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(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Saint-Roch): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission de l'aménagement et des équipements
reprend maintenant ses travaux pour procéder à l'étude des
crédits budgétaires de l'Office de planification et de
développement du Québec, pour l'année financière
1989-1990. Est-ce que nous avons des remplaçants, M. le
secrétaire?
Le Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata) remplace M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue).
Remarques préliminaires
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
secrétaire. Nous en sommes aux remarques préliminaires. Est-ce
qu'il y a des remarques préliminaires, M. le ministre?
M. Marc-Yvan Côté
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, je
suis heureux de me retrouver ici, pour la quatrième année
consécutive, pour défendre des crédits affectés au
développement régional. J'ai eu, au cours des deux
premières années, le plaisir de le faire avec le
député de Lac-Saint-Jean, qui était le porte-parole de
l'Opposition en cette matière; nous avons, cette année, un
nouveau porte-parole qui est lui-même issu d'une région, le
député de Shefford.
L'importance de cette commission: c'en est une, à mon point de
vue, même si on n'y affecte que cinq heures et demie ou peut-être
même six heures de travaux, qui offre l'occasion rêvée
d'échanger divers points de vue sur un certain nombre de choses, puisque
plus souvent qu'autrement l'Opposition échange avec le pouvoir par
communiqués de presse, non pas nécessairement par des questions
à l'Assemblée nationale, l'Opposition étant dans le champ
à l'occasion, profitant, bien sûr, d'une campagne de financement
ou, dans d'autres circonstances, se servant des outils qu'elle a. Je pense que
ça fait partie de la règle du jeu.
Nous aurons donc l'occasion, comme on l'a fait par le passé, de
discuter de dossiers qui, depuis 1985, ont évolué sur le plan du
développement régional. Cette commission m'apparaît un
forum tout à fait exceptionnel pour le faire. C'est surtout dans le
contexte actuel, l'année 1989, que la commission prend son importance,
puisque c'est une année qu'on peut qualifier d'une année de mise
en oeuvre d'une série de choses sur le plan du développement
régional. L'année 1986-1987, pour le rappeler, a
été une année qui nous a servi, quant à nous,
à évaluer les besoins; en 1987-1988, nous avons pris un certain
temps à définir les outils qui, nous le croyons, répondent
aux besoins d'aujourd'hui; en 1988-1989, on a décidé de ces
outils et, finalement, 1989-1990 correspond à la mise en application
d'un ensemble d'outils qui ont été tirés des
expériences des années antérieures, d'une concertation
avec les milieux, ce qui fait qu'on est dans cette situation aujourd'hui.
Sur le plan du budget, je pense qu'il faut l'aborder sous deux angles.
D'abord, les crédits ou les sommes prévues au budget de l'OPDQ en
début d'exercice et, deuxièmement, les dépenses ou les
sommes apparaissant au budget de l'OPDQ à la fin de l'exercice.
Historiquement, c'est une évolution selon les situations, soit celle du
budget, des crédits, des budgets supplémentaires qui affectent
l'enveloppe mise à la disposition du développement
régional.
Pour 1989-1990, le budget prévu et attribué à
l'OPDQ s'établit à 68 900 000 $. L'an dernier, soit en 1988-1989,
le budget prévu et attribué à l'OPDQ s'établissait
à 56 500 000 $. Il y a donc, à ce chapitre et à cette
période, une hausse du budget prévu de l'OPDQ de 12 400 000 $,
soit, si on veut la traduire en pourcentage - que de toute façon tout le
monde aura oublié à partir du moment où on l'aura
prononcé - de 22 %. Cette augmentation est particulièrement
apparente au Fonds de développement régional où le budget
prévu est passé de 22 400 000 $ en 1988-1989 à 38 800 000
$ en 1989-1990, soit 11 400 000 $, c'est-à-dire une augmentation de
presque 51 %.
Deuxième élément: le budget de fin d'exercice. Les
résultats de l'année 1988-1989 s'établissent, au cahier
des crédits, à 70 500 000 $. Sur cette somme, nous avons des
montants périmés en cours d'année, donc des crédits
qui sont de l'ordre de 8 000 000 $, de telle sorte qu'en termes réels,
les résultats de l'année 1988-1989 se chiffrent à 62 500
000 $. On peut tirer de ça un certain nombre de constats.
Premièrement, au début du dernier exercice budgétaire, le
gouvernement estimait devoir consacrer 56 600 000 $ au budget de l'OPDQ.
Deuxièmement, l'année 1988-1989 se termine avec des
dépenses réelles de l'ordre de 62 500 000 $, soit 6 000 000 $ de
plus que prévu pour une augmentation en cours d'exercice de 9 600 000 $.
Par ailleurs, l'année terminée se concluant avec un budget de
dépenses réelles de 62 500 000 $, le gouvernement estime devoir
consacrer pour l'an prochain 68 900 000 $, soit 6,4 % de plus,
c'est-à-dire 10,2 % d'augmentation. Il s'agit là, quant à
nous, de la consolidation de la base budgétaire de l'OPDQ, après
avoir traversé un certain nombre d'années difficiles.
Si l'on veut aborder cette étude de la manière la plus
sereine ou la plus ouverte possible, selon l'option qu'on choisira -
évidemment, je n'ai pas de problème avec ça - la plus
musclée possible, je suis prêt, mais il faut à tout
le moins faire un bilan des activités.
L'année 1988-1989 a été marquée, entre
autres, non pas uniquement, mais en particulier, par trois
événements sur le plan du développement régional.
Il y a eu, en juin 1988, la signature de l'entente sur le développement
régional avec le gouvernement du Canada, la publication d'un plan
d'action en matière de développement régional et, un
événement annuel couru et très bien accepté dans le
milieu, la tenue des biennales et des conférences
socio-économiques.
Est-il besoin de rappeler que l'entente Canada-Québec sur le
développement régional en est une de cinq ans et prévoit
des injections de 820 000 000 $ dans les régions
périphériques et centrales, répartis ainsi: 380 000 000 $
payables par le Québec et 440 000 000 $ par le gouvernement
fédéral? De ces 820 000 000 $, 490 000 000 $ sont affectés
aux régions périphériques.
Cette entente est, à plus d'un titre, une première. Il est
bon de se rappeler un certain nombre de choses. Traditionnellement, le
gouvernement fédéral agissait seul dans le domaine du
développement économique régional. En faisant le tour de
l'histoire, on se rend compte que le gouvernement fédéral
préférait signer des ententes sur des programmes
spécifiques, avec des régions spécifiques, comme cela a
été le cas, par exemple, pour l'Est du Québec qui, depuis
la fin des années soixante, a toujours fait l'objet d'une entente avec
le Canada, mais pour un secteur particulier, donc une région
périphérique particulière.
De la même manière, le gouvernement fédéral
avait senti l'obligation, à l'époque, de signer une entente, qui
s'appelait le fonds La Prade, en ce qui concerne la Mauricie, en compensation
d'équipements lourds qui devaient être construits et qui,
finalement, avaient été abandonnés.
Il faut le rappeler, le gouvernement fédéral était
plutôt rébarbatif à l'idée de laisser le milieu
indiquer ses propres priorités. Cela a toujours été clair,
et le gouvernement fédéral était plus hésitant
à moduler ses interventions aux conditions particulières des
régions du Québec.
Donc, l'entente de juin a permis un certain nombre de choses - c'est
extrêmement important - entre autres, d'ajouter un autre volet à
l'entente EDER, un treizième, qui est celui du développement
régional, au même titre que nous avions une entente
spécifique pour le transport, pour les forêts - d'autres volets de
l'EDER - et de faire accepter par le gouvernement fédéral la
nécessité d'impliquer le milieu dans la définition des
orientations d'intervention et, ainsi, de mieux arrimer celles-ci aux besoins
véritables de chacune des régions.
À cette fin, ce sont des comités consultatifs qui
travaillent actuellement dans chaque région pour faire des
recommandations au ministre responsable des ententes. De fait, est aussi
accepté par le gouvernement fédéral le principe d'une
intervention modulée en fonction des particularités de chacune
des régions. Il n'était donc pas question, pour nous, de signer
une entente de développement régional qui allait être
spécifique à une région. Ça prenait une entente de
développement régional pour l'ensemble des régions du
Québec avec, bien sûr, une dominante quant au respect d'un besoin
de rattrapage pour les régions périphériques et, avec une
importance moindre, dans les régions centrales, laissant un montant de
50 000 000 $ pour les zones en difficulté à l'intérieur
des régions centrales.
Cela a été l'une des grandes victoires. Il faut se
rappeler que le gouvernement fédéral était en plein
processus d'annonce ou presque de sa propre entente pour chacune des
régions du Québec lorsque, en février 1988, j'ai
lancé avec mon collègue Rémillard un cri d'alarme, mettant
en garde le gouvernement fédéral de continuer de faire ce qu'il a
fait par le passé, de mettre entre les mains de personnages politiques
des décisions extrêmement importantes sur le plan des choix des
projets sur le plan gouvernemental, mais d'orchestrer davantage l'intervention
sur le plan de la concertation et de décider avec les milieux à
quoi seraient affectées ces sommes.
Donc, on a vu tous ces comités à propos des orientations
régionales et ils doivent nous faire connaître leurs
réactions dans les prochaines semaines, sinon, dans les prochains mois.
Cinq programmmes actuels sont prêts à être soumis aux
comités consultatifs. Il s'agit des programmes provenant du gouvernement
fédéral qui étaient prêts bien avant le début
de la négociation de l'entente et pour lesquels le gouvernement
fédéral comptait aller seul de l'avant.
Ces cinq programmes, cela inclut, bien sûr, PDIR qui a subi les
foudres de M. Wilson et de M. de Cotret la semaine dernière. Quant
à nous, nous sommes en train de terminer onze projets de programmes qui
seront inclus à l'intérieur de l'entente, onze programmes qui
sont extrêmement importants et qui feront l'objet, au cours des
prochaines semaines, des prochains mois, d'une présentation de
l'autorité fédérale pour application.
À ce jour, que peut-on dire de ce qui est arrivé au sujet
de l'entente? Est-ce que des sommes sont dépensées au sujet de
l'entente? Certaines sommes, oui, et, en particulier, la plus frappante a
été l'inclusion des 24 000 000 $ ou 25 000 000 $
nécessaires aux infrastructures de la papeterie de Matane, laquelle
constituait une demande des autorités fédérales qui, par
conséquent, a été payée en totalité par les
autorités fédérales, mais versée à
l'entente. Si la papeterie de Matane n'est pas un objet de développement
régional, de prise en main d'un milieu, il n'y a pas d'autre projet qui
pourrait, je pense, répon-
dre à cela.
Quant au plan d'action en matière de développement
régional, sans être prétentieux et tout en disant, comme je
le répète à tous les gens que je rencontre, que ce n'est
pas une fin, le document qui a été rendu public en est un qui a,
à tout le moins, le mérite de mettre ensemble, pour une
première fois, les responsabilités gouvernementales et de faire
prendre une décision par un Conseil des ministres sur un ensemble de
dossiers ou d'orientations que le gouvernement souhaitait donner dans le cadre
du développement régional. Ce document est, bien sûr, le
fruit d'une consultation interministérielle extrêmement importante
et élaborée, qui s'est échelonnée sur
au-delà d'une année. Ce document veut s'attaquer à un
certain nombre de difficultés, dont l'exode des jeunes. Cet exode est
particulièrement dramatique dans presque toutes les régions du
Québec, davantage dans les régions éloignées. Le
document tente, bien modestement, bien sûr, de proposer des alternatives
à la création d'emplois en région. Il parte d'une
importance pour les régions d'être prêtes à profiter
du développement économique à venir, qui sera en bonne
partie technologique. Pour ceux qui ont pris connaissance des journaux ce
matin, le MICT entreprend une démarche, une croisade assez importante
dans la transformation de l'aluminium au Québec, au moment où des
alumineries importantes ont été annoncées. C'est, donc,
dans les régions du Québec que ces profits pourraient se faire
sentir au cours des prochaines années.
Deuxième objectif: la nécessité d'une concertation
socio-économique mieux articulée, plus serrée et plus
efficace. Je l'ai toujours dit et je continuerai de le répéter:
Même si nos adversaires politiques, du temps où ils étaient
au pouvoir, ont mis au monde une formule de sommets régionaux, qui
était, à la base, intéressante, que nous avons
modifiée en termes de tenue au fil des années, elle doit
continuer d'exister, mais elle a besoin, sur le plan de sa préparation,
de sa tenue, et de son suivi, de certains resserrements que nous allons
effectuer en cours d'année.
La modulation des politiques et des programmes gouvernementaux pour une
meilleure prise des décisions au niveau des régions du
Québec devient capitale. C'est un autre chapitre du document qui, bien
sûr, va se heurter dans certaines situations à la traditionnelle
mentalité centralisatrice et combien moins fatigante ou imposante
à administrer de la culotte de Québec, qui devrait normalement
faire à tout le monde. Finalement, l'action prioritaire dans des zones
en difficulté m'apparaissait un élément très
important.
Où en sommes-nous après ces éléments?
PRECEP, qui prendra la place de PECEC, est terminé sur le plan des
négociations. Il sera soumis au cours de la semaine prochaine au Conseil
du trésor pour acceptation et, donc, mis en application très
prochainement.
Le financement de la fondation de l'entre-preneurship est un cas
réglé puisque M. Bourassa lui-même annonçait
à !a fédération de l'entrepre-neurship, mercredi dernier,
l'octroi d'une subvention, tel que cela avait été
mentionné, pour soutenir les efforts du milieu quant à la
création d'une fondation de l'entrepreneurship qui aura des
répercussions partout au Québec et, en particulier, dans des
régions qui en ont besoin et qui ont besoin d'entreprendre des choses,
qui ont donc besoin d'être stimulées sur le plan de
l'entrepreneurship.
La semaine prochaine, se tiendra à Sherbrooke le colloque sur la
technologie, un colloque très important, de même nature que celui
que nous avions fait sur le financement du développement régional
à Rimouski. Quels résultats sont appréhendés? Ce
n'est qu'au lendemain que nous saurons si, effectivement, des choses
intéressantes se passeront. Je ne vous cite qu'un exemple. Dans le cas
du finacement du développement régional à Rimouski, c'est
là où véritablement la Caisse de dépôt et
placement du Québec a compris qu'elle se devait de faire des choses
additionnelles dans des régions et que le critère "rendement
optimal d'un investissement" pour la Caisse de dépôt devait,
à l'occasion, dans des réglons comme la Gaspésie et les
Îles-de-la-Madeleine, faire place à un peu plus de souplesse et
qu'elle avait aussi un rôle à jouer dans cela.
Nous souhaitons que, dans le cas du colloque sur le développement
technologique, on puisse effectivement en arriver à de telles
initiatives ou à de telles ouvertures, pour le plus grand
bien-être de toutes les régions du Québec.
Quant aux ententes-cadres, nous en avons trois de signées et deux
à venir; celle de la Côte-Nord a à nouveau franchi le cap
du Conseil du trésor, franchira celui du Conseil des ministres au cours
des prochains jours et, par la suite, ce sera la signature, ce qui nous en
laisserait, à ce moment-ci, une seule à terminer, soit celle du
Bas-Saint-Laurent.
Trois sommets en préparation: celui de Lanaudièra, celui
de la Mauricie-Bois-Francs, qui sera tenu à la fin de mai, de même
que celui des Chutes de la Chaudière-Appalaches.
Il y a des éléments importants qui ont été
apportés aux conférences sur le plan de la
représentativité des maires, du monde socio-économique et
du monde gouvernemental pour en arriver à un rôle de tiers
où le rôle de la députation y est plus important, à
tout le moins en incluant les députés de l'Opposition qui veulent
bien y participer sur le plan de la représentation comme telle de
l'Opposition. Je pense que la qualité de l'exercice sur le plan de la
concertation a aussi fait beaucoup de chemin. Il reste encore
énormément de chemin à faire sur le plan de la
priorité des projets, en particulier lors des exercices des forums, et
on en a encore un cas patent en Mauricie-Bois-Francs. Finalement, sur le plan
de la fiabilité des
engagements gouvernementaux, avec le mécanisme de la biennale sur
le plan du suivi des engagements où, à l'occasion, le
gouvernement peut se faire mettre sur le nez certaines réalisations
promises qui ne sont pas engagées pour différentes raisons soit
d'ordre technique ou budgétaire, le but de l'exercice d'une biennale est
de resituer exactement les choses là où elles sont et où
elles doivent être.
Quant à la modulation des politiques et des programmes
gouvernementaux, le COMPADR, le Comité ministériel permanent
d'aménagement et de développement régional, a un mandat,
au moment où nous nous parlons, en termes de responsabilité
gouvernementale sur tous les projets qui ont une incidence sur le plan du
développement régional, et c'est une première, d'inclure
dans l'analyse qui est acheminée au Conseil des ministres pour une
décision éventuelle une analyse de l'impact de tel ou tel projet
sur les régions du Québec. Cela se faisait de manière
sporadique et ad hoc dans le passé. C'est devenu maintenant un mandat
très clair du COMPADR et cette obligation serait de nature à
rassurer un certaine nombre de personnes. Évidemment, la modulation
atteint le FDR et le PRECEP aussi dans sa conception actuelle et atteint, de la
même manière, les agents de développement en milieu
rural.
Quant au soutien aux régions en difficulté, un premier
contrat de relance a été accordé à la MRC de
Pontiac qui avait connu certaines difficultés d'intégration lors
de la tenue du sommet de l'Outaouais, à l'époque, compte tenu de
sa géographie bien particulière, de sa composition bien
particulière de petites municipalités et de son caractère
à la fois anglophone et francophone. Donc, un premier contrat de relance
a été octroyé à la MRC de Pontiac, alors que les
quatre autres, pour cette année, seront connus en même temps d'Ici
le début de juin de la même manière que les cinq villes
mono-industrielles qui seront reconnues pour l'exercice 1989-1990. (10 h
30)
Au-delà de tout cela, on pourrait facilement s'attarder au bilan
des régions, des sommets régionaux, évoquer leurs forces
et leurs faiblesses, parce que, forcément, s'il y a des forces, il y a
aussi des faiblesses. J'ai l'impression qu'on pourra largement le faire au
cours de l'exercice, sachant déjà que l'exercice auquel nous nous
sommes engagés en était un davantage d'opposition, au cours
duquel on tente de lancer la pelure de banane au gouvernement pour qu'il puisse
à la fois se commettre et se dédire, si tel est le cas. C'est un
exercice que nous connaissons bien. Je suis prêt, à partir de ce
moment-ci, à aborder toutes les questions que l'Opposition et mes
collègues ministériels voudront soulever quant aux crédits
de l'OPDQ, aux dossiers passés, aux dossiers à venir et à
la situation financière.
La Présidant (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. M. le député de Shefford, avez-vous des remarques
préliminaires?
M. Roger Paré
M. Paré: Oui, M. le Président. Je veux dire au
ministre que je n'ai pas l'intention de gar-rocher des pelures de banane, mais
j'ai l'intention d'avoir une discussion directe et franche au sujet des
interrogations de l'Opposition, et aussi par rapport à ce qu'on entend
dire dans les différents milieux du Québec, autant dans ma
région que dans les autres régions, puisque j'en ai visité
plusieurs, face aux inquiétudes qui y sont vécues.
On parle de concertation, je dois vous dire que je suis d'accord, et
depuis très longtemps, d'ailleurs. Je pense que les premiers exercices
de rapprochement, de concertation, de mobilisation ont été faits
à la fin des années soixante-dix et au début des
années quatre-vingt avec, premièrement, la création des
MRC qui permettaient, selon l'importance de la population, un mariage, un
rapprochement entre les villes et les campagnes. Cela a effectivement
commencé à ce moment-là, alors que les gens pouvaient
ensemble, en commun, planifier leur développement sur une échelle
plus restreinte. Je pense que c'était un excellent début. Je suis
heureux que, malgré les réticences, on ait maintenu la structure
des MRC et qu'on leur ait permis de faire leur schéma
d'aménagement, de planifier l'avenir, de se concerter et de
développer un esprit combatif, de façon très positive pour
le développement régional, plutôt que ce qu'on appelait un
esprit de clocher.
Sont venus ensuite les sommets: sommets régionaux, sommets
nationaux, sommets sectoriels qui, du temps où vous étiez dans
l'Opposition, ont été très fortement contestés et
dénoncés. Ils étaient, à mon avis, et ils sont
toujours des outils de développement indispensables et essentiels.
Donc, I s'en est fait beaucoup. Il y a eu l'implantation et II y a eu de
la consultation pour en arriver à une politique globale. Vous vous
rappellerez Le choix des régions qui a fait partie d'un
dépôt de documents, mais qui est le fruit d'une consultation faite
partout au Québec. On n'est pas parti de rien. À partir de 1985,
les bases étaient déjà là, les consultations
avaient eu lieu, les documents étaient déjà
déposés, de sorte que le développement régional
repose sur quelque chose de stable, quelque chose de bien orienté, avec
des axes qui répondaient aux commentaires qu'on avait eus au cours des
consultations sur l'ensemble du territoire québécois. Cela a
changé, les sommets sont devenus des conférences et la
composition des membres a largement varié ainsi que le contenu des
projets qu'on retient dans les sommets.
Un premier point que je veux toucher est celui du financement, parce
qu'on pourra tenir tous les plus beaux discours au monde, ce qui
compte, en fait, au bout de la ligne, ce sont les résultats -
c'est toujours comme ça - et les résultats pas seulement de ce
qu'on peut annoncer dans un sommet, à la signature d'une entente-cadre
ou à une biennale, mais tout au long de l'année, globalement, en
termes d'implication gouvernementale dans les régions; parce que si on
coupe à une place pour donner à l'autre, on n'a pas
évolué comme société. C'est ce qu'il faut regarder
et c'est là-dessus que je vais poser des questions, entre autres. Quand
on regarde sur quoi reposent, en grande partie, les projets qu'on annonce, ou
qui sont retenus au cours des sommets, c'est sur des budgets peut-être
plus particuliers que d'autres. On y revient souvent et, si on regarde, il y en
a à chaque sommet, ça devient de plus en plus courant qu'on
demande de retenir des projets qui relèvent du ministère des
Transports. On pourrait s'attendre, s'il y a beaucoup de demandes de ce
côté, qu'il s'en fasse plus; on est obligé de constater que
c'est le contraire. Depuis trois ans, par rapport au budget de 1985-1986, il y
a un manque à gagner, sur la base du dollar courant, de près de
300 000 000 $. Qu'on se retrouve avec l'état lamentable des routes,
aujourd'hui, ce n'est pas surprenant. Quand on investit moins, les
résultats se font sentir. Donc, si on retient dans le
développement régional beaucoup de budgets relevant du
ministère des Transports et qu'on investit moins dans ce même
ministère, ça veut dire qu'on a des routes dans un état
lamentable, mais on a aussi moins d'argent ou pas plus d'argent. Si on le donne
à quelqu'un par cette retenue au sommet, ça veut dire qu'on ne le
donne pas à d'autres. Il va aussi falloir regarder, nous, les
députés, si c'est comme ça qu'on veut que soit
distribuée l'enveloppe du ministère des Transports, par rapport
à ce qu'on a toujours connu, en fonction des priorités
régionales et des plans quinquennaux, parce qu'on est en train de
mofidier ça sans nous aviser. Je dois vous dire que j'ai une crainte de
ce côté, car ça semble être exactement ce qui se
dessine.
Une autre source importante de financement concernant la
réalisation des engagements pris lors des sommets, c'est le Fonds de
développement régional, on en a parlé tantôt, le
budget de l'OPDQ. De ce côté aussi, quand on regarde les budgets
et qu'on analyse les chiffres que vous avez donnés tantôt, sur une
base régulière, on s'aperçoit qu'au niveau du programme 2,
Fonds de développement régional et PECEC, le budget de 1985-1986
était de 36 000 000 $, celui de 1986-1987, de 28 000 000 $ et celui de
1987-1988, de 32 000 000 $, qui, heureusement, recommence à monter. Si
on tient compte de ces années, c'est une baisse, mais ensuite, si on
remonte, il faut quand même finir par rejoindre au moins le niveau de
1985-1986, avant de parler d'augmentation réelle. À ce sujet,
nous aurons des questions, quand on connaît les nombreuses demandes
urgentes qui viennent non seulement à la suite des ententes-cadres par
rapport aux sommets, mais de tous les autres dossiers qui viennent des
différents groupes, des municipalités, des organismes dans la
société qui s'adressent directement au Fonds de
développement régional. Ces demandes ne sont pas satisfaites et,
pourtant, on se retrouve avec des crédits périmés.
L'autre fonds important d'où proviennent les sommes
attribuées pour répondre aux différentes demandes des
sommets, c'est la fameuse entente-cadre fédérale-provinciale. De
ce côté, je dois vous dire qu'on peut avoir de grandes
déceptions. Premièrement, négociation à la baisse
par rapport à l'entente-cadre de 1984. Donc 385 000 000 $ de moins,
ça ne fait pas beaucoup d'argent, au contraire, ça en
enlève. On ne veut pas faire de comparaison avec le passé, mais
on peut en faire avec d'autres parties du Canada et on se rend compte, au
niveau actuel, qu'on ne peut pas se péter les bretelles. Quand on
regarde ce qui a été donné, par exemple, à l'Agence
de promotion économique de l'Atlantique, c'est 1 000 000 000 $, pour la
même période. Tantôt on parlait de 440 000 000 $, on
pourrait même monter à 515 000 000 $ - on est prêt à
faire le calcul comme ça - quand on parle aussi des 150 000 000 $
à 50 % par les deux gouvernements pour compléter l'argent des
autres ententes qui sont intervenues. C'est 515 000 000 $ comparativement
à 1 000 000 000 $ pour l'Agence de promotion économique de
l'Atlantique. C'est 1 200 000 000 $ pour le Bureau de diversification de
l'Ouest.
Je me rappelle que ce montant a été critiqué
énormément. On disait que la diversification dans l'Ouest veut
dire plus de tranforma-tion, entre autres, pour les secteurs agricoles. Cela
veut dire que ce qui s'en venait ici pour la transformation va rester
là-bas pour être transformé. On en a déjà la
preuve. Cela se fait déjà ressentir. Cela a des effets directs
sur les emplois, par des décisions du gouvernement
fédéral. Quand on diversifie l'économie de l'Ouest, on le
fait au détriment d'autres régions, dont la nôtre, surtout
dans le transport maritime. On se rend compte que ça diminue dans les
ports, parce qu'on diminue les investissements dans le transport ferroviaire,
entre autres - et vous en êtes bien conscients - alors qu'on l'augmente
énormément dans l'Ouest. Ce sont les ports de la Colombie
britannique qui en profitent au détriment des ports du Québec.
Quand on regarde les investissements d'Ottawa dans le développement
régional per capita - on est censé être au Canada,
puisqu'on est dans la fédération, des citoyens égaux et
à part entière - on s'aperçoit que, pour les provinces de
l'Atlantique, l'investissement canadien, en termes de développement
régional, c'est 456 $ par personne; dans l'Ouest canadien, c'est 163 $
et, au Québec, c'est 84 $. Je dois dire qu'on ne nous considère
pas comme tout à fait égaux quand vient le temps d'investir dans
le développement régional. Ce sont seulement des chiffres qu'on
ne fait que
constater. Quand on n'a pas les sommes nécessaires
pour réaliser tous ses engagements, ou on ne tes réalise pas ou,
si on ne met pas plus d'argent, on le fait au détriment d'autres
projets. Cela devient des choix. Ce sont des questions qu'on se pose dans le
milieu. Il va falloir le dire carrément aux gens si tous les projets
doivent maintenant passer par les sommets.
Je vais vous donner un cas concret. Bon nombre de gens
espèrent beaucoup du programme PADEL du ministère du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche, Programme d'aide au développement
d'équipements de loisir, que ce soit des salles communautaires, que ce
soit des terrains de tennis, que ce soit pour n'importe quel équipement
de développement local pour les loisirs. À ce moment on se dit:
On va faire une demande au PADEL, parce que les formules sont disponibles. On
ne nous a pas dit qu'un jour on se ferait prendre, comme aujourd'hui, comme
dans des contrats d'assurance ou d'autres, avec des clauses écrites en
petits caractères où on nous dit que pour avoir droit à
tel genre de programme... Je vous lis deux petits paragraphes qui vous le
confirment, c'est la nouvelle formule de cette année: "Cependant, cette
restriction ne s'applique pas aux projets de moins de 100 000 $ admissibles au
Programme d'aide au développement d'équipements de loisir ayant
fait l'objet d'une décision favorable lors d'une conférence
socio-économique régionale ou lors d'une conférence
biennale."
Cela veut dire que les gens qui vont soumettre des projets
pour des équipements de loisir, premièrement, se disent: On est
obligés de les soumettre au sommet, si on veut qu'ils soient retenus et,
si on veut avoir le droit de les soumettre, il faut les présenter au
sommet. Les députés seront d'accord avec moi, je suis
convaincu.
Maintenant, si toutes les municipalités qui ont
besoin d'une salle communautaire ou de n'importe quel équipement se
disent: II faut que je présente la demande à mon sommet
régional, au lieu d'avoir 400 ou 500 demandes au cours des sommets, on
va se ramasser avec 700 ou 800 demandes par sommet, et, à la fin, on
n'en retiendra pas plus de 60, 70 ou 80. On va en présenter plus et on
n'en retiendra pas davantage. Cela voudrait dire que ces demandes seront
présentées en espérant être retenues, mais on sait
très bien qu'elles ne le seront pas ou qu'elles ne le seront pas toutes,
c'est impossible, alors que c'est un programme universel. C'est sûr que
c'est en fonction des budgets, mais au moins, avant si on avait un bon dossier,
on pouvait espérer l'avoir.
A partir d'aujourd'hui, on va les soumettre au sommet, mais
on sait que, même si on en soumet deux fois plus, on n'en acceptera pas
deux fois plus. On vient de s'éliminer. Là, automatiquement, au
budget du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, on
connaît d'avance les projets qui ne seront pas retenus, mais on n'avise
pas à l'avance les municipalités et les groupes en leur disant.
Écoutez bien, PADEL sera modifié dans le sens que si votre projet
n'est pas retenu au sommet, M. ne sera plus admissible. On l'apprend en
recevant une formule et c'est en cours de route, sans avis, que les
municipalités apprennent que le PADEL n'est plus pour elles, parce que
leurs projets n'ont pas été retenus au sommet. Je trouve
ça malheureux, dommage et inquiétant, et là je parle au
nom de plusieurs municipalités dont j'ai rencontré les
autorités et qui s'inquiètent avec raison, à mon avis. (10
h 45)
Donc, si on ne met pas plus d'argent dans ces
ministères qui doivent répondre aux demandes qui arrivent dans
les sommets et que ces derniers disent que ce sont ceux-là qui sont
retenus, il nous arrive ce qu'on entend de temps en temps dans nos
régions: des bons projets qui, de toute façon, n'auraient pas
passé au sommet. Ils auraient pu passer, mais c'est au détriment
d'un autre. S'ils n'ont pas passé au sommet, on s'en va maintenant au
Fonds de développement régional, à l'OPDQ en
région, en disant: J'ai un très bon projet. Je ne parle pas de
moi, je parle du promoteur, et j'aimerais qu'y passe. Ah bon, il n'a pas
été retenu au sommet et le fonds est réservé, parce
qu'on n'en a pas beaucoup, d'abord et avant tout pour les dossiers du sommet.
Donc, ça veut dire que finalement on met des restrictions.
Je sais, pour avoir eu une rencontre la semaine
passée avec des gens de ma région, que, lorsqu'on fait ça,
ils ont l'impression - et je dois vous dire que je partage cette
inquiétude -qu'on fait gérer la décroissance aux
régions par les sommets socio-économiques. On met moins d'argent,
on vous fait faire le choix, sans vous aviser, par exemple, que vous
n'êtes plus admissibles au programme par la suite, et, après, les
gens se font refuser d'autres projets parce qu'ils se disent: Vous n'avez pas
été retenus au sommet. Donc, c'est toujours l'argument qu'on
invoque pour ne pas investir davantage dans les régions, mais on fait
porter l'odieux aux gens mêmes qui, bénévolement, se sont
consacrés à l'exercice des conférences
socio-économiques. C'est ce qui se produit de plus en plus. Quand on
regarde, on peut bien tenir, comme je vous le disais tantôt, de
très beaux discours sur le développement régional, mais,
entre-temps - je vous donnerai quelques exemples - ces vrais outils de
développement économique, qui ne relèvent pas de l'OPDQ et
du ministre, mais d'autres ministères, font en sorte que, pour en donner
plus dans les sommets, parce que ça paraît bien... Comme le disait
M. Nicolet, président de l'UMRCQ, il faudrait modifier les sommets
socio-économiques et ce que les sommets perdront au chapitre du
spectacle médiatique, peut-être... Sauf qu'en attendant, d'autres
dossiers qui étaient bien perçus, bien connus par les organismes,
les municipalités et tous ceux qui
font affaire avec le gouvernement, d'autres projets qui aidaient les
régions à se prendre en main ont été abolis ou
diminués.
Je parlais tantôt de la croissance du Fonds de
développement régional; cela en est un qui a été
diminué et gelé pendant un certain temps. Le moratoire sur les
équipements culturels, on sait ce que cela a voulu dire pour des
régions. Coupure de l'aide aux bibliothèques municipales et cela,
c'est un peu comique. En même temps que le ministre responsable des
Affaires culturelles décide de couper l'aide aux bibliothèques
municipales, par l'entremise des conférences socio-économiques,
on annonce de l'aide aux bibliothèques municipales dans certains coins,
là où on a fait passer ça comme une priorité. Mais
pour le reste des municipalités, aux Affaires culturelles, c'est une
coupure. C'est ouvert à tout le monde; ce n'est plus universel.
Maintenant, cela devient tout simplement une annonce lors des sommets
socio-économiques et cela, il faut se le dire.
L'abolition de l'aide aux coopératives de développement
régional dans les régions périphériques, ça,
on pourra dire qu'on va la remplacer par autre chose. On pourra dire qu'on veut
se donner des nouveaux outils. Vous avez parlé largement de PRECEP et je
vais y revenir tantôt. Vous avez parlé de ça comme d'un
outil indispensable pour le démarrage d'entreprises. Mais la
Société de développement coopératif avait fait
largement ses preuves comme programme coûtant le moins cher au
Québec en ce qui concerne chacun des emplois créés.
Pourtant, on a décidé d'abolir ça.
L'abolition de l'aide aux postes de télévision et aux
journaux communautaires, le gel de l'aide à la radio communautaire,
c'est entièrement dans les régions qu'on retrouvait ça.
Fermeture des bureaux régionaux de Radio-Québec au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, en Estrie, en Mauricie, en Outaouais et à
Québec. Cela en est, du développement régional. C'est de
l'identification des régions. Vous allez me dire que c'est du gaspillage
et qu'il fallait économiser. Allez dire ça dans les
régions. Là, vous allez me dire que, effectivement,
Radio-Québec a moins de cote d'écoute. Moins on va investir,
moins il y aura de programmes auxquels les Québécois vont
s'identifier dans les régions, moins la cote sera élevée
et c'est évident que, de plus en plus, on justifiera même la
fermeture de la grosse boîte si ça continue. Moins on investit
là-dedans, moins on la rentabilise, moins c'est populaire.
La mise au rancart des programmes régionaux agroalimentaires par
le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
Quand vous parlez de modulation, vous en pariez, mais le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation vient de faire sa
réforme en matière d'agriculture pour faire en sorte que ses
programmes soient du mur à mur au lieu d'être faits sur une base
régionale comme ça l'était auparavant. C'est totalement
à l'inverse du discours qu'on tient et cela fait en sorte que les
régions périphériques, au moment où l'on se parie,
n'ont pas profité du nouveau programme agricole, parce que la base est
faite sur une moyenne, alors que les régions périphériques
ne sont pas capables de s'adapter à cela.
La réduction des budgets d'immobilisations dans les parcs et les
réserves fauniques est une autre réalité. Juste à
regarder les budgets du MLCP, ça va comme ça. L'aide
apportée aux organismes communautaires. Le communautaire dans les
régions, c'est une économie majeure pour le gouvernement. Quand
les maisons de jeunes s'ouvrent et les maisons de femmes, quand tous les
groupes communautaires s'implantent, cela fait en sorte que, pour une petite
subvention minimale, le prix d'un fonctionnaire permet très souvent
à des dizaines et à des dizaines de personnes de travailler
bénévolement et d'empêcher tout le système de
santé d'être obligé de s'ajuster pour répondre aux
nouvelles demandes. Depuis 1985, on n'a pas augmenté ces budgets et il y
a des fermetures. Dans les nouveaux sommets, on ne reconnaît même
pas ces organismes comme admissibles à soumettre des projets
étant donné qu'il faut qu'il y ait une contribution d'au moins 25
% du milieu. Donc, ce qui constituerait une économie majeure pour le
gouvernement, on l'élimine des sommets, des groupes très
dynamiques.
Quand on regarde tout ça, je reviens à ce que je disais au
début, c'est que je suis d'accord pour qu'on défende de grands
principes et qu'on tienne de beaux discours. Je suis d'accord là-dessus,
mais la réalité est, en bout de ligne, dans les
réalisations. Je trouve malheureux qu'on puisse présenter des
projets à différents endroits, au MLCP, à l'OPDQ et qu'on
dise maintenant qu'on ne le peut pas parce qu'on n'est pas retenu comme projet
au sommet. Le sommet, dans l'esprit où cela a été
amené, avant que cela soit changé, c'était quelque chose
qui s'ajoutait, c'était quelque chose qui faisait en sorte qu'on
définissait des axes et ensuite on décidait qu'on pouvait
accepter des projets qui n'étaient pas nécessairement dans le
cadre des normes des programmes prescrits et dans le cadre des budgets
réguliers, alors que maintenant - et le décret de septembre 1988
vient le confirmer - cela doit être dans le cadre des normes et des
budgets. C'est la réalité des choses et finalement cela
n'augmente pas l'argent consacré au développement.
Vous avez parlé du Québec à l'heure de l'entreprise
régionale. On va y revenir en termes de questions. Vous n'avez, par
contre, pas fait beaucoup application de "Deux Québec dans un" qui vient
du Conseil des affaires sociales. Cela aussi est une réalité et
les gens de réglons ont dû se reconnaître là-dedans.
Malheureusement, le Québec n'est pas dans un état de santé
économique et sociale très bon au moment où l'on se parle,
en tout cas, pas pour l'ensemble des régions du Québec,
certainement pas pour
toutes les régions du Québec. Je regarde le
député en face de moi qui n'est pas d'accord avec moi, sauf qu'il
va être obligé de reconnaître qu'on a deux fois plus de
chômeurs qu'en Ontario malgré des années et des
années de reprise économique; ce n'est pas acceptable. Je suis
bien plus d'accord avec le nouveau comité non gouvernemental qui s'est
mis sur pied et qui fait le tour du Québec. Je dois vous dire que Je
suis peut-être le seul député de ma région qui ait
assisté au colloque sur le plein emploi. La seule façon de
régler le problème au Québec c'est le plein emploi.
Mais au moment où l'on se parle, "Deux Québec dans un",
c'est clair et net, le Québec est un pays - on peut bien le dire, de
lacs, de rivières et de forêts - de régions. Il faut
profiter des richesses de chacune des régions et essayer de les
développer, et ne pas laisser des régions se fermer, comme
ça se fait présentement. C'est une réalité. Ce sont
des chiffres qui sont comptabilisés. Il y a des régions, et vous
l'avez même dit au début de votre intervention, M. le ministre,
qui se vident. Il y a des jeunes qui quittent et, quand ils quittent pour aller
étudier dans des grands centres ou pour toutes sortes de raisons, et
c'est prouvé d'une façon claire et nette, c'est chiffré,
il y a des régions qui, malheureusement, voient leur population
diminuer. Donc, leur population vieillit. Cela veut dire que ce seront des
problèmes qui vont aller en augmentant dans ces régions. Donc, il
y a des régions qui se vident et des centres-villes qui se vident au
profit des banlieues. Je regarde certaines politiques dont le transport
à Montréal; cela favorise, comme le dit le maire Doré de
Montréal, encore une fois l'étalement d'une population. Ce sont
des chiffres réels. Je m'excuse, vous pourrez prendre la parole
tantôt.
Si vous regardez là-dedans, on nous dit qu'à
Montréal - et cela devrait faire partie des préoccupations du
ministre responsable du Développement régional - il y a des
quartiers qu'il va peut-être même falloir considérer comme
des régions. On dit que 36 % des logements sont occupés par des
personnes seules à Montréal et que les familles s'en vont dans
les banlieues où il y a des problèmes de ponts, de routes. Il
faut vivre avec les problèmes. Ceux qui ne sont pas de la région
de Montréal ne les vivent pas. Pour ceux qui y sont, ceux qui doivent
traverser les ponts, ce n'est pas un cadeau de ce temps-ci. Cela n'ira pas en
s'améliorant avec les politiques qu'on a présentement. Cela va
juste faire en sorte que Montréal risque de se battre contre d'autres
régions du Québec au lieu d'être en concurrence avec des
régions aussi importantes que Toronto. Je pense qu'il faut être
dans les ligues majeures ou mineures. Je ne suis pas sûr qu'on soit en
train de ramener Montréal dans les ligues majeures; c'est plutôt
dans les ligues mineures en ce qui concerne les discussions. Parce que
Montréal, au moment où l'on se parle - je pourrais vous apporter
des documents qui ne sont pas du Parti québécois, mais qui
proviennent d'une étude économique de Montréal - pour ce
qui est de la construction, n'est plus en concurrence avec Toronto, mais avec
les villes de la banlieue de Toronto. C'est la réalité des
choses; ce sont des chiffres. Malheureusement, je ne les ai pas
apportés, parce que je ne suis pas critique en matière
d'habitation ce matin; mais c'est la réalité des choses.
Je vous l'ai dit qu'on était pour se parler franchement ce matin
parce que, ce qu'on décide quand on parle de développement
régional du Québec, c'est l'avenir du Québec. Je pense
qu'il faut se poser des questions franchement, lucidement. Je ne suis pas en
train de crier et je ne crierai pas, mais je vais vous transmette clairement
les inquiétudes que j'ai entendues sur le terrain. Je vais vous poser
les questions telles qu'elles me sont posées, et les craintes que j'ai,
je vais vous les apporter. Si vous avez des réponses à tout cela,
je dois vous dire tant mieux. Si je vous apporte de nouvelles choses qui vous
permettront de modifier des comportements, je serai encore plus heureux. Il ne
faudrait pas que les régions soient pénalisées en ayant
l'impression qu'elles sont favorisées par les sommets. Si on les prend
un à un, entre autres, un que je connais bien parce que je le suis de
près: celui de la Montérégie, je dois vous dire que l'on
verra à l'exercice et à l'expérience ce que ce sommet nous
apportera concrètement en termes de développement.
En gros, c'est ce que j'avais à dire pour le moment. Oui, je suis
conscient qu'on fait des efforts pour le développement régional,
qu'on tient de beaux discours, mais avec la tournure que les sommets ont prise,
je dois vous dire que je ne suis pas d'accord. Je ne suis pas le seul à
le dire Je vous ai cité M. Drolet, mais je ne suis pas le seul. Je dois
vous dire que vous aurez peut-être, à la biennale de la
Montérégie, un discours qui sera différent de celui que
vous avez eu au sommet parce que les gens s'inquiètent
déjà des résultats obtenus jusqu'à maintenant; vous
avez fait mention tantôt dans vos commentaires préliminaires de ce
que sera la biennale, alors que les gens espéraient autre chose et
s'attendaient à autre chose.
C'est le premier message que j'ai à passer, message qui
reflète ce que beaucoup de gens pensent. Je l'apporte non seulement pour
critiquer, mais parce que je veux avoir la version du ministre par rapport
à cela, et surtout pour essayer de modifier des choses par rapport
à ce qu'on a connu au cours des dernières années.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Shefford. M. le ministre.
M. Marc-Yvan Côté
(réplique)
M. Côté (Charlesbourg): Oui, M. le Président.
Évidemment, embrasser autant de sujets dans une ouverture comme
celle-là mérite, à
plusieurs points de vue, qu'on resitue un certain nombre de choses.
L'affirmation semble facile, à l'occasion, quoiqu'il soit très
prudent dans sa conclusion en disant qu'il y aurait un questionnement et des
exemples à fournir dans chacun des cas et qu'il est quand même
prêt à réviser son jugement ultérieurement.
Évidemment, je me situe dans une autre perspective qu'une perspective
électorale. Cela a toujours été clair et le sera toujours
à tout le moins dans le cas du développement régional.
Ce n'est pas d'aujourd'hui que j'en fais, que j'en parle. Je suis issu
d'une région qui a été peut-être la plus
auscultée, la plus analysée et qui est encore l'une des
régions les plus pauvres, la MRC de Denis-Riverin, au nord de la
Gaspésie, dans le village de Sainte-Anne-des- Monts.
Quand je parle de développement régional, j'en parle, bien
sûr, selon mes tripes et on se bat en dedans, à l'intérieur
de l'appareil gouvernemental, contre des gars qui viennent peut-être de
Granby ou des grands centres comme Montréal et Québec et qui
n'ont pas tout à fait la même vision du développement
régional que les gens des régions.
Que M. Nicoiet ou quelqu'un d'autre vienne pérorer sur un certain
nombre de choses, quant à moi, j'en ai l'habitude parce que c'est son
rôle premier de pérorer sur un ensemble de sujets à travers
le Québec pour autant qu'on voie sa face et qu'on puisse lire son nom.
En temps et lieu, à la table Québec-municipalités, M.
Nicoiet pourra mettre sur fa table, autrement qu'il ne l'a fait la
dernière fois, en ayant plus de temps, sa vision du développement
régional.
Je vais tenter, M. le Président, de prendre un par un les points
soulevés par le député de Shefford, d'abord en lui
rappelant que la concertation n'est pas née de la cuisse de Jupiter ni
certainement pas de celle de René Lévesque. On a cette
très facile propension, même si vous avez tenu des sommets
régionaux. Je le répète: Je vous rends hommage. Je le dis
partout et je n'ai pas peur de le faire, c'est une élémentaire
justice que de vous rendre hommage pour avoir entrepris les sommets. Mais de
là à dire que la concertation a commencé à la fin
des années soixante-dix. Bien sûr qu'on ne peut pas parler du
début parce que cela, c'est sous une autre ère, celle de Robert
Bourassa 1, on ne peut pas en parler. Mais quand on parle de la fin des
années soixante-dix, bien sûr, on arrive avec tous ces beaux
diplômés des universités, spécialistes en
aménagement, spécialistes de ceci et de cela, des verbomoteurs
comme Bernard Landry et d'autres de cette nature. Il est clair que ce n'est pas
là où cela a commencé. La concertation n'a pas
commencé là. La concertation a commencé au début
des années soixante dans le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie. (11
heures)
Vous avez évoqué Radio-Québec tantôt. Il
s'agit d'aller faire un petit tour à Radio-Québec et de lui
demander un film. Vous allez voir apparaître tantôt des gars comme
Roch Bolduc, Jean-Claude Lebel, Guy Couiombe et d'autres que vous allez
reconnaître qui, en sortant de l'université, sont allés
prendre leur expérience d'aménagement et de concertation dans le
Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie. C'est là que cela a
commencé. C'en était une concertation, exactement celle à
laquelle on assiste aujourd'hui. C'est clair. Donc, l'idée de la
concertation n'est pas arrivée à la fin des années
soixante-dix, au moment où vous étiez en pleine gloire. Voyons
donc! Cela a commencé bien avant cela. Ce que vous avez fait, c'est que
vous l'avez prolongée.
Evidemment, vous avez découvert la France, avec quelques bons
petits voyages, et transformé les MRC de la manière dont vous
l'avez souhaité en termes de responsabilités
d'aménagement. Les voyages forment la jeunesse et cela en a formé
quelques-uns de votre gang. À partir de cela, c'est là que
l'expérience de concertation avec des territoires est arrivée. Et
cette concertation, elle est bonne, elle est nécessaire, et on va
continuer dans ce sens, exactement dans le même sens de la concertation.
On n'essaiera pas de vous dire qu'on a inventé tout cela. Il y a eu des
laboratoires à l'époque qui ont été très
utiles, qui sont ceux du Bas-Saint-Laurent. Bien oui, il y a la période
de gloire.
J'aimerais bien entendre les propos de M. Nicoiet sur la période
des sommets régionaux, des sommets nationaux et des sommets sectoriels.
J'aimerais bien entendre les propos de M. Nicoiet pour voir s'il n'y avait pas
un petit peu de spectacle là-dedans. Vous savez, la grande table, toute
pathétique, au Manoir Richelieu, avec tout ce beau grand monde,
très bien animée. C'était du spectacle, bien sûr,
parce que les caméras étaient là en direct. Mais pas une
petite caméra régionale, c'était la grande caméra
nationale avec la complicité des réseaux nationaux. De toute
façon, il y a eu une prise de conscience tout à fait
exceptionnelle sur cette nouvelle concertation et cette nouvelle dynamique
entre ceux qui vous avaient élus, parce que, évidemment, les
syndicats n'étaient pas loin de vos élections de 1976, et ce
nouveau pouvoir, cette nouvelle concertation syndicat-pouvoir, c'est là
que c'est arrivé. Alors, il n'y a pas de quoi... Cela a amené la
paix sociale jusqu'à ce que vous décidiez de leur couper 20 %.
Après cela, ces tables ont siégé un petit peu moins
souvent, évidemment.
Une chose est certaine, on a abordé plusieurs sujets et on a fait
le tour d'à peu près tout ce qui traîne dans le
décor comme décisions gouvernementales au fil des années
en parlant de transport et de bien d'autres choses, mais la meilleure que j'ai
entendue, c'est celle de vos sommets. On leur donne le mérite d'avoir
été ce qu'on appelle, dans le langage psychologique, le leader
initiateur. Vous avez été le leader initiateur des sommets. Nous
vous en rendons grâce et hommage et s'il vous faut une plaque quelque
part où l'Inscrire pour que cela soit éternel, je suis
prêt à payer de mes poches pour le faire. Mais tenter de venir
nous dire, a nous, que c'était beaucoup mieux, que des sommets se
tenaient avec des axes de développement, vous ne me ferez pas pleurer
avec cela. Votre démonstration n'ira pas loin. Elle n'ira pas
très loin, votre démonstration. Finalement, il y avait des
ententes, c'était tout extraordinaire, votre tenue de sommets. Dites-moi
donc pourquoi, lors du sommet de Lanaudière, il n'y avait pas un maire
qui était là au moment où vous l'avez fait? Dites-moi donc
cela, pour voir, si le tiers qu'on a réservé aux maires, ce
n'était pas un pouvoir public sous la responsabilité
immédiate du gouvernement du Québec en termes de
responsabilité. Où étalent-ils, avec votre belle table de
concertation? On a eu des axes de développement socio-économiques
et culturels, nous autres, et on a décidé tout cela malgré
le fait qu'on ait confié l'aménagement aux MRC qui sont
composées de maires de municipalité. Est-ce que c'est assez beau,
cela? C'est extraordinaire! Pourquoi a-t-on eu tant de difficulté
à repartir le sommet de Lanaudière? Parce qu'il y avait des
cicatrices de ce que vous aviez imposé à l'époque qui
était inacceptable de la part des maires.
Donc, à partir de cela, vantez-vous de les avoir
commencés, c'est le mérite que vous avez, mais n'en mettez pas
trop dans la carriole parce qu'elle va être, assurément,
au-delà de la limite permise. À ce moment, cela peut coller des
tickets et des étiquettes pour bien longtemps.
Dans le cas des sommets, il y a eu une redéfinition de leur
rôle à partir de la même base: sommets sur le pian
régional, dans les régions du Québec - donc,
définition des régions que vous aviez laissée en plan
à l'époque - qui seront tenus à l'intérieur d'un
calendrier assez régulier. On se rend compte dès maintenant - je
n'ai pas peur de le dire - que c'est impossible de tenir quatre sommets par
année. On a vécu l'expérience de trois sommets l'an
dernier; pour une machine gouvernementale, c'est extrêmement contraignant
et difficile de passer à travers. Sur ce plan, on a invité les
maires, on a même invité l'Opposition avec grand plaisir, parce
que si on veut le faire en concertation, on va le faire en concertation. On a
même invité le gouvernement fédéral qui,
jusqu'à maintenant, a refusé davantage par crainte d'être
absorbé par la machine du sommet et de ne pouvoir y performer.
Nous avons tenté l'expérience d'une représentation
fédérale dans l'Outaouais et ça n'a pas donné
grand-chose puisqu'elle n'était pas de niveau ministériel, elle
était au niveau de la députation et, par conséquent,
ça s'Inscrivait davantage en défense des gestes posés par
le gouvernement qu'en réponse et en engagement fait au nom du
gouvernement.
Au-delà de tout ça, vous avez évoqué des
ententes fédérales-provinciales, ce qui a été
investi dans la région Atlantique par rapport...
M. le Président, évidemment, quand on a fait la
comparaison entre l'entente Atlantique, l'entente de l'Ouest et l'entente
signée au Québec sur le plan du développement
régional, la participation du gouvernement fédéral, 440
000 000 $, plus les 150 000 000 $ de CEDER, la moitié, finalement, ce
qui fait à peu près 520 000 000 $, c'est une entente de 990 000
000 $, de près de 1 000 000 000 $.
Cependant, je demanderai un peu plus de rigueur au député
de Shefford, dans la mesure où c'est possible, et je l'en crois capable,
lorsqu'il compare piastres et cents par tête d'individu quant à la
politique de développement régional pour l'Atlantique par rapport
au Québec et par rapport à l'Ouest; il y a un certain nombre de
choses qu'il ne faut pas oublier. La première, c'est que, pour en
arriver à ça, il faut ajouter un certain nombre de choses.
L'élément de péréquation est certainement un
élément assez important. La péréquation tient
compte aussi de la pauvreté relative de chacune des régions du
Canada. Ce n'est pas moi qui vais aller me battre contre le fait que les
Maritimes puissent en avoir plus parce qu'elles sont plus pauvres que le
Québec. Je ne pense pas que ce soit une bonne bataille à ce
moment-ci.
L'autre élément extrêmement important, dont il faut
tenir compte, est certainement le fait que l'entente de l'Atlantique et
l'entente de l'Ouest demeurent la totale et entière
responsabilité financière et d'exécution du gouvernement
fédéral sans que, en aucune manière, les pouvoirs
provinciaux puissent intervenir pour orienter ses décisions ou
l'application de ces sommes d'argent. Ce sont donc des programmes du
gouvernement fédéral qui s'appliquent dans les provinces. Cela
m'apparaît très évident. Dans le cas de l'entente
signée avec le gouvernement fédéral quant au
développement régional - c'est une première - le
gouvernement fédéral doit soumettre au gouvernement du
Québec, pour approbation ou pour acceptation tout projet contenu dans
l'entente. Si le Québec refusait, c'est clair, ça ne se ferait
pas. C'est une responsabilité que nous avons
récupérée et qui m'apparaît extrêmement
importante dans ce contexte.
Au-delà de ça, finalement, on pourrait facilement passer
la journée là-dessus, mais je pense qu'on va aborder autre chose,
à un moment donné. En continuant, le FDR et les sommets. Oui, le
FDR est un instrument extrêmement souple, qui permet de jouer un
rôle très Important dans les sommets et de reconnaître la
participation d'autres ministères, comme on l'a fait dans le cas des
affaires culturelles. Ce n'était pas une tradition très bien
établie au FDR que de s'engager dans le culturel. Mais le culturel peut
aussi être régional. La salle de spectacle à New Rlchmond
ou à Salnte-Anne-des Monts est aussi Importante que celle du
centre-ville de Montréal ou de Rimouski, parce que ce sont les
mêmes Québécois qui ont le droit d'avoir
accès à un certain nombre d'équipements, sur le
plan culturel. Cela m'apparaissait extrêmement important et, dans ce
sens, la modulation du FOR permet d'intervenir de manière plus
importante dans des régions qui en ont le plus besoin.
Vous avez parlé de PADEL volet 2. Évidemment, ce n'est pas
à moi, à ce moment-ci, de faire la défense de tous les
crédits de tous les autres ministères. Je comprends
l'habileté de faire le tour de piste, mais c'est une autre place. Le
seul petit élément que je vous rappellerai, c'est que si,
effectivement, il y a 700 projets de centres communautaires par année
qui sont présentés, ça veut dire que, dans deux ans, on
aura couvert l'ensemble du Québec, parce qu'il y a 1500
municipalités au Québec. Alors, il ne faut pas charrier non plus.
On peut peut-être revenir à des dimensions un peu
réalistes. Et ce serait faire abstraction de tout ce qui a
été fait dans le passé. Il y en a de fait et il va
continuer à y en avoir. Finalement, les centres communautaires n'auront
jamais de fin, pour la simple et bonne raison qu'il y en a toujours à
demander, que ce soit dans un quartier d'une ville où, s'il y a quinze
quartiers, il va y avoir des demandes pour quinze quartiers de la ville.
À partir de ce moment, il y a des responsabilités à
partager avec le monde municipal, et, au-delà de tout cela, la
reconnaissance d'un certain nombre de dossiers doit se faire dans le cadre des
sommets, et c'est normal que le milieu privilégie, quant à lui,
ses interventions.
Vous avez de nouveau évoqué M. Nicolet, lui-même
issu d'une région touristique, qui a parlé de spectacle
médiatique sur le plan de la tenue des sommets. Le seul endroit
où je l'ai vu, c'est à la biennale de Sherbrooke. Si je me
souviens, l'un des personnages qui ont fait un spectacle, ça a
été lui. Rappelez-vous le projet de Memphrémagog où
il y avait un promoteur qui avait un projet et qui voulait investir des
dizaines de millions de dollars. Il s'est levé pour s'opposer et
demander des garanties additionnelles sur le plan de la réalisation de
ce projet, sur un ton que personne d'autre n'avait employé
jusque-là. C'est lui qui a élevé le ton, dans le cadre
d'une biennale. Je suis encore à chercher où M. Nicolet a
assisté à un des sommets tenus sous la nouvelle
génération. Je l'invite. Je peux lui faire une place à
côté de moi, au prochain sommet, s'il le souhaite. À ce
moment, il pourra parler en connaissance de cause. Il ne répétera
pas des documents écrits par qui vous savez autour de lui. Dans ce sens,
très prochainement, M. Nicolet aura réponse à certains de
ses propos. Je serai très heureux d'engager un dialogue avec lui
n'importe quand. On a manqué notre coup à la dernière
table Québec-municipalités; j'ose espérer qu'à
celle du début du mois de juin il sera là et qu'il sera
prêt. Il pourra apporter toute la panoplie qu'il veut de permanents de
l'UMRCQ que vous connaissez très bien et qui défendent
probablement une autre philosophie que celle du développement
régional.
Vous avez évoqué un certain nombre d'autres choses. Le
gouvernement a été irrespectueux vis-à-vis des
régions du Québec en fermant à Québec,
Radio-Québec. C'est extraordinaire. C'est votre vision, à vous,
du développement régional. C'est exactement la même sauce
que m'a servie Jean Campeau, président de la Caisse de
dépôt, en me disant qu'il avait investi dans le
développement régional, parce qu'il avait investi dans les
Jardins Mérici à Québec. Je m'excuse, le
développement régional, ce n'est pas à Québec que
ça se fait. Québec, c'est la capitale et la région de
Québec profite amplement de sa situation de capitale. Cela
m'apparaît très clair. S'il y a une place où
Radio-Québec peut être présente, c'est bien ailleurs
qu'à Québec qui possède déjà des
réseaux comme Quatre Saisons, TVA, Radio-Canada. Elle est bien mieux
d'aller dans d'autres régions du Québec qui en ont besoin. C'est
ce que Richard French a sauvegardé, à l'époque. C'est ce
qui a été sauvegardé. Alors, venir me donner comme exemple
que le gouvernement est irrespectueux des régions parce qu'il a
fermé Radio-Québec à Québec, vous avez
frappé le mauvais dossier. (11 h 15)
Vous avez évoqué les programmes agricoles régionaux
de votre ex-collègue à l'agriculture, M. Garon. il a même
été prouvé que le Trésor n'avait pas mis un cent
pour les appliquer. C'est ce que mon collègue de Portneuf a
trouvé quand il est arrivé au ministère. Une parade de
campagne électorale qui a servi au leadership, à l'époque,
de M. Garon pour se promener dans tout le Québec. Je ne dis pas que ces
programmes n'existaient pas sur papier, mais je vous mets au défi
d'aller chercher les montants qui étaient mentionnés par le
Trésor et qui étaient approuvés par le Trésor pour
soutenir ce genre d'opération.
Finalement, deux autres points, pour terminer, pour pouvoir engager un
dialogue qui ne sera pas une réponse d'une demi-heure par question d'une
demi-heure, mais un peu plus direct. Le député de Shefford,
membre de l'Assemblée nationale, citoyen à part entière de
la région de la Montérégie, évoquait le plan de
transport de Montréal comme étant un facteur qui allait vider
Montréal et qui favoriserait l'étalement. C'est le bout du bout.
Lui, solidaire de toutes les décisions de la Montérégie,
qui ont mis au premier chapitre la réalisation de l'autoroute 30, qui
est le principal élément critiqué par les gens de
Montréal quant à l'étalement urbain, qu'il vienne me dire
ça aujourd'hui, c'est, à tout le moins, un désaveu profond
de la première priorité de la concertation au niveau de la
Montérégie. Venir soutenir ici que la réalisation de
l'autoroute 30 va favoriser l'étalement, c'est faire preuve d'une
méconnaissance profonde du dossier. Tant qu'à y être,
continuez donc en vous demandant si la route pour laquelle on a accepté
de faire une étude que vous avez reven- diquée avec le
maire de Granby, qui, elle, est
radiale, ne favoriserait pas l'étalement dans ces milieux. Tout
le monde sait qu'une route radiale favorise davantage l'étalement qu'une
route comme la 30. Venir me dire ça à moi, que le plan de
transport va affaiblir Montréal, c'est le bout du bout. C'est
probablement que vous êtes plus perméable à la camelote de
certains qui sont très proches de votre pensée, de votre
philosophie politique. Le pian de transport vise à régler des
problèmes dans la région de Montréal, sur le plan du
transport routier et du transport en commun.
J'imagine que tous ceux qui vont relire vos propos demain matin, qui
demeurent tout le long de la 30, vont être très heureux. Ils vont
comprendre un peu pourquoi, sous votre gouvernement, la 30 n'a franchi aucune
étape. Cela va être très intéressant plus tard.
Lorsqu'on parle de Montréal, j'imagine que vous vous inscrivez ce matin
dans la logique de ceux qui veulent que l'implantation de l'Agence spatiale
à Longueuil soit une mauvaise chose pour Montréal. Si cette
logique va pour les routes, j'imagine qu'elle doit aussi aller pour l'Agence
spatiale. J'Imagine que vos collègues de Taillon, de Marie-Victorin qui
siègent avec vous à l'Assemblée nationale, vont applaudir
à tout rompre à une position aussi spectaculaire que la
vôtre, vous qui venez vous asseoir ici pour parler de
développement régional, pour défendre les régions
du Québec, mais qui dites: On ne devrait pas faire de route autour de
I'île de Montréal, l'Agence spatiale devrait aller sur I'île
de Montréal et les régions... Sur le plan philosophique, qu'on
soit au début d'une conversation à l'est de I'île et,
demain matin, à la fin de la conversation complètement à
l'ouest de I'île, vous traversez les ponts, ça n'a pas
d'importance. L'important, c'est qu'on puisse embrasser tous les dossiers,
qu'on puisse prendre une position très claire sur chacun des dossiers,
mais diamètralement à l'opposé de la première
idée que vous avez défendue. Cela ne me paraît pas si mal.
Cela me paraît très intéressant pour les prochaines heures
et les prochains débats.
Au-delà de tout ça, j'ai très hâte qu'on
aborde le dossier de la Montérégie que vous avez
évoqué tantôt, à propos de la concertation du
sommet. On va voir comment ça va aller. Le plan de transport a
été accueilli avec satisfaction par la Montérégie
et l'Agence spatiale, j'imagine, est très bien accueillie en
Montérégie. J'ai hâte de voir comment vous allez vous
situer avec ça, on aura du plaisir.
Quant à Montréal même, vous dites qu'il y a deux
Québec dans un, qu'il y a des problèmes aussi dans l'île de
Montréal, c'est vrai et il y a des parties de l'île de
Montréal où il y a plus de problèmes sur le plan de la
pauvreté que dans certaines régions rurales du Québec.
C'est pour ça qu'au cours des dernières années on a
appuyé des organismes de Pointe-Saint-Charles, de Maisonneuve, de
Saint-Jacques sur le plan du développement économique, qui ont
obtenu de beaux résultats et envers lesquels le gouverne- ment du
Québec s'est engagé pour trois ans et avec qui on a fait un
travail qu'ils ont considéré très respectable. C'est pour
ça aussi que, dans le cadre de l'entente
fédérale-provinciale, on a identifié des poches de
pauvreté, ce qui n'était pas le cas auparavant. Aussi, lorsqu'on
comparera PRECEP à PECEC, PECEC c'est une culotte uniforme, peu importe
si c'était à Saint-Laurent sur l'île de Montréal ou
à Pointe-Saint-Charles, peu importe si c'était à
Québec, milieu relativement stable, par rapport à Gaspé.
PRECEP pourra intervenir de manière différente pour
Pointe-Sainte-Charles, pour l'est de Montréal, pour Maisonneuve, pour
Saint-Jacques, pour Saint-Maurice-de-l'Échouerie, qu'il va le faire
à Québec. Il y a donc une modulation à l'intérieur
de PRECEP qui sera intéressante et qui respectera ce genre de poches de
pauvreté.
M. le Président, j'ai déjà assez parlé. Je
trouve ça très intéressant, mais j'aimerais qu'on en
arrive à des dossiers spécifiques, à un moment
donné, pour qu'on puisse les éplucher avec le plus grand des
plaisirs.
Discussion générale
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Alors, j'en conclus que nous allons avoir une discussion
générale, M. le député de Shefford, et qu'à
la fin de l'après-midi nous adopterons les deux programmes.
M. le député de Shefford.
M. Paré: Je ne reprendrai pas tous les points maintenant.
Je les reprendrai probablement un à un, en revenant à chacun des
points sur lesquels on veut discuter, parce que, de toute façon, on va
recouper tout ce qu'on vient de discuter. Cependant, j'ai deux petites choses
à dire. Je suis membre de la SMD. Vous étiez là, alors
vous vous rappelez que j'avais participé à la manifestation pour
le prolongement de l'autoroute 30 avec lequel j'ai toujours été
d'accord. Je n'ai pas changé d'idée, sauf que vous admettrez
qu'il y a une différence entre un projet qui est à
compléter et tout un plan d'action d'un réseau de transport de la
grande région métropolitaine de Montréal. Là
où il faut regarder, c'est au-delà et pas seulement à
titre de député de la Montérégie. On est ici pour
parler de l'ensemble du développement du Québec. Il faut
être bien conscient, et vous l'avez dit, de la situation catastrophique
dans laquelle se retrouvent certains quartiers de Montréal. On a, comme
législateurs, à se demander si avec les lois qu'on adopte on
améliore cette situation ou, au contraire, si on amplifie la
misère dans certains quartiers de Montréal. Cette
question-là, même si je suis un député de la
Montérégie, je n'ai pas honte du tout de ma la poser et de vous
la poser, puis d'en discuter ici. Je vais le faire avec toute l'énergie
dont je suis capable, parce que c'est une situation connue et qui
s'aggrave.
M. Côté (Charlesbourg): Excusez-moi. Expliquez-moi.
Parions-en. Est-ce qu'on parle du plan de transport?
M. Paré: Non.
M. Côté (Charlesbourg): D'accord.
M. Psré: Je vais y revenir tantôt, parce que j'ai un
ordre, moi aussi, sauf que là-dessus, c'est clair, parce que vous avez
dit que vous aviez de la difficulté à me situer comme
député de la Montérégie avec mes prises de
position. Je vous dis: Oui, pour la 30, je suis tout à fait à
l'aise. Oui, je suis un député de la Montérégie qui
était d'accord avec le prolongement de l'autoroute 30 qui,
malheureusement - on reviendra sur l'échéancier tantôt, on
se pétait les bretelles, mais on sait où on en est rendu - n'est
pas faite. Vous allez faire une grande annonce bientôt, c'est ce qu'on me
dit dans le milieu, tant mieux, sauf qu'en attendant, on regardera l'argent qui
sera dépensé par rapport à ce qu'on attendait au cours des
quatre ans de l'entente-cadre. Oui. C'est une chose.
M. Côté (Charlesbourg): Je vous attends: pas
à 30 milles à l'heure.
M. Paré: Non, mais on verra.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, vous allez voir
ça.
M. Paré: À la biennale, on a eu des surprises, y
compris le ministre responsable de la région.
M. Côté (Charlesbourg): La biennale n'a pas
été tenue encore.
M. Paré: À la RAC, avec les nouveaux mots qui
sortent, la rencontre annuelle de concertation, par rapport à la
préparation de la biennale. Donc, je suis tout à fait à
l'aise de défendre les dossiers de la Montérégie, mais en
ne me fermant pas les yeux et en ne mettant pas l'un contre l'autre le
développement de ma région par rapport aux problèmes
vécus ailleurs au Québec. Ce n'est pas comme ça. Je suis
ici le porte-parole pour l'ensemble des régions. Ce n'est pas vrai que
je vais me fermer les yeux. Mes dossiers régionaux, je vais les
défendre en temps et lieu et de la bonne façon.
Pour votre commentaire, je vais vous dire que j'étais aussi
d'accord et que je l'ai manifesté pour l'implantation de l'Agence
spatiale en Montérégie et, d'ailleurs, avant même de venir
ici, j'ai fait mes commentaires là-dessus publiquement ce matin pour
dire ma satisfaction, parce qu'effectivement on est la région en
croissance et en voie de dé- veloppement et on doit justement profiter
deçà.
M. Côté (Charlesbourg): Mais cela, ce n'est pas un
phénomène qui peut créer l'étalement.
M. Paré: Pardon?
M. Côté (Charlesbourg): Ce n'est pas un
phénomène qui peut créer l'étalement.
M. Paré: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Ah bon!
M. Paré: Je ne dis pas qu'il n'y en a pas et je ne dis pas
que je vais me battre contre-Vous simplifiez tellement les choses qu'à
mon avis... C'est un peu le comportement que vous avez dans les sommets, que
les gens dénoncent et avec raison. C'est comme si, moi, parce que je
défends ma région dans des dossiers, je n'ai pas le droit de
tenir le discours de Montréal. Je m'excuse. Les gens de Montréal
ne sont pas ici pour tenir le discours de défense de leurs
intérêts et dans le développement régional, c'est
mon rôle de le faire. Du développement régional et de la
concertation, ce n'est pas en mettant les régions les unes contre les
autres qu'on va en faire. C'est exactement ce que vous faites. La concertation,
vous êtes en train de la faire par la confrontation. C'est ce que je ne
trouve pas correct, la confrontation d'une région à l'autre et la
confrontation d'un promoteur à l'autre.
M. Côté (Charlesbourg): Oui? Lesquels? Donnez des
exemples.
M. Paré: Bien, juste avec ce que vous venez de dire.
M. Côté (Charlesbourg): Absolument pas. Vous avez
abordé...
M. Paré: Vous donnez l'interprétation que vous
voulez.
M. Côté (Charlesbourg): Non. Vous relirez vos notes.
Vous êtes arrivé et vous avez dit: Le plan de transport favorise
l'étalement. Vrai ou faux?
M. Paré: Oui, globalement.
M. Côté (Charlesbourg): Voilà. Par contre,
lorsqu'on examine le plan de transport, à la Communauté urbaine
de Montréal - j'imagine que vous ne devez pas être plus catholique
que la Communauté urbaine de Montréal et Jean Doré; cela
me surprendrait, à tout le moins, en tout cas - on dit: Sur le plan de
transport en commun, on est d'accord à 90 %. Ce n'est pas si mal. Comme
note de passage, 90 %, c'est pas
pire. Les deux éléments sur lesquels ça accroche
maintenant, c'est la 30 et la 25. Vous êtes d'accord avec la 30.
M. Paré: Oui, je suis d'accord avec la 30.
M. Côté (Charlesbourg): II reste quoi,
là?
M. Paré: Je m'excuse, vous ne ramènerez pas...
Cela, on va y revenir tantôt lorsqu'on va être en
Montérégie et, là, je vais défendre des dossiers de
la Montérégie. Pour le moment, il y a des problèmes qui
sont vécus dans la région de Montréal.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça.
M. Paré: Ce n'est pas vrai que, ce matin, parce que vous
êtes de Québec et que je suis de la Montérégie, on
va se gêner pour amener et discuter franchement, ouvertement, les
problèmes de Montréal comme tels.
M. Côté (Charlesbourg): Abordons-les. Allons-y.
M. Paré: Je m'excuse, mais on ne détournera pas le
problème. Je suis tout à fait à l'aise d'être le
porte-parole de la Montérégie pour les dossiers de la
Montérégie, mais ce n'est pas vrai que je vais ignorer
l'argumentation des gens de la région périphérique
à ma région qui ont un avantage tout autre, parce que, ici, on
doit avoir une vue globale du développement du Québec et tenir
compte des arguments de l'ensemble des régions du Québec, pas les
unes contre les autres, mais dans un plan d'ensemble de développement
régional.
M. Côté (Charlesbourg): Si vous êtes à
l'aise, moi aussi, je vous attends.
M. Paré: Bon, ça va bien.
M. Paradis (Matapédia): M. le Président...
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Matapédia.
M. Paradis (Matapédia): ...à entendre ces
commentaires, j'aurais le goût d'intervenir un peu. Je veux bien que le
député représentant la Montérégie et
défendant Montréal vienne défendre Montréal pour le
développement régional. Mais s'il relit bien le Québec
cassé en deux ou 'Deux Québec dans un", il va s'apercevoir qu'il
y a des inégalités aux niveaux économique et social qui
sont reconnues à Montréal, mais que dans des régions, il y
a un retard incroyable qu'il faut reprendre.
Je veux bien qu'on veuille parler de Montréal, mais le
développement économique passe par les régions-ressources
qui se sont vidées de leurs ressources qui sont transformées dans
les régions dites plus Intermédiaires ou des régions
centrales. Dans ce sens-là, je pense que le gouvernement se doit, avec
la modulation des programmes, la modulation de PRECEP ou d'autres programmes,
d'aider davantage les régions dites périphériques que le
centre-ville de Montréal.
Doré veut tout avoir. Il veut avoir l'industrie lourde; il veut
avoir l'Agence spatiale; il veut tout. Il veut avoir l'industrie
manufacturière. Qu'est-ce qu'il peut laisser pour les . régions
périphériques? Si vous semblez être d'accord avec cette
philosophie du développement économique du Québec, moi
aussi, je veux le développement équitable du Québec sur le
plan économique et, par ricochet, une qualité de vie sur le plan
social.
Mais si on veut défendre strictement la région
métropolitaine et tout ce qui en découle, la rive sud ou la rive
nord, qu'est-ce qui va rester pour les régions? Je pense que le
gouvernement du Québec a une responsabilité envers ces
régions périphériques, de donner des avantages
comparatifs, des avantages qui pourront leur permettre d'être
concurrentielles à beaucoup de points de vue, et permettre le
développement de leurs ressources sur place. En tout cas, on aura
sûrement l'occasion d'en reparler. On a quelques heures devant nous.
Le Président (M. Saint-Roch): Merci, M. le
député de Matapédia. M. le député de
Shefford.
M. Paré: Juste un petit commentaire là-dessus. Si
vous avez bien écouté mes propos du début, j'ai d'abord
commencé par parler des régions qui se vident et que je
trouvais...
M. Paradis (Matapédia): La prochaine fois que vous
viendrez faire une conférence de presse à Rimouski, on se le
rappellera. (11 h 30)
M. Paré: Les régions qui se vident, ce sont,
d'abord, les régions périphériques. Je l'ai dit et je le
répète, sauf que je ne veux pas qu'on fasse un débat sur
une région par rapport à d'autres. Cela, on l'avait compris, je
dois dire. Vous vous rappellerez qu'on avait quand même amené
l'administration des pêcheries en Gaspésie. On avait mis sur pied
les groupes de ressources techniques sur les coopératives d'habitation
et la Société de développement coopératif dans
toutes les régions du Québec. Je le disais tantôt: Parmi
les outils qu'on a abolis, il y a de ça et je trouve que c'est
dommage.
M. Paradis (Matapédia): On n'a pas aboli la SDC, ce sont
les coopératives de développement. Ce n'est pas la SDC. Vous
venez de parler de la Société de développement
coopératif, ce qui est complètement différent.
M. Paré: Je m'excuse.
M. Paradis (Matapédia): II y a des gens qui travaillent
présentement à la SDC à Rimouski qui ne faisaient pas
complètement leur travail et qui, aujourd'hui, sont sur le terrain et
vont chercher les gens qui veulent se former en coopérative. Je pourrais
vous citer des exemples où on a formé des coopératives
à partir des ressources du ministère de l'Industrie, du Commerce
et de la Technologie via la Société de développement
coopératif. Pourquoi créer des structures pour le plaisir de
créer des structures? Je pense qu'on avait des gens en place qui
étaient capables de le faire et on les utilisait peu ou mal. Dans ce
cadre-là, je ne vous dis pas que cela n'a pas nui ou que cela n'a pas
aidé, on ne le sait pas parce qu'elle était nouvellement
formée. Alors, elle n'avait pas véritablement de
réalisations à son actif mais là, on s'aperçoit que
la Société de développement coopératif, comme
telle, joue son rôle beaucoup plus adéquatement et on n'est pas
obligé de financer une structure pour le plaisir de financer une
structure.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
M. Paré: Je n'entreprendrai pas un débat sur les
structures. Si j'avais su qu'on en parlerait, je vous aurais apporté des
chiffres concluants sur la différence entre des régions où
il y a de telles structures et des régions où il n'y en a pas. Le
meilleur exemple, ce sont les groupes de ressources techniques sur les
coopératives d'habitation. Dans les régions où il y a des
groupes de ressources techniques, il y a des coopératives d'habitation
et là où il n'y a pas de groupes, il n'y a pas de
coopératives d'habitation ou beaucoup moins. Donc, c'est une ressource
de plus. C'est une ressource qu'on a abolie avec les résultats qu'on
connaît. Je suis contre le fait qu'on enlève même des
structures dans des régions périphériques là
où ça vient compenser pour l'absence des gros ministères
qu'on retrouve dans les grandes villes du Québec.
Sur un point précis, le fameux budget Wilson, les budgets
fédéraux dévolus au développement régional,
Je vous al donné des chiffres tantôt. Vous m'avez parlé de
mon honnêteté intellectuelle pour reconnaître la valeur des
investissements du gouvernement fédéral et tout ça, sauf
que vous n'avez pas contredit les chiffres que je vous ai
mentionnés.
M. Côté (Charlesbourg): Recommencez-moi ça,
pas toute la sauce. Mettez donc les chiffres sur la table. On va s'en
parier.
Budgets fédéraux consacrés au
développement régional
M. Paré: Au chapitre des budgets fédéraux
consacrés au développement régional, on connaît les
chiffres qui sont maintenant sur la table. On sait ce qui a été
signé, ce qui a été entendu pour le Québec. Au
moment où l'on se parle, on sait que la contribution
fédérale doit être de 515 000 000 $, selon l'entente
signée pour cinq ans et annoncée en juin 1988. Donc, on sait de
combien elle est. Par contre, on entendait le ministre Wilson dire dans son
discours, et je vais juste vous en lire un bout parce que c'est là que
sont mes inquiétudes: Au cours des cinq prochaines années,
l'ensemble des crédits augmentera de 35 % par rapport aux cinq
dernières années. À court terme, cependant, les
crédits pour le développement régional seront restreints.
Les priorités en matière de financement et de programmes seront
établies par ceux de mes collègues qui sont responsables des
organismes régionaux. Ainsi, pour 1989, il semblerait, en tout cas,
qu'Ottawa risque de réduire substantiellement l'aide qu'il va apporter
au développement régional et ça, probablement autant au
chapitre des ententes auxiliaires sectorielles qu'à celui de
l'entente-cadre qui a été signée en juin 1988.
J'aimerais savoir si le ministre a pu obtenir d'Ottawa, à la
suite du budget de M. Wilson, les montants possibles de réduction par
rapport à ce qui avait été prévu en matière
de développement régional pour le Québec.
M. Côté (Charlesbourg): J'avais eu des conversations
préliminaires avec des ministres du Québec parce que,
effectivement, l'une des incongruités du système, c'est que M. de
Cotret, était à l'époque, responsable du dossier comme
ministre de l'Expansion industrielle régionale et cette
responsabilité est maintenant entre les mains de M. Harvie André.
Le phénomène est que c'est un ministre de l'Alberta qui est
responsable d'une entente au Québec. Je laisse le soin aux
représentants conservateurs de tirer leurs propres conclusions. Selon
les indications que nous avons jusqu'à maintenant et qui, à
quelques occasions, ont été citées en exemple, l'entente
sur le développement régional signée par le gouvernement
fédéral et le gouvernement du Québec ne serait
affectée par aucune des coupures; c'est une entente qui sera
respectée intégralement.
M. Paré: Nous pouvons donc nous attendre que, pour 1989,
parce que c'est le premier budget et que, dans sa déclaration, il dit
qu'à très court terme il devra restreindre les budgets, l'entente
signée en 1988 ne devrait pas subir de compressions.
M. Côté (Charlesbourg): Un élément
était évoqué à ce moment dans les journaux: la
disparition de PDIR. Il sera remplacé par deux autres programmes que le
gouvernement fédéral nous soumet maintenant pour le
développement économique des régions et pour les
régions périphériques. Donc, PDIR disparaît, mais
pour être remplacé par deux programmes. Le gouvernement
fédéral voulait le remplacer de toute
façon, même si on n'avait pas signé l'entente.
M. Paré: Est-ce que c'est la même garantie qu'on a
pour toutes les ententes sectorielles?
M. Côté (Charlesbourg): Dans le cas des ententes
sectorielles, elles se terminent en 1990; les autres ententes EDER, 150 000 000
$, s'ajoutent aux ententes qui étalent déjà connues pour
constituer les 515 000 000 $ que vous évoquez. Nous entamons la
négociation du renouvellement de L'EDER sur les douze autres volets.
C'est pour cela, quand on parle de chiffres à ce moment-ci, de
participation du gouvernement fédéral, qu'on en arrive, avec 440
000 000 $ plus 75 000 000 $, à 515 000 000 $, c'est vrai, mais en
faisant abstraction qu'il y aura trois, peut-être quatre ans à
renégocier avec le gouvernement fédéral sur les douze
ententes EDER. À ce momentlà, on fait abstraction des sommes
dévolues pour ces années-ci dans le cas des ententes EDER.
On n'a qu'un seul volet qui a été réglé pour
les cinq prochaines années, et c'est un nouveau volet qui est celui du
développement régional. L'entente sur les forêts, par
exemple, peut-on dire facilement que c'est dans les centres-villes? Les
forêts ont une tendance, de ce temps-là, à être dans
les régions, heureusement pour elles. L'entente sur les pêches a
une tendance à être dans les régions un peu; l'entente sur
les mines a une tendance à être dans les régions aussi.
Alors, quand on parle de 515 000 000 $, on parle d'un volet, plus l'ajout de la
partie fédérale, de 75 000 000 $, aux autres. Si on
décortiquait chacune des ententes EDER qui a des impacts sur le plan
régional et qu'on l'ajoutait, c'est beaucoup plus de
I 000 000 000 $ que vous auriez à ce moment-là.
II faut croire que l'EDER n'est pas si mal, puisque c'est vous autres
qui l'aviez signée.
M. Paré: Quand on regarde, à ce propos, les
ententes auxiliaires sectorielles, on s'aperçoit que, pour les
équipements culturels, pour le secteur forestier, pour le secteur
minéral, pour le sujet spécial du développement forestier
de la Haute-Cote-Nord, c'est épuisé, il n'y a plus aucun
solde.
M. Côté (Charlesbourg): Comment?
M. Paré: II n'y a plus aucun solde, c'est
épuisé.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, mais les 150 000 000 $
qui ont été renégociés comme enveloppe globale
devant être réaffectée dans chacune des ententes seront
affectés aux secteurs culturel, forestier et ainsi de suite.
M. Paré: Avez-vous déjà la façon dont
cela va être réparti?
M. Côté (Charlesbourg): Des négociations sont
actuellement terminées sur le plan gouvernemental
québécois et demandent à être approuvées par
les autorités fédérales. On me disait que c'était
principalement à cause d'un changement de ministre si cela avait
retardé.
M. Paré: Quand le ministre dit qu'il peut s'en ajouter
pour les cinq prochaines années, on nous dit qu'il peut s'en ajouter,
mais quelles sont les négociations en cours et quels sont les espoirs
qu'on aurait en termes de temps, surtout avec l'inquiétude qu'on a par
rapport aux déclarations lors du tout récent budget Wilson
à Ottawa?
M. Côté (Charlesbourg): Juste pour se comprendre et
ce n'est pas dans le but de repousser quelqu'un d'autre, mais j'ai
été intimement lié à cette négociation du
renouvellement de L'EDER, forcément, parce que cela s'est fait en
même temps. La responsabilité du renouvellement de l'EDER
était assignée à mon collègue, M. Rémillard,
qui était ministre délégué aux Affaires
intergouvernementales canadiennes. Donc, la responsabilité globale du
renouvellement de L'EDER dépend de lui. Évidemment, j'ai
négocié le volet 13 sur le développement régional
parce que c'était ma responsabilité et, en cours de discussions
et de négociations avec M. de Cotret, en compagnie de mon
collègue Rémillard, on a ouvert la négociation sur le
renflouement des douze autres volets qui en avaient besoin pour aller au terme
de l'entente. Cette négociation, maintenant que je suis disparu - mes
dossiers étant réglés - relève toujours de M.
Rémillard, qui est aux Affaires intergouvernementales canadiennes, pour
la négociation. Rappelez-vous que cette responsabilité incombait
auparavant à l'OPDQ mais qu'en 1983-1984 vous aviez décidé
- ce n'est pas un choix qui a été contesté par la suite,
autrement que par l'OPDQ - que cela relèverait du SAIC. Donc, c'est le
SAIC qui faisait ces négociations et qui a gardé ce
privilège.
M. Paré: Juste pour me rassurer et en rassurer d'autres,
est-ce qu'à la lumière des premières discussions que vous
avez eues cela vous donne la garantie que, autant au chapitre des ententes
auxiliaires sectorielles que de l'entente de 515 000 000 $ qui a
été signée, cela va être respecté, qu'il
n'est pas question qu'il y ait la moindre coupure ou compression
là-dessus?
M. Côté (Charlesbourg): D'abord, ce n'est pas une
entente de 515 000 000 $; c'est une entente de 970 000 000 $.
M. Paré: Je parlais de la partie
fédérale.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, parce qu'une entente,
ça ne se signe pas tout seul. Ça se
signe à deux partenaires. L'entente est de 970 000 000 $: 820 000
000 $ pour le volet 13 plus 150 000 000 $ de renflouement des autres volets de
CEDER. Quant à nous, II a toujours été clairement
manifesté aux autorités fédérales que nous allions
respecter notre signature. Ce qui nous aide, c'est que c'est une entente qui a
été signée en bonne et due forme non pas par Harvie Andre,
député et ministre de l'Alberta, mais par Brian Mulroney, le
petit gars de Baie-Comeau, qui a signé cela à Québec.
J'imagine que sa signature doit valoir quelque chose.
M. Paré: On va l'espérer pour nos régions.
Dans les négociations que vous entreprenez pour aller chercher le plus
possible d'argent du fédéral pour le développement des
régions, je ne sais pas quel discours vous allez tenir. Ça ne se
passe pas à la télévision, effectivement, excepté
la signature, probablement. J'espère que vous allez reconnaître
que le discours que vous allez utiliser, cela ne doit pas être qu'il faut
tenir compte de l'ensemble de ce que le fédérai nous donne et
qu'il nous donne déjà pas mal, mais qu'on va accepter
plutôt l'autre version qui dit qu'on n'a pas notre part. Parce que quand
on regarde le tableau d'évolution du financement du développement
régional et qu'on regarde le graphique, on s'aperçoit comment
cela a augmenté rapidement au cours des dernières années,
autant du côté de l'Atlantique que dans l'Ouest, par rapport au
Québec. Oui, le Québec a continué d'augmenter en termes
financiers, mais quand on regarde l'augmentation dans le livre des
crédits, on voit qu'on avait plus, qu'on se fait dépasser et
qu'on est en train de se faire doubler, si ça continue. Vous avez
utilisé tantôt des arguments que je comprends, en disant qu'il
faut tenir compte de la péréquation, qu'il faut tenir compte
d'une foule de choses, sauf que, selon les chiffres que je vous ai
donnés pour comparer le Québec à ces mêmes
provinces, il ne faut pas oublier que même dans les provinces maritimes,
per capita, selon la péréquation, ces gens ont encore plus, plus
la subvention au transport. C'est là un argument que j'ai eu de votre
part, quand vous disiez: Cela n'a pas de sens qu'on coupe pour les voies
ferrées au Québec et qu'on soit en train de multiplier celles-ci
et de les financer même si elles ne sont pas rentables dans l'Ouest.
À un moment donné, ce sont des arguments qu'il faut utiliser.
Cela n'a pas de sens que le Québec soit pénalisé de toutes
les façons.
Sur le plan du développement régional, c'est quand
même un point précis, c'est un dossier à part. On peut
utiliser les arguments des autres secteurs, mais on doit tenir compte de
l'équité là-dedans, je pense, connaissant l'étendue
du territoire et, comme le disait votre collègue tantôt, les
problèmes que vivent plusieurs régions
périphériques du Québec.
M. Côté (Charlesbourg): Rappelez-vous qu'en
février 1988 le fédéral annonçait qu'il allait
signer, dans les prochaines semaines, des ententes du même type que
celles du Bas-Saint-Laurent pour l'Abitibi-Témiscamingue, pour la
Côte-Nord et pour le Saguenay-Lac-Saint-Jean et qu'il allait renouveler
une entente comme celle-là pour le Bas-Saint-Laurent. L'objectif du
gouvernement du Québec, dès ce moment, a été de
reprendre cette négociation et de faire en sorte que ce soit une
négociation pour l'ensemble des régions du Québec, soumise
au processus de négociation, de consultation et de décision du
gouvernement du Québec qui n'a son pareil nulle part ailleurs au Canada.
C'est donc un gain très appréciable de la part du gouvernement du
Québec quant à cette décision. Bien sûr, on peut
toujours critiquer les sommes, c'est clair qu'à 500 000 000 $ demain
matin, on aurait préféré 1 000 000 000 $. Cependant, je
suis prudent, en ce sens qu'en ce qui regarde les différents volets de
CEDER, c'est un treizième volet, il y en a donc douze autres. La plupart
des volets se passent dans les régions du Québec et pourraient
facilement être ajoutés à ces sommes.
(11 h 45)
Mes propos n'ont pas pour but de tenter de faire la démonstration
qu'on en a eu autant que vous en aviez et qu'on en a eu autant que les
Maritimes en ont eu. Si les Maritimes en ont, je suis content pour elles, parce
que ce n'est pas l'endroit le plus riche au Canada. Si Terre-Neuve en a, je
n'ai pas de problème avec ça, non plus. Si on décide de
compenser l'élimination de chemins de fer à Terre-Neuve en
investissant sur le réseau routier, je ne me battrai pas contre
ça, non plus. On va surveiller un certain nombre de choses sur le plan
du réseau ferroviaire dans tout le Québec, qui est un
élément indispensable pour faire une desserte acceptable des
régions, en particulier sur le plan du transport de la matière
première et des marchandises, comme on l'a fait encore dans une lettre
récente, que je signais hier, adressée à M. Bouchard, pour
l'alerter sur tout le phénomène de l'abandon des lignes de chemin
de fer, qui pourrait éventuellement nécessiter une compensation
pour le gouvernement du Québec, de la même manière qu'il
l'a fait ailleurs. C'est clair que c'est dans cet esprit et dans cette
philosophie que nous nous inscrivons.
M. Paré: N'oubliez pas que sur le plan du transport -
c'est un bon exemple, c'est vous qui l'avez amené - il y a compensation
pour la fermeture ailleurs et il n'y en a pas au Québec. C'est quand
même spécial.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire que
ça a été présenté comme ça, il
s'agira de voir. Cela a été une annonce électorale, il
faut se le rappeler, une annonce de l'automne dernier. Est-ce que cette annonce
pour Terre-Neuve va subsister malgré les problèmes que
connaît le gouvernement fédérai? On verra ce que
ça
donnera. Il ne faut pas oublier que dans d'autres domaines, comme les
garderies, les conservateurs se sont promenés en campagne
électorale et ça allait bien et, finalement, il y a des morceaux
qui sont disparus. Je ne suis pas convaincu que, dans l'application et dans la
réalisation, demain matin Terre-Neuve n'éprouvera pas certains
problèmes sur le plan de l'élimination de ses chemins de fer et
de la compensation éventuelle sur le plan routier. Ce sont des dossiers
dont il faut surveiller constamment l'évolution. J'ai employé cet
exemple, oui, parce que ça me paraît très évident
que, si on abandonne 1000 kilomètres de chemin de fer, au Québec,
pour tenter de rationaliser le CN ou Via Rail, il y a de fortes chances qu'il
puisse y avoir une obligation de compenser pour le Québec ces pertes,
parce qu'il va y avoir un transfert modal, donc sur le réseau routier en
particulier, et que ça va causer des dommages au réseau routier.
La première bataille est davantage celle de faire en sorte que des
régions du Québec ne soient pas isolées sur le plan de la
desserte ferroviaire. C'est ce que nous menons comme bataille, actuellement,
dans tous les cas, auprès de l'Office national des transports, avec
l'appui du service ferroviaire du ministère qui supporte toutes les
régions du Québec qui veulent mener une campagne et une guerre
systématique à l'Office national des transports. Nous n'avions
que des armes très limitées jusqu'à maintenant, en ce sens
que ce qu'on avait, c'était le critère de la rentabilité
économique. Nous sommes dans une situation où nous exigeons que
le critère de l'intérêt public puisse être pris en
compte, de façon qu'on puisse effectivement conserver certains
réseaux.
On a fait le tour du Québec pour rencon- ; trer à peu
près tous les intervenants. On a, supporté, en particulier, les
gens de l'Abitibi \ dans une recherche payée par le ministère des
Transports, à laquelle a participé l'OPDQ, sur l'implication de
l'abandon d'une ligne de chemin de fer pour l'Abitibi. Dans d'autres cas, nous
l'avons fait de manière technique. Nous avons maintenant une très
bonne connaissance du réseau à travers le Québec, de ce
qu'il nous faut conserver, de ce que nous pourrions accepter en termes
d'abandon. Mais il faut que les lignes, les ponts et les structures demeurent,
parce que vous connaissez la technique: dès le moment où la
compagnie de chemin de fer a eu l'autorisation, la première
démarche est d'éliminer le pont, parce que, le pont étant
éliminé, Ils sont pleinement conscients que plus jamais quelqu'un
ne reviendra bâtir, à ses frais, une structure comme
celle-là pour maintenir le lien. Donc, pour nous, la bataille est
à différents niveaux, mais il est clair que le
fédéral devra porter une très large part de la
responsabilité de l'abandon des lignes de chemin de fer qui servent
actuellement à un certain trafic.
M. Paré: Vous devez savoir, de toute façon, que
Terre-Neuve a un avantage que nous n'avons pas: elle avait mis une contrainte
ou une garantie constitutionnelle à son adhésion à la
constitution, en 1949, concernant les chemins de fer. Donc, elle a l'assurance
dune compensation, alors que nous n'avons aucune assurance de compensation,
mais, en attendant - je le sais parce que j'en ai chez nous - on a des abandons
de lignes, et il y en a de moins en moins.
M. Côté (Charlesbourg): II y a des abandons, et ce
n'est pas moi qui vais faire la leçon au fédéral en disant
qu'il doit tout conserver. Je pense qu'on est rendu à une autre
époque où il ne serait pas raisonnable de la part du gouvernement
du Québec de justifier le maintien de l'ensemble du réseau
ferroviaire. Si on exige de nos gouvernants d'avoir une saine gestion et de
garder ce qui est essentiel, on est dans une situation où on devra, nous
aussi, prendre position sur des lignes dont le service doit être
abandonné, mais sans nécessairement abandonner la ligne. Il y a
une différence très nette entre les deux. Je pense qu'il faut que
les équipements demeurent, au cas où. Cela a été
bâti avec les taxes des citoyens. Donc, dans la mesure où on
maintiendra le patrimoine investi sur le plan des rails et sur le plan des
ponts et des structures, il n'y a rien qui nous dit que des compagnies moins
grosses que le CN, moins grosses que Via, d'intérêt
régional ou d'intérêt local, ne pourraient pas exploiter
des chemins de fer locaux et rendre service à des communautés
afin qu'elles ne soient pas enclavées. Cela m'apparaJt extrêmement
important.
M. Paré: Concernant le maintien du niveau d'investissement
dans l'entente-cadre, les 515 000 000 $, vous me dites que la garantie que '
vous avez, ce sont la parole et la signature du premier ministre.
M. Côté (Charlesbourg): Et d'autres conversations au
cours des récentes semaines, des récents jours qui nous envoient
le message que l'entente ne serait pas touchée.
M. Paré: Ce sont des conversations
téléphoniques, si je comprends bien. On n'a rien qui nous rassure
de façon officielle, depuis le budget. Quand on lit ce que je vous
lisais tantôt, la partie du discours sur le budget de M. Wilson qui
prévoyait même des augmentations au cours des cinq prochaines
années, est-ce que, dans l'augmentation prévue au cours des
prochaines années, on a un espoir qu'on prendra une partie de ce montant
ou si on ne se ramassera pas, comme on retrouve dans le document
budgétaire de M. Wilson, à la page 71, avec la progression
beaucoup plus rapide ailleurs, dans les autres régions du Canada qu'au
Québec? On va briser cette progression en la rendant plus rapide au
Québec ou aussi rapide que ce qu'on retrouve dans les autres
régions du Canada.
M. Côté (Charlesbourg): II me reste une
démarche à faire qui n'a pas été faite
jusqu'à maintenant, mais qui le sera au cours de la prochaine semaine.
C'est une démarche auprès du président du Conseil du
trésor, à Ottawa, qui est le cosignataire de l'entente, avec qui
je l'ai négociée, pour bien m'assurer - le ministre des Finances
peut bien demander des choses, mais celui qui va livrer les crédits,
c'est le président du Conseil du trésor - pour bien m'assurer,
dis-je, que le niveau de sensibilité qu'il avait au moment de la
signature n'ait pas été affecté par de l'acuponcture, que
son niveau de réception vis-à-vis de l'entente qu'il a
lui-même signée ne souffre pas du nouveau poste qu'il occupe comme
président du Conseil du trésor. C'est la garantie que j'aurai au
cours des prochains jours, qui s'ajoutera aux autres que j'ai reçues,
mais qui sera un élément additionnel d'assurance. Au cours de la
semaine, au plus tard au début de la semaine prochaine, j'aurai eu des
entretiens avec M. de Cotret.
M. Paré: J'espère qu'on aura au moins cette
garantie de minimum. Quand on regarde toujours le même tableau qui dit:
Moyenne annuelle 1989-1990, 1993-1994, Atlantique: 425 000 000 $...
Une voix: Par année.
M. Paré: ...par année; l'Ouest: 363 000 000 $ par
année et le Québec: 282 000 000 $ par année, connaissant
l'étendue de notre territoire et le besoin de nos régions
périphériques, je dois vous dire que je ne trouve pas ça
acceptable ni équitable.
M. Côté (Charlesbourg): Encore une fois, si vous
prenez des chiffres isolés, vous pouvez en arriver à cette
conclusion, mais, au-delà de tout ça - je ne parie pas de la
péréquation, ça pourrait être un autre débat
- il faut bien s'assurer qu'on a tenu compte de toutes les ententes qui,
effectivement, ont des effets sur le plan régional, des ententes qui
n'existent pas ailleurs. Est-ce qu'il existe une entente sectorielle sur la
forêt pour les Maritimes? Je ne le sais pas - je ne sais pas si quelqu'un
peut me répondre - mais, en tout cas, pas à ma connaissance.
Alors, on a l'impression que c'est à l'intérieur de
l'agence. Au-delà de tout ça, Ottawa voulait implanter au
Québec une agence de la même manière qu'il y en a une dans
l'Ouest et, donc, avoir des bureaux sur le territoire du Québec qui
géreraient l'entente. Ce qu'on a réussi à faire, c'est
dire: II n'y en a pas. Cela passe par chez nous et c'est signé dans une
entente. C'est une première et c'est un geste qui a de nombreuses
conséquences pour l'avenir.
M. Paré: Je suis tout à fait d'accord
là-dessus et je suis heureux de cette partie de
I entente. Je pense qu on ne s en est jamais cachés. Sauf que,
quand vous me dites: On peut bien prendre un chiffre ou un secteur, je prends
le chiffre ou le secteur qui m'intéresse ce matin. C'est celui sur
lequel on doit discuter: la contribution du gouvernement fédéral
ou la contribution qui va nous permettre de faire du développement
régional. C'est dans ce secteur précis, on le retrouve d'une
façon très claire, très nette. C'est sûr qu'on peut
tenir compte des autres facteurs, sauf que, quand on tient compte des
autres...
M. Côté (Charlesbourg): Je vais vous donner un
exemple.
M. Paré: En ce qui concerne les transports, en ce qui
concerne les pêches, je ne pense pas qu'on soit favorisés non
plus.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais vous donner un
exemple. Dans le domaine du transport, ce n'est pas évident que le
Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Ecosse ont des ententes sectorielles pour le
transport, comme le Québec. Lorsqu'on parle de niveau de dépenses
pour les régions, la 138 à Natashquan qui va coûter 104 000
000 $, si ce n'est pas du développement régional, je me demande
ce que c'est. Cela fait partie des dépenses. Nous sommes en
période de dépenses assez importantes, en ce moment.
Je vous donne un autre exemple. Si on veut parier du
développement régional et des régions
éloignées, je vais donner l'exemple de la construction des
aéroports nordiques qui est une entente
fédérale-provinciale pour désenclaver des villages comme
Salluit, Quaqtaq, Tasiujaq, qui, elle aussi, va aller gruger 104 000 000 $ qui
sont payés à 50-50 par ie fédéral et le provincial.
Ce sont donc des sommes qui doivent normalement être dévolues au
crédit, à tout le moins, du développement régional.
C'est un ensemble de choses comme celles-là qu'il faut regarder.
M. Paré: On pourrait prendre les points un par un, mais ce
dont on se rend compte, c'est que, quant à celui qu'on traite ce matin,
nous sommes pénalisés. Je ne faisais que regarder les
déclarations de vos collègues dernièrement, M. le ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation qui
dénonçait, lui, la politique de transport des
céréales dans l'Ouest. Encore en agriculture, lorsqu'on finance
le transport des pommes de terre venant des provinces maritimes et que, Juste
à côté, pour la Gaspésie et le Bas-Saint-Laurent, on
perd notre marché local parce qu'on ne subventionne pas les pommes de
terre venant de là. Qu'on prenne la recherche et le
développement, on est rendu à 10 %. C'est l'avenir du
développement des centres de recherche, des laboratoires. Les fonds
consacrés par Ottawa pour la recherche et le développement, 10 %
au Québec, je vais vous dire que c'est inquiétant.
M. Côté (Charlesbourg): Je suis d'accord avec vous
sur le fond du principe, que la recherche et le développement, c'est un
élément extrêmement Important où le Québec
doit en avoir davantage qu'il n'en a maintenant. De là à tirer la
conclusion que, dans la recherche et le développement, dans la mesure
où ça se fait, ce sont les régions du Québec qui
vont en bénéficier, on est un peu loin. Que Montréal en
profite, je suis entièrement d'accord avec ça. Qu'il y ait une
centralisation d'une spécialité en recherche et
développement, c'est nécessaire, il faut que ça se fasse.
Il va y avoir des petites miettes un peu partout en région, mais on
s'éloigne un peu de nos régions. Si on considère que
Montréal n'est pas une métropole, que c'est une région,
c'est une autre affaire.
M. Paré: Cela devrait être les deux.
M. Côté (Charlesbourg): Pour profiter des deux.
M. Paré: C'est la réalité. Ce sont les
deux.
Si on continue sur l'entente de développement économique
Canada-Québec de juin 1988, on a parlé de l'entente de 970 000
000 $, la contribution de 515 000 000 $. On peut dire qu'on n'en a pas assez,
mais il faut aussi regarder et s'attarder sur ce qu'on en fait. Au moment
où l'on se parle, j'aimerais savoir s'il est vrai que les seules
dépenses qui auraient été faites - donc un an plus tard -
selon les chiffres qu'on aurait eus, fournis par un autre ministère
à l'étude des crédits, au 31 mars de cette année,
ce sont deux projets seulement qui auraient été retenus, soit 175
000 $ pour une écluse sur la rivière des Prairies et 24 500 000 $
pour la papeterie de Matane; pour un total de 25 000 000 $ sur 812 000 000 $ -
l'entente comme telle - environ 3 % du budget. Est-il vrai que ce sont les
seuls contrats signés présentement, au moment où l'on se
parle, par rapport à l'ensemble de ce budget? (12 heures)
M. Côté (Charlesbourg): II faut se comprendre. Sur
le plan de la démarche, seulement pour tenter de vous expliquer
où nous en sommes, cela va vous donner une petite idée de ce qui
se passe: en juin 1988: signature de l'entente; à l'automne 1988: les
élections fédérales, avec tous les changements que cela
comporte. Ce n'est qu'au mois de février 1989 que les comités
consultatifs de toutes les régions du Québec ont pu se mettre en
branle sur l'analyse et les recommandations à être transmises au
ministre responsable quant à l'acceptation de la ventilation et de
l'affectation des sommes dans chacune des régions. Donc, ces
gens-là travaillent actuellement; c'est un exercice qui est en cours. Je
vous disais tantôt qu'il y a cinq programmes sur le plan
fédéral qui sont prêts à être acceptés
alors qu'on en a onze du côté du Québec qui devraient voir
leur accouchement très prochainement. C'est là où nous en
sommes. C'est un processus beaucoup plus long que nous ne l'avions
estimé au départ, mais qui a pris un certain temps à
atteindre sa vitesse de croisière, il l'a atteinte actuellement. Donc,
on a formé des comités dans chacune des régions, le
fédéral, le provincial et le milieu, de façon que les gens
puissent nous indiquer où ils voulaient voir ces sommes
affectées. C'est ça, l'important. Ce n'est pas que le central
décide que ça va aller dans tel et tel secteur, mais que les gens
du milieu déterminent que leur priorité pour les quatre ou les
cinq prochaines années, c'est le tourisme, le transport, la forêt
ou d'autres domaines. Cela nous apparaissait très important, c'est ce
qu'ils sont en train de faire et nous aurons ça très
prochainement.
Entre-temps, deux dossiers ont été soumis à notre
attention, en particulier par le gouvernement fédéral: celui de
la papeterie de Matane, sur le plan des infrastructures. Le plus bel exemple,
c'est que, dans le passé, le gouvernement fédéral serait
allé et aurait dit: C'est ça, on investit 25 000 000 $, c'est
fini, sans que le Québec soit consulté. À ce moment-ci,
pour l'Inclure dans l'entente, il a fallu que le gouvernement du Québec
donne son accord. Or, un projet comme la papeterie de Matane, je l'ai dit
tantôt et je le répète, s'il y a un dossier qui a une
saveur régionale, c'est bien celui-là. On peut bien contester son
choix, cela aurait pu être ailleurs dans la région, mais c'est un
dossier important et, effectivement, c'est ça.
Notre deuxième dossier est, à la demande des
autorités fédérales en particulier, une étude sur
l'écluse de la rivière des Prairies, à Laval. Les autres
viennent.
M. Paré: Actuellement, les comités régionaux
de gestion sont-ils opérationnels?
M. Côté (Charlesbourg): Oui. On me dit même
que les recommandations nous sont déjà parvenues tout
dernièrement de deux régions. On attendait après les
recommandations des régions pour les accepter ou non. Il y a
déjà deux régions: le Saguenay-Lac-Saint-Jean et...
Une voix: ...la Gaspésie.
M. Côté (Charlesbourg): ...la Gaspésie. Le
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, les Iles, nous ont soumis leur
volonté. Il reste celles de l'Abitibi et le Nord du Québec.
M. Paré: Tantôt, quand on disait seulement deux
projets après une année, vous m'avez répondu qu'il y a eu
bien des changements et bien des choses, entre autres, une élection
fédérale, sauf que, normalement, cela ne devrait pas nous
retarder, nous. Doit-on conclure que le ministre du gouvernement
fédéral, M. Benoît Bouchard, avait raison quand il disait
que, finalement, ce sont des lenteurs administratives
du gouvernement du Québec qui font en sorte qu'on en soit rendu
là?
M. Côté (Charlesbourg): Non, monsieur. Non. Il
était complètement en dehors de la coche. Je peux vous dire que
j'ai expédié des lettres à M. Harvie André, en date
du 9 décembre 1988, sur des projets spécifiques sur l'entente,
qui sont dans le comté de M. Bouchard et je n'ai pas eu de nouvelles
encore. Alors, si vous avez besoin de l'identification des projets, je peux
vous la faire en dehors de la salle. Une chose est certaine, selon ce que j'ai
compris, c'est que M. Bouchard était ulcéré par les
lenteurs administratives à procéder, effectivement. Je comprends
un peu son irritation parce qu'il y a des programmes, au niveau
fédéral, qui étaient prêts il y a un an, qui ont
été gelés par la négociation de l'entente et qui
auraient dû entrer en fonction bien avant. Ces gens nous ont soumis, pour
approbation, un certain nombre de programmes, et je pourrais même vous
donner les dates des lettres qui ont été expédiées
sur le plan de l'acceptation. Je pense que M. Bouchard aurait dû regarder
dans sa propre cour avant de faire une déclaration comme
celle-là. Cela lui aurait donné une bonne idée d'où
étaient les lenteurs. Ce n'est pas le gouvernement du Québec
à ce niveau qui, malgré un processus lent, il faut bien
l'admettre, a voulu le faire avec chacune des régions, mais l'irritation
venait davantage du fait qu'ils avaient des programmes, comme ils s'en allaient
tout seuls, qui étaient prêts et qui ont dû subir le retard.
Mais ce n'était pas à cause du Québec, mais à cause
d'un ensemble de choses, de circonstances: les élections
fédérales, un nouveau ministre, un nouveau coordonnateur
d'équipes fédérales, alors que nous avons toujours les
mêmes. À cet égard, j'ai beaucoup d'admiration pour M.
Bouchard, je m'entends très bien avec lui, mais, dans ce dossier, c'est
un peu moins clair.
M. Paré: Une des lenteurs, ne serait-ce pas la
réticence du Conseil du trésor aussi quant à l'autonomie
décisionnelle de ces mêmes comités régionaux de
gestion?
M. Côté (Charlesbourg): Non, pas du tout.
M. Paré: Donc, ce que M. Bouchard disait à cet
égard, ce n'est pas le Conseil du trésor, en aucune façon,
qui retardait ça?
M. Côté (Charlesbourg): C'est peut-être le
Conseil du trésor fédéral, mais je peux vous parier du
Conseil du trésor du Québec. Si vous me parlez du Conseil du
trésor fédéral, permettez-moi de ne pas répondre en
son nom. On en a déjà suffisamment de répondre au nom du
Conseil du trésor du Québec.
M. Paré: Quand je parlais du Conseil du trésor,
dans ma tête, je parlais toujours de celui du Québec et non pas de
celui d'Ottawa. Quand, selon vous, sera-t-on en mesure d'autoriser les projets
qui sont soumis?
M. Côté (Charlesbourg): C'est une question de
semaines, tout au plus de mois.
Évolution des budgets de l'OPDQ
M. Paré: D'accord. Si on revenait maintenant à
l'évolution des budgets de l'OPDQ. On en a parlé pendant une
heure, la dernière fois, à l'Assemblée nationale;
j'aimerais qu'on y revienne et qu'on regarde effectivement l'évolution
qu'ont connue ces budgets qui servent au développement de l'ensemble des
régions du Québec. Quand on regarde - ma première question
va être à ce sujet - les crédits qu'on a votés l'an
dernier, par rapport aux crédits qu'on vote cette année - les
crédits ne sont pas nécessairement ce qu'on a
dépensé, mais ça présage et ça montre au
moins l'intention du gouvernement - ça veut dire qu'on avait vraiment
l'intention d'en dépenser plus l'an dernier. Il y a quand même une
diminution par rapport à l'année passée, parce que les
crédits qui étaient à voter, donc les crédits que
nous avons effectivement votés l'année passée
étaient de 70 556 000 $ et, cette année, on se retrouve avec 68
914 000 $.
M. Côté (Charlesbourg): Quand on parle, si on veut
comparer, du moment où on s'est présentés pour
l'acceptation des crédits, le même exercice qu'on fait,
l'année passée, on avait 56 566 000 $ et, aujourd'hui, on a 68
923 000 $. C'est la situation. Quand vous parlez de 70 566 000 $,
c'était à la fin de l'exercice financier, donc il y a eu un
budget supplémentaire, entre-temps.
M. Paré: Ce sont toujours les crédits à
voter dont on parie.
M. Côté (Charlesbourg): Les crédits à
voter: 56 566 000 $ par rapport à 68 923 000 $.
M. Paré: Plus ce qu'on nous a annoncé, parce que
ça fait aussi partie de la même annonce, à quelques
semaines d'intervalle, du budget.
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que le budget est
passé?
M. Paré: Donc, vous êtes en train de nous dire que,
comme on l'a fait au cours de toutes les dernières années
finalement, on se réserve toujours une espèce d'annonce, et c'est
ce à quoi on peut s'attendre encore cette année, par rapport au
budget annoncé présentement.
M. Côté (Charlesbourg): Je ne peux présumer
du fait que le ministre des Finances va être sympathique à la
cause du développement régio-
nal dans son budget cette année. C'est lui qui décide, je
vais l'apprendre en même temps que vous. J'ai fait comme bien des gens,
je suis allé le rencontrer, le sensibiliser au problème, en lui
disant que, dans le développement régional, il y a toujours de la
place pour Investir de l'argent et bien l'investir. Alors, je vais voir si mes
démarches ont été fructueuses, mais si on compare la
situation d'aujourd'hui à la situation de l'an passé à
pareille période, c'est 56 566 000 $ en 1988 et 68 923 000 $ au profit
de cette année.
M. Paré: Qu'on utilise toujours la même tactique
annuelle où, finalement, on profite du discours sur le budget pour
annoncer des crédits supplémentaires à l'OPDQ, je dois
dire qu'on commence à être habitués, mais là aussi
on est habitués et les chiffres nous le prouvent. C'est ça qui
m'inquiète, et je me demande un peu pourquoi. Si on regarde en
1986-1987, il y avait aussi un budget supplémentaire de 10 000 000 $.
Par contre, on en a laissé périmer 7 300 000 $. Si on regarde en
1987-1988, il y avait aussi 10 000 000 $ de crédits
supplémentaires, mais on en a laissé périmer 2 000 000 $.
L'an passé...
M. Côté (Charlesbourg): J'aurais peut-être une
question à vous poser.
M. Paré: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Cela va peut-être
répondre en même temps à votre question. Partons de
1988-1989, 12 000 000 $ supplémentaires plus 2 000 000 $, donc 14 000
000 $ supplémentaires; 10 000 000 $ en 1987-1988, 10 000 000 $ en
1986-1987, 27 000 000 $ en 1985-1986. Cela commence à être un peu
moins, nous autres. On va continuer de reculer un peu: 36 000 000 $ en
1984-1985, 45 000 000 $ en 1983-1984, 28 000 000 $ en 1982-1983, 17 500 000 $
en 1981-1982 et en 1980-1981, 13 650 000 $. Dites-moi la raison et
peut-être que je vais vous donner la même réponse.
M. Paré: Je vais vous souhaiter d'aller en chercher
autant.
M. Côté (Charlesbourg): Comment?
M. Paré: Je vais vous souhaiter d'aller en chercher
autant, parce que c'est important avec le nombre de projets qu'on a maintenant.
Donc quand vous parliez de 25 000 000 $, 35000000$, 40000000$ en dollars
constants, tenant compte de l'inflation, je vous souhaite d'avoir au moins un
budget qui soit équivalent.
M. Côté (Charlesbourg): Attendez un peu. N'allez pas
trop vite. Je ne vous reprocherai pas des choses de 1976 à 1981, parce
que vous n'étiez pas là, mais à partir de 1981, vous
étiez là comme député.
M. Paré: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): II ne faudrait
peut-être pas oublier que PECEC, qui était au MMSR à un
moment donné, a joué un rôle là-dedans. Donc, il y
avait en 1984-1985, 36 000 000 $, mais il y avait 31 000 000 $ de transferts du
PECEC. La recherche réelle d'argent neuf pour le développement
régional était de 5 000 000 $. Dans le cas de 1983-1984, c'est 40
000 000 $ pour PECEC, c'est 5 000 000 $ pour le FDR: 3 000 000 $ pour le FDR en
1982-1983, 25 000 000 $, parce que le PECEC avait une responsabilité
bicéphale, il avait la défense des crédits par le MMSR et
la gestion par l'OPDQ. Alors, c'est cette distinction qu'il faut faire.
À partir de ça, ça ne se défend pas si mal
au fil des années. Comme je vous l'ai dit, je ne ferai pas une bataille
de coqs en disant qu'on en a eu plus que vous ou que vous en avez eu plus que
moi. Si ces gens me donnent 100 000 000 $ de plus demain matin pour le
développement régional, on va lui donner de la place. ' M.
Paré: Avant d'arriver à la question que je posais, il faut
aussi rappeler que, dans le Fonds de développement régional, les
dépenses - c'est ce qui compte aussi pour savoir ce qui a
été dépensé - en 1985-1986 étaient de 35 500
000 $; en 1986-1987, on est tombé à 23 500 000 $; en 1987-1988,
à 23 800 000 $; en 1988-1989, des crédits de 36 400 000 $. Si on
regarde par rapport à 1985-1986, je dois vous dire que ce n'est pas en
fonction de ce qu'on a investi qu'on a montré notre intérêt
pour le développement régional. Mais ma question, et c'est ce que
j'étais en train de vous énumérer tantôt: entre
autres, en 1988-1989, on a eu des budgets supplémentaires qui ont
été de 14 000 000 $, mais on en a laissé périmer 8
500 000 $.
M. Côté (Charlesbourg): Savez-vous pourquoi?
M. Paré: Vous allez me le dire.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, c'est simple.
L'année précédente, il n'y en a pas eu d'argent qu'on a
laissé périmer à l'OPDQ, parce que le ministère des
Transports avait, lui aussi, à la fin de l'année, des
crédits périmés, et j'ai fait jouer mes deux
responsabilités au profit du Fonds de développement
régional et du PECEC, alors qu'en 1988 nous avons eu une situation plus
difficile concernant le transport. J'ai fait en sorte qu'on se retrouve dans
une situation dans laquelle les projets du Fonds de développement
régional n'aient pas d'argent périmé, mais que l'argent
périmé vienne du PECEC. Donc, c'est un jeu qui a
été fait même au fil des ans. Quand je remonte jusqu'en
1980-1981, on a la même situation dans laquelle les crédits
périmés se jouaient selon la demande de certaines régions
dans les dossiers.
Donc, c'est effectivement ce qui s'est passé en termes de
crédits périmés. Il y a toujours eu des crédits
périmés demandés. L'année la plus basse de
crédits périmés et livrés était l'an
passé alors que, cette année, on se retrouve avec 8 000 000 $,
pour l'année qui s'est terminée le 31 mars. (12 h 15)
M. Paré: Quand on regarde les chiffres qui apparaissaient
aux livres et pour lesquels vous avez complété l'information, en
fait, c'était 16 000 000 $ qui semblaient ne pas avoir été
dépensés, mais vous m'avez dit que, là-dessus, il y a 8
000 000 $ de crédits périmés, mais il y a eu un transfert
de 8 000 000 $ à d'autres ministères. J'aimerais savoir comment
ont été utilisés ces 8 000 000 $ qui ont été
transférés aux autres ministères. J'espère que cela
n'a pas été pour le fonctionnement ou l'administration.
M. Côté (Charlesbourg): Non, pas du tout. Je
pourrais facilement vous expédier la liste des projets. C'est dans un
cadre de projets très précis où, effectivement, il y a eu
une entente avec soit le ministère des Affaires culturelles, soit le
MLCP pour des projets réalisés pour lesquels ils vont payer 50 %
de la participation gouvernementale et, mol, l'autre 50 %. Donc, à
partir de ce moment-là, il y a un seul maître d'oeuvre et c'est
pour ça qu'il y a eu un transfert.
M. Paré: J'aimerais l'avoir pour comparer. C'est beau de
dire que ce sont des transferts et que les gens l'ont utilisé sauf qu'en
même temps, au MLCP, on a diminué les budgets.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais vous donner un
exemple très précis. Vous allez être à même de
le comprendre. Cela concerne la zone aéroportuaire de Saint-Hubert, qui
n'est peut-être pas inhérente à la décision qui a
été prise d'implanter l'Agence spatiale à Longueuil,
où on a transféré, nous, l'argent au ministère des
Affaires municipales pour la réalisation d'une entente du sommet de la
Montérégie. Donc, cela fait partie de ça.
M. Paré: Tantôt, on faisait des comparaisons et vous
en avez fait une en ce qui concerne les budgets supplémentaires, en
reculant de plusieurs années. Mais depuis 1985-1986, êtes-vous en
mesure de me donner les budgets qui ont été
dépensés et les montants qui ont été
périmés spécifiquement dans le Fonds de
développement régional?
M. Côté (Charlesbourg): Pour 1985-1986, ce qui a
été périmé... Vous vous souvenez, c'était
une année de crise, un écart tout à fait substantiel entre
nos capacités de payer et nos revenus. Vous vous le rappelez, quelque 3
000 000 000 $. Donc, tous les ministères ont été mis
à contribution, y compris le FDR. C'est 8 800 000 $ de crédits
périmés pour l'année fi-nancière 1985-1986. Pour
1986-1987, 2 935 000 $; 1987-1988, 55 000 $.
M. Paré: Étant donné que vous avez
été capable de me donner un montant qui a été
dépensé sur les 8 000 000 $ qui relevaient d'un engagement au
sommet de la Montérégie, n'avez-vous pas les autres? Vous ne
pouvez pas me donner les autres pour les autres ministères?
M. Côté (Charlesbourg): Sur les... M.
Paré: Sur les 8 000 000 $.
M. Côté (Charlesbourg): Oui, on va vous les fournir
cet après-midi.
M. Paré: D'accord. Notre inquiétude, je vous l'ai
dit tantôt, ce n'est pas nécessairement que ce soit utilisé
pour des dépenses administratives ou autres dans un autre
ministère, mais dans le cadre d'autres programmes normes. Donc, si on
les transfère au MLCP et que le MLCP laisse périmer des fonds
dans le même programme, pensez-vous qu'on a avancé beaucoup sur le
plan de l'argent investi dans les régions?
M. Côté (Charlesbourg): J'ose espérer que
cela ne s'est pas produit. Je ne peux pas présumer de l'administration
des autres ministères. Quant à nous, ce sont des sommes qui sont
transférées dans des projets spécifiques, donc qui ne sont
pas des projets de fonctionnement, peut-être très
exceptionnellement, mais davantage dans des projets d'immobilisations, et on va
vous en fournir la liste. On verra, au-delà de tout cela si,
effectivement, tout a été dépensé. Dans le cas de
certains projets qui reçoivent l'approbation, on se retrouve
effectivement dans des situations où les gens ne les réalisent
pas avant l'échéance, ce qui fait que les projets sont
reportés à l'année suivante. Cela arrive.
M. Paré: Étant donné qu'on parle de transferts
à d'autres ministères pour la réalisation de projets
précis, tantôt, je vous donnais l'exemple du PADEL dans lequel il
y a déjà, une formule... C'est une inquiétude qui a
été soulevée à plusieurs occasions. Étant
donné que, dans ce programme, il y a déjà une contrainte
ou une limite établie en fonction des sommets, à votre
connaissance, est-ce qu'il y a d'autres programmes de ce ministère ou
d'autres ministères auxquels on va s'accrocher de plus en plus pour
l'obtention ou la participation à un programme ou à un projet,
afin qu'il soit retenu à un sommet?
M. Côté (Charlesbourg): Non, pas à ma
connaissance. Le programme spécifique du PADEL.. Je ne veux pas
répondre au nom de mon collègue Picotte dont c'est la
responsabilité, mais, à tout le moins, on a participé
à un certain nombre de
discussions et on se rendait compte que le PADEL était de plus en
plus sollicité pour de gros projets, alors que, dans l'esprit de tout le
monde, PADEL, c'était davantage pour de petits projets dans chacune des
municipalités. Vous en avez chez vous, j'en al chez moi, à peu
près tout le monde en a chez lui. C'est si on souhaite avoir un montant
de 5000 $, 10 000 $ ou 20 000 $ pour un terrain de jeux. Des projets
d'au-delà de 100 000 $, cela commence à être des projets
joyeusement dispendieux pour l'enveloppe que PADEL avait. Finalement,
l'idée a été de faire une distinction très nette
entre le volet 1 du PADEL qui devait répondre à
l'équipement de moins de 100 000 $ et le volet 2 de PADEL qui
était supérieur à 100 000 $. Cela m'est apparu, à
tout le moins, tout à fait logique que ce puisse être ainsi.
Au-delà de tout ça, on a mis dans cette question l'aspect
spécifique des Jeux du Québec. Les gens prennent des Jeux du
Québec, ils sont parfaitement conscients des règles pour
l'obtention des Jeux du Québec et, aussitôt qu'ils les ont, ils
viennent demander des sommes additionnelles pour les équipements, comme
cela a été le cas en Montérégie, à
Saint-Jean-sur-Richelieu, comme cela a été le cas à
Matane, comme cela a été le cas dans d'autres domaines,
effectivement, en venant gruger l'enveloppe qui était dévolue
à de petits projets de PADEL Donc, il y a eu un besoin de
réajustement, et c'est un peu de tout ça qu'on a tenu compte.
M. Paré: Toujours dans le même domaine, au ministère
des Transports, étant donné qu'on voit l'évolution des
crédits et, en même temps, qu'on voit à quel point il y a
des demandes se rapportant au transport dans les régions, si le budget
augmente beaucoup moins rapidement que les engagements qu'on prend lors des
sommets, qui doivent normalement se rajouter aux plans quinquennaux, qu'est-ce
que cela veut dire en termes de choix de ce qui sera réalisé?
Comment la répartition sera-t-elle faite pour respecter les sommets et
essayer de ne pas pénaliser l'ensemble des comtés qui, eux, ont
des plans quinquennaux, des besoins et des urgences?
M. Côté (Charlesbourg): La question est très
bien posée parce que c'est une situation qu'on vit avec beaucoup
d'acuité. Effectivement, à l'occasion des sommets on met
énormément de pression sur le ministère des Transports en
ce qui concerne le développement du réseau routier. Au rythme
où cela a été au cours des derniers sommets, I
paraît évident qu'il faudra faire un choix: ou c'est le sommet sur
le plan routier, ou c'est le régulier. Bien sûr, on a
déjà une commande assez impressionnante à livrer, que nous
avons acceptée dans le cadre des sommets, et nous allons la livrer.
C'est clair, ce sera la priorité parce que ce sont des engagements
formels et nous allons les livrer. Bien sûr, chez nous, on
réfléchit sur l'attitude qu'on adoptera devant les sommets. C'est
évident, au départ, que la très large majorité des
projets qui sont soumis aux sommets régionaux sont quand même dans
la machine. Ce sont des projets qui sont déjà dans le plan
d'équipement du ministère. Mais les gens en profitent pour mettre
de la pression pour les faire devancer ou pour faire en sorte qu'ils deviennent
réalité, pour qu'il y ait enclenchement sur le plan de la
préparation des études. Effectivement, lorsqu'on fait l'analyse
globale des sommets tenus jusqu'à maintenant, on est dans une situation
où nous avons l'obligation de revoir notre manière de fonctionner
vis-à-vis des engagements pris par le ministère des Transports
aux sommets. C'est en cours.
M. Paré: Cela ne me rassure pas. Je comprends le dilemme
et ce ne doit pas être facile à régler, sauf que cela ne me
rassure pas. Vous dites: On a pris des engagements, on a signé des
ententes-cadres et on va les respecter. Si on les respecte, on les traite en
priorité. Que le budget n'augmente pas en fonction des nouveaux
engagements qu'on va prendre, même s'ils sont dans le pian quinquennal,
cela veut dire, finalement, que ce qu'on va suivre en priorité, ce sont
les engagements des sommets par rapport aux priorités du plan
quinquennal.
M. Côté (Charlesbourg): Je n'ai pas deux paroles, je
n'en al qu'une. À partir du moment où je me suis engagé,
je vais tout faire pour livrer, quitte éventuellement à subir des
contrecoups ailleurs. Mais il y a certainement des engagements précis,
pris au nom du gouvernement du Québec, sur le plan de la
réalisation des réseaux routiers dans des régions comme
l'Abitibi-Témiscamingue, la Montérégie et ailleurs. Pour
moi, cela devient capital et je vais respecter mon engagement, ma parole.
Au-delà de tout cela, cela demeure le problème du ministre des
Transports, avec ce qui doit faire pour tenter d'obtenir des sommes
additionnelles. Mais dorénavant, les gens à travers le
Québec doivent s'attendre, au-delà de ce qui a été
annoncé et qui sera respecté, que la priorité du
gouvernement du Québec, à partir de cette année, quant aux
nouveaux engagements, ce soit des engagements pour l'entretien du réseau
routier et non plus pour l'expansion de ce réseau. Et c'est cette
année que cela commence.
M. Paré: Je trouve cela très malheureux parce qu'on
change des façons de faire en cours de route, alors que de notre
côté, nous n'avons pas été avisés, le monde
municipal non plus, ni les intervenants.
Quand on fait un plan quinquennal, de bonne foi... Vous savez comment
cela fonctionne. Depuis des années, la situation des routes ne s'est pas
améliorée. Donc, on a des urgences, autant en termes d'entretien
qu'en termes de construction, d'amélioration de routes en
général. Le plan quinquennal a été fait en fonction
des
études. Vous le savez, il faut absolument que les études
techniques aient été faites et que le projet soit
réalisable. Des fois, il l'est, mais, manque de fonds, c'est
reporté et reporté. On n'a pas amené au niveau des
sommets, parce qu'on ne pensait pas utile et nécessaire, de le faire,
des priorités de chacun des comtés et des régions.
D'abord, parce qu'on ne pourra plus, pour tous les ministères, amener
tous les projets parce qu'on fera la même chose dans les hôpitaux
et les écoles. Cela n'aura plus de bon sens. On voit même des
agrandissements d'écoles et d'hôpitaux. Cela voudra dire que ce
qui ne sera pas retenu là... Vous me le confirmez dans le transport, on
le voit au MLCP et j'ai l'impression qu'on va se faire dire la même chose
pour les hôpitaux et les écoles: Cela n'a pas été
retenu au sommet. Des gens de bonne foi... Je le sais parce qu'on le vit, on
n'a pas amené tous nos projets de priorité de transport parce
qu'on voulait amener d'autres choses qui semblaient répondre plus aux
axes d'orientation ou parce que cela venait stimuler le développement
économique. Pour toutes sortes de raisons, on ne les a pas
amenés. Et, à partir de maintenant, un des arguments sera: non
seulement on n'a pas assez d'argent, mais, en plus, ce n'est pas retenu au
sommet, alors que les projets n'ont pas été
présentés au sommet parce qu'on ne le pensait pas utile.
M. Côté (Charlesbourg): II ne faut pas dramatiser,
non plus. Peu importe la couleur politique de celui qui est responsable du
réseau routier aujourd'hui, on est dans une situation où le
virage de l'entretien du réseau routier doit se faire. C'est là
que la priorité doit être donnée. Je le dis, elle va
être donnée au détriment de la construction. Il faut que le
gouvernement soit capable de faire le virage qui s'impose. C'est donc le virage
de l'entretien du réseau routier que nous allons prendre. Nous allons
nous demander, avant d'autoriser le prolongement d'une route, si le
réseau que nous avons est dans de bonnes conditions. C'est à ces
conditions - quand nous aurons répondu à ces attentes, et nous en
avons pour quelques années sur le plan de l'entretien du réseau -
qu'on pourra penser à l'expansion du réseau routier.
M. Paré: Je comprends le virage entretien par rapport au
virage construction, sauf que où je vous dis qu'il y a aussi un virage,
c'est en ce qui concerne le choix des priorités qui seront
exécutées. Si vous me dites maintenant - et c'est ce que vous
avez dit tantôt -: Je vais respecter l'engagement que j'ai pris avec les
régions, et qu'aux sommets il y a des engagements qui ont
été pris pour la moitié, les trois quarts ou la
totalité du budget, ça voudrait dire que tous ceux qui n'ont pas
apporté leurs dossiers là vont pouvoir se faire répondre,
finalement, que ce n'est pas la priorité retenue par la
région.
M. Côté (Charlesbourg): Les engagements aux sommets
ne sont pas de ce niveau. Il y a des engagements, en particulier sur des
artères un peu plus difficiles, qui sont la 117, à la fois dans
les Laurentides et en Abitibi, qui crée des inquiétudes à
ce moment-ci, la 138 sur la Côte-Nord, qui est un élément
important, la 132 autour de la Gaspésie, et la 30 qui s'ajoute pour 47
000 000 $ dans le cas de la Mon-térégie, mais qui sera incluse
dans le plan de transport.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. Sur ce, la commission de l'aménagement et des
équipements va suspendre ses travaux jusqu'après les affaires
courantes. Je rappelle à l'attention de tout le monde que nous
reprendrons nos travaux ici, dans la salle Papineau.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
(Reprise à 16 h 1)
Le Président: (M. Saint-Roch): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend maintenant ses travaux
pour poursuivre l'étude des crédits budgétaires de
l'Office de planification et de développement du Québec pour
l'année financière 1989-1990. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions, M. le député de Shef-ford?
La politique de développement régional
M. Paré: Oui, au moins pour deux heures et demie encore.
J'aimerais, maintenant, que l'on discute du sujet de ce matin. Vous y avez fait
allusion, vous aussi, dans votre présentation et il a été
question de possibilité d'intervention, déjà cette
année. Donc, je voudrais intervenir sur "Le Québec à
l'heure de l'entreprise régionale", la politique qui a été
déposée l'automne dernier. Effectivement, vous en avez
parlé et j'espère que nous allons avoir la chance de passer
à travers, sinon tous les volets, quelques-uns, parce que, comme vous le
disiez, il y a cinq volets. Premièrement, je veux savoir quelles sont
globalement vos intentions en ce qui_a_concerne la politique
comme_ telle de _ce document. Est-ce que vous avez l'intention de l'appliquer
à partir de maintenant, est-ce que vous avez l'intention de faire une
consultation et, si vous avez l'intention de l'appliquer cette année,
c'est en commençant par quoi et quel budget avez-vous l'intention d'y
mettre? Pour plusieurs choses à l'intérieur de ça, cela
impliquera évidemment des budgets. Je veux savoir s'il y a des budgets
de prévus. À l'égard de ce que l'on retrouve
là-dedans, si j'ai un premier commentaire à faire, je suis
content de retrouver, et je vous le dis, des reconnaissances de choses qui sont
importantes. Entre autres, même si on en a modifié, et
on l'a dit ce matin, le fonctionnement, au moins, on reconnaît que
la concertation que l'on retrouve par l'exercice des sommets, c'est important.
Donc, on concrétise qu'effectivement on a l'intention d'échanger
des propos avec le milieu. On verra si on appelle ça une consultation ou
un échange, mais, en tout cas, parler avec le milieu, c'est
Important.
Ce que l'on retrouve aussi comme choses importantes par rapport au
discours que, nous, on tient depuis longtemps, c'est qu'on reconnaît
là-dedans qu'effectivement l'État a un rôle majeur à
jouer en termes de développement régional. C'est important. Nous,
on l'a toujours dit: L'État a un rôle fondamental à jouer
dans ce secteur comme dans bien d'autres, de même que nos
sociétés d'État ont un rôle important à
jouer. J'écoutais encore dernièrement, au moins deux ou trois
sorties où on commence maintenant à faire l'éloge des
sociétés d'État en amenant les budgets, les orientations
qu'on leur donne. J'écoutais, encore la semaine passée, le
premier ministre et le ministre de l'Agriculture parler du programme de
développement ou de ce que l'on se donne comme grande orientation en ce
qui concerne SOQUIA avec des budgets de plusieurs millions de dollars en disant
que SOQUIA, effectivement, a un rôle à jouer dans le
développement agroalimentaire au Québec et pour les
pêcheries dans les régions qui sont touchées, les
régions du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie, des
Îles-de-la-Madeleine.
Cela me fait plaisir d'entendre enfin ce discours, que nos
sociétés d'État sont parmi les leviers économiques
importants de développement. Ce sont des outils de développement
économique global pour la société et cela entre aussi dans
bien des cas dans ce qui touche le développement économique
régional. Vous l'avez dit ce matin aussi et c'est vrai: Quand on parle
de SOQUIA, secteur agroalimentaire, cela touche énormément les
régions du Québec. Quand on parie de SOQUIP, c'est aussi
Montréal, mais cela peut être les régions. Quand on parle
de REXFOR, ce sont les régions du Québec. Donc, les
sociétés d'État ont été créées
pour développer les régions. On a eu peur de les perdre.
Heureusement, aujourd'hui, le discours a changé et on veut les garder et
les utiliser. C'est reconnu là-dedans, je trouve cela très
Important, cela me fait plaisir.
Par contre, à mon avis, dans ce document qui a été
déposé, "Le Québec à l'heure de l'entreprise
régionale", il y a des oublis. Par le discours que vous avez tenu ce
matin, je ne suis pas sûr que ce soient des oublis, c'est plutôt
volontaire, mais je tiens à les rappeler quand même. On ne voit
pas la présence syndicale là-dedans alors que, lorsqu'on parie de
formation et de tout ce qui est Implication des travailleurs, je pense que ce
sont des intervenants majeurs et importants dans toutes les régions du
Québec, quand on sait que les syndicats ont contribué à
tellement d'avancements sociaux dans notre société. Il ne faut
pas l'oublier, si on a des mesures comme l'assurance-maladie, l'assurance
automobile et un paquet d'autres dans la société maintenant, cela
a d'abord commencé par des luttes syndicales.
On ne retrouve pas non plus l'importance du mouvement coopératif
là-dedans. On peut peut-être penser que c'est inclus dans le reste
des entreprises, dans la totalité. Mais non, à mon avis, il y a
plus que ça et le mouvement coopératif, ce n'est pas seulement
les grandes coopératives non plus, ce sont des petites
coopératives existantes et des coopératives à venir dont
il faut s'occuper.
Et on oublie là-dedans les organismes communautaires. Je l'ai dit
ce matin et je le répète: II ne faut pas oublier les organismes
communautaires et bénévoles, parce qu'ils ne coûtent pas
cher à l'État, Ils aident beaucoup et ils prennent la
relève là où l'État ne peut pas, pour des
restrictions budgétaires ou pour toutes sortes de raisons, avoir toute
la présence sur le terrain de l'ensemble des services qu'exigent les
populations, et, plus souvent qu'autrement, les populations les plus mal
prises. Dans les petites municipalités, dans les coins les plus
éloignés comme la population ne justifie pas une présence
massive d'équipements, d'infrastructures ou d'instituts gouvernementaux,
ceux qui prennent la relève sont ceux qui décident de se prendre
en main. On devrait, au maximum, aider ces gens-là à faire
économiser les sous de l'État, mais, en même temps,
à contribuer au développement des régions.
Donc, à mon avis, ce sont trois oublis que l'on retrouve dans ce
document. Par contre, comme je vous le disais, il y a des choses qui me
semblent des corrections de tir qui me satisfont passablement. Je reviens
à ma question du début: Dans l'application concrète que
vous voulez en faire, si jamais il y a application concrète dès
1989, quels sont les budgets qu'on y met?
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président,
d'abord la première chose qui me frappe lorsqu'on parie de cette
intervention, la vôtre, c'est que la différence fondamentale est
philosophique. Je ne prétends pas la juger et je ne veux pas la juger,
soit d'un bord ou de l'autre. Je ne vous dirai pas que la mienne est meilleure
que la vôtre, ce n'est pas l'objectif, mais il y a une différence
fondamentale dans l'objectif. On a fait un cadre d'intervention. On a dit aux
gens: C'est vers ça qu'on se dirige, sans prétendre, en aucune
manière, que c'est une intervention exhaustive et qu'il n'y a pas autre
chose à faire. Il y a bien d'autres choses à faire. Il aurait pu
y avoir facilement 25 programmes dans un plan de développement
régional et on a voulu en privilégier cinq.
Fondamentalement, je ne suis pas de ceux qui prétendent qu'on
aurait dû dire au mouvement coopératif ou aux syndicats: La
politique de développement régional, c'est ça, et c'est ce
que
vous allez faire. On s'est fait un cadre d'intervention pour
l'État, les ministères sectoriels qui sont les premiers
visés et, par extension, les sociétés d'État
où, effectivement, il y a un travail à faire aussi sur le pian de
la connaissance et de la volonté de faire du développement
régional.
Vous avez évoqué tantôt SOQUIA. Parfait. C'est clair
que SOQUIA c'est de l'agroalimen-taire et, dans le cas des pêcheries, en
Gaspésie, ça peut être un instrument extraordinaire comme
celui de la Côte-Nord. L'exemple le plus patent est celui de
Saint-Maurice-de-l'Échouerie où effectivement, SOQUIA
n'était pas intéressée à aller et on lui a
forcé la main pour aller dans une usine de troisième
transformation. Si ces gens avaient été tout seuls dans leur
bureau à Québec, sur le plan de l'analyse et de la
décision, ils auraient dit non. D'ailleurs, Ils avaient
déjà dit non. Mais la responsabilité de SOQUIA va dans ce
sens-là.
Vous parlez des absences, dont celle du monde syndical. Le monde
syndical est présent partout où les sommets se tiennent. Partout
où je suis allé, il y a des sièges réservés
aux gens du monde syndical qui ne se gênent pas pour venir dire ce qu'ils
ont à dire. Il est clair qu'ils sont représentés dans
chacun des cas. Il n'y a pas un sommet ou une biennale que j'ai tenu qui ait
fait exception. Donc, ils sont quand même présents et c'est clair
que c'est un actif de les avoir là. Même si, à l'occasion,
on peut les trouver achalants et très revendicateurs, je suis un de ceux
qui pensent que ça prend des revendicateurs pour être capables de
faire progresser les choses et, en ce sens, Ils sont là.
Vous avez parlé du mouvement coopératif. Le mouvement
coopératif est aussi là, dans la mesure où les
intéressés le souhaitent. S'ils ne le souhaitent pas, il n'est
pas là. Alors, le plus bel exemple de tout ça, c'est qu'au sommet
de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, les caisses populaires ont
souhaité être là et ont été les initiateurs
d'un projet de fonds de développement régional dans lequel elles
ont mis 2 000 000 $ en fonds. Je parle de la Fédération des
caisses populaires. Donc, le mouvement coopératif, avec les caisses
populaires, est là, ce qui a permis, quant à nous, de
sensibiliser la Caisse de dépôt à cela en lui disant: Ce
n'est pas seulement une question de rendement de 17 %, 18 % ou 20 %, c'est une
question aussi de participation à un effort de redressement des
situations économiques des régions. La Caisse de
dépôt a mis 2 000 000 $ dans le Fonds de développement
régional en Gaspésie, complété par une subvention
d'appoint de l'OPDQ sur le plan des sommes nécessaires à
l'"opérationalisation" du fonds de développement. Donc, on est
dans une situation où effectivement elles sont là. Ce n'est pas
cela, l'absence. L'absence la plus remarquée des sommets, c'est celle de
l'entreprise privée, et non pas celle des organismes communautaires, des
syndicats et du mouvement coopératif. L'absence qu'il va falloir prendre
les moyens de corriger au cours des prochaines années à ces
sommets, c'est celle de l'entreprise privée qui doit venir s'asseoir
avec les intervenants du milieu et tenter de faire des choses. Cela ne veut pas
dire que, de manière sporadique, il n'est pas venu des entrepreneurs
s'asseoir à ia table comme promoteurs pour défendre un projet.
Ils sont difficiles à asseoir à la table pendant un an pour
travailler et orienter des axes de développement en termes de
développement industriel. C'est la situation actuelle. Encore là,
ce n'est pas parfait. C'est bonifiable. Si vous avez de bonnes idées, je
n'ai aucun problème à changer un certain nombre de choses. Ce que
cela se voulait, c'est une politique qui, pour une première fois, est
approuvée par un Conseil des ministres et qui, par conséquent,
fait l'objet d'une approbation gouvernementale et doit être
appliquée par chacun des ministères sectoriels. Donc, sur ce
plan, c'est définitivement un pas en avant.
Peut-être, pour simplifier la discussion, comme j'ai vu que le
député de Shefford avait le document entre les mains, si on
prenait les pages 2 et 3; c'est, en fait, une synthèse de chacun des
volets avec les objectifs et avec les mesures. Si on veut tenter de faire le
tour, effectivement l'année 1989 est l'année de mise en
application de la politique gouvernementale. Elle a, d'ailleurs, sur certains
aspects, commencé dès 1988. C'est donc la mise en place de cette
politique. Prenons le premier chapitre, entrepreneurship et démarrage
d'entreprises. On se rappellera que dans le financement du développement
régional, de même qu'avec les rencontres des commissaires
industriels de tout ie Québec, la principale revendication était
que, dans tout ce qui était le créneau de 250 000 $ et moins,
pour lancer des entreprises, il n'y avait pratiquement rien et que
c'était un trou assez béant, sauf PECEC qui avait quand
même ses limites, et que la SDI n'était pas là. Et pour la
SDI, en bas de 250 000 $, c'était plus ou moins intéressant
d'ouvrir un dossier dans le démarrage et dans le
prédémarrage d'entreprises.
Une voix:...
M. Côté (Charlesbourg): C'était issu
très nettement du colloque de Rimouski. Donc, on en arrive avec un
programme de création d'emplois permanents avec PRECEP qui reprend les
vertus de PECEC et qui en abandonne, et qui tente de se donner une vocation
d'aller couvrir ce créneau de zéro à 300 000 $, donc, 50
000 $ de plus que ce qui avait été souhaité, sachant que
ce genre de programme, à partir du moment où il est
appliqué, ne se change pas du jour au lendemain. Faisant un peu de
prospective, on dit: Parfait, on réglera le problème pour
plusieurs années. Il aura deux volets. Ce qu'on connaît dans PECEC
actuellement, ce sont 75 000 $ et moins destinés
à ta région, alors que le plafond monte à 100 000 $
pour le volet 1 qui sera toujours le niveau de la décision, mais avec
une poignée que j'ai toujours évoquée chaque fois que j'ai
étudié les crédits. Je trouvais inconcevable qu'on se
retrouve dans une situation où un ministre, qui est responsable d'un
budget, ne puisse en aucun temps être Informé de décisions
prises sur le plan régional. Ce n'est pas que je veuille contester les
décisions sur le plan régional, mais, à tout le moins,
être informé pour être capable éventuellement de
défendre les décisions qui ont été prises. Donc, le
principe du comité au niveau régional demeurera sur une
décision de tous les projets inférieurs à 100 000 $. Une
liste sera transmise au ministre. (16 h 15)
Quant aux projets de 100 000 $ à 300 000 $, cela fera l'objet
d'un comité provincial qui décidera selon les critères,
bien sûr, et les avis sectoriels des ministères concernés.
Donc, PRECEP a fini de faire l'objet d'ajustements quant aux projets qui
avaient été déposés à l'époque entre
le ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie et l'OPDQ.
Nous serons donc, au cours des prochaines semaines, devant tes comités
ministériels pour finir la ronde soit au CMPDE ou au COMPADR, au Conseil
du trésor et au Conseil des ministres normalement d'ici à deux
semaines ou trois semaines tout au plus, le tour étant terminé.
C'est donc un programme qui entrera en vigueur, et qui sera présent.
Si on continue dans ce qu'il y a là, le programme-cadre
Canada-Québec est déjà une réalité par la
signature de l'entente et par les négociations en cours sur le plan de
l'affectation des sommes et des recommandations que chacune des régions
périphériques va nous transmettre. Soutien technique à la
création d'entreprises; quand on parle d'agent de développement
en milieu rural, c'est déjà un mécanisme en cours, dont on
a reçu le renouvellement par le Conseil du trésor en fin
d'année 1988, début 1989, donc qui est là et qui va
continuer. Centre de création d'entreprises; ce sont des choses que nous
avons expérimentées comme à Waterloo, par exemple, qui
était un motel industriel, et qui ont aussi été
essayées ailleurs dans d'autres régions du Québec, qui
vient de recevoir la confirmation de son existence et qui va continuer
d'exister, alors que dans le cas d'autres éléments, en cours
d'année, ça viendra. Cela, c'est pour entrepre-neurship et
démarrage d'entreprises, l'idée maîtresse étant
PRECEP qui, jusqu'à maintenant, avait du personnel occasionnel permanent
à l'OPDQ qui va se transformer en personnel permanent. Ce ne sera plus
un programme expérimental, mais ça va devenir un programme de
création d'emplois bien établi et qui ne puisse pas être
discuté ou éliminé du circuit, sous la
responsabilité, et ça nous est apparu toujours important, de
l'OPDQ. Donc, ce sont des choses claires.
Je ne sais pas si vous voulez qu'on fasse un grand tour de piste et
qu'on revienne ou...
M. Paré: J'aurai des questions à poser même
sur ce que vous venez de dire, parce qu'effectivement c'est vaste. Ce que nous
disions, c'est que cette politique gouvernementale - vous l'avez dit - est
approuvée, mais on n'y retrouve pas en soi - et vous dites que ça
va venir - ni d'échéance ni de budget. Donc, ça va venir
progressivement en fonction des besoins, etc. Mais si on ne retrouve pas, dans
les crédits du ministère ou du fonds de développement
économique régional, un montant pour l'implantation de cette
politique, pas plus que dans les... On cite finalement d'autres intervenants,
mais si on cite d'autres intervenants et qu'ils n'ont pas non plus de budget
d'implantation en fonction d'une politique de développement
régional, ça voudra dire qu'on n'y met pas d'effort particulier
ou on le fera au détriment d'autres associations, d'autres entreprises,
d'autres organismes ou d'autres régions.
M. Côté (Charlesbourg): Pour le moment, je ne veux
pas, dans le cas de PRECEP, aller plus loin que ce que je vous ai
évoqué pour la simple et bonne raison qu'il y a des
nouveautés dans PRECEP qui seront très intéressantes par
rapport à ce qu'on a connu de PECEC. Il y a des techniques qui feront en
sorte que, sur le plan budgétaire, vous vous rendrez compte qui y a des
éléments intéressants là-dedans qui sont porteurs
d'un germe très intéressant pour l'avenir. Donc, je ne peux pas
aller plus loin que ça à ce moment-ci. En partant du fait
qu'à l'Intérieur du budget du Fonds de développement
régional, il y a un volet qui est celui de PECEC, quand on remplace
PRECEP par PECEC, on peut au moins supposer qu'au départ les sommes
d'argent seront les mêmes et qu'il y a peut-être des astuces pour
être capable de faire profiter l'argent. Donc, on verra quand le
programme sera rendu public et c'est pour très bientôt, dans ce
domaine. D'après ma petite expérience, ça va
répondre passablement a ce qu'on a entendu, quant à nous, dans
les tournées ou dans les rencontres avec des commissaires industriels
qui sont quand même assez près des besoins en termes de
développement et d'implantation d'industries, de même qu'à
ce qu'on a entendu au colloque de Rimouski. Au-delà de tout ça,
lorsqu'on est intervenu dans le cas de motels industriels, on l'a fait à
partir du Fonds de développement régional. Donc, on ne
réinvente pas la roue. À partir du moment où y y a des
sommes additionnelles qui sont données, elles vont pour te
développement. Il faut s'enlever de l'esprit que c'est uniquement de
l'argent de l'OPDQ parce que, normalement, l'OPDQ n'aurait pas un programme et
y aurait sa raison d'être, parce que c'est horizontal. Ce n'est pas le
budget de l'OPDQ qui fait qu'y est efficace ou
non, mais tout le niveau de sensibilisation auprès de
ministères sectoriels sur le plan de l'importance du
développement régional, c'est là que la politique
entérinée par le Conseil des ministres prend tout son sens et
toute sa force.
M. Paré: On va continuer là-dessus, PECEC et
PRECEP. C'est sûr qu'on y change des choses. Vous dites que ça va
être positif. Je dois vous dire que je ne suis pas si sûr que les
améliorations que vous allez apporter vont être positives, et je
vais vous dire pourquoi. Ce n'est pas pour critiquer. Nous avons tous des gens
dans nos bureaux de comté qui veulent partir en affaires ou qui ont des
problèmes avec leur entreprise. On sait qu'un des graves
problèmes de l'entreprise - et ce n'est pas seulement au Québec,
c'est général, c'est universel - c'est qu'il y a beaucoup
d'entreprises qui démarrent, mais elles ne vivent pas toutes,
malheureusement. Il faut essayer, par des incubateurs, des motels industriels,
tout ce qui existe et les groupes qu'on a mis en place, de les soutenir et de
les aider. Il y a une foule de formules pour essayer de les aider. On sait que,
pour lancer une entreprise, au moment où l'on se parle, il y a beaucoup
de programmes. Il n'y en a peut-être pas assez, mais il y a beaucoup de
programmes. Il y a entre autres, les groupes d'initiative-jeunesse qui sont
là de par toute leur formule, qui sont Bourse d'affaires, Jeunes
Entrepreneurs, etc. On pourrait passer toute la panoplie de programmes
existants à d'autres ministères, mais gérés par le
groupe initiative-jeunesse pour les moins de 30 ans qui veulent partir en
affaires. Cela existe. Donc, il y a une formule d'aide pour ceux qui partent en
affaires. On dit: Jeunes Promoteurs et Bourse d'affaires, c'est pour partir en
affaires. Il y a déjà ça.
Il y a d'autres organismes qui existent, malheureusement pas sur tout le
territoire, mais qui sont passablement vastes, d'autres organismes comme le
MIC, la SDI, les centres locaux d'emplois, qui ont changé de nom
maintenant, mais c'est la même chose, du fédéral qui, eux
aussi, donnent ou peuvent donner de différentes façons, par
participation à l'action ou autrement, une contribution de départ
à ceux qui veulent partir en affaires. Il y a la Banque
fédérale de développement, il y a une multitude de
façons d'aider des jeunes ou des moins jeunes qui veulent partir en
affaires. Cela existe. On les connaît. Cela n'empêche pas qu'on
puisse en modifier et en ajouter parce que je pense que les besoins sont
énormes. Ceux qui sont partis en affaires, depuis un certain temps et
même, des fois, ça fait quelques années, ces gens qui ont
un problème, que leur reste-t-il comme recours? Je dois vous dire, dans
les situations qui sont plus difficiles... On sait qu'il y a des situations qui
sont très difficiles, des gens qui ont essayé auprès des
banques, des institutions financières et même la Banque
fédérale de développement et la SDI. Il n'y a pas de
programme comme tel qui répond, quand il n'y a pas de financement aux
institutions financières. Il n'y a pas nécessairement
d'institutions dans le réseau - quand je parle de réseau, ce sont
toutes les institutions gouvernementales, peu importe le niveau - qui sont
capables de répondre et de sauver des entreprises. On en a sauvé,
je pourrais vous donner des cas précis. On ne les a pas toutes
sauvées, mais on a au moins étiré la vie de ces
entreprises, finalement. On n'a pas perdu, comme État, je pense, en
aidant certaines que je connais parce que les gens se retrouvaient plus vite
à l'aide sociale ou à l'assurance-chômage. Cela ne veut pas
dire qu'il faut les faire vivre s'ils n'ont pas de chance de succès,
mais il faut tenter, au maximum, de les rescaper et de les sauver. Il y a des
entreprises qu'on a sauvées par PECEC. Je suis sûr que vous
êtes en mesure de me donner des cas d'entreprises existantes qui ont
été sauvées par PECEC et qui, aujourd'hui, ont un avenir
qui s'annonce pas mal florissant. Si on conserve maintenant à PECEC
seulement la clientèle de démarrage et de
prédémarrage, où vont-ils se ramasser? Où vont-ils
se ramasser, les gens qui sont en affaires et qui en sont à une
étape autre que démarrage et prédémarrage?
Qu'est-ce qui va faire en sorte qu'on va pouvoir sauver ces entreprises? Je
pense que vous avez une responsabilité là-dedans, même si
le développement et l'aide aux entreprises ne sont pas
nécessairement votre première préoccupation ou qu'il y a
de vos collègues qui les ont comme priorités. Quand on
décide d'enlever une clientèle à un programme dont on est
responsable, comme PECEC, il faut, je pense, prévoir ce qui va prendre
la relève et comment on va les aider, sinon il n'y aura plus
d'alternative. Les gens qui sont venus me voir - je le sais parce que vous avez
dû en défendre et que j'en ai défendu, des dossiers de
PECEC - les autres, même pas la Banque fédérale de
développement, ne voulaient pas les aider. Il restait une alternative,
c'était le programme de création d'emplois communautaires
où l'on pensait qu'effectivement, en leur donnant un coup de pouce, on
pouvait les aider, et pas n'importe quel coup de pouce, et c'est là,
à mon avis, la deuxième lacune. La première, c'est que,
pour ceux qui sont déjà en affaires, il n'y aura plus de voie
d'aide, et la deuxième, l'aide qu'on leur apportait, je ne suis pas
sûr qu'un autre va la leur apporter; elle était une
subvention.
On dira ce qu'on voudra contre les subventions, mais, très
souvent, c'est essentiel, surtout quand il y a des entreprises comme ça,
ou ça peut être à la suite de ce qu'on a connu dans une
crise économique. Des entreprises qui étaient rentables et qui
auraient dû survivre, mais qui ne pouvaient plus survivre, pourquoi?
Parce que ce n'était pas pensable, ce n'était pas planifiable
qu'on se ramasse avec un taux d'intérêt frôlant et
dépassant les 20 %. Donc, c'était une situation catastrophique,
temporaire, non prévisible, qui a fait en sorte que des entreprises
étaient en période temporaire de difficultés. Si on
leur
ajoutait une dette de plus, on ne faisait que compromettre leur avenir,
de toute façon. Ce sont des subventions qui les ont sauvées et,
aujourd'hui, elles sont rentables. On peut bien tenir un discours
différent sur les subventions, mais vous admettrez qu'on n'entend pas
souvent dénoncer les subventions apportées hebdomadairement par
le gouvernement fédéral qui, lui, continue de donner des
subventions aux entreprises. Au contraire, on les accompagne quand Hs viennent
dans notre comté et on applaudit au fait que c'est grâce à
des subventions fédérales que des entreprises démarrent,
que des entreprises grandissent et grossissent, et il y en a toutes les
semaines. Je pense que j'en ai même quelques-uns qui m'arrivent dans le
courrier, comme à tout le monde, des télex, des
communiqués émanant du gouvernement fédéral pour
dire: Grâce à nous - et on est de moins en moins présent -
le gouvernement fédéral, il y a des entreprises qui naissent et
d'autres qui grossissent parce qu'on leur donne des subventions. On n'entend
pas dénoncer ça, mais c'est une réalité, cela se
fait, et, au contraire, on applaudit à ça. Donc, si c'est bon ce
qu'il fait, nous, on le fait de moins en moins et je ne suis pas sûr
qu'on ne fait pas une erreur. Sans vouloir faire de politique comme telle, il
faut reconnaître que moins on aide comme ça, non pas moins on
crée des emplois, mais on pourrait en créer davantage et on ne
serait pas à 100 % de plus de chômage qu'en Ontario. Quand on
abolit, qu'on arrête une façon d'aider les entreprises, cela a des
conséquences, entre autres, sur le chômage. Et moi, pour avoir
participé à l'un des colloques sur le plein emploi - en tout cas,
dans la région où je suis allé, et je ne sais pas comment
on va se rendre - mais quand on va être au débat national,
à l'automne, sur le plein emploi qui ne relève pas des
gouvernements, donc où c'est le milieu qui se prend en main, on revient
toujours en disant que ça prend des subventions. Il ne faut pas donner
des subventions à tout le monde, mais il faut des programmes de
subventions quand c'est nécessaire et, des fois même, c'est une
économie. On peut bien vouloir prêter, mais si on n'assure pas la
survie de l'entreprise parce qu'on lui donne une surcharge additionnelle - et
la, je ne parle pas de subventions à tout le monde, je veux être
bien clair là-dessus, des subventions là où c'est
nécessaire par rapport à la survie quand on calcule que ça
va amener au bout de deux ans, tel que PECEC le faisait, une rentabilité
et des maintiens d'emplois. Donc, là-dessus, je dois vous dire que nous
n'étions pas d'accord avec la modification de PECEC par PRECEP;
premièrement, parce qu'on abolit les subventions là où
c'est nécessaire, et c'est souvent la seule façon de maintenir
une entreprise en vie; deuxièmement, parce que ça n'aide plus des
entreprises déjà existantes. (16 h 30)
M. Côté (Charlesbourg) M. le Président, je
pense qu'on en a couvert passablement. Avant même de juger PRECEP... Je
comprends que le niveau d'information que vous avez n'est pas suffisant pour
vous permettre de porter un jugement par rapport à ce que vous
connaissez de PECEC, mais étant donné la philosophie que vous
défendez comme parti, j'ose imaginer que vous n'êtes pas
réfractaire au changement et que, en ce sens, quand vous aurez en
possession Popérationalisation11 du PRECEP, après
ça, on pourra se parler des vertus de l'un et de l'autre.
À ce moment-ci, vos commentaires m'inspirent deux choses. PECEC a
toujours été conçu comme un coup de pouce, PRECEP est
conçu comme un coup de pouce. Évidemment, il faut évoluer
un peu avec son temps et bien se rappeler que PRECEP va couvrir 0-5 ans. C'est
une donnée de base qui est extrêmement importante, je l'ai dit ce
matin, 0-5 ans.
Si on prend PECEC, c'est une autre chose sur laquelle je vous ai rendu
hommage. Cela ne m'arrive pas souvent. Je passe pour celui qui est
peut-être le plus hargneux, le plus vindicatif, le plus détestable
vis-à-vis des péquistes, mais à tout le moins sur les
sommets, sur certaines décisions de transport en commun et sur PECEC,
malgré des vertus à l'occasion sexées de PECEC, je vous ai
toujours rendu hommage. Maintenant, après onze ans, je pense que
ça prend... Quand on parie encore d'un programme expérimental, il
faut au moins avoir le courage de dire que l'expérience a duré
son temps et il faut peut-être s'assurer que cela devienne un programme
permanent.
Donc, on va couvrir la période de 0-5 ans. Première
question, parce que j'ai passé par les mêmes transes
intellectuelles que vous passez, connaissant les vertus de PECEC et me le
faisant dire assez régulièrement par mes collègues de mon
côté de la Chambre, c'est sûr que je ne voyais pas la
disparition de PECEC avec... que ce soit automatique. Alors, j'ai posé
la question. On parlait du trou à couvrir entre 200 000 $ et 300 000 $
où la SDI intervient dans des dossiers de 300 000 $ et plus. On s'est
dit: Nous autres, on va tenter de couvrir tout ce qui est en bas de ça,
0-5 ans. J'ai dit: Quel est le nombre de dossiers qui sont réglés
par PECEC et qui sont inférieurs à 70 000 $? Vous savez tout le
jeu qui se faisait en région, 74 500 $ ou 69 700 $, ne franchissant pas
la barrière des 75 000 $ pour ne pas qu'on ait l'odieux de recevoir un
refus de la centrale ou que les vertus de la souplesse de la
réglementation soient plus importantes, plus élastiques en
région qu'à la centrale. Cela a créé des emplois,
cela a fait du bien en région, tant mieux! Cette barrière de 70
000 $, en termes de projets, c'est 89 % des projets de PECEC. Donc, si des
projets de moins de 70 000 $ c'est 89 % de ce que PECEC a fait depuis son
existence, entre 70 000 $ et 250 000 $, on est dans une situation où
c'est 11 %. Ce n'est pas énorme comme projets.
Une autre donnée qu'il est Important de se rappeler, c'est
qu'à l'intérieur du 0-5 ans il y a 65 % des projets qui tombent,
des projets que vous évoquiez tantôt qui avaient besoin d'un coup
de pouce, qui avaient besoin d'être relevés. Donc, on est dans
l'intervention 0-5 ans, dans 89 % des cas, on est en bas de 70 000 $, on peut
intervenir. Ceux qui ont des difficultés en cours de route pour 65 %, et
cela peut dépendre de toutes sortes de choses, un produit qui ne marche
pas, une mauvaise administration, un gars qui a une bonne année, qui est
parti en fou après et, sur le plan administratif, il se permet des
folies et pique du nez, alors, on est dans une situation où,
effectivement, on va pouvoir intervenir.
L'appréhension d'un trou ou d'une impossibilité
d'intervenir, selon moi, est très marginale étant donné le
fait que ce que nous faisons, en termes de négociation avec le MiCT,
responsable de la SDI, c'est de s'assurer qu'il n'y ait plus de trou. On s'est
assurés qu'il n'y aura plus de trou entre les deux et qu'il y ait, je le
dis, une souplesse quant à l'application du programme, pour
répondre à des conditions dans les régions. C'est
sûr que, s'il y a un programme qui aura une modulation, c'est bien
celui-là. Le principe défendu dans le quatrième
élément va se retrouver dans PRECEP, sur le plan de la modulation
de l'intervention, ce qui n'était pas le cas de PECEC. Donc, un premier
élément de PRECEP est celui d'une modulation de l'intervention,
en tenant compte du niveau de richesse des endroits où on subventionnera
les projets. Cela m'apparait extrêmement important. Donc, une
reconnaissance qu'on ne peut pas intervenir à
Saint-Maurice-de-l'Échouerie avec un PRECEP de la même
manière qu'on le fait à Québec, sinon, si l'entreprise a
le choix, elle va s'implanter à Québec. Cela m'appa-raît
extrêmement important. On couvre un territoire, un terrain assez
impressionnant de ces créneaux, et ça a déjà
été, dans certains cas, validé par des contacts et par
l'accord que nous avons eus avec l'Association des commissaires industriels du
Québec.
M. Paré: Est-ce que la modulation dont vous parlez
pourrait aller jusqu'à octroyer des subventions dans des régions
et des prêts, dans d'autres?
M. Côté (Charlesbourg): Non. Pas de cette
nature.
M. Paré: Pas à ce niveau?
M. Côté (Charlesbourg): Non. Dans la modulation, on
parle de pourcentage d'intervention.
M. Paré: D'accord. Donc, la modulation est en pourcentage
d'intervention, mais on abolit effectivement et définitivement ce qu'on
appelle "subvention".
M. Côté (Charlesbourg): Je n'ai pas dit ça.
M. Paré: Je vous le demande.
M. Côté (Charlesbourg): Non, je n'ai pas dit
ça.
M. Paré: Ce que je veux vous faire dire, et ce n'est pas
d'essayer de vous faire dire des choses que vous ne voulez pas dire, c'est
juste de comprendre, parce que quand...
M. Côté (Charlesbourg): À la question que
vous posez, la seule réponse que je peux vous faire, à ce
moment-ci est la suivante: Je n'ai jamais dit que la subvention était
abolie. Je n'ai pas dit ça, mais cela ne veut pas dire que je ne le
dirai pas.
M. Paré: Je ne sais pas si vous allez me le dire
maintenant, je vais vous poser la question. À la lecture du document
comme tel et la transformation de PECEC en PRECEP, ça nous dit, entre
autres, que c'est démarrage, prédémarrage, par rapport
à ce qu'il y avait avant Là, vous me dites, par contre, qu'on
retient le critère 0-5 ans, donc, ça peut inclure des entreprises
qui sont déjà parties. C'est une clarification importante.
Dans l'autre, à la lecture du document, j'en déduis qu'on
abolit les subventions pour les remplacer par des prêts, parce qu'on le
dit même textuellement: II faut s'adapter aux programmes de la SDI et au
fonctionnement de la SDI pour l'aide aux entreprises. Je vous demande si j'ai
raison quand je dis qu'à partir de la mise en place de PRECEP on va se
ramasser avec des prêts de toutes sortes de choses, participatifs,
garanties de prêt, taux d'intérêt ou prises en charge
d'intérêt, mais que la subvention, telle qu'on la connaît,
n'existera plus dans PRECEP.
M. Côté (Charlesbourg): Vous n'avez pas totalement
raison.
M. Paré: Est-ce que je pourrais avoir plus
d'explications?
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez, quand je dis
que vous n'avez pas totalement raison, je vous dis de prendre bien garde de
tirer des conclusions que des subventions disparaîtraient, malgré
le fait que... Je conviens que selon la politique qu'on a rendue publique il y
avait disparition des subventions. C'est quand même un document qui date
un peu, qui a évolué, sur le plan des négociations qu'on a
eues avec toute une série de personnes pour faire accoucher notre
politique concernant PRECEP. Il y a eu toutes sortes d'idées
d'émises en cours de route, des idées fort intéressantes.
Je ne vous dirai, à ce moment-ci, qu'une seule chose: On va possiblement
mettre un frein à ce qu'on a traditionnellement connu comme une prime
année succès,
et davantage avoir une préoccupation pour reconnaître et
mieux témoigner de l'appréciation gouvernementale à celui
qui réussirait.
M. Paré: Je vais vous mettre en garde là-dessus. Je
suis d'accord qu'il n'y ait pas de prime année succès, mais je ne
pense pas, non plus, que des subventions doivent être des primes au
succès parce qu'on est là pour répondre à des
besoins. Les plus grands besoins sont ressentis par des gens qui ont des
problèmes; vous allez admettre ça. Si le fait d'en discuter
pouvait vous faire cheminer dans le sens de ne pas abolir totalement les
subventions, je dois vous dire que je suis de ceux qui vous recommandent
ça, parce qu'on est responsables des mesures sociales, responsables des
citoyens qui sont victimes de l'insuccès d'autres citoyens dans
l'entreprise. Comme c'est global - vous êtes ministre responsable d'un
secteur, mais membre d'un Conseil des ministres, donc vous avez la
responsabilité de l'ensemble des secteurs - vous savez très bien
que, des fols, si on retire d'une main, on va donner de l'autre. Il faut faire
des calculs. Vous allez admettre ça, vous êtes d'accord avec
moi.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, je sais que
votre contribution se veut positive dans un dossier comme celui-là. Vous
devez, cependant, admettre que, sur le plan économique, on peut avoir
des conseillers qui ne sont pas si mauvais. Sur le plan de nos
capacités, être capable de proposer des programmes qui
fonctionnent sur le plan économique, je pense que ce n'est pas mauvais
comme jugement. Il faut se rappeler toujours que, dans le cas de PECEC, c'est
un coup de pouce, mais c'est le dernier coup de pouce, on intervient uniquement
dans la mesure où d'autres n'interviennent pas. Il faudra toujours se
rappeler ça. Ce n'est pas un programme régulier de l'Industrie et
du Commerce. C'est un programme de dernier coup de pouce qui a eu des
résultats, il faut l'admettre, assez intéressants un peu partout
au Québec et qui mérite de continuer. Mais je prends acte de vos
propositions.
M. Paré: C'est justement parce que c'est un programme de
dernier coup de pouce et qu'il a eu des résultats très
intéressants, comme vous venez de le dire, avant de penser de le
modifier pour que ça devienne un programme d'aide à l'entreprise
comme tel qui peut être desservie par d'autres programmes... Comme je
vous le disais au départ, les groupes d'initiative-jeunesse sont
déjà en place. L'autre ministère, soit les programmes de
l'Industrie et du Commerce, c'est déjà en place. Je suis d'accord
qu'on en ajoute; qu'il nous amène une modulation en plus, je suis
d'accord. Je ne me prononce pas contre cette façon de faire, par contre,
pas au détriment de ce dernier coup de pouce qui, effectivement,
d'après les chiffres, quand on regarde les rapports, a eu des
résultats qui sont bons, à mon avis. Il ne faut pas tout abolir,
même si je suis d'accord avec des changements. Là-dessus, je dois
vous dire qu'on entend de moins en moins le discours contre les subventions. Je
ne sais pas si c'est parce qu'on se rapproche des élections. On
entendait même un de vos collègues demander que le
fédéral en donne plus. Si on demande aux autres d'en donner,
normalement, c'est parce qu'on trouve que ce n'est pas méchant. Ce
programme PECEC est probablement unique. Si c'est le dernier coup de pouce qui
est unique, avant de décider de le modifier, je dois vous dire qu'on est
mieux d'y réfléchir sérieusement. Que vous soyez encore en
période de réflexion et qu'on puisse avoir des annonces par
lesquelles on peut retenir le principe des subventions, je dois vous dire que
je suis content d'en parier et que d'autres puissent vous influencer en
espérant qu'on va avoir des résultats là-dessus.
Juste une question, parce que nos craintes étaient les
délais de mise en place qui ne sont pas clairs et les budgets qui ne
sont pas clairs. Est-ce qu'au moment où l'on se parle PECEC est
totalement fini? Est-ce qu'on accepte encore...
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire pas
totalement. Il peut rester quelques dossiers en traitement. Alors, il y a des
dossiers en traitement jusqu'à ce que PRECEP entre en vigueur.
M. Paré: Sauf que j'ai entendu dire, selon des demandes de
gens: Attendez le nouveau projet...
M. Côté (Charlesbourg): Non, non.
M. Paré: ...le nouveau programme. Cela veut dire que ce
sont juste ceux qui étaient entrés à partir d'une certaine
date et les autres sont en attente, probablement, du budget. (16 h 45)
M. Côté (Charlesbourg): C'est clair qu'on ne court
pas après et qu'on n'incite pas le monde à venir déposer
des projets dans le cadre de PECEC. Ce n'est pas ça que je tente de vous
dire. Cependant, nous serons dans une situation où PRECEP prendra place
dans peu de temps.
Contrats de relance avec les réglons en difficulté
M. Paré: Un autre volet qui relève toujours de la
politique à l'heure de l'entreprise québécoise, avant
qu'on passe à d'autres sujets, les fameux contrats de relance avec les
régions en difficulté. J'ai pris des notes ce matin en
écoutant votre introduction à la commission. Vous avez dit que,
déjà, au départ, Pontiac a été reconnue
comme une MRC qualifiée pour ses contrats de relance avec les
régions en difficulté. Les quatre autres devraient l'être
bientôt, plus les cinq municipalités. Quand on nomme, que l'on
identifie des régions, des municipalités, on crée des
espoirs. Est-ce qu'on peut savoir,
maintenant, de façon que les gens puissent savoir où on
s'en va... Vous avez dit qu'en ce qui concerne les MRC les quatre autres
pourraient être identifiées bientôt. Je pense qu'on s'est
déjà fait une idée là-dessus. Est-ce qu'on peut
savoir, au moment où l'on se parle, le nom des cinq MRC et des cinq
municipalités qui sont retenues aux fins de contrats pour 1989?
M. Côté (Charlesbourg): J'ai une bonne idée,
mais ce n'est pas aujourd'hui que je peux vous la dire, malgré toute la
condescendance que je pourrais avoir vis-à-vis de votre intervention. Il
est clair que c'est à partir des quintils, donc des
éléments qui sont à l'intérieur du projet, que nous
avons fait actualiser, étant donné que les données de 1986
n'étaient pas disponibles au moment où on a
complété le document. C'est donc actualisé à ce
moment-ci. J'ai une bonne idée, parce que, effectivement, il y en a qui
se retrouveront du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie, à la
Côte-Nord, Mauricie. C'est dans ce bassin de MRC que l'on choisira, de
manière définitive, les quatre autres pour cette année.
Quant aux villes mono-industrielles, il m'apparaît très
évident que là où il y aura une MRC reconnue pour un
contrat de relance il ne pourra pas y avoir une ville à
l'intérieur des MRC qui puisse faire l'objet d'une acceptation des cinq
villes. Lorsque je ferai connaître les MRC qui feront l'objet d'un
contrat de relance, je ferai connaître en même temps les cinq
municipalités qui, cette année, feront partie des villes
monoindustrielles.
M. Paré: Est-ce qu'on a un budget spécial pour ces
contrats de relance si on veut aider, de façon particulière, cinq
municipalités et cinq MRC en difficulté? Normalement, c'est pour
y injecter des sommes. Étant donné que vous me dites qu'on
devrait les identifier, signer ces contrats au cours de l'année
financière, est-ce qu'on a identifié aussi des montants pour
1989?
M. Côté (Charlesbourg): Lorsqu'on parle d'un contrat
de relance, il faut à tout le moins qu'on aille le négocier avec
le milieu. Il n'est pas question pour moi de dire à la MRC: Parfait, on
signe un contrat de relance avec vous, il y a un beau 5 000 000 $ au bout de la
ligne; présentez-nous n'importe quoi, n'importe comment, et allez jouer
avec les 5 000 000 $. Non. On n'est pas des enfants d'école. Dans le
budget de cette année on a des crédits pour le support, pour
chacun des contrats de relance, pour la préparation et l'identification
des dossiers prioritaires que la MRC va se donner dans des axes très
clairs de développement.
C'est clair que c'est l'objectif pour cette année. Ce n'est pas
en deux mois que ça se prépare. Il ne s'agit pas que le
préfet, fusse-t-il M. Nicolet, ait une totale connaissance de chacun des
arbres, de ce qu'il y a dans le fond de ses lacs, dans ses MRC, pour pouvoir
décider ce qu'il va faire avec. Au-delà de tout ça, il y a
des éléments de travail à faire et on va se donner une
partie de l'été et du début de l'automne pour
déterminer avec chacune des MRC ce qu'elles veulent faire et ce qui est
acceptable pour nous. À partir de ce moment-là, on va signer les
contrats de relance avec elles, ce qui impliquera des sommes budgétaires
pour pouvoir les réaliser qui seront prises - de manière
prioritaire, quant à moi - à l'intérieur des budgets
réguliers des ministères. Il y a de l'argent, là, pour
faire des choses, il faut donc que ce soit fait. D'autre part, il y a des
sommes additionnelles que l'OPDQ lui-même mettra à contribution,
prenant bien soin de dire qu'on pourra à l'occasion "palrer" les
montants nécessaires des ministères sectoriels pour les
encourager à être dans la partie. C'est comme ça que
ça se dirige. Je ne peux pas vous dire aujourd'hui: Ça va
être 5 000 000 $, ça va être 10 000 000 $, ça va
être 15 000 000 $. Peut-être que 15 000 000 $ mal
dépensés valent bien moins que 5 000 000 $ bien
dépensés. On a encore un peu de chemin à faire sur le plan
de la concertation, en particulier en ce qui concerne les forums, pour
favoriser des axes et favoriser des projets. Cela a été le cas
dans le Bas-Saint-Laurent. Cela a été le cas en Gaspésie.
C'est le cas en Mauricie-Bois-Francs qu'on vivra très prochainement. On
est arrivé avec un beau projet. On a donné la priorité
à tout. On a fait un projet et on a favorisé 17 centres
communautaires. On a ramassé les centres communautaires de tout le monde
comme si c'était la criée sur le perron de l'église. On a
dit: Avez-vous un centre communautaire à faire travailler? On va mettre
cela dans le sommet. Là, on est arrivé avec un beau projet de
l'ensemble de la région et on présente cela au gouvernement,
comme si on était des zarzais. Il y a 17 centres communautaires à
faire travailler et on a tout mis cela dans un même projet, 15 000 000 $.
Il n'y a rien là. Envoyons donc! Ce n'est pas de la concertation et ce
n'est pas de la priorisation. Alors, ils vont avoir la surprise de leur vie
quand on va aller les voir.
M. Paré: Je peux vous dire que vous n'avez probablement
pas fini d'avoir des comportements semblables. Je ne vous dis pas que je le
souhaite. Ce que j'entends, ce que je vois et ce que vous dites aujourd'hui,
cela veut dire que la concertation se fait, mais, maintenant, c'est toujours
par priorisation. Ce que vous m'avez dit en fonction du transport ce matin, ce
que vous m'avez dit en fonction du programme PADEL, ce que vous venez de me
répéter en fonction des salles communautaires - effectivement,
moi, être maire d'une municipalité, je n'ai pas besoin de
m'appeler Roger Nicolet; je ne sais pas ce que vous avez contre lui; peu
importe le maire de la municipalité - quand quelqu'un aura le goût
de faire une salle communautaire et se sentira dorénavant incapable
d'obtenir la moindre aide possible si le
projet n'est pas retenu à un sommet, on n'a pas fini d'avoir des
demandes semblables à des sommets, alors qu'avant on allait la chercher
à partir des programmes normés.
M. Côté (Charlesbourg): Ne mêlez pas les choux
et les raves. Si vous prenez l'exemple du cas de la Mauricie-Bois-Francs, la
politique de PADEL, version de cette année, n'était pas connue au
moment où I y a eu le forum et où il y a eu les colloques de
zones. Voyons donc!
M. Paré: Maintenant qu'on sait cela - il y a
déjà eu des cas semblables ne sachant pas comment PADEL
sortirait, les formules n'étant pas disponibles, on n'avait pas eu
d'indication dans ce sens - maintenant que non seulement on a des indications,
mais qu'on a la confirmation dans ce sens, imaginez-vous tous les projets qu'on
va vouloir amener. Je ne veux pas être négatif quand je vous dis
cela, je veux être réaliste. Sachant cela, les
municipalités qui vont nous dire, à partir de maintenant,
qu'elles veulent avoir un centre culturel... Et même, je vous mentionne
un cas chez nous, sans nommer la municipalité; 8 y en a une qui veut
avoir une sortie d'autoroute. Sa première réaction n'a pas
été: II faut en discuter pour essayer de convaincre le ministre.
Il ne faut pas essayer de le faire entrer dans le plan quinquennal, alors que
c'était l'habitude et c'était correct à mon avis.
C'était correct parce que cela permettait d'enclencher un processus, de
faire travailler les fonctionnaires dans la région à partir de
tout ce qui est technique, d'amener cela sur le plan des discussions annuelles
et de donner la priorité d'une façon annuelle. Maintenant, les
gens se disent: Écoutez, lui, il l'a eu par le sommet; il faut l'amener
au sommet. Là, on commence à dire: II faudrait se trouver une
façon de l'amener à la biennale.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais donner un exemple.
Le motel industriel de Waterloo est-il passé par le sommet de la
Montérégie?
M. Paré: Non. Je vais y revenir tantôt en ce qui
concerne les motels et les incubateurs spécifiquement. Qu'il y ait des
exceptions encore pour le moment, en tout cas, c'est comme cela que c'est
prévu...
M. Côté (Charlesbourg): Non, ce ne sont pas des
exceptions, c'est la règle. Votre collègue,
Carmen Juneau, et votre collègue de Joliette, allez voir si les
motels industriels qui ont été accordés l'ont
été en fonction d'un sommet.
M. Paré: Oui. Tant et aussi longtemps qu'il n'y aura pas
de politique, de programme sur les motels et les incubateurs industriels, qu'on
les fasse passer directement ou qu'on les fasse passer par les sommets, c'est
une chose. Il faudra clarifier cela ou, en tout cas, regarder pourquoi les uns
passent par une voie et les autres par l'autre.
M. Côté (Charlesbourg): Non, ils ne passent pas par
une voie ou par l'autre, ils passent par une seule voie. Les motels
industriels, au moment où l'on se parle, passent par une analyse du
ministère de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie, et c'est
l'OPDQ qui les finance. Point, "period" et à la ligne. S'il y a un
créneau dans lequel on doit continuer d'aller, c'est le créneau
du développement économique pour toutes ces régions et de
moins en moins dans les centres communautaires. La vocation de l'OPDQ, par le
biais du Fonds de développement régional, a trop souvent
été dans le passé une vocation de centre communautaire.
C'est cette tendance qu'il faut éliminer. Le problème n'est pas
compliqué. Ce n'est pas compliqué. Il faut finir par finir les
sommets de première génération. Quand je regarde les
statistiques, ça parle tout seul sur les mirobolantes sommes qui ont
été laissées dans les sommets; quand on regarde en
Mauricie, le premier sommet de la Mauricie qui a été tenu, ce
sont 3 000 000 $. Pensez-vous que vous avez réglé les
problèmes? Ce n'est pas surprenant que les gens reviennent avec des
centres communautaires. Quand on a fait le tour de la Gaspésie, ils ont
demandé des centres communautaires. Ils ont fait la même chose que
Québec quand elle a eu son sommet, la même chose que le
Saguenay-Lac-Saint-Jean a faite lorsqu'il a eu son sommet, la même chose
que l'Estrie, parce que l'Estrie a été inflationniste. La tenue
du sommet doit vous dire quelque chose, en 1985, où se sont
passés des engagements gouvernementaux pour 43 000 000 $ alors que, dans
les autres, on jouait avec 3 000 000 $. Alors, tout le monde s'est dit: II faut
aller régler nos problèmes de centres communautaires.
Effectivement, ça s'est fait et on est à finir avec la
Mauricie-Bois-Francs en souhaitant qu'on puisse de nouveau orienter la tenue de
ces sommets avec des axes de développement économique dans des
dossiers structurants sur le plan du développement économique.
C'est le virage que je veux tenter de faire prendre à l'OPDQ. Ce n'est
pas facile. Écoutez un peu! Ce n'est pas facile parce que, pour les
députés, c'est bien plus payant, peu importe s'ils sont de la
majorité ou de l'Opposition, parce que le comportement est pareil, mais
c'est bien plus payant, dis-je, à l'occasion, d'avoir un centre
communautaire et de régler le problème d'une salle communautaire
pour une des paroisses de sa municipalité qui l'attend depuis longtemps.
J'ai été comme ça quand j'ai été
député de Matane. C'est clair que, dans ce sens, ce sont des
choses qu'il fallait régler. Mais I faut passer à une autre
génération de sommets où on va mettre davantage des axes
de développement structurants sur le plan du développement. Cela
passe par les colloques de zones, cela passe par un forum qui va faire son
travail, ce qui n'est pas nécessairement le cas actuellement. Donc,
ne
vous inquiétez pas, des motels industriels, il va continuer
à y en avoir à l'OPDQ. À partir du moment où les
avis seront favorables de l'Industrie et du Commerce, si j'ai le choix entre
une salle communautaire et un motel industriel, ça va être le
motel industriel.
M. Paré: Avant de laisser la parole à ma
collègue de Maisonneuve, toujours sur les contrats de relance. On sait
que Pontiac, c'est la seule. Pour les autres, vous avez parlé de juin,
tantôt, d'autres en cours d'année et, ensuite, on verra l'argent
qu'on mettra là-dedans, sauf que vous dites que ce n'est pas à
partir de budgets supplémentaires. En tout cas, c'est plutôt
à partir des sommes budgétisées et des programmes
normés qu'on favorise des projets.
M. Côté (Charlesbourg): C'est-à-dire que,
quant à moi, je vais tenter d'aller chercher le maximum dans des budgets
réguliers des ministères et reconnaître qu'il faut faire un
rattrapage dans certaines MRC du Québec qui en ont besoin.
Au-delà de tout ça, quand on connaîtra les besoins de
l'ensemble de ces contrats de relance, il n'y a rien qui dit que le ministre
des Finances, dans son budget, ne mettra pas des sommes sous la
responsabilité de l'OPDQ pour la mise en oeuvre de certains autres
éléments du plan d'action. Au-delà de tout ça, dans
la mesure où, effectivement, on aura déterminé avec les
MRC, ce qu'elles veulent privilégier... Si une MRC veut
privilégier deux centres de ski, j'ai de petites nouvelles pour elle.
Cela va être clair, cela va être non. Mais des choses qui vont
permettre le développement, en termes de support, je n'hésiterais
même pas... Un exemple sur lequel il a été très
intéressant de travailler a été la MRC, pour une partie,
d'Avignon, la MRC de Pabok et la MRC de Bonaventure, de même que celle de
Denis-Riverin, où, en appuyant, sur le plan technique, par des personnes
du gouvernement, la préparation d'axes de développement
importants, elles ont réussi à se trouver des créneaux
intéressants pour rétention touristique qui ne coûtent pas
des fortunes. C'est intéressant. Si on a été capable de le
faire dans ces MRC, on est capable de le faire dans le cadre du sommet et on
est capable de le faire dans d'autres MRC avec, bien sûr, des gens de
l'appareil qui savent comment ça se passe en leur fournissant le support
technique. Donc, dans ce sens, ce peut être intéressant. On verra
la facture à la fin quand on aura véritablement
négocié. Il s'agit de négocier un contrat. Je suis
convaincu qu'il y a des MRC qui sont déjà prêtes à
négocier avec nous.
M. Paré: Oui, sauf que la seule chose qui, à mon
avis, se clarifie, si on a des budgets supplémentaires - on en aura; on
travaille pour ça; peu importe l'enveloppe qu'on aura - c'est qu'on sait
que ces contrats de relance pour des régions en difficulté vont
se faire par priorité à l'inté- rieur des programmes
normés et des budgets votés, même des budgets qui seraient
ajoutés lors du discours du ministre des Finances. Cela veut dire qu'on
va privilégier, à l'intérieur de la MRC, les besoins. On
prendra les sommes à l'intérieur des budgets votés, c'est
évident. Donc, cela veut dire qu'on n'ajoute pas pour aider des
régions en difficulté, on le fait au détriment des autres
régions.
M. Côté (Charlesbourg): Absolument pas. Mais non,
voyons donc! Vous êtes-vous déjà posé la question:
Pourquoi certaines MRC sont-elles dans la "snouche"?
M. Paré: Sont dans?
M. Côté (Charlesbourg): Sont dans la "snouche". Ah!
C'est un terme bien gaspésien.
M. Paré: Oui.
M. Côté (Charlesbourg): Cela n'a pas la même
senteur que ce qu'on dit, en règle générale.
M. Paré: Je ne sais pas comment la fille va
l'écrire. (17 heures)
M. Côté (Charlesbourg): Comment se fait-il que des
MRC sont en difficulté? Vous êtes-vous déjà
posé la question? Je vais vous parler de celle de Denis-Riverin que je
connais bien. Pourquoi la MRC de Denis-Riverin est-elle en difficulté?
C'est simple, parce que l'appareil qui a été
décentralisé à Rimouski a davantage défendu des
dossiers dans le régulier qui étalent des dossiers de Rimouski et
de l'entourage de Rimouski, laissant pour compte des MRC comme celle-là.
Votre vision est la suivante: il faut nécessairement ajouter de l'argent
pour les sortir du trou où elles sont. Je ne dis pas qu'il ne faut pas
en ajouter. Ce que je dis, c'est qu'on va négocier avec ces gens des
éléments sur lesquels ils sont prêts à travailler,
qui peuvent les sortir du trou, pas planifiés par Québec mais
davantage planifiés par le milieu. Ils vont nous dire: Oui,
effectivement, on veut s'en sortir. Un exemple frappant de ça:
Saint-Maurice-de-l'Échouerie, le milieu a décidé de faire
une collecte de 700 000 $ disponibles pour investir dans une entreprise de
deuxième et troisième transformation du poisson. Ils avaient la
première. On a négocié avec eux, on a dit: Première
transformation, oubliez ça, il manque de poisson. Deuxième
transformation, ça peut être intéressant. C'est ce qu'on
travaille pour eux actuellement. Dans la mesure où ces gens
réussissent à passer à travers, ce sera 40 ou 50 personnes
de Saint-Maurice-de-l'Échouerie. Ce sera la plus grande entreprise de
tous les temps à Saint-Maurice, qui va faire vivre le monde, mais
à partir d'une ressource qui est la leur, celle de la mer.
Dans le cas de Denis-Riverin, il y a très
peu d'Individus qui sont capables de se prendre en main, et tout le
monde est à peu près dominé par la fonction publique qui
est à Rimouski, qui elle-même est bien plus
intéressée à engraisser le tour qu'à aller
au-delà du tour. Vous savez la petite couronne des banlieues. C'est un
comportement naturel. Au-delà de tout ça - Mme Blanchet, dans son
document, ne nous a rien appris c'est une connaissance de terrain - ce qu'il
faut faire, c'est, avec eux, identifier des projets structurants pour eux et
les supporter sur le plan technique pour qu'ils puissent le faire. Oui, je
serai un de ceux qui va aller bousculer à l'intérieur des
programmes réguliers pour leur trouver la place qu'ils
méritent.
Le problème, c'est que, quand on arrive dans des exercices comme
ceux des sommets, ce sont les mieux préparés qui performent le
mieux, évidemment, et qui peuvent monter les projets les mieux
équipés. Il faut en arriver, avec des contrats de relance,
à supporter davantage des MRC en difficulté, comme la MRC de
Denis-Riverin, comme possiblement la MRC de Témiscouata, comme
possiblement la MRC des Basques, comme possiblement d'autres MRC, soit sur la
Côte-Nord ou ailleurs qui en ont besoin. Et, à partir de
ça, aller piger dans des budgets réguliers des ministères,
ce n'est pas d'enlever rien à personne, c'est tout simplement faire un
équilibre à travers le temps pour leur donner des choses qu'ils
auraient dû avoir depuis longtemps. Cela m'apparaît très
évident. Des compléments, il y en aura besoin et il y en
aura.
M. Paré: Je vais donner un exemple. Vous dites: Ils n'ont
peut-être pas eu leur dû à un moment donné. Je ne le
conteste pas, il faudrait vérifier cas par cas. Cela peut être
ça, comme ça peut ne pas être ça aussi. Mais, on
retrouve toujours une préoccupation Importante là-dedans quant
aux Infrastructures routières, et ce, peu importe la région dans
laquelle on se trouve. On y fait allusion, d'ailleurs, et on sait que ça
revient souvent. Ce que vous avez dit ce matin, c'est qu'au niveau des sommets
- vous avez donné votre parole - il va y avoir priorisation, sans
augmenter le budget, en fonction de ce qui s'est passé au sommet.
Ensuite, vous dites: II y a aura "priorisation", même à ce
niveau-là - je prends un cas précis du transport - par rapport
aux ententes des contrats de relance qu'on va signer avec les MRC. Si on prend
le même budget et qu'on fasse des "priorisations', il est évident
qu'on en donne plus à ces régions, au détriment des autres
régions. Le contrat de relance ne vient pas augmenter l'aide qu'on donne
aux régions mais concentre l'aide à des régions par
rapport aux autres.
M. Côté (Charlesbourg): C'est le premier
élément, le deuxième étant de nouveaux montants
pour compléter.
M. Paré: Moi, je suis pour de nouveaux montants.
Autrement, cela voudrait dire que le ministère des Transports,
connaissant l'état des routes où les besoins sont criants partout
au Québec, si on se met à prioriser toujours en fonction de
telles ententes, on va aider des régions comme ça pour qui, parce
qu'il y a contrat de relance, il y aura priorisation. Sauf qu'iI pourrait y
avoir priorisation dans d'autres régions à cause de l'état
des routes, du fait que c'est dans le plan quinquennal depuis longtemps et que
les budgets débloquent toujours. Je ne suis pas sûr que c'est la
bonne façon, quand vous dites prioriser, ou répartir autrement.
Répartir autrement veut dire qu'on enlève quelque part pour
donner là.
M. Côté (Charlesbourg): Non, c'est davantage dans le
sens que, pendant plusieurs années, la région du
Bas-Saint-Laurent et tout ce qui est autour de sa capitale ou des centres plus
forts se sont très bien accommodés des budgets réguliers
de voirie, de forêt, de tourisme, de loisir, chasse et pêche, de
culture alors que des parties plus pauvres d'une région n'ont pas eu ce
qu'elles étaient en droit de s'attendre, pour différentes
raisons. Un pouvoir politique plus présent à Rimouski, un pouvoir
fonctionnel plus présent et plus puissant à Rimouski et un
leadership plus important et plus vigilant du monde socio-économique et
culturel de Rimouski que celui de la MRC de Denis-Rrverin.
Si, demain matin, j'ai à "prioriser" des choses et que je
"priorise" la MRC de Denis-Riverin dans un contrat de relance à partir
d'un budget régulier, ils ont besoin d'être armés pour
venir me prouver que je suis injuste envers eux compte tenu de ce qui est
arrivé dans le passé. Je pourrais prendre d'autres secteurs. Vous
prenez le transport. Je pourrais prendre facilement demain matin le secteur de
la forêt où on en est arrivés à des budgets
supplémentaires dans le cadre des sommets. Ce n'est pas de l'argent
régulier; 2 000 000 $ par année, par exemple, en Gaspésie,
aux Iles-de-la-Madeleine pour reboiser des brûlés; 2 000 000 $ par
année additionnels sur quatre ans, donc 8 000 000 $, et c'est
extrêmement important. C'est signe qu'à l'intérieur des
budgets réguliers on peut faire des efforts supplémentaires pour
sortir des sous-régions du marasme dans lequel elles sont. C'est comme
ça que je le vois.
Donc, I y a possibilité non pas uniquement pour l'OPDQ à
même le FDR d'avoir des sommes additionnelles, mais aussi d'avoir des
sommes additionnelles pour des ministères sectoriels qui ont des
responsabilités de développement régional. Et, c'est
davantage là qu'il faut faire prendre conscience aux ministères
sectoriels du rôle qu'ils peuvent jouer.
M. Paré: J'y reviendrai tantôt. En attendant, je
vais laisser la parole à ma collègue, Mme la
députée de Maisonneuve.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vais maintenant
reconnaître Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Merci au
député de Shefford de me permettre de compléter le suivi
que je fais sur les mesures de relance annoncées par les gouvernements
à l'égard de l'est de Montréal. Comme le signalait le
ministre responsable du Développement régional, Mme Blanchet ne
nous a peut-être rien appris dans son Québec cassé en deux,
mais elle aura sans doute réussi à contrer l'effet pervers et
malsain qui voulait que Montréal ait tout au détriment des
régions. Ce qu'elle nous aura appris, c'est que ce n'est pas le vieux
combat dépassé et désuet de Montréal qui
empocherait le tout en regard des régions qui seraient
défavorisées mais qu'il y avait des capitales de régions
et certains quartiers de villes qui en profitaient pendant que
l'arrière-pays et certains autres quartiers de grandes villes
s'enfonçaient dans une sorte de sous-développement.
Sur cette lancée, puisque je suis tentée, comme le Petit
Poucet, de retrouver où en sont les mesures de relance annoncées
par les gouvernements... J'ai pu interroger le ministre de la Main-d'Oeuvre et
de la Sécurité du revenu sur les questions
d'employabilité, j'ai vu l'échange entre le critique de
l'Opposition et le ministre de l'Industrie, du Commerce et de la Technologie
et, concernant les mesures de relance proprement dites, il faut malheureusement
constater qu'elles n'ont pas réellement pris leur envol. Dans l'est, sur
les 105 000 000 $ annoncés par le gouvernement, l'an passé, il y
a à peine 16 000 000 $ d'engagés et, pour ce qui est de
l'employabilité, c'est encore plus dramatique, puisque 65 % des sommes
que l'on devait dépenser durant la dernière année ont
été périmées.
Le ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du
revenu m'a dit avoir une demande transmise au Conseil du trésor pour
qu'au moins les sommes qui devaient aller à la formation, au recyclage
de la main-d'oeuvre locale ne soient pas périmées. Il n'en
était même pas sûr.
En matière d'industrie et de commerce, on fait beaucoup valoir
que c'est la faute du fédéral, en d'autres termes que des sommes
d'argent qui étaient prévues, 50 000 000 $ de la SDI sur trois
ans, il y a 7 500 000 $ qui sont engagés, mais il y a bien des projets
qui sont en attente, des projets conjoints qui attendent l'autorisation du
fédéral.
Alors, concernant l'OPDQ, puisque dans l'entente - et là j'ai pu
prendre connaissance des projets qui ont fait l'objet d'une aide
financière, au 1er mars 1969, en vertu de l'entente
Canada-Québec. Évidemment, à part Matane, qui est
allée chercher les 24 500 000 $, pour le reste, il y a l'écluse
de la rivière des Prairies, on sait dans quel contexte ça
s'était présenté.
Une voix:...
Mme Harel: Voilà! Je le sais. Et le budget des
comités consultatifs, c'est du fonctionnement.
À part ça, il n'y a encore rien de
dépensé.
Qu'arrive-t-il avec la constitution du fonds d'aide aux zones
défavorisées? C'était justement à Montréal
et à Québec. C'est censé être - j'en parle au
passé mais je devrais en parler au futur - pour permettre... et je lis
l'entente: Des actions ponctuelles pourront également être
entreprises dans les zones moins favorisées des régions centrales
- cela et l'est de Montréal, ça se ressemble pas mal - dans un
cadre de concertation et d'harmonisation de programmes établis ou
nouveaux. Alors quelles sont les actions ponctuelles qui sont
envisagées?
M. Côté (Charlesbourg): Bon. Dans les mesures de
relance de l'est de Montréal, vous vous souviendrez qu'en ce qui
concerne la participation de l'OPDQ c'était de financer le
comité, ce qui a été fait. D'autre part, quant au
programme PECEC, c'était de répondre à la demande de
projet présentée dans le cadre de PECEC qui pouvait appuyer la
relance de l'est de Montréal.
Ce qu'on me signale, c'est qu'à ce moment-ci il y a un projet qui
a été proposé dans le cadre de PECEC et qui fait
actuellement l'objet d'une interrogation de la part du partenaire qu'est le
gouvernement fédéral dans ce dossier-là. Quant à
nous, on est prêts à aller de l'avant, on attend la réponse
du gouvernement fédéral, mais il y a un projet qui aurait fait
l'objet d'une demande spécifique dans ce cas-là. Donc, c'est ce
qui a été annoncé l'an passé et qui nous concerne,
nous, de l'OPDQ: marchandise livrée sur les coûts
d'opération et programme PECEC, à la demande, un seul projet a
été déposé.
Lorsque vous allez un peu plus loin en faisant référence
à l'entente-cadre sur le développement régional,
évidemment, ce n'est pas venu tout seul et ce petit volet dont vous
faites allusion, je ne me vante pas souvent dans la vie, mais c'est une partie
de mon oeuvre qui a été imposée au gouvernement
fédéral. Je crois que c'est clair. Le gouvernement
fédéral ne voulait rien savoir des métropoles, encore
moins des régions centrales. Mais on a tout mis ensemble, les
régions centrales, dans le but d'en arriver à identifier des
poches de pauvreté. C'est ce qu'on a voulu faire. Je m'étais
servi des trois organismes que j'ai financés par l'OPDQ sur l'île
de Montréal: Pointe-Saint-Charles, Maisonneuve, en particulier,
centre-sud, parce que c'était là un exemple très patent
qu'il y avait des problèmes sur l'île de Montréal. Il n'y
en a pas à Saint-Laurent ni à Anjou, ce sont des problèmes
très spécifiques à du vieux bâti comme ville et des
50 000 000 $ qui sont là, vous remarquerez qu'il y en a 35 000 000 $ qui
viennent du gouvernement du Québec et 15 000 000 $ du gouvernement
fédéral en termes de répartition. C'était
donc la volonté du gouvernement du Québec de laisser
à l'intérieur des régions centrales dans cette
entente-cadre des sommes d'argent disponibles pour aider des poches de
pauvreté sur l'île de Montréal, mais aussi, et c'est ce qui
avait convaincu M. de Cotret à l'époque, lorsque je
négociais avec lui, des poches de pauvreté dans le comté
de Berthier, parce que Berthier est florissant à certains égards,
mais dans d'autres coins, ça l'est moins. C'est comme ça qu'on a
réussi à arracher ces sommes-là et, en principe, quant
à nous, puisque toute la programmation a fait l'objet de
négociations et de discussions Intensives depuis février - c'est
environ depuis février que le gouvernement fédéral est
retombé sur ses pieds après les élections - on est dans
une situation où très certainement à la fin mai des
orientations seront données quant à l'accessibilité de ces
fonds pour les poches de pauvreté.
Mme Harel: Alors on nous dit donc qu'à la fin mai seront
connues les conditions d'accès à ce fonds qui était quand
même annoncé il y a un an maintenant. (17 h 15)
M. Côté (Charlesbourg): Oui. C'est en juin 1988,
à l'intérieur de la signature de l'entente
fédérale-provinciale. Je vous répète pour votre
bonne compréhension, vous qui êtes un observateur très
averti de la scène politique municipale, fédérale et
provinciale, que l'an passé, à l'automne, il y a eu des
élections fédérales et qu'inévitablement le
changement de M. de Cotret comme responsable de l'expansion économique
régionale par M. Harvie André a changé un certain nombre
de choses sur le plan des mécanismes à mettre en place et que le
responsable de ces programmes du côté fédéral est
maintenant un petit gars originaire du Bic, donc, il a une compréhension
assez importante du développement régional, du moins, nous
l'espérons. On espère que sa venue à Montréal ne le
fera pas changer. Dans ce sens, on a tout lieu de croire qu'à la fin de
mai on serait dans une situation pour nous donner les éléments
qu'il faut pour intervenir.
Mme Harel: On a pris connaissance, à l'occasion du budget
fédéral, des sommes allouées au développement
régional. En fait, on a pu constater qu'il ne restait à peu
près que le fonds attribué au Québec dans le cadre de
l'entente, sauf, par ci par là, quelques petits fonds pour leur propre
région que se sont aménagés certains responsables
fédéraux Robert de Cotret, qui augmente de 18 000 000 $ à
27 000 000 $ le fonds spécial pour la région de La Prade, Marcel
Masse et Jean Corbeil qui ont droit à près de 10 000 000 $ pour
l'est de Montréal. Et là, on en nomme quelques autres dans
certaines régions du Québec. Cela ne fait pas partie de
l'entente, ce sont évidemment des fonds unilatéralement
disposés...
M. Côté (Charlesbourg): Dans le cas de... Mme
Harel:... par les ministres.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Dans le cas de
M. de Cotret, c'est le fonds La Prade qui traîne
déjà depuis plusieurs années, c'est le résidu du
fonds La Prade qui est là.
Mme Harel: Dans le cas de M. Corbeil, dans l'est de
Montréal?
M. Côté (Charlesbourg): Ce sont les premières
nouvelles. J'imagine que ça devait être une partie du prix de
consolation pour l'agence spatiale.
Des voix: Ha, ha!
Mme Harel: Sous la signature de Gilles Lesage, on retrouvait, le
vendredi 10 juin l'an passé, un éditorial qui analysait l'entente
et qui était assez favorable, mais qui s'interrogeait de la façon
suivante. On assure que les compétences des deux gouvernements sont
pleinement respectées, chacun y trouvant son compte et toute la
visibilité souhaitée. Le Québec sera-t-il cependant
vraiment maître d'oeuvre ainsi qu'il le réclame depuis toujours
sur son propre territoire ou son développement sera-t-il encore à
la merci des humeurs des bureaucrates fédéraux et du besoin de
visibilité des politiciens du moment? On aurait pu ajouter aussi comme
question: Son développement sera-t-il encore à la merci des
élections fédérales? Cela, c'est un autre,
évidemment...
M. Côté (Charlesbourg): On en a longuement
discuté ce matin.
Mme Harel: Ah! excusez.
M. Côté (Charlesbourg): Ce qui fait la
différence fondamentale de l'entente que nous avons signée avec
le fédéral par rapport à d'autres ententes qu'on a connues
dans le passé, ce n'est pas le cas La Prade, c'est totalement de
responsabilité fédérale. Selon l'entente qu'il y avait
dans le Bas-Saint-Laurent auparavant, le gouvernement fédéral
pouvait faire à peu près ce qu'il voulait, aller à peu
près dans tous les champs qu'il souhaitait. Ce que j'ai voulu par cette
négociation, c'est dire au gouvernement fédéral: il est
impensable que vous soyez dans le champ avec de l'argent pour faire les projets
que vous voulez sans qu'il y ait une concertation avec le gouvernement
provincial. Cela a été la base de la discussion. Maintenant, je
vous donne l'exemple de Matane, parce que c'est le seul exemple où il y
a de l'argent de dépensé; pour investir 25 000 000 $ dans les
Infrastructures de la papeterie de Matane, le gouvernement
fédéral a été obligé d'obtenir notre
autorisation et de signer un protocole avec mol, démontrant par
là
que la totalité de l'argent du gouvernement fédéral
doit maintenant recevoir l'approbation du gouvernement du Québec en
termes de dépenses. C'est un gain considérable par rapport au
passé sur le plan du développement régional, sur le plan
des responsabilités de développement régional et je pense
que, dans ce sens, les dossiers sont assez clairs. Bien sûr que,
même si je vous disais à ce moment-ci que, dans les
négociations avec les comités et avec les fonctionnaires
fédéraux, ça ne joue pas un peu du coude pour tenter de
gagner un peu de terrain, ce serait vous mentir, sauf que le document de
référence est là et il peut, à l'occasion, porter
à interprétation, mais je n'ai pas de doute dans mon esprit quant
au résultat final.
Mme Harel: Évidemment, dans le cadre de l'investissement
à Matane, vous nous parlez de l'application de l'entente.
Évidemment, vous ne prenez pas en considération les sommes que
les fonds ont soustraites pour la convenance des ministres de Cotret, Masse,
Monique Vézina, Jean Corbeil, comme si chacun s'en était
aménagé, là...
M. Côté (Charlesbourg): Non, non, non. J'ai
l'impression que ce sont des petits fonds discrétionnaires qu'ils se
sont votés.
Mme Harel: Mais j'en reviens alors à une
expérience. Vous dites: L'OPDQ a fait sa part. En fait, les
contributions qui avaient été annoncées ont
été dépensées. Finalement, les sommes qui avaient
été annoncées dans les programmes pour l'est de
Montréal, il s'agissait de 1 500 000 $ environ. Je ne le sais pas, je
vous lis exactement ce qu'en disait votre collègue, M. André
Marcoux, que vous connaissez comme étant le conseiller spécial
responsable de ces programmes. Il disait ceci: Un programme de l'OPDQ de 1 500
000 $ avait été prévu. C'est un programme d'aide aux
petites et moyennes entreprises. Ils ont dépensé 511 000 $ sur ce
programme.
M. Côté (Charlesbourg): C'était dans le .
cadre de PECEC. C'était à la demande.
Mme Harel: D'accord. Je reviens donc à l'expérience
qui est menée dans le cadre de la relance de l'est en la portant
à votre connaissance de manière qu'elle ne se
répète pas avec ce que vous nous annoncez comme allant être
connu fin mai, puisque dans le cadre de la relance de l'est il y a aussi des
programmes conjoints. Pensons au PRIEM, un programme de relance industrielle,
et à la SDI. Vous voyez, sur les 50 000 000 $ qui étaient
prévus sur trois ans, la SDI a engagé pour l'année 7 500
000 $ et je vous lis ce qu'en dit le ministre de l'Industrie, du Commerce et de
la Technologie: Mais la SDI a aussi, à l'heure actuelle, dans ses
dossiers des projets qui sont à l'étude et qui sont
approuvés par la SDI mais qui attendent une réponse de la part du
gouvernement fédéral, puisque le gouvernement avait, lui aussi,
un programme d'aide aux entreprises.
Donc, il y a, à l'heure actuelle, 26 dossiers qui sont en attente
à la SDI, en attente d'une réponse du gouvernement
fédéral, du MEIR fédéral. Si, enfin, la SDI pouvait
répondre à toutes ces demandes, à l'heure actuelle, on
aurait déjà dépensé plus de 60 000 000 $. C'est
rendu que moi, par exemple, le gros de ma tâche les lundis matin c'est
d'essayer de rejoindre des fonctionnaires fédéraux pour essayer
de faire débloquer des dossiers. Il arrive que ce n'est plus uniquement
la machine de Québec qui peut présenter de la résistance
dans le cadre de ces programmes. Ce n'est pas peu de chose, quand je vous dis
que c'est la quatrième entreprise qui vient me voir pour me signaler
qu'elle a reçu la visite des fonctionnaires fédéraux qui
sont allés évaluer les projets, qui ont fait des recommandations
positives. Elles sont non seulement en attente, mais elles ont aussi le
sentiment d'une machine qui a le goût de périmer pour ne pas avoir
à dépenser tout en ayant budgétisé. Cela ne fait
simplement qu'augmenter le scepticisme, pour ne pas dire la totale
résistance, que les entreprises offrent à des programmes
gouvernementaux. Elles y avaient cru au début, aidées par le
milieu, et le sentiment qui commence à revenir à la charge, c'est
de dire: De toute façon, cela ne donne rien, la preuve, c'est que cela
n'avance pas. Pour des entreprises qui voient la situation, que cela prenne un
an et demi, elles ne peuvent pas comprendre cela. Et quelque part, c'est vrai
que cela ne se comprend pas.
M. Côté (Charlesbourg): En tout cas, c'est un
problème qui est réel, qui est vécu à ce niveau et
qui pourrait l'être à d'autres aussi, évidemment. Dans le
cas de ce que nous négocions avec le fédéral et ce qui a
été signé comme entente, il y a des interventions qui
peuvent provenir du fédéral et qui sont de seule autorité
fédérale mais qui doivent être concertées, donc,
recevoir l'approbation du gouvernement du Québec. Il y a des programmes
aussi où le Québec peut intervenir seul et recevoir l'approbation
des autorités fédérales et il y a des programmes conjoints
d'intervention. C'est la base même de notre entente sur le plan du
développement régional et contrairement, peut-être, au
programme que vous évoquez pour l'est, que je connais un petit peu
moins, je m'en excuse, l'idée étant que des comités de
gestion de l'entente soient formés dans chacune des régions,
donc, des comités de vigilance, si on peut les appeler ainsi, quant aux
orientations à donner et quant au suivi à donner. Je pense que ce
genre de comités serait de nature à en réveiller plusieurs
qui auraient tendance à , s'endormir sur les dossiers ou à tenter
de les
ralentir.
Mme Harel: II n'en demeure pas moins qu'après une
année de l'annonce on attend encore les critères qui vont rendre
accessible la constitution, du fonds pour les zones
défavorisées.
Je termine sur un dossier que vous connaissez bien, celui du
matériel roulant, celui de la pétrochimie, je pense, aussi.
C'est-à-dire que vous savez combien l'est de Montréal
était tributaire essentiellement de trois choses: les bateaux, les
trains et les raffineries. Les raffineries sont fermées, le chantier
naval l'est aussi, et là, il reste les trains. Quelle est la
participation que vous envisagez pour l'OPDQ au sein du forum qui a
été annoncé par le ministre responsable de la
région de Montréal sur toute la question du train et du
matériel roulant? Quelle est la participation que vous envisagez
également en termes du dossier de la pétrochimie? S'il y a de
l'avenir dans l'est, ça sera dans la pétrochimie et le
matériel roulant.
M. Côté (Charlesbourg): J'ai deux
responsabilités, celle du transport, qui forcément, par le
ferroviaire, est très largement affectée, et l'expertise, en
matière ferroviaire, vient davantage du transport. Je pense que c'est
par là que ça doit passer, sur le plan technique, quant à
une bonne vision de ce qui doit se passer dans ce domaine, sans jamais oublier
que c'est une responsabilité totale du gouvernement
fédéral. Je ne vous dis pas ça en disant qu'on s'en lave
les mains, mais c'est le soutien que j'ai offert à mon collègue,
M. Johnson, en lui disant que, du côté de l'OPDQ, nous
étions disposes à fournir du soutien de ressources sur le plan
d'une table qui pourrait travailler, compte tenu des effectifs que nous avons
à Montréal, et, au besoin, du soutien à la recherche ou
à l'étude; si nécessaire aussi, sur le plan financier.
Cela ne se limiterait pas à du soutien technique, dans la mesure
où il y a des besoins de faire des études à cette table.
C'est clair que l'OPDQ pourra y mettre son grain de sel et même le
ministère des Transports, dans la mesure où le besoin se fait
sentir.
Évidemment, lorsqu'on va plus loin ou si on souhaite aller plus
loin, c'est plus inquiétant pour nous, parce que ça demeure quand
même une responsabilité du gouvernement fédéral. On
peut faire beaucoup de choses, quant à nous, sur le plan du transport en
commun, pour tenter d'amener la construction ou la réparation d'un
certain nombre d'équipements, mais il va falloir que le gouvernement
fédéral chausse ses vraies bottes dans ce dossier. Sur le plan de
la disponibilité personnelle de soutien à cette table, c'est
clair que ça correspond exactement à ce que l'OPDQ peut faire et
doit faire dans des circonstances comme celles-là, et des sommes seront
disponibles pour des études, dans la mesure où ce sera
nécessaire.
Mme Harel: La table a déjà été
annoncée; quand la composition sera-t-elle connue?
M. Côté (Charlesbourg): J'ai déjà dit
à mon collègue Johnson que j'attendais son signal. Dès
qu'il l'aura décidé, on va mettre à sa disposition les
personnes qu'il faut.
Mme Harel: J'abuse de mon collègue de Shefford. Au niveau
de la pétrochimie, est-ce que l'OPDQ est aussi impliquée dans le
développement de ce dossier pour la région de
Montréal?
M. Côté (Charlesbourg): Non. Cela peut être
une préoccupation qu'ont effleurée les dirigeants de l'OPDQ
à Montréal, mais pas de manière particulière au
point de sensibiliser le ministre dans ce dossier.
Mme Harel: Je vous remercie. Je sais que mon collègue
voulait interroger le ministre sur toute la question du sud-ouest de
Montréal. Je vais lui laisser l'occasion de le faire.
Le Président (M. Sairrt-Roch): M. le député
de Shefford.
Sud-ouest de Montréal
M. Paré: Rapidement, là-dessus, on connaît le
déclin socio-économique du sud-ouest de Montréal.
D'ailleurs, on voyait dans La Presse, il n'y a pas longtemps, ces
derniers jours: Le sud-ouest de Montréal est à l'agonie: 30 % de
sans-emploi, 25 % d'assistés sociaux, 20 000 emplois perdus en 20 ans.
C'est une région qui est en difficulté, sauf que ça
devient plus un quartier, donc, ça ne fera certainement pas partie des
contrats dont on parlait tantôt, parce que ce n'est pas une région
en soi. Étant donné qu'on connaît cette situation
inacceptable pour, quand même, une population énorme, parce que
c'est bien du monde qui vit une situation pénible, est-ce que vous avez
prévu une intervention spéciale qui pourrait être un peu
semblable à l'intervention qu'on connaît dans l'est de
Montréal? Y a-t-il quelque chose de prévu et d'envisagé
dans ce sens, pour ces gens?
M. Côté (Charlesbourg): Pouvez-vous me rappeler
le... parce que j'ai manqué le début de votre intervention?
Une voix: Le sud-ouest.
M. Côté (Charlesbourg): Le sud-ouest?
M. Paré: Oui. Le sud-ouest de Montréal, dû
à la situation catastrophique que vit cette population importante,
même si ce n'est pas une ville en soi, ce sont des quartiers. On
connaît ça. (17 h 30)
M. Côté (Charlesbourg): D'accord. Je
comprends. De toute façon, c'est un peu le même principe de
ce qu'on a fait dans le cas de Pointe-Saint-Charles, Hochelaga, le centre-sud,
et l'est de Montréal. C'est un peu le même principe, en termes
d'intervention. On me signale qu'on vient de recevoir un rapport d'étape
du CREESOM, un rapport d'étape où on va examiner ce qu'on peut
faire, mais déjà, dans notre esprit, c'est dans la foulée
ou dans la continuité de ce qu'on a fait pour les autres. Finalement,
examiner les possibilités en ce qui concerne l'aide aux zones
défavorisés. Cela s'inscrit dans la même
problématique. À ce sujet, je me rappelle que, dans le cas de
Pointe-Saint-Charles, du centre-sud et d'Hochelaga-Maisonneuve, il reste encore
un an, mais les gens souhaitent qu'on négocie dès maintenant et
on les recevra la semaine prochaine pour le renouvellement. Ils ne veulent pas
être pris avec une échéance malgré le fait qu'il
reste un an. Ces gens étant probablement suffisamment habiles et bien
informés, ils veulent profiter de la fin de l'été ou de ce
qui peut se passer à l'automne pour renégocier leurs affaires.
Ils sont probablement bien conseillés dans ce sens.
Mme Harel: D'ailleurs, les périodes électorales
sont toujours de bonnes périodes pour régler ce genre de
dossiers.
M. Côté (Charlesbourg): À voir la
manière dont le fédéral a réglé ses dossiers
avant les élections et celle dont il le fait maintenant, je ne suis pas
sûr que ce soit toujours une bonne période. Il y a de quoi faire
trembler même des supporteurs.
Mme Harel: II vaut mieux faire autoriser cela auparavant par le
Conseil du trésor.
M. Côté (Charlesbourg): Avant.
Le Président (M. Saint-Roch): M. le député
de Shefford.
Conférences socio-économiques
M. Paré: Moi, je voudrais parler un peu de la formule des
conférences socio-économiques. On sait qu'il y en a partout. La
formule, c'est: On signe l'entente-cadre et ensuite c'est la rencontre annuelle
de concertation et la biennale. En ce qui concerne les projets comme tels, dans
votre vision des choses, comment fait-on pour déterminer non pas le
montant mais le nombre de projets qu'on accepte par région, par exemple,
en Montérégie? C'est un exemple qu'on a connu tous les deux parce
qu'on l'a vécu. Il y a eu 47 projets acceptés pour une
région de plus de 1 100 000 citoyens, alors que dans des régions
plus petites ou moins populeuses on se ramasse avec plus de projets. Moi, je me
rappelle, chez nous, dans la sous-région des Appalaches, parce qu'il y
avait trois MRC, on nous a dit: Organi- sez-vous pour ne pas avoir plus de deux
projets qui seront retenus par MRC, ou à peu près. Quelles sont
les normes dans votre tête? On parle de modifications. On a le droit de
s'ajuster. Il y a déjà eu des modifications. On tient compte de
quels investissements, de combien de projets lors des sommets
socio-économiques?
M. Côté (Charlesbourg): Est-ce que vous parlez
à partir du moment où le forum est passé?
M. Paré: Non.
M. Côté (Charlesbourg): II faut bien nous
comprendre. À partir du moment où on réunit tout le monde
autour d'une table et qu'on dit: On lance la conférence
socio-économique, celle-ci n'est pas entre les mains du gouvernement.
Elle est entre les mains de la table qui décide du mécanisme
qu'elle va se donner en ce qui concerne les colloques de zone et les tables
sectorielles qui cheminent vers le forum. Pour cela, il n'y a pas de limite
dans les projets. La seule limite, c'est le colloque de zone qui se l'impose.
Ce n'est pas le gouvernement qui va décider de dire à la MRC des
Maskoutains: Tu vas présenter cinq projets, tu n'en as pas un de plus.
Si le territoire de référence de la MRC décide d'en
présenter quinze, N en présente quinze. S'il décide d'en
présenter 30, il en présente 30. C'est au forum que se fait la
sélection des projets et ce sont eux qui déterminent s'ils vont
en envoyer 40, 70 ou 110. Le gouvernement n'a absolument rien à voir
avec cela. Alors, c'est le milieu lui-même qui décide.
Effectivement, dans des régions, par exemple
Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, il y a eu 117 projets. Le nombre
apparaissait considérable, mais il n'y a pas eu 117 projets sur la
Côte-Nord. Il y en a eu moins que cela. Ce sont des sommes qui varient.
Cela dépend finalement de ce que le milieu veut se donner en termes
d'échéance. À partir du moment où le forum a
déterminé que ce sera 50 projets, ce sont 50 projets qui sont
soumis au gouvernement. Si votre question est à savoir combien le
gouvernement décide d'en retenir, il peut décider d'en retenir 50
si, pour lui, les 50 projets sont bons. Mon objectif est de tenter de
répondre positivement à tous les dossiers qui ont franchi le
forum. Cela dépend d'un certain nombre de choses: préparation du
dossier, possibilité sur le plan gouvernemental de le faire. L'analyse
se fait aussi en fonction de la richesse globale de la région. Il ne
s'agit pas de dire qu'en Montérégie il y a 1 200 000 $, par
rapport à la Gaspésie qui en a 250 000 $ et qu'on devrait avoir
quatre fois plus de projets. À ce moment-là, les sommets
serviraient à engraisser les riches et à appauvrir les pauvres
alors que ce qu'on souhaite, c'est tenter de faire un certain rattrapage pour
certaines régions qui en ont besoin.
M. Paré: En Montérégie, je ne me
souviens
plus, c'est probablement au-dessus de 400 projets qui avaient
été présentés de façon originale à
chacune des premières rencontres. Je me rappelle qu'à un moment
donné on arrivait dans un entonnoir et on nous disait: II ne faut pas
dépasser tant à la fin parce que cela a été
décidé qu'on ne dépassait pas tant. Si on décidait
d'en présenter plus, pas nécessairement parce qu'on est riche,
mais parce qu'on est populeux... Je ne le fais pas en termes de
défenseur d'une région, mais je le fais en termes de comparaison
de régions. Une région populeuse qui a des besoins et là,
je pourrais prendre des régions comme Sorel, Valleyfield, où iI y
a des besoins encore plus pressants en termes de... La richesse n'est pas
répartie équitablement sur le territoire. Lorsqu'on arrivait
à la fin, c'était l'équivalent d'à peu près
trois projets par MRC. Dans la tête des gens, I ne fallait presque pas
dépasser ça. Il fallait s'ajuster à ça. Est-ce que
c'est comme ça ou est-ce que, finalement... Vous parliez de
modifications et je reviens là-dessus. Quand on regarde le Québec
à l'heure du développement de l'entreprise régionale, on
reconnaît que le critère des conférences est trop rigide.
Si on reconnaît ça dans le volume... Dans le pian d'action, aux
pages 50 et 51, on parle du caractère trop rigide des
conférences. Si c'est vrai qu'on reconnaît ça, quelle
amélioration pourrait être apportée selon vous?
Peut-être pourrez-vous me répondre en termes de quantité de
projets. Comment rendre ça moins rigide et, peut-être,
répondre davantage aux besoins des gens?
M. Côté (Charlesbourg): Évidemment, dans ce
genre d'exercice, puisqu'on veut que ce soit le milieu qui se concerte, qui
détermine ses priorités, il faut quand même faire attention
pour qu'il n'y ait pas de direction trop ferme venant du pouvoir central;
sinon, l'exercice perd son sens. Parmi les ajustements importants à
faire, à mon avis, dès l'enclenchement de la conférence,
il faut s'assurer qu'on privilégie des axes de développement.
Cela m'apparaît indispensable. C'est un travail qui a été
partiellement réussi jusqu'à maintenant. Il va falloir redoubler
d'efforts pour faire en sorte que chacune des régions finisse par faire
l'inventaire de ses forces et de ses faiblesses et qu'elle puisse axer les
demandes de projets dans ses forces, donc mieux cibler ses interventions. Si on
arrivait en Montérégie demain matin en disant qu'on va
élever du homard, je ne suis pas sûr que ce serait bien fort.
C'est dans ce sens que les axes deviennent, quant à nous,
extrêmement importants. On réfléchit actuellement pour
trouver des mécanismes donnant des balises suffisamment importantes
dès le départ pour dire: C'est ça l'orientation.
La deuxième faiblesse, à mon avis, est celle du forum. Je
n'ai pas peur de vous dire que, jusqu'à maintenant, au nombre des
sommets que j'ai connus, Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine c'est
peut-être le meilleur exemple, quoiqu'il ne soit pas parfait Sur le pian
du travail à faire, on a eu, là comme ailleurs, des
problèmes. Deux demandes de centres de ski dans deux MRC voisines, donc
à 40 kilomètres de distance; ça n'avait aucune
espèce de bon sens. On a retourné le monde en disant: Oui, on est
prêt à en accepter un. Les sommes sont prévues à
l'entente. Quand vous aurez décidé lequel, c'est fini, il va se
faire. Ce n'est pas au gouvernement de décider pour vous. Donc, au
niveau du forum, il faut trouver un moyen d'avoir effectivement un meilleur
mécanisme de sélection des projets. Certains ont
réglé le problème en disant: Effectivement, on va se
donner dans chacune des MRC un certain nombre de projets et on va laisser au
forum le soin de choisir le reste des projets. On a voulu laisser de la
souplesse dans chacun des milieux, pour qu'ils puissent déterminer le
nombre et tenter d'avoir un certain équilibre sur le plan
régional. Il y a des failles. Le prochain exercice de
Mauricie-Bois-Francs va mettre un terme à une certaine réflexion
pour pouvoir donner d'autres orientations aux autres sommets.
M. Paré: À la biennale, est-il pensable de
présenter de nouveaux projets ou des projets qui n'ont pas
été retenus pour toutes sortes de raisons, dans une région
où tous les projets qui font partie de l'entente-cadre n'ont pas
été réalisés? Il y a tant de signatures, mais il y
en beaucoup qui ne sont pas réalisés. Qu'est-ce qu'on peut faire
à la biennale?
M. Côté (Charlesbourg): C'est clair. Dans mon livre
à moi, c'est très clair. La biennale veut, dans un premier temps,
faire le bilan de ce qui a été fait. C'est facile de dire: C'est
la faute du gouvernement. Il y a des raisons techniques, I y a des raisons
reliées aux promoteurs. Il peut y avoir aussi, à certaines
occasions, des raisons de disponibilités financières du
gouvernement. Prenez ces trois raisons et cela va vous donner une bonne partie
des problèmes qu'on peut vivre. Prenons un exemple:
Sainte-Anne-des-Monts, un centre culturel. Au moment où on arrive au
sommet, c'est 865 000 $. À la table, on accepte les 865 000 $, on a le
mandat du Trésor, on est en dérogation des normes, étant
donné que la municipalité de Sainte-Anne-des-Monts est dans la
MRC de Denis-Riverin et, si elle ne l'a pas cette fois-ci, elle ne l'aura
jamais. Donc on accepte ça. Trois mois plus tard, la ville vient nous
rencontrer avec des architectes, évidemment. Il n'est pas possible de le
faire à moins de 1 100 000 $. Cela signifie que le projet n'était
pas préparé. C'est ce que ça signifie. Ils ont dit: On va
passer 865 000 $, et on ira en chercher plus après, parce que les gens
n'oseront pas nous dire, non. Cela a été non. Le projet a failli
ne pas se réaliser, mais ils ont fini par redresser leurs affaires et
par dire: Oui, on peut maintenant réaliser ce projet au coût de
865 000 $. Il y en d'autres comme ça. Il n'y a pas un projet
qui ne bouge pas.
Une autre faiblesse, c'est qu'à partir du moment où le
projet est accepté au sommet, dans certains cas, les coûts vont
doubler. Une usine de deuxième transformation de produits de la mer,
à Cap-Chat. Le coût du projet: 4 000 000 $ au moment du sommet;
six mois plus tard, 8 000 000 $. Cela ne marche pas. Cela ne peut pas marcher
et ça ne marchera pas. Si ça prend un an pour tenir un sommet,
des rencontres des MRC pour déterminer les projets, fignoler les projets
au forum et les traiter au gouvernement et qu'on ne connaît pas les
coûts, on a des problèmes. Des enveloppes de mise au point qui ont
été adoptées et qui sont publiques maintenant, pour
chacune des régions, vont permettre de mieux identifier ces
coûts.
Dans la cas de la biennale, premier objectif: On fait le point. On dit:
Parfait. Dans le cas du contournement de Châteauguay, la route 30, 17 000
000 $ des engagements routiers en Montérégie. Les gens avaient
dit: C'est la première priorité, à cause du centre
hospitalier. On a travaillé comme des forcenés au
ministère des Transports pour passer au travers. J'ai moi-même
participé à sept réunions où j'ai
négocié avec les agriculteurs et le maire de Châteauguay
dans le but d'en arriver à une entente. Le retard n'est pas causé
par moi, il n'est pas causé par le ministère des Transports, mais
par un milieu qui ne se comprend pas, qui ne se respecte pas, qui a ses
priorités personne/les, que ce soit l'UPA, que ce soit la ville, qui a
retardé l'ensemble du projet à être déposé
à la CPTAQ approuvé au BAPE. À partir du moment où
on fait ça, on dit: il nous reste deux ans. Là où on en
est, dans deux ans, oui, c'est pensable de le réaliser, donc on le
crédite. On dit: Parfait, on le garde. Si on en arrive à une
situation où on dit: II y a un projet qui ne se réalisera pas,
qui représente 4 000 000 $, parfait, on le met en banque. Lorsqu'on
arrive à la deuxième phase, ayant fait le tour des projets, on
dit: Dans quel secteur va-t-on réaffecter les sommes qui sont là?
Il y a des projets qui viennent un peu avant parce qu'ils nous sont
présentés. On a vu le cas de l'Estrie, on a vu le cas du
Saguenay-Lac-Saint-Jean où les projets sont présentés un
peu d'avance et on les connaît. Du nouveau, dans ces cas-là on
peut en accepter, des projets qui vont dans des axes du sommet ou des projets
qui n'auraient pas été retenus au sommet parce qu'ils
n'étaient pas prêts et qui ont été bonifiés
en cours de route, ce qui nous permet de les accepter. C'est comme ça
que ça fonctionne. (17 h 45)
M. Paré: Donc, c'est possible d'amener des projets qui
n'étaient pas retenus dans l'entente-cadre parce qu'il y a des sommes
qui sont libérées par des projets abandonnés.
M. Côté (Charlesbourg): Je vais vous donner un
exemple. Un projet qui aurait été retenu pour une étude au
sommet sans qu'il y ait d'engage- ment sur le plan des immobilisations pourrait
être ramené à la biennale, peu importe qu'y y ait des
réallocations d'argent ou pas, en souhaitant obtenir du gouvernement des
sommes additionnelles. C'est possible.
M. Paré: Je vais être plus précis. C'est
sûr que des montants ne sont pas dépensés parce qu'il y
avait des prévisions de faites. Je prends l'exemple des personnes
handicapées en Montérégie, 756 000 $ par année.
Cela devait entrer en 1987, on est en 1989, et il n'y a rien de fait. Donc,
c'est sûr que l'argent prévu n'est pas dépensé.
Est-ce qu'il pourrait être pensable qu'une table sous-régionale
décide d'amener un projet, ou dans le domaine social ou dans un autre
domaine, mais qui serait l'équivalent de l'argent non
dépensé dans son secteur ou sa région sans que ce soit un
projet qui ait été sujet à une étude de
faisabilité subventionnée par l'OPDQ? Mais il a été
présenté au sommet, il n'a pas été retenu dans
l'entente-cadre. C'est un dossier qui était bien structuré. C'est
un dossier qui est bon et qui ne pouvait pas passer parce qu'il fallait faire
un choix, à un moment donné.
M. Côté (Charlesbourg): C'est un genre de situation
qui pourrait être acceptable.
M. Paré: Cela pourrait être acceptable. D'accord.
Donc, il y a une ouverture à partir de la base de l'enveloppe globale
financière de l'entente-cadre.
M. Côté (Charlesbourg): C'est ça. C'est pour
ça que c'est une biennale. Dans les exercices précédents,
c'étaient des rencontres annuelles. Mais, Imaginez seize régions
qui tiennent quatre sommets par année, seize rencontres annuelles.
À moins qu'à un moment donné on décide de mettre un
ministre responsable, spécialiste des réunions, à ce
moment, ça ferait un bon ministre de l'OPDQ. Je n'ai jamais voulu
participer à ça parce que ça n'a vraiment aucun sens,
alors que dans le cas d'une biennale, donc à mi-chemin, pour nous donner
un peu le temps de faire le tour des dossiers et d'examiner ce qui a
marché ou pas et que chacun prenne ses responsabilités... Ne vous
inquiétez pas, je vais prendre les miennes là où ça
va être mon tort, mais qu'on n'essaie pas de mettre ça dans ma
cour quand ce ne sera pas mon tort, parce que ça va être
très clair que chacun va prendre sa part de responsabilités et ce
sont des responsabilités partagées.
M. Paré: Sauf que ce n'est pas très clair à
l'heure actuelle et on s'en va vers une biennale. Comme d'autres régions
vont nous suivre, je pense que c'est important que...
M. Côté (Charlesbourg): II faut bien le dire, des
biennales, on est dans un exercice qui n'a jamais été tenu... La
première biennale à se
tenir, c'est nous qui l'avons tenue en Estrie. La deuxième a
été au Saguenay-Lac-Saint-Jean, la troisième dans
l'Outaouais et la quatrième dans les Laurentides. Donc, c'est un nouvel
exercice qu'on fait et qui nous permet, effectivement, d'avoir un peu de
souplesse et c'est dans ce sens-là. Ne vous Imaginez pas que je vais
aller m'asseoir à la table d'un sommet ou d'une biennale dans le but
d'enlever de l'argent aux régions. Bien non, au contraire, vous n'avez
qu'à en parier aux collègues et ils vont s'apercevoir qu'ils se
font passablement égratigner avant d'en avoir plus. L'objectif n'est pas
d'en enlever mais plutôt de tenter d'en donner le plus possible et c'est
peut-être là mon problème. C'est peut-être parce que
je veux trop en donner.
M. Paré: Mais la souplesse dont vous pariez, c'est
qu'à l'intérieur de la masse globale qui fait partie de
l'entente-cadre, si des montants sont libérés par un retard pour
un projet à se mettre en place - donc, iI y a finalement une
économie ou un abandon - on peut penser, comme région, de
récupérer cet argent sur d'autres projets qui ont
été amenés au sommet sans être retenus. C'est
ça?
M. Côté (Charlesbourg): Oui.
M. Paré: Dans la réforme dont vous parlez, on
pourrait apporter des modifications au niveau des sommets. En fonction de ce
que je vous disais cet après-midi ou ce matin, est-il envisageable
d'apporter une modification pour amener une ouverture par rapport aux projets
de nature communautaire à cause de la participation? On sait que la
participation du communautaire est bien plus en termes de
bénévolat, d'identification des besoins de la
société et de sa capacité d'y répondre.
M. Côté (Charlesbourg): Si vous pariez de
fonctionnement, c'est non. SI vous parlez de support au fonctionnement, c'est
non.
M. Paré: Donc ce n'est pas envisageable.
M. Côté (Charlesbourg): Non. Je pense qu'a faut bien
se comprendre. Déjà, sur le plan des CRCD, on subventionne, sur
une base annuelle, 270 000 $ indexés. L'année d'un sommet, on
donne 100 000 $ de plus pour le tenir. Plus, l'année d'une biennale et
d'un sommet, 75 000 $ pour l'enveloppe de mise au point, et 50 000 $ de plus
pour les années charnières, pour des enveloppes de mise au point
Multipliez ça par seize régions, compte tenu des budgets de
l'OPDQ, ça fait tout près de 5 000 000 $ donnés à
la concertation, dans tout le Québec, pour le développement
régional. Je pense qu'il ne faudrait pas surcharger plus que ça
l'enveloppe du Fonds de développement régional, quant au soutien
à ce titre. Donc, ce n'est pas le rôle de l'OPDQ et j'ai toujours
souhaité ne pas embar- quer dans du récurrent, à moins que
ce soft un récurrent qui puisse finir, et qui a véritablement une
vocation de soutien du développement économique.
M. Paré: Vous semblez avoir près de vous
l'état des dossiers. Je pense que ça doit être possible,
parce que vous m'avez parlé de la 30, donc, c'est dans la
Montérégie. Moi, je vous ai fait une comparaison à partir
d'un projet qui a été annoncé et qui n'a pas
été réalisé. J'aimerais savoir si vous pouvez me
répondre maintenant sur le projet précis de personnes
handicapées en Montérégie, qui est un service
général pour toute la région, qui a été
approuvé au sommet. La ministre de la Santé et des Services
sociaux est venue nous dire, lors du sommet, qu'effectivement il y avait une
demande au Conseil du trésor pour permettre à la région de
bénéficier de ce service à partir de 1987-1988. Il n'y a
rien eu en 1987-1988, il n'y a rien eu en 1988-1989; on en est 1989, on
s'attendait à un déblocage du budget qui commençait le 1er
avril 1989. C'est quoi, maintenant, qui est envisagé
là-dessus?
M. Côté (Charlesbourg): On a travaillé avec
différentes formules. On a toujours dit qu'on allait au Trésor
avant de partir pour les régions pour, à tout le moins, avoir une
bonne base de certitude quant aux projets qu'on acceptait sur le plan de la
balise Trésor. C'est un peu ce que je tentais de vérifier, mais
comme iI n'y a pas de gens du ministère concerné, à ce
moment-ci, selon les informations que je possède, j'ai l'impression que
le règlement du dossier de la Montérégie, au lieu
d'être un règlement ad hoc, aurait été
intégré à un règlement de tous ces dossiers partout
au Québec. C'est là où ça en serait actuellement.
Je vais vérifier la nature de l'accrochage, parce que vous m'en
informez, et je vous reviendrai là-dessus.
M. Paré: J'aimerais qu'on ait une réponse, parce
que j'ai souvent posé la question à la ministre de la
Santé et des Services sociaux qui est responsable de ça, et c'est
la même réponse depuis maintenant deux ans: C'est une demande au
Consel du trésor et on attend une réponse. Sauf que, comme
l'entente-cadre faisait partie d'un engagement, que c'était clair, qu'on
savait exactement ce qu'on voulait donner, que le besoin était
justifié, elle l'avait même reconnu, et que la région
était unanime là-dessus... J'aimerais savoir où c'est
rendu.
M. Côté (Charlesbourg): Oui. Juste pour vous
rappeler qu'à l'occasion on peut, comme ministre, choisir des
véhicules qui sont profitables, d'autres, les pensant profitables, ne le
sont pas. Si ça a été intégré à
l'ensemble d'une politique pour tout le Québec, c'est probablement
là qu'il a pu accrocher, mais je vous dis ça sous toute
réserve, compte tenu des vérifications que je devrai faire.
M. Paré: Je vous invite à pousser sur le dossier
pour le faire accepter tel que c'était, parce que notre région
est reconnue, avec la Gaspésie, comme la moins équipée en
termes de services aux personnes handicapées physiques, et il y a
urgence à y répondre, je dois vous le dire. Cela viendrait
même régler des problèmes d'autres régions où
on est obligé d'envoyer les gens, encore une fois, dans la région
métropolitaine où II y a obstruction.
M. Côté (Charlesbourg): Mais je vous rappelle que
les engagements qui sont pris sont sur quatre ans. Une des difficultés
de ce genre d'opération, c'est que tout le monde pense que le lendemain
matin, un fonctionnaire va se promener avec le chèque pour aller payer.
Alors, ce sont quand même des engagements qui, dans la plupart des cas,
sont sur quatre ans. Je me rappelle la nature même de l'engagement de
l'époque, parce que, si je me souviens, ça s'est passé
à Saint-Hyacinthe, sous les réflecteurs, à la chaleur, et
à l'occasion on avait besoin de sortir pour se rafraîchir un peu,
parce que ça a été l'endroit le plus chaud de tous les
sommets que j'ai tenus.
M. Paré: Je me rappelle très bien. Par contre, dans
ce projet précis, on ne nous disait pas que c'était
échelonné sur quatre ans. On nous disait qu'étant
donné que la demande était déjà rendue au Conseil
du trésor on pouvait avoir celui-ci sur le budget actuel; et quand je
parle du budget actuel, je parle du budget 1987-1988. Donc, là, on
recule de deux ans.
M. Côté (Charlesbourg): On va régler
ça, on va faire sortir le Verbatim du sommet.
M. Paré: D'accord.
M. Côté (Charlesbourg): C'est avec ça qu'on
va le régler.
M. Paré: Oui. J'ai une autre question spécifique.
Je trouve ça important, parce que c'est au sujet de la concertation et
du respect des gens du milieu. Lors du sommet, on l'a ramené dans
l'entente-cadre de la Montérégie, et ça ne faisait pas
partie comme tel d'un des projets retenus, ça faisait plutôt
partie, dans l'axe de développement, d'une demande unanime de la
région qu'on avait décidé de retenir ici. Je vais vous la
lire, vous allez comprendre ce que je veux dire. Ce qui est écrit
à la page 36 de l'entente-cadre de la Montérégie, c'est:
Maintenir les trois régions de loisirs, les conseils régionaux de
loisirs, déjà existantes dans l'ensemble
montérégien, à savoir celles du sud-ouest, de la rive-sud
et du Richelieu-Yamaska; conserver et faire supporter par l'État les
trois conseils régionaux de loisirs respectifs agissant comme structures
de concertation et de soutien dans ce secteur d'activités. Donc, ce qui
a été mis là, dans l'entente-cadre, comme volonté
du milieu, c'était de conserver les trois conseils régionaux de
loisirs et de les garder, les trois, comme autonomes et financés par
l'État. C'était unanime. Je dois vous le dire, il faut
connaître la région, c'est une région qui est moins
étendue que la Gaspésie, mais qui est très grande en soi,
qui est diversifiée, avec des régions qui n'ont pas
nécessairement les mêmes besoins et les mêmes
mentalités. Je dois vous dire que les gens de Granby n'ont pas beaucoup
d'affinités avec Sorel ou Valleyfield, et vice versa.
Mais, quant aux conseils régionaux de loisirs, ce sont des
regroupements naturels qui se sont faits au cours des années et les
milieux y tiennent. Et, lors de la rencontre annuelle de concertation, c'est
encore unanime, les députés des deux formations politiques ont
réitéré, et je pense qu'il y en a qui sont ici pour le
confirmer, qu'il fallait que cet engagement soit tenu, étant
donné que, selon des études et des indications, au
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, on
s'apprêtait à regrouper, à n'en faire qu'un et, si le
milieu voulait garder les trois, à n'en subventionner qu'un et se
partager ensuite l'assiette. Je dois vous dire que ce n'est pas du tout la
même chose. Est-ce qu'on peut s'attendre à ce que vous soyez un
défenseur de l'engagement qu'on retrouve dans l'entente-cadre, le
maintien de trois conseils régionaux de loisirs financés comme
tels à des entités distinctes?
M. Côté (Charlesbourg): Dans certains sommets, il y
a des demandes qui sont des projets précis, qui font appel à une
réponse gouvernementale et, dans d'autres, il y a des revendications qui
n'amènent pas une prise de décision du gouvernement. Dans ce
cas-ci, c'était une revendication face à une politique
gouvernementale qui était incluse, bien sûr, à
l'intérieur de l'entente, parce que c'était une revendication du
sommet effectivement entérinée par tout le monde. J'ai eu
l'occasion de participer à des rencontres où mes
collègues, députés de la majorité de la
Montérégie, ont demandé et obtenu, avec le ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche, concernant ce projet particulier...
J'ai exprimé, quant à moi, mon opinion, et j'imagine que
très prochainement mon collègue sera à même de faire
connaître ses décisions.
M. Paré: Je comprends qu'il va les faire connaître,
sauf que, moi, je voudrais bien que la députation ministérielle
de la région et vous-même, comme cosignataire de cette
entente-cadre, on fasse...
M. Côté (Charlesbourg): Un instant, les engagements
du gouvernement ont été pris sur des projets, non pas sur des
revendications. Les revendications ont été incluses à
l'entente comme étant des souhaits de la région, sans engagement
du gouvernement.
M. Paré: Des souhaits de la région partagés
unanimement par les Intervenants, y compris les députés membres
de cette délégation. C'est clair et net, c'est une volonté
populaire. En tout cas, quand on regarde les budgets qui sont
déposés, quand on regarde tout ce qui se discute depuis quelques
mois, il y a effectivement une compression dans notre région pour ce qui
est du financement. On respecte la division actuelle, avec un financement
divisé. Connaissant la région, je dois vous dire que, si jamais
on voulait regrouper cela dans une seule unité, ce serait un recul
énorme pour le loisir et même, probablement, une perte
financière pour l'État. Ce n'est pas vrai que les
bénévoles partiraient de Saint-Hyacinthe, de Sorel, de
Valleyfield ou de Granby pour aller à des rencontres à Longueuil
ou a Saint-Hubert. Ce n'est pas parce qu'on a quelque chose contre ces gens,
c'est un attachement naturel, c'est une habitude qu'on a prise, ce sont des
liens qu'on a créés et qu'on veut conserver. Malheureusement,
vous ne me rassurez pas. J'aurais préféré une intention de
votre part comme quoi vous réaffirmez que même si ce n'est pas un
des projets pour lesquels on a signé une entente, si on l'a mis
là-dedans, si on en a discuté, c'est qu'on était conscient
de la situation et qu'on était prêt à appuyer la
région dans cette démarche. À ce moment, c'était
seulement une inquiétude, mais elle est en train de se confirmer. Vous
n'êtes pas en train de me rassurer, Je vous le dis.
M. Côté (Charlesbourg): Écoutez, si pour vous
rassurer, vous voulez que je vous dise que je vais intervenir à nouveau
auprès de mon collègue pour que les trois CRL soient maintenus,
c'est une assurance qui pourra être confirmée ou infirmée
par mon collègue responsable du dossier. J'ai parlé des
engagements du gouvernement qu'on va respecter. Quant aux revendications, cela
demeure des revendications. Nos collègues de la Montérégie
ont fait les interventions nécessaires auprès de mon
collègue Picotte. La décision va venir dans peu de temps. Je la
souhaite la plus positive possible pour la région, mais, s'il y a une
région qui s'appelle la Monté-régie, il y a une
région, il n'y a pas trois régions dans la région. Et
cela, vous le savez vous-même. La Montérégie, sur le plan
de la division de la carte géographique, c'était
réglé avant même qu'on arrive. Donc, c'était la
volonté d'un milieu et d'un gouvernement de faire une région de
la Montérégie.
M. Paré: Oui, mais est-ce que...
Le Président (M. Saint-Roch): Dernière intervention
avant qu'on passe à l'adoption des programmes, M. le
député de Shefford.
M. Paré: Est-ce qu'on peut continuer pour compléter
les deux heures et demie?
La Président (M. Saint-Roch): J'aimerais vous rappeler, M. le
député de Shefford, qu'à la majorité, incluant M.
le ministre, nous étions disposés, à partir de 15 h 35,
à procéder à l'adoption des crédits.
M. Paré: Bon. Alors, comprenant et voulant collaborer...
J'espère qu'on trouvera d'autres façons de poursuivre parce que
j'aurais encore plusieurs questions.
Adoption des crédits
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 1,
Administration et concertation de l'Office de planification et de
développement du Québec, est adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Est-ce que le programme 2,
Développement régional, Office de planification et de
développement du Québec, est adopté? Le programme 2, M. le
député de Shefford, est-il adopté?
M. Paré: Cela va dépendre de lui.
Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. Est-ce que
l'ensemble des crédits de l'Office de planification et de
développement du Québec est adopté?
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Saint-Roch): Adopté. M. le
ministre.
M. Côté (Charlesbourg): M. le Président, me
permettez-vous de déposer le tableau des sommes dont on parlait ce
matin, par ministère, sur le plan des transferts? Les 8 000 000 $
évoqués au moment où on s'est parlé, c'était
8 000 000 $ en février. Pour la fin de l'exercice, c'est 12 000 000 $.
Vous avez donc la ventilation pour chacun des ministères.
Le Président (M. Saint-Roch): Je vous remercie, M. le
ministre. La commission de l'aménagement et des équipements a
maintenant accompli son mandat: l'étude des crédits
budgétaires de l'Office de planification et de développement du
Québec pour l'année financière 1989-1990. Elle ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 5)