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(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Poulin): Je déclare ouverte la
séance de la commission de l'aménagement et des
équipements. Le mandat de la commission au cours de cette séance
est de procéder à l'étude des crédits
budgétaires du ministère des Affaires municipales pour
l'année financière 1989-1990, programmes 1 à 7 et, en
après-midi, programmes 8 et 9.
Nous étions rendus au programme 4. Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur le programme 4?
Transfert du programme Sécurité-incendie au
ministère de la Sécurité publique (suite)
M. Dufour: Oui, M. le Président. On avait pratiquement
complété la protection contre les incendies. La seule question
qui demeurait - je ne sais pas si elle demeurait en suspens, mais en tout cas,
dans mon esprit, elle n'était pas complétée -
c'était par rapport au transfert de budgets. Il semble qu'il y a des
ajustements qui doivent se faire ou qui se sont faits dans les transferts.
À première vue, il n'y a pas de diminution du personnel.
D'un autre côté, le ministre nous dit: II semblerait qu'il n'y a
pas de plainte formelle ou ça va s'ajuster avec les
municipalités, avec ie temps. Il y a un point dont je voudrais
m'assurer. A-t-il l'intention, au cours de l'année, de surveiller de
très près l'évolution de cette partie de son ancien
travail par rapport aux municipalités? Comment allez-vous continuer ces
relations? J'ai bien l'impression qu'il est détaché du
ministère, mais le ministère va garder encore un oeil
là-dessus ou autrement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne pense pas que sur le plan du
ministère, sauf par ie biais de la table
Québec-municipalités, on ait quelque responsabilité que ce
soit à assumer une fois que c'est parti du ministère, sauf la
responsabilité actuelle que nous avons face à l'ensemble des
ministères du gouvernement sur le plan horizontal pour faire valoir le
point de vue du monde municipal. Je vous dirai que, personnellement, je vais
peut-être rester attaché à un volet du dossier, davantage
le volet formation. C'est un volet qui me préoccupait quand
j'étais ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu, qui a continué à me préoccuper comme ministre des
Affaires municipales et qui continue à me préoccuper quant
à la formation des pompiers. Dans l'appareil gouvernemental, s'il y a un
aspect qu'on va conserver en mémoire comme ministère et, moi,
comme ministre, c'est celui-là.
M. Dufour: L'aspect formation a peut-être
préoccupé le ministère, mais on ne l'a pas senti
nécessairement. Depuis plusieurs années, il n'y a pas eu beaucoup
de fonds affectés. Il y a l'académie des pompiers. Je ne sais pas
pourquoi on l'a appelée comme ça. Académie, cela me semble
faire péjoratif. Cela semble quelque chose de bien spécifique et
de très gros.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Au programme 5, on pourra reparler
de la formation parce qu'on touche l'ensemble de la formation offerte par le
ministère, dont la formation aux pompiers.
Motels industriels
M. Dufour: Cela va pour cet élément. On va parler
aussi des Incubateurs Industriels. Vous n'êtes pas sans savoir que, pour
un paquet de municipalités - je ne sais si c'est à cause des
circonstances, des promesses que le Parti libéral a faites durant la
campagne électorale de 1985 ou du chômage qui ne diminue pas - il
y a sûrement un point qui les préoccupe depuis quelques
années. C'est cet aspect qu'on appelle les incubateurs industriels. Il y
en a qui appelle cela des motels industriels, des incubateurs, des centres de
création d'entreprises. Il y a plusieurs noms qui sont
employés.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le député de
Jonquière, pour bien saisir la fin de votre question, j'aimerais
comprendre quelle distinction vous faites entre motel et incubateur. Cette
distinction a déjà été faite. Pour qu'on se
comprenne bien, j'aimerais que vous me donniez votre définition. Cela ne
me fait rien de la prendre.
M. Dufour: Un motel, en fait, si on regarde cela comme une
définition bien simple, cela peut être un endroit que les gens
occupent pour lancer leur entreprise et qui est à coût moindre que
celui du marché, ce qui leur donne une aide spéciale. Cela peut
paraître une aide spéciale parce que les coûts étant
moins élevés pour le logement ou le loyer, cela permet à
l'entreprise de se développer.
Si on parle d'incubateur, cela va plus loin. C'est une bâtisse
où les industries en démarrage vont occuper des locaux et
où on va leur fournir un soutien en même temps pour s'assurer de
la progression comme de la vie de l'entreprise. Cela pourrait ressembler plus
à un incubateur. Cela peut aller plus loin, mais, en gros, je pense que
c'est la distinction qu'on doit faire. L'incubateur est un endroit mis en
location à des prix moindres pour des entreprises. L'incubateur est un
endroit où l'on couve; c'est un couvoir d'entreprises, dans le fond,
pour leur permettre de mieux se développer en leur fournissant certains
services à coûts moindres ou nuls. Mais il y a des
municipalités qui y voient un petit peu plus
que ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux vous informer que le
ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie était
présent à l'occasion de la dernière table
Québec-municipalités, il a été question, entre
autres, des motels et des incubateurs industriels. Il y avait une série
de six éléments qui ont été discutés. J'ai
la nette impression que des progrès tangibles ont été
accomplis, entre autres, quant à la notion de motel industriel et de la
responsabilité municipale à ce trtre. Il n'est pas impossible, un
accord s'étant dégagé du point de vue ministériel
quant aux motels industriels, qu'il y ait dépôt de projet de loi
à la présente session.
M. Dufour Est-ce que vous avez...
Une voix: Non, merci.
M. Dufour: il est assez énervé comme ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Une bonne nouvelle, non?
M. Dufour: Je vais aller un petit peu plus loin par rapport
à...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): S'il vous plaît! Je n'aurais
peut-être pas dû annoncer la bonne nouvelle en partant.
M. Dufour Ce que vous semblez me dire... La municipalité,
par rapport à son motel ou à l'incubateur, cela dépend
si... Il semblerait, par vos propos, que vous parlez plutôt de motel. Un
motel - en tout cas, on va essayer de se comprendre - est une bâtisse qui
pourrait appartenir à la municipalité et qui est mise à la
disposition de l'entreprise pour fonctionner.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On parle le même langage,
M. le député.
M. Dufour: D'accord. Dans votre esprit, c'est possible, mais de
quelle façon? Je ne le sais pas. Il y a des détails que je ne
connais pas. Allez-vous ouvrir jusqu'à un point où la
municipalité pourrait fournir des montants d'argent en plus de la
bâtisse? Il ne faut pas se le cacher.
Je vais essayer d'expliciter ma pensée plus à fond. Il y a
des industries qui, pour fonctionner, en mettant leurs ressources en commun,
pourraient se doter de services de secrétariat, de comptabilité,
de recherche, s'ils sont plusieurs ensemble. Cela va avec le
développement de l'entrepreneurship. Un paquet d'éléments
jouent dans ça. Ce que vous me dites, et je voudrais que vous me
confirmiez si j'ai bien compris, c'est que vous pourriez ouvrir la porte pour
que les municipalités investissent dans les bâtisses pouvant
être mises à la disposition des indus- tries.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Exactement.
M. Dufour: Et vous prévoyez ça avant la fin de la
session?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'accord de principe ayant
été dégagé - vous connaissez le vieux contentieux
entre le ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie et
le ministère des Affaires municipales là-dedans
-considérant que l'entente est fraîche, nous pensons qu'il serait
opportun d'agir sur la fraîcheur de cette entente et de déposer
à cette présente session de l'Assemblée nationale un
projet de loi qui concrétise l'entente intervenue au niveau
ministériel, quant aux motels industriels.
M. Dufour: Dans la deuxième partie, ça
n'empêchera pas, que je sache, les municipalités de s'impliquer
dans le développement d'expertises ou de l'entreprise comme telle, par
le biais des sociétés de développement industriel.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur ce deuxième dossier,
les pourparlers se poursuivent. Nous n'avons pas d'entente
interministérielle à annoncer, sauf que les pistes
dégagées vont dans le sens d'un transit par les OSBL, organismes
sans but lucratif. Mais il n'y a pas d'entente, au moment où nous nous
parlons. C'est un dossier qui continue de cheminer. Nous pensons avoir
effectué un pas dans la bonne direction. Nous désirons cheminer
prudemment dans ces dossiers. En légiférant quant aux motels
industriels, nous faisons un pas. Nous évaluerons au fur et à
mesure. Il n'est point impossible que si les expériences sont
heureuses... Mais dans les autres aspects, il faudra procéder
prudemment.
M. Dufour: Actuellement, il y a des municipalités qui sont
en attente par rapport à ces décisions.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y en a qui oublient
d'attendre.
M. Dufour: II y en a quelques-unes, une salle d'attente avant
l'accouchement.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: II y a aussi beaucoup d'attentes individuelles
concernant le développement industriel dans les municipalités. On
parle, par exemple, dans certaines régions de créer des
superstructures régionales pour faire de la prospection à une
échelle nationale, mondiale, provinciale, je ne sais plus trop. Je me
dis: Là-dedans, si on ne se met pas les pattes à l'eau
rapidement, on va avoir des petits et des gros problèmes. Le
gouvernement du Québec est
supposé être équipé pour faire de la
promotion. En tout cas, il a des bureaux un peu partout dans le monde, par le
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie. Le
gouvernement canadien est aussi supposé avoir des endroits pour faire de
la promotion. On est rendus, on en a fait un exemple à Québec.
Québec a son bureau de promotion. Montréal le fait par le biais
de la Chambre de commerce. Tantôt, les régions vont s'organiser.
Quand tout le monde s'est organisé, ça fait juste une belle
bataille. Cela ne fait pas avancer les choses, ça n'avance pas plus.
Le problème de juridiction d'une municipalité à
l'autre, on l'a créé à Québec. On va voir ce que
cela va donner, d'ici à quelques années, au point de vue de la
promotion industrielle. Chaque municipalité a sa société
de développement, y compris Québec, Charlesbourg, etc. On est en
train de recréer... Je pense qu'on est atteint de "structurite" assez
rapidement. Il y a des coûts dans ça. Il faut bien se faire croire
que ce n'est pas le père Noël. Les industries, ce n'est pas comme
ça que ça va venir. Il faut qu'il n'y ait pas de conflit, qu'on
ne se pile pas sur les pieds et qu'on ne dépense pas d'argent.
Actuellement, gouvernementalement parlant, on ne sent pas une politique bien
établie par rapport à ça. Il commence à y avoir de
la surenchère. Il y aura toutes sortes de phénomènes qui
vont se produire. Après, on sera obligés de mettre la hache
dedans parce que ça n'a pas de bon sens. Il me semble qu'il y a toutes
sortes d'éléments qui sont en train de bouger autour de la
promotion industrielle. Tout le monde veut se trouver des vocations et pense
que le commissaire industriel est le surhomme. Il faut juste en nommer un. Tout
le monde attend à la porte et on va le nommer commissaire industriel et
on l'engage. C'est le superhomme. Quand on sait que souvent, c'est du monde
comme nous autres, qui ont de la bonne volonté, mais il faut qu'ils
travaillent bien fort. Il faut presque avoir un bon tirage de loto pour aller
chercher une entreprise comme ça, sur le pif.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ajouterai que je partage
l'ensemble de vos propos. C'est ce qui nous a amenés à faire
montre de prudence dans nos discussions et à limiter les ententes, au
moment où nous nous parlons, à la question des motels
industriels. J'ajouterai que les discussions vont dans le sens des
éléments que vous avez mis sur la table. Il y a également
une dimension que vous n'avez pas abordée qui fait l'objet des
discussions et qui touche également le partage des rôles des
différents intervenants, comme vous le mentionnez, gouvernement
fédéral, gouvernement provincial, gouvernement municipal ou
régional. Vous l'avez traité en fonction de l'attrait d'une
nouvelle industrie chez vous, dans votre région, dans votre province ou
dans votre pays. Il y a toute la question de bien servir ceux et celles qui
sont déjà installés et de procéder par voie
d'agrandissement. Il y a peut- être des juridictions qui peuvent se
départager plus facilement. À un moment donné, lorsqu'on
regarde le dossier, est-ce que tu travailles à l'interne ou à
l'externe, comme tel? C'est la tangente qui est en train d'être
explorée et par le monde municipal et par le monde industriel et
commercial.
M. Dufour: L'élément que je veux faire ressortir,
c'est que pour certaines municipalités, la notion de motel est
définitivement dépassée. La notion de motel industriel,
pour beaucoup de municipalités, est acceptable parce que c'est un
service qu'elles sont prêtes à rendre. Mais où on veut
aller beaucoup plus loin, il faut aller plus loin aussi dans notre
démarche. Mais pour ce faire, ça prend des municipalités
d'une certaine taille et avec des ressources. On ne peut pas demander à
une petite municipalité d'avoir un motel qui se convertit en incubateur.
Ce n'est pas possible. Elles n'ont pas les ressources dans le milieu. C'est
pour ça que la discussion que je voulais tenir ce matin était
d'essayer d'augmenter le potentiel pour les municipalités qui sont
prêtes. Je me souviens qu'on a fait des analyses d'incubateurs
industriels dans la région de Boston, où, effectivement, il y
avait beaucoup de bâtisses désaffectées. Les gens ont
créé des corporations qui ont rempli ces bâtisses, mais qui
ont développé i'entrepreneurship et permis de créer de
nouvelles entreprises. À Boston, il y a des ressources humaines, des
techniques très avancées. Ils se sont servis de
l'université. Même dans ces régions, ils ont trouvé
le moyen, après que l'entreprise ait bien démarré, d'aller
sur le marché des obligations, de vendre des parts. Le groupe qui a
donné naissance a gardé des redevances par rapport à ces
entreprises. C'est extraordinaire ce qu'ils ont fait dans ce coin. On pensait,
dans notre milieu et avec nos petites expertises, qu'on pouvait aussi aller
peut-être pas aussi grand mais... C'était une bonne façon
de dynamiser, de créer de l'emploi et de découvrir
I'entrepreneurship.
D'ailleurs, on a travaillé avec - ces gens vont être
contents s'ils savent que je parle d'eux en commission parlementaire - la
Fondation de I'entrepreneurship qui a fait toutes ces expertises avec
l'ancienne ville de Jonquière et la société de
développement. On regardait, par rapport à ça, comment on
pouvait aller plus loin. Je sais qu'actuellement, le pouvoir que la
municipalité puisse investir dans cela cause problème. Je ne sais
pas s) la loi que vous avez, vous vous êtes entendus et que vous voulez
proposer par rapport à des motels industriels, répondra à
tout ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. M. Dufour: Non.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne pense pas qu'on puisse
prétendre que ce que nous avons en cogitation sur le plan
législatif apporte
des réponses à l'ensemble des questions que vous avez
mises sur la table. Humblement, nous pensons effectuer un pas dans la bonne
direction.
M. Dufour: Donc, vous me donnez l'engage-mer*... Je ne vous cache
pas que ces municipalités demandent au plus vite. Sinon, elles vont nous
emmener des lois spéciales. C'est ce qui va arriver. Vous ne devez pas
pousser pour ça. J'ai même ici une résolution de la ville
d'Alma qui insiste pour obtenir... Ils vont un peu plus loin. Depuis la
constitution de cet organisme, la ville d'Alma irait à l'encontre... Ah
oui! C'est la lettre du ministère adressée à la ville
d'Alma concernant le motel industriel. Est-ce que vous pouvez me dire ce matin
si cela répond à la demande de la ville d'Alma? Cela fait
déjà pas mal longtemps. Cela doit avoir évolué. Je
parle d'une lettre du 23 février 1987. Mme Louise T. Robert est devenue
présidente...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De la Régie du
logement.
M. Dufour:... de la Régie du logement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Elle sera parmi nous cet
après-midi. Vous pourrez la saluer personnellement et lu! demander.
M. Dufour: D'accord. Cela concerne l'immobilisation. Vous me
dites que la loi qui sera déposée - j'espère que c'est un
engagement assez précis de votre part...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez, lorsque le dossier
a été cheminé à la table
Québec-municipalités, qu'il en est ressorti un consensus
interministériel, c'est sur le plan administratif que ça doit
suivre son chemin par après. Sauf que j'ai indiqué, sur le plan
de la machine administrative, que lorsqu'un dossier a cheminé pendant
autant de temps, qu'on est enfin parvenus à un accord
interministériel, il faut battre le fer pendant qu'il est chaud.
M. Dufour: Cela va. Je pense qu'on va sauter le regroupement
fusion, même si ce serait intéressant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'UMQ ne vous le pardonnera
pas.
M. Dufour: Si je veux me garder du temps, il y a un dossier... La
SAO...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Société
d'aménagement de l'Outaouais
M. Dufour: On a eu beaucoup de discussions depuis les trois
dernières années concernant l'existence de cet organisme
voué au développe- ment de la région de l'Outaouais, qui
est surreprésentée, à mon point de vue, par le Parti
libéral ou par le gouvernement dans cette région puisque cinq sur
cinq, avec deux ministres.. Durant les discussions...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Lorsqu'on nous...
M. Dufour:... je déplorais que les députés
du coin de l'Outaouais n'aient pas défendu plus fortement la SAO,
à tort ou à raison. Il y a un fait. Le ministre des Affaires
municipales du temps s'était engagé à diminuer les budgets
à zéro, sur une période de trois à cinq ans. Je
constate qu'il n'y a pas de diminution par rapport à l'an passé.
Donc, il y a une espèce d'arrêt qui vient de se produire. (10 h
30)
Par contre, c'est un phénomène nouveau Certaines
municipalités se plaignent de l'attitude ou du positionnement
gouvernemental concernant la Société d'aménagement de
l'Outaouais et déplorent que les budgets aient été
diminués. Il est évident que pour nous, de l'Opposition, depuis
le début, on a établi un certain nombre de points de vue, on a
fait beaucoup de discussions concernant cette société. On a
été entendus en partie. Nous avions mis au défi le
ministre des Affaires municipales de la faire disparaître purement et
simplement; il n'a pas réussi et je n'ai pas l'impression que là
comme ailleurs, dans certains domaines où l'on privatisait l'ensemble de
tout ce qui existait au Québec, on a commencé à dire:
C'est assez! À moins que ce ne soit une mise en scène. En tout
cas, je ne comprends plus rien par rapport à ça, mais il me
semble que les discussions étaient vraiment à l'effet de la faire
disparaître. Il y a des municipalités qui ne sont pas d'accord
avec cette attitude gouvernementale. Cette année, même s'il y a un
arrêt, cela veut dire tout de même l'étouffement à
plus ou moins longue échéance.
Quand les budgets sont gelés, il n'y a pas de progression. Il me
semble qu'il y a des... Vous n'avez pas entendu les mêmes choses que moi
concernant les municipalités par rapport à la
Société d'aménagement de l'Outaouais. Il y a des budgets
qui sont stables. Pourquoi cette attitude vis-à-vis de la
Société d'aménagement de l'Outaouais? J'aimerais entendre
le nouveau ministre des Affaires municipales concernant cette
société.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela fait déjà neuf
mois que je suis rendu aux Affaires municipales.
M. Dufour: Mais c'est la première fois que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Avant de vous répondre plus
spécifiquement, vous avez mentionné que la région de
l'Outaouais a toujours fait preuve d'un jugement sain en matière
électorale et que la région pouvait compter sur
cinq comtés libéraux. Je ne doute pas des jugements futurs
de la population de la région de l'Outaouais. Actuellement, deux
circonscriptions électorales sont vacantes. Vous avez parlé de la
présence de deux membres du cabinet de la région de l'Outaouais.
Il s'agit présentement d'un seul membre du cabinet. Nous pouvons
compter, à l'intérieur de cette commission parlementaire, sur les
ressources du député de Pontiac qui connaît très
bien le dossier. Je vous rappellerai qu'il a lui-même occupé
d'importantes fonctions municipales au sein de cette communauté et qu'il
exerce un leadership certain dans cette région qui a toujours
été fidèle au Parti libéral du Québec.
Concernant votre question plus précisément quant à
la Société d'aménagement de l'Outaouais, il n'a jamais
été question, pour le gouvernement, de l'étouffer. Il a
été question, en collaboration avec le milieu, en collaboration
avec le monde municipal, en collaboration avec la société, en
collaboration avec les députés de la région, en
collaboration avec les ministres de la région, en collaboration avec la
population de la région, de s'assurer que là où il y avait
des déficits qui n'étaient pas du ressort ou dans les
priorités du gouvernement provincial, il y aurait un certain
réalignement d'effectué. Les gens de l'Outaouais ont très
bien compris le message; les réalige-ments ont été
effectués et le déficit a été diminué de 6
000 000 $ à 3 000 000 $ en quelques années. Je pense qu'il s'agit
là, sur le plan de la saine gestion, d'un fleuron additionnel
partagé par l'actuel gouvernement avec la population de l'Outaouais.
Je vous indiquerai que si les budgets se maintiennent, se stabilisent
aux alentours de 3 000 000 $, c'est que présentement, nous devons faire
face, quant à l'avenir de la Société d'aménagement
de l'Outaouais, à une redéfinition de son rôle dans la
région, redéfinition qui sera articulée à partir du
milieu et véhiculée par le biais des députés de
cette région auprès du ministère des Affaires municipales.
Mais tant et aussi lontemps que la question de l'aéroport de Gatineau
n'est pas réglée, les budgets auront tendance à se
stabiliser.
Si l'Opposition, qui connaît sans doute bien cette région
pour y avoir subi plusieurs défaites électorales, a des solutions
miracles quant à l'avenir de l'aéroport de Gatineau, je lui
saurais gré d'en faire part au gouvernement. Si la solution
mérite d'être appliquée, elle le sera. Est-ce que cela
répond à votre question?
M. Dufour: II faudrait reprendre tout le dossier. On ne refera
pas tout l'historique. Depuis trois ans, on s'est commis suffisamment
concernant la région ou la Société d'aménagement de
l'Outaouais. On a prétendu, à ce moment-là... il devait y
avoir des raisons, je n'ai pas eu de réponse bien claire concernant
l'avenir et le vécu de la société d'aménagement. Il
faut bien se dire que quand elle a été formée, il y avait
sûrement des raisons importantes. Cette société, qui avait
été mise sur pied ni par votre gouvernement ni par le
nôtre, elle l'a été par l'Union Nationale, était en
fonction, bien sûr, d'avoir un pendant à la CCN, la Commission de
la capitale nationale. A ce moment-là, c'était le pendant.
On voit bien que si la Société d'aménagement de
l'Outaouais a diminué ses fonds, ça donne moins de
visibilité sûrement à des actions précises dans la
région vis-à-vis du gouvernement fédéral.
J'apprends régulièrement que des investissements
fédéraux vont venir dans la région de l'Outaouais. On va
se demander tantôt si ce n'est pas le cordon, le pendant ou si ça
ne deviendra pas la capitale nationale avec la région de Hull. Je me
pose des questions; c'est tellement près. La Société
d'aménagement de l'Outaouais était justement pour que ces
développements soient bien faits et cela permettait une meilleure
visibilité au gouvernement du Québec pour aider
particulièrement cette région qui peut être
favorisée sur le plan de l'emploi, mais qui a aussi d'autres
désavantages. Elle a de la concurrence et le fait d'être
près d'une région complètement différente. Dans le
fond, ce sont presque deux pays dans un. Quand tu rentres à Ottawa, ce
n'est pas Hull. C'est complètement différent, des langages
différents...
On pense qu'on est une société distincte. C'était
une façon de faire une société distincte dans le coin. La
Société d'aménagement de l'Outaouais existe juste dans ce
coin. Je pense que les gens n'ont pas vu assez rapidement que le
démembrement de la société aurait pu être
réorienté, mais sans être obligé de couper, de
rationaliser ou de diminuer aussi fortement les budgets.
Je ne veux pas la défendre, bien sûr, plus que les
députés de la région la défendent. Ils pourront
toujours dire: On a été élus pour défendre cette
région. Mais je dis ma perception régionale par rapport à
ce qui se passe au Québec. Il me semble que concernant la
Société d'aménagement de l'Outaouais, il y a eu des
décisions qui ont été prises et je me demande si cette
réflexion continue. Je peux juste vous donner cette information
supplémentaire. C'est qu'actuellement, ii y a des conseils municipaux
qui s'interrogent sérieusement sur les effets successifs des
compressions et des diminutions de budget qui se sont appliquées par
rapport à la Société d'aménagement de
l'Outaouais.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Maintenant qu'on a eu une
perception lointaine, est-ce qu'on pourrait avoir, M. le Président, une
perception plus rapprochée des événements, peut-être
en demandant au député de Pontiac?
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Pontiac.
M. Middlemiss: Merci, M. le Président. Mon
intervention n'est pas dans le but de dire qu'on est satisfaits avec le
budget de 3 000 000 $. Si on n'est pas satisfaits, il y a des gens à la
SAO et les conseils municipaux qui feront les représentations
nécessaires. Mais la raison pour laquelle le budget de la SAO a beaucoup
diminué, c'est que la SAO gérait déjà les terrains
de camping, une marina à Aylmer, le Lac Beauchamp dans Gatineau et le
Lac Lemay dans Hull. Pour toutes ces choses maintenant, dans le cas urbain, ce
sont les municipalités qui ont pris la gérance de ces trois
établissements. Les terrains de camping, que ce soit fa Petite rouge,
Lac de l'Argile, Lac Simon, Lac Leslie et le terrain de camping de Maniwaki ont
tous été pris par la SEPAQ. Les gros déficits de la SAO
étaient dans ce domaine. C'était dans la gérance de ces
choses. Depuis que cela ne fait plus partie de la SAO, je pense que le budget
qui demeure est plus réaliste pour que la SAO puisse accomplir sa raison
d'être, soit la promotion du développement économique de la
région de l'Outaouais et, comme vous J'avez dit, c'est une région
qui n'est pas comme les autres. Dans l'Outaouais, en plus de faire concurrence
au reste du Québec pour des projets, il y a aussi l'autre
côté de la rivière avec qui on est obligés de faire
de la concurrence et c'est la raison pour laquelle on a eu la
Société d'aménagement de l'Outaouais. Je suis content de
voir que l'Opposition va aider les députés de la région
à assurer la continuité de la SAO, mais dans un domaine qui va
apporter. Puis je pense, comme le disait le ministre, qu'on est peut-être
en train de vouloir refaire... après un recyclage de la SAO, en ce sens
que la vocation serait peut-être à revoir, et ceci, avec les gens
du milieu.
Comme je le disais au tout début, ce n'est pas parce que nous
sommes satisfaits des 3 000 000 $. Si les 3 000 000 $ ne sont pas suffisants on
va faire les interventions nécessaires, mais l'écart entre les
anciens et les nouveaux budgets, M. le Président, est dû au fait
qu'on s'occupe maintenant seulement du développement économique.
Je dois dire que dans le comté de Pontiac, la MRC de Pontiac, qui est
à l'extérieur de la zone urbaine de Aylmer et de Hull, s'est
toujours sentie un peu exclue des travaux que faisait la SAO au point de vue de
la promotion. Maintenant, depuis un an ou deux, dois-je dire, avec un
commissaire industriel spécifiquement pour la MRC de Pontiac et avec un
commissaire au tourisme, elle se sent faire partie de la SAO et aidée
par elle au développement de la MRC de Pontiac.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Donc, à ce chapitre, il y a
une nette amélioration.
M. Middlemiss: D'accord, oui. Mais, comme je vous le dis, M. le
ministre, cela ne veut pas dire qu'on soit prêts à accepter les
budgets sans riposter.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela va. Mais pour qu'on se
comprenne bien, quant aux éléments pour lesquels vous rencontriez
des déficits qui n'étaient pas nécessairement dans ce
qu'on peut appeler "une vocation pointue" d'une société
d'aménagement, des activités de site touristique, etc., des
activités de nature commerciale comme telle sur le plan touristique,
vous êtes d'accord pour que le gouvernement ne continue plus à
gérer des déficits dans ce secteur.
M. Middlemiss: Non. Je pense que, comme de bons gestionnaires,
c'est la chose à faire, pour autant qu'on ne perde pas les
investissements. Premièrement, ils n'ont pas été vendus
à l'entreprise privée, ils ont été remis à
la SEPAQ qui... Je pense que l'entreprise privée aurait peut-être
voulu, mais je suis convaincu que vous auriez été l'un des
premiers à critiquer et dire: Vous avez vendu à l'entreprise
privée, pour une valeur qui n'est pas réelle, des choses pour
lesquelles tout la collectivité québécoise a payé.
Donc, on a remis à la SEPAQ.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière.
M. Dufour: Je ne sais pas si c'est la venue des prochaines
élections, mais il me semble que le député de Pontiac
parle un peu différemment des autres commissions parlementaires
où l'on parlait de la SAO...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II ne partait pas suffisamment
souvent.
M. Dufour: ...et je pense qu'il y a heureusement
évolution. Si vous dites que les gens de l'Outaouais ont un bon
jugement, il faut absolument qu'il y ait une variation dans le discours, et il
y a une variation assez notoire. L'an passé ou il y a deux ans, on
n'avait pas eu cet appui par rapport à la société.
En fait, ce qu'on dit et ce qu'on prétend... Et quand on parle de
municipalités qui sont devenues des gérants et de la SEPAQ, il
n'y a pas nécessairement économie. Les municipalités n'ont
pas couru après. Plutôt que de perdre l'équipement, elles
ont dit: On va les prendre. Donc, même si elle a la gérance des
terrains, la municipalité absorbe les coûts... En fait, s'il y
avait eu des profits aussi grands que ça, je ne suis pas sûr que
la SAO aurait fait de l'argent.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous réfutez
l'argument que dans certains secteurs comme ceux-là, une gérance
de plus près par la monde municipal peut être une meilleure
gérance, étant donné...
M. Dufour: Selon mon expérience, quand les
municipalités prennent certaines fonctions administratives, c'est parce
que la plupart du temps
l'entreprise privée considère que ce n'est pas rentable.
C'est ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais voici la question
précise que je vous adressais: Est-ce que, sur le plan de la gestion -
parce que c'est un argument que le monde municipal me soumet et j'aimerais
bénéficier de votre expertise sur le sujet - dans le type de ces
équipements, quand c'est administré plus près de la
population, par des élus municipaux qui répondent sur place aux
contribuables en cas de déficit, etc., généralement la
gestion est plus serrée et meilleure que si elle est faite par un
gouvernement supérieur, qu'il s'agisse du gouvernement
fédéral ou du gouvernement du Québec, bien que le
gouvernement du Québec soit reconnu comme un excellent gestionnaire? (10
h 45)
M. Dufour: La question que vous posez, même si je peux y
répondre, n'est pas la question qui, selon moi, va faire avancer le
dossier. C'est clair que l'administration municipale va donner une gestion plus
serrée sur un équipement qui lui appartient. Seulement, est-ce
que ça veut dire nécessairement et obligatoirement qu'il va y
avoir des profits? Non.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Un gros déficit.
M. Dufour: Donc, si on administrait avec un certain
déficit... Mais on peut rationaliser des opérations sans les
démantibuler et sans s'en débarrasser. Je connais des endroits,
par exemple, où ils ont donné...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quebecair.
M. Dufour: ...l'administration de l'aréna à
l'entreprise privée. Cela coûtait moins cher à la
municipalité, mais le monde n'avait pas de service. À ce
moment-là, la municipalité a dit: Dehors et on va la reprendre,
l'administration, parce que je veux donner du service aux citoyens. Au bout du
compte, ça coûte quand même à la municipalité,
elle a un déficit à absorber. Elle a une différence. Une
aréna n'est pas un équipement rentable pour une
municipalité, au point de vue financier. Il n'y a pas une aréna
qui est payante, peut-être à Montréal mais, en dehors de
ça, il n'y en a pas. Sans ça, l'entreprise privée serait
là-dessus. Tassez-vous. Je pense que chaque fois qu'il y a une
activité rentable, l'entreprise privée est bien contente de
sauter dessus. D'ailleurs, toutes les activités rentables et
gouvernementales qu'on veut vendre, il y a des preneurs, en règle
générale, mais où il n'y a pas de profits, il n'y a
rien, l'entreprise privée n'y est pas. C'est pour ça qu'on
fait des jugements qu'effectivement pour l'entreprise privée, tout ce
qui est gouvernemental n'est pas bon. Cela coûte cher et ce n'est pas
correct. Mais ça dépend de la façon dont on l'opère
et non pas nécessairement en fonction des profits. C'est en fonction de
services. C'est très différent. Dans ce sens, je dis qu'il est
évident qu'à la SAO, les municipalités ont pris des
équipements. Je serais surpris de voir si elles font des profits avec.
Si elles ne font pas de profits, ça veut dire qu'il y a une perte qui
est absorbée par la municipalité. Peut-être qu'elle peut
balancer en disant qu'elle donne un service supplémentaire, c'est toute
une évaluation différente. Mais opérations comptables -
vous êtes fort sur les chiffres - on dit: Certainement que s'il n'y a pas
de profits par rapport à la municipalité, c'est que le
gouvernement, par l'action qu'il a entreprise, a pelleté un peu dans la
cour de la municipalité.
Et je ne mets pas en cause les services, je mets en cause juste la
question des prix. Quant à la SEPAQ, c'est une entreprise de la
couronne. C'est une entreprise qui appartient à l'État,
excepté que je n'ai pas beaucoup de contrôle dessus. C'est
peut-être la différence entre la SAO et la SEPAQ. Quand la SEPAQ
est dans un milieu, celle-ci ne le contrôle pas. La SEPAQ contrôle
à partir d'ici. C'est un organisme centralisé qui opère un
peu partout où le contrôle local est absent, en règle
générale. C'est ça. Je vois que les intentions
actuellement, vous n'êtes pas capables... ce qui était
exprimé au début de faire disparaître la SAO, ça
n'existe plus. Vous allez maintenir la volonté gouvernementale, mais le
fait que vous n'augmentez pas les budgets est effectivement, à plus ou
moins long terme, l'étouffement, la strangulation, un tour de vis chaque
année.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne sais pas où vous
voyez le tour de vis. Si vous en voyez un, c'est un tour de vis dans le sens de
stabiliser la situation financière de la Société
d'aménagement de l'Outaouais.
M. Dufour: Ce qui n'augmente pas diminue. Si vous me dites qu'il
n'y a pas d'inflation cette année, il n'y a pas d'augmentation de
salaire et le coût de la vie est zéro zéro.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Elle augmente
légèrement.
M. Dufour: Partout l'augmentation des dépenses
gouvernementales est autour de 8 %.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, non. L'augmentation des
dépenses gouvernementales à 8 %? C'était sous l'ancien
gouvernement.
M. Dufour: Je ne donne pas de chiffres en l'air.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vérifiez ça comme il
faut.
M. Dufour: C'est plus que 4 %, c'est 5,8 %
si je ne me trompe pas. Donc, c'est plus que le coût de la vie.
Tout ce qui est inférieur à ça, dans tout ce qu'on a
étudié, il faut effectivement qu'il y ait des diminutions.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous augmentez davantage dans
la santé, il est certain que vous ne pouvez augmenter autant dans tous
les services. Mais l'augmentation totale au chapitre du ministère des
Affaires municipales, et je pense que j'attirais votre attention, hier, sur les
renseignements supplémentaires aux crédits. Pour le
ministère des Affaires municipales, c'est une augmentation de 12, 1 %,
donc deux fois la priorité que le gouvernement consacre aux Affaires
municipales et concrétisé dans les chiffres que vous retrouvez
aux crédits que nous étudions présentement.
M. Dufour: II y aurait peut-être du rattrapage à
faire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'important est de constater cette
priorisation gouvernementale envers le ministère des Affaires
municipales...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Pontiac.
M. Middlemiss: Juste pour expliquer un peu au
député de Jonquière, peut-être qu'un des
problèmes que vivait la société d'aménagement
c'était la convention collective des cols bleus, qui impliquait des
salaires très élevés. Une fois que la SEPAQ a pris les
terrains de camping, donc en commençant les dépenses sont
moindres. Je vais vous donner un exemple: à Aylmer, la ville d'Aylmer a
pris la marina du lac Deschênes, et l'a donnée à
l'entreprise privée pour la gérer. Celle-ci gère le
bassin, et aussi le restaurant. Je dois vous dire qu'il y a plus de gens qui y
vont maintenant, et je suis convaincu qu'il n'en coûte pas un sou
à la ville, parce que celui qui a l'entreprise fait de l'argent avec la
restauration, le bar, et tout cela, et il a ses propres employés. Je
crois qu'il fait des profits, et cela ne coûte pas un sou à la
ville d'Aylmer. C'est pour la marina du lac Deschênes. Dans les autres
municipalités, je ne peux pas vous le dire, mais chez nous, on n'a pas
perdu de services à la marina, on a une augmentation de services mais il
en coûte moins cher à l'État.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Pontiac. M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Incidemment, la ville d'Aylmer a effectivement
adopté une résolution dans le sens qu'il faudrait pousser sur la
SAO.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'en ai discuté avec Mme la
mairesse d'Aylmer en fin de semaine, et elle ne démontrait pas toute
l'aggressivité que vous semblez démontrer dans le dossier. Au
contraire, elle m'a même exprimé qu'elle était fort
satisfaite des représentations faites auprès de l'appareil
gouvernemental par son député.
M. Dufour: Est-ce qu'il y a des actifs qui sont à vendre,
actuellement? La SAO en a-t-elle encore à disposer? Est-ce que vous
pouvez me renseigner à ce sujet? Est-ce qu'il y a encore des actifs
à vendre comme... Cette année, je ne vous le cache pas, je n'ai
pas fouillé le dossier comme tel, mais il y avait des maisons portant
des noms un peu spéciaux, quand on n'y est pas familier. Je ne fais que
passer le dossier d'une façon un peu globale ou générale,
parce que ce temps ne nous permet pas d'entrer dans les détails. Je
pense qu'on a eu ces discussions dans les années antérieures,
mais il y avait des bâtisses qui étaient mises en vente. Il
semblerait que cela ne fonctionne plus. Est-ce que la SAO demeure ou reste avec
certaines bâtisses? En est-elle devenue propriétaire?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, il y a un parc immobilier et
il y a l'aéroport de Gatineau. Je pense que se sont les deux
éléments importants. L'aéroport de Gatineau est connu
comme entité. Dans le parc immobilier, il y a des terrains à
vocation industrielle et il y a également, sur le plan des maisons, pour
reprendre votre expression, quelques maisons que vous mentionnez. Maintenant,
on m'informe que les maisons sont généralement exploitées
à rentabilité, elles font leurs frais. Quant aux parcs
industriels ou terrains possédés par la SAO dans les parcs
industriels, nous procédons régulièrement, lorsqu'il y a
implantation d'industries, par entente avec les municipalités, à
la vente de ces terrains pour favoriser l'implantation d'industries dans la
région.
M. Dufour: Donc, on n'a pas l'intention d'augmenter actuellement
le budget. Ce n'est pas élastique. Vous dites: On rationalise encore
cette année. Je comprends que le ministre des Affaires municipales
pourra envoyer un communiqué demain matin dans la région pour
dire que le budget de la SAO est augmenté de 1000 $.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De 1000 $? Je ne pourrais envoyer
un communiqué qui est faux quant aux chiffres. Si j'envoyais un
communiqué qui ne touchait qu'à l'aspect budgétaire de la
Société d'aménagement de l'Outaouais, j'indiquerais
très clairement que les crédits votés par
l'Assemblée nationale effectivement dépensés en 1988-1989
sont de l'ordre de 3 093 700 $ et qu'en 1989-1990, malgré ce que peut en
dire l'Opposition, ce n'est pas une diminution, pas une stabilisation, mais une
augmentation à 3 094 000 $.
M. Dufour: 300 $. J'aurais été mieux de
prendre mon communiqué, cela aurait été plus
frappant. S'il pouvait penser que c'est 300 000 $.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous admettez avec le parti
ministériel que la Société d'aménagement de
l'Outaouais ne connaît pas de diminution de budget d'opéraion
cette année, ou qu'au contraire elle connaît une augmentation de
son budget d'opération, je suis satisfait de l'étude de cet
aspect des crédits.
M. Dufour: On va faire notre communiqué à la
région pour dire que le ministre est fier, comme ombudsman de la
Société d'aménagement de l'Outaouais, d'avoir maintenu le
budget. Il l'a non seulement maintenu, mais il l'a augmenté de 300
$.
AIDA
Cela dit, il y a le programme AIDA, dont on a aussi parlé dans le
discours. On l'a effleuré. Dans ce programme, il n'y a pas grand-chose,
actuellement, qui se fait. À 50 000 000 $, je pense bien qu'on est
obligés d'admettre que c'est un mini-programme. C'est un programme qui
n'a pas les effets escomptés et cela a créé beaucoup
d'attente. Je ne vous cache pas que toutes les municipalités ont
pensé qu'il arrivait quelque chose d'extraordinaire. Quelle en est
l'évaluation, depuis le début? Combien de demandes ont
été faites? Combien ont été acceptées? Quels
sont les montants accordés? Il serait intéressant de savoir
ça, de faire le bilan de ce programme depuis son lancement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous ai indiqué hier,
à l'occasion des notes introductives que j'ai présentées,
que le programme annoncé par mon collègue, le ministre des
Finances, dans le discours sur le budget de l'an passé, est un programme
que vous avez applaudi, je vous ai remarqué. Vous étiez content,
pour le monde municipal, que, dans le discours sur le budget, le ministre des
Affaires municipales annonce un programme d'infrastructure en
matière...
M. Dufour: Bien non.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous n'étiez pas content?
En tout cas. J'avais cru déceler un sourire de contentement, au moins,
sur votre faciès.
M. Dufour: C'est parce qu'à l'âge que j'ai, je ne
peux pas m'amuser avec des hochets. J'ai changé de...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En tout cas, les
municipalités, elles étaient contentes, à la suite de ce
vaste programme de communication entrepris, mené et conduit par le
ministère des Affaires municipales. Au moment où nous nous
parlons, 385 municipalités ont adressé des demandes au
ministère. Ces demandes sont présentement à
l'étude. Il y a eu quelques cas plus urgents, plus simples, plus
faciles, surtout les cas de recherche en eau, si ma mémoire est
fidèle, qui ont déjà été octroyés, et
ce, malgré que le programme soit relativement jeune et que les demandes
soient entrées récemment. Il y a déjà des sommes
d'argent consenties au bénéfice des municipalités, mais
surtout sous le volet recherche en eau.
M. Dufour: Actuellement, est-ce qu'il serait possible d'obtenir
de votre part les noms des municipalités qui y ont fait une demande, les
montants demandés, l'état de l'analyse et ce qui a
été accordé?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce qu'on pourrait vous
communiquer, c'est le nom des 385 municipalités qui se sont
adressées au ministère dans le cadre de ce programme. Nous
pourrions également vous indiquer quelles sont les municipalités
qui, au moment où l'on se parle, ou à la fin du dernier mois, ont
fait des demandes se rapportant à votre question, à savoir: le
nom des municipalités, ainsi que le montant d'aide financière
qu'elles ont obtenu. Je n'ai pas de réserve à cet effet.
M. Dufour: Est-ce que vous pensez que ce programme, actuellement,
a besoin d'injection de fonds supplémentaires, de fonds nouveaux pour
bien répondre à la demande? À part la première
question à laquelle vous avez répondu, est-ce que vous pensez
qu'il y a des montants supplémentaires qui doivent être
injectés? Est-ce qu'on doit aller au-delà, plus vite, vu la
nature des demandes? Par exemple, je vois que dans certaines régions, il
y a des projets de 3 000 000 $ ou 4 000 000 $, dans une petite
municipalité, qui a dit: On va s'adresser à ce programme. Il y a
des députés qui ne les dénoncent pas. Je comprends
pourquoi ils ne disent pas un mot, ils laissent la municipalité se faire
des accroires, se flatter la bedaine. Est-ce que c'est possible pour une
municipalité d'aller chercher un octroi de 75 %, sur un investissement
de 4 000 000 $, dans le cadre de ce programme?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De 75 %, je serais surpris, parce
que les normes du Conseil du trésor sont connues, puisqu'il s'agit d'un
programme norme. Les députés qui s'occupent des
municipalités, dans leur comté, connaissent ces normes, et c'est
plutôt de l'ordre de 50 %, en moyenne, lorsque le calcul établi en
fonction des critères imposés est terminé. Pour que ce
soit 75 %, il faudrait que l'indice de richesse de la municipalité soit
extrêmement bas. Il faudrait un concours de circonstances tout à
fait exceptionnel pour pouvoir prétendre aller chercher 75 %. (11
heures)
M. Dufour: Mais vous me dites qu'elle pourrait obtenir 50 %?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est le fonctionnement normal du
programme. À 50 %, oui, vous pourriez trouver des cas théoriques
qui donnent exactement 50 % à la suite du calcul.
M. Dufour: Toujours selon les hypothèses dans les 50 %,
est-ce que ce serait possible que la municipalité puisse obtenir 50 %
l'octroi dans un projet de 4 000 000 $?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si... M. Dufour: Si elle
était admissible, etc.?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si les coûts admissibles...
Si tout est suivi normalement et entre à l'Intérieur du
décret pré-approuvé par le Conseil du trésor qui
fixe l'ensemble des normes, oui, c'est possible.
M. Dufour: Parmi les 385 demandes qui vous sont parvenues, est-ce
que vous avez globalisé les montants qui sont demandés ou les
coûts des travaux?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, je pense que, avant de
globaliser le coût des travaux, il nous faut vérifier la demande
en ce sens: Est-ce qu'il s'agit de choses admissibles ou pas? Ce sont des
opérations que nous sommes en train d'effectuer.
M. Dufour: Est-ce que vous êtes capables, d'après
vos critères, de déterminer laquelle est laquelle, par exemple.
Je comprends que vous administrez un programme où seulement 10 000 000 $
sont injectés, mais si vous avez 385 demandes, il ne faut pas que ce
soient 385 demandes de 3 000 000 $ ou 4 000 000 $ à 50 %; on n'aurait
pas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense qu'une simple
règle de trois...
M. Dufour: Alors, comment allez-vous déterminer la
disposition de l'enveloppe budgétaire par rapport à l'ensemble
des demandes? Est-ce que, pour vous, il s'agit de satisfaire au plus grand
nombre possible de demandes - c'est tentant politiquement parlant - ou est-ce
que vous ciblez les demandes? Comment faites-vous pour dire que c'est plus
pressant ou moins pressant? En tout cas, je trouve que vous allez avoir du
mérite, parce que ce n'était pas un gros programme et vous avez
le désavantage de dire aux gens: On a un bon programme. Comment faire
pour que cela fonctionne à la satisfaction de tout le monde?
Trouvez-vous qu'il manque quelque chose quelque part? Je n'accroche pas. Il y
a un point sur lequel je ne suis pas capable de faire le joint.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que...
M. Dufour: Je comprends que vous parlez bien et que vous
êtes très habile avec les gens et tout ça. Vous êtes
bien fin, en règle générale. Mais comment les gens
vont-ils accepter tout ça? Comment peut-on être bien
là-dedans par rapport à l'administration d'un programme qui n'a
pas de fonds? Dans le fond, c'est ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne le sais pas, là. Je
n'ai peut-être pas la même notion de l'argent que le
député de Jonquière. Peut-être parce que je viens
d'un milieu plus modeste, un milieu régional au Québec, un milieu
composé davantage de petites municipalités. Mais, chez nous, 50
000 000 $ représentent beaucoup d'argent. Je pense que c'est le cas
également pour d'autres députés. Avec des centaines de
milliers de dollars, on fait beaucoup de choses. Peut-être qu'ailleurs,
ça prend des dizaines de millions dans les grands centres. C'est
pourquoi le ministre des Finances, dans sa sagesse, et connaissant sans doute
l'argument que vous étiez pour avancer quelque neuf mois après
l'annonce de son budget, a limité l'accès à ce programme
aux municipalités qui comptent une population de 7500 et moins. Je pense
que si le programme s'était adressé à la ville de
Montréal, j'aurais été dans une situation intenable, M. le
député. Vous avez complètement raison.
M. Dufour: Les 200 municipalités dont 700 qui n'ont pas
ces services, il y en a 700 susceptibles de s'inscrire au programme ou qui ont
des demandes potentielles à moins que dans les petites
municipalités... Je connais les petites municipalités. Elles ont
des projets de 4 000 000 $. Pour elles, c'est comme pour moi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais dans les petites
municipalités ayant un projet de 4 000 000 $ - je pense qu'il s'agit de
faire face à la réalité - elles se doivent quand
même d'assumer... On va reprendre l'exemple du financement typique que
vous avez mentionné vous-même au tout début à 50
%...
M. Dufour: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...pour la petite
municipalité. Si elle a un projet de 4 000 000 $, c'est 2 000 000 $
qu'elle se doit d'assumer et je vous dirai que ce ne sont pas toutes les
petites municipalités au Québec, au moment où nous nous
parlons, qui sont prêtes à s'embarquer pour 2 000 000 $. Je pense
que la difficulté que vous énoncez du côté
ministériel se retrouve du côté du conseil municipal
également, et que c'est dans cet échange et cette recherche
d'équilibre que nous pourrons financer là où le monde
municipal est prêt à faire cet effort, à prioriser cette
avenue. Nous serons en mesure de nous associer à ce monde municipal qui
sera prêt
à apporter sa part et sa contribution.
Mais des petites municipalités ayant un projet de 4 000 000 $ et
qui soient prêtes, demain matin, à injecter 2 000 000 $... la
prudence du monde rural et régional fait en sorte qu'elles ont tendance
à être plus étapistes.
M. Dufour: Oui, mais comme vous avez dit que c'est une
priorité, l'eau potable, c'est la priorité des priorités.
Alors, même s'il n'y a pas d'argent, dans ces municipalités il y a
un manque, elles ont besoin d'eau. Quand il y a des conseils municipaux, par
exemple, qui disent: On a un programme de 4 000 000 $. Il y a un
député dans le comté qui écoute cela et dit: On va
le faire. Personne ne fait de mise au point. Le Père Noël est
là. L'argent va arriver quelque part. Moi, je vois cela à des
endroits. Une personne le dit: Ecoutez un peu, il faut que vous payiez votre
part. Vos 4 000 000 $, vous ne trouvez pas que c'est gros? Cela plane dans le
paysage. Oui, oui. C'est une municipalité dans le comté de
Roberval et même avant cela, il y a eu même des élections.
Il y a une mairesse à part ça. Je ne sais pas tout à fait
le nom de l'endroit. On a 4 500 000 $ de projets. On va aller chercher de
l'argent. Personne ne dément cela. Les projets... sur 10 000 000 $. Ils
ont 4 000 000 $. Ils vont chercher 4 000 000 $, il ne restera rien pour les
autres. C'est la difficulté. Ce n'est pas une question. Un montant de 10
000 000 $, quand on parle au point de vue...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis certain que sur les 4 000
000 $ dont vous parlez sans connaître le dossier comme tel, il y a
certainement l'intervention de la Société
québécoise d'assainissement des eaux aux dossiers par des budgets
qui sont de l'ordre de 400 000 000 $. Il ne faut pas non plus isoler le
programme AIDA.
M. Dufour: En tout cas, publiquement, il ressortait que
c'était de l'eau. Le programme était de l'eau, l'aqueduc...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II faut épurer aussi, c'est
de l'eau qui sort au bout de l'usine d'épuration.
M. Dufour: D'une façon ou de l'autre, cela faisait pas mal
de millions. Quand vous me parlez de la valeur de l'argent, je pense que cela
fait assez longtemps. J'ai administré de très petits budgets ou
un peu plus élevé, selon les circonstances.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce qu'on peut s'entendre sur
une façon de procéder? Disons qu'on a 50 000 000 $ sur une
période de cinq ans, qui sont mis à la disposition... Est-ce
qu'on peut commencer par dépenser ce qu'on a? Il me semble que c'est une
attitude raisonnable.
M. Dufour: Bien non, ce sont 10 000 000 $ par année.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce qu'on peut commencer par
dépenser les crédits qui nous sont votés? Si vous me
demandez: Est-ce que vous avez fait des représentations auprès du
ministre des Finances? Est-ce que 50 000 000 $ sont suffisants? Je
dirais: Oui, j'ai fait des représentations auprès du ministre des
Finances. Un montant de 50 000 000 $, est-ce que c'est suffisant? Est-ce que
c'est sous forme de subvention directe? Est-ce que c'est suffisant? Est-ce que
c'est sous forme de financement? Si c'est sous forme de financement, cela
change les notions des proportions. Moi, je suis un éternel optimiste.
Au moment où nous nous parlons, nous accueillons favorablement les
demandes qui nous sont acheminées. Nous les évaluons. Nous les
étudions et nous les annoncerons en temps approprié. Maintenant,
je suis en perpétuelle demande auprès de mon collègue, le
ministre des Finances, parce que je vous ai indiqué hier que les besoins
étaient importants dans ce domaine comme dans d'autres. Maintenant, si
on relit ce programme avec toute la question des infrastructures municipales
dont nous avons discutée hier en tout début de journée,
vous vous rendrez compte que si le gouvernement du Québec fait seul tous
ses travaux d'aqueduc et d'égout et assume 90 %, 50 % ou quelque
pourcentage que ce soit de la facture, à ce moment-là, cela
devient une responsabilité qui n'est assumée que par le monde
municipal, le monde provincial et le monde fédéral se
défile de ses obligations.
M. Dufour: Autrement dit, je vais faire un raisonnement bien
rapide. Vous nous dites, en tout cas, quant aux 10 000 000 $, que les
municipalités savent qu'ils sont là - toujours pour appaiser
quelques-uns en chemin - on va les étirer et, à la fin, si on a
de meilleurs programmes, on va les appliquer. Comme calcul, cela peut
être correct.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est absolument pas ce que
j'ai dit mais je ne peux pas...
M. Dufour: Non. Moi, j'en déduis que... C'est
évident que vous n'avez pas dit cela. Je vous verrais mal dire des
choses semblables. Je vais seulement constater que par raisonnement, c'est
évident que 10 000 000 $ ce n'est pas suffisant quand on regarde la
valeur ou les sommes d'argent qui ont été investies dans des
programmes comme PAIRA, PAISI et tout ce que vous voudrez que j'ai
énuméré aussi dans ma présentation du début.
Donc, il y a un certain nombre de programmes. il y a eu des 100 000 000
$ qui ont été investis. Il y en aurait sûrement encore des
centaines à investir. Le programme de 10 000 000 $, l'an passé,
contrairement à ce que vous avez prétendu - c'est
évident que j'en parlais comme des bonbons - pour moi, cela
représentait des bonbons parce que cela ouvrait des portes aux
municipalités. Elles, elles voient cela en fonction de leurs
préoccupations par rapport à... Quand on fait l'analyse, ici, par
rapport à l'ensemble des municipalités, c'est une autre vision.
Un montant de 1 000 000 $ pour quelqu'un qui gagne 20 000 $ par année,
c'est beaucoup d'argent. Si on dit: Avec 1 000 000 $ on va chercher le
contentement de l'ensemble de la population, il va peut-être trouver
qu'il n'y en a pas assez. Quand on investi 1 000 000 $ dans le régime de
la santé, c'est comme une goutte d'eau qu'on échappe en passant.
C'est beaucoup d'argent, 1 000 000 $ mais c'est, toute proportion
gardée, 1 000 000 $ ou 10 000 000 $ pour 1100 municipalités.
Faites vos calculs, vous allez voir que cela ne fait pas beaucoup d'argent par
municipalité, juste théoriquement. Je vous ai posé des
questions auxquelles je n'ai pas les réponses. Je ne m'attendais pas
à les avoir ce matin. En pratique, pour les 385 municipalités qui
ont fait une demande, je serais curieux de voir combien cela représente.
Je regardais le fonds de développement régional, à
Grande-Rivière ou quelque part par là, une petite
municipalité qui a à peu près 500 habitants, et qui a
obtenu de l'OPDQ des subventions de 4 000 000 $ pour un réseau
d'aqueduc, c'était pour l'industrie du poisson. J'ai vu cela passer. Je
me dis qu'on peut toujours trouver d'autres formules. Si l'eau est une
priorité importante, si vous vouiez être conséquent et
cohérent avec vos propos, je dis: M. le ministre, pour dépenser
10 000 000 $ dans un programme semblable, à la tête de votre
ministère, vous allez peut-être pouvoir le dire dans une
région ou un comté donné - il faut avoir de l'argent pour
le faire - mais provincialement ou gouvernementalement parlant j'appelle cela
du bonbon. Ce sont de petits bonbons. Il n'y en a pas pour tout le monde, c'est
clair. Vous aurez à faire des choix difficiles. Là où il y
aura de grosses demandes, vous devrez les mettre de côté, si vous
voulez répondre au plus grand nombre possible. Comme c'est une
année électorale, vous allez peut-être choisir le plus
grand nombre, pour faire plus avec moins. Je ne suis pas berné par
ça. Je suis convaincu que, intérieurement, vous ne pouvez pas
être satisfait. Vous ne pouvez pas vous vanter d'avoir fait un gros
effort pour améliorer votre priorité prioritaire qui s'appelle
l'eau. Je comprends, c'est qu'il doit sûrement y avoir des pressions, des
démarches qui sont faites pour améliorer cela. Je ne vous cache
pas que, pour avoir fait une tournée dans tout le Québec avec
d'autres personnes, et aussi pour en avoir parlé au congrès de
l'Union des municipalités, il y a de nombreuses
municipalités qui attendaient beaucoup de ce programme. Dans le fin
fond, le programme fonctionne, mais il ne peut pas donner ce qu'il n'a pas,
à moins que vous n'ayez le don de la multiplication. Quand vous me
parlez de financement, cela ne peut pas comprendre le financement
échelonné sur cinq ans. 10 000 000 $, c'est 50 000 000 $ en tout.
Ils ne donnent pas d'intérêt. Les 50 000 000 $ ne sont pas
placés. On pourrait peut-être dire qu'on va le multiplier et cela
peut faire 55 000 000 $ ou 60 000 000 $ au bout de cinq ans. Là, c'est
50 000 000 $ tout court.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On peut en ajouter en cours de
route, monsieur.
M. Dufour: C'est ce que je vous pose comme question. Est-ce que
vous avez l'intention... Est-ce que vous voulez investir pour qu'on puisse
répondre en partie aux attentes qui ont été
créées dans les municipalités. J'ai l'impression que,
même si vous disiez demain matin 1 000 000 000 $, tout le monde n'aurait
peut-être pas la même réponse. Il y en aurait beaucoup plus
qui seraient satisfaits. Je vous vois sourire. Je ne vous annonce rien, je ne
suis pas le ministre des Finances, mais je suis convaincu que si vous aviez 1
000 000 000 $ vous trouveriez à le placer.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je sais que certains
députés de l'Assemblée nationale ont fait des
représentations auprès du ministre des Finances. J'en ai fait
personnellement, j'ajoute donc votre voix à celles des
députés que j'avais entendus pour convaincre le ministre des
Finances, pour le rassurer sur le choix qu'il a fait l'an passé, et lui
dire qu'il avait orienté ses préoccupations vers les bonnes
priorités, le remercier de ce qu'il a accordé dans le domaine
municipal et l'inciter à poursuivre dans la même direction.
M. Dufour: C'était un pas vers la bonne direction. De ce
côté-là je ne peux pas dire le contraire, sauf que - je
n'en ai pas su plus qu'il ne faut - 10 000 000 $, je ne fais que
répéter que, pour moi, ce sont des bébelles par rapport au
problème qu'on connaît sur le territoire du Québec
concernant l'eau. Cela dit j'aimerais qu'on revienne...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous comparez ça aux 6
000 000 000 $ qu'un exministre de l'Environnement, M. Léger avait
déjà annoncés, sauf qu'entre l'annonce et la
réalité, il y a eu des différences. On tente de
réaliser ce qu'on annonce...
M. Dufour: À l'exception... Pour être juste,
équitable, je ne vais pas faire plus de politique qu'il ne faut, je peux
vous dire que le programme d'assainissement des eaux a tout de même rendu
de grands services. Il y a peut-être eu des erreurs en cours de
route...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Probablement. (11 h 15)
M. Dufour: Même si on en fait... ne pas faire d'erreurs
c'est ne rien faire. Il est sûr que si le gouvernement avait voulu...
Cela a été fait pour une question d'environnement et aussi pour
une question économique. Je ne vous apprendrai pas tout cela. Je peux
dire qu'il y a des municipalités qui ont fait un bon job. Il y a des
citoyens qui sont satisfaits. Il y a des endroits où le programme a eu
ses effets. Sauf que je peux vous dire, parce que vous m'y avez ouvert la porte
que depuis trois ans, il y a eu une diminution d'investissement et un
ralentissement de la part du gouvernement actuel, qui est supposé avoir
pris un virage environnemental. Je peux vous dire cela. Je le constate, je le
vois. Vis-à-vis de l'entreprise, je ne sais pas comment cela fonctionne.
Il fut un temps où c'était plus transparent. On savait comment
cela fonctionnait. Là, on ne le sait plus trop, si cela va vite ou pas
vite. Je peux vous dire qu'il y a des municipalités où cela prend
du temps. Un programme qui prenait de trois à cinq ans auparavant prend
aujourd'hui de sept à huit ans. Il y a peut-être une forme... En
tout cas, cela ouvre une parenthèse et ce n'est pas où je voulais
en arriver. Je voulais revenir sur les critères qui nous
préoccupent directement. Cela peut créer une certaine
iniquité d'une municipalité à l'autre. La
municipalité qui s'est conformée directement à des
principes de base protégeant l'environnement, qui a investi directement
et qui, de plus paie pour l'opération, mais qui continue à
recevoir les eaux polluées des autres, il y a là une
iniquité qui existe quelque part. Ce programme-là, on l'a
ralenti, à tort ou à raison. Il y a peut-être des raisons
pour dire: Cela va améliorer...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que vous étiez
conscient des problèmes de nature technique et de ceux qui concernaient
les budgets. Pendant une certaine période, les estimés
budgétaires étaient tellement loin de la réalité
qu'il fallait s'en rapprocher dans ce programme.
M. Dufour: En tout cas, je ne voyais pas d'autre façon de
le faire. C'était tellement... Si on avait tout su ou non. Il y a des
choses, des fois... Quand on veut faire un voyage, on ne monterait pas en avion
si l'on savait qu'il va tomber. Mais on y monte quand même parce que
c'est la seule façon de voyager.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais on peut s'assurer qu'il y a
un moteur, au moins.
Environnement
M. Dufour: Comme il y a un moteur. Dans l'assainissement de
l'eau, il y a eu un virage de donné. il y a une volonté
gouvernementale d'exprimée. Cela a eu ses effets. Il y a eu des aspects
négatifs mais je suis convaincu que les effets positifs sont beaucoup
plus grands. Si l'on avance comme ça, c'est qu'il y a des gens qui ont
pris des décisions quelque part et qui n'ont pas eu peur, même
avec l'idée qu'ils pourraient faire des erreurs. Faire des erreurs fait
partie de la vie. C'est comme ça que cela doit se passer dans la vie. Je
voudrais revenir au programme.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je tiendrais à souligner -
vu que vous avez soulevé toute la question de l'environnement - et je
vous réfère très brièvement aux crédits de
l'environnement, à la page 14. 1. Vous verrez que pour la question de la
gestion des milieux environnementaux, les budgets sont augmentés
considérablement. Ils passent de 332 000 000 $ à 377 000 000
$.
M. Dufour: J'étais convaincu qu'ils étaient pour
augmenter. Il le faut, avec ce qui s'est passé et ce qui se passe
régulièrement. Encore ce matin, on attend encore des
déversements. On n'a pas fini.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On a un héritage difficile
à assumer.
M. Dufour: L'héritage, en fait, c'est d'endosser sa
responsabilité. Chaque fois qu'on prend une responsabilité, on
est héritier quelque part. Personne ici, autour de la table, n'est
héritier de ses propres racines. Son héritage vient de quelque
part. Dans le fond, c'est le problème du monde. On ne vient pas au monde
tout seul. Il y en a eu d'autres avant nous. Cet héritage est plus ou
moins lourd à porter. Ce qui est important, c'est d'accepter d'y faire
face.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On a un bénéfice de
discussion de l'héritage.
M. Dufour: On pourrait parier du vôtre de temps en temps.
Je reviens avec l'héritage de celui qui gère les actifs.
On va voir si vous êtes de bons gestionnaires, comme vous nous le dites.
Cela m'amène à parler...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous l'avez dit: Faire plus avec
moins. C'est là une devise que...
M. Dufour: Cela dépend sur quoi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... nous avons adoptée.
M. Dufour: On peut faire plus peut-être avec des paroles,
en posant des actions. Mais quand vient le temps de compter, c'est plus
difficile.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est pourquoi on a insisté
pour avoir une augmentation de crédits cette année de plus de 12
% au ministère des Affaires municipales.
Aide et surveillance administrative
M. Dufour: Je voudrais qu'on en arrive... Justement, on va
revenir en arrière sur le programme Aide et surveillance
administrative.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. M. Dufour: À
chaque année... M. Paradis (Brome-Missisquoi): 2,
celui-là? Surveillance de la gestion municipale
M. Dufour: C'est un dossier qui concerne la Commission
municipale, l'élément 1, programme 2. Cela concerne la
surveillance de la gestion municipale.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord. C'est quasiment une
augmentation de 24 % des crédits à ce poste-là, c'est
cela? Cela vous inquiète?
M. Dufour: Oui, c'est inquiétant lorsque j'examine les
journaux. Il me semble qu'il y a eu une augmentation des plaintes ou une
attitude qui est en train de se développer un peu partout, il se produit
en tout cas un phénomène un peu spécial dans le monde
municipal; c'est plus frappant depuis quelques années. Je ne vous dirais
pas le nombre d'années, mais depuis quelques années, il
semblerait qu'il y a des problèmes insolubles dans les
municipalités et cela va certainement amener une augmentation des
plaintes au ministère. Pouvez-vous nous dire actuellement s'il y a plus
de plaintes qu'auparavant et ce qui se passait.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, je pense que vous avez raison
de soulever le point. L'instauration de la Commission d'accès à
l'information, une vie démocratique municipale plus ouverte, plus
participative de la part de l'ensemble des citoyens amènent sur le plan
du ministère un volume d'affaires plus important d'année en
année. Nous tentons et nous avons orienté... Et c'est là
l'une des premières préoccupations de l'actuel sous-ministre,
d'augmenter la qualité et la rapidité du service offert à
la clientèle. Nous nous efforçons de donner au monde municipal et
aux citoyens qui prennent contact directement avec le ministère des
Affaires municipales des réponses dans les plus courts délais
possible, en atteignant le maximum de qualité quant à la
réponse que nous apportons. Je pense qu'à ce chapitre, il est
sain que les citoyens s'intéressent toujours davantagae à leurs
gouvernements locaux, et la responsabilité du ministère est de
s'assurer que les réponses qui sont apportées le soient
rapidement et qu'elles soient de qualité, un peu comme nous le faisons
à l'étude des crédits.
M. Dufour: Vous n'avez pas augmenté, par contre...
Généralement, les montants ne sont pas plus gros, plus
élevés par rapport à l'an dernier, à l'exception...
Ce sont des augmentations normales. Vous me dites que vous répondez... Y
a-t-il des plaintes - je suis obligé de prendre votre parole - en ce
sens.... Vous me dites: On répond à la demande. Il n'y a pas de
retard indu.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous me demandez sur le plan de
la gestion...
M. Dufour: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...sur le plan des points sur
lesquels on reçoit le plus de plaintes quant à notre manque de
rapidité d'action, c'est peut-être sur la question d'approbation
des règlements d'emprunt, si vous voulez cibler un département.
Cela nous occasionne une certaine problématique sur le plan de nos
services juridiques parce que les services juridiques ont à s'occuper
également de la question de l'approbation des règlements
d'emprunt. Nous travaillons tout particulièrement à
améliorer le service à la clientèle quant à cet
aspect relevant du ministère.
M. Dufour: II me semble qu'on avait enlevé un certain
nombre d'irritants concernant les emprunts...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais...
M. Dufour: ...pour les municipalités. Un certain nombre
d'approbations ont été enlevées. Est-ce que quelqu'un a
décidé qu'il recommençait? Il y a quatre ou cinq ans il me
semble qu'il y avait un certain nombre d'étapes qui avaient
été enlevées concernant les emprunts municipaux?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que l'on peut vous indiquer,
c'est qu'au cours des derniers mois, et je vous le dis en spécifiant
qu'on n'est pas encore satisfait des résultats atteints, sur le plan des
approbations quant au règlement d'emprunts, on est passé d'un
délai de 35 jours à un délai de 25 jours, délai qui
est encore trop long. Nous continuons à travailler et à
améliorer ce délai.
M. Dufour: D'accord. Mais les plaintes relatives au comportement
des élus par rapport aux municipalités, par exemple, je ne sais
pas... Je vais vous en nommer une, a tout hasard, vu que j'y vais
régulièrement. Je sais dans quel coin elle est et il s'agit d'une
petite municipalité, la municipalité de La Bostonnais...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Dufour: Cela a l'air que les gens se "bostonnent" pas
mal fort, je ne sais pas ce qui
se passe. Je n'apprends pas par coeur ce qui se passe, mais cela a l'air
que ça fait dur, comme on dit chez nous.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez... M. Dufour:
Ça brasse.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...si vous lisez les journaux
chaque matin, certains vont vous dire que cela a l'air que ça fait dur
à l'Assemblée nationale, que ça brasse. Est-ce que c'est
néfaste pour la démocratie que ça brasse? Pour autant que
ça brasse, et mes propos ne s'adressent pas à l'exemple que vous
avez cité... Le fait que ça brasse sur la scène municipale
n'est pas nécessairement négatif non plus. Il y a des endroits
où ça ne brasse pas et peut-être que ça devrait
brasser.
M. Dufour: J'accepte en partie ce que vous exprimez, mais il y a
des fois où il semblerait qu'il y a de l'exagération. Est-ce que
vous ou votre ministère suivez un peu ces dossiers même s'il n'y a
pas de plainte, par exemple? Comme ministère, si vous voyez des choses
qui sont vraiment anormales...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous avons un service de
vérification, M. le député, que vous connaissez...
M. Dufour: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...et je vais vous annoncer
également - j'aimerais peut-être profiter de l'étude de ces
crédits - que sur le plan législatif, nous entendons apporter
certaines modifications au cours de la présente session de
l'Assemblée nationale. Vous savez que, présentement, si nous
voulons intervenir par le biais de la Commission municipale du Québec
concernant une municipalité, si nous voulons déclencher une
enquête, nous devons obligatoirement mettre la municipalité sous
tutelle. Dans certains cas, cette approche fait en sorte qu'on est plus
hésitants ou que le remède est disproportionné à
l'état de santé du malade, etc. Une des modifications
législatives que nous proposerons dès ce printemps, c'est de
permettre à la Commission municipale du Québec d'effectuer une
enquête sans qu'elle ait l'obligation de mettre une municipalité
sous tutelle. Si, au cours de son enquête, la Commission municipale se
rend compte que des éléments justifient une tutelle, elle aura
également cette possibilité, mais on donnera plus de souplesse
à la Commission municipale du Québec dans ce type
d'intervention.
M. Dufour: Donc, il y a augmentation des plaintes mais il n'y a
pas d'augmentation de ressources. Vous semblez nous dire que vous avez
suffisamment de personnel actuellement pour répondre aux
différents comportements, aux différentes actions qui se
passent.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est pas sous cet aspect et je
n'ai pas tenté de noyer le poisson lorsque je vous ai dit que le maximum
de plaintes portait sur les délais de règlements d'emprunt. Je
pense que c'est l'endroit où on a les lacunes les plus
sévères. Dans le domaine que vous mentionnez, ce n'est pas
là qu'on reçoit des griefs sur les plaintes que l'on doit
administrer.
M. Dufour: C'est parce que je sais que l'an passé,
l'ex-ministre des Affaires municipales nous indiquait que le nombre de plaintes
avait augmenté sensiblement. C'est sa réponse: Nos services
doivent travailler d'arrache-pied pour faire les vérifications
nécessaires dans les cas où les plaintes nous paraissent
sérieuses. C'est un peu...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Qui dit que...
M. Dufour: Le ministre Bourbeau disait cela l'an
passé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est vrai. Fonds de
péréquation
M. Dufour: II disait: Nous travaillons d'arrache-pied pour faire
les vérifications nécessaires dans les cas où les plaintes
nous paraissent sérieuses. C'est vrai. Ce sont ses propres paroles: que
vous les confirmiez ou non, c'est ce qu'il a dit. Je suis obligé de les
prendre comme cela.
On va aussi revenir avec d'autres plaintes tout à l'heure mais
toujours en regardant le temps... À l'élément 3, le fonds
de péréquation.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Dufour: Dans ce dossier, en se rend compte qu'il y a une
augmentation importante.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est bénéfique au
monde municipal.
M. Dufour: Vous avez dit: On pourra peut-être s'entendre.
Si on s'entend sur les mots, peut-être que c'est différent un peu,
mais vous allez me donner au moins quelques explications. Il passe de 17 858
500 $ à 29 300 000 $. C'est le fonds de péréquation. Vous
me dites: C'est bénéfique. Pouvez-vous m'expliquer pourquoi le
fonds de péréquation augmente comme cela? Pourquoi une hausse
aussi rapide? C'est 91 % de plus que l'argent absolu en 1985-1986.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, c'est un poste qui est
automatisé, si je puis utiliser l'expression. L'augmentation
substantielle que vous dénotez est occasionnée par le
dépôt de la
Communauté urbaine de Montréal d'un rôle
d'évaluation à la hausse, ce qui a eu pour effet de
réduire le pourcentage d'indice de richesse foncière de plusieurs
municipalités. Alors qu'en 1988-1989, le nombre de municipalités
bénéficiaires de ce programme était de 538, nous
pré-voyot.s pour 1989-1990 que 648 municipalités seront
concernées, donc une augmentation de plus d'une centaine de
municipalités. (11 h 30)
M. Dufour: Cela veut dire que l'indice de richesse des
municipalités diminue.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Relativement au rôle de
la Communauté urbaine de Montréal, il diminue, mais dans
l'absolu, non. En relativité, oui; en absolu, non.
M. Dufour: Mais quelle est la proportion établie par
rapport à la péréquation pour la région de
Montréal dans ces 12 000 000 $, c'est tout le montant?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, pas à
Montréal.
M. Dufour: 11 000 000 $, 12 000 000 $?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous n'en avez pas à
Montréal. Les 648 municipalités qui bénéficieront
de la péréquation sont, en théorie - et nous le souhaitons
dans la pratique - les municipalités dont l'indice de richesse est en
bas de 66,66 % de la moyenne provinciale.
M. Dufour: Donc...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Puis Montréal...
M. Dufour: Ça laisse supposer - en tout cas, je prends le
dossier comme it est - que les municipalités sont plus pauvres qu'elles
ne l'étaient.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, les municipalités ne
sont pas plus pauvres. Au contraire, au total, votre évaluation
provinciale est plus élevée, mais vous avez plus de
municipalités qu'avant qui se retrouvent admissibles, parce que
l'évaluation de la communauté urbaine - et c'est un gros morceau
dans la province de Québec - augmente substantiellement.
M. Dufour: Mais...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Donc, vous devriez être
content pour les régions du Québec.
M. Dufour: Mais ça dit qu'il y a plus de
municipalités qui ne suivent pas la courbe de développement du
Québec, c'est ce que ça veut dire. S'il y en a plus en bas de 66
%, cela veut dire... Avez-vous lu le Québec cassé en deux",
quelque chose comme ça? Il y a deux sortes de monde: les pauvres et les
riches. Les riches s'enrichissent et les pauvres s'appauvrissent. Bien
vulgarisé, c'est un peu ça.
S'il y a un certain nombre de municipalités qui augmentent, et
qu'il y en a qui baissent en bas de 66 %, cela veut dire qu'il y a des
municipalités qui se développent plus rapidement et qu'il y en a
plus qui commencent à parvenir à un seuil plus bas que
l'ensemble, donc il y a un phénomène un peu spécial.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que vous pouvez, a juste
titre, invoquer cette argumentation. Vous justifiez, ce faisant, l'existence
d'un régime de péréquation au ministère des
Affaires municipales, mais j'ajouterai à ce que vous venez d'affirmer,
de façon à nuancer, et de façon assez prononcée,
que je ne suis pas convaincu, comme ministre des Affaires municipales, que
l'entrée en vigueur de la loi 90 ne fera pas en sorte qu'il y ait un
certain rééquilibrage, parce que nous avons des cas au
ministère où, en vertu de l'ancienne loi sur la fiscalité,
vous retrouviez des transferts d'argent des pauvres vers les riches. Vous
comprenez, la Communauté urbaine de Montréal déposant son
rôle d'évaluation sur une base annuelle, si vous la comparez
à une municipalité qui prend sept, huit ou neuf ans pour
déposer son rôle, que vous pouvez avoir à Montréal
une augmentation très importante pendant ces sept, huit ou neuf ans, et,
vu que le rôle d'évaluation n'est pas repris par la
municipalité régionale, que la municipalité
régionale peut être aussi riche que Montréal, mais elle ne
le sait pas parce qu'elle n'a pas déposé son rôle
d'évaluation ajusté. Vous me suivez?
M. Dufour: Oui. Mais ces 600 municipalités qui auront
accès... On parlait tantôt de 10 000 000 $, c'est gros, c'est
beaucoup d'argent par rapport à l'an passé, c'est plus que le
tiers d'augmentation. C'est un phénomène qui se passe et vous
pouvez me dire: Cela dépend toujours de la façon dont on va
l'expliquer et dont on peut le voir.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, ça ne
dépend pas... Ce que vous pouvez constater, c'est qu'il y a eu plus de
spéculations foncières à Montréal qu'ailleurs en
région, et là, il y a même des exceptions ailleurs en
région, et que les régions du Québec
bénéficient, par le biais du programme de
péréquation, d'une spéculation accrue sur une partie du
territoire donné. À propos de ce que vous mentionniez
tantôt, les deux Québec, ce système de
péréquation sert à amoindrir les effets que vous
dénonciez et même à faire profiter le Québec
régional de la spéculation sur le terrain de la Communauté
urbaine de Montréal. On peut être pour ou contre, mais
considérant que vous êtes un député de
région, je ne m'attendrai pas à des objections trop
prononcées sans faire d'électoralisme.
M. Dufour: Je pense que le fonds de péréquation, on
a travaillé à l'établir parce qu'il y avait des
inéquités, bien sûr, qui se produisaient mais le
phénomène qu'on constate, c'est qu'au Québec, ça ne
se passe pas nécessairement de la même manière partout.
C'est un peu normal aussi. Mais on identifie très clairement qu'il y a
des différences énormes à certains endroits. Par exemple,
je serais curieux de voir ou de connaître de votre part quelles sont les
régions qui vont profiter le plus de ce fonds de
péréquation. Sont-elles identifiées ou si c'est
étendu à tout le Québec?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis certain que c'est dans
tout le Québec. Je vais vous donner des exemples. C'est toujours plus
facile de parler à partir de sa propre circonscription
électorale. Si vous prenez chez nous une municipalité comme ville
de Lac-Brome et que vous la comparez à une municipalité comme
Mansonville, il n'y a pas tellement de distance entre les deux. Je vais
même vous rapprocher ça, le village de Brome. Je suis certain que
le village de Brome va, en vertu de la péréquation, sans que je
l'aie vérifié, bénéficier tandis que ville de
Lac-Brome, qui est plus riche à côté, ne
bénéficiera peut-être pas. Et vous allez retrouver cela sur
l'ensemble du territoire québécois. Je pourrais vous faire la
même chose entre Brigham et Bromont et entre Austin et Stukely-Sud. Cela
dépend de la position de la municipalité.
M. Dufour: II y a 600 municipalités impliquées dans
la péréquation?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous en avez retrouvé 538
l'an passé qui ont bénéficié de la
péréquation. À cause du dépôt par
Montréal d'un rôle où l'évaluation augmentait, la
moyenne baisse et ça fait en sorte que cette année, on
prévoit qu'il y en aura tout près de 650, 648 suivant les
estimations habituellement précises des gens qui font des calculs au
ministère.
M. Dufour: Le phénomène que nous avons est celui de
la hausse brusque. Vous me dites qu'avec la loi 90 et les plans triennaux, cela
n'arrivera pas aussi rapidement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Un autre effet
bénéfique.
M. Dufour: Ça entrait en ligne de compte, quand on a
étudié la loi?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, je vous dirai que dans les
discussions que j'ai eues avec le monde municipal, cette discussion a eu lieu.
Les montants ont été mis sur la table et ça fait partie
d'un des éléments qui sous-tendaient la loi 90.
M. Dufour: À ce moment-là, vous y voyiez un
certain intérêt.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas un certain
intérêt. On y voyait un intérêt certain à
faire preuve davantage d'équité. Je vais vous donner des
exemples. Vous avez des municipalités qui, en moyenne, ne
révisent leur évaluation que tous les dix ans, comparativement
à la municipalité qui suit la loi et le fait chaque année.
Est-ce que vous pouvez deviner les effets sur la péréquation?
Vous vous retrouvez dans des situations où, dans certains cas, les
pauvres donnent aux riches et c'est ça qui est dangereux pour le
Québec divisé en deux que vous mentionniez. Tant que les riches
peuvent distribuer en faveur des pauvres, vous atténuez cette division,
mais lorsque vous prenez l'argent des pauvres pour le donner aux riches, vous
pouvez augmenter cette division.
M. Dufour: Lorsque ça va en augmentant, il n'y a pas trop
de problèmes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y en a pour tout le
monde.
M. Dufour: C'est quand ça va en diminuant...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est comme le programme AIDA.
M. Dufour: AIDA, c'est un opéra inachevé, quant
à moi. C'est une symphonie inachevée.
Une voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Ça ne va pas mal, en fait. C'est une
augmentation vis-à-vis des municipalités qui vont recevoir le
montant. Il n'y a pas trop de problèmes. Si cela avait eu un
effet contraire, ça aurait fait une hausse brusque pas mal forte. Ne
vous empêchez quand même pas de réfléchir sur la
question à savoir qu'il y a des phénomènes nouveaux et
pourquoi ça se produit comme cela. Vous me dites que ce sont des
questions de rôles d'évaluation qui sont déposés, de
spéculations...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Par la Communauté urbaine
de Montréal.
M. Dufour: ...qui peuvent se passer à la communauté
urbaine. Que représente l'évaluation de la communauté
urbaine par rapport à l'ensemble du Québec? Qu'est-ce que
c'est?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Tout près de 40 %.
M. Dufour: Donc, est-ce qu'on peut avoir la liste des
municipalités qui sont touchées? J'ai posé cette question
tout à l'heure, n'est-ce pas?
Est-ce qu'on peut avoir la liste des municipalités qui vont avoir
accès au fonds... On va finir par l'avoir, c'est clair, vous allez en
payer.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On peut vous la donner pour l'an
passé. Pour l'année en cours, on va l'établir. On
prévoit que ce sera 548. Vous pouvez probablement tenir pour acquis que
ceux de l'an passé... Il n'y a pas de secret, c'est une formule
mathématique. Dès qu'elle sera disponible, on vous l'acheminera,
mais elle le sera vers la fin de l'année, parce qu'on signe
habituellement ces lettres, si ma mémoire est fidèle, vers la fin
de l'année. On a toutefois ce qu'on appelle le pointage final vers la
mi-juin.
M. Dufour: Est-ce qu'à votre ministère, ou au
Bureau de la statistique du Québec, vous examinez ces
phénomènes? Est-ce qu'ils peuvent avoir des rapports avec
l'emploi?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui et non. Si vous avez un
secteur manufacturier qui est actif, généralement vous avez une
population qui est plus nombreuse, vous avez plus de spéculations sur le
terrain. Si la réévaluation est faite, oui. Mais je vous dirai
qu'au ministère des Finances, lorsque c'est passé cette
année de 17 000 000 $ à 29 000 000 $, ils se sont posé des
questions.
M. Dufour: J'imagine.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais, je tiens à vous
rassurer, ils ont été satisfaits des réponses que nous
leur avons données, comme vous l'êtes, sans doute.
M. Dufour: On va peut-être aller de l'un à l'autre,
mais c'est toujours dans le même domaine. J'aimerais bien qu'on parle un
peu de ville de Saint-Laurent. C'est un dossier que je suis effectivement
depuis le début, depuis qu'il existe.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quel élément des
crédits?
Ville de Saint-Laurent
M. Dufour: Ville de Saint-Laurent, élément 4. Je
sais que vous êtes prêt à nous fournir toutes les
réponses. Ce dossier doit aussi vous préoccuper. Des rapports ont
sûrement été faits au ministère. Au moment où
l'on se parle, est-ce que vous pouvez nous faire part un peu de l'état
du dossier de la ville de Saint-Laurent? Je sais qu'il y a des enquêtes
en cours, il y en a deux. On siégeait, on ne siégeait plus. On
recommence à siéger. L'administration n'était pas bonne
quand tel maire était en place. L'Opposition a pris le pouvoir,
c'était bon. L'autre n'était pas bon. Je pense que ça
devient loufoque. Je me mets dans la peau de quelqu'un qui demeure à
Saint-Laurent. Ça ne se peut pas que dans une ville comme cela il se
passe de telles choses. Ce n'est pas possible, en 1989, que depuis deux ans on
vive des situations aberrantes, inacceptables en plus. Ce n'est pas une ville
pauvre. Vous me diriez... Il y a deux sortes de problèmes, ça a
l'air, qu'on est en frais de se créer: ou on n'a pas d'argent ou on en a
trop. Le problème ne peut être qu'elle a trop d'argent, jamais je
ne croirai. Ce n'est pas le problème qu'elle n'en a pas. Comme ministre
des Affaires municipales, vous êtes certainement préoccupé
par cette question, surtout que cette municipalité est située
dans le comté du premier ministre du Québec. Qu'est-ce qui se
passe? Je comprends que des élections s'en viennent. Vous pensez que
ça va se régler par les élections, mais il y a longtemps
que cela dure. (11 h 45)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, je pense que vous avez raison
d'insister sur ce cas. Non seulement parce que c'est dans le comté du
premier ministre et dans le comté de Mme la ministre de la Santé
et des Services sociaux, on s'en occupe avec le même acharnement, le
même suivi, que ce soit dans un comté ou dans l'autre, lorsque de
tels événements sont portés à l'attention du
ministère des Affaires municipales. J'ai déjà
indiqué dans des réponses, au salon bleu, à
l'Assemblée nationale, de même qu'à l'occasion d'entrevues
avec certains journalistes de grands quotidiens qui suivent de très
près le sujet que, considérant qu'il y a deux enquêtes
policières en cours, au moment où nous nous parlons, une qui
relève de la division des crimes économiques de la
Sûreté du Québec, l'autre qui relève de l'escouade
des homicides involontaires de la police de la Communauté urbaine de
Montréal, il nous apparaît que ces corps policiers
possèdent des pouvoirs d'enquête suffisamment vastes même
s'ils n'ont pas, on l'avoue, le même caractère public qu'une
enquête de la Commission municipale du Québec, et que
l'instauration d'une troisième enquête ne ferait pas avancer le
dossier, pour le bénéfice de l'ensemble de la population.
À la suite du jugement rendu par la Cour supérieure, en ce
qui concerne l'inhabilité à occuper des postes de conseiller
concernant deux conseillers municipaux, à la suite de l'élection
fédérale qui a permis à une conseillère municipale
de se retrouver députée fédérale, à la suite
du boycottage des assemblées du conseil par certains conseillers
municipaux de l'Opposition, à la suite de tous ces
événements et compte tenu des échéances qui sont
maintenant connues, la date d'élection... Vous dites qu'une campagne
électorale aura cours; je pense qu'on peut vous informer qu'il y a une
campagne qui a cours, à Saint-Laurent, dont l'échéance est
connue. C'est le 30 avril prochain que le conseil sera enrichi d'un nouveau
membre. Suivant toute probabilité, cet enrichissement d'un nouveau
membre devrait assurer, sur le plan du quorum, les éléments
nécessaires pour assurer un fonctionnement de la
municipalité, lequel nous continuons de suivre de près.
Maintenant, on n'a aucune garantie, quant à ces éléments.
Notre premier choix est de laisser la démocratie municipale agir. Que ce
soit un côté ou l'autre qui t'emporte, le ministère des
Affaires municipales est indifférent. Il est intéressé
à s'assurer que ça fonctionne et que ce soit bien
administré et bien géré. À la suite du
résultat de l'élection, nous aviserons si un fonctionnement
normal de la démocratie municipale a eu raison d'un pénible
dossier. S'il n'y a pas du bon fonctionnement, nous verrons quels gestes nous
pouvons poser. D'ici là, c'est sur une base quotidienne que le
ministère des Affaires municipales surveille le déroulement des
activités à la ville de Saint-Laurent. Encore hier soir, j'avais
un rapport quant à ce dossier.
M. Dufour: Par rapport aux enquêtes de l'escouade des
homicides involontaires - ou volontaires, je ne sais pas trop comment les
expliquer - des crimes économiques, combien de temps durent ces
enquêtes? C'est une municipalité qui fonctionne. Si chaque fois
qu'on déclenche une enquête ou qu'on fait un étude, on ne
pose plus de geste, il se produit ce qui se produit là, je pense qu'il y
a...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les enquêtes, pour qu'on se
comprenne bien, n'ont pas habituellement comme effet de paralyser une
administration. Il y a beaucoup d'enquêtes de l'escouade des crimes
économiques de la Sûreté du Québec qui sont en cours
et dont vous ne connaissez même pas l'existence, ni moi. Celle-là
a été rendue publique parce qu'il s'agissait d'un dossier public
et que quelqu'un l'a rendu public à un moment donné, mais,
habituellement, quand l'escouade des crimes économiques de la
Sûreté du Québec enquête quelque part, on ne le sait
même pas. Donc, ce n'est pas ça qui paralyse normalement le
fonctionnement d'un organisme ou d'un individu.
M. Dufour: Non, mais concernant ce qui se passe à la ville
de Saint-Laurent, il semble que ces éléments aient
empêché le ministère d'aller plus loin. Le fait qu'il y
avait deux enquêtes en cours, et que si la Commission municipale en fait
une, ça en fera une troisième, je ne suis pas sûr que
ça va apporter des éléments nouveaux. Je vous dis que
nonobstant ce qui se passe par rapport aux élections, il y a
certainement des éléments qui demeureront avec des points
gris.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez, je vais
vous...
M. Dufour: Concernant la question de la spéculation de
terrains, c'est l'enquête sur les crimes économiques. La
Commission municipale en fait, des enquêtes. On a vu des résultats
d'enquête de la commission. Ce n'est pas probant de dire que les
résolutions sont bien passées ou qu'il s'est passé telle
chose. Ce n'est pas aller bien loin dans l'enquête. On cherche des fautes
grossières. Pour moi, ça prend un peu plus de raffinement si on
veut savoir ce qui s'est passé dans le cas de la ville de
Saint-Laurent.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Habituellement, l'escouade des
crimes économiques, lorsqu'elle enquête sur des crimes commis par
des cols blancs - je pense que, communément, c'est la façon dont
on parle de ces choses - elle recherche le raffinement. J'ai des causes en
tête. Maintenant, au moment où nous nous parlons, je suis
davantage préoccupé par le fonctionnement de la
municipalité. J'ai confiance que les enquêtes vont être bien
menées, jusqu'à preuve du contraire, et je vous dirai que,
maintenant, je suis moins inquiet, bien qu'on surveille de façon
quotidienne, au sujet de gestes discutables qui pourraient être
posés. L'administration surveillant de très près
l'Opposition et l'Opposition surveillant de très près
l'administration, ce n'est généralement pas dans de telles
circonstances, bien qu'on continue à assumer une surveillance, que ce...
La Sûreté du Québec étant présente, le
ministère des Affaires municipales surveillant, ce n'est pas un terrain
propice à la commission d'actes plus ou moins discutables.
Je ne vous dis pas que ce n'est pas possible, mais quand vous vous
sentez surveillé de part et d'autre, que l'Opposition est là tous
les jours, etc. et que c'est dans les journaux tous les jours, j'ai
l'impression que s'il y a eu ce genre d'actes, de gestes, etc., ça c'est
passé à un moment où il y avait un peu moins de
surveillance, s'il y en a eu, et c'est ce que les enquêtes vont sans
doute nous révéler. Mais est-ce que vous mettez en doute la
capacité des policiers, soit de la communauté urbaine, soit de la
Sûreté du Québec, d'en arriver à des
résultats?
M. Dufour: Bien, ce ne sera pas la première fois qu'ils se
seront rivé le nez sur quelque chose. Toutes les enquêtes qui se
font sont peut-être concluantes et probantes. Que je sache, il y a
beaucoup d'enquêtes qui...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais il y en a qui ne
méritent pas d'être concluantes et probantes non plus. Il y a
des choses qui sont l'objet d'enquête et pour lesquelles il n'y a
rien d'anormal. Il y a des fois où il y a enquête et on trouve
qu'il y a des choses anormales.
M. Dufour: Mais, là...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous dirai que la plus
difficile me semble être celle menée par la communauté
urbaine. Cela semble une enquête plus difficile sur le plan de
l'enquête et, là, on sait qu'il y a eu quelque chose de pas
correct, parce qu'on sait qu'un homicide a été commis.
M. Dufour: Mais, actuellement, est-ce que vous êtes en
relation étroite avec le ministre de la Sécurité publique
ou de la Justice - c'est plutôt de la Justice - concernant ce dossier,
comment il avance, quand il va se... Est-ce qu'il prévoit une
échéance quelque part? Les informations qu'on a, nous, c'est
qu'à la section des crimes économiques, ils ont fait des
enquêtes. Ils ont fait des enquêtes pour les olympiques et
ça n'a pas pris six ans. Là, on s'en va vers un...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que les enquêtes en
ce qui concerne...
M. Dufour: Oui, mais quand ils ont fait l'enquête, avant
que ça sorte... C'était peut-être une affaire un peu plus
grosse, peut-être que mon exemple est mal placé. Je vous
dis...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, je pense que l'exemple est
à retirer dans cette déclaration.
M. Dufour: Peut-être qu'il est trop gros pour ce dont on
parle là. Mais je vous dis que dans ce dossier, il me semble qu'on
aurait pu... Est-ce que l'enquête continue? Est-ce que vous êtes au
courant quand ça pourrait se terminer? Est-ce que vous êtes au
courant de l'évolution du dossier?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais répondre question
par question. La Sûreté du Québec relève du ministre
de la Sécurité publique. J'ai des contacts réguliers avec
le ministre de la Sécurité publique. J'ai demandé à
être informé dès que l'enquête sera terminée.
Au moment où nous nous parlons - je révérifie de
façon qu'il ne l'oublie pas, de façon hebdomadaire - je n'ai pas
été informé que l'enquête était
terminée.
M. Dufour: Ici, j'ai un article en date du 21 octobre 1988. Cela
fait quelque temps: Le ministre des Affaires municipales se dit prêt
à intervenir si des irrégularités sont mises à
jour. Cela, c'est à la suite d'un titre où on dit: La
Sûreté du Québec affirme qu'elle n'a rien découvert
à Saint-Laurent. Vous avez dit à M. André Pépin: On
suit le fait divers de très près. Vous avez ajouté que
vous étiez en communication constante avec le Solliciteur
général. On a même eu le temps de changer...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela a changé, il n'est
plus le Solliciteur général. Il est rendu le ministre de la
Sécurité publique. Je suis encore en communication constante avec
lui, sauf qu'il a changé de titre.
M. Dufour: Mais c'est le suivi qui m'inquiète. Bien
sûr qu'on est en relation constante tous les deux; du moins, il me semble
que oui. Je vous vois régulièrement. On se voit tous les jours,
mais je ne parle pas toujours du problème de Saint-Laurent.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est parce que vous ne m'en
parlez pas. Vous avez une période de questions chaque jour qui est mise
à la disposition de l'Opposition dans le but de faire la lumière,
de renseigner le public sur les importants dossiers d'intérêt
public. Si vous voulez, à chaque période de questions, m'adresser
une question concernant la ville de Saint-Laurent, l'évolution
quotidienne, il me fera plaisir de vous répondre avec la même
transparence qui a toujours caractérisé mes réponses
à la période de questions.
M. Dufour: C'est une question de priorité dans les
dossiers. Je ne pense pas que l'on puisse discuté du cas de
Saint-Laurent tous les jours, à la période de questions. Vous
trouveriez ça exagéré et moi de même. La seule
question que je veux vous poser à ce sujet se rapporte aux
élections. Si les élections ont lieu, vous me dites que la
démocratie va se replacer, que tout le monde sera de bonne humeur.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Généralement, dans
une élection, vous avez des gens qui gagnent et des gens qui perdent
lorsqu'il y a plusieurs candidats. J'ai l'impression que les gens qui vont
gagner risquent d'être plus de bonne humeur que les gens qui vont
perdre.
M. Dufour: Supposons que le dossier n'aboutit pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est une question
théorique que vous me posez. Je pense que j'ai fait le maximum pour
tenter de donner à la population l'occasion de dénouer
elle-même une certaine impasse. Au lendemain de cette tentative, je suis
confiant qu'elle sera fructueuse et, si elle ne l'était pas, je peux
vous assurer qu'il y aura intervention au dossier avec
célérité.
M. Dufour: La non-intervention que vous semblez
privilégier dans le dossier de la ville de Saint-Laurent, est-elle
pareille dans toutes les municipalités du Québec? J'ai
l'impression que la Commission municipale est déjà intervenue
dans des dossiers moins importants que celui-là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez à respecter la
loi, les conseillers de l'Opposition. Au moment où on se parle, les
demandes de tutelle d'enquête changent, dépendant de qui se
retrouve en majorité, à quelle période. Ils ont
écrit récemment à la Commission municipale du
Québec lui demandant de mettre la ville en tutelle, parce ça ne
fonctionnait pas. Pour sa part, la Commission municipale est obligée de
se référer à la loi, à Saint-Laurent comme
ailleurs. La Commission municipale ne pouvait intervenir
proprio motu avant que n'expire un délai de 30 jours, à
compter de la date de la dernière réunion du conseil municipal.
Les mesures appliquées à la ville de Saint-Laurent sont les
mêmes mesures appliquées ailleurs, lorsqu'il y a intervention de
la Commission municipale du Québec.
M. Dufour: Par rapport à tout le brassage qui s'est
passé, même si l'élection réglait des
problèmes, ne demeurez-vous pas avec des points d'interrogation?
Concernant ce qui s'est passé, est-ce que ça se peut qu'il y ait
du monde - selon que The Gazette a le pouvoir ou pas - que c'est bon ou
mauvais, c'est noir ou rouge, parce que ce n'est pas nous? Cela ne me rentre
pas dans l'idée. Il y a une malice que je ne suis pas capable de sauter.
Il y a une barrière que je ne suis pas capable de franchir. Ce n'est pas
parce que je fais quelque chose que c'est parfait et que si l'autre le fait,
c'est foncièrement mal. Cela pourrait être différent et il
pourrait y avoir des choses pas correctes, mais ce n'est pas parce qu'il
s'appelle Pierre ou Jacques - le nom est mal choisi - Albert ou
André...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pierre ou Francis. (12 heures)
M. Dufour:... ce problème-là ne me dérange
pas, ce n'est pas là-dessus que je fais mon intervention, mais je me
dis: II y a tout de même quelque chose dans ce dossier qui dure depuis
trop longtemps et qui a soulevé un paquet d'interrogations. J'ai un
dossier là-dessus. Si j'avais tout ramassé, on aurait pu passer
trois jours là-dessus. On dit: Même si une élection
réglait des choses, il restera toujours que face à la population,
il y a un certain nombre d'interrogations qu'elle n'a pas. Je me pose la
question: Est-ce que le résultat de l'enquête ou l'enquête
elle-même va être rendue publique quand elle sera terminée?
Qu'est-ce qui s'est passé? À ce moment-là, vous avez des
pouvoirs que je n'ai pas, bien sûr, pour faire le lien...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais je n'ai pas le pouvoir
de rendre ou de ne pas rendre publique une enquête de la
Sûreté du Québec. Je pense qu'il s'agit d'une
autorité qui relève du ministre de la Sécurité
publique et la règle générale, si je me souviens - et
là je me réfère à des réponses que donnait
en Chambre l'ex-Solliciteur général, député de
Chicoutimi, Marc-André Bédard - il faut que ce soit vraiment
d'intérêt public pour qu'un rapport policier soit rendu public. Je
sais que chacun des ministres de la Justice ou Solliciteurs
généraux ou ministre de la Sécurité publique, a
toujours appliqué cette règle très
sévèrement. Je vous fait part d'une observation de huit ou neuf
ans de vie politique à l'Assemblée nationale du
Québec.
M. Dufour: II y a des enquêtes qui ont été
demandées par des conseillers. Je suis au courant qu'il y a
d'autres endroits où d'autres conseillers ont demandé des
enquêtes. Le ministère a répondu plus vite. Il y a eu des
enquêtes. Ce n'était peut-être pas public, mais c'est venu
sur la place publique. Je parle d'un cas où des conseillers se sont
plaints de certaines situations et le ministère a agi rapidement.
Il a fait une enquâte rapidement. La Commission municipale s'est
impliquée rapidement, parce que deux ou trois conseillers ont
demandé à ce qu'on le fasse. Dans le cas de la ville de
Saint-Laurent, le maire l'a demandé. Les conseillers l'ont
demandé. Suivant l'humeur du moment, c'est bon, ce n'est pas bon. En
vertu de quel principe cela va-t-il plus vite dans certains endroits que dans
d'autres?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense qu'il n'y a pas de
rapidité accrue ou de lenteur notable d'un dossier à l'autre. Il
s'agit généralement d'éléments, sur le plan de
l'appareil gouvernemental, qui requièrent quand même une certaine
évaluation subjective. Est-ce que la plainte, elle-même,
apparaît comme étant fondée? Est-ce que le dossier
révèle ou contient des éléments de preuve qui sont
autre chose que des témoignages? Est-ce que des documents accompagnent
la plainte? Je pense qu'une appréciation est laissée au service
de vérification du ministère. Mais dans l'ensemble des cas - et
je le dis dans le cas de la ville de Saint-Laurent - il n'y a eu ni
traitement agressif, ni traitement priviléglié, ni traitement
lent. La municipalité a été traitée avec toute
l'attention requise que l'on accorde à l'ensemble de ces
municipalités. Le dossier a été traité -
j'ajouterai, en tout cas, pendant tout le temps que j'ai occupé le poste
- sans aucune coloration politique au niveau provincial.
M. Dufour: On sait quand même que par rapport aux questions
de l'Opposition, par rapport à ce qui s'est passé, il y a
certainement des éléments troublants, c'est le moins qu'on puisse
dire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'y aura pas
d'enquête.
M. Dufour: Donc, des gens sont morts, il y a même eu des
défections de conseillers, parce qu'il y a eu un changement de parti
politique. Il y a eu des condamnations. Des conseillers ont été
démis de leurs fonctions. Même si la division des crimes
économiques ne trouve rien, si on ne trouve rien... Les enquêteurs
recherchent. Ils cherchent longtemps. C'est le moins qu'on puisse dire. Ils ne
finissent pas leur enquête. Ils font une enquête... J'ai
l'impression qu'on a fait tout notre mandat sur l'enquête. Cela va
continuer. Dans mon esprit, c'est un enterrement de première classe. Il
y a toujours bien quelque chose qui se passe. Il y a quelqu'un qui a
peur
quelque part d'aller au fond des choses. Je ne sais pas ce qui se passe.
Il y a des points qui sont troublants. Ce n'est pas possible dans une ville
comme Saint-Laurent. Des conseillers ont été démis de
leurs fonctions par la cour. Ce ne sont pas des gestes faciles. La cour ne
décide pas comme cela: On vous démet de vos fonctions. Cela veut
dire qu'il y a un procès, ça dure pendant de nombreuses
années. Il y a tous ces éléments qui sont revenus à
la surface. Ils ont été discutés. Il y a eu des
commentateurs...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Des observateurs.
M. Dufour:... des observateurs. Tout le monde a vu ce
dossier-là. Cela a fait le tour du Québec. Vous ne me semblez pas
être vraiment impressionné... Vous m'impressionez dans le sens que
vous dites: La démocratie, cela existe, c'est du bien bon monde. Cela va
se remettre sur le bon piton et on va effacer ça, mais le dossier est
plus que ça, d'après moi. Il ne s'agit pas juste de dire: On
efface ça et on recommence. La ville de Saint-Laurent est une ville qui
a un vécu.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je n'ai
pas l'habitude d'interrompre. Je n'ai jamais dit et je le répète
très sérieusement: On efface tout et on recommence. Je vous dis
qu'il se fait présentement des enquêtes de deux corps policiers
et, habituellement, dans les enquêtes de corps policiers, on ne dit pas:
On efface tout et on recommence. Je vous dis qu'il y aura des élections,
que nous suivons le dossier quotidiennement, que l'élection a une
possibilité d'apporter une solution. Est-ce que la solution sera
satisfaisante ou non? Nous l'évaluerons après.
Je vais renverser la question. Il y a une période où vous
sembliez plus chaud ou moins chaud. Cela semble varier. Vous posez des
questions et vous laissez sous-entendre que peut-être vous feriez une
mise en tutelle, que peut-être vous n'en feriez pas, que M. Lorrain n'est
peut-être pas un méchant garçon, que c'est peut-être
un méchant garçon. J'observe tout ça et je dis: Qu'est-ce
que ça ajoute à ma réflexion? Ce dont j'ai besoin pour
ajouter à ma réflexion, c'est que vous possédiez des
éléments concrets. Si vous possédez des faits,
communiquez-les soit aux corps policiers, soit au ministère des Affaires
municipales. On n'a rien à cacher dans ce dossier.
M. Dufour: II fut un temps où il n'y avait pas
d'enquête de police dans ce dossier et on avait vraiment peur d'embarquer
sur ce terrain. On avait posé des questions.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'y avait pas de mort?
M. Dufour: Même celui qui est mort, on avait
déjà posé des questions à l'Assemblée
nationale, il n'était pas mort dans le temps.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez déjà
posé des questions à mon prédécesseur laissant
sous-entendre... Il vous avait répondu j'espère, en vous
rassurant, qu'il y avait peut-être du parti pris politique à
l'égard d'un ancien député de l'Assemblée nationale
qui s'était présenté candidat à la mairie et qui
est aujourd'hui décédé. Aujourd'hui, vous tentez de faire
croire que le gouvernement a changé d'idée, que ce n'est plus
cette partie mais l'autre partie qu'il essaie de protéger. Je vous dirai
qu'on n'essaie de protéger personne. Il y a une enquête
policière qui suit son cours. Ce qu'on tente de protéger, c'est
une saine gestion, une saine administration municipale et la démocratie
municipale. On tente de la protéger et on fait tout pour la
protéger. Quant aux informations qui m'ont été
communiquées et aux décisions que j'ai eu à prendre dans
ce dossier-là, je n'ai senti aucun choix tendancieux de la part de
l'appareil gouvernemental, aucune tentative visant à me cacher des
éléments. Je pense que les éléments qui m'ont
été communiqués, les décisions que j'ai prises et
les messages que j'ai lancés sont, dans les circonstances, les
décisions les plus appropriées.
M. Dufour: M. le ministre, ce que j'essaie de vous...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À moins que vous ayez des
éléments de faits à porter à mon attention - et je
vous dis que je demeure très souple quant à des changements de
position dans ce dossier - je vous dis: À l'heure où l'on se
parle, avec les éléments que j'ai au dossier, ce sont les
décisions que j'ai prises. Maintenant, si dans les minutes qui suivent,
vous avez des éléments nouveaux à me communiquer, je suis
disposé à changer d'opinion.
M. Dufour: Ce que j'essaie de vous dire ou de vous transmettre,
c'est qu'effectivement, par rapport à ce qui se passe à la ville
de Saint-Laurent, les enquêtes en cours et qui continuent ne me semblent
pas des enquêtes où on met beaucoup d'efforts. Cela me semble une
enquête qui va s'éterniser en longueur, pour arriver à un
cul-de-sac où l'on ne trouvera à peu près rien. C'est mon
impression. À ce moment-là, je me dis: Comme ministre des
Affaires municipales, vous pourriez vous assurer que c'est comme ça que
ça se passe, parce que je ne pense pas que l'enquête va aboutir
rapidement ou entraîner une conclusion. Personnellement, je peux dire
qu'on n'a pas mis d'effort dans cette enquête. C'est ma perception que
l'enquête qui est en cours actuellement...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous dites que votre perception,
c'est que les policiers de la Communauté urbaine de Montréal et
les policiers de la Sûreté du Québec ne mettent pas
d'effort sur le dossier de la ville de Saint-Laurent.
M. Dufour: Non, ils ne mettent pas beaucoup de temps. C'est
facile à comprendre. S'ils avaient voulu en mettre, il y aurait
certainement eu des résultats. Je ne dis pas qu'il y a eu des ordres de
ne pas aller vite.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Deux corps policiers.
M. Dufour: Non, non, mais on sait comment cela fonctionne.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sont-ils de connivence?
M. Dufour: Je ne le sais pas. Je regarde comment ça se
passe dans un corps policier. Ils n'ont pas mis des enquêteurs à
temps plein là-dessus et ils ne leur ont pas dit: II faut que vous
trouviez la réponse. Ils font ça quand ils ont du temps à
travers autre chose. C'est peut-être normal, mais je dis qu'il aurait pu
se produire quelque chose si on avait été vraiment soucieux
d'avoir des réponses. À ce moment-là, il y a moyen de
dire: Cette enquête doit progresser. Il faut que vous nous donniez des
résultats ou que vous fonctionniez. C'est comme cela que ça se
passe partout. Je ne vois pas... Je n'invente rien en disant ça. Un
policier a non seulement un vol à résoudre; il a toute la
panoplie de ce qui se passe dans une journée. Il y a aussi les
enquêtes. Un enquêteur, en règle générale,
n'occupe pas tout son temps à la même enquête. Il travaille
à une enquête, puis à une autre. Il fait ses enquêtes
parallèlement. Comme nous, nous ne gérons pas seulement un
dossier à la fois. On peut avoir trois ou quatre dossiers en même
temps et on accorde la priorité à quelques-uns. La
priorité, pour moi, n'a pas été mise. C'est ce qui
explique que ça ne va pas vite.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On a toujours eu un dialogue franc
et ouvert. Au moment où nous nous parlons, est-ce que vous reprochez au
ministère des Affaires municipales son inaction dans ce dossier?
M. Dufour: Moi, je pense...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis très sincère
avec vous. Est-ce que vous avez des reproches, à partir de faits que
vous connaissez et que je ne connais pas, tel que: le ministère aurait
dû, à une période x, pendant que telle équipe
était au pouvoir plutôt que telle autre, mettre la ville en
tutelle?
M. Dufour: Indépendamment de l'équipe - je vous le
dis, j'étais pris entre deux feux - cela n'a pas d'importance que ce
soit une ou l'autre équipe.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord. M. Dufour:
C'était une question...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On peut s'entendre
là-dessus?
M. Dufour: Je vous le dis bien honnêtement. J'étais
malheureux que le maire de la ville de Saint-Laurent, que je connais bien,
subisse des assauts comme cela. Personnellement, je ne crois pas que
c'était mérité ou justifié. Je peux bien me tromper
dans mon raisonnement ou dans mon jugement. Je pense que c'est un gars correct.
Je pense que la ville de Saint-Laurent, en règle générale,
est une ville qui a eu une conduite normale. Mais qu'il se produise des
phénomènes comme cela, ça n'a pas de bon sens. Quand j'ai
vu que c'était renversé de l'autre côté, je n'ai pas
trouvé ça plus intelligent. Cela ne marche plus du tout, cette
affaire-là. C'est le reproche que je fais là-dessus. Le message
du ministère des Affaires municipales n'a pas été clair au
moment où il aurait dû l'être. Si le ministère
s'était intéressé tout de suite au dossier...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Troisième
enquête?
M. Dufour: Même avant que les enquêtes ne
débutent. Au départ, il y a eu des enquêtes
demandées avant que la division des crimes économiques embarque
là-dedans.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous me dites que le
ministère des Affaires municipales aurait dû mettre la
municipalité en tutelle avant le début des enquêtes
policières?
M. Dufour: Vis-à-vis de l'ensemble des plaintes, ils
auraient dû pousser un peu plus à fond leur enquête. Vous
regarderez ce qui s'est fait à se sujet. On fait des enquêtes.
Mais cela me semblait...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À la demande du ministre
des Affaires municipales de l'époque, il y a eu...
M. Dufour: Cela me semblait très superficiel comme
enquête et comme résultat. Et les demandes, aussi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah bon!
M. Dufour: C'est sûr que lorsque vous demandez...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que vous
me dites, c'est que la Sûreté du Québec ne fait pas
son travail. La communauté urbaine ne fait pas son travail sur le plan
policier.
M. Dufour: Je ne dis pas que ces gens ne font pas leur
travail.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La vérification
effectuée par...
M. Dufour: Je vais nuancer. Je ne dis pas qu'ils ne font pas leur
travail. Je dis qu'ils ne mettent pas d'efforts spéciaux pour arriver
à des conclusions.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous me dites également que
le ministère des Affaires municipales n'a pas le...
M. Dufour: C'est évident. Je l'ai dit au départ et
je le maintiens. C'est clair comme de l'eau de roche. Il y avait
peut-être des gens qui n'avaient pas intérêt à ce que
cela aille vite non plus. Je vous le dis, dans ce dossier, il y a des choses
qui ne se sont pas passées et qui auraient dû se passer. C'est
clair, je le dis. Je ne fais pas de restriction à ce sujet. Certaines
choses auraient dû se faire. J'ai fait des reproches. On a eu des
discussions à ce sujet. J'ai dit ce que j'avais à dire. Vous
n'avez qu'à regarder et vous allez certainement trouver. Cela a des
avantages et des défauts. On n'utilise peut-être pas toujours les
paroles de l'évangile. Mais on peut le retrouver à travers les
échanges. À ce moment-là, j'ai reproché quelquefois
à l'ex-ministre des Affaires municipales, votre
prédécesseur, de ne pas prendre suffisamment à coeur ce
qui se passait sur le terrain. Cela donne des situations aberrantes et qui ont
des effets multiplicateurs. Si c'est amusant que les gens se chicanent sur la
place publique et se lancent de la boue...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous étiez
d'accord avec mon prédécesseur lorsqu'il a demandé une
vérification?
M. Dufour: C'était rendu trop loin. C'est avant cela. On
n'essaie pas de redresser un arbre quand il a 40 ans. On le fait quand il est
jeune.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous reculez trop, on va tomber
sous l'ancien gouvernement.
M. Dufour: Pas besoin d'aller si loin que ça. Le
problème, ce n'était pas dans l'ancien gouvernement. Ce n'est pas
un problème de gouvernement actuel. C'est une action qui se passe dans
le temps, directement dans le domaine municipal. C'est le rôle du
ministre de regarder et d'agir comme arbitre et protecteur, défenseur,
mais aussi comme représentant de l'actualité. (12 h 15)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'en conclus que vous n'êtes
pas satisfait des agissements des policiers, ni des ministères
gouvernementaux jusqu'à tout récemment. Je vous dirai qu'à
titre de ministre des Affaires municipales - à moins que vous ayez des
informations additionnelles et je vous invite à me les communiquer ou,
si vous vous sentez plus à l'aise de les communiquer aux corps
policiers, faites-le - au moment où nous nous parlons, à deux
semaines d'un vote dans la municipalité, qui peut garantir deux
éléments de fonctionnement, soit une majorité de quelque
côté qu'elle soit, avec un quorum, je pense que sur le plan de la
vie démocratique, la population a le droit de s'exprimer et que ce
droit-là m'est cher.
Je ne suis pas d'accord quand vous prétendez que je dis que le
fait qu'il y ait une possibilité de dénouement en ce qui a trait
au fonctionnement de la municipalité, grâce à la
démocratie municipale, en même temps, cela efface tout le
passé. Je ne pense pas que cela efface le passé si des
irrégularités ont été commises dans le
passé. Ces irrégularités doivent être
sanctionnées. Quel est le meilleur moyen, la meilleure façon de
mettre à jour ces irrégularités? On vous dit que,
présentement, il y a deux enquêtes policières. Vous nous
dites que les enquêtes policières, cela ne vaut rien, que la
vérification du ministère des Affaires municipales, cela ne vaut
rien. Voulez-vous qu'on l'effectue nous-mêmes, et l'Opposition et le
ministre? Moi, je suis intéressé tout comme vous à ce que
la lumière soit faite au sujet des événements qui ont
donné lieu à de la perturbation dans la vie municipale de
Saint-Laurent. Il est important de le faire et il y a des conclusions à
tirer de cela, autant pour le ministère des Affaires municipales que
pour la population en général. Mais de là à
condamner tout le monde qui a touché au dossier avant que je n'arrive,
j'ai des réserves. De là à poser des gestes qui pourraient
justement compromettre cette autonomie municipale pour laquelle on se bat si
souvent en commission parlementaire, la démocratie municipale qui se
doit de renaître à la ville de Saint-Laurent, je trouve qu'il ne
faut pas commettre d'exagérations ni dans un sens ni dans l'autre et
qu'il faut choisir la mesure équilibrée. La mesure
équilibrée, c'est de donner une chance à la
démocratie municipale. La mesure équilibrée c'est de
s'assurer que, tout en donnant une chance à la démocratie
municipale, si des irrégularités ont été commises
par qui que ce soit, ces irrégularités doivent être
sanctionnées. Je ne peux pas voir de quelle autre façon un
ministre des Affaires municipales, soi-disant responsable, peut agir dans le
dossier.
M. Dufour: Je vais donner mon idée exacte par rapport aux
enquêtes qui se font. Par rapport aux corps policiers, il y a une
enquête qui est en marche. Les enquêtes, quelles qu'elles soient,
selon le temps et la volonté qu'on a de régler des dossiers, on
va leur consacrer les
ressources nécessaires dans ce but-là. Ce qui se passe
dans l'enquête de la ville de Saint-Laurent, au point de vue des crimes
économiques - comme dans les autres enquêtes et comme dans
n'importe quelle enquête - c'est qu'il arrive rarement, à moins de
cas extrêmes, que l'on y affecte des ressources complètes
directement à ces enquêtes. Cela se fait
régulièrement. Vous savez bien que, selon les cas, selon la
personne qui va juger, si un des supérieurs donne l'ordre que
l'enquête doit se poursuivre et qu'il est important qu'elle se fasse, si
on laisse faire les autres enquêtes et qu'on consacre plus d'efforts
à celle-là, elle va aller plus vite. Il y a beaucoup de vols qui
restent insolubles, pour lesquels on ne trouvera pas de solution - et c'est
peut-être normal - parce que, entre une bicyclette qui a
été volée et quelqu'un qui dit: J'ai fait voler ma
bicyclette par rapport à quelqu'un d'autre qui aurait subi une
agression, je pense qu'il faut consacrer plus d'efforts à essayer de
trouver le coupable de l'agression...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On a plus que l'agression dans les
domiciles...
M. Dufour: ...la bicyclette qui a été
volée.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...on a une mort violente, on a
plus qu'une agression.
M. Dufour: Avez-vous l'assurance qu'il y a des gens qui
travaillent seulement sur cette enquête et à temps plein?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez, M. le
député, je vous dirai que le fait que des enquêtes en cours
soient sur la place publique, je ne suis pas certain que cela aide les
enquêteurs, le fait que ce soit connu.
M. Dufour: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous me demandez de vous donner
le nom des enquêteurs, les moments où ils ont
vérifié et les moments où ils vont aller vérifier,
je n'ai pas l'impression que je vais aider l'enquêteur, ni
l'enquête. Je n'ai pas ces renseignements, il m'est impossible de vous
les donner. Je pense qu'on n'aurait pas avantage à placer ces
éléments-là sur la place publique, à informer les
gens en disant: Voici, on enquête sur telle personne; tel mandat sera
exercé telle journée; voici notre plan d'enquête. J'ai
l'impression que c'est peut-être plus spectaculaire, mais sur le plan des
résultats, cela donne certainement un petit peu moins de garantie.
M. Dufour: Où il y a mort d'homme, je pense que c'est
suffisamment spectaculaire pour que la Sûreté travaille
là-dessus.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, c'est la communauté
urbaine.
M. Dufour: Vous avez juste à regarder la
télévision et vous voyez tout ça. Dès qu'il y a un
mort et tout ça, les policiers sont bien actifs. Je trouve ça
correct. Cela, c'est gros.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a, dans le dossier de la
ville de Saint-Laurent, des allégations de liens avec la mort violente
d'un individu, et la police de la communauté urbaine enquête. Je
pense que dans le cas - comme vous le mentionnez - d'une mort violente, elle
doit y mettre la priorité. Maintenant, ne me demandez pas de vous
énumérer les gestes qu'elle a posés; je ne le sais
pas.
M. Dufour: Dans les cas de spéculation et tout ça,
il y a aussi une enquête qui est en cours.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela relève... Est-ce qu'il
y a un lien entre la mort violente et la spéculation? Est-ce que la
division des crimes économiques enquête sur telle transaction
immobilière, sur tel geste administratif? Ce dont on m'a informé
en tant que ministre des Affaires municipales, c'est qu'il y avait deux
enquêtes policières qui étaient en cours, qui
étaient reliées aux dénonciations publiques et, sans
doute, à certaines dénonciations privées qui ont
été faites concernant certains agissements à la ville de
Saint-Laurent.
M. Dufour: D'après ce qu'on dit ou d'après ce qui
se passe, vous ne semblez pas être au courant si cela a
évolué ou non. L'enquête est là.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que le...
M. Dufour: Les crimes économiques, je pensais que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...ministre de la
Sécurité publique manquerait à son devoir de
confidentialité s'il m'informait d'autres éléments que
ceux que je lui ai demandé de me transmettre, c'est-à-dire de
m'informer dès le moment où l'enquête de la division des
crimes économiques aura été complétée. Nous
maintenons également des contacts, par le biais du cabinet, avec la
police de la communauté urbaine, quant à l'autre enquête,
et s'il y avait des éléments qu'ils se sentaient à l'aise,
selon leur mandat, leur discrétion, de nous communiquer, qui pourraient
nous inciter, au ministère des Affaires municipales, à poser
certains gestes, nous les avons poliment invités à le
faire.
Maintenant, je vais faire part de vos propos au corps policier
concerné en lui disant que l'Opposition s'inquiète de la
qualité du travail accompli. Sans doute qu'il y portera toute
l'attention que cela mérite.
M. Dufour: II va probablement dire que, s'il avait plus de
ressources, il marcherait plus vite. C'est clair comme de l'eau de roche,
voyons. Cela ne m'énerve pas. J'ai bien vu... En tout cas, je vous le
dis bien honnêtement et directement, cela ne me dérange pas du
tout de le dire: C'est clair que, dans la question des crimes
économiques, concernant la spéculation de terrains, cela ne prend
pas dix ans à aller chercher des réponses. Les
spécialistes devraient trouver des réponses quelque part.
Quant a la question du meurtre, c'est une autre histoire. Je ne suis pas
un spécialiste là-dedans. Mais c'est peut-être plus
difficile à trouver parce que, quand il y a des transactions, on peut
les voir, tandis que la mort, il se fait tuer, c'est au moment où cela
se passe.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je veux vous indiquer que le Code
criminel n'interdit pas la spéculation immobilière. Il faut
chercher des irrégularités, des situations qui sont
défendues par les lois et les règlements, des gestes qui auraient
été commis en contravention à certaines lois et certains
règlements, mais la spéculation immobilière fait partie
des activités quotidiennes et courantes, non seulement, j'imagine,
à la ville de Saint-Laurent, mais dans l'ensemble des 1500
municipalités du Québec. Il y a des gestes qui sont
défendus lorsque vous occupez des charges publiques; il y a des codes
d'éthique à suivre; il y a des sanctions à apportor
lorsqu'on contrevient à ces éléments, mais le simple fait
qu'il y ait spéculation foncière ne fait pas d'un individu un
criminel.
M. Dufour: Non, mais après un an et demi ou deux ans, et
ça fait une couple d'années que cela dure et qu'il n'y a pas
matière, il n'y a pas matière. Oisons-le une fois pour toutes.
Là, on ne le dit pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Là-dessus, je partage votre
point de vue, M. le député. Je trouve que plus longtemps on
laisse traîner... Il y a des noms qui ont été
mentionnés publiquement. Si ces gens doivent être mis en
accusation, qu'ils le soient et, s'ils ne doivent pas être mis en
accusation, qu'on le sache également. Je pense que ce n'est pas sain
pour personne que cela traîne.
M. Dufour: C'est clair. Cela nous amène toujours à
la case de départ. Comme ministre des Affaires municipales, lorsqu'il y
a des problèmes qui sont soulevés concernant les
municipalités, qu'il y a des fondements, que cela s'avère
sérieux, je pense qu'on ne doit pas les écarter du revers de la
main. Quels que soient les cas qui sont soulevés, il faut que le message
soit clair par rapport à ça. L'arène politique n'est pas
une arène de lutte. On peut bien la comparer à du sport, à
une lutte ou du "colletaillage", mais ce n'est pas nécessairement et
obligatoirement une bataille de rue. Il y a moyen de civiliser ça.
Je pense qu'au point de vue municipal, en tout cas, en règle
générale, dans les 1500 municipalités, cela se passe
normalement d'une façon correcte. Donc, s'il y a des cas où cela
n'a pas d'allure et où cela ne tient pas debout, je pense que vous avez
les moyens de vous assurer...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Certains moyens.
M. Dufour: II y a des normes. Même dans les combats de
boxe, il y a des règles; même dans la guerre, il y a des
règles. On ne peut pas dire n'importe quoi. Si une guerre se
déclare demain matin, on ne tirera pas à coups de bombes
atomiques comme ça. On se parle quand même, quand il y a des
guerres. Puis, là, quand on ne peut pas déconnecter...
Québec est grand, mais on peut toujours voir un peu plus ce qui se
passe. Moi, je vous dis que, dans le cas de la ville de Saint-Laurent, on avait
soulevé des problèmes au départ. On avait l'impression
qu'il aurait pu y avoir des enquêtes de déclenchées
immédiatement par le ministère. Cela aurait pu être par le
biais de mise en tutelle, et cela pourrait aller plus loin, mais il y a aussi
d'autres façons de s'assurer, avant de poser des gestes comme ça,
de la façon dont ça fonctionne, parce que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous dirais...
M. Dufour: ...j'ai eu connaissance que des officiers du
ministère sont allés dans des endroits, dans des
municipalités, poser des questions. Ils ont accès à un
certain nombre de documents; ils ont accès à des sources
d'information. Je pense bien que ça ne prend pas toujours le certificat
d'enquête pour poser des questions à quelqu'un.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais je vous dirais que, dans
le cas des moyens législatifs qu'on veut se donner, on veut en ajouter.
Je vous ai mentionné tantôt qu'on voulait avoir la
possibilité, sur le plan de la Commission municipale du Québec,
de mener des enquêtes sans être obligés de mettre sous
tutelle. On veut se donner des moyens additionnels, peut-être parce qu'on
apprend de nos expériences. Mais je pense que le message qui doit
être clairement établi devant cette commission est que, dans le
cas de la ville de Saint-Laurent, le ministère des Affaires municipales,
comme la population locale, comme l'Opposition, a tout intérêt
à ce que toute la lumière soit faite sur l'ensemble des
événements et qu'on a également tout intérêt
à ce que la vie démocratique puisse s'exercer de façon
saine le plus rapidement possible dans
cette municipalité. Mon message à l'intention de la
population de la ville de Saint-Laurent au moment où nous nous parions,
c'est qu'il n'est pas question pour le gouvernement d'oublier le passé.
Tout sera vérifié. S'il y a des gestes à poser, ils seront
posés; s'il y a des accusations à porter, elles seront
portées. Maintenant, quant à la participation à la vie
démocratique, les élections étant le 30 avril, plus la
participation sera importante, plus le message sera clair.
M. Dufour: On va continuer à suivre le dossier, même
si c'est d'un peu plus loin, mais on ne le laissera pas tomber, parce que je
trouve que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous incite à vous en
rapprocher plutôt qu'à vous en éloigner.
M. Dufour: Voilà! Il y a beaucoup de municipalités
qui demandent des enquêtes, on voit ça souvent dans les journaux:
À Bostonnais, trois conseillers veulent une enquête; la Commission
municipale du Québec se prononce sur le programme d'aide à la
reconstruction; le conseil de Morin-Heights demande une enquête de la
Commission municipale; à Orford, 22 dérogations aux lois
municipales; sept irrégularités sont reprochées à
l'administration de Saint-Barnabe; la Commission municipale tiendra une
enquête - cela fait longtemps - à Saint-Lambert; rien ne va plus
au conseil de Sainte-Croix.
Ce n'est pas exhaustif, il y en a sûrement d'autres, mais, par
rapport à tout ça, comment s'effectue le suivi de ça?
Est-ce que vous donnez tout le temps des réponses? Si, par exemple,
quelqu'un dit: On va demander qu'il y ait une enquête - puis des fois
c'est juste pour le "fun" qu'ils font ça, ce ne sont que des questions
de...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Perception politique.
M. Dufour: C'est ça, c'est une façon d'avoir un
petit article dans le journal. Est-ce que le ministère répond
à chaque fois? Et, dans sa façon de répondre, est-ce que
le public est au courant de ce qui se passe? Je n'ai pas tout le temps les
réponses des ministères, mais comment procède-t-on dans
ces cas? Les conseillers font des plaintes... (12 h 30)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On procède cas par cas. On
tente d'avoir un système uniformisé, mais aucun cas n'est
traité comme l'autre. Vous l'avez mentionné, il y a des plaintes
qui sont là à des fins publicitaires, politiques et il y a
d'autres plaintes qui sont fondées.
Le ministère, lorsqu'il est saisi d'une plainte, fait
généralement une vérification sommaire de la plainte. Si
cela s'arrête là, cela s'arrête là. Si, après
la vérification sommaire, on se rend compte qu'il y a des
éléments de vérifi- cation plus prononcés, nous
vérifions de façon plus prononcée. Dans certains cas, le
ministère est d'avis qu'une simple réprimande peut être
adressée à la municipalité; une simple
réprimande est alors adressée. On peut également, si le
cas est plus sérieux, plus grave, en réféfer à la
Commission municipale du Québec, avec les conséquences que vous
connaissez. Lorsque le dossier, à la suite d'une vérification,
nous apparaît relever des éléments de preuve qui
nous apparaissent inquiétants au point d'être incriminants, nous
référons le dossier au ministère de la Justice.
M. Dufour: Est-ce qu'actuellement, la Commission municipale a
entrepris des enquêtes sans la demande du ministre des Affaires
municipales?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. M. Dufour: Au cours de la
dernière année?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Saint-Lambert.
M. Dufour: C'est à la Commission municipale comme telle.
Est-ce que les rapports que la Commission municipale produit alors vont au
ministère des Affaires municipales?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Au ministre. M. Dufour: Au
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Parce que la commission ne
relève pas du ministère sur le plan des réponses à
apporter à l'Assemblée nationale du Québec. La commission
est indépendante dans ses fonctions quasi judiciaires, mais elle
relève, sur le plan de l'appareil ici, du ministre des Affaires
municipales.
M. Dufour: Oui, mais les recommandations que la Commission
municipale produit, à ce moment-là, sont-elles publiques, si
c'est amorcé par la Commission municipale?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si c'est un élément
qui est public, qui fait l'objet d'une enquête publique, habituellement
c'est public. Mais il y a des actions qui demeurent à caractère
plus privé.
M. Dufour: Actuellement, c'est la seule enquête qui est en
cours par rapport à la Commission municipale? Cela ne veut pas dire par
rapport au ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous comprenez toute l'autonomie
dont jouit la Commission municipale. Je m'enquiers s'il y a d'autres
enquêtes en cours.
Non, présentement, on me dit qu'il n'y pas
d'autre chose. Vous avez eu, à Québec, le dossier PIRSIA
qui a fait l'objet, à la demande du ministre des Affaires
municipales d'une enquête de la Commission municipale du
Québec.
M. Dufour: Actuellement, est-ce qu'il y a beaucoup de
municipalités en tutelle?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. On a la liste. En tutelle
financière, vous avez Gagnon et Schefferville. Maintenant, il y a des
endroits où il n'y a pas les quorums nécessaires au
fonctionnement. On a une liste.
Vous avez des administrations par la Commission municipale du
Québec, lorsqu'il n'y a pas de conseil municipal finalement, dans les
endroits suivants, au moment où nous nous parions, et cela fluctue
rapidement, parce que cela revient vite des fois: Lacolle, qui est un cas tout
à fait récent; Caniapiscau; Sainte-Monique; Saint-Thomas-d'Aquin
et Schefferville.
M. Dufour: Cela va. Je prends note que vous avez l'intention de
présenter une législation concernant le pouvoir de la Commission
municipale du Québec qui pourrait intervenir sans qu'il y ait mise sous
tutelle. Cela répond au problème qui avait été
soulevé, dans une municipalité dont je me souviens bien. Le
ministre doit s'en souvenir aussi. Il s'agit de Bromont. À un moment
donné, la Commission municipale s'est demandé: Est-ce qu'on va
perdre notre pouvoir de surveillance? On voudrait surveiller. On ne veut pas la
garder en tutelle. Je me souviens que cela posait une certaine
difficulté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que l'avenir donne raison
à mon prédécesseur, l'actuel ministre de la Main-d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu qui avait, malgré certains
tollés de l'Opposition, choisi de lever cette tutelle. Je pense que les
événements des dernières années et des derniers
mois donnent raison, encore. une fois dans ce cas-là, à la
sagesse gouvernementale exprimée par la voie ministérielle.
M. Dufour: Cela ne m'impressionne pas du tout. Je vais vous le
dire bien carrément et je serais prêt à
répéter les discours que j'ai tenus à ce moment-là
dans les mêmes circonstances. Si, demain matin, Sept-îles
commençait à prendre des décisions en fonction d'Alumax,
de ce qui a été annoncé, je dirais que c'est fou raide. Ce
n'est pas comme cela que ça se passe dans la vie. Une
municipalité, ce n'est pas une loto. Tant mieux si Hyundai s'est
réalisée. Tant mieux. On est heureux, on souscrit à cela
100 %. Tant mieux si la ville va bien. On dit: Au moment où cela se
fait, le message qui est donné c'est que vous n'avez qu'à vous
présenter avec la promesse que quelqu'un va s'installer chez vous, qu'il
va apporter des revenus, que tout sera réglé et que tout sera
correct. C'est ce qu'on disait.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le message que j'ai tenté
de vous transmettre c'est qu'au moment où la décision de lever la
tutelle a été rendue par celui qui m'a
précédé comme ministre des Affaires municipales, il
s'agissait, encore une fois, d'une de ces décisions sages et
appropriées, encore une fois critiquée par l'Opposition.
M. Dufour: En tout cas, votre héritage n'est pas
reluisant. Hier, la passe d'armes que vous avez eue à l'Assemblée
nationale était due un peu à cela. Il y en aura peut-être
d'autres, on ne sait jamais.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce qu'il y a un lien entre les
questions à l'Assemblée nationale d'hier et...
M. Dufour: Non, c'est parce que vous me parlez des bonnes actions
de votre prédécesseur. Je ne suis pas obligé de les
prendre globalement. Qu'il y en ait une qui se soit avérée...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est toujours la moyenne qui
compte et il s'agit, comme les autres membres du gouvernement, qu'il soit de
moyenne supérieure.
M. Dufour: En tout cas pour la SAO, je m'aperçois que cela
a cheminé, même par rapport au gouvernement, par rapport à
ce qu'il nous disait, à ce dont il nous informait ou à ce dont il
se gargarisait. Je pourrais vous en nommer d'autres où il a dit:
Construction, pas de problème; c'est nous qui régions cela. Elle
va diminuer cette année, cela sera de sa faute à lui, j'imagine.
Je ne voudrais pas lui faire son procès.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'y a pas de perspective de
diminution de la construction au Québec, cette année. Je ne sais
pas d'où le député tire ses conclusions. Il y a des
changements de secteurs d'activité. La construction domiciliaire est
légèrement à la baisse et la construction industrielle et
commerciale est légèrement à la hausse. Le taux
d'activité prévu par le Bureau de la statistique, par la
Commission de la construction et les observateurs annonce que le niveau de
construction devrait être très satisfaisant cette année. Je
pense que le plus grand danger qui règne présentement, c'est
toute la question des négociations, comme à tous les deux
ans.
L'avenir de Schefferville
M. Dufour: Je pense qu'on a eu l'occasion de discuter avec
l'ex-ministre des Affaires municipales à quelques reprises. On ne fera
pas son procès, il n'est pas là. Je n'en souffre pas pour le
moment. Je ne suis pas du tout mal à l'aise. J'ai l'impression que les
gens de la commission ne sont pas malheureux non plus. Je
pense que, dans les discussions que nous avons, de temps en temps, et
même souvent, on peut faire avancer des dossiers. J'ai compris mon
rôle comme cela. C'était plus difficile avant; cela ne veut pas
dire que cela n'avançait pas, mais c'était un peu difficile.
Vous avez parlé tout à l'heure de Scheffer-ville. La loi a
été adoptée à la fin de juin 1986 concernant la
fermeture. Est-ce qu'il va vraiment y avoir fermeture de Schefferville?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que le ministère
des Affaires municipales a toujours été clair quant à
l'avenir de Schefferville. Je pense que le ministère des Affaires
municipales a toujours très clairement indiqué qu'il y aurait un
resserrement du tissu urbain à Schefferville. Au moment où nous
nous parlons, les négociations menées jusqu'à
présent nous indiquent que ce resserrement est en train de se
matérialiser. Il s'agit d'une opération très difficile.
Vous avez des intérêts divergents et des intérêts
puissants qui sont en présence, mais nous demeurons confiants qu'avec la
collaboration de tous les intervenants, y compris celle du député
de Duplessis, nous en arriverons à l'objectif partagé par
l'ensemble des observateurs avertis, soit un resserrement du tissu urbain qui
réponde aux aspirations des différentes communautés qui
ont décidé de demeurer à Schefferville.
M. Dufour: Je ne veux pas reprendre le ministre dans ces propos.
Quant à moi, pour avoir participé à cette commission
parlementaire qui a duré quelque neuf jours, c'était bien la loi
pour la fermeture de Schefferville. Ce n'était pas la loi du
resserrement du tissu urbain. On disait qu'on administrait un remède de
cheval à quelqu'un qui pouvait vivre encore. Ce qu'on prétendait
dans le temps, et là vous allez dire que votre
prédécesseur est supposé avoir eu une vision - on lui a
dit et répété à satiété - c'est qu'il
ne réussirait pas à fermer Schefferville, parce qu'il y avait
trop d'éléments qui l'en empêchaient. Effectivement, par
l'article 1 de la Loi concernant la ville de Schefferville, du 19 juin 1986, la
ville de Schefferville cesse d'exister...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est un changement de statut
juridique à ce moment-là.
M. Dufour: ...à compter de la date
déterminée par le gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais, il y a une nuance. Il
faudrait aller chercher les notes explicatives.
M. Dufour: En fait, il n'y en avait pas, je pense, de notes
explicatives là-dessus.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense qu'il faut comprendre
tout l'élément de modifica-
tion.
M. Dufour: Je pense, oui c'est vrai qu'il n'y a pas de... On
continue à dire ou à affirmer qu'il n'y aura pas de fermeture de
Schefferville. Quant au remède qu'on a voulu appliquer, je me pose des
questions. Je me demande si toute l'opération qui a été
menée autour de ça n'a pas été, en grande partie,
de la mise en scène. C'était en début de mandat.
C'était peut-être bien de le faire comme ça. En tout cas,
vous en jugerez par vous-même. Je ne me prononce pas sur la façon
ou je me prononce sur la façon dont cela a été fait. Ce
fut une période difficile pour ces gens-là. Je voulais surtout
vous demander où en est rendu ce dossier. Comment fonctionne-t-il? Hier,
j'ai compris qu'il y a eu une discussion à l'Assemblée
nationale.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, un de vos collègues
s'est emparé d'un de vos dossiers.
M. Dufour: J'ai assisté au débat. J'ai
trouvé ça intéressant. On ne s'est emparé de rien;
on travaille en équipe. À l'Opposition, on travaille en
équipe. Je suis un homme d'équipe. Par rapport à
ça, je voulais vous demander où est rendu ce dossier, comment
cela fonctionnne et quel est l'état d'avancement du dossier. Que ce soit
pour du resserrement ou de la disparition, j'aimerais connaître
l'état de la situation.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense qu'à un moment
donné, dans ce dossier, nous avons constaté que pour aller plus
loin, il fallait absolument en arriver à une entente avec les Indiens.
Je pense que tant que...
M. Dufour: Une entente avec...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les Indiens.
M. Dufour: Oui, mais en 1986, il en était question de
ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais il y a des
négociations. En 1986, il en était peut-être question, mais
sur le plan des délimitations de territoire, la négociation s'est
poursuivie jusqu'au palier ministériel et les Indiens négocient,
par tradition, de ministre à chef de bande. C'est la façon dont
cela a procédé. J'ai obtenu une entente de principe, il y
a à peu près un mois, dans ce dossier, sur le plan des
territoires avec les Indiens.
M. Dufour: Est-ce que le fédéral participe à
ces négociations?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non.
M. Dufour: Est-ce que le fédéral s'est
prononcé concernant les équipements majeurs, tel l'hôpital?
Parce que dans ce temps-là, le ministre
nous disait - il était dans un état euphorique, j'imagine
- qu'il allait s'arranger avec le fédéral. Il avait
distribué tous les dons. (12 h 45)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À partir du moment
où vous avez une entente sur la délimitation des territoires
à occuper entre le gouvernement du Québec et les chefs indiens,
je ne pense pas que ça pose de problèmes pratiques pour le
gouvernement fédéral. Maintenant, quant à la nature ou
à l'état des équipements comme tels qui sont sur place,
nous avons ouvert comme gouvernement québécois une
possibilité dans le domaine de l'habitation. Les Indiens étaient
d'abord et avant tout préoccupés par leur qualité de vie.
Ils ne peuvent passer une autre année sur la partie des territoires
qu'ils occupent présentement. C'est une question de santé
publique, de salubrité de base. Au moment où nous nous parlons,
il y a des officiers du ministère des Affaires municipales qui
sont sur place, de façon à vérifier l'état des
propriétés sur le territoire que nous réservons aux
Indiens, et pour que les décisions appropriées soient prises si
les propriétés - c'est fait conjointement avec le gouvernement
fédéral, le gouvernement provincial et les Indiens, ça se
produit au moment où l'on se parle - sont habitables, suffisamment
regroupées pour qu'on puisse y acheminer des services et que ce soit
fait, sinon que ce soit démoli le plus rapidement possible. Nous avons
l'intention, et c'est également une intention partagée par les
Indiens, au cours de la période estivale, qui est plus courte
là-bas que par ici, de tout terminer. Nous avons, je tiens à le
souligner, obtenu une collaboration qui nous faisait défaut et qui nous
était essentielle, il y a un mois.
M. Dufour: En ce qui concerne les négociations avec les
résidents de Schefferville sur la valeur de leur
propriété, est-ce que ce dossier est réglé au
complet ou s'il y a encore des échanges, de part et d'autre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II est très avancé.
On m'indique que le processus d'acquisition de gré à gré
est pratiquement terminé. On estime qu'à la lumière des
acquisitions effectuées, que 206 personnes demeureront à
Schefferville, soit 189 Blancs et 17 autochtones.
M. Dufour: Donc, ça justifie le resserrement du tissu
urbain?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les objectifs visés, quant
au resserrement du tissu urbain, vont, selon toute probabilité,
être atteints.
M. Dufour: Schefferville va continuer d'exister?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Dufour: Est-ce que, concernant cette loi qu'on a,
adoptée, on va garder une épée de Damoclès
au-dessus de cette partie du territoire du Québec? Parce que tel que
libellé...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. J'ai vérifié si
on avait besoin d'amendements législatifs pour nous permettre de
poursuivre notre travail de resserrement du tissu urbain, et le contentieux m'a
avisé que divers éléments législatifs, contenus
dans le projet de loi que vous connaissez, nous permettent les marges de
manoeuvre nécessaires pour réaliser le resserrement du tissu
urbain à Shefferville.
M. Dufour: Une fois ce resserrement urbain terminé, est-ce
que la municipalité va reprendre vie? Est-ce qu'elle va continuer
à fonctionner? C'est une tutelle, ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous traverserons la
rivière lorsque nous y serons arrivés. Le projet de loi,
actuellement, nous permet d'effectuer les opérations que nous
effectuons. Lorsque nous aurons terminé cette étape plus
qu'importante, si nous avons besoin d'autorité législative, nous
requerrons de l'Assemblée nationale du Québec les amendements
législatifs nécessaires, amendements auxquels vous souscrirez,
sans doute, comme à l'habitude.
M. Dufour: Surtout dans le sens qu'on peut dire que la vision de
l'Opposition était plus claire que la position gouvernementale, au
moment où cette loi a été adoptée.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez peut-être des
éléments du dossier que vous ne possédiez pas, à ce
moment-là.
M. Dufour: Non, je pense que au cours des neuf jours, on a dit
pas mal d'affaires. D'ailleurs, on a réussi à trouver surtout des
choses sur lesquelles l'Opposition du temps - qui était de votre
côté - a fait des discours mémorables, extraordinaires.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À l'occasion de la
fermeture de Gagnon?
M. Dufour: Oui. Il y avait eu des études. En tout cas, on
manquait de monde. On ouvrait le Nord du Québec. En tout cas, ça
a été intéressant. Je vous invite, si vous avez du temps
libre, à relire tout ce qui s'est dit. Je ne dis que ce sont tous des
discours extraordinaires; je vous dis qu'il y a des éléments
intéressants, là-dedans qu'on a soulevés et qui, dans les
faits, nous donnent raison. Je pense que de ce côté, if faut se
mettre dans l'idée qu'il y avait un "filibuster*, bien sûr, une
opposition systématique, mais il y avait des raisons fondamentales qui
nous faisaient faire ça. Cela nous a permis d'expliquer comme il faut
notre idée.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'important, pour l'Opposition, ce
n'est pas d'avoir raison. Je pense que dans l'Opposition, on peut se contenter
de penser avoir raison.
M. Dufour: Mais on a eu raison, malheureusement, et il y a
eu des gens qui se sont fait brasser pas mal fort. Les citoyens de
Schefferville ont peut-être eu des problèmes qu'ils n'avaient pas
nécessairement mérités.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, ce sont des dossiers - je
pense qu'il faut avoir l'honnêteté de l'admettre -
extrêmement difficiles et qui affectent le quotidien des gens; c'est
toute leur vie qu'on affecte. Je pense qu'aucune situation de fermeture de
municipalité dans le passé n'a été vécue
facilement. Lorsqu'on vise un resserrement du tissu urbain, là non plus,
ce n'est pas facile, parce que, strictement, déménager de
quartier, perdre des années, etc., ça bouleverse toute une
communauté, sauf qu'au moment où nous nous parlons, il semble y
avoir davantage d'éléments positifs au dossier que
d'éléments négatifs, et ça nous paraît un
dossier qui évolue bien en ce moment. On souhaite la collaboration de
tous les intervenants, y compris celle de l'Opposition, pour que le dossier
continue à bien évoluer.
M. Dufour: Quelle est la moyenne versée par
résident? Un des budgets avait évalué la fermeture
à 4 000 000 $, 5 000 000 $, mais, comme il n'y a pas fermeture,
j'imagine que ça va coûter à peu près le même
montant. Les 4 000 000 $ à 5 000 000 $ sont-ils suffisants, à la
condition qu'il n'y ait pas trop d'honoraires?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'opération n'est pas
terminée. Il faudrait que je vérifie s'il s'agissait vraiment
d'une somme de 4 000 000 $ à 5 000 000 $. Moi, je ne l'ai pas
en...
M. Dufour: De mémoire, c'était ça.
C'était près de 5 000 000 $.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... en tête. Au moment
où nous nous parions, à la fin de février 1989, le
resserrement du tissu urbain avait occasionné des
déboursés de 1 700 000 $.
M. Dufour: Combien?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): 1 700 000 $.
M. Dufour: Oui, mais il y a d'autres frais.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Il s'agit de l'ensemble des
dépenses effectuées au 28 février. J'ai comme indication
que d'autres dépenses sont à venir, l'opération n'est pas
terminée, mais qu'il s'agissait là des dépenses encourues
au 28 février.
M. Dufour: Concernant le total des acquisitions, nous
avons un montant d'environ 1 157 583 $ en fait et c'est en
date du 28 février 1989.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ajouterais une légère
précision: et 98 cents.
M. Dufour: Cela va. Je voulais gagner du temps à
ceux qui transcrivent. C'est pour combien de personnes? Combien cela
représente-t-il par tête de pipe?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez différents types
de personnes indemnisées: propriétaires résidents
occupants, 50 dossiers; propriétaires non résidents, 88 dossiers;
locataires de résidence et de maison mobile, 141 dossiers;
propriétaires de maison mobile, 50 dossiers; entreprises commerciales,
29 dossiers. C'est le nombre de dossiers en transaction et transigés, et
ils ne sont pas tous réglés.
M. Dufour: Les propriétaires résidents, qui
étaient...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Propriétaires
résidents occupants: 50 dossiers dont 40 engagements signés.
M. Dufour: Cela fait à peu près combien de
payé en moyenne?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quatre-vingt pour cent. Quarante
sur cinquante.
M. Dufour: Le montant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Une indemnité moyenne de
23 250 $.
M. Dufour: J'aurais peut-être deux autres points, mais il
ne nous reste pas grand temps.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Peut-être...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Jonquière, sur les ententes intervenues, peut-être une
dernière question.
M. Dufour: J'en aurais eu d'autres, parce que j'aurais
aimé qu'on parle de fusion, mais on aura peut-être le
regroupement, fusion, etc. Je sais que le ministre me confiait qu'il
commençait à réfléchir très fortement
là-dessus. Mais ce n'est pas sur ce dossier. J'aurais juste une
question à poser.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur quoi est-ce que je
réfléchis?
M. Dufour: J'aurais aimé parler de regroupement et
de fusion...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord, oui.
M. Dufour:... de municipalités, mais, malheureusement, on
manque de temps. Avant de terminer - terminer, c'est beaucoup dire -
l'étude des crédits, j'aimerais poser une question, à
moins que les heures qu'on avait à notre disposition soient
écoulées. On pourrait peut-être connaître du ministre
sa position concernant le financement dont les commissions scolaires discutent
sur la place publique. Les commissions scolaires avancent certaines
hypothèses et voudraient avoir accès, bien sûr, au champ
d'impôt foncier. L'Union des municipalités du Québec dit:
"II n'en est pas question; on devrait même les enlever
complètement. " Comme ministre des Affaires municipales, est-ce que vous
avez une position d'arrêtée concernant ces discussions qui se
déroulent actuellement dans le secteur scolaire par rapport aux
municipalités?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans mon rôle de ministre
des Affaires municipales, vous comprendrez que je tiens compte, d'abord et
avant tout, surtout lorsqu'il y a unanimité dans le monde municipal, de
la position du monde municipal et cette position, je la véhicule
là où les décisions finales se prennent à
l'intérieur de l'appareil gouvernemental.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie.
M. Dufour: L'ensemble de la position municipale est claire. La
vôtre me semble aussi claire puisque vous vous apparentez à
ça.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Jonquière. J'appelle maintenant le programme 1:
Aménagement du territoire municipal. Est-il adopté?
M. Dufour Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle maintenant le
programe 2: Aide et surveillance administrative et financière. Est-il
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle le programme 3:
Évaluation foncière. Est-il adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle le programme 4:
Administration générale. Est-il adopté?
M. Dufour Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle le programme 5:
Relations avec les municipalités.
M. Dufour adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): J'appelle le programme 6:
Aide financière à la construction de réseaux d'acqueduc et
d'égout.
M. Dufour: adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Le programme 7: Aide
financière aux sociétés d'État. Est-il
adopté?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'ensemble des
programmes des Affaires municipales, programmes 1 à 7 inclusivement,
sont adoptés?
M. Dufour: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur ce, la commission
suspend ses travaux jusqu'après ta période des affaires
courantes.
(Suspension de la séance à 12 h 57)
(Reprise à 16 h 35)
Habitation
Le Président (M. Poulin): À l'ordre, s'il vous
plait!
Les travaux de la commission reprennent. Il faut présumer
maintenant que nous passons aux programmes 8 et 9 sur l'habitation. Je
demanderais s'il y a des remarques préliminaires. M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Pierre
Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans un premier temps, M. le
Président, je tiens à vous remercier ainsi que les membres de la
commission, d'avoir consenti à décaler de 30 minutes les travaux
de la commission, de façon à me permettre d'accomplir certains
engagements qui relèvent plus de l'exécutif que du
législatif. Dans un deuxième temps, permettez-moi de vous
présenter les personnes qui m'accompagnent en vue d'apporter des
précisions aux questions qui nous viendront sans doute des
parlementaires. À ma droite, le président de la
Société d'habitation du Québec; à ma gauche, une
adjointe au cabinet.
Alors que nous sommes invités à aborder de façon
plus spécifique les crédits affectés au secteur de
l'habitation, je traiterai d'abord de la Société d'habitation du
Québec, et par la suite, tel que convenu, M. le Président,
des crédits de la Régie du logement.
La Société d'habitation du Québec est dotée,
pour l'année 1989-1990, d'un budget d'environ 410 000 000 $, dont plus
de 207 000 000 $ proviennent du gouvernement du Québec. Au cours des
cinq dernières années, la Société d'habitation du
Québec a sans cesse augmenté le nombre d'unités
d'habitation qu'elle subventionne. Ainsi, alors que de 1980 à 1985, la
Société d'habitation du Québec a contribué au
financement de quelque 3550 unités en moyenne par année, en 1986,
elle s'est engagée à subventionner 4140 unités et, en
1987, 4922 unités de logements sociaux.
Pour l'année 1988, nous avons annoncé aujourd'hui, par
voie de communiqué conjoint avec mon homologue fédéral, le
ministre d'État à l'Habitation, l'honorable Alan Redway, que les
interventions gouvernementales ont permis de rejoindre 4966 nouveaux
ménages à faible revenu et ayant des besoins impérieux en
matière de logement.
En plus de ces programmes dont les coûts de réalisation ou
d'exploitation sont majoritairement appuyés par les gouvernements
fédéral et provincial, je tiens à vous mentionner que le
programme Logirente, entièrement financé par le gouvernement du
Québec, rendra admissibles plus de 34 000 ménages pour cette
année.
Enfin, toujours au chapitre des programmes d'habitation, on se
souviendra que notre gouvernement a créé un nouveau programme
d'aide à la mise de fonds, afin d'aider les familles
québécoises qui ont deux enfants ou plus, âgés de
moins de 18 ans, à l'achat d'un premier logement. Ce nouveau programme,
qui a été annoncé dans le discours sur le budget de 1988,
se traduit par l'aide accordée par l'État et sous la forme d'un
prêt garanti par le gouvernement et obtenu d'une institution
prêteuse. Le gouvernement paie alors les intérêts sur ce
prêt pendant une période de sept ans. Au terme de cette
période, le propriétaire commence à assumer le paiement
des intérêts et le remboursement du capital selon les conditions
qui sont alors déterminées par l'institution prêteuse. Le
montant du prêt garanti peut atteindre 10 % de l'emprunt
hypothécaire, jusqu'à concurrence de 7000 $. Les
résidences principales neuves ou existantes, dont le coût,
incluant le terrain et les infrastructures, n'excède pas 95 000 $ et
pour lesquelles un acte d'emprunt hypothécaire a été
signé le ou après le 13 mai 1988, sont admissibles.
Par la création de ce nouveau programme d'une durée de
trois ans, le gouvernement a voulu favoriser le développement harmonieux
et la stabilité financière des familles
québécoises. Force nous est de constater que ce nouveau programme
a véritablement répondu aux besoins ressentis par de nombreuses
familles québécoises. Ainsi, à compter de sa
création jusqu'au 31 mars 1989, le nouveau programme a permis à
3735 familles québécoises de devenir propriétaires.
Enfin, quant au programme destiné à la restauration
résidentielle, mentionnons qu'au cours de l'année 1988, plus de
77 000 000 $ ont été engagés pour rénover 12 931
logements. En 1989, la Société d'habitation du Québec
prévoit rénover environ 14 000 logements en injectant plus de 79
000 000 $ dans ce programme.
Quant à la Régie du logement, elle administrera, pour le
prochain exercice financier, un budget de l'ordre de 14 800 000 $. Au cours de
l'année 1988, plus de 915 000 personnes se sont adressées
à la régie. De ce nombre, 290 000 citoyens et citoyennes se sont
rendus sur place, alors que 625 000 ont téléphoné à
la régie pour obtenir de l'aide ou de l'information. Pour l'année
qui vient, la régie entend poursuivre dans la même voie, en
fournissant les renseignements demandés par les locataires et les
propriétaires québécois. D'autre part, elle entend
privilégier plus que jamais les modes d'intervention et de conciliation
afin de favoriser et d'inciter des dénouements favorables sur l'ensemble
des rapports entre les propriétaires et les locataires et, par
conséquent, de procurer aux parties des services d'appoint pour les
aider à s'entendre.
En conclusion, le mieux-être des familles
québécoises a constitué l'élément marquant
de la toile de fond des décisions qui ont été prises et
des gestes qui ont été posés dans le secteur de
l'habitation. Quant à l'avenir, nous nous devrons, en tant que
partenaires majeurs de l'entente-cadre Canada-Québec, d'entreprendre des
discussions afin de diversifier davantage nos moyens d'intervention, tout en
s'assurant que nos politiques d'habitation devront privilégier les
familles à faible revenu et, dans un contexte de vieillissement de la
population, les personnes âgées. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Avant de reconnaître M. le député de Shefford,
est-ce qu'il y a consentement pour que M. le député de
Prévost remplace M. le député de
Rouyn-Noranda-Témis-camingue pour la fin des travaux, cet
après-midi?
M. Paré: Pas de problème.
Le Président (M. Saint-Roch): Consentement. Merci, M. le
député de Shefford. Je vais maintenant reconnaître M. le
député de Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Merci, M. le Président. Moi aussi, je vais
faire très vite, car on n'a pas grand temps pour faire le tour d'un
dossier aussi important que celui de l'habitation. Je préfère
garder mes interventions et mes commentaires pour chacun des points
spécifiques dont on va parler. Je vais quand même rappeler des
choses ou situer l'habitation par rapport à une préoccupation qui
devrait être majeure au Québec et qui l'est de moins en moins. On
en a parlé très brièvement la dernière fois. En
même temps, c'était la dernière fois où on pouvait
se permet-
tre de passer des commentaires non pas sur les crédits, mais sur
les engagements financiers. Quand on regarde la démarche depuis trois
ans, on s'aperçoit qu'il y a eu: l'abolition du ministère,
d'abord, pour créer, selon la loi, une société
d'État, la Société d'habitation du Québec, à
qi' on donne toutes les responsabilités pour plaîi.fier et
administrer des programmes et donner le maximum d'aide aux différentes
clientèles au chapitre du logement, de l'habitation. Ensuite, est venue
l'abolition d'une foule de programmes. Pour ceux qu'on a gardés ou qu'on
a transformés, ce fut surtout à la baisse, dans les montants
qu'on a investis ou en amenant des critères qui font en sorte que plus
de gens sont exclus. Je pourrais vous donner juste un exemple: le programme de
mise de fonds par rapport au programme d'accès à la
propriété résidentielle. Les chiffres sont concluants
là-dessus. On aidait au moins trois fois plus de personnes avec l'ancien
programme qu'avec le programme actuel.
Lorsque la loi a été déposée, on avait une
inquiétude dont on avait fait pan" en disant que dans la loi, on donne
des pouvoirs à la Société d'habitation du Québec
que même un ministre ne se donne pas, qu'il n'y a même pas un
besoin de prépublication des règlements en ce qui a trait
à tout ce qui va pouvoir sortir de la Société d'habitation
du Québec. On dénonçait ça.
Après deux ans, on s'aperçoit qu'on va beaucoup plus loin
et qu'on n'aura même plus la chance de discuter des dépenses qui
sont effectuées. Je trouve ça gros et grave en même temps,
que les élus ne puissent pas discuter d'un sujet aussi fondamental que
l'habitation. Quand on regarde la documentation qui est disponible, "Meilleur
habitat... Meilleure qualité de vie' - une très belle revue pour
expliquer ce qu'est la Société d'habitation du Québec - au
chapitre des finances, on y lit: La société conserve ses revenus
et recettes de toute provenance et ses besoins financiers sont comblés
par une subvention d'équilibre budgétaire du gouvernement, ce qui
n'empêche pas l'examen de son budget par l'Assemblée
nationale.
Son budget, c'est ce qu'on est en train de faire. Donc, une fois par
année, on aura la chance, durant trois heures, si c'est bien ce que je
comprends, de pouvoir regarder l'avenir, discuter du budget, des coupures ou
des compressions. On pourra toujours en profiter pour reculer dans le
passé pour savoir ce qui s'est fait, mais, une seule fois par
année, alors qu'au moins on avait la chance de le faire à
plusieurs reprises par les années passées, lors de l'étude
des engagements financiers, ce qu'on ne peut plus faire.
Je me pose des questions là-dessus, en disant: On le savait quand
on a adopté le projet de loi, puisque c'est clair dans la brochure qu'on
fait circuler maintenant. On le savait certainement et c'était une
façon d'enlever, si on veut, un irritant à la loi et si on ne le
savait pas, je trouve ça quand même bizarre qu'on l'ait
laissé aller pendant deux ans avant de dire 'maintenant, on ne peut
plus*. Je trouve ça dommage parce que l'habitation, c'est important. Je
l'ai déjà dit et je vais le répéter très
rapidement, cela touche tout le monde. On n'a pas tous les mêmes
problèmes, mais tous, par contre, doivent se loger quelque part;
certains ont de la difficulté à arriver, on doit s'en occuper et,
d'autres, par la spéculation, font des profits là-dessus et
souvent au détriment des plus démunis. Je pense qu'on devrait
s'asseoir comme on le faisait avant, régulièrement, pour
être capable de discuter. Oui, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous avez eu - je
m'excuse de vous interrompre - la réponse du président de la
commission à la question qui avait été posée? Vous
semblez parler comme si la réponse vous avait été
acheminée, alors qu'elle n'a pas été portée
à ma connaissance.
M. Paré: Non. Je n'ai pas la réponse.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
M. Paré: Je vais certainement la demander tout de suite,
en concluant, sauf qu'en lisant le document de la Société
d'habitation du Québec, on ne le dit pas. Par contre, si on ne le dit
pas et on le dit pour les budgets, si on parle pour les budgets et qu'on ne
parle pas pour les crédits, c'est qu'on devait le savoir à la
Société d'habitation du Québec.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est strictement une question
d'aller plus rapidement. Si le président a une réponse positive
à nous donner, il n'y a plus d'argumentation à faire; si elle est
négative, il s'agit de prendre les moyens appropriés. Je ne sais
pas, je ne veux pas...
M. Paré: Si vous avez la réponse, M.le
Président, ce serait le temps de la communiquer.
Le Président (M. Saint-Roch): Malheureusement, je n'ai pas
la réponse entre les mains. M. le secrétaire...
Une voix: Ah bon!
Le Président (M. Saint-Roch): ...m'avise qu'une
réponse a été communiquée à M. le
député de Bertrand qui est aussi le président de la
commission. Aussitôt que la réponse sera disponible, nous en
ferons des photocopies et nous aurons le plaisir et le bonheur de la distribuer
aux membres de cette commission.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est ça. Un
problème de réglé. C'est suspendu.
M. Paré: Non, peut-être un problème suspendu,
mais certainement pas un problème de
réglé parce que si on se fie à la décision,
c'est que, par la loi en vertu de laquelle on a fondé cette
société, on l'a mise égale aux autres
sociétés qui n'ont pas à rendre compte de leurs
dépenses. Cela devait être voulu ou, si ce ne l'était pas,
en tout cas, c'est la conclusion à laquelle on doit en arriver par
rapport à ce qui a été décidé. Je ne le sais
pas, on en discutera tantôt quand on aura la réponse. Mais, en
regard des discussions qu'on a eues là-dessus et les informations que
j'ai prises, normalement il sera difficile de ne pas respecter cette
décision. Je vous le dis tout de suite en espérant que c'est le
contraire. Pour Hydro-Québec, c'est la même chose, et pour
d'autres sociétés qui n'ont pas à le faire. Quand on a
décidé d'instituer cette société, on s'est
enlevé des possibilités, comme parlementaires, de pouvoir avoir
des échanges de vues sur des choses aussi importantes, à mon
avis, que l'habitation et je trouve ça dommage.
Et je conclus en disant en même temps - on a les chiffres,
là, et c'est ce dont on va discuter cet après-midi - alors qu'au
Québec, et on sait... Ce sont des chiffres publics. Ce sont même
des chiffres qui viennent du gouvernement. On dit que les revenus des citoyens,
à cause de la crise de 1981 à 1986, sont à plus de 35 %,
mais que, par contre, les loyers ont augmenté de 53 %. Donc, ça
veut dire que la situation ne s'est pas améliorée et depuis, je
suis convaincu que ça ne s'est pas amélioré, non plus,
parce qu'on a vu à quel point la spéculation a fait en sorte que
les loyers augmentent encore très rapidement. Dès qu'il y a
spéculation, il y a augmentation des taxes et l'augmentation des taxes,
ça se répercute sur le prix des loyers. Donc, la situation ne
s'améliore pas dans les chiffres où on reconnaît de plus en
plus qu'il y a 1 500 000 Québécois qui doivent utiliser un
pourcentage très important de leur revenu seulement pour se loger. Cela
veut dire que la situation ne va pas en s'améliorant.
Par contre, quand on regarde les budgets, on s'aperçoit que les
fonds qui sont mis à la disposition des programmes, donc des citoyens
pour se loger, ne vont pas en augmentant. Je vais prendre les chiffres qui sont
là. Ce sont les chiffres qu'on retrouve, d'ailleurs, dans le budget.
Quand on regarde les montants, on est bien obligés de conclure ce qui a
été dépensé. On peut tenir les discours qu'on
voudra, mais c'est ce qui est dispensé qui nous amène à la
réalité des choses.
On s'aperçoit, malheureusement, qu'à la
Société d'habitation du Québec, les dépenses
réelles - donc, ce qui a été dépensé et
qu'on est capable de vérifier; ce sont les chiffres mêmes qui
apparaissent ici - pour 1986-1987, sont de 221 443 000 $. En 1987-1988, on les
a baissées à 181 700 000 $ et, en 1988-1989, à 171 887 000
$. Donc, cela s'en va en baissant. De ce côté, le ministre
pourrait bien nous dire, et j'aurai une question là-dessus: Oui, mais il
y a un partage depuis 1986, il y a l'entente-cadre; on en met moins, mais on va
en chercher plus au fédéral. On va peut-être en chercher
plus au fédéral, mais quand on fait le total des deux, ce que la
société met et ce que la SCHL met, on se ramasse quand même
avec des augmentations qui ne permettent pas de dire qu'on investit davantage
dans le logement. Selon les chiffres, on s'aperçoit que si on avait, de
dépensé, les deux, Québec et le fédéral, en
1985 on avait 320 080 000 $, en 1986, on a baissé à 280 572 000 $
et, en 1987, 296 938 000 $. Vous allez me dire que 1986-1987, c'est un peu plus
que 1986, mais c'est moins que 1985. Ma première question serait: Est-ce
qu'on peut avoir les dépenses réelles, la contribution de la SCHL
pour l'année 1988?
SHQ
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, on va vous la chercher, mais
je ne peux pas, M. le député, avec tout le respect que je vous
dois, laisser passer le préambule de votre question et me contenter de
répondre à cette dernière. Vous mentionnez qu'en termes
réels de dépenses, entre autres, entre 1987-1988 et 1988-1989 -
je pense que vous avez raison de prendre les montants effectivement
dépensés; c'est une méthode honnête comme approche -
il y a eu une baisse de 10 000 000 $ et on pourrait retourner un peu plus loin
dans le passé. Je vous dirai que je suis content, je suis fier de la
performance de la Société d'habitation du Québec à
cet égard. Ce que je me dois de constater, c'est qu'avec moins d'argent,
moins de deniers publics, les gens ont contribué, eux aussi, en se
serrant la ceinture, à rééquilibrer les finances publiques
de la province de Québec. Ils n'ont pas donné moins de services
à la population, ils n'ont pas mis moins d'unités de logement
à la disposition des gens qui en avaient besoin dans la
société. Avec moins d'argent, malgré l'inflation, ils ont
réussi à rejoindre davantage d'individus, à mettre
à la disposition des familles qui en avaient besoin davantage
d'unités de logement. Vous me permettrez de vous rappeler les
statistiques à cet effet que j'ai déjà livrées
à l'Assemblée nationale du Québec et que j'ai reprises
dans mes notes introductives aujourd'hui. Peut-être qu'avec beaucoup
d'argent, entre 1980 et 1985, vous avez réussi à livrer en
moyenne 3550 unités par année. Avec moins d'argent, en 1986, ce
fut 4141 unités; en 1987, 4922 unités et, en 1988, 4966
unités, une augmentation d'environ 1500 unités. Je sais que je
peux joindre votre voix à la mienne pour féliciter la
société pour sa gestion serrée et sa performance sur le
plan de la livraison. Je pense que ces gens-là ont relevé un
défi. La commande était politique, mais le fait de relever le
défi devient administratif et c'est ce que ces gens-là ont
fait.
Je pense que, si on juge autrement que par les résultats obtenus
sur le terrain, on se trompe. Ce n'est pas parce qu'on met des
millions et des millions; si on ne les dépense pas bien, s'ils
sont mal gérés et s'il n'y a pas de saine gestion, on aura des
résultats moindres avec plus d'argent. En ce qui concerne l'avenir, tout
en continuant cette gestion serrée des fonds publics, j'attire votre
attention sur les renseignements supplémentaires au budget 1989-1990 et
vous remarquerez que, tout en continuant cette gestion serrée,
comparativement à l'argent dépensé l'an passé,
encore une fois, le gouvernement alloue des montants; c'est une augmentation
quand même assez substantielle de 23, 6 % si on tient compte de
l'augmentation globale des dépenses gouvernementales qui se situe
à 5, 8 % pour la Société d'habitation du Québec,
parce que c'est un secteur que le gouvernement du Québec a
décidé de "prioriser". Le défi qu'aura à relever la
Société d'habitation du Québec, c'est de faire encore
davantage de façon qu'on ait encore davantage de clients satisfaits
parmi la population.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré: Là-dessus, de toute façon, je pense
que c'est important de les passer comme ça. C'est la seule occasion
qu'on risque d'avoir cette année pour parler d'habitation; on est aussi
bien d'en profiter, ne serait-ce que parce qu'il y aura des élections,
sinon, de toute façon, les occasions nous sont toutes enlevées
à partir de maintenant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pendant la campagne
électorale, vous créerez vos propres occasions.
M. Paré: Ah! Pendant la campagne électorale, vous
pouvez être sûr que je vais parier d'habitation. J'y reviendrai
probablement en n'ayant peut-être pas de commentaires, mais des...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On peut faire ça à
CHEF ou à la Voix de l'Est, dans la nouvelle maison des communications
de Granby. Je suis disponible.
M. Paré: Là où il y a de bons
communicateurs.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... accès. M.
Paré: D'excellents...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Même, il y en a un qui a eu
une promotion sur les grands réseaux à Montréal,
dernièrement.
M. Paré: Ils sont nombreux, de plus en plus nombreux, y
compris au Soleil à Québec.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est vrai.
M. Paré: Cela dit, on va laisser les communications pour
revenir à l'habitation. Vous dites: Tant mieux si on fait plus avec
moins. C'est sûr aussi qu'on est en train de faire payer au
fédéral une bonne partie. Nous en payons moins et on
transfère la facture en grande partie selon les chiffres que je vous ai
donnés tantôt. Donc, premièrement, il y a un transfert au
fédéral. Je vais vous dire: Qu'on aille chercher le maximum au
fédéral, ce n'est certainement pas moi qui va s'y opposer.
Par contre, est-ce que, parce qu'on va en chercher plus, on doit en
investir moins, connaissant le chiffre que je vous ai donné
tantôt, 1 500 000 citoyens qui mettent 30 % et plus de leurs revenus pour
se loger? Ne devrait-on pas, au lieu de périmer, et c'est là que
je pense que c'est important... On périme 32 000 000 $. On fera dire
n'importe quoi aux chiffres, on fera croire n'importe quoi aux citoyens du
Québec en leur disant: Écoutez, on a une augmentation du budget
à la Société d'habitation du Québec cette
année de 24 % par rapport aux dépenses de l'an passé, on
prendra la colonne qu'on voudra et on prendra les chiffres qu'on voudra, si on
prend les crédits de l'an passé par rapport aux crédits de
cette année, c'est une augmentation de 1, 9 %, si on compare des choses
égales.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez raison.
M. Paré: Maintenant, par rapport à la comparaison
que vous avez faite, je me rappelle le même discours de votre
prédécesseur l'année passée, parce qu'on jouait sur
les mêmes tableaux. L'année passée, on prenait les
dépenses réelles par rapport aux prévisions. N'est-il pas
facile de dire: Regardez comme on augmente beaucoup? Mais ce que ça
laisse entendre, et c'est la réalité et vous l'avez dit
vous-même, ça veut dire qu'on périme. On a
périmé cette année, en 1988, donc l'an passé, parce
qu'il ne faut pas parler de l'année financière qui vient de
s'écouler, 32 000 000 $. Cela veut dire qu'on avait voté 32 000
000 $ en disant que l'habitation, c'était important et qu'il y avait
bien des gens à aider. On avait voté des crédits de 203
285 000 $ et on en a dépensé 171 887 000 $. On a
périmé 32 000 000 $ et quelques cents près - on va y
revenir dans mon prochain point sur la politique globale d'habitation ou
l'orientation de la politique, ce qu'on veut bien se donner - alors que les
députés qui sont ici des deux côtés de la table
savent combien on veut de HLM dans nos comtés. On en veut pour
répondre aux besoins spécifiques des populations. Moins de HLM,
moins de coopératives d'habitation, donc, on diminue dans le logement
social. On les remplace par un programme de supplément au loyer
privé. Je vais aussi y revenir tantôt; je vais avoir des
commentaires spécifiques là-dessus. Pour le moment, c'est
globalement, en fonction du budget total.
On sait que les 32 000 000 $, ça veut dire moins de HLM, moins de
coopératives.
Je lisais un article dernièrement, qui vous citait, dans lequel
on parlait d'augmenter le nombre de bénéficiaires de Logirente.
Je dois vous dire que, depuis trois ans, on demandait à votre
prédécesseur, et maintenant à vous, de ramener à 55
ans l'âge d'admissibilité à Logirente. À mon avis,
ça fait longtemps que ça devrait être fait parce que s'il y
a une clientèle dans la population qui est pénalisée et
pour qui ça n'a pas de bon sens, c'est de plus en plus la
clientèle âgée entre 50 et 65 ans, surtout quand ces gens
perdent leur job. Ce sont les plus démunis qu'on doit aider et,
Logirente, c'est pour les plus démunis de la société. Il y
a une clientèle qui est laissée pour compte, dont on ne s'occupe
pas. L'habitation, c'est quelque chose d'essentiel et de fondamental, ces
gens-là doivent se loger comme les autres. On aurait déjà
dû enclencher la baisse de l'âge nécessaire pour pouvoir
être admissible à Logirente. On ne l'a pas fait. (17 heures)
Qu'on vienne me dire aujourd'hui: Écoutez, on veut bien, on le
regarde, on va en faire un engagement électoral, on est prêt
à demander au fédéral de payer, et même de commencer
à penser. Mais, à quelques mois d'une élection, et on a le
droit de le croire ou non, dire que, dans notre perspective, c'est 55 ans et
ensuite 50 ans, oui, je suis d'accord avec ça, 100 milles à
l'heure. Cela fait trois ans que je le demande à 55 ans, pour commencer.
Je sais très bien qu'il faut y aller d'une façon graduelle.
Mais les 32 000 000 $, si on avait eu la volonté de le faire,
ça ne demandait pas d'aller au Conseil du trésor. Cela ne
demandait pas de bataille. Cela ne demandait pas de lutte avec le
président du Conseil du trésor, ou de demande particulière
dans un budget supplémentaire au ministre des Finances cet automne. Cela
demandait tout simplement que le ministre décide qu'on applique
maintenant les nouveaux critères d'admissibilité au programme
Logirente.
Si on avait décidé ça, avec 32 000 000 $ on aurait
pu aider des dizaines de milliers de Québécois parmi les plus
démunis de la société dans cette tranche de population de
plus en plus affectée qu'est la catégorie des citoyens de 50
à 65 ans. On avait probablement la chance d'en aider quelques dizaines
de milliers entre 55 et 60 ans. On ne l'a pas fait. On s'en vient, et
là-dessus je suis prêt et je vais le faire à la fin de mon
intervention tantôt, dans deux heures et demie, dire à la
Société d'habitation du Québec qu'elle fait une job
extraordinaire. Sauf qu'au-delà de la job administrative correctement
faite, elle va tout simplement appliquer des décisions qui viennent des
élus. Donc, de vous, M. le ministre. On peut faire la plus belle
gestion, la plus efficace en termes de chiffres d'économie, et
finalement, en termes de montants qu'on n'a pas dépensés.
Sauf que moi, je vais vous dire que quand j'ai regardé les 32 000
000 $, je n'avais pas le goût de féliciter qui que ce soit. Je
trouvais qu'il n'y avait pas matière à se péter les
bretelles, parce que si on avait la volonté d'aider le maximum de
citoyens - et vous l'aviez tantôt dans vos propos - tant mieux si on aide
le maximum de citoyens, mais on aurait pu, avec 32 000 000 $, en aider encore
davantage. On ne l'a pas fait. Si on ne l'a pas fait, c'est qu'on n'a pas la
volonté d'en aider davantage. Les 32 000 000 $, moi je dois vous dire
qu'ils n'auraient pas dû être périmés. Ils auraient
dû être dépensés en fonction du discours que vous
allez tenir, si ce n'est pas maintenant, bientôt et toujours, ce sera
certainement au cours d'une élection en disant: On va ramener Logirente
à 55 ans, ou on va proposer telle mesure.
Mais pourquoi ne l'a-t-on pas fait alors qu'on avait l'argent? On ne l'a
pas dépensé. On a été efficace, dans le sens qu'on
n'a pas rendu tous les services pour aider une clientèle dans le besoin
qu'on aurait pu aider. On aurait pu en aider davantage. On ne l'a pas fait.
Oui, félicitations à la gestion de la Société
d'habitation du Québec, mais pas nécessairement au ministre de ne
pas avoir demandé, justement, à la Société
d'habitation du Québec d'utiliser tout l'argent qui était
voté, qui était aux crédits pour l'année qui vient
de se terminer, et qui aurait pu servir à aider encore davantage les
personnes qu'on aide déjà par des programmes plus
généreux, ou davantage de citoyens parmi les plus démunis
et les autres aussi, je vais y revenir en parlant des coopératives
tantôt, qui sont dans cet échelon. Une autre couche de la
population pour qui ce n'est pas en fonction du facteur âge, mais en
fonction du facteur revenu.
Donc, cette clientèle qui paie toujours des impôts, qui ne
peut jamais économiser une "cenne" parce qu'elle n'a pas les moyens
d'acheter des REA, des actions accréditives, parce qu'elle n'a pas les
moyens de suivre la nouvelle - je vais utiliser le terme - mode qui veut qu'on
achète en groupes toutes sortes de bâtisses. Vous avez le cas de
monsieur... Je ne veux nommer personne ici. Surtout qu'il a un nom semblable au
mien. L'achat collectif de maisons pour des personnes spécialement
retraitées. Pourquoi? On le sait, c'est clair, c'est pour payer moins
d'impôt. On dit que 82 % de tout le budget d'aide à l'habitation
va justement aux spéculateurs et aux gens qui réussissent
à payer moins d'impôt par des placements. C'est plus de 750 000
000 $ finalement qui ne sont pas payés en impôt, donc, qui sont
une subvention aux plus riches parce que justement on investit dans
l'habitation pour payer moins ou pas d'impôt.
Tant mieux si on a les moyens de se le payer, comme
société. Sauf que la catégorie de gens à revenu
modeste, qui n'a pas les moyens de participer à des achats d'actions ou
de toutes sortes de choses pour s'en sortir, n'a même pas les moyens
d'accéder à la propriété, même avec votre
programme d'aide, on ne l'aide en aucune
façon à accéder à la
propriété. On élimine ces gens en voulant aider seulement
les plus démunis. Qu'on aide les plus démunis, oui; qu'on aide
particulièrement et d'une façon encore plus importante les plus
démunis, d'accord, mais cela nous oblige-t-il à négliger
une autre clientèle qui risque de devenir de plus en plus démunie
parce que cela lui coûte de plus en plus cher pour se loger?
J'ai commenté longuement vos commentaires. Je sais que vous allez
avoir probablement des commentaires à ajouter. Mais je reviens à
ma question de tantôt, ce qui me permettra d'aborder ensuite une facette
particulière de l'habitation. Est-ce qu'on peut connaître les
dépenses réelles de la Société centrale
d'hypothèques et de logement, la contribution du fédéral
pour l'année 1988?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Avant de répondre
précisément à votre question, vous me permettrez de
reprendre quelques-uns des éléments. Vous reprochez au ministre -
j'ai bien compris que vous ne le reprochez pas à la
société - d'avoir périmé un montant de 32 000 000 $
sur les crédits de la Société d'habitation du
Québec. Je tiens à vous assurer, premièrement, que je ne
l'ai pas mis dans mes poches, que je ne mérite pas vos blâmes, que
ces 32 000 000 $, il faudra les reprocher à la Société
d'habitation du Québec, et on va vous expliquer pourquoi.
Peut-être que les reproches vont se transformer en félicitations
quand on comprendra pourquoi un montant de 32 000 000 $ a été
périmé.
Je n'ai pas le goût de vous donner tous les détails, mais
je vais peut-être vous donner les principaux chapitres. La
Société d'habitation du Québec, dans un effort de saine
gestion, en analysant ses livres, a décidé de vérifier de
plus près le niveau des "en lieu" de taxes qu'elle payait aux
municipalités du Québec et l'évaluation de ses immeubles.
Elle s'est rendu compte qu'il y avait possiblement de l'argent à aller
chercher là. Ce qu'on a périmé, pour 12 000 000 $, c'est
de l'argent que la Société d'habitation du Québec est
allée chercher parce qu'elle a fait réviser les montants, de
gré à gré avec le monde municipal dans presque tous les
cas. Donc, je ne pense pas qu'on puisse adresser un blâme à la
Société d'habitation du Québec pour ces 12 000 000 $. Le
fait que ce montant de 12 000 000 $ soit périmé, ça
révèle encore une fois cette attitude de saine gestion des
finances publiques qu'ont les organismes gouver-nentaux et le gouvernement du
Québec.
Il y a 5 000 000 $ qui venaient d'un programme que vous aviez mis sur
pied à l'époque, le PAPER. Parce que des gens se sont
dépossédés de leur propriété avant terme, 5
000 000 $ ont pu être récupérés dans ce domaine.
Donc, on est rendu à 20 000 000 $.
Maintenant, la Société d'habitation du Québec,
cette année, a fait des efforts remar- quables - parce qu'elle joue avec
de gros montants - sur le plan de ses opérations financières.
Parce qu'elle a opté, à une certaine époque, pour du
financement temporaire plutôt que pour du financement à long terme
sur des montants considérables - les taux varient, il y a eu une
augmentation de 9, 75 % à 10, 8 %, ce qui est considérable pour
ces montants - il y a eu là aussi des économies importantes.
Est-ce qu'on va blâmer la Société d'habitation du
Québec d'avoir, par des efforts de gestion administrative,
récupéré 32 000 000 $ pendant l'année et de
collaborer ainsi à un meilleur équilibre des finances publiques
au Québec? Je pense que c'est mal comprendre la problématique que
de poser le problème de cette façon. M. le député,
je suis bien honnête avec vous quand je vous dis ça. Si vous nous
disiez: Vous avez périmé 32 000 000 $ et vous avez mis moins
d'unités à la disposition des gens qui en ont besoin, je vous
dirais: Hum! Peut-être que... Mais là, vous nous dites: Avec moins
d'argent aux crédits, vous avez livré davantage d'unités
d'habitation et, en plus, grâce à une saine gestion
administrative, vous avez contribué à diminuer la dette du
gouvernement du Québec pour son année en cours, je ne comprends
plus les blâmes que vous m'adressez personnellement. J'ai de la
difficulté à vous suivre dans ce dédale.
Maintenant, vous dites: Vous n'avez pas fait le bon choix, vous n'auriez
pas dû faire tout ça; vous auriez dû prendre les 32 000 000
$ et les injecter dans Logirente. Je vous dirai qu'on n'avait pas les 32 000
000 $ au début de l'année. Il a fallu aller récolter ces
"en lieu" de taxes, il a fallu faire des efforts au cours de l'année, et
c'est au cours de l'année que sont arrivés ces 32 000 000 $ et
c'est en fin d'année que l'on périme ces 32 000 000 $. Sur le
plan pratique, même si je les avais eus - j'insiste pour que vous
compreniez comment ça se passe - est-ce que j'aurais été
avisé, comme ministre, dans le contexte actuel, de recommander à
la Société d'habitation du Québec, ou si la
Société d'habitation du Québec aurait été
avisée, comme société, de me recommander, comme ministre,
d'injecter ce montant dans Logirente? Je vous dirai que j'y aurais pensé
deux fois avant de l'injecter dans Logirente dans le contexte actuel.
Je vais vous donner la raison majeure; vous l'avez donnée
vous-même, tantôt. Le gouvernement fédéral ne
participe pas au financement de Logirente. C'est le seul programme que nous
administrons qui est financé à 100 % par le gouvernement du
Québec. Donc, plus j'investis dans Logirente, plus je me prive de fonds
fédéraux. Mais, vous venez avec de bonnes idées, sur le
plan des intentions, vous êtes bon. Sur le plan des réalisations,
c'est autre chose. Sur le plan des intentions, vous dites: Bon, vous vous
êtes engagés, 55 ans, Logirente. Vous avez déclaré
aux journalistes, etc. Oui, on y tient, au programme Logirente. On tient
à avoir encore davantage de flexibilité dans nos
interventions.
C'est pourquoi, dès le mois de juillet dernier, à
l'occasion de la conférence des ministres responsables de l'habitation
des provinces, des territoires et du gouvernement du Canada, le Québec a
mis sur la table une proposition à l'effet d'acquérir plus de
souplesse dans le cadre de l'entente-cadre fédérale-provinciale.
Le fédéral, nous donnant cette flexibilité sans injecter
d'argent additionnel - on comprend le contexte financier difficile dans lequel
le fédéral est présentement - nous donne davantage de
flexibilité à l'intérieur des enveloppes qu'on a
déjà pour qu'on puisse aller davantage dans Logirente, mais avec
une participation de l'autre palier de gouvernement.
Tout au long de l'année, plutôt que de se plaindre,
plutôt que d'attendre que le temps passe, on a contacté chacun de
nos homologues, dans chacune des provinces, dans chacune des juridictions.
À tous les ans, il y a une conférence
fédérale-provinciale. On s'est préparés davantage.
On a reçu l'appui de neuf des onze participants à la
conférence. Je pense que cette année on est en position pour
inciter le gouvernement fédéral à faire preuve de la
souplesse nécessaire. Et il est important d'injecter davantage dans
Logirente. Mais est-ce qu'on peut le faire de façon à rejoindre
encore davantage de personnes sur l'ensemble de nos politiques de logement? Je
pense que c'est un objectif qu'on partage.
Au moment où on se parle, le programme Logirente est tel qu'il
est. À la suite de négociations, on verra de quelle façon
on l'ajustera. Mais je vous dirai qu'à la suite des négociations,
cela risque de nous donner une méchante marge de manoeuvre pour
l'ajuster en fonction de l'aide à la personne.
Pendant ce temps, il nous faut également compléter
l'harmonisation de nos programmes avec la politique de sécurité
du revenu qui, comme vous le savez, inclut maintenant une proportion
d'allocation de logement; on ne peut pas agir sans tenir compte de cela.
Là aussi, il y a de l'aide à la personne, comme dans notre
programme Logirente, et il y a de l'aide à la pierre dans nos autres
programmes. Je pense que sur l'ensemble du tableau, on a déjà des
moyens qui nous permettent de mettre plus d'unités, de rejoindre plus de
gens. On vise à faire encore davantage en mettant à contribution
nos partenaires sur le plan financier, entre autres, le gouvernement
fédéral et sur le plan de l'application des programmes, nos
partenaires municipaux par le biais des Offices municipaux d'habitation.
Le président me dit, dans une note, qu'on pourrait vous parler
d'autres programmes qui ont fonctionné avec encore plus d'éclat
cette année et qui ont rejoint encore plus de clientèles. J'aurai
l'occasion d'y revenir. Vous m'avez posé une question précise:
quelle était la contribution financière de la
Société canadienne d'hypothèques et de logement dans les
programmes, au cours de l'année qui est terminée?
M. Paré: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les livres ne sont pas
fermés au 31 mars, mais on prévoit tout près de 150
000 000 $ et tout près de 190 000 000 $ pour la Société
d'habitation du Québec.
M. Paré: Est-ce que cela comprend l'administration?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela comprend le budget total. Si
vous voulez, je pourrais vous donner les dépenses de transfert, si c'est
ce qui vous intéresse davantage, ce qui inclut que l'on soustrait les
dépenses de gestion, d'administration, etc. Je peux vous le donner, si
vous voulez.
M. Paré: Allez donc! (17 h 15)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour la société
canadienne, les dépenses de transfert s'élèvent
exactement, suivant les prévisions, à 147 146 000 $ et, pour la
Société d'habitation du Québec, à 159 698 200 $,
pour un total de 306 844 300 $. Il va peut-être vous manquer une
décimale qui s'est perdue dans l'ordinateur, mais on en est à une
décimale près.
M. Paré: D'accord. J'aurais quasiment envie de tout
reprendre ce que vous avez dit, mais je ne le ferai pas parce que je vais les
prendre cas par cas. Juste une chose, vous dites: Je n'ai pas fait de
blâme et je n'en ferai pas à la Société d'habitation
du Québec.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, c'est à moi.
M. Paré: C'est à vous.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On a tourné les
blâmes en félicitations. Plutôt que de prendre les
félicitations, je les ai transférées à la
société.
M. Paré: Je vais lui faire directement mes
félicitations.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
M. Paré: Je ne retire pas mes blâmes pour autant.
Quand vous dites qu'on a constaté, a la fin de l'année, qu'on a
fait une économie de 32 000 000 $, on n'a pas constaté ça
à la fin de l'année. On le constate dans les chiffres, sauf que
ça s'est accumulé en cours d'année. C'est bien sûr
qu'on n'avait pas 32 000 000 $ de disponibles au mois d'avril 1988 ou au mois
de juin 1988, mais si on avait décidé de se fixer comme objectif
qu'on augmentait le nombre de personnes admissibles à Logirente le 1er
janvier 1989, on savait si on était capable ou non. Si on
avait la volonté, on aurait pu déjà le mettre.
Quand vous dites qu'on s'accroche à Logirente, qu'on va avoir
fait le tour de ce dossier, que c'est le seul programme qui est strictement
québécois maintenant, oui, parce que les autres ont
été abolis et il n'y sera peut-être plus bien longtemps
parce que vous dites... De toute façon, on le retrouve dans La Presse
du 1er avril, où vous dites que vous demandez au gouvernement une
ouverture pour que Logirente soit aussi subventionné en partie par le
gouvernement fédéral.
Quand on parle du nombre d'unités ou de citoyens qu'on a
aidés, c'est aussi grâce à un programme qui est
subventionné à 75 % par le gouvernement fédéral,
c'est surtout le supplément au loyer privé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah oui!
M. Paré: C'est sûr que c'est encore pas mal
général, mais je trouve important qu'on revienne
là-dessus, maintenant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Juste pour ne pas laisser passer
une inexactitude parce qu'il faut toujours rendre à César ce qui
appartient à César. Le locatif privé est financé
à 59 %...
M. Paré: Ah!
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... le supplément au
loyer.
M. Paré: À 59 % et 31 %, d'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À 59 % par le gouvernement
du Canada, 31 % par le gouvernement du Québec et 10 % par les
municipalités.
M. Paré: Vous avez raison. Maintenant, je veux parler de
politique globale d'habitation. Là-dessus, ce n'est pas la
première fois, mais ce n'est pas la première non plus qu'on
entend dire que ça s'en vient, sauf qu'on n'entend plus dire rien. Je
veux savoir exactement quelle est la volonté - s'il y en a une,
effectivement -d'avoir une véritable politique d'habitation. On pourra
reculer dans le passé et dire: Vous n'en aviez pas vous autres non plus,
vous êtes allés à la pièce, sauf qu'il y avait eu
une consultation sur Se loger au Québec. On avait entendu plusieurs
groupes en consultation.
L'habitation, c'est tellement important et le mieux, c'est que ça
se fasse dans une politique globale, à mon avis, si on veut qu'il y ait
quelque chose. C'est tellement important que la ville de Montréal a
jugé bon de déposer "Habiter Montréal". Je veux bien
croire que c'est la grande ville, la métropole du Québec; c'est
là qu'il y a le plus de citoyens, probablement aussi l'endroit
où il y a le plus de problèmes de logement, c'est
évident, il y a plus de monde.
Quand on regarde le rapport de la Commission des affaires sociales sur
les problèmes vécus au centre de Montréal, il va falloir,
comme société-ce n'est absolument pas partisan - que tous les
partenaires se penchent ensemble pour essayer de trouver des mesures pour
arrêter ce développement en trou de beigne, sinon on va nuire a
Montréal par rapport au développement économique du
Québec. On ne comparera plus Montréal - cette semaine, il y avait
un article dans La Presse, je ne sais pas si vous l'avez vu - à
Toronto, mais à Québec si ça continue, pas en termes de
grosseur, mais en termes de lutte de pouvoir. C'est dommage parce que pour
Montréal, c'est plus qu'une lutte de pouvoir avec Québec, c'est
censé être une lutte de pouvoir avec les grandes villes
nord-américaines.
Déjà, en juin 1986, on parlait d'une politique globale
d'habitation. On en parlait tellement qu'on a mis sur pied, en 1988, un
comité formé seulement de députés - attendez, je ne
veux pas me tromper dans les dates... Ce que je sais, c'est qu'en 1986, on
commençait déjà à parler de politique globale
d'habitation. Et, en novembre 1986, lorsque M. Bourbeau a déposé
le projet de loi 137, il s'est engagé à déposer une
politique d'habitation en 1987. Là, on recule loin. Cela fait deux ans.
Mais c'était un engagement, lors du dépôt du projet de loi
137, à savoir qu'on aurait une politique. Parce que si on ne donne plus
les pouvoirs à la société, il faut que nous, les
élus, puissions au moins élaborer une politique et ensuite la
faire exécuter par la société.
En mars 1988, dans le discours inaugural, le ministre des Finances a
pris l'engagement qu'il y aurait, au cours de 1988, une politique...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le ministre des Finances est rendu
dans un discours inaugural.
M. Paré: Excusez! Le lieutenant-gouverneur a pris
l'engagement de déposer une politique d'habitation parce qu'on disait -
c'est peut-être pour le futur -: Le gouvernement vous soumettra les
grandes orientations d'une politique d'habitation déterminant la place
des intervenants privés et du gouvernement marquant une
préoccupation prioritaire pour la famille et pour les plus
démunis.
En avril 1988, lors de l'étude des crédits, votre
prédécesseur a réitéré le même
engagement à savoir qu'une politique d'habitation serait effectivement
déposée. Et pourtant, on l'attend toujours. Mais là, on ne
sait plus s'il va y en a avoir une ou pas. Est-ce qu'il y a toujours la
volonté de déposer une véritable politique d'habitation au
Québec?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, vous me
permettrez de répondre à cette question. Encore une fois je le
fais... On a l'impression quelquefois qu'on parle et qu'on n'est pas
écouté. Ne pas être compris, c'est un
élément, mais ne pas être écouté,
c'est encore pire, M. le Président. Tous les députés qui
se retrouvent à ma gauche auront compris, des derniers mots du dernier
paragraphe, des dernières phrases que j'ai prononcées dans mes
notes introductives, quelle direction privilégiait le gouvernement dans
ses politiques d'habitation. Je comprends que les députés
à ma droite n'auront pas compris ce message. Je vais donc, M. le
Président - et vous, qui êtes au centre, vous comprenez des deux
côtés - reprendre cette conclusion de mes notes introductives pour
le bénéfice des députés de la droite. Je me cite
à nouveau, M. le Président, et je déteste me citer
à nouveau: Quant à l'avenir, nous nous devrons, en tant que
partenaire majeur de l'entente-cadre Canada-Québec, d'entreprendre des
discussions afin de diversifier davantage nos moyens d'intervention tout en
nous assurant que nos politiques d'habitation devront privilégier les
familles à faible revenu et dans un contexte de vieillissement de la
population, les personnes âgées.
Je pense, M. le Président, que vous retrouvez là les
éléments de base de l'action gouvernementale en matière
d'habitation, des clientèles ciblées, personnes
âgées en fonction d'un vieillissement de la population, des
familles à faible revenu, et ça se situe dans le cadre de
l'entente-cadre sur l'habitation, les personnes qui sont les plus
démunies dans la société. Les moyens de parvenir à
ces objectifs, les moyens par lesquels on rejoint davantage de
clientèles une fois qu'on les a ciblées, ce sont des moyens qui
sont également connus, et je ne vous ai pas encore entendu
dénoncer ces moyens que nous utilisons. Vous avez l'intervention par le
biais des HLM publics, des interventions par le moyen des HLM privés,
OSBL, COOP, les interventions par le biais du programme, encore
expérimental, de supplément au loyer sur le marché locatif
privé, toute la question de la rénovation par le biais du
programme PARCQ et le programme Logirente que vous avez mentionné.
Comment pouvez-vous honnêtement vous présenter ici à
l'étude des crédits et dire: Le gouvernement n'a pas de politique
d'habitation? Je pense que les gens que nous rejoignons, les clientèles
les plus démunies que nous rejoignons dans le cadre de l'entente-cadre
fédérale-provinciale, par l'ensemble des programmes, par le
programme Logirente, ceux que nous nous proposons de rejoindre en nous donnant
encore des moyens davantage diversifiés vont - lorsqu'ils vont prendre
connaissance de vos propos, parce que je sais que ce sont des gens qui suivent
les discussions avec intérêt - dire que le député de
Shefford vit sur une autre planète et qu'il n'est pas au courant.
Je vous ai indiqué combien de personnes nous avions rejointes. Je
pourrais vous donner le nombre de personnes qui ont
bénéficié de Logirente, etc. Est-ce qu'il ne s'agit pas
là, de façon tangible, de façon concrète, de
programmes qui réussissent à rejoindre les gens qui sont dans le
besoin? Vous dites qu'il y a davantage de besoins et qu'on devrait
peut-être intervenir différemment. Là, vous me dites que
les principaux problèmes sont à Montréal. Montréal
a déposé un document de consultation et avant que Montréal
n'ait terminé sa consultation, arriver et par-dessus Montréal,
sans tenir compte de la consultation, avec des éléments nouveaux
à Montréal... Là, je me dis: Si on disait ça dans
la région chez nous, il y a quelques sages qui nous diraient: Les petits
députés, vous mettez la charrue devant les boeufs. En ce qui
concerne la ville de Montréal, on suit attentivement ce qui se
déroule là-bas et si c'est là - j'en suis convaincu - que
sont les principaux problèmes de logement, on suit cette consultation et
on n'arrivera pas en plein milieu de la consultation de Montréal et
imposer à Montréal des modifications en politique d'habitation
pendant que ces gens font des consultations. Vous nous dénonceriez au
salon bleu et vous auriez raison de le faire. Mais vous ne pouvez pas vous
abstenir de nous dénoncer au salon bleu parce que vous savez qu'on vous
répondrait comme il faut, et arriver en commission parlementaire et
tenter de le faire un peu plus en catimini, cela ne passera pas plus.
M. Paré: Non seulement j'entends et je comprends, mais je
comprends bien que, finalement, vous êtes en train de dire ce que
d'autres n'ont jamais dit avant, entre autres, votre
prédécesseur, et vous non plus, mais vous êtes en train de
confirmer l'inquiétude de bien des gens: il n'y en aura pas de
dépôt d'une politique de l'habitation parce que, dans votre
tête, la politique de l'habitation est en place. C'est cela que vous
êtes en train de dire. Pourtant comment peut-on dire...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. M. le Président, je
peux laisser le député continuer, mais il n'a rien compris. Je
vais être obligé de reprendre. Je vais le laisser finir et je
reprendrai, pour son bénéfice.
M. Paré: Vous dites qu'une entente-cadre a
été signée; là, on a déjà toute une
foule de programmes; c'est comme si on avait une politique; on a PARCQ... Et
vous avez cité tous vos projets, les programmes existants dans
l'entente-cadre fédérale-provinciale sur le logement et
l'habitation. Votre prédécesseur nous a promis - je vous ai
donné des dates, c'était même dans le message inaugural -
qu'une politique globale de l'habitation sera déposée. Une
politique globale de l'habitation, c'est un peu comme "Habiter
Montréal". C'est un document sur lequel...
Une voix: De consultation.
M. Paré: ...on donne des grandes orientations et,
normalement, si on est le moindrement
démocratique, ouvert et attentif aux véritables besoins
des différents milieux de la population, il y a consultation sur une
politique globale. Autrement, on fait des négociations avec Ottawa et
tout ce qu'on sait, c'est qu'à un moment donné elles sont
annoncées. Ce peut être comme cela qu'on a l'intention de nous
amener une politique, sauf que, ce que je comprends de vos explications, c'est
que l'on n'a pas l'intention d'amener une politique de l'habitation; il y a
déjà en place tous les éléments d'une politique de
l'habitation. S'il y a en place tous les éléments d'une politique
de l'habitation et que ce qu'on considère comme une politique de
l'habitation, c'est tout simplement de continuer ce qui est déjà
en place et de l'améliorer dans l'entente-cadre
fédérale-provinciale, mais des négociations en
privé entre le fédéral et le provincial, sans consultation
de la population, sans document de consultation ou du moins d'orientation, pour
quelles raisons votre prédécesseur nous a-t-il dit - non pas
seulement à l'Opposition, mais à tous les
intéressés dans le domaine du logement et de l'habitation,
à différentes dates, et il a même pris la peine de mettre
sur pied un comité de députés - comment se fait-il qu'on
nous a répété à tant de reprises que bientôt,
dans quelques jours, dans quelques semaines et dans quelques mois, on allait,
finalement, déposer une politique globale de l'habitation? Voici ce que
je vous demande à nouveau. À la suite des engagements de votre
prédécesseur, est-ce que vous avez laissé entendre, vous
aussi, est-ce que, de votre cabinet, on a laissé entendre, après
la mise en place de la politique de l'aide sociale, parce qu'on a relié
les deux... On ne peut pas avoir une politique d'habitation si la politique
d'aide sociale n'est pas encore mise en place, et on ne connaît pas cela.
Maintenant que la politique d'aide sociale est connue et votée, pourquoi
■ n'a-t-on pas déposé une politique d'habitation?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, il y a
plusieurs éléments que je vais reprendre pour des fins de
compréhension de la part du député de Shefford. Il n'y a
rien de stagnant en habitation. Peut-être que les erreurs qui ont
été commises par le gouvernement précédent, cela a
été, une fois qu'un programme, qu'on appelle une politique, est
lancé, qu'on s'accroche et qu'on dise: C'est bon pour
l'éternité. Je ne pense pas qu'on ait cette attitude comme
gouvernement et je ne pense pas que la Société d'habitation du
Québec ait cette attitude. L'ensemble des programmes ne sont pas
là pour tout le temps; je peux vous annoncer cela aujourd'hui. Je pense
qu'ils vont être modifiés dans le temps suivant les besoins de la
population. L'entente-cadre fédérale-provinciale 1986 n'est pas
là, non plus, fixée, figée dans le ciment et que...
Une voix:...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Exactement, elle va être
renégociée et même en cours de route, il y a toujours
moyen, lorsqu'il y a des besoins légitimes de la population, de ne pas
vous auto-encarcaner et de tenter d'apporter des bonifications et des
modifications qui peuvent s'imposer. (17 h 30)
Vous le savez, la politique des HLM en France, au début des
années cinquante, était la découverte du siècle.
Mais si vous vous entretenez aujourd'hui avec les autorités, elles vous
diraient que cela a évolué et qu'il y a des modifications
là aussi. L'essentiel du message que nous vous livrons, c'est que vous
avez des partenaires en matière d'habitation et il faut éviter de
faire ce que le gouvernement précédent a tenté de faire,
se prendre pour le nombril du partenariat. Nos partenaires sont essentiels et
nous en avons besoin. Nous ne pourrions rejoindre les clientèles, non
pas pour exécuter nos grands plans, sans la collaboration des offices
municipaux d'habitation du Québec et sans la collaboration du
gouvernement fédéral par l'entremise de la Société
canadienne d'hypothèques et de logement. Nous sommes l'un des
partenaires et le partenaire qui se situe le plus près des besoins de la
population, c'est le partenaire municipal.
Tantôt, lors de l'étude des crédits du
ministère des Affaires municipales, on a eu à évoquer
plusieurs problèmes qui se trouvaient mieux réglés et
mieux perçus par le milieu municipal comme tel, parce qu'il est plus
près de la population. En tout cas, votre autre collègue - je ne
sais pas s'il y a des divergences, là aussi, dans le Parti
québécois - pensait que, oui effectivement... Et je pense qu'en
matière d'habitation, vous pouvez le demander à votre
collègue, le critique en matière d'affaires municipales, qui vous
dira que, oui, c'est le palier de gouvernement le plus près de la
population, le mieux capable d'identifier, etc. Je pense qu'on ne doit pas
l'ignorer dans nos consultations. Lorsqu'on va négocier un pourcentage
jusqu'à 59 %, 70 % ou 75 % de financement d'un autre partenaire, il faut
également le mettre à contribution lorsqu'on décide de
changer des choses dans le système.
Vous avez parlé tantôt d'un comité de
députés. Bien oui, il y a eu un comité de
députés ministériels dont on m'a remis le rapport sur le
règlement de sélection, un règlement important et
déterminant dans le ciblage des clientèles. Oui, il va y avoir de
l'action. Ils ont mené des consultations, ils ont rencontré des
gens. Vous me demandez si cela s'en vient. Oui, le règlement s'en vient.
Est-ce que vous allez dire, lorsqu'on va déposer les règlements:
Là, il n'y a pas de politique d'habitation; ou allez-vous dire: Voici un
règlement de sélection qui vise à améliorer,
à mieux cibler les clientèles, etc.? Vous pourrez le critiquer.
S'il contient des lacunes, il me fera plaisir d'apporter les correc-
tifs nécessaires. Mais ce règlement a été
précédé d'une vaste consultation. Une vaste consultation a
présentement cours à l'endroit où les problèmes de
logement sont les plus cruciaux, à Montréal. Et vous nous dites:
Changez tout ça avant que Montréal ait fini sa consultation. Je
vous dis: Je ne pense pas que vous soyez... en tout cas, vous pouvez
peut-être être entendus et peut-être, au pis aller,
être compris, mais je ne pense pas qu'on vous suive - et là, je
parle d'à peu près tous les intervenants dans ce
domaine-là - lorsque vous nous demandez d'agir présentement
par-dessus la tête de là où il y a les problèmes les
plus cruciaux et où on mène une vaste consultation pour entendre
à peu près tout le monde.
Là où on a fait des consultations, on bouge. Là
où on est convaincus, à tort ou à raison - et la
population nous jugera - comme dans le programme Logirente, qu'il nous faut le
bonifier, que cela nous prend un partenaire pour le bonifier et qu'on a tous
les avantages à le faire, qu'on le fasse. Si vous voulez qu'on
mène une large consultation sur la bonification de Logirente, une fois
qu'on aura la possibilité d'avoir la marge de manoeuvre
nécessaire, possiblement qu'on le fera, possiblement que vous serez
heureux de vous y associer et possiblement que vous nous direz que c'est vous
qui nous avez parlé de 55 ans. Possiblement qu'on dira: Oui, vous nous
en avez parlé, mais, si vous étiez retournés au programme
du Parti libéral, vous l'auriez retrouvé avant. En tout cas, on
fera le débat sur la place publique. Mais, au moment où nous nous
parlons, on n'est pas gêné des programmes administrés par
la Société d'habitation du Québec. Oui, il y a des
bonifications à apporter. Non, ce n'est pas stagnant. Oui, cela va
bouger. Mais ce qu'on vous dit, c'est qu'on va bouger dans le même sens
qu'on a bougé, dans le sens d'une saine gestion administrative, d'une
performance, dans le sens de mieux identifier - vous en avez parlé au
début - les clientèles. On ne s'éparpillera pas comme vous
l'avez fait. L'entente fédérale-provinciale - nous n'avons pas
l'intention de demander des changements à ce niveau-là - a
décidé de viser les plus démunis de la
société et nous n'avons pas l'intention de demander de
modifications. Si vous nous en demandez, on va les évaluer, mais, pour
l'instant, on n'a pas l'intention de bouger. Donc, le fardeau de nous
convaincre qu'on devrait en viser d'autres que les plus démunis dans la
société vous appartient. On a fait des choix en fonction de la
présence d'enfants dans les ménages. Ces choix sont inclus dans
nos programmes et les gens en bénéficient. On a fait des choix en
fonction d'une population vieillissante à cause de la
démographie. On pense honnêtement qu'on peut devant
l'électorat et on pense honnêtement qu'on peut devant ceux qui en
ont besoin argumenter que ces choix sont ceux à favoriser, au moment
où nous nous partons dans la société
québécoise. Cela ne veut pas dire que ça va toujours
être comme ça. Mais, pour le moment, on pense qu'il s'agit de
bonnes priorités et gouverner, c'est avoir le sens des bonnes
priorités.
M. Paré: Vous êtes un très bon politicien,
mais je vais revenir sur la même question. Cela vous donnera la chance
d'en reparler. Je vais quand même vous dire ce que j'en pense.
Premièrement, quand on parle d'une politique globale
d'habitation, c'est comme parler d'une politique de main-d'oeuvre et de
sécurité du revenu pour les assistés sociaux, c'est comme
parler d'une politique des affaires sociales telle que déposée
par votre collègue cette semaine. Une politique, ce n'est pas
s'encarcaner, comme vous l'avez dit tantôt. Quand on a suffisamment
d'idées et d'orientations et qu'on émet une politique, on ne
s'encarcane pas, mais on se donne des orientations claires qu'on essaie de
faire partager par les intervenants.
Vous parlez beaucoup de consultation, du milieu et des partenaires. Vous
citez des partenaires, sauf qu'il y en a qui demandent à être
entendus lors d'une consultation publique, alors qu'on a l'impression qu'il y a
deux partenaires: Vous et le ministre fédéral, qui
négociez des ententes-cadres. C'est ainsi que ça se passe. Et on
nous a promis...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...pas renseigné.
M. Paré: II faut être clair là-dessus, vous
ferez la politique que vous voudrez - c'est quand même la
réalité des choses - il y a des gens qui souhaitent, qui
espèrent et qui demandent depuis des années, depuis 1986, moment
où votre prédécesseur a promis qu'il allait y avoir un
document qui était en préparation - je ne sais pas s'il y en a
encore - qui est censé être des grandes orientations dans le
domaine du logement et de l'habitation, qui s'appellerait un document de
consultation ou une politique globale d'habitation. C'est ça que les
gens se sont attendus à recevoir depuis des années.
Votre prédécesseur a fait des engagements souvent,
régulièrement, sur le dépôt d'un document sur une
politique globale d'habitation. C'est ce que ça veut dire. Peu importent
les consultations que vous avez avec les groupes, peu importent les
mémoires qui vous sont soumis, peu importent les congrès, que ce
soit de l'Union des municipalités ou de l'Union des municipalités
régionales de comté, des groupes représentant d'autres
secteurs de l'activité qui vous rencontrent, c'est correct, ce sont des
rencontres. Qu'elles vous permettent d'élaborer des programmes, d'amener
une négociation dans un sens ou dans l'autre avec Ottawa, j'en conviens,
ce sont des échanges de vues. Mais ce qu'on avait promis, ce qu'on avait
laissé entendre aux gens, c'est qu'il y aurait un document, un peu comme
Montréal a fait, qui nous indiquerait les grandes
orientations en matière d'habitation au Québec. On
s'attendait à ça.
Aujourd'hui, que vous veniez dire que ce n'est pas utile, que ce n'est
pas nécessaire, qu'on n'a pas besoin de déposer de politique
globale d'habitation parce que c'est mouvant, c'esf changeant,
ça doit être adapté - oui, j'en suis et c'est normal, c'est
vrai - il va falloir s'adapter, II va falloir améliorer,
j'espère, et non pas reculer dans le domaine de l'habitation au
Québec. Donc, il va falloir s'adapter à des situations
changeantes. Mais est-ce que ça nous empêche d'avoir une vision
d'avenir? Est-ce que ça nous empêche d'avoir un plan d'action?
Est-ce que ça nous empêche de déposer une politique globale
d'habitation? Je pense que non, ça ne devrait pas nous en
empêcher. On devrait tenir parole et on devrait déposer le
document tel que promis.
Si vous dites que, maintenant, ce n'est plus utile et qu'on a
rêvé si on pensait qu'il allait y avoir quelque chose de
déposé, je dois vous dire qu'on nous a leurrés. Si on a
rêvé, on a rêvé à partir de leurres, parce
qu'on répétait à tout bout de champ que ça s'en
venait. Même le ministre, votre prédécesseur, a
déclaré, à Sherbrooke, non pas à une demande de
l'Opposition, mais des milieux concernés à Sherbrooke: Cette
politique s'en vient dans quelques semaines. Je me rappelle, cela s'en venait,
on donnait presque des dates; il y a un document qui allait être
déposé. Cela fait des mois et des mois. On a eu le temps de
changer de ministre, on a eu le temps de continuer à croire qu'il y
aurait un document de déposé. Il n'y en a pas encore.
Le fait de déposer un document et de donner de grandes
orientations ne vient pas en contradiction avec ce que fait Montréal. Ce
n'est pas parce que Montréal, qui est la ville majeure et principale du
Québec, qui vit davantage des problèmes dans le domaine du
logement, dépose un document que ça nous empêche d'avoir
une vision globale, des orientations connues, une politique
générale pour le Québec et qui pourrait s'adapter aux
municipalités. Ce n'est pas vrai que, parce que Montréal fait un
geste dans cette direction et qu'elle est présentement en consultation,
ça justifie non seulement le retard d'un dépôt d'une
politique, mais même l'abandon. Cela n'a pas de bon sens. Si vous l'avez
lu, vous voyez que Montréal conclut qu'elle doit entreprendre des
démarches et avoir presque une politique municipale d'habitation, parce
qu'on n'en a pas beaucoup dans les gouvernements supérieurs. Quand vous
regardez tous les programmes...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Qui a dit ça? C'est M.
Gardner qui aurait dit ça?
M. Paré: Non. Vous lirez ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Bon. Je sais lire.
M. Paré: Vous lirez ça et vous allez voir que ce
qui est dit...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Disons qu'on l'a lu avant qu'il
soit rendu public, grâce à la collaboration d'un partenaire
majeur. Montréal s'est associée au gouvernement du Québec
là-dedans comme dans d'autres choses et on a eu des
préconsultations avant que le document soit rendu public.
M. Paré: Et j'espère...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je remercie, d'ailleurs, M.
Gardner.
M. Paré: Et j'espère, j'ose espérer...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que c'est la façon
d'agir. Mais ne faites pas dire au document ce qu'il ne dit pas. En tout cas,
vous pouvez toujours...
M. Paré: Je ne parle pas de vos rencontres en catimini,
qui se font à huis clos, que je ne dénonce pas, d'ailleurs.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne peux pas rencontrer M.
Gardner?
M. Paré: Moi, je parle du document que j'ai vu, de ce que
dit le document. D'accord?
M. Paradis (Brome-Missiquoi): D'accord.
M. Paré: Le document demande aux gouvernements
supérieurs de prendre leurs responsabilités. D'accord? Il dit
même: En l'absence de politique globale des gouvernements
supérieurs, Montréal doit faire en sorte de répondre aux
besoins de sa population. Elle dénonce aussi les programmes que vous
vantez en disant: Cela va prendre des améliorations à PARCQ; cela
va prendre des améliorations au programme d'accès à la
propriété. Cela va prendre un paquet d'affaires. C'est eux autres
qui sont obligés de vous le dire. Montréal vous le dit dans un
document parce qu'il n'y a pas de document gouvernemental
québécois qui lui permettrait d'intervenir à
l'égard d'une politique globale qui serait québécoise.
Comme il n'y en a pas, dans leur document ces gens amènent ces
changements qu'ils vous proposent.
Vous pensez que, finalement, on n'a pas besoin de dépôt -
vous le dites et vous êtes en train de le confirmer d'une façon
claire; de toute façon, j'aime les choses claires - parce que vous
faites les consultations quand c'est le temps, vous allez chercher les
informations dont vous avez besoin et vous entreprenez des discussions qui
orientent votre politique en fonction des ententes que vous signez avec le
gouvernement fédéral. L'entente-cadre semble être pas mal
le document sur lequel on base nos programmes.
Sauf que la négociation pour demander au fédéral
l'amélioration des programmes ou des nouveaux programmes, cela devrait
faire partie d'une orientation québécoise si c'est nous qui avons
la maîtrise d'oeuvre là-dedans. Si c'est nous qui avons aussi la
responsabilité constitutionnelle de l'habitation et du logement, si
ça relève de nous, on ne doit pas être soumis a des
programmes nationaux. On ne doit pas, non plus, être toujours en attente
des décisions qui viennent des autres. On devrait être capables de
les implanter nous-mêmes quand on décide que c'est bon pour notre
population au lieu de périmer 32 000 000 $.
Si vous dites qu'on ne voit pas l'utilité de la démarche
que je propose, comment cataloguez-vous ou définissez-vous la
recommandation no 1 de votre prédécesseur dans le mémoire
au Conseil des ministres déposé le 8 décembre 1987 sur les
orientations gouvernementales en matière d'habitation? Recommandation no
1: Je, André Bour-beau, ex-ministre des Affaires municipales et
responsable de l'Habitation, recommande au Conseil des ministres d'approuver
les principes, objectifs et orientations proposés dans le présent
mémoire et d'autoriser la publication d'un document faisant état
de ceux-ci au moment opportun.
Il faut dire que votre prédécesseur n'a pas essayé
de nous leurrer, au moins, quand il nous promettait que cela s'en venait, parce
qu'il l'a même proposé au Conseil des ministres. Ce que vous
êtes en train de dire, vous, ce n'est plus la même chose. On vient
de changer d'orientation. Que faites-vous à partir du moment où
on se parle de la recommandation n° 1 qui a été faite par
votre prédécesseur? Je la relis pour qu'on soit bien clair:
"...d'approuver les principes, objectifs et orientations proposés dans
le présent mémoire et - c'est là que c'est important -
d'autoriser la publication d'un document faisant état de ceux-ci au
moment opportun."
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je pense
que je vais reprendre quelques points techniques parce que, sur les grands
principes, je ne pense pas pouvoir tomber d'accord, trouver un
dénominateur commun avec le député de Shefford, mais
peut-être sur des questions de détail au moins - tantôt, sur
des chiffres je pense qu'on est pas mal tombé d'accord - concernant
certaines difficultés d'application du programme PARCQ que vous avez
soulevés. Bien oui, nous sommes conscients qu'il y a des
difficultés d'application du programme PARCQ. Bien oui, nous sommes
conscients que c'est dénoncé dans le document de consultation de
la ville de Montréal. Bien oui, nous en avons discuté auparavant
avec la ville de Montréal. Bien oui, nous en avons discuté avec
l'ensemble des intervenants du monde municipal. Bien oui, nous allons tenter
d'apporter des corrections parce qu'un des problèmes majeurs avec la
ville de Montréal lorsqu'on met des sommes à sa disposition pour
le programme
PARCQ, c'est que, dans plusieurs cas, elle ne peut pas s'en
prévaloir, et les gens nous expliquent pourquoi ils ne peuvent pas s'en
prévaloir. (17 h 45)
À l'occasion de rencontres, ils nous disent - je pense que c'est
crédible, on l'a vérifié - que les sommes qui sont
allouées pour fins de déménagement, etc., dans le cadre du
programme PARCQ sont inférieures à celles que va attribuer la
Régie du logement du Québec si la personne se présente
devant elle. Donc, en pratique, la personne qui se retrouve dans cette
situation, plutôt que d'avoir une complicité dans l'application du
programme PARCQ, comme c'est son droit de le faire, va devant la Régie
du logement du Québec et obtient un dédommagement
supérieur à celui qui est prévu au programme. Oui, il y a
là une lacune, mais on n'est pas pour déranger l'ensemble des
intervenants de la province de Québec pour constater qu'il y a là
une lacune. Nous admettons qu'il y a une lacune dans l'application du programme
PARCQ. Nous ne sommes pas du tout fâchés contre la ville de
Montréal qui l'a écrit dans son document, elle nous avait avertis
auparavant, et nous travaillons à corriger cette lacune. Je ne pense pas
que ça prenne des États généraux de l'habitation au
Québec pour faire reconnaître au gouvernement qu'il y a, dans
l'administration du programme PARCQ, une difficulté sur laquelle on se
penche et à laquelle on tente d'amener des solutions
pratico-pratiques.
Vous parlez du programme d'accès à la
propriété. Oui, dès le lancement du programme
d'accès à la propriété, nous avons eu des
pourparlers spécifiquement et spécialement avec le monde de
Montréal, si je peux utiliser cette expression, parce qu'on
dénonçait surtout un élément à
l'époque. Vous vous en souviendrez, le ministre des Finances, dans son
discours sur le budget, avait fixé le plafond à 75 000 $. On n'a
pas eu besoin de faire des États généraux de l'habitation
pour se rendre compte que, en pratique, il y aurait plus de gens admissibles
dans la région de Montréal si on haussait le plafond à 95
000 $. Nous avons donc constaté qu'il y avait là place à
amélioration. Et même, à la lecture du document, j'ai
constaté qu'il y a sans doute des gens, à Montréal, qui se
sont rendus à nos arguments selon lesquels 95 000 $, c'était le
bon chiffre pour l'année qui vient de se terminer puisque c'est le
chiffre qui a été repris dans le document de consultation de la
ville de Montréal. Quant au nombre d'enfants, ce n'est pas le même
qui est suggéré dans le document de la ville de Montréal.
Il y a des audiences publiques, c'est en consultation, on verra ce que les gens
disent. Est-ce qu'on doit favoriser davantage là où il y a
présence d'un enfant? Est-ce qu'on doit favoriser davantage là
où il y a présence de deux enfants, de trois enfants? Ce sont des
décisions qui doivent être prises à la suite de certaines
consultations. Les
consultations sont en train d'être effectuées et nous les
suivons de très près.
Du mémoire au ConseP des ministres, je me souviens très
bien. Je ne me sens pas libre de parler des discussions qui ont cours au
Conseil des ministres. Il y a quand même des perceptions de il
intérieur que tout observateur averti de la scène politique est
capable de décoder ou de faire semblant de décoder. Lorsque vous
me parlez du mois de décembre, date où le mémoire a
été présenté, j'ai l'impression qu'il l'a
été à peu près en même temps - je vous le dis
sous toutes réserves - qu'une politique de sécurité du
revenu. Je tiens pour acquis qu'un Conseil des ministres raisonnable, bien
intentionné et intelligent a sans doute parlé d'harmonisation,
sans vous donner de détails. Je pense qu'il y a une allocation-logement
qui fait maintenant partie de la politique de sécurité du revenu.
Et agir sans tenir compte de cet élément serait agir innocemment,
dans le sens péjoratif du terme. Merci, M. le Président.
M. Paré: Je vais vous reposer la question très
brièvement. Comme cela, on va s'y référer directement.
Comme ministre responsable de l'habitation, qu'est-ce que vous pensez de la
recommandation suivante: Approuver les principes, objectifs et orientations
proposés dans le présent mémoire - le mémoire de
décembre 1987 - et autoriser la publication d'un document faisant
état de ceux-ci au moment opportun.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ma réponse sera très
simple. Je viens de vous la donner. Je pense qu'il serait innocent, dans le
sens péjoratif du terme, de ne pas harmoniser avec la politique de
sécurité du revenu. Pour avoir bâti des politiques dans le
passé, je vous dirai que, sur le plan de certains
éléments, ce serait risqué de tenir pour acquis que nos
partenaires, surtout ceux qui ont à contribuer financièrement
quelquefois plus substantiellement que nous le faisons, bien qu'étant
jaloux de notre juridiction dans le domaine de l'habitation, sans au
préalable pouvoir assurer l'ensemble des collègues qu'on a obtenu
dans le cadre de cette entente les marges de manoeuvre financières
nécessaires... Ce serait risqué. Et, au moment où on se
parle, j'ai l'impression de travailler à tenter de les dégager.
Je vous dis que je tente, à partir des éléments qui sont
contemporains en 1989, d'agir avec des éléments contemporains
à 1989. Je pense que mon prédécesseur agissait avec des
éléments contemporains à 1987 au moment où il a agi
avec des éléments contemporains en 1987. Sauf qu'il y a des
choses qui sont changées. On est en 1989; ce n'est pas comme en 1987, et
ce n'est surtout pas comme c'était quand vous étiez au pouvoir en
1985. Je pense que vous ne pouvez pas ignorer le passage du temps. Vous pouvez
ignorer mes réponses, ignorer mes remarques, ignorer les statistiques
que je vous communique, mais vous ne pouvez pas ignorer le passage du temps. Il
fait son oeuvre, même sur vous.
M. Paré: Je n'essaie pas de ne rien ignorer. J'essaie
juste de bien clarifier. Je vous l'ai dit, vous êtes bon politicien et je
suis assez têtu. Vous vous en rendez compte, cela ne me fait rien de
revenir sur la même question tant et aussi longtemps que ce n'est pas
très clair. Vous me donnez des éléments, vous tournez
autour du pot, sauf que cela ne me fait rien de rouvrir le pot. Vous savez,
dans l'annonce de beurre de "pinottes" que les assistés sociaux mangent,
il y a toujours la petite "pinotte" sur le dessus. Elle est dans le pot. Cela
ne me fait rien de tourner autour du pot tant et aussi longtemps qu'on n'a pas
mangé la "pinotte".
Vous nous dites que cela a évolué par rapport au document
qui avait été déposé...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Voyons donc.
M. Paré: ...sauf qu'il y avait une orientation, une
volonté qui était exprimée à partir du paragraphe
que je vous ai lu. Je vais vous le lire juste à moitié,
maintenant, parce que plus ça va, plus on se rapproche: Est-ce que vous
avez toujours l'intention de suivre la recommandation d'autoriser la
publication d'un document sur l'habitation, tel que le recommandait la
première recommandation de l'ex-ministre, votre
prédécesseur?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, si
j'étais député de Shefford, dans un autre monde et dans
d'autres circonstances, que je siégeais dans un Conseil des ministres et
si j'avais l'intention de faire abstraction du passage du temps, de
l'évolution de la société et de l'évolution
d'autres dossiers dans d'autres secteurs d'activité qui sont
interconnexes... Quand on parle d'allocation-logement à l'aide sociale,
je pense que c'est important, même lorsqu'on parle de politique de
santé et de services sociaux, ça devient important, cela a des
relations directes. Si je faisais abstraction que je souhaite, même en
conservant ma juridiction, signer des ententes - des ententes, ça veut
dire que j'exerce ma juridiction, je signe de gré à gré;
ce ne sont pas des ententes forcées avec le gouvernement
fédéral... Si je voulais ignorer tout ça, je dirais: Je
reprends des documents d'il y a trois ans et je fais abstraction de toutes ces
choses; je suis d'accord avec le document, je me replace dans le temps et je le
resigne. Possiblement - je vous le dis sans prétention - que si j'avais
été là en décembre 1987, compte tenu des
éléments au tableau en décembre 1987, j'aurais
probablement signé le même mémoire de celui qui m'a
précédé en décembre 1987, tout autant que je suis
convaincu que la personne qui a signé le document en décembre
1987, étant intelligente, ne fait pas abstraction du passage du temps,
de l'évolution des autres politiques, d'ententes qu'on a avec d'autres
niveaux de gouvernement, en
1989, vous apporterait les mêmes réponses que je vous
apporte.
M. Paré: Vous me portez presque à conclure ce que
des groupes, des associations de locataires concluent: finalement, ce qu'on
retrouve à l'intérieur du mémoire, c'est, grosso modo, en
grande partie, votre politique d'habitation actuelle, celle que vous appliquez,
le mémoire que vous appliquez à la pièce, mais qui n'a pas
été discuté par les intervenants, qui n'a jamais
été déposé. Donc, si l'application du décret
qu'on est en train de faire à la pièce - je pourrais vous donner
des exemples - quand on l'a vu, sauf que les choses qui sont les plus
bénéfiques pour les citoyens, on ne les a pas encore mises sur
pied, on retrouve là-dedans, l'admissibilité à Logirente
à 55 ans et, ensuite, à 50 ans. On n'a pas fait cela. On parle
d'une politique d'accès à la propriété, une mise de
fonds. Malheureusement, dans ce qui était proposé, c'était
une aide de 8000 $ sur dix ans au lieu de 7000 $ sur sept ans, tel qu'on
s'était entendu.
On parle de mettre en vigueur les dispositions de la Loi sur le
bâtiment relativement aux garanties, ce qui n'est toujours pas fait alors
que c'est voté depuis juin 1985, si je me rappelle bien. On aurait
dû mettre ça pour protéger les acquéreurs de
propriété. Mais non, on l'a, on le pourrait, mais on ne le fait
pas. Par contre, il y a des choses là-dedans... On s'aperçoit
qu'on est en train de mettre à la pièce des recommandations.
Donc, on peut se fier sur l'orientation. On sait où on s'en va
même si on n'a jamais déposé le document, même si on
n'a jamais permis, probablement des consultations, mais pas d'échanges
de vues larges, générales et ouvertes à tout le monde.
On s'aperçoit que, quand on parle de l'abolition du programme de
remboursement de l'impôt foncier, quand on parle de la mise en place d'un
programme d'accès à la propriété, une mise de
fonds, quand on parle de la réduction de 1000 unités de logement
à compter de 1988 au chapitre de la construction de HLM - et on va
revenir à ça tantôt, j'ai hâte d'avoir les chiffres -
on est en train progressivement, lentement, de mettre en application ce qui est
probablement la politique du gouvernement, mais qui n'est pas une politique
déposée, discutée, qui peut vous servir d'orientation,
mais qui, malheureusement, ne peut pas servir d'orientation ou d'indication
à ceux qui n'avaient pas mis, jusqu'à maintenant, la main sur le
mémoire du 8 décembre 1987 au Conseil des ministres. Mais on voit
exactement où on va, quelles sont les grandes orientations qu'on se
donne, mais on ne les a pas soumises à la discussion du public comme
tel. On n'a pas fait connaître les orientations. À la place, on
fait connaître les programmes au moment où on décide de les
annoncer. Et je respecte ça, M. le ministre. Je ne dis pas que ce n'est
pas correct. Je respecte ça si c'est la façon de faire que vous
avez choisie de ne pas donner de grandes orientations, de ne pas permettre de
larges discussions, de ne pas permettre de consensus dans la population. Si
vous avez décidé à la place que, pour vous, c'est plus
important de faire des annonces par communiqué de presse avec votre
homologue fédéral pour annoncer des améliorations à
l'entente, donc qui se répercutent sur des programmes, si vous
préférez que ça se fasse lors du discours sur le budget,
où on annonce, comme l'an passé, la mise de fonds pour
l'accès à la propriété et où, cette
année, on pourrait annoncer autre chose - je ne sais pas, on
décide plutôt qu'on va annoncer l'amélioration du programme
Logirente, l'admissibilité à 55 ans, ou autre chose - si c'est la
façon de faire, la façon que vous avez choisie de faire
connaître votre politique et vos orientations, je respecte cela, mais il
faudra qu'à partir de maintenant - je dois vous dire qu'à partir
de maintenant, pour moi, c'est clair, cela va l'être aussi, je pense,
pour tout le monde - c'est comme ça que ça se fait, c'est comme
cela que ça va se faire et que les gens ne le demandent plus et ne
s'attendent plus à un dépôt de document qui serait une
orientation ou une politique globale de l'habitation au Québec.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, pendant ma
vie politique j'ai eu l'occasion de siéger dans l'Opposition.
Peut-être qu'il m'est arrivé, à l'occasion,
d'exagérer certaines situations, de tenter de donner de la
flexibilité à des faits, et peut-être qu'à certaines
occasions, j'ai même utilisé un langage qui a pu possiblement
dépasser ma pensée. Mais, jamais, M. le Président, je vous
prends à témoin, en l'espace de quelque 60 minutes ou 90 minutes,
pour donner toute la latitude nécessaire, je n'ai dit deux choses
carrément contraires et opposées pour tenter de faire passer un
point de vue. Pendant un bon 45 ou 60 minutes, le député de
Shefford me blâme, m'accuse - politiquement, c'est bien, c'est de bonne
guerre - de ne pas avoir de politique d'habitation. On a entendu cela pendant
45 minutes: Le gouvernement n'a pas de politique d'habitation; le ministre est
responsable; je le blâme; il n'y a pas de politique d'habitation. Durant
la même période, on n'a pas eu de fin de semaine entre les deux,
on n'a pas eu de nuit de sommeil entre les deux. Immédiatement, à
la période qui suit: changement de stratégie. (18 heures)
S'apercevant qu'il n'allait nulle part avec la stratégie
initiale, une stratégie totalement contraire, totalement à
l'opposé, c'est de bonne guerre, mais pas dans la même
journée, en tout cas, pas dans la même séance;
peut-être le matin et l'après-midi, mais pas dans la même
séance, là, vous dites: Vous avez une politique d'habitation et
vous l'appliquez en catimini. Je ne peux pas raisonnablement accorder plus de
crédibilité à la première partie qu'à la
deuxième, parce qu'elles sont en parfaite contradiction. Le
problème - je vais y revenir - c'est que vous n'avez
peut-être pas compris.
Le député, pour tenter de s'en sortir, est passé
à un autre sujet et a dit: Le ministre ne consulte pas. Le ministre a
peur de la consultation. C'est un peu le message qu'il tente de livrer. J'en
prends à témoin le député de Sainte-Anne qui
représente un comté où on retrouve de nombreux
assistés sociaux, où l'impact d'une politique d'habitation est
majeure. M. le député de Sainte-Anne, va vous le dire, et
là je vous le dis humblement, je pense que je suis un des ministres du
gouvernement du Québec qui a passé le plus temps en commission
parlementaire au gouvernement du Québec à entendre des groupes
dans le besoin.
J'avais régulièrement le député de
Sainte-Anne comme personne assidue à l'occasion de ces audiences. On
n'évite pas la consultation. Chaque fois qu'un élément de
politique affecte des gens qui en ont le plus besoin dans leur vécu
quotidien, nous procédons par diverses manières à la
consultation. Quand c'est la commission parlementaire qui s'impose, c'est la
commission parlementaire, quand c'est la consultation avec l'Office municipal
d'habitation, quand c'est la consultation via les députés... Il
n'y a pas un mode de consultation qui soit la vérité absolue.
C'est par une multitude d'ensembles qu'on réussit à avoir le bon
pouls. Je pense que le député de Sainte-Anne pourrait
témoigner du fait que celui qui vous parle n'est pas celui qui,
jusqu'à maintenant, a craint la consultation, ni au moment où
il était dans l'Opposition, ni au moment d'occuper des fonctions
gouvernementales.
Je reviens finalement aux 90 minutes; 45 minutes au cours desquelles
l'Opposition nous a accusés de ne pas avoir de politique d'habitation et
45 minutes divisées à peu près comme ça au cours
desquelles l'Opposition nous accuse d'appliquer notre politique d'habitation en
catimini. J'attends le troisième scénario avec impatience.
M. Paré: II n'y aura pas de troisième
scénario. Vous avez le droit d'interpréter comme vous le voulez,
mais j'ai réussi à savoir ce que je voulais, non seulement pour
moi, mais pour tous ceux qui s'attendaient que la première
recommandation de votre prédécesseur puisse apparaître un
jour. Là, on sait qu'elle n'apparaîtra pas. Et les groupes qui
disent que vous avez une politique d'habitation, donc les orientations que vous
voulez bien vous donner vous n'avez pas l'intention de les soumettre. C'est
toute la différence au monde. C'est ce que je dénonce depuis une
heure et demie. Votre prédécesseur a laissé
entendre des choses, vous avez laissé entendre des choses et,
aujourd'hui, vous dites que ce n'est plus nécessaire de publier ce
fameux document.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous nous
suggérez que ce n'est plus nécessaire de déposer les
documents?
M. Paré: Non, non, c'est ce que vous avez dit
tantôt, étant donné que... Bon, si c'est...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On a l'avantage d'avoir la
transcription des commissions parlementaires à l'Assemblée
nationale du Québec. Je suis prêt à ce qu'on
vérifie au Journal des débats. Je pense que...
M. Paré: Pour ne pas mêler ceux qui pourraient lire
parce que c'est très long..
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Voulez-vous que je le dise? Comme
ça, vous pourrez dire que je l'ai dit et vous allez être
content?
M. Paré: Non. Je vais être bien plus simple que
ça, vous allez voir, attendez un peu. Le fameux mémoire au
Conseil des ministres qui recommandait la publication d'un document sur une
politique d'habitation est daté du 8 décembre 1987. En avril
1988, lors de l'étude des crédits, M. Bourbeau, l'ancien
ministre, votre prédécesseur, réitère son
engagement. Je le cite, donc ce sera clair: Je dirai au député -
il s'adressait à moi - d'être patient encore un peu. Ces
cas-là annoncés à quelques reprises, mais une politique
d'habitation ne s'improvise pas du jour au lendemain. Donc, cela s'en vient.
Avril 1988. Ma question: Quand prévoyez-vous la déposer?
Là, il nous disait: Dans quelques jours. Si votre intention est de la
déposer, quand prévoyez-vous la déposer? Et si vous nous
donnez une date, on saura exactement où on s'en va.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, comment
faire comprendre au député de Shefford, par quelle technique, par
quel moyen, par quelle approche didactique, que les besoins évoluent en
matière d'habitation? S'il me demande quand je vais déposer la
politique d'habitation qui a, suivant un document qu'il avait en main
tantôt, été acheminée au Conseil des ministres en
décembre 1987, quand je vais rendre public ce document qui a
été acheminé au conseil... C'est ça votre question?
Je pense que ce n'est pas raisonnable de me poser une telle question. Je vous
ai expliqué que, depuis ce temps, il y a eu de l'évolution dans
les dossiers. Je vous ai mentionné strictement la mise en place, et on
n'en a pas encore les effets, en pratique, de l'aspect allocation-logement,
dans la politique de sécurité du revenu. Au plus tôt, cet
aspect de la politique va entrer en vigueur le 1er août prochain, et
là, vous allez avoir les effets pratiques, chez les plus démunis,
quant à leur allocation-logement. Est-ce que vous reprochez à mon
prédécesseur, qui est aussi mon successeur, d'avoir inclus une
allocation-logement dans la politique de sécurité du revenu, sans
avoir tenu de vastes consultations publiques? Est-ce que c'est le sens de votre
question?
M. Paré: Le sens de ma question...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Excusez, je corrige. La
parité va entrer en vigueur le 1er août. L'entrée en
application de l'allocation-logement pour les bénéficiaires et
sur leur chèque, sera à partir du 1er janvier 1990.
M. Paré: Je ne vous demande pas de me déposer la
politique d'aide sociale, elle est connue, elle a été
discutée, elle est claire, on sait à quelle date elle va entrer
en vigueur, et tout ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce qu'un élément
d'allocation-logement a été inclus dans cette politique qui,
possiblement, aurait pu faire partie du document que vous avez
présentement en main?
M. Paré: Comme vous avez le tour de ne pas
répondre, de tourner autour ou de changer la conversation.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais on parle de la
même chose.
M. Paré: Je ne vous demande pas quand vous allez
déposer le mémoire du 8 décembre 1987,
présenté au Conseil des ministres. Je l'ai devant moi. Je ne vous
demande pas de le déposer, je vous demande quand vous allez
déposer ce qui est inclus comme première recommandation de votre
prédécesseur, la publication d'un document faisant état
d'une politique d'habitation au Québec.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que je viens de
comprendre votre question.
M. Paré: II était temps.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non. Vous allez comprendre
pourquoi j'ai pris tant de temps à comprendre votre question. Quand vous
présentez un mémoire au Conseil des ministres - je ne vous en
tiens pas rigueur, je discute parfois avec certains de vos collègues qui
ont occupé ces fonctions et qui comprennent de quelle façon
ça fonctionne - c'est généralement accompagné, au
moins sur le plan des principes, de ce que vous entendez faire, et dans
certains cas, c'est même accompagné d'un document encore plus
explicatif.
M. Paré: C'est le cas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Quand je dis "plus
explicatif, je veux dire encore plus explicatif que ce que vous avez en main,
présentement. Lorsque c'est approuvé par le Conseil des
ministres, l'approbation autorise généralement la publication,
avec ou sans modification, des propositions ministérielles. Dans le cas
qui nous concerne, ce mémoire, si ma mémoire est fidèle,
n'a pas traversé, avec le succès requis, à cause de
phénomènes comme la politique de la sécurité du
revenu qui, à l'époque, ne contenait pas, par exemple,
d'éléments d'allocation-logement, les épreuves
prévues dans la prise de décision gouvernementale. Donc,
même si je vous disais aujourd'hui que je voudrais rendre public le
document que vous avez en main, qui provient d'une source qui vous l'a
coulé, je ne suis pas capable de le rendre public. Mais je ne sais pas
si j'ai encore besoin de le rendre public. J'ai cru comprendre que vous l'aviez
rendu public.
M. Paré: Non, je ne l'ai pas rendu public.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'en ai vu des
éléments dans les journaux. Je ne vous accuse pas. J'avais
l'impression qu'une fois que cela avait été dans les journaux,
c'était public. Ce n'est peut-être pas...
M. Paré: Probablement. En tout cas, c'est plus facile d'en
avoir des copies; la preuve, c'est que j'en ai une. En tout cas, pour moi, cela
se clarifie.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour mol aussi, alors c'est
clair.
M. Paré: Les groupes concluront sur votre
volonté...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On va les laisser conclure. Si
cela peut être clair entre vous et moi, on va laisser les autres
intervenants conclure.
M. Paré: Ils vont conclure facilement. J'ai conclu,
donc...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord, cela va.
M. Paré: ...ils vont être capables aussi, ce n'est
pas inquiétant. On n'aura pas de document. C'est aussi simple que
ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous référer
au même endroit où j'ai référé le whip de
votre formation politique hier, à l'occasion de la période des
questions. Quand on me parle d'avenir en politique, je suis
généralement assez prudent et, avant d'affirmer qu'il va se
passer ou qu'il ne se passe pas quelque chose, c'est parce que j'ai des
garanties et si je veux me risquer, je fais de la spéculation politique,
et c'est peut-être là votre troisième stratégie.
M. Paré: Je vais vous dire une chose là-dessus.
Quand on est en politique, on doit s'occuper de l'avenir, et notre rôle
en politique est justement de prévoir et de planifier l'avenir.
Dans le domaine de l'habitation, c'est votre responsabilité,
n'oubliez pas ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que le slogan du Parti
libéral du Québec est en train de vous rejoindre. Pour nous,
c'est: Maîtriser l'avenir.
M. Paré: Oui, mats je dois vous dire qu'on aura d'autres
occasions ou d'autres scènes pour vous dire qu'on aurait plaisir
à prendre certains dossiers où la maîtrise aurait pu
être meilleure.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous sommes parés.
M. Paré: On s'en reparlera certainement.
Je voudrais en venir maintenant, tout en conservant ce document,
à une facette différente, la négociation entamée de
la nouvelle entente fédérale-provinciale, puisque l'ancienne
entente se termine en juin 1989, et que c'est une entente signée en juin
1986 pour une période de trois ans, et que les trois ans sont maintenant
à terme.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On est encore dans l'avenir.
M. Paré: On est encore dans l'entente passée,
jusqu'à un avenir tout prochain, puisque à partir de... Cela veut
dire que vous êtes probablement - vous devez l'être et vous en avez
déjà parlé - en pleine négociation pour
négocier pour le mieux, j'espère, des programmes et des fonds en
quantité plus importante pour le Québec.
Comme l'entente-cadre fédérale-provinciale vient à
échéance en juin, est-ce que vous êtes en mesure maintenant
de nous assurer qu'on va avoir au moins la contribution conclue dans l'entente
qui se termine, puisque le gouvernement fédéral, d'après
les compressions du budget qu'on nous annonce et qui inquiètent tout le
monde, surtout le gouvernement du Québec, selon les discours du premier
ministre ou du ministre des Finances... De votre côté, pouvez-vous
nous assurer, au moment où on se parle, d'aller chercher comme minimum
ce qu'on avait obtenu lors de la dernière entente?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, je vais
tenter de répondre. Vous comprenez le sens de la question: le
député de l'Opposition me demande si, à titre de ministre
provincial, je peux lui garantir que, dans le budget du gouvernement
fédéral, des crédits au moins équivalents à
ceux de l'an passé seront là. Cela dépasse l'entendement
d'un parlementaire, M. le Président.
Je ne pense pas qu'un ministre des Finances, à quelque niveau que
ce soit, même s'il était au palier provincial, divulguerait
à votre humble serviteur le montant des dépenses qu'il
prévoit pour l'an prochain. Je ne pense même pas, et je suis
même sûr - je pourrais vous répondre - que mon
vis-à-vis, M. Redway, ne sais pas, au moment où on se parle, quel
sera le niveau des allocations dont à va disposer, parce que je
présume que M.Wilson, jusqu'à preuve du contraire, est un
ministre des Finances responsable et qu'I ne s'est pas confié
à M. Redway, et surtout pas à votre humble serviteur.
Dans les circonstances, je vous saurais gré de retirer cette
question. Vous me placez dans une situation... Il m'est impossible de vous
répondre. C'est rare qu'on est devant des situations comme ça en
politique, mais c'est impossible de vous répondre.
M. Paré: Vous auriez pu, lors des négociations qui
pourraient déjà être en cours, être
sensibilisé ou avoir des indications à savoir si, au niveau
fédéral, au moins, le ministre se bat auprès de son
gouvernement pour aller en chercher plus, ou moins. Vous avez certainement
déjà une indication à savoir où se dirige
l'entente, sinon on verra après le budget. (18 h 15)
Advenant le cas où, lors du budget fédéral, on
décide que, malheureusement, le secteur de l'habitation est un de ceux
qui vont être touchés, et si on regarde même du
côté fédéral, finalement, les investissements qui ne
vont pas en augmentant pour les coopératives, en tout cas... Si, lors du
prochain budget, le fédéral décide une compression dans
l'habitation, est-ce que nous, au Québec, on peut être
assurés... Est-ce que vous vous donnez comme mandat, et est-il de votre
intention de ne pas retransférer cette coupure chez les
bénéficiaires et de maintenir, au moins au niveau actuel, les
programmes existants en matière d'habitation?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, notre
règlement prévoit que nous ne sommes pas obligés, j'irais
plus loin, que les questions hypothétiques ne doivent pas être
adressées au ministre. Je n'ai pas relevé le compte exact
d'hypothèses ou de "si" contenus dans la question du
député de Shefford. J'aurais sans doute manqué de doigts
aux deux mains. À l'échéance de chacune des
hypothèses émises par le député de Shefford, nous
tenterons de prendre les décisions appropriées et, comme à
l'habitude, nous solliciterons sa précieuse collaboration pour arriver,
si possible, à les prendre dans l'unanimité.
M. Paré: Lors de ces fameuses négociations avec le
gouvernement fédéral, le ministre pense-t-il être capable
de justifier facilement ou le maintien ou une augmentation des fonds qui
seraient transférés au Québec alors que le Québec,
lui, diminue son implication en matière d'habitation? On l'a vu par les
chiffres que je vous ai donnés au début, finalement, on investit
moins. Je vais vous donner des chiffres qui sont
retrouvables, d'après les documents qui nous sont fournis. Si on
regarde la contribution au financement des programmes d'aide, ceux de
Québec, la Société d'habitation du Québec, en
partant de 1984 à 1986, on s'aperçoit qu'on est passé de
179 600 000 $ en 1984, à 228 500 000 $ en 1985, en 1986, on est
tombé à 177 000 000 $, en 1987, à 178 000 000 $ et, en
1988, à 159 600 000 $, alors que pour la contribution de la
Société centrale d'hypothèques et de logement, pour le
financement des programmes de la SHQ, de 1984 à 1986, ça va de 91
500 000 $ en 1985, 103 400 000 $ en 1986, 118 800 000 $ en 1987 et à 147
100 000 $ en 1988.
Donc, on voit une diminution de la contribution du Québec et une
augmentation de la contribution d'Ottawa. Est-ce qu'on pense être capable
d'aller en chercher au moins autant, sinon plus, du fait que la contribution du
Québec diminue en matière d'habitation et que, pour le budget qui
vient de se terminer, le Québec a même périmé 32 000
000 $?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que je vais reprendre
patiemment l'argumentation que j'ai énoncée au tout début.
Vous n'étiez pas là et cela ne me fait rien de la reprendre. Ce
n'était pas votre rôle d'être là non plus,
c'était celui du député de Jonquière qui est le
critique en matière d'affaires municipales qui a pris, quant aux
crédits des affaires municipales, le même genre de questions - il
doit y avoir une certaine collaboration, une certaine collusion entre les
recherchistes - celui que vous abordez présentement.
Tout comme vous le faites, M. Dufour prend des budgets d'avant 1985,
maintient la courbe d'augmentation, et en arrive à des diminutions qui
paraissent considérables. Je pense qu'on contredirait l'évidence
si on n'admettait pas ça. Mais il y a une autre évidence qu'il
nous faut admettre. Si, ministère par ministère, programme par
programme, élément de programme par élément de
programme, nous avions suivi la courbe que vous nous indiquez, le
déficit pour cette année serait probablement de quelque 8 000 000
000 $. Je pense que la population du Québec ne serait pas très
contente de son gouvernement.
Donc, à partir du moment où vous arrivez au gouvernement
et que vous vous dites qu'il faut équilibrer le budget, qu'on a fini
d'emprunter pour l'épicerie, etc., il vous faut réaligner vos
budgets. C'est ce qu'on a fait. Là-dessus, je suis prêt à
vous dire que oui, vos chiffres sont bons. Si on avait maintenu votre courbe,
ce sont des dizaines de millions de dollars de plus qu'on aurait. Je ne suis
pas certain, par exemple, quand je regarde aller votre courbe et le nombre de
ménages que vous avez rejoints, qu'on rejoindrait beaucoup plus de monde
avec la façon dont vous gérez. On n'en rejoindrait probablement
pas plus, sinon moins que présentement avec les budgets dont dispose la
Société d'habi- tation du Québec.
On revient au début de notre argumentation. Comment avons-nous pu
faire plus avec moins? Je pense que c'est là la grande question des
crédits ici aujourd'hui. C'est en étant plus efficaces à
tous les paliers et à tous les points de vue. Comment avons-nous pu
réussir à rejoindre davantage de clientèles? En ciblant
mieux ces clientèles. On aura beau tourner les chiffres, vous allez
toujours avoir raison sur un élément: On a consacré moins
d'argent en dollars constants que si on avait suivi les courbes que vous avez
suivies de 1980 à 1985 et continué la courbe.
Mais il y a une autre constante qu'on va remarquer. C'est que
d'année en année on rejoint davantage de personnes qui ont besoin
de logement et, il faut l'admettre, quasiment avec moins d'argent. Je pense que
vous avez là deux courbes qui se croisent. Le croisement de ces deux
courbes, intervenu en 1986, est un croisement de courbes voulu, souhaité
et apprécié, et par l'ensemble de la population en
général et par les clientèles que dessert la
Société d'habitation du Québec. \
M. Paré: Si le gouvernement fédéral lit ce
que vous venez de dire, il pourra certainement justifier une compression. Le
discours que vous tenez se tient à quelque niveau que ce soit. Il s'agit
de savoir si on considère que l'habitation c'est, oui ou non,
superimportant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'aurais le goût de vous
faire parvenir un petit tableau pour vous aider à comprendre, parce que
des fois on peut interpréter les paroles, mais les tableaux et les
graphiques... J'ai un tableau devant moi qui s'intitule "Subventions aux
faibles revenus", des subventions en habitation des deux ordres de
gouvernement. J'ai un diagramme qui s'en va vers le haut. Augmentation de la
clientèle substantielle que l'on rejoint par rapport au gouvernement
précédent, c'est incroyable. Mais on a une faiblesse, et
je vais m'en confesser publiquement, le même tableau indique que quant
aux autres clientèles, nous sommes en diminution d'interventions.
Je pense qu'il faut être honnête et le dire, c'est ce que
nous avons réussi à faire. Ce sont les choix politiques que nous
avons faits et nous sommes prêts à défendre ces choix
politiques sur la place publique.
M. Paré: Ce qu'on dit c'est: Oui, c'est normal d'aider les
plus démunis. Je l'ai dit aussi au tout début. Sauf que ne
doit-on pas aussi en aider d'autres et ne pourrait-on pas en aider plus? Vous
avez cité tantôt, et vous aviez raison... Si on se fixe une
priorité et qu'on décide que, comme gouvernement, il faut avoir
l'équilibre budgétaire, j'en suis, sauf que les 32 000 000 $ que
vous n'avez pas dépensés, normalement ça n'aurait pas
défait l'équilibre
budgétaire étant donné que ce sont des montants
budgétisés en début d'année et que vous avez le
droit de dépenser. C'est clair et net. Ce n'est pas
compliqué.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que je dp'jx
répondre encore une fois au sujet des 32 000 000 $? Je pense qu'il y a
là une incompréhension aussi fondamentale que sur la question
qu'on a réglée après environ 90 minutes de
débat.
Vous avez l'air de prétendre - et je souhaite que ce ne soit pas
exact - qu'on aurait pu décider en début d'année ou au
cours de l'année, mois après mois comme vous l'indiquez,
d'orienter les 32 000 000 $ ailleurs, dans d'autres secteurs, etc.
Je vous dirai que quand vous décidez en début
d'année budgétaire d'aller récupérer des "en lieu"
de taxes, vous élaborez votre stratégie, vous commandez vos
évaluations et quand vous réglez vos dossiers, c'est
généralement plus vers la fin de l'année qu'au
début. Vous tenterez, vous, en toute fin d'année, dans un
appareil gouvernemental, parce que j'imagine qu'il n'y en avait pas de
périmés dans votre temps, personne ne périmait dans le
temps du Parti québécois, vous essaierez, dis-je, en toute fin
d'année financière de dépenser 32 000 000 $ comme
ça. Si vous êtes prêts - et je vais utiliser un terme non
habituel dans nos débats parlementaires - à garrocher l'argent
des contribuables, à lancer l'argent par les fenêtres un peu
partout, peut-être que vous pouvez agir de cette façon. Mais si
vous voulez agir en gestionnaire responsable, c'est interdit d'agir comme
ça. Quant à la question du financement à court terme et
aux montants d'argent récupérés dans vos anciens
programmes, c'est la même chose. Ces 32 000 000 $, on n'avait pas
prévu d'aller les chercher à telle date et de les
réinvestir à telle date. Non, ce n'est pas ce qu'on a fait. On
avait un budget pour l'année; on a décidé de fonctionner
avec notre budget pour l'année. Somme toute, on a dépensé
tout notre budget de l'année, comme on l'avait prévu, sauf qu'on
a épargné en gestion et à ce moment-là - j'ai vu la
petite note, vous pouvez la faire circuler, elle est imprimée dans le
livre - on s'est retrouvé avec des crédits à
périmer, ce qui est encore beaucoup mieux que ce que vous faisiez dans
votre temps. Vous périmiez des montants qui avaient été
votés parce que vous n'étiez pas capables de les dépenser,
en raison d'une planification qui était mal faite.
M. Paré: Je ne répéterai pas et on ne
recommencera pas tout le discours là-dessus parce que je voudrais qu'on
puisse passer à d'autres programmes. Les 32 000 000 $, ils ne sont pas
arrivés non plus à 11 h 45...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah non!
M. Paré: ...le 31 avril 1989.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non.
M. Paré: Et à la page 43 des renseignements...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est ça.
M. Paré: ...sur les crédits par ministère,
on retrouve - attendez un peu - : l'augmentation des crédits de 35 200
000 $ en 1989-1990, soit 20,5 %, est en grande partie attribuable à une
réduction des besoins budgétaires nets de la
société pour l'exercice 1988-1989, conséquence de
l'utilisation du solde disponible de la subvention versée en 1987-1988.
Vous voyez, lorsqu'on veut planifier... 32 000 000 $, si on l'avait voulu, on
les aurait dépensés correctement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah bon!
M. Paré: On ne les aurait pas gaspillés, on les
aurait dépensés correctement pour la clientèle qu'on
aurait voulu aider.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Donc, si je vous suis, quand un
ministère périme, c'est un ministère qui ne sait pas
gérer.
M. Paré: Non. Vous ne me ferez pas dire des choses
auxquelles je ne pense pas. En tout cas, ce sont des informations que j'ai eues
et, si elles sont fausses, c'est quand même des informations qui ont
été données à des citoyens par des gens du milieu
selon lesquelles des gens auraient demandé à
bénéficier du programme de la mise de fonds entre janvier et
avril 1989, et se seraient fait dire: Vous allez être obligés
d'attendre, votre dossier est en suspens en attendant le nouveau budget...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Parce qu'on n'avait pas de
budget.
M. Paré: ...en attendant d'autre argent. Comment se
fait-il qu'on périme de l'argent - 32 000 000 $ - et qu'en même
temps, on retarde des subventions, des acceptations de dossier à des
gens, pendant des mois, en disant: On n'a plus d'argent? Si on avait voulu, on
aurait pu.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le président de la
Société d'habitation du Québec m'indique qu'il n'y a pas
eu, contrairement à l'affirmation que vous faites, de retard dans les
paiements.
M. Paré: On n'a jamais dit, dans aucune région du
Québec, qu'il y avait des dossiers qui devaient attendre le nouveau
budget parce qu'il n'y avait plus de fonds?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce qu'on n'a
jamais dit, c'est que le paiement n'a jamais été
retardé - on a peut-être des statistiques à partir du
moment des approbations ou du moment où le paiement a été
fait - mais le président m'indique qu'il n'y a pas eu de paiements qui
ont été retardés, faute de budget.
Aide à la mise de fonds
M. Paré: Toujours sur le programme d'Aide à la mise
de fonds. Dernièrement, on nous disait dans les journaux qu'il y a eu
3619 familles qui ont été aidées pour l'exercice financier
1988-1989. Je ne sais pas si on pourra avoir, à un moment donné,
l'état d'acceptation et de contribution, par mois, afin de regarder s'il
y a eu des mois où cela a été plus tranquille ou non. En
tout cas, c'est une autre chose.
Mais dans le bilan 1988, pour le nombre de familles aidées,
est-ce qu'on peut me confirmer que c'est vraiment de l'ordre de ce qui
était écrit dans les journaux, soit 3619 familles? Quel
était l'objectif pour 1988? Quel est l'objectif pour 1989 que vous vous
êtes fixé en termes d'unités et, ensuite, si c'était
possible, en termes financiers?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne peux pas confirmer le nombre
parce que je ne l'ai pas devant moi, mais je peux vous confirmer qu'en date du
7 avril - et j'imagine que, toute proportion gardée et compte tenu de
l'évolution du temps, cela devrait être assez exact - il y a eu
3775 certificats émis, cumulatifs au 7 avril.
M. Paré: C'est ce qui a été fait grosso
modo, en fait, pour la programmation 1988-1989.
Qu'est-ce qu'on s'était fixé comme objectif pour la
même période?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On est très près des
objectifs. Pour l'année se terminant au 31 mars, on en avait
prévu 3000.
M. Paré: Est-ce que c'est encore un objectif de 3000 pour
1989?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On pense que ça devrait
être nettement supérieur au cours de l'année
présente. Vous indiquez que sur le plan du volume, on devrait doubler.
Ce serait une réponse crédible et raisonnable.
M. Paré: Est-ce qu'on se fixe un objectif? Est-ce qu'on
prévoit un montant? Quel est l'objectif qu'on se fixe? Est-ce qu'il y en
a un? Parce qu'il faut quand même planifier en termes d'unités,
donc en termes financiers. Quel est l'objectif fixé par la
société?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce qu'on a dans nos
prévisions - et on a toutes les indications pour penser, au moment
où l'on se parle, même si on est en début d'année,
que nos prévisions vont être dépassées - ce sont
5000 certificats autorisés pour l'année prochaine. Maintenant,
on est à budget ouvert dans ce programme et, s'il y a plus de
demandes, il y a plus d'argent.
M. Paré: Quel est le budget?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et si les taux
d'intérêt fluctuent, ils fluctuent.
M. Paré: Mais quel est le montant dépensé
par rapport aux 3775 certificats autorisés?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le montant total? On va vous
trouver ça. Voulez-vous les montants effectivement
déboursés?
M. Paré: Oui, s'il vous plaît. Est-ce qu'on peut
suspendre deux minutes pendant que vous cherchez les chiffres?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): La commission suspend ses
travaux pendant quelques instants.
(Suspension de la séance à 18 h 33) (Reprise à 18 h
39)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission reprend maintenant ses travaux. M. le député
de Shefford.
M. Paré: Ma question avant qu'on suspende était la
suivante: Quel est le montant déboursé pour les 3775 certificats
autorisés?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le montant effectivement
déboursé cette année s'élève à 0,00
$.
M. Paré: On n'a pas encore commencé à
rembourser les intérêts.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous allez constater que les
marges sont quand même assez restreintes. On avait prévu 3500
bénéficiaires au 1er avril 1989; on en a 3775 au 7 avril. On peut
donc regarder la fourchette dans laquelle on joue; un ajout de 5000
bénéficiaires au cours de la prochaine année
entraînerait pour nous des déboursés approximatifs de 4 000
000 $, compte tenu d'une hypothèse de taux d'intérêt
à 11,75 %. S'il y en a plus et si c'est plus élevé, cela
va coûter plus cher; s'il y en a moins et si c'est moins
élevé, cela va coûter moins cher, toutes choses
étant égales.
M. Paré: Je ne sais pas si vous pourriez faire ça
ou, en tout cas, si vous pouvez me dire
si vous avez l'intention d'apporter des modifications à ce
programme-là pour le rendre plus accessible et ce, de deux
façons: soit sur le plafond de 95 000 $ - mais j'y reviendrai - ou sur
le nombre d'enfants. Par exemple, je sais que beaucoup de gens ont
été refusés ou se sont abstenus parce que, dès
qu'ils venaient chercher les documents dans les bureaux de comté - vous
en savez quelque chose - l'un des critères est d'avoir deux enfants et
ils n'en ont pas deux, cas limite maintenant, connaissant de plus en plus la
composition des familles. Si on veut une politique vraiment nataliste,
connaissant la condition familiale actuelle, donc, le nombre d'enfants - et je
ne les ai pas devant moi, mais ils sont disponibles - on connaît
déjà le pourcentage de familles sans enfant et le nombre avec un
enfant, mais ce serait une clientèle potentielle pour ce programme, mais
à qui on ne donne pas la possibilité d'accéder à la
propriété par la mise de fonds. Est-ce que ce ne serait pas
là une bonne chose de permettre à ces gens d'accéder
à la propriété?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez, je sais que c'est
ce qui est proposé. Tantôt, vous avez fait allusion au document de
consultation de la ville de Montréal; c'est ce qui est proposé
dans le document de consultation de la ville de Montréal. J'ai lu
dernièrement, parce qu'elle a eu la gentillesse de me le faire parvenir,
le livre sur la démographie de Mme Blanchet. Il y a des
évolutions dont il faut tenir compte. Si vous me demandez si le
programme, quant à ses éléments et ses critères
d'entrée, est fixé dans le ciment, je dirai: Non, le programme,
comme l'ensemble des programmes de la Société d'habitation du
Québec, et même comme le ministre, est évolutif.
Si vous me demandez si j'ai des annonces à faire aujourd'hui, la
réponse est négative.
M. Paré: Je voulais justement vous donner cette occasion
en commission de nous annoncer des améliorations au programme. Cela va
aller au budget.
Une voix: Peut-être.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est pas ce que j'ai dit non
plus.
M. Paré: Mais, en tout cas, c'est possible. On va
espérer.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. Levesque est aussi discret que
M. Wilson.
M. Paré: On a vu ça. Ha, ha, ha! On a
vu ça à la période de questions aujourd'hui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ha, ha, ha!
M. Paré: Avez-vous une idée de la
répartition géographique ou territoriale des demandes?
Dans la région métropolitaine de Montréal, parce
que c'est là que les maisons se vendent le plus cher, comment se
répartissent grosso modo les bénéficiaires du
programme?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne l'ai pas région par
région. J'ai Laval, autres régions. On pourrait le
préparer en fonction des mêmes régions administratives
qu'à la Société d'habitation du Québec de
façon à avoir un portrait de ce programme comparativement aux
autres programmes.
M. Paré: Mais pour le moment, comment l'avez-vous? Par
municipalité?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, aussi.
Sainte-Émélie-de-l'Énergie, usagé, neuf.
M. Paré: Est-ce que vous pourriez le déposer?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux vous le montrer, mais je
n'aime pas déposer ce genre de document. Il n'est même pas
dactylographié.
M. Paré: Oui, mais juste une idée...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le respect que j'ai pour les
membres de cette commission m'incite à déposer des documents
parfaits plutôt que des brouillons qui servent à compléter
des documents.
M. Paré: C'est trop. Sans faire tout le découpage -
effectivement, je comprends que le calcul va se faire et qu'on va l'avoir -
est-ce qu'on peut en avoir une idée? Étant donné que vous
l'avez par municipalités, pour Montréal, est-ce qu'il y a un
nombre assez important, vu qu'on sait le prix des maisons, la situation
particulière de Montréal? On se rappellera que, dans le document
de consultation "Habiter Montréal", l'une des recommandations concernant
l'accès à la propriété était de modifier lo
montant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai Montréal à
quelques reprises, avec le requérant, le prêteur, usagé,
neuf... Je le retrouve ici. J'aime autant faire un tableau région par
région, avec les mêmes régions que dans les programmes de
la Société d'habitation du Québec. On dépose le
tableau...
M. Paré: D'accord. Donc, on peut s'attendre à
recevoir au cours des prochains jours la répartition géographique
ou administrative...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Régionale, suivant les
régions administratives de la Société d'habitation du
Québec et l'application de ce programme.
M. Paré: La Société d'habitation du
Québec
n'a pas le même découpage que les régions
administratives du gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On peut le faire suivant les
régions de l'OPDQ, si c'est à cela qu'on se réfère.
On peut le faire avec les régions de l'OPDQ.
M. Paré: D'accord, les régions administratives de
l'OPDQ. Cela va.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le ministre responsable du
développement régional va être content.
M. Paré: Un outil de plus.
Toujours dans le même domaine, on a parlé du programme
d'accès à la propriété, de la mise de fonds, et on
se rend compte qu'on a aidé presque 3800 familles, mais on se souviendra
que PAAPR en aidait 12 000 par année.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'existe plus.
M. Paré: On sait qu'il n'existe plus, qu'on l'a aboli,
sauf qu'il aidait quand même plus de gens à accéder
à la propriété. Si les Québécois sont
passés majoritairement de locataires à propriétaires,
ça a certainement aidé. Ce sont des programmes comme ça
qui les aident.
Est-ce qu'on a envisagé d'aider les propriétaires actuels
d'une façon particulière? Vous allez comprendre. Selon la
situation dans laquelle on vit, au moment où on se parle, il y a une
diminution dans le secteur de la construction résidentielle. Là,
je ne parle pas d'estimation, on verra au cours de l'année. Je trouve
ça malheureux, je ne suis pas content de ça du tout, sauf qu'on
est obligé de le constater, il y a une diminution en 1988 par rapport
à 1987 et on s'attend aussi - ça se confirme d'un mois à
l'autre - qu'il y ait une diminution en 1989 par rapport à 1988 sur le
plan de la construction résidentielle.
Il y a une diminution dans le domaine de la construction, et un des
facteurs, effectivement, c'est le taux d'intérêt qui,
malheureusement, ne cesse d'augmenter depuis quelques mois. On sait que
ça risque de priver certaines personnes de la possibilité
d'accéder à la propriété, mais, en même temps
- là, c'est très grave, sinon plus - ça pourrait
compromettre le statut de propriétaire de certains individus qui devront
renouveler leur hypothèque cette année. Face à cette
situation, est-ce qu'il a été prévu, par le gouvernement
ou la société, une aide particulière advenant le cas
où le taux d'intérêt continuerait d'augmenter et que des
propriétaires se verraient dans l'impossibilité de demeurer
propriétaire de leur maison?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais tenter de situer votre
question dans /'ensemble de la construction, sans mettre en cause vos
affirmations sur le secteur résidentiel de la construction. Les actions
gouvernementales tiennent compte, bien sûr, de la construction
résidentielle, et elle est décroissante par rapport aux
dernières années, qui sont des années records, soit dit en
passant. Dans l'ensemble de la construction au Québec, si on inclut la
construction résidentielle et la construction commerciale, il n'y a pas
ce qu'on peut appeler d'éléments catastrophiques sur l'ensemble
de la main-d'oeuvre dans le domaine de la construction. Le taux
d'activité dans le domaine de la construction peut englober une centaine
de milliers de travailleurs, et c'est un niveau qui n'est pas partagé
comme il l'était dans les années passées, mais qui occupe
quand même, sur ce plan, une centaine de milliers de travailleurs.
Ce qui préoccupe davantage le gouvernement, c'est le
deuxième aspect, les gens qui auront à faire face à des
renouvellements d'hypothèque. Il y a des gens qui sont d'aussi bons
devins que vous et moi qui prédisent que ça va augmenter; il y en
a qui sont aussi bons que M. le président, qui prédisent que
ça va baisser. Au moment où nous nous parlons, vous me demandez
si, dans les crédits que nous étudions présentement, il y
a des disponibilités financières prévues à cet
effet. La réponse est négative.
Maintenant, le gouvernement, à ce jour, en cas d'urgence, a des
disponibilités financières qui sont généralement
contenues au fonds de suppléance, entre autres, auxquelles peuvent avoir
recours les ministères ou sociétés de la couronne qui
s'occupent de vocations spéciales. Nous demeurons vigilants.
M. Paré: Je comprends bien qu'il y a des fonds de
suppléance ou autres, il y a de l'argent, il y a 33 000 000 000 $ au
gouvernement du Québec, comme on le sait, dans les différents
ministères et globalement. Sauf qu'il y a des gens qui vont vivre, et on
le sait, déjà des problèmes de renouvellement
hypothécaire, donc, cela veut dire une augmentation considérable
pour ne voir aucun changement dans leur situation d'habitat, finalement, pour
pouvoir continuer à demeurer tels qu'ils sont, c'est-à-dire
propriétaires au même endroit, sans même d'autres avantages.
Ça, on le sait, c'est connu. Juste à voir monter les prix, depuis
un certain temps, depuis quelques mois, il y a déjà un changement
par rapport à ce qu'il y avait l'année dernière et
spécialement il y a deux ans. L'augmentation est là, au point
où le premier ministre du Québec et les autres premiers ministres
ont demandé à Ottawa d'intervenir auprès de la Banque du
Canada pour modifier cela.
Mais, au-delà des demandes qui n'ont donné aucun
résultat concluant, on s'en rend compte parce que ça continue
étant donné que ça semble faire l'affaire de l'Ontario et
qu'on ne modifie pas. On est poigne avec ça. Si le taux continue, on est
sûr qu'il y a des gens qui vont être
victimes de la perte de leur maison, ou en tout cas, d'une perte de
revenus par rapport à des coûts supplémentaires pour payer
leur maison. Au-delà de dire: On va suivre ça, on va voir, cela
veut dire qu'au moment où on se parle, il n'y a aucune mesure
envisagée comme on peut en retrouver dans certaines autres provinces du
Canada qui déjà ont manifesté leur intention d'intervenir
concrètement par des programmes connus et précis au-delà
d'un tel pourcentage ou d'un tel montant. A-t-on commencé à
envisager des possibilités ici?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pourrais peut-être vous
demander de nommer les autres provinces canadiennes. J'en connais une,
I'Alberta qui a traversé une campagne électorale et qui, à
cette occasion... Mais je n'en connais pas d'autres. Pouvez-vous nommer les
autres?
M. Paré: II y en a une qui a déjà
annoncé une possibilité, mais il semblerait, en tout cas pour ce
qu'on a entendu, que d'autres sont prêtes à l'envisager. Est-ce
que vous autres, dans...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous sommes prêts à
l'envisager.
M. Paré: Mais, au-delà de dire: Nous sommes
prêts à l'envisager, vous me dites ça, mais comme en
Alberta, que l'on soit en élections ou non, de toute façon, nous
allons vers des élections nous aussi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous sommes prêts à
l'envisager.
M. Paré: Mais, au-delà de "nous sommes prêts
à l'envisager", on n'a rien regardé comme possibilité; et
que va-t-on attendre pour être plus prêt à l'envisager?
Qu'est-ce que ça va prendre pour dire qu'on est rendu au point critique
et qu'à ce moment-là on va intervenir? On envisage ça
comment? Qu'est-ce qui pourrait être le déclencheur pour faire en
sorte qu'on va s'y pencher de plus près?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a plusieurs
éléments, mais le plus important parmi les éléments
déclencheurs est le niveau du taux d'intérêt.
M. Paré: Si c'est le taux d'intérêt, dans
votre esprit, ça va être la lumière rouge à quel
taux?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous autres, on est plus
intéressés par les lumières vertes que par les rouges
parce que les programmes démarrent rarement sur des lumières
rouges. Cela dépend, et je l'ai indiqué, du taux
d'intérêt qui est un des principaux facteurs, mais ce n'est pas le
seul. Donc, on ne peut pas isoler ce facteur et dire: Lorsque le taux
d'intérêt sera à tel facteur, à moins de dire que
c'est le seul facteur sur lequel on se base, parce que lorsque c'est
interrelié avec d'autres facteurs, il faut tenir compte
également de l'évolution des autres facteurs...
M. Paré: Mais ça veut dire qu'on est sensible, on
le sait, mais on n'a rien envisagé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah non! On a tout envisagé
ou on pense avoir tout envisagé. Des fois, on se trompe, mais on suit la
situation de très près. D'ailleurs, le premier ministre a eu
l'occasion à l'Assemblée nationale du Québec, il y a
quelques semaines, de rassurer la population a cet effet. Si ma mémoire
est fidèle, je pense que vous lui avez posé une question quant
aux taux d'intérêt. Vous avez évoqué l'engagement de
la province de l'Alberta à l'époque. La réponse du premier
ministre a semblé vous satisfaire. Je la fais donc mienne.
M. Paré: Non. Ce n'était pas très
satisfaisant parce que ça laissait entendre qu'on envisageait...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous ne vous êtes pas
relevé.
M. Paré:... la possibilité de faire quelque chose
advenant que, mais avec rien de clair, rien de précis. On
s'apprête à envisager, à un moment donné, en
fonction d'une foule de facteurs non déterminés, qu'il pourrait
être possible qu'on fasse quelque chose, mais, au moment où on se
parle, on sait qu'il y a des gens qui renouvellent avec des augmentations
considérables. Ces gens ne peuvent espérer rien de concret pour
le moment.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les gens qui ont des contrats
bancaires à moyen terme connaissent l'échéance de leur
contrat. Ceux qui renouvellent présentement le font aux taux
présentement en vigueur. Nous sommes conscients des difficultés
que ça pose - vous parlez des propriétaires - et des effets
même sur les locataires. Lorsqu'on parle de l'effet du taux
hypothécaire en matière de logement, on parle de toutes les
personnes qui se logent au Québec. Nous suivons la situation de
très près. Nous avons une foule de programmes qui nous permettent
d'intervenir auprès de certaines clientèles, au moment où
nous nous parlons.
Si je comprends bien le sens de vos questions, sous réserve de
bien comprendre le sens de vos questions, vous souhaitez un programme
spécifique pour le propriétaire qui aurait à renouveler
une hypothèque dans les mois qui viennent. Ce que nous disons, c'est:
Quant à cette clientèle, nous suivons de près le
marché, mais on n'a pas d'annonce d'intervention à faire
aujourd'hui. Je vous réfère aux propos qu'a tenus
à l'Assemblée nationale du Québec le premier
ministre du Québec. Je prends toutefois note que vous n'avez pas
été rassuré par ses propos, mais j'ai eu l'impression que
la majorité des membres de l'Assemblée nationale l'ont
été.
M. Paré: II y en a 99 qui ne sont pas durs à
rassurer, probablement.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paré: Sur un autre sujet. Étiez-vous
rassuré, M. le Président?
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous donne la parole, M.
le député de Shefford.
Critères de sélection des locataires de
HLM
M. Paré: L'autre sujet sur lequel je veux revenir, c'est
le projet de règlement sur les critères de sélection des
locataires dans les HLM. Ce n'est pas, non plus, un sujet nouveau. Cela fait
déjà un bon bout de temps qu'on en parle. On sait que les listes
d'attente sont très importantes. Je me rappelle même ce qu'on
disait l'année passée, ici, avec votre
prédécesseur, que, effectivement, par le règlement, ce
qu'on veut, ce n'est pas nécessairement en aider plus, aider mieux, mais
raccourcir la liste. Pour ce faire, on a réussi à étirer
un peu et à retarder la décision.
La façon de le faire a été, en novembre 1987, la
création du fameux comité de quatre députés
ministériels qui ont rencontré quelques groupes
présélectionnés, dans un temps très limité,
pour les entendre et regarder ce qu'on peut faire. Depuis le temps, c'est
sûr qu'il y a eu d'autres discussions, des échanges de vues, des
demandes venant, entre autres, de la Fédération des offices
municipaux d'habitation du Québec. Au moment où on interrogeait
le ministre en 1987, donc ça fait deux ans, il nous disait qu'il n'avait
pas l'intention de restreindre l'accès, mais qu'il devait y avoir des
priorités. Quand on a des nouvelles priorités, ça veut
dire que, finalement, on fait quand même des choix et on limite
l'accès. Si on a des priorités, on le limite à quelqu'un
d'autre. (19 heures)
Je vais avoir quelques questions à poser là-dessus.
Après tant de temps, et je suppose que le rapport des quatre
députés est déposé depuis longtemps, est-ce qu'on
peut s'attendre cette année à une mesure législative
concernant la réglementation pour la sélection des locataires de
HLM?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Dans un premier temps, vous
me permettrez, M. le Président, de saisir l'occasion pour remercier le
comité des députés qui a travaillé sur ce dossier
avec autant d'acharnement que de talent.
Je veux remercier spécialement le député qui est un
spécialiste en la matière et qui a présidé
les destinées dudit comité. Vous aurez compris, M. le
Président, pour bien le connaître, que je réfère
à l'actuel député de Sainte-Marie.
Plus spécifiquement, quant à la question du
député de Shefford, oui, nous aurons des priorités.
Là-dessus, je pense que je reprends les propos de mon
prédécesseur. Il n'est pas question d'avoir une politique de
porte ouverte où n'importe qui vient occuper un logement social. Je
pense qu'il s'agit d'avoir des priorités. Le fait d'établir des
priorités nous oblige à soumettre nos projets à l'analyse
très serrée du ministère de la Justice. Lorsque vous
commencez à établir des priorités entre individus dans la
société, pour vous donner un exemple, si vous choisissez d'avoir
des logements destinés spécialement à une clientèle
plus âgée, vous retrouvez normalement, dans le projet de loi, une
apparence de discrimination basée sur l'âge. Il faut s'assurer
que, sur le plan légal, notre loi et notre réglementation soient
conformes aux chartes québécoise et canadienne des droits et
libertés de la personne. Nous tentons de le faire, dans la mesure du
possible, sans avoir recours à une clause "nonobstant".
M. Paré: Juste une simple question: Vous disiez, le 7
décembre dernier, a l'Assemblée nationale, et je vais vous citer:
Quant aux critères de sélection des clientèles qui
occupent ces éléments HLM, nous sommes sur le point, à la
suite d'une étude que nous avions commandée et à la suite
du rapport d'un comité de députés présidé
par le député Michel Laporte, de modifier la loi de façon
à autoriser les offices municipaux d'habitation à faire preuve de
plus de flexibilité. C'était en décembre dernier; donc, on
disait déjà qu'on était sur le point de déposer un
projet de loi. Est-ce qu'on peut s'attendre bientôt à un
dépôt de projet de loi?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Celui qui vous parte, à
partir de sa déclaration de décembre, a continué au
même tempo, le même travail. Je viens de vous donner des
indications quant à ce que j'appellerais la dernière
difficulté tangible à traverser; nous voulons davantage de
sécurité. Nous en sommes à terminer nos pourparlers avec
le ministère de la Justice parce que nous voulons avoir le maximum de
sécurité juridique quant au libellé. Je crois que c'est
souhaitable. Dès qu'on m'aura rassuré sur ce maximum de
sécurité juridique, je poursuivrai le processus. Je veux vous
assurer que je tiens, comme ministre, à ce que le règlement soit
en vigueur dans les meilleurs délais. C'est souhaitable, autant pour les
personnes qui pourront en bénéficier que pour le gouvernement,
qu'il soit en vigueur le plus rapidement possible. Je vous dirai que les
députés qui ont consacré autant de temps, autant de
talent, autant d'énergie à ce comité, me pressent,
non pas annuellement, comme vous le
faites, mais quotidiennement, à faire en sorte que, sur le
terrain, on puisse retrouver une application de leurs recommandations à
la suite des nombreuses consultations qu'ils ont menées.
M. Paré: Je comprends qu'on veuille prendre toutes les
mesures possibles pour se protéger. Je : trouve ça correct, sauf
que la demande qu'on est en train de faire date déjà de mai 1987.
Cela fait deux ans que l'inquiétude persiste chez les gens qui sont sur
les listes d'attente et chez les ' groupes qui s'occupent de ces gens parce
qu'on risque de rayer du monde là-dessus. Les propos que vous tenez
viennent juste confirmer qu'il va y avoir une discrimination.
Au-delà de la prudence élémentaire et même le
maximum de prudence qu'on veut se donner, ne trouvez-vous pas qu'après
deux ans, il serait temps qu'on le dépose? Il me semble que cela n'a pas
de bon sens que ça prenne autant de temps. Si on a la volonté
politique de l'appliquer et d'avoir une mesure discriminatoire, vous savez
qu'il y a une clause qui vous le permet. Que vous l'utilisiez ou non, c'est
autre chose, mais vous avez le pouvoir. Si vous n'avez pas le pouvoir et que
vous ne voulez pas utiliser la clause dérogatoire, au moins qu'on le
sache. Au moment où on se parle, ça fait deux ans et je lisais
encore un article dernièrement - je le cherchais et je ne le retrouve
plus malheureusement - du président de la Fédération des
offices municipaux d'habitation du Québec...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...soit dit en passant.
M. Paré: Je le sais. Mais ces gens-là disent: On a
assez attendu, ça n'a pas de bon sens de continuer comme ça parce
que, comme c'est là, il y a des offices municipaux d'habitation qui
l'appliquent à la pièce, un peu partout, de façon
isolée. Donc, c'est complètement désorganisé, si on
veut ou, en tout cas, ce n'est pas fait de façon uniforme alors que,
oui, ces gens-là ont contribué et ils demandent maintenant...
D'autre part, l'association s'est dite agacée des lenteurs du
gouvernement du Québec à accepter le règlement sur la
sélection des locataires, parce que ce règlement est
déjà en vigueur dans beaucoup d'autres offices municipaux
d'habitation du Québec. Donc, ces gens-là dont vous dites qu'ils
ont contribué à l'élaboration du règlement - il y
en a même qui l'ont mis en application - se disent agacés des
lenteurs du gouvernement.
Probablement que l'an passé... mais je ne me souviens plus du
discours parce que ça fait deux ans qu'on nous répète
qu'on attend, qu'on étudie et qu'on consulte, sauf que les
consultations, à mon avis, ont eu lieu. Les gens ont dit ce qu'ils
attendaient là-dessus. Tout le monde n'a pas été
consulté, mais ceux que le groupe de députés a bien voulu
consulter, soit un nombre restreint, ont été
consultés.
M. Paradis (Brome-Missisquoi) Est-ce que vous avez
été consulté?
M. Paré: Non, je n'ai pas été
consulté. J'aurais aimé l'être mais je ne l'ai pas
été. Mais, maintenant que le rapport est déposé et
que vous semblez savoir ce que vous voulez faire, qu'est-ce qu'on attend? Je
trouve que... On peut bien répondre qu'on prend des mesures, mais cela
n'a plus de bon sens qu'on n'ait pas réussi, après deux ans,
à trouver la façon de le faire si on veut vraiment le faire.
Qu'est-ce qui peut justifier ces lenteurs?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous dirai qu'il n'y a pas,
pour autant que je sois concerné, de lenteurs exagérées.
Depuis que j'ai été saisi du dossier - je pense que j'ai
été assermenté à la fin juin l'an passé - je
pense qu'il a suivi un cheminement normal. Il fallait que j'en sois convaincu
sur le plan du fond et que, sur le plan des modalités, on prenne un
minimum, sinon un maximum d'assurance sur le plan juridique. Je pense que
ça peut éviter le problème que pourrait occasionner une
mise en oeuvre accélérée sans faire ces
vérifications-là. On se fait alors contester devant les
tribunaux. Vous connaissez les problèmes que ça peut engendrer.
On parle, depuis fin juin, début juillet finalement, d'une
période de neuf mois. Je pense qu'on devrait accoucher bientôt,
dans l'application pratique, d'une telle réglementation.
M. Paré: Vous parlez d'accoucher bientôt, je ne sais
pas si on peut trouver une sage-femme pour vous aider, mais est-ce qu'on peut
s'attendre que ce soit avant la fin de la présente session, en juin?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous continuez à me
provoquer.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paré: Est-ce qu'on peut s'attendre que ce soit avant la
fin de la session de juin?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que, compte tenu des
expériences passées - et c'est ce qui m'amène à
être prudent, le gouvernement précédent n'a pas
réussi à le faire en neuf ans - je tente de le faire en neuf
mois. Personnellement, je souhaite que ce soit déposé avant les
échéances que vous mentionnez.
M. Paré: Pour vous, c'est neuf mois mais, pour le
gouvernement, c'est trois ans et demi. Il ne faut pas oublier ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais pour le gouvernement
précédent c'était neuf ans.
M. Paré: Oui, mais nous, il ne faut pas
oublier...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je comprends que...
M. Paré: La modification qui est là, qui est
discriminatoire, ce n'est pas nous qui voulions l'amener. C'est maintenant.
Nous, nous voulions favoriser ce qu'on appelle les plus démunis. Donc,
avec le règlement actuel...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paré: ...on permet aux plus démunis qui sont
très souvent des femmes seules d'un certain âge et des chefs de
famille monoparentale...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On s'entend sur la
définition de la clientèle. Mais on n'a pas vu, dans l'action,
que vos programmes en matière d'habitation ou de sélection
favorisaient nécessairement ces clientèles-là, d'où
le besoin d'une réglementation.
M. Paré: Justement. On n'avait peut-être pas besoin
d'une réglementation. Parce que, connaissant l'état actuel...
Regardez n'importe quel chiffre fourni par la Commission des affaires sociales,
ou d'autres groupes intéressés, ou d'autres études
gouvernementales, on sait que les plus pauvres au Québec, ce sont les
femmes chefs de famille monoparentale. On le sait de toute façon, et le
pourcentage est énorme. Malheureusement, on est obligés de
constater que c'est une réalité. Ce qu'on veut faire, d'une
façon discriminatoire, maintenant, c'est de pénaliser ces femmes,
en faisant en sorte de restreindre la capacité et la possibilité,
pour elles d'avoir accès à un HLM parce que, selon ce qui a
été prévu ou ce qui a déjà été
dit, ce qu'on retrouve dans les documents, il serait de votre intention et, si
c'est ça, cela veut dire que... Si on est prêt... Est-ce que votre
intention est - parce que vous avez parlé de discrimination tantôt
- de réserver 25 % des logements aux familles, aux couples, aux
familles-couples, deux adultes avec enfant? Si oui, c'est de la discrimination
par rapport aux femmes chefs de famille monoparentale qui sont plus pauvres,
c'est bien connu. Avez-vous l'intention de maintenir ce chiffre, ce
critère qu'on a retrouvé dans les documents
précédents dont on a discuté publiquement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'essaie, encore une fois, de
comprendre où vous voulez en venir sur l'ensemble de cette
problématique. Dans un premier temps, vous semblez vouloir me presser de
mettre en application la réglementation; dans un deuxième temps,
vous dénoncez les effets néfastes que vous anticipez de ladite
réglementation.
Si vous êtes convaincu qu'il y a des effets néfastes, vous
devriez me presser de ne pas me presser; si vous êtes convaincu qu'il y a
des effets bonificateurs, vous devriez me presser de me presser; si vous ne le
savez pas, vous devriez vous abstenir dans un sens ou dans l'autre, lire le
rapport des députés, s'il vous a été transmis, en
prendre connaissance et, par la suite, décider de votre
stratégie. Mais il semble que la stratégie ait été
placée avant le fond du dossier et c'est toujours risqué, sur le
plan politique, de placer la stratégie avant de toucher ou de
connaître le fond. Je ne vous blâme pas, je fais juste vous
prévenir que, sur le plan de la stratégie, c'est
risqué.
M. Paré: Deux choses là-dessus.
Premièrement, est-ce que vous êtes prêt à
déposer le rapport du comité Laporte?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si on était loin, dans le
temps, du produit final, je pense que je serais tenté de répondre
affirmativement à votre demande, mais, étant donné qu'on
est près, toute proportion gardée, du moment du
dépôt du produit final, je ne crois pas qu'il serait utile de vous
surcharger de travail en déposant tous les documents
préparatoires.
M. Paré: Vous parliez tantôt d'une fin de semaine
qui s'était passée entre deux affirmations qui pourraient
être à l'opposé de ce que j'avais dit. Je dois vous
rappeler le même message...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est possible.
M. Paré: ...parce qu'il y a deux minutes, vous me disiez:
Commencez par prendre connaissance du rapport, que vous refusez de rendre
public. C'est un peu difficile de...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, ce n'est pas ce que j'ai dit.
J'ai dit: Si vous aviez - j'ai émis une hypothèse parce que j'ai
aussi commencé dans le système hypothétique - pris
connaissance, etc. Je n'ai pas dit: Commencez par, j'ai dit: Si vous l'avez,
prenez-en connaissance; si vous ne l'avez pas, vous ne devriez pas faire
ça. C'est un peu, sur le plan de la stratégie à adopter,
des remarques que je vous adressais.
M. Paré: C'est très difficile de prendre
connaissance d'un rapport qui n'est pas disponible, premièrement.
Deuxièmement...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais vous en aviez un
tantôt. Je ne le sais pas. J'ai tenu pour acquis que vous les aviez tous.
Si vous avez les documents du Conseil des ministres, vous devez avoir les
documents du caucus des députés.
M. Paré: Malheureusement, on ne les a pas tous. Mais je me
rends compte d'une...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous pouvez nous envoyer la liste
de ceux que vous avez et on pourra peut-être compléter. Ha, ha,
ha!
M. Paré: Au moment opportun. Le fait
d'inter;enir là-dessus, quand vous parlez de
stratégie, du fond et tout ça, je dois vous dire que je ne suis
pas ici pour faire de la stratégie. On est ici pour aller aux nouvelles
et des nouvelles qui intéressent bien du monde. C'est notre rôle,
que cela vous déplaise ou non, ou que n'importe quelle remarque me soit
faite à ce sujet, cela ne m'empêchera pas de le faire, avec
détermination à part ça. C'est un dossier
d'actualité depuis trop longtemps pour qu'on n'y intervienne pas. Le
fait de vous demander de vous brancher à ce sujet n'est...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On s'est branchés sur le
règlement. Je vous ai indiqué là où on avait des
problèmes, quant à l'application des chartes. Je vous ai
même indiqué où en était rendu le dossier. Je pense
que c'est être plus que branché, c'est d'avoir opté pour
une orientation et de l'avoir soumise à l'expertise nécessaire du
ministère de la Justice. Si je n'avais pas été
branché, je ne serais pas rendu là dans la démarche. (19 h
15)
M. Paré: La raison pour laquelle on doit intervenir,
à plus forte raison avec ce que vous venez de dire, la raison pour
laquelle on demande que vous vous branchiez... Vous pouvez bien vous brancher
entre vous, encore une fois, mais, publiquement, on ne sait pas quel est votre
règlement. Mais vous êtes en train de confirmer qu'il va y avoir
matière à discrimination. Donc, les gens ont raison d'être
encore plus inquiets qu'ils ne l'étaient. C'est pourquoi nous demandons
que ce soit connu publiquement, le plus vite possible, par un projet de loi,
parce que c'est ainsi que cela doit se faire. C'est d'ailleurs vous-même
qui avez confirmé, en décembre dernier, que cela prend un projet
de loi, une modification législative pour mettre fin à
l'insécurité des gens qui sont sur des listes d'attente, des gens
qui peuvent ou qui ne peuvent pas. On sait qu'il y aura discrimination, vous
venez de le confirmer.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Excusez! Je ne le confirme pas et
je ne veux surtout pas que ce soit utilisé devant les tribunaux qu'il y
aura discrimination. Je vous ai indiqué que nous prenions les
dispositions pour éviter que la réglementation ne soit
interprétée comme discriminante. C'est le contraire.
M. Paré: En tout cas, cela ne me rassure pas. C'est la
raison pour laquelle on vous demande, après deux ans, après des
demandes d'associations, après des demandes de vos partenaires que sont
les offices municipaux d'habitation dont le directeur général a
dit qu'il était tanné des délais, qu'on se branche enfin
et qu'on se décide. Il semblerait que vous soyez décidés,
vous dites: On est à l'étude. Mais on peut réutiliser
ça et on sera peut-être encore ici ou peut-être pas, on
verra. Mais si cela continue ainsi, je vais me faire dire encore la même
chose l'an prochain: Écoutez, on ne veut pas prendre de chance. Cela
fait deux ans. Si je comprends, ce qu'on est en train de faire, c'est bien
simple: Probablement qu'on fait ce qui a été
dénoncé, c'est-à-dire réserver un certain
pourcentage à une clientèle particulière au
détriment des autres. On risque de faire de la discrimination envers les
groupes qui ont été dénoncés tels les personnes
seules de moins de 40 ans, les sans-abri et les chefs de famille monoparentale.
C'est peut-être ça, ce n'est peut-être pas ça, mais
rien ne nous rassure aujourd'hui que ce n'est pas ça.
Vous n'êtes pas encore branchés. Bien plus, je conclus que
vous ne vous brancherez pas avant les prochaines élections parce que,
justement, ce n'est pas très électoraliste de faire en sorte
d'être accusé de faire de la discrimination envers des groupes. Si
je le demande, j'aimerais qu'on... Finalement, si, dans le règlement, il
n'y avait pas de discrimination et si on le déposait, je serais le plus
heureux du monde. Qu'on arrête de maintenir l'insécurité
par rapport à ce règlement à l'étude depuis si
longtemps. On n'est pas capable de savoir quelle est votre décision,
alors que vous pourriez... Si le rapport du comité est si bon -
j'aimerais l'avoir et je ne peux pas - je ne comprends pas qu'après un
comité et après l'étude soumise par ce comité, vous
n'ayez pas encore été amenés à
légiférer. Qu'est-ce qui vous empêche de
légiférer maintenant? Finalement, qu'est-ce qui retarde
l'étude? Est-ce que c'est au ministère de la Justice?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, je ne pense pas qu'on
retarde, au ministère de la Justice. Ces gens travaillent en
collaboration avec la Société d'habitation du Québec, de
façon à s'assurer que le règlement, qui comporte des
difficultés quant aux ciblages de clientèle sur le plan de
l'application des chartes, soit conforme à la charte
québécoise des droits et libertés ou à la Charte
canadienne des droits et libertés de façon qu'il ne soit pas
inutilement contesté. Il n'y aura pas de garantie absolue, mais il y a
de la sécurité.
Maintenant, il n'est pas de mon intention de "bulldozer" le
député de l'Opposition et surtout pas les intéresses dans
le dossier quant aux consultations prévues à l'occasion de
l'adoption d'un règlement. Sauf si on m'indique qu'il y a péril
en la demeure, je n'ai pas l'intention de recommander au Conseil des ministres,
lorsque viendra le temps de mettre en vigueur la réglementation, de
suspendre la règle de prépublication. J'ai l'impression que le
député pourra, à ce moment-là, comme tous les
intéressés, prendre connaissance du règlement tel que
prépublié, acheminer ses commentaires à la suite de sa
prise de connaissance du document, faire valoir
ses arguments et peut-être inciter le gouvernement à
apporter des modifications, si cela va dans le sens d'une bonification de
ladite réglementation. Je pense que, sur le plan gouvernemental, il
s'agit là d'une façon très appropriée de
procéder, façon qui peut paraître lente pour certains, trop
rapide pour d'autres, mais qui nous apparaît sage. Cela nous semble
cheminer à une vitesse convenable.
M. Paré: Est-ce qu'on peut savoir depuis quand le
document, qui serait un projet de loi, un avant-projet de loi ou un projet de
règlement, est rendu au ministère de la Justice pour
étude?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Depuis quelques mois, si ma
mémoire... Le document est daté, vous pourrez vérifier
quand vous le recevrez. C'est légèrement avant ou après
les fêtes, mais autour de la période des fêtes.
M. Paré: Est-ce que vous trouvez que c'est un délai
raisonnable qu'on ne soit pas en mesure aujourd'hui, au mois d'avril, de savoir
si la proposition est correcte, constitutionnelle, respectueuse des
chartes?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais faire part aux juristes du
ministère de la Justice que vous trouvez déraisonnable leur
travail dans le dossier.
M. Paré: Cela va.
Toujours concernant les HLM et les coopératives d'habitation.
Cette fois-ci, vous allez savoir exactement de quoi je parle étant
donné que vous avez été ministre de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu. Vous savez qu'en vertu du pouvoir
réglementaire conféré à l'article 91 de la loi 37
sur la réforme de l'aide sociale, que vous connaissez très bien,
le gouvernement pourra maintenant considérer comme un revenu additionnel
l'écart entre le coût du logement subventionné,
c'est-à-dire le HLM ou la coopérative d'habitation, et le prix du
marché privé pour le même type de logement.
Là-dessus, il faut se rappeler qu'il y a un document interne de la
Société d'habitation du Québec qui a fait l'objet d'une
fuite en mars 1988.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quelle date? M. Paré:
Mars 1988.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II est daté de mars. Il y a
plusieurs documents en mars. Je n'ai pas...
M. Paré: Dans celui-là, le document de mars 1988,
le gouvernement entendait harmoniser le coût du logement d'un prestataire
de l'aide sociale en fonction de l'aide prévue aux barèmes de
l'aide sociale - vous savez de quoi je par- le - au lieu des 25 % du
revenu. Cela fait toute une différence pour le prestataire qui est dans
une coopérative ou un HLM que ce soit basé non plus sur
ses revenus, mais sur le barème prévu pour les
prestations de l'aide sociale. Je pourrais vous donner un exemple.
Une famille monoparentale formée d'un adulte et d'un enfant qui paie 166
$ par mois dans un HLM pour se loger, ce qui représente 25 % de
ses revenus, devrait y consacrer 338 $ par mois parce que c'est le
barème reconnu à l'aide sociale pour se loger. C'est d'autant
plus inquiétant que, selon le vice-président de la SHQ, M.
Jean-Paul Arse-nault - je me réfère toujours au document du 22
mars 1988 qui a fait l'objet d'une fuite - M. Beaulieu déclarait: "C'est
évident qu'on veut harmoniser les différentes politiques du
gouvernement, mais il n'est pas question de hausser les logements d'un seul
coup. Il va y avoir une transition et cela se fera graduellement."
Quand on lit ça, qu'on retrouve ça dans un document, dans
une loi qui vient d'être adoptée - je vous entendais,
tantôt, dans ce que vous appeliez les 90 minutes ou les 45 minutes
pendant lesquelles on a un peu vagué, quoique j'aie eu les
réponses que je voulais - je dois vous dire que c'est inquiétant
parce qu'on parle d'harmonisation et de politique en place. Si c'est ça
la réalité, s'il faut être capable de lire entre les lignes
pour comprendre ce qui est écrit, ça veut dire qu'il y a
un danger réel. S'il n'y en a pas, pour rassurer les gens,
est-ce que vous êtes prêt à prendre l'engagement que ceux
qui vivent dans des HLM ou qui vivent dans des coopératives d'habitation
ou des organismes sans but lucratif et qui sont prestataires de l'aide sociale
ne verront pas leurs prestations diminuées ou le prix de leur logement
augmenté, mais que ça va toujours demeurer à 25 % de leurs
prestations actuelles d'aide sociale? Est-ce que vous êtes prêt
à prendre cet engagement, comme vous l'avez déjà pris, si
je me rappelle bien?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pensais avoir eu amples
occasions de discuter entièrement, profondément de ce sujet avec
votre collègue, Mme la députée de Maisonneuve, à
l'occasion de la période de questions à l'Assemblée
nationale du Québec, a l'occasion des crédits du ministère
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, à
l'occasion de l'étude des engagements financiers du ministère de
la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, à l'occasion
des audiences publiques tenues en commission parlementaire, je pense que vous
êtes même venu, lorsqu'il en a été question à
quelques reprises, assister à nos discussions. J'avais l'humble
impression d'avoir convaincu au moins une des représentantes de
l'Opposition à l'Assemblée nationale du Québec
après de nombreuses heures de discussion. Aborder ce sujet lorsqu'il
reste à peu près trois, quatre ou possiblement cinq minutes de
discussion, c'est escamoter un sujet d'harmonisation entre deux organismes,
deux ministères, qui revêt une importance capitale pour les
bénéficiaires, j'aurai donc la sagesse, peut-être, à
ce moment-ci de nos propos, de vous référer aux discussions que
j'ai eues avec votre collègue responsable de la sécur'é du
revenu et si elle ne le fait pas - j'en douterais parce que c'est une personne
très disponible, qui montre la disponibilité nécessaire -
à la transcription et aux questions et réponses à
l'Assemblée nationale du Québec, et aux discussions en commission
parlementaire des crédits, des engagements financiers, tout en vous
assurant que le processus d'harmonisation, qui est prévu aboutir le 1er
janvier 1990, se poursuit dans le sens des propos déjà tenus par
celui qui vous parle et par l'actuel ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu.
Je pense qu'il s'agit là dans les circonstances de la
réponse la plus complète que je puisse vous adresser.
M. Paré: Je trouve cela dommage qu'on n'ait pas plus de
temps. Je trouve aussi très dommage votre réponse parce que cela
aurait pu être tellement simple et tellement clair alors que là,
on repart encore tout à fait dans l'insécurité. Quand vous
parlez...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous êtes dans
l'insécurité, mais je pense que votre collègue, votre
consoeur n'est pas dans l'insécurité. Allez vous faire
sécuriser par Mme Harel.
M. Paré: II y a une façon bien simple que vous le
fassiez. Non pas pour moi, mais pour les gens concernés.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme Harel va le faire.
M. Paré: Quand on regarde la loi 37 à l'article 91,
à la page 34, qui vous donne ce pouvoir...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas à moi là.
M. Paré: Au gouvernement, qui donne le pouvoir de faire
cela et que vous nous revenez en parlant d'harmonisation par rapport à
cette loi...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Êtes-vous contre
l'harmonisation?
M. Paré: Si c'est pour se faire sur le dos des plus
démunis, oui. À ce moment, c'est à vous de convaincre
votre collègue d'harmoniser ou d'enlever ça si nécessaire
mais ce qui compte, c'est qu'on ne vienne pas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous voulez que mon
collègue retire l'allocation-logement de la prestation d'aide
sociale?
M. Paré: Non, non. Vous comprenez très bien ce que
je veux dire. Je veux qu'on retire ce qui inquiète les gens, ce qui fait
en sorte que l'article que l'on retrouve la ou les dispositions que vous
connaissez très bien...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous voulez que l'on modifie la
loi 37 par une disposition législative.
M. Paré: Je veux qu'on me donne la garantie, je veux qu'on
donne aux gens qui sont inquiets, à ces gens qui sont dans les
coopératives ou dans les HLM, à partir de ce que vous me parlez,
d'harmonisation, et à partir de ce qu'on retrouve à l'article
91.40°, à la page 34, je veux qu'on leur donne la garantie que leurs
prestations ne seront pas coupées parce qu'ils sont dans des
coopératives ou des HLM, c'est clair, parce que ce sont des logements
subventionnés. Vous savez ce que je veux dire. On en a
déjà discuté.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vais vous demander de
conclure, M. le député de Shefford. Je me vois pressé par
le temps. Nous avons encore à répondre...
M. Paré: Oui, mais nous avons commencé deux ou
trois minutes en retard. Juste une dernière question. Je vais laisser
celle-là parce que...
Le Président (M. Saint-Roch): La dernière question,
M. le député de Shefford.
M. Paré: ...je n'ai pas l'assurance que je voulais,
malheureusement. La dernière, c'est concernant les sans-abri. Je ne
reprendrai pas tout. J'aurais aimé qu'on ait le temps, j'ai bien
d'autres dossiers. Juste celui-là parce que j'aimerais savoir si la
Société d'habitation du Québec compte mettre en place de
nouvelles mesures ou de nouveaux budgets pour la relève du fonds
spécial qui était destiné aux sans-abri.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On vient tout juste - je ne sais
pas si vous en avez été informé - d'annoncer 1 250 000 $.
Cette année, pour être exact, 998 416 $ ont été
dirigés vers 93 organismes subventionnés.
M. Paré: C'était sur le budget de 1988.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur le budget 1988-1989.
M. Paré: 1988-1989. Est-ce que pour 1989-1990 on a
prévu quelque chose?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Il n'y a rien qui
apparaît aux crédits pour l'année en cours, mais il faut
être conscient que l'argent sur le plan de l'impact pour le
bénéficiaire vient
d'être octroyé dans le dernier mois. Donc, pour les mois
à venir, les 93 organismes subventionnés vont pouvoir
bénéficier du million de dollars qui a été mis
à leur disposition dans le but que ce montant vienne en aide aux
clientèles de sans-abri.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre.
Là-dessus, est-ce que le programme 8, Société
d'habitation du Québec, est adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 9,
Conciliation entre locataires et propriétaires, est adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'ensemble des
programmes 8 et 9 est adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté.
Là-dessus, à la suite de la question qui avait été
soulevée par M. le député de Shefford et par M. le
ministre concernant les engagements financiers de la Société
d'habitation du Québec, j'ai obtenu copie de la lettre qui avait
été adressée par M. le président au Conseil du
trésor et copie de la réponse aussi qui était parvenue
à M. Parent, de M. Denis Bédard, concernant la procédure
des engagements financiers à la Société d'habitation du
Québec.
Je vais faire distribuer à chacun des membres copies de ces
lettres. Je suggère qu'aux prochains engagements financiers nous
revenions sur le sujet en question.
Là-dessus, la commission de l'aménagement et des
équipements ajourne ses travaux et, à l'attention des membres de
la commission, à 9 heures demain matin à la salle 101.
(Fin de la séance à 19 h 32)