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(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'aménagement et des équipements
entreprend maintenant ses travaux pour procéder à des
consultations particulières dans le cadre de l'examen des volets
"Développement du réseau autoroutier" et "Projets de
développement du réseau de transport collectif du plan d'action
1988-1998 intitulé "Le transport dans la région de
Montréal".
Est-ce que nous avons des remplaçants ce matin, M. le
secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Il y a deux
remplacements. M. Gauvin (Montmagny-L'Islet) est remplacé par Mme
Cardinal (Château-guay) et M. Thérien (Rousseau) est
remplacé par M. Marcil (Beauharnois).
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
secrétaire. Tel qu'il est de tradition à la commission, M. le
député de Lévis, s'il y a des remplacements dans la
journée, cela nous fera plaisir de les annoncer s'il y a consentement
des deux parties. Sur ceci, je demanderais maintenant aux représentants
du Collectif en aménagement urbain Hochalaga-Maisonneuve de bien vouloir
prendre place, s'il vous plaît.
Dans un premier temps, j'aimerais rappeler aux porte-parole de chacun
des groupes qui auront à intervenir devant cette commission ainsi
qu'à MM. les députés que la répartition du temps se
fera de la façon suivante: dix minutes à ceux qui ont à
présenter le mémoire, dix minutes à la partie
ministérielle et dix minutes à la partie de l'Opposition.
Je rappelle à chacun des intervenants et à chacun des
membres de cette commission que nous avons un programme des plus
chargés, alors je demanderais votre collaboration, s'il vous
plaît, pour le respect de l'horaire de cet après-midi.
Sur ceci, je demanderais maintenant au porte-parole... M. le
député de Lévis.
M. Garon: II faudrait dire aux gens qui ne sont pas très
au courant, qu'ils peuvent prendre la demi-heure au complet s'ils le veulent.
À ce moment-là, on ne pose pas de questions. Chaque minute qui
dépasse dix minutes est prise sur notre temps, de part et d'autre
également. Si c'est leur choix, ils ont le droit de faire cela.
Le Président (M. Saint-Roch): C'est exact, M. le
député de Lévis. Le temps résiduel, si cela
dépasse dix minutes, sera réparti à proportion
égale entre les deux formations politiques. Sur ceci, je demanderais
maintenant au porte-parole du Collectif en aménagement urbain
Hochelaga-
Maisonneuve ainsi que les gens qui l'accompagnent, de bien vouloir
s'identifier pour le bénéfice des parlementaires et du Journal
des débats.
Collectif en aménagement urbain Hochelaga-Maisonneuve
Mme Di Folco (Sylviane): Bonjour. Sylviane Di Folco, du Collectif
en aménagement urbain Hochelaga-Maisonneuve, Yvon Couillard,
Gaétan Nadeau, Julie Deschamps et Pierre Tessier.
Rapidement, le Collectif en aménagement urbain
Hochelaga-Maisonneuve est un regroupement d'organismes et d'individus qui sont
soit résidents ou qui oeuvrent à l'intérieur du territoire
Hochelaga-Maisonneuve. L'objectif du Collectif en aménagement urbain
vise le maintien et le développement de la qualité de vie dans le
quartier. Il a aussi pour objet la consultation et l'information auprès
de la population. Les dossiers qu'on touche quand on parle d'aménagement
urbain, ce sont des dossiers comme ceux concernant les espaces verts, le
maintien, le développement et l'aménagement des espaces verts, la
circulation, le contrôle de la circulation pour en minimiser les impacts
négatifs, le logement, et naturellement, le boulevard Ville-Marie. Notre
expertise se situe surtout au niveau de la consultation auprès de la
population. En ce qui a trait au boulevard Ville-Marie, ce dossier est au coeur
du collectif depuis la naissance de celui-ci, c'est-à-dire en 1983.
Depuis, nos priorités n'ont pas changé. Notre point de vue n'a
pas tellement changé non plus. On maintient que ce qui est important
pour nous, c'est la qualité de vie pour les résidents
d'Hochelaga-Maisonneuve, et dans l'optique d'un développement routier
aussi important que celui de l'autoroute ou du boulevard, on a donc à se
poser de sérieuses questions sur l'impact que cela pourrait avoir sur
les résidents. Depuis 1983, on a eu des rencontres au cours des
années et on a négocié avec les différents ordres
de gouvernement la question du boulevard Ville-Marie - que ce soit avec Michel
Clair, Guy Tardif ou avec M. Côté - et avec la ville de
Montréal quand il a été question de la rétrocession
des terrains et de la construction de logements. On a rencontré à
plusieurs reprises M. Hébert au sujet des négociations concernant
les modifications pouvant y être apportées. La base sur laquelle
on part aujourd'hui, c'est pour dire que la rue Notre-Dame, telle qu'elle est
aujourd'hui, est tout à fait inacceptable. Elle est dangereuse, n'arrive
pas à absorber la circulation, il y a un taux d'accident... J'essayais
d'avoir les chiffres pour aujourd'hui et je ne les ai pas eus, malheureusement,
mais on sait qu'il y a une recrudescence d'accidents sur la rue Notre-Dame
parce qu'il n'y
a pas de feu de signalisation, c'est très mal canalisé et
la rue ne peut pas recevoir le genre de circulation qui y passe, surtout la
circulation lourde. Quand je disais, tout à l'heure, qu'on a eu
plusieurs échanges avec le ministère des Transports, on a eu un
premier échange au mois de juillet 1986 au cours duquel on a
présenté à M. Côté une lettre dans laquelle
on soumettait nos points de vue et les engagements qui avaient
été pris avec ses prédécesseurs. Il nous avait
répondu dans la même année, en nous assurant de plusieurs
choses. Par ailleurs, on soulevait, à ce moment-là,
l'étude d'impact sonore qui a été réalisée
depuis, et qui avait été commandée par le ministère
des Transports et réalisée par la firme Gendron et Lefebvre.
D'ailleurs, on va le soulever dans le mémoire, la firme Gendron et
Lefebvre a fait une étude très détaillée sur les
mesures de mitigation qui devraient être apportées si le projet du
MTQ devait être adopté tel quel. Entre autres, on souligne que la
seule mesure de mitigation possible serait la construction d'un écran
sonore d'une hauteur de huit mètres sur toute la longueur, ce qui, on le
sait, est tout à fait irréalisable. Ceci pour souligner que le
projet, quant à nous, ne peut qu'avoir un impact très
négatif sur la population et on a donc des propositions à
présenter dans ce sens.
M. Côté, à ce moment-là, nous avait aussi
assurés qu'il y aurait une consultation à tenir auprès des
résidents des citoyens d'Hochelaga-Maisonneuve avant la
réalisation d'un projet d'une telle envergure. On avait aussi eu une
entente concernant la réunification des parcs Morgan et Champêtre
au sujet desquels le ministre disait qu'il attendrait un avis de la firme
Gendron et Lefebvre. L'avis a été donné. Là on
attendait un peu à savoir quelles étaient les suites à
donner. Tout ça pour dire que ce n'est pas un dossier qui est nouveau
pour nous, qu'on n'est pas non plus un groupe tout à fait nouveau pour
le ministère des Transports. Malgré le fait que l'on pense que
notre position est assez bien connue, on tenait quand même à
S'inscrire à l'intérieur du processus de la commission
parlementaire pour, encore une fois, présenter notre point de vue, nos
arguments et nos propositions.
Je céderai la parole à Gaétan Nadeau.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Nadeau.
M. Nadeau (Gaétan): Oui. M. le Président, avant de
commencer, je pourrais peut-être vous demander s'il va être
possible d'incorporer au compte-rendu le document in extenso, comme ça
je pourrai y aller de vive voix. Merci.
Avant de laisser la parole à M. Couillard, qui va aborder les
effets directs du projet gouvernemental sur la population
d'Hochelaga-Maisonneuve, je vais commencer par aborder deux points majeurs qui
vont traiter de façon plus fondamentale du bon usage, si je peux me
permettre l'expression, des autoroutes à la veille du XXe siècle.
Tout d'abord, pour signaler qu'il y a eu une étude fort
intéressante qui a été publiée en 1982 par M.
Jean-Pierre Dagenais, qui s'intitule - un titre bien choisi - "L'ironie du
char", qui démontre fort bien, à notre avis, et je pense que
c'est une lecture de chevet fort intéressante et pertinente, que l'usage
des autoroutes dans le but de régler les problèmes de la
circulation ne fait généralement qu'empirer ces
problèmes.
Une autoroute peut avoir une moyenne de vie, quant à sa
rentabilité pour régler le problème qu'on veut
régler, de six à dix ans, à peu près. Après
ce cycle, on se retrouve généralement dans la même
situation qu'on voulait combattre au début. Nous ne voyons pas, compte
tenu des problèmes que l'on veut solutionner à première
vue, comment l'amélioration telle que proposée du boulevard
Ville-Marie aura pour conséquence de régler vraiment le
problème. Ce ne sera là qu'une incitation au développement
urbain en périphérie de Montréal et une augmentation du
problème d'ici une dizaine d'années.
Comme première constatation, nous estimons qu'il n'y a pas de
solution réelle au problème du transport à Montréal
dans la construction ou dans l'élaboration de cette nouvelle voie de
circulation à Montréal. Le deuxième aspect encore plus
fondamental, surtout en cette période où la question
environnementale est devenue à la mode, et où tous les
gouvernements sont devenus très préoccupés de ces
questions, va porter Justement sur la question environnementale. J'ai ici un
document qui a été publié par le gouvernement canadien et
qui s'intitule: 'Les Canadiens et l'énergie au seuil du XXIe
siècle'. On y signale que les Canadiens, et donc les
Québécois, sont les plus grands consommateurs d'énergie
per capita au monde, incluant évidemment les énergies fossiles,
donc le pétrole. Prenons donc fait de cette situation.
J'ai ici une copie du rapport de la commission Brundtland bien connue,
dont on parle beaucoup depuis quelque temps et qui nous signale, fort à
raison, qu'il faut intervenir massivement pour mettre fin aux problèmes
de l'effet de serre qui est causé, principalement dans
l'hémisphère nord de l'Amérique, par la consommation et
surtout par la consommation due aux automobiles, que ce problème majeur
et important doit être réglé dans une période qui ne
nous relègue pas aux oubliettes tellement, puisqu'on calcule qu'en 25 ou
30 ans, i va peut-être falloir réduire de 44 % la consommation de
l'énergie fossile en Amérique du Nord. Ce n'est qu'un
scénario de pure catastrophe simplement pour se tenir le nez au-dessus
de l'eau, comme le disent les membres de la Commission mondiale sur
l'environnement et le développement.
Quand on jette un coup d'oeil sur la façon dont se consomme
l'énergie au Québec - il y a une étude qui a
été publiée par Luc Gagnon et Yves Guérard dans la
revue Franc Nord au cours de l'hiver 1988 - on se rend compte que de 50
%
à 60 % de la consommation des énergies fossiles est le
fruit de l'utilisation de l'automobile, surtout à la suite de
l'étalement urbain qu'on a connu depuis un certain nombre
d'années. En conséquence, pour avoir une politique qui soit
cohérente avec les propos de la ministre de l'Environnement, et aussi
avec les propos du premier ministre qui, depuis quelques mois, quelques
années nous signale son intérêt particulier pour les
questions environnementales... il nous semble que le projet qui est
proposé, particulièrement pour le boulevard Ville-Marie, va
complètement à rencontre d'une volonté clairement
exprimée de protéger l'environnement. Si on ne pose pas
immédiatement un geste important pour essayer de contrer cet
étalement urbain et cet usage excessif de l'automobile, il n'y a pas de
doute que l'on pose un geste très agressif pour l'avenir, non seulement
pour la population d'Hochelaga-Maisonneuve, mais pour une population beaucoup
plus large que cela. Alors, ces propos étant tenus, allons-y maintenant
plus concrètement sur l'exposé de la situation dans
Hochelaga-Maisonneuve et sur ce que le collectif aimerait obtenir comme
modification et aménagement de cette voie rapide. Je laisse
répondre M. Couillard.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Couillard.
M. Couillard (Yvon): Merci, M. le Président. Parmi les
positions du collectif concernant la circulation lourde et celle du transport
des matériaux dangereux, nous nous référons directement
à un rapport préliminaire écrit par le Service de la
circulation de la ville de Montréal que vous avez en annexe du
mémoire, qui se prononce entre autres sur la nécessité
d'une voie de service au sud du boulevard Notre-Dame.
Le Collectif rejoint le rapport du Service de la circulation en ce qui a
trait aux inconvénients causés par la circulation lourde et celle
des matériaux dangereux, quant aux besoins des entreprises
situées en bordure du boulevard quant aux problèmes causés
par les manoeuvres d'entrées et de sorties, ceux des impacts sonores et
de l'empiétement sur le quartier Hochelaga-Maisonneuve.
Nous proposons l'utilisation de la voie de service située
à l'intérieur du port de Montréal. Il va s'ensuivre une
collaboration de la Société du port de Montréal.
Maintenant pour ce qui est des voies d'accès, le collectif pense
qu'avec les accès existants au quartier Hochelaga-Maisonneuve par le
boulevard Notre-Dame, on pourrait envisager un élargissement de la
chaussée uniquement aux endroits requis, et ce, en réduisant
l'espace occupé par le terre-plein.
Nous prenons aussi position au sujet des parcs Morgan et
Champêtre. Déjà déficitaire au niveau des espaces
verts, le quartier se voit amputé de presque 25 % d'un de ses plus beaux
parcs pour laisser libre champ au projet du ministre des Transports. En effet,
la construction d'un boulevard aurait pour conséquence directe de
"manger" une partie du parc Morgan, situé au nord de Notre-Dame, en plus
de limiter considérablement l'accès au parc Champêtre,
situé au sud. La position bien connue du collectif est la
complète dépression du boulevard à cet endroit, afin de
permettre la réunification au sol des parcs Morgan et
Champêtre.
Les arguments appuyant cette proposition sont nombreux à savoir:
l'impact visuel, l'impact sonore, la revalorisation de tout l'axe Morgan, la
facilité d'accès au parc Champêtre, etc. L'étude
d'impact sonore réalisée par la firme Gendron et Lefebvre inc.
appuie notre proposition. D'ailleurs, à leur avis, la solution optimale
serait de construire un viaduc pour piétons au-dessus du boulevard et la
voie de service en totale dépression; ce qui, au niveau visuel,
urbanistique et sonore, représenterait la situation idéale. Cette
solution a déjà été demandée par le
collectif de l'aménagement urbain du quartier Hochelaga-Maisonneuve.
En conclusion, de 1948 à aujourd'hui, les faits se sont
chargés de démontrer la lourdeur des autoroutes comme moyen pour
assurer le développement économique d'une métropole. Les
propositions du collectif visent à maximiser l'utilisation de la rue
Notre-Dame sans pour autant pénaliser les résidents et les
résidentes du quartier Hochelaga-Maisonneuve.
Nous pensons que l'emprise actuelle est amplement suffisante pour
recevoir le flot de circulation prévu, pour autant que l'on prenne le
temps de s'assurer que cette dernière soit bien dirigée par une
bonne synchronisation des feux, par exemple. L'espace ainsi
préservé au nord du boulevard Notre-Dame pourrait facilement
être aménagé en espace vert servant aussi de zone tampon
entre le boulevard urbain et les habitations. De plus, la piste cyclable ne
pourrait qu'être rehaussée par un tel aménagement.
Finalement, nous espérons que les autorités
concernées sauront consulter et impliquer les résidents et les
résidentes dans toutes les phases du projet, afin que le résultat
final puisse satisfaire toutes les parties en cause. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. Couillard. Il
reste huit minutes à chacune des formations politiques. Je vais
maintenant reconnaître M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je veux remercier les gens du Collectif en aménagement
urbain Hochelaga-Maisonneuve. Comme le disait Mme Di Folco, c'est une longue
histoire que la leur avec celle du ministère des Transports, au fil des
ans, peu importent les ministres qui se sont succédé à la
tête du ministère des Transports, et finalement, ce que je
constate à la lecture du mémoire, c'est qu'il y a, chez vous,
cette constante préoccupation de
ne pas nécessairement bloquer la construction de voies
routières, mais de les faire à partir des critères que
vous avez évoqués tantôt. (10 h 30)
J'étais un peu inquiet, parce que j'entendais Mme Di Folco et M.
Nadeau et j'avais l'impression, à un moment donné, de ne pas
comprendre la même chose. J'étais un peu inquiet, mais
après quelques informations, je pense qu'on peut se réconcilier
assez facilement. Ce que je comprends de votre position, c'est que vous
reconnaissez la nécessité d'un lien routier - on ne le qualifiera
pas - est-ouest pour aller rejoindre l'autoroute Ville-Marie dans sa conception
actuelle près du pont Jacques-Cartier et c'est devenu un
élément indispensable à la circulation, peu importe ce qui
en est, d'est en ouest jusqu'à la route 25.
Bien sûr, tout à l'heure, vous avez évoqué
l'axe Notre-Dame, d'une emprise de la rue Notre-Dame et, pour nous, lorsqu'on
parle de l'autoroute Ville-Marie prolongée, bien sûr qu'on parle
aussi de la même emprise, parce que toutes les relations que vous avez
eues avec le ministère des Transports étaient dans le sens de
trouver une solution qui, effectivement, puisse rejoindre, sinon en
totalité, du moins très largement vos préoccupations dans
le cadre de l'emprise actuelle de la rue Notre-Dame. C'est ce que j'ai toujours
compris. Est-ce que vous déduisez du plan de transport une
volonté autre que celle qui a été discutée avec
vous depuis le début?
Mme Di Folco: Oui, premièrement, il y a une chose sur
laquelle vous avez tout à fait raison. On reconnaît l'importance
de relier l'est à l'ouest. On reconnaît aussi l'importance
d'aménager la rue Notre-Dame, parce que, telle qu'elle est là,
elle n'est pas adéquate. On ne reconnaît pas, par ailleurs,
l'importance de construire... parce que, pour nous, ça demeure une
autoroute. L'emprise que vous avez accordée pour ces taxes est beaucoup
trop large, à notre avis. Nous, on maintient que la rue Notre-Dame,
telle qu'elle est avec son emprise, il suffirait d'y ajouter quelques
mètres pour qu'elle devienne acceptable. En dirigeant le flot de
circulation, la plus grosse différence se situe par rapport aux voies de
service.
Vous préconisez les voles de service au sud du boulevard, donc,
entre le boulevard et le port. Nous, on préconise les voies de service
à l'intérieur du port. C'est cet espace, c'est le plus gros
enjeu.
M. Côté (Charlesbourg): Je ne veux pas parler de la
voie de service tout de suite, parce que je voulais en faire une question
séparée. Effectivement, la vision du ministère, à
ce moment-ci, est un peu différente de la vôtre. Cependant, on a
quand même ordonné des études qui seront connues en juin,
à l'été, au cours du mois de juin, qui nous permettraient
de mettre sur la table des données, pas...
Mme Di Folco: Cela, ce sont des études sur les voies de
service qu'on mentionne à l'article 86?
M. Côté (Charlesbourg): Oui, alors, c'est à
l'été que cette proposition viendrait. Bien sûr qu'il n'y a
pas de décision qui sera prise quant à une voie de service tant
et aussi longtemps qu'on n'aura pas ça. Donc, dans ce sens, je comprends
que l'objectif d'avoir un lien est-ouest dans l'axe Notre-Dame et, là,
on se rejoint... Peut-être que le nombre de corridors fait un peu une
différence, cependant, le ministère - je le confirme à
nouveau - a toujours, dans son esprit, l'option, l'idée d'un boulevard
urbain au lieu d'une autoroute et on se retrouve dans la situation où,
entre le pont Jacques-Cartier et la rue Viau, il y aurait treize feux de
circulation. On ne peut pas appeler ça une autoroute.
Donc, c'est un frein à l'utilisation inconsidérée
d'une route comme celle-là. Il y a, bien sûr, le problème
qui se pose à ce moment-ci - qui n'est pas réglé et qui ne
le sera pas maintenant non plus - c'est celui de la voie de service où
votre proposition vise davantage à avoir la voie de service à
l'intérieur des limites du port, ce qui apparaît inacceptable pour
le port. Je pense que vous en êtes... Vous n'êtes pas sûre?
Là-dessus, j'aimerais vous entendre, parce que, qu'est-ce qui fait que
la voie de service serait acceptable, d'après vous, dans les terrains du
port?
Mme Di Folco: Peut-être juste avant, si je peux me le
permettre...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
Mme Di Folco: Pour nous, la question de l'autoroute, ce n'est pas
juste une question de feux de signalisation, c'est avant tout une question
d'impact sonore et visuel sur le quartier. C'est dans ce sens qu'un, deux ou
trois corridors de plus sont très importants et sont pour nous beaucoup
plus que des détails. C'est dans ce sens qu'on rejoint la firme Gendron
et Lefebvre, une étude qui avait été commandée par
votre ministère.
Quant à nous, on n'a pas senti que ce serait tout à fait
aberrant de demander au port de Montréal d'installer des voies de
service pour plusieurs raisons. Premièrement, il y a déjà
des voies de service à l'intérieur du port. Il y a des
entreprises. Il y a le port, le fleuve et entre ces deux, il y a les voies
ferroviaires et les voies de service qui sont utilisées par le port de
Montréal, par les entreprises desservies le long de cet accès.
L'intérêt pour le port d'installer des voies de service à
l'intérieur de son territoire, c'est que cela serait
défrayé par le ministère des Transports du Québec.
Ce serait entretenu par le ministère des Transports du Québec. Et
cela offre donc une voie rapide entretenue par quelqu'un d'autre que par
eux.
Je pense que c'est l'intérêt du port. Ils ont besoin
d'ailleurs de cette voie. Ils l'ont dit à plusieurs reprises. Quand on
leur avait demandé, en 1984, s'ils avaient besoin d'une voie de service
sur la rue Notre-Dame, ils avaient dit non, on a les nôtres. Donc eux en
ont besoin. Si cela pouvait être payé et entretenu par quelqu'un
d'autre, je pense que ce serait un intérêt sur lequel on pourrait
jouer. Par ailleurs, je pense que si on réduit le projet que vous
présentez, un projet plus réduit qui correspond à celui
que nous, nous présentons, l'argent récupéré
servirait à installer les voies de service dans le port. Tout cela
totalisé coûterait moins cher que ce que vous aviez
préconisé.
Par ailleurs, on sait que des ententes
fédérales-provinciales se font quand même très
régulièrement. Ce n'est pas parce que c'est un autre ordre de
gouvernement qu'une négociation et qu'une entente n'est pas possible.
Par ailleurs, cela rendrait le camionnage beaucoup plus sécuritaire.
Le Président (M. Saint-Roch): Le temps est
épuisé, M. le ministre, malheureusement.
M. Côté (Charlesbourg): Vous n'êtes pas de
service. On va vous mettre juste sur la voie. De toute façon, c'est un
dossier - juste en terminant, vous le permettez - qui va continuer très
certainement de faire l'objet de discussions. Juste dans votre
présentation, en nommant les principaux officiers du ministère,
comme vous l'avez fait, cela démontrait très certainement une
bonne connaissance des personnes et ce sont ces personnes qui continueront d'en
avoir la responsabilité. Ils vont continuer de vous consulter aussi de
la même manière que cela a été fait au cours des
dernières années.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Pardon? Comment?
Mme Di Folco: De préférence, non. Un peu plus.
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez, je me
souviens, quand je suis arrivé, la première chose dont j'ai
entendu parler c'est des passerelles pour piétons, selon une
proposition, il fallait presque reconstruire le Jacques-Cartier pour pouvoir
rejoindre deux parcs. Le principe a évolué parce qu'il y a eu une
reconnaissance de l'obligation de rejoindre ces deux parcs. Les moyens ne sont
pas toujours faciles parce qu'on peut bien parler de toutes sortes de choses,
mais à un moment donné il faut passer à l'action. Quand tu
veux passer à l'action, c'est là que les moyens deviennent un peu
plus difficiles. En tout cas, à tout le moins, avec la série
d'études en cours qui a été demandée par le milieu
et que le ministère a acceptée, cela me démontrait qu'il y
avait une relation entre le ministère et le milieu. S'il faut qu'elle
soit renforcée, elle le sera.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. M. le député de Lévis.
M. Garon: Comment expliquez-vous qu'il n'y a pas plus de
coordination entre les différents intervenants dans la conception du
transport, mais aussi dans l'aménagement de l'ensemble du territoire
dont vous parlez? Comment expliquez-vous cela? Est-ce parce que les gens ne se
parlent pas? Le port marche-t-il de son côté, le ministère
des Transports de son côté et Montréal de son
côté? Quel est le problème?
M. Nadeau: Écoutez...
Le Président (M. Saint-Roch): M. Nadeau.
M. Nadeau: ...le port de Montréal représente une
république, si je peux me permettre l'expression. Ces gens sont peu
accessibles à la discussion, c'est le moins qu'on puisse dire. Ensuite,
je pense qu'if y a un contentieux quand même relativement lourd entre les
groupes du milieu et le ministère des Transports quant au
parachèvement de ce qui devait être l'autoroute toute glorieuse.
Il est certain que les relations n'ont pas toujours été au beau
fixe, au départ. Je pense qu'il y a encore des séquelles de
ça. Nettement que les intérêts en jeu ne sont pas les
mêmes tout simplement. Les gens qui habitent là, les
commerçants même de la rue Sainte-Catherine vous reparleront des
effets néfastes de ce charcutage de quartier qui a eu lieu. Si on veut
encore l'augmenter, il est bien évident qu'on va protester.
Quand on part avec des positions contradictoires comme celles-là,
c'est effectivement difficile d'obtenir des consensus, mais le ministère
des Transports, la ville de Montréal, qui suit à petit train
comme elle le peut, et le port de Montréal, cela fait une dynamique
assez difficile.
M. Garon: Mais comme le port de Montréal est un port
spécialisé, pas spécialisé uniquement, mais
important sur le plan des conteneurs, cela veut dire que ce n'est pas une voie
terminale. C'est une voie terminale pour le maritime, après cela c'est
le camion ou le chemin de fer qui continue. En termes de libre-échange,
depuis le 1er janvier 1989 on est supposés être dans le
libre-échange. Normalement, au point de vue du développement
économique, l'organisation du transport et surtout l'interconnexion des
différents moyens de transport doit être importante. Qu'est-ce qui
se fait au niveau de Montréal pour penser en termes d'avenir, de
vieillissement de la population, population qui va vieillir
considérablement? En même temps, que Montréal soit une
plaque tournante au point de vue du libre-échange, c'est une
réalité. Qu'on soit pour ou contre, c'est une autre affaire.
Maintenant, c'est
là depuis le 1er janvier. Quel est le débat qui se fait
chez vous à ce moment-ci?
M. Nadeau: L'ob|et, l'intérêt du collectif est
évidemment la situation proche de l'autoroute Ville-Marie. On peut
passer quelques commentaires, mais Ils ne sont pas vraiment l'objet de nos
préoccupations. Si on se fie à l'étude de la Banque de
Nouvelle-Écosse qui a été publiée pendant la
campagne électorale, il semblerait que le transport par conteneurs fait
partie des industries qui vont connaître des moments difficiles à
la suite de l'adoption du libre-échange. En tout cas, l'étude
suggère aux gérants de crédit industriel de ne pas
prêter aux entreprises qui vont dans ce domaine-là. Alors, il
faudrait peut-être évaluer plus à long terme si,
effectivement, il y a là quelque chose qui va amplifier ou un
problème qui va se réduire à terme.
La construction d'autres autoroutes sur la rive sud, beaucoup plus
proche du marché américain, aura peut-être comme
conséquence de dégager Montréal, on ne le sait pas. Mais,
effectivement, la carte du libre-échange peut modifier les
données pour Montréal comme plaque.
M. Garon: Et le vieilissement de la population dans tout
cela?
M. Nadeau: Cela a plus ou moins de conséquences. Cela a
peut-être une conséquence sur la capacité de financement du
transport en commun par exemple et l'étalement urbain, puisque la
population vieillit d'une part. Mais, on remarque aussi que les jeunes couples
ont tendance à s'en aller vers les régions
périphériques parce qu'ils ont justement les chemins qui leur
permettent d'aller au travail dans le centre-ville. On n'est plus capables, et
le cabinet en est parfaitement conscient, il s'agirait simplement d'agir et de
financer et les infrastructures pour leur permettre de voyager et les
infrastructures de Montréal qui sont devenues insupportables,
évidemment, pour le nombre réduit de contribuables qu'il reste
à Montréal. Mais cela, c'est une dynamique, une espèce de
cercle vicieux qui a été dénoncé depuis
déjà quelques lunes.
Mme Di Folco: La seule réaction qu'on peut avoir face au
phénomène du vieillissement de la population, c'est que cela se
produit et c'est très réel chez nous. C'est d'ailleurs une des
clientèles qui est la plus touchée par un projet de transport
comme celui-là, c'est la clientèle la plus vulnérable. On
a un taux très fort de personnes âgées et isolées
dans Hochelaga-Maisonneuve et on a récemment construit un centre pour
personnes âgées au coin de Pie IX et Notre-Dame. C'est
évident que ce ne sont à peu près que des personnes
âgées, des personnes à faible revenu, des familles, des
femmes chefs de famille, des gens qui sont très vulnérables au
marché du logement qui vont être contraints d'habiter à
proximité d'une autoroute ou d'un boulevard et en subir les
conséquences.
M. Garon: Maintenant, quand vous partez d'améliorer les
voies de communication vers l'est, vers la 25, comment voyez-vous la 25?
Mme Di Folco: On la voit comme une autoroute. Je n'arrive pas
très bien à cerner... Nous, on ne s'est pas étendus
à l'extérieur du quartier pour une raison très simple,
c'est qu'il existe, que ce soit dans Mercier, des comités de citoyens
qui ont des choses à demander par rapport à l'échangeur
Curateau, par rapport au tunnel, par rapport à la 25. Il existe au nord
d'autres comités de citoyens. Ce qu'on dit, c'est que ces comités
ont des choses intéressantes à dire. Nous, dans le quartier, on
en a, cela fait longtemps qu'on le dit et ce sont ces choses-là qu'on
demande de respecter, les propositions qu'on a à faire. On ne
déborde pas du quartier, on s'en réfère aux groupes qui
sont actifs dans ces quartiers-là pour se prononcer sur les impacts de
leur autoroute. (10 h 45)
M. Garon: Par rapport à la ville de Montréal,
avez-vous entendu parler de ses interventions devant la commission
parlementaire, notamment le projet de réorganisation du boulevard
Métropolitain, possiblement avec un tunnel ou une voie
étagée, etc? Qu'en pensez-vous?
Mme Di Folco: Encore une fois, on maintient que notre principe de
base c'est ta consultation et la prise en charge des résidents sur leur
milieu de vie. Il y a, encore une fois, des gens qui sont près du
boulevard Métropolitain et qui auraient donc à se prononcer.
C'est à eux qu'i faudrait demander leur point de vue sur cette
réorganisation-là. Pour nous, en ce qui a trait à nos
liens avec la ville de Montréal, on s'est entendus sur une chose avant
de venir en commission, c'est que ni l'un ni l'autre ne voulait le statu quo
par rapport à la rue Notre-Dame. On voulait un aménagement. On
diffère par rapport à nos propositions d'aménagement, mais
nos liens jusqu'à présent ont été bâtis sur
l'entente que le statu quo était inacceptable.
M. Garon: Je vous remercie. Mme Di Folco:
Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. Au nom de tous les parlementaires, je
tiens à remercier le Collectif en aménagement urbain
Hochelaga-Maisonneuve de sa participation aux travaux de la commission
de l'aménagement et des équipements. Mesdames et messieurs, je
vous remercie.
M. Nadeau: Je vous remercie, mesdames et messieurs.
Le Président (M. Saint-Roch): Je demanderais maintenant au
Comité du train de banlieue de Montréal-Saint-Hilaire de bien
vouloir prendre place, s'il vous plaît.
Madame, messieurs, permettez-moi dans un premier temps de vous souhaiter
la bienvenue aux travaux de cette commission. Je demanderais maintenant au
porte-parole de bien vouloir s'identifier, ainsi que les gens qui
l'accompagnent.
Comité de survie du train Montréal-Saint-Hilaire
M. Rosay (Jean): Bonjour, merci. Jean Rosay, président du
Comité de survie du train Montréal-Saint-Hilaire. Avec moi, Mme
Claire Millette, secrétaire du comité et M. Philippe Aube,
porte-parole du comité.
Le Président (M. Saint-Roch): Vous avez maintenant dix
minutes pour déposer votre mémoire.
M. Rosay: Merci. Mesdames et messieurs, bonjour. J'aimerais juste
vous demander si vous avez bien eu la copie révisée que nous
avons déposée ce matin? Merci, M. le ministre.
En septembre 1988, après avoir assuré un service de
transport fiable et rapide aux différentes municipalités de la
rive sud de Montréal pendant près de 90 ans, le train de banlieue
Montréal-Saint-Hilaire cessait de fonctionner. Pour la population des
différentes municipalités de la rive sud ainsi que leurs
élus municipaux, les chambres de commerce, de même que les anciens
utilisateurs du train, l'arrêt d'un service ferroviaire de banlieue dans
cette région est inacceptable. Nous, les anciens usagers de ce service,
espérons que les audiences de la commission parlementaire permettront
aux instances politiques de réaliser que la seule façon de
régler la crise actuelle du transport en commun sur la rive sud est de
doter cette deuxième plus importante région du Québec d'un
système de transport en commun intégré, comme c'est le cas
dans l'ouest de l'île de Montréal et ailleurs.
Un tel système ferait appel aux autobus, là où
l'utilisation de tels véhicules est optimale, c'est-à-dire pour
le transport infra-urbain et à une desserte ferroviaire,
c'est-à-dire encore un métro de surface pour le transport
interurbain. Seul un tel système saurait combiner les
éléments de rapidité, de fiabilité, de
sécurité, de flexibilité et de confort, bien sûr,
nécessaires pour régler la crise du transport sur la rive
sud.
Pourquoi le train de banlieue Montréal-Saint-Hilaire a-t-il
cessé de fonctionner? Le faible niveau d'achalandage a souvent
été invoqué pour discontinuer le service. Pourtant, cette
statistique ne saurait en aucune façon constituer le reflet d'un
désintéressement de la population de la rive sud pour un tel
système de transport. En fait, le faible achalandage résulte
d'une volonté manifestée à tous les niveaux pour
décourager les usagers d'utiliser ce service. Et comment!
Premièrement, un horaire limité à son strict
minimum, soit un seul départ le matin en partance de Saint-Hilaire vers
Montréal et un seul départ le soir de Montréal vers
Saint-HUaire, et ce, du lundi au vendredi. Cet horaire ridicule contraste
singulièrement avec celui d'autres services de banlieue, comme le montre
notre tableau 1. À cause de l'horaire déficient du train de
banlieue, les municipalités de la rive-sud desservies par ces trains ont
entrepris de mettre en vigueur un service d'autobus direct entre leurs villes
et le centre-ville de Montréal, alors qu'auparavant les autobus
n'allaient qu'à la station du métro Longueuil comparativement au
mode de transport concurrent qu'est le service d'autobus offert par la
Société de transport de la rive-sud de Montréal ou, plus
simplement, la STRSM et par la Commission intermunicipale de transport de la
Vallée du Richelieu, la CITVR. Il est encore une fois évident que
le train de banlieue Montréal-Saint-Hilaire ne pouvait soutenir la
concurrence au niveau des horaires, comme on peut le constater dans le tableau
II de notre mémoire.
Deuxième raison, les prix très élevés du
service ferroviaire comparativement aux services concurrentiels établis
depuis. Les usagers ont fait face à des augmentations de tarifs de 40 %
entre 1985 et 1988.
Troisièmement, à tous ces facteurs qui ont incité
les usagers à délaisser le train pour l'automobile et l'autobus,
il faut ajouter que le train était un véritable musée
roulant aux wagons de 1916 ou avant, sans aucun chauffage l'hiver.
Quatrièmement, le CN limitait le nombre de passagers à
bord du train à 350. Les jours de tempête, il y avait de 450
à 600 passagers entassés, assis, debout dans les trois wagons.
Plusieurs se voyaient refuser l'accès à l'aller comme le retour;
même les détenteurs de carte mensuelle. Ne pouvant ni faire payer,
ni faire le décompte officiel du surplus de passagers, le personnel
à bord du train ne pouvait suffire à contrôler ce chahut,
évidemment.
Alors, en conséquence, le CN décida que jamais plus il n'y
aurait plus de 350 passagers à bord, même si l'achalandage
augmentait à chaque tempête de verglas, vent, neige ou pluie avec
les ponts en détresse que l'on connaît toujours aujourd'hui.
Contrairement au cas des autres trains de banlieue exploités par
le CN de Montréal à Deux-Montagnes ou le CP, Canadien Pacifique,
Montréal-Rigaud, aucune entente n'est intervenue entre le gouvernement
provincial et le CN pour couvrir le déficit de 1 300 000 $ de cette
ligne, bien que le gouvernement fédéral ait remis au gouvernement
provincial 70 000 000 $ au début des années quatre-vingt pour la
modernisation des trains de banlieue de la région
montréalaise.
Le manque d'entente parmi les maires de la rive-sud et ou
l'indifférence de ces derniers face à ce dossier ont amené
le gouvernement provincial à distribuer la part de ces fonds
destinés à la modernisation de la ligne
Montréal-Saint-Hilaire à d'autres usagers de la région
montréalaise. Ce fut, en conséquence, la fermeture du service
centenaire.
Finalement, il faut mentionner le nombre incroyable d'intervenants dans
ce dossier, ce qui compliquait davantage les recherches d'une solution à
la survie du train. La STCUM, les territoires qu'elle traversait, la STRSM, la
CITVR, même Saint-Hyacinthe où le train n'allait pas, le CN,
Canadien National, le ministère des Transports du Québec, bien
sûr, et la STRSM qui servait dïntermédaire.
L'alternative actuelle et future au train de banlieue. Le système
actuel repose sur l'utilisation d'autobus peu rapides. On prend un exemple ici:
38 minutes, beau temps, mauvais temps, avec le train auparavant et une heure
minimum en été. Cela va jusqu'à une heure et quarante cinq
minutes l'hiver. Peu fiables, comme notre annexe aux pages 15 et 16 l'indique
pour les bris mécaniques multiples. Sécurité: Peu
sécuritaires. Le rapport du coroner Héroux du 26 avril a dit tout
ce qu'il avait à dire sur l'autobus et sur la voie à contre-sens
et les bris mécaniques.
Enfin, face à ces problèmes, la solution proposée
dans le plan de transport du ministère est celle de déplacer la
voie réservée pour autobus du pont Champlain à une voie
réservée qui emprunterait le pont brise-glace du nom d'estacade
à partir de l'île des Soeurs jusqu'à la voie maritime et
qui passerait sous la voie maritime via un tunnel débouchant dans la
ville de Brossard. L'estacade se trouve à l'ouest du pont Champlain,
donc, en direction opposée au centre-ville de Montréal. Voir la
carte en annexe que vous avez d'ailleurs en page 3 dans notre mémoire
révisé.
Une voix: Page 3, en annexe.
M. Rosay: Merci. Selon le comité de survie du train de
banlieue Montréal-Saint-Hilaire, cette solution ne plaît à
personne, sauf à la STRSM. Elle continuera à avoir le monopole du
transport sur la rive-sud, la ville de Brossard, plus proche du pont Champlain
et le ministère des Transports pour qui ce projet serait le moins
coûteux, à première vue, on comprend. Pour les autres
intervenants dans ce dossier, c'est-à-dire les habitants des dix
municipalités autrefois desservies par le train et qui se sont
exprimées par pétition et par la voix de leurs élus
municipaux, les organismes représentant les usagers des systèmes
de transport en commun, les commerçants et gens d'affaires des
municipalités concernées par pétition et,
dernièrement, onze municipalités en association spontanée,
dont cinq de la STRSM ont manifesté leur désir pour le train.
Nous en avons ici un article assez récent. La solution de l'estacade ne
saurait donc résoudre les problèmes de rapidité, de
fiabilité et de sécurité mentionnés ci-dessus.
Pourquoi? Il existe déjà une voie pour autobus sur le pont
Champlain. Le projet de l'estacade ne fera que déplacer cette voie. Ce
projet ne saura, en aucune façon, réduire les temps de parcours
actuels des usagers. Il est démontré à la section 11 que
ces temps de parcours, tels qu'ils sont actuellement vécus par la
population durant les heures de pointe, sont nettement supérieurs
à ceux du train. Cette situation vient du fait qu'à l'exception
de la portion du trajet qu'ils font sur la voie réservée, les
autobus sont eux aussi prisonniers de la circulation au centre-ville de
Montréal et sur la rive sud, surtout sur la route 116.
Cette situation deviendra encore plus critique à l'avenir au fur
et à mesure que la croissance démographique sur la rive sud
elle-même entraînera une circulation accrue. L'utilisation
prévue par la STRSM d'autobus articulés qui devront se frayer un
chemin dans la circulation au centre-ville de Montréal se passe de
commentaires. Par ailleurs, il est reconnu de tous que la circulation au
centre-ville est déjà engorgée.
Les autobus devront continuer à transporter des usagers sur de
grandes distances et feront toujours face aux aléas de notre climat
nordique, caractérisé par la neige, le verglas, le brouillard, la
bruine et la pluie verglaçante. Ces facteurs ralentissent
considérablement la circulation et la congestionnent et le projet de
l'estacade ne remédiera pas à cette situation. Les temps de
parcours des autobus continueront à ne pas être
respectés.
Le projet de l'estacade démontre encore une fois le manque de
planification à long terme des instances publiques. Quel sera le
coût pour réaménager l'estacade afin d'accommoder un
système de rails légers si, éventuellement, comme on le
prévoit d'ailleurs, les autobus qui la traverseront ne pourront suffire
à la tâche? Qu'en coûtera-t-il dans cinq ou dix ans pour
exproprier les terrains avoisinants aux gares afin d'assurer des lieux de
stationnement adéquats? Ces coûts ne sont évidemment pas
inclus dans les estimations actuelles du projet de l'estacade et ce projet, en
ne s'attaquant pas aux facteurs qui incitent les gens à opter pour
l'automobile plutôt que les transports en commun, ne saura pas Inciter
les utilisateurs actuels de l'automobile à délaisser celle-ci et
les problèmes de congestion et de dégradation des ponts Champlain
et Victoria continueront.
Enfin, dans notre plaidoyer, la solution logique à la crise du
transport en commun sur la rive sud est celle d'un axe ferroviaire -
métro de surface - où se rabattraient les services d'autobus
locaux. C'est d'ailleurs le principe qui sous-tend le réseau de
métro de Montréal, les trains de banlieue de l'ouest de
l'île de Montréal, les trains GO de Toronto, et j'en passe.
De nombreuses études passées, notamment
ceiles du COTREM et de la firme Transurb semblent d'ailleurs favoriser
une telle ligne ferroviaire comme étant une partie de réponse aux
problèmes de transport entre la rive sud, nous et Montréal. Un
tel système intégré train-autobus présente
plusieurs avantages dont en voici quelques-uns, pour être un peu plus
rapide.
Il a déjà été démontré
précédemment que les temps de transport existants avec l'ancien
train de banlieue étaient nettement inférieurs à ceux du
service d'autobus actuel. Nous ne voyons pas comment le déplacement de
la voie réservée pour autobus du pont Champlain vers l'estacade
réduira le temps de parcours des usagers. L'estacade pénalise
donc les usagers de dix municipalités et même plus pour n'en
favoriser qu'une seule, celle de Brassard.
Un système ferroviaire bien entretenu est plus fiable et respecte
mieux ses horaires qu'un système d'autobus car il
bénéficie d'une voie réservée fiable
déjà tout au long de son parcours. En voilà une voie
réservée. Un autobus ne peut avancer qu'à la même
vitesse que les automobiles qui l'entourent. Il en est prisonnier. Cette
vitesse est influencée par la densité de la circulation et les
conditions climatiques. En contrepartie, les autobus sont mieux adaptés
à la circulation infra-urbaine.
Le transport ferroviaire est aussi plus confortable que le transport par
autobus. Un facteur important sur celui de la fiabilité qui a d'ailleurs
été reconnu par le ministère des Transports en mai 1988.
Pour les détails, annexe 2, pages 46 et 66 de cette étude.
En quelque sorte, un système intégré de transport
en commun faisant appel à une desserte ferroviaire pour le transport
interurbain et à des autobus pour le transport intra-urbain est la
solution privilégiée par la population et leurs élus pour
faire face aux problèmes de transport sur la rive sud. C'est aussi la
solution entérinée par le Comité de survie du train
MontréahSaint-Hilaire car elle seule permet de répondre aux
critères de rapidité, de fiabilité, de
sécurité, de flexibilité et de confort, ça aussi,
qui doivent être respectés pour tout système de transport
moderne et efficace. C'est aussi la seule solution susceptible d'inciter un
nombre appréciable d'automobilistes à délaisser leur
véhicule en faveur du transport en commun. Les membres du comité
représentant les usagers du transport en commun sur la rive sud ainsi
que leurs élus municipaux sont confiants et optimistes que les arguments
en faveur d'un tel système intégré seront ceux retenus
lors de la prochaine étude de faisabilité de ce projet autant
réaliste actuellement qu'aux approches de l'an 2000. Nous vous
remercions de votre attention. (11 heures)
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. Rosay.
Il reste huit minutes à chacune des formations. Je vais maintenant
reconnaître M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je veux remercier des gens tenaces, des gens qui ont toujours
cru à leur affaire et qui l'ont défendue presque contre vents et
marées...
M. Rosay: Merci, M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): ...et les en
féliciter parce que, effectivement, il faut y croire avec beaucoup de
détermination pour avoir passé là où ils ont
passé.
Je ne veux pas tenter de justifier la position du ministère des
Transports. Dans un dossier comme celui-là, l'annonce de la fermeture du
train, de la volonté du CN d'abandonner le train, à tout le moins
que je me souvienne, est d'abord venue d'Ottawa. De péripétie en
péripétie, tentant d'impliquer les milieux municipaux qui,
effectivement, ont adopté des résolutions pour le maintenir, et
de la STRSM qui le disait aussi sur le bout des dents, il faut bien le dire.
Finalement, tenter de prendre tout ce beau monde et dire: Parfait, si c'est une
volonté, faisons en sorte qu'elle soit viable.
La problématique que vous soulevez à savoir que
l'efficacité, la vitesse, la qualité au niveau des passagers vont
faire en sorte que l'utilisation en sera plus importante, j'endosse cela
à 100 %. Sauf que, pour que le train soit viable, pour qu'il l'ait
été dans le passé aussi, il aurait fallu une
volonté politique des intervenants de la rive sud - je ne parle pas des
usagers parce que vous l'avez démontré à plusieurs
reprises - non pas seulement dans l'élaboration ou l'écriture
d'une résolution d'appui mais au delà de cela.
Je termine en disant que le ministère des Transports a toujours
été très sensible à cela et c'est lui qui absorbait
le déficit résiduel d'exploitation qui se situait à peu
près à 1 300 000 $ par année, plus 40 % des revenus des
passagers. Dans ce sens-là, le ministère a tenté de faire
un certain nombre de choses, sauf qu'un de ces jours, pour être capable
d'en arriver à une solution permanente et efficace, il faut crever
l'abcès. En tout cas, c'est ce que j'avais à tout le moins
perçu qu'il fallait faire, c'est ce qui a été fait
très douloureusement au début de l'automne pour ensuite relancer
le dossier sur des bases qui vont durer.
C'est pour cela que nous nous sommes associés aux
différents intervenants de la rive sud pour mener l'étude que
vous connaissez. D'ailleurs, vous l'évoquez dans votre mémoire.
Quant à moi, ce n'était pas une étude pour mettre sur la
tablette de la bibliothèque. La plus belle démonstration de cela,
vous la révélez dans la version révisée de votre
mémoire aux pages 12 et 13 en faisant allusion à
Châteauguay et principalement à Deux-Montagnes en disant que le
ministère dit: La modernisation du train de Deux-Montagnes, c'est
coulé dans le béton. Donc une volonté très ferme de
le faire et d'y donner priorité. Je l'avais dit à
l'époque, l'utilisation du
train de Deux-Montagnes par un nombre plus important de personnes nous
obligeait à aller vers la modernisation du train de Deux-Montagnes en
tout premier lieu, de proposer aux gens de Châteauguay et de tout ce
coin-là une solution de transport en commun au pont Mercier. S'ils ne la
prennent pas, ils perdront leur temps sur le pont Mercier. Cet esprit et cette
logique qui prévalent chez nous à l'intérieur du plan
peuvent prévaloir aussi sur la rive sud.
J'en arrive à une question parce que vous n'êtes pas venu
pour m'entendre, vous connaissez mon propos. Je ne vous parlerai même pas
de l'estacade parce que, quand vous en partez, vous êtes comme moi, je
vous trouve partisan.
M. Rosay: Je vous comprends, je comprends votre point de vue
là-dessus, mais vous comprenez aussi pourquoi.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, d'accord, mais
l'estacade peut éventuellement être un point de desserte servant
au transport en commun autre qu'un autobus dans sa conception actuelle.
M. Rosay: Absolument, nous sommes d'accord là-dessus.
M. Côté (Charlesbourg): Alors toute la
problématique repose sur la volonté des intervenants de la rive
sud, y compris les usagers, à ce qu'il y ait du rabattement. S'il n'y a
pas de rabattement sur le train de banlieue, un métro de surface ou
nommez-le comme vous vouiez, on parle d'un transport rapide, d'un transport en
commun, est-ce que vous ne croyez pas qu'on sera toujours dans une situation
difficile?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Rosay.
M. Rosay: Nous pouvons toujours vous dire qu'il n'y aura pas de
problème avec le rabattement, c'est sûr. D'autre part, les
volontés politiques sur la rive sud ont changé. Elles sont
maintenant pour le train. Ce n'est pas seulement un affichage, pas seulement
quelques résolutions ou ce que j'appellerais, pardonnez-moi le mot,
quelques cafouillages comme on en a vus dans le passé. Nous
considérons que le rabattement est là et il sera là. Les
volontés politiques sont là maintenant. On ne peut plus dire que
les volontés politiques ne sont plus là; elles sont là. Et
je vous comprenais tout à fait auparavant. Maintenant, je ne comprendrai
plus à ce point-là.
Nous considérons aussi qu'en tant que ministre des Transports, et
votre titre indique "responsable du développement régional" et
c'est à votre avantage, vous avez une double responsabilité. La
deuxième est très précise. C'est d'orienter aussi le
dossier vers le transport en commun comme vous l'avez fait aussi d'ailleurs. Je
ne suis pas partisan là-dessus. Je ne veux pas vous sembler... La
population a soutenu son point de vue. Les élus municipaux sont aussi de
la partie maintenant. Il n'est jamais trop tard. C'est fait maintenant et il
n'y a plus de raison d'hésiter pour le ministère.
Le plan de transport n'indiquait pas une vision régionale. C'est
un plan de transport avec Montréal et les banlieues limitrophes
immédiates. Donc, cela devrait inclure à ce moment-là les
grandes banlieues dont nous faisons partie. Et le rabattement se fera à
ce moment-là. Les municipalités ont pris le dossier en main; onze
encore dernièrement. Il en manque d'ailleurs dans celles-ci. D'autres
n'ont pu se rallier à temps. Et le rabattement par autobus se fera sans
aucun problème parce que maintenant, c'est l'intérêt commun
comme ceux de votre ministère et de la région de la
Montérégie.
M. Côté (Charlesbourg): Cela se passe
rapidement.
M. Rosay: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): C'est beaucoup plus rapide
que le train dans ce que je comprends. Une chose est certaine, lors de la
commission parlementaire qui s'est tenue il y a deux semaines, la
Montérégie a demandé d'avoir un plan de transport global.
C'est clair que le plan de transport visait la région urbaine de
Montréal - c'était l'objectif du plan - et que, par
conséquent, il y a des CIT un petit peu plus au-delà de la
couronne dont on ne tient pas compte mais qui ont une problématique de
transport. Forcément, en allant travailler à Montréal,
puisque c'est là que sont les emplois, il faut qu'il y ait du transport.
Cependant, mon étonnement est que - pas que je la mette en doute, mais
à tout le moins je veux vous permettre de me faire cette
démonstration de cette nouvelle virginité municipale
vis-à-vis le choix du train de banlieue sur la rive sud de
Montréal - vous me parliez de onze municipalités et plus.
J'aimerais vous entendre un peu plus là-dessus parce que je suis encore
sceptique compte tenu de ce que j'ai vécu dans le passé.
M. Rosay: Ce qui est intéressant dans les onze
municipalités, c'est qu'il y en a cinq de la STRSM qui sont les
municipalités limitrophes de Montréal. Il y en a d'autres qui
n'ont pas eu le temps de se rallier. Mais les autres, il y en a au moins six en
plus qui ne sont pas dans celles-ci. C'est évident, la volonté
est là maintenant. Vous référez à la
virginité, entre guillemets, des courants municipaux et tout cela. On
sait que parfois des choses se déclenchent pour d'autres raisons que
celles qui paraissent les bonnes au départ. Maintenant, cela est
politique, on connaît tout cela et on est d'accord, on vit avec cela
C'est un processus démocratique et on est tout à fait d'accord
avec ça. C'est grâce à ça que nous sommes ici avec
vous aujourd'hui. On a vraiment eu la confirmation que les municipalités
se ralliaient nettement au point de vue de la
Montérégie, au point de vue du comité du train qui
n'est pas seulement le point de vue du comité du train, c'est la
population... Je représente ici, cela peut paraître très
présomptueux, 4700 personnes et plus, mais en réalité,
c'est 9000 parce que la dernière pétition en comportait plus.
M. Côté (Charlesbourg): Peut-être juste en
terminant...
Le Président (M. Saint-Roch): En terminant, M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg):... pour remercier les gens
du comité du train de Saint-Hilaire, Je veux uniquement vous dire que
l'étude qui est en cours, contrairement aux précédentes,
vise à intégrer les gens qui croyaient au train, de telle sorte
que les résultats de l'étude ne puissent pas être
contestés. C'est ce qu'on a fait.
M. Rosay: On apprécie ça. On espère un bon
cours à l'étude de faisabilité, que ce ne soit pas la
quatre-vingt-onzième et la dernière, mais surtout la bonne.
Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Lévis.
M. Garon: II y a quelque chose qui me frappe depuis le
début de la commission parlementaire. Il y a beaucoup d'intervenants de
votre région qui ont l'air en faveur du train et il n'arrive rien.
J'aimerais que vous précisiez votre pensée. Cela a l'air plus
facile pour les trains dans l'ouest que dans l'est.
M. Rosay: C'est assez évident.
M. Garon: Comment expliquez-vous ça?
M. Rosay: Oui. Auparavant, cela va vous paraître bizarre,
mais nous considérions que notre train, vétuste tel qu'il
était, était une Cadillac en comparaison de ce que nous subissons
actuellement avec les autobus. Mais il en est une autre Cadillac, une vraie,
celle de l'ouest de l'île de Montréal et nous trouvons cela
inacceptable en tant que résidents de même classe que les autres
résidents de la région métropolitaine. D'ailleurs, on peut
voir que l'expérience merveilleuse du train de Deux-Montagnes confirme
la modernisation du train. C'est la même chose pour l'ouest de
l'île de Montréal. Quant à moi, je me croirais à
Toronto quand je vais dans l'ouest de l'île de Montréal. Je ne me
croirais pas vraiment dans la région montréalaise. Mais je veux
être à Montréal comme je veux être à
Québec. Je ne veux pas être un calque, spécialement de
Toronto. Mais ce que je vois là-dedans et j'y trouve un paradoxe, c'est
qu'on modernise une ligne, par exemple, Deux-Montagnes. Ce n'est pas partisan
du tout pour le ministère des Transports. Ce que je vois dans la
prochaine étude de faisabilité, c'est qu'on va suivre l'exemple
de Deux-Montagnes grâce au ministère des Transports et son
étude de faisabilité, grâce à tous les autres
mécanismes, nous-mêmes un peu, peut-être, je ne sais pas.
Mais, on a sûrement quelque chose à dire là-dedans. On
apprécie, en conséquence, de faire partie de cette
étude.
Alors, oui, effectivement, nous avions un train non chauffé qui
nous arrangeait encore. C'était une prouesse d'avoir 350 personnes et,
en réalité, c'était de 500 à 600, dans un tel
train. Cela dit tout le potentiel que nous avons sur la rive sud avec un
programme bien établi, un programme d'incitation. Effectivement, c'est
une grande disparité.
On n'est pas là pour blâmer le ministère des
Transports. Je ne suis pas là pour ça du tout et je veux bien que
M. le ministre Côté voie cela. C'est aussi la faute de la
Montérégie. Il y a eu un manque à une certaine
époque sur la rive sud. Il n'est jamais trop tard. La
Montérégie s'est réveillée. Alors, parfait, mais
qu'elle se réveille pour de bon; il est temps. Il n'est jamais trop
tard, il est encore temps et c'est maintenant que ça se passe. Ce n'est
pas en l'an 2050. C'est maintenant que ça se passe pour qu'on ait un
plan qui ait de l'allure finalement et qu'il soit au moins égal à
ce que l'ouest de l'île de Montréal a en ce moment. Je ne tiens
pas du tout à déménager dans l'ouest pour un train. Je
veux, nous voulons, la population, en tant que résidents de la rive sud
veut un train de banlieue comme il y en a ailleurs. Nous adorons notre rive
sud. Il y a d'autres régions superbes dans le Québec, mais nous
adorons vivre là où nous vivons et nous voulons un train de
banlieue qui respecte nos simples droits.
M. Garon: Pourriez-vous préciser votre pensée quand
vous dites que l'estacade n'est pas une solution au problème du
transport sur la rive sud? Nous avons remarqué que le ministre a l'air
de croire beaucoup à l'estacade. On a remarqué que devant la
commission, plusieurs groupes mettaient beaucoup en doute cette solution.
M. Rosay: Est-ce que je peux me permettre de passer la parole au
porte-parole égal à moi-même?
M. Garon: C'est votre choix.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Aubé.
M. Aubé (Philippe): Merci. M. le Président, M.
Garon, pour l'estacade, si vous regardez par exemple à la page 3 de
l'annexe de notre mémoire, vous constaterez un peu un plan de l'ensemble
de la rive sud. D'abord, un de nos points, c'est que les autobus sont peu
rapides parce qu'ils sont pris dans la circulation du centre-ville de
Montréal et sur la route 116. La
route 116 longe à peu près le trajet de la voie
ferrée tel qu'il existe présentement. L'estacade ne fera que
faire un tout petit bout de chemin du voyage que les gens ont à faire
pour se rendre aux différentes municipalités: Saint-Hubert,
Saint-Bruno, Saint-Lambert, etc., alors que le train pénètre au
coeur même de la Montérégie. (11 h 15)
C'est une voie où les infrastructures existent
déjà. Tout est déjà en place. L'estacade reste
à faire. Disons qu'il y a les formes de béton qui sont
déjà là, mais il y aurait des réaménagements
considérables à faire. Alors, ça ne diminuera en rien le
temps de parcours des autobus, parce qu'ils sont pris dans la circulation au
même titre que les autres autobus; et, ce n'est pas le bout de trajet
qu'ils vont faire sur l'estacade qui va leur faire gagner du temps de transport
alors qu'on a déjà un système, avec toutes les
Infrastructures en place, et qui pénètre beaucoup plus loin dans
la Montérégie que l'estacade ne le fait présentement. Si
vous regardez la carte, vous verrez que la voie de chemin de fer
pénètre dans les territoires des municipalités de
Saint-Lambert, ville Lemoyne, qu'elle est aussi proche de Greenfield Park, et
qu'elle pénètre aussi au coeur même de Saint-Hubert,
Saint-Bruno, Saint-Basile-le-Grand, Otter-burn Park, McMasterville, Beloeil et
Mont-Saint-Hilaire. L'estacade ne pénètre que dans le territoire
de la ville de Brossard, qui a une population d'à peu près 58 000
personnes, et qui est une partie seulement de la rive sud, alors que toutes les
autres municipalités qui étalent autrefois desservies par le
train de banlieue ont une population beaucoup plus grande et que la voie y
existe déjà.
Pour nous, c'est la solution privilégiée, au même
titre que le métro de Montréal et les autobus locaux qui
circulent dans les rues et acheminent les gens aux différentes stations.
Pourquoi ne pourrait-il pas en être ainsi de la rive sud où on a
déjà un axe prioritaire et où les autobus locaux
pourraient circuler et conduire les gens à des gares où ils
pourraient stationner leur voiture, comme cela se fait à Roxboro ou dans
d'autres gares de la ligne de Deux-Montagnes?
Dans le plan de transport, on mentionne des rénovations de 170
000 000 $ pour le train de Deux-Montagnes, tandis que, selon les dires d'un
fonctionnaire du ministère des Transports, la rive sud est moins
chère, soit seulement 80 000 000 $ Je caricature un peu et je suis un
peu sarcarstl-que...
M. Côté (Charlesbourg): Un peu, pas mal. M.
Aubé: Enfin, c'est que...
M. Côté (Charlesbourg): Je souhaiterais avoir du
temps, parce qu'on pourrait parler de l'estacade. Je ne partage pas du tout vos
affir- mations.
M. Aubé: Enfin, on a mentionné 80 000 000 $ pour le
coût d'aménagement de l'estacade et je sais qu'on a accordé
des fonds plus Importants pour les trains de banlieue. Quoi qu'il en soit,
mises à part les raisons financières, pour des raisons purement
logistiques, des raisons de fiabilité des horaires, parce qu'il y a
évidemment une voie réservée qui n'est pas
Influencée par le climat, de rapidité - on l'a déjà
démontré avec le vieil équipement désuet - de
sécurité et de confort, qui sont des arguments repris dans la
dernière étude du ministère des Transports, pour toutes
ces raisons, il nous semble que c'est la solution à pnViégier
plutôt que l'estacade, qui peut quand même être excellente
pour la ville de Brossard - je ne nie pas que ces gens aient besoin d'un
transport en commun adéquat. J'espère que ça répond
à votre question.
M. Garon: Oui. oui. C'est votre opinion qu'on voulait
entendre.
M. Aubé: D'accord.
M. Garon: Le ministre a expliqué la sienne et nous
désirons entendre vos réactions par rapport au plan, si vous
êtes d'accord ou pas d'accord, comment vous voyez ça.
M. Rosay: Je vais reprendre la réponse. Le plan du
transport est bon à certains points de vue, il est moins bon à
d'autres points de vue. C'est difficile de satisfaire tout le monde, M. le
ministre, vous le savez comme moi...
M. Côté (Charlesbourg):... d'argent.
M. Rosay:... et vous êtes limité par un budget. Vous
voudriez sûrement faire plaisir à tout le monde avec un autre
budget quasiment sans limite, mais avec un peu plus toutefois.
Le train de banlieue, en fait, satisfait les proches banlieues et les
grandes banlieues, tandis que l'estacade répond à une partie du
problème. Elle sera très bien, l'estacade, éventuellement
pour les gens de Brossard et autres, on l'a déjà dit, on ne va
pas se répéter; mais, le train de banlieue - vous avez, M. le
ministre, un budget limité, pour un certain montant - permettrait de
résoudre le problème à long terme, globalement, des
grandes banlieues et des banlieues proches, avec la diminution des autobus,
l'ensemble. On n'a pas dit qu'on voulait supprimer les autobus, on a besoin des
autobus aussi, à leur niveau.
M. Garon: Vous voulez qu'8 tienne compte des choix faits en
fonction du train?
Le Président (M. Saint-Roch): En conclusion, M. le
député de Lévis.
M. Rosay: C'est ça. Excusez-moi?
Le Président (M. Saint-Roch): Je regrette, mais
malheureusement...
M. Rosay: C'est tout ce que nous avions à dire. Est-ce que
ça répond à votre question?
M. Garon: Oui. M. Rosay: Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, je remercie les gens
du Comité du train de banlieue de Montréal - Saint-Hilaire pour
leur apport aux travaux de cette commission.
M. Rosay: Merci de nous avoir écoutés.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. Rosay. Maintenant,
je demanderais à Devenco-re - Petro-Canada de bien vouloir prendre
place.
À l'ordre, s'il vous plaît! Je demanderais au porte parole,
ainsi qu'à la personne qui l'accompagne, de bien vouloir s'identifier,
pour le bénéfice des parlementaires.
Devencore-Petro-Canada
M. O'Brien (Philip): Mon nom est Philip O'Brien, je suis
président du groupe Devencore, et mon associé est M. Aldo
Sylvestre.
Le Président (M. Saint-Roch): Vous avez maintenant dix
minutes pour déposer votre mémoire.
M. O'Brien: Merci. Je peux parler debout, cela fonctionne?
Des voix: Oui, oui.
M. O'Brien: D'accord. Nous sommes ici pour vous présenter
le projet qui est connu comme le projet de raffinerie de Petro-Canada, à
ville d'Anjou. C'est un site où étaient auparavant les
raffineries de British Petroleum (BP), qui ont été
achetées par Petro-Canada il y a une dizaine d'années, et qui,
maintenant, ne sont plus en opération.
C'est un terrain de 20 000 000 de pieds carrés, 500 acres. Comme
propriété, c'est le plus grand terrain à destination
industrielle disponible, dans l'île de Montréal. 20 000 000 de
pieds carrés, ce sont beaucoup de pieds carrés; 500 acres dans un
centre urbain, c'est énormément d'espace. Il y a trois ans qu'on
travaille au concept d'orientation de ce projet, avec Petro-Canada. On a
convaincu Petro-Canada qu'il y a un potentiel inouï dans l'est de la ville
pour attirer de nouvelles industries, pour autant que l'infrastructure y est
adéquate.
Avant de vous présenter le projet, j'aimerais qu'on regarde un
peu l'accès routier de l'île de Montréal afin de voir
comment le projet s'y intègre. On peut étudier l'histoire pour
voir où on va. L'histoire industrielle de Montréal s'est vraiment
développée autour du port de Montréal, le long du
Saint-Laurent, dans le Vieux Montréal, etc.. Le premier point de
développement a été autour du Vieux Port de
Montréal, puis, vers Lachine, et, vers Décarie, en
troisième lieu, vers la région de Saint-Laurent. On peut dire que
le développement, au cours de la première partie de ce
siècle, s'est fait près du port, et depuis les années
1950, il s'est fait principalement autour de Saint-Laurent, dans le West
Island, et ensuite autour de l'autoroute des Laurentides. Ce furent les
premières zones de développement.
On s'aperçoit ici que les routes les plus importantes
étaient vraiment les ponts qui traversaient l'île, la route 20 et
la nouvelle autoroute transcanadienne qui a été
développée dans les années 1960, l'autoroute Ville-Marie
et l'autoroute métropolitaine, qui ne se rendait que jusqu'aux
raffineries. Même s'il y avait un petit pont qui traversait l'île,
c'était vraiment une route de campagne.
Toute l'industrie de l'est de l'île était l'industrie des
grandes pétrolières, qui s'alimentaient directement au port de
Montréal. Autrement dit, même si elles utilisaient les services
routiers, elles avaient leur propre système de transport. L'industrie
s'orientait vraiment vers le fleuve et ce sont les bateaux qui desservaient ces
industries, de même que les chemins de fer. Avec tout cela, l'endroit le
plus achalandé dans le contexte du transport est l'autoroute
Décarie et l'autoroute 40 - on connaît tous le problème du
rond-point Décarie, etc.. - et toutes les grandes industries sont
vraiment orientées aux alentours de ce secteur. C'est devenu, si on peut
dire, le centre industriel de Montréal, qui servait bien l'Ontario et le
reste du Canada, qui servait très bien les États-Unis, par les
autoroutes 10 ou 15, et les régions de Québec et du Nouveau
Québec, principalement par la rive sud.
Si on regarde ce qui s'est passé depuis les années 1970,
en matière de développement routier, on voit qu'on a
développé le tunnel Louis-Hippolyte-Lafontaine, on a
extensionné la Métropolitaine avec la nouvelle autoroute de la
rive nord et on vient de créer la possibilité d'un nouveau
pôle de traction, une nouvelle porte d'entrée vers l'île de
Montréal. Je crois que toutes les études qui ont
été présentées ici disent que 80 % à 90 % du
service de transport routier, camions, etc., passent sur l'île,
déposent sur l'île. Il ne faut pas oublier que l'île est
quand même excessivement importante. Je disais que le point le plus
important de la première porte d'entrée a toujours
été aux alentours du boulevard Décarie. On commence
à découvrir qu'un nouveau potentiel se fait ici, aux alentours de
ville d'Anjou, soit par le tunnel Louis-Hippolyte-Lafontaine, soit par la 40
vers l'est, vers Québec et le Nouveau-Québec. Cela fait qu'on a
vraiment trois zones de service. Cette zone, qui
dessert l'Ontario et les États-Unis. Cette zone, qui dessert
à la fois l'Ontario et le Nord-Ouest du Québec avec l'autoroute
et les aéroports qui sont ici. Cette nouvelle zone, qui est
appelée à être développée et renforcée
par la 440 et la 640 et la zone de la rive sud qui se développe assez
bien, qui circule autour de ce point-ci. Si on regarde un autre point de
rencontre avec l'extension de la 25 éventuellement, l'aménagement
de la Métropolitaine comme une autoroute de qualité, on voit le
potentiel, une nouvelle porte d'entrée sur l'île de
Montréal pour desservir tout le Nouveau-Québec. Montréal a
vraiment deux portes d'entrée: la porte de ville d'Anjou et la porte de
Décarie. Dans ce contexte-là, l'île même pourrait
bien desservir le Nouveau-Québec et se faire servir par le
Nouveau-Québec, aussi bien que Décarie a bien servi l'Ontario et
les États-Unis et s'est bien fait servir par le marché de
l'Ontario et des États-Unis.
On croit qu'il y a un potentiel excessivement Important en regardant
cela dans un esprit orienté un peu plus vers l'avenir et en regardant
l'île de Montréal qui est vraiment le coeur de tous les services
et industries pour tout le Québec: le Québec Nord-Ouest, le
Québec Nord-Est, le Sud du Québec, les États-Unis et
l'Ontario. Pour arriver à faire ça, il faut voir comment on peut
mieux desservir tout l'est des villes, mais le plus gros problème qu'on
a est vraiment le boulevard Métropolitain. Les industriels ne veulent
pas s'en servir. Cela leur coûte une fortune, une perte de temps pour
leurs camions et, quand on regarde le potentiel de l'est de la ville en fait de
construction, c'est là qu'est le grand potentiel. Le West Island est
déjà très construit. Les terrains industriels dans la
ville sont rendus à 10 $ le pied carré pour un
développement de site industriel qu'on trouve dans des centres urbains
dans plusieurs autres villes. C'est devenu très cher. Si on veut attirer
l'industrie sur l'île et aux alentours, il faudra développer de
nouvelles opportunités, de nouvelles grandes aires de terrains
disponibles.
Je vous donne un peu ça dans le contexte du potentiel de l'est de
la ville. Ce qu'on a fait ici, ce sont des pétrolières.
Petro-Canada représente environ 15 % des terrains en devenir disponibles
dans l'avenir pour le développement dans l'est. 20 000 000 de pieds
carrés, comme je le disais tantôt, c'est un immense site. Depuis
deux ans, on a fait des études aux États-Unis et au Canada pour
voir quel genre de service Industriel ou de produits de développement
industriel on pourrait mettre sur ce site et quel genre de services on devrait
y apporter. Nos recherches nous disent que les nouveaux genres d'industries -
je ne parle pas d'instituer des nouvelles technologies, je parle de nouveaux
genres d'industries, que ce soit une société qui a un
siège social en Ohio, à New York, au Texas ou quoi que ce soit -
veulent avoir des endroits où ils seront fiers d'avoir pignon sur rue et
où la valeur immobilière leur donne beaucoup de
flexibilité. Autrement dit, ils peuvent revendre cette
propriété, si jamais ils le veulent, ou il sera facile d'attirer
des employés. Il y a un bon système de transport et un
environnement de travail intéressant. Selon l'étude qu'on a
apportée pour notre terrain, sur les 20 000 000 de pieds carrés
il y avait près de 25 % d'espace vert. On présente ici
l'idée d'un club de golf. C'est simplement pour lui donner une envergure
d'espace vert. (11 h 30)
Ce projet démontre une possibilité de 125 unités
industrielles sur ce site. C'est énorme en fait d'unités
industrielles et la grande majorité, de la manière dont le projet
est conçu - je sais que vous n'êtes pas ici pour écouter ce
qu'est le projet - 80 % des sites industriels sont sur un espace vert ou une
route d'envergure d'atmosphère quelconque. On a testé ce genre de
produit un peu partout aux États-Unis et au Canada. C'est le genre de
produit qui peut attirer des industries de l'extérieur. Une fois fini,
c'est un investissement qui serait de près de 600 000 000 $. Cela
prendrait à peu près dix ans pour faire ça, mais c'est le
genre d'environnement de travail auquel les industries seraient fières
de venir s'associer et il serait facile d'attirer du personnel. Cela fait que
ça devient un aimant avec un pouvoir gigantesque. C'est vraiment un
élément générateur qui a énormément
de potentiel pour faire partir la balle dans l'est de me.
Tout le monde parle de l'est de l'île depuis des années,
mais voici un produit qui a un potentiel inouï. En attirant la
qualité de ce genre d'industrie et le nombre d'industries, il nous faut
reconnaître qu'on pourrait créer environ 8000 nouveaux emplois
juste sur ce site-là qui ne représente, comme je vous l'ai dit,
que 15 % du potentiel de l'est de l'île, et il y a peut-être
quelque 100 000 emplois qui peuvent se créer dans ce secteur de la
ville. Mais quand même, pour attirer ce genre d'industrie, 1 faut avoir
un accès à ces sites de bien meilleure qualité que celui
qu'on a en ce moment. Il faut aussi reconnaître le potentiel de ce
nouveau marché. Le nouveau marché, pour nous, même les gens
de l'est de la ville, ont de la difficulté à comprendre qu'ils
sont quand même sur l'île de Montréal et qu'ils peuvent bien
desservir tout le Québec, l'Ontario et les États-Unis. Le
problème qu'ils ont, c'est que l'est de la ville a toujours
été mal servi par les autoroutes. Si on regarde la
possibilité de refaire le boulevard Métropolitain de
manière que les industriels et leurs camionneurs veuillent s'en servir,
qu'on regarde la possibilité de l'extension de la 25 même si c'est
dans cinq ou dix ans. Qu'on regarde ce genre d'opportunité vers le
nord-est et vers l'est de ce côté-là, cela nous donne toute
une nouvelle bande de terrains à développer à long
terme.
Le but de notre présentation est strictement de vous dire que ce
produit, qui sera mis en marché par Petro-Canada au printemps et qui
sera annoncé dans tous les journaux canadiens, devrait apporter
assez d'intérêt. Les gens qui vont vouloir y investir vont
chercher à avoir des services de meilleure qualité que ce qu'on a
dans ie moment. Alors pour nous, la chose la plus importante, c'est le
boulevard Métropolitain, c'est vraiment l'épine dorsale du
développement est-ouest de tout le Québec, de l'Ontario jusqu'au
Nouveau-Québec.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie. Je vais
maintenant reconnaître M. le ministre. Il reste neuf minutes à
chacune des formations politiques. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. J'aurais presque été tenté de dire que
c'était intéressant en termes de présentation, mais on me
trouverait possiblement partisan si je faisais ça. Si j'ai bien compris
votre présentation, vous avez fait la démonstration que le
réseau routier avec point de convergence à Décarie a
développé la partie ouest de l'île sur le plan du
développement industriel...
M. O'Brien: Absolument.
M. Côté (Charlesbourg): ...et qu'il a même
attiré des investisseurs de l'extérieur qui l'ont fait parce que
le transport est accessible et de bonne qualité.
M. O'Brien: C'est ça.
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas tout à
fait ce qu'on a entendu au cours de la commission dans la semaine qui a
précédé. Certains prétendaient que bonne route est
plutôt un phénomène d'évacuation d'entreprises qui
pourraient se relocaliser davantage en banlieue que sur l'île. Vous nous
dites ce matin que votre projet d'au-delà de 20 000 000 de pieds
carrés pourrait éventuellement accueillir 125 promoteurs, une
nouvelle génération et une nouvelle pensée sur le plan de
la qualité de vie et l'environnement, que le réseau routier du
boulevard Métropolitain et de la 25 sont des éléments qui
vont aider à dévefopper votre réseau et que
l'élément transport est un élément important. Dans
votre esprit à vous, comment se situe-t-il par rapport au reste? Est-ce
que le réseau transport ou l'accessibilité est la condition
primordiale pour réaliser votre projet qui revitaliserait l'est de
Montréal? Sinon, quels sont les autres facteurs? Vous pourriez
peut-être tenter de nous les donner par ordre d'importance: le coût
des terrains, la fiscalité ou ces choses-là. Quelle est
l'importance du transport par rapport au reste?
M. O'Brien: On a fait toutes les études sur la
fiscalité, coût des terrains, etc. On se situe très bien
dans le grand marché canadien. On a un excellent produit qui serait
acheté dans toute l'Amérique du Nord.
Le gros problème, pour moi et pour les industriels... Le
métro est très important. Il faut que les gens viennent
travailler. Le système d'autobus est aussi très important. Mais
si les industriels ne peuvent pas avoir accès, pour le service de
transport, à un site, et si ça leur coûte plus cher
à partir... On nous dit que ça coûte plus cher de
distribuer dans l'est de la ville que de distribuer alentour de Décarie,
parce que cela prend tellement de temps de passer à partir de
Décarie jusqu'à ville d'Anjou! S'il y a un blocage quelconque, ce
sont des milliers de dollars de perte pour ces camions.
La chose qui est excessivement importante, c'est la distribution
transport par camion. Dans le contexte industriel, ce serait très
important. Je dirais que c'est la chose la plus importante. Si on pouvait
imaginer dans l'avenir que le boulevard Métropolitain serait une route
d'accès, elle serait aussi bonne à partir de Décarie vers
l'ouest que de Décarie vers l'est. Là, on vient d'ouvrir tout un
nouveau potentiel dans l'est de l'île.
M. Côté (Charlesbourg): Cela me fait raccrocher
à l'autre bout de route qu'il n'y a pas sur la carte. Dans votre
opinion, est-ce que la 30 pourrait être un facteur, puisque la 30
pourrait favoriser l'accès aux États-Unis, l'accès par la
20 aussi? Est-ce que la continuité de la 30 à partir de la 10
jusqu'à la 20 sur la rive sud serait nuisible pour votre
développement ou faciliterait votre développement?
M. O'Brien: Je suis d'opinion que, si on construit une meilleure
trappe à souris, on va attirer plus de souris. C'est un environnement de
qualité, non pas juste un terrain, un environnement riche que les gens
veulent fréquenter, etc. Si on peut s'y rendre facilement, c'est
là qu'on va attirer une grande majorité d'industriels. Je crois
qu'on devrait faire le plus possible pour bien servir 111e premièrement,
parce que les grandes industries se sont installées sur les sites. Si 80
% des transports arrêtent sur l'île, c'est là que les
grandes industries vont s'installer premièrement. Elles vont aller
à Laval, rive sud et à d'autres endroits, deuxièmement,
mais il faut quand même apporter un service de qualité.
Je crois qu'en ayant un produit de qualité, on peut aller dans
n'importe quelle ville canadienne ou américaine et vendre aux gens de
venir Installer un plan manufacturier ici, à Montréal, si on a un
produit de qualité. Si j'avais un pointage à faire de 0 à
10 entre un excellent produit de qualité sur l'île de Laval et un
excellent produit de qualité sur l'île de Montréal, je n'ai
rien contre Laval, c'est un endroit fantastique, mais je dirais que
Montréal compterait 9 ou 10 et Laval compterait 4 ou 5. Je m'adresse
à des gens de Chicago ou de New York, etc., parce que le marché
est beaucoup plus puissant sur l'île et qu'il y a beaucoup plus de
potentiel à ce moment-ci.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, dans votre esprit, la
continuité de la 25, du boulevard Métropolitain jusque sur
l'île, Laval à la 440, ce serait davantage un facteur qui aiderait
qu'un facteur qui nuirait, si je comprends bien?
M. O'Brien: Je crois que ça aiderait.
M. Côté (Charlesbourg): En ce sens que ça
pourrait favoriser la sortie et la venue des marchandises nécessaires
aux industries qui sont là et, par le fait même, aussi bien
sûr de l'importation des travailleurs. Si on développe autant
d'espace sur le plan industriel, ce n'est pas de l'habitation.
M. O'Brien: C'est ça.
M. Côté (Charlesbourg): Forcément, il faudra
que les gens demeurent ailleurs.
M. O'Brien: Mais les gens peuvent vivre dans l'est de la ville,
il n'y a pas tellement de différence, mais si on regarde l'accès
de ville D'Anjou vers la 640, etc., autrement dit, si on veut desservir le
nord-est du Québec, c'est beaucoup plus facile de le faire entre la 640
et l'extension de la 40 par la 25 que de le faire par la rive sud. On n'a
qu'à regarder pour voir que le potentiel est là.
Je vois ce nouveau noyau-là comme un noyau qui desservirait
très bien le nord-est du Québec, incluant l'ouest du
Québec.
M. Côté (Charlesbourg): Dans votre esprit... J'ai vu
dans le rapport finalement, l'aspect métro, que c'était important
pour vous qu'il y ait un prolongement du métro jusqu'à Anjou.
C'est ce que j'ai compris.
M. O'Brien: Oui, et un bon système de navette pour le
reste du territoire. On sait qu'une firme très importante serait
prête à déménager son bureau régional du
centre-vile de Montréal sur ce site. Elle amènerait à peu
près 500 employés, mais ce n'est pas de l'industriel, c'est
principalement du bureau. S'il y avait un meilleur système de transport
dans la région de ville D'Anjou, c'est un "commitment" qui pourrait se
faire dans les mois à venir. C'est réel, comme je vous le
dis.
La chose très importante, par exemple, la partie la plus
importante, c'est le boulevard Métropolitain, entre ville D'Anjou et
Décarie. Si cela n'est pas fait, oubliez tout ce que je viens de dire.
Le genre de projet qu'on a là se fera, mais pas de la même
qualité.
M. Côté (Charlesbourg): Dans votre esprit, si on
avait une qualité aussi importante d'autoroute Métropolitaine
entre Décarie et ville D'Anjou, y aurait-il un risque que des industries
implantées dans l'ouest de l'île se déplacent pour
s'implanter dans votre projet à vous?
M. O'Brien: Je crois que plusieurs industries dans l'ouest de
l'île viendraient s'installer dans l'est, oui, certainement.
M. Côté (Charlesbourg): Donc, l'amélioration
de l'autoroute Métropolitaine par un tunnel ou un passage
aérien...
M. O'Brien: Quoi que ce soit.
M. Côté (Charlesbourg):... ou quoi que ce soit,
serait de nature à favoriser l'implantation d'entreprises dans l'est de
Montréal et pas toujours nécessairement venant de
l'extérieur, mais aussi peut-être une mutation à
l'intérieur de l'île.
M. O'Brien: Oui, absolument.
M. Côté (Charlesbourg): Cela va, merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Lévis.
M. Garon: Quand les gens de la ville de Laval sont venus nous
voir, ils ont dit que les industriels n'étaient pas vraiment
intéressés à s'Implanter sur I'île. Au contraire,
ils voudraient s'implanter à Laval. Ils ne voyaient pas beaucoup
l'implantation Industrielle dans l'île. Ils disaient que l'industrie
voulait sortir de l'île. Vous, vous dites le contraire.
M. O'Brien: II s'est construit presque 10 000 000 de pieds
carrés d'entreprises industrielles sur l'île de Montréal
depuis deux ans. C'est immense! Le gros, 80 % du marché sont sur
l'île de Montréal et je ne parle pas de l'aspect transport. 80 %
du marché industriel, de croissance, de développement sont sur
l'île. Je ne parle pas strictement de nouvelles technologies. Je parle
d'entreprises Industrielles.
M. Garon: Vous n'êtes pas d'accord avec l'argument que
ça coûte trop cher sur l'île de Montréal?
M. O'Brien: Cela dépend. Si vous venez de Toronto ou de
New York, ce n'est pas cher. 10 $ le pied carré à Toronto, ce
n'est pas cher. À Montréal, c'est très cher. Quand une
firme vient de Chicago et qu'elle regarde les prix qu'on a fixés, ce
n'est pas cher pour elle. Les prix des terrains sont tellement bas en
Amérique du Nord, etc. pour les gens qui sont habitués. Pour ceux
de Montréal, oui, c'est cher. Mais il faut y ajouter autre chose: le
coût du transport, le coût de la main-d'oeuvre, la qualité
de la main-d'oeuvre, comment les gens se rendent là, etc. Il y a toutes
sortes d'autres facteurs. Le prix des terrains n'est seulement qu'un facteur
important,
mais ce n'est pas si important que ça.
M. Garon: C'est encore moins cher pour les Japonais.
M. O'Brien: Oui, encore beaucoup moins cher pour les Japonais.
C'est ça qu'ils regardent. Ils veulent sortir du site rapidement. Ils
veulent une qualité de main-d'oeuvre et une qualité
d'environnement de travail qui soit bien.
M. Garon: Tantôt, vous avez dit que la première
priorité, l'épine dorsale, c'était le boulevard
Métropolitain. Là, vous dites que les industries se
déplaceraient. Quand les gens de Montréal sont venus, ils ont
aussi dit que le boulevard Métropolitain était ce qui
était le plus important, mais ifs disaient en même temps que
ça maintiendrait les entreprises qui sont localisées le long du
boulevard Métropolitain dans l'ouest.
M. O'Brien: Cela dépend. Il y a un facteur coût en
même temps. Je suis un industriel qui est en train de faire l'expansion
de mon usine à Saint-Laurent. Cela me coûte 10 $ le pied
carré pour un achat de terrain et je peux avoir le même produit
à ville d'Anjou pour 4 $ ou 5 $ le pied carré, mon choix est
assez facile. Ce n'est pas la fin du monde si je peux m'y rendre
facilement.
Mais il ne faut pas juste regarder... Les problèmes qu'on a dans
ces choses, c'est qu'on joue des petits jeux de campagne. C'est ville
Saint-Laurent contre ville d'Anjou; c'est la rive nord contre la rive sud, etc.
L'industriel de Chicago, lui, ne regarde pas ça du tout. Tout est
Montréal pour lui; ce n'est pas ville Laval, ce n'est pas sur la rive
sud; c'est Montréal. Ce n'est pas Trois-Rivières, c'est
Montréal.
Le gros du marché, c'est ce genre de marché qu'il faut
aller chercher. Ce ne sont pas nos petits amis d'alentour, nos petits voisins.
Il faut aller chercher les grands industriels. On parlait des Japonais
tantôt, des gens qui cherchent une qualité d'environnement et
d'investissement, de transport, etc. Alors, une bataille de campagne, cela
me...
M. Garon: Comme vous le dites, le noeud ou l'épine
dorsale, c'est le boulevard Métropolitain. Considérez-vous que ce
qui est proposé dans le plan de transport du ministre pour le boulevard
Métropolitain est suffisant?
M. O'Brien: Absolument pas. Je crois qu'en faisant ça, on
ne reconnaît pas l'importance du nord-est, le Nouveau-Québec. Je
crois qu'on vient d'isoler le Nouveau-Québec de l'île de
Montréal, parce que la porte d'entrée est vraiment vers l'est. La
porte d'entrée ne vient pas de la rive sud; la porte d'entrée ne
vient pas du nord. La porte d'entrée vient de l'est. Je crois qu'il faut
reconnaître l'importance de l'autoroute
Métropolitaine.
M. Garon: Par rapport à ce que la ville de Montréal
a dit au sujet du boulevard Métropolitain, quelle serait votre
réaction?
M. O'Brien: Je suppose qu'il faut que les politiciens appuient
leur territoire qui est la CUM, l'île de Montréal et qu'il ne faut
pas avoir trop de ponts entre les autres.
M. Garon: Non, on parlait de le refaire. Non pas le refaire
comme... Il disait: Cela, c'est démodé. Il faut le refaire.
M. O'Brien: Le refaire, vous voulez dire. Je ne suis pas un
ingénieur; je ne peux pas vous dire si ça coûterait 500 000
000 $, 800 000 000 $ ou 1 000 000 000 $. Tout ce que je peux vous dire, c'est
que, dans le moment, c'est une route de campagne. On peut la "patcher" autant
qu'on veut, mais ce sera toujours une route de campagne.
M. Côté (Charlesbourg): Bien des campagnes seraient
contentes de l'avoir! (11 h 45)
M. O'Brien: Non, je ne pense pas. Non, pas celle-là. Elle
commence à rouiller pas mal! Dans le contexte urbain de Montréal,
c'est une route de campagne. Vous n'avez qu'à vous promener sur l'autre
route 401, à Toronto. L'épine dorsale de Toronto, c'est
l'autoroute 401, entre North York et Toronto ' centre, etc. Il y a douze voies
de transport! Et pourquoi cette ville est-elle tellement en croissance? Parce
qu'il y a un maudit bon système de transport, dans ce
contexte-là, et on ne l'a pas.
M. Garon: Avez-vous étudié aussi, dans une
perspective de libre-échange, que pour avoir un vrai plan de transport,
il faudrait aussi regarder les connexions: le transport terrestre, le transport
maritime, le transport ferroviaire, le camionnage et les interconnexions
aériennes entre les différentes formules de transport? Là,
j'ai l'impression qu'on a plutôt un plan de voirie.
M. O'Brien: Au Canada, on a un excellent système de
transport. On est vraiment choyés de ce côté. On a un bon
système de transport ferroviaire, un bon transport intervilles, etc.
Là où on manque, comme beaucoup de villes américaines,
c'est dans l'infrastructure de la ville même. C'est toujours plus facile
de penser développer à l'extérieur de la ville, mais il
faut aussi regarder l'investissement qu'on a fait sur l'île même.
Je crois que la richesse de Montréal est le centre-ville et son
île, et c'est ce qui attire les gens. Les investisseurs, quand ils
viennent ici - je ne veux pas changer l'argument - de l'extérieur de
Montréal, ils adorent notre ville, on a une ville très
spéciale... absolument fantastique, on a un train de vie excep-
tionnel au centre-ville; on a un très bon système de
transport, aérien, métro, etc. Là où on commence
à tomber vraiment, c'est dans l'aspect du service urbain sur l'île
même, comme le boulevard Métropolitain. Et je crois que c'est ce
qu'il faut commencer à améliorer.
C'est facile de venir des États-Unis à Montréal,
alentour de Montréal, mais de se rendre au centre-ville, ce n'est pas si
facile que ça.
M. Garon: Vous avez dit que vous n'êtes pas
ingénieur, mais vous, par rapport au boulevard Métropolitain,
comme ingénieur, si vous aviez à le concevoir comme route, quelle
serait votre perspective?
M. O'Brien: Je ne ferais pas une route élevée. On
s'est aperçu que les routes élevées sont comme un mur de
Chine. Je ne ferais pas de route élevée. Je ferais une route un
peu comme... je ne dis pas comme l'autoroute 401 parce que c'est beaucoup trop
large, mais ce genre de boulevard ouvert, avec des arbres, avec une
qualité de vie alentour, etc. Il faudrait relier le nord et le sud du
boulevard Métropolitain; ce sont deux villes totalement
séparées, deux secteurs séparés. Je ferais quelque
chose de qualité. Je ne ferais pas un autre boulevard Décarie
parce qu'il y a du bruit, ce n'est pas plaisant de se promener sur le boulevard
Décarie. Ce n'est pas nécessaire de faire une autoroute
Ville-Marie, même si l'autoroute Ville-Marie sert bien le centre-ville.
Je ferais plutôt une belle route ouverte avec une qualité
d'environnement. Ce serait beaucoup mieux. Je ne sais pas combien plus cher ou
moins cher ça coûterait, mais ce serait beaucoup mieux comme
environnement et ça relierait mieux les deux secteurs, nord et sud, du
boulevard Métropolitain. Cela continuerait à apporter beaucoup
d'expropriations de chaque côté, mais c'est quand même
excessivement important. Pour moi, c'est...
Le Québec se développe partout. Avant, le Québec se
développait sur l'île et vers l'ouest; maintenant, il se
développe partout. On parle de libre-échange et tout, ou une
grosse partie de tout passera vers Montréal. Qu'on vienne de la ville de
Québec ou de Rimouski, c'est quand même dans notre province. La
ville de Montréal nous appartient à nous tous, et je crois que
c'est important de reconnaître sa force et de ne pas l'affaiblir. Je
ferais quelque chose dont on serait fiers: une belle autoroute, un beau
boulevard. Je mettrais des fleurs, des arbres, des choses comme ça.
M. Garon: Je voudrais vous remercier de votre témoignage.
J'ai aimé votre franchise et votre ton direct pour expliquer la vision.
Au fond, on oublie trop que quand des gens, dans le monde, regardent, ils ne
voient pas les patelins, ils voient... Montréal, pour eux, ce ne sont
pas les municipalités qui existent pour nous autres, mais...
M. O'Brien: Pour eux.
M. Garon: Non, c'est vrai, aussi.
M. Côté (Charlesbourg): Le parti de Laval, le parti
de la rive sud!
M. Garon: Bien non, ils ne voient pas des... ils voient... On est
à Montréal. C'est comme des gens qui disent, par exemple, que
l'université Laval, à Québec, ce n'est pas à
Québec, c'est à Sainte-Foy; je vais vous dire que pour le monde
de l'extérieur, c'est à Québec, même si c'est
à Sainte-Foy, concrètement.
M. O'Brien: C'est un des gros problèmes qu'on a au
Québec, ce genre de choses-là... Il faudrait se voir comme les
gens nous voient de l'extérieur, au lieu de nos petites batailles entre
cousins; on serait bien plus riches si on faisait ça.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis. Je remercie les représentants de
Devencore-Petro-Canada pour leur apport aux travaux de cette commission.
Sur ce, je demanderais maintenant au Parti lavallois de bien vouloir
prendre place, s'il vous plaît. À l'ordre, s'il vous plaît!
Je demanderais maintenant au porte-parole du Parti lavallois de bien vouloir
s'identifier et d'identifier les gens qui l'accompagnent, s'il vous
plaît, pour te bénéfice des parlementaires.
Parti lavallois
Mme Roussin (Pierrette): Pierrette Roussin, chef du Parti
lavallois. A ma droite, M. Ronald Bussey, conseiller en politique, directeur
général du Parti lavallois et, à ma gauche, M.
Bernard-André Genest, spécialiste en transport et
président de la firme Alpha-Bêta-Gamma, de Laval.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, madame.
Vous avez maintenant dix minutes pour présenter votre
mémoire.
Mme Roussin: M. le Président, M. le ministre, mesdames et
messieurs les députés. J'ai l'honneur de représenter ici
le Parti lavallois et, conséquemment, une part grandissante des citoyens
et citoyennes de la deuxième ville en importance au Québec. Je
tiens à remercier cette commission d'avoir accepté de nous
entendre malgré ce qu'il peut y avoir d'inusité à recevoir
un parti d'opposition. N'étant pas une spécialiste des questions
de transport mais une femme d'affaires, je me permettrai, lors de la
période de questions, de consulter mes collègues au besoin.
Dès sa création, en septembre dernier, le Parti lavallois
a placé le transport à Laval en
tête de ses priorités. Nous savons, en effet, que les
Lavallois et les Lavalloises se disent, année après année,
et ce, depuis 1980, très insatisfaits de leur service de transport en
commun. Dès octobre, M. Genest et sa firme recevaient de nous le mandat
de préparer un plan de transport pour Laval. Quelques semaines plus
tard, nous décidions de demander à une autre firme de Laval,
Sotar, de préparer un plan de gestion du territoire, le plan de
transport devant, bien entendu, y être intégré. À la
même époque, nous avons été appelés à
prendre connaissance du plan de transport régional que vous rendiez
alors public. Nous avons applaudi à l'idée de considérer
Montréal, la rive nord et la rive sud comme une région pour fins
de transport. Nous nous sommes réjouis de constater que votre plan
propose d'harmoniser le transport routier et le transport en commun et avons
pris bonne note de votre ouverture à des changements pour mieux
répondre à des besoins locaux.
Nous avons aussi des réserves. Tout en approuvant le principe de
la construction d'un pont dans l'est, nous croyons que le prolongement de
l'autoroute 25 doit servir le développement de l'est de Laval et non
uniquement de voie de diversion du trafic lourd sur l'autoroute 440. Cette
préoccupation et d'autres inscrites au mémoire que vous avez en
main nous ont amenés à devancer quelque peu notre
échéancier et à proposer cinq principes d'orientation du
transport propre à Laval. Je me permets de les énumérer
brièvement.
Premier principe: le développement du transport sur le territoire
de Laval doit être basé sur les priorités de Laval.
Deuxième principe: le développement du transport en commun
à Laval doit s'articuler autour du concept du carrefour des transports.
Troisième principe: le transport en commun joue un rôle de premier
plan pour les échanges avec Montréal. Quatrième principe:
oui à un pont dans l'est, mais à condition que cela soit
intégré au développement de Laval. Finalement, le
transport dans son ensemble doit s'harmoniser au plan de développement
de Laval et non le contraire. Je me suis engagée devant la population de
Laval - et je le fais aujourd'hui devant vous - à déposer, en
avril 1989, un plan de transport complet, intégré à un
plan de gestion du territoire. C'est un programme ambitieux, j'en conviens, et
c'est pourquoi je me suis entourée des meilleures ressources qui
m'assurent que cela est parfaitement réalisable.
C'est dans ce contexte que nous vous demandions de surseoir jusqu'au
dépôt de ces plans à toute décision relative
à Laval, mais les événements des dernières
semaines, tout particulièrement les interventions du maire de Laval et
de son fils, président de la Chambre de commerce de Laval, rendent cette
demande encore plus pressante. En effet, M. le ministre, on est venu
étaler devant vous des réponses hypothétiques, non
vérifiées, à des questions que l'on se garde bien de
rendre publiques, et pour cause, car poser le problème du transport en
commun à Laval en termes de monorail, de rail-bus ou de no-rail ne peut
répondre qu'à une question. Parions qu'elle est à forte
saveur électoral iste.
Je ne discuterai pas du mérite de ces projets. Qu'il suffise de
dire que le monorail de Seattle, qu'on nous cite en exemple, se
révèle, vérification faite, un vestige d'une exposition
universelle d'un kilomètre et demi de long. Nous sommes persuadés
qu'investir des fonds publics dans des études de faisabilité est
non seulement prématuré, mais pernicieux. Dans la mesure
où cela déterminera des axes de développement alors que ce
devrait être l'inverse, l'administration de Laval sera renvoyée
à ses devoirs.
Je suis consciente, M. le ministre, que ma prestation ici aujourd'hui
n'a rien de spectaculaire. Non, je n'ai pas de recette miracle. Le Parti
lavallois propose une démarche rationnelle, une approche logique.
Conséquemment, nous répétons notre demande pour que toute
décision au sujet du transport à Laval, qu'il s'agisse
d'infrastructures ou d'études de faisabilité, soit suspendue
jusqu'à ce qu'un plan en bonne et due forme soit déposé et
entériné par un conseil municipal.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, madame. Je
vais maintenant reconnaître M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
veux remercier Mme Roussin. Même si on ne veut pas, par nos propos de
part et d'autre, être à saveur électorale, je vais vous
dire que la marge est très mince, merci.
Je veux les remercier de leur présentation. Le document est
clair, à tout le moins sur le plan des orientations que vous souhaitez
pour Laval, à partir des cinq principes évoqués.
L'idée de votre plan de transport propre à Laval est une
idée qui refait surface un peu partout dans les régions, que ce
soit en Montérégie ou ailleurs, de façon à ce qu'on
puisse avoir un plan intégré de transport qui desserve bien la
communauté qu'on veut représenter.
Le deuxième principe que vous évoquez, les carrefours de
transport. Je comprends que vous avez demandé une étude à
des spécialistes qui devraient vous faire des propositions en avril.
Mais, à ce moment-ci, serait-il possible d'en savoir un peu plus,
d'avoir votre opinion sur ce que devrait être un carrefour de transports?
À Laval, dans ce cas-ci, mais il en existe ailleurs aussi? Est-ce que
dans votre esprit, un carrefour de transport signifierait une gare intermodale
où différents modes de transport pourraient se rabattre et faire
en sorte que les citoyens puissent avoir cette connexion avec d'autres
réseaux de transport? (12 heures)
Mme Roussin: C'est un lieu servant de point
principal de correspondance pour rendre plus efficace et moins
pénible le changement de mode que les voyageurs doivent prendre. C'est
un carrefour où il y a les taxis, tous les services. La ville de Laval
avait déjà dépensé 14 000 000 $ sur le boulevard
Henri-Bourassa, à Montréal. Je veux dire qu'on aurait pu en avoir
à Laval, pour nous-mêmes, et cela aurait été
déjà plus vite.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que je comprends c'est
que le principe d'une gare intermodale, que ce soit pour taxi, autobus ou,
éventuellement, peut-être...
Mme Roussin: Le métro.
M. Côté (Charlesbourg): Le métro, ou
peut-être même, parce que je n'élimine pas la
possibilité, même si on va toucher des cordes sensibles un peu...
Le monorail, pour nous, n'est pas une solution qui doit être
éliminée, mais qui doit être analysée rapidement
parce qu'on va passer dans la deuxième génération de
transport. Je parle de monorail parce que vous y avez fait allusion. Cela peut
être ce qui existe à Grenoble, qui, finalement, s'apparente
à cette technologie de monorail ou des SLR. Je comprends qu'en parlant
de monorail à ce moment-ci, je ne voudrais pas qu'on fasse allusion
à un projet précis, mais davantage à la technologie sur
rail qui fait en sorte qu'on a l'impression que les coûts seraient
beaucoup moins élevés pour desservir un plus grand
territoire.
Lorsqu'on parle de carrefour de transport, je trouve l'idée
intéressante, dans le sens que cela devient un carrefour où,
éventuellement, un monorail peut arrêter pour faire la connexion,
par la suite, soit avec le métro, l'autobus ou le taxi. Donc,
l'intermodalité devient extrêmement importante. Alors, dans cet
esprit, est-ce que vous repoussez l'Idée possible d'utiliser un train de
surface? D'autres gens sont intervenus, pour ce qui est des Laurentides, en
parlant de la voie ferrée qui, de Sainte-Thérèse, transite
vers le nord et vient vers le centre-ville en allant vers Laval. Est-ce que
vous éliminez dans votre esprit cette possibilité de monorail, de
train de surface, de train de banlieue, ces choses-là?
Mme Roussin: Non. Il y a une chose aussi, c'est parce que le
monorail, surtout sur le boulevard des Laurentides, c'est un désastre
urbain. Vous savez, Laval, les bâtisses en hauteur, les petites
bâtisses... J'ai un expert avec moi et j'aimerais lui laisser la
parole.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Genest.
M. Genest (Bernard André): M. le Président, M. le
ministre, mesdames et messieurs. Pour répondre à la question, M.
le ministre, N est bien clair que quand on prépare un plan de transport,
on n'exclut pas a priori certaines solutions technologiques et surtout on
n'exclut pas a priori des solutions technologiques qui peuvent avoir des
intérêts au point de vue de leur coût de mise en oeuvre ou
d'exploitation. Alors, naturellement, on va prendre en considération les
technologies qui devraient être les plus appropriées.
Si vous me le permettez, M. le ministre, je pense que, d'abord, regarder
une technologie et, ensuite, se poser la question si elle est faisable, c'est
prendre le problème à l'envers. Je m'explique. On sait qu'un
monorail, pour reprendre votre exemple, M. le ministre, c'est une technologie
faisable; on le sait, mais ce n'est pas là la question. La question
n'est pas de savoir si le monorail est faisable. La question est de savoir:
Est-ce qu'un monorail, un train de banlieue, un autobus bimode ou le
prolongement du métro, c'est la meilleure façon de
résoudre les problèmes de transport particuliers à Laval?
Est-ce que c'est la meilleure façon de favoriser le plan de
développement de Laval? C'est cela, M. le ministre, avec tout le
respect, la question fondamentale. J'insiste et je crois que le problème
doit être pris par ce bout et non pas par l'autre.
Vous avez, M. le ministre, fait allusion à une panoplie
relativement large de moyens de transport. Étant dans le domaine depuis
longtemps, nous sommes sensibles à l'existence de toutes ces solutions
possibles, mais notre point de vue, comme consultants en transport pour le
Parti lavallois, est d'abord de bien identifier les problèmes et les
besoins, et c'est par là que nous allons commencer.
M. Côté (Charlesbourg): Ce que je comprends et vous
me corrigerez, c'est que cela transcende dans le mémoire à tout
le moins. Est-ce que je saisis bien votre idée en disant que cela doit
d'abord être un plan de transport pour Laval, mais pas un plan de
transport pour Montréal? En tout cas, cela me semble, et vous l'avez
évoqué ou effleuré, cela me paraît être
très présent dans votre présentation. Est-ce que vous
croyez qu'il est possible de réaliser un plan de transport pour Laval
qui ne tienne pas compte de la problématique particulière,
d'abord, de l'île de Montréal, parce que c'est d'abord elle qu'il
faut régler comme problème?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Genest.
M. Genest: M. le ministre, il est bien sur qu'on ne peut pas
imaginer Laval accrochée à un dirigeable quelconque. Laval fait
partie Intégrante de la ville de Montréal. Quand on parle des
besoins de transport de Laval, il est très évident qu'il y a une
partie Importante de ces besoins de transport qui est reliée de
façon très intime à Montréal et qu'en regardant les
besoins de transport de Laval, on va de toute évidence découvrir
qu'une part importante des déplacements sont des déplacements
vers Montréal, qu'N
s'agisse de déplacements pendulaires pour fins de travail, qu'il
s'agisse de déplacements à des périodes différentes
pour toutes sortes d'autres fins, pour se procurer, à Montréal,
des services qui n'existent pas à Laval. On va trouver aussi qu'il y a
certains besoins de transport de Laval qui sont en provenance de
Montréal et on va trouver aussi qu'il y a des besoins de transport
interne. L'orientation de notre plan de transport sera de dire: La
priorité, c'est selon les besoins des résidents de Laval, et on
adaptera les solutions en fonction de la nature de ces besoins-là. Il
est bien clair qu'il y en a qui sont tout à fait reliés à
Montréal.
M. Côté (Charlesbourg): L'impression que j'avais en
le lisant, c'était un plan de transport pour Laval, mais je comprends,
à la suite de l'explication, que cela devrait davantage être
complémentaire. Est-ce que je me trompe? Évidemment, la
problématique de transport est à Laval, mais elle est aussi
beaucoup sur l'îIe de Montréal, dû au fait qu'on disait que
170 000 personnes doivent transiter chaque jour des banlieues vers le
centre-ville pour y travailler. Donc, il faut à tout le moins s'assurer
que ces transports soient complémentaires.
Mme Roussin: Le monorail, cela en prend juste 7000, M.
Côté.
M. Côté (Charlesbourg): Pardon?
Mme Roussin: Le monorail, c'est juste 7000.
M. Côté (Charlesbourg): Non, mais en tout cas...
Sauf que le monorail, qu'il soit à Laval, qu'il ait un point de chute
à un carrefour que vous désignez à Laval ou que ce soit un
autre carrefour que l'île de Montréal, il devra
nécessairement aller à un carrefour. Dans ce sens-là, sur
le plan de la complémentarité des systèmes de transport,
cela m'apparaît extrêmement important. Quand j'ai dit 170 000, vous
aurez compris facilement que je ne disais pas qu'il y en avait 170 000 qui
viennent de Laval, parce qu'on va avoir des problèmes tantôt. Cela
doit être désert le jour si c'est cela. Il y a une partie de ces
travailleurs qui peuvent venir du nord, des Laurentides, de la rive sud comme
de Laval aussi.
M. Bussey (Ronald): Je voudrais juste ajouter, M. le ministre,
que le problème majeur à Laval, étant donné qu'elle
est la deuxième plus grande ville du Québec, c'est qu'on n'est
pas capable, à Laval, de se transporter dans Laval. Si on était
capable d'avoir un service à Laval pour les Lavallois et,
deuxièmement, avoir des carrefours qui pourraient justement emmener les
gens à Montréal plus rapidement. Le problème majeur de
notre plan et la raison pour laquelle on a décidé de faire un
plan de transport pour Laval, c'est tout simplement parce qu'on a maintenant un
hôpital, un cégep, on a des choses, et les gens ne sont pas
capables de voyager. Tous les gens de Laval sont obligés de passer par
Montréal pour revenir à Laval. On pense que c'est illogique au
départ. Alors, c'est surtout cela qui est notre priorité, c'est
un plan à Laval et intégré à un plan
d'aménagement de territoire. Tantôt, on va peut-être parler
de la 25, mais c'est aussi important que vous sachiez que l'est de Laval est la
zone agricole de Laval. Construire une autoroute et un pont, ça peut
être logique pour autant que ce soit aménagé avec le
secteur qui est là.
M. Côté (Charlesbourg): Je vous comprends
très bien lorsque vous évoquez cela. La 25, j'en parle depuis
longtemps. Quant à moi, j'y crois. Ce que j'ai compris, c'est qu'il n'y
a pas mieux que les agriculteurs pour défendre l'agriculture. Il n'y a
pas un parti politique qui peut mieux défendre l'agriculture que les
agriculteurs. Quant aux agriculteurs, ils ont déjà
décidé avec la ville de Laval de définir le territoire
qu'ils voudraient protéger. Dans ce sens-là, il l'est. Ce n'est
pas mon problème si cela a été mal négocié,
mais c'est l'UPA qui l'a négocié avec la ville. Dans ce
sens-là, il est bien clair que le territoire qu'on veut
développer maintenant, c'est le territoire qui reste et que la 25 doit
servir à cela. Dans ce sens-là, à tout le moins au niveau
du plan de transport pour Laval - de toute façon je pense que c'est un
choix qui est loin d'être mauvais, tout le monde en veut - est-ce que,
dans ces conditions-là, vous allez privilégier le transport en
commun par rapport au réseau routier pour les déplacements des
Lavallois?
M. Bussey: C'est sûr que dans notre plan de transport, on
va définitivement privilégier le transport en commun d'abord et
le service routier, en second, pour Laval. On pense que ce qu'on devrait avoir
en majeure partie à Laval c'est le transport en commun.
M. Côté (Charlesbourg): Je comprends que vous allez
quand même poursuivre vos études et que si vous les aviez, vous
les auriez déposées. Je comprends ça. Est-ce qu'à
ce moment-là un accent serait mis sur le transport en commun qu'on peut
qualifier de lourd, de style métro, ou si ce serait une panoplie de
services qui pourraient passer de l'autobus au métro?
Le Président (M. Saint-Roch): Brièvement, M.
Genest, s'il vous plaît.
M. Genest: On va quand même essayer de trouver le
système qui va donner la meilleure qualité de services à
la population. C'est ce qui va guider notre choix.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Lévis.
M. Garon: Merci, M. le Président. J'ai été
étonné, Mme Roussin, M. Bussey et M. Genest, que le ministre ne
souligne pas une victoire électorale que vous avez remportée pour
un siège, je pense, dimanche dernier. Le ministre aime parler des
élections partielles au Québec, mais au niveau municipal... La
question que je voudrais vous poser et je vais vous dire pourquoi je vais la
poser, parce que...
M. Côté (Charlesbourg): D'ailleurs, je voulais le
souligner en partant pour corriger, parce que dans le mémoire c'est
écrit un siège et, à ce que j'ai compris, c'est deux.
M. Bussey: On a eu la chance d'en avoir un deuxième depuis
dimanche.
M. Garon: Ce que je voulais vous demander, c'est que lorsqu'on
nous présente ce qui se passe à Laval, cela a toujours l'air de
l'unanimité. Il y a eu une élection et votre parti de
l'opposition a remporté un siège, cela veut dire qu'il n'y a pas
nécessairement unanimité. J'aimerais savoir à quel point
la question du transport a été un enjeu dans cette
élection. Est-ce que ça été un enjeu ou si cela
n'était pas majeur dans l'élection?
M. Bussey: Non, cela n'a pas été...
Le Président (M. Saint-Roch): M. Bussey.
M. Bussey: II faut être honnête. Cela n'a pas
été un enjeu nécessairement majeur, mais il y a
peut-être un vent de changement. En tout cas, on ne veut pas parler trop
trop de politique, mais il y a eu un vent de changement, à un moment
donné, qui s'annonçait à Laval. Mais, cela n'est pas
nécessairement à cause du plan de transport que nous amenons et
à la question du monorail que le maire Lefebvre amène. Cela n'a
rien à voir avec l'élection partielle qui a eu lieu dimanche.
M. Garon: Non plus. Ce que vous avez dit sur le monorail, j'avais
oublié cela, mais à Seattle, vous avez raison, c'est cela.
À Seattle, le monorail est un vestige de l'exposition qui a eu lieu
à cet endroit et ce n'est pas majeur dans le système de
transport. J'aimerais vous demander - vous aviez commencé à
élaborer cela à la fin de votre intervention et à la suite
des questions du ministre - comment vous voyez les priorités pour ville
de Laval et les nouveaux liens avec Montréal et le transport à
Laval.
M. Bussey: Je pense que Laval, c'est grand, c'est une grande
ville. On pense qu'il faudrait des carrefours de transport dans plus d'un
secteur ou plus d'un endroit. On prévoyait vaguement étudier la
possibilité d'avoir au moins un minimum de deux carrefours de transport;
un service rapide pour relier Laval avec Montréal et, dans ces
carrefours, un genre de transport qui pourrait relier certains secteurs de la
ville de Laval. Mais c'est sûr qu'aujourd'hui, cela a tenté Mme la
présidente d'arriver avec un téléphérique et de
dire: Voici, nous suggérons un téléphérique. Cela
fonctionne l'hiver. Cela coûte moins cher qu'un monorail. Mais ce n'est
pas ça qu'on a décidé de faire. On a décidé
d'investir des sous et de faire faire une étude pour un plan de
transport dans Laval parce que c'est le problème depuis 1971.
Depuis la fondation de la CTL à Laval c'est le problème
majeur. Quand vous faites des sondages à Laval, c'est effectivement le
problème majeur qui ressort, le transport en commun. Les gens sont
vraiment insatisfaits avec ce qu'ils vivent depuis 20 ans. Alors, on pense que
la raison c'est tout simplement qu'il n'y a pas de plan de transport pour Laval
C'est-à-dire que vous avez des zones urbaines, vous avez des zones
agricoles et c'est sûr que dans les zones agricoles, ce n'est pas le
même transport qui devrait être inséré que dans les
zones urbaines. C'est tout ça qu'on voudrait étudier pour arriver
peut-être avec une possibilité de deux carrefours, un moyen rapide
pour Montréal et un moyen de service plus rapide dans des zones urbaines
et un peu moins rapide dans les zones agricoles. Alors, c'est à peu
près l'ensemble.
M. Garon: Est-ce que vous avez des données sur la
proportion de la population de Laval, ta main-d'oeuvre active qui travaille
à Laval et de la partie qui travaille à Montréal et leur
localisation à Laval?
Le Président (M. Saint-Roch): M. Genest.
M. Genest: M. le député, il... (12 h 15)
M. Garon: Je vais vous dire pourquoi je pose la question. C'est
parce que lorsque la ville de Laval est venue, elle nous a dit que le gros de
la population qui se déplaçait vers Montréal était
de l'ouest et, en même temps, je cherchais la cohérence entre le
fait de développer les moyens dans l'est.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Genest.
M. Genest: En réponse à la question, M. le
député, oui, il existe des données. Il existe de
nombreuses données qui ne sont pas toujours aussi à jour qu'on
pourrait le souhaiter. Nous espérons beaucoup, pour mettre la
dernière touche à notre plan de transport, que les données
de l'enquête de la STCUM de 1987 soient disponibles, parce qu'il est bien
clair qu'entre 1982 et 1987, dans une ville comme Laval, il s'est produit des
développements structurels Importants qui ne sont pas sans avoir des
effets significatifs sur la nature des déplacements. Donc, M. y a des
données et on espère avoir les toutes dernières pour nous
rapprocher
le plus possible de la réalité.
M. Garon: En termes de nombre, quel est le pourcentage de gens
qui travaillent à Laval? On a souvent l'impression, quand on en entend
parler, qu'il y a quelque chose qui... J'écoutais les propos qu'on
tenait devant nous. On disait: Les industries vont s'installer à Laval.
J'imagine que, s'il y a beaucoup d'industries à Laval, c'est parce qu'il
doit y avoir des Lavallois qui y travaillent. Ce ne sont pas des gens de
Montréal qui s'en vont là, puisqu'on dit que les gens de Laval
aussi vont travailler à Montréal. Il serait intéressant de
savoir quelle est la proportion des gens qui travaillent sur l'île, donc
qui ont besoin de moyens de communication avec l'île, par rapport
à ceux - je ne parle pas de ceux qui vont magasiner - qui vont
travailler à Montréal.
M. Bussey: On parle de 30 % à 33 % des gens de Laval qui y
travaillent. C'est déjà le tiers des travailleurs qui travaillent
à Laval. Les problèmes de transport de Laval. Il faut aussi dire
qu'à Laval tous les gens ont deux voitures et même trois
maintenant, parce qu'il n'y a pas de transport en commun comme tel,
effectivement. Il y a même des gens qui vont au cégep de
Bois-de-Boulogne de Montréal pour ne pas aller au cégep de Laval,
parce qu'ils sont obligés de passer par Henri-Bourassa pour revenir
à Laval. Alors, rendus à Henri-Bourassa, ils décident de
continuer à Bois-de-Boulogne, situé à un demi-mille,
plutôt que de revenir à Laval. C'est ça le problème
qu'on a. C'est comme la Cité de la santé de l'ouest ou de l'est
de Laval, à l'autre bout. Pour y aller, on parle d'un trajet d'une heure
et quart ou d'une heure et demie en autobus, et de trois autobus à des
endroits. C'est ça qui est peut-être inimaginable.
M. Garon: Sur la question du transport, sentez-vous que les
consensus sont faits ou que la discussion est en train de se faire?
M. Bussey: Vous faites allusion à Laval? M. Garon:
Oui.
M. Bussey: Ah non, le problème, à Laval, c'est
ceci. Depuis 1971, il n'y a jamais personne qui a fait une étude ou qui
a dit: Bien, voici les problèmes de transport et voici les solutions.
Cela n'existe pas. Il n'existe aucun plan de transport à Laval;
ça n'existe pas et ça n'a jamais existé. Autrement dit,
quand on décide de faire un monorail, un métro, ou de dire: Bien,
on s'en vient avec une voie réservée sur le boulevard des
Laurentides, on fait ça.
On a décidé d'investir 14 000 000 $ sur Henri-Bourassa
à Laval, il y a environ quatre ans, pour faire une station, un
carrefour, et aujourd'hui, quand on parle de faire peut-être un carrefour
à Laval, je me dis: Pourquoi avoir invest/ 12 000 000 $ à 14 000
000 $ pour en faire un qui a occasionné peut-être trois minutes de
marche aux gens de Laval, de Henri-Bourassa à l'autre station de
métro? C'est ça qui est impensable. On fait à peu
près ce qui se fait pour les trous dans les rues, on "patche" des bouts
de transport. Un plan cohérent pour Laval n'existe pas à l'heure
actuelle et nous pensons pouvoir arriver avec un plan au printemps.
M. Garon: Vous disiez qu'il n'y a pas vraiment de transport en
commun organisé?
M. Bussey: II y a un transport en commun, mais il n'y a pas de
plan pour ce transport en commun. Donc nous bouchons tout le temps les trous.
Il n'y a pas de plan en tant que tel.
M. Garon: II n'y a pas de plan d'ensemble du transport en commun
sur l'île?
Mme Roussin: C'est ça, il n'y a pas de plan
d'ensemble.
M. Garon: Qu'y a-t-il?
M. Bussey: II y a une commission, la Commission de transport de
Laval, mais je parlais d'un plan qui, autrement dit, illustrerait comment on
pourrait desservir la Cité de la santé, le cégep, les axes
des centres commerciaux ou des choses comme ça. Cela n'existe pas dans
le moment. Il y a un mode de transport qui fait tous ces services mais qui
n'est pas cohérent, qui n'a pas étudié toutes ces
données.
M. Garon: En fonction des besoins locaux. Ça n'a pas de
bon sens.
M. Genest: Pour compléter la réponse, M. le
député,...
M. Garon: Oui.
M. Genest:... en fait, traditionnellement les seuls besoins de
transport en commun à Laval étaient des besoins de liaison avec
Montréal et, au fur et à mesure que se sont
développés des besoins de déplacement intra-Laval de plus
en plus importants, les services de transport en commun ont connu quelques
ajustements locaux mais ils n'ont jamais été repensés en
fonction de nouveaux besoins, et ceux-ci deviennent de plus en plus importants.
Il faut donc que le tout soit repensé et qu'on planifie en fonction de
la situation actuelle et pour l'avenir.
M. Garon: Maintenant, pour ce qui est du monorail, est-ce que
cela a été approfondi, ou si c'est quelque chose qui est
arrivé un peu...
M. Genest: C'est arrivé très subitement.
M. Garon: C'est arrivé très subitement ici en
commission parlementaire, mais chez-vous?
M. Genest: Chez nous aussi, à Laval, c'est arrivé
très subitement.
M. Garon: Oui?
M. Genest: Oui. Il n'y a pas eu d'étude de faite.
D'ailleurs, le maire l'a dit, et il reviendra avec une étude parce qu'il
n'y a rien de fait. C'est une pensée, ils sont venus ici avec cela.
M. Garon: II n'y a pas eu d'étude, d'aucune
façon?
M. Genest: Non.
M. Garon: II n'y a pas eu de débat dans la population non
plus.
M. Genest: Non, du tout.
M. Garon: Maintenant, au sujet de la route 25...
Le Président (M. Saint-Roch): Une dernière
question, M. le député de Lévis.
M. Garon: L'autoroute 25 et le pont. Vous avez aussi
commencé à en parler. Et vous êtes les premiers, par
exemple, à mentionner que les avantages ne sont pas tellement
évidents, de voir passer là des camions qui passent ailleurs
actuellement, parce qu'on dit qu'actuellement sur le boulevard
Métropolitain, 85 % des camions qui y passent, le font parce qu'ils
viennent de Montréal ou vont à Montréal, ils n'ont pas le
choix. Vous mentionnez dans votre mémoire que vous ne voyez pas
l'intérêt de faire dévier par Laval des camions qui n'ont
pas affaire chez vous. S'ils n'ont pas affaire là actuellement, pourquoi
les faire passer par Laval? J'avais souligné cette question en
commission parlementaire, et je me disais qu'il était peut-être
mieux de faire passer les camions à un endroit où ils
dérangeaient moins ceux qui n'ont affaire nulle part, qui ne font que
transiter. Au point de vue de la route 25 et de l'autoroute, y a-t-il eu
à Laval, des études faites sur les usagers de ces
équipements, qui sont mentionnés dans le plan de transport du
ministre?
Le Président (M. Saint-Roch): Brièvement, M.
Genest.
M. Genest: À notre connaissance, il n'y pas eu
d'étude de faite, et s'il y en a eu, elles n'ont jamais
été rendues publiques, pour Laval.
M. Garon: II y a eu une pétition, mais pas
d'étude.
Le Président (M. St-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis.
Sur ceci j'aimerais remercier Mme et MM. du Parti lavallois, pour leur
contribution aux travaux de cette commission.
Je demanderais maintenant aux représentants de la ville de
Deux-Montagnes de bien vouloir prendre place, s'il vous plaît.
Permettez-moi dans un premier temps de vous souhaiter la bienvenue. Je
vous demanderais dans un deuxième temps de bien vouloir vous identifier
pour le bénéfice des parlementaires.
Ville de Deux-Montagnes
M. Bergeron (Jean-Guy): Voici, je suis Jean-Guy Bergeron, maire
de la ville de Deux-Montagnes. Je dois dire que ce matin je suis ici comme
maire de la ville de Deux-Montagnes, mais aussi pour représenter la MRC
de Deux-Montagnes. En fait j'aurais aimé avoir avec moi le maire de
Saint-Joseph-du-Lac, mais comme tout le monde le sait, ce sont des gens en
moyens et ils préfèrent la chaleur du sud à notre froidure
du Québec.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors vous avec dix minutes,
M. le maire, pour présenter votre mémoire.
M. Bergeron: Merci. Alors, M. le ministre, M. le
Président, mes chers amis, je voudrais tout d'abord vous remercier
d'avoir bien voulu accepter de m'entendre ce matin. En fait, je suis un des
rares, et peut-être le seul, depuis que la commission parlementaire a
débuté il y a quinze jours, à ne pas faire de demande.
Je voudrais, avant de commencer, remercier le ministre et la commission
parlementaire pour avoir tenu parole. Ce que je veux dire, je suis
moi-même un politicien et nous sommes tous des politiciens, mais je dois
avouer que pour une des rares fois, le ministère des Transports a tenu
parole, et c'est assez rare, dans le dossier du transport dont je m'occupe
depuis quinze ans.
On nous avait promis une commission parlementaire en 1987, on nous avait
promis une réponse en 1988, et on nous avait promis celle-ci. Je
voudrais remercier tous les membres de la commission, et je dois dire que je
pense que c'est quelque chose de nouveau au ministère des
Transports.
En fait, je ne vous lirai pas le mémoire. Je suppose que vos
officiers l'ont disséqué ou l'ont résumé. Comme je
viens de dire, et je pense que tout le monde est au courant, la MRC de
Deux-Montagnes est pleinement satisfaite de la décision du ministre des
Transports, le 10 août dernier, lorsqu'il a annoncé que la
priorité no 1 dans le transport collectif était la modernisation
de la ligne Montréal-Deux-Montagnes, je suis ici non pas pour plaider,
mais pour m'assurer que tout va bien continuer.
J'aimerais dire qu'il y a trois points que je voudrais présenter
très brièvement. En fait, ce ne sont pas des inquiétudes,
mais après avoir travaillé si longtemps dans le dossier et au
moment où le dossier, comme le ministre l'a dit i/ y a quinze
jours et il l'a répété encore ce matin - c'est
enregistré, j'en suis certain - est coulé dans le ciment, il y a
trois petits points que je voudrais vous souligner et qui me chico-tent un peu.
C'est la superstructure régionale de transport, le fardeau fiscal et la
gare intermodale à Deux-Montagnes.
Une superstructure régionale. Le ministre, lors de
différentes entrevues, a dit qu'il avait l'intention de mettre en place
une superstructure régionale de transport. Cela m'inquiète un peu
parce qu'on connaît tous la position de la ville de Montréal
vis-à-vis des trains de banlieue et, d'un autre côté, on a
l'expérience de ce qui est arrivé en Ontario. En 1964 - cela me
fait toujours de la peine de revenir à l'Ontario, mais au Québec
on est bien parti, on va continuer - le premier geste que le gouvernement de
l'Ontario a posé, lorsqu'il a décidé d'aller de l'avant
avec les trains de banlieue, cela a été de nommer deux
commissions absolument séparées. Il y avait la commission qui
s'occupait du Toronto Métropolitain", du métro de Toronto, et une
commission qui s'occupait des trains de banlieue. Alors, lorsque le ministre
parle d'une superstructure régionale de transport, comme membre de la
MRC de Deux-Montagnes ou comme maire de Deux-Montagnes, cela me fait un peu
peur si jamais on siégeait à cette commission avec des gens aussi
puissants que la ville de Montréal, Laval, de la rive nord ou de la rive
sud.
À ce moment-là, je me demande si ce serait une bonne chose
parce que vraiment, ceux qui veulent développer le métro et ceux
qui veulent développer les autoroutes ont une certaine orientation,
tandis que ceux qui veulent développer les trains de banlieue ont une
autre orientation. Comme je le dis dans mon mémoire, je pense que les
petits seront assis avec les gros, et on sait qui sont les petits, et on aurait
peur de se faire manger.
Pour la superstructure régionale, c'est un peu le message que je
voulais présenter au ministre et à tous les membres de cette
commission.
Le deuxième point, c'est le fardeau fiscal. Soyez sans crainte,
on n'a pas changé d'idée. On a posé cette question il y a
un an: Est-ce que la MRC de Deux-Montagnes, comme tous les citoyens qui seront
impliqués dans la modernisation de la ligne
Montréal-Deux-Montagnes, sera prête à fournir un effort
fiscal? C'est bien entendu. La position n'est pas changée. Elle sera
peut-être assouplie, je ne le sais pas. Il n'y a rien de
concrétisé encore. Enfin, c'est un problème qui nous
chicote un peu, c'est sûr. Je suis peut-être un peu avant-gardiste
lorsque je pose cette question-là.
Le seul point que je voudrais retenir du sujet du fardeau fiscal, c'est
que le ministre, à différentes occasions, lorsqu'on s'est
rencontrés à Québec ou à Montréal, a
toujours souligné qu'il cherchait un quatrième partenaire dans le
fardeau fiscal. C'est peut-être la raison pour laquelle je viens
aujourd'hui lui demander s'il a repensé à ce quatrième
partenaire dans le fardeau fiscal. C'est bien entendu qu'il n'est pas question
pour nous, de la ligne Montréal-Deux-Montagnes, ou des autres
municipalités concernées, de reculer. Lorsqu'on a des
améliorations, il faut s'attendre à en payer le prix. Le ministre
est au courant, et les membres de cette commission près du comté
de Deux-Montagnes sont certainement au courant, que depuis deux ans nous avons
eu, pas un schisme de la CIT, mais deux CIT dans Deux-Montagnes, la CIT de
Saint-Eustache et la CIT de Deux-Montagnes. (12 h 30)
Je dois vous dire que depuis que nous sommes en opération, la CIT
de Deux-Montagnes a triplé et quadruplé l'achalandage qui se
faisait. Qu'est-ce que cela a à faire avec le fardeau fiscal? Plus il y
a de gens, plus il faut d'autobus et un meilleur service. La MRC de
Deux-Montagnes a été consentante et nos concitoyens sont
consentants à payer davantage pour avoir un meilleur service. Je pense
qu'il en sera de même avec la modernisation des trains de banlieue. La
question que je voulais souligner au ministre, c'est celle du quatrième
partenaire dont il nous a parlé à l'occasion de nos
rencontres.
Mon troisième point, en terminant, c'est un point assez
particulier. Il est assez rare que quelqu'un vous dise: Je m'en vais vous voir
pour vous faire économiser de l'argent. En tout cas, c'est le point de
vue du maire de Deux-Montagnes. C'est la gare régionale de la ville de
Deux-Montagnes.
Je sais que lorsque le ministre a fait sa présentation le 10
août 1988, il était écrit à la page 134 de son
rapport que trois gares régionales seraient construites
ultérieurement: une au sud de l'autoroute 640 dans Deux-Montagnes, une
à Bois-Francs et une près de la route 13. La raison pour laquelle
je viens plaider: s'il était possible d'activer le projet d'une gare
régionale à Deux-Montagnes, car tout est en place, M. le
ministre, et cela est assez rare. Lorsque vous décidez de construire des
autoroutes, lorsque vous décidez de construire quelque chose, il y a
toujours des problèmes de toutes sortes, par exemple des expropriations,
des complications, etc., tandis que, dans le comté de Deux-Montagnes,
toutes les infrastructures sont là. Je voulais le souligner ce matin, le
dire, car si jamais c'était l'intention du ministère des
Transports d'aller de l'avant... Je n'apprendrai rien au ministre en lui disant
que les terrains choisis appartiennent au ministère des Transports. Je
pense que c'est déjà un point assez Important. Ensuite, tous les
embranchements sont là: la route 640 est-ouest, le boulevard
Deux-Montagnes, etc. En conclusion, il faut dire, comme je le mentionnais au
début, que les relations pour les développements de la ligne
Montréal-Deux-Montagnes sont déjà en marche. Nous avons
eu, M. le ministre, beaucoup de
réunions avec vos fonctionnaires, ça va de l'avant et tout
va très bien.
Voilà, c'était mon message. C'est peut-être un
message un peu partisan que je fais à la fin, pour ce qui est de la gare
régionale, mais je dois dire qu'on n'a pas souvent l'occasion de vous
rencontrer. Ce n'est pas que vous vous cachiez, c'est que vous êtes bien
occupé. Alors, on profite de l'occasion pour vous faire le message. Je
pense que vos fonctionnaires sont au courant que ce serait peut-être une
bonne idée que celle d'aller de l'avant avec la gare régionale
à Deux-Montagnes. Cela augmenterait énormément
l'achalandage et serait profitable, quelques années d'avance, au
développement industriel, commercial et résidentiel du
comté de Deux-Montagnes. Je vous remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le maire. Je vais
maintenant reconnaître M. le ministre. Nous accordons dix minutes
à chacune des formations politiques.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je veux remercier M. le maire qui est un
intéressé à la cause depuis déjà de
nombreuses années. Si mon souvenir est fidèle, c'est en mars
1987...
M. Bergeron: Le 12 mars.
M. Côté (Charlesbourg): ...le 12 mars 1987 que je me
suis rendu à Deux-Montagnes et qu'on a échangé nos vues
avec toute une table d'intervenants, candidats potentiels à
différentes élections, maires en place, bref toute une
série de personnes qui étaient là et qui
s'intéressaient au train de Deux-Montagnes.
M. Garon: Est-ce qu'ils vont faire un parc à l'endroit
où vous avez posé les pieds?
M. Côté (Charlesbourg): Non, non. M. Garon:
Pas encore?
M. Côté (Charlesbourg): II n'y a pas de danger. Je
ne suis pas assez pesant pour que ça s'imprègne dans le sol; ce
n'est pas comme le député de Lévis. Et même
l'ex-député de Deux-Montagnes était là...
M. Bergeron: M. Pierre de Bellefeuille.
M. Côté (Charlesbourg): ...et il avait trouvé
que l'actuel ministre des Transports avait de l'ouverture. Imaginez-vous ce
qu'il doit penser aujourd'hui que le gouvernement a confirme des intentions
maintes fois manifestées et réitérées par les
gouvernements qui nous ont précédés.
Ceci étant dit, je savais un peu ce que vous alliez nous dire de
par le mémoire, mais aussi pour avoir regardé ce qui se passe
dans les journaux. Vous avez pris bien soin de faire partager à votre
population, par l'entremise des médias, les quatre points de vue que
vous venez d'évoquer.
Commençons par TORT, l'Organisme régional de transport.
J'ai acquis, au fil des mois et des ans, la profonde conviction que pour mieux
desservir la population, un organisme régional de transport était
nécessaire, et cela, pour l'ensemble des gens, peu importe d'où
Ils viennent. Plusieurs démonstrations nous ont été faites
des difficultés qu'éprouvent les gens des couronnes à
aller là où ils veulent avec un moyen de transport en commun qui
est très largement subventionné par le gouvernement du
Québec. Là-dessus, je pense qu'on va y aller, on va même -
je l'ai dit, je le répète - l'imposer, si jamais il y avait des
réticences, mais il faut avoir à l'esprit ce que vous avez
évoqué: il ne faut pas que le petit, au bout de la ligne, soit
littéralement noyé et que son opinion ne sort à peu
près pas prise en considération. Vous avez fait cette relation du
petit et du gros. Mais cette relation du petit et du gros n'a pas
empêché de prendre une décision favorable au petit, donc,
à la modernisation du train de Deux-Montagnes. C'est peut-être une
source d'espoir d'être mieux compris.
M. Bergeron: Cela lest.
M. Côté (Charlesbourg): Je sais que
l'inquiétude, dans la mesure où il y a et où il y aura
intégration du train Deux-Montagnes dans l'opération de la STCUM
ou, éventuellement, de l'Organisme régional de transport, que
l'inquiétude est que les citoyens en fassent les frais. Le
ministère a quand même l'expérience de
Montréal-Rigaud qui l'inspire, et je pense que nous prendrons les
mesures nécessaires pour éviter que ce soit les gens en bout de
ligne qui en fassent les frais. Mais l'Organisme régional de transport
est extrêmement important.
M. Bergeron: En fait, est ce que... M. Côté
(Charlesbourg): Oui?
M. Bergeron: Depuis quelques mois, je pense que vous allez
être d'accord avec moi, on a senti un changement d'orientation de la part
de la ville de Montréal vis-à-vis des trains de banlieue.
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Bergeron: Je pense que nous avons tous senti cela, depuis un
mois avant que vous exposiez votre programme du transport en commun dans le
grand Montréal.
M. Côté (Charlesbourg): Si on fait le pari du
transport en commun à Montréal comme dans la communauté
urbaine, ce n'est pas Juste le métro; il y a des trains de banlieue qui
font
partie du transport en commun, aussi. Alors, dans ce sens, on ne peut
pas parler des deux côtés de la bouche en même temps. Dans
ce sens, ça m'apparaît extrêmement important, et c'est
là pour demeurer.
Cependant, différents intervenants des Laurentides sont venus
nous dire qu'il y avait énormément de difficultés à
établir des relations à l'intérieur de la région
des Laurentides, et qu'eux souhaitaient un plan de transport pour la
région des Laurentides. C'est davantage là-dessus que j'aimerais
avoir votre opinion. On évoquait le temps de parcours qu'il fallait
à quelqu'un pour aller de Deux-Montagnes à
Saint-Jérôme: ça prenait un temps absolument
épouvantable, avec des coûts pas très abordables, non plus.
Est-ce que, selon vous, il est possible d'envisager que, dans une
deuxième étape, on pourrait penser à un plan de transport
pour l'ensemble de votre région?
M. Bergeron: En fait, si vous vous souvenez bien, M. le ministre,
lorsque nous avions présenté le rapport, en 1987, il y avait la
ville de Saint-Laurent, celle de Mont-Royal, etc., et j'étais leur
porte-parole. À ce moment-là, j'avais commencé à
dire: Bien écoutez, M. le ministre, si vous voulez être
conséquent avec non pas vos promesses électorales, mais les
promesses électorales des deux partis, un jour, ça devrait se
rendre à Mirabel. Vous m'avez alors dit: Oups! M. le maire, si vous
voulez, cet après-midi, on va se rendre jusqu'à Deux-Montagnes.
Donc, c'est bien sûr... Est-ce que vous voulez parler du rail-bus, M. le
ministre?
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire que je
pense que... Non, pas uniquement de cela, mais aussi de l'obligation que chacun
des CIT sur le territoire des Laurentides puisse avoir une vision globale du
transport, à l'intérieur même de la région, parce
qu'on a de la difficulté actuellement, semble-t-il, à voyager
d'est en ouest dans cette région. Est-ce que vous croyez - sans que ce
soit un organisme décisionnel - qu'une table formée de ces
gens-là, sur le plan du transport, pourrait nous amener à avoir
une vision régionale des besoins de transport de la région des
Laurentides?
M. Bergeron: Je pense que oui. Il n'y a aucun doute
là-dessus. En fait, je suis mal placé pour le dire, parce que,
comme je vous l'ai dit tout à l'heure, s'il y a une CIT qui roule en
Cadillac dans le moment, c'est la CIT de Deux-Montagnes. Par
égoïsme, je pourrais dire: Non, je ne veux rien savoir, ça
va tellement bien dans ma cour, chez nous, que je ne veux pas m'étendre
et aller chercher les troubles de Saint-Jérôme, ou de
Sainte-Thérèse, ou de Blainville, ou quelque chose comme
ça. Mais je pense que, pour l'intérêt général
d'une population, tôt ou tard, il devrait y avoir un genre
d'Intégration ou... peut-être pas de fusion, mais un genre de
melting-pot ou de grande table, à laquelle tous ceux qui sont
concernés par le transport en commun devraient s'asseoir. Oui.
M. Côté (Charlesbourg): On en rediscutera, on aura
certainement l'occasion de se recroiser là-dessus.
Fardeau fiscal, quatrième partenaire. Il est bien sûr que,
j'en ai parlé à plusieurs reprises pour sensibiliser le milieu,
peu importe d'où provient l'argent, du monde municipal, ou du
gouvernement fédéral, ou du gouvernement provincial, cet argent
est prélevé à même les poches des citoyens. Quand on
demande, bien sûr, il faut s'attendre à partager les coûts.
Dans mon esprit, à l'époque, le quatrième partenaire
était davantage un quatrième partenaire qui supporterait les
coûts d'immobilisation et non les coûts d'exploitation, parce que
c'est bien différent. Le gouvernement s'est engagé, avec la
complicité du gouvernement fédéral, à moderniser
Deux-Montagnes. Cela veut dire que le gouvernement du Québec, avec le
fédéral, va absorber 100 % des coûts d'immobilisation dans
ce cas-ci, c'est quand même énorme, et va d'autre part supporter,
bien sûr, sa partie sur le plan de l'exploitation, comme l'usager devra
supporter sa partie, et intégrée à l'ensemble du grand
réseau, normalement, la part que devrait défrayer le monde
municipal, après ça, ne devrait pas être énorme.
C'est dans cette perspective que cela avait été
évoqué à l'époque.
Je veux en arriver au point d'intérêt qui est le plus
important pour vous, d'après ce que j'ai compris, la gare
régionale.
M. Bergeron: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Parce qu'elle n'est pas
prévue dans le plan de transport.
M. Bergeron: Non, absolument pas.
M. Côté (Charlesbourg): C'était prévu
dans une phase ultérieure où le principe était de
conservation des acquis. Quand on a mis le train de banlieue de Deux-Montagnes
dans la conservation des acquis, c'était effectivement pour conserver ce
qu'on avait et pas nécessairement pour en ajouter. C'est pour cela que
la problématique devient un petit peu plus difficile, mais les gens du
ministère sont à examiner des propositions comme celle-ci. On
parle actuellement d'à peu près 3 000 000 $ additionnels au
coût du projet pour ajouter la gare. C'est logique. Je ne peux pas dire
que ce n'est pas logique, sauf qu'avec la logique du plan c'était, vous
comprendrez facilement, conservation. On va continuer les échanges sur
cette question.
M. Bergeron: Lorsque j'ai discuté avec vos fonctionnaires,
quand je les ai rencontrés, j'ai dit que la ville de Deux-Montagnes
pourrait se permettre, je ne parle pas de contribuer à la
construction, mais au déneigement, à l'entretien, à
ces choses-là. Ce sont des choses secondaires. C'est un aparté
plus qu'autre chose.
M. Côté (Charlesbourg): En terminant, je vais vous
reconfirmer la volonté gouvernementale d'enclencher le plus rapidement
possible, après la commission parlementaire, les travaux
nécessaires à sa réalisation.
M. Bergeron: Merci M. le ministre.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie M. le
ministre. Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, je voudrais rappeler à
M. le maire, que c'est un peu parce que l'Opposition a insisté que vous
avez pu être entendu aujourd'hui, car, normalement, la commission
parlementaire se terminait le vendredi. C'est parce que l'Opposition a
insisté qu'aujourd'hui il y a une journée additionnelle de
commission parlementaire. Dans vos remarques préliminaires, vous aviez
l'impression que c'était le ministre qui vous avait invité, mais
si on avait laissé faire le ministre, personne n'aurait
été entendu aujourd'hui...
M. Bergeron: Je m'excuse, je voulais dire la commission
parlementaire.
M. Garon: ...parce que la commission était
terminée...
M. Côté (Charlesbourg): Je m'excuse, M. le
Président. Point d'ordre!
M. Garon: Un instant, je n'ai pas fini, je suis en train de
parler et, après, le ministre répondra s'il le veut...
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, il y
a des corrections de faites...
M. Garon: Je suis sur mon temps.
M. Côté (Charlesbourg): On s'en parlera à
midi et demi; il y en aura une autre.
M. Garon: Nous avons insisté pour qu'il y ait une
journée additionnelle, ce qui a été accepté
finalement, parce que nous n'étions pas... Je vous l'ai souligné,
c'est enregistré dans la journée de mardi, le matin, le 24 je
pense. Parce que des gens nous avaient dit qu'on laissait entendre que
c'était l'Opposition qui ne voulait pas entendre les gens alors que
j'avais dit qu'on était prêt à siéger les longues
journées nécessaires pour que tout le monde soit entendu.
C'était la remarque que je voulais faire à ce moment-ci.
Maintenant, comme il semble régner une belle harmonie, vous avez
l'air à bien vous entendre avec le ministre, je ne voudrais pas troubler
un si beau ménage avec des questions intempestives.
M. Bergeron: Vous pouvez y aller.
M. Garon: On a entendu votre mémoire et le débat
que vous avez eu avec le ministre, je n'aurai pas de question
additionnelle.
M. Bergeron: Je n'ai jamais eu de relations
privilégiées avec le ministre. J'ai eu des relations avec les
commissions parlementaires qui ont siégé. Il y a une
différence. Deuxièmement, lorsque j'ai remercié pour le
fait d'être ici aujourd'hui, je pensais que lorsque je m'adresse au
ministre, je crois que le ministre représente l'ensemble des
parlementaires qui sont ici ce midi, comme le président les
représente. Quand même que je remercierais le président,
cela ne veut pas dire que c'est lui personnellement que je remercie. Je pense
que c'est M. Garon que [e remercie, c'est le ministre, c'est tout le monde,
tous ceux qui sont assis autour de la table. Je n'ai pas voulu faire de
personnalité, quoique je trouve qu'on a un "maudit" bon ministre des
Transports.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: C'est pour cela que j'ai dit, étant donné
qu'il y a tellement de divorces au Québec, que je ne voudrais pas
troubler un si beau ménage.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Bergeron: II faut garder ceux qui restent.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que cela
complète votre intervention, M. le député de
Lévis?
M. Garon: Oui. (12 h 45)
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, il y
a deux éléments que je ne peux laisser passer, le premier
étant que la loyale opposition de Sa Majesté est à
l'origine même de la journée d'aujourd'hui.
Pour rétablir les faits, effectivement l'Opposition a
demandé une journée additionnelle, d'une part. D'autre part, dans
la semaine où nous avons siégé, nous avons offert à
l'Opposition de siéger le mercredi soir et le vendredi soir.
L'Opposition a refusé. C'est sur cette base que nous avons
informé certaines personnes qui voulaient présenter des
mémoires que nous aurions pu les recevoir dans la mesure où
l'Opposition aurait accepté de siéger. Cela se serait fait dans
le même environnement que celui où la commission parlementaire
s'est tenue, au lieu d'être décalé d'une journée.
C'est ce que
nous avons exprimé aux gens que nous avons rencontrés. Et
temps pour temps, on consacre aujourd'hui exactement le même temps qu'on
vous avait offert le mercredi soir et le vendredi.
Ce point étant fait, je suis très heureux de compter parmi
les gens satisfaits du plan de transport le maire de Deux-Montagnes. Je ne suis
pas étonné qu'il soit satisfait. On donne ce qu'il revendique
depuis de nombreuses années. On a pris la décision alors que vous
ne l'avez jamais prise. Ne vous surprenez pas!
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre.
M. Garon: M. le Président, c'est sur mon temps
d'ailleurs...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis.
M. Garon: Je vous demanderais de faire respecter le temps de
parole puisque je parle sur mon temps, pas sur celui des autres. Je voudrais
simplement dire que je n'ai pas nié cela. C'est qu'il y a un
règlement. J'ai dit que je ne voulais pas entendre les gens à 23
heures, minuit ou une heure du matin parce je trouve que ce n'est pas une
façon de travailler. Le règlement dit que les heures de session
sont entre dix heures et treize heures, de quinze heures à dix-huit
heures et de vingt heures à vingt-deux heures. Vous voyez que le
vendredi soir, les gens qui sont entendus parlent tout seuls, à toutes
fins utiles. Les trois quarts du temps, les gens de Montréal sont partis
et se font remplacer par des gens de Québec. Ce n'est pas pour rien que
j'ai demandé qu'on respecte le règlement et qu'on entende tout le
monde. Si cela prend une journée de plus, deux fournées de plus,
trois journées de plus, on est prêts pour que les gens puissent
exprimer ce qu'ils ont à dire.
J'ai dit aussi que ce n'était pas nécessaire qu'on soit
d'accord ou pas d'accord. Ce n'est même pas important. On est ici pour
entendre leur point de vue. C'est le but de la consultation. Quand les gens
disent des choses avec lesquelles nous ne sommes pas d'accord, on ne se choque
pas. On reste de bonne humeur. On calcule qu'une consultation est justement une
expression d'opinion démocratique, où des gens peuvent diverger
d'opinions. C'est cela, la vie en société. Après cela, on
essaie de faire des consensus.
Une voix: Merci.
M. Garon: C'est pour cela qu'on a dit qu'on voulait prendre tout
le temps nécessaire mais pas entendre les gens à vingt-trois
heures, à minuit ou une heure du matin. Ce n'est pas raisonnable.
Une voix: Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis, pour corriger une expression que j'ai cru dénoter dans
vos propos...
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Lorsque vous avez
terminé votre exposé, j'ai reconnu M. le ministre parce qu'il lui
restait encore du temps de parole. À ce moment-ci, M. le ministre a
complété son temps de parole à sa dernière
intervention. il vous reste encore quelques minutes.
M. Garon: On m'avait dit qu'il avait fini.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous ai demandé...
Il restait une minute à M. le ministre. Il était en droit de
faire son intervention parce qu'il lui restait du temps. Est-ce que ceci
complète votre intervention?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Je tiens à remercier
M. le maire de Deux-Montagnes pour sa présentation aux membres de cette
commission. Sur ceci, je demanderais maintenant aux représentants de la
MRC de Beauharnois-Salaber-ry de bien vouloir prendre place s'il vous
plaît! Permettez-moi, dans un premier temps, de souhaiter la bienvenue
aux représentants de la MRC de Beauharnois-Salaberry. Je demanderais
maintenant au porte-parole de bien vouloir s'identifier ainsi que les personnes
qui l'accompagnent, pour le bénéfice des membres de cette
commission.
MRC de Beauharnois-Salaberry
M. Demers (Gilles): Je suis Gilles Demers, préfet de la
MRC de Beauharnois-Salaberry. À mon extrême gauche, M. Dominique
Julien, maire de Saint-Louis-de-Gonzague. À ma gauche, M. Gaétan
Rousse, maire de Salaberry-de-Valleyfield. À ma droite, M. Léo
Myre, maire de Sainte-Martine.
Le Président (M. Saint-Roch): Vous avez maintenant dix
minutes pour déposer votre mémoire.
M. Demers: M. le Président, M. le ministre, Mesdames,
messieurs les députés, notre intervention d'aujourd'hui n'a pas
pour but de reprendre notre mémoire et de réitérer les
facteurs motivant la réalisation de l'autoroute 30. Je crois qu'ils ont
été largement évoqués durant les quatre premiers
jours d'audience de la présente commission. Je vais profiter
plutôt de l'occasion pour revenir sur les affirmations de certains
présentateurs et je vous formulerai des propositions pour faire avancer
plus rapidement le projet.
En premier lieu, j'aimerais revenir sur l'option
préférable d'aménagement pour la région de
Montréal. Cette option devrait permettre à l'île de
Montréal de consolider son développement tout en imposant un
moratoire sur la construction des autoroutes. Dans le sud-ouest de la
Montérégie, nous en subissons les conséquences depuis dix
ans et il semble que Montréal n'ait pas eu encore assez de temps pour en
profiter car elle n'a pu empêcher ses citoyens de la quitter. Je ferais
remarquer que Valleyfield n'est pas une banlieue mais une ville satellite qui a
une histoire industrielle et commerciale datent de bien avant la période
de prolongement des banlieues des années 1960 et 1970. Ainsi, ce que
nous revendiquons, ce n'est pas d'enlever un projet à d'autres
sous-régions comme Montréal le fait ou de vous demander un
équipement de remplacement ou de deuxième
génération comme c'est le cas dans le projet de tunnel vers
l'autoroute métropolitaine, mais plutôt, nous vous demandons de
moderniser notre réseau routier en construisant l'autoroute, nous
rattachant au réseau autoroutier montérégien et qui, du
même coup, améliore de façon très sensible la
liaison interrive sur le canal de Beauharnois; car vous connaissez les
problèmes concernant les capacités portantes et ceux de la
sécurité sur les ponts.
En relation avec le canal de Beauharnois, excusez... Il faudrait
revendiquer que tous les bateaux transitant par notre territoire paient un
tribut pour les torts que nous cause la voie maritime et il faudrait demander
de ne plus exporter hors de la MRC de Beauharnois-Salaberry
l'électricité produite au barrage de Beauharnois et Des
Cèdres. Si l'électricité est essentielle aujourd'hui pour
tout le monde, une route moderne l'est aussi pour une sous-région comme
la nôtre.
Dans l'optique de l'option préférable
d'aménagement, il était préconisé que les
sous-régions périphériques soient autonomes en termes
d'emplois et de services au lieu de n'être que des zones
résidentielles. Dans ce cadre, nous respectons l'option. Une
étude effectuée par l'OPDQ montre qu'en 1981, notre taux
d'autonomie de l'emploi était de 94 % alors qu'il était de 89 %
en 1971. Cette amélioration est toutefois peu réjouissante parce
que nous n'avons pas accusé de nouveaux emplois mais plutôt perdu
des travailleurs, principalement des jeunes. Ainsi, ce que nous visons par une
desserte routière moderne c'est, premièrement, conserver les
emplois actuels, et en second lieu, créer des emplois pour nos jeunes
et, troisièmement, si possible, accueillir de nouveau ceux qui ont
dû quitter notre coin de pays. Cependant, en aucun cas, nous
n'espérons attirer les Montréalais. Nous n'avons pas la
prétention d'être une banlieue et nous ne pouvons pas
étendre impunément le territoire urbain parce qu'il nous faut
préserver nos terres agricoles.
Deuxièmement, M. Hamelin Doré relevait que seulement 7800
véhicules emprunteraient une voie de contournement et que ce faible flux
ne justifiait pas l'autoroute 30 avec une capacité de 100 000
véhicules par jour. M. Hamelin reconnaissait toutefois que ces 7800
véhicules, plus souvent qu'autrement lourds, représentaient 20
000 automobiles. Cet argument allié à celui de la perte de temps
accusée par les conducteurs de ces véhicules et des autres
utilisateurs du réseau montréalais et à sa qualité
de desserte d'une sous-région représentant 200 000 personnes, ont
fait qu'il nous apparaît plutôt justifié de prolonger
l'autoroute 30 jusqu'à Côteau-du-Lac. Certes, nos revendications
ne vont pas jusqu'à demander du chrome sur les garde-fous. Nous sommes
assez réalistes pour concevoir, dans un premier temps, une
première moitié d'autoroute, par exemple une voie dans chaque
sens mais avec les viaducs et les échangeurs requis pour éviter
des intersections dangereuses qui résulteraient du passage d'une voie
rapide et à accès limité.
Troisièmement, j'aimerais vous demander de modifier
l'échéancier prévu au plan de transport. On nous promet
l'autoroute 30 depuis près de 25 ans alors même que l'on venait de
terminer l'autoroute Métropolitaine. Aujourd'hui, eux, se voient
proposer une rénovation et nous, une possibilité de
réalisation. Vous avez indiqué, le 25 janvier dernier, à
mon confrère Claude Haineault, président du comité pour le
parachèvement de l'autoroute 30, que vous seriez, le 8 février
1989, en situation de présenter à vos collègues
députés ce qui pourrait être l'orientation du tracé
privilégié par le ministre des Transports. D'une part, nous nous
réjouissons qu'un tracé soit privilégié et nous
serions heureux de le connaître. D'autre part, dans
l'éventualité où le choix du tracé est celui
préconisé par la MRC, quand projetez-vous de nous faire part des
résultats de l'étude d'impact que vous nous avez promis pour
décembre 1988 ou le début de l'année 1989?
Si votre réponse démentit nos renseignements, vous
pourriez faire en sorte qu'en 1991, les plans et devis soient terminés
et que les approbations requises soient obtenues de façon à
commencer les travaux dans notre coin de pays dès cette date.
D'ailleurs, nous vous avons toujours demandé que les travaux soient
réalisés au plus tard durant la période de la prochaine
entente fédérale-provinciale, soit en 1990-1995. Ce désir
de voir se concrétiser les travaux devient une urgence lorsqu'on aborde
le financement du pont sur le canal de Beauharnois.
Vous nous avez demandé, lors du sommet économique,
d'intéresser le fédéral dans le prolongement de
l'autoroute 30 au-delà de Châteauguay. Vous avez
précisé votre demande le 26 juin dernier lors de la manifestation
au pont Larocque à Valleyfield en énonçant que le
gouvernement provincial se chargerait de l'autoroute si le gouvernement
fédéral construisait le pont sur le canal de Beauharnois. M.
Benoît
Bouchard annonçait, le 14 juillet, lui aussi en public, que son
ministère construirait le pont de
l'autoroute 30 sur le canal de Beauharnois et qu'il revenait au
gouvernement du Québec de construire la partie routière. Cette
promesse doit se concrétiser et pour ce faire, il faut indiquer dans les
plus brefs délais le tracé proposé de l'autoroute afin que
les plans et devis du pont soient dressés avant que l'oubli n'enterre
cette promesse - il arrive souvent que les ministres changent à Ottawa -
ou que les personnes en poste à Ottawa ne respectent plus cette promesse
de 100 000 000 $.
Vous avez demandé à M. Haineault de vous remettre copie de
la lettre de M. Benoît Bouchard confirmant la contribution du
gouvernement fédéral. Ainsi, je vous dépose une copie
d'une lettre du 3 octobre 1988 adressée à M. Claude Haineault
à titre de président du comité pour le rapprochement de
l'autoroute 30 et signée par M. Benoît Bouchard, ministre des
Transports du Canada. Encore une fois, les devoirs que vous nous avez
donnés sont faits. Dans cette veine et pour tenir ma promesse du 27
janvier dernier, j'aimerais également vous déposer une lettre
d'intention signée par l'UPA de secteur et par la MRC qui dit que nous
avons l'intention de négocier une entente sur le tracé de
l'autoroute 30, sur la délimitation de la zone agricole et sur
l'éventuelle zone agricole exclusive. Par cette lettre, nous
désirons montrer notre bonne volonté et notre conviction que,
premièrement, nous pouvons répondre au souhait à peine
voilé que vous formuliez, soit que l'UPA et les municipalités
s'impliquent plus à fond dans la négociation des tracés
et, deuxièmement, que nous ne désirons pas l'autoroute 30 pour
susciter l'étalement urbain incontrôlé. Je vous ai
déjà fait part des instruments de gestion de territoire que nous
avons avec les schémas d'aménagement et bientôt les plans
d'urbanisme. Nous faisons un pas de plus, un peu à l'exemple de la ville
de Laval, en négociant avec l'UPA les zones agricoles de façon
à rassurer en premier lieu les agriculteurs, puis à permettre aux
municipalités de planifier leur territoire urbain en conséquence
de façon à ne pas pénaliser indûment l'agriculture.
Je l'ai dit et je le répète: L'agriculture est une des richesses
de Beauharnois-Salaberry, nous désirons la conserver. Nous sommes
assurés que l'on pourra y arriver en même temps que nous
consoliderons nos secteurs d'activité industrielle et commerciale.
En conclusion, M. le ministre, quand projetez-vous de nous faire
connaître le tracé de l'autoroute 30 chez nous? Quand
projetez-vous de transmettre au ministre des Transports du Canada le
tracé de l'autoroute afin qu'il planifie et construise le pont promis?
Quand déposerez-vous les études d'impacts sur l'environnement?
Comment recevez-vous notre proposition commune UPA-MRC de s'impliquer avec vos
représentants dans la négociation du tracé de l'autoroute
30? À la lumière des audiences de la présente commission,
êtes-vous en mesure de nous annoncer un meilleur échéancier
de réalisa- tion de l'autoroute 30 dans Beauharnois-Salaberry?
Voilà, M. le Président, c'étaient les quelques
points sur lesquels je voulais attirer l'attention de la commission. Je vous
remercie.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. Demers.
À ce moment-ci, il reste dix minutes à chacune des formations.
Mais, étant donné qu'il est près de 13 heures, j'aurais
besoin de directives de la part des membres de cette commission sur la
poursuite ou non de nos travaux à partir de 13 heures.
M. Garon: J'ai compris du maire que le ministre doit apporter une
décision du Conseil des ministres d'aujourd'hui, le 8
février.
M. Demers: Pour le tracé.
M. Garon: Le 8, j'ai entendu cela dans les propos.
M. Demers: Pas du Conseil des ministres, mais on devait
présenter le tracé aux députés.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Lévis, je m'excuse, mais à ce moment-ci, est-ce qu'il y aurait
consentement pour qu'il y ait dix minutes de répartition de chacun des
côtés?
M. Garon: Aimez-vous mieux revenir à 15 heures ou terminer
tout de suite?
M. Demers: Je préférerais continuer. M. Garon:
D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): II y a consentement pour
poursuivre nos travaux, alors à ce moment-ci je vais reconnaître
M. le ministre pour dix minutes.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
profiterais peut-être de la venue des gens qui défendent
l'autoroute depuis déjà fort longtemps, avec manifestation sur
manifestation, je vous ai même trouvé généreux en
disant 25 ans, j'ai davantage entendu parler de 30 ans. Dans ce sens-là,
on va peut-être clarifier un certain nombre de choses, dans la mesure du
possible. (13 heures)
J'ai été l'un de ceux qui ont
bénéficié d'un tour d'hélicoptère, vous vous
en souviendrez très certainement. M. le préfet, qui n'est plus
là, avait eu les sueurs de sa vie pour venir faire la
démonstration que le tracé retenu par les MRC, contrairement au
ministère, était un tracé qui nous permettait de
solutionner plusieurs problèmes en même temps et aussi faire en
sorte qu'on puisse régler le problème des ponts que le
fédéral pourrait prendre sous sa responsabilité. Je vous
avais dit dès ce moment-là, à une rencontre que nous
avions eue au port de
Valleyfield, qu'effectivement je trouvais cela intéressant et que
j'étais prêt à m'engager à travailler dans ce
sens-là. J'aimerais qu'on me le confirme, mais l'essence des propos et
des démarches à l'époque visait à faire inclure
dans la nouvelle entente EDER, volet transport, l'autoroute 30, qu'elle soit
incluse à l'intérieur de CEDER, et que, par conséquent,
elle puisse se réaliser dès la première année
d'application du renouvellement de l'entente qui était 1991 ou 1992.
Alors, c'était l'objectif au départ. Je vous pose la question:
Est-ce que c'est toujours le même objectif?
M. Demers: C'est toujours le même objectif sauf que M.
Bouchard, lors de sa visite à Beauharnois, dans un discours
enflammé, a dit que cela ne faisait pas partie de l'entente. Il
débloquerait des budgets spécialement pour le pont sur le canal
de Beauharnois...
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Demers:... mais en dehors de l'entente.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord, je comprends. Mais
le principe revendiqué à l'époque était qu'on en
arrive à une situation très claire et très nette: que
l'autoroute 30 soit une volonté du Québec, que l'autoroute 30
soit une volonté du fédéral et que ça soit
finalement, en termes de date, effectif sur le plan de la réalisation
des travaux à partir de 1991 ou 1992.
M. Demers: D'accord.
M. Côté (Charlesbourg): Je pense qu'on est toujours
dans le même... Je suis parti de ça. Je veux savoir si je
dévie de ma course ou pas. Alors, c'était dans ce sens-là.
Entre-temps est intervenu le sommet de la Montérégie où on
a pris l'engagement de prolonger l'autoroute 30, de l'autoroute 10 au
contournement de Châteauguay, dans un calendrier qu'on avait
déposé à l'époque dans la mesure où tout
allait rondement. Cela a l'air qu'on a des petits problèmes un peu
à certaines places. De toute façon, ça m'apparaît
très clair.
Ce point étant fait, ce que j'avais dit lors de la commission
parlementaire l'autre semaine, c'est que le 8 février, j'aurais une
rencontre avec mes collègues députés et les officiers du
ministère - cela va se faire à 14 heures cet après-midi -
sur le tracé qui va être proposé au ministère et
qui, normalement, devrait passablement ressembler à celui que vous
proposez, avec certains petits accommodements dans le but effectivement d'aller
chercher l'appui de i'UPA et d'éviter qu'on passe deux ans devant la
CPTA. Donc, on est dans une situation où, effectivement, le tracé
va être clair, soit celui qui va être privilégié par
le ministère cet après-midi et finalement, le
fédéral va être informé très rapidement du
tracé que le ministère va privilé- gier, étant
soumis, bien sûr, à une approbation du BAPE et de la CPTA quant
à l'autorisation finale du tracé.
Donc, à partir de ça, je pense qu'on est en ligne.
À tout le moins le train est sur les rails. Cela répond à
vos deux premières questions. Pour l'autre, sur l'étude d'impact,
on me signifie qu'il y a quelques petits éléments additionnels
qui ont été nécessaires, en particulier en ce qui concerne
la circulation sur l'autoroute 20 où il y aurait le carrefour de
l'autoroute 20 et de l'autoroute 30, certaines petites études de
circulation additionnelles. Je serai en mesure, d'ici la fin de
l'après-midi, de préciser à quelle date on pourrait
effectivement la déposer.
Quant à l'autre question que vous posiez, l'UPA-MRC sur le plan
du tracé et de régler les problèmes le plus vite possible,
je le souhaite le plus rapidement possible en collaboration avec le
ministère, bien sûr, parce qu'il y a des petits ajustements
à faire. Au lieu de couper transversalement les terres, il y a
peut-être des accommodations qu'on peut faire par rapport au tracé
que vous avez proposé. C'est la situation en ce qui concerne l'autoroute
30. Quant à moi, je n'ai pas dévié de mon objectif d'en
arriver à un début de construction, que le fédéral
paie sa part. Mais je comprends qu'il faut indiquer au fédéral
assez vite où va passer la route, si on ne veut pas qu'il mette le pont
à la mauvaise place, je comprends, de façon qu'il puisse faire
aussi les travaux le plus rapidement possible. C'est l'état de la
situation en ce qui regarde il autoroute 30. Je n'ai pas dévié de
la route, pas une minute. C'est exactement la même orientation. On n'est
pas exempté de frapper des pépins en cours de route comme on en
frappe dans le contournement de Châteauguay, mais ça aussi, on va
régler ça cet après-midi. On va à tout le moins
s'organiser pour franchir une étape cet après-midi.
Alors, au-delà de tout cela, ce qui a été
raisonnable dans la demande des gens, ce n'était pas de demander une
autoroute complète comme vous l'avez exprimé. Ce qu'on demande,
c'est une chaussée avec les deux directions et les étagements
pour éviter les carrefours les plus dangereux.
Alors, là-dessus, finalement, cet après-midi nous
répondrons à une série de questions sur le plan du
tracé. Vous devriez être passablement satisfaits, étant
bien conscients que. pour aller devant la CPTA et devant le BAPE, il nous faut
donner des tracés alternatifs, qui seront des tracés que vous
connaissez très bien. La volonté de le faire me parait
très claire et, selon les échéanciers qu'on rencontrera,
l'objectif de 1991 ne me paraît pas un objectif impossible.
M. le Président, j'ai entendu les propos sur l'étalement
urbain, j'ai entendu ce que vous aviez à dire, ce sont des opinions que
je partage depuis longtemps. Même si on discutait pendant bien longtemps,
je ne pense pas qu'on apporterait grand chose de plus. Votre témoignage
est très clair.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Lévis.
M. Garon: J'aimerais demander à la
délégation de Beauharnois-Salaberry si elle estime que
l'engagement fédéral pris au mois de septembre tient toujours
aussi fermement.
M. Demers: J'en suis persuadé. Je pense que M. Bouchard et
d'autres maires ici présents l'ont dit personnellement: Que le
Québec s'occupe du réseau routier et nous, nous allons faire le
pont. Je pense que M. Bouchard est un homme qui a beaucoup de
crédibilité, je ne crois pas qu'on puisse se permettre de douter
de sa parole.
M. Garon: Concernant la réalisation des travaux, vous avez
dit au fond que vous attendiez que le ministère des Transports du
Québec se branche.
M. Demers: C'est ça. On attend le tracé.
M. Garon: Vous avez eu des engagements qui ont retardé
jusqu'à maintenant... vous avez mentionné: au mois de
décembre, et ce n'est pas encore concrétisé. Le ministre
vient de laisser entendre qu'il aurait un gros après-midi.
M. Demers: On espère beaucoup des résultats de la
réunion de cet après-midi. Je ne sais pas si le ministre nous
invite à cette réunion.
M. Côté (Charlesbourg): Ha, ha, ha! Il va y en avoir
une plus tard.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Demers: C'est entendu que le plus rapidement nous aurons le
tracé, le plus rapidement nous pourrons nous présenter à
Ottawa et dire à M. Bouchard: Voilà le tracé, puis,
là, qu'est-ce qui arrive?
M. Garon: Au fond, vous voulez dire que c'est Québec qui
retarde; le fédéral est prêt et attend la proposition du
Québec.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Demers: Bien, là je vous dirai cela une fois rendu
à Ottawa ce qu'Ottawa va nous dire. Ils diront probablement...
M. Garon: Je ne sais pas. Cela fait plusieurs fois que M.
Bouchard dit que le ministère des Transports du Québec est lent.
Il a dit ça pour les chemins de fer et vous dites également
ça là-dessus, qu'il se plaint que les plans du Québec
n'arrivent pas.
M. Demers: il ne se plaint pas, en ce sens que c'est seulement le
14 août que M. Bouchard a dit: Faites l'autoroute et nous ferons le pont.
À ce moment-là, il a pris cette décision après
l'avoir accoté au mur. Il s'est rendu à Beauharnois et lors
d'une...
M. Garon: Oui, mais si ça prend trop de temps...
M. Demers: Ah! bien, là, c'est possible.
M. Garon: II ne doit pas y avoir de décision ferme
à Ottawa. Il y a eu un engagement...
M. Demers: C'est ça.
M. Garon:... du ministre des Transports. Vous êtes chanceux
qu'il soit encore ministre des Transports à Ottawa.
M. Demers: Heureusement!
M. Garon: Maintenant, il peut arriver n'importe quoi si tout
ça prend trop de temps. À ce moment-là, il pourrait avoir
des prétextes pour dire: Cela ne tient plus. Cela ne tiendra plus parce
que ça aura pris trop de temps. Il faudrait que tout ça se
concrétise rapidement, puisqu'il semble que tous les intervenants sont
prêts à faire leur part. Maintenant, vous attendez le tracé
définitif.
M. Demers: C'est entendu qu'on ne souhaite pas aller traiter de
nouveau avec un nouveau ministre à Ottawa et reprendre encore une fois
le dossier à zéro, c'est officiel.
M. Garon: On me parlait de problèmes concernant... On va
entendre le groupe des représentants de la réserve indienne, cet
après-midi, ils ont des problèmes au point du vue du tracé
de la réserve.
M. Demers: Ce n'est pas dans notre coin, ça.
M. Garon: Ah! ce n'est pas dans votre bout. En fait, ça
fait partie...
M. Demers: Oui, ça va passer sur notre trajet.
M. Garon: Au fond, le seul point, c'est que vous attendez le
tracé pour...
M. Demers: Exactement.
M. Garon: Avez-vous indiqué une date? On vous a dit que
ça se réglerait cet après-midi?
M. Demers: On l'attend cet après-midi. Une voix:
Ha, ha!
M. Garon: Moi, c'est pour ça que j'étais prêt
à attendre, à vous laisser mon dix minutes pour recommencer
à trois heures...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: M. le ministre aurait même pu en utiliser une
partie pour dire plus concrètement des choses. Vous voyez comme nous, de
l'Opposition, pouvons essayer de collaborer, nous aussi...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon:... pour qu'on puisse avoir des réponses, parce
que là vous êtes dans l'attente. Il n'y a pas autre chose. Alors,
ça ne donne rien d'élaborer davantage. On va espérer que
le ministre va rendre une décision le plus rapidement possible.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que ceci clôt
votre intervention, M. le député de Lévis?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Lévis. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): II reste trois minutes, je
vais en prendre une et je vais en laisser deux à mon collègue de
Beauharnois. Je veux simplement dire au député de Lévis
deux choses. Premièrement, si Léonard avait rempli sa promesse en
1980, nous n'aurions par le problème de tracé d'autouroute
d'aujourd'hui, elle serait déjà en construction. M.
Léonard, parfait. On ne serait pas trois, cinq ou même huit ans
plus tard, avec le problème de choisir le tracé aujourd'hui. Il
est beau de pelleter sur la responsabilité des autres, mais il faut
regarder dans sa propre cour ce qu'on a pu faire avant. Cela me paraît
très clair, et nous allons régler le problème que vous
n'avez pas été capable de régler, pour ce qui est du
tracé. Deuxièmement, quand vous parlez de M. Bouchard, que les
dossiers du Québec retardent, vous avez oublié de mentionner
qu'il l'a dit une fois en ce qui concerne les trains, l'abandon des lignes de
chemin de fer, qui sont d'abord de responsabilité fédérale
et uniquement de responsabilité fédérale. Alors qu'on
vienne me pelleter dans ma cour des problèmes qui relèvent du
gouvernement fédéral, j'imagine que c'est peut-être
charrier un petit peu et être un tantinet démagogue comme vous
êtes capable de l'être à l'occasion.
Là-dessus, je vais passer la parole à mon collègue
de Beauharnois.
Le Président (M. Saint-Roch): Je m'excuse, M. le
député de Beauharnois, je me vois dans l'obligation de respecter
l'alternance. M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, premièrement je suis un
peu étonné, parce qu'une des principales représentations
de la communauté urbaine, c'est que le ministre ait le même
engagement dans le transport pour la région de Montréal que
l'ancien gouvernement avait; pas 1 600 000 000 $, mais 2 200 000 000 $. C'est
une des principales demandes, que le gouvernement s'engage autant que l'ancien
gouvernement s'était engagé pendant la période de 1976
à 1985, c'était 600 000 000 $ de plus que l'engagement actuel du
ministre, pour la région de Montréal.
Deuxièmement, je prends acte. Le ministre des Transports du
Canada, le ministre des Transports du Québec lui-même dit que
c'est son ami, qu'ils sont en bon termes. Il dit qu'il taponne". Que
voulez-vous, je prends acte, j'écoute, et si le fédéral le
consulte en ce qui a trait aux chemins de fer, je ferai remarquer au ministre
qu'il a une bien petite mémoire, parce que pour enlever des chemins de
fer à Terre-Neuve, le gouvernement fédéral a signé
une entente de 800 000 000 $, dans laquelle il versait 700 000 000 $ à
Terre-Neuve, alors qu'ici i en enlève et il ne donne pas un cent. Je
pense que le ministre devrait commencer à négocier un peu. Parce
que présentement il ne négocie pas suffisamment et quand le
ministre des Transports du Canada dit: Aie, présente-moi des choses pour
les chemins de fer, bien ailleurs ils en présentent. Terre-Neuve a
plusieurs fois plus d'argent que le Québec en a, et c'est ainsi dans
toutes les provinces du Canada. Pour ce qui est des chemins de fer, nous
roulons les chemins de fer, les faisons disparaître, et il n'y a rien en
contrepartie, alors que cela suppose plus de transport sur nos routes et que
c'est nous qui payons, tandis que dans les autres provinces le gouvernement
fédéral verse des centaines de millions de compensation aux
provinces auxquelles il enlève des lignes de chemin de fer. Ici le
ministre du Québec, je regrette, mais là-dedans, il ne fait pas
son travail, et le ministre des Transports du Canada a raison.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci M. le
député de Lévis. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg):... d'avoir privé mon
collègue de Beauharnois de poser des questions. Je sais que de toute
façon il aura ses réponses quand même.
On peut peut-être rétablir un certain nombre de choses.
Quand le député de Lévis vient pérorer devant la
commission parlementaire en disant: Ce que les gens souhaitent c'est qu'ils en
mettent plus ou autant que nous en avons mis, je répéterai au
député de Lévis que si on est dans la merde au plan de la
situation financière au Québec, c'est parce que vous n'avez pas
été capables de gérer. Vous avez monté le
déficit du Québec à 3 500 000 000 $ et endetté les
générations futures. C'est ainsi que vous avez réussi
à régler les problèmes au Québec, en
endettant les générations futures, de telle sorte
qu'aujourd'hui, étant responsables, comme gestionnaires, des finances
publiques du Québec, on se retrouve davantage avec un déficit de
1 600 000 000 $ ou 1 800 000 000 $, que les 3 500 000 000 $ par année
auxquels vous nous avez habitués au cours du temps où vous avez
été là. Ce n'est pas pour rien que vous aviez des
réticences vis-à-vis votre chef sur le plan du leadership. Cela
me parait évident, parce que cela amenait le Québec directement
à la faillite.
Au-delà de tout cela, lorsque vous abordez le dossier des chemins
de fer, vous êtes bien mal placés pour reprocher à celui
qui est ici de ne pas avoir fait son travail vis-à-vis d'Ottawa,
puisqu'on a fait des représentations auprès de tous les
intervenants, et que, finalement, vous vous êtes contentés de bien
peu sur le plan du support au gouvernement dans ses démarches pour
obtenir un certain nombre de choses du gouvernement fédéral.
L'avenir nous dira qui avait raison en ce qui a trait à la
négociation à cet égard. Quant a moi, M. le
Président, je continue de dire que le gouvernement doit dépenser
selon ses moyens, et non pas selon les moyens qu'il pense qu'il a, et dans ce
sens, le PQ nous a laissé avec un déficit accumulé,
enlevons quelques milliards de dollars, cinq si je ne m'abuse, la dette du
Québec au moment où vous êtes arrivés. Dites-nous de
combien elle était quand vous nous l'avez laissée.
Le Président (M. Saint-Roch): En conclusion, M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Vous allez voir qu'on aurait
pu faire passablement de routes avec ça.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je vous ferai remarquer que j'ai sorti les fiches pour
l'année 1987. Les automobilistes ont payé près de 2 400
000 000 $, alors que durant cette année-là, le gouvernement du
Québec a dépensé, dans le domaine des transports, pour le
réseau routier, 824 000 000 $, donc trois fois moins que ce qu'il a
perçu des automobilistes. C'est la période de temps où il
y a eu le plus grand écart entre l'argent perçu des
automobilistes et l'argent dépensé. C'est 1986, 1987 et 1988, et
le réseau routier n'a jamais été en si mauvais
état. Le ministre nous dit qu'il en a dépensé 70 000 000 $
de plus, alors qu'il a dépensé 276 000 000 $ de moins, en dollars
constants, en 1986, 1987 et 1988 qu'en 1985, ce qui veut dire 92 000 000 $ de
moins par année.
Deuxièmement, quand il parle du problème d'administration
du gouvernement, c'est plutôt les conventions comptables qui ont
été changées. Oh! Le Vérificateur
général l'a fait pour l'année 1986 et on va le voir avant
longtemps pour l'année 1987. En 1986, le déficit aurait
été plus élevé si on avait eu les mêmes
conventions comptables, sauf que le gouvernement a changé les
conventions comptables, et quand Hydro fait des profits, même si elle ne
les paie pas au gouvernement, il considère ça comme des revenus.
Nous autres, quand Hydro faisait des profits - et il y a eu de bonnes
années de profits, 800 000 000 $, 700 000 000 $, 600 000 000 $ - on
n'additionnait aucun revenu dans les comptes du gouvernement, parce que Hydro
n'avait pas payé de ses profits au gouvernement. Mais simplement changer
les conventions comptables, et dire, après ça: Cela est une bonne
administration, je ne marche pas là-dedans. Je ne marche pas. Et cela a
été... et vous pouvez le vérifier. Le Vérificateur
général est venu ici, on le lui a demandé et il a
indiqué et il a dit lui-même que c'était vrai, que les
conventions comptables ont été changées; cela a
additionné des revenus au gouvernement, cela a réduit des
dépenses, mais ce sont tout simplement des changements au point de vue
des conventions comptables. Si cela avait été les mêmes
conventions comptables, le déficit de 1986 aurait été plus
élevé de 200 000 000 $ que celui de 1985.
Mais cela est la réalité et c'est enregistré dans
les débats. Moi, que voulez-vous, je ne suis pas un expert-comptable; le
ministre non plus. J'ai demandé la question. On a posé les
questions et c'est le Vérificateur général lui-même
qui l'a dit. Le Vérificateur général, c'est
l'expert-comptable de l'Assemblée nationale, pas du gouvernement. Il
relève de l'Assemblée nationale, justement, pour pouvoir
être impartial. Il a dit lui-même: Ce sont uniquement des
changements dans les conventions comptables.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que cela clôt
cette intervention, M. le député? Est-ce que j'ai consentement
pour une brève intervention de la part de M. le député de
Beauharnois? Il n'y a pas consentement, M. le député de
Lévis?
M. Garon: Non, c'est le règlement.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors je m'excuse, M. le
député de Beauharnois.
Sur cela, la commission suspend ses travaux jusqu'à 15
heures.
(Suspension de la séance à 13 h 18)
(Reprise à 15 h 17)
Le Président (M. Saint-Roch): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend maintenant ses travaux
pour poursuivre l'examen des volets "Développement du réseau
autoroutier" et "Projets de développement du réseau de transport
collectif au plan d'action 1988-1998 intitulé: "Le transport dans
la région
de Montréal". À ce moment-ci, Je comprends, membres de la
commission parlementaire, que le premier groupe est en train de s'enregistrer.
Est-ce qu'il y a consentement pour que nous entamions immédiatement
l'audition du deuxième groupe quitte à revenir avec le Bureau de
commerce de Montréal lorsqu'il sera présent après la
première audition? M. le député de Lévis, est-ce
qu'il y a consentement?
M. Garon: Consentement.
Le Président (M. Saint-Roch): Je demanderais maintenant au
groupe représentant le Mohawk council of Kahnawake, please, de bien
vouloir prendre place.
Je demanderais maintenant au porte-parole de la délégation
de bien vouloir s'identifier ainsi que les membres qui l'accompagnent pour le
bénéfice des membres de la commission.
M. Two Rivers (Billy): (S'exprime en mohawk. )
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le porte-parole
voudrait bien s'identifier ainsi que les membres qui l'accompagnent? You just
have to talk automatically. We will listen without the micro in operation.
Mohawk Council of Kahnawake
M. Norton (Joseph): il would like to begin. On my left, we have
Mr. Dwane White who is with the Mohawk council of Kahnawake and an
administrator of capacity. We have chief Bud Morris, John Bud Morris who is a
member of the Mohawk council of Kahnawake, Chief Billy Two Rivers, on my right,
who is a member of the Mohawk council of Kahnawake. il am Joseph Norton, the
Chief spokesperson of the Mohawk council of Kahnawake. il believe everyone has
received the copy of our presentation. il do not know if it has been translated
into French but we hope you will bear with us in the presentation itself.
On behalf of the community of Kahnawake, we would like to take this
opportunity to thank the committee for hearing this presentation. il introduced
our delegation before. il am prepared to read into the record our written
statement. Then our delegation will be pleased to answer any questions you may
have. We would like to advise you that our presentation is being made without
prejudice to our legal rights and recourses concerning land and other matters
il will be expanding on this later in the presentation.
It is our understanding that this committee is mandated to receive
comments, recommendations and alternatives to the proposed Plan of action
1988-1998 for transportation in the Montreal region. We have reviewed the
documentation that outlines the proposed plan of action for the next ten years
and we acknowledge the ambitious nature of the various projects. We also
realized that these projects were generated by practical and realistic motives
to alleviate transportation difficulties in the Montreal region.
Within this realization, however, we are aware that at least three
proposed projects will impact on the Mohawk community and territory of
Kahnawake. We would like to address these three projects in our presentation
today as follows: a) the proposed numbered Highway 30 extension to link up with
highways numbered 20 In the west, 10 and 15 in the east; b) the proposed
commuter train run from Châteauguay to downtown Montreal and c) the
proposed extension of the bus lane at the southern approaches of the Mercier
bridge.
Before il relate our position on these projects, however, il would like
to remind this committee about the basic relationship that exists between
Québec and Kahnawake as expressed in the policy document entitled "Les
fondements de la politique du gouvernement du Québec en matière
autochtone'. As we understand this document, it is a consolidation of various
fundamental elements of the Québec government's policy in relation with
aborigenal First Nations in Québec. This policy, adopted in March of
1988, is intended to govern the relations between the Mohawks and the
government of Québec and its sectorial departments. We were advised by
the Honourable Minister Raymond Savoie that it is imperative for each
department to formulate a policy governing its dealings with indigenous
peoples. And of course, we are not aware of any such policy formulated by the
department of Transport.
In absence of a Transport policy in relation to aboriginal peoples, we
shall present our position within the framework of the broader government
policy. Some principles of that policy which relate to today's presentation are
reflected in the 15 principles adopted on February 9, 1983 and ratified by
resolution of the National Assembly on March 20, 1985. These principles
include: a guarantee that aboriginal land claims would receive the most dynamic
and fairest treatment possible; the recognition of existing aboriginal rights;
the right of aboriginal peoples to hunt, fish, trap and gather in their
traditional territories; the right of aboriginal peoples as distinct nations to
their culture, language customs and traditions, the right of aboriginal peoples
to the possession and control of their lands and resources and the right of
aboriginal peoples to participate in and benefit from economic development of
Québec. Mr. Chairman, we expect that our presentation will be received
in the context of the afore mentioned principles.
Highway 30. In reviewing this proposed project, we note that the
anticipated route will pass directly adjacent to Kahnawake's southern and
eastern 'reserve* boundaries. We also note that this proposed routing runs
directly through our traditional and historic territory known as
the Seigneurie of Sault St. Louis.
Our rights in the concession of Sault St. Louis have been ignored for
many years. We have researched thoroughly the historical and legal facts
affecting the concession. As shown in the appended correspondence, in May of
1985, we advised the federal, provincial and affected ministers of both
governments that we wish to initiate negotiations to resolve this long
outstanding issue. As you can see by its responses, the governement of
Québec takes this issue very seriously - as do the Mohawks. As recently
as December 13, 1988 we have stated our position that the proposed extension
cannot take place without our consent, and our consent will not be forthcoming
until our jurisdiction in and ownership of the Seigneurie of Sault St. Louis is
recognized and respected.
This remains our position and we encourage this committee to recommend
that discussions be initiated immediately to resolve this matter. In other
words, Mr. Chairman, the Mohawks of Kahnawake cannot support or endorse the
proposed route for the Highway 30 linked up to Highways 20 in the west and 10
and 15 in the east. We cannot accept that the proposed highway will run through
our territory. il have brought a map that outlines the area that is being
discussed for your ease of reference and that is in here in the appendices.
In the absence of any resolution to this conflict, we must demand that
an alternative route be devised that does not encroach on the Mohawk lands
known as the Seigniory of Sault St. Louis. This issue must be resolved and we
are prepared to seek resolution through negotiation or the courts.
Châteauguay commuter train. We have reviewed the plan of action
documentation as well as the Technical Feasibility Study for a Commuter Service
on Existing Railway Rights-of-Way: Châteauguay to Montreal Downtown" done
by Alpha-Beta-Gamma Consultants Inc. as commissioned by the Transport Ministry.
We received this final report in October 1988 and we are cognizant of the
various proposals and recommendations contained therein that would affect
Kahnawake.
We are particularly aware that one of the major components of this plan
requires land at the Conrail railway junction of Highway 138. As we understand
it, the preferred location to build a station and parking facilities is at the
south west corner of the junction and would require displacement of a Mohawk
business.
Further, the land necessary for the station and parking facilities would
require a right-of-way from the Mohawks of Kahnawake. Such a right-of-way must
be endorsed by the community at large. Given our ever present need for
additional land to accommodate our residential needs, not to mention commercial
and industrial needs, it would appear that such approval is highly unlikely.
You will understand this position if you contemplate the existing encroachments
by the St. Lawrence Seaway, two railways, two major highways, two bridges and
hydro installations.
Our population is growing and our land base is not. It would be remiss
and irresponsible of me to mislead you into thinking that any right-of-way
proposal would be received warmly by Kahnawake. We are being encouraged by our
neighbouring communities and the Québec government to cooperate and we
have given that committment. However, cooperation does not necessarily mean
allowing further encroachment into our already much reduced territory. Our
people have made it clear that we will not give up any more land and il believe
this position will prevail if and when we are formally approached about this
proposal.
Bus lane extension. As we understand this particular proposal, it is
anticipated to extend the existing reserved bus lane for the distance of 1,4
kilometers. We have been advised that this proposal is linked to the proposed
alterations of the Bedard Circle. In other words, if we, the Mohawks, do not
agree to the bus lane extension, then we might as well forget about the Bedard
circle alterations. il must advise the committee that we do not see these
proposals as linked - the Bédard Circle alterations were agreed upon
from the standpoint of traffic safety while the bus lane proposal is being put
forward to alleviate commuter traffic congestion.
Our people are the primary users of the circle to return to the
community proper from Châteauguay and, as such, we are subjected to this
unsafe situation almost daily. As more businesses develop along Road 138, our
people will increasingly have to utilize that dangerous crossing to return to
the community proper. Consequently, we reaffirm our support for the necessary
modifications to the Bedard Circle to insure the safety of our citizens. With
regard to the extended bus lane, we will not react to that proposal under
intimidation of having the circle alterations being withdrawn. When the bus
lane proposal is formally presented to us, we will deal with ft on its merits
at that time.
Thank you. We are available for questions.
Le Président (M. Saint-Roch): Thank you very much. Il
reste à chacune des formations politiques quinze minutes pour la
période des questions. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je ne crois pas faire insulte au grand chef Norton en
m'adressant à lui pour un instant en français. Je passerai la
parole à mon collègue de Pontiac qui posera des questions en
anglais au grand chef Norton.
J'ai eu l'occasion de le rencontrer pour finaliser une
négociation que nous avions eue quant à un exercice de police
pour la partie qui était sur le territoire de la réserve et qui
menait
au pont Mercier. Je demanderai à mon collègue M.
Middlemiss de résumer par la suite en anglais pour le chef Norton. (15 h
30)
Je voudrais, dans un premier temps bien sûr, prendre en
considération l'élément extrêmement important de la
prétention des Mohawks quant à leurs droits sur la concession du
Sault-Saint-Louis. Cet élément fait l'objet d'une
présentation à l'intérieur du mémoire. Il
transcende tout à fait les responsabilités du ministre des
Transports et relève davantage du gouvernement et de la
négociation que doivent avoir les Mohawks avec en particulier mon
collègue M. Savoie qui a cette responsabilité de la
négociation territoriale ou des droits des communautés
autochtones sur le territoire. Dans ce sens, je ne veux donc pas aborder cet
aspect - il devra l'être davantage dans les négociations avec mon
collègue M. Savoie - mais prendre acte de ce que contient le document du
chef Norton quant à ses inquiétudes de voir construire
l'autoroute 30 sur un territoire sur lequel il revendique des droits. C'est
donc davantage avec mon collègue M. Savoie et, par conséquent,
avec le gouvernement que cela pourra être négocié. On
reviendra par la suite aux questions précises quant aux gares et aux
voies réservées.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Pontiac.
M. Middlemiss: Pertaining to the right-of-way of Highway 30, the
legal or constitutional aspects of that is something that will be dealt with by
the minister responsible, Mr Savoie, basically. As far as the minister of
Transports is concerned, he will abord the technical aspects of the
transportation like the stations, also the bus lanes and so on, in a more
tehnical way. Consequently, the aspects that you have put as being very
important and which are important will be dealt with the minister responsible
for that area.
Mr. Norton: We did not come here today expecting to negotiate on
that issue, anyway.
M. Middlemiss: Okay, but we wanted to make it clear, although it
is quite important. For part of the project in itself, il am sure that everyone
has its responsibilities; the minister wanted to make that clear.
Mr. Norton: It is important to understand that, the minister's
responsibilities in that particular area, regarding Highway 30, regarding the
municipalities, regarding the Federal gover-nement's involvement - because they
are involved in this in one way or another, despite they want or not, they are
going to be - we have embarked on a task to settle the problem or the situation
regarding the Seigniory of Sault St. Louis. In the meantime, the government
of
Québec, the municipalities and in a certain degree the Federal
Government are moving in that particular area: there are a lot of planning and
a lot of things that are ongoing, that have a detrimental effect, from our
perspective, on that particular territory. And, when you do have both legal and
moral, shall we say, evidence that we do indeed have a very important interest,
if nothing else, in that particular parcel of land, that must be considered in
any kind of mass planning within what is considered the Seigniory of Sault St.
Louis.
Understanding what the Minister is saying, that maybe he does not want
to do with that, here, that there is a particular ministry which we are dealing
with on this matter, it has to be written into the records that we have
dealt with it at this committee level.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Pontiac.
M. Middlemiss: Basically, it is understood, but it is not the
responsibility of this minister to deal with that aspect. Whithin the context
of that aspect, whatever results come out of your négociations with the
federal or provincial government, and so on, it is all taken into
consideration. But the minister of Transports Is not the one who will be
dealing with that aspect.
M. Two Rivers: Well, if it is not the responsibility of the
minister, then il guess it leaves no alternative but to clearly state at this
time that the proposed road 30 crossing to our territory cannot move until we
have come to some understanding with the Federal Government and the appropriate
ministers of your government. What we would not want to happen is something
that happened in James Bay. When all the work is done and when you come to the
Indian territory, you say: Well, we must go ahead because of the balance of
inconvénients on the dominant society and we are warning you right now
that this is no longer acceptable.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Pontiac.
M. Middlemiss: Basically, the minister, as il said, before
proceeding with the construction of Highway 30 although he may not agree
totally with you, people, feel about the jurisdiction of that, nothing will be
done. In other words, as you take the example of Bay James, proceeding with the
work and negotiating after, he is taking that into consideration, basically,
but it Is not his jurisdiction to answer the question of the difference or,
based on your opinion of the land, itself being your land, that is not his
decision to take.
M. Two Rivers: il would not categorize my
statement to be referred as an opinion, but beyond that, the Road 30
that is going there should go from the Châteauguay area to Road 15
straight ahead, and not into more our territory. That there is a straight
direct line going to Raod 15, that is a straight line and that is where it
should go.
M. Middlemiss: Basically...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Pontiac.
M. Middlemiss: The decision on the alignment of Highway 30 will
be taken into consideration. For example, the fact that there is an hospital
existing and so on. The project in itself, as the minister mentioned, will be
submitted to the Cabinet and they will make a decision. But, what il want to
make clear is that the other difference that could exist between the Federal
Government and the Québec Government and municipal governments is not
something that this minister makes the decision on. That is progressing as the
way you said and if your position is as it is clear in your report, in your
mémoire that you will not allow Highway 30 to go through there until
that is straighting out, well, that is something... we will have to cross that
bridge when we get there.
M. Two Rivers: Well, another thing that we would like to declare
for clarification, not to be misconstrued in this area, is the fact that we are
not against Road 30...
Une voix: Non.
M. Two Rivers: ...but we are certainty here to protect our
interest in our lands. We certainly support Road 30 and we are here to make
official that we are not against it, but certainly, it must have other
considerations or other alternatives. As you said, other alignments might be
considered.
M. Middlemiss: Well, il mean the final decision is not taken yet
but il think that everything you brought up and others who could bring up have
to be taken into consideration before a final decision is rendered basically.
And you are asking to be respectful of your point of view and the minister
says: We are going to look at this and in the end, the decision will be taken
by the cabinet and that bridge will be crossed when we get to it basically.
And your opinion submitted in this report will be submitted to the
cabinet when they make their decision.
M. Two Rivers: It is a position, not an opinion.
M. Middlemiss: Your position then. Thank you.
M. Two Rivers: Thank you.
M. Middlemiss: Pertaining to the bus lane extension, there is a
letter addressed to Mr. Tremblay, dated October 5th, 1987, and maybe il can
read it. This letter is a follow up to our meeting of June 29, 1987, and
meetings with the Montreal representation of Transport Québec on July 29
and September 24, 1987. The Mohawk Council of Kahnawake, at a duly convene
meeting on September 25, 1987, agreed in principle with revisions which are
forthcoming in option d) for the intersection of the old Châteauguay road
and old Maione highway. Secondly, we agreed in principle with the priority bus
lane extension as outlined on June 29, 1987." You recognized that this was sent
and, if there has been a change of mind, could you tell us why this came
about?
M. Norton: The letter is indeed clear and it confirms our
position regarding the bus lane, the priority bus lane from the Bedard Circle
which is known as the Bedard Traffic Circle to the ramp on Mercier bridge only.
We have an agreement that both Mr. Côté and il signed in January,
il believe, of 1987, which expires this June 30, 1989, and it states quite
clearly the present bus lane as it is, the analysis and review of that. There
are three components to it, in order for an extension. The extension that they
are talking about now, from the Bedard Traffic Circle on to Châteauguay
for 1.4 kilometer, is based on three points. Number one, whether or not the
present bus lane as operating is feasible, whether or not it has done its work,
if you will. If it has reduced the number of cars on the Mercier bridge, the
congestion, whether it is being fully utilized. Number two, the Mohawk Council
of Kahnawake is in agreement with the extension of that bus lane. Number three,
the Community of Kahnawake agrees with the extension of the bus lane because
they are an important component of it. And as far as we are concerned, in all
three areas, the hole project has struck out from the verbal technical reports
that we got from the Department of Transports. They have said that there has
been no increase in the use of bus. As a matter of fact, there has been a
decrease of 6 % from what we understand and that it has not alleviated the
congestion on Mercier bridge. Now, if you look at the agreement, read the
agreement itself, the agreement that we have signed between ourselves and the
Department of Transports, with Mr. Côté, and those other three
principles by which the extension of the bus lane will be made. il ask you to
review that agreement because it states very clearly what our position is. (15
h 45)
M. Two Rivers: Are there any other questions we can handle. Time
is very valuable to us,
because we are under a strict chairman over here that keeps looking at
his watch.
Le Président (M. Saint-Roch): il can assure you that we
are keeping time and this will be the last answer to the question that has been
raised.
M. Two Rivers: Thank you, Mr. Chairman.
M. Middlemiss: Basically, on this question, the minister will be
in touch with you again to be able to discuss this in more details. Today we
are sort of running out of time. The other point we would like...
Le Président (M. Saint-Roch): This will be the last
question, M. le député.
M. Middlemiss: OK. Thank you. Pertaining to the station, there
were possibilities of having two stations. What Is you position, if one of them
was put aside and there would only be the proposition of using the Adirondack
Junction station? What would be your views of that?
M. Norton: il think in consultation with community members, we
can consider it, because there was a station there at one time, and our people
did use It also.
M. Middlemiss: You could consider it, it is a positive thing?
M. Norton: We could consider it, yes. It is a positive thing. And
we had suggested that In our discussion with Alpha, Beta, Gamma or whatever the
name of the consulting group was. That would be considered.
M. Middlemiss: Thank you very much.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Pontiac. Je vais maintenant reconnaître M. le
député de Lévis.
M. Garon: Merci. M. le Président. If il have understood
well your question, il am not sure If the minister has answered it exactly, but
il would like to say that in French, to make sure he understood it well. You
asked for the road not to be built before an agreement is signed, not to go
along with the road and say: We will agree later on. That is what you are
asking. Il a demandé qu'il n'y ait aucune construction sur leur
territoire.
C'est ce que vous avez dit, qu'il n'y aura aucune construction tant
qu'il y a une entente...
M. Côté (Charlesbourg): Non, je prenais cela en
considération, mais c'est le gouvernement qui va décider. C'est
le gouvernement qui décide de construire. Le gouvernement n'a pas
nécessairement reconnu qu'ils avaient les droits qu'Us prétendent
avoir. C'est une autre chose. Je suis prêt à faire rapport au
cabinet sur leurs prétentions, mais au-delà de cela, le cabinet
prendra la décision. S'il décide de construire la route, il la
construira avec les conséquences que cela implique.
M. Garon: So you have no garantee at all about that.
M. Two Rivers: No, il mean for clarification purposes. They keep
telling me you do not have difficulty in comprehending English. So maybe...
M. Garon: Who?
M. Two Rivers: il cannot name them, because you might get mad at
them. But for clarification purposes, what we are saying is that the Kahnawake
territory as such, the Highway 30 will girdle, encase, imprison Kahnawake, as
it is today. It does not take into consideration the rest of what you call
Sault-Saint-Louis, and what we call Kahnawake.
M. Garon: Yes, but the minister says that the Québec
Government does not necessarily agree about your prétentions on the
land.
M. Two Rivers: Oh, well, they are forced to say that, they are
forced to say these things, they cannot say otherwise. But what il am saying is
that we are here, or at future times, to offer alternate ways to deal with
route 30. Even if we talk about the whole over-haul transportation problem,
sometimes, dollars and cents prevail, and common sense goes out the window. And
a lot of times this is what happens.
What il am saying is that you cannot pour a quart of milk into a pint
bottle. It is impossible. The whole over-haul transportation mess must be
readdressed. We must look at it from a decentralization point of view.
Everybody wants the people to locate in their area. More money, more
congestion, this is not the answer. And people getting to the centralized
places have to find an alternative and maybe the whole greater Montreal area
has to be diversified and spread out into the surrounding areas. Stagged hours,
ail these problems are there. Certainly, our area Kahnawake, in its entirety,
has to be respected. And that alternatives are available to Road 30 and to
other situations that may arise from this mass transportation problem. il am
sure you heard enough from me in the last four or five hearings not to add
anymore to it.
M. Norton: One other thing that you have to understand if - and
il say very clearly if - the community of Kahnawake and the leadership agree
with Highway 30 to be built where you are proposing it, that it will not happen
until after all discussions have taken place regarding the territory of
Kahnawake, the
Seigniory of Sault St. Louis. As my colleague pointed out, this is not
going to be a James Bay situation where you are going to build then, we are
going to negotiate after, no. That is why we are here. We want to make it
clear.
M. Garon: ...at the same time the road will be passing around
your territory that the ownership or the rights on the territory will be clear
at the same time. That is what you say.
M. Morris (John Bud): il do not think it is proper to confuse the
ownership with the passage of the...
M. Garon: Maybe il do not use the right word.
M. Morris: The two are thoroughly different subjects. The
proposed autoroute 30 and the ownership of that minding question, as we will
call it, these are two different subjects.
M. Garon: il know.
M. Morris: We are saying before you can even address the second
one, which is the autoroute, you have to address the first one. And that has to
be settled.
M. Garon: That is what il meant.
M. Morris: We cannot even contemplate Autoroute 30 before
that.
M. Garon: Au fond, avant de parler d'autoroute, il veut que les
problèmes concernant sa réserve soient réglés. Il
ne veut pas parier de la deuxième avant de régler la
première. C'est son choix. Vous n'êtes pas d'accord
nécessairement avec cela? C'est clair pour moi.
If the road does not pass through your territory, have you the same...
You said something about even if the road does not pass on your territory or
what you consider your territory. There has to be an agreement too because
there will be effects on the area where you live. Suppose the government makes
a choice: not to pass on your territory but to pass besides it, what would
happen to you?
M. Norton: Ithink that my colleague made it very clear that we
are not opposed to Highway 30.
M. Garon: No, il understand that.
M. Norton: If the government, in its wisdom, chooses not to go
through Mohawk territory and constructs the highway directly from its present
point to Highway 15, we do not have any problem with that.
M. Garon: Do you agree, is this what you would like?
M. Two Rivers: We may demand an access toit.
Des voix: Ha, ha, ha! M. Two Rivers: Or two.
M. Garon: To build a gas station on the access?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Two Rivers: And a discount price.
M. Garon: Ha, ha! Thank you.
M. Two Rivers: Okay.
M. Garon: il think it is quite clear.
M. Two Rivers: And cigarettes.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Two Rivers: Yves Séguin is not here?
Une voix: No.
M. Two Rivers: No, okay.
M. Garon: He is not very far. He is supposed to be in the other
room.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que ceci met fin
à vos interventions, M. le député de Lévis?
M. Garon: il have been pleased to meet you.
Le Président (M. Saint-Roch): So il would like, on
behalf of all the members of this commission, to thank you for your
contribution to our works. Have a safe trip back home. Thank you very
much.
M. Norton: Thank you. M. Two Rivers: Thank you.
Le Président (M. Saint-Roch): J'aimerais maintenant
demander aux représentants du Groupe de commerce de Montréal. il
am sorry...
M. Garon: Sir, can you tell me, when you asked everybody to stand
up, you said something that we did not understand?
M. Two Rivers: Oh! il invoked the Creator to give us some
understanding, give us good thoughts and to discuss with clear and open minds
the issues around the table. il certainly hope that he gave you an open
mind...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Two Rivers: ...in understanding the past...
Le Président (M. Saint-Roch): Thank you very much. Your
English has improved.
M. Two Rivers: But your Mohawk did not. Des voix: Ha, ha,
ha!
Le Président (M. Saint-Roch): J'aimerais demander au
Bureau de commerce de Montréal de bien vouloir prendre place, s'il vous
plaît.
À l'ordre, s'il vous plaît!
J'aimerais souhaiter la bienvenue aux représentants du Bureau de
commerce de Montréal. Je demanderais maintenant au porte-parole de bien
vouloir s'identifier et d'identifier les personnes qui l'accompagnent pour le
bénéfice des parlementaires.
Bureau de commerce de Montréal
M. Pepper (John J-): M. le Président, M. le ministre,
mesdames et messieurs, ça me fait plaisir...
Le Président (M. Saint-Roch): Vous pouvez rester
assis.
M. Pepper: Je me nomme John J. Pepper, je suis président
du Bureau de commerce de Montréal. À ma gauche, M. Marc Leduc,
vice-président du Bureau de commerce de Montréal, et à ma
droite, M. Alex Harper, vice-président exécutif, membre du Bureau
de commerce depuis 25 ans.
Le Bureau de commerce de Montréal est une institution en fonction
depuis 1822. Je prendrai deux ou trois minutes d'introduction et je demanderai,
dans quelques secondes, à M. Leduc, vice-président, de vous
adresser la parole.
Avec votre permission, je tiens à souligner que le Bureau de
commerce de Montréal, en fonction depuis 167 ans, s'intéresse
à l'industrie et au commerce situés à l'intérieur
de Montréal comme dans les régions de Montréal, du
Québec et du Canada. Ses lettres patentes ont été
émises en 1846, en français et en anglais, The Montreal Board of
Trade, comme vous pouvez le voir à droite de la page des Statuts du
Canada, Bureau de commerce de Montréal. Alors, nous n'avons pas
changé de nom II y a cinq ou dix ans.
Le Bureau de commerce de Montréal porte un intérêt
particulier à l'industrie du transport maritime à
Montréal, et c'est l'une des principales raisons de sa fondation, dans
le temps. Il est aujourd'hui en charge du "Port Wardens" du port de
Montréal. Même aujourd'hui, et depuis 165 ans, il présente
son rapport au gouvernement fédéral.
L'Association des camionneurs du Québec était jadis un
comité du Bureau de commerce de Montréal. Elle est aujourd'hui,
comme vous le savez, une association autonome. Le Conseil du patronat du
Québec, qui est aujourd'hui une association autonome, le CPQ, comme vous
le savez, était également un comité du Groupe commerce de
Montréal, ainsi que d'autres organismes, qui existent aujourd'hui, et
qui étaient autrefois des sous-comités de notre organisation. (16
heures)
La raison pour laquelle nous sommes ici, c'est que l'industrie et le
commerce, basés sur nos intérêts dans le transport
maritime, routier et aérien, nous amènent à étudier
du jour au lendemain, et toujours, depuis des années, le transport.
Alors, sans plus ajouter, j'aimerais aussi vous remercier, M. le
Président, M. le ministre, de nous avoir invités.
Nous croyons qu'une proposition de plan de transport pour la
région de Montréal aurait dû être
présentée il y a longtemps, et je voudrais profiter de l'occasion
pour féliciter le ministre, parce que même si nous attendions
depuis longtemps, c'est te ministre actuel qui est venu devant le grand public
avec un projet. Je sais que je parle pour le Bureau de commerce de
Montréal et pour la chambre de commerce, car nous travaillons tous les
deux ensemble. La seule différence entre la Chambre de commerce de
Montréal et le Bureau de commerce de Montréal est la suivante: au
Bureau de commerce de Montréal, les membres sont uniquement des
associations d'affaires ou des corporations. Il y a 2750 membres corporatifs,
en affaires, actifs, représentés par 6500
délégués du Bureau de commerce de Montréal, tandis
qu'à la Chambre de commerce de Montréal, avec qui nous
travaillons, ce sont des membres... Si je suis étudiant, professeur ou
ménagère, je peux payer mes frais et devenir membre de la chambre
de commerce. Cela ne donne pas plus d'importance à l'un ou à
l'autre, sauf que notre orientation est uniquement "business-commerce-industry"
- l'industrie et le commerce - tandis qu'avec la chambre de commerce, nous
avons beaucoup de dîners-causeries, mais ce n'est pas vraiment là
notre rôle; ce sont les affaires plutôt.
Alors sans plus ajouter, j'aimerais inviter Marc Leduc,
vice-président, qui travaille sur le dossier depuis assez longtemps. M.
le ministre, quand on est venu vous rencontrer, il y a déjà un an
et demi, Marc était à ma gauche et M. Harper à ma droite;
alors les trois mêmes personnes sont encore ici.
Je demanderais à Marc de vous adresser la parole et de faire les
représentations nécessaires. Merci.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): M. Leduc,
vous avez la parole.
M. Leduc (Marc): M. le Président, M. le ministre, mesdames
et messieurs les députés, dans notre rapport - que vous avez, je
crois - nous
nous concentrons sur certains aspects de la question du transport,
notamment pour recommander la création d'un bureau de coordination des
recherches et des données pour la région de Montréal, dont
il sera question plus loin.
D'autre aspects de nos conclusions étaient
présentés plus abondamment dans le rapport de la Chambre de
commerce de Montréal.
Nous reconnaissons tous que la région de Montréal est le
coeur économique du Québec. Si le coeur va mal, toute la province
risque d'en souffrir. Il y a plusieurs municipalités à
l'intérieur de la grande région de Montréal, mais aux yeux
des gens d'affaires et des gouvernements de l'extérieur du
Québec, Montréal est avant tout une région, une
région importante située au nord-est du continent, un port bien
situé, loin de la côte, un aéroport important, deux
réseaux de chemin de fer nationaux, mais aussi un réseau de
transport routier engorgé et en piètre état, et un
système de transport en commun qui devrait mieux faciliter les
communications régionales.
Je fais ces commentaires, mesdames et messieurs, qui ne sont pas
vraiment dans le rapport, mais qui en sont tirés, pour essayer de le
résumer en peu de mots.
Montréal fête son 350e anniversaire en 1992. Une vieille
Europe rajeunie vivra cette année-là sa première
année d'intégration économique. Ce sera aussi le 500e
anniversaire de la découverte de l'Amérique par Christophe
Colomb. Tous ces anniversaires ne manqueront pas d'attirer les regards sur
l'Amérique et sur Montréal. D'ailleurs, c'est déjà
parti. L'Europe passe présentement en revue ses portes d'entrée
sur l'Amérique.
Avons-nous, dans la région de Montréal, un système
de transport de personnes et de biens qui satisfont aux exigences
européennes? Les Asiatiques, pour leur part, ont le choix de transporter
vers l'Europe certains produits en passant par le Canada et par
Montréal. Le voudront-ils? Les investisseurs, les transporteurs
canadiens ou étrangers seront moins intéressés à
s'établir dans notre région ou à transiter par la
région de Montréal si nous ne nous dotons pas d'un excellent
réseau de transport routier, de transport en commun, qui soit à
la fois efficace du point de vue économique et qui augmente la
qualité de vie des citoyens.
Nous sommes d'avis que le développement économique de la
région de Montréal est lié de façon importante
à un plan stratégique de transport dont l'objectif premier sera
de rendre notre région compétitive vis-à-vis d'autres
grands centres. L'approche peu systémique, élaborée dans
le plan du ministre des Transports, ne correspond cependant pas, selon nous,
à une utilisation adéquate de l'infrastructure routière
comme élément de base du développement régional. Il
semble y manquer des études d'orlgl-ne-destinatlon. Le côté
commercial du trafic sur l'autoroute Métropolitaine et l'autoroute
Décarie a été exclu du plan, autant dans l'analyse de la
situation que dans ses conclusions. Nul doute que d'envisager la solution aux
problèmes de transport de façon traditionnelle a limité
dangereusement les options. Nous estimons que la pratique dite de projets,
selon laquelle un gouvernement ou un intervenant propose un seul ensemble de
projets, souvent sans en discuter ni les avantages ni les inconvénients
avec les intéressés et sans envisager des possibilités
différentes n'est pas appropriée dans le dossier du transport qui
nous intéresse.
Nos inquiétudes portent principalement sur cinq points, dans le
moment, dans le contexte que nous vivons. Premièrement, l'urgence de la
situation. La congestion sur l'autoroute Décarie et sur le boulevard
Métropolitain a atteint des niveaux critiques. En votant pour le
libre-échange, la région de Montréal manifestait à
la fois son désir d'entrer en compétition avec le reste du monde
et de se donner des outils pour le faire dans un bref délai.
Deuxièmement, les études nécessaires à la
cohérence du plan sont inexistantes ou incomplètes.
Troisièmement, le coût estimé du rattrapage nous semble
bien en deçà des besoins. Nous évaluons ce coût -
nous n'en sommes pas sûrs - mais nous l'évaluons à environ
500 000 000 $ au minimum et ce, dans un délai plus bref que ne le laisse
entendre l'échéancier de dix ans proposé dans le plan.
Quatrièmement, la nécessité de dépenser bien.
Même si des sommes additionnelles doivent être engagées et
l'échéancier accéléré, les besoins en
transport sont grands. On ne peut se permettre des dépenses qui ne
satisfont pas à la fois un besoin local et une nécessité
régionale. Cinquièmement, la prévalence des choix
politiques sur les choix économiques.
La discussion publique des dernières semaines et des derniers
mois nous montre bien la difficulté pour chaque interlocuteur de
proposer des projets qui servent à la fois les intérêts
locaux et ceux de la région, tout en assumant le coût des
études. Alors, on a un foisonnement d'études, dont la plupart ne
sont pas publiées, un foisonnement de projets qui semblent être
d'intérêt local, qui pourraient être d'intérêt
régional, mais on ne le sait pas. On n'est pas en mesure de juger de la
situation. Celle-ci risque de déboucher, selon nous, sur des choix de
projets déterminés surtout par des soucis politiques puisque les
études ou quelques-unes d'elles seront absentes ou incomplètes.
Le tout pourrait avoir des conséquences négatives pour la
région de Montréal, des conséquences qui favorisent
Boston, New York, Toronto, Chicago, etc.
Que faire? Nous croyons qu'il s'établit lentement mais
sûrement une nouvelle conscience régionale qui résulte
à la fois d'une évolution récente des esprits et de la
nécessité d'affirmer notre dynamisme face à la
compétition des autres grands centres nationaux et internationaux. Le
bureau de commerce accepte volontiers le fait que le développement hors
de l'île de Montréal
générera des retombées favorables sur l'île
et, bien entendu, la situation inverse produira des résultats
semblables. Autrement dit, nous sommes une région.
Cela dit, le gouvernement du Québec doit continuer à
participer de façon importante à l'élaboration des
priorités régionales en matière de transport. Les
instances locales et régionales doivent développer un consensus,
selon nous, mais votre rôle à cette table est d'une importance
primordiale, M. le ministre. Le défi de déterminer, en
coopération avec les intervenants majeurs, les vraies priorités
dans un plan de transport régional, en tenant compte du réseau
routier et du transport public, n'est pas unique à notre région.
En fait, beaucoup de grandes agglomérations urbaines font face au
même dilemme que nous, soit d'établir leurs priorités en
intégrant des préoccupations économiques et politiques et
d'autres préoccupations aussi. Le ministre des Transports ontarien
annoncera bientôt la façon dont il envisage de régler ce
problème du transport dans la grande région de Toronto. New York
a déjà son organisme unique pour la région. Nous sommes
conscients, au Bureau de commerce, qu'un tel effort a été
abandonné dans la région de Montréal au début de la
décennie, mais les enjeux sont devenus trop grands, selon nous, pour
risquer des Investissements Importants sans études et discussions
suffisantes. Nous croyons que le temps est venu de remettre de l'avant une
telle initiative.
Nous avons élaboré dans notre mémoire une
structure, une approche possible, qui serait formée d'une quinzaine de
personnes et qui serait la plus légère possible, dans notre
optique. Ce serait une structure légère qui tenterait d'inciter
les divers intervenants à travailler ensemble dans leur propre
intérêt et dans celui de la région. À titre
d'exemple de bureau de coordination semblable, nous avons déjà,
comme vous le savez, dans la région de Montréal, le Conseil des
aéroports de Montréal qui regroupe des intérêts
régionaux, élus et non élus, pour négocier la
participation régionale dans les activités de notre
aéroport. L'organisation de ce conseil peut peut-être servir
d'indicatif d'une façon de faire fonctionner un bureau de coordination
des recherches et données en transport.
Le bureau que nous suggérons devrait, selon nous, étendre
son champ d'intérêt à la région de recensement du
grand Montréal pour comprendre ITIe de Montréal, Laval, la rive
sud et certaines municipalités de la couronne nord. Un pareil bureau
pourrait terminer les études non achevées du plan de transport
que nous avons et vérifier l'opportunité de certains choix, par
exemple ceux qui affectent l'autoroute Décarie, la Métropolitaine
et les voies de contournement. Les membres du bureau - ceci est
explicité plus en détail dans le rapport - pourraient comprendre,
entre autres, le gouvernement du Québec, Transports et Environnement, la
CUM, les MRC des régions, le port de Montréal, les
sociétés de transport, le
Bureau de commerce, la Chambre de commerce de Montréal, la
Chambre de commerce de Laval, la Chambre de commerce de la rive sud, celle du
West Island, l'Association du camionnage du Québec et certains membres
pourraient assister aux réunions sans droit de vote.
La création d'un bureau semblable pourrait procurer plusieurs
avantages, notamment fournir une base de données communes sur le
transport des gens et des marchandises, étudier plusieurs choix de
projets en vue d'un objectif précis, selon une grille d'analyse
adéquate, aider à mieux gérer les actifs régionaux
dans le domaine du transport, faciliter la prise de décision dans un
plus vaste contexte régional, permettre une plus grande participation
des personnes intéressées et permettre aussi la diffusion aux
membres des mêmes données et études relatives au transport
régional En d'autres mots, tout le monde s'alimenterait aux mêmes
études et quand il y a des discussions et même des divergences de
vues, au moins on serait assurés qu'on parle de la même base de
données et que chacun n'a pas dans sa poche son étude
privée pour justifier son propre projet. Voilà.
M. Pepper: M. le Président, nous sommes maintenant
à votre disposition pour répondre à vos questions. Je vais
compter sur mes experts, à ma gauche et à ma droite.
Le Président (M. Paradis, Matapédia):
D'accord. Merci, M. Harper et M. Leduc. M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Merci à vous, M.
Pepper, ainsi qu'aux gens qui vous accompagnent. Je suis très heureux
qu'on ait pu finalement s'arranger pour vous recevoir. Je sais que cela avait
causé une certaine commotion étant donné que vous aviez
effectivement certains droits, vu que vous aviez témoigné devant
la commission en 1987. Finalement, on finit par vous entendre et cela vous
permet de vous exprimer.
M. Pepper: Merci, M. le ministre. Je dois dire que, des fois, on
est excités. Alors, on devrait s'excuser si on s'excite. (16 h 15)
M. Côté (Charlesbourg): Absolument pas. Vous n'aurez
pas à vous excuser. Il n'y a rien là.
Évidemment, on a, sur certains points, des vues
diamétralement opposées, non pas que nous ne pensions pas la
même chose sur le rôle que doit jouer ou que joue Montréal,
en termes de locomotive du développement économique de tout le
Québec. Je pense que là-dessus c'est très clair, et votre
organisation même, que je sache, si j'ai bien entendu M. Pepper
tantôt, au plan de la présentation, représente aussi des
gens de Laval, puisque la charte incorpore la grande région de
Montréal.
J'aimerais peut-être commencer par la proposition du bureau de
statistique et d'Infor-
mation, qui, à mon point de vue, rejoint un peu une
volonté clairement exprimée d'un organisme régional de
transport. Vous parlez davantage d'un bureau de statistique et d'information,
alors que nous travaillons actuellement sur un organisme régional de
transport qui aurait à planifier, bien sûr, et peut-être
même à coordonner l'opération transport, l'offre transport,
de même que la planification transport au cours des années
futures. Croyez-vous que, par dessus tout cela, un organisme régional de
transport pourrait remplir des fonctions que vous voulez voir dévolues
à votre bureau de statistique et d'information?
M. Leduc: Je pense qu'on est ouvert là-dessus, M. le
ministre. On se disait que la leçon du passé - le COTREM qui a
mal tourné - pouvait peut-être doser notre enthousiasme et nous
inciter à nous demander ce qui n'avait pas marché la
dernière fois, et s'il ne serait pas plus sage alors de commencer avec
une structure dont la principale activité serait de coordonner les
études et les recherches et de diffuser l'information, de façon
que les interlocuteurs qui, en fait, ne se sont jamais rencontrés
régulièrement à une table de concertation depuis neuf ans,
puissent se réhabituer à vivre ensemble et à
débattre les questions et en arriver finalement à des arbitrages
et des compromis qui vont nous faire accélérer le pas au lieu de
retarder une foule de décisions.
Bien sûr, un tel bureau pourrait faire de la planification si on
savait que tout le monde était d'accord et qu'on avait une longue
habitude de pareille concertation dans la région de Montréal; on
pourrait donner un rôle de planification à un tel bureau. On n'est
pas contre, mais on se demande si cela devrait être au tout début
ou si on devrait plutôt s'acharner sur la collecte d'informations, la
détermination par le groupe des questions à étudier,
s'entendre sur des grilles d'analyse et sur la pondération des
critères qui devraient présider au choix des projets
définitifs. Il y a déjà assez de choses; il y aurait
beaucoup de pain sur la planche au début. Mais on n'est pas contre un
bureau qui ferait de la planification.
M. Côté (Charlesbourg): Simplement pour exprimer
très clairement mon point de vue, qui davantage en 1987, à la
commission parlementaire, était devenu évident: il y a un
problème quand chacun travaille en vase clos ou administre sa
société de transport en vase clos et ne dépasse pas les
limites de son île. C'est un problème extrêmement important
sur le plan d'une vision de transport. Si on s'en souvient, en 1987, l'opinion
de chacun des intervenants a été sollicitée sur ce que
devrait être le développement du transport en commun lors de cette
commission parlementaire. Donc, on a déposé sur la table
l'ensemble des volontés de tout le milieu, qui faisait l' objet
d'analyse au ministère, à la CUM, sur la rive sud, à
Laval, et même un petit peu plus loin en ce qui a trait à la
couronne. Je ne pense pas, c'est mon opinion, qu'il faille faire des
études additionnelles à cet égard, pour faire un certain
nombre de choix, à tout le moins pour le transport collectif. Il semble
bien que, pour le transport collectif, tout le monde soit assez satisfait ou,
de toute façon, que les orientations ne soient pas si mauvaises.
Là où cela devient plus compliqué, c'est lorsqu'on
aborde le réseau routier. C'est là davantage que la chambre de
commerce, vous, certains dirigeants de l'île de Montréal vous
êtes élevés contre l'autoroute 30, pour la nommer, et
l'autoroute 25, en particulier, sur le plan du réseau routier, les
raisons étant que cela pourrait vider l'île de Montréal,
non pas nécessairement des personnes mais des entreprises, car j'ai
l'impression que la dominante n'était pas la préoccupation de
garder les gens sur I'île, mais davantage de garder les entreprises sur
l'île. En ce sens, l'autoroute 30 ou l'autoroute 25 étaient des
facteurs d'étalement de l'entreprise.
Ce matin, nous avons reçu - je ne sais pas si vous avez eu
l'occasion d'être ici - les promoteurs Devencore - Petro-Canada pour
développer l'est de Montréal. Ils nous ont fait la
démonstration - c'est à nous de l'accepter ou pas - que les
routes Décarie et la Métropolitaine, de même que les
autoroutes 20 et 40 étaient des sources de développement
économique et industriel et que l'ouest de l'île s'était
développé parce que ce réseau routier était
là. Ils sont venus nous dire: II faut bien sûr améliorer le
boulevard Métropolitain. C'est clair pour eux. Ils comparaient le
boulevard Métropolitain à une petite route de campagne, dans la
situation actuelle. Ils disaient qu'il fallait prolonger l'autoroute 25 pour,
bien sûr, amener du développement industriel dans l'est de
Montréal. Pour eux, c'était la création d'un autre
pôle. Si j'ai bien saisi leur message, le réseau routier pouvait
devenir un instrument de développement de l'île de
Montréal, spécialement dans le contexte du libre-échange.
Si j'ai bien compris, vous n'êtes pas nécessairement en faveur de
la construction du prolongement de l'autoroute 25.
M. Leduc: M. le ministre, je dirais qu'on n'est ni pour, ni
contre. Dans le fond, ce qu'on dit dans notre rapport, c'est qu'on n'est pas
satisfait des études faites pour justifier ou infirmer la
nécessité de faire l'autoroute 25. On a quand même
certaines préoccupations. Comme je le disais tout à l'heure, on
prend la région comme un tout. On ne veut pas dire que tout le
développement devrait se faire sur l'île de Montréal et que
tout le reste de la région devrait en souffrir. S'il y a des entreprises
sur l'île qui sont dépendantes d'employés qui
préfèrent vivre hors l'île, on devrait faciliter les
entrées et les sorties de l'île pour que tout le monde puisse se
rendre au travail. Finalement, si les employeurs voient trop souvent leurs
employés arriver en retard, ils se demandent quelle sorte de
réseau routier nous avons.
On a aussi, si j'ose dire, des préoccupations natalistes. On voit
les statistiques comme tout le monde. On s'aperçoit que ceux qui
décident de s'acheter une maison moins chère parce qu'elle est
plus loin du centre-ville, sont ceux qui ont des familles plus nombreuses. On
ne peut pas être contre cela, de sorte que l'important est
d'améliorer les communications. Est-ce que l'autoroute 25, oui ou non,
serait bonne pour le développement dans l'est de l'île? Je peux
seulement dire qu'on ne le sait pas. On aurait voulu voir des études qui
auraient tenté de démontrer cette conclusion. Mais il y a une
chose au sujet de l'autoroute 25 qui nous fatigue un peu, c'est que cela
pourrait empiffrer davantage le boulevard Métropolitain. D'autres vous
l'ont dit. Cela pourrait améliorer le développement dans l'est de
l'île; on est pour cela. Mais si en même temps, cela augmente
l'engloutissement sur la Métropolitaine, il faudrait en tenir compte. La
résolution du problème de la Métropolitaine devient
davantage urgent.
M. Côté (Charlesbourg): Sur le même sujet, car
je n'ai pas tout à fait la même opinion. Je ne crois pas que
l'autoroute 25 viendra engorger la Métropolitaine. Nous
prétendons qu'elle va désengorger la Métropolitaine par le
complément de Ville-Marie jusqu'à l'autoroute 25. Cela fait une
entrée additionnelle au centre-ville de Montréal en plus de
Décarie. Cela soulagerait d'autant les personnes qui prennent
actuellement le boulevard Métropolitain pour emprunter Décarie
pour aller au centre-ville. En tout cas, quant à nous, c'est une des
solutions de désen-gorgement.
Vous avez fait beaucoup état dans votre mémoire des
autoroutes Décarie et Métropolitaine. Je pense que la Chambre de
commerce de Montréal a abordé aussi ce problème. Il est
clair qu'on ne peut pas régler le problème de l'autoroute
Métropolitaine sans régler le problème de l'autoroute
Décarie. Si on règle pour la Métropolitaine, peu importe
la solution - tunnel, sans tunnel - qu'on prenne la solution qu'on voudra en ce
qui concerne l'autoroute Métropolitaine, on ne peut pas régler le
problème de l'autoroute Métropolitaine sans régler celui
de l'autoroute Décarie. Nous avons fait la démonstration que les
travaux que nous nous apprêtons à faire sur l'autoroute
Métropolitaine sont des travaux nécessaires, peu importe la
solution à long terme qui pourrait être trouvée. Pour vous,
est-ce que c'est davantage l'élimination du croisement, si on peut
l'appeler comme cela, ou de l'interférence des autoroutes Décarie
et de la Métropolitaine qui vous apparaît, à ce moment-ci,
importante ou si c'est à la fois l'autoroute Décarie et
l'autoroute Métropolitaine? Car il ne faut pas se le cacher, l'autoroute
Décarie est plus congestionnée que l'autoroute
Métropolitaine. Les statistiques le démontrent très
nettement. Est-ce que, à ce moment-ci, ce n'est pas davantage la
congestion des deux, la rencontre des deux qu'il faut éliminer comme
problème de trafic? Je ne sais pas si vous avez une opinion
là-dessus.
M. Leduc: J'ai l'impression que ce sont les deux, que ce n'est
pas uniquement le croisement. Quoi qu'il en soit, on voudrait être
sûr que, quelle que soit la conclusion à laquelle vous arriverez
sur le projet définitif, le problème est singulièrement
amoindri. Pour l'instant, je pense qu'on ne peut pas pointer dans une direction
plus que dans l'autre.
M. Côté (Charlesbourg): C'est cela. Je n'ai pas de
problème à vous faire la même offre que j'ai faite à
la Chambre de commerce et à la ville de Montréal. On va faire une
belle étude. Les gens en veulent une; on va en avoir une bonne, mais qui
va analyser l'ensemble de la situation, quelles parties vont être
incluses dans la préparation de plans et devis, ce qui fait que les
données ne seront pas contestables après. Si une telle
démarche vous intéressait, on peut associer quelqu'un de votre
organisation à cette démarche de telle sorte qu'au bout de la
ligne, il n'y a personne qui puisse la contester. Mais, entretemps, avant
même que ces études donnent des résultats et qu'on passe
à une phase de réparation et dans la mesure où on touche
aux deux, oubliez vos 500 000 000 $. Il faut bien se comprendre. On ne va pas
loin avec 500 000 000 $. On peut corriger les problèmes du croisement de
Décarie et de la Métropolitaine, mais on ne réglera pas
les problèmes de Décarie et de la Métropolitaine. Si une
telle offre vous intéresse, quant à moi, je ne suis pas
fermé du tout à cela, de façon que les intervenants du
milieu soient parties prenantes dès le départ à ce sur
quoi on va travailler. Il y a des mesures de soulagement à apporter
à l'autoroute Décarie, à l'autoroute
Métropolitaine. Les camions en transit n'ont pas affaire là.
L'Association du camionnage du Québec est venue nous le dire. Dans la
mesure où cela vous intéresse, je serai très heureux de
vous associer à cette démarche.
M. Pepper: M. le ministre, vous avez vraiment frappé le
noeud de notre représentation. C'est le but principal de nos
recommandations. Au nom du Bureau de commerce de Montréal, j'accepte
immédiatement votre offre. On voudra certainement en faire partie, que
ce soit un genre de bureau, que ce soit une commission, que ce soit un
comité ou quoi que ce soit, afin que nous ne puissions pas par la suite
nous opposer parce qu'on ne ferait pas partie du groupe.
M. Côté (Charlesbourg): Je ne serai plus là,
mais vous allez être poignés avec le résultat. Je vous
aurai embarqués au moins à ce moment-là.
M. Pepper: Absolument, M. le Président et M. le
ministre.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Une
dernière question, M. le ministre?
M. Côté (Charlesbourg): Peut-être une
dernière question puisqu'on fait le parallèle avec Toronto. M.
Leduc évoquait un plan de transport qui serait annoncé
éventuellement par M. Fulton, ministre des Transports de l'Ontario, qui
intègre dans sa vision à la fois le routier et le transport en
commun. Il y a beaucoup de similitudes entre ce que l'Ontario a mis sur la
place publique et ce que le gouvernement du Québec a fait jusque sur le
plan monétaire. L'Ontario propose 8 200 000 000 $ sur 30 ans.
Arrondissons les chiffres. En arrondissant les chiffres, cela fait 100 000 000
$ par année. Sur une période de dix ans, cela fait 1 000 000 000
$, alors que le Québec met 1 600 000 000 $. (16 h 30)
Je suis toujours un petit peu étonné - je vous le dis sans
animosité - de voir des organismes qui représentent très
majoritairement des hommes d'affaires venir souhaiter de la part du
gouvernement l'addition de sommes. Comme dans ce cas-ci, vous dites: C'est au
minimum 500 000 000 $ qu'on doit ajouter. Par la même occasion, ils font
le discours suivant au gouvernement: Vous devez mieux gérer vos
affaires. Diminuez le déficit. Diminuez votre niveau de dépenses.
Là, vous venez nous encourager à en dépenser plus.
J'aimerais bien qu'on m'indique en même temps, pour être logique,
où on va le prendre, où on va couper: dans l'éducation,
dans la santé, dans les affaires culturelles? C'est ça, la
problématique du gouvernement, actuellement.
Ce que proposait la CUM, c'était d'en ajouter plus mais de
prolonger la période de dix ans sur douze ans, peut-être
même sur quinze, pour pourvoir dire: On a cette vision de quinze ans pour
être capables de régler notre problème. Mais ça,
ça me chicote toujours un peu parce que les hommes d'affaires ont le
jugement assez sévère sur les gouvernements qui ne s'administrent
pas bien. Alors, j'aimerais avoir vos suggestions à ce sujet.
Le Président (M. Paradis, Matapédia):
Brièvement, M. Pepper.
M. Pepper: Vous savez, M. le ministre, j'ai appris très
jeune qu'on ne devrait jamais dépenser de l'argent à moins d'en
connaître le résultat. Quand les hommes d'affaires
achètent, que ce soit une compagnie comme Consolidated Bathurst, pour 2
600 000 000 $, on doit constater et comprendre que ça ne se paiera pas
dans un an ou dans cinq ans, mais que ça prendra peut-être 20 ans
ou 100 ans. On ne sait pas ce que ces gens qui achètent ont dans la
tête.
J'ai aussi appris comme homme d'affaires, même si je suis avocat
pratiquant et plaideur de litiges que des fois - je ne veux pas dire que le
montant qu'on dépense n'est pas important, c'est bien important - on a
tous eu l'expérience qu'on ne peut pas acheter une maison à 30
000 $ quand elle n'en vaut que 27 000 $ ou 28 000 $, mais, avec le temps, la
maison de 30 000 $ qu'on n'a pas achetée, parce qu'on pensait qu'elle
n'en valait que 28 000 $, vaut aujourd'hui 100 000 $.
Quand on va à Londres ou partout dans le monde entier, on voit -
on appelle ça "the tube" - ('"underground", je suis certain qu'ils l'ont
construit quand ils n'en avaient pas les moyens, mais ça vaut une
fortune aujourd'hui.
Alors, je soumets avec respect qu'on ne devrait pas compter les dollars
de 1989, mais qu'on devrait être en mesure de compter les dollars de l'an
2000 ou 2050, ce qu'on ne fait pas normalement parce que ce n'est pas
normal.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, juste...
M. Pepper: On ne sera pas obligé de tout le payer cette
année, on le paiera dans cinq ans et peut-être dans 150 ans. Ce
n'est pas la réponse, mais quand on parle de 500 000 000 $, ce n'est pas
qu'on demande 500 000 000 $, on n'est pas en mesure de demander. Je pense qu'un
bureau pourrait au moins...
M. Côté (Charlesbourg): Je partage
entièrement votre opinion. Ce sont finalement des investissements
nécessaires et qui peuvent être étalés dans le
temps, mais le seul problème que ça nous pose, c'est que, dans le
jugement que font les financiers et les hommes d'affaires sur la gestion
gouvernementale, à partir du moment où on dépasse plus de
5,6 % d'augmentation du budget, à ce moment-là, on a des
problèmes assez importants.
M. Pepper: Ah! oui.
M. Côté (Charlesbourg): C'est un peu là
qu'est notre problème.
M. Pepper: Ce n'est pas parce que je veux argumenter, mais je
suis sûr que M. Stone ne pense pas devoir payer 2 600 000 $ à M.
Des Marais d'ici cinq ans. Il va peut-être le payer dans une
journée ou dans 100 ans, on ne le sait pas.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça. Merci.
M. Pepper: Je m'excuse, M. le Président.
M. Leduc: Est-ce que je pourrais ajouter quelque chose?
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Nous avons
déjà dépassé notre temps. Peut-être
aurez-vous l'occasion de le faire avec M. le député de
Lévis.
M. Garon: Allez-y donc!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Garon: Allez-y donc sur mon temps.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Leduc: Bien voilà! Je veux souligner la même
chose. Je pense qu'il faut d'abord déterminer ce qu'on doit faire,
combien ça devrait coûter, quels sont les choix, et ensuite voir
à un financement innovateur. Nous ne sommes pas contre ça. On
parle de Toronto avec un programme moins dispendieux sur une plus longue
période, mais si vous êtes allés à Toronto
dernièrement, on ne peut pas dire que les principales routes soient une
pièce de musée. En fait, on a sous-dépensé pour le
boulevard Métropolitain, c'est une vieille affaire qui date de 30 ans.
On peut dire sans contredit que, par rapport à Toronto, et même
par rapport à la ville de Québec si j'ose dire, la région
de Montréal traîne la patte d'une façon effroyable quant
à la modernisation de son système routier. Puis ça
urge!
Qu'est-ce qu'on va faire? Je pense qu'il faut déterminer d'abord
ce qu'on va faire, quels sont les choix, et, si ça coûte cher,
à ce moment-là, on est prêts à regarder un
financement innovateur. On ne veut pas dire que c'est Québec qui va tout
payer - V me semble que ça se discute - mais déterminons d'abord
ce qu'on devrait faire et on verra ensuite.
M. Garon: Vous êtes les premiers intervenants à
souligner brièvement dans votre mémoire, mais vous le soulignez
quand même, que les activités du port de Montréal sont une
partie importante et devraient faire partie du plan de transport. Dans la
critique qu'on a faite du plan du transport, on trouvait que cela avait l'air
d'un plan de voirie plutôt que d'un plan de transport. Dans un plan de
transport, on parle du transport, on se pose des questions, on a des objectifs
et on a une perspective d'avenir. Quelles seraient, dans votre esprit, les
interconnexions ou la vision que vous auriez d'un plan de transport de
Montréal, d'un plan de transport intégré? Et comment le
port de Montréal devrait-il s'articuler en pensant à une
perspective de libre-échange?
M. Pepper: Vous savez, on a étudié pas mal cette
question. Personnellement, je m'y suis intéressé depuis deux ans,
et les conteneurs, au port de Montréal, on nous dit, je ne le crois pas,
mais on nous dit qu'ils sont complètement remplis, qu'il n'y a plus de
place au port de Montréal pour les conteneurs. Cela doit aller quelque
part.
On parle de faire l'expansion à Contrecoeur. Je suis contre
ça parce que je pense que nous avons à peu près 10 000
propriétés jusqu'au bout de l'île. Qu'elles soient
expropriées, qu'on en fasse quelque chose, cela ne m'intéresse
pas mais envoyons tout à Contrecoeur et nous n'aurons plus de
problèmes routiers. Aujourd'hui, les conteneurs doivent aller quelque
part. Ils arrivent à Montréal, vont à Chicago, à
New York, à Boston. Cela prend des routes. C'est peut-être la
réponse immédiate à votre question mais ça prend un
bureau, des experts. C'est pour cela que les gens du port de Montréal
savent combien de tonnes de conteneurs ils reçoivent par année.
Ils savent d'où ils viennent et où ils vont. Nous ne le savons
pas et eux le savent. Le comité devrait le savoir.
Cela ne sert à rien de bâtir des routes sans que le port de
Montréal sort représenté pour dire au comité
combien de camions vont se servir de la bonne route. S'il n'y en a pas, Ils
n'ont pas besoin de la route. S'il y en a trop, il faut élargir la route
mais il faut qu'il sort présent autrement ils vont le savoir
après, comme on l'a fait dans le passé. Ce n'est pas notre faute,
ce n'est la faute de personne, mais en 1925, 1930, 1935, 1940, 1945, on
bâtissait des routes. C'était nécessaire dans le temps.
Aujourd'hui, on bâtit des routes pour les années 2000 et 2025 et
non pour les prochaines années. On est bloqués aujourd'hui.
Quand vous parlez de Toronto - j'y étais jeudi dernier - je pense
qu'il y a 24 travées, 12 dans chaque direction. On parle de 6 plus 6
plus 3 plus 3 travées de service. La voie de service est comme notre
route principale, le boulevard Métropolitain. C'est le problème
et on le connaît. La solution, d'où viennent les voitures de
l'Ouest et où vont-elles? Si elles viennent au centre-ville, elles n'ont
pas besoin de la route de ceinture? Si elles vont à Québec, elles
ont besoin d'une route de ceinture mais combien vont à Québec?
Parce que si on fait cela pour les camions qui vont à Québec et
que la plupart viennent au centre-ville, on ne sait pas la réponse parce
que je ne sais pas d'où ils viennent. Le comité doit le savoir ou
le ministre, son comité, ses gens, ils doivent le savoir. On leur a
demandé. On n'a pas eu la réponse parce qu'on ne le sait pas. On
n'est pas des experts. Peut-être que les experts devraient faire partie
du comité. On a été invités et cela nous fera
plaisir d'accepter.
M. Garon: Des données de ce genre, 1 n'y en a pas dans le
plan de transport. Dans le plan de transport. On a les données du
passé, 1966-1986. Ce n'est pas certain que pour 1986-2006, cela va aller
dans ta même direction.
M. Pepper: C'est exactement ça. M. Garon: C'est
loin d'être certain.
M. Pepper: Et on est rendu en 1989 aujourd'hui. On ne sait pas
d'où ils viennent et où Ils vont. Mais on peut le savoir,
quelqu'un peut le savoir.
M. Garon: En tant que Bureau de commerce de Montréal,
avez-vous fait des études ou vous êtes-vous penché sur la
question de savoir, vivant dans le libre-échange depuis le 1er janvier
1989, quels sont les points forts de Montréal comme centre de
distribution? Dans quel secteur Montréal devrait-elle jouer un
rôle sur le plan de distribution, au centre de distribution, comme plaque
tournante dans le domaine du transport?
M. Harper (Alex): Je peux peut-être commencer.
M. Garon: Je vais vous donner un exemple. Il y a quelques
années, j'avais dit, quand j'étais au ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche, que le centre de distribution du poisson
dans l'Est du Canada ne serait pas à Gaspé, ce n'est pas
là que le poisson est mangé, cela devrait être à
Montréal. Actuellement, c'est beaucoup plus à Boston qu'ailleurs.
Même lorsqu'on a besoin de poisson a Montréal, on appelle Boston.
Ce n'est quand même pas normal alors que tout l'Est du Canada est une
vaste région de pêche. Si on veut que cela soit un centre de
distribution du poisson, cela prend des équipements. On ne met pas le
poisson au soleil. Cela prend des équipements, de la
réfrigération, une organisation si on veut faire cela. Je me
demandais sur le plan de... Quand on parle de distribution en termes de
libre-échange, est-ce que vous avez déjà regardé
dans quel secteur Montréal devrait être forte comme centre de
distribution ou comme plaque tournante, disons, dans l'Est de l'Amérique
du Nord?
M. Harper: Vous savez, M. le député, la raison pour
laquelle le port de Montréal est si compétitif? C'est à
cause du fait qu'on a un bon réseau de transport à
l'intérieur du port de Montréal. On a les deux systèmes de
chemin de fer et on a aussi le camionnage dans le port de Montréal. On
critique notre aéroport, notre système aéroportuaire, mais
c'est un des plus modernes au monde. Ce que nous voulons faire et c'est cela
qui faisait partie de nos démarches avec le Conseil de
l'aéroport, par exemple, c'est de dire: Nous devrions prendre avantage
des avantages qu'on a déjà.
Nous avons souvent parlé d'avoir une zone de libre-échange
à l'intérieur de Mirabel. C'est un sujet qui est venu sur la
table à plusieurs reprises. Nous pensons que c'est une chose que nous
devrions aussi regarder. Mais pour le port de Montréal, nous croyons
qu'il est vraiment un de nos atouts majeurs et que c'est par le biais du port
de Montréal qu'on est le port d'entrée dans toute
l'Amérique du Nord. Je pense qu'en ayant un port compétitif et
structuré comme il l'est actuellement, nous avons beaucoup à
gagner pour l'avenir. Mais je pense que M. Leduc, de Canadien National,
pourrait aussi dire des choses parce que c'est un sujet dont on a
discuté longuement pour arriver à notre mémoire.
M. Pepper: M. le Président, M. le ministre, M. le
député, le port de Montréal, c'est le deuxième port
le plus efficace en Amérique du Nord. On peut perdre si on ne s'occupe
pas de notre affaire parce que les camionneurs ne peuvent pas envoyer des
conteneurs ici et après cela ne pas savoir où ils vont aller.
Notre compétition vient de Boston, Détroit et New York. On nous
dit que si elles ne viennent pas à Montréal, je ne veux pas
nommer de compagnies, mais on a eu des menaces, que si cela ne marche pas
à Montréal, tout ce qu'on a à faire c'est d'aller
là-bas. Cela ne se change pas facilement d'une saison à une autre
mais elles préfèrent le prendre aujourd'hui et ce sera fini en
1992. Cela coûte des millions de dollars de changer mais une fois
qu'elles changent, c'est changé, elles ne reviennent plus. On le sait,
on en a eu l'expérience. Alors le port de Montréal, il faut le
protéger, savoir ce dont on a besoin. Je pense que c'est le
comité que M. le ministre a suggéré... Si le comité
ne peut pas trouver de solution, personne n'en trouvera, parce que tous les
gens sur le comité prennent leurs responsabilités comme nous
autres et on sera responsables.
M. Leduc: J'aurais voulu pouvoir répondre à votre
question précisément, M. le député de Lévis,
mais il me semble que c'est le genre de question que l'Européen ou
l'Asiatique va se poser lorsqu'il va regarder Montréal dans les dix ou
quinze prochaines années et qu'il va se dire: Est-ce que je me vois dans
le portrait de Montréal? Est-ce que Montréal a une
stratégie pour les 20 ou 30 prochaines années? Est-ce qu'elle se
positionne d'une façon favorable qui va m'intéresser ou est-ce
que je vais plutôt être intéressé à investir,
distribuer ou manutentionner mes produits dans un autre port?
Je pense qu'un plan de transport idéal jetterait les premiers
jalons d'une réponse à cette question. On pourrait, nous autres,
essayer d'y répondre mais, dans le fond, c'est une question qui est
assez large et qui demande d'Interroger bien du monde. Je ne sais pas si on
aurait la réponse à votre question. On a peut-être des
éléments de réponse mais on n'en est pas sûrs.
M. Garon: II y en a qui nous ont dit ce matin que le transport
des conteneurs au port pourrait diminuer avec le libre-échange. Cela a
été mentionné ce matin.
M. Pepper: II y en a qui disent le contraire, vous savez. On ne
le sait pas. On va le savoir. On se pose la question nous-mêmes. On est
en faveur du libre-échange au Bureau de commerce, vraiment en faveur,
mais il y a des choses qui vont augmenter et d'autres qui vont... Je reviens
à M. Stone. Est-ce qu'il va investir un autre milliard de dollars dans
une compagnie qui était ici, qui fonctionnait très bien mais qui
n'avait
pas d'investissements par expansion? On ne le sait pas, peut-être.
Peut-être que la compagnie sera deux fois plus grande même si elle
n'appartient pas à un Canadien. On ne peut pas le savoir. Mais je vais
vous dire que...
M. Garon: Apparemment, il va emprunter beaucoup pour l'acheter.
Il n'aura peut-être pas de capacité d'emprunt après cela
pour la développer. (16 h 45)
M. Pepper: Ah! Les capacités, c'est incroyable ce qu'ils
en ont, vous savez. On a eu des expériences, lorsqu'on parlait de
l'expansion du port de Montréal et... Si on regarde Mirabel dans le
temps, personnellement, j'ai agi pour 19 lignes aériennes, pendant qu'on
faisait les baux pour les entreposages à Mirabel, et pendant que je
faisais ce travail, pendant six mois de temps, il y a dix ou douze ans, eux
s'organisaient pour leur déménagement à Toronto. Alors ils
ont fait ça pour rien, ils paient même l'entreposage pour rien
aujourd'hui, mais ils voyaient que dans dix ans ou dans le temps, ils seraient
ailleurs. Alors on a fait ça pendant qu'ils faisaient autre chose.
Est-ce qu'on sait, si on parle du port de Montréal, et ça
commence à tomber, si les compagnies qui ' s'en servent aujourd'hui
n'ont pas un plan pour déménager dans cinq ans, qu'elles
commencent à s'organiser et qu'elles l'annonceront dans cinq ans? Alors
il faut qu'on s'organise et qu'on s'occupe de notre affaire. Si on ne le fait
pas, si on n'avance pas et qu'on reste au même niveau, on recule. Et on
est inquiets, parce que c'est ça, notre "business". On est très
inquiets. Je pense que le comité, une fois fermé, pourrait
renseigner.
M. Garon: Pensez-vous qu'il passera encore beaucoup de grain dans
le port de Montréal, dans cinq ans?
M. Pepper: Beaucoup de? M. Garon: De grain.
M. Leduc: Cela dépend des sécheresses. Dans le
moment, il en passe moins à cause de la sécheresse dans
l'Ouest.
M. Garon: Ne pensez-vous pas qu'il y a un peu une orientation
pour passer par Vancouver aussi, et par Prince Rupert?
M. Leduc: Oui, aussi.
M. Pepper: Des fois, vous savez, les gens...
M. Garon: Je dis cela par rapport à ce que vous dites, par
exemple, pas pour répondre, mais pour aller dans le sens de ce que vous
dites. Le gouvernement fédéral n'a pas doublé la ligne de
chemin de fer vers Vancouver pour faire passer moins de trafic, même si
Jean-Luc Pépin disait que ça n'avait pas d'effet.
M. Pepper: S'ils faisaient l'expansion, disons, à
Contrecoeur, il y a seulement une ligne, il faudrait construire une autre
ligne, et il faudrait que tous les trains reviennent au pont Victoria pour
traverser. On me dit qu'il n'y a pas de capacité pour traverser afin
d'aller à Détroit ou Boston. On n'a vraiment ni la
capacité ni l'expérience pour trouver des solutions à ces
problèmes, mais il y a des experts qui font uniquement ça.
M. Garon: Je dis cela parce que je trouve que le secteur maritime
est un secteur complètement négligé, au Québec. On
ne le traite pas... On a le maritime quasiment par surcroît, pas parce
qu'on fait grand-chose, mais parce que les bateaux viennent. Mais il n'y a pas
un endroit bien situé comme celui-là, au coeur de
l'Amérique du Nord, avec un port de mer. On ne fait pas grand-chose pour
le développer. Mais si on...
M. Pepper: Lorsque Ultramar est venue ici, elle est venue ici
parce que c'était un "year-round city port"; elle n'est pas allée
à Montréal, elle est venue ici, en 1970-1971, quand elle a
bâti sa raffinerie à Lévis, parce que c'était ouvert
à longueur d'année.
M. Garon: Oui.
M. Pepper: Mais on ne veut pas perdre ça, on ne veut pas
toucher à ça. Ils sont déménagés à
Montréal, ils sont allés à Toronto, Ils sont revenus,
alors c'est un port très important.
M. Garon: Vous auriez l'oléoduc de Portland-Montreal, pour
transporter l'huile.
Le Président (M. Paradis,
Matapédia): Alors
il me reste à vous remercier. Cela a été très
intéressant, mais nous sommes arrivés au terme de nos
débats. Bonne route de retour.
M. Pepper: C'est nous qui vous remercions. M. le ministre, M. le
Président, et les autres, de nous avoir invités et de nous avoir
si bien reçus. Merci.
M. Garon: Merci.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Nous invitons
maintenant la Corporation de développement des Laurentides.
Je vous rappelle que le temps alloué pour la présentation
de votre mémoire est de quinze minutes; quinze minutes pour les
interventions avec le ministre et quinze minutes avec le critique officiel. Si
le temps est dépassé, il sera amputé aux formations
politiques.
Je demanderais au porte-parole de s'Identifier et de présenter
celui qui l'accompagne.
Corporation de développement des Laurentides
M. Allard (Jacques): M. le Président, il me fait plaisir
de me présenter, Jacques Allard, vice-président de la Corporation
de développement des Laurentides. Je suis accompagné par le
directeur général de la corporation, M. Claude Ducharme.
M. le ministre, M.mes les députées, MM. les
députés, brièvement, pour la bonne compréhension de
chacun, la Corporation de développement des Laurentides est l'organisme
de concertation reconnu par l'Office de planification et de
développement du Québec, issu du sommet socio-économique
des Laurentides, fusionné avec l'ancien Conseil régional de
développement des Laurentides. Cette corporation oeuvre depuis 20 ans
déjà sur le territoire des Laurentides, regroupe l'ensemble des
partenaires des différents secteurs économiques,
socio-économiques, de la santé à la forêt,
l'agriculture, loisirs, culture, tourisme etc., et même l'environnement,
dont je préside la commission.
La Corporation de développement des Laurentides est l'organisme
régional de concertation et développement retenu par le
gouvernement du Québec et est responsable de l'organisation et du suivi
des sommets socio-économiques pour la région administrative des
Laurentides. C'est dont à ce titre que la CDL soumet respectueusement
à cette commission parlementaire ses points de vue sur le plan de
transport du ministère concernant la grande région de
Montréal, dont une partie importante nous concerne directement.
À cet effet, la CDL tient à souligner qu'elle est
extrêmement déçue de ne pas avoir été
invitée à rencontrer la commission, d'autant plus qu'elle avait
signifié au ministre responsable, dès le 5 octobre 1988, son
intention d'être entendue. Nous avons été des plus heureux
d'apprendre que les travaux de la commission étaient prolongés et
que nous pourrions y être entendus.
Depuis plus de quinze ans, la corporation de développement a
étroitement été liée aux différents
problèmes de développement des réseaux de transport
individuels et collectifs de la région des Laurentides. Les
problématiques de transport terrestre, ferroviaire et aérien -
l'aéroport de Mirabel - sont familières pour tous les
différents membres du conseil d'administration provenant de toutes les
parties du territoire et de tous les secteurs d'activité.
Les autoroutes 13 et 50, les transports ferroviaires de passagers et de
marchandises, diverses études sur le transport en commun, et le complexe
dossier de l'aéroport de Mirabel ont été à l'ordre
du jour des réunions régulières et des
événements marquants de la vie régionale.
Aujourd'hui, nous transmettons au gouvernement notre point de vue global
sur le plan de transport ainsi que sur certains problèmes plus
particuliers qui concernent notre région. Premièrement, nous
parierons des autoroutes 13, 50 et 19. Deuxièmement nous discuterons des
utilisations des lignes ferroviaires de la région à des fins de
transport collectif. Et, finalement, nous aborderons les problèmes des
autoroutes de contournement.
Le plan de transport: la CDL et les principaux intervenants politiques
et économiques de la région ont déjà clairement
signifié, dès le mois d'août 1988, leur satisfaction quant
aux éléments de base du plan ministériel. Ce plan a le
grand avantage de respecter les diverses demandes du milieu régional
formulées depuis de nombreuses années et de refléter aussi
la notion fondamentale de liberté de choix des individus en
matière de transport collectif et/ou individuel.
Le plan dans ses volets conservation, amélioration, et
développement, reconnaît donc la force et le dynamisme du
développement économique et urbain de la région des
Laurentides et plus particulièrement de sa partie sud fortement
urbanisée.
Est-il nécessaire de rappeler que depuis les trois ou quatre
dernières années la région des Laurentides est celle qui a
connu un des plus hauts taux de croissance au Québec, tant au point de
vue résidentiel que commercial, industriel et touristique? Les
dernières statistiques sur la construction résidentielle montrent
que partout au Québec les taux sont à la baisse, même
à Laval, alors que chez nous, ils sont encore à la hausse.
Le développement industriel autour de Mirabel a enfin
débuté Bell Helicopter, Canadair, Technair Aviation, Nationair,
Air Transat, Kem-pac et Okuip sont toutes de nouvelles entreprises du secteur
de l'aéronautique et du matériel de transport. Ces entreprises
prévoient créer d'ici deux ans plus de 900 nouveaux emplois, et
l'aéroport de Mirabel fournit à lui seul plus de 3000 emplois
actuellement. Mirabel ne fait que commencer à se développer. Nous
sommes donc conscients de participer de façon très importante
à la croissance et a la diversification de l'économie de la
grande région métropolitaine de Montréal, tout en offrant
aux Québécois et aux étrangers des caractéristiques
géographiques, sociologiques et démographiques différentes
de celles des grands centres.
Conservation et amélioration. On ne peut que se réjouir
ici de la décision du ministère d'investir plus de 175 000 000 $
pour la réfection de la vieille ligne de train de banlieue
Montréal-Deux-Montagnes, près de 4 000 000 $ pour le
resurfaçage et l'éclairage de l'autoroute 13 et environ 500 000 $
pour la construction d'un terminus d'autobus à Rosemère pour la
CIT des Basses-Laurentides.
Ces projets de conservation et d'amélioration des réseaux
routiers et collectifs confirment donc la justesse des initiatives
régionales surtout en matière de transport en commun et qui
visaient à fournir aux citoyens de la région des services
adéquats. Cependant, il faut noter ici
que l'intervention du ministère, en regard du train de banlieue
de Deux-Montagnes, a peu d'impact réel en région puisque la
majorité des investissements se feront dans l'ouest de l'île de
Montréal.
Nous invitons immédiatement le ministère à se
préoccuper des voies de chemin de fer du CN qui, à partir du
terminus de Deux-Montagnes, se prolongent jusqu'à l'aéroport
international de Mirabel et de là, jusqu'à
Saint-Jérôme. La croissance démographique régionale
et le développement récent de l'aéroport de Mirabel
militent, à tout le moins, en faveur d'une réflexion sur ce
sujet.
Développement. Ce troisième volet du plan de transport
satisfait aussi, dans ses grandes lignes, les demandes régionales
puisqu'il parle de l'autoroute 13 et de l'autoroute 19 ainsi que d'un
éventuel prolongement du métro à Laval. Outre les grandes
lignes et les énoncés d'intention, il faut bien avouer que rien
n'est confirmé, rien n'est assuré si ce n'est le prolongement de
l'autoroute 13. À cet effet, le plan ne fait que confirmer une
décision déjà prise par les deux gouvernements
concernés par une entente fédérale-provinciale.
Cependant, si l'on se compare aux autres régions de la grande
agglomération de Montréal, nous sommes la seule région
à pouvoir affirmer que le seul projet de développement
autoroutier qui ne peut être rediscuté est celui du prolongement
de l'autoroute 13. Aux nombreuses questions qu'on vous a déjà
soumises, M. Côté, lors du sommet socio-économique des
Laurentides, nous allons sûrement vous en poser une autre. On vous la
soumet présentement: Est-ce possible de connaître le protocole
d'entente fédérale-provinciale sur la construction de l'autoroute
13 et, s'il existe, de nous le déposer, si possible, lors de notre
prochaine biennale le 25 février?
Le prolongement de l'autoroute 13 jusqu'à Mirabel a même
réjoui les dirigeants montréalais qui, jusqu'à ces
dernières années, disaient que l'aéroport de Mirabel
était trop loin du centre-ville. Si on ajoute à cela la
décision prise lors du sommet socio-économique des Laurentides
d'avril 1986 de relier Mirabel à Lachute par l'autoroute 50, on peut
affirmer aujourd'hui qu'une partie importante du réseau autoroutier
nord-ouest du Québec sera complétée d'Ici quelques
années dans la mesure où les échéanciers seront
respectés et idéalement devancés.
Quant à l'autoroute 19, nous pensons que son prolongement
jusqu'à l'autoroute 640 devrait être devancé afin de
répondre, dès les années quatre-vingt-quinze, à la
pression démographique qui ne cesse de s'accentuer au nord de
Montréal. De plus, ce prolongement contribuerait à
décongestionner les autoroutes 13 et 50.
Nous sommes très heureux aujourd'hui de pouvoir entamer une
discussion avec le gouvernement pour tous ces projets, sachant par ailleurs que
le 25 février prochain, lors de la conférence biennale des
Laurentides, tous ces projets de routes seront à l'ordre du jour.
Les ceintures de contournement. À ce chapitre, nous
désirons souligner que notre région, et de façon
générale toute la région nord de Montréal, offrent
des tronçons importants des autoroutes de contournement. En effet, par
les autoroutes 40 section ouest et 13 nord, le trafic a accès aux
autoroutes 440 et 640 dans les Laurentides, lesquelles rejoignent l'autoroute
40 à l'est à Repentigny.
Nous recommandons au gouvernement d'inclure aussi dans les autoroutes de
contournement le prolongement de l'autoroute 50 entre Lachute et Masson. En
effet, les décisions déjà prises quant à
l'autoroute 13 et au tronçon Mirabel-Lachute de l'autoroute 50 ouvrent
des possibilités intéressantes pour une partie importante du
trafic provenant de l'Outaouais et de l'Ontario. (17 heures)
Le prolongement de l'autoroute 50 tant souhaité par les
régions Laurentides et Outaouais serait donc une alternative
intéressante, possiblement moins coûteuse et sûrement plus
appropriée à moyen et long terme pour la région
métropolitaine et l'ensemble du Québec. Le trafic des autoroutes
20 et 40 venant de l'ouest et qui se dirige vers l'ouest pourrait ainsi
éviter complètement Montréal en prenant la variante
québécoise de la 401, soit l'autoroute 50, de même que le
problème du camionnage surtout... La distance entre Lachute et Masson
est quelque peu supérieure à la distance entre Chambly et
Valleyfield pour le prolongement de l'autoroute 30, mais elle a l'avantage de
ne pas nécessiter de construction de pont et d'être dans un milieu
moins urbanisé ainsi que l'avantage de ne pas perturber la
communauté autochtone de Kahnawake.
Le cas particulier de voies de chemin de fer.
M. Côté (Charlesbourg): Le secteur... M. AI lard: Oui.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Allard: Oui. Le ministère des Transports du
Québec a déjà été sensibilisé par la
CDL et par la CIT des Basses-Laurentides au problème particulier des
voies de chemin de fer dans la région des Laurentides. La nouvelle loi
fédérale de 1987 sur les transports a accentué le
problème en facilitant les abandons par les compagnies de chemin de fer
des tronçons ou des embranchements difficilement rentables et non
rentables. Étant donné le cas très exceptionnel des voies
ferrées qui doivent être abandonnées et qui ont subi des
annonces récentes de la part de la compagnie Canadien Pacifique, entre
autres, nous avons maintenant à l'ordre du jour de la région une
problématique très particulière en ce qui concerne les
voies ferrées. Je céderai la parole,
d'ici la fin de notre intervention, au directeur générai
pour vous soumettre ces quelques notes.
M. Ducharme (Claude): Merci. M. le Président, M. le
ministre, Mmes et MM. les députés. Dans le dossier du transport
ferroviaire, la problématique de l'abandon des voies de chemin de fer
par les deux seules compagnies de chemins de fer qui sont autorisées
à opérer au Québec et au Canada, dans le fond, cause des
problèmes particuliers, des problèmes qui peuvent intervenir sur
tout l'aspect du transport de passagers de type transport de banlieue. Pour
vous illustrer un petit peu les difficultés dans lesquelles nous place
la loi nationale des transports de 1987 qui a été adoptée
par le gouvernement fédéral, j'aimerais juste vous citer quelques
éléments qui nous indiquent effectivement la hauteur du mur que
nous devons franchir, nous, dans les régions, et le genre de
collaboration qu'on souhaiterait avoir du gouvernement du Québec
là-dedans.
À titre d'exemple, dans le cadre d'une demande d'abandon d'une
compagnie de chemins de fer d'un embranchement qui sert au transport de
marchandises ou de passagers, s'il n'y a personne qui s'oppose dans un
délai de 60 jours, qu'à la limite, la voie serait rentable et
qu'il y a une ordonnance automatique d'abandon de chemin de fer, de
l'embranchement, alors, cela devient un automatisme après 60 jours. S'il
y a des gens qui s'y opposent, l'Office national des transports doit, à
ce moment-là, analyser essentiellement les composantes de
rentabilité des embranchements. Alors, s'il y a des embranchements de
type résiduel, comme il en existe dans notre région et un peu
partout au Québec, qui sont de toute façon non rentables en
termes de transport de marchandises et que l'office n'analyse que cette
dimension, c'est à peu près évident que la
résultante, en bout de ligne, c'est une ordonnance d'abandon là
aussi. Donc, cela crée des problèmes.
Par contre, si ce n'est pas rentable, l'office ordonne aussi l'abandon
et c'est à ce moment-là et seulement à ce moment-là
que le gouverneur en conseil, donc le ministre fédéral des
Transports, pourrait intervenir pour reporter de cinq ans une décision
de l'office dans un dossier comme celui-là, sauf qu'il y a des
conditions qui sont extrêmement restrictives que le ministre des
Transports d'ici connaît aussi, je pense, c'est-à-dire qu'il faut
que ce soit contraire à l'intérêt public en même
temps qu'il faut que l'abandon ait des répercussions notables sur une
vaste région du Canada, que l'abandon ait des répercussions
importantes sur les expéditeurs et qu'il y ait absence d'autres
installations de transport adéquates dans la région.
Si on souhaite une concordance parfaite de l'ensemble de ces
éléments, cela veut dire que c'est tout à fait impossible,
finalement de pouvoir obtenir à court terme le maintien des emprises de
chemin de fer dans la région. Ce qui nous intéresse ici, c'est de
s'assurer que les emprises et non pas les services, que ce soit un service de
transport de marchandises, notamment, qui est résiduel, soient
maintenues dans leur Intégrité de façon qu'on puisse les
réutiliser à des fins de transport collectif, à des fins
de transport touristique ou à toute autre fin de nature touristique ou
de loisir. Il y a des dossiers, des propositions d'études qui ont
été soumises au gouvernement pour les trois volets, transport de
passagers, touristique et à des fins de loisir, et je pense qu'il faut
que ces études soient faites de façon qu'on puisse permettre aux
régions de réutiliser des emprises.
En terminant, M. le Président, je veux simplement vous mentionner
que la valeur actualisée en dollars de 1989 d'une emprise ferroviaire de
140 kilomètres de long est d'à peu près 350 000 000 $. La
valeur de récupération de l'emprise, la même emprise sur
140 kilomètres, c'est-à-dire la valeur de
récupération nette une fois que le CP a vendu son stock qu'il y a
dessus, métal, bois et autre, est d'à peu près 4 000 000
$. Il y a une différence. Si on laisse abandonner ces emprises-là
et qu'on dit, demain matin, qu'on veut les reconstruire, il faut mettre 350 000
000 $ sur la table, ce qui est tout à fait impossible.
C'est dans cette perspective-là que, dans le contexte du
transport montréalais, les emprises ferroviaires CN et CP qui partent de
Montréal et qui rentrent dans la région des Laurentides sont
importantes et qu'il faudrait regarder leur réutilisation possible dans
un très court terme. Merci.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
veux remercier les gens de la CDL que je connais depuis au moins février
1986 puisqu'on a discuté d'un certain nombre de sujets, comme vous le
disiez tout à l'heure, lors du sommet des Laurentides, et, finalement,
ce ne sont pas des sujets nouveaux. La 13, la 50, les emprises ferroviaires
sont des sujets qui ont été évoqués et vous revenez
avec une constante dans vos revendications ajustées au temps, bien
sûr. Ce qui fait en sorte que ce ne sont pas des surprises, quant
à nous.
À l'époque, on avait effectivement dit et M. le maire de
Deux-Montagnes le rappelait - ce midi - que la priorité pour le
gouvernement dans les emprises ferroviaires est, bien sûr, de garantir le
maintien de la ligne Deux-Montagnes puisqu'à l'intérieur de
l'entente fédérale-provinciale, trois lignes de chemin de fer
étaient prévues, Montréal-Rigaud,
Montréal-Deux-Montagnes et Montréal-Saint-Hilaire, et que
c'était à l'intérieur de cela qu'on pouvait aller chercher
des sous au fédéral et les impliquer. Et c'est ce que nous avons
fait.
Oublions les choses que vous approuvez, c'est trop facile. Allons
davantage aux choses sur
lesquelles vous vous questionnez, en particulier sur vos
inquiétudes quant à la 13 et au protocole qui a été
signé en mars, à Montréal, avec Mme Vézina à
l'époque, ministre d'État aux Transports, pour la construction de
l'autoroute 13 qui chemine, comme d'autres projets, un peu lentement et,
finalement, il y a rajustement assez régulièrement par le
fédéral des exigences du tunnel qui doit aller sous les pistes de
l'aéroport, en territoire fédéral. À tout le moins,
l'engagement que je prends à ce moment-ci, c'est que lors de la
biennale, le 25 février, je pourrai vous déposer les documents
pertinents et un état de la situation concernant la 13, avec la
même volonté toujours très bien arrêtée de
prolonger l'autoroute 13 jusqu'à l'autoroute Mirabel et, effectivement,
par la suite, d'entreprendre la construction de la 50 pour relier Masson, parce
que c'est quand même relié, d'après moi, à la 50.
D'autant plus qu'actuellement, au sujet de la 50, Làchute-Mirabel, les
documents sont rendus publics et il n'en dépend maintenant que des
citoyens et citoyennes des Laurentides. S'il n'y a pas d'audiences publiques,
on sera en construction à l'automne. S'il y a des audiences publiques,
on s'en reparlera un petit peu plus tard. C'est aussi clair que ça comme
message en termes de volonté d'entamer des travaux sur la 50.
Vous allez au-delà de ça. Vous revendiquez, comme
d'autres, le prolongement de la 50 jusqu'à Masson de façon que
ça devienne la voie de ceinture par le nord. C'est ce que nous avons
plaidé avec le gouvernement fédéral et M. Bouchard a
accepté que ça puisse être discuté dans les
priorités de routes au Québec, que le complément de
Lachute-Masson soit inclus dans les discussions, dans le projet d'entente,
EDER-transport. À ce niveau-là, ce ne sont pas des revendications
qui sont vaines, mais qui ne sont pas nécessairement à être
incluses à l'intérieur du plan de transport, mais davantage dans
le budget du ministère éventuellement pour construction.
Vous avez très largement utilisé ou parlé des
emprises ferroviaires. Ce n'est pas un sujet que j'ignore parce que depuis le
18 février 1987, je me suis senti à peu près seul, pas
tout à fait, avec un peu d'appui, mais pas très très bien
entendu à Ottawa, en particulier par M. Crosbie, en particulier
concernant la mise en situation de ce que vous avez évoqué
tantôt. Je vous entendais faire la nomenclature des procédures et
c'est exactement ce que nous avions dit aux députés
québécois qui siégeaient à Ottawa, aux
députés de tout le Québec et aux intervenants, qu'il y
avait là un risque que l'Office national des transports puisse dilapider
le patrimoine ferroviaire au Québec, et la seule chose que nous avons
réussie jusqu'à maintenant, c'est de retenir, et c'est
peut-être dû davantage aux élections fédérales
qu'à autre chose. On est pleinement conscients de l'impact sur le
développement régional des emprises ferroviaires, en particulier
dans la région que vous représentez qui est très vaste et
qui donne accès à des régions-ressources, et cela nous
inquiète au plus haut point aussi, mais normalement d'ici un mois et
demi, deux mois, on va transmettre à l'Office national des transports
une justification, puisque cela nous a été demandé, du
respect de chacun des tronçons partout au Québec. Donc, c'est une
étude qui a été menée au ministère, que nous
a demandée le ministre Benoit Bouchard et qu'on va fournir, et ils
prendront leur décision par la suite. C'est une démarche.
J'arrive à votre point particulier où votre demande va
spécifiquement sur le point suivant, qu'il y ait maintien
intégral des infrastructures et qu'on puisse, à l'occasion,
permettre l'abandon, pas l'abandon dans le sens de dire: Parfait, vous ne
l'utilisez plus, mais il n'y a pas d'abandon. C'est peut-être davantage
en ce sens que cela va en termes de revendications, de telle sorte que cela
puisse être utilisé éventuellement pour toutes sortes de
fins: routières, ferroviaires aussi, dans la mesure où cela doit
venir. Mais est-ce que dans votre esprit, votre idée d'un train de
surface, un train de banlieue reliant Saint-Jérôme, en passant par
Laval, à Montréal, est toujours dans le décor?
M. Allard: On vous a soumis, dans le texte, une première
alternative, le prolongement du train Deux-Montagnes. Évidemment, dans
les nouvelles conditions, qui n'existaient pas à l'époque,
l'abandon des voies ferrées, lorsqu'il y avait rentabilité dans
le cas du transport ferroviaire de marchandises
Montréal-Saint-Jérôme - la compagnie Rolland est une grande
utilisatrice et il y a démonstration de rentabilité - on
s'inquiétait peu d'un recyclage à des fins de transport public ou
collectif. Présentement, notre sensibilité est beaucoup plus
grande sur un corridor vraiment nord-sud, à partir de la gare
Jean-Talon, près du métro de l'avenue du Parc, en utilisant
l'emprise du Canadien Pacific. Effectivement, il nous semblerait beaucoup plus
solide, logique, de parler de monorail ou de ces choses-là que de revoir
l'usage à des fins alternatives de transport collectif à
même cette emprise, transport par train, transport mixte sur des
"No-rail" ou ces choses-là. Effectivement, ce sont des emprises de
très grande valeur qui desserviraient très bien le coeur de la
région des Laurentides, Laval, Montréal, le nord,
Sainte-Thérèse, Blainville, Saint-Jérôme et,
à proximité, l'aéroport de Mirabel.
M. Ducharme: II faudrait peut-être ajouter, M. le ministre,
si on se rappelle les années 1969 et 1970, que lors de la planification
du développement de l'aéroport de Mirabel, les gens du Board of
Trade ont évoqué le dossier du COTREM, et on pourrait ajouter le
BANAIM, le SATRA, enfin tout ce qui s'est fait comme planification
là-dessus. Il y avait même à l'intérieur de cela ce
qu'on appelait le TRAMM, le
train rapide Montréal-Mirabel. On a imaginé toutes sortes
de scénarios possibles avec les plus beaux trains, les plus futuristes,
peut-être en oubliant une dimension essentielle qui était celle de
dire qu'un train doit d'abord relier deux éléments, quels que
soient, au fond, sa vitesse, sa forme et son "look" extérieur, et dire:
Est-il beau, rapide ou non? Du moment qu'il est une emprise propre et qu'il n'y
a pas d'embûches à sa circulation, il peut facilement faire
Saint-Jérôme-Mirabel-Montréal en dedans de 35 ou 40
minutes. Il n'a pas besoin de rouler à 250 kilomètres à
l'heure pour le faire. Il a besoin d'arrêter une ou deux fois et il n'y a
pas de blocage sur les autoroutes. En réutilisant et en gardant les
emprises ferroviaires, c'est de voir aussi la liaison
Montréal-Saint-Jérôme-Mirabel-Deux-Montagnes et retour
à Montréal. Cela donne quand même une possibilité de
transport régional qui n'était pas et n'est pas encore incluse
dans l'ensemble du plan de transport. Je pense qu'il faut déborder du
contexte de Laval seulement et aller un petit peu plus au nord. (17 h 15)
M. Côté (Charlesbourg): Je vais changer de sujet.
J'essayais de faire le trajet visuellement et je tentais de le faire sur la
carte aussi, votre trajet Saint-Jérôme-Mirabel-Montréal, et
j'avais un peu de difficultés. De toute façon, ce sont des choses
qu'on pourra corriger ultérieurement.
Plusieurs intervenants - parce que je connais votre préoccupation
pour l'ensemble de la région des Laurentides - sont venus nous
témoigner du manque d'un plan de transport pour l'ensemble de la
région des Laurentides, avec une vision globale de la
problématique du transport des Laurentides qui pourrait être
complémentaire de celle du plan de transport actuel. Compte tenu du fait
qu'il y a, sur le territoire des CIT, des municipalités, des points de
vue divergents, des intérêts de communautés, pensez-vous
possible qu'on puisse enclencher et achever un mouvement qui ferait en sorte
qu'on pourrait avoir une vision d'avenir, au niveau du transport, dans la
région des Laurentides?
M. Ducharme: Je pense que oui. Il y a déjà des
demandes qui ont été acheminées par des regroupements
d'usagers de transport, notamment, que ça ne serait peut-être pas
une mauvaise idée que les CIT - il y en a deux, au moins, sur le
territoire chez nous - puissent s'asseoir ensemble pour regarder quelles seront
les possibilités de liaison interrégionale, parce qu'il y a aussi
ce problème. De Lachute à Saint-Jérôme, pour venir
chercher des services gouvernementaux, il n'y a pas d'autobus, il n'y a pas de
train, non plus.
Compte tenu des travaux qui se sont faits ici au sein de la commission
parlementaire et via le plan de transport, je pense que les gens seraient
mûrs pour s'asseoir et regarder de façon globale l'ensemble de
l'intégration des plans de transport d'une région
Laurentides-Laval-Montréal. Les gens de Montréal nous disent
qu'on fait partie de la grande région de Montréal. Nous disons
qu'on fait aussi partie de la grande région de Montréal, tout en
étant autonomes, avec notre propre région administrative, sauf
que je pense que les gens sont prêts à s'asseoir et à le
regarder sérieusement. Cela se fait dans le dossier des
aéroports. Ceux qui nous ont précédés l'ont dit,
les gens de Montréal s'assoient avec les gens de Laval, de la rive sud
et des Laurentides et ils se sont assis sur le dossier des aéroports,
Dorval et Mirabel. C'est un progrès extraordinaire dans
l'évolution des moeurs politiques montréalaises de discuter d'un
seul aéroport qui s'appelle maintenant Dor-Mirabel ou Mira-Dorval, je ne
sais quoi. J'ai le feeling que c'est prêt.
Une voix: Mira-Dor.
M. Côté (Charlesbourg): C'est heureux qu'il y ait un
comité des deux aéroports. À un moment donné, il
faudra bien que ça atterrisse aussi. Si ça reste dans les airs,
je pense qu'il y aura des problèmes ultérieurement.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): Deux minutes,
M. le ministre.
M. Côté (Charlesbourg): D'après vous, il est
donc possible de réunir tout ce monde pour avoir une vision de transport
de la région des Laurentides qui pourrait être
complémentaire. Je trouve ça extraordinaire, parce que chaque
fois qu'on parle à quelqu'un de l'île de Montréal, il dit:
Oui, c'est le moteur économique de l'ensemble du Québec, on ne
dit pas non aux régions, à la ceinture. Et la ceinture dit
toujours: On ne dit pas non à Montréal, parce que plusieurs de
nos gens travaillent là-bas et c'est intéressant. Sauf que quand
on parle d'étalement urbain, sur un sujet bien spécifique, on a
bien l'impression et on a bien de la misère à comprendre que hors
de I'île de Montréal, il y ait du salut pour les entreprises. Ce
que j'ai compris tantôt, c'est qu'il y aurait possibilité qu'on
puisse accepter que du monde habite là, mais que l'industrie devrait
être sur l'île de Montréal.
Selon vous, construire la 13, la 25 - vous en demandez même plus,
vous demandez même la 19 jusqu'à la 640 - est-ce que ce n'est pas
un phénomène qui favoriserait l'étalement industriel?
M. Ducharme: C'est immanquable. M. Côté
(Charlesbourg): Pardon?
M. Ducharme: C'est immanquable, l'étalement industriel.
Les industries iront où est le monde et le monde ira où est
l'industrie. On a parlé de Mirabel tout à l'heure. Dans la zone
industrielle en périphérie de Mirabel, Bell Helicopters, Kempac,
Canadair, Technair, Nationair, Air Transat - on va en nommer des entreprises -
pourquoi s'installent-elles là? Parce
qu'il y a là un aéroport. Les entreprises qui se sont
installées le long de Côte-de-Liesse, à Montréal,
dans les années cinquante et soixante, pourquoi se sont-elles
installées là? Parce qu'il y avait un aéroport. Le facteur
de localisation industrielle numéro 1 en Amérique du Nord, c'est
aéroport, ensuite qualité de vie. On est chanceux, on a les deux.
Mais c'est à peu près immanquable qu'il va s'en faire de
l'étalement urbain. Je pense que les gens de Montréal devraient
comprendre que ça ne sert à rien d'essayer de lutter contre
ça; c'est tout à fait normal. Une maison à Montréal
qui coûte 300 000 $, coûtera 150 000 $ chez nous; elle
coûtera moins cher en taxes et ça ne prendra pas beaucoup plus de
temps pour se rendre dans le centre-ville, surtout s'il y a des trains de
banlieue qui permettent de le faire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Ducharme: C'est immanquable que cette dynamique de
développement en Amérique du Nord est axée sur ça
et on ne peut pas aller à rencontre de ça; c'est là. Il
faut que les gens de Montréal le comprennent, mais ils ont aussi des
atouts, à Montréal, qu'il faut qu'ils développent. C'est
à eux de les développer.
M. Côté (Charlesbourg): Merci. On se reverra le
25.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, il me fait plaisir d'entendre
M. Allard et M. Ducharme, de la Corporation de développement des
Laurentides, exposer leur point de vue. Vous avez dit que l'étalement
urbain était inévitable. En êtes-vous certains, quand on
regarde le vieillissement de la population? L'étalement urbain, c'est
quand la population est jeune - on est dans la période de
l'après-guerre - quand des jeunes couples se marient; quand ce sont des
gens qui vieillissent, qui entrent dans les foyers ou dans les maisons pour
personnes âgées, ça ne s'étale pas fort
habituellement. La perspective d'avenir, c'est beaucoup plus... On ne peut pas
regarder les chiffres de 1966 à 1986 comme étant
révélateurs de l'avenir. En termes d'avenir, toutes les
prévisions vont dans le sens d'un vieillissement très fort de la
population du Québec, sans accroissement réel de celle-ci ou,
s'il y en a un, c'est marginal, par rapport à la population actuelle. On
dit: On est 6 700 000, au mieux, on pourrait être 7 000 000 en l'an
2000.
M. Allard: II y a peut-être deux notions de
l'étalement urbain, M. Garon. La première, c'est au niveau
résidentiel. C'est évident que c'est la première fonction
qui a mis une pression, entre autres, sur le territoire agricole, parce que les
gens recherchaient en premier lieu une qualité de vie qu'ils ne
retrouvaient pas en milieu urbain. La deuxième notion est liée
aux fonctions commerciales et industrielles.
J'ai l'impression que la ville de Montréal, l'île de
Montréal a à se concentrer et même à
récupérer une partie de ses fonctions commerciales
d'échanges de tout le système tertiaire, le système des
services, mais, malheureusement - je ne sais pas s'il y a des modèles
existants en Amérique du Nord ou en Europe qui sont différents de
ceux qu'on va devoir vivre pendant les prochaines années -
l'étalement des fonctions industrielles de production et d'implantation
le long d'axes d'échanges... Dans le fond, les entreprises qui vont
venir chez nous vont souvent faire des échanges - ce sont des
entrepôts, etc. - et elles ne se localiseront pas sur l'île de
Montréal. Cela va se faire inévitablement dans les zones de
contournement. Pour une région comme la nôtre, c'est un facteur de
développement économique.
On sait que la région a sacrifié une partie de son
territoire pour implanter un aéroport et on s'attend, en contrepartie,
à avoir un développement économique associé
à cette implantation d'infrastructures. On veut évidemment
prendre notre part du gâteau dans ce genre de transfert d'implantation de
fonctions industrielles et d'entreposage de marchandises.
M. Garon: Ce que je trouve intéressant dans votre
mémoire, c'est quand vous pariez des emprises ferroviaires. La FTQ a dit
à peu près la même chose, elle a même
mentionné des lignes particulières qui pourraient être
utilisées à partir, je pense, de Sainte-Thérèse
jusqu'au centre de Montréal. Si on regarde les lignes, il y en a qui
pourraient aller très loin au nord. Est-ce qu'il est imaginable que le
petit train du nord, éventuellement, soit un réseau qui pourrait
bien desservir les centres de ski? Est-ce imaginable ou si ce ne l'est pas?
M. Allard: Oui, en partie. Il y a des tentatives, des
expériences qui ont été vécues. Il y a eu deux
phases dans l'histoire du train. D'abord, une phase liée à Jack
Rabbit; c'était vraiment le moyen de pénétration dans la
région, le train touristique, le ski, ces choses-là. Dans les
années 1975-1980, il y a eu une deuxième phase où on a
essayé de faire revivre ces éléments. Par contre, tout ce
qui est lié à des concepts de transport public ordinaire est plus
ou moins viable au nord de Saint-Jérôme jusqu'à
Mont-Laurier. Les comités régionaux, entre autres, au sommet
socio-économique, à la biennale du 25 février, vont
soumettre un genre de plan de réutilisation, de recyclage, parce que la
fonction de transport public traditionnel - c'est la fonction de tranport des
marchandises qu'on vient de perdre - est plus ou moins adaptée.
On va explorer des alternatives de recyclage, soit des pistes cyclables
ou un train touristique, mais liées à des fonctions
beaucoup
plus régionales, gérées par des
intérêts régionaux.
M. Ducharme: Mais si on pense, M. Garon, à un train
touristique, il faut penser à des trains exploités par des
entreprises privées ou des groupes privés. Il ne faut pas penser
à un concept de train public; c'est une activité en soi.
D'ailleurs, à l'époque, le petit train du nord a clairement
démontré qu'il y a un marché pour ça et dans la
mesure où on le conçoit comme une activité et non pas
comme un moyen de transport; c'est complètement différent.
M. Garon: C'est-à-dire qu'il y a des voies ferrées
qui vont jusqu'à Mirabel, je ne me rappelle pas de ligne, mais qui
partent...
M. Allard: Le CN.
M. Garon: Oui, si je me rappelle, et, pas loin à
côté, il y en a une qui remonte et qui s'en va au nord.
M. Allard: Non, pas tout à fait. Dans le fond, ce sont
deux corridors. La ligne Deux-Montagnes, c'est le tunnel en-dessous du mont
Royal, Roxboro, le pont, etc. L'autre ligne dont on parle, c'est la voie du CP;
celle-là est en surface et c'est l'ancienne gare Jean-Talon qui a
été utilisée pour le transport et qui est maintenant
à proximité d'une bouche de métro, l'avenue du Parc et la
rue Jean-Talon. C'est directement dans le coeur, la rue Saint-Laurent, l'avenue
du Parc, et ça monte jusqu'à Saint-Jérôme, entre la
117 et l'autoroute. C'est vraiment dans l'axe traditionnel qui est compris.
Quand les gens disent: On monte dans le nord, c'est cette voie-là. C'est
la voie du CP.
M. Ducharme: II existait d'ailleurs, jusqu'en 1981, entre
Sainte-Thérèse et Montréal centre-ville, un train de
banlieue, exploité par le CP; ils faisaient ça par des "bud
cars", des autorails autonomes. Vous rentriez à Montréal en 40
minutes; trafic ou pas, tempête de neige ou non, ça rentrait,
c'était efficace.
M. Garon: La FTQ a mentionné ça, c'est le seul
organisme qui a mentionné cette ligne.
M. Ducharme: Elle a été abandonnée en 1981
par décision unilatérale du ministre des Transports du Canada
sans audiences publiques. En tout cas, ils ont coupé tous les services
aux passagers.
M. Garon: Le maire de Laval nous disait que le gros de la
population qui vient est à l'ouest...
M. Ducharme: Le matin, oui.
M. Garon:... et elle descend vers Montréal de Laval vers
Montréal.
M. Ducharme: La voie du CP qui descend...
M. Allard: La voie du CP. À mon avis, au contraire, la
concentration de population à Laval se trouve de part et d'autre de
cette voie. C'est vraiment l'ancien Chomedey. C'est Sainte-Rose parce qu'il y a
la gare Sainte-Rose. C'est le coeur de la population du centre de Laval, dans
le fond.
M. Ducharme: Sainte-Rose-Chomedey-Laval-des-Rapides, ensuite
Bordeaux-Montréal, vous rentrez à la gare Jean-Talon et, de
là, dans le centre-ville.
M. Allard: Ce n'est effectivement pas un projet qui a plu
à la région des Laurentides lorsqu'a été
dévoilée la question du monorail, qui ferait le tour du coeur de
Laval. Pour nous, ce n'est pas tellement dans les axes traditionnels de
déplacement qui existent au nord de Montréal. Pour un
Jérômien comme moi, éviter et pouvoir utiliser un transport
public qui descend directement au centre-ville, c'est beaucoup plus
intéressant que de se voir confronté aux questions de
stationnement et de déplacement routier avec l'engorgement qui existe
sur l'autoroute des Laurentides.
M. Garon: Est-ce que la 25, à ce point de vue, fait partie
d'un ensemble cohérent ou est-elle quelque chose de complètement
à part?
M. Ducharme: La 25 permet la jonction, notamment, avec le fameux
pont dans l'est de Laval; donc, elle vient boucler la boucle pour la notion des
autoroutes de ceinture. Le reste de la 25 remonte dans la région de
Lanaudière par après. Cela a du bon sens dans la mesure où
c'est dans un plan Intégré; peut-être que ouf. On n'a pas
étudié cette question puisque c'était carrément
à l'autre bout.
M. Allard: C'est dur pour des gens des Laurentides de
défendre les dossiers de Lanaudière. Ce n'est pas facile.
M. Garon: Maintenant, vous parlez d'une chose et, sans avoir lu
votre mémoire, j'avais posé une question à un moment
donné. Je pense que c'est une question qui n'a pas vraiment
été abordée. On a posé la question à une
couple de reprises; vous, vous l'abordez. En parlant de voie de contournement,
la 40, la 440, la 640, la 13, la 50 éventuellement et avec le
prolongement à Lachute, ça pourrait être une voie de
contournement qui passerait dans un territoire où il n'y a pas de monde,
pour les 15 % du trafic qui passent sur le boulevard Métropolitain et
qui n'ont pas d'affaire là. Pourquoi est-ce que personne ne parle de
ça? Vous êtes les premiers à en parler
véritablement. Il y a 15 % du trafic
apparemment qui passent sur le boulevard Métropolitain et qui
n'ont pas d'affaire là, Ils ne viennent pas de là et ils ne vont
pas là. (17 h 30)
M. Allard: Effectivement il y a un goulot de la 20 et de la 40
qui oblige, dans le fond, tout le transport de camionnage à passer dans
le West Island. Parce qu'on a pris l'habitude d'utiliser la 401 ou la 417, on
n'a jamais perçu l'avantage d'avoir la rive nord du Québec comme
une voie de circulation jusqu'à tant, dans le fond, qu'on
découvre que peut-être entre Québec et Montréal
c'est très intéressant d'utiliser la 40. C'est la même
chose avec la 50. Si ce réseau était complet, même pour
aller dans l'est de Montréal, ça serait plus avantageux pour
beaucoup de fonctions de camionnage. Quelqu'un arrivant de Toronto ou d'Ottawa,
en passant sur la rive nord, pourrait se rendre à Repentigny et
reprendre la 40 mais en direction de l'est de la ville et éviter le
Métropolitain, Laval, n'importe quelle congestion comme le West Island
et se retrouver avec des temps pas vraiment plus longs pour atteindre une
destination. Parce qu'on n'a probablement jamais perçu la dynamique de
la rive nord de Montréal comme elle a été perçue de
façon plus traditionnelle au niveau industriel sur la rive sud du
Québec, de Montréal entre autres. C'est une tentative
d'explication, si vous me permettez.
M. Garon: Peut-être parce qu'il y a beaucoup d'arbres et
moins de monde. Les arbres n'écrivent pas de mémoire.
Une voix: Ah!
M. Garon: Peut-être que le bruit dérangerait moins.
On parle de qualité de vie, au fond, ce sont de gros camions qui n'ont
pas affaire à aller augmenter le bruit. Ils pourraient passer ailleurs
dans un territoire où il y a moins de population. Mais je trouvais
ça intéressant de voir que vous l'aviez... Et je me demande si
ça ne devrait pas être étudié davantage.
Personnellement, je pense que ça devrait être étudié
davantage pour le trafic qui n'a pas à aller en territoire urbain et qui
pourrait passer sur des routes sans déranger.
Je vous remercie. Cela m'a fait plaisir de lire votre mémoire qui
est original, qui n'est pas complètement dans les sentiers battus, au
contraire, et qui indique des perspectives. Nous l'avons regardé avec
beaucoup d'intérêt. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Lévis. Je tiendrais à remercier les gens
de la Corporation de développement des Laurentides pour leur apport aux
travaux de cette commission.
Je demanderais maintenant aux représentants de Vélo
Québec de bien vouloir prendre place, s'il vous plaît.
Permettez-moi, dans un premier temps, de vous souhaiter la bienvenue aux
travaux de cette commission. Je demanderai maintenant au porte-parole de bien
vouloir s'identifier ainsi que les personnes qui l'accompagnent pour le
bénéfice de tous les parlementaires.
Vélo Québec
M. Soucisse (François): Merci, mon nom est François
Soucisse. Je suis coordonnâtes général de Vélo
Québec et c'est Jean-François Pronovost, directeur des projets
spéciaux chez nous, qui m'accompagne.
M. le Président, M. le ministre, M. le député
représentant de l'Opposition officielle, mesdames et messieurs les
membres de la commission, je veux d'abord vous remercier de nous donner
l'occasion de vous faire connaître le point de vue des cyclistes en ce
qui concerne le plan de transport de la région de Montréal.
Évidemment le plan d'action proposé ne parle à peu
près pas de la bicyclette. Il est pratiquement essentiellement question
de transport collectif et de réseau autoroutier. Mais je pense que notre
mémoire et l'exposé qu'on va vous faire vont vous
démontrer que les conséquences des travaux proposés sur le
transport à bicyclette sont quand même assez considérables.
Dans le plan de transport il est plus question de ce qu'on pourrait appeler la
macro-planification des transports dans la région alors que lorsqu'on
parle de transport à bicyclette c'est plutôt de la
micro-planification au plan local dont & est question. Mais on va voir que
la planification régionale a une conséquence directe sur les
déplacements à bicyclette.
Pour aujourd'hui, il y a quatre thèmes qu'on a retenus et
desquels on voudrait vous entretenir. D'abord, la question du centre-ville de
Montréal, ensuite, l'impact des autoroutes, la question des ponts et la
complémentarité du transport à bicyclette avec le
transport collectif.
En ce qui concerne le centre-ville, dans l'ensemble du territoire qui
nous préoccupe le centre-ville est probablement le secteur qui a le plus
grand potentiel pour le transport à bicyclette, entre autres à
cause de la densité de la population et à cause du relief du
centre-ville. On peut considérer aussi les habitudes prises par la
population du centre-ville et des quartiers avoisinants au cours des
dernières années en utilisant la bicyclette pour se
déplacer.
Tout en reconnaissant que le réseau routier nécessite des
correctifs majeurs, nous croyons que le développement de nouvelles voies
rapides se fera au détriment des efforts consentis au
développement du transport collectif et au profit d'une augmentation de
la circulation automobile au centre-ville. La question de la densité de
la circulation automobile au centre-ville est une question majeure pour les
cyclistes. Les conséquences qui s'ensuivront sont une diminution de la
qualité de vie au centre-ville, un exode vers la banlieue par
conséquent, tendance qui va être
renforcée par la facilité de déplacement sur les
réseaux routiers. Donc, il y a une perspective de voir un plus grand
nombre d'automobiles dans le centre-ville alors que, pour renforcer la place
qu'occupe la bicyclette parmi les modes de transport au centre-ville, il faut
plutôt renforcer la concentration de la population et la diminution du
nombre d'automobiles dans le centre-ville. D'ailleurs, lors des consultations
qui ont été faites par la ville de Montréal dans le
cadre de la planification du plan d'urbanisme du centre-ville de
Montréal, plusieurs intervenants ont souligné l'importance de
diminuer le nombre d'autos dans le centre-ville.
La deuxième question concerne les autoroutes. Le
réaménagement des axes routiers ou des voies rapides a des
conséquences importantes sur le déplacement à bicyclette
un peu partout sur le territoire. Ce qu'on vient vous dire aujourd'hui c'est
qu'il faut éviter que les cyclistes se retrouvent coincés entre
les voies rapides comme ça existe dans les régions ailleurs au
Québec et comme on va pouvoir vous l'Illustrer tantôt. Par rapport
à cette question, nous pensons qu'il faut faire une planification des
déplacements cyclistes. Ce n'est pas le rôle du ministère
des Transports de faire la planification locale des déplacements des
cyclistes mais il faut que le ministère des Transports prenne une
initiative pour que les municipalités, les gouvernements locaux fassent
le travail de planification des déplacements cyclistes de façon
qu'au moment où il y a des travaux d'autoroute on sache
déjà où vont circuler les cyclistes, les piétons et
qu'on ne se retrouve pas devant des murs pris entre quatre autoroutes. À
ce moment-là, cela devient Infernal, cela devient impossible de se
déplacer à bicyclette.
La question des ponts. Vous le savez, on en a été
témoins l'été dernier lorsqu'il a été
question d'interdire le pont Jacques-Cartier aux cyclistes, la question des
ponts est fondamentale pour les cyclistes dans la région de
Montréal. Malheureusement, il y a un très grand nombre de ponts
qui ne sont pas accessibles aux cyclistes. Il y a très peu de ponts qui
sont complètement adaptés aux cyclistes. Il y a des travaux
prévus dans le cadre du plan d'action sur un certain nombre de ponts.
Nous pensons qu'on doit profiter de ces travaux pour adapter les ponts aux
cyclistes, tant sur la surface du pont, sur les accès aux ponts que sur
la signalisation pour l'utilisation des ponts.
L'autre question qu'on voudrait aborder c'est la
complémentarité de la bicyclette et du transport collectif. La
bicyclette et le transport collectif sont un complément naturel et on
pense qu'il doit y avoir des efforts pour accroître cette
complémentarité. Il y a trois aspects à cette
complémentarité. Dans la région, la bicyclette est
utilisée de sept à huit mois par année et la population
qui utilise la bicyclette pour se déplacer va passer du vélo au
transport collectif beaucoup plus facilement qu'à l'automobile indi-
viduelle. Le deuxième aspect de la complémentarité, c'est
qu'il y a des gens qui ont à parcourir de longues distances et qui
peuvent utiliser leur bicyclette et un moyen de transport collectif, soit le
vélo et le train, le vélo et le métro, etc. Mais cela
demande une planification et des aménagements particuliers pour
encourager ces modes de transport complémentaires. Enfin, pour les
ménages, surtout ceux qui vivent en banlieue, on sait que de plus en
plus, pour ne pas dire dans une majorité de ménages, on retrouve
deux personnes qui travaillent et les gens doivent souvent avoir deux
automobiles pour des questions pratiques. Mais ce n'est pas toujours le choix
qu'ils aimeraient faire d'acheter une deuxième automobile quand on sait
ce que cela coûte d'avoir deux automobiles, alors qu'en facilitant
l'utilisation du vélo et du transport collectif, cela permettrait aux
ménages dont les deux personnes doivent se déplacer pour
travailler, d'éviter l'achat d'une deuxième automobile et cela
contribuerait à décongestionner le centre-ville de
Montréal.
Enfin, je terminerai là-dessus avant de laisser la parole
à Jean-François, il nous apparaît pertinent de parler de
vélo au cours de cette commission parlementaire dans la mesure où
la Communauté urbaine de Montréal, ainsi que plusieurs villes du
territoire, s'impliquent dans l'amélioration du réseau cyclable.
La ville de Montréal a adopté, l'automne dernier, une politique
en matière cycliste et cette politique prévoit un accroissement
considérable du réseau cyclable et des actions pour
l'éducation en matière de sécurité routière
à l'intention des cyclistes. Nous croyons que l'intervention du
ministère des Transports, par le plan d'action, doit absolument
considérer ces composantes.
Je vais céder la parole à Jean-François qui va nous
donner des exemples plus spécifiques de ce qu'on apporte ici.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci. M. Pronovost.
M. Pronovost (Jean-François): M. le Président, M.
le ministre, M. le député de Lévis, mesdames et messieurs
les membres de la commission, faute de vous amener faire un tour en vélo
sur les lieux de nos interrogations, je vais vous faire faire un tour sur la
carte. D'abord, un point retient notre attention, comme l'a dit mon
collègue, c'est le problème des ponts. L'accès à
l'île de Montréal est un véritable cauchemar pour les
cyclistes puisque très peu de ponts sont aménagés de
façon à faciliter ce type d'accès.
Commençons par le pont-tunnel. Évidemment, on ne vous
demandera pas de faire une voie souterraine pour les cyclistes; il n'en est pas
question. Je l'illustre simplement pour vous dire qu'un effort a quand
même été fait par la Société de transport de
la rive sud de façon à transporter les cyclistes entre la station
de métro Radisson et la rive sud à l'aide de sup-
ports à vélos sur les autobus.
Lorsqu'on arrive au pont Jacques-Cartier, c'est un véritable
problème puisque ce pont a été construit à une
époque où la bicyclette et les cyclistes n'étaient pas
nombreux, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui, sauf qu'avec les
événements qu'on a connus l'été dernier, des
autorités ont montré de la bonne volonté pour essayer
d'apporter des solutions aux problèmes du pont Jacques-Cartier. On pense
que le ministère des Transports pourrait aussi s'impliquer pour inciter
peut-être les parties en présence à trouver une solution
pratique, sans que ce soit nécessairement une solution coûteuse.
Le principal problème, c'est les accès, les accès par la
rive sud principalement et les accès à partir de Montréal.
Évidemment, le trottoir du pont est toujours là et les trottoirs
sont entretenus par la Corporation des ponts Jacques-Cartier et Champlain. (17
h 45)
Si on continue vers le sud-ouest, on a une traversée possible
à partir de la Cité-du-Hâvre vers l'île Notre-Dame,
sauf qu'ici on appelle ça, en langage de cycliste, le chaînon
manquant, c'est-à-dire un endroit où la piste cyclable ou la voie
pour le passage des cyclistes est interrompue simplement par une clôture.
Évidemment, la solution ne réside pas simplement à ouvrir
cette clôture-là. Un aménagement doit être fait. On
parle de cet aménagement-là depuis dix ou peut-être
même douze ans autant au ministère des Transports qu'à la
Communauté urbaine de Montréal, qu'à la ville de
Montréal, qu'à la Voie maritime du Saint-Laurent et tout
ça. Donc ce n'est pas quelque chose de nouveau qui apparaît dans
le dossier. Il y a déjà eu des plans de faits pour
réaliser un aménagement qui permettrait aux cyclistes de passer,
sans déranger les travaux de la Voie maritime du Saint-Laurent, entre
l'île Notre-Dame et la voie maritime et de gagner l'écluse de
Saint-Lambert et la terre ferme.
Ensuite on arrive à l'estacade ou la jetée McKay,
l'estacade de glace du pont Champlain. Évidemment, c'est le seul endroit
dans l'énoncé du plan d'action du ministère des Transports
où il est question de bicyclettes et on en est très heureux parce
qu'on entend conserver ce passage-là acquis qui, actuellement, va de
l'île des Soeurs vers la Voie maritime du Saint-Laurent et ensuite,
possibilité de se rendre vers l'écluse de Saint-Lambert et de
traverser. Évidemment, encore là, il y a un lien dont on parle -
quand je dis on ce sont toutes les autorités concernées - dont il
est question depuis plusieurs années, c'est sur la plus petite portion
du Saint-Laurent, c'est-à-dire entre l'île des Soeurs et
Montréal. On sait que c'est une voie autoroutière qui est
là actuellement. C'est une voie autoroutière qui comporte un
trottoir d'environ un pied et demi et qui est utilisée
illégalement, malheureusement, par beaucoup de cyclistes pour arriver
à l'île des Soeurs et avoir accès à l'estacade de
glace puis la piste cyclable de la voie maritime.
Si on va plus à l'ouest, il y a le pont Mercier évidemment
où la circulation cycliste est tolérée mais non permise et
où il y a beaucoup de cyclistes qui empruntent ce pont-là
à leurs risques et périls évidemment parce qu'il y a un
trottoir seulement d'un côté, qui n'est pas très large, qui
n'est pas protégé par un garde-fou. Donc c'est une aventure un
peu périlleuse. Sauf qu'on se rend compte que tout le secteur ouest de
l'île est desservi par le pont Mercier donc, c'est la voie la plus
directe pour accéder à la rive sud. On sait qu'il y a des travaux
prévus sur le pont Mercier, c'est pour ça qu'on en parle
aussi.
Des travaux sont prévus aussi sur la route 20 vers les ponts
Taschereau et Galipeau. Là aussi on se demande si on va
considérer le trafic cycliste et la circulation piétonne qui
existent déjà sur ces ponts-là étant donné
que ce n'est pas une autoroute mais un boulevard rapide. La voie est
accessible, pas idéale mais disons accessible aux cyclistes et aux
piétons. Donc, on se demande, par exemple, si, en transformant cette
portion de la 20 en autoroute, on va améliorer et on va maintenir ce
droit de passage pour les cyclistes et les piétons.
On pourrait faire le tour comme ça de l'île et des ponts,
ce n'est pas ça qui manque. Sur la rive nord on a un très bon
exemple d'aménagement qui a été complété
l'année dernière dont les accès vont être faits par
la ville de Laval et la ville de Montréal cet été, c'est
le pont Viau-Ahuntsic. Évidemment c'est un exemple qu'il faut saluer et
qui compense un peu pour des erreurs qui ont été faites lors de
la construction, il y a 20 ans, du pont Papineau-Leblanc où il n'y a
absolument aucun aménagement qui a été pensé pour
les cyclistes ni pour les piétons. Et même si c'est une autoroute
c'est un peu aberrant parce que vous êtes situés dans les zones
les plus densément peuplées à peu près des deux
îles. Donc, d'avoir fait un pont sans considérer y inclure une
voie pour les cyclistes et les piétons est une grave erreur et on
souhaite que ça ne se reproduise plus. C'est pour ça qu'on dit
que s'il y a des travaux prévus sur des ponts, sur des voies rapides,
c'est important de réfléchir et c'est important de voir quelle
utilisation est faite et de voir comment on peut inclure des
aménagements pour les cyclistes et pour les piétons aussi.
Les voies rapides. Qu'est-ce qui se passe quand on construit une
autoroute? Je ne vous apprendrai rien, on place une véritable
barrière soit entre les quartiers d'une ville, soit entre des
municipalités, donc des endroits qui sont géogra- phiquement une
unité, mais qui, par la voie rapide, deviennent deux entités un
peu différentes. On se dit qu'il y aura, dans le plan de la
région de Montréal, des réaménagements et des
prolongements de voies rapides. Alors, là aussi, il serait
intéressant et même plus qu'intéressant, il serait
primordial de se pencher sur l'impact de ces réaménagements ou de
ces constructions sur
les déplacements à bicyclette et sur les
déplacements à pied. Par exemple, je pense au prolongement de
l'autoroute 20, boulevard rapide qui va devenir autoroute dans l'ouest de
I'îIe. Les gens qui vivent dans le sud, où on retrouve quand
même une densité de population assez élevée, et qui
veulent se rendre au train de banlieue ou de l'autre côté de la
20, il y a des viaducs et des voies d'accès qui seront construits pour
les automobiles, alors il faut... Habituellement, un viaduc qui franchit une
autoroute, c'est un peu un goulot, alors pourquoi ne pas prévoir,
à ce moment-là, un espace, un corridor de sécurité,
une voie qui permette la traversée sécuritaire des piétons
autant que des cyclistes?
Les prolongements autoroutiers, il y en aura aussi sur la rive sud, vous
en avez parlé tantôt, l'autoroute 30 et tout ça. Là
aussi, des considérations devront être faites, d'autant plus, par
exemple, que les municipalités, toutes les MRC du sud-ouest sont
intéressées au développement de voies cyclables, ont
déjà un projet en plan, sur les tables à dessin et
attendent de voir ce qui va se passer avec l'autoroute 30, où elle va
passer et tout ça. Donc, là aussi, il faudra prévoir des
voies d'accès et des voies de contournement pour les cyclistes pour ne
pas créer des barrières tout à fait infranchissables.
Pour terminer, si on parle de l'intermodalité des
différents modes de transports, on peut voir, par exemple, avec la
construction et la rénovation du pont Viau-Ahuntsic, que, dans ce
quartier, on a un exemple relativement intéressant de ce qu'on peut
entendre par intermodalité entre le vélo et le transport en
commun. On a un pont avec une voie cyclable qui amène une circulation
à partir de l'Île-Jésus, de la ville de Laval, des voies
cyclables en bordure du boulevard Gouin, immédiatement à
proximité de la station de métro, des stationnements pour
bicyclettes à la station de métro. C'est ce qu'on appelle une
complémentarité entre le vélo et le transport en commun.
Cependant, quand on regarde du côté de la station de Longueuil, ce
n'est pas évident de se rendre là en vélo. Pourtant, c'est
un quartier densément peuplé dans ce secteur de la rive sud et on
verrait très bien une forme d'incitation pour les gens à se
rendre au métro en vélo. Sauf que, si vous connaissez les lieux,
ce coin est un véritable carrefour autoroutier et c'est pour les
cyclistes très expérimentés seulement. Le cycliste qui
dirait: Bon, cela va être parfait; je vais faire dix ou quinze minutes de
vélo avant de prendre le métro, cela va me réveiller un
peu ce matin, je pense qu'il ne peut pas y penser.
Même chose, en conclusion pour ma part, quand on parle de
complémentarité, avec les lignes vertes. Vous avez le
réseau de métro et le réseau des trains de banlieue; donc,
avec les trains de banlieue, il y a aussi des municipalités dans l'ouest
de l'île qui sont intéressées à mettre sur pied des
réseaux de voies cyclables, des réseaux d'aménagement pour
donner accès, par exempte, à ces stations de trains. Il y aurait
des moyens d'inciter et de favoriser le déplacement à bicyclette
vers ces stations de trains - ce ne sont pas des mesures complexes - afin de
donner l'occasion ou afin de donner le choix aux gens qui veulent choisir ce
moyen de transport de le faire. En conclusion, François.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Soucisse.
M. Soucisse: M. le ministre, depuis qu'il est question du plan
d'action sur le transport dans la région de Montréal, vous avez
souvent parlé de donner le choix. La question du choix aux citoyens a
souvent été au centre des débats entre l'utilisation de
l'automobile privée et du transport collectif. Ce qu'on veut vous dire,
aujourd'hui, c'est qu'on pense qu'il faut aussi donner le choix aux gens qui
veulent se déplacer à bicyclette de pouvoir le faire, et pour
qu'ils puissent le faire, il faut qu'il y ait un environnement, des
aménagements qui leur permettent de le faire.
Dans ce sens, il y a trois recommandations sur lesquelles on voudrait
insister. La première c'est que, dans toute la mise en place des
travaux, soit privilégié le transport collectif sur le transport
individuel de façon que les constructions d'autoroutes, lorsqu'il y en
aura, ne viennent pas empiéter sur les efforts faits pour le transport
collectif. C'est un élément très important pour les
cyclistes. Les deux autres points concernent plus spécifiquement la
bicyclette. Le premier concerne le soutien financier aux municipalités.
À la fin des années soixante-dix, au début des
années quatre-vingt, le ministère avait un programme d'aide
financière aux municipalités pour la planification et
l'aménagement de voies cyclables. C'est un programme qui a donné
des résultats parfois moins heureux, parfois plus heureux, mais dans
certains cas il y a eu des résultats assez intéressants, et c'est
un programme qui n'est pas étranger à la popularité que la
bicyclette connaît aujourd'hui. Ce programme existe toujours au
ministère, il y a tous les formulaires pour faire les demandes, mais
depuis quelques années, il n'y a aucune somme allouée au
programme. Il y a un travail qui s'est fait, il y a un an passé, par un
comité du ministère qui a terminé des travaux sur la
signalisation des voies cyclables. Vous nous avez confié, aussi, un
mandat concernant les normes d'aménagement des voies cyclables; c'est un
travail qui est en cours, d'ici la fin de l'année on va disposer de
normes renouvelées pour la construction des aménagements
cyclables. Maintenant, ça prend un souffle nouveau au niveau financier.
Je peux vous dire que dans le territoire en question, je ne connais pas une
municipalité qui n'a pas des projets de voies cyclables, des projets qui
sont là. Quand on les contacte, on leur parle des aménagements
existants ou à venir, il y a toujours des projets. Les gens attendent un
soutien financier pour aller de l'avant avec ces projets.
Ce qu'on vous demande aujourd'hui, dans le cadre des investissements du
plan de transport qui se fera sur plusieurs années, c'est de nous
assurer que le ministère soutiendra les municipalités dans la
planification des voies cyclables, comme c'était le cas dans le cadre de
l'option préférentielle de 1978 et de 1983 où le
ministère avait un rôle important à jouer sur ce
plan-là.
La planification des déplacements des cyclistes, nous croyons que
ce sont les municipalités qui doivent la faire, mais nous croyons aussi
que le ministère doit inciter les municipalités à la faire
de façon à s'assurer que, lorsqu'il y a des travaux, tes
municipalités aient déjà fait une planification et
qu'elles pourront dire: S'il y a une autoroute qui passe là, on
prévoit qu'il y ait une voie cyclable qui passe là, donc, en
construisant l'autoroute, on prévoira les aménagements dès
la construction, ou en construisant un pont, on prévoira dès la
construction du pont que les cyclistes pourront s'y déplacer en
sécurité. (18 heures)
L'autre question, c'est: Qui s'occupera de ces choses? Il nous
apparaît primordial qu'il y ait des ressources humaines affectées
à plein temps au dossier de la bicyclette, au ministère des
Transports. On a des exemples, on a un document ici qui a été
fait dans les années soixante-dix sur les besoins des cyclistes dans la
région métropolitaine de Montréal. En le lisant
aujourd'hui, il y a encore des idées qui sont très actuelles. Il
y a des éléments de planification autoroutière que l'on
retrouve dans le plan de transport d'aujourd'hui, mais on a l'impression que
c'est un travail fait à un moment donné au ministère, mais
qu'il n'y a pas de continuité parce qu'il n'y a personne
d'affecté à ce dossier-là à temps plein. On pense
qu'il devrait y avoir des gens qui s'y consacrent à temps plein, de
façon que tous les travaux du ministère qui sont faits soient vus
d'un point de vue cycliste, c'est-à-dire que, si une autouroute est
construite, qu'il y ait des personnes au ministère qui regardent les
projets à la lumière des besoins des cyclistes.
Donc, c'est un point qui nous apparaît important pour que les
travaux qui seront faits ne viennent pas à rencontre des besoins des
cyclistes, mais aussi pour qu'on fasse des économies dans l'ensemble de
ces travaux. Si on construit des autoroutes et qu'il faut refaire les travaux
pour faire passer une piste cyclable, cela demande des investissements
importants. Un bon exemple, c'est la région de l'Outaouais où la
ville de Hull a fait une très grande planification de son réseau
cyclable. Dans les années qui ont suivi cette planification, tous les
travaux du ministère ont dû se conformer aux tracés de
déplacement prévus par la ville de Hull.
M. Garon: M. Soucisse, je désire vous avertir, vous
êtes en train de manger tout votre temps. Si vous voulez avoir quelques
questions de notre part...
M. Soucisse: Je vais conclure là-dessus et je recevrai vos
questions.
M. Garon: J'aime autant vous le dire, parce que je sais que vous
n'avez pas été avisé au début. Cela a
été dit au début de l'après-midi, mais je ne pense
pas que vous ayez été avisé au début de votre
Intervention.
M. Soucisse: Je pensais qu'on nous avertirait.
Le Président (M. Saint-Roch): À ce moment-ci il
reste huit minutes à chacune des formations politiques. Est-ce que vous
voulez conclure, M. Soucisse?
M. Soucisse: Je vais conclure là-dessus. Je vais recevoir
les questions.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie. Alors, M.
le ministre, vous avez huit minutes et M. le député de
Lévis aura la même chose.
M. Côté (Charlesbourg): Merci, M. le
Président. Je pense que c'est une présentation originale qui nous
soulage un peu des véhicules très lourds...
M. Soucisse: ...plus légères.
M. Côté (Charlesbourg): C'est très
dispendieux. C'est Hull...
M. Garon: On est mieux de ne pas leur mettre 0,01 $ le litre,
cependant.
M. Côté (Charlesbourg): C'est une
présentation très originale qui part d'une préoccupation
plus présente maintenant dans l'esprit des gens qui veulent se
transporter. Évidemment, il y a un certain nombre de revendications que
l'on retrouve à la page 12, à la fin de la présentation,
que le transport collectif soit privilégié en termes de
développement pour éliminer tes voitures au centre-ville ou
ailleurs. Il y a une majeure qui est mise là-dessus, en particulier sur
le métro, mais ce sont des solutions très dispendieuses. On va
davantage vers l'examen de solutions alternatives moins dispendieuses, mais qui
vont couvrir beaucoup plus de terrain. Cela devrait aller dans ce
sens-là.
Votre deuxième paragraphe exprime en caractère gras le
souhait que vous avez présenté tantôt. Le ministère
des Transports subventionne des municipalités pour la planification de
réseaux de voies cyclables, la réalisation d'aménagements
cyclables. Je ne cherche pas à cacher qu'il fut un temps où il y
avait plus d'argent dans le programme spécifique de construction de
pistes cyclables. On a donné une certaine orientation qui était
un peu différente en l'intégrant dans plusieurs des ententes que
nous avons signées
avec les municipalités. Je veux juste prendre en exemple le cas
de Beauport où il y a une belle piste cyclable très bien
intégrée au réseau routier de la ville de Québec et
du centre-ville de Québec. Il y a eu l'extension du boulevard Bourg
Royal, et une préoccupation d'inclure une piste cyclable pleinement
sécuritaire et faisant une connexion parfaite avec le réseau
existant.
Elle n'apparaît pas dans les crédits du ministère
comme piste cyclable, mais elle apparaît dans les ententes signées
avec les municipalités dans le cadre de subventions pour le
réseau routier. Il y a de ces initiatives-là. Cependant, je ne
suis pas prêt à ouvrir les vannes du ministère en disant:
II y a des pistes cyclables; c'est nécessaire partout et à
n'importe quelle condition, selon n'importe quelle norme. Je ne pense pas que
ce soit raisonnable. Dans ce sens, ma question n'est pas négative. Il ne
faut pas la prendre comme ça. Je l'ai déjà dit lorsque les
gens de la Communauté urbaine de Montréal sont venus: il y a une
piste cyclable, par exemple, sur Dorchester qui a quand même
été faite à frais assez importants et qui n'est pas
utilisée toute l'année, il faut bien en convenir, à moins
qu'on ne me fasse la démonstration contraire. Quelle est la
période pendant laquelle elle peut être utilisée? Huit
mois? Neuf mois par année ou...
Une voix: Sept ou huit mois.
M. Côté (Charlesbourg): Sept ou huit mois?
M. Pronovost: Dans la région de Montréal, on peut
évaluer que l'utilisation de la bicyclette est possible, d'une
façon très réaliste, entre sept et huit mois par
année, donc près des deux tiers de l'année.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Est-ce qu'il y a
des statistiques qui existent sur la fréquence de l'utilisation? C'est
clair qu'en été les gens vont l'utiliser davantage.
M. Soucisse: Oui. Je dois vous dire que les données statistiques
concernant la bicyclette sont assez limitées. Par contre, sur ce sujet,
un indice qui est intéressant, si on regarde la courbe des accidents de
bicyclette, par exemple, les statistiques qui sont tenues par la Régie
de l'assurance automobile, même si ça ne représente qu'une
partie des accidents de vélo, on voit un peu la proportion d'accidents
qui se produisent au mois de juillet et aux mois d'octobre et novembre. Je n'ai
pas la courbe ici mais, de mémoire, il y a effectivement un plus grand
nombre d'accidents aux mois de juin, juillet et août.
M. Pronovost: C'est une courbe normale.
M. Soucisse: Mais c'est une courbe normale dans les mois du
printemps et de l'automne. On extrapole et on dit que ça reflète
la pratique. Il y a quand même un nombre assez important d'accidents
alors qu'en décembre, janvier et février, ça tombe
à presque rien.
M. Côté (Charlesbourg): Je pose la question parce
que dans certains cas ce sont quand même des immobilisations assez
importantes qui doivent se justifier par l'utilisation. D'après ce que
je pense, vous ne cherchez pas à prouver le contraire.
Si on a pris soin d'intégrer à la dernière
réforme du code la notion et la protection du cycliste, c'est que la
pratique est de plus en plus importante. Avec le tour cycliste de
Montréal, je pense qu'on a réussi à populariser,
grâce au travail que vous avez fait, cette pratique.
M. Pronovost, dans votre présentation, je vous entendais dire
tantôt que presque toutes les villes de l'île, le long de
l'autoroute 30, sont intéressées à avoir des pistes
cyclables.
M. Pronovost: Oui, dans les villes de la région de
Montréal, il n'y a pas un endroit où on ne vous dit pas qu'on a
un projet, que ça fait une couple d'années qu'on a fait ceci,
cela. Évidemment, il y a une façon d'aborder cette question et il
y a des erreurs qu'il ne faut pas répéter non plus. Je vous
donnerai l'exemple des pistes cyclables dans des quartiers résidentiels
comme il en avait été aménagé dans certaines
municipalités, entre autres une municipalité de la rive-sud qui
est Longueuil. Je pense que même à Longueuil, ils ne veulent pas
recommencer ce genre d'affaire. Je pense qu'il y a des façons de
réaliser des aménagements cyclables. D'ailleurs, de plus en plus,
pour nous c'est plus un concept d'aménagement ponctuel qu'on
favorise.
On favorise aussi l'aménagement de voies cyclables qui vont d'un
endroit à un autre pour des déplacements utilitaires ou des
déplacements récréatifs mais aussi des aménagements
ponctuels qui permettent justement de franchir un obstacle. On en voit
beaucoup. Vous allez dans des villes américaines, vous allez en Europe,
etc. Il n'y a pas nécessairement une voie cyclable qui fait 100
kilomètres de long. Simplement dans les villes on a conçu des
aménagements, des espaces qui facilitent la circulation à
bicyclette.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que je dois
comprendre que la priorité devrait être donnée à
l'élimination de ces obstacles, s'il y avait une priorité
à donner?
M. Pronovost: S'il y avait une priorité à donner,
quand on parle, par exemple, des voies autoroutières qui sont
rénovées, des choses comme ça, des voies rapides,
évidemment c'est un problème d'accès ou de franchissement
d'un obstacle. Évidemment, c'est une chose très importante pour
nous.
M. Côté (Charlesbourg): II me reste une minute. J'ai
une autre question. Dans mon esprit,
il est clair qu'il faut continuer de regarder de très près
les normes sur lesquelles vous travaillez où vous êtes
appuyés par le ministère. Cela va devenir très important.
Je sais qu'il y a une propension à demander qu'on pave l'accotement pour
permettre une piste cyclable. Alors, il y a des éléments de
sécurité qui deviennent très importants et qui nous
inquiètent. Dans les normes que vous êtes à établir,
est-ce que vous allez tenir compte de cet aspect?
M. Soucisse: On va traiter de cette question, oui.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. En terminant,
puisqu'il ne me reste pas de temps, il y avait un troisième point qui
était celui de l'affectation d'une personne en permanence pour les
cyclistes en particulier quant au plan de transport et aux impacts qui
prévoient des problèmes. Ce sera fait. M. Hébert, qui est
responsable de l'application du plan de transport pour les parties
autoroutières a Montréal, vous communiquera le nom de la personne
qui sera responsable. Merci.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévis, la présidence a fait une erreur
monumentale en oubliant de demander le consentement pour poursuivre nos travaux
après 18 heures. Alors, je présume qu'il y a consentement pour
qu'on poursuive.
M. Garon: Bien, qui ne dit mot consent.
Le Président (M. Saint-Roch): Alors, vu qu'il y a
consentement, M. le député de Lévis, vous pouvez
poursuivre.
M. Garon: M. le Président, j'ai écouté avec
beaucoup d'attention et j'ai lu votre mémoire, d'autant plus que,
demain, je dois justement assister à une conférence de presse
dans mon comté, dans la Municipalité régionale des Chutes
de la Chaudière qui doit annoncer un projet de réseau de pistes
cyclables. Par le nombre de personnes que j'ai connues dans les
dernières années qui sont mortes en bicyclette, je pense que
ça doit être dangereux de faire du vélo. Je vous crois.
J'ai connu plusieurs personnes qui se sont fait frapper par des automobiles et
qui sont décédées au cours des dernières
années. M. Brochu, qui travaille avec moi, me disait qu'il a
déjà traversé le pont Jacques-Cartier. Il dit qu'il a eu
la frousse de sa vie parce que le pont bouge beaucoup chaque fois qu'un gros
camion passe. Les voitures roulent vite.
Dans votre exposé, vous avez fait une affirmation qui m'a
surpris. Vous avez demandé de prévoir, lors de la construction
d'autoroutes, des pistes cyclables. Est-ce que je me suis trompé? Je
pense que c'est M. Soucisse qui a parlé de cela. Je n'avais pas
l'impression qu'on visait de faire de la bicyclette le long des autoroutes.
M. Soucisse: On ne parle pas d'utiliser l'accotement de
l'autoroute pour faire de la bicyclette. Au moment où on construit une
autoroute, c'est une intervention majeure et il peut y avoir une adaptation
pour la bicyclette sur deux plans. D'une part, les passages qui permettent de
traverser l'autoroute. Puis, dans certaines régions, ce n'est pas
toujours le cas et ce n'est pas nécessairement le lieu le plus
agréable pour faire de la bicyclette, mais dans certains cas, on peut
utiliser l'autoroute un peu comme une rivière. C'est-à-dire que
c'est une ligne qui va d'un point à un autre et on peut, à
l'extérieur de l'autoroute, avoir un aménagement. Souvent, il y a
une route secondaire qui longe et les cyclistes l'utilisent. C'est un peu dans
ce sens.
M. Pronovost: Pour une portion limitée, utiliser l'emprise
autoroutière, comme cela a été fait sur les battures de
Beauport.
M. Soucisse: Par exemple.
M. Pronovost: C'est ça que ça signifie. Mais c'est
plus en termes d'accès ou de traverser cette barrière physique
qui est très importante et parce que, souvent, comme je le disais, les
viaducs sont des goulots d'étranglement, c'est-à-dire qu'on a une
route et on a un viaduc et cela a tendance à rétrécir.
Mais quand on traverse ça à bicyclette ou à pied,
ça devient plus dangereux.
M. Garon: Vous avez parlé de vélo pour des fins
touristiques ou de loisirs et pour des fins utilitaires. Pour les fins de
loisirs, quand on fait le tour de la Gaspésie, j'ai remarqué
qu'il y a beaucoup de gens à bicyclette. Cela doit être
terriblement dangereux parce que, encore là, il n'y a vraiment rien
d'organisé pour les bicyclettes.
M. Pronovost: C'est très beau, le tour de la
Gaspésie.
M. Garon: Pardon?
M. Pronovost: C'est très beau, le tour de la
Gaspésie à vélo.
M. Garon: Oui, oui, mais...
M. Pronovost: Encore là, inconsciemment, le
ministère des Transports, sur certains tronçons de route,
réalise des aménagements pour les cyclistes. La route de la
Gaspésie est actuellement en construction. Chaque année, on
refait un tronçon. De plus en plus, on fait un accotement qui permet un
dégagement de la route, un entretien plus facile mais qui assure aussi
une sécurité accrue pour les cyclistes. Je pense, par
exemple, à tout le secteur de Mont Saint-Pierre où c'est
très beau et très sécuritaire de voyager à
bicyclette.
M. Garon: Surtout le long de la route des quais, la route
où il y a eu des quais qui ont été faits dans la mer.
C'est très récent.
M. Pronovost: C'est exactement ça.
M. Garon: Maintenant, vous avez parlé de la
réduction de la congestion urbaine par la bicyclette, ce serait une des
solutions. Avez-vous des données là-dessus? Je me rappelle, il y
a quelques années, dans les collèges il y avait des supports
à bicyclettes. Aujourd'hui, on voit beaucoup plus des stationnements
pour les automobiles. Est-ce qu'on a des données? (18 h 15)
M. Pronovost: C'est comme je vous le disais tantôt, la
ville de Montréal projette de faire des études dès la
prochaine saison sur l'utilisation de la bicyclette, mais des données
exactes sur l'utilisation de la bicyclette, on n'en dispose pas.
Pour vivre à Montréal, on peut constater, que, depuis cinq
à dix ans, il y a eu une croissance exponentielle de l'utilisation de la
bicyclette, particulièrement dans le centre-ville et dans les quartiers
adjacents au centre-ville, Saint-Henri, le sud-ouest, le plateau Mont-Royal,
etc., le centre sud où il y a une forte utilisation. C'est sûr
qu'on retrouve tous les éléments favorables dans ces quartiers en
termes de dénivellation, de climat approprié. Une habitude s'est
développée à ce chapitre sur l'utilisation de la
bicyclette.
M. Soucisse: M. Garon, si je vous amenais à
Montréal au mois de mai et qu'on allait dans l'environnement de
l'Université du Québec, par exemple, il peut être difficile
de trouver un parcomètre pour garer votre vélo.
M. Garon: Ah, oui?
M. Soucisse: Cela illustre le problème. Oui, il y a
effectivement beaucoup de bicyclettes.
M. Garon: Beaucoup d'étudiants qui vont à
l'université en bicyclette?
M. Soucisse: Ah, oui!
M. Pronovost: Des étudiants, des travailleurs.
Traditionnellement, les étudiants utilisaient beaucoup la bicyclette
pour se déplacer, mais il y a de plus en plus de travailleurs, des gens
qui vont au palais de justice, qui se déplacent à bicyclette.
Cela déborde beaucoup la clientèle traditionnelle aussi.
M. Garon: Quand vous avez évalué le nombre de
vélos à près de 1 000 000 dans la seule région de
Montréal, de quelle façon, l'avez-vous fait?
M. Soucisse: C'est basé sur une règle de trois
à partir du parc. Des statistiques existent sur le parc de bicyclettes
au Québec, qui est d'une bicyclette par deux habitants pour l'ensemble
du Québec.
M. Pronovost: Déjà, en 1977, dans ce document sur
les besoins des cyclistes dans la région de Montréal, un calcul
avait été fait et c'était presque 1 000 000 à ce
moment-là. Donc, quand on dit 1 000 000 dans la grande région de
Montréal, c'est même un chiffre relativement conservateur d'une
certaine façon.
M. Garon: La dernière recommandation de votre
mémoire est qu'un fonctionnaire du ministère des Transports du
Québec soit assigné à temps plein au transport à
bicyclette et aux incidences sur le transport à bicyclette qu'auront les
travaux prévus. Je pense bien que vous n'avez pas tort. Mais, dans les
ministères, on pense souvent les choses de façon plus
traditionnelle. Je me rappelle qu'au ministère de l'Agriculture, il n'y
avait pas beaucoup d'agronomes qui avaient été formés et
qui pensaient en termes d'agriculture biologique. Ils pensaient tous en termes
d'engrais chimiques. Mais on sent qu'il y a une tendance à aller, je ne
sais pas à quel rythme, mais vers une alimentation plus naturelle. Il
fallait toujours être conscient de ça si on voulait aller un peu
dans ce sens-là. Je pense bien qu'au ministère des Transports
aussi ce serait bon qu'il y ait un genre de chien de garde qui dirait aux gens:
Quand il y a des aménagements, pensons aussi... Si c'est fait en
même temps que les plans, c'est facile...
M. Soucisse: C'est ça. Je vais vous donner un exemple
très concret. Je pense que la fonction publique de la ville de
Montréal est sûrement comparable, en termes de dimension, au
ministère des Transports. Une voie cyclable est prévue à
Montréal, sur la rue Rachel, et un pont est sur le point d'être
refait parce qu'il s'écroulait. Un appel d'offres a été
préparé par un service de la ville de Montréal pour la
construction du pont. On n'a pas inclus le fait qu'une voie cyclable passait
là. Depuis qu'il y a un fonctionnaire qui s'occupe a temps plein du
dossier de la bicyclette, cette personne a pu aller à l'information et
faire arrêter le processus de façon qu'on ne construise pas un
pont sans place pour les bicyclettes et qu'on le réaménage par la
suite.
Je pense que, dans l'ensemble du plan de transport, c'est un peu l'effet
des travaux effectués, de voir les conséquences pour les
cyclistes et c'est dans ce sens-là qu'on fait cette recommandation.
M. Garon: Je vous remercie. Vous avez sensibilisé la
commission parlementaire et les
gens qui font les plans de transport à cet aspect de la
circulation. Le ministre a la réputation de devoir quitter les
transports pour s'en aller aux Affaires sociales, alors la bicyclette, c'est
une forme de prévention, puisque les gens, en faisant de l'exercice,
sont en meilleure santé et ça coûte moins cher aux Affaires
sociales.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Lévis.
Je tiens à remercier, au nom des membres de la commission, les
représentants de Vélo Québec pour leur apport au travaux
de notre commission.
La commission de l'aménagement et des équipements, ayant
maintenant accompli son mandat, soit de procéder à des
consultations particulières dans le cadre de l'examen des volets
"développement du réseau autoroutier" et "projets de
développement du réseau de transport collectif" du plan d'action
1988-1998 intitulé: "Le transport dans la région de
Montréal", ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 21)