire: c'est qu'il nous fallait
régler nos problèmes de règlement, de loi, faire notre
ménage chacun dans notre cour, au ministère et dans la cour des
camionneurs, avant de penser à élargir l'assiette de travail.
J'ai dit: Quand on aura fait ça, nous aurons des rencontres impor-
tantes comme j'en ai eu dans d'autres cas avec les donneurs d'ouvrage,
les employeurs et les camionneurs. Ils vont se parler dans la face; c'est
clair; ça va chauffer. Je peux déjà vous dire ce qu'ils
vont se dire en partant. Les entrepreneurs vont dire aux camionneurs: Quand
vous avez le choix entre charrier du gravier et de l'asphalte, vous charriez du
gravier parce que l'asphalte, ça salit vos boîtes; pendant ce
temps, l'asphalte reste dans le "pit", on ne peut pas l'étendre et on
est obligé de recourir à d'autres camionneurs. Des artisans vont
dire aux entrepreneurs. Vous autres, vous êtes une "gang"; au lieu de
demander cinq camions quand vous en avez besoin de cinq, vous en demandez dix;
II y en a donc cinq qui se poignent le derrière, qui perdent leur temps
et ce n'est pas payant pour eux autres. C'est comme ça que ça va
commencer.
Comme ils n'ont Jamais eu l'occasion de se parler à une
même table, avec un arbitre au milieu ou un gars qui met la rondelle au
jeu, c'est ça qu'on va faire. Quand on aura réglé ces
problèmes, on va bien se comprendre, on va en régler des bouts.
À ce moment, on sera capable d'élargir le champ d'application et
de faire comprendre à mes collègues que, la paix étant
revenue, les bénéfices de l'un étant les
bénéfices de l'autre, on pourra mettre un peu plus de pression
pour élargir l'assiette parce qu'on aura un exercice de la profession
qui sera plus réglementé, bien encadré par un projet de
loi et on veut le faire en toute sécurité, en toute paix sociale
à la fois pour les entrepreneurs et pour les artisans.
Finalement, le député de Lévis dit: Votre
théorie, c'est bien beau. Le projet de loi, c'est de la théorie.
Mais la pratique? À ce chapitre-là je suis assez rassuré.
Sur le plan des principes, quand on fait un projet de loi et un
règlement, comme on l'a fait, en étroite collaboration avec 24
gars et femmes qui vivent de ça et vivent ça chaque jour, je
pense qu'on a des bonnes chances que la théorie puisse faciliter la
pratique. Ce qu'on a tenté de faire, c'est un règlement
pragmatique qui colle aux besoins d'aujourd'hui, aux réalités
d'aujourd'hui. Dans ce sens-là, c'est clair que ça ne peut jamais
être parfait, mais, à tout le moins, pour la première fois,
au lieu de les traiter comme ils l'ont été en 1977 par un de vos
anciens collègues, Lucien Lessard, on a décidé de les
traiter de manière plus responsable et de leur démontrer que la
volonté gouvernementale se cadrait autrement que dans un
règlement, mais davantage avec des assises sur le plan légal,
d'abord quant à la clause 75-25 et, deuxièmement, quant à
l'encadrement nécessaire sur le plan législatif, afin que le
règlement ait le moins de chances possible d'être contesté.
Et le règlement est fait avec eux.
On n'a pas dit: Libérez le parlement avec vos camions et
après ça on va vous dompter. Ce n'est pas comme ça que
cela a été fait. Cela a été fait assis à la
même table à négocier article par article et dans le
respect les uns des autres. Cela n'a pas toujours fait leur affaire. J'ai
été obligé de trancher. J'ai une responsabilité, je
l'ai fait. C'est clair qu'ils auraient souhaité en avoir davantage.
C'est une plate-forme qui, actuellement, nous apparaît très
acceptable et avec laquelle tout le monde accepte de vivre dans l'exercice d'un
métier qui n'est pas facile, qui est très exigeant sur le plan
des sommes à investir et qui, le terme le dit bien, vise davantage
à respecter les artisans, ceux qui sont éparpillés un peu
partout au Québec et qui espèrent gagner leur vie et, finalement,
faire vivre leur famille. C'est comme ça qu'on a travaillé. Donc,
c'est de la théorie, mais c'est de la théorie pratique. C'est
ça qu'on a voulu faire. L'avenir nous dira si on a eu raison.
Finalement, pour mettre un peu de sel dans notre sauce, le
député de Lévis a terminé avec le se! de Pontiac.
J'ai eu l'opportunité de le lui dire, en Chambre, en deuxième
lecture. C'est lui qui, le premier, a soulevé la problématique
ici, je lui en rends hommage. J'ai analysé cela. J'en ai même
discuté, lors d'une rencontre avec les gens qui sont ici ce soir, sur le
plan du règlement du dossier. Mes collègues sont intervenus. En
particulier, mon collègue, M. Middlemiss, député de
Pontiac, m'a été très utile dans la connaissance
géographique de son territoire et de tous ces artisans. J'ai
rencontré les officiers du ministère. On en a discuté.
J'ai pris la décision qu'il n'y aurait pas une poche de sel qui
passerait par l'Ontario, que le sel passerait par le Québec
malgré le fait que ça puisse coûter plus cher au
gouvernement du Québec sur le plan du transport du sel.
Et je me souviens encore que dans nos rencontres, des camionneurs ont
été suffisamment honnêtes pour me dire: Revérifiez
donc, M. le ministre, les distances contenues dans le contrat de sel parce
qu'il y a peut-être des distances qui sont plus longues que la
réalité. Cela m'a été dit à la table, dans
nos discussions, et on est à refaire, avec la compagnie, tout le calcul
de chacune des distances de transport du sel. On va mettre de l'ordre dans
ça. C'est une franche collaboration que nous avons eue et Dieu sait que
je l'ai largement appréciée. C'est un dossier qui, pour moi, est
réglé. Je suis prêt à prendre le blâme sur le
plan politique de payer plus cher pour transporter le sel de Montréal
vers Pontiac que de le faire transporter par bateau vers l'Ontario, d'où
des camions de l'Ontario viendraient le "domper" au Québec. C'est clair.
Dès qu'on est informé, on réagit. Et, quant à moi,
le problème du sel de Pontiac est réglé.
Au-delà de tout ça, je n'ose pas prétendre et je ne
veux pas prétendre, non plus, que ce que nous proposons est parfait.
C'est une étape extrêmement importante quant à la
reconnaissance des droits des artisans au Québec. C'est, finalement, de
mettre tout le monde à table pour que l'exercice de ce
métier-là puisse se
faire d'une manière ordonnée et respectée par les
entrepreneurs. il va rester des entrepreneurs dans le champ qui vont être
frous-frous, de la même manière qu'il va rester des artisans dans
le champ qui vont être frous-frous. Il y en a dans tous les clubs. Dans
toutes les associations, il y en a qui ne sont pas tout à fait
orthodoxes. Il y en a chez les artisans, les entrepreneurs, les politiciens,
les avocats, les notaires, il y en a partout de ça. (20 h 45)
Dans ce sens-là, ce qu'on fait, c'est tenter de donner le maximum
d'outils avec un minimum de contraintes, de telle sorte que, dans cette
pratique, tout le monde y gagne. J'ai l'impression qu'on a réussi
à faire cet exercice sans trop de heurts. Le point culminant de la
vapeur aura très certainement été, je ne vous le cache
pas, notre rencontre de Saint-Hyacinthe dont je garde un souvenir
impérissable, mais qui a été un élément
déclencheur du règlement de ce dossier. Voilà.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a d'autres remarques préliminaires? M. le
député de Lévis.
Discussion générale
M. Garon: M. le Président, au fond, quand j'ai
parié du respect de l'application de la loi, ce que les camionneurs
disent, c'est que l'amende relative à la responsabilité de
l'expéditeur n'est pas appliquée. Alors, c'est la loi. Ah oui,
c'est la loi!
M. Côté (Charlesbourg): Je le sais que c'est la loi,
mais, quand vous dites qu'elle n'est pas appliquée et que les
camionneurs disent ça, où ça?
M. Garon: Vous avez eu des représentations à cet
effet; vous-même, vous avez écrit au ministre de la Justice pour
que ce soit davantage appliqué.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. il y a une
région - si je me souviens, c'est la région 04 - qui est
arrivée à nos réunions avec un document qu'une compagnie a
fait signer à un transporteur de bois, libérant l'entrepreneur de
la responsabilité de payer l'amende. Quand on m'a fourni ce nom, c'est
là que j'ai dit: Cela ne marche pas, la patente. L'expéditeur -
cela a été mis dans le Code de la sécurité
routière - est aussi responsable de l'amende que le transporteur et
ça va s'appliquer. C'est ça que j'ai dit.
Quand j'ai réuni autour de la même table, selon leur
souhait, les artisans, en particulier ceux du monde forestier, et les
entrepreneurs du monde forestier parce que cela est en cours, il y a encore une
rencontre la semaine prochaine... J'ai rencontré les industriels de la
forêt, j'ai pris le contrat que les gens m'avaient donné et je
leur ai dit: Si c'est ça que vous pensez en termes de respect de la loi,
vos entrepreneurs, vous allez les mettre au pas parce qu'avec moi ça ne
marchera pas. C'est ça. D'autres cas? Il ne m'en a pas été
soulevé. S'il y en a d'autres, qu'on me les donne. Comme je l'ai dit
tantôt, je ne pense pas que ce soit le lot des entrepreneurs qui fait
ça, ça peut être certains individus et on n'est pas
à l'abri de ça, de la même manière qu'on n'est pas
à i'abri d'entrepreneurs artisans, d'artisans, propriétaires d'un
VR qui risqueraient d'abuser de la situation. On ne peut pas passer de jugement
sur l'ensemble des artisans pour un, deux ou trois gars, de la même
manière qu'on ne peut pas passer un jugement global sur les
entrepreneurs avec un, deux ou trois entrepreneurs. S'il y a d'autres cas,
qu'on me les mette sur la table, je ne demanderai pas mieux que de les
régler.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Garon: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon: Je suis bien content d'entendre le ministre dire qu'il
va appliquer la clause aux expéditeurs. Les cas sont simples; la loi
prévoit que, selon le nouveau Code de la sécurité
routière qui s'applique depuis le 1er juin dernier, dans les cas de
surcharge, lorsque le chargement du véhicule... Un instant. "La preuve
que l'infraction a été commise par cet expéditeur
constitue, en l'absence de toute preuve contraire, une preuve que l'infraction
a eu lieu avec l'autorisation et sous la direction de celui-ci." Alors, il est
présumé avoir participé à l'infraction. Il doit,
puisque c'est lui qui demande le transport, faire la preuve du contraire,
démontrer que, d'aucune façon, il n'est intervenu dans la
surcharge pour se dégager de sa responsabilité prévue en
vertu de la loi.
M. Côté (Charlesbourg): On va avoir une occasion en
or, M. le Président, d'en discuter lors de l'étude article par
article du projet de loi 77 concernant le Code de la sécurité
routière. On aura les gens de la Régie de l'assurance automobile.
On pourra leur poser des questions pour savoir comment ça va, même
si c'est récent. S'il y a des vices ou des vicieux, on trouvera la
cheville qui va dans le trou.
M. Garon: Deuxièmement, concernant les budgets du
ministère dont je vous ai parlé tantôt, j'ai parié
en dollars constants. C'est évident que, si vous gardez toujours le
même montant pendant des années, alors que le dollar perd de la
valeur chaque année, vous ne pouvez pas dire que vous avez le même
budget. Si vous avez le même budget en 1985, 1986, 1987 et
1988 - si cela avait été le cas, mais ça n'a
même pas été le cas - vous auriez un budget moindre chaque
année parce que l'inflation est autour de 4 % par année, c'est
comme si le budget diminuait de 4 % ou 4,5 %. C'est pour ça que j'ai dit
en dollars constants, en tenant compte du taux d'inflation, vous n'avez pas
encore les budgets de 1985. C'est la réalité, malgré le
fait que vous soyez allé chercher 450 000 000 $ qui ne sont pas
allés dans vos goussets, mais dans ceux du ministre des Finances qui ne
vous donne même pas l'argent qu'il avait avant pour les transports
malgré le fait qu'il soit allé chercher tant d'argent dans la
caisse de l'assurance automobile. C'est ce que je dis, au fond. C'est la
stricte vérité.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais il faut...
M. Garon: Attendez un peu, je n'ai pas fini. Je suis content que
vous l'ayez abordé parce que je voulais dire un mot sur les taux en
forêt. Là aussi, c'est la même chose. C'est l'inflation. On
a les mêmes taux depuis 1982 et, quand on a les mêmes taux depuis
1982, c'est que les taux diminuent du taux de l'inflation chaque année.
En 1988, cela fait une moyenne différence dans les taux. Les tarifs de
transport de bois n'ont pas changé.
C'est beau, les lois et les règlements, mais les camionneurs ne
transportent pas les lois et les règlements; ils transportent des
matériaux. Cela prend du transport. Même si on a une belle loi sur
règlement, qui, supposons, légalise tout, si, au bout de la
course, il y a moins de transport, on ne sera pas plus avancés. Ils
peuvent toujours avoir un projet de loi qu'ils pourront encadrer dans la maison
et regarder le soir en disant: On a une loi parfaite, mais, s'il n'y a pas de
transport, j'ai l'impression que, pour payer l'épicerie, la loi ne
suffira pas. C'est pour ça que ça prend l'application de la loi.
Tantôt, je me référais aussi aux contrats
fédéraux, mais, encore là, si les gens qui doivent faire
respecter la loi se sentent mal a l'aise sur les chantiers
fédéraux, il doit y avoir des directives en conséquence
pour qu'on applique également la loi concernant les contrats qui doivent
respecter la loi du Québec. Tout ça fait partie d'un
ensemble.
À plusieurs reprises, les gens ont demandé d'avoir une
plus grande partie de l'infrastructure des routes. Ainsi, la clause 75-25 qui
s'applique au-dessus de la ligne d'infrastructure moins l'asphalte, pourrait
s'appliquer à une plus grande partie des travaux pour avoir plus de
matériaux qui vont s'appliquer dans le transport. C'est pour ça
que je dis au ministre que, quand il donne moins de travaux de transport parce
que ses budgets sont plus faibles, il en résulte moins de transport pour
ceux qui font des travaux de construction et d'entretien des routes.
Ce sont des points qui ne sont pas contenus comme tels dans le projet de
loi. C'est ce que j'appelle l'application de la loi ou le contenant en termes
de volume de transport sur lequel elle va s'appliquer. C'est pour ça que
je dis au ministre que les gens de l'Association nationale des camionneurs
artisans indépendants lui demandent, dans leurs différentes
correspondances avec lui, de régler ces problèmes-là.
Mon rôle dans l'Opposition, c'est de trouver des problèmes
dans la solution. Le ministre est responsable des solutions et je suis
responsable de voir si les solutions couvrent tout le terrain ou s'il ne reste
pas des problèmes dans la solution. C'est pour ça que je lui dis
aujourd'hui qu'il y a la loi et le règlement, mais qu'y y a aussi le
terrain sur lequel tout ça s'applique. Si le terrain, le volume ou la
quantité des travaux auxquels s'appliquent cette loi et ces
règlements sont diminués, même si la légalité
des instruments juridiques devient régularisée, II n'y a pas
nécessairement, au bout de la course, plus d'avantages pour les
camionneurs. Ce sont essentiellement des matériaux. C'est pour ça
que Je demande au ministre si l'assiette sur laquelle s'appliquent cette loi et
ces règlements sera étendue ou non. Je parlais, par exemple, des
travaux en forêt, des contrats fédéraux au Québec et
de la quantité de travaux que le ministre suscitera avec son budget.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
trois choses très rapidement, peut-être même deux. Le budget
du ministère des Transports, je n'ai jamais cherché à le
cacher. Je fais partie d'un gouvernement qui s'est donné des
priorités auxquelles j'ai participé et je n'ai jamais
caché que je participe à cela. On a fait des choix et je vis avec
ces choix-là que j'ai partagés et qui, à l'occasion, ont
demandé des sacrifices sur le plan budgétaire au ministère
des Transports. J'en assume la totale et entière
responsabilité.
Au-delà de tout cela, lorsqu'on prend le budget du
ministère - je sais que le député de Lévis ne
retrouvera pas cela dans la Gazette officielle, mais il pourra voir cela
dans les budgets - il y a, depuis mon arrivée à la tête du
ministère des Transports, à tout le moins 1000 postes de
fonctionnaires permanents de moins. Quand on parle de 1000 postes de moins,
cela peut peut-être signifier un peu plus d'argent dans l'enveloppe pour
être capable de faire des travaux. Je ne dis pas qu'on en a fait plus que
dans le passé avec des budgets supérieurs. Vous pouviez
peut-être avoir des budgets supérieurs. Quand l'argent va dans le
fonctionnaire au lieu d'aller sur le terrain... Je n'ai pas encore vu un
artisan être payé à la tête de pipe qu'H transporte
dans la boîte de son camion. Cela ne marche pas. Il est payé s'il
transporte du gravier ou du bois, pas des têtes de fonctionnaires. Dans
ce sens-là, cela signifie un peu plus d'argent sur le terrain
normalement. Une série d'exemples comme ceux-là peuvent
être apportés. Finale-
ment, il est clair qu'il y a eu des priorités établies
dans le passé, que je ne veux pas contester parce que chacun des
gouvernements est légitime et peut faire les choix qu'il veut, il en
supporte le poids sur le plan politique, c'est tout.
Au-delà de tout cela, si on veut remonter jusqu'en 1985, on peut
bien remonter jusqu'en 1975, durant les années de gloire de la
construction routière au Québec. On peut remonter
indéfiniment et on va se rendre compte qu'au fil des années
1977-1978 il s'est passé quelque chose à l'intérieur du
budget du ministère. C'est qu'on a donné la priorité - ce
que je ne conteste pas, je vous le dis bien - davantage au transport en commun,
en particulier dans les années quatre-vingt, qu'au volet routier. Dans
ce sens-là, cela a été un choix endossé par la
population, vous avez été réélus en 1981. Vous avez
vu l'expansion des programmes de transport en commun à
l'intérieur du ministère avec une courbe fulgurante, mais
règle générale, et analysez le budget, à
l'intérieur d'une enveloppe qui se ressemblait pas mal. Alors, il y a eu
renversement des responsabilités et des enveloppes budgétaires au
profit du transport en commun. Je vous le dis encore, je vous le
répète pour être bien sûr qu'il n'y a pas de mauvaise
interprétation: C'est un choix de gouvernement qui était un
gouvernement légitime, qui avait le droit de le faire et qui l'a fait
dans de bonnes circonstances à Montréal, parce qu'il y avait des
besoins.
Lorsqu'on parlait de taux en forêt qui n'ont pas été
changés depuis 1982, il faut quand même admettre que, dans la
réalité d'aujourd'hui, qui est confirmée par notre petit
comité formé des différents intervenants du transport dans
le monde forestier, il se négocie des taux entre 20 % et 50 %
supérieurs aux taux de 1982. C'est un constat qui s'est
dégagé, me dit-on, au comité. Il y a donc un certain
réajustement de ce côté-là et on verra ce qui
pourrait être fait dans l'avenir.
Évidemment, quand on parle d'additionner des travaux, je n'ai pas
dit que j'étais contre; au contraire, le travail qui est fait dans ce
cas-ci vise à mettre des assises qui nous permettront d'aller chercher
une assiette plus large de travail pour les camionneurs et pour en faire
davantage. On parle de forêt et on parle de contrats
fédéraux au Québec. Je sais qu'à l'occasion le
député de Lévis se plaît à parler de mon ami
Benoît Bouchard, au gouvernement fédéral. Encore là,
c'est toujours la question d'être capable d'exploiter un ami. Cela veut
dire: Mon ami, Benoît, voudrais-tu accepter que, pour les travaux
fédéraux au Québec, les artisans puissent mettre la clause
75-25? Je peux bien le lui demander, mais le Canada est encore un pays
souverain, en tout cas d'après moi, à moins que cela n'ait bien
changé depuis quelque temps, qui a été profondément
secoué par des choses et ce n'est pas la venue de Lucien Bouchard
à Ottawa qui va changer des choses. Le Canada va continuer de demeurer
souverain, j'en ai l'impression. Alors, cela me surprendrait bien gros qu'il y
ait des percées possibles; à tout le moins, cela ne coûte
pas cher de le demander, s'il faut que ce soit cela. Je peux soutenir les
démarches des camionneurs auprès du fédéral pour
tenter de l'obtenir et le demander. Mais il faut, quand même, admettre
que c'est une juridiction autre que celle du Québec et qu'ils ne sont
peut-être pas prêts à le faire, mais s'ils sont prêts,
tant mieux! Moi, je suis prêt à soutenir une démarche dans
ce sens-là n'importe quand. Mon poids est le poids d'un ami qui ne veut
pas transformer l'amitié en piastres et cents, mais davantage conserver
les principes de base de l'amitié. (21 heures)
Le Président (M. Sairrt-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions dans les remarques préliminaires?
M. Garon: Je ne sais pas si le ministre n'a pas compris mon
intervention ou quoi, mais quand je parle des travaux fédéraux,
je parle des travaux dans les aéroports, les bases militaires, les
réserves, les ports de mer, de différents travaux qui sont de
juridiction fédérale sur lesquels, normalement, les lois
québécoises peuvent s'appliquer. Il y a des choses qui doivent
être respectées concernant ces travaux. Voulez-vous dire que la
loi et le règlement sur le camionnage en vrac ne touchent pas du tout
les contrats fédéraux? Deuxièmement, parce que je n'ai pas
grand-temps, le président vient de m'envoyer une petite note, concernant
le budget du ministère, je dois dire que vous avez fait un engagement de
5,2 % du budget, alors que vous trouviez que 1,4 % sous le gouvernement
précédent ce n'était pas assez, sauf qu'actuellement c'est
1,1 %, en pleine croissance économique. Je ne parle pas de 1981, 1982 ou
1983, alors que les taux d'intérêt étaient à 20 %;
il y a une croissance économique depuis 1984, 1985, 1986, 1987 où
c'est normalement plus facile pour le gouvernement. Durant cette
période, malgré un engagement du 11 novembre 1985, pris par le
Parti libérai de ramener le budget du ministère à 5,2 %,
au lieu d'avoir monté à 5,2 %, le budget a baissé de 1,4 %
à 1,1 %. Quand on a un budget de 35 000 000 000 $, 0,3 %, ça fait
beaucoup d'argent. C'est pour ça que j'ai pu dire à
l'Assemblée nationale qu'il s'agit de plusieurs centaines de millions,
peut-être l'équivalent de 400 000 000 $ de moins en trois ans qui
ont été affectés par le gouvernement actuel à la
construction et à l'entretien du réseau routier. Tous les
tableaux ont été faits là-dessus, il s'agit de beaucoup
moins d'argent.
Le ministre ne peut pas dire: Je suis satisfait. Son rôle est de
défendre la fonction qu'il occupe. Je pense que, comme ministre des
Tranports, il doit défendre le secteur qu'il représente parce
que, s'il ne le défend pas, personne ne va le défendre. S'il est
trop corn-
pâtissant pour le ministre des Finances, qu'il apitié du ministre des Finances, je vais vous dire une affaire: Ce
n'est pas comme ça qu'il va défendre son ministère parce
qu'avec les ministres des Finances, aussitôt que vous avez du mou dans
votre négociation, vous vous faites plumer bien raide. Il ne faut pas
avoir de mou dans la négociation avec le ministère des Finances.
Le ministre a l'habitude de me reprocher d'avoir été souvent au
Conseil du trésor. Je n'ai pas de gêne à dire que
j'occupais une grande partie du Conseil du trésor parce que, quand il me
disait non pour quelque chose que je trouvais bon, je ne lâchais pas tant
que je n'avais pas réussi. S'il ne me convainquait pas que
c'était mauvais, je me disais que mon devoir, c'est de réussir
quand je suis convaincu de quelque chose. S'il n'est pas convaincu, c'est une
autre affaire. Si le ministre pense que ce n'est pas important d'avoir un gros
budget, je comprends qu'il ne peut pas aller contre ses convictions. Par
ailleurs, c'est sa tâche, c'est son rôle de faire ce travail.
Par exemple, j'ai reproché au député de
Beauce-Nord, parce qu'il y avait une prison à Saint-Joseph...
Le Président (M. Saint-Roch): En conclusion, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je vais juste donner ça comme exemple. À
un moment donné, le député m'avait entendu à la
radio, le matin, il m'a dit: Je t'ai trouvé dur pour moi. J'ai dit: Oui,
parce que la prison de Saint-Joseph, dans ton comté, était la
meilleure prison au Québec en termes de nombre de prisonniers
gardés, c'était la prison où les prisonniers payaient le
plus d'impôt, c'était la meilleure prison sur le plan de la
rentabilité économique et sociale du Québec.
Le Président (M. Saint-Roch): En conclusion, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je finis avec ça. Il ne l'a pas défendue,
il a défendu le gouvernement dans son comté plutôt que de
défendre son comté auprès du gouvernement. Il a perdu sa
prison. Je lui ai dit: Si tu ne défends pas ta prison, tu vas la perdre
parce que personne ne défend ton monde auprès du gouvernement. Le
rôle d'un député, c'est de défendre son monde
auprès du gouvernement et non pas, d'abord, de défendre le
gouvernement auprès de la population. De la même façon,
pour le ministre, je pense qu'il doit défendre son ministère
auprès du ministre des Finances pour avoir les fonds requis et non pas
dire au ministre des Finances: J'ai pitié, tu as des problèmes.
Sacrifice, je ne pensais pas que t'étais cassé comme ça,
en veux-tu, en voilà! Je pense que ce n'est pas son rôle, c'est de
dire au contraire...
Le Président (M. Saint-Roch): En conclusion, M. le
député de Lévis.
M. Garon:... j'ai des besoins, et les défendre
vigoureusement.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Lévis. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
serai encore obligé de rétablir quelques faits pour le
député de Lévis et, après ça, de lui
rappeler certaines choses que sa mémoire a tendance à oublier. Il
est très sélectif, M. le Président, dans ses choix
d'intervention, dans ses exemples. D'abord, je veux lui répéter
que ce n'est pas le ministre des Finances qui donne les crédits, mais le
président du Conseil du trésor. Si je vais plaider auprès
du ministre des Finances, dans ce cas-ci, j'ai peut-être des chances
d'être entendu parce que le ministre des Finances est celui qui donne
l'enveloppe globale, mais celui qui répartit l'enveloppe, c'est le
président du Conseil du trésor. C'est clair qu'il y a une
distinction très nette entre les deux. Il y en a un qui s'occupe d'avoir
des revenus pour que cela s'équilibre et l'autre qui fait la ventilation
de l'enveloppe, c'est le Conseil du trésor.
J'ai appris à faire la distinction entre les deux, parce qu'il y
a deux étapes: au mois de mars, il y a un président du Conseil du
trésor qui fait un beau petit "meeting" de l'autre côté au
salon rouge et qui dit: Voici les crédits donnés à chacun
des ministères. Ce n'est pas le ministre des Finances, c'est le
président du Conseil du trésor. Puis, un peu plus tard, le
ministre des Finances, lui, dit: Voici maintenant comment on va
équilibrer ça, parce qu'il y en a un qui dépense et
l'autre qui récolte. C'est comme ça que cela s'équilibre.
Alors, il y a une différence très nette entre les deux et
à l'occasion, bien sûr, dans son budget on peut solliciter le
ministre des Finances pour intervenir, pour mettre de l'argent additionnel.
C'est ce que le ministre des Finances a fait avec l'argent de la Régie
de l'assurance automobile; on a trouvé le moyen d'aller en chercher
à la régie, puis d'en remettre un peu plus sur les routes par
rapport à ce que j'avais d'une manière régulière.
Dans ce sens-là, c'est une distinction très nette.
La deuxième que je veux faire au député de
Lévis, ces pauvres miséreux, c'est lorsqu'il dit: Ah, en
période de croissance actuellement, on a de la difficulté
à aller chercher des budgets importants alors que nous, durant la crise,
on en donnait davantage. C'est là qu'est notre problème
d'aujourd'hui, mon cher ami. Vous avez démontré à la face
même du Québec pendant que vous avez été là
que vous étiez forts dans la dépense, mais pas bien bons dans le
calcul de l'équilibre des revenus et des dépenses. Quand vous
avez pris le pouvoir en 1976, la dette du Québec était de 5 000
000 000 $. Vous rappelez-vous un peu comment elle était quand vous
l'avez laissé? 26 000 000 000 $, 27 000 000 000 $, 28 000 000 000 $?
Donc, le Québec s'est endetté
davantage et, quand lu paies de l'intérêt sur 5 000 000 000
$ de dettes au Québec, que tu reprends le pouvoir quelques années
plus tard et que tu paies de l'intérêt sur une dette de 27 000 000
000 $ ou 28 000 000 000 $ au taux d'intérêt que l'on
connaît, c'est bien clair, vous nous aviez alignés en 1985-1986 ou
en 1986-1987 sur un déficit d'au-delà de 4 000 000 000 $. Cela
fait du bacon un peu pour un ministre des Transports qui voudrait faire des
routes. Alors, ne venez pas nous dire que dans la misère... Dans la
misère, ce que vous avez fait, vous avez endetté les
générations futures, dont nous sommes, sur le plan
administratif.
Notre première mesure a été de rétablir la
confiance sur le plan financier, de faire en sorte que l'on ramène le
déficit, qui était de 3 500 000 000 $ ou 3 600 000 000 $ au
moment où vous nous avez laissé le pouvoir, pour l'année
où on a pris le pouvoir, sous un seuil beaucoup plus acceptable pour
être capables de démontrer au monde des affaires que la confiance
est revenue, de faire en sorte que l'on puisse construire davantage à
Montréal, que l'économie continue de tourner et que cela ait des
effets sur toutes les couches de la population, y compris les artisans. Je vous
dis aussi que, pendant cette période-là, votre chef
bien-aimé, celui que vous n'avez pas osé contester lors du
dernier leadership, a emprunté à long terme 14 000 000 000 $ pour
payer l'épicerie. Oui, monsieur, pour payer l'épicerie!
C'est avec ça qu'on est pris aujourd'hui et on a donné un
coup de barre pour assainir les finances publiques du Québec, pour faire
en sorte que ceux qui vont nous suivre ne soient pas endettés à
tout jamais et que l'on ne puisse pas comparer le Québec au Mexique sur
le plan de l'endettement. On a pensé que le Québec était
beaucoup plus respectable que cela sur le plan financier. C'est le coup de
barre qu'on a donné. Et quand on fait cela, c'est clair que cela prend
une collaboration de tout le monde, de tous les ministères, y compris du
ministère des Transports. C'est à ce concours-là que j'ai
mis mes efforts et que, autant que possible, j'ai fait en sorte que l'on puisse
avoir des budgets qui ne sont jamais suffisants. Mettez-en 150 000 000 $ ou 200
000 000 $ additionnels demain matin au ministère des Transports et il
restera toujours de la place pour être capable d'en faire.
Au-delà de tout cela, il y aura, bien sûr, les
interventions que nous faisons. Vous avez signé des ententes, je l'ai
dit et je le répète, que je n'aurais pas signées et que je
respecte parce que vous les avez signées. Je suis allé le dire
aux gens de Havre-Saint-Pierre, Natashquan: La construction de la 138 entre
Havre-Saint-Pierre et Natashquan qui nécessitera entre 90 000 000 $
à 100 000 000 $, qui est commencée avec deux contrats
actuellement sur la Basse-Côte-Nord, aurait pu être faite sur une
période beaucoup plus longue que celle-là pour être capable
de mettre de l'argent ailleurs au Québec.
Mais c'est un choix que vous avez fait, que j'ai respecté et
qu'on continue de respecter, parce que ça me paraît
l'élémentaire sagesse des gouvernements de respecter les
engagements écrits des gouvernements antérieurs.
Au-delà de tout cela, bien sûr, on a fait un tour de piste
pendant une heure dès grandeurs et des misères budgétaires
des ministères, des grandeurs et des misères de la
déréglementation. Je vous suggère très humblement
que nous passions à l'étude du projet de loi qui nous est soumis,
à l'article 1, de telle sorte qu'on voie s'il y a des problèmes
dans les solutions et qu'on puisse adopter ce projet de loi pour qu'il
s'applique le plus rapidement possible au bénéfice de ceux qui
l'attendent depuis déjà assez longtemps.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a d'autres membres... Je regrette, M. le
député de
Lévis...
M. Garon: D'accord, mais c'est juste pour rétablir un fait
qui n'est pas exact mentionné par le ministre. En vertu du
règlement, il faut rétablir les faits tout de suite après
le discours de celui qui vient de les mentionner.
Le Président (M. Saint-Roch): Très
brièvement, M. le député de Lévis.
M. Garon: Oui. Je suis surpris que le ministre, après
trois ans d'expérience, ne sache pas que c'est le ministre des Finances
qui est responsable du budget dans son ensemble. Ah! oui, et, je vais vous le
dire, la meilleure preuve, c'est que le ministre des Finances garde une partie
des annonces pour son discours sur le budget, même au niveau des
crédits, parce que la responsabilité de l'ensemble du budget,
c'est au ministre des Finances. D'ailleurs, avant, tout ça se retrouvait
dans le discours sur le budget et maintenant il y a deux phases. Il y a la
phase des crédits à la fin de mars et la phase du discours sur le
budget à la fin d'avril ou au début de mai et, à ce
moment-là, vous avez remarqué que le ministre des Finances se
réserve un certain nombre d'annonces sous forme de crédits pour
ajuster les crédits de la fin de mars. Mais la responsabilité du
budget, c'est totalement la responsabilité du ministre des Finances.
L'enveloppe...
M. Côté (Charlesbourg): Voulez-vous dire que le
président du Conseil du trésor n'est pas responsable des
crédits qu'il dépose au mois de mars?
M. Garon: Vous irez voir le ministre...
M. Côté (Charlesbourg): Un budget de 30 000 000 000
$. Le ministre des Finances quand il arrive à son discours sur le
budget, prend 250 000 000 $ ou 300 000 000 $ qu'il distribue...
M. Garon: Non. Demandez-le au ministre du Revenu. Il va vous
dire: Tout ce que j'ai à faire, c'est voir que la loi est conforme
à ce qu'a dit le ministre des Finances. Et vous Irez demander au
président du Conseil du trésor si l'enveloppe dont il dispose
n'est pas déterminée par le ministre des Finances. C'est lui qui
décide.
M. Côté (Charlesbourg): Le ministre des Finances est
responsable des équilibres financiers du gouvernement. Par
conséquent, l'enveloppe globale est attribuée, soit 31 000 000
000 $, 32 000 000 000 $, ou 33 000 000 000 $ au président du Conseil du
trésor. C'est le président du Conseil du trésor qui
négocie avec chacun des collègues l'enveloppe sectorielle de
chacun de ceux-ci et c'est lui qui la dépose de manière à
la rendre publique. Alors, qui est responsable? Le président du Conseil
du trésor n'est toujours bien pas le valet du ministre des Finances ou
son messager, voyons donc!
M. Garon: Mais vous irez voir.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plait, M. le député de Lévis!
M. Garon: Si le ministre des Finances dit:
Je suis prêt à donner 25 000 000 $ de crédits de
plus au ministère des Transports, c'est lui qui décide.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, M. le
député de Lévis! Ceci clôt les remarques
préliminaires, à moins qu'il n'y ait d'autres membres de la
commission qui veuillent intervenir. Non? Alors, j'appelle l'article 1 du
projet de loi 76. M. le ministre.
Étude détaillée
Définitions
M. Côté (Charlesbourg): Oui, M. le Président,
l'article 1 de la Loi sur les transports, modifié par l'article 98 du
chapitre 97 des Lois de 1987, est de nouveau modifié par le remplacement
du dernier alinéa par le suivant: "Pour l'application de la
présente loi, le courtage en transport désigne le fait d'agir
comme courtier pour le transport d'une matière en vrac ou le fait d'agir
pour le compte d'un titulaire de permis pour un tel transport." (21 h 15)
Cette disposition englobe dans la définition de courtage le fait
d'agir pour le compte d'un titulaire de permis pour le transport d'une
matière en vrac. Depuis plusieurs années, certaines personnes ont
contourné l'application du règlement qui exige un permis en
effectuant le courtage sous le couvert de mandats notariés ou de
contrats de société. Elles pouvaient ainsi faire
compétition aux corporations de courtage des camionneurs. En englobant
dans la définition de courtage toutes les facettes utilisées par
les intermédiaires, la disposition a pour objet d'affirmer
l'exclusivité donnée aux groupes de camionneurs
représentatifs.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a des interventions à l'article 1?
M. Garon: Ce ne sera pas long. On vient d'avoir le cahier des
notes explicatives du ministre, juste avant la réunion tout à
l'heure. On ne pouvait pas les lire en même temps qu'on étudiait
le projet de loi sur les voitures pour la ligne de chemin de fer entre
Montréal et Rigaud.
Une voix: Vous êtes chanceux, des fois il n'est pas
distribué.
M. Garon: Habituellement, quand il est distribué, cela
fait gagner du temps. Vous ne le savez pas, vous n'étiez pas là
avant, vous.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Juste le temps que le
député de Lévis regarde ça. C'est ce matin qu'on a
donné le cahier, dans ce cas-ci.
M. Garon: C'est ça que je dis, oui.
M. Côté (Charlesbourg): À 11 heures, ce
matin. J'avais compris que c'était en commençant ce soir.
M. Garon: Non, j'ai dit au début de la réunion et
on ne pouvait pas le lire pendant l'analyse du projet de loi sur les voitures
pour le transport entre Montréal et Rigaud. On ne pouvait pas faire les
deux choses en même temps. Je suis capable de marcher et de mâcher
de la gomme en même temps, mais je ne suis pas capable d'étudier
deux projets de loi en même temps.
Le Président (M. Saint-Roch): Vous devez comprendre, M. le
député, que pour l'enregistrement de nos débats, si on est
trop longtemps silencieux, on va penser qu'on est en train de sommeiller. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Vous pensez qu'avec ce changement de clause vous
régularisez la situation.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, nos légistes
nous disent qu'on bouche un trou et qu'on fait en sorte que
l'exclusivité soit là. Cela semble bien être l'avis de
plusieurs légistes que nous avons consultés.
M. Garon: Quel trou bouchez-vous, pour les fins du Journal des
débats?
M. Côté (Charlesbourg): il y a un certain courtage
qui s'est implanté au fil des années, en particulier au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, et qui venait faire de la concurrence à ceux
qui étaient reconnus dans le domaine du courtage. C'est ce
trou-ià. On dit très clairement dans la note explicative qu'en
englobant dans la définition de courtage toutes !es facettes
utilisées par les intermédiaires la disposition a pour objet
d'affirmer l'exclusivité donnée aux groupes de camionneurs
représentatifs, soit ceux qui sont reconnus dans les postes et
sous-postes en termes d'organismes sans but lucratif.
M. Garon: Dans la définition, au dernier alinéa,
vous changez "aux fins de la présente loi" par "pour l'application de la
présente loi". Qu'est-ce qui fait la différence pour vous sur le
plan juridique entre cette terminologie et l'ancienne?
M. Côté (Charlesbourg): Pour le compte d'un
titulaire.
M. Garon: Ce n'est pas juste cela que vous avez changé
dans la définition.
M. Côté (Charlesbourg): Ce qu'on me dit là,
c'est qu'on en a fait une définition légale qu'on retrouve par
l'ajout du paragraphe, alors qu'on disait, dans le texte actuel: "Aux fins de
la présente loi, le courtage en transport comprend la répartition
des services entre les transporteurs qui détiennent un permis pour le
transport d'une matière en vrac."
M. Garon: Pourriez-vous nous présenter votre nouveau
conseiller en droit, je ne le connais pas?
M. Côté (Charlesbourg): Oui. C'est un avocat. Cest
un commissaire à la Commission des transports. C'est le
spécialiste à la Commission des transports en matière de
vrac que nous sommes allés chercher pour nous aider dans la
démarche que nous avons entreprise, Me Paquet, qui nous a
aidés...
M. Garon: Son premier nom?
M. Côté (Charlesbourg): Michel Paquet. Il y avait
deux Paquet à la Commission des transports; celui-ci, c'est Michel, le
spécialiste du vrac, qui nous a été bien utile tout au
cours de cet exercice-là, de même que les collaborateurs
habituels. Il y a des visages que vous connaissez parce que ça fait,
quand même, quelques fois qu'on se rencontre. Il faut peut-être en
profiter pour dire qu'on eu une excellente collaboration de M. Vignola, de M.
Couture qui nous accompagnent, en arrière. Je pourrais bien nommer tous
les artisans de la province de Québec aussi qui ont été
des avocats à leur manière quant à l'analyse des textes et
qui les ont examinés et fait examiner par leur procureur et on se
retrouve devant eux aujourd'hui. Alors, si M.
Paquet veut ajouter des choses sur la clarté du texte, je n'ai
pas d'objection à ça.
ML Garon: Vous me faites penser, en disant que...
La Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon: ...vous avez beaucoup d'avocats, à Réal
Caouette qui disait que tous les créditistes étaient des
économistes. Quand Robert Bourassa a commencé à dire qu'il
était économiste plutôt qu'avocat fiscaliste, j'ai
pensé qu'il était dans le groupe de Caouette qui disait que tout
le monde pouvait se proclamer économiste.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Garon: Alors, ici, si je comprends bien, vous avez
précisé, au fond, de façon très simple, la
définition pour dire qu'il y a deux types de courtiers ou de courtage.
Le courtage, cela comprend le fait d'agir comme courtier et le fait d'agir pour
le compte d'un titulaire de permis pour un tel transport. Alors, c'est donc le
courtier proprement dit ou celui qui a des gens qui travaillent pour lui; donc,
on couvre les titulaires de droits plutôt que les activités. Parce
que, avant, vous décriviez les activités plutôt que les
titulaires de droits.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Vigneault.
M. Vigneault (Pierre-Paul): Ce qu'on avait comme
définition, c'est qu'était considéré comme courtier
celui qui faisait du courtage. Mais on a appris, à la suite du jugement
de la Cour d'appel, que certains individus, sans être
considérés comme des courtiers, pouvaient avoir un mandat de
représentants des camionneurs parce que, effectivement, ils ne faisaient
pas profession d'entremetteurs. Or, on a voulu s'assurer qu'autant celui qui
ferait profession d'entremetteur dans le commerce du transport que celui qui le
ferait de façon occasionnelle pour les fins d'un contrat particulier
soient considérés comme courtiers, sauf les exceptions qu'on va
voir plus loin, c'est-à-dire celui qui agit pour le compte du
transporteur, comme employé pour le compte du transporteur comme agent
dans le cas où le transporteur est une compagnie ou pour le compte du
transporteur lorsque c'est une société, mais une
société qui a un permis de transport. En dehors de ces
situations-là qui seront prévues plus loin, les personnes qui
agiront pour le compte de transporteurs pour contracter du transport,
même si elles ne sont pas des entremetteurs de façon
professionnelle, pourront être poursuivies si elles n'ont pas de
permis.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon: M. le ministre, moins qu'une question juridique, avec
le fait de définir le courtage de cette façon-là, en
reconnaissant légalement, à toutes fins utiles, le trou qui
existait, vous ne pensez pas que vous pouvez en arriver à créer
une dynamique nouvelle qui fait que le nombre de ceux qui vont vouloir agir
pour le compte d'un titulaire de permis pour un tel transport pourra augmenter
puisque ça va être reconnu?
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire qu'on va
le voir plus tard. Il y a des règles à respecter pour être
reconnu comme courtier, soit la règle des 40 %.
M. Garon: 40 %
M. Côté (Charlesbourg): Donc, normalement, il peut
peut-être y en avoir un peu plus, mais on était pris avec des
jugements qui parlaient d'une situation monopolistique et il fallait trouver
une solution qui agrée à tout le monde, qui crée une
certaine ouverture. Dans ce sens-là, oui, effectivement, il peut y avoir
une certaine augmentation, mais elle est quand même limitée au
maximum à deux par poste ou sous-poste. La règle étant 40
% d'adhérents, finalement, c'est au maximum deux par poste ou
sous-poste, par territoire qui pourraient se retrouver ià. Alors, c'est
clair que c'est plus que ce qu'il y a aujourd'hui, mais encore faudra-t-il que
l'exercice se fasse. Si 65 % ou 61 % des gens adhéraient à un
poste, ça signifie qu'il va y en avoir rien qu'un; ce sera la
volonté de 61 %.
M. Garon: C'est-à-dire que ça dépend de la
façon dont c'est fait. La question de monopole, ça dépend
de la façon dont c'est rédigé. Si la loi n'est pas
rédigée de façon claire... Par exemple, dans les plans
conjoints, les agriculteurs votent, à la proportion requise par la loi,
l'unité de représentation du plan conjoint. Après cela, le
plan conjoint représente tout le monde qui en fait partie, tous ceux qui
entrent dans la définition de producteur agricole couvert par le plan
conjoint. Il faut s'entendre. La loi, telle que faite, ne reconnaissait pas
ça, ont dit les juges. Le législateur n'avait pas reconnu, d'une
façon claire, un caractère de monopole. Si le législateur
avait voulu...
Par exemple, le gouvernement actuel - le ministre était là
quand cela a été fait - a permis que les artistes aient,
maintenant, une loi qui n'est pas la même, mais de nature
équivalente à la Loi sur la mise en marché des produits
agricoles où, par catégories, les artistes vont pouvoir
établir un genre de monopole. C'est par catégories: tel genre
d'artistes, tel genre d'artistes, tel genre d'artistes. Si les gens couverts
par le secteur, lors d'un vote référendaire, ont reconnu qu'ils
veulent avoir un organisme de négociation qui représente tout le
monde, ils vont pouvoir l'avoir, mais parce que le gouvernement a
accepté de le faire. Alors, il avait accepté de le faire
déjà pour les cultivateurs, il a accepté de le faire
à cette session pour les artistes, mais, en réalité, il
n'a pas accepté de le faire pour les camionneurs. C'est ça la
question, au fond. Vous avez fait un choix, celui de dire: Une association
à 40 % va être reconnue, il pourra y en avoir deux dans le
même territoire, il n'y aura pas de monopole. C'est parce que vous avez
choisi cette formule.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): À la suite de
jugements qui nous mettaient devant une situation monopolistique, nous avons
négocié, discuté avec les représentants des
artisans et on en est arrivé à cette hypothèse. Bien
sûr que les artisans auraient préféré garder un
poste ou un sous-poste; je pense que c'est très honnête de le
dire. Le choix du gouvernement a été celui-là si on veut
être capable, éventuellement, d'élargir l'assiette pour
manger. On peut bien n'avoir qu'un poste et qu'un sous-poste, mais si on ne
réussit pas à agrandir l'assiette, il n'y en aura pas plus,
l'objectif étant d'avoir le plus d'ouvrage possible, d'en arriver
à un consensus qui permettrait une situation qui ne serait pas
monopolistique. Effectivement, par ce fait-là, à 40 %, on dit: On
élimine le monopole. On verra. J'imagine qu'il y a des gens qui se sont
préparés depuis ce temps-là à l'arrivée de
cette loi. Je ne veux pas dire que ça va changer dans tous les postes et
sous-postes, on verra, mais l'exercice va se faire et ce sont les camionneurs
eux-mêmes qui vont décider où ils vont. Alors,
au-delà de tout ça, c'est un choix que le gouvernement a fait,
bien sûr, parce que c'est dans la loi.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon: Est-ce que le gouvernement a étudié la
possibilité de donner le même statut aux camionneurs que celui
qu'il a donné aux artistes...
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Garon: ...et qui avait été donné
antérieurement...
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Garon: ...aux producteurs agricoles? Dans une catégorie
de producteurs, comme les camionneurs artisans, si les gens ont voté,
supposons, dans une proportion de 60 % ou 65 % - le pourcentage peut varier -
il y a unicité de
représentation au niveau du secteur sur un territoire
donné, comme il a accepté de le faire pour les artistes et comme
cela a été fait en 1972 pour les cultivateurs. Pardon, avant
ça, c'est dans le temps de Duplessis, sacrifice. Dans la Loi sur les
producteurs agricoles, en 1972, il a même donné l'unité de
représentation syndicale pour qu'il y ait un seul syndicat pour tous les
agriculteurs du Québec. Mais avant il y avait la loi sur la mise en
marché qui avait permis de regrouper dans une unité de
négociation les gens qui avaient voté pour être
représentés, à condition qu'il y ait tel pourcentage de
gens qui votent et que tel pourcentage de ceux qui votent y soient favorables.
Quand vous dites Le juge ne reconnaît pas, il dit que c'est un monopole,
à toutes fins utiles, c'est parce que la loi n'a pas reconnu ce
caractère de façon formelle. Si la loi avait reconnu ce
caractère de façon formelle et explicite, comme c'est fait dans
la Loi sur la mise en marché des produits agricoles ou dans celle sur le
statut de l'artiste que le gouvernement vient d'adopter, cela aurait
été aussi possible pour les camionneurs. (21 h 30)
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Votre explication est
très claire et, dans ma réponse, je vous ai dit que le
gouvernement l'avait envisagé, mais qu'il ne l'avait pas retenu.
M. Garon: Pourquoi? Est-ce que vous l'avez proposé au
gouvernement qui ne l'a pas retenu ou si vous ne le lui avez pas
proposé?
M. Côté (Charlesbourg): Non. On en a discuté
au plan gouvernemental. On ne l'a pas retenu compte tenu de la nature
même des discussions que nous avons eues avec nos partenaires dans cette
aventure, les camionneurs et les donneurs d'ouvrage, les entrepreneurs, et vu
qu'une telle situation n'aurait été nullement acceptable par les
entrepreneurs. Comme on vise à éventuellement élargir
l'assiette, il faut le faire avec le plus de chances possible pour que
ça s'applique très bien et de la bonne manière. Dans ce
sens-là, cela n'a pas été reconnu. On verra tantôt
de quelle façon on va procéder; c'est 40 %, mais à partir
d'une liste constituée par la Commission des transports qui n'a aucune
exigence. Que ce soit 50 %, 40 % ou 10 % de la liste des propriétaires
de VR, il pourrait y en avoir dix qui décideraient demain matin
d'être sur la liste et cela va en prendre quatre pour faire un poste ou
un sous-poste. C'est aussi simple que ça. Ce sont peut-être quatre
personnes sur cent qui auraient ce droit-là. Donc, c'est comme ça
que ça va fonctionner. Ma garantie à moi, c'est que cela a
été fait après discussion avec les gens du milieu et tout
le monde accepte de vivre avec ça.
M. Garon: Oui, mais est-ce qu'ils acceptent de vivre avec
ça parce que vous ne vouliez pas leur donner autre chose...
M. Côté (Charlesbourg): Ah! C'est clair que...
M. Garon:... et qu'ils aiment mieux avoir ça que rien?
M. Côté (Charlesbourg): Non, écoutez, ce
n'est pas bien compliqué. Il faut bien comprendre une chose. Si je leur
avais dit: Je vous donne l'exclusivité, un monopole, le 75-25 on va
l'augmenter à 90-10 et, en plus de ça, on oblige les
municipalités, on oblige la SQAE et le gouvernement
fédérai, je vous garantis une chose: c'est clair qu'ils auraient
accepté ça. Mais la question est très simple; si, pour
vous, c'était si important au plan des principes, pourquoi ne
l'avez-vous pas fait en 1977, 1978, 1979, 1980, 1981, 1982, 1983, 1984 ou 1985?
Répondez-moi.
M. Garon: Le problème ne se posait pas. Cela fonctionnait. C'est
simplement parce qu'il y a eu les jugements des tribunaux qu'il a fallu changer
l'affaire. Au moment où vous aviez à revoir ça, vous
auriez pu dire et vous avez choisi de ne pas le dire... Mais le juge n'a pas
dit: Le monopole, ce n'est pas correct. Il ne s'agit pas de dire, non plus: Le
ministre va donner un monopole. Ce n'est pas ce que j'ai dit. Ce n'est pas
ça. Les cultivateurs et les artistes, dans la loi, le gouvernement ne
leur donne pas un monopole. Il leur dit: Si les gens du secteur tel que
défini votent dans une proportion, admettons, de 75 % ou de 70 % - les
cultivateurs, c'est 70 % ou 75 % - au référendum et, si tel
pourcentage de ceux qui votent sont pour, tel régime va s'appliquer.
Mais les gens ne sont pas obligés de voter pour. De la même
façon que vous avez donné aux artistes la possibilité d'un
pouvoir de négociation, mais à condition qu'ils se le donnent
eux-mêmes, avec une réglementation de négociation, qu'ils
vont se donner eux-mêmes aussi.
Ce n'est pas le gouvernement qui établit comment ça va
marcher. Le gouvernement établit le cadre et les gens décident
s'ils se donnent ce régime ou non dont ils définissent un grand
nombre de paramètres en vertu de la loi qui leur laisse cette
possibilité. C'est pour ça que je vous demandais, M. le ministre,
si vous aviez discuté avec les gens du camionnage de cette
possibilité de représentation syndicale pour la mise en
marché de leur produit qui est le camionnage dans un certain nombre de
secteurs.
M. Côté (Charlesbourg): De la manière dont
c'est arrivé, M. le Président, j'ai l'impression qu'on leur a
fait peur à Saint-Hyacinthe avec notre document qu'on leur avait
expédié avant. Après Saint-Hyacinthe, on a
décidé de rencontrer un certain nombre de représentants
pour négo-
cier et discuter. Lorsqu'on s'est assis à la table en face au
Hilton et qu'on a commencé à discuter point par point, c'est
sûr qu'on s'est parlé. On s'est laissé, on s'est revu plus
tard et eux-mêmes sont arrivés avec des propositions. S'ils
avaient su qu'ils avaient la moindre chance d'avoir un monopole reconnu, ils
seraient allés vers le monopole, voyons donc! C'est bien simple. C'est
bien clair aussi. Je ne cherche pas à le cacher. Mais il n'en
n'était pas question pour nous dans l'objectif que nous avions
d'établir une paix sociale dans l'exercice de ce métier et un
consensus qui serait viable par les entrepreneurs et par les artisans dans le
but d'élargir la base éventuelle de travail. C'est ce qu'on a
voulu faire et c'est de cette manière-là qu'on a choisi de le
faire.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 1? M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je pense que le ministre ne comprend pas comme il faut
ce que je dis. Quand on parle de représentativité, quand il
choisit 40 %, cela veut dire qu'il y a possibilité de deux groupes de 40
%. En quoi estime-t-il que deux groupes de 40 % pourront jouer un meilleur
rôle qu'un groupe qui va être représentatif de l'ensemble
qui va jouer ce rôle sur un territoire donné à la condition
d'être reconnu par les gens du territoire?
M. Côté (Charlesbourg): La compétition ne
fait jamais peur à personne. La compétition, ça stimuie.
Dans ce sens, deux fois 40 % comme possibilité, qu'il y en ait deux ou
qu'il y en ait seulement un, il y aura toujours le risque qu'il y en ait un
deuxième s'il y a une insatisfaction de !a part des camionneurs. Dans ce
sens, cela va amener de part et d'autre, je pense, beaucoup plus de vigilance
sur le plan du service à donner aux camionneurs. D'autre part, dans la
mesure où 61 % décident d'adhérer à un poste ou
à un sous-poste et qu'il y en a seulement un, la possibilité
demeurera toujours éventuellement aux deux ans sur le plan de
l'affiliation qu'il y en ait un autre. Donc, j'ai l'impression que cela va
installer un peu plus de vigilance et que, dans ce sens, c'est bon. Cela nous
permettrait de régler un certain nombre de problèmes. C'est pour
cela qu'on l'a fait comme ça.
M. Garon: À quel niveau la concurrence
s'établit-elle sur un territoire?
M. Côté (Charlesbourg): La concurrence?
M. Garon: Oui, de quelle façon voyez-vous la concurrence
s'établir?
M. Côté (Charlesbourg): S'il y a deux courtiers.
S'il y en a deux de 40 %, il y en a deux.
M. Garon: Puis?
M. Côté (Charlesbourg): Puis, il va pouvoir faire
affaire avec l'un ou avec l'autre.
M. Garon: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): C'est clair.
M. Garon: La concurrence va avoir lieu dans quoi?
M. Côté (Charlesbourg): Sur la qualité du
service, sur les tarifs ou peut-être sur davantage de travail que la
clause 75-25. Il y a toute une série de choses. L'entrepreneur qui, lui,
va être satisfait du travail qui lui est fourni... Je ne connais pas un
entrepreneur qui est intéressé à avoir des camions dans sa
cour pour faire un travail hypothétique. Dans la mesure où il y a
une bonne qualité de service et où il s'entend bien... Parce
qu'il y a des places où ça va bien. Il y a des places où
les artisans ont une très bonne relation avec le dispensateur d'ouvrage,
des endroits où l'asphalte est fait par les artisans où les gens
s'entendent fort bien avec l'entrepreneur qui n'a pas aucune espèce
d'intérêt à acheter un camion. Alors, on tente de mettre le
maximum de chances de notre côté pour que l'entrepreneur
n'achète pas de camions, mais utilise les camions des artisans. Ce
n'était pas facile au cours des dernières années, sur le
plan du respect de tout cela; cela "fuitait" à certaines places et cela
brassait. Dans ce sens, c'est sain qu'il y ait une certaine compétition.
Cela va servir à tout le monde. Cela va aider les courtiers
eux-mêmes, cela va aider les artisans eux-mêmes et cela va aider
les entrepreneurs.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions à l'article 1? M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je suis vraiment un peu surpris du raisonnement du
ministre. Si le gouvernement a pu donner en ce qui concerne les artistes la
règle de négociation dans l'agriculture, imaginez-vous, y a-t-il
quelque chose de plus différent que deux chanteurs ou deux artistes de
différentes catégories, alors qu'on va négocier pour tous
les artistes un régime, à la condition qu'ils l'aient voulu par
un vote? Transporter du vrac, c'est pas mal plus similaire, cela
m'apparaît un peu comme transporter du lait ou transporter des pommes de
terre. C'est un produit... Imaginez-vous que le produit est bien plus
différent quand vous parlez d'artistes dans la même
catégorie. Là, il s'agit du transport du vrac; c'est un produit
tout de même assez homogène selon le type de vrac qui est
transporté.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
suis un peu étonné des propos du député de
Lévis, iî y a seulement une chose que je regrette, c'est
que le premier ministre René Lévesque, au lendemain de
l'éiection de 1981, n'ait pas choisi de le nommer ministre des
Transports parce qu'on ne serait pas en commission parlementaire aujourd'hui
pour régler un problème, ii l'aurait réglé, lui, de
cette manière-là. Je ne comprends pas que vous n'ayez pas
suggéré cela à votre collègue, Lucien Lessard,
à l'époque. Au lieu d'essayer de les mettre à terre comme
ils i'ont fait avec cette pratique-là, ils auraient peut-être
été bien mieux d'appliquer cela. Ceia aurait réglé
une partie des problèmes et on ne serait pas là aujourd'hui. Je
ne dis pas que la solution que vous proposez n'est pas bonne.
M. Garon: Ce n'est pas ceia que je dis. Vous me comprenez
mai.
M. Côté (Charlesbourg): Je vous comprends
très bien.
M. Garon: Je vous demande si vous avez étudié cette
possibilité-là.
M. Côté (Charlesbourg): Je vous comprends
très bien. Je vous comprends très très bien.
M. Garon: Je vous demande si vous l'avez étudiée
et, si vous l'avez étudiée, pourquoi ne l'avez-vous pas
acceptée? Je ne voudrais pas que ce soit pour des mauvaises raisons.
M. Côté (Charlesbourg): Ce ne sont pas des mauvaises
raisons. La raison, c'est qu'on s'est orienté vers la solution qui est
là et qui est acceptée par les parties. Si vous aviez
proposé ce que je vous propose, probablement qu'elles auraient davantage
accepté cela qu'autre chose. Mais, chez nous cela ne marchait pas.
Alors, c'est clair, c'est non. Fouillez la raison que vous voulez et
donnez-vous la raison que vous voulez, c'est non. Vous avez beau me dire: Les
agriculteurs l'ont eu et on i'a donné aux artistes, pourquoi ne
l'avez-vous pas donné aux artisans? C'est un questionnement que vous
pouvez faire, mais, quant à moi, j'ai décidé qu'on
réglait avec la solution qui est là pour, à partir de
cela, négocier avec les intervenants qui s'en satisfont. "Coudon", on a
eu quelques rencontres et ils étaient très satisfaits de
l'échéancier qu'on s'est donné sur le plan de la
réalisation et de ce qui était dedans. Ils ont eu des copies sur
le plan de la négociation et sur le plan du libellé afin de
savoir si, effectivement, il y avait des vices qu'on ne voyait pas
là-dedans pour tenter de les éliminer. C'est là qu'on en
est.
M. Garon: Ce n'est pas cela que je dis. Au fond, ce que je dis,
c'est qu'un régime semblable à ce que vous avez donné aux
artistes dans le domaine du camionnage est bien plus difficile d'application,
alors que cela a été permis par le gouvernement il y a plusieurs
années - cela remonte à la fin des années cinquante, entre
1955 et 1956, je pense - quand la Loi sur la mise en marché des produits
agricoles a été adoptée et pour des produits qui sont bien
plus différents. C'est évident que, quand vous regardez les
produits agricoles, pour ceux qui veulent faire des poulets qui sont pas mai
Identiques, ceia peut être assez compliqué. Avant, il y avait
différentes catégories de lait, différentes
qualités de lait, en arriver à standardiser la qualité
pour arriver à un prix uniforme, c'est pas mal plus compliqué
qu'on ne le pense. Faire le transport de produits en vrac, ceia
m'apparaît moins compliqué que d'assurer la livraison de lait dans
telles conditions, avec la production à la ferme dans telles
conditions.
Quand j'ai parlé avec les artistes, je leur ai dit: Je pense que
l'application va être difficile parce que les artistes sont beaucoup plus
individualistes et l'évaluation d'un artiste, cela peut être bien
disparate de l'un à l'autre. Pourtant, le gouvernement a accepté
cette façon de représenter les artistes. C'est pour cela que je
me demandais si c'était applicable dans le domaine du camionnage.
D'après ce que je comprends, au fond, la réponse du ministre a
été: Non, on ne veut pas de ce genre de représentation
pour les camionneurs. Alors, ils n'ont pas eu le choix entre plusieurs
formules. Ils ont eu la formule que vous avez voulu leur donner. C'est cela que
je comprends. Je veux simplement bien comprendre comment cela s'est
passé.
M. Côté (Charlesbourg): C'est une formule qu'on a
travaillée ensemble.
M. Garon: Mais l'autre, vous ne leur en avez pas
parlé.
M. Côté (Charlesbourg): Non. M. Garon: Pourquoi?
M. Côté (Charlesbourg): Pourquoi? Parce qu'on avait
à partir de jugements qui étaient là et qu'il fallait
tenter de régler. C'était les éléments qu'on avait
sous le nez et qu'il fallait tenter de régler. C'est à partir de
cela qu'on a tenté d'examiner une solution qui était souhaitable.
À partir du moment où on a commencé à
négocier et à véritablement enclencher notre
décision, la décision du Conseil des ministres au niveau de
l'artiste n'était pas prise.
M. Garon: Comment vont être fixés les taux?
M. Côté (Charlesbourg): Les taux? M. Garon:
Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Les taux du vrac? Par la
Commission des transports.
M. Garon: À ce moment-là, la concurrence va se
faire comment? (21 h 45)
M. Côté (Charlesbourg): II y aura le
dépôt des taux à la commission qui seront acceptés
dans les 48 heures du dépôt et il y aura donc place à la
négociation au niveau des entrepreneurs et des artisans. Mais
après 48 heures, si la Commission des transports n'a pas réagi,
les taux sont en application. Évidemment, il y a peut-être juste
un élément additionnel. Dans le cas des 48 heures, qu'on se
comprenne bien, c'est dans !a mesure où il y aurait un taux
inférieur au taux fixé par la commission.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Garon: Est-ce que les entrepreneurs sont satisfaits de ce
règlement7
M. Côté (Charlesbourg): J'ai rencontré des
gens de l'ACRGTQ, à trois reprises, sur le dossier. Je les ai
rencontrés à nouveau mardi. Le conseil d'administration de
l'ACRGTQ - ils étaient une dizaine - s'est dit satisfait du projet de
loi tel que déposé et, comme d'autres personnes, il a
souhaité obtenir le plus rapidement possible une copie du
règlement pour être capable de l'analyser.
M. Garon: M. !e Président, dans son esprit, le ministre
souhaite qu'il y ait deux associations par poste en se disant: II va y avoir un
peu de concurrence et ça va être meilleur.
M. Côté (Charlesbourg): Si les artisans souhaitent
qu'il y en ait juste une, c'est leur choix démocratique, à eux.
Si les artisans souhaitent qu'il y en ait deux, il y en aura deux. C'est clair
et, à ce moment-là, il n'y a personne qui va pouvoir contester la
représentativité des représentants. Je ne ferai pas une
crise demain matin s'il y en a seulement une. Ils auront eu la
possibilité d'en avoir deux. C'est cette possibilité qu'on a
voulu donner pour éliminer le monopole.
M. Garon: Alors, ça donne quoi? M. Côté
(Charlesbourg): Comment?
M. Garon: Mais ça donne quoi? Je comprends que le ministre
veut légaliser une clause, mais il a choisi une formule. Il n'y avait
pas seulement une formule de légalisation. Il y avait plusieurs formules
dépendamment de ce qu'il voulait. Je pense bien que là il choisit
une façon de le faire. !l y avait bien d'autres façons.
M. Côté (Charlesbourg): Je ne tente pas de
prétendre que la solution qu'on a est la solution idéale et la
seule. Je pense que vous nous avez fait la démonstration qu'il y en a
d'autres, très évidente. À l'époque, vous aviez
choisi celle-là.
Elle est là. Nous, on a choisi celle-ci. On va voir ce que
ça donne. Il faut croire que les gars ne sont pas trop malheureux parce
qu'ils sont ici et ils attendent l'adoption de la loi. On verra dans la
pratique ce que ça donne.
M. Garon: C'est pour ça qu'on ne s'opposera pas à
l'adoption du règlement puisqu'ils ont demandé qu'on l'adopte.
Mais je ne suis pas certain qu'ils ont eu la meilleure formule.
M. Côté (Charlesbourg): C'est toujours bonifiable.
La plus belle preuve, c'est que, dans l'application, on va voir ce que
ça donne. Puis, si elle n'est pas bonne, on tentera de la bonifier ou
d'autres tenteront de la bonifier, mais c'est une amélioration
très sensible par rapport à ce qui existait. Je vous rappelle que
la clause 75-25, pour !a première fois, a été incluse dans
un projet de loi que j'ai fait adopter par l'Assemblée nationale au mois
de juin 1987. Ce n'était pas dans une loi. On l'a mise à l'abri,
de la même manière qu'on complète par ça ici. Je
suis loin de prétendre que c'est le bonheur total et que ça va
être merveilleux. C'est toujours une question d'attitude, l'objectif
étant toujours de tenter d'élargir l'assiette. Tu sais, la pizza,
si elle a 32 pouces et que tu la partages en pointes, ça fait une pointe
de x. Mais si elle a 64 pouces et que tu la partages de la même
façon, tu vas en avoir deux fois plus. Pour être capable de la
faire à 64 pouces, il faut que ceux qui mettent la pâte dedans, le
pepperoni, l'assaisonnement, les champignons et tout ce que tu voudras soient
bien d'accord parce qu'à un moment donné, s'il y a juste de la
pâte, ils vont vivre maigres. De temps en temps, les champignons et !e
pepperoni, cela fait pas pire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis?
M. Garon: Cela dépend. Je pense, M. le Président,
que l'exemple de la pizza est excellent, sauf que, si vous faites une pizza de
24 pouces avec la même quantité de pâte, de pepperoni, de
champignons et de sauce aux tomates et que vous faites une pizza de 12 pouces,
je vais vous dire que, même si vous nourrissez plus de personnes avec,
votre pizza de 24 pouces, elles vont vivre maigres. Ce n'est pas la grosseur de
la pizza, cela n'a pas d'importance une pizza de 12 pouces, 24 pouces ou 36
pouces. Cela dépend de la quantité de produits qu'il y a
dedans.
M. Côté (Charlesbourg): De toute façon, on
peut s'amuser longtemps, mais...
M. Garon: Non, mais c'est cela.
M. Côté (Charlesbourg): On peut s'amuser bien
longtemps, il y a une chose qui est certaine, c'est que les permis de vrac au
Québec
n'augmentent pas; donc, les proportions ne changent pas. C'est clair?
Des permis de vrac, il ne s'en délivre plus au Québec.
M. Garon: Non...
M. Côté (Charlesbourg): Les gars, pour se diviser la
tarte, n'augmentent pas. Tout ce qu'on fait, c'est qu'on donne des
possibilités à des gens de se regrouper à
l'intérieur de corporations sans but lucratif. On s'en va vers une chose
où c'était principalement des entrepreneurs qui contestaient
l'existence légale du courtage, du règlement et qui, aujourd'hui,
vont s'asseoir et ne contesteront pas, à tout le moins, de i'avis de
S'ACRGTQ qui va s'asseoir à la table après les fêtes avec
eux quand cela sera adopté pour être capable de voir ce qu'on fait
pour élargir l'assiette. En tout cas, ceia me paraît une situation
pas mal plus intéressante que celle du 29e étage, à
l'Auberge des gouverneurs, du temps où Lucien Lessard a rencontré
l'ANCAl et que ceia a été le coup de mort pour eux après.
Il ne faut pas se faire d'illusions: les artisans, cela n'a pas monté
après 1977-1978. Si mon souvenir est bon, cela n'a pas monté
beaucoup. Cela a descendu et vite, à part cela.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions à l'article 1? M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, comme j'ai dit que je voulais
permettre que le projet de loi soit adopté, mais pas
nécessairement en pensant que c'était le meilleur régime,
je vais dire sur division.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, l'article 1
étant adopté sur division, j'appelle l'article 2. M. le
ministre.
Champ d'application
M. Côté (Charlesbourg): "L'article 2 de cette loi,
modifié par l'article 99 du chapitre 97 des Lois de 1987, est de nouveau
modifié par le remplacement du troisième alinéa par le
suivant: "Elle ne s'applique pas au transport régi par la Loi sur le
camionnage (1987, chapitre 97), sauf dans la mesure prévue par cette
loi, ni au transport faisant l'objet des exclusions prévues aux
paragraphes 3° à 7° et 9° à 11° du
deuxième alinéa de l'article 1 de cette loi. "
Comme commentaire, M. le Président, cette disposition a pour
objet de supprimer le renvoi au paragraphe 8° de l'article 1 de la Loi sur
le camionnage. Ce renvoi a pour effet d'exclure de l'application de la Loi sur
les transports le transport d'engrais naturel ou chimique et de toute substance
destinée à la fertilisation ou à l'amélioration des
sols. Il s'agit d'un transport régi par le règlement sur le
camionnage en vrac adopté en vertu de la Loi sur les transports, qui
doit demeurer régi par ce règlement. Cette disposition permettra
de conserver l'exclusivité de ce transport aux camionneurs qui
effectuent le camionnage en vrac.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, on
peut peut-être demander à Me Paquet d'expliquer au
député de Lévis que c'est un accident de parcours qui est
arrivé. Dans ce cas-là, sur le plan législatif, on avait
fait une exclusion. Donc, il était exclu et on l'inclut de nouveau de la
même manière que c'était auparavant. Il peut
peut-être expliquer ce qui s'est passé.
M. Garon: C'est une concordance, tout simplement.
Le Président (M. Saint-Roch): Me Paquet.
M. Côté (Charlesbourg): C'est un peu plus que de la
concordance dans le sens qu'on inclut de nouveau ce transport que, par accident
législatif, semble-t-il, on avait exclu par le projet de loi 76 qu'on a
adopté, qui a été publié dans la Gazette officielle
du 27 janvier 1988. On réintroduit cette matière-là. Donc,
on en met un peu plus dans la pizza.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: C'est-à-dire que vous l'aviez enlevé sans
le vouloir?
M. Côté (Charlesbourg): C'était
déjà là. C'est ceia. On l'avait enlevé sans le
vouloir, c'est cela.
Le Président (M. Saint-Roch): Me Paquet.
M. Paquet (Michel): Lorsqu'est arrivée la Loi sur le
camionnage...
M. Garon: Quand le cuisinier cuisine trop vite, à un
moment donné il y a des choses qui sortent de la pizza.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Allez-y, M. Paquet.
Le Président (M. Saint-Roch): Me Paquet.
M. Paquet: L'arrivée de la Loi sur le camionnage a fait en
sorte de grandement libéraliser, si vous voulez, le transport
général au Québec. Par le paragraphe 8° de l'article 1
de la Loi sur le camionnage qui donnait des exclusions, qui
déréglementait certains produits, à ce moment-là,
on s'est trouvé à déréglementer le transport des
engrais naturels ou chimiques et de toute substance destinée à la
fertilisation ou
à l'amélioration des sois. Alors, de ce fait, ce qui
appartenait en exclusivité aux vraquiers s'est trouvé, par la Loi
sur le camionnage, à sortir et à être
déréglementé. Alors, de cette façon-ci,
aujourd'hui, nous le remettons tout simplement dans son contexte, ce qui, dans
les faits, fera en sorte que l'engrais chimique transporté en vrac sera
de l'exclusivité du vrac et ce qui sera transporté en poche ou
emballé sera libéraiisé ou
déréglementé.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, Me Paquet. Est-ce
qu'il y a des interventions?
M. Garon: Je me demandais, parce que...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis. Est-ce qu'il y a des interventions?
M. Côté (Charlesbourg): Adopté.
M. Garon: Ce ne sera pas long. Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 2 étant
adopté, j'appelle l'article 3.
Pouvoirs et réglementation
M. Côté (Charlesbourg): "L'article 5 de cette loi,
modifié par l'article 100 du chapitre 97 des Lois de 1987, est de
nouveau modifié: "1° par le remplacement, dans !e paragraphe c, des
mots "y prévoir des exceptions eu égard à" par les mots
"prévoir des exceptions aux activités qui requièrent un
permis eu égard à".
Cette définition a pour objet d'adapter le texte du paragraphe c
de l'article 5 de la Loi sur les transports à l'article 36. 1
présenté par l'article 4 du projet de loi. Dans le projet de
règlement modifiant le règlement sur !e camionnage en vrac, une
exception à l'obligation d'être titulaire d'un permis de courtage
est prévue pour le courtage concernant un transport de produit
forestier. Une exception a aussi été prévue pour le
transport de la neige sur le territoire de la ville de Montréal pour
éviter tout conflit de lois entre la charte de la ville de
Montréal, qui oblige la ville à procéder par soumissions
publiques, et la Loi sur les transports qui restreint le nombre de courtiers
autorisés à soumissionner.
Évidemment, M. le Président, il y aura un paragraphe
2°.
Le Président (M. Saint-Roch): D'accord, M. !e
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): C'est peut-être de les
régler un par un.
M. Garon: Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): II y aura un paragraphe
2° tout à l'heure.
Le Président (M. Saint-Roch): Nous allons procéder
paragraphe par paragraphe, M. le député de Lévis.
M. Garon: Oui, oui, j'ai compris cela.
M. Côté (Charlesbourg): Maintenant, cela crée
l'obligation d'avoir un permis et cela exclut, à titre d'exemple, la
neige pour la ville de Montréal.
M. Garon: Cela exclut déjà la neige pour la ville
de Montréal, non? Est-ce qu'elle avait été exclue par le
jugement.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Garon: Avant le jugement, est-ce qu'on agissait comme s! elle
était couverte?
M. Côté (Charlesbourg): Oui. C'est ce que le
jugement est venu faire.
M. Garon: Pendant combien d'années a-t-on
fonctionné, pour la neige à Montréal, comme si le
règlement s'appliquait?
M. Côté (Charlesbourg): Le règlement existe
depuis 1977, mais ce qu'on me dit, c'est qu'i! n'a pas toujours
été nécessairement appliqué. Il était,
semble-t-il, facilement contourné. (22 heures)
M. Garon: II était appliqué dans quelle proportion
du camionnage pour !a neige?
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire que,
lorsqu'ils l'ont contourné, il ne l'était pas. C'est ce que j'ai
compris.
M. Garon: Est-ce qu'il était contourné à 100
%, à 10 % ou à 20 %?
Le Président (M. Saint-Roch): Me Paquet.
M. Paquet: Sur le territoire de la ville de Montréal qui
relève de la région 10, il existe un poste de courtage qui avait
un permis et qui a encore un permis de courtage exclusif au niveau
régional, sauf qu'en pratique il s'est développé, il s'est
créé des sociétés parallèles de courtage.
Exemple: Transporbec et d'autres sociétés. Alors, le courtage
dans le transport de la neige de la ville de Montréal était,
quand même, réglementé par le règlement actuel, sauf
qu'i! s'est développé, si vous voulez, des courtiers
parallèles, des regroupements de camionneurs qui se sont formés
en sociétés pour faire du transport sous le couvert du courtage
et cela a créé justement le problème qui a amené le
jugement Barbeau. Mais la neige était réglementée et a
toujours été réglementée au sens du courtage sur le
territoire de la ville de Montréal. Compte tenu du problème
soulevé par le juge Barbeau en se basant sur la charte de Sa ville de
Montréal qui est une charte
d'exception au niveau provincial, c'est pour ça qu'on arrive avec
ce projet-ci et qu'on déréglemente le courtage de la neige sur le
territoire de la ville de Montréal seulement, considérant ses
problèmes de charte, ses problèmes de soumissions.
M. Garon: Est-ce que c'est une autre chose sur laquelle vous vous
êtes entendus avec les camionneurs artisans?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Là-dessus,
évidemment, les représentants de la région 10 auraient
souhaité que la neige soit réglementée. Les
administrations qui se sont succédé à la tête de
Montréal, que ce soit M. Drapeau en 1986, que ce soit M. Doré
depuis, ont toujours revendiqué l'exclusion. À plusieurs
reprises, les artisans ont tenté de rencontrer les autorités de
la ville de Montréal pour discuter avec elles d'une possibilité
d'entente, ce qui a toujours été extrêmement difficile. Je
suis moi-même intervenu auprès de M. Doré dans une lettre
pour solliciter une rencontre au nom des camionneurs de la région 10 et,
jusqu'à maintenant, ce sont des démarches qui ont
été vaines et il n'y a pas eu possibilité de faire ces
contacts ou ces rencontres.
M. Garon: J'avais demandé ceci: Avant que le jugement
invalide la disposition réglementaire, quel était le pourcentage
du transport - je n'ai pas compris la réponse - qui continuait à
être réglementé? On a dit qu'il y a d'autres compagnies de
courtage parallèles qui se sont développées, mais combien
restaient réglementées par le poste qu'il y avait pour la
région 10?
M. Côté (Charlesbourg): II faut bien se comprendre.
Elie est exclue du courtage mais elle continue à être
réglementée.
Une voix: La neige.
M. Côté (Charlesbourg): La neige. On se comprend
bien, là.
M. Garon: Oui.
M. Paquet: Cela veut dire que ça nécessite quand
même un permis et la tarification continue à s'appliquer. Il n'y a
aucun problème, la ville de Montréal est d'accord
là-dessus aussi. Le problème était sur le courtage comme
tel. Maintenant, quant au poste de la région 10, le poste de la
région 10, si ma mémoire est bonne, regroupe environ 285 à
300 abonnés.
M. Garon: Sur combien?
M. Paquet: L'ensemble de la région 10, je ne le sais pas.
M. Vigneault peut peut-être répondre. 700 titulaires dans la
région 10. Maintenant, on touche juste à la ville de
Montréal. Pour Laval et Saint-Léonard, ces choses-là, ce
n'est pas déréglementé. C'est juste la ville de
Montréal comme telle. Ailleurs, il n'y a pas de problème. Pour
les autres villes de la région 10, il n'y a pas de problème. Le
problème était juste au chapitre de la charte. Je pense que Me
Vigneault pourrait peut-être extrapoler un peu plus.
Le Président (M. Saint-Roch): Me Vigneault?
M. Vigneault: Le jugement est assez clair là-dessus. Il y
a une incompatibilité entre le contrôle du courtage de la
façon réglementaire dont on le fait et la charte de la ville de
Montréal. Donc, tant que cette incompatibilité va demeurer, on a
besoin d'un pouvoir réglementaire, de créer l'exception pour ne
pas faire invalider le règlement.
M. Garon: Qui datait, dans la charte de la ville de
Montréal, de quand?
M. Vigneautt: La charte de la ville de Montréal...
M. Garon: Je veux dire juste sur cette question-là; je ne
veux pas dire la charte de la ville au complet.
M. Vigneault: Non, cette question de la charte, c'est dans les
années soixante-dix. C'est tout le processus de soumissions publiques
qui a été rendu obligatoire à la ville de Montréal
dans une première étape. Par la suite, on a appliqué
à l'ensemble des autres municipalités le même processus.
C'est bien dans les années soixante-dix, cela.
M. Garon: Je ne comprends pas trop comment. Si le tarif
s'applique à Montréal, cela donne quoi au juste? Le
système de soumissions publiques vaut en quoi là? C'est tant du
voyage, je suppose, le tarif de la neige?
M. Paquet: Au mètre cube.
M. Garon: Au mètre cube. Alors, si c'est payé au
mètre cube, comment les soumissions sont-elles possibles?
M. Côté (Charlesbourg): II pourrait
éventuellement y avoir une entente tarifaire qui serait
déposée à la Commission des transports dans la mesure
où elle est inférieure au taux décrété par
la commission. À partir du moment où elle est
déposée et que la commission ne s'est pas prévalue de son
droit au-delà des 48 heures, c'est un taux qui s'applique.
M. Garon: S'il y a un nouveau groupe qui
vient négocier un nouveau tarif avec la ville de Montréal
ou qui, par soumissions publiques, offre un tarif plus bas, comment va-t-il
pouvoir faire cela? Concrètement, soumissionner sur un taux qui est
différent du taux existant, c'est un risque, il me semble.
Le Président (M. Saint-Roch): Me Paquet.
M. Garon: Je veux bien comprendre le mécanisme. Si je veux
avoir une soumission - je ne connais pas les taux - à tant du
mètre cube, en bas du prix reconnu par la Commission des transports, il
va falloir que je fasse une soumission conditionnelle à ce que cela soit
changé par la Commission des transports, mais une soumission
conditionnelle, ce n'est plus une soumission. Est-ce que les soumissions
conditionnelles sont reconnues?
M. Paquet: Une offre de service.
Le Président (M. Saint-Roch): Me Paquet.
M. Garon: Quand vous faites une soumission, habituellement - je
ne sais pas si c'est la même chose pour la ville de Montréal qu'en
ce qui concerne le gouvernement du Québec - il faut que cela soit ferme.
Si vous vous gardez une restriction, ce n'est plus une soumission qui est
valide juridiquement.
M. Paquet: Premièrement, il existe un tarif
général fixé par la Commission des transports du
Québec. À chaque année, il y a des revendications qui se
font, des audiences qui sont tenues et les intervenants viennent demander des
augmentations. Les intervenants sont les représentants, les courtiers,
les postes, les sous-postes et l'ANCAl, d'une part, et les gens des grands
travaux du Québec, d'autre part, et aussi la ville de Montréal et
d'autres villes qui peuvent intervenir. À ce moment-là, il y a
une discussion, il y a des preuves qui se font et la commission fixe un tarif.
L'an passé, cela n'a pas été compliqué, il y a eu
un dépôt tout simplement, un accord qui a été conclu
entre les gens des grands travaux du Québec et tous les
intervenants.
Il y a un tarif général qui est fixé au niveau des
régions; cela peut être pour l'ensemble de la province de
Québec. Alors, on établit que, pour la neige, le tarif horaire
est tant. Au mètre cube, en fonction de la distance parcourue, c'est
tant. C'est uniforme ou c'est particulier à des régions
données. Alors, pour la région 10, on peut établir que le
taux horaire est tant et le taux au mètre cube, distance parcourue, est
tant. La ville de Montréal ou tout autre requérant de service
peut réquisitionner directement un camionneur. À ce
moment-là, il est obligé, bien sûr, de lui payer le taux
minimum fixé par la Commission des transports.
Par contre, il peut y avoir un regroupe- ment, comme les courtiers, les
postes de courtage qui représentent des centaines de camionneurs d'une
région et plusieurs dizaines dans des zones, qui présente une
soumission qui pourrait même être supérieure au taux de la
commission. C'est en fonction, si vous voulez, des conditions de travail. Ils
peuvent soumettre un tarif à l'entrepreneur et dire: Tu nous donnes tout
ton transport de a à z. La distance à parcourir est
intéressante, c'est bon pour nous, il n'y a pas trop de feux de
circulation, on ne sera pas pris tout le temps sur les arrêts, la route
est bonne. Toi, tu t'engages à nous payer aux quinze jours et nous, en
retour, on pourrait soumissionner à 5 % en bas des taux de la
commission. Si tu es d'accord, on signe un contrat et on va faire ratifier le
tout par la Commission des transports. À ce moment-ià, cela
valide le dépôt.
Alors, à Montréal, ils peuvent engager directement, ce
qu'ils ne font pas. Ils pourraient le faire. La ville de Québec, ici,
engage directement les camionneurs. Elle en engage 200 ou 300 peut-être,
directement. À Montréal, cela en prend un petit peu plus; cela
prend 800 camions à peu près pour déneiger ce
coin-là. Alors, ils ne veulent pas en engager directement. Qu'est-ce
qu'ils font? Ils veulent faire affaire avec des représentants des
sociétés, le poste de courtage, pour un, et d'autres
regroupements parce que cela prend beaucoup de camions. D'ailleurs,
écoutez, même des résidents sur le territoire de la ville
de Montréal, il n'y en a pas assez. Même dans la région 10,
il n'y en a pas assez parce que la commission délivre 500 permis
additionnels, 500 permis spéciaux par année à des
camionneurs venant d'autres régions pour transporter de la neige dans la
région 10, parce qu'il manque de camions.
La ville de Montréal veut faire affaire avec des
sociétés de transport ou des regroupements de camionneurs. C'est
alors que le problème est survenu. Elle est obligée d'aller en
appels d'offres parce que le regroupement de ces camionneurs fait en sorte que
la soumission présentée dépasse 25 000 $ tout le temps.
Individuellement, les camionneurs ne gagnent pas 25 000 $. Alors, étant
donné qu'on est obligé d'aller en soumissions parce que cela
excède 25 000 $, c'est cela le problème des
sociétés à Montréal. Si on engageait les
camionneurs un à un, il n'y aurait pas ce problème, parce qu'on
serait toujours en bas de 25 000 $. Les camionneurs vont gagner 7000 $, 8000 $
ou 10 000 $ l'hiver, à Québec; à Montréal,
peut-être un peu plus, mais cela n'atteint pas les 25 000 $.
Effectivement, il y a quelques années, des camionneurs se sont
regroupés et se sont formés en société, mais pas en
société de transport. Ils se sont simplement regroupés et
ils ont nommé un gars parmi eux pour se "dispatcher". C'est alors qu'est
apparu, si vous voulez, le courtage parallèle.
Si les individus s'étalent réellement formés en
société - ce qu'on va voir plus loin - et que
la société avait détenu les permis de transport, il
n'y aurait pas eu de problème de courtage. Et la ville de
Montréal peut, à ce moment-là, faire un appei d'offres et
les sociétés peuvent soumissionner.
M. Garon: Je ne fais pas de blague, cela peut paraître
drôle que je pose la question: Êtes-vous spécialiste de la
neige? Vous êtes le spécialiste de quoi au ministère des
Transports?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Pas au ministère. M.
Garon: Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): M. Paquet est commissaire
à la Commission des transports.
M. Garon: Ah bon. Je vais vous dire pourquoi.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Garon: C'est simplement un aparté, mais il va falloir
que les gens pensent à cela. Vous serez peut-être contents que je
vous dise cela. Le ministère de l'Environnement vient d'adopter un
nouveau règlement, qui ne s'applique pas immédiatement, mais qui
va s'appliquer dans un certain nombre d'années, qui aura sur le
ramassage de la neige un effet certain. Est-ce qu'on va regrouper le ramassage
de la neige dans un seul endroit en ville?
Une voix: Selon les distances parcourues.
M. Garon: Les distances parcourues vont sûrement jouer.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Garon: Est-ce que cette question-là a été
étudiée?
M. Côté (Charlesbourg): Ce sera dans des "dumps". On
veut tenter toute une série d'expériences.
M. Garon: Je ne suis pas sûr.
M. Côté (Charlesbourg): Bien, en tout cas, je peux
vous dire que, pour la ville de Québec, c'est ce qu'on examine
actuellement avec des propositions, par exemple, une espèce de tour, qui
n'est pas nécessairement une tour de Babel, dans laquelle on va mettre
de la neige et qui aura de multiples fonctions, ce qu'on appelle une "dump".
C'est vers cela que l'on tend.
M. Garon: Ce n'est pas un dépôt sur le sol que vous
voulez dire?
M. Côté (Charlesbourg): Ah non, non, c'est plus que
ça. C'est une petite montagne qui se fait avec des chemins qui montent.
Je ne sais pas comment vous expliquer cela, mais je les ai vus sur le dessin;
c'est bien plus difficile à expliquer qu'à voir.
M. Garon: Je ne suis pas sûr de cela, moi. Je vais vous
dire une chose: Quand la neige va fondre, cela va faire pas mal de calcium qui
va aller dans la nappe phréatique.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas...
M. Garon: Je ne suis pas sûr de cela, moi.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais...
M. Garon: Dans un endroit très concentré.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, notre
problème, c'est le transport. Je pense que le ministère de
l'Environnement va s'occuper de ses affaires selon son champ de
compétence.
M. Garon: il y aura peut-être des tondeuses à neige
où on récupérera le sel ou le calcium, parce qu'autrement,
que cela aille dans l'eau ou dans le soi, ce qui s'en va dans le sol, à
un moment donné, va dans la nappe phréatique. Vous avez une
montagne à un endroit et je vais vous dire que la nappe
phréatique se promène en dessous. Je ne suis pas convaincu. En
tout cas, j'aimerais en voir la démonstration. Mais je sais que cela
aura un effet, par exemple. Normalement, cela va rationaliser peut-être
plus, mais est-ce que cela va raccourcir ou allonger les distances? C'est pour
cela que je me demandais si vous aviez étudié cette
question-là.
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais il va y en avoir,
c'est clair. Les préoccupations ou le mandat de M. Paquet, commissaire
de la Commission des transports - heureusement pour la Commision des transports
et pour nous - ne sont pas environnementales, mais davantage axées sur
le transport par rapport à la commission.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il d'autres
interventions au paragraphe 1°?
M. Garon: À moins que vous ne vouliez faire une montagne
et répandre sur les routes à la place du lignosulfonate pendant
l'été.
M. Côté (Charlesbourg): Bonne idée!
M. Garon: Là, vous auriez bonne utilisation du
calcium.
M. Côté (Charlesbourg): C'est une bonne idée!
C'est une très bonne idée, je pense que je vais la retenir. On va
très certainement s'en
reparler.
M. Garon: Je ne connais pas le produit, cela varie, je pense
bien. À des endroits, il y a plus de sable et des fois il y a des
composés là-dedans. (22 h 15)
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions au paragraphe 1°? Est-ce que le paragraphe 1° est
adopté?
M. Garon: Au paragraphe 1°, un instant, n'allez pas trop
vite.
Le Président (M. Saint-Roch): Je suis à
l'intérieur des limites du Code de la sécurité
routière, M. le député de Lévis.
M. Garon: Êtes-vous en état?
Le Président (M. Saint-Roch): Je peux vous assurer qu'on
est à 0. 000.
M. Garon: Pour Montréal, est-ce qu'il y a d'autres choses
qui sont couvertes par ça?
M. Côté (Charlesbourg): La forêt est
déréglementée aussi au niveau du courtage.
M. Garon: Pourquoi?
Le Président (M. Saint-Roch): Me Paquet.
M. Paquet: Premièrement, le transport forestier par
rapport au principe du courtage est incompatible. Dans le courtage
conventionnel du vrac, dans le sens qu'on le connaît tous, les postes de
courtage de région et de zone, c'est pour le transport de gravier. C'est
le système taxi, si vous voulez. Le camionneur est appelé la
veille ou le matin pour aller faire trois voyages pour Untel, deux voyages pour
un autre, pour deux ou trois jours de réquisition, alors que, pour le
transport forestier, le système de rotation ne peut pas s'appliquer
comme il s'applique dans le transport en vrac.
D'abord, l'équipement est très différent et cet
engagement est de longue durée. Le camionneur s'en va en forêt et
ce, pour des mois. Il transporte pour une compagnie; il y a un système
d'ancienneté qui s'établit aussi. Il s'en va en forêt pour
10 mois, 11 mois ou 12 mois, et le système de rotation ne peut pas se
faire, non plus, il s'en va en exclusivité pour une compagnie. C'est
pour ça que, finalement, en pratique, ça ne s'est jamais
appliqué.
Vous retrouvez quand même des transporteurs forestiers qui sont
abonnés à des postes de courtage, mais ils s'abonnent simplement
pour participer à un regroupement, bénéficier des
fixations de taux et recevoir l'information, ces choses-là. Vous avez
aussi des transporteurs versatiles qui, l'hiver, vont transporter des produits
forestiers et qui, l'été, vont changer leur équipement,
mettre une benne basculante et transporter du vrac conventionnel, tout
simplement.
Le principe fondamental du courtage, c'est la répartition
équitable pour tous. Un système de rotation ne peut pas
s'appliquer, n'a jamais pu s'appliquer dans le transport forestier, compte tenu
de tout cela. D'ailleurs, les vraquiers sont conscients de tout ça, ils
ont toujours été conscients de tout ça. Cela ne s'applique
pas. Au lieu de le garder, on le déréglemente tout simplement.
Cela n'empêchera pas un courtier de faire du courtage quand même,
mais ça ne prendra pas un permis pour le faire.
M. Garon: Est-ce que c'était couvert
antérieurement?
M. Paquet: Oui.
M. Garon: Ce n'est pas un jugement des tribunaux?
M. Paquet: Absolument pas, c'est une question pratique, on
l'enlève tout simplement, ça ne donne rien de garder ça
réglementé. Le courtage en forêt, ce n'est pas
applicable.
M. Garon: Est-ce que les gens du milieu sont d'accord avec
ça?
M. Paquet: Ah oui, absolument, au niveau du courtage. On ne
déréglemente pas le transport, ça va encore prendre le
permis de vrac pour transporter les produits forestiers. La tarification, c'est
un sujet de discussion. Mais ça prend quand même des permis au
niveau des régions; c'est seulement le courtage. Rien n'empêchera
un courtier qui est dans une région forestière, par exemple, dans
la région 04, 08, 09, 02, un peu dans la région 03, un peu dans
la région 05, d'offrir quand même des services de courtage.
M. Garon: Les exceptions qui seront prévues en vertu de
cette disposition seront seulement le transport forestier ou la neige à
Montréal ou s'il va y avoir autre chose?
M. Paquet: Non, c'est tout. Tous les autres produits de vrac vont
continuer à être assujettis au courtage.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions au paragraphe 1°?
M. Garon: Est-ce que le milieu était d'accord pour
déréglementer également le transport de la neige à
Montréal?
M. Côté (Charlesbourg): D'accord,
c'est-à-dire que le milieu aurait souhaité qu'on le
réglemente, mais une chose est certaine, c'est qu'il faut tenir compte
de l'opinion de la ville de
Montréal dans ce cas-là, qui n'est pas différente
aujourd'hui de ce qu'elle était dans le passé, et c'est ce qu'on
a tenté d'obtenir de la part de la ville de Montréal. Force nous
est d'admettre que l'écoute n'a pas été très
élevée.
M. Garon: Je pense bien que prévoir des exceptions
à un régime dans le projet de loi, ce n'est pas là qu'est
le problème, c'est au niveau des règlements. Dans le projet de
loi, vous essayez de dire la même chose en d'autres mots. Je pense bien
qu'il n'y a pas de problème pour cet article; c'est plutôt le
contenu du règlement à ce moment-là. Comme ce n'est pas le
pouvoir de la commission de décider des règlements, que c'est par
décision gouvernementale, alors, adopté, pour le paragraphe
1°.
Le Président (M. Saint-Roch): Le paragraphe 1°
étant adopté, j'appelle le paragraphe 2°.
M. Côté (Charlesbourg): "Par le remplacement du
paragraphe o par les suivants: "o) déterminer les fonctions, pouvoirs,
droits et obligations des titulaires de permis de courtage ainsi que ceux des
titulaires de permis pour le transport d'une matière en vrac
relativement au service de courtage; "o. 1) déterminer des normes de
représentativité pour être titulaire d'un permis de
courtage; "o. 2) prescrire des normes d'administration, de financement et de
gestion applicables aux corporations de courtage, notamment quant au contenu
obligatoire de leurs règlements, à la production du budget et
d'états financiers vérifiés et aux qualités
requises pour occuper un poste d'administrateur. "
Cette disposition - le commentaire est intéressant - a pour objet
de préciser le pouvoir du gouvernement d'édicter un
règlement concernant l'organisation et le fonctionnement des
corporations de courtage. Le projet de règlement que nous envisageons
prévoit les droits et les obligations de courtiers et de camionneurs
relativement au service de courtage. Le camionneur n'est pas obligé de
s'abonner au service de courtage. Il peut le faire entre le 1er et le 31 mars
de chaque année et entre le 1er et le 30 avril lorsque aucun courtier
n'a réuni le nombre d'abonnés requis pour obtenir le permis de
courtage pendant l'audition de la demande de permis et dans les 30 jours qui
suivent la délivrance du permis de courtage ou le transfert du permis de
camionnage. Il doit avoir son domicile ou sa principale place d'affaires dans
les territoires de courtage du courtier. Le courtier doit effectuer le courtage
selon les règles prévues par le règlement. Il doit
notamment répartir les demandes de service de camionnage en vrac selon
une liste de priorités établie en fonction des journées de
travail avec un camion inscrit au courtage. Le projet de règlement
prévoit aussi une norme de représentativité fixée
à 40 % des camionneurs intéressés à recevoir un
service de courtage.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions au deuxième paragraphe?
M. Garon: M. Brochu a fait une synthèse très forte.
Il n'y a pas grand-chose dans la loi, mais il y a du jus dans le
règlement. Concernant la loi, c'est une loi habilitante, mais qui ne dit
rien, au fond. Toute les conditions se retrouvent dans le règlement,
sauf que je ne suis pas sûr que ce ne serait pas mieux de mettre un
certain nombre de ces dispositions-là dans la loi.
Il y a deux façons de faire des lois: ne rien mettre dans la loi
et se donner le pouvoir de tout mettre dans le règlement; il y a aussi
la façon de mettre davantage de choses dans la loi parce qu'elles ont un
caractère plus permanent à ce moment-là et de mettre les
choses aléatoires, qui peuvent être modifiées selon les
circonstances et qui ont moins d'importance, dans les règlements. Mais
là, à toutes fins utiles, dans la loi, c'est comme si vous
disiez: Au hockey, il y a des bandes qui font le tour de la patinoire, puis de
la glace à l'intérieur des bandes. Pour le reste, ce sera
défini par règlement. Je peux vous dire que vous n'auriez pas une
grande idée de la façon dont se joue le hockey.
En lisant la loi, c'était cela. On peut en retrouver dans un
paquet de lois, des clauses comme celles-là. Il n'y a rien de
particulier au camionnage en vrac là-dedans: "déterminer les
fonctions, pouvoirs, droits et obligations des titulaires de permis de courtage
ainsi que ceux des titulaires de permis pour le transport d'une matière
en vrac relativement au service de courtage. "
En fait, on dit: Tout ce que vous allez déterminer, ce sera dans
le règlement. Il n'y a rien de déterminé dans la loi.
Deuxièmement: "déterminer des normes de
représentativité pour être titulaire d'un permis de
courtage. " J'aurais pensé qu'une norme aussi importante que
celle-là aurait pu se retrouver dans la loi plutôt que dans le
règlement. "Prescrire des normes d'administration, de financement et de
gestion applicables aux corporations de courtage, notamment quant au contenu
obligatoire de leurs règlements, à la production du budget et
d'états financiers vérifiés et aux qualités
requises pour occuper un poste d'administrateur. Évidemment, dans ce
cas, un certain nombre de choses peuvent se retrouver dans le règlement,
parce qu'il y a des conditions qui peuvent être modifiées. Mais il
me semble que les normes de représentativité devraient se
retrouver plus dans la loi que dans le règlement.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, on
peut discuter pendant...
M. Garon: Cela pourrait être changé facilement.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Bien oui, c'est cela, le
principe étant clair, c'est du fonctionnement. C'est de
l'administration...
M. Garon: Bien non.
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez un peu,
laissez-moi finir.
M. Garon: D'accord, je vais vous laisser finir.
M. Côté (Charlesbourg): C'est du fonctionnement et
c'est l'administration. Il y a des règles qui vont pouvoir être
changées, dans la mesure où cela ne fonctionnerait pas, plus
facilement par un règlement que par une loi. Dans ce sens-là,
déjà, il y a prépublication et publication des
règlements; il y a donc suffisamment de temps pour avertir les gens afin
qu'ils s'éveillent à des changements qui ne seraient pas
souhaités ou souhaitables. C'est cette voie qui a été
choisie. On en met plus dans la loi que ce qu'on avait auparavant. Mais on ne
peut pas tout mettre dans la loi et on a choisi cette formule. Bien sûr,
les changements sont beaucoup plus faciles à faire sur le plan
réglementaire que sur le plan de la loi.
M. Garon: M. le Président, ce que je dis au ministre est
tellement exact que, quand il écrit son commentaire, il est
obligé d'aller dans le règlement, parce qu'il n'est pas capable
d'expliquer cela uniquement en parlant de la clause légale. Quand le
ministre lit le commentaire, il parle du contenu du règlement. En effet,
quand vous expliquez le projet de loi, cela ne veut rien dire, ce qui est
écrit là. Tout ce qui est annoncé, c'est un pouvoir
habilitant à mettre dans le règlement un ensemble de choses. Mais
quand vous avez lu le projet de loi, vous n'avez aucune idée de la
façon dont ça marche. Tout cela se retrouve dans le
règlement et le caractère de permanence du fonctionnement de tout
ça n'est pas très fort.
Regardez bien le commentaire. On va relire le commentaire
tranquillement: "Cette disposition a pour objet de préciser le pouvoir
du gouvernement d'édicter un règlement concernant l'organisation
et le fonctionnement des corporations de courtage." On dit donc que c'est pour
préciser le pouvoir du gouvernement d'édicter le règlement
concernant l'organisation et le fonctionnement des corporations de courtage.
"Le projet de règlement que nous envisageons prévoit - pas le
projet de loi - les droits et les obligations des courtiers et des camionneurs
relativement au service de courtage. Le camionneur n'est pas obligé de
s'abonner au service de courtage. Il peut le faire entre le 1er et le 31 mars
de chaque année et entre le 1er et le 30 avril lorsque aucun courtier
n'a réuni le nombre d'abonnés requis pour obtenir le permis de
courtage pendant l'audition de la demande de permis et dans les 30 jours qui
suivent la délivrance du permis de courtage ou le transfert du permis de
camionnage. Il doit avoir son domicile ou sa principale place d'affaires dans
le territoire de courtage du courtier. Le courtier doit effectuer le courtage
selon les règles prévues par le règlement. Il doit
notamment répartir les demandes de service de camionnage en vrac selon
une liste de priorités établie en fonction des journées de
travail avec un camion inscrit au courtage. Le projet de règlement
prévoit aussi une norme de représentativité fixée
à 40 % des camionneurs intéressés à recevoir un
service de courtage."
À toutes fins utiles, il n'y a rien dans le projet de loi. il n'y
a pas un traître mot de ce qui est écrit comme commentaire dans le
projet de loi. C'est le contenu du règlement. Je vais vous dire bien
franchement: C'est quasiment vider le projet de loi de son contenu, à
toutes fins utiles. Je ne suis pas d'accord avec cette façon de
légiférer, je le dis bien franchement, parce que, à ce
moment-là, l'Assemblée nationale ne décide plus rien.
D'après ce qui est dit là, à toutes fins utiles, on ne
décide de rien. Vous voyez le paragraphe. Il dit quoi?
"Déterminer les fonctions, pouvoirs, droits et obligations des
titulaires de permis de courtage ainsi que ceux des titulaires de permis pour
le transport d'une matière en vrac relativement au service de
courtage."
Si j'étais avocat, je vais vous dire bien franchement, si je
mettais une clause comme ça, je saurais que j'aurais bien de l'ouvrage
chaque année, sauf qu'on n'a rien fixé de permanent dans le
projet de loi. Cela va toujours être en train de se renégocier,
ces affaires-là, avec des pressions constantes sur le ministre pour
changer ça. (22 h 30)
À 0.1 on dit: "déterminer des normes de
représentativité pour être titulaire d'un permis de
courtage." Cela veut dire que, si le ministre, demain matin, a des pressions
qui sont fortes un peu et qu'il décide de changer cela de 40 % à
30 % ou à 25 %, il n'y a pas de problème, il n'a pas besoin de
revenir devant l'Assemblée nationale avec une clause comme
celle-là. On dit: "déterminer des normes de
représentativité pour être titulaire d'un permis de
courtage." Cela veut dire que cela va être marqué dans le
règlement, cela va devant le gouvernement et l'Assemblée
nationale n'a rien à dire làndessus.
À 0.2 on dit: "prescrire des normes d'administration, de
financement et de gestion applicables aux corporations de courtage, notamment
quant au contenu obligatoire de leurs règlements, à la production
du budget et d'états financiers vérifiés et aux
qualités requises pour occuper un poste d'administrateur." Alors,
là encore, c'est envoyé dans le pouvoir réglemen-
taire du gouvernement parce que le début de toute cette grande
énumération - et on parle seulement de l'alinéa o - c'est:
"En outre des autres pouvoirs de réglementation qui lui sont
conférés par la présente loi, le gouvernement peut, par
règlement... " L'Assemblée nationale n'a aucune idée de ce
qu'elle vote actuellement parce que le règlement sera
décidé par Se gouvernement sans que l'Assemblée nationale
ait un mot à dire.
Je ne suis pas convaincu que ce soit une très bonne façon
de faire des lois. Je vais vous dire que, personnellement, je ne suis pas de
cette école-là. Je comprends que le prix du permis de chasse
à l'orignal à l'automne, on ne met pas cela dans la loi.
Autrefois, c'était dans la loi, dans les années cinquante ou
quarante. On ne peut pas revenir devant l'Assemblée nationale chaque
fois qu'on change le prix du permis de chasse à l'orignal. Mais
là, ce n'est pas cela, c'est le cadre légal. Le régime
juridique qui va encadrer le camionnage en vrac est entièrement dans le
règlement. Je ne suis pas convaincu que ce soit la meilleure
façon d'agir.
D'ailleurs, pour le camionnage en général, c'est beaucoup
moins par règlement. Si on regarde la Loi sur le camionnage, la foi 76,
il y a beaucoup plus de choses dans la loi. Je ne dis pas qu'il y en a assez,
mais il y en a beaucoup plus.
M. Côté (Charlesbourg): Cela m'amènerait
à deux petits commentaires, si vous me le permettez.
M. Garon: Envoyez donc, pour voir.
Le Président (M. Sainî-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): D'abord, je suis toujours un
peu étonné de voir le député de Lévis nous
dire: Moi, ce n'est pas ma manière de légiférer.
M. Garon: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Vous me renversez chaque
fois. Mais, si ce n'est pas votre manière, pourquoi avez-vous
fourré cela dans les règlements en 1977? Pourquoi n'avez-vous pas
fait une loi avec?
M. Garon: Je n'étais pas en charge du gouvernement, dans
les années passées.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, mais...
M. Garon: J'étais en charge...
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, mais...
M. Garon: Juste pour le "fun", pour le plaisir de la chose - vous
faites un aparté là- dessus - faites-vous venir la Loi sur la
protection du territoire agricole que j'ai faite et les règlements. Vous
allez voir qu'il y a à peu près trois pages de
règlements.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non...
M. Garon: Pour parler du prix des photocopies devant la
commission et de la permission d'avoir des photocopies. Il n'y a à peu
près rien dans le règlement. J'ai tout mis dans la loi justement
pour assurer un caractère de stabilité.
M. Côté (Charlesbourg): J'interroge le
député de Lévis parce que finalement il faisait partie
d'une équipe à l'époque.
M. Garon: Oui, oui.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas lui qui
était ministre des Transports. Je l'ai souhaité tantôt,
peut-être que cela aurait été davantage réglé
sur le plan de la loi. Dans ce sens-là, je me dis: Bon, "coudon", si
c'est si bon que cela comme jugement aujourd'hui, il devait être bon
à l'époque aussi. Pourquoi cela n'a-t-il pas été
réglé? On ne serait pas ici aujourd'hui à régler le
problème. La deuxième chose, c'est qu'on dit qu'il y a bien des
affaires dans le règlement, comme si on voulait cacher des choses. Vous
l'avez entre les mains, le règlement a été rendu public.
On a changé les normes. On a changé la manière dont les
règlements se faisaient, avec des principes de prépublication et
de publication, donc davantage d'information aux gens qui ont des commentaires
à formuler dans les périodes entre la prépublication et la
publication avant que cela devienne officiel. Donc, il y a des
possibilités, finalement, d'aller donner de l'information, contester
même à certaines occasions la nature même du
règlement.
Lorsqu'on verra l'article 4, l'essentiel de la loi sera là.
Alors, à partir de cela, on aura à l'article 4 un certain nombres
d'éléments qui, d'après nous, doivent être à
l'intérieur de la loi. Le maraudage, même si on le mettait dans la
loi, je ne suis pas sûr que cela réglerait grand-chose, c'est
peut-être davantage sa place dans le règlement. Alors, je pense
qu'à l'article 4 vous allez avoir une série de réponses
à des interrogations que vous avez, où il y a un peu plus de
chair à l'intérieur de la loi.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions au paragraphe 2°? M. le député de
Lévis.
M. Garon: Ce que le ministre dit est vrai et pas vrai en
même temps. Je ne vous dis pas que ce qu'il dit n'est pas vrai, c'est
vrai ce qu'il dit. Sauf qu'il ne dit pas qu'en invoquant l'urgence, il n'y a
pas de prépublication. Je ne me rappelle pas quel règlement a
été adopté au mois
de décembre par le ministre de l'Agriculture qui, en invoquant le
caractère d'urgence, a dit que cela s'appliquait la journée
même.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Garon: C'était sur quoi, vous le rappelez-vous?
M. Côté (Charlesbourg): Non, je ne m'en souviens
pas, mais une chose est certaine, c'est que ce sont des règles qui sont
quand même très strictes. Je peux vous dire qu'on s'est
essayé, nous aussi, mais que le Conseil des ministres a exprimé
une fin de non-recevoir. Il y a un resserrement à ce niveau et il faut
que cela corresponde véritablement au caractère d'urgence tel que
défini. C'est, à tout le moins, une amélioration quant aux
règlements d'avoir une prépublication et une publication alors
qu'auparavant on avait une publication, point à la ligne.
M. Garon: Imaginez-vous que vous arrivez, par exemple, au mois de
février et de mars et que vous dites: On n'a pas pu s'entendre et on n'a
pas le temps de faire des prépublications parce que cela va s'appliquer
seulement au mois de mai et il est trop tard pour que cela s'applique, vous
invoquez l'urgence pour appliquer un règlement que vous modifiez.
M. Côté (Charlesbourg): Cela ne passe pas de
même au Conseil des ministres.
M. Garon: II y en a qui l'ont passé. Il y a des
règlements qui ont été appliqués la journée
même où ils ont été publiés. Je trouve cela
sympathique, là on a quatre lois où la définition de
"conjoint de fait" est différente devant le Parlement. Il y a quatre
lois afin que cela coûte moins cher au gouvernement. Dans l'assurance
automobile, pour être un conjoint de fait, cela prend trois ans, pour
qu'il y ait le moins de conjoints de fait possible pour ne pas payer. Mais
quand c'est l'aide sociale, être conjoint de fait, cela prend un an parce
que là tu dis: S'il y a quelqu'un qui peut payer pour, je n'aurai pas
besoin de payer. La définition du mariage au Québec vient de
changer. Il y a quatre définitions de "conjoint de fait" seulement dans
les projets de loi qu'on a, qui ont été déposés le
15 novembre, c'est quelque chose. Il y a quatre définitions
différentes seulement dans celles-ci.
M. Côté (Charlesbourg): Avant ça, il n'y en
avait pas. Là, on en a au moins quatre.
M. Garon: C'est quelque chose! Moi, je ne connais pas beaucoup de
sociétés au monde où il y a quatre définitions
différentes du mariage.
M. Côté (Charlesbourg): De conjoint de fait, ce
n'est pas pareil.
M. Garon: Oui, mais c'est reconnu dans plusieurs
sociétés aujourd'hui pour protéger justement... Ce n'est
pas l'objet de la discussion.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! J'ai énormément de difficultés, M. le
député de Lévis, à relier cela au paragraphe
2°.
M. Garon: Ce que je veux dire, c'est qu'il n'y a pas de
caractère de stabilité. Moi, j'ai de la misère à
croire que les camionneurs se satisfassent d'une disposition comme celle-ci qui
ne leur donne aucune sécurité. Il ne faut pas se conter
d'histoires, il n'y a aucune sécurité. Il y a une
sécurité dans la loi. Quand les clauses et les conditions sont
mises dans la loi, il faut venir devant le Parlement. Il y a une
première lecture, il y a le dépôt. Il ne peut pas y avoir
de deuxième lecture avant au moins une semaine. Après cela, il
peut y avoir un débat en Chambre sur le principe de la loi.
Après, c'est l'étude en commission parlementaire. C'est
évident que le gouvernement sait que, si c'est une mesure difficile
à passer, il va y avoir une bataille à l'Assemblée
nationale, ce qui donne le temps aux gens de réagir. Après cela,
iI y a un rapport de la commission à l'Assemblée nationale, il y
a une troisième lecture avant l'adoption finale. Alors, cela fait un
délai plus considérable où les gens ont le temps de se
revirer de bord.
Pour un règlement, ce n'est pas cela. Il y a une
prépublication, mais on peut invoquer l'urgence pour s'en passer. Le
gouvernement ou le ministre qui veut passer cela rapidement peut invoquer
l'urgence pour se passer de la prépublication. Alors, il n'y a pas grand
caractère de sécurité dans cela. Il n'y a rien au
fond.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai deux observations.
D'abord, sur le règlement, le député de Lévis est
en train d'évoquer des oiseaux de peur qui n'existent pas. Quand vous
vous référez à l'article 9 du projet de loi, on n'a
justement pas voulu invoquer le caractère d'urgence. On a mis à
l'intérieur du projet de loi un article de droit qui nous permet de
publier le règlement avant même l'adoption de la loi, de telle
sorte qu'on ait le plus de transparence possible. Faites-le pour d'autres, mais
ne le faites pas au moins pour nous dans ce cadre-ci, il est là.
Un deuxième élément, le député a dit:
Je ne suis pas sur que les camionneurs sont d'accord. Écoutez, le
règlement, on ne l'a pas fait en catimini. On l'a fait avec eux. De la
manière dont cela marche depuis le début de l'après-midi,
je ne suis pas sûr qu'ils n'ont pas plus de sécurité sur le
plan réglementaire que sur le plan législatif. S'ils ont à
choisir entre les deux, ils vont probablement choisir le règlement parce
que les règles de fonctionnement ont été établies
avec eux. Ce n'est pas toujours très édifiant, ce
qu'on entend.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions au paragraphe 2°?
M. Garon: C'est-à-dire que je pense que c'est le
contraire.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon: Les gens qui sont devant le Parlement se rendent compte
que, s'ils ne veulent pas que quelque chose soit adopté, l'Opposition
peut faire en sorte que cela ne passe pas nécessairement facilement et
qu'ils aient le temps de faire connaître davantage leurs
représentations. Ici, je vais vous donner un exemple. Quelle est la
clause dont vous avez besoin en fonction des jugements qui ont
été rendus? Dans vos trois paragraphes, quels sont les
éléments dont vous avez besoin pour valider la loi, pas le
règlement, mais les parties de la loi qui auraient pu être
invalidées par les jugements?
Le Président (M. Saint-Roch): Me Vi- gneault?
M. Vigneautt: Ce qui est arrivé, c'est qu'on est
ailés voir le Bureau des règlements avec le projet de
règlement qu'on avait négocié avec les camionneurs et on a
vérifié si la disposition du paragraphe o) actuel, que le juge
Barbeau avait considérée insuffisante pour valider les exigences
de fonctionnement du courtage, était suffisante, malgré le
jugement, parce que le jugement dit que le pouvoir réglementaire n'est
pas suffisant pour réglementer les activités de courtage. Alors,
pour s'assurer que ce soit suffisant, on l'a un peu améliorée en
la précisant. "Déterminer les fonctions, pouvoirs, droits et
obligations", pour le Bureau des règlements, c'est très
habilitant.
M. Garon: C'est plus qu'habilitant que ce qu'il y avait.
M. Vigneauit: Oui, c'est plus habilitant que ce qu'on pouvait
avoir avant et on en a besoin pour prévoir le fonctionnement du
courtage. La norme de représentativité, c'est essentiel pour
autoriser le gouvernement à prévoir que c'est 40 %, 50 % ou 60 %.
On va préciser plus loin que même ce pouvoir-là de
prévoir les 40 % est accompagné d'une période de
représentativité. On veut s'assurer que le règlement qu'on
va faire adopter ne soit pas invalidé sous prétexte que, dans les
normes de fonctionnement qu'on a fait adopter par règlement, il n'y
avait pas une disposition habilitante suffisante. On a soumis au Bureau des
règlements le règlement qu'on a fait publier dans la Gazette
officielle et on a rédigé avec eux la disposition habilitante
qui, selon eux, va nous assurer que les tribunaux n'invalideront pas ce
règlement-là.
M. Garon: Est-ce qu'ils vous ont dit que les normes de
représentativité pour être titulaire d'un permis, devaient
être dans le règlement plutôt que dans la loi?
M. Vigneauit: Non. On n'a pas fait...
M. Garon: Je ne parle pas du concept, mais de déterminer
les normes de représentativité, que ce soit inscrit dans le
règlement plutôt que dans la loi?
Le Président (M. Saint-Roch): Me Vigneauit?
M. Vigneauit: Cela prend le pouvoir, dans la loi, d'adopter la
norme de représentativité dans le règlement.
M. Garon: Les normes auraient pu être prévues
elles-mêmes dans la loi?
M. Vigneauit: Elles auraient manqué de
flexibilité.
M. Garon: Mais elles auraient eu plus de
sécurité.
M. Vigneauit: Non, pas si le pouvoir de les adopter est
précis.
M. Garon: Ce n'est pas ça que je veux dire. On ne se
comprend pas. La sécurité, c'est dans le sens que, si la norme de
représentativité se trouve dans la loi, si au lieu de mettre ce
qui établit la représentativité dans le règlement,
on met ça dans la loi ça veut dire qu'on peut plus
difficilement jouer avec ça par après.
M. Vigneauit: Vous avez raison sauf que nous, ce que nous avons
cherché, c'est la sécurité juridique.
M. Garon: Vous ne viendrez pas me dire que la
sécurité juridique va être plus grande si vous donnez un
pouvoir réglementaire dans la loi plutôt que de ne pas avoir de
pouvoir réglementaire dans la loi, mais d'avoir le fondement de la
représentativité dans la loi.
M. Vigneauit: Dans les deux cas, la sécurité
juridique est la même. Si le pouvoir réglementaire est très
clair, la sécurité juridique est la même, que le
pourcentage soit prévu dans la loi ou dans le règlement.
M. Garon: Je ne parlais pas de la sécurité sur ce
plan-là. C'est-à-dire que, pour ceux qui l'ont, ce pourcentage
peut charger...
M. Côté (Charlesbourg): C'est la
sécurité politique.
M. Garon: C'est cela. Cela veut dire que cela se retrouve dans la
loi. On ne peut pas dire que c'est nécessaire que cela se retrouve dans
le règlement, cela peut se retrouver dans la loi. (22 h 45)
Le Président (M. Salnt-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Sur le plan de la
sécurité politique, je veux rassurer le député de
Lévis, parce que ceux qui l'assurent, c'est nous autres. Cela n'avait
pas été fait avant et comme ça a bien l'air qu'il va y
avoir un autre mandat, donc on a ta sécurité de ce
côté-là. Si jamais on n'avait pas un autre mandat, c'est
vous autres qui allez être là. Ce que je comprends, c'est que vous
allez le prendre du règlement et le mettre dans la loi; donc, ils auront
la sécurité politique partout.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
Interventions au paragraphe 2°?
M. Garon: Vous savez que, quand on change la dynamique des
choses, on ne sait Jamais quelle sera la situation quelques années plus
tard. Une chose que j'ai apprise, c'est que, quand les économistes
étudient et qu'ils font varier une chose en disant: Et ceteris paribus,
ce n'est pas vrai dans la réalité, et ceteris paribus. Les autres
choses restant égales par ailleurs, ce n'est pas vrai. Quand vous
étudiez l'économique, ils vous disent: On peut faire jouer une
variable et toutes les autres ne bougent pas. Tu peux toujours étudier
ça, ça te fait comprendre les mécanismes, sauf que, dans
la vie, toutes les variables bougent ensemble. Tu ne peux pas en isoler une en
disant: Je fais bouger celle-là et les autres ne bougent pas. Cela ne
marche pas de même. Quand on établit une dynamique nouvelle, on
n'est pas toujours capables de prévoir comment cela va fonctionner dans
deux ou trois ans. C'est très difficile à prévoir. Le
ministre, au fond, par ce nouveau règlement au sujet des normes de
représentativité, établit une mécanique nouvelle.
On verra plus tard; peut-être qu'il a raison, mais peut-être aussi
que la dynamique nouvelle qu'il crée aura changé
complètement la situation. On ne fart pas l'histoire par en
arrière, on la fait par en avant.
Je ne suis pas sûr, en tout cas, je fais partie de ceux qui
pensent que, quand on veut donner une plus grande sécurité aux
gens qu'on veut protéger, on inscrit cette
sécurité-là dans la loi plutôt que dans les
règlements, parce que les pressions pour changer ies règlements
sont bien plus fortes que les pressions pour changer la loi. Les gens savent,
comprenez-vous, que, quand vous changez la loi, c'est un gros mécanisme
que vous mettez en place tandis qu'un règlement, cela peut se changer
à la sauvette.
Je vais vous donner un exemple. La meilleure preuve, ce sont les VE2.
Les VE2, les licences d'immatriculation pour les radio-amateurs ont
été changées. Les gens ne l'ont même pas su, ils
l'ont su une fois que c'était changé. Pourquoi? Parce que c'est
seulement un règlement; alors, il faut seulement une décision du
Conseil des ministres pour changer ça. S'il avait fallu aller dans la
loi, ils auraient vu le dépôt et auraient pu réagir.
Le ministre a dit: On va regarder ça une autre fois et on va
peut-être bien le rechanger si on pense qu'on a fait une erreur. Sauf
que, quand on change un règlement, cela peut se changer très
facilement, un règlement. Vous savez, des changements de
règlements, dans un Conseil des ministres, II y en a beaucoup. La
discussion n'est pas la même sur un changement de règlement que
sur une nouvelle loi. Habituellement, il y a un débat beaucoup plus
important sur un changement de loi que sur un changement de règlement.
Je ne veux pas dire qu'il n'y a pas de changements de règlements
où il peut y avoir un débat important, sauf que c'est beaucoup
plus facile de changer un règlement sans que les gens sachent au juste
ce qui a été changé et de se retrouver après cela
avec une disposition qui a été modifiée.
M. Côté (Charlesbourg): C'est un peu moins vrai que
c'était parce que la discussion au niveau des comités
ministériels, en ce qui concerne les changements de décrets, se
fait.
M. Garon: Oui, vous avez raison.
M. Côté (Charlesbourg): Et lorsque...
M. Garon: C'est de moins en moins le cas, mais ça l'est
encore beaucoup pareil.
M. Côté (Charlesbourg): Surtout avec la
prépublication et la publication des règlements. Quand vous
prenez l'exemple des VE2, il faut faire attention parce qu'il n'y a personne
qui, jusqu'à maintenant, a été capable de me faire la
démonstration qu'il n'a pas été consulté. Les
personnes ont été consultées. Elles ont dit qu'elles
n'étaient pas d'accord, à l'époque, mais elles ont
été consultées sur le règlement qui s'en venait. SI
vous voulez avoir les dates et le nom des personnes qui ont été
consultées...
M. Garon: J'aimerais cela.
M. Côté (Charlesbourg): ...je vais vous les fournir.
Elles ont été consultées par la Régie de
l'assurance automobile. Il est clair que le règlement a
été prépublié, qu'il a été
publié et qu'il y a eu une réaction qui est venue un peu plus
tard sur cela. Ce qui a donné un peu plus de force à leur
argumentation c'est le tremblement de terre. Ils se sont servis de cet exemple
pour montrer l'utilité de la sécurité publique. C'est un
élément qui marque et qui fait en sorte qu'on peut revoir des
choses, et je ne suis pas le gars qui est
enîêîé. Je serais prêt à revoir
ça et on verra la semaine prochaine ce qu'on décidera.
Le Président (M. Sainî-Roch): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions au paragraphe 2°?
M. Garon: Je dis que, si le ministre veut le faire comme
ça, ii peut le faire comme ça, mais que ce n'est pas la meilleure
formule. Sur division.
M. Côté (Charlesbourg): L'avenir nous le dira.
Le Président (M. Saînt-Roch): Le paragraphe 2°
étant adopté sur division, est-ce que l'ensemble de l'article 3
est adopté?
M. Côté (Charlesbourg): Adopté, M. le
Président. Évidemment, ce sera sur division, c'est ce que j'ai
compris.
M. Garon: Sur division, à cause du paragraphe 2°. Au
paragraphe 1°, on avait voté favorablement.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 3 étant
adopté sur division, j'appelle l'article 4.
Permis
M. Côté (Charlesbourg): "Cette loi est
modifiée par l'insertion, après l'article 36, des articles
suivants: "36.1 Nul ne peut, sous réserve des exceptions prévues
par règlement, effectuer du courtage en transport, à moins
d'être titulaire d'un permis de courtage délivré par la
commission. "Toutefois, aucun permis n'est requis si, au lieu de destination du
voyage ou au lieu d'exécution des travaux de construction, de
réfection ou d'entretien de route, d'excavation, de nivellement ou de
démolition où le transport est requis, aucun service de courtage
ne peut être offert en vertu d'un permis de courtage
délivré par la commission. "Aucun permis n'est requis pour les
employés du titulaire d'un permis pour le transport d'une matière
en vrac relativement au service fourni en vertu du permis de l'employeur. Il en
est de même pour les officiers d'une corporation et pour les
associés d'une société de transport relativement au
service fourni en vertu du permis de la corporation ou de la
société."
Si M. le député de Lévis souhaite qu'on lise notre
commentaire...
M. Garon: Comme vous voulez. Je vais vous le dire bien
franchement: J'étudie plusieurs projets de loi en même temps, dont
un de 600 articles, je ne me rappelle pas toutes les clauses par coeur.
M. Côté (Charlesbourg): Cette disposition a pour
objet de créer dans la loi l'obligation d'être titulaire d'un
permis de courtage pour effectuer le courtage. Compte tenu de la
définition, un permis de courtage sera obligatoire pour agir pour le
compte d'un camionneur pour le transport d'une matière en vrac. Nous
voulons éviter que, sous le couvert de mandats civils ou de contrats
d'association, certains groupes ne puissent concurrencer les corporations de
courtage en contournant l'obligation d'être titulaires d'un permis de
courtage.
Le troisième alinéa de cette disposition prévoit
les situations où le camionneur pourra être
représenté dans l'exploitation de son permis de camionnage. Dans
le cas des sociétés civiles de transport, il est permis de se
regrouper en société pour effectuer du camionnage en vertu d'un
permis de camionnage en vrac. Il est également souhaitable, pour le
fonctionnement de la société, que chacun des associés
puisse être mandaté pour représenter ses coassociés,
même si cette forme de représentation peut ressembler à
celie des corporations de courtage. Toutefois, le permis de camionnage qui est
obligatoire pour faire du camionnage devra avoir été
délivré sous la dénomination sociale de la
société pour chacun des camions exploités en
société. De cette façon, la société, tout en
demeurant un mode de fonctionnement valable pour faire du transport, ne pourra
plus servir à ceux qui ne désirent pas vraiment s'associer pour
faire le transport.
Le deuxième alinéa de la disposition a pour objet de
rendre applicable l'obligation d'être titulaire de permis aux seules
situations où les camionneurs se sont réellement regroupés
dans des corporations de courtage reconnues comme représentatives lors
de la délivrance du permis.
M. Garon: Si vous le voulez, on va les prendre un par un,
ça va aller plus vite.
Le Président (M. Saint-Roch): Les explications ont
été données pour l'article 36.1.
M. Garon: Oui, mais je veux dire alinéa par alinéa,
il y a trois alinéas.
Le Président (M. Saint-Roch): Le premier alinéa
est-il adopté? M. le député de Lévis.
M. Garon: Pourquoi avez-vous mis cette disposition? Est-ce que
c'est absolument nécessaire en vertu des jugements?
M. Paquet: C'est l'obligation de détenir le permis.
Fondamentalement, pour faire du courtage, ça prend un permis de
courtage, sauf les exceptions qu'on prévoit par règlement,
c'est-à-dire, comme on l'a vu tantôt, la neige pour la ville de
Montréal et la forêt.
M. Garon: Auparavant, cette clause n'existait pas?
M. Paquet: Pas sous cette forme. Absolument pas.
M. Vigneautt: Cela existait dans le règlement.
M. Paquet: Dans le règlement.
M. Garon: C'est ça, le problème. Cela existait dans
le règlement.
M. Paquet: Et par l'article 38 de la Loi sur les transports qui
prévoyait, évidemment, le permis pour faire du transport.
M. Garon: Premier alinéa, adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Le premier alinéa
étant adopté, est-ce qu'il y a des interventions au
deuxième alinéa?
M. Côté (Charlesbourg): On peut le lire, M. le
Président?
Le Président (M. Saint-Roch): Non, M. le
député de Lévis préfère y aller
alinéa par alinéa,
M. le ministre. Alors, nous en sommes au deuxième.
M. Garon: Oui, c'est pour "clairer" les affaires une par une.
Pourquoi vous êtes-vous senti obligé de mettre cette disposition
à l'alinéa 2?
M. Paquet: C'est tout simplement la
déréglementation d'un territoire sur lequel il n'y aurait aucun
courtier qui aurait un permis. Cette disposition fait en sorte
qu'automatiquement c'est déréglementé. Prenons une zone
à l'intérieur d'une région. Si, durant la période
de maraudage du mois de mars de l'année 1989 qui s'en vient, aucun
courtier n'avait obtenu la représentativité minimale, 40 %,
alors, évidemment, sur ce territoire formé d'un ensemble de
municipalités - on peut prendre comme exemple le Québec
métropolitain - il n'y aurait aucun courtier qui aurait obtenu un
permis, alors automatiquement ce territoire serait
déréglementé au sens du courtage. Cela voudrait dire que
toute personne pourrait faire du courtage en camionnage en vrac à
l'intérieur de ce territoire. C'est cette disposition qui permettrait
cela.
M. Garon: Est-ce vraiment possible? Vous voulez dire parce qu'il
n'y aurait pas eu 40 %.
M. Paquet: Oui, ce n'est presque pas possible, remarquez bien.
D'abord, il y a des permis de région. Il y a des courtiers de
région. Où il y aura des courtiers de région, si jamais
dans une zone donnée il n'y a aucun courtier de zone, à ce
moment-là ça relève du courtier de région. Cela
pourrait être possible concrètement peut-être sur le
territoire de la Baie James.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le
deuxième alinéa est adopté? M. le député de
Lévis.
M. Garon: Qu'est-ce qui est déréglementé au
juste, à ce moment-là?
M. Paquet: Le courtage serait déréglementé
seulement. L'obligation de détenir un permis.
M. Garon: Les taux?
M. Paquet: Non, absolument pas. Les taux ne seraient pas
déréglementés, ni l'obligation de détenir un permis
de camionnage. C'est juste le courtage qui serait
déréglementé.
M. Garon: Parce qu'il n'y a pas eu le caractère
représentatif.
M. Paquet: C'est le même principe que la forêt.
M. Garon: Pardon?
M. Paquet: C'est le même principe que la forêt.
M. Côté (Charlesbourg): Comme on l'a vu
tantôt.
M. Paquet: Là, on l'applique à un territoire
donné.
M. Côté (Charlesbourg): Cela reste
réglementé, mais il n'y a pas d'obligation de courtage.
M. Garon: Qu'est-ce que les gens du milieu ont dit de cela?
M. Paquet: C'est même un risque qu'ils sont prêts
à courir.
M. Garon: C'est parce qu'ils n'auraient pas le caractère
représentatif à ce moment-là.
M. Paquet: C'est un risque à courir, c'est cela.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, le deuxième
alinéa étant adopté, j'appelle le troisième
alinéa. Est-ce qu'il y a des interventions?
M. Garon: La même question que pour les deux autres
alinéas. Pourquoi avez-vous mis cette disposition? Vous vous êtes
senti dans l'obligation de mettre cette disposition.
M. Paquet: Vu qu'on créait l'obligation pour toute
personne qui était courtier, agent, mandataire ou entremetteur -
appelez-les comme
vous voulez - de détenir un permis de courtage pour
représenter un titulaire de camionnage en vrac, à ce
moment-là, il ne fallait pas par ricochet ramasser pour courtage
illégal le gérant d'une compagnie qui est titulaire d'un permis
de camionnage en vrac ou encore le mandataire d'une société
légalement constituée pour faire du transport. À ce
moment-là, il se trouve à représenter ses associés
et, de ce fait, à faire du courtage au sens du terme. C'est pour cela
qu'on prévoit cette disposition-là. Dans le cadre de
l'application du permis de camionnage en vrac, c'est cela. Si c'est un
employé d'une compagnie qui, évidemment, dispatche les camions de
son employeur, à ce moment-là, il ne faut pas qu'il fasse du
courtage au sens de la loi. Il n'en fait pas.
M. Garon: Dans vos consultations, c'était unanime sur cela
aussi?
M. Paquet: Absolument. D'ailleurs, ce serait illogique. Prenez
PEB, ici à Québec, Union des carrières, Giroux &
Lessard, nommez-les toutes, la plupart ont des permis de camionnage en vrac. Si
le gérant un bon matin dispatche les camions de son employeur et qu'on
l'accuse de faire du courtage illégal, ce serait totalement
illogique.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le
troisième alinéa est adopté? M. le député de
Lévis.
M. Garon: Quand vous parlez d'une société de
transport, vous trouvez que la même chose va s'appliquer dans ce
cas-là également?
M. Paquet: La même chose. Ici la société de
transport, c'est l'affaire Transporbec ni plus ni moins, ce sont les
sociétés à Montréal. Il n'y a rien qui
empêcherait dix camionneurs de se regrouper, d'accord, et de former une
société pour faire du transport. Pour faire du courtage, ils ne
le pourraient pas, c'est défendu. Ils ne pourraient pas se regrouper
pour faire du courtage parce que, premièrement, cela va être
à but non lucratif et, deuxièmement, il y a le caractère
de représentativité. Alors, ces camionneurs pourraient se
regrouper pour faire du transport au sens propre du terme, mais, par contre, la
société devra détenir un permis de camionnage en vrac au
nom de la société. (23 heures)
Cela voudrait dire que les dix camionneurs en vrac devraient
transférer dans la société leurs permis et leurs camions.
À ce moment-là, bien sûr, ils se nomment un
représentant, un mandataire qui vend, qui offre les services de la
société. A ce moment-là, on ne peut pas l'accuser de faire
du courtage. Il agit pour et au nom de la société de transport
comme notre gérant de compagnie agit pour et au nom de sa compagnie de
transport pour placer les camions de sa compagnie de transport. Alors, c'est
pour cela qu'on a prévu ces dispositions d'exception.
M. Garon: Mais dans votre société de transport, les
associés d'une société de transport, vous dites qu'ils
mettent leurs camions dans la société. Ils perdent la
propriété de leurs camions?
M. Paquet: Exactement. Sinon, c'est cela, le problème du courtage
qu'on a vécu, des sociétés soi-disant de transport, mais
qui faisaient du courtage. C'est, purement et simplement, que dix ou douze
camionneurs se regroupaient, ils contractaient et ils nommaient quelqu'un de
responsable pour les dispatcher, les appeler à tour de rôle et
tout cela. D'ailleurs, cela a été jugé, c'était
l'affaire Charles-Henri Fortier, ici à Québec.
M. Garon: Fortier, c'est Fortier de?
M. Paquet: C'est un camionneur en vrac.
M. Garon: Ce n'est pas Fortier des tuyaux de ciment de
Saint-Henri, n'est-ce pas?
M. Paquet: Non, absolument pas.
M. Garon: II aurait pu vouloir transporter ses tuyaux.
M. Paquet: Cela aurait pu être cela, mais c'est une
histoire de transport de neige à Québec.
M. Garon: Ah!
M. Paquet: Alors, Charles-Henri Fortier a ramassé
quelques-uns de ses amis titulaires de permis de camionnage en vrac et ils ont
soumissionné pour une zone à neige à la ville de
Québec. Ils ont dit: On se forme une société
enregistrée. Ils ont soumissionné pour le transport de la neige
à la ville de Québec et Charles-Henri Fortier était le
mandataire de cette société-là.
M. Garon: Mais chacun avait son camion.
M. Paquet: Chacun a gardé son camion et son permis.
Fortier a soumissionné au nom de la "gang".
M. Garon: Société nominale.
M. Paquet: Ah oui, puis ils ont eu un contrat. Fortier recevait un
chèque, faisait la distribution, recevait le "call", faisait le
dispatching. Il y a eu une cause, il y a eu une dénonciation devant la
Commission des transports du Québec pour courtage illégal. La
commission a décidé que c'était du courtage
illégal. C'est allé devant la Cour d'appel du Québec.
Pierre-Paul peut peut-être continuer sur le jugement, pour
l'expliquer.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Vigneault.
M. Vigneault: La Cour d'appel a décidé qu'il ne
s'agissait pas de courtage, que le mandat de droit civil qui était
accordé à chacun des associés représentés
dans une société n'était pas un mandat de courtage. Or,
c'est vrai que la société ne faisait pas de courtage, mais elle
faisait du transport sans être habilitée à faire du
transport en vertu d'un permis délivré au nom de la
société.
C'est cet aspect que l'on veut clarifier dans la loi. Si la
société est une société constituée pour
faire du transport, la première démarche à faire, c'est
d'aller chercher un permis qui va autoriser la société à
faire du transport. La première démarche à faire entre les
associés, c'est de mettre en commun leurs camions, leur
équipement, leur capital et leurs permis pour faire du transport.
M. Garon: Pour les fins de la loi, une société
nominale ne serait pas possible, cela prendrait une société
réelle.
M. VigneauK: C'est une société réelle. Cela
va prendre une société réelle.
M. Garon: Mais vous trouvez que c'est ce que dit votre
disposition qui est là?
M. Vigneault: L'obligation d'avoir le permis est
déjà prévue dans la loi. Cela prend un permis pour faire
du camionnage. Ce que l'on dit là, c'est que l'associé qui va
représenter la société titulaire d'un permis de transport
ne fera pas de courtage. Quant à i'associé qui
représenterait une société qui n'a pas de permis de
transport, on pourrait l'accuser de faire du courtage. On pourrait
également accuser sa société de faire du transport sans
permis, mais c'est en vertu d'une autre disposition de la loi qu'on accusera la
société de faire du transport sans permis.
M. Garon: Mais je ne vois pas la distinction ici entre la
société réelle et la société nominale. Je
comprends ce que vous dites dans vos explications, mais, quand je lis la loi,
il me semble que je ne vois pas ça.
M. Vigneault: La société nominale ne pourra pas
obtenir un permis pour faire du transport. S'il n'y a pas vraiment une mise en
commun de camions pour former une société réelle de
transport, la commission ne délivrera pas le permis.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
Interventions au troisième alinéa?
M. Garon: Là-dessus aussi, dans vos consultations, il y a
eu unanimité, parce que vous avez le sentiment que sur le plan
juridique, vous bouchez un trou.
M. Paquet: C'était ça. Des camionneurs avaient
trouvé le moyen de contourner le courtage de cette façon. Alors,
les camionneurs auront un choix. Ils se regroupent pour faire du courtage -
à ce moment-là, il y aura des possibilités prévues
par la loi et les règlements - sans but lucratif auprès de la
société de courtage reconnue ou ils se forment en
société de transport et, à ce moment-là, la
société devra détenir les permis appropriés. S'il y
a dix camionneurs qui veulent se former une société de transport,
ils feront réellement une société de transport. Ils
transféreront leurs biens dans la société. Les biens de
l'un seront les biens de l'autre et ce sera réellement une
société de transport. Et nous, on va transférer les
permis, comme on le fait à la commission. On l'a déjà
fait, peut-être pas régulièrement, mais on en a vu.
Au Lac-Saint-Jean, il y a huit camionneurs qui ont formé une
coopérative. Ils ont transformé chacun des camions et les permis
ont été refondus dans un seul permis au nom de la
coopérative, alors, c'était 01, 02, 03, 04, 05. À ce
moment-là, c'était le bien de tout le monde. Ce sera ça,
c'est le choix. Il y avait un trou. Il y en a qui ont vu le trou, mais
là, on veut le boucher.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions au troisième alinéa?
M. Garon: Non, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le
troisième alinéa est adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 36.1 étant
maintenant adopté, j'appelle l'article 36.2.
M. Garon: Vous ne le savez pas, vous ne l'avez pas
demandé.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député,
je peux bien le demander si vous exigez qu'on ait les bretelles avec la
ceinture. Est-ce que l'article 36.1 est adopté?
M. Garon: C'est parce qu'on peut adopter chacun des paragraphes
et voter contre un article si on considère qu'il est incomplet. On peut
voter pour chacun des paragraphes et chaque paragraphe est correct, mais
l'ensemble n'est pas complet.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'ensemble de
l'article 36.1 est adopté?
M. Garon: Adopté.
Ls Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle l'article
36.2.
M. Côté (Charlesbourg): "Le titulaire d'un permis
pour le transport d'une matière en vrac ne peut faire effectuer par un
tiers le transport d'une matière en vrac que son permis l'autorise
à fournir, sans avoir au préalable sollicité les services
du titulaire d'un permis de courtage s'il y en a un qui est autorisé
à agir conformément au règlement pour un tel transport."
Le cas pratique est simple. C'est le propriétaire d'un VR qui contracte
du travail, qui en a plus que pour lui. Il doit recourir au service de courtage
pour faire exécuter l'excédent du travail qu'il ne peut faire
lui-même, ce qui n'est pas le cas actuellement.
Une voix: C'est un trou.
M. Garon: Je comprends, c'est un gros trou.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, c'est ça. C'est
un gros trou.
M. Garon: Mais comment cela pouvait-il fonctionner avec un trou
comme ça, si vous dites qu'il n'y avait rien qui couvrait ça?
M. Paquet: Non, c'est un nouveau trou, par exemple. Disons que
c'est comme d'autre chose. Les camionneurs, il y en a qui sont intelligents
aussi et ils découvrent des failles dans la loi et dans les
règlements. Cela s'est mis à se développer. Pour
contourner, encore une fois, le système de courtage, l'individu qui ne
voulait pas passer par son courtier et qui voulait s'affilier avec ses amis,
soumissionnait pour un contrat de beaucoup supérieur à sa
capacité en pensant: Je vais prendre le contrat, j'ai les reins solides,
il n'y a pas de problème, je suis capable de cautionner. Je vais appeler
cinq, six ou dix de mes "chums" et on va faire le contrat ensemble. Alors,
c'est ce qui arrivait. Bien souvent, un camionneur, avec un permis et un
camion, soumissionnait pour je ne sais pas, par exemple, 1000 tonnes de sable
à transporter dans deux jours. Bien, là, il y a de quoi qui ne va
pas. Cela ne marchait pas. Alors, il se virait de bord et il appelait trois,
quatre, cinq ou six de ses "chums": Venez travailler pour moi. Soit que ces
camionneurs étaient payés directement par le donneur d'ouvrage ou
qu'ils étaient payés par le premier camionneur qui
contractait.
On a commencé à avoir des plaintes et on s'est
aperçu qu'il y avait un trou. C'est pour ça qu'on veut le boucher
de cette façon.
M. Garon: Mais, là, vous laissez quand même une
place pour de la variation quand vous dites qu'ils...
M. Paquet: Oui. Il pourra soumissionner quand même, sauf
que...
M. Garon: Bien non, ce n'est pas ça. "Sans avoir au
préalable sollicité les services du titulaire d'un permis de
courtage s'il y en a un qui est autorisé à agir
conformément au règlement pour un tel transport." Là, je
vois dans vos explications: en faisant appel aux corporations de courtage, cet
excédent de capacité sera redistribué conformément
aux règles de distribution qui sont prévues dans le
règlement.
Alors, est-ce qu'il y aura des règles de distribution dans le
règlement pour couvrir ça ou bien si, quand on dit: "sans avoir
au préalable sollicité les services du titulaire d'un permis de
courtage s'il y en a un qui est autorisé à agir
conformément au règlement pour un tel transport", on veut dire
qu'il y en a un qui...
M. Paquet: Cela prend d'abord un courtier sur le territoire. S'il n'y en
a pas, cela ne s'applique pas.
M. Garon: Non.
M. Paquet: D'accord? Il y a un courtier et if soumissionne en
excédant sa capacité. S'il faut cinq camions et que lui en a un,
il ne pourra pas appeler directement ses "chums". Il va falloir
premièrement qu'il appelle le courtier et qu'il dise: écoute, II
me faut quatre "trucks" demain matin.
M. Garon: C'est le courtier qui a un caractère
représentatif.
ML Paquet: Le courtier de zone ou de région va lui fournir
les quatre camions. S'il n'est pas capable de les lui fournir, à ce
moment-là le gars pourra trouver les camionneurs où il pourra.
Mais il aura l'obligation première de passer par le courtier de
l'endroit pour son excédent de capacité. Après cela, au
sujet du courtage, il y a le principe de la répartition équitable
qui s'applique. Alors, les quatre camions qui vont aller là vont...
M. Garon: Cela s'applique dans tous les cas. M. Paquet:
Cela s'applique à tous les cas. M. Garon: Pas seulement dans
ce cas-là. M. Paquet: Pas seulement à cela. C'est
cela.
M. Garon: C'est cela que je vous demandais...
M. Paquet: Le principe fondamental s'applique.
M. Garon: ...s! vous vouliez dire que, conformément au
règlement, il devait y avoir un règlement pour ce cas-là
ou si c'était selon les
règles...
M. Paquet: Non, non, les règles générales du
courtage.
M. Garon: ...de distribution du courtage qui sont prévues
dans le règlement.
M. Paquet: C'est cela. Alors, les quatre camionneurs qui vont
aller là pourraient être remplacés aux deux ou trois jours,
selon les règlements du courtier qui va envoyer les camions.
M. Garon: Cela a l'air pas pire.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 36.2 est-Il
adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
l'article 36.3.
M. Côté (Charlesbourg): "Le permis de courtage est
délivré pour une zone de courtage établie par la
commission à l'intérieur d'une région établie par
règlement ou pour la partie du territoire d'une telle région qui
n'a pas été délimitée en zone de courtage." C'est
un élément qui était dans le règlement et qu'on met
dans la loi. Cela correspond à la volonté du député
de Lévis d'en mettre plus dans la loi que dans le règlement. On
ne devrait pas avoir de problème à ce moment-ci.
M. Garon: Vous dites? "Le permis de courtage est
délivré pour une zone de courtage établie par la
commission à l'intérieur d'une région - les régions
sont établies par règlement, elles - ou pour la partie du
territoire d'une telle région qui n'a pas été
délimitée en zone de courtage."
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon: Je pose la question pour le savoir de la bouche du
ministre ou de ses conseillers, comme il le souhaitera. Actuellement, dans son
esprit, les régions établies par règlement restent les dix
régions qu'il y a actuellement, tandis que les zones sont
établies par la commission en fonction des représentations qui
sont faites à l'intérieur des régions. C'était
comme cela que ça marchait avant et, tout simplement, vous avez mis cela
dans la loi.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça. On le prend
du règlement pour le mettre dans la loi.
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): L'article 36.3 étant
adopté, est-ce que l'ensemble de l'article 4 est adopté?
M. Côté (Charlesbourg): Adopté. M. Garon:
Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
l'article 5.
M. Côté (Charlesbourg): "Cette loi est
modifiée par l'insertion, après l'article 39, de l'article
suivant: "39.1 Le permis de courtage n'est délivré qu'à
une corporation constituée soit en corporation sans but lucratif, soit
en coopérative, qui regroupe des titulaires de permis pour le transport
d'une matière en vrac. "Pour obtenir ce permis, la corporation doit
satisfaire, en outre des conditions prévues par règlement pour la
délivrance du permis, aux normes de représentativité
prévues par règlement y compris celle relative à
l'époque où son caractère représentatif peut
être vérifié." C'est un autre article, M. le
Président, qui était dans le règlement et qu'on inclut
dans le projet de loi, au premier alinéa. (23 h 15)
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions?
M. Garon: Attendez un peu. Bon. C'était entièrement
dans le règlement antérieurement?
M. Côté (Charlesbourg): Le premier alinéa.
M. Garon: Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): Le premier alinéa, le
39.1.
M. Garon: Le premier alinéa qui dit...
M. Côté (Charlesbourg): "Le permis de courtage n'est
délivré qu'à une corporation constituée soit en
corporation sans but lucratif, soit en coopérative, qui regroupe des
titulaires de permis pour le transport d'une matière en vrac."
M. Garon: Cela, c'était dans le règlement
avant?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, on l'inclut dans la
loi.
M. Garon: Alors, on va passer alinéa par alinéa, si
vous vouiez.
Le Président (M. Saint-Roch): C'est votre choix, M. le
député de Lévis.
M. Garon: D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, le premier
alinéa de l'article 39.1 est-il maintenant adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté.
Deuxième alinéa?
M. Côté (Charlesbourg): Tour obtenir ce permis, la
corporation doit satisfaire, en outre des conditions prévues par
règlement pour la délivrance du permis, aux normes de
représentativité prévues par règlement y compris
celle relative à l'époque où son caractère
représentatif peut être vérifié."
M. Garon: Cela n'y était pas avant.
M. Côté (Charlesbourg): C'est nouveau dans le
règlement.
M. Garon: Est-ce que c'était dans le règlement?
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Garon: Non. C'est nouveau. Qu'est-ce que vous avez l'intention
de couvrir quand vous dites: "doit satisfaire, en outre des conditions
prévues par règlement pour la délivrance du permis, aux
normes de représentativité prévues par règlement y
compris celle relative à ^l'époque où son caractère
représentatif peut être vérifié"?
M. Côté (Charlesbourg): C'est la période de
maraudage.
Le Président (M. Saint-Roch): Me Vigneault.
M. Vigneault: C'est la période de maraudage qu'on veut
bien habiliter. Lorsque la période de maraudage est terminée,
s'il n'y a qu'une corporation qui a un permis, elle est en situation de
monopole jusqu'à l'expiration du permis; c'est-à-dire que, si
c'est un permis de deux ans, elle pourrait être en situation de monopole
pour 22 ou 23 mois. On veut bien s'assurer que les tribunaux
interprètent le pouvoir de prévoir la période de maraudage
dans les règlements. Alors, pour la période de maraudage, cela
peut changer selon les besoins particuliers. On a prévu deux mois, avec
un mois d'extension, dans le règlement qui a été
publié le 7 décembre.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions?
M. Garon: Un instant. Mandat exclusif... Au fond, la
période de maraudage durerait combien de temps?
M. Vigneault: Entre le 1er et le 31 mars, c'est la période
pour faire le maraudage.
M. Garon: C'est un mois. M. Côté (Charlesbourg):
Oui.
M. Vigneault: C'est un mois, mais si, à la fin du mois, on
n'a pas obtenu de façon manifeste les 40 %, un mois
supplémentaire est prévu. Il y a également, pendant la
période où la commission va entendre l'affaire, une
possibilité de maraudage pour convaincre les gens qui auraient
changé d'idée.
M. Garon: Cela, c'est pour les camionneurs qui ont leur permis
à quelle date?
M. Vigneault: Les camionneurs, eux, ont leur permis permanent de
camionnage.
M. Côté (Charlesbourg): C'est à partir d'une
liste...
M. Garon: Une liste, c'est cela, oui.
M. Oôté (Charlesbourg): ...faite par la Commission
des transports à laquelle adhèrent de manière volontaire
les propriétaires de VR. La Commission des transports va expédier
à chacun des...
M. Garon: Je comprends ce que vous voulez dire. Vous voulez dire
pour le vote, n'est-ce pas?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Garon: Mais, le total de la liste, tous ceux qui sont
habilités à voter, ceux qui ont un permis de camionnage...
M. Côté (Charlesbourg): Mais qui auront
signifié à la Commission des transports leur volonté, leur
intérêt à être sur la liste de ceux qui veulent
voter.
M. Garon: Oui?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Garon: Comment?
M. Côté (Charlesbourg): Parce que la Commission des
transports expédie à chaque propriétaire d'un permis VR la
documentation l'informant qu'il y a une période de maraudage qui s'en
vient et que, s'ils veulent adhérer à un service de courtage, ils
devront manifester leur intention d'être sur la liste et, après
cela, choisir, adhérer à l'un ou à l'autre.
M. Garon: C'est drôle. Pourquoi faites-vous ça comme
ça?
M. Côté (Charlesbourg): Parce qu'il y a des gens qui
peuvent ne pas vouloir être dans la "gang" de ceux qui vont choisir. Il y
a des gens
qui peuvent dire: Je me fous de ça, je n'en ai pas besoin et
bonjour la visite! C'est leur liberté. Pour établir le
pourcentage, si on fait 40 % de 700 camions et qu'il y en a seulement 300 qui
sont intéressés, ce n'est pas tout à fait la même
chose. Alors, c'est 40 % des 300 intéressés, mais ce n'est pas 40
% des 700. Il n'y a pas une obligation d'adhérer, c'est une
adhésion volontaire.
M. Garon: Mettons qu'il y a 700 camionneurs susceptibles
d'être sur la liste, qu'il y en a 300 qui veulent être sur la
liste, qui votent...
M. Côté (Charlesbourg): Cela fait 120.
M. Garon: ...à ce moment-là, le groupe peut
négocier pour tout le monde?
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire qu'il va
négocier pour les gens qui ont adhéré au poste de
courtage. Il va négocier pour les 300.
Le Président (M. Saint-Roch): Me Paquet?
M. Paquet: Voici la façon d'abord dont va se faire la
représentativité. La commission va envoyer, au début de
janvier, l'information qu'il y a un nouveau règlement, une nouvelle loi
à tous les titulaires de permis de camionnage en vrac de la province de
Québec et une question: Êtes-vous intéressé ou
seriez-vous intéressé à faire partie d'un système
de courtage dans votre région? Il y en a qui vont répondre non.
Pour ceux qui répondent non, ce n'est pas compliqué. Il y a des
entrepreneurs, il y en a qui ne sont pas intéressés du tout,
absolument pas. Il y a des forestiers qui ne sont pas intéresses. Il y a
des spécialistes qui ne sont pas intéressés. Ils vont
répondre non, eux, cela vient d'être réglé. Par
contre, d'autres vont répondre oui. Alors, dans chaque région,
dans les dix régions du Québec, on va faire une liste de la
région 1 à 10. Dans la région 1, II y en a 300 qui ont
répondu: Oui, je suis intéressé. Avant le mois de mars,
des courtiers potentiels vont venir à la commission et vont dire: Moi,
je veux la liste de ceux qui ont répondu oui pour le territoire suivant
que je désigne, pour, disons, le sous-poste de Gaspé-Nord,
Gaspé-Sud, Matapédia ou Matane. On va la leur donner. Parce qu'il
veut être un courtier de zone, on va lui donner la liste. On va dire:
Voici, dans la région 1, il y en a 300 qui ont répondu oui, mais,
dans le territoire que vous voulez avoir, il y en a 50. Cela en comprend 50.
Alors, le courtier va partir avec la liste des 50. S'il veut être seul
sur son territoire, il va aller chercher les 50, il va avoir 100 % des 50; mais
s'il en a 40 %, potentiellement, il va pouvoir avoir son permis. C'est de cette
façon que ça va se faire. Alors, il va avoir ses 40 % et il va
avoir un permis de courtage. S'il y en a deux qui ont 40 %, à ce
moment-là, il y aura deux courtiers sur le même territoire, mais
c'est toujours en fonction d'une liste de personnes intéressées
de 40 %.
M. Garon: Mais ça ne fonctionne pas comme ça
actuellement?
M. Paquet: Actuellement, non. C'est parce qu'il y avait une
clause d'exception. C'est pour cela, on a simplifié. C'est un article
qui simplifie l'autre article. Le pourcentage de l'article actuel, c'est les
deux tiers, 66 2/3 % de l'ensemble des titulaires, ceux qui sont
intéressés comme ceux qui ne sont pas intéressés.
Par contre, il y avait une disposition d'exception qui permettait d'exclure du
calcul du pourcentage les spécialistes, ceux qui avaient des
équipements particuliers. Alors, cela revient au même. C'est qu'on
le fait autrement. On dit tout simplement à ceux qui sont
intéressés à un service de courtage: C'est avec vous qu'on
va faire affaire et c'est à vous de vous manifester.
M. Garon: Est-ce qu'il y avait autant de districts
électoraux?
M. Paquet: D'abord, il y a les dix régions et, parmi les
régions, les courtiers de zone, les sous-postes, normalement, respectent
les districts électoraux, mais pas nécessairement à
l'unité. Cela peut être des regroupements de districts
électoraux, si vous voulez. Par exemple, le sous-poste de la rive sud,
ici, touche à Lotbinière, à l'ancien Dorchester et
comprend le comté de Lévis. Ce sont des regroupements de
territoires, mais en fonction de lignes existantes, quand même, qui sont
des lignes de districts électoraux, de circonscriptions
électorales. Dans une région, vous pouvez avoir quatre ou dix
sous-postes...
M. Garon: Actuellement.
M. Paquet: Oui. Dans la région 01, je pense qu'il y a six
sous-postes. Il n'y a pas de permis de région, II n'y a que des permis
de zone. Toute la région est quand même couverte, mais au niveau
de zones qui touchent les districts électoraux, mais pas
nécessairement, comme je vous le dis, à l'unité.
M. Garon: Et avec le nouveau système?
M. Paquet: Cela ne change rien, c'est au choix, c'est la
même chose. D'abord, dans les faits, on va retrouver à peu
près les mêmes territoires, à peu près à 100
%, que ce qui existe actuellement. Ce seront les mêmes corporations qui
vont demander les nouveaux permis sous la nouvelle réglementation et,
peut-être à l'occasion, quelques compétiteurs qui peuvent
se glisser à travers ça.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Garon: Vous voulez dire qu'actuellement, pour chaque zone...
Combien y a-t-il de zones dans l'ensemble du Québec à l'heure
actuelle?
M. Paquet: 62, 63.
M. Garon: ii va y avoir un vote pour établir celui qui va
jouer le rôle de courtier.
M. Paquet: Dans chaque région. C'est chaque courtier qui
va chercher ses membres. Ce n'est pas l'inverse. C'est le courtier qui,
à partir d'une liste qu'on lui donne, doit aller chercher sa
représentativité. Il faudra qu'il vende ses qualités, ses
services aux camionneurs pour recevoir leur adhésion. S'il en ramasse 40
%, il vient chez nous, il présente sa demande, il dit: Moi, sur le
territoire X, j'ai 45 %, 50 %, 60 % - à 61 %, il va être sûr
ou 100 %; j'ai la liste que vous m'avez fournie, j'ai été
chercher 100 % des adhésions de ce territoire. Des personnes ont dit:
Oui, je veux adhérer au système de courtage. Elles ont choisi ce
courtier. Il pourrait y en avoir un autre aussi. Il pourrait y avoir une autre
compagnie sans but lucratif et le camionneur pourrait avoir le choix entre
deux. Et même, le choix pourrait être plus grand que ça; il
pourrait y avoir dix demandes potentielles.
M. Garon: Vous dites qu'il y a actuellement 700 personnes qui ont
un permis et qu'il y a des gens qui ne sont pas intéressés
à être sur la liste parce qu'ils disent... Est-ce qu'il pourrait y
avoir un intérêt, à ce moment-là, en termes
d'organisation... Le ministre doit connaître ça, c'est un
organisateur...
M. Côté (Charlesbourg): Je ne réussis pas
toujours à gagner. Il y a des causes qu'on ne réussit pas
à faire triompher même si on a une bonne organisation.
M. Garon: À ce moment-là, quelqu'un qui veut
être élu n'aura-t-il pas tendance à faire mettre sur la
liste le maximum de personnes même si, après, il n'a pas besoin de
s'en servir vraiment? Par exemple, parmi les 700 qui pourraient techniquement
avoir le droit de vote, seulement 300 demandent à être sur la
liste. Quelqu'un dit, à ce moment-là: J'aimerais pouvoir le
faire, j'ai la liste des 700; en même temps que je leur demande de voter
pour être sur la liste, je leur demande de voter pour moi. À ce
moment-là, il ne représenterait pas nécessairement les
gens qui vont utiliser le courtage, mais qui vont avoir voté pour
établir le courtier. (23 h 30)
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais il va y avoir deux
sortes de sollicitation. D'abord, celle auprès de tous les VR pour
qu'ils se fassent inscrire sur la liste; c'est la première. Tout le
monde va faire sa cabale c'est bien clair. S'il y a deux gars potentiellement
qui souhaitent être reconnus, c'est clair que chacun va faire sa campagne
auprès du gars qui a reçu un papier de la Commission des
transports en disant: Tu dis oui et, après cela, tu t'en viens avec moi.
C'est comme une convention. En règle générale, il y a
plusieurs candidats, tout le monde vend des cartes.
M. Garon: Ce n'est pas possible.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas possible
plusieurs candidats, non?.
M. Garon: II faut qu'il soit membre 90 jours. Habituellement la
convention n'est pas déterminée plus de 90 jours avant le jour de
la convention.
M. Côté (Charlesbourg): En régie
générale, chez nous aussi. On s'est retrouvé dans
Charlesbourg avec quatre candidats. Chacun a vendu ses cartes, a fait sa
sollicitation pour qu'ils soient sur la liste et, après cela, on s'est
battu avec les cartes qu'on avait et on a essayé d'en recruter d'autres
ailleurs dans les autres listes. C'est une chose qui peut se produire
facilement. La première démarche consiste à inscrire le
plus grand nombre de personnes sympathiques à ta cause sur la liste.
Après cela, il va y avoir le maraudage en termes d'adhésion pour
que chacun puisse aller chercher ses 40 % pour être reconnu.
M. Garon: Ce système comporte un certain danger. Vous
l'avez bien dit. Au fond, s'il y a une convention politique où on permet
à chacun de vendre des cartes de membre, vous pouvez vous retrouver avec
un candidat qui est élu, mais ce n'est peut-être pas vraiment le
gars qui représente la philosophie de l'affaire ou du parti. Pourquoi?
il me semble que la liste électorale serait mieux d'être
établie par la commission.
M. Côté (Charlesbourg): Elle l'est établie
par la commission. C'est à la commission que l'individu doit dire: Oui,
je veux être inscrit sur la liste.
M. Garon: À partir de ceux qui ont voulu s'inscrire...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, c'est cela.
M. Garon: ...et aussi en tenant compte de la possibilité
que ceux qui veulent les faire voter leur demandent de s'inscrire.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela.
M. Garon: Quitte à élire une association qui ne
représente pas nécessairement ceux qui utilisent les service de
courtage. Il y a un risque.
M. Paquet: Ils vont répondre non, à ce
moment-là. Le titulaire de permis de vrac qui n'est pas
intéressé à un service de courtage va s'abstenir de
répondre et cela va être non ou il va nous répondre et cela
va être non. Alors, lui, on l'oublie. Il n'en veut pas, de service de
courtage, il n'en a pas besoin, c'est parfait, c'est correct. On établit
la liste de ceux qui vont répondre oui. Maintenant, il reste une chose,
c'est que les courtiers qui vont arriver chez nous pour demander un permis, on
va quand même confondre leur liste avec la nôtre. Le gars qui a
répondu non, lorsque la commission a envoyé la question, il peut
changer d'idée. Si jamais il y a un courtier agressif qui va le voir et
qui dit: Écoute, je te vends mes services, tu vas être bien chez
nous, viens-t'en avec moi etc., il peut répondre oui au courtier.
À un moment donné, il va arriver chez nous et là cela ne
correspondra pas. Nous autres, on va vérifier si effectivement il a
changé d'idée. Il a le droit de changer d'idée, cela va
être prévu. Il aura le droit de changer d'idée.
M. Garon: II a le droit de changer d'idée dans quel
sens?
M. Paquet: Durant la période de maraudage il pourrait
s'abonner. Il pourrait dire oui au lieu de non. Au moment de l'audition de la
cause, il pourrait s'abonner; pas nécessairement durant la
période de maraudage, mais après la période de maraudage,
durant l'audition de la cause, ii pourrait s'abonner au courtier de son
choix.
M. Garon: Cela va brasser dans les places et cela va
s'affronter.
M. Paquet: Je pense qu'en pratique cela ne s'affrontera pas.
M. Garon: Je ne suis pas un expert là-dedans. Je ne suis
pas capable de visionner les quelque 60 zones, les dix régions et tout
ça, mais le système mis en place, à mon avis, permet un
affrontement assez dur chaque année.
M. Paquet: Aux deux ans. Les permis vont être aux deux
ans.
M. Côté (Charlesbourg): Aux deux ans.
M. Garon: La période de maraudage va revenir au mois de
mars à tous les deux ans.
M. Paquet: Alors, il pourrait y avoir un nouveau courtier qui
arrive. Si jamais il y a un groupe de camionneurs qui ne sont pas satisfaits de
leur courtier, au bout de deux ans, Ils pourront le mettre dehors.
M. Côté (Charlesbourg): C'est comme une course au
leadership. Il y a le choix des délégués.
M. Garon: Cela dépend.
M. Côté (Charlesbourg): II y a des candidats qui
font le tour et qui font élire des délégués.
Finalement, dans la période de maraudage jusqu'à ce qu'ils
arrivent au congrès pour voter, il y en a qui peuvent changer
d'idée. Alors, vous avez vécu cela.
M. Garon: Cela dépend. J'ai vécu cela, mais comme
je faisais partie de la catégorie qui aimait le chef qui était
là, je ne cherchais pas à l'enlever.
M. Côté (Charlesbourg): Pardon?
M. Garon: J'étais satisfait du chef qui était
là.
Une voix: II n'est plus là.
M. Garon: Mais dans le temps.
M. Côté (Charlesbourg): Vous étiez pour M.
Johnson?
M. Garon: Non, M. Lévesque. Une voix: II
n'était plus là.
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, je parle de votre
leadership, à vous, avec M. Johnson et Mme Marois.
M. Garon: Je ne faisais pas de préparatifs d'aucune
façon, ni aucune personne ne faisait des préparatifs parce que
moi, j'étais d'accord pour que M. Lévesque reste là.
M. Côté (Charlesbourg): Je ne parte pas de sortir M.
Lévesque; je dis qu'à partir du moment où M.
Lévesque est parti cela prenait un remplaçant. Vous étiez
dans la "gang", vous étiez un des trois.
M. Garon: Ce n'est pas de même que ça s'est
fait.
M. Côté (Charlesbourg): Cela a paru dans le
résultat aussi.
M. Garon: C'est cela. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Ma période a été trop courte,
voyez-vous.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: II aurait fallu que je commence mon maraudage un peu
plus tôt.
M. Côté (Charlesbourg): C'est parce que
vous n'aviez pas un Johnson, vous aviez un Evinrude.
M. Garon: Un quoi? Des voix: Un moteur.
M. Côté (Charïesbourg): Un moteur hors
bord.
M. Middlemiss: Un moteur Johnson.
M. Garon: Ah oui, je ne sais pas lequel est le meilleur.
M. Middlemiss: Celui-là, c'est un Johnson.
M. Garon: Je connais plutôt les bateaux pour la pêche
commerciale, ce sont d'autres types de bateaux. Ce sont de gros moteurs.
M. Côté (Charlesbourg): Le problème, c'est
que vous vouliez traverser Marois.
M. Garon: Non, mais j'ai déjà dit que l'avenir
durait longtemps.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le
deuxième alinéa est adopté?
M. Garon: C'est-à-dire que je trouve... Des voix:
Ha, ha, ha!
Le Président (M. Saint-Roch): La période de
maraudage n'a pas été suffisante?
M. Garon: Je trouve cette formule... Auparavant, dans le
système actuel, pour établir la représentativité,
quel était le nombre de personnes, par rapport à celles qui
s'inscrivaient, qui votaient?
M. Paquet: 66 2/3.
M. Côté (Charlesbourg): 66 2/3.
M. Garon: II fallait 66 2/3 de ceux qui avaient le droit de
s'inscrire.
M. Paquet: 66 2/3 de tous les titulaires d'une région.
M. Garon: Oui.
M. Paquet: D'une zone, pour ce qui est d'un permis de zone et 1/3
de toute une région pour un permis de région. C'est le
règlement actuel.
M. Garon: Oui.
M. Paquet: II y avait une disposition d'exclusion en fonction des
équipements, si vous voulez. À ce moment-là, cela
diminuait les 100 % absolus.
M. Garon: Cela ressemble plus à ce que je vous disais
tantôt. Pour établir un caractère représentatif, il
faut qu'il y ait un certain nombre de personnes qui votent. Il faut qu'elles
soient sur la liste, qu'elles aient le droit de vote et qu'elles votent. Il y a
un certain nombre de personnes qui votent par rapport à une liste. Moi,
je ne comprends pas trop l'affaire de mettre une liste électorale qui
n'est pas exhaustive, qui ne comprend pas tout le monde.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire
que...
M. Garon: Ce sont les gens qui décident d'être sur
la liste électorale.
M. Côté (Charlesbourg): Ce sont les gens qui le
souhaitent. On a dit tantôt: II y a des entrepreneurs, qui ont des VR,
qui n'ont aucune espèce d'intérêt à être dans
le groupe et qui ne veulent pas l'être. Donc, tu ne peux pas les obliger
à être sur la liste. S'il n'y a pas d'intérêt, il n'y
a pas d'intérêt. Le courtage se fera pour les gens qui ont de
l'intérêt. Cela me paraît beaucoup plus sain. On peut bien
le forcer à être sur la liste, mais il n'ira pas voter.
M. Garon: Ce n'est pas cela. Le vote et l'abstention de vote,
c'est une réalité, mais je pense que ce qui est
intéressant, c'est que ceux qui ont le droit de vote soient sur la
liste. Ceux qui votent doivent être dans une certaine proportion et celui
qui remporte doit avoir une certaine proportion. Actuellement, ce sont ceux qui
voudront être sur la liste, même s'ils n'ont pas besoin du service
de courtage, parce qu'ils ne sont pas dans une catégorie pour y
être. C'est peut-être mieux d'avoir des spécialités
exclues, qui n'utiliseront pas le courtage de toute façon. Actuellement,
dans le système, ils pourront dire: Je veux voter, parce que celui qui a
organisé le vote peut les avoir convaincus de se faire placer sur la
liste pour pouvoir l'appuyer, même si en réalité ils n'ont
pas besoin du service de courtage.
M. Paquet: Ah, bien oui, il n'y a rien qui l'empêche. Il
peut, quand même, participer, M.
Garon, au mouvement s'il veut. Il n'y a aucun problème
là.
M. Garon: Bien, s'il n'y a pas de problème,...
M. Paquet: Même s'il ne bénéficie pas des
services, c'est quand même un choix qu'il fera. Mais s'il dit oui
à la question, il va adhérer.
M. Garon: À ce moment-là, s'il arrivait que dans un
endroit, ceux qui font élire le courtier
soient en grande partie ceux qui n'en ont pas besoin, ce ne serait pas
sain, mais le système va le permettre. Je ne dis pas que ça va
arriver, mais ça peut arriver. Quelqu'un qui va s'organiser pourra le
faire. Il y a quand même un risque.
M. Paquet: II reste quand même, M. Garon, qu'étant
admis au système de courtage il y aura des obligations qui vont se
greffer à cela, par exemple, les cotisations. Je verrais mal le gars qui
déciderait d'adhérer par plaisir. N'oubliez pas qu'il s'inscrit
pour deux ans; alors il est pris pour deux ans. Il y a des cotisations qui sont
assez dispendieuses.
M. Garon: Combien?
M. Paquet: Cela varie selon les budgets. Cela peut être 100
$ par mois ou 100 $ par année, 1500 $, 800 $, 600 $ par année.
Cela dépend des endroits et des services.
M. Garon: Et le minimum, c'est quoi?
M. Paquet: Dans des sous-postes, les minimums, mon doux Seigneur!
Cela varie des petits sous-postes à 25 $ par mois qui ont des petits
services - c'est toujours en fonction des services - à des gros
sous-postes urbains qui vont avoir peut-être 150 $ par mois de
cotisations. Mais ils ont les services et l'argent pour.
M. Côté (Charlesbourg): Cela dépend des
services.
M. Paquet: C'est cela et ils ont les travaux pour aussi.
M. Côté (Charlesbourg): Cela dépend des
services qu'ils veulent se donner.
M. Paquet: Prenez les sous-postes ruraux comme Montmagny-L'Islet
qui fait vingt jours de travail par année en moyenne environ - à
ce temps-ci, il n'a peut-être même pas atteint ses vingt jours par
année de dispatching - versus Québec Métro ou versus
Nicolet qui a le plein emploi...
M. Côté (Charlesbourg): Le plein emploi?
M. Paquet: Sur le plan du camionnage en vrac, en tout cas. Ils
ont peut-être 120 ou 155 jours de travail. La région de
Montréal, c'est bon aussi, vous savez. Ils ont les budgets, ils ont le
personnel approprié. Les budgets sont en fonction des services et en
fonction aussi des gains. Imaginez-vous le gars qui s'abonne pour deux ans. Il
est obligé de payer sa cotisation et il reçoit un compte de 150 $
par mois. Bien, il aura fait un mauvais choix à ce moment-là.
M. Garon: À 150 $ par mois, s'ils n'en ont pas besoin, je
pense qu'il n'y en a pas beaucoup qui vont s'abonner.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paquet: Ce n'est pas comme une carte de membre à 5
$.
M. Garon: C'est encore bien pire quand la carte est
donnée.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le
deuxième alinéa est adopté?
M. Garon: Vous n'avez pas eu l'Idée de mettre les normes
de représentativité prévues au règlement dans la
loi, "y compris celle relative à l'époque où son
caractère représentatif peut être
vérifié"?
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Garon: Donc, c'est l'époque. C'est plus restreint.
M. Paquet: Cela aurait été trop rigide. M.
Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Le deuxième
alinéa étant adopté, est-ce que l'ensemble de l'article 5
est adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
l'article 6.
M. Côté (Charlesbourg): "L'article 40 de cette loi
est modifié par l'addition, après le paragraphe c) du premier
alinéa, des paragraphes suivants: "d) n'a pas acquitté les frais
de courtage en transport qui lui sont applicables; "e) est titulaire d'un
permis de courtage et a un intérêt direct ou indirect dans une
entreprise susceptible de mettre en conflit son intérêt personnel
et celui de la corporation, exerce une activité susceptible de le placer
en conflit d'intérêts ou, sans autorisation préalable de la
commission, maintient en fonction un directeur de courtage qui a un tel
intérêt ou exerce une telle activité."
M. Garon: Prenons le premier paragraphe.
Le Président (M. Saint-Roch): Paragraphe d).
M. Côté (Charlesbourg): "N'a pas acquitté les
frais de courtage en transport qui lui sont applicables". C'est
déjà dans le règlement; donc,
on le met dans la loi.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a des
interventions?
M. Garon: Avant, cette clause n'existait pas du tout.
M. Côté (Charlesbourg): C'était dans le
règlement, à l'article 61. Je disais cela de mémoire.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le paragraphe d
est adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle le
paragraphe e.
M. Côté (Charlesbourg): "Est titulaire d'un permis
de courtage et a un intérêt direct ou indirect dans une entreprise
susceptible de mettre en conflit son intérêt personnel et celui de
la corporation, exerce une activité susceptible de le placer en conflit
d'intérêts ou, sans l'autorisation préalable de la
commission, maintient en fonction un directeur de courtage qui a un tel
intérêt ou exerce une telle activité."
C'est dans le règlement à l'article 56, paragraphe i.
M. Paquet: Paragraphes i et j, les deux.
M. Côté (Charlesbourg): Les deux. Il me semblait que
c'était une composition des deux.
M. Garon: Tout ce qui est couvert par le paragraphe e
était dans le règlement antérieurement? (23 h 45)
M. Paquet: Oui.
M. Garon: C'est simplement sur la question des conflits
d'intérêts.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela. M. Paquet:
Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Le paragraphe e est-il
adopté?
M. Garon: Quand vous dites dans vos commentaires...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon: ...qu'il s'agit de situations qui étaient
prévues par règlement et qui doivent apparaître dans la loi
plutôt que dans un règle- ment pour une meilleure
sécurité juridique, ce n'est pas en vertu des décisions
des tribunaux?
M. Vigneauit: Non, non. On n'a pas eu de jugement sur cette
question.
M. Garon: À votre avis, vous n'aviez pas une ouverture
suffisante dans la loi pour...
M. Vigneauit: C'est cela.
M. Garon: ...le mettre dans le règlement. Alors, c'est
pourquoi vous l'avez mis dans la loi, parce que vous n'aviez pas de disposition
habilitante dans la loi.
M. Vigneauit: Je pense aussi qu'il y a des
précédents. Habituellement, on traite les conflits
d'intérêts directement dans la loi plutôt que de se donner
le pouvoir de le faire par règlement.
M. Côté (Charlesbourg): Et c'est pénal.
ML Garon: Ah oui. Il y a des dispositions pénales
là-dessus, d'accord. Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Le paragraphe e est
adopté. L'ensemble de l'article 6 est-il adopté?
M. Côté (Charlesbourg): Adopté. M. Garon:
Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. J'appelle
l'article 7.
M. Côté (Charlesbourg): "Cette loi est
modifiée par l'insertion, après l'article 42, de l'article
suivant: "42.1° Le titulaire d'un permis de courtage peut réclamer
et recevoir paiement au nom des titulaires de permis pour le transport d'une
matière en vrac qu'il représente, pour les services de transport
fournis à sa demande à moins que le contrat de transport ou de
courtage en transport ne le prévoie autrement. "Il doit déposer
dans un compte en fidéi-commis les sommes qu'il perçoit en vertu
du premier alinéa. "Il peut agir devant la commission relativement
à toute affaire concernant le courtage en transport ou le transport
d'une matière en vrac."
Cette disposition a pour objet de permettre aux corporations de courtage
d'effectuer la perception de comptes au nom des camionneurs qu'elles
représentent. I! s'agit d'un service supplémentaire qui est
fourni aux camionneurs. La disposition a pour objet de favoriser cette pratique
en l'englobant dans des services fournis dans des cas où les parties au
contrat de transport ou de courtage n'ont pas manifesté une intention
contraire.
Cette disposition permet, en outre, aux corporations de courtage d'agir
devant la commission relativement à toute question concernant le
camionnage en vrac. De cette façon, l'intérêt
général des camionneurs pourra être soumis à la
commission par un groupe représentatif dans toutes les affaires
où une décision particulière peut avoir des implications
sur le groupe de camionneurs.
C'est une disposition qu'on avait déjà permise dans le
taxi il y a, si je ne m'abuse, peut-être un an et demi ou deux ans; c'est
donc la même disposition qu'on permet aux regroupements de
camionneurs.
M. Garon: À cet article-là, on va passer paragraphe
par paragraphe?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Garon: Cette disposition n'existait...
M. Côté (Charlesbourg): Non.
M. Garon: ...nulle part? Ni dans le règlement ni dans la
loi?
M. Côté (Charlesbourg): On l'a fait à la
demande des camionneurs.
M. Garon: Oui, je sais qu'ils voulaient ça et qu'ils
souhaitent ça. Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Le premier alinéa
étant adopté, j'appelle l'alinéa 2.
M. Côté (Charlesbourg): Cela va de soi, cela va avec
le premier. Il est normal que ces sommes-là soient placées en
sécurité puisqu'elles appartiennent aux camionneurs.
M. Garon: Avez-vous prévu des dispositions au cas
où ça ne serait pas fait? Avez-vous prévu des moyens de
vérification?
M. Paquet: C'est dans le règlement.
M. Côté (Charlesbourg): C'est dans le
règlement?
Le Président (M. Saint-Roch): Me Paquet.
M. Paquet: C'est dans le règlement, par les
contrôles de la commission en ce qui a trait au permis. Si, à la
suite de vérifications, de plaintes ou d'enquêtes, la commission
constate que les sommes d'argent ne sont pas placées en
fidéi-commis ou sont mal utilisées, on peut agir sur le permis du
courtier.
M. Garon: Pardon?
M. Paquet: On peut agir sur le permis du courtier. On peut
sanctionner le courtier, on peut l'obliger à corriger la situation.
M. Garon: Non, mais vous savez quel est le problème dans
les comptes en fédéicommis, puisque vous êtes avocat. C'est
très contrôlé dans les corporations. Il arrive que, dans
des comptes en fkjéicommls, il y ait des sommes importantes et que ceux
qui y ont accès se financent parfois temporairement avec les montants ou
empruntent sans le dire. Il arrive toutes sortes de choses. Il faut
prévoir des dispositions qui fassent en sorte qu'il y ait une certaine
vérification ou, en tout cas, qu'il y ait un certain contrôle
vis-à-vis des comptes en fidéicommis. Les avocats en ont, les
notaires et les différentes personnes qui opèrent des comptes en
fidéicommis aussi. Mais, dans ce cas-ci, est-il prévu que la
commission va faire enquête ou qu'il y aura un certain contrôle
dans les comptes en fidéicommis ou non?
M. Paquet: C'est dans le cadre, si vous voulez,
général de surveillance ou de "follow-up" qu'on va instaurer
auprès des courtiers. Cela va s'insérer là-dedans. Toutes
les autres conditions de délivrance de permis sont aussi des conditions
de détention. Cette obligation fera donc partie d'une condition de
détention du permis. Si, lors d'une vérification
périodique ou surprise ou encore à la suite de plainte ou de
dénonciation; on va faire enquête et qu'à ce
moment-là on s'aperçoit que le compte en fidéicommis est
mal administré, qu'on pige dedans ou ces choses-là, on agira sur
le permis du courtier.
M. Garon: Cela prend des dispositions pour pouvoir le faire.
M. Paquet: Elles sont prévues par règlement aussi.
Les conditions de délivrance sont aussi des conditions de
détention. Donc, tout accroc...
M. Garon: Non, je comprends ce que vous dites là, sauf
que, pour avoir un pouvoir de surveillance sur un compte en fidéicommis,
on ne peut pas faire ça sans que le pouvoir soit établi quelque
part. Or, je ne le vois nulle part.
M. Côté (Charlesbourg): Pour être très
clair, après vérification, ce n'est prévu ni dans le
règlement ni dans la loi, ce pouvoir de vérification.
M. Garon: En attendant qu'il paie, par exemple, s'il ne paie pas
souvent, comment l'argent est-il placé? Est-ce dans un compte courant
qui ne rapporte pas un sou?
M. Paquet: C'est en transit. Il le reçoit d'un main et le
redonne de l'autre main. C'est que les courtiers...
M. Garon: Ce n'est pas dit, ça.
M. Côté (Charlesbourg): Je comprends le
député de Lévis.
M. Garon: On dit en partant que tout le monde est correct,
excepté que les règles, habituellement, sont là pour
contrôler celui qui ne sera pas correct. Si, à un moment
donné, quelqu'un part avec le pot, qu'est-ce qui arrive?
M. Côté (Charlesbourg): Je comprends très
bien le député de Lévis. Notre objectif était de
protéger le camionneur...
M. Garon: Je comprends. L'objectif est bon.
M. Côté (Charlesbourg): ...avec le principe et le
compte en fidéicommis aussi. Ce que le député de
Lévis nous signale, c'est qu'au-delà de tout cela il faut aussi
avoir une surveillance sur le compte en fidéicommis. Je comprends.
À ce moment-là, je pense que ce qu'il faudrait, c'est amender le
règlement et se donner les pouvoirs de le faire.
M. Garon: Je ne sais pas si c'est possible de le faire sans un
pouvoir légal habilitant.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
demande à mes légistes d'examiner les moyens qu'on peut adopter
et peut-être qu'au moment de l'adoption du rapport en commission, avant
la troisième lecture, on pourrait arriver avec des
éléments d'information, soit en ce qui concerne le
règlement, soit en ce qui concerne la loi, quant aux mesures de
précaution à prendre.
M. Garon: Cela peut aussi être lors d'une prochaine
séance de la commission.
M. Côté (Charlesbourg): Aussi.
M. Garon: Parce qu'on n'est pas à la fin de la session. Je
pense qu'il y a tout un climat d'énervement dans le parlement parce
qu'il y a le jugement jeudi prochain...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: ...mais on doit quand même être ici
jusqu'au 21. Le ministre voit bien qu'on est rendus à l'article . 7 d'un
projet de loi de 10 articles. D'ailleurs, j'ai dit que l'intention de
l'Opposition, c'était que le projet de loi soit adopté avant la
fin de la session.
M. Côté (Charlesbourg): Je peux vous dire
très honnêtement ce que je souhaiterais, pour éviter que
des gens qui se sont déplacés pour venir assister à nos
débat ne soient obligés de revenir soit lundi, soit mardi. On
pourrait facilement adopter les articles 8 et 9 et suspen- dre l'article 7,
pour cette partie. Lorsque la commission reviendra, on arrivera avec une
proposition à ce niveau, soit réglementaire ou autre, mais selon
les analyses que nous ferons quant à la protection du compte.
M. Garon: On peut suspendre le paragraphe 2. Cela va être
l'article, au fond.
M. Côté (Charlesbourg): Me Bilodeau me dit qu'on n'a
pas nécessairement besoin de suspendre l'article 7, parce que ce n'est
pas par l'article 7 qu'on va régler notre problème, mais
davantage par le pouvoir habilitant qui est à l'article 3. On pourrait
revenir, à ce moment-là, avec un amendement à l'article 3,
mais on va le vérifier.
M. Garon: Techniquement, s'il n'y a pas d'article en suspens,
moi, je n'ai pas de garantie.
C'est pour ça. Je n'essaie pas de vous "gosser". J'essayais de
trouver un terme plus approprié.
M. Côté (Charlesbourg): D'ailleurs, on s'en va sur
le coup de minuit, il y en a qui tentent des placements.
M. Garon: Non, je parle d'une clause, de vous "gosser" une clause
particulière. Ce n'est pas ça; il faut bien s'entendre. Je pense
que c'est important et, sur l'autre aussi, je voudrais vous poser une
question.
M. Côté (Charlesbourg): Je ne tente pas, moi non
plus, d'en passer une au député de Lévis. Je pense que
l'ouverture manifestée, c'est qu'il y a quelque chose là. On va
tenter de trouver le moyen de colmater la brèche à ce niveau. Les
légistes vont regarder ça et, lorsqu'on reviendra, on tentera de
corriger ça.
M. Garon: Troisième paragraphe...
M. Côté (Charlesbourg): Le deuxième,
ça va. D'accord.
M. Garon: Au deuxième, c'est qui aura le pouvoir de
surveiller les comptes et comment va fonctionner le régime de
fidéicommis.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça. Mais on
pourrait le faire par voie réglementaire. À ce moment-là,
ça ne nous empêche pas de l'adopter là et de se donner le
pouvoir réglementaire de le faire. On va vérifier, à
partir de l'article 3 o.2, si on a le pouvoir. C'est ça.
M. Garon: Mais il faut que le pouvoir habilitant soit dans la
loi.
M. Côté (Charlesbourg): Mais on n'est pas sûr
que 3 o.2 ne couvre pas ça, en tout cas, c'est ce qu'on va analyser.
S'il ne le couvre pas, on s'organisera pour y revenir.
M. Garon: J'avais tendance à dire qu'il faudrait qu'il
soit plus précis. Le troisième paragraphe...
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le
deuxième paragraphe est adopté?
M. Garon: II est en suspens.
M. Côté (Charlesbourg): Ce qu'on peut faire, c'est
qu'on peut l'adopter et si le député de Lévis veut garder
un article, on suspendra l'article 9, c'est tout.
M. Garon: Non, mais il faut suspendre quelque chose de logique.
Là, on parle des comptes en fidéicommis. Ce n'est pas l'article 9
que je veux suspendre. L'article 9 n'est pas tellement
problématique.
M. Côté (Charlesbourg): On n'est pas pour se
chicaner une demi-heure pour savoir ce qu'on va suspendre; suspendez le
deuxième alinéa.
Le Président (M. Saint-Roch): II y a consentement pour
suspendre le deuxième alinéa? Le deuxième alinéa
étant suspendu, j'appelle le troisième alinéa.
M. Garon: "II peut agir devant la commission relativement
à toute affaire concernant le courtage en transport ou le transport
d'une matière en vrac." Cela n'existait pas auparavant.
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais on l'a reconnu
dans le taxi, il y a un an et demi ou deux ans. Ce droit est très utile
et on le reconnaît maintenant pour le camionnage.
M. Garon: Les gens de la Régie de l'assurance automobile
ont rencontré l'association qui représente les accidentés
et ils auraient souhaité avoir ce pouvoir. Sur quelle base... Le pouvoir
de représenter autrui, c'est quand même un pouvoir qui...
M. Côté (Charlesbourg): Je veux bien qu'ils le
souhaitent, pour autant qu'ils le demandent. Je n'en al jamais entendu
parler.
M. Garon: Non, ce n'est pas ça. Ce n'est pas tout le monde
qui peut représenter...
M. Côté (Charlesbourg): Le demander à
l'Opposition, ce n'est pas pire, mais si on ne le demande pas à celui
qui amène la loi, ça va mal un peu.
M. Garon: J'avais compris qu'ils vous l'avaient demandé.
Je veux dire que le pouvoir de représenter, il y a des règles
là-dedans, (minuit)
M. Garon: II y a des règles là-dedans aussi.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, oui.
M. Garon: Je me demande si c'est "kosher", si on veut, si c'est
étanche.
M. Côté (Charlesbourg): On l'a fait dans le cas du
taxi. C'est une bonne mesure.
M. Garon: Enlevons "kosher". Je veux dire: est-ce étanche,
sécuritaire comme clause?
M. Côté (Charlesbourg): On l'a fait dans le cas du
taxi et cela l'est. C'est exactement la même disposition qu'on a...
M. Garon: Qui était donnée à qui?
M. Côté (Charlesbourg): Aux ligues de taxi.
M. Garon: "Relativement à toute affaire (...) concernant
le transport d'une matière en vrac." Cela veut dire que, si quelqu'un
était menacé de perdre son permis, il se représenterait
lui-même. Il le peut, il n'y a pas de problème. C'est pour
représenter les autres qu'il y a un problème. Quels sont les cas
que vous Imaginez où le titulaire d'un permis va représenter
autrui?
M. Côté (Charlesbourg): La fixation des taux.
M. Garon: C'est normal.
M. Côté (Charlesbourg): Mais, actuellement, ils ne
peuvent pas le faire.
M. Garon: Ah non?
M. Côté (Charlesbourg): Sur un transfert de
permis.
M. Garon: Le requérant pouvait être
représenté.
M. Paquet: II pouvait intervenir, mais il ne pouvait pas
être requérant. C'est au niveau de l'intérêt, il faut
avoir un intérêt direct. Il y a eu des causes à la
commission, il y a une jurisprudence. Dans une affaire de courtage, le courtier
a un intérêt direct par son permis. Mais le sous-poste qui voulait
demander l'annulation ou la révision d'un permis de camionnage en vrac,
il s'est fait dire, par une décision maintenue par une révision,
qu'il n'avait pas d'intérêt direct parce qu'il était
titulaire d'un permis de courtage alors que l'autre était titulaire d'un
permis de camionnage. On a prévu cette disposition pour permettre au
courtier d'agir en toute matière devant la commission, soit comme
intervenant, soit comme requérant, au nom de ses abonnés, dans
des matières de courtage ou de transport. Le transport comprend le
transfert des permis, le dépôt des taux au nom de ses
abonnés.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
M. Garon: Là...
Le Président (M. Saint-Roch): Je m'excuse, M. le
député de Lévis, mais, réalisant qu'on a
légèrement dépassé minuit, j'ai besoin du
consentement des membres de la commission pour poursuivre nos travaux.
M. Garon: Juste une question que je voudrais poser ici. Je sais
ce que c'est: j'ai déjà donné une autorisation et,
après, on m'a dit: C'est illimité. Je ne veux pas faire cela. Je
veux seulement poser cette question. Quand on dit: "II peut agir devant la
commission", en parlant du titulaire d'un permis de courtage, le titulaire d'un
permis de courtage, c'est une association?
M. Paquet: Oui.
M. Garon: Qui "peut agir devant la commission relativement
à toute affaire concernant le courtage en transport", si c'est un
groupe? Ce n'est pas une personne physique.
M. Côté (Charlesbourg): C'est le courtier.
M. Paquet: C'est la personne de la corporation.
M. Côté (Charlesbourg): C'est une personne qui va le
faire au nom de la corporation.
M. Paquet: Par procureur.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Ils peuvent
mandater...
M. Paquet: Le courtier est une compagnie sans but lucratif ou une
coopérative. Devant la commission, il est représenté par
un procureur. C'est le procureur qui plaide pour le courtier. Le courtier
représente ses abonnés. C'est le courtier qui va intervenir
devant la commission par l'entremise d'un procureur. Comme les ligues de taxi,
elles se font représenter par un procureur.
M. Côté (Charlesbourg): Depuis les amendements.
M. Garon: À ce moment, le procureur... M. Paquet:
L'avocat.
M. Garon: Au fond, c'est celui qui a le permis de courtier qui
fournit le procureur. Cela revient à dire cela.
M. Paquet: Oui, oui.
M. Garon: Le procureur, à ce moment-là,
représente...
M. Côté (Charlesbourg): II va représenter
tous les membres associés au courtier au lieu de représenter un
individu. Cela fait une force.
M. Garon: Cela dépend de ce qu'il défend, de ce
qu'il fait là.
M. Côté (Charlesbourg): S'il défend les
taux...
M. Paquet: C'est cela.
M. Côté (Charlesbourg): ...il va représenter
tout le monde.
M. Garon: Avez-vous besoin d'une clause comme celle-là
pour cela?
M. Paquet: Oui, on a eu des décisions.
M. Garon: Oui?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Paquet: Oui, c'est la notion d'intérêt pour les
courtiers devant la commission, à savoir qu'un courtier n'avait pas
l'intérêt suffisant pour représenter ses abonnés
lorsque c'étaient des causes qui touchaient le transport ou les permis
de camionnage en vrac, parce que cela touchait le courtage, cela va de soi.
M. Garon: Des causes qui datent de quand?
M. Paquet: Deux ans. Cela a commencé avec l'affaire de
Pierre Simard, dans la région 05. Cela date de deux ans. Cela a
été au niveau de la commission en première instance. Cela
a été soulevé d'office sur le banc, cette affaire de la
représentativité, de l'intérêt. La cause a
été portée en révision devant la Commission des
transports et le banc de révision en droit a maintenu, si vous voulez,
la décision de première instance. Cela s'est arrêté
là. Cela n'a pas été à la Cour d'appel, parce que
cela coûte des fortunes aux camionneurs. Alors, cela s'est
arrêté là. Pour contourner cette difficulté,
qu'est-ce que les courtiers ont dû faire? Chaque fois qu'ils voulaient
venir devant la commission, ils venaient au nom de leur président qui,
lui, est titulaire d'un permis de camionnage en vrac. Alors, lui s'opposait en
vertu de son permis de camionnage en vrac ou était demandeur en vertu de
son permis de camionnage en vrac et, parallèlement, le courtier
intervenait. Si on a un lien direct, on peut intervenir devant la commission.
Le lien direct, c'est l'opposition. Alors, voyez-vous tout le paquet de
pirouettes que ces gens-là ont dû faire pour une jurisprudence qui
a été établie? En tout cas, elle a été
établie, la jurisprudence?
M. Garon: Bien, la jurisprudence...
M. Paquet: Remarquez bien qu'elle s'est
arrêtée au niveau de la révision. Elle aurait pu
être cassée en Cour d'appel, mais cela ne s'est pas rendu à
la Cour d'appel.
M. Garon: Est-ce qu'il y avait de la jurisprudence dans le taxi
pour que vous fassiez une clause comme cela?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Garon: À quel niveau de décision, à quel
niveau du tribunal?
Mme Bilodeau (Anne-Marie): La Commission des transports avait
jugé que les figues de taxi n'avaient pas d'intérêt
suffisant. La même question, on l'a réglée comme cela.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas allé
ailleurs qu'à la commission?
Mme Bilodeau: Quand il dit qu'il y a des règles
là-dessus...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon: Comme on va ajourner les travaux de la commission de
toute façon...
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président.
M. Garon:... est-ce qu'il serait possible de nous faire parvenir
les décisions concernant cette question dans le taxi et dans le vrac
également? Ce n'est pas une petite affaire. C'est une affaire assez
importante.
M. Paquet: Remarquez bien, M. Garon, que...
M. Garon: Si vous avez d'autres affaires, d'autres opinions
juridiques là-dessus, si c'est possible, j'aimerais bien les voir.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Quant à moi, je
serais bien disposé à donner mon consentement pour pouvoir
poursuivre, compte tenu du fait qu'il nous restera deux articles après
et que cela pourrait peut-être éviter à des gens qui sont
ici d'être obligés de revenir une autre journée pour voir
l'adoption du projet de loi qui les concerne. Comme l'article 8 est un article
de concordance et que l'article 9 est la date d'entrée en vigueur, on
pourrait facilement disposer de ces articles-là et revenir.
M. Garon: Cela ne donnera rien, il va falloir revenir de toute
façon.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, d'accord, mais on
reviendrait pour les éléments qui nous restent, l'alinéa 2
et l'alinéa 3. À ce moment-là, les gens pourraient quitter
en toute quiétude, sachant qu'on a passé à travers.
M. Garon: Ils n'ont pas besoin d'avoir d'inquiétude. On
l'a dit à l'Assemblée nationale, et c'est enregistré,
qu'on concourrait à l'adoption du projet de loi en temps voulu, avant la
fin de la session. Il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Saint-Roch): Dois-je conclure, M. le
député de Lévis, que vous ne donnez pas votre consentement
pour poursuivre les travaux?
M. Garon: Non, j'aime autant ne pas le donner parce qu'il va
falloir revenir de toute façon.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, vu qu'il n'y a pas
consentement de la part de M. le député de Lévis pour
poursuivre nos travaux, ayant dépassé minuit, je me vois dans
l'obligation d'ajourner nos travaux sine die.
(Fin de la séance à 0 h 9)