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(Neuf heures douze minutes)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements commence
ses travaux pour procéder à l'étude des crédits
budgétaires du ministère de l'Environnement pour l'année
financière 1989-1990.
Est-ce qu'on a des remplaçants, M. le secrétaire, ce
matin?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme
Trépanier (Dorion) est remplacée par Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata).
Remarques préliminaires
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
secrétaire. Sur ce, j'invite Mme la ministre à présenter
ses remarques préliminaires.
Mme Lise Bacon
Mme Bacon: M. le Président, vous me permettrez de faire
quelques remarques. Je pense que c'est normal pour un ministre de donner, non
seulement un aperçu de ce qui a été fait, mais surtout de
parler d'avenir. C'est ce que j'ai l'intention de faire ce matin. Cela nous
permettra ensuite de procéder à des discussions d'entrée
de jeu.
M. le Président, les citoyens et citoyennes du Québec, les
récents sondages nous le démontrent, revendiquent de plus en plus
clairement leur droit à un environnement de qualité. En fait,
l'environnement constitue maintenant avec l'économie l'une des deux
questions qui préoccupent majoritairement nos concitoyens et
concitoyennes. D'ailleurs, en annonçant la semaine dernière les
travaux de la Table ronde québécoise sur l'environnement et
l'économie, il me faisait plaisir de souligner que ces questions
constituent aussi les deux priorités du gouvernement du Québec et
que leur alliance est le nouvel outil mis à notre disposition pour
atteindre un objectif qui est certes ambitieux, mais combien primordial, soit
le développement durable.
Comme vous n'êtes pas sans le savoir non plus, les
problèmes qui affectent l'environnement apparaissent non seulement
nombreux, mais ils prennent aussi des formes diverses bien souvent insidieuses
et ils sont dans la plupart des cas interreliés. Malgré la
nécessité de protéger les écosystèmes, de
conserver les ressources et de diminuer l'exposition des personnes et des
espèces aux substances toxiques, il n'en demeure pas moins que le choix
des priorités d'action requiert un processus d'évaluation
systématique et continu. C'est pourquoi, en même temps qu'il a
Identifié une série de 18 champs d'action dans le domaine de
l'environnement, le ministère a implanté la gestion par
résultat. il s'agit là d'un système de gestion basé
sur le développement d'indicateurs de performance environnementale et,
à ce propos, je vous invite à prendre connaissance du document
intitulé Gestion par résultat, sommaire des données
1987-1988. Ce document présente la liste des indicateurs actuellement
établis ou mesurés par le ministère et à partir
desquels on pourra évaluer ses interventions. Ces indicateurs seront
améliorés au fil des ans. C'est aussi sur la base des 18 champs
d'action environnementale ainsi identifiés que j'expliquerai les
priorités d'action du ministère de l'Environnement pour
l'année 1989-1990. Passant à 416 225 600 $ en 1989-1990, les
crédits alloués au ministère de l'Environnement
représentent un accroissement de quelque 15 %, soit 53 000 000 $ par
rapport à l'année dernière.
L'effectif permanent du ministère, quant à lui,
s'élève, passant de 1065 à 1165, donc, un peu plus de 100;
100 personnes viendront ainsi s'ajouter. Elles seront principalement
affectées à la mise en oeuvre du programme de réduction
des rejets industriels et au plan d'action visant à améliorer la
sécurité environnementale au Québec. M. le
Président, nous pourrons y revenir un peu plus loin.
La hausse du budget de l'effectif du ministère de l'Environnement
signifie avant toute chose que le gouvernement entend accentuer ses
réalisations en matière de protection de l'environnement et
prendre un virage nettement environnemental. Ses efforts porteront notamment
sur les questions suivantes: Le programme de réduction des
déchets industriels, des rejets industriels, l'épuration des eaux
usées municipales, l'incitation à l'exploitation durable des
ressources et plus particulièrement d'amélioration de la gestion
des fumiers, la gestion des déchets solides, le plan
d'amélioration de la sécurité environnementale, les
inspections et les enquêtes.
D'autres champs d'action retiendront aussi l'attention. Il en est ainsi
du contrôle de l'usage des pesticides, objectif qui, d'ailleurs,
constitue le thème du mois de l'environnement en 1989, la lutte aux
précipitations acides et toxiques, de même que la protection du
patrimoine écologique du Québec. Parallèlement au plan
d'action visant le développement durable au Québec, que la Table
ronde québécoise sur l'environnement et l'économie doit
soumettre au Conseil des ministres au début de 1990, le ministère
devrait être en mesure d'examiner la stratégie de conservation que
doit lui proposer le Conseil de la conservation et de l'environnement.
Le premier bilan de l'état de l'environnement au Québec
démontre que 80 % de la pollution Industrielle au Québec sont
causés par
environ 5 % du nombre total des établissements industriels. Cet
état de fait a amené le ministère à concevoir des
moyens destinés à réduire de façon marquée
la charge de polluants industriels rejetés dans l'environnement par les
entreprises. Il a donc proposé au gouvernement un programme de
réduction des rejets industriels, programme ayant pour objectif
d'accélérer l'assainissement d'environ 600 entreprises
industrielles et devant réduire de 75 % l'ensemble des rejets
industriels sur une période de dix ans.
Une de ses principales caractéristiques consiste en une approche
intégrée des mesures d'assainissement de l'entreprise, de
façon à viser la réduction de ces rejets à la fois
dans l'eau, dans l'air et dans le sol. Je veux souligner ici que le programme a
été présenté en consultation publique et, signe des
temps et preuve qu'il est possible d'allier l'environnement et
l'économie, il a reçu un accueil favorable autant dans le secteur
industriel que dans celui des organismes de protection de l'environnement.
L'assainissement des eaux usées des municipalités continue
d'aller bon train. En effet, depuis que le programme existe, des ententes ont
été signées avec quelque 575 municipalités, soit
125 de plus que l'an dernier, ce qui représente un montant de 4 600 000
000 $. De ce montant, 3 200 000 000 $ avaient déjà
été dépensés au 1er avril dernier, ce qui constitue
la moitié des investissements requis cette année. 118 nouveaux
projets d'assainissement seront démarrés et on engagera ainsi une
somme de 200 000 000 $.
Pour ce qui est des investissements prévus pour les trois
prochaines années, le Conseil des ministres vient d'approuver un
programme de dépenses s'étabiissant à 1 500 000 000 $. Le
plan triennal précédent portait sur la période allant du
1er avril 1986 au 31 mars 1989 et il a entraîné des
investissements de près de 1 300 000 000 $. C'est donc une somme de 200
000 000 $ et plus qui sera investie sur la période qui s'étend
maintenant du 1er avril 1989 jusqu'au 31 mars 1992.
En reprenant les choses sous un autre angle, nous pouvons donc souligner
que 500 000 000 $ seront dépensés en moyenne chaque année
pendant trois ans pour accélérer le programme d'assainissement
des eaux usées provenant des municipalités. Il s'agit là
d'une augmentation de 67 000 000 $ par année si l'on compare à la
période précédente. Au rythme où il évolue
actuellement, on prévoit que ce programme se poursuivra jusqu'en 1996.
Durant la dernière année, une partie importante des travaux de
construction a été réalisée dans les régions
fortement urbanisées. La Communauté urbaine de Montréal et
celle de Québec ont mis en chantier d'importantes stations
d'épuration. À Montréal, une partie des opérations
de traitement est commencée depuis plus d'un an. Dans l'Outaouais,
l'usine fonctionne depuis maintenant près de quatre ans.
À l'extérieur de ces concentrations urbai- nes, environ
255 municipalités sont actuellement desservies par une usine
d'épuration. Je veux aussi souligner que le programme d'assainissement
des eaux usées dans le secteur urbain a été orienté
dans le but de mieux contrôler la performance des stations
d'épuration en exploitation.
Le ministère a entrepris l'an dernier une évaluation du
rendement de ces ouvrages. Un budget totalisant 32 000 000 $ sert à
défrayer les honoraires des laboratoires et des firmes qui ont à
vérifier le rendement des stations d'épuration après leur
construction. Nous visons en cela à nous assurer que les
équipements construits répondent aux exigences environnementales
du milieu récepteur et que le processus de vérification dure
environ un an.
Depuis dix ans maintenant, c'est une équipe spéciale
formée d'une trentaine de personnes du ministère et de la
Société québécoise d'assainissement des eaux qui
voit à ce programme et qui veille à apporter les correctifs
requis. Jusqu'à maintenant, 27 ouvrages d'assainissement ont
été ou seront déclarés conformes sur les 196
ouvrages actuellement en évaluation. Une trentaine d'avis de
conformité seront émis au cours de la prochaine année. Le
ministère a aussi entrepris la préparation d'un règlement
sur l'exploitation des ouvrages d'assainissement et le secteur municipal sera
consulté à cet effet.
Le programme d'assainissement des eaux en milieu agricole a
été accentué, l'année dernière, par la mise
en place du programme gouvernemental visant à améliorer la
gestion des fumiers au Québec. Rappelons que ce programme prévoit
consacrer, en dix ans, 388 000 000 $ à l'amélioration de la
gestion des fumiers. 345 000 000 $ sont offerts en subventions aux producteurs
agricoles pour la construction, l'agrandissement, la modification ou la
réparation de structures d'entreposage de lisier, fumier ou purin ainsi
que pour l'achat ou la modification d'équipement relié à
la gestion des déjections animales et de certaines eaux
contaminées. 43 000 000 $ serviront à intensifier la recherche et
le développement en gestion des fumiers, à créer aussi un
réseau de fermes modèles, à mettre en place des organismes
de gestion des surplus de fumier dans les zones à forte concentration
d'élevage et, finalement, à administrer le programme de
modification réglementaire et compléteront ainsi le
programme.
Jusqu'à ce jour, 349 producteurs ont
bénéficié d'une subvention, ce qui représente
déjà un montant de 6 500 000 $, et nous prévoyons
octroyer, au cours de 1989-1990, une somme d'environ 17 000 000 $, ce qui
représente un accroissement de plus de 270 %. On s'attend donc à
accorder une aide financière à quelque 800 producteurs
agricoles.
Par ailleurs, le projet do règlement modifiant le
règlement sur la prévention de la pollution des eaux par les
établissements de production animale aura, à toutes fins
utiles,
franchi toutes les étapes devant mener à son adoption
finale par le gouvernement. Plus précisément, les modifications
devraient être adoptées dès la fin de ce printemps.
Comme je l'ai souligné récemment devant les membres de
l'Union des municipalités du Québec, au cours de leur dernier
congrès annuel, le Québec se retrouve à un carrefour en
matière de gestion des déchets solides ou domestiques. Je faisais
notamment valoir que la société québécoise ne
pourra faire disparaître de son paysage tous les lieux
d'élimination qui existent. Nous n'arriverons jamais à recycler
et à valoriser tous nos déchets. Nous en produisons quelque 6 500
000 tonnes par année. C'est beaucoup et beaucoup de ressources perdues.
Ce que nous pouvons faire cependant, c'est réduire
considérablement les quantités de déchets acheminés
vers les lieux d'élimination et, aussi, gérer ces lieux de
façon efficace. Ce sont là les deux objectifs fondamentaux de la
politique de gestion intégrée des déchets solides que le
ministère compte rendre publique prochainement.
Cinq principes sous-tendent les choix qui sont à faire pour
réduire nos déchets. D'abord, favoriser la réduction
à la source des déchets, c'est-à-dire dès la
conception des produits chez le manufacturier; encourager la mise en
marché des produits dont le réemploi est possible; il faut aussi
susciter l'utilisation des matières recyclables pour fabriquer des
produits; certains produits doivent être valorisés pour en faire
du compost, par exemple; le reste, parce qu'il en restera toujours quelque
chose, est acheminé vers les lieux d'élimination.
Par la mise en oeuvre de la politique de gestion intégrée
des déchets solides, le ministère compte réduire de 35 %
le poids des déchets à éiiminer d'ici l'an 2000, dont 20 %
au cours des sept prochaines années. C'est en collaboration et en
concertation avec les municipalités et les entreprises que l'on compte
rencontrer ces objectifs. Certes, des modifications seront apportées au
règlement sur les déchets solides, mais l'ensemble de la
politique repose essentiellement sur l'engagement volontaire des partenaires.
L'illustration la plus extraordinaire de cet engagement est l'accord de
principe de plus de 400 entreprises au Québec à contribuer
à un fonds de 100 000 000 $ sur sept ans, pour démarrer la
collecte sélective au Québec. Ce fonds mixte, dont le conseil
d'administration provisoire sera connu bientôt, aidera
financièrement les municipalités du Québec à
s'engager dans la récupération des ressources secondaires dont le
papier, le verre, le plastique et le métal. Il soutiendra aussi
financièrement l'implantation des infrastructures régionales de
tri et de conditionnement de déchets et de centres de compostage.
Le ministère offrira, par ailleurs, une assistance technique aux
municipalités en ce qui concerne l'élaboration de
scénarios d'implantation de la collecte sélective. À cet
égard, la coordination régionale des projets prendra une dimen-
sion importante. Le ministère contribuera aussi à
l'évaluation des technologies de valorisation et de traitement des
déchets ainsi qu'à l'examen de la faisabilité de ces
déchets.
Nous n'arriverons jamais à rendre les ressources secondaires
attrayantes pour les marchés du recyclage si nous n'exigeons pas, comme
consommateur, des produits fabriqués à partir de matières
recyclées. Aussi, le gouvernement doit-il donner l'exemple. Nous
proposerons donc aux ministères et organismes gouvernementaux une
politique favorisant l'achat de produits recyclables et fabriqués
à partir de matières secondaires. Des accords volontaires avec
l'industrie de l'emballage viseront à adapter les nouveaux produits aux
exigences environnementales et à augmenter la quantité de
produits recyclés et recyclables offerts sur le marché. Le
ministère souhaite conclure des ententes industrielles sectorielles afin
d'uniformiser les exigences de qualité des matières à
récupérer, d'assurer aussi des marchés suffisants en
quantité, de garantir de justes prix pour les matières
récupérées et de réduire les quantités de
déchets industriels non dangereux.
Le ministère de l'Environnement accordera aussi une grande
Importance à l'éducation et à l'information. Nous
poursuivrons et intensifierons nos efforts afin de développer
l'habitude, chez les jeunes, de la récupération en milieu
scolaire. Nous avons aussi l'intention de soutenir, par notre expertise, les
projets éducatifs reliés à la gestion
Intégrée de déchets. Des outils d'information seraient
nécessaires afin de sensibiliser les intervenants à la
réduction, au réemploi, à la collecte sélective, au
recyclage, à la gestion sécuritaire des lieux
d'élimination.
Enfin, pour ne pas que le mot "concertation* ne demeure qu'un beau
principe, une structure permanente de concertation sera créée.
L'actuel comité permanent du développement, de la
récupération et du recyclage sera élargi afin d'englober
l'ensemble de la problématique de la gestion intégrée des
déchets solides. Doté de mandats d'action clairs, ce
comité sera constitué de représentants du monde municipal,
industriel, scolaire, syndical et gouvernemental. À la suite de
l'incendie de l'entrepôt de BPC à Saint-Basile-le-Grand, le
gouvernement a préparé un plan pour améliorer rapidement
la sécurité environnementale au Québec. Ce plan comprenait
deux phases. Depuis, il est apparu que des solutions à la fois
sécuritaires sur le pian environnemental et aussi acceptables sur le
plan social ne pourraient être envisagées tant qu'un débat
public n'aura pas eu lieu au Québec. C'est pourquoi le Bureau des
audiences publiques sur l'environnement a reçu le mandat de tenir une
enquête sur la question et ses recommandations sont attendues pour
l'automne prochain.
Ce plan comprend donc maintenant trois phases. La phase 1 comprend les
interventions prévues pour 1989-1990. On a notamment mis l'accent sur
l'inventaire, l'inspection des lieux
d'entreposage contenant plus de deux tonnes de BPC à 40 %. Des
nouvelles exigences concernant l'entreposage des BPC sont entrées en
vigueur le 14 mars dernier. Plus particulièrement, la nouvelle
réglementation Interdit d'entreposer des BPC dans des édifices
publics et commerciaux, notamment ceux qui sont reliés à
l'alimentation. Elle oblige également à installer des
systèmes de détection de chaleur, de fumée et d'intrusion,
de même que des systèmes d'extinction automatique dans les
endroits où sont concentrées plus de vingt tonnes de BPC. (9 h
30)
Le ministère a établi un inventaire préliminaire
des lieux d'entreposage des déchets dangereux autres que les BPC. Au 15
février 1989, leur nombre s'élevait à 2300. Par ailleurs,
un Inventaire des lieux d'entreposage contenant plus de 500 pneus usés a
été complété. Le ministère prépare
actuellement un rapport. De même, il s'affaire à établir
une stratégie d'intervention sur la gestion des pneus usés et sur
le règlement qui s'y rapporte, celui sur les déchets solides.
Afin de renforcer le respect de la réglementation environnementale, le
ministère avait aussi indiqué qu'il allait créer une
Direction générale des inspections et des enquêtes, et
c'est chose faite. Par ailleurs, il a conclu une entente avec la
Communauté urbaine de Montréal afin de réaliser, avec les
municipalités, l'inspection des lieux d'entreposage de déchets et
de substances dangereuses sur ce territoire. Cette opération sera
bientôt terminée.
La phase 2 du plan d'action porte sur les interventions prévues
pour 1989-1990. Ainsi, le ministère a prévu un budget de 1 500
000 $ afin d'assurer la mise à jour des lieux d'entreposage des
déchets dangereux. On prévoit aussi implanter un système
permanent de vérification à partir des renseignements contenus
dans les rapports annuels des entreprises. De plus, l'inspection des lieux
d'entreposage connus aura été complétée. Diverses
autres mesures ont aussi été prévues. On compte notamment
mettre en place un groupe de travail qui contribuera à développer
l'expertise du ministère dans le domaine de l'analyse de risques et
à jouer un rôle-conseil auprès des différentes
unités administratives. On compte aussi accentuer les mesures d'urgence
dans le domaine de l'environnement en améliorant les mécanismes
d'intervention sur le terrain, d'évaluation d'une situation et
d'information du public. Enfin, le ministère compte développer
son expertise dans le domaine de l'écotoxicologie. Pour l'année
1989-1990, le gouvernement a consenti au laboratoire du ministère une
hausse budgétaire de 5 000 000 $. Les effectifs ont été
accrus de quelque 24 personnes pour 1989-1990. Le service juridique, pour sa
part, bénéficiera de 9 postes supplémentaires.
La phase III du plan d'action sera faite à la suite de
l'enquête du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement. La
création de la
Direction générale des inspections et des enquêtes
est directement reliée à la nouvelle politique de
conformité aux exigences environnementales du ministère. Elle
concrétise aussi les orientations formulées dans sa politique
générale d'action dans le domaine de l'environnement qui
s'appelle un nouveau cap environnemental. La politique de conformité aux
exigences environnementales s'appuie sur trois éléments
principaux: l'autosurveHIance, des contrôles plus stricts par le
ministère de l'Environnement et une répression plus rigoureuse
des infractions. Le respect des exigences environnementales doit être une
préoccupation constante de ceux qui obtiennent des certificats
d'autorisation ou qui mènent des activités
réglementées par le ministère. Ainsi, les entreprises
devront fournir au ministère un rapport sur la réalisation du
projet, notamment s'il a été soumis à une étude
d'impact sur l'environnement.
Les entreprises de gestion des déchets dangereux, les usines de
pâtes et papiers, les raffineries, les fonderies et les alumineries
devront aussi préparer chaque année un rapport annuel sur les
rejets dans l'environnement. Cette surveillance obligatoire sera, d'ailleurs,
généralisée à d'autres secteurs. En plus de la
surveillance obligatoire, le ministère incite les intervenants à
mettre sur pied tous les mécanismes internes de surveillance leur
permettant d'avoir une meilleure Idée de leur performance
environnementale et de leur conformité aux exigences du
ministère. Dans cette perspective, le ministère invite les
entreprises à faire produire des rapports de vérification de
conformité environnementale par leurs propres experts ou par des experts
indépendants. De tels rapports pourront les amener à faire des
ajustements préventifs, à apporter les correctifs
nécessaires et à limiter, par le fait même, les risques
d'infraction et les possibilités de poursuite par le
ministère.
Parallèlement à ces mesures d'autosurveil-lance, le
ministère de l'Environnement utilisera de manière plus stricte et
plus fréquente les moyens de contrôle qui sont à sa
disposition. Ainsi, il analysera les rapports obligatoires de surveillance
environnementale soumis par les intervenants de façon à
détecter toute infraction ou à susciter des mesures
préventives. Un rapport rendu public annuellement fera d'ailleurs
état de la performance environnementale des entreprises dans les
secteurs d'intervention prioritaire du ministère. Comme par le
passé, les directions régionales effectueront des
vérifications sur le terrain dans les secteurs soumis à des
autorisations. De plus, des vérifications additionnelles seront
effectuées par la direction des inspections du ministère de
l'Environnement. Par ailleurs, celle-ci entreprendra des visites de
contrôle sur le terrain de manière systématique, mais
à des périodes irrégulières et non
prévisibles par les intervenants. Ces inspections à l'improviste
pourront donc comporter des prélèvements d'échantillons.
Un programme annuel
d'inspection sera établi et des secteurs prioritaires seront
identifiés. Les premiers efforts porteront sur les lieux contenant des
BPC, des déchets dangereux, puis sur tous les autres secteurs soumis
à des autorisations environnementales. Lorsque le rapport d'inspection
démontrera une situation problématique et que la preuve sera plus
complexe à établir, la direction des enquêtes poursuivra
les investigations. Les enquêteurs possèdent une formation et une
compétence particulières, notamment dans la préparation
des dossiers, la collecte de preuves et quant aux procédures permettant
d'assurer la préservation des preuves. Ces diverses techniques seront
utiles dans des dossiers où il est nécessaire de bien
étayer les preuves, par exemple, dans les cas de contamination
attribuable à la présence de substances toxiques. L'expertise des
enquêteurs s'avérera aussi très profitable lorsque fa
preuve d'infraction est plus difficile à établir, notamment en
matière des évaluations de polluants rejetés dans les
milieux.
Le ministère de l'Environnement dispose maintenant de moyens plus
sévères pour réprimer les infractions. Ainsi, lorsque les
rapports d'inspection ou d'enquête démontreront qu'il y a eu une
infraction non sanctionnée par un constat d'infraction, on pourra
recommander au service Juridique d'entreprendre d'autres poursuites
pénales contre le contrevenant, en vertu des lois et des
règlements en vigueur.
Les procédures entreprises et les jugements seront rendus publics
de façon plus systématique, car la publicité entourant une
poursuite constitue en elle-même un élément non
négligeable de dissuasion. En outre, les récentes modifications
à la Loi sur la qualité de l'environnement ont augmenté
considérablement les amendes minimales et maximales, ce qui permettra de
doser les demandes de sentences en fonction de la gravité de
l'infraction commise. Lorsque l'inspecteur ou l'enquêteur constatera une
infraction à une exigence environnementale entraînant une atteinte
grave à l'environnement, le ministère demandera
immédiatement une injonction. Quelque 67 personnes composent
actuellement la nouvelle Direction générale des inspections et
des enquêtes. Elles sont réparties de la façon suivante: 27
personnes à la direction des inspections, 30 personnes à la
direction des enquêtes et une dizaine de personnes assurent l'encadrement
et le soutien à la direction générale.
Cette année encore, le ministère mettra l'accent sur le
contrôle de l'usage des pesticides. Notamment, il compte publier
très prochainement la politique qui a été mise au point,
en collaboration avec le ministère de l'Énergie et des
Ressources. Il s'agit de la politique sur l'utilisation des pesticides en
milieu forestier. On doit dire que nous avions aussi ajouté à
cette collaboration tout le secteur des forêts.
Les pesticides constituent des outils pour réaliser la protection
et l'aménagement dans le domaine forestier. Le gouvernement doit cepen-
dant s'assurer que leur utilisation ne met pas en danger la santé et
l'environnement. On doit en effet en limiter l'usage aux seuls cas
nécessaires et pour lesquels il n'existe pas de solution de
remplacement, tout en veillant à ce que l'exploitation forestière
ne vienne pas compromettre l'équilibre de l'environnement.
Très prochainement, le ministère compte aussi publier pour
consultation un code de gestion sur les pesticides. Il aura pour objectif
suivant la Loi sur les pesticides, de régir et de contrôler
l'utilisation des pesticides en vue d'éviter ou de minimiser les
atteintes à la santé et à l'environnement. En termes plus
concrets, le code de gestion constitue un règlement qui couvre toutes
les étapes et tous les modes d'utilisation des pesticides et, à
cet égard, mentionnons la prévention de l'utilisation, le choix
des produits, la vente des équipements, les normes d'application des
produits et de protection des utilisateurs, les normes de protection de
l'environnement et du public, le transport et l'entreposage des produits, de
même que l'élimination des déchets et les procédures
d'urgence.
Le code de gestion des pesticides comporte certains articles dont la
contravention constituera une infraction, et d'autres considérés
comme de bonnes pratiques lors de l'utilisation de ces produits. Il est
articulé autour d'une stratégie d'intervention déjà
acceptée par les principaux ministères et organismes
concernés. Il s'adresse à tous les utilisateurs, certifiés
ou non, qui effectuent des activités comportant l'usage des pesticides.
Ces secteurs d'activités incluent l'entretien paysager, l'extermination,
les milieux agricoles, forestiers et aquatiques, les corridors de transport et
d'énergie, ainsi que la vente des produits.
M. le Président, le tableau que je viens de vous brosser, bien
qu'imposant, ne fait que traduire une partie seulement de l'immense travail que
nous faisons au ministère de l'Environnement et dans les organismes dont
nous étudierons les crédits aujourd'hui. J'aimerais que vous
partagiez mon enthousiasme et celui du personnel du ministère pour
l'amélioration de la qualité de notre milieu. J'espère que
vous êtes convaincus comme nous tous, que chaque dollar investi dans la
protection de notre environnement est un investissement des plus rentables pour
les générations qui nous suivront.
Merci, M. le Président, et avec toutes mes excuses, je n'ai pas
de copie pour l'Opposition maintenant. Mais nous en ferons faire au cours de
cette journée pour vous les remettre.
L@ Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, Mme la
ministre. Je vais maintenant reconnaître M. le député de
Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Merci, M. le Président. Je dois dire que
je suis très heureux qu'on ait enfin
aujourd'hui, l'occasion de discuter durant de longues heures. Ce n'est
pas suffisant, malheureusement, pour un sujet aussi important... mais quelques
heures quand même pour faire le tour des dossiers aussi
préoccupants que ceux de l'environnement.
La société québécoise ne fait pas exception
aux autres sociétés occidentales et par le développement
accéléré probablement joint à ça ou
l'insouciance ou la négligence, on se ramasse avec une
dégradation de la qualité de l'environnement. Cela se traduit de
toutes sortes de façons. On en entend parler et on en voit tous les
jours dans les journaux. C'est la pollution de l'air, c'est le
dépérissement des forêts, la contamination des sois, les
déversements dans les rivières qui se produisent d'une
façon presque quotidienne, malheureusement, ce temps-ci.
C'est pourquoi c'est devenu une préoccupation majeure pour
l'ensemble de la population québécoise. Mais si l'on veut que
l'environnement devienne un investissement et si l'on veut être
sérieux, il faut aller au-delà des discours et poser des gestes
concrets. C'est là-dessus que j'ai l'intention de questionner
aujourd'hui la ministre pour m'assurer qu'on ne fait pas seulement leurrer la
population et tenir de beaux discours, mais qu'on le prouve d'une façon
concrète par les gestes tangibles qui permettent de corriger et, si
c'est possible, de prévenir, ce qui ne se fait pas suffisamment à
mon goût.
Est-ce que c'est possible d'aller vite là-dedans? Est-ce que
c'est possible d'agir rapidement mais efficacement? Je dois vous dire oui. Il
s'agit de le vouloir et on a déjà prouvé qu'on
était capable, parce que, à mon avis, on a eu la preuve, dans le
passé, que quand on avait une préoccupation environnementale, on
prenait les moyens pour y arriver et on pouvait réussir des choses. Je
vais vous donner des exemples du passé, un bref historique et, ensuite,
moi aussi, je vais me retourner vers l'avenir. Mais je pense que c'est bon de
regarder ce qui a été fait, ce qui a été
défait et ce qu'on pourrait refaire.
Vous vous rappellerez qu'en 1976, tout ce qui existait en matière
d'environnement, c'était un service de protection de l'environnement qui
dépendait du ministère des Affaires municipales. Donc, même
pas un véritable ministère. C'est à ce moment-là,
à l'arrivée du gouvernement du Parti québécois
qu'on a fait vraiment un virage en matière d'environnement où
l'on a mis sur pied un véritable ministère de l'Environnement, et
où une personne mandatée à temps plein avait pour seule
préoccupation de s'occuper d'environnement. Si l'on dit que
c'était une préoccupation majeure, qu'on doit s'en occuper, que
la situation se dégrade, II me semble que c'est un minimum requis que de
mandater, à temps plein, une personne de qui relève une
responsabilité ministérielle. (9 h 45)
Mais ce n'est pas tout. Ce ministère-là, il fallait lui
donner le personnel, il fallait lui donner les crédits de ce qui a
été fait. C'était probablement innovateur, audacieux. Cela
a consisté en la mise sur pied du Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement, le fameux BAPE. Cela, je dois vous dire que c'est innovateur,
c'est audacieux, mais c'est essentiel et, à mon avis, cela doit
l'être de plus en plus, et le BAPE ne doit pas ou se ratatiner ou se
rapetisser, mais au contraire, il doit prendre de plus en plus de place surtout
quand on parle d'investissements majeurs, de développements gigantesques
comme on en connaît. On y reviendra tantôt, vous allez me dire: La
loi ne le permet pas, mais on y reviendra, on peut amender une loi, mais quand
on fait des projets aussi gigantesques des réserves pour les puissances
hydroélectriques, finalement des réserves qui finissent par avoir
la grandeur d'un pays, si l'on se compare avec des pays d'Europe,
l'implantation d'alumineries à coup de milliards, je me demande si l'on
ne fait pas d'erreur, non pas d'implanter, au contraire, mais de faire des
études d'impact après coup et non pas à l'avance. Donc, le
BAPE est, à mon avis, l'une des choses extraordinaires qui a
été mise sur pied par l'ancien gouvernement du Parti
québécois parce que cet organisme permet de faire une
étude à l'avance, permet de prévenir et permet aussi de
tenir compte de l'expression démocratique dans la gestion, parce que la
population est amenée à se prononcer et cela, je pense que c'est
important. De toute façon, la population va vouloir, va exiger de plus
en plus d'être consultée sur ce qui concerne son avenir, son
milieu de vie, son environnement.
Un autre programme qui est important et qui a été mis sur
pied par l'ancien gouvernement, c'est le programme d'assainissement des eaux.
Vous en avez parlé, sauf que rien n'avait été fait.
Malheureusement, quand on a décidé, parce que c'était
devenu une urgence, que c'était vraiment nécessaire d'agir, au
même moment, le programme fédéral a tombé. Cela veut
dire que le Québec, encore une fois, après avoir payé une
contribution pour développer les autres provinces se voit dans
l'obligation de payer tout seul le service essentiel qu'est l'assainissement
des eaux en milieu urbain. Si bien que, déjà, en 1985, 350 villes
avaient signé des engagements. Pour montrer qu'on ne doit pas avoir peur
de l'environnement mais plutôt qu'on doit l'utiliser comme un outil de
développement économique. C'est un projet, finalement, qui va
dépasser les 6 000 000 000 $ répartis sur l'ensemble du
territoire québécois. C'est important, cela stimule
l'économie et cela permet aussi, ne l'oublions pas, aux entreprises
d'investir de plus en plus. Ce ne sont pas les capitaux qu'elles vont chercher
parce que des capitaux, U y en a partout, en abondance même, ce sera la
qualité de vie. La qualité de vie, ce seront les coins de pays
capables d'offrir la meilleure qualité de vie, ceux qui vont attirer les
entreprises les plus développées en termes technologiques, les
moins polluantes et les plus développées, les
sociétés d'avenir.
De plus, le volet industriel a été mis sur pied où,
déjà, en 1986, 738 entreprises avaient terminé des travaux
d'assainissement qui avaient aussi généré des
développements de 2 000 000 000 $, ce qui est Important. Le fameux
projet - on veut y revenir lors de l'étude des crédits, un peu
plus tard au cours de la journée - le fameux programme d'aide aux usines
de pâtes et papiers qui sont considérées comme très
polluantes - qui l'étaient - mais au moins, un programme a
été mis sur pied pour commencer, en tout cas, enclencher...
Malheureusement, toutes les entreprises n'en ont pas profité, même
si cela a permis là aussi des investissements dépassant 1 000 000
000 $. Mais ce n'est pas complet et on voyait encore dernièrement dans
une étude rendue publique par Green Peace, qui parlait de
l'environnement au Canada, que, encore une fois, on remporte un championnat de
la pollution par nos usines de pâtes et papiers au Québec.
De plus, nous avons un autre problème, vous en avez parlé
dans votre intervention tantôt. On a beaucoup de producteurs de porc au
Québec, tant mieux, on va leur souhaiter que cela se développe et
que les prix se maintiennent sauf que si on produit de la viande, en même
temps, les porcs produisent du lisier. Déjà, on avait mis sur
pied deux usines pilotes pour le traitement du lisier de porc, une à
L'Assomption et l'autre, dans la Beauce.
Tout cela pour vous dire que quand on veut on peut faire quelque chose
de bien en quelques années et on peut être reconnu. C'est que,
déjà, en 1981, lors d'un symposium environnemental international
tenu à Paierme en Italie - certains vont s'en rappeler - le
Québec se voit attribuer le prix de la fondation Rachel Carson en
reconnaissance de ses efforts en matière environnementale. Moi, je pense
qu'il est bon de se rappeler, à un moment donné, ce qui a
été fart. Alors qu'il n'y avait rien en 1976, en 1981, on gagnait
déjà un prix international pour tout ce qui se rapporte à
l'ensemble des préccupations et des gestes posés comme
société, en fonction de la qualité de l'environnement, de
la qualité de l'environnement et l'assainissement des eaux. Je ne pense
pas que l'on gagnerait grand prix aujourd'hui si l'on tient compte des
manchettes qui sortent à tous les jours.
Les pluies acides. Déjà, en 1981, le gouvernement avait
d'importants crédits dévolus à la recherche concernant les
pluies acides. On avait implanté 46 stations visant à mesurer le
degré d'acidité des précipitations un peu partout sur le
territoire québécois. En 1982, le Québec signe une entente
de coopération avec l'État de New York. En 1985, le Québec
se dote d'un règlement visant à réduire de 45 % les
émissions d'acide dès 1990. Ce qui a fait que, encore une fois,
le Québec se voyait attribuer par la Coalition canadienne contre les
pluies acides ie premier rang en matière de lutte contre ce
fléau. Donc, le Québec n'était pas en retard, à ce
moment-là.
Québec avait décidé de prendre vraiment le virage
écologique et de s'occuper de l'environnement. Deux reconnaissances
internationales.
Dès 1979, en matière de pollution de l'air, le
gouvernement du Parti québécois avait institué le
règlement sur la qualité de l'atmosphère visant à
réduire de 85 % les matières et particules émises par les
cheminées d'usines.
Maintenant, les déchets domestiques. Vous en avez parlé et
je suis sûr qu'on va passer - en tout cas, pas plusieurs heures parce
qu'on n'en a pas le temps - un bon bout de temps à discuter de cela cet
après-midi. Déjà, en 1978, le gouvernement du Parti
québécois avait décidé d'entreprendre graduellement
la fermeture de 1500 dépotoirs à ciel ouvert au Québec, ce
qui était inacceptable pour une société qui se dit
moderne, et de les remplacer par une centaine de sites d'enfouissement
sanitaire régionaux. De ce côté aussi, les démarches
avaient été faites. En 1985, c'était plus
qu'enclenché, c'était déjà très
avancé.
En 1983, le PARFAIR - programme d'aide à la recherche, à
la formation et à l'amélioration de l'industrie de la
récupération - et la mise en place du Fonds
québécois de la récupération. On avait vraiment une
préoccupation de récupération et de recyclage, avec un
fonds mis sur pied, et surtout avec le PARFAIR qui nous permettait d'aller
sérieusement au-delà des paroles et d'agir dans ce domaine et de
faire en sorte qu'effectivement, nos matières premières - si l'on
veut, qu'on retrouve dans nos sacs verts - soient considérées
comme telles et non pas comme des déchets, des choses inutiles, des
choses à jeter, mais des choses à réutiliser.
D'autres initiatives ont été amenées finalement par
l'ancien gouvernement du Parti québécois. Entre autres, la
constitution d'un réseau de réserves écologiques, la
création d'Urgence-Environnement qui, soit dit en passant, est
passablement occupé de ce temps-ci, la mise sur pied du groupe
d'études et de recherches sur les lieux d'élimination des
déchets dangereux, l'instauration d'un programme qui a été
très populaire, Berges neuves. C'est beau de protéger mais il
faut aussi donner l'accessibilité, ce qui a permis à des
centaines de municipalités de redonner à leurs citoyennes et
citoyens, l'usage des cours d'eaux par l'aménagement des berges, des
rivières et des lacs.
Finalement, en 1985, cela a été le règlement sur
les déchets dangereux, règlement sorti en octobre 1985.
Probablement que s'il avait été appliqué avec rigueur,
volonté et détermination, au lieu de l'être avec
négligence et nonchalance, on ne serait pas dans la situation dans
laquelle on se retrouve aujourd'hui. On n'aurait certainement pas, je peux
l'affirmer, connu de Saint-Basile-le-Grand, si on se fie non seulement aux
pouvoirs qu'avait le gouvernement en vertu du règlement de 1985 sur les
déchets dangereux mais, en vertu des nombreuses questions qu'ont
posées à l'Assemblée nationale les députés
de
l'Opposition. On a eu des confirmations selon lesquelles tout
était en ordre, qu'il n'y avait aucun danger, qu'on pouvait dormir
tranquille, c'était l'expression de votre prédécesseur. On
pouvait dormir sur nos deux oreilles parce qu'à Shawlnlgan comme
à Saint-Basile-le-Grand, tout était sous contrôle. Le
règlement était appliqué et un incendie était
impossible. Je pourrais vous sortir le Journal des débats. C'est
même à l'Assemblée nationale que cela a été
dit. Pourtant, la catastrophe est arrivée.
C'est l'historique, mais un historique plus près de nous serait
le passif assez lourd de l'actuel gouvernement qui, en matière
d'environnement, a agi comme dans le reste, finalement, c'est-à-dire en
n'intervenant pas trop, en laissant faire. Ce qu'on appelle la libre
entreprise, la libre concurrence. Il faut que l'État se retire,
l'État n'est pas là pour tout diriger, tout contrôler,
même si, je dois le dire en passant, on parle de moins en moins de
déréglementation alors qu'on en pariait au tout début. On
s'aperçoit qu'on en Impose de plus en plus, et il faudra refaire
probablement - je ne sais pas si on peut le faire au poids, au nombre de pages
ou au nombre de lignes - mais la réglementation qui est sortie depuis
1985 par rapport à ce qu'il y avait, j'ai l'Impression que la balance
serait très pesante. Quand je dis que le passif est assez lourd de ce
côté, et qu'on a tenu de beaux discours, je ne peux faire
autrement que de vous citer, Mme la ministre, parce que vous reconnaissez
exactement ce que l'on dit depuis longtemps, puisque dans le journal La Presse
de samedi, le 22 avril dernier, et je vous cite: Cliff annonçait
beaucoup de choses, mais la gestion ne suivait pas toujours. Exactement ce que
l'on dit depuis quelques années. Je vous cite toujours: Quand je suis
arrivée au ministère de l'Environnement, beaucoup de dossiers
étaient à peu près dans le même état que
lorsque je les avais laissés quand j'étais dans l'Opposition.
Donc, ça veut dire de 1985 à 1989, exactement, donc, ça
veut dire beaucoup de discours, et tout ce que je fais, je ne
répète même pas ce que nous avons dit, je cite ce que vous
venez de dire, Mme la ministre, tout dernièrement, le samedi 22 avril,
samedi dernier. Mais en termes concrets, ce que ça a voulu dire, le
désengagement de l'État en matière d'environnement, c'est
que dès les deux premières années de pouvoir du
gouvernement libéral, les crédits nets consacrés au
ministère de l'Environnement ont baissé. Donc, moins
d'investissements, moins de crédits nets pour permettre au
ministère de l'Environnement de donner des services, de protéger,
de suivre, de poursuivre, en tout cas de faire le boulot qui lui est
confié. Ils ont diminué en 1986-1987, 1987-1988, par rapport
à ce qu'ils étaient en 1985-1986. Donc, un premier geste concret,
si l'on veut, était de baisser les crédits nets du
ministère de l'Environnement les deux premières années
d'arrivée au pouvoir du gouvernement libéral.
On va y revenir aussi plus en détail tantôt, mais
relativement au programme d'assainissement des eaux qui était
finalement, on se le rappellera, un programme lancé lors de la crise
économique pour relancer l'économie dans le programme AGIR de
l'ancien gouvernement, avec des Investissements, comme je le disais
tantôt de 6 000 000 000 $, non pas pour un barrage dans le nord où
l'on déplace les gens, ce qui coûte plus cher, mais sur l'ensemble
du territoire, un projet de 6 000 000 000 $... De ce côté aussi,
on se rend compte qu'il y a une progression au ralenti par rapport à ce
qu'il y avait auparavant en ce qui a trait aux investissements annuels en
matière de programme d'assainissement des eaux.
Pour ce qui est du programme de dépollution industrielle dont
vous vous avez parlé tantôt, de ce côté, je dois vous
dire que nous trouvons finalement que c'est un programme qui, en sol, un peu
comme le discours qui a été tenu il y a quelques années, a
de bonnes orientations et de bons objectifs, mais on le dénonce parce
qu'il a un mode de financement encore indéfini, c'est un appareil
administratif qui est probablement trop lourd pour les résultats qu'on
veut obtenir, surtout qu'il s'agit d'un contrôle qui est basé sur
l'autosurveillance par le pollueur. De ce côté, on peut bien avoir
la meilleure volonté du monde et penser que tout le monde est bon, tout
le monde est fin, mais les résultats passés nous prouvent que ce
n'est pas la réalité des choses.
En ce qui concerne le programme de conformité environnementale,
mon prédécesseur appelait ça une mystification. Sans
vouloir réinventer le bouton à quatre trous, je vais
réutiliser exactement le même terme, parce que ce programme, qui a
été annoncé en novembre 1988, c'est en fait par la
création de la Direction générale des inspections et des
enquêtes, mais encore une fois, c'est par l'autodiscipline, c'est un
mécanisme interne de surveillance qui, finalement, sous-tend ce
programme de conformité, et quand on sait qu'il y a seulement treize
procureurs, on ne se donne même pas les moyens de rendre une justice dans
des délais raisonnables, même si jamais l'autodiscipline pouvait
donner des résultats. Pour ce qui est de la gestion des déchets
domestiques, la ministre vient de nous en parler encore dans son discours, en
nous disant que la politique s'en vient pour bientôt. On l'espère,
mais ce qu'on sait, c'est qu'on ne l'a pas encore, la fameuse politique de
gestion intégrée des déchets domestiques qui est attendue
par de plus en plus de gens dans les municipalités qui sont
engagés, dans une autre campagne de promotion lancée, il y a une
année, par votre prédécesseur - on y reviendra
tantôt - constatent qu'avec les 100 000 000 $ disponibles, les gens sont
maintenant intéressés... Il faudra voir, effectivement, si on est
pour créer des espoirs pour ensuite arriver avec des
désillusions. Ce serait dommage. De ce côté, je dois vous
dire que ça va être une critique très positive, parce que
je crois à la récupération.
J'ai travaillé dans mon coin, mais je ne voudrais surtout pas que
dans un an, deux ans ou trois ans, on se retrouve avec plus de
déceptions finalement et un recul, parce qu'on ne peut pas se permettre
de désillusions. Sauf qu'au moment où on se parle, cette
politique n'est toujours pas connue. On sait que les dépotoirs sont de
plus en plus pleins au point où il faudra trouver de nouveaux sites. On
connaît des difficultés pour trouver de nouveaux sites et on
connaît la réticence des populations à accepter que les
sites d'enfouissement soient dans leur localité. Mais on se rend compte
aussi que le PARFAIR voit ses crédits en régression alors que
lorsqu'on parle... C'est là qu'il faut joindre le geste à la
parole. Si on dit que c'est une préoccupation, il faut s'occuper du
programme présentement en vigueur et prouver qu'on a l'intention de
faire quelque chose en ce qui concerne la récupération et le
recyclage des déchets domestiques. Mais les budgets ne suivent pas le
discours. (10 heures)
Ensuite, on a essayé de faire des économies en coupant des
choses qu'on n'aurait pas dû. C'est ce qu'on appelle des économies
de bouts de chandelle. On a déjà connu ça, dans d'autres
ministères et même dans celui-ci. Entre autres, je parlais au
début de ce que nous pouvions dire au sujet de ce qui constituait pour
nous des objets de fierté. Nous avions deux projets pilotes, deux usines
pilotes pour traiter le lisier de porc. On sait combien il y en a. On sait
combien ça occasionne de pollution. Je le sais, parce que chez nous,
dans ma région, il y a beaucoup de producteurs. On connaît
l'état de la rivière Yamaska. On connaît aussi
l'état de la rivière Assomption. Donc, les deux usines devaient
fonctionner. Malheureusement, une autre bonne décision, entre
guillemets, qui a été prise dès l'arrivée au
gouvernement du Parti libéral, a été l'abandon de l'usine
pilote Assomption. Par contre, heureusement, on a gardé celle de
Saint-EIzéar-de-Beauce qui, si j'en crois ce qu'on me dit, et vous
pourrez certainement me le confirmer, nous apporte des résultats
très satisfaisants. Je pense que c'est important.
Une autre économie qu'a voulu faire le gouvernement - mais est-ce
que c'est vraiment une économie ou si ce n'est pas plutôt une
erreur? - c'est l'abandon du programme Berges neuves qui était si
populaire. Bon nombre de municipalités espéraient obtenir une
réponse positive à la demande qu'elles avaient déjà
faite. Malheureusement non. Ça été abandonné, et on
se retrouve aujourd'hui avec ce que vous savez: moins d'accessibilité
parce que moins de travaux sur les berges de nos rivières et de nos
lacs.
J'insistais là-dessus, au début de mon intervention, en
disant qu'un des projets innovateurs et audacieux qu'avait mis sur pied
l'ancien gouvernement était le Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement, le BAPE. Je pense qu'on devrait lui donner encore plus de
pouvoirs.
Il a un rôle essentiel à jouer en période de
croissance rapide, avec l'implantation de grandes entreprises, avec les
problèmes qu'on connaît, qui sont de plus en plus importants et
nombreux. Donc, le BAPE a un rôle plus Important à jouer.
Pourtant, qu'est-ce qui se passe? Les budgets sont inférieurs à
ce qu'ils étaient en 1985-1986. Qu'est-ce qu'on veut vraiment faire avec
le BAPE? Évidemment, on aura des questions à ce sujet. On va y
revenir, que ce soit sur des cas précis ou encore en rapport avec ce
qu'on a lu ce matin.
C'est encore une autre inquiétude. Il n'y a rien de rassurant
pour le public quand on lit: M. Goldbloom suggère de cacher au public
les dangers des déchets toxiques. C'est très inquiétant,
lorsque l'on sait que le BAPE a comme objectif, comme but, comme vocation de
permettre justement à ta population d'être parfaitement
informée, d'être consultée et de pouvoir participer aux
audiences pour pouvoir faire valoir son point de vue et prendre connaissance
des études d'impact, pour discuter de choses concrètes, de choses
tangibles, de choses évaluées. C'est une manchette qui ne nous
surprend pas, je dois le dire, étant donné qu'on a l'impression,
à certains moments, qu'on veut plutôt mettre de côté,
ranger, ou rendre de plus en plus Inopérant le Bureau d'audiences
publiques sur l'environnement, alors que ça doit être le
contraire. Si on l'a mis sur pied, c'est qu'on y croyait, et on y croit encore
autant aujourd'hui qu'à ce moment-là.
Avec le non-respect de la réglementation sur les déchets
dangereux, comme je vous le disais tantôt, on se retrouve, comme
société, avec des problèmes majeurs. On aura la chance d'y
revenir plus en détail, mais je tiens à le spécifier parce
que c'est quand même quelque chose qui a bousculé les habitudes de
nombreux Québécois et qui a davantage éveillé la
population aux problèmes de l'environnement au Québec. Ce fut le
cas de Saint-Basile-le-Grand.
Concernant Saint-Basile-le-Grand, très rapidement, le
règlement existait depuis 1985 et on a refusé de l'appliquer. On
a été négligent. On a trompé la Chambre en disant
que tout était maîtrisé et qu'il n'y avait pas de danger.
Malheureusement, c'est arrivé. Cela n'a pas été long. Des
personnes politiques se sont rendues sur les lieux, car c'était urgent
d'être présents. Mais on s'est rendu compte qu'il n'y avait pas
d'urgence à intervenir, à régler les problèmes ou
à prévoir, à un point tel qu'au moment où on se
parle, près de neuf mois après l'incident, les barils sont
toujours là. Il n'y a toujours pas d'entente avec l'Alberta et on ne
semble pas envisager d'autres avenues.
Donc, les BPC, c'était un danger à Saint-Basile-le-Grand.
Neuf mois après la catastrophe, c'est toujours un danger à
Saint-Basile-le-Grand et dans la région. Selon ce qu'on nous dit, on n'a
pas beaucoup les moyens d'investir dans l'environnement. Pourtant, on va
être obligé de
trouver les 50 000 000 $ que cela va coûter à la
société québécoise. On attend toujours
l'enquête du Bureau des audiences publiques concernant les produits
dangereux: comment les traiter, comment les éliminer, comment s'en
occuper, comment les transporter d'une manière sécuritaire, etc.
On attend toujours. Les responsables du BAPE nous disent que c'est parce qu'ils
manquent d'argent. Le ministre nous disait hier qu'ils ne manquent pas
d'argent, qu'ils peuvent procéder. Chose sûre, quand on regarde
les budgets, je suis obligé de conclure qu'ils manquent d'argent. S'ils
ne manquent pas d'argent, qu'on leur donne des projets spécifiques
d'étude. Si on leur donne des cas particuliers d'étude qui
demandent plus de déplacements, plus d'études, plus de
spécialistes, cela voudra dire qu'on va négliger le reste. C'est
comme si on leur disait: Écoutez, tout le reste va bien, étant
donné que le reste est caché et qu'y n'y a pas de danger, cela
n'a pas encore explosé. On peut dire au BAPE: Consacrez le peu que vous
avez à cela. En plus, selon une directive ou une recommandation du
Conseil du trésor, non seulement on ne vous donne pas l'argent que vous
demandez, mais il vous faut modifier aussi votre fonctionnement, faire Juste
une audition au lieu de deux et, finalement, essayer de couper les
dépenses. Sauf que, les auditions, les études d'impact, ce ne
sont pas des dépenses. À mon avis, ce sont des
nécessités.
On va revenir précisément sur ce cas. J'ai hâte de
voir ce qu'on va faire effectivement à court terme. Comme un
éditorialiste nous le disait dernièrement, on va probablement se
décider à faire quelque chose à court terme durant
l'été. Une étude très rapide, durant
l'été, permettra peut-être d'empêcher la critique et
d'empêcher que la population soit bien informée. Comme le disait
M. Goldbloom, on va cacher les dangers. Mais est-ce qu'on va se mettre à
cacher aussi les audiences publiques? Vous faites signe que non, comme si cela
n'avait pas de bon sens. Sauf que je dois vous dire qu'on a vu, au cours des
années passées, déposer des politiques aussi importantes
que le rapport des sages au moment où tout le monde était en
vacances. Est-ce que, cette année, ce ne sera pas le manque de sagesse
qui va faire que l'audition va avoir lieu pendant que tout le monde va
être encore en vacances?
Je vais conclure là-dessus pour qu'on puisse échanger nos
points de vue sur l'ensemble des dossiers que je viens
d'énumérer, ceux dont vous avez parlé, les crédits
et tous les autres problèmes concernant l'environnement qui
préoccupent au plus haut point l'ensemble de la société
québécoise. Je me permets de relancer la demande que font de plus
en plus de gens, de groupes, d'associations, qui disent qu'au-delà du
discours - et vous l'avez dit vous-même - il faut poser des gestes. Et un
des premiers gestes que le gouvernement devrait poser, à mon avis, pour
s'assurer qu'en environnement, on a un interlocuteur préoccupé
par l'environnement et qui en fait sa principale préoccupation et non
pas sa deuxième préoccupation, mais que ce soit la
préoccupation d'un porte-parole... Vous allez me dire qu'on n'en a pas
un demi mais qu'on en a deux. Je dois vous dire que je préfère
avoir un ministre de l'Environnement à temps plein qui s'en occupe
plutôt que d'avoir un ministre de l'eau propre et de la "pitoune" et un
autre qui s'occupe à temps partiel de l'environnement. Donc, je pense
que le premier ministre devrait le prouver, non seulement par des augmentations
de crédits, mais par la reconnaissance d'un ministre à temps
plein à l'environnement, comme préoccupation non seulement
majeure, mais comme sa préoccupation.
C'étaient là mes remarques préliminaires, M. le
Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Shefford. Mme la ministre.
Mme Lise Bacon (réplique)
Mme Bacon: Avant de répondre au député de
Shefford, M. le Président, vous me permettrez de présenter les
gens qui m'entourent. Oui, nous sommes deux ministres à l'Environnement,
M. le Président, puisque j'ai avec moi mon collègue de Roberval,
Gaston Blackburn, qui est ministre délégué à
l'Environnement. J'ai aussi un adjoint parlementaire, M. Robert Middlemiss, qui
est avec vous autour de cette table; le sous-ministre, M. Jean-Claude
Deschênes; le sous-ministre adjoint à la planification et à
l'évaluation, M. Gérard Divay; le sous-ministre adjoint à
la gestion et à l'assainissement des eaux, M. Clermont Gignac; la
sous-ministre adjointe aux opérations, Mme Cécile Cléroux
et le sous-ministre adjoint à la gestion et à l'assainissement
atmosphérique et terrestre, M. Michel Gagnon. Sont également
présents avec nous ce matin, M. Jean-Yves Babin, président de la
Société québécoise de l'assainissement des eaux; M.
Victor Goldbloom, président du Bureau des audiences publiques sur
l'environnement et M. Benoît Gauthier qui est ici en l'absence de M.
Tétreault. M. Gauthier est conseiller au Conseil de la conservation et
de l'environnement.
Je voudrais tout d'abord relever les dernières phrases du
député de Shefford. J'ai déjà connu des ministres
à temps plein de l'ancien gouvernement qui faisaient un travail à
mi-temps. Je m'explique. Le député devrait être prudent
dans ce qu'il avance relativement à ce qui s'est fait au cours des
dernières années du règne du Parti
québécois, puisque j'ai été la critique de
l'Opposition en matière d'environnement durant trois ans. Il me
rappelait beaucoup de souvenirs ce matin. Ce n'est pas le même son de
cloche que j'ai qu'il nous a donné. Je me rappelle qu'au moment
où j'ai eu ce dossier, y arrivait un nouveau ministre de l'Environnement
qui s'appelait Adrien Ouellette. M. Lévesque avait dit: II faut
absolument que je change mon ministre de l'Environnement parce que ce
ministère est
mal administré par M. Marcel Léger, qui était le
premier ministre de l'Environnement. M. Lévesque se croyant hors des
ondes avait fait cette confidence à un journaliste qui avait
évidemment capté cette affirmation du premier ministre, qui n'a
jamais démenti d'ailleurs l'affirmation qu'il avait faite. Il avait
chargé M. Ouellette d'essayer d'assainir l'administration de son
ministère de l'Environnement qui avait été mis sur pied
par M. Léger, le prédécesseur, ce que M. Ouellette a eu
beaucoup de difficultés à faire au cours de son mandat.
Je peux vous dire, pour avoir suivi tous ces dossiers durant trois ans,
que si on veut commencer cette discussion sur cette façon de faire les
choses, il y aurait des choses qu'on pourrait dire ce matin. On peut faire les
gorges chaudes et dire qu'un ministre à mi-temps... Quand je vois les
heures que je consacre au ministère de l'Environnement, M. le
Président, je n'ai pas l'impression d'être à mi-temps.
Encore une fois, j'ai déjà vu des ministres à temps plein
donner du mi-temps et ce, sous l'ancien gouvernement; je pense qu'on pourra en
parler davantage si le député veut faire porter le débat
là-dessus.
M. le Président, je vais juste relever certaines des affirmations
que nous a faites le député parce que, comme nous non plus on n'a
pas ses notes, c'est plus difficile de les relever. On a parlé du
règlement d'évaluation, d'un examen dans les parcs
environnementaux; je dois dire que l'assujettissement des grands projets
à la procédure d'audiences publiques était soumis à
un règlement, c'est vrai, qui avait été adopté en
1979 et qui est entré en vigueur en 1980 mais qui excluait deux articles
fort importants de la procédure environnementale, qui excluait donc les
grands projets. Si on nous blâme de ne pas le faire, il ne faut pas jeter
trop de pierres dans la cour des autres quand on est dans une cage de verre.
D'autre part, même si les grands projets industriels ne sont pas encore
soumis à des audiences publiques, le ministère exige
déjà que les promoteurs soumettent des études d'impact
complètes. Donc, il y a quand même un ajout à ce qui
existait auparavant. (10 h 15)
On a parlé - et je vais y aller à bâtons rompus
parce que j'ai pris quelques notes au cours de l'exposé du
député - des enquêtes en disant qu'il faut que nos
compagnies et nos industries soient autodisciplinées et qu'il ne
faudrait pas leur enlever cette autodiscipline. Je suis pour l'autodiscipline.
Je pense qu'au départ, c'est nécessaire. Mais, en plus de
l'autodiscipline, quand on exige maintenant de ces industries qu'elles nous
fassent des rapports annuels, cela nous amène à faire le
contrôle de ces rapports annuels et à faire aussi enquête si
ces rapports annuels ne sont pas satisfaisants pour nous. Déjà
c'est un plus. L'autodiscipline devra exister et elle devra être
là. Je pense que c'est important que nous ayons ces rapports annuels
pour constater ce qui est fait et, en même temps, pour apporter de
meilleurs contrôles et des enquêtes, si elles sont
nécessaires.
Quant au dossier de la gestion intégrée des déchets
qui inquiète le député de Shefford, je voudrais lui dire
que nous avons commencé la tournée des comités
ministériels ou interministériels et que nous poursuivons les
démarches, M. le Président. J'ai déjà soumis le
dossier au COMPADR. C'est une étape fort importante de franchie et elle
a été étudiée avec beaucoup d'attention par mes
collègues. Nous allons continuer en faisant la tournée des autres
comités, du Conseil du trésor et évidemment du Conseil des
ministres. Je voudrais tout de suite enlever les craintes du
député de Shefford et lui dire que le processus est
enclenché et que nous espérons le terminer le plus rapidement
possible. Voilà pour un ministre à mi-temps, comme le dit si bien
le député de Shefford, mais je pense qu'on fait de l'action
à temps plein.
On a aussi parlé de la gestion des eaux usées, du
programme mis sur pied par l'ancien gouvernement. Je me rappelle qu'à un
certain moment on voulait aller tellement vite, que l'Ordre des
ingénieurs avait dit: Nous ne pouvons pas suffire à la
tâche; nous ne sommes pas vraiment nombreux et nous devrons importer des
talents ou des capacités de travail en ingénierie qui seront
obligés de prendre ces dossiers en main, parce qu'on ne peut pas suffire
à la tâche. Cela faisait de belles manchettes. Cela a
été annoncé à plusieurs reprises. On a sorti bien
souvent ce chiffre de 6 000 000 000 $. Mais je dois dire, M. le
Président, que quand on est incapable de l'absorber, il faut
peut-être faire moins de manchettes et faire le travail. Je dois dire
aussi qu'il faudrait être prudent, du côté du
député de Shefford, quand il se vante aussi de ce
dossier-là, parce que ça va coûter pas mal plus cher que 6
000 000 000 $; quand on pense, et cela me rappelle encore une fois mes
interventions à l'Assemblée nationale, au dépassement des
coûts de ces projets qui étaient mis sur pied, qui allaient
jusqu'à 150 % et 200 % du coût initial prévu parce qu'on
avait fait tellement rapidement qu'on avait oublié un tas de choses au
départ, qu'on n'avait pas tout prévu, qu'on n'avait pas tout
fait, encore une fois je pense que ça faisait peut-être de belles
manchettes, mais ce n'était pas non plus cette gestion qui était
nécessaire dans de tels dossiers et que ça ne suivait pas les
belles manchettes.
Je dois dire aussi, M. le Président, que nous n'avons pas voulu
ne nous arrêter qu'à ce dossier. Nous avons voulu le faire suivre
par un dossier fort important du programme de gestion des fumiers. Ce n'est pas
de deux usines pilotes dont on avait besoin, mais d'un programme global qui
couvrait l'ensemble du Québec.
Dans l'esprit de nos prédécesseurs, on voulait
procéder par usine pilote. Je me rappelle mon inquiétude à
ce moment en disant: Même avec des usines pilotes, on ne règle pas
le problème. Le problème était entier. Il fallait le
régler par un programme de gestion des fumiers, un programme
global. Nous l'avons mis sur pied avec les sommes nécessaires parce que
ça coûte cher, on le sait.
Il y a aussi un programme de rejet industriel qui est important et qui
suit ce dossier. On ne veut pas polluer des rivières ou des eaux qui
sont dépolluées par un autre programme. Je pense que c'est une
gestion intégrée de ces programmes qu'il faut faire et non des
projets pilotes. Je pense qu'il est dépassé de ne faire que des
projets pilotes au Québec dans ce dossier. Il faut une cohérence,
il faut une action continue et une gestion intégrée d'un... C'est
un tout, l'assainissement des eaux et ii faut y ajouter aussi le programme de
gestion non seulement sur le plan agricole, mais aussi sur le plan industriel
qui est important.
On nous a dit aussi à un certain moment qu'il fallait le vouloir,
qu'il fallait faire rapidement. Je pense qu'on a aussi des dossiers où
on s'interroge sur le vouloir de bien protéger la population. Quand on
pense à Saint-Basile-le-Grand, et je ne voudrais pas que le
député se réjouisse de ce qui est arrivé - il a
quasiment l'air heureux que cet événement malheureux soit
arrivé, ce qui donne un point d'appui à ses arguments - je pense
qu'il ne faut quand même pas se réjouir qu'il y ait eu telle
chose. Ce n'était pas la première année qu'à
Salnt-Baslle-le-Grand il y avait un permis. Il y a eu un premier permis en
1981. Ce n'était pas nous qui étions là à ce
moment. Je pense qu'il faut quand même là aussi, si on veut faire
de la politique avec ce dossier, avoir tous les éléments du
dossier pour le couvrir. Je dois dire aussi qu'au sujet de
Saint-Basiie-le-Grand, il faut âtre prudent quand on se prononce sur ce
dossier. Il y a une enquête à la Sûreté du
Québec, qui avait été entreprise sous le règne du
Parti québécois. En ce moment, nous avons demandé une
enquête au Commissaire aux incendies sur les circonstances de cet
événement malheureux, c'est vrai. C'est un
événement malheureux et on ne veut pas, je pense, l'utiliser pour
semer l'angoisse et énerver indûment la population.
Des experts internationaux sont venus à l'occasion de cet
événement malheureux et nous ont dit que la gestion de la
situation a été excellente, que les procédés
d'évacuation ont été bien suivis. Le ton des experts
Internationaux n'était quand même pas alarmiste quant à
notre gestion de cet événement malheureux. Entre 1983 et 1985,
nous avions insisté sur le manque d'action du gouvernement du Parti
québécois de disposer, dans des endroits sécuritaires et
d'une façon définitive, des BPC que l'on retrouvait partout au
Québec. Nous avions rendu publiques des données
étoffées sur le plan de révision de l'impact de ces
déchets dangereux sur la santé des Québécois. Je
pense que c'était important.
Le gouvernement a dû faire l'état, d'abord, de la
situation. Il faut faire le tour de la situation quand on arrive. On a
établi une stratégie d'action. On a aussi regardé la
gestion des programmes pour ne pas répéter les erreurs du
passé. Et je pense qu'on devrait regarder aussi de plus près la
politique d'information du gouvernement précédent qu'il n'a pas
pratiquée durant dix ans. On nous reproche le manque d'information. Je
pense que le gouvernement précédent n'a pas trop informé
la population de cette situation qui était aussi dangereuse qu'elle
l'est maintenant. Je ne veux pas minimiser le danger, mais il existait à
ce moment-là.
Le Parti québécois nous a démontré qu'il
avait une vision sectorielle de l'environnement. Je pense qu'aujourd'hui, on ne
voudrait pas politiser et continuer à politiser le dossier de
l'environnement. L'ancien ministre de l'Environnement avouait lui-même -
je parle de l'ancien ministre sous le Parti québécois - que le
gouvernement d'alors ne lui donnait pas le budget nécessaire pour
améliorer la situation de l'environnement. Quand on nous dit qu'on n'a
pas les fonds nécessaires pour faire nos travaux, je pense que l'ancien
ministre se plaignait aussi de cette situation; il avouait aussi,
effectivement, que l'ancien gouvernement devait agir souvent en pompier et ne
possédait pas, je pense - et ça, il le reconnaissait
lui-même et nous l'avions vu à plusieurs reprises au cours des
discussions parlementaires... Nous avons reconnu que ce gouvernement-là
agissait d'une façon sectorielle et non avec une vision globale. Cela
insultait l'ancien ministre quand je lui parlais d'un manque de vision globale.
Je pense qu'on doit avoir, en ce qui a trait à l'environnement, une
vision globale des choses et non une vision seulement sectorielle.
La qualité de la vie, M. le Président, est importante pour
l'ensemble des citoyens. Dans notre programme électoral, nous avons mis
l'accent sur la qualité de la vie. On doit tenir compte, pour
améliorer la qualité de vie et la protéger, de ce qui n'a
pas été fait dans le passé. On doit aussi évaluer
les besoins des régions. On doit allouer les ressources suffisantes,
évidemment. C'est ce que je m'applique à faire en ce moment, non
seulement avec les crédits mais aussi avec le budget du ministre des
Finances que j'ai rencontré dernièrement. Je lui ai
demandé d'augmenter sensiblement le budget du ministère. Oui,
l'environnement sera la préoccupation de la population pour les
prochaines années et c'est important qu'il le soit. On doit faire preuve
d'audace dans la protection de l'environnement. On doit en même temps
faire preuve d'un certain réalisme. On doit surtout faire preuve
d'efficacité. Quant aux solutions à appliquer, il faut
préparer, je pense, un avenir meilleur pour affronter les défis
des années deux mille. C'est ce dont j'entretenais mon
prédécesseur, le ministre Ouellette à l'époque, et
c'est ce à quoi s'affaire en ce moment le gouvernement.
II faut avoir comme date l'an 2000. L'an 2000 est déjà
à notre porte.
Nous sommes en ce moment, comme nous l'avons toujours été,
à l'écoute de la population. Nous tenons aussi à
l'informer d'une façon la plus adéquate possible. Il n'est pas
question pour nous de cacher quoi que ce soit, mais il n'est pas question non
plus pour nous d'alarmer indûment une population pour nous faire un beau
visage électoral. C'est important et je mets en garde le
député de Shefford contre cette façon de procéder.
Je pense qu'on ne doit pas alarmer indûment une population pour se donner
un crédit électoral. Il faut l'informer d'une façon
adéquate, oui, mais il faut trouver des solutions qui s'imposent et
mettre en marche ces solutions. Je pense que c'est important.
Je dois le dire, M. le Président, et j'espère que le
député ne reviendra pas sur son dire que je suis une ministre
à mi-temps. Nous sommes deux au ministère en ce moment. Nous
avons des champs d'action bien définis. D'ailleurs, le
député le verra demain matin avec le député de
Roberval. Dans ces champs d'action qui ont été
définis, ça n'a pas pris une semaine, deux semaines, trois
semaines pour le faire. Dès la nomination du député comme
ministre, j'ai défini avec lui ces champs d'action qu'il a
assumés pleinement dès le départ. Je dois dire que, pour
ma part, je trouve un peu ridicule de mettre l'accent sur ministre à
mi-temps, parce que j'ai l'impression qu'avec les heures que je consacre
à l'environnement, et c'est la dernière fois que je le mentionne,
je fais pas mal plus d'heures que certains ministres de l'Environnement ou
certains ministres du Parti québécois qui nous ont
précédés. Ce sont des ministres qui n'ont pas toujours
travaillé à temps plein même s'ils avaient une action
à temps plein. Je dois dire, M. le Président, que ce n'est pas ce
genre de discussions que j'espère avoir avec le député de
Shefford. Il y a énormément de dossiers en environnement qui
méritent considération et qui méritent aussi qu'on ne
fasse pas ce matin un "pétage" de bretelles de part et d'autre - je
pense que ce n'est pas ça qu'on vient faire - mais qu'on s'y
préoccupe ensemble. J'oserais espérer qu'il fasse comme son
collègue à la culture, qu'il fasse le temps d'une paix au moment
où on discute des dossiers qui touchent chacun et chacune des citoyens
et des citoyennes du Québec, et qu'il n'utilise pas un ton alarmiste,
parce qu'il n'y a pas lieu de le faire. Il y a sensibilisation d'une
population, ce qui est différent, et c'est ce que nous tentons de faire.
Il y a information adéquate d'une population, ce que nous tentons de
faire et il y a aussi des mesures à prendre, ce que nous faisons aussi,
M. le Président.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous / remercie Mme la
ministre. M. le député de / Shefford.
(10 h 30)
BPC et Saint-Basile-le-Grand
M. Paré: Oui, très rapidement. Je ne regarde pas
beaucoup la télévision. Je n'ai pas le goût de faire une
émission ici non plus. Donc, en ce qui concerne le Temps d'une paix, je
dois vous dire que ceux qui aiment la télévision la regarderont,
mais je ne suis pas ici pour faire un peu ce qu'on essaie de faire dans ce
gouvernement, c'est-à-dire l'absence politique, ce qu'on appelle un
gouvernement somnifère. Je vais plutôt essayer de le brasser un
peu pour le réveiller, pas pour faire peur aux gens, mais pour que des
choses se passent. Ce n'est pas tout à fait la même affaire. Si
ça ne vous fait pas plaisir que je redemande qu'il y ait un seul
ministre titulaire responsable à temps plein, je dois vous dire qu'on ne
passera pas des heures et des heures à parler de ça aujourd'hui,
pour moi c'est fini, mais ça ne m'empêchera pas de continuer
à y penser, à y croire et à le demander.
Je vais revenir très brièvement sur certains points que
vous avez soulevés. Concernant les grands chantiers, concernant la loi
qui a été adoptée pour demander une étude d'impact
et des auditions par le BAPE pour certains grands projets, vous dites que nous
ne l'avions pas fait. On n'y a pas touché, mais on a fait pas mal de
choses. Vous êtes au pouvoir depuis trois ans et demi il n'y a rien qui
vous empêche de mettre en application les articles du règlement
tel que la loi vous le permet présentement; c'est que vous ne voulez
pas. C'est ce qu'il faut dire. On ne peut pas toujours dire: Parce que vous ne
l'avez pas fait, on ne le fera pas, autrement, on ne ferait rien de ce qui n'a
pas été fait. Soyons quand même un peu
réalistes.
Pour ce qui est des matières dangereuses, on croit à
l'autodiscipline, et si on n'insiste pas, c'est que, de toute façon,
l'article 106 prévoit que des rapports annuels doivent être
déposés. On va y revenir tantôt, mais j'aimerais qu'on
vérifie si, effectivement, au 1er avril, il y a juste la moitié
des rapports qui ont été reçus concernant les
matières dangereuses dans les grandes entreprises. Si c'est le cas, je
dois vous dire que c'est inquiétant.
Quand on parle du programme d'assainissement des eaux, vous dites qu'on
allait trop vite, qu'il fallait arrêter pour prendre le temps de respirer
et être bien sûrs de savoir où on va. Je dois vous dire
qu'on a juste à regarder le rapport Dagenais qui date de 1986, rapport
demandé par le gouvernement libéral, qui fait des recommandations
et qui dit: Vous n'allez pas assez vite. Il demande d'investir davantage que ce
que vous avez investi et que ce que vous prévoyez encore investir.
Pour ce qui est de Saint-Basile-le-Grand, je ne me réjouis pas du
tout, loin de là, 1 ne faudrait surtout pas penser ça. Si j'en
parle comme ça, vous avez vu que ce n'était pas avec le sourire.
Ça me désole que ce soit arrivé, ce
n'est pas du tout la même chose. Vous y revenez en disant: Bien
oui, il y a eu un permis en 1981. Oui, il y a eu un permis en 1981. On ne
pouvait pas changer des choses avant l'adoption du règlement en 1985,
mais à partir de 1985, vous pouviez faire quelque chose,
premièrement, parce que vous étiez au pouvoir,
deuxièmement, parce que vous aviez le règlement et,
troisièmement, parce que tout le monde vous en parlait,
particulièrement l'Opposition qui a questionné
régulièrement le ministre d'alors pour savoir si le
règlement s'appliquait à Saint-Basile-le-Grand pour faire en
sorte que la catastrophe ne se produise pas. Comme on n'est pas intervenu,
c'est arrivé. Loin de me réjouir, ça me désole, et
je dois dire que ça me scandalise, que ce soit encore dans le même
état au moment où on se parle. Il ne s'agit pas de faire peur aux
gens, mais de vous ramener à vos responsabilités. Cela n'a pas de
bon sens que, près de neuf mois plus tard, ce soit encore comme
ça, que l'étude ne soit pas commencée, que les barils
soient toujours en place, qu'il n'y ait pas d'entente avec l'Alberta pour les
faire éliminer. Vous allez me dire: Ils sont dans des conteneurs, et
tout ça. Oui, on a fait des choses et on a recouvert la cabane, sauf que
les BPC se trouvent encore à Saint-Basile-le-Grand.
Vous avez parlé d'information, de discussions avec la population,
vous avez dit qu'il ne fallait pas faire peur aux gens, mais plutôt les
informer; je dois vous dire que la peur des gens n'est pas venue de ce que nous
avons dit, elle est venue de la catastrophe de Saint-Basile-le-Grand, elle est
venue des déversements tout récents, que ce soit à Granby,
à Sherbrooke, à Nicolet, à Saint-Sévère ou
en Mauricie. Ce sont les déversements qui se produisent qui font en
sorte que les gens sont inquiets. C'est l'entrée massive de
déchets provenant des États-Unis, à un moment
donné, qui a mobilisé les gens, ce sont des déclarations
comme celle de ce matin où on suggère de cacher au public les
dangers des déchets toxiques. Ce n'est pas ma déclaration, c'est
dans La Presse de ce matin, et c'est pour ça qu'on exige des
choses.
Je conclus en vous rappelant que quand vous vous dites ouverte, si
prête à la discussion et à l'information, rien
n'empêche que c'est votre prédécesseur qui, à trois
occasions, lors de l'étude de la Loi sur les pesticides, la loi 70, et
de la loi 99, a essayé d'abroger les articles 118. 4 et 118. 5 sur
l'accès à l'information pour la population. On a
été obligé de faire une job et de se battre pour que
l'information continue d'être une obligation, sinon on aurait
abrogé les règlements. Est-ce que c'est cela, cette ouverture
dont vous parlez tant? On tiendra les discours qu'on veut, c'est par les gestes
concrets qu'on est capable de voir la volonté s'exprimer. Et dans le cas
de l'information, nous, de l'Opposition, avons un devoir à faire et nous
allons le faire, non pas avec des somnifères, mais avec tous les moyens
à notre disposition pour sen- sibiliser la population et éveiller
le gouvernement aux dangers qui existent et le forcer, si possible, à
prendre ses responsabilités et à prévenir pour faire en
sorte - non pas qu'on se réjouisse qu'il y ait des catastrophes, comme
vous l'avez dit tantôt - de s'assurer qu'il n'y ait plus de catastrophe
écologique au Québec.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme la ministre.
Mme Bacon: M. le Président, c'est pour cela qu'on a mis en
marche un plan d'amélioration de la sécurité. Je vais
revenir sur certaines remarques qu'a faites le député. Dans le
programme d'assainissement des eaux, il y a un engagement de 1 500 000 000 $
pour les trois prochaines années. Je dois dire que, dans ce programme,
on a fait pas mal de "déchromage". Il a fallu faire du
"déchromage" et serrer la gestion qui était loin d'être
serrée, qui n'était pas rigoureuse. Cela a été
fait. On n'entend plus parler de problèmes concernant le programme
d'assainissement des eaux comparativement aux dernières années et
à ce qu'on a déjà entendu.
Le député parle d'information, je vais lui en donner sur
Saint-Basile. J'espère que cela va le rassurer d'avoir toutes ces
informations. Je dois dire au député que, depuis mon
arrivée au ministère, je n'ai rien caché à la
population de Saint-Basile par l'intermédiaire de son maire et aussi du
conseil municipal que j'ai rencontré avec lui. J'ai constamment tenu le
maire informé de révolution de ce dossier.
Le 13 décembre 1988, mon prédécesseur a
envoyé une demande officielle au ministre de l'Environnement de
l'Alberta pour obtenir la permission d'expédier les BPC de
Saint-Basile-le-Grand à l'incinérateur de Swan Hills pour y
être détruits. Le 9 janvier 1989, une copie des listes
préliminaires d'inventaire qui précisaient le contenu de chacun
des conteneurs et des caissons a été envoyée au
gouvernement de l'Alberta. Le 13 janvier 1989, j'ai écrit au ministre de
l'Alberta, l'informant que je mandatais le sous-ministre adjoint du
ministère, M. Gagnon, pour discuter et pour fixer les termes et les
conditions de l'entente et lui demandant de nous confirmer le nom de la
personne avec qui M. Gagnon devait discuter. Le 27 février, M. Reid,
alors ministre de l'Environnement, m'a écrit, me confirmant que
l'Alberta avait terminé la révision des aspects techniques et
logistiques du traitement des déchets de BPC de Saint-Basile-le-Grand et
que tout lui paraissait en ordre. Il m'informait aussi qu'il comprenait que les
détails qui concernent les termes de l'entente devaient être
complétés et que nos deux sous-ministres devaient se rencontrer
bientôt, ce qui fut fait. Le 3 mars, nous avons reçu, par
bélino, une copie du projet d'entente proposé par l'Alberta. Le 7
mars, comme je le disais tantôt, nos sous-ministres se sont
rencontrés; M. Gagnon accompagnait M. Deschênes, le sous-ministre
et M.
Lupul accompagnait M. Vance McNickol, le sous-ministre de
l'Environnement de l'Alberta, Le projet de contrat a été
révisé et quelques modifications ont été
apportées à ce document. Le 12 avril, j'ai écrit à
M. Reid pour lui confirmer que nous acceptions les termes et les conditions du
contrat que l'Alberta nous avait soumis. Je mentionnais que, dès que
nous aurions obtenu l'approbation du Conseil du trésor - il faut quand
même aller chercher cette approbation pour les sommes nécessaires
- nous le contacterions à nouveau pour arrêter la date de la
première expédition.
Il y a eu des élections en Alberta; il est évident qu'il
fallait en tenir compte. Il y a maintenant un nouveau ministre de
l'Environnement. La semaine dernière, mon sous-ministre et
moi-même avons discuté avec M. McNichol, qui représentait
son ministre à la réunion des ministres de l'Environnement des
provinces et du fédéral. Nous attendons la décision du
Conseil du trésor. Nous aimerions obtenir confirmation de la part du
nouveau ministre de l'Environnement de l'Alberta, ce que je vais tenter d'avoir
tantôt, au cours d'un appel téléphonique. Nous allons lui
demander de nous dire combien de temps pourrait s'écouler avant que la
première expédition ait lieu, où et quand le contrat peut
être signé, si je dois aller là-bas, s'il va venir ici ou
si on va se rencontrer à mi-chemin. Nous en sommes rendus là. Ce
sont là toutes les informations. Je pense qu'on n'a rien à cacher
de ces informations. C'est le processus qui a été suivi depuis le
début.
Moi aussi, j'ai hâte de voir partir les BPC de Saint-Basile. Moi
non plus, je n'aime pas voir les conteneurs attendre le départ, comme la
population de Saint-Basile, et je la comprends. Depuis mon arrivée au
ministère, j'ai fait tout ce qui était humainement possible pour
accélérer le dossier, pour qu'on soit capable de les envoyer le
plus rapidement possible. On ne peut pas envoyer ça tout d'un coup non
plus. Il y a des déchets solides et des déchets liquides, des BPC
solides et des BPC liquides. C'est toujours plus facile de faire parvenir les
liquides en Alberta pour qu'ils soient éliminés rapidement. Mais
il faut trouver de la place pour les solides à Swan Hills. C'est ce qui
est en train d'être étudié par mon collègue de
l'Alberta. Nous allons voir ensemble les dates les plus proches. Et avec
l'acceptation du Conseil du trésor du contrat qu'on a soumis et des
sommes qui sont nécessaires, nous allons faire en sorte que le contrat
soit signé rapidement. Mais il y a quand même une entente de
principe sur le contrat qui a été préparé par nos
deux sous-ministres.
Quant à mon collègue, le député de Roberval,
je pense qu'il connaît déjà les champs d'action. Nous lui
avons fait parvenir les champs d'action qui étaient sous sa
responsabilité et demain, le député pourra le questionner
amplement sur ses responsabilités. Quant à moi, M. le
Président, je suis prête à la discussion. On y va programme
par programme ou champ d'action par champ d'action? Je pense qu'on nous a
demandé les champs d'action.
M. Paré: On va y aller par programme. Mme Bacon:
Oui.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré: On va y aller par programme, mais étant
donné que Saint-Basile est un sujet important et qu'on achève
d'en faire le tour, j'aimerais qu'on en termine. On aura fini ce
dossier-là et on ne sera pas obligé de revenir sur le cas
précis de Saint-Basile-le-Grand au moment où l'on
étudiera...
Mme Bacon: Oui.
M. Paré:... les déchets dangereux. À quelle
date l'entente a-t-elle été acceptée au Conseil du
trésor?
Mme Bacon: Elle n'est pas acceptée. J'ai dit que
c'était à l'étude au Conseil du trésor.
M. Paré: Et quand prévoyez-vous que ce sera
terminé?
Mme Bacon: On a demandé de faire rapidement. C'est
évident qu'on met la pression sur le Conseil du trésor pour qu'il
nous donne le feu vert rapidement, parce qu'il faut signer cette
entente-là avec le ministre de l'Alberta dans les jours ou les semaines
qui viennent, rapidement.
M. Paré: Pourquoi favorisez-vous l'Alberta par rapport aux
autres moyens d'élimination, dont l'envoi en Angleterre?
Mme Bacon: Écoutez, les BPC sont dans des conteneurs pour
un transport ferroviaire. Il faut être pratique aussi. J'y ai
pensé aussi. Il y a des alternatives qu'on regarde à un moment
donné parce qu'on se dit qu'on ne peut pas laisser indéfiniment
les BPC à Saint-Basile. L'alternative de l'envoi en Angleterre nous
aurait obligés à enlever les BPC des conteneurs et à les
remettre dans d'autres pour être envoyés par mer en Angleterre. Ce
qui aurait voulu dire d'abord, manipulation de ces BPC à plusieurs
reprises et, deuxièmement, un coût additionnel qui est toujours
payé par l'ensemble des citoyens. Je crois qu'il faut penser aussi,
quand on pense en termes de gestion, aux coûts additionnels que ça
aurait amenés. On sait que des millions sont inclus là-dedans. Il
fallait penser à ça aussi. Ils sont dans les conteneurs. On a un
gardiennage 24 heures par jour. On a des inspections qui se font chaque jour.
On a fait en sorte que les terrains sur lesquels ils sont disposés
demeurent des terrains stables pour qu'il n'y ait pas de
problème. On s'est assuré aussi qu'ils sont
entreposés en ce moment de façon sécuritaire. Et le
dossier se continue avec l'Alberta. J'ai ravivé le dossier en arrivant
au ministère pour que nous puissions le faire rapidement en discutant,
soit avec le ministre Reid ou mon directeur de cabinet avec son directeur de
cabinet, le sous-ministre avec le sous-ministre. Des discussions ont
été faites en cours de route. Le contact n'a pas
été rompu avec l'Alberta depuis mon arrivée. Mais il
fallait que l'inventaire détaillé se fasse pour qu'on l'envoie en
Alberto - ce qui a été fait - pour qu'il soit examiné. Et
le dossier s'est poursuivi de cette façon-là.
Avoir changé les conteneurs et les avoir mis dans d'autres pour
les envoyer en Angleterre, je le redis, aurait amené une manipulation
excessive et un coût excessif aussi qui aurait pu aller jusqu'à 1
000 000 $; c'est ce qu'on avait calculé pour ce transfert de conteneurs.
Et ensuite, je pense que cela n'aurait pas été beaucoup plus
rapide. Alors, l'Alberta ne nous ayant jamais fermé la porte, il y avait
ce processus qui était enclenché et qui se continuait pour que
nous puissions les envoyer.
M. Paré: Qu'on ait choisi ou, en tout cas, qu'on dise
maintenant qu'il faut que ça aille en Alberta parce que changer de
conteneurs...
Mme Bacon: 4 000 000 $. M. Paré: Pardon?
Mme Bacon: II y a une différence d'à peu
près 4 000 000 $ entre l'Alberta et l'Angleterre.
M. Paré: D'accord. Qu'on me dise qu'il y a une
économie, je dois vous dire que je trouve ça plus acceptable que
de changer de conteneurs. Je pose ma question quand même. Qu'on ne
veuille pas changer les BPC de conteneurs à cause du coût et du
danger de la manipulation, je comprends tout cela, mais pourquoi a-t-on
décidé de les mettre dans ce genre de conteneurs par rapport
à un autre? Est-ce parce qu'on avait déjà
décidé qu'on les enverrait en Alberta?
Mme Bacon: II y a un accord de principe avec les Transports et
c'est à cause des normes de transport. Vous demandez: Pourquoi en
Alberta et pourquoi pas en Angleterre? Au départ, ce qui avait
été enclenché au ministère, c'était avec
l'Alberta. Si on avait dû changer - si l'Alberta avait fermé ses
portes, ce qu'elle n'a pas fait - de l'Alberta à l'Angleterre, il y
aurait un coût additionnel considérable pour l'envoi et il y
aurait un coût aussi pour le transfert des conteneurs. Les conteneurs
à envoyer par mer ne sont pas les mêmes que les conteneurs par
voie ferrée. On apprend tous, en cours de route, qu'il ne faut pas
utiliser les mêmes conteneurs. C'est pour cela que nous ne l'avons pas
fait. Comme ils étaient déjà dans des conteneurs
prêts à partir, j'espérais que nous puissions les envoyer
le plus rapidement possible Ils sont prêts à partir par voie
ferrée puisqu'on a l'accord des Transports.
M. Paré: Qu'ils soient dans des conteneurs pour être
utilisés par chemin de fer, je le comprends et ce n'est pas
compliqué à saisir que ce n'est pas la même chose, que ce
sont des conteneurs différents. Quand on a décidé de les
mettre dans ces conteneurs, c'est qu'on avait déjà
décidé, donc, après l'incendie, de les envoyer en
Alberta.
Mme Bacon: II y avait un accord de principe entre les deux
ministres.
M. Paré: II y avait un accord de principe. Mme Bacon:
Entre les deux ministres.
M. Paré: L'accord de principe est pour un contrat
d'environ 10 000 000 $, selon ce qu'on nous dit.
Mme Bacon: Environ, oui.
M. Paré: Comment les 10 000 000 $ sont-ils
répartis?
Mme Bacon: II faudrait que je vois mes chiffres. Le transport et
le chargement à bord du train à Saint-Basile-le-Grand et le
transport routier vers Saint-Lambert est de 85 000 $. Le chargement et
l'arrimage à bord des wagons est de 30 000 $. La provision pour le temps
supplémentaire et les imprévus pour les contractants - il faut
toujours se garder un peu de provision - est de 15 000 $. Ce qui donne un
sous-total de 130 000 $. Quant au transport ferroviaire de Saint-Lambert
à Knight en Alberta et au retour des conteneurs, des caissons vides,
puisqu'on ne les laisse pas là, c'est 960 000 $. Le coût du
transport routier de Knight à Swan Hills et de la destruction des
déchets est de 6 700 000 S. Le coût ne s'arrête pas
là. Il faut penser aussi aux sols qui nous restent à
Saint-Basile-le-Grand. L'excavation va coûter 16 000 $, le transport des
sols contaminés 63 000 $, l'élimination 160 000 $ et la remise en
état du terrain 90 000 $, pour un total de 329 000 $. On arrive à
peu près à 10 000 000 $, quand on regarde ces coûts.
M. Paré: D'accord. Concernant les BPC de
Saint-Basile-le-Grand, une dernière question sur l'enquête par le
Bureau d'audiences publiques en environnement. Quand pense-t-on raisonnablement
que ça va commencer et combien de temps cela va-t-ll durer pour faire
vraiment une bonne enquête et de bonnes audiences et être capables
de nous donner un rapport qui se tienne?
Mme Bacon: Peut-être qu'on pourrait y
revenir au moment des dossiers du BAPE, quand on va regarder les champs
d'action du BAPE. On fera le point sur ce dossier. Comme je le disais
tantôt, cela ne nous empêche pas d'agir. Je dois dire que c'est
long un an. il y a des gestes qu'on devra poser et peut-être au cours de
cette année, comme responsables de l'Environnement au Québec.
C'est peut-être pour ça que j'ai demandé à la
population de Senneterre de s'ouvrir davantage au reste du Québec,
même si le dossier du BAPE est en marche. On ne peut pas attendre un an
pour parler de ce dossier sur les BPC, les déchets toxiques et
dangereux. Je ne peux m'empêcher d'en parler pendant une année
parce que le BAPE fait une enquête. Je pense que le député
comprendra ça. S'il y avait des gestes rapides à poser,
même s'il y a une enquête du BAPE, il faudra qu'on soit capable de
les poser. C'est ça assumer ses responsabilités
ministérielles.
M. Paré: Je le sais, c'est le rôle de la ministre de
l'Environnement. Là-dessus, je ne reprendrai pas tout ce j'ai dit, parce
que je continue à penser qu'il y a eu négligence dans ce
dossier-là avant et qu'il y a eu du traînage de pieds, comme on
dit en langage populaire, depuis. Je l'ai dit et je le répète, ce
que vous me dites ce matin vient confirmer certaines choses. Entre autres, vous
avez dit que c'est le 13 décembre 1988 que vous avez fait une demande
officielle à l'Alberta; c'est la date que j'ai prise en note
tantôt. C'est quand même un délai passablement important.
Depuis, on attend toujours une autorisation du Conseil du trésor. Je
l'ai repris parce que vous avez pris la peine d'insister là-dessus et je
trouvais que cela allait un peu dans le même sens que votre
déclaration de samedi, alors que vous disiez que, quand vous êtes
arrivée, vous avez décidé de raviver ce dossier-ià.
Je ne sais pas s'il était moribond, mourant ou complètement
contaminé, mais vous avez été obligée de le
raviver. Je dois vous dire que ce n'est pas rassurant.
Mme Bacon: Je voudrais peut-être corriger. Il ne faut pas
faire d'affirmations gratuites non plus dans ce dossier-là. On ne peut
pas signer le contrat si le Conseil du trésor n'en a pas accepté
les montants. Je pense que le député nous en voudrait et qu'il
nous dirait que notre administration n'est pas bonne si on signait des contrats
à droite et à gauche sans avoir l'argent pour les signer.
Voilà un premier point.
Pour connaître les montants qu'il en coûterait, il fallait
quand même s'asseoir avec l'Alberta et discuter d'un contrat et des
clauses de ce contrat. On ne peut pas parler juste en principe des choses. Il
faut être, je pense, assez réalistes pour préparer un
contrat en bonne et due forme. Il fallait aussi regarder l'ensemble des
coûts. Vous l'avez vu tantôt avec les coûts que je vous ai
donnés, il n'y a pas que l'envoi des conteneurs, c'est après,
quand les conteneurs partent Pour rassurer complètement la population,
II fallait s'occuper des sois. Il fallait s'occuper du gardiennage 24 heures
sur 24, veiller à ce que des inspections soient faites, et pomper l'eau
au cours de cet hiver pour ne pas que ça s'accumule; on pompe l'eau
chaque fois qu'il pleut. On le fait; cela se fait. C'est très terre
à terre; on n'est pas dans les grands principes quand on discute de
ça, mais cela fait aussi partie des responsabilités de bien
gérer un dossier et c'est ce qu'on fait.
Je pense que tout a été fait pour s'assurer, de
façon adéquate, de la qualité de vie de la population,
même si on voulait voir partir les BPC le plus rapidement possible. Ce
dossier-là, j'en parle depuis mon arrivée au ministère.
Quand on s'aperçoit qu'il y a des longueurs, on cherche des
alternatives. C'est ce qu'on a regardé aussi et c'est ce que j'ai
demandé à mes fonctionnaires d'examiner à un certain
moment parce que, nous aussi, nous avions hâte que cela parte de
Saint-Basile. Les alternatives étaient l'Angleterre et la Suisse aussi.
Il y avait ça aussi; il fallait regarder les coûts. Je n'aurais
pas hésité à les envoyer ailleurs, si les coûts
avaient été moindres pour la population et si on avait pu le
faire plus rapidement. Cela m'est aussi venu à l'esprit. Il n'est pas
question qu'on fasse attendre la population indéfiniment.
Le pompage de l'eau, à lui seul, coûte 750 000 $. On va
assumer des coûts énormes dans ce dossier-là. Mais il faut
aussi aller chercher cet argent au Conseil du trésor. Je pense qu'on en
arrive à une conclusion de ce dossier et j'espère que je serai
là pour voir partir le premier chargement et qu'il partira le plus
rapidement possible pour l'Alberta.
M. Paré: C'est là qu'on s'aperçoit que la
négligence coûte cher. Ma question est la suivante: Est-ce qu'on
peut espérer que cela sera fini pour le mois d'août 1989, un an
après la catastrophe?
Mme Bacon: Entre le premier envoi et le deuxième, il y a
deux semaines de différence, et vous me corrigerez si j'erre. Il y a
deux semaines. On ne peut pas prendre les wagons, les envoyer et l'autre suit
tout de suite, un à la suite de l'autre, d'un coup. On ne peut pas faire
ça en une seule fois. Entre le premier envoi et le deuxième, il y
a une différence de deux semaines. Du deuxième au
troisième, II y a aussi une différence de deux semaines. Du
troisième au quatrième, c'est une semaine; cela se rapproche.
Ensuite, du quatrième au cinquième et du cinquième au
sixième, ça se fera plus rapidement. Cela veut dire qu'on peut
penser que du premier envoi au dernier, il peut y avoir presque deux mois de
délai. J'ai averti le maire et les gens de son conseil municipal. J'ai
donné toutes ces Informations aux gens de Saint-Basile. Ils ont ces
informations. À mesure que le dossier a évolué, on a
gardé cette communication ouverte avec
Saint-Basile.
M. le Président, est-ce qu'on procède par champ d'action?
On m'avait dit qu'on procédait par champ d'action.
Le Président (M. Saint-Roch): Oui. M. le
député de Shefford.
Analyse du budget
M. Paré: Comme Je l'ai dit tantôt, je
préférerais qu'on aille par programme et élément.
Avant de commencer, j'aurais juste quelques questions à poser sur les
montants globaux comme tels du budget. Là-dessus, on s'aperçoit
que, dans les crédits totaux, on passe à 416 225 000 $. C'est
important sauf que, lorsqu'on le décortique et qu'on le regarde au plan
de l'intention ou de la manifestation de l'intérêt par rapport
à l'ensemble de l'environnement et qu'on enlève le service de la
dette du programme d'assainissement des eaux qui, lui, est de 303 000 000 $, il
reste finalement comme crédits nets 112 704 600 $.
Vous allez me dire que c'est une augmentation par rapport à
l'année passée. Vous allez aussi dire que c'est une augmentation
supérieure à l'augmentation des crédits pour l'ensemble de
l'appareil gouvernemental. Mais quand on le décortique encore, on
s'aperçoit qu'une bonne partie va aller à la gestion interne,
à la planification. Cela va aussi aller dans les bureaux
régionaux. Je dois vous dire que ce n'est pas moi qui serai contre,
surtout que depuis un an, on a perdu deux fonctionnaires à notre bureau
de l'environnement à Granby. J'espère que ça va en
ramener.
Quand on les regarde maintenant froidement et qu'on examine sur une
période un peu plus longue ce que ça a
généré, ce que ça a amené comme
développements, entre les crédits nets de 1985-1986 et ceux
d'aujourd'hui, il y a une augmentation en fait de 24 900 000 $, grosso modo.
Sur une période de cinq ans, une augmentation de 24 000 000 $. Si l'on
amène en dollars constants le budget de 1985-1986 qui était de 87
800 000 $ en crédits nets, c'est 101 000 $. Cela veut dire qu'en cinq
ans, on se retrouve avec une augmentation de 11 000 000 $; 11 % ne compense
même pas l'inflation. Ce n'est pas ce qu'on peut appeler un gouvernement
à vocation écologique et avec une préoccupation
environnementale majeure. Ce sont les chiffres. On ne peut pas faire autrement
que de le constater.
Si maintenant on prenait seulement les montants de transfert, ce sont
encore des montants qui sont Inférieurs à l'accroissement des
montants investis puisque l'augmentation est de l'ordre, encore, de quelques
millions de dollars.
On n'a même pas, depuis 1985-1986, augmenté les
crédits nets au ministère de l'Environnement. Donc, pour tout ce
qui est autre chose que le service de la dette du pro- gramme d'assainissement
des eaux, on n'a même pas réussi à compenser le taux
d'inflation en cinq ans. Je dois vous dire qu'on ne prouve pas qu'on a vraiment
un intérêt majeur. Comme je vous disais tantôt, en
crédits nets, on a diminué en 1986-1987 par rapport à 1985
et on a diminué en 1987-1988 par rapport à 1985. On a repris une
augmentation l'an passé et une augmentation cette année, mais ces
augmentations qu'on ramène dans les crédits nets cette
année, en dollars constants, nous montrent qu'on n'a même pas
répondu au taux d'inflation par rapport à l'intérêt
qu'on a manifesté en 1985-1986 pour l'environnement.
J'aurais deux questions un peu plus précises. Il semblerait qu'il
y a un réseau qui a demandé quelques minutes pour vous permettre
une entrevue à 11 heures. C'est ce qu'on m'a dit. (11 heures)
Mme Bacon: Non, non. Je fais mes crédits.
M. Paré: Non? Nous sommes prêts à y
consentir, si vous voulez suspendre quelques minutes, car c'est une demande qui
nous a été faite. D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré: Oui. Deux questions précises qui sont plus
détaillées. Les documents que vous nous avez fournis
m'amènent à me questionner et à vous interroger. On dit
que les voyages à l'étranger pour 1988-1989 sont au nombre de 93.
Ne trouvez-vous pas que c'est beaucoup? Ce ne sont pas deux voyages par
semaine, mais pas loin. L'autre question m'embête un peu. On a fait un
sondage - et ce n'est pas le montant, 9800 $, qui me fait m'interroger, c'est
la raison - sur le degré de satisfaction des employés. J'aimerais
savoir comment il se fait qu'on fasse un tel sondage. Au ministère de
l'Environnement, II doit y avoir, comme dans tous les autres ministères
et organismes, une direction du personnel qui doit s'assurer des bonnes
relations. Y a-t-il un malaise particulier? Y a-t-il une raison qui peut
justifier un sondage sur la situation des employés?
Mme Bacon: D'abord, M. le Président, vous me permettrez de
revenir - on apportera les réponses aux autres questions qui viennent
d'être posées - sur les crédits budgétaires du
ministère de l'Environnement. Si on compare le budget de fonctionnement
de 1986-1987, nous avions 65 948 000 $ en budget de fonctionnement. En
1989-1990, il y a 112 704 000 $. Ce n'est pas la même chose. Je pense
qu'il y a quand même une différence. Si on compare aussi, je pense
- ce sont les chiffres précis que nous avons. Malheureusement, je n'ai
pas ceux de 1985-1986 devant moi - 1986-1987, c'est presque le double quand on
arrive à 1988-1989. Si on regarde les crédits budgétaires,
les dépenses
gouvernementales qui sont faites par ministère, par organisme,
notre ministère, l'Environnement, est quand même dans une bonne
moyenne. Il est le troisième, ex aequo avec les Communautés
culturelles, le premier étant le Conseil exécutif, le
deuxième, les organismes relevant de la ministre
déléguée à la Condition féminine et le
troisième, l'Environnement, ex aequo avec les Communautés
culturelles pour les crédits de 1989-1990.
Je pense qu'il y a quand même une augmentation de 14,81 %. C'est
dire que les crédits budgétaires pour notre exercice financier
sont quand même augmentés. Ces augmentations sont attribuables au
service de la dette, c'est vrai. Le Programme d'assainissement des eaux, on
sait que cela amène un service de la dette important et qui fait partie
du budget du ministère de l'Environnement. Cela amène aussi 9 000
000 $ au programme d'amélioration de la gestion des fumiers. Cela nous
amène aussi 3 500 000 $ en développements, en expertises
techniques et scientifiques en matière d'analyses de laboratoire et je
pense que le député va reconnaître qu'il est important,
quand on veut bien informer la population, d'être capable de faire des
bonnes analyses de laboratoire. On sait que quand il nous arrive des
problèmes, rapidement, on court vers les laboratoires donc, on augmente
ces sommes.
Cela nous amène aussi 3 000 000 $ pour la création de la
nouvelle Direction des inspections et enquêtes, et 2 700 000 $ pour le
dossier des pneus hors d'usage. Cet examen, quand on regarde sommairement les
dépenses par ministère, par organisme, nous démontre que
le ministère de l'Environnement est parmi les seuls organismes qui ont
vu leurs crédits budgétaires croître substantiellement
d'année en année. Ce n'est pas seulement cette année. On
regarde d'année en année. Les différents tableaux
comparatifs qu'on a sur les crédits budgétaires et sur les
ressources humaines illustrent bien aussi, je pense, l'augmentation
substantielle des ressources et ce, par programme et aussi par nature des
dépenses qui sont effectuées, il n'y a pas que l'argent qui est
important au ministère de l'Environnement, il y a aussi les effectifs.
Quand on regarde les effectifs qui sont accordés au ministère en
1989-1990, on voit quand même une augmentation de 208. On avait 1190
personnes en 1986-1987 et nous arrivons à 1398 en 1989-1990. Il y a une
augmentation des effectifs et c'est nécessaire puisque c'est un
ministère qui a été créé, il y a à
peine dix ans. C'est un ministère qui est en pleine croissance, qui a
besoin d'effectifs. C'est sûr qu'il a besoin d'argent, mais il a besoin
aussi de gens qui vont administrer ses programmes, administrer ses politiques
et faire les enquêtes nécessaires et protéger
l'environnement. Il y a une évolution des ressources humaines et
financières depuis 1986-1987 lorsqu'on regarde les chiffres de
1989-1990. Généralement, les données que nous avons
reflètent Je budget voté le 1er avril. Pour l'exercice 1988-1989,
les données sont présentées dans le dossier que nous avons
selon deux états de situation. On a d'abord le budget voté le 1er
avril et le budget modifié en décembre 1988. Cela comprend les
crédits obtenus et ça comprend aussi les budgets
supplémentaires. Il faut, je pense, comparer le comparable. Alors,
crédits avec crédits et budgets avec budgets et non pas comparer
budgets avec crédits. Ce n'est pas la même chose. Dans plusieurs
ministères, au début d'une année, il y a des
crédits qui sont votés et, en cours de route, il y a des ajouts
qui sont faits, soit par le budget du ministre des Finances, soit par d'autres
budgets qui sont accordés au cours de l'année selon les dossiers
qui sont soumis au Conseil du trésor. Il faut comparer budgets avec
budgets et crédits avec crédits. Je pense qu'il faut toujours
comparer ce qui est comparable.
Quant aux autres problèmes qu'a soulevés le
député de Shefford, les voyages à l'étranger, on
doit dire que les problèmes environnementaux sont quand même des
problèmes qui, si l'on pense à l'eau, à l'air, peuvent
être transportables. Comme ministère de l'Environnement, nous
participons à de nombreux comités intergouvernementaux traitant
de l'air, de l'eau, et nous participons évidemment à plusieurs
conférences scientifiques. C'est important pour ce ministère. Il
faut être à jour. Il est nécessaire que les fonctionnaires
voyagent davantage, d'abord avec ceux qui sont touchés comme nous par
l'air et par l'eau. Donc, ces comités intergouvernementaux. Ensuite, les
conférences scientifiques sont nombreuses dans le monde et souvent la
présence de nos fonctionnaires est nécessaire. Vous n'avez
qu'à regarder la liste. Je pense que c'est l'objet de ces voyages et
vous allez comprendre qu'il est important que le ministère de
l'Environnement du Québec assiste à ces comités
intergouvernementaux et à ces conférences scientifiques.
Concernant le sondage sur le degré de satisfaction des
employés, je vais laisser le sous-ministre, M. Deschênes, vous
répondre là-dessus.
M. Deschênes (Jean-Claude): Le but du sondage,
effectivement, est de faire participer les employés à un certain
nombre de décisions ou d'activités au sein d'une organisation.
Nous avons au-delà de 1300 employés. Le sondage n'est pas,
malgré son titre, simplement pour mesurer la satisfaction, mais au
contraire, il est la première étape d'une série d'actions.
Les thèmes abordés sont des thèmes comme les
communications, l'évaluation du rendement, le perfectionnement, les
relations internes, les questions générales à
l'environnement, etc. Et 87 % des employés, sur une base volontaire, ont
rempli le long questionnaire qui avait été préparé
par une firme de consultants que nous avions engagée pour assurer la
confidentialité des renseignements que les employés
fournissaient. Donc, ce n'est même pas la direction du personnel qui fait
quand même partie de l'organisation qui a protégé la
con-
fidentialité. C'est une tierce partie externe qui a garanti la
confidentialité de ce sondage, qui a obtenu une participation de 87 %.
À la suite de cela, chacune des unités administratives a obtenu
le résultat de chacun des thèmes et compare sa satisfaction sur
les thèmes à la moyenne générale du
ministère, et voit donc où sont les points avantageux ou
désavantageux de chaque unité. Cela a déclenché des
plans d'action dans chacune des unités administratives du
ministère. On disait: Dans telle unité, il y a treize points sur
lesquels on est inférieur à la moyenne générale du
ministère ou huit dont on est insatisfait. Qu'est-ce qu'on fait pour
améliorer les relations, les communications, le fonctionnement des
réunions et le reste? Ce n'est pas un sondage "one shot" qui donne
uniquement un portrait et à la suite duquel tout le monde dit: Ah, c'est
bien beau; malheureusement, c'est triste là-dessus. C'est le
début d'un plan d'action visant à ce que chaque unité
administrative prenne en charge, en quelque sorte, certaines questions comme:
Comment resserrer davantage nos plans de perfectionnement? Comment assurer une
meilleure communication entre les membres du personnel de l'unité? etc.
L'expert-conseil que vous voyez est une tierce partie qui ne visait qu'à
garantir la confidentialité et la manipulation de la quantité de
données. Ce n'était donc pas un "one shot", comme je le dis
souvent, mais le déclenchement d'une action pour que les employés
adhèrent davantage aux objectifs généraux du
ministère et provoquent, en quelque sorte, des activités comme
celle de l'évaluation et la communication, le perfectionnement et le
reste.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré: Oui, juste une petite question. Que ce soit en
vue d'une amélioration, de la confidentialité, ce sont tous des
principes auxquels j'adhère facilement. Mais y avait-il un malaise qui
pouvait justifier qu'on procède de cette façon ou qu'on fasse cet
exercice?
M. Deschênes: Non, c'est un cas où nous avons agi
sans avoir des signes de malaise mais plutôt dans le but d'avoir une
bonne organisation qui n'attend pas de mauvaises nouvelles pour enclencher des
actions.
M. Paré: C'est de la prévention. D'accord. Je
serais prêt à passer au programme 1, éléments 1 et
2. Je voudrais m'attarder un peu sur la Direction des inspections et des
enquêtes.
Mme Bacon: À quelle page?
Surveillance, contrôle et inspection
M. Paré: Le thème, c'est la notion de surveillance,
de contrôle et d'inspection. Je n'ai pas de page en particulier. Ce qu'on
va faire, c'est qu'à chacun des éléments, il y aura un
thème dont on va traiter...
Mme Bacon: Ah bon.
M. Paré: ...mais des thèmes reliés
directement au programme.
Mme Bacon: Au champ d'action.
M. Paré: Le thème dont je veux discuter
présentement, c'est la notion de surveillance, de contrôle et
d'inspection.
Mme Bacon: On m'avait dit que vous vouliez discuter par champ
d'action, on s'est préparés par champ d'action.
M. Paré: Non.
Mme Bacon: Alors on va y aller rapidement. Si vous m'indiquez le
champ d'action, je vais le retrouver rapidement.
M. Paré: C'est une invitation que vous me faisiez, mais je
vous ai répondu par programme et par élément.
Mme Bacon: D'accord.
M. Paré: Bon. Concernant la Direction des Inspections et
des enquêtes, si on veut l'obéissance environnementale, il faut
faire confiance à la bonne volonté des gens. Je pense qu'y faut
aussi une infrastructure suffisante. Il faut s'assurer de l'application des
règlements et il faut mettre les gens en place pour les faire
appliquer.
Je peux vous donner juste un exemple, que vous connaissez certainement.
Ce n'est pas vrai que le fait d'avoir des règlements
sévères et de les faire respecter, nuit au développement.
Je pense que vous êtes d'accord avec ça. On en a la preuve, le
nombre de poursuites en Ontario relatives aux déchets dangereux, par
exemple, est à peu près 50 fois supérieur au nôtre,
avec des amendes plus élevées, et pourtant, le
développement n'en souffre pas tellement, vous en conviendrez. Au
contraire, c'est la surchauffe économique et presque le plein
emploi.
Le 3 novembre dernier, votre prédécesseur annonçait
la création, au sein du ministère, de la Direction
générale des inspections et des enquêtes. Nous avons
qualifié ce geste de mystification et, finalement, on n'y retrouve pas
un personnel suffisant, il est en nombre trop restreint, selon nous. On devrait
compter, encore une fois, sur l'hypothétique autodiscipline des
pollueurs potentiels, donc sur la bonne volonté des gens. De plus, cette
direction repose sur un service juridique beaucoup trop restreint. C'est trop
restreint en matière de poursuites, mais aussi en matière de
dépistage - ce n'est pas le vrai mot - pour être capable de
trouver les
pollueurs parce que, à mon avis, on ne peut pas se fier seulement
à l'autodiscipline. On peut se rappeler bon nombre de cas. Ce n'est pas
pour apeurer, c'est seulement une constatation. Les cas, vous les connaissez
comme moi. Qu'on se rappelle juste, en décembre 1986, le
déversement de purin de porc à Kingsbury. En mars 1987, un
dragage illégal a eu lieu à Armagh. Le règlement sur les
déchets dangereux qui entrait en vigueur en 1985 n'est toujours pas en
application. On en a eu la preuve lorsqu'on a traité de ce sujet
tantôt. (11 h 15)
Les derniers déversements accidentels, j'en ai nommé
quelques-uns tantôt, vous vous en souvenez, quand on regarde les
journaux, ce sont Sherbooke, Granby, Nicolet, Saint-Sylvère et les
autres. Dernièrement, à Saint-Georges-de-Beauce, les
autorités municipales se disaient surprises et pas mal
scandalisées de ne pouvoir compter sur le personnel du ministère,
étant donné qu'on manquait de personnel. Devant tous ces faits,
est-ce que vous croyez, sincèrement... Vous les avez annoncés.
Tantôt, vous nous avez donné le nombre précis du personnel
qui sera embauché. Est-ce que vous pensez que les 27 inspecteurs, les 30
enquêteurs permanents et les 30 employés de soutien dont vous
parliez, ce sera suffisant, au ministère, pour s'assurer que les normes
et les règlements seront respectés, quand on sait qu'on doit
émettre quelque 6000 certificats d'autorisation? Cela veut dire visiter
près de 3000 entreprises, 30 000 agriculteurs et 1500
municipalités. Est-ce que vous croyez que c'est suffisant par rapport
à ce qu'on a connu dernièrement au sujet des déversements
et des problèmes écologiques?
Mme Bacon: M. le Président, par rapport à ce qu'on
a retrouvé il y a trois ans, où c'était 0, je dois dire
que 66, c'est déjà un pas en avant, un pas énorme. Nous
avons des gens qui ont une formation policière. Il y a aussi des
fonctionnaires qui sont inclus dans ce service. Les gens seront situés
à Québec ou à Montréal. C'est un pas que je
qualifie de progressif. Je pense que de 0 à 66, on a déjà
fait un pas de géant par rapport à ce qui existait à notre
arrivée. C'est sûr qu'on va voir les possibilités avec 66,
mais on va regarder de très près cette direction qui est
importante non seulement pour la prévention, mais aussi pour que les
gens sachent que, s'ils font des choses, il y aura du monde pour nous le dire.
Les inspecteurs seront là; l'inspection se fera, et si, malheureusement,
il y en a qui font des déversements qu'on n'aura pas prévus, des
enquêtes seront faites. Cela demande une formation, des gens
spécialisés dans ces inspections, dans ces enquêtes. Cette
équipe est prête à démarrer à plein
régime au mois de mai. Déjà, depuis le début, des
gens ont travaillé sur une centaine de dossiers et plus, mais tout le
monde sera en place à partir du mois de mai et ce qu'on appelle notre
police verte va fonctionner; elle va se déplacer dans toute la province.
Bien sûr, Us seront à Montréal et à Québec.
L'idéal serait qu'ii y en ait dans chacune des régions, en
permanence. Mais ils vont constamment sillonner le Québec pour faire les
inspections nécessaires et nous informer des gestes à poser. De 0
à 66, je dois dire au député de Shefford qu'on a quand
même fait un pas énorme et qui était de plus en plus
nécessaire. C'est un geste positif.
M. Paré: Au moment où on se parie, combien y a-t-il
d'enquêteurs en poste parmi les 27 ou les 30?
Mme Bacon: Combien il y en a? M. Paré: Oui.
Mme Bacon: C'est cela, 30. M. Paré: Ils sont
déjà tous...
Mme Bacon: Les enquêteurs sont tous en poste. Les
inspecteurs, il en manque quelques-uns, mais les postes seront comblés
au cours des prochaines semaines.
M. Paré: En gros, quel est le plan de travail prévu
pour l'année, pour ces gens-là?
Mme Bacon: II y a un comité multisectoriel du
ministère qui est mis sur pied, justement pour préparer cette
priorisation dans les différents dossiers qui seront suivis par cette
direction. D'abord, on a donné la priorité aux BPC; je pense
qu'il était important de le faire. C'est pourquoi je disais tantôt
que, même si le BAPE a un mandat d'un an, on ne peut pas s'empêcher
de travailler sur ces dossiers-là. Il ne faut pas que ça mette un
frein à l'action du ministère.
Il y a aussi le dossier des déchets toxiques qui est
priorisé. Évidemment, il y a des cas majeurs qui peuvent
survenir, qui sont ad hoc, comme, par exemple, le cas de la Belgo
récemment où nos enquêteurs ont été
envoyés immédiatement sur les lieux. Le rapport doit être
remis au contentieux du ministère aujourd'hui. On a quand même
fait une enquête globale. Il y a des gens qui trouvaient qu'on
n'annonçait pas rapidement les mesures à prendre. Mais je pense
qu'avant de faire ça, il faut qu'il y ait enquête. Nos gens ont
fait une enquête en profondeur dans ce dossier-là et ils remettent
le rapport au contentieux aujourd'hui. Dès que c'est arrivé, ils
sont allés sur les lieux pour enquêter.
Ce sont des dossiers importants, quand on pense aux BPC, quand on pense
aux déchets toxiques et aux cas majeurs qui peuvent arriver. Il faut
aussi penser à toute la formation qui doit être donnée.
C'est nouveau. On met sur pied une direction qui n'a jamais existé. Il
faut qu'il y ait une bonne formation qui soit donnée et il faut se
donner le temps de faire ça aussi. Les gens reçoivent une
formation et ils sont prêts à
fonctionner par la suite. Comme je le disais tantôt, c'est un
mélange de fonctionnaires du ministère et de gens qui connaissent
quand même les techniques policières. Alors, il y aura mise en
commun des connaissances par le comité multisectoriel qui a
été mis sur pied pour prioriser les dossiers.
Au chapitre des industries, il faut penser aussi à travailler en
collaboration avec l'Ontario, la province voisine. Il y a une transmission de
l'information qui est faite de part et d'autre avec l'Ontario et c'est
Important pour nous de garder les communications ouvertes avec l'Ontario.
Le député de Shefford disait tantôt que le
règlement sur les déchets dangereux n'était pas
appliqué. On doit dire qu'en ce moment toutes les entreprises qui
produisent ou entreposent des déchets dangereux doivent faire rapport au
ministère le 1er avril - on a mentionné cela tantôt - et,
s'il y a des contrevenantes, elles seront poursuivies par le ministère.
Il y a un calendrier bien précis qu'elles connaissent et elles devront
produire leur rapport. Sinon, il faudra qu'il y ait des poursuites. Elles
seront suivies de très près. Il faut quand même faire
ça sérieusement.
M. Paré: On reviendra tantôt aux BPC. Je sais que
c'est le 1er avril. Si vous avez des chiffres là-dessus, je vais vous
demander combien d'entreprises, le 1er avril 1988 et le 1er avril 1989, ont
remis leur rapport tel que demandé par la loi et le
règlement.
Mme Bacon: J'ai les chiffres, traitements annuels 1987 devant
moi, qui sont entrés en avril 1988. Dossiers des entreprises
analysés et enregistrés: 1050 sur 1785; rapports annuels
analysés et enregistrés: 2563 sur 4271 possibles. Les
numéros de déchets qui ont été communiqués:
1946 pour, évidemment, les 4271. C'est le rapport de 1987 entré
le 1er avril 1988.
Pour ça aussi, je pense qu'il faut penser à un rodage
important parce que ce sont des choses nouvelles et il faut aussi compiler la
liste de toutes les industries, de toutes les compagnies. Cela a pris un
certain rodage au départ. Mais il y a des rappels qui sont faits quand
les gens n'ont pas soumis leurs rapports, il y a des suivis serrés;
c'est le règlement. Avec la Direction générale des
inspections et des enquêtes, cela va nous permettre de serrer davantage
ce dossier.
M. Paré: Est-ce que vous savez exactement combien
d'entreprises sont assujetties à ce règlement?
Mme Bacon: On parlait tantôt de 4271, c'est autour de
4000.
M. Paré: Tantôt, vous me donniez des chiffres: tant
sur une possibilité de tant, etc.
Est-ce qu'il y a eu des poursuites?
Mme Bacon: II y a eu des mises en demeure. Je parie des rapports
de 1987 entrés en 1988. On me dit que, concernant les rapports de 1988 -
je n'ai pas les chiffres malheureusement devant moi - il y aura une lettre de
rappel qui sera envoyée en juin à celles qui n'ont pas
envoyé leur rapport. C'est le processus à suivre. Ensuite,
à la fin d'août, s'il manque encore des rapports annuels, une mise
en demeure sera envoyée à celles qui ne se seront pas
conformées au règlement. Encore là, s'il y en a qui ne s'y
sont pas encore conformées il y aura des inspections qui seront faites
justement par notre direction d'inspection et il y aura des poursuites si
l'inspection révèle qu'il y a encore des problèmes avec
ces compagnies. C'est le processus qui sera suivi et qui est enclenché
cette année pour les rapports de 1988 qui devaient entrer le 1er avril
1989. Il y a un processus suffisamment serré pour pouvoir suivre de
très près ces compagnies.
M. Paré: Selon les informations que j'ai, toujours
concernant l'article 106 du règlement sur les déchets dangereux,
en décembre 1987, il y aurait 174 mises en demeure et, en janvier 1988,
le ministère aurait intenté, à la suite de ces 174 mises
en demeure, 17 poursuites. Est-ce que ces chiffres sont bons? Si oui, est-ce
qu'on peut avoir les résultats? Est-ce qu'il y a eu des amendes, des
condamnations? Qu'est-ce qui est arrivé des 17 poursuites?
Mme Bacon: Le député est bien informé, ce
sont les bons chiffres, sauf qu'il y a des mises en demeure qui ont
été retirées parce qu'il a été
établi, après inspection, qu'il n'y avait pas de déchets
dangereux qui étaient produits par ces compagnies. Donc, c'est seulement
s'il y a des déchets dangereux qu'on peut les poursuivre. D'autres ont
remis leur rapport après la mise en demeure.
M. Paré: Parmi les 174 mises en demeure, quelques-unes ont
été retirées à la suite d'une
vérification.
Mme Bacon: Oui.
M. Paré: Les 17 poursuites? (11 h 30)
Mme Bacon: II faudrait vérifier et il faudrait suivre le
dossier juridique. Je rectifie un peu: Les 17 poursuites, c'est de ces 17 qu'on
a constaté qu'il y en a qui ne produisaient pas de déchets
dangereux. Dans les 174, j'ai dit tantôt qu'il y en a qui ont fourni leur
rapport par la suite. Pour ce qui est des poursuites, les industries en
question ont soumis leur rapport indiquant qu'il n'y avait pas de
déchets dangereux. Alors il n'y a pas eu de poursuites.
M. Paré: Je ne vous suis pas tout à fait. Je vais
essayer...
Mme Bacon: Je pense qu'il faut quand même... Cela illustre
très bien combien cette Direction des inspections et enquêtes
était nécessaire. Si on ne fait pas d'inspection en profondeur,
on n'a pas de preuve pour poursuivre. Pour poursuivre, il faut des preuves.
C'était vraiment nécessaire d'avoir cette direction qui va nous
permettre un suivi plus précis des dossiers.
M. Paré: Vous me disiez tantôt que 4271 entreprises
sont assujetties au règlement.
Mme Bacon: Je parlais de 1987.
M. Paré: De 1987.
Mme Bacon: C'est environ 4000.
M. Paré: Bon, en tout cas. Selon les chiffres que j'ai ici
et qui proviennent spécialement de communiqués émis par
votre prédécesseur, mais le nombre peut avoir augmenté
à 4200, quelque 4000 entreprises seraient assujetties au
règlement sur les déchets dangereux. De ce nombre, un
communiqué émis en décembre 1987, donc par votre
prédécesseur, nous disait que, sur un premier lot de 1700 sur les
3500 - donc on n'avait même pas vérifié l'ensemble des
entreprises assujetties - il y avait eu 174 mises en demeure et 17 poursuites.
Qu'on ait retiré les mises en demeure ou qu'on n'ait pas poursuivi parce
que les entreprises se sont conformées à ce qu'on leur demandait
dans la mise en demeure, c'est une chose. Mais êtes-vous en train de me
dire qu'on aurait retiré 17 poursuites? Ce ne sont plus des mises en
demeure, mais des poursuites. Êtes-vous en train de me dire que les 17
poursuites logées en décembre 1987 auraient été
abandonnées, retirées ou je ne sais quoi?
Mme Bacon: Des poursuites avaient été entreprises,
ce qu'on peut appeler de fausses poursuites parce qu'il n'y avait pas de
raisons valables. Cela a été vérifié et on a
retiré les poursuites. Il n'y avait pas de dossier solide. Il faut quand
même des preuves. On revient encore à ce que je disais
tantôt, il faut quand même une inspection sérieuse et solide
pour qu'on puisse poursuivre. Le dossier qu'on avait devant nous n'était
pas suffisant. Quant aux autres, je n'ai pas de chiffres, à savoir
combien ont été retirées pour d'autres raisons. On va
s'informer auprès du service juridique et on pourra revenir cet
après-midi avec la réponse.
M. Paré: Mais n'êtes-vous pas en mesure de me donner
maintenant, soit pour l'année 1987, et même pour l'année
1988, le nombre de poursuites réelles, le nombre d'accusations? Vous
dites qu'il y en a eu 17 et que certaines ont été retirées
n'étant pas conformes ou, en tout cas. Je dois vous dire que, quand on
est rendus à une poursuite, on n'en est plus à une mise en
demeure. SI y a eu des poursuites qui ne devaient pas en être, je
m'interroge sur la façon dont on s'y est pris. Je vous comprends, quand
vous êtes arrivée, de vous être inquiétée de
la situation, si c'est comme ça.
Mais, ici, on parie du règlement sur les déchets
dangereux, ce qui nous inquiète en premier lieu parce que c'est quand
même quelque chose d'important. Les entreprises sont assujetties à
un règlement en vigueur, qui doit être respecté. Je sais
que votre prédécesseur s'est beaucoup plaint du fait que sur le
plan juridique, on n'avait pas tout le personnel nécessaire. Est-ce que
cela peut expliquer qu'on a été incapable de répondre et
qu'on a dû abandonner ou laisser aller des poursuites? J'aimerais savoir
ce qui est arrivé des 17 poursuites. Ce ne sont pas des poursuites qu'on
pense qu'il y a eu; c'est à la suite d'une annonce faite par votre
prédécesseur dans un communiqué, donc quelque chose,
à mon avis, de juste. Si on les a annoncées, c'est qu'elles
existaient et j'aimerais savoir ce qui est arrivé de ces poursuites.
Mme Bacon: M. le Président, je pense que le
député de Shefford comprendra qu'il faut faire le tour du
dossier; on ne l'a pas devant nous. Je ne voudrais pas commencer à lui
donner des informations qui ne sont pas adéquates. Je vais demander
à nos gens ici de faire le tour de la question et de nous donner cet
après-midi tous les détails et les chiffres nécessaires
pour répondre aux questions du député. On fera le point
là-dessus cet après-midi, mais je ne les ai pas devant moi en ce
moment.
Quant au service juridique, j'ai annoncé tantôt qu'il y
aura augmentation d'effectifs du service juridique du ministère, parce
que c'est important que ça se fasse.
M. Paré: Puisque vous en parlez, parions-en un peu plus
longtemps du service juridique du ministère. La politique de
conformité aux exigences environnementales ne contient malheureusement
aucune disposition relative au service juridique du ministère.
D'ailleurs, dans son rapport annuel de 1986, le Protecteur du citoyen
écrivait, et je cite: Nous devons déplorer les lenteurs vraiment
excessives auxquelles donne lieu le traitement des données au service
juridique du ministère de l'Environnement. On retrouvait ça dans
le rapport du Protecteur du citoyen à la page 27.
Votre prédécesseur immédiat reconnaissait
lui-même à l'Assemblée nationale, en décembre 1987,
toujours relativement au communiqué de tantôt, qu'avec seulement
treize avocats il ne pouvait procéder à toutes les mises en
demeure et poursuites pénales nécessaires au respect du seul
règlement sur les déchets dangereux. Imaginez-vous! Il ne pouvait
même pas répondre
à ça en décembre 1987. Nous sommes en 1989.
Est-ce que ta ministre a, à son tour, depuis son arrivée
en poste, demandé au ministre de la Justice qu'on lui accorde le
personnel nécessaire?
Mme Bacon: Non seulement je l'ai demandé mais je suis
allée personnellement au Trésor pour défendre ce dossier.
Nous aurons un ajout. Je dois rappeler au député de Shefford, M.
le Président, que c'est le ministère de la Justice qui s'occupe
du contentieux de chacun des ministères. Il relève du
ministère de la Justice, non de notre ministère.
Il y aura un ajout au service juridique du ministère pour
l'exercice 1989-1990. On ouvre même un bureau à Montréal
avec cinq avocats uniquement pour les affaires contentieuses, ce qui, je pense,
est important. C'est nouveau. Il n'y en avait pas à Montréal et
maintenant, il y aura cinq avocats. C'est quand même un ajout important
que je suis allée défendre moi-même au Conseil du
trésor.
M. Paré: Combien y en a-t-il en tout?
Mme Bacon: Je pense qu'il y en a 21.
M. Paré: Mais, au moment où on se parle - je ne
comprends pas qu'on n'ait pas ces documents ici - ne pourrait-on pas dresser un
tableau des mises en demeure et des poursuites pour les années
1986-1987, 1987-1988, 1988-1989? Ce sont des années qui sont
écoulées. Ce sont des choses qui doivent être facilement
repéra-bles, surtout si on se fie au nombre limité qu'il semble y
avoir eu. On n'est pas capable de savoir combien il y a eu de mises en demeure
relativement au règlement sur les déchets dangereux.
Mme Bacon: Cela existe au ministère. On ne peut pas
prévoir toutes les questions du député de Shefford, M. le
Président. Je viens de lui dire, et je ne vois pas pourquoi il repose la
question, que j'ai demandé que le ministère s'affaire à
trouver les dossiers, les statistiques nécessaires. Nous les avons. On
va les lui fournir cet après-midi.
M. Paré: Je reviendrai là-dessus cet
après-midi.
Mme Bacon: Très bien.
Conformité aux exigences
environnementales
M. Paré: Maintenant, j'aimerais parler de la politique de
conformité aux exigences environnementales. Tantôt, on a
parlé de la Direction des Inspections et des enquêtes mais, au
moment où était annoncée la mise sur pied de la police
verte, votre prédécesseur rendait publique ce qu'on appelait une
politique de conformité aux exigences environnementales dont la
stratégie d'application nécessite - et je cite - une surveillance
obligatoire du respect des exigences par des mesures d'autodiscipline des
intervenants. On revient toujours à l'autodiscipline.
Cela nous semble plutôt douteux comme approche. Étant
donné que le ministère de l'Environnement a sous sa
responsabilité quelque 10 lois et 50 règlements, ce n'est pas une
mince tâche. Déjà, même en 1986, dans son rapport
annuel, le Protecteur du citoyen émettait des doutes sur cette
façon de procéder.
Je vais vous citer quelques pages du rapport annuel du Protecteur du
citoyen. À la page 27: L'approche éducative amène donc le
ministère à user de persuasion et, à notre point de vue,
d'une trop grande tolérance. La moindre manifestation d'une bonne
volonté suffit à faire reculer le ministre qui abdique ainsi
à sa première responsabilité qui est de protéger
ceux qui sont victimes de pollution. Toujours à la page 27, le
Protecteur du citoyen écrivait: II nous semble qu'on ménage trop
le bâton pour l'usage excessif que l'on fait de la carotte. Et en page
28: Devant des manifestations évidentes de tergiversation et de mauvaise
foi, il serait impératif pour la protection de la qualité de vie
des citoyens que le ministère ne craigne pas de montrer les dents.
Ça, c'est en 1986, le Protecteur du citoyen parie toujours
d'autodiscipline. La ministre est-elle d'accord avec la politique de
conformité élaborée par son prédécesseur
immédiat qui est dans le sens de l'autodiscipline?
Mme Bacon: Je pense que le député va comprendre que
l'autodiscipline, c'est le point de départ. Je pense que si on n'a pas
d'autodiscipline, on ne peut rien faire. C'est un point de départ. Ce
n'est pas une fin en soi. Je ne vois pas pourquoi le député de
Shefford n'accepte pas qu'on mette l'accent sur le point de départ qui
est l'autodiscipline, un rappel à la responsabilité corporative,
parce que c'est normal qu'on fasse ça à nos compagnies qui sont
ici au Québec. C'est le point de départ. En plus, il y a des
vérifications qui sont faites. Il y a un développement de nos
laboratoires. On met plus d'argent dans nos laboratoires. Dans notre prochain
budget aussi, il y a 5 000 000 $ de plus pour nos laboratoires. Il y a 3 500
000 $ pour inspections et enquêtes. D'où l'importance d'avoir les
gens que nous avons pour faire des Inspections et des enquêtes. On en a
66, il y en avait zéro avant notre arrivée. Ça, c'est
important.
Faire un rappel à la responsabilité corporative, c'est une
chose. Montrer les dents et se donner les équipements et les
équipes nécessaires, c'est autre chose. On fait les deux
ensemble. Je pense que c'est ça qu'on doit faire comme responsable de la
qualité de l'environnement.
M. Paré: Oui, sauf qu'il faut le faire suffisamment et
correctement.
Mme Bacon: Voyons, c'est une question...
M. Paré: C'est ce qui me pousse à poser des
questions. On dit qu'on privilégie l'autodiscipline. Quels sont les
résultats aujourd'hui? Combien y a-t-il de pollueurs qui se sont
eux-mêmes dénoncés au ministère?
Mme Bacon: II y a des rapports qui entrent au ministère,
régulièrement. Je veux rectifier encore. Le député
dit continuellement qu'on fait presque un point d'appui, on privilégie
l'autodiscipline. On dit que c'est le premier des volets qu'on met de l'avant.
Il faudrait qu'il comprenne. Ça fait plusieurs fois qu'il
répète cela. C'est le premier des volets qu'on utilise. Je pense
que si on ne commence pas par faire un rappel à la responsabilité
corporative, on manque le bateau pour les autres volets. C'est un premier
volet.
Le deuxième, il y a des inspections qui sont faites à
intervalles réguliers; on ne dit pas à l'avance aux gens qu'on va
aller les inspecter. Je pense que ça, c'est important. On a
développé davantage notre équipement de laboratoire pour
le mettre sur pied. On consacre 5 000 000 $ cette année à cela et
3 500 000 $ à notre équipe d'inspecteurs-enquêteurs;
ça aussi c'est important.
On a une bonne équipe, on va montrer les dents, on va serrer la
vis à ceux qui ne veulent pas respecter ou répondre à ce
premier volet d'autodiscipline. Je vous ramène au premier volet. C'est
un des volets qu'on privilégie. L'environnement, ce n'est pas juste
l'affaire du ministre. C'est l'affaire de tout le monde. Je l'ai dit encore
récemment, les compagnies qui sont au Québec, pour faire des
affaires au Québec doivent se préoccuper des valeurs
environnementales qu'ont déjà les citoyens. M. faut que les
corporations, les compagnies soient aussi préoccupées par le
volet environnemental que le sont les citoyens eux-mêmes.
Amendes
M. Paré: Je comprends l'autodiscipline, sauf que vous
allez convenir qu'au-delà de ça, il faut qu'il y ait, un peu
comme le disait le Protecteur du citoyen, le bâton et la carotte. C'est
peut-être une image, mais votre collègue des Transports l'applique
lui aussi, dans son orientation concernant le respect des lois sur les routes:
il y a une limite de vitesse qu'il ne faut pas dépasser. Il ne s'est pas
gêné, par exemple, pour augmenter considérablement, depuis
quelques années, les pénalités et les amendes pour faire
diminuer la vitesse et faire respecter la loi. À un moment donné,
il faut qu'il y ait des mesures. Si c'est vrai dans ce cas, est-ce que
ça ne serait pas vrai aussi dans ce cas-ci?
Cela me permet de passer aux amendes minimales et maximales. Les amendes
sont très reliées. (11 h 45)
Mme Bacon: Les amendes ont été augmen-
tées.
M. Paré: Oui.
Mme Bacon: On va jusqu'à 250 000 $. Avant, c'était
150 000 $, si ma mémoire est fidèle. On améliore nos
règlements. Je pense que ça aussi... Je ne veux pas
empêcher le député de parler. Je répondrai
après.
M. Paré: Selon une étude menée par M. Jean
Hétu, de la Faculté de droit de l'Université de
Montréal - vous avez certainement vu l'étude - la moyenne des
amendes imposées depuis 1984 par les tribunaux à des pollueurs ne
serait que de 667 - on n'en a pas poursuivi beaucoup; donc, il n'y en a pas
beaucoup qui sont dénoncés - et la grande majorité s'en
tirent avec l'amende minimale. Cela faisait dire à The Gazette, en 1986,
que: Thèse fines are a joke*. Finalement, c'est toujours au minimum, il
n'y en a pas beaucoup. Au cours des cinq dernières années, si on
regarde ce qui s'est passé, l'amende totale la plus élevée
a été de 11 500 $ pour trois chefs d'accusation. Les gens
pourraient s'autodiscipliner et se rapporter, mais ça ne vaut même
pas la peine, finalement. Pendant ce temps, il ne faut pas oublier que
l'Ontario condamne les pollueurs à 100 000 $ et 200 000 $ d'amende, je
le donnais comme exemple tantôt, et ça ne joue certainement pas
contre le développement économique. Et même, je le pense et
je vous le dis tel que je le pense, si on néglige et si on n'est pas
suffisamment contraignant et exigeant aujourd'hui, on va nuire au
développement de demain, parce que les sociétés sont
à la recherche de qualité de vie. Si on néglige
l'environnement aujourd'hui ici, quand viendra le temps d'investir à
nouveau dans des usines plus modernes, moins polluantes, plus payantes, plus
consacrées à la recherche et au développement, elles
choisiront, d'abord, les lieux propices où on peut retrouver de l'eau
propre, de l'air un peu plus sain, donc une qualité de vie
supérieure. Si on néglige aujourd'hui ou si on laisse faire et
qu'on s'en prend à notre environnement en termes d'eau, d'air et de sol,
ça m'inquiète beaucoup pour le développement futur de
notre économie, parce que l'environnement, c'est de l'économie.
Est-ce que la ministre croit effectivement, au moment où on se parle,
qu'on en fait suffisamment pour contraindre nos entreprises à respecter
nos règlements en matière de qualité de l'environnement?
À la suite de ce que je viens de lui dire, qu'elles s'en tirent toujours
avec l'amende minimale et qu'en fait, c'est 11 500 $ maximum pour trois
accusations, est-ce qu'elle pense que nos tribunaux, nos juges
québécois sont suffisamment sensibilisés au
problème de l'environnement?
Mme Bacon: Je vais reprendre. Le député parlait de
petites amendes, 11 000 $. Il fait un petit oubli, volontaire ou pas; on vient
d'imposer
une amende de 105 000 $ à Eldorado, récemment. C'est la
plus grosse qui n'ait Jamais été Imposée à une
compagnie au Québec. Il a fait un petit oubli, volontaire ou pas, mais
j'ajoute ça à ses connaissances. Dans tout ce dossier, je pense
qu'il faut quand même changer des mentalités. Il faut changer
aussi des mentalités de production, mais il faut changer des
mentalités de gestion parce qu'au Québec, on a des
mentalités de gestion et de production qui datent depuis longtemps. Je
pense qu'on est en train de le faire. On a, au Service juridique, trois
dossiers importants de compagnies de pâtes et papiers en ce moment, et
Dieu sait qu'ils sont là depuis longtemps. Il n'y en a jamais eu
auparavant. Je donne ça pour l'information du député de
Shefford.
On a posé aussi d'autres gestes. Des tables de discussions ont
été mises sur pied, des tables rondes de discussions avec
différents milieux, que ce soit des milieux associatifs, que ce soit des
milieux financiers, que ce soit des médias, des communications, que ce
soit des milieux d'affaires, des milieux de producteurs. La semaine
dernière, c'était la première fois qu'on faisait les
rencontres, mais il y en a eu quand même avec des membres de la table
ronde qui représentent les syndicats et qui représentent les
groupes d'écologistes. Trois collègues, M. Côté, M.
Blackburn et M. Rivard, ce dernier, maintenant, à la haute technologie,
siègent avec moi. Alors, ça représente le gouvernement et
les milieux d'affaires, qui sont là aussi, les syndicats, les membres
d'associations écologistes. Cette table ronde a travaillé
depuis... J'ai assisté à plusieurs réunions depuis janvier
et on a commencé à rencontrer les groupes. C'est une perspective
de concertation, une perspective de dialogue qu'on est en train
d'établir avec les différents groupes concernés pour
essayer de mettre sur pied des politiques de développement durable de
l'environnement. On regroupe environnement et économie, qui sont
importants. Aussi, on va essayer ensemble de trouver des solutions
réalistes. On peut parler longtemps de grands principes, mais si on ne
met pas sur pied tout ce processus de discussion, on n'arrivera pas à
des solutions réalistes. Je pense que dans tout ce processus de
rencontres - on va rencontrer 200 personnes - il y a une préoccupation
de trouver des technologies propres, un souci de changement des
mentalités. Je pense qu'on le fait ensemble, c'était fort
intéressant la semaine dernière, on a rencontré deux
groupes et on s'aperçoit que les gens changent leur mentalité
face au développement durable de l'environnement.
On doit dire aussi que dans tout ce processus de consultation, on va se
sentir, à la fin - c'est ce que je leur demande - comme des partenaires.
Je disais tantôt que ce n'est pas seulement la responsabilité du
ministre de l'Environnement; c'est la sienne, mais c'est aussi la
responsabilité de l'ensemble des groupes qui forment notre
société. Le ministère a un rôle de gestionnaire, un
rôle de surveillant, un rôle de promoteur. Je pense que ça
fait partie du rôle du ministère de l'Environnement, promoteur de
la qualité de vie. Il y a une action qui devrait être
développée, entreprise sur le plan Individuel. Il faudra
individualiser notre action.
Ce processus de discussion que nous avons établi est quand
même nettement en avance par rapport aux autres provinces et par rapport
au gouvernement fédéral. Nous avons resserré les
échéanciers de façon que, quand nous irons à Dakar,
nous soyons capables de dire avec beaucoup de fierté que la province de
Québec est en avance sur les autres provinces, que sa table ronde a
siégé et que nous avons établi ce dialogue avec nos
partenaires. Nous serons la seule province qui aura fait ça en arrivant
à Dakar. Je pense que c'est un sentiment de fierté très
légitime que nous pouvons avoir, ce que va reconnaître le
député de Shefford, profondément Québécois
qu'il est.
Il y a aussi des lois qu'on met de l'avant. Le processus
législatif et réglementaire ne représente, pour moi,
qu'une partie de la solution. Il faut encadrer, soutenir les changements qu'on
veut mettre de l'avant si on veut, comme je le disais tantôt, changer des
comportements, changer des attitudes. Je dis oui à la notion de
responsabilité, mais on doit trouver ou explorer ensemble
différentes voies pour responsabiliser les gens et aussi trouver les
meilleures solutions pour trouver le développement durable de
l'environnement.
La qualité de vie, c'est un projet de société, ce
n'est pas qu'un projet de ministère. Je pense que pour donner ce projet
à la société, il faut harmoniser les visions aux
possibilités. On peut avoir une vision des choses, mais il faut
harmoniser cette vision que nous avons des choses aux possibilités de
notre société, il faut l'harmoniser aussi aux attentes de notre
société, aux besoins qu'on a et aussi aux exigences, parce qu'il
y a des exigences auxquelles on doit faire face.
On met quand même sur pied différents programmes. Quand on
regarde le programme de réduction des déchets industriels, si on
veut accélérer l'assainissement dans un des secteurs-clés,
c'est quand même une priorité, au ministère. On n'a
qu'à penser aux secteurs des pâtes et papiers - je le disais
tantôt, dans mon exposé - des mines, de la chimie, de la
métallurgie. Il y a quand même 196 compagnies et il y a des gens
de ces compagnies qui vont s'asseoir avec nous à la table ronde, qui
vont discuter avec nous. On voit la différence, par exemple, entre les
groupes associatifs et les groupes financiers qui doivent vivre une
concurrence, un saine concurrence, mais la concurrence est là. Bien
souvent, dans les milieux financiers, malgré la bonne volonté et
aussi malgré la perception de la situation environnementale, cette
concurrence fait que les gens sont en attente. Il y a un attentisme qu'on a
senti dans nos discussions
la semaine dernière, sauf que, dès que le premier prend la
ligne de départ, les autres suivent.
Je vous donne un exemple. En ce moment, les gens du mouvement Desjardins
amorcent la possibilité, au moment où ils vont transiger avec
leurs clients, d'avoir cette préoccupation environnementale. Il faut que
cela se rende aux caisses populaires du quartier, aux vôtres comme aux
nôtres. Ce n'est pas rendu là encore, mais c'est amorcé,
cela fait son chemin. C'est un exemple que je vous donne d'une
préoccupation d'un milieu financier pour le développement durable
de l'environnement. C'est ce qu'on fait par cette table ronde qui nous arrive
après le rapport Brundtland et après les préoccupations
des Nations unies qui demandaient aux différents pays de se
préoccuper de l'environnement. Donc, nous avons mis sur pied cette table
ronde. Le Québec n'est quand même pas à la remorque en ce
qui concerne cette table ronde. Cela fait partie de tous ces volets.
Tantôt, on parlait de l'autodiscipline qui est un premier volet. Cela
fait partie de tous ces volets de préoccupation que nous devons avoir.
Et si, après avoir rencontré ces 200 personnes qui sont quand
même des leaders dans notre société
québécoise, on arrive à avoir, parce que c'est cela qu'on
veut instaurer, des partenaires permanents, je pense qu'il y aurait
peut-être moins besoin d'enquêtes, moins besoin d'avoir à
serrer la vis, puisque les gens vont se faire cette autodiscipline qu'on leur
demande et qui est l'un des volets importants parmi ceux qu'on met sur
pied.
M. Paré: Au-delà des beaux discours, il y a la
réalité. Je suis d'accord avec vous, l'environnement regarde tout
le monde, le citoyen individuel comme le citoyen corporatif. Qu'on rencontre
ces gens et qu'on discute avec eux, je suis tout à fait d'accord. Mais
cela fonctionnera pour autant qu'on ait des normes et des règlements et
que les gens sentent qu'on les applique. Au-delà des beaux discours,
rien n'empêche qu'ailleurs - je prends l'Ontario parce qu'on semble aimer
se comparer à l'Ontario, surtout quand cela fait notre affaire; vous
savez ce que je veux dire - on applique les normes. Et on peut savoir combien
de poursuites ces gens font et pour quels montants. Ce sont des montants
beaucoup plus importants.
Comme je le disais tantôt, et je le répète, il faut
arrêter de penser qu'en étant respectueux de l'environnement,
c'est comme si on bafouait ou on nuisait au développement
économique, alors que c'est le contraire. Non seulement l'environnement,
c'est de l'économie, mais c'est l'assurance du développement
économique de demain. Et si on néglige aujourd'hui, on va payer
demain. On a assez vu de négligence dans les entreprises. Je ne veux pas
dire que toutes les entreprises sont mauvaises, au contraire. Mais il faut
qu'il y ait des normes. Et quand on les fait respecter, les entreprises ne s'en
vont pas pour autant. Les entreprises qu'on a perdues, ce sont surtout celles
qui ne se sont pas modernisées, celles qui ne se sont pas
développées, finalement. Et, quand est venu le temps de se
développer, elles sont allées en Ontario parce qu'elles
trouvaient que le climat y était meilleur. L'environnement, on s'en
était préoccupé. Et elles sont prêtes a se conformer
à des règles qu'elles savent déjà plus
sévères. Il faudrait faire attention, le plein emploi et la
surchauffe, c'est en Ontario; ce n'est pas au Québec.
Je pense qu'on ne doit pas non plus traiter nos hommes d'affaires, nos
chefs d'entreprise comme des enfants. Ce sont des gens qui sont responsables et
quand on leur dit qu'y y a des règlements et qu'ils doivent les
respecter, ils sont prêts à les respecter. Donc, tout ce qu'ils
attendent, c'est que, finalement, on ait des règlements clairs et nets,
qu'on leur dise comment ils vont s'appliquer et qu'ils vont devoir les
respecter.
Au Québec, on a un peu cette mentalité - c'est un peu tous
les Québécois - c'est tout ou rien. On laisse souvent aller et,
à un moment donné, quand on décide qu'on ne laisse plus
aller, c'est le maximum, c'est l'autre bout. C'est le professeur Hétu
qui cataloguait un peu de cette façon la décision qui a
été prise en décembre dernier pour la loi 99: On augmente
l'amende à 1 000 000 $. Je vais vous laisser me dire ce que vous en
pensez. (12 heures)
À la suite des chiffres que je vous donnais tantôt, c'est
toujours minimal, ce sont toujours de petits montants. Vous m'avez donné
105 000 $ pour une fois, c'est la première, c'est vrai, mais là,
on s'en va maintenant à 1 000 000 $. Est-ce que le fait d'aller à
1 000 000 $ par rapport à ce qu'on avait avant ce n'est pas un peu trop
gros? C'est plus, comme le disait le professeur Hétu et, finalement,
cela ressemble davantage à un exercice de relations publiques
dirigé vers la population que de vouloir vraiment, sérieusement
l'appliquer. Pensez-vous, maintenant qu'on dit que c'est jusqu'à 1 000
000 $, que les gens vont être encore plus intéressés
à cette fameuse philosophie d'autodiscipline et à se rapporter
eux-mêmes au cas où ils auraient commis une infraction? Ou, s'ils
ont commis une infraction et qu'ils peuvent ne pas se faire prendre quand on
impose des amendes aussi importantes... Il y a une logique et un bon sens
à faire respecter.
Je ne sais pas ce que vous pensez des commentaires de M. Hétu.
Est-ce qu'on n'est pas mieux plutôt de suivre de près, de parler
un peu moins d'autodiscipline et de cette belle philosophie que tous les gens
sont corrects et respectent la loi et qu'ils ne font pas de péché
ni de faute, et de montrer qu'on a la détermination et la volonté
de faire respecter le règlement qui est là? Et, à ce
moment-là ce n'est pas une amende de 1 000 000 $ qui va faire que les
gens respecteront la loi, mais le fait qu'ils vont être suivis et
poursuivis, alors que là il semblerait qu'il n'y en a pas eu beaucoup
qui ont été
poursuivis depuis les dernières années.
Mm» Bacon: Le député de Shefford me reproche
de faire de beaux discours mais il est en train de m'en faire un lui aussi. M.
le Président, M. me reprocherait de ne pas avoir de vision de
l'environnement si je ne lui disais pas quelle est ma vision de l'environnement
et de la qualité de vie des Québécois. Alors là, il
va falloir qu'il se branche à un moment donné et qu'il fasse ses
choix.
Quant à moi, M. le Président, je dois dire qu'on a quand
même démontré - et ça, ce ne sont pas des discours -
dans les faits, que nous avions une préoccupation, par des
règlements, par une loi, par des amendes. On a essayé d'amener
nos niveaux d'amendes comparables à ceux de l'Ontario et à ceux
du gouvernement fédérai. Et, si on ne l'avait pas fart, le
député de Shefford serait le premier à nous le reprocher.
Il fallait une harmonisation. C'est ce qu'on a fait. Il est évident que
ce n'est pas à nous de dire aux juges quelle amende ils doivent imposer
aux gens qui sont récalcitrants à accepter nos règlements
et nos lois. Ce sont les juges qui ont ces possibilités-là
d'imposer des amendes et non le ministre de l'Environnement. J'espère
que le député de Shefford le comprend.
Je disais tantôt qu'on a pris des dispositions nécessaires,
non seulement par le développement de nos laboratoires, non seulement
par le renforcement de la mise en vigueur de nos lois et règlements, non
seulement par des rappels à la responsabilité corporative, on l'a
fait par la mise sur pied d'un service d'inspections et d'enquêtes qui
n'existait pas au minstère à notre arrivée. Je pense qu'on
a pris dans des faits... Le député de Shefford peut voir dans les
faits qu'on a posé des gestes importants. On a demandé au
ministère de la Justice, et on l'a plaidé au Conseil du
trésor, des augmentations de personnel pour notre service juridique. On
va ouvrir un bureau à Montréal où il y aura cinq avocats
qui vont s'occuper de ce service qui n'existait pas avant. Ce sont des faits
que je donne au député de Shefford.
Et je pense que dans ces dossiers, on ne s'est pas contenté que
de beaux discours. Et ce matin, ce que j'explique au député... Et
il me le reprocherait si je ne saisissais pas le moment des crédits pour
faire connaître ma vision de la protection de l'environnement au
Québec et la vision d'une qualité de vie pour les citoyens
québécois. C'est ma responsabilité comme ministre de
l'Environnement de faire connaître à la population ce que j'en
pense. Il me l'aurait reproché si je ne l'avais pas fait. Et je lui
donne, en plus, des faits qui sont reconnus, qui sont connus, des gestes qui
ont été posés par le ministère et qui
dépassent bien souvent les discours parce qu'ils sont là pour
rester. Et on a quand même posé ces gestes-là pour
protéger la population.
On a aussi des exemples à donner. Que l'on regarde la compagnie
Norsk Hydro Lorsqu'on parle de développement économique, cette
compagnie a dû, pour se conformer aux exigences du ministère de
l'Environnement, modifier une partie de son procédé pour que ce
soit fait d'une façon plus efficace sur le plan industriel. Il y a un
autre exemple qu'on peut donner aussi, l'usine Montupet, qui est une usine de
pièces d'aluminium, où on a fait changer les méthodes de
gestion pour protéger l'environnement. Cette méthode leur
permettra de recycler une partie importante de leurs déchets. Non
seulement ces usines protègent l'environnement, mais elles participent
en même temps au recyclage de leurs déchets. Je pense que ce sont
des exemples qui sont bien concrets et qui ne sont pas que des discours. Tout
en posant des gestes importants, des gestes concrets, il est aussi de la
responsabilité du ministre de l'Environnement de dire sa vision des
choses.
M. Paré: J'ai hâte au jour où on ne sera plus
obligé de prendre de tels exemples et de dire: L'environnement, c'est
tout réglé. On pourrait en prendre à l'inverse, avec les
déversements qu'on a connus au cours des dernières semaines. Ce
sont aussi malheureusement des réalités, non souhaitables,
surtout dénonçables, mais qui sont là quand même. Le
dernier rapport qui a été rendu public concernant les usines de
pâtes et papiers, je dois dire que c'est un championnat sur lequel on ne
peut pas se péter les bretelles, en ce qui a trait à la pollution
et aux déversements de celles-ci.
Mme Bacon: Je voudrais juste rappeler au député ce
que je viens de lui dire. Je ne sais pas s'il l'a compris, mais il y a trois
dossiers importants au ministère sur trois usines de pâtes et
papiers, ce qui n'a jamais existé. Je pense qu'on prend tout de
même les mesures nécessaires pour améliorer la situation.
Il devrait au moins reconnaître ça, M. le Président.
M. Paré: Mais vous allez aussi reconnaître, quand
vous dites que ça n'a jamais existé, que le programme d'aide aux
usines de pâtes et papiers, qui a permis l'injection d'au-delà de
1 000 000 $ avec une entente fédérale-provinciale de 1979...
Mme Bacon: Là, vous mêlez les deux, on ne parle pas
de financement. Vous parliez des dents, tantôt, qu'on doit donner
à ce qu'on fait. Là, cela vous permet de passer ça.
D'accord, cela vous permet de passer cela.
M. Paré: Non, non, ça ne me permet de rien passer,
ça me permet justement...
Mme Bacon: C'est un projet fédéral-provincial, il
ne faut pas oublier cela. La province n'a pas payé cela toute seule.
M. Paré: Je vais revenir sur cela aussi
n'importe quand. Ce que je vous rapporte, c'est que vous venez de dire:
Écoutez, quant aux usines de pâtes et papiers, nous avons un
programme qui n'a jamais existé, comme si on ne s'en n'était pas
occupé. Je dois vous dire qu'il aurait plutôt fallu qu'on
n'arrête pas de s'en occuper et qu'on continue à s'en occuper
parce que le programme qui était là, malheureusement, n'a pas
permis à toutes les entreprises d'y participer. Peut-être que si
on avait accordé plus d'intérêt à cela depuis
quelques années, il n'y aurait pas les résultats qu'on
connaît dans ce rapport présentement et la cote qu'on a. Les
usines de pâtes et papiers viennent en tête de la pollution au
Québec présentement. Je dois vous dire que c'est bien plus
inquiétant qu'autre chose. Qu'on ait de beaux cas, je suis d'accord,
mais on a des cas qui sont moins beaux et c'est surtout à ceux-là
qu'il faut commencer à trouver des solutions.
Vous commenciez tantôt en disant: II va falloir que le
député de Shefford se branche et se fasse une idée. Je
vais vous inviter à la même chose, à vous brancher et
à vous faire une idée, mais concernant les inspecteurs municipaux
de l'environnement et la reconnaissance de leur statut. Depuis décembre
1985, votre prédécesseur, le ministre de l'Environnement,
répète bon an mal an, qu'il fera tout en son pouvoir pour
convaincre son collègue, le ministre des Affaires municipales,
d'accorder aux inspecteurs municipaux de l'environnement une reconnaissance
juridique de leur statut par le Code municipal. Vous savez qu'en vertu de cela,
ce qui arrive finalement, c'est qu'on peut bien espérer aussi que tout
le monde va suivre les règlements, mais on a la preuve que non seulement
tout le monde ne les suit pas, mais c'est plutôt les inspecteurs
municipaux en environnement qui tombent et qui sont déplacés
parce qu'à un moment donné ils sont trop Intéressés
à faire respecter la loi.
Le ministre délégué à l'Environnement
assistait, le 1er avril dernier - il n'est pas ici mais il était
là - au congrès annuel de l'association des inspecteurs
municipaux en environnement. De nouveau, il prenait l'engagement de discuter
sur la question avec son collègue le ministre des Affaires municipales.
Qu'en est-il de cet engagement, au moment où on se parle? Est-ce qu'on
va en faire un engagement électoral ou si on va reporter d'année
en année cette reconnaissance? Est-ce qu'on peut s'attendre que
maintenant, étant donné que depuis décembre 1985... Je
suppose que vous allez me dire que c'est un dossier qui relève du
ministre délégué. Si c'est juste ça la
réponse, vous me le direz et je recommencerai demain sinon, est-ce qu'on
peut s'attendre à quelque chose de concret maintenant, puisque votre
collègue en a déjà pris presque un engagement en
décembre 1985 et qu'on est rendu au printemps 1989.
Mme Bacon: Je pense que le député de Shefford lit
mal mes pensées. Il est un peu loin pour les lire, alors il va me les
laisser, s'il vous plaît. Ce n'est pas ce que je pensais.
Le député de Shefford sait très bien que ce dossier
relève du Code municipal. Là, il me rappelle des souvenirs, quand
j'étais critique de l'Opposition en environnement durant trois ans,
alors qu'à plusieurs reprises, à au moins trois reprises, j'avais
exigé du Parti québécois qu'il règle le dossier,
qui ne l'a pas été par son gouvernement. Il va me dire: Vous ne
l'avez pas encore réglé, vous non plus. Le règlement de la
DBO concernant les pâtes et papiers a été
réglé le 31 décembre 1988. Ce règlement n'avait pas
de date; il n'en a jamais eu et on lui en a donné une, le 31
décembre 1988. C'est un autre constat, un geste concret d'action
posé par notre gouvernement. Ce règlement sur les matières
en suspension datait quand même de 1983.
L'autre règlement sur les matières en suspension, qui
datait de 1983, prévoit que plus la production augmente, plus les rejets
autorisés sont importants. C'est un héritage qu'on a reçu
de l'ancien gouvernement; ce n'est pas nous qui avons fait ça. Plus les
rejets sont autorisés, plus ils sont importants et plus ils augmentent.
La production des pâtes et papiers a augmenté et c'est
évident que, plus la production augmente, plus les rejets
autorisés sont importants et, ça aussi, il faut s'en occuper. Je
parlais de l'autre règlement tout à l'heure, celui de la DBO qui
n'avait pas de date et auquel on en a mis une, le 31 décembre 1988. Il y
a des gestes qu'on a posés.
Quant au Code municipal, qui est la responsabilité du ministre
des Affaires municipales, le député me permettra de dire que ce
n'est pas ma responsabilité, mais celle du ministre des Affaires
municipales. Je ne dis pas qu'on ne doit pas travailler avec lui, au contraire.
On siège quand même à un comité
Interministériel où des discussions se font entre les
différents ministres, mais c'est sous la juridiction du ministre des
Affaires municipales et non pas la mienne. Le Code municipal, ce sont des
employés municipaux qui l'administrent et non des employés du
ministère de l'Environnement.
M. Paré: Je vais juste vous rappeler, sur les
détails que vous venez de me lire, que vous avez effectivement fait des
choses, sauf que c'est seulement notre règlement que vous avez
appliqué, selon les étapes prévues, parce qu'on
était rendu à la deuxième étape.
Mme Bacon: Pourquoi ne l'avez-vous pas appliqué?
M. Paré: Laissez-moi terminer.
Mme Bacon: II était incomplet. Il n'avait pas de date.
Une voix: II fallait que la première étape soit
terminée.
M. Paré: Ce n'est pas compliqué. Le
règlement était en place. Vous l'avez même cité en
1983 et avez dit qu'il devait s'appliquer par étapes, qu'il fallait
finir la première étape, et vous êtes arrivés pour
compléter la deuxième étape. Heureusement que vous n'avez
pas fait comme pour Berges neuves et que vous l'avez appliqué. C'est
tout simplement la suite logique, la procédure que vous aviez a
suivre.
Là, je reprends la question que je vous ai posée
tantôt et qui est bien simple. Je suis certainement à la bonne
place et devant la bonne personne pour poser la question, à savoir
qu'est-ce qui va arriver des inspecteurs muninicipaux de l'envlronnent.
À preuve, vous avez dit que vous êtes revenue trois fois avec la
demande, comme critique en environnement, et non pas aux Affaires municipales.
À ce moment-là, vous le demandiez, et j'espère que c'est
parce que vous y croyiez. Vous demandiez cette reconnaissance et vous la
demandiez au ministre de l'Environnement parce que c'est lui qui doit, je
pense, faire les pressions et les demandes nécessaires pour s'assurer
que ces inspecteurs dans les municipalités fassent respecter les
règlements sur l'environnement. C'est clair et simple. On connaît
même l'état de la situation; on sait comment ces gens vivent,
comment lis sont traités et ce qui arrive à plusieurs d'entre
eux. On est conscients de ça. Vous en étiez consciente quand vous
étiez critique de l'Opposition et vous demandiez cette intervention ou
cette modification de façon que le ministère le reconnaisse et,
aujourd'hui, vous dites: Je m'en lave les mains ou presque. Si...
Mme Bacon: Ah non, non! Je n'ai pas dit ça.
(12 h 15)
M. Paré: Si vous avez cru bon, il y a déjà
quelques années, d'intervenir pour demander des modifications à
l'avantage des inspecteurs municipaux, une reconnaissance juridique de leur
statut, c'était important. Vous l'avez défendu. Vous avez fait ce
que vous deviez faire comme Opposition. Si vous le défendiez et que vous
étiez convaincue, qu'est-ce qu'on fait quand on croit en quelque chose?
On prend les moyens pour le faire. Quand on est dans l'Opposition, on n'a pas
les moyens de le faire mais quand on arrive au pouvoir, on n'a qu'à
exercer ce pouvoir. C'est ce que vous demandiez au ministre de l'Environnement
du temps, de convaincre le ministre des Affaires municipales de faire cette
reconnaissance.
Aujourd'hui, vous êtes la ministre de l'Environnement, vous
êtes la ministre responsable et, à une demande très
sérieuse, très simple, très courte de reconnaissance, vous
m'arrivez avec d'autres choses que vous avez faites, qui étaient la
continuité de ce qu'on avait commencé. En même temps, vous
dites: Écoutez, ce n'est pas vraiment moi que ça regarde, vous ne
vous adressez pas à la bonne place. Je m'adresse à la bonne
personne, c'est à vous, si vous croyez à l'environnement, si vous
voulez être ce que vous avez dit vouloir être en réponse
à une question à l'Assemblée nationale où le
ministre des Affaires municipales vous demandait d'avoir plus de pouvoirs dans
la question de l'eau, entre la fluoration et l'épuration. Le ministre
demandait plus de responsabilités. Vous avez dit: Non, c'est ma
responsabilité, je vais m'en occuper. Sauf qu'il faut qu'il y ait dans
chacun des ministères cette volonté de travailler en concertation
avec eux pour que ces gens aussi aient cette préoccupation
environnementale.
Donc, si le ministre des Affaires municipales en a vraiment une et qu'il
ne peut pas vous arracher des pouvoirs parce que vous voulez les garder, il
possède maintenant un pouvoir qui pourrait prouver sa bonne
volonté, s'il en a une, en matière environnementale. Ce serait
tout simplement de reconnaître ce qui est demandé depuis
longtemps, ce sur quoi votre prédécesseur avait presque pris une
engagement et alors que le ministre délégué, qui vous
remplaçait probablement au congrès, a
réitéré.
Maintenant que vous avez le pouvoir et que vous aviez la volonté,
il y a quelques années, est-ce qu'on peut s'attendre à ce que
ça se fasse et quelles démarches avez-vous faites ou
prévoyez-vous faire pour que ça se réalise?
Mme Bacon: M. le Président, je voudrais reprendre ce que
je disais tantôt. Cela m'amuse de voir le député de
Shefford qui nous demande d'être encore plus vigilants que son
gouvernement ne l'a jamais été sur des dossiers et qui constate
lui-même que ça ne se faisait pas dans le temps du gouvernement du
Parti québécois et nous demande d'être encore meilleurs
parce qu'il vient de dire que ces gens ont été excellents, comme
gouvernement.
Je reviens sur les usines de pâtes et papiers. Je disais
tantôt qu'on a mis une date à un règlement. Le
député se vante qu'ils ont préparé ce
règlement, mais quand il n'y a pas de date à un règlement,
il n'est pas appliqué, M. le Président. Cela aussi, il le sait.
Depuis qu'on a mis une date à ce règlement, il y a six usines qui
ont signé des ententes avec le ministère de l'Environnement pour
faire des investissements de 200 000 000 $. Les six usines qui ne pouvaient
rencontrer cette échéance du 31 décembre ont signé,
accepté des programmes d'assainissement avec le ministère pour
rencontrer les normes des DBO. Première étape, elles investiront
d'ici la fin de 1991 des montants pouvant atteindre ces 200 000 000 $. Cela,
c'est important.
Le ministre Ouellette, le ministre de l'Environnement, avait aussi pris
des engagements au congrès de l'Union des municipalités. Lui
aussi a pris des engagements et n'a rien fait. Il n'y a rien qui a suivi les
engagements du ministre Ouellette à l'Union des municipalités.
C'était aussi simple à l'époque que ça l'est
maintenant, comme nous le dit le député de Shefford.
Quand on est arrivés au ministère, on a pris le dossier
là où il était. La mission environnementale, il doit le
reconnaître, je l'espère, en 1989 est beaucoup plus vaste qu'avant
1985. Les années ont ajouté des éléments beaucoup
plus vastes et plus nombreux que ce qu'on avait autrefois. Aujourd'hui, je
pense que le ministre doit prendre le temps d'évaluer et de consulter.
Il y a des endroits où on le fait. Il y a des collègues qui sont
impliqués dans mes dossiers, c'est vrai. Il y a des collègues qui
sont impliqués dans des dossiers et c'est interrelié avec les
responsabilités environnementales et les responsabilités d'autres
secteurs.
Je dois dire que la consultation que nous faisons en ce moment n'avait
pas été faite au moment du gouvernement du Parti
québécois. Elle doit être reprise, elle doit être
refaite. C'est ce que nous faisons en ce moment du côté
interministériel, avec le ministère des Affaires municipales. Il
y a eu des rencontres. Dès ma nomination, j'ai rencontré le
ministre des Affaires municipales avec certains de ses fonctionnaires et
certains des membres de son cabinet et du mien. On a discuté des
dossiers qui sont interreliés. Cela, je l'ai fait. Je reconnais ma
responsabilité environnementale.
Le ministre des Affaires municipales s'intéresse activement
à ce dossier. Il a développé et offre aussi un cours de
formation à tous les inspecteurs municipaux, ce qui est important. Je
pense qu'il ne faut pas juste faire des choses, il faut quand même
être prêt à les faire.
Je pense que le député est mal placé pour faire des
reproches, ce matin. Je ne me rappelle pas, je n'ai pas souvenir, en tout cas,
que l'ancien gouvernement ait fait beaucoup pour valoriser le rôle des
inspecteurs municipaux. Nous voulons revaloriser le rôle et le mandat des
inspecteurs municipaux. Pour prendre des décisions qui sont
réfléchies, qui sont bien pesées, bien
évaluées, on doit revaloriser ce rôle dans une perspective
de meilleure gestion, qui est placée, je pense, à la fine pointe
de la notion de cette qualité de vie qui est importante et dont je vous
parlais tantôt. Vous m'avez dit que je vous faisais un discours. Je pense
qu'on revient toujours à ça.
Déjà, comme je le disais tantôt, les rencontres ont
eu lieu avec le ministère des Affaires municipales et nous continuons ce
cheminement de dossier avec les Affaires municipales. Elles ont eu lieu ces
rencontres, et sur d'autres sujets aussi; pas seulement sur celui-là,
mais sur d'autres. On a fait le point. J'ai fait le point avec plusieurs de mes
collègues depuis mon arrivée sur les dossiers que nous avons qui
sont interreliés parce que l'environnement doit être
présent partout dans l'ensemble des dossiers, partout dans les
ministères. Je regarde au COMPADR, le ministère du
Développement régional, c'est important aussi.
Je reviens aux cours de formation qui ont été offerts par
les Affaires mmunicipales aux inspecteurs municipaux, c'est une
première. Cela aussi, j'espère que le député de
Shefford va le reconnaître. Cela n'existait pas avant. Le ministre des
Affaires municipales s'intéresse et est actif dans ce dossier. Il s'y
intéresse de très près. On a des échanges entre
nous qui sont continus au sujet des différents dossiers. Ce n'est pas
une bataille de pouvoir. Ce n'est pas une question de dire qui a le plus de
dossiers par rapport à l'autre. Ce n'est pas comme ça qu'on va
régler le problème. On va le régler en faisant chacun
notre part. J'ai fait un bout de chemin, lui aussi. On se rencontre sur des
décisions à prendre qui vont améliorer l'environnement,
qui va le protéger davantage. Je pense que cela fait partie aussi des
responsabilités ministérielles. Ce n'est pas une bataille de
pouvoirs, une bataille de dossiers ou du nombre de dossiers que nous devons
avoir. Ce n'est pas ça. On a eu ces rencontres et on a des discussions
en cours d'abord au niveau ministériel et cela se poursuit avec les
fonctionnaires.
M. Paré: Quel est votre point de vue sur la reconnaissance
du statut des inspecteurs municipaux en environnement?
Mme Bacon: Je viens de le dire.
M. Paré: Au-delà des discussions. À moins
que dans le temps, c'était juste de la politique.
Mme Bacon: Je viens de dire qu'il faut revaloriser leur
rôle et je viens de dire qu'il faut leur donner une bonne formation et
qu'ils ont...
M. Paré: Non, ce n'est pas ça.
Mme Bacon:... une importance dans le cadre...
M. Paré: Ce que ces gens demandent, c'est une
reconnaissance de leur statut.
Mme Bacon:... de la protection de l'environnement. Qu'est-ce
qu'il veut de plus, le député de Shefford?
M. Paré: C'est ce que vous défendiez. À
moins que, dans ce temps-là, c'était pour dire n'importe quoi.
C'est ce que vous défendiez quand vous étiez dans
l'Opposition.
Mme Bacon: Le député devient insultant.
M. Paré: Vous êtes maintenant en poste pour l'exiger
de votre collègue des Affaires municipales. Êtes-vous prête
à nous dire aujourd'hui, êtes-vous prête à
défendre cela?
Mme Bacon: Certainement.
M. Paré: Pas juste la valorisation du rôle. Ce qu'Us
vous demandent, c'est la reconnaissance du statut. Est-ce que vous
défendez ça?
Mme Bacon: Le député connaît bien mal mon
entêtement. Je vais lui donner pour exemple le statut de l'artiste qui
est dans un autre dossier, mais qui est important. Si je n'avais pas
été entêtée, je ne l'aurais pas eu. Je suis aussi
entêtée sur d'autres dossiers. Cela en est un.
M. Paré: L'êtes-vous sur celui-là?
Mme Bacon: Je ne change pas d'idée et je n'ai pas
lancé des paroles en l'air quand j'étais dans l'Opposition. Au
contraire, j'étais très consciente qu'on prendrait le pouvoir
rapidement. Les paroles que j'ai prononcées dans les dossiers
environnementaux, je savais qu'elles me suivraient ou qu'elles me
précéderaient au moment où on prendrait le pouvoir. Je
n'ai pas prononcé des paroles en l'air.
M. Paré: Donc, vous continuez à vous battre pour la
reconnaissance du statut. On peut espérer que ça se fasse
quand?
Mme Bacon: J'ai dit que nous sommes deux ministres à
discuter de ce dossier. J'espère le plus rapidement possible. Le
député ne s'attend pas à ce que je lui donne une date
précise.
M. Paré: Les gens s'attendent depuis longtemps à ce
que ça se fasse.
Mme Bacon: Ils attendaient au moment où vous étiez
là.
M. Paré: Oui...
Mme Bacon: C'est vrai.
M. Paré: ...mais là, c'est vous qui êtes
là maintenant.
Mme Bacon: Dix ans.
M. Paré: Et déjà, en décembre 1985,
c'était le même discours que votre prédécesseur
tenait. Là, vous nous tenez encore un beau discours de la valorisation.
Je n'ai rien contre...
Mme Bacon: Blâmez M. Ouellette.
M. Paré: Au contraire. Je suis tout à fait d'accord
avec ça...
Mme Bacon: Boni
M. Paré: ...à la condition que ce ne soit pas
justement pour éclipser la demande de ces gens, la demande majeure, leur
demande, c'est-à-dire la reconnaissance de leur statut.
Là-dessus, on peut bien dire que ce n'est pas de notre faute, que
ça dépend des autres, que ça peut prendre du temps et
qu'on valorise en attendant, ce qu'Us demandent, c'est la reconnaissance.
Est-ce qu'on peut espérer quelque chose rapidement?
Mme Bacon: Je peux bien essayer d'influencer le ministre des
Affaires municipales, ce que je tente de faire, mais ce n'est pas moi qui vais
vous donner la date, c'est lui. La seule chose que je peux faire, c'est de
l'influencer et de ne pas lâcher le dossier. Mais, c'est lui qui va dire
la date, pas moi.
M. Paré: Bon, on va aller maintenant sur les subventions
discrétionnaires. Cela vous regarde personnellement. Cela ne
dépend pas de personne d'autres.
Mme Bacon: Discrétionnaires? M. Paré: Les
discrétionnaires. Mme Bacon: Programme?
Subventions discrétionnaires
M. Paré: Programme 1, élément 2, Subventions
discrétionnaires. Là-dessus, je voudrais que... Il y a deux
questions que je voudrais poser, en tout cas, pour commencer. On verra ensuite,
ça dépendra des réponses. Le budget est le même, 519
700 $, depuis 1984-1985. Pouvez -vous m'expliquer comment il se fait qu'on ne
l'augmente pas?
Mme Bacon: Parce qu'on a voulu augmenter ailleurs. Les
augmentations, on les a mises ailleurs cette année. On n'en a pas mis
dans les subventions discrétionnaires du ministre. Si j'avais eu une
augmentation, prenons un chiffre, supposons 200 000 $, vous auriez dit que je
voulais faire de la politique avec les subventions discrétionnaires.
M. Paré: Non. Là-dessus, c'est une reconnaissance
ou pas qu'il faut faire des groupes qui sont subventionnés de
façon discrétionnaire.
Mme Bacon: Oui, c'est ça.
M. Paré: Là-dessus, j'aimerais qu'on discute un
peu. Très souvent, ça prend des groupes
bénévoles, communautaires, comme ça qui finissent
pâT brasser sumsamment les choses pour que la société se
réveille sans nécessairement être obligée d'attendre
une catastrophe, un Saint-Basile-le-Grand, pour réagir. Ce sont d'abord
et avant tout des visionnaires, des gens qui commencent à
éveiller et à exiger du gouvernement qu'il prenne ses
responsabilités. Cela peut être bousculant, ça peut
être dérangeant, mais c'est indispensable. Ces groupes nous ont
prouvé qu'il fallait intervenir dans l'environnement et si
on l'avait fait au moment où ces groupes étaient
déjà très insistants, et ça fait plusieurs
années, peut-être qu'aujourd'hui, on serait plus avancés en
matière d'environnement, sauf qu'on ne l'a pas fait. Ces groupes ne sont
pas moins indispensables qu'ils étaient. À mon avis, ils vont
toujours l'être et de plus en plus.
Si, dans ce cas-ci, on veut aller au-delà des paroles et
au-delà des beaux discours et reconnaître l'utilité du
travail accompli par les groupes environnementaux, ça ne dépend
plus de personne d'autre que vous, il s'agit de reconnaître qu'ils sont
essentiels, li s'agit de le faire par une véritable politique de
reconnaissance et de financement. On le fait ou on ne le fait pas. Mais si on
ne le fait pas, il faut dire que c'est parce qu'on ne veut pas le faire.
Là, ça ne dépendra pas de personne d'autre et ça ne
dépendra surtout pas de l'incapacité de payer, à mon avis,
parce qu'on n'est plus en période de crise économique, parce
qu'on est capable de le prendre ailleurs pour le mettre là, si on le
veut vraiment. On pourrait à tout le moins indexer des budgets qui ne le
sont même pas depuis cinq ans. Ces groupes ne demandent pas la fin du
monde. (12 h 30)
À part cela, il faut reconnaître quelque chose. Pour la
société, des groupes semblables, c'est non seulement un potentiel
d'énergie, un potentiel de connaissance, de dévouement, c'est
aussi une économie. Quand on donne de petits montants à un groupe
qui génère finalement, comment pourrais-je dire ça, des
résultats presque incroyables, qui sont multipliés par je ne sais
quels chiffres... Lorsqu'on donne 40 000 $ à un groupe - j'espère
qu'un jour, on donnera pas mal plus - pour rencontrer des gens, faire des
études, préparer des mémoires, se présenter devant
toutes sortes de commissions, faire des déplacements, organiser des
colloques, mobiliser des gens, faire des manifestations - 40 000 $ à un
groupe, le salaire d'un fonctionnaire, bien payé, pas tous les
fonctionnaires - c'est pour permettre à un organisme, avec bien du
monde, de vivre et de faire, sur le terrain, ce boulot que vous trouvez si
extraordinaire et que vous avez mentionné tantôt, soit
l'information à la population. Vous dites qu'il faut, de toutes les
façons possibles, sensibiliser les gens à la préoccupation
environnementale, leur montrer à quel point c'est un sujet
préoccupant et, en plus, prendre des moyens, mais ces gens font non
seulement de l'information, de la sensibilisation et de la mobilisation, mais
ils nous apportent aussi des solutions aux problèmes qu'on vit. Ce sont
les premiers qui ont parlé de dépollution, de
récupération-recyclage, de qualité de vie,
d'environnement, de penser au futur et tout ça. Les gens savent de quoi
ils parlent, ils travaillent là-dedans plus avec amour que pour des
bénéfices financiers, mais il faut leur donner les moyens de
vivre.
Quand on vit des problèmes comme ceux quon vit aujourdhui, il
faut leur permettre aussi d'avoir des documents bien préparés.
Par exemple, si les gens veulent se présenter devant le Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement sur des sujets très
importants, je pense qu'il faut leur donner des moyens comparables, en tout cas
des moyens acceptables pour se déplacer, premièrement, consacrer
le temps nécessaire pour y être et préparer un bon rapport,
un bon mémoire pour exprimer leur point de vue. N'oublions pas que les
autres compagnies, les groupes qui viennent faire valoir un autre point de vue
ont souvent des moyens presque illimités. On pense juste, par exemple,
à Hydro-Québec, si elle veut passer une ligne ou n'importe quoi,
qui va se présenter devant le BAPE avec un groupe de
spécialistes. Elle pourra même investir et personne ne va dire
quoi que ce soit, c'est ce qu'elle fait d'ailleurs. Personne ne va lui
reprocher d'investir 4 000 000 $, 5 000 000 $, 10 000 000 $, 15 000 000 $ ou 20
000 000 $ pour une étude sur la qualité de l'environnement pour
passer une ligne. Qu'Hydro-Québec consacre 15 000 000 $ pour passer une
ligne et regarder les conséquences sur l'environnement, on trouve
ça correct. Je ne dis pas que je suis contre le fait
qu'Hydro-Québec et les autres sociétés
s'intéressent aux conséquences des gestes qu'elles vont poser,
sauf qu'il y a une vision aussi par rapport à leur projet, c'est de le
réaliser. C'est comme ça pour les sociétés
d'État et Hydro-Québec, imaginez-vous les autres
sociétés à profit dont le premier objectif est le
bénéfice. Leur préoccupation est d'abord et avant tout de
construire leur usine, de la faire fonctionner et d'en retirer des profits.
Donc, il ne reste que les groupes comme ceux-là pour présenter un
mémoire, faire valoir leur point de vue et parler au nom de toute une
population qui, très souvent, n'est même pas sensibilisée
aux conséquences du projet qu'on veut implanter.
Face à ça, est-ce qu'on ne devrait pas consacrer
davantage, sachant maintenant que l'environnement est plus important qu'il ne
l'était, à cause de tout le développement qui se fait, des
changements qu'on subit, des catastrophes qu'on voit
régulièrement, des entreprises de plus en plus importantes qui
sont implantées - je pense aux alumineries, entre autres - des
changements qui sont apportés par tous les changements que la
société décide de s'imposer... Vous savez, on peut crier.
Je regardais un reportage tout dernièrement. On peut bien, comme
société, se mettre à juger ce que font les autres
sociétés. On dit: Cela n'a pas de bon sens qu'au Brésil on
soit en train de bûcher à blanc l'Amazonie, c'est le poumon de la
terre et, comme société, il faut réagir à
ça. Pourtant, on crée des bassins grands comme un pays dans le
nord et on ne soumet même pas ça à une étude du
BAPE. On ne pense même pas, Ils ont à se soumettre à
ça. Pourquoi ne permettrait-on pas qu'il y ait des études
approfondies sur les gestes que nous posons comme société et ne
se don-
neralt-on pas les moyens, comme société, d'avoir une
vision de toutes les tendances et de toutes les idées?
Une des tendances, une des grandes préoccupations nous vient de
ces mouvements qu'on appelle les groupes bénévoles, les
organismes sans but lucratif, les groupes environnementaux qui sont
intéressés et qui agissent bénévolement.
Quand je regarde les budgets, je me dis qu'on n'est pas vraiment
intéressés. On ne veut pas vraiment connaître leur point de
vue. Premièrement, on n'a pas de politique de reconnaissance, donc c'est
l'incertitude à savoir si cela va revenir, s'ils vont être
reconnus et si, l'année suivante, il va encore y en avoir. On ne peut
pas, non plus, penser former un autre groupe écologique dans une
région. On se dit: Comme il n'y a pas de critère de
reconnaissance ni de véritable politique, on peut soumettre notre
candidature, mais on n'est pas sûr d'être accepté. Donc, il
n'y a pas de politique de reconnaissance et il n'y a pas, non plus, de
politique de financement, comme telle. On accepte de donner aux gens de petits
montants, quelque 30 000 $ par année, en leur demandant de faire, avec
tout ça, une partie de ce qu'on a comme préoccupation,
étant à la direction de l'État, c'est-à-dire la
sensibilisation et l'information auprès de la population. Ces gens ont
prouvé qu'ils en étaient capables; non seulement ils ont
sensibilisé la population, mais Us ont réussi à en faire
un sujet majeur, à mon avis, au Québec, en l'espace de quelques
années. Comment pouvez-vous expliquer qu'on n'ait pas de politique de
reconnaissance ni de politique de financement et qu'on n'indexe même pas
les montants qui vont à votre budget discrétionnaire et qui
aident, entre autres, ces groupes?
Mme Bacon: Dire qu'on ne reconnaît pas ces groupes, avec un
montant de 519 000 $ par année, cela ne va pas ensemble. D'un
côté, le député nous dit qui faut augmenter les
sommes du budget discrétionnaire. D'un autre côté, il nous
dit qu'il faut absolument augmenter les sommes nécessaires pour faire
les enquêtes. Il nous a demandé à plusieurs reprises,
tantôt, d'augmenter des sommes pour certains dossiers que nous avons au
ministère. On ne peut pas augmenter partout; il y a des choix qu'on doit
faire. Je pense qu'il y a une vision idéaliste des choses, mais M. y a
aussi une gestion des fonds publics, quand on est ministre. Je pense que nous
avons fait tout ce qui était possible pour soutenir les groupes
environnementaux. Si on voulait leur donner exactement ce qui leur est
nécessaire par rapport au travail qu'ils font, on aurait besoin de
moyens illimités. C'est vrai, ils font un excellent travail, un travail
de sensibilisation, un travail dans le milieu, un travail de suivi dans
certains dossiers et un travail de pression important. On aimerait
évidemment et on doit essayer de consacrer davantage de ressources pour
la défense de l'environnement et je pense que c'est la raison de notre
travail.
Ici, je loue aussi le travail qui est accompli par les
bénévoles, par les écologistes et par les environnemental
Ist es qui ont consacré temps et argent et des efforts soutenus dans
cette pers pectlve de défense de l'environnement. Les sommes qu'on
mettrait à la disposition du ministère seraient
illimitées. Il faudrait que ces sommes servent davantage à ces
groupes, je suis d'accord avec le député. Ce n'est jamais
suffisant, quand on donne un budget discrétionnaire à un
ministre, pour aider des groupes du milieu pour lequel il doit travailler. Je
pense qu'on doit aussi faire preuve d'ouverture. Il n'y a pas que l'argent; il
y a aussi des soutiens techniques qu'on peut apporter à ces groupes, ce
qu'on tente de faire au ministère en essayant de trouver le plus
possible de ressources.
On a quand même accordé à presque une centaine de
groupes des sommes importantes qui ont aidé à donner le coup de
pouce nécessaire pour poursuivre des dossiers. Mais ce ne sera jamais
suffisant, c'est vrai. En environnement, ce n'est jamais suffisant, l'argent
qu'on a. On en a toujours besoin davantage, justement à cause de la
sensibilisation de la population. Et ce travail accompli par ces
bénévoles, par ces gens qui se sont préoccupés
d'environnement depuis de nombreuses années, qui ont été
des précurseurs chacun dans leur domaine, je pense qu'on le retrouve
aujourd'hui par des gestes que nous posons, comme la table ronde dont je
parlais tantôt, lis sont là avec nous, à nous dire: Cela
fait longtemps qu'on vous dit quoi faire et c'est le temps que tout le monde
s'assoie comme des partenaires. Je pense qu'avec le fruit de leur labeur, de
leur travail, on a quand même réussi à s'asseoir autour
d'une même table en 1989, ce qui était drôlement
nécessaire, et à se regarder ensemble, écologistes,
environnementalistes, gens du milieu des affaires, groupes associatifs,
ministères et ministres responsables d'autres dossiers, regarder comme
de véritables partenaires. Je pense qu'ils ont fait ce travail et il
faut leur rendre hommage de l'avoir fait et de l'avoir fait, bien souvent,
bénévolement. On doit louer leur participation à la table
ronde, eux qui nous disent: Nous étions là avant. Vous avez
attendu longtemps mais vous êtes maintenant avec nous. Et cela est
important aussi. Je pense que c'est grâce à leur travail si on est
capable de s'asseoir aujourd'hui comme des partenaires et je ne leur dirai
jamais suffisamment.
C'est bien évident qu'il faudrait traduire ça par des
augmentations de sommes mises à leur disposition. Je constate, moi
aussi, comme le député de Shefford, qu'N n'y a pas d'augmentation
à ce chapitre. Quand on gère les fonds publics, il y a des choix
qu'il faut faire. Et le député nous aurait reproché de ne
pas mettre des sommes additionnelles pour les inspections, pour les
enquêtes. Il vient de parler de sa préoccupation. Alors, il faut
faire ces choix, tout en aidant,
dans la mesure du possible, avec les sommes qui sont mises à
notre disposition, les groupes environnementaux et le milieu. On peut continuer
à travailler sur les dossiers d'inspection, les dossiers d'enquête
et voir à ce que nos pollueurs soient responsabilisés quant aux
responsabilités qu'ils ont envers la population du Québec.
Je reconnais aux groupes environnementaux un impact positif en
environnement. C'est leur travail qui a fait que les gens sont davantage
sensibilisés aujourd'hui. Ce n'est pas que le travail des gouvernants.
C'est ie travail des groupes environnementaux qui l'ont fait parce qu'ils n'ont
jamais cessé de le faire. Ils ont poursuivi leur action dans leur milieu
en sensibilisant la population. Je reconnais aussi les besoins qu'ils ont.
C'est sûr que si on pouvait payer un fonctionnaire, entre guillemets, ou
une personne responsable qui serait là à longueur d'année,
à même notre budget, ça prendrait évidemment ie
double, le triple et peut-être quatre fois plus que ce que nous mettons
maintenant. C'est vrai que ça aiderait davantage. Mais il faut savoir
répartir les sommes. Je pense qu'il fallait consacrer des sommes
énormes cette année à cette direction d'inspection et
d'enquête. Mais, au cours d'autres années, d'autres choix seront
faits. Le budget discrétionnaire n'a pas fait l'objet d'augmentations de
crédits vis-à-vis du Conseil du trésor, malgré
notre connaissance des besoins et malgré aussi qu'on a fait
connaître, dans les lieux qui décident des crédits à
nous allouer, les besoins des groupes environnementaux. Nous en étions
conscients. Nous sommes conscients de ça.
M. Paré: Oui. Je veux revenir là-dessus. Si on dit,
et on veut être constant et sincère et / reconnu comme tel,
qu'à partir de maintenant, la / priorité du gouvernement ou le
dossier qui va être le plus important va être l'environnement, pour
toutes sortes de raisons, parce que c'est de l'économie, parce que c'est
la survie et parce que c'est la première préoccupation de tout le
monde et qu'il faut s'en occuper... Cela a pris du temps et, à un moment
donné, cela a commencé. Maintenant, c'est rendu le sujet de
l'heure. Comment pourrait-on expliquer, comme société, que c'est
le sujet de l'heure, que c'est la préoccupation du gouvernement et que
toute la population doit embarquer dans ça, et elle pourrait être
embarquée parce que vous revenez souvent sur l'autodiscipline...
L'autodiscipline, c'est pour les individus et les entreprises. Donc, pour de
l'autodiscipline, il faut que les gens soient informés et
sensibilisés et qu'ils puissent participer. Comment pourrait-on
être crédibles en disant que c'est notre préoccupation
majeure, notre priorité et que, pourtant, au ministère du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche, même si ce n'est pas leur
priorité, on a des conseils régionaux des loisirs dans toutes les
régions du Québec pour mobiliser et concerter les gens,
sensibiliser et animer en ce qui a trait aux loisirs? Donc, le ministère
du Loisir, de la Chasse et de la Pêche a des conseils régionaux
des loisirs parce que les loisirs, c'est important pour les
Québécois. On a décidé qu'on était
prêt à investir dans cette structure qui n'est pas très
coûteuse et qui rapporte bien plus qu'elle ne coûte, à mon
avis, parce que ce qu'on met en subvention au Conseil régional des
loisirs, on ne le met pas dans l'appareil ou dans la structure de l'État
comme tel pour donner les mêmes services. On fait faire par des
bénévoles ce qu'autrement on serait obligé de faire par la
fonction publique. Donc, les conseils régionaux des loisirs, ce sont des
instances et des structures indispensables, très payantes et, surtout,
très motivantes pour le milieu parce qu'ils se prennent en main. On
trouve ça important. Il y en a, et ce n'est pas la priorité de
l'État. (12 h 45)
II y a un autre dossier sur lequel vous allez être très
sensible, les conseils régionaux de la culture. On trouve important que
dans chacune des régions du Québec, il y ait des conseils
régionaux de la culture. Pourquoi dans la culture? Parce qu'on juge, et
avec raison, j'en suis, que la culture, c'est important et que c'est l'affaire
de tout le monde; elle doit être accessible à tout le monde et
tout le monde doit être préoccupé par la culture. Donc, il
y a sur le territoire québécois, partout, les conseils
régionaux de la culture. Il y a aussi les conseils régionaux
touristiques, et on fait la même chose dans le développement.
Donc, les autres secteurs, dont l'un est sous votre responsabilité, soit
celle du ministère des Affaires culturelles. On dit que dans les
régions, il faut absolument se rapprocher du monde, il faut permettre ia
concertation, il faut permettre que les gens puissent s'asseoir ensemble en
dehors de ce qu'on appelle la fonction publique et en dehors de l'appareil
gouvernemental, on est prêt à soutenir des organismes
régionaux parce que c'est important pour la mobilisation, c'est
important pour ie regroupement comme tel et pour la formation et l'information.
Donc, on reconnaît ça dans le secteur des loisirs, on
reconnaît ça par rapport au développement, on
reconnaît ça en ce qui a trait au tourisme, on reconnaît
ça en ce qui a trait aux affaires culturelles par les conseils
régionaux de la culture. Comment, comme société,
pourrait-on tenir les bons discours qu'on tient en disant qu'à partir de
maintenant, c'est l'environnement, c'est majeur, c'est capital, c'est
fondamental. Il faut que tout le monde embarque. Il faut que tout le monde
s'autodiscipline pour trouver une façon de former et d'informer les gens
et faire en sorte que ce ne soit pas juste Québec qui décide et
que ce ne soit pas juste... C'est bien beau de se rencontrer à 200 ou
300 pour discuter d'avenir, mais ce sont tous les Québécois qui
doivent être impliqués et informés spécialement - on
y reviendra cet après-midi quand on parlera de cueillette
sélective, de récupération, de recyclage - cela veut dire
que
ça devient un choix familial et individuel. Donc, cela voudra
dire qu'il faudra que les gens soient informés et convaincus. Est-ce
qu'on va payer des millions en publicité - c'est un choix que vous avez
à faire, Mme la ministre - au cours des années à venir,
pour convaincre les gens qu'ils doivent avoir chez eux la poubelle à
deux étages pour mettre la récupération, le papier en bas
et les papiers-mouchoirs en haut? Est-ce qu'on va investir des millions dans la
publicité pour inciter les gens à embarquer dans la cueillette
sélective ou est-ce qu'on ne pourrait pas consacrer un peu moins en
publicité et un peu plus dans les groupes qui, eux, ne feront pas juste
de la publicité, mais surtout de l'information, de la motivation
auprès de ces groupes-là? C'est le milieu qui se prend en main et
qui se concerte. On a eu la preuve dans la culture et dans les loisirs que,
quand c'est l'affaire de tout le monde et que les gens peuvent se prendre en
main et décider des gestes qu'ils posent et de la façon dont ils
les posent, c'est très bon. Au Québec, il y a déjà
deux conseils régionaux en environnement, le Saguenay-Lac-Saint-Jean et
Rimouski, et d'autres sont en formation. J'en suis très heureux et je
suis convaincu que vous l'êtes aussi. Vous devez être très
heureuse, Mme la ministre, qu'en environnement, il y ait une
préoccupation si forte qu'on peut maintenant voir que deux
régions se sont prises en main par des conseils régionaux en
environnement et que deux autres régions sont en train de faire la
même chose. Cela voudrait dire qu'il y a déjà quatre
réglons qui sont suffisamment intéressées et
sensibilisées en environnement pour nous donner un coup et faire en
sorte que les Québécois soient également prêts
à faire de leur environnement une de leurs préoccupations
importantes.
Devant ce fait - là, on ne parie plus des choses à venir,
mais de choses déjà faites, des groupes qui ont fait leurs
preuves et d'autres qui sont prêts à le faire - est-ce qu'on a
suffisamment d'intérêt? Est-ce qu'on a suffisamment à coeur
l'environnement? Est-ce qu'on est prêt à prouver que c'est la
priorité du gouvernement pour qu'une structure puisse maintenant prendre
place au Québec, au même niveau que la culture et les loisirs? Ce
serait l'environnement. Est-ce que notre volonté et notre
détermination, et la concrétisation de notre discours peuvent
aller jusque-là quand on sait qu'on ne parle pas de budgets de millions
à ce moment-ci? Il s'agirait d'avoir un financement acceptable. Cela ne
veut pas dire des millions, mais des dizaines de milliers de dollars, j'en
conviens. Vous allez voir ce que ces gens-là vont faire. Je voudrais
prendre un exemple. Juste en termes d'autocontrôlé
régional, parce que ces gens-là ont déjà
prouvé qu'ils surveillent ce qui se passe, si ces gens étaient
déterminés à faire un contrôle ou une surveillance
régionale, est-ce que ce n'est pas de l'argent qu'on
économiserait dans ce qu'on doit implanter comme contrôle et comme
surveillance, comme toutes les démarches administratives et juridiques
qu'on devrait entreprendre si on n'a pas fait ce boulot pour permettre à
ces gens la concertation régionale, de passer l'information? On pourrait
même aller plus loin, si on le voulait vraiment et si on reconnaissait
qu'ils jouent un rôle essentiel. On pourrait même les financer
conditionnellement à des mandats, sans leur imposer une structure et un
mode de fonctionnement, mais des mandats précis qui seraient, par
exemple, d'être des organismes-conseils auprès des
municipalités ou des organismes impliqués dans tous les
changements importants qu'amènent les municipalités ou les
municipalités régionales de comté, au niveau du
schéma d'aménagement dans les municipalités
régionales de comté. Est-ce que ce ne serait pas l'idéal
d'avoir des organismes en environnement qui viendraient prouver, de
façon très tangible et concrète, que l'environnement est
prioritaire au Québec et qu'il l'est, tout au moins, autant que la
culture et les loisirs puisqu'on reconnaîtrait cette structure de
concertation régionale que seraient les conseils régionaux en
environnement?
Mme Bacon: Le député nous dit que cela ne prend que
quelques dizaines de milliers de dollars. Je peux vous en parler en
connaissance de cause. Quand on parle de conseils régionaux de la
culture, ce ne sont pas quelques dizaines de milliers de dollars. C'est plus de
1 000 000 $ qu'on y consacre par année. On est loin des dizaines de
milliers de dollars. Le million est bien dépassé.
En environnement, il y a la réparation qu'il faut faire et la
prévention. On constate que la mission environnementale s'est quand
même élargie. Je pense que c'est ce que vient de nous dire dans
son exposé le député de Shefford. Elle s'est
élargie et s'élargit de plus en plus. Des fonds sont
alloués à la prévention et dépassent maintenant les
niveaux de la réparation parce qu'on dépense de plus en plus
d'argent pour la prévention par rapport à la réparation.
Je pense que c'est grâce au travail des bénévoles qui ont
oeuvré sur le terrain québécois, depuis des années,
dans une préoccupation environnemen-taliste ou écologiste. C'est
important et c'est grâce à eux si on peut aujourd'hui donner ces
sommes à la prévention. Si on fait davantage de
prévention, on aura moins de sommes à dépenser pour la
réparation.
Dans un rapport que le Conseil consultatif de l'environnement a fait au
ministère, on nous disait qu'il n'était pas évident qu'il
fallait regrouper les gens ou les associations environnementales, les
environnemental istes, sur le plan régional. Bien souvent, les
préoccupations de ces groupes sont strictement locales. Cela peut
être la faune, ça peut être la forât, ça peut
être la protection des berges. On n'a qu'à regarder nos
associations environnementales pour... Cela peut être de la conservation
des lacs, les précipitations acides. C'est souvent aussi dans l'ensemble
du Québec, mais ces associations oeuvrent
beaucoup localement et n'ont pas toujours envie de se regrouper sur un
plan régional. Elles sont très jalouses des dossiers qui leur
sont propres.
Le conseil consultatif de l'environnement nous avait déjà
dit que ce n'était pas évident qu'il fallait regrouper ces
organismes sur le plan régional. Il y a déjà deux conseils
régionaux à l'environnement et il est possible qu'il y ait
d'autres régions qui aient envie de se regrouper. Mais il ne me semble
pas évident que ça nous vienne de toutes les régions du
Québec, peut-être, comme je le disais tantôt, selon des
dossiers locaux qui ne sont pas les mêmes et qui diffèrent d'une
région à l'autre, d'une localité, d'une
municipalité à l'autre. La suggestion n'est pas mauvaise.
Puisqu'il y a déjà deux régions qui se sont
regroupées, ce n'est pas mauvais. Mais je pense qu'il faut être
à l'écoute de tout ça. Peut-être qu'on verra
bientôt, dans un avenir rapproché, des conseils régionaux
de l'environnement, comme on en voit dans d'autres secteurs d'activité
gouvernementale. Évidemment, il faudra ajouter, à ce
moment-là des ressources plus soutenues, additionnelles, qui permettront
- pour ça, je pense que c'est vrai que ces gens ont besoin d'avoir
quelqu'un qui est là et qui assure une continuité - de voir cette
continuité puisqu'ils ont les sommes nécessaires pour engager du
personnel qui non seulement prépare des documents et aussi la voie quand
ils viennent se faire entendre en commission parlementaire ou ailleurs, mais
qui aident à préparer des dossiers qui démontrent les
problèmes locaux et un regroupement de problèmes
régionaux.
Si on regarde, encore une fois, les recommandations du conseil
consultatif de l'environnement, on nous disait dans ces recommandations qu'il
n'était pas évident qu'il fallait regrouper puisque les
décisions, les préoccupations sont des préoccupations
locales. C'est ce qui a fait qu'en ce moment, il n'en existe pas dans tout le
Québec. Si ça vient des désirs de ces associations
locales, on sera à leur écoute. On discutera avec elles des
possibilités de le faire. Si on s'aperçoit que c'est dans
l'ensemble du Québec, même si l'avis du conseil est
différent, on écoutera ces besoins, on regardera la
possibilité de poser des gestes qui sont nécessaires.
M. Paré: Une question financière. Quand on regarde
les crédits, on s'aperçoit que dans le sommaire des
crédits, les organismes sans but lucratif, dans les autres
dépenses de transfert, donc ce qui ne touche pas le programme de
récupération et de recyclage, autre programme de transfert, on a
une diminution de 111 300 $. On passe de 899 700 $ à 788 400 $.
Qu'est-ce qui va être coupé? Où est cette coupure? Qui va
subir ces coupures de 111 400 $ aux autres dépenses de transfert aux
organismes sans but lucratif?
Mme Bacon: Le point de la page 16.
M. Paré: Sommaire des dépenses de trans- fert.
Mme Bacon: Oui. Les crédits de transfert, page 16?
M. Paré: Page 16.
Mme Bacon: À quel élément dites-vous qu'il y
a une différence de 111 000 $?
M. Paré: Organismes sans but lucratif. Ce n'est pas bon.
Ah, c'est dans le cahier des crédits du Conseil du trésor.
Mme Bacon: Du conseil du Trésor? D'accord.
M. Paré: Si, dans le livre des budgets, à la page
14-5...
Mme Bacon: Les budgets ou les crédits? Le budget? Le
budget de l'autre année. Il y a budget et crédit, ce n'est pas la
même chose.
M. Paré: Ce que je vous disais tantôt, c'est le
cahier des crédits du Conseil du trésor. Mais...
Mme Bacon: En fait, il y a trois éléments qui
s'expliquent. Quand le député dit qu'il y a une diminution, c'est
qu'un contrat de recherche et de développement en environnement avait
été donné en 1988-1989. Alors, on n'a pas à
l'ajouter en 1989-1990. C'est 105 000 $. Avec la nature, il y a aussi une
subvention de 30 000 $ qui a été donnée en 1988-1989. Ils
ont un contrat avec la FAPEL maintenant pour la pépinière pour
trois ans. Alors, ils n'ont plus besoin de cette subvention. Il y a une
différence entre 1988-1989 et 1989-1990 de la régularisation du
bassin de la rivière des Outaouais. De 40 000 $ en 1988-1989, on s'en va
à 20 000 $ en 1989-1990. La différence de 20 000 $ se retrouve
dans les frais de fonctionnement.
M. Paré: Mais...
Mme Bacon: II n'y a pas de baisse.
M. Paré: Le gros montant dont vous avez parlé, la
différence sur les 111 300 $, c'est 105 000 $ pour un contrat...
Mme Bacon: Oui, un contrat de recherche et
développement.
M. Paré: Comme on est dans les organismes sans but
lucratif, à qui a été donné ce contrat et
pourquoi?
Mme Bacon: On va vous trouver ça, ce ne sera pas long.
On prend note de la question, M. le Président, et on donnera
l'information d'ici la fin de l'étude des crédits. C'est une
imputation comptable qu'il faut retrouver, dans quel livre c'est
imputé.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, Mme la
ministre. Là-dessus, la commission de l'aménagement et des
équipements suspend ses travaux jusqu'après les affaires
courantes.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
(Reprise à 16 h 39)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'aménagement et des équipements
reprend maintenant ses travaux pour poursuivre l'étude des
crédits budgétaires du ministère de l'Environnement pour
l'année financière 1989-1990. Je vais maintenant
reconnaître M. le député de Shefford.
Assainissement des eaux
M. Paré: Merci, M. le Président. Si vous n'avez pas
d'objection, on aborderait le programme 2, élément 1, tout ce qui
concerne le programme d'assainissement des eaux.
Mme Bacon: M. le Président, est-ce que le
député de Shefford me permettrait d'apporter les
compléments de réponse qu'il voulait tellement avoir ce matin? Je
les ai devant moi.
M. Paré: Oui, avec plaisir.
Mme Bacon: Les poursuites pénales déposés
par le ministère de l'Environnement du Québec en 1984-1985, ont
été au nombre de 92; en 1985-1986, il y en a eu 95; en 1986-1987,
102; en 1987-1988, 295, Incluant des poursuites pour rapports non produits sur
les déchets dangereux, et, en 1988-1989, 326 plaintes qui portent sur
1229 chefs.
Quant aux rapports annuels sur les déchets dangereux pour les
années 1985-1986, en décembre 1987 - on revient aux 174
contrevenants qui étaient identifiés et dont on parlait ce matin
- des mises en demeure ont été signifiées aux
contrevenants. En février 1988, des 174 contrevenants, il n'y avait plus
que 15 dossiers dans lesquels les rapports annuels n'avaient pas
été produits. A la suite de l'analyse de ces dossiers, six
seulement ont mené à des dénonciations, des plaintes
devant les tribunaux; un dossier au palais de justice de Longueuil; trois au
palais de justice de Montréal et deux au palais de justice de
Saint-Jérôme. Avant les comparutions ou les procès
fixés dans ces dossiers, les contrevenants avaient, dans tous les cas,
produit leur rapport annuel sur les déchets dangereux. Dans ces
circonstances et tel que convenu avec les responsables de ces dossiers au
ministère, les plaintes ont été retirées avec
l'autorisation de la cour.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, Mme la ministre. M.
le député de Shefford, avant de poursuivre avec le programme 2,
est-ce que nous allons adopter le programme 1 immédiatement ou à
la fin de cette soirée?
M. Paré: À la fin.
La Président (M. Saint-Roch): À la fin Je vous
remercie. M. le député de Shefford.
Mme Bacon: Je m'excuse, j'aurais une question. J'ai un
collègue qui va continuer, demain, pendant une heure. Est-ce qu'on fait
aujourd'hui tous ceux qu'on discute aujourd'hui et vous adopterez ceux de
demain, demain?
M. Paré: Oui.
Mme Bacon: Cela va.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré: Concernant le programme d'assainissement des
eaux, on sait qu'au Québec on a des problèmes, alors qu'à
mon avis, on ne devrait pas en avoir quand on regarde l'étendue du
territoire et la quantité d'eau potable qu'on retrouve un peu partout,
dans nos millions de lacs et de rivières. C'est le cas qu'on en a et
cela ne fait pas tellement longtemps qu'on s'en occupe. Je vais reculer un peu,
quitte à revenir avec une question, tantôt, concernant la
participation du gouvernement fédéral. On sait qu'avant 1976,
malheureusement il ne s'était rien fait, malgré une
épidémie de typhoïde qu'on avait découverte à
Saint-Gabriel-de-Brandon qui avait éveillé beaucoup
l'intérêt populaire. À ce moment-là, vous vous
rappellerez que l'Association québécoise des techniques de l'eau
dénonçait la dégradation de la situation, qu'elle
considérait catastrophique, et même M. Claude Quenneville
qualifiait, finalement, le comportement du gouvernement d'inconscience
grave.
En 1978, on a entrepris, effectivement, ce qu'on appelle le PAE, le
programme d'assainissement des eaux. Initialement, le programme devait
s'adresser à 900 municipalités avec - c'est ce qu'on avait
escompté comme dépenses - un montant de 4 700 000 000 $, mais qui
a dû être réévalué, en raison des
augmentations des coûts, à 6 200 000 000 $. Quand on regarde ce
qui a été dépensé, ce qui était prévu
et ce qui est prévu, on se rend compte des sommes qui ont
été dépensées depuis la fin des années
soixante-dix, et sans relâche depuis ce temps-là. On
s'aperçoit que, de 1983 à 1986, donc trois années
budgétaires, les dépenses ont été de 1 174 000 000
$, sur un programme triennal qui était prévu de 1 350 000 000 $.
Pour les années qui suivent, de 1986 à 1989, donc 1986-1987,
1987-1988, 1988-1989, il devrait se dépenser
1 190 000 000 $, sauf que ce qui avait été prévu,
c'est 1 400 000 000 $. Donc, sur des prévisions de 1 400 000 000 $, on
en a dépensé 1 190 000 000 $, ce qui fait quand même une
différence de 210 000 000 $, et ce sur des budgets passés,
puisque l'année financière 1988-1989 est terminée. Pour
quelles raisons n'a-t-on pas dépensé ce qu'on avait prévu
en termes de pian triennal d'investissements, soit 1 400 000 000 $?
Mme Bacon: J'aimerais, M. le Président, qu'à l'aide
de comparaisons on fasse le bilan du programme d'assainissement des eaux du
Québec. De 1978 à 1986, une période de sept ans, il y a eu
368 conventions signées pour un investissement réalisé de
2 000 000 000 $. Cela fait une moyenne annuelle de 53 conventions
signées. Alors, les investissements moyens annuels sont de 286 000 000
$. En 1979-1980, parce qu'on compare toujours, il y a eu 400 000 000 $
d'investissements en rachat d'équipements. En 1986-1987, il y a eu 26
conventions signées pour la somme de 440 000 000 $. La moyenne annuelle
est, évidemment, de 26. En 1987-1988, il y a eu 122 conventions
signées pour 355 000 000 $ et, en 1988-1989, il y a 118 conventions
signées pour 405 000 000 $. Quand on regarde cette période de
trois ans, ce sont 266 conventions signées et, là, je les compare
à la période de sept ans, soit 368.
Quand on regarde aussi les investissements réalisés en
trois ans, c'est 1 220 000 000 $ par rapport à 2 000 000 000 $ en sept
ans. Il y a une moyenne annuelle de 89 conventions signées par rapport
à 53 pour les sept premières années et un investissement
moyen par année de 400 000 000 $ par rapport à 286 000 000 $ pour
1978-1986. Il y a quand même des augmentations considérables dans
les conventions signées, les investissements réalisés et
les moyennes qui sont devant nous.
Quant aux prévisions triennales, 1986-1987, 1987-1988, 1988-1989,
elles avaient été de 1 400 000 000 $ et les prévisions
triennales pour les trois prochaines années, 1989-1990, 1990-1991 et
1991-1992, sont de 1 515 000 000 $. Alors, il y a quand même des
décisions qui ont été prises et il y a une progression
considérable dans ce dossier par rapport à ce qui a
déjà été fait. Je pense que c'est un dossier qui
évolue et qui progresse d'une façon continue. On ne peut pas dire
que c'est un dossier qui est en régression. Au contraire, c'est un
dossier qui progresse et on atteint les prévisions que l'on fait. Quand
on regarde les prévisions triennales depuis 1986 à 1989, on
atteint quand même ces prévisions à 91 %, ce qui est
énorme d'atteindre la cible de 91 % de ce qu'on avait prévu.
M. Paré: Quand on y va en pourcentage, mais quand on y va
en montants, c'est quand même important. Le montant de moins que
prévu est de 210 000 000 $. Si on dit que les prévi- sions
étaient de 1 400 000 000 $ pour le plan triennal, finalement, avec les
chiffres que vous venez de me donner, ça veut dire des dépenses
de 1 190 000 000 $. Donc, c'est 210 000 000 $ de différence par rapport
aux prévisions.
Mme Bacon: Quand on regarde le dossier qu'on a devant nous et les
chiffres que je viens de donner - je le disais ce matin et je vais le
répéter - on a essayé ce qu'on appelle "déchro-
mer" les projets. On se rappelle qu'au début, et c'est normal quand on
met une machine en marche et qu'on essaie de faire des choses rapidement, on
s'est trouvé devant des projets chromés, suivant les
possibilités de payer, et qui dépassaient souvent de 150 %, 200
%, les prévisions qu'on avait faites au départ du coût de
ces projets-là, parce qu'on n'avait pas tout analysé au
départ, on n'avait pas regardé toutes les facettes du dossier et
on faisait davantage que ce qui devait être fait. On a essayé de
garder ces dossiers-là à un niveau normal. Et, en faisant
l'impossible pour "déchromer", on a fait une économie de 80 000
000 $. Si on additionne 1 200 000 000 $ plus 80 000 000 $, je pense qu'on
arrive à 1 280 000 000 $. Il y a une économie, dans les
soumissions, de 10 % à 15 %. C'est plus bas que les estimations. Et je
pense qu'il faut tenir compte de ça. Quand on regarde l'ensemble, on a
une économie de 80 000 000 $. Si on avait dépensé les 80
000 000 $ avec le montant de 1 200 000 000 $ qu'on a dépensé, on
serait arrivé à 1 280 000 000 $. Mais on a fait une
économie. Je pense que ce n'est pas mauvais de faire une
économie. On a rendu ces dossiers à un niveau normal et sans
être chromés. Je pense que les gens ont fait preuve de beaucoup de
rigueur administrative.
M. Paré: Qu'on fasse des économies, j'en suis.
Mme Bacon: Vous n'avez rien contre ça.
M. Paré: Non, je n'ai rien contre le fait qu'on fasse des
économies, mais qu'on ne fasse pas de dépenses, c'est une autre
chose. Au-delà de "déchromer", il faut regarder aussi ce qu'on a
l'intention d'investir pour être capable de répondre aux besoins.
Je vais juste vous rappeler...
Qu'on ait fixé un objectif de 1 400 000 000 $ pour les trois
années qui viennent de s'écouler, c'est quelque chose. Qu'on
mette 1 500 000 000 $ pour les trois années à venir, on peut se
demander si c'est suffisant pour répondre à la demande et aux
besoins en termes de dépollution. Juste à penser, et là ce
n'est pas par rapport à ce qui s'est fait sous un autre gouvernement,
c'est juste par rapport à des études... Vous vous souviendrez du
rapport Dagenais, d'octobre 1986, et c'est le gouvernement actuel qui avait
commandé le rapport pour évaluer les dépenses par rapport
à ce programme.
II recommandait, entre autres, de porter à 550 000 000 $ par
année jusqu'en 1991 pour être capable de répondre aux
besoins. Ce n'était pas une question de "déchromer" ou de
programmes trop ou pas assez gros. C'était pour répondre à
la demande et aux besoins. 550 000 000 $ par année par rapport à
un projet de plus longue durée et qui commençait en 1986.
Là, on se retrouve sur le plan triennal de 1989-1992, onest
à 500000000$et non pas à 550 000 000 $ et on est loin de
ça depuis 1986. Ce n'est pas le seul. Au même moment, M. Jacques
Duval, de l'Association québécoise des techniques de l'eau,
disait souhaiter, pour être capable de maintenir le dynamisme du
programme, investir plutôt 600 000 000 $ par année. On peut
réaliser des économies, à la condition, si on veut
vraiment s'occuper d'environnement, prévoir et permettre une bonne
qualité de l'eau sur tout le territoire québécois, que les
économies qu'on fait sur des projets, on les réinvestisse dans
d'autres projets en attente. Je vous le demande. Il y a certainement plusieurs
dossiers en attente. On doit avoir une idée de l'ordre de grandeur des
dossiers en attente d'autorisation de votre part.
Mme Bacon: J'aimerais revenir sur ce que je disais tantôt,
M. le Président, quant à ce dossier. À notre
arrivée en 1985 et même avant, il y avait quand même des
lacunes, et le député de Shefford ne peut pas le nier. Ce dossier
est parti et il est allé rapidement. Sans regarder la capacité de
notre ingénierie, la capacité de concepteurs de pouvoir le faire
et de rencontrer ces besoins, à l'époque, l'association des
ingénieurs était inquiète de la rapidité, de sorte
qu'on a eu des évaluations de coûts sous-estimés, une
planification à refaire en partie. Il a quand même fallu corriger
le tir et réévaluer les coûts véritables de ce
programme.
On avait établi, au cours des années, sous l'ancien
gouvernement, des carences de gestion. Le ministre de l'époque n'a
jamais réfuté les chiffres et les faits avancés par notre
formation politique. On a tenté de corriger le tir sur la base justement
d'une gestion réaliste qui tienne de la vérité des
chiffres, et c'est ce qu'il faut faire quand on veut bien gérer un
dossier. On tient compte de la capacité du milieu à accomplir les
travaux nécessaires dans des délais réalistes, de la
capacité de notre ingénierie à faire face à ces
besoins. On essaie de garder ces dossiers à un niveau normal, pas
chromé, non seulement selon notre capacité de payer, mais selon
notre capacité de les réaliser, et on a quand même fait des
économies. Mais on va garder une continuité dans les
prévisions qu'on établit au départ, parce que cela
répond aux besoins et, en même temps, à notre
capacité de réalisation. Je pense qu'on joint les deux. Cela
n'empêche pas d'avoir annoncé dernièrement un peu plus
d'une centaine de projets, 118 projets qui seront réalisés et qui
répondent aux besoins des municipalités. Je pense que cela ne
nous empêche pas de le faire. Il y en a d'autres qui vont suivre dans les
années qui viennent et on va les faire à mesure, on va les
annoncer à mesure. Il y a une autre tranche de 1 485 000 000 $ à
dépenser après la période 1989-1990, 1990-1991 et
1991-1992. Alors, on aura cette possibilité de dépenser, dans des
dépenses ultérieures, 1 485 000 000 $.
M. Paré: Justement, en parlant de ça, j'aimerais
savoir quel échéancier vous vous êtes fixé pour
atteindre l'objectif de départ de satisfaire à 900
municipalités sur un projet de 6 200 000 000 $. Est-il encore dans nos
objectifs? Est-ce qu'on a un échéancier pour le projet global de
l'assainissement des eaux?
Mme Bacon: On voudrait qu'en 1996 tout soft terminé. Je
pense que c'est d'être assez réaliste de dire que 1996 est la date
exacte qu'on voudrait voir pour la réalisation de tous les dossiers.
M. Paré: En 1996, cela voudrait dire simplement le
maintien des dépenses actuelles.
Mme Bacon: Oui, parce qu'il faut dire qu'après les 118 qui
ont été annoncés, il en reste à peu près
260, un peu plus de 200. Ceux-là pourront être
réalisés par la suite. Cette année, on en a annoncé
118. On aura fait pas mal le tour.
M. Paré: II n'est pas de votre intention d'augmenter pour
accélérer, même si tant le rapport Dagenais que
l'Association québécoise des techniques de l'eau, après
des études, se disent capables et souhaitent même qu'on aille plus
rapidement.
Mme Bacon: Si on accélérait, on ferait exactement
ce qui a été fait précédemment, au départ de
ce programme. On accélérerait, mais on augmenterait les
coûts et on ne ferait aucune économie. C'est pour ça que
les coûts étaient si élevés, qu'on se retrouvait
avec des projets, avec des augmentations de coûts de 150 % et 200 %.
Aujourd'hui, on est revenu à un niveau normal. Il peut y avoir un peu
d'augmentation, mais jamais 150 % et 200 %. On ne pouvait pas continuer comme
ça. On aurait passé les 6 000 000 000 $ en quelques
années.
M. Paré: Je ne vois pas comment, en devançant des
travaux dans des municipalités, on augmente les coûts. On n'est
pas obligé d'accélérer les travaux par des travaux
à temps et demi ou à temps double. Ce n'est pas
d'accélérer la réalisation comme telle, c'est
d'accélérer l'autorisation pour enclencher les travaux. Donc, en
quoi le fait d'accepter d'avance des travaux ferait en sorte d'augmenter les
coûts?
Mme Bacon: Le volume est trop gros à
assumer. Cela fait augmenter les coûts. Il y a une capacité
de production aussi qu'il faut regarder. Si vous avez besoin de, je ne sais
combien de millions de tuyaux pour faire... Si vous n'êtes plus capable
d'en fabriquer, le fabricant va dire: Je vais peut-être vous en faire,
mais ça va coûter deux fois plus cher. La demande est là.
On augmente les coûts par le fait même. On augmente la demande
qu'on fait pour l'équipement. Cela coûte cher et on ne peut pas
payer des équipements comme ça deux fois le prix. C'est pour cela
qu'on a ramené cela à un niveau normal.
M. Paré: Je dois vous dire que je ne comprends pas
encore.
Mme Bacon: Non, mais écoutez. Si vous avez une
capacité dans votre industrie de tuyaux au Québec, on comprend
ça... Je vais donner un chiffre, c'est peut-être aberrant, mais en
tout cas, disons 50 000 tuyaux pour faire notre assainissement des eaux. Vous
pressez tellement la machine pour assainir les eaux que ça vous en
demande 100 000. Les compagnies qui en fabriquent 50 000, qui sont capables de
fabriquer juste ça et à qui vous dites: Non, il faut que tu
mettes la machine en marche et que tu en fasses encore 50 000, elles vont vous
faire payer les tuyaux deux ou trois fois le prix. Là on augmente les
prix.
M. Paré: Donc, vous êtes en train de me dire que
vous considérez que les entreprises québécoises ne sont
pas capables de suffire à une demande supérieure a ce qu'on fait
là, sans que cela amène des coûts supplémentaires.
Je vais vous dire que j'en doute, pour une raison bien simple.
Mme Bacon: Vous avez le droit d'en douter, mais moi je le
comprends. (17 heures)
M. Paré: Oui, mais au départ, si on a
été capable de subir une semblable progression de l'augmentation
juste pour satisfaire ce que l'Association québécoise des
techniques de l'eau demande ou d'autres, ce n'est plus de doubler, c'est
peut-être d'augmenter de 50 000 000 $ à 100 000 000 $ par
année. Est-ce que l'entreprise n'est pas maintenant totalement
habituée, disponible et prête à 100 000 000 $. Et, au
contraire, peut-être même qu'en augmentant les quantités,
à un moment donné, on va finir par diminuer les coûts.
Mais, au moment où on se parle, que vous veniez me dire que l'entreprise
pourrait nous satisfaire seulement en augmentant les coûts, là je
vous dis pourquoi j'en doute. En regardant la situation de la construction au
Québec présentement, à mon avis, les fabricants sont
capables de nous fournir. Si on a pu construire 74 000 logements en 1987,
baissé à environ 54 000 en 1988, et qu'on prévoit 34 000
à 40 000 cette année, au plan, et de la construction et des
fournisseurs de matériaux, normalement, Hs vont chercher davantage des
débouchés que du temps supplémentaire à faire faire
à leurs employés. Je trouve que l'argument ne vient pas justifier
qu'on refuse d'accélérer le programme d'assainissement des eaux
sur la base que ça pourrait coûter plus cher parce que les
fournisseurs vont augmenter les prix. Cela me surprendrait
Mme Bacon: Sur une autre base aussi, sur la base que les gens ne
peuvent pas suffire à la tâche. Je me rappelle, pendant mes
années à l'Opposition, alors que j'étais critique de
l'Opposition en matière d'environnement, tous les Ingénieurs du
Québec se plaignaient, ils n'étaient pas contents, ils
n'étaient pas heureux, ils n'arrivaient pas à le faire. On
n'entend pas les ingénieurs se plaindre en ce moment, parce qu'on a
gardé un niveau normal de construction. La construction d'une maison et
la construction d'une station d'épuration des eaux, ce n'est pas la
même chose. Comme on est arrivé à un niveau normal,
ça a fait baisser les soumissions, comme je le disais tantôt, de
10 % à 15 %, ce qui est plus bas que les estimations qu'on avait faites
pour les coûts. C'est donc une économie de 80 000 000 $. C'est
l'argent des contribuables qu'on dépense, il faut que vous pensiez
à ça. Il faut être de bons gestionnaires.
La capacité de fournir du milieu, que ce soit de
l'ingénierie, que ce soit des compagnies de fabrication, est juste pour
ce qu'on estime être en ce moment un niveau normal. En 1984-1985, si on
se base là-dessus, ça a coûté 25 % de plus que ce
qui avait été estimé parce que, justement, on pressait la
machine. Comme on la presse moins et qu'on revient à un niveau normal,
les soumissions qui nous sont faites sont plus basses de 10 % que les
estimations qu'on avait faites. C'est donc une économie dans ce dossier
où on a besoin d'argent, où on a besoin d'injection de fonds. Si
on peut faire quelques économies, je pense qu'on va arriver à
régler le dossier plus rapidement. Est-ce que j'ai convaincu le
député de Shefford?
M. Paré: Non. Qu'il y ait eu une année où,
effectivement, on était en progression constante, et c'est ce qui nous a
permis d'apporter une expertise québécoise très
avancée dans ce secteur, on peut être passablement fier de
ça.
Mme Bacon: Cette fois-ci, je ne suis pas d'accord avec le
député, c'est à mon tour.
M. Paré: Oui.
Mme Bacon: Oui, on a une expertise québécoise, mais
il a fallu importer l'expertise des États-Unis et d'ailleurs, et ce, au
détriment des Québécois qui auraient pu, à un
niveau normal, continuer à travailler dans ces dossiers. On est
allé chercher de l'ingénierie extérieure,
parce que nos Québécois ne suffisaient pas à la
tâche. On n'entend pas les ingénieurs se plaindre en ce moment, Hs
ne se plaignent pas, ils ont du travail qu'ils peuvent assumer à un
niveau normal.
M. Paré: N'oublions pas qu'au plan de l'environnement, il
a fallu, à un moment donné, mettre les bouchées doubles.
Je peux vous rappeler ce que je vous disais tantôt. C'est l'association
québécoise qui disait que le gouvernement Bourassa faisait preuve
d'inconscience grave en 1976 parce qu'on ne s'occupait pas de l'assainissement
des eaux. Il a fallu, à un moment donné, c'est sûr,
commencer un programme, accélérer un programme. Qu'on l'ait
stabilisé un certain nombre d'années, ça peut être
acceptable, mais que maintenant, on reporte l'échéancier en 1996,
ça veut dire qu'entre les premiers endroits où on a assaini les
eaux en 1979 et les autres qui le seront en 1996, comme société,
II faut voir qu'on a mis les freins à un moment donné au lieu
d'accélérer. Si le milieu a été capable pendant des
années d'absorber des coûts de 400 000 000 $ à 500 000 000
$, je pense qu'il est capable d'en prendre un peu plus avec l'expertise,
l'expérience, la capacité de faire des Québécois.
Qu'on nous dise aujourd'hui: L'échéancier, c'est 1996 et on
maintient notre niveau actuel d'investissement, ce n'est pas une très
bonne nouvelle, quand on sait qu'avec l'inflation, l'augmentation des
coûts et tout ça, ça veut dire, en fait, qu'il faut
s'attendre à une diminution au cours des prochaines années en
termes réels et non à une augmentation. Et même pas
à un maintien; à une diminution. Quand on maintient des budgets
sur une longue période de temps, des budgets aussi Importants que
ceux-là, c'est qu'on accepte déjà et on annonce qu'il y
aura une diminution, effectivement, en dollars constants, dans les
années à venir sur un programme comme celui-là.
Mme Bacon: Je ne suis pas tout à fait d'accord avec le
député de Shefford. Si on veut faire le bilan du programme, je
vais répéter les chiffres que j'ai donnés tantôt. En
sept ans, de 1978 à 1986: des investissements moyens annuels de 286 000
000 $. On n'a pas les mêmes chiffres. Pour trois ans, de 1986 a 1989: des
investissements moyens annuels de 400 000 000 $. On n'a pas diminué; 400
000 000 $ par rapport aux 286 000 000 $ des premiers sept ans. Je dois aussi
dire qu'il n'y a aucun pays qui a réussi à réaliser son
programme en moins de 25 ans. Cela ferait à peu près 18 au total.
On n'a qu'à donner l'exemple de l'Ontario. On revient encore à
l'Ontario, mais regardons ce qui s'est fait en Ontario et, avec nos 18 ans, ce
n'est pas si mal. Je vais revenir aussi sur l'ensemble du dossier de
l'assainissement. Non seulement on s'est occupé de l'assainissement des
eaux, l'assainissement urbain représente à peu près 25 %
de la charge polluante. On s'est dit qu'on ne pouvait pas polluer ce qu'on
venait de dépolluer et ce qui nous avait coûté cher
à dépolluer. Comme gouvernement, on a décidé de
s'occuper simultanément des milieux industriels et agricole qui
représentent tous les deux 75 % de la charge polluante. Si on ne fait
pas ça en même temps, on n'arrive pas. On ne pouvait pas faire que
de l'assainissement des eaux.
Je pense qu'il faut regarder, s'occuper aussi des milieux industriel et
agricole, qui représentent 75 %. Pour le milieu agricole, en dix ans, on
a un programme pour lequel la part de l'État est de 388 000 000 $ parce
qu'il ne faut pas polluer d'un côté ce qu'on dépollue de
l'autre. I! faut s'occuper de tous les côtés en même temps;
c'est ce qu'on aurait dû faire au départ de ce programme. C'est ce
qu'on est en train de faire.
M. Paré: J'aurais juste quelques petites choses. Quand
vous comparez, sur une période plus longue, le gouvernement
précédent à celui de maintenant, il faudrait prendre
plutôt les trois dernières années parce que ce sont des
plans triennaux. Je pense qu'au départ, allons-y, il y a des choses
comparables. Vous allez admettre, en fonction de ce que vous disiez
tantôt, qu'il faut faire attention à ne pas déborder le
marché ou quelque chose. Vous allez reconnaître qu'au début
des années quatre-vingt c'était moins parce que c'était un
programme en implantation et qui s'est fait, effectivement, sur une base
progressive. Quand on regarde les trois dernières années
précédant l'année 1986, les sommes investies sont en effet
pas mal comparables à ce qui s'investit maintenant. À cet
égard, je pense qu'il faut faire attention et dire la même chose.
Il faudrait comparer les trois dernières années donc 1983-1986
par rapport à 1986-1989. C'est une chose.
Vous dites qu'ailleurs, on a mis 25 ans et vous comparez avec l'Ontario.
Je l'ai dit ce matin, c'est souvent avec lui qu'on aime se comparer. Cela lui a
peut-être pris 25 ans. Elle a démarré pas mal plus vite que
nous, par exemple. Au moment où on commençait, elle finissait.
Des retards dans le temps, cela veut dire que si on prend l'expertise des
autres, et je pense qu'il faut être ouvert, surtout aujourd'hui avec les
frontières qui tombent, la technologie et l'information qui voyagent, il
ne faut pas être borné au point de dire qu'il faut essayer
d'inventer le bouton à quatre trous à tous les jours, c'est
normal de pouvoir profiter des connaissances d'ailleurs surtout dans des
domaines aussi spécifiques, aussi spécialisés, si ces gens
ont mis 25 ans et qu'ils sont en avance sur nous d'une décennie, on
devrait mettre moins de 25 ans, à mon avis, à la suite de
l'expérience d'ailleurs.
Mme Bacon: On en met moins aussi, on met 18 ans. C'est sept ans
de moins. Si le député veut se référer aux trois
dernières années, quand on regarde, au cours des dernières
années du gouvernement du Parti québécois, on a
passé de 300 000 000 $ par année à un chiffre aberrant,
à
ce moment-là, de 700 000 000 $ par année qu'on ne pouvait
pas assumer. C'est là que nos ingénieurs ont paniqué et
ont dit: Un instant, arrêtez, ça n'a pas de sens. Ce sont les
interventions que j'ai faites moi-même, comme député de
l'Opposition, vis-à-vis du ministre de l'Environnement de
l'époque. On ne pouvait passer de 300000000$ à 700 000000$ d'une
année à l'autre. On était incapable d'assumer cela. Je
pense qu'il faut aussi en tenir compte. Il faut être capable d'assumer
les chiffres qu'on avance, de les réaliser et de garder un niveau
normal. Vous avez cité le rapport Dagenais, je ne sais pas si c'est ce
matin ou tantôt. Ce rapport recommandait 450 000 000 $ à 500 000
000 $. Quand on regarde nos prévisions triennales, on va y aller pour
trois ans: 1989-1990, on a 555 000 000 $; 1990-1991, on a 496 000 000 $; et
1991-1992, on a 464 000 000 $. On ne se tient pas si mal dans les
recommandations du rapport Dagenais.
M. Paré: Ce n'était pas plutôt 550 000 000 $
qui étaient recommandés par le rapport Dagenais?
Mme Bacon: On dit 450 000 000 $ à 500 000 000 $. On se
tient quand même assez bien à l'intérieur de cela. Les
chiffres sont là.
M. Paré: Oui, mais les chiffres que j'ai c'est
plutôt 550 000 000 $. On peut bien dire que ce n'est pas beaucoup, mais
vous le savez, vous êtes députée avant tout, quand une
municipalité vient nous demander une usine, parce que c'est important,
on a hâte de la faire, on va y revenir, vous avez un cas certainement qui
vous intéresse, quand on joue dans 50 000 000 $ ou 100 000 000 $, cela
répond à une collectivité. Et si on refuse, cela veut dire
que c'est plusieurs municipalités ou une grosse municipalité qui
est privée de ce service qu'on échelonne encore sur plusieurs
années. On ne permet pas, finalement, d'assainir ces eaux, dans une ou
plusieurs municipalités, ou dans une communauté, parce que,
effectivement, ce sont 500 000 000 $ au lieu de 550 000 000 $. Ce sont des
montants importants, je le sais, sauf que n'oublions pas qu'on est dans
l'environnement. On a du retard, il faut essayer de gagner ce retard et II faut
essayer de répondre à toutes les demandes.
Mme Bacon: À l'égard des décisions que j'ai
prises cette année, pour choisir les 118 municipalités, j'ai
voulu concentrer dans des bassins. Si on en prend une dans un bassin, une autre
dans un autre bassin et une autre ailleurs, ce n'est pas facile, on va polluer
ce qu'on dépollue. Je pense qu'il faut y aller par bassin. C'est ce
qu'on a fait cette année. Mais la priorité qu'il faut aussi se
fixer, c'est la qualité des travaux, la qualité des
matériaux qui vont être utilisés, pour qu'ils
répondent à des normes, qu'ils rencontrent la demande qui nous
est faite. On essaie de répondre à ça en même temps.
Je pense que c'est aussi une priorité qu'on doit avoir. Il faut que
ça soit fait avec qualité. Cela ne donne rien de nous donner des
usines d'assainissement des eaux si on n'est pas capable de les faire
fonctionner ou si on n'est pas capable de les garder sans être
obligé de les réparer à mesure qu'on va fonctionner. Je
pense qu'il y a une qualité de travaux, une qualité de
matériaux et c'est important aussi. Il faut que les gens soient capables
de répondre à cela. Quand on passait de 300 000 000 $ à
700 000 000 $, on n'arrivait pas, on n'aurait pas pu, on ne pouvait pas avoir
des travaux et des matériaux de qualité parce qu'on allait trop
vite, et on faisait augmenter les coûts parce que la demande était
trop énorme pour l'assumer. Cela amène des augmentations de
coûts, on l'a vu, j'y reviens encore, de 100 %, 150 % ou 200 %, ce qui
est inacceptable quand on joue avec les fonds publics. C'est quand même
l'argent de la population. Je comprends le besoin sur le plan environnemental,
je ne le nie pas. Mais il faut être capable aussi de garder, tout en
répondant aux besoins sur le plan environnemental, les travaux à
des niveaux normaux et faire, si possible, des économies.
M. Paré: En parlant de montants, en parlant d'argent, on
sait que ça coûte cher, j'en ai un peu parlé ce matin, et
j'y reviens. Quand on parle du programme d'assainissement des eaux, il y avait
un programme où le fédéral contribuait à 16, 66 %,
qui, malheureusement pour nous, a pris fin en 1978. Cela veut dire qu'au moment
où on se préoccupait d'autre chose, on était plus
pogné par les Jeux olympiques, l'Ontario et d'autres profitaient de la
manne fédérale. Quand nous avons décidé que
c'était important et qu'il fallait s'occuper de la qualité de vie
des Québécois, on a mis notre programme, dont on vient de parler,
et dont l'échéance nous amène à 1996, mais
malheureusement le fédéral a décidé qu'il ne payait
pas pour nous. Je ne sais pas ce que vous pensez de cette situation, mais des
démarches ont été effectuées pour essayer de
ramener ça, qu'il y ait une compensation, ou qu'on tienne compte du fait
que si on avait payé pour les autres on devait l'avoir. Quel est votre
point de vue à cet égard? Est-ce que vous avez déjà
entrepris des démarches ou si, pour vous, il n'y a rien à faire?
(17 h 15)
Mme Bacon: Ce sont des démarches qui sont faites par les
ministres des Finances parce ce que, quand il y a une répartition de
l'argent qui nous revient du gouvernement fédéral, ce n'est
jamais terminé. On fera toujours de ces démarches et on aura
toujours des exigences par rapport au gouvernement fédéral.
Il faut penser qu'on a droit nous aussi à notre juste part, c'est
important, mais cela se fait entre ministres des Finances. Notre ministre des
Finances, on le sensibilise nous-mêmes à nos besoins, on le fait.
On l'a fait dans le cadre non
seulement des crédits, mais des budgets, du budget qui s'en
vient. On a essayé de le sensibiliser aux besoins que nous avons, aux
priorités que nous faisons par rapport au budget qu'on voudra voir
adopter par le ministre des Finances. C'est normal qu'il y ait cette
négociation au préalable entre les ministères sectoriels
et le ministre des Finances, et ensuite, le ministre des Finances, en retour,
négocie avec le ministre des Finances du gouvernement
fédéral les possibilités de retour de fonds qui pourraient
nous revenir et qui pourraient être appliqués à un dossier
comme celui de l'assainissement des eaux, et ce sera au ministre des Finances
de le faire.
Je pense qu'il faut aussi développer un climat de relations
fédérales-provinciales qui favorise cette conciliation, cette
concertation et ne pas travailler comme des antagonistes qui se regardent et
qui veulent se faire la guerre. Je pense que ce n'est pas comme ça qu'on
va avoir de l'argent du gouvernement fédéral, et ce n'est pas le
climat, en tout cas, que j'entends développer. Il y a moyen de discuter
avec le gouvernement fédéral et de le faire pour débloquer
les dossiers le plus rapidement possible. Je pense que dans les
négociations qui sont faites, on va essayer d'aller chercher, si on peut
le faire, l'argent nécessaire, pour les débloquer le plus
rapidement possible, et cela se fait entre les deux ministres des Finances.
M. Paré: Là-dessus, je sais qu'on pourrait en
parier à une autre commission, mais je dois vous dire que, quand on ne
demande pas beaucoup on n'obtient pas beaucoup et quand on ne se bat pas, on
n'obtient pas. On en a eu la preuve dans d'autres dossiers.
Mme Bacon: Dans lesquels?
M. Paré: On pourrait vous parler des frégates,
entre autres.
Mme Bacon: Oui, mais on peut aussi dire comment le Parti
québécois, au pouvoir, a bloqué des dossiers parce qu'il
faisait la guerre au gouvernement fédéral. Il a
empêché le Québec d'obtenir des retombées
économiques extraordinaires parce qu'il bloquait des dossiers et qu'il
ne voulait pas avoir l'argent du gouvernement fédéral. Il a
empêché les municipalités d'avoir des subventions du
gouvernement fédéral parce qu'elles n'avaient pas la permission
du Parti québécois. Alors, je pense qu'on peut parler aussi de
ça, ce sont d'autres dossiers dont on pourrait parler.
M. Paré: Facilement et n'importe quand. En vous rappelant
les derniers chiffres, juste au sujet du développement régional,
j'en sais quelque chose, on va en parler avec M. Côté, la semaine
prochaine, Ici même. Quand on pense que l'entente-cadre
fédérale-provinciale sur le déve- loppement
régional, l'entente actuelle par rapport à l'entente
négociée en 1984, est de 350 000 000 $ de moins maintenant que ce
qu'elle était et, par rapport aux autres provinces canadiennes, c'est un
scandale. Quand on dit que le Québec est allé chercher 550 000
000 $ pour le développement régional pour cinq ans, les Maritimes
1 000 000 000 $ et l'Ouest canadien 1 200 000 000 $ pour la même
période, je dois vous dire que j'ai toujours appris que si on veut
obtenir quelque chose, il faut travailler, il faut se battre et que, quand on
ne demande pas, on n'obtient pas, ou que, quand on n'est pas positivement
agressif, on est pénalisé. C'est ma façon de voir et,
revenant là-dessus, j'avais une autre question. Vous savez que, depuis
trois ans, le gouvernement fédéral est sollicité, et par
les provinces et par les municipalités canadiennes, pour un plan
quinquennal d'assainissement des eaux de 5 000 000 000 $. Est-ce que vous
êtes au courant? Est-ce qu'il y a des négociations? Est-ce que
quelque chose se passe là-dedans? Quel est votre point de vue par
rapport à ça?
Mme Bacon: Ce dossier sera discuté par les premiers
ministres à la prochaine conférence des premiers ministres et il
y aura des montants négociables à ce moment-là, mais par
les premiers ministres.
Boues des usines d'épuration
M. Paré: Je pense qu'on a pas mai fait le tour du
programme, sauf qu'on sait ce que ça apporte et je voudrais qu'on aille
là-dessus, toujours dans le volet urbain, la valorisation des boues des
usines d'épuration. On connaît les problèmes, on a
même parlé, dernièrement, d'un problème qui me
touchait de près, entre autres, à Granby, vous savez, les surplus
de boue par rapport à la capacité d'écouler les boues des
usines d'épuration. À ce sujet, vous savez ce qui arrive, on en a
parlé aussi, on essaie de fermer. On a même fermé un grand
nombre de sites d'enfouissement à ciel ouvert pour les remplacer par ce
qu'on appelle les sites régionaux d'enfouissement, sauf qu'ils sont
moins nombreux. Nous sommes reconnus - je ne pense pas que ce soit une gloire,
mais c'est notre contexte qui nous a amenés à être ainsi -
comme l'une des sociétés les plus gaspilleuses au monde. On est
ceux qui jettent le pius de choses. Donc, ce n'est pas long qu'on emplit nos
sites d'enfouissement. En pius, les boues qu'on récupère des
usines d'épuration, il faut leur trouver une place. Il y en a plus que
prévu. On se ramasse maintenant avec le problème de trouver une
utilisation ou une place pour les boues des usines d'épuration. Je sais
qu'au centre régional de l'Outaouais on a finalement trouvé une
technique de valorisation des boues d'épuration. Cela semble concluant.
C'est probablement une avenue, mais en attendant U y a là un centre et
c'est le seul pour le moment. Qu'est-ce qui est envisagé
pour essayer de régler le problème des
municipalités qui sont prises avec des boues d'usines
d'épuration?
Mme Bacon: Je peux vous répondre pour Granby. On peut
peut-être vous donner des informations qui vous intéressent sur
Granby. Avec les représentants de la ville de Granby, on continue la
recherche de sites en vue de la disposition des boues après le 15 mai
1989. Il y a une firme qui a accepté de recevoir ces boues. Les
démarches auprès de la CUM, de la ville de Montréal, de la
carrière Miron et de la ville de Lachenaie seront
complétées afin d'avoir en main des solutions de rechange. On
fait aussi une évaluation pour connaître le volume des boues qui
pourrait être traité, ce qu'on appelle la presse à sabot,
à 30 % de siccité ainsi que l'impact sur le volume de boues
à manipuler lorsque celle-ci sera en opération dans environ huit
mois.
La SQAE, qui assume momentanément les opérations de la
disposition des boues pour le compte de la ville de Granby, devra
procéder dans le meilleur délai au paiement des comptes en
souffrance. C'est le président, M. Babin, qui est ici avec moi, qui va
assumer ces responsabilités. Il y a eu une rencontre le 5 avril, d'un
comité technique, qui a été tenu à Granby. La
compagnie Serrener doit présenter une proposition révisée
d'étude relativement à la disposition finale des boues. Cette
proposition a été présentée au début du mois
d'avril. Il y a une autre rencontre qui sera organisée par M. Robert
Tétreault avec Agropur pour discuter des mesures prévues en ce
qui a trait à l'usine et du respect des conditions du programme
d'assainissement signée en avril 1980 pour l'usine située sur le
boulevard Omer-Deslauriers. Le directeur des services techniques de la ville de
Granby va participer à toutes les discussions étant donné
l'impact des rejets de ces usines sur le système de traitement des eaux.
Il doit y avoir une prochaine conférence téléphonique le
1er mai pour faire le point sur l'avancement du dossier.
On a un "task force" qui travaille actuellement à
l'établissement d'une gestion réaliste des boues des stations.
D'ici un mois, l'UMRCQ, l'UMQ et l'AQTE vont participer à ce "task
force" pour trouver des solutions réalistes. Ces organismes seront
présents pour travailler au dossier et pour trouver des solutions. Ils
ont accepté de le faire. Je pense que c'est important qu'ils soient
présents puisqu'ils représentent quand même les
municipalités du Québec touchées par ce dossier des boues.
On espère faire évoluer rapidement le dossier pour qu'on arrive
à des solutions permanentes et utiles pour l'ensemble des
municipalités du Québec. Plus il va y avoir d'usines, plus on va
avoir des problèmes si on n'arrive pas à trouver une solution
adéquate.
M. Paré: Merci pour l'information.
Mme Bacon: Cela peut vous permettre d'avoir un communiqué
dans votre comté.
M. Paré: Non. Cela va juste m'exempter d'un
téléphone pour me mettre à jour dans les derniers
développements dans le dossier. C'est global, ce problème, c'est
évident.
Mme Bacon: Oui, c'est ce que je dis.
M. Paré: C'est vraiment un problème global, un
problème de société. On ne peut pas en même temps
éliminer les sites d'enfouissement et augmenter le nombre d'usines, donc
augmenter le volume des boues qui en sortent et ne pas les utiliser
finalement.
Mme Bacon: Voyez-vous? Quand vous voulez qu'on aille rapidement
et encore plus rapidement avec les usines d'épuration, si on n'est pas
capable de disposer des boues, on ne sera pas plus avancé. Je pense
qu'il faut regarder tout cela. Auparavant, on livrait des usines sans
vérifier même si elles étaient conformes aux
critères de conception. Maintenant, je pense qu'on a tout de même
un programme. Je vais revenir là-dessus, c'est un programme d'assurance
de qualité qui nous assure que les usines livrées aux
municipalités respectent les normes de rejets escomptés. C'est
important aussi. Il ne s'agit pas de bâtir des usines pour bâtir
des usines. Les boues, c'est un autre dossier dont il faut tenir compte et pour
lequel il faut trouver une solution permanente, non pas des solutions
ponctuelles. On peut régler celui de Granby, mais il y en a d'autres qui
vont nous arriver et qu'il faudra régler.
Quant à l'expérience de la CR, il y a eu un consortium
pour le financement qui a été constitué à titre de
groupe intéressé à la gestion des boues et plus
particulièrement à la valorisation agricole; c'était un
peu le but. Ce consortium va assurer la réalisation des divers volets du
projet afin d'atteindre l'objectif qui avait été établi.
Cet objectif, c'est la meilleure gestion économique possible des boues
des stations d'épuration. Il faut s'assurer que la valorisation profite
à l'agriculture, tout en protégeant l'environnement. Plusieurs
organismes participent à cette expérience. Évidemment, il
y a aussi une participation financière, dont celle du ministère
que je dirige. Le projet de la CRO apparaît important. On le suit de
près, on va le regarder. Il y a encore des étapes à
franchir avant d'en arriver à un programme permanent mais pour nous cela
peut être important.
M. Paré: II est évident que la valorisation des
boues est une avenue probablement à privilégier. C'est une avenue
importante. Mais au moment où on se parle, est-ce qu'on a une
idée du pourcentage des boues traitées des usines
d'épuration qui ont fait l'objet de valorisation?
Mme Bacon: On m'informe qu'il y a à peu près une
quinzaine de municipalités qui valorisent leurs boues. Ce n'est pas
beaucoup quand on regarde l'ensemble des municipalités touchées.
C'est pour cela qu'il faut faire de la recherche, qu'il faut travailler
ensemble. À la CRO, il y a de la recherche; à Granby, il y a de
la recherche et le comité qui est mis sur pied va faire sa recherche. On
va essayer de trouver une solution permanente. On ne peut pas trouver que des
solutions ponctuelles pour ce dossier; c'est important.
M. Paré: Au moment où on se parle, on le sait parce
qu'il y a des exemples. Là aussi, on peut se baser sur ce qui se fait
ailleurs. Dans l'automobile comme dans le reste, ce qu'on essaie de prendre,
c'est le meilleur de ce qui se trouve ailleurs pour l'implanter chez nous. Par
exemple, on sait qu'en 1987, il y a des pays chez qui la valorisation des boues
a pris une place importante. Selon les chiffres que j'ai, ce serait 40 % en
Allemagne, 45 % au Danemark, 33 % en France, 60 % en Suisse, 46 % aux
États-Unis et, plus près de nous, 34 % en Ontario. Est-ce qu'on a
fixé, nous, ici, soit à moyen ou à long terme, un
pourcentage souhaitable de valorisation des boues des usines
d'épuration?
Mme Bacon: Je pense qu'il est important de réaliser ce
dossier avec les agriculteurs; on ne peut pas le faire tout seul non plus. Il
va falloir travailler avec eux. Le MAPAQ est présent dans le dossier
CRO, dans cette expérience qui est faite par CRO. Tantôt, je
pariais de la presse à sabot; c'est une découverte
québécoise installée à Granby qui est
doublée d'un projet de recherche de 1 500 000 $. Si cette
découverte se révélait essentielle au règlement du
dossier, on pourrait même l'exporter. Vous le mentionniez, il y a
plusieurs pays qui sont pris avec cela. C'est un problème universel, ce
n'est pas juste chez nous. On pourrait se servir de cette découverte et
l'exporter dans d'autres pays qui connaissent les mêmes problèmes
que les nôtres en rapport avec la disposition des boues. (17 h 30)
M. Paré: C'est sûr qu'en environnement, je le pense
et on peut se le dire, les pays Qui vont se dépêcher
d'élaborer une expertise pour toutes les facettes de l'environnement,
comme la récupération et le recyclage, risquent d'être ceux
qui vont profiter le plus non seulement de la qualité de
l'environnement, mais du développement économique relié
directement à l'environnement. Peut-être que, dans ce
domaine-là, on peut se souhaiter bonne chance. Si on réussit
à trouver une façon de traiter ces boues-là et qu'en plus
de se la partager on règle nos problèmes et qu'on exporte cette
façon-là, je dois vous dire que les problèmes actuels ne
me font pas peur. À condition qu'on y mette la volonté
nécessaire pour le régler, il n'y a aucun problème qu'il
est impossible de résoudre si on le veut vraiment.
Je vous parlais des boues des usines d'épuration. Vous me dites
que même le MAPAQ va être intéressé là-dedans,
parce qu'il faut penser à l'agriculture.
Mme Bacon: II faut Inclure l'UPA dans notre cheminement. Je pense
qu'on ne peut pas conclure quoi que ce soit dans ce dossier-là sans
inclure les agriculteurs dans notre cheminement. Les agriculteurs nous semblent
attendre les résultats des recherches avant de s'impliquer activement
dans ce dossier-là. Nous aimerions les voir davantage impliqués
dans ce dossier et faire le cheminement avec nous complètement.
M. Paré: C'est finalement une chaîne avec beaucoup
de maillons. Je comprends que tout le monde doit être là mais,
avant d'arriver à l'agriculture, toujours au sujet de l'assainissement
des eaux et du traitement des boues, il y a les villes de contour, les
municipalités de banlieue - je pense que ça serait plus simple
d'utiliser le vrai mot - et les chalets. Vous allez voir où je veux en
venir. Je reviendrai à l'agriculture ensuite.
Oui, on a un grave problème pour traiter les boues des usines
d'épuration dans les villes, les milieux urbains. À
côté de ça, il y a la gestion des boues des fosses
septiques qui n'est pas non plus un petit problème. Selon les chiffres
que j'ai, il y aurait quelque chose comme 440 000 résidences non
branchées à un réseau d'égoût au
Québec et, si on ajoute quelque 200 000 chalets, on se ramasse avec
quelque chose comme 640 000 à 650 000 résidences qui sont
équipées de fosses septiques qu'il faut vider de temps à
autre. Donc, c'est important et il semblerait qu'à peine 20 %, soit un
cinquième du volume de tout ce qui est récupéré
à même les fosses septiques, va dans des sites autorisés.
Le reste s'en va ailleurs. Donc, ça veut dire qu'avec des moyens plus ou
moins conformes cela est réparti entre les sites illégaux, les
fosses, les champs et probablement de temps en temps les cours d'eau.
Est-ce que, au moment où on se parle, on est à
préparer une politique définitive concernant les boues des fosses
septiques?
Mme Bacon: Oui. La réponse est oui.
M. Paré: Est-ce qu'on peut s'attendre à quelque
chose d'assez rapide? Tantôt on prenait le cas de Granby, mais on peut en
prendre d'autres. Il y a des cas vécus problématiques au chapitre
des boues des municipalités. Je dois vous le dire pour en avoir
vécu dans ma région, mais il y a aussi d'autres cas très
problématiques. L'épandage des boues des fosses septiques en
milieu agricole soulève de plus en plus - comment dirais-je ça?
Ce n'est vraiment plus de l'insouciance. C'est plutôt le contraire - de
préoccupations chez les voisins ou les gens qui
demeurent près de ces rangs-là et qui ne trouvent pas
ça très amusant. Qu'est-ce qu'on prévoit faire des boues
des fosses septiques?
Mme Bacon: Dans le dossier des fosses septiques, il y a une
responsabilité municipale et provinciale. On va tenter de travailler
surtout sur le plan régional, avec les MRC par exemple. On en a
parlé avec les MRC. On va travailler surtout avec elles et on
prévoit des usines de traitement qui peuvent recevoir les boues de
fosses septiques, mais sur le plan régional, par région. Je ne
pense pas qu'on puisse en mettre dans chacune des municipalités. Il faut
regarder ce qui peut être fait sur le plan régional, mais tout
ça, tout ce plan de disposition des boues des fosses septiques, en
travaillant avec les MRC. On en a discuté encore au ministère la
semaine dernière, à notre réunion hebdomadaire, pour
trouver la meilleure solution et voir quels en sont les avantages et les
désavantages. Des décisions sont prises et le dossier chemine.
Moi aussi, je suis consciente que c'est important et qu'il faut le
régler, mais on ne peut pas le faire localité par
localité. Je pense qu'il faut le faire sur un plan régional avec
les MRC et c'est ce qu'on est en train de regarder.
M. Paré: Donc une politique va sortir bientôt et
l'orientation qu'on semble lui donner, c'est qu'il y ait...
Mme Bacon: Sur le plan régional. M. Paré: ...sur le
plan régional... Mme Bacon: C'est ça.
M. Paré: ...des usines d'épuration pour les boues
des fosses septiques.
Mme Bacon: II y a plusieurs méthodes. Je pense qu'il n'y a
pas juste des usines. Il y a le lagunage aussi qui peut être
utilisé. Il n'y a pas juste les usines d'épuration. Cela
dépend des coûts de transport, dans quel milieu on est, dans
quelle localité ou région. Alors, il faut adapter la solution aux
régions. C'est pour ça que je dis qu'il faut traiter ce dossier
sur le plan régional et, selon les régions et les besoins, on va
utiliser le traitement des fosses septiques différemment ou selon
différents procédés. On n'est pas obligé d'utiliser
seulement un seul procédé. On est en train de regarder lequel est
le meilleur.
M. Paré: D'accord. De toute façon, je m'en doute.
Quand on parle d'une politique, on ne parle pas d'un programme. Ce sera
à l'intérieur d'une politique qu'il y aura plusieurs programmes.
Cela veut dire que, s'il y avait une politique de traitement des boues il y
aurait probablement à l'intérieur un programme pour les usines
d'assainissement des boues des fosses septiques.
Mme Bacon: Ce ne sont pas toujours juste des usines. Je vous mets
en garde. Ce peut être autre chose qui est utilisé, ce n'est pas
nécessairement une usine. Le lagunage peut être utilisé et
ce n'est pas la même chose. Il peut y avoir différents
procédés. Il y en a trois ou quatre dont on a discuté la
valeur et les possibilités au cours de notre réunion la semaine
dernière. C'est ce qui va être étudié selon les
besoins des régions. Premièrement, pour cela, on ne peut pas
globaliser et, deuxièmement, aller par municipalité. Alors, on
examine la meilleure façon et, pour nous, cela nous semble être
par région. Les besoins ne sont pas les mêmes; ils
diffèrent d'une région à l'autre. Je reviens encore au
coût du transport, à la situation des municipalités et
à tout ça. Alors, on va travailler avec les MRC.
M. Paré: Au moment où on se parie, est-ce qu'il est
envisagé, là où il n'y a pas encore d'usine de traitement
des eaux dans des municipalités moyennes ou assez importantes, de faire
en sorte que les usines prévues soient encore plus importantes, d'avoir
de plus grosses usines pour recevoir les boues des fosses septiques des
municipalités qui ne sont pas reliées à un
réseau.
Mme Bacon: Je pense que, dans tout ce dossier, il faut regarder
les étapes à franchir. Il y a plusieurs étapes. Il faut
d'abord évaluer les besoins, ce qu'on est en train de faire, et il faut
étudier aussi les différents procédés; c'est une
autre chose. Les procédés ne sont pas les mêmes. Comme je
le disais tantôt, on peut en avoir trois ou quatre. Il faut faire un
choix entre les techniques utilisables et les plus efficaces possible selon les
besoins des régions et, après, décider de ce qu'on fait.
C'est le cheminement que je fais. On a abordé ce dossier lors de notre
réunion hebdomadaire la semaine dernière, parce qu'on sent le
besoin de le faire le plus rapidement possible. Le besoin est là et il
faut y répondre.
Je pense qu'avec les MRC ce sera important. On a l'exemple de la CUQ qui
sera équipée pour toutes les boues de la région de
Québec. Cela peut être la même chose ailleurs. La CUQ est un
exemple. Elle va s'occuper de toutes les boues de la région. Si des
ententes peuvent être réalisées entre les
municipalités, on va les faire. C'est pour ça qu'en travaillant
avec les MRC c'est plus facile. En tout cas, cela nous semble plus rapide.
M. Paré: Je comprends que ce n'est pas facile, que c'est
complexe. D'ailleurs, il y aura toujours des exemples sur lesquels se baser et
en profiter. Mais, même si c'est complexe, il y a urgence. Vous dites que
vous l'avez étudié, mais qu'est-ce qu'on peut espérer? Je
ne sais pas si ce sera un dépôt de politique ou tout simplement
des programmes qui seront annoncés, une déci-
sion ou une usine pilote ou quoi que ce soit, mais qu'est-ce qu'on peut
espérer comme déblocage dans ce dossier?
Mme Bacon: On a un mémoire de prêt qui sera soumis
aux différents comités ministériels. On va faire la
tournée des comités ministériels. Cela dépend du
débat qui aura lieu dans les comités. Si les membres des
comités ne font pas exactement le même choix que celui que nous
voulons faire, je pense qu'à ce moment II y aura des discussions. Nous
espérons qu'il y aura une bonne planification qui sera faite et qu'une
action cohérente sera prise par la suite. Mais on en est rendu à
l'étape où le mémoire est prêt. Il nous reste
à nous promener d'un comité à l'autre pour le faire
accepter.
M. Paré: Vous venez de donner l'exemple de la
Communauté urbaine de Québec qui va s'organiser pour
répondre à un territoire assez vaste, qui va se doter d'une usine
pouvant desservir les besoins d'une grande population. Devant cet exemple que
vous nous amenez, je voudrais rappeler un dossier qui traîne aussi et que
vous devez très bien connaître. Il s'agit de celui de l'usine de
la CUM et de Laval. Vous connaissez très bien le dossier, je n'en doute
pas. Étant donné que la ville de Laval veut sa propre usine de
traitement des eaux et que par contre d'autres personnes pensent que ça
devrait être le contraire, la question est de savoir si ça devrait
être plutôt relié à l'usine de la Communauté
urbaine de Montréal.
D'ailleurs, en avril dernier, votre prédécesseur, l'ancien
ministre de l'Environnement, expliquait que les experts du Conseil du
trésor évaluaient le dossier en vue d'apporter une réponse
finale. En juin dernier, le ministre des Affaires municipales émettait
même la possibilité de grossir l'usine de la Communauté
urbaine de Montréal. Donc, et votre prédécesseur et le
ministre des Affaires municipales étaient en faveur du choix de grossir
l'usine de la CUM pour permettre le raccordement souhaité. Dans les
arguments qu'on utilise, je ne sais pas ce que vous en pensez, cela permettrait
de protéger davantage la rivière des Prairies là
où, finalement, il y a rejet à la rivière et, là
où cela continue, on serait plus en sécurité. Il y aurait
moins de danger et la meilleure des solutions, ce serait le raccordement, parce
que, là où il y a déversement par la suite, le fleuve est
plus en mesure de prendre ce qui est rejeté comme tel dans la
nature.
Je ne sais pas où en est rendu ce dossier. Je vous demande
justement où en est votre cheminement dans ce dossier.
Mme Bacon: II chemine toujours.
M. Paré: Vous cheminez toujours. Laval est quand
même une ville très importante, c'est une grosse ville...
Mme Bacon: Aussi importante à mon coeur que Granby au
vôtre.
M. Paré: Importante à votre coeur, importante aussi
pour le Québec parce que c'est de plus en plus une municipalité
comptant un grand nombre de citoyens et de citoyennes. Donc, cela veut dire
qu'Us ne sont pas plus méchants que les autres. Mais plus ils sont
nombreux, plus ces gens ont besoin d'une usine d'assainissement des eaux. Je
sais que ça fait quand même un certain temps. Ce n'est pas un
nouveau dossier et, normalement, il va falloir se décider. La
municipalité l'exige et veut l'avoir, mais en même temps la
communauté urbaine veut savoir si oui ou non elle grossit son usine. Au
moment où on se parle, quel est le cheminement dans ce dossier?
Mme Bacon: Comme je le disais tantôt, il chemine toujours.
Ce n'est pas un dossier où on en est arrivé à une
conclusion et je pense que ce n'est pas l'endroit ici pour faire des annonces.
Quand on aura une annonce à faire, on la fera. Je ne suis pas
prête. Je n'ai pas terminé.
M. Paré: Ce n'est pas cet après-midi que vous allez
émettre un communiqué.
Mme Bacon: Non.
M. Paré: Mais, c'est technique, selon ce qu'on dit un
raccordement serait plus économique?
Mme Bacon: Les gens de Laval vous diraient le contraire.
M. Paré: Je ne parle ni aux gens de Laval, ni aux gens de
Montréal, ni à la députée d'un comté
particulier.
Mme Bacon: Non, non. Je parle des gens de Laval, je ne parle pas
de moi. (17 h 45)
M. Paré: Qu'en disent les spécialistes du
ministère, parce que tout doit être planifié, tout doit
être calculé, vous l'avez dit tantôt? Il faut essayer de
"dégraisser", de "déchromer" et s'assurer que le projet qu'on va
soumettre va être le meilleur et le plus économique. Au moment
où on se parle, depuis le temps que le projet est dans le décor,
que les demandes sont là et que le besoin se fait sentir, on a dû
faire des études. Alors, est-ce qu'on est en mesure de dire lequel des
deux projets, une construction neuve ou le raccordement à la CUM, est le
plus économique?
Mme Bacon: Comme je le disais tantôt, on n'a pas
terminé l'étude de ce dossier. Il faut quand même continuer
l'évaluation qui est en cours et le choix qui sera fait devra être
un
choix éclairé. Vous le comprenez vous-même, on parie
aux gens de la CUM et ils nous disent que c'est le meilleur choix; on parle aux
gens de Laval et ils nous disent que c'est le meilleur choix; chacun avec ses
chiffres, lesquels ne sont pas nécessairement les mêmes. On dort
tenir compte des besoins, on doit tenir compte de la capacité de l'usine
de la CUM, on doit tenir compte de l'évaluation des coûts. Une
fois qu'on aura fait ça, on en arrivera à une décision
éclairée, mais celie-ci n'est pas prise.
M. Paré: Elle n'est pas prise. Par ailleurs, il faut aussi
tenir compte de l'usine actuelle de la Communauté urbaine de
Montréal. La période de rodage de l'usine qui a eu lieu l'an
dernier a révélé qu'il y avait quand même de
nombreux problèmes de fonctionnement. Un de ces problèmes et non
le moindre était le rejet dans le fleuve de 20 à 80 tonnes par
jour de déchets que l'usine était censée traiter. En tout
cas, c'est l'information qu'on a eue, peut-être pas pour toute
l'année, mais au cours de la période de rodage de l'an dernier.
Pendant un certain nombre de jours, on a rejeté de 20 à 80 tonnes
par jour de déchets que l'usine devait traiter. Donc, il y a eu des
problèmes au rodage. Est-ce qu'aujourd'hui on peut connaître le
bilan, savoir comment va l'usine de la Communauté urbaine de
Montréal, comment cela fonctionne, à quel rythme, à quel
pourcentage et s'il y a des problèmes graves ou encore moins graves?
Mme Bacon: II y a eu des problèmes au début, vous
le disiez vous-même, des problèmes de rodage. C'est normal, une
usine d'une telle ampleur a pu avoir certains problèmes de rodage, mais
en ce moment elle fonctionne. Il n'y a pas de problèmes. Les
problèmes ont été réglés, aplanis et elle
fonctionne bien. Il n'y a pas de problèmes.
M. Paré: D'accord. Donc, on pourrait maintenant passer au
programme 2, élément 1. Cela concerne le programme
d'assainissement, volet industriel. Depuis le début du programme
d'assainissement, volet industriel, 2300 entreprises avaient été
jugées polluantes. D'après les chiffres qu'on utilise toujours,
ça semble être le chiffre qui est maintenu: 2300 entreprises
polluantes. Je vais vous énumérer ces chiffres-là pour
vérifier si ce sont les bons ou pour qu'on se situe, parce que je vais
poser des questions à partir de ces chiffres.
En 1986-1987, on pouvait dire qu'il y avait 738 entreprises qui avaient
terminé leurs travaux; 136 étaient à réaliser des
travaux et 171 étaient en période de négociation. Je parie
ici de l'année 1986-1987, selon les chiffres officiels du
ministère. Donc, ça veut dire qu'il restait 1255 entreprises qui
devaient être progressivement approchées, selon les termes qu'on
utilise dans les documents. Cela, c'est pour l'année 1986-1987.
Quand on prend 1987-1988, on dit qu'il y en a 762 qui ont terminé
leurs travaux, que 132 sont à réaliser des travaux et que 164
sont toujours en période de négociation, alors que 1242 doivent
être approchées progressivement.
Quand on regarde les chiffres de cette année, on dit maintenant
qu'il y aurait 825 entreprises qui auraient terminé leurs travaux, que
180 seraient à réaliser les travaux, et 650 sont en
période de négociation et d'étude. J'ai le tableau, c'est
facile. J'espère que vous avez le même tableau, ce sera plus
facile d'en discuter. On dit qu'il en resterait seulement 645 qui devraient
être progressivement approchées ou comme dossiers restant à
initier. Quand je regarde cela, j'essaie de comprendre deux choses. Si on
regarde la première ligne, celle des travaux qui sont terminés,
je trouve qu'il y a une constante. On peut être plus ou moins satisfait
de la progression ou de la vitesse avec laquelle ça va, mais il y a une
constante quand on donne les usines qui auraient terminé leurs travaux:
en 1986-1987, 738, l'année suivante, 762 et l'année suivante,
825. Donc, ça s'additionne lentement et, j'espère,
sûrement. En ce qui concerne les usines qui sont à réaliser
des travaux, on parie, toujours pour les trois mêmes années, de
136, 132 et 180. Là où il y a une chose sur laquelle j'ai une
interrogation, c'est sur celles qui sont en période de
négociation et d'étude. En négociation, il y en avait en
1986-1987, 171, en 1987-1988,164, en 1988-1989, 650.
Mme Bacon: Où avez-vous eu ça? Dans ce
livre-là?
M. Paré: J'ai eu ça, je ne l'ai pas ici, dans le
volume d'informations qu'on nous a remis. Je vais essayer d'être clair si
vous ne retrouvez pas les documents. On retrouve ça dans les documents
là où on parie du volet industriel, du bilan de mise en oeuvre
des usines qui doivent se -conformer au volet industriel du programme
d'assainissement des eaux. Cela se réfère, et mes questions vont
s'y rapporter, de toute façon, au nouveau programme que vous avez en
main où vous dites que priorité doit être accordée
à 642 usines qui doivent dépolluer. C'est le nouveau programme et
il y a un pourcentage sur lequel je reviendrai tantôt.
Mme Bacon: Est-ce que le député parie des
industries qui sont rattachées aux usines d'épuration?
M. Paré: Oui, parce qu'on est toujours dans le programme
d'assainissement des eaux industrielles.
Mme Bacon: Vous restez dans le PAE.
M. Paré: Oui, toujours dans le PAE, volet industriel. Dans
le volet industriel, on s'est entendu, quand on a fait le calcul des trois
années, qu'on maintient qu'il y a 2300 entreprises qui ont des
travaux à effectuer pour être conformes. Ma question, c'est la
différence qu'on retrouve pour celles qui sont en négociation et
en étude en 1988-1989 par rapport aux années
précédentes. En 1986-1987, il y en avait 171 qui étaient
en négociation, en 1987-1988, 164 et en 1988-1989, on se retrouve avec
650. On a fait le tour ce matin. On a regardé le personnel et on a vu
qu'on ne pouvait pas tout faire. Comment se fait-il qu'on ait pu entreprendre
des négociations en 1988-1989 avec autant d'entreprises par rapport aux
années précédentes, vu le fait qu'on n'a pas
augmenté le personnel au cours de l'année 1988-1989 pour
permettre d'entreprendre des négociations avec autant d'entreprises en
même temps?
Mme Bacon: M. le Président, je n'ai pas les chiffres de
l'an dernier. La seule chose que je peux faire est de prendre note de la
question du député et de lui envoyer une réponse
complète par la suite. Je ne peux pas voir la différence entre
les chiffres de l'an dernier et ceux de cette année.
M. Paré: En tout cas, prenez-en avis, d'accord, mais je
vais poursuivre...
Mme Bacon: Pour avoir une réponse globale.
M. Paré:... pour avoir une réponse globale, mais en
même temps pour exprimer mon inquiétude. Peut-être
même juste sur l'exposé de mon inquiétude, vous allez
être en mesure de me répondre.
Je ne pense pas qu'il soit possible qu'on ait ouvert 650 dossiers en
négociation. Mais, est-ce que ça pourrait vouloir dire que, dans
cette colonne, cette année, on a décidé automatiquement
d'inclure les 642 entreprises identifiées comme étant celles du
nouveau programme qui auront un délai de dix ans? Si c'était
ça, cela voudrait dire que les négociations ne sont pas vraiment
entreprises, mais qu'on les comptabilise à cet endroit-là parce
qu'on privilégie celles-ci en matière de négociation pour
les années à venir? Et est-ce que ça voudrait dire qu'on
élimine les 645 restantes, étant donné que ces
entreprises-là n'ont pas été retenues comme les 642 dans
la première phase de dix ans?
Mme Bacon: M. Deschênes, le sous-ministre, va vous
répondre.
M. Deschênes: Je pense qu'il serait plus facile de
comprendre la différence entre les chiffres de l'année
passée par rapport aux 650 auxquelles on se réfère cette
année si vous aviez la donnée de l'an passé. Je crois
qu'il y a une présentation cette année dans laquelle... Lorsqu'on
arrive à 650, c'est qu'on a les dossiers d'assainissement industriel
MENVIQ auxquels on a ajouté les dossiers en négociation via la
com- munauté urbaine, la CUM, parce que c'est la même situation
d'usines branchées a un égout. Les années passées,
on ne donnait que les dossiers MENVIQ et non avec les dossiers CUM.
Vous comprenez? Si on a 200 dossiers au ministère de
l'Environnement et que cette année on ajoute 300 usines d'assainissement
qui sont en négociation via la CUM, il se peut qu'on arrive tout
simplement à une conciliation, mais il faudrait avoir les
données. Je pense que la différence des chiffres que vous mettez
en jeu, c'est que cette année on a mis les dossiers de la CUM
là-dedans parce qu'ils sont de même nature, alors
qu'antérieurement on ne les mettait pas.
Et quant à la deuxième partie, le programme de
réduction des rejets industriels, c'est véritablement un ajout.
Il y avait des usines d'assainissement industrielles qui étaient en
négociation dans le cadre du PAE. Lorsqu'on a défini le programme
de réduction des rejets industriels, on a mis en avant les quelque 600
entreprises, 200 à court terme en montant à 600 à moyen
terme plus les usines qui sont branchées à un système
d'égout et qui doivent être l'objet d'une stratégie
industrielle en quelque sorte. Cela fait au total environ 1300 entreprises.
Mais la question initiale, c'est si les statistiques dont vous disposez
pour l'an passée comportent les dossiers en négociation avec la
CUM, oui ou non. Si c'est non, c'est vraisemblablement l'explication, quitte
à concilier les chiffres avec plus de précision.
M. Paré: Selon votre connaissance du dossier, est-ce que
ce serait possible que les dossiers de la CUM aient une telle importance?
M. Deschênes: Oui, il y a beaucoup de petites usines
à la CUM. Il y a beaucoup d'usines. Ce n'est pas le même type
d'usines. Effectivement, il y a plusieurs centaines d'usines. C'est très
possible.
M. Paré: Quand on parle maintenant... M.
Deschênes: Du moins, à première vue.
M. Paré:... des 642 usines du nouveau programme, vous
dites que c'est un ajout. Est-ce que c'est un ajout par rapport au 2300
entreprises d'abord identifiées comme jugées polluantes?
M. Deschênes: Ce n'est pas un ajout aux 2300. C'est qu'on
donne priorité dans le temps et par l'introduction de certificats
d'assainissement à quelque 600... Les usines les plus susceptibles de
polluer qu'on a identifiées correspondent à quatre secteurs
industriels à court terme, plus deux à moyen terme. Donc, six
secteurs industriels représentent 632 usines. On leur donne
priorité, parce que ce sont des usines d'un type actuellement polluant.
Mais nous ajoutons aussi aux efforts du programme d'assainissement Industriel
toutes les usines qui sont branchées à
des systèmes d'égout. Cela représente 612 usines et
cela s'ajoute.
M. Paré: Vous dites que ça s'ajoute, mais en
même temps elles sont prises à l'intérieur des 2300 comme
étant prioritaires.
M. Deschênes: Oui. Elles sont à l'intérieur
des 2300 polluantes. Mais à l'intérieur des 2300 polluantes, il y
en a de prioritaires. Il y a deux critères de priorité:
premièrement, si c'est une usine particulièrement polluante ou,
deuxièmement, si elle est branchée à un système
d'égout. Si on fait des efforts gouvernementaux vis-à-vis des
eaux usées domestiques, on veut qu'il y ait le même effort sur le
plan industriel. Sans cela, ça serait inutile. Alors, il y a deux
raisons de donner priorité à certaines usines et parfois les deux
raisons jouent pour une même usine. Il peut y avoir une usine
correspondant à un secteur industriel polluant, mais branchée
à un système d'égout. (18 heures)
M. Paré: À la lumière de ce que vous dites,
j'ai l'impression, selon le tableau que j'ai, que, parmi les 650 qu'on dit en
négociation et en étude cette année, les 642 dont on parle
sont incluses. Si on fait le total des terminées, en réalisation,
à l'étude ou qui doivent être progressivement
approchées, il n'en reste que 645. S'il n'en reste que 645, pour arriver
à 2300, cela veut dire certainement qu'on considère maintenant
les 642 comme à l'étude ou en négociation. Je ne pense pas
qu'elles soient en négociation et ce n'est pas pour rien qu'on dit et en
étude. Finalement, on a décidé, étant donné
qu'on les étudie, de les considérer comme si elles étaient
en négociation. Ma crainte, et j'espère qu'elle n'est pas
fondée, est que, si on privilégie celles-là, on ne
néglige pas la négociation avec les 645 restantes.
M. Deschênes: Non, je dois vous dire que les usines
branchées à un système d'égout vont faire l'objet
non seulement de négociation et d'étude comme cela a toujours
été le cas historiquement, mais elles vont faire l'objet de
réglementation. Nous préparons une réglementation,
à la suite de la loi 99, pour des secteurs industriels prioritaires:
pâtes et papiers, mines, métallurgie et chimie, mais aussi pour
les usines qui rejettent dans les systèmes d'égout ou dans les
eaux. Disons que, pour la partie qui est négociation et étude,
parce qu'elle rencontre l'un ou l'autre des critères, soit secteur
industriel prioritaire ou système d'égout, chacune de ces deux
situations sera l'objet de réglementation et non simplement
d'étude et de négociation au cas par cas. Ce n'est pas un
affaiblissement de la protection environnementale dans ces secteurs qui
étaient sous étude, mais au contraire un renforcement.
M. Paré: Si on parlait un peu justement de ce nouveau
programme de réduction des rejets industriels.
M. Deschênes: Pardon? M. Paré: On va parler
un peu de ce pro- gramme, de la réduction des rejets industriels. Ce
nouveau programme de dépollution industrielle a été rendu
public en juin dernier et vise à réduire de 75 % sur une
période de dix ans les rejets des 642 entreprises cibles dont on vient
de traiter. Celles-ci sont responsables à l'heure actuelle de 80 % de la
charge polluante dans les secteurs que vous avez identifiés
tantôt: pâtes et papiers, chimie, pétrole,
métallurgie, mines et revêtement de surface. Finalement, cela
s'articule autour de l'attestation d'assainissement qu'on retrouve et que nous
permet de mettre en application la loi 99 modifiant la Loi sur la
qualité de l'environnement qu'on a adoptée en décembre
dernier. L'attestation d'assainissement est un document légal qui
précisera, pour chacune des entreprises visées, les conditions
imposées quant au rejet dans l'air, dans l'eau, dans et sur le soi.
J'aurais quelques questions à ce sujet. L'attaché de
presse de la ministre révélait à la presse au début
de janvier de cette année que la réglementation pour le programme
de réduction des rejets industriels ne sera pas complété
avant quatre ou cinq mois et que, partant, les industries
bénéficieraient d'un sursis. Est-ce qu'on peut savoir, au moment
où on se parle, quand on prévoit que la réglementation
sera prête pour que ces entreprises commencent effectivement à se
conformer au nouveau programme?
Mme Bacon: La réglementation est à venir. Elle sera
prête au cours des prochaines semaines. L'attestation sera en vigueur
à l'automne. On veut que l'attestation soit en vigueur pour l'automne,
mais la réglementation est à venir au cours des prochaines
semaines. Plus tard, il y aura la réglementation sectorielle. Tout le
secteur industriel est concerné, pâtes et papiers et
compagnie.
M. Paré: Est-ce que, du fait qu'on ait
sélectionné ces 642 et qu'on doive maintenant retarder pour
toutes sortes de raisons la réglementation, c'est un sur six qu'on ne
retarde pas indûment?
Mme Bacon: On ne retarde pas. C'est le programme initial qui est
suivi. Il n'y a pas de retard.
M. Paré: Sur les 642, il y en a 96 seulement, M. le
sous-ministre le disait tantôt, qui s'inscrivent dans le volet à
court terme. Cela veut dire que les attestations vont être
délivrées en 1990 et 1993. Le reste des 642, si on enlève
les 196 à court terme, est de 446 pour le volet à
moyen terme, c'est-à-dire que les attestations vont être
délivrées entre 1992 et 1996. Ne jugez-vous pas que c'est pas mal
long? Demanderez-vous à des entreprises, avec tout ce qu'on a connu
comme déversement et comme problèmes au cours des
dernières semaines, d'attendre l'émission des attestations pour
se conformer par la suite? Entre 1992 et 1996, ce seront 446 entreprises et,
quand je parle de 446 entreprises, je parie de 446 entreprises qui ont
été choisies à cause des secteurs dans lesquels elles se
trouvent. Donc, normalement, il devrait y avoir urgence.
Est-ce qu'on n'est pas en train de dire qu'il n'y a plus d'urgence? Vous
aurez les attestations - on est en 1989 - peut-être dans trois ans,
peut-être dans sept ans et, à ce moment-là, vous vous
conformerez dans les années qui vont suivre. Ne trouvez-vous que c'est
un peu, pas mal, beaucoup lent comme cheminement?
Mme Bacon: Le député de Shefford parlait de sursis.
Il n'y a pas de sursis. Elles n'ont pas plus le droit de polluer qu'elles ne
l'avait avant. Nos lois, nos règlements s'appliquent. Cela s'applique
quand même. Elles n'ont pas plus le droit de polluer. Si on se rappelle,
en décembre dernier, l'Assemblée nationale a adopté la loi
99, qui modifie la Loi sur la qualité de l'environnement, qui
crée le cadre formel du programme en ajoutant une section qui est
relative à l'attestation d'assainissement que devront obtenir les
différents établissements industriels qui seront visés
ultérieurement par un décret gouvernemental. Cette attestation
sera émise pour cinq ans et comportera des normes de rejet à
respecter et les exigences que les entreprises auront à respecter quant
à l'analyse et au suivi périodique de leurs rejets.
Mais I n'y a pas de sursis. Les pollueurs n'ont pas plus le droit de
polluer. Ils doivent appliquer la loi et les règlements qui existent en
ce moment. On n'a pas abandonné ni l'application de la loi ni celle des
règlements qui existent.
M. Paré: Je comprends qu'on n'ait pas abandonné,
sauf qu'on se rend compte que les 642 qu'on a identifiées produisent 80
% de la charge polluante, au moment où on se parle. Donc, ce n'est quand
même pas ce qu'il y a de plus salubre et de plus sécuritaire.
C'est dans les domaines qu'on a identifiés tantôt et qui sont
reconnus, surtout avec le rapport qu'on a reçu du fédéral
dernièrement sur les pâtes et papiers. On a raison d'être
inquiet. On a raison de vouloir faire quelque chose et, à mon avis, de
vouloir le faire le plus rapidement possible. Mais maintenant, on dit qu'avec
la nouvelle loi adoptée en décembre on va aller par attestation
d'assainissement et que cela va être émis. Mais on ne va
l'émettre que quand on aura les règlements. Et,
déjà, on nous dit qu'il y a un retard quant à la
réglementation, parce qu'elle n'est pas prête.
Mme Bacon: Non, elle n'est pas en retard. Toute la
réglementation actuelle s'applique entre-temps. Je pense que c'est
clair: la réglementation actuelle, la loi actuelle s'applique. Il est
interdit de polluer, d'après la loi actuelle, on n'a qu'à
regarder l'article 22 qui Interdit aux pollueurs de polluer. Ce que l'on fait,
c'est pour accélérer et renforcer cette interdiction. On pourra,
à ce moment, émettre justement les attestations et faire accepter
le règlement. Ce dossier a suivi son cours. Il n'y a pas de retard. Il y
a peut-être eu une mauvaise interprétation du dossier à
l'occasion d'un communiqué ou je ne sais pas d'une réponse
à la presse, mais, si je me rappelle bien, je pense que c'était
mon attaché de presse aux Affaires culturelles qui répondait sur
un dossier concernant l'environnement. D'ailleurs, il n'a plus répondu
après cela.
C'est pour ça que j'ai dit que ce dossier n'a pas de retard. Il a
suivi son cours. Les gens qui voudraient polluer seraient quand même
soumis à la loi actuelle et au règlement actuel.
M. Paré: Si on a jugé important qu'il y ait ce
nouveau programme qui a demandé des modifications à la loi, c'est
qu'on considère qu'il faut agir d'une façon particulière.
Habituellement, quand on veut agir face aux gens qui sont les plus susceptibles
de polluer, qui sont reconnus comme les plus grands pollueurs, il y a non
seulement une volonté, mais il y a aussi une espèce
d'empressement qu'on doit retrouver. Je dois vous dire que je trouve
inquiétant qu'on se donne un délai aussi long parce que qu'on
émettra les dernières attestations d'assainissement en 1996 - on
dit qu'on peut aller jusqu'en 1996 - et le temps de s'y conformer, ça
donne le temps de polluer encore passablement.
Mme Bacon: II faut quand même penser qu'il y a des
centaines de substances qu'il faut évaluer, qu'il faut regarder, et
ça ne se fait pas du jour au lendemain. Je pense qu'il faut tenir compte
de ça. Ce qu'on fait en ce moment, c'est justement
d'accélérer et de renforcer ce dossier et cette situation. Il y a
quand même différentes approches qu'on peut utiliser. Il faut
qu'il y ait de la concertation pour évaluer et pour savoir quels sont
les problèmes existants, il faut le faire. Il y a l'approche qui est en
fonction des facteurs économiques, qui est en fonction du
développement économique et qui est en fonction du respect de
l'environnement, c'est Important aussi. Je pense qu'on doit surveiller
l'évolution des travaux et aider les entreprises à atteindre les
objectifs qu'on fixe pour que ces entreprises respectent des normes
environnementales de qualité. C'est Important aussi.
L'assainissement industriel doit être
accéléré dans l'avenir, du fait que l'assainissement
municipal a tout de même atteint un rythme de croisière. Tout
ça est interrelié. Il faut qu'on atteigne ce rythme
accéléré pour le secteur industriel par rapport à
ce qu'on a réussi pour
l'assainissement municipal. Ce dossier suit son cours.
M. Paré: Votre prédécesseur soumettait au
Conseil des ministres, en mars 1988, une option différente qui voulait
qu'au lieu que ce soit 642 entreprises englobant 80 % de la charge polluante,
ce soit plutôt 955 entreprises qui devaient réduire 90 % de la
charge polluante. Pourquoi n'avez-vous pas retenu la première option qui
touchait plus d'entreprises?
Mme Bacon: J'ai l'impression que le député... 90 %,
c'est un chiffre nouveau. Ce ne serait pas 90 % des toxiques existants?
M. Paré: Ce que vous avez retenu pour le nouveau
programme, c'est 642 entreprises qui sont responsables de 80 % de la charge
polluante. L'autre option que votre prédécesseur avait soumise au
Conseil des ministres, c'était que 955 entreprises étaient
responsables de 90 % de la charge polluante.
Mme Bacon: Non, il n'y a pas eu cette option au Conseil des
ministres. Non. Je reviens encore à ce dossier. Quand on veut
évaluer le dossier d'une façon entière, il faut mettre sur
pied des comités techniques multidisciplinaires et il faut faire des
recherches sur les normes, aussi. Quand on dit qu'il y a plus d'une centaine de
substances, il faut les évaluer entièrement et regarder cet
ensemble. Ça prend un comité technique multidisciplinaire et
ça prend beaucoup de recherches pour établir les normes.
M. Paré: Toujours en vertu de ce programme, l'article
31.23 de la loi sur la qualité de l'environnement a été
introduit en décembre dernier par le projet de loi 99: Le titulaire de
l'attestation d'assainissement devra, entre autres - et là, on le
retrouve dans la loi, je vais vous lire ça - respecter les normes;
aviser le ministre de la présence accidentelle d'un contaminant - donc,
on revient encore à l'autosur-veillance - tenir à jour les
registres; fournir les renseignements nécessaires pour
l'évaluation de la conformité des rejets par rapport aux normes
proscrites; informer le ministre de tout événement
entraînant une dérogation aux dispositions de l'attestation. Donc,
on revient beaucoup sur l'autosurveillance encore; je vous ai dit ce que j'en
pensais ce matin et je n'ai pas changé d'idée, au contraire. Mais
étant donné que ce sont quand même des
responsabilités, il faut assurer une certaine surveillance. Quels vont
être les suivis que le ministère va effectuer là-dessus?
Étant donné cette recommandation de charge, de
responsabilité, qu'est-ce qui est prévu pour cette année
dans les crédits qui sont déposés, en termes financiers et
en termes d'inspecteurs pour ce nouveau programme?
Mme Bacon: On va stipuler dans le règlement les gestes qui
devront être posés. Je pense que cela, on va le voir dans le
règlement. Quant au reste de la question du député, il va
y avoir aussi de l'autofinancement de prévu dans le règlement
d'attestation, il y aura des frais qui vont être imputés à
l'entreprise. Cela s'autofinancera après un certain nombre
d'années.
M. Paré: J'aimerais bien qu'on en parle un peu; le
programme comme tel, selon l'évaluation que vous en avez faite, serait
de l'ordre de 2 000 000 000 $. C'est quand même important, les
modifications que les entreprises devront apporter pour être moins
polluantes; donc, en termes de financement, c'est beaucoup. Est-ce qu'une aide
gouvernementale est prévue pour la modernisation des entreprises en
termes de crédits d'impôt ou d'autres façons, ou si on a
l'intention de respecter intégralement ce qu'on appelle le principe de
pollueur-payeur?
Mme Bacon: C'est le principe du pollueur-payeur qui va être
respecté. On a discuté encore récemment de ce
principe-là, à l'occasion de la rencontre
fédérale-provinciale, et nous adhérons à ce
principe du pollueur-payeur. L'Ontario fait la même chose, les
États de la Nouvelle-Angleterre, c'est un principe qui s'étend de
plus en plus, que les gens acceptent et que les gouvernements mettent en
pratique. Les gouvernements acceptent ce genre de principe et le mettent en
exécution parce qu'il faut que le pollueur soit le payeur.
M. Paré: Donc, dans ce cas-ci, on peut s'attendre que ni
par subvention, ni par budget, ni par fiscalité on ne vienne payer une
partie des investissements de modernisation qui seront nécessaires pour
que les entreprises se conforment, contrairement à ce qu'on a vu avec le
cas de Noranda.
Mme Bacon: Non. Si on a à investir, ce sera dans la
recherche en technologie propre, par exemple; on peut le faire, mais on ne fera
pas cela tout seul. Le pollueur devra payer pour dépolluer.
M. Paré: Est-ce que je pourrais demander, M. le
Président, une suspension de quelques minutes?
Le Président (M. Sairrt-Roch): La commission va suspendre
ses travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 18 h 18)
(Reprise à 18 h 24)
Le Président (M. Sairrt-Roch): À l'ordre, s'iI vous
plaft!
La commission reprend maintenant ses travaux. M. le député
de Shefford.
Pollution agricole
M. Paré: Oui, nous pouvons maintenant passer, si vous
n'avez pas d'objection, au programme 2, élément 1 au sujet du
programme d'assainissement des eaux, volet agricole. On en a déjà
parlé tantôt. Vous en avez parlé tantôt. J'ai dit que
j'y reviendrais. Le programme a été rendu public en
février 1988, pour être en vigueur en juillet de la même
année. Ce programme est pour des Investissements totaux de 536 000 000
$, dont 388 000 000 $ venant du gouvernement sur une période de dix ans.
Quand on regarde les chiffres, on s'aperçoit qu'en 1988- 1989, les
paiements de transfert s'établissaient à 9 800 000 $, c'est ce
qui était prévu; pour 1989- 1990, ils sont à 17 700 000 $
selon ce qu'on prévoit, ce qui fait, pour les deux premières
années du programme, 27 500 000 $. À ce rythme, et c'est ma
question: Est-ce que vous avez fait le calcul pour vous apercevoir que
ça ne devient plus un programme décennal, mais plutôt
réparti sur 28 ans? Comment prévoyez-vous répartir
ça si vous voulez qu'on dépense l'argent à un moment
donné, pas tout dans la dernière année, mais maintenant,
au moment où c'est aussi important? Je dois vous dire: Venez faire un
tour chez nous et vous allez voir qu'il y a des critiques assez acerbes
concernant la pollution agricole. Maintenant, on nous dit: Oui, le programme...
Tant mieux, il y a un programme. Je dois vous dire que je le reconnais, on nous
l'annonce à 388 000 000 $ sur dix ans, mais, à la vitesse
où on va pour le dépenser, je me dis: Comment
prévoyez-vous finalement le dépenser pour être sur les dix
années à venir ou si on a décidé de ne pas le
dépenser ou on a décidé d'étirer le temps
nécessaire?
Mme Bacon: 11 faut quand même regarder et, encore une fois,
comparer le comparable. Si on regarde ce qu'on avait devant nous, deux
usines-pilotes, deux possibilités d'usine-pilote avec le programme qu'on
a mis de l'avant, là encore, je pense qu'il y a quand même une
avance dans le dossier. On doit évaluer l'ampleur des défis et ce
qu'on a essayé d'apporter comme remède à ces défis.
Quand on regarde en 1988-1989 les sommes des crédits de transfert qui
sont de 9 000 000 $, il faut ajouter à ces 9 000 000 $ une somme de 12
000 000 $... C'est-à-dire que c'est de 12 000 000 $, on a ici un
transfert de 9 300 000 $, mais l'ensemble du dossier était de 12 000 000
$ parce qu'il y a la partie du MAPAQ, la partie des démonstrations de la
recherche et tout ça fait partie de l'ensemble des 12 000 000 $. On a 9
300 000 $ ici, mais il y a plus que ça qui a été mis dans
le dossier. Cette année, les 17 200 000 $ sont en transfert, mais le
montant global à ce dossier est de 21 000 000 $.
M. Paré: Et vous prévoyez quoi? Aller en augmentant
d'ici à la fin pour arriver, dans dix ans, à 388 000 000 $?
MnM Bacon: Je n'ai pas mes crédits de l'an prochain, mais
on voit l'augmentation d'une année à l'autre. Je pense que
ça va aller en s'accroissant, ça ne peut pas aller en diminuant.
C'est ce qui est prévu au programme.
M. Paré: Oui, mais habituellement, on est fier
d'annoncer...
Mme Bacon: Vous avez vous-même dit, dans le programme
d'assainissement des eaux, de ne pas se fier à sept ans parce que les
premières années, il n'y en avait pas beaucoup. Regardez les
dernières années, regardons cette année, il y a quand
même 21 000 000 $.
M. Paré: Je ne pense pas que le même argument
tienne, premièrement, parce que ce n'est pas de la même ampleur,
deuxièmement, on n'a pas besoin exactement, j'en suis convaincu, de la
même expertise, vous en conviendrez.
Mme Bacon: II y a une décision de 388 000 000 $ sur dix
ans, alors ça se tient, on est capable d'y arriver.
M. Paré: C'est ce que je trouve trop facile, annoncer des
programmes sur une décennie, en sachant...
Mme Bacon: Mais vous avez fait la même chose dans
l'assainissement des eaux, vous aviez annoncé 6 000 000 000 $ en dix
ans, vous êtes tombés dans la même erreur, si vous dites
qu'on a fait une erreur. Vous avez fait la même chose.
M. Paré: Mais, comme je vous le disais, au rythme
où vous allez, la moyenne aurait pu être beaucoup plus
balancée parce que pour l'assainissement des eaux, progressivement, il
fallait s'entendre tout d'abord avec les municipalités, ce qui est
différent. Je reconnaissais ce matin, et je le disais, à ce
moment-là, à part une catastrophe qui est arrivée à
Saint-Gabriel-de-Brandon, pour réveiller les gens, les groupes
écologistes qui avaient sensibilisé, ce n'était pas encore
nécessairement une préoccupation. Donc, convaincre les
municipalités de s'embarquer dans l'épuration, je dois vous dire
qu'embarquer une responsabilité comme ça à une
municipalité, sachant qu'à un moment donné il y aurait une
charge de plus de fonctionnement au cours des années qui vont suivre, ce
n'était pas nécessairement facile. Alors qu'au moment où
l'on se parle, pour les agriculteurs, je dois vous dire que c'est une
préoccupation comme pour tout le monde, parce qu'ils savent que
l'environnement est important autant pour eux que pour les autres, ils sont
sensibilisés à ça. Ils n'aiment pas non plus, j'en suis
convaincu pour avoir parlé à plusieurs, la critique,
autant individuelle que générale, disant que
malheureusement le monde agricole est parmi les pollueurs importants du
Québec. Donc, ils demandaient un programme, soit par leur
fédération ou par l'UPA et elle l'a fait souvent, par l'UPA,
demandant qu'il y ait un programme. Maintenant, on s'aperçoit que
celui-ci ne s'applique pas tel qu'on aurait pu l'espérer. Le milieu
agricole s'attendait à un investissement plus important pour la
première année. Surtout, ce qui arrive, et je vous demande
comment ça peut être possible, c'est que sur le montant de 9 800
000 $ qui apparaît, selon les chiffres que nous sommes capables de voir
dans le livre des crédits, on s'aperçoit que 6 128 000 $ ont
effectivement été dépensés par l'entremise de ce
programme, plus 500 000 $ pour un programme de recherche et
développement, ce qui ferait 6 628 000 $. Est-ce que je me trompe en
disant qu'on a périmé 3 200 000 $ dans ce programme?
Mme Bacon: L'année 1988-1989, il faut penser que c'est une
année de rodage. Étant donné que les subventions ont
été accordées seulement en juillet 1988, on peut dire
qu'on a quand même connu une bonne performance. Quand on regarde la
période de temps, on voit qu'il y a eu une excellente collaboration
entre le ministère, le MAPAQ et l'UPA. Il faut mettre en place de
nouvelles structures, la planification, la formation, la gestion. Aussi, il ne
faut pas oublier que ce sont des subventions qui sont accordées
individuellement, et c'est vrai, contrairement au programme urbain, qui n'est
pas la même chose. Dans le programme urbain, ce n'est pas à chaque
individu qu'on accorde une subvention, alors c'est plus difficile à
gérer quand on donne des subventions sur le pian individuel. Dans les
caractéristiques de ce dossier, on peut dire qu'il y a une
évolution des mentalités et il y a une évolution aussi des
méthodes, des méthodes de production. Il y a des
résistances du milieu qui doivent être gérées de
façon graduelle et, aussi, de façon économique, selon une
vision environnementale. Le secteur agricole constitue un élément
majeur de notre économie, cela, on le sait. On doit l'analyser dans une
perspective beaucoup plus large que sous le strict plan de la pollution. Il ne
faut pas parler de secteur agricole comme d'un pollueur seulement, je pense
qu'il faut l'analyser plus que ça au point de vue économique.
Les fonds de l'État doivent être alloués, et on doit
tenir compte, aussi, de s'assurer de l'efficacité des méthodes
utilisées. La période réelle de construction est quand
même concentrée dans ce dossier de juillet à la fin
octobre. Je ne pense pas qu'on construise durant l'hiver. Alors, cette
période de juillet à octobre est une période
concentrée dans la construction des choses.
M. Paré: Que les agriculteurs ne soient pas des pollueurs,
mais des producteurs, cela, tout le monde le reconnaît. Je dois vous dire
que c'est même dommage qu'il y en ait de moins en moins, au contraire, il
devrait y en avoir de plus en plus, sauf que cela n'empêche pas que, de
par l'exercice de leur profession, il y a de la pollution parce que,
effectivement, il y a des animaux, c'est la nature qui veut que ce soit comme
ça.
Sur votre programme, ce que je trouve désolant, c'est qu'on ait
parlé de 9 800 000 000 $ qu'on devait investir et qu'on nous dise qu'on
en a périmé 3 200 000 000 $. Oui, c'est sur une base
individuelle, mais, à plus forte raison, je dois vous dire, pour ma
part, que j'ai eu des cas dans mon comté de gens qui sont venus me voir,
à partir déjà de l'automne, en me disant: Je suis
accepté, tout est correct, mais l'enveloppe de mon coin, de ma
région est déjà dépensée, attends, on va te
payer au mois d'avril. C'est décevant. Le message que je pouvais passer
aux gens c'est que malheureusement, il n'y en a pas eu autant qu'on aurait
voulu, mais, au moins, c'est bon signe, ça a été
dépensé, ça a été investi, c'est un bon
programme, en tout cas, ça répond à des demandes, mais
vous allez être obligés d'attendre au 1er avril.
Effectivement, j'ai revérifié, il y en a qui commencent
à dire que maintenant, ça se règle dans le coin. S'il y en
a eu plusieurs chez nous, j'imagine que dans tout le Québec, il y en a
eu plusieurs qui n'attendaient que l'autorisation pour avoir l'argent; tout
prêt, tout autorisé, le dossier était complet,
excepté qu'on en a refusé, non pas parce que le budget
était défoncé, mais parce qu'on n'a pas voulu le
dépenser totalement. C'est ça que je trouve incorrect. Je ne
trouve pas ça correct quand on périme des montants sur un
programme où la demande est encore plus grande que les budgets qui sont
déjà votés. Donc, la demande est plus grande, les dossiers
sont acceptés, sont approuvés, et je pourrais vous amener des cas
n'importe quand et plusieurs pour vous montrer à quel point des gens ont
été obligés d'attendre en 1989 sur des projets de 1988
parce qu'on disait qu'il n'y avait déjà plus d'argent. Là,
on apprend qu'il y aurait eu encore 3 200 000 000 $.
Mme Bacon: II y a quand même 349 dossiers qui ont
été réglés. Il y a eu 30 dossiers qui ont connu des
délais. Il y a toujours la période de rodage. Nous sommes aussi
conscients de ça. Mais ces dossiers sont réglés et
signés depuis jeudi dernier. Il n'y a pas de délai. J'ai
rencontré quand même les gens de l'UPA et on a parlé.
Malgré tout ce qu'on peut dire, les agriculteurs sont quand même
heureux du programme. Il ne faut pas oublier que c'est la première fois
au Québec qu'on donnait de l'argent aux agriculteurs pour leur structure
d'entreposage. C'est une première année d'expérience d'un
programme important. La constatation que je fais, c'est que cela nous laisse
présager une bonne poursuite de ce
programme pour l'avenir, c'est important.
Quand on dit qu'il y a seulement 30 dossiers sur 349 qui ont
été réglés, 30 en plus qui accusaient des
délais, ce n'est quand même pas énorme. Le gouvernement va
s'assurer qu'on agisse rapidement, à la suite des demandes qui nous sont
faites, dans tout ce processus de tenter de dépolluer. Il faut prendre
le temps pour s'assurer de la cohérence des actions qu'on pose, mais, en
même temps, il faut s'assurer que les gens reçoivent les montants
auxquels ils ont droit. C'est important, cette mission de communication entre
le ministère, les agriculteurs et l'aide qu'on leur apporte. Je pense
qu'on est en train de préparer une génération de
producteurs qui appliquent des solutions conformes à la qualité
de l'environnement, avec ce programme. C'est un programme important, non
seulement pour maintenant, mais aussi pour l'avenir des producteurs. On peut
peut-être bousculer des gens, à certaines occasions, mais il est
important qu'on explique exactement ce qu'est le programme et qu'on donne aussi
les sommes nécessaires le plus rapidement possible. Encore une fols, les
30 cas qui connaissaient des délais ont été
réglés jeudi dernier.
M. Paré: Deux dernières petites questions sur ce
programme, étant donné que le temps file rapidement. Est-ce qu'on
peut savoir où est rendu aujourd'hui le programme de
démonstration devant servir à la création d'un
réseau de fermes modèles, qu'on retrouvait à
l'intérieur de l'annonce de ce programme?
Et la deuxième question, je vous la pose tout de suite. Dans la
gestion des surplus de fumier, il existe actuellement une usine de traitement
à Saint-EIzéar-de-Beauce. Quelle est votre évaluation de
cette usine, en fonction des résultats obtenus par rapport à ce
qu'on en attendait?
Mme Bacon: Quant à la première question, il y a une
somme de 700 000 $ qui est prise à même notre budget cette
année. Les négociations sont en cours avec le MAPAQ, sur les
modalités d'application. Cela se poursuit normalement.
Si on vient à l'usine expérimentale de
Saint-Elzéar, la qualité des résultats qu'on a obtenus
jusqu'à maintenant nous permet d'envisager, je pense, avec
succès, le fait que le procédé optimisé qui a
été développé à la suite des essais de
1986-1988 et démontré en 1988-1989 peut fonctionner en continu.
Une analyse a été faite de l'étude de Franco-Lavalin, en
mars 1989, sur les décisions qui pourraient être prises à
court terme par le ministère. Ces décisions pourraient être
d'implanter un premier organisme de gestion, de surplus avec une usine
opérationnelle de traitement de lisier de porc selon le
procédé de Saint-Elzéar. L'autre, de doter l'usine pilote
de Saint-Elzéar des équipements pour développer un
système de polissage de l'effluent compatible avec un rejet au cours
d'eau. L'autre, c'est soit d'abandonner complètement l'usine Je pense
qu'il nous reste à prendre des décisions quant à ces
actions à venir. À la suite de l'analyse de l'étude et
dès qu'on aura le rapport final, on prendra les décisions
nécessaires.
Règlement sur les déchets dangereux
M. Paré: Nous allons passer maintenant au programme 2,
élément 2, modifications au règlement sur les
déchets dangereux. Depuis octobre 1985, existe effectivement le
règlement sur les déchets dangereux dont on a beaucoup
parlé depuis un certain temps, non pas nécessairement parce qu'il
n'était pas bon, mais parce qu'il n'était pas appliqué.
Cela concerne le contrôle de la production, du transport et de
l'entreposage des produits toxiques, il semble que le ministère
procède actuellement à une révision du règlement
sur les déchets dangereux et la Direction du contentieux en
révélait dernièrement, du moins, une partie. Est-il exact
que ce projet de modification au règlement sur les déchets
dangereux comporte plusieurs nouvelles exceptions telles celle d'exempter
certains détenteurs de permis et de certificats d'entreposage et de
transport de détenir ces permis, celle d'exempter certaines
activités de recyclage sur le règlement sur les déchets
dangereux, celle d'exempter du règlement sur les déchets
dangereux le transport des déchets dangereux ne dépassant pas 50
kilogrammes? Est-il vrai que le règlement ne s'applique pas à
certaines activités commerciales, à certains effluents de
procédés industriels ou résidus d'incinération? Si
c'est vrai, j'aimerais que vous m'expliquiez comment il peut être
pensable de procéder à de tels allégements, alors que tout
justifie, au contraire, avec ce qu'on connaît depuis un certain nombre de
mois, plutôt un renforcement du règlement et non pas un
allégement comme ce dont on est en train de discuter.
Mme Bacon: Quant à moi, on ne m'a pas encore soumis ces
documents. Vous avez l'air à en savoir plus que moi. On ne m'a pas
soumis ces documents. Il faut que j'en prenne connaissance avant d'y
répondre.
M. Paré: C'est le directeur du contentieux qui en aurait
fait...
Mme Bacon: II y a une discussion à l'intérieur du
ministère, mais ce n'est pas soumis à mon bureau; ce n'est pas
terminé.
M. Paré: C'est public, en tout cas. L'information qu'on a
là. .
Mme Bacon: Ah oui! Mais, quand il y a des fuites, c'est public.
Mais c'est sur un avant-projet; ce n'est pas terminé.
M. Paré: Peut-être, mais, en tout cas, je
vais vous dire que cela m'inquiète.
Mme Bacon: On ne peut pas juger un avant-projet en disant que ce
sera le projet final. Les discussions sont en cours et il peut y avoir des
amendements ou des changements.
M. Paré: Quand le directeur du contentieux se permet
d'annoncer publiquement des choses comme ça ou de discuter de choses
semblables, est-ce que cela ne vous inquiète pas?
Mme Bacon: Oui, cela m'inquiète. Je n'accepte pas
ça.
M. Paré: Cela me fait plaisir de l'entendre parce que
c'est en soi inacceptable de penser ou de lancer le moindre signal, comme on
l'a connu avec la loi 101 ou ailleurs, dès qu'on lance un signal que ce
sera plutôt un allégement qu'un renforcement. Imaginez-vous ce qui
va arriver. On n'a déjà pas assez d'inspecteurs. On a
déjà des déversements de façon quasiment
quotidienne. On se fout des règlements et, maintenant, quelqu'un, et non
le moindre parce qu'il a quand même un poste et un titre reconnu, laisse
entendre des choses comme ça. Je dois vous dire que ça
m'inquiète et je vous demande, non pas d'appliquer ce qui est soumis
là, mais de faire en sorte de renforcer le règlement. Surtout
concernant le règlement actuel, est-ce votre intention de le modifier
pour le renforcer et, entre autres, votre intention pourrait-elle être de
penser à le renforcer en interdisant l'entrée de produits
toxiques venant des États-Unis?
Mme Bacon: Le règlement doit être clair et
applicable et non pas compliqué et inapplicable. On n'est pas là
pour dire aux gens comment contourner un règlement, on est là
pour leur dire comment l'accepter et le respecter. Je pense que c'est la
mission du ministère de l'Environnement et je ne change pas ça.
(18 h 45)
M. Paré: Je reviens à ma question: Avez-vous
l'intention d'examiner la possibilité d'interdire l'entrée de
déchets toxiques venant des États-Unis?
Mme Bacon: C'est un problème d'exportation et
d'importation. Il y a une juridiction fédérale et des
juridictions provinciales. Il y a les deux; il peut y avoir le
fédéral et il peut y avoir le provincial là-dessus.
M. Paré: Vous avez trouvé un moyen d'empêcher
l'entrée au Québec de déchets domestiques venant des
États-Unis. Est-ce que vous êtes prêts à prendre des
mesures pour faire la même chose avec les déchets toxiques?
Mme Bacon: C'est ce qu'on analyse en ce moment. Il y a Stablex
que votre gouvernement a mis sur pied par le biais du ministre Léger.
Stablex ne fonctionnerait pas s'il n'y avait pas des déchets qui
viennent de l'extérieur. Ce ne sont pas les déchets du
Québec qui font vivre Stablex
M. Paré: Est-ce que vous avez fait une étude pour
avancer ce que vous dites là? Ne pensez-vous pas que, si le
règlement était suivi par toutes les entreprises
québécoises, Stablex aurait probablement suffisamment de stock
pour fonctionner?
Mme Bacon: Je n'avancerais pas cela si je n'avais pas les
chiffres au ministère. Il y en a au moins 70 % qui viennent de
l'extérieur.
M. Paré: Est-ce qu'on peut avoir...
Mme Bacon: Si les gens du Québec allaient tous là,
on pourrait la faire vivre sans aller chercher des déchets à
l'extérieur. Il y en a 70 % qui viennent à Stablex de
l'extérieur. Il ne faut quand même pas se cacher les faits, ils
sont là et ils existaient quand vous étiez au pouvoir.
C'était la même chose, il n'y a pas de changement.
M. Paré: Est-ce que Stablex, de par sa capacité, ne
serait pas de taille à prendre tout ce qui est produit au Québec
et doit être éliminé, si le règlement était
observé par l'ensemble des entreprises québécoises?
Mme Bacon: C'est bien évident que si toutes les
entreprises québécoises se rendaient à Stablex avec leurs
déchets, on ferait vivre Stablex par les Québécois. Mais
elles n'y vont pas, elles ne se rendent pas là. On travaille
là-dessus. C'est un but à atteindre. Mais il ne faut pas non plus
se voiler la face devant les faits. Pour donner une rendement à Stablex,
pour que son usine fonctionne, il faut que Stablex importe.
M. Paré: Étant donné que vous dites que vous
avez les chiffres parce que tout est basé sur des études, est-ce
que vous êtes en mesure de nous dire quelle quantité de produits
toxiques entre au Québec et quelle quantité de produits toxiques
sort du Québec?
Mme Bacon: II faudrait que je vérifie cela au
ministère, je n'ai pas cela devant moi en ce moment. Je peux regarder
cela et vous donner l'information. Il faut aussi penser qu'en ce moment il y a
des négociations entre les provinces et le fédéral. Le
fédéral a des juridictions qui permettent une importation ou, en
fait, une circulation. On est en train de négocier avec lui. On regarde
de plus près avec lui ce qui peut être fait. Si nous
empêchons les gens d'entrer et que, par le biais du
fédéral, ils peuvent entrer quand même, cela ne nous avance
pas. Je pense qu'il faut négocier avec le fédéral.
M. Paré: Je ne suis pas contre la négociation dans
des juridictions internationales, sauf qu'on a trouvé un moyen
d'empêcher l'entrée des déchets domestiques au
Québec. Parce qu'on en avait la volonté, on l'a trouvé.
Maintenant, je vous demande si vous avez la même détermination et
la même volonté pour les déchets toxiques. À ce
sujet, vous connaissez certainement - si vous ne les connaissez pas, je vous
invite à en prendre connaissance - la loi albertaine et la loi
ontarienne. D'ailleurs, il y a à peine quelques semaines, l'Ontario
refusait des camions venant des États-Unis parce que les produits
contenus dans ces camions ne répondaient pas aux normes
environnementales de l'Ontario. Une province peut se doter de lois pour
protéger son environnement.
Mme Bacon: Oui, mais on en exporte, nous aussi. On ne fart pas
qu'importer, on exporte. À ce moment-là, est-ce qu'on va
être obligé de garder tous nos BPC et de ne pas les envoyer en
Alberta ni en Angleterre? On exporte à Sarnia, Ontario. Les sols
contaminés, qu'est-ce qu'on fait avec cela? Est-ce qu'on les garde tous
ou si on peut en exporter? SI on peut en exporter, tant mieux. Mais si on ferme
complètement nos frontières, on ne pourra plus en exporter, nous;
les gens vont nous fermer les leurs.
M. Paré: En tout cas, j'espère...
Mme Bacon: Vous n'êtes pas d'accord avec cela?
M. Paré: Là, vous n'êtes pas en mesure de
nous fournir les chiffres. J'espère qu'avant d'accepter des produits
toxiques, on va être en mesure de se baser sur des études.
À un moment donné, il y a des gestes qu'on pose comme
société et qui ont des conséquences terribles. Qu'on ait
dit que l'on n'avait pas 1 700 000 $ à dépenser pour l'usine de
L'Assomption alors que la rivière L'Assomption, on peut presque marcher
dessus, si je veux imager... Mais on va avoir trouvé les 50 000 000 $
pour la catastrophe de Saint-Basile-le-Grand, par exemple. Quand il y a une
obligation, on trouve l'argent. Mon inquiétude... Des catastrophes
écologiques, j'espère qu'il n'y en aura plus jamais. Je trouve
que depuis quelques années, c'est le contraire qui se produit. Il y en a
et il risque d'en avoir plus parce qu'on se promène de plus en plus avec
ces produits-là et parce que ça fera partie de la vie tant et
aussi longtemps qu'on n'aura pas décidé d'éliminer le
maximum.
Mme Bacon: Ils ne se promenaient pas. Ils étaient
là. Ils ne bougeaient pas.
M. Paré: Je sais qu'ils étaient là, sauf
qu'il faut les éliminer, maintenant. Il faut prendre les façons
les plus sécuritaires et de préférence aussi les plus
économiques. Mais à un moment donné, i va falloir regarder
si nous, comme société, sommes prêts à en recevoir
même si ça nous Impose quelques coûts
supplémentaires. Quand je pariais de déchets toxiques des
Américains, j'étais clair. C'est avec les États-Unis qu'on
a présentement des problèmes et c'est avec eux qu'il faut
regarder ça.
Mnu Bacon: Oui, mais je reviens à Stablex. Au
début, sous l'ancien gouvernement, Stablex fonctionnait à 10 % de
sa capacité. Si on dit qu'on est obligé d'en importer pour faire
fonctionner Stablex, on le fait. On importe. Stablex importe. Cela se fait
d'une façon rigoureuse et d'une façon la plus sécuritaire
possible. Je pense qu'il y a des normes et des règlements qu'il faut
respecter pour que cette circulation des déchets toxiques ou dangereux
soit sécuritaire.
M. Paré: Mais on peut s'attendre que vous déposiez
très bientôt les chiffres concernant les entrées et les
sorties de produits toxiques.
Mme Bacon: II n'y a pas de portes à nos frontières.
On peut regarder si on est capable, avec les études qu'on a au
ministère, de vous fournir tous les chiffres. On vous fournira ce qu'on
a. Tous les transports de déchets dangereux sont quand même
connus. Il faut des autorisations. Chaque camion doit être
autorisé. Alors, on peut avoir les autorisations qui ont
été fournies. Je ne pense pas que je puisse fournir autre
chose.
M. Paré: Selon les chiffres disponibles, au Canada - au
moment où on se parle, on doit pouvoir faire le partage - on dit qu'il
sort 40 000 tonnes du Canada mais qu'il en entre 120 000 des États-Unis.
À un moment donné, N va falloir, comme société, se
poser des questions là-dessus.
Mme Bacon: L'Ontario fait beaucoup de commerce avec les
États-Unis. Il y a beaucoup de zones industrielles en Ontario et
ça entre beaucoup plus en Ontario qu'au Québec, à cause de
Sarnia en particulier qui est en Ontario et qui n'est pas au Québec.
J'hésite toujours à faire une démarche dramatique
ou draconienne parce qu'on ne sait jamais quand on sera obligé de se
servir de cette liberté de circulation. On ne serait pas capable
d'envoyer les BPC de Saint-Basile en Alberta si on avait dit: On ferme nos
portes à tout le monde, puis on ne veut rien savoir. On aurait
gardé nos BPC ici sans savoir quoi en faire. Je pense qu'on n'a pas
encore d'incinérateur mobile qui se promène, qu'on n'a pas encore
d'incinérateur fixe et qu'il y a des cimenteries qui ne sont pas tout
à fait prêtes. C'est tout ça. Et les gens
s'énervent. Alors il faut trouver des solutions et souvent, les
solutions, c'est une circulation. Il faut être logique avec
nous-mêmes et avec les autres aussi.
Politique des déchets domestiques
M. Paré: Malheureusement, le temps passe. Je vais aller
tout de suite à un autre dossier. SI on a le temps, on reviendra
à ceux-là et à d'autres sur les déchets toxiques.
Je dois vous dire que j'aurais aimé qu'on ait encore bien du temps, mais
on ne l'a pas. Mais si on a le temps, on reviendra entre autres à
Senneterre et à des sujets comme celui-là.
Mais il y a un sujet que je veux absolument traiter parce qu'il est
important. Je l'amène tout de suite, il s'agit d'une politique
intégrée des déchets domestiques. De plus en plus, les
gens sont sensibilisés et ils sont convaincus qu'on doit aller vers une
cueillette sélective, le tri, la récupération et le
recyclage. On nous a d'ailleurs annoncé une politique là-dessus
qu'on attend toujours et on nous a parlé d'un programme de 100 000 000
$. Lorsque l'annonce a été faite - je pense que c'est en juin
dernier, il y a à peu près un an - on parlait d'un fonds de 100
000 000 $ avec 32 grandes entreprises. Maintenant on parle de plus en plus de
400 entreprises.
Mme Bacon: Oui mais 100 000 000 $, on ne trouve pas ça
à 32 entreprises, on trouve ça à 400.
M. Paré: Oui, mais...
Mme Bacon: II ne faut quand même pas se faire
d'illusions.
M. Paré: Je ne suis pas en train de contester ou
d'évaluer des chiffres, je suis en train de citer seulement des choses.
Donc, un début avec 32. Effectivement, on avait dit qu'on essaierait de
grossir le nombre de participants au fonds de 100 000 000 $. Donc, il y a un
fonds de 100 000 000 $ et il y a une politique intégrée des
déchets domestiques à venir. J'aimerais savoir deux choses pour
commencer: où est rendue cette politique? Quand peut-on s'attendre au
dépôt de cette politique?
Mme Bacon: La discussion se fait dans les comités
ministériels. On a commencé à faire cette discussion, elle
fait la tournée des comités. On va continuer cette tournée
qu'on doit faire quand on a un mémoire qu'on veut faire accepter. C'est
au comité du COMPADR jusqu'à maintenant. Cela comprend sept
programmes d'intervention. Il y a aussi 33 activités
complémentaires, cette politique est très vaste. On parle d'un
programme de sensibilisation, d'un programme d'information, d'éducation,
c'est un volet important. Le programme des connaissances est articulé
autour d'une réglementation de la cueillette des données, le
programme de concertation aussi. Il y a un programme d'assistance technique
auprès des municipalités, de l'industrie de
récupération et de recyclage, des industries
génératrices de déchets, et j'en passe. Il y a un
programme de suM de la réglementation parce que ce n'est pas tout de
mettre la réglementation en marche, y faut la suivre. Et il y a le
programme de financement dont vous parliez tantôt, 9 y a un programme
d'implication gouvernementale. Le gouvernement doit d'abord donner l'exemple de
ce qu'il prêche, principalement par des politiques d'achat, la
récupération de papier fin, en élargissant l'application
à l'ensemble des organismes et des sociétés des secteurs
para et péripublic, dont évidemment les municipalités; et
les effets économiques sur les marchés des produits
récupérés et recyclés seront vraiment très
importants. C'est un ensemble de sept programmes d'intervention qui forme cette
politique de gestion intégrée des déchets.
M. Paré: Je sais que c'est très complexe, que
ça a plusieurs volets. S'occuper des déchets domestiques, ce
n'est pas seulement faire de la récupération, parce qu'il va en
rester qu'on devra envoyer dans les sites d'enfouissement, selon les produits.
Au moment où on se parie, vous dites qu'un des voiets de la politique,
c'est l'aide technique aux municipalités et aux groupes, mais
particulièrement aux municipalités parce que la
récupération, dans la presque totalité des cas, se fait
dans les municipalités. Vous dites que la politique est encore à
l'étude, donc on ne sait pas quand elle va arriver. Mais au moment
où on se parle, une municipalité ou un groupe paramu-nicipal,
entre autres, qui déciderait d'implanter une cueillette sélective
dans sa municipalité, pourrait s'attendre à quelle aide?
Mme Bacon: À ce propos, j'ai rencontré
dernièrement, dans un regroupement de municipalités, des gens qui
veulent mettre en place un programme de récupération et de
recyclage. Il faut qu'ils nous fournissent d'abord un scénario. Tant
qu'on n'a pas le scénario en main, on ne peut pas réagir ou agir
dans ces dossiers-là. C'est la base même; quand ils
préparent ce scénario, il faut qu'ils nous le soumettent, qu'ils
l'envoient au ministère. Ce scénario est analysé. Il y a
une assistance technique qui est apportée aux municipalités. On
soutiendra les municipalités même dans l'élaboration du
scénario d'implantation des programmes parce que, souvent, il y en a qui
ont de ia difficulté à le préparer; aussi, sur le plan du
suivi de la réalisation, on apporte une aide technique. On contribue
aussi à l'évaluation des technologies de valorisation et de
traitement et de faisabilité des projets pour les municipalités
de 100 000 habitants ou moins. On va aussi prêter une assistance au
développement d'une expertise technique, à des expériences
pilotes, par exemple dans le domaine du com-postage, et aussi à la vente
des produits issus d'une technologie de valorisation. On apportera aussi une
assistance à la gestion des déchets domestiques dangereux. Cela
est un programme d'assistance technique du ministère.
M. Paré: Et concernant le fameux fonds de 100 000 000 $,
combien y en a-t-il de ramassé? Au moment où on se parle, est-ce
qu'il y a des groupes ou des municipalités qui peuvent en profiter? (19
heures)
Mme Bacon: II y a 400 industries ou groupes qui ont dit vouloir
contribuer au fonds. C'est évident que pour qu'ils contribuent au fonds,
il faut que nous mettions de l'avant cette politique de gestion
intégrée des déchets. Dès qu'on aura
déposé le document sur la place publique, parce qu'il aura
terminé la tournée des comités, Conseil du trésor
et Conseil des ministres, on mettra en marche la possibilité d'aller
chercher des sommes dans les industries qui ont toutes accepté, en
principe, de contribuer au fonds. C'est évident que les industries vont
attendre que nous déposions notre politique et c'est pour ça
qu'on essaie de faire rapidement pour la déposer maintenant, pour
qu'à l'automne on puisse commencer à recevoir des sommes pour ce
fonds.
Il y a aussi des organismes publics, parapublics et péripublics
qui vont fournir des sommes. Il y en a qui nous ont déjà fait
part des sommes envisagées. Il y a eu des discussions à leur
conseil d'administration et dès qu'on déposera notre politique,
ça va se mettre en branle. Il faut, évidemment, une structure
d'administration de tout ça. Il faudra penser à la mise en
marché. Ça va plus loin que juste dire: On va chercher un fonds.
On regarde le fonds pour ces dossiers-là. On regarde le fonds qui sera
nécessaire pour réduire les amoncellements de pneus hors d'usage.
Pour ça aussi, il faut trouver des sommes. D'un autre côté,
il y a le fonds de récupération qui dort là parce qu'on ne
paie pas les 0, 05 $ à tout le monde. Les gens ne vont pas
réclamer leur 0, 05 $. Alors, ça s'accumule. Il faut savoir ce
qu'il faudra faire avec ça. Je commence à m'interroger quand je
vois des sommes qui dorment et dont on a tant besoin...
On a des discussions avec les gens du fonds de
récupération. Il faudra voir à régler le
problème des pneus inutilisables. Avec ce fonds mixte, il va être
important. Il faut mettre en place une structure administrative qui va
prévoir aussi la mise en marché. Ce n'est pas tout de
récupérer et recycler. Il va aussi falloir mettre en
marché ce qu'on va recycler. C'est très vaste comme champ
d'action. Une fois qu'on dépose notre politique, ça ne
s'arrête pas là.
M. Paré: À vous écouter, Mme la ministre, je
me rends compte d'une chose. On n'est pas toujours d'accord, mais là je
le suis et je le suis surtout en lisant La Presse de samedi dernier:
Cliff annonçait beaucoup de choses, mais la gestion ne suivait pas
toujours. Là, on en a la preuve. On a créé beaucoup
d'espoirs et partout dans les municipalités, dans les groupes, on
disait: II faut même se dépêcher; en signant en 1989 nos
contrats de ramassage avec nos
éboueurs - 1 y en a qui vont le faire durant les mois qui
viennent et d'autres un peu plus tard, presque heureusement pour eux - il faut
être prêts parce que ça va être les premiers qui vont
faire les demandes et qui vont avoir un projet concret qui vont pouvoir sauter
sur la cagnotte de 100 000 000 $ et en avoir une part. La mobilisation a
commencé, l'information s'est mise à être
véhiculée, les gens s'y sont intéressés, ont
formé des comités, et espéraient lancer des projets en
1989 et même maintenant, au printemps, parce qu'on nous l'a
annoncé, l'an passé, comme quelque chose de concret, quelque
chose de faisable maintenant. Ce qu'on apprend aujourd'hui, le 26 avril 1989,
c'est qu'avant d'avoir l'argent, il va falloir commencer par avoir une
structure et savoir quoi faire avec, et c'est vrai.
Mme Bacon: On a des projets là-dessus, des projets de
structure. On ne peut pas commencer à aller chercher des fonds sans
avoir des projets de gestion de ces fonds.
M. Paré: Mais on est une année après
l'annonce et on est toujours avec des projets sans pouvoir aller chercher et
dépenser l'argent. La politique, on l'attend toujours. Le
dépôt de la loi n'est pas pour maintenant, en tout cas ce peut
être à l'automne, mais ça commencera ensuite. En tout cas,
on verra. On n'est pas aussi avancé que le milieu aurait pu le penser.
On est même en retard par rapport aux espoirs de beaucoup de
municipalités et de groupes concernant la cueillette sélective.
Là, on s'en rend compte parce que pour en arriver à une
politique, il faut toujours franchir des étapes de consultations entre
les ministères, les organismes, le COMPADR et toutes les instances et
structures gouvernementales. Le fonds, c'est la même chose. J'avais
justement un papier ici, l'industrie laitière se questionne: De quelle
façon est-ce qu'on consulte nos membres pour aller de l'avant? Elle est
encore, elle aussi, en réflexion pour savoir si elle embarque ou pas.
Donc, on n'est pas aussi avancé qu'on aurait voulu.
Mme Bacon: Comme je l'ai dit tantôt, on ne peut pas aller
chercher des sommes dans les industries sans déposer notre politique. Je
pense que c'est normal. On va la déposer rapidement et on va aller
chercher cet argent. Déjà, la SAQ nous a garanti 500 000 $ comme
fonds de démarrage. Déjà, on a ça. Ces sommes qu'on
aura dans le fonds mixte vont servir à l'achat des bacs, par exemple,
des équipements des centres de tri, pour la publicité, la
sensibilisation, l'Information. On va se servir de ces fonds. Encore une fois,
il faut qu'on dépose la politique et il faut avoir les fonds, et on
essaie. Il faut établir une structure administrative de gestion de ces
fonds. On n'est pas pour avoir des fonds un peu partout et qu'il n'y ait pas
une structure administrative. Je pense que c'est important de
voir ça comme un tout. C'est ma façon de voir les choses.
Il faut penser aussi à la mise en marché. Ce n'est pas tout de
recycler. Il faut qu'on vende. Il faut prévoir aussi des endroits
où ce qui ne sera pas recyclable soit gardé. Il restera toujours
un peu de déchets, je pense bien, qu'on ne pourra pas recycler. Il faut
aussi prévoir ça.
M. Paré: Sur la fameuse politique de gestion
intégrée des déchets, le ministre
délégué à l'Environnement déclarait tout
dernièrement que la cueillette sélective était un
élément majeur de la future politique de gestion des
déchets. À certains endroits, quand on regarde d'autres
déclarations, on dit même que, la politique intégrée
des déchets devient le point déterminant ou la grande
orientation. J'aimerais savoir de la ministre responsable ce que vous allez
privilégier dans une politique de gestion intégrée des
déchets. On se réfère toujours à la direction de
récupération-recyclage. Mais une politique intégrée
des déchets, c'est plus qu'une récupération-recyclage,
c'est plus que ça. Qu'est-ce que vous allez privilégier? Est-ce
que c'est effectivement la récupération-recyclage ou si ça
va plutôt être la réduction de ce qu'on doit
récupérer, donc la réduction de ce qu'on jette et le
réemploi des produits réutilisables? Qu'est-ce qui va être
privilégié à l'intérieur de votre politique?
Mme Bacon: C'est évident qu'il y a un objectif de
réduction. On ne s'en va pas là-dedans sans avoir un objectif de
réduction. Il y a sept volets à notre gestion
intégrée des déchets, je les ai
énumérés tantôt. Quand on pense au volet
éducation, sensibilisation, on veut implanter chez les jeunes une
habitude de récupération. Le volet information est important. Il
y a le programme de connaissances qui est articulé autour d'une
réglementation de la cueillette des données qui est relative
à la gestion des déchets. Il y a un programme de concertation, la
présence d'une structure permanente de concertation; je pense que c'est
aussi un volet très important. Il y a le programme d'assistance
technique que je vous expliquais tantôt. Il y a le programme de suivi de
la réglementation; ce n'est pas tout de réglementer, il faut
assurer ce suivi et ça va nécessiter de compléter le
réseau des lieux d'élimination, d'intensifier aussi le
contrôle des lieux d'élimination et de corriger rapidement des
lieux actuellement non conformes. C'est un volet important. Le programme de
financement, j'en ai discuté tantôt. Cela va créer des
conditions qui sont nécessaires à une opération
respectueuse de l'environnement, des lieux d'élimination. La mise en
place de ce fonds mixte; c'est financé par des contributions volontaires
des industries. Cela constitue, je pense, la pièce majeure du
financement de la politique.
Les industries font le pari avec le gouvernement de réduire,
d'une façon substantielle, les déchets. On pense que d'ici sept
ans, les déchets pourront être éliminés et ce fonds
va soutenir le développement de la récupération par
collecte sélective auprès des résidences et par le tri
aussi, et un conditionnement des ressources secondaires. C'est tout ça
que va être le fonds mixte quant à son financement. Il y a aussi
un programme d'application gouvernementale, c'est un autre volet. Je disais
tantôt que la SAQ nous a promis 500 000 $ comme fonds de
démarrage, ce qui est drôlement important pour commencer ce
fonds.
Les objectifs aussi de cette politique de gestion intégrée
visent, évidemment, une réduction des quantités de
déchets à éliminer, une réduction de 20 % en poids
et de 30 % en volume, d'ici à sept ans. Et, grâce à une
pareille politique, on escompte diminuer ces quantités de 35 % en poids
et de 50 % en volume d'ici à l'an 2000. C'est bien sûr qu'une
action qui a une telle envergure comporte aussi des incidences
budgétaires. Alors, la mise en place de cette politique va exiger une
mise de fonds gouvernementale de 2 600 000 $ au cours des trois
premières années, de 2 000 000 $ au cours des deux années
subséquentes et 1 500 000 $ par la suite.
Alors, il y a des sommes qu'il va falloir investir, nous aussi. On ne
peut pas s'attendre à ce que ce ne soit que l'entreprise privée
qui vienne fournir des fonds. C'est un fonds mixte.
M. Paré: Toujours là-dessus. On dit toujours qu'on
prouve nos intentions par les gestes qu'on pose et, là, il semble qu'il
y ait une priorité ou, en tout cas, un intérêt très
fort, marqué, au sujet d'une politique de recyclage et
récupération, plutôt de gestion intégrée des
déchets domestiques. Et pourtant, quand on regarde les budgets, les
paiements de transferts au programme de récupération et
recyclage, on s'aperçoit qu'après une diminution l'an
passé, II n'y a pas d'augmentation, même pas d'indexation cette
année. Je dois dire qu'on ne manifeste pas beaucoup
d'intérêt là-dedans. Quand on regarde les budgets d'une
façon très froide, on s'aperçoit qu'effectivement le
gouvernement, lui, même s'il demande 100 000 000 $, ne met pas un cent.
Il n'y a pas d'augmentation du budget dans le programme responsable de
l'application de cette politique. Donc, il n'y a rien de prévu pour
cette année. Est-ce qu'on doit en déduire, finalement, que notre
intention, c'est peut-être de déposer une politique à
l'automne ou plus tard, mais qui ne sera pas en vigueur avant le prochain
budget 1990-1991, puisqu'on ne retrouve pas d'argent supplémentaire ou
d'argent au programme dans lequel on pourrait trouver une intention? Il n'y en
a pas, on ne trouve rien.
Mme Bacon: On va commencer par étudier le mémoire,
la politique qu'on dépose. On ne peut pas mettre des sommes si on ne
sait pas ce qu'on va faire. Au fond, il faut faire le cheminement du dossier.
Je viens de vous mentionner des
sommes qui vont être nécessaires, ça on le sait.
Dans son cheminement, le dossier va passer par le Conseil du trésor et
le Conseil des ministres et c'est là qu'on va aller chercher les sommes
nécessaires, suivant le mémoire qui est déposé et
qui va être étudié. Mais il faut attendre qu'il soit
adopté.
M. Paré: Quelques autres questions là-dessus,
très rapidement, pour qu'on puisse étudier d'autres programmes.
La politique s'en vient, nous dit-on, mais il faut faire attention.
Déjà, au départ, comme je le disais tantôt, je suis
l'un de ceux qui sont déçus de l'état de l'avancement du
dossier, sauf que j'aime mieux être déçu maintenant que
plus tard. Donc, autant je suis gagné à la cause de la
récupération, de la gestion intégrée des
déchets, de l'utilisation de tout ce qui est recyclable, en tout cas on
n'a plus le droit de gaspiller les richesses qui sont dans nos sacs verts et on
n'a plus le droit d'avoir des gros sacs verts comme on en a. Comme
société, on est malade avec le comportement qu'on a
présentement. On a été élevé comme
ça, on avait de tout en surabondance et on a gaspillé, on a
jeté, que ce soit l'énergie, que ce soit nos forêts ou
n'importe quoi. On a un comportement inacceptable et, maintenant, il faut
réagir, mais il ne faudrait pas qu'on se ramasse avec un remède
qui ne nous soigne pas et qui empire la situation.
Est-ce qu'on a, au moment où on se parle, suffisamment
d'études? Là, je me rends compte d'une chose: on a fait une
annonce et on n'était pas prêt pour une politique. Maintenant,
quand on va faire la politique, est-ce que vous pouvez m'assurer, au moment
où on se parie, qu'on a suffisamment d'études en main pour
justifier qu'on doive continuer à aller de l'avant dans ce chemin? Et
là, je m'explique. Je ne voudrais pas qu'on ait des problèmes, et
on peut se parier franchement là-dessus. On sait que des villes ont
expérimenté la cueillette sélective. Finalement, les
matières recyclables qu'on va chercher, ça varie entre 10 % et 20
% de l'ensemble du poids des déchets domestiques. Donc, on est loin des
20 % ou même de l'objectif de 35 % pour l'an 2000. (19 h 15)
Même à des endroits qu'on peut citer en exemple - dans la
région de Montréal, ville de Saint-Laurent, dans celle de
Québec ou à Vic-toriaville - on se ramasse avec des pourcentages
de moins de 20 % et on sait que les débouchés ne sont pas faciles
à trouver. Il n'y aurait rien, je pense, de plus navrant ou
blâmable, s'il fallait qu'on commence à faire une cueillette
sélective, qu'on fasse le tri, qu'on occupe du monde, qu'on fasse les
dépenses nécessaires et que, finalement, les gens apprennent que
le camion se ramasse, en fin de compte, dans le même site d'enfouissement
parce qu'on ne réussit pas à écouler le stock. Donc, c'est
une chaîne. Il faut absolument s'assurer que ce qu'on ramasse, ce n'est
pas pour jeter, mais pour réutiliser, récupérer,
retravailler. J'ai une inquiétude là-dessus et j'espère
qu'on a, au moment où on se parie, des études. Si on n'en a pas,
qu'on prévienne les gens qu'on n'a pas d'études ou que les
études nous disent qu'on n'est pas prêt. Cela ne veut pas dire de
négliger l'environnement. Cela veut dire: Mettons toutes nos
énergies présentement sur la réduction, le réemploi
ou toute autre chose qui nous permette d'agir maintenant.
Pour la cueillette sélective, la récupération et le
recyclage, il faut être prêt et, au moment où on se parie,
on n'a pas encore d'usine de désencrage au Québec. J'ai
assisté à des assemblées d'information où l'on
essaie de convaincre les gens que l'environnement, c'est important. Je suis
gagné à ça, ils ont raison, mais il faut trouver la bonne
façon d'utiliser ça. On utilise beaucoup le papier journal comme
un exemple: tant de papier journal, c'est l'équivalent de tant d'arbres;
ça n'a pas de bon sens, à telle vitesse il n'y aura plus de
forêts, et tout le kit. Mais on n'a pas d'usine de désencrage;
donc, est-ce qu'on est capable de le réutiliser? Et il semblerait, au
moment où l'on se parie, que la moitié du papier journal
récupéré, on le subventionne pour l'envoyer à
l'extérieur du Québec, parce qu'on n'est pas capable de le
réutiliser ici. Il faut aussi regarder la vérité en face,
il faut se parier franchement et être bien sûr que, si on y va et
qu'on continue avec cette politique, c'est qu'on a les études qui nous
prouvent qu'on n'arrivera pas sur un mur, en fin de compte, qu'on va être
regagnant au niveau économique et au niveau environnemental. Je ne suis
pas encore tout à fait convaincu qu'on soit prêt a faire
ça, même si je n'abandonnerais pas, moi, cette idée de
récupération-recyclage.
Mais, en attendant, si on n'est pas prêt et qu'on n'a pas les
études, est-ce qu'on est prêt à lancer quand même une
politique, l'orienter - vous disiez qu'il y a sept volets dans la politique qui
s'en vient - informer les gens qu'il faut d'abord aller sur d'autres volets que
celui-là? Si on est prêt, je vais vous dire: Tant mieux, mais je
n'ai pas la preuve, au moment où on se parie, que les usines de papier,
les usines de verre et les usines de plastique au Québec sont en mesure
de recevoir même ce qu'on a présentement et surtout pas si on
avait une politique qui, finalement, viendrait sur une grande échelle et
permettrait à des dizaines et des centaines de municipalités de
se lancer dans la récupération.
Est-ce que, selon nos études, on est prêt? Si on est
prêt, qu'on aille de l'avant et, si on n'est pas prêt, je pense
qu'il faut être franc, il faut être honnête avec la
population et l'aviser de la situation réelle au moment où on se
parie.
Mme Bacon: Ce dossier va quand même s'échelonner sur
sept ans. Ce n'est pas la première année qu'on va tout faire. Je
pense que,
quand on dit qu'il y a sept volets et que c'est intégré,
il faut les sept volets. Mais il y a aussi un volet qui parle d'un programme de
concertation, qui vise la présence d'une structure permanente de
concertation avec tous les Intervenants pour suivre l'évolution de la
politique, et on va chercher à conclure des ententes avec
différents secteurs industriels qui sont des utilisateurs de ressources
secondaires, l'industrie de l'emballage en est une. Il y a les
réductions de certains déchets industriels qui sont non dangereux
et le reste, et le reste, et le reste. Je pense que cela prend une structure
permanente de concertation. Je disais tantôt aussi que pour la gestion de
ces fonds, ça prend aussi une structure permanente et il faut ajouter
à cette structure de gestion une structure de mise en marché. Ce
n'est pas tout de recycler, il va falloir mettre sur le marché ce qu'on
va recycler.
Quant à l'usine de désencrage, il y en a une seule au
Québec, c'est l'usine Cascades à Breakeyville, et elle ne fait
que du papier fin. On a quelques clients possibles en ce moment qui veulent
nous rencontrer, qui nous ont fait connaître leur désir d'avoir
une usine de désencrage, ce qu'on va faire, parce qu'il faut aussi
mettre ça en marche en attendant de voir notre politique
déposée. Alors, on travaille sur toutes ces choses en même
temps et c'est ce qu'on est en train de faire au ministère, essayer de
voir les possibilités d'autres usines de désencrage, on en a
besoin. Une seule, ce n'est pas suffisant et cela ne fait que du papier fin.
Alors, on va continuer. Cela fait partie d'un tout.
M. Paré: Oui, cela fait partie d'un tout. On va toujours
retrouver, à l'intérieur de cela, les lieux d'enfouissement.
Mme Bacon: II y a un programme de suivi de la
réglementation qui sera consacré à modifier le
règlement actuel sur les déchets solides de façon à
redéfinir les règles du jeu en matière de gestion des
déchets. Mais on veut aussi démontrer la fermeté du
ministère de voir ces normes appliquées. Ce sera important, cela
fait partie de ce volet. Ce programme va nécessiter de compléter
le réseau des lieux d'élimination et d'intensifier leur
contrôle. On veut corriger rapidement les lieux qui sont actuellement non
conformes. Comme je le disais tantôt, on pourra se lancer dans tout le
recyclage possible, il restera toujours des déchets non recyclables. Il
faudra trouver des lieux pour en faire l'enfouissement.
M. Paré: Étant donné qu'on le sait, c'est
immanquable, on ne peut pas s'en sortir, cela va toujours prendre des lieux
d'enfouissement des déchets, ou, en tout cas, pour encore bien des
années.
Mme Bacon: Oui, mais, au lieu de les avoir chacun dans sa cour,
on regardera peut-être sur le plan régional. Chaque
municipalité n'est pas obligée d'avoir son lieu d'enfouissement.
À ce moment-Jà, ça va en prendre moins et le volume des
déchets sera moins énorme. Il faudra regarder ce qui peut
être fait, en ayant une vision régionale.
M. Paré: Devant le comportement très
compréhensible des gens par rapport à tout ce qui est
environnemental, l'implantation chez soi, que ce soit d'entrepôts de
matières dangereuses ou de sites d'enfouissement... On a encore un
exemple aujourd'hui dans le journal: Saint-Jean-de-Matha: des citoyens
digèrent mal un dépotoir. On voit à quel point les gens
sont sensibles, inquiets.
Mme Bacon: Un dépotoir, cela se digère mal.
M. Paré: Ha, ha, ha! Les gens réagissent au fait
que, maintenant, on affecte leur environnement et qu'on menace leur
sécurité et leur santé et je trouve cela correct. Le fait
qu'on sait que cela va en prendre encore - on sait comment les gens
réagissent par rapport à cela, ils se sentent impliqués,
concernés et ils ont l'intention de réagir - est-ce que ce ne
serait pas une bonne idée que dans cette politique, en tout cas dans une
politique des lieux de sites d'enfouissement, il y ait des auditions publiques,
étant donné que cela concerne les gens, qu'ils veulent être
consultés et qu'il va devoir y en avoir quelque part? La consultation ne
nuit pas. Au contraire, cela permet d'expliquer, de s'entendre, de comprendre
des choses et même de les accepter, pour autant que c'est clair, connu et
non pas imposé. Est-ce qu'il peut être envisageable
qu'effectivement, pas nécessairement avec le président actuel, on
ait des auditions publiques concernant les lieux d'enfouissement
sanitaires?
Mme Bacon: À l'article 22, il faut que les gens se
conforment à ces exigences et directives du ministère. Il y a
quand même des exigences. Je dois dire aussi que si on envisage cette
situation sur un plan régional, cela sera différent de dire: II
faut que chaque municipalité ait son site d'enfouissement. Ce n'est pas
la même chose. Il faudrait faire des choix. Il y en aura moins qu'il y en
a maintenant. Cela dérangera moins les gens.
Quant à Saint-Jean-de-Matha, c'est quand même un site qui
est visité régulièrement par le ministère.
L'article 52 du règlement sur les déchets solides prévoit
que l'exploitant peut recevoir des déchets en dehors des heures
d'ouverture s'il y a présence d'un préposé. Les heures
affichées présentement sont du lundi au vendredi, de 6 h 00
à 20 h 30 et le samedi avant-midi. La première série de
trois lagunes a suffi aux besoins jusqu'à présent. Il y a une
deuxième série de lagunes qui fera l'objet d'une
demande de modifications au certificat d'autorisation pour construction
prochaine. Les guides de bonne pratique recommandent la "clôturation". Ce
n'est pas un règlement, il y a des guides pour ça, mais il y a
des guides de bonne pratique qui la recommandent. La surélévation
du site ne dépasse pas les quatre mètres par rapport au profil
d'environnement tel que prescrit par la loi. C'est le dossier de
Saint-Jean-de-Matha. Je pense, encore une fois, que si on regardait avec les
municipalités... J'en ai discuté lorsque j'ai rencontré
l'Union des municipalités du Québec, soit d'avoir cet objectif
régional au lieu d'un objectif local pour chacune des
municipalités. Cela a semblé intéresser les gens de
l'Union des municipalités du Québec, soit de discuter de cet
objectif à atteindre au niveau régional. On va continuer à
travailler avec ces gens.
Déchets biomédicaux
M. Paré: Malheureusement, il n'y a plus grand temps, on va
devoir faire ça vite et ne pas intervenir à nouveau sur ce
dossier. J'ai une autre question à vous poser, toujours dans le
même secteur, mais plus spécifique. Je vous disais que
l'environnement, c'est quotidien et que les gens... Contrairement à ce
que vous avez dit aujourd'hui, je n'essaie pas d'apeurer les gens, j'essaie de
les rassurer en montrant qu'on s'occupe de la situation, qu'on est conscient
des dangers qui nous menacent et qu'on a l'intention d'intervenir.
Mme Bacon: On le fait, nous aussi.
M. Paré: Sauf que je n'écris pas les journaux et
que je ne fais pas la réalité, je la subis, comme bien des gens,
quand ce qui se passe n'est pas très plaisant. Dans La Presse
d'aujourd'hui, encore: Les hôpitaux du Québec jettent des
tonnes de déchets biomédicaux presque sans contrôle. Je
dois dire que j'ai vérifié. J'avais un petit paquet de
matières dangereuses - en tout cas, ça ne me faisait pas peur -
à envoyer de Granby à Montréal et on me disait: II y a
juste une façon; ne jette jamais ça parce que si tu jettes
ça, tu vas voir ce qui va t'arriver; il faut que tu fasses venir un
camion de l'Université McGill qui va venir le chercher; c'est le seul
qui est autorisé à transporter ça; tu te ramasses avec une
affaire comme ça dans ta cour et tu es poigne avec. J'ai essayé
de faire le tour d'autres organismes en sachant ce qu'ifs faisaient et,
finalement, il ne faut pas le dire parce que ça se ramasse dans la
nature. Cela se passe partout comme ça, sans contrôle.
J'espère que ce n'est pas une politique, que ce n'est pas une
étude et que ce n'est pas rendu au COMPADR. À court terme,
qu'est-ce qu'on va faire, pour des institutions qui relèvent de la
responsabilité du gouvernement avec les déchets
biomédicaux qui sortent de nos hôpitaux?
Mme Bacon: II y a eu des discussions au ministère de la
Santé et des Services sociaux et du ministère de l'Environnement.
Au réseau de la santé et des services sociaux, il y a une grande
sensibilisation qui a été exercée au cours des
récentes années et qui a quand même entraîné
des améliorations significatives dans la gestion de ces déchets.
Cela fait plus d'un an que le ministère de l'Environnement travaille, en
collaboration avec le ministère de la Santé et des Services
sociaux, à l'élaboration de la politique de gestion des
déchets biomédicaux. Au cours des récents mois, il y a
plus d'une cinquantaine d'organismes qui ont été consultés
pour la formulation de cette politique. En février dernier, il y a une
première ébauche de politique de gestion des déchets
biomédicaux qui a été réalisée et on
prévoit, en mai ou juin, qu'on pourra rendre publique cette politique.
Elle contiendra aussi un guide de gestion et un nouveau règlement qui
traite de l'entreposage, du transport et de l'élimination. Cela se fera
en mai ou juin. Mais ça fait un an qu'on travaille sur ce dossier. Ce
sont des dossiers qui prennent quand même du temps. Il faut se donner le
temps de préparer ces dossiers. Cela a été fait quand
même à l'écoute des organismes. Tout le milieu a
été consulté.
M. Paré: Est-ce qu'il ne serait pas plus simple et plus
rapide tout simplement de subordonner ces déchets au règlement
sur les déchets dangereux?
Mme Bacon: Cela serait plus compliqué. Cela ne se
gère pas de la même façon. On aurait compliqué les
choses si on les avait inclus dans l'autre dossier. Il faut faire une politique
que pour les déchets biomédicaux. Ensuite, il faut tenir compte
du ministère de la Santé et des Services sociaux.
M. Paré: En concluant...
Le Président (M. Saint-Roch): Brièvement, M. le
député de Shefford.
M. Paré: Ce sera très rapide. Ce ne sera pas une
question, c'est juste une demande. Dans les demandes qu'on avait faites de
documents à nous envoyer, il manque certaines informations. Je pourrais
les déposer, mais je voudrais dire quand même ce qui nous manque
comme information. En ce qui concerne la suite sous-ministérielle,
salaires et classification au 1er avril 1986, 1987, 1988 et 1989.
Deuxièmement, pour le personnel politique, salaires pour 1986, 1987 et
1988; classification 1986, 1987, 1988 et 1989. Troisièmement, contrats
à même le budget discrétionnaire pour 1986-1987 et
1987-1988. Quatrièmement, les effectifs, noms et salaires, la masse
salariale, qui ne soient pas assignés aux postes réels pour les
années 1985-1986 à 1988-1989.
Mme Bacon: Ce sont des demandes additionnelles que vous avez
faites?
M. Paré: Ce sont des demandes qu'ont avait faites, mais
auxquelles on n'a pas eu réponse.
Mme Bacon: Oui, initialement? On va regarder et on va vous les
envoyer.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, Mme la
ministre et M. le député de Shefford. Vu que, demain, nous aurons
seulement une heure et que nous aurons M. le ministre
délégué, est-ce que le programme 3, Organismes-conseils,
est adopté?
Mme Bacon: Est-ce qu'on adopte tous les programmes, M. le
Président?
Le Président (M. Saint-Roch): Non, malheureusement, Mme la
ministre, pour répondre à votre interrogation. Demain, avec M. le
ministre délégué, nous aurons à revenir sur les
programmes 1 et 2 qui seront adoptés à la fin de l'heure. Nous
pouvons adopter, ce soir, le programme 3. Est-ce que le programme 3 est
adopté, M. le député de Shefford?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Avant de
clore nos débats, j'attire l'attention des membres de la commission que
nous avons un changement à l'horaire. Demain, la commission se
réunira de 10 heures à 11 heures, à la salle 101.
Mme Bacon: M. le Président, je suis un peu frustrée
de ne pas avoir énoncé le mot de la fin, mais je vais en envoyer
une copie au député de
Shefford.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, Mme la
ministre.
Mme Bacon: II me lira au lieu de m'entendre.
Le Président (M. Saint-Roch): Sur ce, la commission
ajourne ses travaux à 10 heures, demain matin.
(Fin de la séance à 19 h 32)