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(Dix heures onze minutes)
LePrésident (M. Parent, Bertrand): À l'ordre, s'il
vous plaît! La commission de l'aménagement et des
équipements doit donc commencer ses travaux. Je demanderais la
collaboration de tout le monde afin qu'on puisse respecter l'horaire. La
séance de la commission de l'aménagement et des
équipements est maintenant ouverte. Je rappelle le mandat de cette
commission qui est de procéder à des consultations
particulières dans le cadre de l'examen des volets "Développement
du réseau autoroutier" et "Projets de développement du
réseau de transport collectif du plan d'action 1988-1998 intitulé
"Le transport dans la région de Montréal". Alors je demanderais
à M. le secrétaire d'annoncer les remplacements aux membres de
cette commission.
Le Secrétaire: M. le Président, M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue) est remplacé par M. Bélisle
(Mille-Îles); M. Camden (Lotbinière) est remplacé par Mme
Cardinal (Châteauguay); M. Gauvin (Montmagny-L'Islet) est remplacé
par M. Trudel (Bourget); Mme Juneau (Johnson) est remplacée par Mme
Vermette (Marie-Victorin); M. Middlemiss (Pontiac) est remplacé par M.
Parent (Sauvé); M. Paradis (Matapédia) est remplacé par M.
Gobé (Lafontaine); M. Paré (Shefford) est remplacé par M.
Blais (Terrebonne); M. Poulin (Chauveau) est remplacé par M. Joly
(Fabre) et M. Thérien (Rousseau) est remplacé par Mme Legault
(Deux-Montagnes).
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci, M. le
secrétaire. D'abord, en tant que président de cette commission,
je tiens à souhaiter la bienvenue à tous les membres de cette
commission, au ministre des Transports, aux députés
ministériels, aux députés de l'Opposition, ainsi
qu'à tous les invités qui auront, aujourd'hui et au cours des
trois prochains jours, à intervenir dans cette importante
commission.
Organisation des travaux
Je rappellerai aussi que l'horaire est très chargé
jusqu'à vendredi soir. Alors, nous allons avoir besoin de la
collaboration de tout le monde. Je pense que tout le monde connaît les
règles du jeu. Je me permettrai de les rappeler au fur et à
mesure. On a un horaire qui a été discuté entre les partis
et j'aimerais qu'on puisse, à ce stade-ci, adopter, si on veut,
l'horaire qui est sur la table et qui est prévu pour le mardi 24
janvier, soit aujourd'hui, de 10 heures à 13 heures; reprise des travaux
de 15 heures jusqu'à 18 heures et, par la suite, de 20 heures à
22 heures. Quant à mercredi, c'est le même horaire: en
matinée, de 10 heures à 13 heures, reprise des travaux à
15 heures jusqu'à 18 heures. Jeudi, de 10 heures à 13 heures,
suspension et reprise de 15 heures à 18 heures, puis, en soirée,
de 20 heures à 22 heures. Vendredi, de 10 heures jusqu'à 13
heures, reprise des travaux à 15 heures jusqu'à 18 heures. Est-ce
qu'on peut adopter l'horaire des quatre jours tel qu'il a été
déposé ou s'il y a des commentaires?
M. Côté (Charlesbourg): M. le
Président...
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg):... c'est un horaire qui,
bien sûr, a été négocié avec l'Opposition et
qui nous convient. il serait peut-être bon de mentionner à ce
moment-ci qu'il y a une série de mémoires qui ont
été déposés à la commission, dont nous ne
pourrons pas entendre les représentants, mais qui feront partie des
documents consignés à la commission parlementaire et qui pourront
être analysés éventuellement par la commission.
Au-delà de tout cela, dans la mesure où des gens ne se
présenteraient pas, je souhaite qu'on puisse entendre d'autres groupes
et s'entendre avec l'Opposition sur les groupes qui pourraient prendre la
relève au cas où les gens ne se présenteraient pas.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Excellent. Est-ce que,
M. le critique de l'Opposition, vous avez des commentaires là-dessus?
Sur l'horaire, cela va?
M. Garon: Sur l'horaire, j'aurais voulu que les gens qui ne
seront pas entendus le soient en leur offrant une journée de plus, mardi
prochain.
Maintenant, vous m'avez fait part qu'il y a eu des
représentations de la communauté urbaine pour étirer un
peu son temps puisque la communauté urbaine et la ville de
Montréal, vont être ensemble. Je ne sais pas si on doit en
discuter à ce moment-ci? C'est mieux d'en dire un mot à ce
moment-ci. Puisqu'ils se sont regroupés plutôt que de faire deux
mémoires distincts, est-ce qu'on pourrait étirer le temps du
groupe jeudi matin, parce que c'est vrai que cela ne fait pas long?
M. Côté (Charlesbourg): C'est ce que j'ai compris de
l'exemple que nous avons ce matin. La ville de Laval a manifesté son
intention de déposer un mémoire, de la même manière
que la Société de transport de Laval. Nous aurons une
présentation qui prendra les deux heures, regroupant la STL et la ville
de Laval. Dans le cas de la Communauté urbaine de Montréal,
effectivement, je pense que c'est un mémoire substantiel
extrêmement important. C'est au coeur même de nos
discussions. La STRSM a, elle aussi, son mémoire alors que la ville de
Montréal s'est intégrée à la communauté
urbaine.
Je pense que nous devrions, jeudi matin, examiner ce que nous pouvons
faire avec l'horaire de telle sorte qu'on puisse laisser encore un peu plus de
temps - je n'ai pas d'objection à cela - pour discuter en long et en
large le mémoire de la CUM. D'ailleurs, je dois vous dire que, quant
à mol, avec tout ce qui s'est dit depuis le dépôt du plan
de transport, effectivement, je me sentirais très limité si
j'avais 20 minutes pour poser à la communauté urbaine toutes les
questions que je voudrais bien lui poser. Une période de 20 minutes,
c'est très peu. Alors, effectivement, je pense que Jeudi, M. le
Président, on pourrait réaménager l'horaire et tenter de
faire un peu plus de place, quitte à finir un peu plus tard jeudi soir,
au-delà de 22 heures.
Cependant, pour ceux qui auraient souhaité être entendus,
je vous dis dès maintenant que, quant à nous, nous étions
prêts, du côté gouvernemental, à siéger
mercredi soir et même vendredi soir. Je pense que, dans le cas du
député de Lévis, il avait soit des engagements ou ce
n'était pas possible de siéger mercredi ou vendredi soir. Cela
nous aurait permis de faire à peu près une journée
additionnelle, alors que mardi prochain, comme vous le savez, c'est
réservé à l'étude article par article du projet de
loi 92 que nous devons entamer la semaine prochaine.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Oui, peut-être
un dernier commentaire, M. le député de Lévis.
M. Garon: Entendre des mémoires à 23 heures, je
pense que ce n'est pas respectueux pour les gens qui présentent des
mémoires. Le gouvernement a dit qu'il voulait mieux
légiférer. On sait que ça peut s'étirer, ça
n'arrive jamais précisément à l'heure. C'est pour
ça que j'ai parlé de 22 heures. Le règlement indique 22
heures, on n'est pas pour entendre les gens à 23 heures. Au fond, c'est
faire injure aux gens qui ont présenté des mémoires de les
entendre à 23 heures. Mardi, on étudie un projet de loi, mais on
pourrait commencer mercredi et avoir une journée de pius pour entendre
les groupes qui ont manifesté l'intention d'être entendus. C'est
ça qu'on a proposé aux gens et au ministre, au gouvernement,
d'avoir une journée de plus mardi prochain.
Moi, j'ai l'impression qu'on va en avoir besoin parce que c'est une
grosse affaire. Vous savez, tantôt on a parlé de ta
communauté urbaine et de la ville de Montréal ensemble, une heure
et 20 minutes de chaque bord pour discuter d'un projet de 1 600 000 000 $ en
tout cas, à sa face même, ça m'apparaît court. C'est
pour ça qu'on a parlé de la journée de mardi, mais en
travaillant le jour comme tout le monde. Vous remarquerez que, de nuit, ce
n'est pas la meilleure façon .de travailler, sauf quand on lit tout seul
tranquille. Mais, il n'y a plus de presse, il n'y a plus personne, il n'y a
plus de débat rendu à 23 heures. C'est pour ça que j'ai
dit: Respectons le règlement qui dit qu'on finit à 22 heures,
c'est déjà une bonne heure, et qu'on prévoie une
journée de plus mardi prochain pour entendre le monde de jour, parce
qu'on n'est pas des taupes ni des chauves-souris pour fonctionner la nuit.
M. Côté (Charlesbourg): Mercredi soir nous
permettrait, dans la limite de 22 heures, d'entendre deux groupes, de la
même manière qu'on pourrait entendre vendredi soir deux autres
groupes, cela en ferait quatre.
Le Président (M. Parent, Bertrand): J'en ai pris bonne
note et, s'il y avait lieu d'avoir d'autres discussions entre le parti
ministériel et l'Opposition, je souhaiterais que les partis puissent se
rencontrer. Deux choses que je retiens avant de commencer officiellement ces
travaux. D'abord, il y a ceux qui ne sont pas prévus actuellement dans
l'horaire officiel, donc, qui ont des mémoires à
présenter, mais qui ne seront pas entendus, à moins qu'une
nouvelle entente n'intervienne. Ce sera au parti ministériel et à
l'Opposition d'en discuter au cours des prochaines heures et des prochains
jours. Quant à jeudi matin, je rappelle qu'on essaiera de voir la
possibilité de réaménager le temps, étant
donné que la Communauté urbaine de Montréal a
décidé de présenter un seul mémoire au lieu de le
faire séparément avec la ville ou avec les maires de
banlieue.
Dans cet esprit, je vais demander la collaboration de tout le monde et
on va commencer immédiatement les travaux. Ce matin, la première
heure est divisée ainsi: 30 minutes au ministre des Transports et les
autres 30 minutes au critique de l'Opposition en matière de transports,
le député de Lévis.
Suivra l'heure consacrée à la ville de Laval, on a
différents intervenants, et, de midi à 13 heures, avant de
suspendre pour l'heure du lunch, ce sera la Société de transport
de Laval, la STL, et on suspendra normalement de 13 heures à 15
heures.
Alors, sans autre préambule, j'inviterais le ministre des
Transports à prendre la parole pour 30 minutes.
Déclarations d'ouverture M. Marc-Yvan
Côté
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Le 10 août 1988, je déposais, non pas en tant
que ministre des Transports, mais en tant que ministre des Transports et au nom
du gouvernement du Québec, puisque le plan déposé
était un plan gouvernemental et non pas le plan du ministre
Côté, un plan de transport qui avait été au
préalable entériné par le Conseil des ministres, donc, un
plan de transport pour la grande région de Montréal.
C'était la première fois qu'un véritable plan
d'ensemble, qui tient compte des réseaux de transport routier et
collectif, était proposé à la grande région de
Montréal, plan d'acticn que je qualifie toujours de réaliste et
de pragmatique qui met l'accent sur la réhabilitation de nos
réseaux tant de transport collectif que routier. Un plan de 1 600 000
000 $ sur dix ans, dont près de 1 000 000 000 $, faut-il le rappeler,
sur l'île de Montréal, et ces 1 600 000 000 $ ne tenaient pas
compte de la prolongation du métro à Laval en termes de
coûts, puisque ces coûts-là n'étaient pas connus
à l'époque.
Un plan pas uniquement issu des fonctionnaires du ministre ou de la
tête du ministre lui-même, mais issu de nombreuses consultations,
d'analyses effectuées au fil des dix dernières années
auxquelles ont participé les municipalités dans la
presque-totalité des cas, que ce soient les municipalités de
!'îte de Montréal ou de la grande région
métropolitaine. Un plan fait à partir de demandes et de
suggestions présentées par les groupes et les organismes dans les
schémas d'aménagement du territoire. Un plan qui tenait compte
des sommets socio-économiques tenus dans le passé, en particulier
de celui des Laurentides, de même que de celui de la
Monté-régie, et même de certaines conférences
économiques tenues à Montréal.
C'est donc dans cet esprit que s'était tenue, au mois
d'août 1987, à Montréal, une commission parlementaire sur
les infrastructures de transport collectif où nous avons entendu,
pendant une semaine, les mémoires ou ceux qui avaient alors à
s'exprimer.
C'est donc un plan qui se veut une réponse positive au
développement de la grande région de Montréal, soit
l'île et ses deux rives. Ce plan tend à répondre, et je
pense que c'est extrêmement important de se le rappeler, aux principaux
problèmes et besoins du transport routier et du transport collectif en
matière de déplacement et de développement dans l'ensemble
de la grande région montréalaise, aux besoins régionaux et
locaux en mettant l'accent sur une augmentation possible de l'offre du service
de transport collectif pour accéder au centre-ville, à la
capacité technique et financière du gouvernement et aussi des
autres intervenants possibles qui devront contribuer et faciliter la
réalisation de certains projets, et cela en vue du plus grand bien de
l'ensemble des citoyens de tout le Québec.
Nous commençons donc la dernière consultation avant
d'aller de l'avant dans la réalisation des projets de
développement du plan de transport, soit quatorze projets pour, si on
inclut le métro à Laval, au-delà de 1 000 000 000 $. Bien
que ce plan soit issu de nombreuses consulta- tions, J'ai voulu permettre aux
individus, comme ie demandait la décision du Conseil des ministres,
comme aux organismes concernés d'exprimer leur point de vue pour tenter
de bonifier ce volet du plan. J'espère que nous pourrons en arriver
à un consensus, l'objectif étant de mettre rapidement de l'avant
les projets de développement jugés prioritaires pour les dix
prochaines années et d'identifier ceux qui pourraient être
souhaitables dans un avenir plus lointain.
Au risque de me répéter - je le dis depuis le 10
août 1988 - ie but de cette commission, qui devait également
depuis cette date se tenir à Québec, est de discuter des projets
inscrits au chapitre du développement. En effet, ce serait vouloir
démontrer l'évidence que de discuter à nouveau des
interventions prioritaires, importantes et urgentes de conservation des
équipements existants. De même, il me semblerait absurde de perdre
notre temps à discuter de la pertinence d'améliorer ce que nous
avons actuellement. D'aiiieurs, les projets inscrits aux volets conservation et
amélioration ont été entérinés par le
Consei! des ministres et plusieurs d'entre eux sont déjà en voie
de réalisation.
Nous sommes de moins en moins, il faut bien l'admettre et s'en rendre
compte, à l'heure des grands développements. Nous nous situons
davantage à une période de l'histoire marquée par
l'économie et i'optimalisation de nos ressources. Le plan de transport,
en privilégiant la réhabilitation, se situe dans ce courant.
C'est dans cette optique que nous avons défini les nouveaux projets
inscrits au volet développement. À notre point de vue, ces
nouveaux projets s'inscrivent dans une continuation logique des
équipements existants tant au chapitre du transport collectif que
routier. Nous ne referons pas l'histoire. Nous ne rebâtirons pas la
grande région de Montréal. il! nous faut travailler avec ce qui
existe en tentant de corriger dans les limites du réalisme ce qui
constitue au niveau de nos réseaux de transport un frein au
développement de toute la grande région
métropolitaine.
Ce plan, malgré les apparences médiatiques, est
perfectible, il y a donc place pour l'amélioration, pour peu que l'on
propose des solutions réalistes et cohérentes. Dans cet esprit,
les projets pris en considération devront tendre à alléger
les problèmes quotidiens de circulation, à augmenter la
sécurité sur les réseaux tant routiers que du transport en
commun, à harmoniser et à intégrer les réseaux de
transport routier et collectif et à offrir des alternatives vaiabies et
réalistes de transport collectif au transport privé.
Les projets proposés au plan répondent à ces
objectifs. Pourtant, certains ont fait l'objet de réactions
négatives sur la base d'arguments pouvant parfois être
justifiables pour répondre à une vision locale, mais beaucoup
moins crédibles lorsque resitués dans une perspective
régionale, québécoise et même canadienne.
Avant d'entendre les individus et les
groupes qui se présenteront en commission, il me semble opportun
de bien situer quelques éléments du dossier.
D'abord, la région de Montréal, locomotive de
l'économie de tout le Québec. Cette région de
Montréal, il faut se le rappeler, c'est, certes, l'île de
Montréal, mais je le répète et je l'ai dit depuis le 10
août, c'est aussi la rive sud et la rive nord. S'il n'y avait que la CUM
sur le globe, nous ne serions pas Ici à tenter de trouver des solutions
aux problèmes de congestion. S'il n'y avait pas les rives sud et nord,
il n'y aurait pas de problème d'accès à l'île et la
Métropolitaine suffirait largement à la demande. S'il n'y avait
que l'île de Montréal, on ne parlerait pas de 3 000 000
d'Individus, mais davantage de 1 600 000. S'il n'y avait que la ville de
Montréal, il serait alors vraiment gênant de se comparer à
Toronto qui, justement, tire sa force de ses banlieues. Assurément, la
région de Montréal, c'est l'île et ses rives. Les
problèmes, tout comme les solutions, ne peuvent être
envisagés que dans cette optique régionale. (10 h 30)
Aujourd'hui, il faut se le rappeler, les prouesses techniques et
créatives des concepteurs modernes ne nous surprennent plus, sauf, bien
souvent, lorsque l'on reçoit la facture. Tout est toujours possible ou
presque, mais il y a toujours un prix à payer. Comme ministre des
Transports, je dois rechercher les solutions les plus efficaces en regard des
budgets dont je dispose, budgets qui doivent servir à combler le mieux
possible les nombreux besoins en transport de l'ensemble des contribuables du
Québec.
Comme membre d'un gouvernement élu en décembre 1985 avec
le mandat de redresser les finances publiques et de réduire notre
déficit, je me dois de proposer au Conseil des ministres des solutions
réalistes qui ne mettent pas en péril nos équilibres
financiers et qui ne pénalisent pas indûment d'autres secteurs de
l'activité gouvernementale qui, eux aussi, ont des besoins et qui font
tout autant preuve d'une gestion raisonnable. Il nous faut donc éviter
de nous emballer pour des projets qui seraient trop onéreux et qui ne
rencontreraient pas vraiment les objectifs que l'on poursuit.
Sur le plan financier, il faudra toujours se rappeler les efforts
extrêmement importants qu'a eu à faire l'ensemble des citoyens du
Québec pour l'Exposition universelle de 1967, pour les Jeux olympiques
de 1976 où la facture à payer demeure encore de 500 000 000 $ et
il faut aussi se rappeler que le paiement de la dette du métro est une
charge très onéreuse pour le gouvernement du Québec.
On peut, bien sûr, aujourd'hui inclure dans des mémoires:
Nous souhaitons voir le gouvernement du Québec actuel investir autant
dans les dix prochaines années en argent de 1988 qu'il a
été investi au cours des dix années d'un autre
régime, encore faut-il avoir à l'esprit que les investissements
d'il y a dix ans sont payés aujourd'hui et, dans certains cas, encore
pour les 30 prochaines années, puisque nous avons à payer chaque
année, à même le budget du ministère des Transports,
des sommes considérables sur la dette du métro et que nous devons
dès maintenant réinvestir pour la réparation de certaines
pièces maîtresses du métro, entre autres les MR-1963 qui
nécessiteront le paiement d'une facture d'environ 100 000 000 $.
Dans le même ordre d'idées, il ne faut pas minimiser
l'importance des sommes Investies dans la grande région
métropolitaine. Ceux qui croient ou veulent laisser croire que le
gouvernement investit moins avec le plan de transport qu'il n'a investi au
cours des dix dernières années auraient dû faire une
étude beaucoup plus attentive afin de voir les répercussions sur
le budget actuel de ce qui s'est fait dans le passé.
Le plan de transport constitue un plus aux sommes normalement investies
dans l'entretien de base du réseau routier ou dans le fonctionnement du
transport en commun. Dès lors, il importe de rappeler que, sans le plan
de transport, le ministère des Transports déboursera 2 200 000
000 $ pour le transport en commun dans la grande région de
Montréal au cours des six prochaines années, soit 380 000 000 $
par année, incluant, bien sûr, les subventions de fonctionnement,
mais aussi les paiements au service de la dette du métro et de certains
autres équipements servant au transport collectif. Sans le plan, le
ministère des Transports déboursera environ 500 000 000 $ pour le
réseau routier de la région au cours des huit prochaines
années.
Dans le transport interrive, puisqu'il nous faut, bien sûr,
aborder cette question du transport en commun versus le transport routier, pour
l'accès à l'île de Montréal, nous avons clairement
opté pour le transport en commun. Au-delà des chiffres bruts,
force nous est de constater que les mesures proposées au chapitre des
routes et des ponts n'augmentent que très marginalement
l'accessibilité à l'île de Montréal. Seule la 25
représente un nouvel accès qui, sur le plan philosophique
d'accès au centre-ville, permettrait de mieux utiliser Ville-Marie,
permettant aux citoyens du nord d'avoir accès au centre-ville non
seulement par Métropolitain et Décarie, mais aussi par une
alternative de la 25 et de Ville-Marie.
Par contre, on peut objectivement observer une augmentation de l'offre
au chapitre du transport en commun: trains de banlieue de Deux-Montagnes, de
Châteauguay, estacade avec terminus à Brossard, voies
réservées pour le pont Mercier, métro à Laval,
métro à Montréal-Nord-Saint-Léonard,
réaménagement de la station de métro de Longueuil. Ceux
qui voudront continuer à accéder à l'île de
Montréal par l'automobile devront donc vivre les inconvénients de
leur choix. Nous avons fait le pari du transport en commun sur l'île de
Montréal, un choix qui devrait normalement réjouir la ville de
Montréal
et la Communauté urbaine de Montréal.
Au-delà de tout cela, dans ce contexte, est-ce uniquement une
responsabilité gouvernementale ou s'il n'y a pas aussi une
responsabilité du gouvernement municipal? Les solutions aux divers
problèmes sur l'île de Montréal et à ses
accès ne sont pas toutes et uniquement du ressort du ministère
des Transports. Elles ne peuvent être inspirées exclusivement par
la mise en place de nouvelles infrastructures. Elles doivent aussi comprendre
des mesures issues du pouvoir des municipalités. Ces mesures doivent
viser l'utilisation maximale du transport collectif. À la lumière
des chiffres de l'enquête origine-destination, à laquelle le
ministère des Transports a contribué financièrement,
chiffres rendus publics par la Société de transport de la
Communauté urbaine de Montréal la semaine dernière, il
importe que les autorités locales responsables encouragent, elles aussi,
un transfert de la voiture privée au transport collectif au-delà
de la parole.
Parcs d'incitation à proximité des stations de
métro ou des trains, voies locales réservées pour autobus
et covoiturage, augmentation de la qualité des services sur les
réseaux d'autobus, réaménagement des horaires de travail,
nouvelles politiques des espaces de stationnement sont des avenues
intéressantes et moins coûteuses qui sont sous la
responsabilité des municipalités et des organismes de
transport.
Alors que la ville de Montréal et la CUM disent vouloir
privilégier le transport en commun et que les autorités de la
ville de Montréal vont jusqu'à dire qu'il faut limiter, voire
interdire l'accès des véhicules au centre-ville, on peut se poser
un certain nombre de questions. Pourquoi, à ce moment-ci, les seules
voies réservées pour autobus ont-elles été
lancées et réalisées par le ministère des
Transports du Québec? Pourquoi la Société de transport de
la Communauté urbaine de Montréal a-t-elle attendu si longtemps
pour mieux desservir l'est de la communauté urbaine et pour
améliorer les services dans cette partie de l'île? Pourquoi la
ville de Montréal continue-t-elle d'octroyer plusieurs centaines, voire
des milliers de nouvelles places de stationnement dans son centre-ville, se
vantant même d'avoir émis pour au-delà de 800 000 000 $ de
permis de construction de nouveaux édifices au centre-ville de
Montréal? Qu'est-ce que l'on attend pour mettre des stationnements
incitatifs à proximité des bouches de métro? Pourquoi les
autorités locales ne se serviraient-elles pas de leur pouvoir de
taxation pour réaliser ces aménagements qui sont si importants et
si peu coûteux? À tout le moins, la Société de
transport de la communauté urbaine pourrait facilement se servir des
revenus de location des autobus payés par le ministère des
Transports qu'elle loue à la Société de transport de la
rive sud de Montréal ou à la Communauté urbaine d'Ottawa
afin d'immobiliser et pour donner plus d'accessibilité au transport en
commun.
Un autre élément qui pose question est celui, bien
sûr, de la Métropolitaine. Toutes les décisions qui ont
été prises relativement au boulevard Métropolitain l'ont
été à la suite des travaux d'un comité où la
ville de Montréal était représentée et tous les
procès-verbaux sont là pour en témoigner. Il a alors
été convenu de rénover le boulevard Métropolitain.
Ce projet a donc été inscrit dans le plan sous le volet
conservation.
À quelques jours de cette commission parlementaire, les
autorités de la ville de Montréal ont dévoilé
l'idée d'un tunnel. Évidemment, nous aussi, nous avions des
préoccupations et, au préalable, Laval in nous avait fait la
proposition de déposer sur le sol la Métropolitaine et de faire
les aménagements nécessaires, de même que d'éliminer
le croisement de Décarie et du Métropolitain pour faire une voie
souterraine ou en surface pour rejoindre l'autoroute 15. Cela coûterait
la bagatelle de 850 000 000 $, et ce n'est pas un tunnel.
Après avoir crié sur tous les toits qu'il failait
privilégier le transport en commun, on me demande de consacrer tout
l'argent prévu au plan de transport pour augmenter la capacité
d'une autoroute. Un projet, il faut le rappeler, extrêmement
coûteux: 2 000 000 000 $, deux fois les Olympiques. 2 000 000 000 $,
c'est le plan quinquennal de construction du réseau routier pour tout le
Québec, sans compter les inconvénients de toutes les
canalisations nord-sud au niveau du boulevard Métropolitain et qu'il
faudrait, bien sûr, couper ou dévier. Un projet qui ne rencontre
aucunement les objectifs que l'on avance pour le justifier. Alors qu'on parle
d'industries pharmaceutiques, pétrochimiques, biotechnologiques, de
laboratoires de recherche, etc., il faudra toujours se rappeler que nous avons
un règlement canadien et québécois sur le transport des
matières dangereuses et que la plupart des matériaux
nécessaires au fonctionnement de ces entreprises sont des
matériaux dangereux et ne pourraient donc pas utiliser ce tunnel.
Il importe donc de rénover cet axe routier pour les quinze
prochaines années même si ce n'est pas la solution parfaite au
problème vécu. La proposition de la Chambre de commerce de
Montréal semble mieux faire l'équilibre entre les besoins et la
capacité financière de payer du gouvernement.
Quant à Toronto, j'espère que cette commission nous
permettra de mieux nous comparer à ce qui semble être le
modèle à suivre: Toronto, que l'on nous dit avoir un plan plus
généreux de 3 000 000 000 $. On a toutefois oublié de dire
que le projet était sur 30 ans, ramenant donc à 1 000 000 000 $
par dix ans les investissements nécessaires, alors que nous voulons y
consacrer 1 600 000 000 $. Quelle générosité!
Toronto, qui aurait réussi là où nous
échouons, cela constitue un complexe dont II faudra se
débarrasser. Nous allons aussi devoir pousser la comparaison un peu plus
loin. Saviez-
vous que la vision régionale est très poussée
à Toronto, que Je gouvernement de l'Ontario vise la croissance de
l'emploi au centre-ville, tout en faisant la promotion des autres centres et
sous-centres, qu'il tente d'équilibrer les Investissements
consacrés à la voirie et au transport en commun en tenant compte
de leurs rôles respectifs?
D'ailleurs, dans un communiqué de presse émis en juin 1968
par le ministre des Transports de l'Ontario, il écrit: "La promotion des
centres urbains et des banlieues dans toute la région de Toronto et des
environs est un objectif important de toutes les initiatives. " Dans ce
même communiqué, une citation de mon homologue, M. Fulton, nous
dit ceci: "Puisque les besoins en transport de la population transcendent les
limites des compétences territoriales, il incombe au gouvernement
provincial de veiller à ce que les investissements futurs dans les
transports dans l'agglomération de Toronto tiennent compte de l'ensemble
de la région. Nous devons faire en sorte que les deniers publics soient
utilisés à bon escient et que l'on réponde aux besoins de
toute la région de Toronto. "
Je veux bien que l'on se compare et que l'on envie. Toutefois, il faut
jouer le jeu jusqu'au bout, avec le respect de ces banlieues et il ne faudra
pas dire uniquement en Corée que Bromont, c'est Montréal, mais
aussi le vivre à Montréal.
Quant à l'aménagement du territoire, le ministère
est très conscient des effets structurants de certains projets sur
l'aménagement du territoire. La question de l'étalement urbain
est fort complexe. Même avec les moratoires imposés depuis dix
ans, le phénomène, quoique de moindre Intensité, s'est
poursuivi. Est-ce que nous tentons de renverser des tendances naturelles? Le
transport collectif ne favorise-t-il pas, lui aussi, l'étalement urbain?
On a mis beaucoup d'emphase en disant que de nouvelles routes favoriseraient
l'étalement urbain, alors qu'on semble vouloir accepter un métro
à Laval. Est-ce que la démonstration d'un métro à
Laval ne favoriserait pas aussi l'étalement urbain? C'est la question
qu'il faut se poser et je pense que la réponse est facile à
trouver. Pour revenir à Toronto, son dynamisme ne vient-Il pas du fait
qu'elle a su tirer profit des banlieues et composer avec ces banlieues?
En terminant sur cet aspect, il ne faut pas dire que le transport est
l'unique et seule cause de l'étalement urbain. Il y a d'autres facteurs
extrêmement importants qui ne relèvent ni du gouvernement
fédéral, ni du gouvernement provincial, mais des gouvernements
municipaux. Est-ce que le coût des terrains sur l'île de
Montréal, par rapport au coût des terrains sur la rive sud ou sur
la rive nord, n'est pas un facteur extrêmement important? Est-ce que le
coût des maisons sur l'île de Montréal, par rapport aux
banlieues, n'est pas un élément extrêmement important?
Est-ce que le niveau de taxation sur l'île, par rapport à ce qui
se passe dans les banlieues, n'est pas un facteur extrêmement important?
Est-ce que la qualité de la vie que l'on retrouve en banlieue et que
l'on ne retrouve pas dans certains territoires sur l'île n'est pas un
phénomène extrêmement important?
Au-deià de tout ceia, j'aurai l'occasion, M. le Président,
au cours de cette commission parlementaire, de me servir d'une analyse
très poussée que nous avons faite sur l'étalement urbain
dans la grande région métropolitaine et l'on sera à
même de constater que ce n'est pas un phénomène unique de
désagrégation du centre-ville de Montréal, mais qu'il y a
aussi des problèmes à Longueuil, à Laval, dans des vieux
quartiers, que les pouvoirs municipaux, dans certaines circonstances, n'ont pas
prévus et auxquels nous devons faire face aujourd'hui. Nous avons fait
le travail de manière très spécifique et très
professionnelle, et l'on verra très bien qu'il y a une différence
entre population et ménages et que les dommages causés
supposément à l'île de Montréal sont moins
importants. (10 h 45)
En conclusion, la concertation apparaît à tous de plus en
plus nécessaire afin de planifier et de gérer, au moindre
coût possible pour la collectivité, les infrastructures et les
services de transport dans la région de Montréal. C'est devenu
une nécessité et il faut agir. L'absence d'autorité
régionale dans la grande région métropolitaine rend
primordiale cette concertation. Devant cette absence d'autorité
régionale, mon ministère se devait de jouer le rôle de chef
de file dans l'intérêt de tous, quitte à être
taxé de n'importe quoi. Mais être chef de file ne signifie pas
agir seul et au détriment de qui que ce soit. Cela signifie plutôt
être le moteur ou l'arbitre pour tenter de régler ensemble les
problèmes identifiés et plus qu'évidents.
Après toutes ces longues années d'études et de
consultations diverses, il est temps d'agir, et cela, le plus rapidement
possible. Dans cette optique, j'espère que les échanges
d'informations et de points de vue exprimés pendant ces quatre prochains
jours seront réalistes et permettront d'établir un consensus
quant aux orientations à prendre et aux projets à
réaliser. Le plan d'action de mon ministère force des
débats aujourd'hui nécessaires qui, parfois, prennent une allure
un peu plus virulente, mais cela fait partie des risques du métier.
Toutefois, ce n'est pas le ministère ni le ministre qui peuvent
décider seuls de l'aménagement de ce territoire. Cette commission
parlementaire va permettre des échanges souhaités par plusieurs.
Si le questionnement est pertinent, il ne peut justifier en aucun temps
l'immobilisme. Il nous faut agir maintenant en partenaires responsables,
réalistes et pragmatiques, maintenir le débat et les
intérêts à un niveau régional au nom de
l'intérêt économique et social de l'ensemble du
Québec et aussi, surtout, de la grande région montréalaise
qui constitue le moteur du développement économique
du Québec. Merci, M. le Président.
Le Préskient (M. Parent, Bertrand): Merci, M. le ministre et
merci aussi d'avoir respecté l'horaire. Maintenant, les 30 prochaines
minutes sont mises à la disposition du critique officiel de l'Opposition
en matière de transports, le député de Lévis. M. le
député de Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, mes remarques sont
regroupées en dix points principaux. Ensuite, je prendrai le temps qui
restera à ma disposition pour réagir un peu aux propos du
ministre.
Premièrement, cette consultation doit être
caractérisée par l'ouverture et l'écoute de toutes les
opinions qui seront émises. Lors du dépôt du plan de
transport, le 10 août 1988, après avoir annoncé qu'une
consultation particulière aurait lieu à l'automne, le ministre a
reporté cette consultation à janvier 1989. Cependant, les groupes
ont été avisés de leur invitation le 22 décembre
1988 et ils ont alors appris qu'ils devaient rédiger leur mémoire
avant le 20 janvier 1989. Cette façon de procéder a
créé une pression indue sur les groupes qui ont dû
préparer leur mémoire avec un délai d'un mois et pendant
la période des vacances des fêtes. Il y a, d'ailleurs, quelques
groupes qui ont décliné l'invitation de se présenter en
commission parlementaire en raison des délais très courts qui
leur étaient imposés.
L'Opposition officielle est profondément déçue de
la confusion qui a été créée sur le lieu où
devait se tenir cette consultation. Il semble que plusieurs groupes
souhaitaient que la consultation ait lieu à Montréal. Ils
n'auraient appris qu'à la mi-janvier qu'elle se tiendrait à
Québec. Si le gouvernement avait fait preuve de plus de clarté,
il nous semble que cette confusion aurait pu être
évitée.
L'Opposition souhaite un vrai débat sur le plan de transport. Il
nous apparaît de plus en plus évident que le plan du ministre ne
règle pas les problèmes de transport vécus par les
résidents de la région de Montréal. Le consensus fait
défaut sur des enjeux importants. C'est pour cela que l'Opposition est
intervenue pour élargir, pour augmenter le nombre des intervenants
à cette commission afin de couvrir un plus grand éventail
d'opinions et d'avoir un débat plus large et plus global. Nous avons
suggéré au ministre d'ajouter plus d'une quinzaine de groupes qui
seront entendus lors de cette commission.
De plus, nous avons proposé d'ajouter une journée à
la consultation afin d'entendre huit intervenants qui n'avaient pas
été invités et qui désiraient présenter un
mémoire. Ils ne seront malheureusement pas entendus parce que le
gouvernement a refusé de prolonger la commission parlementaire, sans
compter - j'ai encore une note qui vient de me parvenir - que le
Bureau de commerce de Montréal, le Board of Trade, avait un
mémoire et qui aurait aimé être entendu. On me fait savoir
que le gouvernement avait laissé entendre que c'était
l'Opposition qui refusait, alors que le Board of Trade a constamment
discuté avec le bureau du ministre; il n'a pas discuté avec
l'Opposition. On lui a dit qu'il était refusé.
C'est pour ça que je le rappelle au ministre. Souvent, le
ministre est impulsif, mais parfois, après un moment de
réflexion, il corrige le tir. il est encore temps d'ajouter une
journée, mardi, je pense, pour faire en sorte que les gens puissent
être entendus et qu'ils aient la satisfaction d'avoir
véhiculé leur pensée. Je pense que c'est une question
importante qui mérite d'être entendue et discutée
aussi.
Je sais que plusieurs auraient aimé que ce soit à
Montréal, vous êtes à Québec. Regardez autour de
vous, vous allez voir que les plus grandes erreurs sur le plan de l'urbanisme
ont été faites à Québec, par le gouvernement du
Québec. Comme il y a plus de moyens financiers, quand il agit dans le
bon sens, ça paraît, mais quand il agit dans le mauvais sens,
ça paraît! Regardez l'immense édifice G, en plein coeur de
Québec. Regardez ici, où se trouve ie bunker du premier ministre
qui a détruit, entre 1970 et 1976, un des plus beaux ensembles
architecturaux de la ville de Québec; cela a été
détruit pour une masse de béton! Regardez l'autoroute Duf-ferin
qui est une autre verrue en plein cur de la ville de Québec. Ce
sont des actions du gouvernement des années passées qui ont
détruit une grande partie de la beauté de Québec, des
gestes qui n'ont pas été assez réfléchis et souvent
des pians pensés plutôt par des ingénieurs que par des
artistes. Quand on regarde la vie en société, quand on pense en
termes de qualité de vie, les ingénieurs devraient avoir une
conception plus artistique, plus écologique, plus environnementale du
milieu dans lequel on va vivre.
Nous abordons cette consultation avec une grande ouverture d'esprit.
Nous souhaitons qu'il en soit ainsi pour tous. Toutes les propositions qui
seront soumises à cette commission devront être
considérées au même titre que celles contenues dans le plan
du ministre.
Deuxième point: des dépenses de beaucoup
inférieures aux dix dernières années. Si le plan du
ministre a été bien reçu dans certains milieux, ce n'est
sûrement pas en raison du niveau des dépenses prévues dans
ie plan. C'est parce que le ministre a décidé de
considérer certaines demandes pour en faire une liste de cadeaux sans
réaliser un véritable plan d'ensemble pour résoudre les
problèmes de transport de la région de Montréal.
Le ministre a voulu impressionner la galerie avec ses 1 500 000 000 $
sur dix ans. C'est, d'ailleurs, devenu une habitude du ministre des Transports
de réunir les budgets réguliers de son ministère pour
plusieurs années, d'additionner les
montants annuels pour grossir les chiffres et de faire de gros shows
politiques qui donnent l'impression que le ministre, soi-disant fort dans le
gouvernement, en donne plus que les autres. La réalité est tout
autre. Le ministre a souvent moins d'argent que ses collègues et
beaucoup moins que le gouvernement précédent, comme en
témoignent les budgets de son ministère qui baissent
d'année en année, notamment les crédits pour le
réseau routier et l'aide au transport en commun.
Son plan de transport ne fait pas exception à cette règle.
Entre 1988 et 1998, le plan du ministre prévoit des dépenses en
dollars courants de 104 900 000 $ de moins que celles qui ont été
réalisées entre 1976 et 1986. En tenant compte d'une inflation
annuelle moyenne de 3, 5 % au cours des dix prochaines années, les
dépenses prévues dans le plan du ministre des Transports ne
seront, en réalité, que de 1 055 000 000 $; c'est 672 700 000 $
de moins que le niveau de dépenses de 1976 à 1986. Si l'inflation
annuelle moyenne s'établit à 4, 5 % de 1988 à 1998, les
dépenses de 1 600 000 000 $ prévues dans le plan
représentent en dollars constants une somme de 892 300 000 $, soit 835
000 000 $ de moins que le niveau des dépenses de la période 1976
à 1986.
Lorsque le ministre a fait son exposé, i nous a dit qu'il
faudrait faire certaines études sur les chiffres, mais il faudrait faire
aussi surtout certaines études sur les finances publiques. Il a dit:
Nous payons encore aujourd'hui les investissements du métro d'il y a dix
ans. Mais c'est absolument normal. Aujourd'hui, dans le domaine des finances
publiques, on tend à amortir sur la vie utile des équipements
publics le financement de ces équipements et non à les payer
comptant. Autrefois - c'est un gouvernement qu'ils ont beaucoup
blâmé - les libéraux reprochaient à M. Dupiessis de
dépenser au fur et à mesure, de ne pas s'endetter. Ils disaient
qu'au contraire, lorsqu'un hôpital doit durer 30 ans, il n'est pas
anormal de le payer pendant 30 ans, pendant la durée utile de
l'hôpital, de le faire payer par ceux, au fond, qui en seront les
usagers. De la même façon pour les routes, les coûts des
équipements qui durent 20 ou 30 ans sont normalement amortis sur la
durée de ces équipements. C'est pour cela que je dirais au
ministre, si c'est vraiment sa façon de concevoir les choses en disant
qu'on paie encore les investissements d'il y a dix ans: Si les investissements
sont encore utiles pendant dix ou quinze ans, il est normal que le financement
se fasse sur la durée utile de ces équipements publics.
Troisièmement, absence de vision globale du plan-catalogue du
ministre. Le transport à Montréal exige une approche globale
où on identifiera les besoins de la population et où on
reconnaîtra le rôle et la vocation de chacune des composantes
régionales. Cette approche est absente du plan du ministre. Comment
concilie-t-il les actions de son plan avec les schémas
d'aménagement des MRC et de la communauté urbaine dans la
région de Montréal? Le plan du ministre nous laisse sur notre
appétit là-dessus. Les aspects socio-économiques
(perspective démographique, besoins socio-économiques de la
population, qualité de la vie, répartition régionale de la
population selon les niveaux de revenus, consolidation des tissus urbains,
étalement urbain et les coûts qui y sont reliés,
développement industriel, manufacturier ou commercial) sont
également très peu analysés dans le rapport du
ministre.
Comment concilie-t-il le développement des différents
moyens de transport à Montréal avec la protection des terres
agricoles dans cette région? Il n'y a pas un mot dans le plan à
ce sujet. Il aurait fallu faire cet exercice, car, pour savoir où l'on
va, il faut savoir d'où l'on part.
Dans le plan du ministre, on ne perçoit pas la moindre
participation ou contribution des ministères sectoriels. On a
l'impression qu'ils ne sont pas là, le ministère de
l'Environnement, le ministère du Loisir, qui s'occupe des parcs urbains,
les différents ministères qui sont concernés par la vie
d'une société urbaine normale en 1988 qui s'en va vers l'an 2000
plutôt que par la vie d'une société qui s'en va vers
1950.
Le plan du ministre s'articule-t-il avec les orientations
socio-économiques des Intervenants impliqués dans la
région de Montréal? Est-ce que l'on a envisagé
différentes hypothèses pour améliorer le transport dans la
région de Montréal? Si oui, est-ce qu'on a réalisé
des études coûts-bénéfices de ces différentes
hypothèses et de leurs effets sur les milieux de vie et sur leur
environnement? Il n'y a pas de réponse satisfaisante à ces
questions. Il y a une cohérence à donner au développement,
et, qu'on ne s'y trompe pas, la configuration du réseau de transport,
son organisation et son fonctionnement sont des éléments
fondamentaux des choix à faire dans le développement
économique et social pour assurer une meilleure qualité de
vie.
Quatrièmement, le plan n'est pas une réponse aux
problèmes de congestion du réseau routier de l'île de
Montréal. Le plan prévoit des dépenses plus importantes
pour les routes que pour le transport collectif, soit 842 000 000 $ par rapport
à 780 500 000 $. Qui peut croire qu'une telle stratégie va
contribuer à diminuer la congestion sur les ponts, sur les grandes
artères de l'île de Montréal et au centre-ville de
Montréal? Il faut souligner que le gouvernement du Parti
québécois a investi 659 000 000 $ dans le réseau routier
et 1 669 000 000 $ dans ie transport collectif de 1976-1977 à 1985-1986.
(11 heures)
Malgré l'accent mis sur ie transport collectif, les routes de la
région de Montréal connaissent encore des problèmes de
congestion. Si le ministre compte solutionner les problèmes de
congestion sur le boulevard Métropolitain avec des autoroutes de
contournement, il fait preuve
d'un optimisme béat; 85 % du trafic sur le boulevard
Métropolitain origine ou est destiné à l'île de
Montréal. Le boulevard Métropolitain avait une capacité de
100 000 véhicules par jour; le débit actuel est de plus ou moins
140 000 véhicules par jour. Môme en éliminant 15 % du
trafic actuel, sur des routes de contournement, il reste encore 119 000
véhicules qui circulent sur le boulevard Métropolitain
actuellement. Il s'agit donc, pour ces 85 %, d'un trafic captif qu'on ne peut
déplacer que si on accepte que les industries, les commerces et les
affaires actuellement sur l'île de Montréal se déplacent
hors de ce territoire. Si le ministre refuse la réalité
économique actuelle, c'est son problème, mais qu'il n'essaie pas
de faire croire aux Montréalais que son plan va réduire la
congestion sur l'île de Montréal. Au contraire, en augmentant la
capacité de l'autoroute 20 à l'entrée du tunnel
Louis-Hippolyte-Lafontaine sur la rive sud et en ajoutant une autoroute sur la
rive nord, l'autoroute 25, son plan va attirer encore plus d'automobilistes sur
les artères de l'île de Montréal.
Le document de consultation de juin 1987 du ministère des
Transports sur les infrastructures de transport en commun de la région
de Montréal ne faisait-il pas l'observation suivante? "Pourtant, la
réponse aux problèmes de congestion automobile ne semble pas
résider dans la construction de ponts et d'autoroutes additionnels. " Je
cite le document du ministère. "Les coûts sociaux et
économiques seraient considérables puisqu'il faudrait
déplacer des habitations, des commerces, des industries. De plus, le
volume accru de véhicules ajouterait à la pression pour les
espaces de circulation et de stationnement dans la partie centrale de
l'agglomération. " Je continue toujours de citer le document du
ministère. "La qualité de vie s'en trouverait
détériorée, accélérant ainsi le
déplacement de la population vers des milieux considérés
plus agréables et faisant porter le fardeau des services et des
équipements de la ville centrale sur un nombre décroissant de
contribuables. " C'est aux pages 1 et 2 du document de consultation du
ministère des Transports de juin 1987.
Cinquièmement, absence de continuité dans l'action. Le
gouvernement précédent a mis en place, notamment, trois mesures
structurantes en plus de privilégier le transport en commun pour assurer
un développement plus cohérent de la région de
Montréal: l'option préférentielle d'aménagement de
la région métropolitaine, le moratoire sur la construction
d'autoroutes et la protection du territoire agricole. Plusieurs
éléments du plan du ministre vont totalement à rencontre
de ces choix. On repart donc à zéro. Va-t-on recommencer à
redéfinir les orientations fondamentales à tous les dix ans?
Sixièmement, le transport en commun. Y a-t-il d'autres solutions
aux problèmes de congestion? Le ministre prévoit des
dépenses de 780 500 000 $ au cours des dix prochaines années pour
le transport collectif. Le gouvernement précédent avait investi 1
068 000 000 $ de 1976 à 1986. En dollars de 1985, le ministre va donc
dépenser 429 000 000 $ au cours des dix prochaines années en
tenant compte d'un niveau d'inflation moyen de 4, 5 % cette année. Il
s'agit d'un net recul considérant qu'il y a des secteurs où les
infrastructures sont inadéquates comme dans l'est de
Montréal.
Si on examine seulement le volet développement, le plan
prévoit dépenser 421 000 000 $ pour le transport en commun au
cours des dix prochaines années. En dollars constants, il s'agit de 231
000 000 $. De plus, les prolongements du métro vers Montréal-Nord
et les Bois-Francs au coût de 225 000 000 $ ne seront
réalisés qu'entre 1993 et 1998. Cela apparaît nettement
insuffisant en regard des besoins de la population montréalaise.
Quant à la régionalisation de l'organisation et du
fonctionnement du transport en commun, le ministre tergiverse depuis trois ans
là-dessus. Peu de choses se sont produites depuis la commission
parlementaire d'août 1987. Pourtant, les dernières données
de la STCUM concernant la baisse d'utilisation du transport en commun montrent
qu'il faut un redressement. L'efficacité du transport en commun souffre
de la multitude des intervenants qui voient les intérêts qu'ils
représentent comme divergents. La situation exige un leadership qui est
absent actuellement.
Le ministre a dit qu'il jouait un rôle d'arbitre, mais ce n'est
pas ça que les gens lui avaient demandé en août 1987. Lors
de la consultation en août 1987, à Montréal, les
intervenants n'ont pas demandé au ministre de jouer un rôle
d'arbitre. Ils lui ont demandé de prendre le leadership dans la
question. Comme le gouvernement du Québec est le plus gros intervenant,
celui qui met les montants d'argent les plus considérables, il devrait
jouer un rôle de leadership. Et c'est pour ça qu'on dit au
ministre qu'il ne peut pas se comporter comme un Père Noël qui
choisit des cadeaux dans un catalogue. Ce que les gens lui ont demandé,
c'est un leadership pour faire un plan d'ensemble. On peut donner
différents cadeaux et se retrouver sans plan d'ensemble. Même ceux
qui ont eu des cadeaux trouvent que ça ne marchera pas, parce qu'ils
disent: S! on agrandit telle autoroute, on augmente le volume et si cette
autoroute se déverse dans une autre, c'est l'autre qui sera
bouchée. Pourquoi? Parce que le problème, c'est qu'il n'y a pas
de plan; il y a une liste, un catalogue. C'est pour cela qu'on dit que la
situation exige un leadership qui est absent actuellement.
De plus, les déficits des sociétés de transport en
commun demeurent une grande préoccupation. Le déficit de la STCUM
a été de 34 000 000 $ cette année. Malgré une aide
accrue du gouvernement, il reste encore plus de 10 000 000 $ à trouver.
En 1993, le déficit pourrait atteindre 93 000 000 $. Les déficits
ont un impact important sur la qualité du service et,
conséquemment, sur la fluidité de la circulation.
Qu'attend le ministre pour agir?
Septièmement, un oubli majeur du plan: l'est de Montréal.
Le ministre devait savoir que l'est de Montréal est un territoire
plutôt démuni en matière de transport en commun. Lors de la
consultation sur le transport en commun en août 1987, les besoins de
l'est de Montréal en matière de transport en commun
étaient apparus clairement. Pourquoi le ministre n'a-t-il pas tenu
compte des points de vue qui ont été exprimés sur la
situation dans l'est de Montréal lors de cette consultation? Pourquoi le
ministre n'a-t-il rien prévu en matière de transport collectif
pour l'est de Montréal alors que son propre plan nous indique que c'est
l'endroit dans la région de Montréal où le nombre
d'automobiles par ménage est le moins élevé? C'est
à la page 29 de son plan. De plus, il s'agit de l'endroit où les
revenus sont les plus bas et où les infrastructures de transport en
commun sont les moins adéquates.
Huitièmement, le ministre doit se comporter comme un leader et
non comme un organisateur politique. On a l'impression depuis quelques mois
d'assister à une guerre entre l'île de Montréal et sa
banlieue. Ces tensions ne sont pas nouvelles; elles ont toujours existé.
Mais on se serait attendu que le ministre contribue à rapprocher les
parties, qu'il tente d'amorcer un dialogue constructif. Au contraire, le
ministre s'est amusé à lancer continuellement des flèches
aux autorités de la ville de Montréal et à prendre le
part! des banlieues. Plutôt que d'écouter les gens et, ensuite, de
faire preuve de leadership comme son rôle l'exige, le ministre a
préféré se comporter comme un organisateur politique
distribuant des cadeaux aux amis. Le dialogue est à ce point mal
engagé que cinq mois après le dépôt du plan du
ministre, qui propose de dépenser 45 000 000 $ sur dix ans pour
améliorer la principale artère de l'île de Montréal,
la ville de Montréal qui est un intervenant majeur, que le ministre le
veuille ou non - et on ne choisit pas ses intervenants dans la
réalité - suggère qu'on la refasse au coût
approximatif de 2 000 000 000 $, selon les propos du ministre. Comme dialogue
de sourds, on ne peut pas trouver mieux.
Neuvièmement, le dialogue doit reprendre dans la région de
Montréal. L'attitude de confrontation qu'a choisie le ministre des
Transports est inacceptable. Ce dernier doit travailler de façon
à créer un climat de travail positif et à amorcer une
discussion plus constructive entre les intervenants. Au contraire, il a
créé plus de bisbille et il a accentué les clivages dans
la région de Montréal. Cette situation nous apparaît
inacceptable parce que les résidents de la grande région de
Montréal s'attendent que le ministre des Transports fasse preuve de
leadership. Ce climat de confrontation que le ministre contribue à
alimenter constamment par ses déclarations en public n'est pas propice
au développement harmonieux de la région de Montréal.
En conclusion, le transport n'est pas une fin en soi. Il est un des
éléments parmi plusieurs qui visent à assurer aux gens une
meilleure qualité de vie. Dans cette perspective, les projets qui seront
réalisés dans le domaine du transport dans la région de
Montréal auront atteint leur but dans la mesure où Ils
contribueront à rendre les citoyens de cette région plus heureux
et les rapports humains plus harmonieux. Le plan du ministre va sans doute
"améliorer le passé", mais le défi qui se pose est de
'maîtriser l'avenir*.
C'est dans cet esprit que devrait se dérouler cette commission
parlementaire. Le ministre a dit: Nous sommes à l'époque de
l'économie, de l'optimalisation des ressources. C'est sans doute vrai,
mais tout cela peut se faire dans différentes perspectives. Il n'est pas
nécessaire que cela soit seulement du rafistolage pour parler d
économie et d'optimalisation des ressources, il faut, à mon avis,
regarder l'avenir avec des perspectives d'avenir et non pas essayer de
gérer le passé. C'est une tendance qui est souvent là, de
gérer le passé.
On va entendre les Intervenants pendant les jours, qui vont venir avec
toutes leurs propositions. Qu'on dise, à un moment donné,
à un intervenant qu'il arrive trop tard avec sa solution... Vous savez,
sans préjuger de la solution, on ne l'a pas toujours au moment où
on voudrait l'avoir, la solution à un problème. On ne l'a pas.
Des fois, on peut peser sur des pitons et les lumières n'allument pas.
Pourquoi? Parce que, quand un problème est complexe - il s'agit d'un
problème complexe - je pense qu'il faut, jusqu'à la
dernière minute, accepter de réviser, de refaire son travail, de
refaire ses devoirs pour arriver à la meilleure solution possible. C'est
évident que les engagements que le gouvernement va prendre pour les dix
prochaines années vont être des orientations majeures qui vont
influencer tout le développement de la région de
Montréal.
Je connais le ministre, il est impulsif, mais, en même temps,
parfois il se connaît et je suis persuadé que, se connaissant, 1
se dit: II faut que je fasse attention à cette partie de mon
tempérament. Je pense qu'on doit écouter les gens en ayant
à l'esprit de trouver une solution, d'améliorer la situation, de
faire en sorte que la qualité de vie soit meilleure. Aujourd'hui, les
gens arrêtent de fumer; on est de plus en plus conscient que la cigarette
est mauvaise pour la santé. Vous savez qu'il y a 30 ans il y a bien des
gens qui pensaient que c'était écologique parce que les Indiens
fumaient et que c'est eux qui nous ont appris à fumer. Ils vivaient dans
la nature; s'ils fumaient, ça devait être bon. Aujourd'hui, ies
gens se rendent compte que la cigarette, ce n'est pas bon. Il y a 30 ans, 1s
n'arrêtaient pas de fumer parce qu'ils pensaient qu'il n'y avait pas de
problèmes. Aujourd'hui, les gens sont conscients que ce n'est pas bon.
Même les gouvernements interviennent pour défendre aux gens de
fumer dans ies lieux publics. Ici, on
va être heureux, on ne fumera pas pendant des journées. Il
y aura une atmosphère un peu plus écologique. Pourquoi? Parce
qu'on prend de plus en plus conscience de certaines choses.
Aujourd'hui, la qualité de la vie, dans une
société, c'est un phénomène important. C'est un
objectif très important. Je dirais même que c'est l'objectif
majeur. Au début du XXe siècle ou un peu plus tard, quand on
essayait, au fond, de passer à travers la crise économique,
c'était une autre conception des choses. Aujourd'hui, les gens ont plus
le sentiment d'avoir passé à travers et ils souhaitent avoir une
société dans laquelle ce sera beaucoup plus agréable de
vivre.
L'objectif fondamental de la vie en société, c'est un
objectif de qualité de vie. Les transports sont un des
éléments de cette qualité de vie. C'est pourquoi je dis
qu'il faut écouter les débats en regardant l'avenir, avec des
conceptions et une vision de gens de 1989 qui regardent vers l'an 2000 et non
pas de gens qui aimeraient se replacer en 1950 en disant: On va corriger les
erreurs de 1950. Ce n'est pas cela qu'il faut faire parce qu'en corrigeant les
erreurs de 1950, on se retrouvera aussi avec une solution qui origine de 1950,
pas nécessairement adaptée aux problèmes d'aujourd'hui. Il
faut regarder l'avenir et, souvent, des choix qui peuvent être difficiles
à faire, surtout quand on ne s'est pas orienté dans cette
direction, peuvent être nécessaires parce qu'on est mieux
éclairé à un moment donné.
Si cette commission parlementaire était inutile, ça ne
donnerait rien de siéger. Des gens vont arriver avec leurs idées,
vont confronter leurs idées avec les intérêts qu'ils
représentent. C'est comme ça, la vie. Les gens
représentent des groupes et il y a des intérêts
là-dedans, mais, au-delà des intérêts particuliers
qu'il y a dans la région de Montréal, il y a aussi un
intérêt général d'avoir une meilleure
société dans la région de Montréal. Je pense
qu'à ce point de vue les transports peuvent ajouter beaucoup à
cette qualité de la vie dans la région de Montréal
à condition qu'il y ait un plan d'ensemble qui vise une plus grande
harmonie, un plus grand bonheur des gens qui vont y résider.
Cela fait plusieurs années que je dis qu'on calcule trop souvent
l'économie en termes de PNB, de produit national brut. Je dis qu'on
devrait de plus en plus calculer la vie dans la société en termes
de BNB, de bonheur national brut. Je veux dire: Au bout de la course,
quand on additionne tout ça, les gens sont-ils plus heureux avec
l'action qu'on a faite que sans elle? Souvent, on est habitué à
dire: Oui, mais ça ajoute à l'économie. Si on a
ajouté un peu à l'économie et que les gens sont plus
malheureux qu'avant, on n'a pas ajouté grand-chose à
l'économie. (11 h 15)
Dans cette conception des choses, il faut voir l'habitation, la
conception urbaine, fa vie dans la société, les services à
la population, les loisirs, avec des yeux de gens qui s'en vont vers l'an 2000,
vers une civilisation où il y aura de plus en plus de loisirs, où
les gens auront de plus en plus de choix à faire. À moins qu'on
ne décide que les loisirs consistent à passer des heures en
automobile. Je ne pense pas que les gens souhaitent ça. Les gens ne
souhaitent pas passer deux ou trois heures par jour en automobile parce que la
société, telle qu'organisée, les oblige à le faire
ou qu'en fonction de ce qu'ils privilégiaient comme qualité de
vie ils sont obligés de faire de tels choix.
M. le Président, je dis au ministre qu'on est ici pour
étudier la question des transports, mais aussi pour regarder si, avec
les solutions qui seront apportées dans le domaine des transports au
cours des années à venir, en fonction des choix que le
gouvernement va faire, dans la région de Montréal, les gens
seront plus heureux, vont se sentir mieux, et s'il y aura des rapports plus
harmonieux au lieu d'empirer une situation ou de regarder trop vers le
passé plutôt que vers l'avenir.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci, M. le
député de Lévis. Merci aussi d'avoir respecté le
temps. Je pense que la commission est bien amorcée.
Auditions
J'inviterais immédiatement les premiers intervenants, soit ceux
de la ville de Laval. M. le maire de Laval, M. Lefebvre, si les gens qui vous
accompagnent veulent bien se joindre à vous.
Étant donné que la ville de Laval et la STL se suivent
comme intervenants, est-ce que, M. le maire, vous pourriez nous dire si le bloc
de deux heures sera partagé entre les deux ou si on accorde une heure
à la ville de Laval et une heure à la STL?
M. Lefebvre (Claude): M. le Président, je ne pense pas que
la STL présente un mémoire. La ville de Laval, avec la STL,
présentera une option. La STL, fera une proposition commune avec la
STRSM, sur les effets de débordement, le métro, etc., qui sera
présentée par la présidente de la STRSM, et nous serons
présents. Quant à nous, à la ville de Laval, notre plan
d'action, c'est de parler de transport routier et de transport collectif. Cela
inclut, évidemment, la STL Ce dont je vous parlerai a,
évidemment, quelque chose à faire avec la STL Donc, nous avons
amplement de deux heures, mais tout dépend de vous également.
Le Président (M. Parent, Bertrand): D'accord. Dans cet
esprit, je rappelle aux différents intervenants que nous tenterons
d'aménager les interventions de la ville de Laval et de la STL dans un
bloc de deux heures. Ces 120 minutes
seront partagées ainsi: 40 minutes à la ville de Laval et
à la STL, 40 minutes au ministre et au parti ministériel et 40
minutes à l'Opposition.
Sans autre préambule, on vous souhaite la bienvenue, M. le maire
de Laval. Si vous voulez bien nous présenter les gens qui vous
accompagnent et, par la suite, aller de l'avant avec la présentation de
votre mémoire.
Ville de Laval, STL et STRSM
M. Lefebvre (Claude): Merci, M. le Président. M. le
ministre, Mme la vice-première ministre, Mmes et MM. les
députés, merci de nous accueillir ce matin. Je vous
présente, à ma gauche, M. Gilles Vaillancourt, président
intérimaire et membre du comité exécutif de la ville de
Laval; à ma droite immédiate, M. Marcel Lemay, membre du
comité exécutif de la ville de Laval et président de la
Société de transport de Laval; et, à mon extrême
droite, M. Claude Asselln, directeur général de la ville de
Laval.
Mmes et MM. les membres de la commission, je n'ai pas l'intention de
lire tout ce qui a été écrit. En cours d'auditions, la
présentation d'une étude de SECOR, qui a été
patronnée conjointement par les villes de Longueuil et Laval, sera faite
par M. Rabeau. Nous reprenons à notre compte la majorité de ce
qui est exprimé dans ce rapport. Je vais tout simplement vous faire une
présentation ad lib, en essayant de retenir au mieux ce que j'ai lu dans
le projet ministériel, de même que dans le discours que vient de
prononcer le représentant de l'Opposition.
Le transport n'est pas une fin en soi, ce n'est qu'un moyen de servir
une société. Quand j'ai entendu parler de qualité de vie
plutôt que de qualité économique, je dois vous dire que
cela nous touche profondément, puisque c'est ce que nous recherchons
d'abord et avant tout.
Cela dit, il y a des situations concrètes dans lesquelles nous
devons vivre. Première constatation: il ne faudrait pas commencer
à penser que ça va mal dans la région de Montréal;
au contraire, cela va bien, cela va économiquement bien, les gens s'y
sentent bien. Bien sûr, nous avons quelques petits problèmes de
congestion, mais il ne faudrait vraiment pas avoir sorti de son patelin pour
penser que la congestion n'existe qu'à Montréal. Il faut avoir
vécu à Paris, à Londres, à Boston, à New
York, à Washington et même Toronto pour se rendre compte que,
quand on parle de congestion, on parle d'une situation différente de
celle que nous avons.
Effectivement, j'avais hier une rencontre avec les gens de la CUM et
j'ai pu aller de Laval au centre-ville en l'espace de 30 minutes, en voiture.
La semaine précédente, j'avais rencontré le maire Jean
Doré et, en pleine heure de trafic, il a fallu 27 minutes du Beaver Club
à l'hôtel de ville sans aucune difficulté. Je ne vous dis
pas que c'est comme ça tous les jours, tous les matins, il faut,
évidemment, avoir une connaissance du territoire, mais, quand
même, la situation n'est pas alarmante.
La situation provient de choix qui ont été faits. Quand on
nous a présenté le plan de conservation et d'amélioration
des acquis, vous avez remarqué qu'il y a eu unanimité totale,
personne ne s'est chicané. Je n'avais pas retrouvé grand-chose
pour la ville de Laval. De toute façon, je ne recherche pas
nécessairement des choses pour la ville de Laval; je pense plutôt
à notre région dont nous faisons partie. Mais, quand est
arrivé le moment du développement, là, cela a
été une autre histoire! Vous avez, bien sûr, des positions:
toute l'île de Montréal, avec le maximum dans la ville de
Montréal.
Peut-être qu'en début de commission parlementaire on
pourrait s'entendre sur certains termes. Par exemple, que veut dire
l'étalement urbain? Est-ce l'éloignement du centre d'une ville en
kilomètres ou s! je devrai, moi, chez nous, à Laval,
interpréter l'étalement urbain comme étant toute
construction faite à Laval? Mais cela ne constituerait pas un
étalement urbain, mais une construction bien pensée si cette
construction se fait à Longue-Pointe, quel que soit le
kilométrage, même si c'est le double de la construction.
L'étalement urbain, c'est une périphérie.
Mais il y a d'autres mots que le mot "étalement" urbain aussi, il
y a le mot "polycen-trisme" qui existe. Il faut essayer de reconnaître
les situations. Comment toute cette chose-là a-t-elle commencé
puisque, aujourd'hui, on se sent nous, les Lavallois et les gens de la banlieue
sud j'imagine, un peu coupables d'avoir étalé la ville de
Montréal, d'avoir déconcentré, d'avoir vidé
Montréal? Essayons d'imaginer, puisque cela a commencé dans les
années 1955-1956 pour vraiment se manifester dans les années
soixante, quelle était la force du village de Salnt-Vincent-de-Paul pour
compétltionner la grande métropole, quelle était la force
du petit village de Saint-Martin pour attirer les résidents et les
industries. Est-ce que ce ne serait pas plutôt l'inverse? Une situation
créée de toutes pièces par nos voisins.
En 1954, lorsque M. Drapeau a pris le pouvoir, il faut se le rappeler,
il a dit: Nous allons mettre Montréal sur la carte du monde. Et cela a
des implications. On a commencé par exproprier Dorchester et on a
jeté des maisons à terre pour le faire. Puis on a bâti, en
1963, la grande place du centre-ville, le grand complexe. On a également
démoli des maisons pour construire le complexe Desjardins, la Place
Favreau et l'édifice de Radio-Canada; on a passé le boulevard
Décarie et, quand on a fait le boulevard Métropolitain - à
moins qu'on ne me calcule comme très vieux, mais je ne me sens pas
vieux; je me souviens du temps du boulevard Crémazie où on
arrêtait à la voie ferrée - encore une fois, on a
exproprié d'est en ouest. Chacun a fait son choix: à
Mont-Royal,
c'était à hauteur de terre; quand on arrivait à
Saint-Léonard, c'était à une certaine hauteur; à
une autre place, c'était plus élevé. Chaque
municipalité avait fait son choix. Et, aujourd'hui, on dit: Ça ne
marche plus.
Mais la réalité, c'est que les citoyens, qui ne pouvaient
plus trouver de logis dans une crise du logement qui accompagnait ça en
plus, tannés d'être des couples nouvellement mariés vivant
dans des salons doubles, sont sortis et sont ailés trouver une
qualité de vie et chercher un espace vital. Et on s'est doté
d'une société bien organisée. Oui, chez nous, nous avons
construit nos écoles, nos caisses populaires, nos sociétés
Saint-Jean-Saptiste, nos loisirs paroissiaux; on a bâti nos villes et on
a même réussi à se fusionner.
En même temps, à Montréal, on arrivait avec la
solution CUM. Le rapport Sylvestre concluait: Chez nous, une seule ville, une
seule autorité politique. C'est de l'histoire récente. Mais quand
on s'arrête et qu'on y pense, Montréal a 80 % des emplois et n'a
que 60 % de la population. Tout de suite, d'un premier coup d'oeil,
Montréal doit, pour faire vivre son économie, importer des
citoyens et j'utilise à dessein le mot "importer" puisque, à
certaines occasions, lisant des textes, j'ai l'impression que ça
prendrait peut-être une barrière a péage ou quelque chose
comme ça pour rentrer sur cette île.
Effectivement, tous les jours, Montréal a besoin de 220 000
travailleurs pour faire vivre son économie: 220 000 travailleurs,
ça veut dire 550 000 personnes ou 220 000 foyers. Si nous regardons les
statistiques, vous avez 1 050 000 emplois pour une population de 2 900 000,
donc un travailleur pour deux personnes et demie, et la taille moyenne d'une
famille c'est 2, 57 personnes, selon O-D 1987 qui vient de sortir.
Donc, si Montréal veut avoir de l'autosuf-fisance dans son 3e,
pour son économie, ce n'est pas demain la veille, mais ça leur
prendra 220 000 logements. Cela a pris environ quinze ans pour faire
l'opération 20 000. Vous allez vous rendre compte que Laval est
là pour rester. On n'a pas l'intention de décrocher de
l'île. Mais, soir et matin, du sud comme du nord, de l'est comme de
l'ouest, entrent à Montréal 220 000 personnes strictement pour
des fins économiques, plus des étudiants dans les trois
universités et dans les cégeps, plus des étudiants au
niveau collégial, plus des patients dans les hôpitaux, plus les
gens qui ont besoin de faire affaire avec les banques, avec les grandes
sociétés montréalaises et qui transitent, peut-être
pas tous les jours, mais fréquemment, par Montréal. Plus le grand
centre culturel: tous ces gens qui vont au cinéma, à la Place des
Arts. C'est ça, le prix qu'il faut payer quand on veut une
métropole nationalement et Internationalement connue. Et c'est le choix
de Montréal. S'ils veulent faire un autre choix, qu'ils nous le disent
aujourd'hui et on va s'organiser autrement.
Iis ont fait ie choix de bâtir un centre-ville. D'abord, ce n'est
pas dans le centre. Remarquez que Maisonneuve a pu faire son erreur, mais il
n'était pas nécessaire de la perpétuer pendant 350 ans. Je
comprends qu'il aimait la montagne, mais vous allez comprendre que c'est un
drôle d'empêchement dans la circulation. Puis on l'a bâti sur
le bord du fleuve. Je comprends qu'on s'établisse sur le bord du fleuve
quand on doit communiquer par bateaux et par canaux, mais ça fait quand
même un bout de temps que l'automobile et les trains existent. On aurait
pu remonter un peu. Essayez d'imaginer la même situation si nous
retrouvions ce qui était libre il y a quinze ou vingt ans dans ie bout
de Crémazie, justement dans le bout du Métropolitain, un
centre-ville établi là au lieu d'être établi en bas.
Et on veut ramener dans des propositions sociologiques... Je lisais
récemment "La reconquête de la ville". Il y a des choses
intéressantes là-dedans. Il y a des comparaisons entre
Montréal et Toronto.
Ce qui se passe véritablement, c'est que Montréal n'a pas
encore pris sa décision. Cela ne me rassure pas quand j'entends dire que
la BNE se bâtira un édifice de 40 étages. Cela veut dire
5000 travailleurs. Si vous en ajoutez 2500 en termes de nouveaux emplois, cela
veut dire 2500 logements à Laval où encore on augmente la
pression soit sur le transport en commun ou sur le transport par automobile.
(11 h 30)
La clientèle actuelle du transport en commun, il faut admettre
qu'elle est un peu captive, si on ne change pas nos visions. Ce sont les
jeunes, mais il y en a de moins en moins. Les étudiants, quand ils
auront franchi cette étape, cela nous fera moins de clients. La femme,
dans notre société, est beaucoup plus autonome, avec le travail,
la femme, eh oui, a eu des moyens de motorisation et cela ne peut pas
être remis en question en termes de liberté de choix. Il nous
restera quoi? Cela veut dire qu'à tous les matins nous allons continuer
à avoir de plus en plus... Parce qu'il semblerait qu'on ne pourra jamais
assez augmenter les moyens de transport pour satisfaire les besoins de ce
centre. Et ce n'est pas là qu'on bâtira des logements. La
dernière transaction, à ma connaissance, était à
1100 $ le pied carré, dans le centre-ville de Montréal; 1100 $ le
pied carré et il y a encore 25 % de terrains disponibles. Lorsque ce
sera bâti, imaginez ce que ça coûtera. Vous pensez que vous
allez faire du logement social là-dedans, que vous aurez
véritablement un complexe, une société organisée!
Non, actuellement, il y a un retour au centre-ville pour les riches. Autrement
dit, je pourrai me payer un logement dans le centre-ville, si jamais je
désirais y retourner, en fin de carrière, mais je ne serai plus
un travailleur.
Montréal se doit de préparer un plan d'habitation. Ils
doivent investir et commencer à contrôler les prix des terrains.
Il n'y a pas
encore de parc industriel pour la ville de Montréal et nous,
ça fait quasiment 20 ans qu'on l'a. On peut aujourd'hui fournir du
terrain à 1, 50 $, 1, 75 $, 2 $ le pied carré. Vous allez
à la Ville de Saint-Laurent, c'est 9 $; si vous allez dans le
centre-ville, c'est 32 $. Et le phénomène naturel: aussitôt
que vous vous en allez vers le tertiaire - c'est ce qui se produit à
Montréal - le secondaire s'en va. Bien oui, le secondaire s'est en
allé dans le West Island, il s'est en allé un peu dans l'est, il
s'est en allé à Longueuil, rive sud, il est venu à Laval.
Nous avons aujourd'hui 55 000 emplois à Laval.
Alors, vous savez, quand j'entends le président du comité
exécutif de Montréal dire que nous sommes une banlieue-dortoir,
je dis: II n'est pas sorteux! il aurait peut-être avantage, à un
moment donné, à venir voir ce qui se passe. Nous sommes
intégrés dans la grande région de Montréal, mais
les choix sont à faire. Je ne me sens pas en compétition avec la
ville de Montréal ou avec les autres villes, non, je suis avec elles. On
n'a pas l'intention d'avoir une ville de 1 500 000 habitants sur l'île
Jésus. Il en va de la qualité de vie; je ne
répéterai pas l'erreur qui s'est faite de l'autre bord.
C'est un peu tout ça. Ce n'est pas une fin, il s'agit de trouver
des moyens. Bon, une société organisée comme la
nôtre, ce ne sont pas simplement des personnes, ce sont également
des marchandises. On peut dire qu'il faut favoriser le transport en commun,
j'en suis, et on essayera au maximum. Mais il y a également un transport
de marchandises qui doit se faire et, tant que je ne verrai pas un camion
prendre l'autobus ou le métro, il faudra construire des routes. Quand on
dit: Pourquoi prolonger du côté des autoroutes 25 et 440 avec un
pont? bien, il faudrait se faire une idée! C'est un plan qui date de 20
ans. Nous avons planifié notre ville en fonction de ces territoires que
le gouvernement du Québec avait Installés. Notre schéma
d'aménagement le contient et, au moment de la présentation, je
n'ai pas eu d'avis; le seul avis que j'ai eu récemment, c'est qu'on
changeait une partie d'autoroute en boulevard urbain. Bien oui, la piste
d'accélération sera à Laval. C'est un peu comme
l'autoroute 19, vous rentrez et vous arrivez sur une lumière rouge,
ça accélère le trafic. C'est l'effet de goulot.
Oui, M. y a des gens et il n'y a pas rien que Laval, il y a
également le nord de Laval. Il y a 300 000 personnes qui vivent aussi au
nord et qui viennent, il y a 125 000 passages sur les ponts du nord. Quand on
parle du pont, ce n'est pas une fantaisie! Il y a des gens qui vont l'utiliser,
d'abord en provenance de l'autoroute 20, en provenance de l'est de
Montréal, en provenance du nord et on pourra rejoindre l'autoroute 40,
c'est la voie de ceinture qui avait été imaginée à
l'époque. C'est autour de ce plan qu'on a façonné la
conception de notre ville.
Je pense qu'on ne peut pas constamment remettre en question les grands
plans. Qu'on les réalise dans le temps parce qu'on manque de sous et
qu'on essaie d'économiser, ça va, mais si c'est une course au
trésor qui a été amorcée avec la présente
commission, je déclare forfait tout de suite. J'essaie, avec les membres
de mon conseil et du comité exécutif, de situer Laval dans une
perspective de dynamisme et de contribution à la grande région de
Montréal. C'est pourquoi, quand nous sommes venus ici, M. le ministre,
présenter une pétition de 200 000 signatures, nous disions: Un
transport régional, c'est bon pour tout le monde, c'est bon pour le nord
de Laval, c'est bon pour Laval, c'est bon pour Montréal, c'est bon pour
la rive sud. Tant et aussi longtemps qu'on tentera de s'arracher les lambeaux
de richesse collective, on n'avancera à rien. Je ne vois pas très
bien comment on pourrait communiquer entre le centre de Montréal et
l'autre rive, en plus de l'autoroute Ville-Marie, autrement qu'en ajoutant
d'autres ponts sur la rivière des Prairies. C'est bien sûr que
ça coûte toujours moins cher un pont sur la rivière des
Prairies qu'un pont sur le Saint-Laurent. Rien que ça, cela nous donne
un avantage, mais vous allez comprendre qu'il y a une limite à
ça.
Aussi, on a pensé que, une fois assurés le transport des
marchandises et le passage de certains véhicules automobiles qui peuvent
circuler, on doit essayer de donner un nouveau dynamisme au transport en
commun. Ce n'est pas facile. Je pense qu'il a été prouvé
que ce n'était pas une question d'argent. Les utilisateurs de
véhicules automobiles, qui sont notre prochaine clientèle dans un
transport bimodal, automobiles et transport en commun, veulent avoir un espace
vital, confort, vitesse de circulation. C'est bien sûr que, si vous
arrêtez à tous les coins de rue et que vous voyez les
automobilistes qui vous dépassent, vous avez tendance à vous
"greyer" d'une automobile pour faire votre propre transport. Vous êtes
bien, vous syntonisez le poste de radio que vous voulez, vous avez un espace
vital qui vous entoure. Vous partez et vous arrivez à l'heure que vous
voulez. Le transport en commun, c'est ça le défi auquel il a
à faire face.
C'est pourquoi, dans notre présentation, on dit que ce n'est pas
en augmentant le nombre de lignes d'autobus vers Montréal que ça
va nous aider; il faut essayer d'avoir un autre transport. Lorsque j'en avais
discuté avec le ministère, on pensait à une prolongation
du métro de Montréal, qui coûte à peu près 50
000 000 $ le kilomêtre. D'ailleurs, permettez-moi de badiner. Quand j'ai
vu que mon collègue et ami le maire Doré parlait d'une autoroute
souterraine, j'ai dit: Vraiment, Montréal commence à faire dans
le style taupe. Les métros sont souterrains, les autoroutes sont
souterraines. Ils ont même une ville de 15 kilomètres souterraine.
Nous autres, chez nous, on aime mieux faire les choses sur la terre. Je parle
tout simplement d'un métro ou d'un monorail d'une capacité
suffisante pour véhiculer non seulement les gens de Laval, mais
également les gens du nord de Montréal vers un système
de
métro. C'est flexible, peu coûteux, cela coûte entre
25 % et 40 % du coût du métro traditionnel. Bien sûr, cela
fera un transfert de plus, il faudra voir à ce que l'interconnexion ou
la démarche sort très rapide. C'est une question de temps. Je me
dis: Peut-être bien que, si ce monorail circulait au-dessus des voies
achalandées, au moins l'utilisateur pourrait y voir son
bénéfice, voir qu'il a fait le bon choix, celui qui est dans son
automobile et qui verra passer le monorail au moment où lui est
bloqué verra qu'il y a peut-être avantage à prendre le
monorail. C'est ça que nous voulons vous présenter. C'est ce que
nous avons. C'est un système sécuritaire, c'est même
antisuicide, à moins de tomber en parachute devant le monorail. C'est un
produit québécois alimenté par de l'énergie
québécoise à un coût de plus de 50 %
inférieur au coût du métro traditionnel. Nous proposons de
relier la ligne 2 ouest Bois-Francs-Montréal à Henri-Bourassa, ce
qui permettrait, d'une part, d'amener un peu plus de gens dans le métro
puisque, dans la partie est, on peut se plaindre qu'on en amène
beaucoup, mais cela contribue drôlement à la rentabilité
des équipements publics.
Enfin, j'ai un modèle, je ne sais pas s'il est dans les environs,
peut-être pour le montrer. Vous avez également un cahier. Il ne
faudrait pas prendre cette présentation de Bombardier à la ville
de Laval comme une présentation technique. Ce n'est qu'une
présentation pour fins de marketing et ouvrir la discussion. C'est le
petit modèle UM qui pourrait être modulaire à
l'intérieur de la ville. C'est ce que vous avez vu à Disneyworld.
Ajoutez trois autres unités de six, vous avez une capacité de 15
000 à 20 000 personnes par heure. C'est silencieux et non polluant.
C'est climatisé, donc on commence à retrouver un peu... On va
essayer de trouver de l'espace vital pour les gens là-dedans. Cela peut
descendre, cela peut monter, cela peut aller sous terre, cela peut
également atterrir dans un centre commercial sans déranger
personne. J'imagine déjà comment on pourrait voir ça. Cela
passe à travers les édifices. Cela pourrait passer sur un pont.
Cela passe dans les voies centrales: pas d'expropriation. Système
délicat, flexible, peu coûteux, sécuritaire et qui, ma foi,
répondrait à un besoin.
Il faudrait ajouter à ça des stationnements incitatifs
pour les gens qui viennent du nord de Laval. Nous avons des carrières.
Il s'est fait des trous. On pourrait peut-être penser à les faire
là ou ailleurs. Mais il y a certainement plus de territoire pour faire
du stationnement incitatif à Laval qu'à Montréal. Ce
serait une partie de notre contribution, d'amener les gens à se
stationner. Il faudrait penser à des choses plus évolutives:
avoir une seule carte, une carte débit qui fait que j'entre dans un
stationnement et que je paie avec cette carte. Et, que je sois dans le
système de Montréal, de Laval ou de la rive sud, j'ai toujours la
même carte. Il s'agira de distribuer les revenus par la suite. Plus
grande unité. C'est le système bimodal. Quant à moi, en ce
qui concerne le transport en commun, notre clientèle de demain, c'est
l'utilisateur de l'automobile qui va également utiliser le transport
rapide. L'autobus de desserte demeurera soit pour celui qui n'a pas
d'automobile, soit pour une clientèle captive.
C'est à peu près l'essentiel de notre exposé. Vous
savez déjà que nous vous avons demandé de presser votre
échéancier sur la construction du pont et des autoroutes 25 et
440. Je ne veux pas reprendre ici tout ce qui s'est déjà dit
publiquement avant cette commission. Je vous remercie.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci, M. le maire de
Laval. Sur les 40 minutes, 22 minutes ont été utilisées.
Il reste 18 minutes aux intervenants de la rive sud puisqu'ils font partie de
ce bloc. Je pourrais peut-être suggérer qu'on discute
immédiatement de ce qui a été présenté et,
dans un second temps, permettre les présentations des intervenants de la
rive sud, si cela convient à tout le monde. Sinon, on aurait toutes les
présentations d'un seul bloc.
M. Lefebvre (Claude): Je pense que la rive sud désire,
pour une même fin, avoir sa propre phase de présentation. Lorsque
Mme la présidente sera arrivée, j'imagine qu'il y aura une
présentation conjointe STRSM-STL. Les maires de Longueuil et de Laval
seront là. Mais, pour le moment, je voudrais qu'on considère le
dossier de Laval dans son ensemble, si vous le voulez bien. Mais, enfin, vous
êtes libres.
Le Président (M. Parent, Bertrand): D'accord. On va
procéder immédiatement à la discussion. M. le ministre,
une période de 20 minutes vous est dévolue.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je veux remercier les représentants de la ville de
Laval pour leur présentation de ce matin. Je me permettrai
peut-être un commentaire dès le départ, avant même
d'aborder un certain nombre de questions.
La présentation que M. le maire a faite ce matin correspond
exactement à ce que nous souhaitions comme échange d'idées
à cette commission parlementaire: arriver avec des alternatives
fouillées où on peut déterminer des coûts et arriver
avec des solutions qui, inévitablement, coûtent moins cher que ce
qu'on a proposé. Vous m'en voyez ravi. C'est là le sens
même de la commission parlementaire. Vous me le direz si j'ai mal
compris, mais l'ensemble de vos propositions fait presque en sorte qu'on peut
en faire peut-être encore plus avec l'argent qu'on avait alloué au
plan ou encore faire ce qu'on avait voulu faire au plan à coût
moindre, avec l'alternative du monorail. Je trouve ça extrêmement
intéressant comme présentation, surtout au début
même de nos travaux qui dureront toute la semaine et peut-être
même une
journée additionnelle ultérieurement.
Évidemment, on a beaucoup parlé d'étalement urbain.
Votre vaste connaissance du territoire et de l'histoire du développement
de cette région de Montréal témoigne très bien
d'une bonne connaissance de la situation. Certaines statistiques sur le nombre
de travailleurs qu'on doit Importer hors de la région et qui, de toute
manière, devront toujours aller au centre-ville sont fort
intéressantes et fort éloquentes aussi. (11 h 45)
Vous avez évoqué en premier lieu le prix des terrains. On
peut parler de la population, c'est une chose, mais il semble bien que le
débat au cours des dernières semaines s'est davantage
orienté vers une préoccupation économique, donc, vers le
développement économique de l'île de Montréal, que
vers une desserte globale des usagers du transport en commun, à tout le
moins, si j'ai bien compris. Vous avez évoqué que ie prix du
terrain était 2 $ à Laval, 9 $ à ville Saint-Laurent et 32
$ au centre de l'île. Il y a donc là, par l'évocation
même des coûts, dans votre esprit un lien direct entre le
coût des terrains et la localisation des entreprises.
J'aimerais aussi entendre votre point de vue puisque, je l'ai dit au
début, ce n'est pas uniquement une question de transport pour
l'implantation des entreprises comme des individus. J'ai parlé de taxes,
de coût de terrain et aussi de qualité de vie. Est-ce que dans
votre esprit, il y a d'autres éléments ou facteurs
extrêmement importants qui sans nécessairement aller chercher les
recettes miracles de la ville de Laval sur le plan de son développement
industriel, motivent l'implantation d'entreprises en banlieue plutôt que
sur l'île de Montréal?
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le maire.
M. Lefebvre (Claude): M. le Président, M. le ministre,
dans cette révolution postindustrielle, c'est un phénomène
qui se retrouve partout: ie domaine tertiaire, et même on s'en va vers le
quaternaire, est en pleine évolution. Cela se comprend. Avec les moyens
technologiques de production, nous dépassons la demande des
consommateurs. Nous avons donc atteint un degré tertiaire. Tous les
grands centres se développent en tertiaire. Prenez le
phénomène de Montréal qui, à mon sens, vient de
passer au travers, parce qu'il y avait quand même des doutes sur la
viabilité du centre-ville de Montréal, il y a quelques
années. Par sa masse actuelle, elle m'apparaît s'être
assurée d'être viable à long terme comme centre majeur de
niveau international, mais il faut se rappeler qu'il y a eu des fuites de
sièges sociaux dans les années soixante qui ont continué
dans les années soixante-dix. Toronto a pris ces choses-là. Mais
actuellement, avec le bâti qu'il y a là, avec les projets qui sont
là, on se dit: Le coût des terrains, vous savez, c'est une rente
en fonction de l'éloigne-ment d'un centre. Il y a aussi l'effet inverse
- je m'excuse, je fais des fois du coq-à-l'âne comme ça -
quand on dit que 40 % des personnes n'ont pas de voiture à
Montréal, le degré de motorisation est en fonction de
l'éloignement. Le plus haut degré de motorisation, c'est dans le
fond du rang où, si le gars veut sortir, ça lui prend sa voiture
ou bien il sort à cheval. Mais quand tu es dans le centre-ville et que
tu as tous les moyens de communication à la porte, tu n'as pas
nécessairement besoin d'une automobile.
En ce qui concerne les taxes, certaines banlieues ont des taxes plus
basses et même sur l'île de Montréal il y a des gens qui ont
des taxes plus basses qu'à Laval. Je pense que les municipalités
qui s'organisent ont des périodes d'ajustement. Donc, normalement, dans
le début d'une banlieue, les taxes sont généralement plus
basses.
En ce qui a trait à la qualité de vie, c'est nouveau. J'ai
été un Montréalais jusqu'à l'âge de 27 ans.
Je vais vous raconter quelque chose. Lorsque je me suis marié, j'ai
acheté une clé et j'ai été chanceux d'acheter une
clé pour avoir un logement, un quatre en ligne au troisième
étage. Je n'ai pas besoin de vous dire que je n'avais ni parterre ni
garage. C'était vieux et il y avait la Régie du logement. J'ai
cherché. Tout ce que j'ai trouvé à ce moment-là,
pauvre monsieur, c'était une coopérative d'habitation de
Saint-Léonard. Vous donniez 10 $ par semaine et on tirait au sort toutes
les semaines le nom de ceux qui allaient avoir une hypothèque
payée par les autres. Mon nom ne sortait pas du chapeau, qu'est-ce que
vous voulez, j'ai été obligé de penser à aller
ailleurs. Mais ce n'est pas Saint-Vincent-de-Paul qui a fait de la
publicité pour m'adopter; c'est que je cherchais et j'ai finalement
trouvé un milieu de vie qui me correspondait.
Il y a eu la loi sur l'accès à la propriété,
il y a eu la loi sur la Société centrale d'hypothèques et
de logement. Il y a eu toutes ces choses qui ont favorisé...
Alors que dans le centre-ville on pense à des constructions en
hauteur, chaque fois que nous avons une réunion sur le zonage chez nous
en vertu de la loi 125, les gens ne semblent pas être très
favorables aux constructions en hauteur. Il ne faudrait pas penser qu'on va
construire des condominiums à Laval pendant encore plusieurs
années, il ne faudrait pas penser qu'on vise 1 000 000 d'habitants
à Laval. Dans la dernière consultation qu'on a faite, on se
dirigerait plutôt vers 400 000 habitants, comme ville optimale. C'est un
choix de vie. Quand on a choisi de garder du territoire agricole, on l'a fait.
D'ailleurs, si Montréal désire avoir du territoire agricole, elle
n'a qu'à le zoner; il y en a en masse. Il y en a dans le West Island;
les meilleures terres se trouvent encore dans la ville de Saint-Laurent.
Justement, le bout de terrain dont il est question actuellement pourrait
être
zone agricole. Vous avez l'île Bizard, l'île Perreault,
Kirkland, Pierrefonds; vous en avez en masse dans l'est, ce sont de bonnes
terres aussi, à moins qu'on ne soit favorable à la
maternité que pour autant que ça se passe dans le sein de la
voisine.
La qualité de vie, c'est ce qui nous préoccupe au plus
haut point. C'est là-dessus que nous axons nos interventions. Nous
misons là-dessus et nous investissons là-dedans. Nous faisons un
milieu culturel, nous agissons de toutes sortes de façons du
côté des loisirs, des garderies, du transport et de la taxation.
On s'apprête à bâtir quelque chose pour les personnes
âgées.
Le représentant de l'Opposition, M. le député
Garon, a bien raison quand II dit que le PNB n'est pas la seule chose qui
compte. Il y a autre chose que le travail dans la vie, quelque chose comme les
loisirs et la qualité de vie. Ah oui, si je peux me rendre à mon
travail avec le maximum de qualité de vie, ça va, mais ïa
semaine de quatre jours s'en vient!
En fait, le coût des terrains va rendre, à mon sens,
prohibitif de penser qu'on peut ramener vers le centre une population
homogène avec différentes strates. Je vous suggère de lire
"La reconquête de la ville", qui a été publié
à l'automne 1988 par l'Université du Québec, par un groupe
de chercheurs en sociologie et qui explique très bien ce qui s'est
passé. Quand on parle de l'étalement, ce n'est pas de
l'étalement, c'est du polycentrisme. Voyez-vous, actuellement, du
côté de Saint-Léonard et de la ville d'Anjou, on commence
à construire des édifices à bureaux. Vous en avez sur la
rive sud et il y en a à Laval. On commence à développer
des centres; ce n'est pas un étalement en tache d'huile, c'est au
centre. À partir du moment où ils ont décidé de
devenir une métropole internationale, on bâtit en hauteur, on
repousse vers les extrémités, on s'organise ailleurs et on se
fait nos propres systèmes de vie. C'est le polycentrisme.
Il faudrait que, dans un premier temps, Montréal décide
où va s'arrêter son centre-ville, cette croissance. Il n'y a
qu'elle qui puisse le décider; elle est maître de son territoire.
Mais si elle laisse pousser ça comme ça, on va avoir des
problèmes et vous allez avoir des commissions parlementaires dans
plusieurs années d'ici. On lira peut-être à nos
petits-enfants ce qu'on a décidé intelligemment aujourd'hui.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci. M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, deux
questions pour aller directement, je pense, à l'élément
qui est le plus important de votre présentation, soit de remplacer le
métro par un monorail.
Ce que j'ai compris tantôt, c'est que c'était tout aussi
efficace que le métro, disiez-vous, à la suite d'études
faites avec Bombardier, si je ne m'abuse. Est-ce qu'il serait possible de bien
situer dans que! axe votre proposition pourrait être acceptable?
M. Lefebvre (Claude): J'ai peut-être oublié de vous
dire, M. le ministre, pourquoi on arrive avec ça. Nous avions, à
l'époque, discuté de la possibilité d'un métro. Je
me souviens que, dans votre document, ça y était. On parlait de
renforcer la clientèle de la ligne 2 ouest. Il ne faut pas avoir fait de
la politique bien longtemps pour penser que... De Bois-Franc, la future
station, si vous passez par Chomedey ou Labelle, que vous montez jusqu'au
boulevard Saint-Martin, de là jusqu'au boulevard des Laurentides et que
vous descendez rejoindre la ligne 2 est à Henri-Bourassa, ce qui veut
dire le fer à cheval correspondant à la ligne 2, c'est quinze
kilomètres. Le coût du métro, c'est 50 000 000 $ le
kilomètre, cela donne 750 000 000 $. Assez souvent, vous savez, les
beaux projets, on les détruit par la facture qu'on y attache. Je me
souviens, en particulier, du projet Archipel, à 10 000 000 000 $. Il
était beau, par exemple, mais il n'est pas encore commencé.
Bien sûr qu'on pourrait peut-être faire un petit bout,
à partir du Collège et l'amener chez nous. Pour à peu
près le montant que vous êtes prêt à
débourser, on serait capable de faire la ligne complète. Je ne
vous dis pas que c'est la capacité du métro de Montréal,
mais on n'a pas besoin de la capacité du métro de Montréal
non plus. Actuellement, nous transportons, aux heures de pointe, vous me
corrigerez, je pense, 10 000 personnes. Dans l'avant-midi, c'est 17 000 vers
Montréal, 20 000 dans toute la journée. À la
période de pointe, c'est à peu près 15 000 à 17
000. Allant dans les deux sens, cela remplit le contrat et je peux aller en
chercher sur la rive nord et en mettre là-dedans.
C'est opérationnel et également meilleur marché.
Encore une fois, je vous dis que ce n'est pas une étude technique. Cela
a été une présentation pour fins d'attention. Autrement
dit, pourquoi ne commencerait-on pas, si on veut parier de transport en commun,
à parler d'un système autre que ce qu'on a connu? Le
système de métro date des années 1800 en Europe. La grande
différence à Montréal, c'est que c'est plus moderne et que
ça roule sur pneus, mais je ne peux les sortir dehors parce que, si je
le fais, cela va lui prendre deux stations avant d'arrêter, lors d'une
tempête de neige.
C'est un système léger et cela m'apparaît - excusez
l'expression anglaise - high-tech. On voit certainement ses avantages. Tout est
québécois, ça passe à peu près n'importe
où, ça monte et ça descend.
Il y a peut-être autre chose aussi. Vous savez, il y en a qui sont
suspendus. Il y en a qui ont été installés à Miami
dernièrement sur rails.
Il y a bien des solutions auxquelles on peut penser. Est-ce que cela
pourrait descendre jusqu'au niveau du sol au lieu d'avoir ces grandes pattes
qui coûtent cher quand je passe
dans le champ? Disons que le long de la 440, au lieu d'opter pour le
parcours Saint-Martin, en fonction d'un développement, on opterait
plutôt pour la 440. On peut enlever les pattes et les amener et,
lorsqu'on arrive à une intersection, on le monte et on la saute. Cela
peut se faire. C'est flexible. Ce n'est pas cher. Ce n'est pas une commande que
je vous passe.
M. Côté (Charlesbourg): Je comprends. C'est une
solution que je trouve fort intéressante et, finalement, on pourra en
faire beaucoup plus, ça, on en convient, avec le même argent. Bien
sûr, vous avez fait la démonstration que des gens des banlieues
doivent transiter pour aller travailler là où il y a de l'emploi,
soit sur l'île de Montréal. Il faut donc qu'il y ait une relation
très intime entre le monorail et le métro. Ma question est la
suivante: Comment tout cela se fait-il? Est-ce que ça
nécessiterait que des individus descendent du monorail pour aller au
métro, puisque ça prendrait, à ce moment-là, une
station d'échange intermodale?
M. Lefebvre (Claude): Cela nous est venu, justement, car à
la station intermodale qui est planifiée à Bois-Franc, vous avez
quand même le train de banlieue, ligne de Deux-Montagnes, qui est
là, vous avez le métro de Montréal, et comme ça
peut descendre sous terre, on pourrait le faire arriver le plus près
possible. Une chose: si on doit marcher dix minutes entre le point de chute de
celui-ci et le métro de l'autre, ça ne sera pas long que les gens
vont retourner à leur voiture parce qu'ils n'auront pas de gain
appréciable de temps. C'est là où on va devoir le faire.
D'ailleurs, tantôt, j'ai oublié de vous mentionner certaines
choses. Vous me le permettez, M. le Président?
Le Président (M. Parent, Bertrand): Pas de
problème, vous êtes sur le temps du ministre.
M. Lefebvre (Claude): Excusez-moi, M. le ministre, si je prends
un peu de votre temps.
M. Côté (Charlesbourg): Non, on a le temps, M. le
maire.
M. Lefebvre (Claude): Écoutez, au centre-ville de
Montréal, il y a 175 000 emplois nécessités, et une
population de 10 000. En 1966, il y avait une population de 25 000. Le
centre-ville n'a jamais pu se suffire. J'entends parfois des folies selon
lesquelles le centre-ville se fournissait. C'est faux. Dans les années
1950, il ne se fournissait même pas. On doit importer 170 000 personnes
pour la région du centre-ville. Le centre - quand je dis centre, c'est
la ligne Montréal-Nord, Saint-Léonard, ville d'Anjou jusqu'au
fleuve; de l'autre côté, incluez Westmount, Outremont dans
Montréal, le West Island - se suffit. Il a 400 000 emplois et 1 316 000
personnes. Cela va bien. L'est a des emplois de trop, mais quand vous arrivez
dans le West Island, il en manque 50 000. Donc, il ne faut pas être un
génie pour dire que c'est le West Island qui en demande 50 000 et le
centre-ville, qui est dans la section ouest, qui en demande 170 000. Notre gros
du trafic va se faire dans la partie centre et centre-ouest. (12 heures)
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Je comprends donc qu'il
s'agirait, à ce moment-ci, de créer des stations intermodales.
Vous avez fait état d'une en particulier où II y aurait
rabattement, donc transfert modal au niveau des usagers. Est-ce que dans votre
esprit, dans la mesure où sur l'île nous avons un métro et
où nous aurions éventuellement un monorail à Laval, cette
technique-là peut aussi rendre les services qu'on souhaite sur le plan
du transport collectif dans d'autres parties de l'île, dans l'est de
Montréal, par exemple, et peut-être même à
Repentigny, et avoir exactement le même principe en termes de stations
intermodales? Et l'autre question: Est-ce qu'à ce moment-là,
compte tenu de ces équipements lourds, malgré le fait que le
monorail est moins exigeant sur le plan financier, ça ne justifierait
pas maintenant qu'on puisse éventuellement avoir une structure
régionale qui exploiterait métro et monorail dans les
années futures et que ça réglerait tous les
problèmes que certains qualifient d'effets de débordement?
M. Lefebvre (Claude): À votre première question, M.
le ministre, à savoir si ça peut desservir valablement la partie
est, je le pense. Je ne suis pas un expert en transport. Cependant, avec
ça, on pourrait desservir une population de 600 000 personnes,
c'est-à-dire 300 000 à Laval, 300 000 au nord. À
Montréal-Nord, ce sont 100 000 personnes et à peu près 35
000 pour les deux autres villes. Vous savez, dans l'est de Montréal, ce
n'est même pas l'équivalent de la population de Laval dans We.
Alors, s'ils ont des besoins, on les a aussi. C'est peut-être une
solution moins dispendieuse que d'aller toujours sous terre. C'est que sous
terre, ça ne donne pas de mobilité. Essayons d'imaginer que le
centre-ville de Montréal se déplace. Parce que ce n'est pas vrai
que ce sont les hommes politiques qui déterminent ces choses-là.
Ils étaient sur la rue Saint-Jacques avant. Et Ils sont rendus au coin
de Dorchester et Peel. Et il n'y a rien qui dit que, dans cinquante ans, ils ne
seront pas rendus ailleurs.
Prenez le métro de Montréal qui, actuellement dans sa
ligne, est entre Dorchester et Sainte-Catherine. C'est peut-être un de
ses défauts, d'ailleurs. Il aurait dû être ou dans un axe ou
dans l'autre. À Toronto, c'est comme cela qu'Us l'ont fait, de toute
façon. S'ils voulaient le déplacer, ça se déplace
difficilement un tunnel. Mais cela, ça se déplace facilement.
C'est modulaire. Dans une premier temps, on pourrait desservir dans un axe qui
nous convient et, dans quinze ans, desservir dans un autre axe. Et si
l'est de Montréal se développe, plus vous êtes
flexible, mieux c'est. Enfin, je ne voudrais pas faire une vente
d'ingénierie.
Deuxièmement, est-ce qu'il y aurait lieu d'avoir un organisme
régional? Avec votre permission, M. ie ministre, on va attendre que
Laval et la STRSM se fassent entendre ensemble. Je pense que nous avons une
réponse articulée à ce sujet. Bien sûr, j'ai
toujours favorisé la régionalité du transport et je ne
changerai pas d'idée aujourd'hui.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Votre temps est
écoulé, M. le ministre. On va peut-être passer la parole
à l'Opposition.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que j'ai compris, c'est
que notre temps est écoulé.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): On va revenir.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Vous étiez de
connivence, de toute façon. Alors, les vingt prochaines minutes seront
consacrées à l'Opposition et aux échanges de propos. Je
vous rappelle toujours, M. le maire, que vous êtes maintenant sur le
temps de l'Opposition. M. le député de Lévis, est-ce que
vous avez des questions, des commentaires?
M. Garon: M. le Président, je voudrais remercier le maire
et les gens qui l'accompagnent, tant autour de la table que dans l'assistance.
C'est toujours un plaisir de rencontrer le maire de Laval parce qu'il a
beaucoup de conviction dans ce qu'il dit.
J'aimerais lui poser une question. Il nous a dit tout à l'heure
que les principaux déplacements qui justifieraient un monorail seraient
plutôt vers l'ouest, pour les besoins de l'ouest de Montréal ou du
centre-ville. Est-ce que j'ai bien compris?
M. Lefebvre (Claude): Enfin, tout dépend si c'est l'ouest
de Montréal ou l'ouest de l'île. C'est toujours la
difficulté. Actuellement, les grandes voies de communication avec le
centre partent effectivement des lignes nord-sud, Papineau, de Lorimier un peu,
mais Papineau d'abord, en allant vers l'ouest. À cause de la
configuration de la montagne qui descend vers le centre et de la position du
fleuve, c'est pourquoi vous allez jusqu'à Décarie et,
après ça, cela arrête. Donc, pour nous, cela apparaît
comme une partie ouest. Bien sûr que la ligne 2 qui descend de
Henri-Bourassa, Berri-De Montigny est une ligne maîtresse qui,
d'ailleurs, est actuellement surchargée quant au métro. La ligne
Berri-UQAM est également surchargée.
La partie 2 ouest qui monte vers la ville de Saint-Laurent pourrait
recevoir beaucoup plus de clientèle. C'est pourquoi l'une des solutions
serait d'essayer... Par exemple, s! je prends les gens de Chomedey, chez nous,
par autobus, et que je les transporte jusqu'à la ligne Henri-Bourassa,
je Ses amène vers l'est. Je surcharge une ligne alors qu'il y aurait
plus de facilité de les amener dans la ligne ouest qui, de toute
façon, s'en va à la même place, sauf qu'on ne peut pas
entrer aussi loin dans Montréal. D'ailleurs, vous savez qu'on avait 52
points de chute, et qu'à la suite d'une demande de l'ancienne
administration de Montréal nous avons dû réduire ça
à 9 points de chute. Alors, si on pouvait s'approcher d'une gare
intermodale, la solution qu'on vous propose avec cela, c'est de se rendre
directement à Bois-Franc et vous l'auriez dans les deux sens, à
ce moment-là, indépendamment de votre lieu de résidence,
mais toujours en pensant que Sainte-Dorothée, Chomedey et la partie
ouest de Laval-des-Rapides pourraient fort bien communiquer avec la ligne,
parce que le gros des emplois se trouve au centre-ville où vous avez un
besoin d'importer matin et soir 170 000 personnes et où vous avez
également les hôpitaux.
M. Garon: Vous dites que la grande partie des déplacements
se trouve dans l'ouest ou le centre-ville de Montréal et vous pariez du
monorail et de la masse de gens qui se déplacent. Pourquoi, à ce
moment-là, poussez-vous tant sur le pont et l'autoroute 25 qui seraient
situés plutôt dans l'est?
M. Lefebvre (Claude): Oui, c'est situé dans l'est, mais iI
y a également des gens dans l'est. C'est également une voie de
communication, d'abord pour le transport des marchandises et pour enlever une
partie du fardeau du boulevard Métropolitain. Vous avez également
une zone industrielle d'importance, au moment où l'on parle de
libre-échange avec les États-Unis, avec Toronto, avec l'Est. Il
fallait entrer ici hier soir pour s'apercevoir combien il y avait de monde sur
l'autoroute 20, de camions qui circulaient sur l'autoroute 20 et cela ne
comprend pas le transport en commun. Cela pourrait transiter par une voie de
ceinture et cela prend le pont de l'autoroute 25. De plus, on a une population
dans l'est et vous avez également une population de 300 000 plus au
nord. Il suffit de venir un soir de semaine à la jonction des autoroutes
440 et 25 où c'est pris, où vous avez vraiment un engorgement et,
à partir de ce point, il reste une sortie dans Laval qui se situe au
boulevard des Mille-Îles où on a à peu près 150
maisons. Donc, c'est tout du trafic qui s'en va vers Mascouche, Terrebonne,
Bois-des-Filion, jusqu'à Rawdon. Des gens de Vaudreuil et des gens de
Rawdon viennent travailler à Montréal.
Oui, un pont dans l'est pour aider à se rendre à Place
Ville-Marie. À partir du moment où la métropole a
décidé de "tertiariser" sa fonction première au
centre-ville, le secondaire
s'est éloigné et il faut maintenant, en
périphérie, desservir ce secondaire-la. Le camionnage, vous le
savez, ne dessert pas le tertiaire; i dessert le secondaire. Toutes ces
nouvelles variables que sont la sous-traitance, le "just-in-time", demandent du
camionnage, de même que l'approvisionnement en biens pour ce qui est de
l'alimentation, du vêtement, etc. Cela ne se retrouve plus dans le
centre-ville.
D'ailleurs, c'est une conception avec laquelle j'ai de la
difficulté. Vous savez, on continue à construire des villes, ces
grands centres, d'après le système de l'agora des
Athéniens, au moment où on se rendait au centre-ville à
pied, et on continue avec le même système d'agora centrale au
moment où on a des véhicules automobiles. Est-ce que c'est le
prestige qu'on recherche? À un moment donné, j'ai imaginé
que cela pouvait même être le prix du terrain. Je vous mentionnais
tantôt 1000 $ le pied carré. Bien, 1000 $ le pied carré au
centre-ville de Montréal, si vous construisez 50 étages, vous
avez donc un prix de 20 $ le pied carré par étage. On commence
à rentabiliser. C'est ce qui explique peut-être qu'on est rendus
à construire sous terre. On se retrouve avec d'autres étages en
dessous en plus.
M. Garon: Ce n'est pas anormal.
M. Lefebvre (Claude): C'est un point de vue économique
mais l'économie, c'est rarement les hommes politiques qui en
décident. J'ai déjà lu à l'avance une partie de la
proposition où on suggère au ministre des Transports de
réaménager le centre-ville de Laval. Je l'invite, il n'est pas
encore fait Ce n'est pas le temps de le réaménager; on
l'aménage lentement, et ce n'est pas nous qui décidons toujours.
Nous avons décidé des hauteurs. Nous pouvons décider des
éioignements, des densités. Mais savoir si on bâtit ou si
on ne bâtit pas, c'est eux qui décident, pas nous.
M. Garon: C'est un peu pour ça que les usines, comme il
n'y a pas beaucoup d'usines qui ont 40 étages, dans aucune ville au
monde ne sont situées au centre-ville. Les usines ont habituellement un
étage, parfois deux, mais ça ne dépasse pas ça.
Moi, j'aimerais poser une question. Je regarde le document et Je trouve
que, dans le document, il y a beaucoup de chiffres sur le passé. il n'y
a quasiment pas de prévisions. On a beau regarder ça... Prenons
l'aspect démographique, par exemple. Dans "Le transport dans la
région de Montréal, plan d'action: 1988-1998", on trouve beaucoup
de chiffres concernant la population, entre 1966 et 1986, et tout ça.
Sauf que c'est terminé. C'est le baby-boom et il est terminé.
C'est-à-dire dans le sens que les gens qui sont nés dans la
période d'après-guerre, le nombre maximum des naissances au
Québec, c'est autour de 1969, 1960 et, après ça, ça
baisse.
Quand on regarde les documents ici à la page 11, on dit: 'Les
prévisions démographiques indiquent une légère
augmentation de la population. Selon le Bureau de la statistique du
Québec, 243 000 personnes pourraient s'ajouter à la population de
la région métropolitaine d'ici l'an 2000. Toutefois, cette
croissance serait accompagnée d'un fort vieillissement de la population.
"
Quand je regarde les documents de la Régie des rentes, ils nous
disent: Actuellement, on a 17 % des gens au Québec - je n'isole pas
Montréal - qui ont plus de 65 ans, par rapport à ceux qui ont
entre 20 et 65 ans. SI on regarde en l'an 2013 - ça ne se fera pas d'un
coup sec - mais ceux qui ont plus de 65 ans, ce sera 45 % par rapport à
ceux qui ont entre 20 et 65. Comment avez-vous étudié ça
pour voir à la conception de l'organisation de la ville? Parce que
là on parle beaucoup de ce qui s'est passé antérieurement,
avec des jeunes qui arrivaient sur le marché du travail, avec un fort
taux de la natalité après la guerre, mais le baby-boom s'est
terminé au début des années soixante, en 1964, 1965. Il
est terminé.
Là, le taux de naissances baisse beaucoup. On dit: "un fort
vieillissement de la population". Comment voyez-vous, dans l'avenir,
l'organisation de la région de Montréal, avec une croissance
totale d'ici l'an 2000 de 243 000 personnes?
M. Lefebvre (Claude): M. le député, d'abord, je
prends toujours avec un grain de sel toutes les prévisions
démographiques depuis le moment où on avait prédit que la
région de Montréal comprendrait 7 000 000 au seuil de l'an 2000.
Cela ne fait pas longtemps qu'on a dit cela. À Laval, nous devrions
avoir actuellement près de 1 000 000 de personnes. On en a 300 000. De
toute évidence, ce n'étaient pas des géniteurs.
C'étaient des démographes. Ils se sont trompés. Quand ils
disent qu'il n'y aura plus de natalité, je vous dis qu'ils peuvent
encore se tromper. Cela dépend. Je remarque, en tout cas, parmi nos
employés, qu'il y a plus de maternités. Il y a aussi la
qualité de vie, parce que ce n'est pas intéressant de mettre un
enfant au monde dans un monde de fous et en pensant que le cataclysme s'en
vient tout le temps. Ce n'est pas nécessairement de
l'égoïsme. Il s'agit peut-être de se demander quelle est
notre qualité de vie.
Cela va peut-être remplacer autre chose, un enfant. Il y en a
encore qui aiment ça, des enfants. En tout cas, je regarde ma situation
personnelle; on n'est pas en perte de vitesse dans la famille. Je ne vous dirai
pas qu'on aura les baby-booms qu'on a connus, mais peut-être qu'une
politique qui mettrait de l'avant que la femme au travail peut obtenir une
garderie, qu'on pourrait avoir le travail partagé, être à
la fois mère de famille et professionnelle, père de famille et
professionnel, cela peut aussi fonctionner. C'est peut-être là
qu'on peut intervenir. S'il y a une qualité de vie qui existe,
d'après moi, l'idée de se continuer dans la vie m'apparaît
bien
naturelle. Mais vous savez qu'en l'espace de huit ou dix ans - parce
qu'un plan comme celui-là, c'est un plan de dix ans - on essaye de
s'ajuster. Il est bien sûr qu'on fait des erreurs. Je regarde l'usine
d'épuration de Montréal, construite pour 3 000 000 de personnes
et ils n'en ont pas 3 000 000. Nous avons fait des réserves d'eau et on
agissait en fonction des démographes qui disaient: Préparez-vous,
avec Mirabel, cela va rentrer à pleine porte. Prenez votre "ticket"
avant de prendre un permis de construction, enlignez-vous. Cela ne s'est pas
produit. Donc, il y a des conjonctures économiques variables. (12 h
15)
Je pense qu'actuellement on ne peut songer à moyen et à
court terme à une forte augmentation de ta population, à moins
d'une immigration massive ou d'un changement massif dans ies habitudes des
Québécois. Il faudrait que les gens qui sont en régions
éloignées décident de revenir vers le centre. Le grand
peuplement de la métropole s'est fait aux dépens de la terre; les
terriens sont venus s'établir et on est de plus en plus urbanisés
sur le globe. Mais il semble que ce mouvement soit terminé ou à
peu près. Donc, je ne prévois pas de baby-boom; en tous cas,
c'est pour cela qu'on ne prévoit pas d'immenses montants d'argent
à voter.
Je ne vous dirai pas, que dans 20 ans, dans la ville de Lavai, nous
serons 850 000. D'ailleurs, ce n'est pas le voeu de la population. Nous sommes
assez; à 400 000, cela ferait une ville vivable. Il est difficile, vous
le savez, pour un maire de communiquer avec 800 000 personnes; c'est beaucoup
plus facile pour moi de communiquer avec la population que pour mon
collègue, M. Doré. Et c'est beaucoup plus facile pour le maire
d'une ville de 15 000 d'être proche de sa population que pour le maire de
Laval. Il y a des tailles optimales de villes qu'on ne doit pas
dépasser. On a été obligé de subdiviser Paris et de
nommer des maires pour de petites parties pour qu'ils puissent se comprendre.
Je ne pense pas, M. le député de Lévis, qu'on puisse
penser que les données démographiques auront des influences
à long terme dans cela.
La plus grande influence va provenir de la décision du conseil de
ville de Montréal d'opter pour continuer à être une ville
internationale ou non, pour continuer son développement tertiaire au
train où elle le fait maintenant ou non, pour dire: Les 25 % qui
restent, j'en réserve pour l'habitation ou je m'en vais vers une
assiette fiscale municipale. Et c'est une décision qui lui appartient.
Mais s'il décide de faire de l'habitation dans ces 25 %, cela aura une
tout autre conséquence que s'il décide de faire des
édifices à bureaux. Dans un cas, il importe moins de personnes et
fournit du travail; dans l'autre, il va exiger une plus grande importation de
personnes pour satisfaire ses besoins. Bien sûr, il dira: Nous
fournissons du travail aux Lavallois.
Je pourrai vous conter, en dehors de cette commission, une histoire sur
ce qui est le plus important: de la tête, du coeur, des bras ou d'autres
choses. Vous vous souvenez de la vieille farce qu'on faisait? Bien oui, c'est
une décision qui leur appartient. Je ne peux pas décider pour
eux. L'organisation de leur territoire est en fonction de ça. Et je vais
vous dire que j'ai hâte de le savoir.
M. Garon: Quand vous parlez de la région de
Montréal, il faut quand même que vous vous basiez sur des
prévisions démographiques. Je comprends que les prévisions
ne sont pas toujours parfaites, mais en termes d'accroissement naturel de la
population, je ne parle pas en termes d'immigration, les perspectives ne vont
pas dans le sens d'un accroissement fulgurant; c'est plutôt stationnaire,
avec un vieillissement de la population, et certains démographes
prévoient même que la population du Québec pourrait
baisser. On dit qu'il y aura 243 000 personnes de plus, d'ici l'an 2000, dans
la région métropolitaine au complet. Là-dessus, j'ai cru
comprendre que vous visiez de passer de 300 000 à 400 000. Un fort
vieillissement de la population, cela a des conséquences importantes, en
termes de conception de ce que sera la société de demain. Je
pense qu'il ne faut plus la regarder avec les yeux d'hier, mais avec les yeux
de demain. Il y a des conséquences au vieillissement de la population.
Certains l'ont connu, comme la Floride, par exemple, mais, évidemment,
son climat a une influence pour autre chose. En ce qui concerne ce que vous
voyez pour l'avenir, vous vous êtes basés sur une population de
combien dans la région métropolitaine et de combien à
Laval, en termes de croissance d'ici, mettons, l'an 2000?
M. Lefebvre (Claude): Quand vous parlez de croissance, je suis
d'accord avec vous, M. le député de Lévis, il semblerait
que ce soit environ ça. Encore une fois, je dis toujours:
Défions-nous des démographes. Mais il semblerait, dans
l'état actuel des choses, que ce soit la tendance.
M. Garon: On peut engager des démographes, mais on ne peut
pas engager de géniteurs.
M. Lefebvre (Claude): C'est ça, mais cela peut changer.
Quand on vous parle d'une population de 400 000, c'est en fonction des
capacités d'accueil et de ce que nous avons vécu au cours des
dernières années. Nous avons de moins en moins de personnes qui
viennent de Montréal pour s'établir à Laval. Nos ventes se
font chez des Lavallois, parce que nous avons fait cette
génération. Si un Lavallois marie une Lavallolse et qu'ils vont
s'établir, cela ne donne une croissance démographique de
zéro, mais j'ai un logement de plus.
En fait, le taux de croissance était d'environ 1, 3 ou 1, 4, de
mémoire, par nouveau logement. C'est très peu. Avec les
facilités d'accueil, avec ce que la population nous dit
vouloir actuellement, avec le nombre d'acres à développer
plus notre territoire agricole, notre territoire Industriel, nos dessertes
commerciales, nos réseaux routiers, notre plan, notre schéma
d'aménagement, en tenant compte de tout ça, on pourrait fort bien
vivre. On peut bien rêver d'une ville de 1 000 000 d'habitants parce
qu'on est ambitieux et qu'on veut être quelqu'un à la face du
monde. Autrement dit, nous ne sommes pas en compétition; je ne suis pas
en compétition avec Montréal, pas plus qu'avec le Nord. Le plus
gros facteur de sortie ou d'entrée, c'est la qualité de vie, les
biens qu'on y trouve et à quel prix. À partir du moment où
il y a eu un secteur manufacturier d'importance dans notre parc industriel, il
y a des gens qui sont partis de Montréal pour venir demeurer à
Laval, comme locataires, pour y travailler.
Quand l'emploi est sûr et stable, on peut envisager l'avenir. Ils
disent: Maintenant on peut s'acheter une maison. Est-ce que l'on peut l'acheter
à Laval? Je vous dis qu'une maison à Mascouche, en termes de
taxes, prix du terrain et prix de la maison, c'est moins cher qu'à
Laval. Donc, les gens s'en vont à Mascouche, à BlalnvilIe, de
jeunes Lavallols s'en vont. C'est ce que j'appelais le polycentrisme.
C'était très bien décrit. Cela s'est fait dans toutes les
villes du monde: on est à une place, on s'en va ailleurs, on recommence
et, après, on s'en va ailleurs et on recommence. À un moment
donné, même un centre-ville finit par se manger. Rappelez-vous New
York, il n'y a pas longtemps.
il Président (M. Parent, Bertrand): M. le
député de Lévis, il vous reste une minute sur votre temps
de parole. On passera, par la suite, à la présentation mixte rive
sud-Laval.
M. Garon: Pensez-vous que les améliorations
proposées dans le plan pour le boulevard Métropolitain sont
suffisantes en regard des autres projets contenus dans le plan susceptibles
d'augmenter le trafic automobile sur le boulevard Métropolitain?
M. Lefebvre (Claude): En termes de dépenses, c'est
sûr que le boulevard Métropolitain doit recevoir une part pour
qu'il soit réparé. Il y a un taux de fréquentation
alarmant, il y a une construction et une géométrie
déficientes. Il y a des correctifs à apporter, c'est sûr.
La jonction avec Décarie, bien sûr, il faut que ce soit refait. il
y a eu des rencontres entre les gens de Montréal et ceux du
ministère. Nous, on n'a pas été consultés. De
là à dire que cela sera suffisant pour desservir toute la
région métropolitaine, la réponse est non. Cela ne suffit
pas actuellement et cela ne suffira pas, parce qu'on a besoin de cette voie de
ceinture qui avait été planifiée.
Est-ce que l'on pourrait penser à bâtir un deuxième
étage ou à en mettre un troisième pardessus? Je vous dis
que ce n'est pas un cadeau, ce boulevard Métropolitain. Strictement en
termes de sécurité, il est temps d'y voir. Essayez d'Imaginer,
dans Pointe-Saint-Charles, un wagon de produits toxiques qui se renverse et
essayez d'évacuer cette ville-là. On peut évacuer Laval
vers le nord, vers l'est, vers l'ouest. En m'en venant à Québec,
hier, le premier feu de circulation, je l'ai rencontré sur le boulevard
Charest à partir de chez nous. C'était le premier feu de
circulation que je rencontrais. À Montréal, il y a un
problème. Ils ne peuvent quand même pas continuer à abattre
en largeur. Va-t-on faire un autre Décarie nord-sud, en plein tissu
urbain, au moment où ils ont des difficultés? Ceia ne
m'apparaît pas être la solution. Il vaut mieux réparer.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le maire de Lavai,
je m'excuse, on est obligé de comprimer. Comme il était convenu
et entendu entre les parties, il y avait une présentation
régionale, rive sud-Laval, qui devait se faire à
l'intérieur de ce bloc. Alors, J'Inviterais, M. le maire de Laval, vos
collègues de la rive sud...
M. Côté (Charlesbourg): M. le
Président...
Le Président (M. Parent, Bertrand): Oui, M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg):... Je pense qu'à tout
le moins on se doit de remercier le maire de Laval pour sa présentation.
J'aimerais lui dire que, quant à moi, je suis un peu mal pris, parce que
j'avais compris qu'on pouvait le questionner jusqu'à 13 h. Il aurait
été très intéressant de lui demander comment il a
réussi à signer une entente avec l'UPA sur le territoire de la
ville de Laval, par rapport à l'autoroute 25, compte tenu des
événements et du fait que certains prétendent qu'on s'en
va vers un dézonage agricole de la ville de Laval. Alors puisqu'il y a
une entente avec l'UPA et que, normalement, l'UPA doit défendre
l'Intérêt de l'agriculture, si je comprends bien, si l'entente est
là, elle est intéressante.
Finalement, l'autre question - on devra y revenir - c'était:
Est-ce que la ville de Laval est prête à payer une partie des
immobilisations de l'infrastructure du monorail?
M. Lefebvre (Claude): Est-ce que la ville de Laval est
prête à payer...
M. Côté (Charlesbourg): Une partie du coût des
immobilisations du monorail.
Le Président (M. Parant, Bertrand): Si j'ai bien compris,
c'est une question à laquelle vous pourrez répondre
ultérieurement, M. le maire de Laval. Je vais vous laisser quelques
minutes pour y penser.
M. Lefebvre (Claude): M. le Président, si
vous me permettez juste une brève réponse. Je disais,
hier, à mes collègues de la STCUM qu'à S h 15, chez nous,
à Laval, nos problèmes étaient finis, à tous les
matins.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci. Alors, avec la
permission des membres de la commission, on va essayer
d'accélérer, tout en laissant du temps aux intervenants. On a un
bloc d'une heure. Si on peut le faire à l'intérieur de ça,
tant mieux, sinon... On va essayer de vous entendre à l'intérieur
d'une heure. Là-dessus il y a vingt minutes pour la présentation
du mémoire. Je souhaiterais, bien sûr, la bienvenue, en plus du
maire de Laval et des gens qui étaient présents tantôt,
à Mme Gravel, la présidente de la STRSM, la Société
de transport de la rive sud de Montréal; à M. le maire de
Longueuil - il me fait plaisir, M. Ferland, de vous accueillir - de même
qu'à M. le président-directeur général de STRSM, M.
Modini. On vous souhaite la bienvenue à cette commission et sans plus
tarder, on vous invite à faire la présentation que vous voulez
faire, pour un bloc de vingt minutes et, ensuite, il y aura échange,
vingt minutes de chaque côté. Merci.
Mme Gravel (Louise): Merci, M. le Président. Mesdames,
messieurs les députés, M. le ministre, vendredi, je vous
présenterai, au nom de la STRSM, un mémoire sur les
infrastructures de transport quant à l'amélioration des acquis et
quant aux projets de développement. Mais, ce midi, je vous
présente un mémoire préparé conjointement par la
Société de transport de la rive sud de Montréal et celle
de Laval sur un aspect important du transport en commun soit les
déplacements régionaux et leur gestion. En effet, mesdames et
messieurs, les sociétés de transport de Lavai et de la rive sud
de Montréal ne veulent pas rester silencieuses dans le débat qui
entoure, depuis quelques mois, la question des effets de débordement. Au
contraire, la volonté exprimée par la STCUM de transférer
une partie de ses déficits d'exploitation aux municipalités
constituantes de la STRSM et à la ville de Laval a suscité, chez
nos deux sociétés, une réflexion sur les divers aspects de
cette question et nous a conduits à formuler à cette commission
des recommandations qui s'inscrivent dans la logique de la mise en oeuvre du
plan d'action du ministère des Transports.
Les questions soulevées par les effets de débordement sont
issues d'une problématique plus large, soit celle de l'absence d'un
cadre de gestion des déplacements régionaux par transport en
commun dans la région de Montréal. Jusqu'ici, les structures de
planification et de gestion de transport en commun n'ont certes pas conduit
à une simplification du déplacement régional pour les
usagers du transport en commun.
Les déplacements effectués par nos usagers sur plus d'un
territoire juridique sont entachés de trop d'aspects contraignants: une
structure tarifaire complexe, une multiplication des titres et une absence de
coordination dans les services. À l'instar d'autres grandes
régions urbaines en Amérique et en Europe, la région de
Montréal doit trouver sa solution dans la mise en place d'une structure
régionale apte à prendre en charge la planification et la gestion
des déplacements régionaux. C'est d'une telle solution qu'il est
question dans ce mémoire. (12 h 30)
Le problème créé par une géographie des
déplacements différente de celle des territoires juridiques des
transporteurs publics n'est pas chose nouvelle dans la région de
Montréal. On la retrouve à différentes étapes du
développement des transports publics, depuis la création de la
Commission de transport de Montréal jusqu'à celle des conseils
intermunicipaux de transport. Tant et aussi longtemps que les usagers du
transport public ont assumé la totalité des coûts
d'exploitation des réseaux, les administrateurs nommés de la CTM
ont étendu les services à l'extérieur des limites de la
ville de Montréal et ont adapté les réseaux à la
géographie des déplacements.
Avec l'agrandissement des territoires desservis par transport en commun
et avec la venue des sociétés et des conseils intermunicipaux de
transport, !e problème posé par les déplacements
régionaux a pris d'année en année une importance accrue.
La question des effets de débordement, qui a refait surface
récemment avec les prises de position auxquelles elle a donné
lieu de la part de la STCUM ne présente, à nos yeux, qu'un des
aspects de cette question plus large que constituent les déplacements
régionaux par transport en commun.
Le problème n'est pas unique à Montréal.
D'ailleurs, d'autres régions urbaines y font face et ont trouvé
des solutions adaptées à leurs particularités.
Montréal doit, comme région, trouver sa propre solution et
celle-ci ne nous apparaît résider ni dans ie statu quo, ni dans
une formule quelconque d'élargissement du territoire de taxation de la
CUM.
La recherche d'une solution devrait être guidée par le
meilleur équilibre entre les intérêts des usagers, ceux des
sociétés de transport et des municipalités qui en assument
la responsabilité et ceux du gouvernement.
Quant à l'usager, notre but devrait être de lui faciliter
les déplacements régionaux, d'identifier les formules tarifaires
qui lui offrent un service adéquat et qui, à la limite, se
moquent des territoires juridiques des exploitants.
Pour les municipalités et le gouvernement, notre but devrait
être d'atteindre un équilibre pragmatique entre les coûts
occasionnés par ces déplacements régionaux et les
bénéfices qu'ils entraînent.
Nous devons, pour les fins de ce mémoire, établir une
distinction entre deux types de déplacements par transport en commun
dans la région de Montréal, soit les déplacements
régionaux et les déplacements locaux. Nous pourrions
définir les déplacements régionaux en relation avec la
distance, avec le nombre de zones franchies dans un système de zones
à anneaux concentriques, avec la technologie de transport
empruntée - métro, autobus, train - ou en relation avec les
territoires juridiques des organismes publics de transport. À notre
avis, il faut opter pour ce dernier critère qui apparaît
être un point de départ commode et adapté à ta
géographie politique de la région. Nous qualifions donc de
déplacement régional par transport en commun tout
déplacement qu'effectue un usager sur plus d'un territoire juridique
quelle que soit la ou les technologies de transport en commun
empruntées. Quant à lui, un déplacement local est donc un
déplacement qui ne déborde pas les limites d'un territoire
juridique.
Au fil des années, les sociétés de transport ont
réussi à Intégrer à même la planification et
l'exploitation de leur réseau les attentes diverses des usagers locaux
qu'ils desservent et des municipalités qui les administrent. Cette
intégration a été possible en raison de
l'adéquation entre le territoire du déplacement local et le
territoire de l'entité administrative de transport en commun. Mais le
même parallèle n'existe pas pour les déplacements
régionaux. Or, il arrive souvent que les décisions locales ou que
la somme de décisions prises localement par les différentes
sociétés de transport ne débouchent pas sur des choix
appropriés pour les déplacements régionaux.
Aucun organisme n'a la responsabilité de planifier et d'organiser
les nombreux déplacements régionaux qui se font chaque jour dans
notre région. Pourtant, ces déplacements constituent une
importante source de problèmes pour les transporteurs qui se relaient
pour les prendre en charge et pour les municipalités qui doivent adapter
leurs infrastructures en conséquence. La ville centrale n'est certes pas
la seule a subir les inconvénients de la venue sur son territoire
d'usagers du transport en commun qui proviennent d'un autre territoire
municipal. Nombreuses sont les municipalités qui doivent faciliter le
transit de ces déplacements régionaux sur leur territoire sans
pour autant en retirer les avantages Indirects que ça
entraîne.
Cette commission parlementaire nous est apparue une occasion propice
pour exposer notre point de vue sur l'importance de combler le vide qui existe
actuellement dans la gestion des déplacements régionaux par
transport en commun dans la région de Montréal. Il importe de
combler ce vide par une approche globale quant aux déplacements
régionaux et de ne pas se limiter aux seuls aspects des déficits
opérationnels locaux.
Combler le vide, c'est mettre sur pied un organisme régional de
transport dont le mandat serait d'administrer, d'organiser et de planifier les
déplacements régionaux par transport en commun. L'administration,
d'abord, verrait à identifier les déplacements régionaux,
à identifier les coûts de ces déplacements, à
définir les tarifs et les contributions financières.
L'organisation, ensuite, verrait à coordonner l'ensemble des
équipements de perception, les ressources et les équipements
nécessaires à la prise en charge des déplacements
régionaux La planification se concentrerait sur le développement
des Infrastructures du réseau régional: le métro, les
trains de banlieue, les terminus régionaux, les stationnements
d'incitation, les voies réservées interréseaux.
Nous souhaitons partager cet objectif avec les membres de cette
commission, mais aussi avec l'ensemble des Intervenants du transport en commun
de la région de Montréal.
Quant à nous, i nous importe d'éviter qu'un seul organisme
local ne prenne en charge l'administration des déplacements
régionaux et la planification du développement des
infrastructures régionales et n'en transfère aux autres les
coûts. Dans ce but, nous entendons proposer les moyens les plus propices
pour atteindre cet objectif et, parmi eux, ceux qui constituent notre
choix.
Les exemples d'organismes régionaux de transport existant depuis
de nombreuses années à l'étranger sont nombreux et ont
pris des formes diverses. Mais, quelle que soit cette diversité, il
semble se dégager certaines constantes: l'organisme régional a la
responsabilité de la planification, du financement et de la coordination
des services régionaux; $ est sous le contrôle des élus
locaux, il a accès à une quatrième source de financement
et, enfin, il a la responsabilité de fixer la structure tarifaire.
Quant à notre région, trois solutions sont possibles: le
statu quo au niveau des organismes de transport avec une structure de
coordination; un organisme régional pour la gestion des réseaux
régionaux; un seul organisme pour gérer l'ensemble des
déplacements locaux et régionaux. Le statu quo doté d'une
structure de coordination a déjà démontré ses
limites avec antérieurement le COTREM et, plus récemment, les
tables de concertation. Un seul organisme de transport pour gérer les
déplacements, autant les locaux que les régionaux, devrait
être la solution ultime vers laquelle nous pourrions nous diriger. Mais,
comme elle s'écarte passablement de la géographie politique
morcelée de ta région, il nous semble plus pratique de limiter la
régionalisation à la mise sur pied d'un organisme régional
qui prendrait en charge les déplacements régionaux, laissant aux
sociétés ou aux conseils intermunicipaux existants la
responsabilité des déplacements locaux.
Pour ce qui est du cadre institutionnel, l'organisme régional de
transport pourrait voir sa composition et ses pouvoirs définis selon ses
responsabilités de gestion des déplacements régionaux. Il
serait composé de représentants des municipalités de son
territoire de juridiction et de représentants gouvernementaux. Les
représen-
tants siégeant au conseil de l'organisme régional seraient
des élus. Bien entendu, ce serait un organisme léger,
formé d'un représentant des organismes suivants: la ville de
Montréal, les autres viiles de la CUM, la ville de Lavai, le
regroupement des municipalités du territoire juridique de la STRSM et le
gouvernement.
Le territoire régional serait celui des trois
sociétés de transport. Le conseil verrait à mettre en
place l'organisation nécessaire pour voir à la mise en oeuvre des
décisions. Les pouvoirs de l'organisme régional seraient
adaptés à sa responsabilité de gestion des
déplacements régionaux: premièrement, gérer
l'instrument de transport régional par excellence, soit le métro;
ensuite, gérer d'autres équipements qui seront reconnus comme
tels par l'organisme régional; fixer les niveaux de service des
équipements régionaux de transport en commun; fixer les tarifs
des déplacements régionaux; percevoir les revenus et redistribuer
revenus et subventions des déplacements régionaux entre les
sociétés de transport. Il agirait à ce titre comme une
chambre de compensation, selon des mécanismes à établir.
Gérer, ensuite les équipements régionaux et confier des
mandats d'opération aux sociétés de transport ou à
des transporteurs privés. Enfin, planifier, développer et
construire les prolongements du métro.
La venue de cette nouvelle structure pour prendre en charge les
déplacements régionaux conduirait à une modification des
responsabilités des organismes publics de transport existants qui se
verraient confier, dans certains cas, l'exploitation des équipements
régionaux sur la base d'un mandat de l'organisme régional. La
STCUM se verrait, par exemple, confier l'exploitation et i'entretien du
métro; la STRSM, le centre d'échange terminus-station Longueuil;
la STL, le centre d'échange terminus-station Henri-Bourassa, etc.
Dans un contexte où la STCUM a indiqué sa volonté
de transférer une partie de ses déficits d'exploitation aux
municipalités constituantes de la STRSM et à la viiie de Laval
et, à la suite de l'insuccès qu'a connu le comité
technique sur les effets de débordement de la table de concertation, les
élus de la rive sud et ceux de Laval ont mis sur pied un comité
de travail pour jeter les bases d'un nouveau cadre financier adapté
à cette structure régionale.
Les orientations sont les suivantes: L'organisme régional
fixerait les tarifs des déplacements sur le réseau
régional, auxquels tarifs s'ajouterait, s'il y a lieu, le tarif pour le
déplacement local. Les tarifs régionaux seraient établis
de façon à couvrir 50 % des coûts d'exploitation du
réseau régional. Les autres sources de financement seraient les
contributions des municipalités pour 20 %; le gouvernement, 20 % et une
quatrième source de financement, 10 %. La répartition du
déficit aux municipalités se ferait en fonction du potentiel
fiscal de chacune des municipalités. Différentes
possibilités ont déjà été examinées
quant à cette quatrième source. L'organisme régional verra
à faire des propositions au gouvernement sur les sources les plus
appropriées et leur impact financier.
Les coûts d'exploitation du métro seraient fixés par
l'organisme régional sur la base d'un coût moyen par usager
transporté. Les dépenses d'exploitation excluraient ie service de
la dette du métro qui serait pris totalement en charge par une
subvention gouvernementale.
Quant au cadre tarifaire, les politiques en ce domaine pour le transport
en commun dans la région de Montréal sont établies
isolément et varient sensiblement d'un territoire juridique à
l'autre. Même si elles sont prises isolément, les décisions
d'une entité ont des répercussions importantes sur les autres
entités et, par conséquent, sur la contribution des
municipalités.
Ces politiques tarifaires conduisent à des coûts fort
différents des déplacements locaux sur deux territoires
juridiques. C'est la somme de ces deux coûts qui tient lieu de politique
tarifaire interzonale actuellement. Il y a donc lieu de revoir la structure
tarifaire pour se rapprocher des objectifs suivants: établir une
struture tarifaire commune à tous les déplacements locaux;
permettre la facilité d'utilisation aux usagers; inciter à une
coordination plus grande entre les services locaux et régionaux;
maintenir la contribution des usagers à la moitié des coûts
d'exploitation.
Chaque fois qu'un résident de la région de Montréal
entreprend un déplacement régional par transport en commun, de la
rive sud ou de Laval vers Montréal, aussi bien que de Montréal
vers la rive sud ou Laval, il occasionne un coût à chacun des
transporteurs publics. Or, la région n'est pas organisée
actuellement pour bien gérer ces déplacements, autant pour le
bénéfice des usagers qu'au nom d'une saine gestion des fonds
publics. (12 h 45)
Nous recommandons donc de distinguer les déplacements
régionaux des déplacements locaux, de mettre en place une
structure de gestion de ces déplacements régionaux, de lui
confier l'exploitation du métro et la planification des prolongements.
Seul un organisme régional où nous serions
représentés constitue une solution viable et qui nous serait
acceptable pour dénouer la crise financière qui entoure
actuellement la question des déplacements régionaux. Nous en
avons esquissé les contours dans ce mémoire, en espérant
susciter un débat positif d'où émergera rapidement la
création d'un tel organisme.
Je pense, M. le ministre, que cela doit être rafraîchissant
pour vous d'entendre que deux sociétés de transport sur trois
dans la région de Montréal se sont penchées sur une
problématique et ont tenté d'y trouver une solution sans vous
envoyer, à vous, la facture du compte à recevoir. Merci, M. le
Président, mesdames et messieurs.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci,
Mme la présidente. Cela complète votre
présentation. Y a-t-il consentement, d'abord, des deux
côtés pour qu'on puisse continuer, au-delà de 13 heures,
les deux blocs de 20 minutes de discussion? Cela va. M. le ministre, vous avez
la parole.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Effectivement, c'est une très belle matinée.
Moi qui, depuis la commission parlementaire du mois d'août 1987, avait
tenté de réunir des gens autour d'une table, dans ce que vous
avez appelé un comité technique, pour tenter d'en arriver
à solutionner une partie des problèmes vécus dans cet
organisme régional de transport en commun, force m'est d'admettre qu'on
a fait un certain chemin, même s'il paraissait très difficile d'en
arriver à une solution très claire.
Votre mémoire a le mérite, ce matin, de proposer quelque
chose de très clair et qui est à la fois la volonté de la
STL et de la STRSM, donc cela m'apparaît très clair: la
création de cet organisme régional. On se souviendra qu'au cours
du mois de novembre ou de décembre, à la suite de la nouvelle
crise financière de la STCUM, J'avais évoqué qu'en
février je convoquerais toutes les parties pour en arriver à la
création de cet organisme régional. Je ne sais si c'est cette
annonce qui a fait en sorte que tout le monde se parle et que tout le monde
tente de régler bien des problèmes avant même qu'on arrive,
mais 1 est heureux qu'une proposition comme celle-là soit sur la table.
C'est une proposition qui semble assez équilibrée dans le sens du
respect des cadres juridiques, des cadres géographiques et c'est une
proposition concrète.
Il est clair que, lorsqu'on parle d'un organisme régional comme
celui-là, il y a un certain nombre de questions qui se posent. Je
voudrais aller droit au but puisqu'on parle de déplacements
régionaux. La solution souhaitable comprendrait à ta fois les
déplacements locaux et régionaux. Je ne crois pas qu'on puisse en
arriver là dans une première étape. Donc, il est
réaliste de penser qu'on aborde davantage les déplacements
régionaux. Dans votre esprit, la voie réservée sur le pont
Champlain, qui pourrait devenir l'estacade éventuellement, par autobus,
est-ce pour vous un déplacement régional qui serait donc soumis
à la coordination de ce comité régional?
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci, M. le
ministre.
Mme Gravai: Dans notre esprit, un déplacement
régional, c'est du moment qu'un usager, qui part de chez lui pour se
rendre soit à son travail, à l'école, à un loisir,
où que ce soit, doit emprunter plus d'un outil de transport et, dans un
deuxième temps qu'on pourrait regarder, doit aussi passer sur plus d'un
territoire juridique. Je pense que ce sont deux éléments qu'il
faut regarder dans ce sens-là.
M. Côté (Charlesbourg): Mais, à ce moment-ci,
peut-on conclure que les autobus qui servent à déplacer environ
15 000 personnes par jour de la voie réservée du pont Champlain,
qui parlent donc du territoire Juridique de la STRSM, qui viennent au terminus
du centre-ville, soit pour emprunter le métro ou emprunter l'autobus sur
l'île de Montréal, seraient soumis à la coordination de
l'organisme régional ou si, dans votre esprit, c'était uniquement
le transfert dans le métro?
Mma Gravai: Écoutez, si un jour il y a un métro qui
vient sur la rive sud, je pense qu'il faudra bien être cohérents
et puis penser que ça aussi, ça devient du régional.
M. Côté (Charlesbourg): C'est le cas actuellement
avec la ligne de Longueur
Mme Gravai: Ce qui remplacerait éventuellement l'estacade
peut-être.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, d'accord. Dans la
proposition de création d'un organisme léger, si j'ai bien
compris, ce serait cinq personnes.
Mma Gravai: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Une représentant la
ville de Montréal...
Mma Gravai: Oui.
M. Côté (Charlesbourg):... une représentant
la CUM...
Mma Gravai: Oui.
M. Côté (Chartasbourg):... une représentant
la ville de Laval, une représentant le regroupement des
municipalités du territoire juridique de la STRSM et une personne du
gouvernement, finalement. Dans votre esprit à vous, bien sûr qu'il
y a dépendance des sociétés de transport de la rive sud et
de Laval avec la STCUM. Quelle est la place que l'on pourrait faire aux CIT.
puisque vous avez une relation de la STRSM avec les CIT de la rive sud de
Montréal alors que la STL a une certaine relation avec les CIT du nord
de Montréal?
Mme Gravel: Je pense qu'il n'y aurait pas de problème
parce qu'un jour peut-être une partie de la facture qui a failli nous
être envoyée pourrait leur être envoyée aussi parce
qu'il y a des gens des CIT qui utilisent le métro de Montréal.
À ce moment-là, je pense qu'on pourrait leur faire une place, X
n'y a pas de problème.
M. Côté (Charlesbourg): Sur le plan de fa
coordination parce que, si c'est vrai dans un sens, c'est aussi vrai
pour eux...
Mm® Gravel: C'est cela.
M. Côté (Charlesbourg):... malgré le fait que
les déplacements soient moins nombreux. Vous avez très
certainement entendu la présentation de M. le maire de Laval tout
à l'heure qui, lui, nous proposait un monorail. Est-ce que, dans
l'esprit de votre proposition, on pourrait se retrouver dans la situation
où cet organisme régional de transport ferait la planification,
la coordination et, finalement, la gestion, d'après ce que j'ai compris
aussi, en bonne partie à la fois du monorail qui desservirait le
territoire de Laval, du métro qui desservirait l'île de
Montréal et une partie de la rive sud? Est-ce que c'est cela, la
proposition? Est-ce que ce monorail qui desservirait le territoire de Laval
serait sous l'emprise de la structure régionale?
Mme Gravel: Je pense qu'on pourrait regarder cela
ultérieurement compte tenu du fait que j'ai appris ce matin et, par les
journaux hier, ce que M. le maire de Laval nous proposait. Alors, je pense
qu'on pourrait regarder cela ultérieurement. C'est évident, M. le
ministre, que, si c'est soumis à la politique du gouvernement en ce qui
a trait aux subventions régionales comme d'autres
éléments, je pense qu'on pourrait facilement l'intégrer
comme notre estacade, comme le développement du métro sur la rive
sud. il va falloir être cohérents.
M. Côté (Charlesbourg): Cela m'ouvre la porte pour
poser une question à M. le maire de Laval, qui est encore à la
table, puisqu'il m'a reporté tantôt à un peu plus tard pour
une question en me disant: Lorsqu'il y aura la table commune, on pourra
toujours aborder cette question. Dans votre esprit, dans la mesure où un
équipement comme le monorail est construit, où il y autorisation
de part et d'autre et qu'on s'entend bien sur le territoire à desservir,
est-ce un équipement qui pourrait faire l'objet, en ce qui a trait
à l'immobilisation, d'une subvention gouvernementale? C'est clair que
tout le monde souhaite 100 %, mais est-ce qu'il pourrait y avoir une
participation du milieu municipal?
M. Lefebvre (Claude): Écoutez, la dernière
politique connue du gouvernement au sujet du métro, c'est que vous
payiez 100 %. C'était la dernière. S'il y a une nouvelle
politique qui s'installe, on va s'asseoir et on va en discuter. Jusqu'à
maintenant, dans chacun des programmes du gouvernement, notre contribution aux
voies de service telle l'autoroute 440 et à différents autres
projets est éloquente à ce sujet comme à plusieurs autres.
Ma réponse, c'est oui, sauf que c'est bien sûr que, si ma grande
voisine reçoit 100 % pour son métro, je ne vois pas pourquoi,
moi, je n'en recevrais pas autant, surtout que j'en demande moins en termes...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lefebvre (Claude): Je marche moins vite. Cela dit, c'est
toujours une question de faisabilité; il faut savoir quels sont les
moyens du gouvernement et quels sont les moyens de la ville parce que, si on
n'a pas les moyens ni l'un ni l'autre de se payer un métro, cela ne sert
à rien de le bâtir. Déjà, en ce qui a trait au
fonctionnement, dans la proposition qu'on vient de vous faire là, c'est
bien sûr que le gouvernement prend une partie de l'ancienne dette parce
que tout le monde a dit que les métros étaient
considérés comme des autoroutes. C'était un vieux dicton:
le métro, c'était l'autoroute pour les usagers du transport en
commun. Cela devrait être ça à Laval comme ailleurs.
Jusqu'à maintenant, je n'ai pas vu beaucoup de villes payer pour la
construction d'autoroutes. Pour les voies de service, oui.
M. Côté (Charlesbourg): Pour les autoroutes, mais
dans le cas du métro, il fut un temps où 60 % de la facture
étaient payés par le gouvernement du Québec.
M. Lefebvre (Claude): Oui, initialement, sauf depuis la
réforme sur la fiscalité municipale, en 1980, je pense, qui a
été...
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que je peux conclure
qu'il y a...
M. Lefebvre (Claude): On est toujours parlables, comme à
l'habitude.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Mme Gravel, dans
votre intervention, je ne sais pas si j'ai bien saisi, mais quant aux
coûts de fonctionnement de ce métro, de ses structures sur le plan
régional, 50 % des coûts de fonctionnement seraient payés
par l'usager. Est-ce que j'ai bien compris?
Mme Gravel: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que, dans ce cas-ci,
cela apparaît justifiable? Règle générale, on est
dans une situation où l'usager paie entre 35 % et 40 %. Cela
signifierait, dans ce cas-là, une augmentation, j'imagine.
Mme Gravel: J'ai l'impression, M. le ministre, que vous n'avez
plus le goût d'en mettre plus dans nos enveloppes. Actuellement, les
municipalités, je pense, font une très belle part. Socialement,
je pense que les municipalités s'impliquent et en mettent beaucoup. Je
pense que l'usager doit aussi faire sa part, qu'il faut aller vers ça,
on n'aura pas le choix.
Quant à la quatrième source de financement, tant mieux si
on trouve quelque chose, je
pense que ça réduirait d'autant... Je pense que 50 % pour
un bon service - pas un service cahin-caha, mais un bon service qu'on donnerait
- nos usagers seraient capables de l'accepter.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, dans la
présentation, ce partage, 20 % pour le gouvernement du Québec,
c'est moins que ce qu'il paie actuellement. Les 10 % d'autre source, c'est une
autre source qui est toujours difficile à trouver. Notre
quatrième partenaire, on en parle depuis déjà fort
longtemps et tout le monde nous fait de bonnes propositions, mais toujours dans
le champ de taxation du gouvernement du Québec. Cela devient un peu
difficile de ie trouver. il reste qu'un projet soumis comme celui-là
doit être analysé par le gouvernement. Il est, quant à moi,
bien structuré sur le plan de cette vision régionale et des buts
qu'on doit atteindre. Cela me paraît, dans ce cas-ci, une proposition
assez réaliste.
Est-ce que, dans cette concertation STL-STRSM, vous avez eu des
contacts, quoique préliminaires, avec la STCUM quant à cette
proposition?
Mme Gravel: Non, M. le ministre. Informel-lement.
M. Ferland (Roger): M. le ministre, si vous me le permettez, nous
avons eu une rencontre très brève, hier, avec des
représentants de la CUM. Je pense qu'à l'oeil ce n'est pas
rejeté. Cela ne semble pas accepté comme ça, les yeux
fermés. C'est sûr que c'est une solution qui mérite
d'être examinée.
M. Côté (Charlesbourg): Cela va pour le moment, M.
le Président.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Je vous remercie, M.
le ministre. Peut-être un commentaire par rapport à ce qui a
été mentionné tantôt par vous, M. le ministre. Vous
savez, la concertation STL-rive sud, cela ne date pas d'hier. J'ai eu la
chance, il y a quelques années, de participer, bien sûr à
titre de président à la STRSM, a la concertation avec Laval. Je
suis heureux de voir qu'aujourd'hui, conjointement, le cheminement continue
à se faire. Parce que le problème de la grande région de
Montréal et des banlieues face à Montréal et à la
CUM mérite une concertation. Je pense que l'esprit de clocher qui
existait dans les années 1975 à 1980 s'estompe. Je
félicite les gens de la STRSM, de la rive sud, les élus, de
même que ceux de Laval pour ce travail de concertation quant à un
organisme régional, d'être capables de faire une concertation et
surtout d'amener le gouvernement, finalement, à explorer de nouvelles
voies. C'est dans ce sens qu'on travaillait dans les années 1983, 1984
et 1985. C'était un commentaire que je voulais faire.
Je vais maintenant passer la parole à M. le député
de Lévis pour un bloc de 20 minutes. M. le député.
M. Garon: M. le Président, je veux remercier les gens de
la Société de transport de la rive sud de Montréal, de
même que ceux de la Société de transport de Laval
d'être ici avec nous aujourd'hui. (13 heures)
J'aimerais poser une question. En 1982 - je ne la pose pas avec des
idées derrière la tête, c'est pour voir un peu comment
ça chemine - le plan du ministre des Transports du temps, M. Michel
Clair, proposait des éléments que contient votre mémoire
sur la régionalisation du transport en commun dans la région de
Montréal. Le plan ne semble pas avoir eu assez de consensus ou d'appui
pour qu'il soit mis en oeuvre. Croyez-vous qu'aujourd'hui les intervenants de
la région de Montréal sont plus mûrs sur le plan
régional - non pas pour ce qui est du gouvernement ou du Parlement de
Québec - pour une régionalisation de l'organisation et du
fonctionnement des équipements de transport collectif?
Mme Gravel: Une chose est certaine, les usagers sont de plus en
plus exigeants. Ils exigent l'entrée au centre-ville de Montréal
dans des délais et des conditions beaucoup plus favorables. Je pense
qu'il faut qu'on ait les éléments pour leur donner un meilleur
service. Si nous sommes mûrs, c'est peut-être aussi parce que nous
voulons plus pour les usagers. Vous n'êtes pas sans savoir que le
prolongement souhaité du métro sur la rive sud, du
côté de Longueuil ou de Brossard, ne pourrait se faire dans les
structures actuelles où la STCUM est le seul maître et
décideur. Donc, c'est simple, nous voulons partager pour avoir plus pour
nos usagers.
M. Garon: Ce n'est pas tout à fait l'objet de ma question.
Je disais que le plan proposé par le ministre des Transports en 1982
était un plan de régionalisation du transport en commun.
Une voix: Semblable.
M. Garon: II n'était pas identique, mais beaucoup
d'éléments étaient de même nature.
Mme Gravel: Si vous me le permettez, M. Garon, dans ce
sens...
M. Garon: J'aimerais savoir si, aujourd'hui, vous sentez que,
dans la région - je comprends que les usagers voudraient que cela aille
mieux - pour ce qui est des organismes, il y a un consensus plus fort qu'en
1982 ou si c'est à peu près la même situation en termes de
consensus.
Mme Gravel: Je peux vous parier du consensus actuel, mais pour
faire un retour à 1982, je dois vous avouer que je n'étais pas en
politique à ce moment-là. M. Lefebvre pourrait vous informer du
parallèle entre 1982 et 1988.
M. Lefebvre (Claude): C'était ie projet du ministre Michel
Clair, à l'époque. Il nous avait convoqués. La STL et la
ville de Lavai avaient accepté la création d'un organisme
régional de transport léger. À l'époque, il y avait
un blocague au niveau du COTREM qui nous apparaissait comme un organisme lourd.
On voulait transférer des plans, etc. Ce qui faisait un peu peur aux
municipalités de banlieue à l'époque, c'étaient
tous ces gens qui avaient travaillé au métro de Montréal
et qui étaient passés au COTREM. On arrivait avec un paquet de
solutions quantifiées. Les CIT nous arrivaient, c'était tout
nouveau. Les CIT ont été installés. D'abord, il a fallu
les mettre sur pied et cela n'a pas été facile à
l'intérieur de leur propre territoire. Ensuite, il a fallu coordonner
cela avec les commissions de transport. Nous avons fait nous-mêmes des
contrats de services. Il y avait le secteur scolaire là-dedans. Mais on
a avancé, de 1982 à 1989. Cela ne fait pas tout à fait
sept ans; je me souviens que c'était à l'été. Cela
va beaucoup mieux. Les CIT du nord, chez nous, vont raisonnablement bien. On
s'échange des services. On a quitté des territoires. Je pense que
les gens sont plus mûrs aujourd'hui.
À cette époque, justement avec le président
d'aujourd'hui, j'avais eu des rencontres sur cette question. Aujourd'hui, cela
se fait encore avec la rive sud. Je dois vous dire que, depuis hier, on sent
une certaine ouverture; nous espérons donc être capables de
maintenir cette même ouverture, la non-animosité, une certaine
fraîcheur, une ouverture d'esprit avec le STCUM. Vous savez, il y a
peut-être des choses à corriger dans la géopolitique de la
STCUM face au transport régional. C'est ce qu'on fait en essayent de
régionaliser. Il y a une volonté commune parce qu'il y a des sous
sur la rive sud et peut-être même un peu plus que chez nous. C'est
de 15 000 000 $, 16 000 000 $, 20 000 000 $ par année qu'on parle. Les
gens qui ne payaient absolument rien auparavant, aujourd'hui, dans les
municipalités de Terrebonne et de Saint-Eustache sont obligés de
payer; c'est nouveau pour eux. Avec le temps, ils vont y arriver.
C'était difficile pour les gens de la rive sud et les gens de la rive
nord de penser à payer pour le transport en commun. C'est quelque chose
qui se bâtit lentement.
Au moment où on se parle, la concertation est bien faite et
j'imagine qu'on pourra arriver, avec des rencontres, si on y met toute notre
bonne volonté, à dégager des consensus avec les trois
grandes commissions de transport et à faire, finalement, un organisme
régional de transport léger, mais qui aura des objectifs. Quand
on parle de tarification, c'est un objectif d'avoir une tarification qui se
tient. Quand on parle d'avoir un seul système de perception, c'est un
autre objectif. Quand on parle d'éviter les fraudes qui se font, c'est
un autre objectif. Quand on parle des interfaces entre les différents
systèmes, c'est un autre objectif. Et plus on facilite le transport,
plus c'est facile. Mais plus on le complique, vous savez... Quand vous avez une
carte de la STL, une carte de la CUM, des billets, des correspondances, ce
n'est pas nécessairement ce qu'il y a de plus encourageant, à
moins que vous ne soyez tenu de le faire.
Si on pouvait contrôler le nombre de passages, si on pouvait avoir
une carte débit, si on pouvait avoir des stationnements incitatifs, si
on pouvait avoir la facilité d'entrer dans un réseau ou dans
l'autre et de se faire débiter sur une carte, si on était capable
d'éviter les fraudes, de planifier le développement en fonction
la région et non pas en fonction d'une possession d'une ligne de
métro ou en fonction d'une population. Il faut penser en termes de
région, de déplacement des personnes et de qualité de
vie.
M. Garon: Je comprends que ça prendrait normalement une
loi pour établir un organisme régional sans doute. Pensez-vous
que ça peut se faire avec un consensus au niveau régional des
organismes élus ou si ça prendrait une loi pour que ça se
réalise si ie voeu est que ça se réalise, une loi
qu'imposerait le gouvernement ou l'Assemblée nationale?
Mme Gravel: Je pense qu'il serait souhaitable que nous en
arrivions à un consensus avant qu'on nous impose une loi et que,
peut-être dans un deuxième temps, on puisse participer à
l'élaboration d'un cadre qui nous régira ici. On l'a dit, je
pense, préalablement, que des lois qui régissent les
sociétés de transport devront être modifiées. Alors,
veux veux pas, il devra y avoir un aspect législatif à ce
niveau-là.
M. Garon: Mais pensez-vous que c'est réalisable - parce
que là vous venez de commencer à vous parler, mais vous vous
étiez parlé avant aussi, peut-être pas aussi formellement
que sur un document - qu'un consensus régional des organismes
impliqués puisse établir un organisme régional de
coordination, comme vous le mentionnez dans votre mémoire?
Mme Gravel: Oui.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Oui, M. le maire de
Longueuil.
M. Ferland: M. le Président, je pense qu'un consensus
pourrait se faire dans la mesure où on pourrait démontrer
à Montréal que ça ne leur coûterait pas plus cher et
qu'on pourrait donner du service. Le problème de Montréal
actuelle-
ment, c'est un problème financier. Montréal nous
réclame des sommes qu'on ne veut pas payer étant donné
qu'on n'a pas de droit de regard sur la façon dont la
Société de transport de la CUM est administrée. Dans la
mesure où on pourra administrer ensemble un réseau de transport
qui sera un réseau régional, je pense qu'on peut en arriver
à un consensus si on est capables d'arriver à se partager les
frais de façon équitable. Maintenant, est-ce que c'est la
volonté des autorités de la STCUM de le faire? Bien,
écoutez, je vous ai dit qu'on en a parlé hier et, à
l'oeil, on n'est pas capable de nous dire ni oui ni non, mais je pense que le
dialogue est ouvert et on peut continuer à en parler un peu.
M. Garon: Votre document n'en parle pas véritablement. Il
parle de fixation de taux, etc. Mais là, on voit qu'il y a un
déficit envisagé de 3000000$ à 4000000$, mais qui a
été compensé en partie par le gouvernement. En 1993, on
parle de 93 000 000 $. Je vois bien qu'on parle d'une quatrième source
de financement qui n'est jamais beaucoup Identifiée. Il y a eu des
propositions...
Mme Gravel: Je pense à ce qu'on peut gérer comme
quatrième source de financement, M. Garon. Il ne faut pas se mettre la
tête dans le sable. Prenons la fraude. Il existe de la fraude...
M. Garon: Oui.
Mme Gravel: ...et je pense qu'on peut facilement aller chercher
là peut-être 4 % de nos revenus.
Une voix: À ce point-là?
Mme Gravel: Dans un deuxième temps, il y a une meilleure
gestion...
M. Garon: Mais par rapport au déficit anticipé, ce
sont des montants assez considérables.
Mme Gravel: Oui, d'accord. Mais s'il y a plus d'argent et si la
gestion est mieux contrôlée, je pense qu'il y a peut-être
lieu d'avoir un déficit moins important. Je pense que la fraude est un
élément important pour aller chercher des revenus. Qu'on commence
donc par aller chercher au moins les revenus auxquels on a droit et ce sera
déjà quelque chose.
Deuxièmement, au sujet de la tarification, ce n'est pas facile
pour les élus de Laval et de la rive sud d'avoir à
présenter des augmentations tarifaires comme celles qu'on a faites, mais
je pense que c'est le prix à payer par l'usager pour avoir un transport
auquel il a droit. Il faudra donc que les gens prennent leurs
responsabilités. Écoutez, la STCUM n'a pas augmenté ses
tarifs pendant un certain temps, puis elle les a aug- mentés de quelques
sous. Ce n'est pas facile de gérer dans ce sens-là.
M. Garon: Mais, là, les montants envisagés comme
déficit sont assez importants. La fraude, au fond, n'est pas une source
de financement. Vous vouiez dire qu'une meilleure gestion, un meilleur
contrôle amènerait des revenus additionnels. Mais d'où
proviendrait la différence entre ce qui serait
récupéré et ce qui manquerait, dans votre esprit?
Mme Gravel: Dans notre esprit, on ne prend pas tout le
déficit de la STCUM, M. le député.
M. Garon: Mais, en fin de compte, ce sont souvent des questions
semblables qui causent des problèmes.
M. Lefebvre (Claude): Vous avez parfaitement raison, c'est
souvent une question de principe.
M. Garon: En principe, les gens s'entendent, habituellement.
M. Lefebvre (Claude): Cela va. C'est toujours quand arrive la
facture et c'est justement là que ça a commencé: on nous a
envoyé une facture; on ne participe pas et il n'y a rien là.
Mais je me souviens que, dans son livre de présentation, le maire
actuel de Montréal faisait état que, quant à lui, le
commerce et l'industrie ne participaient pas suffisamment au paiement du
transport en commun, et ça, c'était le document de 1986. Encore
dernièrement, quand on débat de la fiscalité municipale,
ce que j'entends de la part de Montréal, c'est qu'il y a un glissement
de la facture fiscale vers les propriétaires de résidence, ce qui
avantage d'autant commerces et industries. Il faut penser que ies grands
instruments de transport qui nous conduisent au centre-ville amènent
quand même une fiscalité supérieure en termes
d'évaluation, mais amènent des bénéfices
également en termes de vente. Quand, en Europe, on fait le
versement-transport des employeurs, ça indique déjà que
celui qui a besoin du transport pour faire vivre son économie paie en
partie pour ça. Le versement-transport avait été
étudié, si vous vous en souvenez. On avait même
parlé, en 1982, de prendre le péage des autoroutes et de le
remettre là-dessus, on avait parlé d'une taxe sur l'essence, on
avait parlé d'une taxe sur l'immatriculation.
Mais, ce dont on parle actuellement, c'est d'une augmentation
raisonnable du tarif. Vous savez, pour la personne de la rive sud ou de Laval
prenant deux réseaux de transport, c'est un tarif de base de 1,35 $ plus
1 $, donc 2,35 $. À Montréal, c'est 1 $, avec un métro en
plus, et une carte d'étudiant qui coûte 11 $, ce qui est bien
inférieur à nous. Si vous prenez ces montants, vous ne parlez
plus de 93 000 000 $ de
déficit, c'est réduit davantage. On ne dit pas qu'on ne
veut pas participer, on dit qu'on va vouloir participer. On dit: Vous ne
participez pas. Mais oui, je participe chez nous. Nous payons pour ie
transport. C'est bien sûr que, quand Sa ville de La Salle dit: Oui, mais
mes gens paient pour ie transport à Montréal et toi tu ne paies
pas, je dis: Oui, mais toi, tu as le service de la STCUM, mais nous autres,
nous sommes obligés de ie fournir par la STL, nous payons à la
STL, parce que la STL n'est jamais en déficit.
M. Garon: Êtes-vous sûrs que vous êtes beaucoup
pius proches d'un consensus, parce que...
M. Lefebvre (Claude): Oui, je le pense.
M. Garon:... Montréa! disait que c'est vous autres qui
deviez payer et vous, d'après ce que j'entends, vous dites que ce sont
eux qui devraient payer? Ha, ha, ha!
M. Lefebvre (Claude): Non, non, on a fait du chemin
là-dessus. Vous savez, à un moment donné, on a fait
une...
M. Garon: Le chemin que vous avez fait est dans quel sens?
M. Lefebvre (Claude):... proposition disant: Écoutez un
peu, prenez donc les déficits de toutes les commissions de transport,
mettez-les ensemble et divisez-les selon l'évaluation de chacune des
municipalités. Savez-vous ce que ça veut dire? Nous avions fait
cette proposition: Prenez tous les déficits des trois commissions de
transport, faites-en un déficit consolidé et divisez-le en
fonction de l'évaluation foncière de l'ensemble. Cela ne nous
coûte pas un cent de plus et ça ne leur coûte pas un cent de
plus. Alors, venir dire que nous ne faisons pas notre effort pour le transport
en commun, c'est une fausseté. Nous faisons notre effort. Cependant,
nous disons: D'accord, si nous voulons développer un instrument
régional, nous allons le traiter régionalement, nous allons le
gérer régionalement et nous allons payer régionalement.
Puis ça, nous l'avons déjà calculé, ça veut
dire à peu près 3 000 000 $ de plus pour chacune de nos
sociétés. (13 h 15)
Nous sommes ouverts, mais pas à nous faire envoyer une facture
sans qu'on ne nous ait jamais consultés. On ne nous a jamais
parlé, lorsqu'on parlait de bâtir la ligne Jean-Talon, du montant
du déficit. On ne nous a pas encore consulté sur les lignes de
Montréal-Nord et de l'est. Ils font à leur tête. Les lignes
d'autobus ne doivent pas être bien bien payantes. Pourquoi les Lavallois
paieraient-ils pour le déficit du transport du West Island? ils paient
déjà chez eux.
Cela ne doit pas être bien payant, vous savez, de faire passer ces
gros autobus par Kirkland et Senneville et de les faire entrer à
l'île Bizard. C'est ça, eux aussi ont ce problème! Mais,
quand on donne un service à la population, il arrive qu'on envoie un
autobus dans un endroit où il y a moins de monde et qu'il en revienne
avec moins de monde. On paie ie déficit et eux aussi ie paient.
Bon, c'était la chicane et on a dit: Bien, il y a
également des bienfaits. Mme la présidente avait bien dit
à Montréal: Écoutez un peu, vos commerçants et ce
qu'ils vendent, la taxe de vente, etc., c'est de la "business" pour vous
autres, ça. Quand on envoie 220 000 personnes par jour à
Montréal, plus les étudiants, plus d'autres personnes, vous ne me
direz pas que ça ne rapporte pas quelques sous à quelqu'un
quelque part!
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le député de
Terrebonne, il reste deux minutes au bloc de l'Opposition, peut-être une
dernière question.
M. Blais: Oui, ce serait au maire de Laval, si possible. Vous
pariiez tantôt de poiycentrisme et, bien sûr, les organismes qui
sont ici parient de leur coin, soit de la rive sud, soit de Laval, mais vous
apportiez, comme solution comme polycentriste, le monorail, parce que c'est
plus rentable, plus facilement déplaçable. On se souvient que,
déjà en 1982, il en était question. On appelait ça
un métro hors terre, dans ce temps-là, en ne spécifiant
pas de façon définitive monorail. Sur la rive nord, vu qu'il y a
du poiycentrisme et qu'il ne s'arrête pas à Laval, ce monorail se
rendrait à Terrebonne, à Mascouche, à Lachenaie, à
Le Gardeur et à Charlemagne. À Charlemagne, on arrive directement
près de Pointe-aux-Trembles. Éventuellement, le métro s'en
allant là-bas, il y aurait aussi un métro hors terre à
l'autre bout vers Pointe-aux-Trembles et ça ferait comme une boucle
tronquée, un cercle pour amener plus de monde, parce qu'il y a
au-delà de 200 000 personnes aussi dans ce coin-là. Est-ce que
vous pensez à un métro hors terre seulement pour Lavai ou cette
solution pourrait-elle aussi venir de l'autre coin, de Pointe-aux-Trembles, et
rejoindre la solution de 1982 qui était de l'étendre à Le
Gardeur et à Charlemagne par Terrebonne?
M. Lefebvre (Claude): Vous savez, M. le député, la
solution - et là, ce n'est peut-être pas une solution, mais une
suggestion - c'est quelque chose d'intéressant qu'il nous faudra
étudier. Bien oui, ça pourrait se rendre là. Cela pourrait
également se rendre jusqu'à Mirabel. Cela pourrait être un
service allant jusqu'à Mirabel, ça pourrait être un service
intégré à la ligne qui dessert
Sainte-Thérèse-de-Blainville, qui monte et descend. Oui,
ça pourrait être aussi ça il y a toutes sortes de
pensées. Il y a également l'autre petit modèle qui peut
desservir de plus
faibles concentrations. Ce sont toutes des choses auxquelles il faut
penser et il y a toujours un prix attaché à cela et une
population qui sera obligée de payer. Oui, nous sommes ouverts à
ça, bien sûr, mais c'est une suggestion. D'ailleurs, je pense que
c'est Tokyo qui est reliée à son aéroport par un
système de monorail, sauf que ce monorail est suspendu. Cela fonctionne
bien.
M. Blais: Une dernière question, M. le
Président.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Brièvement,
parce que votre temps est écoulé.
M. Blais: À madame. Vous faites une proposition selon
laquelle l'usager paierait 50 %. Je sais qu'en 1982 on vous disait 33 %, 33 %
et 33 % et non pas 50 % pour l'usager. Est-ce qu'il serait aussi envisageable
que, localement, l'usager paie 33 % et que, régionalement, il participe
à 50 %, ce qui, d'une certaine façon, défavoriserait
l'étalement urbain?
Mme Gravel: Je pense que ce que nous avons fait là est une
première proposition. Il y a d'autres propositions qui peuvent
être envisagées et, si c'est souhaitable et si ça peut
être réalisable, je pense que ce sont des choses qu'on pourra
regarder. Mais je pense que graduellement, comme je l'ai énoncé
tout à l'heure, les municipalités font déjà
grandement leur part. Les municipalités de la rive sud paient en plus
une partie de l'intégration tarifaire, alors que le gouvernement paie 50
% sur la carte de l'usager. Quand l'usager achète une carte, il en paie
une partie, mais il y a 6, 25 $ de donné par le gouvernement et 6, 25 $
par les municipalités. C'est cela qu'on appelle l'intégration
tarifaire. Donc, je pense que là aussi il y a un effort de fait.
Ce qu'il faut voir dans notre proposition de ce matin, c'est une
ouverture. Jusqu'à maintenant, nous avions dit: On ne veut pas de
facture, on ne veut rien savoir. Mais il ne faut pas se mettre la tête
dans le sable. À un moment donné, il faut avoir une ouverture
d'esprit et il faut essayer de trouver une solution. Alors, avant de nous en
faire Imposer une peut-être, nous aimions mieux essayer d'en trouver une.
Alors, dans ce sens, je pense que c'est une ébauche, mais très
sérieuse. Nous l'avons présentée dans ce sens, mais il y
aura d'autres discussions. Soyez-en assuré, monsieur.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci. M. le ministre,
il vous reste neuf minutes de votre bloc.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Tout tourne autour de la faisabilité ou de la
réalisation d'une structure régionale comme celle-là.
Rappelons-nous qu'elle est en bonne partie la conséquence des huit ou
neuf ren- contres que la table rive sud rive nord, STCUM et CUM a tenues avec
le ministère des Transports au cours de l'année 1988.
Rappelons-nous aussi qu'au mois de novembre j'ai dit que, d'ici la fin de
février, si je veux remplir le mandat que le Conseil des ministres m'a
confié pour une présentation au mois de mars, ce serait un sujet
qui devrait avoir connu son aboutissement.
Le document au sujet duquel seront conviés les Intervenants de la
rive sud, de Laval et de l'île de Montréal est maintenant
prêt. Il sera expédié aux personnes concernées, il y
avait effectivement à l'intérieur un scénario - puisqu'il
y en a cinq - qui s'apparentait de très près à celui
proposé ce matin et il y a aussi des chiffres. Compte tenu de toutes les
discussions que nous avons eues au cours de la dernière année, de
1988, il nous était assez facile de prévoir des scénarios
pouvant aller chercher un consensus. Ces documents seront donc
expédiés au cours des prochains jours, dès la fin de la
commission parlementaire - c'était notre priorité - de
façon à avoir les rencontres souhaitées, et intensives. Il
ne s'agira pas dans ce cas de faire une réunion de trois heures et de se
dire bonjour. S'il le faut, cela prendra une réunion de deux jours avec
les intervenants, de telle sorte qu'on ait fait le plus de chemin possible
à la conclusion de cette réunion pour éventuellement
transmettre au Conseil des ministres des propositions sur lesquelles il
tranchera, s'il n'y a pas eu de consensus.
Mais nous sommes à l'heure où il faut arriver à une
structure régionale. C'est ce que le Conseil des ministres a
indiqué dans une décision au mois de novembre et c'est dans ce
sens qu'on lui fera rapport au cours du mois de mars. La contribution de ce
matin était de rendre votre position publique. Cela situe très
bien ce qui, pour vous, paraît choses acceptables et choses discutables.
On pourra faire bien du chemin avec cette proposition avec la STRSM, la STL, la
STCUM, la CUM et le ministère des Transports d'ici la fin de
février.
Votre proposition a le mérite d'être publique et donc
d'être très bien connue. Elle est un pas en avant par rapport
à certaines discussions que nous avons eues en 1988. Je vous en
félicite. Je comprends que les modalités de la proposition sont
discutables. C'est ce que nous ferons d'ici la fin de février, dans
cette deuxième étape qui mènera à cette structure
régionale maintenant devenue indispensable et nécessaire.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Peut-être une
dernière question que j'aimerais poser par rapport à ce qui a
été dit ce matin et par rapport au fait que les deux
intervenants, rive sud et Laval, sont présents.
En 1983 et 1984 - le P. -D. G. de la STRSM, M. Modini, s'en souviendra -
il y avait eu des discussions avec la rive sud pour regarder aussi la solution
du monorail en vue de relier la partie est à la partie ouest,
c'est-à-dire de Boucherville
à Brassard, en longeant l'autoroute 30 et cela aurait pu
desservir des municipalités telles que Longueuii, Saint-Hubert, Brossard
et Boucherviile. Étant donné les 300 000 de population que Lavai
a - déjà, sur le territoire juridique de la STRSM, il y a
au-delà de 300 000 de population - que la croissance
démographique de la rive sud semble être un peu plus
accélérée que celle de la rive nord, est-ce qu'il a
été envisagé récemment ou sera-t-il envisagé
de regarder, en fonction aussi de M. le maire de Longueuil, l'extension du
métro? Je comprends qu'à Longueuii on ne pourra pas passer
nécessairement au soi, mais avoir, pour l'ensemble du reste de la rive
sud, un transport monorail hors terre, pas nécessairement
surélevé, est-ce que cela a été envisagé?
Est-ce qu'on ne pourrait pas, justement lors des prochaines études,
regarder cet aspect?
Mme Gravel: M. le Président, cela nous fera plaisir de
vous présenter nos orientations et nos projets, vendredi à cette
même table, avec le mémoire de la STRSM. Cela répondra
à votre interrogation.
Le Président (M. Parent, Bertrand): C'est à suivre.
Les travaux de la commission reprendront donc à 15 heures. Je
demanderais à tous ceux qui auront à intervenir, les membres de
la commission et les autres, d'être présents à temps pour
qu'on puisse commencer exactement à 15 heures. Merci, M. le maire de
Laval, Mme la présidente, M. le maire de Longueuii et M. le P. -D.
G.
(Suspension de la séance à 13 h 25)
(Reprise à 15 h 19)
Le Président (M. Parent, Bertrand): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend donc ses travaux. Cet
après-midi on a prévu siéger de 15 heures jusqu'à
18 heures avec les représentants de trois groupes.
Pour la première heure, ce sera la Chambre de commerce de Laval,
l'Association du camionnage du Québec pour la deuxième heure et,
de 17 heures à 18 heures, l'Association québécoise du
transport et des routes.
Alors, sans plus tarder, il me fait plaisir de souhaiter la bienvenue
aux représentants de la Chambre de commerce de Laval et aussi à
son président, M. Daniel Lefebvre.
M. Lefebvre, bonjour. On vous invite à présenter les gens
qui vous accompagnent et d'y aller par la suite avec la présentation de
votre mémoire. Vous avez 20 minutes.
Chambre de commerce de Laval
M. Lefebvre (Daniel): Bonjour, M. le Président. Bonjour,
M. le ministre et MM. les députés. À ma droite,
m'accompagnent M. Jean-
François Martel, vice-président de la Chambre de commerce
de Lavai, et, à ma gauche, M. Robert Cloutier, ingénieur,
administrateur à la Chambre de commerce de Lavai.
Dans un premier temps, je veux vous remercier, et surtout M. le ministre
Côté, de la possibilité que vous nous donnez de discuter du
plan d'action.
La Chambre de commerce de Lavai s'intéresse depuis de nombreuses
années au développement du transport routier sur son territoire,
mais aussi à l'extérieur de son territoire. D'ailleurs, la
chambre de commerce, la deuxième en importance au Québec,
regroupant au-delà de 2300 membres, a toujours adopté une
position très régionale. Dans les dernières années,
l'ensemble de ses représentations ont toujours été faites
dans cette optique, parce qu'elle a toujours cru que le développement
économique de Laval était intimement lié tant au
développement de la région des Moulins que du West Island et
même de l'est de Montréal
Nos commentaires porteront aujourd'hui principalement sur la
réalisation d'une voie de ceinture nord complète. Dans un second
temps aussi, nous voudrions insister sur un partage équitable des
investissements gouvernementaux, et ce dans les projets jugés
prioritaires pour la région.
Mais, avant d'aller plus avant dans nos recommandations, j'aimerais
établir les paramètres suivants. Selon Se plan d'action, nous
nous apprêtons à mettre de l'avant des projets ou une partie de
projets qui ont été planifiés dans les années
soixante-dix et, dans certains cas, certains de ces projets seront
réalisés jusque vers l'année 1998. On a une certaine
inquiétude, parce qu'évidemment les conditions
démographiques ont énormément changé et on aimerait
insisté sur le fait évidemment que ces travaux dans le domaine
routier tiennent vraiment compte des impératifs des années deux
mille. Ce n'est quand même pas tellement loin. De plus, la planification
de certains projets dans le plan d'action a utilisé abondamment
l'enquête origine-destination qui avait été faite en 1982.
À ce sujet-là, il faut se rappeler qu'en 1982 on était
quand même en période de crise et, par rapport à l'emploi,
le transport des travailleurs n'était pas ce qu'il est aujourd'hui.
À cette époque, en 1982, l'ouest de Montréal, bien que
développé, n'avait pas connu la croissance qu'on lui accorde
présentement. Cela a effectivement beaucoup changé les
destinations des travailleurs.
En plus, chose importante et vous en entendrez parier probablement par
les intervenants qui nous suivent, ceux du camionnage, le réseau doit
être fait pour les personnes, mais aussi pour les marchandises. C'est
d'autant plus Important pour notre région - vous le reconnaissez, vous
le dites dans votre plan d'action - qu'elle a fait preuve d'un dynamisme
important dans son développement économique et Industriel. La
région, tant Laval que la rive nord,
est citée en exemple partout dans la province.
Je vais donc revenir à nos revendications et vous décrire
brièvement ce qu'est pour nous la seule voie de ceinture nord.
Premièrement, cette voie de ceinture, comme vous en parlez dans votre
plan d'action, commencera par le prolongement de l'autoroute 25 et la
réalisation du pont dans l'est. C'est prévu dans votre plan
d'action.
Il y a aussi la complétion des voies rapides de l'autoroute 440;
elles sont présentement terminées jusqu'à l'autoroute 335
comme on l'appelle chez nous, c'est le boulevard des Laurentides. Vous proposez
qu'elles soient terminées jusqu'à l'autoroute 13. Par contre,
rien n'est prévu plus à l'ouest. Et, pour nous, la réelle
voie de ceinture doit Inclure un prolongement de la 440 à l'ouest de la
13, et ce jusqu'à la 40, l'autoroute métropolitaine.
En plus de cette voie de ceinture qui s'étendra de la 25 à
la 40, nous croyons important que des travaux soient entrepris pour
l'élargissement des approches du pont Louis-Bis-son, soit le pont de
l'autoroute 13; et aussi que soit entreprise la completion de l'autoroute 19,
Paplneau-Leblanc, jusqu'à Bois-des-Filion, soit jusqu'à la
640.
Je vais tenter de vous expliquer brièvement pourquoi nous jugeons
ces projets nécessaires, je dirais même indispensables.
Premièrement, le pont dans l'est, c'est une évidence, c'est le
début de la fameuse voie de ceinture. Pour nous, la voie de ceinture
nord accompagnée de la voie de ceinture sud demeure l'unique solution au
désengorgement, si on peut dire, du boulevard Métropolitain.
Cette ceinture doit être complète et doit être vue tant au
nord qu'au sud.
L'accès à Montréal par un nouveau pont dans l'est,
qui sera situé a la hauteur de l'autoroute 25 ou de
Saint-Léonard, est indispensable pour les gens, les travailleurs de la
région des Moulins, région qui connaît présentement
un essor Impressionnant, et la ceinture nord est aussi importante parce qu'elle
va permettre, quant au développement économique, à l'est
de Laval de se développer, mais aussi à l'est de Montréal
de faire de même.
J'ai pris connaissance d'un rapport qui avait été fait par
la firme Devencore, firme spécialisée dans le
développement résidentiel, Immobilier et industriel. Elle a fait
une étude sérieuse pour la réutilisation des terrains de
Petro-Canada à Montréal-Est. Devencore avait fortement
insisté sur l'aspect positif de cette liaison entre Montréal-Est
et une banlieue aussi dynamique que pouvait l'être Laval. Donc, dans une
perspective régionale, nous croyons que ce pont est Indispensable.
D'ailleurs, les membres du ministère des Transports, par
différentes simulations, ont évalué qu'on pouvait
s'attendre rapidement à près de 100 000 véhicules par jour
sur ce pont dans l'est, ce qui nous placerait deuxième en importance
après Montréal, ce qui n'est pas négligea- ble.
Nous ne voulons pas évidemment que le pont dans l'est et que le
prolongement de l'autoroute 440 en voies rapides jusqu'à l'autoroute 13.
Il y a un aspect qui est beaucoup plus important: c'est que l'autoroute 440
soit poursuivie à travers l'île Bizard jusqu'à Kirkland,
jusqu'à qu'à l'autoroute 40. La raison en est bien simple: La
construction du pont et l'attirance importante que l'ouest exerce va faire en
sorte qu'on va retrouver, à la jonction de l'autoroute 440 et de
l'autoroute 13, 20 000 véhicules de plus par jour.
Le gouvernement du Québec avec le gouvernement
fédéral s'apprêtent à poursuivre il autoroute 13
Jusqu'à l'aéroport de Mirabel. De plus, l'autoroute 50 entre
Mirabel et Lachute sera aussi complétée. Présentement, les
gens empruntent l'autoroute des Laurentides. !! est évident qu'à
partir du moment où l'autoroute 13 sera complétée ils vont
emprunter l'autoroute 13. Cette modification du schéma routier va
entraîner un surplus de véhicules au pont Louis-Bisson de 25 000
véhicules par jour. On parle donc de 45 000 véhicules par jour de
plus. Évidemment, c'est théorique, sûrement que les gens ne
voudront pas faire la queue pendant deux heures pour atteindre le pont. Ils
vont choisir d'autres voies, mais, tout de même, théoriquement
c'est 45 000 véhicules par jour. Le pont Louis-Bisson est
présentement le pont le plus congestionné de l'ensemble de la
région métropolitaine, rive sud incluse. Présentement, il
est utilisé à 113 % de sa capacité. On compte sur une
capacité de 6000 véhicules à l'heure; c'est ce que peut
prendre ce pont et on en compte à l'heure de pointe 7200. Il en
reçoit par jour 96 000 et on lui en ajoute 45 000. C'est 50 % de plus.
Quant à nous, cela nous apparaît un véritable
désastre: en voulant résoudre des choses, on en aggrave d'autres.
Cela va devenir un véritable cul-de-sac.
L'autoroute 13, à notre avis, c'est beaucoup plus qu'une
autoroute traversant Laval, c'est la vitrine de Montréal. C'est par
cette voie que les touristes en provenance de Mirabel vont atteindre
Montréal. Je ne pense pas que ce soit l'Image que l'on veuille donner
à la métropole du Québec. Et les coûts dont je
parlera! plus tard ne sont pas à ce point importants qu'on puisse
négliger de construire cette route.
L'autoroute 440 poursuivie dans l'ouest va permettre de drainer 35 000
véhicules, encore selon des simulations faites au ministère. 35
000 véhicules, ceia équilibre presque le surplus de 45 000 que je
vous al mentionné précédemment. Les 10 000 additionnels,
on pourrait facilement les assumer en faisait certains
réaménagements aux entrées du pont De plus, chose
intéressante, la 440 traversant l'île Bizard pourra certainement
permettre aux citoyens de l'île Bizard d'avoir une protection
adéquate, étant donné que présentement ils n'ont
qu'un pont. Imaginez que ce pont sort bloqué et que des véhicules
d'incendie aient à se rendre sur l'île Bizard. C'est donc une
chose qu'il ne faut pas négliger. Aussi, les gens de Kirkland
dont les terrains - l'autoroute 440 et ses emprises sont
propriété du ministère - ont été
expropriés désirent voir des projets se réaliser dans ce
secteur. Donc, techniquement, il nous apparaît clair qu'on doit
poursuivre l'autoroute 440 et, économiquement aussi, pour permettre une
bonne circulation des marchandises, étant donné le grand
dynamisme de la région nord comme je le disais tantôt. (15 h
30)
Maintenant, quelques mots sur l'autoroute 19 que nous désirons
voir se rendre jusqu'à la 640. Présentement, les gens de
l'ensemble du territoire au centre-nord et en dessous se rendent à
Montréal en traversant Laval par le bouievard des Laurentides. Le
boulevard des Laurentides, dans le cadre de son réaménagement,
aura une vocation de desserte locale. Et Laval, au nord, soit à Vimont
et à Auteuil, a un développement résidentiel et commercial
important. Présentement, le trop grand flot de véhicules nuit non
seulement au développement résidentiel, mais aussi au
développement commercial. Trop de véhicules, c'est comme pas
assez. Les gens hésitent à emprunter cette vote pour aller faire
leur magasinage. Il faut anticiper un développement important dans la
région de Blainville, près de la 640, de Rosemère, de
Lorraine et de Bois-des-Filion. En fait, il y a des planifications pour des
projets résidentiels dans ces secteurs pour au-delà de 3000
résidences pour les quatre ou cinq prochaines années. On doit
donc s'interroger sérieusement sur l'opportunité de faire
rapidement l'autoroute 19 jusqu'à la 640.
Bien sûr, il y a des coûts d'attachés à nos
demandes, on en est bien conscient. On a analysé le plan d'action et on
a retrouvé dans un des tableaux qu'on distribuait en projets dans la
région nord pour 248 640 000 $ de travaux. On a fait un petit exercice
et on a tenté, selon les explications qui pouvaient être
données dans le plan d'action, de distribuer géographiquement les
projets ainsi que les coûts. On est arrivé à un total de
seulement 166 000 000 $ - il y a un petit montant de 80 000 000 $ qu'on cherche
- dont 73 000 000 $ concernent Laval et 93 000 000 $ la rive nord.
Évidemment - je vais faire une comparaison peut-être un peu
bête - c'est 166 000 000 $ sur 1 600 000 000 $, c'est pas mai 10 % et
Laval et la rive nord, dans la région métropolitaine, c'est
quelque chose comme 20 % de la population; il y a inadéquation. On ne
pleurera pas. Par contre, on a quelques petites demandes qui pourraient
permettre de réajuster ces montants si le ministre voulait bien
être généreux.
La 440 complétée, on parle d'environ 90 000 000 $. Alors,
15 000 000 $ sur le territoire de Laval, une solution qu'on ne désire
pas, mais qui peut éventuellement être envisagée - je vous
le dis tout de suite, on ne la désire pas - c'est une constrution
partielle, à savoir une seule voie. On a connu ça à Laval,
seulement les voies de service, mais, pour une seuSe voie, on parlerait de 28
000 000 $, dont 6 000 000 $ à Laval. Pour compléter l'autoroute
19, c'est environ 10 000 000 $. D'une façon partielle, si c'était
fait sur une seule voie, 5 000 000 $. On anticipe, évidemment, que tout
sera construit au complet, voies rapides. Ce serait donc un total de 100 000
000 $. Donc, pour l'ensemble Laval et la rive nord, on parle de 266 000 000 $
au total. Cela ne nous apparaît pas abusif et, dans notre mémoire,
c'est ce dont on fait mention.
Malgré que le développement du réseau routier soit
une priorité... Évidemment, c'est une priorité, il semble
que ce soit une priorité, du moins pour les Lavallois et les gens de la
rive nord. Les dernières études origine-destination le
démontrent: les gens préfèrent de beaucoup utiliser leur
véhicule. Malgré cela, on doit quand même penser que
Montréal a une limite quant à sa capacité d'accepter des
véhicules. Il faut être réaliste. Je pense qu'on est
capable de l'être. On parle de peut-être, dans les prochaines
années, 200 000 personnes qui vont se diriger chaque jour vers
Montréal. Elles ne peuvent pas prendre chacune leur voiture, on va avoir
des problèmes. Malgré qu'à Laval et sur la rive nord il y
ait une forte croissance de l'emploi, il n'en demeure pas moins que le
transport vers Montréal s'accroît tout le temps, compte tenu que
la population croît plus vite que les emplois sur le territoire.
Présentement, c'est à ta baisse - je n'ai pas les chiffres
près de moi - mais, selon les nouvelles études
origine-destination, on disait que le transport collectif accaparait 30 % de la
demande en transport et que c'était en baisse. Il est évident que
c'est insuffisant. Il faut trouver des correctifs. il! y a eu des tentatives de
faites par le ministère, que ça s'appelle le stationnement
incitatif ou le covoiturage. Il y a eu des actions mitigées, d'autres un
peu plus fortes. Par contre, ça n'a jamais donné les
résultats attendus.
On croit que le transport collectif doit satisfaire à trois
critères, et c'est important: Un critère économique quant
aux immobilisations et quant aux frais d'exploitation que les citoyens auront
à assumer, et il doit s'intégrer régionalement. On ne peut
pas nier qu'il y a un métro près de Laval, on ne peut pas nier
que ce sont de gros investissements et on doit s'intégrer à ce
réseau-là. Il dort, de plus, être adéquat
localement. Quand je dis adéquat localement, c'est qu'il doit
répondre aux attentes des citoyens, à savoir offrir un certain
confort, que le nombre de transferts doit être minimal, parce qu'on sait
que plus il y a de transferts plus les gens délaissent le transport en
commun, et c'est qu'il doit avoir de bons horaires et de bons circuits.
Malheureusement, ce qu'on retrouve au plan d'action, ce sont uniquement
des travaux pour le
train de Deux-Montagnes et, selon nous, le train de Deux-Montagnes ne
répond à pas ces trois critères, surtout
économiquement. On parle de 175 000 000 $ pour 6000 usagers avec 15 000
000 $ de frais d'exploitation. Je ne veux pas dire ici qu'on ne croit pas au
train de banlieue de Deux-Montagnes, au contraire. Nous serions les premiers
à applaudir à une solution pour l'utilisation de cette voie de
chemin de fer. Nous essayons tout simplement d'être réalistes et
nous ne nous mettons pas la tête dans le sable. Nous pensons que les
citoyens, tant de Deux-Montagnes que de Saint-Eustache et de Mirabel, ne
pourront assumer les frais d'exploitation et que ce cadeau va ni plus ni moins
être un cadeau de Grec. Inévitablement, un jour, M. va falloir
abandonner ou diminuer de beaucoup les services pour que les coûts soient
abordables pour les municipalités. Et ce n'est pas vers ce genre de
travaux qu'on veut se diriger.
De plus, quant à nous, cette solution touche à trop peu de
citoyens. Pour Lavai et la rive nord, le train de banlieue de Deux-Montagnes
n'a de Deux-Montagnes à peu près que le nom. On parle de 1200
usagers, 400 à Laval et 800 à Deux-Montagnes. Ce n'est pas
énorme, c'est 20 %. Par contre, il y a une réalité dans
cela: l'intérêt du ministre. On trouve ça très
intéressant que vous croyiez au train. En fait, nous trouvons
intéressant que vous croyiez en l'utilisation des emprises ferroviaires.
C'est une grande richesse, non seulement à Laval qui est
traversée par plusieurs voies ferrées mais aussi en banlieue. On
a toujours négligé ça. On essaie de les cacher. On les
camoufle avec les parcs industriels et pourtant c'est peut-être une des
plus grandes richesses. Vouloir recréer des emprises comme
celles-là ce serait quasiment Impossible, surtout qu'on n'aurait pas les
moyens de se les payer aujourd'hui au prix que le terrain coûte, surtout
à Laval.
À ce sujet, la ville de Laval vous a présenté une
belle solution aujourd'hui: le monoral. Je trouve ça tout à fait
original. Par contre, c'est une solution qui est une boucle de transport
à l'intérieur du territoire lavallois. Nous avons essayé
de regarder une solution plus régionale en utilisant cette richesse que
sont les voies de chemin de fer. Nous suggérons quelque chose qui
ressemblerait au train léger. Le train léger, c'est quelque chose
comme un autobus qui peut fonctionner sur pneumatique, donc circuler sur des
routes, mais qui est aussi équipé de bogies de train. Il a la
possibilité de monter sur la voie ferrée et de se diriger sur ces
voies réservées et absolument uniques que sont les voies
ferrées qui mènent à Montréal. Ce véhicule
peut circuler seul ou en rame, ce qui évite, par exemple, les
problèmes des trains de banlieue comme de se promener avec huit wagons
de 25 tonnes chacun vides, ce qui demande beaucoup d'énergie et
coûte énormément cher. Donc, pour nous, le train
léger est une solution.
En conclusion, nous croyons que le plan pourra être vraiment
cohérent. D'ailleurs, en faisant cette commission parlementaire, c'est
certainement ce que le ministre veut faire. Pour que ce plan soit
réellement cohérent, nous croyons qu'on n'a pas le choix. Il faut
absolument compléter dans les plus brefs délais la voie de
ceinture nord et aussi la voie de ceinture sud. Seulement là, nous
aurons fait les gestes suffisants pour régler le problème de
l'autoroute Métropolitaine. Nous croyons que le transport collectif doit
répondre aux besoins de la population et, compte tenu des solutions
Intéressantes qui sont apportées ici, le ministère devrait
procéder à certaines études avant d'Injecter des sommes
Importantes, je dirais même très Importantes, dans les solutions
peut-être un peu usées que sont le train de banlieue conventionnel
et ie métro. Merci.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci beaucoup, M.
Lefebvre. M. le ministre des Transports, pour une période de 20
minutes.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je ne prendrai pas la totalité des 20 minutes,
laissant le soin à un intervenant de Laval de pouvoir interroger la
chambre de commerce. Je veux d'abord la remercier de nous avoir
présenté un mémoire. Je vais aller droit au but. D'abord,
lorsqu'on veut privilégier le transport collectif, on peut bien
sûr opposer dans un premier temps le monorail au train de banlieue et on
peut toujours dire que c'est une technologie un peu vieillotte, mais il faudra
toujours se rappeler qu'on doit tirer nos expériences des vieux
continents où les trains de banlieue font le ravissement d'à peu
près tous les utilisateurs, En Europe, ils ont déjà fait
leurs preuves.
Nous sommes donc dans une situation où Montréal-Rigaud
remplit un rôle tout à fait exceptionnel avec de nouveaux wagons.
On a fait en sorte qu'il y a une progression fulgurante de l'utilisation du
train Rigaud-Montréal. C'est dans ce sens que nous avons mené des
études qui avaient déjà été faites par la
CUM, qui ont déjà été faites par différents
intervenants et que nous en sommes arrivés à la conclusion que le
train de banlieue Deux-Montagnes-Montréal devait être inclus dans
la conservation de ce qui existe, puisqu'il est déjà là et
qu'au terme de 1992 1 faudra qu'il soit modernisé, sinon c'est
l'oubli.
C'est une décision qui est déjà prise par le
gouvernement que de moderniser le train de Deux-Montagnes et de faire en sorte
qu'on puisse accommoder les 12 000 passagers par jour actuellement, ce qui
n'est pas négligeable. Cela se compare avantageusement à la voie
réservée sur le pont Champlain pour les gens de la rive sud et,
avec un potentiel de 20 000 à 25 000 personnes par jour, c'est un moyen
qui les élimine totalement de la route. Donc, concernant le train de
banlieue, je tenais à tout le moins à vous préciser cette
situation concernant le train
de Deux-Montagnes. Quant à nous, c'est un dossier qui est
maintenant réglé et on doit passer à la phase de
réalisation. Je vous vois lever le doigt.
M. Lefebvre (Daniel): C'est au sujet des équipements qu'on
a certaines réserves, beaucoup plus qu'au sujet de l'utilisation des
voies de chemin de fer. Pour le train de benlieue de Deux-Montagnes, on est
d'accord. Sur le choix des équipements tel que décrit dans le
rapport qui avait été fait par des gens de Montréal,
j'émets certaines réserves, étant donné les
coûts importants d'exploitation. On parle de l'Europe, il faut quand
même penser que chez nous on a un problème au niveau du
rabattement des gens. Nos populations sont dispersées et on a un
problème de rabattement des gens vers ces voies réservées.
On sait que, pius il y a de transferts, moins les gens veulent prendre ces
systèmes et c'est là qu'il y a une certaine originalité
avec le train léger. C'est que le même véhicule peut faire
à la fois le rabattement et aller sur les voies de chemins de fer. Je
vais laisser M. Martel vous en dire plus.
M. Martel (Jean-François): C'est qu'il faut comprendre
que, pour Laval, le train de banlieue dont il est question ici
représente un abri en bois pour Laval-sur-le-Lac avec très peu
d'usagers lavallols. De fait, l'achalandage dont vous faisiez état
tantôt sur cette ligne de Deux-Montagnes vient à 80 % de
l'île de Montréal. Cette note de 175 000 000 $ de frais
d'aménagement et de 15 000 000 $ de frais d'exploitation par
année pour l'avenir ne nous apparaît pas, à nous les
Lavallois, comme étant une solution à des problèmes de
transport collectif pour Laval. Cela peut s'intégrer comme vous le
soulignez dans une vision régionale, mais il ne faudrait pas
considérer qu'il s'agit là d'une solution pour le transport
collectif à Laval.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord, je comprends
maintenant dans quel sens. C'était davantage vu du point de vue d'un
Lavallois et de l'intégrité de son territoire, alors que vous ne
contestez pas l'utilité pour la desserte de cette partie du nord de
l'île de Montréal.
M. Lefebvre (Daniel): J'aimerais ajouter, M. le ministre, que
l'expérience de Deux-Montagnes, on conçoit qu'il y a là un
intérêt pour les gens du West Island surtout, qui l'utilisent
à 80%, aussi pour les gens de Deux-Montagnes, les 800 de Deux-Montagnes,
qui y ont aussi certainement un intérêt, et peut-être aussi
pour les 500 à 600 de Saint-Eustache qui iront plus tard dans le futur
train, sauf que l'expérience qui va être vécue sur la ligne
de Deux-Montagnes devrait aussi être un genre d'exemple pour
l'utilisation des autres lignes qui existent. C'est pour ça qu'on dit
que les équipements vont devoir se marier tous ensemble. Cela devrait
normalement être relativement homogène. Je comprends qu'il y en a
un qui est fait, celui de la ligne de Saint-Hilalre.
Par contre, quand on va investir dans les équipements, et Ils
sont directement liés aux frais d'exploitation, quand on va choisir les
équipements et la solution exacte, il faudrait peut-être penser
que cette solution va devoir être déplacée ailleurs et
être refaite ailleurs. Et faire l'essai... Il y a un consortium qui va
certainement vous rencontrer sous peu et qui s'appelle Norail. Il vous
proposera un programme d'étude très court, avec des
véhicules loués. Il y a déjà eu des
expérimentations de faites ailleurs au Canada. L'expérimentation
pourrait prendre très peu de temps, certainement moins de temps que cela
prendra à donner les contrats de construction des nouveaux
véhicules. On ne veut absolument pas dénigrer le train de
banlieue, au contraire, mais avoir une solution qui s'adapte mieux aux
réalités, non seulement de Deux-Montagnes et du West Island, mais
aussi de Laval et de Terrebonne. D'ailleurs, voilà quelques
années, du temps de COTREM, il avait été proposé un
train qui s'en allait justement vers l'est. Ce n'est pas une mauvaise solution.
Cela peut aussi nous permettre de réutiliser les voies, par exemple,
l'ancienne voie qui longe la rivière du Nord et de relancer le tourisme
dans certaines régions du nord. (15 h 45)
M. Côté (Charlesbourg): Merci. Vous comprendrez que,
lorsque l'on a planifié Deux-Montagnes, il s'est planifié en
parfaite harmonie avec Rigaud. Le train de Rigaud existe actuellement et notre
expérience vécue sur Rigaud nous autorisait à planifier
Deux-Montagnes de cette manière, avec des équipements qui
seraient compatibles. C'est cela le mandat. Donc, i y aurait une bonne harmonie
entre Deux-Montagnes et Rigaud, alors que dans d'autres domaines, tel que l'a
proposé la ville de Laval ce matin, un monorail pourrait très
facilement desservir le territoire de Laval et d'autres territoires.
Je veux en venir très rapidement à votre volet routier qui
est passablement chargé. À moi, qui me fais accuser d'en avoir
trop mis sur le plan routier, vous demandez d'en ajouter, en particulier au
niveau de la prolongation de la 440 à l'ouest de la 13 et de la
prolongation de la 19 jusqu'à la 640 qui sont des éléments
extrêmement importants. Je ne veux pas perdre plus de temps qu'il ne faut
sur la justification. Quant à nous, on a fait des choix qui
étaient d'inclure dans le plan le complément de la 25 par le pont
sur la rivière jusqu'à la 440, et de compléter la 440
faisant une demi-ceinture, si on veut, de la 25, de la 440 et de la 13, pour
revenir sur la 20. Mais parmi la nomenclature de toutes vos demandes sur le
plan routier, si vous étiez à la place du ministre des
Transports, quelle serait la priorité pour vous?
M. Martel: M. le ministre, en réponse à
votre question, la priorité vient de vous être
exprimée. Dans une perspective régionale, quant à nous -
c'est une opinion, vous êtes évidemment bien libre de ne pas la
partager - le problème d'embourbement de l'autoroute
Métropolitaine ne saurait être réglé par une
demi-ceinture sur la rive nord. Quant a nous, M. vous faut une complète
ceinture sur la rive nord et une complète ceinture sur la rtve sud pour
régler ce problème. Mais cela encore, c'est votre affaire.
Regardons ce qui arrive à Laval. Par exemple, si vous faites
cette demi-ceinture, vous allez peut-être, quoiqu'on en doute,
régler, du moins en partie, votre problème régional, mais
vous allez me permettre une image: vous allez transformer la 13 ou le pont
Bisson en immense terrain de stationnement En complétant la 13
jusqu'à Mirabel et en ayant fait le pont dans l'est et
l'élargissement en voie rapide de la 440, vous aurez créé,
selon ce qui vous a été présenté tantôt, une
affluence immense, en sus d'un trafic qui, déjà au moment
où l'on se parle, excède la capacité maximale de la 13 et
du pont Bisson.
Nous ne croyons pas, à Laval, que la solution, s'il en est une,
partielle à votre problème régional doive passer par ce
genre d'Inconvénient - le mot est faible - disons plutôt de
catastrophe pour les gens de Laval. Alors, pour nous, c'est une
priorité, au même titre que le pont dans l'est ou
l'élargissement de la 440, que de compléter la 440 Jusqu'à
la 40 dans l'ouest, à la hauteur de Kirkland, et de faire aussi, sur le
pont Bisson, le même genre de travaux que vous envisagez de faire sur
l'autoroute 15. On réclame cela de toute urgence.
M. Côté (Charlesbourg): Très
brièvement, un petit commentaire avant de passer la parole à mon
collègue, le député de Lévis, pour revenir ensuite
à un intervenant de Lavai. Ce que je comprends, c'est que ce que nous
avons dans le plan, à tout le moins, c'est le début de la voie de
ceinture complète. On a beau revendiquer le prolongement au-delà
de la 13 jusque par l'île Bizard, si on n'a pas la 25 et la 440
jusqu'à la 13, l'autre bout ne servira pas à grand-chose, si j'ai
bien compris. Dans ce sens-là, c'est un début de solution aux
problèmes...
M. Lefebvre (Daniel): M. le ministre...
M. Côté (Charlesbourg):... malgré le fait
qu'il y ait des inconvénients.
M. Lefebvre (Daniel):... admettons que vous ne faites pas le pont
dans l'est, que vous ne faites pas la 440, il n'en demeure pas moins que vous
allez faire la 13 Jusqu'à Mirabel et que ce sont 25 000 véhicules
de plus. Présentement, c'est déjà à 113 % de sa
capacité; cela ne régie rien. Excluant les travaux faits à
Lavai, on s'apprête à vivre un cauchemar à Laval, et c'est
de cela qu'on voulait vous prévenir.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que le constat est
clair à ce sujet, à tout le moins, et je pense qu'on pourra
éventuellement en rediscuter.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Avant qu'il n'y ait
engorgement, on va donner la parole à M. le député de
Lévis et 'i vous restera du temps, M. le ministre, pour vous et les
parlementaires. M. le député de Lévis, vous avez 20
minutes pour vous et vos collègues.
M. Garon: Je vous remercie d'être venu nous rencontrer
comme groupe de la Chambre de commerce de Laval. Je voudrais
immédiatement, parce que le temps est assez limité, vous poser la
question suivante: Si on prend le plan tel qui est là, selon ce que vous
avez regardé, combien de gens qui, normalement, prennent le boulevard
Métropolitain prendraient la 30 et combien prendraient la 25?
Une voix: La 13.
M. Garon: Bien non, la 25.
M. Lefebvre (Daniel): Je vais tenter de répondre à
votre question le plus clairement possible.
M. Garon: Voyez-vous actuellement, on dit...
M. Lefebvre (Daniel): Je vais vous expliquer. Sur le boulevard
Métropolitain, il est difficile d'évaluer quelle sera exactement
la diminution. Combien de gens qui seraient présentement sur le
boulevard Métropolitain choisiraient une autre voie?
Présentement, le boulevard Métropolitain ne suffit pas à
la demande. Je veux dire par là que vous avez des gens qui circulent sur
le boulevard Crémazie en bas; 1s regardent en haut et se disent: Oup!
S'il y a un trou, je vais monter. Il n'y a pas de trou, je ne monte pas. Il y a
des gens qui attendent pour prendre le boulevard Métropolitain et qui
n'en ont pas la chance parce qu'il est à sa capacité ultime.
Donc, vous dire de combien cela va diminuer sur le boulevard
Métropolitain, c'est difficile. Il est certain que cela peut diminuer
sur le boulevard Crémazie ou sur d'autres voies, comme Henri-Bourassa.
Une étude précise pourrait le donner.
La Président (M. Parent, Bertrand): M.
Martel.
M. Marts): Je voudrais ajouter à cela qui tombe sous le
sens que, du moment que vous allez fournir à qui que ce soit une
alternative au boulevard Métropolitain, que ce soit des gens qui
viennent de la rive sud du fleuve Saint-Laurent ou des gens qui viennent de la
rive nord et qui, poursuivant leur chemin, veulent contourner l'île
de Montréal - il y en a; il y a du transport de personnes et, on
l'a dit tantôt, il y a aussi du transport de marchandises - du moment que
vous allez fournir à ces gens-là possibilité
d'éviter l'autoroute Métropolitaine, ils vont la saisir. Il n'y a
pas que la clientèle régionale de passagers qui va être
impliquée dans ce mouvement. il! y a tous genres de transport routier
s'approchant des abords de la ville de Montréal, et toute cette
clientèle qui utilisera un choix ou l'autre, ce sera d'autant moins de
trafic sur la Métropolitaine. C'est l'allégement que cela va
produire.
M. Garon: Selon les données que nous avons - si ie
ministre veut intervenir, car j'imagine qu'ils ont fait les projections
eux-mêmes aussi au ministère des Transports - 85 % du trafic sur
ie boulevard Métropolitain provient de l'île de Montréal ou
y est destiné, il veut aller là ou il part de là. Donc,
ils n'ont pas ie choix de passer par là. Sur les 15 % qui restent,
d'après vous, étant donné le plan qui est devant nous - je
me dis qu'ils vont se dire qu'ils n'ont pas d'affaire à aller à
Montréal, à passer par là, qu'ils vont prendre l'autoroute
30, qu'ils vont filer - combien auraient besoin de prendre l'autoroute 25? Vous
dites un peu qu'il faudrait choisir entre les deux. Si j'ai bien compris, vous
ne semblez pas être en faveur de deux voies de contournement. Tel que le
plan est actuellement - je suis obligé de prendre les données que
nous avons - étant donné qu'il y a 85 % qui vont à
Montréal ou qui sortent de Montréal, ils ont donc besoin de
prendre le boulevard Métropolitain de toute façon, dans les 15 %
qui restent sur les 140 000 - je ne sais pas si le ministère a fait des
projections - combien prendraient l'autoroute 30 et combien prendraient
l'autoroute 25?
M. Martel: D'abord, les 15 % dont nous venons de parler, ce sont
les gens qui ne proviennent pas de l'île de Montréal ou qui ne s'y
dirigent pas. Ceux-là, notre prétention est dans le sens qu'Us
vont contourner Montréal par tous les moyens, soit les voies de
ceinture. En partant, il y a ce dégagement. Dans les 85 % auxquels vous
venez de faire allusion, il y a ces gens - les termes que vous avez
utilisés étaient précis - qui proviennent de
Montréal "ou" qui se dirigent vers Montréal. Ce ne sont pas des
gens qui viennent de Montréal "et" qui se dirigent vers à
Montréal, de sorte que, selon nous, on ne peut pas dire que ces gens
n'auront pas d'autre choix que de prendre le boulevard Métropolitain.
Les gens de Montréal-Est s'en allant au nord vont choisir le pont de
l'autoroute 25 pour sortir et non plus prendre l'autoroute
Métropolitaine pour aller rejoindre l'autoroute des Laurentides pour
sortir vers le nord. À l'inverse, de la même manière, les
gens qui iront de l'ouest vers le sud éviteront la Métropolitaine
par la 30, la voie de ceinture du sud. Alors, vous allez avoir un
allégement considérable sur l'autoroute Métropo- litaine
par les voies de ceinture nord et sud.
M. Garon: Les études que vous avez faites, est-ce qu'elles
ont été poussées plus loin ou si elles sont aussi globales
que ce que je viens de dire?
M. Côté (Charlesbourg): Je partage tout à
fait l'opinion de M. Martel. J'ajouterais même qu'en complétant
l'autoroute 25 et Ville-Marie vous allez à nouveau soulager le boulevard
Métropolitain, puisque les gens qui veulent transiter pour aller sur la
rive sud prennent le boulevard Métropolitain et le boulevard
Décarie. Ils engorgent le boulevard Métropolitain Inutilement,
alors que l'autoroute 25 et Ville-Marie le long du fleuve conviendraient pour
aller au centre-ville à certains. Ce sont toutes des solutions qui,
prises isolément, ne règlent pas ie problème de
manière globale, mais font en sorte que le boulevard
Métropolitain pourra répondre aux besoins de la circulation pour
plusieurs années.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le député de
Lévis, est-ce que vous avez d'autres questions ou d'autres
commentaires?
M. Garon: Selon ie plan qui est devant nous, le débit du
boulevard Métropolitain augmenterait ou diminuerait de combien? On dit
qu'actuellement il est à 140 000 avec une capacité de 100 000
véhicules, il augmenterait ou 1 diminuerait et ce, de combien?
M. Côté (Charlesbourg): S'il est à 140 000
aujourd'hui, avec les aménagements que nous allons faire, nous aiions le
rendre utilisable pour 140 000 véhicules par jour de manière
sécuritaire, avec une signalisation extrêmement dynamique, une
gestion de corridors qui est incluse au plan, entre Ville-Marie,
Décarie, la Métropolitaine et la 25, de telle sorte qu'on puisse
orienter la circulation selon le besoin. Il est inévitable que ces 15 %
choisiront les voies de ceinture. Finalement, comme le disait M. Martel
tantôt, tous ceux qui se rendront sur l'île ou à
l'extérieur de l'île pourront évidemment l'emprunter. C'est
difficilement mesurable aujourd'hui sur le plan de l'allégement. Mais on
va se retrouver dans une situation où le boulevard Métropolitain
va devenir beaucoup plus confortable sur le plan de i'utilisation que ce qu'on
connaît maintenant.
M. Garon: Est-ce qu'il y a des études - cela
n'apparaît pas dans votre document - qui donnent des pourcentages ou des
changements de comportement ou d'orientation des conducteurs par rapport
à la situation actuelle?
M. Côté (Charlesbourg): Si on prend pour base que
les 15 % vont changer leurs habitudes, on pourra facilement demander
tantôt à l'ACQ,
qui représente les camionneurs, si à ce niveau, cela peut
être incitatif. Dieu sait que, sur le plan du nombre, un camion peut
être comme une automobile. Mate, sur le plan de l'espace occupé,
c'est un espace bien plus Important qu'une automobile. C'est un autre facteur
très Important. Au-delà de tout cela, l'Incitation sur les
individus ou sur toute la livraison Journalière de différents
commerces de l'île, on n'a pas nécessairement d'études
systématiques là-dessus. Mais je vais prendre des informations
pour tenter de vous donner une réponse plus concrète
tantôt.
M. Garon: Les 15 % qui n'ont pas besoin de passer, cela ne veut
pas dire qu'ils ne passeront pas. Il y a un pourcentage de ces 15 % qui passait
quand même. J'imagine que quelqu'un qui a à passer à une
heure plus tranquille ou les camions qui voyagent en grande partie la nuit vont
continuer à passer. On ne peut pas dire que les 15 % vont prendre une
autre voie que le boulevard Métropolitain. Le volume total, ce n'est pas
suffisant. Il faudrait voir davantage à quelle heure ces gens passent et
à quelle heure les camions passent, par exemple, les transporteurs de
marchandises. Tantôt, les camionneurs vont venir devant nous. Quand je
voyage en automobile, je remarque que la nuit les camions sont nombreux Je
pense qu'il va falloir décortiquer davantage les données que de
spéculer sur des données globales. Au fond, cela relève
plutôt de la prophétie. C'est un peu comme les démographes
ou les géniteurs du maire Lefebvre, ce matin. (16 heures)
M. Martel: M. le Président, si je peux intervenir dans cet
échange de vues fort Intéressant des deux côtés de
la table, je voudrais d'abord souligner, en réponse à la
dernière intervention de M. Garon, que ce sera bien aux usagers de
choisir ou de prendre le risque de savoir si, à l'heure où iIs
approchent de Montréal, le boulevard Métropolitain sera libre ou
non. Une chose est évidente. Les problèmes qui ont amené
ce plan d'action gouvernemental et les problèmes dont on discute
à cette commission parlementaire visent ces heures au cours de la
journée où le boulevard Métropolitain ne satisfait pas du
tout à sa mission, premièrement. Alors, i ne faut pas
déplacer le débat au milieu de la nuit, où là
évidemment personne ne se plaint de quoi que ce soit.
Toutefois, pour ce qui est des mouvements de circulation à
satisfaire, pour maintenant et pour l'avenir surtout - M. Garon
déplorait l'absence d'informations sur ce point - je veux souligner, et
c'est pertinent à notre intervention, que le plan d'action
gouvernemental fait état de révolution démographique et
des affaires en périphérie du secteur centre de l'île de
Montréal, c'est-à-dire le secteur est et le secteur ouest de
l'île de Montréal. Le plan d'action reconnaît que ces
nouveaux besoins doivent être satisfaits, alors que les besoins
traditionnels du secteur centre de l'île de Montréal sont
comblés par des Infrastructures déjà existantes. Alors, la
recommandation ou la prise de position de la Chambre de commerce de Laval, dans
le prolongement de l'autoroute 25, la partie est, et dans la completion de la
440, la partie ouest, satisfait justement ces besoins, ces nouveaux besoins de
développement démographique et des affaires dans les deux
secteurs opposés de l'île de Montréal. Quant à nous,
c'est faire preuve d'une volonté de régler les problèmes
de façon régionale que de les aborder pour ne pas s'en tenir aux
stricts besoins historiques du centre-ville de Montréal, sans les nier,
mais il faut reconnaître l'existence des nouveaux besoins.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Oui, M. le
député.
M. Garon: Ce sujet-là, je suis content que vous
l'abordiez. J'avais justement une note pour en dire un mot. Vous avez dit que
les conditions démographiques ont énormément
changé. Il faut regarder plutôt vers l'an 2000 que vers 1960. Les
données que j'ai dans le document sont de 1960 à 1986. On sait
que, de 1960 à 1986, c'est l'établissement des enfants du
baby-boom, les enfants qui sont nés après la guerre. SI on
regarde à la page 11 du document, on dit que 'selon le Bureau de la
statistique du Québec, V y aura un accroissement de population de toute
la région métropolitaine, d'ici l'an 2000, de 243 000, mais en
même temps qu'un fort vieillissement de la population*. Un fort
vieillissement C'est du monde qui se promène moins. Quand vous me dites
que vous avez fondé vos choses sur des conditions démographiques
qui ont changé, j'aimerais mieux que vous me disiez comment vous voyez
les conditions démographiques des 20 prochaines années, parce que
celles qu'on a vécues ne sont pas celles qu'on va vivre dans les
prochaines années. C'est un vieillissement de la population avec une
croissance très faible. Je lisais les chiffres ce matin... Actuellement,
17 % des gens de l'ensemble du Québec ont plus de 65 ans par rapport
à ceux qui ont entre 20 et 65 ans, d'après la Régie des
rentes; en l'an 2030 - cela ne se fera pas d'un coup sec - on aura 45 % des
gens qui auront plus de 65 ans par rapport à ceux qui ont entre 20 et 65
ans. Donc, c'est un vieilissement considérable qui va se faire dans les
prochaines années.
Pour vous, comment cela se fera-t-il? On ne peut pas penser,
actuellement, en termes de ce qu'on vient de vivre, mais comment vivra-t-on
ça dans les années qui viennent? Sur l'accroissement prévu
de 243 000, combien, pensez-vous, d'après vos calculs et vos
projections, iront à Laval, à Montréal et sur la rive
sud?
M. Martel: Le phénomène que vous décrivez
est réel. Je ne partage pas, toutefois, toutes les conclusions que vous
en tirez. Voici pourquoi.
Tantôt, j'ai pris soin de mentionner qu'il y avait
au moins deux facteurs qui contribuaient à influer sur les
mouvements, c'est-à-dire, d'une part, la démographie et, d'autre
part, les affaires. Votre intervention soutient bien l'aspect
démographique, mais elle ne touche pas à l'aspect
développement des affaires.
D'autre part, l'aspect démographique lui-même. Encore
faudrait-Il être en mesure de dire, avec quelque degré de
précision satisfaisant que ce soit, que la démographie va
demeurer selon les mêmes rapports que ceux que l'on connaît
jusqu'à maintenant. La Chambre de commerce de Laval n'est pas en mesure
de vous dire qu'il y aura un exode des gens de l'île de Montréal
vers l'extérieur, ou le phénomène inverse. Il y a une
chose certaine. On a constaté des gains positifs nets
démographiques dans la région de Laval et ce, d'après les
études statistiques. C'est d'ailleurs une des rares régions au
Québec à pouvoir l'affirmer. Est-ce que la tendance va se
poursuivre? C'est possible. Tout ça est une question d'une multitude de
facteurs sur lesquels nous n'avons pas de contrôle: la qualité de
vie, les intentions des gens, le genre de famille qu'ils désirent
constituer. Vous avez fait allusion tantôt au baby-boom. Est-ce qu'on va
connaître un mouvement inverse ou si, au contraire, la tendance va se
continuer comme elle est actuellement, c'est-à-dire en déclin? Je
vais laisser aux spécialistes en la matière le soin d'essayer de
faire des prévisions là-dessus.
Mais II y a une chose certaine, c'est que les besoins - c'est ce que le
mémoire de la chambre précise - devront être satisfaits au
niveau régional et au niveau local. Et ça, c'est la position que
la chambre a prise, notamment, quant au transport collectif. Ce qui nous
apparaît très clair, ce sur quoi on a des données
récentes - et je fais allusion, par exemple, à O-D 1987 - c'est
le désintéressement de la clientèle à
l'égard du transport collectif. Il s'accroît de jour en jour. Ce
qui ne nous apparaît pas être constructif c'est de vouloir à
tout prix, à coup de milliards, forcer la clientèle de transport
de passagers à s'intéresser à des systèmes de
transport collectif traditionnels qu'elle délaisse - et ce n'est pas une
mode passagère - depuis plusieurs années. L'achalandage
prévu dans O-D 1982 n'a jamais été atteint. O-D 1987
démontre encore une diminution de l'achalandage. Et, pourtant, certains
intervenants voudraient qu'on injecte des masses extraordinaires de capitaux
dans les transports collectifs de luxe. Quant à nous ce n'est pas
là la solution et c'est pourquoi, quant au transport collectif, la
chambre a pris comme position de demander au gouvernement de procéder
à des études sérieuses qui devaient répondre
à trois critères: le critère économique, celui de
s'intégrer harmonieusement à un réseau régional et,
finalement - ce qui nous apparaît fort important - de satisfaire
adéquatement les besoins locaux.
Un exemple, en ce qui nous concerne à la Chambre de commerce de
Laval, c'est que la bouche traditionnelle de métro qui sortirait de
terre à côté de la rivière des Prairies n'est une
solution ni économique, ni satisfaisante pour les besoins locaux.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Alors, M. Martel, M.
la député de Lévis, ça complète le temps que
nous avions mis à votre disposition. Il reste un bloc de huit minutes
aux députés ministériels. Je pense que M. le
député de Mille-Îles voulait prendre la parole.
M. Bélisle: Merci, M. le Président. En tentant
d'éviter de faire de la prospective en termes économiques et de
fouiller dans nos boules de cristal, je suis sûr, M. le Président,
que le député de Lévis sait très bien que c'est
presque impensable de faire des projections plus loin que le moyen terme.
À long terme, tous ceux qui le font habituellement se trompent, quel que
soit le domaine. Je ne pense pas que ce serait de bon aloi de demander
aujourd'hui, M. le Président, aux gens de la chambre de commerce ou
à quelque intervenant devant cette commission d'essayer de nous faire
des prévisions sur la démographie, sur les intentions de
localisation des personnes ou des entreprises sur le territoire de la grande
région de Montréal.
Mais je pense que le point commun d'où il faut partir, c'est un
point fondamental d'équité et de justice sociale, non futur mais
actuel - 1989 - non pas l'an 2000, non pas l'an 2020, mais 1989. Et lorsque je
Iis votre mémoire qui, soit dit en passant, est très bien
rédigé, à la page 9, je vois que votre priorité -
comme M. !e ministre vous a posé la question tantôt - est
très claire. Je vais citer votre mémoire. Le titre de votre
paragraphe est "Le pont qui traversera l'histoire", en caractère gras.
Et je pense que vous faites référence au pont que connaît
très bien le député de Terrebonne et qui desservira une
grande partie de la clientèle dans son comté. Vous dites: "Ce
pont, toujours inexistant, date historiquement. Planifié au début
des années soixante, le ministère des Transports est, depuis 18
ans, propriétaire de tous les terrains nécessaires à sa
réalisation. " Donc, tous les terrains sont expropriés. Il n'y a
pas d'expropriation à faire. Le gouvernement du Québec paie les
intérêts depuis 18 ans sur le capital Investi. Nous sommes une
société très riche.
Je continue. "Quant aux plans, ils sont faits et payés. " Et vous
avez raison, depuis 1975 les plans du pont sont faits et payés. Ils ont
coûté 500 000 $ au Trésor public. Encore une fois, nous
sommes très riches de laisser sur une tablette 500 000 $ avec
intérêt et tout le reste depuis ce temps.
Je continue. "Il ne reste qu'à les convertir au système
métrique. " Là où vous m'Intéressez grandement,
vous ajoutez, pour conclure votre paragraphe: "Nous estimons que, dans un an et
demi, une fois les plans finalisés et le certificat d'autorisation
émis par le ministère de l'Environ-
nement, l'appel d'offres pour la construction pourrait être
lancé. " Si je fais un calcul rapide, ça signifie que dans tout
le plan qui est là, mis à part le train de Deux-Montagnes auquel
on va procéder rapidement, le projet de la demi-ceinture - au moins
c'est une demi-ceinture - c'est-à-dire le pont de l'est avec la 440
jusqu'à la 13, c'est le projet "GO" de l'ensemble du plan maître
de transport, c'est le projet qu'on peut réaliser à compter du
printemps 1990. Est-ce que je dois comprendre, M. le président ou Me
Martel, que c'est là votre position fondamentale, c'est là la
priorité que vous revendiquez pour Laval et pour la ceinture nord?
M. Martel: La priorité pour la Chambre de commerce de
Laval est au niveau du réseau routier. Je pense que ça ressort
clairement de notre mémoire. Ce que le président vous a
souligné tantôt, c'est qu'à l'examen des capitaux que le
gouvernement du Québec se propose d'investir sur le territoire lavallois
on constate que pour strictement réclamer sa juste part, et ce sans
brimer personne parmi les autres partenaires, le territoire de Laval peut vous
demander de satisfaire à ses besoins les plus criants en matière
de réseau routier. Le pont dans l'est en fait partie. Il a l'avantage de
contribuer à la solution du problème régional. Il a aussi
l'avantage non pas de seulement s'attarder à une solution de transport
mais aussi d'être un outil important de développement
économique tant en territoire lavallois qu'en territoire
montréalais. Mais les demandes, telles que formulées par la
Chambre de commerce de Laval, ne s'attardent pas à cette portion seule
du réseau routier en territoire lavallois. Nous croyons vous avoir fait
la démonstration que l'ensemble de nos demandes était requis, et
dans les plus brefs délais. Cela vaut pour le pont dans l'est, ça
vaut pour la 440, ça vaut pour le prolongement de la 440 jusqu'à
son point final et complet, ça vaut pour les travaux sur le pont Bisson
et la 13.
Ce que nous avons tenté de vous démontrer, je le
répète parce qu'il ne faut pas que ça échappe
à personne, la Chambre de commerce de Laval n'adopte pas une position
par laquelle, en lui donnant ce qui est dû à Laval, vous priveriez
les autres intervenants de ce qui leur revient également. Laval ne vous
réclame qu'une portion normale, saine et bien pensée de ce
qu'elle représente dans cette grande communauté qu'on appelle la
région de Montréal. Elle vous réclame ça avec
d'autant plus d'urgence qu'actuellement les problèmes sont criants. Il y
a des stations de radio le matin et le soir qui s'amusent avec leurs
hélicoptères à vous décrire combien tous les ponts
sans aucune exception sont immobiles à cause du flot outrancler de
trafic qui les franchit matin et soir. Cela existe au moment où on se
parle. Pour nous, quand un gouvernement envisage d'Investir des sommes aussi
importantes que 1 600 000 000 $, II doit régler des problèmes, en
premier lieu, qui existent déjà, et essayer de trouver des
solutions qui perdureront pour l'avenir. Laval ne réclame pas que toutes
les solutions à tous ses problèmes se fassent
immédiatement. C'est pourquoi nous acceptons de "prioriser" le
réseau routier et vous demandons de faire des études en
matière de transport collectif. Nous avons accepté, à la
Chambre de commerce de Laval, que le budget n'est pas sans limite et que
certaines solutions devront attendre.
Notre priorité va, sur l'ensemble de nos recommandations, au
réseau routier. On a donné comme titre, à notre
mémoire, "Un défi de cohérence". La cohérence
implique, quant à nous, la collaboration de tous les intervenants. Il
faut que chacun des intervenants veuille le bien des autres. À Laval,
contrairement à ce que certains autres semblent vouloir se proposer, on
ne vous demande pas que le bien des autres soit chez nous. (16 h 15)
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. Martel, on vous
remercie. Malheureusement, le temps est écoulé. Au nom des
membres de la commission, je tiens à vous remercier, M. Lefebvre, M.
Martel, M. Cloutier, pour votre présentation et vous être
présentés à cette commission. On vous souhaite un bon
chemin de retour, en espérant qu'il n'y aura pas trop d'engorgement.
J'invite immédiatement l'Association du camionnage du
Québec, qui est le prochain groupe à nous présenter son
mémoire.
Afin de ne pas retarder les travaux de la commission, j'inviterais
immédiatement M. Jean-Guy Guay, président de l'Association du
camionnage du Québec, à s'approcher, de même que les gens
qui l'accompagnent. S'il vous plaît, est-ce qu'on pourrait avoir la
collaboration de tout le monde, parce que l'horaire est déjà
très chargé?
J'inviterais le président de l'Association du camionnage du
Québec, M. Guay, à nous présenter les personnes qui
l'accompagnent. Par la suite, vous avez droit à une période de 20
minutes pour présenter votre mémoire. Il y aura aussi des
périodes de 20 minutes de chaque côté, pour discussions et
questions.
Association du camionnage du Québec
M. Bréard (Raymond): M. le Président de la
commission, M. le ministre, M. le critique de l'Opposition, !! me fait plaisir
de représenter l'Association du camionnage du Québec. C'est en
tant que vice-président exécutif que j'aurai le plaisir de
représenter l'association. M. le président nous accompagne pour
la circonstance et se fera un plaisir de répondre aux questions en ce
qui concerne les orientations du conseil.
En premier lieu, je voudrais remercier la commission de nous donner le
privilège démocratique de nous faire entendre parce que c'est un
privilège dont on doit jouir au Québec et, j'espère, sur
tout le territoire. L'Association du
camionnage du Québec a pris connaissance, avec beaucoup
d'intérêt, du plan d'action intitulé: "Le transport dans la
région de Montréal. " Notre organisme qui possède une
longue tradition de collaboration avec les autorités gouvernementales et
réglementaires est heureux de faire valoir ses vues, tant sur Se plan de
développement du réseau autoroutier du Québec que sur le
volet traitant des projets de développement du réseau de
transport collectif dans la région de Montréal.
L'Association du camionnage du Québec, pour ceux qui ne la
connaissent pas, est une société à but non lucratif
représentant le monde des affaires traitant du transport de marchandises
depuis 1954 et qui est vouée à la promotion de ses membres. Elle
compte près de 800 membres, dont des transporteurs publics et
privés, des fournisseurs de l'industrie, un secteur économique
très important au Québec et ailleurs, et des fournisseurs de
services. Ses membres réalisent près de 80 % des activités
de transport contre rémunération, c'est-à-dire à
titre privé, au Québec. Ils emploient 40 000 personnes dans
toutes les régions du Québec et génèrent un chiffre
d'affaires extrêmement important pour l'économie du
Québec.
La problématique du transport - nous nous permettons, en
introduction, de citer un extrait de la page 35 du rapport rendu public le 10
août 1988 - est une problématique fort complexe, qui confronte
autant les organismes réglementaires que les usagers. Je cite: "Le
transport routier de marchandises est une composante très importante de
la problématique des transports dans la région de
Montréal, autant par le volume de circulation qu'il représente
que par sa valeur économique. Ces véhicules contribuent à
la congestion du réseau autoroutier de la région, mais sont aussi
parmi ceux qui en subissent la congestion et, en fait, les principaux
coûts économiques. " Donc, c'est une incidence extrêmement
importante, surtout quand on considère la portion du transport dans le
coût des marchandises au détail, qu'elles soient livrées
à Montréal, à Laval ou sur la rive sud de
Montréal.
L'administration publique de même que les élus doivent
constater jusqu'à quel point ils ont la responsabilité d'aborder
globalement cette problématique dont les incidences sociales et
économiques sont évidentes pour tous ceux qui vivent cette
congestion soir et matin et qui ont à travailler jour après jour
dans le coeur du Québec qu'est la région de Montréal.
L'ACQ se réjouit de voir dans cette perspective le ministre des
Transports du Québec préoccupé par les questions touchant
non seulement le transport des personnes, mais également le transport
des marchandises. Force est cependant de constater que les
préoccupations à l'origine du plan d'action discuté lors
des présentes audiences de la commission permanente de
l'aménagement et des équipements sont inspirées par des
études et des analyses centrées à peu près
exclusivement sur les mouvements de transport de personnes.
Quand on parle de réseau routier, il y a le réseau routier
des personnes et il y a aussi le réseau routier qui doit favoriser le
mouvement du trafic de marchandises et c'est une problématique distincte
de celle du transport des personnes.
Tout en acceptant l'importance de cette dimension du transport sur le
territoire québécois, l'association estime que le
ministère des Transports doit accorder au transport des marchandises une
considération à tout le moins équivalente à celle
accordée au transport des personnes, s'il souhaite moderniser ses
orientations fondamentales et promouvoir la complémentarité de
ses réseaux que d'aucuns perçoivent comme concurrentiels. C'est
intéressant de constater que dans le mémoire du ministre ou de la
commission on accorde cette vision désormais importante de transport de
marchandises. Il est ridicule, à notre avis, d'analyser la
problématique du transport sous l'angle de la concurrence des modes. En
ce qui nous concerne, le transport collectif et le transport routier des
personnes et des marchandises doivent faire partie d'un plan global
d'intervention. A tout le moins, si le maire de Montréal était
capable d'arriver avec un plan de transport collectif qui serait d'une
qualité telle que tous les citoyens déserteraient le
Métropolitain et leur automobile pour prendre le transport collectif et
qu'en fait les rues, tout comme le boulevard Métropolitain, seraient
fluides, je pense que les transporteur? routiers de marchandises en seraient
très heureux. Mais, comme il n'y a rien de parfait en ce monde, on va
vivre avec un mode d'intervention qui va prendre ensemble les
considérations de chacun des modes.
Tant et aussi longtemps que les budgets et les échéanciers
du ministère des Transports ne refléteront pas une approche
équilibrée des diverses composantes du transport - et là
je parle des paiements de transfert qui permettent aux sociétés
de transport collectif d'arriver avec des études dont nous,
transporteurs routiers, ne sommes pas capables de contrecarrer les analyses -
l'ACQ estime que l'organisme réglementaire ne remplira pas avec
efficacité la mission qui est sienne. Justement, quand on parle de 15 %
et de 85 % de personnes, ce sont des données fragmentaires qui devraient
être analysées davantage pour être capable de
déterminer avec certitude le flot des véhicules qui circulent sur
le Métropolitain en transit et qui n'ont pas vraiment affaire là.
En d'autres termes, la problématique du transport au Québec doit
être abordée de manière systématique et non
séquentielle, en établissant bien l'équilibre des
priorités. Celles-ci ne doivent cependant pas privilégier une des
composantes au détriment de l'autre, puisque l'ensemble des
difficultés du transport collectif sera irrémédiablement
condamné à perdurer. Seule une perspective intégra-tive
autorisera l'espoir à moyen terme, les solutions harmonieuses aux
problèmes qui confrontent le domaine du transport sur notre
territoire et dans la région de Montréal, en
particulier.
L'ouverture à la congestion. C'est le titre qui nous vient quand
on circule à Montréal, parce qu'on dirait que c'est une
politique. Nous avons brièvement esquissé le caractère
indissociable du transport des personnes et du transport des marchandises, afin
de solutionner en tout ou en partie le problème de la congestion
routière, dans la grande agglomération de Montréal. L'ACQ
estime en conséquence Inconcevable que la stratégie prévue
dans le plan d'action déposé en août dernier n'accorde pas
un statut prioritaire et urgent au transport routier des marchandises.
D'autres spécialistes qui ont déjà commenté
le plan d'action considèrent que le dégagement de la circulation
dans l'île de Montréal passe par l'amélioration du
réseau routier périphérique. L'ACQ souscrit
entièrement à cette vision et estime que la réfection
amplement justifiée de l'autoroute Métropolitaine ne saurait
être entreprise ou considérée sans que soit
préalablement prolongées les autoroutes 25, la voie de ceinture
à Laval, et l'autoroute 30, qui est la voie de ceinture vers la rive
sud. Ces prolongements constituent un élément essentiel pour la
décongestion de la circulation dans l'île et ne constituent
d'aucune façon une menace au développement urbain, tel que
décrite par les élus et l'administration de la communauté
urbaine et de la vile de Montréal. Ceux-ci errent, à notre avis,
lorsqu'ils voient dans ces prolongements une façon de privilégier
le développement des régions de Laval et de la
Montérégie. Lorsqu'on écoute le plaidoyer de la Chambre de
commerce de Laval, on s'attend aussi à ce que ce développement ne
soit pas un débordement du trop-plein de circulation qui transite par
l'autoroute Métropolitaine, mais un développement harmonieux et
équilibré qui favorise aussi les intérêts de chacune
de ces villes.
À l'appui de ce raisonnement, qui ne vise en définitive
qu'à solutionner des problèmes d'une criante actualité, le
maire de Montréal invoque que seulement 40 % de la population utilise le
transport en commun pour se rendre au centre-ville, alors qu'il compare ce taux
à ceux d'autres villes, comme 70 % dans l'agglomération de
Toronto. L'argument apparaît fallacieux et les modifications ne nous
semblent pas devoir passer par l'étouffement de la circulation à
Montréal, conséquence prévisible du report de la solution
des problèmes de voies de ceinture, pour augmenter l'achalandage dans le
métro de Montréal. L'ACQ est d'avis qu'il faut régler le
problème du transport en commun, afin de facliter une fluidité de
la circulation dans le centre-ville. Il importe cependant
d'accélérer le développement des réseaux routiers
et autoroutiers, afin de faciliter également le transport des
marchandises et la circulation des véhicules de livraison, et
évidemment aussi celle des véhicules de personnes.
Distinguer le problème du transport en commun du problème
global de circulation au centre-vile procède d'une argumentation
erronée, et 1 Importe de soulever une tout autre problématique.
Parmi les Interrogations que l'ACQ souhaite soumettre à la
réflexion de la commission, on mentionne le problème de la
qualité du transport en commun offert à Montréal, le
rapport prix-efficacité pour ceux qui ont le choix à faire entre
les modes de transport, la correspondance des coûts par rapport à
la valeur économique du produit, bref tout ce qui incite les gens de
Montréal à utiliser leur automobile plutôt que le transport
en commun, comme on vient de le dévoiler dans le dernier rapport de la
commission. Cette réflexion soulève également un principe
fondamental qui est le suivant: jusqu'à quel niveau appartient-Il au
ministère des Transports du Québec et au ministre, en fait,
d'assumer les déficits d'exploitation du transport en commun à
Montréal? La réponse de l'ACQ est claire, ce n'est pas à
l'ensemble de la population du Québec d'éponger un déficit
d'exploitation qui ne reflète pas la valeur économique du produit
ou la capacité de payer des Montréalais.
Que les autorités montréalaises souhaitent que le plus
grand volume possible de circulation converge vers Montréal constitue
une ambition probablement fort valable, qui s'Inscrit dans une stratégie
de création d'une grande ville internationale. Mais, pour atteindre cet
objectif louable, les autorités doivent cependant être conscientes
de la nécessité de dispenser des services conséquents
à leur ambition. Dans les conditions actuelles, force est de constater
que bien peu de gens sont Intéressés à circuler dans
Montréal, et pour cause. Dans cette perspective légitime à
laquelle souscrit entièrement l'ACQ cependant, diverses
considérations entrent en ligne de compte. (16 h 30)
Si on veut poursuivre dans la lignée du maire Doré et
comparer Montréal à Toronto, on doit également
considérer d'autres aspects fondamentaux qui se greffent à la
problématique du transport. Parmi ceux-ci, le stationnement occupe une
place prépondérante dans la fluidité des artères
commerciales. À titre d'exemple, on ne tolère aucun stationnement
sur la rue Yonge, jumelle de la rue Sainte-Catherine. On construit
également des tours à bureaux à Toronto, dans le
centre-ville et ailleurs, et pourtant on réussit à y circuler un
peu mieux. Le problème des voies périphériques est un peu
semblable, mais à l'intérieur on a une politique de transport et
les résultats de la STCUM le prouvent bien. Nous n'osons même pas
faire de comparaison avec la ville de New York où les autorités
municipales ont décidé que les livraisons ne devraient
s'effectuer que la nuit dans certains secteurs.
Face aux réactions et critiques de l'administration
montréalaise à l'égard du plan d'action du ministre des
Transports, l'ACQ s'interroge à savoir si la ville de Montréal a
vraiment une solution à mettre de l'avant en vue
de régler un problème qui fait cependant
l'unanimité auprès de tous ceux et celles qui ie vivent
quotidiennement. Il est facile de critiquer quel que soit le plan
proposé, mais nous aurions aimé avoir un plan alternatif pour
être capables de l'évaluer en conséquence. Je ne sais pas
quand ie plan Doré va être déposé et s'il y aura des
audiences pour qu'on puisse aller le critiquer à l'hôtel de ville
ou faire part de notn adhésion. Ce qui est clair par contre, c'est que
ses dirigeants devront énoncer clairement leur choix stratégique
pour faire valoir leur crédibilité: ou Montréal est une
ville en concurrence ouverte avec les municipalités qui l'entourent ou
elle se comporte comme une véritable métropole
intégrée à un ensemble régional dynamique et
cohérent. En d'autres mots, la ville de Montréal ne peut à
la fois tout mettre en oeuvre pour concentrer chez elle le produit des
investissements et changer de chapeau selon les circonstances en
réclamant que la note soit dirigée vers les contribuables des
villes de banlieue sous prétexte qu'elle gère les
destinées de toute la région.
Nous le répétons depuis des mois, la notion
d'étalement urbain dont fait état l'administration
montréalaise pour condamner le plan d'action du ministre des Transports
et ne pas permettre le prolongement des voies périphériques est
injustifiable à tous les égards. Le développement de
Montréal et, partant, son attrait comme centre résidentiel et
commercial résident essentiellement dans l'adoption de politiques
axées sur la qualité de vie des citoyens et sur la qualité
des services offerts. Le "Superhebdo", le premier hebdo régional,
titrait que 39 % de la population voulait quitter l'île de
Montréal à cause de la qualité de vie. Je pense que c'est
avec cela qu'on développe une région plutôt que de vouloir
garder prisonniers ses citoyens.
Les éléments de solution souhaitables. Au delà de
la petite politique, Montréal joue et doit jouer un rôle de leader
et de métropole. Pour ce faire, l'ACQ estime qu'il est urgent de prendre
des dispositions concurrentes à l'amélioration du transport de
personnes, qu'il soit routier ou collectif, et du transport des marchandises,
particulièrement au centre-ville. Cet espoir découlera toutefois
d'une approche globale visant à consolider le rôle d'attraction
que joue et doit continuer de jouer la métropole. Cette solution
implique, comme on l'a dit, le parachèvement d'une voie de ceinture
à Laval, une voie de ceinture complète qui passe par la
prolongation de l'autoroute 25 et celle de l'autoroute 30 sur la rive sud de
Montréal, deux démarches essentielles à
l'amélioration des flux de circulation et au maintien de Montréal
comme centre concurrentiel de production et de distribution.
Cette solution s'inscrit également dans un contexte élargi
et qui a trait à l'état général du réseau
routier québécois. Notre organisme, est-il besoin de ie
préciser à nouveau, est fort préoccupé par
l'état carrément lamentable de certaines de nos voles publiques
et on le rappelle à chaque fois qu'on vient vous parier à
Québec ou qu'on retourne chez nous à Montréal, on est
comme dans une voie en état lamentable. L'état de
décrépitude du réseau routier a été
déploré à maintes reprises par le ministre des Transports
et l'ACQ ne saurait que confirmer cette réalité puisque ce sont
ses membres qui en sont les utilisateurs les plus assidus. Notons ici, au
départ, qu'il est important de bien mesurer la part des
responsabilités de chacun dans ce dossier. En effet, dès qu'elle
se réfère à l'état lamentable du réseau
routier, l'imagerie populaire a tendance à pointer du doigt les
camionneurs. Or, une étude réalisée récemment par
l'American Trucking Association a clairement démontré que la
circulation des camions sur nos routes constituait certes un facteur de leur
détérioration, mais non le plus déterminant. D'autres le
sont beaucoup plus, comme la qualité de la maind'oeuvre et des
matériaux utilisés de même que l'Impact des variations
climatiques. L'étude de l'American Trucking a aussi permis de
découvrir que la vie des routes qui n'étaient pas accessibles aux
camions a duré moins longtemps que d'autres routes qui étaient
accessibles à la conduite des véhicules lourds. Cependant, il est
important de noter que cette étude prescrit le respect de la
réglementation édictée dans les masses et dimensions.
C'est bien évident que, si le camion est chargé au delà
des masses prescrites par le règlement, il a un effet direct de
détérioration du réseau. Dans la mesure où on
respecte cette réglementation, il n'est pas un facteur en correlation
directe.
Ceci dit, la réfection et l'entretien de notre réseau
routier doivent être considérés comme des priorités.
Dans uns interview qu'il accordait à un réseau de
télévision l'été dernier, le ministre ne s'est pas
déclaré opposé à une formule de financement qui
viserait à consacrer un cent par litre d'essence consommé au
Québec à l'entretien des routes. S'y décide de
réglementer dans ce sens, il peut compter sur l'appui le plus total de
notre organisme. Mais, je tiens à le répéter, ce n'est pas
un chèque en blanc, il faut que ce soit accompagné d'autres
mesures qui répondent aussi à nos objectifs qui vont suivre dans
le mémoire, même si cette unique mesure s'avère
insuffisante pour régler l'ensemble du programme de réfection
à envisager.
En effet, s'il est urgent de trouver les fonds nécessaires pour
réparer des routes dont l'entretien a été depuis longtemps
négligé, c'est que, dans certains milieux, on refuse encore
d'admettre à quel point il serait avantageux et plus rentable pour
l'ensemble de notre société de nous donner les moyens de
contrôler efficacement, en particulier dans l'industrie du camionnage,
les utilisateurs du réseau routier. Je reviens à cette dimension
de ceux qui excèdent ce qui n'est pas autorisé, entraînant
des conséquences néfastes sur le réseau, mais aussi sur la
concurrence dans le milieu du transport.
Cette commission parlementaire nous permet
à nouveau de faire état d'une situation qui fait perdre
des centaines de millions de dollars annuellement au Trésor public.
L'assouplissement des règles régissant le transport par camion a
entraîné plusieurs conséquences néfastes au
Québec dont une situation préjudiciable pour les entreprises
structurées faisant affaire sur le territoire du Québec. Le fait
d'accorder l'autorité en matière d'inspection à la
Sûreté du Québec et aux corps policiers municipaux n'a pas
amélioré la situation. L'expérience enseigne que ces corps
n'exécutent pas avec efficacité le mandat qui leur a
été confié. Entre l'autorité et ta formation de la
compétence, il reste une étape à passer.
L'objectif: le respect des lois. L'Association du camionnage du
Québec réclame en conséquence et depuis longtemps du
gouvernement la création d'un corps de sécurité
routière dont les membres seront dotés de la formation
pertinente, des moyens appropriés et de l'autorité
nécessaire pour s'assurer du respect et de l'application des articles du
Code de la sécurité routière et de la Loi sur le
camionnage. En raison de la complexité de la réglementation et de
l'Importance de l'industrie dont elle encadre les opérations, il est
devenu impératif de former une équipe spécialisée
dont la mission sera de voir à l'application des lois et
règlements dans le secteur routier, de manière à assurer
une bonne santé économique à notre industrie, la
sécurité des citoyens, le bon état des routes et l'apport
de revenus importants au Québec. Cela lui permettra de compléter
sa politique routière et d'avoir les moyens de l'entretenir. Ce corps de
surveillance devra relever du ministère des Transports. Si cette
nouvelle unité réussit à faire respecter les lois et les
règlements, l'afflux d'argent qui en découlera servira
très largement à le financer. Plus encore, il en résultera
des économies substantielles, en termes de conservation du réseau
routier.
Nous réclamons également du gouvernement l'implantation
d'un véritable réseau de postes de vérification dans tout
le Québec, y compris aux frontières et je dirais
particulièrement aux frontières. Nous entendons par là non
seulement les opérations de pesage, c'est un effort qu'a consenti le
ministère des Transports depuis des années et qui, je pense, a
atteint ses objectifs, mais un contrôle de tous les aspects du
camionnage, soit l'immatriculation, le permis de transport, les taxes sur le
carburant et les permis spéciaux de circulation. Les exemples ne se
comptent pas, MM. et Mmes les membres de la commission, de transporteurs qui
enfreignent les lois sur les permis spéciaux de circulation, qui
circulent avec des véhicules hors normes, qui détériorent
notre réseau routier et qui menacent la santé des entreprises de
transport qui fonctionnent dans un cadre réglementaire. Il est donc
important que les policiers soient capables de faire la différence entre
les 60 configurations de véhicules édictées dans le
règlement et qui prescrivent à chacune une charge à
l'essieu différente, selon la configuration et l'espacement des essieux.
Il n'y a pas un policier, s'il n'est pas formé adéquatement, en
mesure de faire cette distinction.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vais vous demander...
M. Bréard: La conclusion?
Le Président (M. Saint-Roch):... de conclure, M.
Bréard, s'il vous plaît.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que la
présentation est importante. Quant à moi, je laisserais M.
Bréard terminer la lecture de son mémoire. Prenez le temps sur
celui du gouvernement. Je poserai les questions qui s'Imposent par la
suite.
Le Président (M. Saint-Roch): Y a-t-il consentement? Nous
pouvons poursuivre, M. Bréard.
M. Bréard: En Invitant le gouvernement à mettre de
l'ordre dans le transport routier au Québec, nous poursuivons deux
objectifs. Premièrement, nous visons à éliminer du
système les transporteurs illégaux qui menacent la santé
économique de l'industrie du camionnage et qui contribuent à
détériorer, par le non-respect des lois, le réseau routier
du Québec. Deuxièmement, nous recherchons également le
respect de l'équité fiscale pour les contribuables qui ont
à payer la facture du développement et de l'entretien du
réseau routier. Contrairement à ce qu'on pense
généralement, les utilisateurs du réseau routier,
automobilistes et transporteurs, paient plus qu'amplement leur juste part de
son entretien et de son développement. Les critiques et les exigences
à leur égard seraient beaucoup moins virulentes si l'on
comprenait que les fonds destinés à la réfection des
routes ne proviennent pas de la contribution fiscale de l'ensemble des
citoyens, mais bien du secteur concerné. On cite les chiffres concernant
les taxes sur l'essence et les taxes sur les carburants. En 1984, elles ont
fourni, à elles seules, en Ontario, au Québec et au Manitoba, 107
%, 115 % et 129 % des sommes allouées à la construction et
à l'entretien des routes. Au moyen de taxes sur les carburants, le
gouvernement fédéral perçoit un montant annuel de 4 000
000 000 $ et la taxe d'accise rapporte 2 800 000 000 $.
On reste donc bouche bée à la lecture d'une étude
sur l'infrastructure routière publiée l'an dernier par
l'Association des routes et transports du Canada. De l'avis de ses auteurs, le
dernier déficit des budgets de financement des
routes au Canada se chiffrerait à un minimum de 1 800 000 000 $.
C'est en effet le montant minimal additionnel qui aurait dû être
attribué en 1986 afin seulement de maintenir des conditions de conduite
acceptables sur les routes, rues et ponts existants au pays. L'étude
estime que les sommes allouées pour l'entretien du réseau routier
actuel du Canada par les trois niveaux de gouvernement totalisaient 6 500 000
000 $ en 1986, tandis qu'elle évalue les besoins réels à 8
300 000 000 $ pour la même période. L'écart entre ces
besoins et les dépenses effectuées est énorme. Les
gouvernements sont mal placés pour prétendre qu'ils n'ont pas les
fonds suffisants pour financer ce secteur. C'est pourquoi je disais au ministre
que notre endossement à un cent le litre passait aussi par un plan qui
avait une vision plus globale. Les revenus des taxes versées par les
utilisateurs sont tout simplement allés ailleurs.
En somme, ce que notre association tient à préciser, c'est
que les transporteurs routiers de marchandises veulent bien faire leur part
dans ce dossier et même, comme nous l'avons déjà dit,
appuyer le ministre dans le cas de certaines solutions financières qu'il
pourrait proposer. Par contre, de concert avec les automobilistes et les autres
utilisateurs, il réclament que les gouvernements réinvestissent
d'abord équitablement dans notre réseau routier les revenus
qu'ils ont contribué à générer. Déjà,
d'ailleurs, les transporteurs québécois sont doublement
pénalisés. Qu'il suffise de mentionner les sommes
considérables qu'ils doivent débourser annuellement pour
l'augmentation de l'usure et les bris mécaniques occasionnés par
la détérioration du réseau routier.
Pour toutes ces raisons, l'Association du camionnage du Québec
réclame donc un meilleur contrôle des taxes sur les carburants, un
meilleur contrôle de la pesanteur des véhicules, l'immatriculation
établie en fonction du nombre d'essieux. C'est une demande qui a
déjà été accordée par le ministère.
En ce qui concerne l'immatriculation, on pense que c'est une demande banale,
mais, lorsque le ministre a reçu la visite des voituriers remorqueurs
à son bureau de l'Assemblée nationale, on a constaté que
les véhicules étaient immatriculés en Ontario. Donc, il y
a des problèmes graves dans la gestion des fonds publics à ce
niveau-là. Il faut penser que ce ne sont pas des choses banales quand on
lit: On veut une immatriculation qui soit contrôlée au
Québec. C'est très important. L'association réclame
également un contrôle efficace de la sécurité par la
surveillance du nombre effectif d'heures de conduite et par des
vérifications mécaniques plus poussées et un meilleur
contrôle des obligations sociales des transporteurs Illégaux en ce
qui a trait aux redevances à la CSST, à l'impôt et à
ta Régie de l'assurance-maladie.
Le gouvernement doit donc se doter d'une stratégie de
contrôle routier et déterminer clairement ses priorités
d'intervention.
L'Association du camionnage du Québec est disposée
à travailler en collaboration avec tous les Intervenants, que ce soit
pour régler le problème de la circulation à
Montréal ou encore pour améliorer la qualité de notre
réseau routier dans l'ensemble du Québec. Pour assurer à
la population du Québec un éclairage complet de la situation qui
prévaut dans le transport routier des marchandises et pour permettre aux
intervenants de suggérer au gouvernement des avenues comme celles que
nous venons d'évoquer trop brièvement, nous souhaitons la tenue,
à brève échéance, M. le ministre et les membres de
la commission, d'une commission portant essentiellement sur l'industrie du
transport routier au Québec. Il importe de rétablir rapidement un
ordre logique dans ce secteur important de l'activité économique,
d'autant plus que la compétitivité des PME
québécoises, dans un contexte de libre-échange, est
tributaire de la vitalité de notre système de transport routier.
Le gouvernement du Québec ne peut pas laisser se perpétuer des
injustices pour lesquelles les contribuables québécois doivent
toujours payer la note.
Je vous remercie, MM. et Mmes les membres de la commission.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie M.
Bréard. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je veux remercier les représentants de l'Association
du camionnage du Québec pour le mémoire qu'ils ont
présenté très habilement. Je comprends qu'il y a une bonne
partie du mémoire qui fait davantage allusion au développement,
mais au développement du contrôle routier, et que l'Association du
camionnage saisit toujours les bonnes occasions de nous rappeler un certain
nombre de choses quant à ce contrôle. (16 h 45)
Commençons d'abord par le plan de transport lui-même. Vous
êtes, si je comprends bien, des Inconditionnels des voies de ceinture,
tant par le nord que par le sud. On a parlé de 15 % de camions qui
transitent ou de trafic qui transite par le Métropolitain actuellement.
D'après vous, quels seraient les effets directs de la réalisation
de la 25, de la 440, de la 13 et de la 30 sur le boulevard Métropolitain
dans la mesure où ce serait réalisé vu par les
camionneurs?
M. Bréard: Du point de vue du camionnage, c'est bien
important de considérer que 15 %, c'est une unité de
véhicules de transport. Un véhicule de transport de 45 pieds, un
train routier ou un camion, cela représente deux, trois, quatre fois le
même véhicule parce qu'on parle d'un transporteur routier. La
mobilité d'un véhicule lourd sur le Métropolitain n'est
pas équivalente à la mobilité d'un véhicule
automobile. Quand on parle d'une unité de véhicules
automobies de 15 %, il faudrait peut-être le voir dans des
proportions plus considérables parce que la fluidité des
véhicules lourds sur l'autoroute Métropolitaine ou dans le
centre-ville est inconcevable pour les transporteurs routiers de marchandises.
On ne connaît pas la proportion. Justement, quand on dit que les
commissions de transport ont toujours des chiffres à donner, qui
viennent des fonds publics parce que vous en financez toujours une bonne
partie, et quand nous, on dit que la priorié devrait également
être de donner des chiffres aussi exacts en ce qui concerne le transport
des marchandises, ça devrait nous permettre de les évaluer dans
un meilleur volume. Je ne sais pas vraiment ce que ça pourrait
être en tant que volume, mais ça peut être suffisamment
considérable pour décongestionner le trafic à
Montréal et surtout sur le Métropolitain.
M. Côté (Charlesbourg): Quelle est, d'après
vous, la priorité d'Intervention quant à la voie de ceinture
entre la 25 et la 30?
M. Bréard: Considérant que dans
l'arrière-salle c'est plein de gens de Laval...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bréard:... je pourrais penser à dire la 25, mais
il y en a plusieurs, et les gens de la rive sud vont venir jeudi. Je dirais que
la 30 est peut-être la priorité la plus importante
considérant le trafic entre l'Ontario et les États-Unis, qui
préoccupe beaucoup les transporteurs routiers, et entre l'Ontario et les
Maritimes. Quelle que soit la voie de ceinture, qu'elle soit par le nord ou par
le sud, il faut qu'il y en ait une qui soit suffisamment fluide pour amener le
trafic entre les deux endroits, et la 30 nous apparaît comme une des
voies Importantes, en tout cas à être "priorisée" par le
gouvernement du Québec.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, ce que je
comprends, c'est que vous souhaitez les deux le plus rapidement possible. Et ce
que j'ai compris dans votre Intervention, c'est que vous souhaitez que l'on
fasse les voies de ceinture avant même d'intervenir sur le
Métropolitain.
M. Bréard: Bien, avant qu'il! s'écroule.
J'espère qu'il ne s'écroulera pas avant qu'on entreprenne sa
réfection. C'est bien certain que, s'il peut tenir encore un bout, il
faudrait qu'on fasse ça. Mais, si vous me dites qu'il va
s'écrouler avant qu'on entreprenne sa réfection, on va le faire
en môme temps. Mais la priorité, c'est qu'on ne saurait
entreprendre sa réfection sans qu'on ait prévu au moins des voies
de ceinture.
M. Côté (Charlesbourg): À tout le moins, je
pense que lorsqu'on a planifié des Interventions sur le
Métropolitain et sur la 20, à l'échangeur
Saint-Pierre et Turcot, ce n'est pas par caprice. C'est par
nécessité et c'est aussi par sécurité, et nous
devrons donc réaliser ces travaux avant même de finaliser, dans la
mesure où on le fait, les voies de ceinture nord et sud. Donc, ça
aura une importance capitale et assez phénoménale, merci, sur le
plan du trafic pour tout l'ensemble de la communauté urbaine et en
particulier pour le camionnage.
Vous avez parlé - et je ne voudrais pas insister trop longuement
là-dessus - du contrôle routier. Comme vous en avez parlé,
je ne pense pas qu'on puisse le laisser en plan. Votre préoccupation a
toujours été de dire: S'il y a des réglementations, il
faut qu'il y ait un contrôle très sévère et
très serré. Le cheminement fait au fil des années avec le
ministère des Transports visait d'abord à faire le ménage
de la réglementation, à adopter notre loi et à s'assurer
que les corps policiers aient entre les mains tous les instruments pour
être capables de faire leur travail. Est-ce que je me trompe en disant
que le constat que vous faites, c'est qu'ils ont des instruments entre les
mains, mais qu'ils ne sont pas appliqués ou à peu près
pas?
M. Bréard: Ils ont effectivement tous tes instruments
réglementaires et techniques pour le faire. Je pense qu'avec les
comités composés de fonctionnaires du ministère on a pu
tirer cette conclusion-là; II reste cependant qu'il faut l'appliquer.
Mais il y a une chose qui est bien importante. Dans la dimension du
contrôle routier, 1 y a le contrôle du Code de la
sécurité routière et les agents de la Sûreté
du Québec sont bons là-dedans. Ils connaissent ça. Quant
au contrôle économique du transport routier, 1s ne sont pas
équipés et ils ne connaissent pas ça. On n'a pas vraiment
formé ces gens-là à faire la job.
Comme je vous l'ai dit, il y a 60 configurations de véhicules
avec espacement d'essieux, chaque véhicule a sa charge à
l'essieu, et 1 y a des permis spéciaux de circulation. SI quelqu'un
n'est pas spécialisé et n'est pas formé par le
ministère des Transports et qu'il ne fait pas ça à tous
les jours, il n'est pas capable d'appliquer cette réglementation et de
contrôler en plus le permis de "fuel tax", la taxe sur l'essence. Donc,
la Sûreté du Québec et les corps policiers sont faits et
conçus pour contrôler la sécurité routière.
Cette dimension, on y goûte parce qu'Us ne nous manquent pas. À
chaque fois qu'il manque une lumière ou qu'il n'y a pas telle chose dans
le camion, il y a infraction et les points d'inaptitude y passent. Mais, en ce
qui concerne le contrôle routier des véhicules hors normes, ils ne
savent pas ou à peu près pas. C'est donc cette dimension du
contrôle routier qu'il faut envisager le plus rapidement possible, et les
règlements existent.
M. Guay (Jean-Guy): Ce qu'on voudrait aussi, M. le ministre,
c'est que les postes de
pesée ne servent pas qu'à la pesée des
véhicules lourds, ils pourraient aussi servir pour le contrôle, la
vérification des permis et des certificats d'enregistrement des camions
et aussi pour la vérification mécanique. On s'aperçoit
qu'il y a des postes de pesée qui sont nouveaux de sept à huit
mois; alors, ça n'a aucune Influence sur l'industrie actuellement, sur
la réglementation. Vous avez des postes de pesée où l'aire
de stationnement est assez considérable. Ce qu'on voudrait, c'est que,
si la balance ne fonctionne pas, d'autres vérifications pourraient
être faites à ces postes de pesée.
M. Côté (Charlesbourg): Si je comprends bien, vous
souhaitez un élargissement des pouvoirs dévolus à un poste
qui irait au-delà de sa fonction de peser les véhicules et
davantage aller vers la vérification de tous les permis
nécessaires de même que la vérification mécanique de
chacun des véhicules. Vous demandez un élargissement de la
responsabilité.
M. Guay: Oui. Ce serait une méthode, entre autres.
Dernièrement, on demandait comment éduquer l'expéditeur.
Je crois que ce serait une bonne manière d'éduquer
l'expéditeur et d'éduquer le transporteur, l'industrie du
transport. On a une industrie du transport et, dans les années qui
viennent comme dans les années passées, on veut être
professionnels, vraiment. Par exemple, un camion arrive à la balance
avec une surcharge d'au-delà de 7000 à 6000 livres, et vous
appelez l'expéditeur à venir décharger cette marchandise.
En même temps, il y aurait une éducation pour les deux dans cette
opération.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Bréard.
M. Bréard: II faudrait que le transporteur
québécois soit aussi impressionné par la police du
Québec que par celle des États-Unis. On ne rentre pas
Impunément aux États-Unis comme dans une auberge espagnole. On
n'a pas ce qu'il faut, on ne passe pas. Ici, au Québec, les
Américains rentrent, les Ontariens, tout le monde, mais personne ne
respecte la réglementation. Même les Québécois se
disent: Avec le contrôle qu'on a au Québec, on peut se permettre
d'avoir des véhicules immatriculés ailleurs et on va faire du
transport quand même. Donc, il faut que ce soit clair que la
réglementation est là pour être appliquée, ici comme
ailleurs.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai bien compris que
c'était un contrôle plus économique qu'il fallait faire et
que les gens soient formés en conséquence, en particulier les
corps policiers. Ce que je comprends, c'est que vous revendiquez un corps
policier qui ne ferait que ce travail et qui serait indépendant de la
Sûreté du Québec.
M. Bréard: Un corps spécialisé par le
ministère des Transports, pas nécessairement policier.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Guay.
M. Guay: Lorsqu'on parle des aires de pesée, il n'est pas
nécessaire que ces aires de pesée aient une balance. On peut
toujours les appeler des aires de vérification sans qu'il y ait une
balance. À ce moment, les coûts sont beaucoup moindres et la
police de la route ou la police des transports serait beaucoup plus efficace
et, en même temps, on aurait une Industrie beaucoup plus
professionnelle.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M.
Guay.
Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Lévis.
M. Garon: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
voir les gens de l'Association du camionnage du Québec. Je suis content
de voir la franchise avec laquelle vous... Les Américains disent
habituellement "candidement" quand les gens parient comme Ils pensent.
J'aimerais vous poser une question dans le même ordre
d'idées. Quand il y a eu l'adoption de la Loi sur le camionnage ou le
Code de la sécurité routière, vous êtes venus nous
dire: Notre appréhension, ce n'est pas ça; si c'est
appliqué légalement pour tout le monde, on va être heureux.
Cela fait plus d'un an que ça a été adopté. Vous
avez commencé à en dire un mot. Quel est votre commentaire
après un an d'application du Code de la sécurité
routière?
M. Guay: Pour l'industrie du transport en générai,
en ce qui regarde les Québécois - je ne vous dis pas les
Américains ou les Ontariens qui n'ont pas tellement suivi ou qui
retardent l'émission de permis - pour l'industrie
québécoise, la petite et moyenne industrie, cela a
été un bienfait. Mais là où on n'a pas eu le
résultat voulu, c'est dans l'application du Code de la
sécurité routière. On a parlé d'une
déréglementation; pour nous, on voit un assouplissement, mais
cela a été remplacé par plusieurs règlements du
code de la sécurité canadienne et du code de la
sécurité du Québec, et c'est ça qui n'est pas en
application actuellement. Ce qu'on voudrait, c'est que le ministère des
Transports soit muni d'un corps policier assez strict, formé, pour que
le Code de la sécurité routière, ainsi que la loi et tous
les règlements qui en découlent qui concernent notre industrie du
transport soient observés très strictement.
M. Bréard: il y a un élément, M. le
député, qui est important. Les corps policiers et le
ministère des Transports ont deux réglementations distinctes: le
Code de la sécurité routière et la Loi sur le camionnage.
Le corps policier est mandaté pour faire appliquer les deux et il est
excellent dans le Code de la sécurité routière
à
certains égards. Quand iIs font des blitz, iIs ne manquent pas
grand monde. Mais, en vertu de la Loi sur le camionnage, jamais iIs ne font un
contrôle important. Et c'est dans la Loi sur le camionnage la
réglementation sur les pesées, les permis nécessaires, les
véhicules utilisés, les heures de service, les redevances
à la CSST, l'essence, la taxe sur les carburants. Bref, celui qui passe
à côté de ça a 40 % d'obligations sociales de moins
à payer et il est capable de concurrencer 40 % moins cher, effectivement
avec l'aval des autorités, puisqu'il peut circuler Impunément sur
les routes du Québec.
Donc, c'est sous cet aspect-là qui faut que les corps policiers
soient formés pour contrôler, et c'est compliqué. Je vous
le dis, c'est compliqué, ce n'est pas facile de demander à un
corps policier d'appliquer le Code de la sécurité routière
et les dimensions de la Loi sur le camionnage. Là-dessus, je pense que
c'est un raté. En ce qui concerne la Loi sur le camionnage, on peut dire
que c'est un raté de première classe.
M. Guay: Depuis sept à huit mois, on assiste, à
toutes les trois semaines, à un accident où un camion est
impliqué. Si on analyse ce qui est arrivé, ce sont les freins.
Encore hier, dans le parc, un morceau de granit de 25 000 livres sur la route.
Cela a-t-iI du bon sens? La réglementation, l'arrimage... Si ce camion
avait pu être vérifié dans un poste de pesée ou un
poste de vérification avant L'Étape, cela ne serait probablement
pas arrivé. On en voit des accidents. On en a vu sur la rive sud
où il y a eu deux morts. On en a vu à Saint-Lambert où il
y a eu un mort; un camion lourd circulait sur une voie secondaire. Quelle
réglementation y a-t-il eu à ce moment? S'iI y avait eu une
vérification, 8 n'y aurait pas eu de morts et aussi probablement que des
accidents coûteux pour l'Industrie auraient été
évités.
M. Garon: Quand vous comparez l'application de la loi au
Québec avec celle des États-Unis - vous en pariiez tantôt -
ou de l'Ontario, en quoi est-elle plus relâchée? Qu'est-ce qui, en
termes d'application de la loi, vous frappe, comme camionneur, quand vous allez
aux États-Unis et quand vous êtes ici?
M. Guay: Aux États-Unis, ce qui nous frappe dans la
circulation, c'est vraiment la sévérité des divers corps
policiers, qu'il s'agisse de la vérification de la taxe sur le diesel,
des pneus, des permis, de la pesanteur, de l'arrimage. Certains États
demandent un permis semblable au ICC en plus de demander un permis de diesel et
un permis de circulation. C'est la sévérité pour des
documents aussi simples et pour un montant de 5 $ mentionnant le numéro
du permis, le numéro du camionneur enregistré aux
États-Unis, ce qu'ils appellent le USDOT, United States Department of
Transportation. Ça, c'est Impor- tant. Alors, on pourrait dire que c'est
simple, mais iIs sont sévères. (17 heures)
M. Bréard: La stratégie d'Intervention aussi. Vous
pouvez vous promener à l'intérieur des États
américains assez Impunément si vous avez traversé la
frontière, parce que leur stratégie d'Intervention, c'est aux
frontières. Ils se tiennent près des frontières; tous ceux
qui entrent aux États-Unis sont vérifiés
systématiquement et ils doivent montrer patte blanche. La
probabilité de circuler aux États-Unis en passant aux
frontières est assez faible. Au Québec, i n'y a pas de
contrôle; n'importe qui entre. Les Américains viennent même
vérifier les entreprises de transport du Québec qui font du
trafic aux États-Unis, sur le territoire, à leur siège
social. Il y a des inspecteurs du DOT qui viennent ici et font l'inspection de
vos déclarations de milage, de taxes ou de carburant, de ci et de
ça. Ils Inspectent les livres de la compagnie ici, au Québec,
à Montréal. Ils n'ont pas l'autorité, mais, si on ne leur
permet pas de faire leurs vérifications, lis en prennent
l'autorité aux frontières: Vous restez ici. Donc, iIs ont une
sévérité et une stratégie de contrôle. Une
fois que vous avez passé le poste de contrôle, vous faites ce que
vous vouiez. Ils ne gaspillent pas leurs énergies à circuler tous
azimuts à l'Intérieur des États; Is se tiennent aux postes
frontières et ils vérifient systématiquement tout le
monde.
M. Guay: S'iIs n'ont pas le droit de percevoir ici, à
l'intérieur du Québec, aussitôt que le camion ou
l'unité a passé la frontière, il pourrait, aux
États-Unis, faire l'objet de saisie, être empêché de
continuer sa route ou retourné tout simplement au Canada. C'est cette
sévérité.
Vous pariiez de l'Ontario. En Ontario, on peut circuler facilement sans
permis, mais la province met l'accent sur le Code de la sécurité
routière. Il y a des unités de la Sûreté de
l'Ontario qui ont été formées à cet effet et qui
vérifient même l'épaisseur des pneus, les freins avant du
tracteur ou du camion, le chargement, les heures.
M. Bréard: De ce temps-là, l'Ontario n'est pas un
exemple à donner en matière de transport. Ils n'ont même
pas fini d'adopter leur loi sur la déréglementation, tel qu'Us
s'étaient engagés à le faire depuis des années. Ce
n'est pas un exemple dont on peut s'Inspirer.
M. Guay: Ici, au Québec, je crois que les permis ont
été donnés, dans une proportion de 95 %, à des
transporteurs québécois, tandis qu'actuellement, en Ontario,
c'est dans une proportion d'au-delà de 50 % que les
Québécois ont envahi les gazettes officielles de l'Ontario pour
des demandes de permis. Alors, ça va assez bien. Si jamais iI y a un
débouché ou si la loi est plus souple, moins
sévère, je crois que les
Québécois vont trouver leur place en Ontario.
M. Garon: Souvent, les camionneurs arrêtent aux mêmes
endroits et placotent ensemble. Quels sont les commentaires que font les
camionneurs américains concernant l'application de la loi au
Québec?
M. Bréard: Je ne me suis pas arrêté bien
souvent, là.
M. Guay: Dans les "truck stops", qu'on pourrait appeler, les
endroits où les camions arrêtent, il y a certains transporteurs
américains qui n'osent pas traverser au Québec, d'abord, parce
qu'ils ne parlent pas français et parce que c'est assez compliqué
lorsque la Sûreté du Québec îes arrête, par
exemple, lorsqu'on exige un cautionnement immédiat, un montant d'argent
immédiatement. C'est vraiment du trouble pour eux de venir au
Québec actuellement. Par contre, ils peuvent demander des permis. Ceux
qui ont des permis et qui opèrent raisonnablement et logiquement
s'organisent pour avoir au Québec des représentants qui parlent
français. Ils organisent leur industrie qui fonctionne aussi bien qu'une
compagnie québécoise qui s'installe aux États-Unis.
M. Bréard: Sur le plan légal... Il y a aussi des
transporteurs québécois et canadiens qui, pour des raisons
fiscales, ont oeuvré aux États-Unis. On avait souligné le
problème aux autorités du ministère, à savoir
qu'ils entraient au Québec impunément avec un trip permit" de la
Régie de l'assurance automobile. Donc, on ne vérifiait pas s'ils
avaient le permis du ministère des Transports. Il y a aussi ça.
il y a une certaine partie des transporteurs américains qui viennent au
Québec sans se préoccuper de la réglementation. Le plus
important, c'est que des transporteurs québécois et canadiens,
comprenant cette astuce, déménagent leurs pénates de
l'autre côté de la frontière pour des raisons fiscales. Ils
traversent en se faufilant à travers les trous de la loi. C'est
ça qu'il faut empêcher.
M. Garon: Concernant les commentaires que vous avez faits au
ministre sur ces questions, il a dit qu'il a un objectif important, c'est
l'économie et la rationalisation des ressources. Pensez-vous que deux
voies de contournement sont indispensables pour décongestionner le
boulevard Métropolitain?
M. Bréard: Pas seulement le Métropolitain, mais
tout le centre-ville de Montréal. Actuellement, il n'y a pas beaucoup
d'alternatives. Un camion en transit qui vient de l'Ontario vers les Maritimes,
ou vers le nord-est des États-Unis, doit absolument passer par le
Métropolitain, il n'y en a pas d'autres, et par le tunnel
Louis-Hippolyte-Lafontaine. Il faut absolument donner d'autres alternatives. Il
faut éviter de passer dans le centre-ville de Montréal.
M. Garon: Est-ce qu'il faut deux voies de contournement, une au
nord et une au sud?
M. Bréard: C'est pour cela que je disais tantôt que,
si j'avais le choix, je dirais que c'est la 30 qui est la voie prioritaire pour
nous, parce que c'est celle qui permet la meilleure fluidité entre
l'Ontario et les Maritimes et entre l'Ontario et les États-Unis. Elle
est au sud de Montréal, elle permet le contournement par Valleyfieid et
elle s'en va directement rejoindre la 20 vers les Maritimes et vers les
États-Unis aussi, où sont toutes les voies d'embranchement vers
les États américains.
M. Garon: Quand vous dites qu'une voie de contournement est
nécessaire pour le trafic des marchandies, essentiellement vous
référez toujours à du transit, quelqu'un qui passe
à travers, qui vient de l'Ontario ou des États-Unis. Est-ce
à cela que vous référez principalement?
M. Bréard: On cherche par tous les moyens d'éviter
que les gens qui n'ont pas affaire dans nos jambes à Montréal
soient là. C'est ce qu'on cherche. On dit: Ceux qui ont affaire
là, on ne peut pas les envoyer, mais ceux qui n'ont pas affaire
là pourraient-ils passer ailleurs pour nous laisser circuler librement
dans Montréal? C'est ce qu'on veut. On veut améliorer le
transport à Montréal, mais on veut éliminer le plus
possible les emmerdements, et Ils en sont un, un colossal d'ailleurs. Il faut
qu'ils passent ailleurs pour permettre une meilleure fluidité sur
l'île et dans tout le réseau et de façon qu'on puisse
éventuellement demander une politique de transport
intégré, c'est-à-dire une livraison de nuit, à
certaines heures et dans certains quartiers, pour que cet ensemble de mesures
permette d'augmenter la productivité de tout le réseau de
transport.
M. Garon: Quel est le pourcentage du trafic lourd, les camions
lourds en transit qui circulent le jour et la nuit? Y a-t-il eu des
études à ce sujet? On parle d'un pourcentage, 15 %, qui n'a pas
à aller à Montréal ou qui ne vient pas de Montréal.
Vous avez fait la distinction entre les différentes formes de traffic,
les différentes formes de camions. Quel pourcentage est, pour vous, du
trafic lourd et quel est le pourcentage, d'après les habitudes, je ne
sais pas si vous avez des donnés à ce sujet, de ceux qui
voyagent... J'ai remarqué que des gros camions, on en rencontre en
sacrifice la nuit et beaucoup moins le jour. Quel est le pourcentage? Y a-t-il
des études là-dessus?
M. Bréard: Ce qui nous Impressionne d'ailleurs, c'est que
chaque fois qu'on vient discuter avec des gens, en commission parlementaire ou
ailleurs, nous faisons toujours office de
parents pauvres, parce que nous n'avons jamais d'études pour dire
exactement quel est le flux de circulation, alors que les communautés de
transport ont beaucoup de fonctionnaires capables de livrer, à coup
sûr, tous les détails. Ce qu'on dit au ministère des
Transports, c'est qu'il y a un problème dans le financement des
études de trafic des personnes versus celui des marchandises. L'effort
du ministère des Transports depuis des années est louable, mais
on n'a pas autant de moyens financiers pour faire ces études, qui nous
manquent désespérément pour pouvoir le dire avec
certitude, que toutes les commissions de transport qui nous plaquent leurs
études comme cela, avec des chiffres précis. Nous fonctionnons
par agrégat, par volume estimé, mais nous n'avons pas vraiment
d'études précises. Et c'est ce qu'on voudrait,
véritablement le préciser. Quand on pariait du plan
d'intervention, on disait qu'il faut que ces études soient clairement
établies pour permettre au maire de Montréal et à ses
élus de pouvoir argumenter avec logique. On a des agrégats, 15 %,
mais 15 % multipliés par quatre, parce que c'est un camion de 53 pieds,
cela fait plus de 15 %. Donc, on n'a pas vraiment d'études très
précises, et c'est ce qu'on déplore dans les études qui
soutiennent l'argumentaire du transport en commun collectif routier des
personnes, quand on dit...
M. Garon: Avez-vous vu des études américaines
là-dessus? Est-ce qu'il y a des études sur...
M. Guay: Oui, il y a des études américaines
sur...
M. Garon:... le comportement du camionnage aux
États-Unis?
M. Guay: Sur le comportement de la ville de Boston, par exemple,
oui, Os ont fait plusieurs ceintures alentour. Il y a des études faites
par l'Université Harvard et par un Franco-Américain qui a
déjà fourni ce genre d'études il y a environ quatre ou
cinq ans. Il s'agirait de correspondre avec lui et les demander. A la suite de
cela, on voit que les voies de contournement de Boston sont là, ont
été faites. Si on parle de volume, vous pariez de 15 %, M. Garon.
Si on avait pu prendre le volume d'une unité, cela aurait pu monter
jusqu'à 30 %. On a parlé, tout à l'heure, des coûts
pour les transporteurs de prendre le boulevard Métropolitain qui est
souvent bloqué par la circulation. On est rendus avec des conventions
collectives où on nous dit: Lorsque ce sera pour une longue distance,
vous circulerez au mille parcouru mais, à la minute où vous
arriverez au tunnel Louis-Hippolyte-Lafontaine et pour circuler sur le
boulevard Métropolitain, cela va tomber à l'heure. Alors, vous
voyez l'avenir! Comme vous l'avez dit tout à l'heure, dans les
années 2000 et avant, cela va être épouvantable en
coûts, alors qu'on a assisté à un assouplissement des
tarifs et de la réglementation et que la concurrence est excessivement
forte. Ce sont des coûts qu'on peut empêcher, si jamais on peut
libérer le boulevard Métropolitain d'un certain nombre de
camions, que ce soit en transit, locaux ou encore de longues distances, des
différentes régions du Québec. Je crois que c'est
important que la vole de ceinture, surtout l'autoroute 30, soit faite.
M. Bréard: II faut s'Imaginer qu'un véhicule de 48
pieds sur la rue Sainte-Catherine, c'est moins mobile que quatre
véhicules automobiles.
Cela ralentit pas mai plus la circulation que quatre automobiles.
M. Garon: Ce que je voulais dire, au fond, c'est que celui qui
n'a pas le choix d'y aller, 1 n'a pas le choix; mais j'imagine que celui qui a
le choix, il ne doit pas s'organiser pour passer là aux heures de pointe
à moins d'être bien mal pris. Il doit essayer de passer en dehors
des heures...
M. Briard: C'est ce qu'on dit dans te plan global et on l'a
souligné au ministre et à ses fonctionnaires depuis longtemps: il
faut que les expéditeurs soient eux aussi responsabilisés dans
cette affaire. Si on a une politique globale qui dit que la livraison doit se
faire après 18 heures au centre-ville, cela va être clair et
l'expéditeur ne l'exigera pas du transporteur. Actuellement, quand bien
même on lui dirait qu'on ne veut pas y aller, il va en trouver un autre
pour y aller. C'est comme lorsqu'on lui dit qu'on ne charge pas en "overweight"
ou en charge supplémentaire; ï trouve toujours quelqu'un pour le
faire et on n'est jamais capables de le faire condamner par la
Sûreté du Québec parce que c'est difficile à
prouver. Donc, tant que l'expéditeur ne sera pas impliqué dans
les pénalités liées à l'utilisation d'un
transporteur non réglementaire, on va toujours avoir ce problème.
C'est pour ça qu'on dit: Un plan global d'intervention doit
prévoir une responsabilité pour tout le monde et un
règlement uniforme.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie.
M. Garon: J'ai remarqué...
Le Président (M. Saint-Roch): Je m'excuse, M. le
député de Lévis, mais, malheureusement, le temps est
écoulé. Sur ceci, j'aimerais remercier l'Association du
camionnage du Québec pour son apport aux travaux de la commission.
Je demanderais maintenant à l'Association
québécoise du transport et des routes de bien vouloir prendre
place, s'il vous plaît. Permettez-moi, dans un premier temps, de vous
souhaiter la bienvenue aux travaux de cette commission. Je demanderais au
porte-parole de l'association de
bien vouloir s'identifier ainsi que les gens qui l'accompagnent pour le
bénéfice des parlementaires.
Association québécoise du transport et des
routes
M. Hargreaves (Daniel): Merci beaucoup. Bonjour, M. le
Président, M. le ministre, mesdames et messieurs les membres de cette
commission. Mon nom est Daniel Hargreaves; je suis te président de
l'AQTR, l'Association québécoise du transport et des routes. Cet
après-midi, je suis accompagné du vice-président à
l'administration, à ma droite, M. Gérald Pelletier; à ma
gauche, de M. Paul Ouimet, le secrétaire-trésorier de i'AQTR, et
de M. Guy Paré, à ma droite, le directeur général
de I'AQTR.
Comme préambule, si vous me le permettez, je vais vous donner
quelques précisions sur notre association, I'AQTR. L'Association
québécoise du transport et des routes, fondée en 1965,
donc il y a près de 25 ans, regroupe quelque 900 membres qui oeuvrent
dans le domaine du transport à travers le Québec. Il s'agit de
professionnels et d'organismes impliqués dans le transport des
marchandises et des personnes, donc dans le transport routier et dans le
transport en commun. Ces membres se sont regroupés en vue de contribuer,
par un effort commun, à l'amélioration des techniques du
transport et des routes. (17 h 15)
Pour la présentation de son mémoire, en date du mois
d'août 1987, à la commission parlementaire de l'aménagement
et des équipements sur les infrastructures de transport en commun dans
la région de Montréal, I'AQTR s'était
préparée en organisant, notamment, un colloque sur les
infrastructures de transport en commun dans le monde, leur financement, leur
encadrement Institutionnel et leur impact sur l'urbanisation. À cette
fin, l'AQTR invitait à son colloque de juin 1987 des
représentants de Toronto, de Washington, de Boston, de Lyon et de
Hambourg, agglomérations de taille comparable à celle de la
grande région de Montréal.
Cette fois, afin de préparer le présent mémoire, le
rapport du ministère des Transports, intitulé "Le transport dans
la région de Montréal - Plan d'action: 1988-1998", a
été largement diffusé parmi les directions techniques de
I'AQTR, soit les infrastructures de transport, la circulation et
l'environnement, le transport des personnes, le transport des marchandises, la
recherche et le développement et la sécurité dans les
transports. Environ 50 copies du rapport intégral ont ainsi
circulé parmi les quelque 125 personnes actives à
l'intérieur de ces différentes directions. Depuis la diffusion du
plan d'action, au mois d'août 1988, trois ateliers de consultation ont
été tenus par I'AQTR: l'un portant sur la gestion de la
qualité dans les infrastructures au Québec; un deuxième
sur la circulation et l'environnement dans la région de Montréal
et, enfin, un troisième sur la recherche en sécurité
routière. Les commentaires apportés par nos membres, iors de ces
différentes réunions, font l'objet de considérations dans
le mémoire que nous vous présentons aujourd'hui. Enfin, nous
aimerions vous souligner que le présent mémoire a
été sanctionné par le conseil d'administration de l'AQTR,
lors de sa dernière réunion, le 18 janvier 1989.
En guise d'introduction, mentionnons que la tenue d'une deuxième
commission parlementaire à 18 mois d'intervalle, sur des sujets qui se
recoupent à plusieurs points de vue, démontre que l'enjeu est
énorme et que le consensus est difficile à obtenir. La diffusion
par le ministère des Transports du plan d'action sur le transport dans
la région de Montréal, même s'il est perfectible, est
certainement une preuve de la volonté du gouvernement d'agir dans ce
dossier pour une meilleure qualité de vie des citoyens. D'autre part,
l'acceptation des nombreux intervenants, intéressés a la
problématique du transport, de venir dialoguer sur ce sujet avec les
représentants de l'Assemblée nationale est aussi une preuve de
leur volonté d'améliorer la qualité de vie dans la grande
région de Montréal.
L'Association québécoise du transport et des routes n'a
d'autre objectif que d'aider tous les intervenants, quels qu'ils soient,
à la production et à l'achèvement d'un plan de transport
cohérent qui réponde aux objectifs d'aménagement du
territoire dans un cadre institutionnel et financier respectueux du mandat de
chacun. Ce mémoire a été préparé dans
l'espoir d'atteindre cet objectif.
Après un survol rapide des conclusions de notre mémoire de
1987, nous présenterons d'abord certains commentaires sur l'approche
retenue dans le plan d'action et ferons par la suite quelques suggestions
à l'ensemble des intervenants quant aux suites à donner à
la réflexion suscitée par le ministère des Transports.
Nous croyons d'abord utile de rappeler certains éléments
des conclusions de notre mémoire de 1987, conclusions qui demeurent
toujours d'actualité.
Premièrement, selon I'AQTR, il est fondamental de situer les
choix d'infrastructures de transport dans une perspective plus large
d'aménagement du territoire, d'abord, puis de transport, ensuite.
Deuxièmement, il nous apparaît encore plus évident
aujourd'hui que la confusion ou la stérilité des débats
des dernières années et des derniers mois prend sa source dans un
manque de clarté en ce qui concerne les objectifs que chacun des
intervenants veut atteindre et, conséquemment, dans un manque de
consensus.
Troisièmement, nous avons été témoin, au
cours des 20 dernières années, de l'échec de plusieurs
propositions gouvernementales ou municipales, causé par un empressement
à vouloir mettre en place des structures institutionnelles
ou financières ou des infrastructures de transport sans
réel souci de concertation.
Voici, maintenant, les commentaires de l'AQTR sur le plan d'action
1968-1998. Le plan d'action représente, selon l'AQTR, un effort louable,
en exposant la problématique du transport dans la région
métropolitaine de Montréal selon deux de ses composantes: le
réseau routier et le transport collectif. L'AQTR est heureuse de
constater que sa proposition de vision globale et régionale des deux
réseaux de transport, telle que formulée dans son mémoire
de 1987, a été retenue par le gouvernement et se retrouve dans le
plan d'action 1988-1998.
Depuis le début des années soixante-dix, le gouvernement
et les municipalités ont mis l'accent sur les transports collectifs,
mais ont sans doute négligé le parachèvement et surtout la
réhabilitation de certains tronçons autoroutiers. Le plan de
transport cherche à rétablir un certain équilibre avec
lequel l'AQTR est d'accord. Toutefois, l'AQTR estime qu'il est difficile,
à la lecture du document, d'évaluer précisément
comment les interventions préconisées, tant au plan de leur
description que de leur ordre de priorité, résolvent les
problèmes préalablement exposés. Ces interventions visent
essentiellement la modernisation et le parachèvement des infrastructures
amorcées dans certains cas 8 y a plus de 30 ans, ce qui peut être
en soi un objectif louable, avec lequel l'AQTR est également
d'accord.
Par contre, l'AQTR constate avec regret que le plan d'action n'aborde
pas spécifiquement les conséquences des Interventions
proposées, et ce, que ce soit techniquement - les problèmes de
congestion vont-ils s'estomper? - financièrement - le partage de la
facture sera-t-il équitable? - ou environnementalement - la
qualité de vie sera-t-elle améliorée? Il y a certes une
évaluation du coût des travaux à faire pour
compléter et améliorer les réseaux, mais a-t-on
évalué ou tenu compte des conséquences sociales ou
économiques du non-parachèvement de certains tronçons
autoroutiers, de certaines lignes de métro ou de certaines lignes de
train de banlieue?
Le document présente une liste de propositions concrètes
et fort intéressantes pour le réseau routier et pour le transport
collectif. L'AQTR n'a toutefois pas pu y constater clairement comment le
parachèvement des deux réseaux se traduira par une structure
intégrée de transport pour la région de Montréal.
De plus, on semble négliger les autres modes de transport:
aérien, ferroviaire et maritime, qui ont un impact non
négligeable sur l'organisation des transports des personnes et des
marchandises.
Les interventions proposées par le plan d'action portent,
prioritairement, sur la conservation des acquis et sur les améliorations
des Infrastructures pour aborder, par la suite, le développement des
réseaux. Cette approche ne peut que réjouir l'AQTR qui en avait
d'ailleurs fait la promotion dans son mémoire de 1987. Le plan d'action
reprend une autre suggestion fort importante concernant l'amélioration
de l'efficacité du réseau routier, soit la gestion
informatisée de la circulation dans les principaux corridors
autoroutiers. L'AQTR est d'avis qu'il existe, malheureusement, une certaine
ambiguïté quant à la définition des catégories
d'intervention en ce qui concerne la conservation, les améliorations et
le développement des infrastructures de transport. Une définition
plus claire conduirait à une meilleure évaluation des travaux et
des impacts avec un étalement approprié des opérations
séquentielles.
En ce qui a trait à l'aménagement du territoire, le plan
d'action mentionne que le ministère des Transports s'est inspiré
des propositions formulées par les différents groupes et
organismes d'aménagement et de développement économique.
Cependant, l'AQTR réitère son souhait qu'aucune décision
pour le développement de nouvelles infrastructures ne puisse être
vraiment justifiée que si elle s'appuie sur des objectifs
complémentaires d'aménagement du territoire, idéalement
agréés par l'ensemble des intervenants.
Par ailleurs, toujours sur l'aménagement du territoire, le plan
d'action rappelle les grandes lignes de l'option préférentielle
d'aménagement pour la région de Montréal, option que le
gouvernement est à réviser actuellement. L'AQTR se demande quand
la nouvelle option sera dévoilée et comment les propositions du
plan d'action vont cadrer avec cette nouvelle option visant à orienter
les actions des différents organismes gouvernementaux.
Depuis plusieurs années déjà, l'AQTR a un
intérêt accru pour la sécurité dans les transports
et s'est notamment prononcée à maintes occasions sur les mesures
à prendre concernant cet aspect dans les travaux de construction et de
réaménagement routier au Québec. Nous sommes heureux de
constater que l'aspect sécurité a été
considéré dans les propositions gouvernementales. Il est en effet
impensable de proposer un réaménagement autoroutier sans tenir
compte de l'élément sécurité.
Un autre aspect préoccupe grandement l'AQTR: la qualité de
vie des citoyens et particulièrement celle de la partie centrale de
l'agglomération. Le plan d'action souligne que les projets
émanant des différents intervenants de la région de
Montréal convergent vers la reconnaissance du caractère de
service essentiel du transport collectif, pour les déplacements à
l'intérieur de l'agglomération et, plus particulièrement,
ceux vers la zone centrale de me de Montréal. Ces propos rejoignent les
préoccupations de l'AQTR qui estime d'ailleurs que l'ensemble des
réseaux, routier et collectif, desservant le centre-ville de
Montréal doivent être conçus de façon
intégrée, non seulement pour éviter son asphyxie mais
également pour promouvoir son rôle économique concurrentiel
en
Amérique du Nord. Ce qui n'exclut pas, selon l'AQTR, le fait de
reconnaître l'existence et le développement d'autres centres
d'activité économique complémentaire, tel que nous sommes
à même de l'observer à Laval, Longueuil, Anjou et à
Pointe-Claire, pour n'en nommer que quelques-uns.
Comme recommandations, à la suite de ces propos, l'AQTR n'a pas
l'intention de proposer ou de choisir parmi les infrastructures
identifiées dans le plan d'action, ni de faire des propositions quant au
choix des interventions. Comme nous l'avons déjà souligné,
nous ne disposons pas de tous les éléments essentiels à
une prise de décision éclairée pour apporter des solutions
complètes et adéquates aux problèmes de transport de la
région de Montréal. D'ailleurs, l'AQTR ne croit pas que ce soit
là son rôle. (17 h 30)
Les choix incombent plutôt à l'ensemble des intervenants
politiques, tant au niveau municipal que provincial, voire même
fédéral, intervenants qui doivent, au préalable,
décider des objectifs de qualité de vie de la collectivité
régionale et définir les politiques d'aménagement qui en
découlent.
À cette fin, ces intervenants doivent se concerter. Ce processus
étant idéalement continu, la concertation doit
nécessairement se faire par le biais d'un mécanisme permanent,
comme c'est d'ailleurs le cas dans plusieurs agglomérations urbaines,
ailleurs dans le monde, comparables à celle de Montréal. De cette
concertation découlera un plan directeur d'aménagement, condition
préalable essentielle à la préparation d'un plan directeur
de transport, lui-même étant normalement un prérequis
à l'élaboration d'un plan d'équipement.
Dans ce contexte, comme l'AQTR l'avait mentionné en 1987 et
également dans son mémoire à la commission parlementaire
de 1982, pour une solution permanente aux problèmes de transport de la
région, i'AQTR recommande que le ministère des Transports voie
immédiatement à la mise en place d'un organisme régional
de transport. Cet organisme serait sous le contrôle des bailleurs de
fonds, c'est-à-dire les municipalités et le ou les gouvernements.
L'ensemble des modes de transport régionaux serait couvert, notamment le
réseau routier et le transport collectif. Le mandat de cet organisme
porterait essentiellement sur la planification et le financement des transports
à l'échelle régionale, de même que sur la
coordination des différents réseaux au point de vue de
l'exploitation, la réhabilitation et le développement.
Quels que soient la structure retenue pour cet organisme régional
de transport, son mandat et ses modalités d'opération, l'AQTR
estime qu'il faut lui accorder les pouvoirs et les budgets appropriés
pour qu'il puisse assumer efficacement ses responsabilités.
Par ailleurs, l'AQTR reconnaît l'importance et l'urgence de
réaliser dans les plus brefs délais certains travaux essentiels
en ce qui concerne la préservation des équipements et des
infrastructures en place. À cette fin, en attendant la création
de l'organisme régional proposé, l'AQTR recommande que le
ministère des Transports se concerte Immédiatement avec les
différents intervenants impliqués pour convenir des interventions
prioritaires à effectuer et pour assurer la coordination des
travaux.
Enfin, dans le cadre d'un tel contexte institutionnel renouvelé,
l'AQTR recommande que le financement requis implique les trois paliers de
gouvernement: municipal, provincial et fédéral, et que la
répartition des contributions financières se fasse selon les
secteurs touchés, l'importance des travaux et l'impact des
améliorations réalisées.
Quels que soient les scénarios envisagés pour solutionner
les problèmes de transport de la région de Montréal,
l'AQTR estime que le gouvernement du Québec doit avoir une vision
d'ensemble de la problématique transport-aménagement et
qu'à ce titre il doit assumer le leadership pour mettre en place les
mécanismes de concertation appropriés.
En résumé, l'AQTR considère que les
problèmes de transport dans la région de Montréal
découlent d'un certain nombre de lacunes dans l'organisation des
transports, comme, d'ailleurs, on le souligne dans le plan d'action. En
conséquence, l'AQTR recommande: 1° la mise en place, dans les plus
brefs délais, d'un organisme régional de transport; 2° la
concertation immédiate des intervenants en vue de la réalisation
planifiée et coordonnée des travaux urgents; 3° l'implication
des trois paliers de gouvernement pour le financement requis.
Peu importent les scénarios retenus, nous considérons que
le gouvernement du Québec doit assumer le leadership pour la mise en
place des mécanismes appropriés.
Cela dit, l'AQTR reconnaît la difficulté d'en arriver
à un consensus et, à cet égard, assure les Intervenants de
sa pleine et entière collaboration. Il serait bon de se rappeler que le
transport n'est pas une fin en soi, mais un moyen d'améliorer la
qualité de vie des citoyens. L'AQTR vous remercie de cette invitation et
de l'occasion, qui lui a été donnée de participer à
cette commission.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M.
Hargreaves. Je vais maintenant reconnaître M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je veux
remercier l'AQTR et, en particulier, son président de même que les
gens qui l'accompagnent, pour cette deuxième contribution à la
problématique des transports dans la grande région de
Montréal. Comme il en a été fait état dans le
mémoire actuel, l'idée de regrouper le transport routier et le
transport en commun est une proposition qui avait été faite par
l'AQTR,
en 1987, qui a été immédiatement prise en
considération par le ministère des Transports, pour proposer
cette vision globale d'un plan de transport pour la grande région de
Montréal. évidemment, on le sait par la présentation de M.
Hargreaves, l'AQTR est un bassin - je ne voudrais pas trop trop vous enfler non
plus - de matière grise, avec une experience à la fois
très partagée de fonctionnaires et de gens de l'entreprise
privée. On peut donc très certainement s'y référer
pour avoir certains éclaircissements ou certaines lumières.
Dans votre présentation, vous n'avez pas fait du tout allusion
à ce qui se passe ailleurs, dans des situations à peu près
comparables, bien que vous ayez eu l'occasion de tenir un colloque. Vous avez
fait allusion à Lyon et à Washington. Je ne sais pas si Toronto
était au colloque. J'aimerais peut-être vous entendre davantage,
si c'était possible, sur votre perception des choses du point de vue de
l'organisation à Toronto, sur le plan géographique, sur le plan
de l'organisation même du transport, en comparaison avec ce qui pourrait
se passer à Montréal, dans cette grande région
métropolitaine, et sur les expériences valables qu'on pourrait
tirer de Toronto.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Hargrea-ves.
M. Hargreaves: Oui. Merci beaucoup, M. le Président.
Écoutez, M. le ministre, il est toujours difficile, d'abord, de
comparer. On peut s'inspirer, bien entendu, mais, quand on regarde la
problématique du transport dans une région comme Montréal
où il y a environ 3 000 000 d'habitants, où la structure de
décision est fort complexe, où 1 y a de multiples Intervenants
et, en termes de réseaux de transport, un certain nombre de
réseaux de transport, de modes de transport, comparer avec ce qui se
passe dans d'autres régions, c'est toujours difficile. Ce qui se passe
à Toronto, présentement, et en fait depuis une bonne vingtaine
d'années, est relié d'abord et avant tout - peut-être pour
situer un peu plus la commission - au fait que toute la question de
l'aménagement du territoire, en Ontario, découle d'une loi qui
date d'il y a au moins une vingtaine d'années.
À cet égard, dans la région de Toronto, le
gouvernement ontarien, à cette époque, avait non seulement
décidé d'adopter une loi sur l'aménagement du territoire,
mais avait aussi, entre guilemets, forcé un certain regroupement des
différentes municipalités, de telle sorte que, à titre
d'exemple, pour une région comparable à celle de la région
de Montréal, il existe, à ma souvenance, environ une trentaine de
conseils municipaux dans la grande région de Toronto, une trentaine de
municipalités, soit régionales ou locales, qui regroupent 4 000
000 d'habitants. Dans la région de Montréal, je pense qu'on a au
moins 200 municipalités locales pour environ 3 000 000 d'habitants.
Donc, déjà là. la situation est passablement
différente, en termes de structures municipales à cause du
schéma d'aménagement des différentes municipalités,
du regroupement des municipalités.
Les 30 municipalités locales de la région de Toronto sont
regroupées en à peu près une dizaine de
municipalités régionales, un peu comme les municipalités
régionales de comté au Québec. Encore une fois, quand on
parle d'aménagement, de développement des réseaux
routiers, du développement de transport collectif, c'est sûr que
c'est un peu moins complexe, en termes de structures institutionnelles. Et,
à cause de ça, personnellement, j'ai l'impression - et je pense
que les gens qui ont étudié le cas de Toronto ont aussi cette
impression - que le dialogue est sans doute un peu plus simple, étant
donné le nombre réduit d'intervenants. Dans la région de
Toronto, il y a un organisme régional de transport qui s'occupe du
transport collectif entre les différentes parties du territoire et c'est
le Government of Ontario Transit, qui s'occupe essentiellement des trains de
banlieue - je pense que la région de Toronto a environ huit lignes de
trains de banlieue émanant essentiellement du centre-ville - et d'un
nombre assez important de circuits d'autobus régionaux qui desservent
l'ensemble de cette grande agglomération. Au-delà de cette
structure régionale à laquelle participent l'ensemble des
municipalités, via les municipalités régionales de la
grande région de Toronto, il y a les réseaux dits locaux, qui
desservent uniquement les déplacements à l'intérieur de
chacun de leur territoire.
Le transport collectif, tout comme d'ailleurs au Québec, est
entre les mains des municipalités, essentiellement, qui gèrent
également le réseau routier de leur collectivité, qui
participent à l'aménagement du territoire et, de concert avec le
gouvernement ontarien, discutent des différents projets autoroutiers. En
résumé, dans la région de Toronto, il y a un organisme
régional de transport qui s'occupe essentiellement de transport
collectif au niveau régional.
M. Côté (Charlesbourg): Pour pousser un peu plus
loin - parce qu'il y a une thématique - la trame de fond de votre
mémoire fait aussi référence à
l'aménagement, en particulier. On dit: Pas de planification de transport
sans toujours avoir à l'esprit l'aménagement du territoire. C'est
un peu en ce sens que portait davantage ma question puisqu'i semble bien que,
dans la région de Toronto, on a développé des villes
satellites assez facilement, donc allant au-delà des limites du coeur de
Toronto, et on s'en accommode très bien, alors qu'il semble passablement
difficile chez nous de concilier aménagement du territoire - donc, cette
rive nord et cette rive sud - au plan de son développement, sur le
modèle de Toronto.
M. Hargreaves: Disons évidemment - comme
je me répète - que l'historique est un peu
différent, alors il ne faut pas s'attendre à ce que les
modèles ontariens puissent être transposés dans la
région de Montréal d'ici 12 ou 24 mois, c'est évident,
mais le résultat, effectivement, est celui que vous mentionnez
présentement, c'est-à-dire que la structure de
développement et de l'aménagement du territoire dans la grande
région de Montréal est faite avec un certain nombre de
pôles décentralisés. Ce n'est pas strictement le
centre-ville de Toronto qui est le pôle important d'activités
économiques, mais il y a aussi des centres complémentaires,
notamment, à ma souvenance, au moins trois assez importants: un du
côté de l'est, à Scarborough, un du côté du
nord, à North York, et l'autre à Mississauga dans l'ouest. Ce
sont des centres satellites d'activité qui sont à environ entre
15 et 20 kilomètres de distance du centre-ville. D'ailleurs, celui de
North York, dans la partie nord de l'agglomération, est à peu
près à la même distance que ce qu'on pourrait appeler le
centre-ville de Laval présentement. Mais tous les réseaux de
transport, qu'il s'agisse de transport rapide, le métro, le train de
banlieue ou les autoroutes, sont axés pour desservir ces
différents centres satellites.
M. Côté (Charlesbourg): Je ne sais pas si je fais
erreur, vous me corrigerez, ils ont donc fait la démonstration que, sur
le plan du territoire, il y avait possibilité d'un aménagement
qui aille bien avec un centre-ville, un centre très Important, et des
satellites alors que, chez nous, on n'a pas encore réussi à faire
cette démonstration. Si je comprends bien votre interprétation,
ce sont chez nous davantage peut-être les structures, sans faire de
personnalité, au fil des années, mettons des trente
dernières années, et des hommes à la tête de ces
structures qui ont peut-être empêché une vision aussi
intéressante que celle de Toronto.
M. Hargreaves: II n'y a pas de solution magique. (17 h 45)
M. Côté (Charlesbourg): II n'y a pas de solution
magique.
Le deuxième point qui me fait intervenir - c'est votre
première recommandation - un organisme régional de transport qui
verrait à planifier... Vous avez finalement une suite logique à
vos idées évoquées à la commission parlementaire de
1987...
M. Hargreaves: On en ajoute.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord, oui. Un organisme
régional de transport, mais qui aurait la responsabilité à
la fois de planifier le transport collectif, un élément qui
m'apparaît neuf, et le transport routier aussi, si j'ai bien compris.
M. Hargreaves: Oui. Écoutez, on est telle- ment en retard
qu'on se dit que cette fois-ci on n'est pas obligé de suivre les
exemples étrangers. À ma connaissance, effectivement, dans la
plupart des agglomérations à l'étranger, on passe d'abord
et avant tout par un organisme régional de transport en commun. Cette
fois-ci, étant donné que le sujet de la présente
commission touche à la fois le transport en commun et le réseau
routier, et que tous les intervenants qui viennent dialoguer devant vous
s'intéressent aux deux sujets, transport en commun et réseau
routier...
M. Côté (Charlesbourg): Par votre faute et par la
mienne.
M. Hargreaves: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Puisque vous avez fait la
proposition de les intégrer et que j'ai accepté.
M. Hargreaves: Oui. J'espère que vous êtes convaincu
que c'est intéressant de...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, certainement.
M. Hargreaves: À cause de ça, il y avait une
certaine logique, et la logique, je pense que vous l'avez vue. On ne dit pas
à l'AQTR, humblement, que c'est facile, mais il y a une
interdépendance évidente entre réseau routier et transport
collectif en termes de déplacement On parle toujours des mêmes
gens, du moins pour ce qui est du transport des personnes. Pour
l'aménagement du territoire et pour la qualité de vie à
l'intérieur d'une ville ou même d'une région, qu'il
s'agisse de Laval ou du territoire de la Communauté urbaine de
Montréal ou d'une autre municipalité, c'est sûr que les
deux réseaux préoccupent de toute évidence les
différents intervenants, qu'ils soient politiques ou autres, mais
essentiellement les différents intervenants politiques. C'est la raison
pour laquelle on se dit: De toute façon, s'il faut rassembler tout le
monde autour d'une même table, pourquoi ne pas traiter de l'ensemble des
questions aménagement et transport et, dans la question transport, le
collectif et le routier? Au plan administratif, organique, évidemment,
on peut toujours concevoir différents volets. On ne voulait pas,
à l'AQTR, entrer dans ce genre de détail de la logistique, mais
on peut effectivement concevoir que ça puisse se passer ainsi.
J'ajouterais même qu'au niveau financier, d'après nous de l'AQTR,
c'est assez Important de relier le financement de ces infrastructures, qu'il
s'agisse de l'exploitation ou du développement de ces infrastructures,
avec la participation pour ce qui est de la décision.
J'ai entendu depuis ce matin, et j'ai l'impression qu'on va l'entendre
aussi au cours des prochains jours, certains intervenants qui accepteraient
même non seulement de participer - cela va de soi pour ce qui est des
municipalités - au
transport collectif mais aussi à l'amélioration et
possiblement au développement du réseau auto-routier dans la
mesure où, évidemment, des bénéfices leur sont
attribués.
M. Côté (Charlesbourg): Mais si je comprends bien,
et c'était ma troisième question parce que le financement
m'intéressait, vous sembiez presque avoir trouvé une nouvelle
source de financement...
M. Hargreaves: Ha, ha, ha! C'était facile.
M. Côté (Charlesbourg): Lorsqu'on Inclut le routier
sur le plan régional, il est de tradition au Québec que le
routier en très large partie, à tout le moins lorsqu'il a des
effets sur le plan régional, soit en totalité payé par le
gouvernement du Québec ou, à tout le moins dans certains cas,
avec une participation du gouvernement fédéral. Je comprends
qu'à ce moment-ci, sur le plan des immobilisations, vous veniez à
ce que le palier municipal puisse investir des sommes dans le réseau
routier régional mais qui seraient décidées par
l'organisme régional de transport en termes de planification.
M. Hargreaves: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): À partir du moment
où l'organisme régional de transport souhaité couvre le
territoire de la région métropolitaine de Montréal - donc,
ça sort un peu du territoire géographique de la STRSM, de la STL
et de l'île de Montréal, c'est un petit peu plus large - cela peut
et cela amènerait certainement des décisions un petit peu plus
difficiles. Comment cet organisme qui dessert un rayon d'action autour de
Montréal pourrait, par exemple, prendre une décision concernant
le parachèvement de l'autoroute 30 qui, en majeure partie, serait
à l'extérieur du territoire de cet organisme mais serait à
tout le moins soumis au processus de décision sur le plan
régional qui y aurait peut-être davantage d'intérêt?
Cela, c'est le mauvais côté. Le bon côté d'une
proposition comme celle-là, sans aucune référence à
mon nom de famille évidemment, serait l'autoroute 25 où
l'organisme régional de transport - à ce moment-là les
autoroutes 25 et 440 seraient situées en totalité à
l'intérieur du champ de juridiction de cet organisme - pourrait à
ce moment-là décider. Le dossier de l'autoroute 25 pourrait se
régler facilement mais on serait peut-être en difficulté en
ce qui concerne l'autoroute 30. Comment peut-on concilier ces... Ce que je
comprends, c'est qu'il ne pourrait pas se construire de route si le
comité ou l'organisme régional de transport n'a pas donné
son assentiment.
M. Hargreaves: Évidemment, là on parle de... Votre
question est également un commentaire que je reçois.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, en tout cas... Comme je
me souhaite longue vie au ministère des Transports, j'essaie de voir
comment je pourrais vivre avec ça pendant quelques années.
M. Hargreaves: L'AQTR ne dit pas que c'est facile. Par contre, ce
qui est peut-être l'effort le plus important, c'est d'abord de regrouper
tout le monde. C'est ce qui est le plus important. Dans le fond, dans ce
contexte, dans notre mémoire on parle de choses qui devraient
intéresser l'ensemble des intervenants, qu'il s'agisse de qualité
de vie, de développement économique, d'aménagement du
territoire, et le réseau de transport en commun et le réseau
routier découlent d'un certain nombre de préoccupations. Autant
il faut discuter ensemble... Je pense que beaucoup d'intervenants estiment
qu'il est grandement temps que les Intervenants municipaux discutent ensemble
du prolongement du métro, de l'avenir de telle ou telle ligne de train
de banlieue, etc., même si cela ne touche pas nécesalrement leur
territoire. Pourquoi ne pas faire la même chose avec le réseau
autoroutier et possiblement les grandes artères, notamment en ce qui
concerne la traversée des différents ponts? Il est évident
qu'une question comme l'autoroute 25 touche deux des principales entités
municipales de la région, Laval et la Communauté urbaine de
Montréal, alors que l'autoroute 30 touche un peu moins ces deux grandes
entités. C'est une question de dialogue.
M. Côté (Charlesbourg): Comme 1 ne nous reste pas
beaucoup de temps, à tout le moins en ce qui me concerne, je voudrais
reprendre juste un paragraphe, à la page 3, dans le rappel des
conclusions du mémoire de 1987. Au troisième paragraphe, vous
dites: "D'autre part, il nous apparaît encore plus évident que la
confusion ou la stérilité des débats des dernières
années et des derniers mois - vous êtes poils parce que vous
auriez pu ajouter au cours des dernières semaines aussi - prennent leur
source dans un manque de clarté des objectifs que chacun des
intervenants veut atteindre et, conséquemment, d'un manque de consensus.
' J'aimerais peut-être vous entendre un peu plus là-dessus.
M. Hargreaves: Comme on vient de l'Indiquer, la concertation part
d'un dialogue. Je pense qu'il faut s'écouter mutuellement. Il faut que
les différents intervenants écoutent les préoccupations et
les intérêts de tous et chacun. Il est clair que, quand on vit
dans une agglomération comme celle de Montréal, chacun a des
intérêts particuliers. Mais ces intérêts
particuliers, soit dit en passant, sont souvent communs, c'est-à-dire
qu'il y a un fond commun: Tout le monde est pour la vertu, tout le monde est
pour l'amélioration de la qualité de vie des citoyens à
l'intérieur de leur propre localité. Nous avons la nette
impression que c'est par un dialogue et une concertation que les intervenants
pourront se
comprendre mutuellement, clarifier leurs objectifs et essayer de trouver
un terrain d'entente au chapitre des objectifs communs quant à l'avenir
de l'agglomération de Montréal, d'abord.
Dans le document, nous avons parlé d'exemples étrangers.
Lorsque les représentants des agglomérations
étrangères sont venus nous voir en 1987, on a constaté
qu'il y a toujours certaines divergences dans une agglomération. On ne
peut pas s'empêcher d'avoir ce genre de divergence. Mais ce qui est
commun, notamment dans la grande région de Toronto, par exemple, ou
même dans celle de Boston, c'est que l'ensemble des citoyens et des
intervenants politiques de ces agglomérations ont comme objectif commun
une concurrence sur le plan international. On estime qu'on fait partie d'une
agglomération qui a peut-être des divergences en son sein, certes,
mais qui est en concurrence sur les plans économique et International.
On s'aperçoit, par exemple, que dans les grandes régions de
Toronto et de Boston il y a eu, depuis une dizaine d'années, un boom
économique passablement important et qui ne s'est pas fait au
détriment d'une banlieue ou d'une autre banlieue; tout le monde en a eu
pour son compte un peu, mais c'était au détriment de
Montréal ou de New York ou de Chicago. Je pense que, s'il y a quelque
chose de commun dans la grande région de Montréal, c'est vraiment
cette Idée que nous sommes des citoyens d'une ville ou d'une
agglomération internationale.
M. Côté (Charlesbourg): Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M.
Hargreaves. Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, j'ai lu avec beaucoup de
plaisir le mémoire de l'Association québécoise du
transport et des routes. Je peux vous dire que j'ai constaté, au fond,
qu'on avait pas mal la même conception de l'organisation, du
fonctionnement des choses et du cheminement pour en arriver à des prises
de décision. Vous avez parfaitement raison quand vous dites que ce ne
sont pas Laval et Montréal qui sont des ennemies, au fond, elles
devraient être ensemble parce que leur intérêt est
interrelié. La concertation est sans doute une façon moderne de
décider, une façon démocratique de prendre des
décisions et qui est assez récente. Encore au XIXe siècle,
c'était celui qui tirait le plus vite qui menait. Les rapports de forces
sont encore souvent des rapports qui motivent beaucoup plus la prise de
décision que la concertation.
Je suis d'accord aussi avec vous lorsque vous dites que la
première chose, c'est de connaître les objectifs clairs, savoir ce
que l'on veut. Dans cette perspective, j'aurais trois questions à vous
poser. La première, quand vous parlez d'une certaine
ambiguïté dans la définition des termes "conservation",
"amélioration" et "développement", à la page 5 de votre
mémoire, comment définiriez-vous ces termes et
considérez-vous acceptables ies définitions qui sont contenues
dans le plan de transport, sinon pourquoi?
M. Hargreaves: Écoutez, j'aimerais peut-être
souligner un certain préambule tout en répondant à votre
question. Vous avez mentionné tantôt que le mémoire de
l'AQTR rejoint certaines des préoccupations que vous aviez ou que
peut-être sans doute bien des gens ont; c'est que, quand on disait que
l'AQTR regroupe 900 membres, c'est assez sérieux en ce sens qu'il y a
une certaine diversité. Et je vais vous dire que ça n'a pas
été facile de faire ce mémoire-là parce que,
à l'AQTR, il y a des gens qui sont du public et il y en a du
privé. Qui sont ceux du public? Ce sont les gens des différents
ministères du gouvernement du Québec, des différentes
municipalités. Il y a même des gens de la ville de
Montréal. Il y a même des gens du ministère des Transports
du Québec. Il y a même des gens de la ville de Laval, des gens de
Longueuil, des gens de sociétés de transport. Et, au niveau du
privé, il y a des consultants. Il y a des gens qui représentent
l'industrie, l'industrie du camionnage, l'industrie du transport des personnes,
etc. Dans cet esprit-là, un bon nombre d'entre nous avons regardé
ensemble le plan d'action et nous avons constaté, notamment au chapitre
de la catégorisation, qu'il n'y a pas de problème entre
conservation, amélioration et développement. (18 heures)
On n'avait pas de problème à accepter qu'il faut commencer
par la conservation, la réhabilitation, ensuite passer à
l'amélioration et éventuellement développer de nouveaux
réseaux où rien n'existe actuellement, ou prolonger des
réseaux, développer effectivement les réseaux. En termes
de philosophie d'approche, nous étions tout à fait d'accord, et
c'était d'ailleurs l'une des recommandations de l'AQTR en 1987.
Ce qui n'est pas, malheureusement, très précis et
là où ii y a une certaine ambiguïté - et c'est
l'ensemble des membres qui nous l'a dit - c'est que... Je vais vous donner un
exemple parce que je pense que c'est plus facile à comprendre ainsi.
Dans les listes concernant les trois volets - conservation, amélioration
et développement - il y a une liste pour le transport en commun et il y
a une liste pour le réseau routier. Concernant la conservation, par
exemple, du transport en commun, on parle de la restauration des voitures du
métro de Montréal. Ces voitures étant passablement
âgées, je pense qu'on peut certainement considérer
ça comme de la réhabilitation, il faut faire quelque chose avant
qu'il ne soit trop tard. À l'autre extrémité, quand on
parle de la modernisation du CN Deux-Montagnes et que le gouvernement a
l'intention d'investir quelque 175 000 000 $ ou peut-être un peu plus et,
à toutes fins utiles, de transformer cette ligne en système de
transport
relativement moderne, avec certains services, etc., on se demande s'il
s'agit là de conservation ou de développement. Quelle est la
différence entre ça et le prolongement de la ligne 2 ouest du
métro de la station Côte-Vertu jusqu'à Bois-Franc? Ce sont
des questions qu'on se pose. Si on prend l'exemple du CN Deux-Montagnes
comparativement à la ligne de métro 2 ouest de Côte-Vertu
jusqu'à Bois-Franc, comme c'est dans le même secteur, comme c'est
dans le même bassin de population qu'on essaie de résoudre un
certain problème de transport ce qu'on dit, c'est que les interventions
devraient porter davantage sur la définition et la description des
interventions prioritaires à court, moyen et long termes et ne pas
nécessairement catégoriser l'une ou l'autre des interventions
selon les trois volets. Je ne sais pas si ça répond à
votre question, mais c'était une des préoccupations de l'AQTR. En
somme, il y a des choses urgentes à faire dans la région de
Montréal, tant au chapitre du réseau routier qu'à celui du
transport en commun. Alors, il s'agit d'essayer de se concerter pour voir
quelles sont les urgences et ce qui pourrait être fait à moyen et
long termes sur l'ensemble des réseaux.
M. Garon: Je dois vous dire que, comme la consultation porte sur
le développement et non pas sur la conservation, si nous contribuons
à la conservation plutôt qu'au développement, ça ne
fait pas partie de l'objet de la consultation. Le reste a été
décidé d'avance et ne fait pas partie de l'objet
M. Côté (Charlesbourg): M. le député
de Lévis.
M. Garon: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Je ne peux pas laisser
passer ça. Si le député de Lévis me permet deux
secondes.
M. Garon: Oui, oui.
M. Côté (Charlesbourg): La distinction est
très nette: Entre Côte-Vertu et Bois-Franc, c'est une chose qui
n'existe pas, alors que le train de Deux-Montagnes est une chose qui existe. On
conserve ce qui existe et on ne conserve pas ce qui n'existe pas. Il me semble
que ça me paraît très évident.
M. Garon: Cela ne fait rien. J'ai compris ce que notre
intervenant a dit, au fond. Il s'agit tellement de changements importants que
ce n'est plus vraiment de la conservation, mais du développement. Si,
par exemple, j'ai une route et un cheval et qu'à un moment donné
je décide de faire ça avec un autobus, est-ce que je peux dire
que je conserve, alors que je prends l'autobus plutôt que prendre un
cheval?
M. Côté (Charlesbourg): Mon.
M. Garon: Je pense bien que je ne conserve pas, je fais du
développement.
M. Côté (Charlesbourg): Non. M. le
député de Lévis, M. y a 12 000 personnes-passages par jour
actuellement sur Deux-Montagnes, et c'est extrêmement important. Donc, il
ne s'agit pas de dire... Côte-Vertu-Bols-Franc, il n'y en a pas.
Effectivement, il y a eu un questionnement pour ce qui est du complément
de Côte-Vertu et Bois-Franc pour faire le rabattement de la ligne de
Deux-Montagnes à Côte-Vertu, pour faire une gare intermodale, et
c'est un sujet qui a été dans l'air à l'époque.
Mais dans le nouveau mémoire de la Commission de transport de ta CUM et
la STRSM, elles sont d'accord maintenant pour Deux-Montagnes.
M. Garon: À la page 6, vous manifestez le désir que
la nouvelle option revisée d'aménagement de la région
métropolitaine soft dévouée rapidement, parce qu'on ne
sait pas ce que cela va être. Croyez-vous que le gouvernement aurait
dû ou devrait faire connaître cette option avec le
dépôt de son plan d'action, afin de pouvoir en tenir compte dans
le choix de ses interventions?
M. Hargreaves: Je crois que c'est ce qu'on a dit dans le
document. De toute façon, on a pris ce qui est écrit dans le
document où, à un endroit, on dit que le gouvernement,
effectivement, s'apprête ou est à examiner la révision de
l'option préférable d'aménagement.
M. Garon: Comment réagissez-vous à la proposition
de la ville de Montréal de refaire la partie surélevée du
boulevard Métropolitain sous terre et, selon vous, cette proposition
mérite-t-elle d'être considérée et
évaluée sous tous ses aspects?
M. Hargreaves: C'est une question assez importante,
effectivement.
M. Garon: Ha, ha, ha!
M. Hargreaves: Cela finit une journée, en effet.
Écoutez, on a décidé, à l'AÛTR, de ne
pas se prononcer, spécifiquement sur des... Tantôt, quand on a
parlé de CN Deux-Montagnes et de la ligne 2 ouest, on n'a pas
indiqué, et je n'ai pas indiqué, qu'on avait une
préférence ou le choix ou non de le faire. C'était plus
une question de cataloguer ces deux projets. Quant à l'avenir du
réseau routier, ou du réseau de transport en commun, notamment de
l'autoroute Métropolitaine, ce qu'on dit dans le mémoire, c'est
que non seulement on ne se prononce pas sur ce genre de proposition...
M. Garon: Voulez-vous que Je vous pose la
uestion différemment?
M. Hargreaves: Vous pouvez la poser différemment.
M. Garon: Je vais la poser différemment. Il a
été commencé à la fin des années cinquante.
Aujourd'hui, avec les connaissances, avec la préoccupation de
qualité de vie, d'environnement, de tissu urbain qu'on a, si on devait
le faire maintenant en 1989 en pensant vers l'an 2010, pensez-vous que le
boulevard Métropolitain devrait être fait comme cela ou
différemment? Et avec les concepts modernes, les connaissances de
janvier 1989, selon les gens de votre groupe, comment verrait-on cela?
M. Hargreaves: Écoutez, si le réseau de transport
de la grande région de Montréal était à refaire...
Je pense qu'un des intervenants ce matin disait que, si le centre-ville de
Montréal était à refaire, il ne serait peut-être pas
là. Bon, alors je crois que je dois humblement... À l'AQTR on dit
qu'on a présentement des réseaux en place. Il s'agit de voir
comment on peut les améliorer et éventuellement en
développer de nouveaux qui répondent aux besoins des citoyens de
la grande région de Montréal. On doit effectivement se pencher
sur l'autoroute Métropolitaine - quand je dis on, ce sont les
intervenants - et aussi se pencher sur l'avenir de l'ensemble du réseau
autoroutier. Ce qu'on dit dans le mémoire, et je vous le rappelle, c'est
que l'AQTR est d'accord pour qu'on parachève l'ensemble des
réseaux de transport de la région de Montréal, mais
à un rythme et selon certaines priorités et différentes
interventions qui seront utiles et nécessaires, à court, moyen et
long termes. On ne se prononce pas présentement sur la question de
l'avenir de l'autoroute Métropolitaine.
M. Garon: J'entends souvent qu'on compare Toronto, Boston,
Montréal, etc. Est-ce qu'il y a eu une réflexion faite à
votre organisme concernant l'aménagement de la région de
Montréal, étant donné qu'en réalité,
à Toronto et à Boston, on n'est pas situé comme à
Montréal, où on a trois îles principales au fond:
l'île de Montréal, l'île de Laval et l'île Bizard,
disons? Il y en a d'autres, mais... Est-ce que dans la conception des choses de
vos discussions...
Une voix: L'île Jésus.
M. Garon: L'île Jésus, si on veut, oui, cela en est
une autre. Est-ce que vous avez été amenés à dire:
Si on pensait a un modèle qui est propre à la région de
Montréal étant donné qu'on est situés sur un
ensemble d'îles? Est-ce que vous pensez qu'on devrait comparer toujours
autant avec ce qui se fait à Boston et à Toronto ou si on devrait
essayer d'inventer notre propre modèle d'aménagement d'un
territoire comme la région de Montréal?
M. Hargreaves: Je pense que les aménagistes, les
urbanistes, les élus municipaux et provinciaux s'inspirent toujours
à l'occasion...
M. Garon: Oui.
M. Hargreaves: C'est toujours utile de s'inspirer de ce qui se
passe ailleurs. Il ne s'agit pas de réinventer la roue à chaque
fois qu'un problème surgit. Ce qu'on dit c'est que, dans la
région de Montréal, les problèmes que les intervenants
reconnaissent pour ce qui est du transport dans la région de
Montréal s'apparentent à certains des problèmes que
d'autres agglomérations ont vécus il y a 5 ans, 10 ans, 20 ans.
Alors, il s'agit de puiser certaines Idées dans ces
agglomérations et de les adapter à la problématique
particulière. Quand Toronto a conçu la régionalisation des
transports, Toronto s'était inspirée sans doute de ce qui se
passait à Londres, en Angleterre, mais sans nécessairement copier
parfaitement le modèle de Londres, et ainsi de suite. On est aujourd'hui
dans la région de Montréal avec... On est un peu en retard pour
ce qui est de la régionalisation du transport, soit, mais on a
heureusement peut-être l'avantage de pouvoir s'inspirer de plusieurs cas
à travers le monde.
Quant à la situation géographique de la région de
Montréal, effectivement cela cause des problèmes plus
particuliers en ce qui concerne les déplacements entre les
différentes parties, les différentes îles mais, croyez-moi,
la région de New York n'est pas plus facile à organiser en termes
de ponts et de rivières à traverser. À Paris, il y a la
Seine. En fait, toute grande agglomération est basée de toute
façon sur un cours d'eau ou la jonction de deux ou plusieurs cours
d'eau. C'est un des problèmes additionnels qu'on doit... C'est plus
facile, entre guillemets, possiblement d'organiser le transport à
l'intérieur de Lava! qu'entre Laval et l'extérieur de Laval. La
même chose pour ce qui est de la CUM sans doute.
M. Garon: Je vous remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. Je tiendrais à remercier les
porte-parole de l'Association québécoise du transport et des
routes pour leur apport aux travaux de cette commission.
Sur ceci, la commission de l'aménagement et des
équipements suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 14)
(Reprise à 20 h 12)
Le Président (M. Parent, Bertrand): À
l'ordre, s'il vous plaît! La commission de l'aménagement et
des équipements reprend ses travaux pour continuer à
procéder à des consultations particulières dans le cadre
du plan de développement 1988-1998.
Le programme de la soirée c'est deux intervenants d'une heure
chacun. De 20 heures à 21 heures, Transport 2000, et nous aurons, de 21
heures à 22 heures, le Comité des usagers du train
Montréal-Deux-Montagnes.
Avant de présenter les Intervenants de Transport 2000,
peut-être, M. le ministre, que vous aviez certains commentaires à
apporter pour les fins des travaux de cette commission.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, M. le Président.
Je désire dire qu'après des discussions brèves mais quand
même concluantes avec l'Opposition, afin de ne brimer personne sur son
droit d'expression, nous allons ajouter une journée pour entendre un
certain nombre d'intervenants qui ont manifesté le désir de se
faire entendre et cette journée sera déterminée
ultérieurement d'un commun accord avec l'Opposition. Cela se situerait
possiblement le 7 ou le 8 février prochain, alors que la commission est
déjà convoquée pour d'autres fins.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci, M. le ministre.
S'H n'y a pas d'autre commentaire là-dessus, j'inviterais maintenant
l'organisme Transport 2000, représenté ici par son
président, M. Chartrand. On vous souhaite la bienvenue à la
commission parlementaire. J'aimerais que vous puissiez, M. Chartrand, nous
présenter les personnes qui vous accompagnent. Par la suite, vous aurez
une période de 20 minutes pour la présentation de votre
mémoire et il y aura des périodes de 20 minutes appartenant
à chacune des formations politiques pour discussion. Allez-y.
Transport 2000
M. Chartrand (Guy): Merci. M. le Président. Permettez-moi,
premièrement, de vous présenter les personnes qui m'accompagnent.
À ma droite, Mme Use Tremblay, membre de Transport 2000, et, à ma
gauche, M. Jacques Brière, également membre de Transport 2000.
Avant de commencer mon Intervention, si vous me permettez un petit point
peut-être humoristique, au cas où il y en aurait qui se
demanderaient comment j'ai fait pour venir à Québec, n'ayez
crainte, je n'ai pas pris le train de Via Rail. La dernière fois, cela a
pris quatre heures pour se rendre jusqu'à Trois-Rivières et j'ai
fini le voyage en autobus. Ceci étant dit, je vais vous faire une courte
présentation et, comme vous dites, ensuite N y aura la période de
questions.
Ce mémoire s'Inscrit dans la ligne de pensée des
précédentes interventions que nous avons faites en commission
parlementaire. Encore aujourd'hui, nous profitons de cette tribune pour
promouvoir le transport en commun et faire de la qualité des services
l'objectif premier de tous. Nous traiterons de la question de l'est de
Montréal, où la discussion se résume à savoir
combien de stations de métro l'on construira et à combien se
monteront les investissements. Pour leur part, les usagers veulent une
amélioration immédiate des services, amélioration qui ne
passe pas nécessairement et uniquement par le métro, ce que
reconnaît le ministre lorsqu'il accorde 2 000 000 $
supplémentaires en 1989 pour la desserte de ce secteur.
L'heure n'est peut-être plus au métro et un système
en surface présenterait une alternative valable. Pour nous, il est
acquis que l'on ne reviendra pas sur la modernisation de la ligne du train de
banlieue de Deux-Montagnes. Elle est non négociable malgré les
propos tenus récemment et qui ont lié cette question au
développement du métro dans l'est de Montréal. La
modernisation du train est nécessaire autant pour son efficacité
que pour une saine gestion du transport des personnes dans son ensemble. Au
même titre qu'une ville moderne doit sans doute être dotée
d'une autoroute de ceinture, un système de train de banlieue
représente aussi un aspect de cette modernité.
Nous sommes en faveur d'une vision régionale du
développement du transport en commun. Elle doit s'inscrire à
l'Intérieur d'un cadre décisionnel et administratif qui reste
à définir et qui conciliera les différents
intérêts des intervenants des régions. Si la gestion des
déficits peut se faire sur une base régionale, nous jugeons cette
solution assez efficace pour assurer aussi la qualité des services
offerts. Les usagers devront jouer un rôle important au sein de cet
organisme puisqu'ils sont un partenaire Important de financement du transport
en commun.
Nous sommes ici aujourd'hui pour nous assurer que les usagers seront
entendus et que l'on tiendra compte de leurs revendications lorsque les
décisions seront prises, processus auquel nous souhaitons qu'ils
participent plus activement. En août 1987, le ministre des Transports, M.
Marc-Yvan Côté, nous conviait à une commission
parlementaire afin de discuter de l'avenir du transport en commun dans la
région de Montréal. A cette occasion, nous avons examiné
les problèmes, évalué les solutions en gardant à
l'esprit que l'intégration régionale était
nécessaire pour assurer la qualité et la viabilité des
services. Nous nous sommes attardés aux problèmes que rencontrent
les conseils intermunicipaux de transport et sur la modernisation des liaisons
de trains de banlieue. De même, nous avons tracé un portrait
socio-économique de la région ainsi qu'effectué un
décompte des déplacements.
Nous avons alors constaté l'augmentation de la population en
banlieue et les problèmes croissants qu'auront les élus pour lui
assurer un transport adéquat. Nos propositions sur le
développement du transport en commun
n'excluaient pas le métro, mais n'en faisaient pas une
priorité. Nous pensons que d'autres modes de transport, dont un
système léger sur rail, pourraient bien répondre aux
besoins futurs. Ils ont l'avantage d'être moins coûteux lors de la
construction et de mieux répondre à l'achalandage
intermédiaire entre le métro et l'autobus. Notre mémoire
préconisait aussi la modernisation du train de banlieue comme j'ai dit
tantôt.
Financement. Nous avons demandé que soit implantée une
politique de financement à long terme du transport en commun. Sans
l'assurance d'un financement à long terme, comment gérer et
développer le transport en commun dans la région? L'enveloppe
fermée pour les cinq prochaines années, annoncée par le
ministre des Transports, a répondu à cette attente. Le ministre a
le mérite de fixer pour la première fois des règles
claires quant à sa participation financière pour l'exploitation
du transport en commun. Il y a, cependant, encore plusieurs aspects du
financement qui n'ont pas connu leur dénouement. Parmi ceux-ci, nous
retrouvons les bénéficiaires non-usagers, le quatrième
partenaire dont nous avons recommandé la participation au financement du
transport en commun.
Notre présent mémoire s'inscrit dans la continuité
du précédent. Nous croyons, plus que jamais, que la
primauté du développement doit aller au transport en commun.
C'est pour nous la seule alternative valable à la congestion des
autoroutes et des ponts. Montréal est une île et, à moins
de paver le Saint-Laurent, nous aurons toujours des problèmes de
congestion en raison de la croissance du parc automobile alors que le nombre
d'accès en est forcément limité. Favoriser le transport en
commun revient alors à rechercher une solution permanente avant que ce
problème ne soit hors contrôle.
C'est le 10 août que le ministre a rendu public son plan. Il a
décidé de consacrer 1 600 000 000 $ pour conserver,
améliorer et développer les réseaux de transport de la
région. Cette somme se divise à peu près également
entre le transport en commun et le réseau routier. Cependant, à
court terme, on dépensera plus pour le transport en commun que pour le
réseau routier.
Parmi les enjeux importants de la deuxième partie du plan, on
retrouve la question du développement du transport en commun dans l'est
de Montréal. On n'a qu'à lire les lettres aux lecteurs des
journaux pour comprendre les problèmes et déboires que
connaissent les usagers de ce secteur de l'île de Montréal. Le
ministre propose l'extension du métro vers Montréal-Nord, ce qui
ne répond pas aux attentes de la CUM. Le plan propose aussi la
construction de deux autoroutes de ceinture, proposition qui fait beaucoup
jaser et qui suscite une vive controverse à la ville de Montréal.
Môme au conseil de la CUM, où pourtant on semblait avoir
trouvé l'unanimité, la discorde semble s'être fait entendre
par la voix des maires de la ville de Mont-Royal et de Roxboro au sujet du
train de banlieue Montréal - Deux-Montagnes, entre autres. Comme on le
constate, une telle commission parlementaire a sa place. Toutes ces voix
discordantes prouvent qu'on a besoin de plus de discussions afin de trouver les
terrains d'entente nécessaires au développement harmonieux du
transport dans les régions. Les présents conflits nous incitent
à penser que ces discussions seront utiles pour sensibiliser les
intervenants à une vision régionale du transport des
personnes.
M. Brière (Jacques): II s'avère nécessaire
de s'ajuster aux nouvelles réalités démographiques et
économiques de la région. L'étalement urbain est un
phénomène réel avec lequel il nous faut vivre. Il n'est
pas besoin Ici de reprendre toutes les statistiques qu'on peut retrouver dans
le plan de transport. Seulement dire qu'il y a 40 % des gens qui, dans la
région de Montréal, vivent à l'extérieur de
l'île. Donc, ces gens, pour nous, ont droit autant au transport et
à un transport de qualité.
Pour résumer brièvement, l'étalement urbain
étant un phénomène qui est là, on ne veut pas
l'encourager, mais on ne peut non plus le nier. Donc, il faut vivre avec cette
réalité et, à partir de là, essayer de construire
pour le futur. L'étalement urbain est aussi le résultat de
politiques qui ont été prises depuis les années cinquante.
On a développé des autoroutes, on a aussi pris des politiques en
ce qui a trait à l'habitation, etc. Tout cela nous amène en 1989,
où nous en sommes aujourd'hui. Nous constatons simplement qu'en
matière d'aménagement urbain on retrouve un éclatement de
l'habitation et qu'il nous faut vivre avec cette réalité,
puisqu'on ne peut pas retourner en arrière. Nous ne pouvons qu'orienter
nos décisions futures, tant en transport des personnes qu'en
aménagement du territoire, afin de circonscrire le
phénomène et les problèmes qu'il génère.
On connaît l'importance d'intégrer les réseaux de
transport en commun et routier, afin de faciliter les déplacements
à l'intérieur d'une agglomération comme celle de
Montréal. Mais la base de ce réseau de transport doit reposer en
premier sur le transport en commun. Ainsi on doit faciliter l'accès au
transport en commun, par exemple par des stationnements au métro ou au
train de banlieue, et par la construction de gares Intermodales, comme celle de
Dorval, où vous avez un choix entre le train, l'autobus et même
à Vendôme, où c'est le train, l'autobus et le métro.
Il y a moyen d'intégrer tout cela ensemble.
De même il ne faut pas que les services de transport en commun se
fassent concurrence, comme cela arrive actuellement pour l'autobus 211. C'est
un cas particulier, mais c'est un autobus qui fait un circuit parallèle
au train de banlieue Montréal-Rigaud.
Donc, maximiser les avantages du transport
en commun doit entrer dans le langage courant des planificateurs.
Là non plus, les avantages économiques et environnementaux ne
sont plus à démontrer. En plus de déplacer les gens
à moindre coût, tant sociaux qu'économiques, on ne
considère pas assez les coûts qu'engendre la congestion et les
retards qu'elle cause. C'est toute l'économie de la région qui en
souffre quand I y a des congestions. Je lisais des statistiques quelque part
aujourd'hui, et on disait que, dans le fond, ce sont tant de millions en valeur
de litres d'essence lorsque les gens sont coincés dans des
embouteillages, etc. Cela a un coût, les retards et tout cela sont des
coûts reliés à la congestion et dont il faut tenir compte.
L'économie d'énergie, en plus d'être un avantage
économique, a un Impact positif sur l'environnement, en diminuant la
quantité de polluants atmosphériques. Non seulement ceia a-t-il
un effet positif sur l'environnement, mais aussi sur la qualité de vie,
dont la santé de la population représente un
élément Important.
Si on jette un coup d'oeil aussi sur l'extérieur, enfin sur -
entre guillemets - l'étranger, on se rend compte qu'aux
États-Unis il y a de plus en plus de villes qui reviennent par exemple
à des systèmes légers sur rails. Ici, on en a noté
quelques-unes: I y a Buffalo, Portland, San Diego, Seattle, Détroit et
Los Angeles, aussi, qui est présentement en train de se doter d'un
système léger sur rails. Au Canada, H y a Toronto qui emploie
aussi des systèmes hors terre, enfin des tramways, depuis 1892, et,
encore aujourd'hui, II y a 330 000 personnes qui les utilisent à tous
les jours. Il y a Calgary et Edmonton qui sont dotés de tels
systèmes. En Europe, il y en a aussi. Donc, autant dans des villes
nord-américaines qu'européennes, il y a de plus en plus un retour
au transport en commun et vers des solutions qui sont plus appropriées
à la demande.
Comme on le constate, la prise de conscience qui se fait sur
l'engorgement chronique de nos routes est à l'échelle - enfin,
c'est peut-être un peu prétentieux - de la planète, ou des
principales grandes villes du monde. Les solutions retenues vont
également de plus en plus dans le sens d'une meilleure gestion des
réseaux et de leur intégration. Il y a plusieurs
municipalités qui vont même jusqu'à interdire l'automobile
au centre-ville - sans que nous ne proposions ça en tant que tel - et
plusieurs villes à travers le monde commencent à prendre des
mesures de plus en plus draconiennes parce qu'on se rend compte que
l'automobile prend de plus en plus de place dans la vie des gens. Même
les Montréalais, dans un récent sondage, se disaient d'accord
pour réduire le nombre de voitures dans le centre-ville.
Partant de ce fait, nous nous disons qu'il faut vraiment aller vers des
systèmes mieux intégrés de transport où, par
exemple, les gens pourraient, même à l'intérieur de la
banlieue, prendre leur voiture jusqu'à une station de train ou de
métro avec des stationnements incitatifs, et, de là, aller en
ville par ces moyens sans prendre leur automobile.
Maintenant, je vais laisser la parole à Lise, qui va
continuer.
Mme Tremblay (Use): L'est de Montréal. La gestion
intégrée des réseaux de transport pourrait très
bien s'insérer dans une politique de développement de l'est de
Montréal. Cette partie de l'île ne bénéficie pas
d'un service efficace de transport en commun, et les revendications des usagers
vont dans le sens d'une intervention Immédiate. De plus, la croissance
rapide de la population pose le problème avec d'autant plus
d'acuité que la population active est nombreuse et que les jeunes
forment une proportion appréciable de la population.
La CUM a formé un comité chargé d'étudier la
problématique du transport dans l'est de Montréal. Cependant,
nous craignons que le comité ne fasse connaître ses conclusions
que lorsque le ministre aura fait ses choix définitifs. Cette situation
démontre que la coordination entre les Intervenants ne se fait pas. De
là l'importance d'un organisme régional de coordination pour le
transport en commun.
Les citoyens se regroupent. Les citoyens, las des études qui
n'aboutissent souvent qu'à d'autres études, se regroupent de plus
en plus pour formuler et véhiculer leurs revendications. Ils se sentent
à l'écart d'un débat qui pourtant les concerne au plus
haut point. Ils s'impliquent donc pour que les dossiers progressent et que les
solutions aient un effet immédiat sur leur quotidien. Le Comité
de vigilance de Rivière-des-Prairies, avec lequel nous avons
collaboré plus étroitement, présentait l'automne dernier
un mémoire à la STCUM. Il portait sur sa vision du transport en
commun dans le quartier et décrivait leurs principales revendications.
Ces dernières concernent des problèmes qui nécessitent,
encore une fois, une action à court terme: la lenteur du service, les
trajets d'autobus trop longs et le manque d'un axe de transport en commun
nord-sud. Le comité préconise d'améliorer le service de
surface et, à court terme, demande l'ajout d'un métrobus vers la
ligne numéro 5 du métro et le centre-ville. À long terme,
les membres du comité suggèrent des Infrastructures plus lourdes
telles qu'un système léger sur rail ou éventuellement un
métro.
Le transport et l'économie de l'est. La revitalisation de l'est
de Montréal passe par une amélioration des liens de transport en
commun, tant à l'intérieur qu'avec l'extérieur du secteur.
Tout le monde est conscient que le développement économique
repose en bonne partie sur l'accessibilité à cette partie de
l'île de Montréal. La structure industrielle est actuellement
à redéfinir et le transport en commun y jouera un rôle
prépondérant, autant pour satisfaire les besoins actuels et
futurs de la population du secteur que pour favoriser la mobilité de
la
main-d'uvre. Ceci n'Implique pas nécessairement ta
construction d'un métro, qui est une option à long terme, alors
que les besoins, nous l'avons dit, sont immédiats. Ne proposer à
la population de ce secteur que le prolongement du métro revient
à lui demander de patienter encore cinq, huit ou dix ans au minimum, ce
qui ne répond aucunement à ses revendications. De plus, si la
situation financière actuelle de la STCUM ne s'améliore pas, elle
ne pourra assumer les coûts d'exploitation associés à ce
prolongement. Ces coûts augmentent avec chaque kilomètre de
métro, sans l'assurance qu'ils seront comblés par l'achalandage
et la contribution de deux autres partenaires. Ces derniers, entre autres,
pensent que le transport en commun coûte cher et souhaitent maintenir
leur contribution à un niveau minimum. L'ouverture complète de la
ligne 5 le démontre bien, car, dès son ouverture, elle demandait
un effort financier de 17 000 000 $ de plus à la STCUM et cela ne s'est
pas fait sans heurts. (20 h 30)
Dans un tel contexte, prolonger le métro n'aidera en rien
à résorber les déficits d'exploitation dont on aimerait
bien que les usagers assument leur juste part. Au contraire, cela amplifiera la
situation de crise que nous connaissons actuellement, alors que l'on ne
s'entend même pas sur la participation d'un quatrième
partenaire.
La ligne 5 en question. Tout en préconisant un moyen rapide de
transport pour l'est de Montréal, nous nous posons plusieurs questions
sur l'opportunité de prolonger la ligne 5 jusqu'à
Montréal-Nord. D'une part, cela draine les fonds vers un seul projet,
alors que les problèmes sont multiples. L'ajout de ce métro ne
changera en rien la situation des gens de Pointe-aux-Trembles. De même,
pour Rivière-des-Prairies, cela sera une mince consolation puisqu'on
multipliera les points de correspondance. D'autre part, lorsqu'on
considère les coûts de construction d'un métro, on se
demande si l'achalandage prévu justifie les sommes impliquées. Il
y a certes beaucoup de monde dans ce secteur, il y en aura davantage dans
quelques années, mais la capacité d'un métro va
au-delà de ce qui est prévisible. À cela s'ajoute la
surcharge de la ligne 2 pour laquelle on recourra, éventuellement,
à la ligne courte sur le tronçon Henri-Bourassa-Lionel-Groulx
afin d'en contrer les effets négatifs. Pour répondre à la
demande sur ce tronçon, on doit assurer la même fréquence
de service jusqu'à Côte-Vertu où l'achalandage ne justifie
pas un métro aux trois minutes. L'apport de ce prolongement ne fera,
évidemment, qu'empirer la situation.
Un axe de transport en commun nord-sud devient ainsi une
priorité, comme l'ont exprimé les résidents du secteur,
mais doit-il nécessairement être sous terre? Avec les 50 000 000 $
par kilomètre que coûte le métro, combien de
kilomètres de voie hors terre pouvons-nous construire? Nous pensons que
le ministère devrait orienter ses investissements vers une plus grande
diversité de projets. M. le ministre lui-même rappelait, ce matin,
qu'il faut faire plus avec moins.
Les axes prioritaires. Un système léger sur rail
répondrait bien aux besoins sur certains axes prioritaires de
circulation dans l'est de Montréal. Alors, il y aurait l'axe nord-sud de
la rue Pie-IX, ou un peu plus à l'est, et l'axe vers
Pointe-aux-Trembles, comme le suggérait le rapport Gascon. Dans ce
dernier cas, des infrastructures existent. Il n'y aurait qu'à les
moderniser. On parle ici de la voie ferrée du CN qui longe la 138.
En ce qui concerne l'axe nord-sud, tout est à faire, mais il ne
faudrait pas remettre en question l'option de surface à cause de ces
problèmes. Nous sommes conscients que ceci représente des
investissements importants, mais nous demandons que les sommes soient
dépensées de façon à s'assurer que le
développement du transport en commun bénéficie à
l'ensemble du secteur.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Mme
Tremblay...
Mme Tremblay: Oui?
Le Président (M. Parent, Bertrand):... il vous reste une
minute.
Mme Tremblay: Une minute. Comme mesure complémentaire,
soulignons le rabattement des autobus vers les nouvelles stations de
métro ou vers les stations actuelles. Par contre, ces autobus roulent
dans les rues où il y a déjà des problèmes de
congestion. C'est pour ça que nous suggérons des voies
réservées aux autobus, ce qui permettrait
d'accélérer le service et, en même temps, d'attirer plus de
clientèle. Parfait, merci.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
serais prêt à donner cinq minutes de mon temps et, peut-être
que si le député de Lévis faisait pareil, on vous
laisserait dix minutes. Parce qu'à la page suivante je vois qu'on parle
de Saint-Hilaire...
Une voix: Oui.
M. Côté (Charlesbourg):... et on parle de
cohérence. Alors, il ne faut pas juste avoir les bons
côtés, H faut avoir les mauvais aussi. Comme il y a peu de mauvais
côtés, j'aimerais vous entendre.
M. Chartrand: Parfait. Écoutez, si vous voulez, je vais
juste faire un résumé du reste parce que c'est évident que
vous êtes désireux de poser quelques questions.
Pour nous, les trains de banlieue sont un
élément Important du réseau de transport en commun
de la région de Montréal. On pense que le transport par train de
banlieue, c'est un système qui est de tout confort pour les voyageurs,
c'est un système attrayant et on voit que les Investissements que le
gouvernement du Québec, actuel et précédent, avait
décidé de mettre pour la modernisation du train de Rigaud
commencent à porter fruit. Et je pense que toute personne qui se
promène le long de la 220, le long de la ligne de Rigaud, voit les
avantages de ce service de train de banlieue.
Pour ce qui est du train de Saint-Hilaire, c'est bien évident que
l'abandon du train de Saint-Hilailre n'a pas fait notre affaire et n'a pas fait
l'affaire non plus de ceux qui l'utilisaient. D'autant plus que cela arrive
à un moment donné où il y a des problèmes avec le
pont Champlain. Il y a des problèmes de fermeture partielle possible du
pont Champlain. Qu'est-ce qu'on attend? Qu'il y ait une catastrophe sur la rive
sud avant de faire quelque chose avec cette ligne de train de banlieue? On se
pose des questions.
D'autre part, M. le ministre, vous avez mis sur pied un comité
qui étudie, encore pour quelques mois, la problématique du train
Mont-réal-Saint-Hilaire et cet axe ferroviaire. Il est évident
que nous avons tenté, dans ce dossier-là, de défendre les
intérêts des usagers. Il y a un comité qui a
été formé et qui vous a d'ailleurs, Je pense,
déposé un mémoire. Selon notre vision des choses, le
problème venait surtout d'un manque de consensus sur la rive sud,
à l'intérieur du CIT même et avec la STRSM en plus. Alors,
c'est bien évident que dans l'optique actuelle des trains de banlieue,
tel que c'est défini, II va falloir revoir, je pense, M. le ministre,
l'organisation des trains de banlieue dans la région de
Montréal.
Et je pense, à mon avis, après avoir suivi ce
dossier-là pendant dix ans, que vous rendriez bien service aux usagers
en créant un organisme qui s'occuperait des trains de banlieue. Il ne
faut jamais oublier que les trains de banlieue ont été ni plus ni
moins Imposés à la STCUM dans le cas du train de Rigaud et de
Deux-Montagnes en 1982. Depuis 1982, ça fait quand même sept ans,
je vois beaucoup de problèmes à la STCUM avec les trains de
banlieue. Semble-t-il qu'à la STCUM il n'y a personne qui soit
responsable des trains de banlieue. Je n'ai pas vu souvent de publicité
sur les trains de banlieue faite par la STCUM. Je me pose des questions
sérieuses sur la volonté de la STCUM d'offrir ce
service-là à la population. C'est bien évident que c'est
dans leur budget. Ils trouvent que ça coûte cher, mais c'est tout
ce qu'ils disent. Alors, je pense, M. le ministre, que vous rendriez encore une
fois un grand service à la population en créant un organisme
régional qui s'occuperait des trains de banlieue. Ce serait
déjà un départ.
Pour le train de Châteauguay, nous sommes tout à fait en
faveur de ce projet. Vous avez parlé, dans votre plan, de 35 000 000 $
pour un train de banlieue vers Châteauguay. Nous appuyons fortement ce
projet. Nous pensons que cela serait juste un projet intelligent qui servirait
à décongestionner le pont Mercier. Cela offrirait une alternative
valable, d'autant plus qu'il y aurait une correspondance avec le métro
à la station Vendôme et directement à la gare Windsor. Pour
ce qui est du train de Deux-Montagnes, je n'en parlerai pas, je pense qu'on en
a assez parlé déjà.
Quant aux autres propositions du plan, je voudrais parler aussi un peu
de la voie réservée du pont Champlain qui, pour nous aussi, est
un projet très valable. Nous sommes inquiets face à l'avenir
immédiat de la voie réservée sur le pont Champlain, il
n'arrive pas une semaine que la voie réservée ne soit
fermée parce qu'il y a trop de neige ou trop de vent. C'est une
inquiétude pour nous. Nous pensons que les usagers ont droit à un
service fiable, et l'estacade est une proposition tout à fait valable.
Pour le reste, je pense à la rénovation des wagons de
métro de Montréal, c'est un autre élément qui
s'impose. En ce qui a trait au réseau routier, je ne voudrais pas trop
m'étendre là-dessus mais mon confrère, M. Brière,
va vous dire quelques mots à ce sujet.
M. Brière: L'état lamentable de certaines
infrastructures routières n'est plus à démontrer. On n'a
qu'à lire les journaux et les morceaux d'autoroute tombent. Cependant
des interventions sont devenues nécessaires et elles seront
réalisées à court terme. Comme pour ie transport en
commun, il faut parier là aussi de conservation du patrimoine.
L'autoroute Métropolitaine subit les affres des millions de voitures qui
l'empruntent chaque année et des tonnes de sel pour la maintenir en
service par mauvais temps. Donc, maintenant, il faut investir pour la remettre
en état. Cependant, on doit se garder de projets qui souvent ne sont
qu'une façon de masquer la congestion sous une avalanche de millions. De
toute façon, pour nous, lorsqu'on dit: Privilégier le transport
en commun, on ne peut proposer d'options qui enverraient sous terre un
problème qu'on n'a pas pu régler quand il était hors
terre. On ne voit pas en quoi cela servirait réellement d'investir des
milliards de dollars, selon le journal qu'on lit, mais dans le fond, qu'on
mette six voies, huit voies, pour nous c'est simplement dire: On prend le
problème en 1989 et on le met en 1999, dans le sens que quand il y
aura... S'il y a 140 000 voitures qui passent aujourd'hui sur le boulevard
Métropolitain et qu'on lui donne une capacité de 200 000, dans
dix ans, il va en passer 225 000. Où est-on rendu? On n'est pas rendu
bien plus loin. Donc, pour nous, des projets comme cela, cela n'a pas
vraiment... En tout cas, il faudrait nous montrer, il faudrait vraiment nous
convaincre que cela a du bon sens.
Pour nous, c'est plutôt de dire qu'avant d'investir des centaines
de millions de dollars dans des projets comme cela il faudrait voir si
on ne peut pas plutôt restreindre le nombre de véhicules
qui circulent pour le ramener à une proportion qui est plus en accord
avec la capacité de l'infrastructure. Pour nous, c'est plus vers des
solutions comme cela qu'il faut regarder que d'aller vers des projets qu'on
pourrait peut-être regretter plus tard.
Pour faire cela vite, en ce qui concerne les autoroutes de ceinture,
nous sommes d'accord sur le principe d'une autoroute de ceinture qui
dévierait une partie de la circulation automobile à
l'extérieur de l'île. On ne peut pas nier que cela c'est un acquis
pour une agglomération d'une taille comme Montréal. On sait aussi
que puisque Montréal est la moitié du Québec, tout le
réseau routier est centré sur Montréal. Donc, les gens qui
partent de Québec et qui s'en vont à Ottawa doivent
nécessairement passer par Montréal. Il y a quelque chose
là. On dit bien "si" une autoroute de ceinture doit être
construite, on met un "si" là; c'est que, bon, on favorise la 30 sur la
rive sud. S'il faut en nommer une parmi les projets qu'il y a dans votre plan,
c'est la 30. Probablement parce qu'elle ne passe pas sur l'île de
Montréal, enfin les arguments ont quand même été
tous dits, j'imagine, au cours de la journée, mais ça ne passe
pas sur l'île de Montréal. Cela relie l'est et l'ouest, les
États-Unis, etc. Donc, à ce niveau, cette autoroute nous
apparaît plus intéressante que l'autre version, la version nord,
la 25, qui, elle, nous pose beaucoup de problèmes.
Dans le fond, la 25, étant donné qu'on parlait cet
après-midi de demi-autoroutes de ceinture qui seraient faites, c'est
qu'en fait pour nous ce serait beaucoup plus ouvrir une porte encore vers la
banlieue. Ce serait faciliter encore plus l'accès au centre-ville. En
plus, si on ajoute à cela la construction, le prolongement de
l'autoroute Ville-Marie, à ce moment, on attirerait encore plus de
voitures au centre-ville alors qu'on essaie justement de le désengorger.
Au niveau de la 25, on ne voit vraiment pas l'utilité de cela. Nous ce
qu'on dit plutôt, c'est qu'on pourrait peut-être consacrer l'argent
de la 25 à des projets de transport en commun. Cela résumerait
quand même assez bien.
M. Chartrand: Je voudrais juste dire un dernier mot, M. le
Président, si vous permettez, sur les CIT. Il y a beaucoup de
problèmes qui ont persisté avec les CIT depuis quelques
années, il y en a quelques-uns qui semblent se régler. Mais je
pense qu'il y a encore une attention à apporter sur les CIT. Vous savez
qu'il y a eu beaucoup de diminution de service dans les corridors un peu plus
loin que la banlieue immédiate. Je pense qu'il y a des choses à
voir. Il y a peut-être des gares régionales. Je sais que vous
étudiez présentement la possibilité d'avoir une gare
régionale sur la rive sud parce que le parking dans les stations de la
STRSM est déjà complètement saturé. Peut-être
qu'un parking dans les stations de la STRSM près de la 10 et de la 30
avec les CIT, peut-être que ce genre de projet serait de nature à
inciter les CIT à être plus en faveur du transport en commun
qu'ils ne l'ont été jusqu'à maintenant. Voilà, je
pense, pour conclure, qu'on est en faveur du transport en commun, de sa
"priorisation". J'espère que notre message a été bien
entendu. Merci.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci,
M. Chartrand. Il reste donc à chacune des formations quinze
minutes pour l'échange. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. En premier lieu, je veux féliciter Transport 2000 pour
l'excellent travail qu'ils accomplissent malgré le fait qu'à
l'occasion on puisse se faire tasser dans le coin et se faire bousculer. Je
pense que Transport 2000 joue un rôle tout à fait extraordinaire
avec peu de moyens. Il y a bien des sociétés de transport qui,
sur le plan de la gestion et du travail fait, devraient s'inspirer de ce qui
est fait à Transport 2000 avec peu d'argent.
Cela étant dit, M. le Président, vous me permettrez un
certain nombre de questions, en particulier au niveau de l'organisme
régional de transport. Évidemment, il en est fortement question
depuis ces derniers temps, c'est une idée qui avait été
évoquée lors de la commission parlementaire d'août 1987 et
qui a pris un peu plus de force à l'automne avec la nouvelle crise
financière de la STCUM. Le Conseil des ministres m'a confié le
mandat de faire des propositions, d'ici mars, au Conseil des ministres. Donc,
ce matin, on voyait la STCUM, la STRSM et la STL faire la proposition d'un
organisme régional de transport pour les déplacements
régionaux.
Vous nous faites la proposition que les trains de banlieue, puisque
ça ne semble pas Intéresser, selon vous, à vos dires,
outre mesure, la STCUM, ça puisse être sous un organisme
régional. Est-ce que je peux comprendre que l'organisme régional
de transport à être créé pourrait à la fois
s'occuper du métro, des trains de banlieue et aussi,
éventuellement - et on y reviendra tantôt - de monorails ou trains
de surface qui pourraient s'intégrer au paysage du transport en commun?
Est-ce que cet organisme pourrait à la fois, selon votre avis, faire une
planification et bien coordonner la gestion de ce transport en commun qui
lui-même est régional? (20 h 45)
M. Chartrand: Oui, tout à fait, M. le ministre. Je suis tout
à fait d'accord avec ce que vous venez de dire. Un organisme
régional devrait voir justement aux trains de banlieue, comme je l'ai
dit, mais également à tout autre système comme celui qui a
été proposé par le maire de Laval, ce matin, et aussi
peut-être au métro de Montréal jusqu'à un certain
point Cela reste à définir. Je pense qu'il faut insister
là-dessus parce que tantôt, lorsque j'ai parlé du
désintéressement de la STCUM, il y a un pro-
blême qui me fatigue depuis plusieurs années. Vous savez
que lorsque le train Montréal-Rigaud a été
intégré à (a STCUM, le 1er octobre 1982, ça
comprenait le train de banlieue sur l'île et, sept ans après, il
n'y a pas de négociations sérieuses, à ce que je sache,
qui se sont faites avec les municipalités situées à
l'ouest de Sainte-Anne-de-Bellevue. Les tarifs sont beaucoup plus
élevés à l'ouest de Sainte-Anne-de-Bellevue parce que les
municipalités du CIT de la presqu'île ne participent pas au
financement de la STCUM. C'est rendu à un point tel qu'il ne reste qu'un
train par Jour entre Dorion et Rigaud, et iI semble y avoir un
désintéressement total de la part de la STCUM de tenter de
négocier avec ces municipalités, sous prétexte qu'elles
doivent des factures du temps de Métropolitain Provincial. Cela commence
à être de la vieille histoire mais on a hâte que cela se
règle parce que présentement il reste un train entre Vaudreuil et
Rigaud dans cette partie du circuit, et il y a de moins en moins d'utilisateurs
parce que le tarif est rendu au-dessus de 100 $ pour une passe mensuelle dans
ce secteur pour venir au centre-ville de Montréal. Il y a des
problèmes et on ne voit pas la STCUM vraiment intéressée
à régler ces problèmes. Donc, dans le cas du train de
banlieue, oui; dans le cas d'un monorail ou d'un service qui pourrait
être à tendance régionale, oui; un organisme
régional de transport, mais dirigé non seulement par des
élus locaux mais aussi peut-être par des gens du gouvernement du
Québec qui pourraient y siéger. Enfin, il s'agit de voir, il y a
déjà eu des propositions faites là-dessus, dans le
passé.
M. Côté (Charlesbourg): Un des aspects
extrêmement Importants, je pense, que cet organisme devrait couvrir,
c'est l'aspect promotion uniforme de l'offre de service en transport,
d'où l'intégration des différents modes de transport.
Finalement, notre préoccupation a toujours été de dire
qu'il faut toujours avoir l'usager à l'esprit et non l'organisme qui
donne le service. Dans ce sens-là, je pense que l'organisme
régional de transport pourrait régler une bonne partie de nos
problèmes. De toute façon, on y reviendra parce que je sais que
vous êtes très actif dans le domaine et on aura sûrement
l'occasion d'en rediscuter. Quant à moi, s'il y a un organisme
régional de transport, cela Inclurait aussi le métro. Cela
m'apparaît très évident. Vous avez abordé la
question de système léger sur rail. Vous semblez le
préférer au métro, avec la raison principale qu'on peut en
faire davantage à 15 000 000 $ le kilomètre ou à peu
près qu'à 50 000 000 $ le kilomètre pour un métro.
Est-ce que, selon votre connaissance, un système léger sur raH,
que ce soit un monorail ou autre, est un système qui a autant d'attrait
vis-à-vis le public qu'un métro?
M. Chartrand: Vous savez, M. le ministre, le public
montréalais d'aujourd'hui ne peut pas évaluer effectivement un
service de véhicules légers sur rail, de tramways modernes,
appelons-le comme ça, si vous le voulez, versus ce que l'on avait
jusqu'en 1959. Quand même, on parle d'un système qui est semblable
mais beaucoup plus moderne. C'est difficile de dire que les Montréalais
présentement, ne connaissant pas ces services, il y en a qui pourraient
dire qu'on remet les vieux tramways parce qu'on n'est plus capable de payer un
métro. Je pense que c'est autre chose que cela et lorsqu'on regarde ce
qui se fait ailleurs au Canada... Je vous ai remis un document, tantôt,
qui explique très bien, un document qui a été
préparé par l'American Public Transit Association, qui a eu son
congrès à Montréal il n'y a pas si longtemps, et
là-dedans je pense qu'il y a toute une série de villes qui, au
cours des dix dernières années, ont décidé
d'implanter ce système-là: Buffalo, Sacramento. Écoutez,
il y a Portland (Oregon), qui a justement le système Bombardier BN, il y
a eu toute une série de villes et, dans ces villes, à ce que je
sache, c'est un succès. En Europe aussi, on le voit en Allemagne, dans
plusieurs villes. Il s'agirait, non seulement de vendre l'idée, mais de
montrer ce que c'est. À Grenoble, cela a été
installé il y a deux ans, et vous l'avez vu vous-même, M. le
ministre, c'est un succès.
M. Côté (Charlesbourg): À la fois pour les
personnes handicapées, à mobilité réduite, en
termes d'accessibilité. Grenoble est un succès à ce
niveau-là.
M. Chartrand: Et cela a permis à l'industrie
française du tramway de renaître. D'ailleurs le même tramway
de Grenoble, la même technologie sera implantée dans d'autres
villes françaises. Alors, j'étais même à Grenoble en
1983 lorsqu'il y a eu du débat sur la nécessité d'y
implanter des tramways et ce n'était pas facile de vendre cette
idée aux gens. Mais eiie a été vendue, et les gens de
Grenoble, aujourd'hui, en sont fort fiers. Il s'agit simplement de montrer
à la population ce que c'est, et je suis sûr que les
Montréalais pourraient facilement acheter l'idée d'un tramway
moderne.
M. Côté (Charlesbourg): Bon, dans la mesure
où on Irait vers cette nouvelle technologie, pour nous ce n'est pas une
nouvelle technologie mais une nouvelle orientation quant au transport ' en
commun beaucoup plus léger que ce qu'on connaît actuellement, il
est bien sûr que cela prendrait sur l'île, dans la mesure où
ce serait implanté dans l'est de Montréal, par exemple, tel que
vous le souhaitez, ou le nord de Montréal, un point de convergence pour
la connexion avec le métro, donc une gare intermodale.
M. Chartrand: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que le
phénomène d'être obligé de laisser le monorail
pour faire une connexion avec le métro ne risque pas d'inciter
des gens à ne pas l'utiliser? Quelle est votre appréciation
à ce sujet?
M. Chartrand: Vous savez, mon appréciation
là-dessus est qu'il y a moyen d'avoir des gares où le tramway, je
l'ai vu dernièrement en Allemagne, descend aussi sous terre, pour de
courtes distances. Cela existe, et je suis sûr qu'en installant une telle
gare intermodale - tramway, monorail, métro - iI y aurait
peut-être moyen de vraiment minimiser les distances que les usagers
auraient à parcourir entre les deux systèmes. Il est bien
évident que, si on met l'un d'un côté du boulevard
Henri-Bourassa et l'autre de l'autre côté, on n'incitera pas
beaucoup les gens. Mais si on fait vraiment une gare intermodale, oui.
ML Brière: Je peux peut-être simplement ajouter un point.
Lorsqu'on regarde - présentement de toute façon cela se fait pour
ce qui est du métro. Les gens prennent la ligne 5, correspondent avec la
ligne 2, donc sont obligés de faire une correspondance. Si vous
connaissez un peu la station de Jean-Talon, je ne sais pas s! vous y êtes
déjà allés mais passer de la 5 à la 2, c'est une
bonne marche, c'est loin. Donc, je ne pense pas vraiment que de passer d'un
système à l'autre puisse représenter un handicap vraiment
important.
M. Côté (Charlesbourg): Pour autant que le billet
acheté à Pointe-aux-Trembles, si vous prenez le monorail, soit le
même qui vous permet d'utiliser ie métro.
M. Brière: C'est essentiel.
M. Côté (Charlesbourg): L'est de Montréal.
Vous en avez fait largement état sur le plan de son développement
économique, de son service qui était déficient, à
tout le moins jusqu'à récemment, compte tenu de ce que nous avons
inclus dans notre proposition de financement pour la STCUM, et je remercie Mme
Roy d'avoir rendu hommage dimanche soir au ministère des Transports pour
avoir payé ces services additionnels et avoir ouvert l'enveloppe.
À tout le moins, cela a été mentionné. Donc, le
service additionnel de l'est est payé presque en totalité par le
gouvernement du Québec à ce moment-ci.
Vous avez fait référence au comité Limonchik qui a
été créé il y a peut-être six ou sept mois,
et qui, à mon avis, était fait davantage en réaction au
plan de transport, pour une carence de la demande au niveau de la CUM, pour
desservir l'est de Montréal. Croyez-vous qu'un système sur rail
pourrait adéquatement desservir à la fois
Rivière-des-Prairies, puisque c'est là qu'est une partie des gens
à desservir, Pointe-aux-Trembles, de même que
Montréal-Nord, sachant qu'à Montréal-Nord et Anjou se
retrouvent 60 % de la population de l'est de
Montréal? Est-ce que vous croyez possible, puisque les gens de
Montréal-Nord attendent le métro, comme nous le disait M. Ryan,
depuis 17 ans - c'est peut-être même rendu a 19 - que l'ensemble de
la population qu'on peut considérer du nord et de l'est de l'île,
incluant Montréal-Nord, Saint-Léonard, Pointe-aux-Trembles et
Rivière-des-Prairies, accepterait que les sommes prévues pour le
métro puissent être davantage orientées vers un
système sur rail qui pourrait desservir l'ensemble de l'est au lieu de
cette partie-là?
M. Chartrand: M. le ministre, je crois que oui, d'autant plus que
la CUM, dans sa proposition qui a été rendue publique hier du
mémoire qu'elle va présenter dans deux jours, parle exactement du
plan Gascon de 1984, et il y a là dedans la ligne 8, qui est une ligne
de métro léger, vers Pointe-aux-Trembles et Repentigny.
Maintenant il s'agirait d'avoir une autre ligne dans l'axe nord-sud,
peut-être dans une emprise qui ne servirait qu'aux tramways, ce qui ne
voudrait pas dire qu'on serait obligé de mettre ce tramway dans le
milieu d'une rue, mais on pourrait essayer de trouver une emprise qui ferait en
sorte qu'il serait seul. Donc, ce serait ni plus ni moins un métro de
surface dans une emprise et il ne nuirait pas aux automobiles qui circulent
dans les rues, du moins. Alors, je pense qu'il y a moyen de desservir ces
régions adéquatement pour moins cher que la proposition de la
CUM.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, j'aurais
beaucoup d'autres questions, mais je sais que mon temps est presque
terminé. À tout le moins, ne pas dire un mot sur Saint-Hiiaire
relativement à l'estacade, je pense que ce serait faire abstraction d'un
élément extrêmement important du transport en commun, du
plan. Donc, tout simplement pour vous rassurer un peu, il est clair que
l'utilisation du train de Saint-Hilaire par peu de personnes était la
conséquence directe de la qualité du service offert - je pense
que la démonstration n'est plus à faire, c'est clair - et, dans
les circonstances, il devenait extrêmement difficile avec le CN
d'être capable de donner une qualité de service. Dans les
prévisions actuelles, je tiens à vous dire qu'au sujet de la
planification avec l'estacade la conception s'oriente vers la
possibilité d'utiliser aussi l'estacade par un système qui,
éventuellement, pourrait être de train sur rails et qui pourrait
éventuellement avoir une desserte sur la rive sud et emprunter
l'estacade dans la mesure où on le souhaiterait. Donc, la planification,
à ce moment-ci, se fait dans cette orientation.
Une voix: D'accord, merci.
M. Côté (Charlesbourg): Alors, nous remercions
Transport 2000 de nouveau pour sa con-
tributlon.
Une voix: Merci.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci, M. le ministre.
M. le député de Lévis, vous avez quinze minutes.
M. Garon: M. le Président, je voudrais d'abord remercier
les gens de Transport 2000 qui sont venus nous rencontrer.
Vous vous opposez au tracé proposé pour la ligne de
métro no 5. Est-ce que vous pensez que ce tracé devrait
être modifié pour se diriger plutôt vers l'est, davantage
vers Anjou, ou pensez-vous qu'il ne devrait pas y en avoir du tout?
M. Chartrand: Écoutez, nous, nous pensons que le
métro dans l'est ne serait pas la réponse au problème. On
pourrait faire plus avec moins, donc, il y a toujours le problème dont
on n'a pas encore discuté aujourd'hui, celui de ta capacité
maximale de la ligne 2, parce qu'il ne faut jamais oublier que, si on prend la
5 et qu'on l'amène jusqu'à la 2, à Jean-Talon, il est
question de capacité. Selon les intervenants, certains disent que la 2
ne pourrait pas prendre ces nouveaux passagers entre Jean-Talon et Berri-De
Montigny, Berri-UQAM. Il s'agit de voir; je n'ai pas vu les derniers chiffres
là-dessus. Mais, selon nous, le métro dans l'est ne serait
absolument pas la réponse. Nous croyons qu'il y a quelque chose de mieux
à faire dans l'est, avec l'argent que le ministre avait proposé,
que ce que propose le plan du ministre. Que la ligne 5 soit prolongée
jusqu'à Montréal-Nord ou jusqu'à Anjou ne réglera
pas l'ensemble du problème. Ce qui nous inquiète le plus, c'est
que, lorsqu'on a construit la ligne 5, inaugurée l'an passé,
ça a coûté beaucoup plus cher que prévu. La STCUM
prétendait qu'elle n'avait pas d'argent pour la faire fonctionner et
c'est pourquoi ça a pris deux ans de plus avant de l'ouvrir.
M. Garon: Qu'est-ce que vous verriez à la place de
ça?
M. Chartrand: Comme nous l'avons expliqué, nous verrions
des lignes en surface, plus efficaces et moins dispendieuses, de ce style,
style métro léger, style service de surface, parce qu'à
Montréal, vous savez, M. Garon et M. le Président, II y a deux
systèmes: il y a le système d'autobus et il y a le système
de métro. Il n'y a pas de système intermédiaire. À
Toronto - on parle souvent de Toronto - on a des trains de banlieue, des
trolley bus", des tramways, des tramways articulés, le métro et
même un monorail ou "skytrain", tandis que Montréal n'a que deux
systèmes. Peut-être y a-t-il moyen d'en avoir un
intermédiaire aussi.
M. Garon: Et votre moyen intermédiaire suivrait quel
tracé, dans votre esprit?
M. Chartrand: Bien, il y a déjà le tracé de
la ligne 8 vers Pointe-aux-Trembles, qui est défini dans la proposition
de la CUM - il y a toujours bien ça au moins de positif - et, quant
à l'autre tracé, il s'agirait de le voir. Le problème,
c'est que les élus de la CUM ne jurent que par le métro. Alors...
(21 heures)
M. Brière: Peut-être - pour compléter - que
l'on verrait davantage l'autre tracé dans un axe nord-sud. Maintenant,
est-ce que c'est Pie-IX ou L'Assomption? On pourra toujours voir quand on sera
rendu à en discuter, mais dans un axe nord-sud, dans la mesure où
précisément, comme le disait M. Chartrand, si vous rabattez tous
ces gens sur la ligne 2 qui est déjà surchargée... Le
matin, je la prends très régulièrement et c'est plein. Ce
serait peut-être mieux sur un axe nord-sud. D'un autre côté,
lorsque vous êtes à Rivière-des-Prairies, en termes de
distance physique, vous êtes plus près de la ligne 1 que de la
ligne 2. Vous êtes sur la ligne qui mène directement au
centre-ville. Donc, vous évitez aux gens de prendre le métro ou
de prendre un autobus qui les mène à la ligne 5. Il faut qu'ils
correspondent à la ligne 2, à Jean-Talon, et qu'ils correspondent
encore à Berri-UQAM pour aller au centre-ville. Donc, si vous rabattez
les gens dans un axe nord-sud et que vous les amenez sur ta ligne 1 qui passe
au centre-ville, vous leur évitez beaucoup de points de correspondance.
Vous amenez des gens sur une ligne qui n'est pas encore surchargée et
vous leur permettez de gagner beaucoup de temps. C'est pourquoi on
privilégierait un axe nord-sud. Maintenant, est-ce que ce sera Pie-IX?
Est-ce que ce sera L'Assomption? Il faudrait compter les gens pour savoir
où le bassin de population est le plus élevé. C'est
pourquoi on ne peut pas vous dire si c'est Pie-IX ou L'Assomption. On verrait
quand même plus un axe nord-sud que le prolongement de la ligne 5.
M. Garon: Les choix et les efforts du plan en matière de
transport collectif vous semblent-Ils suffisants en regard des besoins de la
population, non pas des besoins de la population passée, mais de celle
à venir? On dit qu'il y aura une croissance de 243 000 d'ici à
l'an 2000, d'après le plan du ministre, avec un fort vieillissement de
la population. Ce sera non plus le baby-boom, mais plutôt un boom de
vieillissement. Est-ce qu'il vous semble que, en termes de transport collectif,
en termes d'avenir, en regardant vers l'an 2000 plutôt que vers 1960, les
efforts de même que les investissements prévus dans le domaine
routier sont suffisants?
M. Chartrand: II évident que nous aurions aimé que
ministre mette encore plus d'argent dans le transport en commun. Mais comme le
ministre l'a dit ce matin, en citoyens respon-
sables, ii faut comprendre qu'il faut qu'il paie la dette du
métro qu'on a construit il y a cinq ans, dix ans. Il faut aussi penser
à l'avenir. Comme vous le dites, il y a le vieillissement de la
population. Si les éléments du plan, du côté du
transport en commun, sont tous réalisés, je pense qu'on aura fait
un bon bout de chemin. En 1998 ou peut-être avant, il sera temps d'en
discuter encore. Vous savez, encore une fois, Je demeure sceptique face
à certains plans qui ont été présentés dans
le passé, pas nécessairement par le gouvernement du
Québec, mais par la CUM. Le plan Gascon, ce n'est pas si vieux que cela,
c'est en 1984. Cela fait quand même cinq ans et je n'ai encore rien vu de
fait là-dessus. On a beaucoup d'études dans notre bureau, mais,
pour ce qui est des réalisations, à part le petit train de Rigaud
qui a été modernisé et l'ouverture de la ligne 5, ii n'y a
pas eu grand-chose. Bien sûr, il y a eu le renouvellement de la flotte
d'autobus qui n'est pas toujours en bon état. Il y a beaucoup de choses
à faire, mais si les éléments du plan sont
réalisés, le train vers Châteauguay, la rénovation
des wagons de métro et les gares Intermodales proposées, entre
autres dans les Basses-Laurentides et ailleurs, je pense que c'est quand
même déjà un pas en avant.
M. Brière: II faut peut-être aussi dire, face au
vieillissement de la population, que les personnes âgées
n'utilisent pas beaucoup le métro pour des raisons de
sécurité, mais aussi d'aménagement physique, par exemple,
les escaliers. La personne âgée de 75 ans qui marche avec une
canne et qui arrive à un endroit où il y a 45 marches à
monter, c'est fini; elle ne prend plus le métro. C'est pourquoi, au
chapitre des infrastructures lourdes, on dit: Sortons de terre, allons dehors
un peu. Mais surtout, si on prend le cas de l'est de Montréal -
même partout - il faut aussi ajouter des mesures pour rendre attrayant le
réseau de surface parce que les personnes âgées vont se
déplacer en autobus beaucoup plus qu'en métro. Il y a toute une
conception du transport de surface qu'il va falloir améliorer à
un moment donné. Il va falloir quelque part des voies
réservées pour accélérer les services, des abribus;
enfin toutes sortes de politiques comme ça. Quand on parle du
vieillissement de la population, ce sont des choses comme ça qu'il va
falloir faire et non pas tellement construire des métros, des çi,
des ça; les personnes âgées ne les prennent pas. Les jeunes
diminuent et ce sont les clientèles traditionnelles. Les
clientèles traditionnelles du métro, ce sont les jeunes et les
femmes; les femmes ont de plus en plus des véhicules motorisés,
les jeunes, il y en a de moins en moins. Donc, pour aller chercher de la
clientèle sur le plan du transport en commun, il reste les travailleurs,
qu'il faut convaincre de lâcher leur voiture et d'embarquer dans les
systèmes de transport, et il faut adapter les systèmes de
transport pour les personnes âgées. Donc, c'est ça.
M. Chartrand: On se pose beaucoup de questions, vous savez, M.
Garon. Juste un complément là-dessus. La question du métro
à Montréal, je ne sais pas si vous avez vu les chiffres
là-dessus... Juste la question des escaliers mobiles dans les stations
de métro, les escaliers roulants, les escaliers dans les stations de
métro de Montréal: il y en a quelque 200 et ça coûte
beaucoup d'argent pour les entretenir chaque année, quand Ils ne sont
pas en panne, car ils sont souvent en panne. Une personne âgée qui
se présente devant un escalier qui est en panne, parfois ça peut
être un gros problème.
La STCUM prétend que ça lui coûte une fortune juste
pour l'entretien de ces escaliers. Parfois, il est difficile à
comprendre pourquoi ils Insistent tellement pour la construction d'autant de
lignes de métro quand ils ont autant de problème à faire
marcher celui qu'il y a là. En passant, je suis bien heureux de voir que
le ministre a donné de l'argent pour améliorer le transport en
commun dans l'est, on le réclamait, mais en même temps, quand
j'apprends que la STCUM coupe - la semaine passée, sans le dire au
public - encore une demi-minute dans le métro, comme elle l'a fait en
1982, hors pointe... Je parle du service de métro hors pointe, qui
passait à toutes les six minutes, sur les lignes 1 et 2, c'est rendu
à huit minutes; cela a encore augmenté de 30 secondes depuis ie 9
janvier parce qu'ils n'arrivaient plus dans leur budget. La STCUM ne l'a
même pas dit au public. On m'a promis qu'à la fin de mars
ça reviendrait; j'ai hâte de voir. Les gens qui prennent le
métro de Montréal attendent de plus en plus longtemps et ils
attendent plus longtemps que jamais entre chaque train depuis que le
métro fonctionne. Jamais on n'a attendu huit minutes entre chaque train,
et c'est la moyenne. La STCUM nous a dit que c'était vrai, qu'on
attendait plus, mais qu'elle n'avait plus d'argent.
M. Garon: Quand vous parlez du comportement des personnes selon
leur âge par rapport au transport, vous dites ça par intuition ou
par observation ou parce qu'il y a des études qui ont été
faites sur le comportement des gens? Ce qui s'en vient est radicalement
différend de ce qu'on a connu depuis 20 ans, en termes de pyramide
d'âges de la population de la région de Montréal et du
Québec tout entier, en réalité.
M. Chartrand: Je peux vous dire, M. le député, que
nous faisons partie d'un comité au Forum des citoyens âgés
de Montréal, qui regroupe plusieurs groupes de personnes
âgées de Montréal. On a assisté à plusieurs
de ces réunions. Une de mes collègues, Mme Auger, a
assisté depuis deux arts à ces réunions. Il y a
déjà eu des rapports faits là-dessus - il me fera plaisir
de vous les envoyer. Il s'agit des problè-
mes que les personnes âgées vivent dans le métro de
Montréal; vous seriez étonné de voir toutes les
difficultés de ces gens-là. Il y en a qui n'utilisent pas le
métro parce que c'est trop de problèmes pour eux. Ils ne savent
jamais si les escaliers vont fonctionner; ils ont peur parce qu'il s'agit d'une
question de sécurité, enfin les agressions, etc. Alors, Je vous
enverrai sûrement, dans les prochains jours, les documents qui ont
déjà paru là-dessus.
M. Garon; Concernant la ou les voies de ceinture ou pas de voie
de ceinture du tout, à la page 16, les deux ou trois premiers
paragraphes, au fond la page 16 au complet, vous dites que vous êtes
d'accord avec le principe d'une autoroute de ceinture. Après ça,
vous dites: "Si une autoroute de ceinture doit être construite, nous
favorisons l'autoroute 30 sur la rive sud. " Quand j'ai fini de lire la page au
complet, je ne sais plus si vous en voulez une en principe ou si vous n'en
voulez pas du tout. Qu'est-ce que vous voyez comme système qui serait le
mieux et en termes d'affection des fonds par rapport à la
problématique d'ensemble dans le domaine du transport dans la
région de Montréal?
M. Brière: Par rapport aux autoroutes de ceinture?
M. Garon: C'est ça.
M. Briers: Écoutez, juste pour enlever
l'ambiguïté... Ce qu'on disait dans la première phrase,
c'est qu'on est d'accord sur le principe d'une autoroute de ceinture,
c'est-à-dire d'une autoroute qui fait le tour de l'agglomération
et qui ne passe pas en plein centre. On est d'accord avec un principe comme
celui-là.
Là, on dit: Dans la région de Montréal, si on doit
appliquer ce principe, nous, dans le plan que le ministre nous a soumis - il y
a deux autoroutes, une au nord et une au sud... Quand on a regardé la
carte, on s'est assis en avant de ça et on a dit: Laquelle des deux? On
n'a pas joué à plie ou face, on a quand même essayé
de raisonner un peu. Pour nous, cela a été la 30. Maintenant, si
on a mis un "si" c'est que, d'une part, nous sommes pour le
développement du transport en commun. Alors, nous n'irons pas faire la
promotion des autoroutes. Ceci étant dit, s'il y en a une à
être bâtie, on serait mieux d'aller vers celle qui est au sud parce
que ça ne passe pas sur l'île. Enfin, c'est elle qui
répondrait mieux aux critères que l'on accole normalement
à une autoroute de ceinture que celle du nord, la 25, et sauter sur la
440 parce que cette autoroute-là ne débouche pas dans l'ouest.
Donc, après ça, il y aurait quelqu'un qui dirait: Écoutez,
on a bâti une demi-autoroute, donc, il faut en faire une au complet.
Là on va passer sur I'île Bizard et cette guerre-là n'est
pas finie. Je ne suis pas sûr que les gens de !'île Blzard vont
être contents de voir arriver une autoroute et un pont.
Déjà, ils ont de la misère à gober qu'on va leur
enlever des territoires agricoles. S'ils perdent le tiers du territoire pour
une autoroute, je ne suis pas sûr qu'ils vont aimer ça.
En tout cas, quant aux autoroutes, nous préférons qu'on
mise beaucop plus sur le développement du transport en commun. Mais nous
sommes conscients aussi que dans la région il y a des gens qui se
déplacent en automobile, qu'il y a des gens qui ne peuvent pas faire
leurs activités quotidiennes en utilisant le transport en commun. Le
voyageur de commerce ne peut pas prendre le métro avec ses
échantillons et tout. Il y aussi tout le camionnage. Il y a toute
l'économie de la région. Donc, c'est dans cette optique-là
qu'on s'est dit que, si vraiment ça pouvait aider la région, la
30 serait beaucoup plus appropriée que la 25 au nord.
Et, dans le cas du Métropolitain, ce serait de le rénover
et d'essayer plutôt de réduire le nombre de véhicules qui
passent dessus que d'essayer de trouver de solutions pour en augmenter la
capacité.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci beaucoup, M.
Brière et M. le député. Malheureusement, cela
complète le temps disponible. Je dois, de mon côté, vous
remercier de vous être déplacés. J'ai eu l'occasion de
travailler avec Transport 2000 pendant plus de cinq ans et moi aussi je dois
dire que vous faites un excellent travail. Étant personnellement un
ardent défenseur du transport en commun, je vous encourage à
continuer parce qu'on ne fera jamais assez d'efforts et d'incitations sur le
fameux transport en commun. M. Chartrand, de même que tous les gens qui
vous accompagnent, je vous encourage à continuer. Ne lâchez pas.
Il faut du monde pour pousser dans ce sens-là.
M. Chartrand: Merci, monsieur. Une voix: Merci beaucoup.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci et bonne route de
retour. J'inviterais immédiatement les prochains intervenants, soit le
Comité des usagers du transport de Deux-Montagnes, avec son
président, M. Roger Lemoine, et les gens qui l'accompagnent à
s'avancer.
Je demanderais la collaboration de tous les membres de la commission
pour qu'on puisse poursuivre immédiatement, étant donné
l'heure. Je souhaite la bienvenue, au nom des membres de la commission, au
Comité des usagers du transport de Deux-Montagnes et, sans plus tarder,
j'invite M. Roger Lemoine, président, à nous présenter les
personnes qui l'accompagnent.
Comité des usagers du transport de
Deux-Montagnes
M. Lemoine (Roger): Bonjour, M. le Pré-
sident. Bonjour, M. le ministre, tous les membres de la commission
parlementaire. À ma droite, M. Robert Lacombe.
Le Comité des usagers du transport de Deux-Montagnes a
été créé en octobre 1984 par Transport 2000
Québec et, dès le départ, il s'est donné trois
objectifs qui sont la modernisation de la ligne Montréal-Deux-Montagnes,
l'instauration d'un transport en commun affectif et efficace au sein de la MRC
de Deux-Montagnes et entre celle-ci et ses régions immédiates et
l'intégration des divers transports et des tarifs dans la vaste
région de Montréal. (21 h 15)
Le 27 août 1987, notre comité rappelait !a
nécessité de choisir entre le transport public et le transport
individuel. Il insistait sur l'urgence de moderniser la ligne
Montréal-Deux-Montagnes et mettait l'appui sur la pertinence de trouver
une quatrième source de financement, notamment en imposant les
bénéficiaires non-usagers et en augmentant la quote-part des
municipalités. Il demandait la création d'une structure
suprarégionale de concertation pour l'ensemble des transports publics en
périphérie de Montréal afin de coordonner les divers modes
de services utilisés à l'intérieur et à
l'extérieur de la métropole québécoise: autobus,
métro, trains de banlieue. Enfin, il suggérait l'apport important
que les usagers pourraient avoir en siégeant aux CA des
sociétés de transport et des CIT.
Le 10 août 1988, le gouvernement du Québec rendait public
son document concernant le transport dans la région de Montréal.
Ce plan d'action de 1 620 000 000 $ pour les dix prochaines années
montrait que 52 % de cette somme globale irait vers le réseau routier et
48 %, vers le transport collectif. Notons que 61 % de ce montant sera
dépensé au cours de la première période, 1988-1993,
dont 175 000 000 $ iront à la modernisation du train
Montréal-Deux-Montagnes et environ 250 000 $ pour améliorer le
terminus de Rosemère.
Fidèle à une précédente présentation,
ce mémoire continuera de privilégier les transports publics. Il
nous apparaît toujours aussi essentiel aujourd'hui de favoriser ce type
de locomotion pour des raisons économiques, sociales et
environnementales. L'actuelle commission parlementaire porte sur les futures
réalisations du gouvernement du Québec. Nous demeurons
persuadés que les décisions politiques doivent tenir compte des
réalités suivantes. Près de 40 % de la population vit
aujourd'hui en banlieue. Des services existent déjà. Des
solutions peuvent combler certaines lacunes. Une nouvelle mentalité est
en train de naître en faveur du transport en commun pourvu que l'on offre
une alternative rapide, économique, fiable, confortable et efficace.
Nous vous proposons donc toute une série de mesures visant
à moderniser les trains de banlieue, les intégrer au
réseau de Montréal, développer le transport public
régional, créer une structure régionale de
concertation, faire preuve de leadership dans ce dossier important pour le
Québec de demain, choisir les bonnes solutions en fonction des attentes
de la population. Il est devenu de toute première importance que les
politiques requises soient prises pour agir aujourd'hui afin de répondre
aux besoins de demain. C'est l'objectif poursuivi par ce présent
mémoire.
Le plan d'action 1988-1998. Conformément à ses objectifs,
le comité s'est particulièrement intéressé aux
aspects qui touchent plus spécifiquement les Basses-Laurentides. Nous
les avons divisés en deux parties: ceux qui sont au sein de notre
région et ceux qui sont aux portes, de notre territoire. Au sein de
notre région, une somme globale de près de 300 000 000 $, devant
être investie dans la première partie du plan d'action, est
prévue comme suit: 117 000 000 $ pour la conservation,
l'amélioration et le développement des autoroutes 13 et 15 et un
peu plus de 175 000 000 $ pour la modernisation de ta ligne
Montréal-Deux-Montagnes. Aux portes de notre région, on a
près de 230 000 000 $ qui seront mis de côté pour le
développement de la ligne 2 du métro vers le train de banlieue 3:
100 000 000 $ à la station Bois-Franc, et 125 000 000 $ pour la
construction d'un pont et le prolongement de l'autoroute 25 entre les villes
d'Anjou et de Laval. Ces deux projets sont-Ils indispensables pour
répondre aux besoins de la population d'aujourd'hui et de demain?
Le récent sondage de la maison Som, de Montréal, indique
que 57 % des Montréalais utilisent régulièrement leur auto
pour se déplacer dans la ville, 34 % prennent l'autobus et 31 % le
métro. Pour les résidents de la CUM, on observe que 50 % des gens
se servent du transport en commun et que ce pourcentage tombe à 29 %
pour la rive sud et à seulement 17 % pour la rive nord. Les raisons qui
motivent cette non-utilisation du transport public sont: trop long, 42 %; cela
passe trop loin du domicile, 16 %; les heures sont inadéquates, 15 %;
c'est trop compliqué à cause des correspondances, 8 %. Tout
à l'heure, en jetant un coup d'oeil sur la situation dans les
Basses-Laurentides, nous comprendrons plus aisément pourquoi il devient
impératif de créer maintenant une structure régionale
permanente de concertation afin d'instaurer un efficace et effectif transport
public régional au sein de notre vaste et belle région en
périphérie de Montréal. Voici un autre endroit du
Québec où le gouvernement doit faire preuve de leadership.
Nous ne sommes pas nécessairement contre le développement
du réseau routier. Nous reconnaissons volontiers que certaines voies
rapides demeurent indispensables, et le gouvernement du Québec doit les
entretenir. C'est ainsi que nous partageons l'avis que l'autoroute 13 devrait
être complétée. Même si nous doutons que des navettes
constituent la solution la plus appropriée pour réunir les deux
aéroports de Montréal,
surtout en période de pointe, cette Intervention demeure
essentielle. L'élargissement de l'autoroute 15 peut également
favoriser une meilleure circulation, mais nous croyons toujours que nous devons
veiller à ne pas favoriser l'utilisation abusive d'automobiles. Ainsi,
par exemple, la construction d'un nouveau pont et le prolongement de
l'autoroute 25 vont-ils régler les problèmes aigus de la
congestion aux entrées et au centre-ville de Montréal? Ce projet
ne risque-t-il pas à moyen terme d'amener encore plus de voitures
individuelles dans la métropole québécoise, augmentant
ainsi les difficultés que nous connaissons actuellement.
Devant le Conseil de la conservation et de l'environnement, une branche
du ministère de l'Environnement du Québec, la Chambre de commerce
de Montréal mentionne, dans un mémoire déposé le 20
décembre 1988, que le transport dans la région
métropolitaine doit être élargi pour englober une
discussion de fond sur l'utilisation privilégiée de l'automobile
comme mode de transport urbain et qu'une stratégie de conservation au
Québec ne peut évacuer l'étude de la problématique
du transport urbain. " Dans ce contexte, nous pensons que le transport en
commun doit recevoir la priorité. Cela signifie-t-il que nous devons
construire partout des stations de métro? Compte tenu des coûts
élevés de cette solution et des attentes de ta population, ne
serait-il pas plus logique de mettre en place des structures plus
légères, plus fonctionnelles et moins onéreuses? Pourquoi
ne pas consulter les comités d'usagers qui existent un peu partout dans
l'est, dans l'ouest ou au sud de la vaste région de Montréal? Le
prolongement de la ligne 2 vers Bois-Franc et le parachèvement de
l'autoroute 25 représentent des déboursés de 230 000 000
$. Cette somme, en étant affectée ailleurs à des projets
améliorant la mise en service, la qualité ou l'efficacité
du transport en commun, ne serait-elle pas mieux employée?
M. Lacombe (Robert): L'instauration d'un transport publie
régional. Deux questions nous préoccupent actuellement. Ce sont,
premièrement, la modernisation de la ligne
Montréal-Deux-Montagnes et, deuxièmement, la mise en place d'un
véritable transport public régional.
La modernisation du train de banlieue. Le plan d'action prévoit
que, d'ici 1993, la ligne 3 serait modernisée. Cette nouvelle nous a
rassurés et réjouis et nous n'avons pas hésité
à le dire publiquement. Pas de doute, cette solution est logique,
réaliste et conforme aux intérêts de Montréal, de la
région et du Québec. Sans vouloir relancer le débat, nous
désirons seulement souligner avec force que l'échéancier
proposé doit être absolument et scrupuleusement respecté si
nous vouions vraiment conserver ce patrimoine roulant. Ce qui nous
inquiète le plus, précisément, ce sont ces informations
qui nous disent que la CUM bloquerait ce projet. Quand on connaît
l'obstination de la ville de Montréal à s'opposer à cette
modernisation de la ligne Montréal-Deux-Montagnes et ce, quel que soit
le parti au pouvoir à l'hôtel de ville, nous ne comprenons pas
pourquoi cet organisme qui doit recevoir la mission de moderniser ce train de
banlieue... Tous les intervenants entendus lors de la commission parlementaire
d'août 1987 étaient d'accord. La décision est maintenant
officielle. Le processus de modernisation doit débuter dans les plus
brefs délais. Puisque c'est Québec qui paie le coût
d'immobilisation, le gouvernement doit faire preuve de leadership et
créer, si nécessaire, un organisme indépendant
chargé de mener à bien ces travaux.
L'Instauration d'un transport public régional. La loi 46, qui
créait des conseils inter-municipaux de transport, des CIT, visait
essentiellement deux objectifs: la prise en charge par les municipalités
du transport publie et la réduction de l'enveloppe budgétaire
gouvernementale consacrée au transport en commun. La nette
volonté des élus locaux de ne pas participer à un
déficit trop élevé et le "discours* de cette loi
favorisait en quelque sorte la naissance d'un transport collectif local, sans
préoccupation véritable de l'implantation d'un transport public
régional. Cette absence de vision régionale constitue un
véritable casse-tête pour beaucoup de gens qui ne peuvent relier
rapidement et à des prix raisonnables deux centres urbains Importants au
sein d'une même région administrative. C'est notre situation dans
les Basses-Laurentides.
Permettez-nous maintenant de vous exposer les points suivants. À
la suite de la décision du ministère des Transports du
Québec d'autoriser Saint-Eustache à se retirer du CIT
Deux-Montagnes depuis le 1er janvier 1988, la MRC Deux-Montagnes compte quatre
organismes de transport sur son territoire: CIT Deux-Montagnes, service interne
de Saint-Eustache, Société de transport de Laval (STL) et train
de banlieue Montréal-Deux-Montagnes. Ces quatre organismes s'occupent
surtout de leur administration respective et ne possèdent aucune
structure de correspondance tarifaire. Une analyse détaillée de
trois conseils de transport de notre territoire immédiat, soit du CIT
des Deux-Montagnes, de la ville de Saint-Eustache et du CIT Basses-Laurentides,
nous permet de découvrir les faits suivants: d'Oka à
Saint-Jérôme, à cause des horaires trop rigides et des
correspondances entre autobus trop étroites, un usager devra prendre
plus de six heures pour un aller-retour entre ces points. L'absence de
"correspondance tarifaire" lui vaudra de dépenser en plus 14, 30 $ pour
son voyage.
De Saint-Eustache à Sainte-Thérèse, il existe
actuellement un service, le circuit no 8. de 6 h 42 à 17 h 42, un
service à toutes les heures, du lundi au mercredi de 7 h 42 à 17
h 42, à toutes les heures, les jeudis et vendredis; toutes les deux
heures, le samedi; il n'y a aucun service le dimanche. Qu'arrive-t-il si une
per-
sonne désire s'inscrire à des cours pour adultes un soir
par semaine au collège Lionel-Groulx? Eiie devra prendre sa voiture
personnelle ou transiter par Laval ou même Montréal. Notons enfin
qu'aux dernières nouvelles ce manque de concertation entre deux
organismes responsables amenait deux tarifs différents sur le même
territoire de Saint-Eustache. Un dollar par voyage simple par le service
interne d'autobus et 1, 50 $ aller simple avec la route no 8. De Saint-Eustache
à Mirabel, il n'y a pas de service direct, même en passant par le
terminus de Rosemère. L'arrêt le plus près du terminus
recherché est Saint-Janvier, entre Rosemère et
Saint-Jérôme. Dans ce cas-là, il faut compter un
aller-retour de près de trois heures, au coût de 7, 80 $. De
Saint-Eustache à Terrebonne, il n'y a pas de lien direct. Il faut passer
par Montréal et emprunter les autobus de la STL au terminus
Henri-Bourassa. Pourtant, une ville comme Saint-Jérôme est un
centre régional important, vu qu'il regroupe plusieurs services
gouvernementaux comme ceux reliés à la santé, à la
justice, au crédit agricole, à la protection du consommateur,
à la CSST, etc.
À la lecture de cette situation, il nous semble évident
que certaines décisions politiques s'imposent de toute urgence.
Premièrement, bâtir une gare intermodale sur le territoire de la
MRC de Deux-Montagnes pour amener tous les services de transport collectif
à un endroit central. Deuxièmement, améliorer le terminus
de Rosemère. Dans le plan d'action, il est prévu de construire
six débarcadaires et un bâtiment d'accueil chauffé servant
de salle d'attente pour accroître l'attrait du service offert par le CIT
des Basses-Laurentides. Signalons que la route 8 reliant Saint-Eustache au
collège Lionel-Groulx de Sainte-Thérèse passe devant ce
terminus régional. Troisièmement, mettre en place une table
permanente de concertation régionale afin d'offrir l'occasion à
tous les intervenants concernés par cette question de discuter et de
coordonner, voire intégrer éventuellement les divers modes de
transport collectif et de tarif. Cette structure régionale de transport
public permettrait également de diffuser l'information au public
concernant les divers horaires, les divers prix et les différents
services offerts au sein de notre vaste territoire des Basses-Laurentides. La
naissance de cette table permanente de concertation, en plus de permettre la
coordination des différents services d'autobus et de train, offrirait
une plus grande mobilité à notre population,
particulièrement aux plus démunis de notre société,
contribuerait à augmenter la disponibilité de notre main-d'oeuvre
disponible, développerait un transport public régional
cohérent, efficace à la grandeur de notre belle région,
respecterait notre environnement tout en contribuant à une
qualité de vie plus saine.
La création d'une structure régionale de concertation. Une
lecture trop "étroite" de la lettre et de l'esprit de la loi qui donnait
jour aux CIT en périphérie de Montréal, la
multiplicité des intervenants qui rend difficile l'émergence
d'une vision de l'ensemble des questions reliées au déplacement
des personnes, le développement et l'opération des réseaux
s'effectuant trop souvent à partir d'une perspective purement locale et,
enfin, une peur évidente du déficit de la part de nos élus
locaux, voilà, en résumé, tout ce qui entraîne
automatiquement des problèmes de cohérence et
d'intégration entre les divers réseaux locaux et
régionaux.
M. Lemoine: Comme nous l'avons vu précédemment, une
personne qui veut utiliser le transport collectif pour voyager à travers
le territoire des Basses-Laurentides doit affronter plusieurs problèmes:
différents transporteurs, différents temps d'attente,
différents prix. Cette personne, en somme, est la victime
d'administrations qui préfèrent favoriser leurs
intérêts locaux au détriment de l'ensemble régional.
Tous les dilemmes se résument finalement à cette question:
Comment rentabiliser le service public? D'ailleurs, comment le rentabiliser si
nous n'en faisons pas la promotion? Beaucoup de problèmes financiers
pourraient plus aisément se résoudre si les pouvoirs
décisionnels acceptaient de s'impliquer davantage dans le transport
collectif. D'autre part, dans le cadre de la commission parlementaire
d'août 1987, plusieurs propositions furent soumises. Qu'attendons-nous
pour prendre les décisions qui s'imposent? Pour garantir
l'efficacité de service, l'information devient un instrument de premier
plan. Comment attirer des usagers au réseau du transport collectif si la
population ignore les circuits disponibles? Afin de coordonner et
éventuellement d'intégrer les divers modes de transport et de
tarifs, pour offrir aux intervenants l'occasion de se rencontrer et
d'échanger des informations pertinentes, y est devenu impératif
que cette structure régionale de transport public régional soit
créée et que le gouvernement du Québec accepte d'y
apporter son aide et, si nécessaire, son poids politique. (21 h 30)
Conclusion. Tout au long de notre exposé, nous avons mis l'accent
sur l'importance de privilégier le transport en commun. Comme le
soulignait si justement le ministre Côté lors de son passage
à Deux-Montagnes, le 12 mars 1987, "le temps des autoroutes est fini, la
priorité doit aller au transport public. " Cela doit
nécessairement se traduire par des actes précis et concrets.
C'est une question de choix, de vision de la société
québécoise de demain.
À la lumière de tout ce qui précède, nous
vous demandons donc: de moderniser la ligne Montréal - Deux-Montagnes,
en respectant intégralement l'échéancier proposé
dans le plan d'action du 10 août 1988; de bâtir une gare
intermodale sur le territoire de la MRC de Deux-Montagnes afin de centraliser
tous les modes de transport; d'intégrer les différents
services
disponibles sur l'île de Montréal: autobus, métro,
trains de banlieue; d'améliorer le terminus de Rosemère; de
créer la table permanente de concertation dans les Basses-Laurentides en
vue de l'établissement d'une ligne téléphonique centrale
d'information; de la coordination et éventuellement de
l'Intégration des divers modes de transport, des différents
horaires d'autobus et, au mininum, de la naissance d'une correspondance
tarifaire valide entre les différents transporteurs; enfin, pour
reprendre un credo de notre précédent mémoire, de
favoriser ta présence des usagers aux tables décisionnelles afin
que leur point de vue soft entendu et pris en considération.
En acceptant d'agir aujourd'hui, nous nous assurons de répondre
aux besoins de demain. Merci.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Je vous remercie
beaucoup, M. Lemoine. Alors, on procède maintenant avec les blocs de 20
minutes. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci. M. le
Président. Je veux remercier les gens que j'ai rencontrés
à quelques reprises, comme le mémoire en fait état,
à tout le moins en mars 1987 à Deux-Montagnes, de même
qu'en commission parlementaire au mois d'août 1987, et maintenant
à nouveau devant cette commission parlementaire. Je veux les
féliciter pour l'intérêt soutenu à la cause, en
particulier, du train de Deux-Montagnes, puisque c'est un dossier qui est
débattu déjà depuis fort longtemps. C'est un peu
grâce à leur ténacité que je n'aborderai
pratiquement pas le dossier du train de Deux-Montagnes; quant à moi,
c'est une chose qui est réglée.
On ne devrait même pas en discuter lors de la commission
parlementaire, puisque cela fait partie de la conservation des acquis. Le train
de Deux-Montagnes étant un acquis, i est prévu en termes de
modernisation à l'intérieur du plan de transport, avec
l'échéance que vous connaissez et avec des mandats qui seront
donnés, au cours des semaines qui suivront la fin de la commission
parlementaire, aux professionnels pour passer aux phases: étude finale
et plan de réalisation. Donc, c'est un dossier qui, pour moi, a franchi
les étapes de l'approbation gouvernementale. Je vous dis, toutefois,
comme je l'ai dit sur le plan public, que nous souhaitons - et nous aurons
possiblement besoin de votre aide maintenant que les élections
fédérales sont passées - un niveau de participation au
financement des immobilisations dans Deux-Montagnes, de la même
manière que cela a été fait dans le cas de Rigaud. Les 10
000 000 $ qui sont encore dans l'enveloppe CN, plus les 20 000 000 $ qui
étaient dévolus à la modernisation du train font une
cagnotte de départ de 30 000 000 $ sur 175 000 000 $. Donc, on aura
besoin des efforts de tous pour convaincre les autorités
fédérales, puisqu'elles sont à quatre ans des prochaines
éjections, d'acquies- cer à notre demande et de participer
à ce projet.
Au-delà de tout cela, l'élément qui est dominant
dans votre présentation est l'insistance sur la création d'une
table de concertation régionale qui réunirait, à ce que
j'ai compris, la presque-totalité des Basses-Laurentides, à tout
le moins sur le plan d'une connexion plus efficace et plus rapide avec la
capitale régionale qui est Saint-Jérôme. C'était
assez apparent dans les circuits que vous nous avez présentés
avec les coûts reliés. Vous avez évoqué la loi 46 et
la création des CIT. On sait qui existe des CIT sur le territoire et que
ce n'est pas une opération facile; on est en présence de
plusieurs CIT à ce moment-ci. Est-ce que je dois comprendre, lorsque
vous souhaitez cette table régionale, que chacun des CIT serait
effectivement une des parties composantes de cette table de concertation sur le
plan régional et qui voyez-vous d'autre?
M. Lemoine: Bien, nous y voyons d'abord un représentant du
gouvernement du Québec, également des représentants de
chacun des CIT qui sont actuellement résidents du territoire des
Basses-Laurentides et pourquoi pas aussi des usagers. Après tout, ils
sont une partie importante de la composante qui paie pour ces services.
M. Coté (Charlesbourg): Ne croyez-vous pas que la
création d'une table de concertation régionale à ce sujet
serait un préalable à la réalisation de certains
éléments que vous évoquez à l'intérieur de
votre mémoire, à titre d'exemple, une gare Intermodale à
Deux-Montagnes? Est-ce que le préalable n'est pas une table de
concertation pour très bien définir ce qu'on veut faire, compte
tenu des problèmes très importants qu'ont vécus les CIT,
en particulier des Basses-Laurentides, et finalement de la mutation qui s'est
produite à Deux-Montagnes aussi? Est-ce que la table de concertation
n'est pas un préalable pour tenter de mettre un peu d'ordre a ce niveau,
une certaine harmonie - pas parce qu'il y a de la discorde - davantage de liens
très intimes entre les différents CIT et les réseaux
à desservir?
M. Lemoine: Effectivement, M. le Président, la
première étape à franchir, c'est la création, le
plus rapidement possible, de cette structure régionale de concertation
afin que les intervenants puissent au moins se rencontrer
régulièrement, se parier. Il suffirait d'avancer de quelques
minutes l'autobus qui part d'Oka et de retarder de quelques minutes celui qui
part de Rosemère pour faire gagner à un usager facilement deux
heures aller retour. Donc, on voit qu'il suffit que les gens s'assoient
à la même table, se consultent, pour tout de suite gagner beaucoup
de temps. C'est un préalable qui nous paraît essentiel, mais 1
faut que ça se fasse très rapidement. On ne pourra pas encourager
le
transport en commun si des gens perdent une journée à
faire 45 kilomètres et payent 14 $ en plus. Ce n'est pas possible.
M. Côté (Charlesbourg): Un autre
élément qui n'est pas nécessairement plus philosophique,
mais qui relève davantage d'une intégration des différents
modes de transport, à tout le moins du paiement; est-ce que j'ai bien
compris que votre volonté irait davantage dans le sens de
l'intégration d'un ensemble de services de transport en commun, autobus,
trains de banlieue, de telle sorte que l'usager y trouve, à tout le
moins, une partie des bénéfices investis par sa carte?
M. Lemoine: C'est exact. Je prétends
qu'éventuellement, dans un temps assez restreint, à moyen terme,
on puisse, via la table de concertation qui devrait être
créée dans les prochains mois, intégrer les
différents modes de transport. On parte aussi bien des autobus, des
trains...
M. Côté (Charlesbourg): Sauf, si je ne m'abuse, que
dans la mesure où on créerait une table de concertation
régionale qui ne serait pas forcément décisionnelle, mais
qui viserait à orienter et à mieux planifier l'organisation du
transport dans les Basses-Laurentides, elle traiterait à ce
moment-là des problèmes inhérents au service, en
particulier d'autobus, alors que le train de Deux-Montagnes, lui, dans la
mesure où on finit la modernisation, subirait ie même niveau
d'absorption que Rigaud intégré au service de la
communauté urbaine, donc de la STCUM. Dans ce sens-là, je pense
que la table régionale de concertation devrait davantage se
préoccuper de la desserte des Basses-Laurentides et, virtuellement,
avoir un certain niveau de rabattement sur le train de banlieue qui, lui,
serait géré éventuellement ou, à tout le moins,
selon les prévisions à long terme, par la STCUM ou par
l'organisme régional de transport pour la grande région
métropolitaine qui, éventuellement, prendrait à son compte
les trains de banlieue.
M. Lemoine: En août 1987, on avait proposé une
structure suprarégionale de concertation. Naturellement, cela comprenait
la STCUM, la STL et les CIT. C'est une chose. On parle du train de banlieue.
Mais cela n'empêche pas d'avoir une structure régionale pour que
les intervenants des CIT puissent se parler dans les Basses-Laurentides ou
ailleurs autour de Montréal. La structure suprarégionale est une
composante essentielle, mais ça n'empêche pas la création
d'une structure régionale dans chacune des parties de la vaste
région de Montréal.
M. Côté (Charlesbourg): Mais on se comprend bien: la
structure de concertation régionale souhaitée serait davantage au
niveau des CIT des Basses-Laurentides, alors que la structure
suprarégionale irait s'occuper de la gestion de services de transport en
commun un peu plus lourds comme le train de banlieue, le métro etc. Cela
va. Merci.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci, M. le ministre,
M. le député de Lévis.
M. Garon: M. ie Président, je veux remercier le
Comité des usagers du transport de Deux-Montagnes d'être venu nous
rencontrer ce soir afin de nous donner son point de vue, d'autant plus
qu'à la page 11 - je voudrais être bien sûr de ce que je lis
- vous dites que, lors de son passage à Deux-Montagnes, le 12 mars 1987,
le ministre Côté a déclaré: "Le temps des autoroutes
est fini; la priorité doit aller au transport public. " Est-ce que c'est
bien ce que vous avez entendu et ce qu'il a dit?
M. Lemoine: Écoutez, c'est une réponse
philosophique du ministre Côté à des questions qui ont
été posées à ce moment-là. Il est
évident que ie ministre Côté avait très clairement
dit que la priorité du gouvernement du Québec au cours des
prochaines années devait aller au transport en commun.
Une voix: C'est exactement cela.
M. Lemoine: En tout cas, c'est ce que nous avons compris.
M. Garon: Quand vous lisez le plan d'action 1988-1998, avez-vous
l'impression que la déclaration de principe du 12 mars 1987 s'applique
dans la réalité ou si c'est simplement une déclaration de
principe de vertu dont l'application est difficile?
M. Lemoine: Si on prend le plan qui porte sur dix ans... C'est
une question piège que vous posez là, M. Garon.
M. Garon: Non. Le Seigneur a dit dans l'Évangile que la
foi sans les oeuvres...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lemoine: C'est pourquoi tout au long de notre mémoire
nous insistons beaucoup sur les actes concrets et précis. Si l'on prend
le plan d'action du ministre Côté déposé pour les
dix prochaines années, on volt que c'est "half and half, c'est 50-50
pour le transport public et pour le transport routier. On voit également
que la plus grosse partie, 75 %, sera dépensée pour le transport
public dans les cinq premières années. Pour nous, il est
évident qu'on devrait beaucoup plus insister sur la priorité du
transport public. Face aux coûts énormes, autant
socio-économiques qu'environnementaux, de l'utilisation abusive de
l'automobile, à notre avis, on n'appuiera jamais assez sur l'importance
de mettre de
l'argent et d'amener les gens à utiliser le transport en commun.
Je ne sais pas si cela répond à votre question.
M. Garon: Le message que vous lancez... Le ministre disait ce
matin qu'il doit faire une allocation de ressources qui sont rares, qu'il n'a
pas tout l'argent qu'il voudrait avoir et qu'à ce moment-là il
doit choisir prioritairement de mettre cela dans le transport en commun
plutôt que dans le transport individuel par automobile.
M. Lemoine: C'est cela.
M. Garon: Vous parlez de l'organisme de concertation
régional, non pas suprarégional, mais régional. Quelles
seraient les composantes de cet organisme régional des
Basses-Laurentides?
M. Lemoine: D'abord, pour amener les gens à se parler, il
faudrait qu'il y ait un représentant du gouvernement du Québec;
cela me semble un préalable. Ensuite, nous pensons qu'il devrait y avoir
un représentant de chacun des CIT représentés dans les
Basses-Laurentides, si l'on parle des Basses-Laurentides comme région.
Nous souhaitons également vivement voir à cette table des
représentants des usagers.
M. Garon: De...
M. Lemoine: Des usagers. Les usagers paient assez cher et c'est
eux qui savent exactement quels sont les besoins qu'ils ont aujourd'hui et
qu'Us doivent avoir demain. Je ne vois pas pourquoi ces gens ne seraient pas
consultés et ne participeraient pas à l'établissement ou
à l'instauration du transport en commun par autobus dans notre
région. C'est une composante essentielle, au même titre que le
gouvernement ou les responsables des CIT dans notre région.
M. Garon: Merci.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Est-ce qu'il y a
d'autres questions de votre côté, M. le ministre?
M. Côté (Charlesbourg): Non, M. le Président.
Merci de votre présentation. Soyez assurés qu'on va continuer de
surveiller vos intérêts et l'esprit de ma déclaration du 12
mars 1987.
M. Lemoine: C'est nous qui vous remercions, M. le
Président.
M. Garon: Est-ce que je dois interpréter des paroles du
ministre qu'il vient de confirmer qu'il a bien fait sa déclaration le 12
mars 1987?
M. Côté (Charlesbourg): Vous connaissez, puisqu'on
discute depuis maintenant 18 mois ensemble, la clarté de mes propos.
J'ai effective- ment dit que le temps des nouvelles autoroutes au Québec
était révolu. Si dans votre esprit politique et, à
l'occasion, tordu...
M. Garon: Non, non.
M. Côté (Charlesbourg):... d'aventure, vous essayez
de dire que la 30 ou la 25 sont de nouvelles autoroutes, je vous dirai que ce
n'est que le complément de ce qui avait déjà
été commencé dans ie passé et, pour moi, ce ne sont
pas de nouvelles autoroutes.
M. Garon: Dans le fond, pour vous, si on continuait la 20
jusqu'à Gaspé, ce ne serait pas une nouvelle autoroute, ce
serait...
M. Côté (Charlesbourg): Et pourquoi pas!
M. Garon: Non, non, juste pour savoir. Je comprends pourquoi les
gens vous disaient tantôt qu'il y avait une certaine
ambiguïté dans les termes utilisés: conservation et
développement.
M. Côté (Charlesbourg): Non. C'est-à-dire
qu'il y en avait dans l'esprit de ceux qui le présentaient, mais dans
mon esprit, il n'y en a pas. Quand on parle du train de Deux-Montagnes, qui
existe actuellement et qui dessert 12 000 personnes par jour, qu'on se pose ta
question pour savoir si c'est de la conservation ou pas, pour moi, il n'y a pas
de problème, c'est de la conservation. Lorsqu'on met en parallèle
le parachèvement du métro entre Côte-Vertu et Bois-Franc, 8
n'existe pas; donc, ce n'est pas de la conservation, c'est du
développement. Cela me paraît très évident. Cela ne
prend pas une définition de dictionnaire pour être capable de se
rendre compte de ça.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Alors, M. Lemoine, de
même que ceux qui vous accompagnent du Comité des usagers du
transport de Deux-Montagnes, on vous remercie. Donc, on vous souhaite un bon
chemin de retour, je ne sais pas si ça va être par train ou
autrement. Merci d'avoir participé, par votre mémoire et par
votre présence.
M. Lemoine: En bons usagers, M. le Président, nous sommes
venus en autobus. Nous vous remercions de nous avoir invités à
présenter notre point de vue.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci beaucoup.
J'avise les membres de cette commission que la commission de
l'aménagement et des équipements reprendra ses travaux demain
matin, à dix heures. J'inciterais tout le monde à être
à l'heure pour qu'on puisse respecter l'horaire prévu. Merci,
bonsoir.
(Fin de la séance à 21 h 47)