Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures dix minutes)
Le Président (M. Houde): La commission permanente de
l'aménagement et des équipements est maintenant ouverte. Le
mandat de la commission, pour cette séance, est de procéder
à l'étude des crédits budgétaires du
ministère des Affaires municipales, programmes 1 à 7, pour
Tannée financière 1989-1990. Est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. M. Saint-Roch
(Drummond) est remplacé par M. Houde (Berthier).
Le Président (M. Houde): Merci. Je donne donc la parole
à M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Pierre
Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, messieurs
les députés, étant convoqués pour procéder
à l'étude des crédits du ministère des Affaires
municipales du Québec, je profiterai de l'occasion qui m'est offerte
pour tracer un bref bilan de ce qui s'est fait au sein de ce ministère
au cours du dernier exercice financier.
Avant d'entreprendre un tel exercice, il m'apparaît important de
vous rappeler qu'à la lumière des trois années et demie
d'administration libérale nous pouvons prétendre, sans l'ombre
d'un doute, que les gestes qui ont été posés de la part du
gouvernement du Québec auprès des 1500 municipalités, des
95 MRC et des trois communautés urbaines et régionale visent un
objectif que nous nous sommes fixé, soit de travailler dans le sens de
la promotion, de l'épanouissement et de l'avancement des
différents Intervenants municipaux et des municipalités du
Québec. Pour un développement harmonieux des
municipalités, nous avons eu constamment à l'esprit un principe
qui nous est cher: l'autonomie de développement et de gestion des
municipalités.
Le projet de loi 90, qui a été adopté en
décembre 1988, traduit la volonté du gouvernement de s'assurer
que les nouvelles dispositions fiscales sont de nature à stabiliser le
régime fiscal municipal et ce, dans un souci constant d'autonomie des
municipalités. Cette pièce législative constitue un
élément marquant de la fiscalité municipale et
représente une bonification de la réforme de la fiscalité
municipale introduite en 1980.
Le projet de loi 90 vise notamment les objectifs suivants: favoriser de
façon permanente la stabilisation du régime fiscal municipal,
améliorer la qualité des rôles d'évaluation et
favoriser un désengorgement des plaintes devant le Bureau de
révision de l'évaluation foncière du Québec,
permettre une meilleure planification fiscale et budgétaire pour les
municipalités et pour les contribuables; alléger la taxation
municipale pour certains contribuables municipaux et, finalement, assurer une
plus grande flexibilité en matière de gestion municipale.
Pour ce faire, les mesures contenues au projet de loi confirment cette
orientation générale. Parmi ies mesures proposées,
rappelons brièvement que les nouvelles mesures touchant le rôle
triennal confirment la volonté du gouvernement de s'assurer d'une
qualité accrue des rôles d'évaluation, tout en permettant
une plus grande souplesse pour la mise en oeuvre des rôles triennaux. \\
s'agit d'un changement majeur qui découlait de la
nécessité de revoir les dispositions obligeant les
municipalités à procéder à la confection annuelle
des rôles d'évaluation. En effet, cette contrainte annuelle
mettait en évidence deux lacunes majeures du régime: le
rôle annuel d'évaluation conduisait à des variations
brusques dans les valeurs des propriétés en milieu immobilier
actif et imposait un carcan aux municipalités dont le marché
immobilier était relativement stable.
Afin d'atteindre les objectifs d'atténuation ou même
d'élimination du phénomène des hausses brusques
d'évaluation municipale, les principales mesures adoptées
à l'égard du rôle triennal se résument à
l'instauration des rôles d'évaluation triennaux au sein de toutes
les municipalités locales d'ici à 1992, sauf à la
Communauté urbaine de Montréal où la mesure est
obligatoire dès 1989, à l'étalement facultatif des
variations de valeurs pour toutes les municipalités locales jusqu'en
1990 et, à partir de 1991, à l'étalement obligatoire pour
ies municipalités de 5000 habitants et plus et pour celles membres des
communautés urbaines et régionale.
En terminant, soulignons que l'ampleur de cette pièce
législative a témoigné de la volonté du
gouvernement de s'assurer d'une fiscalité municipale adaptée aux
besoins des municipalités et ce, en conformité avec le principe
d'une autonomie municipale pîus développée.
Notre gouvernement est particulièrement satisfait de l'adoption
du projet de loi 109, Loi sur le régime de retraite des élus
municipaux, qui établit un nouveau régime de retraite pour les
maires et les conseillers municipaux du Québec. Résultat des
négociations entreprises depuis plus de cinq ans entre le
ministère des Affaires municipales et les représentants des
unions des municipalités du Québec, cette loi, qui a
été adoptée en décembre 1988, répondait
à des revendications de la part des élus municipaux,
revendications faites depuis 1981.
En effet, ils ont maintes fois exprimé leur insatisfaction
à l'endroit de l'ancien régime qui
soulevait de nombreuses critiques: il ne constituait pas un plan
adéquat de remplacement de revenu à la retraite; la pension
n'était pas déterminée en fonction de la
rémunération, mais dépendait des aléas du taux
d'intérêt à la date de la retraite; elle n'était pas
Indexée pour tenir comme des hausses du coût de la vie, elle
n'était pas réversible au conjoint; les conditions de rachat
prévues par le régime étaient trop restrictives.
Bref, ce régime datant de 1975 ne répondait plus aux
besoins des élus municipaux. Dans le régime que nous avons
proposé, trois objectifs nous ont guidés: assurer aux élus
municipaux, particulièrement ceux qui se consacrent à temps plein
à leurs fonctions, un plan de remplacement de revenu adéquat pour
la retraite; respecter les droits acquis des élus participant au
régime actuel et respecter l'autonomie locale dans la mise en oeuvre du
régime.
Par la présentation du projet de loi 109, le gouvernement a
démontré qu'il était d'avis que les élus municipaux
ont droit à un régime de retraite capable de répondre
adéquatement à leurs besoins, leur accordant des prestations
basées sur la rémunération plutôt que sur leur
âge à l'adhésion et sur la performance des gestionnaires de
leur caisse de retraite.
Alors que tes élus municipaux avaient besoin d'une certaine marge
de manoeuvre quant à certaines dépenses accessoires à
leurs fonctions, le gouvernement a présenté un projet de loi sur
le traitement des élus municipaux, projet de loi qui a été
adopté en juin 1988. Cette nouvelle loi contient des dispositions qui
maintiennent le principe d'une rémunération annuelle minimale
basée sur un calcul cumulatif par taille de population de la
municipalité, prévoient également des montants quant au
maximum de la rémunération qu'un membre d'un conseil municipal
peut recevoir, distinguent la rémunération et l'allocation de
dépenses qu'un élu peut recevoir et stipulent qu'un conseil
municipal a la responsabilité de décider de la
rémunération de ses membres. Fort bien reçue par les
intervenants du monde municipal, cette nouvelle loi constitue un autre
élément qui témoigne de la volonté du gouvernement
de traiter les élus municipaux convenablement, à la hauteur des
responsabilités fort importantes de leurs fonctions.
Un des objectifs de notre gouvernement était celui de
réviser l'ensemble de la législation municipale dans le but
d'adopter un code générai s'appliquant aux municipalités
québécoises.
Ce code unique veut remplacer le double système qui existait
jusqu'à présent et qui tirait sa source de la distinction faite
entre un monde rural régi par le Code municipal du Québec et un
monde urbain régi par la Loi sur les cités et villes.
Après plusieurs tentatives infructueuses, il nous est apparu
urgent de procéder à un examen complet du droit municipal, afin
de simplifier une législation complexe et parfois désuète.
Le manque de certitude et les difficultés d'interprétation
causées par la surabondance des règles de droit pouvaient
provoquer des problèmes chez ceux qui doivent appliquer ou faire
respecter le droit dans ce domaine.
Devant l'ampleur de la tâche, il a été
décidé qu'il serait plus sage de répartir la
matière à traiter en plusieurs sujets. Six grands thèmes
correspondant chacun à un livre du futur code des municipalités
du Québec ont été identifiés. Ces livres sont
adoptés un à un, au fur et à mesure de la progression de
nos travaux de révision.
Jusqu'à la fin de l'année 1988, deux de ces projets de loi
ont reçu l'assentiment de l'Assemblée nationale. Tout d'abord, on
se rapelle que la Loi sur les élections et les référendums
dans les municipalités a été adoptée le 23 juin
1987 et est applicable à toutes les municipalités du
Québec depuis le 1 er janvier 1988.
Le deuxième volet de la révision portait pour sa part sur
l'organisation territoriale municipale. Ce projet de loi a été
adopté par l'Assemblée nationale en juin 1988 et cette loi est
applicable aux municipalités depuis le 1er janvier 1989. On doit
désormais s'y référer pour toute question relative
à la constitution, au nom ou au changement des limites territoriales
d'une municipalité. Les règles concernant les annexions ou les
regroupements des municipalités locales se trouvent également
dans ce deuxième volet.
Les quatre autres volets sont en voie de préparation. Ce travail,
des plus laborieux et des plus minutieux, a reçu et reçoit
toujours une attention spéciale de la part de notre gouvernement. Nous
sommes convaincus qu'une révision du droit municipal qui permettra une
simplification d'une législation complexe et quelquefois
désuète ne pourra qu'être bénéfique pour le
monde municipal.
En outre, mentionnons que deux projets de loi attendus depuis longtemps
ont été adoptés par l'Assemblée nationale. Il
s'agit du projet de loi créant la municipalité de Canttey et du
projet de loi concernant la municipalité
Côte-Nord-du-Golfe-Saint-Laurent. L'adoption de ces deux projets de loi
répondait aux attentes des milieux concernés.
Par ailleurs, l'Assemblée nationale, comme à l'habitude, a
adopté différents projets de loi privés concernant le
monde municipal. Mentionnons, entre autres, les projets de loi modifiant les
chartes des villes de Québec et de Montréal.
Le gouvernement, soucieux des besoins des municipalités et de la
population du Québec, a lancé en 1988 le nouveau programme d'aide
financière à l'intention des municipalités qui doivent se
doter d'équipements pour solutionner leurs problèmes
d'approvisionnement en eau et d'évacuation des eaux usées.
Depuis plusieurs années, le gouvernement avait mis à la
dispositions des municipalités des programmes d'aide financière
leur permettant de
se doter d'infrastructures d'aqueduc et d'égout. Malgré
l'existence de ces programmes, on constatait que plusieurs municipalités
étaient toujours aux prises avec de sérieux problèmes
d'approvisionnement en eau et d'évacuation des eaux usées. Pour
solutionner cette situation, le nouveau programme d'aide aux infrastructures
d'aqueduc et d'égout, qui s'adresse aux municipalités de moins de
7500 habitants, a été créé. Ce programme
répond à des besoins largement ressentis par ces
municipalités qui ne disposent pas, pour la plupart, de revenus fonciers
suffisants pour faire l'acquisition de tels équipements.
Le programme AIDA comporte quatre volets: mise en place et acquisition
d'équipements; recherche d'eau souterraine; recherche de fuites et
amélioration d'équipements. Un budget de 50 000 000 $ est
consacré au programme pour une période prévue de cinq
ans.
Quelque 1350 des 1500 municipalités du Québec peuvent
être éiigibies au nouveau programme. De ce nombre, environ 600
n'ont pas de réseau d'aqueduc et 750 ne possèdent pas de
réseau d'égout.
Signalons rapidement qu'en date de la semaine dernière, soit le 7
avril, le nouveau programme AIDA a suscité une quantité de
demandes que l'on pourrait qualifier de considérable. Ainsi, depuis sa
création, le nouveau programme a fait l'objet de demandes provenant de
385 municipalités.
En ce qui concerne les schémas d'aménagement, les
municipalités et les municipalités régionales de
comté se sont vu confier et ont entrepris, il y a une dizaine
d'années, une tâche d'envergure qui va affecter chacun des
citoyens du Québec dans sa vie quotidienne. Ces municipalités
régionales, en collaboration avec les municipalités, ont
terminé, dans l'ensemble du territoire, l'adoption en 1988 des
schémas d'aménagement. Quelque dix ans après le
début du travail, il y avait l'an dernier à peu près 50 %
des schémas d'aménagement qui avaient reçu la sanction
gouvernementale et étaient entrés en vigueur.
Au moment où nous nous parlons, il demeure quinze schémas
qui n'ont pas encore reçu l'approbation gouvernementale. Le rythme de
croisière au cours des derniers mois a été satisfaisant
et, nous ne serons satisfaits au ministère des Affaires municipales, que
lorsque les quinze autres schémas auront reçu l'approbation
gouvernementale, un objectif que nous nous fixons d'atteindre dans les
meilleurs délais.
En plus de ce que je viens de mentionner, d'autres dossiers
constitueront des priorités pour les prochaines semaines et les
prochains mois. D'abord, la question du taux maximum de la taxe d'affaires. Je
me suis engagé, à l'occasion des assises annuelles de la
Conférence des maires de banlieue de Montréal, à
présenter un mémoire au Conseil des ministres au cours de la
présente session ou, à tout le mois, avant le
déclenchement d'élections, s'il y en avait. Je tiens à
m'assurer que les élus municipaux aient cette marge de manoeuvre
nécessaire pour faire supporter par les différentes
catégories de contribuables un niveau de taxation qui soit
équilibré, qui soit juste et équitable pour l'ensemble des
contribuables.
D'autre part, nous nous devons de nous acharner, au cours des prochains
mois, sur la question des lettres patentes des MRC. Il s'agit de l'outil de
base de concertation du monde municipal en région. Au moment où
nous nous parlons, 26 des MRC au Québec ne sont pas arrivées au
consensus nécessaire pour apporter les modifications à leurs
lettres patentes. Nous comptons bien inciter les élus municipaux
à faire en sorte que cette concertation minimum de base arrive à
échéance au cours de la prochaine année de calendrier.
À la lumière des gestes qui ont été
posés et à l'aube des défis qui attendent notre
société, nous nous devons d'accorder toute l'importance à
ce que doit constituer la priorité des priorités pour les
années à venir: la protection de notre environnement.
Comme je i'ai mentionné au congrès de l'Union des
municipalités du Québec en fin de semaine, les gouvernements
municipaux apparaissent plus que jamais des intervenants majeurs et
indispensables dans la conception et dans l'application des différentes
mesures et politiques mises de l'avant par le gouvernement en ce qui a trait
à l'air, à l'eau et au sol. Un environnement sain et une
qualité de vie sereine ne peuvent être possibles qu'à la
condition que les municipalités, gouvernements locaux autonomes,
puissent être associées étroitement aux démarches
entreprises pour parvenir à ces objectifs souhaités par
l'ensemble de la population.
En terminant, M. le Président, j'ose espérer que si nous
pouvons et voulons compter sur des succès aussi importants que ceux que
nous avons connus dans le passé, le ministre des Affaires municipales
devra compter sur la collaboration des membres de cette commission. Je vous
remercie pour votre apport et votre contribution tout au cours de
l'année 1988-1989 et souhaite que nos travaux à venir
s'inscriront dans la poursuite de l'objectif largement partagé par le
monde municipal, soit de travailler dans le sens de la promotion, de
l'épanouissement et de l'avancement des différents intervenants
municipaux et des municipalités du Québec et ce, dans une
approche globabie d'autonomie municipale. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le ministre. Si vous me le
permettez, je vous demanderais de nommer les personnes à
l'arrière; est-ce que c'est possible?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Je peux vous présenter
les gens qui m'accompagnent...
Le Président (M. Houde): S'y vous plaît.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... dans le but de m'aider à
répondre aux nombreuses questions des membres de la commission.
Le Président (M. Houde): Exactement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous aurez reconnu, à ma
droite, le sous-ministre des Affaires municipales qui, à ce titre,
accompagne pour la première fois le ministre des Affaires municipales
à la défense des crédits du ministère, M. Florent
Gagné. À ma gauche, vous aurez reconnu, parce qu'elle est
également aux Affaires municipales, au cabinet - elle y était
même avant mon arrivée au ministère des Affaires
municipales - celle qui s'occupe des projets de loi privés, des travaux
parlementaires, des questions juridiques qui relèvent du
ministère, Me Dominique Lambert.
Le Président (M. Houde): Merci. Je passerai maintenant la
parole au porte-parole de l'Opposition, le député de Chlcoutimi.
S'il vous plaît.
M. Dufour: De Jonquière!
Le Président (M. Houde): De Jonquière, pardon! Je
ne voudrais pas qu'elle soit ici, parce qu'il faudrait quasiment que je
m'excuse à genoux!
M. Dufour: Le président de la commission va passer sur le
banc des accusés!
Le Président (M. Houde): À vous la parole. M.
Francis Dufour
M. Dufour. M. le Président, la commission de
l'aménagement et des équipements entreprend, pour la
quatrième fois, l'étude des crédits alloués au
ministère des Affaires municipales. Après presque quatre ans
d'administration par le gouvernement libéral, l'heure est
inévitablement au bilan. Mais avant de dresser celui-ci, vous me
permettrez de souhaiter la bienvenue au ministre des Affaires municipales, au
sous-ministre, de même qu'à tous les conseillers qui les
accompagnent.
Le bilan du gouvernement libéral en matière d'affaires
municipales se résume, tout comme le bilan de l'ensemble de la gestion
libérale, à bien peu de chose. En fait, on y retrouve les
mêmes caractéristiques qui ont ponctué l'administration
québécoise depuis quatre ans: des coupures de budget Importantes,
une Indécision chronique ou plutôt un art consommé de
pelleter en avant les problèmes, des promesses électorales
reniées et. surtout, un manque de vision total ou plutôt l'absence
de projets importants susceptibles d'influer sur le développement du
Québec.
Parlons maintenant du bilan financier. Avec des crédits
alloués de plus de 420 000 000 $ - tous les chiffres cités font
abstraction du secteur de l'habitation - force nous est de constater que le
ministère des Affaires municipales est un ministère plus
qu'important. En fait, il se situe au septième rang pour les montants
alloués. Mais, ce qui est exceptionnel pour celui-ci, c'est que 90 % de
son budget, soit 93 % en 1985-1986, représente des dépenses de
transfert, c'est-à-dire des montants d'argent qui sont retournés
aux municipalités. En conséquence, toute coupure a un impact
direct sur les municipalités et les contribuables.
En 1985-1986, le gouvernement du Québec, dirigé alors par
le Parti québécois, a dépensé, en dollars constants
de 1989, 444 986 000 $, alors qu'en 1988-1989 les dépenses probables
attendront 380 908 000 $, soit une baisse de 14 %. En ce qui concerne les
crédits alloués pour l'année 1989-1990, et l'on sait fort
bien que les crédits ne sont pas nécessairement les montants
réels dépensés en fin d année, ils sont de 420 424
000 $, à la baisse do 6 %.
En ce qui concerne les dépenses de transfert, c'est-à-dire
les sommes dont bénéficient directement les municipalités,
elles étaient de 411 076 000 $, en dollars constants de 1989, en 1985
soit 93 % du budget. Elles ne sont plus que de 378 078 000 $ en 1989-1990, soit
90 % du budget; ce qui équivaut à une baisse de 8 % ou 32 987 000
$ injectés en moins dans le monde municipal.
Évidemment, ce n'est pas de cette année que le
gouvernement libéral a décidé de sabrer dans les
dépenses de transfert. En fait, si les derniers transferts
alloués par le gouvernement du Parti québécois avaient
été simplement maintenus en suivant le rythme de l'inflation, 219
500 000 $ de plus auraient été transférés au monde
municipal. Voilà le coût de quatre années de gestion
libérale pour les municipalités.
Le gouvernement se targue d'être bon gestionnaire. La
réalité est tout autre. Alors que les dépenses
réelles diminuaient de 14 % l'an dernier par rapport à 1985-1986,
les coûts d'administration du ministère, eux, augmentaient de 22 %
et une augmentation de 32 % est prévue pour 1989-1990, toujours par
rapport à 1985-1986 et en dollars constants de 1989. Pendant ce temps,
le gouvernement coupait de 38 % les crédits alloués à la
protection et à la prévention contre les incendies par rapport
à 1985-1986.
En matière d'augmentations, le gouvernement libéral fait
également bonne figure à un autre chapitre, celui des paiements
de péréquation. À l'instar du gouvernement
fédéral, le gouvernement du Québec octroie des subventions
aux municipalités les plus pauvres. Les crédits alloués au
fonds de péréquation pour l'année 1989-1990 ont
augmenté de 91 % par rapport à 1985-1986. Toutefois, le
gouvernement ne saurait se pavaner, car cette augmentation n'a rien de
glorieux. Bien au contraire, les subventions étant octroyées
selon une formule mathématique fixe,
toute hausse des crédits illustre que le Québec est bien
cette société cassée en deux. Il y a en effet un
Québec qui s'enrichit rapidement, mais il y a surtout un Québec
qui est complètement laissé pour compte depuis quatre ans.
Voilà deux hausses de budget dont le gouvernement n'a pas à
être fier. (10 h 30)
Bientôt, quand nous serons en campagne électorale, nous
entendrons à tous azimuts et sur toutes les tribunes que le gouvernement
libéral, en bon gestionnaire, a réduit le déficit de
l'État. Non seulement cette baisse est-elle en partie artificielle, en
tenant compte des manipulations des conventions comptables, mais elle
s'effectue également en partie au détriment du monde municipal.
Nous avons déjà indiqué que le manque à gagner des
municipalités en matière de dépenses de transfert est de
l'ordre de 220 000 000 $. En réalité, ce chiffre est beaucoup
plus élevé et ceci m'amène aux compensations tenant lieu
de taxes pour les immeubles du réseau scolaire et des affaires
sociales.
Lors de la réforme de la fiscalité municipale, en 1979, le
gouvernement du Québec a retiré aux municipalités
certaines formes de financement pour les remplacer par d'autres, dont le
paiement de la taxe foncière sur ses immeubles. Le pacte de 1979
prévoyait que le gouvernement commencerait par payer 50 % des taxes sur
les immeubles scolaires, du primaire et du secondaire, et 80 % sur ceux du
réseau des affaires sociales et que, dans un avenir rapproché, il
s'engageait à payer 100 % de ses impôts fonciers. La crise
économique est venue différer cet engagement formel du
gouvernement du Québec.
Mais voilà que, depuis six ans, le Québec vit dans une
situation économique mondiale extrêmement favorable. Il n'y a
aucune raison pour laquelle le gouvernement ne devrait pas honorer ses
engagements de 1979. Depuis trois ans et demi, à chaque occasion,
l'Opposition officielle a pressé le gouvernement de remplir ses
engagements et de payer 100 % de ses impôts fonciers tout comme les
contribuables du Québec. Il est malheureux que notre insistance ait
été peine perdue. Non seulement le gouvernement n'a-t-il pas
annoncé son intention de payer 100 % de ses "en lieu" de taxes mais, en
dollars constants de 1989, ses paiements ont diminué de 30 % pour les
immeubles gouvernementaux et de 2 % pour les réseaux scolaire et des
affaires sociales par rapport à 1985-1986.
On estime à 125 000 000 $ par année l'économie
faite par le gouvernement en ne payant pas pleinement ses taxes comme il
s'était engagé à le faire en 1979. Depuis quatre ans,
c'est donc un montant additionnel de 500 000 000 $ qui vient s'ajouter aux 220
000 000 $ comme manque à gagner. Le gouvernement libéral a
réduit son déficit, mais il a oublié de verser plus de 720
000 000 $ aux municipalités.
Outre ce transfert du déficit vers les municipalités,
l'indécision chronique dont souffre le gouvernement libéral
affecte aussi le monde municipal. Les épisodes du choix de la couleur de
la margarine, des heures d'affaires dans les commerces ou de la langue
d'affichage ont eu aussi leur pendant dans le secteur municipal. L'exemple le
plus éclairant est certes celui de l'article 65. 1 de la Loi sur la
fiscalité municipale, qui est mieux connu comme le dossier de
l'évaluation Industrielle. À cause de son ambiguïté,
l'article 65. 1 est source de tensions et de conflits constants entre les
industries et les municipalités. Plusieurs de ces conflits ont
dégénéré en épiques batailles judiciaires et
des sommes astronomiques sont en cause. Pour certaines municipalités
à industrie unique, l'interprétation donnée à
l'article 65. 1 devient pratiquement une question de vie ou de mort. Il faut
donc rendre plus clair l'article 65. 1 et il ne s'agit certes pas d'une
tâche facile.
Cependant, il est désespérément urgent que le
gouvernement se mouille, qu'il opte entre le monde municipal et le monde
industriel, car les positions de part et d'autre sont connues. Depuis presque
quatre ans, le gouvernement a refusé de bouger dans ce dossier;
pourtant, toutes les études étaient prêtes jusqu'à
l'été 1985. Le ministre des Affaires municipales du gouvernement
présent avait formulé des recommandations au Conseil des
ministres sur cette question. Depuis trois ans et demi, l'Opposition officielle
de même que l'Union des municipalités talonnent le gouvernement
à cet égard. Une décision se fait toujours attendre. Mais,
à la décharge du gouvernement qui souffre d'indécision
chronique, il est vrai que le dossier est plus complexe que celui de la couleur
de la margarine, surtout que son oreille est plus attentive aux
récriminations des grandes corporations et ce, à l'encontre des
intérêts des municipalités.
Il faut aussi ajouter que, lors du dernier congrès de l'Union des
municipalités qui a eu lieu la semaine dernière, certains
élus municipaux m'ont sensibilisé - je suppose qu'ils ont fait
aussi des démarches auprès du ministre des Affaires municipales -
au sujet de l'article 65. 1. Il semblerait que la ronde de contestation va
recommencer. Malheureusement, on était sous l'impression et même
le ministre des Affaires municipales pouvait dire: Cela ne va pas si mal, il y
a beaucoup de problèmes qui semblent se régler. Mais
contrairement à ce qu'on pensait, ce n'était pas de la cendre qui
couvait puisque, à partir de maintenant, on revient à la charge
et que certaines industries recommencent le jeu de la contestation. Moi, je
prétends que ça n'a jamais été bon et que ce ne
sera jamais bon, tant qu'on n'aura pas légiféré dans le
sens où chacun pourra y trouver son compte. J'ai l'impression
qu'à vouloir ménager la chèvre et le chou on va perdre
l'ensemble et qu'il n'y aura jamais un seul intervenant qui sera satisfait.
Autre exemple de l'indécision chronique du gouvernement
libéral et de sa propension à
chasser par devant les problèmes - je voulais en parler - le
dossier de l'organisation policière. Le gouvernement s'était
engagé à procéder à une vaste réforme de
l'organisation policière. Évidemment, cette question touchait la
discipline des policiers, mais elle Incluait aussi des questions
exrêmement importantes pour les municipalités, à savoir le
partage des coûts qu'engendrent les corps policiers, la
désyndlcallsation des cadres policiers et les méthodes pour
résoudre les conflits de travail. À la suite des presssions de
l'opinion publique, le gouvernement a finalement agi en ce qui concerne la
discipline des policiers, mais il a complètement oublié les
préoccupations des municipalités. Encore une fois, ce dossier
impliquait des décisions difficiles à prendre et le gouvernement
semble incapable de s'y attaquer avec fermeté. Il y a d'ailleurs fort
à parier que cette réforme tant demandée par le monde
municipal ne voit jamais le jour, étant donné que la pression
populaire en faveur d'une réorganisation policière s'est
désormais estompée.
Le cas des inspecteurs environnementaux municipaux illustre encore une
fois le manque complet de leadership de l'actuel gouvernement. Alors que ce
gouvernement prétend ad nauseam avoir effectué un virage
environnemental, N a été incapable jusqu'à ce jour de
protéger les Inspecteurs qui ont pourtant un rôle crucial à
jouer sur le terrain. Sans aucune protection d'emploi, ceux-ci ne jouissent pas
de l'indépendance nécessaire à leur fonction de critique.
À la merci d'un peu tout le monde, les inspecteurs hésitent
à dénoncer des situations polluantes et, lorsqu'ils le font,
c'est souvent au péril de leur emploi. Dans bien des cas, on parle
même d'hécatombe des inspecteurs.
En fait, lorsqu'un certain leadership s'est exercé au sein de ce
gouvernement, ce fut par des ministres sectoriels et au détriment des ou
par un empiètement sur les municipalités. À titre
d'illustration, on n'a qu'à se rappeler les épisodes de la
protection des berges ou des écarts de conduite, voire de politesse
élémentaire du ministre des Transports. À titre d'exemple,
on pourrait parler aussi du projet de loi 100 qui ne répond ni aux
désirs ni aux besoins des municipalités. Cela me semble un projet
de loi hautement décrié, qui ne sera pas applicable dans toutes
ses parties, qui crée des précédents, amène du
droit nouveau et qui en même temps est l'objet de la
désapprobation du monde municipal. Cela, je pense qu'on ne peut pas
l'oublier.
Il y a aussi, toujours le rôle d'ombudsman. Je n'y fais pas
tellement allusion, mais, comme le ministre des Affaires municipales tient
à devenir de plus en plus l'ombudsman des municipalités, je pense
que je dois attirer son attention sur certains faits. En dehors des
réalisations concrètes dont il veut bien s'approprier -
même par son titre ou par son travail il est obligé de prolonger
le travail de ses prédécesseurs - il y a, comme ombudsman,
certains endroits où il aurait vraiment à intervenir, par
exemple, en ce qui concerne le réseau routier municipal. Effectivement,
depuis quatre ans ou depuis trois ans et demi - mais M. fera son enquête
et je l'invite à la faire au non des élus municipaux - les
budgets ont baissé là d'une façon dramatique et
l'entretien est diminué. Comme ombudsman, il a donc à
défendre les municipalités dans ce dossier. Si les réseaux
routiers, au point de vue de l'entretien, ne sont pas adéquatement
entretenus, les élus municipaux deviennent un peu la tête de Turc
des contribuables et, à ce moment-là, ce sont eux qui
éprouvent les plus grandes difficultés, lesquelles leur sont bien
transmises par leurs contribuables. L'un ne va pas sans l'autre.
Il y a encore l'indemnisation des victimes d'un séisme. Je n'ai
rien entendu jusqu'à maintenant. Encore là, ce sont les affaires
des contribuables, mais les municipalités sont aussi partie prenante
là-dedans. On peut bien dire qu'il y a 300 municipalités qui ont
adhéré au dernier programme d'indemnisation des victimes d'un
séisme, mais elles l'ont fart faute de mieux. Elles se sont dit:
Plutôt que de tout perdre, mieux vaut adhérer. Mais elles sont
loin d'être satisfaites.
Il y a les coupures au commissariat industriel, lesquelles ont eu lieu
au début du mandat de ce gouvernement et qui n'ont pas été
rétablies. Il y a eu des pertes quant à l'ensemble des
commissariats industriels. Comme c'est un gouvernement à
caractère économique, on aurait pu penser que le ministre des
Affaires municipales aurait pu faire des représentations en ce
sens-là.
Il y a aussi les coupures aux bibliothèques municipales qui ont
eu lieu. Il y a eu de légères corrections depuis les trois
dernières années, mais j'affirme qu'on n'est pas encore rendu au
même niveau qu'en 1985. Je ne parle même pas en dollars constants,
je parle en dollars comparés. La liste que j'énonce ici n'est pas
exhaustive. Je pourrais certainement mentionner encore d'autres programmes,
mais je ne le ferai pas. Je veux seulement illustrer que pour ce travail
d'ombudsman le ministre en a sûrement pour longtemps. Il sera aux
Affaires municipales encore au moins plusieurs années. Surtout, si
l'actuel gouvernement demeure au pouvoir, c'est sûr, malheureusement, que
beaucoup de ministres qui lorgnent de ce côté et qui touchent aux
municipalités devront être rappelés à l'ordre. Cela
me semble drôlement important. Encore là, rappelons-nous que le
travail des municipalités est en fait, même si on ne peut
peut-être pas appeler cela encore gouvernement, celui d'une entité
très proche des citoyens qui a certainement à défendre des
dossiers qui concernent tous les ministères.
D'ailleurs, l'an dernier, lors de sa rencontre annuelle avec le premier
ministre du Québec, l'Union des municipalités a dû rappeler
au gouvernement que, depuis la précédente admi-
nistration, il existait une table Québec-municipalités
devant laquelle les projets de loi affectant les municipalités devraient
âtre débattus.
Eu égard aux promesses électorales reniées, je n'en
soulignerai qu'une: les incubateurs industriels. De ce côté, sans
ouvrir une grande parenthèse, ce projet n'a jamais reçu l'aval du
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie. J'invite le
ministre des Affaires municipales à presser son collègue comme le
Conseil des ministres à donner suite à une promesse
électorale, qui peut-être a été faite sous le coup
de l'émotion ou dans le but de vouloir prendre la tête du
gouvernement plus vite, mais que je considère comme devant être
tenue. Elle a été faite aussi par le parti de l'Opposition -
c'était une de nos promesses - mais je dois rappeler que c'est vous qui
exercez le pouvoir. À ce moment-là, vous devriez donc être
capable de lui donner une impulsion ou de lui donner naissance. Je ne parlerai
pas de la politique des centres de congrès, ce n'était pas une
promesse électorale, mais c'est un autre dossier sur lequel on pourrait
se pencher sérieusement et rapidement.
En fait, on se demande bien quels arguments ou quel bilan l'actuel
gouvernement présentera au monde municipal, lorsque sera venu le temps
des élections. Le nouveau ministre se trouvera alors bien
embarrassé!
Évoquera-t-il à son actif la fermeture de Schefferville
qui s'est soldée par un véritable fiasco? Après avoir
dépensé des centaines de milliers de dollars pour des avocats et
consultants, la ville n'est pas encore fermée et cela, après tous
les avertissements d'usage et même avec l'expérience de
l'Opposition. On se rappellera la bataille qu'on a livrée au sujet de la
fermeture de Schefferville et qu'on a dit que le ministre ne passerait pas au
travers. Je comprends que l'actuel ministre des Affaires municipales ne soit
pas là depuis longtemps, mais, malheureusement, il est obligé de
prendre la suite de ses prédécesseurs, qu'il aime cela ou non!
J'insiste pour dire que Schefferville a été la fermeture la plus
sauvage à laquelle j'aie assisté et je ne fais pas de jeu de
mots.
Dans l'Outaouais, malgré que tous les comtés soient
représentés par des députés libéraux,
évoquera-t-il les coupures de subventions de 55 % à la
Société d'aménagement de l'Outaouais? Encore là, je
veux rappeler au député de Pontiac et même au ministre des
Affaires municipales qu'il y a quelques municipalités qui commencent
à regarder ces coupures comme faisant mal et causant aussi des torts
irréparables eu égard à ce qui se passe dans le
milieu.
À Montréal, rappellera-t-il aux citoyennes et citoyens que
son gouvernement a mis plus de trois ans à régler les hausses
brusques de taxes, que la première tentative, la loi 82 était,
selon notre prédiction, un échec et une erreur, tel que l'a
confirmé le nouveau ministre en commission parlementaire et comme
l'Opposition n'a eu de cesse de le lui répéter et que sa nouvelle
solution de rôles triennaux n'a pas encore fait ses preuves?
Toujours aux citoyens de Montréal, le ministre leur
indiquera-t-il que les problèmes quant aux méthodes
d'évaluation ne sont pas encore réglés? Les
résultats de l'enquête de la Commission municipale à ce
sujet-là sont encore à venir. (10 h 45)
À l'ensemble des contribuables du Québec, le ministre
soulignera-t-il qu'il ne s'est pas opposé au transfert de la Direction
générale de prévention des incendies du ministère
des Affaires municipales au ministère de la Sécurité
publique comme l'a fait l'Opposition officielle et que ce transfert a comme
résultat net une diminution de l'ordre de 18 % des crédits
alloués à l'aide aux municipalités pour la protection
contre les incendies?
Comme nous l'avons déjà indiqué, le ministre
rappellera-t-il aux contribuables que son gouvernement a investi 38 % de moins
que le gouvernement précédent en matière de protection et
de promotion contre les incendies? J'espère que le ministre n'est pas
fier de cette coupure.
Pour ainsi dire, le gouvernement n'a à son actif en
matière d'affaires municipales que la réforme des lois
municipales, laquelle avait été commencée sous l'ancien
gouvernement, le programme AIDA, les lois sur la retraite et la
rémunération des élus municipaux. En ce qui a trait
à la réforme, le gouvernement n'a aucun crédit, puisqu'il
n'a fait que poursuivre l'initiative du gouvernement précédent.
Quant au programme AIDA, 10 000 000 $ par année pour cinq ans, les
sommes investies sont ridicules par rapport au programme PAIRA mis sur pied par
le gouvernement du Parti québécois. Pour ce qui est de la
rémunération des élus et des régimes de retraite,
je fais confiance aux élus municipaux pour que ce cadeau
électoral ne vienne masquer un si maigre bilan par rapport à
celui du précédent gouvernement.
Un bilan qui, pour le bénéfice du ministre, mérite
à coup sûr d'être repris, car la comparaison ne saurait que
l'inspirer. Permettez-moi une courte énumération des programmes
mis sur pied par le Parti québécois et qui illustrera le ridicule
du programme AIDA implanté par l'actuel gouvernement. PAISI, programme
d'aide à l'implantation de services d'incendie: 6 400 000 $. PACEM,
programme d'aide à la construction d'équipements municipaux: 21
000 000 $. PAIRA, 1983-1985, programme d'aide à l'implantation
d'aqueducs: 350 000 000 $. Programme Liquidation: 23 000 000 $. Programme
quinquennal de sensibilisation aux incendies. Création des SIDAC,
Sociétés d'initiatives et de développement des
artères commerciales. PRIEMM, programme d'initiatives pour l'emploi en
milieu municipal: 50 000 000 $. PCEMM, programme de création
d'emplois en milieu municipal: 10 000 000 $. ReviCentre: 80 000 000 $.
PEQ, programme d'équipements communautaires: 71 000 000 $. PAREM,
programme d'aide à la rénovation d'équipements municipaux:
6 200 000 $.
À la suite des programmes Implantés par le Part!
québécois, c'est plus de 607 000 000 $ qui ont été
investis dans le monde municipal. Le programme AIDA, le seul du gouvernement
libéral en quatre ans de pouvoir, avec ses 50 000 000 $ sur cinq ans,
représente à peine 8 % de ce que le Parti québécois
a Investi. Faut-il le rappeler, les frais d'administration du ministère
étaient moindre de 33 % en 1985-1986? À ces programmes, on doit
ajouter des réformes d'envergure, des pièces législatives
maîtresses telles que l'aménagement du territoire, la
démocratie municipale et la fiscalité municipale, sans oublier,
bien sûr, la fameuse table Québec-municipalités.
Bref, et pour terminer, je soulignerai que les deux bilans sont tout
à fait incomparables, que loin de dilapider les fonds le gouvernement du
Québec dirigé par le Parti québécois les utilisait
à bon escient, alors que l'actuel gouvernement a un manque total de
vision et d'imagination, pendant que le taux de chômage frôle
encore les 10 %. J'ajouterai que le gouvernement a une dette de plus 720 000
000 $ envers les municipalités et, lorsque le gouvernement se targuera
de diminuer le déficit, nous lui rappellerons, entre autres, le
transfert qu'il a effectué vers le municipal. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Houde): Merci, M. le député
de Jonquière. Est-ce que le ministre veut intervenir en
réplique?
M. Pierre Paradis (réplique)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, très rapidement, M. le
Président. Je remercie le critique de l'Opposition d'avoir attiré
notre attention sur grosso modo une vingtaine de points précis. Je vais
reprendre là où le député de Jonquière a
laissé. Il nous a parlé d'anciens programmes administrés
par l'ancien gouvernement. Ce que le député de Jonquière a
omis de mentionner dans sa mise en perspective du monde municipal, c'est que
cette mise en perspective se situait dans une mise en perspective un peu plus
globale. Vous vous rappellerez, M. le Président, parce que vous
étiez, à l'époque, vous-même député
à l'Assemblée nationale du Québec - et je vous prends
à témoin - l'énorme déficit du gouvernement du
Québec; sur le plan annuel plus de 4 000 000 000 $. Je ne pense pas que
la population du Québec souhaitait continuer en ce sens. Vous aurez
compris le virage effectué, dès l'arrivée des
libéraux au pouvoir, au ministère des Affaires municipales comme
dans l'ensemble des ministères pour faire en sorte que ces
déficits annuels soient comme aujourd'hui réduits de plus de la
moitié, grâce à une gestion saine et sérieuse, une
gestion désirée par l'en- semble de la population du
Québec.
Ce retour en arrière ne me surprend pas et il s'inscrit, lui
aussi, dans un cadre un peu plus large, un peu plus global. Si vous suivez
l'évolution de l'échiquier politique, vous comprendrez qu'il
s'agit là de la stratégie globale du Parti
québécois. On ramène, finalement on évacue du parti
les éléments les plus modérés, les gens
associés au clan de l'ancien chef, M. Pierre Marc Johnson, comme MM.
Jacques Rochefort et Charbonneau de Verchères. On apprenait le
départ de M. FUion de Taillon dernièrement et, M. le
Président, je ne serais pas surpris qu'il y en ait d'autres parmi les
modérés. Je souhaite que l'Assemblée nationale ne
s'appauvrisse pas davantage, mais je sais que, parmi les
élémentsles plus modérés, il y en a qui
réfléchissent sérieusement à leur avenir au moment
où l'on se parle.
M. le Président, nous ne sommes pas ici pour dresser un
générique, mais pour regarder en avant, non pour regarder en
arrière, mais pour regarder ce vers quoi se dirige le ministère
des Affaires municipales, malgré ce contexte politique
préélectoral dans lequel je ne tiens rigueur ni à son
recherchiste ni au député de Jonquière d'avoir
tenté de politiser légèrement l'étude des
crédits. Je pense qu'à la veille - il s'agit d'une question de
semaines ou de mois - du déclenchement des élections au
Québec, c'était de bonne guerre. Je tiens quand même
rigueur au député ou à son recherchiste de ne pas
être retourné aux documents de base, qui sont le
dépôt à l'Assemblée nationale même du
Québec des crédits de l'année financière 1989-1990,
de même que les renseignements supplémentaires. Parfois ii peut
paraître aride de passer au travers de colonnes de chiffres
enlignés, les comparaisons peuvent être difficiles. C'est pourquoi
le Conseil du trésor, chaque année, à l'intention des
équipes de recherchistes ministérielles, des équipes de
recherchistes de l'Opposition officielle et de l'ensemble des parlementaires,
publie ce qu'on appelle des renseignements supplémentaires. Ceux-ci
apportent des réponses à une foule de questions qu'il nous est
permis, M. le Président, en vertu de notre règlement, de reposer
à l'occasion de l'étude des crédits, mais ils nous
permettent, lorsqu'on les a consultés, de poser ces questions avec
beaucoup plus de précision. J'attirerais l'attention des
députés à la page 41 des renseignements
supplémentaires des crédits déposés cette
année, où on a l'ensemble des neuf programmes du ministère
des Affaires municipales. On s'est entendu, comme vous l'avez indiqué au
début de votre exposé, pour exclure les deux programmes qui
touchent plus spécifiquement aux aspects d'habitation; donc sept
programmes en tout.
Voyons-les un à un à partir de ces renseignements
supplémentaires et comparons-les à des éléments
comparables. À Aménagement du territoire municipal, 12 275 000 $
seront mis à la disposition du monde municipal. Vous avez raison,
il y a là une baisse de 4, 3 % et elle s'explique par une baisse
des engagements pris au sujet des programmes de revitalisation des centres
villes dans les cas de Montréal et de Québec. Vous avez, au
programme 2, Aide et surveillance administratives et financières,
environ 41 303 000 $, une augmentation de 23, 6 %. Je pense qu'il s'agit
là d'une augmentation qui est-considérable, étant
donné les efforts que fait le gouvernement en matière de saine
gestion. Au programme 3, Évaluation foncière, 283 946 000 $, soit
une augmentation de 8 % du budget. À Administration
générale, 14 982 000 $, soit une augmentation de 8, 6 % du
budget. Relations avec les municipalités, 17 712 000 $, encore une fois
une augmentation de 5, 5 %. Aide financière à la construction de
réseaux d'aqueduc et d'égouts, 43 000 046 $, soit une
augmentation de 19, 9 %, tout près de 20 %. Vous conviendrez qu'il
s'agit là aussi, dans un secteur vital pour la santé,
l'environnement et la création d'emplois en région, d'une
augmentation considérable. À Aide financière aux
sociétés d'État, comme vous l'avez mentionné, il y
a une diminution importante. Le budget se retrouve à 4 000 244 $, soit
une diminution de tout près de 50 %, 47, 4 %. Vous avez mentionné
le cas de la Société d'aménagement de l'Outaouais et vous
avez raison de le souligner, on a aidé ces sociétés
à se départir d'éléments. Également, en ce
qui concerne la Société de développement de la Baie James,
on termine le paiement du service de la dette dont on avait
hérité du gouvernement précédent. C'est ce qui
explique la baisse de quelque 47 %.
Donc, dans l'ensemble, vous voyez qu'il s'agit d'une augmentation de 12,
1 % pour le ministère comme tel par rapport à l'an passé,
y incluant, j'en conviens, la question de la Société d'habitation
et de la Régie du logement. Si vous tenez pour acquis que les
dépenses gouvernementales pour l'ensemble du gouvernement sont
strictement légèrement supérieures à l'inflation,
légèrement inférieures à la croissance du produit
intérieur brut, vous constaterez que, pour le gouvernement du
Québec, le ministère des Affaires municipales constitue
définitivement une priorité et que, pour appuyer cette
priorité, le gouvernement a décidé d'augmenter pour
l'année qui vient les crédits d'environ 12, 1 %. Je m'attendais
bien humblement, M. le Président, que l'Opposition le note ce matin et
offre, encore une fois, avec toute la modestie avec laquelle on peut recevoir
de telles félicitations, les félicitations appropriées
dans les circonstances.
Le Président (M. Houde): Allez-y, M. le
député de Jonquière, si vous avez quelques mots à
ajouter.
M. Dufour: M. le ministre est particulièrement habile dans
ses commentaires. Je voulais le lui rappeler, parce que, bien sûr, on ne
pourra pas s'entendre au sujet de la diminution ou l'augmentation du budget. Si
on regarde par rapport à l'an passé, c'est évident qu'il y
a eu des ajustements. Comme il y a des augmentations de salaire et comme les
frais d'administration augmentent, c'est un peu normal. Notre chiffre de base
à nous part de l'année 1985, dernière année le
gouvernement du Parti québécois, et les 3 500 000 000 $ ou
à peu près du déficit gouvernemental étaient
connus, parce que ces montants y étaient inclus. Si on prend ces
montants-là - je ne referai pas la bataille du déficit - il est
évident, et je suis l'un de ceux qui le prétendent avec le
Vérificateur général du Québec, que c'est juste une
question de changer la présentation des chiffres qui fait que le
déficit est moindre, il n'y a pas de grand coup là pour
pavaner.
Nous prenons le budget des Affaires municipales de 1985 et nous lui
faisons suivre la courbe en dollars constants. C'est ce qu'on dit. Si on prend
ce budget de 1985 par rapport à celui de 1989, on dit qu'il y a des
diminutions importantes qui se sont établies, dans lesquelles les
municipalités ont subi des baisses importantes et le ministère
accepte que des programmes subissent des coupures importantes. C'est toujours
une question de comparaison. C'est évident que, pour le programme 1,
notre prétention était qu'en dollars courants, puisque
c'était 30 444 000 $, cela aurait dû être, en 1989, 35 163
000 $. Quand on regarde ici, c'est 12 675 000 $. Si on parle des effectifs, Ils
n'ont pas tellement changés. Donc, il y a des choses qui pourraient se
produire à travers cela. Il y a une diminution de 0, 65 %.
Quand on regarde le programme 2, aide et surveillance, il y a beaucoup
de gens qui sont impliqués dans cela. Donc, c'est de l'administration
courante. Qu'ii y ait des augmentations, c'est un peu normal, à moins
qu'on n'ait coupé les effectifs d'une façon draconienne, ce que
je ne vois pas, ce que je ne peux pas constater. D'une année à
l'autre, on parle d'effectifs de 121 ou de 119. Donc, c'est à peu
près toujours le même nombre. Ces gens ont reçu des
augmentations de salaire et il y a des augmentations de toutes sortes, ce qui
fait que, oui, il y a eu une augmentation par rapport à 1985, on
l'admet, une augmentation normale. On pourrait prendre chaque programme et
arriver avec les mêmes conclusions. Les dépenses de transfert qui
étaient à 411 000 000 $ en 1985, en dollars constants,
représentaient 93 % du budget. Si on regarde pour 1989-1990, il s'agit
de 378 000 000 $, donc 90 % ou une diminution de 8 % qui représente 33
000 000 $. (11 heures) il est évident qu'il y a deux théories. On
pourrait passer la journée à dire ce que j'ai dit, c'est cela ou
ce n'est pas cela, mais je pense qu'il y a des éléments
là. En tout cas, ceux qui auront à faire la part des choses
auront à en juger. Je pense qu'on pourrait prétendre tous les
deux avoir raison. Il demeure que les gens auront à se prononcer sur une
présentation ou
sur l'autre.
Je sais que, même au sujet de la loi 90, dont le ministre est
très fier et à laquelle on a participé, on n'a pas encore
fait la preuve que c'était la loi parfaite. Je suis aussi convaincu
qu'elle n'était pas désirée par l'ensemble du monde
municipal, c'est évident que les grosses municipalités
étaient plus portées vers cette loi que les petites
municipalités. Donc, il y a là des points noirs ou, du moins,
gris. Il y a, bien sûr, des problèmes qui vont être
réglés, mais à demeure un transfert des montants que les
gens doivent payer, par rapport à ceux qu'Us devraient payer, qui va
s'établir sur trois ans, qu'ils soient à la hausse ou à la
baisse. Donc, il y a un transfert de l'effort fiscal qui se fera sur le dos
d'un certain nombre d'individus plutôt que sur celui de d'autres. Ce sont
des choix. Je pense que ça peut peut-être se régler.
Nous espérons que ça se règle. Nous espérons
que cette loi soit la loi du siècle, mais nous vous disons
carrément qu'il y a encore des interrogations. On ne nie pas qu'il y ait
une part de vérité dans ce que le ministre avance. C'est
peut-être toute la vérité pour lui, pour nous ça
pourrait représenter une partie de la vérité. Nous
insistons sur certains domaines et, là où nous mettons encore
plus d'insistance, c'est sur le rôle d'ombudsman, sur l'autonomie des
municipalités. Quand tous les ministères sectoriels commencent
à jouer dans les municipalités, l'autonomie, j'y crois de moins
en moins. Je dis que le ministre des Affaires municipales a un rôle
important d'ombudsman à jouer pour les défendre. Quand je regarde
les orientations qu'il nous a énumérées tout à
l'heure, la refonte des lois municipales, ça a été
commencé par l'autre gouvernement et ça continue; le taux maximum
de la taxe d'affaires, je comprends et je sais qu'à Montréal
c'est un problème. Chaque fois qu'elle vient pour ses lettres patentes,
on est obligé de recommencer et de dire: Bien oui, on va encore vous
donner une permission spéciale. C'est le temps que ça se
règle. La question des lettres patentes - on y reviendra au cours de la
discussion - est loin d'être réglée. La protection de
l'environnement, oui, mais, que je sache, c'est le ministère de
l'Environnement, pas le ministère des Affaires municipales, qui va en
avoir la responsabilité.
Tout ça pour vous dire, M. le Président, bien sûr,
que cette étude des crédits qu'on fait cette année, c'est
possiblement la dernière avant l'exercice qui va précéder
les élections et c'est normal qu'on embrasse tout le dossier. Il est
aussi normal que le ministre des Affaires municipales veuille bien faire porter
les interventions sur la dernière année, mais c'est plus que
ça. Quand on a un travail à faire, on est obligé de
prendre la succession des autres et je vous dis qu'à l'intérieur
de notre étude on sera obligé, bien sûr, de faire des
petits retours en arrière pour bien expliquer pourquoi on fait telle
chose, pourquoi on pose telle question. Voilà.
Le Président (M. Houde): Merci. Avec votre permission,
j'appelle le programme 1. Oui, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président,
strictement avec la permission de l'Opposition, je pense que j'ai
peut-être mis le doigt sur ce qui pourrait paraître inconciliable
sur le plan des chiffres. Je comparais les chiffres de l'an passé avec
ceux de cette année, alors que l'Opposition comparait les chiffres de la
dernière année du gouvernement du Parti québécois
avec les chiffres de cette année. Je pense qu'il n'y a rien
d'inconciliable avec ce qui a été avancé comme chiffres,
sauf que, si vous le faites programme par programme et ministère par
ministère, vous vous retrouverez avec un déficit prévu
d'à peu près 8 000 000 000 $, cette année. Donc, je pense
que c'est une ligne de conduite de laquelle nous nous sommes
éloignés dès la première année du
gouvernement libéral et de laquelle nous tenterons de continuer de nous
éloigner.
Le Président (M. Houde): Je pense que vous avez
été assez précis tous les deux. J'appelle le programme 1,
s'il vous plaît.
Aménagement du territoire municipal
M. Dufour: D'accord. Est-ce que vous aviez l'Intention de...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. M. Dufour: Non, ça va.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais tout simplement reprendre
ce que j'ai indiqué tantôt. Il s'agit d'une variation de 4, 3 %
par rapport aux crédits de l'an passé. C'est une
augmentation.
M. Dufour: II y a eu...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Une diminution, excusez! Je vous
ai induit en erreur. On est au programme 1, Aménagement du territoire
municipal, et il s'agit d'une diminution de 4, 3 % qui résulte
essentiellement de la réduction des paiements associés aux
engagements pris dans le cadre du programme d'aide à la revitalisation
de Montréal et de Québec.
M. Dufour: Je reviens à l'explication que j'ai
donnée au départ. D'après nous, si on prend le budget de
1985, en dollars constants, il y a une diminution importante: elle
représente 65 %. On a dit ce qu'on avait à dire sur cela.
Je voudrais parier de la loi 88 qu'on a adoptée il y a deux ans.
Depuis ce temps, 68 MRC ont décidé d'ouvrir leurs lettres
patentes. Parmi ces 68 MRC, 42 ont dû être
déférées à la Commission municipale, parce qu'il
n'y a pas eu
entente avant le 1er juillet. Il s'agit donc de 62 % des
municipalités régionales de comté qui n'ont pu
s'entendre.
À partir de ces éléments, est-ce que la Commission
municipale a commencé son travail? Est-ce qu'elle a terminé
l'étude de quelques cas? Est-ce qu'elle a présenté des
recommandations au ministre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense pouvoir intéresser
davantage les membres de la commission en faisant la longue histoire de tous
les cas réglés. On pourrait le faire un à un...
M. Dufour: Ce ne sont pas ceux-là qui
m'intéressent.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais je pense que l'Opposition
trouverait l'énoncé ardu sur le plan de
rénumération. Maintenant, au moment où nous nous parlons,
il reste 26 MRC qui n'ont pu atteindre le consensus nécessaire et
souhaitable. Nous avons indiqué, dans les notes introductives, que nous
prévoyons que le dossier devrait cheminer tout au cours de la
présente année civile pour connaître un aboutissement pour
l'ensemble des cas au cours de cette même année.
Je pourrais reprendre les chiffres du début, vous indiquer qu'il
y a 28 non-réouvertures, 25 réglées avant le 1er juillet,
16 qui ont été réglées à la suite de
l'intervention de la Commission municipale du Québec, 26 en suspens.
C'est l'état du dossier.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Est-ce que vous avez les raisons? Je comprends que
c'est un dossier complexe et je pense que l'ouverture des lettres patentes a
fait l'objet de grands débats lors de l'adoption de la loi 88.
Actuellement, est-ce que vous avez un échéancier précis?
Effectivement, ça fait plus qu'un an, ça fait un an au moins
qu'on permet de rouvrir les lettres patentes, vous avez jusqu'au mois de juin
ou de juillet. À partir de ce moment jusqu'à maintenant, vous
nous informez ce matin qu'il y en a 26 qui n'ont pas trouvé consensus,
sur lesquelles la Commission municipale doit se pencher concernant l'ouverture.
D'abord, est-ce que la Commission municipale a fini son travail concernant ces
26 lettres patentes?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La Commission municipale a
effectué son travail dans les détais indiqués par la
loi.
M. Dufour: Donc, ça veut dire que c'est actuellement entre
vos mains. Si c'est chez vous, est-ce que vous prévoyez un
échéancier précis pour rendre votre décision?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous l'ai indiqué
tantôt, nous avons l'intention de régler l'ensemble des cas
en suspens, soit les 26, au cours de la présente année
civile.
M. Dufour: À cause de circonstances qui pourraient
survenir...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela ne nous retarde pas
tellement.
M. Dufour: ...au cours des prochains mois ou des prochains jours, est-ce
que vous n'avez pas pensé qu'il serait sage de rendre une
décision le plus rapidement possible? Je comprends qu'avec une
année civile vous vous donnez une marge de manoeuvre assez large, mais,
comme la Commission municipale s'est penchée là-dessus,
connaissant les efforts qu'elle a faits pour trouver des solutions
acceptables et sachant la connaissance qu'elle a du milieu, des
municipalités, je suis convaincu qu'il ne doit pas y avoir des
cas-problèmes à tout casser. Il doit y avoir des solutions
facilement achetables par le ministre et même acceptables par les
municipalités. Que vous puissiez me dire ce matin que les 26... Bien
sûr, on pourrait prendre le milieu de l'année, mais 75 % ou 80 %
de ces municipalités devraient trouver une solution d'ici à trois
semaines un mois, ou deux mois.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez raison de souligner que
le travail fait nous donne un outil de décision important. Parmi les 42
dossiers sur lesquels la Commission municipale a adressé des
recommandations, il y en a 16 qui ont déjà fait l'objet de
décisions ministérielles.
M. Dufour: Mais vous ne compromettez pas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et cela, à peine deux mois
et demi après avoir reçu le rapport de la commission. Si le
rythme se poursuit, nous devrions en arriver à "bâcler" le dossier
au cours de l'année civile en cours.
M. Dufour: Si j'ai bien compris, lorsqu'il y a des
problèmes qui assaillent les municipalités régionales de
comté ou avec lesquels elles doivent vivre... Je ne vous cache pas qu'au
cours du congrès de la semaine dernière j'ai eu l'occasion de
parler avec certains administrateurs municipaux qui, eux aussi, ont
parlé des problèmes avec lesquels ils vivent. Il y a une
municipalité, entre autres, qui souhaite que ses problèmes soient
réglés le plus rapidement possible. Des problèmes, cela
peut se régler de toutes sortes de façons, remarquez bien.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous avez des
recommandations précises, je ne suis pas fermé dans des cas
précis.
M. Dufour il est évident que ces problèmes qui
durent et perdurent... Tout de suite après, on va parler d'un autre
problème où il y a de l'Indécision, où cela prend
tellement de temps.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non.
M. Dufour: II ne faut pas se cacher que cela fait dix ans que les
municipalités régionales de comté sont en
préparation, en étude; elles ont cheminé. Cela fait
quelques fois que des lois les touchent. On ne peut pas laisser perdurer
indéfiniment les problèmes de fonctionnement; cela demande des
réponses assez précises. Je comprends qu'il y a peut-être
des décisions moins importantes. Mais c'est le vécu des
municipalités, les unes par rapport aux autres. C'est une question de
manière de vivre. Pour moi, cela demande des réponses rapides,
plus que d'autres dossiers. Vous pourriez me dire: Oui, mais c'est complexe.
C'est complexe les relations entre les individus, mais les règles du jeu
doivent être établies. Après dix ans, il y a sûrement
des gens qui ont proposé... La Commission municipale est au courant de
ce qui s'est passé. Le ministre a son expérience, bien sûr,
il a ses conseillers. Je ne vois pas pourquoi ces difficultés demeurent,
pourquoi il y a autant de municipalités régionales de
comté qui n'ont pas encore eu l'aval ou la réponse à leurs
questions ou aux problèmes soulevés dans leur fonctionnement. Le
plus tôt ce sera réglé... Il y a des fois où le
problème, c'est de prendre une décision. Des fois, on a toutes
sortes de...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le problème ce n'est pas de
prendre une décision, c'est de prendre la bonne. (11 h 15)
M. Dufour Je ne suis pas contre le fait de prendre la bonne
décision. J'espère qu'on prend toujours la bonne décision.
Ce que je prétends, c'est que des fois i est mieux d'en prendre une que
de ne pas en prendre du tout. Il y en a qui vont dire: Ce n'est pas la bonne.
Mais je pense que le ministre nous a donné la preuve que, même
s'il n'est pas tout le temps sûr d'avoir pris la bonne décision,
il en prend une de temps en temps. De celles-là, on ne peut pas dire
qu'elles n'ont pas été brassées ou qu'elles n'ont pas
été mises sur la place publique. La plupart du temps, il y a eu
certains problèmes. Si c'est arrivé là, cela veut dire
qu'il y a eu des problèmes de fonctionnement. On a donc tout
Intérêt à trancher et ce, le plus rapidement possible. Je
pense que si on ne prend pas de décision rapidement... Est-ce qu'on sera
meilleur dans six mois ou dans un an par rapport à ça? Je
comprends l'hésitation. Politiquement, c'est dérangeant de
prendre des décisions qui ne font pas l'objet d'un consensus ou de
l'unanimité. Mais le problème d'exercer le pouvoir de temps en
temps, c'est de décider et de bouger.
En tout cas, je retiens que vous nous dites d'ici à un an. Mas 1
faudrait que ce soit un an ferme. J'ai peur. Ce n'est peut-être pas vous
qui allez prendre la décision. Vous avez tous les éléments
en main, et c'est pour ça que c'est important que les décisions
soient arrêtées rapidement. C'est la personne qui est en place et
qui a vécu le processus - peut-être pas depuis le début
complètement, mais depuis un certain nombre de mois - qui est le plus
habilitée, à mon point de vue, pour prendre une décision
rapidement. Sur ce...
Le Président (M. Houde): Oui, allez-y. Je pensais que vous
aviez terminé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'indiquerai au
député de Jonquière que les décisions dans ces
dossiers sont fondamentales, parce qu'elles constituent l'établissement
des règles du jeu où monde municipal dans des régions
données et spécifiques, que, conscients de l'importance de cette
décision, nous avor. s recherché, jusqu'à maintenant,
l'établissement d'un consensus au sein des régions mêmes.
Ce consensus s'est parfois manifesté de façon spontanée.
Quelquefois, l'encouragement de la Commission municipale du Québec a
fait en sorte que le consensus, même moins spontané, est quand
même venu du milieu. Dans d'autres cas, il y a eu des interventions
additionnelles. Mais je pense que je peux affirmer au moment où nous
nous parlons que, dans tous les cas qui sont réglés, le consensus
n'a pas été imposé d'en haut, qu'on a réussi au
moins à le faire partager par la base. Lorsqu'il s'agit d'établir
les règles du jeu d'un mode de fonctionnement de toute une
région, c'est cette approche que, comme ministre, je privilégie;
ce qui ne veut pas dire que nous sommes disposés à laisser
traîner les dossiers. Bien au contraire, nous pensons que
l'échéancier que nous nous sommes fixé permettra de
régler même les cas les plus difficiles au cours de la
présente année. Vous comprendrez que, chaque fois qu'un dossier
se règle, ça fait partie du bagage auquel nous pouvons nous
référer pour régler un autre dossier qui ressemble
à quelques-uns des dossiers déjà réglés.
C'est donc de la jurisprudence, si je peux utiliser ce terme, qui
s'établit de plus en plus. Les observateurs municipaux concernés
sont conscients de l'évolution de cette jurisprudence, Is s'en
inspirent.
Ce que je souhaite avant tout, c'est que dans chacune de ces
régions, si c'était possible - Je pense que ce serait la solution
idéale au dossier, bien que je sois conscient que ce ne sera pas
à l'unanimité, car c'est rendu de plus en plus difficile,
l'unanimité, dans les cas qu'il reste à régler - c'est
qu'il y art quand même un consensus qui soit assez large. Si n'atteint
pas 90 %, comme la loi l'exigeait au tout début, qu'on le retrouve quand
même de façon assez manifestement majoritaire.
Le Président (M. Houde): Est-ce que ça va pour le
programme 1?
M. Dufour: II y a l'élément 2, qui concerne les
schémas d'aménagement. Lorsque, au dernier congrès de
l'Union des municipalités régionales de comté, le ministre
avait annoncé l'adoption de 18 schémas, cela avait fait bien
plaisir aux administrateurs municipaux. Mais il y a eu, à l'occasion de
ce dépôt, certaines prises de position du ministère de
l'Environnement, lequel disait qu'il s'était peut-être
glissé une petite erreur de la part du ministre. Je fais allusion au
chroniqueur des affaires municipales, Louis-Gilles Francoeur. Il parlait
d'erreur de la part du ministre et que cela venait de l'ex-ministre de
l'Environnement, M. Clifford Lincoln. Cela concernait les terres inondables,
etc.
Est-ce que vous êtes d'accord avec le qualificatif que vous avait
donné l'ex-ministre de l'Environnement au sujet de l'erreur qui aurait
pu être faite concernant l'adoption des schémas
d'aménagement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je connais bien l'article du
journal Le Devoir auquel vous faites référence. Je pense
qu'il a été publié en décembre dans le journal
Le Devoir.
M. Dufour: C'est cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais je connais tellement bien le
député de Jonquière et le zèle de son recherchiste
que je suis certain que vous avez continué à suivre les analyses
de Louis-Gilles Francoeur à propos des schémas
d'aménagement et que vous avez sans doute parmi vos coupures de presse
un article plus récent de M. Louis-Gilles Francoeur, dans lequel il
reprend l'ensemble des schémas d'aménagement, dont les 18
auxquels vous avez fait référence spécifiquement, et les
compare à la politique du ministère de l'Environnement en ce qui
concerne, entre autres, la protection des berges et des zones inondables. Je
suis certain que vous allez vous faire un plaisir d'en donner lecture à
cette commission parlementaire.
M. Dufour: Les 12 schémas d'aménagement qui ne sont
pas adoptés... Vous y avez fait allusion dans votre discours au dernier
congrès de l'Union des municipalités du Québec.
Prévoyez-vous que ce sera adopté rapidement? Je sais que vous en
avez parlé, vous prévoyez... Vous donnez-vous encore d'ici
à la fin de l'année?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Les échéances
ne sont pas les mêmes en ce qui concerne ce dossier. Je sais que vous
avez été attentif à certaines parties de mon discours
à l'occasion du congrès de l'Union des municipalités du
Québec, mais, dans une autre partie de ce discours, j'ai indiqué
que nous pensions raison- nablement avoir terminé la mise en vigueur des
schémas d'aménagement avant la fin de la présente session
parlementaire. Ce qui me semble assez rapide, quand même.
On m'indique que, par mesure de prudence et de façon que
l'Opposition et les parlementaires aient tout l'éclairage requis, il est
possible qu'il y ait quelques accrochages à cause de certains
schémas qui seraient devant les tribunaux.
M. Dufour: Vous dites qu'il y a 7 MRC
identifiées comme des cas problèmes?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. M. Dufour: Non?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que tous sont des cas
problèmes.
M. Dufour: Les 12, est-ce que ce sont des cas
problèmes?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On parlait de 15 en suspens. Je ne
dirais pas que ce sont tous des cas problèmes, non. Ce sont des cas qui
nécessitent une poursuite des négociations, soit avec le milieu
intéressé, soit avec les ministères concernés.
M. Dufour: En fait, les problèmes qui demeurent, ce sont
des cas sectoriels; c'est avec des ministères sectoriels qu'il y a
des difficultés?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas tout le temps.
M. Dufour: Pas tout le temps. Cela peut être le
ministère de l'Environnement, le ministère de l'Énergie et
des Ressources?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est du cas par cas. Il faut
évaluer à la face des politiques gouvernementales et,
également, tenir compte maintenant de la mise en vigueur des
schémas dans le voisinage plus ou moins immédiat. On a
ajouté des critères de considération. Le seul que la loi
nous impose est celui qui fait référence aux politiques des
ministères, mais, l'expérience aidant, nous en avons
ajouté. Je pense que le rythme de croisière actuel est
satisfaisant Nous obtenons une collaboration exemplaire du milieu municipal.
L'ensemble des ministères ont appris à accélérer le
tempo.
M. Dufour: Pourriez-vous nous parler du cas de
Laval...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pourrais vous parler des...
M. Dufour:... qui est une MRC au point de
vue de la loi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... 15 cas qui demeurent en
suspens. Mais, si je faisais état publiquement des
éléments sur lesquels nous nous penchons présentement - je
pense que c'est peut-être mon expérience comme ministre du Travail
qui m'amène à cette prudence - j'aurais l'impression de ne pas
apporter de contribution à l'avancement du dossier. Au contraire,
j'aurais l'impression de retarder un aboutissement que je souhaite positif pour
['ensemble des intervenants dans ce dossier. C'est un dossier qui est suivi
très attentivement par tous les intéressés. Je sais que la
presse s'y intéresse de façon très précise.
Dès que le schéma aura franchi les étapes
appropriées et convenues, il nous fera plaisir de vous en expliquer et
les tenants et les aboutissants.
M. Dufour Dans les schémas d'aménagement il y a des
cas devant la cour actuellement. Est-ce que cela empêche l'adoption du
schéma d'aménagement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela dépend des cas qui
sont devant les tribunaux, de la nature de l'action qui est intentée
devant les tribunaux. Habituellement je suis plus prudent qu'autre chose
lorsque des schémas sont contestés devant les tribunaux. D'un
autre côté, je suis conscient qu'il ne m'appartient pas de
paralyser ou de prêter mon concours à la paralysie de
l'entrée en vigueur du schéma d'aménagement. Je fais
habituellement les vérifications requises auprès du
ministère et des intervenants, et, sans vouloir m'immiscer ni de
façon directe ni de façon indirecte dans ce que se doit de
demeurer l'impartialité du système judiciaire, je fais parfois
quelques vérifications auprès de l'appareil judiciaire.
M. Dufour: Donc, avec toutes ces considérations au sujet
des difficultés qui existent entre les ministères, avec les cas
qui sont devant la cour, vous prétendez ou vous nous informez que vous
êtes convaincu que les schémas seraient adoptés au cours de
cette session?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous informe que l'objectif de
celui qui vous parle est de faire en sorte que, sous réserve des cas
où il pourrait y avoir impossibilité de décréter
à cause de l'implication du système judiciaire dans le dossier -
je ne veux quand même pas faire outrage au tribunal - nous adoptions
l'ensemble des schémas d'aménagement d'ici à la fin de la
présente session parlementaire, toutes choses étant
égales.
Le Président (M. Houde): Cela va, M. le
député?
M. Dufour: Pour cette partie, oui. M. le Président,
J'aimerais toucher à un autre programme qui fait aussi l'objet des
baisses dans le budget du ministère, c'est le programme Revi-Centre.
Le Président (M. Houde): Est-ce que vous voulez...
M. Dufour: Oui?
Le Président (M. Houde):... est-ce qu'on s'entend pour
adopter les programmes 1 à 7 dans leur ensemble à la fin ou un
à un?
M. Dufour: On en est toujours au programme1?
Le Président (M. Houde): Oui. On dérive un petit
peu et on revient sur les programmes de l'armée dernière. Est-ce
que vous voulez qu'on le fasse d'un bloc, à la fin?
M. Dufour: À la fin.
Le Président (M. Houde): Cela va?
M. Dufour: Oui.
Le Président (M. Houde): Allez-y Lumière verte.
Programme ReviCentre
M. Dufour: Le programme ReviCentre a eu un impact important dans
plusieurs municipalités au Québec. Un des problèmes qu'on
éprouve, c'est que, malheureusement, ce sont toujours des programmes
ponctuels, pondus rapidement et qui, à cause de courts
échéanciers, obligent les municipalités à
procéder rapidement et souvent les empêchent d'obtenir l'ensemble
des effets escomptés. On peut dire tout de même que le programme
ReviCentre a eu des impacts heureux, bénéfiques,
économiques sur beaucoup de municipalités au Québec.
Malheureusement, ce programme est terminé, et on sent cette mise en
veilleuse ou cet arrêt du programme ReviCentre qui fait que les
municipalités ne continuent pas et que cela n'a pas permis à
l'ensemble de ces municipalités de jouir des résultats
escomptés.
Par ce programme, 50 000 000 $ ont été versés aux
municipalités. On aurait quelques questions à vous poser sur
l'évaluation que vous en faites, avant de demander si vous avez
l'intention de ressusciter ce programme. Dans le rapport annuel 1987-1988,
à la page 25, on peut lire que le ministère a
procédé à une évaluation complète du
programme. Est-ce qu'il est possible d'avoir une copie de cette étude?
Est-ce que vous avez certains commentaires à ce sujet? (11 h 30)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que, toutes proportions
gardées, l'évaluation qui a été faite du programme
peut être qualifiée de
positive, si on s'en tient strictement aux critères de
retombées économiques. Il y a également, au
ministère, des réflexions qui se font sur l'aspect qualitatif du
programme comme tel et tous conviennent, tant au ministère que les
intéressés qui étaient là avant que j'arrive - je
partage cette opinion du ministère - que le programme
nécessitait, pour ne pas dire commandait, un temps d'arrêt. Vous
avez des programmes Revi-Centre qui, à tous les points de vue, ont
été bénéfiques pour certains centres-villes. Il y a
certaines applications du programme ReviCentre qui ont fait en sorte que la vie
au centre-ville n'en a pas bénéficié; au contraire, il y a
eu certaines destructions de vie de centre-ville. À ce chapitre, les
spécialistes du ministère souhaitaient un temps d'arrêt.
Par contre, je suis conscient de la volonté du monde municipal de voir
le programme revivre. Je vous dirai qu'il n'est pas complètement mort et
que, pour les municipalités qui requièrent de l'assistance
technique comme telle, le ministère, fort de ses expériences
passées, heureuses ou malheureuses, ayant appris à conserver le
meilleur et à oublier le pire, donne ou prête cette assistance
technique. Il y a également, en ce qui concerne les centres-villes,
toute l'intervention des SIDAC, dans les centres-villes.
M. Dufour: Est-ce que l'étude est disponible? Peut-on
avoir une copie de cette étude?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le sous-ministre me dit que l'on
pourrait faire un résumé pour dépôt, parce qu'il y a
beaucoup d'aspects techniques dans l'étude.
M. Dufour: Je l'imagine.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais si vous la voulez au complet,
je peux essayer de trouver les caisses nécessaires. Si vous voulez un
résumé... Parce que j'ai eu, moi aussi, accès au
résumé, je ne suis pas allé dans...
M. Dufour: Mais ce ne sont pas tous les documents qui ont servi
à l'étude.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous voulez un
résumé honnête de l'étude? Voilà ma
question.
M. Dufour: C'est cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si c'est le cas, je pense qu'on
communiquera aux membres de la commission...
M. Dufour: Les retombées économiques, combien il y
a eu d'emplois créés...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Dufour: Est-ce qu'actuellement il y a des
crédits...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais, à ce sujet, je
pourrais vous envoyer copie d'un de mes discours, dans lequel j'ai
mentionné les retombées économiques, etc. Voulez-vous vous
limiter à cela et vous astreindre à la lecture d'un de mes
discours? Mais si vous préférez un résumé objectif,
je peux également vous offrir un résumé objectif du
ministère. Les chiffres vont sans doute...
M. Dufour: On pourrait peut-être avoir votre discours et un
résumé honnête. Ha, ha, ha!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ha, ha, ha!
Les chiffres vont sans doute être les mêmes, mais
peut-être que la phraséologie sera différente. Ha, ha,
ha!
M. Dufour: Ha, ha, ha! Est-ce qu'il y a des crédits qui
sont périmés dans le cadre de ce programme?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non.
M. Dufour: Pas de crédits périmés. Comme il
y a encore beaucoup de demandes, est-ce que... Vous nous avez dit, tout
à l'heure, que le programme n'était pas complètement mort,
mais il n'est sûrement pas fort, si c'est juste de l'aide technique.
C'est un bon apport du ministère des Affaires municipales, mais les
municipalités veulent avoir un peu plus que cela, j'en suis convaincu.
D'ailleurs, vous devez avoir en main des résolutions de certains
conseils municipaux qui vous demandent de réactiver le programme. Est-ce
que c'est votre intention de mettre en place un nouveau programme, ReviCentre
II, par exemple?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais pas sans avoir
réglé, sur le plan des marges de manoeuvre financières
dont nous pouvons disposer, la question d'approvisionnement en eau potable,
qui, à l'heure actuelle, sur le plan du choix des priorités,
m'apparaît la priorité dans le monde municipal. Je pense que c'est
aussi la priorité des représentants municipaux.
M. Dufour: C'est évident que sur... Ce sont des questions
de choix. Ce que vous me dites, c'est que ce n'est pas demain que le programme
ReviCentre va être ressuscité. Si vous nous parlez...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si c'était pour demain, ils
seraient inscrits aux crédits 1989-1990.
M. Dufour: Dans mes notes d'ouverture, j'ai
démontré que le programme AIDA était com plètement
insuffisant. Vous me donnez l'informa tion que, vous aussi, vous aviez
constaté qu'il
était Insuffisant parce que vous dites que vous voulez inscrire
ça comme priorité. Il faut ajouter 'pour l'eau potable*, en fait,
pour comprendre les mots pour ce qu'ils veulent dire. Même malgré
la délégation du ministre, c'est clair qu'Aida est un air
d'opéra et on ne pourra pas le jouer indéfiniment. Aïda,
c'est un opéra, mais on ne pourra pas jouer indéfiniment
là-dessus. Il va falloir qu'un jour quelqu'un décide que
l'opéra est incomplet et qu'il faut le compléter. Cela va prendre
des sous, beaucoup de sous.
Je veux me référer à votre discours d'ouverture,
pour parler peut-être de discours plutôt que de notes, dans votre
cas. Effectivement, on sent bien que ce programme ne donne pas... D'ailleurs,
c'est une coïncidence, au congrès de l'Union des
municipalités, encore là, il y a eu des discussions par rapport
à ça et des gens nous ont dit: On pensait... mais c'est loin
de... et on n'aura rien. Cela veut dire que beaucoup d'élus municipaux
sont déçus; ils ont beaucoup d'attentes non seulement des
comtés péquistes. mais des comtés actuellement
représentés par le gouvernement actuel du Parti libéral.
À ce moment-là, ce programme est complètement
insuffisant.
Je comprends que vous me dites que, si vous choisissez cette
priorité, les municipalités aiment être identifiées
comme priorité, mais elles aiment surtout des résultats concrets.
Je vous le dis carrément, même si vous faites une priorité
de l'eau, il faut comprendre - c'est cela qu'il est Important d'examiner -
qu'il y a encore un taux de chômage au-dessus de 10 % au Québec.
Il y a un taux de chômage de 10 % et le programme ReviCentre, au point de
vue de la création d'emplois, est un instrument qui permettait de le
faire. Ce n'était pas un don purement détaché de la part
d'un gouvernement de mettre des sommes d'argent pour les municipalités
dans un programme qui s'appelait le programme ReviCentre. Il avait des retours
d'argent sur l'investissement par des taxes et aussi, il ne faut pas se le
cacher, les municipalités en ont mis pour pas mal plus que le
gouvernement. Pas mal plus! Je connais des municipalités qui ont
même mis 20 à 25 fois plus que ce que le gouvernement a mis dans
les programmes ReviCentre.
Donc, à ce moment-là, c'est une activité
intéressante pour le gouvernement. La vraie étude pourrait
peut-être démontrer que, dans le fond, le gouvernement a mis de
l'argent, mais il l'a repris. Il l'a donné et il l'a repris, ce qui veut
dire que la priorité que vous semblez attacher à l'eau, que je ne
veux pas enlever, je trouve, bien sûr, qu'il est important que les gens
aient accès à une qualité de vie correcte, c'est normal
que l'eau fasse partie de ces préoccupations, mais on peut avoir
plusieurs priorités en même temps. On n'est pas obligé
d'avoir une priorité seulement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les priorités, on peut
toutes les avoir.
M. Dufour: Je dis que c'est se limiter dans le temps et dans
notre action. C'est surtout se diminuer par rapport à un ensemble de
décisions qu'on a à prendre. Je reviens à la charge en
disant: Est-ce que vous croyez qu'avec tous les éléments que vous
possédez... Vous avez une étude en main, vous avez eu le temps
d'analyser ce qui s'est passé dans ces programmes, vous avez eu aussi
des contacts avec les municipalités. Vous devez sûrement
être au courant de toutes ces demandes qui nous sont faites ou qui vous
sont faites et, à ce moment-là, je reviens avec ma question:
Est-ce que vous pensez que ce programme pourrait revivre rapidement? Même
s'il n'y a pas d'argent de prévu, cela arrive qu'ily ait des
changements qui se passent. Je voulais juste vous rappeler que l'augmentation
des taux d'intérêt et tout ce qui se passe au point Je vue
économique actuellement, cela ne nous laisse pas insensibles. Je pense
bien que vous devez aussi avoir les mêmes réactions par rapport
à ce dont on parle.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, en
reprenant l'essentiel de l'argumentation du député de
Jonquière et en ne divergeant qu'à un endroit, sur le plan de
"prioriser" les priorités, parce que je me souviens d'avoir eu
l'occasion de siéger dans l'Opposition et l'avantage, c'est qu'on peut
avoir des priorités sans être obligés de les "prioriser".
Tandis que lorsque vous siégez de l'autre côté de la
Chambre, il vous faut avoir des priorités, mais vous avez
également l'obligation de "prioriser" vos priorités.
Vous mettez en relief toute la question de l'importance, sur le plan
économique, de ReviCentre, de l'implication des municipalités sur
les plan financier, des retombées économiques, même
positives, surtout en période de taux d'intérêt
élevés, peut-être de ralentissement économique
appréhendé, etc., de ce que peut constituer un tel programme
comme moteur dans chacune des régions, de création d'emplois, et
je pense que, là-dessus, vous avez raison.
Maintenant, je peux vous mettre en parallèle ceci, et je pense ne
pas trahir le sentiment - je ne dirais pas de la totalité, parce que,
là aussi, il y a des points de vue - d'une proportion fort importante
des élus municipaux qui, eux aussi, ayant l'obligation de gouverner, ont
l'obligation de "prioriser" leurs priorités, choisissent de "prioriser"
sur le plan des infrastructures municipales. Je pense que c'est le cas de
l'Union des municipalités du Québec, je pense que c'est le cas de
la Fédération canadienne des municipalités, je pense
également que c'est le cas de l'ensemble des ministres responsables,
dans l'ensemble des juridictions, au Canada, qu'il s'agisse des provinces ou
des territoires. En tout cas, c'est le sens des pourparlers qui ont eu lieu
à l'occasion de la dernière conférence des ministres des
Affaires municipales de tout le pays.
Je vous dirai que je me sens à l'aise avec cette "priorisation"
des priorités. Je vous dira! que ce que vous mentionnez, sur le plan des
retombées économiques, est également présent dans
le cadre d'un tel programme. Lorsque vous effectuez des travaux d'aqueduc,
d'égout, des travaux routiers reliés à des programmes
d'aqueduc et d'égout, un peu partout dans le territoire, dans une
province donnée, vous avez, ià aussi, un essor économique,
de la création d'emplois. Vous connaissez l'état du dossier, il a
été inscrit, je pense, par un de vos bons amis, le premier
ministre du Canada, à l'ordre du jour de la prochaine conférence
des premiers ministres qui portera sur le développement
économique. Le premier ministre du Québec a été
sensibilisé par celui qui vous parle, par les porte-parole de l'Union
des municipalités du Québec également, à
l'Importance, dans le cas d'un ralentissement économique
appréhendé, de profiter de l'occasion pour réaliser un tel
programme.
Le monde municipal compte, comme je le mentionnais à l'occasion
du congrès de l'Union des municipalités du Québec, sur un
allié additionnel, quelqu'un qui a eu l'honneur d'occuper la même
fonction que vous avez déjà occupée dans le passé,
qui a déjà été président de l'Union des
municipalités du Québec et qui est maintenant ministre senior
dans le cabinet fédéral, qui a déjà
été président de la Fédération canadienne
des municipalités, qui s'est battu et qui a mis de l'avant ce dossier
des infrastructures municipales. Je pense que le dossier est bien
positionné sur le plan politique, que la priorité a
été "priorisée", à l'endroit de ce dossier, dans
l'ensemble du monde municipal canadien et québécois.
Je ne vous cacherai pas que le contexte budgétaire actuel,
surtout du gouvernement fédéral, m'inquiète; ils auront,
eux aussi, à "prioriser" leurs priorités. Je vous invite à
joindre votre voix à celle de tous les autres intervenants municipaux
pour que le gouvernement fédéral, lorsqu'il aura à
"prioriser" ses priorités, aille dans le sens de la demande de la
Fédération canadienne des municipalités, de l'Union des
municipalités du Québec et de l'ensemble des ministres qui ont
juridiction en ce qui concerne la mise sur pied d'un tel programme, avec tous
les effets bénéfiques que vous connaissez.
M. Dufour: Je suis content et je prends bonne note de l'attitude
du ministre des Affaires municipales concernant la réfection des
infrastructures des municipalités en général. Il y a aussi
le rapport Parizeau qui en faisait largement état. Donc, on n'a pas trop
de mérite à dire qu'on est d'accord avec ça, c'est clair.
Le problème qu'on a, c'est qu'au fédéral, ça
regarde mal, pour le moment. Je ne sais pas s'ils vont trouver la baguette
magique. S'il y en a qui prétendaient que la situation du Québec
était dans un état lamentable au point de vue finan- cier, celle
du gouvernement du Canada est une faillite globale et totale, si on compare les
montants d'un gouvernement par rapport à l'autre. Est-ce qu'Us auront
une baguette quelque part pour trouver de l'argent? Je ne le sais pas. Je vous
dis seulement: Oui, on est d'accord, si le gouvernement fédéral
veut injecter des sommes intéressantes. On sera sûrement à
côté de vous, sinon derrière vous, pour pouvoir vous aider
dans ce sens. Je panse que là, on aide l'ensemble des
municipalités. (11 h 45)
Ce que je prétends, c'est que par rapport à ReviCentre,
premièrement, ça touche aussi les infrastructures. Lorsque le
programme ReviCentre a été mis en marche, beaucoup de
municipalités s'en sont prévalues pour les infrastructures. Donc,
il y a des parties qui sont corrigées. Il y a même des
municipalités qui ont fait ce qui pouvait s'apparenter à des
rénovations de quartiers complets. C'était important,
c'était un geste correct. Mais la raison pour laquelle je parle de
ReviCentre, c'est qu'il y a l'aspect de ce qui s'est fait jusqu'à
maintenant et il y a un autre aspect qui n'a pas été
complété, c'est la rénovation de certaines bâtisses
à l'intérieur des projets ReviCentre, la réfection des
façades. Il y a un certain nombre d'éléments qui auraient
pu être continués. Encore ià, le taux de chômage
étant ce qu'il est... Il est à 10 %, il n'est pas en
décroissance. On peut bien prétendre qu'on a créé
de l'emploi, mais je me demande de quelle façon, si on ne pose jamais
les gestes pour en créer... On peut essayer de bénéficer
des retombées de ce qui se passe ailleurs et dire: Ah oui! On a
créé de remploi, parce que l'autre, ailleurs, dit aussi: J'en ai
créé.
Un des problèmes qu'on a presque toujours, c'est que les
programmes sont en vigueur pendant de courtes périodes. Vous avez fait
allusion, tout à l'heure, à des programmes qui n'ont pas
donné les effets escomptés. Il y a des raisons à cela, et
c'est le propre de tous les gouvernements. Souvent - il faut le constater, je
mets plutôt un chapeau municipal qu'un chapeau du gouvernement du
Québec quand je parle comme ça - le problème, c'est qu'on
fait des programmes qui ne restent pas en application plusieurs années.
Souvent, on les bâtit rapidement pour avoir accès à des
sources de revenus et, comme ça ne dure pas longtemps, les programmes
finissent tous par se ressembler et ça a des effets qui ne sont pas
toujours souhaités. Je ne peux pas croire que les programmes ReviCentre
d'une municipalité à l'autre, que le plan de Saint-Hyacinthe, par
exemple, puisse s'appliquer intégralement à Jonquière et
que le plan de Jonquière puisse s'appliquer à Chicoutimi, que le
plan de Chicoutimi puisse s'appliquer à Sherbrooke.
Le problème qu'on a, c'est que cela se fart rapidement. Ce sont
toujours les mêmes consultants qui ont un peu plus d'avance. Ils
présentent les plans globalement et tout le monde finit
par se ressembler. C'est ce qu'on ne veut pas, en tout cas, ce que je ne
voudrais pas. C'est pour ça qu'une deuxième phase de ReviCentre,
il y a des gens qui ont eu le temps de réfléchir
là-dessus. Ils ont eu le temps de voir des choses, de se sensibiliser
beaucoup plus. Une deuxième phase de ReviCentre aurait beaucoup plus
d'impact. ReviCentre fait partie... Les centres-villes, ça fait partie
des municipalités. Cela fait partie d'une trame urbaine drôlement
importante dans le milieu. S'il n'y avait pas eu ça, je vous passe un
papier, malgré toutes les lacunes, ces programmes ont été
bons.
Même sans avoir eu accès à tous les dossiers, je
suis convaincu que, dans l'ensemble, cette opération est bonne. Elle a
initié une responsabilisation des élus. Cela fait prendre
conscience aux élus qu'il y avait des lacunes dans ces domaines. Non pas
qu'ils ne les voyaient pas, mais ils ne mettaient pas l'effort suffisant. Cela
permet de créer de l'emploi, de maintenir une vie de quartier plus
intéressante. Cela s'inscrit dans une démarche globale de
qualité de vie.
Par rapport à ça, j'aimerais que vous me répondiez.
Peut-être qu'on pourrait faire des aménagements, des
améliorations de ReviCentre. Cela peut se "prioriser", même avec
l'eau. Je ne sais pas si vous .leur avez demandé... Vous me dites que
les élus ont choisi ça par rapport à ça, mais
ont-ils eu le choix? Si vous me dites: C'est la poule ou l'oeuf. Il aurait
été mieux de prendre la poule parce que tu vas avoir des oeufs
plus longtemps. Mais, c'est plus que ça. C'est dans votre rôle
d'ombudsman. Vous devez avoir une vue beaucoup plus globale du monde
municipal.
L'eau est nécessaire, obligatoire, c'est même
indispensable. C'est juste une constatation, mais ça peut s'expliquer.
Je ne donne pas de réponse par rapport à ça. Que tout le
monde n'ait pas droit à de l'eau pure au Québec, ça n'a
presque pas de bon sens. On est en 1989. Tout le monde peut prendre cela sur
ses épaules et dire: Cela n'a pas de bon sens. C'est la priorité
des priorités. Parfait! Tant que tout le monde n'aura pas d'eau, ce sera
une priorité. En attendant, est-ce qu'il y a moyen d'avoir
d'autres priorités qui s'inscrivent dans une démarche?
Le service de protection contre les incendies, ce ne sont pas toutes les
municipalités qui l'ont, au Québec. Cela aussi pourrait
être une priorité. Un service de sécurité publique,
c'est partiel à plusieurs endroits. Vous avez huit programmes. Lequel
est prioritaire dans vos huit programmes? Je vous poserais bien la question.
Vous pourriez peut-être me répondre: C'est le programme 1. Je peux
vous dire: C'est le programme 3 ou le 2. On pourra s'entendre. Est-ce que vous
avez, comme ministre, cette préoccupation ou cette volonté de
répondre favorablement à des municipalités qui ont
posé la question carrément par résolution concernant le
programme ReviCentre? Est-ce qu'il y aura un ReviCen- tre II? SI oui,
rapidement ou sous peu?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, vous me
permettrez de reprendre certains des propos du député de
Jonquière qui ont précédé la question
précise qu'il vient de m'adresser. Au tout début de son
intervention, le député de Jonquière a mentionné le
passage de son actuel chef, M. Parizeau, dans le domaine des affaires
municipales, à la demande du monde municipal. Il a fait
référence à son rapport et a même indiqué que
celui qui vous parle s'en est possiblement inspiré. La réponse
est affirmative. J'espère qu'il ne m'en jettera pas le blâme,
cette fois. La dernière fois que je m'étais inspiré de M.
Parizeau, c'était à partir de son livre blanc sur la
fiscalité, pour bâtir la réforme de l'aide sociale, et il
m'en a blâmé. Donc, M. Parizeau sera un à un si, cette
fois, je ne reçois pas de blâme de la part du député
de Jonquière.
En ce qui concerne ReviCentre et l'accomplissement ou la
réalisation en même temps de travaux reliés à des
infrastructures en matière d'aqueduc ou d'égout, je pense que
vous avez raison. Plusieurs municipalités ont profité de
ReviCentre pour, en même temps, effectuer des travaux au plan de
l'assainissement des eaux, c'est évident. Il s'agissait là d'un
des défis, sur le plan pratique, auxquels nous avons dû nous
attaquer à l'occasion de la conférence des ministres provinciaux
et des territoires des Affaires municipales. Je vais vous expliquer pourquoi.
La demande originale de la fédération des municipalités du
Québec touchait l'ensemble des éléments que peut
comprendre un programme d'aide aux équipements municipaux. Le programme
ReviCentre, par définition, était inclus dans la demande
initiale. Celle-ci, en argent de 1982, si ma mémoire est fidèle,
pour l'ensemble du Canada, était évaluée à 15 000
000 000 $. Nous avons tous convenu, et cela n'a pas été facile,
c'est-à-dire que nous nous sommes entendus rapidement sur le principe
que 15 000 000 000 $, dans le contexte budgétaire actuel des
gouvernements, c'était irréaliste, qu'il nous fallait cibler,
encore une fois, favoriser des priorités, ce que nous devions faire
à plus brève échéance. Les ministres comme le monde
municipal, également, on a décidé de privilégier
les travaux d'aqueduc, d'égout et les travaux routiers directement
reliés à des travaux d'aqueduc et d'égout, ce qui
ramène la facture, dans des proportions encore très importantes
mais beaucoup plus discutables et beaucoup plus réalisables, à
quelque 5 000 000 000 $ pour l'ensemble du pays, et à peu près 25
% ou un peu plus pour la province de Québec.
Je pense que c'est la façon dont on a abordé le dossier,
pour que les chiffres ne soient pas d'une ampleur telle que certains niveaux de
gouvernement refusent même de considérer ou de regarder le
dossier, sachant très bien qu'ils n'ont pas les disponibilités
financières. C'est un
programme qui serait partagé un tiers, un tiers, un tiers par les
gouvernements municipaux, les gouvernements provinciaux et le gouvernement
fédéral. Des juridictions ont choisi de tenter d'ajouter des
éléments parce qu'il n'est pas toujours facile de trouver le
dénominateur commun entre Yellowknife et Toronto, pour vous donner un
exemple. Si on a réussi à trouver un dénominateur commun,
à faire cheminer un dossier où on s'est entendus sur des
définitions de base, à moins que vous ne puissiez nous indiquer
très clairement que nous avons commis des erreurs, pour autant que le
Québec soit concerné, que le Québec ne sortirait pas au
moins également avantagé de l'application d'un tel programme, je
pense que la réalité financière des trois paliers de
gouvernement devrait nous amener à nous battre strictement sur cette
définition restreinte pour le moment.
Dès que nous aurons des réponses concrètes et
tangibles sur cet élément du dossier, est-ce qu'il y aura un
programme ReviCentre II? Je pense que vous soulevez là un point qui
demeure une priorité. Est-ce que ça va s'appeler ReviCentre II?
Cela s'appellera peut-être autrement, mais toute cette question
d'aménagement, de recréer de la vie dans chacun de nos
centres-villes demeure une priorité pour le ministère des
Affaires municipales. Mais on ne peut pas honnêtement, actuellement,
faire passer cette priorité avant celle de garantir un approvisionnement
en eau potable à l'ensemble de la population québécoise.
Je pense que, là-dessus, on est appuyés par la vaste
majorité du monde municipal et que, là-dessus, le Québec a
également joué un rôle de leadership en amenant à sa
position ou en contribuant à amener à sa position l'ensemble des
juridictions au Canada.
Actuellement, nous avons le devoir de pousser le dossier en continuant
de le cibler là où il est ciblé. Tout changement
d'attitude dans ce ciblage du dossier pourrait faire en sorte qu'on n'aurait
aucun résultat concret dans un avenir prévisible.
M. Dufour: Comme c'est un dossier qui est à une autre
table qui s'appelle le gouvernement fédéral et que le
gouvernement provincial, avec le gouvernement municipal, a déjà,
je pense, donné son accord, son aval, je comprends que ça peut
aller, à l'exception qu'il est arrivé souvent que les provinces,
avec leurs municipalités, aient été d'accord sur des
dossiers et que cela n'aboutisse pas pour autant. Si, demain matin, ça
ne marche pas, si, pour une raison ou pour une autre, il n'y a pas de
résultat, qu'est-ce qu'on fait? Là, je n'aurai pas la
réponse. Vous me dites que le programme ReviCentre est une
priorité, mais ce n'est pas la principale priorité à cause
de certaines circonstances, faits ou événements. Comment
allons-nous arriver à faire des éliminations quelque part?
Comment va-t-on prendre une décision là-dessus? Si le
fédéral ne vous donne pas de réponse affirmative demain,
la priorité reste là, mais comment allons-nous y donner suite?
Est-ce que cela n'empêche pas, en même temps, qu'on poursuive des
discussions, des tractations pour l'eau? Est-ce que cela nous empêche
d'examiner s'il est posssible d'y répondre? Le programme ReviCentre a
demandé 50 000 000 $ sur quelques années. Vous devez avoir la
certitude...
En tout cas, j'ai la certitude qu'il y a eu des retombées
beaucoup plus fortes que les 50 000 000 $. C'est clair. Il y a eu certainement
au moins 50 000 000 $ de retombées. C'est un minimum. C'est pius que
ça. Si on fait l'évaluation, je suis convaincu que vous pourriez
facilement retrouver les 50 000 000 $ que vous y avez investis. C'est sûr
que le ministère des Affaires municipales n'a pas
récupéré ces 50 000 000 $, mais peut-être que le
ministère des Finances et le Conseil du trésor pourraient
être vos alliés et dire: Le programme ReviCentre... C'est
ça, votre rôle d'ombudsman. Vous pourriez peut-être aller
les voir et leur dire: C'est un bon programme, nonobstant ce qu'on dit par
rapport a l'eau et les égouts. On peut y aller, c'est un bon programme.
Cela permettrait au gouvernement de dire: On peut réduire du
chômage, ce que je n'ai vu nulle part. (12 heures)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que, pour l'essentiel, le
député de Jonquière soulève une question à
laquelle nous travaillons et je vais peut-être profiter de l'étude
des présents crédits pour lui demander son opinion, son
expertise, son avis. Dans l'éventualité d'un programme ReviCentre
II ou de quelque façon qu'il soit baptisé, est-ce qu'on devrait
conserver les mêmes critères d'admissibilité sur le plan de
la dimension de la municipalité? Est-ce que les municipalités qui
ont profité du programme ReviCentre ! devraient être la
clientèle cible? Devrait-on l'offrir aux municipalités qui n'ont
pas eu l'avantage de profiter de ReviCentre il? Devrait-on cibler davantage les
plus petites municipalités, comme on l'a fait avec le programme AIDA? Ce
sont des questions qui, au moment où nous nous parlons, font l'objet
d'une réflexion au ministère parce que, bien qu'on ait
privilégié le dossier que vous avez mentionné, on n'est
pas en panne de réflexion. On continue à réfléchir
sur les dossiers qui, nous le savons, vont revenir à la surface un jour
ou l'autre, compte tenu des disponibilités budgétaires de
l'ensemble des niveaux de gouvernement impliqués.
M. Dufour: Je pense que le ministère actuellement... Cela
découle des premières questions et du fait que vous ayez des
copies d'études. Je pense que, de ce côté, cela permet
d'éliminer ou de compléter un certain questionnement qu'on
pourrait avoir. Il y a des municipalités qui ont obtenu des subventions.
Elles pourraient être admissibles encore parce que, souvent, le
programme... C'étaient des choix des municipalités. Elles n'ont
pas poussé le program-
me jusqu'au bout parce qu'elles n'avaient pas suffisamment d'argent.
Elles ont dit: On va faire un petit coin. Mais cela... C'est comme quand on
enlève un taudis d'une municipalité. Souvent, quand on
l'enlève, on dit: Cela va être correct mais, en arrière, il
y a un autre taudis qui est pire encore que le premier qu'on a
enlevé. C'est un peu spécifique.
Personnellement, je n'exclurais pas nécessairement au premier
abord les municipalités qui ont obtenu... Il y a surtout aussi
des municipalités fusionnées. Il y en a qui viendront, des
municipalités comme Lévis-Lauzon, par exemple, qui sont en
pourparlers de fusionnement. Est-ce qu'on ne devrait pas... En ont-elles eu ou
n'en ont-elles pas eu? Je ne le sais pas. Elles pourraient peut-être
être examinées par rapport à ça. Il y a
toutes sortes de phénomènes. Il y a aussi la
complétion des dossiers de ReviCentre. Ce n'est pas seulement de
l'infrastructure, de l'éclairage, des routes, des égoûts,
de l'aqueduc et du pavage. Cela peut être un peu plus que ça. Je
sais, par exemple, que certaines municipalités ont poussé -
Montréal l'a fait et, je pense, avec beaucoup de doigté -
même jusqu'à offrir à des municipalités de
rénover leurs facades, en profiter pour s'ajuster.
Je pense qu'on ne doit pas les exclure nécessairement Les
municipalités dynamiques, on doit les garder le plus dynamiques possible
et il y a peut-être de la place pour d'autres. Il y a
peut-être aussi des endroits où ReviCentre, ça ne
s'impose pas. Il y a des fois où il n'y a pas de centre comme
tel. On ne peut pas parler de ReviCentre où il n'y a pas de
centre. Il y a des municipalités qui sont faites toute sur la
longueur et vous n'êtes pas capables d'identifier où est le
centre. Si vous leur dites: On a un programme à vous prêter, elles
vont trouver une méthode pour en faire un. Je ne veux pas qu'on
recrée ou qu'on réinvente la roue. Je pense que si vous me dites
que vous avez engagé votre réflexion... Je crois, à
première vue, qu'on ne doit pas les exclure par rapport à
ça. Les municipalités qui ont été là-dedans
ont une expérience qui pourrait permettre de donner une meilleure
retombée, une meilleure analyse et un meilleur suivi. Il y a
toutes sortes d'éléments. Je vous le dis, honnêtement,
je ne serais pas porté à exclure certaines municipalités,
à moins que ce ne soit vraiment complet. Si tout le travail est fait, on
n'en donne pas, mais il y a des grilles d'analyse là-dessus qui
permettent d'éliminer ce qui doit être éliminé. Mais
il faut, de temps en temps, être capable de dire: Non, vous ne pourrez
pas avoir accès, ça n'a pas de bon sens, mais il y en a
d'autres et on veut les mettre.
C'est sûr que votre question peut changer la nature de mes
premiers propos, mais j'aimerais encore revenir à la charge puisque vous
m'avez informé que vous êtes en réflexion là-dessus.
Est-ce que vous prévoyez, dans un court laps de temps, pouvoir donner
une réponse aux municipalités?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour l'année
budgétaire en cours, sous réserve des annonces toujours possibles
du ministre des Finances dans le budget, il n'apparaît pas, dans les
crédits que nous étudions présentement, de montant
spécifiquement affecté à ce programme. Néanmoins,
il faut toujours être prudent, à l'occasion des crédits.
L'an passé, je n'assistais pas aux crédits, et il n'apparaissait
pas de montant, dans les crédits, quant au programme AIDA. Ce n'est
qu'au moment du budget qu'on a eu ce type de nouvelles.
Donc, la réponse est transparente, claire, directe, elle est en
deux volets. À partir des crédits que le président du
Conseil du trésor a déposés à
l'Assemblée nationale du Québec, la réponse est
négative pour les chiffres qui apparaissent. Quant aux montants qui
apparaissent et qui sont détaillés dans le livre des
crédits, maintenant, il faut toujours avoir la prudence d'attendre que
le budget du gouvernement soit connu. Connaissant l'attachement du ministre des
Finances pour le monde municipal, il est rare qu'il n'y ait pas, à
l'occasion du discours sur le budget, de bonnes nouvelles pour le monde
municipal.
M. Dufour En tout cas, il pourrait aussi y avoir des promesses
électorales quelque part, mais ce n'est pas là-dessus que vont
porter mes propos.
Est-ce qu'il est possible d'avoir des copies d'études concernant
les programmes qui s'appliquent à Québec et à
Montréal? Est-ce que vous en avez de ces études? Est-ce qu'il
serait possible d'avoir les copies de ces études?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On est en train d'effectuer cela
avec Montréal, au moment où l'on se parle. On me dit que les
échéances feront en sorte que ça ne sera pas disponible
avant l'automne prochain. C'est en train d'être fait entre le
ministère et la ville de Montréal. Si vous êtes toujours
intéressé, à l'automne, vous pourrez nous appeler.
M. Dufour: Pourquoi pas! Concernant le programme 2, Aide et
surveillance administratives et financières, avec votre permission, je
préférerais le garder pour cet après-midi. Êtes-vous
d'accord?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je n'ai pas d'objection s'il n'y
a pas d'autres membres de la commission qui s'y opposent, quant au suivi
des travaux.
M. Dufour: En fait, sur tout ce qui concerne la partie
enquête, etc., j'aimerais y revenir cet après-midi.
Êtes-vous d'accord?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Il y a toujours la
période de questions, aussi.
M. Dufour: Oui, ça pourrait être des points. Cela
pourrait, je ne garantis rien. On prendrait le programme 3...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le programme 3, il n'y a pas de
problème.
Évaluation foncière
M. Dufour: C'est de 4 à 7. Évaluation
foncière. On a adopté la loi 90, à l'automne 1988. Est-ce
qu'au moment où on se parle, où on regarde ces crédits,
vous avez analysé les impacts? Est-ce que vous avez fait une
évaluation des impacts de la loi, à partir de l'adoption de la
loi jusqu'à maintenant?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De la loi 90? M. Dufour:
Oui, de la loi 90.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense qu'en ce qui concerne les
municipalités d'importance, comme, entre autres, la municipalité
de Montréal, toutes les simulations ont été faites dans le
cas d'à peu près tous les comptes de taxes des contribuables. Je
sais que d'autres municipalités les ont faites mais, à ma
connaissance, j'en ai discuté personnellement avec le maire de
Montréal et même, ça nous a amenés à
apporter, en toute fin, avant l'adoption définitive de la loi, au moment
de la commission parlementaire ou même en troisième lecture, des
amendements qui touchaient, entre autres, le plafonnement, parce qu'il y avait,
si ma mémoire est fidèle, quelque 20 000 contribuables de la
ville de Montréal qui auraient pu être affectés
négativement, n'eût été l'inclusion de cette
disposition au projet de loi. Je sais que d'autres municipalités, en
collaboration avec celui qui était mon attaché politique à
l'époque, ont également fait des simulations, de façon
à avoir la réalité vécue, au lendemain de
l'adoption. Ces simulations se font de façon très précise,
à l'aide des ordinateurs. À ma connaissance, les résultats
concrets qui s'ensuivirent dans les trois mois après l'adoption de la
loi, n'ont pas révélé de distorsion par rapport aux
simulations effectuées avant l'adoption de la loi.
M. Dufour: Ce qui suppose aussi que depuis l'adoption de la
loi... Est-ce qu'il y a eu beaucoup de questions de la part des administrations
municipales sur l'application de la loi? Comment procédez-vous
actuellement pour informer les responsables des municipalités concernant
l'application de la loi?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Dufour: Si elles ne l'appliquent pas cette année...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a eu un intérêt
manifeste de la part du monde municipal. Du côté du
ministère, nous avions prévu cette demande légitime
d'informations et d'explications. Nous avons tenté, au meilleur des
capacités du ministère, de vulgariser le plus possible, de rendre
accessibles aux élus et aux techniciens qui oeuvrent au palier
municipal, toute l'information pertinente à une saine application de la
loi. Il y a eu des séminaires de formation. Les évaluateurs, les
comptables sont impliqués. Je pourrais vous remettre une copie d'un
document produit par le ministère qui s'intitule "Document d'information
sur la loi 90 concernant la fiscalité et les finances publiques", qui
vous donne une explication assez accessible, compréhensible de
l'application de la loi. Vous avez la revue du ministère,
également, qui a publié - je ne sais pas s'il s'agissait d'une
édition spéciale - une édition consacrée à
cette loi.
Dans l'ensemble, l'interaction entre le ministère et le monde
municipal a été constante, volumineuse. Mais on n'a pas ressenti,
d'un côté comme de l'autre, de lacunes. Si la question plus
directe est: Est-ce qu'à la suite de ces demandes, vous avez
découvert, au moment où vous parlez, étant donné
qu'il s'agit d'un sujet complexe comme la fiscalité municipale, des
trous béants qu'il nous faudrait corriger immédiatement? Au
moment où nous nous parions, la réponse est non. Il semble qu'il
s'agisse d'une loi qui apporte des réponses aux questions qui nous ont
été adressées jusqu'à maintenant.
M. Dufour: On a adopté aussi certains articles qui permettaient
une plus grande tarification aux élus municipaux. Est-ce que cela
commence à jouer? Est-ce qu'il y a des municipalités qui s'en
sont prévalues? Est-ce qu'il y a des demandes actuellement au
ministère de la part de municipalités pour une ouverture au point
de vue de l'application?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous vous souvenez, grosso
modo, du libellé du projet de loi, cette tarification se doit
d'être précédée d'une réglementation du
ministère des Affaires municipales. Nous avons des demandes pendantes de
la part de certaines municipalités au ministère. Mais la
réglementation n'ayant pas encore été publiée
à la Gazette officielle du Québec, vous comprendrez qu'il
n'y a pas d'application possible, sauf les applications antérieures qui
étaient tolérées, bien que, dans certains cas, pas
toujours clairement autorisées par l'ancienne loi.
M. Dufour: Actuellement, la possiblité de tarification, la
porte ouverte par le projet de loi, suit son cours. Il y a des
municipalités qui sont conscientes que cela existe. J'imagine que ce
sont des grosses municipalités plutôt que des petites.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, dans les
municipalités plus importantes sur le plan de la population.
M. Dufour: Prévoyez-vous que les règlements seront
déposés bientôt? Vous avez parlé de publication de
règlements.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Au cours de la présente
session. Nous n'avons aucun intérêt au ministère, au
contraire, à retarder cette réglementation. Nous
l'accélérons de façon que les municipalités
puissent en bénéficier. Il s'agit, d'une loi votée par
l'Assemblée nationale. Nous escomptons, tout comme l'Opposition qui a
voté en faveur, tous les effets positifs.
M. Dufour: Avez-vous l'intention - parce qu'on le sait assez
longtemps d'avance - que ces règlements que vous publierez bientôt
suivent le cours normal? Par exemple, une prépublication. Dans le
fond...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Selon le moment où ils
seront prêts. Notre objectif est de mettre cette nouvelle
possibilité à la disposition des municipalités pour leur
prochain budget.
M. Dufour: C'est ça. (12 h 15)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Donc, nous tentons de suivre le
processus normal parce que nous croyons dans ce processus normal. Mais s'il
s'avérait nécessaire de considérer des processus
d'exception, ils seront considérés. Mais, au moment où
nous nous parlons, nous tentons de nous en tenir au processus normal, mais avec
l'objectif de permettre aux municipalités de s'en servir dès leur
prochain budget.
M. Dufour: Est-ce que vous avez eu des plaintes ou le point de
vue des municipalités après l'adoption de la loi concernant leur
accord ou leur désaccord? Vous me dites: II n'y a pas de
problème. Mais c'est surtout Montréal, Québec et Laval qui
appliquent pour les trois ans. Il ne doit pas y avoir d'autres
municipalités au Québec. A première vue, il ne semble pas
qu'il y en ait d'autres.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les quelques énoncés
d'une certaine désapprobation nous sont apparus comme étant
fondés sur une méconnaissance du projet de loi. Je vais vous
indiquer que la première perception à partir du
dépôt du projet de loi, face aux petites municipalités, a
laissé des séquelles. C'est-à-dire qu'au moment où
nous nous parions les petites municipalités ne sont pas toutes au
courant, et cela diminue de jour en Jour, des modifications apportées
à la suite de la commission parlementaire puisque, dans leur cas, le
rôle triennal pourrait être dédoublé et ce n'est que
tous les six ans qu'elles seraient assujetties au nouveau processus de
rôle triennal. Lorsque les petites municipalités, de moins de 5000
habitants, découvrent que des assouplissements ont été
apportés, elles aussi se déclarent favorables au projet de loi.
Je pense que, dès que la réalité aura rattrapé les
perceptions initiales, l'ensemble du monde municipal se déclarera
totalement satisfait du projet de loi.
M. Dufour Donc, longue vie à la loi 90! Sur l'évaluation
foncière, toujours au programme 3, élément 1, il y a eu,
si mes souvenirs sont exacts, une enquête déclenchée par le
ministre des Affaires municipales, par le biais de la Commission municipale.
Cette enquête, je ne sais pas où elle en est rendue. On n'en parle
plus. On ne sait pas si elle progresse. Je ne sais pas s'il y a eu des
auditions. Pourriez-vous nous faire une espèce de résumé
de l'état de l'avancement du dossier, à partir du début,
jusqu'à maintenant?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans un premier temps, je vais
répondre au début de votre question: On ne sait plus où
cela en est. On nous informe que tout le dossier est maintenant devant la Cour
supérieure du Québec. Étant donné que la Cour
supérieure du Québec a autorisé dans ce dossier un bref
d'évocation, vous me permettrez de limiter mes commentaires au strict
minimum.
M. Dufour: Est-ce que cela fait longtemps que cette enquête
a été déposée?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quelques mois à peu
près. Cela fait à peu près deux mois. Je pourrais vous
donner la date exacte.
M. Dufour: Est-ce que cela a été rendu public,
est-ce que cela nous a échappé?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela a fait l'objet, je ne dirais
pas de la page frontispice des médias d'information, mais cela a fait
l'objet de reportages journalistiques dans les grands quotidiens.
M. Dufour: Si c'est déposé en Cour
supérieure, donc...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La date est le 26
février.
M. Dufour: Si la plainte est déposée, cela veut
dire... Est-ce que c'est juste pour enquête à la Cour
supérieure?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a une demande
d'émission par la Cour supérieure d'un bref d'évocation.
La cause a été... Cela devait être entendu quand? Le 26
mars... Je cherche la date de l'audition. La date fixée pour l'audition
est le 18 avril.
M. Dufour: Qui a été en bref
d'évocation?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La partie demanderesse inscrite
aux procédures est la Communauté urbaine de Montréal.
M. Dufour: Quels sont les impacts de ce bref-là? Il y a
sûrement des notes explicatives. Un dossier a été
présenté, sans le...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non.
M. Dufour: Moi, je ne veux pas étudier la cause.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a deux arguments de base qui
me reviennent, de mémoire, et je ne pense pas qu'ils soient
exhaustifs.
La Communauté urbaine de Montréal prétend
devant la Cour supérieure que la Commission municipale du Québec
enquête sur les mêmes éléments qu'une cause qui est
déjà devant la Cour supérieure du Québec dans le
cas du groupe Taxe Action à Montréal. Une autre prétention
est la suivante: C'est le ministre des Affaires municipales qui a
demandé à la Commission municipale du Québec
d'enquêter alors qu'une telle demande doit plutôt provenir du
gouvernement, du Conseil des ministres. Je pense que ce sont deux des arguments
qui sont plaidés.
M. Dufour: Ce qui veut dire que, pour le moment, l'enquête
de la Commission municipale est arrêtée.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que la Commission
municipale, dans de telles circonstances, n'a même pas le choix.
M. Dufour: Mais elle avait commencé, par exemple, à
faire l'enquête.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Elle avait commencé.
M. Dufour: Dans le même ordre d'idées, mais ce n'est
peut-être pas dans le bref d'évocation, le député de
Westmount, M. Richard French, réclamait une loi spéciale en
faveur de Westmount pour forcer la CUM à assumer le coût de ses
erreurs dans la confection des rôles d'évaluation. Est-ce que cela
fait partie de la cause comme telle?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. M. Dufour: Non.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II s'agit d'un différend
qui oppose la municipalité de Westmount à la Communauté
urbaine de Montréal quant à des erreurs sur le rôle
d'évaluation qui ont été corrigées d'office par la
Communauté urbaine de Montréal. Les montants en jeu sont de
l'ordre de quelque 500 000 $. Selon la préten- tion de la
municipalité de Westmount, étant donné que la
communauté urbaine a corrigé d'office certaines erreurs
inscrites au rôle d'évaluation, la ville de Westmount ne devrait
pas avoir à payer sa quote-part de ces erreurs. Les discussions se
poursuivent actuellement entre la municipalité de Westmount et la
communauté urbaine. Quant à moi, je n'ai pas été
saisi, au moment où nous nous parlons, par le secrétariat de la
commission du dépôt d'un projet de loi. Si je faisais erreur, je
demande à être corrigé sur-le-champ.
M. Dufour: Étiez-vous d'accord avec ces corrections
d'office? Je sais que la loi le permettait, mais... Si vous êtes
d'accord...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je n'ai pas à être ni
en accord ni en désaccord. Des procédures sont prévues; ce
sont les procédures normales dans de tels cas. Les options que peut
prendre soit la communauté urbaine, soit la ville de Westmount
relèvent de stratégies propres à la communauté
urbaine ou à la ville de Westmount. Si la ville de Westmount ou la
communauté urbaine choisit, comme étant l'une de ses
stratégies, la présentation d'un projet de loi privé,
l'Assemblée nationale en sera saisie dans les formes et les
délais prescrits à notre règlement et, à ce
moment-là, il appartiendra à l'Assemblée nationale de se
prononcer sur ledit projet de loi qui sera de nature privée.
M. Dufour: Malheureusement, on n'ira pas beaucoup plus loin
là-dedans. J'avais un certain nombre de questions à poser
concernant l'évaluation foncière, surtout de la Communauté
urbaine de Montréal.
Une voix:... avec le tribunal.
M. Dufour: Oui, les tribunaux sont bien bons.
Concernant la taxe d'affaires de Montréal, il y a à peu
près un mois, la Cour supérieure a invalidé quatre
règlements sur la taxe d'affaires de la ville de Montréal. Les
compagnies commencent à dire: Elle devrait nous rembourser. Cela
pourrait être un montant de 800 000 000 $. Il y a aussi d'autres
quotes-parts; je ne dis pas qu'il n'y en a pas. J'ai lu qu'il y a des
chroniqueurs qui disent: Vous profitez du trouble mais, dans le fond, vous
savez bien que vous n'y avez pas droit. Légalement, vous y avez droit
mais, en pratique, si vous l'enlevez, vous savez bien que vous allez causer un
tort considérable à la municipalité. Qu'est-ce qui va
arriver dans ce dossier?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est une question que vous auriez
peut-être eu avantage à poser à l'occasion d'un important
salon qui se déroulait à Montréal en fin de semaine, le
Salon des sciences occultes: Qu'est-ce qui va arriver
dans ce dossier? Ce que je vous dirai, à ta connaissance des
faits qui ont été portés à mon attention, c'est
que, dans un premier temps - Je tiens à rassurer les parlementaires
à ce sujet - la loi comme telle n'a pas été
invalidée de quelque façon que ce soit. C'est la
réglementation adoptée par la ville de Montréal qui avait
été attaquée et qui a été
déclarée invalide parce que non suffisamment précise, etc.
Le juge Gérard Turmel de la Cour supérieure a prononcé le
jugement. Cela touchait quatre organismes. Les montants en jeu étaient
inférieurs à 500 000 $. Je pense qu'on pariait de quelque 350 000
$ et le prononcé du jugement comme tel n'affecte que les organismes qui
étaient devant les tribunaux.
Maintenant, encore une fois, l'autonomie municipale étant ce
qu'elle est, la ville de Montréal a choisi d'élaborer sa propre
stratégie. Le premier élément de sa stratégie qui a
été porté à la connaissance du public a
été de porter devant la Cour d'appel du Québec le jugement
du juge Turmel. On a ensuite appris, par la voie des médias, que
plusieurs corporations ou groupements, comme vous l'avez mentionné, ont
inscrit des poursuites devant les tribunaux pour des montants très
importants, cette fois-ci, en remboursement de taxes. La ville de
Montréal a contacté le ministère des Affaires municipales
pour amorcer des discussions sur le dossier. Au moment où nous nous
parions, c'est l'état du dossier.
Le Président (M. Houde): Si vous me le permettez, avec
votre accord, étant donné qu'il est 12 h 30, on pourrait
suspendre les travaux jusqu'après la période de questions, cet
après-midi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, nous
n'avons d'autre choix que de suivre vos ordres.
Le Président (M. Houde): Merci. À cet
après-midi !
(Suspension de la séance à 12 h 29)
(Reprise à 15 h 36)
Le Président (M. Gauvin): Une minute d'attention, s'il
vous plaît! La commission reprend ses travaux et on est rendus au
programme 3.
Nous Invitons M. le ministre s'il a des choses à ajouter... C'est
M. Dufour qui avait la parole.
M. le député de Jonquière.
M. Dufour: M. le Président, effectivement, on parlait de
la taxe d'affaires à Montréal, du jugement qui a
été rendu. On se rend bien compte que ce n'est pas la loi qui est
contestée comme telle, c'est le règlement de la ville de
Montréal qui a décidé de procéder en
contestant le jugement de la cour, mais, entre-temps, il y a plusieurs
corporations qui veulent se prévaloir de ce jugement vis-à-vis de
la réglementation de la ville de Montréal pour contester. Cela
représente des sommes de plusieurs centaines de millions de dollars.
Donc, comme le gouvernement municipal n'est pas capable de faire de lois
rétroactives, avez-vous examiné les délais pour contester?
Est-ce qu'il y a des prescriptions qui peuvent s'exercer par rapport à
ça?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a toujours des prescriptions.
Je vais d'abord vous resouhaiter la bienvenue comme critique aux affaires
municipales après avoir cédé votre rôle
temporairement, à l'occasion de la période de questions.
M. Dufour: Je sais que ce n'était pas souhaité de
votre part, mais les circonstances étant ce qu'elles sont...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, si vous pouvez
bénéficier d'un sursis pour vous permettre de
réfléchir aux questions que vous posez l'après-midi aux
crédits, c'est toujours bienvenu. Quelle était votre
question?
M. Dufour: Ma question était: Par rapport à la
contestation sur les règlements de la taxe d'affaires de la ville de
Montréal, est-ce qu'il pourrait y avoir un temps de prescription ou si
c'est comme une dette normale? Est-ce ad vitam aeternam?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense, et prenez-le sous
réserve de vérification, que la prescription est de cinq ans dans
le cas des taxes municipales. Il y a des prescriptions pour chacun des
éléments, c'est un peu rouillé dans mon système. Je
vous le dis sous toutes réserves: cinq ans.
M. Dufour: Ce qui veut dire que cela pourrait mettre en danger
les finances de la ville de Montréal.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne le sais pas, je ne connais
pas le jugement de la Cour d'appel.
M. Dufour: Non, mais cela se pourrait. Je n'ai pas dit: Cela met,
mais cela pourrait.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense qu'au moment où
l'on se parle la ville de Montréal a choisi et adopté sa
stratégie dans le dossier. Je n'ai pas de commentaire à faire sur
la stratégie adoptée par la ville de Montréal.
M. Dufour: C'est évident qu'on a actuellement deux
dossiers devant la cour. J'espère qu'on
n'en trouvera pas un troisième, parce qu'on ne pourra plus faire
d'étude.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y en a certainement plus de
trois.
M. Dufour: II y en a au moins deux, mais il y en a
peut-être qui ne m'intéressent pas non plus. Ce n'est
peut-être pas nécessaire que je pose des questions non plus selon
les dossiers.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est pour ça que je, ne
vous en ai pas parlé.
M. Dufour: On va passer à un autre élément
qui s'appelle... C'est un problème très sérieux qui touche
les municipalités à caractère industriel et vous devinez
que je veux parler de l'article 65. 1 de la Loi sur l'évaluation
municipale.
Je peux ajouter des éléments dont je n'ai pas parlé
ce matin. Je disais tout de même qu'il y a eu beaucoup de discussions
concernant cet article, des comités ont été mis sur pied.
Cela a commencé il y a plusieurs années, depuis l'adoption de la
loi. C'est l'article 65. 1, mais ces problèmes ont commencé
à être soulevés en 1973. Disons que ce n'est pas un
problème nouveau, c'est un problème qui dure depuis au moins 16
ans, 17 ans, à ma connaissance, et on n'y a pas trouvé de
solution, malgré certains engagements de personnes ou de gouvernements
pour trouver des solutions.
On avait l'impression qu'avec les tractations qui ont eu lieu au cours
des dernières années entre le gouvernement, les industries et les
municipalités, d'une part, et entre les industries et les
municipalités, d'autre part, ce problème était en train de
se résorber et que ça ne causait plus tellement de
problèmes. On se rend bien compte aujourd'hui que c'était du feu
qui couvait sous la cendre puisqu'il semblerait que les compagnies recommencent
la ronde des contestations. Cela cause des problèmes aux
municipalités puisque des sommes importantes sont en jeu. Cela
crée des malaises dans les municipalités. Il n'est jamais bon, en
principe, qu'il y ait des discussions juste pour faire des discussions ou qu'il
y ait des éléments de confrontation. Je crois que, pour
régler ces éléments de contestation, il faut absolument
que le gouvernement légifère pour établir des
règles équitables et un modus vivendi entre les différents
intervenants, ce qu'on n'a pas senti jusqu'à maintenant. On n'a pas
trouvé la solution comme telle.
Concernant l'article 65. 1, pour le resituer ou pour le recentrer dans
sa perspective, des études ont été payées par le
gouvernement. Est-ce qu'on pourrait savoir quels ont été les
coûts pour le gouvernement? Est-ce qu'on pourrait avoir accès
à ces études?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Compte tenu de la situation de
différents dossiers qui sont présentement devant les tribunaux,
on m'incite à vous donner la réponse suivante. Étant
donné qu'il y a des causes devant la Cour d'appel, il est difficile de
commenter tant les jugements des tribunaux inférieurs que ceux à
venir de la Cour d'appel. La non-intervention gouvernementale dans ce dossier
s'appuie, pour le moment, sur une résolution ferme des villes
industrielles et de l'Union des municipalités du Québec, au
congrès de mai dernier, demandant de ne pas amender la loi.
M. Dufour: Vous connaissez la réponse, mais je peux la donner au
moins pour les fins des débats. Les municipalités, devant une
volonté pas tellement manifeste de la part du gouvernement de
régler le problème, aiment mieux vivre avec les problèmes.
Un certain nombre de décisions ont été prises, un certain
nombre de jugements ont été rendus dans ce contexte, mais les
municipalités n'ont pas lâché pour autant. Elles veulent
bien que le ministère finisse par trouver une solution et puisse prendre
des décisions éclairées.
Des études ont été faites par le ministère.
Même s'il y a des causes devant les tribunaux, est-ce qu'elles sont
disponibles? Quels sont les coûts de ces différentes
études? Quel est le nom des personnes qui y ont travaillé?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que, depuis la
résolution de mai dernier du congrès de l'UMQ, la décision
la plus pertinente des tribunaux est celle dans la cause de Baie-Comeau contre
Quebec North Shore. Étant donné que c'est inscrit en Cour
d'appel, etc., et que cette décision risque de faire jurisprudence... Au
moment où nous nous parlons, la Cour d'appel ne s'est jamais
prononcée. Les différentes parties ont produit devant les
tribunaux de première instance l'ensemble de leur argumentation
basé sur des études, sur des faits, etc. Puisque la cause est
présentement devant la Cour d'appel du Québec, il m'est difficile
de commenter.
M. Dufour: Les coûts qui ont servi pour établir ces
études de la part du ministère, cela n'a pas rapport à la
cause?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous faire le
parallèle avec les coûts qui ont pu servir à la Commission
municipale du Québec dans la question de l'évaluation à la
Communauté urbaine de Montréal, il y a également eu des
coûts. À partir du moment où les dossiers sont devant les
tribunaux de droit commun, je pense que nous avons avantage à être
très prudents. D'ailleurs, l'Union des municipalités du
Québec, les municipalités ont cette même tendance à
la prudence, prudence qui devrait inspirer l'ensemble des intervenants.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Dans le fond, il ne faudrait pas faire des causes
comme Hydro-Québec: que si le Québec ne veut pas nous donner les
copies de contre on va les chercher aux États-Unis. On peu identifier
les coûts au ministère de la Justice parce qu'il engage... Il y a
le Conseil du trésor, il y a beaucoup d'endroits où on peut
trouver les coûts. Ils sont morcelles. Il y a des gens qui ont
travaillé là-dessus. Si vous me dites que les études ne
sont pas disponibles, elles ne sont pas disponibles, mais les coûts
réels, engagés... Ce sont des décisions qui ont
été prises même antérieurement, ce n'est pas en
fonction de la cause...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous voulez savoir
combien ont coûté les études au ministère des
Affaires municipales?
M. Dufour: On dit: Combien ont coûté toutes les
études extérieures qu'on a commandées pour étudier
l'article 65. 1?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux le demander au
ministère, mais je suis persuadé, comme dans l'ensemble de ces
dossiers, que c'est fait à partir des budgets de gestion et
d'administration réguliers. Tenter d'identifier ces coûts va
coûter plus cher que les identifier.
M. Dufour: Mais il y a du monde extérieur...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si l'Opposition insiste, je suis
prêt. On mettra une note, à la demande de l'Opposition, l'an
prochain dans les crédits.
M. Dufour: II y a du monde à l'interne, il y a du monde
à l'externe qui y a travaillé. Est-ce qu'il y a eu des contrats
de donnés? Est-ce que des gens ont été engagés?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas au cours de la dernière
année, à ce qu'on me dit.
M. Dufour: II y a peut-être d'autres années qui ont
été engagées?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais on ne fait pas les
crédits de 1964.
M. Dufour: Non, mais cela a une incidence.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis bien prêt à
collaborer, M. le député de Jonquière, mais si on me le
demande à partir des crédits qui ont été
dépensés l'an passé et des crédits qu'on
prévoit dépenser cette année, je pense qu'il s'agit de
demandes qui se situent dans un cadre raisonnable. Si on me demande des
études antérieures, Je n'ai pas d'objection à fouiller
dans les vieilles boîtes au ministère.
M. Dufour: J'espère que vous êtes plus
informatisé que cela, que ce n'est pas dans des botes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, pas tellement plus que
cela.
M. Dufour: Le ministère est dans les boîtes?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On est dans les boîtes.
M. Dufour: II faudrait peut-être demander au ministre du
Revenu comment faire pour informatiser.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On sait comment. On sait
également combien.
M. Dufour: Mais comment le taire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous voulez qu'on
fouille dans les vieilles boîtes?
M. Dufour: Je ne sais pas. Je pense qu'en 1989, si tout ce qui se
passe est dans des boîtes au ministère, on va être
obligé d'agrandir le ministère un de ces jours, seulement pour
mettre les boîtes, pour faire le classement. Mais il me semble que c'est
un élément important. L'informatique existe pour quelque chose.
Tout ie monde est au courant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On en est conscient, mais les
dépenses en informatique au gouvernement ont pris une telle ampleur sous
le gouvernement précédent, sans nécessairement savoir
exactement...
M. Dufour: Pas suffisamment.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):.. dans chacun des
ministères où on s'en allait, qu'une des premières
directives du premier ministre a été que toute commande de
matériel informatique additionnel soit autorisée par le ministre
lui-même. Je vous dirai que, lorsque je suis arrivé au
ministère de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu,
c'était dans le même état et on a procédé
à une modernisation, mais avec un plan d'ensemble, un plan d'attaque,
pas à la va-comme-je-te-pousse, en achetant du matériel du
premier vendeur qui vient cogner à la porte du ministère.
Au ministère des Affaires municipales, nous avons
présentement un plan de modernisation à cet effet. Nous tentons
de l'accélérer de façon à assurer un meilleur
service à notre clientèle. C'est l'objectif qui est poursuivi et,
quant à nous, la toute première clientèle est le monde
municipal. Je suis certain qu'en assurant un
meilleur service au monde municipal nous serons davantage
équipés pour encore mieux répondre aux questions des
parlementaires de l'Assemblée nationale, si besoin est.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les fonctionnaires m'indiquent
que, si vous avez une question précise, on pourra faire les recherches
et tenter de vous accommoder. Mais une chasse un petit peu ouverte dans des
vieilles boîtes, cela risque d'avoir davantage de répercussions
sur le physique des fonctionnaires que sur l'appétit intellectuel du
député.
M. Dufour: II semblerait qu'on n'ait pas mis suffisamment
d'argent pour informatiser parce qu'il y en a encore qui se dépense. Je
regarde chaque année depuis trois ans, il y a des coûts assez
importants et même votre gouvernement trouve qu'on doit continuer
à y aller par rapport à cela.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais on y va de façon
"priorisée" maintenant. Ce n'est plus à la
va-comme-je-te-pousse.
M. Dufour: C'est trop facile de passer des jugements comme
ceux-là. En tout cas, je ne m'aventurerai pas là-dessus. On aura
sûrement l'occasion de se répéter cela d'autres jours. On a
la liste des contrats de moins de 25 000 $ qui ont été
octroyés. Cela s'est déjà fait, par exemple, du 1er avril
au 31 mars 1986. Je donne un exemple. Me Pierre Journet, à qui un mandat
a été confié en 1986 à 100 $ l'heure...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On est dans quel programme?
M. Dufour: Non. C'est la question que je posais tout à
l'heure concernant l'article 65. 1.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Dufour: Ce M. Journet a eu un contrat qui s'appelle:
Élaboration d'un projet de modification législative à
l'article 65. 1 de la Loi sur la fiscalité municipale. Il a
été engagé le 6 mai 1986 à 100 $ l'heure. On ne
sait pas combien d'heures il a travaillé. Combien d'heures? C'est dans
ce sens qu'on le demandait.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne veux pas vous dicter de
quelle façon utiliser vos prérogatives de parlementaire mais,
normalement, s'il a été engagé en 1986, si j'avais
été dans l'Opposition, je me serais enquis aux crédits de
1987 combien il a reçu. Je ne vous reproche pas de le faire en 1989. Si
c'est disponible, on va vous donner la réponse. Je n'ai pas d'objection,
sauf qu'en posant la question en 1989 vous nous forcez un peu plus, mais je
pense qu'on est un gouvernement qui est capable d'efforts.
M. Dufour: Si on demande le coût global de ces
études... C'est un peu cela que je demandais: le coût global des
études extérieures depuis trois ans et demi ou quatre ans,
concernant l'article 65. 1. Qu'est-ce que cela a coûté au
ministère?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est une question que vous
précisez. Le coût global des études et analyses
confiées à l'extérieur de la machine relativement, de
façon directe ou indirecte, à l'application de l'article 65. 1,
c'est cela?
M. Dufour: C'est cela. Si je demande les coûts indirects,
on va arriver à des chiffres astronomiques, j'en suis convaincu.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On n'a pas d'objection.
M. Dufour: Cela ne coûtera pas ça au
ministère. Cela coûte ça à l'union, aux industries,
les assistés et le BS.
Par rapport à cette loi, vous me dites que vous avez
laissé... Parce que les unions décident qu'il y a des
contestations, est-ce que vous avez l'intention de pousser pareil sur le
dossier parce que, même si c'est en contestation, sans toucher à
ce qui est devant la cour, le ministère pourrait prendre des
décisions ou prendre une orientation?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que le dossier est actif.
Il y a à peu près deux ou trois semaines le ministre de
l'Industrie, du Commerce et de la Technologie a été invité
à la table Québec-municipalités. Il s'y est
présenté. Le sujet a été débattu mais,
étant donné qu'il y a une entente de principe entre l'Union des
municipalités du Québec, l'Union des municipalités
régionales de comté et celui qui vous parle, vu que les
discussions de la table Québec-municipalités sont
confidentielles, je vous dirai que te dossier est actif.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Vous me dites que les discussions à la table
Québec-municipalités, cela peut être, bien sûr,
confidentiel. Il y a bien des éléments là-dedans, tout de
même, qui pourraient être sur la place publique. Pour en avoir fait
partie...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ils pourraient sans doute tous
l'être.
M. Dufour: Pour en avoir fait partie, je sais comment cela...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sauf qu'ayant donné ma
parole aux représentants des unions que ce n'est pas moi qui les
positionnerais là ou qui les placerais sur la place publique, je me vois
dans une situation...
M. Dufour: II ne faudrait pas être dépendant, non
plus, du dessous. Je pense qu'on est l'étage au-dessus. On n'est pas
l'étage au-dessous.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, il n'y a pas de
problème. Je vous dis que le dossier est actif.
M. Dufour: La commission parlementaire parle des affaires
municipales, ce qui se passe dans le domaine municipal. On est la table
au-dessus des municipalités. Il ne faudrait pas que le bout d'en bas
conduise le bout d'en haut.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, c'est librement qu'on a
donné notre consentement.
M. Dufour: D'accord. Donc, le dossier est encore actif. Avez-vous
l'intention de mettre une proposition sur la table sous peu?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que la question de
l'application de l'article 65. 1 fait partie d'un ensemble où
l'élu municipal a intérêt à s'assurer qu'il y ait un
équilibre entre les différents pourcentages de contributions
municipales, à quelque titre que ce soit, qui sont payés soit par
le secteur résidentiel, soit par le secteur industriel, soit par le
secteur commercial, soit même par le secteur des terrains vacants ou
autres, qu'il y ait un équilibre sain. Dans la mesure où des
corrections a d'autres éléments ne permettraient d'atteindre un
équilibre satisfaisant pour l'élu municipal, la question de
l'article 65. 1 fait partie des éléments qui peuvent nous
permettre d'atteindre cet équilibre.
M. Dufour: Est-ce que cette étude va remettre en question
ce qui a été étudié en 1979 en fiscalité
municipale? Est-ce que ça la remet en cause? Vous me dites qu'il y a
plusieurs éléments qui sont ensemble. Quand on parle de la taxe
d'affaires, elle semble beaucoup plus préoccupante pour Montréal
et Québec que pour le reste des municipalités, en tout cas,
à moins qu'il n'y ait eu des changements dernièrement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous devriez peut-être
élargir, à moins que vous ne sous-entendiez, quand vous utilisez
le mot "Montréal", toute la question de la Communauté urbaine de
Montréal, parce que c'est une préoccupation Importante sur le
plan de l'équilibre entre...
M. Dufour: Mais ce n'est pas nécessairement vrai ou aussi
vrai pour l'ensemble des municipa- lités du Québec.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. On le sent, d'ailleurs,
d'après les pressions qui sont exercées.
M. Dufour: Mais quand vous parlez de l'article 65. 1 et de
l'évaluation industrielle, faites-vous un lien dans votre esprit entre
l'un et l'autre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, je pense que ça fait
partie des éléments qui peuvent nous amener à un meilleur
équilibre entre la proportion des dépenses du gouvernement
municipal qui sont assumées par l'un ou l'autre des catégor de
contribuables.
M. Dufour: Vous voulez dire qu'en dehors de ce qu'on
connaît actuellement, il y a un plafond à la taxe municipale?
Est-ce que vous laissez sous-entendre qu'il y aurait une deuxième partie
qui tiendrait compte de l'ensemble des revenus de la municipalité? Il
n'y aurait pas de plafond là-dessus.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, ce que je tente d'expliquer,
c'est que l'élu municipal recherche d'abord et avant tout de
l'équité et de l'équilibre dans la proportion des
dépenses de la municipalité qui sont assumées soit par le
secteur résidentiel, soit par le secteur industriel, etc., et que
l'article 65. 1, pour cet élu, est un élément qui lui sert
à assurer cet équilibre, mais il y en a d'autres.
M. Dufour: Oui, mais il y a aussi l'élément qui est
en dehors de l'équilibre et de l'équité, comme vous le
dites, il y a aussi l'élément, en dehors de ça ou qui
complète tout ça, que chacun doit payer en fonction de ses
immobilisations. En plus des deux éléments que vous soulevez, que
vous appelez l'équité et la question d'équilibre, il y a
aussi le fait que quelqu'un qui a plus d'évaluation doit payer en
fonction de ce qu'il a. C'est un choix.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais ça revient
à une donnée que vous connaissez bien. Si le monde Industriel et
commercial paie davantage de taxes municipales, automatiquement, la proportion
du secteur résidentiel est moindre. On pourrait même aller
jusqu'à dire que, si le gouvernement provincial paie davantage de taxes
municipales, la proportion du monde industriel et commercial et du secteur
résidentiel est moindre et vice versa. À ce moment-là, ce
qui est recherché par l'élu municipal est l'équilibre et
l'équité et nous avons des pressions qui sont virulentes lorsque
l'autorité municipale n'a pas la flexibilité nécessaire
pour assurer cet équilibre et cette équité. A ce
moment-là, chacun, selon sa situation particulière, recherche
peut-être une solution qui est davantage pointue dans son
secteur. (16 heures)
Prenons l'exemple de Jonquière: il est certain que ce n'est pas
le taux plafond de la taxe d'affaires qui peut assurer cette
équité ou ce meilleur équilibre et qu'il y a davantage
à attendre - je n'oserais pas le dire - d'une décision plus
favorable du système judiciaire ou d'une modification législative
qui changerait la terminologie de l'article 65.1, mais qui demeurerait sujette
à interprétation judiciaire même si on changeait la
terminologie. Donc, dans ces modifications, il faut faire preuve du maximum de
prudence. Au moment où nous nous parlons, vous avez un jugement de la
Cour supérieure et vous avez une décision de la Cour provinciale
qui, tous deux, sont portés en appel et, tant qu'on n'aura pas un
courant jurisprudentiel assez clair et assez précis sur lequel on peut
se baser, si on change, encore une fois, avant que ces jugements soient rendus,
on risque strictement d'avoir une troisième cause devant la Cour d'appel
avec des compagnies qui refuseront de se plier à la nouvelle
définition.
M. Dufour: D'un autre côté, même s'il n'y a
pas de contestation officielle, il y a des tractations ou des discussions qui
continuent quand même.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez un important dossier ces
jours-ci dans le cas de la raffinerie Shell et de la municipalité de
Montréal-Est.
M. Dufour: Ciment Québec n'est pas complété,
non plus, que je sache.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Je vous parlais du plus
récent qui a éclaté sur la place publique, en excluant
Dorval.
M. Dufour: C'est parce que, même avec
l'ambiguïté qui existe à l'article 65.1, je ne pense pas que
c'était l'intention du législateur, au moment où la loi a
été adoptée, même s'il y avait un jugement de
prononcé, je ne pense pas que ça va empêcher, à
moins que ce ne soit extrêmement favorable... Il y aura toujours
quelqu'un pour le contester d'une façon ou d'une autre. Si ce ne sont
pas les municipalités, ce seront les compagnies. Il y a aussi des
tractations entre compagnies par rapport à ces lois et je pense qu'on
n'arrive jamais à quelque chose de bien clair. Même si on gagne
des causes, il va y avoir des appels. Donc, on n'en terminera jamais. Dans
cette question, il va falloir qu'on pousse le raisonnement jusqu'à dire:
Oui, la loi peut évoluer. D'ailleurs, elle a évolué: en
1973, il y avait des contestations; en 1979, on a fait le changement, et
ça conteste encore. Donc, la façon de trouver la réponse
n'existe pas si ce n'est la volonté du législateur de trouver une
méthode. En règle générale, quand les règles
du jeu sont bien établies en principe, que ce soient les unes ou les
autres, que ce soient les municipalités, les industries ou les
entreprises, elles finissent par se comprendre et elles acceptent un certain
nombre de régies.
Les compagnies ne sont pas toujours en contestation de certains
éléments qui se passent dans une municipalité. Elles vont
contester leur évaluation, mais, en règle générale,
elles savent, une fois l'évaluation acceptée, adoptée et
que tout le monde s'y plie, que les compagnies paient leurs taxes. Et si elles
ne veulent pas, elles vont prendre d'autres méthodes, mais il y a un
certain nombre de balises qu'elles acceptent. En tout cas, ma
compréhension et mon expérience des compagnies... Je vais vous
donner un exemple, ce sera peut-être plus facile. Quand le gouvernement
du Québec, en 1971, a décidé que les compagnies ne
paieraient plus de taxes sur la machinerie, il y avait un certain nombre de
contestations en cours. On disait: Cela va baisser de 1/15 par année,
sur quinze ans. Cela a mis fin; II n'y a plus eu de litige à partir de
ça. C'est allé en décroissant et tout le monde s'est
plié à ce jeu, même s'il y avait des différences
dans les municipalités. Je vous le rappelle et je comprends, quand je
regarde l'âge du ministre, que je parle peut-être de choses qu'il
n'a pas vécues; en tout cas, II les a probablement seulement vu passer.
Il y avait des endroits dans les municipalités où ces diminutions
s'appliquaient et d'autres les subissaient différemment - M.y avait
d'autres points différents - ou n'avaient jamais payé de taxes
sur la machinerie, puis ils ont accepté ça. Cela s'est
vécu comme ça.
Mais, par rapport à l'article 65.1, concernant la taxe sur les
évaluations industrielles, le législateur n'a pas vraiment
donné l'heure juste, que je sache. Il y a eu des tentatives sur le
terrain, il y a certaines ententes sur lesquelles on pourrait se baser, mais si
le législateur décide d'aller plus avant, cela prend de la
volonté, et c'est probablement pourquoi les municipalités ont
dit: Ne touchez pas à cela pour le moment. Elles n'ont pas senti
ça. Elles ont eu peur de se faire organiser et elles ont eu peur que
leur ombudsman ne soit pas assez fort pour faire arrêter la machine
d'écraser. Le ministère de l'Industrie, du Commerce et de la
Technologie dit son mot à ce sujet, que je sache.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que je peux reprendre le
résumé de votre question à laquelle vous avez
apporté une réponse dans 95 % des points que vous avez
soulevés. Vous dites: Je ne pense pas que l'intention du
législateur ait été, à un certain moment, lors de
la modification de 1979. Je ne peux pas me permettre ce genre de commentaire au
moment où nous nous parlons, parce qu'une fois que la loi est
adoptée par l'Assemblée nationale du Québec il ne
m'appartient plus d'interpréter cette intention
du législateur. Cela relève de l'autorité des
tribunaux qui sont saisis de la question.
M. Dufour: Mais je peux peut-être vous rappeler des petits
faits, parce que vous faites partie du gouvernement qui s'est empressé
de corriger certaines intentions du législateur, qui n'étaient
pas dedans. Quand la ville de Shawinigan s'est permis de taxer la literie dans
les hôtels, les couteaux et les fourchettes, c'était le scandale
du siècle, c'était grave; il y avait une municipalité qui
avait fait cela dans tout le Québec et la cour lui avait donné
raison. On s'est empressé d'apporter des amendements à la loi et
on l'a corrigée.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'était à quel
niveau de la cour?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre. Une voix:
Les affaires municipales. M. Dufour: Cela a été
corrigé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne peux pas commenter, parce
que j'ignore si, au moment où les amendements ont été
apportés, les parties s'étaient prévalues de leur droit
d'appel ou non. J'ignore les faits.
M. Dufour: La chicane est encore là. Le diable est encore
aux vaches, pour autant que cela me concerne.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Entre le diable est encore aux
vaches et se prévaloir d'un droit d'appel, il y a une marge que
j'hésite à franchir.
M. Dufour: Le législateur a légiféré
par rapport à ce problème. Il n'y avait que cette
municipalité qui s'était servie de ce pouvoir de taxation. On l'a
corrigé et je pense bien que personne n'est tombé de sa chaise.
L'Opposition a même voté favorablement à ces amendements
tout en disant: II y a d'autres problèmes, et le problème de
l'article 65. 1 l'est encore dans toute sa crucialité, dans toute sa
problématique, dans son entier. Je pense que ce problème est
encore entier. Avec toutes les études qui ont été faites,
c'est actuellement une question de décider. Ce n'est pas une question
d'essayer de ramener tout le monde sous la même égide, mais c'est
d'essayer de se mettre dans l'Idée que la Loi sur la fiscalité
municipale a été faite ou présentée dans le but
d'améliorer la fiscalité municipale et qu'à ce moment on
avait pensé trouver une meilleure façon d'équilibrer les
revenus des municipalités. Malheureusement, on n'a pas réussi
dans tout ce temps - il y a déjà dix ans que cette loi est
adoptée - à trouver une façon de mieux répondre aux
besoins des municipalités. Je comprends qu'il y a des
municipalités qui se sont réveillées en retard. Si tout le
monde avait appliqué les principes de la fiscalité municipale, le
problème serait réglé. Il y aurait des gros qui auraient
été touchés en chemin et les petits ont fait leur job; je
pense que je peux le dire sans aucune fausse honte. Si l'ensemble des
municipalités au Québec avait appliqué les principes de la
fiscalité municipale, le problème serait réglé,
parce qu'il y en aurait d'autres qui auraient été touchés
aussi fortement, et cela aurait obligé le législateur à
prendre position.
Il me reste juste une question à poser à cet égard:
Est-ce que vous, parce qu'on en avait discuté un peu l'an passé,
si je me rappelle bien, vous avez l'intention d'aller plus avant dans le
dossier et les études que vous avez en main vous permettent-elles de
forcer un règlement, une entente ou une loi qui nous permettrait de
régler ce problème?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que, dans les
circonstances, au moment où nous nous parlons, bien que les
municipalités aient affaire au même gouvernement responsable qui
avait vu à apporter les solutions dans le passé, il est plus sage
d'attendre au moins la lumière de la Cour d'appel du Québec sur
le dossier.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour Le problème, quand on rentre dans les
éléments de cour, c'est qu'il n'y a plus grand fin. On en a pour
combien d'années?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est qu'on ne peut pas les
ignorer, non plus. Vous avez été le premier à admettre, M.
le député, que votre gouvernement, à l'époque,
avait apporté des modifications dans le but de solutionner des
interprétations judiciaires, mais vous réalisez que,
peut-être, ça n'a pas donné les fruits escomptés. Je
vous dirai qu'on se doit d'avoir un minimum de sécurité sur le
plan de l'interprétation judiciaire quand on modifie des
éléments aussi sensibles et aussi évolutifs, tant sur le
plan technique que sur le plan jurisprudentiel.
M. Dufour: Mais avec tous les comités qui ont
été mis sur pied, j'avais l'impression que certains
éléments de solution étaient sur la table. Si le
législateur décide, par enumeration, d'identifier les
éléments taxables, à ce moment, qu'il y ait cour ou pas,
iIs vont passer par là. Si, demain matin, le législateur
considère, par exemple, qu'un entrepôt...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si ça avait
été si simple, laissez-moi vous dire que je pense que la
dernière loi adoptée aurait réglé tous les
problèmes.
M. Dufour: Ce n'est pas sûr que... Non, c'est parce qu'il y
a d'autres éléments qui sont entres en ligne de compte, qui ne
sont pas ceux-là. Ce sont probablement d'autres ministères qui
sont venus s'interposer en disant: Bien non, ne faites pas ça, parce
qu'on pourrait peut-être déranger autre chose. Je sais à
peu près de quoi on parle par rapport à ça. Je vous le
dis, si le législateur - et je reviens à ça -
décide qu'il nomme ou qu'il identifie les éléments
taxables, à ce moment, il n'y aura plus beaucoup de contestations.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez! J'ai l'intention,
encore une fois, de me prévaloir de votre expertise dans le domaine. Si
vous aviez, sur le plan de votre formation politique, une liste à nous
soumettre avec un amendement législatif que vous pensez à
l'épreuve de contestations judiciaires et que vous prévoyez qui
va aller dans le sens de la décision de la Cour d'appel du
Québec, on serait prêt à les recevoir.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Si le ministre attend des informations, on va essayer
de... Mais on pourrait dire que ce sera à la demande de. Je n'ai pas
d'objection.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je n'ai pas d'objection que vous
écriviez que c'est à la demande du ministre, parce qu'on est
vraiment à la recherche de solutions stables.
M. Dufour: Seulement, je ne voudrais pas travailler pour...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Maintenant, on ne voudrait pas
répéter les erreurs de l'ancien gouvernement.
M. Dufour: C'est-à-dire que l'ancien gouvernement... Non.
Je pourrais faire toute l'histoire, j'y ai été mêlé
en 1971, et vous en avez faites des superbes. Vous n'étiez pas
là, mais c'était un gouvernement de la même couleur.
M. Poulin: Vous n'étiez pas là plus que lui.
M. Dufour: J'étais là. Je n'y étais pas
comme...
M. Poulin: De 1976 à...
M. Dufour: Non, mais j'étais dans un endroit où
j'ai subi une perte d'évaluation de 30 % pour une municipalité et
30 % d'augmentation de taxes, par une décision législative pas
longtemps avant Noël, en 1971. Je me le rappelle comme je vous vois.
À ce moment, je pense qu'on ne se donnera pas de leçon, l'un et
l'autre.
Celle-là était plus raide, d'après moi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela ne vous a pas
empêché de vous faire élire, par exemple. Cela a
passé plus juste.
M. Dufour: Non, mais c'est une question sur laquelle je me
penche, par exemple. J'ai toujours encore l'impression et la certitude qu'il y
a eu une injustice de créée au moment où ça s'est
fait, parce que, pour moi, ce n'était pas correct. Les élections,
ce n'est pas d'essayer d'être le plus fin et de jouer avec la population.
C'est, des fois, lui dire la vérité, lui dire à quoi elle
doit s'attendre. Mais cette décision gouvernementale a pu passer pendant
un certain temps comme étant le fruit de quelqu'un qui a manqué
d'expérience et qui s'était fait organiser par une
décision gouvernementale. Mais on pourra s'en parler en dehors de la
commission parlementaire, pas parce que j'ai honte d'en parler, mais parce que
c'est un peu en dehors du sujet qu'on est en train d'étudier. Vous
demanderez à M. Bergeron, le vice-président au BREF, ce qui s'est
passé dans ce temps; il serait peut-être un bon historien pour
vous conter ces choses.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière, à la suite de toutes ces expériences, vous
êtes d'accord pour peut-être faire des suggestions. (16 h 15)
M. Dufour: Oui, on va essayer de faire des suggestions dans le
sens qui nous est demandé et aussi dans le sens où les
intervenants trouveront une meilleure justice ou une meilleure façon de
régler les problèmes. Mais c'est entendu que, s'il y avait un
projet de loi de déposé, ce serait plus facile pour nous autres
de faire des suggestions pour l'améliorer.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En matière linguistique,
vous avez pris les devants.
Des voix: Ka, ha, ha!
M. Dufour: Oui, mais on n'est toujours pas pour prendre la place
du gouvernement. Je n'ai pas d'objection. Changeons de place. Ha, ha, ha! On va
changer de place; je n'ai pas d'objection. Mais je vous dis que, par rapport
à ça, de temps en temps, on peut prendre les devants, mais si on
a toujours les devants sur tout...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous ai donné la recette
à l'occasion du congrès de l'Union des municipalités.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: La recette du chef. Cela va pour cette partie. Sur
l'évaluation foncière, il y a aussi des baisses importantes de
crédits. Au chapitre des dépenses, c'était 3 278 000 $
en
1985-1986 et, en 1989-1990, c'est 2 647 000 $. Il y a la baisse de 30 %.
Est-ce que vous avez des explications à ça? Pourquoi y a-t-il eu
une baisse? Quand je parle de 3 278 000 $ en 1985-1986, je vous ai dit comment
on fonctionnait; on l'a mis en dollars constants. Donc, M. y aurait une baisse
de 30 % par rapport à ça. Je comprends qu'il y avait
sûrement des montants... Est-ce qu'il y avait encore des montants
d'argent en 1985-1986 pour les rôles d'évaluation? Est-ce que
c'est ça?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne le sais pas. Je
m'excuse.
M. Dufour: M. Gagné, votre sous-ministre, a
peut-être ça en mémoire, par exemple.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais je ne veux pas que M. le
Président soit trop strict dans l'application de notre règlement.
Je pense qu'on avait eu ce débat au début des crédits ce
matin, que, si on suit les courbes 1985-1986, programme par programme,
élément de programme par élément de programme et
ministère par ministère, on aurait un déficit d'à
peu près 8 000 000 000 $ au Québec cette année. Je ne
pense pas que ce soit un souhait généralement exprimé par
l'ensemble de la population du Québec ni des parlementaires de
l'Assemblée nationale. Maintenant, si vous voulez parler par rapport
à l'an passé, je pense que c'est un barème de
référence qui est plus d'actualité. Quant à
l'évaluation foncière comme telle, vous avez une augmentation de
8 %. C'est une augmentation qui est supérieure au taux de l'inflation et
à l'augmentation du produit intérieur brut. Je ne sais pas si on
peut demander à un gouvernement de faire davantage.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Entre 1988-1989 et 1989-1990... M. Paradis
(Brome-Missisquoi): Oui.
M. Dufour:... normalisation et aide technique, il y a une
différence de 102 000 $. Il n'y a pas d'augmentation significative, que
je sache.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Normalisation et aide technique,
en 1988-1989, c'était 2 545 400 $...
M. Dufour: C'est ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): et, pour 1989-1990, les
crédits pour lesquels on demande votre approbation, qu'on vous demande
de voter, sont de 2 647 300 $. Donc, il y a une augmentation supérieure
à 100 000 $.
M. Dufour: Oui, mais...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pourrais la faire de
façon détaillée, avec les pourcentages, si vous me donnez
quelques secondes.
M. Dufour: Non, ce n'est pas le pourcentage. Ce n'est pas
très fortement significatif. Est-ce que ce sont juste des augmentations
de la masse salariale qui peuvent expliquer ça ou si y a des montants?
100 000 $ sur 2 500 000 $, c'est 3 % à 4 %. Ce n'est même pas le
taux de l'inflation.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je comprends que dans votre temps,
s'il faut faire un peu d'histoire et revenir aux années 1981-1982, les
diminutions étaient sur la masse salariale des fonctionnaires. Vous avez
raison, ici, les augmentations sont sur la masse salariale dos
fonctionnaires.
M. Dufour: Pas aussi grosses que vous pouvez le
prétendre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Disons que nos augmentations ne
sont pas aussi grosses que vos diminutions.
M. Dufour Ha, ha, ha! Il n'y a certainement pas d'augmentation du
personne) avec 100 000 $ de différence.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On peut faire comparaître M.
Parizeau si on veut avoir des détails.
M. Dufour: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Peut-être que ce ne serait pas mauvais. Il
pourrait peut-être nous donner un cours sur l'évaluation
foncière, comment ça fonctionnait. Je pense que, de ce
côté, je suis prêt...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis certain, et la
rémunération des fonctionnaires
M. Dufour: Même encore là, on aurait peut-être
à gagner à refaire l'histoire, en partie.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour Concernant l'évaluation foncière, est-ce
qu'il y a des programmes qui... Est-ce que vous pensez que les
municipalités devraient avoir encore de l'aide ou si vous croyez que...
Est-ce que ça évolue? Il a été un temps, quand nous
avons fait l'évaluation, N y avait des manuels pour savoir comment la
faire. Je sais - on ne peut pas en parler trop trop - qu'il
y a des enquêtes qui ont été faites sur la
façon de faire l'évaluation. Est-ce que vous avez
présentement l'assurance que, dans ce domaine, tout se passe
correctement, que tout est sous contrôle?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. On avait même
remarqué, au moment des travaux qui ont mené à l'adoption,
par l'Assemblée nationale du Québec, du projet de loi 90, qu'en
matière d'évaluation foncière certaines
municipalités étaient aussi catholiques que le pape et que
d'autres ne pratiquaient pas du tout, aucune religion. Vous aviez toute cette
gamme d'agissements par les corporations municipales. D'ailleurs, lorsqu'on a
eu l'occasion d'en discuter en commission parlementaire, on s'est rendu compte
qu'il était important pour le ministère d'avoir les moyens de
contrôle pour s'assurer que, dans une loi qui était facilement
applicable comme la loi 90 qui tenait compte des particularités des
petites municipalités, si on voulait établir une certaine
équité, entre autres, en matière de
péréquation municipale, tout le monde agisse au moins à
l'intérieur de la même religion sans être contraint
exactement aux mêmes exercices religieux, selon la proximité des
lieux de pratique.
M. Dufour: Est-ce que vous avez l'assurance, avec les montants
qui sont prévus par rapport aux objectifs poursuivis... Est-ce que vous
considérez que le budget est suffisant?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous pensons que
l'évolution sur le plan technique, l'expérience, parce que l'aide
technique a été apportée, à l'époque, au
plan de l'établissement des rôles d'évaluation de
première génération, le système est suffisamment
avancé, suffisamment connu, suffisamment vulgarisé pour
être en mesure de prévoir, au cas où il y aurait des
municipalités qui ne se conformeraient pas aux exigences de la loi qui
sont, de l'avis de l'ensemble des parlementaires de l'Assemblée
nationale, y compris l'Opposition, raisonnables, l'imposition de certaines
pénalités. Donc, nous avions confiance en l'avenir.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Cela va pour cette partie. L'élément 2,
les "en lieu" de taxes. Je pense que c'est un domaine assez important, la
compensation tenant lieu de taxes à l'égard des immeubles du
gouvernement. Il n'y a pas d'augmentation significative.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pardon?
M. Dufour: Élément 2, compensation tenant lieu de
taxes à l'égard des immeubles du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Dufour: II y a une augmentation par rapport à l'an
passé, mais...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord. Cela va.
M. Dufour: D'accord. L'augmentation, en tout cas, n'est
pas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a augmentation,
là. ll y a augmentation si vous combinez également avec
les immeubles du réseau des affaires sociales et de l'éducation,
les éléments 2 et 3. C'est supérieur à 10 000 000
$, l'augmentation. Ce n'est peut-être pas important pour certains, mais
pour les municipalités du Québec, cela représente des
montants qui sont quand même assez substantiels.
M. Dufour: En tout cas, on pourrait peut-être faire une
petite discussion là-dessus. Si vous examinez l'augmentation des budgets
dans l'ensemble du Québec ou l'augmentation de la taxe pour l'ensemble
des contribuables municipaux, il y a des grosses chances que ce soit plus
élevé que cela. Dans le fond, vous répondez seulement en
partie. Je ne suis même pas convaincu que c'est l'augmentation
générale qui existe au Québec. Si on parle des
compensations, de l'état des plafonnements, il n'y a pas beaucoup
d'argent. Il y a 11 000 000 $ sur 272 000 000 $. C'est moins de 3 %. C'est
à peu près 4 %.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si on s'en tient aux "en lieu" de
taxes a l'égard des immeubles du gouvernement, on paie 100 % de nos
taxes. Donc, il faut faire, en début d'année, des
prévisions budgétaires. Les prévisions budgétaires
sont basées sur les critères suivants et je vous demande de les
noter. Cela pourrait servir pour les années à venir et
éviter à l'Opposition de poser la même question. Je ne
pense pas que le critère change dans les années à venir
parce que, là, il y a paiement à 100 %. Ces montants sont
établis à partir des dépenses probables de l'exercice
1988-1989 et indexés de 4 % pour toutes les municipalités,
à l'exception de la ville de Montréal où le taux retenu
est de 10 %. S'il s'avérait dans la pratique qu'on ait fait des erreurs
de projections, il s'agit là d'un poste de crédits qui est
ouvert, on paie 100 % de nos taxes. Je pense qu'au lieu de s'attarder à
critiquer cet élément des crédits, on devrait
féliciter le gouvernement du Québec qui paie 100 % des taxes sur
ses immeubles et peut-être l'inciter à faire de même pour
d'autres immeubles. Mais je pense qu'on n'avancera pas si on discute autour
d'un élément où le gouverne-
ment du Québec est un citoyen à part entière et
prend toutes ses responsabilités. Je vois le président qui, quand
même...
M. Dufour: On pourrait toujours discuter de la question des
dépenses. Vous parlez d'une mauvaise base à partir de 1985 mais,
si on regarde les "en lieu" de taxes, on peut parler facilement de dollars
constants. À ce moment-là, c'est 14 % de plus qu'on payait par
rapport à actuellement. Donc, qu'est-ce qui s'est produit depuis? Vous
avez transféré des bâtisses? Vous avez perdu des
bâtisses en chemin?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, je pense que ce qui s'est
produit essentiellement, c'est que, comme responsables des deniers publics face
à la population, nous nous sommes assurés que les
évaluations des bâtiments du gouvernement provincial
correspondaient à la réalité et, j'oserais dire, dans la
totalité, sinon - je vais me protéger - la quasi-totalité
des cas, ces évaluations ont été agréées par
les municipalités concernées; il y a eu des ententes à
l'amiable partout. Si vous regardez dans différents programmes
gouvernementaux, peut-être que le gouvernement précédent
avait l'habitude d'ajouter d'année en année sans jamais
vérifier la base. Peut-être qu'il s'agissait là d'un
programme à regarder et peut-être qu'il y en a d'autres,
également, qu'on devrait regarder comme gouvernement. Si vous en avez
à nous suggérer, ne vous gênez pas.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: On pourrait peut-être parler d'économies
dans votre langage.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, je parle
d'équité et de juste évaluation.
M. Dufour: Oui, excepté que, pour avoir suivi
l'évolution du dossier et m'être prononcé là-dessus,
je sais que les logements sociaux ne sont pas évalués de la
même façon que les résidences dans les municipalités
parce qu'il n'y a pas de valeur de marché. Alors, on n'a pas tenu compte
de la valeur économique.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans le cas des HLM publics - bien
qu'on étudie ces crédits demain, ça ne me fait rien d'en
discuter - j'ai vérifié et, dans 100 % des cas, nous en sommes
arrivés à des ententes avec les municipalités
concernées. J'imagine donc que le consentement de la municipalité
était libre, éclairé, averti, et je ne peux remettre en
doute une entente librement négociée entre deux partenaires
adultes, à moins qu'on ne plaide qu'un des deux partenaires
n'était pas complètement sain d'esprit quand il est arrivé
à un règlement.
M. Dufour Le seul élément que je veux ajouter, et
on pourra en faire ce qu'on voudra, c'est que, dans le cas d'une bâtisse
ou d'un HLM construit dans une municipalité - on connaît les
coûts; on connaît le coût du contrat - l'évaluation
n'est jamais correspondante, contrairement à ce qui se passe dans le cas
d'une construction de maison, c'est que l'évaluation est toujours plus
élevée. On tient compte...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela s'explique
peut-être...
M. Dufour: Vous savez, les discussions...
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... une indifférences entre
le locatif privé et le HLM sur le plan des subventions, vous avez
raison. Je pense qu'on ne se contredira pas là-dessus. Sur le plan de la
subvention mensuelle, une unité de logement dans un HLM nous coûte
à peu près 530 $ par mois et, pour la même clientèle
avec le même pourcentage dans les HLM privés, ça nous
coûte environ 250 $ par mois. Donc, vous comprendrez qu'il y a
également là une différence. Il y a des ajustements. Vous
avez raison de soulever ces points, mais ça ne se reflète pas
strictement sur le plan de l'évaluation. Cela se reflète sur le
plan des coûts de construction, des coûts d'exploitation, etc. Sur
le plan de la saine gestion, nous tentons de resserrer notre efficacité
de gestion.
D'ailleurs, si vous avez des questions à ce sujet, le
président de la Société d'habitation du Québec
devrait être ici demain. Je suis certain qu'il se fera un plaisir de
répondre à chacune des questions que vous aurez à ce
sujet. (16 h 30)
M. Dufour: J'ai eu l'occasion d'en discuter, mais cela n'a jamais
été mon dossier. Je le regardais globalement au point de vue de
l'évaluation municipale, des revenus municipaux. Il est certain qu'il y
a des éléments qu'on n'a pas suffisamment débattus. Je
connais tout le processus, la façon dont cela fonctionne entre les
municipalités et le gouvernement du Québec et je sais que, quand
plusieurs municipalités sont entrées dans le tordeur, comme on
dit dans notre langage, les autres suivent. Elles ont beau être
grosses... La décision étant prise, elle a grossi et cela devient
presque ipso facto une acceptation pour tout le monde.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez bien raison.
M. Dufour: D'ailleurs, les compagnies font la même
chose.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Votre analyse est bonne.
M. Dufour: On commence par discuter des petites causes où
ce n'est pas tellement grave.
On peut bien accepter, on ne perd pas grand-chose. Ce sont des petits
montants qui sont en cause. On n'est pas pour payer afin d'aller en cour pour
ça. Ça, c'est pour fa petite. Après cela, on grossi un peu
plus. L'autre a accepté. Ce n'est pas tellement gros encore, alors on
peut accepter. Mais, à un moment donné, il n'y a plus rien
à faire, cela s'établit automatiquement. C'est l'avantage que le
gouvernement a sur une municipalité, ou que les compagnies qui ont des
investissements un peu partout ont par rapport à un individu, à
savoir qu'ils discutent à la pièce.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Votre approche théorique
est bonne, elle est acceptable, et elle est surtout vérifiable dans le
cas des négociations des conventions collectives.
M. Dufour: Aussi. Mais elle est aussi vérifiable dans la
question de l'évaluation.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous pouvez me démontrer
qu'elle est aussi vérifiable dans le cas de l'évaluation, je vous
en saurai gré. Mais on m'assure, entre autres sur le plan de la
Société d'habitation du Québec, que ce n'est pas la
façon dont on a procédé.
M. Dufour: Je n'ai pas encore vu de contestation à
l'endroit de Québec ou de Montréal.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mon message, c'est...
M. Dufour: Jonquière a été contestée,
Chicoutimi a été contestée. Je suis au courant de
ça. Des ententes ont été signées. Cela faisait un
bout de temps que c'était dans le paysage, au Québec. Ce qu'on a
vu, ce qui s'est passé, d'après ce que j'ai cru comprendre, c'est
que ce sont des petites municipalités qui ont pris des ententes. Elles
ont reculé devant les contestations de la SHQ. Un certain nombre
d'ententes ont été faites à des niveaux où il y
avait beaucoup moins d'argent impliqué. C'est allé de l'autre
côté après ça. Je vous dis que cela s'est
passé comme ça.
Les compagnies font pareil. Elles commencent par contester. Je vais vous
donner un exemple. Cela va prendre trois minutes pour conter ça. Les
compagnies de bois - cela va peut-être intéresser M. Gauvin -
productrices de papier ou celles qui font des travaux en forêt, des
coupes de bois, etc., avaient trouvé le moyen de contester leurs
investissements ou leurs immobilisations en forêt. C'est arrivé
dans deux cas. Elles ont pris une petite municipalité - je pense que
c'était dans le comté de Labelle ou quelque chose comme
ça, dans le nord de Montréal. Cela représentait 2700 $ ou
2900 $ de taxes foncières. La compagnie a contesté. Ce
n'était pas un gros montant, alors la municipalité a fini par
accepter. Cela s'est réglé comme ça. Il y a eu deux cas.
En ce qui concerne le troisième cas, ils se sont attaqués -
c'était Abitibi Price, dans ma région à la MRC du
Fjord-du-Saguenay, la municipalité régionale de comté du
Fjord-du-Saguenay. Cela n'a pas été la même paire de
manches. Cela s'est battu pendant un bon bout de temps. Même le ministre
des Affaires municipales, votre prédécesseur, avait osé
écrire une lettre, pendant que c'était en cour, pour dire que
même si la compagnie gagnait, le gouvernement légiférerait
pour corriger le problème. Cela représentait des montants pas mal
plus élevés. C'était un notaire. C'est peut-être
pour ça qu'il pouvait prendre cette position. Cela m'avait surpris,
d'ailleurs. La cause avait été gagnée... Heureusement, la
cause a été gagnée par la municipalité
régionale de comté du Fjord-du-Saguenay. Cela a rétabli ce
qui existait auparavant. Ce n'était pas un gain, mais, au moins, ce
n'était pas une perte. D'après moi, les compagnies voyaient des
avantages... avaient trouvé un trou quelque part et elles embarquaient.
Ce n'était pas l'intention des législateurs. Même les
tribunaux ont dit la même chose.
Pour moi, c'est juste une question de perception par rapport à ce
qui se passe sur le terrain. Je pense que, dans ce cas, cela a
été une bonne chose que la municipalité ait gagné,
mais c'est ce qui s'est passé. Donc, quand vous me dites que les
municipalités ont accepté, bien oui, elles ont accepté
parce qu'elles ne pouvaient peut-être pas faire autrement. Elles n'ont
pas voulu dépenser. Elles se sont dit: C'est une autre bonne action,
mais ce sont les contribuables dans le fond. Ce n'est pas une assurance
même si elles ont dit que tout était correct là-dedans.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): S'il y a des cas où la
municipalité en serait venue à une entente avec la
Société d'habitation du Québec ou avec le gouvernement et
où le consentement de la municipalité serait vicié, je
pense que ces transactions sont annulables devant les tribunaux. Donc, s'il y a
des cas que vous connaissez, qui ont été portés à
votre connaissance où la municipalité n'a pas donné un
consentement libre et éclairé, où le consentement a
été obtenu à la suite de manoeuvres, fraudes, etc., c'est
annulable. Elle n'est absolument pas liée.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: C'est évident que, s'il y a eu une entente qui
a été signée, qu'elle soit éclairée, libre
ou autrement, elle va passer comme une entente qui a été
décidée. Je pense qu'elles n'avaient surtout pas le choix. La
Société d'habitation - c'est un choix - a décidé
qu'elle pouvait contester et elle a fait comme tous les groupes, elle a dit: On
peut contester, donc on le fait. Le moins qu'on aurait pu trouver dans un
domaine comme ça - cela me ramène à des critères...
Je pense que, quand il n'y a pas de
valeur marchande, le moins qu'on pourrait trouver, ce serait la valeur
de remplacement. Avec la valeur de remplacement, à ce moment-là,
les municipalités auraient trouvé leur compte parce que la valeur
de remplacement, c'est la bâtisse qui n'existe plus et qu'on
rebâtit.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sauf que, lorsqu'on arrive dans le
secteur résidentiel, dans des secteurs comme Montréal, Outremont,
Westmount, lorsqu'on parle de la valeur de remplacement...
M. Dufour: II y a du marché.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... elles préfèrent
la valeur marchande.
M. Dufour: Oui, mais il y a du marché. Quand il y a du
marché, cela va. Je pense que ce sont des principes qui sont bien
établis. Mais là où il n'y a pas de marché...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a toujours un marché
pour le terrain, sur le plan de l'évaluation, marché qui est
affecté ou altéré par les règlements de zonage.
M. Dufour: C'est évident que, sur le terrain, i y a
du marché, mais il y en a qui ne valent pas cher non plus. On ne
peut pas établir la valeur de... On n'évalue pas seulement le
terrain, on évalue aussi la bâtisse ou l'immeuble qui est
là. C'est le cas pour l'entreprise aussi. Il n'y a pas de marché.
Il y a des entreprises qui se vendent 650 000 000 $ alors qu'elles sont
évaluées à peu près à 50 000 000 $.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez vu, cette année,
qu'il y a eu une approche un peu plus sophistiquée de la part des
évaluateurs qui se sont penchés davantage - d'après ce
qu'on m'a dit - sur la valeur des terrains et c'est pourquoi vous avez eu, dans
la région de Montréal, une augmentation beaucoup plus
considérable au chapitre de l'évaluation industrielle et
commerciale qu'à celui de l'évaluation résidentielle.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: En tout cas, on ne peut pas prétendre
que...
Il y a le point 2. En ce qui concerne le point 3, la compensation
tenant lieu de taxes, c'est 243 000 000 $. 10 000 000 $ sur 233 000 000 $, cela
fait encore à peu près 4 %. Est-ce que les municipalités,
d'après les rapports que vous avez en main, ont suivi le coût de
la vie, règle générale, dans tout le Québec?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Dufour: Les augmentations de budget...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En réponse à votre
question, de façon générale, normalisée et
équilibrée c'est positif.
M. Dufour: C'est d'environ 4 % pour l'ensemble du
Québec.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les projections que nous avons
effectuées concernant les immeubles des réseaux sont
basées sur les mêmes éléments qui ont servi à
la comptabilisation des "en lieu" de taxe quant aux immeubles du gouvernement.
Encore une fois, s'il fallait quenos prophètes se soient
éloignés de la réalité, il s'agit d'un budget
ouvert, n'en déplaise au Conseil du trésor.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Si on regarde le montant consacré aux
municipalités, d'abord, si on prend ça en dollars constants, on
constate qu'il y a une diminution globale par rapport au passé, cette
année.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. une augmentation.
M. Dufour: II y a une augmentation mais l'augmentation est
factice, ce n'est pas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Par rapport à
l'année passée.
M. Dufour: Oui, oui, mais parlons en dollars constants.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En dollars constants, si on suit
l'inflation et si on tient compte des ajustements de 10 % pour Montréal,
entre autres, on arrive quand même à une augmentation nette.
M. Dufour: Vous ne payez pas 100 % non plus des... On avait eu
une bonne discussion là-dessus. Le gouvernement ne paie pas 100 % de ces
"en lieu" de taxes sur l'ensemble de ces réseaux, et cela en est un. Il
y a un manque à gagner identifié d'environ 125 000 000 $. Vous
vous étiez engagés ou du moins vous nous aviez informés,
l'an dernier, que c'était une de vos préoccupations, à
savoir que les seuls qui payaient leurs taxes d'une façon correcte
étaient, en fait, les petits contribuables. Vous nous aviez dit,
à ce moment-là, que le gouvernement du Québec devrait
suivre cet exemple. Cela nous permettrait d'autant plus de dire au gouvernement
fédéral que lui aussi est un mauvais payeur de taxes et ça
pourrait nous permettre aussi de
le citer en exemple devant les compagnies. Par rapport à
ça, on ne peut pas dire que vous réinvestissez ce manque à
gagner ailleurs, parce que si on parle du programme AIDA, c'est un montant de
10 000 000 $ par année, alors ce n'est pas là-dessus que les
municipalités vont se rattraper.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II ne faut pas trop
s'éloigner des principes.
M. Dufour: Qu'est-ce que vous avez à nous dire à ce
sujet? Avez-vous fait des représentations? Est-ce que des changements se
produiront? Vous allez me dire: C'est le ministre des Finances qui sait tout
ça, mais...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est pas devant les
tribunaux.
M. Dufour: Est-ce que vous avez fait des représentations
en ce sens?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Vous avez bien
résumé le message que nous avons livré à l'ensemble
du monde municipal et aux divers intéressés du monde
gouvernemental, et vous avez également Indiqué l'ampleur des
sommes en jeu: 125 000 000 $ sur une base annuelle. Vous comprendrez que, plus
les erreurs des gouvernements antérieurs sont énormes, plus elles
sont difficiles à corriger.
M. Dufour: Par rapport à ça, ce n'est pas... Je ne
vois pas comment on peut considérer ça comme des erreurs. Moi, je
pense que, s'il y a un fleuron dont le gouvernement du Parti
québécois peut se glorifier, c'est effectivement de son travail
en fiscalité municipale. Pour y avoir participé à d'autres
paliers, je peux vous assurer, je vous le dis et je vous donne ma parole que,
malgré les problèmes vécus, les municipalités ont
pris conscience de pas mal de choses et, en même temps, ont vécu
dans un système pas mal plus intéressant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous dirais que les
représentations qui me sont adressées par les
municipalités, surtout par les élus municipaux qui ont
vécu, depuis le début, la réforme de la fiscalité
municipale, sont en ce sens qu'il y avait des engagements du gouvernement de
l'époque pour assumer pleinement son rôle de contribuable,
même pour les immeubles du réseau. Dans .un premier temps, le
gouvernement du Parti québécois leur avait indiqué
qu'étant donné qu'il y avait une crise économique au
début des années quatre-vingt il n'avait pu donner suite à
ses engagements. Par la suite, avec l'arrivée du Parti libéral du
Québec, considérant qu'il nous fallait redresser le marasme
financier dont nous avions hérité, il fallait attendre que ce
marasme financier soit redressé. Alors, considérant les efforts
déployés dans ce sens et les résultats obtenus au moment
où l'on se parle, le monde municipal passe aujourd'hui à
l'offensive dans le but d'obtenir, pour les motifs que vous avez
mentionnés tantôt, que le gouvernement donne suite à son
engagement du début des années quatre-vingt. Là, ii
ne s'agit pas de gouvernement péquiste ou libéral, il s'agit
d'une entente gouvernement-municipalités. Il y a des élus
municipaux qui ont changé, il y a des élus provinciaux qui ont
changé, mais le monde municipal tient toujours à ce que des
suites soient données, et des représentations ont
été faites auprès des décideurs politiques dans ce
domaine.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière. (16 h 45)
M. Dufour: Je pense que c'est une constatation. C'est
évident qu'une crise monétaire est survenue, une crise
financière gouvernementale, et qu'il y a eu un ensemble
d'événements où certains ont été
"serrés". On peut tout de même dire que les municipalités,
malgré tout, pouvaient s'en tirer, sinon allègrement, du moins
normalement. Je pense qu'on peut l'accepter comme ça. Mais, depuis six
ans - je prends le discours du gouvernement - surtout depuis les trois
dernières années, la situation économique s'est
redressée. On est au-dessus du produit intérieur brut. Tout
semble être sous contrôle. On possède bien nos dossiers. On
est prêts à les faire avancer. Mais je constate qu'il y a une
augmentation des compensations tenant lieu de taxes seulement de 10 000 000 $.
On est à 50 %. Nous étions à 40 %. On avait monté
à 50 % et il n'y a pas eu de petits coups de donnés. C'est un peu
ça que j'essaie de dire. Ne serait-il pas possible que les
municipalités aussi profitent d'une situation avec laquelle elles sont
régulièrement confrontées?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous dirai que vous plaidez
exactement dans le sens que, accompagné des leaders municipaux, j'ai
plaidé auprès des instances décisionnelles dans ce
domaine.
M. Dufour: Avez-vous des chances d'avoir du succès?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que le dossier en est un
fondamental, qu'il est taxé sur des principes et que le gouvernement
actuel considère que, même s'il n'y a pas de contrats
signés en la matière, la parole donnée à
l'époque se doit d'être respectée.
M. Dufour: En tout cas, je veux juste vous rappeler que c'est la
deuxième année que vous nous informez que c'est un contrat formel
qu'il y a entre les municipalités...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est impossible.
M. Dufour:... et le gouvernement du Québec.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est impossible.
M. Dufour: Je vais vous le dire peut-être...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne me souviens pas d'avoir
traité de ce sujet comme ministre du Travail ou ministre de la
Main-d'oeuvre et de la Sécurité du revenu.
M. Dufour: Mais je voudrais au moins vous dire qu'en dehors de ce
contrat ou à l'intérieur de ce contrat vous nous aviez
informés, l'an passé, qu'il faudrait que le gouvernement passe
à la caisse une fois de temps en temps. Là, je n'ai pas plus
cette promesse aujourd'hui. Il faut dire que c'est un contrat qui existe. Ce
n'est pas parce que je constate qu'il y a quelque chose que je donne une
réponse. Je veux dire: Est-ce que vous pouvez aller un petit peu plus
loin?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que si notre cheminement
nous amène à faire réaliser à l'Opposition qu'un
contrat, ça se respecte, la société aura
évolué positivement.
M. Dufour: Oui, mais le respecter, ce n'est pas seulement de dire
qu'il existe et qu'il est stationnaire. Ce contrat est évolutif et je
n'ai pas vu d'évolution depuis trois ans et demi. Êtes-vous
prêt à vous battre? Dans nos termes, on dit: Êtes-vous
prêt à déchirer votre chemise pour que ça
fonctionne? il riez-vous jusque-là? Il ne semble pas. J'espère
que vous n'en n'avez pas seulement une.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a différents moyens
d'aller au combat. Se départir de sa tenue vestimentaire est un moyen,
mais ce n'est pas, en ce qui concerne ce dossier-là, celui que j'ai
choisi. On a utilisé d'autres stratégies que nous pensons pour le
moins aussi impressionnantes, sinon profitables.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: En ce qui concerne l'élément
"compensation de l'effet de plafonnement des taxes foncières sur les
terres agricoles", encore là, ce n'est pas un dossier... Il y a un
plafonnement par rapport à ça. Y a-t-il eu des
représentations concernant les augmentations potentielles sur les terres
agricoles, par exemple, les compensations sur les terres agricoles?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En ce qui concerne la
"compensation de l'effet de plafonnement des taxes foncières sur les
terres agricoles", vous avez une augmentation prévue pour l'exercice de
1989-1990, comparativement à l'exercice de 1988-1989, sur une base de 14
000 000 $, de quelque 200 000 $. Encore une fois, il s'agit d'un budget ouvert
et les grands manitous chez nous disent qu'encore une fois ils prévoient
viser assez juste.
M. Dufour: Oui, mais il y a un plafonnement. Le gouvernement
décide qu'il y a un plafonnement. Il pourrait dire: On va dégeler
le plafond.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais le gouvernement le fait
habituellement lorsque les indices du marché lui indiquent qu'il y a des
fluctuations importantes sur le prix des transitions des terres agricoles et
nous n'avons pas, présentement, les indices qui nous permettraient de
bouger dans un sens ou dans l'autre. À moins que le député
de Jonquière n'ait des indices à savoir que les proportions
établies ne sont plus respectées?
M. Dufour: Ce que je prétends, par rapport à
ça, c'est que, là, c'est direct. Pour 1984-1985, 1985-1986,
c'était 14 000 000 $. Quatre ans plus tard, on est encore à 14
000 000 $ ou à peu près, 14 200 000 $. C'était 14 000 000
$ l'an passé, donc il y a 200 000 S qui jouent, mais il me semblait
qu'il y avait...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vos chiffres sont
à partir de crédits votés ou d'argent effectivement
dépensé?
M. Dufour: Des dépenses.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela va.
M. Dufour: Mais cela n'a pas bougé depuis pas mal
longtemps. C'est l'élément 4, c'est, ça. 14 000 000 $ en
1985-1986 et 14 200 000 $ en 1989. Je ne parle pas de dollars courants, parce
que ce serait pire; cela voudrait alors dire une diminution de 12 %.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'important, au point de vue
municipal, c'est que la municipalité récolte 100 %.
M. Dufour: Le même montant? Oui, mais il y a eu des
augmentations de taxes. Pensons que le budget de la municipalité, depuis
cinq ans, a évolué. Quand vous me dites que vous faites varier,
on peut discuter assez longtemps. Si vous me dites qu'il y a une augmentation
budgétaire de 4 %, que les évaluations augmentent de 4 %, on peut
faire une bonne discussion là-dessus, cela peut se tenir jusqu'à
un certain point. On peut diverger d'opinions, mais sur des points de vue
différents. Mais, quand on arrive aux terres agricoles, ce raisonnement
n'est plus là. Cela
veut dire que, quand la municipalité a augmenté sa taxe de
4 %, celle qui avait beaucoup de compensations pour les terres agricoles n'a
pas eu ses 4 %; donc, elle est demeurée stable et son taux de taxation a
changé à quelque part. J'attire votre attention sur cette
question: Est-ce qu'il y a quelque chose qui se produit à cet
égard?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les plaintes que j'ai eues ou qui
ont été portées à ma connaissance depuis que je
suis ministre des Affaires municipales, concernant ce dossier, ne vont pas dans
le sens que vous indiquez. Les plaintes que j'ai eues ou qui ont
été portées à ma connaissance seraient plutôt
pour des situations de surévaluation dans le passé et de
corrections qui auraient dû être apportées. On me dit que,
s'il fallait, demain matin, disposer des effectifs nécessaires pour
s'assurer que tout est équitable dans ce domaine, on pourrait s'attendre
à une facture pas plus élevée que celle que nous assumons
présentement.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Peut-être qu'en ce qui concerne ce montant de 14
000 000 $, pour l'ensemble des municipalités, il n'y a pas beaucoup de
municipalités qui reçoivent des montants très forts par
rapport à ça, et, à ce moment, elles ne s'en occupent pas.
Il y a un autre phénomène aussi: quand on parle des terres
agricoles, il y a beaucoup de municipalités qui ont un caractère
rural et qui ne veulent pas pousser là-dessus non plus. Si elles
augmentent d'un côté, il faudrait peut-être changer des
règles à d'autres places. En tout cas, je vous invite à
regarder ce qui se passe à ce sujet.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le monde municipal, rural et
agricole, si je peux utiliser cette expression, utilise le maximum
d'équilibre dans le dossier.
M. Dufour: J'ai compris que vous avez compris.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Cela va pour cette partie. En ce qui concerne le
service judiciaire en évaluation foncière, vous prévoyez
une augmentation. J'imagine que ce sont surtout des services. Il y a une
augmentation mais, avec la nouvelle loi, elle ne peut faire effet, c'est trop
proche, et pas significatif non plus. Cela va pour cette partie.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On a travaillé surtout sur
la diminution du fardeau, de façon à augmenter la qualité
par l'adoption de la loi 90.
M. Dufour: Au point de vue du BREF - vous y avez
fait allusion ce matin, je pense - est-ce qu'il y a encore trop de
plaintes qui ne sont pas traitées ou qui sont en retard ou...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a toujours des
améliorations à apporter. Mais, considérant qu'avec
l'implantation d'un rôle triennal vous ne pouvez contester le rôle
qu'une fois tous les trois ans, on s'attend que, sans augmentation d'effectif,
le BREF en arrive à une situation plus équilibrée avec le
temps, de façon à donner un meilleur taux de satisfaction
à l'ensemble des intervenants.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière. Est-ce que ça passe en revue le programme 3?
M. Dufour: Oui. Mais on a décidé qu'on les
accepterait ensemble. Il y a une partie qu'on a laissée en suspens. On
pourra y revenir probablement demain. On reprendra toute la question des
services aux municipalités.
Quand on parle des relations avec les municipalités, il y a un
problème qui fait régulièrement surface et c'est...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À quel
élément du programme?
M. Dufour: C'est l'élément "gestion" du programme
4.
Administration générale
Le Président (M. Gauvin): Le programme 4, oui.
M. Dufour: Oui, toujours. J'ai des éléments...
Le Président (M. Gauvin): Élément 2.
M. Dufour: Oui. On a, depuis au moins trois ans - je ne sais pas
si cela a commencé avant - un problème qui refait
régulièrement surface, soit celui des inspecteurs municipaux, de
leur statut et du fait que, dans les municipalités où ces gens
travaillent, ils ne Sont pas à l'abri de l'ire du conseil, ni de
l'humeur des conseillers et des maires des municipalités.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne veux pas invoquer le
règlement inutilement, M. le Président, mais je suis d'avis, et
je le soumets bien humblement, que la question actuellement soulevée ne
relève pas du programme 4, mais relève plutôt du programme
qui touche toute la question de la révision des lois municipales. Je le
soumets bien humblement.
M. Dufour: Mais où le retrouverait-on par
rapport à ça?
Le Président (M. Gauvin): Donc... M. Dufour: Dans
le programme 4?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, dans le programme 2, à
ce qu'on me dit.
Le Président (M. Gauvin): J'ai cru comprendre que le
programme 2 avait été suspendu et qu'on y reviendrait plus
tard.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais on peut y répondre
tout de suite. Je ne veux pas faire de procédures pour faire des
procédures. Je pense qu'on est ici pour s'informer le mieux possible
entre nous.
Le Président (M. Gauvin): Donc, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, c'était sur la
question des...
M. Dufour: Des inspecteurs environnementaux et municipaux.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Dufour: Tout ça, cela revient à tout bout de
champ. On voit un certain nombre d'articles dans les journaux. On a des
plaintes. Même les revues municipales y font allusion de temps en temps.
Est-ce qu'on pourrait faire le point sur ce...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, je pense qu'ils viennent de
tenir leur congrès, si ma mémoire est fidèle, à
Laval, non pas en fin de semaine dernière, mais l'autre fin de semaine
avant. Le gouvernement du Québec y était représenté
par un nouveau ministre, le ministre d'une région fort importante au
Québec où la formation politique pour laquelle il milite va faire
une percée très importante à l'occasion des prochaines
élections générales. Vous aurez reconnu le ministre
délégué à l'Environnement. Je pense que la position
du gouvernement dans ce dossier va se manifester à l'occasion de la
révision des lois, en ce qui regarde le livre 3. Il y a
déjà deux livres qui ont été adoptés et
toute la question des officiers municipaux est traitée dans le livre 3.
J'attends les recommandations techniques à ce chapitre et, dès
que j'en aurai pris connaissance, nous verrons a agir avec autant de
célérité dans l'adoption du livre 3 que dans l'adoption
des livres 1 et 2.
M. Dufour: Est-ce que le livre 3 sera bientôt
terminé?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a deux parties au livre 3: la
première partie est ter- minée et la deuxième est
à être complétée.
M. Dufour Est-ce que vous vous attendez de le déposer
à cette session-ci?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela va dépendre de la
réaction qui résultera de la consultation que nous allons mener
auprès du monde municipal...
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... parce que ces lois formant,
finalement, un tout qui se veut la loi de base du monde municipal, vous
comprendrez que chacun de ces éléments sera soumis à la
consultation du monde municipal avant que ceux-ci ne soient
déposés devant l'Assemblée nationale, de façon
à représenter un large consensus et qu'ils soient, comme
d'habitude, adoptés avec l'assentiment de l'Opposition officielle. (17
heures)
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Quand vous parlez de consultation, vous voulez dire un
avant-projet de loi?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce serait le même
scénario qu'ont connu les deux autres livres: un avant-projet de loi,
suivi d'un projet de loi.
M. Dufour: C'est évident que le gouvernement choisit ses
modes de consultation mais, si vous consultez sous forme de livre, je vous le
dis d'avance - il y a des consultations qui se font avec des accords tacites
cela fait deux, trois ou quatre fois que je rencontre ça - si je
rencontre cela encore une fois, je le dénoncerai en temps et lieu; je
vous le dis d'avance. Je trouve que c'est un phénomène
difficilement acceptable, ces accords préalables sur des projets qui ne
sont pas nécessairement connus. À ce moment-là, on est
obligé de tout refaire le travail comme parlementaires.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous avez des
récriminations à adresser sur l'adoption des livres 1 et 2?
M. Dufour: On a tenu les discussions en temps et lieu. Cela n'a
pas été facile, surtout pour le livre 1. Je pense qu'on a appris
certains éléments par rapport à ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour le livre
2, est-ce que cela a bien fonctionné?
M. Dufour: Le livre 2, je pense que dans l'ensemble,
c'était bien. Par exemple, il n'y avait pas de changements majeurs pour
le livre 2. Au chapitre de la refonte, il y a eu beaucoup de changements
apportés au livre 1.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si on fonctionne sur le plan de la
forme de la même façon qu'on a fonctionné au moment du
livre 2, cela vous semble une méthode acceptable.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Cela dépend des éléments
novateurs. Si c'est juste des refontes de ce qui existe et qu'il n'y a pas de
changements, cela peut causer des problèmes au point de vue de la
satisfaction ou de l'insatisfaction, mais cela ne crée pas
d'animosité comme telle. Je prétends que c'est arrivé
quelquefois où il y a eu des projets qui ont été mis en
consultation - le projet de loi 88, si je ne me trompe pas, a été
un exemple assez frappant - qu'il y a eu des unions et même le
ministère était aussi frustré que l'Opposition. En fait,
il n'y avait pas d'accord, même si officiellement il y en avait. Quand on
l'a étudié, il n'y avait plus d'accord. Tout le monde
était frustré à cause de cela. C'est juste une mise en
garde.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On tient compte de la mise en
garde, compte tenu des implications des deux volets du livre 3.
M. Dufour: Si on parle, par exemple, de la
rémunération des élus, on avait un paquet de
télégrammes et on n'avait pas encore de projet de loi. Cela a
l'air drôle pour l'Opposition de...
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai toujours eu comme habitude de
saisir en premier lieu l'Assemblée nationale des projets de loi. Je ne
vous dis pas qu'il n'y a pas des éléments de principe qui ne font
pas l'objet de discussions, possiblement de tractations, mais j'ai, comme
ministre, pris l'habitude de toujours saisir l'Assemblée nationale du
contenu comme tel du projet de loi. Cela ne me pose pas de difficultés
apparentes ou sérieuses.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Pour clore, au moins, la question des inspecteurs
municipaux, vous nous dites que ce sera dans le livre 3. Ce que je ne peux pas
savoir, ce que je ne peux pas prévoir, c'est quand ça va se
passer, mais c'est en marche.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On a la garantie que les
avant-projets 1 et 2 sont adoptés. Il y en a six à adopter. Si on
garde la vitesse de croisière... L'avant-projet 3 est important. On a
déjà des travaux préparatoires qui sont
terminés sur le volet 1; les travaux sur le volet 2 sont
déjà avancés. On tentera de procéder avec le
maximum de célérité, comme à l'habitude.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Cela va pour ces éléments. Dans le
programme 4, on m'informe qu'on avait demandé les salaires des membres
du cabinet du ministre avec le nom des personnes, et on ne les a pas obtenus.
Pour M. Bourbeau, on ne l'avait pas obtenu. Pour vous, on l'a. On vous en
informe. C'était l'an passé? On vous accorde que vous nous l'avez
donné, mais l'autre ne l'a pas fait.
Le Président (M.
Gauvin): Ce qu'on doit
reconnaître, c'est que M. le ministre vous a fourni l'information au
cours de la présente année.
M. Dufour: Mais l'autre, on ne l'avait pas eu.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que vous ne l'aviez pas
demandé pour l'autre. Vous êtes plus exigeant à mon endroit
que vous ne l'étiez a l'endroit de mon prédécesseur
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: En ce qui concerne la suite ministérielle,
est-il possible de les avoir pour les sous-ministres aussi? Date, traitements,
etc.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez cela habituellement
à deux endroits, soit dans la
Gazette officielle, soit dans la chronique du
Soleil, lorsque certains postes sont repris.
Maintenant, pour plus de commodité, on peut peut-être vous
faire un relevé de la Gazette officielle...
M. Dufour: Je pense que c'est plus facile.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...du bureau du sous-ministre, le
BSM comme on l'appelle.
Le Président (M. Gauvin): Donc, M. le ministre vous
propose de retenir surtout la documentation de la Gazette
officielle.
M. Dufour: Pour les salaires du cabinet de
M. Bourbeau, est-ce qu'il serait possible de les avoir?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne les ai pas.
M. Dufour: Non, mais pas immédiatement. Ils avaient
été demandés et on les a pas eus. On ne peut pas?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On me dit que cela n'avait pas
été demandé. Je ne veux pas entrer dans des... Cela a
été demandé cette année, mais pas les années
précédentes. M. Bourbeau n'est plus là. Moi, je ne veux
pas... Je ne les ai pas.
M. Dufour: Mon recherchiste qui était là l'an
passé dit que cela a été demandé. Il y a eu un
changement de ministre. La demande a été faite au cours de
l'année. Comme il y a eu un changement de ministre en cours de route, on
a le vôtre. On en prend bonne note.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Habituellement, mon personnel est
assez méticuleux. Il s'assure que l'on réponde aux questions
telles que libellées. Je ne sais pas s'il n'y avait pas un trou dans
votre question de l'an passé.
M. Dufour: Pourquoi ce ne serait pas accessible pour
l'ex-ministre des Affaires municipales?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne sais pas. Je n'ai pas de
raison. Vous m'avez demandé les miens, je vous ai fourni les miens.
M. Dufour: Oui, on vous l'accorde. Même quand vous nous
dites non, on se parle quand même.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les autres, je ne les ai pas. Si
vous voyez M. Bourbeau demain à la période des questions, vous
pourriez peut-être lui demander.
M. Dufour: Ah! on a bien d'autres questions à poser! Vous
avez vu, on en avait bien gros.
Le Président (M. Gauvin): Donc, ce qu'on retient de la
question du député de Jonquière...
M. Dufour: Est-ce que vous pouvez répondre à
ma...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux regarder si je les ai,
mais je ne peux pas prendre d'engagement. Quand cela relève de moi, cela
relève de moi. Quand cela ne relève pas de moi, cela ne
relève pas de moi.
M. Dufour: Dans le bloc de la masse salariale donnée au
ministre des Affaires munici- pales, ces transferts ou ces montants sont inclus
quelque part.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'y a pas de transfert. Quand
je suis arrivé, je suis arrivé avec - si je peux utiliser
l'expression - une masse salariale que je crois être différente de
celle de mon prédécesseur parce que je ne me suis pas enquis de
celle de mon prédécesseur. J'imagine que, si je suis tombé
sur la même, je suis chanceux ou malchanceux.
M. Dufour: La masse est attachée à la personne.
Cela veut dire que tout ce qui se dépense, ce n'est plus...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Demandez à ceux de chez
vous qui ont déjà occupé ces fonctions; vous avez la somme
des responsabilités, vous avez un historique. Je vais vous donner un
exemple très pratique de la différence entre M. Bourbeau et moi
et dont je peux vous faire part immédiatement: la nature du comté
que l'on représente. J'ai trois bureaux de comté dans
Brome-Missisquoi et je pense que M. Bourbeau, dans le comté de Laporte
qu'il représente, en a un. Nous n'avons pas les masses de
député pour les bureaux de comté, c'est à
même la masse ministérielle comme telle. Déjà
là, vous avez des distorsions qui sont assez importantes.
Le Président (M. Gauvin): Je ne sais pas si cela
répond aux questions du député de Jonquière ou
si...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Maintenant, si vous aspirez
à cela, je peux vous donner un cours détaillé.
M. Dufour: Non. C'est parce que je me disais que l'argent que
vous avez comme masse est incluse dans les Affaires municipales.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, elle est incluse au
ministère des Affaires municipales, tout comme les loyers - pour vous
donner un exemple très pratique - des bureaux de comté. Mais, des
fois, c'est divisé. Je ne sais pas comment ça fonctionne, je
pourrais vérifier, mais quand j'avais les deux autres ministères,
c'était divisé entre Travail, Main-d'oeuvre et
Sécurité du revenu, deux ministères. Maintenant, je ne
sais pas si la Société d'habitation en assume ou pas. On me dit
que c'est le ministère des Affaires municipales, complètement, et
que la Société d'habitation du Québec en
bénéficie à titre gratuit.
M. Dufour: Donc, et c'est la dernière question par rapport
à ça, si ce que vous me dites est conforme, il faut
nécessairement que les actions ou les dépenses effectuées
par votre prédécesseur soient quelque part. Il doit y avoir des
factures correspondantes, des états de
compte, si ça existe dans le ministère.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Au gouvernement, il n'y a pas de
transactions qui se font sans papier, je peux vous l'assurer.
M. Dufour: C'est ça, c'est surtout du papier, parce que
l'informatique n'est pas assez avancée, d'après ce que j'ai
vu.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Même avec l'informatique,
c'est accompagné d'une feuille de papier,
généralement.
M. Dufour: Oui, mais en principe...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, si je l'avais dans mes
dossiers, je vous le donnerais. J'ai toujours répondu aux questions, je
n'ai pas d'objection, sauf que dans les dossiers que j'ai présentement
je ne l'ai pas.
Le Président (M. Gauvin): Donc, ce qu'on retient de la
question du député de Jonquière, c'est que l'actuel
ministre des Affaires municipales a donné l'information pour ce qui est
de sa période.
M. Dufour: Une partie. L'autre question qui reste en suspens,
pour nous, c'est: Est-ce que le ministre va nous fournir l'autre information
qui compléterait celle qui nous a été fournie.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis certain que si je fouille
dans le passé, on pourrait peut-être retrouver, dans nos
boîtes, comment ça fonctionnait sous l'ancien gouvernement, avec
la liste du ministère de l'Habitation, avec la liste du ministère
des Affaires municipales, arriver et voir comment ça a
coûté par la suite, quand M. Bourbeau est arrivé.
Peut-être qu'il y a eu augmentation ou diminution, on sera à
même de juger, à partir de...
M. Dufour: On ne va pas aussi loin que ça!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non? Ah! Je m'excuse, je ne
voulais pas...
M. Dufour: Je parlais de cette année, on parle de
1988-1989. Vous pouvez le faire si vous voulez; je vais le prendre. Si vous
voulez faire le travail...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais quand je me mets
à l'ouvrage il n'y a pas de...
M. Dufour: Non, mais on s'est entendu. Vous ne vouliez pas qu'on
remonte jusqu'en 1985-1986, donc, on n'a pas trop remonté par rapport
à ça. Ce que je vous donnais, juste comme élément
nouveau... Ce que vous nous avez fourni, vous concernant et concernant le
ministère, au moment de l'entrée en fonction, est-ce qu'on peut
avoir la correspondance pour la partie où vous n'étiez pas
là?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Cela serait pour la
période de l'année passée...
M. Dufour: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Donc, entre le 1er avril et le 23
juin de l'année courante.
M. Dufour: Voilà. C'est ça. C'est clair.
Le Président (M. Gauvin): On retient que M. le ministre va
tenter de trouver de l'information pour...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais essayer de trouver la
masse salariale qui était la masse du cabinet entre le début de
l'exercice financier, le 1er avril, et l'assermentation, au moment où il
y a eu...
M. Dufour: Oui. Surtout la ventilation, parce que la masse,
ça ne me dit rien.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En tout cas, on va voir.
M. Dufour: C'est ventilé, je pense qu'on s'est
compris.
Le Président (M. Gauvin): Donc, je crois comprendre qu'il
y a un effort qui va être fait de la part du ministre pour tenter de
trouver l'information.
M. Dufour: Je vais avoir suivi un cours d'avocat et un cours de
notaire, depuis trois ans!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et moi, un cours en affaires
municipales!
M. Dufour: Je sais que les deux sont très subtils par
rapport à ce qu'ils peuvent valoir. Il faut être attentif,
surtout.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: il y avait aussi la question des voyages. Je pense que
la question est complète. C'est la première question à
laquelle vous aviez répondu, qu'on transmet pour l'autre partie, et
ça comprend aussi les voyages.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les voyages. Mais les voyages,
moi, de mémoire...
M. Dufour: Un instant! On va revenir à ça.
Le Président (M. Gauvin): On reprend la question.
M. Dufour: D'accord. Cela va.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, je pense que ça
va.
M. Dufour: On va revenir à ma question. Il y a eu un
certain nombre de fonctionnaires qui ont fait des voyages à
l'extérieur du Québec, même à l'extérieur du
pays. Est-ce que le ministre lui-même n'a pas eu à faire des
représentations au cours de l'année? (17 h 15)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Par téléphone.
M. Dufour: Vous n'avez pas fait de voyage à
l'extérieur?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis allé, de
mémoire, quand j'ai été assermenté, à la
conférence des ministres responsables de l'Habitation à
Halifax...
M. Dufour: Cela, c'est connu.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...et à la
conférence des ministres des Affaires municipales à Bromont, dans
mon comté.
M. Dufour: Et pour le personnel politique, est-ce que vous avez
les mêmes réponses?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense qu'il y a une personne,
un attaché politique, qui m'a accompagné à Halifax, et
dans le comté ils passent tous là fréquemment. Je pense
que ce n'est pas compté comme voyages à l'extérieur de la
province; le comté se situe encore dans la province.
Le Président (M. Gauvin): Est-ce que ça
répond à la question du député de
Jonquière?
M. Dufour: Cela va. Il n'est pas sorteux!
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
Dossier des corps policiers municipaux
M. Dufour: Je voudrais parler des programmes. Je pense qu'il y a
un dossier que vous ne gérez pas comme tel sur le plan des services,
mais qui touche tout de même les municipalités. Je voudrais
surtout parler du dossier de la police. On est conscients que, cette
année, II y a eu une loi, la loi 86, qui a été
proposée par le ministère de la Sécurité publique.
L'Union des municipalités avait un certain nombre de doléances
concernant le vécu des corps policiers dans les municipalités.
Vous nous avez informé aussi que des changements seraient sûrement
apportés, mais ce dossier est sur la place publique depuis plusieurs
années. On se demande si vous avez l'impression qu'on s'attaquera
à ce sujet un de ces jours ou si ça demeurera un dossier suspendu
nulle part.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que sur le plan de la
déontologie, comme vous l'avez vous-même mentionné dans vos
remarques préliminaires, le dossier a été abordé
par le gouvernement et, j'oserais dire, à la satisfaction des
intervenants. En ce qui concerne les deux autres points que vous aviez
soulevés, à juste titre, la question de la syndicalisation des
cadres et la question de l'arbitrage des conventions collectives, je me
réfère au dernier mémoire de l'Union des
municipalités du Québec. Au moment où l'on se parle, le
dossier n'a pas été rég'é à la satisfaction
de l'union. Je me souviens de remarques, de propos très précis
qui ont été prononcés à l'occasion d'un des
congrès de l'Union des municipalités du Québec et repris
à l'Assemblée nationale du Québec par l'ancien premier
ministre, M. René Lévesque, dans ie dossier de l'arbitrage des
conventions collectives, entre autres.
Je vous dirai que j'ai eu à regarder de près ce dossier
comme ministre du Travail et que je dois maintenant le regarder comme ministre
des Affaires municipales. J'ai dû en discuter avec les autorités
municipales au cours de la présente année et ce que certaines
autorités municipales, j'oserais dire, ont été surprises
d'apprendre, c'est que certaines municipalités importantes avaient
négocié de gré à gré des conventions
collectives qui ont servi d'inspiration à des arbitres dans d'autres cas
importants et que les augmentations dénoncées, entre autres, par
la Communauté urbaine de Montréal cette année, qui ont
fait l'objet d'un procès - la cause a été
réglée devant les tribunaux - ont été
attribuées par un arbitre réputé. Il s'agit de M.
Dufresne, qui était arbitre. J'ai utilisé ses services à
plusieurs reprises dans le dernier conflit dans le secteur de la construction
et le monde municipal s'est rendu compte qu'il n'était pas sans
reproches dans le dossier.
Quand vous avez des municipalités importantes qui, de gré
à gré, signent des augmentations importantes, vous avez un effet
d'entraînement sur d'autres municipalités. L'effet
d'entraînement sur les autres municipalités a un effet
d'entraînement sur la Sûreté du Québec; l'effet
d'entraînement sur la Sûreté du Québec a un effet
d'entraînement sur d'autres éléments dans la
société. Donc, le gouvernement est conscient, tout comme le monde
municipal, de l'importance de baliser les critères d'arbitrage qui
doivent servir à l'examen des arbitres. Malgré les modifications
possibles au libellé comme tel, tant que vous aurez des
municipalités - je ne parle pas des petites municipalités que
vous ne pouvez comparer, mais des municipalités importantes qui font des
ententes de gré à gré, et elles sont
libres de négocier, il s'agit de leur autonomie municipale - il
faut s'attendre que les autres municipalités en subissent parfois les
contrecoups.
Maintenant, la fraternité des policiers est très bien
organisée pour cibler, en début de négociations, les
endroits où le terrain semble plus propice à des
négociations. L'Union des municipalités du Québec,
d'après ce que j'en sais, va peut-être développer elle
aussi, en contrepartie, pour maintenir un équilibre des forces des
parties en présence, une certaine stratégie en ce sens, de
façon à s'assurer qu'une municipalité importante, qui
pourrait servir de terrain propice, puisse jouir de tout le support technique
nécessaire, de façon à équilibrer les forces en
présence.
Je pense qu'à partir du texte législatif jusqu'à
l'aboutissement de la convention collective vous ne pourrez retrouver de
situation équilibrée que si vous vous assurez que les parties en
présence jouissent d'un arsenal équilibré. Vous aurez beau
modifier la loi, changer le vocabulaire, faire ce que vous voulez, tant et
aussi longtemps que vous ne développerez pas de stratégie
équivalente à celle de celui qui est assis de l'autre
côté de la table, vous allez faire l'objet de hausses qui sont
parfois justifiées, mais parfois difficiles à expliquer aux
contribuables.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Je prends bonne note, bien sûr, des
éléments que vous soulevez par rapport à certaines
municipalités qui transgressent les règles officielles du jeu
dans le milieu, parce qu'il n'y a rien d'illégal et qu'elles ont le
droit de le faire; c'est clair. Par contre, il y a aussi des
éléments qui ne sont pas nécessairement sur la table.
C'est évident qu'il y a des municipalités qui, par inadvertance
ou pour beaucoup de raisons - nous pouvons en identifier quelques-unes -
acceptent de négocier ou acceptent d'en arriver à des
règlements sans passer par l'arbitrage. Pour ceux qui ont vécu
ces expériences, en règle générale, ce qu'on peut
retenir, c'est que les municipalités gagnent rarement un arbitrage ou
semblent rarement gagner un arbitrage. Est-ce que les municipalités sont
mal préparées? Est-ce qu'elles ne sont pas assez raisonnables
dans les discussions entre municipalités? Ce sont des questions qu'on a
le droit de se poser. A la longue cela amène les municipalités et
les contribuables à dire... N'oublions pas que le corps policier a des
relations continues avec la population, au même titre que... Et, comme
ils ont affaire, en règle générale, avec des gens qui
pourraient avoir de l'agressivité, parce qu'ils ont une clientèle
un peu plus en dehors des normes, cela amène ces gens à avoir une
bonne écoute des gens du milieu - si nous comparons, par exemple, la
popularité des politiciens vis-à-vis de celle des policiers, j'ai
l'impression qu'on est plus loin au point de vue popularité - ce
qui fait que la municipalité est toujours considérée comme
perdante dans sa démarche par rapport à un arbitrage.
On se dit automatiquement: Cela a coûté de l'argent,
ça n'a rien donné, donc on s'est fait avoir. D'autre part,
à la longue, l'élu municipal dit: Écoute2 un peu, nous ne
mettrons plus d'argent là, on va le donner ailleurs. Mais il vient
toujours de la même place. Même si quelqu'un décide de ne
pas payer pour l'arbitrage, II le prend dans la poche de quelqu'un pour
régler sa convention collective. Il y a tout de même
d'autres éléments qu'il faut retenir. À part la
constatation du fait qu'il y a des municipalités qui se
comportent drôlement dans le système, parce que, même si
elles n'ont pas le pouvoir de syndicalisation, elles ont des pouvoirs de
pression, il y a des municipalités qui ne veulent pas subir ça
non plus.
C'est un dossier qui est complexe, mais il y a tout de même
d'autres éléments - je ne m'attarderai pas sur la
complexité du dossier - comme certains éléments
avancés par des municipalités en ce sens que si elles
avaient les services essentiels - on pourrait se servir de cette loi - et si
elles avaient le droit de grève, ça pourrait changer certaines
histoires; pas le droit de grève n'importe comment mais un droit de
grève civilisé, comme ce qui se produit, en règle
générale, pour l'ensemble des travailleurs et des travailleuses.
À ce moment, cela pourrait drôlement changer les règles du
jeu.
Il y a aussi d'autres éléments qu'il faut retenir, parce
que, si on veut régler le dossier dans sa globalité, on va
peut-être avoir des problèmes. Mais on peut peut-être le
prendre par partie, par exemple. Je constate que, dans les petites
municipalités, il y a des sergents et, après, cela tombe au
directeur de police. Le sergent est syndiqué et il est patron en
même temps. Bon, il y a quelque chose qui n'est pas correct quelque part.
En tout cas, il y a des accointances qui sont difficiles à
détacher.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela s'explique.
M. Dufour: Cela fait aussi partie du dossier de la police.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cet aspect s'explique. C'est toute
la question de la syndicalisation des cadres.
M. Dufour: C'est ça. Donc...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le phénomène est
survenu au moment où, à la suite de négociations, soit de
gré à gré, soit par arbitrage, le policier
salarié, si je puis utiliser cette expression, obtenait davantage que
le policier-cadre. Le policier-cadre, à ce moment-là,
obtenant moins que celui à qui il passait les ordres, a
demandé de faire partie de l'unité d'accréditation et,
soit le commissaire général du travail, soit le Tribunal du
travail a décidé qu'il était admissible à
l'unité d'accréditation. Aujourd'hui, les municipalités
sont plus conscientes du phénomène qui motive un cadre à
demander à être inclus dans une unité de
négociation.
M. Dufour: Donc, vous renchérissez en ce sens qu'on
connaît très bien le problème. Puisque le problème
est identifié, j'espère qu'on ne créera pas une fondation
pour un institut de recherche afin de trouver la solution. Il me semble, en
tout cas, que si on est capables de déterminer avec justesse les
problèmes et de bien les identifier, on peut, après ça,
essayer de cibler un certain nombre d'éléments qui permettront
d'établir un meilleur fonctionnement.
Je regarde le code de déontologie de la Commission de police,
c'est un problème, et je vous dis d'avance qu'il y a une autre sorte de
problèmes parce qu'il y manque peut-être quelque chose. Comment
faire l'enquête... En tout cas, on va vivre avec ça pendant un
bout de temps. Je pense que même avec la loi sur la déontologie
qui a été acceptée par les municipalités, par
quelques municipalités surtout qui ont forcé là-dessus
pour qu'on l'accepte dans sa teneur et de la façon qu'on l'a fait...
Heureusement qu'on a été vigilants par rapport à
ça. On a amené certains éléments qui ont
amélioré le projet de loi, ce qui nous a permis de voter pour. On
n'a pas encore le code de déontologie. La Commission de police n'est
plus supposée siéger et elle fait encore des enquêtes
actuellement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense qu'il y a quand
même des éléments de transition...
M. Dufour: Mais on attend toujours le code de déontologie
pour pouvoir le faire. C'est très urgent qu'on le fasse. Donc, il y a
l'arbitrage, la désyndicalisation et le partage des coûts aussi.
Cela aussi ça entrait dans la problématique. Vous, comme ministre
des Affaires municipales, est-ce que vous avez l'intention qu'on aille dans ce
dossier, qu'on trouve des réponses à ces questions? Est-ce que
vous allez répondre aux attentes des municipalités?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je n'en suis plus au stade des
intentions, je suis déjà rendu au stade des démarches.
M. Dufour: Est-ce que vous avez l'intention de procéder
par projet de loi, par consultation? Est-ce que cela va se faire au cours de la
session? Est-ce que cela fera partie des promesses électorales des
prochaines élections?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur le plan des
échéances, je peux vous donner a peu près...
M. Dufour: L'heure juste.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... l'état d'esprit du monde
municipal concernant, entre autres, la rémunération des
policiers. De 1986 jusqu'à l'année dernière,
jusqu'à ce qu'un élément éclate à la
Communauté urbaine de Montréal, le monde municipal était
relativement satisfait des arbitrages, de 1986 à 1988 donc. C'est le cas
de la Communauté urbaine de Montréal qui a ravivé le
sentiment d'insatisfaction qui existait avant 1985. Nous nous sommes
parlé, nous avons dialogué, nous avons effectué des
rencontres appropriées et, au moment où nous nous parlons, il y
a, effectivement, de la part du monde municipal, un amendement mineur qui sera
requis au Code du travail, qui relève de l'autorité du ministre
du ministre du Travail. (17 h 30)
Cependant, le monde municipal est également conscient qu'il y a
avantage à expérimenter les formules dont j'ai parlé
tantôt, quant à une meilleure préparation aux
négociations avec l'aide de la fraternité des policiers. Je pense
que si chacun fait son bout, s'il y a une meilleure préparation à
la prochaine ronde de négociations et qu'à la suite de cette
meilleure préparation on se rend compte que le libellé actuel du
Code du travail n'assure pas l'équilibre, malgré cette meilleure
préparation, il y aura lieu de favoriser l'équilibre en modifiant
légèrement le libellé de l'article qui donne la
possibilité à l'arbitre de se référer à
certains critères, de façon à rendre une décision
qui soit juste, équitable et équilibrée.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Vous répondez à une partie de la
question seulement. Vous m'avez dit, tout à l'heure, que la
communauté urbaine ne donne pas le bon exemple. Je peux vous dire aussi
que le gouvernement ne donne pas le bon exemple. Si je me rappelle bien, en
1986, à la Sûreté du Québec, il y a eu une
augmentation importante. Cela a de l'influence sur le monde municipal.
Aujourd'hui, la Sûreté du Québec et la police municipale,
cela se ressemble beaucoup au point de vue salarial.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, je vous dirais qu'au moment
où l'on se parle - et je demande à être corrigé si
je me trompe - les effectifs de la Communauté urbaine de
Montréal...
M. Dufour: Sont plus nombreux.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... sont
rémunérés de façon supérieure aux effectifs
de la
Sûreté du Québec.
M. Dufour: En règle générale, la
Sûreté du Québec...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En règle
générale, depuis, je pourrais vous dire, 1980 - ce qui inclut
l'administration du gouvernement précédent - les services
policiers de la Communauté urbaine de Montréal sont
généralement en avance sur le plan de la
rémunération, si on peut parler ainsi, comparativement à
la Sûreté du Québec.
M. Dufour: II va bien falloir qu'on fasse des colloques
là-dessus. Mais en ce qui concerne le partage des coûts des
services de police, de la Sûreté du Québec, M. Latulippe,
le dernier, le seul et l'unique Solliciteur général que le
Québec a eu en titre, avait parlé du partage des coûts.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non. Il y a une
imprécision quant à la fonction importante du Solliciteur
général dans l'appareil gouvernemental. M. Latulippe a
assumé cette fonction à partir du 12 décembre 1985. Par la
suite, il a été remplacé, à titre de Solliciteur
général, par M. Marx. Ce n'est que depuis l'adoption, sinon la
mise en vigueur de la loi sur la Sécurité publique que nous
avons, au Québec, un ministre de la Sécurité publique.
Jusqu'à l'adoption de cette loi ou jusqu'à sa mise en vigueur,
les éléments policiers, ou la sécurité publique du
Québec relevait de l'autorité du Solliciteur
général.
M. Dufour: Le partage des coûts, est-ce que vous avez
l'intention de voir à ça?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Qu'il s'agisse d'une
autorité qui relève du ministre de la Sécurité
publique ou du Solliciteur général, il n'y a pas eu, dans le
partage des coûts, de modification importante au cours des
dernières années, le monde municipal assumant traditionnellement
ce qu'il a à assumer, le gouvernement provincial assumant
traditionnellement ce qu'il a à assumer et la Gendarmerie royale
étant assumée par le gouvernement fédéral.
M. Dufour: C'est pour ça qu'ils s'entendent bien tous
ensemble.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre. M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: C'est seulement pour tirer la pipe un peu, en tout
cas. Le monde municipal a fait connaître ses positions sur le partage des
coûts. Depuis que vous êtes en fonction, vous avez sûrement
vu passer ce dossier. Est-ce que vous commencez à avoir une opinion sur
ce que le monde municipal a exprimé?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Avant une prise de décision
équilibrée, je cherche toujours le dénominateur commun qui
se doit d'exister entre, d'une part, la position gouvernementale et, d'autre
part, le monde municipal qui assume déjà des
responsabilités financières importantes dans le dossier de la
protection du public et qui n'assume pas de coûts comme tels, sauf par le
biais des taxes provinciales qui servent à cette partie de la protection
de la population, pour la Sûreté du Québec. Je ne pense pas
qu'au moment où nous nous parlons nous ayons trouvé ce minimum de
consensus nécessaire.
M. Dufour: Mais vous avez entendu le président de l'Union
des municipalités du Québec, la semaine dernière, qui
parlait d'un partage de coûts. Malheureusement, je n'ai pas mis la main
sur son discours, mais il y avait certainement un point, en tout cas, qui me
semblait nouveau, quand il a parlé du partage des coûts. Il a
enlevé un certain nombre d'irritants en disant que le gouvernement du
Québec était prêt à payer ou que c'était
normal que les fonctions relevant du gouvernement du Québec soient
payées... En tout cas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sans vouloir dévier du sens
du discours prononcé par le président de l'Union des
municipalités du Québec sur ce point, je me souviens assez
clairement qu'il a évoqué toute la question des
municipalités qui n'assumaient aucune protection de leurs citoyens de
façon directe. Il a utilisé une phrase qu'il a emprunté
à son prédécesseur, le maire de Québec, M. Jean
Pelletier, en ce sens qu'on ne devient pas père de famille au
deuxième enfant.
M. Dufour: Oui, c'était le côté spectaculaire
de sa déclaration, mais, malheureusement, je n'ai pas son discours. Je
suis convaincu qu'il a employé un langage ou quelques phrases bien
senties. Je ne les ai pas apprises par coeur, mais j'ai trouvé que
c'était bon. Étant habitué aux discours du maire de
Québec qui a déjà été président de
l'Union des municipalités, je connais donc son langage très
coloré. Mais je regardais dans le fond comme tel, parce qu'il y a un
problème aussi par rapport aux relations entre les deux unions, les
petites municipalités vis-à-vis des grosses, il me semblait que
M. Rouillard avait été un petit peu plus nuancé sur ce
dossier, mais je peux me tromper.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, votre perception est
bonne.
M. Dufour: J'espère que je vais remettre la main sur le
discours. Je pourrai peut-être vous le souligner quelque part. Il me
semble qu'il a fait des nuances par rapport à ça et il me semble
aussi que c'est une évolution par rapport au dossier tel que
présenté par l'ex-président de l'Union des
municipalités.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le monde municipal est en
perpétuelle évolution et l'Union des municipalités est un
des leaders de cette évolution.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Donc, c'est évident aussi que vous nous disiez,
bien sûr, je comprends ça: Le dossier de la police n'est pas tout
à fait mon dossier. Mais je vous parle de ça parce que je trouve
que, comme ombudsman des municipalités, vous avez tout en main pour
faire le travail. Un ombudsman est un défenseur. Donc, si, demain matin,
le ministre de la Sécurité publique... Vous devriez
peut-être commencer par faire des représentations pour qu'on ait
un vrai ministre de la Sécurité publique. C'était au moins
au programme du Parti libéral. Il faudrait qu'il y en ait un qui
occuperait le poste à temps plein et non à temps partiel comme ce
qu'on a là. Là, il pourrait peut-être un peu plus...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans des circonstances normales,
votre argument serait percutant mais, vu les nombreux talents du titulaire
actuel, il peut occuper ses fonctions sans que ça ne déteigne sur
la façon dont il s'occupe de ses autres responsabilités. C'est
l'avantage d'avoir un homme aux talents multiples.
M. Dufour: Mais, là, le ministre oublie sûrement le
temps qu'il a passé à l'Opposition alors qu'ils passait des
critiques par rapport à ces dossiers. Vous disiez, vous ou un autre de
votre parti...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais je me souviens très
bien des réponses du député de Chicoutimi.
M. Dufour: Voulez-vous prétendre que Me Bédard
n'avait pas de talent?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous avez des querelles
à régler avec le monde de Chicoutimi, je ne pense pas que cette
commission parlementaire soit l'endroit désigné.
M. Dufour: Non, non. Je voulais juste répliquer à
ce que vous avez dit, à savoir que le ministre actuel a tellement de
talent qu'il peut occuper deux chapeaux. A ce moment-là, le premier
ministre ne devrait plus mettre de ministres pour l'aider. Il pourrait faire
ça tout seul ou ne rien faire tout seul. Ce qu'on prétend c'est
que, lorsque M. Bédard occupait la fonction de Solliciteur
général comme procureur de la province de Québec, vous ne
voulez pas faire allusion au fait qu'il n'avait pas de talent?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Absolument pas.
M. Dufour: Je pense que moi non plus, je n'aurais pas cette
prétention.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II avait un grand talent. J'en ai
été victime.
M. Dufour: Donc, pourquoi critiquiez-vous dans ce temps-là
et pour dire que ça prenait deux ministres? Pourquoi, dans ce
temps-là, prétendiez-vous... C'était même dans le
programme du Parti libéral. Vous disiez: Cela prend deux ministres.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est parce qu'on savait que M.
Bédard ne resterait pas ià tout le temps, mais on ne savait pas
que M. Rémillard, qui a annoncé sa candidature à la toute
veille de l'élection, s'en venait.
M. Dufour: C'est tortueux. Cela étant dit, si, demain
matin, le ministre de la Sécurité publique présentait un
projet qui pourrait aller à l'encontre de nos discussions... Je doute
qu'il présente un projet parce que ce n'est pas sa préoccupation
première. J'aurai l'occasion de discuter avec lui, mais je serais
surpris que ce soit la principale préoccupation du ministre de la
Sécurité publique. Ministère de la Justice, Relations
internationales, ça me semble être beaucoup plus
préoccupant pour lui; en tout cas, il me semble que c'est le cas.
Comment fait-on pour pousser ce dossier? Je pourrais peut-être formuler
une hypothèse, s'il présente un dossier, comment vous allez
réagir. Mais s'il ne présente pas de dossier, est-ce que vous
avez l'intention de le pousser à en présenter un?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'hésitais à vous le
dire, mais ayant très clairement établi que l'actuel ministre de
la Sécurité publique s'acquitte de ses fonctions de façon
merveilleuse, je pense qu'on fait fausse route lorsqu'on se dirige vers le
ministre de la Sécurité publique. Les amendements requis en
termes d'arbitrage, de syndicalisation des cadres, etc., s'adressent à
un autre ministre qui a également une double vocation - là, on
pourrait reprendre toute l'argumentation - il s'agit du ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu.
M. Dufour:... les coûts?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les coûts?
M. Dufour: Le partage des coûts?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le partage des coûts
relève davantage de l'autre ministre, qui a une triple occupation.
M. Dufour: Là, c'est vraiment le ministre de la
Sécurité publique, quand on parle des coûts. Vous n'avez
pas d'opinion, d'après ce que je vois, ou vous trouvez que la glace est
trop mince.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, bien que le printemps soit
avancé, la glace n'est pas trop mince. Ce que je recherche dans ce
dossier, et je pense que c'est ce qui doit exister à la base d'un
dossier avant que des modifications importantes soient adoptées, c'est
un minimum de consensus nécessaire au moins dans le monde municipal. Or,
je n'ai pas senti, au moment où nous nous parlons, ce minimum de
consensus nécessaire. Vous l'avez vous-même mentionné, les
deux unions, tout au moins d'apparence, n'ont pas des voix concordantes ou des
arguments concordants concernant ce dossier.
M. Dufour: Mais la prudence que vous manifestez dans ce dossier,
la prudence que vous manifestez au point de vue de l'évaluation
foncière et la prudence que vous manifestez dans les actions concernant
les inspecteurs, à un moment donné, vous n'avez pas peur qu'on
finisse pas souffrir d'une maladie qui fait qu'on ne prend plus de
décision?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne suis pas tellement
Inquiet...
M. Dufour: Dans les MRC aussi, on est prudent.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne suis pas tellement inquiet,
je pense que l'Opposition nous a déjà accusés, il n'y a
pas tellement longtemps, de faire preuve de témérité en
bouleversant aussi rapidement, par l'adoption de la loi 90, toute la question
de la fiscalité municipale. Je pense que l'Opposition, par la voie
d'autres critiques dans d'autres domaines, nous a déjà
accusés de prendre des décisions trop rapidement en
matière de mise en application des schémas d'aménagement.
Je pense qu'on est dans le dilemme habituel que l'on reconnaît toujours
et qui est sain dans ce circuit parlementaire: d'un côté, vous
êtes accusé de faire montre de trop de prudence et, de l'autre
côté, vous êtes accusé d'agir sous l'impulsion, trop
rapidement. Je pense que, lorsque vous réussissez à être
accusé des deux côtés de la bouche en même temps,
vous bougez à un rythme qui est satisfaisant.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: On va écrire ça, au même titre que
vous avez écouté le discours, "quand on bouge des deux
côtés de la bouche en même temps". C'est un objectif
à atteindre, ça peut être critiqué des deux
côtés, pour se prouver qu'on n'a plus rien à faire. C'est
bon!
Le Président (M. Gauvin): Toujours au programme 4.
M. Dufour: Oui, on va regarder ça un peu rapidement. Le
programme 4, élément 1...
Une voix: II n'est plus là. (17 h 45)
Transfert du programme Sécurité-incendie au
ministère de la Sécurité publique
M. Dufour: II n'est plus là. C'est ça? On va juste
vous poser des questions concernant le service des incendies, le projet de loi
l'a transféré. Il y avait, en 1987-1988, 820 000 $ de budget, en
1989-1990, le ministère qui a pris la relève prévoit 682
000 $. Il y a donc une diminution, par rapport à cette année,
très importante. Le programme est rendu au ministère de la
Sécurité publique, le service des incendies. C'est clair. Je
pense que vous étiez au courant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Dufour: II a diminué de 38 %. Est-ce que vous pensez
que la décision de transférer ce programme à un autre
ministère est pour le mieux? Est-ce la meilleure?
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que la décision a
été prise à la suite de certains événements
qui se sont produits et dont le gouvernement a tenté de tirer des
expériences pour l'avenir, dans le but de mieux servir la population du
Québec. Je peux vous donner l'exemple précis des
événements de Saint-Basile, que vous connaissez bien. À
l'occasion d'événements comme ceux-là, comme dans d'autres
interventions qui sont moins majeures, on se rend compte qu'il est important
que l'ensemble des intervenants, qu'il s'agisse des forces policières,
des pompiers, de la protection civile ou des gens qui ont à intervenir
dans ce type d'élément, il est davantage efficace, performant, au
bénéfice de la population que ces divers corps d'intervention
relèvent d'une même autorité ministérielle et c'est
à partir d'un critère ou d'une volonté d'assurer le
meilleur service possible à la population et aux municipalités
que la décision a été prise.
Maintenant je vous dirai que la décision a également fait
l'objet de discussions à la table Québec-municipalités,
que le type d'argument - et sans dévoiler nos conversations - que je
viens de mettre de l'avant aurait possiblement pu être mis de l'avant
à cette occasion et que le monde municipal partage ce souci de donner un
meilleur service à la population et incite le gouvernement à
baser l'ensemble de ses décisions
sur un tel critère.
M. Dufour: J'écoute vos propos comme il faut. Il y a un
problème qui se pose actuellement et c'est la deuxième fois que
je le vis en peu de temps: la loi 100 - on nous a toujours donné
l'exemple d'exagération concernant la négociation de zones
agricoles, de zones blanches et de zones vertes - et
Saint-Louis-de-Pintendre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La loi 100 n'est pas encore en
vigueur.
M. Dufour: Non, mais elle est adoptée. Si vous prenez le
discours...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais vous parlez d'exemple dans le
passé, ce ne serait pas...
M. Dufour: Je vais continuer mon propos.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce serait en vertu de la loi 90,
adoptée par le Parti québécois.
M. Dufour: Actuellement, on vit des expériences. Elle
n'est pas en application et j'espère qu'il y a des parties qui ne
viendront jamais en application. Mais ce n'est pas le but de mon propos, c'est
d'essayer de faire la démonstration que dans deux cas précis, que
je peux identifier facilement, la loi 100, on se sert d'un cas problème
pour créer des mécanismes différents. Quand on fait
allusion à ce qui s'est passé à Saint-Basile-le-Grand,
c'est une situation qu'on peut identifier très clairement, mais c'est
une situation par rapport à un ensemble de situations qui pourraient se
passer au Québec. Ma prétention est qu'on ne peut pas, à
partir d'un exemple seulement, créer... Et cela va justement à
l'encontre de ce que vous avez manifesté tout à l'heure en disant
que vous montrez une certaine prudence. De temps en temps, vous allez trop
vite. C'est un peu cela, mais c'est le contraire complètement. Vous me
dites: Oui, on a été prudents. Mais là, vous l'êtes
moins. Il y a peut-être une façon d'aller regarder ce qui se
passe.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux peut-être vous
interrompre pour vous mentionner que le cas de Saint-Basile-le-Grand est
peut-être une illustration mais que, chaque jour, chaque semaine, dans le
cas d'incendies importants, entre autres sur le territoire de la ville de
Montréal, pour vous donner un exemple, vous avez l'intervention des
forces policières, des services d'incendie et de la protection civile.
Ce sont des événements qui se reproduisent malheureusement trop
souvent sur le territoire québécois.
M. Dufour: J'ai toujours pensé que la protection...
Premièrement, on va établir tout de suite que la protection
civile n'aurait jamais dû être enlevée au Solliciteur
général, ni au ministère de la Sécurité
publique. Au point de vue de la protection civile...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne comprends pas.
M. Dufour: Avant 1985, c'était le Solliciteur
général.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Dufour: Vous avez fait une loi, vous avez dit: On
enlève ça de là et on envoie ça à
Approvisionnements et Services, par mesure...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Dufour: Nous autres, on a dénoncé ça, on
a dit que ça n'avait pas de bon sens. On avait raison, vous l'avez
corrigé. On revient à la case départ. Vous ne pouvez pas
être contre ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous ne pouvez pas toujours vous
tromper.
M. Dufour: La question de l'incendie, pour autant que je sois
concerné, je ne pense pas que le ministère des Affaires
municipales ait eu des personnes pour éteindre les incendies, ni pour
agir directement ou régulièrement sur ce qui se passe.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais la responsabilité
ministérielle, en Chambre, relève...
M. Dufour: La responsabilité, c'étaient des cours
de perfectionnement. C'étaient des mesures, de la sensibilisation, des
orientations à la population et, en plus, ça répondait
à un certain nombre de critères de base, une espèce de
guichet unique. Les budgets du service de la protection des incendies, au
ministère, si on lui donne d'autres fonctions que celles que je viens
d'énumérer, on est complètement en dehors de la
réalité, parce qu'il n'a pas beaucoup d'argent comme service, on
parle de quelques millions de dollars, mais ça, c'était avec
l'aide et avec toute l'histoire. En fin de compte, il n'y a jamais eu beaucoup
de personnel là-dedans. Je pense que ça n'a jamais
dépassé dix ou douze personnes. C'est un gros maximum, si je ne
me trompe pas. Il n'y a pas beaucoup de monde, en tout cas. Ceia peut
être plus de dix comme moins. Personnellement, je ne crois pas qu'il y
avait beaucoup de monde.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est pas le nombre qui
crée l'importance du rôle.
M. Dufour: Non. C'est ça. Mais vous avez
décidé de le transférer à la Sécurité
publique. Comment va-t-il faire pour remplir les tâches
que le ministère des Affaires municipales accomplissait avec les
municipalités? Comment fera-t-il? Parce qu'il semble qu'en montant
d'argent... L'année passée, il y avait eu une baisse des
crédits; cette année, il y en a encore une.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que vous ne vous fiez,
pour autant que je sois concerné et informé, au moment où
l'on se parle, qu'à une proportion. Vous vous fiez à la partie
des sommes qui sont transférées du ministère des Affaires
municipales au ministère de la Sécurité publique. Vous
n'êtes pas allé vérifier, sauf erreur, et je le dis parfois
imprudemment, les crédits dont il disposait une fois
intégré au ministère de la Sécurité
publique. Et, si c'était le cas, vous devriez discuter de ces
éléments au ministère de la Sécurité
publique.
M. Dufour: En 1988-1989, on avait l'aide aux
municipalités. Si vous regardez à la page 27-9...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Page 27-9 des
crédits...
M. Dufour: Sécurité publique, programme 8.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Là, est-ce qu'on
étudie les crédits du...
M. Dufour: Non. Je pense bien que ça a rapport.
L'élément 3, "aide aux municipalités".
Antérieurement, en 1988-1989, pour faire une comparaison, parce qu'il
faut bien partir de quelque part, 826 800 $...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne sais pas si on a la
même chose, je ne les a pas étudiés, ceux-là. On est
à la page 27-8?
M. Dufour: Page 27-9.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Page 27-9, excusez.
M. Dufour: Oui. Programme 8, Protection civile et
sécurité-incendie.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Protection civile, oui.
M. Dufour: Élément 3, "aide aux
municipalités".
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Dufour: Cela va?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Dufour: L'an dernier, 1988-1989 - ça part justement de
votre ministère - 826 800 $.
En 1989-1990, 681 700 $.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. On m'indique qu'il faut, si
vous voulez y inclure l'administration... Parce qu'il y avait une partie
administration, chez nous, qu'on tentait de nous imputer, et sur laquelle nous
avons eu des discussions sévères avec le ministère de la
Sécurité publique, toute la question de la direction et
prévention qui est passée de 810 000 $ à 913 000 $. Je
pense que c'est là que vous retrouverez les explications à votre
question. Je vais tenter d'être un peu plus clair. Lorsque le transfert a
été effectué sur le plan de la négociation
interministérielle, nous avions convenu, sur le plan des principes, d'un
transfert avec postes et crédits. Maintenant, on a voulu, sur le
plan de la négociation, imputer au ministère des Affaires
municipales une partie de l'administration générale qui
était dévolue au service des incendies. À la suite de
négociations, je me rends compte que le ministère des Affaires
municipales n'a pas cédé sur ce plan, mais qu'en guise de
politique d'accueil le ministère de la Sécurité publique
a prévu des augmentations à l'élément 2 de
son programme 8 de façon à bien accueillir, sans diminution, les
gens qui partent de chez nous pour s'en aller ailleurs.
M. Dufour: Si je prends les deux éléments que vous
m'identifiez, il y a une diminution quand même; à l'oeil, il y a
une diminution si on prend les deux, les éléments 2 et 3. Mais je
trouve que ce qu'il faut surtout examiner, c'est l'aide aux
municipalités.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais vous n'auriez pas un portrait
complet même si vous preniez les deux éléments ensemble
parce qu'un des éléments importants en ce qui concerne la
protection des incendies est tout l'aspect formation. Là, vous mettez
à contribution, entre autres, de mémoire, les budgets du
ministère de l'Éducation, sans exclure la possiblité de
mettre à contribution également les budgets du ministère
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. Pour avoir un
portrait complet, il faudrait faire l'étude des crédits à
peu près de l'ensemble des ministères pour savoir s'il y a eu
perte ou gain. Mais, au total, je n'ai pas eu de récrimination quant
à une diminution de services ou de qualité de services à
la population.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: On pense qu'il y a une diminution de l'aide et
je crois bien que le temps commence à nous courir après. Il va
nous rattraper.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On a encore tout l'avant-midl
demain?
M. Dufour: Oui, mais ce n'est pas beaucoup pour le nombre de
questions et de projets qu'on a à voir. Le personnel que vous
aviez...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui? M. Dufour:... est-ce
qu'il a été...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est 33 postes.
M. Dufour: Les 33 personnes ont été
transférées au ministère de la Sécurité
publique. J'imagine que vous en avez discuté, parce que ces transferts
ne se font pas juste sur papier, ça se fait aussi physiquement. Est-ce
que vous avez suivi l'évolution de ce dossier?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Physiquement, ce n'est pas
fait.
M. Dufour: Ah!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Physiquement, les gens sont encore
chez nous.
M. Dufour: Ah bon! Est-ce que vous avez eu l'occasion, parce
qu'il y a un budget et un transfert, de savoir ce qui va se passer dans l'autre
ministère par rapport à votre ancien service? Autrement dit, on
ne vous enlève pas... Ce n'est pas comme couper un bras. Quand il est
coupé, on le prend et on le jette ou on l'enterre et c'est
réglé. Ce n'est pas aussi physique que ça. Il y a du monde
et il y a un certain nombre de services qui étaient donnés aux
municipalités. Est-ce que vous avez l'assurance actuellement qu'au moins
le minimum de services que vous donniez, parce que c'était un minimum...
Personnellement, je ne trouvais pas que les budgets étaient faramineux.
D'ailleurs, je me suis déjà battu pour essayer de les faire
augmenter. Je trouvais que ça n'avait pas de bon sens. On ne donnait pas
suffisamment de services aux municipalités en fonction d'essayer de
diminuer les incendies comme de diminuer les pertes de vie.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais...
M. Dufour: Est-ce que vous avez actuellement l'assurance que les
orientations du ministre de la Sécurité publique répondent
bien à ce qui se faisait auparavant et est-ce qu'il a l'intention
d'aller plus loin? SI c'est juste un transfert de budget et de personnel, ce
n'est pas suffisant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ces assurances ont
été données au monde municipal par le ministre de la
Sécurité publique qui, lui-même, malgré ses
nombreuses occupations, s'est présenté à la table
Québec-municipalités où des discussions ont 'eu lieu sur
le sujet. Mais il est de connaissance publique que ces assurances ont
été données par le ministre lui-même au monde
municipal.
Le Président (M. Gauvin): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: À travers l'aide aux municipalités qu'on
a identifiée tout à l'heure, c'est quoi qui explique la
différence?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce qu'on revient au...
M. Dufour: Est-ce qu'on peut l'expliquer? Dans l'aide aux
municipalités, est-ce que vous aviez des services techniques à
travers ça?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non.
M. Dufour: Quand, anciennement, on parlait d'aide aux
municipalités...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a eu transfert direct de ce
qu'on appelle postes et crédits directs. Maintenant, lorsque vous
effectuez sur le plan administratif un tel transfert, il y a des
prétentions de part et d'autre. Pour vous donner un exemple, le
ministère de la Sécurité publique a prétendu que le
ministère des Affaires municipales, vu qu'il n'avait plus ces 33 postes,
économiserait sur le plan de l'administration générale
d'une proportion. Il y a eu des discussions entre les fonctionnaires. Ce que
j'ai su, c'est qu'il y avait eu entente. Sur le plan du service comme tel, tous
les postes sont transférés, tous les crédits
afférents à ces postes et au fonctionnement ont été
transférés. Là où il y a eu des sujets de
discussion et de divergence, c'est quant aux frais incidents ou indirects et il
y a eu entente sur le dossier il y a à peu près un mois.
Le Président (M. Gauvin): M. le ministre et les membres de
cette commission, j'aimerais attirer votre attention sur le fait qu'il est 18
heures. C'était le mandat que cette commission s'était
donné, de siéger jusqu'à 18 heures. Donc, la commission de
l'aménagement et des équipements va ajourner ses travaux
jusqu'à 10 heures demain matin pour reprendre au programme 4 en
présence du ministre des Affaires municipales. Donc, à demain
matin, 10 heures.
(Fin de la séance à 18 h 1)