Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures onze minutes)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'aménagement et des équipements
reprend maintenant ses travaux pour poursuivre l'examen des volets
"Développement du réseau autoroutier" et "Projets de
développement du réseau de transport collectif" du plan d'action
1988-1998 intitulé: "Le transport dans la région de
Montréal".
Avons-nous des remplacements ce matin, M. le secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue) est remplacé par M. Bélisle
(Mille-Îles); M. Camden (Lobtinière) est remplacé par Mme
Cardinal (Châteauguay); M. Gauvin (Montmagny-L'Islet) est remplacé
par M. Marcil (Beauharnois); Mme Juneau (Johnson) est remplacée par Mme
Vermette (Marie-Victorin); M. Middlemiss (Pontiac) est remplacé par Mme
Pelchat (Vachon); M. Paradis (Matapédia) est remplacé par M.
Latulippe (Chambly); M. Poulin (Chauveau) est remplace par M. Parent
(Sauvé) et M. Thérien (Rousseau) est remplacé par M.
Trudel (Bourget).
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
secrétaire. Avant de débuter, j'aimerais rappeler les ententes
qui sont intervenues à cette commission. Le partage du temps se fera
comme suit: 20 minutes pour les intervenants, 20 minutes pour la partie
ministérielle et 20 minutes pour la partie de l'Opposition.
J'aimerais rappeler à tous ceux et celles qui auront à
déposer des mémoires, dans le but de faciliter le maximum de
questions, si c'était possible d'avoir des réponses
brèves. Ceia permettrait le maximum d'échanges d'idées
entre les membres de la commission et ceux et celles qui déposeront un
mémoire.
M. Côté (Charlesbourg): Pas des réponses de
ministre, des réponses brèves.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur ce, je demanderais
maintenant aux gens de la ville de Longueuil de bien vouloir prendre place,
s'il vous plaît.
Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue aux travaux de cette
commission. Je demanderais maintenant au porte-parole de bien vouloir
s'identifier ainsi que les gens qui l'accompagnent, pour le
bénéfice des parlementaires et du Journal des
débats.
Ville de Longueuil
M. Ferland (Roger): Mon nom est Roger Fertand. Je suis le maire
de la ville de Longueuil.
Les gens qui m'accompagnent sont à ma gauche M. André
Létourneau, vice-président du comité exécutif de !a
ville de Longueuil; à ma droite, M. Florent Charest, conseiller
municipal à Longueuil et également membre du conseil
d'administration de la STRSM; à mon extrême gauche, Mme Florence
Mercier, également membre du conseil de ville de Longueuil et membre du
conseil de la STRSM et M. Jean Verdy, directeur général de la
ville de Longueuil.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie M. ie
maire. Vous avez maintenant 20 minutes pour faire la lecture de votre
mémoire.
M. Ferland: Merci bien. M. le Président, c'est avec beaucoup
d'intérêt et d'attention que la ville de Longueuil a suivi la
démarche du ministère des Transports et des autres parties
intéressées à la question du transport dans la
région de Montréal. Conséquemment, c'est avec une grande
attention que nous avons étudié le plan d'action 1988-1998
proposé par ie ministre.
On comprendra que la solution des nombreux problèmes concernant
directement la rive sud revêt une importance vitale pour la population de
Longueuil. Notre avenir économique et le maintien de notre
qualité de vie en dépendent dans une très large mesure.
Notre facilité d'accès à la métropole, de
même qu'à l'ensemble du territoire québécois, aura
une influence marquante sur notre développement. Les gens de Longueuil,
de même que les entreprises, doivent pouvoir compter dans les plus brefs
délais sur une action positive en ce sens.
Le mémoire que présente la ville de Longueuil est
fondé sur l'étude du plan du ministère, étude
à laquelle ont participé les élus et les fonctionnaires de
la ville, appuyés par un groupe d'experts-conseil en transport et en
planification. Il se veut complémentaire au mémoire de la
Société de transport de la rive sud de Montréal. Il va
sans dire que Longueuil souscrit entièrement à ce dernier.
Dans cette perspective, nos objectifs ici sont d'expliciter la position
de la ville par rapport au plan proposé par ie gouvernement, de
soumettre quelques éléments de réflexion et, en dernier
lieu, d'identifier les zones que nous estimons prioritaires. Essentiellement,
la ville de Longueuil est d'accord avec les conclusions du rapport. Toutefois,
il nous apparaît que les intérêts de Longueuil comme
ceux de la rive sud en général pourraient être mieux servis
si l'on apportait certaines modifications au plan proposé.
Il est tout à fait évident que, dans cette question, le
gouvernement du Québec fait face à un énorme
problème. Pour avoir longuement consulté sur le sujet, nous
apprécions parfaitement toute l'ampleur et la complexité de
ce
problème. Dans un premier temps, le gouvernement doit conserver,
tout en les modernisant, les Infrastructures routières et les
équipements de transport collectif qui existent déjà.
Deuxièmement, il doit améliorer les réseaux pour en
réduire les coûts d'exploitation et d'entretien, tout en assurant
aux usagers un meilleur service. Finalement, il doit développer de
nouvelles infrastructures pour améliorer l'équilibre des
réseaux et la complémentarité des modes. La tâche du
gouvernement est d'autant plus difficile qu'il doit aussi satisfaire l'ensemble
des intervenants de la région métropolitaine.
Dans un souci de respect de la philosophie de consultation mise en
oeuvre par le ministre, la ville de Longueuil se présente donc devant la
commission parlementaire pour lui faire part de ses réflexions et lui
faire connaître les attentes de sa population.
Longueuil met tout en oeuvre pour offrir à sa population une
qualité de vie de tout premier ordre. Toutefois, cette qualité de
vie commence à se détériorer dès que les citoyens
et les citoyennes doivent se rendre sur l'île de Montréal, que ce
soit pour des raisons de travail, de commerce ou de loisir. Il nous semble que
les heures de pointe ne cessent de s'allonger! Les axes routiers reliant la
rive sud et Montréal supportent de grands débits de circulation
aux heures de pointe. Tous les liens ont atteint des niveaux de saturation,
d'où la nécessité de considérer la
complémentarité des modes de transport.
Aujourd'hui, la situation est telle que même l'amélioration
du réseau routier de la rive sud ne parviendrait nullement à
augmenter la capacité des liens entre la rive sud et l'île de
Montréal. De fait, la seule façon de soulager cet engorgement de
circulation sur les liens en question est de se rabattre sur le transport
collectif et d'en améliorer les services de façon radicale.
À nos yeux, cela ne fait absolument aucun doute. Dans une optique tant
régionale que globale, il est essentiel de considérer
l'harmonisation des réseaux et la complémentarité des
modes. Cependant, des éléments de solution existent
déjà. Ces éléments se retrouvent dans le potentiel
de développement et la réserve de capacité des axes
actuels de transport collectif. Il est urgent d'exploiter ce potentiel pour en
faire profiter les populations de la grande région
métropolitaine.
Le plan d'action du ministère des Transports identifie clairement
plusieurs éléments importants de la problématique du
transport entre la rive sud et l'île de Montréal. Il nous
apparaît opportun d'en rappeler quelques-uns des plus troublants pour
qu'on saisisse bien le sérieux et l'urgence de la situation. En voici
quelques exemples. Il a été déterminé que, durant
l'heure de pointe du matin, 55 % de tous les déplacements qui
proviennent de la rive sud se font vers le territoire de la CUM. On sait
également que, pendant la même période, 71 % des
déplacements en transport collectif provenant de la même origine
ont pour destination le territoire de la CUM et que 60 % de ceux-ci ont pour
aboutissement le centre-vilIe de Montréal. Par ailleurs, sur les axes
routiers des ponts Champlain et Jacques-Cartier, le taux d'occupation des
automobiles atteint 1, 4 % par voiture, un des plus élevés de la
région de Montréal. On sait également que les ponts
Jacques-Cartier et Victoria ont atteint leur capacité de pointe depuis
longtemps, que le pont Champlain et le pont tunnel Louis-Hippolyte-Lafontaine
ont subi les plus fortes augmentations de débit de la rive sud, sort 5,
5 % et 4, 4 % respectivement, et que les ponts Champlain, Victoria et
Jacques-Cartier affichent des ratios débit-capacité
supérieurs à un.
En ce qui a trait au métro, on s'aperçoit que la ligne 1
supporte le maximum de charge entre les stations Berri-UQAM et Peel et que,
à certains moments, la capacité de ce tronçon est
insuffisante. Quant à la ligne 4, elle est sous-utilisée durant
la période de pointe du matin, ne transportant que 17 000 passagers,
alors qu'elle pourrait et devrait en accomoder le double. Les terminus
compliquent encore le problème. La capacité de celui de la STRSM
au centre-ville de Montréal est limitée et celui-ci fonctionne
actuellement à pleine capacité. Quant au terminus de la ligne 4
à Longueuil, il connaît des problèmes très
importants tant en ce qui concerne sa capacité que son accès.
Quant à la voie réservée du pont Champlain, elle pourrait
accueillir un plus grand nombre d'autobus, mais cette solution est
elle-même liée aux décisions qu'il faudra prendre pour
éliminer les goulots d'étranglement en dehors des voies
réservées.
Finalement, il est tout à fait évident que les pressions
sur les liens entre les deux rives se feront de plus en plus agressives pour
tous les modes de transport. Ce phénomène revêt une
importance majeure dans la problématique du transport de la
région métropolitaine. Tous ces problèmes prennent une
dimension capitale pour la population de Longueuil comme pour celle de
l'ensemble de la rive sud d'ailleurs. C'est pourquoi nous les avons
relevés ici pour mettre en relief l'Importance de nos propos.
Dans notre optique, il apparaît que les problèmes et les
besoins de la ville de Longueuil ont été bien identifiés
dans le plan d'action. Il se dégage du plan une vision globale de la
problématique du transport dans la région métropolitaine
de Montréal. La ville de Longueuil souscrit donc au diagnostic
posé par le gouvernement. En effet, ce n'est qu'à partir d'une
vision globale de la question du transport dans la région de
Montréal qu'on pourra réussir l'harmonisation et la
complémentarité des réseaux. Dans le passé, il
s'est malheureusement pris des décisions sans qu'il y ait eu, au
préalable, un examen approfondi de la situation. On a trop souvent
négligé de prendre en considération l'amélioration
et l'intégration des différents réseaux de transport. Nous
sommes heureux de constater que, maintenant, c'est à partir d'une
perspective globale que l'on attaque les problèmes du transport
dans notre région.
Dans les pages qui suivent, la question du réseau routier et
celle du transport collectif seront examinées
séparément.
Les problèmes associés au réseau routier sont bien
connus et bien identifiés: congestion des ponts, réseau
discontinu, saturation du réseau, défaillance des
infrastructures. L'analyse de la situation milite de toute évidence en
faveur de la réfection des infrastructures et du parachèvement du
réseau. Le réseau routier de la région de Montréal
doit être complété. En terminant les tronçons
inachevés, on arrivera à établir un équilibre
indispensable à la création d'un développement harmonieux.
L'effet immédiat sera évidemment de soulager les axes actuels
présentement surchargés à cause de inexistence d'autres
routes. C'est pour ces raisons que, globalement, la ville de Longueuil est
d'accord avec le plan du gouvernement en ce qui a trait au réseau
routier.
La ville de Longueuil accueille donc favorablement les projets
destinés à son territoire et à celui de la rive sud,
à savoir la réfection de la route 132, l'élargissement de
l'autoroute 20 entre le boulevard de Mortagne et l'autoroute 30, le
réaménagement de l'échangeur
Roland-Therrien-Marie-Victorin à la hauteur de la route 132, le
réaménagement des routes 112 et 116 et la construction de
l'échangeur Edna et, finalement, le prolongement de l'autoroute 30. Ces
projets retenus par le gouvernement sont conformes aux orientations que s'est
données la ville de Longueuil ainsi qu'à ses objectifs de
consolidation de son rôle comme pôle d'attraction régional.
En fait, ces projets s'insèrent parfaitement bien dans le plan
d'urbanisme de la ville de Longueuil.
La ville de Longueuil est persuadée que le transport collectif
est et demeurera le mode de transport à privilégier pour
atteindre l'île de Montréal. Dans cette optique, il va de soi
qu'il faut conserver les acquis et améliorer le réseau du
transport collectif. Toutefois, nous nous interrogeons sur certains aspects du
plan qui touchent au développement du transport collectif.
Nous reconnaissons qu'à certaines heures, la ligne 1 du
métro atteint son seuil de capacité. Nous reconnaissons aussi que
les améliorations proposées à la station Longueuil
permettront d'augmenter l'utilisation de la ligne 4. De plus, les
problèmes d'accès et de capacité de la station, comme le
souligne le plan, sont des causes importantes de la sous-utilisation de la
ligne 4.
Le réaménagement de la station de métro aura sans
doute pour effet d'augmenter l'utlisa-tion de la ligne 4. Par effet
d'entraînement, cette amélioration augmentera aussi la pression
sur le tronçon Berri-UQAM-Peel à cause de la correspondance
inévitable à la station Berri-UQAM pour les usagers qui doivent
rejoindre le centre-ville de Montréal. Notons que cette correspondance
est sans doute aussi une cause importante de la sous-utilisation de la ligne
4.
Par ailleurs, le plan dit que l'impact d'un prolongement du métro
dans Longueuil "n'est pas suffisamment marqué pour être mesurable
et pour justifier à lui seul ce prolongement." La ville de Longueuil
n'est pas tout à fait d'accord avec cette affirmation. Nous croyons
plutôt qu'un prolongement dans Longueuil pourrait très bien
engendrer une augmentation de la clientèle du transport collectif. Et,
pour maximiser l'augmentation de la clientèle, le prolongement devrait
réunir les conditions suivantes: il devrait être fait en direction
du chemin de Chambly ou du boulevard Roland-Therrien vers Saint-Hubert; des
aires d'attente et des parcs d'incitation devraient être
aménagés aux abords de ces nouvelles stations; certaines lignes
d'autobus de Longueuil et de Saint-Hubert devraient être rabattues sur
ces nouvelles stations; il devrait être réalisé en
considérant la possibilité de prolonger la ligne 4 vers le
centre-ville de Montréal.
À notre connaissance, ce prolongement n'a jamais
été examiné auparavant. Vu sous l'aspect que nous venons
de décrire, il pourrait augmenter sensiblement la clientèle de la
ligne 4 à cause des avantages indéniables qu'il présente.
Voici les plus importants: une plus grande pénétration de la rive
sud, un accroissement considérable des espaces de stationnement, de
nouvelles conditions de circulation aux abords des nouvelles stations, une
meilleure répartition de la clientèle sur la ligne 4 et un lien
direct avec le centre-ville de Montréal grâce à
l'élimination de la correspondance obligatoire à Berri-UQAM.
La ville de Longueuil croit aussi que la question du lien rive sud -
centre-ville via le pont Champlain devrait être examinée dans son
ensemble en tenant compte des considérations suivantes. Depuis la rive
sud, l'accès à la voie réservée se bute de plus en
plus à la congestion croissante du réseau routier, ici, nous
donnons comme exemples: la jonction du boulevard Taschereau à
l'autoroute 10, l'accès à l'autoroute 10 depuis la 132, le
tronçon de l'autoroute 30 entre le pont Champlain et l'autoroute 10.
Tout cela cause de nombreux délais pour les autobus. La voie
réservée est tributaire des conditions climatiques et des travux
d'entretien du pont. Aussi ne peut-on pas dire qu'elle soit
véritablement une solution permanente. L'autoroute Bonaventure et les
rues du centre-ville de Montréal font l'objet de nombreux travaux
d'entretien qui occasionnent de fréquentes congestions, ralentissant
ainsi considérablement l'entrée et la sortie du centre-ville. Le
terminus du centre-ville est exigu et sa capacité excédentaire
est limitée, ce qui a des conséquences négatives pour le
confort de la clientèle.
La solution que propose le plan du gouvernement concernant la voie
réservée du pont Champlain est valable. Elle assurerait la
permanence du lien entre les deux rives et elle
réglerait les problèmes de fiabilité et de
sécurité. Nous devons convenir que le déplacement de la
voie réservée sur l'estacade et l'intégration du terminus
du centre-ville de Montréal à un complexe immobilier
amélioreraient la situation. Toutefois, certains des problèmes
mentionnés plus haut ne pourraient que persister et limiter par le fait
même le potentiel d'utilisation de ce mode de transport. La ville de
Longueuil croit que le gouvernement devrait étudier une solution plus
globale aux problèmes des liens entre la rive sud et l'île de
Montréal.
La ville de Longueuil ne cache pas qu'elle entretient depuis un certain
nombre d'années l'espoir que le métro soit prolongé sur
son territoire. Ce projet s'Inscrit d'ailleurs dans son plan d'urbanisme et la
population en souhaite vivement la réalisation. Toutefois, le
prolongement ne saurait être justifiable que dans la mesure où il
pourrait augmenter l'achalandage de la ligne 4. Or, pour que cette augmentation
se concrétise, il faut d'abord que le prolongement se fasse vers le sud,
c'est-à-dire en direction de Saint-Hubert. En second lieu, il faut que
soit éliminée la correspondance à Berri-UQAM pour les
usagers qui se dirigent vers le centre-ville de Montréal afin que soit
raccourcie la durée de leur trajet. Pour que soit éliminée
la correspondance Berri-UQAM, il faut également que la ligne 4 soit
prolongée vers l'ouest, dans l'axe du centre-ville. Ce prolongement se
justifie quand on considère deux choses: d'abord, le tronçon de
la ligne 1 du centre-ville est le plus chargé de tout le réseau;
ensuite, il est tout à fait vraisemblable que toute augmentation
éventuelle de la demande de transport collectif se fera sentir le plus
vivement au centre-ville de Montréal.
Par ailleurs, à partir d'une perspective plus globale, on pourait
aussi considérer un autre prolongement qui relierait le centre-ville de
Montréal à Brossard en traversant le fleuve sur un axe à
proximité du pont Champlain. On peut envisager ce prolongement en deux
temps. Dans un premier temps, on pourrait relier cet axe à la ligne 1
actuelle aux environs de la station Charlevoix, tout en construisant une
nouvelle station sur l'île des Soeurs. Sur la rive sud, deux nouvelles
stations viendraient compléter cette ligne. Il y a un schéma en
annexe, si vous voulez le consulter. Il est à noter que la station
Charlevoix est toute indiquée pour cette solution puisque, à cet
endroit, les deux tunnels du métro sont superposés. Je vous ferai
remarquer qu'il s'agit ici de faire un "y" dans la ligne 1 pour qu'une rame de
métro aille en direction d'Angrignon et une autre vers Brossard.
Dans une perspective à plus long terme et dans
l'éventualité où une troisième ligne de
métro deviendrait nécessaire au centre-ville, on pourra
détacher le tronçon desservant Brossard à la ligne 1 pour
le prolonger jusqu'à la ligne 4. Ce programme de prolongement du
métro pourrait s'effectuer en trois phases. La première phase
verrait le centre-ville de Montréal être relié à
Brossard; la seconde porterait sur la ligne 4, soit le tronçon
Berri-UQAM-Peel et le prolongement dans Longueuil, et, finalement, la
troisième verrait la réalisation du lien Charlevoix-Peel.
La ville de Longueuil croit que cette solution mérite une
étude approfondie de la part du gouvernement avant que ne soient
entrepris les travaux sur l'estacade du pont Champlain. Cette proposition
possède de trop nombreux avantages et répond à trop de
besoins de trop d'intervenants pour qu'on la rejette sans en faire une analyse
très poussée et très sérieuse.
Voici les plus importants avantages qu'elle présente. Pour la
rive sud, dans l'axe du pont Champlain, cette solution permet de mettre en
place un service sûr, fiable et éprouvé entre la rive sud
et le centre-ville de Montréal, un service qui offrirait une
capacité et des fréquences élevées vingt heures par
jour. Elle permet d'éliminer la nécesssité d'effectuer une
correspondance, soit à Berri-UQAM, sort à Bonaven-ture. Elle
offre un service qui amène les usagers directement au centre-ville de
Montréal. Elle soulage la circulation sur le pont Champlain. (10 h
30)
Pour la ville de Montréal, elle offre la possibilité de
créer une troisième ligne de métro dans l'axe est-ouest du
centre-ville. Elle permet d'éliminer la circulation des autobus de la
STRSM dans le centre-ville. Enfin, elle permet également de
réduire le nombre d'automobiles en provenance de la rive sud qui
circulent dans les rues de Montréal.
Pour la STCUM, elle permet de soulager la ligne 1 et, ainsi, de mieux
régulariser le service. Elle permet d'optimiser l'utilisation du
tronçon ouest de la ligne 1, celui-ci étant actuellement
sous-utilisé.
Pour la ville de Verdun, elle crée la possibilité de
construire une station de métro dans l'île des Soeurs pour donner
un accès direct au centre-ville de Montréal. Elle évite
que des autobus en provenance de l'estacade n'aient à circuler dans
l'île des Soeurs et dans les accès Décarie et Bonaventure
à Verdun.
Pour la STRSM, elle réduit de façon importante les
coûts d'exploitation des autobus, parce que ces derniers n'auraient plus
à traverser le pont Champlain. Elle élimine aussi la
nécessité d'avoir un terminus au centre-ville de
Montréal.
Pour le ministère des Transports du Québec, globalement,
cette solution offre un meilleur service de transport au niveau
régional. Elle facilitera aussi grandement les travaux de
réaménagement des accès à l'île des Soeurs
par Décarie et Bonaventure.
En conclusion, la ville de Longueuil est satisfaite de l'orientation
générale du plan d'action 1988-1998 du ministère des
Transports. La ville se réjouit de la politique de consultation
instituée par le ministre et elle endosse le souci de globalisation et
de régionalisation qui a présidé à
l'élaboration du plan.
Au niveau du transport routier, Longueuil est d'accord en tout point
avec les propositions contenues dans le plan. La ville encourage donc le
gouvernement à mettre ces projets en oeuvre le plus rapidement
possible.
Pour ce qui est du transport collectif toutefois, il nous incombe
d'insister sur la nécessité de prolonger le métro dans
Longueuil ainsi que dans Brossard. Il y va de l'intérêt non
seulement des populations de la ville de Longueuil et des autres villes de la
rive sud, mais encore de celui de tous ceux et celles qui doivent partager le
réseau de transport collectif de la grande région
métropolitaine.
La ville de Longueuil est persuadée que les
éléments de réflexion sur ce sujet contenus dans le
présent mémoire sont suffisamment étoffés pour
justifier pleinement un nouvel examen en profondeur de la question.
C'est dans cette perspective que la viile de Longueuil demande
instamment au gouvernement de procéder dans les meilleurs délais
à une étude sérieuse de la faisabilité technique et
économique de sa proposition. Cette proposition, faut-il le rappeler,
consiste à créer, à partir des acquis actuels, une
nouvelle ligne de métro reliant Longueuil et Brossard via le
centre-ville de Montréal.
Finalement, on comprendra la ville de Longueuil d'insister pour que
l'étude de sa proposition soit entreprise très rapidement,
c'est-à-dire avant que soit entérinée la décision
de mettre en chantier le nouvel aménagement de l'estacade du pont
Champlain et l'érection d'un terminus de la STRSM dans le centre-ville
de Montréal. Mesdames et messieurs, je vous remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
maire. Je vais maintenant céder la parole à M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je remercie M. le maire de Longueuil ainsi que tous ceux qui
l'accompagnent pour le mémoire qu'ils nous ont présenté et
leur vision des choses, malgré le fait qu'ils ne soient en total accord
avec le plan. Ce n'est pas nécessairement ce qu'on souhaitait. On le
souhaite toujours, mais on ne rêve pas non plus. Je veux lui dire aussi
que, probablement, nos échanges à cette commission-ci sur le plan
de transport 1988-1998 vont être un peu pius sereins, de mon
côté du moins, que ce qui avait été le cas lors de
sa première présentation au nom de l'UMQ en 1987, en particulier
au sujet du financement du transport en commun.
Je pense qu'on n'a pas à discuter longuement sur le routier. Je
pense que ça ne semble pas, vu de votre côté, créer
de problèmes à tous les niveaux y compris l'autoroute 30.
Attaquons le collectif immédiatement, puisqu'il est l'objet de vos
préoccupations. Vous le faites sous le constat que, pour mieux servir
les intérêts de l'ensemble de la rive sud et pour la
décongestion des ponts, la solution est bien sûr un transport un
peu plus iourd, du moins, l'accessibilité à un transport un peu
plus lourd.
Vous posez directement le problème du métro. Je pense, si
je ne pariais pas du métro tel que vous en avez parlé, qu'on
manquerait notre coup. On n'aurait pas une discussion qui pourrait vous
satisfaire. C'est toujours en relation, bien sûr, avec la proposition de
l'estacade. Je pense qu'on ne pourra pas négliger les deux.
D'après ce que j'ai compris, la solution de la voie
réservée sur l'estacade, ce n'est pas une mauvaise solution.
C'est une solution qui règle une partie des problèmes, mais pas
tous les problèmes. Je pense là-dessus qu'on n'a jamais
prétendu que i'estacade réglerait tous les problèmes.
C'est davantage pour assurer au mieux le transport d'une quinzaine de milliers
d'individus par jour et pour faire en sorte qu'ils puissent l'emprunter d'une
manière sécuritaire en ayant accès au centre-ville.
Avant même d'en arriver à ce qu'on réexamine la
question en profondeur ou pas, je pense que cela nécessite des
questions. Vous ne demandez pas la construction, vous dites qu'il faudrait
peut-être réexaminer la situation. Vos constats ne sont pas
mauvais concernant le métro actuel qui est utilisé à 60 %
de sa capacité. Donc, il y en a 40 % qui ne le sont pas. Vous
évoquez des raisons qui justifieraient la sous-utilisation des 40 % qui
restent, en tenant compte de la congestion, en particulier à Berri-De
Montigny, des transferts que ça oblige, etc. Votre proposition - donc,
c'est le "y" comme vous l'avez si bien dit - parle d'un prolongement dans
Longueuii même d'à peu près trois kilomètres.
Très brièvement, selon l'analyse des gens du
ministère, on est dans une situation où probablement la
proposition qui est là ne coûterait pas 50 000 000 $ le
kilomètre, mais c'est ce que je veux vérifier. Cela
coûterait peut-être davantage aux alentours des 40 000 000 $ le
kilomètre, en espaçant les stations. Ce serait moins fourni sur
le réseau, mais c'est ce que je veux essayer d'éclairer avec
vous. Donc, sur la branche, la prolongation dans Longueuil, sur le plan des
échanges et de la situation, je ne dis pas qu'on est d'accord avec )a
réalisation. On est d'accord avec le constat et on n'a pas de
problème pour l'interrogation sur ce qui est là.
Quant à Brossard, pour aller rejoindre Charlevoix et, dans une
deuxième étape, dites-vous, de Charlevoix pour aller rejoindre
Berri, j'aurais une première question. De Charlevoix, selon ce que je
comprends, il y aurait une station à Lionel-Groulx, par la suite, aucune
station depuis Lionel-Groulx et avec une ligne qui irait au nord de la ligne 4
actuelle et qui viendrait refaire la boucle à Berri. Si je ne m'abuse,
ce tracé-là, quoiqu'il soit, j'en conviens, peut-être
préliminaire, aurait à passer sur Sherbrooke ou à la
hauteur de Sherbrooke. Est-
ce un peu votre orientation?
M. Ferland: M. le ministre, c'est exact que le plan indique cela,
mais je dois vous dire que, pour nous, il fallait montrer un tracé.
Peut-être, n'est-ce pas le meilleur tracé, peut-être le
meilleur tracé serait-il dans l'axe de la rue Dorchester, plutôt
le boulevard René-Lévesque. Ce serait probablement là le
meilleur tracé.
Quand vous dites qu'il y aurait une station à Charlevoix et
ensuite à Lionel-Groulx et qu'il n'y en aurait pas jusqu'à
Berri-UQAM, ce n'est pas parce qu'on ne l'a pas inscrit sur le plan qu'on pense
qu'il ne devrait pas y en avoir. Au contraire, il devrait y en avoir. Il
faudrait qu'il y en ait même.
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Dans ces
conditions-là, il faudrait revenir à 50 000 000 $ le
kilomètre pour tenter de bien se comprendre. Effectivement,
l'élimination de certaines stations fait en sorte que le coût au
kilomètre est moindre, mais dans ce cas-là, comme votre
volonté serait d'en avoir davantage, on est dans une situation où
II faut revenir nécessairement selon les coûts actuels à
environ 50 000 000 $ le kilomètre.
Avant de savoir si on peut y aller avec une réévaluation
de la situation, parce que les données du ministère sont des
données qui datent en particulier de 1984, remises à jour selon
les méthodes connues mais sans nécessairement une étude
exhaustive, puisque cette possibilité était dans le décor
mais non revendiquée de manière aussi forte que vous le faites ce
matin, il faut parier d'estacade. Dans l'esprit de tout le monde, dans la
mesure où on refait une étude sur l'opportunité de, ce
n'est pas demain la veille la réalisation de ce que je comprends. Vous
en êtes fort conscients.
M. Ferland: J'en suis conscient, M. le ministre, et je pense que
cela vaut quand même la peine de prendre le temps d'examiner cela sans
faire nécessairement de longues études. Cela vaut la peine
d'examiner la situation et je remets en question effectivement le projet de
l'estacade.
M. Côté (Charlesbourg): Je m'excuse, parce qu'on me
faisait remarquer aussi que, selon la volonté exprimée par les
gens de la rive sud, on élabore une étude sur le train de
Saint-Hilaire au moment où l'on se parle. Donc, il faut comprendre que
la revendication principale et un peu plus globale de la
Montérégie, selon ce que j'ai compris, est d'avoir un plan de
transport, mais de façon que le transport soit traité de
manière globale pour la Montérégie. On est actuellement
à faire l'étude pour ce qui est du train de Saint-Hilaire et on
nous donnera des résultats. Alors, en contrepartie, peut-être
faudra-t-il aller vers cette analyse, avec des données, le plus
rapidement possible.
Dans votre esprit à vous, est-ce que ça signifie, si on
s'embarquait dans une étude pour le prolongement du métro, qu'il
nous faudrait attendre les conclusions de cette étude pour la
réalisation ou la mise en marche de la réalisation de
l'estacade?
M. Ferland: Je réponds oui à cela, mais je ne crois
pas que cette étude devrait être si longue à
réaliser. Je le dis peut-être naïvement, mais je pense qu'une
telle étude ne devrait pas être si longue à
réaliser.
M. Côté (Charlesbourg): C'est clair que, quand on
parle de longueur, parfois, cela fait rire. On en a un constat évident
ce matin. Selon les gens de chez nous, pour être capable de faire une
étude qui va appuyer un document bien étoffé, II faut
à tout le moins y consacrer de dix mois à un an. Alors, si on
s'entend que ce n'est pas long dix mois ou un an, je pense qu'on est dans une
situation où, effectivement, c'est une étude qui peut être
réalisée dans ce laps de temps.
À avoir entendu tout ce que j'ai entendu depuis le début
de la commission, vous savez qu'il y a des gens qui sont venus nous dire qu'une
perspective de transport de dix ans, c'est une perspective très
limitée. Il faut que ce soit au mieux une perspective de 25 ans ou de 30
ans. Certains ont même osé dire 40 ans. Alors, j'imagine qu'un an
sur 40, ce n'est pas la mer à boire et c'est peut-être un court
délai pour faire les études qu'on devrait faire selon votre avis
avant même d'entamer la réalisation de l'estacade.
Je comprends que, dans votre esprit, dans la mesure où on fait
une étude, il n'y a pas de réalisation de l'estacade. Dans la
mesure où l'étude concluerait pour le métro, croyez-vous
qu'il y aurait toujours nécessité de l'estacade?
M. Ferland: Non, M. le ministre. Nous pensons que le projet de
métro est une solution vraiment permanente, une solution qui devrait
donner un vrai service à la population de la rive sud. Le projet de
l'estacade va régler le problème de la sécurité qui
n'existe pas actuellement sur la voie réservée du pont Champlain.
Il va aussi régler le problème de la régularité,
parce qu'on n'a pas toujours accès à cette voie
réservée, selon les conditions climatiques.
Alors, il est sûr que le projet de l'estacade va régler ce
problème, mais il n'améliorera pas pour la peine la longueur des
trajets, parce que quand vous arrivez dans la ville de Montréal, vous
êtes quand même pris dans la circulation locale.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais à la
deuxième étape. On a beaucoup entendu parier, depuis le
début de la commission, de cette nouvelle ère, d'offrir à
la population un transport plus léger, davantage de surface, qui
pourrait satisfaire autant les besoins que le métro. Est-ce que vous
croyez possible que l'on puisse envisager la desserte de cette partie
assez bien peuplée de la Montérégie par un train de
surface?
Laval nous faisait la proposition d'un monorail. C'est une option. Quant
à nous, dans la conception que nous nous sommes fait jusqu'à
maintenant de l'estacade, nous avons passé des commandes pour que la
planification se fasse pour que ça puisse être utilisé par
les autobus comme voie réservée ou, dans la mesure où il
n'y a pas de voie réservée ou qu'elle est abandonnée, que
ça puisse être utilisé par un SLR. Est-ce que vous croyez
que, dans ces conditions, avec le tracé dont vous parlez - cela n'exclut
pas le tracé dont vous avez parlé - on pourrait en arriver
à satisfaire les besoins des gens du sud avec un système qui
coûte moins cher et qui permettrait peut-être par conséquent
au gouvernement une réalisation plus rapide? (10 h 45)
Tout en réalisant l'estacade telle qu'elle est conçue dans
les plans préliminaires actuellement, cela permettrait aussi son
utilisation par du transport en commun plus léger, mais répondant
à la demande. C'est ce que nous pensons, à tout le moins. Dans ce
sens, cela nous permettrait à la fois d'entamer la réalisation de
l'estacade, celle-ci pouvant entre-temps servir de voie réservée
pour l'autobus, et, dans la mesure où on peut offrir un système
léger comme le SLR, sécuritaire, rapide et donnant aux citoyens
accès au centre-ville, éventuellement de remplacer la voie
réservée par ce système. Est-ce que vous pensez que cela
pourrait être une solution réaliste, acceptable et aussi efficace
pour les gens de la rive sud?
M. Ferland: C'est une solution réaliste, acceptable, mais
pas aussi efficace. Le métro, c'est vraiment intégré dans
le système actuel.
Si vous me permettez, j'aimerais expliquer quand je dis pas aussi
efficace. Le métro qu'on propose s'intègre dans le système
actuel, il évite le transfert. Or on sait qu'en transport collectif, le
meilleur service qu'on peut se donner, c'est de rendre les gens d'un point
à un autre sans les obliger à transférer. Plus il y a de
changements de modes, plus il y a de transferts, plus on diminue la
qualité du service qu'on offre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le maire, dans ce
cas-là, cela ne s'appliquerait pas. Je comprends qu'on aurait des
problèmes pour la partie des trois kilomètres de prolongation
dans Lon-gueuil. C'est une autre question qui pourrait facilement être
réglée par l'étude. Il est bien évident qu'on ne
pourrait pas faire un SLR sur trois kilomètres et le rabattre sur le
métro puis exiger un transfert modal. Je pense que cela ne serait pas
dans la logique. Par contre, lorsqu'on part de Brassard dans l'autre partie du
"Y" qui, elle, est sur environ quatorze ou quinze kilomètres, je pense
qu'on atteint exactement les buts que vous cherchez, puisque le transfert modal
dans ces cas-là se ferait en particulier à Berri, donc, au point
de chute ultime de cette voie. Par conséquent, les stations
prévues souterraines pourraient avec les SLR l'être en surface
à chacun des points déterminés et remplissant les
mêmes objectifs de qualité de service à la population
à un coût beaucoup moindre. Alors, il me semble y avoir là
des éléments sur lesquels les positions pourraient
peut-être être rapprochées, lesquelles pourraient être
analysées éventuellement dans l'étude si on
décidait d'y aller avec l'étude.
M. Ferland: Si je comprends bien, le train de surface en question
passerait dans le centre-ville de Montréal. Je ne sais pas si, au point
de vue de la circulation, dans l'ensemble la problématique de la
circulation à Montréal, ce serait un réseau efficace.
M. Côté (Charlesbourg): Moi, ce qui me
préoccupe et je sais que c'est votre préoccupation aussi, c'est
de tenter d'en faire plus. Quand on est élu, si on ne fait pas plus avec
moins, on risque de se ramasser où on ne veut pas. Alors, dans ce
sens-là, ce que l'on tente de faire est de dire: Bon quant à
faire une étude, si on en fait une, faisons-là avec une
série de moyens d'interventions qui pourraient, en fin de compte,
s'avérer beaucoup moins coûteux. À partir du moment
où cela s'avère moins coûteux, c'est peut-être plus
facile de le vendre au gouvernement quant à sa réalisation. Si je
comprends bien, vous n'êtes pas fermés à la
possibilité d'inclure cela comme possibilité et que cela pourrait
peut-être servir adéquatement - mais ce ne serait pas le chrome -
la population. Selon le petit sondage que nous avons fait faire et,
probablement, il sera moins critiqué aujourd'hui parce qu'on s'est en
bonne partie entendu avec la ville de Montréal - pour certains, si le
sondage était moins crédible avant, il l'est peut-être plus
aujourd'hui - on disait toujours que 71 % des gens, en règle
générale, désirent plus d'autobus.
L'autre problème, quant aux gens de la rive sud, qui était
extrêmement important et urgent à régler était celui
de la voie réservée sur le pont Champlain sur le plan
sécuritaire. Donc, je pense que cela marque la population à ce
moment-là. On pourrait effectivement arriver à la fois, en
faisant l'estacade, à régler pour un temps X le problème
des autobus qui auraient un corridor privilégié et d'autre part,
éventuellement, à pouvoir intégrer un système de
transport plus léger, moins coûteux. C'est peut-être plus
facile avec l'argent qu'on a de faire 17 kilomètres plus rapides. Dans
le même temps, on pourrait peut-être desservir les gens plus
rapidement sur l'ensemble de la ligne. C'est un peu cela.
Dans ce contexte, quant à moi, je ne suis pas fermé
à la possibilité qu'au lendemain de cette commission on puisse
avoir des rencontres
avec les gens de la ville de Longueuil et peut-être, comme je sais
qu'il y a une quasi parfaite harmonie entre la ville et la STRSM, avec les gens
de la STRSM et le ministère, dans le but de voir quelle serait la
portée de l'étude et ce qu'on pourrait faire
éventuellement.
M. Ferland: SI vous me permettez d'ajouter juste une chose, M. le
ministre...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Ferland: Je suis d'accord avec tout ce que vous dites. Ce
qu'on présente ici, ce n'est pas nécessairement quelque chose
dont on demande la réalisation dans une période de dix ans. La
partie la plus urgente, évidemment, c'est le lien entre Brossard et le
centre-ville. Pour le reste, cela se fera avec le temps. Il faudrait aussi
tenir compte de cela. Hier, j'ai remarqué que vous étiez
très ouverts au prolongement du métro. J'ai vu qu'à
Montréal-Nord on a ajouté une ligne de 500 000 000 $, et cela a
été...
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais il faut...
M. Ferland: On a étendu cela dans le temps, j'en conviens,
mais...
M. Côté (Charlesbourg): ...faire attention à
l'interprétation. Dans le plan de transport, comme la Communauté
urbaine de Montréal demandait 450 000 000 $ pour de nouvelles
immobilisations dans le développement et qu'elle n'avait pas fait de
choix, nous avons fait le pari que, pour l'équilibre de la
communauté urbaine - et elle avait elle-même décidé
de l'intérieur, sans avoir l'audace de nous le dire dans un document -
cela se partageait entre le train de banlieue de Deux-Montagnes et le
prolongement du métro. M. Ryan nous avait démontré que,
depuis 17 ans, l'axe qui avait toujours été
privilégié pour le prolongement du métro, c'est celui de
Montréal-Nord. Alors, nous avons dit: Avec l'argent qu'on a, c'est ce
qu'on fait.
Au-delà de tout cela, on a dit: Parfait, il y a
RMère-des-Prairies qui peut être desservie, et on accepte de
prolonger dans le temps la réalisation, ce qui fait que la facture peut
devenir acceptable à ce moment-ci par le Conseil des ministres. J'ai dit
que j'allais présenter le plan au Conseil des ministres et que cela me
paraissait raisonnable. De telle sorte que l'autre principe sous-entendu: qu'on
complète ce qui est faisable pour le métro et qu'on passe
maintenant à une nouvelle ère de transport, avec des moyens plus
légers qui vont satisfaire la demande et qui sont moins coûteux.
C'est un peu dans cet esprit.
Dans ce sens, je pense qu'on serait probablement en accord, selon les
rencontres que nous aurons, sur la portée d'une étude qui devrait
être faite, étude axée sur l'analyse comparative des
coûts-bénéfices pour un métro dans l'axe que vous
suggérez ou une offre de services avec transport plus léger dont
le principal axe de traverse serait toujours l'estacade qui, entretemps,
pourrait être utilisée comme voie réservée
d'autobus.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, je vais poser peut-être
une couple de questions et, ensuite, ce sera la députée de
Marie-Victorin qui complétera par des questions, puisqu'elle est de la
région.
La première question que j'aimerais vous poser est la suivante.
Quand je regarde le plan des transports, je trouve qu'il y a une belle analyse
du passé. C'est magnifique. Tout ce qui s'est passé entre 1966 et
1986 est détaillé. Mais, se tourner vers l'avenir et quand le
ministre dit que cela peut être planifié pour 10, 20, 30 et
même 40 ans, je pense que c'est beaucoup de prétention. Je dois
vous dire que les données concernant l'avenir sont à peu
près inexistantes; il y a environ 10 lignes. Quand vous parlez d'avenir,
j'aimerais savoir comment vous voyez cela. Je pense que 40 ans, c'est
prétentieux. Aujourd'hui, il faut quasiment être prophète
pour parler sur 40 ans. Les économistes se risquent à peine
à dépasser cinq ans. Et, encore, il n'y en a pas beaucoup qui,
dans le cadre du libre-échange, avaient prévu qu'il y aurait cinq
fusions majeures en une semaine. Et je pense bien que le président du
mouvement Desjardins, qui avait donné son appui, n'avait pas
prévu que le groupe Commerce serait vendu à des
Néerlandais et que le ministre des Institutions financières
regarderait passer la parade comme un moineau sur une branche regarde tomber la
neige.
C'est pourquoi je dis que, quand vous regardez l'avenir,
Montréal, le vieillissement de la population... Par exemple, la
Régie des rentes dit que dans l'avenir... actuellement, 17 % des gens
qui ont plus de 65 ans par rapport à ceux qui ont entre 20 et 65 ans,
dans l'ensemble du Québec... On dit qu'en l'an 2030, toujours sur 40 ans
des prévisions démographiques, cela irait jusqu'à 45 %,
quasiment une personne sur deux aurait plus de 65 ans par rapport à ceux
qui ont entre 20 et 65 ans. C'est une grosse prévision, et les
régimes de rente à coups de milliards, sont prévus
là-dessus. Dans le domaine du transport, il faut quand même avoir
un peu aussi quelques données. Je pense bien que les données de
la Régie des rentes sur lesquelles se basent tous les régimes de
pension du Québec, on peut au moins s'y fier jusqu'à un certain
degré de pourcentage. C'est pourquoi je vous demanderais, quand vous
envisagez l'avenir, en termes de croissance ou de décroissance
démographique, comment voyez-vous cela? Parce que je ne connais pas un
seul démographe qui dit qu'on va dépasser vraiment 7 000 000
d'ici l'an 2000. Il y en a plusieurs qui disent qu'on pourrait baisser
même à 6 000 000. Il y en a qui disent 5 000 000 et
récemment dans
le journal, j'ai vu 4 000 000. Alors j'aimerais savoir comment vous
voyez l'avenir pour, après cela, parler du développement du
système de transport pour répondre aux besoins, non pas de 1966,
mais en allant vers l'avenir.
M. Feriand: Je ne suis pas démographe et je n'ai pas
tellement d'opinion arrêtée sur ce que sera la population dans 30
ou 40 ans. Il y a beaucoup de facteurs qui vont venir jouer et probablement que
c'est le facteur immigration qui va jouer le plus fortement. Ce n'est pas le
facteur natalité, en tout cas, je n'ai pas l'impression que ça va
être ce facteur-là. Je vous avoue que je ne le sais pas.
Mais ce qu'on propose ici c'est pour répondre à des
besoins qui sont beaucoup plus immédiats. On vit actuellement un
problème de transport sur la rive sud, entre la rive sud et l'île
de Montréal, et ce sont ces problèmes qu'on veut régler.
On a quatre ponts qui nous relient à Montréal; ces
ponts-là sont saturés. On n'a pas d'alternative. La seule
alternative, c'est le transport en commun, mais le transport en commun qui ne
passe pas sur les ponts parce que les ponts sont déjà
saturés. Alors, étant donné qu'il y a déjà
un métro qui traverse le fleuve, on s'est dit qu'un deuxième, et
éventuellement boucler la boucle, nous donnerait un transport
très satisfaisant et très adéquat.
M. Garon: Quand vous parlez du... J'ai regardé ce dont
vous parlez dans le transport routier. Je pense bien que la plupart des choses
qui sont indiquées là-dedans ne sont pas très
controversées. Là où il y a eu des débats
jusqu'à maintenant c'est au sujet de l'autoroute 30. Pour les autres
éléments, je pense bien que... Quand vous parlez d'organiser, par
exemple - comment l'appelez-vous, je la prends assez souvent mais je ne sais
pas le nom - l'échangeur Roland-Ther-rien, pour la rénovation de
la 132, je pense bien que tout le monde qui prend ces routes-là voit
bien qu'il y a des travaux à faire. Et quand le ministre dit qu'il veut
faire plus avec moins, on se rend compte qu'actuellement l'Association des
routes et des transports qui est rendue à demander de taxer le monde
davantage pour améliorer les routes, pour dépenser 350 000 000 $
pour les cinq prochaines années, 70 000 000 $ par année, ce n'est
pas parce qu'il a réussi à faire plus avec moins c'est parce
qu'il a réussi à collecter plus et à faire moins.
Une voix: C'est ça.
M. Garon: On a vu qu'en 1987, il a collecté 2 400 000 000 $ chez
les automobilistes et qu'il a dépensé seulement 824 000 000 $
pour les routes du Québec, en conservation, amélioration,
entretien, construction, tout ce qu'on voudra en termes de routes. 824 000 000
$ et les automobilistes auront payé autour de 2 400 000 000 $ en taxes
de toutes sortes. Alors, il a réussi à collecter plus et à
faire moins, c'est ce qu'il a fait au fond. Et c'est pour ça que j'aime
votre approche quand vous dites que vous voulez régler les
problèmes immédiats. Au fond, en disant que la population ne
connaîtra pas une grande croissance dans les prochaines années,
vous êtes un peu dans la même perspective dont les gens parlent,
une croissance qui va être réservée... Et j'aimerais
à ce point de vue-là que vous nous en disiez un peu plus long
concernant le prolongement du métro sur la rive sud, toujours en disant:
Est-ce que vous pensez que les besoins vont être mieux servis par un
métro que par ce que le ministre a semblé vouloir adopter,
plutôt la solution des trains de banlieue à différents
endroits, toujours en tenant compte des besoins actuels?
M. Feriand: Est-ce que j'ai l'impression que le métro nous
servirait mieux? Est-ce que c'est ça la question?
M. Garon: Non. C'est parce que vous parlez de prolongement du
métro...
M. Feriand: Oui.
M. Garon: ...sur la rive sud. Mais en ces termes-là, c'est
ce que je voulais dire, le prolongement du métro sur la rive sud, en
termes de besoins actuels qui ne semblent pas devoir connaître une
croissance fulgurante au cours des prochaines années.
M. Feriand: C'est-à-dire que la croissance... Tantôt
quand vous parliez de 7 000 000, 6 000 000, était-ce dans tout le
Québec?
M. Garon: Oui.
M. Feriand: Je pense qu'il va continuer à y avoir une
certaine croissance du côté de la rive sud. La rive sud se
développe depuis plusieurs années et il n'y a rien qui nous
indique que ça va changer. Cela continue à se développer.
(11 heures)
M. Garon: Mais s'il n'y a pas de croissance démographique,
ça veut dire que c'est au détriment d'autres territoires. Il y a
du monde qui déménage.
M. Ferlsnd: Cela peut être un déplacement de
population, cela peut être des gens de Québec qui viennent
s'établir à Longueuil ou même des gens de Lévis qui
viennent s'établir à Longueuil. Mais, cela peut être aussi
des gens de Montréal, au grand dam de mon collègue de l'autre
côté de la rivière, qui viendront s'établir à
Longueuil. Mais ce sont des choix personnels que les gens font et, comme toutes
les villes, on essaie d'offrir la meilleure qualité de vie et les gens
choisissent de venir rester à Longueuil. Mais, quand je dis Longueuil,
c'est vrai aussi pour Brassard, c'est vrai aussi pour Saint-Hubert et
c'est vrai aussi pour Boucherville. Donc, la rive sud en
général, tout le territoire desservi par la STRSM est un
territoire en croissance.
M. Garon: En croissance parce qu'on fait des enfants ou parce
qu'il y a des déplacements de population? Chez nous, je peux vous dire
que la population prévue est de 243 000 d'ici à l'an 2000; dans
mon comté, on prévoit que, même si on fermait les
frontières, la population augmenterait de 50 000 parce que, chez nous,
on sait encore comment faire des enfants.
M. Ferland: Je pense que, chez nous, ce sera par des
déplacements de population.
M. Garon: Mais, sans malice, simplement pour... Comment
voyez-vous ça à ce point de vue-là?
M. Ferland: Je...
M. Garon: Par des déplacements de population ou...
M. Feriand: Écoutez, nous, on fait des maisons et on les
vend. À Brossard, on construit des maisons et on les vend. C'est vrai
aussi à Boucherville et à Saint-Hubert. Alors, il y a toujours
bien du monde qui entre dans ces maisons.
M. Garon: Je ne dis pas cela, c'est simplement pour voir comment
vous voyez l'avenir.
M. Feriand: Je ne peux pas vous dire quel taux
d'augmentation...
M. Garon: Je ne vous accuse pas de bâtir des maisons.
M. Feriand: Pardon?
M. Garon: Ce n'est pas dans la perspective de vous accuser de
bâtir des maisons, mais ceux qui vont habiter ces maisons-là, ils
viennent d'où? Ce sont les...
M. Feriand: Écoutez, selon nos données, ils
viennent d'un peu partout de la Montérégie, mais il y en a aussi
qui viennent de Montréal, en tout cas de l'île de
Montréal.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la députée
de Marie-Victorin.
Mme Vermette: Merci, M. le Président. Si j'ai bien
compris, les gens qui ne restent pas sur la rive sud ne peuvent pas comprendre
les problèmes que représente le fait de traverser les ponts. On
n'a qu'à voir les heures d'attente; c'est incroyable et même cela
décourage quelques personnes de rester sur la rive sud parce que,
finalement, elles essaient de trouver un emploi à
Montréal ou sur la rive sud, mais on sait que cette perspective
est assez restreinte.
Si j'ai bien compris en lisant votre mémoire, une des
problématiques c'est que vous essayez finalement de mieux ventiler les
clientèles, la population qui utilisent le transport en commun, le
métro, parce qu'il y a un goulot d'étranglement dans le
métro, à un moment donné, tout le monde arrive au
même endroit et là il y a des problèmes. C'est là
actuellement votre plus grosse préoccupation, vos plus gros
problèmes, à cause du manque d'espace pour accepter le nombre de
véhicules que cela représente. Il y a un problème
immédiat qui persiste et qui va persister parce qu'on voit un
accroissement de notre population et un développement aussi dans le
domaine de l'habitation et c'est urgent de répondre à ce
problème puisqu'on va être obligé, à un moment
donné, de stationner les voitures presque à l'entrée du
pont ou sur les premières travées du pont, finalement, tout
compte fait, et là évidemment on aura un problème de
taille. Donc, c'est une solution à la gestion de votre circulation que
vous essayez de trouver et, actuellement, la meilleure solution serait le
prolongement du métro, du moins dans la ville de Longueuil, pour mieux
ventiler cette population. Est-ce vraiment ce que vous vouliez faire transpirer
dans votre mémoire?
M. Feriand: Oui. Et c'est aussi pour donner un meilleur service
de métro. Il y a un tronçon de métro qui relie Berri-UQAM
à Longueuil, mais c'est limité dans le sens que, un peu comme
vous dites, il y a la station Longueuil qui est saturée, on voudrait
prolonger un peu dans Longueuil, d'abord, pour distribuer le rabattement des
autobus, mais une fois de l'autre côté, du côté de
Montréal, les gens doivent transférer dans la ligne no 1 qui est
déjà saturée. On pense qu'il y aura lieu
éventuellement de faire un troisième tronçon de
métro dans le centre-ville de Montréal, alors on dit: Pourquoi ne
pas prolonger la ligne 1 vers le centre-ville de Montréal? Comme il y a
un problème à régler à Brossard, on dit: Pourquoi,
toujours selon le même principe, ne pas relier Brossard au centre-ville
de Montréal et, éventuellement, que les deux se rejoignent.
Mme Vermette: Donc, vous considérez que la solution du
métro est une solution de l'avenir qui réglerait le
problème crucial du transport en commun sur la rive sud de
Montréal actuellement.
M. Feriand: Absolument.
Mme Vermette: De Montréal et plus particulièrement
de la rive sud.
M. Feriand: C'est exact.
Mme Vermette: Quand tantôt le ministre
vous a parte, il vous a dit: Écoutez, on peut faire une
étude là-dessus, faire une étude comparative
coût-bénéfice en ce qui concerne les deux façons,
soit l'estacade ou finalement le prolongement d'un métro.
Évidemment, on sait fort bien qu'on s'en va vers une année
électorale et que ce sera fort intéressant de faire une
étude et de mettre les gens en attente par rapport à une
étude qui pourra avoir lieu en pleine période électorale
mais, par contre, II n'est pas sûr qu'en fin de compte on arrivera
à une réalisation.
Or, je pense que j'aurais aimé davantage, M. le ministre,
à ce moment... Évidemment, la rive sud vit un problème
d'urgence. C'est sûr pour tout le monde. Je pense que si vous venez chez
nous, on ne se forcera pas pour démontrer qu'il y a un problème
de circulation à l'heure de pointe, d'une part. On sait, d'autre part,
et malheureusement je dois le dire, que la rive sud a toujours
été en économie de ressources sur bien des plans, y
compris aussi la gestion du transport. Je pense qu'il est grand temps qu'on ait
notre quote-part nous aussi sur la rive sud de Montréal. Je trouve que
c'est drôlement important à l'heure actuelle. Il ne faudrait pas
qu'on attende encore parce que je me souviens fort bien qu'un candidat qui
s'était présenté dans cette région avait fait de sa
campagne électorale l'enjeu d'un prolongement du métro.
Évidemment, il a été défait. Ce que je veux dire
c'est que ce n'est pas nouveau. C'est une préoccupation qui est
là et qui est de taille. Les gens sont au courant de la
problématique. Vous êtes au courant de la
problématique.
Ce qui est important actuellement c'est qu'on ait une réponse
claire et précise à savoir comment peut-on envisager le
développement économique de la rive sud, parce que c'est le
développement économique dont il est question aussi en même
temps. Ce n'est pas uniquement la question de traverser des gens d'un endroit
à un autre. Cela correspond autant au développement
démographique qu'au développement économique de la ville
de Montréal. Je suis d'accord que les deux doivent se faire en harmonie
mais, si j'ai bien compris, on est en pleine expansion aussi sur le plan
démographique actuellement sur la rive sud. La moyenne actuelle de
développement représente... Par rapport à Laval, disons,
est-ce que ça se tient?
M. Ferland: Je n'ai pas de données comparatives dans ce
sens. Ce que j'ai dit tantôt c'est qu'il se construit des maisons
à Longueuil, il s'en construit à Brossard, il s'en construit sur
la rive sud en général. Il y a des gens d'un peu partout qui
viennent rester sur la rive sud immédiate de Montréal. Ils se
rapprochent de Montréal mais ils ne veulent pas rester à
Montréal. Je n'ai pas de données précises et je n'ai pas
de données comparatives pour dire comment on se compare avec Laval.
Mme Vermette: Parce que si je regarde uniquement en termes de
besoins à d'autres niveaux, les besoins sont immenses à l'heure
actuelle sur la rive sud. Il y a un énorme besoin et c'est un peu dans
tous les domaines. Mais le premier problème et le plus important, c'est
celui de la gestion du transport, et tout le monde essaie de trouver des
solutions.
Maintenant, si j'ai bien lu votre mémoire, on disait aussi que
déjà ie transport en commun est très utilisé, d'une
part, parce qu'on montrait que 70 % de la population, en tout cas, au tout
début...
M. Ferland: Je pense que 60 % des gens qui vont vers le
centre-ville de Montréal, matin et soir, utilisent un transport en
commun.
Mme Vermette: Déjà, il y a un réflexe vers
le transport en commun. Est-ce que le covoitura-ge, selon ce qu'on a souvent
dit, pourrait être une des solutions au problème de transport?
Est-ce que des études ont été entreprises
démontrant que ça pourrait avoir un impact considérable
quant au dégagement?
M. Ferland: Ce qu'on a comme données, c'est que sur le
pont Jacques-Cartier on parle d'un taux d'occupation de voitures de 1,4
personne par voiture en moyenne. Ce n'est pas très élevé.
Le covoiturage, il faut trouver toujours deux personnes qui voyagent à
la même heure, qui partent à peu près du même endroit
et qui vont au même endroit. Avec les horaires flexibles qu'on a de pius
en plus, les gens ne restent quand même pas tous au même endroit et
deux voisins ne travaillent pas nécessairement à la même
place. Je pense que c'est assez difficile à organiser. Il y a des gens
qui s'organisent eux-mêmes mais je n'ai pas de données
là-dessus.
Mme Vermette: Voici ma dernière question. Dans
l'éventualité de l'étude, dans un court laps de temps, qui
ferait valoir une décision au ministère, évidemment quand
une décision se prend elle se prend, mais seriez-vous,
indépendamment de votre option, favorable à ce qu'on tende vers
d'autres éléments où on essaie de vendre à la ville
de Longueuil ou à l'ensemble des gens qui s'occupent du transport en
commun, d'autre solution que celle proposée par votre
mémoire?
M. Feriand: Certainement. Écoutez, on est réceptif
à toutes les solutions. Ce qu'on veut, c'est un système efficace.
Si on veut vraiment favoriser le transport en commun, si on veut vraiment que
les gens utilisent le transport en commun, il faut leur offrir un moyen, un
système de qualité. Ce n'est pas le prix qui fait que les gens
prennent ou ne prennent pas le transport en commun, c'est la qualité du
service, c'est la durée du trajet. Alors, on pense que notre solution
est la meilleure, évidemment, mais on
n'est pas fermé à l'examen d'autres solutions qui
pourraient être aussi fort acceptables.
Mme Vermette: Je vous remercie.
M. Côté (Charlesbourg):... c'est peut-être la
meilleure, mais pas nécessairement au meilleur coût.
M. Ferland: Écoutez...
M. Côté (Charlesbourg): On verra.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie...
M. Ferland: De toute façon, ça peut se faire dans
le temps. Cela peut se faire par tronçons.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, Mme la
députée de Marie-Victorin. Y a-t-il d'autres interventions? M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je voudrais remercier les gens de la ville de Longueuil
d'être venus nous rencontrer. En tant que député de
Lévis, de la rive sud de Québec, je comprends très bien ce
qui se passe dans la tête des gens de la ville de Longueuil.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
maire, ainsi que les gens qui vous accompagnent pour votre apport à
cette commission.
M. Ferland: C'est nous qui vous remercions, M. le
Président. Messieurs, mesdames de la commission, merci bien.
Société de transport de la rive sud de
Montréal
Le Président (M. Saint-Roch): Merci. Je demanderais
maintenant à la Société de transport de la rive sud de
Montréal de bien vouloir prendre place, s'il vous plaît.
Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue à la commission de
l'aménagement et des équipements. Je demanderais maintenant au
porte-parole de bien vouloir s'identifier pour le bénéfice de nos
parlementaires, ainsi que les membres qui l'accompagnent, s'il vous
plaît.
Mme Gravel (Louise): M. le Président, bonjour. Louise
Gravel, maire de la ville de Lemoyne et présidente du conseil
d'administration de la Société de transport de la rive sud de
Montréal. Â ma gauche, Mme Georgette Lepage, maire de Brossard et
vice-présidente du conseil d'administration de la STRSM. À mon
extrême gauche, M. Jean-Guy Lemay, membre du comité
exécutif de la Société de transport de la rive sud, membre
du conseil d'administration et conseiller municipal à la ville de
Brossard. A ma droite, M. Georges Molini, président-directeur
général de la Société de transport de la rive sud
de Montréal.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme Gravel, vous avez
maintenant 20 minutes pour présenter votre mémoire. (11 h 15)
Mme Gravel: M. le Président, Mmes et MM. les
députés, M. le ministre, il y a quelques semaines, un mercredi,
une jeune dame de la rive sud, mère de deux jeunes enfants a logé
un appel désespéré à notre service à la
clientèle. Voici ce qu'elle avait à dire. Elle venait d'obtenir
un emploi à Montréal et vous savez comme moi que pour certaines
catégories d'emploi, le chômage est tragiquement
élevé dans notre région. Pour se rendre à son
travail, cette dame doit emprunter un circuit d'autobus relativement peu
achalandé dont la fréquence n'est, par conséquent, qu'aux
30 minutes. Le premier Jour de son emploi, un lundi, elle est arrivée au
travail 30 minutes en retard; le deuxième jour, le mardi, elle est
arrivée une heure en retard. On l'a donc menacée de
congédiement. Pourquoi? Parce que l'autobus de la ligne 65 qui fait le
service entre le quartier de la rive sud, où réside cette dame,
et l'île de Montréal a été coincé dans un
embouteillage sur le pont Champlain et cet autobus s'est trouvé dans
l'impossibilité de faire l'aller-retour dans le temps prévu.
Comme vous le savez, quand la chaussée est trop glissante ou
qu'il neige trop fort - c'était le cas ces deux jours-là - la
STRSM ne peut utiliser la voie réservée. Simultanément,
ces deux mêmes matins, le pont Jacques-Cartier avait été
magistralement bloqué, tout cela à cause d'un accident sans
gravité, ce qui n'est pas rare, et nos autobus de réserve avaient
dû être coincés sur les circuits les plus achalandés
Le jeudi matin, notre comité d'évaluation du service, où
siègent chaque semaine tous les responsables du transport, a
été mis au courant des perturbations du circuit 65 par la
direction du service à la clientèle et, le vendredi matin, des
consignes étaient données et appliquées pour
protéger le circuit 65. J'ignore si cette dame a effectivement perdu son
emploi, mais c'est en son nom que je viens vous parler aujourd'hui, parce que
cette dame est simplement l'illustration, à un niveau plus dramatique,
du sort quotidien de tous les usagers du transport en commun de la rive sud de
Montréal.
Il y a deux aspects à souligner à cette anecdote. Le
premier est que notre lien quotidien par transport en commun avec
Montréal ne tient qu'à un fil; c'est complètement
Inhumain. Il suffit qu'un automobiliste ait une panne d'essence sur un pont ou
sur une voie d'accès pour que ta vie s'arrête. Cela n'a aucun
sens. Le deuxième aspect est que si, par malheur, la STRSM était
une société gigantesque plutôt qu'une entreprise de
taille moyenne, je n'aurais jamais été mise au courant des
malheurs de cette dame du circuit 65 et nos responsables du transport ne
pourraient certainement pas, comme ils le font scrupuleusement chaque jeudi
matin, passer en revue tous les problèmes de tous les circuits de la
STRSM et les corriger sur-le-champ, quand c'est possible. Ces deux aspects de
l'anecdote de la dame du circuit 65 sont la toile de fond de tout notre
mémoire à cette commission.
Nous déposons aujourd'hui devant cette commission parlementaire
un rapport qui émane d'un consensus établi entre les sept
municipalités actionnaires de la STRSM. Je ne vais pas vous le lire dans
sa totalité, mais je veux certainement vous donner envie de le lire en
vous exposant de vive voix dans les 20 minutes qui me sont allouées ses
deux principales lignes de force. Premièrement, nous n'avons pas le
droit de ne pas régler les problèmes des liens interrives entre
Montréal et la rive sud. Quand je dis régler, je parle d'une
solution à long terme, pas d'une solution qui serait déjà
insuffisante le jour même où on couperait le ruban d'inauguration
officielle. Deuxièmement, il nous faut imaginer une nouvelle approche
à la gestion qui permettrait à la fois de gérer localement
la qualité du service et de gérer dans une perspective
régionale les projets, les équipements, les budgets, ainsi que
tous les autres phénomènes d'envergure régionale.
L'isolement des sociétés de transport, les unes par
rapport aux autres et par rapport au CIT, est une erreur, car les
difficultés auxquelles on se bute sont d'envergure au moins
régionale. Le gigantisme serait une autre erreur encore plus grave,
parce que la qualité du service quotidien est une affaire locale.
Essayons d'être intelligents. Essayons de voir plus loin que le bout de
la décennie et même que le bout du siècle. La dame du
circuit 65 et ses enfants attendent de nous des solutions pour aujourd'hui,
pour demain et pour après-demain. Elle nous ferait payer cher d'avoir
laissé les querelles politiques prendre le dessus sur la
prévoyance.
Le mémoire de la STRSM est organisé en trois parties. La
première rappelle les attentes définies par la STRSM dans son
mémoire d'août 1987, et décrit dans quelle mesure le plan
d'action du MTQ a répondu à ces attentes. La seconde identifie
les éléments qui méritent des compléments au plan
d'action. La troisième précise les conditions dans lesquelles le
plan d'action pourrait être mis en oeuvre et elle définit les
précautions qui devront être prises, aussi bien au point de vue
institutionnel que financier, pour en assurer le succès.
Quant à nos attentes, elles portent sur trois secteurs: une
meilleure utilisation des Infrastructures et du matériel roulant par le
moyen de la gestion de la circulation, la permanence et le renforcement des
liens Interrives et, finalement, de meilleures conditions de financement.
Pour ce qui est de la gestion des équipe- ments fixes, les
responsabilités sont actuellement fragmentées entre les
sociétés de transport, les villes, les communautés
urbaines, les CIT, l'entreprise privée, et j'en passe. Ne cherchons pas
plus loin pourquoi ça cloche. La table de concertation que vous avez
créée, M. le ministre, a déjà permis de
décrire certaines pistes sur le plan de la gestion
intégrée des équipements fixes. Nous appelons de tous nos
voeux la création de ce type d'appareil décisionnel
intégré qui serait respectueux des collectivités locales,
mais qui nous permettrait, comme région, d'avoir prise sur notre
sort.
Pour ce qui est de rentabiliser le matériel roulant, il faut
acquérir la technologie de gestion de la circulation et ça
presse. Comme il n'y aura pas de nouveau pont, dans un avenir
prévisible, il faut, dans le court terme, maximiser ce qu'on a pour
mettre un terme à l'enfer quotidien des embouteillages et de leur
conséquence en termes de pollution, de qualité de vie, de
croissance démographique et économique.
J'ai vu de mes propres yeux à Bordeaux, en France, comment
l'informatisation des feux de circulation arrive à civiliser la
circulation aux heures de pointe, au grand bénéfice de tout le
monde, à commencer par les transports en commun et les autres services
publics.
Quant aux liens interrives de la STRSM avec Montréal, nous
nageons dans le provisoire, dans l'instabilité, dans l'incertitude. Ces
liens interrives sont insuffisants et ça va rester vrai, même si
on les rend plus fluides et nos liens interrives sont fragiles, a la merci de
trop de facteurs hors de notre contrôle. Pendant ce temps-là, la
croissance démographique et la montée incessante de notre
achalandage nous poussent dans le dos. Depuis à peu près 20 ans,
la circulation sur le pont Louis-Hippdyte-Lafon-taine a plus que doublé,
passant de 50 000 à 110 000 véhicules. La hausse la plus
importante a été enregistrée sur le pont Champlain
où le débit journalier estival moyen est passé de 43 000
véhicules en 1969 à 114 000 en 1987.
L'achalandage de la STRSM, seulement pour les cinq dernières
années, depuis les cinq dernières années on a une
augmentation d'environ 1 000 000 de déplacements par année et on
touchera, cette année, 35 000 000 de déplacements dont 80 % dans
l'axe de Montréal.
Pendant ce temps-là, on apprend que la solidité du pont
Champlain, par exemple, n'est pas à toute épreuve, que son
débit réel excède sa capacité théorique de 6
%, que la surcharge sur le pont Jacques-Cartier est, quant à elle, de 5
%, que celle du pont Victoria est de 13 %, que le CN interdit à nos
autobus conventionnels l'accès du pont Victoria, que le moindre accident
sur le pont Champlain Impliquant un de nos autobus mettrait en péril
l'existence même de notre voie réservée. Tout ça
pendant que la STCUM y va, de temps à autre, d'une menace ou deux
concernant le maintien de notre ligne 4, celle qui aboutit à
Longueuil.
Vous conviendrez, mesdames et messieurs, que notre désir d'un peu
plus de stabilité ne tient pas du caprice. Pour mettre un terme à
la fragilité de nos liens interrives, il n'y a qu'une solution. Les
problèmes de dépendance de la STRSM et la fragilité de ces
liens interrives, quand on va au fond des choses, sont des problèmes de
nature Institutionnelle.
Les solutions à moyen terme ne peuvent se concrétiser et
ne peuvent être rentables à court ou à long terme que si le
cadre institutionnel de la planification, de la réalisation, de
l'exploitation et du financement des infrastructures régionales est revu
en profondeur. Les mécanismes de financement par l'État doivent
aussi être revus. Dans le cadre des politiques actuelles, trois types
d'immobilisation sont admissibles à une aide financière selon des
modalités variables: les infrastructures et équipements de
métro, les infrastructures et équipements régionaux de
transport, les infrastructures et équipements des organismes publics de
transport par autobus. Les montants de subvention ne sont toutefois pas les
mêmes pour ces trois catégories d'Immobilisation. Il est donc
important de mieux définir parmi les immobilisations et les
équipements ce qui revêt un caractère régional et ce
qui est local. Il n'y a pas seulement le métro et le train de banlieue
qui méritent ce qualificatif. On doit logiquement parler aussi de
terminus régionaux, de stationnement d'incitation, de voies
réservées aux autobus de desserte régionale. Ce sont tous
en réalité des aménagements à caractère
régional. Une nouvelle définition des subventions
gouvernementales aux immobilisations pourrait permettre de rectifier la
situation en raffinant la distinction entre local et régional.
Et pendant qu'on est sur la question du nerf de la guerre, je vous
réitère notre certitude que la fraude nous prive au bas mot de 4
% de nos revenus, ce qui veut dire pour nous 1 000 000 $ par année. Il
ne fait aucun doute dans notre esprit que l'implantation d'une forme dite
intelligente de perception automatique au coût de 6 000 000 $ ferait ses
frais dans à peu près au plus cinq ans, tout en nous permettant
de compiler en permanence des données statistiques qui nous aideraient
à dessiner un meilleur service pour notre clientèle et une
meilleure rentabilité aussi.
Le système récemment implanté à
Montréal et auquel nous avons dû emboîter le pas pour
préserver dans Longueuil les acquis du décret de 1985, ne
répond pas au modèle auquel je fais allusion. Par ailleurs, on
peut aussi imaginer d'autres sources de financement que celles dont dispose
aujourd'hui la STRSM. La société suggérait dans son
mémoire de 1987 l'étude de quelques solutions qui sont d'ailleurs
déjà exploitées un peu partout dans le monde. Par exemple:
dégrèvements fiscaux pour l'achat de titres de transport, vente
de services de transport conçus sur mesure, amélioration de la
qualité du service sur les lignes où l'impact sur l'achalandage
serait significatif et contribuerait donc à une augmentation des
revenus, gestion d'autres équipements et d'aménagements relatifs
au transport en commun tels les parcs d'incitation.
Avant de tourner la page sur le volet du financement, permettez-moi une
remarque relative à un aspect qui nous chicote singulièrement.
Nous qui avons tenté, ces dernières années, de
gérer notre budget avec une minutie quasi obsessionnelle, il existe
certaines modalités de la politique d'aide gouvernementale au
fonctionnement des organismes de transport qui semblent aller à
l'encontre d'une saine gestion. Cette politique décourage les
investissements en entretien, car elle est axée autour de l'achat de
véhicules neufs. Or, les vraies solutions dans la pratique sont dans
l'entretien de la flotte, secteur où nous sommes faibles et
vulnérables. Entretenir coûte moins cher que d'acheter. Cela nous
semble une question de bon sens. Nous souhaitons que les politiques du
ministère soient réorientées en vue d'encourager davantage
l'efficacité administrative et la bonne utilisation du matériel
déjà disponible. (11 h 30)
C'est justement cette qualité de sens commun, combinée
à une intéressante vision à moyen et à long terme,
que nous avons décelée dans le plan d'action déposé
par le ministère des Transports. Ce plan d'action répond dans une
large mesure aux aspirations de la STRSM et reprend de nombreux
éléments de notre mémoire d'août 1987. Cette
convergence se manifeste à la fois au niveau de l'analyse des
problèmes, et à celui des pistes de solution que le plan
contient. Il se trouve dans ce plan d'action une phrase qui nous semble la
clé de voûte de la perspective de solution des problèmes.
Le plan dit ceci: "Le transport urbain est donc rarement abordé dans sa
dimension régionale lorsque l'on planifie l'aménagement du
territoire de la région de Montréal. " C'est sous
l'éclairage de cette petite phrase que nous avons rédigé
plusieurs de nos commentaires sur les solutions envisagées. Les
problèmes identifiés dans notre document du MTQ en ce qui
concerne la rive sud correspondent bien à l'analyse interne de la STRSM.
Nous les avons regroupés sous l'angle de cinq de nos
préoccupations, les liens interrives sous l'angle de leur saturation,
nos infrastructures sous l'angle de leur insuffisance ou de leur
mésadaptation, les investissements gouvernementaux au cours des
dernières années sous l'angle de la baisse qu'ils ont connue en
dollars constants, nos liens interrives existants sous l'angle de leur
fragilité et, enfin, la vision régionale du transport en commun
sous l'angle du fait qu'elle fait grandement défaut.
Ayant déjà traité de l'état de saturation de
nos liens interrives, je vais vous résumer ce que nous entendons par
l'insuffisance ou la mésadaptation de nos infrastructures. Notre
principal pied-à-terre à Montréal, Place Bonaventure,
reçoit la clientèle du secteur ouest de notre territoire,
de même que celle des CIT. Ce terminus est tellement saturé que
nous devons assigner plusieurs circuits au même quai, chacun prenant
l'espace de l'autre, à deux ou trois minutes d'intervalle. Le moindre
retard d'un seul véhicule peut bouleverser toute la séquence. Par
ailleurs, nous n'avons pas d'espace de stationnement pour les autobus de
réserve, ni de guichet pour la vente des titres, ni d'abri efficace
contre les intempéries, ni de droit de passage privilégié
sur les rues voisines, ni de priorité de virage à gauche sur ces
mêmes rues. Et on sait que nous allons devoir y ajouter des
départs dès l'automne pour satisfaire la demande, sans compter la
mise en service prochaine de nos gros transporteurs, nos autobus
articulés.
Ai-je besoin de vous dire que le métier d'inspecteur au terminus
du centre-ville en est un qui fart vieillir son homme de façon
prématurée? Ajoutez à tout cela l'obligation que nous
aurons tantôt de déménager nos pénates sur un site
provisoire, rue Saint-Antoine, puisque notre site actuel va devenir un chantier
de construction pour un gratte-ciel. Trouvez-vous que cela a de l'allure, M. le
ministre?
Pour ce qui est du terminus de Longueuil, l'analyse du ministère
correspond bien à celle de la STRSM. Le site est difficile
d'accès en raison de l'enchevêtrement avec les voies
d'accès au pont Jacques-Cartier. Le stationnement automobile qui dessert
le terminus est non seulement insuffisant, mais il a été
amputé de 600 places. L'intérieur de la station de métro
ne permet plus d'accommoder les gens qui vont au quai et qui en sortent. Et si
ce n'était que des problèmes, la ligne 4 ne serait pas
sous-utilisée comme elle l'est actuellement.
La partie du plan de transport du ministère qui concerne le
teminus de Longueuil correspond bien aux attentes de la STRSM. Notons toutefois
que le problème de capacité de stationnement mérite
l'étude d'un stationnement étage qui permettrait d'augmenter la
capacité actuelle de 2000 places et apporterait en même temps une
solution au problème de la sous-utilisation de la ligne 4. Le projet de
réaménagement du terminus Longueuil constitue d'ailleurs
l'occasion idéale de régler ce problème.
Le Président (M. Saint-Roch): En conclusion, Mme la
présidente. Malheureusement, je me vois obligé de vous bousculer
pour respecter notre horaire chargé.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): On pourrait peut-être
prendre un peu de notre temps pour lui permettre de bien présenter...
Vous avez besoin de cinq minutes? Dix minutes?
Mme Grave!: Je ne le sais pas. Combien reste-t-ii de minutes?
M. Côté (Charlesbourg): Si c'est dix minutes, on
partagera cinq minutes chacun de notre côté.
M. Garon: On partage la différence. M. Côté
(Charlesbourg): C'est cela.
Le Président (M. Saint-Roch): II y a consentement? Mme le
présidente, vous pouvez poursuivre.
M. Garon: Vous pouvez prendre l'heure au complet, si vous voulez.
C'est cela les règles du jeu, on l'a dit au début, c'est
20-20-20. Et pour chaque minute de plus que vous prenez, vous enlevez la
moitié de chaque côté. Qu'on vous pose des questions ou que
vous aimiez mieux dire vous-même ce que vous avez à dire...
Mme Gravel: Parfait, monsieur. Merci.
L'axe du pont Victoria, maintenant. Quant à la question
épineuse du train de Saint-Hilaire, la position du ministère se
rapproche de celle de la STRSM et il faut adopter une position
définitive pour préserver l'avenir. Ainsi, la STRSM
considère que la vocation ferroviaire du pont Victoria mérite
d'être réévaluée, non seulement dans la perspective
de la desserte du territoire de la STRSM, mais aussi celle des territoires
couverts par les CIT. Cependant, une évaluation additionnelle du
problème serait opportune avant de décider de l'avenir de cet axe
en tant que lien majeur entre les deux rives. Les coûts d'immobilisation
réels seraient alors précisés en fonction du programme qui
aurait été préalablement établi.
L'estacade. Pour ce qui est de la voie réservée du pont
Champlain, nous sommes restés un petit peu sur notre appétit. Le
principe d'un lien interrive permanent dans l'axe du pont Champlain par
l'utilisation de l'estacade est clairement établi dans le plan d'action
et c'est tant mieux. En vertu du plan, la voie sur l'estacade sera
prolongée sur la rive sud par un tunnel creusé sous la voie
maritime. Cette voie réservée devra toutefois s'intégrer
dans le circuit complet incluant le réaménagement du terminus
temporaire de la STRSM au centre-ville afin d'améliorer la circulation
des autobus de la STRSM et, éventuellement, ceux des CIT de la rive
sud.
Sur la rive sud, le terminus de Brossard devra également
être amélioré. Si la STRSM souscrit à ces mesures,
elle tient néanmoins à souligner deux points. Les 85 000 000 $
prévus pour ce projet satisferont juste à l'aménagement du
tronçon central du projet et au passage sous la vole maritime, mais ne
permettront pas les aménagements requis et complémentaires sur
chaque rive. De plus, le problème du terminus de
Brassard devrait, selon nous, être reconsidéré dans
une optique plus régionale, destinée à couvrir une
population plus large tout en éloignant une partie des usagers du
transport collectif des inconvénients qu'ils vivent actuellement.
Nous avons par ailleurs relevé dans le plan du ministère,
quant à la question de l'estacade, ce qui nous apparaît être
incongruité. Le plan d'action du ministère classe le projet de
voie réservée sur l'estacade avec les terminus de Brossard et du
centre-ville parmi les projets de développement. Nous croyons qu'il
s'agit uniquement d'amélioration. Et c'est déjà un acquis.
Le système de voie réservée existe en effet depuis
plusieurs années et il s'agit essentiellement, pour le projet estacade,
de le préserver en améliorant son efficacité. Le projet
s'apparente donc davantage à une amélioration qu'au
développement.
L'aménagement du projet estacade ne peut être pour la STRSM
qu'une mesure provisoire et à court terme. La vraie solution, c'est
l'instauration urgente d'un service de métro dans l'axe du pont
Champlain qui permettra d'apporter une solution durable au problème des
déplacements dans cette zone de la région métropolitaine.
Cette dimension n'étant pas traitée dans le plan du
ministère, vous me permettrez de m'y attarder un peu dans la
foulée de ce que la ville de Longueuil a déjà dit tout
à l'heure. Je pense qu'après avoir entendu ce que la ville de
Lon-gueuil a dit tout à l'heure, en termes de problématique, je
vous éviterai de revenir sur le sujet. Mais il faut bien concevoir que,
dans notre esprit, l'aspect métro, l'aspect transport léger sur
rail, peu importe la technologie, ce qu'il faut voir là, c'est un plan
ou une solution définitive.
Des études réalisées sur ce projet ont cependant
mené à deux constatations. La densité de la population et
les activités ne justifient pas un lien ouest-est d'une aussi forte
capacité sur la rive sud. On se souviendra que nous avions
déjà parlé d'un lien est-ouest mais, maintenant, je pense
que nous allons dans le sens d'un il renversé, partant de Brossard vers
Longueuil et le centre-ville.
L'idée d'une ligne en il sur la rive sud a donc fait place dans
notre esprit à celle du il renversé ayant le gros de son
tracé à Montréal et dont les extrémités se
situeraient sur la rive sud avec l'aboutissement à un prolongement d'une
station dans l'est, à Longueuil, et au terminus Brossard, à
l'ouest. De plus, cette solution a trois mérites additionnels: celui de
répondre au problème actuel de la surcharge de la ligne 1, celui
de réduire les coûts d'exploitation du métro sur la rive
sud et celui de relier la population de l'île des Soeurs au centre-ville.
Une telle ligne réaliserait au mieux les objectifs du plan d'action
à l'égard des prolongements éventuels du métro,
soit augmenter l'utilisation du métro sans en accroître les
coûts d'exploitation et réduire la surcharge de certains
tronçons critiques au centre-ville. De plus, elle permettrait d'apporter
une solution définitive au problème du corridor du pont Champlain
et favoriserait le développement énergique de la rive sud.
Messieurs et mesdames, merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, Mme la
présidente.
Il restera 17 minutes à chaque formation politique. Je vais
maintenant reconnaître M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je sais que mon collègue de Chambly voudrait poser des
questions. Je vais donc tenter d'être le plus bref possible. Cependant,
comme c'est la première occasion que j'ai de prendre la parole
après les propos de Mme la députée de Marie-Victorin, il y
a un certain nombre de choses que je n'ai pas l'habitude de laisser passer,
surtout son allusion à l'étude qui tomberait très bien
puisqu'elle prendrait un an et qu'elle nous reporterait au-delà des
élections; on tenterait de faire miroiter des choses à l'ensemble
de la population. Je pourrais peut-être lui rappeler que l'Opposition
devrait finir par nous donner sa position puisque, dans le cas de la 25, MM.
Parent et Chevrette sont favorables et Mme Harel et M. Boulerice sont contre et
on se retrouve avec des positions de Mme la députée de
Marie-Victorin, dans ce cas-ci, un peu à l'opposé de ce que
revendiquait l'île de Montréal sur le plan de la vision globale de
transport.
Il faudrait aussi bien faire attention pour ne pas mettre uniquement sur
le dos du gouvernement actuel tous les problèmes d'accès à
l'île, puisque vous avez manqué de belles occasions de
régler une partie des problèmes de la rive sud, dans un premier
temps, avec le moratoire de 1977 sur le transport routier qui n'a pas
été imposé par la moindre personne, ni par M.
Lévesque qui était un député représentant
Longueuil à l'époque auquel s'associait M. Marois, ministre que
vous connaissez bien et à qui vous avez succédé, ni M.
Lazure qui étaient des personnages extrêmement importants et
influents du Parti québécois. Si on est là aujourd'hui,
c'est peut-être parce qu'on a manqué un peu de visibilité
et de vision à long terme pour régler les problèmes
d'accès à l'île pour les gens de la rive sud.
Une voix: C'est un peu vrai.
M. Côté (Charlesbourg): Cela dit, je suis
très heureux de recevoir la Société de transport de la
rive sud de Montréal. J'ai déjà eu l'occasion de le dire
sur la place publique et je le redis: La Société de transport de
la rive sud de Montréal a fait, au cours des dernières
années, un excellent travail quant à la qualité des
services offerts aux citoyens et quant à une gestion beaucoup plus
serrée du travail qui a été
fait, et, ne serait-ce que le témoignage de l'augmentation de
l'achalandage, alors que d'autres sociétés sont en perte de
vitesse, me paraît un élément très convaincant,
quant à la qualité du service offert aux citoyens.
Cela dit, je comprends qu'il y a beaucoup d'améliorations
à apporter à la situation actuelle. On a commencé à
faire du chemin. Je vous ai entendue nous énumérer toute une
série de problèmes qu'il restait à régler; II
faudra comprendre qu'on a commencé à en régler
quelques-uns, au moins en s'assurant que vos autobus, plutôt que
d'être sous une tente, seront éventuellement dans un garage; ce
n'est pas d'aujourd'hui qu'ils sont sous une tente, selon ce que j'ai compris.
Donc, c'est un problème dont le règlement est amorcé. Il
en va de même pour le siège social de la
société.
Abordons, dans un premier temps, des solutions durables. Je pense que
c'est là l'objectif. L'élément fondamental de votre
intervention dit: Des solutions à court terme, mais toujours faites dans
la perspective d'une solution durable. Il y a des solutions lourdes et il y a
des solutions plus légères. Pour l'instant, je laisserai de
côté le stationnement et la gestion de la circulation ou les voies
réservées. Cela m'apparaît tomber sous le sens et sous
l'évidence même qu'il faudra faire un effort spécial de ce
côté-là pour régler un certain nombre de
problèmes afin de faciliter la fluidité de la circulation et, par
conséquent, augmenter la rapidité du service et, automatiquement,
de l'achalandage.
Mais abordons la principale proposition, selon moi, celle de l'estacade
reliée soit à un système de métro ou à un
système plus léger pour aller rejoindre d'abord le terminus au
centre-ville et, par la suite, Berri-De Montigny. Est-ce que, dans votre
proposition que l'on voit illustrée sur les cartes là-bas et
qu'on a reproduite ici, dans votre esprit, il n'y a que la partie du canal qui
est en tunnel ou si l'ensemble de l'oeuvre, incluant la partie de l'estacade
même et, par la suite, le territoire de l'île des Soeurs en
traversant l'île de Montréal pour se rendre à Berri serait
en tunnel ou en surface? (11 h 45)
Mme Gravel: M. le ministre, je ne suis pas une spécialiste
et je ne suis pas là pour vous suggérer une technologie en
surface ou souterraine dans l'île de Montréal.
Ce que je souhaite, c'est que les usagers de la rive sud puissent se
rendre au centre-ville de Montréal sécuritairement, rapidement et
en faisant le moins de transferts possible.
Tantôt, je vous entendais discuter avec mon collègue de
Longueuil de train léger sur rail, SLR. Je pense qu'il serait possible
de faire un bout en tunnel et un bout en surélevé, je n'y vois
aucun inconvénient. Je pense que le but est de dire: On ne peut plus
étudier encore longtemps. Actuellement, l'estacade n'est pas un
développement, il s'agit d'améliorer ce qu'on a. Dans le plan de
développement, qu'on l'appelle métro, SLR, peu importe la
technologie, quant au tracé qui est là, tout le monde sait que le
métro est ce qu'il y a de plus rapide, il ne faudrait pas inventer trop
de technologies ou courir pendant 20 ans à la recherche de nouvelles
technologies alors que nos gens de la rive sud sont sur le trottoir. Je pense
qu'il va falloir être sérieux à cet égard.
Si on veut avoir un métro, un SLR ou peu importe la technologie,
pour répondre aux besoins actuels, pour désengorger nos ponts,
pour faire en sorte que les gens dans les autos voient un service tellement
intéressant qu'ils le prennent, je pense qu'on ne peut pas aller dans la
dernière année du développement pour annoncer nos projets,
il faut y aller dès le début de la période de
développement.
Vous savez, M. le ministre, on est un peu les parents pauvres sur la
rive sud. Le dernier pont date des années 1964, 1965. Cela fait 25 ans
qu'on n'a rien eu, alors qu'on continue à se développer. Vous
l'avez soulevé vous-même tout à l'heure, on continue
à avoir beaucoup de gens qui utilisent le transport en commun, beaucoup
de gens qui traversent à Montréal. Qu'est-ce qu'on a eu depuis 25
ans? On n'a pas eu grand-chose. On est pas mai les parents pauvres. Quand on
vous demande un métro ou un SLR, une technologie rapide, efficace,
sûre, c'est encore bien meilleur marché qu'un pont qui, d'ici
à quelque temps, serait saturé de toute façon. On n'aurait
pas réglé le problème.
C'est dans ce sens que notre demande est faite. M. le ministre, je vous
assure que c'est un besoin pressant. J'invite quiconque ici qui n'a pas
vécu - ce n'est pas un privilège de le vivre, mais c'est
formateur - un lundi matin, un mardi matin, sept heures, sur la rive sud
à se rendre à Montréal, c'est particulier.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que je comprends, c'est
qu'il faut davantage répondre avec une solution des années
modernes et non pas seulement avec un plan de dix ans, mais beaucoup plus long;
je ne parle pas de réalisation mais pour répondre aux besoins.
Dans ce sens, peu importe s'il est en surface ou en tunnel, l'important est
d'avoir un système qui va desservir la population et lui permettre
d'aller travailler là où il y a des emplois. Ce qu'on a bien
compris, hier, c'est que les emplois sont au centre-ville de Montréal ou
sur l'île, et vous avez dit que 80 % des personnes qui transitent vont
travailler sur l'île et ont préféré la
qualité de vie en banlieue où les terrains sont moins chers.
Puisque je n'ai pas énormément de temps, j'aimerais vous
parler du cadre institutionnel. Vous avez fait état du cadre
institutionnel qui m'apparaît extrêmement important, qui doit
être un cadre suprarégional, dans un premier temps à tout
le moins. Vous vous êtes associés à la STL pour nous faire
une présentation sur ce cadre et, finalement, proposer à ceux qui
menaçaient de
couper la ligne 4 d'avoir une vision de la société plus
large que les limites de l'île, de telle sorte qu'on se retrouve avec une
vision beaucoup plus sociétale, plus régionale aussi, dans le
sens qu'on puisse arriver à un organisme comme vous le proposez.
Je vais plus loin que ça. Des Intervenants
précédents sont venus nous dire qu'il fallait un plan
régional de transport pour la Montérégie, donc pour toutes
les parties de la Montérégie. Est-ce que, comme porte-parole de
la Société de transport de la rive sud de Montréal, vous
seriez prêts à vous associer à un cadre institutionnel de
la Montérégie qui nous ferait faire la même démarche
sur le plan de la planification des besoins en transport dans l'ensemble de la
Montérégie, de la même manière qu'il le faut sur le
plan suprarégional?
M. Molini (Georges): Je vous ramène au mémoire de
mardi matin avec la STL L'essence même du mémoire répond
à votre question. Je pense que le message est bien passé, c'est
une notion de déplacement régional. Je ne sais pas si les gens
comprennent ce que ça veut dire. Ce n'est pas seulement sur l'île
de Montréal, mais c'est à Laval, c'est sur la rive sud, et c'est
même dans une couronne qui peut comprendre de 40 ou 50 kilomètres.
Lorsqu'on parle de déplacement régional, il est certain qu'on
veut englober les CIT et tout ce que ça provoque. Lorsque quelqu'un
décide, depuis sa maison familiale, de se rendre au centre-ville de
Montréal, qu'il soit sur la rive sud, à Laval, qu'il soit
à Saint-Hyacinthe ou à Mont-Saint-Hilaire, il vient de
déclencher tout un processus d'intervention de transporteurs,
privés ou publics, qui doivent être pris en charge par un
organisme régional pour que tout cela soit très bien
coordonné et que, finalement, l'usager ou la personne qui se
déplace ne sente absolument rien, que ce soit très souple,
très facile à évoluer tant sur le plan du service que sur
le plan de la tarification ou encore des titres de transport. Alors, oui...
M. Côté (Charlesbourg): Ce que je comprends dans la
proposition, que je n'avais pas saisi jusqu'à maintenant, c'est que vous
êtes prêts à aller au-delà du territoire de la
région métropolitaine, mais aussi à englober dans cette
structure les CIT, tant du nord que du sud, qui forment la couronne de
l'île.
M. Molini: Ce que l'on dit dans le mémoire, c'est que
l'organisation du transport va se faire à partir d'exploitants. Les
exploitants vont obtenir des mandats pour réaliser un déplacement
régional. Il reste à décider du service, de la
tarification, etc. Je pense qu'il serait absolument aberrant que l'on ne puisse
établir une structure qui permette d'aller chercher l'opinion des gens
qui sont en dehors des territoires Juridiques.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais permettre à
mon collègue de Chambly... Il reste trois ou quatre minutes?
Le Président (M. Saint-Roch): II vous reste quatre
minutes. M. le député de Chambly.
M. Latullppe: J'ai une question relativement à l'estacade.
Je comprends que votre organisme est favorable, même si vous dites que
c'est une solution à court terme, à l'estacade sur le pont
Champlain. Ma question est la suivante. L'estacade va avoir - je suis convaincu
- un effet bénéfique pour ceux qui utilisent le transport en
commun dans les villes un peu plus éloignées, qui font partie de
la CIT, Candiac, Chambly, Saint-Luc. J'aimerais que vous me disiez justement si
vous avez une idée de quel type d'effet positif cela va avoir pour ces
régions un peu plus éloignées que les régions
immédiates de l'autre bord du pont Champlain?
Mme Gravel: Je pense que les CIT, les gens hors territoires - ce
que nous appelons les gens hors territoires juridiques - qui utilisent
l'estacade vivent les mêmes problèmes que nos usagers. Ce n'est
jamais sûr, ils dépendent des conditions atmosphériques et
routières. Ils vivent les mêmes problèmes que nous. Donc,
c'est un avantage marqué pour eux en termes de stabilité du
service.
M. Latulippe: Pour se rendre au centre-ville de Montréal,
l'estacade va réduire le temps de transport. Savez-vous si la
réduction du temps de transport sera importante pour ceux qui sont
situés dans les régions un peu plus éloignées, de
deuxième ligne?
Mme Gravel: Si on regarde certains matins où l'approche de
notre voie réservée est bloquée par la densité de
la circulation, le fait d'avoir un lien direct et de ne pas être pris
dans ce bouchon, dans ce goulot, je pense que ça va diminuer de
façon importante le temps du parcours. Si on veut vendre aux gens le
transport en commun, on doit offrir une fiabilité et un temps de
parcours réduit. Si cela leur prend autant de temps que dans leur
voiture, on ne leur vend rien.
M. Latulippe: Donc, c'est un développement nouveau pour ce
qui est des personnes qui sont dans les régions un peu plus
éloignées. Vous admettrez que c'est un lien qui devrait
être permanent, peu importent vos autres options relativement aux liens
interrives. Vous venez de me dire que, effectivement, pour les citoyens qui se
trouvent dans une région plus éloignée, l'estacade est un
élément essentiel et permanent.
M. Molini: J'essaie de comprendre votre question et
peut-être qu'on va aller droit au but là-dedans: actuellement, la
voie réservée du pont Champlain est exclusive à ta STRSM.
Je ne sais
pas si c'est là-dedans que vous voulez aller. Non? Bon.
M. Latulippe: La question que j'ai posée, et madame y a
bien répondu, c'est que pour les citoyens qui utilisent le transport en
commun et qui sont dans une région un peu plus éloignée,
qui n'ont pas nécessairement accès directement au métro,
qui sont à Chambly, à Candiac, à Saint-Luc, je me
demandais si vous étiez toujours d'avis que l'estacade aurait un effet
positif afin de réduire substantiellement le temps de transport vers Je
centre-ville de Montréal, et on m'a répondu oui.
M. Molini: La réponse encore plus forte est oui.
Auparavant - je pense aux corridors de Candiac - les autobus n'empruntaient pas
la voie réservée; aujourd'hui ils le font. Le temps de parcours
s'est assurément amélioré, je dirais, de 50 % ou 60 %.
M. Latulippe: Donc, l'estacade est une mesure essentielle, qui
devrait être permanente et qui est utile pour toute cette deuxième
ligne de citoyens qui sont dans une région plus
éloignée?
M. Molini: Certainement. M. Latulippe: Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Chambly. Je vais maintenant reconnaître M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je vais vous poser une question qui vous
apparaîtra curieuse. Quand je lis les journaux de Montréal, j'ai
toujours l'impression qu'on dit qu'une grosse partie du problème, c'est
que le ministre est de Charlesbourg et que le critique est de Lévis.
Supposons qu'on n'est pas là ni l'un ni l'autre et que vous vous
entendez dans la région de Montréal: Laval, Montréal et la
rive sud ensemble, et que vous faites des consensus, sur quoi vous
entendriez-vous?
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Gravel: Je saisis mal votre question, M. Garon.
M. Garon: Pardon?
Mme Gravel: Pouvez-vous me reformuler votre question? Je la
saisis mal.
M. Garon: Quand je lis les éditorialistes raffinés
de Montréal, de fins causeurs, j'ai souvent l'impression qu'une grosse
partie du problème dans le transport, c'est que le ministre est de
Charlesbourg, dans la région de Québec, et que ce n'est pas mieux
d'avoir le critique de Lévis, sur la rive sud de Québec. Alors,
je me dis: Si le ministre n'est plus là et que le critique n'est plus
là, vous n'êtes qu'entre vous: Lavai, Montréal et la rive
sud. Vous allez sans doute dire que c'est un raisonnement créditiste,
mais peu importe, c'est un raisonnement simple, mais qui peut avoir un certain
bon sens. Vous vous entendriez sur quoi, dans un consensus pour la grande
région de Montréal, Laval, Montréal et la rive sud? Sur
quoi les consensus se feraient-Ils en l'absence d'intervenants de
l'extérieur de la région?
M. Molini: La loi du plus fort étant ce que l'on
connaît, probablement que le plus fort aurait raison et ce serait
l'île de Montréal qui aurait raison. Pourquoi je dis cela? Parce
que tous les équipements de haute capacité pour transporter des
gens - quand je parle de haute capacité, je parle de 25 000 personnes
l'heure - sont à Montréal et il y a le petit bras qui entre
à Longueuil.
Dans le contexte actuel, si je peux vous donner une image,
Montréal posséderait, par exemple, un gros ordinateur, le plus
puissant du monde, puis Laval et la rive sud n'ont même pas un
ordinateur, on est à bras. Alors on essaie de se parler et on n'est pas
capables, c'est impossible. C'est pour cela que vous entendez Laval et la rive
sud venir crier lors de cette commission: Écoutez, cela nous prend des
outils puissants pour travailler, pour au moins être capables de parier
à la STCUM et à la CUM. On n'a pas ces outils-là.
M. Côté (Charlesbourg): Au moins compatibles. (12
heures)
M. Molini: Bien oui. Ce n'est pas le cas, je vous le dis. Quand
on parle de la rive sud, puis on pourrait quasiment dire la même chose de
Laval, il faudrait reculer en 1979. En 1979, il n'y a personne qui allait
prédire que, par exemple, la STRSM allait avoir une augmentation de 1
000 000 par année d'achalandage. Personne. On aurait passés pour
des idiots de dire: Cela va être rendu à 35 000 000. On
dépasse ça aujourd'hui. Donc, si on était en 1979 devant
cette commission, on aurait dit: Cela prend un métro sur la rive sud,
pas en 1992, cela en prend un en 1988. C'est de cela qu'on aurait besoin au
moment où on se parle.
Quand on voit qu'à Montréal, on demande encore des lignes
de métro, on dit: Peut-être que les gens en ont besoin, de lignes
de métro. Certaines lignes sont à 50 % de capacité.
Élargissez vos horizons et allez voir la rive sud et Laval, vous allez
vous apercevoir que c'est là, le problème. Ce n'est plus à
Montréal, le problème.
Lors de la visite du pape en 1984, on a été capable de
prendre je ne sais pas combien de milliers de personnes à l'heure dans
le métro de Montréal. C'est nous qui avions le problème de
les rentrer par les ponts. Ce n'est pas Montréal
qui avait le problème. Je vous le dis, avec sa puissance,
Montréal est capable de recevoir du monde. Il faut maintenant augmenter
la puissance en banlieue de Montréal.
Si on avait à s'entendre sur un consensus, on pourrait dire:
Écoutez, donnez donc aux banlieues les outils qu'il leur faut pour
être capables de rentrer dans ce gros système et que ça
fonctionne comme il faut.
M. Garon: Je vous dirai que si on compare la banlieue de
Québec et celle de Montréal - je pense bien que cela peut se
faire sans offusquer ces fins causeurs - la problématique est
différente. Le député de Charlesbourg va vous dire que,
chez lui, il y a beaucoup de gens qui vont rester à Charlesbourg pour
les mêmes raisons qu'ils vont rester chez vous. Je pense à
ça. Chez nous, ce n'est pas vrai. Sur la rive sud, si on fermait le
pont, s'il n'y avait plus de pont, les gens resteraient là quand
même parce qu'ils viennent plutôt des comtés environnants.
Les gens viennent de Bellechasse, Montmagny-L'Islet, des comtés
environnants et ils arrêtent sur la rive sud.
Il y en a quelques-uns qui viennent de Québec, mais très
peu. Il y en a encore qui pensent qu'on a des vaches dans nos cours. On a 110
000 de population. Voici comment je vois le problème. Je vais vous poser
la question la plus franche possible parce que, au coeur de tout ça, il
y a cette question. Si les moyens de communication - vous me direz ce que vous
en pensez - sont améliorés avec la rive sud, il va y avoir encore
plus de gens qui vont aller sur la rive sud, de sorte que les moyens et les
services à Montréal vont être assumés par moins de
gens qui vont payer plus cher et il va y avoir un dédoublement des
services.
L'autre raisonnement, c'est la question que j'ai posée à
la ville tantôt. Quand vous planifiez pour l'avenir, prévoyez-vous
desservir la population existante ou si vous croyez à une croissance de
la population? Malgré qu'on dise que pour l'ensemble du territoire du
Québec il n'y aura pas de croissance de population, on dit. On pense que
la population va continuer à s'accroître.
Je pense que c'est là toute la question, le fondement de la
question. Les gens disent. Si on améliore les moyens de communication,
il va y avoir encore plus de gens qui vont aller rester sur la rive sud, donc,
un plus grand étalement urbain. Par ailleurs, il y a des gens qui
restent là et on se dit: On leur offre les services ou on ne leur offre
pas les services. Et, vous, votre rôle, c'est de fournir des services.
Êtes-vous d'accord avec mon raisonnement?
Mme Gravel: M. Garon, lundi matin, je vous invite à me
rejoindre sur la rive sud, on va essayer de traverser. On ne parle pas à
long terme, on parle de tout de suite. Ne me parlez pas de démographie
et de ce qui va arriver dans 25 ou 30 ans. Commençons juste par donner
aux gens ce dont ils ont actuellement besoin. M. Garon: C'est ce que
j'ai dit.
Mme Gravel: Quand vous dites: On va vider
Montréal. Écoutez, monsieur, quand les gens
décident de rester sur la rive sud, on ne peut pas les retourner. On les
accueille et on leur donne le meilleur... S'ils ont choisi de venir, c'est
parce qu'ils savaient ce qu'on pouvait leur offrir. Cela avait l'air de les
satisfaire.
M. Garon: Je comprends. Ce n'est pas ce que je dis. Je ne prends
pas position dans le débat. La problématique s'exprime à
peu près comme ça. Je comprends ce que vous dites: On les
accueille, on veut offrir des services aux gens qu'on a là. Par
ailleurs, l'autre raisonnement, c'est qu'on dit: Si les services sont meilleurs
sur la rive sud, il y a encore plus de monde qui va y aller, sans doute.
Montréal dit: II faudrait leur offrir de meilleurs services pour qu'ils
restent là, pour ne pas qu'on dédouble les services. Cela veut
dire qu'il n'y a pas de consensus, en aucune façon, j'ai l'impression;
il y a un choix qui doit être fait entre deux hypothèses.
M. Molini: C'est pourquoi, en fait, la création d'un
organisme régional de transport s'impose, justement pour regarder cela
et dire si c'est vrai qu'il y a une migration de la population de
Montréal vers les banlieues.
M. Garon: Vous avez sans doute raison, l'organisme
régional est une solution, et peut-être la meilleure. Vous mettez
tout le monde ensemble et vous dites: Organisez-vous.
Deux autres questions suivent: Comment les gens seront-ils
représentés dans l'organisme, et qui va payer? Si les gens
s'entendent là-dessus, la question est réglée.
M. Molini: Vous nous dites: Si le ministre et le
député qui représente l'Opposition lors de cette
commission n'étaient pas là... Je pense que vous êtes
là pour quelque chose. En tout cas, cela m'apparaît évident
qu'il y aura un problème de choix, à savoir combien M. y a de
membres, qui représente qui. C'est politique, cela.
Mme Gravel: On a fait une proposition, je pense, mardi. A mon
avis, elle respecte tout le monde. Si c'est vrai que Montréal est une
grosse ville, la rive sud n'est plus un petit vilage. Donc, pour la
représentativité, on pourra s'entendre avec les gens de la CUM.
Si on ne s'entend pas, M. le ministre nous l'a dit à un moment
donné, il va trancher. On ne traînera pas ce problème
éternellement.
M. Côté (Charlesbourg): II va imposer.
Mme Gravel: J'ai été polie, j'ai dit trancher.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Je vais passer la parole à ma collègue de
Marie-Victorin. La problématique est assez claire à ce point de
vue, mais il y a des choix à faire.
Mme Gravel: Ce que vous nous dites, M. Garon, c'est que vous
semblez très bien comprendre notre problème. À mon avis,
vous êtes déjà venu sur la rive sud. Je n'aurai pas besoin
de vous inviter lundi matin. Vous semblez très bien comprendre notre
problème. Je sens même un appui de votre part. Je sens que vous
avez l'impression que la dame du circuit 65 tantôt, je ne peu* plus la
laisser tomber, en tant qu'élue, et vous non plus, en tant
qu'élu, ne pouvez pas la laisser tomber, ni elle ni ses enfants.
M. Garon: Je vous dirai que le rôle de l'Opposition est de
ne pas être arrogant et se prendre pour le gouvernement, mais de
déceler les lacunes dans les solutions du gouvernement. Le rôle de
l'Opposition est de voir ce qui ne va pas dans ce que le gouvernement propose.
Mais nous ne sommes pas le gouvernement.
M. Côté (Charlesbourg): Vous l'avez
été déjà.
M. Garon: Je sais. Dans les premiers mois, on nous a assez
rappelés de ne plus raisonner comme des gens qui sont dans le
gouvernement et dire comment cela devrait se faire. On commence à
prendre le pli de l'Opposition pour trouver les lacunes dans les solutions. Je
comprends dans quel dilemme vous vous trouvez, mais je comprends aussi le
dilemme de chacun. Je comprends aussi le problème que vit
Montréal. À ce moment, comment faire l'ajustement? Il est certain
que vous avez à faire des consensus à certains endroits, il n'y a
pas de choix. Cela ne peut pas rester comme cela tout le temps. Il faut qu'il y
ait des consensus qui s'établissent pour que des décisions se
prennent. Mais c'est au gouvernement de prendre les décisions.
Il y a différentes hypothèses. Les gens ont parlé
d'options préférables d'aménagement. Le gouvernement en
appuie une ou il ne l'appuie pas. il l'actualise ou ne l'actualise pas. Il fait
un choix ou il ne le fait pas. Après, il fait un choix en fonction de ce
que sera l'avenir. Le passé, je vais vous le dire bien franchement, je
n'ai pas beaucoup d'influence sur lui. Le ministre non plus, d'ailleurs. Mais
pour l'avenir, ce qu'on prévoit pour l'avenir, dans le document, il n'y
a rien. Je comprends que vous vouliez régler les problèmes
actuels. J'ai des problèmes actuellement, je veux les régler,
point.
Mme Gravel: Non, je veux régler mes problèmes
actuels, mais en deux phases. Quand on parle, par exemple, de l'axe du pont
Cham- plain, il faut les régler dans une première phase avec
l'estacade. On sait que l'estacade n'est pas la solution finale. Il faut
amorcer immédiatement les démarches pour le métro, le SLR
ou toute autre technologie qui va s'intégrer dans une boucle pour
prendre nos gens de Brossard vers Montréal et les amener à
Longueuil dans le prolongement, et l'inverse aussi. Je pense qu'il faut bien
poser cette problématique. C'est la solution, je pense.
M. Garon: Cela me paraît très clair. Je n'ai pas
d'autres questions.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vais maintenant
reconnaître Mme la députée de Marie-Victorin en lui
rappelant qu'il lui reste environ trois minutes et trente secondes.
Mme Vermette: D'abord, il me fait plaisir de vous saluer. Comme
moi, vous appartenez à la rive sud, donc vous sentez très bien
que mes préoccupations correspondent à peu près aux
vôtres. Je pense que, parmi les problèmes que vous avez
soulevés, ce qui est important, c'est l'urgence actuelle de
régler un problème qu'on doit vivre tous les jours, dans notre
quotidien. C'est un problème de taille. Il faut trouver des solutions
à court terme, mais aussi des solutions à long terme pour
l'ensemble du développement et la gestion du réseau, en harmonie
autant avec la rive sud et Montréal que Laval.
J'ai l'impression que vous êtes en train de nous démontrer
que les mentalités ont changé. Vous faites la demande sur le plan
organisation-nel, structurel, d'un genre de comité permanent qui
favoriserait une meilleure compréhension du transport, tant pour le
Montréal régional que le sous régional. Est-ce qu'il
serait heureux que ce comité prenne forme le plus rapidement possible ou
s'il faut encore certains délais afin d'être encore mieux
éclairé sur les besoins ou sur les positions à venir?
Mme Gravel: On ne peut plus attendre, madame. Un exemple: Les
jeunes qui doivent utiliser le transport en commun sur la rive sud et à
Montréal sont pris avec une liasse de billets et de cartes, un paquet de
titres différents à utiliser. Tant et aussi longtemps que cet
organisme ne se sera pas assis pour commencer à travailler sur un
système de perception électronique dit intelligent, on ne rendra
pas notre transport en commun agréable pour nos usagers. On ne peut pas
faire cela tout seul, chez nous. Nous sommes prêts, madame, pour un
système intelligent de perception électronique. On est
prêts et on peut commencer demain matin à l'installer. Sauf qu'il
faut qu'on parle à Montréal. Madame va arriver avec une carte
bleue. Montréal a une carte verte. On va aller à Laval avec une
carte jaune. C'est de la foutaise. Ne serait-ce que pour faciliter aux gens les
titres de transport, il va falloir qu'on se parle. Pour ce
qui est de la tarification, il va falloir s'en parler aussi. Donc, je
pense qu'on ne peut plus attendre et c'est urgent.
Le Président (M. Saint-Roch): II reste 30 secondes, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Très brièvement. Tantôt, je disais
que, dans un organisme commun, il y avait le financement, mais j'ai
oublié deux éléments, tellement je pensais qu'ils allaient
de soi: troisièmement, le genre d'équipement administré
par l'organisme régional et, quatrièmement, la tarification. Et,
pour ce qui est de la tarification, voyez-vous une tarification unique ou une
tarification par zone, en fonction des distances parcourues? (12 h 15)
Mme Gravel: Dans un premier temps, mardi, on a parlé de
commencer par gérer ou superviser un équipement qui serait comme
le métro ou tout autre type d'équipement de ce genre. On a un
long cheminement à faire, M. Garon. Il va falloir commencer à
apprendre à s'asseoir ensemble et à se parler pour le bien des
usagers. Ces éléments sont importants parce qu'en termes de zone,
en termes de distance, il y a des gens qui vont être plus
favorisés que d'autres et il y a des gens qui auront peut-être un
recul à faire et d'autres feront des progrès. Je pense qu'on
n'est pas prêts tout de suite à s'embarquer là-dedans au
point de vue discussion. Il faut regarder l'ensemble du problème avec
les solutions. Cela peut être par zone. Cela peut être plusieurs
types de tarification, en termes de coût à payer pour les
distances à faire. Je pense que nous ne sommes pas prêts tout de
suite a vous donner une position. Mais on est prêts à s'installer,
à s'asseoir et à en discuter.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, Mme la
présidente, ainsi que les gens qui vous accompagnent, pour votre apport
aux travaux de cette commission.
Je demanderai aux représentants de la Société
montérégienne de développement de bien vouloir prendre
place, s'il vous plaît.
À l'ordre, s'il vous plaît! Permettez-moi de souhaiter la
bienvenue aux représentants de la Société
montérégienne de développement. Je demanderais maintenant
au porte-parole de bien vouloir s'identifier et de présenter les gens
qui l'accompagnent, pour le bénéfice des parlementaires.
Société montérégienne de
développement
M. Leduc (Paul): M. le Président, M. le ministre, Mmes et
MM. membres de la commission, je suis Paul Leduc, nouvellement élu
président de la Société montérégienne de
développement. Je suis accompagné, à ma gauche, de M.
Philippe Bonneau, membre de l'exécutif de la
SMD, de Danièle Chevrette, directrice générale, de
Pierre Rajeault, directeur adjoint général et de M. Bourcier,
maire de Châteauguay. À ma droite, M. Carol Duchesne, consultant,
qui a participé à la rédaction du mémoire de la
SMD, M. Jean-Claude Beaudoin, président du Conseil régional de la
santé et des services sociaux de la Montérégie.
Cela étant dit, M. le Président, je suis très
heureux de constater ici ce matin une grande ouverture d'esprit dans les
échanges que j'ai entendus concernant les deux Intervenants
précédents. On a parlé d'un plan. Je pense que M. le
ministre a apporté tantôt l'idée d'un plan de transport
pour la Montérégie. Maintenant, étant président
d'un organisme qui défend les intérêts de toute la
Montérégie, je vous avoue que je trouve que c'est une belle
ouverture d'esprit pour commencer, ce matin. On a parlé également
d'un LRC ou d'un métro léger pour la rive sud. C'est encore une
autre idée qui est fantastique et avec laquelle, évidemment, on
est d'accord. C'est sûr qu'on n'a pas parlé de la route 30 ce
matin, mais ne vous en faites pas, je vais en parier.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Leduc: Cela étant dit. Je vais vous lire l'allocution
concernant le mémoire de la SMD. Faisant suite à l'annonce, en
août 1988, du plan d'action gouvernemental sur les transports dans la
grande région de Montréal, la SMD a entrepris une campagne de
consultations parmi les principaux intervenants du domaine en
Montérégie.
C'est ainsi que les prises de position, que nous soutenons ici,
constituent un véritable consensus régional sur tous les
thèmes du plan du transport. Lorsqu'on veut comprendre les grands axes
de développement en transport qu'il convient de privilégier dans
les prochaines années, certaines réalités
socio-économiques doivent être mises en relief quant à la
démographie. La Montérégie est la deuxième
région du Québec avec 1 100 000 habitants et elle a connu de 1976
à 1981 une forte croissance de sa population, soit 10, 1 %. De 1981
à 1986, la population s'est accrue à un rythme plus
modéré, soit de 3, 5 %, alors que pendant la même
période, Montréal voyait sa population n'augmenter que de 0, 4 %.
Cependant, cette croissance n'est pas homogène. Par exemple,
Salaberry-de-Valleyfield, située à l'ouest de la
Montérégie, a enregistré une baisse de 5, 5 % de sa
population pendant la même période, c'est-à-dire entre 1981
et 1986.
Ce contraste majeur dans l'évolution et la distribution de notre
population peut s'expliquer, entre autres, par deux facteurs reliés
à la situation des infrastructures de transport. D'une part, l'ouest de
la région est moins bien desservi par les infrastructures de transport,
soit routes ou autoroutes, ce qui a pour effet d'enclaver cette partie
importante de notre territoire et de
jouer un rôle répulsif pour les populations. D'autre part,
les infrastructures existantes présentent des situations d'engorgement
chronique plus aiguës dans l'ouest, particulièrement avec la
congestion connue du pont Mercier aux heures de pointe. L'axe nord-sud de la
Montéré-gie est bien pourvu en termes d'infrastructures de
transport sur la rive sud immédiate, quoique les problèmes de
congestion récurrente des cinq principaux ponts reliant la
Montérégie à Montréal démontrent clairement
l'inadéquation des infrastructures pour satisfaire les besoins.
Concernant les transports collectifs, enfin, les liens interrives
exigent plusieurs changements de modes et sont caractérisés par
une faiblesse dans la capacité actuelle des parcs incitatifs et par une
surutilisation aux heures de pointe. Pour répondre à cette
problématique, tout plan de transport devrait donc faciliter les
transports interrives par une réduction du temps de transport et des
changements de mode aux heures de pointe, favoriser également le transit
Montéré-gie-Montréal par le transport collectif et
permettre une meilleure circulation dans l'axe est-ouest de la
Montérégie.
Quant à l'étalement urbain, un terme bien à la mode
ces temps-ci, tous les modes de transport participent et façonnent
l'aménagement de la région. À l'heure du village
planétaire global, il est parfois surprenant d'entendre des arguments
visant à cloisonner certains axes d'un territoire, somme toute,
restreint, pour en favoriser un autre, encore plus restreint, qui ne semble pas
répondre aux besoins fondamentaux et aux attentes des personnes y vivant
concernant plusieurs critères de qualité de la vie, si l'on en
juge par les performances de l'option préférable
d'aménagement mise de l'avant dans les années soixante-dix, dont
on a entendu parler, d'ailleurs, cette semaine. Cette option n'a
vraisemblablement pas eu les effets escomptés, mais elle a eu, selon
nous, des effets pervers, tant au plan des migrations de la population qu'au
chapitre du développement économique de Montréal par
rapport aux régions limitrophes de me ou à d'autres
régions du pays.
Le moratoire sur la construction de voies rapides, qui faisait partie
intégrante de cette option, a eu comme conséquence d'isoler les
parcs industriels et d'allonger les temps de parcours des biens et personnes
sur l'île. Il n'est donc pas surprenant que plusieurs industries se
soient établies en périphérie immédiate au lieu de
s'établir dans un centre que l'on voulait difficile à atteindre
par transport routier. Autre signe des effets pervers reliés à
l'option préférable: Montréal est maintenant devenue la
première ville du Canada en Importance démographique devant
Calgary, Toronto étant la troisième ville du pays. Cependant,
Toronto, avec plus de 3 000 000 d'habitants, étalée sur plusieurs
kilomètres, est devenue la région métropolitaine la plus
importante du pays en grande partie à cause de son réseau de
transport routier et collectif bien développé et qui
répond aux besoins économiques en facilitant le transit rapide
des biens et des personnes. Il est surprenant que la région de
Montréal ne puisse profiter de plusieurs exemples similaires où
la relance économique s'est, entre autres, basée sur un
réseau régional intégré de transport routier et
collectif. La région de Boston est, avec Toronto, un autre exemple
allant directement à rencontre de la théorie et des principes
sous-jacents à l'option préférable
d'aménagement.
Voici un dernier exemple significatif de la relation
centre-périphérie qui est en concordance avec la nouvelle
politique de développement régional, récemment
adoptée par le gouvernement lors du sommet socio-économique de la
Montérégie, qui s'est tenu en 1987. Un projet du Centre
d'études universitaires a été proposé et ce projet
a finalement donné naissance à la Société pour la
recherche et la formation en Montérégie. Récemment, deux
universités importantes ont décidé de venir
s'établir en Montérégie pour dispenser les cours sur
place. Cette initiative favorisera leur pénétration en
région et décloisonnera davantage ce qui fut longtemps
considéré comme des tours d'ivoire. De plus, nous croyons que ces
actions sont bénéfiques pour notre population, encore une fois,
de plus de 1 100 000 personnes en Montérégie, qui ont aussi droit
à l'éducation en tant que citoyens contribuables.
En résumé, dans le cadre du développement des
transports en Montérégie, les besoins s'articulent autour des
trois axes suivants: 1° Faciliter les transports interrives par une
réduction du temps de transport aux heures de pointe par un meilleur
service en évitant le plus possible les temps de transbordement entre
deux modes de transport; 2° Permettre, à l'intérieur de la
Montérégie, une meilleure circulation dans l'axe est-ouest des
individus et des véhicules et favoriser l'installation d'une dynamique
montéré-gienne; 3° Rechercher la
complémentarité entre les transports routiers et collectifs afin
de tirer le maximum de profit des modes de transport offerts. La réponse
à ces besoins intégrera le développement de la
Montérégie à celui de l'île de Montréal,
chacun y trouvant sa part. C'est l'ensemble de la région à
laquelle il faudrait ajouter la couronne nord qui en profitera.
Nous allons maintenant parler de la position des intervenants
consultés sur les différentes facettes du plan d'action
gouvernemental. Le projet d'estacade dont on a beaucoup parlé ce matin
à titre de remplacement de l'actuelle voie réservée
à contresens de la circulation sur le pont Champlain est un projet
Important et ce, à plusieurs titres. Tout d'abord, le projet d'estacade
empruntant l'actuel brise-glace en contrebas du pont Champlain dotera la
Montérégie d'une voie de transport collectif
réservée dans les deux sens de la circulation aux autobus de la
STRSM et des CIT de la Montérégie. Cela aura pour effet
d'alléger le trafic sur le pont Champlain,
de réduire les temps de parcours, tant des transports collectifs
que routiers. Cette voie permettra aux passagers des CIT de la
Montéré-gie d'éviter les déplacements entre les
autobus des CIT et ceux de la STRSM, ce qui leur épargnera du temps de
transport.
Cependant, pour la SMD, il serait important que le ministère
considère les suggestions suivantes en ce qui a trait au projet
d'estacade. D'une part, la SMD voit dans le projet d'estacade la
possibilité à plus ou moins long terme de modifier l'estacade en
métro léger de surface et je pense que ça concorde avec
les interventions précédentes. Afin de prévoir dès
aujourd'hui cette éventualité, d'ailleurs fortement
souhaitée, la SMD demande au ministère que l'implantation du
projet soit structurée de telle sorte qu'il permette ce
développement futur.
D'autre part, la SMD, afin de faciliter la desserte de l'ouest de la
Montérégie, se demande s'il n'y aurait pas lieu d'examiner la
possibilité que les CIT de cette région puissent utiliser la
digue des écluses de Sainte-Catherine puis l'estacade pour se rendre
à Montréal.
Le ministère des Transports a présenté le projet
d'estacade comme substitutif au maintien de la ligne de train de Saint-Hilaire
mais, pour les intervenants montérégiens, le train de
Saint-Hilaire est un acquis qu'il faut conserver. On devrait d'ailleurs le
considérer comme faisant partie du patrimoine des transports en
Montérégie. Certes, l'opération actuelle pose d'importants
problèmes, mais il serait possible d'y remédier par diverses
mesures telles que le rabattement sur les gares actuelles, la disposition de
parcs de stationnement incitatifs.
La SMD propose donc que l'étude complémentaire que le
gouvernement doit mener sur le train de Saint-Hilaire fasse un examen de la
ligne, tronçon par tronçon ou gare par gare, et prenne en
considération l'ensemble des possibilités pour rentabiliser cette
ligne. Selon nous, en aucun cas, le projet d'estacade et celui du train de
Saint-Hilaire ne peuvent se substituer l'un à l'autre. Bien au
contraire, ils constituent des infrastructures complémentaires.
Le projet du train de Châteauguay vise à utiliser le
réseau ferroviaire déjà existant de façon à
relier Châteauguay à Montréal. Entre la gare Windsor et la
station Montréal-Ouest, les emprises ferroviaires pourraient utiliser la
subdivision Westmount de CP rail. Entre Delson et Montréal-Ouest, les
emprises de Conrail et la subdivision Adirondack de CP rail pourraient
être empruntées. (12 h 30)
Le projet de train implique l'achat de matériel roulant et la
construction de cinq gares sur le circuit, en plus des trois gares
déjà existantes. Face à ce projet, un accord de principe
se dégage de l'ensemble des intervenants, mais il reste un bon nombre de
questions sans réponse. Aussi, avant de se prononcer
définitivement sur le projet, la Société
montéré- gienne de développement exprime le besoin que des
réponses soient apportées à ces interrogations. Une
étude menée pour le compte du ministère des Transports a
évalué la faisabilité technique du projet.
Cependant, les intervenants, municipalités et CIT, estiment cette
évaluation insuffisante pour juger de la faisabilité
économique de ce projet. Entre autres points qui appellent un examen,
citons origine-destination des passagers, une étude d'impact pour chacun
des intervenants, une estimation de la répartition des coûts entre
les intéressés, un examen des conséquences et des sites
choisis pour les gares et enfin, l'acceptation de ces sites par les
utilisateurs, soit les municipalités et les CIT.
Parmi les sites choisis, il en est un qui soulève bien des
craintes auprès des intervenants. Il s'agit de la station située
près du territoire de Kahnawake. Les intervenants craignent que
l'installation de cette station provoque une multiplication des commerces
à proximité de la station en territoire kahnawake, ce qui risque
- étant donné la localisation de cette station - de ralentir le
trafic aux abords du pont Mercier. De plus, étant donné les lois
touchant la réserve, les autorités municipales se demandent si
cette multiplication de commerces ne constituera pas vis-à-vis des
autres commerces une certaine concurrence déloyale.
De leur côté, les CIT relèvent la possibilité
que le train puisse attirer une partie importante de leur clientèle, par
exemple, celle des heures de pointe ce qui, étant donné la
situation financière déjà difficile de ceux-ci, pourrait
porter atteinte à leur survie même. C'est l'ensemble de ces
considérations dont il faudrait tenir compte avant d'implanter le train
de Châteauguay.
L'examen de ces considérations pouvant prendre un certain temps,
la SMD propose qu'un allongement additionnel aux approches sud et nord du pont
Mercier soit privilégié ainsi qu'une voie réservée
permanente à contresens sur le pont Mercier et des signaux lumineux aux
approches pour assurer la sécurité du lien. Tel que le plan de
transport le prévoit, un allongement de l'approche sud du pont Mercier
et la création d'une approche au nord sont proposés.
Jugeant que la congestion dépasse bien souvent le prolongement
proposé, la SMD demande que l'allongement prévu soit poursuivi du
côté sud jusqu'au boulevard Saint-Francis. De plus, étant
donné l'installation pour des réparations à
l'été 1989 d'une voie réservée à contresens,
sur le pont Mercier, la SMD propose que cette voie réservée
devienne permanente à compter de cette date.
Pour conclure sur les transports collectifs, la SMD voudrait mentionner
qu'à long terme, la possibilité de prolonger le métro,
tant dans l'axe nord-sud que dans l'axe est-ouest, devrait être
envisagée. En ce qui a trait aux problèmes de financement des
transports collectifs, la Monté-
régie estime que la création d'un organisme de gestion
régional comprenant des représentants des sociétés
de transport des rives sud et nord et aussi de l'île de Montréal
serait souhaitable. Cet organisme pourrait exercer un rôle de
médiation et de contrôle régional des transports.
Pour la Montérégie, le projet de prolongement de
l'autoroute 30 constitue un projet majeur. Cela fait plus de 30 ans qu'on parle
de ce projet de prolongement jusqu'à l'autoroute 20. Pour la
Montérégie et plus spécialement pour l'ouest de la
région, ce lien direct avec l'Ontario permettra de faciliter les
transports dans l'axe est-ouest et ainsi de désenclaver certaines
parties du territoire. Cette voie de contourne-ment, par le sud, permettra
à la région montréalaise d'alléger la congestion
sur l'autoroute 20 aux abords de Montréal. Les effets de ce prolongement
ne se feront donc pas sentir au niveau local uniquement, mais également
aux niveaux régional et provincial. Les intervenants sont heureux de
voir que cette priorité figure dans le plan d'action, mais regrettent
que la construction de cette autoroute tarde tant. Cette autoroute doit
être prolongée le plus tôt possible afin qu'elle puisse
être utilisée dès 1995-1996. Pour les intervenants
montérégiens, l'ensemble du projet devrait être
amorcé dès maintenant. Pour expliquer le retard dans les
démarches, le ministère des Transports invoque le problème
de tracé. Or, le tracé sud reçoit l'approbation de
l'ensemble des intervenants. De plus, le ministère fédéral
ayant donné son accord pour la construction d'un pont enjambant le canal
de Beauhar-nois, il ne faut pas attendre. Il faut donc, pour le bien de tous,
que l'échéancier de construction pour le prolongement de
l'autoroute 30 soit devancé. Finalement, la SMD propose que l'autoroute
30 soit complétée dans son intégralité,
c'est-à-dire que la section ' Sorel-Bécancour soit incluse.
Pour conclure, la SMD voudrait féliciter le gouvernement pour
l'exercice mené dans le cadre du plan d'action sur le transport dans la
région montréalaise. La SMD déplore cependant, et je
reviens à ce que je disais au début, que ce plan ne touche qu'une
partie seulement du territoire montérégien et incite
conséquemment le ministère des Transports à
procéder à ce type d'exercice pour chacune des régions du
Québec dont, évidemment - je me répète - la
Montérégie.
Là-dessus, je vous remercie et j'aimerais donner la parole
à M. Beaudoin concernant la santé à
Montérégie: transport versus santé. M. Beaudoin.
M. Beaudoin (Jean-Claude): M. le Président, mesdames et
messieurs, le Conseil de la santé et des services sociaux vous a remis
un mémoire exposant sa position sur le sujet qui nous préoccupe
aujourd'hui. Je vous le résume en quelques cinq à six minutes. Si
le Conseil de la santé et des services sociaux de la
Montérégie a cru indispensable de présenter un
mémoire devant cette commission, c'est que le plan de transport de la
région de Montréal aura des répercussions certaines sur
les services sociaux et la santé de la Montérégie et, par
voie de conséquence, de l'île de Montréal.
Le Conseil de la santé et des services sociaux a pour mission,
entre autres, de faire en sorte que ses services soient continus, accessibles,
efficaces et adaptés aux besoins de la population et aux exigences du
milieu. Cela signifie que, dans notre travail, nous devons avoir une
perspective qui touche tous les éléments vitaux qui influencent
la santé de notre population et les services qui doivent lui être
rendus. Ce sera tantôt la justice, l'éducation, la
sécurité du revenu, et j'en passe. Aujourd'hui, c'est le
transport qui prend la vedette et nous sommes là pour apporter notre
contribution.
De plus, le développement démographique de la
Montérégie est quatre fois plus rapide que celui du reste du
Québec. Il est donc aisé de comprendre que le plan de transport
qui sera adopté devra être synonyme d'accessibilité pour le
secteur de la santé et des services sociaux. Cette notion des services
dans une région comme la Montérégie dépend
essentiellement de deux éléments: la planification et la mise en
place de services sociaux et de santé suffisants pour répondre
adéquatement aux besoins de la population et, parallèlement, la
capacité pour ladite population d'accéder à ces services.
Conséquemment, le développement de la Montérégie et
la mise en place des services sociaux et de santé adéquats
doivent être planifiés concurremment à toute autre
infrastructure, afin de s'assurer de la cohérence de tout
développement dans la région.
Nous devons donc nous assurer que les aspects santé et services
sociaux sont intégrés dans toute planification touchant la
population montérégienne. Permettez-moi de vous indiquer
certaines considérations quant aux incidences directes que certains
éléments du plan de transport auront sur l'avenir
économique et démographique de la Montérégie, sur
la qualité de vie de la population et, bien évidemment, sur la
planification des services sociaux et de santé. Rappelons quelques
caractéristiques de la Monté-régie: expansion rapide de la
population, dispersion et éloignement, fortes poussées
économiques dues à un phénomène de
déconcentration de l'emploi de Montréal vers la banlieue.
À lui seul, le secteur de la santé et des services sociaux
génère près de 17 000 emplois, à partir d'un budget
global de quelque 600 000 000 $ pour les 134 établissements
installés sur notre territoire. N'oublions pas que chaque million
investi en santé et en services sociaux crée directement 27
emplois à temps plein, sans parler des répercussions
économiques indirectes qui en découlent.
Le plan de transport de la région de Montréal
prévoit le parachèvement de l'autoroute 30, ce qui nous semble
vital pour la Montérégie. Dans notre réseau, le mot
magique comme outil d'organisation efficace des services et d'utilisa-
tion optimale des budgets, c'est la concertation. Un lien tangible entre
les pôles est et ouest favorisera donc une réelle concertation
intraré-gionale, en plus de permettre une meilleure accessibilité
aux services déjà existants sur le territoire, sans compter
l'incidence positive que le prolongement pourrait avoir sur le nombre
d'accidents de la route actuellement trop élevé en
Montérégie.
Le sentiment d'appartenance se développera parallèlement
à la réalisation de cet objectif.
Le parachèvement de l'autoroute 30 sera un attrait pour les
investisseurs. Donc, le réseau de la santé et des services
sociaux devra faire face à une augmentation de la demande de services,
tant de base que spécialisés, pour répondre notamment aux
maladies industrielles. Vous devez donc prévoir, dès maintenant,
les développements qui seront nécessaires.
Il est clair que, si la population de la Montérégie
bénéficie d'une meilleure accessibilité aux services qui
existent dans sa région, elle concentrera ses activités et
consommera ses services sur place, faisant ainsi d'une pierre deux coups:
soulager les services sociaux et de santé de Montréal qui
souffrent régulièrement de congestion et diminuer la
dépendance vis-à-vis des services disponibles à
Montréal, rejoignant ainsi une volonté ministérielle qui
vise l'autonomie de la Montérégie et la proximité des
services pour ses citoyens et citoyennes.
L'autonomie et l'unification de la Montérégie passe non
pas seulement par la seule amélioration des communications entre les
deux rives, mais aussi en investissant de façon majeure, pour
améliorer le transport et les liens routiers intrarégionaux. Bien
sûr, II faudra toujours recourir à Montréal, si ce n'est
que pour bénéficier des services surspécialisés.
Mais le réseau routier montérégien est déficient
actuellement; il favorise plus les déplacements vers Montréal et
décourage toute communication intrarégionale.
En dernier lieu, il est bien clair que l'autonomie de la région
et la diminution relative de la pression sur les voies de communication
interrives demeureront lettre morte si l'accessibilité aux services ne
se concrétise pas par le développement du transport en
Montérégie. Le prolongement de l'autoroute 30 jusqu'à
Valley field doit donc se faire Incessamment pour promouvoir l'autonomie,
l'unification, la croissance économique et l'accessibilité aux
ressources intrarégionales.
Je ne peux passer sous silence les coûts socio-économiques
entraînés par les difficultés actuelles dans les
communications et l'accessibilité qui justifient un plan de transport
pour la Montérégie. Nos orientations quinquennales en font
amplement la démonstration. J'en mets des copies à votre
disposition.
D'autre part, notre mémoire, aux pages 7, 8 et 9, précise
les objectifs d'un tel plan ainsi que les principes directeurs qui
méritent considération. Il faut cependant prendre garde de ne pas
se retrouver dans un cercle vicieux En effet, la croissance économique
et démographique générée par l'amélioration
des voies de communication en Montérégie se répercutera
par un accroissement des demandes de services sociaux et de santé.
Si ces derniers sont insuffisants, la population sera tentée de
les acquérir à Montréal, donc, en contribuant, de nouveau,
à congestionner à la fois les services sociaux et de santé
et les services de transport de Montréal. C'est pourquoi il est
primordial que le plan de transport en Montérégie s'harmonise
avec les autres secteurs, dont celui de la santé et des services
sociaux, et qu'il s'inscrive à l'intérieur dune politique de
transport qui tienne vraiment compte des besoins de la population, aussi bien
du point de vue économique que du point de vue santé et services
sociaux.
En un mot, ce dont nous avons besoin en Montérégie, c'est
d'un plan de transport en santé. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie. Il reste
dix-sept minutes à chacune des formations politiques. Je vais maintenant
reconnaître M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci. M.le
Président. Je remercie la SMD et j'en profite pour féliciter son
nouveau président qui a pris la succession de M. Charbonneau qui avait
présidé le sommet de la Montérégie. Je me
permettrai une question, en tout premier lieu et, par la suite, je laisserai la
possibilité à mes collègues, qui représentent
très bien votre région, de poser un certain nombre de
questions.
Le constat, il est clair. Vous dites: Malgré le moratoire sur les
autoroutes, malgré l'option préférentielle
d'aménagement, malgré tout cela, la Montérégie
s'est développée comme aucune autre région du
Québec. Donc, les gens, devant la possibilité d'un choix
personnel, choisissent la qualité de vie, les coûts moindres et
vont s'établir en banlieue. C'est la démonstration qui a
été faite.
En contrepartie, vous dites: Cela n'a pas eu les effets souhaités
sur la population, soit de la garder captive sur l'île. Par contre, cela
a eu des effets négatifs sur l'industrie puisque dans plusieurs cas,
elle a préféré s'installer en banlieue, étant ainsi
plus accessible, sur le plan routier, pour ceux qui y travaillent, privant donc
l'île ou certains parcs industriels de l'île, de certains
éléments qui lui auraient permis de remplir son parc industriel.
C'est le constat. J'en partage une très large partie et, dans ce sens,
Je le comprends bien.
À ce moment-ci, puisqu'il y a une convergence d'idées en
ce qui concerne le collectif, en incluant l'estacade, un LR, un métro -
on verra avec l'étude ce que cela donne - j'irai directement... J'aurais
bien aimé vous parier de Toronto, Montréal et Boston, parce qu'on
en a entendu de toutes les couleurs a ce sujet - les comparaisons
n'étant pas toujours globales mais uniquement selon la partie qui
fait notre affaire - mais je me contenterai d'accrocher davantage sur une
affirmation ou une assertion sur l'autoroute 30 et le ministère des
Transports. Le devancement, bien sûr, tout le monde le souhaite, dans la
mesure des capacités financières du gouvernement. L'objectif pour
1995, que vous souhaitez, peut être un objectif réalisable. (12 h
45)
En ce qui concerne le tracé, parce que je sais que dans la
région que vous desservez, il y a une rumeur qui court à savoir
qu'il y a un tracé des fonctionnaires et peut-être un tracé
politique, ce que je veux vous dire, c'est que les officiers du
ministère ont la responsabilité de choisir le meilleur
tracé et d'offrir les meilleures solutions, ou possibilités de
choix. C'est leur fonction. Quant au tracé final, le ministre peut
donner des orientations sur le dossier soumis pour approbation à la CPTA
et au BAPE, mais c'est le BAPE ou la CPTA qui détermine
véritablement où sera le tracé. En ce sens, j'ai
convié la deputation de cette région, le 8 février, pour
lui faire part du tracé retenu par le ministère et donc
proposé en instance d'acceptation à la CPTA et au BAPE. Ce que
j'ai compris, hier soir, de la rencontre avec M. Proulx, c'est que l'UPA
régionale a donné son accord pour l'autoroute 10, à peu
près jusqu'au contournement de Châteauguay. Encore faudra-t-il
quelques aménagements additionnels pour satisfaire le parc industriel de
Châteauguay, mais, nonobstant cet appendice, il semble bien que, pour ce
tracé, l'affaire est assez bien conclue.
Ma question est la suivante: Pour être capables de
procéder, de continuer au-delà de Châteauguay - parce qu'il
reste encore quelques kilomètres pour aller rejoindre le pont
proposé par le fédéral - est-ce que vous êtes
prêts à prendre le leadership lors des rencontres avec l'UPA,
puisqu'elle est une composante de votre SMD ou à tout le moins du
sommet, pour tenter de valider le plus rapidement possible un tracé
avant même que le ministère des Transports complète ses
affaires? Ainsi, rendu à la CPTA, on n'aurait pas de problème et
on gagnerait du temps sur les études, de telle sorte que vous verriez
plus rapidement des tracteurs sur le terrain; c'est là l'enjeu. Est-ce
que vous êtes prêts à faire cette démarche?
M. Leduc: M. le ministre, je pense que c'est un excellent point.
On est prêts à faire toutes les démarches qu'on peut faire
dans le cadre de nos fonctions à la SMD, pour faire avancer le dossier.
Je pense qu'on l'a clairement défini. Si on peut faire quelque chose
lors d'une rencontre avec l'organisme que vous avez mentionné, je pense
qu'il est de notre intérêt de le faire, et c'est avec plaisir
qu'on le fera.
M. Côté (Charlesbourg): Je vous remercie. Il y a un
point extrêmement important, en tout cas quant à moi, avec lequel
vous avez terminé votre présentation et qu'on n'avait pas entendu
jusqu'à maintenant, soit la vision de la santé versus - c'est un
phénomène assez particulier, ce n'est pas souvent qu'on voit
ça - la route. C'est un peu ça. Donc, transport plus
global...
M. Garon: Vous faites de l'automobile; avec votre dos, cela ne
doit pas être bien bon.
M. Côté (Charlesbourg): Cela dépend davantage
de l'abus de l'automobile et de l'exercice. Un dos, c'est comme une route: cela
demande de l'entretien si on veut que ça se maintienne. Dans ce sens,
c'est un lien qui est fait entre la nécessité d'avoir des axes
routiers et un transport collectif de bonne qualité et, si j'ai bien
compris, la rapidité avec laquelle un blessé doit être
traité. Ce n'est pas toujours le cas en Montérégie; dans
certains cas, du lieu de l'accident, jusqu'à l'hôpital, le temps
du parcours devient un phénomène très important. C'est
bien dans cet esprit-là que vous en parlez?
M. Beaudoin: C'est tout à fait exact, M. le ministre.
À ce sujet, c'est un des points faciles à apprécier, il y
en a évidemment d'autres. Par exemple, si des personnes doivent suivre
des traitements à Montréal et qu'elles habitent Hemmingford ou
Châteauguay, elles doivent faire face à certaines
difficultés pour recevoir leurs soins, il y en un joli tas qui
décrochent. Au point de vue santé, ces gens se ramassent alors
avec de gros problèmes pour la simple et bonne raison que les services,
tout en étant accessibles théoriquement, ne le sont pas
réellement. Il y a énormément d'implications, de liens, de
connections qui existent entre la santé des gens et les moyens de
déplacement. Nous avons pensé qu'il était important, pour
une fois, de le souligner.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci. Je vais maintenant
reconnaître M. le député de Beauharnois.
M. Marcil: Merci, M. le Président. C'est un
élément assez particulier et majeur que le service de la
santé et des services sociaux de la Montérégie a
soulevé. Si ma mémoire est bonne, à moins que je ne me
trompe, M. le ministre, je pense que c'est en Montérégie qu'on
retrouve le plus haut taux d'accidents, au Québec. C'est probablement le
résultat du mauvais état des routes. Vous avez sûrement vu
des statistiques.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas à cause
des conducteurs? C'est à cause de l'état des routes?
M. Marcil: Des deux. Ma question est la suivante, M. Leduc. Hier,
on a entendu l'argumentation de l'île de Montréal évoquant
l'étalement de la population de l'île vers les banlieues. On a
même comparé le dynamisme de Toronto
avec celui de Montréal parce qu'on disait qu'il était
important de garder les gens dans le centre-ville. On a aussi remis en question
l'avenir de la ville de Montréal ou de la CUM sur le plan
économique international par rapport à la possibilité de
construire des routes de contournement, soit sur la rive nord ou sur la rive
sud. J'aimerais connaître votre réaction à cet
égard. D'après vous, le fait d'achever l'autoroute 30, qui a
été commencée il y a plusieurs années, peut-il
remettre en cause le rôle de Montréal sur le plan international,
en termes de développement économique?
M. Leduc: Écoutez, j'aime bien votre question. Je pense
qu'au contraire ça ne peut qu'aider une ville comme Montréal, du
moins c'est le point de vue que j'exprime. Je pense que le point de vue
exprimé par certains, à l'effet que ça peut nuire a une
ville comme Montréal d'avoir une voie de contournement comme la 30,
témoigne d'un certain manque de vision, parce que, lorsqu'on pense
à long terme, à l'avenir, c'est sûr qu'il ne faut pas se
limiter à un petit territoire. Il faut essayer de voir grand. Il faut
essayer de voir toute une grande région. C'est sûr que le point de
vue que vous venez d'exprimer, le point de vue dont on parle et qui a
été exprimé par d'autres personnes, manque peut-être
un peu de cette vision globale du développement économique d'une
région. Je pense que toute région a avantage à voir sa
grande périphérie se développer par des axes routiers
importants, par des Instruments de développement importants qu'on veut
mettre en place. Alors, je pense qu'au contraire, encore une fois, ça ne
peut qu'aider l'île de Montréal, étant donné que
c'est un point central dans toute cette grande région.
Il y a une autre chose aussi, c'est qu'on sait, évidemment, que
15 % à 17 % du trafic lourd circule, actuellement, sur le boulevard
Métropolitain. C'est évident que, s'il y avait cette voie de
contournement, il y aurait une diminution, bien sûr, de tout ce trafic
sur le Métropolitain, diminution aussi de toutes les automobiles qui
passent sur le Métropolitain. Je travaille au centre-ville. Je sais de
quoi je parle. Je fais face à ces choses-là à tous les
jours. Cela ferait, encore là, partie de l'amélioration dont je
parle, pour le bénéfice d'une ville qui s'appelle
Montréal.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vais maintenant
reconnaître Mme la députée de Châteauguay.
Mme Cardinal: Merci, M. le Président. Merci, M. le
ministre. Il est assez rare, comme on le disait, d'allier santé et
route. Mais, particulièrement dans le cas du contournement de Kahnawake,
il m'apparaît très important de souligner l'urgence de
réaliser cette artère. Si vous vous souvenez bien, au CRSSS de la
Monté-régie, à l'époque de l'élaboration du
plan fonc- tionnel et technique pour le centre hospitalier Anna-Laberge, il
était question, effectivement, que cette voie soit construite
parallèlement, puisque environ 50 % de la population est privée
d'une voie d'accès rapide. On a fait le calcul: actuellement, cela prend
28 minutes pour se rendre au centre hospitalier, en partant du centre de
Saint-Constant, alors que, si les voies étaient là, on y mettrait
de cinq à huit minutes. Donc, c'est très important, à mon
sens, ce décalage de temps - quand on pense que la santé, c'est
une question de minutes, de secondes - puisqu'il peut faire toute la
différence entre des séquelles à vie, la mort ou la
santé. Alors, est-ce qu'il ne serait pas Important... En ce qui concerne
cet appui que M. le ministre vous a demandé tantôt -
c'était évidemment la première question que je voulais
vous poser, mais M. le ministre m'a devancée - est-ce que vous avez des
suggestions? Est-ce que vous avez vraiment l'intention - parce qu'on sait qu'il
y a actuellement une forme de dilemme entre un tracé et l'autre -
d'apporter un appui ferme? Parce que, lorsque vous parlez de la santé,
vous parlez du développement régional et du développement
industriel; mais je pense qu'il faut aussi parler de qualité de vie.
M. Beaudoin: C'est tout à fait exact. Dans certains
endroits du monde, on achète des hélicoptères pour
acheminer les blessés plus rapidement aux hôpitaux. Toute personne
qui a eu il occasion, dans le passé, de voyager dans le secteur
sud-ouest, d'aller à Valleyfield, à Châteauguay, etc., sait
les difficultés énormes et presque insurmontables qu'on y
rencontre pour se déplacer d'un point à l'autre. Alors, un Centre
hospitalier comme celui d'Anna-Laberge a un travail
phénoménalement difficile à faire pour accomplir sa
mission, si on est incapable de la rejoindre. On a plusieurs hôpitaux
importants sur la rive sud, dans une espèce d'arc qui suit le fleuve
Saint-Laurent, qui seront appelés à offrir des services
complémentaires aux citoyens; c'est déjà en
développement. Or, il est évident que chaque hôpital
n'offrira pas des services complets. À ce moment-là, il est
nécessaire de pouvoir communiquer entre ces hôpitaux. Mais si cela
prend deux ou trois heures pour se rendre à un hôpital. Et ceux
qui ont eu à voyager, hier matin, pourront vous dire que c'était,
à toutes fins utiles, impossible de se déplacer. Alors, M.
peuvent apprécier la justesse de nos revendications concernant cet
axe-là. L'axe est-ouest sur la rive sud est capital; on ne peut plus en
discuter. Il faut qu'il soit réalisé le plus rapidement possible
et, dans la mesure où le conseil de la santé pourra collaborer
à animer le milieu, comme on a une certaine expérience dans ce
domaine-là, nous allons le faire également.
Mme Cardinal: Je n'ai pas mentionné la question du pont.
On peut toujours aller à Montréal vers La Salle, mais on ne parle
pas de
la congestion, puisque je n'ai qu'un accès au sud-ouest, tout le
monde le sait. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, on a
parlé d'un ensemble de choses, bien sûr, en termes de vision du
développement de transport pour l'ensemble de la
Montérégie. Vous avez évoqué le train à
Saint-Hilaire. On ne peut pas ie passer sous silence parce que, après
plusieurs efforts, force nous est de constater qu'en plusieurs occasions, on
prêche la vertu, mais qu'on ne la pratique pas. Ce n'est pas un reproche,
parce que je pense qu'il faut défendre ce qu'on peut, mais il faut tout
de même constater que, malgré une pétition signée,
nous disait-on, par 26 000 personnes, il y a quand même 300 personnes qui
empruntaient le train.
Cela dit, si je voulais être démagogique,
j'arrêterais là et je dirais: Bon, parfait, vous êtes bien
pris avec, débrouillez-vous. Il y a le phénomène de la
qualité et, dans le phénomène de la qualité, il y a
la fréquence et la qualité de tout ça. Mais pensez-vous
qu'il est possible d'offrir à la population un service de train de
banlieue dans cet axe, en plus d'un métro et d'un système
léger sur rail, éventuellement, qui pourrait desservir Brossard?
Pensez-vous que, sur le plan de la complémentarité de l'offre de
transport collectif, ça puisse être possible, sans présumer
des résultats de l'étude qui serait en cours?
M. Leduc: Comme vous le disiez auparavant, M. le ministre, je
pense que tout ça doit être intégré dans un
système évolutif. Il y a des étapes à suivre
là-dedans. On a mentionné que le train de
Saint-Hilaire-Montréal est un acquis qu'on doit conserver. Lorsque dans
le rapport, on dit qu'éventuellement, ça peut être un
substitut à l'estacade, c'est évident qu'on n'est pas d'accord
là-dessus. On se dit: Pour l'estacade, oui; pour le train de
Saint-Hilaire, oui, mais avec quand même une étude, laquelle, je
pense, est en train de se faire actuellement. Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): Oui. J'aurais
peut-être juste une petite question parce que je sais qu'il me reste une
minute. Cela va être plus difficile pour l'Opposition de vous interrompre
vous plutôt que moi. Si, par exemple, vous faites de Brossard une gare
intermodale, puisque le SLR pourrait partir de Brossard et transiter par
l'estacade, pensez-vous que, dans toute cette partie du sud-ouest, il pourrait
y avoir une certaine forme de rabattement dans une gare intermodale à
Brossard et, par la suite, qu'on pourrait prendre un système de
transport en commun pour aller vers l'île? Dans votre esprit, pensez-vous
que les gens de la Montérégie pourraient accepter une situation
comme celle-là? (13 heures)
M. Leduc: Lorsqu'on parle d'un point de relèvement ou
d'une gare intermodale, je pense qu'il est question, actuellement, d'un
terminus à l'angle de l'autoroute 10 et de l'autoroute 30 - je pense que
l'autoroute 30 est là - où, justement, les gens qui viendraient
des autres municipalités pourraient avoir leur point pour prendre le
transport en commun. C'est là un élément fort important,
ce terminus qu'on pourrait installé aux alentours de l'autoroute 10 et
de l'autoroute 30, dans le développement futur. Ce serait le point
principal.
M. Côté (Charlesbourg): Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Je vais maintenant reconnaître, M. le député de
Lévis pour dix minutes.
M. Garon: M. le Président, je suis très content de
voir que vous avez amené les gens du CLSC, je pense, avec vous. C'est le
CRSSS ou le CLSC?
Une voix: CRSSS.
M. Garon: CRSSS. Je suis content et je leur conseillerais
même d'aller voir les gens de la Régie de l'assurance automobile,
parce que, récemment, dans les chèques d'allocations familiales,
il y avait un petit pamphlet qui montrait les causes des accidents. On se
référait constamment à des gens qui n'étaient pas
bons, mais l'état des routes n'avait pas l'air d'être une cause.
Ce n'était pas mentionné comme une des causes d'accident. Je suis
content de voir que des gens qui ont fait des études se rendent compte
que l'état des routes peut être une cause importante d'accident.
C'est pour ça qu'on a déploré le fait qu'il y ait une
grande détérioration des routes, au Québec, depuis trois
ans, bien que ie ministre encaisse plus d'argent que jamais de la part des
automobilistes. En 1987, il a perçu presque 2 400 000 000 $, alors qu'il
a remis sur les routes, en conservation, en entretien, en amélioration
et en construction, un grand total de 824 000 000 $. Cela veut dire que les
automobilistes ont payé plus que jamais de taxes, pour avoir moins que
jamais de services dans le domaine des routes. En dollars constants, c'est 276
000 000 $ de moins en 1986, 1987 et 1988 qu'en 1985, qui n'était pas la
plus grosse année du Parti québécois, soit un
équivalent de 92 000 000 $ de moins par année. C'est de l'argent.
Quand il dit qu'il a besoin de 70 000 000 $, s'il avait juste maintenu ie
niveau d'argent que mettait le Parti québécois, il aurait eu plus
d'argent même qu'il n'en demande actuellement pour s'occuper de
l'état des routes. C'est là qu'on se rend compte que les paroles
du Parti libérai à l'Opposition et maintenant ce n'est pas tout
à fait la même chose.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que je dois
comprendre que le député de Lévis est favorable
à...
M. Garon: Maintenant, je voudrais continuer...
M. Côté (Charlesbourg):... une taxation pour chacune
des clientèles?
M. Garon: Non, je pense...
M. Côté (Charlesbourg): Cela pourrait nous amener,
dans le secteur hospitalier, à ce que les gens paient?
M. Garon: Je souhaiterais que le ministre négocie ses
budgets plus vigoureusement et qu'il soit plus vigoureux avec le ministre des
Finances et avec le maire de Montréal. Il aurait de meilleurs
budgets.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire qu'il y
en a un qui en donne et l'autre qui en dépense, dans ces deux cas.
M. Garon: Deuxièmement, j'aimerais dire que, dans le
domaine de la santé, je pense bien que si le centre hospitalier
Anna-Laberge, à Châteauguay, s'ouvrait plus rapidement, si on
arrêtait de taponner pour l'ouvrir, alors que cela avait
été décidé sous l'ancien gouvernement - là,
il est ouvert en partie et cela va aller au printemps avant qu'il n'ouvre
complètement - cela aiderait aux services de santé dans votre
région. Je pense qu'il faut le mentionner. C'est un
élément important. C'est un hôpital qui va être
situé dans votre région. Mais le gouvernement a eu la mauvaise
idée, quand c'étaient des projets mis en marche par l'ancien
gouvernement, de prendre bien du temps pour que les gens oublient que cela a
été lancé par l'ancien gouvernement, afin qu'on en
attribue le mérite au nouveau gouvernement. Je pense que si vous
poussiez afin que cela ouvre plus vite, cela aiderait. Maintenant, j'aimerais
vous poser une question sur la qualité de vie. Hier, j'ai posé la
question suivante: Si le transport qui n'a pas affaire à Montréal
passait par une route qui passe beaucoup plus dans le bois, comme l'autoroute
40, éventuellement, l'autoroute 50 dont un bout doit être fait, ce
qui l'accélérera peut-être, l'autoroute 13 qui est
déjà dans un secteur industriel ou l'autoroute 640... C'est parce
qu'il y a 7800 camions. Je ne nie pas l'amélioration du réseau
routier chez vous. Mais quand vous dites: La voie de contournement devrait
être chez nous, j'aimerais savoir en quoi cela va améliorer la
qualité de vie des gens chez vous de voir passer 7800 camions, ce qui
équivaut à 20 000 camions qui n'ont aucunement affaire là
et qui n'arrêteront pas? Ils ne vont que passer et augmenter le bruit
chez vous. On dit que les gens viennent rester chez vous pour la qualité
de vie. J'aimerais savoir ce que va donner une autoroute pour faire passer des
camions qui sont en transit, qui n'arrêteront pas et n'arrêtent
pas, parce qu'ils n'ont pas affaire chez vous, à Montréal non
plus, ils passent. Ça va améliorer la qualité de vie que
d'avoir ce bruit additionnel dans votre région, alors que, quand on
parle de voies de contournement, il serait peut-être mieux de faire
passer les camions qui n'ont pas affaire sur le territoire de la région
de Montréal et qui s'en vont au Nouveau-Brunswick, à
Québec ou au Lac-Saint-Jean. Il n'arrêtent pas, les enquêtes
le démontrent. 7800 qui équivalent peut-être à 20
000 parce qu'il y a des trains routiers, 20 000 camions plus petits. Ils ne
savent pas. Ils disent que c'est 7800. Un train routier, ça comptait
pour un et un camion quatre roues, ça compte pour un. Alors, à
quoi ça équivaut-il en termes de transport? En quoi ça
améliore-t-il la qualité de vie de ces gens-là? Je ne nie
pas les besoins de routes, mais je dis que la voie de contournement pour ces
camions se fasse chez vous, que ces camions doivent passer chez vous...
M. Leduc: D'accord. Remarquez bien qu'en ce qui me concerne, je
pense que c'est peut-être mieux qu'ils passent par une voie, dans le
bois, comme vous dites, qu'en pleine ville de Montréal, d'une part.
Quant à la qualité de vie, je pense qu'en ce qui concerne les
gens qui viennent s'établir en Montérégie, sur la rive sud
immédiate, on en a parlé beaucoup ce matin, il y a des choix
personnels qui se font. Je pense que l'organisation du réseau doit se
faire aussi en conséquence.
Maintenant, le débat ou la discussion doit peut-être
être ramenée sur le plan du développement
économique. Évidemment, ça concerne aussi la
qualité de vie, par extension. Sur te plan économique, je pense
bien que c'est une théorie de base, comme on le disait tantôt, que
si une région est bien organisée en termes de grands axes
routiers, de transport des biens, de transport des personnes, des marchandises,
c'est très favorable - ce n'est pas à un économiste que je
vais apprendre ça, bien sûr - à l'expansion, au
développement d'une grande région.
C'est sûr que, par extension, en ce qui concerne la qualité
de vie. comme je le disais tantôt, tout le monde en
bénéficie. Je répète peut-être mon point de
vue de tantôt, mais Montréal en bénéficie d'abord,
parce que ça vient donner une vision plus globale à ce
développement, mais la région en bénéficie aussi.
Donc, tout le monde en bénéficie par extension à cause
d'une organisation bien structurée et du fait qu'on facilite aussi des
déplacements plus rapides. On pariait de santé tantôt - je
pense que c'est un élément fort important que M. Bonneau a
apporté - on parlait de qualité de vie. Les points de vue que M.
Beaudoin a défendus tantôt, pour les gens ou le domaine dans
lequel il oeuvre, je pense que c'est un élément fort
Important. Vous avez vous-même fait allusion
tantôt au point de vue de la santé, au point de vue des
avantages, et tout ça. C'est un élément fort important qui
fait partie, à mon avis, de la qualité de vie des citoyens d'une
grande région qu'est la Montérégie.
M. Garon: Je comprends mal. Vous dites: Les gens se sont
déplacés en banlieue pour avoir une meilleure qualité de
vie, et comme le ministre le disait, les gazons, l'espace, etc. Là, vous
dites: Maintenant qu'on a le monde, il faut amener ce qu'on avait à
Montréal quand on y était. Alors, il faut amener les usines, il
faut amener tout. Ne pensez-vous pas qu'à ce moment-là la
qualité de vie va en prendre un coup? Qu'est-ce que ça leur a
donné de déménager? Ils ont déménagé
pour rester dans un espace champêtre, mais une fois que le nombre est
là, vous dites: II faut amener le reste qu'on avait quand on
était ailleurs avant. Je ne comprends plus. La qualité de vie va
en manger un moyen coup.
M. Leduc: Je pense que le passage des camions, c'est ce que vous
mentionniez tantôt, c'est le prix qu'il faut payer à un moment
donné pour obtenir l'autoroute pour une population de 1 100 000
habitants. Il y a toute la région du sud-ouest dont on parlait
tantôt au début du mémoire, dont on parle dans le
mémoire que vous avez reçu qui souffre vraiment de cette grande
lacune d'un réseau routier inexistant, finalement. Je ne veux pas
répéter ce qu'on a dit tantôt, mais je pense qu'il y a eu
une baisse de la population à un moment donné à cause de
tout ça. Donc, c'est tout un ensemble de choses qui font que pour cette
autoroute 30, à mon avis, c'est sûr qu'il y a un prix à
payer, mais je pense que, pour le grand développement, elle est fort
importante.
M. Bourcier (Jean-Bosco): J'aimerais apporter un
élément de réponse à ce que vous dites. Entre deux
maux on choisit le moindre, mais les camions qui passent actuellement chez nous
dans Châteauguay, par exemple, qui passent dans Beauharnois ou qui
passent dans Valleyfield, ne passent même pas sur une route
régionale. Ils passent sur une route locale. Je pense que ces
camions-là qui viennent nous embêter dans nos quartiers
résidentiels ou dans nos quartiers commerciaux auraient, avec le surplus
qui viendrait de l'Est du Québec, à passer derrière, sur
une route qui est quand même à l'extérieur des quartiers
résidentiels; cela allégerait tout le monde. Cela va
améliorer la qualité de vie peut-être de plus de
Montréalais. Cela va l'améliorer un peu chez nous parce qu'au
lieu de passer sur des routes secondaires, comme il y a ailleurs, ils passent
sur nos routes locales, dans des quartiers. Alors, ils vont sortir de nos
quartiers. Ils vont passer par l'autoroute, ils vont rentrer dans les parcs
industriels de Saint-Constant, de Delson ou d'ailleurs, ainsi que de
Châteauguay et de Beauhamois, plutôt que de venir sur nos routes
locales. Le peu qu'on a, ils nous embêtent déjà. On va les
mettre avec ceux qui passent de l'Est du Québec vers l'Ontario. Ils vont
être sur une belle route au lieu d'être dans nos quartiers et ils
vont être un petit peu plus ailleurs, mais sur des routes
appropriées.
M. Garon: Mais voulez-vous dire que les camions qui n'ont pas
affaire chez vous transitent chez vous, se servent de vos chemins secondaires
comme voies de transit pour aller, disons, à Québec?
M. Bourcier: Bien, par où pensez-vous qu'ils passent? Ceux
qui s'essayent par la 132 ou la 138, qui passent par le boulevard
René-Lévesque, qui passent par la route 138 pour aller vers
Bromont et Valleyfield, Ils passent sur des routes à deux voies. Il faut
qu'ils passent quelque part. Au moins, ceux-là passeraient par une
autoroute.
Une voix: À Saint-Constant.
M. Garon: Est-ce qu'il y a eu des études sur le volume de
ces camions?
M. Bourcier: Oui.
M. Garon: Faites par qui?
M. Bourcier: On l'a dans nos documents. Vous avez le nombre de
camions qui transitent. On n'a qu'à faire les calculs.
M. Garon: Qui transitent...
M. Bourcier: Mais il y en a.
M. Leduc: Je pense qu'on peut avoir ça dans les
statistiques du ministère des Transports. M. Garon, j'aimerais ajouter
quelque chose. Il y a des villes satellites en Montérégie, bien
sûr, qui sont fort importantes et qui se doivent aussi de
bénéficier... On parlait d'un plan de développement pour
la Montérégie; c'est sûr qu'on n'a pas parlé de
Granby, Saint-Hyacinthe, Saint-Jean.
Une voix: Valleyfield.
M. Leduc: Valleyfield, on l'a abordé un peu. Ce sont des
villes satellites fort importantes qui sont actuellement coincées faute
d'un moyen de transport adéquat quand on arrive dans la région
métropolitaine.
Cela dit, j'aimerais, M. le ministre, connaître la position de vos
députés dans la grande région métropolitaine sur le
plan d'action, sur tout ça.
M. Garon: Sur le plan d'action?
M. Leduc: M. Garon, excusez-moi. J'aimerais ça...
M. Garon: Nous disons que, dans le plan, il n'y a pas de
projection sur l'avenir. Ce qu'on dit essentiellement: Une des grandes lacunes
de ce plan-là, II n'y a aucune projection sur l'avenir; il y a seulement
des chiffres pour 1966-1986. On sait qu'entre 1966 et 1986, cela a
été l'époque qui a suivi le "baby boom", où il y a
eu une croissance démographique fantastique. Là, tous les
démographes disent qu'il n'y aura pas de croissance démographique
au Québec. Cela va être à peu près stationnaire. Il
y en a qui disent même que la population va baisser. Les plus optimistes
disent qu'on pourrait atteindre une population d'environ 7 000 000 et nous
sommes 6 700 000 actuellement. Vous avez vu dans les journaux de cette semaine
que la population du Québec pourrait baisser à 5 000 000. Il y en
a qui disent: Oui, mais l'immigration. Je ne suis pas certain que les
Québécois voudront une immigration intensive qui va faire que
leur caractère français va s'estomper rapidement. Je ne suis pas
sûr de ça. Alors, on dit qu'il n'y a pas de croissance
démographique.
S'il n'y a pas de croissance démographique, qu'est-ce qui va se
passer dans l'avenir en termes de besoins? J'ai posé la question
tantôt aux gens de la rive sud, la STRSM. Ils ont une position qui se
défend. Les gens peuvent être contre ou pour, mais ils disent: On
a tant de monde qu'on veut desservir. Mais, pour vous, ce n'est pas ça.
Vous dites: On veut servir, on veut prendre ça pour faire de la
croissance économique. Vous dites une autre chose: On veut se servir des
Instruments que le ministre des Transports, que le gouvernement du
Québec va nous donner pour accélérer la croissance
économique, accélérer le développement et prendre
de l'expansion. Alors, si ça se fait comme ça, cela veut dire
qu'il faut que ça se fasse au détriment d'ailleurs. Vous parlez
même de l'autonomie de la Montérégie. Je ne dis pas que les
gens ne peuvent pas avoir cette pensée-là. Je ne dis pas
ça, mais je me dis que cela a des conséquences. Et, à ce
moment-là, je vous dirais: Par exemple, en l'absence de croissance
démographique, d'où va venir votre monde? Et quelle région
avez-vous l'intention principalement... Je pense que vous allez dire
Montréal ou telle région où la population va diminuer au
profit de votre région...
M. Leduc: Lorsqu'on parle de développement
économique, tantôt vous avez...
M. Garon:... qui va être plus dynamique.
M. Leduc: On est revenu tantôt sur le développement
économique. Je pense qu'on est dans un contexte de libre-échange
actuellement où il est d'actualité de parler de
développement économique, de ce qui va se passer dans tes
prochaines années. Tantôt, je vous ai demandé votre
opinion, M. Garon, ou celle de vos députés.
J'aimerais connaître votre opinion sur la route 30, si c'est
possible.
M. Garon: Le ministre a dit: Ce n'est pas la consultation, c'est
décidé, la route 30. C'est décidé. C'est ce qu'il
nous a dit.
M. Leduc: Alors, on est d'accord...
M. Garon: On ne considère pas que la route 30, c'est en
consultation; il nous a dit que c'était décidé. C'est pour
ça que j'ai posé la question aux autres. J'ai demandé:
Est-ce que vous avez besoin de plusieurs routes de contournement? C'est la
question que j'ai posée. J'ai tenu pour acquis que c'était
décidé. Le ministre a dit: C'est décidé, c'est
réglé.
M. Marcil: Cela fait partie du plan de transport.
M. Leduc: J'aurais voulu avoir votre opinion à vous sur le
plan de transport sur la 30.
M. Garon: Elle n'était pas annoncée, la route 30,
chez vous? L'autoroute 30 n'a pas été annoncée?
M. Côté (Charlesbourg): L'autoroute 30 a
été annoncée au sommet économique de la
Montérégie jusqu'au contournement de Château- guay.
M. Leduc: C'est ça. C'est un projet qui a
été annoncé au sommet de 1987.
Une voix: Et jusqu'à Châteauguay.
M. Garon: Je ne pense pas que le gouvernement fasse des
consultations sur des décisions déjà prises.
M. Leduc: Jusqu'à Châteauguay seulement.
M. Garon: Ce n'est pas la question que j'ai posée.
Remarquez bien ce que j'ai dit. Je vous al demandé en quoi, sur la route
30, vous améliorez votre qualité de vie en voulant faire
transiter les camions qui n'ont pas affaire chez vous, qui n'y vont pas. Je ne
parle pas de ceux qui y vont. On ne peut pas empêcher les camions qui
veulent y aller.
M. Leduc: D'accord. On parle de qualité de vie. Alors, on
va céder la parole à M. Beaudoin qui, je pense, a quelque chose
à dire.
M. Côté (Charlesbourg): Quant à moi,
ça me paraît très clair. Quelqu'un qui est pour, il le dit.
Alors, quand il ne le dit pas, c'est parce qu'il est contre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Non, mais elle est décidée. Il a dit
qu'elle était décidée.
Une voix: C'est aussi clair que ça.
M. Beaudoin: M. Garon, ce que certaines personnes appellent une
voie de contournement, quand on habite la Montérégie - je vous
rappelle que près de 1 200 ooo personnes y habitent - ne s'appelle pas
une voie de contournement pour nous. C'est une voie de communication
essentielle entre nos citoyens; ils sont 1 200 000 qui habitent
déjà dans la région. Il y a une conséquence
à ça. Mais vous savez, les camions dont vous parlez traversent
déjà quand même une partie de la Montérégie
pour se rendre à Montréal et ils passent la journée sur le
boulevard métropolitain à brûler du gaz. Les vents
dominants amènent tout ça chez nous; alors, si vous voulez
connaître des problèmes de pollution...
M. Garon: Mais non, je n'ai pas réagi. Écoutez ce
que je dis. N'essayez pas de dire autre chose que ce que j'ai dit. J'ai dit que
j'étais favorable aux moyens de communication dont vous avez besoin pour
desservir la population à distance.
Le Président (M. Saint-Roch): En conclusion, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Ce n'est pas ça. J'ai réagi aux propos de
M. le président qui a parlé de la voie de contournement, du fait
de faire passer les gens par la voie de contournement, et que la route 30 sera
utilisée comme voie de contournement. C'est à ça que j'ai
répondu. Je n'ai pas répondu à vos affaires. J'ai
écouté ce que vous avez dit. C'est tout.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis, je m'excuse. Votre temps est écoulé.
M. Garon: Sauf qu'en termes de voie de contournement, je ne suis
pas certain que faire transiter l'équivalent de 20 000
automobiles...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis...
M. Garon:... dans votre région, qui n'ont pas affaire
à y aller, cela va améliorer votre qualité de vie.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis, votre temps est écoulé.
M. Beaudoin: Si vous me permettez, M. le Président, de
faire une correction aussi. Le centre hospitalier Anna-Laberge est ouvert; il
suit présentement son plan de développement, son plan
d'ouverture. Nous sommes en contact continuellement avec la RAAQ à ce
sujet 8t c'est une considération chez nous qu'il soit complète-
ment au service de la population le plus rapidement possible. Il est
déjà ouvert, il fonctionne déjà.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie. Je tiens
à remercier la SMD pour la qualité de sa présentation
à la commission.
Sur ce, la commission de l'aménagement et des équipements
suspend ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 18)
(Reprise à 15 h 15)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
maintenant ses travaux pour poursuivre l'examen des volets
"Développement du réseau autoroutier" et "Projets de
développement du réseau de transport collectif du plan d'action
1988-1998 intitulé: "Le transport dans la région de
Montréal".
Cela dit, je demanderais au porte-parole de la Table de concertation des
préfets de la Montérégie à bien vouloir prendre
place, s'il vous plaît.
Dans un premier temps, je rappelle à tous les intervenants que le
temps est ainsi réparti: 20 minutes pour la présentation du
mémoire et 20 minutes pour chacune des formations, pour permettre le
maximum d'échanges, en étant le plus bref possible dans les
réponses. Je demanderais maintenant au porte-parole de la Table de
concertation des préfets de la Montérégie de bien vouloir
s'identifier et de présenter les gens qui l'accompagnent, pour le
bénéfice des parlementaires et du Journal des débats.
Table de concertation des préfets de la
Montérégie
M. Charbonneau (Honorius): Merci, M. le Président. Mon nom
est Honorius Charbonneau, responsable des préfets de la
Montérégie. M'accompagnent le vice-président de la Table
de concertation des préfets de la Montérégie, M. Louis
Choinière, et préfet de la MRC de La Haute-Yamaska; M. Gilles
Demers, préfet de la MRC Beauharnois-Salaberry; M. Guy Roberge,
responsable de ce même territoire; à ma droite, M. Pierre
Bélanger, responsable de la MRC de La Vallée-du-Richelieu et
secrétaire; et Mme Johan-ne Caouette, directrice de la MRC de La
Haute-Yamaska.
Le Président (M. Saint-Roch): Vous avez 20 minutes pour
présenter votre mémoire, M. Charbonneau.
M. Charbonneau (Honorius): M. le Président, M. le
ministre, Mmes et MM. les députés, chers
amis, je voudrais rassurer le ministre. Peut-être, M. le ministre,
avez-vous entendu parler de plusieurs genres de transport Je serais
porté à vous parler d'avions, mais comme j'ai peur des avions, je
vais essayer de rester les pieds sur terre.
Membres de la commission parlementaire, nous désirons tout
d'abord vous remercier. Avant de vous exposer les grandes lignes du
mémoire que nous avons déposé, nous désirons situer
brièvement la Table de concertation des préfets de la
Montérégie. Notre organisme a été mis sur pied au
Sommet économique de la Montérégie tenu en 1987 et
regroupe les préfets des quinze municipalités régionales
de comté de la Montérégie.
Nos objectifs sont les suivants: traiter les dossiers communs à
l'ensemble de notre région, principalement ceux qui concernent
l'aménagement du territoire et le développement
socio-économique, appuyer toute démarche visant à la
réalisation desdits dossiers et être un interlocuteur de premier
plan en Montérégie. Compte tenu de ces objectifs et
considérant que la problématique du transport a accaparé
une importante somme d'énergie lors de la préparation de nos
schémas d'aménagement, la table de concertation a jugé
nécessaire d'intervenir dans le débat entourant le plan
d'action.
Notre présentation se divise en trois volets. Le premier fait
ressortir le potentiel socio-économique de notre région afin non
seulement de mettre en lumière son dynamisme propre et les besoins qui
en découlent, mais également pour bien cerner sa
complémentarité avec Montréal, sujet qui fait l'objet d'un
important débat depuis quelques semaines. Dans un second volet, nous
exposons la problématique du transport qui découle de ce
dynamisme régional. Finalement, nous accolerons cette
problématique au plan d'action.
À la lumière de certains mémoires qui ont
été présentés à cette tribune, il me semble
que le dépôt du plan d'action ravive un vieux débat que
nous croyions réglé, soit celui de la concurrence de
développement entre l'île de Montréal et les régions
périphériques.
La table de concertation est d'avis qu'il n'y a pas
Incompatibilité entre le développement de Montréal et
celui des régions, bien au contraire. Ainsi, avec le premier volet de
notre exposé, nous tenons à vous démontrer comment
l'île de Montréal tire profit d'une Montérégie forte
avec 1 107 900 personnes. C'est quasi la population de Montréal. Notre
région vient au second rang des régions
québécoises, soit immédiatement après
Montréal.
Certes, la Montérégie a profité du mouvement
naturel d'exode des Montréalais vers les banlieues, mouvement qui a
été commandé à la fois par la recherche d'un cadre
de vie agréable pour les jeunes familles et par les prix plus
accessibles des résidences unifamiliales convoitées par ces
mêmes familles. L'explosion démographi- que qu'a connue la rive
sud dans les axes 60 et 70 n'a toutefois pas entraîné une
désertion des logements situés sur l'île de
Montréal.
Loin de là car, durant cette période, le nombre de
ménages n'a cessé de croître sur le territoire de la
Communauté urbaine de Montréal. De plus, depuis quelques
années, la répartition de la croissance de population entre la
rive sud et l'île de Montréal a un caractère moins
différencié bien que le poids démographique de la rive sud
continue et continuera de s'accroître.
Sur le plan économique, la Montérégie se signale
non seulement avec plusieurs entreprises importantes dans le domaine
manufacturier, mais aussi avec l'industrie agro-alimentaire. Notre
région constitue, de plus, un lieu de prédilection pour
l'entrepreneurship et la PME. De 1981 à 1987, 18 % des nouvelles
entreprises québécoises se sont établies en
Montérégie, alors que l'on compte également 13 % des
corporations actives du Québec.
Trois facteurs nous incitent à penser que ce développement
économique s'accentuera dans l'avenir. Sur le plan organisationnel, le
dynamisme des intervenants économiques montérégiens et la
tenue du sommet économique en 1987 constituent les
éléments clés d'un avenir prometteur. Sur le plan
structurel, on enregistre, depuis quelques années, un déplacement
des emplois manufacturiers du centre vers la périphérie. Ce
mouvement se manifeste à Toronto, Vancouver, Boston, Los Angeles, et
Montréal ne fait pas exception. Par contre, si le redéploiement
industriel se fait naturellement du centre vers la périphérie,
l'essor industriel des régions contribue à dynamiser le secteur
tertiaire de la métropole. Il en résulte donc, sur le plan
structurel, une plus grande complémentarité entre la CUM et la
Montérégie.
Le troisième facteur de développement économique de
la Montérégie est géographique, donc intrinsèque
à notre région. En effet, la Montérégie se situe
à la porte des marchés de l'Ontario et du Nord-Est
américain qui, jumelés à Montréal, constituent les
trois principaux marchés des entreprises québécoises.
Chacune de ces destinations se situe à une courte distance de n'importe
quel point de la Montérégie.
De plus, l'Intensification des liens nord, à la suite du
libre-échange avec les États-Unis, fait de notre région un
site stratégique pour l'implantation de nouvelles entreprises. De ce
fait, le territoire de la CUM sera favorisé. En effet, selon
l'Interurbanisation, 20 % des achats des entreprises manufacturières
localisées en périphérie étaient effectués
auprès de firmes localisées sur l'île et le chiffre grimpe
à 60 % pour les grossistes et les détaillants. Ajoutons, enfin,
à ces chiffres que nos résidents sont des consommateurs qui,
selon l'OPDQ, ont dépensé 569 000 000 $ en dehors de leur
territoire pour l'achat de biens. Il est raisonnable de penser que la
majorité de ces achats a été effectuée sur le
territoire de la CUM. De plus, Montréal absorbe
une proportion appréciable des dépenses des
Montérégiens en termes de divertissements, de loisirs et de
restauration.
Si Montréal a besoin d'une Montérégie forte et
dynamique, puisqu'elle renferme les caractéristiques structurelles et
géographiques que Montréal ne peut offrir, par contre la
Montérégie doit son expansion à la proximité d'un
centre fort qui renferme un secteur tertiaire diversifié et bien
structuré. L'intégration entre Montréal et ses
régions adjacentes contribuera à rendre la région
métropolitaine plus dynamique et plus solide, la plaçant ainsi en
meilleure position pour faire face à nos véritables concurrents
que j'ai nommés tantôt.
Puisqu'une population en expansion implique une augmentation des
déplacements des personnes et puisqu'une économie en pleine
croissance entraîne une progression des mouvements des marchandises, nous
identifierons maintenant les besoins de la Montérégie en termes
de transport routier et de transport collectif.
Le transport routier constitue certes l'élément central de
la problématique globale de transport dans une région comme la
nôtre. Étant donné que la Montérégie est
appelée à connaître une croissance économique
soutenue dans les années à venir, les axes routiers reliant entre
elles les municipalités de notre territoire et ceux reliant notre
région à l'Ontario, au Nord-Est américain et à
Montréal, doivent satisfaire les besoins nouveaux. La situation
présente n'y répond que très imparfaitement.
D'une part, le réseau autoroutier ne dessert que partiellement le
territoire montérégien. Cette carence est particulièrement
flagrante dans le sud-ouest. L'appartenance de la MRC de Vau-dreuil-Soulanges
à la Montérégie devient plus symbolique que réelle
puisque aucun axe routier efficace ne la relie au reste de la région.
Les MRC de Beauharnois-Salaberry et du Haut-Saint-Laurent sont, de leur
côté, totalement enclavées. Même si elles se situent
à proximité de Montréal, de l'Ontario et des
États-Unis, aucune voie routière ne permet d'atteindre ces
destinations facilement et rapidement, pas plus que le reste de la
Montérégie d'ailleurs. L'effet du cul-de-sac géographique
se retrouve également au nord-est de la région. La MRC du
Bas-Richelieu doit en effet composer avec un réseau routier
interrégional qui considère cette région comme une fin en
soi, comme un bout de piste, et, le même problème accapare la
partie nord de la MRC de Lajemmerais. Le réseau routier régional
s'avère lui aussi déficient à certains égards.
Plusieurs liens intrarégionaux n'existent pas ou ne suffisent plus
à l'accroissement des échanges entre sous-régions. C'est
le cas, par exemple, de la MRC des Maskoutains, de La
Vallée-du-Richelieu et de La Haute-Yamaska.
D'autre part, les liens avec Montréal s'avèrent
particulièrement difficiles. La congestion sur les ponts de la rive sud
constitue un problème sérieux et chronique. L'indice d'utilisa-
tion de quatre des cinq points reliant la Monté-régie à
l'île de Montréal affiche un excès d'utilisation aux heures
de pointe du matin. Le pont Mercier, qui dessert le sud-ouest de la
région, présente une des pires fiches. Lors d'accidents ou de
pannes, les temps d'attente peuvent s'accroître significativement. Il va
sans dire que cette situation est déplorable.
Par ailleurs, le lien avec l'Ontario n'est possible qu'en passant par
l'île de Montréal. L'absence de liens directs est nuisible
à un double titre. D'un côté, le temps de parcours entre la
Montérégie et cet important marché s'allonge. D'un autre
côté, le trafic en direction de l'Ontario contribue à
congestionner la circulation vers Montréal. Plus de 40 % des achats et
des ventes des entreprises montérégiennes deviennent ainsi
l'otage d'un réseau routier incapable de suffire à la demande. La
congestion croissante sur les ponts de la rive sud et sur les autoroutes
Décarie et Métropolitaine pourrait sérieusement affecter
le dynamisme industriel de la Montérégie si rien n'est fait.
D'ailleurs, on peut raisonnablement supposer que l'emploi manufacturier aurait
connu une expansion plus importante ces dernières années en
l'absence de cette congestion.
Enfin, les voies vers les États-Unis sont plus faciles et plus
fluides que vers l'Ontario ou Montréal. Cet axe Montréal nord,
qui est appelé à prendre plus d'importance dans l'avenir, demeure
toutefois encore incomplet. Présentement, seules les autoroutes 55 dans
l'Estrie et 15 en Montérégie permettent de rejoindre le
réseau américain de voies rapides. L'autoroute 35, sise
également en Montérégie, est tronquée et ne
constitue pas un lien efficace entre le Québec et notre voisin du Sud.
Dans la mesure où notre commerce avec les États-Unis
s'accroît substantiellement, une hypothèse fort plausible, il
serait désirable d'élargir ce réseau. L'expansion
récente des MRC de Brome-Missisquoi, de La Haute-Yamaska et du
Haut-Richelieu laisse à penser qu'il s'agit d'investissements pouvant
s'avérer fort rentables. il semble donc évident que les pressions
qui s'exerceront sur le réseau routier montérégien au
cours des prochaines années exigent des ajustements aux infrastructures
actuelles. À moins de vouloir limiter la prospérité de la
région, de nouveaux investissements deviennent absolument
nécessaires.
Par ailleurs, l'importance du transport routier ne doit surtout pas
être un prétexte pour négliger le transport collectif. Ce
dernier mode de transport répond à des objectifs tout aussi
louables que le premier. Bien plus, l'amélioration du transport
collectif ne peut que contribuer à résoudre certains
problèmes du transport routier. Dans ce cas-ci, les tendances
démographiques et économiques appellent une poursuite de
l'évolution récente.
Comme la population de la rive sud continuera de progresser plus
rapidement que celle
de l'île au cours des quinze prochaines années, le
déplacement entre Montréal et la Montérégie ne
devra pas s'infléchir. Les pressions sur le transport en commun
s'accentueront puisque ce mode est privilégié lors des
déplacements pour fins de travail dans le centre-ville. De plus, si les
échanges entre sous-régions montérégiennes
augmentent sous t'influence d'une croissance économique plus forte et
plus intégrée, iI faudra s'attendre à harmoniser davantage
les réseaux régionaux de transport collectif. La situation
actuelle n'est pas optimale. Si les liens
Montérégie-Montréal sont assez bien structurés, des
problèmes de surutilisation aux heures de pointe apparaissent. De plus,
un corridor important, la voie réservée aux autobus du pont
Champlain, pour le nommer, souffre d'un problème de fiabilité.
(15 h 30)
Enfin, les besoins de la deuxième couronne et de
l'extrémité sud-ouest sont moins bien satisfaits. Le manque
d'intégration et de coordination des réseaux nuit aux services de
cette clientèle éloignée. Plusieurs de ces facteurs
encouragent les personnes à utiliser leur voiture, ce qui augmente la
congestion sur les ponts.
Par ailleurs, pour s'attaquer efficacement au problème du
transport collectif, il Importe de bien identifier les variables
déterminantes pour les usagers. Ces variables divergent selon que l'on
s'attarde au comportement en période de pointe ou hors pointe. Dans le
premier cas, les études démontrent que le prix influence peu la
demande de transport collectif. Une diminution des tarifs encourage peu
d'usagers à changer de mode de transport alors qu'une hausse des tarifs
n'entraîne pas une baisse significative de l'achalandage. Par contre, les
usagers sont extrêmement sensibles au temps de déplacement et
à la fiabilité du service. Le temps de déplacement
comporte à la fois le temps nécessaire pour se rendre au lieu
d'embarquement, le temps d'attente, le temps de parcours et le temps de
transbordement s'il y a lieu. Plus cette période sera longue, moins les
usagers favoriseront le transport collectif. Ces derniers seront prêts
à payer davantage s'il le faut, mais seulement à la condition que
ce mode de transport soit rapide et régulier. La popularité
grandissante des modes de transport rapide avec point de rabattement pour les
voitures particulières constitue une manifestation concrète de ce
comportement. Par contre, en dehors des périodes de pointe, les usagers
sont généralement plus sensibles au prix. C'est évidemment
cette logique qui sert de base à la tarification
différenciée, selon l'heure de la journée, que l'on
observe dans plusieurs grandes agglomérations urbaines.
Quant au transport collectif, des améliorations s'avèrent
donc nécessaires puisque le réseau de transport en commun
répond à un besoin manifeste et que son potentiel d'achalandage
doit être accru.
En ce qui concerne la Montérégie, le plan d'action apporte
des améliorations au réseau routier en facilitant les
déplacements intrarégio-naux et interrégionaux. D'autre
part, il bonifie le transport collectif par des projets qui cherchent surtout
à réduire les temps de déplacement. Donc, globalement,
nous nous exprimons favorablement aux Initiatives proposées. Toutefois,
nous tenons à vous soumettre certains commentaires afin de bonifier les
projets proposés ou encore afin que certaines modifications soient
apportées afin d'accroître les retombées positives du plan
d'action.
Sur le plan du transport routier, le parachèvement de Sa route 30
constitue certes une initiative attendue depuis fort longtemps et qui a
d'ailleurs fait l'objet d'un consensus ferme dans la région au sommet
économique. À ce titre, si vous me le permettez, je laisserai le
soin au préfet de la MRC de Beauharnois-Salaberry, M. Gilles Demers, de
préciser davantage notre point de vue. M. Demers.
M. Demers (Gilles): Merci, M. Charbonneau. M. le
Président, M. le ministre, Mmes et MM. les députés, je ne
voudrais par reprendre ici le contenu de notre mémoire et de ceux
originant de la Montérégie qui énoncent les motifs
militant en faveur de l'autoroute 30, mais j'aimerais insister sur trois points
qui me semblent importants à ce stade-ci.
L'autoroute 30 est un axe économique pour la
Montérégie, région de 1 100 000 habitants, soit environ
les deux tiers de l'île de Montréal, et particulièrement
pour le sud-ouest qui regroupe environ 200 000 personnes, soit environ les deux
tiers de Laval.
Essentiellement, l'autoroute 30 est, pour nous, une route moderne pour
le transport des marchandises, pour nos entreprises et, bien sûr,
éventuellement, pour de nouvelles entreprises. Ainsi, l'autoroute 30
n'est pas, pour nous, une autoroute de contournement, mais notre infrastructure
de transport structurante. Tant mieux si elle allège le réseau
métropolitain, spécialement l'autoroute Métropolitaine et
les ponts Lafontaine, Jacques-Cartier et Champlain.
Deuxièmement, quelques intervenants ont craint que la 30
intensifierait l'étalement urbain. Nous reconnaissons que, durant les
années cinquante à soixante-dix, les Montréalais ont
déserté leur He pour venir chez nous. Mais aujourd'hui, il
faudrait réagir avec les réalités actuelles. Il y a le
zonage agricole et les schémas d'aménagement qui, ne l'oublions
pas, ont été élaborés par les MRC en consultation
obligatoire avec la population et avec le gouvernement. D'ici à deux
ans, chacune des municipalités aura un plan d'urbanisme et un
règlement de zonage, et vous n'êtes pas sans savoir que tous ces
Instruments d'urbanisme et d'aménagement doivent être conformes
entre eux et qu'ils doivent particulièrement respecter le zonage
agricole. Ainsi, imaginez le propriétaire d'un terrain en zone agricole
qui devra obtenir
l'autorisation de la CPTAQ, faire changer le règlement de zonage,
le plan d'urbanisme et le schéma d'aménagement, avec les
consultations que cela implique avec l'UPA, la population et le gouvernement.
Il faut le faire! Cela ne peut certes pas être la situation des
années cinquante que certains craignent, où l'on faisait ce que
l'on voulait, où on le voulait et quand on le voulait.
Cette situation de gérance de l'aménagement du territoire
pour le monde municipal et la CPTAQ m'amène à appuyer la demande
d'un plan de transport pour la Montérégie et à inciter le
ministre des Transports à associer très étroitement la
Table de concertation des préfets de la Montérégie, donc
les MRC, à l'élaboration de ce plan, car ce sont elles les
responsables de l'aménagement du territoire et les transports en sont
une des composantes.
Enfin, je ne veux pas occuper le présent temps pour parler des
problèmes du sud-ouest car j'aurai l'occasion de revenir sur ces sujets
le 8 février prochain. À ce propos, j'aimerais vous remercier, M.
le ministre, d'avoir accepté de recevoir la MRC de
Beauharnois-Salaberry.
M. Charbonneau (Honorius): Je continue. La Table de concertation
des préfets de la Montérégie désire souligner que
d'autres axes régionaux pourront faire l'objet d'améliorations.
Ces projets n'ont pas été intégrés au plan de
transport et, sans vouloir s'y attarder trop longuement, nous croyons
nécessaire de les mentionner.
Afin d'étendre les liens routiers avec les États-Unis, il
s'avère nécessaire de prolonger le plus tôt possible
l'autoroute 35 jusqu'à interstate 89. Cette nouvelle voie vers le
Nord-Est des États-Unis et en particulier vers la Nouvelle-Angleterre ne
peut qu'être bénéfique aux intéressés, aux
entreprises localisées dans la grande région de Montréal.
Par le parachèvement de l'autoroute 35, on accède en effet plus
directement et plus rapidement à un vaste marché, un
marché au potentiel élevé, car très similaire au
nôtre sur plusieurs points: goûts, attitudes, revenus. Ce nouveau
lien permettra également d'attirer plus de touristes américains
et plus d'investissements américains tout en augmentant sensiblement la
sécurité de cette voie routière.
La route 133, qui est le prolongement actuel de la route 35, constitue
un chaînon très efficace entre les réseaux routiers
québécois et américains tout en étant très
dangereux. Le projet de prolongement de la 35 vise à remédier
à ces lacunes. Les plans sont prêts, les expropriations faites, le
ministre se doit maintenant d'enclencher la phase finale, soit les travaux de
construction.
De même, pour réduire l'effet de cul-de-sac
géographique de la MRC du Bas-Richelieu et d'une partie de la MRC de
Lajemmerais, il s'avère nécessaire de prolonger l'autoroute 30
vers Bécancour. Le réseau routier interrégional de
Sorel-Tracy est actuellement quasi unidirec- tionnel. Les liens existants sont
surtout orientés vers le sud. Or, les pôles dynamiques se
développent au nord et à l'est de Sorel-Tracy. Il devient
important que le réseau routier reflète cette
réalité. Les entreprises de ces sous-régions pourront
alors établir davantage de liens entre elles, ce qui favorisera la
création d'un couloir fortement industrialisé.
Les trois autres projets cherchent à mieux relier certaines
sous-régions de la Montérégie entre elles. D'une part, la
route 112 reliant Chambly à Saint-Hubert devra être élargie
afin de suffire à la demande de déplacements qui se manifeste sur
cet axe. L'accès à la ville de Saint-Bruno doit aussi être
bonifié. La construction d'un échangeur reliant la route 116
à la voie seigneuriale contribuerait à faciliter les mouvements
sur cette route régionale tout en profitant à la
municipalité de Saint-Bruno. Enfin, les liaisons entre les MRC des
Maskoutains et de La Haute-Yamaska devront faire l'objet
d'améliorations. Deux pôles urbains dynamiques sont établis
sur le territoire de ces MRC, mais l'absence de liens efficaces nuit à
la création d'une synergie entre les deux. Une plus grande
intégration routière entre Saint-Hyacinthe et Granby - je
voudrais dire que je crois que nous en avions discuté lors du sommet
économique - nous semble désirable si on veut accroître des
échanges entre ces deux satellites. Une nouvelle conception de la 139
créerait un lien direct avec l'autoroute 20. Cette bonification pourrait
aider à relier davantage ces deux pôles aux infrastructures
portuaires disponibles dans la sous-région Contrecoeur-Sorel tout en
reliant deux voies majeures, l'autoroute 10 à l'autoroute 20, par
l'intermédiaire du corridor des routes 137 et 139.
En ce qui concerne le transport collectif, la plupart des projets
figurant au plan d'action respectent nos attentes face à un service que
nous voulons à la fois efficace et fiable. Toutefois, des ajustements ou
modifications nous semblent indiqués afin de maximiser les
retombées du transport collectif de la Montérégie. Ainsi,
des projets gagneraient à être modifiés alors que certaines
options devraient être analysées plus à fond.
En retenant ie projet de l'estacade, le ministre reconnaît ie
principe d'accorder une voie prioritaire au transport en commun tout en
diminuant les problèmes de sécurité, de fiabilité,
de non-permanence et d'exclusivité qui affectent la situation actuelle.
La Table de concertation des préfets de la Montérégie
reconnaît que l'utilisation de l'estacade aura pour effet
d'améliorer une infrastructure clé pour les transports collectifs
des MRC sises dans l'axe du pont Champlain.
Certaines assurances sont toutefois nécessaires pour que les
résidents des autres MRC en tirent également un avantage.
Pour que cette voie d'accès à l'île soit attrayante, il
faut absolument que le temps de transport ne se
prolonge pas de façon indue. À cette fin, nous appuyons
totalement la démarche du ministre qui ouvre l'estacade aux conseils
intermunicipaux de transport, les CIT qui couvrent les besoins des
résidents de la deuxième couronne. Toutefois, à court
terme, la voie réservée du pont Champlain se doit, elle aussi,
d'être accessible à tous les CIT de la rive sud et, quel que soit
le transporteur, que ces derniers puissent choisir. Par contre, il devient du
même coup évident que le projet de l'estacade ne peut être
dissocié de l'aménagement d'un terminus au centre-ville. Rien ne
sert de donner un droit de passage aux CIT sur l'estacade si on ne s'assure pas
en parallèle d'un point de chute sur l'île de Montréal. Le
ministre semble avoir reconnu cette réalité; il reste maintenant
à voir comment cette exigence se traduira dans les faits. Les
difficultés qu'affrontent les CIT actuellement dans le choix de leur
quai de débarquement nous poussent à la grande prudence.
Le ministère pourrait également accroître
significativement le recours à l'estacade par les CIT du sud-ouest s'il
capitalisait sur le potentiel qu'offre la digue de la voie maritime. Par
exemple, l'écluse de Côte-Sainte-Catherine pourrait être
utilisée par les autobus du secteur
Sainte-Catherine-Saint-Constant-Delson, afin de relier ce secteur à
l'île de Montréal via la digue et l'estacade. Ce lien
réduirait les temps de déplacement et donc l'attrait du mode de
transport collectif.
Par ailleurs, le pont Honoré-Mercier est parmi les plus
congestionnés de la région de Montréal. Or, cet
accès à l'île constitue un point névralgique pour
les résidents du sud-ouest de la Montérégie.
L'allégement de la circulation automobile devient nécessaire et
passe en bonne partie par un meilleur service de transport collectif. Le plan
de transport entend remédier à ce problème de deux
façons: en permettant des voies réservées aux approches du
pont en développant un nouveau service de train de banlieue. La table de
concertation des préfets appuie le premier projet sans
réserve.
Dans le cas du second, bien des questions semblent encore en suspens
quant à ses aspects opérationnels. En ce qui concerne
l'accès sud du pont, il s'avère nécessaire de prolonger la
voie préférentielle au-delà de ce qui est envisagé
au plan d'action. En effet, l'allongement de la voie
préférentielle jusqu'au boulevard Saint-Francis, à
Châteauguay, rendra le transport collectif encore plus attrayant pour les
usagers du secteur.
Quant à la question du train de banlieue, bien que l'aspect
technique soit bien étoffé, des considérations
d'achalandage et de financement n'ont pas reçu la priorité
nécessaire pour que l'on puisse se prononcer sur le sujet.
L'axe des ponts Victoria et Jacques-Cartier fut, avec le pont-tunnel,
parmi les grands négligés du plan d'action. Le ministère a
bien confirmé les réaménagements de la station Longueull,
une initiative fort louable en soi et que l'on salue chaleureusement. Ce
terminus constitue un chaînon crucial du transport collectif en
Montérégie et représente, par le fait même, un
élément intégral de la planification de ce mode.
L'accessibilité à ce point de chute et les commodités
existantes commençaient à faire sérieusement
défaut. Toutefois, ce terminus, comme celui du centre-ville d'ailleurs,
doit âtre identifié comme un terminus régional et non comme
l'apanage de la STRSM.
Le plan d'action a aussi presque sonné le glas d'une liaison
ferroviaire dans l'axe du pont Victoria. La table de concertation des
préfets reconnaît que la desserte assurée par le train de
Saint-Hilaire posait de gros problèmes, particulièrement
d'achalandage et de financement. En revanche, il semble également
évident que le projet n'a jamais été véritablement
testé à son plein potentiel. Les craintes formulées dans
le cas du train de Châteauguay sont d'ailleurs fondées sur
l'expérience vécue dans le cadre du lien ferroviaire avec
Saint-Hilaire. D'une part, le service a toujours été très
limité. À la fin, il n'était que d'un train par
période de pointe. Il est difficile d'avoir un horaire plus rigide.
D'autre part, le train n'a jamais été intégré au
reste du transport collectif de la gare du train, sans parler du fait qu'il n'y
avait évidemment aucune intégration tarifaire. Avec une telle
structure désincarnée, il devenait pratiquement assuré que
l'expérience était vouée à l'échec. (15 h
45)
Avant de recommander l'abandon de cette liaison, le ministre des
Transports a décidé de mener une étude
complémentaire sur la viabilité de ce mode de transport et nous
vous en remercions. La Table de concertation des préfets de la
Montérégie croit que cette étude doit se faire selon trois
principes: En premier lieu, examiner la desserte, tronçon par
tronçon; en deuxième lieu, supposer un service plus
régulier; en troisième lieu, estimer l'impact du
développement des points de rabattement. De cette façon, on
pourrait arriver à la conclusion qu'une liaison Saint-Bruno,
centre-ville ou Saint-Lambert, centre-ville constitue une hypothèse
viable si des autobus se rabattent à la gare et que le service est
régulier durant les périodes de pointe. Faut-il rappeler, en
terminant, que le transport ferroviaire est le mode de transport en commun qui
répond le plus adéquatement au temps de déplacement et
à la fiabilité du service, deux variables clé, si on veut
encourager les gens à utiliser le transport collectif.
En conclusion, la Table de concertation des préfets de la
Montérégie salue positivement le plan d'action
déposé par le ministre des Transports sur le développement
des infrastructures de transport dans la région de Montréal. Les
projets y figurant répondent ainsi à plusieurs des besoins
pressants de la région. L'évolution démographique et
économique récente n'a pas manqué d'affecter
sérieusement la fluidité des déplacements en
Montérégie et les tendances qui se dessinent
pour les prochaines années ne peuvent qu'exacerber ces
problèmes de circulation. La nécessité d'intervenir
devenait de plus en plus urgente. Le ministre l'a reconnu en proposant un
certain nombre de solutions aux difficultés encourues par les
résidents et les entreprises de la Montéré-gie.
Notre évaluation générale du plan de transport est
donc favorable. Certains ajustements s'avèrent toutefois
nécessaires si l'on veut maximiser les retombées positives des
projets présentés. La position de la Table de concertation des
préfets de la Montérégie peut être
résumée comme suit: Un appui sans équivoque à la
décision de prolonger l'autoroute 30 jusqu'à l'autouroute 20,
mais avec l'obligation d'en raccourcir les échéances, fin des
travaux en 1993 ou 1994, plutôt que 1998 ou 1999, de prévoir des
voies collectrices desservant les sous-régions limitrophes et de
consulter les intervenants locaux pour la localisation des voies
d'accès; un appui ferme au maintien d'une voie privilégiée
au transport collectif par le développement de l'estacade, mais en
continuant de favoriser son utilisation par les CIT et en ne dissociant pas
cette utilisation de la possibilité d'établir des points de chute
stratégiques sur l'île; un appui mitigé au nouveau train de
banlieue de Châteauguay, mais en exigeant plus de renseignements sur les
aspects opérationnels du projet: Achalandage prévu, structure de
financement, localisation des points de rabattement, éléments
incitatifs et le reste; un désaccord sur l'évaluation que l'on
fait de l'actuel train de banlieue vers Saint-Hilaire, en raison de la
futilité de l'expérience qui sert de base à cette
évaluation mais un appui soutenu à la nécessité
d'études complémentaires sérieures.
La Table de concertation des préfets de la
Montérégie tient à souligner également que le plan
de transport ne répond qu'à une partie des besoins
régionaux et renouvelle son souhait qu'un exercice similaire soit fait
pour chacune des régions québécoises, en particulier pour
la Montérégie. À cette fin, nous avons cru utile de porter
à votre attention cinq projets régionaux prioritaires. Ces
projets permettraient d'accroître la fluidité des
déplacements entre nos MRC, de même qu'entre la
Montérégie et ses régions limitrophes. Ces cinq projets
sont respectivement:
Le prolongement de l'autoroute 35 jusqu'à interstate 89; le
prolongement de la route 30 vers Bécan-cour; le
réaménagement des routes 137 et 139 pour mieux relier à la
fois Contrecoeur, Saint-Hyacinthe et Granby, de même que, les autoroutes
10 et 20; l'élargissement de la route 112 entre Saint-Hubert et Chambly;
la construction d'un échangeur sur la route 116 à la hauteur de
Saint-Bruno.
Le transport, M. le Président, constitue une priorité en
Montérégie et seule une approche régionale complète
réussira à résoudre l'ensemble de la problématique.
S! le ministre entend continuer à travailler en ce sens, il peut
être assuré de la collaboration de la Table de concertation des
préfets de la Montérégie.
M. le ministre, je voudrais peut-être ajouter ceci, très
rapidement. Ce qui nous a manqué dans le passé entre ce que
j'appellerais les trois grands - l'île de Montréal, la rive sud et
la rive nord - c'est que nous n'avons jamais pensé à nous
concerter. Nous avons toujours pensé à nous critiquer, à
nous tirailler de chaque côté du fleuve. Je pense que nous avons
réussi à obtenir ce que nous avons voulu obtenir. J'espère
que ce que j'appellerais ce nouveau départ réussira à
amener une concertation qui nous permettra de nous comprendre et de donner, au
bout de la ligne, ce que j'appelle des services non pas comme si on habitait
Montréal, mais des services qui pourront permettre à nos gens,
comme le disait si bien le député de Lévis tantôt,
qui amèneront une qualité de vie que nos gens ont le droit
d'avoir comme ceux de tout le reste de la province. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M.
Charbonneau. Alors, il reste maintenant treize minutes à chacune des
formations politiques. Je vais maintenant reconnaître M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
dois donc partager mon temps avec le député de Beauharnois qui a
des questions à poser. Je veux d'abord vous remercier pour la
présentation. Elle dépasse très largement le plan de
transport, puisque l'occasion est bonne d'en demander davantage, en particulier
sur le réseau routier. Il faut considérer, à tout le
moins, que la région de la Montérégie est une
région très vaste sur le plan géographique, et aussi,
au-delà de 1 100 000 personnes, je pense que cela nécessite une
plus grande compréhension et une plus grande ouverture d'esprit.
Je vous poserai la question suivante puisque, à la page 28, dans
les recommandations vous dites: Nous devons avoir, obligatoirement, des points
de chute ou accès à des gares sur le territoire de l'île de
Montréal en termes de desserte. Cela paraît indispensable. Lors de
votre présentation, vous avez effectivement évoqué le fait
que le terminus centre-ville qui serait le point de chute de l'estacade puisse
être ouvert aux CIT et à la STRSM. Là dessus, je pense
qu'il n'y a pas de problème. De la même manière que notre
purification prévoit que le terminus du centre-ville de Longueuil aurait
la même vocation. Donc, davantage une vocation régionale où
il y aurait une accessibilité, mais il faudra y aller. Ce n'est pas tout
de mettre des clés mais il va falloir que cette tendance se prenne pour
y aller. Compte tenu du fait que ce matin, on a
discuté beaucoup avec la ville de Longueuil et la STRSM aussi la
possibilité que Brassard devienne un point Important dans cette
dispensation des services de transport collectif. Donc, c'est le début
de l'estacade finalement de la voie réservée ou
éventuellement d'un train léger moins coûteux qui
remplacerait le métro et qui pourrait peut-être offrir les
mêmes services. Est-ce que vous croyez qu'il est possible de penser qu'on
puisse créer une gare intermodale à laquelle pourrait se rabattre
un certain nombre de services ou de transport en commun par autobus et, de
là, prendre un métro léger qui irait, lui, jusqu'au
centre-ville dans les points de chute habituels, là où il y a de
l'emploi et où les gens ont affaire?
M. Charbonneau (Honorius): M. le ministre, je pense bien que tout
ce que vous nous suggérez me paraît bon pour autant que nous
allons pouvoir, nous, les CIT, qui sommes assez éloignées des
grandes commissions de transport, y participer d'une façon convenable.
Je dis oui. Naturellement, il y a peut-être certaines petites
restrictions, mais vous avez mentionné le train. Je sais que vous faites
une étude actuellement sur la possibilité de réincarner,
je dirais, le train de banlieue de Saint-Hilaire. Quand je nomme le train de
banlieue de Saint-Hilaire, vous comprendrez que le dernier mot me touche un
peu, mais tout de même, je ne critique pas ce qui a été
fait. L'avenir de ce train qui débute par une gare intermodale, soit
à Saint-Bruno, à Saint-Lambert ou à Brossard, je pense que
ce serait beaucoup plus rapide de traverser le pont soit par train, soit par
autobus, mais il faut faire quelque chose. Je voudrais qu'il soit bien clair
que nous, les CIT, qui sommes en dehors des grandes commissions de transport
puissions participer ou, au moins, avoir le droit d'utiliser ces services d'une
façon convenable sans être obligées de nous agenouiller
devant qui que ce soit.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense qu'il y a une
évolution assez importante de ce côté, il faut l'admettre,
sur le plan de la perception du ministère et de la part de la
Société de transport de la rive sud de Montréal. Ce que
j'ai compris du message très clair que nous ont livré les gens de
la Montérégie depuis le début de la semaine, c'est qu'ils
souhaitent avoir un plan de transport pour l'ensemble de la
Montérégie. Vous ne faites pas exception à ce message.
Cela m'apparaît très clair.
Dans la mesure où la Montérégie souhaite avoir un
plan de transport pour sa région, en parfaite harmonie avec le plan de
transport de la grande région de Montréal, il va de soi que si on
travaille aujourd'hui pour faire l'arrimage de l'île de Montréal
et de ses banlieues nord et sud, nécessairement, sur le plan de la
logique, il va en découler que les CIT de la deuxième couronne
puissent faire cet arrimage au profit de l'une et de l'autre. Si on fait la
démonstration aujourd'hui que la couronne Immédiatement sud de
Montréal et Montréal pourraient tirer profit de cet arrimage, on
peut en conclure que à la fois la STRSM et les CIT pourraient tirer
avantage d'un arrimage de la première et de la deuxième
couronnes...
M. Charbonneau (Honorius): Eh bien!
M. Côté (Charlesbourg):... pour autant que tout le
monde se met à table et fait finalement les compromis qui s'imposent. En
ce sens, nous voulons effectivement... On n'a pas rencontré de
résistance des autorités organisatrices des transports. C'est
davantage d'avoir le forum. Avec l'ouverture d'esprit que tout le monde a
manifestée depuis le début, je pense qu'on va en arriver à
quelque chose d'intéressant.
Ce que je retiens de votre intervention - dites-moi si je suis dans
l'erreur - c'est qu'il n'y a ni une fermeture totale ni une ouverture totale
à ce principe d'une gare intermodale. J'ai peut-être compris que
si c'était bon dans la partie ouest de la région
montérégienne, c'était peut-être bon aussi un petit
peu plus à l'est.
M. Charbonneau (Honorius): C'est certain que je ne vous dis pas
que ce n'est pas bon. Mais vous comprendrez, M. le ministre, que j'ai toujours
sur le coeur le train de banlieue. Quoique je l'aie sur le coeur et je sais...
Je connais votre réponse. Je ne retire pas mes responsabilités
dans la fermeture du train, je veux que ce soit clair. Mais vous comprendrez
que nous allons attendre. Vous faites faire une étude, je vous en
remercie.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Charbonneau (Honorius): Vous allez attendre les
résultats de l'étude et, après, on ne sera plus en
mesure...
M. Côté (Charlesbourg): M. Charbonneau, concernant
le train de Saint-Hilaire, on fait l'étude. On s'est entendus
là-dessus.
M. Charbonneau (Honorius): Ah oui.
M. Côté (Charlesbourg): On va attendre les
résultats de l'étude. Mais le train de banlieue de Saint-Hilaire
ne dessert pas toute ta région de la Montérégie.
M. Charbonneau (Honorius): Non.
M. Côté (Charlesbourg): II dessert une partie de la
région de la Montérégie.
M. Charbonneau (Honorius): C'est exact.
M. Côté (Charlesbourg): Mais ce que je
comprends de la table des préfets, c'est tout l'ensemble de la
Montérégie. En ce sens, Je me dis: Est-ce que, dans d'autres
parties de la Montérégie, il y aurait un niveau d'acceptation,
selon vos connaissances, assez important pour qu'on puisse envisager de faire
des points de chute extrêmement importants sur la rive sud pour ceux qui
pourraient emprunter un transport en commun un peu plus lourd pour donner
accès au centre-ville, décongestionner les ponts et vraiment
arrêter de parler de transport collectif mais se donner les moyens d'en
faire?
M. Charbonneau (Honorius): Je pense qu'il est possible de
regarder un temps de parcours allongé avec Brossard. Je pense que c'est
très possible.
M. Côté (Charlesbourg): Comme on n'a pas beaucoup de
temps, je voudrais quand même laisser mon ami Marcil vous poser les
questions qu'il a à vous poser. Je sais que l'autoroute 30 est une
préoccupation de tout le monde. Je n'ai pas besoin de vous donner mes
couleurs. Cela fait longtemps que vous les avez eues.
M. Charbonneau (Honorius): Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vais maintenant
reconnaître M. le député de Beauhar-nois.
M. Marcil: Merci, M. le Président. J'écoutais
justement avant le dîner le député de Lévis parler
de la qualité de vie dans la Montérégie. Il soulevait
toujours le problème: Comment se fait-il que vous prenez le trafic lourd
du boulevard Métropolitain et que vous voulez l'emmener chez vous? Vous
voulez polluer un peu le milieu. Il y a une perception du milieu qui manque
peut-être au député de Lévis. Le maire de
Château-guay a essayé tantôt d'élaborer un peu.
J'aimerais vous dire que le problème du boulevard
Métropolitain, en termes de trafic lourd venant de l'est à
l'ouest ou de l'ouest à l'est, pose un problème pour la rive sud
au niveau de la route 132. Beaucoup de camionnage, au lieu d'emprunter
l'autoroute 20 jusqu'au boulevard Métropolitain à cause du
trafic, dévie déjà vers Côteau-du-Lac, Valleyfield
sur la route 132. Lorsqu'on dévie sur la route 132, vous passez sur le
boulevard Mgr-Langlois, à Valleyfield. Vous entrez sur la route 132
à Saint-Timothée qui devient une route de plus en plus urbaine.
Il y a des écoles, des HLM de construits autour. Vous entrez ensuite en
plein centre-ville de Beauharnois, dans celui de Maple Grove, dans celui de
Châteauguay, et j'en passe. Ensuite vous faites Delson, etc., à
part le trafic lourd émanant des échanges commerciaux entre le
sud-ouest et l'est ou l'ouest du Québec. Donc, c'est un problème
majeur. Il est certain que l'autoroute 30 ne passera pas dans la cour des gens.
Je ne le pense pas. Comme le boulevard Métro- politain,
présentement, pose le problème de passer devant la fenêtre
de bien des locataires, des résidents... (16 heures)
Une voix: Des curés.
M. Marcil:... et des curés, en plus. Donc, cela pose
réellement un problème de circulation. Et, en plus de
désengorger le boulevard Métropolitain, ça va
régler la problème de la rive sud. Je voudrais poser une question
au préfet de la MRC de Beauharnois-Salaberry. Lorsque vous avez
déposé votre schéma d'aménagement de territoire,
vous y avez inclus le corridor de la 30, c'est-à-dire de
Châteauguay, du moins la partie qui touche votre MRC, de Maple Grove
jusqu'à la 20, le corridor allant sur la rive sud du canal de
Beauharnois. Naturellement, vous avez procédé à des
consultations dans les municipalités. L'UPA régionale a
sûrement participé. Est-ce qu'elle s'est prononcée contre
ce corridor?
M. Demers: Tout au cours de l'élaboration de notre
schéma d'aménagement, à différentes étapes,
nous avons consulté l'UPA et jamais l'UPA ne s'est opposée au
corridor proposé par la MRC. Même plus, nous avons tenu sept
soirées d'information dans différentes municipalités.
À chacune de ces soirées d'information, l'UPA s'est
présentée avec un mémoire. Encore là, en aucun cas
on n'a amené des choses contre notre projet, contre le corridor
proposé par la MRC Beauharnois-Salaberry.
M. Marcil: C'est important. Hier, j'écoutais le
président de l'UPA. Il disait que l'UPA avait donné son accord au
tronçon jusqu'à Châteauguay. Mais sur la partie de
Châteauguay jusqu'à Côteau-du-Lac, elle n'avait jamais
été consultée, elle n'avait jamais participé
à une consultation là-dessus. Vous me dites que les gens de l'UPA
régionale, du moins...
M. Demers:... les gens de l'UPA ne se sont jamais
opposés.
M. Marcil:... ont participé à toutes les rencontres
et ne se sont jamais opposés comme tel. Ce matin, le ministre avait
proposé à la SMD la possibilité pour cet organisme - c'est
un organisme de concertation pour la Montérégie qui
été créé par le biais du sommet de la
Montérégie - de rencontrer les gens de l'UPA régionale,
d'essayer d'établir des lignes de communication concernant ce fameux
tracé. Mais vous, comme préfets de cette MRC qui touche quand
même une bonne partie du tracé restant à réaliser,
seriez-vous intéressés à entreprendre ces démarches
auprès des agriculteurs?
M. Demers: On serait sûrement très
intéressés. Il s'agirait de planifier quelque chose et on serait
peut-être en mesure, lors de notre prochaine rencontre du 8
février, de vous faire une
proposition concrète à cet effet. M. Marcil: Merci,
monsieur.
Le Président (M. Saint-Roch): II reste à peu
près 30 secondes, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Juste le temps de poser une
question. Est-ce que dans cette reconnaissance du tracé... C'est le
tracé de 1986. Dans ce cas, est-ce que l'UPA régionale avait
reconnu le tracé de 1986 dans le contournement de Châteauguay?
M. Demers: Non. Le tracé de 1986, c'est
Châteauguay. Le nouveau tracé qu'on avait dans notre
schéma d'aménagement, c'est de l'autre côté de
Châteauguay.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie. Je vais
maintenant reconnaître M. le député de Lévis.
M. Garon: Merci, M. le Président. Je devrais dire que le
député de Beauharnois aurait dû écouter davantage ce
que je disais, puisque je n'ai spécifié aucunement le camionnage
qui allait vers la Montérégie. Je parlais uniquement des 7800
véhicules de camionnage qui partent de la frontière de l'Ontario
ou des États-Unis, qui passent par le boulevard Métropolitain et
qui n'arrêtent pas du tout dans la région de Montréal. Ils
vont soit vers les Maritimes, soit vers Québec, soit vers la 20 ou la 40
pour aller vers d'autres régions du Québec, mais ils n'ont pas
affaire du tout... Selon les enquêtes, il y en a 7800, ce qui
équivaut peut-être à 20 000 petits camions. Il y a des
trains routiers, etc. À mon avis, il n'y a aucun intérêt,
en termes de qualité de vie, à faire transiter dans une
région des camions qui n'y ont pas affaire. C'est tout simplement
à ça que je me référais. Je ne me
référais pas aux camions qui ont affaire là, qui en
partent ou qui y vont. Ce serait imbécile de penser, même
d'imaginer ne pas laisser aller ceux qui y vont ou qui en partent. Je pensais
uniquement à du transit dont on a parlé. On a parlé de
7800 véhicules à moteur et, là-dedans, on parlait de
trains routiers, de véhicules semblables. Je me dis: En quoi cela
améliore-t-il la qualité de vie? Le député a l'air
de dire qu'ils vont passer dans le bois quand ils vont passer là. Mais
j'ai l'impression que c'est pas mal plus habité le long de la 30 que
vis-à-vis d'autres routes qui sont plus au nord. Et pour aller prendre
la 40, on sait que la 40, entre Montréal et Québec par exemple,
pour ceux qui vont dans les Maritimes, et entre la 20, entre Montréal et
Québec, II y a beaucoup moins de monde, beaucoup moins de viles ou de
territoires habités sur la 40. C'était de ça dont je
pariais tout simplement, en termes d'orientation du trafic, pour ne pas nuire
au trafic qui a affaire là uniquement.
Mais ma question première est essentielle- ment posée...
Dans les trois premières lignes de votre mémoire, vous dites,
à la page 2, après l'introduction: "Lors du dépôt du
plan de transport du ministre Marc-Yvan Côté en août
dernier, un vieux réflexe a refait surface sur la scène politique
du grand Montréal. Un réflexe qu'on espérait éteint
ces dernières années: celui de l'opposition entre l'île de
Montréal et ses régions immédiates. À une
époque pas si lointaine, ce genre de lutte était malheureusement
chose courante. Les Interventions de l'État québécois en
matière de planification régionale étaient souvent
perçues comme étant contre Montréal, etc. " Selon ce que
vous dites: "Depuis dix ans, on a finalement reconnu qu'il n'existe pas
nécessairement d'incompatibilité entre le développement de
Montréal et celui des autres régions québécoises. "
Vous semblez dire dans votre mémoire que pendant une période de
temps pas si lointaine, cet affrontement permanent entre les banlieues et
Montréal a été interrompu et maintenant, récemment,
il semble vouloir reprendre. J'aimerais savoir ce qui amène ce
changement d'attitude. Pourquoi, selon vous, cet affrontement a-t-il
cessé et pourquoi semble-t-il reprendre maintenant?
M. Charbonneau (Honorius): Je pense bien que ce n'est pas une
cachette. La population de Montréal et des environs - je ne dis pas
juste de Montréal - depuis les dix dernières années a
émigré énormément sur la rive sud, sur la rive nord
et ailleurs autour de l'île de Montréal. C'est bien sûr. Par
contre, est-ce qu'on pourra arrêter cette hémorragie, je dirais,
de gens qui sortiront de Montréal, qui viendront chez nous? Je dis non,
mais je peux me tromper. Mais jusqu'à maintenant, rien ne nous prouve
que je n'ai pas raison. Il y a régulièrement un nombre
considérable de gens qui s'en viennent sur la rive sud ou qui s'en vont
sur la rive nord, 50 milles autour de Montréal.
Par contre, nous avons fait des schémas de développement.
Et ce qui me rassure, c'est ça, M. Garon. Nous avons fait la loi 125.
Vous l'avez connue. C'est vous qui l'aviez mise en place, aussi bien que la loi
90. Et nous avons cette sécurité d'avoir préparé,
dans chaque MRC de nos territoires, des schémas d'aménagement qui
nous garantissent, comme mon collègue le disait tantôt, une
sécurité, autant du côté des agriculteurs que du
côté d'un développement sauvage comme d'un
développement rationnel et structuré. Alors je dis que si nous
continuons à nous développer selon les lois actuelles et que,
lorsque nous voudrons faire changer la vocation d'un terrain ou d'un
périmètre à l'intérieur d'une municipalité
ou ailleurs - vous connaissez déjà toutes les exigences de la loi
- ça prendra des mois et des mois et s! les agriculteurs sont contre nos
développements, je suis bien convaincu qu'ils réussiront à
nous dire non et nous n'aurons pas !a chance de mettre en place ces
développements.
Cela me fait dire que le développement continuera dans l'avenir,
dans nos régions. Je pense bien que ce n'est pas nous qui avons sorti
les gens de Montréal, c'est Montréal qui nous les a
envoyés. Je pense que les gens qui sont venus chez nous, dans nos
milieux, sur la rive sud et ailleurs, ont reçu un accueil
peut-être aussi chaleureux qu'il y en avait un à Montréal
et je ne pense pas qu'ils soient prêts à retourner.
Par contre, il y a des problèmes. Et si nous ne mettons pas de
l'avant un transport en commun efficace et rentable... Le gros problème
que nous vivons, c'est celui-ci. C'est lorsque les gens ont des familles et que
leurs enfants atteignent l'âge universitaire. Ces gens-là sont
peut-être portés davantage à revenir vers les grandes
villes ou tout près des grandes villes. Et ça, c'est un
problème auquel nous devrons faire face. Mais je suis convaincu, M.
Garon, que nous devons continuer à travailler ensemble. Nous ne sommes
pas en objection. La rive sud aussi bien que la rive nord ne s'opposent pas au
développement de Montréal. Je pense qu'on lui fournit quand
même une qualité de main-d'oeuvre qui dépasse de beaucoup
celle qu'elle a peut-être sur son territoire. C'est encourageant, autant
pour Montréal que pour la rive sud ou la rive nord, de travailler
ensemble et de continuer à se développer de la façon que
les citoyens le désireront. Cela ne m'inquiète pas du tout.
M. Garon: Je n'ai pas le sentiment que vous ayez vraiment
répondu à mes questions, mais, en tout cas, je vais vous en poser
une autre. Concernant le train de Saint-Hilaire, une étude a
été remise cet été et on dit qu'on va en faire une
autre. À combien d'études sommes-nous rendus concernant le train
de Saint-Hilaire, d'après vous?
M. Charbonneau (Honorius): D'études? M. Garon:
Oui.
M. Charbonneau (Honorius): Ah! Je ne les compte plus. Les
responsables des ministères pourront peut-être me le dire, mais il
y en a eu plusieurs.
M. Garon: Combien pensez-vous qu'il en faudra pour qu'il y ait
une décision à ce sujet? Je remarque...
M. Charbonneau (Honorius): Vous savez, le train de
Saint-Hilaire...
M. Garon:... que vous n'avez pas l'air bien content d'avoir une
nouvelle étude, mais des gens disent qu'on serait rendus à une
vingtaine d'études sur le train de Saint-Hilaire.
M. Charbonneau (Honorius): Vous savez, tout dépend de
quelle manière on évalue les études. Il peut y avoir des
études de grande envergure et d'autres de moindre envergure. En tout
cas, le nombre m'importe peu; ce qui importe, ce sont les résultats. Je
pense que nous devons quand même examiner la possibilité d'en
faire une autre, une dernière. Je comprends, mais vous savez, si, il y a
dix ans, on avait fait un métro de surface entre le métro de
Longueuil et la gare de LongueuH et si on avait utilisé le train pour
ceux qui vont au centre-ville, on aurait réglé !e problème
de la rive sud pour les 20 ou 25 prochaines années, avant que les
commissions de transport de la rive sud et les autres commissions de transport
ne se soient organisées pour transporter leurs citoyens par "bus".
Aujourd'hui, c'est plus difficile et c'est ce que nous vivons.
C'est sûr que la Commission de transport de la rive sud qui a une
organisation très bien structurée pour ses citoyens hésite
beaucoup plus à utiliser le train de banlieue, ce qu'elle aurait
probablement évité il y a dix ans ou douze ans, je ne le sais
pas, mais c'est clair. Mais, si nous devons enterrer le train pour
l'éternité, nous espérons que cette étude sera la
dernière, mais nous y avons encore confiance. Je ne veux pas dire que le
train doit partir de Saint-Hilaire. Non. Je dis que des gares de
transbordement, qu'elles soient à Longueuil, à Brossard ou
à Saint-Bruno, rendraient d'énormes services à la
collectivité de nos régions.
M. Garon: Une étude demeure la dernière
jusqu'à ce qu'elle devienne l'avant-dernière. Ha, ha, ha!
M. Charbonneau (Honorius): Vous savez...
M. Garon: II semble que celle de cet été n'aura pas
été la dernière longtemps, celle qui a été
remise cet été.
Concernant le transport en commun, on se demande s'il y a un consensus
sur la rive sud concernant les infrastructures. Ce matin, la
Société de transport de la rive sud de Montréal nous a dit
avoir des réserves concernant l'estacade. Vous semblez l'appuyer. On a
également parlé récemment d'un métro pour aller sur
la rive sud. Vous avez également émis vos réserves
concernant le train de banlieue de Châteauguay. Où en est le
consensus vis-à-vis de ces différents équipements chez
vous?
M. Charbonneau (Honorius): Je pense que, sur les principes, nous
acceptons très grandement le consensus. Sur la pratique, la mise en
place, nous avons certaines inquiétudes. Quant au plan de transport,
nous sommes d'accord; pour ce qui est des modalités, il y en a certaines
que nous voudrions voir changer.
M. Garon: Oui, mais l'application se fait sur les
modalités.
M. Charbonneau (Honorius): Bien...
M. Garon: Habituellement, tout le monde est d'accord sur le
principe de la vertu, mais c'est la pratique de la vertu qui pose des
problèmes.
M. Charbonneau (Honorius): C'est sûr.
M. Garon: Là, vous nous dites que vous êtes d'accord
avec le plan, mais que, sur les modalités, vous n'êtes pas
sûr. Mais l'application concrète se fait sur les
modalités.
M. Charbonneau (Honorius): Vous savez, M. Garon, on est des
administrateurs. Comme maires, nous sommes des administrateurs, tout comme vous
êtes des administrateurs du gouvernement du Québec.
M. Garon: Non, on n'est pas au gouvernement là. (16 h
15)
M. Charbonneau (Honorius): Non, non, mais comme citoyens au
moins. Vous savez, je pense que les administrateurs se doivent d'être
favorables aux objectifs, c'est sûr. Mais il faudra quand même
regarder les coûts, c'est bien clair. Nous ne pouvons pas payer ce que
nous n'avons pas les moyens de payer, mais nous sommes prêts, par
exemple, à faire des efforts pour autant que nous aurons des services
qui seront comparables à ce qu'on exigera de nous comme paiement, pour
autant que ça ne dépasse pas les possibilités des
citoyens.
M. Garon: Sur ces paroles pleines de sagesse, je vous
remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Lévis. Je tiendrais à remercier la Table
de concertation des préfets de la Montéré-gie pour son
apport aux travaux de cette commission. Je vous souhaite une bonne fin de
semaine et un bon voyage de retour.
M. Charbonneau (Honorius): Merci, M. le Président; merci,
M. le ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): Je demanderais maintenant
à la Société pour le progrès de la
Montérégie de bien vouloir prendre place, s'il vous
plaît.
Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue aux travaux de cette
commission. Je demanderais maintenant au porte-parole de bien vouloir
s'identifier ainsi que la personne qui l'accompagne.
Société pour le progrès de la
Montérégie
M. Cantin (Jean): M. le Président, M. le ministre, Mmes et
MM. les membres de la commission, mon nom est Jean Cantin, je suis
président de la Société pour le progrès de la
Montérégie. Je suis accompagné du directeur
général de cette société, M. Éric Vidal.
À titre d'information, la Société pour le
progrès de la Montérégie est un organisme sans but
lucratif créé il y a bientôt 25 ans et qui regroupe des
citoyens, des entreprises, des agents socio-économiques oeuvrant pour
l'avancement de la Montérégie.
En tout premier lieu, qu'il me soit permis de rappeler aux membres de
cette commission que lors de la tenue de la commission parlementaire en
août 1987, notre société avait transmis dans son
mémoire trois propositions importantes, soit l'aménagement de
l'estacade et d'un tunnel le reliant à Brossard depuis la digue de la
voie maritime, ensuite, l'installation d'un train de banlieue depuis
Châteauguay jusqu'à la gare Windsor et, enfin, la
rénovation du train de banlieue de Saint-Hilaire.
Puisque des propositions précises en ce sens ont
été préconisées dans le plan d'action du ministre
publié en août 1988, nous ne pouvons que nous réjouir que
ce plan donne ainsi une réponse adéquate à court terme au
problème important et urgent de la liaison interrive. Nous sommes
heureux de pouvoir à nouveau apporter notre contribution à la
présente commission parlementaire sur les projets de
développement proposés dans le plan d'action du ministre des
Transports.
Au cours du mois de décembre 1988, nous avons sollicité
des commentaires sur les projets de développement du plan d'action
auprès des organismes de regroupement dans les secteurs
socio-économiques et auprès de certaines grandes entreprises
établies en Montérégie. Au cours de ma
présentation, j'aurai l'occasion de vous citer certains de ces
commentaires.
La problématique du transport en Montérégie est
caractérisée par la mise en place au cours des 30
dernières années de grands axes autoroutiers et la construction
du métro qui ont suscité des développements importants,
notamment dans la sous-région rive sud. Par comparaison, d'autres
secteurs de la Montérégie moins favorisés par de telles
implantations se sont développés moins rapidement. Aujourd'hui,
la Montérégie est un territoire autonome. Elle constitue une
partie importante de la grande région de Montréal et maintient
avec le centre de celle-ci des relations privilégiées.
Quant aux besoins actuels de déplacements dans la
Montérégie, ceux-ci peuvent être classés en trois
groupes: d'abord, les déplacements à caractère local, plus
souvent à l'intérieur d'une municipalité, pour divers
motifs, soit l'éducation, le magasinage, les services. Puis, les
liaisons entre la sous-région rive sud de la Montérégie et
le centre-vil!e de Montréal, principalement pour des déplacements
domicile-travail. Là-dessus, on estime à 37 000 par jour pour la
sous-région rive sud et à 52 000 pour toute la
Montérégie le nombre de ces déplacements. En
général, plus de 60 % de ces déplacements sont
effectués par transport en commun dont le taux d'utilisation
en période de pointe peut atteindre 80 %. Enfin, il y a les
déplacements intrarégionaux entre divers points de la
Montérégie et les principaux centres régionaux de commerce
ainsi que de services et d'emplois.
Les données de l'enquête de 1987 de la STCUM sur ces
déplacements viennent tout juste d'être publiées et devront
être analysées puisqu'elles ne couvrent pas tout le territoire de
la Montérégie. Des enquêtes complémentaires seraient
nécessaires. Une autonomie bien ordonnée pour notre territoire
commande, selon nous, une étude régionale faite par et pour la
Monté-régie et non par la STCUM.
Les traversées routières et autoroutières du
Saint-Laurent qui doivent desservir certains de ces déplacements sont
aujourd'hui toutes congestionnées et ont atteint ou
dépassé ieur limite de capacité. Elles sont peu
sécuritaires et vulnérables. Si l'on tente d'esquisser
l'évolution prévisible du développement de la
Montérégie, ses réseaux et services de transport au cours
des dix, quinze, vingt prochaines années, un certain nombre de facteurs
doit, selon nous, être pris en considération. D'abord,
l'importance des liaisons intrarégionales. La Montérégie
étant devenue un territoire plus autonome à bien des
égards, dont celui de l'emploi, les déplacements
intrarégionaux vont devenir de plus en plus importants. Pour favoriser
le développement de la Montérégie et maintenir son
autonomie, il faudra donc favoriser le développement de très bons
liens intrarégionaux pour la desserte de ces déplacements.
Puis, il y a l'importance du lien avec le centre-ville de
Montréal. Malgré l'importance accrue que prendront les
déplacements intrarégionaux, le maintien et le
développement d'excellents liens avec Montréal et son
centre-ville en particulier demeurent cruciaux pour le développement de
la Montérégie. En fait, compte tenu du développement de
l'emploi en Montérégie, on assistera à l'émergence
de déplacements domicile-travail de Montréal vers la
sous-région rive sud et d'autres secteurs de la
Montérégie. Pour les liaisons avec le centre-ville de
Montréal, le transport en commun, qui occupe aujourd'hui une place
prépondérante, demeurera important. Nul doute que les deux
principaux axes de transport en commun tels le tunnel de la ligne 4 du
métro et la voie réservée sur le pont Champlain qui, pour
nous, est le site propre sur l'estacade qui la remplacera
éventuellement, demeureront primordiaux: ce sont ces deux axes de
transport qui peuvent desservir le mieux un territoire que leur présence
même a structuré.
Actuellement, la Montérégie est, géographi-quement,
un peu en marge des principaux courants d'échanges commerciaux et autres
dans l'Est du Canada, notamment entre les Maritimes, l'Est du Québec et
l'Ontario; ces échanges doivent aujourd'hui transiter par
Montréal. Le prolongement de l'autoroute 30 qui deviendra, pour ces
courants de trafic, une voie de contournement de Montréal placera la
Montérégie au coeur même de ces échanges. De
surcroît, le prolongement de l'autoroute 30 allégera le
réseau autoroutier vieillissant de l'île de Montréal qui
nécessitera de plus en plus de travaux d'entretien et de
réfection. Le libre-change et les besoins accrus de transport qu'il
entraînera accentueront le rôle de plaque tournante que joue la
Montérégie, stratégiquement placée entre
Montréal et les réseaux autoroutiers américains. Pour que
les développements escomptés se produisent effectivement et que
tous les bénéfices espérés se réalisent, une
planification globale des réseaux de service de transport est
nécessaire. D'ailleurs, la Montérégie elle-même
devrait préparer un tel plan de transport plus détaillé
sur son territoire et mieux axé sur ses besoins de déplacements
propres. Ce plan de transport et le plan d'action régional du
ministère pourraient et devraient être harmonisés.
Passons maintenant à nos commentaires sur certaines propositions
contenues dans le plan d'action du ministre. En conformité avec
l'invitation qui nous a été faite, nos commentaires sont
concentrés sur les propositions identifiées dans le plan d'action
comme des projets de développement routier ou de transport collectif.
D'abord, pour ce qui est du routier, lorsqu'on examine un plan du territoire de
la Montérégie, on constate la présence d'un grand nombre
d'axes routiers majeurs et autoroutiers. La première impression en est
donc que cette région est bien dotée à cet égard.
Lorsqu'on approfondit légèrement l'analyse, toutefois, on
constate que ces grands axes autoroutiers n'ont pas pour objectif de desservir
la Montérégie mais bien de relier Montréal à
certaines villes éloignées. Par exemple, Québec pour
l'autoroute 20 et Sherbrooke pour l'autoroute 10.
La problématique particulière du transport routier de la
Montérégie est donc celle d'une région autonome importante
qui n'est pas vraiment desservie par un réseau autoroutier conçu
à cette fin. À cet égard, la comparaison de la
Montérégie avec l'agglomération de Québec, par
exemple, est fort révélatrice. Voilà deux régions
dont la population et la superficie du territoire sont comparables: l'une -
Québec - est traversée et desservie par de nombreuses autoroutes
à vocation principalement sinon exclusivement régionale tandis
que l'autre - la Montérégie - est simplement traversée par
des autoroutes à vocation interurbaine qui ne la desservent
qu'incidemment et marginalement. Le prolongement de l'autoroute 30, projet
proposé dans le plan d'action, constitue bien un projet de
développement sur lequel il y a consensus parmi tous les intervenants de
la Montérégie.
La Société pour le progrès de la
Montérégie est non seulement entièrement d'accord avec
tous ces intervenants qui souhaitent que cette autoroute soit prolongée,
mais elle désire recommander au ministre et aux membres de cette
commission que, premièrement, l'échéancier proposé
pour compléter la construction de
l'autoroute 30 soit comprimé et que l'on entreprenne la
réalisation de ce projet dans les plus brefs délais; qu'une
entente soit conclue avec le gouvernement fédéral, pendant le
mandat actuel du Parti conservateur, relativement au financement partagé
des traversées du Saint-Laurent et de la voie maritime dans les secteurs
de Beau-harnois et de Valleyfield et, finalement, que l'on cesse
d'étudier de nouveaux tracés, notamment dans les environs de
Valleyfield, et que l'on procède à la construction de l'autoroute
selon le tracé qui semble rallier l'appui de la majorité des
intervenants sans présenter d'inconvénients majeurs.
Quant aux opinions actuellement véhiculées sur les
désavantages d'une métropole aux prises avec son étalement
urbain, nous croyons inutile d'entreprendre un autre débat sur les
libertés individuelles. Lorsque vient le temps pour des individus, des
couples, d'accéder à la propriété et de choisir un
endroit qui correspond à la qualité de vie recherchée, et
selon une taxation foncière abordable, c'est leur droit propre et
individuel d'effectuer ce choix. À titre d'exemple, pour une
résidence d'une valeur égale, la majorité des
municipalités de notre territoire auront une taxation foncière
Inférieure d'au moins 50 % à celle du quartier de
Rivière-des-Prairies. On a bien noté d'ailleurs, hier, que le
maire de Montréal mentionnait devant vous tous qu'il ne
considérait pas comme de l'étalement les villes de Laval et de la
rive sud. Alors on se pose des questions. Qu'est-ce que l'étalement pour
Montréal finalement? Est-ce que cela commence à Boucherville,
est-ce que cela arrête à Laprairie, est-ce que Saint-Hubert est
compris? On pourrait peut-être fournir au maire Doré la liste des
225 municipalités de Montréal, et lui demander de cocher celles
qui font partie de l'étalement.
L'appui à la réalisation de l'autoroute 30 provient de
tous les milieux en Montérégie. Permettez-moi de citer, à
titre d'exemple, la Fédération de l'UPA de Saint-Jean de
Valieyfield, qui nous déclarait, à la suite du sondage que nous
avons effectué en décembre 1988, et dans une lettre qui nous est
parvenue le 18 janvier 1989, ce qui suit: "Nous sommes en accord avec le
prolongement de l'autoroute 30, laquelle est nécessaire au
développement économique et touristique du sud ouest. La 30
constitue un lien interrégional vital pour la Montérégie".
Non seulement la Fédération de l'UPA de Saint-Jean de Valieyfield
nous l'a-t-elle mentionné, mais plusieurs autres. L'Association
touristique régionale de Montérégie, à la suite du
même sondage, nous déclare également que le prolongement de
l'autoroute 30 aura le grand avantage de relier la sous-région du sud
ouest au réseau montérégien, et ainsi permettre une voie
d'accès supplémentaire aux touristes ontariens et
américains en direction du Québec.
Quant au doublement du pont Mercier, c'est un projet qui peut
présenter certains bénéfices, mais ces
bénéfices seront sans doute hors de proportion avec des
coûts de construction importants. Pour cette raison, nous recommandons
que ce projet soit reporté à plus tard. Globalement, les
solutions du plan d'action, dans son volet du transport routier, répond
aux objectifs initiaux de conservation des acquis, mais nous croyons que les
effets thérapeutiques ne seront que de très courte durée
ou contribueront à accroître encore les problèmes que nous
connaissons aujourd'hui.
C'est le cas, par exemple, de l'élargissement de l'autoroute 20,
sur la rive sud, entre le boulevard de Mortagne et l'autoroute 30. Selon nous,
cet élargissement aura simplement pour effet d'inciter un plus grand
nombre d'automobilistes à utiliser un axe routier majeur, dont la
capacité n'est aucunement augmentée, puisqu'elle est
contrôlée par celle du pont-tunnel qui n'est pas élargi. Ce
qui pourrait donc entraîner une congestion accrue et des risques de
collision plus nombreux. De plus, nous croyons que le plan d'action a fait
certains oublis. Nous sommes étonnés, par exemple, que le plan
d'action ne fasse aucunement mention du prolongement de l'autoroute 35 entre
Saint-Jean et l'interstate" américaine, la 89.
Nous croyons également que le plan d'action aurait pu traiter de
certaines mesures reliées à la gestion de la demande du
transport, comme la mise en place d'horaires flexibles ou variables. Nous avons
fait état dans notre lettre du 18 avril 1988 au ministre des nombreux
avantages d'une telle mesure et d'expériences en ce sens aux
États-Unis, notamment à Pleasantville, en Californie, là
où l'imposition d'horaires flexibles aux petites entreprises par voie de
réglementation municipale a réduit il affluence aux heures de
pointe de 15 % après la première année et de 45 % en trois
ans. Plus près de nous, la firme Pratt & Whitney, qui siège
au conseil d'administration de notre société, exploite avec
succès depuis 14 ans maintenant des horaires flexibles à son
usine de Longueuil. Cette approche est également favorisée par la
Confédération des syndicats nationaux, dont un
représentant siège également dans notre conseil.
Transposée à la région de Montréal, l'adoption
d'horaires flexibles aurait un effet bénéfique sur la circulation
automobile et rendrait le transport en commun plus attrayant. Nous recommandons
donc que le ministre et les membres de cette commission considèrent
sérieusement cette mesure et donnent l'exemple par une application
à l'essai dans la fonction publique, en collaboration avec la vilIe de
Montréal et les syndicats concernés. À ce sujet
également, on a pu entendre la Chambre de commerce de Montréal
qui, devant vous, vous mentionnait hier qu'elle était d'accord pour
inciter ses membres à la mise en place d'horaires flexibles.
Possiblement qu'il y aurait lieu d'assister à une concertation, à
ce niveau. (16 h 30)
Enfin, il y a des questions qui demeurent sans réponse, selon
nous, dans le plan, et c'est
surtout à long terme. Par exemple, quels seront les principaux
pôles de développement et centres d'attraction de la région
de Montréal, en 1995, en l'an 2000, en l'an 2010? Comment le
réseau autoroutier actuel est-il projeté? Desservira-t-il et
favorisera-t-il ce développement souhaité?
Abordons maintenant les projets de transport collectif. Trois projets de
développement proposés dans le plan d'action font l'objet de
commentaires de notre part, soit le train de banlieue de Châteauguay,
l'aménagement d'un site propre pour autobus sur l'estacade, et le
prolongement de la voie réservée pour autobus aux approches du
pont Honoré-Mercier.
Pour le train de banlieue de Châteauguay, la société
considère qu'un tel service, bien intégré aux services
locaux d'autobus, satisfait très bien les critères
énoncés dans notre mémoire. Le service envisagé
offrirait une alternative rapide et confortable à l'utilisation de
l'autobus en éliminant un changement de mode, et à l'automobile,
en étant exempt des effets de la congestion. Ce service serait donc
attrayant et incitatif.
Toutefois, parmi les réactions sectorielles à ce projet,
la société a noté que divers intervenants locaux
consultés ont exprimé certaines inquiétudes sur
l'achalandage éventuel d'un tel service, son financement par les
collectivités locales et la localisation des stations. La
société recommande au ministre et aux membres de cette commission
que ce projet important, même sur une base expérimentale, soit
maintenu au plan d'action; que soient également entreprises et
réalisées rapidement les études complémentaires
nécessaires pour répondre aux questions qui préoccupent
ces intervenants; finalement, que la conception de ce projet soit
éventuellement ajustée, si nécessaire, en fonction des
résultats de ces études complémentaires et que le projet
soit entrepris.
Quant à l'aménagement d'un site propre sur l'estacade,
voilà encore un projet de développement du réseau de
transport qui crée l'unanimité parmi les intervenants
consultés par notre société dans la préparation de
son mémoire. Ce projet, il faut bien le noter, n'est vraiment pas un
projet de développement du réseau de transport en commun, c'est
plutôt un projet qui vise à conserver les acquis, en l'occurrence
le service de la voie réservée sur le pont Champlain, et de ce
fait, il devrait être considéré, au sens du plan d'action,
comme un élément de conservation des équipements.
En conséquence, la société recommande au ministre
et aux membres de cette commission que la construction du site propre pour
autobus sur l'estacade, comportant un tunnel sous la voie maritime, soit
entreprise dans les plus brefs délais; que pour préserver
l'avenir et éventuellement favoriser encore davantage le
développement du transport en commun, l'ensemble de ce système,
et en particulier le tunnel sous la voie maritime, soit conçu pour
pouvoir être, au fur et à mesure de la croissance du trafic,
utilisé par d'autres technologies que les autobus conventionnels et
articulés. Dans le contexte de la construction du site propre sur
l'estacade, et dans la mesure où sa faisabilité technique et
instttution-nelie peut être vérifiée, on pourrait
considérer, à titre expérimental, le projet Brauit et
Perron d'une desserte des secteurs de Saint-Constant et Sainte-Catherine par un
service d'autobus exploité sur la digue de la voie maritime, entre
Sainte-Catherine et l'estacade.
Pour la voie réservée aux approches du pont Mercier, qui
constitue, selon nous, une amélioration locale susceptible d'apporter un
soulagement ponctuel à certains problèmes de transport en commun,
elle devrait être considérée simplement comme un
élément de conservation des équipements, non un projet de
développement.
Les réflexions de notre société relativement aux
considérations à moyen et à long terme sur le
développement du transport en commun en Montérégie
s'articulent autour des thèmes suivants: l'absence d'une vision
d'ensemble, un nombre restreint d'axes majeurs de desserte, le train de
banlieue de Saint-Hilaire, un métro léger de surface, ainsi
qu'une solution intérimaire innovatrice.
Dans le cas du transport routier, notre société est un peu
déçue de l'absence d'une vision d'ensemble de l'avenir à
moyen et à long terme dans le plan d'action du ministre. Dans un avenir
prévisible à court terme, la ligne 4 du métro et le site
propre sur l'estacade constitueront les deux principaux axes de transport en
commun pour la desserte de la Montérégie. Il ne faut pas croire,
cependant, que ces deux seuls axes suffisent à la desserte du territoire
de la Montérégie et peuvent, à eux seuls, favoriser son
développement. Le train de banlieue de Châteauguay, par exemple,
desservira une partie de la Montérégie que les deux axes
principaux précités ne pourraient desservir adéquatement.
il en va de même, selon nous, de la ligne de train de banlieue de
Saint-Hilaire. Même si elle est présentée dans le plan
d'action comme une alternative à la construction d'un site propre aux
autobus sur l'estacade, cette ligne n'en est pas une, ne peut pas en être
une et ne doit pas être considérée comme telle. En fait,
cette ligne desservirait un territoire différent, c'est-à-dire
Saint-Lambert, certaines parties de Saint-Hubert, Saint-Bruno et des
municipalités plus éloignées comme Saint-Basile,
Belil et Saint-Hilaire.
C'est pourquoi notre société recommande au ministre et aux
membres de la commission de préserver l'avenir et de ne pas entreprendre
d'intervention qui rendrait impossible ou impraticable la mise en place future
d'un service de banlieue sur cette ligne. Dans cet axe comme dans tout autre,
la mise en place éventuelle d'un service de bonne qualité
attirera une clientèle importante.
À long terme, la meilleure desserte de
transport en commun de la Montérégie pourra sans doute
être réalisée au moyen du métro léger de
surface, le long du tracé en forme de boucle dont il a souvent
été question dans les études antérieures du
ministère des Transports. Ce système desservirait les deux
principaux axes de transport en commun du territoire et offrirait aussi dans
l'axe du boulevard Taschereau, ou le long d'un autre tracé
éventuellement Jugé préférable, un axe de grande
capacité pour la desserte des déplacements intrarégionaux.
Pour le moment, le coût d'un tel système, qui se situe aux
environs de 400 000 000 S, le place à l'extérieur de l'enveloppe
budgétaire énoncée par le ministre dans son plan d'action.
À long terme toutefois, la situation devra être
évaluée en fonction de l'accroissement du nombre de
déplacements et de la nécessité de maintenir une
très bonne qualité de service du transport en commun en
Montérégie. À ce sujet, notre société
demande au ministre et aux membres de cette commission de préserver
l'avenir en s'assurant que la conception du tunnel sous la voie maritime et la
conception générale du site propre sur l'estacade permettent son
utilisation éventuelle pour l'une ou l'autre de ces technologies.
Nous croyons qu'il y a lieu d'envisager dans la perspective du
développement continu du transport en commun, une solution
intérimaire innovatrice pour le moyen terme. Cette solution consiste
à exploiter, toujours sur les mêmes tracés que je viens
tout juste d'énoncer, des véhicules réversibles à
double propulsion, c'est-à-dire électriques et diesel, pouvant
être exploités en mode guidé, comme des métros, et
en mode conventionnel, comme des autobus.
Une telle solution présenterait trois avantages
spécifiques pour la desserte de la sous-région rive sud de la
Montérégie: 1° L'exploitation en mode guidé
préviendrait les collisions dans le tunnel sous la voie maritime et
permettrait aux véhicules de circuler à vitesse plus
élevée en toute sécurité sur l'estacade même,
quelles que soient les conditions météroioglques; 2°
L'exploitation en mode guidé en remplacement du métro dans le
tunnel de la ligne 4 permettrait d'éliminer un changement de mode
à la station de métro Longueuil. En effet, plus de 50 % des
utilisateurs de la ligne 4 doivent effectuer deux changements de mode pour se
rendre à leur destination finale, aux environs du centre-ville de
Montréal. Cela ne peut certainement pas être
considéré comme une qualité de service exemplaire quand on
songe que, selon plusieurs enquêtes, le changement de mode est ce que les
utilisateurs du transport en commun trouvent le plus pénible; 3°
L'exploitation en mode manuel partout ailleurs permettrait d'adapter
précisément les lignes de desserte à la demande et de
réduire très sensiblement les coûts de construction.
L'exploitation de cette technologie nouvelle, mais relativement simple
et économique, puis- qu'elle nécessite des infrastructures
limitées aux secteurs névralgiques, constituerait un projet de
développement fort intéressant pour la Montérégie.
Le coût de ce moyen de transport représenterait de 40 % à
50 % du coût d'un SLR. En effet, cette technologie existe
déjà mais elle devrait être adaptée aux exigences
spécifiques du service envisagé. La même technologie
pourrait éventuellement être implantée ailleurs dans la
région de Montréal et au Québec.
En conclusion, le plan d'action actuel s'avère une réponse
adéquate et réactive à l'inaction des quinze
dernières années en matière de transport. Si choisir,
c'est sacrifier, sacrifier, c'est prioriser. C'est pourquoi, selon nous, une
seconde commission parlementaire s'imposait. Nous souhaitons que votre
réponse donne lieu à un plan proacttf qui trace une voie pour
l'avenir.
En terminant, nous remercions le ministre et les membres de cette
commission de nous avoir offert l'occasion d'y participer. Nous espérons
que nos recommandations seront retenues et que leur contenu sera approfondi
pour que la population de la Montérégie, dont les
différents représentants ont fait preuve d'une grande
concertation, retire le maximum de bénéfices des interventions du
ministère des Transports sur son territoire. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie. Il reste
maintenant 18 minutes à chacune des formations politiques. Je vais
maintenant reconnaître M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. C'est un tour d'horizon assez vaste de la
problématique du transport et de la problématique
économique aussi, je pense, de la région de la
Montérégie que vous nous avez tracé. J'ai
particulièrement apprécié la lecture de la lettre de l'UPA
régionale concernant l'autoroute 30. Si jamais vous aviez
l'amabilité de m'en laisser une copie, cela pourrait être utile
pour les prochains jours. Quant au tracé, il m'apparaît
très évident de clarifier à nouveau que, le 8
février prochain, le tracé sera orienté de façon
définitive quant au choix du ministère. Et, quant à moi,
le tracé va respecter la volonté de ce que le milieu a toujours
dit, soit emprunter !a voie du canal et, par la suite, emprunter le pont que le
fédéral s'est engagé à construire. C'est toujours
dans cette optique que cela devenait possible de construire une autoroute. Le
tracé passant par le tunnel de Beauharnois n'était plus une
autoroute, cela devenait tout au plus une belle route de connection
interrégionale.
Vous avez parlé abondamment des axes du réseau routier qui
ont davantage été faits en fonction de Montréal que de la
Montérégie elle-même. Vous avez donné comme exemple
la 20. Vous avez donné comme exemple la 10. Et, dans les revendications,
comme cela a été le cas antérieurement des
représentants de la Montérégie, vous semblez insister sur
la 35. Vous évoquez le
fait que la 35 desservirait peut-être mieux les
intérêts de la Montérégie, si j'ai bien compris,
puisqu'elle va aux États-Unis et que votre base d'argumentation
était: Ce qu'on connaît maintenant - la 20, la 10 - dessert mieux
Montréal que la Montérégie. Si on faisait la 35, dites-moi
comment elle pourrait davantage des- servir la Montérégie que
Montréal, si c'est le cas.
M. Cantin: Sans doute qu'elle desservirait Montréal.
Maintenant, dans le contexte de libre-échange que l'on connaît,
nous avons la même revendication pour la 35 que pour la 30. Par exemple,
on a appelé la 30 le bouclage essentiel au libre-échange. On a
justement demandé aux différents paliers de gouvernement de
mettre l'argent où étaient leurs maux, sur le
libre-échange. Et c'est ce que vous êtes en train de faire dans le
cas de la 30. Pour ce qui est de la 35, cela nous donne accès à
un autre marché qui, éventuellement, va devenir essentiel.
D'ailleurs, c'est une volonté de ce milieu de pouvoir avoir accès
à l'autoroute 89 du Vermont sans complication. Surtout que, comme mon
prédécesseur vous l'a mentionné, les plans du
ministère sont prêts et les expropriations sont faites. Il reste
juste à passer aux actes.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, les plans sont
prêts et il reste juste à passer aux actes, mais on doit faire un
certain nombre de choix. Qu'est-ce que la 35 ajouterait de plus que ce que
peuvent vous offrir ultimement la 10, parce qu'elle finit par aboutir aux
États-Unis, elle aussi, et la 30? Compte tenu des sommes
nécessaires, expliquez-moi ce qu'elle vous donnerait de plus que ce que
peut vous offrir la 10 ou la 30, dans la mesure où les deux sont
construites.
M. Cantin: On s'est fait passer la remarque par des camionneurs
qui préfèrent l'autoroute 89 à l'autoroute - j'ignore le
numéro - du côté de New York, l'autoroute 93 ou 95. En
fait, il y a une question de limite de vitesse. Vous savez, c'est 50 milles
à l'heure du côté de New York et 60 du côté du
Vermont. Il y a également les dessertes en camionnage du
côté de Boston; donc, on préfère passer par le
Vermont que par l'État de New York. Si on avait un choix à faire,
bien sûr, la 30 est plus importante et même plus urgente que la 35,
mais on veut que, dans une vision d'ensemble, on n'oublie pas l'autoroute
35.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, je ne vous
martyriserai pas au point de vous faire choisir entre la 30 et la 35, je pense
que le choix est assez clair. Tel que vous nous l'expliquiez, surtout en ce qui
a trait à la limite de vitesse, 50 par rapport à 60, je comprends
que la 35 servirait davantage aux camions qui passent. Ils passent dans ta
cour, mais ils n'y laisseraient pas nécessairement quelque chose. Vous
avez dit que la 30 serait un axe non seulement de contournement mais aussi un
axe de développement. Est-ce que la 35 pourrait faire la même
chose sur le plan régional? (16 h 45)
M. Cantin: La 35 est essentiellement notre lien avec les
États-Unis, tandis que la 30 c'est avec l'Ontario, c'est pour l'Est du
Québec, c'est pour les Maritimes. Elles ont assurément des
fonctions différentes. Mais dans un contexte, encore une fois, de
libre-échange, je crois qu'il va falloir donner tous les moyens aux
entreprises de notre côté de pouvoir exercer cette
liberté.
M. Côté (Charlesbourg): Deuxième
élément qui m'accroche, parce qu'il faut toujours essayer
d'être un peu novateur dans la présentation des mémoires,
quand on parle d'une région et que tout le monde la connaît bien
comme vous la connaissez, on aborde les mêmes sujets. Donc, autant que
possible, laissons ceux qui ont déjà été
abordés.
Vous arrivez avec un élément novateur par rapport à
ce qu'on a entendu jusqu'à maintenant avec le changement de mode. On a
parlé de train de banlieue, on a parlé de SLR, on a parlé
de métro, on a parlé d'autobus. Vous nous pariez d'un nouveau
mode qui serait de 40 % à 50 % moins cher que le SLR qui lui-même
est déjà trois fois moins cher que le métro. Pour moi, on
va finir par faire du transport et ça ne nous coûtera rien
tantôt. Dites-moi où cette expérience-là est
vécue au moment où l'on se parle. Et si c'est électrique -
bon, c'est clair qu'il y a de l'électricité l'hiver comme
l'été - est-ce que cela a besoin d'être abrité ou si
ça peut être en surface? J'aimerais peut-être que vous
explicitiez davantage ce mode et où il a été
expérimenté.
M. Cantin: Ce que l'on connaît de ce moyen de transport,
c'est un peu comme des autobus transformés pouvant se déplacer
sur rail. Il existe actuellement trois manufacturiers de ce
modèle-là à travers le monde, dont un qui est
québécois, qui seront sûrement disposés à
exposer cette technologie. À ma connaissance, il y a un manufacturier
allemand également. Il est sûrement en service en Allemagne. Nous
savons également qu'une expérience aurait été faite
et aurait été concluante. Je crois que c'est à Winnipeg.
Ce serait à vérifier. Je pourrais obtenir plus de
précisions sur ces différentes expériences et les rendre
disponibles pour le ministère. Quand on dit que c'est de 40 % à
50 % meilleur marché, c'est que le métro léger avait
d'ailleurs été une de nos propositions lors de la première
commission. On avait dit que dans une vision à long terme, on voyait
justement ce bouclage et sous forme de SLR. On se réjouit donc que vous
ayez retenu cette idée-là pour le futur. Maintenant, cette
nouvelle technologie, qui semble tout à fait adéquate, a
été portée à notre connaissance.
M. Côté (Charlesbourg): On pourrait peut-
ôtre rester en contact pour échanger des Informations. Cela
me paraît, à tout le moins, ne pas être négligeable
comme piste. Il s'agit de regarder. Je sais qu'on en a de partout. En
Australie, effectivement, il y a des modes un peu différents; par
contre, il n'y a pas de neige alors qu'ici, on en a. Je pense qu'il s'agira de
rester en contact. Je sais que mon collègue, M. Marcil, a des questions
précises à vous poser. Je vous remets entre ses mains.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Beauharnois.
M. Marcil: Quand vous parlez Justement de cette nouvelle
technologie, vous dites qu'il y a un fabricant québécois?
M. Cantin: Oui.
M. Marcil: Lequel?
M. Cantin: II s'agit de Bombardier.
M. Mardi: Bombardier fabrique ça?
M. Cantin: Oui, via sa filiale belge.
M. Côté (Charlesbourg): Je sais un peu plus
maintenant ce à quoi vous faites allusion. Effectivement, la ville de
Québec est revenue de Belgique avec une proposition comme
celle-là où il y a une mobilité, une autonomie et une
dépendance à la fois de ce moyen de transport, selon les
situations. Mais, de ce que J'ai compris, pour Bombardier, c'est une
association très récente avec la firme belge. Très,
très récente.
M. Cantin: Je crois que ça fait près d'un an.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Vous n'avez pas
besoin de m'envoyer d'information, maintenant, je suis raccroché sur le
mode. Mais Je ne suis pas sûr qu'il y ait des économies de
coûts de 40 % à 50 % par rapport au SLR. On va le fouiller.
Vas-y.
M. Marcil: Vous avez parlé tantôt d'une lettre de
l'UPA. Est-ce que vous l'avez avec vous? Est-ce qu'on pourrait en faire des
photocopies?
M. Cantin: Oui, bien sûr.
M. Marcil: Vous êtes bien aimable. Si vous voulez nous la
laisser. Est-ce qu'on pourrait... Je ne demande pas que ce soit un
dépôt, M. le député de...
Une voix: De la collaboration.
M. Marcil: Seulement ça.
Dans votre mémoire, vous avez également parlé du
tracé de 1986, en ce qui concerne le secteur du sud-ouest. Est-ce que
vous y incluez aussi Châteauguay? Le tracé de 1986 de
Château-guay ou le dernier proposé en 1988? Lorsque vous parlez du
tracé de 1986, disons de Châteauguay à Vaileyfield, est-ce
celui dont Je partais tantôt sur la rive sud du canai de Beauharnois?
M. Cantin: C'est exactement celui-là, c'est-à-dire
depuis Châteauguay jusqu'à Vaileyfield, et c'est !e tracé
qui a fait également, à notre connaissance, l'unanimité
des MRC concernées, soit la MPC Roussilion, la MRC
Beauharnois-Valleyfield ainsi que Vaudreuili-Souianges. Il s'agit du
tracé dont ont convenu en 1986 les trois MRC dont le territoire est
affecté.
M. Marcil: Cela inclut également le tracé de 1986
de Châteauguay. Est-ce exacf?
M. Cantin: Oui
M. Marcil: D'accord. Dans votre mémoire, vous n'avez pas
abordé la problématique... Naturellement, vous êtes un
organisme de la Montérégie et vous travaillez davantage à
ce chapitre-là. Pour ce qui est du plan de transport, j'aurais
aimé connaître votre opinion sur l'impact du développement
ou de la réalisation en totalité de l'autoroute 30 versus le
boulevard Métropolitain, parce qu'on parle de circulation lourde sur le
boulevard Métropolitain. Le député de Lévis
mentionnait tantôt 7800 camions, ce qui pourrait représenter
quelque 20 000 véhicules venant de l'Ontario, allant vers l'est ou vice
versa. On sait que, de ce nombre-là, un certain pourcentage dévie
déjà par !a 132, ne voulant pas utiliser le boulevard
Métropolitain à cause de la circulation. Quel pourrait être
l'impact?
Vous avez parlé davantage de l'axe est-ouest de la 30 comme d'un
outil de développement économique, un lien
supramontérégien qui n'existe pas actuellement. Pour bien des
gens de la rive sud, pour se connecter avec la rive sud, si je prends notre
cas, on est souvent obligés de passer par la rive nord, par
Montréal; c'est plus court de passer par Montréal, de partir du
sud-ouest de la Montérégie pour se rendre à Lon-gueull que
d'emprunter la 132. C'est un problème majeur. On est obligés de
passer dans deux ou trois régions pour y arriver. Mais comment
voyez-vous l'impact, non seulement en termes d'axe économique, mais
comparativement à la fluidité de la circulation qui emprunte le
boulevard Métropolitain?
M. Cantin: C'est nous qui avons dénoncé, lors de la
première commission parlementaire, l'état non sécuritaire
de la voie réservée aux autobus sur le pont Champlain. On ne
voulait pas être prophète de malheur, mais on se souviendra que,
un mois après cette commission-là, un accident fatal faisait
trois morts, justement sur la voie réservée.
À l'époque également, la circulation qui transite
par Montréal était évaluée à 15 %; on l'a
encore mentionné ici cette semaine. Notre mémoire signale
également qu'on ne veut pas connaître d'autres cauchemars comme
ceux qu'on a connus avec ce camion chargé de matières dangereuses
qui s'est aventuré dans le pont-tunnel; par la suite, toute une
travée a été fermée pendant trois semaines. C'est
déjà chaotique, alors imaginez-vous quand une travée du
pont-tunnel est fermée pendant trois semaines, cela devient tout
simplement intolérable.
Alors, c'est même bon pour la transition de toutes ces
matières dangereuses. Ces camions n'auraient plus à passer sur
l'île. D'ailleurs, à la suite de cet accident, les matières
dangereuses ont même été prohibées dans le tunnel,
ce qui fait converger cette circulation ailleurs, mais nécessairement
parl l'Île de Montréal.
M. Marcil: Une dernière question. Pensez-vous que le fait
de développer le train de banlieue, disons Rigaud-Montréal ou
Deux-Montagnes, et d'ajouter des unités... On sait que
Rigaud-Montréal est dans l'axe de la 20, de la 220 et on sait
également que, quand on parle de Deux-Montagnes, cela touche davantage
la 40. Si on réalisait l'autoroute 30 - c'est toujours par
hypothèse, même si elle a été annoncée -
naturellement, on va enlever 15 % ou 16 % de la circulation sur le boulevard
Métropolitain, on ne parle pas des automobiles qui utilisent
également le boulevard Métropolitain. Si on développe
davantage le transport en commun, naturellement, ça va avoir pour effet
de diminuer l'utilisation du boulevard Métropolitain par l'automobile
comme telle. Avec les aménagements apportés, tel que
proposé dans le plan de transport sur le boulevard Métropolitain,
pensez-vous que ça peut justifier la construction d'un tunnel par la
suite sous terre et un boulevard? Je sais que vous n'êtes pas un
spécialiste en transport mais, avec tout ce qu'on entend depuis un
temps, les rêves, je ne dirais pas érotiques, mais...
M. Cantin: Non. Effectivement, à notre avis, ce sont des
rêves hors de portée sûrement que de construire un boulevard
Métropolitain souterrain. Maintenant, de ce qu'on peut entendre depuis
les derniers jours ici, on s'aperçoit, entre autres dans les
propositions que le ministre a faites à ses interlocuteurs au niveau de
la Montérégie en parlant de gare intermodale située en
Montérégie, soit à Brossard et peut-être plus du
côté de l'est, nous accueillons favorablement ce type...
Vous savez, vous avez justement fait une comparaison avec l'ouest de
l'île. Alors, si ça va bien dans l'ouest de l'île de
Montréal, c'est parce qu'on possède justement un lien ferroviaire
bien articulé, bien aménagé, tandis que nous n'avons pas
ça encore. Il y a la configuration de toute la Montérégie
qui est un peu particulière, qui est différente mais,
effectivement, avec deux gares intermodales du côté sud-ouest et
du côté nord-est, ça contribuerait sûrement à
alléger tout ce trafic, tout ce rabattement auprès du
métro Longueuil, de la 132 et des accès dans les liens
interrives. À cause de la disparité des municipalités,
nous croyons sincèrement qu'il y a là un élément de
réponse.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Beauharnois. Je vais maintenant reconnaître M. le
député de Lévis pour 18 minutes. M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. ie Président, l'Union des producteurs
agricoles dit qu'elle est d'accord en principe sur un tracé et qu'il
faut ensuite trouver le tracé de moindre impact. Cela a toujours
été le fonctionnement. C'est le fonctionnement depuis dix ans.
C'est de trouver le tracé de moindre impact. Je vous donnerai comme
exemple quand le tracé du gazoduc s'est fait entre la frontière
de l'Ontario jusqu'à Québec. La compagnie a discuté avec
le ministère de l'Agriculture, avec le ministère de
l'Environnement, puis le ministère de l'Agriculture avec l'Union des
producteurs agricoles. A chaque fois que ça passait dans une
région, le groupe régional était impliqué pour
trouver le tracé de moindre impact. Cela a toujours été le
fonctionnement normal.
On a parfois l'impression que le ministre des Transports vient de le
découvrir. Cela a toujours été ie fonctionnement normal de
trouver le tracé de moindre impact à quelque endroit que ce soit
pour que des projets nécessaires se réalisent, mais en affectant
le moins possible, et pas du tout si possible, ie milieu agricole.
J'aimerais vous dire que j'ai bien aimé la lecture de votre
mémoire. Ce que vous dites correspond à peu près à
l'analyse qu'on a faite du plan Côté. On n'a pas l'impression de
se retrouver devant un document de transport, mais plutôt un document de
voirie, un peu comme on le concevait dans le temps de Taschereau, dans les
années trente. On pense la voirie. En 1988, je trouve que vous avez
parfaitement raison. C'est ce que je disais à la presse tout à
l'heure au cours d'une rencontre. Il n'y a pas de perspective là-dedans.
Il n'y a pas d'orientation et on ne se place pas en 1988, parce que ça a
été pensé en 1988, vers l'an 2000. On regarde les
données de 1966 à 1986 comme si notre fonction était de
gérer le passé, alors que le défi est de maîtriser
l'avenir. Je remarque à la page 15 quand vous dites - vous le redites
à différents endroits, mais je pense que c'est ici que vous le
dites de la façon la plus complète; "nous déplorons
l'absence d'une vision à moyen et long terme dans ce plan d'action. Une
grande partie des solutions proposées dans le plan, même parfois
au titre des améliorations et du développement du réseau,
ne relèvent en fait que d'une saine gestion de nos infrastructures de
transport et auraient dû être mises en place depuis long-
temps. " (17 heures)
C'est toujours une question de faire ça à ce moment-ci ou
à un autre moment. On n'est pas obligé de faire un plan pour
faire des bouts de route. Mais on ne retrouve pas, dans ce plan d'action, une
vision claire de ce que sera ou, plus précisément, devrait
être la région de Montréal et son réseau autoroutier
et routier régional de transport dans dix, vingt ou vingt-cinq ans.
Quels seront ou quels devraient être et pourquoi les principaux
pôles de développement et centres d'attraction de la région
de Montréal en 1995, en 2000, en 2010? Comment le réseau
autoroutier actuel et projeté desservira-t-il et favorisera-t-il ce
développement souhaité? Là-dessus, nous le
déplorons, le plan d'action est muet. Je pense que c'est là la
grande lacune. Vous avez touché le point juste. La grande lacune du
plan, c'est qu'il n'y a pas de perspective sur l'avenir. On dit qu'on entre
dans l'âge... Lorsque vous dites qu'il faut avoir une liaison avec les
États-Unis parce qu'on veut vendre à Boston et on ne veut pas se
promener et faire du zigzag et du slalom routier. Bon, cela en est une
perspective. Est-ce que la meilleure route est là? C'est une autre
affaire. Mais il y a une perspective, il y a des volumes. Pour dire quelle
sorte de volume, il faudrait dire ce qu'est le volume, ce qu'est le transport,
quelle sera notre orientation, quels sont les marchés que l'on veut
remplir. Les compagnies de distribution de camionnage, comment va-t-on faire
cela? Par rapport à ce qu'on produit, par rapport à ce qu'on
achète, etc., il n'y a rien. Il n'y a aucune donnée
là-dessus. C'est ce qui n'est pas normal. On dit que c'est un plan de
transport, moi je ne trouve pas de transport là-dedans. Savez-vous
quelle est mon impression? C'est que le ministre des Finances a dit au ministre
des Transports: Organise-toi pour durer, tu n'auras pas d'argent. Là, il
dit qu'il va d'abord faire une consultation. Fais une consultation en 1987, au
mois d'août, les gens se préparent à cela, puis tu en fais
une autre, tu déposes un document en 1988, tu fais une autre
consultation. Les gens se rendent compte qu'il n'y a pas d'étude, qu'il
manque d'études pour prendre des décisions rationnelles. Alors,
il sait qu'il va se faire commander des études, cela ne coûte pas
trop cher et il se dit: Comme ça, j'aurai fait un mandat. Vous allez
être même bon pour en faire un deuxième. On disait que M.
Duplessis faisait une élection à deux ponts avec une
élection. Là, avec une couple d'études, M.
Côté se prépare à faire deux élections.
Une voix: Deux élections?
M. Garon: En termes de politique, il est en train de battre
Duplessis. De faire deux élections avec rien. Je dis que vous avez
raison et ça presse. Vous savez que l'on disait, dans le cadre du
libre-échange: II va falloir poser des balises.
Qu'est-ce qu'on veut? Tout le monde avait dit qu'il allait y avoir la
concentration d'entreprises. Cela arrive et tout le monde fait un saut et dit:
Qu'est-ce qu'on fait? Aujourd'hui, le président du mouvement Desjardins
se demande comment il se fait, par exemple, qu'une compagnie
néerlandaise achète une compagnie d'assurances
générales comme Commerce alors que quelqu'un d'ici est
peut-être intéressé? Là, on regarde le ministre des
Institutions financières comme un moineau sur la branche qui regarde
tomber la neige, alors qu'on devrait dire, face à cela: Quelles sont nos
orientations? On aurait dû se préparer. Il n'y a rien de
prêt dans le libre-échange. Dans le domaine du transport, le
ministre ne devait pas vivre en cage dorée. Il n'y a rien
là-dessus en termes d'orientation, en termes de système de
distribution, en termes d'orientation de transport, il n'y a rien en termes de
connection parce que le routier n'est pas seul. Il ne vit pas en serre
chaude... avec le ferroviaire, le maritime, l'aérien. Il n'y a rien.
Quand on parle de transport, tout ça est interconnecté. Quand on
parle de transport, les gens ont dit tantôt: On a des chiffres.
Actuellement, il y a tant de monde qui passe à telle place, mais si on
faisait le tour à l'autre bout, combien vont aller là, comment
cela va aller, comment cela va s'orienter? Les gens ne le savent pas. Il n'y a
rien dans le document là-dessus.
Quand vous regardez des routes, vous donnez votre accord de principe sur
Châteauguay. Regardez tous ceux qui vont peut-être être
impliqués pour payer. Ils ne le savent pas. Ils veulent savoir comment
cela va coûter et ils ne le savent pas. II n'y a pas assez de
données. Les études, quand on a dit tantôt, le
député de... Je ne comprends pas facilement parce que je lisais
encore tantôt et il a répété la même erreur de
ce matin. Quand on a parlé de 7800 véhicules de camionnage qui
passent, ce n'est pas en région, c'est sur le boulevard
Métropolitain. C'est 7800 qui passent et qui n'ont pas affaire
là. Ils ne vont pas là et ils ne viennent pas de là. Ils
viennent de l'Ontario, des États-Unis. Ils considèrent
peut-être que c'est la meilleure route à prendre. Ils passent par
là, alors qu'on dit: Est-ce que c'est là qu'Us devraient passer,
à quel endroit devraient-ils passer? On ne peut les empêcher de
passer. À quel endroit devraient-ils passer en nuisant le moins possible
aux gens qui vivent autour? J'ai demande si ce n'était pas mieux qu'ils
passent par la prolongation éventuelle de la 50, de la 13, de la 640 et
de la 40. C'est à peu près l'endroit où il y a le moins de
monde pour passer avec ces véhicules. Cela n'a pas été
regardé. C'est dans ce sens-là et c'est pour cela que votre
document, je pense, pose les vraies questions. Vous dites que vous voulez faire
du développement économique, que vous voulez vous ajuster
à l'avenir, mais on est mal pris pour faire des choix, les documents et
les orientations ne sont pas là. Je pense que c'est là la grande
lacune. C'est ce qu'on constate en
lisant ce document. En termes de concertation, je ne suis pas convaincu
du tout que la formule qui a été choisie par le ministre est la
meilleure. Je vais vous dire qu'à mon avis, la meilleure ce sont les
gens de chez vous qui l'ont fournie, la STRSM, quand elle dit qu'on devrait
mettre les gens autour d'une table, pour qu'ils s'entendent sur quelque chose.
Même si c'étaient des autobus à un endroit qui vont tous
les deux à moitié vide, qu'il n'y en ait qu'un qui y aille, mais
qu'il soit plein.
On dit: Pourquoi est-ce là la formule de l'avenir? La
démocratisation politique, cela veut dire que les gens se parlent. Le
ministre parle des princes; lui se comporte comme un baron du Moyen Âge,
il dit: Venez faire vos doléances et, ensuite, je trancherai. Ce n'est
pas ça la façon moderne. Autrefois, pas le prince, le monarque ou
le baron était là, il s'assoyait sur son trône, les gens
venaient faire une petite génuflexion, la réunion
commençait au moment où il arrivait et là il disait: Que
voulez-vous? Les gens faisaient leurs demandes et il arbitrait ensuite tout
cela. En 1988, ce n'est pas cela l'avenir. Ce sont des formules de
concertation, où vous mettez les gens autour d'une table, et ils
discutent pour arriver à un concensus, une entente et une
décision. Avec la formule qui est là, sommes-nous plus
avancés? Vous savez qu'il y en a tant qui sont pour, tant qui sont
contre. Quand les gens ont assez de problèmes, il leur suggère un
monorail, en disant: Ils vont discuter de cela pendant six mois, cela va passer
le temps. Mais ce n'est pas cela. Il se plaint que Montréal arrive, il y
a une semaine, en parlant de refaire le boulevard Métropolitain. Il
arrive en pleine réunion avec le monorail et il en parle, pose des
questions, il n'y a pas de problème. Ce n'est pas à la
dernière minute, parce que cela fait son affaire. C'est pour cela qu'on
dit que dans tout cela...
Je pense que votre document est excellent parce qu'il pose les bonnes
questions. À ce moment-ci, avec ce que vous avez entre les mains, vous
ne pouvez pas faire beaucoup plus que cela. Sur le plan technique, la
présidente de la STRSM tantôt, le ministre lui a demandé
telle et telle chose, elle a dit: Écoutez, je ne suis pas une
technicienne, mais je sais une chose: que mes gens doivent passer de telle
place à telle place, et que c'est le meilleur moyen sur le plan
technique; je ne vous dirai pas cela ici en commission parlementaire. Et elle a
raison. Je vais vous dire que j'aimerais demander des définitions aux
députés, au vice-président de la Chambre qui est ici
devant nous, le député de Laprairie, ou à un autre
député qui est ici, dire: Quels sont les meilleurs moyens
techniques, à combien de kilomètres l'heure cela va-t-il, combien
cela prend-il d'essence, quel en est le prix par kilomètre? Je pense
bien que vous auriez les yeux ouverts et la bouche ouverte, parce que vous ne
le savez pas. Moi non plus, je ne sais pas tout cela.
Une voix: On ne peut pas savoir, je ne suis pas
ingénieur.
M. Garon: Sauf que ce n'est pas là le problème
d'une commission parlementaire; ce sont les orientations, et laissez aux
techniciens la partie qui leur appartient. La vérifier par après
pour voir si elle correspond. Mais quand je vois le ministre qui demande:
Aimeriez-vous mieux tel type d'équipement ou tel autre type
d'équipement? Est-ce mieux avec des fils électriques en cuivre ou
une combinaison cuivre-manganèse? Ce n'est pas cela une commission
parlementaire, mais les grandes orientations, c'est ce qui est important.
Je ne veux pas prendre plus de temps pour laisser la parole à
d'autres. Je vous félicite d'avoir posé les questions. C'est
déjà une bonne chose quand on se pose les vraies questions.
M. Côté (Charlesbourg): Une commission
parlementaire, c'est pour entendre du monde, pour entendre le
député.
M. Garon: Si vous avez appris au ministre à poser les
bonnes questions, vous lui aurez montré quelque chose et à poser
les bonnes questions pour l'avenir plutôt que pour le passé. Je ne
sais pas s'il enseignait l'histoire; je peux bien refaire la bataille des
Plaines d'Abraham, mais je n'aurai pas réalisé grand-chose
à la fin de la journée. J'aimerais mieux savoir, par exemple, et
nos routes...
Une voix:....
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Alors je vous laisse la parole, parce que...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Je n'ai rien dit.
Une voix: On a le droit de manifester.
M. Cantin: M. Garon, je ne sais pas si c'est un discours ou un
prédiscours de clôture que vous venez de faire, ou enfin, s'il y
avait un point d'interrogation à la fin de votre affirmation, mais
j'aimerais certainement réagir à vos propos. D'une part, la
première commission parlementaire, ainsi que la seconde, quant à
nous, sont le reflet d'une saine démocratie, celui de pouvoir venir
présenter notre opinion. Je me souviendrai du type d'approche lors de la
première commission parlementaire. Nous avons été les
derniers à passer et nous ne nous en sommes pas offusqués parce
que, finalement, dans te plan d'action, parmi les premières propositions
identifiées et privilégiées par le ministre, il y en avait
deux parmi les trois que nous avions faites.
C'est peut-être l'approche de diviser le problème dans
toutes ses parties qui a fait que chaque intervenant a présenté
ses doléances. Dans le plan d'action qu'on a vu là, il y a
finalement de la nourriture pour tout le monde. Il est bon ce plan d'action. On
y veut une touche peut-être un peu plus à long terme parce que,
justement, dans le premier appel de la première commission, le cahier de
charges mentionnait: Laissez-vous aller à penser jusqu'à vingt
ans à venir. Il y a certaines actions qui règlent des choses
à court terme, mais on a l'impression que certaines actions auront un
effet thérapeutique à court terme. Comme les sorciers font dans
certaines tribus, en Afrique, lorsqu'ils influencent leur danse, cela a un
effet thérapeutique sur les danseurs, mais cela n'a pas un effet
thérapeutique à la saison des pluies. C'est un peu comme
ça qu'on le voit, dans le sens que cela prendra un plan d'ensemble. Mais
ce que j'ai entendu jusqu'ici dans les réactions, c'est qu'on risque
d'en trouver un. C'est pourquoi on est content, d'ailleurs, qu'il y ait une
seconde commission parlementaire.
Quant aux 7000 ou 8000 camions qui passent sur le territoire de
Montréal, si on ne les fait pas passer par l'autoroute 30, M. Garon, par
où les fera-t-on passer?
M. Garon: Par le boulevard Métropolitain.
M. Cantin: Par le boulevard Métropolitain? Par où
les fera-t-on passer? Par où les fera-t-on traverser? Par quel pont, si
vous voulez les mettre vers le nord? Voyez-vous, vers le nord, c'est un immense
détour, il n'y a personne qui le prendra, le détour sera trop
long.
M. Garon: En termes de développement, qu'est-ce que cela
vous donnera de voir passer chez vous 7800 camions qui n'y ont pas d'affaire?
Qu'est-ce que cela vous donnera, sur le plan économique, de voir passer
7800 camions, dans un territoire fortement urbanisé, qui viendront
utiliser vos routes, en concurrence avec les gens de la région, le
trafic local? Je vous le dis, M. ne s'agit pas de camions, c'est bien
identifié: des camions qui passent sur le boulevard Métropolitain
et qui n'ont aucunement affaire dans la région de Montréal. On
les a Identifiés, l'enquête a dit: tant de trafic, et
là-dessus, 1 y en a tant d'identifié, sur le trafic, sur les 140
000 voitures qui passent là, 7800 camions, qui n'ont pas affaire
là. Cela vous donnera quoi de les faire passer par chez vous, alors
qu'ils n'ont pas plus d'affaire chez vous?
M. Cantin: M. Garon, on ne reviendra pas jusqu'à
Maisonneuve pour lui dire qu'il n'aurait pas dû créer une
métropole sur une île, mais nous croyons que l'autoroute 30
répond à un besoin. C'est ce que les différents
intervenants de la Montérégie vous ont dit. On vous a
parlé de bouclage du libre-échange, c'est le chaînon
manquant pour l'Est du pays et, face à cette concertation, au niveau des
intervenants, c'est une réponse à une tendance dans
l'augmentation des déplacements occasionnés par une civilisation
des loisirs, par des retraites anticipées. Les gens se déplacent
beaucoup plus qu'avant.
M. Garon: En quoi ces 7800 camions, qui ne vont pas chez vous,
qui ne viennent pas de chez vous, amélioreront le loisir parce qu'Us
passent sur une autoroute qui sera chez vous? En quoi cela améliore
votre vie? Ils n'arrêtent pas non plus; habituellement, ils remplissent
leur réservoir avant de partir et ils les remplissent une fois rendus
là où ils vont.
M. Cantin: Bien sûr, certaines entreprises
décideront peut-être d'avoir un point de liaison ou, enfin, des
garages intermodaux pour leur propre service à cet endroit-là. Il
va sans dire que cela contribuera sûrement au développement
économique. Je pense que personne n'a pu répondre à votre
question - je suis ici depuis une couple de jours et vous posez cette question
à vos intervenants - vous n'avez pas eu de réponse. Avez-vous eu
une réponse, en agriculture, quand vous avez demandé ce qui
était venu le premier, la poule ou l'oeuf? La poule étant cette
entreprise qui vient s'installer dans notre région, par exemple, IBM,
Hyundai, Montupet et autres, elles sont venues s'installer chez nous pour cette
qualité de vie. Et là, il y aura plusieurs familles qui viendront
s'installer dans notre coin pour graviter autour de cette grande
entreprise-là. Comme il y a également l'inverse,
c'est-à-dire les oeufs, donc, des familles qui viennent s'installer et
là, l'attrait... C'est un choix. Ce sont des libertés
individuelles.
M. Garon: Je vous remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. Je tiens à remercier la
Société pour le progrès de la Montérégie
pour la qualité de sa présentation à la commission de
l'aménagement et des équipements.
M. Côté (Charlesbourg): Et des réponses et
des questions. (17 h 15)
Le Président (M. Sairrt-Roch): Je demanderais maintenant
aux représentants du Regroupement des municipalités de la rive
sud de Montréal de bien vouloir prendre place, s'il vous
plaît.
Regroupement des municipalités de la rive sud
de Montréal
Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue aux travaux de cette
commission. Je demanderais maintenant au porte-parole de bien vouloir
s'identifier, ainsi que les gens qui
l'accompagnent, pour le bénéfice des parlementaires et du
Journal des débats.
M. Aubertin (Hugues): Hugues Aubertin, maire de Boucherville.
M. Bussières (Julien): Julien Bussières,
président du Conseil intermunicipal de transport de la vallée du
Richelieu et maire de Beloeil.
M. Beaupré (Ronald): Ronald Beaupré, directeur
général de la ville de Boucherville.
M. Weemaes (Robert): Robert Weemaes, directeur
général de la ville de Beloeil.
Le Président (M. Saint-Roch): Vous avez maintenant 20
minutes pour présenter votre mémoire.
M. Aubertin: M. le Président, M. le ministre, Mmes et MM.
les députés, vu l'heure tardive, je ne vous ferai pas la lecture
du mémoire. Je vais simplement porter à votre attention quelques
points. Tout d'abord, je représente onze villes de la
Montérégie. Je tiens à remercier le gouvernement du
Québec de bien vouloir nous entendre sur le plan d'action 1988-1998 du
transport dans la région de Montréal. Nous appuyons le plan de
transport dans son ensemble. Il répond aux besoins les plus pressants
pour le maintien de la qualité de service et d'une qualité de vie
offerte, tant par le réseau routier que collectif.
Je voudrais apporter certains commentaires. Le premier ne fait pas
partie du mémoire. C'est à la suite de ce que M. Cantin a dit au
sujet de l'autoroute 20. Je suis maire de Boucherville et je ne partage pas son
opinion. L'élargissement de l'autoroute 20, du boulevard Mortagne
jusqu'à l'autoroute 30, va améliorer beaucoup. Si on sort de
Montréal, je pense que cela va accentuer la fluidité du trafic
qui va vers Québec. Les villes de Boucherville, Saint-Hubert et
Longueuil représentent tout près de 200 000 de population, avec
1000 industries. Donc, quand on vient de Québec en camion et qu'on peut
prendre une voie d'accotement comme celle que vous proposez, cela va
améliorer drôlement la situation de l'autoroute. Je tiens à
apporter ce commentaire très précis.
Concernant certains points, la prolongation de l'autoroute 30 vers
l'ouest, nous vous demandons de devancer votre échéancier de deux
ans afin de soulager la circulation du boulevard Métropolitain de
Montréal, des ponts de la rive sud et de répondre plus
adéquatement aux déplacements intérieurs de la
Montérégie, de réduire le temps de transport des
transporteurs routiers et, enfin, des automobilistes.
Pour le transport collectif, une attention particulière devrait
être apportée au train de banlieue de Saint-Hilaire, en ce sens
que l'infrastructure est déjà existante et qu'elle pourrait fort
bien servir de lien complémentaire avec le centre-ville de
Montréal, en sus des liens déjà existants. On parle du
métro de Longueuil, du futur projet de l'estacade, du pont Victoria, du
pont-tunnel Louis-Hippolyte-Lafontaine et du pont Champlain. Dans cette
perspective, nous proposons le partage de la voie avec le CN et
l'intégration au réseau de transport, l'intégration de
desserte ferroviaire avec parc d'incitation pour véhicules automobiles
et terminus d'autobus.
Pour ce qui est du réseau routier, permettez-moi de vous
souligner quelques points faibles: intersection chemin Chambly boulevard
Cousi-neau, routes 112 et 116. Une étude globale de ce carrefour est
fort importante tant au niveau circulation que signalisation, à cause
des activités de toutes sortes de ce secteur et du rôle
névralgique de cette intersection. De plus, je voudrais ajouter qu'il y
a actuellement le projet de l'aéroport de Saint-Hubert dont on ne fait
pas mention, mais il y aura beaucoup à apporter sur le plan du
développement dans ce secteur-là. Nous vous proposons
d'élargir la route 112 de deux à quatre voies, afin de mieux
assurer la liaison entre deux centres régionaux, soit Saint-Hubert et
Chambly. On vous propose également l'élargissement de la route
116 entre l'échangeur Cousineau à Saint-Hubert jusqu'à la
ville de LeMoyne afin d'atténuer les problèmes de circulation et
d'assurer un meilleur écoulement du volume de véhicules.
Nous proposons également une gestion de circulation
électronique en temps réel pour le tronçon situé
entre l'intersection de la 116 et de la 112, jusqu'au pont Victoria, et
l'élargissement de la 30 vers le nouvel échangeur seigneurial
à Saint-Bruno, il faut penser à augmenter la capacité de
cette route ainsi que la voie de contournement de la route 104, qui est le
chemin Saint-Jean, à La Prairie, entre l'autoroute 30 et l'autoroute 15,
qui est la 132.
On propose la construction d'une vote de contournement, quatre voies non
divisées parallèlement à la route 104 et situées
dans l'emprise du projet de l'autoroute 104, élaboré en 1965 par
le ministère des Transports entre l'autoroute 30 et l'autoroute 15, en
bordure de la rivière Saint-Jacques, afin de permettre un soulagement
des intersections de la 104 et l'accès à l'autoroute 15 en
évitant la rue Saint-Henri, située dans un secteur à forte
densité dans la ville de La Prairie.
Réflexion globale. Nous constatons à regret la
dénonciation globale de la CUM du plan de transport du gouvernement du
Québec, de l'étalement urbain, du développement des terres
agricoles et des effets de débordement. Depuis quelque 40 ans, la
Montérégie s'est développée à pas de
géant au goût de ses résidents. La Montérégie
est devenue une grande force économique au Québec. Nous avons
donc un urgent besoin d'amélioration, que ce soit du transport routier
ou du transport collectif. Nous sommes surpris d'apprendre par les journaux et
la
télévision que nos amis de la grande métropole
déclarent que l'étalement urbain est néfaste pour l'avenir
et que les régions sud et nord de Montréal devraient participer
plus adéquatement au financement du transport en commun de l'île
de Montréal. Devraient-ils commencer par regarder la façon dont
ils ont bien voulu se développer et les choix qu'ils ont fait sans nous
consulter pour ensuite nous demander de payer la facture?
Nous sommes certains, nous de la Montérégie, d'avoir
répondu aux aspirations d'un bon nombre de citoyens du Québec. La
preuve est là. Nous avons fait beaucoup et nous avons confiance en
l'avenir, surtout avec des infrastructures routières et du transport
collectif adapté à nos besoins. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
maire. Je vais maintenant reconnaître M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Vous me permettrez à tout le moins de prendre deux
minutes, sans manquer de respect à ceux qui sont devant nous, pour
répondre au monologue de mon ami, le député de
Lévis, concernant le mémoire précédent.
Évidemment, il parle toujours de perspective d'avenir. C'est
toujours bien évident et bien intéressant. C'est un beau
dialogue, un beau discours dans son cas. Où était-elle, cette
perspective d'avenir au temps où ces gens ont occupé les
responsabilités de l'État pendant dix ans? Où
était-elle, cette belle perspective d'avenir, avec les moratoires sur le
développement autoroutier, avec les décisions sur le transport en
commun? Belle perspective d'avenir, bien sûr, en respectant ceux qui sont
devant nous aujourd'hui et ceux qui représentent en particulier le
premier ministre Lévesque qui était là à
l'époque, M. Marois, M. Lazure, mettez-en, une force politique
très intéressante qui aurait effectivement pu répondre aux
besoins et à tout ce qui nous est démontré comme
problème de transport dans la région de la
Montérégie. Bien sûr, il peut parier du baron, il peut
parler de ceux qu'il voudra, de proposition dorée; c'est clair qu'il
peut en parler. Mais je t'écoutais tantôt: On est bien plus
tourné vers le passé. Lui-même qui, il n'y a pas longtemps,
aujourd'hui, s'estomaquait de ce que les gens peuvent écrire dans les
journaux et, à ce que j'ai compris, en particulier dans La Presse. Ce
qui vous vise et ce qui me vise. Libre à eux d'avoir
l'interprétation qu'ils veulent. Libre à ces gens d'avoir de la
poussière dans leur esprit. C'est normal dans la société
qu'il y en ait comme cela. Cela ne me dérange pas. À tout le
moins, de vouloir s'en prendre à tout le monde et ne pas partager
l'opinion des gens qui viennent témoigner devant nous, c'est normal.
Qu'on hausse le ton, à l'occasion, pour être capable de discuter
avec des gens, c'est normal. Mais tenter de prétendre que c'est un
organisme futile que nous avons tenu depuis 1987 et depuis quatre jours
maintenant, je pense que c'est passablement charrier. Toutefois, M. le
député de Lévis, je veux vous dire que, sur le plan du
transport, je n'ai pas senti le besoin de faire une conférence de presse
à 14 heures, cet après-midi, pour qu'il y ait au moins une ligne
dans les journaux pour parler de mes interventions en commission parlementaire.
C'est ce que vous avez fait en après-midi. J'ai compris un peu votre
frustration. Cela peut faire pardonner un certain nombre de choses.
Concernant les maires qui sont devant nous, vous représentez,
bien sûr, un territoire qui est le vôtre, qui a connu, pour
certaines parties, un développement au cours des dernières
années et qui a su offrir une qualité de vie. C'est
peut-être une des raisons pour lesquelles les gens sont allés
s'installer, pour une partie, dans vos milieux. Il est clair que sur la 30...
On n'en discutera pas longtemps parce que ça fait l'unanimité de
ceux qui en parient sur la rive sud et un peu partout sauf, bien sûr, sur
l'île de Montréal, pour des raisons qu'ils évoquent et que
je respecte sans nécessairement les partager.
Vous avez abordé sur le plan du collectif, train de banlieue de
Saint-Hilaire, et je vois votre associé de gauche à la table
à qui ça doit certainement rappeler des souvenirs, et pas
toujours des bons, puisqu'on a eu plusieurs rencontres à ce
sujet-là. Je vous pose la question très simplement puisque
l'étude est en cours. Est-ce que la seule possibilité d'un
succès d'un train de banlieue de Saint-Hilaire ou d'ailleurs vers
Montréal n'est pas celle de l'utilisation en priorité de la voie
de chemin de fer aux heures de pointe?
M. Bussières: Oui, si je comprends bien votre
intervention, il faudrait que l'utilisation de la voie ferrée...
D'ailleurs, l'étude qu'on a demandée et qu'on travaille
ensemble... Il faut oublier les contraintes actuelles. Il faut se dire que ces
infrastructures-là nous appartiennent et qu'on peut circuler de 6 h 30
à 9 heures le matin et de 15h30 à 18h30 l'après-midi. Il
faut absolument... C'est clair. Je trouve un peu malheureux que certains
intervenants aient discuté de la desserte ferroviaire et qu'ils aient
dit qu'une desserte ferroviaire de Bruno Jonction avec gare intermodale
à Bruno Jonction, stationnement d'incitation et gare intermodale
à Saint-Lambert dessert une certaine partie de la
Montérégie. Je pense qu'il faut malheureusement... Je ne sais pas
qui a raison ou qui a tort, mais je pense que, malheureusement, ils n'ont pas
saisi, à mon avis. Et Je dois mettre une certaine part sur l'ignorance
du transport public. Mais ça me fait plaisir de voir le plan que j'ai
devant moi.
Il y a une chose qu'on semble oublier quand on parle de transport en
commun. À ce jour, tout ce dont j'ai entendu parler, ce sont des
infrastructures. On semble oublier la personne qui utilise ce service de
transport en commun. Pourquoi a-t-on dit une chose semblable? Je ne sais pas si
vous vous rappelez le métro de Longueuil, la ligne 4 avait - il y a
environ dix à douze ans - 30 000 usagers par jour. Aujourd'hui, on en
décompte 18 000 ou 17 000 par jour.
Quelle est la raison? Si vous me permettez, M. le ministre... Quelle est
la raison, pourquoi...
M. Côté (Charlesbourg): Je savais que Je touchais
une corde sensible en vous posant la question.
M. Bussières: Je ne parlerai pas seulement du train parce
que je suis tanné d'entendre seulement parler du train
Montréal-Saint-Hilaire. Je veux qu'on parle d'une desserte ferroviaire
sur la rive sud. Lorsque la société de transport ou le Conseil
des maires de la rive sud a décidé, en 1978, d'avoir un axe
prioritaire par la voie réservée du pont Champlain au
centre-viile de Montréal, à mon avis, on a fait une étude
de marketing concernant les utilisateurs possibles, que le métro de
Longueuil... Il devenait difficile pour un usager de transférer à
Longueuil; il transférait à De Montigny et s'en allait au
centre-ville de Montréal. Et tout le monde est d'accord que dans un
système de transport, l'usager peut se permettre de marcher 400 à
500 mètres de son point de destination. Ce sont des experts qui nous ont
dit ça. Et ils ont installé... Je présume que c'est la
raison d'être d'une voie réservée. Vous prenez la personne
dans votre municipalité, elle monte dans votre autobus et la seule autre
place où elle descend, c'est au centre-ville de Montréal. (17 h
30)
On nous parle d'un prolongement de métro ou on nous parle de
l'estacade, mais c'est la même chose qu'une desserte ferroviaire. Il va y
avoir un transbordement quelque part. On ne peut pas prendre 226 autobus le
matin et continuer à penser à cette chose-là, traverser au
centre-ville de Montréal et, le soir, que 226 autobus s'en reviennent
sur la rive sud. Quand on parle d'une prolongation de métro, je ne vois
pas la différence entre le fait qu'il soit prolongé de Longueuil
ou qu'il soit prolongé de l'estacade, parce que vous allez avoir un
point de transbordement. Il va y avoir un aspect un peu plus positif parce que
vous n'aurez qu'un transbordement; cela va être là, et directement
au centre-ville, tandis qu'autrement, vous avez un transfert à Longueuil
et un autre à Berri-De Montigny. Mais on oublie ce facteur: le temps de
parcours. Est-ce que les usagers qui ont un horaire de 60 minutes de temps de
parcours pour aller travailler vont continuer dans un système semblable?
Même nous, les CIT, et même des usagers du territoire juridique de
la Société de transport de la rive sud de Montréal devront
transférer à cette gare régionale. Est-ce que nous allons
garder nos usagers? Qu'on le veuille ou non, on augmente le temps de
parcours.
Il y a une autre chose que j'ai de la difficulté à
concevoir. Je m'excuse d'aborder ce point-là, M. le Président,
et, si vous voulez m'arrêter, ne vous gênez pas; on est quand
même ici pour discuter. En l'an 3000, j'aurais embarqué dans un
plan semblable. Mais on est en 1989, et le bassin de la population se trouve
entre l'autoroute 10 et l'est de l'autoroute 10. Parmi nos infrastructures, il
y a le pont Victoria qui est en plein centre de cette agglomération. Je
ne dis pas que, dans 50 ans, le besoin ne se fera pas sentir d'aller plus
à l'ouest pour transporter nos gens, mais figurez-vous qu'une partie de
ces gens de Boucherville, de Saint-Hubert et de
Longueuil, vous les amenez de plus en plus à l'ouest pour les
envoyer au centre-ville de
Montréal. C'est donc normal que le temps de parcours augmente.
Est-ce qu'on va promouvoir l'usage du transport collectif? Je ne le sais
pas.
Pour ce qui est d'une desserte ferroviaire, il faut au départ
qu'on se dise une chose: C'est fiable à 98 % et, à 98 %, votre
temps de parcours est garanti, beau temps mauvais temps. Vous avez des gares
intermodales où vous faites transborder vos gens et, à
l'intérieur de 15 à 17 minutes, ils sont rendus au centre-ville
de Montréal, peu Importe la température. Mais c'est
évident qu'il faut que ces voies ferrées travaillent en
exclusivité ou cela pourrait se faire en collaboration avec le Canadien
National.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que je comprends de votre
propos, c'est que la solution du transport en commun passe par le ferroviaire.
Est-ce que je dois comprendre que vous n'êtes pas nécessairement
contre l'utilisation de l'estacade, pour autant que le territoire qui est
à desservir puisse, lui aussi - dans ce cas-ci, on parle du pont
Victoria - en bénéficier pour épargner du temps de
parcours? Je comprends qu'il faut autant que possible éviter les
transferts. Ce sont les deux conditions sous lesquelles on pourrait rendre le
service attrayant et moins irritant pour l'usager. Mais il n'est pas impensable
qu'on parle d'utiliser l'estacade parce qu'elle est là.
Vous dites qu'il est utopique de penser que les gens de la partie est,
donc de votre territoire, transiteront vers l'ouest pour aller prendre
l'estacade en autobus pour traverser. Est-ce que je comprends bien? Le temps de
parcours serait trop long et on n'arriverait pas à poursuivre le but, et
c'est la raison pour laquelle on doit aller vers la solution ferroviaire.
M. Aubertin, vous avez présenté le mémoire et vous
avez mis l'accent sur des travaux routiers que je qualifie de secondaires, mais
non pas pour tenter de les diminuer davantage, sur un réseau qui n'a pas
les mêmes fonctions que les réseaux d'autoroutes, mais qui peuvent
avoir une certaine signification sur le plan de la connexion régionale,
en pariant de la 112, de la 116, ainsi de suite. Ne croyez-vous pas que, de
ce que j'en connais jusqu'à maintenant, les pians en voie
d'élaboration pour la réalisation de l'échangeur
Edna-Maricourt ne régleraient pas une partie des problèmes que
vous soulevez à l'intérieur de votre document, relativement
à la 116 en particulier?
M. Aubertin: Je ne peux pas vraiment vous... Pour ce qui est de
la 112 et de la 116, ce que les maires recommandent, c'est
l'élargissement, c'est-à-dire pour une plus grande
fluidité de la circulation. Quant au lien entre Saint-Hubert et Chambly,
c'est encore la même chose; ce sont deux centres régionaux, et il
doit y avoir là plus de fluidité. Mais je ne sais pas si ce
carrefour pourrait résoudre tous les problèmes de ce secteur.
M. Côté (Charlesbourg): Finalement, ce que je
comprends, c'est que ces travaux sont déjà prévus dans
l'échéancier du ministère. Les expropriations sont
terminées. Ce qu'il faut, c'est le réaliser le plus vite
possible.
M. Aubertin: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Davantage en termes
d'incitation pour la réalisation plus rapide, la 116 étant
très reliée - selon ce que je comprends - à
l'échangeur Edna-Maricourt, ce qui me paraît résoudre
passablement de problèmes.
J'aurais peut-être une dernière question.
M. Aubertin: Est-ce assuré que vous allez le
réaliser?
M. Côté (Charlesbourg): Edna-Maricourt? M.
Aubertin: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Les mandats ont
été donnés aux professionnels - donc, c'est au-delà
des études - de réaliser des plans définitifs pour la
réalisation. C'est clair.
M. Aubertin: Merci.
M. Côté (Charlesbourg): C'est très clair.
Alors, merci de votre participation. Je comprends que, pour vous, l'autoroute
30 est un élément qui demeure important et qui fait partie de la
solidarité de la Montérégie sur le plan de la desserte.
Pour ce qui est du transport en commun, il y a certainement des
améliorations à apporter quant à la desserte de la partie
qui vous concerne. On est dans l'attente à la suite du train de banlieue
Saint-Hilaire. Merci bien.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci. M. le ministre. M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, vous me permettrez de remercier
d'abord les maires qui sont venus nous rencontrer concernant le programme
1988-1998 du ministre. J'aimerais lui dire que, quand il me reproche de faire
une conférence de presse le vendredi midi, la dernière
journée, je préfère faire une conférence de presse
que de sentir l'insécurité de rendre public un sondage le
mercredi pour essayer de me rassurer, alors que la conférence de presse
qui doit durer peu de temps a duré plus de deux heures parce que les
journalistes n'étaient pas convaincus du tout.
Quand il dit que l'ancien gouvernement ne faisait pas ceci, ne faisait
pas cela, je remarque qu'une des conclusions de la Communauté urbaine de
Montréal est que le même effort se fait par le gouvernement dans
les dix prochaines années qu'avait fait l'ancien gouvernement dans les
dix dernières années. Pour que ce soit le même en termes
dégonflés de l'inflation, au lieu d'être un plan de 1 600
000 000 $, ça devrait être un plan d'au moins 2 200 000 000 $. Je
veux dire qu'il faudrait mettre les choses en proportion. Et ce, dans une
période de crise, où en 1981, 1982, 1983 on avait au
Québec des taux d'intérêt aux environs de 20 % et que le
gouvernement offrait des obligations d'épargne à 16, 50 %,
où le taux des gens qui empruntaient sur le marché en 1981,
à partir du mois de juillet, a dépassé 20 %. Malgré
ça, le gouvernement avait fait l'effort qui, au cours des dix
dernières années, représentait en même temps non pas
un plan de 1 600 000 000 $ mais un plan de 2 200 000 000 $.
Ce que je veux dire essentiellement ici, c'est que... Je regarde les
projets. Quand on parle de la voirie locale ou régionale, ce n'est pas
nécessaire de faire un grand plan de transport de dix ans pour
négocier ces affaires-là, pour discuter de ces choses-là.
Cela fait partie du programme normal du gouvernement. À chaque
année, le gouvernement, et c'est pour ça que le ministre le dit
avec raison, on n'a pas senti la nécessité de ça parce que
pour faire un programme de voirie il n'a pas besoin de faire une grande
concertation, faire venir les gens de la région de Montréal
à Québec pour venir nous dire ce qu'ils pensent de
l'élargissement de telle route et des choses comme ça. C'est le
programme normal de rénovation. On voudrait que le ministre mette plus
d'argent dans l'entretien parce que les gens se plaignent que l'entretien a
baissé au cours des dernières années. C'est
essentiellement ça l'objet de l'exercice, au fond.
Ce que ça devrait être normalement, ce sont les grands
choix qu'il y a à faire en termes d'orientation pour les prochaines
années. C'est dans ce sens qu'on se rend compte que beaucoup de gens ont
des doutes sur le plan de transport tel qu'énoncé.
Maintenant, une question que j'aimerais vous poser, parce que ce que
vous dites est assez clair. Il y a beaucoup de choses qui sont une question de
consensus. Sur un point, vous dites: Nous ne sommes pas du même avis que
le groupe qui nous précède, qui vient de la même
région que nous. Il n'y a rien de méchant
là-dedans. On n'est pas dans une armée dans une
société, où tout le monde doit mettre le pied gauche en
même temps sur le trottoir. Pourquoi y a-t-il des discussions? J'imagine
que le Seigneur a donné la parole aux êtres humains pour qu'ils
puissent parler. S'il n'avait pas voulu qu'ils se parlent. Il ne leur aurait
pas donné la parole pour se parler, pour faire un exercice de
concertation.
Le point qui m'intéresse le plus concerne le train de
Saint-Hilaire. Chaque fois que le problème se pose, et le ministre ne
l'a pas posé en termes qu'il utilise habituellement, mais quand il en
parle, pas toujours dans les micros, il dit essentiellement: II y a 300
personnes qui prennent le train, il y a une ligne d'autobus à
côté; s'il y a plus de monde à bord du train, il va y avoir
moins de monde à bord de l'autobus. Ne sont-ils pas en
compétition l'un contre l'autre? Essentiellement, est-ce qu'en
développant le train de Saint-Hilaire vers Montréal toutes les
personnes de plus qu'on va mettre sont autant qui ne prendront pas l'autobus?
Là-dessus, c'est une question qui peut se poser. Ce que je dis,
essentiellement, c'est: Est-ce que c'est cela la problématique? Est-ce
que la problématique du train de Saint-Hilaire est: le train en
compétition avec l'autobus? À ce moment-là, si c'est cela,
le ministre vous dirait: Lequel choisissez-vous? C'est un peu comme cela qu'il
raisonne. C'est pour cela que j'aimerais savoir, de votre bouche, comment vous
voyez la problématique, parce que ce qui me frappe, c'est le nombre
d'intervenants qui sont venus ici en disant qu'ils tenaient à ce
moyen-là. Et ça ne peut être un vieux train, ce n'est pas
un musée ferroviaire que vous voulez établir. Ce n'est pas un
vieux train qui transporte 300 personnes avec un vieux système. Chez
nous, à Charny, on va faire un musée ferroviaire. Peut-être
qu'ils peuvent vous emprunter des trains, mais je n'ai pas l'impression que
c'est ce que vous voulez. J'aimerais savoir, dans son ensemble, comme
système collectif de transport, le train et l'autobus et ce que je viens
de vous dire, est-ce que c'est cela votre vision ou autre chose?
M. Aubertin: Ce qu'on vous dit dans notre mémoire... On dit que
le train de banlieue, l'infrastructure est déjà existante. On
parle de lien complémentaire à ce qui existe déjà.
Quand le ministre dit qu'il y a eu 300 utilisateurs, ce n'était pas
assez, on le ferme, je suis obligé de lui donner raison. Quand je prends
l'opinion de mon copain, M. Bussières, qui dit: Si on peut le rendre
complémentaire à autre chose, on va augmenter la qualité
de service... Vous savez, vous avez sûrement dû vous le faire dire,
on est tellement dépendant actuellement pour entrer à
Montréal. Quand on parle, sur le pont Champlain, de la voie
réservée qui tient par un fil, c'est un lien qui est
déjà existant qu'on peut, je pense, bonifier pour finir par le
rendre - n'appelons pas ça rentable parce qu'en transport en commun, la
rentabilité est très loin - complémentaire. Si je prends
le cas particulier de Boucherville, où je suis situé
complètement à l'est, pour les utilisateurs, ce n'est pas
intéressant d'aller se rabattre là. Mais si je prends les gens de
Saint-Hilaire, de Beloeil, de McMasterville, une partie de Saint-Hubert, une
partie de LeMoyne, une partie de Brossard et je le rends complémentaire,
une partie de Saint-Lambert, c'est un lien qui peut devenir fort
intéressant. Nous vous le présentons comme ça en lien
complémentaire à ce qui va exister.
M. Garon: Vous n'avez pas tout à fait répondu
à ma question.
M. Aubertin: Pardon?
M. Garon: Vous n'avez pas tout à fait répondu
à ma question. Ce que je vous demandais au fond, ce qu'on dit comme
objection... On dit que, actuellement, il n'est pas beaucoup utilisé,
300 personnes, mais s'il l'était plus, cela serait autant de monde de
moins à bord de l'autobus et c'est deux voies parallèles. C'est
à cela que je vous demandais de répondre. Je n'ai pas la
réponse, mais je me dis que ce que je dis, c'est cela l'argumentation du
ministre. Il a raison ou il a tort. Est-ce que c'est cela la
problématique ou autre chose?
M. Bussières: Écoutez, on donne toujours comme comparaison
la saucisse Hygrade. Il paraît que c'est une bonne comparaison. Quand
vous avez un train de banlieue qui a un voyage par jour, il voyage à 50
% vide. Vous ne pouvez pas avoir un service d'autobus qui se rabatte à
un seul système de desserte ferroviaire. C'est d'abord au chapitre du
déficit qui était de 1 300 000 $, c'est évident que les
gens qui se rabattraient sur ce service ne peuvent l'utiliser. Donc, c'est
évident et on a admis qu'en 1985, lorsque nous avons eu la
responsabilité du transport en commun dans nos municipalités, il
a fallu implanter des services au centre-ville de Montréal, qui sont
devenus en concurrence avec notre train de banlieue. On a admis ça, mais
on ne pouvait pas se servir de cet outil. Premièrement, j'admets que
c'est beaucoup plus confortable jusqu'à un certain point des autobus de
la Société de transport mais c'était trop dispendieux
à exploiter. Quand on parle d'intermodal, il ne faut pas oublier une
chose: c'est qu'on change de mode de transport en cours de route. Ce n'est pas
le même sytème de transport dans lequel vous vous transportez;
l'intermodallté veut dire deux systèmes de transport dans un
même parcours. La seule façon de rentabiliser une desserte
ferroviaire... D'abord, on a besoin de traverser sur l'île de
Montréal, comme M. Aubertin l'indiquait. Le problème dans le
transport chez nous n'est pas sur la route 116, ce n'est pas la CIT
Chambly-Carignan, ce n'est pas
la route 112, c'est de traverser sur l'île de Montréal.
Voici ce que nous disons: Essayons de privilégier une fois pour toutes
un axe prioritaire qui va au centre-ville de Montréal, sur lequel vous
pouvez compter. Pas comme la voie réservée du pont Champlain: il
neige, les petits cônes jaunes ou roses - je ne sais pas de quelle
couleur ils sont - ne sont pas mis; la voie réservée ferme.
Pensez que nos usagers qui prennent l'autobus et qui doivent arriver au
centre-ville de Montréal à 8 h 15, s'ils arrivent à leur
bureau à 9 heures, vous ne les transporterez pas souvent par le
transport en commun.
Nous disons donc, comme on l'a dit souvent au ministre: Qu'on
décide, en fin de compte, que l'axe privilégié, c'est
l'estacade, il faudra évaluer ce que cela va nous coûter, et,
deuxièmement, le temps de parcours. Quand vous pariez de l'axe
ferroviaire, c'est clair. Il est là, il traverse au centre-ville de
Montréal. La seule façon de le rentabiliser, entre guillemets, et
pour être utilisé, il ne faut pas que vos autobus voyagent en
parallèle. Je vais vous dire une chose, pour ma part, le service Rigaud
- Deux-Montagnes est extrêmement coûteux. Sur la rive sud, nous ne
pourrons pas payer un service semblable.
On parle de voitures à deux niveaux. Pourquoi? Parce qu'il y a
seize kilomètres de parcours à faire, et en vous
déplaçant à deux niveaux, vous déplacez 1200
personnes par train. C'est un corridor inépuisable, et votre gare
centrale peut prendre quatorze voitures semblables. Savez-vous combien de temps
une desserte ferroviaire va durer et quels coûts cela entraînerait
pour investir dans les immobilisations? C'est tout simplement ce que l'on
demande. On ne dit pas que l'estacade n'est pas un projet. Assurément,
s'il y a des utilisateurs; le seul danger qu'on y voit, c'est évident
que si la desserte ferroviaire, on parle de 100 000 000 $ dans le rapport
préliminaire, évidemment on a compris pourquoi c'est
arrivé à 170 000 000 $, c'est très clair: quand vous
utilisez un temps de parcours de 29 minutes en 1988, de Saint-Bruno à la
gare centrale, c'est évident que vous aurez un résultat
semblable. Mais nous disons que si en 1989 on ne peut pas parcourir, avec la
haute technologie québécoise que nous avons, 16 kilomètres
en 17 minutes, je n'embarque plus. C'est ce que l'on préconise et, en
ayant un temps de parcours de 15 à 17 minutes, c'est clair que cela
devient un service de transport collectif le plus efficace possible, fe plus
rapide et le plus viable. C'est pour cela que notre train... On nous l'a
souvent reproché, mais écoutez, vous rabattez les autobus qui
viennent de Saint-Hyacinthe, par exemple, on nous a dit: Rabattez vos autobus
qui viennent de Saint-Hyacinthe à Mont-Saint-Hilaire, mais n'oubliez pas
que cela prend une grille tarifaire intégrée. On ne peut prendre
des gens de Saint-Hyacinthe en autobus, qui payent par exemple 4 $ par passage,
pour aller au centre-ville de Montréal, les embarquer dans le train et
leur demander 8 $. Je ne vois pas la ville de Saint-
Hyacinthe... Elle va vous dire: La CIT, oubliez-moi; je sors de votre
CIT lorsque le décret viendra à échéance. On ne
peut faire du rabattement à des gares sans absorber le déficit,
sans avoir les grilles tarifaires intégrées. C'est la raison pour
laquelle on ne pouvait pas le faire. C'est la problématique de notre
desserte ferroviaire, mais par contre, nous savons une chose... Qu'on me dise
qu'il n'y avait que 300 usagers, mais c'est évident que le nombre a
baissé, cela a périclité, surtout lorsque les
employés du Canadien National avaient 50 %, et lorsque le 50 % a
été enlevé. On sait qu'on en a perdu 30 % qui
étaient des employés du Canadien National, c'est évident,
pour en avoir été un qui a déjà voyagé
dessus, c'est évident quand vous avez 30 %. Mais face à cela, on
dit que la seule façon d'avoir quelque chose d'efficace, c'est que nos
autobus... Le problème, comme on vous le dit, ce n'est pas sur
l'autoroute 116, ce n'est pas sur la 112, ce n'est pas sur la 132, c'est pour
traverser au centre-ville de Montréal. Et c'est le meilleur
équipement d'infrastructure qui ira directement au centre-ville de
Montréal.
M. Garon: Je vous remercie. Cela m'a éclairé. Je
suis ici pour être éclairé. J'essaie d'écouter ce
que les gens disent et cela m'a... Parce que je me suis dit, à un moment
donné, que s'il y a autant de personnes qui tiennent à ce train,
alors qu'il ne transporte que 300 personnes, il doit y avoir d'autre chose
derrière cela, parce que tous les groupes qui viennent en parient,
alors...
M. Bussières: Oui, mais écoutez, si vous avez 45
minutes...
M. Garon: Mais vous montrez une dynamique différente.
C'est évident que...
M. Beaupré: La desserte ferroviaire, M. Garon, sera un
élément dans le système de transport en commun de la
Montérégie. Ce n'est pas le choix entre la poule et l'oeuf,
ça nous prend les deux: l'autobus, le métro et la desserte
ferroviaire. Et ce n'est pas une concurrence de l'un à l'autre, c'est
une complémentarité. C'est ce qu'il faut regarder, et c'est ce
qu'on vous dit dans notre texte.
M. Garon: Je vous remercie, et surtout d'être venus
à cette heure-ci. Que voulez-vous, on planifie notre temps le mieux
possible. On a essayé de regrouper tous les gens de votre région
dans fa même journée pour les avantager, mais je comprends que
finir à 18 h, peut-être, et être obligés de remonter
à 18 h, le vendredi, ce n'est peut-être pas la meilleure heure.
Merci d'être venus.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. Je vais maintenant reconnaître M.
le député de Beauharnois.
M. Marcil: D'abord, je vous prie d'excuser M. le ministre, parce
qu'il a dû quitter; il fallait absolument qu'il quitte pour 17 h 40.
Au nom des députés de la formation ministérielle,
on vous remercie beaucoup de vous être présentés à
cette commission.
M. Aubertin: Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Beauharnois.
Je vous remercie de votre apport aux travaux de cette commission. Je
vous souhaite une bonne fin de semaine et un voyage de retour en toute
sécurité.
La commission de l'aménagement et des équipements, ayant
maintenant complété son ordre du jour, ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 17 h 50)