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(Dix heures huit minutes)
Le Président (M. Parent, Bertrand): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
donc ses travaux, ce matin. Je rappelle le mandat de la présente
commission qui est de procéder à des consultations
particulières dans le cadre de l'examen des volets "Développement
du réseau autoroutier" et "Projets de développement du
réseau de transport collectif du plan d'action 1988-1998 intitulé
Le transport dans la région de Montréal.
M. le secrétaire, est-ce que vous avez des remplacements, ce
matin?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue) est remplacé par M. Bélisle
(Mille-Îles); M. Camden (Lotbinière) est remplacé par Mme
Cardinal (Châteauguay); M. Charbonneau (Verchères) est
remplacé par M. Gendron (Abitibi-Ouest); M. Gauvin (Montmagny-L'Islet)
est remplacé par M. Gobé (Lafontaine); M. Middlemiss (Pontiac)
est remplacé par M. Parent (Sauvé); M. Paradis (Matapédia)
est remplacé par M. Trudel (Bourget); M. Poulin (Chauveau) est
remplacé par M. Joly (Fabre) et M. Thérien (Rousseau) est
remplacé par Mme Dougherty (Jacques-Cartier).
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci, M. le
secrétaire.
Alors, ce matin, nous avons prévu trois intervenants,
c'est-à-dire trois groupes. D'abord, à l'horaire, nous avions, de
10 heures à 11 heures, la Communauté urbaine de Montréal;
de 11 heures à midi, la Société de transport de la
Communauté urbaine de Montréal et, de midi à 13 heures, la
Chambre de commerce de Montréal.
Cependant, à la suite d'une entente entre les deux groupes
parlementaires, il a été convenu de permettre un peu de
flexibilité. Donc, à l'intérieur des fonctions qui me sont
dévolues, j'essaierai d'accorder à la Communauté urbaine
de Montréal, autant qu'à la ville de Montréal, un peu plus
de temps, peut-être une période de 30 à 40 minutes, selon
le cas. Cependant, je demanderais bien sûr à tous les intervenants
d'essayer d'être le plus concis possible.
M. le secrétaire, vous avez deux remplacements additionnels.
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Juneau
(Johnson) est remplacée par M. Boulerice (Saint-Jacques) et M.
Paré (Shefford) est remplacé par Mme Harel (Maisonneuve).
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci, ça va
pour les remplacements.
J'ai demandé qu'on fasse toute la lumière sur la
commission, M. le président, et, en espérant que la tempête
à l'extérieur ne se transportera pas au salon rouge, je souhaite
la bienvenue au président de la communauté urbaine, à M.
le maire de Montréal, de même qu'aux maires et élus qui
vous accompagnent. J'espère que cette commission et les travaux que nous
avons à effectuer ensemble ce matin seront des plus fructueux et des
plus positifs.
Alors, sans autre préambule, j'inviterais M. le président
de la Communauté urbaine de Montréal, M. Hamelin, à nous
présenter les gens qui l'accompagnent et, par la suite, d'y aller avec
la présentation du mémoire. Il y aura une période de
discussion, normalement des blocs de 20 minutes pour le parti
ministériel et aussi pour le parti d'Opposition, qu'on essaiera de
gérer dans le temps et de répartir également.
Alors, M. le président.
Communauté urbaine de Montréal
M. Hamelin (Michel): Merci. M. le Président, M. le
ministre, mesdames et messieurs de la commission, la présence à
mes côtés du maire de Montréal, M. Jean Doré, du
président de la commission du transport en commun de la
Communauté urbaine de Montréal, M. Peter Yeomans, maire de
Dorval, de Mme Thérèse Daviault, vice-présidente de la
commission du transport en commun et conseillère à
Montréal, de M. Hubert Simard, président de la commission de
l'aménagement, témoigne de l'importance de l'enjeu de cette
commission parlementaire devant laquelle nous déposons unanimement - je
le souligne - les conclusions de la communauté. Je voudrais, à ce
stade, excuser deux de nos collègues qui sont probablement
retardés par la mauvaise température et qui devraient se joindre
à nous: M. Bernard Lang, maire de Côte-Saint-Luc et
président de la conférence des maires, et M. Raymond Renaud,
maire de Saint-Léonard et vice-président de la commission de
l'aménagement.
Je veux tout d'abord remercier la commission qui nous donne l'occasion
de présenter la position de la Communauté urbaine de
Montréal en ce qui concerne l'avenir du transport. Ce dont nous voulons
vous parler aujourd'hui, c'est du contenu du plan d'action et des
priorités pour les dix prochaines années. Par ailleurs, je dois
relever également le fait qu'on a parfois accusé les maires de
banlieue de la communauté urbaine de faire cavalier seul à
certaines occasions. Et, parallèlement, on a accusé, et encore
plus souvent dans le passé, la ville de Montréal de mener de
façon exclusive certains dossiers majeurs. Je suis en mesure de vous
affirmer aujourd'hui que mes collègues de banlieue et de la ville de
Montréal ont collaboré de façon
constante et soutenue à la préparation du mémoire
qui reflète les priorités de toute la Communauté urbaine
de Montréal.
Dans cet édifice du parlement où délibère
l'Assemblée nationale, tout chacun ici présent sait que les
consensus ne sont pas faciles à atteindre. La Communauté urbaine
de Montréal a réussi à rassembler les élus autour
d'une vision commune de son avenir et a atteint ce consensus. Ce que nous
déposons devant vous ce matin, ce n'est pas le mémoire d'une
ville, ce n'est pas le mémoire d'une 9e, mais bien les orientations de
la communauté urbaine qui définit les priorités pour le
développement de la grande région métropolitaine.
Vous avez entendu beaucoup de personnes depuis le début de vos
travaux. On vous a proposé plusieurs idées, plusieurs projets.
Mais voiiàl Vous nous conviez à un exercice de priorités
pour les dix prochaines années. Or, ces dix prochaines années
seront marquées d'une stabilité démographique. Je relisais
encore hier les chiffres officiels du gouvernement concernant la population de
la Communauté urbaine de Montréal, 1 752 000 au dernier
décret, et c'était le même nombre l'année
précédente. Il y a donc une certaine stabilité de la
population.
La Communauté urbaine de Montréal a fait ses devoirs et
elle a établi les priorités qui vont assurer le
développement économique de la communauté, de la
région et, forcément, de tout le Québec. Les
priorités que nous vous présentons présupposent qu'il faut
réaliser certains projets avant d'autres, sans toutefois éliminer
ces autres projets, tout en respectant une enveloppe budgétaire
suffisante, mais évidemment raisonnable. Tel est l'esprit qui nous anime
dans ce débat que nous voulons aborder avec franchise, avec
sérénité et avec ouverture d'esprit.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, je voudrais relever deux
expressions qui sont souvent reprises dans les discours des intervenants, deux
expressions qui n'ont l'air de rien, mais qui peuvent changer beaucoup de
choses: l'étalement urbain et la qualité de vie. Nous sommes
contre l'étalement urbain et les coûts qu'il entraîne,
surtout évidemment dans une période de stabilité
démographique comme je viens de mentionner. Nous sommes d'accord,
cependant, avec le développement planifié des centres
urbanisés. Nous sommes tellement d'accord avec cette idée que
c'est ce que nous proposons dans le schéma d'aménagement de la
communauté par le développement de sous-centres sur le
territoire. Le développement planifié, nous le proposons encore
lorsque nous appuyons l'option préférable d'aménagement
qui veut consolider les centres-villes de Montréal, de LongueuH et de
Laval. Ce que nous n'accepterons jamais, c'est l'étalement urbain
sauvage, désorganisé et non contrôlé, c'est
l'éparplllement désordonné des années cinquante,
soixante et soixante-dix que nous avons combattu avec l'aide du gouvernement
grâce à l'option préférable
d'aménagement.
La qualité de vie, maintenant, qu'est-ce que cela signifie? Pour
nous, la qualité de vie est un milieu de vie construit sur un
équilibre des fonctions, avec une multiplicité de fonctions qui
se voisinent, avec des espaces verts et des temps de déplacement
raisonnables entre l'habitat, le travail, les loisirs et la culture, et
surtout, à la limite, la qualité de vie est un cadre de vie sain
et sécuritaire, où chacun a le choix de ses temps et de ses modes
de déplacement grâce à des infrastructures qu'il a le moyen
de se payer comme membre d'une collectivité. Ce que nous proposons
à la région montréalaise et au gouvernement du
Québec, c'est un choix politique et des priorités. Quand je dis
"nous proposons", je parle des 29 maires et mairesses, des 29 conseils de
ville, des 29 municipalités dont l'activité économique
représente plus de la moitié de l'activité
économique du Québec, dont les citoyens paient une large part des
impôts et des taxes qui reviennent aux différents paliers de
gouvernement dont, évidemment, celui du Québec.
Jamais auparavant, dans l'histoire de la communauté les
éius, en sont-ils arrivés à des consensus aussi fermes et
déterminés qui se sont maintenus depuis les premières
recommandations présentées devant la commission parlementaire
précédente du mois d'août 1987. Nous avions alors
proposé au gouvernement une première série de
recommandations. En juin 1988, j'ai remis au ministre des Transports l'objet
d'un second consensus unanime des élus sur le développement des
infrastructures de transport en commun. Pour une troisième fois
consécutive, les éius de la communauté se
présentent unis devant le gouvernement pour demander des actions en
transport afin de répondre aux besoins réels de la
population.
Les mois et les années passent, les discussions et les
études qui sont nécessaires au départ, j'en conviens, se
poursuivent. Pendant ce temps, les actions concrètes se font attendre.
La congestion urbaine et les embouteillages augmentent. La pollution et les
heures perdues font tristement partie du quotidien des Montréalais et
même des citoyens et des citoyennes qui nous viennent des couronnes nord
et sud. il est temps d'agir avant que la région de Montréal
n'accuse un retard irréversible face aux autres métropoles qui,
elles, ont décidé de faire face aux problèmes de transport
dans le but de relancer leur économie.
Ce retard à rattraper constitue un réel défi que
nous avons à relever au cours des dix prochaines années pour
revitaliser l'agglomération montréalaise, c'est-à-dire,
encore une fois, plus de la moitié de l'économie du
Québec, plus de la moitié des industries et des emplois. Ce que
nous demandons au gouvernement peut se résumer de façon
concrète comme suit. D'abord, concernant le développement du
territoire, une priorité préalable à toute action
s'impose: le gouvernement doit réaffirmer et actualiser son option
préférable d'aménagement. C'est avec fermeté
que les élus de la communauté affirment à nouveau la
nécessité d'avoir un cadre cohérent d'investissement et
qu'Us demandent au ministre des Transports de maintenir, voire de renforcer
cette option dont il a la responsabilité d'ailleurs, faut-il le
souligner, à titre de ministre responsable du Développement
régional.
En ce qui concerne les enjeux de développement du réseau
de transport en commun, nous ne pouvons que rappeler au gouvernement le
consensus unanime des 29 maires et mairesses de la communauté de juin
1988. Le gouvernement doit accorder la priorité au transport en commun
sur le territoire de la communauté urbaine et dans toute la
région métropolitaine afin de répondre adéquatement
aux besoins des citoyens et citoyennes. Cette affirmation ne doit pas demeurer
un énoncé vide de sens, mais doit plutôt amener des actions
concrètes à l'est et à l'ouest de la
communauté.
Nous demandons, en effet, de privilégier la desserte du nord-est
du territoire par la construction de la ligne de métro numéro 7
jusqu'à Montréal-Nord et, éventuellement, jusqu'à
Rivière-des-Prairies et par le prolongement de la ligne numéro 5
à Anjou. Nous demandons également de privilégier la
desserte du nord-ouest par la modernisation de la ligne numéro 3 du
train de banlieue Deux-Montagnes. De plus - c'est là un point
fondamental du consensus de juin 1988 - le gouvernement doit réaliser
simultanément la construction de la ligne de métro numéro
7 et la modernisation de la ligne numéro 3. C'était la cheville
du consensus. Je souligne tout de suite que le tracé de la ligne 5 dans
le nord-est, tel que proposé par le plan d'action du ministère,
comporte des lacunes majeures, lacunes dont nous parlerons un peu plus
loin.
Ceci dit, tout n'est pas réglé en matière de
transport en commun par ces quelques projets de métro. Il faudra, d'une
part, continuer à étudier des solutions réalistes aux
problèmes de la desserte des secteurs excentriques et, d'autre part,
mettre en oeuvre des mesures concrètes susceptibles d'accroître
l'achalandage du réseau existant. Je pense ici aux parcs de
stationnement incitatifs, aux campagnes d'information, à
l'amélioration du service.
D'autres mesures qui relèvent des responsabilités
municipales, comme les voies réservées en milieu urbain, par
exemple, sont actuellement envisagées sur le territoire de la
communauté. Quant aux enjeux majeurs du développement du
réseau routier, il faut dorénavant régler le
problème de la congestion sur le territoire, plutôt que de tenter
de le contourner par toutes sortes de solutions qui ne collent pas vraiment aux
besoins réels de la population et qui, dans ce sens, pourraient donner
lieu à une gestion inadéquate des fonds publics.
Ce plan d'attaque signifie qu'il faut analyser d'abord des solutions qui
améliorent le transport sur le territoire avant d'envisager des projets
périphériques qui s'éloignent du coeur du problème.
La Communauté urbaine de Montréal fait deux recommandations
principales à ce chapitre. Premièrement, II faut accorder la
priorité régionale à la révision du dossier de
l'autoroute Métropolitaine. Cette voie de circulation est plus qu'une
autoroute, c'est l'axe économique majeur de la région et du
Québec, c'est l'élément structurant de l'industrie
manufacturière de toute ta région, la desserte principale
d'Importants secteurs industriels, autant à l'est qu'à l'ouest du
territoire. L'autoroute Métropolitaine ne fonctionne plus. L'autoroute
Métropolitaine est vétuste, surchargée au-delà de
sa capacité, elle est congestionnée, elle est dangereuse.
Consultez tous les Montréalais et Montréalaises, demandez
à la population ce qu'elle pense de cette autoroute, tous vous le
diront: Non seulement l'autoroute ne dessert-elle plus la population, c'est
même devenu une nuisance dans le paysage montréalais. C'en est
assez des milliers d'accidents qui se produisent chaque année sur
l'autoroute Métropolitaine. C'en est assez des embouteillages monstres,
des millions de litres de carburant brûlés en attente, de la
pollution; c'en est assez des milliers d'heures perdues et des millions de
dollars qu'elle consomme. Le temps est venu d'agir non pas pour réparer
une structure qui ne fonctionne plus, mais bien pour repenser la conception
même de cet axe économique de la communauté urbaine.
Deuxièmement, nous invitons le gouvernement à collaborer
avec les municipalités de la communauté pour développer et
aménager des boulevards urbains intermunicipaux qui soient
intégrés à l'environnement. Ces boulevards sont essentiels
au fonctionnement de l'agglomération et jouent un rôle aussi
important que les autoroutes en dehors des centres urbanisés. Le grand
avantage de ces boulevards, c'est qu'en plus de constituer un
élément de design urbain intéressant, ils permettent de
rétablir la continuité du réseau routier,
d'améliorer les liens entre les municipalités et de desservir
efficacement les secteurs industriels au besoin.
Concernant les enjeux de financement du plan de transport, la
communauté recommande au gouvernement, en premier lieu, de maintenir ses
investissements en chiffres réels au moins au même niveau qu'au
cours des dix dernières années. Par conséquent, cela
signifie que le gouvernement devra augmenter substantiellement l'enveloppe
annoncée dans le plan d'action 1988-1998 du ministère des
Transports.
Nous demandons, de plus, au gouvernement d'ajuster sa politique de
financement des infrastructures routières pour participer à la
réalisation des grands boulevards urbains qui augmentent la
fluidité de la circulation.
En tant qu'administrateurs publics, nous sommes conscients de
l'importance des investissements auxquels devra consentir le gouvernement.
C'est la situation du transport qui l'im-
pose. Devant l'état du transport dans la région, nous
sommes convaincus que nous ne pouvons pas reculer devant les efforts qu'il
faudra faire. Le statu quo et l'Inaction sont un recul lorsque l'on
considère les problèmes que nous vivons dans la région.
C'est pourquoi la communauté a analysé de nouvelles sources de
financement dans le but d'accorder la priorité au transport en commun et
de décourager l'utilisation abusive de l'automobile en milieu urbain.
À la suite de cet exercice, la communauté recommande d'utiliser
une partie de la taxe sur l'essence comme source de financement et, si
nécessaire, une partie des droits d'immatriculation.
Voilà, en bref, les recommandations de la communauté qui,
je dois le dire, ne correspondent pas toujours aux orientations du plan
d'action du ministère et vont même parfois beaucoup plus loin et
dans des directions absentes du plan. Dans le but de faire progresser la
discussion, je procéderai maintenant à une évaluation du
plan d'action.
Le plan de transport du ministère contient certains projets
d'Investissement qui sont certainement bienvenus dans la région
métropolitaine. Cependant, ce plan d'action proposé ne
répond pas à nos besoins sous plusieurs aspects. Ainsi, je
souligne quatre projets importants qui font ou qui devraient faire partie du
plan d'action: la desserte du nord-est du territoire, la réfection de
l'autoroute Métropolitaine, les autoroutes de contournement et, enfin,
les grands boulevards urbains.
En ce qui concerne la desserte du nord-est, le ministère a
présenté un tracé de prolongement de la ligne 5 dans le
nord-est qui comporte trois lacunes majeures: ce tracé risque de
créer un engorgement sur la ligne 2 entre les stations Jean-Talon et
Berri-UQAM; le tracé ne correspond pas aux objectifs de la
communauté urbaine concernant le pôle de développement
Anjou-Saint-Léonard qui apparaît au schéma
d'aménagement et, enfin, il ne respecte pas la position unanime des
élus telle qu'exprimée en juin 1988.
La réfection de l'autoroute Métropolitaine, telle que
proposée dans le plan d'action du ministère, ne règle pas
le problème de fond de cette artère stratégique, comme je
lai exposé précédemment. L'axe économique majeur du
Québec que constitue ce corridor est-ouest est desservi par une
autoroute vétuste et dangereuse, je me dois de le rappeler. Une simple
réfection de l'autoroute ne régie pas les problèmes d'une
artère majeure qui occasionne le plus grand nombre d'accidents au
Québec par année: 2100. La congestion et les problèmes de
pollution qui s'ensuivent, les embouteillages monstres qui font tristement
partie de la réalité quotidienne causent des pertes de plus de 6
000 000 d'heures, au coût de 23 000 000 $, et une consommation inutile
d'environ 25 000 000 de litres d'essence, ce qui représente 13 000 000 $
annuellement.
Le défi des métropoles dans l'avenir, c'est de
répondre efficacement aux besoins des entreprises et des usagers en
transport. La communauté estime qu'avant tout projet routier dans la
région II faut régler le problème de l'artère
centrale la plus importante du Québec. C'est pourquoi la
communauté urbaine demande que l'on recherche une solution globale aux
problèmes de l'autoroute Métropolitaine À ce titre, la
Communauté urbaine de Montréal est prête à investir
dans une étude conjointe avec le gouvernement du Québec sur cette
autoroute. (10 h 30)
Quant aux autoroutes de contournement, le ministère propose
l'autoroute 30, à court terme, et l'autoroute 440, à long terme.
Bien que nous reconnaissions que ces projets peuvent être
intéressants pour les régions qu'elles traversent en tant
qu'autoroutes de desserte, aucune étude ne vient appuyer leur
nécessité comme autoroutes de contournement. Rien ne permet de
justifier l'utilisation de sommes aussi importantes, alors que des projets plus
prioritaires sont en attente À titre d'exemple là-dessus, on
estime que 15 % du trafic commercial de l'autoroute Métropolitaine est
du trafic de transit dans la section est-ouest pour aller rejoindre les
Maritimes et l'Ontario. On n'aurait qu'à penser, par exemple, à
une signalisation adéquate qui ferait qu'à partir de
Québec cette circulation pourrait prendre l'autoroute de la rive nord,
la 640, l'autoroute 13 et reprendre la 40 par la suite. L'autoroute de
contournement existe déjà pour une partie du trafic commercial,
et on peut même dire qu'elle est sous-utilisée, en tout cas, pour
la partie de l'autoroute de la rive nord et de la 640.
Enfin, les boulevards urbains sont essentiels au fonctionnement de
l'agglomération. Puisque notre territoire ne permet pas de construire de
nouvelles autoroutes, la communauté entrevoit une expansion de ses
artères intermunicipales qui faciliteront les déplacements de
biens et services et stimuleront ainsi le développement de notre secteur
Industriel et commercial. Malheureusement, le plan du ministère ne tient
pas compte de cette réalité. C'est pourquoi nous proposons que le
gouvernement participe au financement de ces boulevards sur le territoire.
Les grands enjeux de l'heure en ce qui concerne le développement
du territoire peuvent se résumer ainsi: maintenir le poids
démographique de la communauté afin de contrer la
sous-utilisation des infrastructures et équipements existants. C'est
bien clair que le phénomène d'étalement urbain
entraîne une multiplicité des infrastructures et une
sous-utilisation des Infrastructures présentement en place sur le
territoire. Redévelopper, aux plans manufacturier, industriel et
résidentiel, la zone est du territoire. À ce sujet, des actions
gouvernementales ont été entreprises, 225 000 000 $ seront
fournis par les trois niveaux de gouvernement pour la relance de l'est. Il ne
faudrait pas qu'en même temps on nuise à cette relance de l'est du
territoire. Revitaliser, revaloriser la zone centrale et, enfin,
améliorer l'attrait et la compétitivité aux plans
national et International de la région métropolitaine
auprès des investisseurs dans un contexte d'ouverture des
marchés.
Après une période difficile au plan démographique,
la Communauté urbaine de Montréal a connu une stabilisation au
cours des dernières années. Il existe sur notre territoire un
potentiel de développement résidentiel, commercial et Industriel
immense. Ainsi, près de 2370 hectares de terrain sont disponibles pour
l'habitation et pourraient accueillir près de 50 000 nouveaux logements.
Environ 15 % du territoire est encore disponible pour de nouveaux
développements; 25 % du centre-ville est disponible également et
demande à être développé.
Les municipalités prévoient la construction, d'ici
à trois ans, d'environ 700 000 mètres carrés d'espaces
commerciaux et de bureaux dans les zones est et ouest. Cela équivaut
à la création de 31 000 emplois. Au schéma
d'aménagement, on prévoit qu'un peu plus de 50 % des terrains
vacants seront affectés à l'industrie, principalement dans l'est
et dans l'ouest, ce qui créera 25 000 emplois manufacturiers
additionnels.
Face à ces tendances positives qui se manifestent et aux besoins
pressants de la région, nous convions le gouvernement à partager
une vision commune de l'avenir du Montréal métropolitain. Les
investissements en transport sont déterminants et vont orienter le
développement futur de la communauté. Ce ne sont pas des
investissements neutres et sans effets; au contraire, nous avons acquis la
conviction que la communauté se situe à un stade
stratégique de son développement où les mauvais choix ou,
encore, l'absence de choix tout simplement pourraient atteindre, de
façon irréversible, sa vitalité économique et,
donc, celle de l'ensemble du Québec.
Le plan du ministère des Transports, qui prévoit des
investissements de l'ordre de 1 662 000 000 $ pour la période 1968-1998,
se révèle insuffisant pour répondre aux besoins. Je vous
rappelle seulement que, durant la période 1977-1986, le gouvernement a
Investi en dollars de 1988 plus de 2 187 000 000 $ en transport. Pour la
Communauté urbaine de Montréal, tout plan de transport devrait au
moins maintenir l'effort consenti au cours des dix dernières
années. C'est donc plus de 2 000 000 000 $ qui devront être
investis au cours de cette période.
Je veux simplement ajouter, avant de conclure, que dans l'ardeur des
débats parfois passionnés qui nous animent, au milieu de la
mêlée que provoque l'échange d'idées et d'opinions,
les solutions ne sont pas faciles à trouver. Dans de telles situations,
il n'y a pas de milliers de solutions, II n'y en a qu'une seule: maintenir la
sérénité dans les débats, ce qui permettra
d'établir un véritable "partnership". En ce sens, c'est à
un dialogue que je vous convie dans le plus grand intérêt de la
population que nous représentons tous. Merci
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci, M. le
président. Est-ce qu'il y a d'autres Interventions de votre
côté à ce moment-ci? Non. Cela va. On va débuter
avec des blocs d'environ 25 minutes du côté ministériel et
du côté de l'Opposition et, s'il y a lieu, on essaiera de
travailler à l'intérieur de ces enveloppes-là. Sans plus
tarder, M. le ministre des Transports.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je suis extrêmement heureux que l'on puisse,
évidemment, discuter directement. Je pense que c'est le souhait de bien
des gens depuis déjà fort longtemps afin de tenter de trouver les
terrains d'entente possibles sur un plan de transport qui,
inévitablement, comme vous l'avez dit, risque de façonner une
bonne partie du visage de la grande région de Montréal au cours
des dix prochaines années.
Je veux tout de suite rassurer M. Hamel in ainsi que ceux qui
l'accompagnent. M. Lang vient d'arriver, ayant peut-être
été retenu un petit peu par la température. Malgré
mes qualités d'organisateur, en aucun temps je n'ai eu autant
d'Influence pour commander une tempête et pour débloquer la
route.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, la
présentation faite ce matin par M. Hamelin au nom de la
Communauté urbaine de Montréal - je pense qu'il a pris soin de le
préciser dès le départ - représente une position
unanime de la communauté urbaine, et j'en conviens. Je pense que c'est
une bonne chose puisque nous pourrons effectivement discuter un ensemble de
sujets extrêmement Importants à la lumière de tout ce qui
s'est passé à la commission parlementaire du mois d'août
1987, puisqu'il y a eu des documents déposés au nom de la
communauté urbaine, de même que dans le plan de transport et
à nouveau aujourd'hui, par une proposition que vous déposez, qui
va dans le sens de ce que vous aviez déposé en 1987 et qui va,
d'après mon évaluation, un petit peu plus loin.
C'est donc, à n'en point douter, un des moments forts de cette
commission parlementaire puisque tout le monde a situé ça dans un
rendez-vous très historique où la rencontre des transports et la
rencontre des hommes fera en sorte qu'on règle les problèmes de
transport. C'est ce que je souhaite au plus haut point.
Permettez-moi de passer à ce qui est prioritaire, c'est
peut-être là l'enjeu principal, et, par le fait même, de
tenter de suivre la chronologie de votre présentation pour voir
où sont les points de convergence. Je suis très heureux, pour
l'une des rares fois, j'ai entendu dans vos propos que vous n'étiez pas
toujours d'accord avec le plan. Cela laisse supposer - et je suis très
heureux de l'entendre pour une première fois - qu'il y a des
éléments dans le
plan qui peuvent être bons. Je vous en remercie. On va tenter
d'aller voir ce qui nous rassemble et ce qui nous sépare. Donc, allons
à la priorité.
Comme vous le dites et comme on le dit aussi, priorité au
transport en commun. C'est là-dessus que je veux d'abord qu'on s'entende
et on prendra, quant à moi, le temps qu'il faut. Si ça prend mes
25 minutes, on les prendra et on reviendra au routier après, parce que
c'est un élément aussi important, et au financement, parce que
ça me paraît trois chapitres extrêmement Importants.
En 1967, mémoire déposé par la CUM à la
commission parlementaire qui s'était tenue à Montréal,
demande de la communauté urbaine qui. à ce moment-là,
était aussi unanime - unanimité trouvée in extremis mais,
à tout le moins, unanimité - demande de 1 100 000 000 $ pour les
dix prochaines années en termes d'investissement pour la région
de Montréal. Donc, lorsqu'on fait une consultation de ce type, on
s'attend à recevoir des demandes qui vont façonner le
décor pour les dix années à venir, puisque le plan veut
couvrir une période de dix ans. On parle de 1 600 000 000 $ en incluant,
bien sûr, le réseau routier, mais d'environ 1 000 000 000 $ pour
le transport en commun. Vous nous dites que ce n'est pas suffisant et qu'il
faudrait en ajouter et peut-être qu'on trouvera les raisons lorsqu'on
étudiera les dossiers un à un.
Ce que je vais tenter de faire, c'est de bien situer chacun des
éléments du plan. On va voir qu'il y a des éléments
de convergence et des éléments de divergence. Quant à moi,
sur le transport en commun, M. n'y a pas beaucoup de divergences et je pense
qu'on peut les régler assez rapidement. Prenons d'abord le métro.
Dans le plan de transport, il s'agit de la ligne 2 de Côte-Vertu
jusqu'à Bois-Francs qui est Incluse dans le plan de transport, on n'en
parle pas beaucoup, mais on semble d'accord. Les choses sur lesquelles on est
d'accord, on n'en parle pas souvent, à moins qu'il n'y ait eu des
changements depuis qu'on s'est parlé. II y a, par la suite, la ligne 5
à Montréal-Nord et la ligne 7 à Anjou. Ou inversement.
Dans le bloc de vos revendications d'août 1987, vous demandiez en
Immobilisations 450 000 000 $ qui devaient être. Puisque vous n'aviez pas
priorisé à ce moment-là les Interventions, selon nos
analyses et nos Informations, on avait cru en déduire que c'était
pour le métro et pour le train de banlieue de Deux Montagnes, pour
équilibrer les besoins de la communauté de l'ouest et eaux de
l'est. On pouvait supposer à ce moment-là que les 450 000 000 $
étaient affectés à ces deux éléments. On a
dit, après une analyse réaliste: Qu'est-ce qu'on peut faire avec
les 450 000 000 $? Il y a donc reconnaissance, dans notre plan, de 100 000 000
$, alors que, dans votre plan, c'était de 80 000 000 $ pour
Côte-Vertu-Bois-Francs. Ce problème est réglé, on
s'entend.
Sur la ligne 5, le plan d'action parle de 200 000 000 $. alors que, si
on prend les lignes 5 et 7, conformément à la volonté que
vous aviez exprimée à l'époque, on disait: Pour la ligne 5
vers Anjou, c'est 101 000 000 $ et, pour la ligne 7, 200 000 000 $, tel que
déposé dans les documents de la CUM, pour un total de presque 400
000 000 $. Est-ce qu'on peut s'entendre aujourd'hui pour dire que la ligne 5
vers Anjou coûterait, selon nos estimations, 185 000 000 $, alors que la
ligne 7 coûterait à tout le moins, si on en croit les
données de la Société de transport de la Communauté
urbaine de Montréal dans le mémoire qui suivra, au minimum 500
000 000 $. Donc, on est davantage dans une situation où il en
coûterait 500 000 000 $, 185 000 000 $ et 100 000 000 $, donc 785 000 000
$. Est-ce qu'on se comprend là-dessus9
M. Hamelin: J'ai certains chiffres ici, mais le matériel
roulant n'est pas inclus dans les lignes. Il faudrait que je demande...
M. Côté (Charlesbourg): Dans le mémoire de la
Société de transport de la communauté urbaine, c'est 450
000 000 $ d'immobilisations plus 156 000 000 $ pour le matériel
roulant.
M. Hamelin: Mais, à ce moment-là, en août
1987, on n'avait pas priorisé.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça.
M. Hamelin: En juin 1988, quand on a déposé, encore
unanimement, à ce moment-là, on avait bien dit que ce coût
était supérieur à celui qui avait été
déposé en août 1987, mais que l'échéance de
dix ans pouvait être retardée pour donner à peu près
l'équivalent de ce qui avait été dépensé
avant. (10 h 45)
M. Côté (Charlesbourg): Donc, on accepterait
à ce moment-ci que l'échéance de dix ans soit un petit peu
plus longue, mais en y intégrant la réalisation des lignes de
métro que vous souhaitez. Personnellement, je n'ai aucune espèce
d'objection. Bien sûr, c'est avec grand plaisir que je pourrai le
soumettre éventuellement au Conseil des ministres pour acceptation. Cela
va exactement dans les orientations que le ministère souhaitait. Ce
qu'on a voulu faire, c'est sur le plan de la priorité. On a dit: Compte
tenu des enveloppes disponibles, ça nous apparaît être
Montréal-Nord. SI on prolonge le délai, cela m'apparaît un
point de convergence facilement acceptable par le ministère des
Transports et qui réglerait le problème des métros dans la
mesure où on Irait vers une technique ou une proposition de transport
pour l'est de Montréal qui serait un peu plus légère que
le métro, dans la mesure où ça pourrait se
démontrer. Dans ce sens, je me dis: Ouf, il y a convergence. Oui, il y a
possibilité de réajustement du plan compte tenu du fait que la
priorité est le transport en
commun.
Cela m'amène à ma question: Croyez-vous possible une
alternative, une solution moins coûteuse et quelque chose de plus
léger comme desserte de transport en commun pour l'est de
Montréal et peut-être même, dans certains cas, pour la ligne
5?
M. Hamelin: Sûrement que pour l'est de Montréal il
est envisagé, dans un développement ultérieur vers
Repentigny, quelque chose en surface, un métro léger en surface.
Pour ce qui est de la desserte du nord-est, nous continuons à
privilégier le métro, le réseau tel qu'il existe
actuellement parce que c'est là que nous avons quand même une des
plus fortes concentrations de population. Peut-être même plus forte
que sur la ligne 2 ouest.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, l'ouverture est
là. Je pense qu'on pourra l'analyser ensemble, avec les officiers du
ministère, quant à cette desserte possible plus
légère, mais qui satisferait la clientèle dans l'est de
Montréal. Je comprends que le métro demeure toujours pour vous
une priorité pour la desserte du nord.
M. Hamelin: Compte tenu aussi, M. le ministre, que nous sommes
dans un territoire fortement urbanisé. Je pense qu'on doit tenir compte
de ce fait.
M. Côté (Charlesbourg): Assurément.
D'ailleurs, c'est un peu dans ce sens qu'allait la prolongation
Montréal-Nord et, éventuellement, Rivière-des-Prairies,
quoique l'axe soit toujours discutable. C'était davantage l'esprit de
l'orientation que ça devait prendre. Donc, à part les piastres et
les cennes qui ont été actualisées, nous sommes
d'accord.
SI on continue dans le plan, il y a au moins deux ou trois
éléments sur lesquels le plan vous rejoint concernant le
transport en commun. Il y avait par la suite un certain nombre de demandes.
Rénovation des MR-63. De ce que j'ai compris, à
l'intérieur du plan, il y a des sommes importantes allouées
à la réfection des MR-63. C'est une décision
gouvernementale, donc, de réparer des véhicules que nous payons
encore aujourd'hui par le service de ta dette. La réponse à
l'intérieur du plan de transport satisfait-elle vos attentes quant
à la réfection des MR-63?
M. Hamelin: Concernant la réfection des MR-63, nous sommes
très heureux que dans le plan de transport il y ait des sommes
prévues. Ce que nous mettons en doute, cependant, c'est l'importance de
ces sommes, compte tenu que la réfection va permettre de prolonger de 20
ans et plus, si possible, la vie des wagons. Il y avait une première
estimation à 60 000 000 $, mais il s'avère que cela va être
beaucoup plus près de 100 000 000 $. À ce sujet, la
société de transport, qui va suivre, aura un peu plus de
détails parce que ça relève plus spécifiquement de
la société.
M. Côté (Charlesbourg): Les prévisions
budgétaires contenues au plan actuellement, dans le pourcentage que le
gouvernement accepte, c'est à nouveau d'intervenir pour des choses qu'on
continue de payer actuellement. Les sommes dévolues actuellement, ce
sont des sommes qui vont dans la réparation et l'extension de vie utile
de ces wagons, et qui ne retiennent pas les parties de changement a
l'intérieur des wagons, mais ce sont des choses discutables et ce que je
comprends, c'est que l'orientation du plan est à tout le moins
satisfaisante.
M. Hamelin: On pourrait faire l'analyse
coûts-bénéfices, à ce moment, il y a peut-être
des économies qui se font aujourd'hui, qui risquent de se payer beaucoup
plus cher plus tard.
M. Côté (Charlesbourg): Si on continue, il y a toute
une série de mesures dans le plan du transport en commun qui sont
Intéressantes. À l'intérieur de votre demande, il y a une
amélioration générale de 80 000 000 $, pas
ventilés. On s'est interrogé afin de savoir ce que
c'était. On peut présumer que c'est une série
d'interventions d'à peu près 8 000 000 $ par année pendant
dix ans pour toute une série de choses que nous ne pouvons
évaluer actuellement. Il n'y a pas de réponse puisqu'il n'y a pas
de ventilation. Si on continue, on dit: Améliorations diverses. Centre
Duvernay, équipement de perception, système de contrôle
MR-63, etc., pour 60 000 000 $. Le programme régulier du
ministère peut reconnaître plusieurs de ces éléments
et il n'est pas nécessaire de les retenir dans le plan, c'est la partie
métro. Donc, je ne sais pas si vous partagez mon constat: On peut dire
qu'il y a une entente, mais il reste des modalités sur lesquelles on
doit s'entendre.
M. Hamelin: Mais, là-dessus, je voudrais préciser
qu'il y a des modalités quand même très importantes. On
vient de faire un bout de chemin sur la desserte nord-est, où vous aviez
une proposition de 5, alors qu'on avait une proposition de 5 et 7, et on
pourrait joindre les deux positions. Mais il reste l'élément
prioritaire suivant pour la communauté qui fait partie du consensus - je
l'ai répété tantôt - la simultanéité,
c'est-à-dire que les travaux soient entrepris en même temps dans
l'est et dans l'ouest.
M. Côté (Charlesbourg): On y reviendra, parce que je
pense qu'il faut d'abord s'entendre sur le bien-fondé de chacune des
interventions et, après ça, on pourra discuter...
M. Hamelin: Je voulais spécifier que c'est vraiment...
M. Côté (Charlesbourg). ■ Je vous ai bien
compris. D'ailleurs, j'ai pris des notes; j'ai trois belles pages de notes pour
qu'on se comprenne. Alors, comme on a la chance de se parler directement, on va
régler les dossiers; on va tenter d'en régler le plus possible
aujourd'hui.
Deuxième dossier. Si on veut parler de
simultanéité, il faut arriver aux trains de banlieue. Pour ce qui
est du train de banlieue de Deux-Montagnes, ce que je comprends: on fait la
proposition, vous êtes d'accord. Donc, sur le bien-fondé, je pense
qu'on s'entend. Donc, un autre élément du transport en commun que
vous reconnaissez à l'intérieur du plan et j'en suis fort
heureux, merci.
On a ajouté dans le plan le train de banlieue de Rigaud, puisque
c'est un élément extrêmement important et que ça
nécessite, à l'intérieur du plan, 55 000 000 $
additionnels. Il nous apparaissait nécessaire de l'inclure.
Sur la simultanéité des interventions, j'ai compris le
message qui m'apparaît assez important, le message que vous faites au
gouvernement: il faut le faire de manière simultanée, de
manière que l'est ne soit pas plus mal desservi que ne le serait
l'ouest. Donc, c'est une décision et ce que vous souhaitez, de ce que je
comprends, c'est peut-être qu'on considère de devancer la
réalisation des métros dans l'est, dans la mesure du possible, si
c'est faisable sur le plan technique, de façon qu'ils soient
réalisés en même temps que ce qu'on considérait
comme de la conservation en ce qui concerne le train de banlieue.
L'élément qui vous accroche davantage, c'est le fait que le train
de banlieue soit dans la conservation et que le développement se fasse
ultérieurement. À tout le moins, le message est compris. C'est un
message que je véhiculerai au gouvernement pour savoir si, sur le plan
financier, on est capable de débourser des sommes plus vite et si c'est
faisable sur le plan technique aussi.
Donc, je continue dans l'évolution de vos demandes.
Effectivement, la demande du plan de transport de 1987, en ce qui vous
concerne, était une demande qui portait sur le transport en commun et
non pas sur le routier et on aura l'occasion de revenir sur le routier.
Il y avait un autre élément extrêmement important
à l'Intérieur de votre revendication, qui était le
réseau d'autobus. C'était le renouvellement du parc d'autobus.
Vous avez une prévision de 205 000 000 $ sur dix ans. Bien sûr,
dans le plan, il n'y a pas de somme de prévue, puisqu'elle est à
même le budget régulier du ministère et que ce budget
régulier du ministère - planification sur dix ans - est fait
à même vos propres données sur le plan du renouvellement de
votre flotte. Donc, c'est un budget qui est dans le programme régulier,
qui fonctionne normalement. Vous me direz qu'il y a quand même la
subvention qui est moindre que ce qu'elle était.
M. Hamelin: II y a 30 000 000 $ qui manquent sur dix ans.
M. Côté (Charlesbourg): Je me réserve le
plaisir d'en discuter avec ceux qui vous suivent. Je pense qu'on aura des
échanges de vues fort intéressants sur ce plan et je les souhaite
aussi sereins qu'avec vous. Une chose est certaine, le programme
régulier étant là, c'est un besoin qui est comblé.
Sur l'objectif de renouvellement de la flotte, on est d'accord. Vous dites
qu'il y a un écart de 30 000 000 $ sur dix ans qui nous sépare
sur le plan du paiement. Je verrai, tantôt, avec la Société
de transport de la Communauté urbaine de Montréal, les mesures
qui s'appliquent. Mais, globalement, on est dans une situation où le
principe du renouvellement de la flotte d'autobus est exactement ce que vous
souhaitiez dans vos demandes, mais que nous n'avons pas inclus au plan, puisque
c'est un programme régulier du ministère. On se comprend bien
là-dessus?
M. Hamelin: Sous réserve...
M. Côté (Charlesbourg): Sous réserve des 30
000 000 $, bien sûr. On continue. Améliorations diverses: deux
garages qui étaient un peu plus vieillots, qui avaient besoin
d'être rafraîchis et de correspondre aux besoins d'aujourd'hui.
À l'intérieur du plan, les deux garages sont là: 46 000
000 $. On se comprend bien là-dessus?
M. Hamelin: Oui
M. Côté (Charlesbourg): Un autre degré
d'acceptation. On arrive avec un autre projet qui est celui de 94 000 000 $
pour les ateliers, véhicules de transport adaptés, camions
d'entretien et système de communications. À ce moment-là,
il n'y a pas tous les éléments, mais des éléments.
Je ne prends qu'à seul titre d'exemple les véhicules de transport
adaptés, qui ont un programme spécifique sur le plan de leur
acceptation et du renouvellement de cette flotte ou de l'ajout à cette
flotte. C'est donc reconnu dans un programme régulier qui fonctionne
actuellement et qui va répondre à une bonne partie des besoins
exprimés là.
Donc, c'est la question que je vous pose: Lorsque j'examine le plan de
transport en commun, le volet le plus prioritaire du plan, selon vous et selon
nous, par rapport aux demandes que vous avez déposées au mois
d'août 1987, par rapport à l'extension de votre demande que vous
avez déposée en juin 1988 au moment où, quant à
nous, le plan était presque terminé, je conviens que ce sont
davantage des ajustements de sommes d'argent. On est dans une situation
où, à tout le moins, environ 90 % des demandes à
véhiculer par la communauté urbaine, d'un consensus unanime, sont
incluses à l'Intérieur du plan. Ce que vous souhaitez
davantage
comme point important, c'est un mouvement concernant le métro que
nous acceptons de faire, d'abord, et de regarder la possibilité de
réaliser simultanément le métro dans l'est et la
rénovation du train de Deux-Montagnes.
M. Hamelin: Ce sont effectivement deux des points majeurs qui
font l'unanimité de la communauté. Il y a l'aspect que l'ensemble
du plan prévoyait à un moment donné 242 000 000 $ et que
les besoins seraient de 650 000 000 $ globalement, mais compte tenu qu'il y a
une possibilité d'extension sur un peu plus de dix ans je pense, si on
peut s'entendre sur le principe de la simultanéité de la 5 et de
la 7, qu'il y a un grand pas de fait dans le transport en commun.
M. Côté (Charlesbourg): Sur le plan des corridors
à privilégier pour le métro, je ne vois pas de
problème. Sur le plan de la simultanéité, je pense qu'il y
a un peu de travail à faire chez nous, d'abord sur le plan technique,
afin d'examiner les possibilités et, aussi, d'établir les
contacts avec l'autorité propriétaire des voies de chemin de fer
qui a donné, elle, un délai jusqu'en 1992 quant à la
réalisation. Dans ce sens-là, ce sont des choses que l'on devra
voir. La porte n'est pas fermée, la porte est ouverte. Je suis, quant
à moi, très heureux de la conclusion de ce qui devrait être
votre priorité et aussi la nôtre, soit le transport en commun.
Je tourne la page sur le transport en commun. Je continue, malgré
le fait qu'il ne me reste pas beaucoup de temps. J'aurais tendance à
aborder le routier qui est un élément plus laborieux. Comme M. le
Président m'indique qu'il me reste cinq minutes, je souhaiterais
attendre que mon tour revienne parce que je pense qu'on ne réglera pas
cela dans cinq minutes, il faut un détour plus long que cela.
J'aborderais peut-être à ce moment-ci la question du
financement.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le maire de
Montréal, vous désiriez intervenir rapidement?
M. Doré (Jean): Juste une précision, M. le
Président. Je trouve que M. le ministre a fait un assez bon
résumé de la discussion qu'il a eue avec le président,
mais pour bien se comprendre, tout en tenant compte de la remarque du
président, même s'il y a simultanéité des travaux
entre la 3 et l'est et qu'à l'est on pourrait faire des choses par
étapes, il reste qu'on s'entend pour dire que c'est une entente globale
sur la base des tracés tels qu'ils sont proposés par la
communauté, à la charge du ministère et de la STCUM de
déterminer le tracé optimal des techniciens et tout cela.
C'est-à-dire que pour rejoindre le corridor nord-est, une 7 viendrait
couper la 5, qui pourrait rejoindre la 1 et la 5, éventuellement,
jusqu'à la ville d'Anjou pour assurer la desserte des corridors les plus
denses. C'est ce que je comprends de ce que le ministre nous dit.
Conséquemment, il y a une certaine révision de l'assiette
prévue au plan de transport qui était globalement de 242 000 000
$ et 250 000 000 $ par rapport à - si on fait le total, y compris les
éléments qui sont contenus dans le mémoire, mais qui
portent davantage sur la conservation des acquis - 650 000 000 $. Ce que je
comprends, c'est que le ministre nous dit qu'il est d'accord pour envisager la
simultanéité, il est d'accord pour que les corridors
proposés soient les corridors retenus, quitte à optimaliser, dans
les faits, les tracés définitifs. Par ailleurs, tout en pouvant
se faire par étapes, cela suppose qu'on revoie l'enveloppe un peu
à la hausse pour tenir compte de cette entente. Est-ce que je comprends
que c'est un peu ce que le ministre nous dit? (11 heures)
M. Côté (Charlesbourg): M. le maire, à
quelques distinctions près. Les nuances à ce moment-ci
étant enregistrées, il faut bien prendre soin de dire ce qu'on
veut dire. Devant l'ouverture manifestée par M. Hamelin de pouvoir
prolonger la période à dix ans, peut-être à douze
ans, cela crée une ouverture sur le plan financier et c'est clair qu'on
peut envisager de revoir les chiffres réels. Vous savez, quand on
demande des choses, règle générale - ce n'est pas commun
à vous autres, c'est commun à tout le monde - quand on veut faire
passer quelque chose, on met le prix le plus ancien parce que c'est le moins
élevé. À partir du moment où tu as le pied dans
l'engrenage, tu dis: C'est décidé, il faut le réaliser. Et
cela coûte toujours plus cher. Dans le cas des lignes de métro,
à ce moment-ci, on est dans cette situation-là, mais, à
partir du moment où le principe me paraît accepté quant
à l'orientation que devrait prendre le métro sur le plan de ses
axes de développement - le corridor sera choisi par les techniciens, et
je n'en suis pas un; Ils décideront avec vous et le ministère des
Transports - cela ne m'apparaît pas très difficile. J'ai dit: Oui,
regardez la faisabilité de la réalisation simultanée de
Deux-Montagnes. Regardez la possibilité - c'est ce que cela veut dire -
sur le plan des échéances que nous avons avec la compagnie de
chemin de fer qui nous a fixé 1992 comme point ultime. Dans ce
sens-là, je pense qu'on est en position de régler nos
problèmes de transport en commun.
M. Doré: M. le Président, quand on parle de
simultanéité - là-dessus, je pense que le consensus au
sein de la communauté est le suivant -c'est évident que
moderniser une ligne de chemin de fer existante, l'emprise étant
là, et des études ont déjà été
faites, cela peut généralement démarrer. Ce qui est
important, c'est qu'on ne commence pas les études et les travaux une
fois qu'on aura terminé la 3. On pense que les études doivent
commencer immédiatement et les travaux peuvent commencer dans une
étape qui dure le
temps que cela prend pour les faire mais, une fois que les études
sont faites, on amorce les travaux. Quand on parle de
simultanéité, c'est que les travaux sur la 7 commenceraient au
moment où ceux sur la 3 se poursuivent ou se terminent, et non pas dans
un ordre séquentiel qui nous mènerait vers l'an 2015.
M. Côté (Charlesbourg): Monsieur, je m'excuse de ne
pas avoir eu l'idée de l'exprimer aussi clairement dans le passé,
mais c'était aussi clair dans mon esprit.
Le Président (M. Parent, Bertrand): À ce stade-ci,
)e proposerais que nous ayons un bloc de 25 minutes pour l'Opposition qui
toucherait surtout au volet du transport en commun et, par la suite, on
pourrait revenir sur le volet autoroutier. Le même temps que le ministre
prendra pourra être accordé à l'Opposition, toujours
à l'intérieur d'un temps raisonnable. Alors, on pourrait
écouter l'Opposition sur ses premières questions concernant un
voiet qui a été touché jusqu'à maintenant.
M. le critique de l'Opposition officielle, s'il vous plaît. Je
demanderais la collaboration de tout le monde. Merci. M. le critique de
l'Opposition en matière de transports, M. le député de
Lévis, d'abord.
M. Garon: M. le Président, je voudrais saluer les gens de
la Communauté urbaine de Montréal. Vous avez été
bien avisés de venir coucher à Québec. J'aurais dû
faire la même chose, même si j'habite du côté sud, pas
très loin d'ici, mais ce matin, cela prenait une heure et quart ou une
heure et demie pour faire ce qui prend normalement une demi-heure. J'ai
remarqué que le ministre a parlé de ses talents d'organisateur;
il est capable de commander les tempêtes, mais il n'a pas dit qu'il y
avait quelquefois des failles dans son organisation. Aux dernières
élections fédérales, sa moyenne au bâton a
été plutôt de zéro. Il n'a pas commandé la
tempête de ce matin, il avait préféré la faire
avant!
Je dois dire que, dans tout cela, nous avons beaucoup
apprécié l'attitude plus conciliante de la Communauté
urbaine de Montréal et moins axée sur la confrontation. Je pense
que cela mérite d'être souligné. Si vous aviez eu la
même attitude que nous avons eue envers vous, principalement la ville de
Montréal. J'ai l'Impression qu'on se serait retrouvé devant un
genre d'empoignade qui n'aurait été utile à personne. Je
pense que l'attitude que vous avez eue. principalement M. le maire de
Montréal, permet d'avoir des débats, aujourd'hui, qui vont
être sans doute plus constructifs.
Je dois vous dire que nous avons été impressionnés,
du côté de l'Opposition, par la cohésion de la
Communauté urbaine de Montréal. Nous n'avons pas connu cela dans
notre temps Nous aurions bien aimé cela. Nous l'avons bien
souhaité, ce climat d'unité et de cohésion où les
gens ont réussi à faire des consensus au niveau régional.
Je pense que c'est ce qui est souhaitable. Il serait dommage que ce consensus
ne serve pas au développement de la région de Montréal.
Même s'il n'y a pas un accord parfait avec les banlieues - on a
même noté une absence d'animosité de leur part à
votre endroit - nous croyons que le dialogue est vraiment possible dans la
région de Montréal, mais on aimerait que le ministre
développe la même attitude de discussion, de concertation. Je
comprends qu'on est dans une période où on parle de l'anglais
à l'intérieur et du français à l'extérieur,
mais je pense qu'il ne faut pas adopter le principe de diviser pour
régner, mais plutôt essayer de travailler dans l'esprit de
concertation que vous avez développé.
On a dit que le projet de Montréal arrivait un peu tard. J'ai
remarqué que le ministre n'avait pas la même attitude concernant
le monorail de Laval, qui est arrivé encore plus tard On aurait
aimé qu'il ait la même attitude. On est dans une période de
concertation, de discussion, même les idées de dernière
minute sont bonnes. On dit souvent qu'on engage des chercheurs, mais on n'a pas
toujours des trou-veurs". Il arrive souvent qu'on cherche des solutions et
qu'on ne les trouve pas. Et, même si elles arrivent, elles arrivent
à la dernière minute. Elles semblent être de bonnes
solutions et je pense qu'elles devraient être regardées avec
autant de mérite. D'ailleurs, selon un principe
évangélique, les arrivées à la dernière
minute peuvent être aussi valables que les arrivées des
invités de la première heure. Je pense que c'est un principe que
le ministre devrait pratiquer. Si on avait toutes les solutions, on ne serait
pas ici, on serait tous chez nous. Tout le monde est en train de chercher des
solutions pour que les gens soient plus heureux, essentiellement.
C'est pourquoi je m'affaire, ce matin, à poser des questions pour
être bien sûr qu'on comprend tous la même chose. Le ministre
a laissé entendre qu'il y avait une entente, j'aimerais être bien
sûr de ce que vous avez compris concernant les lignes de métro
dans l'est. Si ne réagit pas, ça veut dire qu'il a compris la
même chose, j'imagine, et s'il réagit, c'est parce qu'il n'aura
pas compris la même chose. J'aimerais que vous nous disiez ce que vous
avez compris de la discussion qui vient d'avoir lieu.
M. Hamelin: M. le Président, ce qu'on a compris dans la
discussion qui vient d'être faite avec le ministre, c'est que le ministre
consent à adopter la position unanime de la Communauté urbaine de
Montréal qui privilégie, pour la desserte du nord-est du
territoire, la ligne numéro 7 jusqu'à Montréal-Nord,
éventuellement Rivière-des-Prairies, dans un prochain plan de
transport, et la ligne numéro 5 jusqu'à Anjou. C'est ce qu'on a
cru comprendre, avec la possibilité d'un étalement dans le temps.
Ce plan précis ne serait pas nécessairement réalisé
en dix
ans, cela pourrait être retardé de quelques années.
C'est ce que nous avons compris, ça semble avoir été bien
précisé. Plus la simultanéité.
M. Garon: La simultanéité, donc une somme
additionnelle nécessaire pour ces réalisations.
M. Hamelin: C'est ce que nous avons compris.
M. Garon: Les sommes additionnelles nécessaires seraient
de quel ordre?
M. Hamelin: II faudra s'entendre techniquement. Il y a la limite
de 1992, mais j'ai cru comprendre que cette limite de 1992 pour la ligne 3,
c'est dans le cas où rien n'est entrepris. Si les choses sont
entreprises, si c'était bon jusqu'en 1992, ça pourrait
peut-être être bon jusqu'en 1994, le temps que la modernisation se
fasse. À ce moment-la, il s'agira de répartir ces sommes entre
les deux projets, il s'agira de s'assurer que des sommes sont
dépensées dans chacun des deux projets. Il ne s'agit pas d'exiger
que, quand on construit un kilomètre de la 3, il faut avoir un
kilomètre de métro prêt à fonctionner. Ce dont II
s'agit de s'assurer, c'est que des sommes d'argent équivalentes vont
être dépensées sur les deux projets. Maintenant, la
réalisation dans le temps, les techniciens et les experts pourront s'y
arrêter. C'est ce que nous comprenons du plan.
M. Garon: Maintenant concernant l'autre partie, dans les
réunions que nous avons eues depuis mardi, la Fédération
des travailleurs et travailleuses du Québec a fait une proposition.
Selon moi, en tout cas, c'était la première fois qu'elle
était faite. On a dit que ç'avait déjà
été mentionné par le maire de Blainville concernant
l'utilisation d'une ligne du Canadien Pacifique qui va de
Sainte-Thérèse vers Montréal.
M. Hamelin: On ne l'a pas étudiée comme telle,
cette solution. Je sais qu'il y a une telle ligne qui passe; elle est
probablement utilisée pour du commercial. Maintenant, ça n'a pas
été envisagé comme tel. Ce n'est pas venu à
l'étude. Il avait été question d'une desserte de Mirabel,
mais, à ce moment-là, celle-ci devrait s'orienter beaucoup plus
vers Dorval, dans un premier temps, vers le centre-ville, dans un
deuxième temps, mais, à notre connaissance, c'est vraiment
arrivé sans aucune étude. De notre côté, ça
n'a pas été étudié.
M. Garon: Ce qu'on mentionnait, c'est que le nombre de personnes
à desservir serait plus important que celui d'une ligne vers
Deux-Montagnes. Sur une grande partie du trajet, les gens sont
déjà desservis.
M. Hamelin: La ligne vers Deux-Montagnes...
M. Garon: Le gros volume de la population est déjà
desservi. On disait que le volume de population à desservir serait plus
important de Sainte-Thérèse. On mentionnait Mirabel parce que la
ligne du Canadien Pacifique se rend jusqu'à Mirabel, mais on ne pariait
pas nécessairement de rendre ce train jusqu'à Mirabel, mais
principalement autour de Sainte-Thérèse vers le centre-ville de
Montréal.
M. Hamelin: Ce n'est sûrement pas à rejeter a
priori, puisque la priorité de la communauté, c'est le transport
en commun dans toute la région. Cependant, ce matin, nous ne sommes
clairement pas en mesure de fournir des chiffres ou des données, ou
même une évaluation préliminaire. Cependant, ce que je peux
dire, c'est que nous ne le rejetons pas du revers de la main et nous allons
sûrement demander à nos gens de se pencher là-dessus,
à tout le moins pour avoir une opinion préliminaire. Ce matin, je
ne suis pas en mesure et il n'y a personne de la délégation de la
communauté qui est en mesure de vous donner des précisions
là-dessus.
M. Garon: il a été question jusqu'à
maintenant d'un organisme régional de coordination et de mettre dans cet
organisme principalement les équipements qui desservent plus qu'un
territoire juridique, avec une forme de représentation qui a
été suggérée, dont vous avez sans doute entendu
parler. J'aimerais connaître votre réaction par rapport à
un organisme de coordination régional.
M. Hamelin: Disons que nous avions déjà fait
connaître nos couleurs pour un organisme régional de transport. Il
est clair qu'un organisme régional de transport, ayant pour but une
meilleure intégration entre les divers réseaux, les
déplacements interréseaux, nous apparaît une
nécessité. Nous n'avions pas compris que le principe de cet ORT
devait être discuté ici. Nous avions compris qu'ici il s'agissait
de discuter des équipements.
Il y a un projet qui a été mis de l'avant. Pour nous, les
projets devraient respecter deux conditions: la responsabilité des
élus locaux et le principe d'une meilleure intégration. Le projet
dont il a été fait mention cette semaine, nous n'avons pas pu
l'étudier en profondeur; nous ne sommes pas prêts à en
discuter de façon exhaustive aujourd'hui. Simplement un
élément: la force de la STCUM au Canada et ce qui fait sa
réputation dans le monde, c'est justement l'intégration qu'elle
fait du réseau d'autobus avec le réseau de métro. Ce qui a
été proposé faisait une dichotomie entre ces deux
réseaux. Cela nous pose déjà une interrogation au
départ, mais, pour ce qui est du principe d'un ORT, la communauté
urbaine dit oui. (11 h 15)
Pour ce qui est de ce qui a été déposé cette
semaine, ça demande beaucoup plus d'étu-
des, à notre avis. D'autant plus - un simple
élément - que les trains de banlieue ne faisaient pas partie de
ce qui a été proposé cette semaine. Cela nous semble un
élément assez important dans le transport régional, les
trains de banlieue, qui eux sont vraiment du transport régional, alors
que le métro, sur une bonne partie de sa longueur, sert aussi au
déplacement local. Pour les milliers de personnes qui sont à 500
ou 600 mètres d'une station de métro, le métro n'est pas
un transport régional, c'est vraiment un transport local. Il y a une
foule de choses à regarder là-dedans. Pour le principe, c'est
oui, mais selon ce qui a été suggéré cette semaine,
nous ne sommes pas en mesure, actuellement, d'adhérer à ce
projet.
M. Garon: On remarque, dans le plan du ministre, qu'il y a
beaucoup de données concernant le passé, mais qu'il n'y en a pas
beaucoup concernant l'avenir. En ce qui concerne les données
démographiques, on parle beaucoup de 1966-1986, mais je n'ai pas
l'impression que les années 1986-2006 ou 1988-1998 vont ressembler
beaucoup à 1966-1986 puisque les enfants du baby-boom commencent
à prendre de l'âge et que, selon des prévisions, le
vieillissement de la population... La seule prévision qu'on y voit,
c'est qu'il y aura une population additionnelle de 243 000, d'ici à l'an
2000. Il y a aussi un fort vieillissement de la population qui - si on regarde
les données de la Régie des rentes - va être beaucoup plus
fort que tout le monde ne l'imagine. Donc, quand vous regardez l'avenir, en
termes d'équipement, en tenant compte que la population va vieillir
considérablement - pas nécessairement selon les données du
passé. Je comprends que, quand on parle d'expérience, c'est le
passé mais, comme on l'a souvent dit au ministre, on serait mieux de
maîtriser l'avenir plutôt que de gérer le passé - et
aussi en pensant que, d'après tous les gens qui sont venus ici les
personnes, en vieillissant, craignent plus le métro, sont
inquiètes en ce qui concerne la sécurité du métro,
les escaliers, tout un ensemble de choses, quelle est votre réflexion
là-dessus, en termes d'avenir, par rapport au vieillissement
anticipé de la population et le transport en commun?
M. Hamelin: Bon, écoutez, quant à la question de la
crainte, chez les personnes âgées, du métro, je pense qu'il
ne faut quand même pas exagérer la situation. Certaines personnes
peuvent craindre le métro comme d'autres vont craindre de sortir sur la
rue. Alors, je pense que cet argument, à savoir que les personnes
âgées craignent le métro et que, parce qu'il y aura
beaucoup de personnes âgées, on ne fera pas de métro, ne
nous semble pas, en tout cas, sérieux à ce
chapitre-là.
Ce qu'il faut bien dire aussi, c'est que les personnes
âgées auront peut-être tendance à moins
s'éloigner du centre-ville et, à ce moment- là, auront
peut-être besoin d'un meilleur service de transport en commun. Quand je
serai rendu à un certain âge, j'aimerai peut-être beaucoup
mieux me déplacer dans un réseau de métro, à l'abri
des intempéries, une journée comme aujourd'hui, que d'être
obligé d'aller attendre l'autobus ou de faire deux ou trois transferts
d'autobus. Sous cet aspect-là, je pense qu'on ne peut pas
décemment entretenir des craintes qui ne peuvent être
fondées que dans certains cas, pour certaines personnes mais, non
globalement, pour toute la population. La population vieillissante de demain
est une population qui aura été habituée à prendre
le métro une partie de sa vie, sinon toute sa vie. Donc, ça ne
soulève pas chez nous de craintes si grandes que l'on doive envisager de
ne plus construire de métro.
M. Garon: On voit, dans les notes du ministre, que le
phénomène du vieillissement est beaucoup plus accentué sur
l'île de Montréal. On peut donc se demander s'il y a une forte
tendance, chez les gens âgés, à demeurer dans les centres
urbains, et, si oui, quelles sont les conclusions qu'il faut en tirer pour les
années à venir, en considérant le fait que, selon les
données de la Régie des rentes, i! y a 17 % des gens,
actuellement, qui ont plus de 65 ans par rapport à ceux qui ont entre 20
et 65 ans? On croit qu'en l'an 2030 ça sera 45 %.
M. Hamelin: Écoutez, si on regarde le
phénomène de l'étalement urbain, ce dernier est
causé par l'automobile, finalement, c'est-à-dire, pas
causé par l'automobile, mais l'automobile encourage l'étalement
urbain, parce que les gens, à ce moment-là, ont une plus grande
facilité pour circuler. Il y a souvent une deuxième automobile
par foyer. Mais plus les gens vieillissent, normalement, moins ils aiment
conduire. Et même, rendus à un certain âge, s'ils peuvent
s'en passer, ils le font avec plaisir. Ce qui nous amène à
supposer que, normalement, ces gens-là, s'ils abandonnent la conduite
automobile, s'ils abandonnent la deuxième automobile parce qu'ils sont
à la retraite, ils ont normalement tendance à revenir vers le
centre-ville et à se rapprocher des équipements culturels,
à se rapprocher, en fait, de tout ce qui peut contribuer à une
qualité de vie. Ce faisant, puisqu'ils délaissent l'automobile,
nous devrons offrir à ces gens un transport en commun efficace.
M. Garon: C'était ça ma question. Étant
donné qu'on constate que les gens de Montréal sont plus
âgés, qu'ils sont nés à Montréal et qu'ils y
ont vieilli, et que, si pour les gens plus jeunes, c'est un "status symbol"
d'avoir l'automobile la plus sportive possible, par ailleurs, en vieillissant,
ça tombe et ça s'estompe un peu, quand vous regardez vers
l'avenir, anticipez-vous qu'il y aura des mouvements de population en sens
inverse? Vous l'avez abordé vous-même,
mais, selon les prévisions que vous avez faites, je pense que ce
sont des...
M. Hamelin: Je n'ai pas de prévisions comme telles. Je
constate plutôt, un peu comme M. Tout-le-Monde, le
phénomène que je viens d'expliquer. Je ne sais pas si on aurait
un chiffre...
M. Doré: Non. Ce qu'on peut dire là-dessus, c'est
qu'on commence à déceler une tendance. C'est un peu normal. Des
gens qui ont élevé une famille et qui possèdent une maison
unifamiliale de trois ou quatre chambres à coucher font le choix,
à un moment donné, que cela devient grand à entretenir et
que, conséquemment, il serait peut-être intéressant pour
eux de se retrouver dans quelque chose de plus simple, pour un couple plus
âgé. Dans bien des cas, le choix est, bien sûr, de se
rapprocher non seulement des services culturels, mais, dans certains cas, des
services hospitaliers et, donc, un peu du centre de la ville. Il y a une
certaine tendance actuellement, mais elle n'est pas vraiment verifiable.
Par contre, le corollaire de ce que vous dites est important, parce
qu'il n'y a pas de croissance démographique prévisible et
importante. En fait, les démographes nous disent que, dans la meilleure
des hypothèses, on est en croissance démographique zéro,
mais que, selon une hypothèse peut-être plus réaliste, on
est dans une certaine situation, sur un horizon prévisible de 30 ans de
décroissance, pour l'ensemble de la région métropolitaine,
d'à peu près 5 %.
La question qui se pose, en ce qui concerne les choix
d'aménagement qu'on doit faire - forcément, les choix de
transport sont une composante essentielle du développement et de
l'aménagement du territoire - c'est justement: Est-ce qu'on doit ouvrir
de nouveaux secteurs au développement ou est-ce qu'on doit consolider
les secteurs existants qui ont encore un potentiel de développement?
C'est vrai pour l'île, mais c'est aussi vrai pour Laval, comme c'est vrai
pour la rive sud. Il faut voir, quand on fait un examen de l'ensemble du
potentiel de développement du territoire viabilisé ou près
de l'être à des fins industrielles et résidentielles, aussi
bien sur l'île - et je pense que notre mémoire en fait largement
état - qu'à Laval ou sur la rive sud, qu'on a tout ce qu'il faut,
actuellement, compte tenu des tendances démographiques
prévisibles. Je ne dis pas que cette situation, sur 50 ans, est
totalement irréversible, rien n'est irréversible, mais là,
c'est un autre débat; c'est un débat social qu'il nous faudra
faire pour être capable de voir si on peut renverser une tendance
à la dénatalité, et l'ensemble des conséquences
dues au vieillissement de la population. Je ne pense pas que ce soit l'objet du
débat ici.
Il faut quand même tenir compte de cet indicatif, à tout le
moins prévisible pour les quinze prochaines années, pour faire
des choix conséquents en termes d'aménagement et de
développement. Je pense que c'est l'un des enjeux sous-jacents du plan
de développement qu'il nous faut examiner sérieusement quant
à ses impacts.
M. Garon: Dans la recommandation 1, vous dites:
"Réaffirmer et actualiser l'option préférable
d'aménagement*. Pourquoi dites-vous, d'abord, réaffirmer - on
avait entendu dire que le gouvernement disait qu'N l'affirmait, mais qu'il
voulait la réviser - et actualiser? Par rapport au transport, comment
voyez-vous cette actualisation?
M. Hamelfn: D'abord, réaffirmer, c'est bien faire sentir
clairement à tous les intervenants que cette option
préférable d'aménagement est là et qu'elle y est
pour rester; l'actualiser, évidemment, c'est parce qu'elle remonte quand
même à 1975. Il s'agit de voir, avec l'évolution de la
société, l'évolution de la grande région
montréalaise, comment cette option peut être actualisée. Ce
qu'on dit, c'est que l'option préférable d'aménagement
doit viser à un développement sain et ordonné du milieu
urbain, actuellement. L'étalement urbain nous force presque à
doubler certains investissements. Que l'on regarde les demandes des
municipalités pour la réfection des conduites d'eau, d'aqueduc et
des infrastructures urbaines; pour le Canada, cela représente 15 000 000
000 $ et on cherche le moyen de réaliser ces rénovations. En
même temps, si on facilite l'étalement urbain, on va construire
les mêmes infrastructures à l'extérieur du territoire, on
va agrandir et on va gruger de plus en plus sur le territoire disponible.
L'option préférable d'aménagement doit viser à
contrer l'étalement urbain, non seulement quelque chose de
négatif, mais quelque chose de positif, et être axé sur un
développement intelligent, un développement des zones
déjà urbanisées.
On parle d'autres grandes villes qui se développent et qui
peuvent être fortes à cause de leur banlieue. Je pense qu'il faut
toujours se dire que les banlieues existent en fonction d'une ville centrale
et, puisqu'il a déjà été fait mention de Toronto,
il faut mentionner que la ville de Toronto est développée
à 99 % et que le développement, dans cette région, s'est
fait de façon concentrique. Le problème chez nous, c'est qu'il
reste plus de 15 % du territoire de la communauté à
développer. Il est clair que, lorsque l'ensemble du territoire sera
développé, lorsque nous serons rendus à la rivière,
il sera temps de la traverser, à ce moment-là, à l'aide
d'un pont ou autre chose.
M. Doré: M. le Président, je me permets d'ajouter
un commentaire à ce que j'ai dit tantôt en réponse à
votre question, parce que je sens qu'elle vous préoccupe et j'ai vu,
dans les comptes rendus, que c'est une question que vous
avez posée souventefols. Il y a une chose que j'ai oublié
de dire tantôt et qui est importante. La décision du gouvernement
du Québec de supprimer l'âge de la retraite obligatoire a comme
conséquence - et c'est une autre tendance qu'on décèle
actuellement - que les personnes âgées, parce que
l'espérance de vie augmente et que la qualité des soins de
santé suit, demeurent de plus en plus longtemps actives. Ce n'est pas
rare maintenant de voir des personnes âgées travaillant dans un
McDonald's, en fait, dans ce genre d'entreprises de services, etc. Donc,
là aussi, même si la population vieillit, ces besoins de
déplacement demeurent pour les gens qui ont été
habitués d'utiliser le transport en commun depuis 30 ans, qui sont,
comme on les appelle souvent, les nouveaux vieux. En ce qui concerne les gens
qui ont connu le démarrage du métro et qui étaient
littéralement effrayés de prendre l'escalier mobile et de
descendre dans le trou, leur pourcentage diminue et la nouvelle population
âgée qui continue à être active va maintenir, quand
même, une certaine clientèle. Mais on ne tient pas compte de
çà!
L'autre élément, c'est qu'il y a aussi une tendance, dans
certains quartiers de Montréal, à un rajeunissement de la
population dû à l'immigration. Le taux de natalité chez les
nouveaux arrivants est beaucoup plus élevé, actuellement, et cela
amène un certain rajeunissement de la population. Enfin, c'est une
tendance. Elle n'est pas lourde, elle n'est pas signifiante, mais elle est
là, on la sent. En fait, ça complète un peu le portrait du
point de vue de la démographie. Voilà.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le
député de Lévis, ça complète ce volet. Te!
que mentionné tantôt, concernant le volet autoroutier et les
autres volets, il faudrait essayer de limiter ces interventions à 15 ou
20 minutes, quoique ce soit important, de chaque côté. M. le
ministre, sur le volet autoroutier et les autres volets, pour une
période de 15 à 20 minutes. L'Opposition aura la même
chose. Par la suite, on pourra conclure.
M. Côté (Charlesbourg): Je veux juste vous dire, M.
le Président, que, parfois, dans une voie de ceinture, c'est plus long,
sur le plan du territoire, mais ça prend moins de temps à le
parcourir. Je suis très heureux d'aborder le volet autoroutier puisque,
dans ses propos, M. Hamelin, à une question de mes
prédécesseurs, disait: Je ne suis pas contre le pont...
M. Hamelin: Quand on sera rendus à la rivière, on
trouvera un moyen de la traverser.
M. Côté (Charlesbourg):... je ne suis pas contre le
pont, mais on le traversera quand on sera rendus à la rivière.
Alors, je suis très heureux de voir cette ouverture d'esprit. Avant
d'aborder le volet autoroutier, j'aurais quand même une petite question
concernant le transport en commun, parce que je ne me sentirais pas bien dans
ma peau si je ne me souvenais pas qu'en 1987 on a eu le privilège de
recevoir le maire de Montréal-Nord, M. Yves Ryan, qui est venu faire une
démonstration assez éloquente, à l'époque, des 17
années d'attente - on est maintenant rendus à 19 - pour la
desserte de son territoire. Il m'expédiait dernièrement une
lettre qui va dans l'esprit de la communauté urbaine et qui ne
défait pas son unanimité - je pense que ça me paraît
très évident et je veux le dire dès maintenant. il disait,
dans son résumé - vous savez à quel point les Ryan sont
clairs dans leurs communications - ceci: "En résumé, M. le
ministre, vous pourriez convenir qu'il n'y a aucune contradiction ou
différence entre les lignes 5 et 7, au nord de Jean-Talon, quant au
tracé éventuel; que la réalisation du tronçon nord
de Jean-Talon, à l'intersection de Langelier et de Maurice-Duplessis,
est plus urgente et qu'il était sage de l'introduire dans votre plan et,
enfin, que les immobilisations requises dans cette première étape
seraient au moins deux fois moins importantes tout en étant conformes
aux priorités du schéma d'aménagement de la
communauté urbaine, de même qu'abordables par rapport aux
investissements que votre gouvernement est prêt à consentir.
J'espère grandement que cette clarification s'avérera utile.
Ma question est très simple: comme il va falloir quand
même, privilégier quelque chose, à l'intérieur des
priorités d'intervention, est-ce que je dois comprendre que, selon cette
unanimité, la communauté urbaine partage la priorité
qu'évoque M. Ryan? (11 h 30)
M. Hamelin: Évidemment, et vice versa. M. Ryan partage la
priorité de la communauté.
Une voix: Voilà!
M. Côté (Charlesbourg): Je dois vous dire que je
suis très heureux que ces débats aient fait l'unanimité un
peu partout. Au moins, la commission aura donné ça.
Le Président (M. Parent, Bertrand): On aurait dû se
réunir il y a deux semaines, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Ah! Abordons le volet
autoroutier, puisqu'on n'a pas beaucoup de temps et que c'est un volet qui est
peut-être un volet plus contentieux, même si ie contentieux
apparaît plus gros qu'il ne l'est en réalité, si j'ai une
bonne lecture de la situation. D'abord, il y a trois points extrêmement
importants dans votre revendication: le Métropolitain, les voies de
contournement, les boulevards urbains. Régions un dossier qui se
règle assez rapidement: les boulevards urbains. En ce qui concerne
le
boulevard Henri-Bourassa, on a fait la démonstration qu'il y
avait une possibilité de collaboration entre le gouvernement du
Québec et la ville de Montréal, en particulier, dans ce
cas-là. C'est un exemple. Il n'a pas besoin d'être inclus au plan
pour qu'on y règle toute une série de problèmes.
Dans le cas du boulevard Henri-Bourassa, j'ai pris l'initiative de faire
une proposition à la ville. Règle générale, on
attend que les entités municipales nous fassent une demande. Bien
sûr, il y a toujours un budget à gérer, mais le cas du
boulevard Henri-Bourassa démontre la volonté du gouvernement de
partager une partie des coûts, pour les dessertes sur le plan Interne de
l'île, que ce soit nord-sud ou est-ouest, de la même manière
qu'on l'a fait dans le cas de Montréal-Nord avec le boulevard
Pie-IX.
Ce sont des ouvertures. Il s'agit pour vous de saisir les occasions.
Quant à moi, c'est un point réglé.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Oui, M. ie maire.
M. Doré: Est-ce que je dois comprendre, M. le
Président, que le principe établi dans le cas d'Henri-Bourassa,
dans la lettre que le ministre nous faisait parvenir et selon laquelle le
gouvernement était d'accord pour, dans le cas de boulevards urbains
intermunicipaux, participer à 50 % des coûts, est le principe que
le ministère des Transports va retenir pour cet ouvrage et d'autres
ouvrages à caractère intermunicipal, aussi bien dans l'est que
dans l'ouest, et que ce sera une politique qui tiendra compte du fait que, dans
des endroits densément peuplés, on ne peut pas, dans ce contexte,
faire d'autoroute, mais plutôt un boulevard urbain?
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire que
ça s'inscrit dans notre volonté, sur le plan de la communication
intermunicipale, que des artères, aujourd'hui, permettent de soulager
les grands axes de communication. Cela s'inscrit dans ce sens; ce n'est pas un
programme défini par le ministère. Cela s'inscrit davantage dans
la marge de manoeuvre qu'a le ministre des Transports de reconnaître un
certain nombre de travaux, à partir du moment où il y a des
demandes et une justification.
C'est dans cet esprit que cela a été fait avec
Montréal-Nord, avec la ville de Montréal dans ie cas du boulevard
Henri-Bourassa. Cela peut être refait dans d'autres cas et je pense que
ça répond, à tout ie moins, à l'esprit de la
demande, sachant que, toutefois, les budgets du ministère ont leur
limite aussi, comme les vôtres. Dans ce sens-là, si c'est vrai
ailleurs, pourquoi pas sur l'île de Montréal. C'est la
démonstration des boulevards Henri-Bourassa et Pie-IX. Donc, un axe
nord-sud et un axe est-ouest.
Le deuxième dossier est celui du boulevard Métropolitain.
Il y a deux manières, quant à moi, d'aborder la
problématique du boulevard Métropolitain: il y a le futur, donc
une portée plus lointaine, et il y a l'immédiat. L'analyse que
nous en avons faite au ministère, avec les spécialistes du
ministère, fait en sorte que, selon les analyses que je possède
actuellement, nous avons l'obligation d'Intervenir dès maintenant pour
conserver le boulevard Métropolitain pour une quinzaine d'années.
C'est la première Intervention. C'est ce que le plan a voulu consacrer,
sur le plan de l'intervention.
Donc, tout le monde reconnaît, à ce moment-ci, sur le plan
esthétique, que c'est nuisible et, sur le plan de la qualité de
vie, que c'est absolument affreux. On ne peut tout de même pas m'imputer
la conception du boulevard Métropolitain. Si je ne m'abuse, cela
provient de votre prédécesseur qui était à la
tête de la ville de Montréal, à l'époque, et M.
Lesage a accepté de la récupérer comme paiement, au moment
où il a été nommé premier ministre.
Donc, s'il est nuisible aujourd'hui, sur le plan visuel, je pense qu'il
l'était aussi à l'époque. Il y a certainement des raisons
pour lesquelles les concepteurs ont proposé ce genre de structures.
L'importance du boulevard Métropolitain, si on parle de 140 000 à
150 000 véhicules par jour, on ne peut pas s'en passer au moment
où on se parle, à moins de n'avoir des solutions qui, demain
matin, prendraient la relève. C'est clair. Si on fait la
démonstration que c'est devenu une artère très importante
de communication est-ouest pour les individus, pour l'industrie, on ne peut pas
souffrir de s'en passer pendant quelques années, cela me paraît
très évident. Il faut donc le conserver dans le sens de s'assurer
que, pour les 10 ou les 15 prochaines années, il puisse remplir la
vocation qu'on attend de lui à l'ultime limite, en termes de
vocation.
Donc, ce que nous nous apprêtons à faire, c'est d'apporter
les correctifs qui s'imposent pour faire en sorte que le boulevard
Métropolitain soit plus sécuritaire, de même que les
échangeurs Saint-Pierre et Turcot sur la 20, et cela devient une
question de priorité sur le plan du maintien du boulevard
Métropolitain.
Ma question est la suivante: Peu importe l'alternative qu'on voudrait
voir intervenir sur le boulevard Métropolitain dans 10, 15 ou 20 ans,
est-ce qu'on n'est pas dans une situation aujourd'hui où il nous faut
faire le nécessaire - et Dieu sait que 50 000 000 $, ce n'est pas la mer
à boire dans le cas du boulevard Métropolitain - où il
nous faut investir les sommes que nous nous apprêtons à investir
dans la mesure où des gens accepteraient de réfléchir sur
une alternative de rechange au boulevard Métropolitain? Est-ce qu'on
n'est pas dans une situation où nous avons l'obligation d'intervenir
pour faire en sorte que les utilisateurs du boulevard Métropolitain
puissent l'emprunter en toute sécurité et, en même temps,
apporter des accommodements et des aménagements de façon qu'on
puisse optimaliser la fluidité du trafic en toute
sécurité sur le boulevard Métropolitain?
M. Hamelin: Quant à la sécurité, M. le
Président, il est évident que la communauté urbaine ne
peut pas s'opposer à toutes sommes qui devraient être
dépensées pour assurer la sécurité de l'autoroute
Métropolitaine.
En ce qui a trait aux sommes qui pourraient être
dépensées pour l'amélioration de la fluidité, pour
des améliorations ou des ajouts au boulevard, vous avez dit
vous-même, dans votre introduction: Nous nous apprêtons à
faire des travaux pour le conserver pour une quinzaine d'années. Cela
nous apparaît à courte vue, compte tenu de l'importance de cet axe
routier pour la communauté. J'ai un principe: Administrer, c'est
prévoir. Je pense que, dans le cas du boulevard Métropolitain, il
faut prévoir pour plus de 10 ou 15 ans. Dépenser des sommes pour
le faire durer 15 ans pour, dans 15 ans, se retrouver devant un problème
encore beaucoup plus grave, parce que les réparations ne sont
évidemment Jamais comme du neuf... Ce que la communauté dit,
c'est qu'il faut trouver une solution globale non pas pour 15 ans ni pour 10
ans, mais pour 25 ou 30 ans. Quand on fait un métro, c'est pour 40 ou 50
ans; c'est un peu comparable à ce chapitre-là. Compte tenu de son
importance, tout argent, dans les solutions pour les dix prochaines
années, qui serait dépensé en excédent de la
stricte sécurité nous apparaîtrait beaucoup plus utile s'il
était dépensé à la recherche d'une solution, et
nous en sommes tellement convaincus que nous faisons l'offre au
ministère de partager les coûts de l'étude de ce que
pourraient être des alternatives de rechange au boulevard
Métropolitain.
M. Côté (Charlesbourg): Je comprends que le dossier
du boulevard Métropolitain est assez délicat pour presque tout le
monde, en particulier pour ceux qui l'utilisent. Mettons-nous dans
l'hypothèse où il y aurait une solution à plus long terme.
Je pense que, s'il y a une solution à plus long terme, elle ne durera
pas 15 ou 20 ans, elle va davantage durer 40 ou 50 ans. D'ici à ce que
cette solution à plus long terme puisse être mise sur la table,
trouvée, peu importe ce qu'elle est, ne croyez-vous pas qu'il y a des
travaux très importants et urgents à faire en ce qui concerne ces
axes de communication très importants?
M. Hamelin: Évidemment, je l'ai dit en ce qui a trait
à la sécurité. Cependant, ces sommes ou ces
réparations de niveau sécuritaire doit-on les envisager pour les
15 prochaines années? Il y a aussi cette chose à pondérer
et à envisager. S'il faut attendre 15 ans avant d'avoir la solution
permanente ou disons, à long terme - 30 ou 40 ans - il sera
peut-être déjà trop tard à ce moment-là. Les
15 prochaines années auront rachevé et le boulevard et tout le
développement industriel autour.
M. Côté (Charlesbourg): Pour bien se comprendre, peu
importe si l'on prolongeait sa vie de 10 ans ou de 15 ans, ce que nous nous
apprêtons à faire sur le plan des structures et sur le plan du
remplacement des garde-fous aurait coûté le même montant. Ce
qui coûterait plus cher dans une perspective plus lointaine, c'est
l'implantation de la gestion que nous voulons faire en termes
d'améliorations. Ce que nous nous apprêtons à faire
maintenant, ce sont des réparations au boulevard Métropolitain
pour permettre de l'utiliser de manière plus confortable et pour faire
en sorte qu'on puisse l'utiliser en plus grand nombre si c'est possible, en
termes de fluidité, d'accès et de sorties. Cela, peu importe si
c'est pour 10 ans ou 15 ans, les travaux que nous nous apprêtons à
faire sont nécessaires et nous investissons dans le nécessaire.
C'est devenu, il faut le comprendre, une responsabilité du ministre des
Transports qui doit entretenir son réseau, en particulier le boulevard
Métropolitain; c'est une question d'urgence, et c'est ce que nous nous
apprêtons à faire.
Quant à l'autre partie à venir - je ne dirai pas "nous",
j'ai l'honnêteté d'aller jusque-là - je crois qu'il y a un
autre problème extrêmement important sur le plan du réseau
routier qui n'est pas réglé par la proposition que nous faisons.
C'est le croisement de tout le trafic du boulevard Décarie et du
boulevard Métropolitain, un point névralgique extrêmement
important, qui ne trouve pas sa solution dans le plan de transport et qui
pourrait certainement faire l'objet d'une étude en collaboration avec le
ministère des Transports et la Communauté urbaine de
Montréal, si elle le désire, et d'autres intervenants, dans le
but de tenter de trouver des solutions ultimes à cette
problématique et, par le fait même, une analyse poussée de
ce qu'est le boulevard Métropolitain aujourd'hui. Finalement, en faisant
une analyse poussée - probablement que lorsque les résultats
sortiront je ne serai plus là - cela va peut-être vous soulager
dans le sens d'avoir une vision à plus long terme.
Je pense que la problématique est la suivante: II faut maintenir
un équipement qui est là et qui dessert 140 000 véhicules
par jour afin qu'ils puissent l'utiliser de manière convenable. Un
deuxième point névralgique extrêmement important de
congestion de trafic est le croisement du boulevard Décarie et du
boulevard Métropolitain, avec toutes sortes de problèmes au plan
de l'ajout de la circulation et, au-delà de tout cela, bien sûr,
les conséquences pour le boulevard Métropolitain, qui s'appelle
ainsi aujourd'hui, qui pourrait peut-être s'appeler autre chose
après, dans la mesure où il y a une planification. Cela ne se
fait pas du jour au lendemain. Si je ne m'abuse, j'ai même entendu,
à l'époque, M. Doré dire que ça prend un certain
temps et qu'il faut faire des études. Je pense qu'on doit davantage les
faire chez nous qu'ailleurs, mais faire en sorte qu'effectivement ces
études puissent être faites en tenant compte du principe
extrêmement important de croisement du trafic, du règlement des
problèmes du boulevard Décarie, il va falloir graduer les
solutions, compte tenu de la capacité de payer du gouvernement. Pour
régler le problème de la congestion du trafic du boulevard
Décarie et du boulevard Métropolitain, il faut entre 400 000 000
$ et 500 000 000 $. Donc, il faut bien s'assurer qu'on a les bonnes solutions.
Ce montant de 400 000 000 $ ou 500 000 000 $ m'apparaît davantage dans
l'avenir ce dont le gouvernement du Québec pourrait disposer pour
régler ces problèmes et non au-delà de cette somme.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le maire de
Montréal. M. le président?
M. Doré: II y avait un complément de réponse
du président.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M.
Hamelin.
M. Hamelin: Tout simplement un complément de
réponse, M. le Président. C'est vrai que ce carrefour
Décarie-Métropolitain-autoroute des Laurentides est
peut-être le noeud du problème, mais il ne faudrait pas
étudier simplement ce carrefour et y apporter des réponses pour
ensuite se pencher sur le reste de l'autoroute Métropolitaine. Il
faudrait peut-être le voir globalement, quitte à ce qu'il y ait
des solutions échelonnées dans le temps. Je verrais mal qu'on
règle ce problème et qu'ensuite on se penche sur le reste de
l'autoroute Métropolitaine. Il faudrait regarder cela dans son ensemble.
C'est dans cet esprit-là que la Communauté urbaine de
Montréal propose des études conjointes avec le gouvernement.
Votre observation, en ce sens que l'un des noeuds du problème, c'est
Décarie-l'autoroute des Laurentides et l'autoroute
Métropolitaine, est bien claire. Ce que nous demandons, c'est de voir
cela dans une solution d'ensemble et de le voir pour les 30 ou 40 prochaines
années. (11 h 45)
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le maire de
Montréal.
M. Doré: M. le Président, je pense que personne
dans cette salle ne va remettre en cause - je pense que le ministre s'en rend
bien compte - qu'on est en présence d'un ouvrage désuet, dont la
géométrie, même à l'origine, était
déjà douteuse - le prix citron de l'ingénierie
routière qui est cité par beaucoup d'écoles de
génie comme un exemple à ne pas suivre - et qui est dangereux. Il
y a trois fois plus d'accidents sur cette artère que sur d'autres voies
rapides autour et il est dans une situation d'engorgement permanent.
Le cheminement de la communauté a été de revoir
cette artère quant à son rôle. Je pense que, lorsqu'on le
regarde sous cet angle, on s'aperçoit que ce que le ministre met de
l'avant ne règle pas un problème de fond qui se pose
déjà sur l'île de Montréal et dans la région.
Je m'explique.
Tout le monde va s'entendre sur ce qu'il faut faire. C'est, bien
sûr, de s'organiser pour assurer d'abord la sécurité des
usagers. S'il y a des joints d'étanchéité qui sont
dangereux, s'il y a des morceaux qui tombent, il faut les réparer. Il
faut que l'ouvrage tienne; on n'a pas de solution de remplacement à
court terme. Est-ce qu'on doit revoir la géométrie à
certains endroits? Est-ce qu'on doit faire de petites unités de
sécurité, ou des îlots de sécurité, des
porte-à-faux à quelques endroits qui permettraient de garer une
voiture, dans la mesure où elle aurait la bonne idée de tomber en
panne près de là ou en face de là? J'en doute. Je ne suis
même pas sûr qu'on doive, à cette étape... Bien
sûr, il faut qu'on injecte les sommes prévues, que le gouvernement
est prêt à investir, dès le printemps prochain, pour
assurer la sécurité. Tout le monde va s'entendre
là-dessus. Une fois qu'on a dit ça, qu'est-ce que l'autoroute
Métropolitaine? L'autoroute Métropolitaine est la plus importante
artère économique du Québec. C'est la plus grande
concentration d'entreprises de haute technologique au Canada. C'est notre
autoroute 128, par rapport à Boston. Quand on va à
l'étranger, aussi bien moi, comme maire de Montréal, que les
collègues du ministre qui font la promotion du Québec, qu'est-ce
qu'on met de l'avant? On met de l'avant les créneaux qui sont ceux de
l'avenir du Québec: l'électronique, l'aéronautique, le
matériel de transport, pour n'en nommer que quelques-uns, la
pharmacologie, la biotechnologie, la recherche et le développement, les
produits métalliques et les autres. Toutes ces entreprises sont
desservies par cette artère névralgique et sont situées le
long de cette artère, directement branchées dessus. L'autoroute
Métropolitaine n'est pas l'autoroute des Montréalais, ce n'est
pas l'autoroute de la communauté urbaine, c'est l'autoroute de
l'ensemble de la région, qui dessert aussi bien les gens de Repentigny
que de Vaudreuil, de Laval et de Longueuil.
Partant de là, compte tenu de son importance stratégique,
l'autre élément dont on a tenu compte est le suivant. On est en
1988; il faut de plus en plus parler de productivité si on veut
être compétitif. L'ensemble des entreprises et le secteur du
camionnage vont le dire. En 1988, les entreprises ne fonctionnent plus comme en
1950. Elles ne fabriquent pas tout; elles procèdent par sous-assemblage.
Elles assemblent des composantes, elles procèdent par sous-traitance;
elles ont besoin de s'approvisionner régulièrement et les
échanges interentreprises sont de plus en plus nombreux en termes de
communications et de produits, d'où l'importance d'assurer rapidement
les communications routières.
Les entreprises nous disent que l'autoroute Métropolitaine, pas
juste aux heures de pointe
mais de façon permanente, ne remplit plus sa fonction. Cela mine
leur compétitivité à terme, dans un contexte de
libre-échange, d'une part, et de plus en plus, de la mondialisation des
échanges. On est en train de jouer sur l'avenir économique du
Québec. On dit à la communauté urbaine qu'il faut faire
les réparations urgentes. Personne ne mettra ça en cause.
Là-dessus, le ministre a notre appui total. Plutôt que de mettre
de l'argent pour tenter d'améliorer un ouvrage désuet ou de
replâtrer un ouvrage ou de prolonger l'agonie de l'ouvrage, est-ce qu'il
ne serait pas plus utile qu'on s'assoie ensemble pour trouver des solutions
durables et permanentes? C'est ça qu'on dit. On dit: Priorité
dans la région métropolitaine pour le transport des personnes, le
transport en commun, pour des fins de destination aller-retour au travail. Pour
ce qui est du transport à caractère commercial et industriel, la
priorité dans le domaine routier, c'est de régler le
problème permanent du boulevard Métropolitain, qui ne date pas de
la semaine dernière, mais bien de 20 ans. Il y a des gens payés
à temps plein, avec des hélicoptères et des avions, qui,
tous les matins, nous rappellent que la situation est dramatique. Les
entrepreneurs nous le disent également. C'est dans ce sens qu'on dit
qu'il faut le repenser et qu'il faudrait le repenser dans son ensemble.
Je suis conscient et on est conscients - on gère la
rareté, comme vous gérez la rareté - que ça
implique des investissements importants. D'où le fait qu'il ne faut pas
gaspiller de l'argent public à développer des projets routiers
qui ne règlent pas les problèmes fondamentaux de
l'économie de Montréal. C'est la première conclusion.
Quant à la deuxième, nous disons: Nous sommes prêts
à nous associer aux études. Sur le plan du financement - c'est
une question qui a été posée et je pense qu'elle est
importante - il faut faire l'effort d'examiner des solutions. D'aucune
façon, comme maire de Montréal, comme membre de la
communauté urbaine, avec mes collègues de la communauté,
nous ne voulons remettre en cause les équilibres budgétaires du
gouvernement, ses priorités sociales et ses priorités dans
l'éducation.
Ce qu'on a suggéré, ce qu'on suggère dans le
mémoire, c'est d'aborder cette question, d'abord, en faisant les bons
choix en termes de priorités du réseau routier, d'une part, et,
d'autre part, d'examiner d'autres hypothèses de financement, telles des
taxes, un cent sur l'essence. Le ministre y a fait référence.
Quand on demande aux Québécois de les taxer directement pour
améliorer une situation donnée - pour l'environnement, on l'a
demandé - les gens disent oui, et, pour le transport, ils disent oui. Il
n'est pas nécessaire que ce soit 0, 01 $ de plus. Le ministre Ciaccia
faisait référence, il n'y a pas si longtemps, à une
certaine société de gestion de contrôle des prix de
l'essence parce que la différence entre le Québec et l'Ontario,
ce n'est pas juste la taxe ascenseur, c'est peut-être que les
multinationales du pétrole en profitent peut-être un petit peu
trop; on voulait un peu serrer la vis de ce côté pour s'assurer
qu'il y ait un contrôle des prix. C'est peut-être là qu'il
faut regarder: une taxe additionnelle sur les immatriculations qui permettrait
d'avoir un financement directement relié aux bénéficiaires
usagers et du transport en commun, quand on dégage les rues, et
d'amélioration du réseau routier.
Ce matin, je voyais Lucien Saulnier, l'ancien président du
comité exécutif, qui avait combattu, à l'époque, le
projet d'autoroutes élevées. Vous savez que cela a
été adopté par une voix, à l'époque, au
conseil municipal, en 1957. Il disait: Ecoutez, dans le fond, les 120 000 000 $
de la taxe sur le tabac, qui actuellement s'en vont exclusivement à
payer l'ouvrage qu'était le stade, peut-être qu'on pourrait
poursuivre en 1993-1994. Il n'est pas affecté, ça ne
déséquilibre rien et on pourrait peut-être l'affecter au
routier. Je dis oui, pour le Métropolitain, et peut-être pour
certains ouvrages routiers, dans les régions excentriques, qu'on ne peut
jamais faire parce que, bien sûr, il y a d'autres priorités.
Il me semble que cela se regarde, ça s'examine, mais il ne faut
surtout pas faire l'erreur - c'est ça qui est important et ce qui est en
cause - de miner la compétitivité de l'île; 80 % des
emplois de la région de Montréal sont concentrés sur
l'île de Montréal. Si on fait cette erreur, si on se retrouve dans
une situation où on force les entreprises à quitter l'île
ou la région, parce que certains y pensent itou, ce qui peut se
produire, c'est qu'on est en train, comme collectivité, comme
société québécoise... C'est notre coeur
économique, actuellement; il y a une interrelation entre les
régions du Québec et la région de Montréal. Il y a
une interdépendance. On a besoin au Québec d'une locomotive forte
au plan international, au plan commercial et au plan financier pour assurer
justement la vitalité des régions. Si on mine ce caractère
dynamique de Montréal, de l'île de Montréal et de
l'ensemble de la région en ne résolvant pas un problème
endémique qui est en train de miner les impacts économiques...
C'est le bout par lequel il faut le prendre, il faut examiner les impacts
négatifs de il inexistence de solutions. Je dis très
honnêtement qu'on peut faire une erreur qu'on va payer cher, pas dans 10
ans - un horizon de 10 ans, c'est une chose - mais sur un horizon de 25 ou 30
ans.
C'est le "partnership" qu'on propose au gouvernement, soit de nous
associer aux études et je souligne, entre autres, que la ville de
Montréal n'exclut pas une participation au financement de l'ouvrage.
C'est clair. Mes collègues s'entendent qu'il faut repenser l'ouvrage.
J'ajoute qu'en ce qui me concerne, comme représentant des
Montréalais et des Montréalaises, si on doit repenser l'ouvrage,
comme je
pense fondamentalement qu'on doit le faire après 30 ans - sa vie
utile est terminée; il! ne remplit plus ses besoins, non pas d'autoroute
de desserte mais d'autoroute essentielle au développement
économique de la région - je dis très honnêtement
qu'une des solutions qu'on doit regarder, c'est celle du souterrain. Il n'y en
a pas d'autres.
On ne peut pas faire l'ouvrage à deux étages. Le ministre
convient avec mol qu'une autoroute surélevée, c'est polluant,
ça détruit l'environnement, ça crée une
déchirure urbaine. On ne peut pas le ramener au niveau non plus; elles
sont en plein coeur de l'île de Montréal ces interconnexions
nord-sud dans les rues, etc. Cela n'a pas de bon sens. On ne peut pas
élargir l'emprise par une tranchée. D'abord, il y a des
problèmes techniques Insurmontables d'infrastructures et de métro
qui sont là et, en plus, une déchirure de la longueur,
séparer l'île en deux à toutes fins utiles... Il n'y a pas
50 solutions, il faut regarder le souterrain. Cela se fait ailleurs, ça
peut se faire chez nous. De toute façon - je termine là-dessus -
quand je dis que ça se fait ailleurs, il est bien sûr qu'on
regarde ce que d'autres font. C'est tout à fait normal de regarder ce
que d'autres font. On n'a pas besoin d'aller ailleurs, on a toute l'expertise
qu'il faut chez nous. Trois des plus grandes firmes d'ingénierie du
monde, parmi les dix plus grandes, ont leur siège social à
Montréal. Le tunnel Ville-Marie ou une partie de ce tunnel a
été construit quand même en tunnel, on a fait quelque 50
kilomètres de tunnel; dans toute l'Europe et dans toutes les conditions
possibles à Montréal pour le métro; on a fait des
intercepteurs dans n'importe quelle condition. On a de l'expertise sur le
"tunnelage"; on n'est pas obligé d'aller à l'étranger pour
en chercher. Par contre, on peut regarder ce que d'autres font pour voir
comment Ils trouvent des solutions à des problèmes qui sont,
somme toute, similaires, quels que soient les centres urbains. C'est ça
qu'on met de l'avant.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci, M. le maire. Je
rappelle, autant au ministre qu'au parti de l'Opposition, qu'on a
déjà largement dépassé le temps. Je suis conscient
que ce qu'on discute et ce qui se passe ce matin, c'est important. Alors, je
permettrai, M. le ministre, si vous voulez ne pas en abuser, parce que
l'Opposition aura le même temps, peut-être un autre bloc de dix
minutes, mais on a déjà dépassé de 25 minutes.
Est-ce qu'on s'entend là-dessus?
M. Côté (Charlesbourg): Je ne veux pas
nécessairement dix minutes, M. le Président. Ce que je comprends,
c'est que M. le maire a réussi le tour de force de prendre de mon temps
pour vendre son projet auquel je crois moins.
M. Doré:...
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que le plaidoyer de
l'entreprise et des industries, du rôle de Montréal et de
l'importance de Montréal dans l'économie, est très clair.
Le gouvernement du Québec lui-même l'a reconnu, en particulier
dans le développement dé l'est de Montréal, encore tout
récemment. C'est un plaidoyer que tout le monde accepte et auquel il
faut faire face.
Cependant, dans les propositions, il est clair - et vous avez eu la
prudence de l'évoquer - que la capacité financière des
gouvernements, qu'ils soient municipaux, qu'ils soient régionaux ou que
ce soit celui du Québec, a ses limites. Et, dans ce sens-là,
uniquement dans une proposition faite par Lavaiin pour déposer le
Métropolitain sur le sol d'est en ouest et éliminer le croisement
de Décarie pour aller rejoindre la 15 par rapport au
Métropolitain, la facture était, il y a un an et demi, de 810 000
000 $. Il est clair que lorsqu'on va vers un tunnel, lorsqu'on parle de 2 000
000 000 $, deux fois le coût des Jeux olympiques - vous faisiez allusion
au fait, tantôt, qu'en 1993 on aura fini de payer, parce qu'il s'agit de
120 000 000 $ par année. Il faut bien se rendre compte que la facture de
2 000 000 000 $, financée à un taux extraordinaire de 10 %, irait
nous chercher 200 000 000 $ par année et que, sur le plan financier, il
faut bien convenir qu'il y a des limites à la capacité de payer
du gouvernement et de taxer aussi. Et, dans ce sens-là, II m'apparait
très évident que les travaux que nous allons faire sont des
travaux qui répondent à l'esprit que vous avez
évoqué quant au Métropolitain. Prolongeront-ils sa vie de
dix ou quinze ans? Selon les estimations, on parle davantage de quinze ans que
dix ans, mais à tout le moins les travaux sont, quant à nous,
devenus nécessaires et se feront.
Quant à une étude sur l'avenir, il n'y a personne de
suffisamment borné, je pense, pour ne pas ouvrir la porte à une
étude, à un devis d'étude qui pourrait être fait en
collaboration avec les différents intervenants pour avoir cette vision
que tout le monde souhaite, pas de dix ans, mais une vision encore à
bien plus long terme, de 25, 30 ou 40 ans. Et, dans ce sens-là,
ça ne me crée pas de problèmes majeurs qu'on puisse
éventuellement s'asseoir à la table et voir ce que l'avenir nous
réserve quant au Métropolitain et ce qu'on pourrait
éventuellement faire. Étude en main, on sera à même
de parler des coûts et des problèmes sur le plan technique. Il ne
faut jamais oublier que, selon le Règlement sur le transport des
matières dangereuses, il y a 3500 désignations de produits qui ne
peuvent pas emprunter un tunnel et qui iraient affronter directement les.
industries que vous voulez desservir et qui ne pourraient pas, par
conséquent, utiliser un tunnel. De toute façon, la bataille du
tunnel va revenir. On va avoir davantage l'occasion de s'en reparler dans le
futur. Il y a d'autres sujets que j'aimerais
aborder à ce moment-ci, puisqu'on aura l'occasion d'en
reparler.
M. Doré: Deux remarques. M. Côté
(Charlesbourg): Oui.
M. Doré: Deux remarques, M. le Président, si vous
me les permettez, M. le ministre. Première remarque, j'ai omis une chose
tantôt et il est important de la rappeler quand même. On peut
toujours, évidemment, le voir sous l'angle d'une dépense
épouvantable, mais je dis que l'économie de Montréal et de
sa région et la vitalité économique du Québec
peuvent justifier, sur 40 ou 50 ans, un investissement aussi important, si
c'est notre compétitivité comme unité économique
qui est en cause.
Deuxièmement, un investissement fait avec des matériaux
d'ici, une technologie d'ici, des travailleurs d'ici, rapporte un retour sur
l'investissement, selon les études économétriques du
Bureau de la statistique du Québec, 1984, de 22 % au gouvernement, sous
toutes formes: impôt sur le revenu, impôt sur les corporations,
non-paiement d'assurance-chômage parce que les gens travaillent. Donc, il
faut le voir aussi dans cette perspective. Bien sûr, 2 000 000 000 $, je
ne sais pas là; le chiffre a été mentionné. Je n'ai
pas vu les études. Je n'ai pas de chiffres à mettre sur la table
mais Je dis que, lorsque c'est un retour sur l'investissement de 22 % - et je
prends les études économétriques du gouvernement sur
lesquelles celui-ci s'appuie pour dire quel est l'Impact de ses projets et quel
est le retour sur l'investissement - ça fait aussi partie de la
problématique qu'il faut regarder.
Quant aux matières dangereuses, je sais que cela a
été évoqué une couple de fois. Les Anglais ont une
expression qui dit "Business as usual". Que je sache, les matières
dangereuses ne passent pas par le tunnel Louis-Hippolyte-Lafontaine. Elles ne
passent pas par l'autoroute Ville-Marie. Elles ont toujours transité en
surface et elles vont continuer à transiter en surface. Parce que ce
qu'il faut comprendre, c'est que dans l'option qu'on doit considérer
pour la ville centrale, la partie surélevée, si on passe dans le
souterrain, on remplace l'ouvrage par un ouvrage en surface, un boulevard
urbain. On peut, en dessous du sol, avoir trois voies d'un côté,
trois voies de l'autre, avec un accotement pour prévoir les urgences,
les pannes, la circulation des ambulances, etc. - c'est ce que d'autres villes
prévoient - et, en surface, on maintient un boulevard urbain d'au
minimum trois voies de chaque côté. (12 heures)
L'ensemble du camionnage qui ne peut pas circuler en tunnel va continuer
à circuler sur un boulevard urbain, comme cela se fait actuellement. On
ne peut pas circuler ailleurs qu'en surface. Cela ne pose pas un
problème immense. Cela va juste dégager la surface parce qu'une
bonne partie pourra circuler, en transit, en dessous de la ville centrale pour
le bout où c'est généralement bloqué, le bout
où on ne peut pas élargir ni bâtir en deux étages.
Grosso modo, je pense que c'est ainsi qu'a faut le voir.
Ce qui m'apparaît important, M. le ministre - vous nous dites
qu'il faut faire les investissements et je suis d'accord avec cela - c'est
l'urgence de colmater l'ouvrage pour qu'il tienne. Il faut qu'il tienne parce
que, quelles que soient les hypothèses qu'on retiendrait en
réétudiant l'ouvrage, on en aura au moins pour deux ans
d'étude et pour six ou sept ans à reconstruire. Donc, il faut au
moins qu'il tienne encore une dizaine d'années. Il faut s'organiser pour
que l'hypothèse qu'on retiendra ait le moins d'impact. L'avantage du
souterrain, c'est qu'on peut faire les travaux pendant que cela continue
à opérer. Et quand c'est fait, on ouvre et on est capable de
refaire l'ouvrage en surface; il n'y a pas de perturbation. J'ajoute que
l'important, c'est qu'on prévoie les enveloppes actuellement
affectées au réseau routier dans le plan de transport pour la
réfection et qu'on repense le boulevard Métropolitain. Si la
décision du gouvernement - là-dessus, je vais être
très clair - était éventuellement de colmater la
brèche, de faire le système de gestion... Au fond, il va dire aux
gens, d'après ce que je comprends du système, que, quand il y
aura un blocage, iIs seront avertis à l'avance et pourront descendre
dans la ville plutôt que de rester pris sur l'ouvrage. Je vous soumets
très simplement qu'on colmate et qu'on ne règle pas. Et s'il
s'agit de dire: On va étudier et, dans quinze ans, quand la vie utile de
l'ouvrage sera terminée, on commencera à penser à la
solution de rechange, et entre-temps, on fait d'autres ouvrages routiers
autour; je pense que cela ne règle rien et qu'on va très
sérieusement miner la compétitivité. Je le
répète encore une fois, et quand je dis cela, ce n'est pas un
"montréaliste" qui parle, c'est une personne préoccupée
par la vitalité économique de l'ensemble de la région et
du Québec. Je pense que l'impact du non-règlement de ce
problème est une considération fondamentale qu'il faut prendre en
ligne de compte.
Je termine en disant que la congestion sur l'ouvrage, à court
terme, peut aussi se résoudre par des formules du type covoiturage pour
diminuer la pression sur l'ouvrage pendant qu'on étudie.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, une
première remarque. Sur le plan technique, on pourrait en discuter bien
longtemps. Quant à nous, nous prétendons qu'il n'y a pas de
possibilité de construire le tunnel, dans la mesure où on veut y
ajouter des voies et en même temps maintenir le boulevard
Métropolitain. Sur le plan technique, cela semble...
M. Doré:... le font, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Cela semble une
technique...
M. Doré: Les Parisiens le font.
M. Côté (Charlesbourg):... assez difficile.
M. Doré: Cela se fait ailleurs, alors, cela doit se faire
chez nous.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Tout se fait, mais
à quel coût! Il s'agit de payer. Traditionnellement, le
Québec a largement payé sa part de certains
équipements.
M. Doré: On a creusé des tunnels, M. le
ministre...
M. Côté (Charlesbourg): Si vous me permettez...
M. Doré:... très honnêtement, partout dans
Montréal, et des métros, et cela n'a pas empêché la
circulation au-dessus.
M. Côté (Charlesbourg): M. Doré, si vous me
le permettez.
M. Doré: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Si vous faites un tunnel, il
faudra bien que vous ajoutiez plus de voies que ce qu'il y a sur le boulevard
Métropolitain. Sinon, vous investissez de l'argent des citoyens du
Québec pour offrir exactement la même possibilité, sur le
plan de la desserte ou de la capacité routière. Il faut donc
offrir davantage si vous faites un tunnel, sur le plan de cette desserte,
à tout le moins.
M. Doré: En surface, on ajoute de la capacité.
M. Côté (Charlesbourg): Un boulevard urbain. Dans ce
sens, il y a des problèmes extrêmement importants sur le plan
technique. J'aimerais bien, si vous avez des études, que vous puissiez
les déposer pour savoir où l'on va. Dans ce sens, une
constatation et peut-être même deux, en terminant, et puisqu'on a
la chance d'être là tous les deux, sur tout le plan de transport
qui a été rendu public. Tout le monde est intervenu en disant
qu'il faut mettre la priorité sur le transport en commun. On a convenu
qu'une bonne partie des efforts du plan de transport vont au transport en
commun. Je me rends compte, en cours de route, qu'on change la priorité
pour que cela devienne du routier. Et, dans ce sens, on veut investir
très majoritairement sur le réseau routier et pas autant sur le
transport en commun. On se retrouve avec du routier qui est justifiable pour
l'île, mais qui ne le serait pas pour certaines couronnes. Cela me
crée des problèmes de cohésion sur le plan logique.
M. Hamelin: M. le Président, à-dessus, la position de la
Communauté urbaine de Montréal a toujours été la
même: nous privilégions le transport en commun pour ce qui est des
nouveaux développements, pour ce qui est d'ajouter aux infrastructures
actuelles.
Quant au réseau routier, c'est-à-dire le transport, la
desserte commerciale et les véhicules, ce que nous prônons, c'est
le maintien des acquis et leur amélioration; aucun nouveau
développement du routier. C'est la position de la communauté. Il
pourrait arriver, en termes de coûts, que le maintien des acquis routiers
soit aussi dispendieux ou plus dispendieux, mais, en termes de
priorités, les nouveaux développements et les nouvelles
infrastructures doivent, selon nous, aller essentiellement au transport en
commun.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais conclure parce que
d'autres gens ont été conviés et on ne peut pas repousser
ultimement nos limites de temps.
Vous me permettrez de ne pas partager votre conclusion concernant le
développement du réseau routier où d'autres régions
du Québec, en particulier celles autour de I'île de
Montréal, ne devraient avoir aucun développement du réseau
routier. Je ne peux absolument pas partager cette vision des choses puisqu'elle
me paraît largement égoïste par rapport aux
possibilités dont regorgent aussi les banlieues.
M. Hamelin: M. le ministre, nous ne pouvons non plus partager
cette vision. il n'est pas question d'égoïsme là-dedans.
L'autoroute Métropolitaine n'est pas l'autoroute de la Communauté
urbaine de Montréal, c'est l'autoroute de la région. SI on doit
consacrer des sommes d'argent, il faut d'abord les consacrer à
régler ce problème qui est le centre vital du
développement économique de la région.
M. Côté (Charlesbourg): L'autoroute
Métropolitaine, c'est l'autoroute de l'ensemble du Québec et, en
particulier, de l'ensemble de la grande région métropolitaine,
voulue, souhaitée et décidée par la ville de
Montréal en 1957 pour canaliser sur son territoire le
développement économique et industriel. Je pense que cela a aussi
son mérite. Je ne dis pas que c'est une mauvaise chose. Toutes
les régions du Québec sont bien heureuses d'avoir Montréal
comme locomotive. Tout le monde veut continuer d'avoir Montréal comme
locomotive, mais je pense très honnêtement qu'il y a, autour de
Montréal, des communautés qui, elles aussi, ont droit à un
certain développement et, dans ce sens-là, votre plus grand
problème au plan de la compétitivité, d'attirer des
entreprises et de les garder chez
vous, c'est un facteur taxes et coûts des terrains, et ce n'est
pas le gouvernement du Québec qui peut y faire quelque chose, mais
davantage vous.
M. Hamelin: SI on encourage l'étalement urbain, ce facteur
taxes et ce facteur coûts des terrains vont aller en s'amplifiant et vont
continuer à vider le centre. On se demande toujours si les banlieues
sont là en fonction de Montréal ou si Montréal l'est en
fonction des banlieues.
M. Côté (Charlesbourg): M. Hamelin, je vais vous
poser une question.
M. Hamelin: Qui est arrivé en premier?
M. Côté (Charlesbourg): Je vais vous poser une
question en tant qu'homme d'affaires. C'est bien beau avoir de belies
pensées collectives, une belle philosophie collective, une philosophie
de société, mais l'individu qui choisit - M. Hamelin,
président d'une compagnie X - d'investir dans une entreprise aura
à faire le calcul de ce qu'il lui en coûtera pour Implanter son
entreprise sur l'île par rapport à ce qu'il lui en coûterait
pour l'Implanter dans la banlieue sud de Montréal ou au nord de
Montréal. L'individu Hamelin, à moins qu'il ne soit masochiste,
quand 1 fera les additions, si cela lui coûte moins cher d'aller
ailleurs, ira ailleurs. La vision de société en prend pour son
rhume quand l'individu a décidé.
M. Hamelin: L'individu Hamelin, M. le Président, va se
dire aussi: Avant d'aller m'installer à l'extérieur, je vais
calculer l'ensemble de mes coûts et les services qu'on m'offre. Si on
m'offre des autoroutes pour y aller, je déciderai probablement d'y
aller. Mais s'il n'y a pas d'autoroute et si on ne me facilite pas la
tâche, peut-être que le coût d'achat des terrains s'amortit
sur de très nombreuses années...
M. Côté (Charlesbourg): C'est le cas actuellement et
on doit quand même admettre qu'il n'y a pas d'autoroutes actuellement, ou
presque pas, que la ville de Laval s'est développée au plan
industriel et que la banlieue sud aussi, de plus en plus. Il y a des
problèmes de coûts extrêmement importants.
M. Hamelin: Laval a quand même l'autoroute des Laurentides
et l'autoroute 13...
M. Doré: Et la 440.
M. Hamelin:... et la 440, mais il y a aussi des
possibilités de développement.
M. Côté (Charlesbourg): L'autoroute 13 finit dans un
champ.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Si vous permettez
peut-être une dernière intervention, il y aura le bloc de
l'Opposition. Je pense qu'on ne pourra pas régler tous les
problèmes ce matin. On pourrait peut-être inviter les parties
à se rencontrer ici, à l'arrière; on pourrait mettre des
salles à votre disposition.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le maire de
Montréal, peut-être une dernière intervention et on
permettra à l'Opposition de poser des questions.
M. Doré: M. le Président, ce que je veux souligner,
c'est ceci. Le ministre vient de dire: Ce qui explique l'étalement,
c'est le coût des terrains et l'assiette fiscale. Je vous ferai remarquer
qu'à la ville de Montréal, en 1989, le coût des taxes est
le même qu'à Lavai. Pas moins cher, pas plus cher. Cela se
compare. Demandez au maire Lefebvre, il va vous le dire, il est
propriétaire à Montréal.
Deuxièmement, je souligne que ce qui est fondamental dans la
décision d'implantation d'une entreprise - on le sait parce que l'office
d'expansion fait la prospection de tous les marchés internationaux et on
fait annuellement une comparaison des coûts d'implantation à
l'intérieur de la communauté urbaine, donc, dans la région
de Montréal, par rapport à treize grandes villes du monde - ce
n'est pas le coût d'achat du terrain qui est déterminant, c'est le
coût d'opération. Là-dessus, on est très
concurrentiel. Quant au coût d'installation, quand on dit à une
entreprise qu'on a du terrain industriel dans l'est de Montréal qui se
vend 4, 50 $ et 5 $ le pied carré, elle tombe sur le dos. J'étais
à Genève et les entreprises genevoises qui s'en viennent à
Montréal en délégation ne peuvent pas acheter de terrain
à moins de 200 $ le pied carré. Elles trouvent ça
effrayant. C'est évident que, de l'autre côté, il y a des
terrains à 0, 50 $ le pied carré, le long d'autoroutes que l'on
vient de dézoner, qui ne sont pas développés et qui ont un
potentiel de développement.
Ce que je dis, c'est qu'il y a assez de terrains disponibles pour ies
fins de développement Industriel et résidentiel à Laval,
sur l'île de Montréal et sur la rive sud pour nos besoins à
nous, parce qu'on n'a pas de croissance de population; ce qui s'en va à
une place disparaît d'une autre place. On se partage la même tarte,
globalement. Et affaiblir - je reviens à cela - la ville centrale, cela
a des conséquences. Montréal est la seule ville de 1 000 000
d'habitants au Canada. Toronto, 600 000. Calgary, un peu plus. On n'a pas
intérêt à voir la population de Montréal chuter
à 800 000. D'abord, on va être moins pour se partager un effort
fiscal. On ne pourra plus donner la même qualité de services
à l'ensemble des entreprises et à l'ensemble de la population.
À terme, c'est notre concurrence qui
est en cause.
Ce que je dis simplement - Je ne dirais pas que c'est une mise en garde
- c'est que les membres de la commission doivent tenir compte de cet
élément, le garder en tête. Dans les décisions que
vous vous apprêtez à prendre, ce sont des décisions - pas
juste de régler des problèmes de transport pour telle partie de
la région ou telle autre - de développement. Vous allez orienter
le développement des 10, 15, 20 prochaines années. Il est
évident que, si vous ouvrez de nouveaux territoires au
développement alors qu'il y en a déjà en masse, on fait
simplement augmenter les coûts. Il y a des déplacements de
population. L'île s'appauvrit. L'assiette fiscale diminue. Il y a moins
de monde pour la payer. Les coûts augmentent et c'est un
phénomène sans fin. Il y a un choix à faire.
Les gens qui veulent se déplacer actuellement, qui veulent avoir
le choix d'une ville de banlieue, ils peuvent l'avoir du côté de
la ville de Laval, du côté de la rive sud, ou sur l'île de
Montréal. On a tous les modes de tenure possibles et imaginables, et on
(es offre à différents coûts. Pas besoin d'en créer
d'autres. Je ne comprends pas pourquoi, de ce point de vue, le réseau
routier... Quand on examine la situation, avant de faire de nouveaux
développements, il faut régler les problèmes
sérieux qui sont là. Le problème fondamental... Ce que je
propose au gouvernement et aux membres de la commission, c'est un
"partnership". On veut prendre encore quelques mois pour s'asseoir ensemble
autour d'une table et étudier toutes les hypothèses, y compris
celles reliées au financement.
Cela vaut la peine de ne pas rater ce tournant car, encore une fois, je
souhaite profondément... Si on agit autrement, non seulement ce sera une
erreur pour l'ensemble de la région de Montréal, mais ce sera une
erreur majeure pour le Québec dans son ensemble, cela ralentira et
diminuera notre capacité concurrentielle. Montréal n'est pas en
concurrence avec Laval. Montréal n'est pas en concurrence avec la rive
sud. Montréal et sa région sont en concurrence avec Toronto, avec
New York, avec Boston et avec d'autres grands centres urbains internationaux
comme unités économiques. C'est cela qu'il faut regarder et c'est
cela qu'on propose de faire.
Je dis: Prenons garde de ne pas prendre les bonnes décisions. Je
ne pourrais, personnellement, comme maire de Montréal, accepter que des
décisions viennent éventuellement mettre en cause ce rôle
de locomotive qu'a la région de Montréal pour l'ensemble du
Québec, non seulement parce que ça ne répondrait pas aux
besoins de Montréal, mais parce qu'à terme, c'est notre avenir
économique qui peut éventuellement péricliter si on ne
règle pas ces problèmes.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le maire, le
même temps sera alloué à l'Opposition, il y a une
période de 46 minutes qui appartient à l'Opposition.
Peut-être qu'il serait bon, à ce stade-ci, de mentionner qu'il y
avait d'autres gens de prévus à l'horaire. Si on regarde l'heure,
ça nous reporte déjà à 13 heures ou autour de 13
heures. Je pense qu'il serait souhaitable que les Intervenants de la
Société de transport de la CUM puissent intervenir
immédiatement après le lunch donc à 15 heures, et suivrait
la Chambre de commerce de Montréal, parce que, du train où on va
là, il y en a qui risquent de se passer de dîner. (12 h 15)
Une voix: C'est en commun, ça.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Je le proposerais, et
c'est aussi dans le but d'avertir les différents intervenants. Si la
Société de transport de la CUM de même que la Chambre de
commerce de Montréal étaient décalées à
compter de 15 heures, est-ce que cela ferait l'affaire de tout le monde?
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Oui, M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Quant à moi, je vous
dis très honnêtement que je préférerais, si on en
arrivait... Je ne sais pas combien de temps il reste à l'Opposition,
parce que...
Le Président (M. Parent, Bertrand): 46 minutes.
M. Côté (Charlesbourg): Je
préférerais, si on était capable de gagner un peu de
temps, entendre la STCUM, quitte à aller jusqu'à 14 heures, qu'on
ait seulement une heure pour le dîner et qu'on reprenne à 15
heures avec la
Chambre de commerce de Montréal. Sinon, on n'en sortira pas.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Je n'ai pas
d'objection. M. le député de Lévis, là-dessus.
M. Garon: Je pense qu'il serait préférable de
recommencer à 14 heures plutôt qu'à 15 heures étant
donné que les restaurants fonctionnent plus entre 13 heures et 14 heures
qu'entre 14 heures et 15 heures.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Parent, Bertrand): J'en conclus que,
là-dessus, on a un consensus. Alors, on continue jusqu'à 13
heures avec les questions de l'Opposition. À 13 heures, on pourra
suspendre pour une heure seulement pour le dîner et reprendre à 14
heures avec la société de transport et suivra la Chambre de
commerce de Montréal.
M. le député de Lévis, la parole vous
appartient, de même qu'au groupe de l'Opposition, pour les 46
prochaines minutes
M. Garon: M. le Président, j'ai écouté avec
beaucoup d'attention les propos qui ont été tenus ici, parce que
quand on parle...
Le Président (M. Parent, Bertrand): Si vous plaît!
Je demanderais votre collaboration afin qu'on puisse bien entendre. Allez-y,
monsieur.
M. Garon: On parle d'étalement urbain. J'ai eu à
travailler plusieurs années en ces matières et je sais à
quel point l'étalement urbain, c'est coûteux. Il n'y a rien qui
coûte plus cher que l'étalement urbain et, au cours des
dernières années, il y a eu beaucoup d'actions qui ont
été entreprises par le gouvernement pour faire de la
densification urbaine, pour que les équipements servent davantage et
pour que ça coûte moins cher aux citoyens. La réforme de la
fiscalité municipale a justement pour but d'empêcher
l'étalement urbain et d'aider à la rationalisation des
dépenses des gouvernements pour qu'ils puissent prendre des
bonnes décisions. Je pense à l'ensemble des municipalités
- pas à Montréal en particulier - du Québec où,
autrefois, les réseaux d'aqueduc se bâtissaient dans les champs
et, après ça, on essayait de connecter des maisons. C'est souvent
le gouvernement du Québec qui finançait ces réseaux
d'aqueduc et dégoût, sans maisons, avec des quantités
considérables dégoûts et d'aqueducs dans les champs qui
n'ont servi à rien pendant des années et il y en a encore qui ne
servent à rien. Il y a des coûts importants à
l'étalement urbain.
J'écoute vos propos et je ne peux m'em-pêcher de penser,
quand vous dites que votre priorité n° 1, c'est de réaffirmer
et actualiser l'option préférable d'aménagement, que tout
cela se tient, au fond, et que, si on prévolt que la population du
Québec sera de 10 000 000 en l'an 2010, il est évident que les
perspectives sont différentes. SI on calcule qu'on aura un boom de la
natalité incroyable, il faudra construire des écoles, alors
qu'actuellement il y a beaucoup plus d'écoles qui se ferment que
d'écoles qui se construisent. On est dans un cadre... Quand vous dites
que le point n° 1, c'est de savoir où on s'en va en termes
d'aménagement, je pense que c'est fondamental.
Le ministre n'en dit pas grand-chose, le gouvernement ne dit pas
grand-chose et tous les chiffres qu'on voit dans le document sont des chiffres
du passé. Il n'y a à peu près rien comme chiffres
d'avenir. On ne peut pas baser l'avenir en pensant 1966 et 1966. Ce serait une
erreur épouvantable que de penser cela; ce n'est pas la
réalité. Je pense que vous avez parfaitement raison quand vous
dites qu'il faut réaffirmer et actualiser l'option
préférable d'aménagement; après cela, ça
prend des gestes cohérents.
Je vais vous dire franchement, quand j'ai vu votre déclaration,
M. le maire, concernant la réfection du boulevard Métropolitain,
je me suis dit, non pas dans le sens que vous arrivez trop tard, mais: Comment
se fait-il que cela n'a pas été un sujet avant? Il me semble que
la première chose qu'on dit, au fond, c'est: Est-ce qu'on peut refaire
ou réorganiser ce qui existe avant de faire autre chose? Je ne sais pas
si vous avez raison ou non; ce n'est pas cela que je veux faire. Je dis qu'il
m'apparaît fondamental que ce doit être la première chose
à étudier. Il y a des conséquences terribles à
dire, par exemple. On va faire d'autres voies avec tout ce que cela suppose
comme relocalisatlon. Souvent, maintenir deux autoroutes plutôt que d'en
maintenir une, cela coûte bien plus cher.
C'est pour cela que j'aimerais vous entendre dire davantage quelles
seraient les implications économiques - vous avez commencé
à le dire tout à l'heure - pour Montréal, mais aussi pour
la région, de la construction d'une voie souterraine à la place
du boulevard Métropolitain et quelles seraient les conséquences
qu'un autre choix, en termes de dynamique nouvelle, pourrait représenter
dans votre région, les conséquences, mais en termes de dynamique
différente. Ce que vous proposez et ce vers quoi semble pencher le
ministre, c'est de faire des voies de contournement.
M. Doré: M. le Président, la question m'est
posée. Le président du comité exécutif de la
communauté. M. Hamelin, a dit tantôt - je pense que c'est
fondamentalement |uste - qu'une autoroute de contournement, pour qu'elle sort
appelée par un tel nom, est un moyen pour que des automobiles, mais
surtout dans ce cas-là du camionnage, pour des fins de transport, qui
transitent dans une ville, mais qui n'ont pas à s'y arrêter pour
des fins de livraison ou d'expédition, puissent l'éviter.
Quand on regarde les chiffres et qu'on les remet en question, on note
que sur 140 000 véhicules, entre 140 000 et 150 000, par exemple, sur le
boulevard Métropolitain, en particulier, 7800 véhicules à
caractère commercial sont des véhicules de transit. Ce sont ces
chiffres qu'on nous donne. J'estime que construire, par exemple, entre Brossard
et Valleyfield, la poursuite de l'autoroute 30 à une capacité de
100 000 véhicules par jour pour accommoder les 7800 véhicules qui
voudraient contourner, cela ne se justifie pas, dans la mesure où, avec
une signalisation et une Information appropriées, données aux
entreprises de camionnage du Québec, des Maritimes, des
États-Unis et d'ailleurs, on peut dire aux gens. Quand vous vouiez
transiter de Toronto vers Halifax, ne passez pas par l'île. Pour une
grande partie, vous pouvez passer, à partir du pont de Québec,
par la rive nord, l'autoroute 640, qui est sous-utilisée, et l'autoroute
13 qui, elle, a certaines pointes, particulièrement le matin en
direction sud et le soir en direction nord; mais, pour le reste, il y a
de la fluidité et on continue sur l'autoroute 40. C'est ma
réponse sur les autoroutes de contournement.
À partir du moment où je me dis qu'il n'y a pas de besoin
de contournement, à quoi servent éventuellement un pont sur la
rivière des Prairies et la poursuite vers l'autoroute 440 et à
quoi va servir l'autoroute 30? Bien, on regarde les emprises
éventuelles, les demandes de dézonage agricole et on ne peut
faire autrement qu'en conclure qu'on va ouvrir du nouveau territoire et du
développement et que ces autoroutes vont les desservir. La question que
je pose est la suivante: Est-ce le bon choix en termes routiers pour
l'économie? Ma première réponse est qu'on a tout le
territoire sur l'île, à Laval et sur la rive sud pour accommoder
tous les projets de développement qu'on peut imaginer, en termes
industriel, commercial ou résidentiel pour les dix prochaines
années.
Le deuxième élément de ma réponse, c'est de
dire avant de commencer à développer cela... Je ne nie pas qu'un
jour ce seront des ouvrages qui vont être utiles, dans un horizon de 25
ans, possiblement, mais, à court terme, c'est quoi qu'il faut faire?
C'est le boulevard Métropolitain qui est le problème routier
n° 1. Ce qu'on propose de faire, c'est de le prolonger de 15 ans, de
prolonger l'agonie. Certains disent que c'est: mettre un plâtre sur une
jambe de bois mais, bref, c'est de prolonger l'agonie. On n'augmente pas sa
capacité. Il faut trouver le moyen, des solutions qui vont augmenter sa
capacité.
Bien sûr, il y a le problème très clair entre le
boulevard Décarie et le boulevard de L'Acadie, entre l'autoroute des
Laurentides et le boulevard Décarie, qui est l'autoroute 15, en fait,
c'est la même autoroute, sauf qu'elle embarque sur le boulevard
Métropolitain, sur une section. Il faut revoir tout cela, mais juste
cela, ça ne règle pas le problème de l'autoroute
Métropolitaine. La congestion est aussi dans la partie
surélevée. Celle-là, on ne peut pas l'élargir, on
ne peut pas la mettre en hauteur, II faut la repenser. C'est comme cela qu'on
est arrivés à la conclusion, dans ce contexte - je le dis et tous
mes collègues s'entendent - qu'il faut repenser au complet l'ouvrage.
J'ajoute, comme maire de Montréal, que pour la partie
surélevée qui est sur le territoire de la ville, notre option,
c'est le souterrain. L'avantage qu'il a, c'est qu'il peut être construit
parallèlement, au moment où on continue à circuler sur le
Métropolitain, ça ne perturbe rien parce que le boulevard
Métropolitain peut continuer à être utilisé. Une
fois qu'il est construit, on démolit et on remplace par un boulevard
urbain. Au lieu d'avoir trois voies d'un côté, trois voies de
l'autre, est-ouest, dans un axe important, on en a six d'un côté
et six de l'autre, six en souterrain, six en surface. Conséquemment, on
augmente la capacité, on augmente la fluidité, on augmente les
liaisons est-ouest. Beaucoup d'entreprises de l'est de Montréal sont des
sous-traitantes d'entreprises de l'ouest, et vice versa. On augmente la
communication avec Dorval pour les dirigeants qui ont besoin de se
déplacer rapidement. Bref, c'est ce type de réponse qui
m'apparaît être la priorité pour les dix prochaines
années. Encore une fois, elle ne concerne pas seulement les gens de
l'île de Montréal, mais les gens de Repentigny comme de Vaudreuil,
les gens de Longueuil comme ceux de Laval. Tout aboutit sur le
Métropolitain et tout tourne autour de cette autoroute. Si on ne
résout pas ça, je pense qu'on passe à côté du
problème, très honnêtement, et c'est une erreur qu'on va
payer très cher. J'ai eu l'occasion de le faire ressortir. On a
déjà payé cher, effectivement. Mon collègue peut
compléter.
M. Yeomans (Peter): M. le Président, c'est sûr et
certain. Je parle de tous les déplacements sur l'île et des
centres de camionnage qui existent dans certains secteurs de l'île,
surtout au sud-ouest, à Saint-Laurent, et dans toutes les villes autour
de l'aéroport. Cela vous donne une indication des déplacements.
Vous aussi êtes souvent à Dorval. Ils doivent circuler sur
l'île et dans le centre-ville. C'est très important, c'est
primordial. Je vous demande de considérer ça davantage. Ce n'est
pas Juste pour aujourd'hui, mais pour les années à venir.
M. Garon: Tantôt, au sujet du métro pour la ligne 7
et la ligne 5, vous avez parlé du consensus qui existait, en taquinant
un peu M. Ryan. J'aimerais savoir s'y y a le même consensus entre la
communauté urbaine et la ville de Montréal concernant le
boulevard Métropolitain?
M. Hamelin: Quand on parle de consensus, tout le monde est
d'accord pour qu'une étude soit entreprise. Tout le monde est d'accord
pour dire que l'ouvrage est désuet, qu'il cause des problèmes sur
l'ensemble du territoire et même dans l'ensemble de ta région.
Nous n'avons pas poussé le consensus jusqu'à ce que doit
être la solution. À la communauté urbaine, nous sommes
d'accord pour envisager le problème, pour envisager des solutions
permanentes dans un horizon de 25 à 30 ou 40 ans.
Pour ce qui est de la solution à privilégier, la
communauté ne s'est pas encore prononcée. Des gens peuvent avoir,
au sein de la communauté, différentes opinions sur ce sujet.
L'étude nous permettra de trouver la solution optimale. Il y a des gens
au sein de la communauté qui sont peut-être plus avancés
que d'autres dans l'étude de ce projet. Nous nous sommes
concentrés encore une fois sur le transport en commun, c'est notre
première priorité. Sur ce plan, le consensus est fait; quant au
réseau routier, la priorité, c'est le Métropolitain, le
consensus est aussi fait là-dessus. Le consensus reste à faire
sur les façons de remédier aux problèmes de l'autoroute
Métropolitaine.
M. Garon: II doit y avoir aussi un certain
caractère d'urgence en fonction d'autres choix, des
échangeurs, etc.
M. Hamelin: Évidemment, le caractère d'urgence est
dans le fait que des sommes d'argent vont être dépensées.
S'il fallait dépenser des sommes d'argent importantes pour des
améliorations, pour du replâtrage qui n'est pas absolument
essentiel à la sécurité, c'est autant de sommes qui seront
gaspillées. Quand on me dit qu'on va prolonger l'utilité de 10 ou
15 ans, si on met des sommes pour le rendre plus fluide ou pour
améliorer sa conception comme telle et que d'ici à 10 ou 15 ans
on sera obligé de le repenser en totalité, il m'apparaît
que ce sont des sommes d'argent qui sont gaspillées.
M. Garon: En termes de financement, les possibilités de
financement, lorsque le boulevard Métropolitain a été fait
- la voie, je pense, pour la route qui est supposée aller de Vancouver
à Halifax - la contribution fédérale au Québec,
dans la partie la plus coûteuse, avait été de combien,
à l'époque? (12 h 30)
M. Hamelin: Quant à l'ancien boulevard
Métropolitain, je ne saurais vous le dire, J'étais trop jeune
à l'époque. Je l'ai juste vu se construire quand J'étais
à André-Grasset, juste vis-à-vis. Mais il reste que le
gouvernement fédéral a une responsabilité...
Une voix: Trop jeune. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Hamelin:... par rapport à la Transcanadienne et que
l'autoroute Métropolitaine est une partie de la Transcanadienne.
M. Garon: Montréal doit s'en rappeler.
M. Doré: Oui, Montréal s'en rappelle même si
le maire actuel aussi l'a regardé construire. J'ai consulté les
gens qui étaient là à l'époque. J'ai fait
référence à M. Saulnier tantôt. L'autoroute,
à l'époque, n'a pas été construite dans le cadre de
la Transcanadienne. Elle a d'abord été construite sur une
initiative qui était celle de la ville. Le ministre a justement
rappelé que le gouvernement, après coup, a épongé
la dette de l'autoroute pour en faire un ouvrage provincial et, quand on l'a
complétée dans sa partie est - parce que pendant très
longtemps il n'y avait pas d'autoroute à l'est - c'est là qu'on a
fait le raccordement avec le pont Louis-Hippolyte-Lafontaine et la ville
d'Anjou pour en faire une composante de la Transcanadienne. Donc, c'est par
étapes.
Je pense que, pour le reste, le président a raison. Le
gouvernement fédéral a intérêt, pour des raisons
économiques - d'autres diraient aussi de défense et de protection
civile - à pouvoir avoir un axe de communication est-ouest impor- tant.
Et, de ce point de vue, c'est possible aussi - je ne l'ai pas mentionné
tantôt, mais je pense que c'est possible et même souhaitable -
qu'on arrive à convaincre le gouvernement fédéral de
participer aux coûts de réaménagement d'un ouvrage qui est
une composante importante de la Transcanadienne et, j'ajoute, un
élément essentiel au développement économique de
l'Est du Canada puisque Montréal continue de jouer son rôle de
métropole de l'Est du Canada.
M. Garon: Au fond, ce que vous dites, c'est que le gouvernement
fédéral n'avait pas participé, dans le temps.
M. Doré: Le fédéral n'a pas participé
à sa construction.
M. Hamelin: Pas dans la partie qui est en cause actuellement, la
partie surélevée et la partie autoroute Décarie, autoroute
des Laurentides.
M. Garon: C'est à peu près la partie la plus
coûteuse.
M. Doré: Cela le devient maintenant.
M. Garon: Alors qu'en Ontario il avait participé, si ma
mémoire est bonne - j'ai souvent donné ces chiffres-là
dans des discours - sur 1453 milles de route, au Québec, c'était
sur 399 milles de la Transcanadienne. Le fédéral n'avait pas
participé dans la partie la plus coûteuse à
Montréal.
M. Doré: Voilà des arguments que je retiens et que
je fouillerai pour éventuellement convaincre nos représentants
fédéraux à Montréal de rouvrir le dossier.
M. Garon: Cela ferait peut-être sourire... M.
Doré: Merci.
M. Garon:... le ministre davantage s'il savait que le
gouvernement fédéral a de l'argent, à peu près 1
000 000 000 $, pour un tunnel à
l'île-du-Prince-Édouard.
M. Doré: Pardon?
M. Garon: Le gouvernement fédéral semble avoir 1
000 000 000 $ pour un tunnel à l'île-du-Prince-Édouard,
pour une population de 115 000. J'ai vu récemment qu'à Rogers
Pass, pour faire un autre accès pour les trains dans les Rocheuses - il
y avait déjà une passe, mais il s'agit d'une autre passe - on
investit 650 000 000 $ juste pour un trou dans les Rocheuses pour faire passer
le train qui passait déjà ailleurs. Possiblement qu'il pourrait
être intéressé à contribuer à cette
partie-là. En tout cas, vous auriez sûrement de bons
arguments.
M. Doré: Je continue à prendre note.
M. Garon: Dans une perspective de libre-échange - parce
qu'on a bien dit qu'il fallait être plus concurrentiel - un
élément important de la capacité concurrentielle, c'est
l'efficacité du transport, surtout quand le coût du transport est
un élément important du contenu du produit. Si ça
représente, 0001 dans le contenu du produit, peut-être que
ça ne compte pas beaucoup. Quand on transporte des diamants,
habituellement, le transport n'est pas cher. Il ne compte pas beaucoup.
M. Hamelin:...
M. Garon: Quand on transporte d'autres genres de
matériaux, souvent le transport est très important. Sur le plan
économique, dans la proposition que vous avez faite, M. le maire, de
regarder cette hypothèse-là, quelles sont les analyses que vous
avez faites par rapport au libre-échange, en termes d'efficacité,
au point de vue - bien sûr, on a parlé des centres de distribution
du camionnage - de l'entreprise? On se rend compte actuellement que... On
assiste à certaines concentrations. On le voit actuellement dans
l'aviation. Il y a trois ou quatre fusions qui viennent d'arriver en l'espace
de quelques jours. Et les entreprises qui vont se concentrer dans le cadre du
libre-échange après ça vont faire des choix de
localisation qui vont être des choix, j'imagine, basés sur
l'efficacité.
M. Doré: Quand on fait de la promotion économique -
et j'ai eu l'occasion de piloter un certain nombre de missions pour l'office
d'expansion de la communauté urbaine à New York, à
Chicago, aussi bien en Europe qu'en Asie, toujours avec les
délégations du Québec - l'argument qui intéresse
les gens quand ils examinent le Québec et Montréal, c'est de
savoir quels sont, bien sûr, les coûts d'implantation, mais quels
sont les coûts d'opération. Et parmi les coûts
d'opération, ce sont des questions comme: Est-ce qu'il y a un
aéroport à proximité? Est-ce qu'on peut y avoir
accès rapidement? Si on décide de procéder par assemblage
ou par sous-assemblage, est-ce qu'on peut avoir l'assurance qu'il y a un
système routier adéquat? C'est le genre de questions
posées. Bien sûr, le reste: les ressources humaines et
l'université De plus en plus, quand on va dans les entreprises qui
impliquent une forte composante recherche et développement, c'est
l'environnement urbain de qualité, la qualité de vie à
l'intérieur de la ville, du centre-ville et de l'ensemble de la
périphérie qui sont des éléments importants,
d'où le fait que Montréal mise beaucoup sur une
amélioration substantielle de la qualité de vie. La
communauté urbaine, la ville de Montréal a, depuis quinze ans,
investi énormément d'argent pour changer éventuellement la
face de la qualité de la vie urbaine. Chez nous, c'en est effectivement
un bel exemple. Je dis donc que ce sont un peu ces facteurs-là qui le
font.
J'ajoute une autre chose, une nouvelle tendance. Je parlais tantôt
de l'interdépendance des entreprises et, donc, de la multiplicité
des échanges à cause de ce nouveau phénomène de
production lié, entre autres, à la sous-traitance et au
sous-assemblage. Un autre élément important au plan
économique que j'ai oublié de mentionner - d'ailleurs, vous
pourriez interroger les gens de la chambre de commerce à ce sujet et je
suis convaincu qu'ils corroboreraient ce que je vous dis - c'est que, de plus
en plus, de façon concrète, la livraison se fait au jour le jour.
Les gens ne veulent plus supporter des inventaires dans leurs entreprises; Ils
ne financent plus d'inventaires. On a en place de véritables
systèmes selon lesquels les fournisseurs livrent quotidiennement, ou
à peu près, ce dont le fabricant a besoin en termes de composants
en matières premières pour faire un produit fini. Ce
système multiplie également (es échanges. Tout ça
s'appelle de la productivité. Interrogez les gens qui font du camionnage
aussi bien que les entreprises, si on veut être compétitifs, on
doit résoudre ces problèmes-là et, malheureusement, dans
le cas de l'artère qu'est le Métropolitain, sa congestion non
seulement aux heures de pointe, mais endémique, commence à poser
des problèmes sérieux face à ce type de modification dans
les échanges interentreprises et, éventuellement, dans la
promotion qu'on peut en faire. Ce que les entreprises font quand elles viennent
ici, une fois qu'on a réussi à les intéresser, elles se
promènent et elles rencontrent non seulement le commissaire industriel,
mais des collègues, des concurrents, elles s'informent et, quand elles
apprennent qu'il y a de petits problèmes du genre, que malheureusement
au plan routier, ce n'est pas fiable, ce sont des facteurs qui peuvent
éventuellement influencer des décisions de
non-investissement.
M. Garon: Tantôt, vous avez dit que, sur 140 000
automobiles ou véhicules qui empruntaient le boulevard
Métropolitain, 7800 seraient diverties; d'autres données nous
disaient que 85 % des véhicules qui empruntaient le boulevard
Métropolitain venaient de Montréal ou allaient à
Montréal.
M. Doré: Vous avez raison: 85 % des véhicules
commerciaux. Ce sont les 15 % des véhicules commerciaux qui font les
7800 qui passent... Excuse-moi, Michel.
M. Hamelin: Ce sont les 15 % dont je parlais tantôt avec la
possibilité de contournement à partir de Québec par
l'autoroute de la rive nord. Le reste comprend les 85 %. Mais ces 85 %, de
toute façon, doivent emprunter l'autoroute Métropolitaine parce
qu'ils desservent immédiatement les industries situées le long de
cette autoroute. Même s'il y a une autoroute de
contournement, ces gens-là ne s'en serviront pas. Il faut qu'ils
desservent le territoire. De toute façon, étant une artère
économique Importante, ce n'est pas pour rien. À notre avis, il
ne servirait à rien de faire des voies de contournement parce qu'elles
ne seront pas utilisées, sinon par 15 % de cette circulation et,
à ce moment-là, l'analyse coûts-bénéfices
nous porte à croire qu'on est mieux d'Investir dans de nouvelles
solutions à l'autoroute Métropolitaine comme telle.
M. Garon: Dans les enquêtes statistiques, combien de
camions utilisent les autoroutes, mais partent de Toronto et s'en vont
directement dans les Maritimes?
M. Hamelin: C'est 15 % de ces... En gros, 7000 à 8000.
M. Doré: Sur 140 000. M. Garon: Sur 140 000.
M. Hamelin: Et, encore une fois, Ils ont actuellement en place
une façon de contourner le problème.
M. Garon: Avez-vous d'autres questions? Non?
Je pense, à moins que vous n'ayez autre chose à ajouter,
qu'on n'a pas couvert par nos questions, qu'il ne nous donne rien de prendre du
temps additionnel pour vous faire répéter des choses que vous
avez déjà dites. Quant à moi, ça m'apparaît
assez clair et je pense qu'on pourrait peut-être ajourner, à moins
que des députés ne veuillent poser une question
particulière. La discussion que vous avez eue avec le ministre vous a
permis de faire, avec beaucoup de conviction, une démonstration. A mon
avis, c'est sûrement la première chose qui doit être
étudiée, et il serait souhaitable que cette étude se lasse
le plus rapidement possible pour que les autres décisions ne soient pas
retardées. Comme vous le dites dans votre mémoire, les mesures
annoncées par le ministre ne font que reporter
l'échéancier où une décision majeure devra
être prise, la durée de cette autoroute étant de plus en
plus restreinte. Il nous apparaît évident que cette étude
devra être faite le plus rapidement possible pour que les
décisions... Si c'est la meilleure solution, les bénéfices
et les avantages qu'il peut y avoir peuvent compenser les coûts et, si ce
n'est pas la meilleure solution, l'étude doit le démontrer. Puis,
je pense bien que le consensus qui se fait entre vous, c'est sûrement la
plus belle voie de l'avenir parce que, sur le plan économique, avoir des
consensus, ça aide toujours. Je sais que les tiraillements ne sont
habituellement pas toujours la mère du succès, la
maternité ou la paternité du succès.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le
député de Lévis, si vous avez terminé, j'aurais une
question ou deux. Je sais que le député de Saint-Jacques - on
n'abusera pas du temps mais, à l'intérieur de l'enveloppe qui est
dévolue... Les propos tenus ce matin par la communauté urbaine de
même que par Montréal sont très clairs quant à la
priorité au fameux transport en commun. Bien sûr, dans la question
du réseau autoroutier, on s'entend moins sur le plan. Je dois dire que
dans l'ensemble je partage assez bien les propos qui ont été
tenus autant par M. Hamelin que par M. le maire.
Un volet n'a pas été touché. J'aimerais savoir
quelle est votre position si on veut marier les deux, c'est-à-dire
être capables de se véhiculer à Montréal,
finalement, et accélérer le transport en commun. Est-ce que la
solution des voies réservées aux autobus sur des axes importants,
autant sur les ponts et dans le tunnel que sur certains axes qui pourraient
s'appeler Henri-Bourassa ou boulevard René-Lévesque, est-ce que
ces fameuses voies réservées aux autobus et, disons, aux
véhicules de quatre passagers et plus, ne seraient pas une mesure
d'incitation qui ne coûte, finalement, que très peu et qui,
très souvent si on la mettait de l'avant, pourrait, en tout cas
temporairement, pour les trois ou les cinq prochaines années,
solutionner le problème? Préconisez-vous cette approche?
Etes-vous favorables? Êtes-vous prêts à collaborer? Pour
moi, c'est une des solutions. C'est le premier volet
Le deuxième volet. Vous avez mentionné tantôt les
fameux 140 000 véhicules sur le Métropolitain. Je pense que c'est
de l'acquis, ils sont là. Mais il y a une voie qui s'appelle le tunnel
Louis-Hippoiyte-Lafontaine qui, avec le pont Champlain et le pont qui traverse
l'autoroute 15, est la plus achalandée. Selon les chiffres de 1987, 110
000 véhicules doivent traverser le tunnel Louis-Hippolyte-Lafontaine.
Donc, dans beaucoup de cas, et tous les matins - Je le sais, à
Boucherville, ça refoule jusqu'à l'autoroute 30. Vous pouvez voir
que c'est sur deux, trois ou quatre kilomètres que ça refoule.
Donc, c'est devenu complètement Inacceptable, mais 110 000
véhicules doivent passer dans le tunnel. Je pense qu'il y a lieu
d'envisager quelque chose. Rien n'est prévu dans le plan. Toute cette
partie est qui est en fort développement, mais qui vient congestionner,
d'une part, tout le carrefour Anjou et aussi le carrefour Métropolitain,
à mon avis, il y a là un problème. J'aimerais savoir votre
position là-dessus, surtout que vous ne semblez pas préconiser de
débouchés avec la 25 pour essayer d'envoyer, de l'autre
côté de l'île, un trafic. En tout cas, pour moi, il semble y
avoir un problème d'engorgement de ce côté.
Finalement, sur la question du camionnage, tantôt M. le
député de Lévis posait la question sur les fameux 15 %.
Combien cela représente-t-il de véhicules? Je pense qu'il ne faut
Jamais perdre de vue que ce n'est pas seulement le
nombre de véhicules en termes de camionnage et de transport
routier de type commercial. Un train routier, qu'il soit double ou simple,
prend l'espace de deux ou trois véhicules. Aussi, beaucoup d'accidents
ou de problèmes sont occasionnés par rapport à ça.
Il ne faut pas juste mettre en relation le nombre avec le fameux pourcentage de
15 %. Beaucoup de problèmes dans le tunnel, pour le vivre
régulièrement tous les matins, sont occasionnés par du
camionnage. Je veux vous dire aussi que toute cette expansion sur la rive sud
de Montréal dans les parcs industriels, particulièrement ceux de
Longueuil et de Boucherville, est en train d'être étranglée
par le fait que les entreprises ne peuvent plus envisager de s'installer parce
que, tous les matins, ils doivent avoir 100, 150 ou 200 camions qui partent
faire des livraisons à Montréal. Cela cause un problème
sérieux. Je pense que vous avez envisagé... Cela a plusieurs
volets, mais je pense que c'est important. (12 h 45)
M. Hamelin: Au sujet de la dimension des camions, je pense que
vous avez tout à fait raison. Cela n'a pas été
mentionné mais 7800 camions commerciaux, cela peut représenter
facilement quelque 20 000 automobiles. On connaît la longueur des
camions; cela peut être une partie du problème.
Si on remonte un peu en sens inverse dans l'ordre de vos questions: la
congestion du pont-tunnel. C'est clair! Regardez où aboutit le
pont-tunnel sur l'autoroute Métropolitaine. Il n'y a rien qui nous
indique, si la 25 était prolongée, il n'y a rien qui nous Indique
que ces gens s'en vont à Lavai. Au contraire, ces gens s'en vont prendre
le Métropolitain. Lorsque nous aurons réglé la question du
Métropolitain, nous aurons réglé en même temps la
question du pont-tunnel. Probablement que les études que nous demandons,
que nous nous apprêtons à faire avec le gouvernement devraient
établir clairement ce principe. Réglez le Métropolitain,
vous allez régler aussi le pont-tunnel.
Quant à la question des voies réservées, ce n'est
pas du ressort de la communauté urbaine. C'est du ressort de la
municipalité. Cependant, je peux affirmer qu'en ce qui concerne la ville
de Montréal on se penche très sérieusement sur cette
option actuellement. Peut-être que M. le maire pourrait
compléter.
M. Doré: Oui, je peux peut-être compléter. Sur la
question des voies réservées: vous savez, dans le milieu urbain,
c'est plus compliqué d'établir une voie réservée
sur une artère importante que ça peut, à la limite,
l'être sur un pont. Il y a des axes Importants qu'il serait
intéressant de regarder. La STCUM nous en a suggéré un
certain nombre. L'avenue du Parc, par exemple, à Montréal. Mais,
l'avenue du Parc, sauf dans la partie située près du parc
Jeanne-Mance, en face de la montagne, sur toute la longueur, il y a du
commerce. Dans ce cas, à partir du moment où l'on met une voie
réservée là-dessus, il faut être en mesure aussi de
faire du remorquage sur rue. Si une auto se met dans une voie
réservée, il faut qu'on l'enlève de là. On ne peut
pas juste mettre une contravention. Alors, il y a toute une série de
préalables qu'on est en train de mettre en place. Cela s'en vient.
Ce que je peux vous dire, c'est ce qu'on fait pour le centre-ville de
Montréal. D'abord, je voudrais corriger une impression qui a
été donnée devant cette commission. Les édifices du
centre-ville de 800 000 000 $ en investissements, l'année
dernière, cela n'ajoute pas, cela remplace des stationnements en
surface. Les stationnements souterrains répondent d'abord aux besoins
des édifices, mais à peine, puis en partie au stationnement en
surface. L'avantage, c'est que ça nous permet d'enlever du stationnement
sur rue afin d'assurer une meilleure fluidité de la circulation, surtout
pour des fins de livraison et d'échange d'Informations de messageries
à l'intérieur du centre-ville.
Deuxièmement, on va mettre en place des endroits où, il y
aura priorité à la livraison et interdiction de stationner et
cela, parallèlement à du remorquage sur rue. Il est clair qu'il
faut faciliter la possibilité pour les entreprises de s'approvisionner.
Il ne faut pas que ça perturbe. Le gros problème dans le
centre-ville, c'est souvent le stationnement en double ou en triple. On va
régler cela aussi. Les voies réservées, c'est la
conséquence de cela. Quand on a mis en place un système de
remorquage sur rue, lorsqu'un véhicule est dans un endroit
identifié comme zone de livraison et qu'a la bloque, forçant le
camion à se mettre en double, ce n'est pas le camion qui reçoit
la contravention, s'il est devant la zone, c'est le véhicule qui est
remorqué avec une contravention, comme dans le cas d'urgence neige. Bon,
ça c'est un bout. Une fois qu'on a cela, on peut faire des voies
réservées. Cela s'en vient. Je vous dis donc oui, c'est une
solution.
Par contre, j'ajoute - parce que cela a été
mentionné devant la commission, et pose la question aux gens de la STCUM
qui vont nous suivre - pour ceux qui s'imaginent que le métro, c'est
effrayant, c'est cher, cher, cher, et que l'autobus, dans le fond, c'est une
bien meilleure solution pour l'est de Montréal, parce que ça ne
coûte pas cher, j'ajoute ceci. Dans les zones densément
peuplées, quand on fait des projections sur 40 ans du coût de
construction, du coût d'opération du métro et qu'on fait la
même chose avec les autobus, ça en prend trois par rapport
à un wagon de métro, par rapport à la durée d'un
métro, etc.; au total, on arrive avec un coût équivalent
par passager transporté par kilomètre avec un avantage majeur
pour le transport en commun lourd, dans ce cas, quand la densité le
justifie, c'est l'efficacité et le confort. Cela fait partie des
éléments. Cela dit, les endroits où on peut mettre des
voies, on met des voies réservées.
Une autre chose qu'il faut dire, je l'ai esquissée tantôt,
mais je la rappelle. Ce ne sont pas les camions qui bloquent le pont-tunnel
Louis-Hippolyte-Lafontaine. Ce ne sont pas les camions qui bloquent l'autoroute
Métropolitaine. Ce sont les gens qui sont seuls, un à un, dans
leur automobile. Demain matin, si vous imposiez que les gens, aux heures de
pointe, circulent au minimum deux par automobile, vous enlèveriez du
coup 50 % des automobiles qui bloquent le camionnage et la fluidité.
Cela, c'est un élément. Il faut le regarder. Le covoiturage a
été essayé et existe partout en Amérique du Nord,
dans les grands centres urbains. Cela prend beaucoup de conviction et de
volonté politique de la part du gouvernement. Je peux assurer le
gouvernement que pour des solutions comme celle la, en ce qui concerne les
élus de la communauté urbaine, il va recevoir notre appui. Je
pense aussi que mes collègues de banlieue vont faire la même
chose.
Cela dit, il faut toute une série de mécanismes. Il faut
que les entreprises collaborent. À Boston, il n'y a pas une entreprise
qui peut s'implanter à l'intérieur du périmètre
sans avoir un plan qui prévoit comment ses travailleurs et travailleuses
vont s'acheminer. Dans le covoiturage, elle a ta responsabilité de leur
fournir le soutien Informatique pour faciliter le pairage des gens, afin qu'Us
utilisent le covoiturage.
Ce sont des solutions qui faut regarder. Si on faisait ça, on
diminuerait de seulement 20 000 ou 30 000 le nombre des véhicules dans
le tunnel Louis-il. -Lafontaine et on n'aurait peut-être pas de
problème le matin, comme il y en actuellement. La congestion est en
partie due à l'utilisation d'une automobile par personne. Pour peu que
ce soit bien organisé, tout le monde y gagne, y compris les gens qui
voyagent en automobile et qui n'ont pas d'autre choix dans bien des cas. Ce
n'est pas une catastrophe d'avoir des autos dans notre société.
C'est juste que, pour des fins de destination au travail, il ne faut pas que
les gens viennent toujours travailler au centre-ville et dans la vile et dans
l'île - surtout que c'est une le - avec une personne par véhicule.
On peut songer... Tu en mets deux: tu viens de solutionner le problème.
Pour la personne qui fait du covoiturage - ce sont des gens qui ne restent pas
loin les uns des autres; l'un utilise son auto, puis l'autre utilise la sienne
- cela coûte moins cher. Tout le monde en profite. Dans le fond, ce n'est
pas si désagréable de s'en aller au travail et de pouvoir jaser
avec quelqu'un, plutôt que de juste écouter la radio au lieu de
faire les deux. Cela se vit. Je veux seulement souligner que ce sont des
éléments qui font partie, je pense...
Il reste l'étalement des heures de travail, pour essayer de
diminuer les pointes. Cela, c'est une mesure que nous sommes en train
d'expérimenter à la ville, parce que toute notre gestion du
personnel ne le permettait pas. Une fois qu'on l'aura fait, on sera
peut-être en mesure de demander à d'autres entreprises de faire la
même chose. Il faut quand même donner l'exemple. On ne l'a
même pas fait à la ville encore. Les horaires flexibles s'en
viennent, l'étalement des heures et, après coup, on voudrait
beaucoup que les gouvernements, les bureaux Importants du gouvernement du
Québec, le gouvernement fédéral et les entreprises
incitent et mettent en place des horaires flexibles pour étaler les
pointes, de façon à diminuer la pression aux heures de pointe.
Cela, c'est un ensemble d'autres mesures périphériques qui sont
des composantes essentielles de la fluidité de la circulation dans
l'île et au centre-ville.
Le Président (M. Parent, Bertrand): J'ai des commentaires, M. le
maire. Je partage entièrement ces principes de covoiturage. ayant moi
même été très engagé dans la transporrt en
commun et ayant fait certaines études, tant du côté
américain qu'en Europe. Pour une grande région comme
Montréal, 50 % de la solution réside dans le covoiturage, les
voles réservées et un agencement avec la participation des
entreprises. J'ai déploré, comme je le déplore encore, que
ce ne soit pas dans le plan de transport comme tel. Mais tout ce que
j'espère, c'est qu'au cours de la prochaine année on puisse voir
des plans dans cette approche-là et qu'à Montréal - parce
que je sais que sur la rive sud les éius sont tout à fait ouverts
et qu'il y a même des expériences qui se font dans ce sens - la
communauté urbaine aussi bien que la rive nord puissent embarquer
là-dedans avec des expériences pilotes. Cela, ça ne
coûte pas cher.
M. le député de Saint-Jacques, je pense que vous aviez une
question ou un commentaire.
M. Boulerice: Oui, M. le Président. Comme je suis un
député "montréaliste", comme le dit avec humour Doris
Lussier, je pense qu'il est normal que je veuille poser une question à
mon maire. Ayant été son ancien député -
malheureusement, il a changé de circonscription... Mais, cela, c'est un
autre sujet, M. le maire. Vous avez parlé du Métropolitain, du
couloir du Métropolitain, comme zone économique très
concentrée et vitale pour le développement économique de
la région de Montréal. Vous avez introduit la notion de voie
souterraine et, à mon point de vue, je pense que c'est un débat
qu'il va être difficile - si vous me permettez le jeu de mots -
d'enterrer, pour ceux qui le voudraient bien. Je pense que c'est lancé.
Est-ce que. dans votre évaluation de ça. C'est bien entendu qu'il
n'y a pas d'étude et vous appelez à une étude, mais dans
votre évaluation de cette idée i y avait, dans votre
pensée, l'hypothèse d'une récupération d'espace.
Quand on voit où est situé géographiquement ce
Métropolitain, c'est de l'espace, comme on dit en latin, du "prime rate
space". L'Impact que ça pourrait peut-être avoir pour un second
souffle au développement économique ou au développement
commercial, parce que c'est un "prime rate space", toujours pour employer la
formule latine, et potentiellement du
résidentiel, puisqu'il y a toujours une demande, est-ce que cela
faisait partie de votre analyse?
M. Doré: Si vous me permettez, M. le Président. Il
est évident que, quand on regarde ce qu'est l'emprise, il y a trois
voies de chaque côté pour l'autoroute Métropolitaine et des
voies de service qui font également trois voies de chaque
côté. Cette emprise-là a donc douze voies. Si, dans
l'hypothèse où on retiendrait le fait qu'une partie de la
circulation dans l'axe est-ouest, pour éviter l'engorgement qu'est le
centre de Montréal, passerait en tunnel, ce qu'on
récupère, c'est effectivement une immense emprise et, là,
on peut très bien visualiser ce que cela peut donner.
Je ferai remarquer qu'en 30 ans, depuis la construction de l'autoroute
Métropolitaine, il n'y a pas eu grand investissement dans des projets de
qualité le long de la voie surélevée, sauf 1ST, tout
récemment, au coin de Papineau, et la décision du gouvernement du
Québec d'y mettre le Centre de recherche industrielle du Québec.
Place Crémazie date des années soixante, ce n'est pas une
merveille d'architecture, disons-le comme cela. Et, pour le reste, ce sont des
édifices industriels qu'on bâtissait à la tonne dans les
années soixante et qu'on trouve dans le bout de Saint-Michel; c'est un
secteur forcément dévalorisé à cause de
l'autoroute. Imaginons qu'on la remplace, Imaginons qu'on fasse un boulevard
urbain: trois voies, trois voies, avec une voie, par exemple,
réservée pour le transport en commun et le taxi, et les
véhicules d'urgence. On pourrait le paysager, parce que ce boulevard
n'est pas nécessairement un boulevard de béton, il est tout
à fait possible en design urbain de concevoir un boulevard qui serait
extrêmement intéressant. On pourrait très bien imaginer
que, dans les voies de côté, on puisse également
réaménager de façon à faire des voies de desserte.
Il est évident que toute cette partie centrale de Saint-Laurent, enfin
de L'Acadie à Pie IX, à la limite, a un potentiel de
redéveloppement important.
C'est l'une des raisons qui m'amènent à dire que la ville
n'exclut pas une participation au financement de l'ouvrage. Pourquoi? Parce que
j'ai la conviction que, quand on aura fini l'étude
coûts-bénéfices, on va se rendre compte que sur 25, 30 ou
40 ans le gain que l'on fera comme ville, par rapport à l'assiette
fiscale potentielle que ceia engendrera, justifiera qu'on participe à
l'investissement tout à fait à partir de notre propre vision
foncière. C'est pour cela que je le mets de l'avant. On participe aux
études, je n'exclus pas la participation au financement de l'ouvrage. Il
est évident qu'on peut complètement redévelopper l'axe le
long de ce secteur-là. Du résidentiel, oui; du commercial,
sûrement à l'étage. Il y a toute une série de
composantes qu'on peut repenser complètement, cela peut devenir une rue
très Importante. Redéplacer une partie du centre...
Peut-être que cela ferait plaisir au maire de Lavai; on pourrait
peut-être remettre le centre-ville en plein centre, plus près de
sa ville, parce que j'ai compris qu'il y avait historiquement un
problème avec le centre-ville au bas de la ville. Mais, très
honnêtement et blague à part, il s'agit d'un ouvrage, d'une
réfection qui, au plan urbain, serait extraordinaire, et qu'on peut
vraiment imaginer comme étant une amélioration substantielle,
énorme de ce qu'a été la qualité de vie
dégradée à cause de l'ouvrage depuis maintenant 30 ans.
L'environnement et tout cela vont devoir devenir beaucoup plus
Intéressants.
M. Boulerice: Merci, M. le maire.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le
député de Lévis, une dernière question, il nous
reste trois minutes.
M. Garon: Ce n'est pas vraiment une question, mais j'aimerais
dire, au nom de l'Opposition officielle, qu'on aimerait beaucoup si vous aviez
une formule... Je comprends qu'habituellement, dans les études
conjointes, l'Opposition n'est pas souvent là, mais comme il s'agira de
travaux Importants et surtout, j'imagine, avec beaucoup de justifications
économiques... On entre dans une nouvelle ère, qu'on soit pour ou
contre, elle est maintenant en place, celle du libre-échange où
la distribution va être très importante. Monsieur en a dit un mot
tout à l'heure, et je suis convaincu que la distribution va jouer un
rôle majeur, les centres de distribution vont jouer un rôle majeur,
et je pense qu'on voulait faire - on a perdu les élections - de
Montréal un centre de distribution du poisson pour l'Est du Canada. Je
peux vous dire que, dans les Maritimes, plusieurs étaient d'accord avec
cela. Actuellement, comme le gouvernement n'est pas beaucoup
intéressé au poisson... Mais les centres de distribution, c'est
majeur dans le développement économique, et on a de l'expertise
là-dedans. Je pense à la distribution alimentaire. Pourquoi nos
gens ont-il réussi à faire ce qu'ils font actuellement? C'est
parce qu'on a une expertise qui est peut-être meilleure que celle des
autres. Des épiciers indépendants ont réussi à
faire des regroupements, en gardant des propriétaires à
l'échelon local, mais en réussissant une force de distribution
avec des regroupements comme Métro, Provigo, Hudon et Deaudelin, etc. Et
dans plusieurs domaines, je suis convaincu que dans le domaine de la
bière, cela va jouer un rôle Important, s'il y a des
concentrations d'entreprises, la distribution sera majeure. Avec la
concentration des entreprises que le libre-échange va apporter, il y
aura sûrement une efficacité de la distribution qui va s'amplifier
et qui sera nécessaire.
J'aimerais cela que vous trouviez une façon... Le ministre a
avoué tantôt qu'il ne serait peut-être pas longtemps au
ministère des Transports; il a peut-être pensé que cela
pourrait
vouloir dire un changement de gouvernement, alors, on voudrait
être prêts pour ne rien retarder. J'aimerais cela que. d'une
façon ou l'autre, vous nous teniez au courant du cheminement qui va se
faire dans ces études-là. Moi, je suis un de ceux qui pensent que
ces décisions sont Importantes et doivent être prises rapidement,
mais que les bonnes décisions soient prises avec toute la justification
et la problématique, et avec la concertation que vous êtes en
train de faire à Montréal et à la Communauté
urbaine de Montréal, ce qui m'apparaît extraordinaire et pour
laquelle je vous félicite. Nous aurions aimé avoir cela de notre
temps.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Peut-être un
bref commentaire, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
compte tenu de l'importance du mémoire présenté par la
Communauté urbaine de Montréal et du temps qu'on y a
consacré, je crois que ce sont assurément des sujets qui
étaient très chauds, mais qui ont fait l'objet de discussions
très civilisées malgré le fait que le ton ait pu, à
l'occasion, monter de part et d'autre. C'était pour mieux illustrer la
pertinence de chacun de nos propos. Je veux rassurer le député de
Lévis Quand je disais tantôt "changer*, je voulais dire que,
puisqu'on parlait de perspectives de transport de 25 à 40 ans, je ne
présumais pas que Je serais là encore dans 25 ou 40 ans.
Au-delà de tout cela, ce que je veux dire à M. Hamelin et
à M. Doré, ainsi qu'à ceux qui accompagnaient les gens de
la Communauté urbaine de Montréal, c'est que nous avons fait un
bon bout de chemin ce matin. Choisissons le mode de transport: peu Importe si
c'est en commun ou en routier, on a fait un bon bout de chemin. Il subsiste des
divergences, je pense, mais pas sur la vocation de Montréal ni sur la
prédominance de Montréal sur le plan économique. Le chemin
qui s'est fait, c'est que le transport n'est pas l'unique considération
qu'on doit avoir au moment où on fait du transport, où on
planifie du transport. C'est davantage une vision globale de la locomotive
qu'est Montréal tout en n'oubliant pas, de mon point de vue, bien
sûr, le rôle extrêmement Important des banlieues. Je veux les
assurer de mon entière collaboration pour les mois qui viennent. Ceia me
donnera quelques jours de réflexion au sujet d'une décision
éventuelle à prendre sur une étude. Je consulterai les
officiers du ministère à ce propos et, là comme ailleurs,
l'ouverture, quand c'est du dialogue direct, se manifeste. C'est ce que je
souhaite davantage au cours des prochaines semaines. Merci
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le président
Hamelin, oui. Brièvement.
M. Hamelin: M. le Président, brièvement, je
voudrais remercier les membres de cette commis- sion de nous avoir permis
d'exposer le point de vue de la Communauté urbaine de Montréal.
Je remercie aussi le ministre de ses ouvertures. En ce qui concerne le
transport en commun, je crois que nous avons fait un immense progrès ce
matin. Je veux remercier également mes collègues de
l'unanimité qu'Us ont manifestée pour présenter le point
de vue de la communauté. Pour paraphraser le président qui
parlait de tempête à l'extérieur et de calme à
l'intérieur, Je crois que c'est la sérénité des
débats qui a entraîné la sérénité de
la température. Il n'y a plus de tempête à
l'extérieur.
M. Côté (Charlesbourg):... cet
après-midi.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Je rappelle aux
membres de la commission et a tous les intervenants que nous reprendrons les
travaux à 14 heures cet après-midi. Je tiens à remercier
le président de ta Communauté urbaine de Montréal de
même que le maire de Montréal. Merci.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 14 h 12)
La Présidant (M. Parent, Bertrand): À l'ordre, s'il
vous plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
ses travaux. On s'excuse du peu de temps qui a été accordé
pour l'heure du dîner, mais ça fait partie des contraintes.
Cet après-midi, à compter de maintenant et pour la
prochaine heure, on a la Société de transport de la
Communauté urbaine de Montréal. Survra, pour un bloc d'une heure,
la Chambre de commerce de Montréal. Par la suite, pour une autre heure,
ce sera le Regroupement des gens d'affaires de l'est de Montréal et
région. Pendant l'heure qui suivra, il y aura le Regroupement des
usagers du transport adapté de la CUM et, finalement, le Comité
pour le transport en commun de Pointe-aux-Trembles, chacun ayant droit à
une heure.
Sans plus tarder, Je souhaite la bienvenue aux gens de la
Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal, à son président, M. Robert Perreault - ça
me fait plaisir, M. le président du conseil - de même qu'à
Mme la présidente-directrice générale, Mme Roy M.
Perreault, si vous voulez bien nous présenter les personnes qui vous
accompagnent. Je vous rappelle que nous devrons nous en tenir à l'heure
qui est accordée, c'est-à-dire à trois blocs de vingt
minutes. Vous aurez vingt minutes pour la présentation, vingt minutes
seront dévolues au parti ministériel, à M. le ministre et
à ses collègues, et vingt minutes à l'Opposition.
Étant donné le retard que nous avons pris ce matin, mais qui
était, je pense, quand même nécessaire, on doit essayer de
respecter l'horaire
Je fais appel à votre collaboration pleine et entière.
Sans plus tarder, M. Perreault, on vous souhaite la bienvenue.
Société de transport de la
Communauté urbaine de Montréal
M. Perreautt (Robert): Merci, M. le Président. Vous disiez
qu'on avait pris du retard, ce matin. Comme représentant de la
société, je dois vous dire qu'on a aussi le sentiment d'avoir
pris un peu d'avance, compte tenu des indications du ministre, notamment sur le
dossier du développement du réseau de transport sur l'île
de Montréal qui, comme vous le savez, fait partie de notre
mémoire.
Je vous présente les personnes qui m'accompagnent. D'abord, le
vice-président de la société, le maire de la ville de
LaSalle, M. Michel Leduc, de même qu'à sa droite M. La-brosse,
maire de Montréal-Est, Mme Ginette L'Heureux, membre du conseil
d'administration, conseillère à la ville de Montréal;
à ma gauche, M. Abe Umonchik, M. Xavier Ceccaldi, directeur de la
planification à la société de transport, Mme Roy,
présidente-directrice générale. Probablement que M. Knox,
membre du conseil d'administration et maire de Pointe-Claire, va nous rejoindre
bientôt
M. le Président, dans le fond, on aurait pu, dans notre
mémoire, aborder plusieurs questions. Vous-même, vous indiquez
qu'on n'a peut-être pas trop de temps. Je proposerais tout simplement
d'attirer l'attention des membres de cette commission sur quatre aspects de
notre mémoire qui nous semblent les plus importants. Je n'en ferai donc
pas la lecture, laissant plus de place à la discussion. Je pense que
tout le monde souhaite avoir l'occasion de discuter et de clarifier un certain
nombre de questions; c'est peut-être de cette façon que, tous
ensemble, on va le plus avancer.
Le premier aspect que je voudrais soulever et qui est dans notre
mémoire concerne les résultats de l'enquête
origine-destination de 1987. C'est une enquête faite auprès de 80
000 ménages de la région métropolitaine et que nous
faisons tous les cinq ans. Je dirais simplement ceci. La principale
constatation de cette enquête est que l'automobile gruge
régulièrement une part importante du transport public. On a
donné des chiffres. De fait, dans l'ensemble de la région
métropolitaine, la part du transport public a diminué de 28 %
à 23 %. Et, sur le territoire de la communauté comme telle, la
part du transport public a diminué de 37 % à 32 %. On a
également assisté à une augmentation sans
précédent du phénomène de l'acquisition de la
deuxième voiture: près de 40 % d'augmentation. Essentiellement,
il faut le reconnaître, c'est un phénomène surtout externe
à la ville centrale et plus important dans les grandes
périphéries.
La place du transport en commmun est donc d'une certaine façon
menacée. On peut en tirer deux conclusions qui pourraient être
contradictoires. Certains pourraient être tentés de dire qu'il y a
là visiblement un choix des consommateurs, un choix fait
individuellement, et qu'en quelque sorte le rôle des administrations
publiques serait de respecter ce choix et de fournir les services qui
correspondent à ce choix individuel des habitants de la grande
région métropolitaine. D'autres, dont nous faisons partie pensent
plutôt et sont convaincus que les pouvoirs publics ont le pouvoir
d'intervenir et de faire en sorte qu'effectivement, en matière
d'investissement dans les grandes infrastructures, à la suite de
politiques éclairées, on puisse corriger ces tendances lourdes
dans le sens des objectifs souhaités pour l'avenir. Pourquoi? Je ne
m'étendrai pas sur cela. Je pense que, ce matin, les
représentants de la Communauté urbaine de Montréal ont eu
l'occasion de faire valoir que cette question de l'érosion de la part du
marché du transport en commun dans la région montréalaise,
si elle devait se poursuivre, menace bien plus que l'équilibre financier
de la société de transport. C'est à la fois une question
de qualité de vie et de vitalité économique de la
région montréalaise et du centre-ville de Montréal, entre
autres. Des problèmes de congestion, des problèmes de perte de
temps, des problèmes d'augmentation de la pollution, je pense que toutes
ces questions ont été largement discutées ce matin. Je
voudrais attirer l'attention de la commission sur le fait que ce n'est pas une
pente descendante irréversible. Au contraire, il est encore temps de
corriger cette situation puisque, à titre de comparaison, il nous reste
encore du chemin à faire si on veut rejoindre une ville comme Toronto,
où près de 73 % de la population se rend au centre-ville par le
transport public contre 58 % pour la communauté de la région
métropolitaine.
Je pense également que d'autres raisons justifient qu'on accorde
beaucoup d'attention à cette question. La principale est sans doute
celle de rentabiliser des investissements pour lesquels, comme
société - et je veux bien sûr parier de l'ensemble des
Montréalais, mais également des gens de la région et de
tout le Québec - on a consenti des efforts considérables durant
les 20 dernières années afin de doter Montréal et sa
région d'un système de transport public dont on peut être
fier à juste titre, et pour lequel nous avons consenti collectivement
plus de 3 000 000 000 $. Donc, on ne peut pas se permettre, par nos politiques,
de laisser tomber ces investissements.
Pour nous, il y a là un choix de société et ce
choix doit être fait très clairement en faveur du transport public
pour les raisons que j'ai données. On parle souvent des choix
individuels, mais on pourrait donner des exemples. Par exemple, dans le domaine
de la cigarette, on a longtemps considéré que c'était un
choix des personnes. Maintenant, personne ne remettrait en
question l'intervention gouvernementale pour orienter les choix et pour
amener la population à se rendre compte qu'il y a peut-être des
solutions meilleures pour sa santé. De la même façon, si on
offre à la population des alternatives, mate des alternatives
réelles, efficaces et performantes, on pense que les gens peuvent
choisir le transport public. Il suffit pour cela de se rendre compte de ce qu'a
été l'expérience de la mise en exploitation et de la
modernisation de la ligne vers Rigaud et le centre-ville, où on a vu
s'accroître, de façon significative, la clientèle utilisant
cette ligne. Donc, on croit que, si on peut offrir aux gens un autre choix
réel, les gens vont le choisir.
Encore une fois, pour la plupart des individus, c'est facile; on peut
choisir d'aller s'acheter une voiture au coin de la rue, au garage; on ne peut,
chacun, choisir d'investir dans le transport public. Ce sont les pouvoirs
publics qui seuls peuvent faire le choix d'investir dans le transport public.
Donc, c'était le premier point sur lequel on voulait attirer l'attention
de la commission. Cette enquête que nous faisons tous les cinq ans en est
une qui, dans ses conclusions, interpelle, il me semble, non seulement la
société de transport et le gouvernement du Québec, mais
tout le milieu montréalais sur les choix de société qu'on
souhaite pour votre avenir.
Un deuxième point, peut-être, sur lequel j'aimerais attirer
votre attention, c'est qu'il est difficile de discuter de développement
sans en quelque sorte, au préalable, avoir réglé un
certain nombre de questions, notamment quant au financement des
équipements déjà existants. On l'a dit tantôt,
à la société de transport, nous avons des
équipements dont la valeur est de 3 000 000 000 $, de 3 500 000 000 $,
si on calcule les autobus. Ils vieillissent et ils ont besoin d'être
renouvelés. Ce n'est là que quelque chose de tout à fait
normal, de tout à fait inévitable.
Depuis deux ans, on a beaucoup discuté de ces questions, mais il
faut quand même reconnaître que, du point de vue des
décisions, beaucoup de choses restent encore à régler. Je
pense qu'il me semble important, à ce moment-ci, de rappeler que ces
débats, qui n'ont pas été sans épisodes, se sont
quand même faits dans un contexte difficile. Je pense que c'est un
contexte difficile, tant pour la société et ses dirigeants que
pour le ministère des Transports et le ministre des Transports. Il faut
quand même se rappeler que le gouvernement du Québec avait plus ou
moins pris la décision de diminuer sa contribution financière au
transport public de près de 25 %. C'est dans ce contexte que se sont
faits les débats concernant la réforme des programmes, la
réforme de l'aide financière, ce qui, je pense, est un contexte
qui ne facilite les débats pour personne, ni pour les dirigeants de la
société, ni pour les représentants du gouvernement.
Il faut rappeler que nous représentons, particulièrement
ceux qui viennent de la ville de Montréal, mais je pense que c'est vrai
pour toute la communauté, une population qui se trouve quand même
au 27e rang, sur 29, des villes de la communauté du point de vue du
revenu par ménage, où près de 40 % des ménages
n'ont pas d'autre moyen pour se déplacer que le transport public,
où on retrouve au-delà de 40 % des assistés sociaux du
Québec. Il est évident que des discussions visant à
établir de nouvelles règles du jeu entre les diverses
autorités, qu'elles soient provinciales, locales ou régionales,
et qui se font dans un contexte de difficultés budgétaires, ce
n'est pas un contexte qui est de nature à faciliter les choses pour
personne. Il ne faut donc pas s'étonner parfois de certaines
réactions qui ont peut-être été un peu vives, mais
qui étaient justifiées, je pense, par les enjeux.
Nous tenons à redire que, quant à nous, il faut maintenir
l'effort des pouvoirs publics à l'égard du transport public et
que c'est dans ce sens-là que les solutions de l'avenir doivent se
trouver. Cependant, je tiendrais à rajouter là-dessus, parce que
je pense qu'il faut être honnête, que, malgré cette
îoiie de fond, le gouvernement du Québec a constamment,
année après année, réajusté son enveloppe
budgétaire à la hausse et de façon substantielle.
Là-dessus, je pense qu'il faut être clair et je tiens à le
dire également. Je pense que derrière ces décisions du
gouvernement du Québec 1 y a eu, nous en sommes convaincus, l'action
personnelle du ministre des Transports du Québec.
Il n'en demeure pas moins - il faut le dire - qu'on attend toujours un
certain nombre de décisions concernant, par exemple, l'enveloppe
complémentaire en matière de productivité et les
politiques financières en matière d'immobilisations. La situation
qui a fait qu'année après année, depuis deux ou trois ans,
il a fallu revoir l'espèce de cadre qu'on avait fixé, je pense
que cela révèle visiblement que ce cadre est incomplet et ne peut
répondre aux besoins de la société pour les années
à venir. Là-dessus, je m'explique.
Il nous semble, en effet, que la distinction qui est faite par le
ministère entre, d'une part, les besoins d'interventions majeures et,
d'autre part, l'entretien régulier, laisse dans l'ombre de grandes
parties des dépenses financées par emprunt. Ces réflexions
nous amènent à suggérer les orientations suivantes. Il
nous semble que !e programme d'aide aux immobilisations devrait distinguer deux
volets: les dépenses reliées au prolongement des infrastructures
et celles relatives au réseau déjà existant. En ce qui
concerne ce deuxième volet, le réseau déjà existant
et que nous avons le mandat d'administrer, le programme, quant à nous,
devrait s'adresser à l'ensemble des dépenses en immobilisations,
c'est-à-dire à toutes celles financées par emprunt -
là-dessus, on a des politiques qui ressemblent d'ailleurs
beaucoup à celles du gouvernement du Québec -à
l'exclusion des dépenses financées à même le budget,
plutôt qu'à des projets ponctuels qui sont identifies parfois sans
critères nécessairement précis.
Il nous semble également que ce programme devrait prévoir
un taux de subvention du service de la dette qui, d'ailleurs, pourrait
être variable selon les diverses catégories d'immobilisations.
Quant à nous, ce taux pourrait se situer à 75 %, comme c'est
actuellement le cas en Ontario où ie gouvernement finance 75 % de la
quasi-totalité des dépenses en immobilisations de la TTC.
Il semble qu'une telle politique serait de nature à traduire dans
les faits les priorités du ministère sur le maintien des acquis.
Il faut redire, je pense, qu'il y a un an, nous avons eu l'occasion de faire un
effort, au moment de la commission parlementaire, pour évaluer,
peut-être pour la première fois, l'ensemble des besoins de la
société au cours des dix prochaines années. Ces besoins
ont été identifiés à 650 000 000 $. Il faut quand
même se rendre compte qu'il y a, dans le plan du ministre - ce matin,
j'entendais M. Côté le débattre avec M. Hamelin - bien
sûr, des choses excellentes pour la société de transport.
On retrouve au-delà de 242 000 000 $ dans le plan. Mais nous souhaitons
vraiment pouvoir nous asseoir avec le gouvernement du Québec et discuter
des règles du jeu qui concernent l'ensemble de nos besoins et non
uniquement les aspects soulevés par le ministre dans son plan de
transport. Donc, deuxième point: des règles claires qui prennent
en compte l'ensemble des besoins. Ces besoins sont maintenant nettement
identifiés.
Le troisième point sur lequel je voudrais attirer l'attention des
membres de la commission concerne la question des effets de débordement.
On en a beaucoup parlé. Cela n'a pas toujours été de
nature à - comment dirais-je? Je voyais tantôt mes
collègues de Laval ou de la rive sud - harmoniser les relations sur le
territoire de la région métropolitaine. Il n'en demeure pas mois
qu'il faut le dire. L'enquête origine-destination est claire. Elle vient
confirmer, à toutes fins utiles, au dixième près, ce que
nous affirmions concernant l'ampleur de l'utilisation de notre réseau
par nos voisins du nord et du sud. Il me semble que cette question doit
être réglée. Il y va bien sûr de la santé
financière de la société, mais également de la
sérénité des solutions pour l'avenir. Il faudrait
là-dessus dire ceci: Avant d'être une question de structure, le
problème de la coordination du réseau de transport de la
région de Montréal est d'abord une question
d'équité fiscale entre les divers utilisateurs du réseau
et les divers bénéficiaires. Nous sommes heureux que le Conseil
des ministres du Québec l'ait reconnu. Nous avons déjà
indiqué que nous étions prêts à collaborer à
des solutions. Le temps presse. Ce qui est clair pour nous, c'est que toute
solution qui irait dans le sens de la correction de cette équité
fiscale est une solution à laquelle nous serons prêts à
collaborer.
Quatrième point. Il est évident, compte tenu des grandes
orientations, que, dans l'avenir, les seules politiques tarifaires - je pense
qu'elles sont importantes; on ne peut pas souhaiter privilégier ie
transport public sans pour autant prendre en ligne de compte des politiques
tarifaires - ne peuvent suffire à encourager nos populations à
effectuer les transferts modaux nécessaires de la voiture au transport
public, particulièrement pour cette partie de la population qui est
très importante et qui, matin et soir, fait la navette entre le foyer et
le lieu de travail, vers le centre-ville de Montréal principalement (14
h 30)
Cela voudra dire, bien sûr, d'investir dans ie prolongement du
réseau. Je le répète, ce que nous avons entendu ce matin
ne peut que nous réjouir là-dessus. Cela impliquera
également - nous en avons beaucoup parlé - d'investir dans
l'organisation de voies réservées, de stationnements incitatifs
en tête de métro, d'une meilleure intégration tarifaire. On
n'a pas, je pense, à s'étonner que des choses comme des
stationnements incitatifs n'aient pas été planifiées au
départ. Vous savez, il était peut-être difficile de
planifier un stationnement incitatif à Atwater au moment où on a
conçu le métro au départ mais, 20 ans plus tard, avec les
mouvements de déplacements de la population, il va être temps, je
crois, de prévoir davantage ces questions.
Il y a un comité conjoint particulièrement entre la
société de transport et la ville de Montréal
là-dessus, parce que souvent ça concerne peut-être
davantage la ville de Montréal, bien que ça puisse aussi
impliquer mon collègue, M. Leduc, de LaSalle, ou d'autres de mes
collègues. Mais ce que je peux dire à cette commission, c'est que
la volonté de la société de transport est là. Si la
collaboration des administrations municipales était acquise - dans le
cas de Montréal je sais qu'elle est acquise - je pense qu'on pourrait
avancer, et rapidement, mais, là, encore, cela suppose des ententes
générales de l'ensemble des gens de la région sur les
solutions. La société de transport ou Montréal ou la
communauté ne peut payer seule des équipements qui, dans ie fond,
desservent des gens de toute la région. Il va falloir, là-dessus,
qu'on s'entende. On ne peut non plus planifier, par exemple, des corridors. Je
donne un exemple: un corridor sur le boulevard Pie IX et puis bêtement
arrêter à Henri-Bourassa, devant le pont. Ce serait
peut-être plus logique de traverser le pont et de prévoir un
stationnement incitatif de l'autre côté.
Donc, cela va supposer, de ce point de vue, une meilleure
intégration des réseaux et c'est là-dessus que je
terminerais, M. le Président. Je pense que ce que l'enquête
origine-destination nous révèle surtout, c'est que si les gens
avaient
des alternatives réelles Ils pourraient peut-être choisir
le transport public, mais, à défaut de telles alternatives, on ne
pourra Jamais les encourager à l'utiliser. Je me réjouis
particulièrement de ce que J'ai entendu, notamment des gens de Laval et
de la rive sud, pour parler des formules concrètes, des projets
précis, mais ce qui est peut-être nouveau - et, de ce point de
vue, je pense que depuis un an, malgré les péripéties, on
aura peut-être avancé tous ensemble - c'est le fait qu'on
intègre maintenant dans le discours, y compris chez nos voisins du sud,
mais particulièrement chez ceux du nord du territoire de la ville de
Montréal et de la communauté, de plus en plus la priorité
et l'utilité du transport public. Il n'y a pas moyen de
développer le transport public sur le territoire de la communauté
s'il n'y a pas une volonté de nos voisins de faire la même chose.
De ce point de vue, Je pense que nos intérêts sont communs et
encore une fois, malgré les péripéties des débats,
je crois qu'il est possible d'avancer et d'en arriver à une entente. En
tout cas, c'est dans cet esprit que la Société de transport de la
Communauté urbaine de Montréal est prête à
collaborer avec ses voisins et avec le gouvernement du Québec, pour
faire en sorte que le transport public soit quelque chose dont on a raison,
tout le monde dans la région métropolitaine, d'être fier.
Je vous laisse là-dessus, M. Se Président.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci beaucoup, M.
Perreault. Vous êtes à l'intérieur de l'enveloppe de temps
qui vous était dévolue. Je vous remercie de votre collaboration.
M. le ministre, pour une période de 20 minutes.
M. Côté (Charlesbourg): Merci M. le
Président. Je suis bien heureux qu'on puisse, comme on l'a fait ce
matin, peut-être pas avec le même temps, discuter face à
face sans intermédiaire, avec les micros, avec des représentants
de la Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal. M. le Président, la première chose qui me frappe
- et je tiens à tout le moins è le dire dès le
départ - c'est que ie ton et le message que vient de nous résumer
dans ses mots M. Perreault, en tout cas, quant à moi, tranchent
nettement avec la rédaction du mémoire qui est devant nous.
Effectivement, pour le peu de cheveux qui me reste sur la tête, je n'ai
pas besoin de vous dire que le mémoire qui a été
déposé et que J'ai entre les mains m'a fait dresser les cheveux
sur la tête. Les ajustements dans le message et dans le ton que vous avez
faits m'incitent à en faire tout autant au chapitre de mon ton et de mes
interrogations. Mais, a tout le moins, comme les écrits restent...
M. Perreault:... ce matin, M. le ministre, la tempête ne
reprendra pas cet après-midi.
M. Côté (Charlesbourg):... et que les do- cuments
déposés demeurent, même s'Us ne sont pas au moins
discutés autour d'une table, vous me permettrez de prendre le
mémoire et de le parcourir avec vous dans ses facettes qui
m'apparaissent les plus discutables. Il peut en être différemment,
de votre point de vue, bien sûr.
Les huit pages consacrées à l'extension du métro,
de ce que je comprends, si on veut bien se résumer, c'est un
problème qui est pratiquement réglé, de sorte que les
orientations contenues pas nécessairement à l'intérieur du
mémoire de la CUM de 1987, en termes de priorités, mais à
tout le moins dans l'esprit de ceux qui l'avaient écrit, rejoignent en
très large partie la volonté exprimée dans ie plan de
transport. L'ouverture faite ce matin d'une période pius longue en
termes de réalisation nous permet d'envisager, effectivement, quant
à la 5 et à la 7, des réalisations en privilégiant,
bien sûr, en tout premier lieu, l'accès à
Montréal-Nord. C'est un dossier qui est clos pour moi. J'oublie donc les
huit pages qui sont là et qui ont été
réglées ce matin, et je m'attaque au reste.
L'enquête origine-destination. Les chiffres parlent
d'eux-mêmes. Ils confirment une tendance historique qui peut être
explicable de toutes sortes de manières, d'un côté ou de
l'autre, mais les chiffres sont là et il faut les prendre tels qu'ils
sont, c'est la réalité.
Là où l'ai accroché un petit peu pius parce que
ça devient des propos un peu plus politiques - je ne veux pas dire que
c'était votre intention - c'est qu'il y a coïncidence de chiffres
et de dates. Vous me permettrez de vous ramener à la page 9 de votre
document, où il est dit au deuxième paragraphe: "En novembre
1986, le Conseil du trésor demande au ministère des Transports de
présenter différents scénarios de modifications à
la politique d'aide au transport en commun. L'objectif est de ramener la
contribution de Québec... de 40 % à 30 %. " C'est la
vérité. C'est un document qui a existé, qui a
été rendu public, que je n'ai jamais nié. J'ai dit que je
n'étais pas d'accord avec ceia. L'institution finale du gouvernement
étant le Conseil des ministres, on verra par !a suite ce qui est
arrivé. Mais tout ceia est vu sous ie point 3: Un bilan de l'action
gouvernementale depuis 1986. Alors, c'est pour ça que je dis que c'est
plus politique un peu.
Et on se retrouve à la page 10 où il est dît,
après "1992" ceci: "Cette politique - en parlant du programme d'aide qui
a été rendu public en octobre 1987 - établie
indépendamment des besoins exprimés, ne pouvait qu'être
remise en question par les réalités budgétaires de 1988 et
de 1989. " À la commission parlementaire d'août 1987,
l'Association des transporteurs urbains du Québec, dans un
mémoire qui portait le numéro 13M, dit en introduction, à
la première page: "L'Association du transport urbain du Québec-La
Tuque regroupe les neuf organismes
publics de transport en commun du Québec qui ont la
responsabilité d'exploiter les réseaux sur leur territoire
réciproque. " Et on retrouve à la page 6 de ce même
document qui a fait l'objet de nos réflexions par la suite, puisque,
exceptionnellement, la commission d'août 1987 devait porter sur les
immobilisations et, à la demande des intervenants du milieu, on a
accepté qu'elle porte aussi sur les programmes de financement ou d'aide
à l'exploitation... C'est dans cette perspective-là que La Tuque
a déposé son mémoire. À la page 6, il est dit:
Nouvelle formule de subvention. Et, au point 2, textuellement: La politique
devrait être connue, stable, indexée pour les cinq prochaines
années mais sujette à révision a posteriori, selon
certains critères de performance. Nous suggérons donc une
enveloppe budgétaire pour les cinq prochaines années, laquelle
serait constituée de: 1° la subvention budgétisée pour
une année de base - 1987 - 2° plus une indexation selon l'indice de
l'inflation; 3° un ajustement pour tenir compte d'une performance
comparative à celle de l'année de base.
Le programme d'aide qui a été accepté par le
gouvernement, qui a été rendu public - vous avez eu
l'honnêteté de le dire tantôt, il y avait eu rajustement par
rapport à la volonté du Trésor - correspond presque en
tout point à la demande de La Tuque qui déposa aussi un
mémoire en votre nom à la commission parlementaire. Alors,
ça me fait revenir à votre texte "cette politique établie
indépendamment des besoins exprimés". Est-ce que vous
considérez qu'au moment où cela a été
présenté La Tuque ne représentait pas les volontés
exprimées par ces sociétés?
M. Perreault: M. le ministre, je pense que
l'ambiguïté vient de la chose suivante. Au contraire, nous sommes
tout à fait d'accord avec les demandes qui ont été faites
par La Tuque. Nous en étions tout à fait solidaires. Je pense
qu'il faut aussi se rappeler le fait que nous avons toujours tenté
d'expliquer au gouvernement que nous étions, comme Société
de transport de la Communauté urbaine de Montréal, dans une
situation un petit peu particulière puisque nous étions les seuls
exploitants, au Québec, d'un réseau de métro et
qu'à cet égard nous avions des problèmes particuliers
quant à la définition des programmes d'Immobilisations.
D'ailleurs, c'est ce qui fait que, lors de la commission parlementaire,
à l'été 1987, la communauté - nous avions
d'ailleurs travaillé à la préparation de ce mémoire
et nous en étions solidaires - avait mis énormément
l'accent sur le fait qu'au-delà du budget régulier d'exploitation
qui pouvait obéir à des règles comme celles-là et
qui, de fait, de ce point de vue là, satisfaisait les besoins de la
société de transport, nous avions, chez nous, un problème
particulier, ayant 3 000 000 000 $ d'immobilisations qui vieillissaient et que,
par conséquent, il nous fallait prévoir les sommes
nécessaires à leur remplacement et les programmes
nécessaires. Donc, de ce point de vue là, nous étions dans
une situation particulière. Il me semble qu'il n'y a pas de
contradiction, mais qu'il y a peut-être pu y avoir, dans la lecture qu'en
a faite te ministère ou le ministre, une ambiguïté. Mais,
lorsqu'on s'est présentés en commission parlementaire,
peut-être pas nous comme tels, directement, mais la communauté
urbaine, qui se faisait en même temps notre porte-parole, c'était
pour dire que notre situation était un peu spéciale.
M. Côté (Charlesbourg): On pourrait discuter encore
longtemps là-dessus. À tout le moins, je vous ai posé ma
question et vous m'avez donné votre réponse. Mais, comme j'en ai
plusieurs, on ne s'étendra pas sur le sujet compte tenu du retard qu'on
a déjà.
À la page 11, vous dites: "Quel bilan faut-il tirer de cette
démarche gouvernementale initiée - non pas en 1985 - en
février 1986? Essentiellement, quatre constats: "D'abord, une
volonté du gouvernement de revoir ses priorités et de
réduire substantiellement sa contribution financière au transport
en commun. " Encore là, je ne peux faire autrement que d'être un
peu estomaqué par une conclusion comme celle-là. Là, je me
suis dit: Je ne prendrai pas mes chiffres parce que cela risquerait de ne pas
être crédible. Je suis allé voir dans votre budget de 1989,
ce que cela pouvait signifier. C'est celui-là, le budget de 1989. C'est
parfait. Regardons un certain nombre de choses.
J'ai sorti quatre tableaux: celui de la page 104 qui traite des
dépenses totales; celui de la page 107 qui traite des revenus
d'exploitation; celui de la page 113 qui traite d'une subvention du
gouvernement du Québec et celui de la page 114 qui traite des
contributions des municipalités. On s'aperçoit, concernant les
dépenses - et votre tableau l'indique bien - qu'il y a un accroissement
des dépenses, en dollars courants et en dollars constants, et une
légère diminution des revenus d'exploitation, ce qui, dans les
circonstances actuelles, est peut-être normal. Quant à la
subvention du gouvernement du Québec, je me suis dit: Coudon, j'ai une
mauvaise vision ou je ne sais pas interpréter les tableaux parce que la
courbe ne descend pas; elle monte. Cela ne signifie pas un
désengagement; la courbe monte. Pour qu'elle signifie un
désengagement, il aurait fallu qu'elle baisse. Bon. Là, je me
suis dit: Parfait! Allons voir la contribution municipale et on va être
capable de faire le tour au complet. Je regarde. Là aussi, il y a une
tendance à la hausse, moins importante que celle du gouvernement, mais,
à tout le moins, le tableau qui vient de chez vous, dans votre budget,
évoque qu'il n'y a pas un désengagement de notre part, mais, au
contraire, qu'il y a un accroissement des subventions gouvernementales, non pas
de façon aussi importante qu'au cours des années quatre-vingt,
alors qu'on était en
voie d'installer le système, mais, à tout le moins, rien
ne nous permet de tirer la conclusion qu'il y a un désengagement de la
part du gouvernement.
M. Perreauit: Vous avez parfaitement raison, M. le ministre.
D'ailleurs, je vous signale qu'en haut de la page 12 de notre mémoire on
dit: "On doit souligner ici que le gouvernement a accepté de
réviser ses objectifs et de verser des contributions plus importantes. "
Mais je pense que l'ambiguïté vient du fait - et je pense que vous
le reconnaîtrez avec mol - qu'une bonne partie de l'augmentation de cette
contribution est malheureusement venue, année après année,
de débats assez serrés devant les difficultés dans
lesquelles se trouvait la société soit que, compte tenu du fait
qu'il n'existait qu'un seul programme d'assistance à l'exploitation et
en l'absence de règles claires du côté de nos besoins
d'immobilisations, la société, année après
année, était incapable de boucler son budget. Vous avez raison de
souligner que vous avez développé un premier programme qui nous
satisfait, mais il y a un deuxième programme qui, lui, est
insatisfaisant et sur lequel nous sommes toujours en situation ad hoc, sans
savoir ce qui se passera l'année suivante...
M. Côté (Charlesbourg):...
M. Perreault:... et c'est constamment remis en question.
M. Côté (Charlesbourg): Alors on va cheminer
tranquillement. Le constat m'apparaît évident: il faut y aller
étape par étape, élément par élément.
Là, ce n'est pas mon document, c'est le vôtre. Dans ce
cas-là, selon ma constatation, à partir de votre propre budget,
il n'y a pas désengagement, mais engagement.
M. Perreauit: On est d'accord là-dessus. M.
Côté (Charlesbourg): Parfait!
M. Perreauit: Comme résultat net, je suis d'accord
là-dessus.
(14 h 45)
M. Côté (Charlesbourg): Parfait!
Deuxièmement, vous dites: "Ensuite, une démarche de
révision complète et simultanée des différents
volets du programme d'aide et des projets de développement, qui
s'avère difficile à gérer de façon cohérente
et selon les échéanciers prévus. " C'est un peu ambigu et
je me suis demandé ce que ça voulait dire. Je me suis dit:
Peut-être qu'ils veulent faire allusion aux autobus, au programme de
renouvellement de la flotte d'autobus. Si c'est ça, je vais revenir avec
ma question, mais, avant, je veux au moins savoir la portée exacte de ce
que vous dites.
M. Perreauit: M. le ministre, ce qu'on dit, c'est ceci: l'une de
nos recommandations serait peut-être de développer un programme
d'assistance aux immobilisations qui pourrait atteindre, par exemple, 75 %,
à l'exemple de ce qui se passe en Ontario par le gouvernement de cette
province. Au fond, on met tout simplement l'accent sur ceci: nous sommes, comme
société, année après année, dans
l'incertitude concernant une part importante de nos coûts qui sont
reliés à notre besoin de renouvellement de nos immobilisations
qui pèsent lourd dans notre budget et pour lesquelles - vous allez le
reconnaître - les programmes ne sont pas encore tous
arrêtés.
Vous avez raison - là-dessus, je l'ai d'ailleurs dit dans mon
introduction, je ne veux laisser aucune ambiguïté - il est tout
à fait exact que le gouvernement du Québec a augmenté,
année après année, dans les faits, sa contribution. Mais,
comme je l'ai dit tantôt, c'est malheureusement, toujours dans un
contexte de débats difficiles, serrés, en fin de parcours, au
moment où vient le temps de trouver les équilibres
budgétaires. C'est cette situation que nous souhaitons voir changer une
fois pour toutes. Je pense que la population a besoin de la
sérénité budgétaire nécessaire pour
planifier à long terme le développement du réseau de
transport sur le territoire de Montréal.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Je vais aborder ce
que je veux aborder. On va arriver à notre programme. J'ai voulu suivre
l'ordre. !! y a un endroit où le gouvernement du Québec a,
effectivement, pris la décision de moins subventionner, dans le cas des
immobilisations, c'est celui des autobus. On en a discuté. Cela n'a pas
été fait en catimini. Cela a été discuté
ouvertement. Dieu sait que c'a a brassé un peu. Ce ne sont pas toujours
des discussions faciles. Disons qu'on accepte toujours plus facilement que le
gouvernement en mette plus qu'il n'en enlève.
Dans le cas des autobus, vous le savez ou, si vous ne le savez pas, je
vais vous dire exactement pourquoi nous en sommes arrivés à cette
conclusion de notre côté. Je voudrais d'abord faire une mise en
garde. Avant votre arrivée sur le plan de l'administration publique, il
y avait d'autres gens avant vous. Il y a donc des gestes qui ont pu être
posés avant vous, par d'autres, qui ont des conséquences
aujourd'hui et que vous devez assumer. Donc, ce n'est pas une attaque
vis-à-vis de l'administration actuelle. Je pense que c'est beaucoup plus
global, dans une perspective plus historique.
À mon arrivée, on m'a dit: II y a beaucoup trop d'autobus
dans les sociétés de transport. Elles en ont plus qu'elles n'en
ont besoin. Après une petite enquête, on semblait me confirmer que
c'était effectivement le cas. On s'est posé la question: Est-ce
qu'on doit continuer à maintenir une subvention de 75 % pour l'achat des
autobus ou si, au contraire, on doit subventionner des autobus dans le but de
permettre d'en acheter
selon les besoins ou encore, si on ne dit pas les acheter puisqu'on a
une subvention de 75 %? Donc, on l'a ramenée de 75 % à 65
%, puis à 60 %. Cela m'inspire une question. Chez vous, puisqu'il est
normal que l'on ait un parc d'autobus important, que l'on ait une
réserve d'autobus pour parer aux besoins de réparations,
réserve qui est établie, règle générale,
à peu près à 11 %, selon la moyenne, ce que vous allez
atteindre au cours des prochaines années... Ce qui m'a traumatisé
davantage, à un certain moment donné, c'est que la
Société de transport de la communauté urbaine de
Montréal louait des autobus à la Société de
transport de la rive sud de Montréal et, pour une certaine
période, à la Communauté urbaine d'Ottawa et qu'en 1987 on
se retrouvait avec plus que la réserve d'autobus nécessaire
à votre bon fonctionnement: 66 autobus; en 1988, 141 autobus et, en
1989, 114 pour en avoir 79, en 1990, pour, par la suite, compte tenu des
mesures que vous avez prises, en arriver à une situation beaucoup plus
stable. C'est ça qui a conditionné notre réaction, soit
qu'il y ait davantage des subventions qui feraient en sorte qu'on achète
des autobus selon nos besoins et non pas parce qu'il y a une subvention
alléchante qui nous permet de louer des autobus, comme vous l'avez fait,
pour utiliser la flotte.
M. Perreault: M. le ministre, je laisserai peut-être Mme
Roy répondre à cet aspect. Je dirai tout simplement que cela a
quand même pu être utile à nos voisins, ces derniers temps,
cette situation.
M. Côté (Charlesbourg): Pas seulement aux voisins,
parce que vous ne les donnez pas, vous les louez. Cela a été
payé à 75 % par le gouvernement du Québec.
M. Perreault: Je laisse Mme Roy ajouter quelque chose.
Mme Roy (Louise): M. le ministre, je pense que ce que vous avez
dit est exact. D'ailleurs, on a eu l'occasion de travailler avec vos
fonctionnaires pour tenter d'avoir une planification, au cours des prochaines
années, beaucoup moins en dents de scie, que ce qu'on a eu
historiquement dans le passé. On se rappellera que les commandes
d'autobus ont été des commandes globales pour l'ensemble des
sociétés de transport, un peu indépendamment, je dirais,
de ce qui se passait, comme tel, en termes de demandes de transport. Or, il y a
des variations dans la demande et c'est vrai qu'aujourd'hui on se retrouve avec
une certaine marge de manoeuvre pour faire face aux imprévus, autant les
nôtres que ceux de nos collègues.
Maintenant, avec la collaboration des gens du ministère, on est
en train de planifier, pour un plus long terme, les commandes d'autobus, ce qui
donnerait non plus des commandes qui varient énormément d'une
année à l'autre, mais plutôt des commandes d'une centaine
d'autobus par année. Je pense aussi, qu'une autre de nos
préoccupations, c'est qu'on maintienne l'âge moyen des autobus
à un âge raisonnable parce que nos coûts d'entretien sont
trop importants quand cet âge moyen augmente. Or, cette année, on
va avoir un âge moyen autour de dix ans. On vise à un âge
moyen de huit ans. Je pense que c'est dans notre intérêt,
collectivement, que nos autobus ne vieillissent pas trop pour être
capables de diminuer nos coûts d'entretien.
Je pense que tout ça est dans une démarche de
régularisation, pour tenir compte aussi d'un objectif de performance, en
termes d'entretien de cette flotte.
Le Président (M. Parent, Bertrand): II vous reste une
minute, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais être
obligé de vous demander votre collaboration à nouveau. Dans le
cas du programme d'aide, qui est extrêmement important puisque vous
l'avez évoqué et qu'il est là, il y a donc, actuellement,
un programme, qui peut être révisé mais qui existe, au
niveau des immobilisations dont les normes sont très bien connues: que
ce soit pour le métro, à 100 %; que ce soit pour les autobus; que
ce soit pour les abribus, les terminus, les garages, il y a un programme qui
continue son oeuvre. Lorsque vous affirmez que c'est à la pièce,
c'est plutôt un programme triennal qui est proposé, auquel le
gouvernement peut dire oui ou non, mais dans un décor assez bien
connu.
Je pense qu'à ce chapitre, cela m'apparaît très
clair, en ce qui concerne les règles. Ce que j'ai davantage compris de
votre intervention - elle est toujours présente et elle fait l'objet de
mémoires qui seront acheminés au Conseil des ministres pour un
cas, très prochainement, et pour un décret, dans un
deuxième cas, pour tenter la première expérience - je vous
l'explique très rapidement. Dans le cas du programme d'aide aux
immobilisations, la modification qui sera apportée, dans la mesure
où le gouvernement la retient, tiendra compte de deux
phénomènes: de subventions à l'addition d'immobilisations,
qui est le programme actuel qui pourrait être vu selon la volonté
du gouvernement ou pas - le gouvernement décidera - mais avec un
élément qui s'ajouterait qui, à ce moment-là,
tiendrait compte du remplacement de certains équipements qui, au fil des
années, ont été payés et qui doivent être
remplacés ou rafraîchis.
Dans ce sens, très prochainement, le Conseil des ministres sera
saisi de la proposition qu'on termine au ministère, qui fera appel
à ce genre d'immobilisations que vous souhaitez. Est-ce que ça
pourra couvrir l'ensemble de vos besoins? Je n'en suis pas sûr. Mais cela
couvrira une bonne partie de vos besoins, à tout le moins. Quant
à l'autre élément qui était prévu
dans le
plan quinquennal, qui est un contrat de productivité, qui peut
Inciter à certaines économies, nous allons aller de l'avant avec
un premier cas, très prochainement, en ce qui concerne la
productivité, et, finalement, devant le Conseil du Trésor, pour
faire accepter ce programme, afin qu'il soit effectif le plus rapidement
possible.
M. Perreault: Si vous me permettez, M. le Président...
Le Président (M. Parent, Bertrand): Très
brièvement, parce que le temps est déjà
écoulé. Allez-y, mais très brièvement.
M. Perreault: Je veux juste attirer l'attention du ministre sur
un aspect. Lorsque nous disons que nos besoins sont de 650 000 000 $ pour les
prochaines années, nous pensons que ça se compare tout à
fait, en termes de besoins, à des sociétés qui ont des
actifs similaires. De ce point de vue, nous espérons que le
gouvernement, dans ses discussions, va prendre en considération la
nature complète de nos besoins. C'est là-dessus surtout que nous
voulons attirer votre attention.
M. Côté (Charlesbourg): Juste là-dessus, M.
le Président, vous me permettrez d'ajouter quelque chose parce que
ça nécessite quand même une certaine appréciation.
Alors oui, vous avez raison. Mais, lorsqu'on se compare à d'autres
sociétés, il faut faire une comparaison totale. Il faut comparer
non seulement les dépenses, mais aussi les revenus. Cela
m'apparaît extrêmement important. Sur le plan des revenus, on est
dans un contexte - et vous le savez fort bien - très différent,
chez nous, que dans d'autres sociétés.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci. M. le
député de Lévis et l'Opposition ont un bloc de 23
minutes.
M. Garon: M. le Président, je ne sais pas, mais si on
continue comme ça, cela ne fonctionnera pas du tout; on va encore se
retrouver à deux heures du matin, comme à Rivière-du-Loup.
Il y a un livre de règlement. S'il n'est pas bon, amendons-le et
changeons-le mais, s'il est bon, respectons-le. Quand on convient de tant de
temps, il faudrait le respecter. Tantôt, ça devait être 25
minutes, mais le ministre a arrêté au bout de 46 minutes.
Autrement, pour les derniers invités qu'on va avoir, on va faire venir
des "sleeping bags", des lits de camp, des couvertes et des oreillers, parce
qu'on va passer la nuit ici, si ça continue.
J'aimerais ça qu'on respecte l'alternance, selon les
règles normales, parce que je suis un homme discipliné.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Vous voyez combien je le suis comparativement à
d'autres. J'écoute parler le ministre et je me dis qu'i a
été trop longtemps professeur au primaire. Il parle du ton du
mémoire et il parle du langage employé. Je ne comprends pas
ça. Je ne comprends pas ça, parce qu'on est tous entre adultes et
le ministre n'a pas à faire la morale et la leçon aux gens qui
sont en face de lui. On est ici pour les écouter, pour entendre ce
qu'ils ont à dire. J'ai l'impression que le ministre a une grande
jouissance lors d'une surabondance d'adrénaline. À ce
moment-là, ça fait un débat qui n'est pas correct. Dans
une société civilisée, les gens doivent parler moins
agressivement et écouter davantage. Cela fait partie de la vie, de la
qualité de la discussion, de l'harmonie et de relations plus
harmonieuses.
Une voix: II a des sautes d'humeur.
M. Garon: On me dit que c'est parce qu'i y a des gens qui aiment
vivre dans le stress, sur l'adrénaline; ça fait vivre les autres
plus jeunes. J'aimerais poser la question suivante, parce que je pense que
c'est ça qui est fondamental dans toute l'affaire. On se compare souvent
à l'Ontario. Remarquez qu'à la CSST on avait dit que les gens
payaient très cher dans le temps du Parti québécois. On se
compare à l'Ontario et on paie autant qu'eux maintenant. On payait
beaucoup moins avant.
Quand on parle de 75 %, en Ontario, c'est un indice de mesure. On est en
concurrence avec l'Ontario. Je pense que vous avez dit avec raison, ce matin,
que Montréal n'est pas en concurrence avec Laval, ne doit pas être
en concurrence, que Laval ne doit pas être en concurrence avec
Montréal et que ceux avec qui on doit concurrencer, c'est l'Ontario.
Quand vous parlez de 75 % pour les équipements, voulez-vous dire
qu'au fond, en termes d'engagement du gouvernement, vous êtes dans une
situation qui est moins concurrentielle, parce que vous ne savez pas, au point
de départ, quel budget vous allez avoir pour l'année? Le budget,
normalement, ça se fait au début de l'année, dans les
sociétés organisées. Alors, je comprends que si on n'a pas
les budgets suffisants au début, ça suppose des
pèlerinages, des génuflexions pour faire plaisir au prince, et,
là, le prince est à Québec.
Ce qui serait souhaitable, c'est que les gens puissent savoir sur quel
budget 1s peuvent compter, au début de l'année - cela a
été ça, la réforme de la fiscalité
municipale - pour qu'ils puissent savoir sur quoi ils vont compter et
budgétiser en conséquence en sachant qu'à la fin de
l'année il n'y en aura pas d'autre, ils pourront peut-être faire
des budgets réalistes, en sachant ce sur quoi ils peuvent compter.
N'est-ce pas ça que vous voulez dire, dans votre mémoire?
On est en compétition avec l'Ontario. Alors, on voudrait savoir, au
début de l'année, sur quoi on peut compter et on voudrait
avoir un engagement équivalent de la part du gouvernement du
Québec.
M. Perreault: En ce qui concerne l'ampleur de nos besoins, on
pense qu'ils sont particuliers, dans la mesure où il n'y a pas d'autre
société qui doit gérer et exploiter un réseau dont
les actifs sont de cette importance, qui vieillissent et qu'il faut renouveler.
En même temps, nous souhaitons toujours - j'entendais le ministre dire
que ça s'en vient - avoir une politique qui nous permettra de
budgétiser dans un climat serein, pour les dix années qui
viennent, la façon dont nos dépenses vont évoluer, la
façon dont nos revenus vont également évoluer.
Là-dessus, il reste un bout à régler. Le ministre a
évoqué le fait que, dans le cas de La Tuque, il y avait eu une
entente pour ce qui est de nos budgets réguliers d'exploitation. Mais,
au-delà de l'inflation, nous avons besoin d'une augmentation d'environ
1, 5 %, 1, 8 % de plus de notre budget, pour faire face à nos
dépenses courantes. Pour ça, il nous faut des programmes. Ce que
nous suggérons, c'est que ces programmes soient modelés sur ceux
qui existent en Ontario ou, pour ces dépenses-là, pour la
totalité de leurs besoins, le gouvernement ontarien consent à
payer 75 % du coût, comme étant sa part à la TTC. Nous
pensons que cela pourrait être une base tout à fait raisonnable
dans notre cas également. (15 heures)
M. Garon: Ne serait-il pas nécessaire également que
les programmes soient garantis pour un certain nombre d'années? J'ai vu,
par exemple, dans le domaine agricole, que, quand on fait un programme pour
lequel le Conseil du trésor nous dit: Ce sera pour un an, à ce
moment-là, les gens ont tendance à se suréquiper parce
qu'ils se disent: Tout à coup le programme n'est pas là l'an
prochain. Tandis que, si le programme était garanti pour un certain
nombre d'années, cinq ans par exemple, les gens ne se
suréquiperaient pas la première année parce qu'ils se
diraient: La deuxième et la troisième année, on sait qu'on
peut compter sur le même pourcentage. À ce moment-là, il y
aurait peut-être des opérations plus rationnelles parce que le
programme gouvernemental n'obligerait pas les gens à avoir des
comportements irrationnels. D'autant plus que le pourcentage a baissé en
1988 et en 1989.
Mme Roy: Je pense qu'il est important de comprendre aussi que,
lorsqu'on dit qu'on a besoin de 650 000 000 $ sur dix ans, c'est-à-dire
de 65 000 000 $ par année, c'est par rapport aux 30 000 000 $ par
année qu'on y consacre déjà. Il est normal, au fur et
à mesure que nos équipements vieillissent, qu'on les renouvelle,
au fur et à mesure que nos stations vieillissent, qu'on les
rénove, qu'on pense à changer nos équipements de
perception, qu'on pense à renouveler ou à reconstruire du
matériel roulant. Ce sont des besoins essentiels, il n'est pas question
de ne pas le faire. On fait face à des responsabilités; on a des
responsabilités en matière de santé et de
sécurité et on a des gestes à poser. Quand on dit 650 000
000 $, c'est épuré de tout ce qu'on pourrait reporter
au-delà de dix ans. Ces besoins sont réels et il est fondamental
que la société sache sur quel budget, avec quelle aide
gouvernementale elle va pouvoir faire face à ses obligations. Quand on
regarde et qu'on compare, effectivement, avec d'autres sociétés
de transport, c'est presque autour de 100 000 000 $ par année que les
gens consacrent à reconstruire et à maintenir en état la
qualité de leur patrimoine. Nous disons qu'avec 65 000 000 $ par
année on fait face aux besoins essentiels. Je pense que c'est un des
points fondamentaux de notre mémoire et on tient à le redire
ici.
M. Garon: Quelle partie, dans les 65 000 000 $ par année,
représente les coûts fixes et les coûts variables?
Mme Roy: Là-dedans, dans ces 650 000 000 $, ce dont on
parle, c'est de la reconstruction du matériel roulant, du
matériel roulant de 1963, pour en prolonger l'existence. On ne parle pas
de le remplacer par du matériel neuf, ce qui nous coûterait autour
de 500 000 000 $ pour renouveler la flotte, mais plutôt d'environ 100 000
000 $, ce qui est beaucoup plus économique.
On parle d'équipements de perception, on parle d'investir dans
les stations parce que cela fait 20 ans que les réseaux existent, ilfaut les rénover. On parle donc, au fond, d'argent qui, une fois
investi, va nous permettre de prolonger la vie de nos installations,
d'améliorer la santé et la sécurité de nos
employés et du public, du voyageur. Au fond, une fois investis sur une
période de dix ans, ce sont simplement des investissements qui nous
permettent d'allonger la vie, de maintenir l'équipement et de faire face
à l'an 2000. Dans dix ans, c'est l'an 2000. Jusqu'à un certain
point, une société comme la nôtre doit aussi avoir une
vision, afin que nos équipements ne se détériorent pas,
pour faire face à l'avenir. On parlait de reconquérir notre part
du marché du transport en commun, mais ça, cela se fait en
maintenant la qualité des équipements, en prolongeant le
métro et en donnant des alternatives plus performantes à la
population. Alors, je pense qu'il faut faire face à la
réalité dans ce sens-là.
M. Garon: Vous dites à la page 30 du mémoire: "Le
programme d'aide doit distinguer clairement deux types de projets
d'immobilisations: les dépenses liées au prolongement des
infrastructures et celles relatives au réseau existant". Vous sentez le
besoin de dire cela, mais...
M. Perreault: L'un des objectifs de cette
commission, c'est de discuter des immobilisations, pour l'avenir, en
termes de développement, que ce soit dans le secteur du transport en
commun - il en a été question ce matin - ou dans le secteur
routier. Nous disons, comme société de transport: N'oublions pas,
dans cette démarche, les immobilisations déjà faites et
pour lesquelles il nous faut, effectivement, avoir un "new deal",
c'est-à-dire une entente entre l'ensemble des partenaires sur les
règles du jeu de leur renouvellement; elles sont quand même
très importantes. C'est dans ce sens-là qu'on parle des
dépenses qui sont liées cette fois-ci aux immobilisations
déjà existantes. C'est surtout là-dessus que nous voulons
que vous portiez votre attention. Je pense que, ce matin, la communauté
a largement attiré l'attention sur les besoins en termes de
développement.
M. Garon: Ce matin, le maire de Montréal a parlé de
covoiturage et a dit que la ville voulait vraiment entrer dans certains espaces
réservés et dans le covoiturage avec toute la discipline que cela
suppose. Il y en a certains qui disent que le covoiturage pourrait se faire au
détriment du transport en commun. J'aimerais cela vous voir
réagir par rapport à ça. Cela a été
mentionné ici, à l'occasion, au cours des deux dernières
journées, que cela pourrait se faire au détriment du transport en
commun plutôt que de donner un nombre moindre d'automobiles sur les
routes.
M. Perreault: Écoutez, je ne sais pas où ces gens
prennent ce type d'intervention. D'abord, il s'agit de développer un
réflexe différent chez les consommateurs, soit celui de voyager
à plusieurs plutôt que seul. Déjà, il y a là
un intérêt. Deuxièmement, je pense que le potentiel est
encore très grand. Lorsqu'on donne des chiffres comme quelque 20 % de
gens, dans la région métropolitaine, qui utilisent ie transport
public, je crois qu'il y a là un potentiel à reconquérir
sur l'automobile qui est très important. D'autre part, pour la
Société de transport de la Communauté urbaine de
Montréal comme telle, dans son exploitation quotidienne, de diminuer la
pression sur nos routes, de prévoir des voies réservées y
compris, dans certains cas, pour les automobiles qui utilisent le covoiturage,
cela signifie au contraire une libération, en partie, des routes pour le
transport public, que ce soit par taxi ou par autobus. Nous n'y voyons que des
avantages, du point de vue des gains financiers pour la Société
de transport de la Communauté urbaine de Montréal, dans son
exploitation. J'aurais donc plutôt tendance à croire qu'il en
résultera le contraire de l'hypothèse que vous avez
mentionnée.
M. Garon: On a vu qu'à un moment donné, quand vous
avez demandé des subventions additionnelles concernant les effets de
débordement, le ministre avait laissé entendre que
l'administration de la STCUM avait des manques.
En même temps, je voyais dans le journal, quelques semaines
après, que vous vendiez des logiciels à Los Angeles parce que Los
Angeles considérait que le système de logiciels que vous aviez
était ce qu'il y avait de plus avancé au point de vue de la
gestion. J'aimerais cela vous donner la chance de dire quelque chose par
rapport à ça, parce que je pense que cela a jeté un peu de
confusion dans le public.
Ml. Perreault: Écoutez, peut-être que Mme Roy pourrait
ajouter quelque chose. Moi, je voudrais dire ceci: Nous n'avons pas la
prétention de dire que nous avons, dans le quotidien, ce que fait chacun
des 8000 employés de la Société de transport de la
Communauté urbaine de Montréal; nous n'avons pas la
prétention de dire que, dans une société de cette
envergure, il n'y a pas à l'occasion un certain nombre de bavures, loin
de là. Je pense que chaque fois qu'on en observe il faut les condamner.
Il y va de l'intérêt public. Ceci dit, les chiffres
démontrent tout de même que - et ce n'est pas nous qui les
publions, ce sont ceux des entreprises américaines - quand on se compare
à un ensemble de sociétés, la Société de
transport de la Communauté urbaine de Montréal est une des plus
performantes en Amérique du Nord, par rapport aux coûts par
passager-kilomètre et il y a une bonne raison pour ça; nous avons
un taux de pénétration très élevé dans la
population.
Tantôt, on disait qu'on perdait du terrain, mais ii reste quand
même qu'historiquement, cela a été important, le transport
public dans la région de Montréal et à Montréal. Ce
sont des acquis qu'il nous faut préserver. C'est dans ce sens qu'on
lance un signal d'alarme. Ce n'est pas dans le sens qu'il n'y a rien
d'intéressant qui a été fait. Vous avez raison. Moi, je
pense que, lorsqu'on regarde la gestion interne de la Société de
transport de la Communauté urbaine de Montréal, en ce qui me
concerne et en ce qui concerne le conseil d'administration, on a le sentiment
que les choses sont sous contrôle. Tout n'est pas pariait, mais il y a
des exemples très nets de performance dans cette société -
Mme Roy pourra peut-être compléter - et vous en avez
mentionné un.
Mme Roy: II faut s'entendre d'abord sur ce qu'on entend par les
critères de performance. Les gens parient de performance. Nous, dans les
sociétés de transport, II y a un critère que nous ayons en
commun, c'est celui du coût par véhicule-kilomètre. C'est
ce qui nous permet de nous comparer autant avec Boston, Washington, Chicago ou
des sociétés de taille semblable. Quand on se compare, selon ce
critère, nous sommes parmi les sociétés les plus
performantes à 2, 70 $ le véhicule-kilomètre par rapport
à des sociétés comme celle de Washington, qui sont tout
à fait comparables à nous, mais qui sont autour de 4 $. Je pense
que c'est un critère qui est communément accepté. C'est
quoi la perfor-
mance? C'est un critère de fond.
Il y a d'autres critères aussi qu'il faut regarder par rapport
à nous-mêmes. C'est quoi le boulot que nous avons à faire
à l'intérieur pour redresser un certain nombre de situations? Je
pense ici aux efforts et aux résultats importants en termes
d'absentéisme. La Société de transport de la
Communauté urbaine de Montréal était aux prises avec un
problème de cette nature, il y a quelques années.
L'absentéisme global était autour de 8 %; on l'a baissé et
il est maintenant autour de 5, 5 %, à la fin de l'année 1988.
Cela s'est fait au prix d'efforts immenses de la part de la gestion et cela va
aussi, je dirais, concurremment avec tous les efforts qu'on a faits pour
réduire les accidents du travail qui sont aussi, je dirais importants en
termes de conséquences sur l'absentéisme. Une baisse de
fréquence et de gravité de 40 % en un an, je pense que c'est
important de souligner ça.
Quand on parle de performance, on parle des critères que je viens
de mentionner, on parle aussi d'achalandage. Quand on regarde nos
collègues américains qui transportent à peu près
deux fois moins de monde que nous, on a ici, au cours des dernières
années, malgré, je dirais, une certaine perte relative de notre
part de marché, une excellente performance en termes d'achalandage. On
transporte environ 380 000 000 de passagers annuellement - nos collègues
de Boston et de Washington n'ont pas ces mêmes succès - parce
qu'on a réussi, comme le disait le président du conseil, à
avoir un taux de pénétration, et les gens l'utilisent.
À ce chapitre, je pense que l'expertise est reconnue; Los Angeles
en est un exemple. On était très fiers de vendre un logiciel
d'exploitation. On est à la fine pointe sur le plan de l'exploitation du
métro et les gens viennent voir ce qu'on fait. On l'a vendu pour 1 000
000 $ au cours des prochaines années et on aura des gens qui vont suivre
le dossier et on souhaite bien que notre expertise d'exploitation continue
encore à servir a nos collègues. Je pense qu'on est reconnus pour
ça et c'est clair qu'on voudrait en faire bénéficier le
plus de gens possible.
Au total, je pense qu'on a une société performante, selon
des critères reconnus. Cela ne veut pas dire qu'on est parfaits, on a
beaucoup de travail à faire et on a besoin de la collaboration de tout
le monde pour le faire. Cela, c'est clair.
M. Garon: Vous insistez sur la priorité à accorder
au transport en commun, que vous voyez comme une façon de relever le
défi par rapport à l'étalement urbain. Dans ce contexte,
je vous demanderais comment vous réagissez face à l'option des
trains de banlieue.
M. Perreault: En ce qui concerne les trains de banlieue, je pense
que la société a déjà fait beaucoup d'efforts,
notamment dans le cas du train Rigaud-centre-ville. Dans le mémoire de
la communauté, II y a une proposition à l'effet de
développer et de moderniser la ligne 3, le train
Deux-Montagnes-centre-vilie. Par exemple, cette année, on a atteint une
augmentation de 15 % de la clientèle du train Rigaud-centre-ville. C'est
quand même très important. Il y a des "success stories" aussi dans
l'histoire de la société de transport; c'en est un. Cela nous
semble tout à fait concordant avec ce qui a été dit ce
matin, c'est-à-dire que, de ce point de vue, la société
joue un rôle important pour améliorer la qualité de vie et
réduire la pression sur le centre-ville. Il faut, effectivement, trouver
le moyen d'aller chercher les gens là où ils sont et leur fournir
des alternatives.
Quand on a développé par exemple, autour du métro
du West Island une chose aussi simple que des stationnements incitatifs, on a
vu la clientèle augmenter. Pourquoi? Parce qu'on a fourni un instrument
concret qui permettait aux gens d'utiliser le transport public. Est-ce qu'il
faut le faire systématiquement?
M. Garon: Cette semaine, un groupe qui représente beaucoup
de travailleurs, la Fédération des travailleurs du Québec,
disait qu'un des tracés qu'on devrait regarder, plutôt que le
train vers Deux-Montagnes, serait celui de Sainte-Thérèse. Il y a
une ligne du Canadien Pacifique. On me disait que cette ligne serait
susceptible de transporter beaucoup plus de monde et serait beaucoup plus
facilement accessible aux transports collectifs locaux pour aller rejoindre une
station dans le bout de Sainte-Thérèse que le train de banlieue
de Deux-Montagnes.
M. PerreauK: On n'a pas fait, récemment, d'étude
là-dessus. Je pense qu'à l'époque, c'était un
projet relativement coûteux. Il ne fait pas partie du schéma
d'aménagement de la communauté. La société n'a pas
été appelée récemment à faire une
étude de ce dossier en particulier, en tout cas, pas à ma
connaissance.
M. Garon: II n'y a pas eu d'analyse d'aucune sorte.
Mme Roy: Pas de notre côté. Évidemment,
à l'époque, après la construction de Mirabel, on se
rappellera que le bureau d'aménagement du réseau express de
Mirabel avait fait toute une série d'études dans cette emprise
ferroviaire. Il faut quand même considérer que les emprises
ferroviaires, on les partage aussi avec le transport des marchandises. Ce n'est
pas toujours simple, et ce peut être très coûteux.
Nous, on n'a pas fait d'étude là-dessus en particulier,
mais les coûts étaient élevés, à
l'époque, si on se souvient.
M. Garon: Comment voyez-vous l'avenir du monorail chez vous?
M. PerreauK: Je pense que - et j'étais là
ce matin - M. Hamelin a eu l'occasion de dire que si on parle d'un
tracé, d'un projet qui vise, par exemple, à desservir
l'extrême est de l'île vers Repentigny, déjà, dans
les plans de la communauté, il y a un projet de réseau de
surface. Est-ce que ça doit être un monorail ou une autre formule?
Enfin, il y a déjà un projet de réseau de surface. Par
contre, dans le cas des lignes 5 et 7 vers Anjou et Montréal-Nord,
compte tenu des choix qui ont déjà été faits dans
le passé, on pense qu'i vaut mieux prolonger le métro.
Dans tous les cas, il faudrait analyser des choses concrètes.
J'émets une hypothèse: ce serait peut-être plus facile, si
on veut desservir les gens de Laval, de prolonger de quelques kilomètres
le métro de Montréal vers Laval, d'en faire vraiment un
métro régional. Cela nous coûterait 35 000 000 $ et on
pourrait offrir aux gens de Laval une alternative avec un stationnement
incitatif de l'autre côté de la rivière des Prairies qui
serait sûrement de nature à encourager les gens à utiliser
le métro de Montréal. C'est peu cher, c'est facile à faire
et c'est presque déjà dans le milieu de la rivière.
Ceci dit, je comprends les gens de Lavai de faire une proposition d'un
réseau qui les concerne. Je le dis encore une fois, je pense que ce qui
est intéressant là-dedans, ce qui me semble positif, c'est le
fait qu'on en parle maintenant et qu'on en parle aussi chez nos voisins du sud
et du nord, particulièrement du nord. Nous ne pouvons pas accorder la
priorité au transport public si ce n'est pas également
partagé comme vision métropolitaine, en termes d'enjeu. Cela me
semble un gain net. On n'a pas étudié le projet concret des gens
de Lavai. On l'a vu présenté, comme tout le monde.
M. Garon: M. le Président, au point de vue de la
discipline, il me reste encore une minute et je vais m'interrompre
immédiatement pour remercier les gens de la STCUM qui sont venus nous
rencontrer. Je dois dire que, chaque fois que j'ai demandé des
renseignements, j'ai toujours eu le sentiment que les livres étalent
ouverts et qu'on était prêts à nous donner des
renseignements et à nous faire visiter les Installations pour que les
parlementaires soient plus au courant du fonctionnement des opérations
chez vous.
M. Perreault: L'invitation est adressée à tous les
membres de cette commission, M. le Président. Effectivement, je pense
qu'il n'y a pas beaucoup de sociétés publiques dont on a autant
discuté, sur (a place publique, les enjeux et les budgets.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. Perreauit, Mme
Roy et M. Leduc, nous tenons à vous remercier, ainsi que vos
collègues qui vous accompagnent, d'avoir pas ma! respecté notre
horaire et à vous souhaiter, malgré la tempéra- ture et en
l'absence d'un transport en commun Montréal-Québec, un bon
retour.
Pour les membres de la commission, j'ai quelques observations. D'abord,
suivra immédiatement la Chambre de commerce de Montréal, pour une
heure. Cependant, l'un des intervenants, le Regroupement des usagers du
transport adapté de la Communauté urbaine de Montréal, n'a
pu se rendre à cause de la température. Donc, on
récupérera une heure. C'est donc dire, à toutes fins
utiles, qu'on va rentrer dans notre horaire pour 18 heures, 18 h 15.
Sans plus tarder, je demanderais à ceux qui ont à quitter
de le faire. Je demanderais également aux représentants de la
Chambre de commerce de Montréal de s'avancer immédiatement afin
qu'on puisse poursuivre sans délai cette commission. Est-ce que les
représentants de !a Chambre de commerce de Montréal peuvent
s'avancer, s'il vous plaît? Merci.
Sans autre préambule, M. le président de la Chambre de
commerce de Montréal, M. Serge Godin, nous vous souhaitons la bienvenue,
de même qu'à votre vice-président exécutif, M.
Lacharité. Il nous fait plaisir de vous accueillir par cette belle
température, ce climat très serein à l'extérieur
comme à l'intérieur. Je vous demanderais de procéder
immédiatement à la présentation de votre mémoire.
Vous avez droit à une période de 20 minutes pour votre
présentation et également chacun des partis, soit le parti
ministériel et l'Opposition. Oui, M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, je me demande si on ne devrait
pas attendre le ministre, parce qu'il ne serait pas normal qu'on fasse des
délibérations... Les gens se déplacent. Il ne fait pas
beau. Ils ont peut-être couché à Québec hier, il
serait normal que le ministre soit là. S'il a autre chose à
faire, cela ne me fait rien, qu'on suspende cinq minutes. Je pense qu'il ne
serait pas normal que le ministre ne soit pas là quand ta chambre de
commerce dit ce qu'elle a à dire.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Je retiens la
recommandation du député de Lévis, sauf que je dois vous
aviser que le ministre m'a dit qu'il s'absentait et de poursuivre les travaux.
C'est dans cet esprit que je poursuivais. Mais je trouve tout à fait
préférable qu'on suspende nos travaux.
On va suspendre cinq minutes et on finira plus tard.
(Suspension de la séance à 15 h 20)
(Reprise à 15 h 25)
Le Président (M. Parent, Bertrand): À l'ordre, s'N
vous plaît!
La commission va donc reprendre ses travaux. Je demanderais aux
intervenants de la
Chambre de commerce de Montréal, maintenant que tout le monde est
présent, de part et d'autre, de commencer.
MM. Godin et Lacharité, respectivement président et
vice-président exécutif de la Chambre de commerce de
Montréal, nous vous souhaitons la bienvenue à cette
commission.
Chambre de commerce de Montréal
M. Godin (Serge): Merci, M. le Président. D'abord, Je
voudrais remercier les membres de la commission de nous permettre de nous faire
entendre sur un sujet aussi Important qui nous tient à coeur. Je
voudrais vous dire quelque chose en guise de préambule. Nous sommes une
chambre de commerce...
Le Président (M. Parent, Bertrand): Excusez-moi, M. Godin.
Je demanderais la collaboration de tout le monde afin qu'on puisse bien
entendre les interventions. Tous ceux qui ont à parler peuvent le faire
à l'extérieur. Merci.
M. Godin (Serge): Merci. Nous sommes, disais-je, une chambre de
commerce, la Chambre de commerce de Montréal, alors lire, dans chacune
des suggestions que nous allons faire, la modération. Évidemment,
comme chambre de commerce, je le disais, nous avons une préoccupation
qui est le contrôle du déficit.
La grande région de Montréal revêt une importance
probablement Inégalée, tant au Canada que dans l'ensemble de
l'Amérique du Nord, quant à l'impact économique qu'elle
entraîne sur l'ensemble de la zone qu'elle influence. En fait, on peut
dire que la grande région de Montréal offre, au Québec, la
concentration, la masse critique et la force d'attraction requises pour
stimuler le développement économique, particulièrement
dans un contexte de mondialisation du commerce. On peut dire que
Montréal regroupe une agglomération à l'échelle des
grands centres nord-américains. Dans ce contexte, la région de
Montréal joue un rôle qu'il faut qualifier de vital dans le
développement économique du Québec. À ce titre,
nous pensons que tous les moyens doivent être mis en oeuvre pour lui
donner tout son dynamisme.
En ce qui concerne le transport, nous admettrons tous que, tant le
transport des personnes que celui des marchandises, cela demeure l'un des
secteurs d'activité qui peut le plus conférer à une
région son dynamisme et des avantages compétitifs ou encore, au
contraire, qui peut le plus sûrement handicaper son développement.
C'est donc dire que dans une région comme Montréal, qui veut
accentuer son caractère International, qui veut consolider sa
réputation dans des secteurs de pointe, qui veut développer son
expertise et marquer son avance dans certains secteurs manufacturiers
particulièrement prometteurs, comme l'aéronautique - on pourrait
parler de l'agence spatiale qu'on veut tant dans la région de
Montréal - il devient essentiel de planifier le développement du
transport de façon rigoureuse.
Or, 1 n'est pas exagéré d'affirmer que, depuis quelques
années, le secteur du transport a affecté négativement le
développement de la grande région de Montréal. Selon
quelques chiffres qu'on a eus récemment, on a évalué
à 26 000 le nombre d'emplois perdus sur le territoire de la
Communauté urbaine de Montréal, dans les quinze dernières
années, dans le seul secteur manufacturier. On a des problèmes et
c'est chronique.
De plus, évidemment, le secteur tertiaire, dont la structure est
liée en bonne partie à la production, va sûrement subir la
même tendance que le secteur manufacturier au cours des prochaines
années si on n'y fait rien. Alors, dans ce contexte, le plan
proposé pour améliorer la situation dans le domaine du transport
dans la région de Montréal revêt un caractère
primordial. C'est donc en ayant à l'esprit ces préoccupations que
la chambre de commerce en est arrivée à vous proposer des
solutions.
Il faudrait dire, avant de présenter ces solutions ou ces
alternatives de solution, quelle toile de fond nous avions en tête,
finalement, quelles ont été les bases de nos réflexions.
D'abord, dans la région de Montréal, il n'y a pas de croissance
démographique. Tous les experts s'entendent pour prévoir, au
cours des années qui viennent, un faible taux, sinon une stagnation pure
et simple. il y a aussi le déplacement de l'activité
économique. Il est maintenant de notoriété publique que
les problèmes qui sévissent quotidiennement sur certaines voies
essentielles au transport sur l'île de Montréal ont
déjà commencé à provoquer des déplacements
d'activités dans des secteurs mieux pourvus. On en a parlé tout
à l'heure, compte tenu du rôle vital que joue Montréal dans
le développement économique du Québec tout entier, une
diminution de l'importance de l'agglomération montréalaise
nuirait considérablement à l'ensemble de l'économie du
Québec.
L'autre facteur, comme toile de fond, ce sont les zones en
difficulté. Les gouvernements, tant fédéral que provincial
et municipal, ont fait des Investissements de plus de 200 000 000 $ dans la
zone est. En fait, Ils ont mis sur pied des programmes spéciaux pour
venir en aide à ces régions en difficulté sur l'île.
Ces régions abritent des populations particulièrement
vulnérables aux nombreux changements qui sont survenus dans leur milieu
au cours des dernières années. Il y a eu des investissements de
plus de 200 000 000 $; tout réaménagement apporté au
réseau de transport devrait l'être, en fait, en tenant compte de
ces investissements.
Un autre élément, comme toile de fond, la concurrence.
Trop souvent, certains Intervenants considèrent que la concurrence
à laquelle Montréal doit faire face se situe immédiatement
au
nord ou au sud de l'île. Cela, on ne le dira jamais assez, avec la
mondialisation des échanges... On a fait un référendum
récemment sur le libre-échange avec les États-Unis.
Mesdames et messieurs, demain matin, la concurrence, ce n'est pas d'ici qu'elle
va venir. Elle est de l'autre côté. En tout cas, l'oeuvre
personnellement dans un secteur de haute technologie et laissez-moi vous dire
que la concurrence est là. Alors, il faut arrêter de se battre
entre nous et trouver des solutions pour qu'ensemble... Parce que, demain, il
va falloir qu'on affronte la concurrence et c'est contre eux qu'il va falloir
gagner et non se battre entre nous. Donc, Montréal avec Laval, avec la
rive sud, est en concurrence directe avec les autres grandes villes
nord-américalnes.
Par ailleurs, il y a aussi un autre sujet dont il faut tenir compte. Sur
le territoire de la CUM, il y a encore beaucoup d'espace; presque 20 % de
secteurs commerciaux, Industriels que résidentiels, à
développer. On sait que la zone est de l'île de Montréal en
particulier recèle de nombreux terrains intéressants. Je fais
référence ici à un projet qui nous a été
présenté à la chambre de commerce. C'est un projet de 500
000 000 $ sur les Immenses terrains qui appartenaient à BP auparavant et
qui ont été achetés par Petro-Canada. C'est un projet
innovateur, un campus industriel avec qualité de l'environnement et
tout. Alors, ce sont les projets qui s'en viennent, de là l'importance
d'infrastructurer, entre guillemets, le transport pour bien desservir ces
secteurs-la.
Maintenant que la toile de fond est décrite, passons à
l'identification des principaux problèmes reliés au transport sur
l'île de Montréal. D'abord, tout le monde en convient, l'autoroute
Métropolitaine, ça n'a pas de sens. C'est une autoroute qui a
été conçue pour une capacité de 89 000
véhicules et il y en a 160 000 tous les jours. Alors, évidemment,
les gens attendent sur l'autoroute Métropolitaine. C'est aussi un
problème de géométrie globale. Si vous regarder à
vol d'oiseau ce que pourrait avoir l'air la géométrie des
autoroutes, vous allez voir que vous avez l'autoroute Métropolitaine et
vous avez des autoroutes nord-sud qui vont s'accrocher à l'autoroute
Métropolitaine et il n'y a pas de voies de sortie, ça
arrête là. La 25 aboutit sur la Métropolitaine,
Décarie aboutit sur la Métropolitaine et vous avez aussi
l'autoroute des Laurentides qui. encore là, arrive sur la
Métropolitaine. Cela n'a pas de sens. C'est un entonnoir. Alors,
évidemment, le problème auquel 1 faut s'attaquer en
priorité, c'est l'autoroute Métropolitaine. C'est le
problème avec lequel non seulement les gens de l'île de
Montréal, mais les gens qui transitent sur l'île de
Montréal ont affaire tous les jours.
L'autoroute Décarie. Dans le même secteur, Décarie,
en fait, c'est à peu près le même problème que sur
l'autoroute Métropolitaine.
L'autoroute Ville-Marie est une belle auto- route. Cependant, elle
présente des problèmes importants d'entrée et de sortie
à certains endroits. Par ailleurs, il y a un autre problème: la
fin prématurée de cette autoroute entraîne la
sous-utilisation d'une excellente voie, d'un excellent axe est-ouest, sans
compter les problèmes reliés au port qui pourraient facilement
trouver une solution avec le prolongement de cette voie rapide.
L'autoroute 25, j'en ai parlé tout à l'heure, c'est un
cul-de-sac qui donne sur l'autoroute Métropolitaine. Alors, V faut faire
quelque chose là-dessus.
Un autre problème, les ponts. Tout le monde sait, dans la
région de Montréal, à quel point on attend sur les ponts.
Je tiens à vous dire en passant que mon ami Luc Lacharité, le
vice-président exécutif de la chambre... Il y a une expression
qui a été utilisée ce matin, 'les Montréalistes".
Je demeure à Brossard, j'ai été élevé au
Saguenay, je n'ai jamais demeuré sur l'île de Montréal et
je traverse le pont Champlain tous les matins. Donc, mes interventions
devraient être qualifiées d'objectives.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Godin (Serge): Luc Lacharité est né à
Sherbrooke. Ah oui. J'ai oublié de dire que j'avais vécu onze ans
à Québec. Luc Lacharité est né à Sherbrooke.
Il a vécu dans la Beauce. Il a travaillé huit ou neuf ans
à Laval. Nos interventions seront objectives.
M. Lacharité (Luc): J'ai vécu à Laval, je
demeure sur la rive sud. Ha, ha, ha!
M. Godin (Serge): Et II demeure sur la rive sud.
M. Lacharité: J'ai vécu à Laval, mais je
demeure sur la rive sud.
M. Godin (Serge): En résumé, le réseau de
transport routier actuel occasionne des problèmes importants de
déplacement autant dans les axes nord-sud qu'est-ouest, le principal
problème étant l'autoroute Métropolitaine.
Le transport en commun. Je ne veux pas perdre de temps là-dessus
parce que vous avez été mis au fait des problèmes avec ce
qui a été dit par la Communauté urbaine de
Montréal, par la ville et par les membres de la STCUM tout à
l'heure. Il y a des problèmes là aussi.
J'en arrive aux solutions. il! y a une première solution qu'on
pourrait vous présenter. D'abord, aux plans administratif et
décisionnel, ce n'est pas la mer à boire. Il y a plusieurs
Instances décisionnelles et prendre des décisions dans un
contexte comme celui-là, c'est très difficile. Il y a les villes,
la communauté urbaine, le nord-sud et le gouvernement du Québec
dans tout ça On pense qu'il y aurait lieu de voir à la mise sur
pied d'un groupe de travail, de coor-
dination, dans le dossier du transport pour toute la région de
Montréal. Là encore, je ne m'étendrai pas
là-dessus. J'ai appris la bonne nouvelle tout à l'heure que le
Bureau de commerce de Montréal, l'une de nos plus belles institutions
anglophones de la région de Montréal, est censé venir
faire ses interventions la semaine prochaine et qu'il va vous parler longuement
du bureau de coordination.
Juste avant de parier des solutions plus concrètes, je veux dire
que nous sommes une organisation de bénévoles. Nous avons
échafaudé nos solutions avec le gros bon sens. Malheureusement,
il n'y a pas suffisamment de données disponibles pour en arriver
à se prononcer sur des investissements aussi Importants.
L'importance de l'autoroute Métropolitaine. On disait que cette
autoroute était le premier problème, qu'elle avait une importance
cruciale pour le développement économique et qu'il fallait
régler ce problème rapidement. Je vais maintenant vous dire,
grosso modo, comment on pourrait régler ce
problème-là.
D'abord, plus généralement, en augmentant la
capacité est-ouest de l'autoroute Métropolitaine. En fait, c'est
sûr qu'il faut trouver des solutions à cette autoroute. Il faut
soit la rénover ou la remplacer complètement. Faute de chiffres,
on n'est pas en mesure de vous dire laquelle des deux solutions il faut
choisir. Cependant, on dit qu'il faut régler ce
problème-là rapidement. Donc, pour augmenter la capacité
est-ouest, il faut bien mesurer le problème réel que nous avons
sur l'autoroute Métropolitaine. Tout à l'heure, on a dit que la
géométrie faisait que tout se déversait sur la
Métropolitaine. On dit: Pour augmenter la capacité est-ouest, M.
y a une autoroute, l'autoroute Ville-Marie, qui pourrait être
prolongée sous forme de boulevard urbain ou d'autoroute, selon les
besoins et les possibilités. Encore là, il faut faire les
études. Cela pourrait contribuer à augmenter sensiblement la
capacité est-ouest au sud. Donc, une première solution pour
augmenter la capacité est-ouest et, évidemment,
désengorger l'autoroute Métropolitaine. L'autre solution, encore
là pour augmenter la capacité est-ouest, c'est
l'aménagement du boulevard Henri-Bourassa en boulevard urbain vers l'est
jusqu'à l'autoroute 40. Cela ajouterait encore à la
capacité est-ouest et cela dégagerait l'autoroute
Métropolitaine.
En ce qui concerne l'augmentation de la capacité nord-sud, on a
dit tout à l'heure que Décarie arrivait sur l'autoroute
Métropolitaine et que l'autoroute des Laurentides y arrivait aussi. En
fait, ce qu'on dit, c'est que la solution pourrait prendre la forme d'un
accès souterrain qui relierait Décarie nord à l'autoroute
des Laurentides. Cela permettrait d'éliminer les bouchons de circulation
causés par l'entrecroisement des véhicules. Vous avez
sûrement essayé de prendre Décarie nord pour aller sur
l'autoroute des Laurentides. C'est une bonne course d'automobiles en huit sur
quatre voies.
On dit dans notre mémoire, d'ailleurs, que ce sont des gens qui
tentent de se frayer un chemin à travers un dédale de voies
complémentaires pour lesquelles on n'a pourtant prévu aucune
espèce de complémentarité.
Parallèlement, des travaux pourraient être effectués
pour relier Côte-de-Liesse à Décarie sud probablement
à la hauteur de Jean-Talon. Nous pensons que ça ne nous
coûterait pas trop cher parce qu'il y aurait moins d'expropriations
à faire et ça contribuerait à désengorger
Décarie, du moins près de l'échangeur, de façon
considérable.
De l'autre côté, du côté est, l'autoroute 25
pourrait être prolongée jusqu'au boulevard Henri-Bourassa. On a
dit tout à l'heure qu'en transformant Henri-Bourassa en boulevard
urbain, ça aurait pour effet de dégager l'autoroute
Métropolitaine, de là l'importance de prolonger l'autoroute 25 au
moins jusqu'au boulevard Henri-Bourassa.
C'est un ensemble de solutions qui risqueraient de désengorger
l'autoroute Métropolitaine. Ce qui est intéressant, c'est qu'une
fois qu'on aurait fait ça - ce sont des solutions qui ne coûtent
pas trop cher - le problème d'engorgement sur l'autoroute
Métropolitaine ne serait pas si sévère; ce ne seraient pas
160 000 véhicules sur une autoroute ayant une capacité de 89 000
véhicules, ce seraient probablement 100 000 véhicules. C'est
très important de penser à ça. Une fois qu'on a
réfléchi à ça dans cette perspective, les solutions
qui s'offriraient pour l'autoroute Métropolitaine - parce que le
problème va être encore là, c'est une autoroute dont la
capacité n'est pas assez grande - les moyens qui vont s'offrir à
nous vont probablement nous coûter moins cher. On a dit tout à
l'heure qu'une chambre de commerce se préoccupait du contrôle des
déficits, de là l'importance de désengorger, d'abord,
l'autoroute Métropolitaine et, une fois le problème
diminué, de réfléchir, de faire les études
appropriées pour régler le problème sur l'autoroute
Métropolitaine. En fait, on n'a pas besoin des mêmes
infrastructures d'une autoroute si on a diminué considérablement
le débit.
Les problèmes de ponts. Pour résumer, nous disons que
ça se règle, grosso modo, par le transport en commun. Il y a des
sommes colossales qui sont impliquées dans le transport en commun et il
nous semble qu'il faut agir avec beaucoup de prudence avant de consentir des
Investissements Importants dans ces infrastructures. Le problème, c'est
que, par exemple, lorsqu'on construit une ligne de métro, c'est
irréversible. Vous n'avez pas le choix, il faut l'opérer, il faut
l'exploiter. Or, on dit qu'il faut faire très attention à ces
investissements. Toutefois, nous pensons qu'une chose demeure certaine, c'est
que la ligne de métro proposée dans le plan de transport à
Laval contribuerait passablement à solutionner les problèmes de
ponts aux heures de pointe. Nous pensons que la
solution idéale demeurerait le prolongement de la ligne 2, celle
de Côte-Vertu, sur le territoire de Laval. Nous pensons que cette ligne
peut absorber un volume important avant d'etre utilisée à pleine
capacité, contrairement à la ligne Henri-Bourassa.
Du côté sud, en ce qui a trait à
l'aménagement de l'estacade du pont Champlain, les analyses ont
été faites et c'est clair, 1 faut procéder.
Par ailleurs, pour solutionner les problèmes qui se posent sur
l'île de Montréal, nous préconisons des solutions
légères. Il y a plusieurs avantages à ces solutions
légères. Quand on parle de solutions légères, on
parle de voies réservées, de covoiturage... Il reste deux
minutes; ce ne sera pas long, vous allez voir.
Il y a plusieurs avantages qui sont reliés à ça.
J'évite de les énumérer. L'avantage d'une voie
réservée, par exemple. Môme si, sur le plan de
l'exploitation, ça coûte probablement aussi cher que d'exploiter
une ligne de métro, il reste que si jamais on s'est trompé faute
d'analyse, si jamais on a fart une erreur, eh bien, déplacer une voie
réservée ne coûte pas grand-chose alors que continuer
à opérer une ligne de métro qui n'est pas rentable, qui
est sous-utilisée, ça coûte très cher. Vous allez
voir, dans notre mémoire, nous suggérons plusieurs avenues,
plusieurs rues, où on pourrait aménager des voies
réservées. (15 h 45)
En tant que chambre de commerce, ce qu'on pourrait faire, c'est inciter
nos membres, et nous en avons 8000, à utiliser d'autres solutions
douces. On pense ici, par exemple, à des horaires flexibles. Tout
ça, c'est pour essayer de diminuer la facture, que ce soit le moins cher
possible. Les solutions, c'est terminé sur ce plan-là.
Il y a un autre commentaire plus général qui concerne le
financement. En fait, là il y a un payeur et c'est le gouvernement du
Québec qui, évidemment, fait ses enquêtes, va voir dans
chacune des régions, et il n'y a pas de responsabilisation dans chacune
des régions, dans chacune des villes, dans chacune des
municipalités. Alors, à ce moment, les demandes affluent beaucoup
plus rapidement. On pense qu'il y aurait bien meilleure responsabilisation si
ces municipalités, ces villes, ces régions payaient une partie de
la facture. Cela aide...
Le Président (M. Parant, Bertrand): Pouvez-vous conclure, parce
que votre temps est écoulé, M. Godin?
M. Godin (Serge): Merci. Je conclus. Cela va aller très
vite. En fait, il faut régler ce problème. On a avancé
certaines alternatives. La chambre de commerce recommande, par ailleurs, de ne
pas sous-investir. D'après les analyses que l'on a, les chiffres qu'il
nous a été possible de consulter, le gouvernement du
Québec a Investi, en dollars de 1988, 2 100 000 000 $ dans ses
infrastructures de transport dans la région de
Montréal. Le plan de transport suggère 1 600 000 000 $. Ce
qu'on dit, c'est qu'il ne faudrait pas sous-investir. Il faudrait Investir, en
dollars de 1966. au moins la même chose qui a été investie
au cours des dix dernières années. Si jamais on a des solutions
qui coûtent plus cher, qu'on pense à des formules - j'en parlais
tout à l'heure - une meilleure responsabilisation pour le
financement.
Une fois dégagée l'autoroute Métropolitaine - on a
senti le besoin d'en faire un point spécifique - si, par exemple, on
avait 500 000 000$ à 600 000 000$ de plus, on ne peut pas croire qu'avec
la créativité qu'on a chez nous - on a parmi les meilleures
firmes d'ingénierie au monde, on a des fameux constructeurs de routes -
une fois qu'on a dégagé, enlevé la pression sur
l'autoroute Métropolitaine, on ne peut pas penser qu'avec 500 000 000 $
ou 600 000 000 $ on ne sera pas assez créatifs pour régler ce
problème une fois qu'on l'a 'dépressurisé', entre
guillemets. C'est sensiblement l'ensemble des recommandations de la Chambre de
commerce de Montréal.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci beaucoup, M.
Godin. Vous aurez la chance, lors des périodes de discussions d'ajouter
à cela très certainement.
M. le ministre, vous avez 20 minutes.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je remercie M. Godin, de même que M. Lacharlté
qui est peut-être l'un des vétérans dans le suivi de ce
dossier. La contribution de la Chambre de commerce de Montréal est
Intéressante en ce sens qu'elle marie besoins et capacités
financières du gouvernement, et j'aurais été
déçu, quant à moi, si cela n'avait pas été
le cas. Finalement, on se le serait rappelé très
certainement.
Il y a une bonne analyse de la situation, une volonté commune que
Montréal demeure la locomotive de tout le Québec, sur le plan
économique, sans nécessairement négliger les banlieues qui
ont aussi des potentiels à développer, et davantage penser en
termes de région plus globale de l'arrondissement de Montréal et
concurrencer l'extérieur au lieu de se concurrencer chez nous. Je pense
que tout le monde partage la même idée. Les difficultés
apparaissent au moment où on veut localiser un certain nombre de choses:
l'Infrastructure ou l'entreprise.
Je voudrais aborder directement ta Métropolitaine et ne pas
parler uniquement de la Métropolitaine, mais aussi, comme vous l'avez
fait, inclure Décarie parce que, jusqu'à maintenant, on a
davantage parlé de la Métropolitaine comme axe est-ouest en
pensant que Décarie réglait tous les problèmes nord-sud.
Je pense que c'est une des premières occasions qu'on a actuellement
d'entrer dans le décor de la région Décarie. Si J'ai bien
compris, vous ne croyez pas qu'en solutionnant les problèmes de la
Métropolitaine
on solutionne tous les problèmes puisque Décatie est un
élément extrêmement Important, si j'ai bien compris, et
qu'il faut régler Décarie en même temps. En même
temps! Il faut se préoccuper de Décarte en même temps.
M. Godin (Serge): En fait, on dit que le premier problème
qu'il faut régler en priorité, c'est l'autoroute
Métropolitaine. Par exemple, à 17 heures, le soir, lorsque vous
prenez Décarie direction nord pour aller prendre l'autoroute des
Laurentides, vous devez passer sur l'autoroute Métropolitaine. Cela est
un problème. En réglant ce problème sur l'autoroute
Métropolitaine, cela se trouve, par le fait même, à
régler l'un des gros problèmes sur Décarie,
c'est-à-dire de faire un lien souterrain - ce qu'on suggère; on
n'a pas fait toutes les analyses - entre Décarie et l'autoroute
Métropolitaine, c'est-à-dire l'autoroute des Laurentides. Je
répète pour être sûr d'être bien compris:
Décarie avec l'autoroute des Laurentides. Cela a pour effet de
désengorger, d'enlever de la circulation sur l'autoroute
Métropolitaine.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que je comprends bien
que, dans une première situation - de toute façon, je pense qu'il
ne faut pas se le cacher et on ne se l'est jamais caché - on a
l'obligation d'intervenir pour corriger un certain nombre de choses sur
l'autoroute Métropolitaine, peu importe l'avenir qu'on lui
réserve? Donc, on se comprend là-dessus. Il faut intervenir de
manière sécuritaire sur l'autoroute Métropolitaine.
Est-ce que je dois comprendre de votre intervention ou de l'analyse que
vous en avez faite qu'il nous faut par tous les moyens trouver des solutions
pour alléger l'autoroute Métropolitaine? Vous avez cité
des exemples, dont un boulevard urbain par Henri-Bourassa. C'est un exemple
très important qui, donc, est un peu en parallèle sur le plan de
l'autoroute Métropolitaine, un boulevard urbain. Vous avez parlé
de Ville-Marie. On parle de l'autoroute Ville-Marie. Je suis convaincu que Mme
la députée de Mai-sonneuve préférerait nous
entendre parler d'un boulevard urbain pour Ville-Marie pour faire la connexion
jusqu'à la 25. Donc, des axes à la fois au nord de l'autoroute
Métropolitaine et au sud qui nous permettraient de désengorger,
donc de soulager l'autoroute Métropolitaine.
Vous faites exactement le même raisonnement concernant les axes
nord-sud, autant que possible, si je comprends bien. Donc, l'objectif n'est pas
de remplacer l'autoroute Métropolitaine, mais davantage de trouver des
alternatives pour la soulager et, par la suite, en toute première
priorité, éviter le croisement du trafic. Ce croisement se
caractérise par votre proposition: raccordement de Décarie
à la 15 et aussi faire les aménagements nécessaires sur la
continuité du boulevard Métropolitain. Mais ce sont davantage des
solutions pour alléger le trafic sur le boulevard Métropolitain
ou pour sortir le trafic, s'il n'a pas affaire sur le boulevard
Métropolitain, qui pourrait emprunter d'autres voies. C'est cela?
M. Godin (Serge): C'est un très bon point. C'est
d'alléger, de soulager l'autoroute Métropolitaine. Au fil des
ans, au fil des décennies, on a amplifié le problème de
l'autoroute Métropolitaine, on ne s'est pas offert d'autres axes
est-ouest. Peu importe ce que vous allez construire sur cet axe-là, un
tunnel en hauteur ou n'importe quoi, si on ne le soulage pas, ce seront
toujours des problèmes très complexes. En fait, on n'offre pas
aux gens d'autres voies de solution. Tout transige là. Je vous disais
tout à l'heure que cela avait un effet d'entonnoir, tout se retrouvait
là. Après avoir bien analysé ces solutions, le
problème de l'autoroute Métropolitaine s'en trouve diminué
parce qu'on a diminué sa capacité de 150 000 à 100 000.
À ce moment-là, il faut faire, évidemment, les analyses
requises: Est-ce que l'autoroute Métropolitaine est finie, ça ne
fonctionne plus, il faut la reconstruire? Ce qu'on dit, c'est qu'avec une
autoroute qui demande une moins grande capacité, cela risque de
coûter beaucoup moins cher, en général. Si vous nous
demandez: Va-t-il falloir refaire ou non l'autoroute Métropolitaine? On
n'est pas en mesure de le dire à ce moment-là. Une fois qu'on
l'aura dégagée, après que l'autoroute
Métropolitaine sera vraiment dégagée, soulagée, on
fera les études requises et on se prononcera: Est-ce que, oui ou non, 1
faut... Quelles solutions faut-il envisager? L'importance de notre point, c'est
que si on dégage 500000000$ à 600000000$ additionnels on ne peut
pas croire qu'on ne peut pas régler cela, une autoroute sur laquelle il
passe 100 000 véhicules par jour et ce, à un prix qui pourrait
être relativement raisonnable.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, comme le
temps passe vite et qu'il y a plusieurs points, cela m'apparaît assez
clair en termes de priorisa-tion et d'orientation que le gouvernement devrait
prendre sur le plan du réseau routier urbain. On s'est très bien
compris très rapidement. De toute façon, ce sont
déjà des choses qui sont en marche dans certains cas, mais il
faut peut-être les accélérer en vue de ce soulagement. Ne
croyez-vous pas qu'une ceinture, soit nord ou soit sud, permettrait aussi
d'alléger l'autoroute Métropolitaine?
M. Godin (Serge): Selon les analyses qu'il nous a
été permis de consulter, malheureusement, cette ceinture
allégerait un peu. Les chiffres que nous avons, c'est vraiment minime,
en ce qui concerne ce problème. De 10 % à 15 %.
M. Côté (Charlesbourg): On parle de 15 % du trafic.
Je ne sais pas si ce sont les mêmes chiffres que vous avez, mais 15 % de
camions,
sachant déjà que les camions remplacent trois ou quatre
voitures, cela m'apparaît, sur le plan de l'esprit de désengorger
le boulevard Métropolitain, un élément assez important.
Finalement, il faut avoir les chiffres et il faut avoir... Je comprends.
M. Godin (Serge): Oui, c'est cela. Les chiffres que nous avons
eus, c'était à peu près 10 %. Encore là, faute
d'analyse et faute de chiffres.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense que. sur le plan
global, je saisis très bien votre position sur le plan du routier. En ce
qui concerne le transport en commun, vous vous déclarez satisfaits de ce
que le métro puisse se prolonger jusqu'à Laval, et de l'estacade
aussi, où apparaissent des éléments véritablement
encourageants de transport en commun. À moins que Je ne m'abuse, il n'a
pas été question de prolongement du métro dans l'est de
Montréal, à tout le moins pour les parties nord ou nord ouest.
Est-ce que vous avez une position là-dessus? J'ajoute tout de suite mon
autre question pour ne pas perdre trop de temps, j'imagine que vous devriez
être d'accord. Compte tenu des principes qui vous guident - la
capacité gouvernementale de payer a ses limites, le métro
ça coûte cher - est-ce que vous croyez qu'une solution alternative
au métro ne serait pas ce que Laval a présenté, un
monorai, tandis que d'autres parlent d'un train de surface? À votre
point de vue, est-ce que cette technique pourrait être satisfaisante pour
desservir, par exemple, l'est de Montréal, puisque vous avez
réservé du temps dans vos propos en termes de
développement pour l'est de Montréal? Dans cette optique, une
proposition comme celle-là serait-elle de nature, par exemple, à
aider l'est de Montréal dans son développement, quelque chose de
beaucoup plus léger que le métro?
M. Godin (Serge): Pour ce secteur, nous pensions plutôt
à des voies réservées. On disait qu'avant il fallait avoir
des analyses, des études de marché, des expériences
pilotes, de là l'importance d'implanter des voies
réservées. Une fois que le marché l'a justifié - je
parle 'business' - et une fois que la demande est prouvée, à ce
moment-là, on peut penser faire des lignes de métro. C'est
seulement et seulement si le marché l'a prouvé. Donc, il y a une
espèce d'étude d'opportunité et une expérience
pilote hors terre, avant, par voie réservée.
En ce qui concerne la proposition du monorai, très candidement et
très honnêtement, nous n'avons pas eu du tout le temps pour
l'analyser. Probablement comme plusieurs citoyens, nous avons lu la proposition
dans les divers médias. On nous a dit, dans un premier temps, que cela
coûtait trois fois moins cher. D'ailleurs, on a dit aussi et on a su
aussi que ça transportait deux à trois fois moins de monde
Alors, il est trop tôt pour conclure là-dessus. Il y a un
autre point aussi. En tout cas, de prime abord, moi, je me poserais des
questions. C'est un autre style quand même. C'est quand même
nouveau. Moi, je n'ai pas vu cela ailleurs qu'à Walt Disney.
M. Côté (Charlesbourg): Comme on dit, c'est plus
léger, mais cela vise à desservir des territoires moins
densément peuplés. Donc, forcément, l'offre en transport
est moins Importante, elle s'apparente davantage au territoire à
desservir. Sur le plan de gares intermodales et de connexions, cela peut avoir
un certain intérêt. C'est mon opinion, je ne vous demande pas de
la partager. Comme c'est récent et c'est neuf, vous aurez très
certainement l'occasion d'y revenir.
Je voudrais vous interroger sur la quatrième source de
financement. Bien sûr, vous avez évoqué tantôt que la
capacité de payer du gouvernement a ses limites, étant fort
conscient que c'est l'individu qui finit par payer - l'individu comme tel ou
une corporation - et que ce qu'on investit, il faut aller le chercher par des
revenus. Plusieurs personnes, depuis une dizaine d'années, ont toujours
évoqué cette fameuse quatrième source, tantôt
évoquant l'essence, tantôt évoquant l'Immatriculation,
tantôt évoquant aussi l'industrie, l'industrie,
premièrement, avec possibilité, sur le modèle
européen, d'une taxe sur la masse salariale ou une taxe tout court.
J'aimerais vous entendre là-dessus. Et s'il y a une quatrième
source, où la prend-on, d'après vous, si ce n'est pas chez vous?
(16 heures)
M. Godin (Serge): II ne faudrait pas que ce soit chez nous.
M. Côté (Charlesbourg): Pardon?
M. Godin (Serge): On aimerait mieux pas de taxe du tout.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lacharité: M. le ministre, lors de la commission sur le
financement du transport en commun, à l'été 1987, on avait
émis des opinions sur les différentes facettes ou voies de
solution possibles du financement. Je pense qu'on avait fait la
démonstration que la plupart des solutions avancées pouvaient
créer des iniquités. Essentiellement, on dit qu'il faut
être extrêmement prudents pour que, par le biais de toute taxe
additionnelle, les solutions de financement ne viennent pas rendre encore une
fols notre compétitivité non concurrentielle avec les autres
régions avec lesquelles nous sommes en concurrence, autant en ce qui a
trait à la région de Montréal, par rapport aux autres
régions du Québec, qu'au Québec dans son ensemble, puisque
Montréal est quand même le coeur économique du
Québec, si vous voulez. Toute mesure qui pourrait être
appliquée devrait être universelle et ne
devrait pas augmenter le poids fiscal des gens. Il a été
évoqué plus récemment une taxe sur l'essence. Il faudrait
que ce soit tout au moins à l'Intérieur des montants actuellement
prélevés et non pas en supplément. C'est le point de vue
que l'on exprime.
Quant aux taxes à l'endroit de certains commerces situés
dans les corridors, soit du métro ou d'autres moyens de transport, et
qui en profitent davantage, je pense que ces questions ont été
vidées. On a démontré qu'il s'agissait de mesures
inéquitables parce que les commerces situés dans ces axes sont
évalués - on connaît le système d'évaluation
au Québec - selon leur valeur marchande et, de toute façon, ils
paient déjà, proportionnellement à leur valeur, des taxes
équivalentes.
M. Côté (Charlesbourg): Cela ne me donne pas plus
d'argent ou cela ne donne pas plus d'argent au gouvernement sur le plan de sa
capacité.
M. Lacharité: Si vous parlez du gouvernement comme tel, ce
qu'on propose, c'est qu'on revoie la méthode de financer les ouvrages et
qu'il y ait un partage entre les différents niveaux. Cela
mènerait peut-être à une plus grande responsabilisation,
à une meilleure imputation et peut-être que les demandes en cette
matière et les besoins exprimés seraient plus parcimonieux. On
serait peut-être plus parcimonieux à cet égard.
M. Côté (Charlesbourg): Quand vous évoquez
cela, vous parlez effectivement du partage vis-à-vis de l'usager,
vis-à-vis du monde municipal qui a la responsabilité de la
gestion et vis-à-vis des gouvernements fédéral et
provincial, à ce moment-ci.
M. Lacharité: Du moment où vous améliorez le
réseau routier, on pense que le potentiel de développement d'une
ville ou d'un territoire en particulier augmente. Dans ce contexte, on pourrait
voir à ce qu'il y ait un partage du financement. À ce
moment-là, il y aurait peut-être une incitation à se parler
davantage et, donc, à faire une meilleure planification de l'utilisation
du territoire.
M. Côté (Charlesbourg): Dans la même veine, le
phénomène veut qu'il y ait une très forte concentration au
centre-ville de Montréal - je pense que tout le monde le reconnaît
et le souhaite même - pour faire de Montréal, comme vous le disiez
dans votre document, une ville à caractère International et qu'il
faut continuer à encourager cette tendance de façon qu'on ait
véritablement une locomotive dans cette ère d'ouverture des
marchés un peu partout. Donc, il y a forcément une reprise
très importante de la construction d'édifices en hauteur au
centre-ville de Montréal, nous dit-on, pour à peu près 800
000 000 $ de permis de construction donnés au cours de la
dernière année, ce qui fait en sorte qu'on bâtit et qu'on
bâtit en hauteur. Donc, forcément, ce sont des gens qui vont
habiter ces buildings durant les heures de travail. C'est donc un lieu de
travail et non pas un lieu de résidence. La logique veut, bien
sûr, que les gens viennent d'ailleurs pour y travailler. M. le maire de
Laval, en début d'exercice mardi, nous disait: Au centre-ville de
Montréal, à titre d'exemple, il y a 170 000 emplois; ce
centre-ville ne fournit que 10 000 travailleurs, il y en a donc
forcément 160 000 qui viennent de l'extérieur de cette couronne
qui est le coeur, le centre de Montréal et, par conséquent, ces
gens-là doivent emprunter soit l'auto, soit le transport en commun.
Est-ce qu'il n'y a pas une certaine relation à faire entre cette
construction d'édifices en hauteur, cette volonté de faire
ça, une certaine responsabilité sur le plan financier à
vouloir bâtir un édifice en hauteur, y amener du monde qui vient
de la banlieue et, finalement, les coûts à payer comme
quatrième source? Je sais que vous allez me dire non parce qu'une partie
de la réponse, selon ce que j'ai compris tantôt, est dans
l'évaluation municipale qui fait que ça doit être
payé différemment.
M. Lacharité: Je pense que l'équité est
là. À moins qu'on ne revoie complètement la façon
d'évaluer, c'est-à-dire une question d'équité,
puisque c'est sur la valeur marchande, à moins qu'on ne trouve une
meilleure façon...
M. Côté (Charlesbourg): Quand je vous regarde comme
ça, M. le Président, ça n'augure pas bien.
Le Président (M. Parent, Bertrand): II vous reste une
minute, M. le ministre.
Un» voix: C'est la même minute.
M. Côté (Charlesbourg): C'est la même minute!
Peut-être une dernière question. Est-ce que ta Chambre de commerce
de Montréal, qui représente quand même beaucoup de
personnes et beaucoup d'entreprises - c'est la vocation même de la
chambre de commerce - serait éventuellement intéressée
à faire partie d'un comité que pourrait former le
ministère des Transports avec la CUM et la ville de Montréal
concernant la planification d'un devis d'étude quant au règlement
des problèmes de croisement du Métropolitain et de
Décarie?
M. Godin (Serge): Avec plaisir.
M. Côté (Charlesbourg): Vous avez remarqué
que j'ai demandé de la collaboration, je n'ai pas demandé
d'argent.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Godin (Serge): L'argent, c'est déjà fait.
Le Président (M. Parent, Bertrand): C'est pour ça
qu'iI vous a répondu 'avec plaisir*.
M. Côté (Charlesbourg): Avec plaisir. Oui?
M. Godin (Serge): Si vous permettez... Pour s'assurer que notre
proposition soit bien comprise, si vous permettez, 30 secondes pour la
résumer. Ce qu'on dit, c'est que de passer de 1 600 000 000 $ à 2
100 000 000 $, donc, entre 500000000$ et 600000000$ de plus, alléger
l'autoroute Métropolitaine par les solutions qu'on donnait tout à
l'heure, ceia devrait se faire à l'Intérieur du plan, c'est
ça qu'on devrait favoriser, de travailler en fonction de l'autoroute
Métropolitaine. Une fois qu'on a fait ça, mettre le paquet pour
régler l'autoroute Métropolitaine, mais d'un problème qui
est diminué de beaucoup. Les 500 000 000$ à 600 000 000$, c'est
à cela qu'ils devraient servir, régler ce problème une
fois pour toutes. Est-ce que ça va?
Le Président (M. Parant, Bertrand): Merci. M. Godin. M. le
député de Lévis, le temps est à vous.
M. Garon: Je vais vous poser une question. Ce matin, on a dit
qu'il y avait des camions qui faisaient du transit à travers le
Québec, en réalité, presque sans arrêter, en passant
de l'Ontario aux Maritimes. On a parlé de 7800 camions. Je me pose la
question suivante: En fait, quand on parle de coûts... Vous, les hommes
d'affaires, vous avez dit que vous ne voudriez pas non plus avoir à
payer. Qu'est-ce que vous pensez du transit? Ceux qui prennent la 40, Ils
arrivent de Québec ou du Nouveau-Brunswick. Ils prennent la 40 et la
640, iIs arrivent sur la 13; éventuellement, le ministre est
censé faire la 50 pour aller vers Hull. Vous ne trouvez pas que c'est
une voie de contournement qui est déjà là et qui doit
être faite? Le ministre a pris des engagements vis-à-vis de
l'Outaouais de faire la 50. On ne peut pas dire que ce sont des voies qui sont
surutilisées, actuellement. Qu'est-ce que vous en pensez?
M. Lacharité: On pense qu'avec une meilleure gestion de la
circulation à partir de Québec il y aurait peut-être une
façon... Je pense que cela a été apporté comme
élément de solution, ce matin. Je pense que c'est dans le
mémoire de la Communauté urbaine de Montréal, où on
suggérait qu'à partir de Québec on puisse utiliser la rive
nord, arriver dans le secteur nord de Montréal et, par la 13, reprendre
la Transcanadienne vers l'Ontario. Encore une fois, notre problème est
d'avoir des données précises là-dessus et, effectivement,
je ne pense pas que ça serait une solution moins coûteuse de faire
une voie de contournement complète. L'absence de données
précises, en ce qui nous concerne - du moins celles auxquelles on a pu
avoir accès -nous empêche d'avoir un jugement définitif sur
cette question-là. Mais 1 y a sûrement des voies de solution qui
sont avancées et qui mériteraient d'être regardées
davantage avant de s'engager dans d'autres infrastructures très
coûteuses.
M. Garon: Là, vous votiez dire que. par rapport aux
engagements du plan d'action proposé par le ministre, il n'y a pas assez
de données précises pour déterminer quels seraient les
bouts d'autoroute qui devraient être faits pour avoir une voie
complète?
M. Lacharité: Effectivement, nous manquons de
données. Il nous est absolument nécessaire que les études
soient entreprises dans les meilleurs délais pour déterminer les
meilleures solutions à appliquer et ce, autant pour l'autoroute - le
président. M. Godin l'a dit tout à l'heure -
Métropolitaine qui constitue un véritable outil de
développement économique pour la région de
Montréal. On n'insistera Jamais suffisamment là-dessus. Une fois
qu'on aura trouvé la meilleure solution, qu'elle soit retenue...
Évidemment, il y a tout le facteur économie et financement
qui est à prendre en considération dans le contexte d'une gestion
de déficit qui est aussi primordiale. Et on sait qu'il y a beaucoup
d'autres dépenses à affronter en ce qui a trait à notre
devenir économique. Qu'on pense au financement des universités,
pour ne citer que celui-là, qui est majeur aussi, et le facteur
économie à réaliser doit être
considéré. Quand il s'agit de doter le coeur économique du
Québec d'un réseau routier qui est à la hauteur des
attentes des Investisseurs - à cause de la concurrence, encore une fois,
avec les autres grandes villes nord-américaines - i faut que ce soit
fait avec une vision en profondeur et des analyses de données doivent
nous être absolument accessibles avant de prendre les décisions
finales sur ce projet-là.
M. Godin (Serge): Si vous me permettez, il est important de dire
que le premier problème, le problème le plus criant dans toute la
région de Montréal, c'est l'autoroute Métropolitaine. Le
premier dollar qu'il faut dépenser en matière de transport doit
être pour régler ce problème-là C'est
celui-là qu'on doit régler en priorité. On ne veut pas
tomber dans le nord-sud. On est en train de dire que les autres autoroutes, les
prolongements sont probablement requis, mais c'est une question de
priorité simplement. Le premier problème qu'il faudrait
s'affairer à régler tout de suite, c'est l'autoroute
Métropolitaine. SI on veut prolonger la 30 ou la 25,
économiquement oui, ça peut être un bon point, mais ce
n'est sûrement pas la première priorité, la première
priorité étant l'autoroute Métropolitaine.
M. Garon: Je disais ça dans la perspective
où, tantôt, vous avez dit: Dégageons le
Métropolitain. D'après les études origine-destination, on
a parlé de 7800 camions et, si on tient compte des grosseurs qui
équivalent peut-être à 20 000 automobiles, qui n'ont pas du
tout affaire là... Ils ne vont pas à Montréal. Ils ne
partent pas de Montréal, ils font juste passer. Il y en a d'autres qui
disent: Cela n'a pas paru beaucoup comme quatrième source de financement
parce que, souvent, on est un peu peureux. Apparemment, aux États-Unis
aussi, on commence à faire payer ceux qui ne font que passer en fonction
de la distance parcourue et du volume transporté. Nos autoroutes ne sont
pas utilisées par les bicyclettes, par les motocyclettes non plus. C'est
plus facile de frapper un motocycliste, mais ce ne sont pas eux qui brisent les
routes, habituellement, ce sont ces gros camions-là. Apparemment, il y
en a 7800. Ils passent de bord en bord, Ils ne paient pas cher et ils usent les
routes. Les camions sont pesants, il y a les trains routiers et envoie donc! Je
me demande si une des premières façons ne serait pas de leur
faire payer le passage. Ce sont eux qui usent nos routes. Ce sont eux, sans
doute, qui calent l'asphalte. S'ils sortent du boulevard Métropolitain
parce qu'ils n'ont pas affaire là, il y a déjà une route
que je vois qui passe en partie dans des endroits même pas
habités: la 40, la 640... Je ne dis pas des endroits entièrement
inhabités, mais moins habités. La 13 et là, la 50... J'ai
vu le député d'Argenteuil se pointer le nez, il est sorti vite.
Je ne sais pas si... (16 h 15)
Une voix: Non, il est resté.
M. Garon: II est resté. Bon! Je suis content qu'il soit
là.
M. Côté (Charlesbourg): II s'est organisé
pour être nez à nez.
M. Garon: Je vois la 50... En tout cas, il y en a un bout de
promis. Le ministre qui ne veut pas faire une autre route - il parle des routes
qui ne mènent nulle part - sera le père d'une autre route qui ne
mène nulle part. Il y a des gens de l'Outaouais qui aimeraient cela
qu'elle soit terminée. Si elle était terminée, la grande
voie de contournement, pour des gens qui ne font que traverser le
Québec, j'aurais tendance, quand ils arrivent au Québec, à
leur dire: Vous vous en allez au Nouveau-Brunswick, vous transportez tel
volume, vous avez telle grosseur de camion, c'est quasiment un train que vous
transportez, c'est tant. Vous utilisez nos routes, vous les écrasez,
comprenez-vous, avec des poids... C'est vrai, et c'est eux autres qui
transportent des... J'ai assez fait de route pour savoir ce qui se passe sur
les routes. J'ai assez fait de route la nuit, aussi, pour voir qui passe sur
les routes.
Je me dis que, si cela, c'était d'abord dégagé du
Métropolitain, là on pourrait parler de... Les autres qui vont
là, ce sont des gens qui ont affaire là. C'est ce qu'on a dit,
les autres qui allaient là, d'après les études, ce sont
des gens qui arrivaient de là, de Montréal ou qui repartaient de
Montréal. À ce moment-là, l'étude portant sur le
Métropolitain lui-même, que demandaient ce matin les gens de la
communauté urbaine, je me demande ce que vous en pensez. Ils disent:
Avant de prendre des décisions sur Décarie, on voudrait savoir ce
qu'on va faire avec ça. Autrement, c'est vrai que ça n'a pas trop
de bon sens si tout ça est pensé par petits bouts. On revient au
temps de Taschereau, quand on allait chercher les terres des cultivateurs; les
routes étaient toutes croches. Parce qu'ils allaient exproprier un bout
là, de là: Où est le prochain gars qui était pour
nous autres? Ils allaient là. Finalement, cela prenait deux fois le
millage pour se rendre quelque part. Là, si on veut faire des routes
plus cohérentes, il me semble qu'il faut penser cela dans un ensemble
plutôt que par petits bouts.
M. Godin (Serge): Est-ce que vous me permettez une
réponse?
M. Garon: Oui. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Mon affirmation est en quelque sorte une question. Ha,
ha, ha!
M. Godin (Serge): C'était une question.
M. Garon: J'avais commencé par: Vous ne pensez pas...
M. Godin (Serge): On pense qu'administrer, c'est faire des choix,
c'est de choisir des priorités aussi dans la mesure de ce qu'on peut se
payer. M. Côté disait tout à l'heure, bon, il semblait dire
que l'argent ne se trouvait pas dans les fossés. Maintenant nous, on dit
que la première priorité, c'est l'autoroute
Métropolitaine. Première des choses. Deuxièmement, il est
évident que d'autres alternatives peuvent être analysées
comme, par exemple, faire payer plus aux camions. À première vue,
cela peut être une alternative à étudier pour demander aux
camionneurs, aux entreprises plutôt, qui vont passer sur nos autoroutes
de débourser un "fee", des honoraires quelconques. Il faudrait penser
qu'on va se faire rendre la monnaie de la pièce et que nos camions qui
vont aller en Ontario, par exemple, vont sûrement se faire taxer aussi.
C'est l'un des sujets. Deuxièmement...
M. Garon: Ce n'est ça que j'ai dit. Je n'ai pas dit ceux
qui vont en Ontario, ceux qui viennent au Québec, ceux qui font juste
passer.
M. Godin (Serge): Ceux qui vont juste passer.
M. Garon: On dit qu'on fait ça dans plusieurs États
américains. Ceux qui font juste passer, on exige quelque chose pour
passer en fonction du volume qu'ils transportent et de la distance qu'ils
parcourent.
M. Godin (Serge): Je vous réponds qu'en fait il faut faire
les analyses d'impact et les analyses économiques requises. Quel effet
cela aura-t-il sur le "bottom-line" des entreprises de camionnage, par exemple?
Que je sache, les profits de ces entreprises ne sont pas excessifs. Alors, si
on taxe plus, N reste qu'il y aura plus de faillites, donc moins... Je ne suis
pas en train de dire que ce n'est pas une alternative à analyser. Il
faut l'analyser, mais les analyses sont à faire.
M. Garon: Quand Ils vont aux États-Unis, Ils paient. Dans
les États où ça marche comme ça, en arrivant Vs
disent. Rangez-vous, on va vous peser, où allez-vous? Et ils paient un
montant en fonction des distances et des volumes. Quand nos gens y vont, ils
paient. Quand ils paient de l'assurance... Je me rappelle les camionneurs qui
sont venus ici nous dire: Pas besoin de niaiser, quand on va là-bas,
nous, on ne niaise pas, on paie. C'est tant et ça finit là. Je
parle seulement de ceux qui sont en transit - on a parlé de cela depuis
une couple de Jours - qui viennent d'ailleurs et qui font juste traverser le
Québec pour aller ailleurs. Ils n'arrêtent pas au Québec
sauf peut-être pour prendre une soupe quelque part ou un café.
Mais Vs transportent des volumes. Ce sont souvent les véhicules les plus
chargés qui parcourent nos routes. C'est peut-être moins utile
qu'ils passent sur le boulevard Métropolitain, c'est sans doute moins
utile.
M. Lacharité: Quel serait l'impact de cette surcharge
financière à l'industrie du camionnage quand on sait
déjà que nos coûts d'essence sont plus élevés
qu'ailleurs? C'est ce qu'on veut dire quand iI faut voir quel est l'impact
supplémentaire que ça peut créer sur la
compétitivité de notre industrie du camionnage. Cela vient
s'ajouter. Vous demandez d'imposer une charge supplémentaire aux camions
étrangers.
M. Garon: Ce n'est pas notre industrie du camionnage, ce sont des
camions qui passent. Un droit d'user notre asphalte, si vous voulez. Leur
demander un montant pour utiliser notre asphalte étant donné
qu'ils ne sont pas d'ici, ils ne paient pas de taxes et...
M. Godin (Serge): Cela mérite analyse. II faudrait voir
combien ça apporterait dans les caisses chaque année et
jusqu'à combien. 7800 camions, 5 jours par semaine pendant 50 semaines,
je ne sais pas combien ça pourrait faire.
M. Garon: Non. Je parle d'un tarif peut-être
équivalent à ce que nos gens paient quand ils vont aux
États-Unis dans des cas semblables.
M. Godin (Serge): Cela pourrait être analysé.
M. Garon: Je voudrais vous mentionner un autre point. Je sais que
la Chambre de commerce de Montréal a beaucoup travaillé sur la
question du port de Montréal et que l'aspect "container" est un aspect
important dans le port de Montréal, surtout dans un contexte de
libre-échange. Le fait que le port de Montréal soit un important
port de manutention, autour de 20 000 000 de tonnes par année, donc
beaucoup de "containers" en transit de l'Ontario et des États-Unis... Ce
trafic de caractère intermodal exige un réseau routier efficace.
La concurrence dans les "containers" est forte et provient surtout des
États-Unis.
Avez-vous examiné la situation du port de Montréal en
fonction du plan du ministre? Quelles sont les implications pour le port d'un
réseau routier déficient en termes de concurrence? Encore
là, ça va être un élément important.
J'imagine qu'éventuellement les discriminations dans les coûts de
transport par les subventions... On sait qu'au Canada j'ai l'impression, pas
j'ai l'impression, mais c'est assez Important, quand on calcule le transport
subventionné du Maritime Freight Act à 75 % par le gouvernement
fédéral. Un bateau qui se rend à Québec ou à
Montréal avec des "containers" qui, ensuite, repartent par camion ou par
chemin de fer, ça peut avoir des implications importantes sur le plan
économique. Parce que, là, on dit qu'on va être en
concurrence peut-être pas parfaite mais tendant à la perfection.
J'aimerais savoir les études que vous avez faites concernant le
transport des "containers" par rapport au réseau routier que nous avons
actuellement et à la position du port de Montréal à ce
point de vue.
M. Lacharité: Effectivement, la préoccupation de
l'efficacité du port, on la traduit par une demande d'améliorer
l'efficacité, de compléter ce qu'on appelle l'autoroute
Ville-Marie, soit en autoroute ou en boulevard urbain. Je crois que c'est
là une des bonnes façons d'augmenter la circulation
appropriée à une meilleure efficacité du port.
En ce qui a trait à des études plus poussées de
toute la circulation des "containers", non effectivement, et ça fait
partie des quelques récriminations que nous faisons à
l'égard des données que nous n'avons pas en ce qui a trait
à toutes ces Infrastructures. On pourrait parier de la même chose
en ce qui a trait au transport par avion, le transbordement, par exemple, du
transport aérien par cargo, etc. Ce sont toutes ces Infrastructures qui
sont extrêmement Importantes pour la région de Montréal,
parce que
Montréal est un carrefour majeur du transport. Donc, le plan de
transport devrait tenir compte de ces infrastructures pour augmenter leur
efficacité. On parle du port, on parle aussi bien des aéroports
et du transport ferroviaire. À notre avis, ce sont ces Interrelations
qu'il faut faire et qu'on mentionne d'ailleurs de façon un peu plus
spécifique dans notre mémoire.
M. Garon: Pardon?
M. Godin (Serge): J'ai dit: Dont on fait mention d'une
façon un peu plus spécifique dans notre mémoire.
M. Garon: Avez-vous trouvé des réponses dans le
plan proposé par le ministre des Transports ou l'avez-vous trouvé
un peu silencieux à ce point de vue, du point de vue de l'avenir? On a
beaucoup de données sur le passé, mais pour l'avenir, le
libre-échange, en termes de transport intermodal, d'interconnexion,
avez-vous trouvé qu'il y avait là beaucoup de données ou
très peu?
M. Godin (Serge): En fait, on ne l'a pas analysé dans
cette perspective puisqu'il fallait faire des choix avec le peu de temps qu'on
avait. Je répète que nous sommes une organisation de
bénévoles. On a raccroché cette idée en
suggérant - parce que finalement tout est raccroché, tout est
lié - l'allégement de l'autoroute Métropolitaine, dans un
premier temps. C'est en suggérant le prolongement de l'autoroute
Ville-Marie, soit en boulevard urbain ou en autoroute. Cela se trouve, par le
fait même, à offrir des avantages certains, aux entreprises qui
travaillent au port de Montréal ou qui transitent au port, aux
aéroports. Si cette autoroute est complétée, cela va
desservir très bien, cela va contribuer à desservir beaucoup
mieux le port.
M. Garon: C'est parce qu'on est obligé de se fier un peu.
Je comprends que vous avez fait beaucoup d'efforts, votre nom est un peu
lié à cela, pour ramener l'agence spatiale à
Montréal. Étant donné que M. Bourassa a l'air assez
satisfait de ce qu'il reçoit d'Ottawa, il ne se bat pas fort de sorte
qu'on va peut-être être obligé de se replier sur le
terrestre davantage s'il ne se prend pas plus de décisions que ça
en fonction du spatial a Montréal. Le travail que vous faites et pour
lequel je vous souhaite le plus grand succès, parce qu'à
Québec on n'est pas jaloux des succès de Montréal... Il
n'y a qu'au hockey qu'il y a un peu de fanatisme mais sur le plan
économique...
M. Godin (Serge): L'agence spatiale, si vous permettez, cela a
des effets aussi structurants qu'un réseau de transport. Si on insiste
sur l'agence spatiale autant que cela, c'est que le jour où justement
l'infrastructure dans la région de Montréal, et au Québec
en général... Moi, je ne me suis jamais battu pour une
région en particulier mais pour le Québec en
général. Même si les contrats, même si on entend dire
que la plupart des contrats sont octroyés, le jour où vous allez
avoir les décideurs ici au Québec, particulièrement dans
la région de Montréal, à moyen terme, cela va structurer
cette industrie autour de Montréal. De là l'importance de
l'insistance qu'on apporte à ce dossier. On aimerait bien que M.
Mulroney prenne sa décision le plus rapidement possible. Ce qui
traîne, ce n'est pas bon.
M. Garon: L'Opposition officielle a essayé de vous appuyer
au maximum là-dedans. On souhaite que le premier ministre mette toute
son énergie pour réussir à... Mais il va falloir qu'il
soit un peu revendicateur.
M. Godin (Serge): Le premier ministre et tous autant que nous
sommes. Vous savez, dans les dépenses de recherche et de
développement reliés a la technologie, on sait - on a fait un
sommet sur la technologie récemment - jusqu'à quel point on va
être vulnérables au commerce international, peu importe,
libre-échange ou pas, parce que les ententes du GATT nous mènent
là de toute façon. On sait, par exemple, que l'ensemble des
dépenses fédérales qui sont faites au Québec, c'est
à peine autour de 8 % sur des dépenses 4 400 000 000 $. Il
faudrait que tous ensemble on se dise: Écoutez...
M. Garon: C'est pour cela que je voulais souligner qu'on vous
souhaitait tout le succès possible...
M. Godin (Serge): On va travailler tous ensemble.
M. Garon:... dans la campagne que vous faites.
Le Président (M. Parent, Bertrand): On vous remercie
beaucoup, M. Godin. Cela complète tout le temps qui était mis
à votre disposition. Au nom des membres de la commission, je vous
remercie, MM. Godin et Lacharité, pour votre présentation de
mémoire et votre comparution devant cette commission. On vous souhaite
un bon chemin de retour.
M. Godin (Serge): Merci beaucoup. (16 h 30)
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci. J'inviterais
les gens qui font partie du Regroupement des gens d'affaires de l'est de
Montréal, les différentes chambres de commerce, à
s'approcher afin de nous faire leur présentation.
Il me fait plaisir de souhaiter la bienvenue à vous tous,
représentants des chambres de commerce de l'est de Montréal et
des différents regroupements de gens d'affaires. J'inviterais
peut-être un des représentants, M. Argento, à
nous présenter les autres membres du groupe qui l'accompagnent.
Vous aurez par la suite une période de 20 minutes pour la
présentation de votre mémoire et chacune des formations
politiques aura 20 minutes pour discussion. Merci.
Regroupement des gens d'affaires ds l'est de
Montréal et région
M. Argento (Charles): M. le Président, M. le ministre,
mesdames et messieurs les députés et tous les gens qui font
partie de l'Assemblée, nous vous remercions de nous avoir donné
l'occasion de présenter notre mémoire devant vous
aujourd'hui.
Sans plus tarder, je veux présenter les membres de notre groupe.
À mon extrême droite, M. Blanchard de l'AGAP, l'Association des
gens d'affaires de la Pointe; tout de suite après, M. Nick Franceschini,
représentant de la CIBPA, l'Association des gens d'affaires et
professionnels italo-canadiens; ensuite, M. Brunet de la Chambre de commerce de
Repentigny. À mon extrême gauche, M. Dorval de la Chambre de
commerce de l'est du grand Montréal, suivi de M. Boyer de la Chambre de
commerce de Saint-Léonard et de Me Chassé de la Chambre de
commerce d'Anjou. Sans plus tarder, nous allons passer à la
présentation de notre mémoire et on va demander à Me
Chassé d'en faire la lecture.
M. Chassé (Richard): Mesdames et messieurs, le
Regroupement des gens d'affaires de l'est de Montréal et région
tient à remercier les membres de la commission parlementaire pour
l'occasion qui lui est donnée de pouvoir informer les membres de la
commission des opinions et des requêtes du regroupement et de chacun de
ses membres constituants.
Les gens d'affaires que nous sommes et que nous représentons ont
souvent l'habitude de traiter leurs affaires de façon privée,
sans trop d'éclat. C'est donc un écart à nos traditions
que de venir nous faire entendre publiquement, devant les membres de la
commission, et cet écart est significatif car il traduit l'importance
que nous attachons au dossier du transport dans notre région.
L'autre élément le plus significatif et que nous
n'hésitons pas à qualifier d'unique, réside dans la
création de ce nouvel organisme que nous avons nommé le
Regroupement des gens d'affaires de l'est de Montréal et région,
ci-après appelé le regroupement. Pour la première fois
dans l'histoire de l'est de Montréal, sept chambres de commerce et
associations de gens d'affaires se sont réunies autour d'une même
table et ont résolu de consacrer le temps et les énergies
nécessaires à l'élaboration d'une position commune face
à un enjeu qui, depuis des décennies, occupe une place majeure
dans l'ensemble des débats qui agitent nos communautés.
Le regroupement s'appuie sur des organismes qui couvrent toutes les
villes de l'est montréalais: Saint-Léonard, Anjou,
Montréal-Est, Repentigny, de même que l'ensemble des quartiers de
l'est de la ville de Montréal. Au delà de l'aspect territorial,
le regroupement réunit également les communautés
francophones, itaiophones et autres, qui ont souvent, par le passé,
évolué de façon parallèle, mais qui aujourd'hui, et
de plus en plus, unissent leurs efforts sous le signe de la
réciprocité et en vertu d'une meilleure symbiose.
Nous n'hésitons pas à dire que le prétexte qui a
suscité pareille unification des milieux d'affaires est le
dépôt du plan d'action sur le transport dans la région de
Montréal et la nécessité que nous avions, individuellement
ou collectivement, de réagir aux diverses options qui étalent
présentées. Ainsi, la question du transport revêt une telle
importance dans notre région et a été l'occasion de
tellement d'attentes, de revendications et de déceptions que la
réunion de nos chambres de commerce et associations est apparue comme un
geste naturel et que nos travaux préparatoires au dépôt du
présent document se sont effectués dans une harmonie
complète illustrant la concordance de nos idées et la
cohésion de notre action.
À l'instar de nombreux intervenants dans la grande région
de Montréal, le regroupement tient à exprimer sa satisfaction
face au dépôt du plan d'action qui représente
l'aboutissement de nombreuses recherches, en plus de constituer un geste
concret visant à solutionner les nombreux problèmes vécus
dans cette partie du territoire québécois. Le regroupement
félicite également les instances gouvernementales pour la tenue
d'une commission parlementaire qui témoigne du souci de l'État
d'ajuster le plan d'action en fonction de nouvelles considérations qui
pourraient être portées à son attention.
Ce n'est certes pas au ministre des Transports du Québec ni aux
membres de la commission parlementaire que nous apprendrons l'importance que
revêt la question du transport pour une société.
Épine dorsale de l'économie régionale, les
éléments constituants du transport freinent ou facilitent la
croissance économique, le développement culturel ou
l'accès à une plus grande équité sociale. C'est
d'ailleurs l'adhésion à de tels principes qui est sous-jacente
aux efforts déployés en vue d'améliorer les réseaux
de transport, et c'est sur la base de ces mêmes principes que nous avons
érigé nos positions et bâti notre argumentation.
La question du transport a toujours été vécue avec
beaucoup d'acuité par les populations de l'est de Montréal et des
environs. Autrefois caractérisé par une faible densité de
population, un poids démographique relativement restreint et l'absence
d'unité entre les différents Intervenants, l'est de
Montréal fut longtemps un peu l'enfant pauvre dans les grands dossiers
du transport. Jusqu'au début des années soixante-dix, le
boulevard Métropolitain se transformait vers l'est en simple voie de
service à partir du
carrefour de l'autoroute 25; pendant plusieurs années, la station
Frontenac a représenté la fin du réseau du métro
souterrain vers l'est, et les grandes voies intermunicipales que sont les rues
Sherbrooke, Notre-Dame et Henri-Bourassa étaient dans un état
plus que lamentable.
Les choses se sont substantiellement améliorées depuis,
mais à un rythme affichant toujours un certain décalage avec la
réalité extrêmement mouvante de l'est montréalais,
comme si cette partie du territoire représentait le tout dernier maillon
dans la chaîne des priorités. Cette situation n'était pas
sans raison, comme il est exprimé plus haut, mais elle repose aussi sur
une certaine carence au niveau de l'analyse et de la perception face à
cette partie du territoire: l'est a rarement été analysé
comme une entité dotée de sa propre dynamique, fort
différente de celle des autres composantes de la grande région de
Montréal. Ce n'est que depuis qu'on a fait sonner l'alarme, à la
suite des fermetures successives de certaines raffineries et autres industries
manufacturières d'envergure, que l'est de Montréal est devenu
l'objet d'une plus grande préoccupation, et s'est même vu
doté de limites qui en permettent l'identification.
L'est et ses environs: un secteur en plein essor. Si l'est de
Montréal a quelque peu souffert sur le plan de l'emploi manufacturier,
il en va tout autrement de son évolution démographique. Alors que
la population de l'île de Montréal se caractérise par une
faible mais continue décroissance, des villes comme Anjou ou Repentigny,
et des quartiers montréalais comme Pointe-aux-Trembles et
Rivière-des-Prairies témoignent à l'inverse d'un dynamisme
surprenant: sur une période de cinq ans, entre 1981 et 1986, Repentigny
a vu sa population croître de 18, 5 %. À
Rivière-des-Prairies, la hausse a été de 57 % et elle
s'est établie à 18 % à Pointe-aux-Trembles. En
réalité, les villes et les quartiers de l'est de Montréal
et des environs affichent toutes les caractéristiques de la banlieue et
présentent donc une problématique qui s'apparente beaucoup plus
aux régions limitrophes de l'île, plutôt qu'à la
Communauté urbaine de Montréal qu'on présente souvent
comme un territoire dont le nombre d'effectif est en stagnation et même
en régression.
Les données issues du plan d'action renforcent encore ce constat.
Le tableau 1 du plan permet de constater que le poids démographique du
secteur est de l'île de Montréal s'est considérablement
accru au cours des dix dernières années et, si l'on remonte
à 1966, il a carrément doublé: le secteur est
représente aujourd'hui 16 % de la population de l'île tout en
offrant encore d'excellentes perspectives de croissance.
Le territoire couvert par le Regroupement des gens d'affaires de l'est
de Montréal et région correspond, sur le plan
démographique, à quelque 400 000 personnes, soit l'effectif du
secteur est de l'île de Montréal, tel que défini au plan
d'action, plus ceux des quartiers Hochelaga et
Maisonneuve et de la ville de Repentigny.
La plus grande partie de ce territoire a fait l'objet et continue de
faire l'objet d'efforts intenses de la part des différents paliers de
gouvernement en vue de permettre sa revitalisation sur le plan
économique. Ces efforts commencent d'aiileurs à porter fruits et
il devient de plus en plus stratégique d'y intégrer les
possibilités offertes par des réseaux de transport mieux
adaptés et plus performants. Il s'agissait d'ailleurs d'une des
recommandations majeures du comité pour la relance de l'économie
et de l'emploi de l'est de Montréal.
Le secteur privé a aussi démontré une vigueur
certaine au chapitre des investissements dans l'est de Montréal. En plus
de nombreuses entreprises manufacturières qui s'y sont
implantées, on a pu constater depuis cinq ans le développement
d'un véritable sous-centre à proximité du carrefour de
l'autoroute 25 et de l'autoroute 40, comme il s'en est créé dans
l'ouest de l'île de Montréal et cela, conformément aux
orientations du schéma d'aménagement de la Communauté
urbaine de Montréal. L'émergence de ce sous-centre est maintenant
un fait accompli et a un effet d'entraînement qui justifie pleinement
l'amélioration des réseaux de transport dans son
environnement.
Le transport dans l'est de Montréal: les options du plan. Le
regroupement désire d'abord souligner sa satisfaction devant plusieurs
des interventions envisagées dans le plan d'action notamment le
réaménagement de l'échangeur de l'autoroute 40 et 640, le
prolongement du boulevard Ville-Marie jusqu'à l'autoroute 25, le
prolongement de l'autoroute 25 jusqu'à Laval.
Le regroupement est également heureux des bonifications au plan
d'action qui furent annoncées par le ministre au cours des derniers mois
et notamment: la participation du gouvernement, dans une proportion de 50 %, au
coût des travaux de réfection du boulevard Henri-Bourassa, le
versement d'une subvention à la STCUM, conditionnelle à une
amélioration du service de transport en commun dans l'est de
Montréal.
Tous ces différents projets répondent à des besoins
véritables et urgents, et ils sont accueillis favorablement dans notre
milieu. Toutefois, deux éléments suscitent des commentaires, des
interrogations et des revendications de notre part: le calendrier de
réalisation des interventions proposées et la nature des projets
relatifs au transport collectif dans l'est de Montréal.
Parmi les trois projets mentionnés dans le plan d'action et
auxquels nous adhérons pleinement, soit l'amélioration de
l'échangeur des autoroutes 40 et 640, le prolongement de l'autoroute 25
et le prolongement du boulevard Ville-Marie, projets qui entraînent des
investissements de 205 000 000 $, nous constatons qu'à peine 25 000 000
$ de ces 205 000 000 $ seront dépensés durant la période
1988-1993, l'essentiel étant conservé pour la période
1993-1998. Curieusement, le sommaire des coûts afférents
à
l'ensemble des projets pour le réseau routier nous Indique que la
proportion des dépenses affectées à la période
1988-1993 est de plus de 52 %. Pourquoi l'est de Montréal doit-il se
contenter d'un maigre 12 % pour cette période et être encore une
fois relégué à plus tard dans l'ordre des
priorités?
Cette orientation est d'autant plus surprenante que tout est
déjà en place pour accueillir, au-delà d'une simple
amorce, le prolongement du boulevard Ville-Marie et le prolongement de
l'autoroute 25. Nous ne saurions trop insister sur l'importance, pour soutenir
la relance économique de l'est de Montréal et solutionner une
bonne partie des problèmes d'engorgement, de mettre en marche
très rapidement la réalisation de ces deux projets. Les
difficultés liées au transport des marchandises par camion, aussi
bien dans le processus d'expédition que dans celui de la
réception des marchandises, donnent beaucoup de maux de tête aux
chefs de nos entreprises manufacturières. L'accès aisé
à des voies rapides et adaptées est essentiel à la
croissance de l'économie et de l'industrie.
Le prolongement de l'autoroute 25 constitue une priorité,
particulièrement pour un grand nombre d'intervenants du nord-est de
l'île de Montréal. En fait, la réalisation de ce projet
pourrait s'effectuer en deux étapes, selon les deux périodes
déjà identifiées. Là également, l'autoroute
25 constituerait un excellent soutien au développement et à
l'évolution des vastes secteurs industriels sis de part et d'autre de
cette voie: parcs industriels d'Anjou, de Saint-Léonard, de
Montréal-Nord et de Rivière-des-Prairies. Il s'agirait
également d'une artère facilitant les déplacements de
main-d'oeuvre et de consommateurs compte tenu de la présence de centres
commerciaux de grande envergure; qu'on mentionne Place Versailles, Galeries
d'Anjou, Place Marc-Aurèle-Fortin. Nous demandons au ministre d'assurer
la réalisation des travaux de prolongement de l'autoroute 25, pour la
partie située sur l'île de Montréal, dès la
période 1988-1993, et de s'assurer que la conception de cette future
voie n'ait pas pour effet d'enclaver l'est. Il faudra garantir en particulier
des voies d'accès et de sortie aisées aux intersections
principales: rue Bombardier, boulevard Henri-Bourassa, Maurice-Duplessis,
Perras et Gouin. Si l'autoroute 25 peut éventuellement rendre la vie
plus facile aux Lavallois, elle doit d'abord et avant tout desservir les
résidants de l'est de Montréal qui sont très
concernés par ce projet.
En ce qui a trait au prolongement du boulevard Ville-Marie, ce projet
est également essentiel pour contribuer à une meilleure
répartition du trafic routier et à une plus grande
fluidité de la circulation, en plus de mieux desservir les zones
industrielles des quartiers Hochelaga, Maisonneuve et Mercier-Ouest, qui ont
bien besoin de tels services. Nous demandons au ministre de devancer
l'échéancier des travaux, en ramenant la réalisation de ce
projet à la période 1988-1993.
De plus, nous savons à quel point le ministre est conscient de
l'importance du projet de réfection du boulevard Henri-Bourassa, qui
tient particulièrement à coeur aux communautés de
Montréal-Est, Rivière-des-Prairies, Anjou et Pointe-aux-Trembles.
Nous sommes heureux que ce projet soit enfin lancé sur une bonne voie,
après plusieurs années d'efforts et de revendications, et nous
demandons au ministre de s'assurer que les travaux débutent dès
la présente année et soient parachevés dans les plus brefs
délais. Nous rappelons au ministre que le boulevard Henri-Bourassa, une
fois transformé en véritable boulevard urbain plutôt qu'en
l'actuel chemin de campagne, permettra une meilleure liaison entre les
communautés de Pointe-aux-Trembles, Anjou, Rivière-des-Prairies
et Montréal-Est et contribuera à faciliter l'accès
à Montréal. Cette liaison représentera la pierre angulaire
d'une stratégie de développement industriel de cette partie du
territoire, puisque la très grande majorité des terrains
industriels encore disponibles dans l'est de Montréal sont situés
de part et d'autre du boulevard Henri-Bourassa.
Enfin, le ministre a déjà annoncé la ferme
intention du gouvernement de procéder à une réfection
d'envergure du boulevard Métropolitain. Comme tout observateur le
moindrement attentif, nous ne pouvons qu'applaudir à cette
décision. Nous croyons toutefois qu'il est indispensable et prioritaire
de finaliser préalablement le prolongement du boulevard Ville-Marie, la
réfection du boulevard Henri-Bourassa et le prolongement de l'autoroute
25 qui ferait la jonction entre ces deux artères, de façon
à offrir une alternative intéressante pour les véhicules
durant toute la période des travaux relatifs au boulevard
Métropolitain.
Abordons maintenant la question du transport collectif. Pour l'est de
Montréal, le plan d'action fait état d'un seul projet au chapitre
du transport collectif, soit le développement du réseau du
métro souterrain vers Montréal-Nord, en prolongement de la ligne
5 à partir de la station Saint-Michel dans un axe nord-sud à peu
près parallèle au boulevard Pie-IX. Sur les 200 000 000 $ que
représente ce projet, seulement 25 % seraient investis au cours de la
période 1988-1993, alors que cette proportion grimpe à 71 % pour
la totalité des projets relatifs au transport collectif, et même
à 87 % si l'on exclut le projet précis de la ligne 5. Encore une
fois, l'est fait piètre figure sur le plan des priorités. (16 h
45)
La question du transport collectif a toujours heurté la
sensibilité des résidants de l'est qui voient ceux de l'ouest,
jusqu'à Deux-Montagnes et Rigaud, profiter de services de transport qui
leur font envie. Comment se fait-il que les 5000 habitants de Hudson, sur les
rives de l'Outaouais, ont droit à un système de transport
collectif supérieur à celui des 40 000 résidents
de Repentigny? Pourquoi les projets de métro tels que la ligne 7
(axe Pie IX), le prolongement de la ligne 5 vers le sous-centre d'Anjou (axe
Jean-Talon) et le métro de surface (ligne 8 vers Pointe-aux-Trembles)
sont-ils maintenant complètement absents du paysage immédiat et
lointain? Du moins, ils l'étaient en partie.
Nous demandons que soient réactivés les projets de ligne 5
vers le sous-centre d'Anjou et de ligne 7 permettant une jonction avec la ligne
numéro un, de façon que les deux projets puissent être
inclus à l'intérieur d'un échéancier raisonnable de
réalisation. La ligne no 7, d'orientation nord-sud dans l'axe du
boulevard Pie IX, pourrait même être déplacée encore
plus vers l'est. Ces deux projets sont beaucoup plus conformes aux besoins
d'une bonne partie de nos populations, dont les déplacements sont
davantage orientés vers le centre-ville et favorisent la consolidation
du sous-centre d'Anjou.
Dans un second temps, la ligne no 7 devrait se prolonger vers l'est dans
le quartier de Rivière-des-Prairies. Le projet de ligne no 7 pourrait
aussi, à plus long terme, répondre aux besoins de la population
de Laval.
Nous demandons également que soit remis en place de façon
prioritaire le projet de métro de surface ou de train de banlieue connu
sous le nom de la ligne no 8, en utilisant l'emprise du CN dans le sud-est de
l'Île, avec correspondance à la station de métro Radisson.
Ce projet pourrait éventuellement desservir la population de Repentigny
et sa région, avec l'implantation d'un parc d'incitation tel que
proposé au plan d'action.
Dans le même ordre d'idées, et avec la présence de
stations de métro telles que Radis-son, sise au carrefour de l'autoroute
25 et de la rue Sherbrooke, nous croyons que l'est de Montréal se
prêterait à l'implantation de parcs d'incitation, destinés
à recevoir les véhicules provenant de la rive sud, de certains
secteurs de l'est et, éventuellement, de la rive nord.
De nombreux organismes voués aux questions du transport ont
préparé des documents d'expertise et de contre-expertise sur les
diverses options. Nous croyons qu'au-delà des chiffres, des
données et des arguments technico-économiques les options
afférentes au transport collectif sont d'abord une choix politique, dans
le sens noble du terme: un choix relatif à l'organisation d'une
collectivité en vue des valeurs qui y sont existantes.
Pour l'est de Montréal, le transport collectif est notre talon
d'Achille, le boulet que nous traînons à nos pieds. Nos
industriels se plaignent des difficultés croissantes de recrutement de
main-d'oeuvre parce que l'exigence presque absolue est d'être
motorisé. Notre main-d'oeuvre se plaint de l'absence d'un système
adéquat qui l'oblige à ajouter à la congestion des
artères du centre-ville où elle occupe un emploi. Nos
étudiants se plaignent des trajets interminables pour se rendre à
leurs cours, trajets qui leur amputent jusqu'à trois heures par jour.
Nous demandons au ministre de prendre en considération nos
requêtes, plutôt que de maintenir une position qui ne plaira
à personne et qui ne réglera pas les problèmes actuels,
problèmes qui sont appelés à prendre de l'ampleur. Nous
comprenons plusieurs des raisons sous-jacentes au projet retenu dans le plan
d'action, mais nous croyons fermement que l'est de Montréal est
légitimement en droit de revendiquer un meilleur sort et de solliciter
un effort qui s'inscrit parfaitement dans l'ensemble des actions mises en place
par le gouvernement du Québec, par les autres agents gouvernementaux et,
surtout, par le milieu lui-même pour valoriser ce territoire et accentuer
son développement.
Dans ce même chapitre consacré au transport collectif, nous
tenons à remercier le ministre pour s'être fait, en quelque sorte,
le défenseur des droits des gens de l'est de Montréal
auprès de la STCUM, en exigeant une amélioration substantielle
des services dispensés dans notre territoire. Cette démarche
semble porter fruits et, surtout, elle nous rassure quant à la
réceptivité de nos requêtes par le ministre et la
commission parlementaire.
Nous remercions tous les membres de cette commission d'avoir
accepté de nous recevoir et de nous écouter dans le cadre de
leurs travaux. Nous profitons de l'occasion pour souligner la collaboration
obtenue de nos élus provinciaux et nous nous réjouissons de la
présence de certains d'entre eux à cette commission parlementaire
aujourd'hui. On a remarqué la présence de M. Gobé, M.
Parent, M. Gervais, M. Trudel, M. Larouche et de Mme Harel. Nous
espérons avoir démontré que l'est de Montréal a
maintenant atteint une maturité et témoigne d'un dynamisme tel
que les projets qui le concernent pourront s'appuyer sur une unité entre
les intervenants et, de plus en plus, être enclenchés par
ceux-là même qui auront à les vivre.
Depuis dix ans, l'est de Montréal a considérablement
modifié sa structure; il est en train de modifier son image et souhaite
édifier son avenir. Merci, messieurs et mesdames.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, monsieur.
Je vais maintenant reconnaître M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
uniquement pour dire, dans un premier temps, au regroupement que le
mémoire présenté est de très bonne qualité,
quant à moi, comme tous les mémoires, mais il a ce volet
particulier qu'il représente les gens d'affaires de cette partie
importante de l'île de Montréal qu'est l'est de Montréal.
Cela donne une vision autre que ce qu'on a entendu jusqu'à maintenant en
termes de perspectives de développement et de moyens d'atteindre ces
développements.
Bien sûr, vous avez évoqué tantôt qu'on a
réglé ou amorcé le règlement de certains
problè-
mes particuliers de l'est, cela ne se ferait pas sans
l'intermédiaire des collègues députés qui sont
intervenus à plusieurs reprises. Je me garderai la fin de
l'interrogatoire, passant la parole à mon collègue de Lafontaine
qui aurait quelques questions à vous poser. Je vous reviendrai par la
suite, avant la fin de l'écoulement de notre temps.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lafontaine.
M. Gobé: Merci, M. le Président. Merci, M. le
ministre. J'apprécie grandement de pouvoir profiter de ces quelques
minutes de votre temps. En commençant, je tiendrais à
féliciter le regroupement des chambres de commerce et organismes
d'affaires de l'est de Montréal, incluant Repentigny, bien entendu, qui
est présent. C'est une première, je pense, de voir Repentigny se
joindre à ce regroupement.
Je dois dire que c'est non seulement plaisant, mais c'est encourageant
de voir que, dans notre région, il n'y a pas seulement des gens qui
défendent des intérêts divergents, mais des gens qui se
regroupent et qui sont capables de travailler à un projet commun,
à quelque chose qui correspond à l'ensemble des besoins de notre
région, bien qu'elle soit assez diversifiée comme on peut en
convenir lorsqu'on y va. Surtout que ces gens représentent plusieurs
comtés, dont les collègues sont ici présents, comme vous
le disiez M. Chassé et vous n'êtes pas sans savoir que ces
collègues, auprès de leurs organismes particuliers dans leurs
municipalités, dans leur comté ont fait des recommandations. Il
me fait plaisir d'en retrouver plusieurs dans votre mémoire.
Bien entendu, ce n'est pas compliqué, car je crois que ça
représente vraiment ce que les gens de notre coin, les hommes
d'affaires, les commerçants et aussi les citoyens pensent globalement.
Il peut y avoir là quelques modifications ou quelques nuances sur une
station de métro quelque part ou un échéancier, mais,
globalement, je pense que vous faites part d'un consensus qui existe dans l'est
de Montréal, tant chez les élus provinciaux que chez les hommes
d'affaires et dans la population, soit l'amélioration et le
développement non seulement du réseau routier, mais du
réseau de transport en commun.
Depuis quelques jours, j'écoutais les témoignages de la
Chambre de commerce de Montréal, de la ville de Montréal, de la
CUM et, enfin, de la STCUM. Tout le monde disait: II faut amener des choses
dans l'est, du transport dans l'est. Tout le monde semble être d'accord
avec ça, sauf que, depuis quelques années, les gens en parlent,
mais rien ne se fait. Cela ne s'est pas fait, je crois, parce que les
intervenants de l'est, depuis de nombreuses années, ne se sont pas pris
en main. Je crois qu'il y a eu beaucoup de divergences entre différents
intérêts locaux ou particuliers.
Alors, cela m'amène à poser quelques questions, justement
puisque vous êtes les représentants de vos chambres de commerce,
à peut-être plusieurs d'entre vous. Je commencerai peut-être
par M. Argento qui est le porte-parole de la Chambre de commerce de
RMère-des-Prairies, et ça concerne l'autoroute 25. M. Argento,
dans votre mémoire, vous faites mention de l'intérêt que
votre quartier, mais tout l'est aussi, aurait pour la continuation de
l'autoroute 25, ce qui sous-entend, bien entendu - une autoroute ne
s'arrête pas sur le bord d'une rivière - la construction du pont.
Est-ce que vous pourriez m'expliquer pourquoi cette position par rapport
à d'autres positions qu'on a entendues et où on était
contre?
M. Argento: Comme il est bien dit dans notre mémoire, cela
avantagerait, de façon concrète, toutes les industries qui sont
aux abords de cette autoroute. Je crois que ça allégerait aussi
le grand problème que nous vivons actuellement, celui de l'engorgement
dans ce coin-là. Pour les gens qui connaissent un peu ce coin,
l'autoroute 25 s'arrête actuellement au Métropolitain ou à
peu près. Quand on essaie de se rendre au-delà de cette partie,
il faudrait presque avoir un avion ou un moyen de transport avec des ailes ou
quelque chose de semblable.
C'est dans ce sens-là qu'on demande dans notre plan d'action que
cela soit une priorité et que ce soit fait rapidement, de façon
à régler ce problème le plus tôt possible.
M. Gobé: Est-ce que vous pensez que la construction de
cette autoroute, qui rejoindrait - si on emploie le plan de transport avec
lequel vous êtes d'accord pour cette partie en particulier - le boulevard
Ville-Marie et Laval, permettrait l'échange de marchandises, de produits
et de travailleurs dans les parcs industriels et d'une manière plus
efficace? Est-ce que cela aurait un impact sur le développement des
parcs industriels de Rivière-des-Prairies?
M. Argento: Assurément, oui. C'est un problème que
nous vivons actuellement, c'est un problème chronique. Nos parcs
industriels ne se développent pas, tout simplement pour la bonne et
simple raison que les gens n'ont pas de bons moyens pour s'y rendre. En
même temps, ça aiderait la circulation en général
dans l'est à mieux se déplacer, non seulement pour les personnes
qui habitent dans le coin, mais aussi pour tous les gens qui ont affaire
là, les camionneurs, les industriels, les résidents, etc.
M. Gobé: Vous avez mentionné dernièrement -
je pense que c'était dans les journaux - qu'on construisait un centre
commercial de 135 000 000 $ à Rivière-des-Prairies. J'ai
rencontré, vendredi dernier, des représentants de l'entreprise
Devencore, qui représente Petro-Canada, qui nous faisaient part de leur
intention
d'implanter dans la ville d'Anjou - donc à côté de
l'autoroute - un parc industriel qui créerait, je pense, 6000 ou 7000
emplois. Est-ce que vous pensez que c'est une nécessité pour
mener à bien ces projets, ce centre commercial de 135 000 000 $ à
Rivière-des-Prairies, qui créera aussi plusieurs milliers
d'emplois, et aussi ce gros parc industriel? Pensez-vous que sans cette
autoroute-là, ça pourrait compromettre ces projets?
M. Argento: Assurément. Je verrais difficilement comment
on pourrait avoir un centre commercial de cette envergure-là, qui serait
probablement un des plus gros dans la province de Québec, qui pourrait
fonctionner avec les petites rues que nous avons présentement. C'est un
non-sens. Je pense que ça va de soi. C'est logique. Un centre comme
ça ne peut sûrement pas fonctionner avec les moyens autoroutiers
qui existent présentement.
M. Gobé: Si je comprends bien, votre groupe justifie son
appui à l'autoroute 25, au pont de la voie de ceinture,
premièrement, pour la libre circulation des résidants, le
développement industriel et une certaine logique routière et
économique en même temps. Est-ce bien ça?
M. Argento: Économique aussi en même temps.
M. Gobé: Je vous remercie, M. Argento. J'ai
peut-être une autre question pour M. Blanchard de l'AGAP, de
Pointe-aux-Trembles et Montréal-Est. M. Blanchard, on voit dans le
mémoire que vous parlez de l'utilisation des voies ferrées de
Pointe-aux-Trembles vers Repentigny pour un système de transport en
commun rapide. J'aimerais vous poser une question. Vous savez que
l'implantation de tels projets nécessite d'abord que les enclaves sur
lesquelles les wagons vont rouler passent dans les endroits les plus
peuplés, les plus facilement accessibles. Vous n'êtes pas sans
savoir, je crois, que plus le moyen de transport en commun est
compliqué, moins les gens ont le goût de le prendre parce que les
délais s'allongent et que c'est fatigant et ennuyeux. Est-ce qu'advenant
la volonté du ministère d'aller de l'avant avec de nouveaux
projets, de nouvelles technologies... On parle beaucoup, depuis quelques jours,
de nouveaux moyens de transport par monorail qui coûtent peu cher,
beaucoup moins cher, bien souvent, que les métros, mais aussi qui sont
beaucoup plus souples et qu'on peut, à cause de la largeur et de la
flexibilité de la voie, quasiment modeler sur les agglomérations
et les voies de communication importantes. Est-ce que vous pensez que, dans un
premier temps, ça pourrait être intéressant pour votre
quartier, pour Pointe-aux-Trembles, et bien entendu
Rivières-des-Prairies aussi, mais particulièrement dans votre
coin?
M. Blanchard (Jean-Claude): Vous avez pu constater que dans le
mémoire on parle de la ligne 8 parce que la ligne 8 est là. C'est
l'emprise du CN. Vous constaterez aussi que nous sommes très modestes
dans notre demande parce qu'on aurait pu demander, comme beaucoup de monde, un
métro souterrain. Alors, on a dit que la ligne est là. On
s'interrogeait à savoir si on appelait ça un train de surface.
Est-ce qu'on appelle ça un train de banlieue? Quel chemin va-t-ii
prendre? On n'a pas fait d'étude là-dessus. Il y a une ligne 8
qui existe et si, avec une nouvelle technologie, vous pouvez la faire bifurquer
pour prendre plus de monde, on est d'accord avec cela. La seule chose qu'on
veut, c'est un transport collectif qui pourrait peut-être
éventuellement se rendre à Repentigny et desservir la
région de Repentigny-Le Gardeur, L'Epiphanie, et ainsi de suite.
M. Gobé: Est-ce que vous avez le nombre de
véhicules provenant de Repentigny qui passent sur l'autoroute
Métropolitaine à la hauteur de Pointe-aux-Trembles aux heures de
pointe?
M. Blanchard: Malheureusement, je ne l'ai pas.
M. Gobé: Vous n'avez pas ça. De combien peut-on
parler? 20 000? Vous n'avez pas cette donnée?
M. Blanchard: Non.
M. Gobé: Dans votre mémoire, M. Blanchard, on voit
aussi que vous remerciez M. le ministre d'avoir pris un peu fait et cause pour
le transport en commun dans l'est d'une manière très rapide,
parce qu'on parle de grands projets mais il y a aussi le quotidien à
gérer. Vous savez, et tout le monde le sait dans le coin, qu'on a
beaucoup de problèmes à se déplacer en autobus. Cela prend
une heure et demie pour aller au centre-ville. Cela prend une heure et
cinquante-cinq minutes aux étudiants pour aller à
l'Université de Montréal depuis Pointe-aux-Trembles ou
Rivière-des-Prairies et possiblement de la ville d'Anjou et de
Saint-Léonard aussi. Vous semblez remercier le ministre pour être
intervenu auprès de la STCUM. Est-ce que vous vouliez parler là
des 2 000 000 $ qu'il a demandé d'utliser pour les métrobus?
M. Blanchard: C'est-à-dire qu'on a assisté à
une conférence de presse de la STCUM dimanche dernier et on nous a
annoncé 80 % des heures allouées pour le métrobus et les
améliorations dans l'est. D'ailleurs, c'est ce qu'on demandait,
d'améliorer le service du transport en commun par autobus,
c'est-à-dire avoir un métrobus qui se rendrait au métro
Beaugrand dans un premier temps. Ensuite on verra. (17 heures)
M. Gobé: Je vois les gens de Repentigny.
Pouvez-vous me dire ce qui vous a amenés à vous joindre
à nous? Qu'est-ce qui vous a amenés à vous joindre
à cette commission? Quelle est la raison?
M. Brunet (Richard): M. le député, tout d'abord,
Repentigny a été invitée par le regroupement à se
joindre aux différentes chambres de commerce de la région. Ce qui
nous a motivés, nous de Repentigny, à nous y joindre, c'est que,
somme toute, Repentigny fait effectivement partie de la grande région de
Lanaudière, mais elle est séparée de l'île de
Montréal par une simple rivière qu'on peut franchir assez
aisément, quel que soit le mode de transport. Il y a aussi le fait que
Repentigny a un urgent besoin de transport en commun. D'accord?
Repentigny possède une population d'environ 45 000 habitants qui
est caractérisée par des professionnels ou des travailleurs qui
ne sont pas nécessairement des travailleurs manuels parce qu'à
Repentigny il n'y a pas un gros parc industriel comme tel; il n'y a pas
énormément d'emplois à Repentigny, sauf des emplois de
boutique. Il en résulte donc que Repentigny doit être en
communication rapide et efficace avec l'île de Montréal,
d'où nos interventions pour un transport collectif devant nous brancher
sur la grande couronne montréalaise.
M. Gobé: D'accord. En terminant, je voulais vous parler du
boulevard Henri-Bourassa, M. Argento, mais je pense que le temps est assez
limité. On sait que le ministre a investi 8 000 000 $ sur le boulevard
Henri-Bourassa et je pense que vous vouliez dire un petit mot à ce
sujet, M. Argento. Ce serait peut-être ma dernière intervention.
Je m'excuse, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Si mon collègue me le
permet, comme ce dossier est réglé, on pourrait peut-être
aborder l'avenir un peu, en souhaitant que l'annonce de l'argent se
matérialise sur le terrain le plus rapidement possible. Mais, n'en
étant pas le maître-d'oeuvre, puisque c'est la ville de
Montréal, on attendra effectivement après elle. Je pense que vous
pouvez faire les représentations nécessaires auprès des
autorités municipales pour que cela puisse
s'accélérer.
Vous êtes évidemment pleinement conscients que votre
présentation concernant le pont et du complément de la 25,
jusqu'à la 440 va un peu - J'hésite à employer le terme -
à contre-courant de ce qu'on a entendu; on vient qu'on ne sait plus ce
qui est à contre-courant. Mais, à tout le moins, une...
Une voix: On rame.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, on rame. A tout le
moins, votre orientation est fort différente. Alors que ies gens sont
venus nous dire précédemment que cela permettrait
l'étalement industriel, vous venez nous dire, au contraire, que cela
favoriserait le développement commercial et industriel de l'est de
Montréal et vous nous citez l'exemple de Devencore - c'est
peut-être M. Gobé qui l'a fait - qui serait prête à
investir plusieurs centaines de millions de dollars, semble-t-il...
Une voix: Des milliards.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que Devencore s'est
associée à Petro-Canada? C'est le projet dont nous parlait la
Chambre de commerce de Montréal tout à l'heure?
M. Gobé: C'est ça. C'est exact, sur les terrains de
Petro-Canada.
M. Côté (Charlesbourg): J'aimerais que vous soyez un
petit peu plus précis parce que, évidemment, la pression
étant là quant aux décisions, ce que vous souhaitez, c'est
que la 25 aille rejoindre la 440, incluant le pont, le plus rapidement
possible, avec les sorties nécessaires pour permettre à la partie
est de la ville de Montréal de se développer. Vous êtes
fermement convaincus que, ce faisant, on faciliterait le développement
de l'est de Montréal.
M. Argento: Assurément. D'abord, notre mémoire le
dit très bien. Dans un premier temps, on demande que la 25 soit
prolongée jusqu'à la rivière en fin de compte et, dans un
deuxième temps, on demande aussi que le pont soit construit. On ne
partage pas nécessairement l'opinion que la ville va se vider à
cause d'un pont, contrairement à bien d'autres. SI on regarde un peu ce
qui se passe actuellement autour de la ville de Montréal, où il y
a des ponts ou aux approches, là où ! y a des ponts, que je
sache, la ville ne s'est pas vidée et les gens ne se sont pas
sauvés du jour au lendemain à cause de ça.
Dans le même ordre d'idées, j'aimerais tout simplement
ajouter une chose. Il faudrait d'abord s'assurer qu'il y ait des accès
convenables pour les gens qui demeurent dans l'est, pour qu'ils ne soient pas
immédiatement enclavés évidemment, parce qu'une structure
en béton devant nous, ce n'est pas joli. Mais prenons l'exemple d'une
ville comme Toronto où les ponts ne sont pas nécessaires; on
pourrait donc assumer qu'il y a des ponts partout et que toutes les routes ont
des ponts à Toronto. Est-ce que Toronto s'est vidée
récemment ou dans le passé ou va-t-elle le faire à
l'avenir parce qui y a des ponts partout, si on peut utiliser ces
termes-là?
M. Côté (Charlesbourg): C'est assez opposé
comme perspective. Finalement, comme vous êtes des hommes d'affaires,
j'imagine que vous avez probablement raison. En tout cas, je n'ai pas encore vu
bien des politiciens qui avalent de l'argent pour investir dans les industries.
Règle
générale, ce sont les hommes d'affaires. Quand les hommes
d'affaires disent qu'ils veulent investir, ce n'est pas mon argent, c'est leur
argent. Il me semble que vous n'ayez pas l'esprit suicidaire à ce point
de proposer de construire un pont qui diminuerait, finalement, vos
Investissements. Je ne suis pas sûr que ce soit ce que vous visiez. Vous
visez davantage à les faire engraisser. Vous semblez être assez
convaincus.
Uniquement sur le plan de la connaissance du dossier pour tout le monde,
en 1987, il circulait 76 240 véhicules sur le pont Charles-De Gaulle
alors que sur le pont Le Gardeur, qui est un pont à plus petit gabarit,
ce sont 19 859 personnes, ce qui fait des débits assez
considérables compte tenu de la capacité des ponts.
La deuxième question que l'avais, c'est le métro par
rapport au monorail. De ce que je comprends, il n'y aura pas de fermeture pour
autant qu'il y ait une bonne intégration des systèmes s'adaptant
mieux aux clientèles et au volume de clientèles. Je comprends que
cette question est réglée.
L'élément le plus critique de votre présentation
est, bien sûr, le calendrier. Il est bien articulé, il va dans
l'interprétation des données à l'intérieur du plan.
Si nous avions à choisir parmi toutes vos priorités - je ne parle
pas de transport en commun, parce qu'on convient que c'est une
nécessité et qu'on doit y donner la priorité - à
partir du volet routier, s'il y avait une nécessite, est-ce qu'on
devrait choisir Ville-Marie ou, si on veut accélérer, l'autoroute
25?
M. Argento: II est difficile de répondre à cette
question parce que l'une ne va pas sans l'autre. Selon nous, le but de faire
les deux est justement de créer des voies alternatives ou des voies
d'évitement aux problèmes que nous vivons actuellement. L'une ne
peut pas aller sans l'autre. Si on me demande: "Veux-tu qu'on coupe ton bras
gauche ou ton bras droit", ça va être bien difficile de
répondre à cette question.
Je crois que c'est nécessaire afin d'assurer une ceinture, et je
pense qu'on en parle clairement dans notre mémoire, de façon
qu'on désengorge, qu'on allège d'abord les problèmes que
nous vivons quotidiennement sur le boulevard Métropolitain pour
commencer et, deuxièmement, qu'on facilite la circulation dans ces
endroits.
M. Côté (Charlesbourg): Vous me renvoyez un peu la
balle. Ce n'est pas le propre des hommes d'affaires habituellement. Comme homme
d'affaires, si vous avez deux bonnes occasions, comme ça pourrait
être le cas sur le plan du réseau routier, si vous n'avez pas
l'argent, vous allez commencer par en faire une. Dans ce cas, si j'ai bien
saisi le sens de vos Interventions tantôt, au moment où on se
parle, vous êtes enclavés sur votre propre territoire de l'est et
il faut donc y accéder pour être capable de le développer.
Par conséquent, est-ce que je me tromperais de dire qu'à ce
moment l'autoroute 25, à tout le moins jusqu'à
Rivière-des-Prairies, vous apparaît l'élément le
plus important à réaliser par rapport à l'ensemble?
M. Argento: Je crois que oui, compte tenu que si on regarde un
peu la carte géographique de Montréal on s'aperçoit
rapidement que, dans l'est, on n'a aucune voie d'accès nord-sud qui
permette vraiment de traverser la ville. Dans ce sens, je dirais oui, mais je
tiens quand même à dire que c'est aussi Important d'avoir
l'autre.
M. Côté (Charlesbourg): Et vous croyez que le
complément de Ville-Marie, peu importe s'il était en autoroute ou
en boulevard urbain, avec l'autoroute 25, serait de nature à
désengorger Métropolitain et Décarie?
M. Argento: Certainement. Je crois que ça va
sûrement les soulager, sûrement aider la situation chronique que
nous vivons présentement. De là à vous dire si ça
va régler tous les problèmes qui existent sur le boulevard
Métropolitain, je crois que ce n'est pas de notre ressort de
répondre à ça, mais je crois que oui.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
avant de terminer, je veux remercier le regroupement Je pense que c'est
effectivement un fait d'armes de regrouper autant de mouvements pour un
territoire comme le vôtre. Je pense que c'est tout à votre
honneur, surtout de défendre vos convictions. Je pense que tout le monde
les défend, même si les points de vue sont différents
à l'occasion, mais vous avez jeté un éclairage à
tout le moins nouveau sur l'autoroute 25. Cela va très certainement
réjouir le chef de l'Opposition qui, lui aussi, est pour l'autoroute
25.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévis.
M. Garon: J'aimerais que le ministre laisse le chef de
l'Opposition donner ses impressions. Quand il s'agissait des gens qui voulaient
venir ici, quand son bureau disait que c'était l'Opposition qui ne
voulait pas, on a été obligés de rétablir les
faits. Le chef de l'Opposition, quand il a quelque chose à dire, est
capable de le dire. Habituellement, il se base sur des études quand il
se prononce sur quelque chose.
M. Côté (Charlesbourg): Habituellement, il se base
sur des études?
M. Garon: Habituellement, il se base sur des études.
Aujourd'hui, j'ai remarqué que ce qui a caractérisé la
journée, c'est l'absence d'études. La plupart des gens l'ont dit,
les données sur le secteur routier dans la région de
Montréal, c'est plutôt clairsemé.
M. Côté (Charlesbourg): C'est encore sur
mon temps, M. le Président? Je finis.
M. Garon: Je suis sur mon temps. Vous avez fini là.
M. Côté (Charlesbourg): Non. je finis. C'est encore
mon temps.
M. Garon: Votre temps est fini, un instant. M. le
Président, je voudrais qu'on respecte les règlements. Depuis le
matin qu'on ne les respecte pas, il serait peut-être temps de commencer a
les respecter.
M. Côté (Charlesbourg): Je vous déposerai
à la commission la lettre de M. Chevrette, qui m'a écrit pour
appuyer le complément de la 25.
Des voix: Ah!
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Mille-Îles.
Una voix: Tiens, regardons ça! M. Garon: Faites-la
parvenir.
Le Président (M. Salnt-Roch): M. le député
de Lévis, la parole est à vous.
M. Garon: M. le Président, J'aimerais demander au groupe
qui est devant nous quelles sont les études qu'ils ont faites concernant
le plan du transport présenté par le ministre. J'ai
remarqué que vous avez dit: "Je crois que oui" à des questions
sans être complètement convaincu. J'aimerais savoir sur quelle
base d'études votre regroupement de chambres de commerce repose son
analyse.
M. Argento: D'abord, les chiffres que vous voyez dans notre
mémoire sont basés sur des études, faites par le
gouvernement actuel et d'autres instances, qu'on a pu recueillir. Nous, en tant
que regroupement de gens d'affaires de l'est, ne croyons pas que c'est à
nous de faire des études d'une telle envergure. D'abord, on n'a pas les
moyens de le faire. Nous sommes, comme vous le savez, des
bénévoles. Ce n'est pas à nous de faire ce travail, il y a
des gens qui sont payés pour faire cela. Je pense que cette tâche
leur revient, pas à nous. Notre rôle, c'est de représenter
plutôt nos membres qui sont les gens d'affaires de l'est de
Montréal.
M. Garon: De quelle façon êtes-vous arrivés
à ces conclusions? Est-ce que chacune de vos chambres a
étudié cela ou si vous avez fait un comité avec un
représentant par chambre pour regarder cela et faire un mémoire?
Comment cela a-t-il été fait?
M. Argento: Évidemment, ce qu'on a fait, c'est qu'on a
créé un comité composé de plu- sieurs personnes,
plusieurs représentants de chacune des chambres, lesquels se sont
réunis à plusieurs reprises Jusqu'à ce que nous soyons
arrivés à un consensus qui est celui que nous voyons aujourd'hui
dans notre mémoire.
M. Garon: Étiez-vous ici lorsque la communauté
urbaine a fait son exposé, ce matin?
M. Argento: Non. Malheureusement, j'ai été retenu
par la tempête.
M. Garon: C'est parce qu'il y a eu une représentation de
ta ville de Montréal, de la communauté urbaine - pour
Montréal-Nord, le maire est encore ici - de l'ensemble de la
communauté urbaine qui a représenté d'une façon
unanime toute l'île de Montréal, de comment les choses devraient
se faire, les priorités, tant dans le domaine du transport collectif que
dans le domaine du secteur routier. Considérez-vous qu'une
Communauté urbaine de Montréal qui est unanime a un certain
caractère représentatif?
M. Argento: Je crois que oui. La communauté urbaine
représente l'ensemble de Montréal. Quant à nous, pour
autant qu'on soit concernés, on connaît davantage les besoins de
l'est de Montréal. C'est pour cela qu'on est là.
Évidemment, cela n'enlève rien à ce qui a
déjà été soumis par d'autres gens. Ce n'est pas
notre rôle non plus d'en caler d'autres ou de dire quoi que ce soit dans
ce sens.
M. Garon: II y a une question que j'aimerais vous poser, que M.
le ministre a posée tout à l'heure à la Chambre de
commerce de Montréal, qui ne vous a pas posée comme regroupement
de chambres de commerce. Tout le monde parle d'une quatrième source de
financement. Le ministre a demandé à la Chambre de commerce de
Montréal si les entreprises qu'elle représentait pourraient faire
partie de la quatrième source de financement. J'aimerais vous demander
si vous vous êtes Interrogés sur ce plan. Les entreprises que vous
représentez se considèrent-elles possiblement comme une
quatrième source de financement par rapport au domaine du transport
routier pour des revenus additionnels, notamment, dans le transport collectif
ou autres, dans la région de Montréal? Et est-ce que les
entreprises de vos chambres de commerce ont pensé à des formes de
participation financière de l'entreprise pour assurer un meilleur
développement du transport dans la région de Montréal?
M. Argento: Comme je l'ai dit tantôt, je crois que ce n'est
pas à nous de trouver le financement pour faire les autoroutes. Je crois
qu'il y a des gens qui sont en place et qui sont payés pour faire cela.
(17 h 15)
Deuxièmement, si la question nous était
posée, comme vous le dites, il y aurait peut-être lieu de
faire des recherches à savoir s'il y aurait des gens qui seraient
Intéressés à faire cela. Dans le contexte actuel, je crois
que ce n'est pas opportun de se prononcer pour ces gens, il y a des gens qui
sont au pouvoir ou dans l'Opposition qui peuvent travailler à ces
dossiers.
M. Garon: C'est parce que le ministre nous a dit à
plusieurs reprises que dans certains endroits, certaines villes, les
entreprises sont mises à contribution pour payer une taxe
spéciale pour certains équipements collectifs ou routiers de
sorte que, selon ce que nous a dit le ministre à quelques reprises
devant certains organismes, cela démontre davantage l'implication et la
volonté réelle d'obtenir ces équipements. Il y a beaucoup
de parcs Industriels au Québec où il y a beaucoup plus d'espaces
libres que d'usines. Je connais des parcs industriels où il n'y a rien
dedans, juste la clôture. Évidemment, quand le gouvernement les
paie à 100 %, c'est plus facile de dire: Pas de problème, envoie,
mets-en. Quand le gouvernement demande une contribution financière,
habituellement, les hommes d'affaires deviennent beaucoup plus
réalistes; ils deviennent différents.
Je vous demande, à ce point de vue, si vous aviez une
contribution... Si vous établissiez la priorité des
équipements que vous souhaitez dans votre secteur en fonction d'une
contribution financière que les entreprises que vous représentez
auraient à payer, quel serait l'ordre de priorités que vous
souhaiteriez pour l'établissement de ces projets?
M. Argento: Je crois que présentement les industries dont
vous faites mention paient déjà une bonne partie de ce
gâteau, n'est-ce-pas? Je crois que les industries auxquelles vous faites
allusion paient déjà quand même de bonnes taxes, sont une
bonne source de revenus. De là à vérifier s'il faudrait
qu'elles en paient davantage, je crois que, comme je vous l'ai dit
tantôt, ce n'est pas notre rôle.
M. Garon: Le ministre parle toujours d'une taxe spéciale.
Il ne parle pas des impôts que tout le monde paie...
M. Argento: Vous voulez ajouter...
M. Garon:... mais d'une taxe spéciale en fonction
d'équipements qui pourraient être implantés. J'ai
trouvé cela curieux qu'il ne vous pose pas la question parce que,
habituellement, aux autres, souvent il la pose. C'est pour cela que j'aimerais
savoir si les entreprises que vous représentez avaient à payer
une taxe, comme une taxe d'affaires... Il a posé la question tout
à l'heure, je ne sais pas si vous étiez ici quand il l'a
posée à la Chambre de commerce de Montréal, une taxe
d'affaires, une taxe particulière. En fonction des équipements et
du coût des équipements, quel serait l'ordre de priorités
que vous établiriez?
M. Dorval (Richard): Pour ma part, et au nom de mes
collègues aussi, M. le député, je pense qu'en
réglant la question du transport collectif et du transport autoroutier
dans l'est de Montréal l'augmentation de l'activité
économique, l'augmentation des emplois et les taxes payées par
ces nouveaux employés, les prestations d'assistance sociale que la
province aura de moins à payer, je pense que cela peut contribuer
à financer les nouveaux investissements qu'on demande.
M. Garon: On voit que vous êtes un partisan de la main
Invisible d'Adam Smith, que les choses vont se régler
d'elles-mêmes, mais quand le ministre a besoin de revenus, il demande aux
autres ce qu'Us seraient prêts à payer pour ces équipements
et, notamment, pour des équipements qui vont amener des gens chez eux
Par exemple, est-ce que c'est mieux du transport collectif pour amener des
gens? Parce qu'ils disent qu'ils en profitent s'il y a plus d'affaires. Donc,
elles en profitent, les entreprises. Alors, est-ce que c'est
préférable, par exemple, une autoroute ou un pont? En fonction de
tout cela, en fonction de contribuer au financement, quel est l'ordre de
priorités que vous voyez?
Évidemment, il n'a pas tort quand il demande cela, le ministre,
parce que ce qu'il veut dire, c'est que lorsqu'on n'a rien à payer,
c'est plus facile, mais quand il y a une contribution... C'est comme les
municipalités; quand elles sont venues ce matin, elles ont parlé,
par exemple, d'une participation financière là-dedans. Quand la
ville de Montréal et la communauté urbaine ont parlé d'une
étude, elles ont dit qu'elles étaient prêtes à
contribuer aux coûts. C'est pour cela que je vous demande, comme
représentants des chambres de commerce, comme hommes d'affaires ou comme
représentants d'entreprise, quelle serait la participation que vous
envisageriez?
M. Argento: Comme je l'ai dit tantôt...
M. Garon: Souvent les entreprises ou les chambres de commerce
parient d'un ticket modérateur pour les citoyens mais dans les
équipements...
M. Argento: On ne peut et on ne veut pas jouer de rôle des
gouvernements qui sont en place, M. Garon. Alors, c'est très difficile
de nous faire jouer ce rôle-là, on n'est pas qualifiés pour
faire cela. Il y en a qui le sont.
M. Garon: Je vous remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. Sur ceci, je tiendrais à remercier
le Regroupement des gens
d'affaires de l'est de Montréal pour leur participation aux
travaux de cette commission. M. le député de Lafontaine?
Très brièvement. M. le ministre?
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
j'aimerais déposer, avec votre permission, la lettre de mon
collègue de Joliette, datée du 21 septembre 1968, et qui explique
très bien dans son premier paragraphe: Je désire appuyer la
résolution de la corporation de développement économique
de ta région de Joliette concernant le raccordement de l'autoroute 25
à l'échangeur d'Anjou, la construction d'une voie de ceinture sur
la rtve nord de Montréal et le prolongement de l'autoroute 25 entre
Mascouche et Saint-Esprit. Je suis très heureux de constater qu'il y a
unanimité des partis à l'Assemblée nationale.
Une voix: Ce qui prouve qu'un chef de l'Opposition peut
être...
M. Gobé: Est-ce qu'on pourrait avoir une copie de la
lettre, M. ie Président? Pour les membres de la commission. Merci.
Le Président (M. Salnt-Roch): Oui, nous allons faire des
photocopies pour distribution à tous les membres de la commission. Je
vous remercie messieurs. Sur ceci, Je demanderais maintenant aux
représentants du Comité de citoyens pour le transport en commun
de Pointeaux-Trembles de bien vouloir prendre piace si vous plaît.
À l'ordre, s'il vous plaît!
Alors, permettez-moi, dans un premier temps, de vous souhaiter la
bienvenue aux travaux de cette commission. Je demanderais au porte-parole de
bien vouloir s'identifier ainsi que la personne qui l'accompagne, s'il vous
plaît, pour le bénéfice des parlementaires.
Comité de citoyens et citoyennes pour le
transport en commun à Pointe-aux-Trembles
Mme Rousseau (Suzanne): Suzanne Rousseau, coordonnatrice du
Comité de transport pour les citoyens et citoyennes à
Pointe-aux-Trembles. Mon collègue, Bernard Lauzon.
Le Président (M. Salnt-Roch): A partir de ce moment-ci,
vous avez maintenant 20 mlnutes pour présenter votre mémoire.
Mme Rousseau: M. le Président, M. le ministre, mesdames et
messieurs de la commission parlementaire, nous aimerions profiter de cette
occasion privilégiée pour remercier M. le ministre
Côté pour la subvention qu'il a octroyée à la
STCUM pour améliorer le service de transport collectif dans l'est
de Montréal. Grâce à cette subvention, les citoyens et
citoyennes de Pointeaux-Trembles et de Rivière-des-Pralries profiteront
d'une ligne de métrobus à compter du mois d'avril. Nous
espérons, M. le ministre, que vous nous accorderez toujours le
même appui
Nous aimerions également remercier les membres de la commission
parlementaire de nous avoir invités afin de vous faire part de notre
réflexion et de nos recommandations en vue d'améliorer le
transport en commun dans l'est de Montréal. J'aimerais passer la parole
à M. Lauzon.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Lauzon?
M. Lauzon (Bernard): Je voudrais vous faire locture d'un
résumé du mémoire qu'on a présenté. D'abord,
le Comité de citoyens et citoyennes pour le transport en commun à
Pointe-aux-Trembles a vu le jour en juin 1984. Il a déjà
présenté un mémoire à la Société de
transport de la Communauté urbaine de Montréal, dans lequel il
exprimait les besoins des citoyens de Pointeaux-Trembles. On a
également, dans le passé, effectué deux sondages d'opinion
majeurs auprès des citoyens et citoyennes de ce quartier en vue de
connaître leurs suggestions pour l'amélioration du transport en
commun.
En 1988, nous avons encore une fois présenté un nouveau
mémoire au conseil d'administration de la Société de
transport de la Communauté urbaine de Montréal. Nous avons,
encore une fois, consulté les usagers relativement aux propositions
qu'on avait suggérées dans ce mémoire et on a recueilli
une pétition de 2300 noms à l'appui de nos revendications. Voici
pour la présentation de notre comité.
Maintenant, en ce qui concerne le plan de transport qu'on a
étudié avec attention, tout d'abord, le ministre, M. Marc-Yvan
Côté, dans son introduction à la synthèse du plan
d'action, note que la situation du transport dans la grande région de
Montréal est préoccupante à plusieurs égards. Il y
a des besoins à satisfaire et les problèmes à
résoudre sont complexes. Le nombre de projets proposés et les
sommes en cause sont considérables. Les priorités du gouvernement
du Québec sont de faciliter le déplacement de tous les citoyens
et des biens.
D'abord, mentionnons que les membres de notre comité
considèrent cette grille d'analyse des besoins de transport dans la
région de Montréal comme conforme à la
réalité. Nous constatons, par ailleurs, que le plan d'action
reprend divers projets qui apparaissaient dans d'autres plans d'action
similaires depuis 1970, mais ne propose pas de nouvelles structures
administratives qui pourraient véritablement changer l'état de
choses existant.
Relativement au transport collectif, nous croyons que
l'évaluation du ministère sous-estime la situation réelle
car, à notre avis, le métro de Montréal, entre les
stations Jean-Talon et Place-d'Armes et entre les stations Berri-UQAM et Peel,
a atteint un degré de saturation qu'il sera difficile de dépasser
dans l'avenir sans compromettre l'efficacité du système.
D'autre part, dans son rapport, le ministère considère, et
je cite: "Le transport collectif remplit une mission sociale importante,
assurant une mobilité de base à la population de la
région. " Nous croyons que cette perception du ministère est
misérabiliste en ce qui concerne le transport collectif. Il s'agit,
semble-t-il, pour les gens du ministère des Transports, tout au plus
d'un mal nécessaire ou d'un service essentiel pour les citoyens qui ne
peuvent pas se payer une automobile, soit les chômeurs, les
assistés sociaux, etc. Il s'agit, à toutes fins utiles, d'un
prolongement du service des affaires sociales. Pourtant, plusieurs
gouvernements de par le monde croient avec raison, croyons-nous, que le
transport collectif est la seule solution aux problèmes d'engorgement
que connaissent nos grandes agglomérations urbaines. De plus, plusieurs
économistes et politiciens considèrent que le transport collectif
est un élément essentiel de tout programme de relance
économique. On constate, par ailleurs, que le plan d'action ne propose
aucun prolongement de métro dans l'est, à Pointe-aux-Trembles,
aucun stationnement Incitatif, aucune voie réservée aux autobus
et, également, aucun projet de train de banlieue.
Mesdames et messieurs les membres de la commission, je voudrais
simplement faire un bref historique. En 1967, il était possible, aux
heures de pointe, pour les gens de Pointe-aux-Trembles, de se rendre du bout de
l'île au centre-ville dans un délai de 50 minutes, grâce
à un autobus express qui existait sur la rue Notre-Dame. Par la suite,
la Commission de transport de la communauté urbaine délaissait ce
mode de transport très populaire pour orienter ses réseaux
d'autobus afin qu'ils amènent tous leurs passagers vers le métro.
L'extension du métro jusqu'à Honoré-Beaugrand a sans doute
amélioré le service pour les gens qui demeurent à
proximité des stations de métro, mais pour les gens de
Pointe-aux-Trembles, contrairement aux attentes, le temps total consacré
au transport n'a pas diminué pour autant. À titre Indicatif,
présentement, les gens de Pointe-aux-Trembles mènent environ une
heure à une heure trente minutes pour se rendre du bout de l'île
jusqu'au centre-ville, alors qu'en 1967 on pouvait le faire en 50 minutes aux
heures de pointe.
De plus, ailleurs dans le rapport du ministère, on constate, et
je cite: 'L'ensemble des observations sur la clientèle du transport
collectif ne peut cependant pas être appliqué de façon
systématique à la clientèle des trains de banlieue.
Celle-ci, concentrée presque exclusivement dans l'ouest du territoire de
la CUM, nest généralement pas captive du transport collectif;
c'est une clientèle qui choisit plutôt le train pour sa
commodité, le temps d'accès, le confort relatif qu'il offre pour
se rendre au centre-ville, qui est la destination principale des
déplacements. "
Dans un document de 1970 de la communauté urbaine Intitulé
Transport public, un bond en avant, le président du comité
exécutif de l'époque, M. Lucien Saulnier, résume, dans son
introduction, la perception que les élus de l'époque se faisaient
du transport public. Je vais me permettre de citer quelques paragraphes de son
introduction. il disait, par exemple: "Le développement harmonieux et la
mise en valeur bien ordonnée du territoire de la Communauté
urbaine de Montréal exigent que les autorités politiques placent
le transport sous toutes ses formes en tête de liste de leurs objectifs.
Une ville qui vit est une ville en mouvement, et l'élément
fondamental du mouvement des personnes restera toujours le transport public.
Bien conçu et réalisé, il facilitera toujours
l'organisation des autres moyens de transport. " Également, il ajoutait
que: "L'anarchie, dans le transport public conduit très vite à
l'asphyxie. C'est un service essentiel à la vie collective. Il doit
être soutenu et financé pour une bonne part par le Trésor
public. " (17 h 30)
Plus loin, il disait: "Pour satisfaire les besoins croissants de
l'automobile, on a consacré des Investissements considérables
à l'amélioration du réseau routier en perçant de
nouvelles artères, en construisant des autoroutes, en aménageant
des aires de stationnement et en recourant à des contrôles
compliqués de la circulation. " Un peu plus loin, on peut lire:
"L'automobile inactive accapare un espace de stationnement en parc ou en
immeuble dans une zone dont la valeur immobilière est
élevée. L'automobile, en somme, est un moyen de transport peu
efficace qui grève considérablement les ressources
financières de la collectivité. "
Mesdames, messieurs, considérant le point critique atteint par
l'achalandage des lignes 1 et 2 du métro, soit des stations Berri-UQAM
vers l'ouest jusqu'aux stations McGill et Bonaventure, nous pensons que le
temps est venu d'entreprendre l'étude d'un nouvel accès au
centre-ville. Nous croyons qu'en plus de la clientèle des villes de
Montréal-Est, de Pointe-aux-Trembles et de Tétreaultville, une
telle ligne de trains de banlieue recueillerait un nombre considérable
de nouveaux clients entre les rues Viau et Honoré-Beaugrand.
Nous proposons donc que soit étudiée sérieusement,
dans le cadre du présent exercice, l'opportunité de mettre sur
pied une ligne de trains de banlieue entre l'extrémité est de
l'île, dans l'emprise de la voie du CN existante, pour rejoindre celle du
port de Montréal et ce, jusqu'au centre-ville de Montréal.
De plus, il serait sûrement pertinent d'étudier par la
même occasion la possibilité de construire une station intermodale
de cette nouvelle ligne au niveau de la ligne 4 qui relie les stations
Berri-UQAM et Longueuil, à l'Intersection des rues Bonsecours et de la
Commune.
À cet égard, je voudrais signaler que ce nouveau moyen de
transport contribuerait à la mise en valeur du Vieux-Port et pourrait
donner une nouvelle perspective au développement de
celui-ci. Le gouvernement fédéral serait probablement
intéressé par cette proposition qui contribuerait à
assurer un accès convenable à cette partie de la ville qui
possède un potentiel certain.
Évidemment, on propose une étude, mais, à plus
court terme, on voudrait faire certaines propositions. Nous croyons que sur la
rue Notre-Dame, à cause de sa situation privilégiée, une
voie réservée aux autobus express offrirait une alternative
valable au transport par métro qui, on l'a dit tout à l'heure, a
présentement atteint un point de saturation au centre-ville. Dans un
premier temps, il conviendrait d'élargir à six voies de
circulation la rue Notre-Dame par une modification des structures des deux
viaducs qui s'y trouvent présentement, à l'est des rues du Havre
et Viau. Notons que ces travaux devraient être réalisés
préalablement à tout ouvrage permettant de relier cette
artère déjà congestionnée à la montée
Saint-Léonard. Une aide financière du ministère
permettrait probablement la réalisation préalable de ces
corrections.
Dans un autre ordre d'idées, la ville de Montréal a
déjà amorcé le réaménagement complet de la
rue Sherbrooke, entre Honoré-Beaugrand et la 40e Avenue, à
Pointe-aux-Trembles. Elle annonçait dernièrement un projet pour
compléter le réaménagement de la rue Sherbrooke jusqu'au
bout de l'île. Nous croyons que le ministère pourrait offrir son
aide en vue de devancer les échéances en exigeant que soit
aménagée une voie réservée aux autobus entre le
bout de l'île, sur la rue Sherbrooke, jusqu'à la station
Honoré-Beaugrand.
En ce qui concerne le transport privé, nous sommes, au
départ, des partisans du transport en commun mais, puisque le transport
en commun ne s'avère pas une solution valable dans plusieurs cas et que
nous sommes tenus d'utiliser le transport privé, nous tenons à
dire quelques mots relativement à la construction d'un pont. Compte tenu
de la situation catastrophique du transport des véhicules privés,
tant dans la partie centrale que sur le boulevard Métropolitain, nous
croyons que la solution au transport des personnes de la partie est de Laval et
des municipalités du secteur de la rive nord devrait consister en
l'aménagement d'un réseau de transport en commun efficace
relié au réseau actuel Par conséquent, nous croyons qu'il
y a lieu de reconsidérer à court terme la réalisation d'un
pont dans le prolongement de l'autoroute 25.
Dans notre mémoire, on proposait également le
réaménagement complet du boulevard Henri-Bourassa, encore une
fois pour alléger le problème du boulevard Métropolitain.
En plus, on proposait d'élargir, comme on l'a dit tout à l'heure,
à six voies la rue Notre-Dame entre le pont-tunnel
Louis-Hippolyte-Lafontaine et le centre-ville, mais également de revoir
le profil de la rue Notre-Dame à l'est du pont-tunnel, de façon
que cette voie importante puisse servir d'une façon valable pour le
transport des personnes.
En terminant, je voudrais simplement mentionner que nous avons fait
parvenir à des organismes communautaires, sociaux et de loisirs, ainsi
qu'à des comités d'école de notre quartier, la liste
complète de nos revendications ou de nos propositions qui apparaissent
à la fin de notre mémoire. On voudrait déposer au ministre
une liasse de lettres d'appui à ces recommandations qu'on nous a fait
parvenir au cours des dernières semaines.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. Lauzon.
Je vais maintenant reconnaître M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Je voudrais remercier M.
Lauzon et Mme Rousseau, je crois...
Mme Rousseau: C'est ça.
M. Côté (Charlesbourg): de leur participation
à cette commission puisqu'ils représentent assurément une
partie du territoire de l'île de Montréal qui, comme on le voit
sur la carte, en arrière, est en évolution. Les couleurs qu'il y
a sur la carte n'ont aucun rapport avec les couleurs politiques. Quand
ça tend vers le rouge, c'est en croissance démographique entre
1981 et 1986 On se rend compte facilement que, dans ce cas-là, c'est
Rivière-des-Prairies qui est allée chercher le plus
d'augmentation de population par secteurs de recensement et que, dans le cas de
Pointe-aux-Trembles, une partie démontre, de manière aussi
significative, une augmentation de sa population.
Je voudrais commencer par le mal nécessaire. Évidemment,
on ne peut pas rester insensibles à de tels propos. Je veux tout
simplement vous rassurer. Si les écrits laissent percevoir que c'est la
conception même ou la perception des gens du ministère des
Transports, je veux vous rassurer tout de suite sur ceci: ce n'est pas à
tout le moins l'esprit... Si la lettre fait tirer ces conclusions, ce n'est pas
l'esprit. C'est pour ceia qu'avec la CUM, ce matin, j'ai d'abord entamé
le règlement du dossier du transport en commun pour très
nettement montrer l'apport économique et la nécessité de
favoriser le transport en commun.
Vous faites référence à une série de mesures
qui vont tantôt du léger à un peu plus lourd et,
finalement, à la solution d'une problématique du transport
routier. D'abord, Je veux vous dire que les efforts que nous avons farts, il
n'y a pas tellement longtemps, pour tenter de soulager vos problèmes
viennent de revendications du milieu qui, de chez vous, sont parvenues jusque
chez nous par l'Intermédiaire de nos collègues
députés. Ce qui a été fait est peu par rapport
à ce qu'il reste à faire, mais c'est à tout le moins un
espoir de règlement de la situation dans laquelle vous êtes
plongés.
Je peux peut être aborder la question du
métro, puisque vous le faites. Vous prenez soin de l'aborder de
manière, à mon avis, très sage. Ce qu'on dit: le
métro ou quelque chose qui s'apparente à un métro de
surface ou à l'utilisation d'un mode de transport léger, mais qui
répondrait à notre demande aussi et qui ferait en sorte qu'on
puisse se rabattre sur le métro éventuel et, par la suite, aller
là où l'on veut sur le territoire.
De là ma question, puisque je veux régler l'histoire du
métro ou du métro de surface: Lorsqu'on a eu la commission
parlementaire du mois d'août 1987, qui était un
élément ultime de consultation, avant même de
préparer le plan, le mémoire déposé par la CUM,
qui, donc, devait représenter les intérêts de l'ensemble de
l'est de l'île... J'ai beau fouiller dans ma mémoire et revoir le
texte, en aucun temps II ne fut question, si je ne m'abuse - si je fais erreur,
dites-le moi - de la ligne 8. Donc, pour nous, au ministère, à
partir du moment où on a analysé, on a dit: La Communauté
urbaine de Montréal, qui est normalement le leader quant aux choix
à faire pour l'île, a décidé que la ligne 8
n'était pas pour elle une priorité où on devrait
intervenir, après avoir réglé les problèmes de la 7
et de la 5, si je comprends. Est-ce que vous aviez cette impression vous aussi?
Donc, le plan voulait répondre à une demande du milieu et c'est
pour ça qu'on n'en fait pas mention dans le plan puisqu'on voulait
parler des choses qui, quant à nous, étaient réalisables
pour les dix prochaines années. Est-ce que vous vous étiez
informés de cette situation-là?
M. Lauzon: Effectivement, nous avons été
informés par la suite. Je voudrais simplement apporter une
précision. D'abord, vous avez parlé de transport léger
pour rabattre les citoyens vers le métro. C'est une proposition qu'on
n'appuierait pas du tout. L'originalité de notre proposition est
justement du fait de rabattre plutôt les citoyens vers un transport
léger en direction du centre-ville en créant un nouvel
accès vers le centre-ville et non pas en contribuant encore plus
à engorger le réseau de métro actuel.
M. Côté (Charlesbourg): Si vous me permettez, parce
que j'ai la carte de tous ces circuits, dans mon livre, la 8, qui partait de la
pointe est de l'île, allait rejoindre ta station Honoré-Beaugrand.
Alors, ce dont vous parlez, c'est beaucoup plus que ça.
M. Lauzon: Exactement. Le comité que je représente
est conscient de l'ensemble des projets qui ont été
proposés pour amener les gens de l'est de Montréal vers le
centre-ville. Au cours des 20 dernières années, nous avons
procédé à l'étude exhaustive de tous les projets
qui ont été présentés et nous croyons
sincèrement - et c'est l'opinion des usagers - que la décision de
nous amener, nous, citoyens de Pointe-aux-Trembles, vers (e métro
Honoré-
Beaugrand ou vers le métro Radisson s'avère un choix qui
ne répond pas aux besoins actuels. Peut-être qu'à une
certaine époque, ça pouvait répondre à des besoins
mais, actuellement, il y a un élément fondamental qui a
changé au cours des 10 dernières années: le réseau
actuel du métro est saturé présentement. À
certaines heures, on a de la difficulté à prendre le
métro. Alors, si on nous oblige à faire un transfert à la
station Radlsson ou Honoré-Beaugrand - il est évident que
l'élément Important pour le transport en commun, c'est le temps
de transport - le matin et le soir en revenant et qu'en plus de ça on
contribue encore plus à engorger le métro qui a atteint
actuellement un point de saturation, on ne va qu'allonger le temps de transport
qu'on prend présentement. Alors, cela ne s'avère pas une solution
valable.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que je comprends dans
votre intervention, c'est qu'il y a au moins deux problèmes: d'abord,
celui du transfert modal et celui de la surcharge d'une ligne qui est existante
actuellement. On semble se diriger, à tout le moins - peu importe si on
est dans les extrémités de l'île ou à
l'extérieur de l'île -davantage vers une organisation de transport
intermodal qui favoriserait le transfert modal afin de maximiser le
réseau lourd existant, mais avec davantage de rabattement. Alors, le
transfert semble pour vous un irritant, si on peu employer l'expression, qui
ferait en sorte que les gens seraient peut-être encore plus
encouragés à prendre le transport privé que le transport
en commun.
M. Lauzon: Oui. M. le ministre, lorsque vous arrivez à une
station de métro et que vous devez attendre dix à quinze minutes,
sur le quai, le passage de quatre rames de métro avant de pouvoir
accéder non pas à un siège, mais à une place juste
sur le bord de la porte, vous ne pouvez pas parler de rentabiliser un
système existant quand ce système est saturé. Il est
déjà utilisé, à certaines heures, à son
maximum. On ne peut pas rentabiliser davantage un système qui est
déjà utilisé à son maximum à certaines
heures.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai une petite
difficulté avec ça. Si je comprends bien, à moins que ma
connaissance du dossier ne soit pas très à Jour,
Honoré-Beaugrand, c'est la limite extrême est au moment où
on se parte.
M. Lauzon: Exactement.
M. Côté (Charlesbourg): À partir du moment
où vous auriez un système de rabattement en tête de la
ligne 2, il m'apparaît évident que vous seriez les premiers servis
à ce moment-là et que vous n'auriez pas le
phénomène d'attente, à moins que je ne sois
complètement perdu dans ma compréhension, puisque le métro
partirait du
bout de la ligne. Expliquez-moi cela. (17 h 45)
M. Lauzon: Vous avez parfaitement raison sur ce point-là.
Sauf que, losqu'H faut aller au centre-ville, on en revient également.
D'abord, un système de rabattement vers Honoré-Beau-grand, on le
vit actuellement par le système d'autobus de surface. On sait
déjà comment cela pourrait éventuellement se passer si y
avait un système léger qui nous rabattait vers
Honoré-Beaugrand. La situation est la suivante. C'est évident que
le matin, lorsqu'on prend le métro à Honoré-Beaugrand, si
on a de la chance, on peut s'asseoir dans le métro parce qu'il n'y a
personne et qu'on est en tête de ligne. Là n'est pas la question.
Si vous avez la chance de vous y asseoir le matin, le soir, quand vous rentrez
à la maison, soit à la station Champ-de-Mars ou à la
station Berri-De Montigny, c'est la que vous devez attendre et laisser passer
trois ou quatre rames de métro avant de revenir chez vous. Alors, c'est
le soir que vous perdez dix ou quinze minutes.
M. Côté (Charlesbourg): Je serais tenté de
vous dire, et ne le prenez pas mal parce qu'on vit cela aussi un peu dans la
région de Québec, que l'on est moins pressés pour y aller
que pour revenir.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Côté (Charlesbourg): À tout le moins, je
pense que cela fait le point...
M. Lauzon: II arrive également qu'à la station
Berri-De Montigny il est impossible de prendre le premier métro. Cela
arrive également, même le matin, lorsqu'on part a"
Honoré-Beaugrand, comme vous le dites, on est assis, à tout le
moins, on a une place dans le métro, c'est évident. Toutefois,
lorsqu'on arrive à Berri-De Montigny et qu'on doit faire un transfert
soit vers le nord ou vers le sud, il arrive qu'on doive attendre une ou deux
rames avant de pouvoir accéder à un wagon de métro.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais même si
votre ligne 8 avait son point d'origine dans l'est, tel que vous le souhaitez,
avec un système léger, et qu'elle se dirigeait vers le centre en
outrepassant, finalement, ou doublant la ligne 1 d'Honoré-Beaugrand vers
le centre-ville vous auriez toujours le même phénomène de
surcharge pour le transfert vers le nord à Berri-De Montigny parce que
votre ligne 8 ne remonterait pas vers le nord.
M. Lauzon: Non, à moins que.. Oui, effectivement. C'est
possible.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord Vous abordez une
deuxième possibilité, celle de voies réservées et
de stationnements d'incitation, et vous évoquez que Sherbrooke pourrait
être une route où on pourrait facilement Implanter une voie
réservée, donc avec parc d'incitation, et tout ça. Je vous
pose la question très franchement. Je n'ai jamais cru que l'Initiative
de proposer et de réaliser les voies réservées de
même que les parcs d'incitation devait relever du ministère des
Transports du Québec, le ministère des Transports pouvant
être un collaborateur sur le plan financier dans le but d'implanter ces
structures. Il m'apparaît plus sain sur le plan économique, bien
sûr, d'Investir d'abord là-dedans avant d'investir dans le
métro, ces mesures pouvant faire en sorte qu'on n'ait pas besoin de
métro.
Ne croyez-vous pas que ces initiatives doivent davantage venir de
l'autorité organisatrice en transport en commun qui a la
responsabilité de la desserte et, par conséquent, de la
planification de la desserte et de tout ce qui peut amener une augmentation
d'achalandage du réseau et qu'on est dans une situation où -
origine-destination nous le confirme - il y a une baisse d'achalandage de
l'usage de la société de transport en commun de Montréal?
Quand vous l'évoquez, je trouve ça sympathique, je trouve
ça réaliste, mais expliquez-moi pourquoi ça n'a pas
franchi les barrières de la STCUM sur le plan de son application.
M. Lauzon: Tout simplement... D'abord, en ce qui concerne notre
première demande qui est à plus long terme, celle de participer
à une étude, Je pense qu'habituellement le ministère des
Transports participe financièrement à ce genre
d'études.
Deuxièmement, comme vous l'avez souligné, les initiatives
de ces propositions devraient venir d'autres organismes, mais vous admettrez
avec mol que je ne suis pas là pour déterminer qui est
responsable de l'une ou l'autre des choses. J'imagine que si ces organismes,
que ce soit un comité de citoyens ou une ville.. Si c'était une
ville qui vous avait fait cette suggestion, vous auriez cru que c'était
de son initiative et probablement que vous l'auriez inclus à
l'Intérieur de votre plan de transport.
Je ne suis pas là pour les défendre, mais si les villes
n'ont pas souligné ou suggéré ces choses, nous, du
comité de citoyens, nous avons cru utile de sensibiliser le ministre
à ces problèmes. Effectivement, nous pensons qu'une voie
réservée sur la rue Notre-Dame pour des autobus express et une
voie réservée sur la rue Sherbrooke, qui partirait du bout de
l'île et qui amènerait les citoyens directement à la
station Honoré-Beaugrand, à court terme, ça
s'avérerait un excellent palliatif à la situation actuelle.
M. Côté (Charlesbourg): iriez-vous jusqu'à
dire que, comme dans le cas de l'ajout d'autobus ou de services d'autobus dans
l'est de Montréal, on pourrait prendre l'initiative si ça ne
venait pas?
Mme Rousseau: M. le ministre, en fin de compte, on attend
justement que vous fassiez peut-être la même mention d'une
subvention pour l'est de Montréal concernant les voies
réservées.
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez, je l'ai dit
dans mon discours d'ouverture, il est clair que les seules voies
réservées jusqu'à maintenant qui ont été
implantées l'ont été à l'initiative du
ministère des Transports du Québec. Cela touche 12 000 personnes
dans le cas de Champlain; sur le pont Viau, c'est assez exceptionnel aussi,
mais toujours à l'initiative du gouvernement du Québec. Il y a eu
cette volonté de décentralisation de la gestion et de
l'organisation du transport en commun pour les remettre au niveau municipal.
Finalement, ce sont des champs de juridiction qui leur appartiennent.
Dans le cas de la desserte spécifique de l'est, effectivement, on
a pris l'Initiative cet automne parce qu'il m'apparaissait y avoir là
des problèmes criants et on a fait accroc à notre politique
d'aide pour y aller de manière spécifique. Quant à nous,
on pense qu'effectivement, à la suite de tout ce qu'on a entendu, il va
falloir aller plus avant sur le plan des voies réservées, de
même que dans les parcs d'incitation et les gares intermodales. Cela
m'apparaît une constatation très évidente que les citoyens
désirent avoir quelque chose de plus léger, principalement en
surface.
Donc, il y a des messages très clairs. Je tirerai les
conclusions. Si, dans votre cas, l'initiative ne venait pas, j'envisagerai la
possibilité de me servir de mon pouvoir pour intervenir.
Sur le plan du réseau routier, ce que j'ai compris, c'est que
d'abord vous privilégiez un certain nombre de routes est-ouest, des
boulevards urbains, où on peut Intensifier l'accessibilité
à ces réseaux. Vous avez un exemple précis concernant la
rue Notre-Dame pour rendre plus accessible, à six voies, par
l'élimination de certaines structures. Vous parlez de la rue Sherbrooke
aussi. Vous avez parlé du boulevard Henri-Bourassa. À tout le
moins, concernant le boulevard Henri-Bourassa, une bonne partie a
été faite jusqu'à maintenant avec la ville de
Montréal.
Malheureusement, en allant chercher de l'information pour tenter de vous
répondre, j'ai manqué votre opinion sur la 25. J'aimerais
peut-être la réentendre, a tout le moins l'entendre.
M. Lauzon: En ce qui concerne l'autoroute 25, on croit que pour
desservir les citoyens actuels de l'est de Laval et des municipalités de
la rive nord la solution consisterait en l'aménagement d'un
réseau de transport en commun, sans le qualifier. On croit que, pour le
déplacement de ces personnes, II serait de beaucoup avantageux de
procéder à l'aménagement d'un réseau de transport
en commun qui serait relié efficacement au réseau actuel. C'est
notre position là-dessus.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, comme
vous représentez des citoyens et des citoyennes qui se transportent,
c'est davantage votre intérêt, alors que la chambre de commerce
représenterait peut-être davantage le monde des affaires. Je ne
vous demanderai pas votre opinion par rapport aux hommes d'affaires, au monde
des affaires Je respecte votre opinion là-dessus. Voilà, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je voudrais remercier les gens du Comité de
citoyens et citoyennes pour le transport en commun à Pointe-aux-Trembles
d'avoir pris la peine de faire un mémoire. Peu importent les opinions
que les gens peuvent avoir, c'est un mémoire cohérent qui
présente des idées, dans certains cas, originales. Je pense
qu'elles n'ont pas été élaborées par tous et j'ai
remarqué qu'à ce point de vue la contribution, en termes
d'utilisation des trains... C'est venu dans votre cas d'un groupe de citoyens
et, dans un autre cas, de la Fédération des travailleurs du
Québec, l'idée d'utiliser les voies existantes, ce qui n'en font
pas nécessairement des projets totalement chromés qui vont
coûter une fortune, mais qui essaient d'utiliser des équipements
qui sont déjà là et qui sont utilisables.
J'aimerais...
En fait, j'ai écouté le ministre un peu;
l'embêtement que j'ai, c'est que j'aurais aimé, pour ce qui est du
regroupement de la Communauté urbaine de Montréal que vous avez
entendu avant, lui demander sa réaction par rapport à ça.
Quand vous dites qu'à la station Berri-UQAM il y a pas mal de gens, le
document même du ministre l'indique. Donc, je pense bien que cette
constatation de votre part n'apparaît pas comme une surprise totale.
Même s'il a eu l'air surpris un peu, je pense bien que c'était
pour les besoins de la fonction. Je pense bien que le ministre a lu son
document écrit par ses fonctionnaires. Est-ce qu'il y a eu un peu de
débat ou, comme groupe de citoyens, avez-vous discuté de
ça, y avez-vous pensé comme des gens pratiques qui vivent la
question du transport collectif? Est-ce que, sur le plan de la région,
c'est un débat qui est assez répandu?
M. Lauzon: En ce qui concerne les recommandations à court
terme qu'on fait, je dote vous dire, M. le député, que
déjà depuis 1984, alors que notre comité avait fait un
sondage d'opinion auprès des usagers de la société de
transport, la très forte majorité des usagers favorisait
l'aménagement d'une ligne d'autobus express entre Pointe-aux-Trembles et
le centre-ville. C'est évident. Lorsqu'on a eu l'occasion, lors du
dépôt de ce plan d'action, de repenser les différents
éléments, effectivement, on a rencontré une
multitude de personnes, on a discuté avec les représentants, les
conseillers municipaux et une multitude d'usagers et on savait que la question
de la ligne 8 serait remise de l'avant lors des présentes
séances. On s'est penchés sur la question et effectivement, en
comité de sept ou huit personnes, on a regardé ça
froidemen. t On s'est dit: Est-ce vraiment de ça qu'on a besoin, une
ligne 8, un métro de surface qui remplacerait, à toutes fins
utiles, les métrobus qu'on a actuellement pour nous rabattre sur le
métro Honoré-Beaugrand ou Radisson?
Les résultats de cette réflexion nous ont fait imaginer
que ce n'est pas ça. Les gens veulent avoir un accès direct au
centre-ville Ils ne veulent pas avoir l'impression de perdre leur temps en
faisant un transfert à une gare modale, que ce soit un transfert de
l'autobus au métro ou d'un train de surface au métro.
Effectivement, il y a un temps perdu, une perte de temps lors de ce transfert
modal et, en plus de ça, les gens ont le sentiment qu'ils perdent leur
temps. Ils sont obligés de descendre de l'autobus, descendre les marches
de la station de métro, attendre une nouvelle rame qui arrive. On a le
sentiment que le temps de transport n'est pas utilisé efficacement
lorsqu'on a à faire ce transfert modal.
Ceci s'ajoute au fait qu'effectivement le réseau de métro
au centre-ville est déjà surchargé, est déjà
saturé à plusieurs périodes au cours de la journée.
Il est difficile d'embarquer. On a tous vu des photos, il y a quelques
années, du métro de Tokyo où les policiers poussaient les
gens pour les forcer à entrer dans le métro. À certaines
heures, au métro de Montréal, il n'y a pas encore de policiers
qui poussent les gens pour les embarquer de force, dans le métro mais
les gens sont obligés de rester sur le quai parce que le métro
est plein et on ne peut pousser indéfiniment sur les gens. (18
heures)
Cette réflexion nous a amenés à la conclusion
qu'à l'occasion d'une étude sur la ligne 8 il fallait
effectivement proposer ou, au moins, envisager l'alternative qu'on propose,
soit que le train de surface ou le train de banlieue, qu'on l'appelle comme on
le voudra, le métro de surface, qu'on étudie la
possibilité d'amener ce moyen de transport directement au
centre-ville.
M. Garon: Je vais vous dire qu'à Tokyo les moyens
s'améliorent. J'y suis allé en 1972 et je me suis fait pousser
comme...
M. Lauzon: A Tokyo, oui!
M. Garon: En tout cas, en 1983, ça ne poussait pas.
M. Lauzon: Non?
M. Garon: En tout cas, c'est...
M. Lauzon: Ils ont peut-être ajouté d'autres lignes
qui convergent vers le centre-ville; comme ça, ces lignes de
métro sont moins saturées.
M. Garon: Mais les gens de la Maison du Québec, en 1983,
m'avalent dit que c'était maintenant une opération modèle,
parfaitement à l'heure, même pas à la minute mais à
la seconde; c'était un modèle. Je vais vous dire qu'en 1972 |e
n'étais pas sûr que c'était un modèle, mais en 1983,
dans l'espace de onze ans, c'était un changement radical.
Ce qui me frappe dans ce que vous dites, c'est que... Je vais vous poser
une question: En termes de potentiel, est-ce que vous avez regardé quel
était le potentiel de personnes qui pourraient prendre ce
train-là, entre Pointe-aux-Trembles et le centre-ville? Je comprends mal
que cette hypothèse ne semble pas avoir été
étudiée par le ministre, parce qu'il a étudié
Châteauguay, et le potentiel n'est pas gros; le potentiel n'est pas
très gros, et même les gens de la municipalité, qu'on a vus
hier, ne semblent pas très intéressés à prendre
charge du train de banlieue parce qu'ils ont peur que ça coûte
cher.
M. Côté (Charlesbourg): Si vous me le permettez,
j'avais oublié de le dire, mais l'étude de 1984 - cela a
peut-être évolué depuis ce temps-là, il s'agit de
rajuster - démontrait 4000 personnes.
M. Garon: À Pointe aux-Trembles?
M. Côté (Charlesbourg): Oui. De l'est, sur la 8,
sorties et entrées, 4000.
M. Garon: Et Châteauguay?
M. Côté (Charlesbourg): Alors que Châteauguay,
c'était 2500.
M. Garon: À ce moment-là?
M. Lauzon: M. le député, si vous me le permettez,
à la page 15 de notre mémoire, on cite quelques statistiques
tirées du rapport Gascon, justement, qui est cité par M. le
ministre: La longueur de la ligne... Mais là, je vous mets en garde,
c'est par rapport à la ligne 8 proposée ce matin par plusieurs,
alors que, nous, on demande que ce soit prolongé jusqu'au centre-ville.
Mais, à l'époque, cette ligne 8 comportait 11, 7
kilomètres. C'est à la page 15 de notre mémoire.
La population à moins de 600 mètres des stations
prévues à l'époque était de 38 500 personnes, par
rapport à 18 300 pour la ligne Sainte-Anne-Gare Windsor et par rapport
à 22 800 pour la ligne existante entre Roxboro-Gare Centrale. La
nomination des trains de banlieue est telle qu'on les nommait à
l'époque.
La population par kilomètre. La ligne 8, c'est-à-dire la
ligne Pointe-aux-Trembles-Radis-
son avait une population par kilomètre de 3290 personnes, alors
que les deux autres trains de banlieue actuellement en opération ont une
densité par kilomètre de 560 et de 1140.
À toutes fins utiles, on pouvait voir dans ce rapport
qu'effectivement la ligne 8 proposée à l'époque, à
bien des égards, desservait une population beaucoup plus grande, une
beaucoup plus forte densité de population au kilomètre que les
deux trains de banlieue qui existaient à l'époque.
Évidemment, les chiffres ont probablement été
modifiés depuis 1984, et ce serait à revoir.
M. Côté (Charlesbourg): Si M. Lauzon me le permet,
il faut à tout le moins admettre que les deux trains de banlieue qui
desservent l'ouest de l'île de Montréal en particulier desservent
une clientèle d'origine anglo-saxonne où la mentalité du
transport en commun est beaucoup plus développée que du
côté francophone; cela peut donc avoir un effet sur la
fréquentation ou l'utilisation.
M. Lauzon: M. le ministre, je n'ai pas vu les résultats de
l'enquête origine-destination et je ne peux pas vous dire si la
population anglophone... Je sais qu'en moyenne on nous a dit que 19 % de la
population utilisait le transport en commun. Je ne sais pas s'il y en a plus
dans l'est ou dans l'ouest, )e ne peux pas répondre à cette
question.
Mme Rousseau: M. le ministre, là-dessus, j'aimerais vous
dire que, si les Anglo-Saxons utilisaient le transport dans l'est de
Montréal, peut-être qu'eux aussi changeraient de mentalité
sur le transport en commun.
M. Côté (Charlesbourg): Je comprends mais je pense
que ce n'est pas un phénomène uniquement au Québec. C'est
un phénomène reconnu assez largement, où la
mentalité anglo-saxonne va davantage vers le transport en commun. Je
suis parfaitement d'accord avec vous. S'ils voulaient utiliser le transport en
commun qu'il y a dans l'est, probablement qu'ils auraient exactement la
même réaction. Je suis d'accord avec ça.
M. Garon: M. le Président, je ne suis pas sûr de
cette affirmation du ministre. Si on regarde la France, je dirais que les gens
de mentalité française aiment utiliser les trains, mais les
trains qui marchent, les trains qui fonctionnent. Les Anglo-Saxons sont
peut-être prêts à embarquer dans des trains qui sont
plutôt des trains du début du XXe siècle qu'avec la
nostalgie du passé. Mais je remarque que la France est renommée
pour les trains qui roulent. C'est peut-être ça, la
différence. Ils sont à l'heure, oui. Mais je trouve ça
très Intéressant, ce que vous présentez et je me demande
quelle est l'utilisation de cette voie de chemin de fer qui va vers l'est?
Est-elle bien utilisée ou peu utilisée par le Canadien
National?
M. Côté (Charlesbourg): Le principal handicap, c'est
qu'elle coupe certaines routes ou rues et c'est peut-être là le
plus gros handicap de cette route actuellement. Évidemment, il y a une
circulation et ça crée certains petits problèmes. De toute
façon, ce n'est pas insoluble.
M. Garon: Mais je me demandais... Comme le ministre a
présenté un peu la route de trains de banlieue vers
Châteauguay et que les gens ont demandé une expérience de
deux ans pendant lesquels le ministre paierait à 100 %, je ne sais pas
ce qu'il va dire par rapport à ça, parce qu'ils ne sont pas trop
intéressés à s'embarquer dans une affaire qui ne marchera
pas et qui va coûter cher. La commande de trains à construire est
supposée prévoir qu'ils soient adaptables à
différentes voies ferrées; je pense bien que ce seront des voies
ferrées qui ont la même largeur, qu'elles aillent vers Rigaud,
Deux-Montagnes, Châteauguay ou Pointe-aux-Trembles. Il serait
peut-être Intéressant... Le métro vers l'est, j'imagine
qu'N ne sera pas bâti demain matin et, même s'il l'était, il
ne se rend pas jusque-là. Ce n'est pas du tout la même
clientèle vers le nord ou vers Anjou. Il serait peut-être
intéressant, à des heures où vous dites et où
même le rapport du ministre dit que la station Berri-UQAM est
débordée, d'avoir des trains qui pourraient être mis en
place pendant des périodes de pointe, en tout cas le matin et le soir.
Il y a quelque chose, à mon avis, qui devrait être regardé
parce que le potentiel a l'air fort. Il semble de plus en plus que les gens
veulent s'orienter vers les parties qui sont les plus éloignées,
où il y a plus d'étalement urbain déjà
réalisé. Au fond, c'est déjà étendu.
Utiliser les services de trains plutôt que les services de métro,
avec des équipements qui sont déjà là, je pense que
ça devrait être quelque chose qui devrait être
analysé et regardé davantage. En voyant les données, je
trouve que la démonstration laisse beaucoup matière à
réflexion.
Le dernier point sur lequel j'aimerais vous poser des questions est
l'autoroute 25, le pont et la construction au nord où je ne sais si,
éventuellement, une autoroute pourra servir au développement du
nord mais, selon les projections qu'on voit sur la carte, vous n'avez pas l'air
à y croire beaucoup.
M. Lauzon: Croire à la construction d'un pont, je pense
que c'est réalisable sauf qu'on n'est pas d'accord avec le fait que...
Nous sommes d'opinion que les gens qui habitent ces régions-là
pourraient être desservis efficacement par un bon système de
transport en commun. Quant à la construction d'un pont,
déjà l'annonce de la construction d'un pont dans ce secteur a
fait grimper le prix des terrains et a mis en place une multitude de nouveaux
projets. Il y a
une effervescence extraordinaire qui se produit présentement dans
la partie est de Laval et également dans les villes au nord de la
rivière des Mille-Îles. Avec la construction d'un pont, il est
fort probable qu'on revive la situation qui existe sur la rtve sud
présentement à la suite de la construction du pont-tunnel Louis
Hippolyte-Lafontaine alors que, dans le pont-tunnel Louis-Hippolyte-Lafontaine,
ce sont des véhicules automobiles pour la plupart de résidants,
de personnes qui ont acheté une résidence sur la rive sud au
cours des dix ou quinze dernières années.
Le problème avec la construction d'un tel équipement,
c'est qu'on ne peut pas contrôler le développement que ça
va amorcer. Si on prévoit un équipement qui va pouvoir accepter
6000 véhicules par jour, il n'y a aucun moyen pour que le ministre ou
qui que ce soit puisse établir un contrôle qui aurait pour effet
de limiter le développement de toute cette partie de l'est de
Montréal à un potentiel de 6000 véhicules par jour qui
emprunteraient ce pont éventuellement. Ce qu'on dit, c'est que, plus
probablement, étant donné que c'est déjà
commencé avec l'annonce de la construction d'un pont, il y a
suffisamment de gens qui vont s'établir dans les villes de Mascouche,
Terrebonne, Saint-Jean-de Matha, La-noraie, etc. pour probablement produire un
nombre supérieur de véhicules à tous les jours que le pont
qu'on voudra construire ne pourra en accueillir.
Évidemment, dans ces villes, M. le ministre, on sait que le
transport en commun est réduit à sa plus simple expression. Donc,
cela veut dire qu'un ménage qui achète une maison dans ce secteur
se doit d'avoir deux automobiles et, si ces gens travaillent au centre ville,
effectivement, ils n'ont pas de transport en commun pour se rendre à
l'une ou l'autre des stations de métro existantes ou à l'un ou
l'autre des éventuels stationnements incitatifs qui existent peu encore.
Ils seront énormément tentés d'utiliser ce magnifique
équipement qu'on aura construit pour se rendre au centre ville.
En ce qui concerne le transport en commun, on pense que ça ne va
que contribuer à augmenter le nombre de véhicules automobiles
dans les artères du centre-ville. C'est notre point de vue. On aurait
avantage à desservir les populations actuelles par un bon système
de transport en commun et les gens Iraient s'établir dans ces
régions de façon raisonnable en fonction du système de
transport en commun qui existera à ce moment.
M. Garon: Pour former un groupe de citoyens, mettre du temps,
faire un mémoire cohérent, ça prend du temps, de
l'énergie et, surtout, une motivation. Quelle est la motivation de votre
comité de citoyens? Comment se fait-il que vous vous soyez
réunis? Est-ce que vous existez pour autre chose ou si vous vous
êtes regroupés pour faire ce mémoire?
Mme Rousseau: Je pense qu'utiliser le transport en commun
à Pointe-aux-Trembles est une très bonne motivation pour essayer
de se regrouper pour l'améliorer. En plus, quand on fait signer des
pétitions - on a fait signer une pétition à 2300 personnes
au métro Honoré-Beaugrand - on se rend compte, en fin de compte,
que les travailleurs n'ont pas toujours le temps de militer dans des
comités de citoyens. Alors, il faut justement que des gens le fassent et
iI nous fait plaisir de représenter les citoyens de Pointe-aux-Trembles.
On espère quand même que vous allez étudier
sérieusement la possibilité d'un train au centre-ville parce que
nous y croyons beaucoup. En fin de compte, toute la journée, à la
commission parlementaire, c'était axé sur le transport en commun.
Alors, on se dit: Si vous parvenez à ce que les gens utilisent le
transport en commun, est-ce que le métro nord-sud suffira à
absorber tous les gens qui vont l'utiliser? S'il n'est pas capable d'absorber
le nombre de personnes, à ce moment-là, les gens n'utiliseront
plus le métro et on va revenir encore avec le même problème
du surcroît d'automobiles. À un moment donné, iI faut
toujours penser dans une perspective d'avenir. C'est sûr que, là,
ça semble, comme vous le dites, une idée originale, mais je pense
qu'elle mérite vraiment d'être étudiée et nous
espérons que les membres de la commission vont porter une attention
spéciale à cette demande. Je vous remercie.
M. Garon: Je pense qu'elle peut d'autant plus être non
seulement étudiée mais expérimentée qu'il n'y aura
pas de choix pendant un grand bout de temps. Le ministre parte d'un projet de
1988 à 1998; il est peut-être possible de faire des ententes avec
les compagnies de chemin de fer dans un avenir beaucoup plus rapproché.
Je ne sais pas ce qui est rapide, pour utilisation, si la ligne n'est pas
déjà beaucoup utilisée. Même s'il y a certains
Inconvénients.. On disait que la ligne n'a pas été faite
pour ça, mais il n'y a pas beaucoup de choix actuellement pour les gens
de votre coin.
M. Lauzon: Vous parliez de l'occupation de la ligne actuellement.
Tout à l'heure, vous avez posé une question à ce
sujet.
M. Garon: Oui, c'est ça.
M. Lauzon: Dans l'emprise de cette ligne, à une
époque, il y avait trois voies ferrées. Maintenant, il y en a
deux de condamnées, i n'y en a qu'une qui fonctionne. À notre
connaissance, il passe sur cette voie environ huit trains par jour.
M. Garon: Je vous remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Peut être juste dans
la même veine, M. le Président, II faudra toujours se rappeler que
le train de banlieue de Saint-Hilaire a eu d'énormes difficultés
parce que, vous l'avez dit tantôt, l'excellence d'un service en commun,
c'est sa rapidité, son confort. Et huit trains par jour, c'est
considérable. Dans le cas de Saint-Hilaire, il faut bien se rappeler que
ce qui ne nous a pas aidés, c'est que la ligne de chemin de fer qu'on
empruntait était réservée au transport des marchandises
qui avait priorité sur les passagers, et c'était la loi
fédérale qui nous y obligeait.
Le deuxième petit élément dont il faut tenir
compte: lorsqu'on fait la comparaison avec Châteauguay, il faut à
tout le moins être équitable envers tout le monde. De
Châteauguay, il y a une seule voie d'accès à l'île de
Montréal, c'est le pont Mercier, qui est surcharché, alors que
dans le cas de l'est on est quand même dans une situation où il y
a Notre-Dame, Sherbrooke, Henri-Bourassa et peut-être, au pis aller,
l'autoroute 40.
M. Garon: On parle de 40 % des gens qui n'ont pas
d'automobile.
M. Côté (Charlesbourg): Non, attendez un peu, ce
n'est pas... Je veux juste vous donner certains éléments, parce
que quand on fait des comparaisons il faut les faire totalement. Je ne dis pas
qu'on dit non. On dit l'examiner, mais ce sont des éléments sur
lesquels il faut se pencher, et je trouvais ça un petit peu injuste
envers Châteauguay, parce qu'on comparait 2500 à 4000, et
peut-être davantage encore que 4000, alors ce que je vous dis, c'est que
la problématique de Châteauguay est qu'il y a un pont, avec toutes
les réserves qu'on comprend autour du pont. Au-delà de tout
ça, dans la mesure où ces choses-là sont possibles, c'est
clair qu'il faut les examiner plus avant et voir les possibilités de
faisabilité. Alors...
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre.
M. Garon:... négatives concernant Châteauguay,
c'était simplement le fait que les maires disaient: L'assumer, on n'est
pas certains, parce qu'ils se demandaient combien ça coûterait,
comment ça fonctionnerait, si ça marcherait, si les gens le
prendraient et tout ça.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, sauf qu'il y a...
M. Garon: C'était ça, au fond..
M. Côté (Charlesbourg): Sauf que l'autre question
qu'il faut poser - sans enlever de mérite à personne - lorsqu'on
parle du train de banlieue de Châteauguay par rapport à
l'autorité organisatrice du CIT qui, elle, organise les autobus, c'est
bien clair que le train de banlieue va venir concurrencer son système
d'autobus. Alors, quand le palier municipal s'exprime là-dessus, il veut
peut-être garder ses autobus, de peur que le train de banlieue ne les lui
enlève. Il faut donc aussi faire la distinction des choses dans ce
cas-là.
M. Garon: Mais rappelez-vous Saint-Hilaire.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. Très brièvement, M. le
député de Lafontaine.
M. Gobé: M. le Président, en terminant, j'aimerais
profiter de l'occasion pour remercier les gens de Pointe-aux-Trembles - c'est
dans mon comté - qui sont des gens que J'ai rencontrés, aussi
bien M. Lauzon que Mme Rousseau, à d'autres occasions. Ils sont venus
à mon bureau, on leur a donné le plus d'assistance possible pour
les aider à préparer leur mémoire et je peux dire que je
suis très heureux de les voir ici aujourd'hui. Je pense qu'ils ont fait
avancer le débat et Je les encourage à continuer de cette
façon et, en l'absence d'une autre commission, à venir me voir
à mon bureau pour toutes sortes d'autres documents qu'Us auraient
concernant le transport en commun, aussi bien par autobus que par d'autres
modes, dans Pointe-aux-Trembles. Merci beaucoup.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie. Je vous
remercie de votre participation aux travaux de cette commission. Sur ce, la
commission de l'aménagement et des équipements suspend ses
travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 15)
(Reprise à 20 h 18)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'aménagement et des équipements
reprend maintenant ses travaux pour poursuivre l'examen des volets
"Développement du réseau autoroutier" et "Projets de
développement du réseau de transport collectif" du plan d'action
1988-1998 intitulé "Le transport dans la région de
Montréal".
Je remarque que M. Yves Rabeau a maintenant pris place. Permettez-moi,
dans un premier temps, de vous souhaiter la bienvenue aux travaux de cette
commission, en vous rappelant que vous avez maintenant 20 minutes pour
déposer votre mémoire.
Groupe SECOR M. Rabeau (Yves): Bien, merci, M. le
Président. Alors, M. le ministre, mesdames, messieurs membres de
la commission parlementaire, le mémoire que nous présentons ce
soir à la commission parlementaire cherche à jeter un
éclairage d'ordre général, basé essentiellement sur
des principes économiques, sur tout le débat qui entoure le plan
d'action proposé par le gouvernement du Québec sur la question du
transport dans la région do Montréal Le docu ment que nous avons
déposé à la commission comporte en fait trois volets,
essentiellement: d'abord, une problématique et une analyse de la
situation actuelle, ensuite, une définition des grands objectifs qui,
à notre avis, devraient être poursuivis par le gouvernement dans
ce plan d'action, et une évaluation globale du plan d'action, sans
entrer en aucun moment dans le mémoire, dans des détails
techniques.
Donc, la problématique du transport peut se présenter
ainsi: une population en croissance entraîne une augmentation des
déplacements de personnes, alors qu'une économie en expansion
implique une progression des mouvements de marchandises. L'accroissement des
distances entre les lieux de résidence et d'emploi stimule les besoins
de transport. De la même façon, une plus grande diffusion dans
l'espace des origines et des destinations des flux d'échanges contribue
à activer la fonction transport.
Or, Montréal a subi l'Influence de ces tendances au cours des
dernières années. En effet, du côté des mouvements
des biens et services, la libéralisation croissante du commerce, le
dynamisme économique dont fait preuve le Québec depuis maintenant
un peu plus de cinq ans, la modification grandissante des processus de
fabrication, surtout depuis la récession de 1982, et l'émergence
en particulier de la sous-traitance et des livraisons "just in time", tout ceci
milite en faveur d'une augmentation et d'une plus grande dispersion des
échanges de marchandises. Le transport routier, à cet
égard, est celui qui a profité le plus de ces transformations
économiques récentes, et tout semble Indiquer que cette tendance
va aller en s'accentuant. Cette croissance du transport routier requiert
évidemment des infrastructures routières adaptées, outils
de développement indispensables à cette expansion.
Du côté des déplacements de personnes, la demande
provenant de déplacements intrarégio-naux ne devrait pas
toutefois croître au même rythme que par le passé. Nous
estimons que le mouvement d'exode vers les banlieues semble tirer à sa
fin. Les transformations de la démographie - essentiellement la baisse
de natalité, le vieillissement de la population et l'immigration - tous
ces facteurs jouent dans le sens d'une réduction de l'exode des
personnes vers les banlieues. Cependant, les migrations alternantes entre les
banlieues et le centre-ville continueront en raison du dynamisme,
précisément, du secteur tertiaire de la ville de
Montréal.
La situation actuelle du transport à Mont- réal comporte
des impacts dysfonctionnels au plan économique ou, si on veut, des
impacts qui ne sont pas souhaitables. On observe une surutilisation, en fait,
systématique des principales voies routières sur le territoire
métropolitain. Une des causes de ces situations provient du fait que le
réseau routier de la région de Montréal oblige le trafic
de tous les véhicules à passer par l'île, même s'il
s'agit de trafic transitaire ouest-est ou encore nord sud. À cet
égard, il nous apparaît évident que la situation
présente est sous optimale. Celle-ci se traduit par plusieurs effets
secondaires non souhaitables qui risquent d'affecter sérieusement
à la fois Montréal, la région métropolitaire et,
par conséquent, l'ensemble du Québec.
Les "déséconomies" externes reliées au
problème du transport incitent actuellement les populations et les
industries à s'installer en périphérie de l'île ou
en dehors de l'île. Du côté des populations, ce mouvement a
été stimulé par la cherté des terrains et, par
conséquent, des résidences qui s'y trouvent. Cette cherté
devient en partie une fonction de la congestion urbaine en raison de la
rareté des sites qui donnent droit à un accès facile au
centre-ville et qui bénéficient en même temps d'un
environnement accueillant pour les nouveaux propriétaires. Du
côté des Industries, la relocalisation de celles ci est
alimentée par les problèmes de fluidité des
déplacements et, par conséquent, de hausse des coûts de
transport.
Cette situation devient d'autant plus préoccupante que les
tendances démographiques et surtout économiques ne permettent pas
d'envisager une diminution notable du problème de congestion dans la
région de Montréal. En fait, si les tendances lourdes pour ce qui
est du transport de marchandises se poursuivent, le problème deviendra
plus aigu et, en conséquence, Montréal, en tant que place
d'affaires, sera encore plus défavorisée et, en tant que plaque
tournante commerciale de l'ensemble du Québec, Montréal risque
d'être affaiblie.
En fait, la question du transport collectif constitue l'autre
élément de la problématique. Il faut rappeler ici que le
choix entre transport privé et transport collectif ne se pose pas pour
le cas des transporteurs de marchandises. Ce problème se pose du
côté des particuliers. La variable principale qui influencerait le
comportement des usagers du transport collectif serait la qualité du
service, et cette qualité est mesurée en termes non seulement de
confort des usagers, mais surtout en termes de temps de déplacement.
Aussi, pour alléger la congestion routière, nous sommes d'avis
qu'on doit absolument favoriser tout changement qui permettrait
d'améliorer la fiabilité et la rapidité du transport
collectif.
Le plan de transport que le gouvernement a présenté
devrait, à notre avis, poursuivre trois objectifs fondamentaux. D'abord,
le développement des avantages comparés pour la grande
région de Montréal. Le dynamisme économique
régional est en bonne partie relié aux avantages
comparés du territoire, et le transport joue un rôle important
dans la définition de ces avantages comparés. En dotant la
région métropolitaine d'un système de transport routier
efficace, on ajoute donc aux atouts de l'agglomération. Étant
donné la complémentarité grandissante entre
Montréal et sa périphérie, tous les Intervenants y gagnent
au change.
Sur le strict plan économique, il devient absolument
nécessaire que la région de Montréal dispose
d'Infrastructures routières adéquates. Ce réseau doit
être en mesure de satisfaire aux besoins de circulation locale de
marchandises et d'expédition vers nos principaux marchés
extérieurs. Montréal doit donc bénéficier de liens
efficaces dans plusieurs directions. Aller à rencontre de cette
nécessité contribue à ta fois à nuire au dynamisme
de toute l'agglomération métropolitaine et, donc, à celui
de toutes les autres régions du Québec. L'amélioration de
l'efficacité des axes routiers devrait favoriser le dynamisme du secteur
manufacturier des couronnes nord et sud et des extrémités est et
ouest de l'île de Montréal. La zone centre pourrait en profiter,
mais l'Impact sera probablement beaucoup plus faible, en raison de
l'enclavement de ce territoire, de l'étroitesse de ses zones
industrielles et de la cherté des terrains. Cependant, ceci ne doit pas
être perçu comme étant une évolution
désavantageuse pour la ville de Montréal et le centre de
l'île, puisque le secteur tertiaire de Montréal sera
avantagé par ce développement.
En effet, Montréal possède un secteur tertiaire de plus en
plus spécialisé, et Montréal est la ville où l'on
retrouve les activités supérieures en matière de
communications, de finances et autres activités de siège social.
Ainsi, les entreprises manufacturières ont besoin des services de
Montréal pour soutenir leur capacité d'expansion et
d'exportation. Les bureaux montréalais ont besoin du dynamisme du
secteur manufacturier des zones périphériques pour maintenir la
croissance de leurs activités. En fait, la région
montréalaise doit bâtir sa croissance économique sur cette
synergie, et je pense que c'est là l'un des points Importants de notre
message.
Un deuxième objectif: le contrôle de l'étalement
urbain. Il nous semble tout à fait justifié, sur le plan
économique, de chercher à éviter un étalement
excessif de l'habitat urbain, de façon à ne pas se priver des
économies d'agglomération et aussi pour permettre de
réduire le coût moyen des services publics. De la même
façon, la protection de l'environnement et du patrimoine agricole exige
des mesures de la part des autorités publiques. En cherchant à
contrôler l'étalement, on ne doit toutefois pas faire en sorte,
comme c'est le cas présentement, de générer des impacts
dysfonctionnels qui annuleraient les bénéfices poursuivis.
D'ailleurs, la situation actuelle comporte plusieurs incon- vénients que
nous avons mentionnés.
Maintenant, en ce qui a trait au contrôle de l'étalement
urbain, nous estimons que Montréal devrait miser sur sa capacité
d'attraction comme pôle de développement plutôt que de
poursuivre une politique protectionniste en matière de transport. Comme
c'est le cas au niveau du commerce international, l'érection de
barrières artificielles face aux forces naturelles du marché,
face au mouvement normal de spécialisation, pénalise le pays
protectionniste. La présence actuelle d'entraves artificielles dans les
transports à Montréal constitue une forme de barrière qui
limite le développement de la ville et de toute la région.
Enfin, le troisième objectif d'un plan de transport a trait au
développement du transport collectif. L'amélioration du
réseau routier montréalais ne doit pas se faire aux dépens
du transport collectif. Cependant, à cet égard, il s'agit
d'être réaliste. Il serait illusoire d'espérer pouvoir
renverser totalement la popularité actuelle des divers modes de
transport. Toutefois, les efforts visant à accroître
l'efficacité du mode collectif doivent être poursuivis et, en
particulier, II nous apparaît nécessaire d'assurer une plus grande
intégration des systèmes actuels.
Le partage des coûts de transport en commun pour la région
métropolitaine de Montréal soulève évidemment
plusieurs questions qui, à elles seules, constituent un damier fort
complexe. Il s'avère toutefois nécessaire de s'attaquer à
cette question si l'on veut accroître la cohérence
régionale du réseau de transport collectif. Et cette
cohérence est nécessaire si l'on veut augmenter l'achalandage et
l'attrait de ce mode de transport.
Il existe présentement trois réseaux de transport
collectif dans la région de Montréal qui ne sont pas vraiment
intégrés. L'harmonisation des tarifs et l'intégration des
réseaux de transport supposeraient l'existence d'un organisme
paramunicipal souple, chargé de définir les grandes lignes de
cette intégration du transport collectif.
Cette intégration, à notre avis, ne nécessiterait
pas la fusion des trois entreprises actuelles. L'objectif étant surtout
d'assurer une meilleure coordination des actions, une structure
légère pourrait s'avérer suffisante, dans la mesure
où son rôle serait clair. Le maintien des trois organismes actuels
éviterait de se couper des sources d'innovation possibles au sein de
chacun des territoires. Enfin, l'intégration partielle de certaines
responsabilités permettrait d'offrir un meilleur service aux clients
potentiels et existants.
Nous passons maintenant brièvement à l'analyse du plan
d'action proposé par le gouvernement On voudrait rappeler ici qu'il
existe à Montréal une complémentarité grandissante
entre les intervenants de la région et cette
complémentarité ne semble pas avoir toujours été
reconnue dans les débats sur le plan de trans-
port.
Le rôle du gouvernement du Québec devrait être
d'abord de favoriser le développement de l'ensemble de l'économie
du Québec. Il doit donc favoriser le développement d'un
système de transport efficace dans la région de Montréal,
de façon à donner des avantages comparés à la fois
à la région de Montréal et à l'ensemble du
Québec. Les avantages ont trait à la capacité de transport
des entreprises et à la qualité de vie qui est un facteur
important pour attirer une main-d'oeuvre hautement
spécialisée.
Le gouvernement doit également considérer le
phénomène de densité ou de masse critique
d'activités économiques dans une ville comme Montréal. Il
faut disposer d'un secteur tertiaire dynamique offrant toute la gamme des
services aux entreprises et aux personnes. Montréal dispose d'un secteur
tertiaire supérieur qui est moteur et dont le gouvernement doit
favoriser la densification pour accroître ce rôle de
développement. Ainsi, le développement d'un réseau
d'autoroutes et d'un système de transport en commun à
Montréal peut viser deux objectifs différents qui ne sont pas
opposés, mais plutôt complémentaires.
Du point de vue du gouvernement du Québec, les villes de la
région de Montréal ne doivent pas être
considérées comme étant en concurrence les unes avec les
autres, mais comme complémentaires quant à la définition
des avantages comparés du Québec. En fait, la région
métropolitaine de Montréal est beaucoup plus en concurrence avec
celles de Toronto et de Boston, et il ne faut donc pas considérer les
villes qui constituent cette région métropolitaine comme
étant concurrentielles. Il s'agit donc d'attribuer à la
région métropolitaine de Montréal des avantages au plan du
transport qui lui permettront de concurrencer efficacement les centres urbains
d'envergure comparable, comme Toronto et Boston, que nous avons
mentionnés.
Le gouvernement doit aussi avoir un horizon temporel de longue
période dans l'analyse de la question de transport et intégrer
dans son cadre de décision les facteurs qui peuvent affecter la
démarche de transport à long terme: libéralisation des
échanges, vieillissement de la population, progrès de la
technologie, dans le domaine des communications en particulier, etc.
Dans notre rapport, il est apparu, d'une part, que le réseau
routier est tellement inadéquat à l'heure actuelle que
Montréal n'est plus en mesure de bénéficier des
économies externes qu'elle engendre comme métropole. D'autre
part, l'étalement urbain observé depuis les années
cinquante, a tendance à ralentir en raison des transformations
démographiques en cours dans la région de Montréal.
Finalement, Montréal dispose d'un secteur tertiaire moteur bien
articulé que l'on doit développer par des infrastructures de
transport bien adaptées.
Le Québec, dans son ensemble, doit donc miser sur cette synergie
pour assurer le dévelop- pement économique de la région de
Montréal. Compte tenu de tout ceci, nous estimons que le plan d'action
proposé par le gouvernement est favorable, de façon
générale, au développement économique de
Montréal et de l'ensemble du Québec. Plusieurs des mesures
proposées visent à accroître la fluidité des
déplacements routiers, tout en améliorant certains axes
Importants (prolongement de l'autoroute 30 et prolongement de l'autoroute 25).
Il nous semble justifié d'affirmer que les avantages comparés de
la région de Montréal dans le secteur manufacturier seront accrus
car l'ensemble des déplacements sera facilité. Cette bonification
devrait profiter à toutes les zones urbaines, autant nord que sud, est
qu'ouest. Les projets touchant le transport collectif devraient de leur
côté accroître la fiabilité et la rapidité du
service, ce qui ne peut être que bénéfique au secteur
tertiaire de Montréal.
On peut cependant reprocher au ministre de ne pas avoir suffisamment
cherché à mieux intégrer le réseau de transport
collectif et, donc, de ne pas avoir suffisamment tenu compte des avenues
institutionnelles. On peut supposer, cependant, que le ministre a jugé
que le plan d'action ne constituait pas nécessairement le meilleur
médium pour une telle politique, d'où son annonce récente
et séparée sur la question des effets de débordement.
De la même façon, on peut reprocher aussi au ministre
d'avoir laissé dans l'ombre la question de l'aménagement du
territoire. Cependant, les facteurs démographiques tendent à
Indiquer que le phénomène de l'étalement urbain tire
à sa fin et. à notre avis, la loi sur le zonage agricole
s'avère beaucoup plus efficace pour contrôler
l'éparpillement urbain que les restrictions sur l'ajout de voies
rapides, qui constituent, en fait, des entraves au commerce. Voilà
l'essentiel de notre mémoire. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. Rabeau.
M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci. M. le
Président. Évidemment, prendre 20 minutes pour traiter du contenu
de votre mémoire, c'est presque faire injure à un mémoire
de cette importance, car il a le mérite d'aborder de front toutes les
questions qui sont sous-jacentes au plan et directement concernées par
une vision du transport.
Vous faites une distinction très nette - et ça me
paraît important du point de vue de l'analyse - entre les besoins de
mouvement des biens et services et celui des personnes. Cela me paraît
une distinction assez Importante, qui n'a pas été suffisamment
faite jusqu'à maintenant, sauf, bien sûr, par l'Association du
camionnage du Québec, qui est venue parler d'une véritable
politique du transport des marchandises qu'on peut apparenter au transport des
biens et services. Est-ce qu'il y a ailleurs, selon
vous - puisque j'imagine qu'un document comme celui-là a
nécessité une très bonne recherche - ce genre de
différenciation, au chapitre de l'analyse, qui mène à la
préparation ou aux mesures contenues dans un plan, parce que, dans ce
cas, nous en sommes dans les constats? Il faut, bien sûr, le faire de
manière différente, mais est-ce qu'on serait les seuls à
le faire ou si ça se fait ailleurs?
M. Rabeau: Oui, je pense que, de façon
générale, dans les villes nord-américaines, même
dans une ville comme Toronto, dans l'organisation du transport, on essaie
toujours de faire cette distinction. Ce pourquoi nous avons mis l'accent
là-dessus, c'est que, particulièrement avec l'augmentation des
échanges nord-sud, il nous parait absolument essentiel que toutes les
entreprises situées dans la couronne nord de Montréal aient un
accès efficace au marché américain et, de la même
façon, que les entreprises du côté sud aient un
accès au nord de Montréal de façon efficace C'est une
trame que l'on retrouve dans d'autres villes américaines où l'on
a toujours les principes de ceintures et de voies rapides qui permettent aux
parties nord et sud d'une agglomération urbaine d'être en contact
de façon efficace pour le transport des marchandises.
D'autre part, de la façon dont le système fonctionne
présentement, dans notre mémoire, nous faisons,
évidemment, beaucoup état du trafic est-ouest au Canada, donc
entre le Québec et l'Ontario, entre les Maritimes et l'Ontario, et ainsi
de suite, il y a donc beaucoup de trafic transitaire qui passe obligatoirement
par Montréal et qui crée toutes sortes d'économies
externes pour les agents économiques de Montréal. La voie de
contournement par l'autoroute 30, par exemple, nous apparaît une solution
qui serait efficace pour permettre beaucoup plus de fluidité dans une
perspective est-ouest. De ce point de vue là, en fait, ce sont tous les
intervenants de Montréal qui bénéficieraient de
ça.
M. Côté (Charlesbourg): évidemment, à
partir du moment où l'on fait le constat du mouvement des biens et
services et qu'on fait la distinction avec celui des personnes, on a tendance
à penser qu'on ajoute toujours des autoroutes ou des routes pour le
bénéfice des personnes. Ce que je comprends de votre message
c'est que dans ce cas-ci, il serait justifié de faire les autoroutes 30
et 25 - selon ce que nous disait, ce matin, le maire de Montréal -
assurer la survie même de l'entreprise, la compétitivité
des entreprises dans la grande région de Montréal, de He, et,
bien sûr, celle des entreprises qui sont en banlieue actuellement. Cela
vous paraît une condition assez importante pour être plus
compétitifs éventuellement.
M. Rabeau: Oui, absolument, je pense que c'est fondamental
surtout avec le décloisonne- ment des barrières Interprovinciales
qui va aller en s'accéiérant avec le libre-échange et pour
assurer, aussi, les mouvements vers les États-Unis. Je pense qu'on est
à un point tournant et qu'il est absolument essentiel de se doter de ce
genre d'équipements; sinon, les entreprises vont aller ailleurs. Quand
on dit que c'est toute la région qui va en profiter, encore une fois,
c'est parce que, quand les entreprises manufacturières se
développent dans la couronne, par exemple, nord-sud, il y a un effet
multiplicateur, il y a un effet d'échange qui se produit et le
centre-ville bénéficie, évidemment, d'un tel
développement.
M. Côté (Charlesbourg): Dans votre esprit, cela
apparaît clair que c'est nécessaire pour le transport des biens et
services. Est-ce que je me trompe en disant que, pour le transport des
personnes, compte tenu de l'évolution démographique, à ce
moment-là, ce ne serait pas nécessairement justifié?
Est-ce que je comprends bien?
M. Rabeau: Oui
M. Côté (Charlesbourg): Je simplifie, mais est-ce
que...
M. Rabeau: Oui, c'est ça. Oui, c'est surtout dans
l'optique du transport des marchandises parce que les besoins de transport des
personnes vont aller plutôt en diminuant alors que ceux des marchandises
vont aller en augmentant, et en augmentant de façon
accélérée. En simplifiant, comme vous dites, on peut dire
que c'est à peu près ça, notre démarche.
M. Côté (Charlesbourg): Vous avez dit dans votre
présentation, à un certain moment donné, que
Montréal agissait davantage en protectionniste et que, devant cette
vision d'expansion et de faire ce grand rayon de concertation des forces, sur
le plan du développement, de toute la grande région de
Montréal, elle s'Isolait davantage au niveau de l'île et que
ça pourrait être éventuellement néfaste. Je
comprends que ce serait néfaste parce que ce mouvement des marchandises
devient extrêmement Important vis-à-vis, par exemple, avec le
libre-échange, des États-Unis, et je ne sais pas si c'est
à souhaiter pour le futur. Cela m'apparaît, en tout cas, assez
évident, mais vous avez évoqué des possibilités
très intéressantes. Vous dites, si j'ai bien compris, que les
banlieues, tant de l'île que du contour de l'île, sont des secteurs
privilégiés pour le développement manufacturier, alors que
la tendance qu'a pris le centre de l'île de Montréal est davantage
vers le tertiaire, donc vers cette mission internationale qu'évoquait,
en début de semaine, M. le maire de Laval.
On m'a rapporté - je n'ai pas eu le temps de le lire - qu'il y a
eu une étude publiée par l'INRS semble-t-il, Intitulée:
"La reconquête du centre-vilIe", je ne sais pas si vous en êtes
Informés, où on faisait allusion à ce tertiaire.
Une voix: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Lorsque vous évoquez
ça, est-ce que vous êtes en contradiction avec l'étude
qu'aurait faite l'INRS ou ce livre de reconquête du centre-ville, en
disant qu'à partir du moment où on verse dans le tertiaire, on
éloigne le secteur manufacturier? C'est ce qui se produit, si |e
comprends bien?
M. Denis (Daniel): Non, pas du tout, en ce sens que, dans le
secteur tertiaire, je pense qu'il faut distinguer deux types de services: il y
a des services personnels qui sont liés à la population, qui
suivent en partie les mouvements démographiques; il y a aussi certains
services aux entreprises, moins sophistiqués, qui vont suivre les
entreprises. Mais les services qu'on a appelés les services
supérieurs, les services spécialisés, qui sont liés
aux sièges sociaux, aux communications, à toutes les firmes, que
ce soit de consultation, d'ingénieurs, de finances, etc, restent
concentrés au centre-ville tout simplement parce qu'il y a un besoin de
contact de personne à personne, même si on est à
l'ère des nouvelles technologies avec les FAX, etc.
Il y a une constatation majeure qui se dégage actuellement, et
les travaux de l'INRS le soulignent aussi: indépendamment de ce
mouvement technologique, M. reste encore très important que les gens se
rencontrent de personne à personne, d'où le
phénomène d'économie, d'agglomération qui
apparaît pour les services spécialisés. On l'observe
partout. Par exemple, à Toronto, l'activité manufacturière
s'est aussi déplacée en périphérie. C'est un
phénomène qu'on observe dans toutes les grandes villes, tout
simplement parce que le centre des villes est trop congestionné et comme
les entreprises manufacturières ont un important besoin de transport,
elles se déplacent en périphérie, mais le centre continue
à vivre. (20 h 45)
Ce qu'on dit, c'est que la tendance est vers une
complémentarité entre le centre et sa périphérie.
Il faut tenir compte de ces besoins, d'où l'importance d'avoir un
transport collectif efficace, parce que les gens qui se rendent au centre-ville
pour travailler dans ces services spécialisés utilisent le
transport collectif. D'où l'importance aussi d'avoir un réseau
routier qui est efficace pour permettre l'exportation des marchandises, parce
qu'il y a des phénomènes qui prennent de plus en plus d'ampleur,
des mouvements fréquents. Les entreprises ne gardent plus d'immenses
inventaires. Elles veulent avoir leurs composantes au jour le jour, ce qui fait
qu'il y a une augmentation des besoins de transport qui est due à ce
phénomène très Important pour la
compétitivité des entreprises. Ce qui fait que c'est plus une
notion de complémentarité qui se développe, et je pense
que c'est sur ça que Montréal doit miser. Il est certain qu'il y
a des services qui se décentralisent, mais des services importants
restent au centre-ville et sur cet aspect, nous rejoignons tout à fait
l'INRS.
M. Côté (Charlesbourg): Alors, J'ai bien compris.
C'est d'abord une spécialisation dans le tertiaire pour le centre vilIe,
et il est évident maintenant que ce sont les banlieues, tant de
l'île Parce qu'il faut bien l'admettre, finalement, au point de vue
distance l'est et l'ouest de Montréal sont aussi loin du centre-ville
que Laval et la rive sud. Le problème, c'est qu'il y a des ponts
à traverser. Dans ce cadre, c'est bien sûr l'est qui pourrait
bénéficier d'un développement manufacturier; c'est dans ce
sens que cela devrait aller et, pour y arriver, ce que je comprends, c'est
qu'une bonne qualité de transport est une condition sine qua non
à la réussite.
M. Denis: Oui, il y a aussi un point qui est important pour la
ville de Montréal...
Le Président (M. Salnt-Roch): Je m'excuse, pour le
bénéfice des parlementaires et du Journal des débats,
est-ce que vous auriez l'amabilité de vous identifier, s'il vous
plaît?
M. Denis: Daniel Denis, je suis associé à la firme
SECOR.
Le Président (M. Salnt-Roch): Je vous recède la
parole. Merci.
M. Denis: J'allais juste ajouter que Montréal est un
centre Important en ce qui concerne le transport aussi, que ce soit le
transport intermodal, camion-bateau, camion-train, ce qui fait que, là
aussi, c'est Important qu'il y ait un réseau routier efficace pour
permettre à Montréal de maintenir cette place Montréal est
un centre de distribution excessivement Important pour l'ensemble du
Québec. Plus de la moitié des biens qui se retrouvent dans toute
la région transitent par Montréal, d'où encore
l'Importance d'avoir un réseau autoroutier ou routier efficace.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, lorsqu'on
aborde la question de l'étalement urbain, cela a toujours
été un des points chauds de la discussion pour ce qui est du plan
de transport, avant le plan et pendant le plan, et ça va l'être
encore au cours des prochaines années, j'ai l'impression. Vous avez dit
tantôt que le meilleur moyen de contrôler l'étalement est
encore le zonage agricole. J'aimerais vous entendre expliquer cela, parce qui y
a bien des gens qui pensent que c'est peut-être autre chose que le zonage
agricole et que ça pourrait être l'option
préférentielle d'aménagement, alors que ce que vous nous
dites, c'est davantage un zonage plus serré, plus important et plus
respecté aussi qui va faire en sorte qu'il y ait moins
d'étalement urbain.
M. Denis: Cela dépend toujours comment on définit
l'option préférable d'aménagement
Généralement, on l'a associée avec le moratoire sur les
autoroutes. C'est dans ce sens qu'on l'entend parce qu'il y a des
éléments qui étaient intéressants et qu'il faut
continuer dans l'option préférable d'aménagement.
L'amélioration de la qualité de vie sur l'île, je pense que
c'est un aspect important. Pourquoi les gens se sont-ils déplacés
vers les banlieues? C'est qu'ils recherchent plus d'espace. Cela fait que, si
Montréal veut rester avantageuse en tant que site de localisation
résidentielle, M. faut qu'elle s'attaque à ces problèmes.
Mais dans l'option préférable d'aménagement, on a souvent
parlé du moratoire sur la construction d'autoroutes qui, selon nous,
était contradictoire avec une des visées de l'option
préférable qui était de maintenir et d'accroître le
nombre d'entreprises sur l'île. Le fait qu'on ait empêché la
construction de certaines voies rapides, cela a fait qu'on a
congestionné davantage l'île de Montréal et les entreprises
sont sorties de l'île. Quand on a dit qu'il y a des impacts
dysfonctionnels avec l'option préférable d'aménagement, on
visait à une augmentation du tissu Industriel de l'île, mais on
l'a plutôt affaibli.
Donc, on dit que l'option préférable, si on l'entend avec
l'intégration d'un moratoire sur les autoroutes, cela nuit à
Montréal. Si ce qu'on a à coeur, c'est la protection des terres
agricoles particulièrement et qu'un étalement urbain excessif,
cela élimine les bonnes terres agricoles qu'il y a dans la région
montréalaise, c'est par la loi sur le zonage agricole qu'on devrait
intervenir et non pas par des moratoires sur des constructions d'autoroutes. Si
on visite n'Importe quel pays européen, on va se rendre compte qu'il y a
de grandes villes industrielles qui sont entourées de terres agricoles
et qui ont des réseaux d'autoroutes dans toutes les directions qui
passent sur ces terres agricoles, mais on a empêché le
développement périphérique aux autoroutes. On s'est
limités à des emprises en termes d'utilisation du territoire. Ce
qu'on dit dans le mémoire, c'est que si on a à coeur, si on
attache une grande valeur aux terres agricoles de la région
montréalaise, c'est par la loi sur le zonage agricole qu'il faut les
protéger et non pas par une option préférable
d'aménagement qui empêche actuellement un épanouissement de
l'économie de la grande région montréalaise.
M. Rabeau: L'exemple peut-être ici qui nous permettrait
d'illustrer, c'est l'autoroute 30. Si elle était collée,
évidemment, le long du fleuve Saint-Laurent, elle limiterait son passage
dans les terres agricoles, et tout ce qui pourrait être
dézoné, en somme, ce seraient quelques emprises permettant des
connexions sur le réseau d'autoroutes vers le sud, vers les
États-Unis. À ce moment-là, par la loi sur le zonage
agricole, on pourrait empêcher que le long de cette autoroute > se
développent des agglomérations urbaines qui constitueraient un
étalement excessif, dans ce cas-là. Alors, l'autoroute 30 aurait
un rôle purement utilitaire pour détourner le transport de
l'île de Montréal.
M. Denis: II y a peut-être un point que je veux ajouter
dans la question de l'étalement urbain. On a tendance à regarder
surtout juste les niveaux de population. Il y a peut-être une
constatation qui échappe à beaucoup de gens, c'est que de 1966
à 1986 le nombre de ménages sur l'île de Montréal
s'est accru de près de 40 %, et l'unité qui paie les taxes, c'est
le ménage, c'est le nombre de logements qu'il y a sur l'île. Le
nombre de logements continue d'augmenter sur l'île de Montréal. Il
y a moins de gens, mais c'est parce que les ménages sont plus petits,
c'est-à-dire que les familles, en général, habitent
à l'extérieur de l'île de Montréal, tandis que les
couples sans enfant, les familles monoparentales, les célibataires
habitent l'île de Montréal. Donc, il y a plus de contribuables
parce qu'il y a plus de logements sur l'île, mais il y a moins de
personnes.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, cela nous amène
au questionnement, parce que longtemps on nous a dit: L'étalement urbain
est dommageable pour Montréal. On a longtemps cru que l'étalement
urbain, c'était la population, donc, c'était ça qui
faisait mal à l'île. Avec les analyses qu'on a faites au cours des
derniers temps, en tout cas chez nous, et qui confirment ce que vous avancez,
en termes de population, il y a eu une relative stabilité entre 1981 et
1986, alors que sur le plan des ménages on est dans une situation
où il y a croissance, un retour sur l'île et, par le fait
même, cette situation-là est résorbée et
normale.
Ce vers quoi on glisse davantage maintenant, c'est l'étalement
Industriel. Je pense que c'est là où on en est rendus, dans cet
étalement industriel, et si je comprends bien, on pourrait conclure -
vous me corrigerez si je fais erreur - que le choix de développer le
tertiaire au centre-ville a un peu repoussé le manufacturier dans les
banlieues de l'île, et un peu en dehors de l'île aussi, compte tenu
de certaines conditions de transport qui prévalent. Est-ce que je me
trompe ou si...
M. Rabeau: C'est-à-dire que ce sont, en partie, les
conditions de transport sur l'île de Montréal qui ont amené
les industries à être repoussées vers l'extérieur,
de façon à y avoir accès. Par exemple, pour aller vers
l'ouest, on se colle le long de l'autoroute 13 ou de l'autoroute des
Laurentides pour essayer d'éviter le plus possible le trafic transitaire
sur le boulevard Métropolitain. C'est le moratoire sur tout le
développement de l'infrastructure routière qui a amené
davantage les Industries à se placer en couronne, tout autour de
l'île de Montréal, et,
pendant ce temps-là, s'est développé à
Montréal le secteur tertiaire. C'est un peu un des... C'est un Impact,
en fait, de l'option préférable d'aménagement d'avoir eu
pour effet de repousser vers l'extérieur le développement
industriel, pour des raisons surtout d'efficacité de transport, et la
croissance économique, depuis 1982 ou 1983, s'est reflétée
surtout dans le tertiaire, dans le cas de Montréal.
M. Denis: Quand on dit "repousser vers l'extérieur", on
entend aussi les extrémités de l'île. Cela a surtout
profité à l'ouest, tout simplement parce que notre principal
marché était vers l'Ontario, sauf que là, même dans
l'ouest, à cause des problèmes du boulevard Métropolitain,
ça commence, peut-être.. On peut probablement estimer que la
croissance aurait été plus forte si le boulevard
Métropolitain avait été plus efficace. L'est a
été négligé. Comme l'essentiel de notre commerce se
faisait vers l'ouest, il fallait traverser toute l'île. Par contre, avec
les échanges vers le sud, il y a moyen de mieux développer l'est
de Montréal: je pense qu'il y a là un potentiel. De là le
fait qu'on soit favorables à l'autoroute 25 afin qu'on ait un lien
rapide pour les gens de l'est vers le sud. On va peut-être pouvoir
permettre un développement plus important.
M. Côté (Charlesbourg): Vous nous dites que le
phénomène du transport est un phénomène
d'implantation d'entreprises. Est-ce qu'on pourrait penser à autre
chose? Par exemple la taxation, les coûts d'achat de terrains, est-ce
que, selon vos connaissances, ce sont des facteurs qui peuvent conditionner
l'implantation d'une entreprise?
M. Rabeau: Oui, tout à fait, bien sûr. Une des
choses qu'on a soutenues dans notre mémoire, c'est que la congestion
urbaine amène une augmentation du prix des terrains parce que les
terrains qui sont à proximité du centre-ville et qui permettent
un accès facile au centre-ville créent des
phénomènes de ventes pour ces terrains. Évidemment, il y a
une espèce de surenchère pour ces terrains. C'est l'un des
mécanismes de marché qui fait que les Industries vont s'installer
en périphérie pour payer le terrain moins cher. C'est en partie
relié au phénomène de congestion.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, j'aimerais d'abord poser une
question à M. Rabeau et à M. Denis. Au début de la
semaine, votre mémoire a été déposé par un
autre Intervenant. J'aimerais savoir si ce mémoire a été
fait à votre compte, à vos frais ou si vous avez
été commandités pour faire ce mémoire.
M. Rabeau: Si vous voulez, c'est un mémoire à
caractère universitaire qui comme c'est mentionné explicitement
dedans, a été commandité par les villes de Laval et de
Longueuil, mais à titre de subvention de recherche, je dirais. Ce
n'était pas une commandite. Ce n'était pas une commande pour
démontrer quelque chose de précis. C'était une recherche
relativement libre sous forme de subvention versée par ces deux
villes.
M. Garon: Quel a été le montant de la
commandite?
M. Rabeau: Je ne le sais pas exactement. C'est une
question...
M. Garon: Lorsqu'ils viennent témoigner devant une
commission, habituellement, les gens témoignent en leur nom. Là,
les gens ont reçu de l'argent pour faire leur papier.
Une voix: Les ville donnent de l'argent; c'est public...
M. Denis: SI vous reprenez le mémoire de la CUM de ce
matin, il y a des études de commandées aussi qui font
mention...
M. Garon: Oui. mais Ils l'ont fait en leur nom, c'est
différent. Je comprends qu'un commanditaire fasse faire une étude
et la prenne à son compte. Mais là, vous la présentez
comme une étude universitaire, mais qui est commanditée. M. faut
quand même établir les choses. C'est pourquoi je vous demande quel
est le montant de la commandite pour avoir fait cette étude.
M. RabMu: Je ne pense pas que ce soit pertinent au
débat.
M. Garon: Bien oui!
M. Rabesu: Je ne vois pas le... Comme l'INRS a participé,
en somme... Vous pouvez poser la question à la CUM et lui demander
combien cela lui a coûté pour que l'INRS fasse un certain nombre
de travaux pour elle qui ont été incorporés dans son
rapport de ce matin.
M. Garon: Ce n'est pas pareil Si les chercheurs de
l'université ne reçoivent pas... Ils travaillent à temps
plein à l'université. Les montants vont à
l'université. C'est une chose. Mais si vous êtes
commandités personnellement pour faire un travail, c'est une autre
chose. C'est pourquoi je vous le demande. C'est normal.
M. Rabeau: On a reçu une subvention qui est reconnue
très explicitement dans le mémoire, comme c'est l'habitude de le
faire. C'est un processus tout à fait normal à
l'université.
M. Garon: Mais vous ne voulez pas dire le montant que vous avez
reçu pour faire cette étude.
M. Rabeau: Je ne crois pas que ce soit pertinent. De toute
façon, Je n'ai pas le détail de çà.
M. Garon: Vous témoignez publiquement en votre nom. Vous
dites que vous avez reçu des sommes d'argent de Laval et de
Longueuil.
M. Rabeau: C'est inscrit en toutes lettres dans le rapport. C'est
reconnu tel quel dans le rapport. Comme de multiples rapports qu'on publie, on
indique en bas de page que cela a été commandité,
financé ou subventionné par tel ou tel organisme. C'est la
même chose ici.
M. Garon: Mais, habituellement, ceux qui viennent prennent le
rapport à leur nom. Cela me fait un peu penser à... (21
heures)
M. Rabeau: C'est l'opinion des quatre auteurs qui est
exprimée ici dans ce rapport-là et non pas l'opinion, comme c'est
clairement mentionné dans le texte, des villes qui ont
subventionné la recherche.
M. Garon: Oui, mais on est en droit de penser que, si votre
recherche avait été commanditée par la ville de
Montréal, les conclusions n'auraient peut-être pas
été les mêmes.
M. Côté (Charlesbourg): Voyons donc! M. Garon:
Écoutez, c'est dans...
M. Rabeau: M. Garon, je peux vous dire que |'ai
déjà...
Le Président (M. Saint-Roch): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Rabeau:... fait des choses de conseil économique pour
la Communauté urbaine de Montréal, pour la STCUM. J'ai fait des
choses pour les commissions royales d'enquête dans le domaine de
l'interfinancement de ce type gouvernemental et il n'y a pas de parti pris
particulier ici. Ce sont mes opinions et celles de mes collègues qui
sont exprimées ici.
M. Denis: On irait même jusqu'à dire que, pour tout
le volet développé dans la section transport, la même
approche avait été adoptée par la CUM. Le document de la
CUM dit la même chose.
M. Garon: Je trouve ça très gentil, mais je vais
vous donner un exemple. Cette semaine, il y a quelques jours, on vient de
dézoner à peu près la moitié de l'île Bizard,
non pas dans les terres 2 et 3, mais dans les terres 1, les meil- leures terres
du Québec. C'est l'actuelle Loi sur la protection du territoire agricole
qui protège les terres agricoles au Québec. Alors qu'on sait que
la CPTAQ vient de dézoner la moitié de l'île
Bizard, dans le plan du ministre, on voit le projet d'une route qui
passe dans le milieu de l'île Bizard. C'est gentil. Je n'ai jamais vu
personne parler contre la vertu.
M. Côté (Charlesbourg):... le plan. Ce n'est pas
dans le plan.
M. Garon: Non, non. Il y a un projet qui n'est pas
étudié, mais qui est indiqué...
M. Côté (Charlesbourg): C'est au-delà de dix
ans, ce n'est pas dans le plan. Voyons donc!
M. Garon:... pour éventuellement continuer vers
l'île Bizard. Tout le monde sait que c'est en débat. Je vais vous
donner mon opinion. Un grand politicien français a déjà
dit: Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France. Je vous
dirai ce soir sans gêne que la nouvelle application de la Loi sur la
protection du territoire agricole et le plan du ministre des Transports sont
les deux mamelles de l'étalement urbain au Québec. Je
n'hésiterais pas à dire ça. Excepté qu'il va
falloir que les gens analysent concrètement ce qui va arriver, avec les
mesures qu'on met en place, avec une commission qui ne protège plus
beaucoup les terres - on l'a vu dans le cas de l'île Bizard, c'est quand
même la moitié de l'île Bizard qui s'en va - car ce sont les
meilleures terres au Québec, non pas les deuxièmes ou les
troisièmes, mais les meilleures.
Tantôt l'UPA va venir et je vais lui demander ce qu'elle pense des
terres de l'île Bizard. Est-ce de la "scrap" ou est-ce bon? Il faut quand
même voir les choses telles qu'elles sont. Je trouve gentil que les gens
disent: On est des professeurs d'université et on dit des choses
à notre compte. Mais vous êtes quand même commandités
par des gens qui ont des Intérêts là-dedans et ils ont le
droit... Je ne nie pas à Laval ou à Longueuil le droit d'avoir
des intérêts, je ne le nie pas du tout. Mais, à ce
moment-là, ils présentent leurs choses en leur nom et tout le
monde le sait, et ils en ont le droit. Vous ne me verrez jamais critiquer les
opinions du maire de Laval. Il a droit a toutes ses opinions parce qu'il
représente sa population et il est élu pour le faire. Mais c'est
une autre chose de se donner un statut universitaire, avoir un caractère
universitaire et être commandité par des gens qui ont des
intérêts. Je pense que les gens ont le droit de le savoir et c'est
normal qu'ils le sachent, point. Je n'en dis pas plus que ça, mais c'est
ça.
M. Rabeau: Vous avez tous les éléments pour le
savoir dans ce document-ci, M. Garon. Encore une fois, c'est très
clairement indiqué en toutes lettres.
Le Président (M. Saint-Roch): M.le député de
Jonquière.
M. Dufour: M. le Président, je ne veux pas ajouter
forcément à ce que mon collègue dit. La seule chose, c'est
que vous avez bien sûr fait une recherche, une étude. Si vous ne
me le dites pas, je ne sais pas que quelqu'un l'a commanditée; à
première vue, ça ne nous saute pas aux yeux. Je regarde la
conclusion et, comme par hasard, elle arrive dans les visées du ministre
des Transports. Je ne sais pas si vous aviez fait l'enquête mais, quand
on parle des subventions municipales, ce sont des subventions tout de
même à caractère public. On peut faire des recherches pour
savoir.
Ce que je comprends plus difficilement, c'est pourquoi Montréal
n'a-t-elle pas commandité? Pourquoi la communauté urbaine n'a
telle pas commandité? Il y a deux intervenants qui sont en
périphérie, couronne nord et couronne sud, qui sont parties
prenantes à votre dossier. Quand on les compare l'une à l'autre,
je trouve que vous avez des éléments excessivement importants et
intéressants. La conclusion est frappante. Tout ce volume pour nous
dire, à la fin: "Nous croyons que, dans ses grandes lignes. le plan
proposé par le ministre Marc-Yvan Côté expose une vision du
transport qui répond assez bien à la problématique
exposée précédemment" Donc, c'est pour nous dire que vous
êtes à peu près d'accord avec ce qui est proposé par
le gouvernement. C'est un peu ça qui arrive à la fin. Comme par
hasard, N y a des éléments, M.y a des pans de mur dans le plan de
transport qui touchent Laval très fortement. On ne le nie pas. C'est un
grand ensemble, Laval. Ce n'est pas Saint-Clinclin. C'est aussi une grande
superficie de territoire.
C'est pour cela que mon collègue insistait pour savoir qui vous
paie. D'habitude, quelqu'un qui met de l'argent dans quelque chose.. Il ne faut
pas être naïf pour comprendre que ça se fait comme ça.
Si je mets de l'argent, si je mise sur vous comme chercheurs, c'est parce que
je pense que ça pourrait être intéressant pour moi. C'est
juste ça qu'il demandait. Une fois que c'est identifié, on peut
passer au questionnement par rapport à votre rapport. Il n'y a rien de
scandaleux là, mais il faut l'admettre. Quand vous mettez en comparaison
la CUM... Mais on sait qui c'est la CUM. Il s'agit de 29 municipalités
dans la région de Montréal qui viennent nous dire ce qu'elles
pensent. On sait qu'elles le font en fonction de leurs intérêts.
C'est clair que si elles n'avalent pas d'Intérêts, elles ne
seraient pas là. Mais vous, on voulait savoir si vous aviez des
intérêts particuliers, c'est juste ça. Vous pouvez l'avoir
fait aussi d'une façon très détachée, mais quand je
regarde la conclusion j'ai le droit de m'interroger Comme on a
écouté des Intervenants depuis deux jours, qui viennent nous dire
certaines choses... Je pense que la commission, tout comme le ministre, peut
réfléchir là- dessus. C'est dans ce sens que la question
me semblait très pertinente. On ne les forcera pas.
M. Garon: Pas d'autre question. M. le Président
La Préskient (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, on
vient d'assister à une des tristes pages, peut-être la plus
triste, d'une commission parlementaire, où au lieu d'interroger sur le
fond des gens qui ont fait une recherche, afin de tenter de vérifier
leurs affirmations, leurs constatations, leurs orientations, dans la mesure
où celles-ci ne font pas son affaire, on les discute, on les interroge,
on les met en doute. On a plutôt choisi de tenter de miner la
crédibilité de l'étude en faisant la démonstration
de qui est celui qui a subventionné l'étude, comme s'il y avait
automatiquement un lien entre celui qui a subventionné l'étude et
les conclusions, laissant croire que ceux qui sont devant nous aujourd'hui sont
des gens qui se sont littéralement fait acheter et dont les conclusions
étalent arrêtées avant même de commencer la
recherche.
Il faut être bas et petit pour avoir une attitude comme
celle-là, devant des gens qui prennent le soin de faire une recherche
comme celle qui a été faite, de venir la déposer et de
s'exposer, effectivement, à se faire interroger sur les assertions, les
affirmations qui ont été avancées. Pour ma part, M. le
Président, j'ose espérer qu'on ne revivra pas d'autres situations
comme celle-là
M. Garon: M. le Président
Le Présidant (M. Salnt-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon: L'étude a été
déposée par la ville de Laval lorsqu'ils sont venus
comparaître ici. On a eu l'étude en même temps que leur
mémoire. Je la mets dans le dossier, point. Sauf qu'une étude
commanditée, c'est une étude commanditée, et
commanditée par des intervenants qui sont des acteurs dans le
débat. Je leur verse leurs points. Mais les informations que J'ai sont
dans l'étude et je n'en ai pas besoin d'additionnelles. Elles sont dans
l'étude. Les questions qu'on a posées, on les a posées aux
représentants de la ville de Laval lorsqu'ils sont venus. Mais à
ce moment-là, à mon avis, ce sont les commanditaires qui ont
reçu un mandat de la ville de Laval et de la ville de Longueuil qui
auraient dû être assis avec leur délégation.
M. Côté (Charlesbourg): M. le
Président...
M. Garon: Je pense que c'est normal et, si vous ne nous croyez
pas, on laissera l'opinion
publique juger cela.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
me permettrai de poser une question additionnelle à Me Rabeau...
M. Garon: M. le Président, pouvez vous appliquer le
règlement? On a un règlement qui dit qu'on partage le temps. On
l'a partagé. Il n'a pas été respecté beaucoup
depuis le matin. Il est 21 h 5, il y a d'autres intervenants qui sont
là, qui devaient arriver à 21 heures...
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça, M. le
Président. Le député de Lévis nous appelle au
respect du règlement? Le règlement dit que ça commence
à 20 heures et vous êtes arrivé à 20 h 15. Bon,
alors...
M. Garon: Vous avez été absent la moitié du
temps. On a été obligés d'ajourner pour vous attendre.
Ça va faire, là!
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. Rabeau, M. Denis, je vous remercie de votre participation aux
travaux de cette commission.
M. Côté (Charlesbourg): On pourrait s'excuser pour
le manque de respect aussi, en même temps.
Le Président (M. Saint-Roch): Je demanderais maintenant
à l'Union des producteurs agricoles de bien vouloir prendre place, s'il
vous plaît.
M. Garon: M. le Président, si vous voulez bien faire
appliquer le règlement qui dit qu'ici on a le droit d'avoir nos
opinions, on a le droit de faire ce qu'on pense correct...
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon:... et on n'a pas à se faire énerver par
le ministre. Je n'ai pas de leçon à recevoir du ministre à
ce point de vue-là.
M. Côté (Charlesbourg): Vous auriez dû avoir
le même souci de l'application du règlement ce matin quand il y
avait un autre président.
M. Garon: Vous auriez dû le respecter vous-même.
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît il
M. Garon: Au lieu de parler pendant 46 minutes, vous auriez
dû prendre 25 minutes.
Le Président (M. Saint-Roch): A l'ordre, s'il vous
plaît! Permettez-moi de souhaiter la bien- venue à l'Union des
producteurs agricoles. Je demanderais à son porte-parole, pour le
bénéfice des parlementaires et du Journal des débats,
de bien vouloir s'identifier et de présenter les gens qui
l'accompagnent.
Union des producteurs agricoles
M. Proulx (Jacques): Merci, M. le Président. Je suis
Jacques Proulx, président de l'Union des producteurs agricoles. J'ai
avec moi Mmes Suzanne Cloutier et Use Dufort, aménagistes à
l'UPA, et M. Denis Papin, directeur général de la
fédération des Laurentides de l'UPA. Je voudrais, dans un premier
temps, remercier la commission parlementaire de nous recevoir et de nous
permettre de faire valoir notre point de vue sur le projet
déposé. Vous permettrez, M. le Président, que nous
commencions par l'avant-propos.
Eu égard aux incidences possibles sur le territoire du plan
d'action en matière de transport dans la région
métropolitaine déposé par le ministère des
Transports, les fédérations régionales de l'UPA des
Laurentides et de Saint-Jean-Valleyfield se sentent particulièrement
concernées par les projets autoroutiers annoncés.
Le présent mémoire se veut donc à la fois un reflet
des préoccupations régionales et des positions toujours soutenues
par l'UPA relativement à la protection du territoire agricole et porte
à cet effet la signature conjointe de l'UPA et de ses deux partenaires
régionaux.
Je pense que je peux passer rapidement sur l'importance de notre
mouvement, sur ce qu'il représente. En fait, il représente
l'ensemble des producteurs et productrices agricoles du Québec, 47 000
producteurs et productrices. Vous n'êtes pas sans savoir que
l'agriculture constitue une activité essentielle, puisqu'elle assure un
approvisionnement alimentaire aux hommes et aux femmes. Secteur
économique névralgique, s'il en existe un, l'agriculture
génère quelque 76 000 emplois directs.
Les projets autoroutiers se sont souvent soldés, par le
passé, par des pertes importantes de terres agricoles de bonne
qualité. Au-delà de la perte immédiate de territoire pour
l'implantation d'une voie autoroutière, les effets déstructurants
induits par une accessibilité accrue à des régions
autrefois moins adéquatement desservies préoccupent
particulièrement le monde agricole.
Les pressions de développement urbain (résidentiel,
commercial et industriel) sur le prix des terrains par le jeu de la
spéculation et la création d'attentes chez les décideurs
et les investisseurs (spéculation latente) concourent à une
déstructuration lente de l'agriculture. Ces effets avaient
déjà été identifiés dans une étude
réalisée par l'INRS-Urbanisation sur le zonage agricole.
Le présent mémoire s'interroge sur la pertinence des
projets autoroutiers tels que proposés et exprime les craintes des
producteurs et productrices agricoles quant aux impacts
probables du plan de transport sur les terres agricoles limitrophes aux
nouvelles voles projetées.
Le 10 août 1988, le ministre des Transports et actuel
président du COMPADR, M. Marc-Yvan Côté, publiait son plan
de transport pour la région de Montréal. Cette étude et
son expression cartographique étaient rendues nécessaires eu
égard à l'entrave croissante à la mobilité des
biens et des personnes circulant sur le système routier de la
région métropolitaine. La congestion aux heures de pointe de la
plupart des voies autoroutières traversant l'île de
Montréal et des ponts reliant aux rives sud et nord illustre de
façon évidente les problèmes de fluidité des
déplacements sur l'île de Montréal et son
accessibilité.
Il fallait donc, dans un premier temps, bien asseoir la
problématique, Identifier spatialement la nature et l'ampleur des
problèmes, déterminer les causes probables de la
détérioration des conditions de circulation, définir et
évaluer les capacités d'agir sur ces différentes causes.
Dans un deuxième temps, on se devait de trouver les solutions
susceptibles de résorber de façon tangible la congestion du
système autoroutier sur et aux abords de l'île de Montréal,
le tout s'insérant dans une politique globale d'aménagement et de
développement clairement définie et établie. (21 h 15)
II apparaît, à l'examen du plan proposé, que le
ministère a failli à sa tâche sous certains aspects. D'une
part, les solutions présentées ne régleront pas de
façon significative les problèmes soulevés. D'autre part,
l'écriture sur le sol de certaines propositions d'aménagement
(voies de contournement) risque d'induire des effets négatifs à
court, moyen et long terme sur le territoire agricole en favorisant
l'établissement d'une partie de la population et des activités
économiques vers l'extérieur de l'île et d'accentuer ainsi
les problèmes existants dans l'avenir.
En avril 1978, le gouvernement du Québec adoptait une option
préférable d'aménagement pour la région
métropolitaine en faveur d'une consolidation du tissu urbain à
l'Intérieur du périmètre d'urbanisation actuel, d'une
revitalisation de l'île en termes de qualité de vie et d'un
réaménagement prioritaire des espaces urbains les plus
anciennement bâtis. Cette option d'aménagement et de
développement privilégiait le transport collectif et visait, par
ce biais, à contrer l'étalement urbain et le gaspillage des
ressources financières et territoriales qu'il génère. Pour
ce faire, un moratoire sur tout nouveau projet autoroutier d'envergure pouvant
nuire aux objectifs de l'option préférentielle avait
été Instauré.
Qu'en est-il aujourd'hui de cette option? Le plan d'action soumis semble
l'écarter. Le gouvernement actuel allègue que cette option ne
représente tout au plus qu'un cadre de référence, et non
un plan d'aménagement, et prend prétexte de cette absence de
graphie pour réévaluer par le biais du COMPADR la pertinence de
cette option.
Une option préférable d'aménagement non seulement
précède un plan d'aménagement, elle lui est
nécessaire. C'est elle qui définit les orientations et objectifs
qu'une population se donne en matière d'aménagement et le plan
devra traduire spatialement et dans le temps ces Intentions et ces objectifs,
et non l'Inverse. D'ailleurs, l'assignation au poste de président du
Comité permanent d'aménagement et de développement
régional au Québec du ministre des Transports illustre bien le
lien étroit qui existe entre le réseau routier et
l'aménagement.
Du reste, même si l'option préférentielle ne
spécifiait pas à proprement parler pour les années
à venir les projets de transport retenus, elle définissait du
moins le champ d'Intervention possible. Ainsi, loin de remettre en cause cette
option, le schéma d'aménagement de la Communauté urbaine
de Montréal traduit et conforte, au contraire, les objectifs qu'elle
sous-tend.
Préparons le plan, on le justifiera ultérieurement.
Voilà, semble-t-il, la manière gouvernementale de faire en
matière d'aménagement. Le ministère des Transports semble
vouloir aujourd'hui contenter tous et chacun et, en particulier, les MRC et les
municipalités qui les composent, situées en
périphérie de l'île. Le ministère désire,
selon les dires du rapport, respecter le contenu de l'option
préférentielle, ce dont nous doutons fortement, et
également celui des divers schémas d'aménagement. Le
gouvernement n'a pas à se conformer intégralement aux souhaits
des municipalités si, globalement, ces projets ne sont pas
justifiés à l'échelle de l'aire d'étude, et s'ils
vont à rencontre des objectifs visés.
Le plan d'action proposé - réseau routier. Outre la
réhabilitation et la réfection des équipements actuels et
les améliorations du réseau routier dont quelque 60 %,
soulignons-le, pour des améliorations à l'extérieur de
l'île de Montréal, le reste de l'enveloppe budgétaire, soit
465 000 000 $, est accaparé par des projets de développement.
Parmi les projets de développement proposés, deux
retiennent particulièrement l'attention, soit le prolongement de
l'autoroute 30 jusqu'à l'autoroute 20, un tronçon d'environ 70
kilomètres qui n'offrira pas cependant un nouveau lien avec l'île
de Montréal et le prolongement de l'autoroute 25 jusqu'à la 440
qui implique, cette fois, la construction d'un nouveau pont.
Ces deux projets monopolisent à eux seuls 66 % du budget
consacré au développement autoroutier sans pour autant que ces
derniers n'améliorent de façon substantielle la circulation
automobile sur l'île de Montréal. En effet, ces deux voles de
contournement ne draineront dans les meilleurs cas que 5 % des véhicules
par jour qui circulent sur l'autoroute Métropolitaine à la
hauteur de Décarie. Le ministère reconnaît d'ailleurs que
la situation des autoroutes Métro-
politaine et Décarie resterait relativement stable en termes de
volume de circulation.
Alors, quelle est la justification d'un tel projet? Certainement pas
l'amélioration de la circulation sur l'île de Montréal et
ses abords qui, rappelons-le, a suscité la réalisation du plan de
transport. La nécessité d'un lien Interrégional entre les
municipalités de la rive sud apparaît certes de plus en plus
évidente. Toutefois, même si la pertinence d'une desserte
régionale de cette importance pouvait être établie, en
aucun moment le rapport ne mentionne les mesures qui seront prises pour freiner
l'étalement urbain et empêcher les pressions spéculatives
de s'exercer aux abords de la route projetée: somme toute, de respecter
véritablement l'option préférable d'aménagement non
encore désavouée et d'apaiser ainsi les craintes du monde
agricole.
Ces dernières assertions s'adressent également au
prolongement de l'autoroute 25 qui implique la construction d'un nouveau pont.
Le rapport spécifie que ce nouveau pont soulagera la congestion des
ponts Pie IX, Papineau-Leblanc et Viau. Or, ces trois derniers ponts sont les
moins congestionnés de la rive nord avec celui de Le Gardeur. Encore
là, on doute de l'argumentation avancée.
L'effet des divers projets de développement sur l'agriculture.
Certains des projets de développement du réseau autoroutier se
situent en zone agricole et auront par le fait même une influence majeure
sur l'agriculture.
Prolongement de l'autoroute 13 jusqu'à Mirabel. Nous
évaluons à environ une quinzaine de kilomètres la longueur
du tracé projeté, qui se situe en grande partie en zone agricole
sur des sols d'excellente qualité. Nous tenons à rappeler qu'il
s'agit d'un territoire qui a été extrêmement
perturbé par des décisions gouvernementales prises de
façon insouciante, mal fondées et non avérées.
Cette région se remet à peine de ces mauvaises
décisions et il faut avant tout éviter de créer
massivement un deuxième phénomène de
déstructuration agricole provoquée. À cet égard,
nous craignons particulièrement l'attrait de cette autoroute pour
l'industrie, laquelle recherche avant tout une visibilité importante
ainsi que des accès faciles.
Qu'adviendra-t-il dans l'avenir de la bordure immédiate du
tronçon projeté? Sera-t-elle totalement affectée ou
développée à des fins industrielles? Nous n'avons
malheureusement, pour le moment, aucune réponse à ce sujet dans
le plan Côté et nos appréhensions demeurent
entières.
De plus, de nombreux auteurs font état de l'accroissement de la
valeur des propriétés limitrophes, bénéficiant
essentiellement aux terrains à usage Industriel. Des mécanismes
de contrôle de prix seront-Ils mis en place par les autorités
gouvernementales si on veut favoriser l'agriculture sur ces terres
exceptionnelles? Ici encore, le plan Côté est muet sur cette
question.
Enfin, l'accès plus facile à toute cette région
provoquera des pressions importantes pour du développement
résidentiel dans toute la zone d'attraction de l'autoroute. Le plan
Côté ne précise pas si les autorités
gouvernementales entendent prendre des mesures pour favoriser un
développement contrôlé, réaliste et soucieux des
terres agricoles, de même que pour contrôler la spéculation
intense qui s'exercera inévitablement dans ce milieu. Nous attendons des
réponses à ces interrogations, car nous croyons qu'elles doivent
obligatoirement faire partie d'une démarche rigoureuse d'implantation
d'une infrastructure majeure de transport.
Comme on le remarque, nos craintes sont beaucoup plus reliées aux
effets négatifs éventuels sur les terres agricoles qu'au
tracé même, lequel a fait l'objet de nombreuses discussions avec
les intervenants concernés de la part de la fédération
régionale des Laurentides. Ainsi, le tracé actuellement retenu
satisfait dans l'ensemble les producteurs agricoles et leurs
représentants quant à sa localisation.
Prolongement de l'autoroute 19 jusqu'au boulevard Dagenais. Bien que le
tronçon projeté soit en zone blanche et qu'il soit apparemment
sans effet direct sur l'agriculture, nous constatons malheureusement que
l'annonce de ce tronçon crée déjà des effets
négatifs sur l'agriculture située au nord du tronçon
projeté.
En effet, des pressions de dézonage s'exercent déjà
sur cette partie, avec comme justification que l'autoroute s'en vient et qu'il
faudra bien alors développer ces secteurs. Ainsi, pour des besoins
à très long terme et justifiés par une infrastructure
publique majeure non encore annoncée dans ce secteur précis, et
encore moins réalisée, des sols agricoles à potentiel
élevé risquent ils de perdre immédiatement leur
nécessaire protection?
On le constate aisément, l'annonce d'une autoroute, ne serait-ce
que d'un tronçon seulement, crée de nombreuses attentes en amont
et en aval des tronçons projetés. C'est d'ailleurs un fart
prouvé par de nombreuses études, essentiellement
américaines, les autoroutes ont tendance à attirer de gros
développements résidentiels bien que ce ne soit pas
nécessairement à leur proximité immédiate*, ce que
l'expérience québécoise démontre
également.
Par ailleurs la nécessité d'un tel axe routier ne nous
apparaît pas du tout évidente, puisque son point d'arrivée
semble être la jonction de l'autoroute 640 à Bois-des-Filions.
Nous nous interrogeons sur les objectifs précis de cet axe et nous
doutons fortement qu'il s'agisse d'un besoin justifiant un lien de classe
nationale, selon la proposition de classification citée
précédemment.
On voit que, même si le tronçon nord de l'autoroute 19 ne
fait pas présentement partie du plan d'action, il a une influence
actuelle sur la
zone agricole, en ce sens qu'il crée des attentes quant à
sa poursuite plus au nord. C'est pourquoi nous estimons qu'il convient de
réévaluer la pertinence et les justifications de l'axe de
l'autoroute 19 en tant que route de classe nationale. De plus, nous souhaitons
que des mesures pour contrôler l'étalement résidentiel,
vocation naturelle des secteurs traversés, soient évaluées
et mises en place en vue de protéger les terres agricoles adjacentes
Prolongement de l'autoroute 25 jusqu'à Laval. Bien que ce
tronçon favorise un certain étalement urbain, l'UPA locale,
appuyée par sa fédération et sa
confédération, s'est exceptionnellement prononcée pour le
développement de cette voie en raison des circonstances tout à
fait particulières au contexte lavallois.
En effet, le tracé même de cette voie était
déjà exproprié et l'ensemble du secteur adjacent
était déjà sous spéculation Intensive. Il
s'agissait donc d'un secteur où la récupération agricole
à long terme était très problématique en l'absence
de mesures provinciales de mise en valeur des terres.
La signature d'un protocole d'entente entre la ville de Laval et l'UPA
favorisant la protection et le développement des sols agricoles
lavallois de même que l'obtention de garanties formelles de production
agricole dans ce secteur à court et moyen ternies ont amené le
syndicat local à se prononcer pour ce secteur comme site de moindre
impact pour la partie est de l'île Jésus et, donc, à
accepter le prolongement de l'autoroute 25.
Il s'agit, nous le répétons, de circonstances
exceptionnelles, et nous mesurerons avec circonspection les résultats de
la démarche ainsi élaborée. L'avenir nous dira si ces
mesures auront porté fruits et s'il convient de répéter
l'expérience en d'autres lieux. Pour l'instant, les résultats ne
sont pas suffisamment concluants pour généraliser des appuis
à de tels liens routiers majeurs en l'absence de politique
gouvernementale de protection des sols agricoles en bordure de ces axes.
Prolongement de l'autoroute 30 Jusqu'à l'autoroute 20. Il s'agit
du projet le plus potentiellement préjudiciable à l'agriculture
de tout le plan d'action. En effet, il s'agit d'un corridor entièrement
nouveau, soit environ 70 kilomètres. Ainsi, non seulement le
tracé lui-même est-il susceptible d'affecter directement de
nombreux producteurs agricoles en place, mais encore tous les effets indirects
de spéculation et de pression de dézonage vont-Ils s'exercer sur
de très vastes superficies de territoire. Il s'agira donc d'une
intrusion Importante dans un milieu au "potentiel agricole exceptionnel, pour
ne pas dire unique au Québec. "
Il existe déjà certaines positions régionales de
l'UPA sur ce projet de développement concernant certains tronçons
spécifiques. Le tronçon situé entre les autoroutes 10 et
15 ayant déjà été exproprié et se situant
entre deux autorou- tes, la fédération régionale de
Saint-Jean-Val-leyfield considère qu'il n'y a pas lieu de remettre en
question ni sa pertinence, ni son tracé. Le tronçon situé
entre l'autoroute 15 et la limite de la municipalité de Sainte-Catherine
emprunte le corridor actuel de la route 132 en zone urbaine, et la
fédération régionale appuie ce tronçon. Le
tronçon contournant la réserve de Kahnawake jusqu'à la
route 138 a fait l'objet de nombreux travaux de la part de la
fédération régionale, qui a demandé et obtenu des
modifications du tracé afin de minimiser les impacts directs sur les
producteurs agricoles.
L'UPA régionale ne s'est, par ailleurs, pas prononcée sur
les autres portions de l'autoroute projetée quant à son
tracé et considère que l'ensemble du dossier demeure à
évaluer dans tous ses aspects à l'ouest de la route 138. Ainsi,
la nature des besoins exprimés, le type d'infrastructures, la
localisation, la nature et l'ampleur des Impacts de même que des mesures
de mitigation envisagées devront-ils faire l'objet de discussions
soutenues auxquelles les producteurs agricoles et leurs représentants
souhaitent être associés étroitement dès le
début du processus.
D'une façon globale, la pertinence d'un lien routier d'Importance
sur la rive sud selon un axe est-ouest nous apparaît tout à fait
fondée, aucun axe n'existant actuellement pour desservir cette immense
région, particulièrement défavorisée en la
matière dans sa partie ouest. La nécessité de
détourner la circulation de transit par une voie de contournement sud
semble avoir justifié l'intention gouvernementale d'une autoroute
nationale, mais nous estimons, quant à nous, que la véritable
nature des besoins est régionale. Ainsi, nous croyons qu'il y a lieu de
rediscuter la classe de la route projetée et de tenir compte des effets
des diverses classes possibles sur la protection des sols agricoles. (21 h
30)
Par ailleurs, nous constatons malheureusement que l'anticipation de
l'autoroute 30 a déjà créé de nombreuses attentes
de développement, souvent démesurées en termes de
superficie par rapport à des besoins réalistes. Ainsi, la MRC
Roussillon a déjà demandé de dézoner
Immédiatement de vastes superficies, pour des sites industriels et
résidentiels, en prévision de l'arrivée imminente de
l'autoroute. La CPTA aurait déjà accepté certaines de ces
demandes de dézonage, mais l'UPA régionale s'est opposée
à l'exclusion de ces secteurs. Rappelons qu'il s'agit ici d'une MRC
particulièrement affectée par la spéculation sur des
terres agricoles; que l'on pense à la bordure de l'autoroute 15 plus
spécialement.
Nous croyons donc que les autorités gouvernementales auront
à considérer sérieusement les effets spéculatifs et
le développement étalé le long de cet axe de
communication, avant de donner suite à leur projet. Il faudra avant tout
éviter la migration des quartiers résidentiels vers
la couronne sud, ce qui serait évidemment sans régler les
problèmes actuels de transport, lesquels justifient
précisément ce nouvel axe tel qu'élaboré.
Nous tenons à rappeler ici que nous nous sommes toujours
prononcés en faveur d'un développement contrôlé et
que le développement en bordure des autoroutes constitue plutôt
une "urbanisation non structurée à faible densité".
De plus, il faudrait s'attaquer directement à la
spéculation qui saccage le territoire agricole bien avant qu'un seul
développement soit effectif. C'est le défi des années
à venir pour le maintien des ressources agricoles. Ces mesures devront
être d'une efficacité extrême, vu l'ampleur du
problème dans cette région, et mises en oeuvre rapidement dans
les secteurs déjà sous spéculation.
Les positions d'ensemble de l'UPA sur le plan d'action. L'analyse des
différents projets de développement du réseau autoroutier
nous amène à bien percevoir en une vue d'ensemble les forces et
les faiblesses du plan d'action non plus en termes de principes, mais bien en
termes d'application et d'effets réels.
Nous constatons en premier lieu que la justification technique de
certaines autoroutes n'est pas fondée pour certains projets du plan
d'action. C'est pourtant le premier élément sur lequel l'UPA
s'appuie pour analyser un projet routier ou autoroutier: la
nécessité d'un tel lien doit avoir été
prouvée rigoureusement, et ses caractéristiques physiques doivent
être conformes aux besoins exprimés et aux objectifs à
atteindre, lesquels doivent être clairement identifiés.
Les tracés. En deuxième lieu, aux yeux de l'UPA, les
tracés doivent être minutieusement délimités de
façon à limiter les effets directs sur les producteurs
agricoles.
En la matière, bien que le plan d'action ne le reflète pas
précisément, nous constatons que les autorités
gouvernementales concernées se préoccupent de cet aspect avec
attention, du moins beaucoup plus que dans les vingt dernières
années. Un immense travail de collaboration et de concertation s'est
effectué entre les intervenants concernés, y compris les
producteurs agricoles et leurs représentants.
Nous croyons que cette façon de procéder est
nécessaire et qu'elle conduit à des solutions profitables
à l'agriculture. Cette voie est donc plutôt bien engagée au
Québec et elle mérite d'être valorisée et
encouragée dans les années à venir.
Par ailleurs, les caractéristiques et le design même des
routes devraient répondre à des objectifs de conservation des
éléments naturels qu'elles traversent, ceci en addition des
considérations relevant du génie civil. Ces préoccupations
nous semblent, pour l'heure, ignorées dans le design routier
québécois, mais nous croyons que, vu leur Influence sur la
largeur des emprises, nous devons ouvrir la discussion sur cet aspect en vue de
mener à une intégration harmonieuse des aspects techniques et
environnementaux.
Les effets indirects négatifs. C'est à ce titre que le
plan d'action démontre le plus de faiblesse. Il ne considère
aucunement certains effets particulièrement négatifs qui
pourraient même remettre en question la pertinence actuelle d'un lien
routier, en l'absence de mesures de contrôle de la spéculation. De
plus, il annonce même, pour au-delà de l'année 1998, des
infrastructures projetées, mais non retenues pour les dix années
à venir. Dès aujourd'hui, ces projets encore à
l'état de pures Intentions peuvent affecter l'agriculture.
Pour l'UPA, un plan d'action réel doit se préoccuper non
seulement des tracés, mais également de ses effets, surtout dans
des milieux exceptionnels comme ceux où se situent les projets
annoncés. Dans une volonté réelle de protection des sols,
la stratégie routière doit donc, à nos yeux,
considérer globalement les objectifs, les tracés et les mesures
de contrôle des effets négatifs anticipés, et non pas d'une
façon séparée, dans des étapes
subséquentes.
Il s'agit ici du pouvoir de dépenser du gouvernement du
Québec qui est en cause, pouvoir énorme s'il en est un en
matière de voirie. Ce pouvoir de dépenser a été
identifié comme un élément important de la protection des
sols agricoles dans de nombreuses études américaines. Nous
croyons donc qu'au Québec nous sommes rendus à cette étape
précise d'intégration de la variable protection des sols
agricoles dans le pouvoir de dépenser des différents
gouvernements. C'est pourquoi nous considérons qu'à cet
égard le plan Côté est incomplet et qu'il doit
immédiatement amorcer une réflexion en ce sens.
En conclusion, c'est avec énormément d'attention que l'UPA
s'est penchée sur le plan d'action déposé en août
1988, vu ses Incidences territoriales considérables. La remise en
question de l'option préférable d'aménagement, qui semble
se préciser au profit du contenu des divers schémas
d'aménagement, nous inquiète profondément. Nous croyons
que les objectifs en matière de voirie nationale doivent être
beaucoup plus que la somme des objectifs locaux ou régionaux.
Les coûts environnementaux - on parle de perte de terres agricoles
et de boisés, d'émission accrue de contaminants tels que l'oxyde
d'azote, de gaspillage d'énergie - et économiques
(sous-utilisation et non-rentabilisation des infrastructures actuelles,
entretien des routes et le reste) liés à une politique
d'aménagement favorisant l'étalement urbain sont
considérables. Il faut resserrer l'option préférable,
instaurer des mesures aptes à favoriser l'établissement des
jeunes ménages sur I'île de Montréal, offrir un cadre de
vie accueillant et utiliser au maximum les espaces vacants.
Pour terminer, nous souhaitons rappeler que certains
éléments de notre position générale sur la
protection des sols agricoles s'appliquent très
adéquatement à toute la question du développement
autoroutier. Nous avons fait connaître ces positions à un
organisme gouvernemental relevant de ce même gouvernement et voué
à la conservation, soit le Conseil de la conservation et de
l'environnement. Nous croyons approprié de rappeler aujourd'hui ces
mêmes positions à un ministère consacré au
développement, puisque les aspects conservation et développement
ne peuvent être dissociés à l'intérieur d'un
même gouvernement. Ne vise-ton pas une stratégie de conservation
pour un développement durable?
C'est pourquoi nous le réitérons aujourd'hui, le niveau
gouvernemental provincial a un rôle important à jouer en
matière de protection des sols, d'une part, en incitant les
municipalités locales ou régionales à inclure cette
variable dans leur planification, d'autre part, en obligeant ses propres
ministères, notamment par leur pouvoir de dépenser, à
orienter leurs activités en fonction d'un objectif de protection et de
conservation.
À cet égard, l'étalement urbain occasionné
par la mise en place d'Infrastructures majeures de transport est
particulièrement dévastateur sur les terres agricoles et la
notion de protection doit sous-tendre tout projet de ce genre. La
stratégie mondiale de conservation l'énonce d'ailleurs
très clairement: "Les gouvernements doivent dissiper toute l'idée
que la conservation (protection) est un secteur limité et distinct et
que les facteurs écologiques sont autant d'entraves au
développement auxquelles on peut passer outre - en toute
sécurité dans certains cas - ou auxquelles on peut
remédier par des projets individuels, et non par une politique globale.
" Merci, M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. Proulx.
Je vais maintenant reconnaître M. le ministre pour vingt minutes.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Juste avant de m'adresser à M. Proulx...
Évidemment, les intervenants précédents nous ont
laissé, un peu malgré eux, sur notre appétit. Comme on
parlait d'étude commanditée, en passant, je veux juste rappeler
au député de Lévis que son chef actuel, M. Parizeau, a
fait une étude bénévole pour le gouvernement
fédéral il n'y a pas tellement longtemps, j'Imagine.
M. le Président, évidemment, malgré le fait qu'on
ait des vues assez opposées, semble - t - il, je suis très
heureux que vous soyez là puisque vous êtes un ardent
défenseur des gens que vous devez représenter: les producteurs
agricoles. Loin de mol l'idée de tenter de vous convaincre - ce ne
serait pas nécessairement peine perdue - compte tenu des objectifs que
vous avez, qui sont nobles - je pense que vous faites votre travail - et
surtout compte tenu de la conférence de presse ou de la rencontre avec
M. Doré concernant le plan de transport au cours de laquelle j'ai
réussi à faire un bon bout de chemin avec M. Doré... Je ne
suis pas sûr qu'on pourra en faire un aussi long avec vous ce soir. De
toute façon, à tout le moins, un certain nombre de questions
méritent d'être posées. La lecture de votre mémoire
lequel, il faut l'admettre, est assez sévère dans ses conclusions
et dans ses constats mérite un certain questionnement de mon
côté.
Bien sûr qu'on parle d'étalement urbain. Vous l'avez
évoqué très largement, l'évoquant davantage dans le
sens de protéger les terres agricoles, et je pense que c'est tout
à votre honneur puisque c'est ce principe que vous défendez, mais
j'aimerais que vous me disiez, selon votre expérience, s)
l'étalement urbain est dû uniquement à un
phénomène de transport ou s'il n'y a pas d'autres raisons pour
l'étalement urbain. Est-ce que, par exemple, la qualité de la
vie, le coût d'accessibilité à la propriété
et les taxes ne sont pas des facteurs extrêmement Importants dans le
choix de l'individu, s'il doit demeurer sur l'île de Montréal ou
en banlieue?
M. Proulx: Écoutez, je ne suis pas nécessairement
un grand spécialiste de ça, mais je suis bien content de votre
question.
Premièrement, je vous dirai que ce n'est certainement pas la
seule cause. C'est une cause importante, évidemment, mais il y a
plusieurs facteurs qui prévalent dans ce sens-là. Les deux autres
choses, quant à la qualité de vie, je vais vous répondre
très rapidement que, pour moi, c'est complètement faux; il n'y a
pas d'amélioration de la qualité de vie à vivre
tassés en banlieue ou à vivre tassés en ville. Je ne vois
pas où on peut améliorer sa qualité de vie, sauf celle
d'attendre une heure ou une heure et demie chaque matin pour entrer et la
même chose chaque soir. Je ne peux pas voir où on peut trouver une
qualité de vie dans ça. Remarquez que je suis un rural et que je
suis bien plus sévère sur ça. Mais je suis totalement
Intolérant et, chaque matin, parce que j'ai la chance de sortir à
l'envers, je n'ai pas encore compris, après huit ans, comment les gens
ont pu passer leur vie à se faire accroire qu'ils étaient bien en
banlieue et d'attendre une heure sur le pont. C'est une remarque bien
personnelle, M. le ministre. Tout cela pour vous dire que je ne peux pas voir
comment on améliore sa qualité de vie de la façon qu'on a
développé en banlieue.
Le coût, c'est vrai et c'est faux en même temps. C'est un
cercle vicieux. C'est évident qu'à l'heure actuelle, parce qu'on
n'utilise pas au maximum toute l'Infrastructure qu'on a mise en place, le
coût est plus élevé. C'est justement pour ça qu'on
préconise l'utilisation au maximum, et je pense que c'est urgent;
d'ailleurs, vous savez qu'un des arguments et une des améliorations qu'a
apportées la loi sur le zonage agricole, c'est justement d'en avoir
forcé un certain nombre et d'avoir stoppé, dans un premier temps,
le développement, l'étendue du développement justement
pour épargner des millions et des
millions en services qu'on était obligé de fournir. On
savait ce qui se produisait. On bâtit un lot et on amène des
services. Alors, il faut rentabiliser ça.
Aujourd'hui, c'est évident que ça coûte possiblement
plus cher une propriété à Montréal, en taxes et
ainsi de suite - on pourrait citer des exemples - mais, si on utilisait au
maximum, je ne suis pas certain qu'on ne baisserait pas les coûts de
façon assez importante. Remarquez que, par le développement qui
s'est fait en banlieue... Habituellement, les gens vont s'y établir
parce que cela ne coûte pas cher et, au bout de quelques années,
les taxes montent et montent parce que, justement, on se retrouve avec les
mêmes problèmes qu'ailleurs.
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, je vous
comprends, étant originaire de la Gaspésie moi-même, de
faire une distinction très nette entre ceux qui viennent d'un milieu
plus espacé et quelqu'un qui demeure en banlieue de Montréal ou
de Québec; ce ne sont pas les mêmes dimensions de terrain, et
c'est clair. Il y a quand même une différence entre celui qui
habite l'île de Montréal et celui qui habite en banlieue, en
termes d'espace vital et de qualité de vie.
Je pense qu'il y a une distinction assez importante de ce
côté. Évidemment, on pourrait échanger des vues bien
longuement sur les raisons fondamentales qui motivent les gens à aller
demeurer en banlieue, la qualité de vie en étant une et le prix,
bien sûr - plusieurs spécialistes l'ont démontré. Je
veux peut-être aborder des questions directement. Vous avez raison
d'admettre que la loi sur le zonage agricole a mis un frein au massacre des
bonnes terres agricoles. Il y a tout un processus que vous connaissez
très bien - je l'ai appris moi-même, étant président
du COMPADR - sur toute la mécanique de révision des zones qui
s'est négociée avec les MRC, qui actuellement se négocie
avec l'UPA. Je me souviens parfaitement d'une rencontre que nous avions eue au
COMPADR sur ce sujet particulier. (21 h 45)
Ce que j'ai compris, vous l'avez évoqué tantôt. Dans
le cas particulier de Laval, vous avez, comme UPA régionale,
négocié avec la ville une entente qui fait en sorte que ça
délimite très bien le territoire qui est agricole et qui, dans ce
cas, va demeurer agricole, selon ce que j'ai compris, une entente très
ferme où ça ne pourra pas être touché. À
partir du moment où ce territoire est bien déterminé et
que c'est une entente signée entre la ville et l'UPA régionale et
si j'ai bien compris, cautionnée par l'UPA provinciale, dites-moi donc
ceci: SI la 25 se construisait, quel effet additionnel ça pourrait-il
avoir sur des terres qui seraient zonées vertes et qui seraient
intouchables?
M. Proulx: En fait, je pense qu'à partir justement de
ça, ça n'aura pas d'effet à l'heure actuelle, parce qu'on
a pris des ententes avec la ville en considération de cela. Je pense
qu'on a négocié en fonction de ça et on est allé
chercher une certaine protection pour cela. Il ne faut pas oublier que ce sont
des cas - je vous l'ai bien dit - exceptionnels et qu'on ne peut pas, qu'on n'a
pas multipliés et qu'on ne devrait pas multiplier un peu partout.
C'était une situation bien particulière et on sait dans quelle
situation en était rendue toute l'agriculture sur l'île
Jésus et ainsi de suite. Alors, plutôt que de tout perdre, il vaut
mieux négocier. Je veux dire par là qu'il vaut mieux accepter un
certain nombre de choses qu'on n'accepterait peut-être pas ailleurs.
Mais c'est évident que là, dans le cas bien précis
que vous me posez là, ça n'aura pas d'effet parce que c'est
clair. Il y a une entente et l'entente a été faite en partie en
fonction de cela.
M. Côté (Charlesbourg): Je voulais faire le
parallèle avec la 30 car, effectivement, vous avez évoqué
assez longuement la 30 sur 70 kilomètres de long, avec des impacts
prévisibles, dites-vous, sur le zonage agricole. On ne peut pas nier le
fait que faire une autoroute, ça met une certaine pression sur le
développement soit résidentiel, soft Industriel. Ce que j'ai bien
compris, c'est qu'il y a acceptation d'un corridor de la 30, de la 10, jusqu'au
contournement de Châteauguay. Je continue dans ma réflexion parce
que, de temps en temps, nous aussi, les hommes politiques, vous le savez,
sommes l'objet de pressions de la part de citoyens et à la fois aussi de
la part d'organismes ou de fédérations pour prendre le plus de
bonnes décisions possible.
Il y a eu le sommet économique de la région de
Montérégie où les syndicats, y compris l'UPA et l'UPA
régionale, étaient représentés, et la
recommandation prioritaire, la première de toutes du sommet de la
Montérégie, était la reconnaissance de faire la 30
à partir de la 10 jusqu'à la 20. Donc, N y avait - à moins
que je ne m'abuse et ne décortique mal - une acceptation de la part de
l'UPA régionale du principe de la nécessité de construire
l'autoroute 30 à partir de la 10 jusqu'à la 20. Est-ce que je me
trompe?
M. Proulx: Non, c'est évident. C'est évident que
c'est reconnu à l'intérieur d'un sommet régional et ainsi
de suite, mais il reste quand même qu'entre la pertinence d'avoir une
route ou une autoroute et de savoir comment elle sera placée et...
M. Côté (Charlesbourg): Je vais y arriver,
là, parce que je veux y aller par étapes. D'après moi, si
je comprends, ce principe a été accepté par l'UPA
régionale avec qui j'ai eu d'excellents rapports au cours des derniers
mois, en particulier sur le contournement de Châteauguay, sur lequel on a
essayé de faire certains accom-
modements, parce qu'il y avait effectivement des représentations
des gens de l'UPA de Valleyfield qui nous disaient les effets négatifs
sur certaines terres et que l'idée de tasser le plus possible le
tracé sur la réserve faisait en sorte qu'on pouvait sauver des
terres, remembrer et être capables de les utiliser au maximum. Je pense
que ce sont là des choses qui ont été comprises. Vous le
disiez tantôt, les relations des gens qui défendent les
intérêts agricoles avec le ministère ont beaucoup
évolué au fil des ans. je pense qu'on en parle davantage et qu'on
tente d'optimaliser les tracés pour qu'ils soient le moins
néfastes à l'agriculture.
J'en arrive à ma deuxième question. Est-ce que ça
devrait être une autoroute complète, une route régionale?
À ce moment-là, on joue avec les largeurs d'emprise, mais c'est
une autre question. Finalement, dans toute une série de vos
interventions, vous dites qu'il n'y a pas eu de justification, en particulier
par rapport à la 30 - prenons cet exemple, puisque nous y sommes - mais
il me semble que dans le plan iI n'y a pas eu plus de justification pour la 25,
mais elle semble être acceptée, compte tenu de ce que vous avez
négocié avec Laval. Or, quand on se retrouve dans le cas de la
30, je me dis, quant à moi, que le ministère des Transports est
soumis à la CPTA pour son approbation, donc de la justification, dans
une première étape. Dans la mesure où il reçoit
l'autorisation de la CPTA, instance où tout le monde est convié
à venir déposer, si on a l'accord, on peut aller au Bureau des
audiences publiques sur l'environnement et si on ne l'a pas, on ne peut pas y
aller. Donc, c'est une condition sine qua non à la réalisation,
à l'obtention du certificat d'autorisation de réalisation.
À ce moment-là, compte tenu de ce que nous voulons faire,
nous devons justifier devant la CPTA son utilité et sa
nécessité. Dans la mesure où ce n'est pas satisfaisant
pour la CPTA, en termes de justification, le gouvernement peut toujours imposer
un décret et je vais prendre un exemple d'actualité:
contournement de Châteauguay. On est encore poignes avec une chicane
à l'autre bout par rapport au pommier de M. Untel et au bout de la terre
d'un autre, et la ville ne veut pas. Si, par exemple, le gouvernement
décide d'aller en décret d'exemption de la CPTA, tout le
débat est reporté au chapitre du Bureau des audiences publiques
sur l'environnement, où les agriculteurs peuvent venir faire valoir leur
point de vue. Est-ce que vous ne trouvez pas qu'étant soumis - je ne
m'en plains pas, il faut bien qu'on se comprenne - à deux étapes
qu'on doit franchir pour obtenir le certificat d'autorisation de
réalisation, à ce moment-là, on doit être
mauditement bien armés sur le plan du tracé et sur le plan de la
Justification de la construction de la route, et ça vous donne des
garanties que pas grand-monde n'a dans d'autres domaines.
M. Proulx: Écoutez, j'aimerais quand même... Une
étude qui souligne que moins de 5 % des pertes de terres agricoles, de
1951 à 1971, peut être expliquée par la conversion en usage
direct urbain. En fait, l'espérance de gains de capitaux, de
spéculations, gels et ainsi de suite dans des quantités
importantes de terres agricoles, je veux dire, cela n'a pas seulement, pas
uniquement un impact sur la route ou l'autoroute et ainsi de suite. C'est tout
l'impact et c'est tout ce que ça force à faire par la suite, les
risques qu'il y a autour de cela. Si c'était seulement de passer la
route, il y a bien des fois que ce ne serait pas si pire avec certains
aménagements, mais on sait la pression - je pense que l'étude
prouve très bien que c'est un très petit pourcentage - qui
survient par la suite.
C'est bien sûr qu'il y a un certain nombre de protections
comparativement à il y a 20 ans. C'est bien sûr, mais j'aimerais
vous dire quand même que ce n'est pas une sécurité à
toute épreuve. Rappelez-vous Bell Helicopter, d'autant plus que je veux
vous rappeler qu'avec la loi 100, à l'égard de laquelle nous
n'avons pas été négatifs, vous vous retrouvez, dans les
exemples que vous donnez, dans les zones bunkers, le vert foncé pour
d'autres ou ainsi de suite, et à partir de là le Conseil des
ministres peut décider. C'est lui qui décide. Alors, vous
comprenez une certaine Inquiétude si ce n'est pas prouvé, et je
pense que les remarques qu'on fait et les inquiétudes qu'on exprime sont
très fondées. C'est pour cela qu'il va falloir justifier
davantage, peut-être, qu'on ne le fait à l'heure actuelle. Cela ne
remet pas en cause le fait qu'une région fasse consensus pour avoir une
route, mais iI n'y a pas que cela qui doive compter non plus.
M. Côté (Charlesbourg): Sauf qu'il n'y a pas que
cela, mais aux yeux de celui qui négocie un tracé avec l'UPA
régionale et qui en vient à une entente, cela m'apparaît un
élément extrêmement important, d'autant plus qu'elle doit
être soumise, pour l'obtention de son certificat d'autorisation de
réalisation, à la fois à la CPTA et au Bureau des
audiences publiques sur l'environnement, ce qui fait deux étapes pour
être capable de juger. Et j'avais compris que la loi 100
renforçait les zones vertes sur le plan agricole, c'est ce que j'ai
compris. Dites-moi si c'est faux, mais l'avais compris cela.
M. Proulx: C'est évident que la loi 100 améliore la
situation dans laquelle on était. On sait qu'avec la progression et la
spéculation, on est à trouer drôlement la carte du
Québec, mais c'est sûr que c'est une amélioration. Sauf que
ce n'est pas du blindé à toute épreuve.
Je veux simplement revenir sur ceci. Vous avez remarqué que, dans
notre mémoire, on a dit oui pour le prolongement de l'autoroute 30.
C'est bien évident, on l'approuve, d'autant plus pour la portion sur
laquelle vous vous êtes entendus, qui a été
négociée et sur laquelle il y a eu certaines
modifications, bien sûr. Mais c'est pour cela qu'on soulève
que, pour le reste, on n'en a pas encore parlé, l'intention de la faire
et ainsi de suite. On réitère encore une fois l'importance qu'il
y a, avant qu'on définisse des choses très clairement, à
faire le processus qu'on est obligé de faire ensuite pour un autre
bout.
M. Côté (Charlesbourg): Vous avez
évoqué tantôt le cas de Bell Helicopter, j'aimerais
peut-être que vous me précisiez davantage.
M. Proulx: Bien, c'était très bien
protégé aussi par la loi du zonage agricole, et ce n'était
pas tellement vieux dans l'application du zonage agricole. Le Conseil des
ministres a décidé de passer outre, même si c'était
passé par le processus de la commission et ainsi de suite. Mais je
pourrais soulever d'autres cas. Je prends celui-là parce qu'on l'a
toujours eu sur le coeur un peu parce que c'était censé
révolutionner le Québec dans le temps. De la même
façon, II y a d'autres projets qui viennent en cours de route.
Simplement pour vous dire que tout ce que vous m'avez dit, le processus que
vous étiez obligés de suivre, c'est bien, mais cela ne donne pas
toutes les garanties nécessaires.
M. Côté (Charlesbourg): C'était en quelle
année, Bell Helicopter?
M. Proulx: Je ne le sais pas. Je pense que vous le savez plus que
mol.
M. Côté (Charlesbourg): Avant le 2 décembre
1985. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie M. le
ministre. M. le député de Lévis, vous avez 20 minutes.
M. Garon: M. le Président, j'aimerais demander au
président de l'UPA s'il s'attendait que 450 hectares seraient sortis du
territoire de l'île Bizard. Et il s'attend que le reste dure combien de
temps?
M. Proulx: Voulez-vous répéter la dernière
partie de votre question?
M. Garon: Le reste, qui n'est pas dézoné, va durer
combien de temps? En parlant de blindage, je voudrais savoir pour combien de
temps c'est blindé.
M. Proulx: Je ne sais pas combien de temps il va rester
là. Vous savez, la situation, c'est nous-mêmes qui sommes
allés en appel sur la question de l'île Bizard et vous connaissez
notre position sur cela. On est totalement opposés. Je ne suis pas devin
pour... Peut-être que c'est la première chance qu'on a de voir
véritablement si le projet de loi 100 donnera les résultats
escomptés.
M. Garon: Comment pouvez-vous dire que le projet de loi 100 donne
une plus grande protection, alors qu'il protège principalement les sols
1, 2 et 3 et qu'il n'y aura pas d'exclusion, tandis qu'auparavant, en
territoire agricole, il n'y avait quasiment pas d'exclusion mais on
procédait, toujours à la commission, par autorisation à
des fins autres que l'agriculture dans le territoire agricole? La loi 100
permet cela, mais sur un territoire maintenant plus restreint. Comment
pouvez-vous dire que vous avez une plus grande protection alors que la
jurisprudence, qui a été arrondie d'ailleurs par le
président de la commission en commission parlementaire - c'est
enregistré, je peux vous envoyer les galées - dit
qu'essentiellement, jusqu'à maintenant, la commission faisait des
exclusions très rarement mais procédait principalement par des
utilisations à des fins autres que l'agriculture et que cela va
être le processus qui est écrit dans la loi, alors que
c'était une pratique à la commission? Maintenant, c'est
prévu dans la loi, c'est dire dans la loi ce que faisait la commission
antérieurement, mais maintenant sur un territoire restreint, qui
comprend les sols 1, 2 et 3. (22 heures)
Les sois 1, 2 et 3 au Québec... Des sois 1, il n'y en a quasiment
pas; je pense, si ma mémoire est bonne, que c'est 35 000 acres. Des sols
2, je pense qu'il n'y en a pas. Des sois 3, c'est restreint. Toute la
production laitière se fait sur du soi 4 qui est de la production
herbagère. Les sols 5 sont des sols 4 un peu côteux. Des sols 6,
il n'y en a pas. Des sois 7, c'est de la roche. En quoi trouvez-vous que la loi
100 protège davantage? C'est encore de la pratique de la commission
depuis 1978.
M. Proulx: Justement en tenant compte de la pratique de la
commission, dans les dernières années il y avait eu quand
même des changements Importants dans la pratique. Je pense que je l'ai
dit l'autre jour lors de la commission sur la loi 100. Je le
répète ce soir, dans les dernières années, et vous
êtes tous à même de le constater, cela ne protégeait
plus comme cela était supposé le faire. Il y avait toute la loi
de l'aménagement qui était mise en place, la loi 125, et on s'est
retrouvés, à tort ou à raison, dans une situation
où il y a des gens ou des organismes qui ne jouaient plus le rôle
qu'ils auraient dû jouer ou qu'Us avaient joué dans le
passé. Alors, c'est dans ce sens qu'on dit que devant cet
effet-là et devant les pertes importantes qui s'étaient produites
ces dernières années, on en est venu à devoir reconsolider
des choses. C'est dans ce sens qu'on dit que la loi 100 vient quand même
consolider, parce que est entrée dans le décor la question de la
loi 125. C'est bien sûr que la loi 100 ne protège pas contre la
spéculation. C'est pourquoi aujourd'hui on réclame beaucoup plus
d'attention, on réclame un certain nombre de mesures pour
contrôler davantage les pressions sur la spéculation. Mais que
voulez-
vous que je vous dise? La loi sur l'aménagement s'appliquent, en
l'exerçant, vous savez comme moi ce qui se produisait au
Québec.
M. Garon: Je ne vois pas. Vous dites "vous savez comme moi", je
ne sais pas ce que vous savez parce que la loi 100 s'appliquait de son
côté et la loi 90 s'appliquait de son côté. Le
rôle de la commission est de protéger les terres. La loi 125
n'intervient pas avec la loi 90, d'aucune façon.
M. Proulx: Bien, on ne doit pas vivre dans la même
province, M. Garon, parce que vous vous souvenez, l'été
passé, quelles pressions on a été obligé de faire,
et vous savez comment on dézonait et les décisions de la
commissionl Alors, écoutez...
M. Garon: Cela est une autre affaire; ce n'est pas à cause
de la loi 125. Cela est une autre affaire. La loi 125 n'a rien à faire
là-dedans. SI la commission est devenue une commission
d'aménagement par volonté politique, c'est une autre affaire; ce
n'est pas la loi 125. C'est une autre affaire complètement Je suis
d'accord avec ce que vous dites, mais la cause, à mon avis, n'est pas
celle-là. La loi 125..
M. Proulx: Mais quelle que soit la cause, M. Garon,
c'était la réalité. Alors, je me fous pas mal que la cause
soit bonne ou pas bonne, on vivait une réalité. Que je sache que
ce soit la loi 125 ou la loi X, cela m'Importe peu; je savais que les terres
agricoles étalent en train de disparaître au Québec. Alors,
je n'ai plus le temps d'attendre et je n'ai plus le temps de connaître de
quoi cela dépend; je veux stopper cela, et ça prenait quelque
chose pour le stopper. Si ce sont des gens qui ne jouaient pas le rôle
qu'ils devaient jouer quelque part, bien c'est malheureux, mais c'était
une réalité. II faut vivre avec la réalité,
malheureusement, même si cela ne nous fait pas plaisir.
M. Garon: C'est un peu pour ça, sans doute, que vous voyez
les dangers au sujet des autoroutes, mais vous dites que vous êtes
d'accord pareil.
M. Proulx: Bien, on n'est toujours pas pour... Ce n'est pas nous
qui avons décidé et qui allons contrôler que les gens
auront des autos ou non. Je pense que des autoroutes, ce serait d'être...
Ce serait vraiment de vouloir ignorer la réalité que de penser
que les gens arrêteront de rouler; il faut essayer de trouver le moins
d'impacts possible. Je pense que c'est à partir de là que nos
remarques portent sur ce dont, dans l'avenir, on devrait davantage tenir comptn
et trouver davantage les véritables besoins, etc. On est d'accord sur
certaines propositions. On est d'accord parfois parce que la raison nous y
oblige ou parce que cela a moins d'impact sur autre chose.
M. Dufour: J'ai peut-être deux ou trois questions.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Dans le cas du prolongement de l'autoroute 25
jusqu'à Laval, vous dites, à la page 10: 'Comme il était
problématique de pouvoir récupérer le territoire agricole
et en l'absence de mesures provinciales de remise en valeur du territoire et
des terres... '. À partir de ce constat, vous avez négocié
avec la ville de Laval. Vous répétez, à la page 11: 'Les
résultats ne sont pas suffisamment concluants pour
généraliser les appuis à de tels liens routiers majeurs,
en l'absence - vous y revenez encore - de politiques gouvernementales de
protection des sols agricoles en bordure de ces axes. '
Ceci dit, j'aimerais parler de l'autoroute 30 plutôt que de la 25
parce que vous nous dites que c'est réglé. L'autoroute 30 est une
route de 70 kilomètres de longueur. Il y a un certain nombre de
tracés qui sont déjà - on peut même le dire - sous
spéculation puisqu'elle est déjà expropriée en
conséquence. Il y a une longueur de tracé assez Importante sur
laquelle il n'y a pas de décision globale, ni de secteur, et le
tracé comme tel n'est pas achevé. Vous dites, à la page
12. que vous êtes prêts à négocier ou à
discuter par rapport à cela. Est-ce que cela veut dire qu'en l'absence
d'une politique de remise en production des terres agricoles, en l'absence de
certaines mesures de protection que vous sembiez exprimer, il n'y a plus
grand-chose à faire et que vous avez à négocier? Est-ce
que c'est cela que je dois comprendre?
M. Proulx: Absolument pas! On connaît le tracé de
l'autoroute 30 à l'heure actuelle. On en connaît une partie dont
on a réussi à faire modifier un certain nombre de choses,
à faire des réaménagements lors des discussions pour que
cela ait le moins d'impacts possible sur les agriculteurs en place. On sait
très bien que, normalement, avec les années, elle va se
continuer. Depuis fort longtemps, on vit avec une route qui arrête dans
le champ et is veulent la continuer. J'imagine qu'ils ne veulent pas la
continuer uniquement pour qu'elle arrête dans un autre champ et qu'un
jour elle va aller passer quelque part pour aller rejoindre une autre
autoroute.
En tenant compte de tout ça, il serait important, selon nous,
pour protéger le plus possible, parce que c'est plein de belles terres
agricoles, peut-être de négocier avant de décider, un peu
comme on l'a fait pour le tronçon qu'on se prépare à
faire, plutôt que d'être obligés ensuite de faire des pieds
et des mains pour essayer de faire des aménagements qui deviendront plus
difficiles après qu'un certain nombre
de décisions auront été prises. Il y a quand
même une réalité. Des routes, il faut qu'il en passe; tout
le monde en veut. Il faut essayer de trouver le moyen. Quand on parle de
négocier pour qu'il y ait le moins d'impacts...
M. Dufour: Dans votre mémoire, vous dites qu'il ne faut
pas tenir compte seulement des intérêts des développeurs
à caractère régional, c'est-à-dire les MRC, les
municipalités, et vous parlez d'objectifs nationaux. Dans vos plans,
vous semblez, par rapport à vos décisions ou à votre
comportement, vous appuyer sur les attitudes ou les désirs de vos UPA
régionales. Cela semble ainsi. Quand vous me parlez, vous me dites L'UPA
régionale a accepté telle chose, donc cela semble faire l'objet
d'un consensus.
Quand il s'agit des MRC, vous dites au gouvernement: II faut que vous
alliez un peu plus loin parce que ce n'est pas la somme des
intérêts régionaux qui devrait faire la position
gouvernementale. Est-ce que, dans votre cas, vous avez comme
préoccupation, en tant qu'organisme à caractère
régional, d'aller plus loin que l'étude régionale ou si
vous vous arrêtez à ça?
M. Proulx: Nos fédérations régionales
tiennent quand même compte d'objectifs nationaux qu'on a pris ensemble.
C'est dans leur respect. Il y a, bien sûr, des particularités
régionales qui peuvent s'ajouter mais c'est toujours à partir..
Ce n'est pas en contradiction d'objectifs qu'on peut avoir, qu'on peut appeler
nationaux, au chapitre du regroupement de nos régions. Il y a des
particularités et des décisions. Il y a quand même une
autonomie à l'intérieur de nos régions qui travaillent
avec les autres organismes du milieu. Elles vivent dans ce milieu et je pense
qu'au plan national on n'ira pas préciser au kilomètre
près quand on parle de routes, mais on élabore un certain nombre
de principes à respecter. Je pense que c'est ce qu'on a
préconisé jusqu'à maintenant et c'est ça que nos
régions ont respecté jusqu'à maintenant. Sauf que, bien
sûr, le plan qu'on discute à l'heure actuelle est un plan qui
couvre deux de nos régions en particulier. On a travaillé avec
eux et eux ont travaillé dans le milieu, à partir du support
qu'on nous a apporté, etc.
M. Dufour: On ne peut pas approfondir, nécessairement,
tous les aspects de votre mémoire; je pense que c'est pour ça
qu'on va se contenter d'une question sans aller plus en profondeur. Par
exemple, vous pariez à deux ou trois reprises dans votre mémoire
de l'effet spéculatif de la décision ou de la manifestation d'un
désir d'établir une autoroute quelconque quelque part. Vous
pariez souvent de spéculation. Je ne sens pas dans votre mémoire,
ou je ne vois pas - peut-être pourriez-vous m'expliquer un peu plus -
quelles sont les mesures que vous proposez pour empêcher cette
spéculation. Vous la condamnez, je pense. Vous dites: Ce n'est pas
correct, mais je ne sens pas dans le mémoire les arguments qui
pourraient me rassurer.
M. Proulx: Écoutez, je pourrais vous dire que ce n'est pas
à nous à mettre en place les mesures pour éviter la
spéculation, mais je pense que c'est quand même assez clair dans
notre mémoire quand on fait ressortir que, quand on prend telle ou telle
décision, selon la décision qu'on va prendre, cela amène
davantage de spéculation ou ça favorise la spéculation qui
va se faire selon les orientations qu'on va prendre dans ça. Je pense
que l'île Bizard est un bel exemple à l'heure actuelle. On peut
comprendre très bien pourquoi cela a ressorti dans les dernières
années et pourquoi on en est arrivé où on est à
l'heure actuelle, etc. Alors, il peut y avoir une multitude de solutions
possibles pour éviter la spéculation. Je pense qu'il y en a un
certain nombre qui sont déjà en place, mais il en manque encore
énormément pour compléter, je ne dirai pas pour
éliminer la spéculation, mais la diminuer au maximum.
Je pense que ce n'est pas uniquement à nous autres à faire
cela parce que ça relève, c'est la responsabilité de
beaucoup d'intervenants et pas uniquement du monde agricole. Ce sont les
intervenants qui prennent les décisions dans le milieu et qui touchent,
d'une façon ou d'une autre, et qui favorisent aussi la
spéculation qui peut se faire. Je pense qu'on est très clairs
quand on dit que nos inquiétudes face à telle ou telle affaire -
justement, on le souligne à plusieurs occasions - c'est que ça va
amener de la spéculation.
M. Dufour: Je vous posais la question dans le sens
d'arrêter la spéculation. Il ne faut pas minimiser non plus
l'impact qu'a eu la loi 90 sur la protection des territoires agricoles. Je me
souviens que ça n'a pas été facile. J'ai eu à
négocier avec l'UPA et avec la CPTA. Je vous passe un papier qu'ils
avaient du pouvoir. Ils l'ont appliqué très fortement et je pense
que ça peut freiner jusqu'à un certain point.
Aujourd'hui, vous ne seriez pas supposés avoir moins de pouvoir
qu'avant. C'est évident que les autorités gouvernementales
municipales ont un certain pouvoir de contrôler le développement
par leur plan d'aménagement, en le faisant connaître d'avance.
Mais je pensais que vous aviez - avec la loi 100 qu'on vient d'adopter ou qui
sera adoptée Incessamment - un certain nombre d'éléments
susceptibles de renforcer votre position. Là, vous nous laissez un peu
dans l'incertitude.
M. Proulx: Écoutez, c'est bien beau, la loi 90, et c'est
vrai qu'elle a fart beaucoup de travail, mais il y a quand même eu de la
spéculation et du développement, vous l'avez vu comme moi,
d'autant plus que vous avez une bonne expérience là-dedans, comme
maire d'une municipalité. Alors, ne nous contons pas d'his-
toires. on ne se fera pas de romance, pendant un certain temps, c'est
bien sûr que cela a eu des effets draconiens, mais les
spéculateurs ont trouvé des façons de la contourner.
Ça n'a pas empêché, mais cela a diminué le
développement sauvage. Cela a amélioré substantiellement
les choses, cela a protégé les bonnes terres agricoles, mais
ça n'a pas éliminé la spéculation Je veux juste
vous rappeler l'exemple que j'ai souligné tout à l'heure -
pourtant, il y avait la loi 90 - la compagnie Bell Helicopter s'est
installée dans un des plus beaux territoires agricoles, et on en a vu
différents autres. Alors, écoutez!
M. Garon: Envoyez donc, différents autres!
M. Proulx: Écoutez, c'est qu'il va toujours y avoir,
à l'usure d'une loi ou quelque chose, des gens, des fins finauds qui
vont trouver le moyen de passer à côté et qui vont
développer dans ce sens. Alors, je ne pense pas qu'on soit à la
commission parlementaire de la loi 100 ici ce soir pour la juger; je pense
qu'on a donné notre avis, et on a donné notre avis l'autre jour,
avec les risques que ça comporte. On aura, à son application,
à en juger.
M. Dufour: Je suis d'accord avec vous sur le fait qu'on ne doit
pas discuter de la loi 100, excepté que le ministre avait fait une
très belle ouverture par rapport à la loi 100 et,
accidentellement, on faisait partie de la même commission. Donc, on vous
a écouté, on sait que vous vous êtes prononcé
favorable à la loi 100, même si vous avez des inquiétudes,
et je me rends compte, ce soir, que vos inquiétudes étaient
réelles et fondées, puisqu'on fart le même exercice ou la
même gymnastique. C'est dans ce sens. Je ne veux pas vous dire: Vous
auriez ou n'auriez pas dû. Je pense que le fait qu'il y avait une
ouverture de faite, on devait en tenir compte. Vous dites que vous avez
parlé de vos préoccupations au conseil de la conservation de
l'environnement. Est-ce que vous pensez que cela va donner quelque chose?
J'aimerais savoir ça, je ne connais pas ça.
M. Proulx: On espère. D'habitude, quand on parle, on
espère. On profite de toutes les circonstances et de toutes les tribunes
quand II s'agit de protéger et de développer justement cette
mentalité de protection de son environnement. Alors on verra si cela
peut donner un coup de main, sinon, on aura peut-être perdu un peu de
temps, mais cela nous arrive souvent d'en perdre.
M. Dufour: En terminant, je voudrais vous remercier et vous dire
que vous posez le bon diagnostic, je pense bien, à beaucoup
d'égards concernant les effets de déstructuration du territoire
agricole, concernant aussi les éléments qui sont coûteux
aux points de vue environ- nemental, économique, etc., et en même
temps l'étalement urbain. La seule chose que je peux retenir ou que je
retiens, c'est que vous dites au gouvernement: Ce n'est pas
nécessairement notre responsabilité. Mais vous avez une grande
responsabilité par rapport à ce qui va se passer sur le
territoire, parce que vous semblez manifester, en tout cas, une
inquiétude par rapport aux Instruments que vous avez pour empêcher
ces états de fait.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Jonquière.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
voudrais ajouter ma voix à celle du député de
Jonquière pour remercier M. Proulx. On sait que cela demande du temps
pour préparer des interventions comme celles-là. Je tiens
à le remercier parce que ce sont des débats très francs,
et je vais l'assurer du plus de collaboration possible des officiers du
ministère pour tenter de trouver.. Comme vous l'avez dit tantôt
dans le cas de la 30, il y a des nécessités, à un moment
donné, avec lesquelles il faut composer et je tiens à vous
assurer de la collaboration du ministère dans ce domaine.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie.
M. Proulx: Merci, M. le Président, et vous devrez vous
rappeler que vous verrez dans notre mémoire, à la suite de la
dernière question ou intervention, que nous faisons toujours le pari
d'une écoute attentive.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. Proulx,
ainsi que les gens qui vous accompagnent pour votre apport aux travaux de cette
commission. Sur ce, la commission de l'aménagement et des
équipements ajourne ses travaux à 10 heures précises,
demain matin.
(Fin de la séance à 22 h 19)