Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Quinze heures trente et une minutes)
Le Président (M. Parent, Bertrand): Je déclare la
séance de la commission de l'aménagement et des
équipements ouverte. Le mandat de la commission, aujourd'hui, est de
procéder à la vérification des engagements financiers
concernant l'habitation pour les mois de juillet à décembre 1988.
M. le secrétaire, est-ce qu'on a des remplacements?
Le Secrétaire: Non, M. le Président, il n'y a pas
de remplacement.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Pas de remplacement.
Je rappelle donc les ententes qui ont été conclues par le
comité directeur à la suite des consultations auprès des
différents porte-parole concernés et du cabinet du ministre. Il a
été convenu de consacrer une heure trente à la
vérification des engagements financiers concernant l'habitation pour la
période de juillet à décembre 1988.
Réponses déposées
Dépôt de documents. Je pense que des réponses
étaient attendues. Y a-t-il eu dépôt, M. le
secrétaire ou M. le ministre, de documents sur des réponses
attendues?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'indique à ma gauche
que cela a été envoyé. On a fait des vérifications
auprès de l'Opposition et cela n'a pas été reçu. On
est en train de préparer une réexpédition.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Si je comprends bien,
vous avez expédié et...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non pas personnellement, mais on
m'indique que cela a été expédié par le
cabinet.
Le Président (M. Parent, Bertrand):
Avez-vous bien l'adresse du critique? Oui?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, si jamais,
cela ne se rendait pas cette fois-ci, je m'engage à aller les livrer
personnellement à son bureau de Granby.
M. Paré: Avant l'étude des crédits?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quand vous voulez. Aussitôt
que c'est prêt, moi, je n'ai pas...
Le Président (M. Parent, Bertrand): Malgré votre
gentillesse de livrer cela au député concerné, qui est mon
collègue, j'aimerais que vous puissiez suivre la procédure,
c'est-à-dire la livrer d'abord au secrétaire de la commission
qui, lui, va l'acheminer à qui de droit.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Très bien.
Société d'habitation du Québec Discussion
générale
Le Président (M. Parent, Bertrand): Cela dit, on va
procéder aux engagements financiers et on va les appeler dans l'ordre.
Il y a aussi, non pas une directive, mais un avis qui m'est parvenu de
la part du Conseil du trésor relativement à un engagement
financier du mois de juillet 1988 qui concernait la Société
d'habitation. D'après la directive 4-80, il ne semble pas que cet
engagement financier du mois de juillet, l'engagement 2, qui touchait le
Société d'habitation du Québec, devait passer ici.
J'aimerais peut-être qu'on clarifie ce point-là et je demanderais
au député de Shefford de poser les questions pour qu'on
libère cela. Ensuite, on pourra toucher les autres.
M. Paré: Oui.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Moi aussi, j'ai reçu la directive en date
du 13 mars 1989. On nous y dit que, finalement, on n'aura pas à
étudier cet engagement, mais cela peut valoir pour tous les engagements
concernant la Société d'habitation du Québec, étant
donné que cet organisme est autonome.
Ma première question au ministre, parce que, effectivement, il
faut le clarifier, cela voudrait dire... Il faudrait se poser des questions
à savoir si cela vaut la peine de revenir sur les engagements financiers
en matière d'habitation si jamais... C'est ce que cela veut dire, si on
lit cela, et c'est la crainte que j'ai. Est-ce que cela veut dire qu'à
partir de maintenant la Société d'habitation du Québec
n'aura plus jamais à comparaître ici pour rendre compte de ses
faits et gestes?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II ne m'appartient pas d'apporter
une réponse à cette question, M. le député de
Shefford. J'ai reçu, tout comme vous, une directive du Conseil du
trésor. Je tente de la situer dans le contexte de l'évolution
historique des engagements financiers, de vérifier si elle a force de
loi, et si elle l'île cette commission parlementaire.
Je me souviens qu'à l'époque, et vous étiez membre
de l'Assemblée nationale, il y avait une commission parlementaire des
engagements financiers qui étudiait les dépenses de chacun
des ministères, organismes, etc. C'était prévu dans
le règlement de l'Assemblée nationale du Québec.
À la suite de la réforme dudit règlement, c'est devenu
l'attribut de chacun des ministres de venir défendre, dans le cadre des
différentes commissions parlementaires, ses dépenses, ses
engagements financiers. Je ne pense pas que ça ait posé de
problème pratique, tant et aussi longtemps qu'il y avait un
ministère de l'Habitation - si je peux utiliser l'expression - et la
pratique a voulu que depuis la dernière élection, on continue
tout comme s'il y en avait un. Cela n'a jamais été remis en cause
par qui que ce soit, ni du côté ministériel, ni du
côté de l'Opposition officielle.
J'ai reçu cette directive, tout comme vous. Est-ce qu'elle a
force de loi, est-ce qu'elle l'île cette commission? Je pense que la
présidence, si vous êtes d'accord, devrait faire les
vérifications nécessaires. Je vous dis que, personnellement,
quand une société d'État reçoit, en subventions, la
quasi-totalité de son budget - ce sont plus de 200 000 000 $ dans le cas
qui nous concerne -je crois qu'on devrait poursuivre le travail, un certain
contrôle, même s'il se limite strictement au questionnement des
parlementaires. C'est mon humble opinion sur ie sujet. Maintenant, il ne
m'appartient pas de décider si oui ou non...
Peut-être devrait-on avoir une interprétation ou une
directive claire de la part de la présidence, savoir si ça
demeure soumis. Et je vous fais part très candidement de mon souhait, si
ça ne l'est pas, qu'on prenne les mesures nécessaires pour
modifier le règlement, pour que cela le soit, s'il s'agit là du
voeu des parlementaires des deux côtés de la Chambre.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Je suis content de vous entendre faire cette
remarque et je vais joindre ma voix dans ce sens. Je pense qu'on n'a pas le
choix, ce serait inacceptable, surtout depuis que la fameuse loi 137 de
décembre 1987, je crois, a donné tous les pouvoirs en
matière d'habitation à la SHQ. Vous nous dites qu'il n'y plus de
ministère de l'Habitation, non, mais il y a un organisme qui s'occupe de
ça, finalement. On a cédé les pouvoirs, sauf que quand on
donne, non seulement des montants, des budgets aussi importants mais encore
toute la planification, l'orientation, la mise en place des programmes
concernant l'habitation, ce qui est fondamental, ça n'aurait pas de bon
sens, à mon avis, que cet organisme n'ait pas l'obligation de venir
justifier ses dépenses. Et si la SHQ n'avait pas l'obligation de venir
justifier ses dépenses - c'est une autre affaire - K faudrait, au moins,
que nous puissions interroger le ministre responsable de l'habitation.
Qu'est-ce que ça veut dire? Je trouve ça Incroyable. On a aboli
le ministère de l'Habitation pour donner tous les pouvoirs à une
société qu'on dit maintenant autonome, on lui a enlevé,
avec la loi 137, l'obligation, comme on oblige tous les ministères
à le faire, de prépublier ses règlements, et voilà
maintenant qu'on enlève le contrôle total des dépenses.
Cela voudrait dire qu'on parlerait de l'habitation, entre nous, une fois par
année, à l'étude des crédits, non pas pour analyser
les dépenses qui ont été fartes et être capables de
voir si c'est correct, mais juste pour voir si ce qui s'en vient dans
l'année est conforme avec les orientations qu'on se donne. Donc, nous
regardons le futur, mais nous, les parlementaires, n'aurons jamais de
contrôle sur les dépenses, à savoir si elles sont correctes
ou pas, sur des budgets qui dépassent les centaines de millions de
dollars.
Pour mol, en tout cas, c'était la surprise quand j'ai appris
ça. Je trouvais que ça n'avait pas de bon sens. Je me suis dit
que c'était une erreur. C'est pour ça qu'il faut absolument,
à mon avis, que ce soit clarifié. Je ne sais pas d'où elle
vient, mais j'aimerais savoir si cette directive est nouvelle, et pourquoi la
décision a été prise maintenant, alors que depuis la
nouvelle loi 137 créant la Société d'habitation du
Québec avec les pouvoirs actuels, on a toujours procédé
à l'étude des engagements financiers. Voilà que
maintenant, on nous dit qu'on ne parlera plus d'habitation, sauf - au moins,
heureusement, il y a ça - en ce qui concerne la Régie du
logement. Cela revient à peu près à ça. À
l'avenir, nous n'aurons qu'à examiner les gestes posés par la
Régie du logement. Je dois vous dire que c'est aussi important, parce
que ça touche les locataires et les propriétaires. C'est
important, sauf que sur tout le reste - la politique, les orientations, les
programmes d'aide à tous les niveaux - on ne pourra plus, comme
parlementaires, avoir un contrôle sur les dépenses, les
orientations, les gestes posés par une société aussi
importante. Je joins ma voix au ministre pour dire qu'il faut absolument, je ne
sais pas par quel moyen, que nous, les parlementaires, nous soyons capables de
questionner cette société sur ses dépenses.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci, M. le
député de Shefford. Ayant entendu de part et d'autre vos propos,
de même que ceux du ministre responsable de l'habitation, je dois dire
que j'ai l'intention d'aller plus à fond, de clarifier cette situation.
Cette note m'est parvenue juste avant cette séance, un peu à la
surprise de tout le monde. Compte tenu de l'importance et des implications
futures que ceci pourrait avoir sur toute la transparence des débats en
matière d'habitation et sur la vérification des engagements
financiers, je pense qu'il est de mon devoir d'aller plus à fond et de
revenir vous informer. On doit avoir une vision on ne peut plus claire de ce
qui nous a été déposé. J'en prends l'engagement,
surtout qu'il me semble que le ministre soit aussi d'accord et ait la
même préoccupation. Oui, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La base de
votre décision - et je vous soumets bien respectueusement qu'il
s'agit peut-être là plus d'un plaidoyer en droit que d'une
question d'opportunité politique - je pense que ce sont les articles 17
et 18 du règlement de l'Assemblée nationale qui gouvernent nos
travaux. Vous devriez solliciter l'avis de vos jurisconsultes, mais je
réitère la demande dans le même sens que le
député de Shefford et des autres membres ici. La nature de ces
dépenses fait en sorte que si votre décision en arrive à
dire que c'est inclus, nous nous y soumettrons volontiers. Si votre
décision concluait que le libellé des articles du
règlement de l'Assemblée nationale ne le prévoit pas, il
faudrait peut-être, d'un commun accord des deux formations politiques,
prendre les dispositions qui s'imposent pour qu'il y ait des modifications au
règlement de l'Assemblée nationale, pour que ce le soit.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Excellent, c'est
noté. Nous aurons la chance d'y revenir aussitôt que j'aurai
moi-même des éclaircissements de la part du Conseil du
trésor sur cette nouvelle façon de faire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Moi, cela me surprend. Est-ce le
Conseil du trésor qui doit décider - je le dis avec tout le
respect que j'ai pour le Conseil du trésor - de ce qui est soumis dans
le cadre de nos travaux, ou est-ce que cela ne découle pas de la
juridiction, du règlement de l'Assemblée nationale que les
parlementaires se donnent? Je pense qu'il s'agit là de la question de
fond. Est-ce le Conseil du trésor qui décide de ce qui est soumis
ou non aux travaux de cette commission? Si c'est le cas, ça peut
créer de sérieux précédents. Est-ce que ce n'est
pas plutôt le règlement qu'on s'est donné, comme
parlementaires?
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le ministre, je
pense que d'une part, le Conseil du trésor décide actuellement de
la façon dont les engagements sont présentés devant les
commissions, du contenu. Pour un, en tant que parlementaire j'ai souvent
décrié, même avec les changements récents qui ont
été effectués et qui font que, très souvent, on ne
se retrouve plus dans les engagements financiers, les explications, les notes
explicatives. On a décidé, finalement, de nous soumettre cela de
façon très succincte. Il va falloir aussi faire quelque chose
quant au contenu. Je me dois d'aller demander l'avis du Conseil du
trésor, parce qu'il s'agit d'avoir des éclaircissements. Mais si
les deux formations politiques, si les parlementaires décident d'exercer
leurs droits, je pense que cela pourra prévaloir - du moins, je
l'espère - d'une décision à venir. Ceci étant
dit... Oui, il y a un autre commentaire, M...
M. Paré: Juste une petite remarque là-dessus. Peu
importe que la décision vienne de l'Assemblée nationale ou du
Conseil du trésor, mais advenant que cette directive doive être
suivie, à cause de la nature donnée à l'organisme,
à la Société d'habitation du Québec...
HydroQuébec vient, une fois par année, rencontrer les
parlementaires... C'est là qu'il faut faire attention... On n'a
pas à calculer de la même façon parce que ce sont des
sociétés d'État. N'a-ton pas donné à la
Société d'habitation du Québec un statut qui fait en
sorte qu'on se ramasse avec ce qu'on découvre? Est-ce que vous seriez
prêts, étant donné que vous avez reconnu qu'il est
impensable et injustifiable que des montants aussi importants soient
dépensés sans que nous puissions les analyser, est-ce que vous
seriez prêts, advenant qu'on ne puisse pas modifier le règlement
de l'Assemblée nationale ou rendre la Société d'habitation
du Québec comptable devant nous en fonction de ces articles, à
voir quelles modifications pourraient être appportées à la
loi 137 ou au statut de la Société d'habitation du Québec
pour la rendre légalement redevable de ses dépenses à la
commission parlementaire? (15 h 45)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense qu'il y a des
distinctions fondamentales entre la SHQ et l'exemple que vous me donnez,
HydroQuébec. Je pourrais ajouter d'autres exemples, dont la CSST. Ce
sont des organismes qui ont des revenus autonomes. Ce sont des organismes qui
perçoivent. Hydro-Québec se finance à même ses
tarifs, la Commission de la santé et de la sécurité du
travail, la CSST, également, par les tarifs qu'elle charge aux
employeurs. Il y a une distinction à faire entre ces
sociétés qui ont des revenus autonomes et qu'on contrôle
par différents moyens. Il n'y a qu'une société dont
l'unique source de revenus est une subvention gouvernementale annuelle, qui
dépense l'argent que le gouvernement perçoit par ses impôts
et où le contrôle parlementaire se doit d'être beaucoup plus
direct. Je pense que, dans un premier temps, ce qu'on doit faire, c'est
demander au président de vérifier le bien-fondé et
l'autorité légale de cette commission pour agir. D'après
la réponse du président, nous aviserons dans le sens, par
exemple, à moins que j'aie des sons de cloche divergents, qui semble
faire l'unanimité d'un côté comme de l'autre. Nous
apporterons les modifications nécessaires, si modifications y y a lieu,
là où il y a lieu, pour que la Société d'habitation
du Québec demeure comptable, sujette au contrôle des
parlementaires.
Régie du logement Août 1988
Le Président (M. Parent, Bertrand): Alors, cela va pour
tout le monde? J'appelle donc les engagements financiers qui touchent
l'habitation pour le mois d'août 1988. Il s'agit de l'engagement 2.
Régie du logement. "Contrat négocié pour l'achat de deux
unités de disques IBM. M.
le député de Shefford.
M. Paré: Cela va. Vérifié.
Le Président (M. Parent, Bertrand): L'engagement 2 est
donc vérifié. J'appelle l'engagement 3, toujours au mois
d'août 1988. "Contrat pour l'impression de quelque 3 000 000
d'exemplaires du bail de la Régie du logement. "
M. Paré: Ici, je voudrais... Je ne sais pas si je suis
hors d'ordre, mais vous allez me le dire si je le suis. De toute façon,
je pose la question et j'aurai une réponse si vous pensez que c'est le
moment de l'amener. Quand on a adopté la loi 87 sur la conversion en
copropriété, on a modifié le Code civil et aussi
différentes choses pour donner plus de pouvoirs, plus de
responsabilités, plus d'obligations à la Régie du
logement. Entre autres, il y avait le volet information. On s'était
engagé à donner plus d'information aux citoyens et à
mettre sur pied des guichets pour que les citoyens soient informés de
leurs droits et de toutes leurs possibilités. On avait aussi
donné à la régie le mandat - on l'avait dit, en tout cas,
de part et d'autre - de suivre de très près les conversions et
même d'être en mesure de nous dire assez rapidement s'il s'en
faisait, où il s'en faisait pour être capable d'évaluer.
Comme il y a des secteurs, des quartiers, des municipalités où
ça peut aller plus vite, on se disait que la régie pourrait
suivre cela, étant donné qu'elle a un contrôle. Il doit y
avoir des demandes, il y a un contrôle. La régie serait
normalement en mesure de nous dire, de nous donner, de façon
régulière, le portrait de la situation. Comme, ici, il est
question des exemplaires du bail, J'ai envie de demander si la régie est
en mesure maintenant de nous répondre sur le mandat qu'on lui avait
confié par la loi 87 en ce qui concerne l'information, les guichets
d'information pour les citoyens et le suivi des conversions? Est-ce
qu'aujourd'hui, on est en mesure de nous donner le portrait, la situation
actuelle, face à ces trois responsabilités qui avaient
été données à la Régie du logement?
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quant à l'information comme
telle, je pense que le contenu de la loi établissant deux
régimes, l'un pour Montréal, l'autre pour l'extérieur de
Montréal, était d'une telle clarté, d'une telle
limpidité qu'à peu près tout le monde y a
été sensibilisé, strictement par le biais des
médias électroniques, écrits, etc. Il n'y a pas eu de
programmes spéciaux...
Une voix: C'est-à-dire qu'on a publié des brochures
d'information à l'intention des municipalités et du public en
général aussi pour...
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... sauf les brochures qui ont
été imprimées et dont on a traité à
l'occasion des derniers engagements financiers. Maintenant, en ce qui concerne
le bilan que vous demandez, la régie compte bien le faire, mais à
compter d'une pleine année de mise en application de la loi et la
première pleine année, à cause des six premiers mois
où il y avait des règles différentes, va se terminer en
Juillet 1989.
M. Paré: Et les guichets pour personnes âgées
qu'on devait installer pour être capable d'informer spécialement
cette clientèle?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On a fait mieux que ce qui avait
été promis. Plutôt que d'aller strictement vers la
création de certains guichets spécialisés où les
gens auraient pu obtenir l'information, on a donné des cours de
formation à l'ensemble des préposés aux renseignements, ce
qui fait que vous pouvez vous présenter à n'importe quel bureau.
La formation reçue par la personne qui vous répondra permet de
répondre aux besoins spécifiques que vous soulevez dans votre
question.
M. Paré: Si je me rappelle bien, par exemple,
c'était dans la loi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ouf!... M. Paré: Non?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je serais surpris...
M. Paré: C'était seulement dans les intentions.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... qu'une telle... Je
n'étais pas là à l'époque.
M. Paré: D'accord. C'était seulement dans le
document. Une dernière question là-dessus. D'accord, on va avoir
une image des conversions un an après la mise en vigueur de la loi. Vous
avez dû en découvrir. Je suis allé voir. Encore
dernièrement, c'était dimanche après-midi, j'étais
à Montréal. J'ai fait le tour. On voit dans certaines rues, comme
Saint-Hubert, en tout cas, dans ce coin potentiellement transformable en
copropriété, des édifices qui ne sont pas neufs, qui sont
en transformation et sur lesquels on peut lire: 'Condos à vendre*.
Comment pouvez-vous m'expliquer que ça arrive à Montréal
alors que c'est défendu? À ma connaissance, Montréal n'a
pas encore émis de directives permettant que ça se fasse.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On me dit que c'est possible que
vous l'ayez vu. Effectivement, il y a certaines de ces pancartes. Cependant, on
me dit qu'il y a toute une différence
entre ce qui vous est représenté sur la pancarte et le
produit qui est sur le marché. De façon pratique, c'est de la
copropriété indivise qu'on vend et vous n'avez pas le droit
d'évincer les locataires. Oui, vous avez vu les pancartes, sauf que le
produit annoncé n'était pas en arrière de la pancarte.
M. Paré: C'est encore un petit truc qui se continue.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est un petit truc qui se
continue... L'objet de la loi est de protéger le locataire. Si le
locataire n'est pas atteint, l'objet de la loi... On ne peut pas empêcher
quelqu'un de mettre une pancarte. S'il ne livre pas sur le marché le
produit qui est défendu par la loi...
Le Président (M. Parent, Bertrand): Pour autant qu'elle
soit en français.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour autant qu'elle soit en
français.
Le Président (M. Parent, Bertrand): "Pancarte", je ne suis
pas sûr que ce soit français, mais...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Condominium, est-ce que c'est...
En tout cas, condo.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Est-ce que cela
répond à vos questions, M. le député de
Shefford?
M. Paré: Oui. En tout cas, ça éclaire,
mais... Je reviens quand même là-dessus.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Allez au-delà de la
pancarte, au-delà des apparences. À votre prochain voyage
à Montréal, allez cogner à la porte et vérifiez le
produit, pour qu'on s'assure bien qu'on parle de la même chose.
M. Paré: Bien...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La régie m'assure que le
produit en arrière de la pancarte ne correspond pas à
l'annonce.
M. Paré: Je ne veux pas le faire, je veux savoir si la
régie le fait. On avait dit que, de ce côté-là, la
régie serait vraiment très attentive à ce qui se passe et
surveillerait, parce que nous avions peur que ça
s'accélère, ou du moins, que ça se continue. Quand je vais
me promener dans les rues de Montréal, dans certaines rues, je vous dis
que je n'ai pas l'impression que cela a diminué beaucoup, mais que
ça continue. En tout cas, quand les locataires voient: condos à
vendre... Vous me dites que c'est de la fausse représentation ou, en
tout cas, qu'on ne met pas que c'est Indivise. Pour moi, c'est un condo
à vendre, c'est un immeuble qui a plus de cinq ans, qui est
là, en train d'être rénové qui subit des
transformations majeures pour devenir un condo. On voit ça. Vous nous
dites qu'on aura un portrait en juillet, est-ce que la régie suit ce qui
se passe et si oui, de quelle façon? Est-ce par vérification,
à la suite de plaintes seulement? Est-ce qu'il y a une
façon quelconque... Quelle façon utilise-t-on pour donner un
suivi et être en mesure de nous donner, en juillet, un compte rendu de ce
qui se passe?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On me dit qu'il n'y a pas de cas
pratiques qui ont été portés à la connaissance de
la régie. Celle-ci suit le dossier de près. Vous avez dans le
coin de Montréal également des groupements qui sont très
actifs. Maintenant, si vous avez, quant à un immeuble précis, une
plainte à faire stipulant que la loi n'aurait pas été
appliquée, on demeure ouvert à recevoir vos plaintes, qui seront
traitées le plus rapidement possible, mais au moment où l'on se
parle, ce qui se fait serait légal et il n'a pas été
porté à la connaissance de la régie de situations, de
conversions illégales. Maintenant, si vous avez des cas, ne vous
gênez pas.
M. Paré: Mais, en fonction des deux interventions que vous
venez de faire, M. le ministre, on va être en mesure de nous donner une
image en juillet, mais au moment où l'on se parle - on est quand
même rendu à la fin mars - on n'a rien de relevé, et on ne
fait pas d'échantillonnage. Donc, peu importe qu'il y en ait, qu'on
passe par l'indivise ou même que cela se fasse parce que les locataires
ne se sont pas plaints parce qu'ils ont été évincés
ou autre chose, on ne sera pas en mesure de nous donner un portrait réel
en juillet.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si jamais il y avait eu un cas
illégal, camouflé, qui n'aurait jamais été
porté à la connaissance de la Régie du logement du
Québec ou des autorités du ministère, qui serait
passé et qu'on n'aurait pas vu, qui n'a été
dénoncé ni par les locataires, ni par les groupements de
locataires, ni par les voisins, ni par le député de Shefford qui
est allé marcher, on ne le sait pas. On n'est pas pour mettre un gardien
à la porte de chacun des appartements. On prend toutes les
précautions pour que la loi soit appliquée. On a toutes les
raisons de croire que la loi, au moment où nous nous parlons, est
généralement bien appliquée. Vous soulevez des cas
d'exception possibles; nous vous ouvrons la porte. Nous vous disons: Si vous
avez un cas d'exception, communiquez-le-nous, s'il vous plaît. Cela me
fait penser aux questions d'un autre député du Parti
québécois sur le travail au noir dans l'industrie de la
construction. Il voulait savoir où cela se faisait, à quelle
heure et par qui. Par définition, ce n'est pas quantifiable, parce que
cela ne serait plus du
travail au noir si on le savait, parce qu'on l'aurait
arrêté. C'est la même chose en ce qui concerne les cas que
vous dénoncez. On peut les vérifier si vous avez... Sur quelles
rues, dites-vous?
M. Paré: Je me rappelle qu'en commission parlementaire, on
était capables de cibler les quartiers les plus susceptibles
d'être touchés, non seulement les plus susceptibles, mais les
quartiers qui étaient effectivement touchés par la conversion, le
Plateau-Mont-Royal, avec ce qui tourne autour, en est un. J'aurais cru, avec ce
que l'on avait dit en commission parlementaire, qu'il y aurait au moins un
genre de territoire cible où on ferait une espèce
d'échantillonage ou de vérification. Il semblerait que tout ce
que la régie fait, c'est d'attendre des plaintes. S'il n'y a pas de
plainte, on ne va pas vérifier. Donc il pourrait s'en faire et... Vous
comparez cela avec le travail au noir. Je dois vous dire que la comparaison est
très boiteuse. Le travail au noir est fait à l'intérieur,
ou en tout cas, c'est plus difficile, cela prend... Et vous trouvez même
des inspecteurs pour cela. Pour les conversions, alors qu'on les affiche
à l'extérieur, vous me dites que cela doit être parce
qu'ils passent par l'indivise. Même l'annonce est fausse.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous faire encore une
meilleure offre. Dites-nous où, on va aller vérifier votre
pancarte, on vous fera un rapport, M. le député, et on vous dira
combien a coûté votre vérification. Je n'ai pas d'objection
à la faire. On est ouvert à cela. Les informations dont on
dispose à la régie, font état que dans le secteur que vous
nous avez identifié, oui, il y a des pancartes, mais elles n'annoncent
pas le produit. On est déjà au courant de cela. Si vous pensez
qu'on se trompe dans notre évaluation, que la pancarte est vraie et
qu'il se fait des choses illégales - c'est annulable de toute
façon par la régie s'il s'en est fait et nous sommes d'opinion
qu'il ne s'en fait pas - on va aller vérifier de nouveau, pour vous
ré-ré-réassurer que ce n'est pas cela. Si vous n'avez pas
confiance dans la réponse qui vous est communiquée
présentement, on n'a pas de problème avec cela.
M. Paré: Vous êtes en train de dire que c'est encore
un problème d'affichage. Ce n'est pas une bonne année pour
cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous n'avons pas
réglementé cet affichage, peut-être qu'on le devrait. Si
vous avez des suggestions de règlements, communiquez-les-nous, M. Filion
le fait dans le domaine de la langue, vous pouvez le faire dans le domaine de
l'habitation.
M. Paré: Je ne vous dis pas non.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Est-ce
que cet affichage est sous votre contrôle ou celui de
votre collègue le ministre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Peut-être sous celui de
l'Office de la protection du consommateur. Je ne le sais pas.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Est-ce que cela
répond à vos questions, M. le député de Shefford,
concernant l'engagement 3?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui mais là, qu'est-ce
qu'on fait? Est-ce qu'on envoie quelqu'un vérifier? Je veux qu'on sort
clair. Est-ce que les explications satisfont l'Opposition ou s'il faut faire
une autre vérification? Je suis ouvert.
M. Paré: Je ne mettrai pas votre parole en doute, M. le
ministre. Donc, vous me dites que ces annonces seraient un peu de la fausse
représentation, mais que cela ne pénaliserait pas les
locataires.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):.. que c'est Illégal et que
cela ne permet pas l'éviction des locataires.
M. Paré: Bon, mais si j'ai des cas... Je peux vous dire
quelque chose. Les groupes que j'ai rencontrés, disent qu'effectivement,
a leur avis, cela continue. J'essaierai de vous trouver ou de leur demander
d'envoyer aux bons endroits les cas qu'ils sont capables d'identifier.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Qu'ils nous les envoient le plus
rapidement possible. Je vous invite également à suivre de
près la nouvelle politique d'habitation qui a été
déposée par la ville de Montréal quant à cet aspect
puisque vous semblez vous y Intéresser très
particulièrement.
M. Paré: C'est dommage que je ne puisse pas vous parler de
politique d'habitation...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'y a pas de
problème.
M. Paré:... l'autre engagement n'est pas discutable.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On peut se reprendre au Salon
bleu.
M. Paré: Même pas sur le coup d'oeil, mais sur la
perception réelle des choses, c'est quand même embêtant. Je
vais vous dire que j'ai même trouvé cela choquant de me promener
dans les rues de Montréal. On a dit, par la loi 87, qui n'y aurait pas,
à Montréal, de conversion d'anciens édifices en
copropriétés; on se promène dans les rues de
Montréal et on voit 'condos à vendre*. L'interprétation,
l'idée que les gens se font de la justice, c'est que la loi est faite
pouf
être respectée. On se promène et on voit "condos
à vendre" dans des vieux édifices en transformation, on se dit:
Qu'est-ce qui se passe, bon Dieu? ii y a une loi qui dit que c'est
défendu et regardez-moi cela, sur le Plateau-Mont-Royal. On est encore
en train de voir ce que la loi est sensée défaire. Je ne sais pas
comment on peut faire pour que ce soit peut-être plus clair et les
obliger sur les panneaux... Mais on n'annonce pas des tomates quand on vend des
bananes...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II faut également faire
attention au dogme. Mme la , présidente me disait que lorsque vous avez
un vieil immeuble, qu'il n'y a plus personne dedans et qu'on refait, on a le
droit à ce moment-là. Il peut y avoir des cas où c'est
totalement légal que ce soit comme cela.
Le Président (M. Parent, Bertrand): S'il y a des cas
douteux, si j'ai bien compris, le député de Shefford ou les
groupes concernés les porteront à votre attention, M. le
ministre, afin que vous puissiez suivre de très près ce qui se
passe en réalité sur le marché. Alors, j'inviterais le
député de Shefford à porter ces cas à l'attention
du ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II faut être conscient sur
le plan des perceptions. Je comprends un peu la réaction du
député de Shefford. On vote une loi, on se fait de la
publicité, on dit aux gens qu'il n'y aura plus de transformation en
condos à Montréal, on s'y promène et on voit des affiches
"Condos à vendre", il faut être prudent. Oui, je pense que le
message est là. Il faut être prudent, mais il faut
également être conscient - c'est encore Mme la présidente
de la régie qui me donnait l'exemple - que de vieilles écoles
sont transformées en condos. Vous allez en avoir d'autres et vous allez
voir d'autres panneaux affichant "condos à vendre". Donc, tant que la
loi ne sera pas modifiée, le message ne sera jamais: "pas de condos
à vendre sur l'île de Montréal". Qu'est-ce qui va arriver
maintenant? Cela dépendra des décisions que la ville de
Montréal prendra, vous allez peut-être avoir plus de pancartes
aussi, je ne le sais pas.
M. Paré: Est-ce que je suis bien informé en disant
qu'au moment où l'on se parle, la ville de
Montréal n'a pas adopté de règlement le
permettant?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous êtes bien
informé, sur ce point.
M. Paré: Donc, c'était cela qui était, en
tout cas, ma surprise.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Maintenant que la
commission est bien informée sur ce point, l'engagement 3 du mois
d'août 1988, concernant l'habitation, est maintenant
considéré comme vérifié. Cela va, M. le
député de Shefford?
M. Paré: Cela va.
Le Président (M. Parent, Bertrand): En ce qui
concerne...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...les imprimeries pour se rendre
jusque-là.
Le Président (M. Parent, Bertrand): ...le mois de
septembre, il n'y en a pas
Octobre
En ce qui concerne le mois d'octobre, j'appelle l'engagement financier
numéro séquentiel 636897, l'engagement 1, pour 42 000 $. C'est un
contrat pour l'impression de chemises. Est-ce que vous avez des questions, M.
le député de Shefford?
M. Paré: Cela doit être des belles chemises! M.
Paradis (Brome-Missisquoi): À pois. M. Paré: Pas de
question.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Le ministre en porte
même une. Donc, l'engagement financier 1 d'octobre est maintenant
vérifié. Cela complète les engagements financiers pour le
mois d'octobre.
Pour ce qui est des mois de novembre et décembre, il n'y a pas
d'engagement financier en matière d'habitation. Alors, à moins
qu'il n'y ait d'autres questions ou commentaires, les engagements financiers du
ministre responsable de l'habitation pour les mois de juillet à
décembre 1988 sont donc vérifiés. Il n'y a pas d'autres
questions? M. le député de Shefford? M. le ministre?
M. Paré: Juste un petit commentaire...
Le Président (M. Parent, Bertrand): Un petit commentaire,
oui.
M. Paré: ...pour remercier les gens de la régie et
le ministre, tout en espérant qu'on va avoir une réponse
rapidement à l'interrogation qu'on avait au tout début de la
commission.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si je comprends bien, sur le plan
du cheminement de nos travaux, il n'y avait qu'un engagement qui était
prévu? Donc, si jamais la réponse était positive, nos
travaux ne seront quand même pas trop retardés.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Non, on pourra faire
cela avant le déjeuner, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Comme vous le voulez, M. le
Président, je suis à votre disposition et à la disposition
de la commission.
Le Président (M. Parent, Bertrand): La commission de
l'aménagement et des équipements ajourne donc ses travaux sine
die. Merci.
(Fin de la séance à 16 h 5)