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(Dix heures six minutes)
Le Président (M. Saint-Roch): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend maintenant ses travaux
pour poursuivre l'étude des crédits budgétaires du
ministère de l'Environnement pour l'année financière
1989-1990. Est-ce que nous avons des remplaçants ce matin, M. le
secrétaire?
Le Secrétaire: Non, M. le Président, nous n'avons pas de
remplaçant.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Laviolette.
M. Jolivet: Est-ce que je suis sur la liste? D'accord.
Le Président (M. Saint-Roch): En remplacement de qui?
Le Secrétaire: M. Charbonneau (Verchères) est
remplacé par M. Jolivet (Laviolette).
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
secrétaire. Sur ce, M. le ministre, est-ce qu'il y a des remarques
préliminaires?
Remarques préliminaires M. Gaston Blackburn
M. Blackburn: M. le Président, c'est avec plaisir que
j'ai, pour la première fois ce matin l'occasion de défendre des
crédits. Je suis très honoré et en même temps
très heureux de cette première participation à une
commission parlementaire. Je pense que les membres de la commission qui sont
autour de la table étaient présents hier, mais je voudrais
profiter de l'occasion, ce matin, pour présenter M. Michel Damphousse,
le directeur de mon cabinet qui n'était pas présent hier à
la défense des crédits de Mme Bacon. Michel est le directeur de
mon cabinet depuis quelques semaines.
L'examen des dossiers qui m'ont été confiés m'a
clairement démontré que l'eau est sans doute la richesse
naturelle la plus omniprésente au Québec, une richesse
génératrice de bien des activités pour les
Québécois et les Québécoises. Premier dossier en
importance, celui de l'eau potable. Au cours des derniers mois, le
ministère de l'Environnement a procédé à la
compilation des données pour la production d'un premier bilan de la
qualité de l'eau potable au Québec, bilan qui permet
déjà de reconnaître que la majorité de la population
a accès à une eau de bonne qualité. Il met
également en évidence une déficience du contrôle de
la part de ceux qui assument la responsabilité de distribuer l'eau
potable dans les municipalités ayant une population inférieure
à 5000 habitants.
En effet, certaines dispositions du règlement actuel rendent
difficile l'appréciation de la qualité de l'eau distribuée
dans ces municipalités. J'aurai d'ailleurs l'occasion de publier ce
bilan au cours des prochaines semaines. Bien sûr, cela se veut dans
l'état de la transparence que le gouvernement du Québec veut
continuer d'avoir au chapitre de l'ensemble de ses politiques. Dans cette
foulée, j'examinerai les modifications réglementaires et
administratives à apporter en vue de présenter très
prochainement des recommandations au Conseil des ministres. Ce projet de
modification du règlement sur l'eau potable est présentement en
discussion avec le ministère des Affaires municipales qui doit en
évaluer les implications financières pour les
municipalités. En prolongement du souci d'assurer aux
Québécois et aux Québécoises une qualité
bactériologique optimale de leur eau de consommation, le
ministère intervient dans le domaine de l'eau de baignade. À
compter de juin, il mettra sur pied la troisième édition annuelle
de l'opération environnement-plage. Ce programme
d'échantillonnage, d'analyse et de cotation des eaux des plages
publiques du Québec devrait toucher, en 1989, plus de 600 plages.
À cet égard, je suis particulièrement heureux de
constater que l'information livrée par cette opération
saisonnière a suscité, depuis son instauration en 1987, un
intérêt médiatique et populaire sans cesse croissant, et la
satisfaction manifeste des divers exploitants et des baigneurs eux-mêmes.
L'utilisation optimale de la ressource eau et la jouissance des nombreux usages
qu'on en fait sont toutefois tributaires d'une gestion rationnelle. Par
exemple, avec l'exploitation de plus de 200 barrages et digues, le
ministère est un acteur de premier plan dans la satisfaction des besoins
récréotouristiques des pêcheurs et des riverains, et la
réalisation d'une multitude d'activités environnementales.
Ainsi, par le contrôle des crues et le soutien des étiages,
les ouvrages hydrauliques protègent la population et améliorent
leur qualité de vie tout en favorisant la villégiature et
l'alimentation en eau. Les barrages procurent également des conditions
propices à la faune et à son habitat, favorisent la production
hydroélectrique, permettent la navigation et le flottage du bois. De
plus, ils assurent une qualité acceptable des cours d'eau, malgré
les rejets inévitables de certaines activités Industrielles,
agricoles ou autres tout au long de leur parcours. La présence de ces
ouvrages est essentielle au développement socio-économique de
plusieurs régions du Québec et leur exploitation constitue une
priorité pour le gouvernement du Québec. Le ministère
s'assure de leur bon état, de leur "opérabilité", de
leur
sécurité et en assume entièrement la gestion. De
par son mandat, c'est le ministère de l'Environnement qui est le mieux
placé pour juger si ces ouvrages remplissent bien leurs fins.
Cela m'incite d'ailleurs à souligner l'importance d'une
activité de qualité réalisée discrètement,
mais qui a un impact très important sur l'économie du
Québec et le mieux-être de la population. L'exploitation du
réseau de connaissances hydrométriques est une activité
bien sûr routinière mais aussi combien importante. Elle consiste
à maintenir des stations de mesure des niveaux d'eau des rivières
afin d'en enregistrer le débit. C'est là une activité
essentielle à la gestion éclairée de la ressource eau. Il
faut être au courant de la qualité de l'eau disponible avant de
décider de son utilisation. L'état actuel des réserves
d'eau dans les réservoirs, dont faisait état la presse
dernièrement illustre bien - bien sûr, c'est dans le secteur du
nord - la nécessité de connaître le régime hydrique
des rivières sur de longues périodes, si on veut en faire une
utilisation rationnelle. La protection contre les crues et les étlages,
la production hydroélectrique et les activités riveraines de
toutes sortes sont tributaires de cette connaissance. Dans cette optique, plus
de 300 stations de mesure sont actuellement réparties sur le territoire
québécois et exploitées par le ministère.
Selon un autre de ses mandats, le ministère réalise, en
collaboration avec le gouvernement du Canada, un programme de cartographie des
zones inondables. Ce programme aura couvert l'essentiel des zones inondables
d'Ici 1992 et est payé à part égale avec notre partenaire
fédéral. C'est aussi un outil essentiel, bien sûr, pour les
MRC, les municipalités et pour les gouvernements de tout niveau. La
cartographie de ce territoire aide les municipalités et les MRC à
en planifier l'aménagement et l'utilisation tout en protégeant le
milieu éminemment fragile que sont les plaines inondables. Dans ce
contexte, l'exercice financier 1989-1990 consacrera l'application de la
politique de protection du littoral, des rives et des plaines inondables. De
plus, les discussions entreprises avec le ministère des Affaires
municipales auront permis d'éclaircir certains points. Pour faciliter la
mise en oeuvre des diverses actions nécessaires à la protection
du milieu hydrique, nous envisageons également la modification du
règlement relatif à l'administration de la Loi sur la
qualité de l'environnement.
Enfin, il faut souligner que l'encadrement naturel des lacs subit de
plus en plus de pressions de promoteurs qui veulent, en milieu de
villégiature, procéder à des développements
domiciliaires selon des nonnes utilisées habituellement en milieu
urbain. Le maintien de l'équilibre écologique et de la
qualité de l'environnement commande que nous clarifiions la position du
ministère sur cette question. Voilà pourquoi un projet de
politique déjà fort avancé fera l'objet, au cours des
prochains mois, d'une consultation interministérielle et externe.
Pour terminer, M. le Président, afin de conserver
l'intégrité du milieu hydrique, nous nous devons de demeurer
vigilants. Les nombreuses menaces auxquelles ce milieu si fragile dort faire
face justifient des actions énergiques. En conséquence,
j'entends, pendant mon mandat à titre de ministre
délégué à l'Environnement, consacrer toutes les
énergies possibles à la protection de cette magnifique richesse
naturelle qu'est l'eau. Je voudrais en profiter pour mettre en relief
l'importance de l'eau au Québec comme richesse naturelle et comme
élément essentiel au développement, qu'il nous faut
protéger à tout prix.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le ministre.
M. le député de Shef- ford est-ce que vous avez des remarques
préliminaires?
M. Paré: Non, je suis prêt à procéder
immédiatement étant donné que les remarques
préliminaires ont été faites hier. Dès qu'on parle
d'environnement, c'est évident que l'eau est un point majeur essentiel
à la survie et à la qualité de vie. Donc, je
préfère qu'on aille tout de suite à des questions
précises étant donné le peu de temps qu'il nous reste.
Comité-conseil de l'eau potable
Le Président (M. Saint-Roch): Je vais reconnaître M.
le député de Shefford.
M. Paré: Oui, très rapidement. Je voudrais
commencer par le comité-conseil de l'eau potable dont le ministre
délégué a annoncé la mise sur pied le 9 mars
dernier et qui regroupe le ministère de l'Environnement, le
ministère de la Santé et des Services sociaux et le
ministère des Affaires municipales. Ce comité est en oeuvre, on
le sait, mais je voudrais savoir pour quelle raison on a décidé
de créer un comité-conseil spécial concernant l'eau
potable plutôt que de confier ça à un organisme
déjà reconnu qui a fait ses preuves et qui est en place, soit le
Conseil de la conservation et de l'environnement?
M. Blackburn: À mon sens, le ministère a voulu
pleinement continuer dans le sens de ses responsabilités et les assumer.
Je pense que c'est essentiel qu'il reste près de ce
comité-conseil, non seulement pour faire l'état du bilan de la
situation de l'eau potable au Québec, mais aussi pour faire le suivi
afin que les règlements et les lois qui régiront la gestion de
l'eau potable soient de mieux en mieux appliqués. Alors c'est dans ce
sens-là, je pense bien, que la mise en place de ce comité est
absolument essentielle.
M. Paré: Je comprends que le ministre veuille sensibiliser
ses autres collègues à la question de la qualité de l'eau
sauf que le
Conseil de la conservation et de l'environnement est déjà
une instance reconnue qui a fait ses preuves. Ne pensez-vous pas que c'est
l'instance la plus préparée et la mieux habilitée,
finalement, à amener un rapport sur la qualité de l'eau potable,
vu que c'est son rôle, alors que, lorsqu'on forme un autre comité,
on sait ce que c'est avec d'autres ministères, d'autres
préoccupations? Donc, à ce moment-là, est-ce qu'on ne fait
pas juste reporter ou étirer le temps, alors qu'on pourrait être
plus efficaces et plus rapides en le confiant à des organismes
déjà mandatés et impliqués directement dans le
sujet qui nous concerne?
M. Blackburn: Je dois vous rappeler que ce comité est
formé, bien sûr, d'experts en santé. Le comité aura
à faire le partage au ministère des Affaires municipales pour que
les municipalités gèrent aussi l'eau potable. Les experts auront
j la responsabilité de conseiller le ministère dans ( le domaine
de la santé.
M. Paré: Quels sont les mandats précis et les
premiers sujets de préoccupation et de réflexion de ce
comité et quel échéancier lui a-t-on donné pour
produire un rapport?
M. Blackburn: Je m'excuse. Voulez-vous répéter la
question, s'il vous plaît?
M. Paré: Quels sont les premières
préoccupations et les premiers mandats du comité-conseil
formé des trois ministères que vous venez de nommer? Sur quel
sujet leur demandez-vous de produire un rapport le plus rapidement possible et
avec quel échéancier?
M. Blackburn: Je vais vous fournir dans quelques minutes les
responsabilités qu'auront les participants à ce comité de
façon claire. Le respect des règlements est...
M. Deschênes (Jean-Claude): Étant donné que
ce comité est composé de l'instance santé et de l'instance
environnementale, ceia vise à assurer l'information en ce qui concerne
la santé et aussi le respect de la réglementation par les
municipalités. Il implique les municipalités parce qu'elles sont
responsables de gérer l'eau potable, il implique la Santé parce
que cela a un impact sur la santé et il implique l'Environnement parce
que la réglementation est supervisée par l'Environnement. Il y a
donc une volonté d'assurer un meilleur suivi de la réglementation
par les municipalités. Pour ça, il faut que les gens se parient.
C'est pour cela que plutôt que d'avoir un conseil, ce sont les
ministères qui participent, parce que les ministères ont une
autorité sur les instances en question, que ce soit le MAM, le
ministère de la Santé et des Services sociaux ou le
ministère de l'Environnement. Un conseil n'aurait pas un tel effet.
Parmi les questions immédiates, il y a, en particulier, ia
problématique des trihalométhanes qui a été
soulevée pour laquelle 11 y a des normes variées, en Europe, aux
États-Unis et au Canada. C'est un sujet sur lequel il faut que des
experts se penchent de façon que les experts de la santé et les
experts de l'environnement joints aux gestionnaires du ministère de la
Santé et des Services sociaux, du ministère de l'Environnement et
du ministère des Affaires municipales assurent un meilleur suivi de ia
réglementation, une meilleure diffusion de l'information et le
règlement de certaines questions scientifiques. Qui a vraiment le fin
mot de la chose en ce qui a trait à la norme requise au Québec
pour les trihalométhanes? Il y a des débats scientifiques qu'il
faut faire quelque part. La table servira à cela. / M. Paré: Je
vais sauter un peu. Vous venez
I de mentionner qu'effectivement, les municipalités sont des
intervenants majeurs. Elles ont la responsabilité de la qualité
de l'eau sur leur territoire. Donc, elles doivent fournir à leurs
contribuables, autant aux individus qu'aux sociétés, de l'eau en
quantité et de qualité. Il faut reconnaître que les
municipalités sont des intervenants majeurs. Je reviens là-dessus
parce que, dans un communiqué émis le 10 mars dernier, l'Union
des municipalités régionales de comté du Québec
déplore la déclaration du ministre Blackburn. L'Union se dit
amèrement déçue de la déclaration du ministre
à l'occasion du congrès de l'Association québécoise
des techniques de l'eau, déclaration selon laquelle les
municipalités n'assument pas pleinement leurs responsabilités en
ce qui a trait à la gestion de l'eau potable. J'aimerais savoir ce que
vous voulez dire lorsque vous déclarez que les municipalités
n'assument pas leurs responsabilités.
M. Biackbum: Dans le bilan qui va être publié
prochainement, on va être en mesure de constater qu'un certain nombre de
municipalités, principalement celles de 5000 habitants et moins, ont la
responsabilité de publier ou de prendre des échantillonnages
régulièrement. Selon le nombre de personnes dans leur
municipalité, elles doivent prendre des échantillonnages: cela va
de deux à quatre par mois, jusqu'à un certain nombre par jour. On
a constaté que certaines municipalités, pour toutes sortes de
raisons, oublient occasionnellement de prendre leurs échantillonnages et
de les faire parvenir afin de déterminer si l'eau potable est de bonne
qualité. Lorsqu'il se produit des événements malheureux,
à savoir que l'eau est contaminée, le fait que, par exemple, uns
municipalité ne produise pas son rapport mensuel, peut, retarder le
moment où on s'aperçoit que l'eau est effectivement
contaminée. il a donc fallu qu'on semonce de façon relativement
importante certaines municipalités quant à leur
responsabilité que les citoyens se sentent en sécurité
quand ils consomment de l'eau potable. Il y a eu publication des
déroga-
tlons. Dans le cas des municipalités de moins de 1000 personnes
qui avaient à produire deux échantillons par année
à un échantillon par mois il y a eu jusqu'à 80 % de
dérogations au moins une fois durant l'année. Toutes les
municipalités sont concernées. Dans le cas des
municipalités de 5000 personnes et moins qui doivent produire quatre
échantillons par mois, il y a eu 28 % de dérogations, en moyenne
une fois par mois, et cela allait jusqu'à 80 % au moins une fois par
année. C'est, je pense, qu'on a voulu transmettre dans ce discours,
à savoir qu'il y a, dans certaines municipalités, des choses
à améliorer. Le ministère est très sensible
à la sécurité de la consommation de l'eau potable au
Québec. Nous aurons, bien sûr, des rencontres avec les
présidents de l'UMQ et de l'UMRCQ pour discuter de l'état de la
situation afin que chaque municipalité du Québec soit
sensibilisée à ses responsabilités. Nous aurons
probablement l'occasion aussi, à l'intérieur de cette
réflexion, de réviser certaines choses. Quand on publie une ou
deux fois par mois, à mon sens, ce n'est pas suffisant quant à la
prise d'échantillonnages. Il y aura probablement des augmentations
d'échantillonnages à prendre dans toutes les municipalités
du Québec de moins de 5000 personnes, pour la plus grande
sécurité des gens.
M. Paré: On parle du contrôle de la qualité
de l'eau et vous reprochez aux municipalités de ne même pas
fournir les échantillonnages demandés. Nous sommes
également préoccupés et nous devons aussi faire notre
part. Je dis que c'est une question de santé très importante.
Mais, comment pouvez-vous expliquer que les crédits relatifs au champ
d'action 9, contrôle de la qualité de l'eau de consommation et de
baignade, subissent une baisse passablement Importante cette année?
Comment peut-on dire en même temps... Dans votre exposé
préliminaire, vous avez dit quelque chose que je trouve un peu
inquiétant...
M. Blackburn: Je pense que je vais laisser...
M. Paré: ...une qualité acceptable des cours d'eau
malgré les rejets inévitables de certaines activités
industrielles, agricoles et autres. C'est comme si on tenait pour acquis que
c'est normal, alors que ce devrait être Inacceptable. Mais on sait que
cela se passe. On n'a qu'à lire les journaux. Hier, j'en ai cité
quelques-uns en commission parlementaire. Chaque jour, il arrive des malheurs
écologiques. On exige que les municipalités fournissent leurs
échantillonnages, on leur reproche de ne pas le faire, mais, en
même temps, le gouvernement permet une diminution considérable des
fonds alloués au contrôle de la qualité. Comment peut-on
expliquer ça?
M. Blackburn: M. !e député, je voudrais, au
départ, préciser que les rencontres que je vous annonçais
précédemment avec i'UMQ et l'UMRCQ auront lieu en juin de
même que la publication du bilan sur l'eau potable.
Je laisserai Mme Cléroux, sous-ministre adjointe, vous expliquer
l'imputabilité parce que, dans le fond, c'est un transfert de fonds et
de ' ressources humaines imputés à d'autres sources. Mme
Cléroux.
Le Président (M. Saint-Roch): Mme Cléroux.
Mme Cléroux (Cécile): Au début du
fonctionnement des champs d'action, on avait imputé le travail fait pour
les réseaux d'égout privés et les réseaux
d'égout municipaux aux mêmes champs d'action que l'eau potable.
Cette année, dans un but d'épuration et de fonctionnement de nos
champs d'action, on a tout simplement transféré les ressources
qui travaillent sur les réseaux d'égout pour émettre les
certificats d'autorisation au champ 10.
Alors, si vous regardez à l'intérieur des tableaux, vous
allez voir qu'il y a un transfert de 9,5 personnes-années qui se fait
entre le champ 9 et le champ 10. Donc, en déplaçant les
personnes-années, on déplace aussi l'argent. C'est ce qui
explique les baisses que vous constatez au contrôle de l'eau potable. On
a une diminution au contrôle de l'eau potable seulement de 0,5
personne-année qui s'explique du fait que le programme Plage ainsi que
les autres programmes de contrôle de la qualité de l'eau potable
sont déjà bien rodés et qu'on a invité les gens
à travailler sur d'autres dossiers. Il y a une diminution réelle
de 0,5 personne-année pour un budget équivalent.
M. Paré: Donc, il y a une diminution plus importante
à cause d'un transfert mais il y a quand même une diminution
minime de 0,5 personne-année.
Mme Cléroux: De 0,5 personne-année uniquement et
des montants minimes.
M. Deschênes: Je voudrais compléter. Vous parlez
d'une diminution de 0,5 personne-année, cela donne une vue
impressionniste. D'abord, c'est très relatif mais, en plus, il faudrait
parler de ce qui a augmenté. Je peux vous dire que depuis trois ans et,
plus récemment, depuis deux ans, un effort considérable a
été fait en matière de contrôle de l'eau potable. Il
y a plus de 500 000 $ qui ont été mis pour l'informatisation des
systèmes d'information pour avoir l'eau potable. Entre 500000$ et
600000$ ont été ajoutés depuis deux ans en informatisation
d'un système justement pour le contrôle de l'eau potable.
Deuxièmement, il y a le programme des micropolluants,
c'est-à-dire un programme pour vérifier des substances toxiques
en infime quantité. C'est un programme qu'on a aussi
développé depuis une couple d'années et qui,
actuellement, représente 400 000 $ comme coût annuel. C'est
aussi un contrôle de la toxicité en termes de prévention
d'une fine qualité pour le contrôle de l'eau potable.
Troisièmement, le bilan lui-même est une opération
de contrôle extraordinaire. Ce n'est pas pour rien que les unions
réagissent. Je peux vous dire que l'Union des municipalités sait
depuis deux ans qu'on est en train de développer l'informatisation et
qu'on travaille sur un bilan. Donc, le bilan lui-même est un
mécanisme de contrôle par l'information publique d'une liste de
municipalités qui ne respectent pas la fréquence
d'échantillonnage qui est requise en termes de prévention.
Je pense que si on met dans la balance une diminution de 0,5
personne-année, il faut faire la juste part des choses et
considérer que plus de 1 000 000 $ ont été mis depuis deux
ans pour un contrôle plus suivi sur la qualité de l'eau potable
qui est une préoccupation majeure pour la population et pour le
ministère.
M. Paré: Concernant justement le fameux programme
d'études sur les micropolluants, programme qui existe depuis 1985, vous
avez répondu à l'avance à une de mes questions en disant
que c'est un montant de 400 000 $ qu'on consacre à ce programme
d'études. Est-ce que ce montant de 400 000 $ est à peu
près la même chose que l'an passé?
C'est l'an passé qu'on nous disait aussi, à l'étude
des crédits, que le premier bilan devait sortir à l'automne. On
nous dit la même chose cette année en disant que ça va
sortir un peu plus vite. Le premier bilan qui devait sortir l'année
passée et qui va sortir cette année, est-ce qu'on peut avoir
l'assurance qu'il va sortir cette année?
M. Blackburn: Je peux vous garantir que le bilan va
sûrement être publié d'ici le mois de juin. C'est un
engagement personnel que je prends.
Pour ce qui est de savoir si les budgets ont été
augmentés par rapport à l'an passé sur la question des
micropolluants, je voudrais poser la question à M. Deschênes.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Deschênes.
M. Deschênes: Nous avons augmenté le nombre de
paramètres sur lesquels le programme des micropolluants porte,
c'est-à-dire que plus d'éléments font l'objet de
contrôle et aussi une plus grande partie de la population en faisant un
changement dans le nombre de villes. Je pense que quelque chose comme 50 % de
la population, en termes d'eau potable, sont l'objet d'un examen de ce
programme des micropolluants qui est essentiellement un programme de
prévention.
M. Paré: Dans ce programme, ça ne concerne que 18
municipalités.
M. Deschênes: Oui.
M. Paré: Trouvez-vous que c'est suffisant? N'avez-vous pas
l'intention d'augmenter davantage pour permettre une meilleure
répartition et une vue plus globale de la situation?
M. Gignac (Clermont): Les 18 municipalités totalisent
au-dessus de 45 % de la population du Québec. On fait deux campagnes par
année. Comme M. Deschênes le disait tout à l'heure, l'an
passé 63 paramètres étaient étudiés. Cette
année, il y en a 78. On fait le même nombre d'analyses avec
à peu près les mêmes montants parce qu'on s'est
aperçu qu'avec certains paramètres, on cherche et on cherche et
on ne trouve absolument rien dans l'eau potable. Donc, on a diminué un
peu l'achat d'équipements pour ajouter des paramètres
additionnels qui nous permettent de monter cette année à 78
paramètres analysés. Comme ajout de population, on ajoute dans
les campagnes de 1989 les micropolluants de la ville de Québec. Donc,
cela ajoutera encore, vous allez monter presque a 55 %, 60 % de la population
du Québec pour l'alimentation d'eau potable qui sera
vérifiée au programme des micropolluants. Ces 18
municipalités ont aussi été sélectionnées en
fonction du plus grand risque, parce que si vous êtes à la
tête d'un bassin, d'une municipalité, il y a pas mal moins de
risques. On a sélectionné ces 18 municipalités en fonction
des micropolluants qui peuvent arriver, particulièrement des effluents
du secteur industriel. (10 h 30)
Révision du règlement de l'eau
potable
M. Paré: L'an passé, en même temps que le
ministre, votre prédécesseur, annonçait le
dépôt d'un bilan concernant justement ce dont on vient de parler,
il annonçait aussi une révision prochaine du règlement de
l'eau potable. Peut-on savoir quand aura lieu cette révision et dans
quel sens cela va?
M. Blackburn: Je vous disais tout à l'heure, dans mon
discours du début, que les discussions étaient actuellement en
cours avec le ministère des Affaires municipales. Alors, nous voulons
bien accélérer le processus des discussions, mais nous voulons
aussi arriver à bon port. Alors cela devrait normalement aboutir assez
prochainement. Les discussions se déroulent très bien.
M. Paré: Donc, c'est encore prochainement.
M. Deschênes: Je voudrais ajouter qu'on a
complété à ce sujet les consultations auprès du
ministère de la Santé. Il ne reste maintenant que le MAM pour
compléter le dossier.
M. Paré: On reviendra tantôt sur la
qualité
de l'eau.
La Présidant (M. Saint-Roch): M. le député
de Laviolette.
M. Paré: Oui, j'avais promis de laisser quelque temps
à mon collègue, le député de Lavlolette.
Épuration de l'eau à Shawinigan
M. Jolivet: Oui, merci, M. le Président. Le ministre ne
sera pas surpris si je lui parle de la rivière Saint-Maurice.
M. Blackburn: Surtout de parler de flottage.
M. Jolivet: Pas plus surtout si je vous parle de la "pitoune". Je
veux simplement faire un historique pour ceux qui ne savent pas d'où
vient le mot "pitoune". Cela vient des mots anglais "happy town". Vous ne
saviez peut-être pas ça, M. le ministre. Les gens de l'Ontario qui
venaient au Québec, en Gatineau, they return to the happy town", la
ville joyeuse. Alors, les Français du coin ont changé ça
en disant: Ils retournent à la "pitoune".
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: Mais ça n'a pas le même sens au
Québec. Le mot "pitoune" dans le contexte vient donc de "happy town".
Mais trêve de plaisanterie quant à la définition du mot
"pitoune", c'était pour que les gens comprennent ce qu'on veut dire.
Chez nous on sait ce que ça veut dire.
La rivière Saint-Maurice, de son bassin ultime au barrage Gouin
vers Trois-Rivières, il y a une partie que le ministre va bien
comprendre au départ ce sont les assauts continuels que cette
rivière a subis dans le temps et qu'elle continue de subir. Les
dernières semaines ont été pleines de ces rebondissements.
C'est la ville de Trois-Rivières qui en subit les contrecoups,
puisqu'elle prend elle-même son eau potable directement dans la
rivière Saint-Maurice. Les dangers sont donc éminemment graves
à ce moment-là. Je sais que ce n'est pas tout à fait du
ressort du ministre. Quand on parle du programme d'assainissement des eaux, il
parle plutôt de l'eau potable, mais il reste quand même que dans le
bassin de la rivière Saint-Maurice il y a une municipalité.
Peut-être que le ministre peut le demander à ses adjoints qui sont
responsables du dossier de l'assainissement des eaux, mais j'aimerais savoir,
dans le cas de Shawinigan, parce que c'est celle-là qui est la pire
actuellement, la ville de Shawinigan. D'après les renseignements que
nous avons, elle se traîne les pieds dans le dossier. La ville de
Grand-Mère et la ville de Saint-Jean-des-Piles ont été les
premières à s'inscrire dans le programme et la ville de
Grand-Mère avait même fait des pressions à l'époque
parce qu'on lui avait dit que les autres villes entreraient à ce
moment-là assez rapidement dans le programme d'assainissement des eaux.
On s'est donc retrouvé avec la ville de Grand-Mère et tout son
bassin d'épuration extérieur - les bassins qu'on connaît -
et la ville de Grandes-Piles est sur le point de se lancer,
Saint-Jean-des-Piles est déjà en marche et La Tuque est à
la veille de se lancer aussi. En fait, le système est en marche quant
à l'épuration totale. Grand-Mère finit l'ensemble avec
Saint-Georges dans les semaines à venir, mais Shawinigan semble
être celle qui se traîne le plus les pieds. Les rumeurs publiques
dans le coin nous indiquent que la ville de Shawinigan n'agira pas, elle va se
traîner les pieds tant et aussi longtemps qu'on ne la forcera pas. Elle
veut en fait - j'ai l'impression - se faire obliger.
Alors, quelqu'un peut-il me dire, dans le cas de Shawinigan, où
on en est rendu et quels sont les échéanciers que le
ministère de l'Environnement veut mettre avec la Société
québécoise d'assainissement des eaux pour assurer que la ville de
Grand-Mère qui, depuis deux ans et demi déjà, paie des
taxes pour faire fonctionner un système, pour épurer son eau...
Elle sort de la rivière Saint-Maurice épurée selon les
normes et pendant ce temps-là, les autres autour ne paient pas
ça. Les gens de Grand-Mère commencent à en avoir un peu
ras le bol, surtout si on ne nous donne pas la garantie qu'à Shawinigan
le ministère a l'intention d'agir, parce qu'on est en train d'assainir
ce bassin. C'est la première question.
M. Blackburn: Je vais laisser M. Clermont Gignac, sous-ministre
adjoint, répondre à la première question, étant
donné que ce champ d'activités relève de ma
collègue, Mme Bacon.
Le Président (M. Saint-Roch): M. Gignac.
M. Gignac (Clermont): M. le député, en ce qui
concerne le dossier, les réponses précises que vous voulez avoir,
je peux vous les communiquer d'ici midi. Actuellement, on a à peu
près 15 000 lots de construction au programme d'assainissement des eaux.
Vous comprendrez bien que même des majeurs comme Shawinigan, je ne les ai
pas tous à l'esprit.
M. Jolivet:... il n'y a rien de fait encore.
M. Gignac: II y a des choses qui évoluent probablement
très lentement parce qu'il y a, de mémoire... Mais je pourrais,
d'ici midi, vous donner l'heure juste là-dessus. De mémoire, je
sais qu'il y avait beaucoup de revirements à 180 degrés en ce qui
concerne les solutions techniques d'assainissement. Je peux vous dire que la
même méthode est prise pour toutes les municipalités qui
ont moins d'intérêt ou qui sont moins sensibilisées. Je ne
veux pas dire que Shawinigan est moins sensibilisée, mais il y en a qui
n'ont pas la même vitesse de croisière que
d'autres. Habituellement, l'approche qu'on prend, c'est que
moi-même et le directeur général de la
Société québécoise d'assainissement des eaux, on
rencontre les maires, on établit les échéanciers et on
pousse en fonction d'assurer que toutes les usines ou les stations
d'épuration soient en marche le plus possible en même temps le
long d'un même bassin. C'est tout à fait normal.
M. Jolivet: Ce n'est pas ça actuellement.
M. Gignac: Étant donné que Shawinigan est plus
à la tête du bassin, par exemple, que Trois-Rivières, c'est
évident qu'on pousse davantage sur des dossiers comme Shawinigan. Je ne
suis pas capable de vous répondre exactement mais, d'ici midi, je peux
vous donner l'heure juste là-dessus.
M. Jolivet: D'une façon ou d'une autre...
M. Gignac: Vous pouvez être certain que dans aucun dossier
au ministère on ne voit actuellement de l'obstruction
systématique des maires.
M. Jolivet: En tout cas, ce qu'on a comme renseignement dans le
milieu, c'est qu'ils ne se pressent pas, d'abord, la SQAE ne se presse pas. Il
n'y a pas trop d'argent à dépenser dans le secteur. Actuellement,
il n'y a pas de pression majeure qui est faite sur la ville de Shawinigan pour
arriver à préparer tous ces plans et devis pour l'ensemble de
tout... Même je pense, si je ne me trompe pas, que l'ensemble du projet
pour vérifier la captation des eaux usées ou des eaux de surface
n'est même pas en marche au moment où on se parle. Cela veut dire
que je trouve ça un peu aberrant si c'est ça.
Si ce n'est pas ça, tant mieux. Mais une chose est certaine,
pendant ce temps-là à Grand-Mère, on paie, les citoyens de
Grand-Mère paient, les gens de Grandes-Piles paient, les gens de
Saint-Jean-des-Piles paient, les gens de La Tuque sont sur le point de payer
pour nettoyer la rivière et quand on arrive dans le bassin plus bas, il
n'y a plus rien de fait. Normalement, ça aurait dû être du
bas en montant qu'on aurait dû faire ça, mais il y a des gens qui
ont été plus rapides que d'autres. En tout cas, vous me donnerez
une réponse à ce moment-là. Mais je vais vous dire que je
suis un peu inquiet.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le ministre.
M. Blackburn: Une des particularités ou des
caractéristiques du programme, c'est justement le fait que, depuis son
lancement, ce programme est la responsabilité de chacune des
municipalités et, bien sûr, ce sont des entités autonomes
qui sont les maîtres d'oeuvre. Est-ce que j'entends, par le discours du
député de Laviolette, qu'il suggérerait de mettre en
tutelle la ville de Shawinigan?
M. Jolivet: Non, M. le ministre, vous ne m'embarquerez pas dans
ça, cela fait assez longtemps que je fais de la politique. Je vais vous
dire une chose: Vous êtes responsable des eaux potables. Les eaux
potables, c'est à Trois-Rivières qu'ils les prennent dans la
rivière. On a demandé à des gens de faire les actes
nécessaires. Il y a des gens qui ont embarqué. Shawinigan se
traîne des pieds. Il y a donc des pressions qui doivent être
faites. Le député du coin devrait le faire. Ce n'est pas mon
dossier à moi, il devrait le faire, à mon avis, pour dire qu'on
devrait faire une fois pour toutes l'assainissement des eaux dans le bassin de
la rivière Saint-Maurice et que chacun devrait faire sa part. C'est dans
ce sens-là que je fais les pressions au nom des citoyens du comté
de Laviolette.
Le flottage du bois sur la rivière
Saint-Maurice
Deuxièmement, en ce qui concerne la fameuse "pitoune", vous
êtes certainement au courant qu'un document, parmi l'ensemble des autres
documents, a été demandé par le ministre
délégué aux Forêts, le ministre de l'Environnement
et le ministre de l'Énergie et des Ressources à l'époque,
et c'est le rapport Stevinski. Stevinski a obtenu des audiences à
travers le Québec, des audiences privées. Elles n'ont jamais
été ouvertes à qui que ce soit, sauf à ceux qui
présentaient leur mémoire. À l'époque, compte tenu
de l'importance du dossier, on avait demandé que ce dossier soit non pas
à huis clos, mais ouvert au public pour que les gens sachent ce qui se
passe. On n'a rien à cacher. Alors, le rapport Stevinski a
été fait à partir de représentations faites par
différents groupes. Le rapport est sorti; vous avez donné une
réponse, après votre nomination, en disant que, dans votre
secteur, vous alliez vous en occuper. Mais dans la rivière
Saint-Maurice, on a l'impression qu'on nous a encore laissé tomber.
Là, je ne parlerai pas des gens de la Gatineau, ou dans le coin
là-bas, qui ont encore des problèmes en ce qui concerne le
flottage du bois. Le flottage du bois sur la rivière Saint-Maurice,
votre propre ministère en régions... Là, je dois le dire,
pour que les gens le sachent, le document que j'ai entre les mains, ce n'est
pas le fonctionnaire qui me l'a donné, je l'ai eu autrement. Il provient
de la direction régionale du bureau de Trois-Rivières. Je ne sais
pas si vous l'avez vu. Ce document a fait l'objet d'une présentation
à huis clos au comité Stevinski. Il propose des
possibilités de changement radical de l'utilisation de la rivière
Saint-Maurice. J'ai lu avec beaucoup d'attention la page 4 où vous
dites: "De par son mandat, c'est le ministère de l'Environnement qui est
le mieux placé pour arbitrer à la satisfaction des nombreuses
fins
reliées à la présence de ces ouvrages.
" Vous parliez des barrages, vous parliez aussi de votre obligation comme
ministre responsable de l'eau potable.
Dans ce contexte, concernant la rivière Saint-Maurice, dans une
des annexes du document dont la signature est importante, puisque c'est celle
du chef de division de l'appareillage mécanique et civil de la gestion
des réseaux et des équipements de la région de la Mauricie
à Hydro-Québec, on dit ceci, à l'attention du responsable
qui préparait le document pour le ministère: "Flottage du bois
sur !a rivière Saint-Maurice. Le flottage du bois occasionne un certain
nombre de préjudices aux huit centrales d'Hydro-Québec
installées sur la rivière Saint-Maurice. Une évaluation
sommaire - on dit "sommaire", ici, et on parle de plus gros chiffres - des
coûts Imputables annuellement à cette activité donne les
résultats suivants: opération d'entretien et nettoyage des
grilles, 500 000 $; perte d'énergie due à la perte d'eau pour le
passage des billes, 800 000 $; perte d'énergie due à
l'obstruction des grilles, 3 500 000 $, un minimum d'environ 5 000 000 $, 4 800
000 $, est approximatif et ne tient pas compte des coûts de remplacement
et de réfection des ouvrages tels que les grilles et les passes à
billes. "
Là, on dit que si on allait plus loin, ce serait peut-être
entre 10 000 000 $ et 12 ooo 000 $ perdus chaque année par
HydroQuébec parce qu'on fait flotter le bois. Je me demande qui
subventionne les compagnies papetières pour le transport du bois alors
qu'il y a des moyens alternatifs logiques qui sont proposés. On n'a pas
eu la chance d'en discuter publiquement, ce qu'on devrait faire, à mon
avis, pour que les gens sachent si c'est possible ou non. Je voudrais savoir de
la part du ministère de l'Environnement quel est son désir de
faire arrêter, comme vous en avez parlé dans vos régions,
le flottage du bois sur la rivière Saint-Maurice. Est-ce que le ministre
responsable de l'eau potable au Québec, d'une rivière comme
celle-là, responsable aussi du flottage du bois peut me dire
aujourd'hui, après l'étude de ces documents - il est là
depuis un bout de temps, il a certainement eu le temps de les regarder - quelle
décision il a prise, s'il a l'intention de proposer à ses
collègues, le ministre délégué aux Forêts, le
ministre de l'Énergie et des Ressources responsable
d'Hydro-Québec, l'arrêt total du flottage du bois sur la
rivière Saint-Maurice au cours des deux, trois, quatre ou cinq
prochaines années, et d'apporter des moyens alternatifs?
À l'époque de la modernisation des usines de pâtes
et papiers afin d'accélérer leur production, de façon
à utiliser beaucoup moins de bois pour faire une tonne de papier, on a
mis sur pied un programme fédéral-provincial pour aider les
papetières à moderniser et à accélérer le
processus de fabrication d'une tonne de papier. Si, au point de vue social, on
a laissé la rivière entre tes mains de compagnies
papetières, il est peut-être temps aujourd'hui, en les aidant
à faire disparaître ce bois, de leur donner des moyens de se doter
des infrastructures nécessaires pour faire le transport des billes de
bois par camion ou par train, à ce moment-là, lis proposent deux
phases: La Tuque en allant vers Trois-Rivières et La Tuque vers le
barrage Gouin. Mais, de plus en plus, les gens disent: Tant qu'à le
faire disparaître à un endroit faisons-le disparaître
partout de la tête des eaux jusqu'au fleuve Saint-Laurent. Le ministre
a-t-il pris une décision concernant la rivière Saint-Maurice, et
quelle est cette décision?
M. Blackburn: Je suis très heureux de constater
l'intérêt grandissant du député de Laviolette pour
la rivière Saint-Maurice.
M. Jolivet: il n'est pas grandissant, if a toujours
été le même. (10 h 45)
M. Blackburn: Je tiens à lui rappeler que la
rivière Saint-Maurice est importante, bien sûr, parce que la
problématique est grande. Il faut aussi rappeler que la rivière
Saint-Maurice est une des rivières où il y a du flottage sur
lequel on s'interroge actuellement. Il y en a d'autres: la rivière
Gatineau, la rivière des Outaouais, la rivière du Lièvre
et la rivière Péribonca. Bien sûr, lors de ma
première intervention en Chambre, j'ai parlé de ce dossier et de
ma préoccupation pour celle que je connaissais mieux, la rivière
Péribonca, étant donné que c'est dans mon comté. Je
tiens à souligner le travail efficace qui a été fait
depuis que j'assume ces responsabilités. Nous avons déjà
créé un comité de coordination qui va joindre deux
ministères au stade actuel, le ministère de l'Énergie et
des Ressources et !e ministère de l'Environnement. Ce comité de
coordination aura comme responsabilité et comme préoccupation,
bien sûr, à la suite de la publication du rapport Stevinski
d'étudier les alternatives au flottage du bois et la mise en oeuvre de
ces alternatives selon des échéanciers qui peuvent être
respectés.
On se doit de mesurer les impacts dans leur ensemble. Il y a les impacts
du flottage du bois qui sont actuellement beaucoup plus identités comme
des impacts de conflit d'usage, il y a une étude qui est actuellement
proposée qui va être faite pour mesurer l'impact du flottage du
bois sur l'environnement pour voir le degré de pollution que ça
peut causer. Mais ce qu'il va être important de faire, ce sera de
considérer aussi d'autres Impacts qui peuvent être causés
à l'environnement. Quand on parle, par exemple, du transport du bois par
camion, il y a des impacts environnementaux importants, que ce soit à
cause des camions, que ce soit à cause, bien sûr, des routes qui
vont être beaucoup plus achalandées. Ce sont tous ces
éléments-là qu'il nous faut envisager et analyser. Nous
allons essayer de faire en sorte que les mesures que nous propose-
rons soient des mesures qui répondent aux objectifs de
réalisation raisonnables en termes de coût aussi parce qu'il y a
des impacts économiques importants. C'est tout ça que nous sommes
en train de faire. Mais je pense que la première démarche....
M. Jolivet: Une dernière question...
M. Blackburn: ...importante qui a été
réalisée, c'est la création de ce comité de
coordination qui est actuellement en marche et qui va continuer.
M. Jolivet: Une question, oui ou non. Est-ce que vous êtes
capable de me dire aujourd'hui que, d'ici cinq ans, il n'y aura plus de
flottage de bois sur la rivière Saint-Maurice? êtes-vous capable
de me dire ça? Oui ou non?
M. Blackburn: Au stade actuel, M. le député de
Laviolette, je ne pense pas qu'on puisse répondre de façon
précise à cette question.
M. Jolivet: D'accord.
M. Blackburn: L'objectif, c'est que les alternatives au flottage
du bois puissent être atteintes dans les plus brefs délais selon
des échéanciers raisonnables qui vont en même temps
respecter les impacts environnementaux mais aussi les impacts
économiques.
M. Jolivet: Je laisse parler mon collègue parce qu'il a
des questions à poser. J'aurais beaucoup de choses à dire, mais
je vais arrêter là.
Protection des rives M. Paré: Malheureusement...
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Laviolette. M. le député de Shefford.
M. Paré: ...c'est toujours trop court, mais je vais faire
vite parce que j'aimerais qu'on discute sur au moins deux ou trois autres
dossiers rapidement. C'est la protection des rives. En janvier 1988, le
ministère de l'Environnement nous présentait la politique de
protection des rives. Il y a eu des critiques de ce
côté-là. Il y en a eu par le monde municipal et l'UPA. Le
monde municipal disait, entre autres, que c'était un droit de veto du
ministère, l'UPA disait que, finalement, on présentait une
politique de protection des rives avec des bandes riveraines sans avoir fait
d'étude d'impact là-dessus. Il y a eu des critiques. Vous les
connaissez sans doute. Là-dessus, même l'Union des
municipalité écrivait que "...ces bandes, une fois fixées,
ne sont plus des normes planchers mais bien des critères absolus. Que
dire de la frustration des élus municipaux confrontés à de
telles inconséquences? Comment peut-on s'associer à une
démarche gouvernementale lorsqu'elle est, de façon si patente,
contraire à l'objectif premier qu'elle est censée servir?"
Donc, quand la politique de protection des rives est arrivée, il
y a eu des critiques de la part du monde municipal, comme je viens de vous le
dire, et de la part de l'UPA concernant l'étude d'impact. Nous
apprenions aussi en décembre dernier que le ministre des Affaires
municipales a procédé à l'adoption de 18 schémas
d'aménagement et ça, bien que certains de ceux-ci avaient fait
l'objet d'une demande de moratoire de la part du ministère de
l'Environnement concernant justement la protection des rives. J'aimerais savoir
si, en fonction de ça, le ministre de l'Environnement entend faire usage
du nouveau pouvoir que lui confère la loi en vertu des articles 165.2 et
165.4 de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme qui fait en sorte que
le ministre peut demander à une municipalité de modifier un
règlement de zonage "...s'il estime qu'il ne respecte pas la politique
de protection des rives et qu'y peut, en lieu et place de la
municipalité, exercer ses pouvoirs réglementaires en vue de
rendre ledit règlement conforme aux normes." Quelle est l'intention du
ministre relativement à ces pouvoirs et à ces 18 schémas
d'aménagement?
M. Blackburn: Je pense que d'abord, la politique de la protection
des rives a été faite, bien sûr, pour... C'est un arbitrage
qui s'est fait entre le monde municipal et le monde agricole. Cela a
été fait aussi dans le but d'harmoniser le respect de ces
personnes qui étaient touchées par l'application de cette
politique, l'harmonisation, bien sûr, entre chacun des intervenants.
M. Deschênes: Les pouvoirs de l'article dont vous parlez,
ce sont les pouvoirs qui seront exercés éventuellement et non pas
à l'égard des schémas d'aménagement. Ce sont des
pouvoirs qui peuvent s'exercer à la réception des
règlements. Les règlements ne sont pas reçus encore. C'est
lorsque les règlements seront reçus par le ministère de
l'Environnement et seront examinés que le ministre pourra utiliser le
pouvoir nouveau qui a été inséré dans la loi l'an
passé. Ce n'est pas à l'occasion du schéma mais a
l'occasion des réglementations.
M. Paré: Quand viendront les règlements?
M. Deschênes: Les règlements, les
municipalités ont deux ans pour les faire après le
schéma.
M. Paré: D'accord.
M. Deschênes: A compter de l'entrée en vigueur du
schéma, ils ont deux ans pour les soumettre.
M. Paré: Tantôt, vous parliez de concertation et de
participation à des comités. Est-ce que vous trouvez normal qu'on
parle maintenant, encore une fois, de protection des rives, donc de l'eau? Vous
terminiez votre discussion en disant que c'est fondamental et que c'est majeur.
Trouvez-vous normal qu'au Conseil des ministres, sur recommandation du
ministère des Affaires municipales, on autorise des schémas
d'aménagement quand votre propre ministère a demandé un
moratoire parce que ce n'est pas conforme à la politique de protection
des rives?
M. Blackburn: M. le député, ce que vous soulignez,
c'est tout simplement que notre collègue me précédant
à ce ministère avait reconnu qu'il y avait eu une erreur. Notre
collègue des Affaires municipales a reconnu aussi que cela ne se
reproduirait plus.
M. Paré: II n'est pas chanceux votre
prédécesseur de ce temps-là! Toujours concernant la
protection des rives...
M. Blackburn: Ce que vous annoncez et ce que vous venez de dire,
bien sûr, c'est public. Cela a été dans les journaux, on
n'annonce pas de nouvelles ce matin.
M. Paré: Non, je sais, on n'annonce pas
nécessairement des nouvelles à la période de
l'étude des crédits, mais on s'en vient discuter de ce qui s'est
passé et de ce qui va se passer. Les attaques qu'on fait sur le
prédécesseur que nous, de toute façon, nous avions
constatées depuis un certain temps, je dois vous dire c'est un
précédent.
M. Blackburn: Je ne fais pas d'attaque. Je fais tout simplement
le rappel d'une situation qui a été publiée et rendue
publique que mon prédécesseur avait déplorée. Bien
sûr que cela a été dans les médias et que mon
collègue des Affaires municipales a dit que ça ne se reproduirait
plus. Ma responsabilité actuelle, c'est de faire en sorte que cela ne se
reproduise plus. Je peux vous assurer que cela ne se reproduira pas.
Pardon?
M. Jolivet: Vous n'avez pas eu de prédécesseur, il
n'y avait pas de ministre délégué.
M. Blackburn: Non, non, écoutez par rapport à la
responsabilité que j'ai, M. le collègue de Lavlolette. Ce que je
tiens à souligner aussi, c'est que la politique actuelle est un
progrès considérable par rapport à ce qui existait
auparavant.
M. Paré: On va revenir à la protection des rives.
Justement, on y est. Si on regarde les montants investis pour la protection des
rives, les budgets de 1985-1986 étaient de 6 000 000 $, ils sont
passés à 450 000 $; on verra aussi la préoccupation
réelle qu'on a. Mais sur un cas précis - si on a le temps
j'espère que oui, on reviendra sur l'ensemble des budgets - quand on
regarde la politique de la protection des rives, il y a un cas
spécialement qui est à l'étude. C'est un dossier important
parce qu'il s'agit d'une grande municipalité, c'est-à-dire la
ville de Laval. Vous n'êtes certainement pas sans ignorer qu'à
Laval, au cours des dernières années, parmi de nombreux
promoteurs de construction, ce que ces gens-là désirent
finalement, c'est de construire dans des zones inondables, donc, de faire du
remblayage et ensuite de cela de construire sur des plaines inondables. Votre
prédécesseur immédiat avait dit en commission
parlementaire - et ii l'avait dit ailleurs - et il l'avait dit surtout en juin,
à l'Assemblée nationale: On va se battre à mort pour
empêcher que Laval construise dans les plaines inondables. J'aimerais
savoir si le ministre actuel est prêt à se battre à mort
pour empêcher que des promoteurs construisent des condominiurhe ou des
immeubles d'habitation, des gros édifices dans les plaines inondables de
ville de Laval?
M. Blackburn: D'abord, je tiens à vous dire
qu'actuellement les discussions se continuent dans "teCas de Laval. Comme
vous dites, la situation est très importante. Il nous faut la
considérer dans son ensemble. Ce qu'il nous faut trouver comme moyen,
c'est d'arrêter bien sûr ces remblayages. Je tiens aussi à
souligner le fait que ces discussions se continuent avec mon collègue,
le ministre des Affaires municipales qui, lui aussi, est très
préoccupé par cette situation. Ce que je peux vous dire, c'est
que les règlements qui existent vont devoir être
considérés dans le respect. Ce que nous espérons apporter
dans ce cas, en particulier - d'abord, ce sera sûrement traité en
priorité - c'est une solution à cette situation qui, comme vous
le dites, est très préoccupante.
M. Paré: Est-ce que le ministre est au courant que toutes
les versions connues des schémas d'aménagement de Laval
permettent le remblayage de la zone inondable et la construction sur les berges
de la ville? C'est donc permis. Dans les schémas d'aménagement,
on retrouve maintenant cette volonté, cette détermination. C'est
ce qu'on a fait. Dans les schémas actuels, on dit que c'est ce qu'on
prévoit, ce qu'on planifie et ce qu'on veut pour les prochaines
années. C'est ce qu'on demande aux municipalités. Là vous
nous dites que les discussions se poursuivent.
Dans les discussions qui se poursuivent et auxquelles vous participez,
je l'espère - et je suppose d'ailleurs que d'autres personnes y
participent dont la ministre en titre de l'Environnement - je voudrais savoir
si, en tant que ministre délégué à l'Environnement,
à la protection de l'eau et donc à la protection des berges et
des rives, vous êtes prêt, tout comme votre
prédécesseur, à vous battre à mort pour
empêcher le remblaiement et la construction dans les plaines inondables
de la ville de Laval.
M. Blackburn: Je vous le répète, M. le
député, le schéma d'aménagement de la ville de
Laval n'est pas encore accepté. Il est actuellement sous étude.
Je tiens seulement à vous rappeler que ce que vous dites ce matin, la
ville de Laval a déjà proposé, la semaine dernière,
des choses différentes de ce qui est là.
Je peux vous assurer que nous voulons trouver une solution à
cette situation qui dure depuis trop longtemps. Il nous faut trouver cette
solution rapidement. En conformité avec la situation avec laquelle nous
sommes confrontés, avec ce qui s'est fait depuis quelque temps, il nous
faut trouver une solution qui sera acceptable par le ministère de
l'Environnement, par le ministère des Affaires municipales, et c'est ce
que nous sommes en train de regarder. Nous allons, bien sûr, mettre fin
à cette hémorragie de remblayage. C'est l'objectif que nous
poursuivons pour arriver à ce résultat le plus rapidement
possible.
Une voix: On est prêt.
M. Paré: Ce qui m'inquiète, c'est que vous me dites
que les discussions se poursuivent. Quand on fait des discussions, on fait une
négociation et on essaie de s'entendre. Vous dites: On espère
finir par s'entendre.
M. Blackburn: Les discussions se poursuivent avec le
ministère des Affaires municipales et c'est normal. Vous
déploriez tout à l'heure le fait que le collègue n'ait pas
consulté, lors de l'adoption de certains schémas, alors que nous
nous penchons actuellement sur un dossier très préoccupant et
très important pour l'environnement pour que ce schéma
d'aménagement soit adopté tout en respectant les lois et les
règlements du ministère de l'Environnement et du ministère
des Affaires municipales. C'est pourquoi d'ailleurs on continue des discussions
et je pense que c'est ce que vous souhaitez.
M. Paré: Ce qu'on souhaite, c'est, finalement, le respect
de la loi et des règlements et non pas des négociations pour
essayer de faire plaisir à tout le monde et pour céder à
des pressions.
M. Blackburn: Non.
M. Paré: Notre objectif est de protéger les berges
et les rives. On sait très bien ce qui se passe, même en banlieue
sud de Montréal, des condominiums de luxe se bâtissent et les gens
de Brossard les appellent le mur de brique qui les empêche maintenant de
voir, alors qu'on ne savait pas que ce serait autorisé un jour parce que
c'est sur le bord du fleuve. Mais il s'en bâtit de plus en plus et de
plus en plus près des rives à part ça. À Laval,
c'est la même chose qui s'en vient. Ce qu'on veut, c'est que ce ne soit
pas une négociation qui soit enclenchée avec le ministère
des Affaires municipales, mais plutôt une lutte pour faire respecter et
pour ne pas céder. Habituellement, quand on négocie, on dit
toujours qu'on négocie et qu'on finit par s'entendre et on fait donc
chacun notre bout de chemin. On ne doit pas faire notre bout de rive
là-dedans. Je veux savoir, et c'est ma question, si le ministre
négocie pour finir par trouver un terrain d'entente ou s'il est
prêt à se battre à mort comme son
prédécesseur pour empêcher qu'on bâtisse à
Laval dans les zones inondables.
M. Blackburn: Je vous dis que l'objectif est bien sûr, de
faire respecter à la fois les rives et la loi qui régit les MRC,
une loi qui a d'ailleurs été adoptée par le
précédent gouvernement. Nous voulons, bien sûr, trouver la
solution en vertu des moyens que nous avons. Dans le cas de Laval en
particulier, certaines choses devront être considérées pour
que ce qui se passe déjà depuis trop longtemps soit
arrêté le plus rapidement possible. Au cours des discussions que
nous avons actuellement et que nous aurons avec mon collègue des
Affaires municipales, nous verrons à faire en sorte que la loi et les
règlements qui régissent actuellement la protection des rives et
les MRC soient respectés intégralement.
Le Président (M. Saint-Roch): Une dernière
question, M. le député de Shefford.
M. Paré: Oui, comme je n'ai pas le temps d'aller plus
loin, je voudrais ajouter quelque chose concernant la politique de protection
des rives. On l'a déjà dit et on le répète, nous
sommes déçus d'avoir vu le programme Berges neuves
abandonné, ce programme qui a permis à plusieurs
municipalités finalement de redonner aux citoyens et aux citoyennes de
ces municipalités accès à nos lacs et à nos
rivières. C'était un programme qui était très
populaire. À preuve, les demandes qu'on a eues. L'une des bonnes
façons de protéger l'eau, c'est de protéger les rives et
les berges, et l'une des bonnes façons de les protéger contre la
construction, c'est de les rendre accessibles à tous les citoyens, que
ça devienne du domaine public et d'utilisation commune.
C'était important. On s'aperçoit, quand on regarde les
dépenses, avec l'abandon de Berges neuves et les transferts de
dépenses, que les budgets sont passés de 6 000 000 $ en 1985-1986
à 2 380 000 $ en 1986-1987, à 845 000 $ en 1987-1988 et à
450 000 $ en 1988-1989 et 1989-1990. Donc, c'est un maintien par rapport
à l'année passée. Je dois vous dire que c'est difficile de
justifier une préoccupation et un intérêt majeur
marqué alors que c'est le maintien seulement. J'aurais une question:
Comment expliquer qu'en 1988-1989, les subventions
versées dans le cadre du programme, dans les transferts ont
été de 230 000 $ sur les 450 000 $? Comment expliquer, avec un si
petit montant en plus, des crédits périmés de l'ordre de
220 000 $?
M. Blackburn: Ce qui reste de ce programme, effectivement, c'est
le service de la dette. C'est la raison pour laquelle le programme a
été abandonné depuis trois ans déjà. Je
tiens à vous rappeler que c'est beau d'avoir accès à des
berges, mais que je pense que le présent gouvernement a surtout
privilégié le fait qu'il fallait aussi rendre ces eaux
accessibles et accessibles surtout en termes de qualité. C'est pourquoi
le gouvernement investit d'énormes montants d'argent, pour la protection
agricole entre autres, des sommes d'argent aussi pour des programmes
industriels. C'est la volonté du gouvernement de faire en sorte de
prioriser en fonction de ces choix et de faire en sorte que, justement, les
eaux de baignade soient des eaux de qualité.
M. Paré: Même dans les eaux de baignade, on diminue
les montants.
Adoption des crédits
Le Président (M. Salnt-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Shefford. Alors, est-ce que le programme 1,
Planification, gestion interne et soutien, est adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 2,
Gestion des milieux environnementaux, est adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que l'ensemble des
crédits du ministère de l'Environnement est adopté?
Une voix: On veut voter.
Une voix: Ils sont tous là.
M. Paré: Cela dépend où finit la salle.
Une voix: On pourra payer nos comptes depuis le 1er avril.
Une voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Est-ce qu'y y
a des remarques de conclusion, comme le veut la coutume? M. le ministre.
Conclusions
M. Blackburn: Alors, je voudrais peut-être profiter de
l'occasion qui m'est donnée pour dire que l'étude des
crédits fait ressortir la volonté d'action du gouvernement en
matière de qualité de vie. Le ministère de l'Environnement
possède des ressources humaines, techniques et financières
très valables pour faire face aux défis de demain. La mission
environnementale est grande et complexe. Elle tient compte de
l'évolution du Québec depuis les 30 ou 40 dernières
années. Elle tient compte aussi des attentes de la population qui est de
plus en plus sensibilisée à la cause environnementale. On le
voit, la société québécoise, comme l'ensemble des
pays industrialisés, axe sa production et sa consommation autour de la
qualité davantage que sur la quantité. D'autre part, la notion de
responsabilité des partenaires socio-économiques me paraît
essentielle à l'atteinte d'une qualité de vie meilleure.
Le ministère de l'Environnement accomplit une tâche tout
aussi essentielle pour la protection et la promotion de notre milieu de vie.
Plusieurs politiques sont en voie de préparation et suivront le
processus gouvernemental normal et conforme aux règles de
l'administration publique. Les partenaires municipaux et régionaux
seront de plus en plus mis dans le coup quant à l'articulation des
politiques ou programmes gouvernementaux.
Le présent gouvernement démontre ainsi sa volonté
de consulter avant d'agir pour s'assurer que des choix Judicieux soient
effectués et que le succès de leur application soit acquis.
Enfin, le présent gouvernement suit de près les tendances
qui se profilent ici et ailleurs dans le monde. Notre attitude est
marquée de l'ouverture à ce qui se fait ailleurs. La
réciprocité avec d'autres provinces et d'autres pays pour
favoriser des échanges techniques et scientifiques. En somme, pour faire
face aux problèmes d'ordre environnemental, notre approche est d'abord
globale, en ce sens qu'elle tient compte des facteurs diversifiés et qui
ont un impact sur notre vie quotidienne: les facteurs sociaux, les facteurs
économiques et les facteurs environnementaux.
Conformément à la philosophie de notre formation
politique, le rôle de l'État deviendra de plus en plus axé
vers l'animation, tout en privilégiant l'action et l'efficacité
des décisions.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. M. le député de Shefford.
M. Paré: Oui, en conclusion, je dois vous dire que je
comprends les gens d'être non seulement de plus en plus
intéressés à l'environnement, mais de plus en plus
inquiets, et avec raison. On n'a qu'à regarder les journaux d'hier et
les journaux de ce matin, ce n'est pas l'Opposition qui le dit, ce sont les cas
qu'on retrouve un peu partout dans le décor: cela n'a plus de bon sens,
c'est même devenu intolérable.
Ce qu'on a pu apprendre au cours des huit dernières heures de
travaux en commission
parlementaire, c'est que les citoyens ont toutes les raisons du monde
d'être de plus en plus inquiets, parce que, selon les dires mêmes
de la ministre en titre, il ne s'est rien fait depuis 1985, puisqu'elle a
retrouvé les dossiers dans l'état où ils étaient
lorsqu'elle était critique de l'Opposition en cette matière. On a
beaucoup parlé, on a peu agi, et on prouve maintenant, par les budgets,
qu'on n'investit dans l'environnement, à l'exception de la dette sur le
programme d'assainissement des eaux, en dollars constants, même pas
l'équivalent du montant indexé en 1985-1986. C'est inacceptable,
avec la situation qu'on connaît dans l'environnement au Québec,
alors que le Québec est un pays de lacs, de rivières, de
forêts, de nature. C'est impensable qu'on ait les problèmes qu'on
a là et la cause ne peut être que la négligence et le
manque de volonté.
Quand vous disiez, M. le ministre, - et je vais conclure
là-dessus, - que vous êtes de plus en plus en consultation, c'est
encore le contraire qu'on apprenait hier et c'est inquiétant de voir
l'orientation que prend le BAPE, le Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement, alors que ce bureau est là justement pour ensuite
profiter des études d'impact pour consulter la population, en parier et
non pas rassurer cette population. Le meilleur service qu'on peut rendre aux
gens, ce n'est pas de les prendre pour des niaiseux, des enfants et leur cacher
la vérité parce qu'ils peuvent avoir peur. Les gens
méritent d'être informés. Nous, les politiciens, le
meilleur service qu'on peut rendre à une population qui va prendre ses
responsabilités, ensuite, c'est de lui donner l'information la plus
honnête, la plus juste et la plus à jour possible. On
s'aperçoit maintenant que non seulement on n'investit pas l'argent
nécessaire, que la situation se dégrade... Ce n'est pas pour
faire peur aux gens que je dis ça. Je dis que les gens doivent
être informés pour être capables, ensuite, de prendre les
remèdes nécessaires pour corriger la situation, prendre leurs
responsabilités et voir la réalité en face. En plus, on
apprend qu'on essaie de cacher la vérité aux gens. On ne
règle pas les vrais problèmes, parce que les pneus sont toujours
à Saint-Amable, parce que les BPC sont toujours à Saint-Basile.
Il va falloir, à un moment donné, qu'on cesse les discours et
qu'il y ait des gestes concrets qui soient posés et qu'on y mette
l'argent nécessaire. Je dois vous dire que les budgets ne me rassurent
pas et ne me contentent pas.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
député de Shefford. La commission de l'aménagement et des
équipements, ayant maintenant accompli son mandat, soit de
procéder à l'étude des crédits du ministère
de l'Environnement pour l'année financière 1989-1990, ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 11 h 7)