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(Douze heures douze minutes)
La Présidente (Mme Bélanger); La commission de
l'aménagement et des équipements se réunit ce matin afin
de poursuivre l'étude du projet de loi 108, Loi sur les espèces
menacées ou vulnérables et modifiant la Loi sur la conservation
et la mise en valeur de la faune. Lors de l'ajournement, nous commencions
l'étude de l'amendement déposé par l'Opposition à
l'article 45. 1. M. le ministre.
Projet de loi 108
M. Blackburn: Mme la Présidente, en ce qui concerne
l'article 45. 1, comme on doit reparler de l'article 8, et comme les
réponses qu'on va donner à cet article vont être dans le
sens de celles qui doivent être données à l'article 45. 1,
je propose de continuer tout simplement l'étude des articles 46 et
suivants. On reviendra pour parler des amendements proposés par
l'Opposition et par le parti gouvernemental. Est-ce que ça va?
La Présidente (Mme Bélanger): Vous suggérez
de suspendre l'article 45. 1?
M. Blackburn: Oui.
Dispositions modificatives et finales
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 45. 1 est
suspendu. J'appelle l'article 46.
M. Blackburn: L'article 46, Mme la Présidente: "46.
L'article 1 de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune est
modifié par l'insertion, après la définition de "chasser",
de la suivante: "espèce menacée ou vulnérable": une
espèce faunique désignée en vertu de la Loi sur les
espèces menacées ou vulnérables (1988, chapitre (indiquer
ici le numéro du chapitre de cette loi dans le recueil des lois du
Québec de 1988);. "
Cet article a pour objet de faire le lien entre le présent projet
de loi et la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune. Il
précise simplement qu'une espèce menacée ou
vulnérable est une espèce désignée en vertu du
projet de loi sur les espèces menacées ou vulnérables.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 46 est
adopté. J'appelle l'article 47. M. le ministre.
M. Blackburn: Concernant l'article 47, on va passer
Immédiatement aux commentaires. Cet article a également pour
objet de faire une concordance entre les deux lois. Comme la définition
d'animal dans la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune ne
vise pas les invertébrés autres que les mollusques ou les
crustacés, tels les insectes, papillons et araignées, il est
précisé qu'un invertébré désigné
menacé ou vulnérable sera assujetti à la loi de la
faune.
Le deuxième alinéa, 1. 1, est également de
concordance pour préciser qu'une espèce comprend une population
géographiquement isolée, une race ou une variété,
à l'instar de ce qui est prévu à l'article 2 du
présent projet de loi.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Je constate qu'on est déjà en train
de modifier la loi de 1988. J'ai l'Impression qu'on va se retrouver avant
longtemps en commission pour modifier la loi 108, tel que pour la loi 15, de la
façon dont sont apportés les amendements qu'on retrouve ce matin.
Je trouve que c'est une façon très bizarre de
légiférer, sans réponse ni harmonisation. Je suis
convaincu qu'avec l'harmonisation, on va se ramasser ici avant longtemps ou,
tout simplement, cette loi n'est pas applicable et elle ne sera pas
appliquée, surtout qu'on modifie une loi adoptée depuis un an et
qui n'est toujours pas en vigueur. Sauf que, comme ce que vous apportez est
tout à fait "harmonisant" dans ce cas-ci, l'article 47 va être
adopté.
M. Blackburn: Mme la Présidente, c'est adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 47 est
adopté. J'appelle l'article 48.
M. Blackburn: Cet article a pour objet de faire une correction
technique à l'article 128. 3 de la Loi sur la conservation et la mise en
valeur de la faune, introduit par le projet de loi sur les habitats fauniques.
Les habitats fauniques peuvent être ceux d'un animal ou d'un poisson. Il
est donc précisé que l'avis indiquant sommairement la
localisation d'un habitat faunique désigne soit l'animal, soit le
poisson visé.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Même commentaire que tantôt: Ce n'est
vraiment pas légiférer moins, on est en train de
légiférer mieux. Adopté.
M. Blackburn: On avait un ajout à l'ar-
ticle...
La Présidente (Mme Bélanger): Non, c'est un autre
article, M. le ministre. L'article 48 est adopté et il y a un ajout qui
est l'article 48. 1, qui est inséré après l'article 48:
"48. 1: L'article 128. 4 de cette loi, introduit par l'article 5 du chapitre 24
des lois de 1988, est remplacé par le suivant: "128. 4: Le ministre a la
garde des originaux des plans qu'il dresse et il en transmet une copie à
toute personne qui en fait la demande. "
M. Blackburn: Pour des motifs identiques à ceux
spécifiés dans les commentaires concernant l'amendement à
l'article 14 du projet de loi, il y aurait lieu de remplacer l'article 128. 4
de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune par une
disposition similaire à celle proposée à l'article 14 du
projet de loi tel qu'amendé.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Tout à fait normal. Nous avions même
demandé une modification dans ce sens, hier.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 48. 1
est-il adopté?
M. Paré: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Adopté.
J'appelle l'article 49. M. le ministre.
M. Blackburn: Cet article a pour objet de faire une concordance
technique. Le paragraphe 25 de l'article 162 de la Loi sur la conservation et
la mise en valeur de la faune permettait au gouvernement de déterminer
par règlement les espèces d'animaux ou de poissons
vulnérables ou menacées. Comme cette désignation se fera
à l'avenir en vertu de la présente loi, ce pouvoir
réglementaire est donc abrogé.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Ça revient à ce qu'on disait hier,
au sujet d'un article précédent. C'est que, finalement, c'est la
ministre de l'Environnement qui va désigner les espèces. C'est ce
qu'on est en train de faire. C'est un pouvoir que se donne la ministre actuelle
par rapport à une responsabilité ou un pouvoir qu'on avait
donné à un autre ministre, il y a un an, dans un autre projet de
loi. Donc, la désignation des espèces vulnérables ou
menacées va être faite par le ou la ministre de
l'Environnement.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Blackburn: M. le député de Shefford, ce n'est
pas la ministre qui va recommander, c'est-à-dire que c'est le
gouvernement qui a le pouvoir de recommandation. La décision fera suite
aux recommandations des deux ministres responsables, celui de l'Environnement
et celui du Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
M. Paré: Sauf que la désignation est faite en vertu
du projet de loi 108 qui relève du ministère de l'Environnement.
Quand on dit que c'est le gouvernement sur recommandation, c'est toujours la
recommandation du ministre qui est titulaire et porte-parole ou responsable de
l'application d'une loi. On peut bien essayer de nous dire le contraire, sauf
que... Là, vous allez me chanter la belle chanson de la concertation et
du consensus. On a vu ça dans les lignosul-fonates, entres autres. C'est
plutôt la claque que la concertation. J'espère que la ministre va
s'entendre mieux avec le ministre Picotte qu'avec moi - elle n'est même
pas capable de répondre aux questions - mais, au-delà du beau
discours, qui, effectivement, va avoir à décider?
M. Blackburn: Je vous répète, M. le
député, que le gouvernement décide à la suite des
recommandations des deux ministres. L'article 52 sera très clair.
D'ailleurs, vous aurez l'occasion d'en prendre connaissance. Le ministre de
l'Environnement est responsable de l'application de la présente loi,
sauf lorsqu'elle s'applique à la protection et à la gestion des
espèces fauniques ou de leurs habitats. Dans ce dernier cas,
l'application des dispositions relatives à une espèce faunique ou
à son habitat relève de la responsabilité du ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
M. Paré: On y reviendra, sauf qu'on parle de
désignation.
M. Blackburn: À l'article 10, M. le député',
on dit tout simplement: Sur recommandation conjointe du ministre de
l'Environnement et du ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche,
après consultation des autres ministres mentionnés au
troisième alinéa de l'article 6, le gouvernement peut, par
règlement...
M. Paré: On dit bien "après consultation".
M. Blackburn: Bien sûr, on est un gouvernement qui se
concerte.
M. Paré: C'est une autre affaire.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
49 est adopté?
M. Paré: L'article 49 est adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 49 est
adopté. J'appelle l'article 50, M. le
ministre.
M. Blackburn: L'article 50 - ça va bien -est
également de concordance. L'article 171.1 de la Loi sur la conservation
et la mise en valeur de la faune prévoyait, en cas d'infraction à
l'égard d'une espèce menacée, une amende qui était
le double de celle prévue pour cette infraction. L'amendement
proposé vise à prévoir des amendes maximales Identiques
à celles retenues pour les espèces fioristiques menacées,
soit de 20 000 $ pour une première infraction et de 40 000 $ en cas de
récidive.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 50 est
adopté. J'appelle l'article 51. M. le ministre.
M. Blackburn: L'article 51 est également de concordance.
Le projet de loi sur les espèces fauniques ne prévoyait pas de
sanction plus élevée en cas de récidive. Ainsi, comme pour
les espèces fioristiques, des sanctions supérieures identiques
à celles prévues à l'article 39 du présent projet
de loi sont proposées.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 51 est
adopté. J'appelle l'article 52. M. le ministre.
M. Blackburn: Cette disposition Indique que c'est le ministre de
l'Environnement qui sera responsable de l'application de la loi sur les
espèces menacées ou vulnérables. Toutefois, lorsque cette
loi touchera la protection et la gestion spécifiques de la faune et de
leurs habitats, la responsabilité sera dévolue au ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 52 est
adopté. J'appelle l'article 53. Il y a un amendement proposé par
le ministre de l'Environnement et un autre proposé par le critique de
l'Opposition. L'amendement proposé par le ministre se lit comme suit:
"Remplacer l'article 53 par le suivant: "53. Les articles 48, 48.1 et 51 ont
effet à compter de la date d'entrée en vigueur des articles
128.3, 128.4 et 171.2 de la Loi sur la conservation et la mise en valeur de la
faune, respectivement." M. le ministre.
M. Blackburn: L'article 53 du présent projet de loi doit
également faire référence à l'article 48.1.
L'article 48.1 du projet de loi a été inséré afin
de remplacer l'article 128.4 de la Loi sur la conservation et la mise en valeur
de la faune. Les dispositions de l'article 48.1 qui entrent en vigueur à
la date de la sanction du projet de loi ne peuvent avoir effet qu'à
compter de l'entrée en vigueur de l'article 128.4 de la Loi sur la
conservatioin et la mise en valeur de la faune.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement est adopté?
M. Paré: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement est
adopté. Est-ce que l'article 53, tel qu'amendé, est
adopté?
M. Paré: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Excusez-moi.
L'amendement proposé par l'Opposition, c'est un ajout. 53.1: Ce projet
de loi est modifié, par l'addition après l'article 53 de
l'article suivant: 53.1 "Un organisme municipal partie à un protocole
d'entente conformément à l'article 25.1 peut, pour les
activités prévues à ce protocole, Intenter une poursuite
pour une infraction à l'article 39 ou 41.1 et le montant de l'amende lui
est alors versé."
M. Paré: Mme la Présidente, on va être
obligés de suspendre cet amendement parce qu'on n'a pas adopté
l'amendement proposé à l'article 25.1 qu'on avait suspendu.
Articles en suspens
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord. On suspend
l'article 53.1. Naturellement, on revient aux articles qu'on avait suspendus
avant d'adopter l'article 54. L'article 8 et l'amendement...
C'est-à-dire que l'amendement avait été discuté.
L'Opposition voulait mettre un ajout. M. le ministre, on en est à la
discussion du sous-amendement apporté par l'Opposition à
l'amendement déposé par le ministre.
M. Blackburn: L'article 8. L'amendement proposé est
rejeté parce qu'il impose, effectivement, au gouvernement une contrainte
que celui-ci refuse, à savoir de déterminer une liste
d'espèces susceptibles d'être menacées alors que le but est
de dresser une liste exhaustive d'espèces qui ne sont pas
menacées ou vulnérables afin d'attirer l'attention sur celles-ci
- le caractère éducatif sera très important - et aussi,
bien sûr, afin d'attirer l'intérêt du public sur ces
espèces.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Je répète ce que j'ai dit hier. Ce
n'est pas une question d'imposer quoi que ce soit. C'est une question de
responsabilité et de volonté. Ce qu'on dit... L'amendement que
vous apportez est clair: Le ministre peut également, aux fins de la
protection et de la gestion des espèces floristiques menacées ou
vulnérables désignées, prendre toutes les mesures
nécessaires afin de réparer ou d'atténuer un dommage subi
par une espèce floristique menacée ou vulnérable
désignée ou par son habitat. Là-dessus, je suis d'accord
avec vous, sauf qu'on refuse d'inclure les espèces susceptibles
d'être désignées au cas où il se passerait quelque
chose. On ne se garde pas la latitude nécessaire, on ne veut pas
conserver la responsabilité de pouvoir réparer ou atténuer
des dommages subis. On a donné des exemples hier; on peut en donner
n'importe quand. Des espèces... Hier, j'écoutais le ministre, il
n'y aura pas beaucoup de personnes de touchées là-dedans;
ça ne prendra pas d'inspecteur. En fait, je me demande pourquoi on
légifère d'une certaine façon. Et là, la ministre
de l'Environnement va désigner - en collaboration avec le ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche et les autres ministères
concernés - mais II va y avoir une liste sur laquelle on va s'entendre.
Les espèces pour lesquelles on ne s'entendra pas, elles ne seront pas
sur la liste. Mais qu'est-ce qui nous dit, qu'est-ce qui nous permet de
prévoir qu'effectivement, ce ne seront pas les espèces qui ne
seront pas désignées qui seront les première
attaquées, qui vont être menacées de disparition? Et on ne
s'est pas gardé - en tout cas, je ne le retrouve pas ailleurs dans le
projet de loi - la possibilité d'intervenir pour réparer ou
atténuer un dommage qui est en train d'être causé par une
espèce parce qu'elle n'est pas désignée. Le ministre
disait, hier, qu'il n'y en a pas tant que ça. Je me rappelle le discours
en deuxième lecture - je ne l'ai pas ici, malheureusement - mais on y
parlait d'espèces qui disparaissent tous les jours. C'est un nombre
incroyable d'espèces qui sont menacées, vulnérables et qui
sont appelées à disparaître. On ne tenait pas le même
discours en deuxième lecture que celui qu'on tient ici. Il y en avait
bien plus que ça. Je me rappelle, on parlait d'une quantité
à nous faire dresser les cheveux sur la tête. Là, ce n'est
plus grave mais pourtant, jusqu'à ce qu'on ait dressé la liste,
il y a des espèces qui peuvent être menacées maintenant et
on ne veut pas se garder la possibilité de réparer ou
d'atténuer des dommages subis juste parce que ce ne sera pas sur la
liste. Je comprends, par exemple, le reste et je l'ai dit, c'est pour ça
que notre modification n'enlevait pas la division entre les espèces
désignées et les espèces susceptibles d'être
désignées en ce qui concerne la réclamation ou la
possibilité de poursuivre, étant donné que ça
devient complètement contre le système dans lequel on vit. (12 h
30)
Au niveau de la justice, on ne poursuit pas des gens qui ne savent
même pas qu'ils sont en train de poser un acte répressif ou
inacceptable. La seule chose qu'on est en train de dire, je ne sais pas de quel
côté de la table on sera, ni comment on sera dans une année
d'ici, mais je ne serais pas surpris du tout que, dans moins d'un an ou dans
une année, on soit encore assis ici en train de modifier ce projet de
loi pour inclure la possibilité de réparer ou d'atténuer
des dommages. Je trouve dommage qu'on se refuse ce pouvoir qu'on avait, mais,
parce qu'on enlève quelque chose qui fut dénoncée, et avec
raison parce que totalement inapplicable et inacceptable, parce qu'on veut en
enlever une partie, on se sent obligé d'en enlever plus.
Je suis bien d'accord que le gouvernement ne doit pas tout
contrôler, sauf en matière d'environnement. On entend assez de
beaux discours qui disent qu'il y en a assez, qu'il faut passer aux actes.
À mon avis, en refusant le sous-amendement, on ne se donne pas la
possibilité, les moyens de pouvoir réagir rapidement. Si on
laissait ça et qu'il arrive une catastrophe, et N en arrive bien trop
souvent... On regarde les journaux, je regarde juste La Pressa, ce qu'on
nous amène chaque matin en photocopies, en ce qui concerne
l'environnement, il y en a, c'est Incroyable. Ce ne sont pas toutes des choses
qu'on a prévues, au contraire, parce que si on les avait prévues,
j'espère qu'on les aurait exemptées ou empêchées. Ce
sont des choses qui arrivent, qu'on n'avait pas prévues. Ce sont des cas
particuliers, spécifiques, des accidents ou des incidents.
Pour ces mesures, parce qu'elles ne seront pas sur la liste, on se dit
qu'on ne pourra pas intervenir, alors que vous pourriez, en tout temps, comme
gouvernement, dire: II y une nouvelle qui nous arrive, une catastrophe peut
arriver maintenant, on peut, en vertu de l'article 8. 3°, de la loi 108,
intervenir pour réparer immédiatement ou atténuer les
dommages. On ne retrouve pas ça ailleurs pour des espèces parce
qu'elles ne sont pas sur la liste. Je dois vous dire, je le crois
sincèrement, que vous êtes en train de vous priver d'un moyen qui,
malheureusement, risque d'être nécessaire, à certains
moments. Je ne le souhaite pas, mais ça risque de l'être. Si
ça ne l'est pas, tant mieux, mais si ça l'est, pourquoi se
refuse-t-on ce pouvoir?
M. Blackburn: Mme la Présidente, je dois vous rappeler, M.
le député, que cette liste est d'abord une liste éducative
qui doit servir, au départ, à éduquer les gens sur des
espèces menacées ou vulnérables qui risquent d'être
affectées éventuellement. Il est sûr que le présent
projet de loi ne vise pas non plus à protéger les espèces
susceptibles... Seules les espèces véritablement menacées
ou vulnérables doivent être visées.
Si une espèce susceptible subit des dom-
mages importants, elle changera alors de statut pour devenir une
espèce vulnérable, une espèce menacée. Dans le
présent projet de loi, rien ne nous empêche d'intervenir en vertu
des articles 6, 7 et 8. Ils nous permettent actuellement de poser des gestes,
comme gouvernement. Bien sûr, quand vous parlez de catastrophes,
l'article 10 nous permet aussi d'intervenir dans ces situations, de
façon responsable. On ne veut pas ajouter de listes normatives à
ce projet de loi pour faire en sorte qu'il soit trop difficile à
appliquer. Il faut donc s'en tenir aux articles proposés.
L'Opposition répète souvent qu'il n'y a pas
d'harmonisation, que la loi sur les espèces menacées et les
habitats fauniques est inapplicable. On a une loi très claire,
très transparente, qu'on pense facilement applicable, facile à
suivre. On veut que cette loi soit aussi dans le sens de ces
préoccupations, dans le sens du dépôt de cette loi. On
prétend que les listes des espèces désignées
menacées ne peuvent pas être introduites au stade actuel.
Lorsqu'elles deviendront véritablement menacées, II y aura tout
simplement une désignation qui pourra être faite par
règlement.
M. Paré: Vous ne m'avez pas convaincu, c'est
évident. Surtout pas en utilisant l'article 10 qui vous permet
d'intervenir. On dit, dans l'article 8, de prendre toutes les mesures
nécessaires afin de réparer ou atténuer un dommage subi
par une espèce floristique menacée ou vulnérable
désignée. Nous, on dit: "susceptible de l'être" Donc, de
prendre toutes les mesures nécessaires pour réparer et
atténuer. Quand on veut réparer, et surtout atténuer,
c'est quelque chose de ponctuel, qui arrive à un certain moment
donné. On voudrait intervenir tout de suite. J'aimerais qu'on puisse se
donner ce pouvoir. À l'article 10 - vous y avez
référé - il est dit: "Sur recommandation conjointe du
ministre de l'Environnement et du ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, après consultation des autres ministres mentionnés
au troisième alinéa de l'article 6, le gouvernement peut, par
règlement: " Imaginez-vous la démarche! Dans une espèce
menacée, vulnérable et sur le point de disparaître. Si on
commence, il faut commencer par consulter le ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche. Après consultation - parce que c'est
conjoint avec lui - avec les autres ministères. Cela, c'est une autre
affaire et, là, c'est par règlement. J'espère qu'on va les
suivre, même si, de moins en moins, on publie et prépublie les
règlements, on est en train d'enlever ça aussi dans d'autres
projets de loi qu'on est en train de voter à l'Assemblée. On a
mis 60 jours, parce qu'on nous a dit, hier, que c'était normal, alors
que la normalité, c'est plutôt 45 jours. Mais il y a
prépublication des règlements - imaginez-vous - pour
désigner des espèces menacées ou vulnérables, toute
espèce qui le nécessite. Donc, l'article 10 dit: conjoin- tement,
après consultation par règlement, pour désigner...
Il y a une espèce qui est en train de mourir - peu importe
laquelle - et, là, on va utiliser l'article 10 comme mesure d'urgence.
Imaginez-vous! On va appeler le ministre et on va dire: Appelle donc les
autres. Ensuite de ça, II faut se mettre d'accord après
consultation et, là, on dit: Faisons un règlement;
prépublions le règlement et, ensuite, ça va nous permettre
de désigner cette espèce comme étant menacée.
Imaginez-vous!
Déterminer les caractéristiques ou les conditions servant
à identifier les habitats à l'égard... Je ne vois pas
comment l'article 10 nous donne - contrairement à ce que vous avez dit -
le pouvoir d'une intervention efficace et rapide pour une espèce qui
pourrait être appelée à disparaître juste parce
qu'elle n'est pas désignée. Cela pourrait être une
espèce qu'on a même Identifiée, il ne faut pas l'oublier.
On l'a identifiée, mais on ne l'a pas désignée, parce
qu'il n'y a pas eu consensus. Sur la liste, on dit bien qu'on va retenir
seulement les espèces qui vont faire consensus entre les deux
ministères. En tout cas, deux ministères ou les deux
ministères ou plus.
Donc, elles peuvent être identifiées, mais on n'est pas
convaincus qu'elle est menacée jusqu'à ce qu'on
s'aperçoive qu'elle l'est. À ce moment-là, on entreprendra
toute une procédure, à l'article 10, qui fera en sorte que
ça va prendre des délais et on fera une croix sur une autre
espèce. Je ne comprends pas que vous ayez peur de conserver cette
responsabilité. Je n'ai pas l'impression que c'est un cadeau que je vous
fais, j'ai l'impression que c'est un pouvoir normal et c'est pour ça que
j'insiste pour qu'on le garde.
La Présidents (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Blackburn: Je répète à M. le
député de Shefford que l'objectif... Vous nous
répétez souvent: Légiférez moins et mieux. On veut
arriver à avoir des lois qui répondent aux objectifs pour
lesquels elles sont votées, pour lesquels elles sont proposées.
Je vous répète que les espèces menacées ou qui ont
un risque vulnérable n'apparaissent pas subitement. Cela prend tout de
même une certaine période de temps. Donc, en vertu de l'article
10, quand la ministre ou les ministres auront une information, II sera
très facile pour eux de se concerter et d'établir la
priorité de poser des gestes qui doivent être posés pour
faire en sorte de protéger l'espèce en question.
Si le ministre juge qu'en cas d'urgence, il y aura possibilité de
le faire rapidement, parce que tel règlement n'a pu être
publié, il pourrait faire adopter un décret en peu de temps. Je
pense bien que ça répond à vos préoccupations. Nous
sommes conscients que les espèces vul-
nérables ou menacées désignées pourront
être parfaitement protégées avec la promptitude des
ministres, compte tenu du bon dialogue et de la bonne harmonisation des actions
et de l'intérêt de faire en sorte que ce projet de loi... Je
rappelle à l'Opposition que c'est quand même un projet de loi
très important pour les espèces en question, tant du point de vue
faunique que floral et qu'on se doit d'agir. Au stade actuel, je pense bien que
le gouvernement assume pleinement sa responsabilité.
Je vous répète aussi que ce sont deux projets de loi,
quand on parle des espèces menacées et des habitats fauniques
qui... Bien sûr, il y a aussi le projet de loi sur les espèces
menacées ou susceptibles de l'être et sur la faune qui sont tout
de même en démarche depuis 1981-1982. Le présent
gouvernement s'en occupe pour essayer de faire diligemment le travail qu'il
pense avoir comme responsabilité et qu'il assume pleinement.
Pourquoi votre gouvernement ne les a-t-il pas adoptés de 1981
à 1985? M. le député, on est présentement au stade
où le gouvernement pose véritablement des gestes positifs. Je
pense qu'on va parfaitement dans le sens de l'Intérêt et de la
protection de la flore, surtout avec les moyens que nous avons, à
l'Intérieur des articles 6, 7 8 et 10 où le gouvernement ou le ou
les ministres pourront agir en conséquence afin de protéger
véritablement ces espèces qui seront, à ce
moment-là, désignées comme menacées.
M. Paré: Je ne reviendrai pas sur tout le discours de
comparaison entre un gouvernement et l'autre parce que je vais vous dire que
j'ai l'impression que, haut la main...
M. Blackburn: Vous aimez le faire souvent, alors c'est pour cela
que...
M. Paré: Oui.
M. Blackburn:... je pense qu'il est important de rappeler les
faits historiques.
M. Paré: Oui, et je suis convaincu, haut la main, qu'il
n'y a pas d'inquiétude. Ce que je suis en train de vous dire c'est qu'en
1985, II y avait déjà des documents qui vous auraient permis de
légiférer beaucoup plus rapidement. Cela est déposé
depuis tellement longtemps et on se retrouve en fin de session avec un projet
de loi et, la première chose qu'on fait, c'est de déposer
déjà des amendements.
Ce que je suis en train de vous dire sur l'article 8
spécifiquement: Oui, légiférez mieux et moins. Cela veut
dire, à mon avis, que quand on s'aperçoit que des choses ne sont
pas correctes, ce serait le temps de les corriger plutôt que de se
retrouver avec des articles, comme je vous l'ai spécifié
tantôt, dont on a discuté, qui sont déjà des
amendements au projet de loi adopté en juin 1988, donc, il y a une
année, et qui n'est toujours pas en application. On peut adopter les
lois à la vitesse qu'on veut; on peut même se vanter, se
péter les bretelles et dire qu'on a voté des projets de loi, sauf
qu'il faudrait les mettre en application et se donner les moyens de le faire.
La-dessus, je ne veux pas aller sur le poids relatif en nombre de lois qui va
venir justifier qu'on en a fait plus ou moins. Ce que je vous dis, et j'y crois
vraiment, c'est: légiférez mieux dans ce cas-ci. Cela ne
coûte rien au gouvernement ce que je suis en train de donner là;
cela n'enlève rien, au contraire, cela donne un pouvoir qui pourrait
être très utile, à mon avis, en cas d'urgence. Ce projet de
loi est justement présenté dans le but de sauver des
espèces menacées.
Je me dis: S'il y a urgence dans certains cas, je ne retrouve pas
ailleurs, et surtout pas dans l'article 10, une façon qui nous permette
d'intervenir rapidement. SI la volonté est là de vraiment sauver
ces espèces, en quoi l'amendement qu'on propose enlève-t-ll
quelque chose à quelqu'un, plutôt que de considérer que
cela donne quelque chose au gouvernement en faveur de l'esprit même de la
loi qui veut qu'on ait les moyens d'intervenir quand c'est le temps et non pas
d'entreprendre tout le reste?
Vous avez parlé de la possibilité d'Intervenir par
décret. Je comprends cela, mais je ne suis pas sûr que ce soit la
meilleure façon. Je suis même sûr du contraire, ce n'est pas
la meilleure façon. La meilleure façon, c'est toujours
d'être capable de retrouver quelque chose à l'intérieur
d'une loi sectorielle et spécifique comme celle-là, d'être
capable d'y référer. La ministre pourrait dire, à un
moment donné, parce qu'il nous arrive dans n'importe quel coin du
Québec... Vous avez vu au sujet du patrimoine, par exemple, dans la nuit
de samedi à dimanche, défaire un couvent, parce qu'il
était pour être classé ou parce qu'il l'était et
qu'on voulait bâtir autre chose. Imaginez-vous pour les espèces,
c'est la même chose qui peut arriver à un moment donné. On
prend seulement l'exemple d'hier. La ministre dit qu'il y a, dans les
tourbières en Est rie... C'est unique et il y en a une douzaine. Il
faudrait se garder les moyens d'intervenir.
Si l'article 8 était modifié dans le sens qu'on veut,
c'est à votre avantage ce que je suis en train de dire là, pour
être capable d'être plus efficace par la loi qu'on est en train de
voter. Si l'article 8 était tel que le propose le 3° que nous
modifions, la ministre pourrait dire tout de suite, sans être
obligée d'aller au Conseil des ministres, sans être obligée
de faire adopter un décret: En vertu de l'article 8. 3° de la loi
108, j'Interviens et je prends immédiatement les mesures
nécessaires pour réparer ou atténuer un dommage. Je ne
comprends pas que vous refusiez cela.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Chauveau.
M. Poulin: Oui, merci, Mme la Présidente. Je pense que le
débat est intéressant. Mais seulement à titre
d'information, je voudrais savoir à quel moment, au cours des
dernières années ou peut-être plus loin, le gouvernement
a-t-il eu à intervenir dans un tel cas où une espèce
était menacée? Le débat porte sur le point que vous, comme
ministre, avez le droit d'Intervenir. Je voudrais savoir à quel moment
un des derniers gouvernements est Intervenu sur les espèces
menacées et les habitats fauniques.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Chauveau peut-il
répondre à cette question?
M. Blackburn: Je vais laisser M. Gaudreau donner une
réponse.
La Présidente (Mme Bélanger): M. Gaudreau
c'est-à-dire, je m'excuse. C'est dommage pour le député de
Chauveau. (12 h 45)
M. Gaudreau (Léopold): Je pense que, pour répondre
à votre question, il faut que je revienne sur la question
d'espèces susceptibles. Actuellement, II y a des études au
Québec qui démontrent que nous avons 400 plantes rares. Lorsqu'on
dit qu'on a 400 plantes rares, cela signifie que nous avons des espèces
qui se retrouvent en petite quantité. Cela ne veut pas dire que ces
espèces sont menacées partout. Elles peuvent être en
petites quantités, mais il peut, dans cet habitat, n'y avoir aucune
activité, par exemple pour des plantes qui existent sur des falaises au
lac Mlstassini qui mette en cause ces espèces. Voici une espèce
qui est susceptible d'être menacée ou vulnérable, parce
qu'elle est en quantité restreinte. S'il y avait effectivement une
modification importante de l'habitat, une exploitation d'une carrière de
calcaire, là, elle deviendrait menacée.
Donc, on dit qu'il y a à travers le Québec des
espèces qui, à cause de leur rareté, sont susceptibles
d'être menacées ou vulnérables, et nous allons
immédiatement Identifier ces espèces, les localiser et voir venir
les coups. Si, par exemple, on est conscients qu'au lac Mlstassini il s'en
vient des projets, on pourra donc, par des mesures administratives
prévues à l'article 7, même aux premier et deuxième
paragraphes de l'article 8, prendre des dispositions sans en arriver à
une mesure judiciaire en vertu de la loi sur les espèces
menacées. Donc, on va assouplir la procédure et éviter une
réglementation.
Deuxièmement, parmi ces espèces de plantes susceptibles
dont je vous parlais, il y a, dans la région de Huntingdon, certaines
plantes rares qui occupent des tourbières et, il y a deux ans, nous
avions reconnu ces plantes comme étant susceptibles d'être
menacées. Nous sommes Intervenus auprès du ministère des
Transports qui projetait l'élargissement de la route 202, afin de
convenir de mesures de protection qui ont fait en sorte que la route a
été déplacée et que certaines espèces ont
été relocalisées dans d'autres milieux identiques, parce
que nous avions convenu que ces espèces étaient susceptibles
à cause de leur rareté. Alors, c'est l'exemple le plus
récent sur lequel on a eu à Intervenir sans texte juridique, mais
uniquement... Nous avons eu un problème, parce que le ministère
des Transports a demandé au ministère de l'Environnement: Ces
espèces que vous dites susceptibles, en vertu de quoi dites-vous
qu'elles sont susceptibles? Est-ce que c'est en vertu d'une étude faite
par un scientifique ou si c'est en vertu d'une décision prise par des
ministres et publiée dans la Gazette officielle du Québec?
Nous n'avions pas... Une chance qu'on a réussi à
convaincre... Là, maintenant, on va pouvoir dire: C'est la liste
publiée à telle date dans la Gazette officielle du
Québec, et la voici.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Chauveau.
M. Poulin: Je peux vous dire aujourd'hui, en connaissance de
cause, que vous avez réussi à convaincre le ministre des
Transports, entre autres pour le boulevard Talbot, dans mon comté, qui
passait en premier lieu dans un habitat faunique. Est-ce que c'est le
même principe pour l'espèce animale?
M. Gaudreau: Oui, c'est le même principe, c'est exactement
la même chose, et c'est pour ça que nous allons préparer la
liste ensemble afin de pouvoir utiliser la même démarche de
protection.
M. Poulin: Mais, présentement, il n'y a aucune liste
officielle de faite?
M. Gaudreau: Aucune, et le problème traîne,
effectivement. Selon les chercheurs, nous avons plusieurs listes. Nous voulons
faire le ménage là-dedans et Indiquer qu'il n'y a maintenant
qu'une liste officielle, celle qui est publiée dans la Gazette
officielle du Québec qui va maintenant servir dans l'application
d'autres lois aussi. Dans l'application de la Loi sur la qualité de
l'environnement, en vertu des études d'impact, lorsque nous allons
demander à un promoteur de tenir compte des espèces susceptibles,
ce sera la liste officielle et non pas une liste qui serait publiée par
quelqu'un qui aurait décidé de considérer que telle
espèce est susceptible.
M. Poulin: Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Blackburn: Alors, tout à l'heure, le
député de Shefford a exprimé une Inquiétude. Il
demandait quels moyens on pourrait avoir si une espèce était
unique. SI une espèce est effectivement unique, elle sera
automatiquement protégée,
elle sera automatiquement dans la liste de la flore
désignée qui devra être protégée. Mais Je
répète quand même au député de Shefford
qu'accorder une protection quelconque à une espèce
désignée susceptible est peu souhaitable, car le projet de loi
vise plutôt à concentrer les efforts et les ressources sur les
espèces les plus mal en point, et, en cas d'urgence, on pourra toujours,
bien sûr, agir rapidement pour les espèces susceptibles.
On est d'accord avec la nécessité d'avoir les moyens
d'agir et on considère que le gouvernement s'est doté de ces
outils avec la formulation actuelle de la loi. Mme la Présidente, si on
pouvait passer au vote sur ce...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors...
M. Paré: J'aurais un dernier commentaire là-dessus.
En tout cas, moi, je ne suis pas sûr qu'on se donne effectivement les
outils dans ce projet de loi, juste de la façon dont nous avons
décrit hier - nous, les fonctionnaires - le genre d'Inspecteurs qu'il y
aura. Vous ne m'avez pas convaincu. Pour reprendre des paroles que j'ai
ressorties du texte de la ministre en deuxième lecture, pour vous dire
à quel point II ne faut pas jouer avec ce qu'on est en train de
discuter, je vais vous lire juste deux petits paragraphes du discours de la
ministre. Elle dit: "La pollution conjugée à la destruction de
certains habitats pourrait faire en sorte que d'Ici la fin du siècle, la
cadence de disparition des espèces atteigne des taux catastrophiques
d'heure en heure, et, aujourd'hui, des estimations prudentes sont à
l'effet que plus de 500 espèces sont considérées comme
vulnérables". On parle quand même de quantité Importante.
Donc, je pense qu'il ne faut pas négliger les listes. SI on ne peut pas
toutes les mettre, parce que vous dites qu'il y a plusieurs listes... Il
faudrait s'entendre là-dessus. Il y a plusieurs listes, et avant qu'on
s'entende, il risque d'y avoir des espèces qu'on va négliger
parce qu'on ne s'entendra pas. Parce qu'on ne s'est pas entendus sur la liste,
l'espèce peut être menacée et on ne la retiendra pas.
Donc je n'irai pas plus loin là-dessus. J'ai essayé, en
espérant qu'à un moment donné on ne se retrouve pas dans
une situation qui fera que, parce que aujourd'hui, on n'y a pas pensé ou
on a refusé cet amendement - qui n'enlève rien à personne,
je vous le dis, tout ce que ça fait, c'est donner quelque chose au
ministère - on dise: Malheureusement, on aurait dû quand
c'était le temps. Le mieux qui pourrait nous arriver, c'est qu'on se
retrouve, à l'automne, au printemps ou à un autre moment,
à modifier dans le même sens. Au moins, ce sera ça de
réglé. Mais, que cela se fasse comme ça, plutôt que
de se faire parce qu'on va se rendre compte qu'on ne s'est pas donné les
moyens, c'est la crainte que j'ai.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement à l'article 8 est adopté?
M. Paré: Oui, je vais quand même voter pour,
étant donné que même si on ne retient pas ça,
ça vient corriger quelque chose qui était tout à fait
inacceptable dans le projet de loi tel que présenté.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors l'article 8 tel
qu'amendé est adopté.
M. Paré: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
17. M. le ministre.
M. Blackburn: Alors, je fais distribuer, Mme la
Présidente, les copies de la modification de l'article.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, II y a un
amendement apporté à l'article 17, qui dit: "Supprimer, dans la
deuxième ligne du premier alinéa de l'article 17, les mots
"Signalé de la manière prévue par règlement". M. le
ministre.
M. Blackburn: La suppression des mots "signalé de la
manière prévue par règlement" est nécessaire,
puisque cette disposition prohibitive risque de ne pas être applicable
dans les cas où le gouvernement ne peut prévoir la manière
dont doit être signalé un habitat d'une espèce floristique
menacée ou vulnérable. Ainsi en est-il dans le cas où le
gouvernement ne fait que déterminer les caractéristiques ou les
conditions servant à identifier un habitat floristique. Cela pourrait
être le cas s'il est impossible dans l'immédiat d'identifier cet
habitat à l'aide d'un plan.
Toutefois, à la suite des amendements proposés au
paragraphe 4 de l'article 38 du présent projet de loi, le gouvernement
pourra, par règlement, prévoir les cas et les manières
dont doit être signalé un habitat d'une espèce floristique
menacée ou vulnérable. Or, dans ces cas, le nouvel article 40. 1
prévoit qu'une personne ne pourra être déclarée
coupable d'une Infraction commise à l'égard de cet habitat
à moins que cet habitat n'ait été préalablement
signalé de la manière prévue par règlement.
Est-ce que vous seriez d'accord, M. le député, Mme la
Présidente, pour qu'on étudie en même temps l'article 17,
étant donné qu'il y a beaucoup de concordance entre l'article 40.
1 et l'article 38, où il y a des amendements qui seront
apportés... Cela pourrait se faire, je pense bien... On a deux
amendements à apporter.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, de
quel article parlez-vous?
M. Blackburn: De l'article 40. 1, et de l'article 38.
La Présidente (Mme Bélanger): Mais l'article
41 a été adopté.
M. Blackburn: L'article 40. 1.
La Présidente (Mme Bélanger): Ah, l'article 40. 1.
D'accord. Est-ce que vous êtes d'accord qu'on fasse l'étude...
Mais je pense qu'il faut d'abord adopter l'amendement.
M. Blackburn: À titre d'information...
M. Paré: II faudrait avoir les amendements pour savoir
exactement de quoi on parle.
La Présidente (Mme Bélanger): D'abord, il y a
l'amendement à l'article 17 qui dit: Supprimer dans la deuxième
ligne du premier alinéa de l'article 17, les mots: "Signalé de la
manière prévue par règlement". Vous pouvez disposer de cet
amendement.
M. Paré: Pour l'amendement ça va, c'est
adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement est
adopté. Ensuite, de concordance avec l'article 17, il y a un amendement
apporté à l'article 38.
M. Blackburn: Mme la Présidente, les commentaires que je
fais sur l'article 38...
La Présidente (Mme Bélanger): SI vous permettez, M.
le ministre, que je lise l'amendement.
M. Blackburn: Ah, je m'excuse, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Remplacer au premier
alinéa de l'article 38, 1° le paragraphe 2° par le suivant:
"2° déterminer les activités susceptibles de modifier les
processus écologiques, la diversité biologique et les composantes
chimiques ou physiques d'un habitat d'une espèce florlstique
menacée ou vulnérable qui ne demandent aucune autorisation. "
Deuxièmement, les paragraphes 4° et 5° par les suivants:
"4° prévoir les cas et les manières dont doit être
signalé un habitat d'une espèce floristique menacée ou
vulnérable; " "5° exiger d'une personne, comme conditions
préalables à la délivrance d'une autorisation et dans les
cas qu'il détermine, qu'elle fournisse une garantie pour permettre au
ministre de l'Environnement de prendre ou de faire prendre les mesures requises
en application du 2° alinéa de l'article 8 ou de l'article 23, et
fixer la nature et le montant de la garantie selon la catégorie de
personne ou d'habitat ou selon le type d'activité; " M. le ministre.
M. Blackburn: Le paragraphe 2 de l'article 38 habilite le
gouvernement à déterminer par règlement les
activités qui seront exclues de l'application de l'article 17. Il s'agit
bien d'activités modifiant un habitat d'une espèce floristique
menacée ou vulnérable.
Deuxièmement, il est impossible de prévoir dans tous les
cas la manière dont doit être signalé un habitat d'une
espèce floristique menacée ou vulnérable. Il y a donc
lieu, au paragraphe 4 de l'article 38, de permettre au gouvernement de
prévoir les cas où il y aura lieu à la signalisation.
Troisièmement, modification de concordance à la suite de
l'amendement apporté à l'article 8 du présent projet de
loi, II y a lieu de remplacer la référence du paragraphe 3 de
l'article 8 par celle au 2° alinéa de cet article.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Oui, un instant.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford, est-ce que je pourrais vous parler une
seconde, s'il vous plaît.
Étant donné l'heure, est-ce qu'on a consentement des
membres de la commission pour prolonger un peu afin de finir l'adoption du
projet de loi, vu qu'il ne reste qu'une couple d'articles, pour ne pas obliger
le ministre à revenir à 15 heures.
M. Paré: Je ne peux pas.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous ne pouvez
pas.
M. Paré: J'ai quelque chose à 13 heures.
La Présidente (Mme Bélanger): La commission suspend
donc ses travaux jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise 15 h 7)
Le Président (M. Parent, Bertrand): La commission de
l'aménagement et des équipements reprend ses travaux. Le mandat
de la commission qui a débuté ce matin a pour objet
d'étudier le projet de loi 108, Loi sur les espèces
menacées ou vulnérables et modifiant la Loi sur la conservation
et la mise en valeur de la faune. Nous en étions à un amendement
à l'article 38 et qui a une concordance avec l'article 17 que nous
aurons à approuver par la suite. À l'article 38, l'amendement a
été déposé. M. le ministre, avez-vous des ajouts
à faire ou des commentaires?
M. Blackburn: Nous attendions, M. le
Président, la position du député de Shefford pour
ce qui est de l'amendement à l'article 38.
La Président (M. Parent, Bertrand): M. le
député de Shefford, votre position est attendue.
M. Paré: C'est intéressant. Allons-y par paragraphe
sur l'amendement, étant donné qu'on en touche trois. Sur le
premier, la seule modification qu'on apporte est d'ajouter après les
espèces floristiques menacées ou vulnérables... Dans ce
cas, je ne vois pas de problème pour le premier paragraphe.
Le deuxième, les paragraphes 4 et 5, par les suivants, donc
4° prévoit les cas et la manière. Ce qu'on ajoute c'est "la
manière dont doit être signalé un habitat d'une
espèce floristique menacée ou vulnérable; ". Que
voulez-vous dire exactement par "la manière"?
M. Blackburn: Ce qu'on ajoute, M. le député, ce
n'est pas la manière mais "les cas".
M. Paré: Expliquez-moi pourquoi vous jugez
Intéressant et utile d'ajouter ce...
M. Blackburn: M. le député et M. le
Président, comme on a fait disparaître les cas à l'article
17, II fallait les retrouver ailleurs. C'est la raison pour laquelle on les
retrouve à l'article 38.
M. le Président, je demanderais à M. Gaudreau, qui est le
spécialiste en la matière, de pouvoir expliquer la raison de
cette nomination ou de cette modification au règlement.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Oui. M. Gaudreau.
M. Gaudreau: À l'article 17, tel qu'il apparaît dans
le projet de loi déposé le 22 décembre, la façon
dont nous avions prévu "signalé de la manière
prévue par règlement" signifie que cet article ne s'appliquerait
qu'aux cas déterminés dans un plan. Or, on a vu, à
l'article 10, que nous pouvions désigner des habitats autant par des
caractéristiques que par des plans. Pour nous permettre, à
l'article 17, de couvrir tous les cas, c'est-à-dire de nous assurer que
les mesures de protection pourront s'appliquer tant aux plans, aux habitats
désignés par des plans qu'aux habitats déterminés
par des caractéristiques, II a fallu enlever, à l'article 17,
"signalé". Cependant, nous voulions retrouver ailleurs, et ceci dans un
pouvoir réglementaire, la possibilité d'indiquer les cas
où nous allions signaler sur le terrain ces habitats. Ces cas peuvent
être effectivement les espèces déterminées dans un
plan. Ils pourraient aussi être d'autres cas, par exemple, des
espèces qu'on pourrait retrouver dans des refuges fauniques, dans des
réserves écologiques, dans des parcs. Cela nous permet de nous
assurer que l'article 17 s'applique a tous les habitats et, par la suite,
d'indiquer les endroits, les cas où nous utiliserons la
signalisation.
M. Paré: D'accord.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le
député de Shefford, est-ce que cela répond à vos
questions?
M. Paré: Oui. Cela va pour le deuxième paragraphe.
Le troisième n'est qu'une concordance avec une modification qu'on a
votée ce matin. Pour l'amendement, cela va.
Le Président (M. Parent, Bertrand): L'amendement de
l'article 38 est donc adopté. L'article 38, tel qu'amendé, est
adopté.
M. Paré: Juste...
Le Président (M. Parent, Bertrand): Oui, M. le
député de Shefford.
M. Paré:... une question sur l'article 38. Au
quatrième paragraphe, on dit: "4° prévoir la manière
dont doit être signalé un habitat d'une espèce floristique
menacée ou vulnérable; ". Cela veut dire que, si on doit le
signaler, il doit y avoir une signalisation. Dans votre esprit, qui verra
à son Installation et à son entretien? N'oublions pas que,
lorsqu'on parle de signalisation, on parle de signalisation même sur des
terrains privés. SI on décide de certaines activités ou
certaines restrictions, ce sera à partir d'un territoire, d'un habitat.
Donc, l'habitat peut se trouver sur un territoire privé. Il devrait y
avoir une signalisation et on va voir, à l'article 40. 1, dans la
modification que vous apportez, qu'il en est toujours question. Il faut que les
gens soient avisés. Comment prévoyez-vous cela, quel genre de
signalisation prévoyez-vous, qui s'occupera de son Installation et de
son entretien?
M. Blackburn: Sûrement, M. le député et M. le
Président, que le ministère de l'Environnement assumera cette
responsabilité. Il aura à passer une entente avec le
propriétaire du terrain.
M. Paré: Quand vous dites que ce sera le ministère
de l'Environnement, dans votre esprit, est-ce une charge directement sous la
responsabilité du ministère, ou si cette charge pourrait
être déléguée à ces fameux Inspecteurs, soit
du ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation ou
de tout groupe ou Individu qu'on déciderait de nommer comme
inspecteur?
M. Blackburn: M. le Président, M. le député.
Il s'agira tout simplement de se servir, probablement, de l'article 7 et, bien
sûr, du quatrième alinéa qui dit: "4" conclure une entente
avec toute personne en vue de la réalisation des
objectifs de la présente loi;".
On pourrait donc passer directement une entente, au niveau du
ministère, avec le propriétaire. Il pourrait aussi y avoir des
délégations de cette responsabilité. Le maître
d'oeuvre de l'application de l'article et du respect de la loi demeure le
ministère de l'Environnement.
M. Paré: Je comprends qu'il faille référer
à un article ou à un autre. Qu'on puisse conclure une entente,
j'en suis. Il va falloir la faire, de toute façon, parce c'est un
terrain privé, même si on voulait mettre des restrictions. Sauf
que c'est très large, en même temps, vous allez en convenir. Ce
que vous me dites, c'est qu'on peut conclure une entente directement, donc cela
veut dire les fonctionnaires du ministère de l'Environnement, mais cela
pourrait être aussi en fonction de ce que vous avez dit dans la
réponse précédente. Cela pourrait même être
une entente indirecte par un inspecteur du ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche. Cela peut aller jusque-là.
M. Blackburn: Cela se pourrait, et ce qui est important,
l'objectif, c'est de trouver le moyen de préserver cet habitat. Alors,
bien sûr, le grand responsable demeure le ministère de
l'Environnement et c'est à lui de trouver le moyen, qu'il soit direct ou
Indirect, pour que cet habitat soit protégé le plus rapidement
possible et que cette entente, qui devra être passée avec les
propriétaires ou le propriétaire du terrain, soit faite dans le
plus bref délai.
M. Paré: Dans votre esprit, comment imaginez-vous la
signalisation. N'oubliez pas ce dont on a discuté, hier soir, je pense,
qu'il n'est pas question d'enregistrement obligatoire. Donc, cela veut dire
qu'il faut que ce soit visible d'une certaine façon, spécialement
s'il pouvait y avoir vente, donc achat par un nouveau propriétaire afin
qu'il ne soit pas pris avec des problèmes de non-avis. SI ce n'est pas
enregistré, il faut que ce soit visible d'une certaine façon.
Sans vouloir insinuer que des gens peuvent être malhonnêtes, il y a
des gens qui peuvent prendre d'une façon moins sérieuse cet avis
et cette restriction sur une terre. La signalisation, dans votre esprit, ce
sera quoi? Ce sont des panneaux, de petits poteaux peints d'une certaine
couleur tout autour du terrain, comment la voyez-vous, la signalisation?
M. Blackburn: Ce sera d'abord très clair et très
simple. Je pense que la formule idéale sera sûrement des panneaux
qui devront être les premiers moyens utilisés pour que les gens
puissent, de façon rapide, simple et claire Identifier un site qui se
doit d'être protégé. Il y aura toutes sortes d'autres
moyens qui pourront, par la suite, être utilisés pour cette
signalisation, comme cela existe d'ailleurs dans d'autres endroits, comme aux
États-unis actuellement.
C'est vu de façon régulière, c'est appliqué
et cela donne d'excellents résultats. Ce que nous voulons, à
travers cette loi, c'est faire en sorte que ces habitats soient
protégés. Ce que nous voulons surtout éviter, c'est de
compliquer la vie à tout le monde; c'est d'arriver à avoir des
résultats rapides, efficaces, qui soient compris à travers des
moyens d'éducation, des moyens d'information, pour que ces habitats
menacés et vulnérables des espèces fauniques et
floristiques, soient protégés.
M. Paré: Cela va pour l'article 38.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Cela répond
à vos questions. Alors, l'article 38, tel qu'amendé, est donc
adopté. On va appeler l'article ou la modification 40.1 qui a un lien
aussi avec l'article 17 et on reviendra à l'article 17 pour son
adoption. L'amendement 40.1 est un nouvel article, je pense, qui a
été amené ce matin par M. le ministre et qui
s'insère après l'article 40. Il se lit comme suit: "Dans le cas
où le gouvernement prévoit, par règlement, qu'un habitat
d'une espèce floristique menacée ou vulnérable doit
être signalé, une personne ne peut être
déclarée coupable d'une infraction à l'article 17 ou
à une norme ou condition d'intervention déterminée par
règlement commise dans cet habitat, à moins que cet habitat ait
été préalablement signalé dans la manière
prévue par règlement."
C'est l'ajout qui a été fait à l'article 40 et qui
fait référence aussi à l'article 17. M. le
député de Shefford, est-ce que vous avez des...
M. Blackburn: J'aimerais peut-être ajouter, M. le
Président...
Le Président (M. Parent, Bertrand): Oui, M. le
ministre.
M. Blackburn: ...comme commentaire, que cette disposition
crée une immunité contre toute infraction commise à
l'égard d'un habitat d'une espèce floristique menacée ou
vulnérable, qui aurait dû être signalé et qui ne l'a
pas été de la manière prévue par règlement.
Donc, c'est pour plus de sécurité.
M. Paré: Donc, cela veut dire qu'une personne pourrait
être avisée mais pour être contrainte, dans le signalement,
c'est à la condition que ce soit de la manière prévue par
règlement. Je ne sais pas si on dit que pour identifier, j'essaie de
prendre un cas précis, pour s'assurer que la personne est bien
avisée, si on dit que, par règlement, II faut qu'il y ait un
panneau sur son terrain. Si le panneau n'est pas là, ça veut dire
que même si la personne sait que c'est une espèce
protégée, mais que le panneau n'est pas encore posé, elle
n'y est pas contrainte, étant donné que le règlement dit
que l'identification doit retenir la pose d'un panneau
de signalisation.
M. Blackburn: Ce n'est pas simplement ça, M. le
Président, on veut par la même occasion faire en sorte que ce qui
est demandé par la loi soit effectivement une façon de
protéger le citoyen.
M. Paré: Cela veut dire, d'une autre façon, que
lorsque le panneau est posé, l'individu ne peut plus plaider
l'innocence, en aucune façon.
M. Blackburn: Absolument, étant donné que le
panneau sera clair, qu'il sera placé au bon endroit, il ne pourra
plaider l'innocence. C'est tout simplement dans le cas où on n'aura pas
fait ce qu'il faut pour l'Informer, bien sûr, que l'individu sera
protégé. Si le panneau est placé au bon endroit, la loi
pourra le pénaliser.
M. Paré: Cela va.
Le Président (M. Parent, Bertrand): C'est la ceinture en
plus des bretelles, M. le député de Shefford. L'amendement 40. 1
est donc adopté. Donc, l'article 40 tel que modifié est
adopté. On va appeler maintenant l'article 17. M. le ministre.
M. Blackburn: L'article 17, M. le Président, on l'a
présenté ce matin. Je pense bien que c'est simplement une
adoption de concordance avec ce que l'on vient d'adopter, étant
donné qu'on a expliqué pourquoi les mots "signalé de la
manière prévue par règlement" et cela a été,
je pense, très bien expliqué.
M. Paré: Est-ce que le ministère trouve toujours
indispensable et tout à fait nécessaire de maintenir à
l'article 17 le paragraphe 3° qui dit: Cette interdiction ne s'applique pas
à une activité autorisée par le ministre de
l'Environnement ou le gouvernement. Il est toujours question, on en a
parlé beaucoup, d'harmonisation avec les autres lois ou avec les autres
articles et avec ce qu'on essaie de défendre. On ne retrouvait pas
ça nécessairement. En tout cas, on ne le retrouve pas par rapport
à l'article 16 qui précède celui-ci. Quand on parle d'une
activité comme ça, ça veut dire que le ministère de
l'Environnement va décider de l'activité, le gouvernement ou le
ministre de l'Environnement. Une Inquiétude qui a été
amenée par le monde municipal à savoir si ça ne vient pas
justement chevaucher ou contrecarrer les décisions qui pourraient
être prises dans les schémas d'aménagement en fonction de
ce qu'on veut faire comme activité, permettre ou pas sur le
schéma. Comme le disait mon collègue: C'est beau de vouloir se
mettre des ceintures et des bretelles, mais il ne faudrait pas se mettre des
broquettes aussi. C'est bon pour le bols, mais ce n'est pas bon pour la peau.
Il ne faudrait pas en mettre trop non plus étant donné qu'on a
déjà beaucoup de sécurité, on en a mis, en ce qui
concerne les activités, il y a déjà quatre autres
paragraphes qui traitent d'activités qu'on peut amener de façon
réglementaire. Et là, on s'en va d'une façon plus
discrétionnaire. C'est l'activité autorisée par le
ministre ou le gouvernement. C'est vraiment illimité. Est-ce que vous
croyez que c'est nécessaire d'en mettre à ce point, étant
donné qu'on n'a pas jugé nécessaire, en ce qui concerne
les espèces floristlques, à l'article précédent, de
retenir ou d'inclure l'article 3?
M. Blackburn: M. le Président, je pense que la
réponse est affirmative. On doit garder cet alinéa à cet
endroit étant donné que, d'abord, le débat a
été fait hier, je pense bien. On a expliqué très
clairement au député de Shefford le pourquoi de la
différence entre les espèces floristlques menacées pour ce
qui est de l'habitat et, bien sûr, pour ce qui est de l'espèce. On
ne voudrait pas recommencer aujourd'hui, M. le député, refaire ce
discours qui a été fait très clairement hier. Bien
sûr qu'on va maintenir que cet alinéa dort demeurer à
l'intérieur du présent article.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le
député de Shefford.
M. Paré: C'est sûr que lorsqu'on regarde l'article
16, on parle des espèces floristlques, et à l'article 17, de
l'habitat des espèces floristlques, sauf que ça parie
d'activités, d'exclusion des activités. Donc, on a
déjà quatre paragraphes. On en a quatre dans le
précédent aussi, parce qu'il y en avait trois et, finalement, on
en rajoute un. Je ne vois pas comment ça se fart parce qu'il ne s'agit
pas vraiment de protection d'espèces comme telles. Toute la loi est
là-dessus et on a déjà des ceintures et des bretelles, on
l'a déjà dit. Celui-là représente un pouvoir
très large, très général, qu'on est en train de se
donner. C'est une activité autorisée par le ministère de
l'Environnement ou le gouvernement. On décide, alors que pour toutes les
autres activités on a spécifié: activité exclue par
règlement, activité exercée conformément aux normes
ou conditions déterminées par règlement, il y a
discussion, activité requise pour réparer un dommage causé
par une catastrophe ou pour prévenir un dommage. Il y a d'autres
activités, mais celui-ci est tout à fait large, global et
général.
SI ce n'était pas nécessaire à l'article 16, on a
fart un débat à l'article 16, je me le rappelle, et à
l'article 17, on a suspendu. À l'article 16, ce n'était pas
nécessaire d'ajouter 3° et 4°, le débat c'était
ça. Est-ce que, question d'harmonisation, dans l'un ou l'autre, on
devrait l'ajouter ou non? À ce moment-là, 1 a été
entendu qu'on acceptait d'y ajouter 4°. Ne trouvez-vous qu'il serait dans
la même logique maintenant de retirer 3° de l'article 17?
M. Blackburn: M. le Président, il est bien
important de rappeler que l'article 17 a été parfaitement
harmonisé avec la loi sur la faune, alors qu'on peut difficilement
harmoniser sur la question des espèces. Mais pour ce qui est des
habitats, c'est très clairement défini. Pour ce qui est de
l'inquiétude du député de Shefford, sur la question du
pouvoir qu'on se donne en plus des bretelles, je rappellerais tout simplement
l'article 18 qui dit ceci: "Le ministre de l'Environnement peut autoriser la
réalisation: "1° d'une activité requise pour des fins
éducatives, scientifiques ou de gestion; "2° d'une activité
qui modifie l'habitat d'une espèce floristique menacée ou
vulnérable. "À ces fins, il peut Imposer les conditions qu'il
détermine et, notamment, exiger du demandeur une garantie
conformément à ce qui est déterminé par
règlement. "Avant de délivrer une autorisation, le ministre tient
compte, notamment, des objectifs poursuivis par le demandeur, de la nature de
l'activité projetée et de son Impact sur les espèces
florlstiques menacées ou vulnérables et sur leurs habitats, de la
compétence et de l'expérience du demandeur ainsi que des mesures
de protection, de mltigatlon et de contrôle propres à assurer des
conditions de vie favorables aux espèces florlstiques menacées ou
vulnérables ou à leurs habitats. "
C'est pour vous dire que la limitation des pouvoirs du ministère
de l'Environnement, par cet article, est très bien balisée. Je
pense qu'y n'y a aucune inquiétude à avoir de la part du
député de Shefford pour ce qui est des immenses pouvoirs ou des
pouvoirs abusifs.
M. Paré: La crainte vient plus du monde municipal; je ne
reprendrai pas tout ce débat. Vous savez combien ces gens ont
travaillé fort et tiennent au respect du schéma
d'aménagement. Il ne faudrait pas que, de façon indirecte, des
ministres viennent faire ce qui n'est pas permis de faire de façon
directe. Là-dessus, j'espère qu'on aura passé le message.
Si on peut empêcher que ça se passe, tant mieux.
Je suis d'accord; vous savez qu'à un moment donné, on a
parlé beaucoup de concertation, de collaboration, de consensus, mais
cela a toujours été entre ministres. Je sais que ça ne se
pratique pas sur une aussi grande échelle qu'on le dit, on en a la
preuve. On l'a eue encore avec le ministère des Transports, il n'y a pas
longtemps. On a eu la preuve avec le ministère des Affaires municipales
aussi, et ce, toujours concernant l'environnement.
On ne parle pas beaucoup de consensus au niveau du monde municipal. La
preuve est que le monde municipal se réunira jeudi et vendredi pour
essayer de regarder comment il s'organise en fonction de tout ce qui s'en vient
en matière d'environnement, ses responsabilités, les chartes
qu'on peut lui imposer et ce que ça peut affecter par rapport aux
responsabilités qu'il a prises aux niveaux local et régional. Je
pense qu'il faudra en tenir compte à un moment donné, consulter
ces gens et surtout respecter les choix qu'ils auront faits tout en
protégeant... Sur ça, je suis d'accord, mais en discutant avec
eux, non pas en Imposant. (15 h 30)
M. Blackburn: Je vous rappelle, M. le député de
Shefford, M. le Président, que la concertation dans la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme est obligatoire. Bien sûr, nous
allons harmoniser et consulter pour faire en sorte que les MRC ne se sentent
pas lésées dans ce droit de l'application de leur schéma
d'aménagement. Il est sûrement dans notre intérêt que
les MRC adhèrent à notre système de protection et c'est ce
que nous allons faire comme démarche de concertation et de consultation
pour maintenir un climat positif de relations entre les gouvernements
supérieurs et inférieurs.
M. Paré: C'est probablement ce que l'on va voir dans
l'article suivant. Donc, l'article 17 est adopté.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Alors, l'article 17,
tel que modifié, parce qu'il y a eu modification...
M. Paré: Oui.
Le Président (M. Parent, Bertrand):... est maintenant
adopté. On va appeller l'article 25. 1, un nouvel article qui a
été présenté, je pense, par le député
de Shefford. Alors l'article 25. 1, M. le député de Shefford.
M. Paré: À l'article 25. 1, l'amendement qu'on
apporte, c'est: Ce projet de loi est modifié par l'addition,
après l'article 25, de l'article suivant:
Le ministre peut, par protocole d'entente, aux conditions et pour les
activités ou les habitats - ici, il y a une erreur, c'est marqué
fauniques mais c'est florlstiques - qu'il détermine... Comme l'autre
soir également dans l'autre article, ce serait plutôt: Les
activités et les habitats des espèces, attendez un peu... Ce sont
les espèces et les habitats floristiques qu'il détermine...
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le
député de Shefford, pour la compréhension des membres de
cette commission, à la suite du dépôt de l'article 25. 1,
je pense qu'il avait été convenu, hier soir, que le comité
de législation puisse reformuler, dans le même esprit,
l'amendement qui avait été apporté et on nous fait cette
présentation. Alors, j'aimerais qu'on regarde quelques minutes l'article
25. 1, tel que présenté maintenant par le ministre et
reformulé un peu dans l'esprit du député de Shefford.
M. Blackburn: M. le Président, je serais
prêt à faire les commentaires du comité de
législation sur l'amendement proposé.
Le Président (M. Parent, Bertrand): On pourrait
peut-être juste leur donner une chance de le lire. Alors, allez-y, M. le
ministre, pour les explications à l'article 25. 1.
M. Blackburn: Cette disposition permet au ministre de
l'Environnement de confier à la CUM, à la CUQ, à la CRO ou
à une municipalité - ce qui, suivant la loi sur l'organisation
territoriale municipale, comprend une MRC -l'exercice sur son territoire des
pouvoirs qui lui sont attribués relatifs au droit d'autoriser la
réalisation d'activités qui modifient l'habitat d'une
espèce floristique menacée ou vulnérable ou requise pour
des fins éducatives, scientifiques ou de gestion affectant une
espèce florlstique menacée ou vulnérable ou son habitat.
Le ministre peut également déléguer à un organisme
municipal le pouvoir de prendre toutes les mesures nécessaires afin de
réparer ou atténuer un dommage subi par une espèce
florlstique menacée ou vulnérable ou par son habitat sur son
territoire et réclamer, de l'auteur du dommage, les frais
entraînés par ces mesures. Cette délégation se fait
par protocole d'entente et le ministre peut déterminer les conditions
qui s'y appliquent ainsi que les activités et les habitats qui y sont
visés. À noter que ce protocole d'entente peut également
prévoir les conditions de subdélégation aux
employés de l'organisme municipal des pouvoirs confiés à
cet organisme. Cette disposition prévoit, en outre, la publication d'un
avis à la Gazette officielle du Québec indiquant, d'une
part, qu'un protocole d'entente est intervenu avec un organisme municipal et,
d'autre part, la date d'entrée en vigueur de ce protocole. Une
disposition similaire est prévue à l'article 128. 16 de la Loi
sur la conservation et la mise en valeur de la faune.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Oui, M. le
député de Shefford.
M. Paré: Quand on regarde la modification qui est
apportée par rapport à la modification que nous avions, il y a un
changement qui se situe à la fin du premier paragraphe où on dit:
Les pouvoirs prévus aux articles 18 et 20 à 24, et nous on avait
l'article 45. 1, qui est l'amendement que nous proposons, et là, il est
dit: Des pouvoirs prévus aux articles 18 et 20 à 24 et au
deuxième alinéa de l'article 8.
Je pense qu'avant de traiter celui-là, il faudrait s'entendre sur
l'amendement que nous proposons, l'article 45. 1.
M. Blackburn: M. le Président, les pouvoirs prévus
à l'article 45. 1, on les retrouve déjà à l'article
8, deuxième alinéa et à l'article 23, "confisquer la
garantie". C'est la raison pour laquelle on ne retrouve pas... C'est tout
simple- ment de la redondance, si vous voulez.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Avez-vous l'amendement
45. 1, M. le député de Shefford?
M. Paré: Oui, un Instant. Je veux faire
référence à ce que nous voulions modifier.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Oui. M. le
député de Shefford.
M. Paré: Pour être bien clair et pour ne pas se
mêler, parce qu'on a deux amendements qui touchent des choses assez
fondamentales qui font référence un peu à tous les
articles. Si on réglait notre amendement, à l'article 45, qui
veut l'ajout de l'article 45. 1. On dit qu'on doit ajouter ça. Quand on
veut l'harmonisation ou quand on essaie de faire référence au
projet de loi 15, en fait, ça se réfère à l'article
171. 5 de la loi 15, où vous me dites que je retrouve
l'équivalent dans la loi 108 qu'on ne retrouvait pas dans la loi 15.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Ouf, M. le
ministre.
M. Blackburn: M. le Président, l'article 8,
deuxième alinéa, amendé, fait en sorte que ce que nous
proposons met à notre disposition plus de largesse, si vous le voulez,
et on peut Intervenir avant même qu'une personne soit reconnue
coupable.
Je vous fais lecture du deuxième alinéa: 'Le ministre peut
également, aux fins de la protection et de fa gestion des espèces
floristiques menacées ou vulnérables désignées,
prendre toutes les mesures nécessaires afin de réparer ou
atténuer un dommage subi par une espèce floristique
menacée ou vulnérable désignée ou par son habitat
et, en la manière de toute dette due au gouvernement, réclamer de
l'auteur du dommage les frais entraînés par ces mesures. " C'est
la raison pour laquelle la garantie, bien sûr, est couverte par l'article
23. On se demande pourquoi vous proposez l'article 45. 1, dans le fond, parce
que, au contraire, on est déjà pleinement et parfaitement
couverts par ce qui existe déjà à l'intérieur de la
loi. On parle d'une loi simple, claire, transparente, qui répond
parfaitement aux objectifs de la protection. On ne veut pas la compliquer outre
mesure, puisqu'on est déjà parfaitement couverts.
M. Paré: On ne dit pas la même chose. Cela
n'empêcherait probablement pas, dans votre modification, de maintenir tel
qu'indiqué le deuxième alinéa de l'article 8 pour faire
référence, finalement, à la protection et à la
gestion des espèces menacées et aux mesures à
prendre pour réparer et atténuer. Ce qu'on veut Inclure, c'est
pour faire référence à l'article 171. 5 de la loi 15 qui
ne réfère pas à l'article 8, deuxième
alinéa modifié, mais à l'article 39 de la loi 108,
en ce qui concerne les dispositions pénales. Donc, ce qu'on veut, c'est
s'assurer que l'article 39 de la loi 108 soit inclus à
l'intérieur de la modification que vous proposez. La façon de
l'inclure, c'est d'accepter notre proposition 45. 1, sinon cela voudrait dire
que les dispositions pénales de la section VII en cas d'infraction ne
sont pas couvertes. (15 h 45)
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le ministre.
M. Blackburn: Dans la loi sur la protection de la faune,
l'article 171. 5 auquel vous faites référence permet, bien
sûr, de confisquer la garantie, de remettre l'habitat en état et
d'en réclamer les coûts au contrevenant, mais seulement
après l'intervention du tribunal qui a constaté l'infraction. On
prétend qu'actuellement on ne peut se permettre, et c'est pour ça
qu'on vous dit que ce que nous avons comme article - l'article 8,
deuxième paragraphe - est beaucoup plus intéressant par rapport a
l'objectif qu'on poursuit, étant donné que nous avons les moyens
d'agir rapidement, sans attendre d'avoir de jugement d'un tribunal. Je pense
que c'est fondamental au stade de la discussion actuellement.
M. Paré: Je vais répéter ce que j'ai dit, et
je comprends...
M. Blackburn: Dans le cas des habitats, M. le
député, on protégeait aussi les habitats autres que
menacés.
M. Paré: Oui, mais voici là où je veux en
venir. Vous venez de dire exactement ce que je dis depuis tantôt. Quant
à l'article 45. 1 que nous amenons, vous reconnaissez que ce n'est pas
la même chose que le deuxième alinéa de l'article 8, parce
que, vous l'avez dit vous-même, ça vient plutôt traiter de
l'article 39 actuel dans la section pénale. Donc ce n'est pas au
même moment et ce n'est pas à la même étape d'une
Infraction. On reconnaît ça. Ce que j'ai dit tantôt, et je
le répète, ce qu'on demande, ce n'est pas d'enlever dans votre
modification le deuxième alinéa de l'article 8, dans ce que vous
proposez. C'est de le conserver, mais d'y Inclure notre modification, donc
d'accepter l'amendement 45. 1 et de l'inclure dans le premier paragraphe de
votre modification de façon qu'on vienne couvrir les dispositions
pénales tout comme on l'a fait dans la loi 15. SI c'était
justifiable à ce moment-là, je ne vois pas pourquoi ça ne
l'est pas maintenant. Cela devrait l'être de la même
façon.
M. Blackburn: Je répète, M. le Président,
que ce que nous avons, c'est peut-être important pour vous de comparer
vraiment les deux, mais l'article 8, deuxième alinéa, dans son
ensemble, est beaucoup plus contraignant et beaucoup plus
Intéressant pour le ministère de l'Environnement pour le
respect de l'objectif de la loi que ce que vous proposez. Alors on dit: Si
déjà on a un Instrument qui nous permet de répondre
parfaitement à nos objectifs, pourquoi ajouter quelque chose qui, dans
le fond, est moins fort que ce qu'on a actuellement en termes de
protection?
C'est la raison pour laquelle, tout simplement, M. le
député, on vous rappelle aussi que le comité de
législation a passé à travers cette analyse et a convenu
que ce que nous avions comme projet d'article ne nous permettait pas
d'introduire l'article 45. 1, tel que vous le proposez, parce qu'il est
absolument inutile. On a déjà plus que ce que vous nous
proposez.
M. Paré: Cela ne peut pas être correct quand vous
dites que c'est moins fort. Je ne comprends pas qu'en mettre plus soit moins
fort, je dois vous dire. Je comprends que vous pouvez ne pas vouloir, sauf que
c'est différent. Ce serait moins fort si on vous demandait de modifier
votre amendement pour remplacer le deuxième alinéa de l'article 8
par l'article 45. 1 qu'on propose. Ce qu'on demande, c'est un ajout, et ce
n'est pas la même chose, ce n'est pas plus fort, c'est différent,
parce que l'article 8, vous allez en convenir, II est dans la section II,
Responsabilités et pouvoirs. Oui, c'est juste qu'on puisse intervenir
tel que le dit l'article 8 modifié, on s'est assez obstinés
là-dessus hier soir, pour ce qui est de prendre toutes les mesures
nécessaires pour réparer, atténuer et, en la
manière de toute dette due au gouvernement, réclamer de l'auteur
des dommages... Sauf que ce que nous demandons, c'est d'y Inclure en plus, avec
ce qu'on est prêt à mettre dans le protocole d'entente avec les
municipalités, la section VII qui ne traite pas comme la section II des
pouvoirs et responsabilités mais qui concerne les dispositions
pénales. Ce qu'on demande, c'est d'inclure ça dans le protocole
d'entente parce que, malheureusement, ce serait idéal qu'il n'y en ait
pas, mais il risque, effectivement, d'y avoir des choses qui vont se faire et
qui ne devraient pas se faire. À ce moment-là, cela va dans les
dispositions pénales. Pour quelles raisons refuse-t-on de donner ce
pouvoir par protocole d'entente avec les muncipalités? Donc, ce n'est
pas moins fort. C'est plus fort parce qu'on en ajoute davantage. C'est plus
fort en termes de protocole d'entente. En plus, c'est déjà dans
la loi, II ne faut pas l'oublier. Si on pensait que ce n'est pas utile, II
faudrait quasiment mettre un autre article dans la loi pour abroger l'autre.
Imaginez-vous, avec la loi 15, on va pouvoir signer, parce que c'est ça
quand on parle de constance, de logique et d'harmonisation. N'oubliez pas
l'harmonisation. C'est bien beau de vanter les MRC et les municipalités
quand on tient des discours à l'Assemblée nationale ou lors des
congrès. Ces gens doivent vivre avec nos lois et essayer de se
débrouiller là-dedans. Je vous dis
que cela ne doit pas être facile tout le temps. Ce qu'on devrait
faire, au moins, de plus simple, lorsque ce sont des lois qu'on passe pour le
même ministère, qui concerne à peu près les
mêmes choses... Quand on parle de la loi 15 et de la loi 108, on parle de
lois concernant les espèces, la faune et la flore. C'est Important et
c'est semblable. Dans une loi qu'on a votée il y a un an, on a cru bon
de dire qu'on est prêt à signer des protocoles d'entente avec les
municipalités dans lesquels on tient compte de la section des
dispositions pénales. Là, on adopte une loi un an plus tard, on
est prêt à signer un protocole d'entente en vertu d'une nouvelle
loi qui est la loi 108 sur la flore et on leur dit: On est prêt à
signer un protocole d'entente mais dans celui-ci, par exemple, on ne se permet
pas de vous déléguer les dispositions pénales. Quelle est
la logique?
M. Blackburn: M. le Président, est-ce que je pourrais
demander à Me Bisalllon d'entrer dans les différences
Importantes, si vous voulez, au niveau technique par rapport à la loi
sur la protection de la faune et la loi que nous sommes en train
d'étudier. Elles sont quand même importantes dans le sens que,
l'an passé, lorsque cette loi, par exemple, avait été
votée, elle permettait, bien sûr, la protection des espèces
et des habitats, non seulement les habitats menacés, mais les habitats
dans leur ensemble. Alors que cette année, ce que nous avons
fondamentalement, c'est que nous y allons quant aux habitats qui sont
véritablement menacés au niveau floristique. C'est Important de
faire la différence par rapport aux deux lois. Il faut bien rappeler
aussi que si, l'an passé, on avait fait cette loi dans le sens de vos
préoccupations, si nous étions allés dans le sens de vos
Interrogations, fort probablement que nous aurions eu une loi qui aurait
été aussi spécifique que celle que nous sommes en train
d'étudier, compte tenu de la situation dont nous discutons aujourd'hui,
à savoir que dans les espèces floristiques menacées et les
habitats fauniques, il y a des différences importantes qui se doivent
d'être considérées.
Quand on arrive devant une situation où, entre autres, il y a des
décisions Importantes et rapides qui se doivent d'être prises pour
la protection d'un territoire floristique menacé, je pense bien que
c'est différent de ce qui arrive au niveau d'un territoire faunique
où les étendues sont beaucoup plus grandes et où les
situations sont tout à fait différentes jusqu'à un certain
point. Je pense que c'est la raison pour laquelle il est important, pour
le député de Shefford, de comprendre les différences. Je
vais demander à Me Bisalllon de vous faire cette démonstration
des différences.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Me Bi- saillon, si
c'est pour éclairer davantage les membres de la commission, un peu de
renfort, allez-y.
M. Bisaillon (André): Alors, lorsque vous faites
référence à l'article 171. 5, vous avez mentionné
que c'était un recours de nature pénale. Or c'est absolument
faux, c'est véritablement un recours de nature civile, au même
titre que ce que prévoit le deuxième alinéa de l'article
8. La seule différence, c'est que pour pouvoir agir en vertu de
l'article 171. 5, l'Individu doit avoir été trouvé
coupable en matière pénale. Nous, nous allons plus loin que
ça. On dit. On peut agir, même si l'individu n'a pas
été trouvé coupable en matière pénale. Donc
on va encore au-delà de ce que prévoit la disposition de
l'article 171. 5.
M. Paré: Est-ce que vous êtes d'accord avec moi
lorsque je dis que l'article 171. 5 de la loi 15 se réfère
à l'article 39 de la loi 108?
M. Bisaillon: J'ai de sérieux problèmes à
vous suivre.
M. Paré: L'article 171. 5 de la loi 15 se
réfère à l'article 171. 2, et l'article 171. 2 de la loi
15 est l'équivalent de l'article 39 de la loi 108.
M. Blsalllon: Tout ce que ça vient dire, je me
répète, c'est simplement que quand une personne a
été trouvée coupable d'une Infraction pénale en
vertu de l'article 171. 2 - donc il faut absolument qu'une personne ait
été trouvée coupable et a ce moment-là seulement -
le ministre pourrait avoir un recours civil. Je le redis encore, nous allons
plus loin que ça. On n'est pas obligé d'attendre que l'individu
ait été trouvé coupable en matière pénale.
On peut agir immédiatement.
M. Paré: Si c'était vrai ce que vous êtes en
train de me dire, cela voudrait dire que l'article 39 n'est plus utile.
En termes clairs, l'article 8, tel que modifié, on va le lire,
dit: "Le ministre peut également, aux fins de la protection et de la
gestion des espèces floristiques menacées ou vulnérables
désignées, prendre toutes les mesures nécessaires afin de
réparer ou atténuer un dommage subi par une espèce
floristique menacée ou vulnérable désignée ou par
son habitat et, en la manière de toute dette due au gouvernement,
réclamer de l'auteur du dommage les frais entraînés par ces
mesures". C'est l'article 8, tel qu'amendé. À l'article 39, ce
sont les dispositions pénales. Donc, ces deux articles de loi, qui ne
disent pas la même chose...
M. Bisaillon: SI je peux me permettre de vous Interrompre, il
faut quand même faire attention. À l'article 39, ce sont des
dispositions de nature pénale. Lorsqu'on parle du deuxième
alinéa de l'article 8, ce sont des recours de nature civile. (16
heures)
M. Paré: Je suis d'accord avec vous, ce sont deux choses
différentes. Mais ce qu'on dit, c'est qu'on voudrait voir les deux
apparaître dans le protocole d'entente, donc, l'amendement que vous
proposez. Ce n'est pas l'un par rapport à l'autre, ce sont deux pouvoirs
exercés dans deux sections différentes du projet de loi 108 qu'on
demande de voir inclure dans le premier paragraphe de l'article 25.1
amendé.
M. Blackburn: M. le Président, on pourrait
peut-être, dans l'intérêt du député de
Shefford, dire qu'on reconnaît l'objectif que vous poursuivez, entre
autres, savoir si les municipalités vont pouvoir utiliser des
pénalités ou des recours pénaux. L'article suivant, 45.1,
va aller dans le sens de vos attentes ou de vos préoccupations.
M. Paré: Vous avez un amendement?
M. Blackburn: Nous avons un amendement à l'article 45.1
qu'on pourrait peut-être vous communiquer et probablement que ça
va répondre à vos attentes.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Vous proposez
l'article 45.1, le député de Shefford fait
référence à 45.1 depuis tantôt.
M. Blackburn: L'article 45.1 est quand même
différent.
Le Président (M. Parent, Bertrand): S'il y a un
amendement, c'est important.
M. Blackburn: C'est parce que le 45.1 qu'on propose est
différent de ce que le député de Shefford proposait,
quoique l'objectif...
Le Président (M. Parent, Bertrand): Alors, il y a deux
25.1 et deux 45.1.
M. Blackburn: C'est là qu'on voit que...
Le Président (M. Parent, Bertrand): On marche en
double.
M. Blackburn: C'est ce qu'on appelle du dédoublement, ce
qu'on veut éviter dans le projet de loi.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Celui que vous venez
de déposer, M. le ministre, soit qu'on l'apporte comme étant un
amendement au 45.1 déposé, ou qu'on l'appelle 45.2, on est en
train de se perdre dans les amendements.
M. Blackburn: Non, non. Je pense bien que ce qu'on va faire, si
le député de Shefford est d'accord, son 45.1, on pourrait le
retirer et insérer notre 45.1 qui correspondrait aux attentes...
L« Préaident (M. Parent, Bertrand): Je pense que
chaque amendement, si vous me permettez, M. le ministre...
M. Blackburn: Pour son information, on lui a remis notre 45.1.
Une fois qu'on aura dit ce qu'on a à dire et qu'on aura probablement
convenu que notre 45.1 est meilleur, bien sûr qu'on...
Le Président (M. Parent, Bertrand): Pour la bonne
compréhension, M. le député de Shefford, M. le ministre,
et les autres membres de la commission, afin d'éviter qu'on ne sache pas
de quel 45.1 il s'agit, II y avait un premier amendement qui a
été déposé, qui était un ajout à 45,
qui s'appelait 45.1, par le député de Shefford. Vous en
déposez un autre dont on pourra discuter après, qui pourra
s'appeler 45.2, tout simplement aux fins d'appellation. Sinon, c'est
compliqué, l'article 45.1 était déjà là.
Cela dit, ça permettra de discuter.
M. Paré: On reviendra à l'autre 45.1, parce que ce
n'est absolument pas la même chose.
Le Président (M. Parent, Bertrand): II s'appelle 45.2
maintenant.
M. Paré: Oui. C'est une délégation aux
municipalités et on va y revenir tantôt, pas de problème,
mais, ce n'est absolument pas la même chose. Nous, ce n'est pas une
délégation aux municipalités pour le moment, on y
reviendra par l'amendement que vous proposez. Nous, ce qu'on dit par
l'amendement qu'on apporte, c'est d'ajouter 45.1 qui donne au ministre ce
pouvoir qu'on a reconnu par l'article 171.5 de la loi 15. Est-ce que vous
êtes prêt à mettre ça, d'abord pour vous, comme
pouvoir? C'est là la vraie question. SI on a jugé qu'il
était utile, dans la loi qu'on a votée l'an passé, de
donner à un ministère ce pouvoir, pourquoi refusez-vous
maintenant de le prendre?
M. Blackburn: On va vous donner d'autres explications, M. le
député de Shefford, qui vont vous aider à mieux comprendre
encore pourquoi on ne l'a pas introduit tel que vous le demandez. Je vais
demander à Me Côté de vous donner des explications
additionnelles, il est au ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, il est très au fait de la loi sur la protection de la
faune. Je pense bien que ses éclaircissements vont vous aider dans la
meilleure compréhension de l'argumentation qu'on est en train d'essayer
de vous donner, qui est de plus en plus claire.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Me
Côté.
M. Côté (Gaétan): M. le Président, le
contenu de ce qui est proposé par l'article 45.1 déposé
par le député de Shefford, qu'on a
mentionné, se retrouve dans les articles 8 et 23 du projet de loi
sur les espèces menacées avec une seule différence: dans
les habitats fauniques, avant de pouvoir faire ces recours civils, on doit
attendre qu'un individu ait été trouvé coupable d'une
infraction pénale par un tribunal. Ce qui justifiait ça davantage
dans le cas de la faune, c'est que si on regarde l'ensemble de la Loi sur la
conservation et la mise en valeur de la faune, il y a des possibilités
d'intervention qu'on appelle des mesures administratives de sanction - enlever
un permis, des autorisations - et le système dans la Loi sur la
conservation et la mise en valeur de la faune est toujours sujet à une
condamnation d'un tribunal. On peut, par exemple, enlever le permis d'un
pourvoyeur s'il a été condamné. On peut enlever le permis
d'un chasseur s'il a été condamné. Donc, lorsqu'on est
arrivés aux habitats, ça ne visait pas spécifiquement des
habitats menacés. Le même système a été
retenu, à savoir qu'on pourra aller faire un recours civil, mais une
fois qu'un tribunal pénal sera intervenu. C'est ce qui justifie.
Actuellement, avec la proposition sur les espèces
menacées, le ministre de l'Environnement pourra faire les recours civils
avant une condamnation ou après celle-ci. Il pourra toujours,
évidemment, attendre, sous réserve de la prescription, et aller
faire une réclamation après qu'il aura été
condamné. La proposition que vous faites est incluse dans ce qui est
déjà dans le projet de loi, sans qu'il soit nécessaire de
dire que le ministre de l'Environnement peut attendre qu'un contrevenant ait
été condamné.
M. Paré: Vous dites les articles 8 et 23, n'est-ce
pas?
Une voix: Oui.
M. Côté (Gaétan): Par l'article 23 qui
indique que le ministre peut révoquer une autorisation ou confisquer la
garantie fournie par le titulaire, ce qui est contenu dans l'article 171. 5:
"Le ministre peut, aux frais du contrevenant, notamment en confisquant la
garantie". Donc, la possibilité de confisquer la garantie prévue
à l'article 171. 5 des habitats se retrouve à l'article 23 des
espèces menacées.
Si on va au deuxième alinéa de l'article 8, tel
qu'amendé, c'est exactement le même contenu qu'à l'article
171. 5, à savoir la possibilité de prendre les mesures
nécessaires pour remettre un habitat, dans le cas des espèces, ou
remettre une espèce dans son état et de réclamer cette
dette, avec la différence est qu'on n'est pas obligés d'attendre
une Infraction.
Une voix: Merci.
M. Paré: On va essayer d'être clair, ce n'est pas
facile, mais je suis convaincu que ça ne couvre pas exactement la
même affaire. Ce sont des choses qui s'ajoutent et se complètent
et non pas qui se multiplient ou se dédoublent. Un exemple, vous dites
à l'article 23:... fait défaut de se conformer aux conditions...
on peut suspendre ou révoquer le permis. C'est ce que dit l'article
23.
L'article 8 dit que pour des dettes dues au gouvernement,
"réclamer de l'auteur du dommage les frais entraînés par
ces mesures. " Ce sont des frais entraînés, alors qu'à
l'article 39, ce sont des frais d'infraction. Donc, ça s'ajoute. Quand
vous regardez l'article 39, c'est bien plus Important, plus gros. Regardez
toutes les infractions contenues là-dedans. Même dans l'article
39, on ne fait pas référence à l'article 22: "Le ministre
peut exiger tout renseignement relatif à la réalisation d'une
activité dans l'habitat d'une espèce floristique". Pour les
dispositions pénales, on ne réfère même pas à
ça dans l'article 39. On réfère à plus que
ça.
L'article 39 est l'équivalent de notre proposition parce qu'il
réfère à l'article 171. 2 de l'article 15. Il est plus
global, plus englobant, il touche davantage d'articles et de
pénalités possibles. Ce n'est pas Juste comme à l'article
23, où on peut retirer une autorisation, suspendre ou révoquer
une autorisation. Ce n'est pas comme à l'article 8. 2°, où on
ira juste en dommages de réparation. À l'article 39, on ira
à la disposition pénale, donc des frais de
pénalités. C'est plus. Ce n'est pas la même chose, c'est
plus.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Oui, Me
Côté.
M. Côté (Gaétan): M. le Président,
avec égard, sous la réserve que Je vous al mentionnée tout
à l'heure, c'est la même chose. Dans les espèces
menacées, on pourra, d'une part, poursuivre un Individu en vertu de
l'article 39 et lui dire: Monsieur, vous avez commis une infraction, vous allez
payer une amende et des frais de cour. On pourrait également,
après ou avant une Infraction, dire: Monsieur, pour réparer ce
que vous avez brisé en ne demandant pas une autorisation, en allant
à l'encontre de la loi ou d'un règlement, on va réparer et
vous en réclamer le coût. Donc, J'ai ces deux possibilités
concernant les espèces menacées.
Dans les habitats, j'ai la même chose. Je peux poursuivre
quelqu'un parce qu'il a commis une Infraction et, dans un deuxième
temps, mais dans le cas des habitats fauniques, je dois attendre d'aller au
civil et réclamer les dommages, les frais de ce que cela a pu
coûter. C'est exactement la même chose, la seule réserve, le
seul objectif de l'article 171. 5 sur les habitats fauniques, c'est de dire:
Voici dans quel ordre doivent se faire ces poursuites, en respect de ce qui
existe dans d'autres dispositions de la Loi sur la conservation et la mise en
valeur de la faune ou avant d'Intervenir par une mesure administrative ou
civile, on attend qu'il y ait eu une Intervention d'un tribunal
pénal.
M. Blackburn: M. le Président.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Oui, M. le
ministre.
M. Blackburn: J'ai le goût de dire ceci. Après que
cet article soit passé au comité de législation,
après en avoir donné, je pense bien, toutes les explications qui
pourraient être données par de savants juristes, je demanderais
peut-être le vote sur l'article, sinon quand va-t-on finir? J'ai
l'impression que toutes les informations ont été
données.
M. Paré: On peut procéder au vote, mes 20 minutes
sont passées, sauf que je suis convaincu qu'on aura un amendement qui
suivra dans quelque temps.
M. Blackburn: Vous pensez?
Le Président (M. Parent, Bertrand): Là, c'est sur
l'article 45.1. Il faut disposer de l'article 45.1 qui est la proposition du
député de Shefford. Ensuite, il y aura l'article 45.2, avant de
revenir à l'article 25.1.
M. Blackburn: M. le Président, ce que je pourrais
suggérer...
M. Paré: Cela va éclaicir.
M. Blackburn: II y aurait des discussions qui pourraient se faire
entre les procureurs et vous...
M. Paré: Juste un instant. On va les faire ensemble.
M. Blackburn: On veut faciliter l'éclairage. C'est
l'objectif.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Peut-être un
dernier commentaire ou une question, M. le député de Shefford,
sur l'article 45.1 comme tel. Votre temps est écoulé. Alors, je
comprends que cela a un lien indirect avec les autres articles. Voulez-vous
qu'on suspende?
M. Paré: J'aimerais qu'on regarde seulement un point
technique là-dessus. Cela va peut-être nous permettre de
régler.
Le Président (M. Parent, Bertrand): On va suspendre pour
quelques minutes pour faciliter la compréhension et pour permettre de
déblayer par la suite. La commission va suspendre quelques minutes.
(Suspension de la séance à 16 h 16)
(Reprise à 16 h 24)
Le Président (M. Parent, Bertrand): À l'ordre, s'il
vous plaît!
Nous reprenons après avoir suspendu pendant quelques minutes.
Nous étions donc sur l'amendement à l'article 45.1. Est-ce qu'on
s'est entendu, M. le député de Shefford, ou est-ce qu'on se
comprend sur l'article 45.1 pour qu'on puisse le libérer étant
donné que le débat comme tel est terminé? On passerait
à l'article 45.2, qui est l'autre amendement qui a été
apporté sur la table. Alors, l'article 45.1?
M. Paré: Puisqu'on nous garantit que ce sera inclus, on va
retirer l'amendement à l'article 45.1.
Le Président (M. Parent, Bertrand): L'amendement à
l'article 45.1 est retiré. M. le ministre, est-ce que cela va?
M. Blackburn: C'est beau.
Le Président (M. Parent, Bertrand): J'appelle l'amendement
45.2 - pendant qu'on est à l'article 45 parce que c'était
interrelié - qui est l'amendement déposé par le ministre
il y a quelques minutes, qui dit: "Malgré l'article 45, un organisme
municipal partie à un protocole d'entente conformément à
l'article 25.1 peut, pour les activités prévues à ce
protocole, intenter une poursuite contre une infraction à l'article 39
et le montant de l'amende lui est alors versé." Est-ce qu'on a des
questions sur l'article 45.2?
M. Blackburn: J'ai simplement un commentaire additionnel, M. le
Président. Cette disposition permet à un organisme municipal,
dans le cadre d'un protocole d'entente conclu conformément à
l'article 25.1 et pour les activités qui y sont prévues,
d'intenter une poursuite pour une Infraction à l'article 39 de ce projet
de loi. De plus, le montant des amendes obtenues à la suite d'une
condamnation sera alors versé à l'organisme municipal. Une
disposition similaire est prévue à l'article 178.1 de la Loi sur
la conservation et la mise en valeur de la faune.
M. Paré: Adopté.
Le Président (M. Parent, Bertrand): L'article 45.2 est
donc adopté. Ce qui fait que l'article 45, tel qu'amendé, est
adopté. L'article 45 avait été adopté, donc, on
adopte juste l'article 45.2.
Je reviens et j'appelle l'article 25.1 qui avait fait l'objet de notre
discussion et de notre renvoi. Maintenant, dans la version
révisée du ministre, M. le député de Shefford, pour
bien se comprendre, II y avait votre version qui avait été
déposée et il y avait la version du ministre qui était...
En tout cas, on a la version révisée. Alors, l'article 25.1
révisé. Est-ce que cela va?
M. Paré: Juste une question...
M. Blackburn: II serait peut-être important,
M. le Président, de s'assurer que la version de l'article 25.1
est bien celle du gouvernement.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Oui. M. Blackburn:
C'est clair? C'est correct.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Oui. C'est la version
révisée, donc, celle qui est sur la grande feuille.
M. Blackburn: C'est beau.
M. Paré: Juste un éclaircissement. On dit dans
l'amendement que vous apportez: Le ministre de l'Environnement peut, par
protocole d'entente, aux conditions et pour les activités... S'il y a un
protocole d'entente et qu'on délègue aux municipalités,
aux communautés urbaines, aux MRC ce pouvoir, est-ce que le ministre de
l'Environnement se garde une possibilité d'intervention malgré
tout ou si, face à la délégation, il ne peut pas
intervenir sans entente?
M. Blackburn: M. le Président, le ministère de
l'Environnement qui va déléguer une responsabilité comme
celle-là va s'assurer qu'elle sera bien claire et nette, mais il se
gardera toujours le moyen de pouvoir enlever cette délégation de
responsabilité.
M. Paré: Non, pas le pouvoir. Le ministre peut
décider de retirer le protocole d'entente, mais est-ce qu'avec le
protocole d'entente le ministre se garde des responsabilités en vertu de
l'article 18?
M. Blackburn: II y a différentes normes qui vont devoir
être considérées. Entre autres, concernant la
délégation, ça va dépendre des cas, cas par cas.
Effectivement, ça peut dépendre de la situation. Le protocole va
en outre prévoir les conditions de subdélégation aux
employés de l'organisme municipal des pouvoirs qui lui sont
confiés. Il y aura cette dimension de garder le contrôle de la
délégation ou de la subdélégation de la
responsabilité. Cela va dépendre des situations, et on va le
définir très clairement dans le protocole qui sera signé
avec les municipalités qui auront reçu cette
délégation de pouvoir.
M. Paré: Je veux juste être court et clair. On
délègue, par l'article 25.1 qui est amené, l'article 18.
Lorsqu'on va avoir délégué à une
municipalité ces pouvoirs par un protocole d'entente, le ministre
pourra-t-il, malgré le protocole d'entente mais sur le même
territoire, autoriser une autre activité?
M. Blackburn: Alors, normalement non, c'est-à-dire que, si
on autorise une municipalité à exercer un pouvoir de
réglementation, un pouvoir d'autorisation, on pourrait aussi, dans le
protocole qui serait signé, prévoir que, lorsque certaines
autorisations auront été déléguées, si
ça touche certains sujets, les gens pourront revenir au
ministère. Ce sera toujours négocié à
l'intérieur du protocole.
M. Paré: Vous allez probablement me répondre que
ça dépendra du protocole d'entente, mais, au-delà de
ça, le ministre peut décider de déléguer ce que
l'article 18 lui permet de faire. Supposons qu'à la Communauté
urbaine de Montréal, on délègue les pouvoirs de 18 pour
les activités, est-ce que concurremment le ministère pourrait lui
aussi, sur le même territoire, autoriser des activités?
M. Blackburn: Non, parce que le protocole... Il y aura
déjà une entente avec la municipalité, qui régira
certaines activités très clairement. Il n'est pas question de
faire de dédoublement ou d'addition de... Me Côté pourra
peut-être donner des explications additionnelles, étant
donné l'aspect technique.
M. Côté (Gaétan): En fait...
La Présidente (Mme Bélanger): Me
Côté.
M. Côté (Gaétan): Merci. Mme la
Présidente. L'objectif pour les municipalités sera dans la mesure
où les municipalités désireront participer à la
gestion des espèces menacées. Concernant les protocoles, il n'y a
pas encore de protocole de conclu, ça dépendra de la taille de la
municipalité, jusqu'à quel point les municipalités veulent
s'Impliquer. On peut également penser qu'à l'égard d'un
même habitat, on pourrait déléguer à une
municipalité la possibilité de donner certaines autorisations,
certains types d'autorisation, par exemple, pour des activités de nature
récréative dans un habitat, alors qu'on ne
déléguerait pas nécessairement des autorisations pour
faire des activités de type industriel ou autre.
On peut penser à toutes les possibilités. Il est certain
que, si on délègue certaines autorisations à une
municipalité et qu'on les publie dans la Gazette officielle du
Québec en disant. Voici, on a délégué à
la Communauté urbaine de Montréal la possibilité de
s'occuper de tel type d'habitat, le ministre de l'Environnement ne
dédoublera pas ce qu'on aura délégué à la
Communauté urbaine de Montréal, par exemple. Il pourra enlever
cette délégation s'il estime qu'elle ne respecte pas l'entente,
mais c'est tout.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce que
l'amendement à l'article 25 est adopté?
M. Paré: À 25.1, oui, la modification est
adoptée.
La Président» (Mme Bélanger): Ce qui veut
dire qu'on retire l'article 25.1 de l'Opposition.
M. Paré: Qui concernait le même sujet,
là?
La Présidente (Mme Bélanger): Le même sujet
et...
M. Paré: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): ...qui a
été modifié par le comité de
législation.
M. Paré: C'est ça, sauf...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, vous aviez un
article 25.2, est-ce qu'il demeure?
M. Blackburn: On demande, Mme la Présidente, de suspendre
25.2, on a d'autres amendements à regarder avant l'adoption de l'article
25.2.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, on suspend
l'article 25.2. Vous avez des amendements? Est-ce que ce sont des amendements
à l'article 33?
M. Blackburn: À l'article 33.
La Présidente (Mme Bélanger): Non.
M. Blackburn: Vous ne les avez pas, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'amendement
à l'article 33, est: "Ajouter, après le deuxième
alinéa de l'article 33, le suivant: "La personne à qui est
confiée la garde d'un véhicule, d'un aéronef ou d'une
embarcation saisie par un inspecteur de la flore ne peut enlever,
détériorer ou aliéner cette chose sous peine d'une amende
équivalant à la valeur de la chose saisie."
M. Blackburn: Le commentaire que j'ai...
M. Paré: Juste un instant, on est rendus à
l'article 33, qui avait été suspendu, on apporte une
modification. On n'avait pas tout à fait fini l'article 25.
M. Blackburn: C'est-à-dire qu'on vous a demandé, M.
le député, de reporter l'article 25.2, parce qu'on avait d'autres
discussions à faire sur d'autres amendements, et on va revenir à
l'article 25.2, si vous le voulez, à la fin.
M. Paré: D'accord. Avant d'aller à l'article 33,
est-ce qu'on ne pourrait pas aller, quand on regarde la liste des articles
à étudier, a l'article 53.1, qui réfère à
l'article 25.1?
M. Blackburn: Mme la Présidente, l'article 53 est
exactement l'article 45.1 qui est devenu effectivement l'article 45.2 qu'on
vient tout juste d'adopter.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous
pouvez répéter, s'il vous plaît?
M. Blackburn: L'amendement 53.1 qui a été
proposé est exactement l'article 45.2 que nous venons tout juste
d'adopter.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Ce qui veut dire que, finalement, cet article est
réglé.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors l'article 53.1
est retiré.
M. Paré: II est retiré.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors est-ce que
l'article 53 est adopté?
M. Paré: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 53 est
adopté.
Nous revenons à l'article 33. Vous nous faites faire de la
gymnastique, M. le député de Shefford.
M. Paré: Oui, mais comme cela réfère
à l'article 25, je voulais le régler.
M. Blackburn: Voici le commentaire que j'ai sur l'article 33, Mme
la Présidente. Une personne qui a la garde d'une chose saisie ne doit
pas pouvoir enlever, détériorer ou aliéner cette chose.
Une amende équivalant à la valeur de cette chose saisie est
prévue en cas de contravention à cette disposition. Une
disposition similaire est prévue à l'article 18 in fine de la Loi
sur la conservation et la mise en valeur de la faune.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford, est-ce que c'est de l'amendement dont on
discute, ou de l'article?
M. Blackburn: On discute de l'amendement, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors est-ce . que
l'amendement à l'article 33 est adopté?
M. Paré: Si on apporte ça, est-ce justement parce
que l'on disait hier que n'importe qui peut être inspecteur? Comme
n'importe qui peut être inspecteur, on ne veut pas courir le risque que
ce soit quelqu'un qui va détériorer le matériel qu'il va
saisir.
M. Blackburn: M. le député, l'article 18,
alinéa 3, est la concordance avec la Loi sur la conservation et la mise
en valeur de la faune.
M. Paré: Parlez-vous de la loi 15? M. Blackburn:
Oui, exactement.
M. Paré: Non, je ne peux être contre le fait qu'on
protège les avoirs de...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors l'amendement
à l'article 33 est adopté.
M. Paré: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 33, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Paré: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 33, tel
qu'amendé, est adopté. Nous revenons à l'article 41. 1,
où il y avait un amendement déposé par le
député de Shefford. Non, on l'avait retiré.
M. Blackburn: On a rejeté l'article 45. 1. On a
accepté l'article 45. 2.
La Présidente (Mme Bélanger): Ah, c'est l'article
41. 1.
M. Paré: Oui, 41. 1.
M. Blackburn: Excusez, l'article 41. 1.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors l'amendement
apporté par le député de Shefford est: "Ce projet de loi
est modifié par l'addition, après l'article 41, de l'article
suivant: "Quiconque refuse ou néglige de fournir un renseignement requis
en vertu de l'article 22 commet une infraction et est passible, en outre, du
paiement des frais d'une amende d'au moins 200 $ et d'au plus 600 $. "
M. Paré: Très rapidement, c'est encore la
même chose. On se réfère très souvent à la
loi 15, comme vient de le faire le ministre d'ailleurs. Ce qu'on demande
là, finalement, c'est la même chose, de reconnaître ce qui
était reconnu dans le projet de loi 15 par l'article 171. 4.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Blackburn: Mme la Présidente, nous sommes d'accord pour
l'article, mais on voudrait, plutôt que d'en faire l'article 41, en faire
l'article 40. 1. L'article 40. 2 deviendrait la description de... Après
l'article 40. 1, ce qui deviendrait 40. 2.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va. Il n'y a
aucun problème, M. le député de Shefford?
M. Paré: Non, cela va.
La Présidente (Mme Bélanger): Donc, l'amendement
apporté à l'article 41. 1 par l'Opposition devient l'article 40.
2.
M. Blackburn: L'article 40. 2. Parfait.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement est adopté?
M. Blackburn: Adopté.
La Présidente (Mme
Bélanger): Nous passons
maintenant à l'article 43. Est-ce que des amendements sont
déposés? Il n'y a pas d'amendement à l'article 43. M. le
ministre.
M. Blackburn: S'il n'y a pas d'amendement, c'est qu'il a
déjà été adopté, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Non II était
suspendu.
M. Blackburn: Ah! II était suspendu?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Blackburn: Nos commentaires sont les mômes qu'hier. Je
peux les refaire, si vous le voulez, Mme la Présidente.
La question qu'on se posait, hier, était à savoir si
l'administrateur ou le dirigeant d'une personne morale qui amène cette
personne morale, par une ordonnance, une autorisation, une permission ou un
encouragement à commettre une infraction, pouvait être poursuivi.
Effectivement, oui, et c'est la raison pour laquelle nous voulons que l'article
43 demeure tel quel.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
de Shefford.
M. Paré: Encore une fois, vous me permettrez d'insister en
espérant pouvoir vous convaincre. Selon ce que vous avez répondu
à la ministre hier, c'était clair que les élus municipaux,
que ce soient des conseillers, des conseillères, des maires ou des
mairesses, sont Inclus là-dedans et qu'ils peuvent être passibles,
alors que ces gens sont, tout comme nous, élus. Ces gens sont là
pour représenter leurs concitoyens, qui ont à être
jugés de façon démocratique par des élections, tout
comme nous.
Je donnais des exemples, hier, et je vais en reprendre quelques-uns. Ces
gens-là peuvent décider de bonne foi de défendre un
citoyen ou des citoyens et, parce que ces personnes vont exercer le rôle
qui est en fait leur mandat, elles vont se retrouver, d'une certaine
façon, en danger d'être poursuivies. Vous savez, même
nous, ici, pourrions nous permettre - en tout cas, je ne le sais pas, on
va voir, on pourrait peut-être être poursuivis, nous aussi - de
faire les déclarations qu'on veut à l'Assemblée nationale,
de défendre nos électeurs et de dire ce qu'on pense en fonction
du bien commun et c'est la raison pour laquelle on a été
élus, pour défendre nos concitoyens...
On pourrait citer un cas, même pas tiré par les cheveux,
qui pourrait se produire. À un moment donné, en fonction de
l'article 8, je pense, quelqu'un du ministère décide qu'on permet
une activité sur une parcelle de terrain ou qu'on empêche une
activité - en tout cas, on peut voir - alors que ce n'est pas du tout
dans le schéma d'aménagement, et les gens de bonne foi
décident de contester. Il y a des citoyens qui peuvent être
mécontents et avoir envie de contester. La municipalité peut, par
résolution, décider de contester. Le maire ou un conseiller,
comme maire et porte-parole des gens, peut décider de contester, non pas
dans le but de violer la loi, mais dans le but de défendre ce qu'il
croit juste et correct pour ses électeurs et pour sa municipalité
et par respect des décisions prises au conseil municipal ou à la
table de la MRC. Cela peut très bien être juste à la
défense de son schéma d'aménagement. Là, à
cause de ça, il pourrait être tout simplement passible de peines
prévues parce qu'il aurait incité ou encouragé à
commettre une infraction. Je dois vous dire que c'est quelque chose dans la
démocratie. (16 h 45)
Je ne sais pas si on va aussi loin dans d'autres lois. Je ne sais pas si
on peut me donner des exemples où on se permet des choses semblables,
mais là, c'est clair et net, la crainte qui est exprimée par les
gens, vous l'avez confirmée, hier, ces gens doivent se conformer. Un
point, c'est tout. Que ce soit démocratique ou pas, que ça fasse
l'affaire ou pas, que ce soit dans le schéma d'aménagement ou
pas, si on décide, en vertu de la loi qu'on Impose - parce que
là, ça devient de l'imposition, on l'a dit aussi: On impose parce
qu'on prend une décision en vertu de l'article qui nous le permet ici -
ensuite, on avise la MRC qu'elle doit le mettre dans son schéma
d'aménagement.
Ces gens peuvent être totalement légitimés de
décider que ce n'est pas cela. En plus, parlons-nous franchement, qui
nous dit que la décision ne viendra pas d'un fonctionnaire? Je n'ai rien
contre cela. C'est sa job. Sauf que les fonctionnaires à Québec
peuvent décider d'une activité dans un autre coin. Vous allez
dire: C'est pour de bonnes raisons. Sauf que je pense que les gens des
municipalités sont encore les gens les plus proches, très
sensibles, facilement atteignables, je l'ai dit hier. Ils ne peuvent pas se
permettre trop trop d'erreurs sans avoir une délégation au
conseil municipal, à la séance qui va suivre.
Mais, un fonctionnaire pourrait décider de
Québec d'imposer une activité, de restreindre une
activité, d'amener un aménagement ou de faire quoi que ce soit,
et des élus, démocratiquement, dans leur coin, seraient
obligés de se conformer et s'ils voulaient contester, on pourrait
interpréter cela comme une incitation à la
désobéissance et ils pourraient être poursuivis. Je trouve
ça inquiétant sur le plan de nos règles
démocratiques, quant au rôle qu'ont à jouer nos
élus, sachant très bien la complexité de plus en plus
grande qu'on leur impose par les lois qu'on vote, où il n'y a pas
toujours harmonisation. Je pense qu'on en a eu la preuve encore
dernièrement.
Ce n'est pas facile. C'est plutôt complexe. C'est énorme.
C'est de plus en plus comme ça, à part ça. C'est presque
une menace dans cette loi. Je le vois comme ça et je vous le dis. Je
pense que je ne suis pas le seul à le voir parce que c'est
dénoncé comme ça. D'ailleurs, on le retrouvait dans le
mémoire où on dit: II semble que le maire ou les conseillers des
municipalités pourront être susceptibles de commettre une
infraction et passibles de la peine prévue si, comme nous le soutenons,
une municipalité est visée par le deuxième paragraphe de
l'article 39. Vous m'avez dit hier que ces gens sont visés par l'article
39.
Je comprends qu'à un moment donné, il faut prévoir
qu'on ne puisse pas laisser des citoyens favoriser ou inciter des gens à
désobéir à la loi. Je comprends cela. Mais, que des
élus municipaux soient traités de la même façon que
toutes les personnes qui sont liées de près ou de loin à
un individu qui veut se battre, je vais vous dire: Ce n'est pas la même
chose. On le sait. Même nous, très souvent, on écrit des
lettres d'appui ou même on va manifester en appui avec des groupes qui
sont contre des décisions gouvernementales, parce qu'on trouve que
ça n'a pas de bon sens. Sur le terrain, c'est bien dommage, mais cela ne
se vit pas nécessairement comme ça se vit dans un bureau à
Québec. Je suis sûr qu'il n'y a pas un député qui
pourrait contredire ce que je suis en train de dire. On est appelés de
façon très régulière à venir en opposition
à des décisions qui ont été prises par
l'administration, par des tribunaux administratifs, par n'importe quel
Individu. On le fait et c'est notre devoir. Je vais vous dire: Le jour
où on ne pourra plus le faire, adieu le beau système qu'on a mis
sur pied.
J'ai l'impression qu'on mène une attaque directement contre cette
démocratie par une instance qui n'est pas ici pour se défendre et
qui est en droit, je pense, d'être considérée comme des
élus, tout comme nous autres. Je dois vous dire: S'il y avait des
décisions qui étaient prises chez nous et que les gens venaient
me voir et m'expliquent et que, finalement, l'autre côté de la
médaille me prouve qu'ils ont raison, il va arriver quoi si je
décide moi, pas à l'Assemblée nationale, mais d'aller
manifester avec eux autres et dire: Cela n'a pas de bon sens, cette
affaire-
là. Je pense que les élus municipaux ont raison de vous
appuyer dans votre démarche?
Vous allez me dire: C'est un grand principe. Je n'ai pas de cas
précis. Sauf qu'il ne faut pas nécessairement attendre des cas
précis pour prévoir ça. N'y aurait-il pas moyen, dans
l'article 43, d'apporter une modification qui Irait dans le sens d'exclure les
élus municipaux, les gens concernés par le paragraphe 2 de
l'article 39?
M. Blackburn: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Blackburn:... je pense qu'il est important de faire une
distinction, je dirais, fondamentale entre "contester" et "inciter à
commettre une infraction". Je pense bien que c'est le but de l'article qui dit,
bien sûr, que si vous n'êtes pas d'accord avec un article de la loi
qui ne cadre pas avec vos objectifs, vous pouvez toujours le contester. Il y a
des moyens légaux qui existent et vous pouvez les utiliser pour faire
valoir votre point de vue et vos droits. Mais de là à dire qu'on
doit accepter que des élus municipaux, sous prétexte qu'ils sont
des élus, pourraient Inciter à commettre une infraction, il y a
une marge Importante et Je pense que dans notre système de
démocratie, on se doit quand même d'avoir le respect des lois
adoptées par le gouvernement.
Je vous rappelle aussi, M. le député, que la loi 99 sur la
qualité de l'environnement, qui a été adoptée en
décembre, a les mêmes articles, soit ceux que l'on retrouve
actuellement. Vous parliez d'exemples, je pense qu'on vient de vous en donner
un bon.
M. Paré: Je vais revenir là-dessus...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Je suis heureux que vous le mentionniez, je pense
que je l'aurais oublié. Cela a été dit hier soir, mais je
l'avais oublié dans mon argumentation. Vous vous souviendrez que les
élus municipaux étalent totalement contre la loi 99, ils s'y sont
opposés, et même le ministre des Affaires municipales était
du côté des intervenants qui étalent contre. Il faut faire
attention quand on dit que parce que ça a été
adopté... C'est le danger dans une loi, très souvent, c'est qu'on
crée un précédent, et quand le précédent a
été créé, que ça ait été
amené de force, avec des objections, alors que tout le monde
était contre, quand ça a été amené, on s'y
réfère. Là, on dit: Écoutez, ça a
déjà été fait. Cela a déjà
été fait, sauf que ça a été contesté.
Cela n'a pas été voulu, ça a été
Imposé.
Je vais vous dire, oui, il faut faire attention, aussi. Je suis tout
à fait d'accord avec vous: Tous les citoyens doivent être
égaux, tous les citoyens doivent respecter les lois; donc, les
députés, les ministres, les élus municipaux comme les
autres, Ils ne sont pas au-dessus de la loi. Je suis d'accord avec ça.
Là où J'ai une Inquiétude, c'est concernant la question
que J'ai posée hier et vous ne m'avez pas rassuré. Advenant le
cas où des élus municipaux ne partageraient pas la
décision qui a été prise à Québec, qu'on est
en train d'Imposer et d'inclure dans un schéma, et adoptaient une
résolution la dénonçant, est-ce que le fart d'agir
démocratiquement par une dénonciation peut être
perçu comme un geste d'encouragement à commettre une Infraction
ou une désobéissance? Je veux bien, au moins, qu'on me rassure
que ce geste démocratique, qui pourrait être d'encourager les
citoyens à se battre, à contester et à ne pas accepter une
décision prise à Québec par des fonctionnaires, ne serait
pas perçu, en vertu du paragraphe 2° de l'article 39, comme une
désobéissance de la part des élus municipaux qui font leur
devoir démocratique d'élus. Ils ont droit à leur
interprétation, à leur jugement et, en plus, ils ont la
connaissance des faits réels vécus sur le terrain. Ils
sont en contact direct avec les citoyens concernés qui sont
très souvent dans la salle pour exiger l'aide, l'appui, le soutien, par
résolution, de leurs élus municipaux. Ceux qui ont
déjà été conseillers ou maires savent exactement ce
que c'est; ceux qui ne l'ont pas été, mais qui sont en contact
avec les municipalités comme, j'en suis sûr, c'est le cas de la
présidente, avec le nombre de municipalités qu'elle a dans son
comté, savent ce qui arrive quand une décision qui vient de
Québec ne fait pas l'affaire. Les élus municipaux sont pris en
sandwich, entre l'arbre et l'écorce, et ils doivent réagir en
fonction de ce qu'ils pensent être l'intérêt commun. Surtout
s'ils n'ont pas été consultés au préalable sur la
décision qui est prise, imaginez-vous la première
réaction, qui est tout à fait naturelle et humaine: On commence
par défendre les Intérêts de nos concitoyens.
Je pense que défendre les intérêts des citoyens ne
doit jamais nous amener à être susceptibles d'être
poursuivis quand il s'agit d'une question d'aménagement, d'une question
de principe, d'une question d'activité sur un territoire, d'une question
de délimitation. Sinon, comme je le disais tantôt, on donne aux
élus municipaux une charge de plus en plus lourde, de plus en plus
complexe, on leur délègue des pouvoirs, on leur Impose des
règlements, on les fait travailler sur un schéma
d'aménagement et, par-dessus tout ça, Ils sont maintenant
menacés, d'une certaine façon.
Je dois vous dire que la loi 99 que vous avez prise comme exemple est un
très bon exemple qui me permet de dénoncer davantage ce qu'on est
en train d'Implanter là. Si vous nous aviez présenté des
recommandations des organismes municipaux ou les représentants des
municipalités nous disant: Nous sommes d'accord, je
dirais: II y a quelque chose, quelque part, qui n'est pas correct. Il y
a quelqu'un qui a deux poids, deux mesures ou qui change d'idée,
à un moment donné, sur des principes fondamentaux comme
ça.
Mais ce n'est pas le cas. La loi 99 n'avait pas l'appui de ces gens qui
doivent la subir, même s'ils la dénoncent et qu'ils ne sont pas
d'accord. Ces gens ne veulent pas qu'on continue à aller dans ce sens,
qui a été dénoncé et qui n'est pas plus
approuvé de nos jours. Face à cela, je réitère ma
demande. Est-ce qu'on ne pourrait pas inclure que, dans l'exercice de leurs
fonctions, les élus municipaux soient exclus des poursuites possibles en
vertu du paragraphe 2° de l'article 39?
M. Blackburn: Mme la Présidente, nous allons maintenir
notre position, tout simplement parce que nous croyons que ce que nous avons
fait lors de l'adoption de la loi 99... C'est sûr que ce n'est pas
toujours de gaieté de coeur que des personnes se voient imposer
certaines réglementations, certaines dimensions d'une loi, pour la
gestion de cette loi en fonction de ces objectifs. Il ne faut pas l'oublier, il
y a une dimension de concordance et de continuité. Nos objectifs sont de
faire que la loi soit le mieux protégée, le mieux
respectée, toujours en conformité du respect et des moyens qui
sont à la disposition autant des élus municipaux, quand ils ne
sont pas d'accord, pour contester légalement, en vertu des moyens
disponibles. Je vais demander à Me Bisaillon de compléter pour ce
qui est de l'aspect technique.
La Présidente (Mme Bélanger): Me Bisaillon.
M. Bisaillon: Pour revenir au projet de loi 99, il est vrai que
les municipalités n'étaient pas d'accord avec cette disposition.
Sauf que lorsqu'on leur a expliqué qu'elles avaient une défense
de diligence raisonnable - entre autres, c'était un problème
très spécifique qui avait trait aux ouvrages d'assainissement des
eaux -finalement, on ne peut pas dire qu'elles ont acquiescé, mais elles
ont compris.
Quand on parle des infractions auxquelles on fait
référence, ce sont des infractions en vertu de la loi. Il faut se
référer à l'article 39. Ce n'est pas n'importe quelle
infraction. Ce sont des infractions aux articles 16, 17, 25, 18, 19. Ce n'est
quand même pas n'importe quoi. Pour revenir à ce qu'on disait,
c'est vrai qu'un élu municipal peut critiquer, dénoncer une
décision. Mais je ne crois pas qu'une personne soit autorisée
à en inciter une autre, de façon catégorique, à
désobéir à la loi.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
de Shefford, II vous reste deux minutes de discussion sur l'article 43.
M. Paré: Ce sera très clair. Je fais une
proposition formelle: Que l'article 43 soit modifié par l'addition de
l'alinéa suivant: "Que les élus municipaux, dans l'exercice de
leurs fonctions, soient exclus du paragraphe 2° de l'article 39."
Cela vient tout simplement reprendre l'ensemble de l'intervention que
j'ai énoncé en disant "dans l'exercice de leurs fonctions". Un
élu municipal pourrait très bien être la personne
concernée sur son propre terrain, c'est autre chose. Il ne faudrait pas
utiliser son titre pour contester quelque chose. Mais, quand on dit "dans
l'exercice de ses fonctions", comme élu, qu'il soit conseiller,
conseillère, maire ou maires-se, quand la personne juge qu'elle a
raison, pour toutes sortes de considérations, de prendre une position
contre, en démocratie, c'est, je pense, ce qu'on a le droit de faire.
C'est souvent le devoir d'un élu municipal de le faire, s'il pense que
cela ne va pas dans le sens du respect des règlements municipaux, du
respect du schéma d'aménagement ou, tout simplement, dans
l'exercice de propriété privée d'un individu qui est
concerné. Vous parliez tantôt des articles 16 et 17, mais
ça ne concerne pas l'ensemble, ça parle entre autres, des
activités. Donc, ça peut, effectivement, toucher bien des choses
sur un territoire. C'est pour ça que Je fais cette proposition de
façon officielle.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement à
l'article 43 est recevable.
M. Blackburn: Mme la Présidente, je voudrais
peut-être préciser au député de Shefford que la
discussion qu'il fait concerne beaucoup plus l'article 42 qui est un article
qui a déjà été adopté. L'article 43 dit que
c'est le maire d'une municipalité, par exemple, qui inciterait son
conseil à voter ou à faire des choses qui ne seraient pas
conformes au respect d'une loi. Je pense que c'est une différence
importante. On ne parle pas des citoyens. On parle, fondamentalement, de ce
maire et de son conseil. C'est la raison pour laquelle je pense que c'est
Important de faire cette nuance en ce qui concerne votre argumentation.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Je n'ai rien à ajouter. Je pense vraiment
que ça doit être là. C'est pour ça que je maintiens
ma proposition.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Blackburn: L'amendement est rejeté.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford, l'amendement est rejeté. Est-ce qu'il
y a d'autres commentaires sur l'amendement?
M. Paré: Non, il est rejeté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement
proposé par l'Opposition est rejeté. Est-ce que l'article 43 est
adopté?
M. Paré: Adopté sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 43 est
adopté sur division. Nous revenons...
M. Blackburn: Mme la Présidente, j'aimerais demander
à l'Opposition et à la présidence de revenir sur un
article, soit l'article 45. 1 tout simplement parce que nous avons
adopté un amendement introduisant l'article 40. 2. Donc, il faudrait
Introduire, dans l'article 45. 1, immédiatement après les mots
"l'article 39", les mots "ou 40. 2", étant donné qu'il faut
être conséquent avec ce que nous avons adopté tout à
l'heure. Il se lirait comme suit: "Malgré l'article 45, un organisme
municipal partie à un protocole d'entente conformément à
l'article 25. 1 peut, pour les activités prévues à ce
protocole, intenter une poursuite pour une Infraction à l'article 39 ou
40. 2 et le montant de l'amende lui est alors versé. "
M. Paré: Vous parliez de quel article?
M. Blackburn: De l'article 45. 1 qui a déjà
été adopté. Mais comme on a adopté un amendement
que vous avez proposé...
La Présidente (Mme Bélanger): C'est l'article 45.
2, M. le ministre.
M. Blackburn: Je m'excuse. Comme on a adopté un amendement
qui introduit l'article 40. 2, à la suite d'une proposition de
l'Opposition, il faudrait introduire...
La Présidente (Mme Bélanger): Qui va en opposition
avec l'article 40. 2?
M. Blackburn: Non. On a adopté un amendement de
l'Opposition pour l'article 40. 2, alors il faudrait introduire ce
numéro à l'intérieur de l'article.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous vouiez
introduire l'article 45. 2 à l'intérieur de l'article 40. 2?
M. Blackburn: Non.
La Présidente (Mme Bélanger): Si vous me le
permettez, on va suspendre quelques instants afin de se comprendre dans ce
dédale administratif.
(Suspension de la séance à 17 h 4) (Reprise à 17 h
5)
La Présidente (Mme Bélanger): La commis- sion
reprend ses travaux. J'aurais besoin du consentement des membres de la
commission pour rouvrir l'article 45. 2 qui a déjà
été adopté. On ferait un sous-amendement qui se lirait
comme suit: "45. 2 Malgré l'article 45, un organisme municipal partie
à un protocole d'entente conformément à l'article 25. 1
peut, pour les activités prévues à ce protocole, intenter
une poursuite pour une Infraction à l'article 39 ou 40. 2 et le montant
de l'amende lui est alors versé. "
M. Blackburn: C'est exactement ça, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que le
sous-amendement est adopté?
M. Paré: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement à
l'article 45. 2 sous-amendé est adopté. Nous revenons maintenant
à l'article 25. 2, un article déposé par le
député de Shefford. Ce projet de loi est modifié par
l'addition, après l'article 25, de l'article suivant: "Le ministre peut
accorder une aide financière à toute personne qui exerce une
activité sur un terrain privé où est situé un
habitat faunique si le refus d'autoriser une activité, si une condition
prévue dans une autorisation ou si une norme ou condition d'Intervention
prévu par règlement lui cause un préjudice. " Est-ce que
vous voulez commenter cet article, M. le député de Shefford?
M. Paré: Je vais répéter un peu ce qu'on
disait tantôt. Si on jugeait utile d'avoir un article semblable, il y a
un an, dans la loi 15 avec l'article 128. 17, je pense qu'on devrait maintenant
accepter ce même pouvoir d'accorder une aide financière aux
municipalités. Ce n'est pas une obligation, c'est un pouvoir. Je pense
que ce serait tout à fait correct d'apporter ça.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Blackburn: Je vais vous faire part, Mme la Présidente,
de commentaires sur la proposition d'amendement du député de
Shefford. Premièrement, il faut, bien sûr, examiner la question en
fonction de la flore et non pas en fonction de la faune. Je pense que c'est
très Important. Le pourquoi de ça, c'est, bien sûr parce
que la faune est une activité économique très importante.
Elle génère des revenus fort appréciables que l'on peut
réinvestir dans sa direction et dans sa mise en valeur. Les utilisateurs
ont eux-mêmes accepté le principe de l'utilisateur payeur par
l'acceptation d'un montant additionnel perçu à même le
permis de chasse, de pêche et de trappage. De plus, un habitat faunique
couvre généralement une superficie beaucoup plus
grande, parfois de dizaines de kilomètres carrés, tant sur
des terres publiques que sur des terres privées. Dans ces cas, la
protection des habitats fauniques est susceptible de porter plus de
préjudices, un préjudice plus grand aux propriétaires pour
l'usage de leurs terrains.
Pour ce qui est de la protection de la flore, Mme la Présidente,
quant à elle, compte tenu de sa dimension, qui est une nouvelle
dimension, d'ailleurs, pour la protection du Québec, elle pourrait, dans
beaucoup de cas, se faire par une adhésion volontaire des
propriétaires, sur la base d'un engagement volontaire plutôt que
financier, comme cela se fait à différents endroits, entre
autres, aux États-Unis, dans le Maine, en Ontario et au Manitoba. Au
Québec, le même phénomène pourrait exister et on se
doit de l'essayer et même d'encourager les gens à le faire et de
signaler par des gestes symboliques la conclusion d'une entente, par exemple,
par la remise de certificats ou de plaques commémora-tives. Enfin, nous
avons l'intention de procéder cas par cas pour ce qui est de l'octroi
d'une aide financière ou d'une aide d'une autre nature et ce, dans le
cadre du processus d'adoption des règlements fixant les habitats et
désignant les espèces. D'ailleurs, cette adoption sera
précédée d'une consultation. Par conséquent, il
nous apparaît non opportun de se lier pour la flore à une
disposition légale. La loi nous offre l'occasion d'agir en respectant
les propriétaires privés.
C'est la raison, Mme la Présidente, pour laquelle nous sommes en
désaccord avec l'amendement proposé par le député
de Shefford. Il nous faut considérer cette différence entre la
flore et la faune qui est quand même très importante. C'est une
nouvelle loi, c'est une nouvelle ouverture de protection et je pense qu'il y a
des différences fondamentales très importantes que l'on doit
considérer, entre autres, parce que la flore, c'est quand même une
activité qui, en termes économiques, n'aura pas les mêmes
possibilités, si vous voulez, que la faune. Quand on regarde les moyens
que se sont donnés les représentants ou les gens
préoccupés, entre autres, par les fameuses fondations et aussi,
bien sûr, cette redevance sur les permis de chasse et de pêche, on
se rend compte que ce sont des moyens que nous n'avons pas pour la flore,
actuellement. Alors, nous faisons appel au bon sens et à la
coopération, au partenariat des citoyens du Québec pour faire en
sorte que la protection de la flore soit vraiment une dimension
Intéressante en termes de préoccupation, de collaboration de
chacun d'eux. Nous voulons les amener à collaborer avec nous dans cette
protection, dans cette mission pour ensemble, de façon
coordonnée, de façon intéressante, en arriver à
cette protection. Il est sûr que les moyens que nous prendrons seront des
moyens plus raisonnables, mais qui seront quand même des moyens qui
pourront fort probablement nous aider, compte tenu aussi que cette dimension
correspond à ce qui existe actuellement ailleurs aux États-Unis,
entre autres dans le Maine, où il y a des expériences qui
fonctionnent parfaitement. Cette collaboration, ce partenariat on va y
travailler, je pense, de façon très incitative pour pouvoir tous
ensemble réussir à atteindre cette préoccupation qui est
la vôtre et qui est celle de tous les citoyens du Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Premièrement, il y a une erreur de frappe,
encore une fois, malheureusement. C'est "sur un terrain où est
situé une espèce ou un habitat floristique" au lieu de "un
habitat faunique". Je crois que tout le monde avait compris, mais c'est...
M. Blackburn: Floristique.
M. Paré: ..."où est situé une espèce
ou...
M. Blackburn: II n'y a pas de problème. On l'avait
compris.
M. Paré: ...un habitat floristique". Oui, je le sais.
C'est pour ça que c'est juste un...
Je vais revenir sur ce que vous avez dit et je vais vous dire que je ne
suis pas d'accord et je suis même très déçu que vous
refusiez parce qu'il ne s'agit pas ici... D'autant plus qu'on vous dit, depuis
hier, que ça ne devrait pas toucher beaucoup d'espèces, beaucoup
de terrains, donc qu'il n'y a pas de danger que ça coûte une
fortune, et que ça ne vous oblige pas non plus à mettre un
programme sur pied. Cela vous donne la possibilité d'aider. On dit bien:
"...peut accorder une aide financière à toute personne qui exerce
une activité sur un terrain privé où est situé une
espèce ou un habitat floristique si le refus d'autoriser une
activité..." N'oubliez pas qu'on parle de gens, du droit de
propriété, de l'exercice et de la jouissance de leur droit de
propriété. Cela veut dire qu'on peut amener une restriction sur
la propriété privée, la jouissance d'une activité
si on décide qu'il y a là une espèce à
protéger. On présume donc que ce n'est pas grand et que ça
ne touchera pas grand-chose sauf que, quand on préserve une
espèce de fleurs, cela ne veut pas dire qu'on préserve une fleur.
Le terrain peut être plus grand qu'on ne le pense.
Mais là où c'est quand même dangereux, n'oubliez pas
que pour le propriétaire d'un terrain privé qui est
décrété devoir être protégé, ça
veut dire qu'il n'a plus le droit d'y exercer l'activité qu'il a
l'habitude d'y exercer ou qu'il veut exercer parce qu'on lui amène une
restriction, on va aller sur son terrain et on va lui poser des panneaux, alors
c'est une agression à la propriété privée. En
même temps, je suis d'accord avec la loi en ce sens qu'il faut
protéger les espèces, mais pour les terres privées,
n'oublions pas que ça peut nous arriver à tout un chacun
chez soi. Là, on va nous dire: La loi a décidé que
c'était comme ça. Vous êtes bien malchanceux, mais des
fleurs comme chez vous, il n'y en a pas ailleurs et on a décidé
qu'on les préservait. C'est bien dommage, mais c'est comme ça que
ça marche. Non seulement, c'est au chapitre des activités que le
propriétaire pourrait vouloir exercer, des aménagements qu'il
pourrait vouloir apporter à sa propriété privée,
mais Imaginez-vous, lorsqu'il voudra vendre. C'est évident que s'il veut
vendre à un écolo, comme on dit, un amoureux des plantes, pour
qui la plus grande richesse est de pouvoir préserver une espèce
menacée, bravo! mais ce n'est pas sûr qu'il va tomber sur la perle
rare qui est intéressée à être ce grand protecteur
de l'espèce menacée. Alors, l'individu qui est
propriétaire du terrain et qui veut s'en départir, devra dire
à l'autre: Écoutez bien. Regardez le panneau qu'il y a là.
Ce n'est pas une décoration que J'ai mise là ou un poteau pour
une corde à linge, c'est une interdiction par la loi et vous êtes
obligé de la respecter. Vous serez peut-être même
obligé d'aménager le terrain d'une certaine façon. Je
pense qu'avec ce qu'on connaît dans notre système
démocratique, avec le pouvoir qu'on a d'être propriétaire
Ici et de pouvoir avoir la pleine jouissance de ce qu'on a acquis, on devrait,
au moins, pouvoir espérer obtenir une aide quand on s'en vient limiter
notre droit de propriété. Spécialement quand viendra le
temps d'une vente, probablement. (17 h 15)
C'est dommage, d'une certaine façon, que la fleur du
ministère des Affaires culturelles qu'est la ministre de l'Environnement
ne soit pas ici, parce que probablement qu'elle serait sensible à ce que
j'apporte. Quand on veut protéger le patrimoine, on accepte qu'il y ait
des programmes d'aide à la restauration lorsqu'il s'agit de
préserver un immeuble patrimonial, quelque chose qui a une valeur
architecturale incontestable qu'on considère comme devant être
préservé, protégé, amélioré toujours,
mais avec des normes très restrictives. Donc, pour ce qui est du
ministère des Affaires culturelles, on accepte ce principe d'une aide
pour préserver le patrimoine. Alors, si le patrimoine ça concerne
aussi l'environnement, les fleurs, la flore, pourquoi ne se permet-on pas - je
ne dis pas ne s'oblige-t-on pas - d'être capable d'aider un individu qui,
sans le savoir, est, au moment où on se parle, propriétaire d'un
terrain sur lequel on risque de lui faire des Interdictions ou des obligations
qui viendront lui apporter des limites à l'exercice plein et entier de
son droit de propriété, de son droit d'aménagement? S'il
veut faire des aménagements, on pourra probablement, par des normes et
des règlements, l'obliger à les faire de telle façon. Il
me semble qu'au minimum, tout comme au ministère des Affaires
culturelles, on devrait être en mesure de le supporter par une aide
financière, quand il s'agit d'une obligation ou d'une restriction qu'on
lui impose. Je suis donc tout à fait surpris et
déçu qu'on refuse - non pas cette obligation que je vous demande,
parce que, même si je le voulais, je ne peux pas - cette demande que je
vous fais en ce sens d'accorder une aide financière mais sans
obligation, en vous donnant le pouvoir de pouvoir le faire. Je pense que ce
serait un minimum. Ce n'est pas que je ne veuille pas discuter avec voua - la
preuve, c'est que notre discussion va bien - sauf que si c'était la
ministre des Affaires culturelles, qui est aussi la responsable de
l'Environnement, je ne suis pas sûr qu'elle ne serait pas coincée,
à cause du patrimoine, et obligée de reconnaître
qu'effectivement, cela devrait se faire et qu'elle ne devrait pas accepter
l'amendement qui est là. C'est pour ça que je suis surpris de
votre refus et que je me permets d'insister.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Blackburn: Mme la Présidente, M. le
député de Shefford, je pense bien qu'une des
caractéristiques en matière d'environnement, une dimension que
nous avons de plus en plus... et Je pense que la population du Québec
est très sensible à ce degré de préoccupation qui
fait que l'environnement, c'est l'affaire de tous. La protection de cet
environnement, c'est aussi l'affaire de tous. C'est la raison pour laquelle le
ministère de l'Environnement, de plus en plus, fait appel... On l'a vu,
entre autres, aux tables qui se sont tenues dernièrement sur
l'environnement et l'économie auxquelles beaucoup de citoyens ont
participé. Bien sûr que ces travaux ont donné des
résultats très positifs en termes de démonstration de la
volonté des citoyens du Québec de participer à la
protection de cette activité importante qu'est notre environnement. Nous
avons aussi cette préoccupation dans ce projet de loi. Je veux juste
vous rappeler, M. le député, qu'il y a actuellement, entre autres
dans le Maine, 2000 propriétaires terriens qui sont des
propriétaires Identifiés comme ayant sur leurs terres une
espèce menacée, des fleurs très importantes qui se doivent
d'être protégées et 856 en Ontario. Ces gens sont
très heureux. Il n'y a aucune rémunération qui leur est
accordée pour protéger leur habitat. C'est vraiment un
partenariat, c'est vraiment une collaboration qui leur est demandée pour
protéger ce patrimoine extrêmement Important que sont ces
territoires et ce qu'il y a dessus, bien sûr.
L'élaboration d'un règlement désignant une
espèce et son habitat permettra une consultation et permettra - parce
qu'on ne l'aura pas dans la loi - d'avoir les moyens, à partir
d'ententes, de discussions, de trouver des façons de régler ces
situations. Ce qu'on veut, bien sûr, c'est faire en sorte qu'en ce qui
concerne ce partenariat, cette dimension de collaboration, cette
fierté de participer à cette protection, à cette
amélioration de l'environnement, toutes les personnes qui pourront y
participer soient vraiment appelées sur la base d'une volonté
d'agir.
D'ailleurs, cette volonté est de plus en plus présente. On
le voit dans différentes activités et dans les contacts que nous
avons. Cette dimension sera sûrement dans le sens de cette
continuité dont je vous donnais un exemple. Il y a eu,
dernièrement, des tractations qui ont été faites avec des
propriétaires terriens parce qu'on a identifié certaines flores
menacées dans le nord de la ville de Montréal, je crois. Ces gens
nous ont assurés que ce qui était important pour eux, ce qu'ils
ne voulaient pas, c'était être expropriés. En ce qui
concerne les discussions et les façons qu'on pourrait trouver pour les
amener à participer à cette protection de la flore, ils seraient
très heureux de collaborer avec le ministère de l'Environnement.
Je pense qu'on se doit de continuer à cultiver cette dimension
importante de collaboration.
Vous savez, la protection de l'environnement, ce n'est plus l'affaire
seulement du ministère, des ministres ou des gens qui travaillent
à l'intérieur de ces ministères, c'est aussi l'affaire de
tous les citoyens du Québec, de toutes les provinces et de tous les pays
qui en sont tous préoccupés. Cette préoccupation est
constante, nous la vivons dans tous les événements journaliers
que nous avons l'occasion de voir, de vivre et d'entendre, que ce soit aux
bulletins de nouvelles, etc.
Je pense que faire appel à cette préoccupation, à
cette volonté, à ce partenariat de la part des citoyens du
Québec dans une activité aussi intéressante et aussi
Importante que ce projet de loi, sur lequel nous discutons, d'ailleurs, de
façon très positive depuis quelques heures, c'est
extrêmement important. C'est une nouvelle philosophie, une
mentalité à laquelle la génération présente
est sensible, ainsi que les générations futures. Pourquoi
toujours payer? Pourquoi toujours être obligés d'avoir le dollar
sur le bout des doigts? Cela fonctionne ailleurs, je le répète,
en Ontario, au Maine et en Alberta, alors pourquoi pas au Québec?
Pourquoi ne serait-on pas capable de faire appel à cette dimension,
à cet intérêt de participer, à cette volonté
des Québécois.
Je pense que, M. le député de Shefford, vous êtes
d'accord avec moi qu'aujourd'hui, si on prend seulement la question des sous,
on a déjà beaucoup de problèmes à trouver ces
sommes d'argent qui sont tellement importantes pour tous les autres besoins,
qui sont essentielles aux Québécois et aux
Québécoises, que ce soit en matière de santé,
d'éducation, de transport ou de tout ce que vous voulez, et surtout en
matière d'environnement. Il nous faut donc essayer de faire une
utilisation rationnelle de toutes les ressources, humaines surtout. Quand on
peut le faire en faisant appel à cette volonté de par- ticiper,
à cette valorisation, à cette protection, je pense qu'on doit le
faire. C'est une expérience qu'on se doit de tenter. D'après la
connaissance que j'ai maintenant de ce dossier, depuis quelques semaines et
quelques mois, d'après cette participation que j'ai eue à
beaucoup d'activités, d'après ces rencontres que j'ai eues avec
plusieurs citoyens du Québec, tous préoccupés par
l'environnement, d'après cette volonté, cette sensibilité
des citoyens à vouloir collaborer, participer à
l'amélioration, à la protection, je suis convaincu qu'en ce qui
concerne la protection de la flore, ce sera sûrement une activité
sur laquelle je peux miser, parce que je suis convaincu qu'on va atteindre les
objectifs que vous poursuivez, qui sont, dans le fond, les mêmes que les
nôtres, soit la protection de ces domaines importants, sans,
nécessairement, toujours à l'intérieur de tous les projets
de loi, y ajouter cette dimension de piastres et de cents que vous
considérez comme étant absolument nécessaire mais qui,
à mon sens, ne l'est pas du tout. Au contraire, on risquerait
peut-être d'altérer un des objectifs importants de cette
participation et de cette collaboration, parce que ce n'est pas tout d'avoir
des habitats, des territoires ou des espèces identifiées comme
vulnérables ou menacées, il faut aussi avoir la collaboration de
tous les instants de ces citoyens qui auront à les protéger et
à participer.
C'est pour ça, Mme la Présidente, que nous rejetons la
proposition du député de Sheffort qui n'est absolument pas
nécessaire au stade actuel du projet de loi.
Un exemple de collaboration qu'il nous est donné de constater, M.
le député de Shefford, et qui nous le démontre encore, est
celui d'As-bestos, dans la municipalité de Coleraine, près de
Thetford Mines, qui a protégé cinq plantes rares, à partir
d'un partenariat de conservation sans paiement. C'est déjà une
démonstration intéressante d'une volonté très
clairement manifestée par ces citoyens. Je pense qu'on doit continuer
dans ce sens, M. le député. Je suis convaincu que c'est une
avenue dans laquelle nous allons faire d'énormes gains, qui seront de
plus en plus intéressants. Ce que nous pourrons vivre en termes
d'expérience, dans cette activité, je pense bien que ça
pourra s'étendre à d'autres secteurs d'activité:
partenariat, collaboration, préoccupation, objectifs à atteindre
pour faire en sorte qu'on puisse arriver tous ensemble à cette
amélioration de l'environnement.
M. Paré: Très rapidement pour vous faire part de ma
déception.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Vous avez raison que tous... Je vous remercie,
Mme la Présidente. C'est vrai que c'est l'affaire de tout le monde, sauf
que c'est une affaire d'équité. Si une ville décide de
préserver des plantes, bravo! c'est une responsabilité
collective. Mais, là on s'adresse à des citoyens en particulier.
C'est une question d'équité. Ce serait même probablement un
outil efficace que vous vous donneriez pour faire accepter à certaines
personnes des choses qu'on devrait leur Imposer en attaquant leur droit de
propriété. Vous dites qu'il sera peut-être possible de les
aider, sauf que je dois vous dire que le pouvoir discrétionnaire, moi,
ça me tombe sur les nerfs. Il y a moyen de le faire par des programmes
et autrement qu'en aidant tout simplement une personne par rapport à une
autre ou d'une façon quelconque. C'est évident qu'à un
moment donné, on peut être obligé d'aider d'une
façon particulière; s'il y a une espèce menacée sur
un terrain privé, qui demande une Intervention immédiate et qu'on
doive aider, j'espère qu'on va le faire, parce qu'on va obliger le
propriétaire à faire des travaux. Mais là où ce ne
serait pas nécessaire mais que l'individu voudrait faire des
aménagements pour la protéger encore davantage, il ne peut, en
fonction de la situation actuelle, demander de l'aide. S'il veut vendre, il est
pénalisé, parce que, comme je vous le disais, ce n'est
peut-être pas M. Levert, M. Legris ou M. Larose qui va acheter le
terrain, mais une personne qui ne sera peut-être pas
Intéressée à protéger les fleurs. À ce
moment-là, est-ce qu'il va être capable de le vendre aussi
cher?
Je vais juste essayer de vous ramener, en concluant, parce qu'il ne sert
rien d'étirer le débat, sur le plancher des vaches un petit peu.
On peut avoir la tête dans les nuages, mais il faut avoir les deux pieds,
à un moment donné, sur terre, sur le vrai terrain. Oui, on peut
tenir de beaux discours, en ce sens que tout le monde est
intéressé, c'est vrai qu'au moment où l'on se parle,
l'environnement est la préoccupation première des citoyens. Mais
soyons bien réalistes. Tout le monde parle de
récupération, mais ce n'est pas tout le monde qui est prêt
à le faire. Tout le monde dit qu'il faut enfouir quelque part, mais pour
autant que ce n'est pas chez soi, pour autant que ce n'est pas dans sa cour,
pour autant que ce n'est pas dans sa ville et pour autant que ce n'est pas dans
sa région. On en a la preuve à tous les Jours. Regardez partout,
les gens ne veulent pas avoir les déchets, et pourtant ça fait
partie de la qualité de vie, de la qualité de l'environnement, de
se trouver des lieux d'enfouissement. Mais, là, on tient le beau
discours que tout le monde est prêt à participer. Mais oui, tout
le monde est prêt à participer, mais pas dans sa cour. Ce sera
peut-être bien la même chose, ne rêvons pas en couleur.
J'espère que non, mais ça risque d'être ça. On tient
de beaux discours en disant qu'il faut protéger - Imaginez-vous - les
fleurs. Je peux bien avoir mon petit pot sur le bord de ma table pour
protéger les fleurs, mais entre temps, qu'est-ce qu'on fait comme
société? Vous pouvez me donner l'exemple d'Asbestos, qui veut en
protéger cinq sortes. Bravo! je suis prêt à écrire
à ces gens une lettre de félicitations, mais, en même
temps, c'est le même gouvernement qui est en train de dilapider la
réserve forestière de Duchesnay. Imaginez-vous, II faut le faire,
en même temps. On va demander aux citoyens de protéger des
territoires parce qu'il y a des fleurs menacées, mais, en même
temps, on va mettre la hache dans une réserve forestière acquise,
que le gouvernement possède. De plus, à ville d'Anjou,
dernièrement, on a construit un HLM dans un des derniers espaces verts
de la municipalité. On sait qu'il n'y a pas beaucoup de parcs dans l'est
de Montréal, mais, pourtant, on a construit un HLM dans un parc. Les
gens ont contesté mais on a laissé faire, au ministère de
l'Environnement, en disant qu'on bûcherait le moins d'arbres possible.
Bravo pour ceux qu'on n'a pas bûchés. Donc, on ne protège
même pas les parcs là où II y en a.
Encore dernièrement, il y a eu un débat public, à
Saint-Léonard, au sud du boulevard Métropolitain - vous
connaissez la situation, la pollution et tout ce qui s'y passe - parce qu'on
veut, dans un des derniers parcs qui reste à Saint-Léonard,
bâtir - c'est un projet, je ne sais pas ce que le mouvement de
contestation a fait, ni jusqu'où ça ira - deux tours à
logements pour personnes âgées. Je n'ai rien contre ça,
qu'il y ait des tours, mais pas dans un parc quand il s'agit du dernier espace
vert.
Alors, on tient de beaux discours et on dit que tout le monde est
écolo, bravo! Sauvons les fleuves et les parcs! Mais, d'un autre
côté, on pose des gestes comme ceux là. Alors, je me dis
qu'il faut se donner les moyens de réussir. Si on ne se donne pas les
moyens, on pourra toujours se relire, à un moment donné, et dire
qu'on a fait de beaux discours, mais on n'aura peut-être pas pris les
moyens. C'est un moyen qui ne vous coûte pas cher. Je suis sûr que,
si la ministre était ici - je ne dis pas que vous ne faites pas une
bonne job - elle ne pourrait pas faire autrement que d'accepter ça parce
que, si elle a la même préoccupation, la même vision de la
protection du patrimoine que de celle du patrimoine des espèces
menacées, il ne peut pas y avoir deux poids, deux mesures. Si on accepte
d'aider pour protéger l'architecture, je ne vois pas pourquoi on ne
protégerait pas la culture au chapitre des espèces
menacées. Je pense qu'on devrait accepter ça. Je ne comprends pas
qu'on le refuse. Je suis déçu.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Blackburn: Mme la Présidente, je dois vous avouer que
je suis très déçu du discours du député de
Shefford. Il ne fait pas du tout appel au bon sens des citoyens du
Québec. Il ne fait pas appel à la volonté des citoyens du
Québec de participer à cette protection de l'environnement. Il
n'a pas foi en cette collaboration, j'en suis convaincu, qu'il est absolument
possible d'at-
teindre. Il est évident qu'il faut la demander, cette
collaboration, mais je suis convaincu que nous l'aurons.
Nous avons déjà des exemples de participation et de
collaboration, comme je vous le disais tout à l'heure, à travers
différentes activités. J'ai l'occasion, à
l'intérieur de beaucoup d'activités où je suis
Invité avec ma collègue, de participer à des rencontres
avec des gens qui sont préoccupés par l'environnement. De
façon constante et dans toutes les réglons du Québec, des
groupes de bénévoles participent à la protection de leur
environnement de façon incroyable et extraordinaire, avec ce
degré de sensibilité qui est particulier en matière
d'environnement.
Quand, M. le député de Shefford, vous ne croyez pas
à cette dimension Importante de la population du Québec, je dois
vous avouer franchement que je suis énormément
déçu. Je vous répète, et je vous ai donné
des exemples de collaboration de propriétaires terriens. Il y en a 2000
dans le Maine, qui participent de façon bénévole,
volontaire, à la protection de territoires ou d'habitats
d'espèces menacées et 856 en Ontario. Mais nous, nous ne serions
pas capables d'avoir cette collaboration des citoyens du Québec?
Franchement, M. le député, je trouve que c'est manquer de
confiance en cette population. Je pense aussi que c'est dire, jusqu'à un
certain point... Si on acceptait votre raisonnement en disant qu'on ne sera pas
capables d'avoir cette collaboration des citoyens du Québec, on serait
peut-être aussi bien de dire qu'on sera Incapables de relever le
défi, défi actuellement extrêmement important non seulement
pour la population québécoise, mais pour la population de toute
la terre. Il nous faut cette collaboration. On a beau dire que c'est de la
philosophie, de la haute théorie, mais II y a quand même une
dimension de réalité. Je suis convaincu que les citoyens du
Québec sont prêts à participer d'une façon de plus
en plus constante, de plus en plus cohérente.
Je répète cet exemple que je mentionnais tantôt en
vous disant, dans tout le Québec, combien de groupes environnementaux
collaborent de façon continue et extraordinaire à la
réparation, à la protection de l'environnement. Si on prend des
exemples de lois d'intérêt public - vous parlez toujours de
monnayer - on se rend compte que, quand on dit à des gens qu'ils doivent
installer des fosses septiques dans des endroits, pour protéger les
berges, les rives et le littoral, pour la protection des lacs, on ne participe
pas à l'installation de leur fosse septique. On leur dit qu'ils doivent
le faire parce que c'est important pour la protection de l'environnement. On
dit à ces gens qu'ils devront respecter les lois de protection du
territoire agricole par rapport à l'ensemble, que ce soit
l'épandage du fumier ou tout ce qui est de nature à affecter de
façon négative l'environnement. On Impose des lois, on dit aux
gens qu'ils devront les respecter, mais on ne participe pas à la
responsabilité financière qu'ils auront à assumer. C'est
pour ça, M. le député, Mme la Présidente, que, en
tout cas, on maintient notre position, parce que, comme gouvernement, nous
avons cette dimension de confiance.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, si j'ai bien
compris, l'amendement est rejeté. Est-ce que vous avez d'autres
commentaires, M. le député de Shefford?
M. Paré: Oui, j'ai l'impression que ce sera rejeté.
J'ai une question et je finis là-dessus. En ce qui concerne cette belle
confiance, je dois dire que je fais aussi confiance aux
Québécois, sauf que je vous dis qu'on devrait se donner les
moyens de s'assurer qu'on aura moins de problèmes. Mais, devant cette
marque de confiance Illimitée que vous avez, comment expliquez-vous
qu'on ait mis cet article dans la loi 15?
M. Blackburn: L'article dans la loi 15?
M. Paré: Oui. Je vous l'ai dit, c'est une question
d'harmonisation. Si, dans la loi 15, on a trouvé utile de le mettre pour
la faune, pourquoi ne peut-on pas le mettre pour la flore? Je ne comprends
pas.
M. Blackburn: Me Côté est en mesure de vous
répondre, encore une fois, de façon beaucoup plus claire, M. le
député, et je suis convaincu que la réponse qu'il vous
donnera vous fera mieux comprendre le pourquoi de la confiance que nous avons
de ne pas l'introduire à l'intérieur du présent projet de
loi.
M. Paré: Je suis à l'écoute.
La Présidente (Mme Bélanger): Me Gaétan
Côté.
M. Côté (Gaétan): Je ne sais pas si je serai
digne de tous ces éloges. En fait, une raison qui peut expliquer la
différence, c'est que, dans le cas des habitats fauniques, cela ne vise
pas uniquement les habitats fauniques menacés, cela vise des habitats
fauniques beaucoup plus grands où il peut y avoir une exploitation
économique quelconque. On n'a qu'à penser, par exemple, aux
chevreuils. On veut protéger l'habitat du chevreuil ou celui de
l'orignal. Cela peut avoir un impact peut-être plus grand que de
protéger un petit territoire où il y a une espèce
menacée ou de protéger le castor ou la marmotte, parce que
l'intérêt public est nettement plus marqué. Il y a une
notion d'intérêt public qui fait peut-être un peu la
nuance.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va. Le temps de
parole est écoulé. Les 20 minutes ont été...
M. Paré: Cela ne me convainc pas de retirer
ma motion.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, de toute
façon...
M. Blackburn: Elle est rejetée.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement est
rejeté.
M. Paré: Rejeté, malheureusement.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, j'appelle
l'article 54 qui dit: Les dispositions de ta présente loi entrent en
vigueur le...
M. Blackburn: Mme la Présidente, on aurait besoin, avant
de passer à l'article 54, de quelques minutes pour discuter de certains
détails techniques.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, la commission
suspend ses travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 17 h 38)
(Reprise à 17 h 44)
La Présidente (Mme Bélanger): A l'ordre, s'il vous
plaît!
Est-ce que vos petits problèmes techniques sont
réglés?
M. Blackburn: Oui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous avez
un amendement à apporter avant de passer à l'article 54 qui
conclut le projet de loi?
M. Blackburn: On a un amendement qui va vous être
donné, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): II faudrait adopter
l'amendement avant d'adopter l'article qui conclut le projet de loi.
M. Blackburn: C'est bien, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 40. 1 est
modifié par l'addition, à la fin, de ce qui suit: "ou que la
personne ait été préalablement avisée de
l'existence de cet habitat. "
Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Paré: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement est
adopté. Est-ce que l'article 40. 1, tel qu'amendé, est
adopté?
M. Blackburn: Oui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
54.
M. Paré: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 54 est
adopté. Est-ce que les intitulés des sections sont
adoptés?
M. Paré: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que le titre
du projet de loi, Loi sur les espèces menacées ou
vulnérables et modifiant la Loi sur la conservation et la mise en valeur
de la faune, est adopté?
M. Blackburn: Adopté. M. Paré:
Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que le
ministre pourrait faire une motion pour renuméroter le projet de
loi?
M. Blackburn: J'ai un petit discours...
La Présidente (Mme Bélanger): Non, c'est une motion
pour la renumérotation.
M. Blackburn: Je fais motion, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): La motion pour la
renumérotation est-elle adoptée?
M. Paré: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'ensemble
du projet de loi est adopté?
M. Blackburn: Adopté. M. Paré:
Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous avez des
remarques finales, M. le ministre?
M. Blackburn: Oui, Mme la Présidente. Je suis très
heureux d'avoir eu, comme première expérience, la chance de
participer à ce moment historique de la loi 108, qui est vraiment un
geste important pour la conservation de notre patrimoine naturel. D'avoir eu
cette occasion de participer à une activité aussi
intéressante, aussi extraordinaire, c'est une chose qui est
peut-être unique dans la vie d'un député, d'un
ministre.
Je voudrais aussi profiter de l'occasion pour remercier pour leur
excellente collaboration M. Léopold Gaudreau du ministère, Me
André Bisalllon, Me Nicole Bernier, M. Réal L'Heureux, du
ministère de l'Environnement, Me Gaétan
Côté, du ministère du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, mes collègues qui sont membres de cette commission
parlementaire et, bien sûr, le député de l'Opposition qui a
fait un travail extrêmement intéressant de collaboration et de
recherche à l'amélioration dudit projet de loi.
C'est tout ce que j'avais à dire, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre.
M. le député de Shefford.
M. Paré: En concluant, j'aimerais juste dire que je serai
prêt à lancer des fleurs lorsque j'aurai vu avec quelle vitesse on
mettra en application ce projet de loi et de quelle façon on va
l'appliquer. En attendant, vive les fleurs.
M. Blackburn: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. La commission
de l'aménagement et des équipements suspend ses travaux
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 48)
(Reprise à 20 h 15)
Projet de loi 136
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'amégagement et des équipements est
réunie ce soir afin de procéder à l'étude du projet
de loi 136, Loi modifiant la Loi sur la Société d'habitation du
Québec et le Code civil en matière de bail d'un logement à
loyer modique. Je demanderais le consentement des membres de la commission pour
que M. le député de Mercier remplace le député de
Verchères pour le reste de la séance, et que Mme la
députée de Chicoutimi remplace le député de
Lévis pour le reste de la séance également. Est-ce qu'il y
a consentement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ayant connu le
député de Verchères à l'occasion de l'adoption de
la Loi sur la sécurité du revenu, je pense que le
député de Mercier fera sans doute un travail équivalent
sur le plan du fond et de la forme du dossier, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors je conclus
qu'il y a consentement.
Mme Juneau: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Simplement pour être bien sûre, je suis
membre inscrite.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, vous êtes
membre de la commission.
Mme Juneau: Je vous remercie. Une voix: De plein droit.
Mme Juneau: Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre,
est-ce que vous avez des remarques préliminaires?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, vous me
permettrez dans un premier temps de souligner la présence...
La Présidente (Mme Bélanger): Je m'excuse, je
voulais le faire, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous laisse le faire, Mme la
Présidente. À tout seigneur tout honneur.
La Présidente (Mme Bélanger): Je voulais souhaiter
la bienvenue au député de Hull, qui est membre de notre
commission. Vous allez être bien Initié ce soir, je crois, parce
que vous avez quatre belles heures à faire devant les membres de cette
commission.
Mme Juneau: II va trouver ça "dull".
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, pour
être...
M. LeSage: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Pierre
Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, vous
venez de souligner la présence du député nouvellement
élu de la circonscription électorale de Hull. Nous tenons
à lui souhaiter, et je pense que c'est unanime à la commission
parlementaire, la plus chaleureuse des bienvenues. Son expérience dans
le monde municipal, je tiens à le souligner, l'a déjà
initié aux dossiers que nous discutons au sein de cette commission, qui
ont trait aux affaires municipales, à l'habitation, et à beaucoup
d'autres éléments.
Vous avez souligné que cette commission durerait quatre heures ce
soir, Mme la Présidente. Il ne faut jamais anticiper, ai-je à
vous le rappeler, sur le déroulement des travaux d'une commission.
Quelquefois, grâce à la saine collaboration de l'ensemble des
parlementaires, l'étude d'un projet de loi peut se dérouler plus
ou moins rapidement que prévu. Tout est relatif
dans ce domaine de l'analyse article par article des projets de loi.
Je tiens à le dire, jusqu'au moment où nous nous parlons,
les échanges ont toujours été positifs; Ils avaient pour
but d'exprimer des points de vue qui n'avalent pas comme premier objectif de
retarder le déroulement d'une commission, mais de bonifier les projets
de loi qui sont appelés devant cette commission.
Je vous dirai que le projet de loi qui est appelé ce soir est
extrêmement important. Normalement, sur le plan juridique, il n'aurait
dû contenir qu'un seul article. Ce projet de loi aurait strictement
dû prévoir la délégation aux offices municipaux
d'habitation de pouvoirs dans le domaine de sélection ou
d'établissement des listes de locataires. Si le projet de loi contient
quinze articles, c'est que la pratique que nous connaissons présentement
sur le terrain, et je le dis avec toutes les conséquences que cela peut
comporter et étant confiant qu'il sera adopté rapidement...
L'ensemble des articles du projet de loi ont pour objectif de boucher des trous
législatifs. Il y a actuellement plusieurs actes, actions et gestes
posés par les différents intervenants dans le domaine de
l'habitation, qui le sont sans reposer sur des bases juridiques solides. Nous
pensons que les bénéficiaires des politiques d'habitation au
Québec ont droit à des bases juridiques solides.
Je vous dirai que si l'actuel projet de loi contient une quinzaine
d'articles, c'est à la suite de l'initiative du ministère de la
Justice et du comité de législation. Le seul objectif poursuivi
par l'actuel ministre et par la Société d'habitation du
Québec est de déléguer des pouvoirs aux offices municipaux
d'habitation. Tous les autres articles sont requis parce que, depuis l'ancien
gouvernement jusqu'au nouveau, on a tenu pour acquis certaines choses sur le
plan légal. Je vous invite donc à analyser ce projet de loi
article par article dans cet esprit.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Merci, Mme la Présidente. Je souhaite
aussi la bienvenue au député de Hull, qui est déjà
parti mais qui va certainement revenir. Je trouve quand même Important
de...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II va revenir aux
générales.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paré: On verra. Le ministre va comprendre que je
reprendrai des arguments que j'utilise depuis un certain temps parce que,
depuis le 2 décembre 1985, à toutes les fois ou presque qu'on a
été appelés en commission pour un projet de loi, cela a
toujours été pour un désengagement de l'État, et
ça continue. Ce n'est pas plus compliqué que ça. C'est un
désengagement de l'État en matière d'habitation.
Je vais vous nommer quelques gestes qui viennent prouver ce que Je dis.
On dit d'abord que dès la nomination du Conseil des ministres. il n'y a
plus de ministre responsable de l'Habitation comme tel. Il y a un ministre avec
une responsabilité par rapport à l'habitation, mais il n'y a plus
de ministère de l'Habitation. Donc, on abolit le ministère.
Vous dites que c'est une structure, mais un ministère n'est pas
une structure comme les autres. Je connais les discours et vous les connaissez
aussi. Je me rappelle juste les beaux discours qu'on entend à
l'Assemblée nationale quand on crée un nouveau ministère.
Je me rappelle les discours du ministre délégué à
la PME, comme quoi le gouvernement avait une préoccupation majeure et
importante par rapport à la PME et c'était seulement un ministre
délégué. On entend la même chose à toutes les
nominations qui se font. Mais là, on décide que l'habitation, on
n'en fait pas un sujet suffisamment majeur et important, où on veut
consacrer toutes les préoccupations d'une personne, donc un ministre,
avec tout ce que veut dire un ministère comme entourage. Donc, on
décide qu'il n'y a plus de ministère de l'Habitation. Cela a
été la première chose sur laquelle on est tout de suite
intervenus en disant qu'on trouvait que cela n'avait pas de bon sens. C'est un
recul, sachant l'Importance de l'Habitation - avec un grand il - qui englobe
l'ensemble de ce que veulent dire construction, habitation et logement
social.
On regarde aussi le désengagement en termes financiers. Là
aussi, c'est la même chose quand on regarde l'argent qui était
Investi par le gouvernement en 1985 par rapport à ce qui est investi
maintenant. On s'aperçoit que c'est toujours sur une côte
descendante.
Là-dessus, le ministre va me dire. Oui, mais, globalement, cela
finit par faire un peu plus avec la contribution du gouvernement
fédéral, sauf que c'est toujours, je pourrais presque utiliser le
terme "volatile" de ce temps-là, parce que ce n'est pas nous qui
décidons, mais c'est nous qui subissons. Encore dernièrement, on
a vu dans le fameux budget Wilson, 50 % de la coupure sont impliqués au
Québec, alors qu'on n'est pas ceux qui sont les plus favorisés au
départ. Mais ça, quand on attend, on risque d'avoir des mauvaises
surprises alors que quand on décide, les mauvaises surprises, s'il y en
a, c'est qu'on se les impose soi-même. Donc, moins d'argent.
Ensuite, on a transféré tous les pouvoirs à la
Société d'habitation du Québec, et ce n'est pas contre la
société que j'en ai. La Société d'habitation du
Québec a toujours joué un rôle Important et a toujours
accompli un travail plus que correct, sauf que la responsabilité,
à notre
avis, doit relever des élus et on doit être capable de
prendre des décisions, de décider des orientations et de
contrôler les gestes qui sont posés. On s'est aperçus, dans
le projet de loi qui transférait tous les pouvoirs à la
Société d'habitation du Québec, qu'en plus, on s'enlevait
l'obligation de prépublication, ce qui était déjà
un danger terrible et on l'a manifesté. C'était inquiétant
parce que ce n'était pas coutumler, avant. Mais là, on a
été obligés de constater que c'est une coutume qui se
répand de plus en plus. On le fait de moins en moins, on utilise toutes
sortes de lois sectorielles pour enlever ce procédé ou cette
procédure démocratique qui était implantée.
Je dois vous dire que depuis un certain temps, la démocratie en
mange un coup, mais c'est toujours d'une façon très ponctuelle.
C'est toujours à partir d'un article dans un projet de loi. Mais on va
s'apercevoir de ce que cela a comme effet en bout de ligne et j'espère
qu'on va pouvoir changer les choses avant qu'il ne soit trop tard. Cela
commence de cette façon, une démocratie qui s'affaiblit.
Ensuite, on apprend - je dois vous dire qu'on ne l'a pas trouvé
drôle, les membres de la commission se le rappelleront - tout bonnement,
après avoir utilisé et après avoir exercé ce qu'on
croyait être un pouvoir et une responsabilité qui nous
étaient impartis, qu'on ne peut même plus poser des questions sur
les dépenses de la Société d'habitation du Québec.
C'est fou raide, c'est inacceptable! Moi, je n'accepte pas... SI chaque citoyen
doit connaître la loi, Je n'accepterai pas l'ignorance du ministre par
rapport à ce que la loi 137 avait donné, ce serait trop facile.
Les citoyens doivent connaître toutes les lois. Qu'on vienne parler
d'ignorance par rapport à cet article de la loi 137, de toute
façon, ça ne pouvait pas être l'ignorance, parce que, quand
on adopte un projet de loi pour créer une société, il faut
s'attendre à ce qu'il y ait des changements, des modifications, et cela
en est une majeure.
Donc, sur un budget de plusieurs dizaines de millions de dollars par
année, qui est dépensé et qui est même
dépensé en allocations directes aux citoyens par des programmes
qui sont votés à l'Assemblée nationale, on n'a pas de
contrôle comme tel, on ne peut pas s'interroger. Donc, une fois par
année, aux crédits, on peut questionner le ministre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis en Chambre tous les
jours.
M. Paré: Le minsitre me dit: À la Chambre, tous les
jours. Je dois vous dire...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est rare que je manque une
période de questions.
M. Paré: ...que le temps qu'on a pour poser des questions
et le genre de réponses qu'on a - une fleur à votre chapeau,
surtout de votre part, M. le ministre - je dois vous dire que je
préfère être en commission pour avoir des réponses,
parce qu'il faut que je la pose souvent et vous le savez. La dernière
fois, je ne sais plus combien de fois j'ai posé la question pour avoir
la réponse et je ne l'ai pas tout à fait eue mais, au moins,
j'avais une orientation, et c'était un sujet sur lequel je vais revenir
tantôt, soit la fameuse politique d'habitation.
On ne peut même plus poser de questions; imaginez-vous, comme
élus du peuple, on ne peut plus s'informer sur les dépenses de
centaines de millions de dollars effectuées par une
société d'État. Je trouve ça inquiétant
et...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le député,
j'avoue, si vous me permettez de vous interrompre deux secondes, que la
période de questions est quand même difficile sur ce point, mais
il demeure toujours une possibilité de questions au feuilleton. Je pense
qu'il est important que l'ensemble des députés obtiennent des
réponses et ce n'est pas là un des objectifs recherchés
par le gouvernement de ne pas donner des réponses sur les
dépenses des sociétés d'habitation. Vous avez plusieurs
moyens à votre disposition, je m'excuse.
M. Paré: Ne vous excusez pas, ça me fait plaisir.
De toute façon, on n'est pas pressés, on est ici pour une heure
ou deux. Ce qu'on sait, c'est que ce n'est pas la même chose, une
question à l'Assemblée nationale, et j'en sais quelque chose. On
n'a qu'à regarder aller le président, on a à peine douze
secondes de faites qu'il dit déjà: Question, s'il vous
plaît! On n'en a pas long pour poser les questions et vous n'en avez pas
long pour répondre. Ce n'est pas la façon d'avoir un dialogue
constructif et d'aller au fond des choses.
Une question au feuilleton, non plus. Oui, on peut bien avoir sur papier
les réponses à des questions qu'on a, mais on n'a pas
d'échange de vue et ce sont les discussions qui sont quand même le
plus profitable en commission parlementaire. Vous le savez pour avoir
été de ce côté-ci de la Chambre et pour avoir
pratiqué cet exercice très démocratique qui consiste
à questionner à fond et à avoir des réponses
claires et précises, non seulement sur des chiffres et des colonnes de
chiffres, mais sur des politiques et des orientations. C'est là que
l'exercice se pratique.
On est élus, nous... Si vous regardez dans l'entrée, la
petite chambre d'entrée, on dit: C'est quoi le rôle des
députés? On a trois rôles, dont un qui est celui de
contrôleur des dépenses de l'État.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est quoi les deux autres?
M. Paré: Les deux autres? Services aux citoyens et
législateur.
Une voix: II ne le savait pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, non, c'est parce que je
n'ai jamais limité ça à trois.
M. Paré: Non, mais chaque geste que vous posez est
relié à l'un de ces trois grands éléments majeurs
du rôle du député. Un des rôles importants est celui
de contrôler les dépenses de l'État et, de cette
façon, maintenant, on ne peut plus le faire.
Et maintenant, on nous propose le projet de loi 136 qui fait en sorte
qu'on se départit encore une fois d'une responsabilité, c'est un
chèque en blanc qu'on donne à la Société
d'habitation du Québec qui va pouvoir décider maintenant, oui,
probablement de consentement, avec le ministre, j'espère, mais pas avec
l'Assemblée nationale. On va agir complètement à
l'extérieur, de façon indépendante, et nous n'avons rien
d'autre à faire que de réagir, soit par conférence de
presse ou autrement, sur ce qui touche quand même
énormément de citoyens, ne l'oublions pas, quand on parle
d'à peu près 55 000 HLM.
On peut se poser des questions sérieuses, on a le droit
d'être Inquiets et on a le droit de s'Informer. Et, à l'avenir, on
ne pourra plus le faire. Et, de plus, on nous enlève même la
prépublicatlon. On a dit qu'on va publier, mais ça va quand
même entrer en fonction au moment où ça va paraître
dans la Gazette officielle du Québec; c'est un article qu'on retrouve
dans le projet de loi. Je dois vous dire que, à un moment donné,
il y a des choses qui ne sont pas correctes à mon avis. (20 h 30)
Je me rappelle avoir entendu le ministre en Chambre lorsqu'il est venu
nous dire tout fier, mais U ne l'a pas répété, j'en suis
bien content, qu'il s'agit là d'une politique d'habitation. Oui, oui, je
me rappelle vous avoir posé - et c'est un des désavantages de la
période de questions - la question suivante: Quand allez-vous
déposer votre fameuse politique d'habitation? Vous m'avez
répondu: Le député de Shefford n'a pas à
s'énerver, J'en dépose une dans quelques jours. Il parlait du
projet de loi 136 qui est vraiment une politique d'habitation qui va faire
plaisir aux offices municipaux d'habitation. Je dois vous dire... En fait, oui,
c'est une politique d'habitation, mais c'est une politique d'habitation dans le
sens qu'on vient de s'en laver les mains complètement en laissant toute
la responsabilité, le peu qu'il restait, à la
Société d'habitation du Québec. Pourtant, cette fameuse
politique globale d'habitation a été demandée, non
seulement par les groupes de locataires, mais par bien des gens qui se sont
plaints, dès l'arrivée au pouvoir du Parti libéral, du
fait qu'il n'y avait plus de ministère de l'Habitation, de même
que par l'Association des offices municipaux d'habitation du Québec qui
disait: Cela prendrait une politique globale de logement social, non seulement
pour connaître la réglementation quant à
l'admissibilité sur les listes d'attente, mais aussi pour savoir si on a
encore l'intention de privilégier les HLM, d'en construire de nouveau,
d'en diminuer le nombre ou d'aller vers d'autres avenues. Une politique
globale, ça permet de connaître les orientations. On ne les
connaît pas. Pourtant, votre prédécesseur, dès juin
1986, avait formé un comité chargé de fixer les
orientations d'une politique globale d'habitation. Imaginez-vous! Juin 1986.
Lorsque le projet de loi 137 a été déposé, toujours
votre prédécesseur, et toujours le même ministre,
s'engageait à déposer une politique d'habitation en quatre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mon successeur.
M. Paré: Je vais revenir là-dessus aussi pour
expliquer un peu que c'est blanc bonnet et bonnet blanc. Alors, en mars 1988,
là, c'est dans le discours d'ouverture. On ne parle plus seulement de
discours pour passer le temps, on parle du discours d'ouverture, et
j'espère que ça veut dire quelque chose parce que, normalement,
ce sont les orientations qui sont suivies. Dans le discours d'ouverture, le
ministre réitère son engagement. Je le cite: "Le gouvernement
vous soumettra les grandes orientations d'une politique d'habitation
déterminant la place des intervenants privés du gouvernement,
marquant une préoccupation prioritaire pour la famille et les plus
démunis. " C'était en mars 1988. On est maintenant rendus en 1989
et il n'est plus question - il semble, en tout cas, selon les discours qu'on a
entendus en cours de route - de politique globale d'habitation. De plus - Je
vais donner d'autres exemples parce que le ministre semble dire que ce n'est
pas tout à fait ça - en avril 1988, à l'étude des
crédits, votre prédécesseur a réitéré
son engagement. Pourtant, en septembre 1988, à l'étude des
crédits, vous, le ministre actuel disiez: "Je peux vous faire parvenir,
dès aujourd'hui, l'ensemble des programmes" en voulant dire que,
finalement, la politique, on n'en a pas besoin. On a juste à prendre les
programmes actuels et c'est ça, la politique. Je comprends le ministre
d'avoir sorti ça parce que, effectivement, au Conseil des ministres, on
a discuté d'un document qui me semble assurément être la
politique qu'on pratique, qu'on veut pratiquer, mais dont on ne veut pas
discuter. On retrouve ça: Partie confidentielle, gouvernement du
Québec, mémoire au Conseil des ministres, du 8 décembre
1987. Quand on regarde...
Une voix: Partie confidentielle.
M. Paré: Partie confidentielle et le reste.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, Je ne
suis pas... Je vous demande une directive. Si c'est la partie confidentielle,
je ne
peux pas en discuter. Je suis lié par mon serment de
ministre.
M. Paré: Ne soyez pas plus catholique que le pape; de
toute façon, vous n'avez pas le droit de bénir et vous le savez
bien.
Cela, c'est exactement ce que vous êtes en train d'appliquer mais,
encore une fois, non seulement vous appliquez ça sans en discuter, sans
le soumettre, sans que ce soit une orientation connue et approuvée par
l'ensemble des intervenants, mais vous êtes déjà en train
de l'appliquer à ia baisse. On est obligés de le constater. Le 7
décembre 1988, vous refusez en réponse à une question, de
vous prononcer en faveur du prochain dépôt d'une politique
globale. Et là, vous dites: Écoutez, il faut attendre la
politique en matière d'aide sociale. Mais, elle est
déposée. Elle est votée et elle va être en
application en partie. La partie la plus généreuse va être
en application le 1er août, en même temps que le
déclenchement des élections, et la claque, ils vont l'avoir six
mois ou un an plus tard. Mais c'est une autre affaire. Quand vous pariiez
tantôt de celui qui vous a précédé, devancé
ou suivi, je dois vous dire, moi, que quand je regarde le projet de loi que
vous êtes en train de déposer, par rapport aux assistés
sociaux, j'ai l'impression que vous venez finir la job de bras que vous avez
commencée par rapport aux plus démunis de la
société. Je le dis parce que je le pense vraiment, sans vouloir
être le défenseur du pauvre, de la veuve et de l'orphelin. On est
obligés de constater que c'est la réalité. Donc, ce que
vous nous demandez aujourd'hui, c'est un chèque en blanc.
En plus d'un chèque en blanc, pourquoi nous apporte-ton ça
aujourd'hui, en plus, donc, de vouloir se départir de cette
responsabilité? La vraie réponse est facile, claire et simple,
c'est qu'on diminue de plus en plus la construction de HLM. Ahl Vous dites que
vous l'augmentez. Cela se peut qu'il y en ait trois ou quatre de plus, parce
qu'on est à la veille des élections, mais, quand on regarde
depuis 1985, la courbe n'est pas ascendante, elle est plus descendante; le
nombre de HLM diminue. Par contre, malheureusement - je dois vous dire que
ça ne me fait pas plaisir non plus - ce n'est pas vrai que la situation
de l'ensemble des ménages québécois va mieux, quand on
regarde les chiffres réels de Statistiques Canada. Ce n'est pas nous qui
les sortons de notre chapeau. Un plus grand nombre de ménages
québécois ont vu leur revenu diminuer ou ont vu leur loyer
augmenter plus rapidement. Donc, leur revenu diminue par rapport à ia
portion qu'ils doivent utiliser pour payer leur logement. Les revenus ont
augmenté moins rapidement, de 1981 à 1988, que le coût des
logements. La spéculation n'a pas aidé et je ne pense pas que
ça va être un élément modérateur tout de
suite.
Les gens ne sont pas plus riches, cela veut dire qu'il y en a plus qui
sont dans le besoin. Plus de citoyens dans le besoin, moins de HLM, ça
veut dire plus de gens sur les listes d'attente. 35 000 ménages
québécois attendent un HLM. Cela devient gênant. C'est
évident que ça devient gênant. Autant de monde sur une
liste d'attente, ce n'est pas quelque chose pour se péter les bretelles.
Que veut-on faire? C'est bien simple: On veut éliminer du monde sur les
listes d'attente, c'est ça qu'on veut faire. On veut éliminer du
monde des listes d'attente, c'est clair et net. Juste dans le document, encore
une fois, sur les grandes lignes du projet de réglementation de la
sélection des locataires, qui a été déposé
en mars 1987 par la Société d'habitation du Québec,
à la page 2, de ce qu'on appelle le chapitre I, introduction, il est
dit: "II faut aussi ajouter un objectif d'ordre administratif, soit
d'alléger le volume déjà imposant des listes d'attente."
Cela peut-il être plus clair? On passe un projet de loi pour cacher la
misère, pour cacher notre intention d'intervenir, pour cacher,
finalement, le fait qu'on veut aider de moins en moins de gens. C'est
ça, la réalité. On ne peut pas trouver ça
drôle, on ne peut pas laisser passer ça sans en discuter au moins
une couple d'heures et sans dénoncer le fait que, ce qu'on est en train
de faire, effectivement, c'est d'essayer de leurrer les gens, encore une fois,
en leur disant: Écoutez... On pourrait arriver, pendant la
période des élections, en disant: On passe ça tout de
suite et on fait les listes, parce que des HLM ont, déjà,
commencé à mettre en application le nouveau règlement et
que d'autres vont le faire et ce, assez rapidement.
Si on élimine la moitié des gens... Je vois le discours -
en écoutant le premier ministre, je me rends compte qu'on peut dire
n'importe quoi en politique - qu'on pourrait faire, soit: Regardez si on a
été bons, les listes sont passées d'environ 25 000 ou 30
000 noms, en 1985, à 8000, 10 000 ou 12 000 noms. N'est-ce pas
extraordinaire? On a donc été bons. Oui. Je comprends, mais on a
éliminé des gens, qui sont dans le besoin, des listes des
HLM.
Si on éliminait les gens parce qu'ils n'en ont plus besoin ou
parce qu'ils ont plus de revenus et que, par conséquent, ils ne sont
plus admissibles en fonction du règlement actuel, je pourrais dire:
C'est correct, tant mieux, bravo! Faisons autre chose. Prenons l'argent et
consacrons-le à autre chose qu'au logement, alors qu'on sait combien le
logement est important. Ce n'est pas ça, la réalité.
Là, on nous amène, dans ce projet de loi, une discrimination par
rapport à des groupes, des catégories et des
sous-catégories d'individus. Cela veut dire: Une minute, ça n'a
pas de bon sens. On va être obligés de parier un peu plus
longtemps que prévu quand on va en arriver à l'étude
article par article. On va faire de la discrimination, contrairement à
ce qu'on a toujours connu; quand on fait de la discrimination, habituellement,
elle est positive par rapport aux groupes
les plus démunis de la société, alors que,
là, on va se permettre de faire de la discrimination au détriment
des plus démunis de la société. Je dois vous dire que je
trouve ça Inacceptable. A cause de ça, c'est évident que
j'espère qu'on va pouvoir apporter des modifications à ce projet
de loi. Comme J'ai terminé, je vais devoir laisser la parole, même
si je n'ai pas dit le quart de ce que j'aurais voulu dire, à mes
collègues des deux côtés de la Chambre, qui veulent
intervenir sur le projet de loi 136.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre,
avez-vous des commentaires?
M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Très brièvement, Mme
la Présidente, comme à mon habitude. Je remercie le critique de
l'Opposition officielle en matière d'habitation de ses commentaires. Je
reprendrai très brièvement les éléments les plus
importants de son argumentation. Le premier élément touchait une
question de structure. Je comprends l'esprit dans lequel un péqulste se
doit d'évoluer et l'importance qu'un péqulste doit accorder
à la structure. Mais la population a compris que ce n'était pas
là ce qu'il y avait d'important dans la société, et a
jugé le gouvernement sur les structures qu'il a créées,
à l'occasion du dernier mandat que la population lui a accordé.
Le député de Shefford a tenté d'assimiler structure et
argent consacré à l'habitation. Là aussi, Mme la
Présidente, vous conviendrez que ces gens ont été
jugés selon une structure dispendieuse. Il leur fallait consacrer
davantage d'argent pour rejoindre moins de gens qui avaient besoin d'habitation
sociale au Québec. Avec un changement de structure et une
efficacité administrative, au lieu de rejoindre en moyenne... je pense
que - et le député me contredira, s'il y a lieu - l'on a
réussi, entre 1980 et 1985, à rejoindre un maximum de 3500
bénéficiaires additionnels par année, en logement social,
l'actuel gouvernement a rejoint, l'an passé, avec une structure plus
souple, plus légère, moins coûteuse, 5000
bénéficiaires. Donc, la population ne juge pas un gouvernement en
fonction de l'argent qu'il investit dans les structures, dans l'administration
gouvernementale, mais en fonction des services qu'il rend à la
population.
Nous avons donc fait mieux avec moins d'argent, et je crois qu'à
ce chapitre, la Société d'habitation du Québec
mérite les félicitations de l'ensemble des membres de cette
commission parlementaire. À moins que quelqu'un ne s'y oppose, on
considérera que ces félicitations sont unanimes, Mme la
Présidente.
M. Paré: Absolument pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La Société
d'habitation est félicitée par le ministre et l'équipe
ministérielle mais elle reçoit donc les blâmes...
Mm« Juneau: Ce n'est pas ce qu'il a dit tout à
l'heure.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne sais pas si madame en fait
une question de règlement? Si c'est possible, en vertu de quel
article?
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Je m'excuse, Mme la Présidente, mais il ne
faudrait pas qu'il dise des choses qui n'ont pas de sens. Tout à
l'heure, mon collègue a dit qu'il était d'accord pour comprendre
et admettre que la Société d'habitation avait fait du bon
travail. Il l'a dit, tout à l'heure, dans son intervention. Je ne
voudrais pas qu'il charrie.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, je pense
qu'on dit finalement la même chose. La Société d'habitation
a fait du bon travail et le résultat de ce bon travail rejaillit sur le
gouvernement qui reçoit, de la part de la population, l'indice de
satisfaction qu'on a pu voir en fin de semaine. Donc, c'est partagé. Je
pense que tout le monde est unanime. Les félicitations, contrairement
à ce que le député de Shefford a dit, sont
partagées par la députation ministérielle et Mme la
députée de Johnson qui s'ajoute aux gens qui félicitent la
Société d'habitation.
M. Paré: Je n'ai pas de félicitations à
faire sur le résultat obtenu.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la députée de
Johnson n'est pas d'accord avec vous. Réglez vos différends.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous n'êtes pas tellement
nombreux. Je pense que dans une si petite équipe, ça devrait
quand même être relativement facile de régler ses
différends.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre, M.
le ministre!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente,
à vos ordres. Le troisième élément, et Je n'y vais
pas dans l'ordre, qu'a apporté le député de Shefford
concernait la question de la politique d'habitation, avec un p majuscule,
j'imagine. Là, il est encore un peu difficile à suivre. M. le
député de Shefford nous a indiqué qu'il avait mis la main,
par l'entremise de ses contacts, de ses sources, sur un mémoire
confidentiel du Conseil des ministres qui décrivait
une politique d'habitation et a accusé l'actuel titulaire du
ministère ou de la société d'appliquer en sourdine cette
politique d'habitation du gouvernement, en même temps qu'il a
accusé le gouvernement de ne pas avoir de politique d'habitation. C'est
un peu difficile à concilier. Comment peut-on appliquer une politique
alors qu'on n'en a pas? Ou bien on en a une et on l'applique ou on n'en a pas
et on ne l'applique pas. On ne peut pas être accusés, à la
fols, par l'Opposition, de ne pas en avoir et de l'appliquer. Il va falloir que
l'Opposition, d'ici la prochaine campagne électorale, réussisse
à décider si on en a une ou non, si on l'applique ou non, parce
que nous accuser à la fois de ne pas en avoir et de l'appliquer,
ça ne résistera pas au test de crédibilité de
l'électeur moyen, je vous préviens.
Le député a parlé de toute la question de la
discrimination. C'est un point majeur dans le cadre de la sélection des
personnes qui sont admissibles au logement. Je sais que, si le
député a soulevé la question, c'est parce qu'il a
recherché les effets possibles, au chapitre de l'interprétation,
de chacun des articles et, je dirais même, de chacun des mots
utilisé dans chacun des articles de l'actuel projet de loi que nous
étudions, Mme la Présidente, et qu'il a, à ce sujet, les
avis juridiques requis dont il pourra nous faire part en temps opportun, pour
nous indiquer qu'effectivement, cela contrevient, soit à la charte
québécoise, soit à la charte canadienne. À ce
sujet, j'indiquerai, dès maintenant, au député de Shefford
que, comme ministre responsable, je suis très ouvert à la lecture
de ces avis juridiques, parce que je veux m'assurer que cette loi ne va
à rencontre ni de la charte québécoise, ni de la charte
canadienne. Je le dis immédiatement, on m'assure du côté du
ministère de la Justice, du Procureur général et du
comité de législation qu'il n'y a pas de problème à
ce chapitre. S'il y a des vérifications additionnelles à
effectuer, je vous offre toute ma collaboration pour effectuer ces
vérifications additionnelles, mais je pense que ce sujet, lorsqu'on
traite de discrimination chez les individus, est à ce point
sérieux qu'il faut être prudent lorsqu'on argumente à ce
chapitre. J'invite donc l'Opposition à faire preuve de la prudence
élémentaire, nécessaire et requise. De son
côté, en préparant son projet de loi, le gouvernement a
fait preuve de cette prudence élémentaire et requise. (20 h
45)
Maintenant, s'il y a lieu d'ajouter à cette prudence, je vous
répète que je suis ouvert, parce que nous ne cherchons pas
à créer une loi qui soit facilement contestable devant les
tribunaux et nous ne cherchons surtout pas à créer une loi qui
soit possiblement cassée par l'interprétation que pourraient en
faire les tribunaux. Donc, toutes les précautions additionnelles que
nous pourrons prendre à ce chapitre et qui nous seront
suggérées de façon positive par ('Opposition seront
bienvenues.
Un dernier élément dont j'aimerais traiter, Mme la
Présidente, a trait à des coupures budgétaires qui sont
survenues de la part d'un autre niveau de gouvernement dans le domaine de
l'habitation, de façon à frapper, comme l'a indiqué le
député de Shefford, la juridiction québécoise de
façon importante, majeure et massive, sans aucune considération.
À ce chapitre, je dirai au député de Shefford que le
gouvernement du Québec n'a pas l'intention de se comporter comme un
tapis selon ses propres termes ou ceux de l'un de ses collègues à
l'Assemblée nationale, je ne me rappelle pas exactement, mais je me
rappelle l'image qu'il a évoquée. Il se rendra compte que
l'actuel gouvernement, comme défenseur des intérêts du
Québec, des intérêts des plus démunis, est non
seulement aussi convaincu que l'était, dans certains dossiers, l'ancien
gouvernement, mais peut-être aussi habile sinon un peu plus habile en ce
qui concerne l'évolution des dossiers.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a d'autres collègues qui ont des remarques
préliminaires à faire?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mon amie, Mme la
députée de Johnson.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mon ex-amie, excusez.
Mme Carmen Juneau
Mme Juneau: Merci beaucoup, Mme la Présidente. C'est
difficile pour nous, au moment où on se parie. Peut-être qu'avec
les éclairages supplémentaires qu'on pourra obtenir à
cette commission... parce que tous les membres, ici, sont des membres
importants, qui ont des choses à dire, d'un côté comme de
l'autre. La raison fondamentale pour laquelle on fait des commissions
parlementaires, c'est pour avoir des éclairages et apporter des
solutions à des lois, à des articles plus
précisément qui ne nous semblent pas conformes à la
demande ou venir en aide... parce que, finalement, si on fait des lois, c'est
censé être pour le mieux-être de la population. Mais, au
moment où on se parle, et je me répète, personnellement,
je trouve qu'on n'a pas l'éclairage nécessaire pour comprendre
exactement pourquoi le ministre amène un projet de loi comme
celui-là.
Que je sache, ce qui existait à la Société
d'habitation et aux HLM... Je vais vous parier des HLM existants. J'en ai dans
mon comté comme tous les députés ici. Alors, par rapport
à ce qui existait avant, dans la réglementation et dans la loi,
pour les personnes ayant ou demandant d'avoir un logement à prix
modique, on n'a pas, au moment où on se parle, assez
d'éclairage,
dans ce projet de loi, pour comprendre les motifs pour lesquels le
ministre apporte ce projet de loi. Pourquoi va-t-il donner toute cette
responsabilité à la Société d'habitation du
Québec? Où veut-il en venir par cette réglementation,
selon l'analyse qu'on a pu en faire au moment où on se parle? Par
conséquent...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): SI vous me le permettez, cela me
fera plaisir de vous le répéter, mais je pensais l'avoir dit dans
mes notes préliminaires. Le seul objectif du projet de loi poursuivi par
le ministre et la Société d'habitation du Québec, c'est de
faire en sorte qu'il y ait un certain assouplissement dans les pouvoirs de
sélection des offices municipaux d'habitation.
Maintenant, tous les autres articles du projet de loi sont
nécessaires, parce que la situation de fait que vous vivez chez vous
dans votre comté, comme celle que je vis dans le mien, comme celle que
le député de Shefford vit dans le sien, de même que M. le
député de Mercier, repose sur une absence d'autorisation
légale. SI vous voulez maintenir le système actuel, vous vous
devez de voter en faveur de l'ensemble de ces articles, sauf un, qui vise
spécifiquement la délégation aux offices municipaux
d'habitation. Si vous êtes contre, on pourra en discuter.
Mais les autres articles visent strictement à combler des trous
législatifs qui font en sorte que, présentement, la
réglementation n'a pas d'assises légales. Donc, on est
d'accord.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Comment avons-nous pu fonctionner, jusqu'à
maintenant?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sans assises...
Mme Juneau: Est-ce qu'on a fonctionné continuellement dans
l'illégalité? Je ne peux pas m'expliquer ça. C'est
impossible qu'on ait fait une affaire comme ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Depuis 1979, oui. Cela fait dix
ans.
Mme Juneau: Un Instant, s'il vous plaît, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord, Mme la
députée de Johnson.
M. Paré: Le ministre en passe. Je vais en...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Oui, effectivement, c'est une demande et c'est
nécessaire qu'on légifère pour réglementer de
façon légale l'admissibilité sur les listes dans les HLM.
Ce qu'on dénonce, ce n'est pas le fait d'adopter un projet de loi. C'est
la façon de le faire ce projet de loi, comme telle, qu'on
dénonce, ce qu'il contient. Donc...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On comble les trous.
M. Paré: Oui, mais, écoutez... On comble les trous.
Cela dépend de la cheville qu'on met dans un trou. On peut être
d'accord avec le bouchon qu'on utilise.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah, vous n'êtes pas
d'accord. Vous voulez garder les trous.
La Présidente (Mme Bélanger): Bon, écoutez,
s'il vous plaît! Je pense que la parole était à la
députée de Johnson.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Excusez-moi, Mme la
députée de Johnson. Je m'excuse, Mme la Présidente.
C'était dans le but de faire progresser sinon dans le temps, du moins
dans le fond, le débat qui nous anime.
La Présidente (Mme Bélanger): Je pense que vous
avez répondu aux questions de Mme la députée de Johnson.
Mais, là, c'est le député de Shefford qui a pris la parole
au lieu de la députée de Johnson.
Mme Juneau: Je vous remercie, Mme la Présidente. Je
prenais certaines informations mais, à la lecture du projet de loi, je
n'ai jamais dit que des informations pouvaient nuire. Au contraire, j'ai
commencé en disant que les membres de cette commission pourraient nous
fournir des éclaircissements nécessaires et utiles au
bien-être de la population.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis complètement
d'accord.
Mme Juneau: Donc, à ce compte, on ne peut pas se
chicaner.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah non!
Mme Juneau: À ce moment-là, j'ai essayé
d'avoir une information privilégiée de la part d'un homme de loi
qui nous a toujours donné d'excellents conseils. Je pense que, pour
faire un bon travail, il faut être entouré de gens qui sont
capables de nous donner de bons conseils. Cela dit, Mme la Présidente,
ce qui m'inquiète dans ce projet de loi, c'est qu'on parle de deux
listes, on pourrait établir deux listes de personnes en attente d'avoir
un logement dans les HLM. Je me réfère à ceux qui sont
chez nous, dans le comté, et qui sont habités, en majeure partie,
par des
femmes âgées, seules, par quelques hommes aussi, mais
plutôt par des femmes âgées, seules, à faible revenu.
Je me vois mal venir leur dire, en tant que personne qui a obtenu leur
confiance et qui est là pour les défendre: Mes chères
madames, vous êtes ici et comptez-vous chanceuses, parce que si, plus
tard, il y a d'autres HLM qui se construisent ici, dans mon comté, ce ne
sera pas comme ça que ça va marcher. Il n'y aura pas, dans ces
HLM, autant de personnes seules, âgées, sans argent. Il va falloir
qu'une partie de ces HLM, soit réservée à des couples et
qu'une autre soit réservée à des familles avec des
enfants.
Je ne sais pas si j'ai fait une mauvaise lecture, mais j'ai bien lu
qu'il y aura 25 % des places, dans les HLM, qui seront réservées
aux couples retraités, non pas aux personnes seules, mais aux couples
retraités, c'est-à-dire qu'au lieu d'avoir 100 % du HLM qui soit
consacré aux personnes qui sont en attente, qui sont seules, qui n'ont
pas d'argent, il y aura cette partie, soit 25 %, qui sera
réservée à des couples. Je me suis dit, pourquoi...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Un Instant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...est-ce que je peux...
Mme Juneau: Non, juste une minute...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est Juste pour
accélérer le débat, parce qu'on me dit que ce n'est ni
dans la loi, ni dans le règlement, ni dans le dernier guide
publié. C'est peut-être dans des documents qui ont
déjà traîné quelque part, je ne veux pas vous
blâmer, mais si vous vouiez continuer là-dessus, c'est bon pareil,
allez-y! C'est juste que ce n'est pas considéré dans les
orientations gouvernementales. Mais on vous incite à continuer, si vous
voulez.
Mme Juneau: Je le déposerai si vous - ne l'avez pas lu,
peut-être que ça pourrait vous éclairer.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais ce n'est pas le
nôtre.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, Mme
la députée de Johnson a 20 minutes pour faire son intervention,
alors, si vous voulez prendre des...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, je comprends. Elle peut
prendre 30 minutes, je peux lui donner dix minutes additionnelles, sauf que je
lui indique qu'elle n'est pas sur une bonne piste. Je pensais l'aider, mais si
elle veut faire du temps, je n'ai pas d'objection.
La Présidente (Mme Bélanger): Si vous me permettez,
vous pouvez prendre des notes et...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais vous aurez compris, Mme la
Présidente, de mon intervention, qu'il ne s'agissait pas d'un
règlement que le gouvernement a retenu, qui sera adopté sous
l'emprise de ce projet de loi, etc. Mais, si Mme la députée de
Johnson... Mais je ne pense pas qu'il s'agit là, habituellement, de son
style d'intervention. Donc, je tenais à la mettre en garde et à
l'en aviser formellement.
Mme Juneau: Non, mais, Mme la Présidente...
M. Paré: Question de règlement, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Paré: Est-ce que le ministre - je comprends qu'il est
très sympathique...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, c'est juste pour lui
dire.
M. Paré: ...et que c'est un bon voisin de comté -
peut laisser ma collègue poursuivre? Parce que ce qu'elle dit, s'il ne
trouve pas ça intéressant et que ça lui fait mal, ce sont
quand même exactement les dangers qui menacent les citoyens. Je pense
qu'elle dit ce que sont les dangers réels, on est convaincus que c'est
ça qu'on doit dénoncer, alors je ne comprends pas qu'on
l'Interrompe à tout bout de champ.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je tiens à
réitérer mon intervention. Mme la députée de
Johnson me connaît assez bien, je lui donne ma parole, de mon
siège, que les éléments qu'elle vient de mentionner ne
font partie ni de la législation, ni de la réglementation que le
gouvernement entend adopter sous l'emprise de cette loi. Maintenant, si elle
veut continuer à jaser, je n'ai pas d'objection.
M. Paré: Oui et je l'invite à poursuivre sans
être dérangée parce que, effectivement, ce qu'elle dit ce
sont les dangers qui menacent les citoyens les plus démunis.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est justement ce
que j'ai fait remarquer au ministre. Je pense que Mme la
députée...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord, ça va. Si elle
veut parler de théorie, je n'ai pas d'objection.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson a 20 minutes pour faire ses remarques
préliminaires. M. le ministre, vous pourrez faire vos commentaires
à la fin de son
intervention.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je sais qu'elle est toujours bien
Intentionnée, alors, à ce moment-là, je voulais juste la
mettre en garde, lui donner ma parole avant...
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, je vous
demanderais de laisser la parole à Mme la députée de
Johnson.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Aucun problème, Mme la
Présidente.
Mme Juneau: Merci, Mme la Présidente.
Mme la Présidente, ça me surprend énormément
que le ministre n'ait pas lu les documents relatifs à la
préparation de sa loi. On a pris ça dans les grandes lignes du
projet de règlement sur la sélection des locataires de la
Société d'habitation du Québec.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On l'a rejeté.
Mme Juneau: Oui, mais qui nous dit... M. Godin: Quelle
preuve en avons-nous?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous le dis, de mon
siège. Ce n'est pas assez.
Mme Juneau: Mme la Présidente, s'il vous plaît.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! Je vous demanderais...
M. Godin: Sous serment?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sous serment, oui.
La Présidente (Mme Bélanger):... s'il vous
plaît, de laisser Mme la députée de Johnson finir
l'intervention et, si vous avez des commentaires, après, M. le ministre,
vous pourrez les faire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Continuez à jaser
là-dessus.
Mme Juneau: Je vous remercie beaucoup, Mme la Présidente.
Vous savez, qui nous dit que, quand M. le député de
Brome-Missisquoi ne sera plus le titulaire des Affaires municipales...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah, bien, là, priez pour
que je reste.
Mme Juneau:... et qu'il y aura un autre titulaire d'un autre
gouvernement, on n'arrivera pas avec des choses qui diffèrent, une
réglementation qui différera de celle qu'on a aujourd'hui? Est-ce
que le projet de loi dont on discute nous garde à l'abri de ça?
Est-ce que ce projet de loi fera en sorte que les utilisateurs de HLM, que ces
gens auront toute la protection nécessaire, nonobstant les gens qui
seront en place, nonobstant le gouvernement qui sera là, dans quelques
années?
Est-ce que les personnes âgées dans les HLM, les familles
monoparentales dans les HLM, che2 nous et chez vous, tous les gens, dans des
HLM, ont la garantie, dans ce projet de loi, que, dans quelques années,
si on a une personne différente, un gouvernement différent, ils
auront la même protection et le même privilège de pouvoir
être admis en HLM, lorsqu'ils en auront besoin, nonobstant le fait qu'ils
soient mariés, veufs ou célibataires? Je pense que le seul
critère qui devrait exister dans un HLM, c'est le besoin, la
nécessité, le besoin humain, financier qu'une personne peut
avoir. Je ne pense pas que le ministre ait besoin d'aller dans un HLM et moi
non plus. Je ne pense pas qu'un membre de la commission, ici, ne demande
d'aller rester en HLM. On n'en a pas besoin, pour le moment en tout cas, on ne
sait pas ce que peut nous arriver, mais, pour le moment, on n'en a pas besoin.
(21 heures)
Alors est-ce que le ministre peut me garantir aujourd'hui qu'il va avoir
la ceinture et les bretelles? Est-ce qu'il va y avoir ça pour les
personnes qui voudront entrer dans un HLM? Je voudrais avoir cette garantie,
pour au moins dire au ministre: Si vous me donnez cette garantie à toute
épreuve, quelle que soit la personne qui sera là, Je vais
être d'accord et je vais passer à un autre sujet. Mme la
Présidente, si le ministre n'est pas capable, ce soir, de me dire qu'il
n'y a pas d'inquiétude, qu'il va y avoir la ceinture et les bretelles
pour protéger ceux qui en ont besoin, je ne marche pas. Je sais que dans
mon comté il y a plusieurs personnes seules, comme partout ailleurs, et
je sais qu'il y a des gens qui en ont besoin, des familles monoparentales avec
deux ou trois enfants. Est-ce une façon d'aider les familles que de ne
pas donner la chance à ceux qui en ont besoin d'entrer dans un HLM? Je
ne le pense pas, Mme la Présidente, et ça m'Inquiète. Tant
et aussi longtemps qu'on n'aura pas cette garantie, je ne marche pas dans
ça, et ça m'inquiète qu'au moment où l'on se parle
on donne beaucoup de pouvoirs, pas parce que les gens à la
Société d'habitation ne sont pas des gens responsables, je ne
veux pas dire ça du tout, bien au contraire, mais je pense que c'est
Inquiétant qu'on donne tous les pouvoirs sans avoir droit de regard sur
les décisions qui seront prises. Cela m'inquiète de voir ces deux
listes d'attente. J'ai travaillé sur le dossier d'une personne à
Montréal, qui est une connaissance, qui voulait entrer dans un HLM
à Montréal. Il y a 7000 personnes en attente. On m'a dit: Elle
n'entrera pas avant x années. Que voulez-vous qu'on réponde
à ça? Là, vous allez faire deux listes parce que c'est une
femme seule qui n'a
pas d'argent. Vous allez dire: Toi, tu vas attendre et le couple
marié... Je sais ce que vous allez dire: Cela rapporte plus, parce que
je pense que dans le coût du loyer modique, c'est 25 % des revenus. Ce
qui fait que quand 11 y a deux personnes, il y a plus de revenus, donc c'est
plus payant pour le HLM. Est-ce que c'est réellement ce à quoi le
ministre veut en arriver, à faire en sorte que les HLM rapportent plus
d'argent qu'ils n'en rapportent maintenant? On sait drôlement bien que
les personnes qui sont à l'aide sociale, avec deux ou trois enfants, une
femme monoparentale ou un homme qui a ses enfants, on ne fera pas de
discrimination mais il y a beaucoup plus de femmes qui sont seules avec leurs
enfants, avec ce qu'elles reçoivent de l'aide sociale... On ne donne pas
gros comme loyer. Si tu reçois 400 $ c'est 100 $ de loyer par mois. Cela
ne fait pas cher la personne. SI c'est deux personnes, elles ont plus d'argent,
donc c'est plus payant pour le HLM. Est-ce que c'est la véritable raison
pour laquelle le ministre ne nous dit pas aujourd'hui, ou ne viendra pas nous
dire, que ce n'est vraiment pas ça et qu'on va avoir la garantie que
toutes les personnes qui ont besoin d'un HLM, qu'elles soient mariées,
qu'elles soient deux ou qu'elles soient seules, vont pouvoir avoir la
même chance et qu'il n'y aura pas deux listes d'attente. Je ne suis pas
d'accord avec ça et je vais le combattre tant que je pourrai, si le
ministre ne me donne pas la garantie qu'elle ont la chance d'entrer dans un
HLM.
À Montréal, c'est encore dix fois pire que dans nos
réglons, étant donné la densité de la population et
le nombre réduit de HLM en construction. Les nouvelles constructions ont
été drôlement réduites depuis trois ans et demi.
Dans nos régions, on en souffre beaucoup moins parce qu'il y a de
l'espace, parce que les gens ne sont pas surtout des locataires, à cause
d'un paquet de choses. Chez nous, il y a beaucoup de producteurs agricoles, et
on ne voit pas de producteurs agricoles qui sont surtout dans les HLM. Ce sont
des gens qui travaillent sur leur ferme, et il n'y a rien de ça. C'est
vrai, j'ai 1500 producteurs agricoles. Ce ne sont pas des gens qui sont dans
des HLM. Ce sont des gens qui travaillent sur leur ferme, qui ont leur maison,
et ainsi de suite. Chez nous, je ne peux pas dire que cela fait un effet
boomerang, mais il faut penser à d'autres aussi. Il faut penser à
ceux qui vivent dans les grands centres urbains, qui vivent des choses que,
chez nous, on ne peut même pas imaginer. Il faut penser à ces
gens-là et essayer, en tant que membre de l'Assemblée nationale,
en tant que membre de cette commission, nonobstant le côté de la
table où on est, de travailler de telle sorte que le projet de loi qui
sortira d'ici soit un projet de loi équitable et juste pour tout le
monde. Je pourrais revenir sur différentes choses, mais c'est
celle-là qui me fait le plus peur. C'est là-dessus, Mme fa
Présidente, que je ne voudrais pas que mes gens seuls,
âgés, sans argent, que mes familles monoparentales avec des
enfants se ramassent sur une deuxième liste d'attente parce que les 75 %
sont atteints et que les autres 25 % pourraient être des couples ou des
familles avec le père, la mère et les enfants. Je ne voudrais pas
qu'il y ait cette discrimination envers ces personnes qui en ont le plus
besoin. Quand on est deux, au moins, on a la chance d'avoir un peu plus
d'argent et on a la chance aussi d'avoir la sécurité. Etre
insécure et ne pas savoir si tu vas coucher à la belle
étoile le soir, ce n'est pas drôle pour personne. Sur ce
point-là, je ne démords pas. SI le ministre ne peut pas nous
donner la garantie nécessaire, je n'accepterai en aucune façon,
Mme la Présidente, qu'on aille de l'avant avec ce projet de loi.
Discussion générale
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, Mme la
députée de Johnson. Est-ce que vous avez des commentaires, M. le
ministre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Très rapidement, Mme la
Présidente. Je prends bonne note de certains commentaires de Mme la
députée de Johnson qui sont d'intérêt public et je
prends également bonne note de la plupart des commentaires de Mme la
députée de Johnson qui sont plutôt d'Intérêt
dilatoire.
Mme Juneau: Quoi? Qu'est-ce qui vous permet de dire
ça?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous expliquer très
brièvement. Quand vous me suggérez comme député,
comme ministre, comme responsable de la Société d'habitation, que
la majorité des cultivateurs de votre comté n'habitent pas dans
des HLM, je pense que vous utilisez du temps précieux de cette
commission parlementaire pour ne pas tellement enrichir...
Mme Juneau: Mme la Présidente, question de
règlement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...les connaissances de celui qui
est en avant de vous, ni celles du député de Shefford qui
connaît la même...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, Mme
la députée de Johnson, sur une question de règlement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...ni celles du
député de Lotblnière ou du député de
Montmagny-L'Islet...
Mme Juneau: Question de règlement, Mme la
Présidente.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...et je pourrais continuer. Je
pense que vous comprenez
très bien.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, sur
une question de règlement, Mme la députée de Johnson.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En vertu de quel article, Mme la
Présidente?
Mme Juneau: Ce n'est pas une question d'article, c'est une
question de... En vertu de l'article 35,6°, voilà. "Imputer des
motifs Indignes à un député ou refuser d'accepter sa
parole." Est-ce que ce numéro-là fait votre affaire?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est pas un motif indigne que
Je vous al Imputé. Je vous ai tout simplement...
Mme Juneau: Vous avez dit que je faisais une mesure dilatoire
quand je parlais de mes producteurs agricoles.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est pas indigne.
Mme Juneau: Je pense que le terme que j'ai à choisir sur
ce que je veux dire, c'est à moi de le choisir. Ce n'est pas vous qui
allez me dicter ce que j'ai à dire. Je pense que c'est ça dans
tel projet de loi et j'ai le droit d'utiliser les Images que je veux pour bien
vous faire comprendre ce que je veux dire. Vous n'avez pas d'affaire à
dire que c'est une mesure dilatoire ou autre chose. Vous direz ce que vous avez
à dire quand ce sera votre tour.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson, s'il vous plaît!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur la question de
règlement, Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...je ne pense pas que l'on puisse
qualifier la terminologie de dilatoire comme imputant des motifs à
quelque parlementaire que ce soit. J'ai tout simplement voulu signifier a Mme
la députée de Johnson que l'ensemble des membres de cette
commission parlementaire dont vous, Mme la Présidente, étiez
très au fait de la situation de fait que les producteurs agricoles qui
exploitent leur ferme dans les circonscriptions que nous représentons
respectivement ne sont pas, habituellement, des locataires de HLM. Si Mme la
députée de Johnson prétend qu'elle nous apprenait une
nouvelle, je retire mes propos et je lui laisse le mérite des siens.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre.
Mme Juneau: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson.
Mm* Juneau: ...je n'accepterai pas, en aucune façon...
La Présidents (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson, je pense que M. le ministre a retiré
ses propos.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai retiré mes propos, il
n'y a plus de question de règlement.
Mme Juneau: Vous avez retiré vos propos tout en
Insinuant...
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson, s'il vous plaît!
Mme Juneau: Mme la Présidente, je m'excuse, mais je ne
peux pas accepter qu'un député qui fait son travail ici, à
la commission parlementaire, qui a le droit d'utiliser les images ou les
interventions qu'il veut et j'essaie de protéger les gens de mon
comté comme ceux de tous les autres comtés existants... je
n'accepte pas que le ministre me fasse passer ou dise quoi que ce soit sur
l'intervention que j'ai faite.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je retire mes propos et j'accepte
les explications de Mme la députée de Johnson qui nous a
renseignés de bonne fol.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Mercier.
M. Godin: Mme la Présidente, je voulais juste dire au
ministre qu'on est ici pour améliorer les lois qui viennent du
gouvernement. Comme on a été de l'autre bord pendant quelques
années, j'ai adopté des lois moi-même, je sais que c'est
important que l'Opposition dise son mot parce que souvent, malgré tout,
cela améliore les lois et les intentions même des ministres,
modestement soit dit. Par conséquent, soyons calmes. Je vais dire au
ministre que, dans ce projet de loi, on n'est pas là pour évaluer
si le ministre est de bonne foi, intelligent, honnête et a des principes
moraux ou autres, on a là devant nous un projet de loi qui contient les
mots "classement", "exclusion", "exemption", "sélection", "distinction
fondée sur l'âge", "le handicap ou tout autre
élément" qui ouvrent la porte à des distinctions comme le
sida, l'origine raciale ou autre. Il faut donc dire au ministre que
ça ouvre une porte dangereuse pour l'avenir des
règlements nécessaires à l'OMH.
Mme la Présidente, on n'a pas le règlement en main, on a
ici un article de loi, l'article 10, qui dit que le règlement s'en vient
bientôt, mais on ne l'a pas en main. Donc, ne l'ayant pas en main, on
doit se poser des questions sur la loi elle-même. Par ailleurs, on a en
main un document qui émane de la même SHQ à laquelle le
ministre donne son aval et sa confiance.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La SHQ mais pas le document.
M. Godin: On a un document ici qui est signé par la SHQ,
de l'année 1987.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De façon que nos travaux
progressent positivement, auriez-vous l'obligeance de me le remettre parce que
les extraits qu'on a cités tantôt, il me semble qu'il s'agit d'une
version que l'on n'a pas acceptée sur le plan gouvernemental.
Maintenant, je pourrais vous le confirmer.
M. Godin: Faute d'avoir un document officiel signé par le
président de la SHQ ou la présidente, ou un sous-ministre ou le
ministre lui-même, on doit se rabattre sur des textes qui existent, Mme
la Présidente. En tant qu'ex-journaliste et écrivain, je dois
dire qu'un texte, pour moi, cela a été conçu par des gens
qui ont mis des mots qui avaient un sens, en principe du moins. Quand on voit
que l'objectif de la SHQ dans son document, même s'il ne l'a pas reconnu
officiellement, il ne lui a pas donné le baptême et toute
reconnaisance officielle...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On est allé plus loin que
ça, on a reconnu qu'on ne l'avait pas reconnu.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, voulez-vous
laisser poursuivre l'Intervention du député de Mercier...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, oui.
La Présidente (Mme Bélanger): ...et vous ferez vos
commentaires après sur l'intervention de M. le député de
Mercier.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans le même sens et avec
les mêmes commentaires que j'ai faits quant à la
députée de Johnson. Cela va.
M. Godin: Quand on lit dans ce texte, Mme la Présidente,
que l'objectif est d'arriver aux listes d'attente, on s'interroge, on
s'inquiète. Et quand on lit aussi en page 11 de ce long document non
signé, non reconnu et non existant, sauf celui qu'on a en main où
il est dit que l'on veut de préférence éliminer des HLM
les familles monoparentales pour des raisons de rentabilité des HLM, les
locataires qui sont souvent en chicane, le vandalisme, le voi et la
délinquance, on ne peut que reconnaître, Mme la Présidente,
qu'on est inquiet de ce côté-ci de la Chambre et on craint que la
nouvelle loi donne à la SHQ l'occasion de revenir sur son document de
mai qui n'existe pas, mais qu'on a en main quand même et qui a
été conçu par quelqu'un de la SHQ qu'on ne connaît
pas et qu'on ne connaîtra peut-être jamais parce que, actuellement,
il aurait honte de le citer et d'en prendre la paternité, sauf qu'on est
en droit de s'inquiéter, on est payés pour ça, Mme la
Présidente. Nous sommes, ici, tous autant que nous sommes, payés
pour défendre les intérêts de nos concitoyens et je pense
que ce document est inquiétant pour nous, défenseurs des
démunis du Québec, et du comté de Mercier en ce qui me
concerne, comme le ministre ou le député de Shefford. Il fait un
signe de la main disant qu'il l'a rejeté, mais on n'a aucune preuve
qu'il a été rejeté. Qui nous dit qu'un autre ministre que
lui moins soucieux de la discrimination ou de la non-discrimination ne le
prendra pas sous son aile, ne le gardera pas comme étant le sien? Quelle
preuve a-t-on qu'il sera là toute sa vie? Aucune, Mme la
Présidente.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez la preuve que je ne
serai pas là toute ma vie.
M. Godin: Étant passé par là moi-même,
je dois vous dire que ces jobs-là ne sont pas éternels. Est-ce
assez clair, Mme la Présidente?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On s'entend là-dessus. (21
h 15)
M. Godin: D'accord. Par conséquent, en tout temps,
puisqu'un prédécesseur de l'actuel ministre a déjà
pensé d'éliminer les familles monoparentales dans un texte de sa
main, d'ailleurs, qu'on a réussi à bloquer et à faire
annuler, n'est-ce pas, mon cher collègue? Son prédécesseur
a pensé déjà à des listes discriminatoires envers
les familles monoparentales. C'était dans ses projets à
l'époque, en tout cas. Je ne dis pas que le ministre actuel, le
député de Brome-Missisquoi, y a pensé ou même qu'il
y pensera déjà ou jamais, sauf que nous sommes en droit, en tant
que membres de l'Opposition, de nous poser des questions sur un
règlement qui ouvre la porte à tout ça, qui permettrait
tout ça, qui ferait des critères dans les OMH, dans tout le
Québec, on en convient quand même parfaitement. Mais tant qu'on ne
les aura pas, on se pose des questions sur la loi qui peut leur donner
naissance. On est là pour ça. Toute personne qui ne
reconnaîtrait pas ce droit que nous avons n'a pas d'affaire ici, à
mon avis.
Donc, quand je vois, moi, les mots "classement, exclusion, inclusion,
exemption, distinction, exclusion ou préférence fondée sur
l'âge, le handicap ou tout élément", ça ouvre les
portes à
tout abus de la part de n'importe quel gouvernement ou ministère
et nous sommes là, nous, pour en saisir ceux qui nous écoutent ou
qui nous liront et ceux qui sont ici même.
Donc, faute d'avoir en main le règlement de la
Société qui est annoncé à l'article 10 de la loi
que nous avons sous les yeux, nous devons nous poser des questions sur ce que
nous faisons, ni plus, ni moins, Mme la Présidente.
Le ministre, qui reconnaît quand même l'existence de ce
document de la SHQ et qui a fait le geste de la main de le récuser, de
le rejeter et d'y renoncer, est-ce que le ministre l'a lu, ce document? A-t-il
pris connaissance du document de la SHQ, de l'année 1987, Grandes lignes
du projet de règlement sur la sélection..., un mot qui exclut...
Jamais?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela ne s'est pas rendu à
moi; mon entourage a éliminé ça.
M. Godin: Cela ne s'est pas rendu jusqu'à vous? Est-ce
qu'il est sûr que la SHQ a détruit toute copie de ce document?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais ces gens peuvent en
avoir 1000 copies, cela ne me dérange pas.
M. Godin: Donc, quelqu'un de la SHQ peut revenir n'importe quand
avec le même règlement. On l'a vu, dans le passé, dans bien
des cas que je ne citerai pas. Donc, ça peut revenir n'Importe quand. Si
le ministre n'est pas conscient du fait que ceci ouvre la porte à tout,
y compris ce document qu'il récuse, II n'a pas l'expérience
juridique que ces éleveurs de porc lui reconnaissaient à
l'époque où on l'a connu à la porte du parlement, il y a
quelques années.
L'expérience juridique du ministre nous apprend que... Il sait
sûrement que ce projet de loi ouvre la porte à tout
règlement, quel qu'il soit, y compris celui qu'il récuse de la
main. Malgré ses serments pris ici même en cette Assemblée
que, lui, jamais il ne ferait une telle chose, jamais il n'oserait parce qu'il
a des principes, paraît-il, du moins, c'est ce qu'il dit.
Mme Juneau: Paradis, paraît-Il.
M. Godin: Alors, prenons sa parole pour l'instant, Mme la
Présidente. Mais nous sommes quand même là, nous,
l'Opposition, pour ameuter l'opinion, les éditorialistes et ceux qui ont
à coeur le fait qu'il n'y ait pas de discrimination nulle part au
Québec, dans les HLM moins que nulle part ailleurs. Quand nous voyons ce
document, on s'inquiète et on est fondé de
s'inquiéter.
Tout ce qu'on veut dire, c'est que la politique actuelle du gouvernement
libéral dans le domaine de l'habitation est une politique qui s'inspire
des lois du marché, en grande partie, et qui a pour effet, dans le
comté de Mercier en tout cas, qu'il y a une flambée des prix des
loyers, ce qui chasse, en grande partie, les résidents de mon
comté en dehors de la ville de Montréal, ce qu'on appelle aux
États-Unis du "negro removal". Chez nous, c'est du "poor removal",
c'est-à-dire qu'on enlève les pauvres du plateau Mont-Royal,
parce qu'il y a une flambée des loyers et l'avantage d'une politique de
HLM digne de ce nom, c'est qu'elle effectue un mouvement à la baisse sur
les loyers et sur la hausse des prix de vente des maisons et résidences
du plateau Mont-Royal.
Donc, une telle politique d'habitation est une nécessité
pour le plateau Mont-Royal comme pour toute ville, d'ailleurs, d'une certaine
Importance numérique ou Immobilière. C'est pour ça que
nous tenons, nous, à ce qu'il y ait une telle politique d'habitation au
Québec et qu'elle soit appliquée en connaissance de cause parce
que les HLM dans un quartier ont un effet à la baisse sur les loyers et
sur la spéculation des résidences en vente, a être vendues
ou achetées.
Donc, pour nous, c'est fondamental que le gouvernement ait une politique
d'habitation qui ait un tel effet social au Québec et à
Montréal, en particulier Donc, pour toutes ces raisons. Mme la
Présidente, je me dois de citer des chiffres sur le nombre de logements
sociaux produits au Québec de 1979 à 1988 et on se rend compte
que le total HLM, coop et OSBL, organismes sans but lucratif, pour 1988 est de
2953, alors que pour 1979, il était de 10 200. Donc, une diminution
divisée par quatre. Pour ces raisons, Mme la Présidente, sachant
que les lois du marché sont fondamentales pour le libéralisme
québécois, comme d'ailleurs le libéralisme
américain ou anglais, nous nous Inquiétons que cette loi ouvre la
porte précisément à un retour aux lois du marché
dans le domaine de la sélection des gens qui habiteront les HLM du
Québec. Cela va ouvrir la porte à des crises sociales pires que
celles que nous connaissons maintenant au plateau Mont-Royal et dans le
comté de Mercier. Cela allongera encore la liste des gens qui attendent
depuis des années, dans bien des cas, Mme la Présidente, d'avoir
enfin leur HLM, et pour qui cela correspond à une espèce de porte
du paradis, sans allusion au nom du ministre.
Mme la Présidente, nous vous faisons part ici, à vous, aux
collègues de la commission et surtout au ministre, de nos
inquiétudes quant au vocabulaire de cette loi -là. Les mots
"exclusion", "réserve", "distinction" et "exemption" reviennent
tellement souvent que cela ouvre la porte à toutes les discriminations,
même les pires qu'on peut Imaginer. Donc, pour ces raisons, nous sommes
contre ce projet de loi et nous souhaitons que le ministre le modifie de telle
manière qu'il soit plus conforme au Québec contemporain,
c'est-à-dire un Québec soucieux des droits de la personne et qui
ne tient pas è ce que s'insère aucune discrimination quelle
qu'elle soit, surtout dans le domaine des services aux personnes
démunies, en particulier les HLM d'une ville comme
Montréal ou Québec.
Mme la Présidente, j'ai terminé mon intervention.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Mercier. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, quelques commentaires
rapidement, Mme la Présidente. Je tiens à assurer le
député de Mercier que Je crois, tout comme lui, au rôle
d'une commission parlementaire. Jamais, comme ministre, je n'ai
présidé à l'adoption d'un projet de loi qui n'a pas su
profiter des bonifications apportées par les parlementaires qui se
donnent la peine d'évaluer sérieusement un projet de loi et de le
bonifier quand c'est possible. Jamais je n'ai vu une occasion ou je n'ai
été témoin d'une occasion ou j'en ai parrainé une
où cela a été impossible. Donc, sur le rôle de la
commission parlementaire, je ne crois pas que nous ayons de difficulté
d'entente.
Maintenant, à toute la question éminemment fondamentale
que soulève le député de Mercier quant à la
possible discrimination, je pense qu'il s'agit là de l'essence
même, de l'élément moteur de ce projet de loi. Je lui dirai
que je pense, comme ministre, avoir pris des garanties raisonnables, non pas de
non-discrimination, comme vous le dites, mais strictement de discrimination
parce qu'il y a des éléments de discrimination et Je veux qu'on
soit clairs là-desssus - mais de discrimination positive qui nous
permettra d'aider les plus démunis. Et les éléments de
discrimination positive qui sont contenus dans le projet de loi sont
autorisés, selon les avis qui m'ont été
communiqués, par la Charte québécoise des droits et
libertés de la personne et par la charte canadienne.
Maintenant, on n'est jamais trop prudents, vous avez raison de le
souligner, lorsque l'on traite de ces sujets. Si l'Opposition a des
réserves sérieuses sur certains des éléments, a des
questions juridiques précises qu'elle veut nous soumettre, je m'engage
à les faire analyser et à apporter les réponses les plus
précises, parce qu'on ne joue pas avec les libertés
fondamentales. Mais si vous me demandez si le présent projet de loi est
exempt de toute discrimination, ma réponse est négative. La
prétention gouvernementale est que le présent projet de loi
contient des dispositions de discrimination positive autorisées par les
deux chartes. Maintenant, quand vous nous Invitez à la prudence, moi,
j'en suis. Si vous avez des éléments appuyés par des
opinions juridiques, c'est encore plus souhaitable. Je sais que l'Opposition
n'a pas tous les moyens et nous sommes prêts à collaborer à
ce point de vue-là. Je veux m'assurer, tout comme l'Opposition, que ce
que nous faisons ici est protégé par les chartes parce que si
nous le faisons, considérant la protection accordée par les
chartes, nous le faisons po- sitivement à l'intention des plus
démunis de la société. Merci de votre intervention.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Shefford.
Motions proposant la tenue de consultations
particulières
M. Paré: Oui, j'aurais une motion à ce moment-ci
qui se lit comme suit: "II est proposé qu'en vertu de l'article 244 de
nos règles de procédure, la commission permanente de
l'aménagement et des équipements tienne, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi 136 modifiant la Loi
sur la Société d'habitation du Québec et le Code civil en
matière de bail d'un logement à loyer modique, des consultations
particulières quant à tous les articles dudit projet de loi et
qu'à cette fin, elle entende l'Association des offices municipaux du
Québec."
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Shefford. La motion est recevable. Je vais vous
expliquer...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, avant de
vous prononcer sur la motion, nous souhaiterions entendre toutes les
explications que le député de Shefford ou d'autres membres de la
députation ministérielle pourrait avoir à nous soumettre
de façon que nous puissions prendre une décision
éclairée.
M. Paré: C'est celle-là que j'ai à
déposer maintenant et c'est là-dessus que je veux discuter, et je
vais vous dire pourquoi. C'est relié à ce dont mes
collègues ont parlé avant moi et vous leur avez répondu
lors de votre dernière intervention et aussi lors des interruptions que
vous avez faites.
Vous savez très bien que les offices municipaux d'habitation,
certains offices municipaux d'habitation du Québec ont
expérimenté, au moment où l'on se parle, des pratiques que
l'on retrouve dans le document qu'on vous cite. Donc, il ne faudrait pas jouer
à l'autruche, nous ne sommes pas en Autriche, et il faudrait être
bien conscient que, quand nous parlons d'un document, nous ne l'avons pas pondu
- on n'est pas des poules - et nous l'avons eu quelque part, parce que c'est un
document qui a circulé. Ce document a été produit par la
Société d'habitation du Québec en mars 1987. Il s'agit de
Grandes lignes du projet de règlement sur la sélection des
locataires, document préparé par la Société
d'habitation du Québec, document qui a servi de discussion, de
consultation avec des offices municipaux d'habitation du Québec. Vous
avez assisté au dernier congrès qui a eu lieu à
Drummmondville dernièrement, à la fin d'avril 1989 - donc, je ne
parle pas du bout du monde - à la réunion de l'Association des
offices municipaux d'habitation du Québec. On a parlé,
et ça, c'est un document qui a circulé, dont on a
discuté, et c'est un document qui a servi d'expérimentation. On
sait - et ça, vous ne pouvez pas le contester - qu'il y a, au moment
où l'on se parte, dans différentes municipalités du
Québec, des expérimentations qui ont été
tentées et qui nous amènent à vouloir modifier des
choses.
S'H y a eu des expériences qui ont été
vécues quelque part, si les offices municipaux d'habitation ont
vécu des choses auxquelles Ils pourraient nous sensibiliser, si
l'Association des offices municipaux d'habitation du Québec a
régulièrement ou annuellement, à tout le moins, des
réunions où elle a des demandes et des recommandations qu'elle
peut soumettre, ce serait la moindre des choses qu'on entende ces
gens-là qui ont finalement à gérer les HLM, les
habitations à loyer modique, qui auront aussi à appliquer le
nouveau règlement et qui pourront même, parce que c'est dans la
loi, l'adopter localement.
Donc, à l'avenir, qui va décider de la liste, du
règlement d'admissibilité sur la liste, donc cela veut dire du
traitement des gens dans les HLM? Ce seront les offices municipaux d'habitation
qui devront le faire et quand ils voudront modifier des choses ou adapter des
règlements, ils devront les faire accepter par qui? Pas par nous, ici en
commission parlementaire, mais par la Société d'habitation du
Québec. Et on va laisser tout ça se faire, nous, les élus,
ici, sans dire un mot, sans aller au fond des choses, en sachant qu'on ne
pourra plus Intervenir et en sachant en plus... Savez-vous comment on va
l'apprendre? Bien, on va l'apprendre dans la Gazette officielle du
Québec, imaglnez-vousl On va l'apprendre dans la Gazette
officielle du Québec et, en plus, on va apprendre que ce sera
déjà en application à part ça.
Je m'excuse! En démocratie, là, et je n'ai rien contre la
Société d'habitation du Québec, elle fait une bonne job,
je l'ai déjà dit, parce que, de notre temps, c'est la
Société d'habitation du Québec qui a fait en sorte de
mettre sur pied les nombreux programmes que le Parti québécois
avait mis sur pied et qui ont été abolis, qui a fait en sorte que
ça aille bien, y compris Corvée-habitation et tous ces
programmes-là. Ces gens-là sont de très bons
administrateurs, de très bons planificateurs, mais ce ne sont pas des
gens élus qui ont des comptes à rendre à la
société et qui ont à déterminer des grandes
politiques et, à mon avis, ils n'ont pas à décider de
façon ultime et finale du traitement qu'on va faire dans des logements
qui appartiennent à toute la société.
Donc, on peut bien dire qu'il y a des documents qu'on ne reconnaît
pas. Je dois dire que c'est trop facile de dire ça et je n'accepte pas
ça. C'est trop facile de dire ça, on en dit tellement de belles
choses. Et vous vous rappellerez, Mme la Présidente - je vais le prendre
à titre d'exemple ce soir parce que c'est trop récent pour qu'on
l'oublie - les membres de la commission qui étaient ici cet
après-midi, à la même commission où l'on
étudiait le projet de loi sur la préservation des espèces
fioristiques. Vous vous rappelez ça, cet après-midi, les fleurs?
Pourquoi je fais le lien? Parce que c'est trop facile de dire une chose et de
faire le contraire. On en avait la preuve cet après-midi. La loi, c'est
pour protéger la flore; et les beaux grands discours, de l'autre
côté, disaient: II faut protéger les fleurs. Je suis bien
d'accord avec ça. On a même voté pour. On est d'accord. On
avait le grand discours disant que c'est important de protéger les
fleurs, mais en même temps, on a fait dire au ministre que s'il faut
protéger les fleurs et leur habitat, il était d'accord que le
gouvernement, le même gouvernement se départisse d'une
réserve forestière qui était protégée, pour
construire. Donc, on dit qu'on va Imposer sur les terres publiques des
parcelles de terrain pour protéger les fleurs, mais le gouvernement se
départit de ses propres terrains. C'est facile de tenir des discours,
mais ce sont les gestes qu'on pose qui sont importants. (21 h 30)
Et là, on peut bien dire ce qu'on voudra aussi, mais c'est plus
que des fleurs ce soir. On tiendra les discours qu'on veut, ce qui compte,
c'est la situation des gens qui seront dans les HLM et que nous, les
parlementaires, on se réserve au moins le droit, finalement, de
décider des règlements qui régiront les listes dans les
HLM et des règlements qui régiront les personnes qui seront
à l'intérieur des HLM, surtout les gens qui seront admissibles
sur les listes parce que ce sont ces personnes qui seront admissibles dans un
HLM. Quand le ministre nous dit: Ce document, on l'a rejeté. Je vais
vous rappeler quelques petites affaires qui méritent d'être
rappelées. Ce document, les grandes lignes du projet de règlement
sur la sélection des locataires, par la Société
d'habitation du Québec de mars 1987 est un document de la
Société. Donc, cela donne l'esprit, l'orientation, la perception
des gens de la Société. Ce sont eux qui, à l'avenir,
devront s'occuper de la liste et des règlements, parce que ce que
dît le projet de loi 136 dans les notes explicatives, c'est: "Ce projet
de loi modifie la Loi sur la Société d'habitation du
Québec en ce qui a trait aux pouvoirs réglementaires de la
Société relatifs à l'attribution de logements à
loyer modique." On est en train, par la loi 136, de donner le pouvoir à
la Société d'habitation du Québec et on dit: Oublions ce
qu'a fait la Société et ce qu'a pu dire la Société.
Ce n'est plus bon, ce document-là. Mais voyons donc! Ce sont ces gens
qui vont devoir décider à l'avenir et c'est l'orientation de ces
gens-là qui est là-dedans. C'est le contenu de ça qui nous
inquiète.
Donc, quand on dit, comme le disait ma collègue de Johnson, de
réserver 25 % pour les couples du troisième âge, de
réserver 25 % pour les familles avec le couple et non pas seulement la
femme chef de famille monoparentale qui est la plus démunie de la
société, c'est reconnu, on ne l'a pas pondu. On l'a trouvé
dans ce docu-
ment de la Société d'habitation du Québec à
qui, par le projet de loi 136, on va donner les pouvoirs à l'avenir.
Voyons donc! On parle de quelque chose de concret. On parie de quelque chose de
sérieux. Ce sont eux qui vont l'appliquer. Quel pouvoir va-t-on
maintenir ici, nous, les élus? Quel pouvoir va-t-on avoir par rapport
aux HLM si jamais il y a discrimination positive? Parce que j'écoutais
le ministre tantôt et il a dit: L'essence même et
l'élément moteur du projet de loi, c'est la discrimination
positive. Sauf que positive, c'est très relatif surtout quand on regarde
le document, et c'est ça qui m'Inquiète. Ce n'est pas vrai qu'on
peut dire, au moment où on se parle, que ce document ne vaut rien. Ce
document est l'orientation que nous a amenée, II y a deux ans, la
Société d'habitation du Québec, document sur lequel on a
discuté, document sur lequel... Je le sais, parce que j'ai
rencontré ces gens et je les connais. Il y a des gens de Granby qui sont
membres de l'association et qui président même. Donc,
imaginez-vous qu'il y a des gens avec qui je peux discuter. Je sais qu'ils
connaissent ce document-là. Je sais qu'il y a des offices municipaux
d'habitation qui ont, effectivement, tenté des tests et qui ont fait
l'expérimentation. SI on les Invitait, est-ce que ça ne nous
permettrait pas au moins, pour une fois... Si le projet de loi est
adopté, n'y rêvez plus. Quand pourra-t-on recevoir les gens de la
Société d'habitation du Québec? Même pas les offices
municipaux d'habitation, mais quand pourra-t-on recevoir la
Société d'habitation du Québec sur un mandat
d'initiative?
C'est quelque chose. Comme parlementaire, on voudra parier de dizaines
de milliers de citoyens dans les HLM, de leur vécu, des listes qui les
autorisent à être là et d'un paquet d'autres affaires.
Regardez ça. Si vous n'en avez pas de copie, je pense qu'on va en
déposer une. Vous allez voir à quel point c'est
Inquiétant. Ce n'est pas parce que je n'ai pas confiance aux gens de la
Société d'habitation du Québec, mais c'est la
responsabilité des élus de décider du vécu des gens
qui sont dans les HLM. On pourra à l'avenir, sur un mandat d'initiative,
à la condition que des deux côtés de la table, une fois par
année, on se mette d'accord que c'est cette Société qu'on
veut entendre... Connaissant la multitude des sociétés
d'État, je vous dis qu'on risque de ne pas les voir souvent. On risque,
finalement, d'apprendre dans les journaux ce qui se passe et de critiquer,
comme tout le monde, en n'étant pas responsables, alors qu'on est
élus pour être responsables. Là-dessus, je n'adhère
pas. Quand on regarde les deux documents, celui de mars 1987 et la loi qui est
déposée, la loi vient permettre exactement ce qu'on retrouve dans
l'autre. Les articles ont été faits en fonction de ce qu'on veut
y mettre. Cela m'inquiète, quand on regarde en haut de la page 5,
à l'article 2. On parie de discrimination qui est, selon le ministre,
l'essence même et l'élément moteur du projet de loi. On
dit: "Les règlements portant sur les matières
énoncées aux paragraphes n à r et t du premier
alinéa peuvent comporter des distinctions, exclusions ou
préférences - Imaginez-vous - fondées sur l'âge, le
handicap ou tout élément de la situation des personnes. "
Imaginez-vous! Si la Société d'habitation du Québec se
ramassait... Le ministre MacDonald a dit qu'il ne se représentait pas.
S'il fallait qu'il se ramasse là, ça veut dire que toutes les
"grosses maudites anglaises" pourraient être exemptées, elles
pourraient être empêchées d'aller là. Pensez-y comme
II le faut, ça n'a pas de bon sens. L'élément de la
situation de la personne, c'est tellement large que MacDonald, à la
Société d'habitation du Québec, il n'y a plus une "grosse
maudite anglaise" qui va être admissible là.
Une voix: C'est discriminatoire.
M. Paré: Oui, c'est discriminatoire. C'est ça qu'on
ne veut pas. C'est ça que le projet de loi est en train de nous dire. Je
trouve que ça n'a pas de bon sens. Je ne peux pas accepter ça. Je
suis contre le fait qu'on puisse faire ça, et c'est la raison pour
laquelle il faut qu'on en discute. Et en discuter avec qui? Pourquoi la motion,
l'Association des offices municipaux d'habitation? Parce que ces
gens-là, contrairement à nous, les députés Ici
à l'Assemblée nationale et en commission parlementaire, on n'a
pas eu la chance, jamais, de discuter du règlement, de discuter de
l'orientation, de discuter des documents qu'eux autres ont eu en main pendant
des semaines et des mois, qu'ils ont eu la chance d'analyser, qu'ils ont eu la
chance de bonifier et, ensuite, en congrès annuel, de rediscuter entre
eux. L'ensemble des offices municipaux d'habitation du Québec ont eu la
chance, ceux qui ont vécu une expérience, de discuter entre eux
pour voir le bon côté des choses. Nous, comme parlementaire, on ne
se donnera même pas cette chance. M. le ministre, ça n'a pas de
bon sens. Vous allez en convenir, ça n'a pas de bon sens que, comme
parlementaire, on délègue un pouvoir sans connaître
l'intention de ces gens, sans connaître l'orientation qu'ils vont lui
donner. Ce serait un minimum; ce serait le minimum du minimum. Cela n'aurait
aucun bon sens de ne pas accepter de recevoir...
Cela n'aurait pas de bon sens de légiférer en
matière de HLM, dans une matière qui concerne directement les
offices municipaux d'habitation du Québec, parce que - je reviens
à ce que je disais tantôt - si on peut, d'une façon
très rare, convoquer la Société d'habitation du
Québec ici, à cette table, pour discuter avec elle sur les
autorisations qu'elle va faire et qu'elle va donner aux offices municipaux
d'habitation du Québec, on n'aura pas d'autre occasion comme
parlementaires d'entendre les offices municipaux d'habitation du Québec.
Ce serait la seule et unique occasion qu'on aurait, dans cette commission,
avant de légiférer là-dessus. Je dois vous
dire qu'on a le temps, si on le veut. Je suis sûr que les gens
seraient très heureux de venir rapidement. Cela n'aurait pas de bon sens
qu'on cède une responsabilité et un pouvoir qui nous
appartiennent. Les gens ne nous ont pas élus pour se laver les mains
comme Ponce Pilate et déléguer à des organismes et
à des sociétés des responsabilités qui nous
appartiennent, quand c'est le vécu des citoyens qui est en cause. C'est
ça qui est en cause.
Non seulement on va toucher là-dedans... Je ne sais pas si vous
l'avez lu. Savez-vous ce qu'on va toucher là-dedans, en plus des listes
qui vont dire qui a droit aux HLM, la discrimination qu'on va faire par rapport
aux femmes de 65 ans et plus dans les HLM? Le montant qu'on va payer, aussi,
parce qu'il y a une modification qui est permise. C'est là que je disais
que le ministre vient finir la sale job qu'il avait commencée, dans le
sens que, dans les HLM, on pourra demander plus cher aux
bénéficiaires de l'aide sociale ou leur couper l'aide sociale,
parce qu'on va considérer qu'ils ont une aide par rapport à un
loyer qui leur coûte moins cher que dans le système privé.
C'est tout ça qu'on est en train de décider par ce projet de loi.
Et on pourrait voter ça ce soir. Et, à partir de ce
moment-là, fini. Nous, on n'a plus rien à dire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non. Ce n'est pas notre
intention.
M. Paré: Non, je dois vous le dire, M. le ministre, ne
vous inquiétez pas, on ne votera pas cela ce soir. On ne votera pas cela
ce soir, parce qu'il y a trop de points qui ne sont pas clairs
là-dedans, qui sont nébuleux, en tout cas pour que moi,
premièrement, j'accepte ça sans avoir dit au moins tout ce que je
pense et tout ce que je trouve Inacceptable là-dedans. On n'a pas le
droit de faire de discrimination. On ne la fait même pas, c'est ça
qui est le pire. Comme parlementaires, on n'est pas en train de décider
de la discrimination qu'on permettra. On est en train de dire qu'on donne le
pouvoir à d'autres, qui n'auront pas de compte à rendre, de faire
de la discrimination sur le dos de milliers et de milliers de citoyens dans les
HLM et de milliers de citoyens sur des listes d'attente dans les HLM. C'est
cela qu'on ne peut pas accepter.
Je pense, sincèrement, M. le ministre, que c'est un minimum qu'on
puisse discuter avec l'Association des offices municipaux d'habitation. On
devrait discuter avec ces gens pour savoir exactement quelles sont leurs
intentions, quelle est l'orientation qu'ils ont l'intention de donner. Comment
ont-Ils vécu cette expérimentation qu'ils ont faite? Comment
perçoivent-ils les femmes dans un HLM?
Ce document, vous l'avez vu, si vous ne l'avez pas vu, on pourrait faire
une photocopie pour que vous sachiez exactement à quoi je me
réfère. Mais quand on voit des choses aussi bizarres qu'à
la page 11, et cela a été discuté par les offices
municipaux d'habitation et c'est pour ça qu'il faut les consulter,
à la page 11, quand on dit: II faut d'abord souligner que l'application
de la grille de pondération du rapport loyer-revenu favorise
systématiquement la sélection des personnes seules et des
ménages monoparentaux dont 90 % des chefs de ménage sont
féminins. C'est reconnu. Ce biais systématique, découlant
du rapport loyer-revenu, entraîne une très forte concentration des
personnes seules et des ménages monoparentaux dans les HLM pour
familles. De cette très forte concentration de deux clientèles
surgissent une foule de problèmes... Et cela, j'aimerais qu'on en parle
avec les gens qui l'ont vécu sur le terrain, quand on parle de
l'insécurité des ménages, mésententes entre
locataires, vandalisme, vol, délinquance, difficulté de trouver
une personne responsable de la sécurité de l'immeuble,
comité de locataires Inopérant, appels fréquents à
la police, à l'Office, prostitution et drogue. Quand j'ai vu ça
pour la première fois, je me suis dit que ça n'a pas de bon sens
de penser que la clientèle de femmes chefs de famille monoparentale et
de femmes seules de 65 ans et plus, dans les HLM, seraient ces gens qu'on
qualifie de ce que je viens de dire. J'aimerais qu'on vienne nous expliquer
ça et nous dire si ce sont quelques cas ou si c'est
généralisé. J'aurais des questions en "tabarnouche", parce
que J'ai des points d'interrogation terribles là-dessus.
Une voix: Tabarnouche", est-ce que c'est...
M. Paré: Oui, "tabarnouche", je ne sais comment vous allez
l'écrire, mais c'est ce que je ressens et je le dis.
Une voix: Bar ou ber...
M. Paré: Vous l'écrirez comme vous voudrez et, si
vous n'êtes pas capables, au Journal des débats, vous
n'aurez qu'à l'enlever, le "tabarnouche".
Mais, cela n'a pas de bon sens qu'on n'accepte pas de recevoir tes
offices municipaux d'habitation qui auront à l'appliquer. De plus, dans
la loi 136, on retrouve un article qui leur permet des adaptations locales. Que
voient-ils dans l'adaptation locale? À quoi veulent-ils nous amener?
Comment voient-ils ça? On a le droit de savoir. Quand on va acheter un
"char", comme citoyen, on va acheter une automobile, habituellement, on passe
deux, trois fois devant le garage, on arrête une fois ou deux, on
l'essaie et ensuite, on la fait examiner. C'est pour un "char", et ce n'est
quand même pas la fin du monde. Une automobile, excusez c'est plus facile
à... une Hyundai. On l'essaie. Quand on veut acheter une maison,
habituellement on prend de grandes précautions, on y va avec des gens
qui connaissent ça et on va jusqu'au sous-sol. Mais là, comme
parlementaires, sur le vécu de dizaines de milliers de gens, on
s'apprête à déléguer une
responsabilité à des gens dont je ne doute pas de la bonne
foi, mais qui n'ont pas de compte à rendre aux citoyens. Des gens, de
bonne foi probablement, mais à qui confiera-t-on des mandats? Et quand
on confie un mandat à ces gens-là, ils n'ont pas d'autre choix
que de l'appliquer. Si c'est un mandat comme on le voit dans les hôpitaux
présentement, ce n'est pas un service aux gens qui sont malades,
ça prendra un an avant d'entrer à l'Institut de cardiologie de
Montréal. On a le temps de mourir, donc on ira faire un petit tour au
cimetière aussi avant d'aller à l'hôpital, au cas
où. Si on passe le message aux gens de la Société
d'habitation du Québec, comme une contrainte, que leur devoir sera de
balancer des budgets, de faire des économies sur le dos des plus pauvres
de la société, ils feront leur boulot. Ils vont le faire en
fonction de ce qu'on va leur imposer. Et nous autres, on sera ici comme une
gang d'innocents parce qu'on aura cédé nos pouvoirs, nos
responsabilités comme Ponce Pilate, parce qu'on n'aura même pas
discuté de ce qu'on est en train de perdre comme pouvoir, comme
responsabilité. Je trouve ça inquiétant. (21 h 45)
Je vous l'ai dit tantôt, la Société d'habitation du
Québec n'a plus du tout de compte à nous rendre sauf au ministre
quand elle vient demander ses budgets et quand le ministre va lui parler. Mais
le ministre a le droit de passer des commandes et eux autres ont juste à
l'appliquer. On ne peut même pas discuter, comme parlementaires, de la
commande qui est passée. On ne peut pas contrôler les
dépenses. On a peut-être une couple d'heures, lors du
dépôt des crédits, une fois par année, mais c'est
global et, à ce moment-là, c'est le ministre qui nous
répond. Il peut, encore une fois, s'en laver les mains en disant: Ce
n'est pas moi qui l'ai fait, c'est la Société d'habitation du
Québec. Ça n'aurait pas de bon sens qu'on refuse, nous, les
députés, un éclairage aussi important que celui qui
pourrait nous être amené par les offices municipaux d'habitation
du Québec là-dessus. Après ça, on votera le projet
de loi 136, si on veut, mais on le votera en toute connaissance de cause.
Si c'est vrai qu'on est ici avec les trois rôles dont je parlais
tantôt: aider nos citoyens, on aide des gens à vivre dans des HLM
et à y entrer par les lois et les règlements qu'on passe; on
légifère, c'est ce qu'on est en train de faire,
légiférer veut dire prendre soin de nos gens aussi, pas juste du
budget du ministre des Finances; et contrôler, pour contrôler, II
faut avoir le pouvoir et on ne l'aura même plus. Le peu de contrôle
qu'il nous restait au niveau des listes - parce qu'on n'en avait plus à
la Société d'habitation du Québec - maintenant, on vient
de le perdre. Donc, c'est une société d'État à
laquelle le ministre aura le pouvoir de donner et de couper de l'argent, de
passer des commandes mais pas nous, les parlementaires. On va voter ça
sans même avoir les commentaires de ceux qui vont devoir l'appliquer en
grande partie ou l'appliquer directement sur le terrain, les offices municipaux
d'habitation du Québec. Je trouve que la demande que je fais par cette
motion est tout à fait logique, réaliste et c'est surtout une
demande de gens responsables.
Je suis fier de voir que j'ai, au moins, un député du
côté ministériel qui va probablement voter pour ma motion
en reconnaissant qu'on n'a pas le droit de légiférer et de voter
une loi comme ça sans avoir au minimum tout l'éclairage
nécessaire. Je suis convaincu qu'on ne l'a pas, au moment où on
se parle. On n'a pas l'éclairage nécessaire au moment où
on se parle parce que lorsqu'on fait le lien par rapport à ces deux
documents - et je ne suis même pas sûr si vous l'avez eu de l'autre
côté - il nous manque des informations. Il nous manque des
documents. On va céder des pouvoirs. Il va se faire de la discrimination
et on n'aura rien à dire. Je trouve que ça n'a pas de bon sens.
Je trouve que c'est inacceptable et j'espère sincèrement que le
ministre va nous donner cette occasion importante de pouvoir entendre ceux qui
vont avoir des comptes à rendre à la Société
d'habitation du Québec, mais pas à nous, ceux qui ont
l'éclairage, l'expérience sur le terrain, non pas seulement par
leur vécu au cours des dernières années, pour venir
commenter ce qu'on retrouve là-dedans et que je trouve, à mon
avis, très fort. Pour mettre ça dans un document, je dois vous
dire... Je vais dire comme le ministre, il ne se promène pas avec ce
document-là dans ses poches. Sauf que la Société
d'habitation du Québec qui a produit le document et qui en a
discuté, ce sont les mêmes personnes qui auront le pouvoir
bientôt de faire une réglementation, de décider de
l'admissibilité sur les listes et de la discrimination dont parlait le
ministre tantôt.
Donc, si c'est la Société, elle va pouvoir accepter des
demandes des offices municipaux d'habitation. Les offices, à mon avis,
seraient probablement très satisfaits, comme instance, de pouvoir venir
discuter avec nous de nous expliquer leur vue à ce sujet, de nous parler
de leur expérience et de nous rassurer, à tout le moins. Si ce
n'était de nous convaincre, ça pourrait nous rassurer. Et s'ils
ne réussissaient pas à rassurer l'ensemble des
députés ici et ceux qui vont venir, ça voudrait dire qu'on
aurait pas d'autre choix que de refuser ce projet de loi. Donc, la demande me
semble tout a fait légitime, la motion est acceptable et, à mon
avis, elle est souhaitable. C'est pour cela que j'espère que vous allez
accepter, M. le ministre. Est-ce que j'achève, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Deux minutes.
M. Paré: Tabarnouche"! Je me demandais si j'allais
entreprendre un autre argument. Je vais le garder pour l'étude article
par article...
Une voix: Comme l'agneau.
M. Paré:... à moins que vous ne répondiez
favorablement à la motion et que vous ne nous permettiez de faire ces
échanges directement avec nos invités qui seraient les gens des
offices municipaux d'habitation du Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Shefford. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Très brièvement, Mme
la Présidente, le député de Shefford m'a presque
convaincu. Lorsque je dis "presque", je n'exclus pas qu'il m'ait
complètement convaincu. Sa motion est claire, acceptable suivant notre
règlement et vise à apporter aux membres de cette commission
l'éclairage d'une partie très intéressée qui aura
un rôle majeur à jouer dans l'application de la
réglementation. Cette motion, quant à son fond, quant à
son contenu, m'impressionne. Quant à sa forme, vous avez
déjà statué sur sa recevabilité.
Mme la Présidente, ma première réaction serait
d'acquiescer à cette demande de l'Opposition. C'est sans doute ce que
j'aurais fait, n'eût été quelques éléments
que je vais soumettre au bon jugement et à l'appréciation. S'il
le faut, nous voterons. Je ne suis pas certain que je puisse convaincre
l'ensemble des intervenants de rejeter la proposition du député
de Shefford.
Le député de Shefford a eu la transparence d'admettre
qu'il connaissait bien l'Association des offices municipaux d'habitation du
Québec. Il a même fait référence à l'un de
ses électeurs, M. Jean-Marc Savoie, qui est président dudit
organisme. Cela peut nous illustrer jusqu'à quel point un
député, qui est parfois surchargé par les travaux
parlementaires, peut s'éloigner de son comté, de sa population,
même des éléments qui la dirigent. M. Savoie, que j'ai eu
l'occasion de rencontrer à l'occasion du dernier congrès des
offices municipaux d'habitation du Québec m'avait confirmé son
endossement, son aval au principe du projet de loi quant aux modalités.
M. Savoie est quelqu'un qui a du suivi. Il nous a fait part, non seulement de
son opinion personnelle, mais de l'opinion de l'Association des offices
municipaux d'habitation du Québec dans une missive qu'il nous adressait
dernièrement. J'ose croire que le député de Shefford,
malgré son éloignement de son comté, à son bureau
de Québec, a reçu une copie de ladite missive. Je vous en fais
lecture, Mme la Présidente.
M. Godin: Puisque le ministre cite un document, est-ce qu'il ne
pourrait pas le déposer, s'il vous plaît?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela va me faire plaisir de
déposer une copie.
M. Godin: Illico, le plus tôt possible.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais même vous en faire
lecture In extenso...
M. Godin: Comme vous voulez.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... de façon que ce soit
déposé et que l'on retrouve...
M. Godin: Connu aussi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... la lettre au Journal des
débats, comme telle. Comme cela, celui qui nous lit n'aura pas
besoin d'y faire référence et d'aller chercher la lettre. Il aura
tout en main.
Sainte-Foy, le 23 mai 1989. Ministère des Affaires municipales,
à l'attention du ministre Pierre Paradis. Objet: projet de loi 136. M.
le ministre... Je sais que si le député de Mercier avait eu en
main cette missive, sans doute aurait-il Incité son collègue
à, peut-être, ne pas soumettre une telle motion, mais il ne le
savait pas, évidemment.
M. Godin:... "perge quo coepesti", cher collègue. Est-ce
correct?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le ministre, l'Association des
offices municipaux d'habitation du Québec a pris connaissance du projet
de loi 136, soit la Loi modifiant la Loi sur la Société
d'habitation du Québec et le Code civil en matière de bail d'un
logement à loyer modique, et en recommande l'adoption. D'un
électeur de Shefford.
Le projet de loi qui confère aux offices municipaux d'habitation
tous les pouvoirs requis concernant la sélection des locataires va dans
le sens des discussions sur le projet de règlement de sélection.
Il prévoit notamment des cas d'exclusion ou d'exemption pour tenir
compte des particularités locales des offices municipaux d'habitation,
ce qui est particulièrement Important. Le seul aspect - et s'il venait
témoigner, c'est de ça que nous discuterions - sur lequel nous
souhaiterions une modification - je vous l'indique très clairement -
porte sur l'article 1662. 7 du Code civil: "Si le logement ne répond
plus aux besoins du locataire, le locateur peut, à la fin du bail, le
reloger dans un logement de la catégorie à laquelle il a droit,
s'il en donne un avis de trois mois au locataire. "Le locataire peut faire
réviser cette décision par le tribunal dans le mois de la
réception de l'avis".
L'association propose que le locateur puisse reloger le locataire
pendant le bail plutôt qu'à la fin du bail. C'est ce qu'il voulait
discuter. Cela permettrait, selon nous, une utilisation optimale des logements
publics qui, à cause de l'article actuel, sont parfois
sous-utilisés plusieurs mois. Enfin, nous souhaitons le
dépôt du pro|et de règlement sur la sélection dans
les meilleurs délais
pour nous permettre d'être mieux éclairés sur
('application de cette loi. Veuillez agréer, M. le ministre,
l'expression de nos sentiments les meilleurs. L'Association des offices
municipaux d'habitation du Québec, Jean-Marc Savoie,
président.
Mme la Présidente, ]e n'ai pas d'objection à faire
circuler la lettre étant convaincu que l'Opposition, au moins le
porte-parole officiel, en a déjà une copie en sa possession qu'il
pourrait lui-même communiquer au député de Mercier, mais
vous en avez une copie.
Donc, Mme la Présidente, il y a un seul point dont cette
association veut discuter avec l'ensemble des parlementaires. Mol, je suis
ouvert à la discussion. Par cette lettre, on les a entendus. Par cette
lettre, ces gens nous indiquent très clairement qu'ils ont un seul point
à discuter. Je demande que l'on respecte l'opinion de cette importante
association et que l'on discute en temps opportun. La date de la lettre, je
l'ai citée tantôt. Je ne l'ai plus devant mol parce que, en toute
transparence, je l'ai fait circuler. On me dit que c'est une vieille lettre du
23 mal. Cela me semble quand même assez récent. Le projet de loi
était déposé à cette époque et l'association
pouvait en prendre connaissance.
Maintenant, Mme la Présidente, cette lettre me convainc que nous
pourrions discuter. Est-ce qu'on devrait prévoir que, pendant le bail,
il y ait possibilité de relocation ou faut-il maintenir l'article
actuel? Moi, en temps opportun, lorsque l'article sera appelé, je me
ferai un plaisir d'écouter les propositions, l'argumentaire de
l'Opposition. Sur le fond, si ces gens nous convainquent du bien-fondé,
nous ferons les ouvertures officielles. Si nous ne sommes pas convaincus, Mme
la Présidente, nous nous devrons de nous astreindre. Étant
donné que la motion du député telle qu'elle m'a
été remise contient la notation "motion A", j'imagine qu'il y a
motion B, motion C, je ne sais pas, je fais de la spéculation.
La Présidente (Mme Bélanger): La motion A, ce n'est pas
l'Opposition qui l'a inscrite, c'est le secrétaire de la commission.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord. Cela va. Cela
m'encourageait parce que l'alphabet ne contenant que 26 lettres, j'étais
encouragé pour la suite de nos débats. Maintenant qu'elle nous a
été soumise, maintenant que l'argumentation du
député de Shefford m'a quasiment convaincu, maintenant que la
lettre de son électeur plaide en sa défaveur, je me dois de
retourner à la base, de me laisser convaincre par l'électeur
plutôt que par le député et d'inciter le
député à se rapprocher de sa population.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le ministre.
Est-ce qu'il y a d'autres intervenants à cette motion? M. le
député de Mercier.
M. Godin: Oui, sur la même lettre, Mme la
Présidente, de l'électeur de mon collègue de Shefford, M.
Jean-Marc Savoie, il y a un paragraphe qui a été, je ne dirais
pas escamoté, mais cité à voix très basse.
Une voix:...
(22 heures)
M. Godin: Enfin, dit le signataire de la lettre, nous souhaitons
le dépôt du projet de règlement le plus tôt possible,
c'est-à-dire dans les meilleurs délais - il manque le mot
"délais" en plus - pour nous permettre d'être mieux
éclairés. Donc, le président de l'association en question
veut être éclairé. Je pense que le meilleur moyen, c'est de
venir ici de manière qu'on puisse lui dire, vous, M. le ministre, et vos
collègues de la SHQ, votre équipe de la SHQ, ce que contiendra le
règlement ou les règlements en question. Il y en a
peut-être plusieurs selon les villes où nous serons en
opération. Mme la Présidente, je maintiens qu'il est essentiel
que nous convoquions, à titre privé, l'association en question
parce que, comme je l'ai dit au ministre tout a l'heure, j'ai cru
l'ébranler un peu moi-même, comme la loi actuelle ouvre la porte
à tous les abus, éventuellement, nous aimerions savoir de la part
de l'association qui appliquera ce règlement-là ou qui,
même, en rédigera à elle-même ce qu'elle entend par
règlement et surtout ce qu'elle pense du document de la SHQ que nous
citons depuis le début, qui date de mars 1987 - nous devrions en
recevoir deux puisqu'ils l'ont déjà appliqué en partie, me
dit-on, à titre expérimental à certains égards - ce
qu'eux pensent de ça et de l'esprit qui procède à
ça.
Mol, ce que je crois voir se dessiner derrière ce document, c'est
la vieille règle des lois du marché. Pour avoir
siégé au Trésor pendant des années, Mme la
Présidente, je peux vous dire que le Trésor, lui, applique la
règle de l'efficacité économique et, par
conséquent, il a souvent voulu hausser le loyer des assistés
sociaux et des personnes âgées pour réduire le
déficit annuel des HLM alléguant qu'y fallait avoir plus d'argent
pour en construire d'autres. Donc, on peut dire que le Trésor se battait
constamment pour l'efficacité économique. Je suis convaincu que
la SHQ endosse totalement ce genre de philosophie. Connaissant en plus la
philosophie libérale que les lois du marché doivent primer et
que, tôt ou tard, survivront les meilleurs, les plus vigoureux ou les
plus brillants, II y a là un danger qu'il faut absolument freiner.
Le meilleur moyen de savoir s'il y a un danger réel ou s'il est
uniquement dans la tête de l'Opposition, c'est de convoquer l'association
en question pour lui demander à elle et à ses porte-parole ce
qu'ils croient qui devrait être présent dans un tel
règlement que la loi permet de rédiger et de créer. Nous
croyons donc que l'association est un témoin important devant cette
commission, ici, pour éclairer le débat et pour nous permettre de
nous tirer de notre inquiétude, si nous en avons, et voir si elle
est
fondée en fait et pas seulement dans notre tête. Donc,
Mmela Présidente, nous estimons qu'il est essentiel que
l'Association des offices municipaux d'habitat ton du Québec, l'AOMHQ,
et son président, M. Savoie, viennent ici même nous dire, nous
faire connaître quel genre de règlement ils souhaiteraient voir
mis au monde par la SHQ et surtout comment ils l'appliqueraient pour nous tirer
du doute qu'il pourrait être éventuellement discriminatoire.
Donc, faute d'avoir l'accord du ministre pour convoquer cette
association ici, je me permets d'insister et d'espérer qu'à mon
tour puisqu'il a été... Mme la Présidente, je peux vous
dire que chaque jour comme député - probablement que c'est
semblable chez vous - nous nous heurtons à des aberrations de
fonctionnaires, que ce soit à la Régie des rentes, que ce soit
à la SHQ, que ce soit au BS. Nous nous battons tous les jours, Mme la
Présidente, pour obtenir justice pour nos concitoyens. Dans bien des
cas, les ministres répondent rapidement, dans d'autres, un peu moins
rapidement et règlent nos problèmes. On peut dire qu'il y a une
collaboration supra-partlsane qui s'établit entre les ministres et les
députés, de manière que nous aidions nos concitoyens.
Précisément parce que notre mission première est d'aider
nos concitoyens, nous voulons prendre toutes les précautions imaginables
pour éviter qu'ils soient pénalisés de quelque
façon que ce soit par la portée très large de la loi 136
qui est à sa face même discriminatoire et qui ouvre la porte
à n'Importe quel abus d'un organisme chargé de déterminer
les critères de sélection des personnes qui auront droit et
accès à un HLM au Québec.
Mme la Présidente, nous estimons, de ce côté de la
Chambre, que nous devons entendre ceux qui appliqueront ces règlements
et même ceux qui les concevront et qui verront à ce qu'ils ne
soient pas discriminatoires sauf de manière positive. Mme la
Présidente, je suis convaincu que le ministre se rendra à nos
raisons et qu'il acceptera que nous entendions l'Association des offices
municipaux d'habitation du Québec, ici même, pour que cette
association soit interrogée par nos collègues mêmes d'en
face.
Je vols le nouveau député de Hull qui vient du monde
municipal. Je suis sûr qu'il est sensible à une telle motion de
l'Opposition, que nous demandions les gens qui sont sur le terrain, comme vous
l'étiez, vous, jusqu'à il y a quelques jours. Ne seriez-vous pas
le meilleur témoin, M. le député de Hull, pour
éclairer une commission parlementaire comme celle-ci sur la
manière dont les choses se passent vraiment quotidiennement dans un HLM
dans une ville comme Hull? Je pense que sur la fol et le témoignage de
gens comme vous, M. le député de Hull, mais qui sont
présentement dans des offices municipaux d'habitation du Québec
de Montréal, de Hull, de Sherbrooke, de Granby, de
Québec et ailleurs, nous pourrions vraiment savoir comment ça
se passe et si le document de la SHQ de mars 1987 est fondé dans la
pratique, oui ou non, qu'il y a, à cause d'un trop grand nombre de
monoparentaux dans les HLM, la liste d'horreurs que la page 13 du document en
question énumère ici, qui semble être la pensée
profonde de la SHQ. Que le document ait été jeté aux
poubelles, au dossier Z ou non, cela importe peu pour l'instant, mais nous
savons qu'il y a présentement quelqu'un de la SHQ qui a écrit ce
document, donc qui croit fondamentalement que la clientèle
présente des HLM dégrade le milieu des HLM et surtout
amène les abus et les excès ici énumérés,
qui sont: vandalisme, prostitution, usage de drogue, querelles entre voisins,
etc.
Donc, nous croyons, nous, que seuls les gens qui sont sur le terrain
peuvent nous confirmer la réalité quotidienne vécue dans
les HLM des grandes villes du Québec, surtout depuis que les
critères qui s'appliquent sont ceux des plus démunis, qui, en
général, déterminent surtout la clientèle
monoparentale, en fonction du revenu de ces personnes et en fonction aussi de
leurs besoins. La réalité sociale du Québec fait que les
familles monoparentales dominent en nombre dans les HLM et seuls les gens des
HLM peuvent nous dire si, effectivement, le portrait ainsi dressé de
cette réalité est bon ou non. Et c'est pour ça que nous
estimons, nous, qu'il faudrait les entendre ici, de manière à
éclairer le ministre, qui ne tient pas à l'être,
semble-t-il. Moi, je tiens à rappeler, Mme la Présidente, que,
quand j'étais ministre, lors de la loi 101, on a entendu 60 associations
sur le projet de loi 57. On l'a modifié, je pense, avec 20 papillons
suggérés d'ailleurs par l'Opposition de l'époque, les
libéraux, et je les en remercie aujourd'hui, rétroactivement et
rétrospectivement, parce qu'on l'a beaucoup amélioré.
Nous souhaitons, maintenant que nous sommes de ce côté-ci
de la Chambre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nonobstant ce qu'ils ont fait.
M. Godin:... qu'il y ait, du côté du gouvernement
actuel, autant de respect de l'Opposition qu'il y en a eu à
l'époque, et pas seulement des paroles de gentillesse de l'homme
charmant que vous êtes, tout le monde le sait dans votre comté,
même les canards du lac Brome.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Mercier...
M. Godin: Nous sommes d'accord pour que la motion ait des suites
et que nous convoquions Ici - et je dirais comme les canards: "quand, quand,
quand"? - le plus tôt possible, Mme la Présidente. Nous voulons
entendre l'Association des offices municipaux d'habitation du Québec ici
même pour savoir si le règlement dont nous avons eu une
espèce d'ébauche mal foutue aurait sa raison d'être oui ou
non, vu la réalité vécue
dans les HLM du Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Mercier. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, je retiens des propos du
député de Mercier, Mme la Présidente, sauf - et il est
justifié de le faire - son retour à toute la question de la
discrimination, qui est le fondement même d'un article important du
projet de loi, toute son argumentation qui concerne la nécessité
d'entendre un organisme qui nous indique qui n'a qu'un seul point à
discuter. Je pense que le député de Mercier conviendra que, toute
chose étant normale, ledit projet de loi ne devrait pas être
adopté avant vendredi de cette semaine. Le député de
Shefford aura l'occasion en fin de semaine, dans son comté, s'il y
retourne, de discuter avec le président de l'association et de faire
part des remarques du président de l'association au député
de Mercier et aux membres de cette commission au cours de la semaine
prochaine.
Contrairement au député de Mercier, moi, je fais
totalement confiance au député de Shefford pour qu'il nous
rapporte fidèlement les propos du président de l'association.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: Merci beaucoup, Mme la Présidente. Bien
sûr, je suis d'accord avec la motion de mon collègue responsable
du dossier de l'habitation. Je le pense non seulement pour les membres
habitués de la commission parlementaire, mais compte tenu que nous avons
un nouvel arrivant, un nouveau député à qui on a
souhaité la bienvenue tout à l'heure, un homme qui vient du monde
municipal et qui n'a pas eu la possibilité peut-être d'entendre
les revendications de l'Association des offices municipaux d'habitation du
Québec. Même si ce n'était que pour le nouveau
député, je pense qu'on y aurait intérêt, mais je ne
prétends pas, ni moi ni personne d'autre, qu'on ne peut rien apprendre
de nouveau ou de neuf de la part de l'Association des offices municipaux
d'habitation du Québec qui vit la situation quotidiennement dans le
milieu respectif des offices. Nous aurions tout intérêt, je crois,
à entendre cette association qui, manifestement, aura à appliquer
le règlement.
En pariant de règlement, Mme la Présidente, vous ne
disconviendrez pas que nous ne l'avons pas. Alors, qu'est-ce qui va être
inclus dans ce règlement? Le dépôt de la
réglementation du projet de loi est, à bien des égards,
presque aussi Important que la loi elle-même, parce que c'est
l'application de cette réglementation qui va faire en sorte que
l'inquiétude que l'on vit de ce côté et qu'ils vivent
peut-être de l'autre côté... Compte tenu de la situation
où les ministériels n'Interviendront pas contre le ministre,
peut-être ne disent-ils rien à cause de la ligne du parti et tout
ça... Mais, ils sont bien contents qu'on puisse le dire et qu'on
puisse
Intervenir pour demander au ministre le dépôt de la
réglementation de la loi...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que je vais être
obligé de faire une question de règlement.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la députée de
Johnson, sans doute, sans vouloir le dire directement, Insinue que chaque
parlementaire autour de cette table n'a pas la liberté de parole totale
et complète.
Mme Juneau: J'ai dit: Peut-être qu'ils auraient des choses
à dire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que sur ce point...
Mme Juneau: Absolument pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...chacun est à l'aise.
Comme ministre, je n'ai pas fait d'intimidation et je ne pense pas que le
gouvernement du Québec, par quelques-uns de ses porte-parole, ait fait
de l'intimidation sur quelque parlementaire que ce soit autour de cette table,
Mme la députée de Johnson. Je voulais que ce soit clair pour tout
le monde. Maintenant, si vous avez des informations contraires à
cela...
Mme Juneau: Mme la Présidente, je ne sais pas ce qui
chatouille le ministre. Chaque fois que j'interviens, II se croit obligé
de me couper la parole et d'apporter son petit grain de sel.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, c'est
strictement...
Mme Juneau: Vous pourriez 'peut-être lui dire...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...une affection que je porte
à la députée.
Mme Juneau: ...qu'il va avoir son droit de parole tout à
l'heure.
Des voix: C'est par amour, c'est par amour.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est strictement la...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Mme Juneau: Cela doit être ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, il y a de
l'exagération, Mme la Présidente. Ce n'est pas par amour, c'est
par affection.
La Présidente (Mme Bélanger): A l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre, vous avez exprimé votre question de
règlement, je pense. Cela dit, la parole est à Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: J'apprécie beaucoup votre travail, Mme la
Présidente. Je suis en mesure de me rendre compte qu'avec le ministre,
c'est difficile de présider une commission. De toute façon...
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau:... Mme la Présidente, ce que j'ai dit tout
à l'heure, c'est: Peut-être que les membres de la... J'ai
déjà été de l'autre côté, moi aussi et
il y a des fois... En tout cas, vous savez ce que je veux dire. Ils sont
pareils. Ne soyez pas inquiète, eux aussi, Ils ont des questions
à poser, mais par solidarité ministérielle, parfois...
Vous savez ce que je veux dire. En tout cas, à la suite de ça,
Mme la Présidente, je pense que ce qui est Important, c'est qu'on puisse
avoir, avant de prendre une décision, la possibilité d'entendre
l'Association des offices municipaux d'habitation du Québec.
Je lisais une coupure de presse qui ne date pas beaucoup plus que la
lettre que le ministre a déposée et qui est du 23 mai. Le 22
avril 1989, le ministre y assistait... Je vais vous le lire: "M. Paradis - ce
n'est pas mol qui le dit, M. le ministre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'y a pas de problème,
Carmen.
Mme Juneau: "M. Paradis a annoncé le dépôt
prochain du projet de loi devant les membres de l'Association des offices
municipaux du Québec dont le congrès s'est terminé hier
à Montréal. " Cela veut dire que ça date du 22 avril 1989.
Il a parlé le 21 avril, il a fait cette déclaration. Il a dit:
"Chose certaine, un règlement attendu depuis 1982 par les offices
municipaux d'habitation sur la sélection des locataires sera
adopté par Québec ce printemps" a promis M. Parizeau. M. Paradis,
pardon.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ne me criez pas de noms ici ce
soir, madame. (22 h 15)
Mme Juneau: C'est un lapsus, je m'excuse. M. Paradis.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On est toujours proches, M.
Parizeau et mol: la réforme de l'aide sociale, l'habitation...
Mme Juneau: À la suite de ça, Mme la
Présidente, je me rends compte que le ministre anticipait l'adoption de
son règlement et de sa loi, parce qu'il disait dé|à: "...
la sélection des locataires sera adopté à Québec ce
printemps', a promis M. Paradis. "Ce règlement aura pour effet de
déléguer aux offices municipaux d'habitation du Québec des
pouvoirs de la Société d'habitation du Québec concernant
la sélection des locataires. " Je me pose la question: Pourquoi, tout
à l'heure, avait-il les baguettes en l'air en demandant où
j'avais pris ce que je disais, qu'il y aurait une sélection et qu'il y
aurait certaines personnes qui n'auraient plus le droit d'entrer en HLM? Il
disait: Cela ne se peut pas, ce n'est pas nous autres, on n'a pas fait
ça et où avez-vous pris ça? Il le disait, dans son
intervention, qu'il y aurait une réglementation pour faire un choix des
personnes qui auraient le droit d'entrer dans les HLM. Je ne l'ai pas pris
ailleurs que dans le document qui nous a été fourni, pas ailleurs
que là. Môme le ministre le disait le 21 avril. On n'a rien
inventé. On n'invente pas la roue, on essaie d'avoir des
éclaircissements et de faire le mieux possible.
La discrimination. Pourquoi le ministre va-t-il donner le pouvoir de
choisir à l'office municipal d'habitation? Parce que ces gens, les
monoparentaux, ce sont des gens qui font du vandalisme, ce sont des gens qui
apportent de la drogue, ce sont des ci et des ça. Pourquoi qualifie-t-on
ces monoparentaux de telle ou telle chose? Ce sont des gens que la vie,
malheureusement, n'a pas choyés, peut-être pas mal moins que nous.
À ce moment, Mme la Présidente, pourquoi accuse-ton ces gens de
toutes sortes de choses qui ne sont pas vraies la plupart du temps? La plupart
du temps, ces gens font des pieds et des mains et ils étirent une
piastre pour se rendre à la fin de la semaine pour payer les comptes.
C'est ce qu'ils font. Pourquoi faire de la discrimination envers ces gens? Je
pense qu'il ne faut pas se réjouir que des personnes vivent une
situation comme celle-là. On sait que le ministre était titulaire
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu et c'est lui qui
a mis en branle la Loi sur l'aide sociale. C'est lui qui a mis sur pied les
boubous macoutes. Je vais vous dire une chose, ce n'est pas trop rassurant de
voir qu'il devient titulaire des Affaires municipales et responsable de
l'office municipal d'habitation. Ce n'est pas très rassurant, je vais
vous le dire, pour les personnes à faible revenu. Les gens ont tout lieu
de s'Inquiéter, parce que le ministre ne comprend peut-être pas
les pirouettes ou les problèmes de ces pauvres gens qui n'ont rien pour
les aider. Il ne comprend peut-être pas ça; il n'a peut-être
jamais vécu une situation comme ça.
C'est pour ça, Mme la Présidente, que ce qui est
Important, c'est de pouvoir entendre de vive voix... Je veux bien me fier aux
lettres que le ministre a reçues, mais ce n'est pas un gars de mon
comté. Ce n'est pas qu'il y a lieu de ne
pas avoir confiance en lui, mais je voudrais /'entendre. Je voudrais
entendre l'Association des offices municipaux d'habitation du Québec. Si
elle venait nous le dire de vive voix, ce qu'elle pense de la loi devant nous
aujourd'hui - j'étais pour dire la loi 150, parce qu'on discutera de la
loi 150 bientôt - de la loi 136 qu'on est en train d'étudier,
j'aimerais qu'elle vienne ce soir ou demain. On peut...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Déjà, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Vous aviez 10
minutes, Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: Je m'excuse, je pensais que j'avais 20 minutes.
La Présidente (Mme Bélanger): Non.
Mme Juneau: De toute façon, je pense que j'ai dit
l'essentiel.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Parlez plus vite et dites la
même chose.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Mme Juneau: En terminant, Mme la Présidente, vous me
permettrez de faire une motion.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Je voudrais, Mme la Présidente...
M. Paré: Question de règlement. La
Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Paré: Quel article nous dit que sur une motion de fond
- parce que ce n'est pas un sous-amendement, c'est une motion qu'on a
présentée - c'est seulement 10 minutes?
La Présidente (Mme Bélanger): Le dépositaire
de la motion a 30 minutes et tous les intervenants succédant ont 10
minutes. C'est une motion de forme pour l'organisation des travaux. Celui qui
dépose la motion a 30 minutes et...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si Mme la députée de
Johnson a été brimée dans sa conclusion, je serais
d'accord qu'elle ait deux minutes additionnelles pour terminer, pour qu'on
saisisse bien le sens de son message.
Mme Juneau: Mme la Présidente, vous savez, je croyais
avoir droit à 20 minutes. J'allais continuer pour essayer de faire
accepter par le ministre la motion que mon collègue a
présentée. Je ne voudrais pas du tout intervenir dans votre
décision. Je croyais que j'avais 20 minutes, point à la ligne. Je
n'ai pas 20 minutes, pas pires amis. Je vais continuer à travailler et
je vais vous présenter une autre motion.
Une voix:...
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson, vous pouvez lire votre motion.
Mme Juneau: Je vous remercie, Mme la Présidente. La motion
se lirait comme suit...
Une voix:...
La Présidente (Mme Bélanger): C'est-à-dire
que si on arrêtait de l'interrompre, elle aurait déjà lu sa
motion.
Mme Juneau: II est proposé qu'en vertu de l'article 244 de
nos règles de procédure, la commission permanente de
l'aménagement et des équipements tienne, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi 136, Loi modifiant la
Loi sur la Société d'habitation du Québec et le Code civil
en matière de bail d'un logement à loyer modique, des
consultations particulières quant à tous les articles dudit
projet de loi et, à cette fin, qu'elle entende les organismes suivants:
Front d'action populaire en réaménagement urbain, Information
ressources femmes et logement, Association québécoise de
défense des droit s des retraités et préretraités,
Info-logement, Comité des citoyens et des citoyennes...
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson, je vais vous arrêter. Je pense qu'il va
falloir disposer de cette motion parce que ce n'est pas un amendement à
la motion que vous apportez mais bien une nouvelle motion.
Mme Juneau: C'est très bien, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que la motion
déposée par M. le député de Shefford est
adoptée?
M. Paré: Adopté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, vous me
permettrez de dire, après avoir écouté attentivement les
trois députés de l'Opposition s'exprimer sur cette motion, que
j'étais enclin à l'adopter de façon unanime, mais
l'argumentaire présenté surtout par ma bonne amie, Mme la
députée de Johnson, m'a convaincu qu'elle-même avait
davantage besoin d'entendre
ces gens que ces gens avaient besoin d'être entendus à la
suite de la lettre que j'ai déposée. Dans les circonstances,
étant donné que le président de l'association vient de
Granby, dans le comté de Shefford, je pourrais peut-être
suggérer, étant donné que nous sommes tous de la
même région, si vous avez besoin d'éclairage additionnel,
que samedi, en soirée, nous puissions à trois nous réunir
soit à Bromont ou à Granby, en tout cas dans la région, de
façon à rencontrer M. Jean-Marc Savoie pour qu'il vous explique
sa lettre si vous ne l'avez pas bien comprise.
Mme Juneau: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Question de règlement. Est-ce que le ministre
veut dire qu'il demande à la commission de devenir une commission
Itinérante et que nous nous rendions sur place pour aller rencontrer...
Est-ce que c'est ça la suggestion du ministre?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, absolument pas, Mme la
Présidente.
M. Godin: Nous, on est prêts. Mme Juneau: On est
prêts.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai constaté que les
députés ministériels avaient bien compris le sens de la
lettre du président de l'association et, quant à eux, ils ont
compris que le président de l'association, au nom de l'association, ne
posait qu'une seule question que l'on pourra discuter plus tard au cours de nos
travaux. Si le député de Mercier partage votre point de vue, je
l'invite aussi dans la région en fin de semaine. Il n'y a pas
d'exclusion. Mais je suis convaincu, à la suite de votre argumentation,
et encore une fois je vous le dis, que vous avez davantage besoin de les
entendre qu'ils ont besoin d'être entendus. Donc, c'est à vous que
s'adresse spécifiquement l'invitation et même si le
député de Shefford a tout compris, il peut nous laisser seul
à seul avec M. Savoie.
Mme Juneau: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: Je ne sais pas, j'essaie de comprendre pourquoi les
attaques répétées du ministre sont toujours contre moi,
mon travail et ma façon de m'exprimer. Je ne sais pas ce qui se passe
mais je pense que tout ce que l'Opposition demande Ici, c'est que tous les
membres de la commission soient égaux dans la possibilité
d'entendre des personnes. On ne veut pas avoir d'exclusion parce qu'on est les
membres de l'Opposition. Le ministre semble trouver ça drôle et
penser qu'on a besoin d'être entendus par les gens. S'il vous
plaît, ce n'est pas nécessaire de faire le drôle. On est
tous ici pour en connaître davantage et pour étudier un projet de
loi.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vos
commentaires étalent finis, M. le ministre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente, en
prenant soin de rappeler à Mme la députée de Johnson la
lecture qu'elle a sans doute négligé de faire de la lettre de
l'association. SI elle m'indique qu'elle l'a lue, je présume qu'elle l'a
comprise.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre.
M. Godin: II y a une offre du ministre qui est importante et
significative, qu'il ne ferait pas, j'Imagine, s'il n'y croyait pas
profondément, c'est l'offre à la commission de se déplacer
vers un autre lieu...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas à la commission. Ce
n'est pas à la commission...
M. Godin: Je pense donc, par conséquent, Mme la
Présidente, que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, question
de règlement. M. le député de Mercier, pour des raisons
valables, était absent et vient de se joindre aux travaux de cette
commission. Je tiens à préciser que l'offre était
strictement aux membres de cette commission - et non pas à la commission
- qui n'avaient pas compris le sens de la lettre
La Présidente (Mme Bélanger): L'intervention du
ministre étant terminée, Mme la députée de Johnson,
je pense que vous en êtes au dépôt de votre motion.
M. Godin: Si j'ai bien compris, je peux y aller moi aussi,
à la commission...
Une voix: Oui, oui.
Mme Juneau: C'est la motion de..
Une voix: Samedi soir.
Une voix: La commission rogatoire.
La Président» (Mme Bélanger): Est-ce que la
motion est adoptée? À l'ordre, s'il vous plaît!
Mme Juneau: Adopté.
Une voix: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que la motion
est adoptée?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, Mme la Présidente,
elle est rejetée, malheureusement.
M. Paré: Vote enregistré, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Le vote
enregistré. M. le secrétaire.
Le Secrétaire: M. Paradis (Brome-Missisquoi)?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Contre.
Le Secrétaire: M. Doyon (Louis-Hébert)?
M. Doyon: Contre.
Le Secrétaire: M. Poulin (Chauveau)?
M. Poulin: Contre.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotblnière)?
M. Camden: Contre.
Le Secrétaire: M. Thérien (Rousseau)?
M. Thérien: Contre.
Le Secrétaire: M. LeSage (Hull)?
M. LeSage: Contre.
Mme Juneau: Ah nonl
Une voix: Si jeune.
Le Secrétaire: M. Paré (Shefford)?
M. Paré: Pour.
Le Secrétaire: M. Godin (Mercier)?
M. Godin: Pour.
Le Secrétaire: Mme Juneau (Johnson)?
Mme Juneau: Pour.
Le Secrétaire: Mme Bélanger
(Mégantic-Compton)?
La Présidente (Mme Bélanger): Abstention.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, on
pensait vous avoir convaincue.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, le
résultat du vote. À l'ordre, s'il vous plaît! À
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Chauveau.
M. Poulin: Oui, mais dites la même chose de l'autre
côté, Mme la Présidente, par exemple.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Chauveau.
M. Poulin: Dites la même chose de l'autre
côté.
La Présidente (Mme Bélanger): II n'y a rien de
l'autre côté.
M. Poulin: C'est parce que... C'est correct.
La Présidente (Mme Bélanger): Le résultat du
vote: six contre, trois pour, une abstention.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):....
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): La motion est
rejetée.
Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: Mme la Présidente, vous me permettrez de
recommencer, parce que je ne sais pas au juste à quelle association...
Je vais recommencer ma motion.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Je vous remercie, madame. Il est proposé qu'en
vertu de l'article 244 de nos règles de procédure, la commission
permanente de l'aménagement et des équipements tienne, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi 136, Loi
modifiant la Loi sur la Société d'habitation du Québec et
le Code civil en matière de bail d'un logement à loyer modique,
des consultations particulières quant à tous les articles dudit
projet de loi, et qu'à cette fin elle entende les organismes suivants:
Front d'action populaire en réaménagement urbain, Information
Ressources Femmes et logement, Association québécoise de
défense des droits des retraités et préretraités,
Info-logement, Comité des citoyens et citoyennes du quartier
Saint-Sauveur, Regroupement du comité des logements et Association des
locataires du Québec, ACEF de Laval, Comité de logement
Saint-Louis, Association provinciale des locataires de logements
municipaux.
La Présidente (Mme Bélanger): J'ai
déjà la motion, Mme la députée de Johnson. Elle est
recevable et vous avez 30 minutes pour la débattre.
Mme Juneau: Merci beaucoup, Mme la Présidente.
M. Camden: Mme la Présidente, peut-être une question
à la députée de Johnson. Est-ce que vous acceptez ma
question?
Mme Juneau: Pardon?
M. Camden: Est-ce que vous acceptez ma question?
Mme Juneau: Bien sûr. (22 h 30)
M. Camden: Ah, cela me fait plaisir. Est-ce que vous avez
appelé tous ces gens pour leur offrir préalablement ou...
Mme Juneau: Ce n'est pas moi qui les ai appelés, ce sont
eux qui nous ont demandé, par voie de télégramme,
d'être entendus à la commission parlementaire. Est-ce que
ça vous renseigne?
Je vais vous lire les télégrammes.
M. Camden: Excellent. Ça va occuper le temps.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Je vous remercie, madame.
Le ministre et mon collègue, le député de Shefford,
ont reçu en copie conforme la liste des télégrammes dont
je vous ai fait mention dans ma motion. Je ne vous les donnerai peut-être
pas dans le même ordre que je l'ai fait dans ma motion, Mme la
Présidente, mais je pense qu'il n'y a pas lieu de vous
inquiéter.
Copie originale envoyée à M. Pierre Paradis: "Nous
demandons la tenue d'une consultation publique sur le projet de loi 136 et sa
réglementation ainsi que la publication du rapport Laporte. Les 35 000
requérantes et requérants de HLM menacés par ce projet
doivent pouvoir se prononcer. "
Quand le ministre nous disait tout à l'heure que tout le monde
était au courant et que c'était peut-être seulement
l'Opposition qui avait besoin de rencontrer des gens parce qu'elle n'avait pas
compris, vous vous rendrez bien compte à la lecture de tous ces
télégrammes - ou telepost... - qui étalent adressés
au ministre et dont nous avons eu copie conforme, vous comprendrez, Mme la
Présidente, qu'il n'y a pas que l'Opposition qui souhaiterait avoir des
éclaircissements, les gens dont je vous ai fait mention ont fait une
demande explicite pour être entendus ici, à la commission
parlementaire, non seulement pour donner l'éclairage aux membres de
l'Opposition, mais pour essayer de faire comprendre au ministre responsable et
à tous les membres de la commission... Parce que nous sommes au
même titre ici, quel que soit le côté de la table où
nous siégeons. Je pense que les députés membres de
l'Assemblée nationale ont tous et chacun, ainsi que le ministre
responsable, besoin d'avoir tout l'éclairage nécessaire. Ce n'est
pas à la demande de l'Opposition, ce sont des personnes qui, de leur
propre chef - des associations, le Front d'action populaire en
réaménagement urbain, Information ressources et toutes ces
personnes - ont demandé d'être entendues.
Donc, sauf exception, ce n'est pas seulement l'Opposition qui a besoin
d'éclairage. Ce sont des gens qui veulent venir nous en donner et le
ministre aurait tout avantage à accepter la motion que nous venons de
faire.
Le ministre a aussi reçu en date du 1er juin - ça ne fait
pas tellement longtemps, on est le 6 juin, aujourd'hui, donc il y a cinq jours
-la copie originale d'un télégramme qui dit: "Nous demandons la
tenue d'une consultation publique sur le projet de loi 136 et sa
réglementation ainsi que la publication du rapport Laporte. Les 35 000
requérantes et requérants de HLM menacés par ce projet -
ils n'y vont pas avec le dos de la cuillère, "menacés",
J'espère que le ministre comprend ce que ça veut dire - doivent
pouvoir se prononcer. * Information ressources femmes et logement.
Voilà un autre groupe, M. le ministre, qui souhaiterait venir
s'exprimer et dire comme l'Opposition, comme les membres de cette commission
parlementaire, leur insécurité, leur Inquiétude devant le
projet de loi que vous amenez, et souhaiterait aussi que vous puissiez remettre
à chacun de nous, une copie du rapport Laporte. Vous avez refusé
de déposer ce rapport et nous ne pouvons, comme membres à juste
titre de cette commission parlementaire, avoir le privilège
d'évaluer ce rapport pour nous aider à nous faire une idée
juste et équitable sur le projet de loi 150, toujours en regard de la
protection des gens qui ont bien voulu nous élirent comme membres de
l'Assemblée nationale et représentants d'une circonscription
donnée.
Nous avons aussi ceci, Mme la Présidente, dans la liste que je
vous ai fournie tout à l'heure: "Nous exigeons la tenue d'une
consultation publique sur le projet de loi 136, sur la réglementation et
la publication du rapport Laporte et 36 000 requérants et
requérantes menacés par ce projet doivent pouvoir se prononcer. "
C'est l'ACEF de Laval, par M. Claude Gingras.
Le ministre était très au courant de ce
télégramme parce qu'il l'a reçu personnellement et nous en
avons eu une copie conforme. Donc, ce n'est pas seulement l'Opposition et ce
n'est pas non plus la lettre du président que le ministre a reçue
et dont il nous a fait mention
tout à l'heure qui font en sorte que s'il ne souhaite pas
être entendu, il y a beaucoup d'autres associations qui souhaiteraient
l'être pour venir nous exprimer leur inquiétude et leur
insécurité.
Nous avons aussi reçu ceci, Mme la Présidente, en date du
31 mai 1989: "L'Association provinciale des locataires de logements municipaux
du Québec qui s'oppose au projet de loi 136, Loi modifiant la Loi sur la
Société d'habitation du Québec et le Code civil en
matière de bail d'un logement à loyer modique, nous demandons
qu'une consultation publique soit tenue sur ce projet de loi et sur sa
réglementation. Nous demandons également que soit rendu public le
rapport Laporte traitant de cette question. " C'est signé par
Gérard Taillon, président.
Je suis sûre, Mme la Présidente, que le nouveau
député de Hull, qui, nous l'avons appris tout à l'heure,
était dans le monde municipal, chez lui, quand il y avait un
éclairage à recevoir de quelque personne, il devait s'empresser.
Il doit trouver ça bien curieux qu'ici, en commission parlementaire, une
haute instance qui a des décisions à prendre, le ministre
n'accepte pas d'entendre des personnes qui lui envoient une demande par
télégramme pour être entendues. Je suis persuadée
que s'il prend la parole tout à l'heure, il nous dira que, chez lui, ce
n'est pas comme ça que ça se passe.
Mme la Présidente, le ministre a reçu beaucoup d'autres
télégrammes dont je vais vous faire mention. Celui-ci est
daté du 1er juin 1989: "Nous exigeons la tenue d'une consultation
publique sur le projet de loi 136 et sa réglementation. Les 35 000
requérants de HLM menacés par ce projet doivent pouvoir se
prononcer. " C'est signé par le groupe d'organisation ODAS et copie
conforme a été adressée à mon collègue de
Shefford, responsable du dossier.
Un autre télégramme, daté du 31 mai, adressé
au ministre responsable: "Nous exigeons - les termes varient, mais les demandes
sont toutes là - une consultation publique sur le projet de loi 136 et
sa réglementation ainsi que la publication du rapport du comité
Laporte. "
On a le projet de loi 136. Où est la réglementation? Quand
allez-vous nous la déposer et qu'est-ce qu'il y a à
l'intérieur de cette réglementation qui fait si peur aux gens,
aux locataires de HLM? Pourquoi le ministre refuse-t-il de déposer le
rapport du comité Laporte, afin que tous et chacun de nous, membres de
la commission parlementaire, puissions piger à l'intérieur de ce
rapport des informations pertinentes? Parce que si le ministre ou si son
ministère a donné un mandat au comité Laporte, je pense
bien que ce n'était pas pour leur faire perdre leur temps. Cela
coûte trop cher, je pense, de perdre du temps. Je pense que le ministre
avait besoin de l'éclairage d'un comité qui pourrait lui faire
rapport sur différentes facettes de ce qu'on vit quotidiennement dans un
HLM. Si le ministre a mis sur pied ce comité et qu'il y a un rapport,
quelle est la raison ou quelles sont les raisons qui font que le ministre
refuse de faire connaître aux membres de la commission le rapport
Laporte? Qu'est-ce qu'il attend? Va-t-il nous le déposer ce soir?
Va-t-il nous le déposer demain matin? Nous voulons savoir quelles sont
les raisons pour lesquelles le ministre refuse, Mme la Présidente,
d'offrir aux membres de la commission, qui sont ici au même titre que
lui, d'étudier le projet de loi 150 pour le moment.
Nous avons aussi reçu, le ministre a reçu, Mme la
Présidente, en date du 31 mai... "Nous exigeons la tenue d'une
consultation publique sur le projet de loi 136 et sa réglementation et
la publication du rapport Laporte. Les 35 000 requérantes de HLM
menacés par ce projet doivent pouvoir se prononcer. " Le comité
des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur, 301 Carillon,
Québec. Encore un autre groupe, Mme la Présidente, qui,
semble-t-il, aurait besoin de s'exprimer à cause de son
inquiétude de la menace du projet de loi ou de la réglementation
qui va suivre, qui va faire en sorte que certaines personnes seront
brimées dans leur demande d'habiter un HLM.
Mme la Présidente, lorsque nous avons commencé la
commission parlementaire, dès les premières interventions que
nous avons faites, le ministre a semblé dire que l'Opposition
n'était pas au courant de ce qui se passait et c'est nous qui aurions
besoin d'être éclairés et non les gens qui auraient besoin
de venir s'exprimer. Si je me réfère au nombre de
télégrammes que le ministre a reçus, il ne nous en n'a pas
fait mention tout à l'heure. Nous les avons reçus parce que mon
collègue, en tant que responsable du dossier, en avait reçu une
copie conforme. Je ne suis pas sûre, si nous n'avions pas reçu de
copie conforme, que le ministre aurait exhibé ici, à la
commission parlementaire, les télégrammes qu'il a reçus et
qui manifestaient leur désir de venir s'exprimer en commission
parlementaire. Je ne suis pas sûre que le ministre aurait eu cette
transparence si nous n'avions pas reçu la copie conforme de ce
côté-ci de la Chambre.
Un autre télégramme est arrivé le 5 juin. Ça
ne fait pas longtemps, c'est hier. "Nous exigeons la tenue de la consultation
publique sur le projet de loi 136 et sa réglementation. Les 35 000
ménages en attente de HLM doivent pouvoir se prononcer. " Et c'est
signé Info-logement.
Un autre télégramme, Mme la Présidente:
"L'Association québécoise de défense des droits des
retraités et des préretraités demande instamment la tenue
d'une consultation sur le projet de loi 136 et sa réglementation
introduisant des modifications Importantes quant à la sélection
des personnes admissibles en HLM. Un tel projet de loi ne doit pas passer sans
que ses répercussions soient analysées par les inter-
venants dans le secteur du logement social." Et c'est signé
Yvette Brunet, présidente de l'AQDR. L'AQDR, c'est l'Association
québécoise pour la défense des droits des retraités
et des préretraités.
SI on songe, Mme la Présidente, que, le printemps dernier, le
gouvernement libéral a mis sur pied un comité des abus qui a,
à plusieurs reprises, rencontré des groupes de personnes qui
étalent en relation avec des gens âgés dont l'Association
québécoise pour la défense des droits des retraités
et préretraités. Nous avons appris avec stupéfaction que
les personnes âgées étaient maltraitées. Si, en plus
de ça, on arrive avec une réglementation ou un projet de loi,
dans lequel ces mêmes personnes n'auraient même plus le droit
d'avoir un logement décent à un prix convenable, ces pauvres
personnes seules et âgées qui n'ont pas le privilège
d'avoir des ressources suffisantes pour s'offrir un autre logement, Mme la
Présidente, ce serait le bout du bout. Je pense que les personnes
âgées qui étaient là avant nous, nous ont ouvert les
chemins et nous ont facilité la voie, ont le droit aujourd'hui d'avoir
notre respect, notre compréhension et une attitude positive
vis-à-vis de leurs besoins. (22 h 45)
Ce télégramme provient d'une association, qui est à
la défense des retraités et des préretraités qui
s'inquiète et voudrait avoir une consultation publique quant à la
sélection des personnes admissibles aux HLM. Ces personnes sont
conscientes, Mme la Présidente, que des illégalités - des
méchancetés, je dirais - sont faites à des gens
âgés. Elles ne voudraient pas que, par surcroît, un projet
de loi, une réglementation d'un projet de loi dont on Ignore totalement
quels en seront les tenants et les aboutissants... l'Association
québécoise de la défense des droits des retraités
et des préretraités, dont Mme Yvette Brunet est la
présidente, souhaiterait, Mme la Présidente, être
entendue.
Je pense qu'il n'y a pas un membre de la commission parlementaire qui
serait assez buté, je dirais, pour refuser de recevoir Ici et
d'écouter ce que l'Association québécoise de la
défense des droits des retraités et des
préretraités a à dire pour faire simplement son travail.
L'association a été mise sur pied pour protéger ceux qui
n'ont pas la possibilité, le comité ou la tribune
nécessaire pour s'exprimer.
Vous savez, nous, en Chambre, on a la possibilité de prendre la
parole, de défendre ce en quoi on croit fortement à
l'intérieur de nous, ce qu'on est disposés à
défendre du plus profond de notre être, parce qu'on a reçu
un mandat de nos électeurs. Vous en avez reçu un, votre mandat
est tout frais, M. le député de Hull et je suis sûre que
vous êtes arrivé ici rempli de bonne volonté pour
défendre les intérêts des gens qui vous ont élu. Je
suis persuadée que vraiment, dans votre for intérieur, vous
êtes arrivé ici rempli d'une confiance qu'on vient de vous
exprimer, d'un dynamisme et d'une force pour défendre les gens de votre
comté, comme on le fait pour le nôtre.
Je trouverais Injuste, Mme la Présidente, qu'une décision
soit prise de façon hâtive et qu'elle soit repoussée de la
main, simplement parce que le ministre a décidé que ça
passerait carré. On a le droit, Mme la Présidente, en tant que
représentant d'une circonscription donnée, d'avoir le
privilège d'entendre les groupes qui souhaiteraient être entendus.
Je ne pense pas qu'on sort à deux heures près, ou à une
journée près, pour se priver d'éléments positifs,
éclairants, d'éléments qui feraient que le projet de loi
soit bonifié, que la réglementation serait déposée
aujourd'hui même, ce soir même, ici, en commission
parlementaire.
Qu'on suspende, s'il le faut. Je pense qu'il n'y pas un membre de la
commission qui serait contre ça. Qu'on suspende, s'il le faut, si le
ministre désire déposer la réglementation, s! le ministre
désire déposer aussi le rapport Laporte, pour qu'on en fasse une
étude. On passera la nuit à l'étudier, s'il le faut, mais
demain, on arrivera avec au moins ça de plus pour être en mesure
de prendre une décision éclairée. On arrivera, demain, si
le ministre accepte notre motion, avec la possibilité d'entendre
plusieurs groupes dont je vous ai fait mention tout à l'heure et qui
souhaiteraient être entendus par la commission parlementaire.
Mme la Présidente, j'ai encore deux ou trois
télégrammes à vous lire. Est-ce que Je pourrais savoir
combien il me reste de temps, s'il vous plaît?
La Présidente (Mme Bélanger): II vous reste huit minutes,
Mme la députée de Johnson.
Mme Juneau: II me reste huit minutes. Je vous remercie beaucoup.
J'ai un autre télégramme en date du 6 juin, c'est aujourd'hui. Je
ne sais pas si le ministre est retourné à son bureau et s'il a
reçu la copie du télégramme que mon collègue a
reçu. Peut-être que vous n'avez pas eu le temps et je comprends
ça, vous avez beaucoup de travail. Je ne vous jette pas la pierre pour
ce qui est de choses que vous avez peut-être reçues aujourd'hui.
Puisqu'il est semblable à d'autres que vous avez reçus hier et
les Jours précédents, je pense que vous allez écouter avec
attention le texte de celui que vous n'avez peut-être pas pu lire
à votre bureau. "L'Institut d'éducation populaire des Bois-Francs
demande une commission parlementaire publique sur le projet de loi 136 et sur
sa réglementation ainsi que la publication du rapport du comité
Laporte." C'est signé: l'Institut d'éducation populaire des
Bois-Francs. C'est celui-là peut-être dont vous n'avez pas eu le
temps de prendre connaissance. Je le porte à votre attention. Si vous
voulez, je vous ferai faire une photocopie. On l'a en main ici.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Peut-être que la commission
pourrait nous offrir ce service.
Mme Juneau: Oui, peut-être. Si le ministre n'a pas
reçu celui-ci, on pourrait peut-être... SI tous les membres de la
commission souhaitaient... Non, vous n'avez pas pu en prendre connaissance. Je
m'excuse, Mme la Présidente. Si tous les membres de la commission
souhaitent avoir une copie des télégrammes dont je vous al fait
mention, je pense que l'Opposition est très transparente et ce que nous
avons, nous sommes en mesure de le partager avec les gens qui sont égaux
à nous Ici, c'est-à-dire membres d'une commission parlementaire
en train d'étudier un projet de loi qui, nous semble-t-il, à la
lueur de ce que l'on connaît aujourd'hui, au moment où je vous
parte, semble montrer des dangers de discrimination envers une population
démunie, une population qui, aujourd'hui, a la chance de vivre dans un
HLM et qui, demain, ne pourront peut-être pas entrer dans leur HLM.
Pensez-y bien. Je pense qu'on est là pour regarder à fond avant
d'accepter la réglementation d'un projet de loi une
réglementation que l'on ne connaît pas et qui pourrait être
inquiétante pour les personnes qui ont besoin d'un habitat confortable,
sécure.
Il y a un avantage, Mme la Présidente, pour une personne
âgée qui demeure dans un HLM, c'est qu'elle n'est pas toute seule
dans son loyer, à la merci de personnes qui lui veulent du mal
peut-être. Elle n'a plus besoin de faire de lourdes tâches
quotidiennes dans une maison alors que les forces abandonnent la personne qui
vieillit, elle a besoin d'un habitat où il n'y a pas de problème
Important, elle n'a pas à avoir soin d'une maison, elle est
sécurisée d'avoir d'autres personnes de son âge dans le
loyer à côté. S'il y a des problèmes, elles peuvent
s'aider entre elles. Est-ce qu'on va, nous, membres de la commission, brimer
par une réglementation, est-ce qu'on va discriminer par une
réglementation une clientèle dans le besoin d'un habitat
sécure avec les moyens financiers qu'elle a? Est-ce qu'on va brimer ces
gens avec une réglementation qui nous inquiète?
Mme la Présidente, j'ai encore une couple de
télégrammes à vous faire mention et celui-ci a
été reçu au bureau du ministre le 5 juin. "M. le ministre,
nous demandons commission parlementaire avant adoption projet de loi 136 et
règlements ainsi que publication du rapport du comité Laporte."
C'est signé: Louise Constantin, coordonnatrice. Encore un
télégramme qui fait mention du besoin d'être entendu par la
commission parlementaire.
Nous avons un dernier télégramme, Mme la
Présidente, dont je veux vous informer. Il est daté du 31 mai. Le
ministre a certainement eu la chance de le voir, puisque ça fait
quelques jours qu'on l'a reçu, celui-là. Il dit encore, comme les
autres: "Nous exigeons une consultation publique sur le projet de loi 136 et sa
réglementation, ainsi que la publication du rapport du comité
Laporte."
Je vous al fait état de plusieurs télégrammes
venant de différentes associations, comités, qui sont tous en
relation avec la protection des acquis existants chez les locataires de HLM,
les personnes âgées seules à faible revenu, les familles
monoparentales avec enfants. Nous sommes non seulement en face d'une
association, mais de multiples demandes qui nous sont parvenues et qui sont
parvenues au ministre.
Mme la Présidente, je souhaite ardemment, comme les membres de ce
côté-ci de la table et peut-être d'autres que l'on ignore,
pouvoir avoir la chance d'écouter ces organismes et de les questionner,
parce qu'ici, dans la salle, chacun des membres de la commission a le
même privilège, c'est-à-dire le droit de questionner. Si
nous n'avons pas compris une facette ou une autre de la réglementation
et si ces personnes ont besoin, elles aussi, que le ministre dépose la
réglementation devant elles, pour qu'elles puissent aussi
l'évaluer, Mme la Présidente, tout ce que je demande, c'est que
les membres de la commission parlementaire regardent de façon
très objective la motion que je viens de déposer et acceptent de
recevoir les groupes en question. Je vous remercie beaucoup, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. la
députée de Johnson. M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci, Mme la Présidente. La
députée de Johnson vient de présenter une motion qui
voudrait que cette commission passe des jours et des jours à se faire
dire des choses que nous savons déjà. La députée de
Johnson pèche par un défaut... Enfin, je ne sais pas si je
devrais prendre trop au sérieux son intervention. C'est mon
problème, Mme la Présidente. J'aimerais le faire aussi
sérieusement qu'elle a tenté de le faire elle aussi, parce
qu'elle n'a pas souri une seule fois. Je vais tenter d'égaler son
record, ce qui n'est pas facile, Mme la Présidente.
Mme Juneau: Vous avez 10 minutes.
M. Doyon: Ce qui se passe, Mme la Présidente, c'est que
cette commission, grâce au travail de consultation du ministre et du
ministère, qui a duré des semaines et des semaines, a
disposé de toutes les informations nécessaires et, au-delà
de ça, le gouvernement manifeste, comme c'est son habitude, une
confiance dans les représentants élus de la population. L'Union
des municipalités du Québec - cela a été fort
élo-quemment exprimé par le ministre lors de l'adoption de
principe de ce projet de loi - s'est déclarée favorable à
ce projet de loi. Elle l'a fait après en avoir pris connaissance et
après avoir compris les objectifs qui étalent poursuivis
par ce projet de loi.
Il est toujours un peu difficile de comprendre le double langage qu'on
entend parfois, où on prêche en faveur de l'autonomie municipale,
où on explique que les municipalités doivent pouvoir être
maîtresse d'un certain nombre de décisions qui leur appartiennent,
que le législateur québécois n'a pas à aller se
mêler des choses qui sont gérées et administrées
d'une façon normalement compétente par les municipalités.
C'est le discours que très souvent on entend: Respect de l'autonomie
municipale, respect des élus municipaux. (23 heures)
D'un autre côté, quand l'avis, l'opinion des élus
municipaux ne correspond pas aux objectifs politiques, on remet ça en
doute, ça n'est plus bon. Il faut aller au-delà des élus
municipaux, il faut aller au-delà des administrations municipales, il
faut aller sur le terrain. C'est vraiment dommage parce que c'est la
crédibilité qui en souffre, Mme la Présidente. C'est la
crédibilité qui en souffre. Le ministre a fait les consultations
qui s'imposaient et, dans une réalité qui a été
saisie et analysée, a décidé de tenir compte de cette
réalité et d'en arriver à un projet de loi qui, bien
sûr, ne rencontre pas l'assentiment général. Je mets au
défi qui que ce soit Ici, les députés - il y en a un
certain nombre qui commencent à avoir un peu d'expérience - il
est très rare que les projets de loi, quels qu'ils soient,
bénéficient de l'assentiment total, sans faille, de tout le
monde. On ne demande pas cela à un projet de loi; on demande à un
projet de loi qu'il soit clair, précis, qu'il respecte les objectifs
acceptés globalement, généralement par la population, et
c'est le cas du projet de loi ici.
La députée de Johnson nous arrive avec une trentaine de
télégrammes. Dans ces télégrammes, tous ces gens
voudraient se faire entendre. Pourquoi, après avoir entendu la
députée de Johnson, entrerait-on dans cette valse? Parce qu'elle
a réussi à faire vingt minutes ou une demi-heure, il faut le
faire, avec trente télégrammes, répétant
Inlassablement la même chose à chacun des
télégrammes: J'ai reçu un télégramme qui dit
que... etc.. les gens sont Inquiets, Ils veulent se faire entendre... Je vous
dépose le télégramme, j'invite le ministre à en
prendre connaissance... Il est signé, daté... J'en ai une copie
conforme, je n'en ai pas de copie conforme, etc. Pendant trente minutes, on a
assisté à ce simulacre de réquisitoire en faveur,
disait-on, d'une consultation populaire élargie.
En même temps qu'on faisait ce simulacre, Mme la
Présidente, on s'informait: Combien me reste-t-il de temps? Est-ce qu'il
me reste huit, sept, cinq ou deux minutes et on regardait: Justement, il me
reste trois minutes et trois télégrammes. Cela adonne bien. Trois
télégrammes, j'en avais trente, j'avais trente minutes, une
minute par télégramme et quand il me reste huit minutes, il me
reste huit télégrammes, je suis à peu près dans mon
temps, je vais me rendre à mes trente minutes. Imaginez-vous, Mme la
Présidente, ce qu'il en serait d'une consultation, qui...
Vous vous informez combien j'ai de temps?
Une voix: Non.
M. Doyon: Alors, laissez-moi aller. Merci beaucoup. Mme la
Présidente s'occupe de ça d'une façon fort
compétente d'ailleurs. Ne vous Inquiétez de rien.
La Présidente (Mme Bélanger): Prenez le temps de
parole du ministre, vous avez trente minutes, M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Je demanderais au
ministre s'il veut faire des commentaires sur l'Intervention.
M. Doyon: Je pense que M. le ministre me fait confiance. M. le
ministre, est-ce que vous me permettez de parler quelques instants?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II peut discourir quelques
Instants, Mme la Présidente.
M. Doyon: Merci, M. le ministre.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous avez trente minutes
aussi.
M. Doyon: Cette question Importante étant
réglée, je vais vous expliquer un peu les inquiétudes que
j'ai et que je veux faire partager à la commission sur la façon
de procéder de la députée de Johnson. Pour faire la
lecture de trente télégrammes, ça a pris trente minutes,
une minute par télégramme, et on voudrait qu'on entende trente
organismes. Vous vous imaginez dans quel labyrinthe on s'embarquerait, dans
quelle sorte de processus Interminable. Je n'ai rien contre le fait que
l'Opposition s'oppose au projet de loi, qu'elle n'en veuille pas. Je suis
prêt à vivre avec ça, on a déjà fait la
même chose dans l'Opposition, mais qu'on prenne de tels détours
pour nous faire comprendre qu'elle est contre le projet de loi... Vous
êtes contre, dites-le, votez contre, c'est comme ça que ça
marche, il n'y a pas de problème. Mais prendre trente minutes pour
trente télégrammes... Vérifiez, Mme la Présidente,
j'ai ici un télégramme type. Je vais vous le lire et on va
regarder combien ça prend de temps. "L'Institut d'éducation
populaire des Bois-Francs demande une commission parlementaire publique sur le
projet de loi 136 et sur sa réglementation ainsi que la publication du
rapport du comité Laporte. Institut d'éducation populaire des
Bois-Francs. "
Cela a pris onze secondes. En onze secondes, j'ai lu le
télégramme et tout ça. Mais la
députée de Johnson a réussi à étirer
ça, à multiplier ça par six en moyenne. Retrouvons-nous en
commission parlementaire en consultation avec des gens qui seraient devant
nous. On peut s'Imaginer quelles seraient les longueurs de temps qui seraient
gaspillées. Il n'y a pas d'autre mot.
Je suis au regret de dire franchement, ouvertement - et l'Opposition ne
s'opposera pas fort là-dessus - que c'est tout simplement une
façon de tuer le temps, de nous mener à minuit, il est 23 h 6.
C'est pour ça que je me dis que même si je parle ou si je ne parle
pas, le temps que je ne parlerai pas, l'Opposition va parler. Alors, pourquoi
ce ne serait pas mol qui parlerais, dans le fond? Qu'est-ce que ça
change? De toute façon, on va se rendre jusqu'à minuit quand
même et, à minuit, on va s'apercevoir qu'on n'est pas très
avancés. L'Opposition va revenir demain avec d'autres motions.
D'ailleurs, le ministre a eu du flair, tout à l'heure. Il parlait
d'une motion A. Il se demandait s'il y aurait une motion B ou C et les faits
prouvent que le ministre avait bon nez, II sentait qu'il y aurait des motions
qui viendraient, qu'il y en aurait d'autres, qu'après une
première, il y a en aurait une deuxième. Après une
deuxième, il y en aurait une troisième et ça durerait
comme ça jusqu'à minuit, qui est l'heure fatidique. On dit,
à ce moment-là, qu'on n'a plus le temps, on est fatigué et
on va faire autre chose.
Je pense que le projet de loi mérite une étude
sérieuse, des propositions d'amendement sérieuses qui nous
permettraient de bonifier un projet de loi, mais à la condition qu'on
passe à l'étude du premier article, c'est capital. Si on
n'étudie pas le premier article, on ne peut pas bonifier le projet de
loi, et c'est le but de l'étude article par article en commission. C'est
de permettre aux parlementaires que nous sommes de faire appel aux
connaissances que nous avons pour améliorer un projet de loi. Mais si on
ne se rend jamais à l'article 1, Mme la Présidente, je vous mets
au défi d'avoir un projet de loi meilleur que celui qui est sur la table
actuellement. C'est ce que je ne comprends pas de l'Opposition. Elle est contre
le projet de loi, elle est pour une consultation élargie qui va tout
simplement remettre en question les objectifs poursuivis par le ministre, qui
va diminuer le rôle de l'Association des offices municipaux et ce n'est
pas rien. L'Association des offices municipaux se déclare satisfaite du
projet de loi, grosso modo, et, tout à coup, l'Opposition,
défenseur patenté, carabiné de la veuve et de l'orphelin,
des vieux et des jeunes...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Doyon: Mme la Présidente, toutes mes excuses. Je
voulais parler des veufs, Mme la Présidente. L'Opposition, tout à
coup, se trouve une vocation, une mission et veut à tout prix se porter
à la défense de tous ceux qui, supposément, ne sont pas
capables, sont les sans-voix de notre société. À la
limite, et par l'absurde, on Irait jusqu'à consulter individuellement
chacun des Intéressés, mais ce n'est pas là gouverner,
c'est faire de la thérapie de groupe. On n'est pas ici pour faire de la
thérapie de groupe, on est Ici pour gouverner. On est ici pour prendre
des décisions, les supporter, les défendre devant la population
et si celle-ci trouve qu'on a mal fait, en supporter les
conséquences.
Mais une commission parlementaire, il ne faudrait pas confondre, ce
n'est pas une session de thérapie de groupe. Si on écoutait
l'Opposition, on serait en thérapie de groupe dix mois, peut-être
onze mois par année, mais pendant ce temps, on ne gouvernerait pas.
Pendant ce temps, les gens qui nous ont confié un mandat se
demanderaient s'ils ce sont trompés quand ils sont allés mettre
leur bulletin dans les urnes. Je ne voudrais que ce doute effleure leur esprit.
C'est pour ça que je pense que les motions qui sont faites par
l'Opposition sont des motions dilatoires, qui visent a retarder autant que
faire se peut, et toujours - c'est bien important, Mme la Présidente,
vous l'aurez remarqué - en faisant semblant que ce n'est pas pour
ça qu'on le fait. C'est bien important. C'est toujours de se camoufler
derrière des... Je ne dirais pas que c'est en hypocrite, mais d'une
façon un petit peu camouflée. Non, ce n'est pas hypocrite. Pour
savoir vraiment les buts poursuivis, il faut, très souvent,
écouter attentivement et se demander... Un des bons signes, Mme la
Présidente, si vous voulez savoir la véritable raison de
certaines motions, écoutez le nombre de répétitions qui se
font dans les arguments. Quand vous l'avez entendu deux fois, tendez l'oreille,
une troisième fois devrait vous mettre en garde, une quatrième
fois devrait vous amener à presque la conclusion que vous êtes
vis-à-vis d'un "filibuster", ce qu'on appelle un blocage
systématique; et la cinquième fois, vous pouvez dire: Ça y
est. La députée de Johnson a fait ça 30 fois, alors vous
devriez être 25 fois plus convaincus que vous ne l'étiez la
cinquième fois, ce qui était déjà amplement
suffisant.
Mme Juneau: Mme la Présidente, une question de
règlement.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Je ne sais pas, Mme la Présidente, ce qui se
passe parmi les membres de l'autre côté, cela fait deux et
même trois fois, le ministre deux fois et lui une fois, qu'ils
interviennent pour me dire que j'ai dit ou fait telle chose. J'ai le droit, en
tant que membre de cette commission, au même titre que tout le monde, de
faire des Interventions et le choix de mes interventions me regarde. Je pense
que le député n'a pas le droit de dire que je fais des. motions
dilatoires, que j'ai répété... S'il n'a pas
écouté mon intervention, il ne s'est pas rendu compte
que je lisais des télégrammes. Ils sont libellés de
la même façon parce qu'ils demandent la même chose, mais
venant de groupes différents. Il ne s'est même pas rendu compte
que c'étaient des télégrammes de personnes ou
d'associations différentes. Mme la Présidente, s'il ne fait pas
sa job, ce n'est pas ma faute. Je n'accepterai pas qu'il m'insulte, pour aucune
considération.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson, vous savez fort bien qu'en commission
parlementaire, les membres reprennent des parties de discours du
collègue d'en face, et je ne crois pas que ce soit une question de
règlement. M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci. Votre sagacité, Mme la Présidente,
vous honore. Je pense que la députée de Johnson est induite en
erreur, je ne sais pas pourquoi. C'est probablement son absence pendant les
quatorze dernières minutes ou à peu près. Elle est
arrivée depuis une minute ou deux, alors elle n'a pu...
Mme Juneau: Mme la Présidente, c'est une question de
règlement.
La Présidente (Mme Bélanger): Mme la
députée de Johnson.
Mme Juneau: Je ne lui permettrai pas non plus... Lui, II s'est
absenté, II est arrivé deux heures... j'aurais pu le dire, une
heure ou deux après que la commission soit commencée. Je n'ai
rien dit. Peut-être qu'il avait une intervention en Chambre,
peut-être qu'il y avait autre chose. J'ai eu le respect, quand il est
arrivé, de ne pas mentionner le fait qu'il n'était pas là
au début. Si j'ai été obligée de sortir pour faire
un téléphone ou pour faire une intervention en Chambre, ça
ne le regarde pas.
M. Doyon: Mme la Présidente, je cherchais à excuser
la sortie intempestive de la députée de Johnson. J'essayais de
lui trouver des raisons. Je n'en voyais pas d'autres que celle qu'elle avait
dû, pour de très bonnes raisons, partir quelques minutes. Je ne
lui en tiens pas rigueur, mais je me dis qu'étant donné qu'elle
n'était pas là pendant que je parlais alors que j'étais
là tout le temps, pendant qu'elle parlait... Je n'en prends pas de
mérite, mais j'étais là pendant qu'elle parlait. Comme
elle n'était pas là pendant que je parlais, je me dis que c'est
peut-être ça qui l'a induite en erreur. Je ne lui en tiens pas
rigueur, je ne lui en veux pas pour autant. Je ne voudrais pas qu'elle se
fâche pour ça, Mme la Présidente. S'H vous plaît,
faites-lui le message que je suis de bon compte, Mme la Présidente, et
je ne voudrais pas que les quelques mots que je dis soient pris... Ha, ha!
Mme la Présidente, ces quelques hésitations de ma part
sont tout simplement une recherche des bons mots pour ne pas offusquer la
députée de Johnson. Je lui dirai que la motion qu'elle a faite
fort sérieusement, avec beaucoup de compétence, je le reconnais,
avec le peu de matière qu'elle avait entre les mains... Ce
n'était pas facile, Mme la Présidente, de parler une demi-heure
sur trente télégrammes répétitifs. Ce
n'était pas facile, mais elle s'en est très bien tirée.
Elie a bien fait ça, avec le peu de munitions dont elle disposait. C'est
tout à son honneur, je l'en félicite, je ne peux pas faire
autrement. C'est consigné au Journal des débats, c'est dit, je ne
retire rien des félicitations sincères. (23 h 15)
Mais il reste que la motion, à proprement parler, est dilatoire.
La preuve, il est 23 h 15 et on n'a pas encore touché à l'article
1. On nous propose quelque chose, mais on sait très bien qu'en fin de
session, à trois quarts d'heure du 7 juin, on ne se mettra pas à
faire une consultation populaire. Cela ne s'est jamais fait. Pendant des
années d'Opposition, je n'ai jamais vu le gouvernement péquiste
faire une consultation populaire dans le courant du mois de juin. C'est
impensable, infaisable, cela ne s'est pas vu. Alors, avec l'expérience
de gouvernement que ces gens sont censés avoir, qu'ils viennent nous
proposer quelque chose qu'Ifs n'auraient jamais pensé accepter
eux-mêmes, est-ce que ça démontre le sérieux de ce
genre de motion, Mme la Présidente? Que penserait-on d'un gouvernement
qui siégerait jusqu'à minuit, 1 heure, 2 heures, et qui
déciderait, comme ça, d'une façon abrupte, on ne sait trop
pourquoi, qu'il a oublié de faire des consultations sur son projet de
loi? Le ministre s'apercevrait, parce que l'Opposition lui aurait tiré
la queue de chemise: Hé! La consultation, M. le ministre, qu'est-ce que
vous en diriez? Ah! C'est vrai! J'avais oublié. Voyons donc! Ce n'est
pas comme cela que ça marche, vous le savez. Le ministre a fait sa
consultation. Elle ne donne pas totale satisfaction, entre autres, à
vous et à certains autres Intervenants. Qu'est-ce que vous voulez? On va
vivre avec ça. Ce n'est pas le 7, le 8 ni le 9 Juin qu'on va faire une
consultation populaire. Ce serait s'embarquer dans une galère qui
voudrait dire que le gouvernement n'a pas l'Intention d'adopter le projet de
loi; cela équivaudrait à ça. Si on ne veut pas adopter le
projet de loi, on va le déchirer et on va dire: Fini, le projet de loi!
On ne l'adoptera pas. Ce n'est pas comme cela que ça marche. SI on veut
adopter un projet de loi, on va l'adopter, mais on ne s'embarquera pas dans une
consultation populaire la deuxième semaine de juin. Il me semble que
c'est le simple bon sens. Et ce n'est pas Insultant de tirer certaines
conclusions de gestes qui, tout légitimes soient-ils, doivent nous
amener à considérer que le but poursuivi est d'empêcher le
gouvernement d'adopter son projet de loi. Qu'on nous le dise fort clairement,
je n'ai pas de problème avec ça mais, qu'on le fasse en nous
présentant des motions qui semblent inoffensives, anodines,
qui sont là tout simplement pour permettre à l'Opposition
d'y aller de demi-heure en demi-heure et qu'on se rende à minuit et que
ça dure et dure...
Mme la Présidente, je sais que je suis déjà trop
long, mais je vous ai déjà expliqué dans quel esprit je
faisais cette modeste intervention, tout simplement, me disant que ce soit moi
qui parle ou que ce soit l'Opposition, finalement, le résultat est le
même, c'est-à-dire qu'on va se rendre à minuit. Mme la
Présidente, je vous prédis qu'on va se rendre à minuit et
qu'on n'aura pas le premier article d'étudié. Si je me trompe,
qu'on me prouve le contraire et appelez l'article 1, je fais amende honorable
illico. Mais si on se rend à minuit sans avoir touché à
l'article 1, vous devrez vous rendre à l'évidence qui est la
mienne actuellement, cette conviction intime que j'ai acquise depuis le
début des travaux de cette commission, que l'Opposition va
présenter d'autres motions. M. le député de Shefford, avec
le brio qu'on lui connaît, va parler pendant une demi-heure. Mme la
députée de Johnson, essayant de l'accoter et le faisant
très souvent, va aussi faire une demi-heure. Et, de demi-heure en
demi-heure, on va se retrouver avec un projet de loi qui sera toujours au
même point. Là-dessus, Mme la Présidente, je vous
cède la parole que j'ai déjà prise trop longtemps.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Louis-Hébert. M. le député de
Shefford.
M. Paré: Je ne qualifierai pas le discours qu'on vient
d'entendre. Je vais juste...
La Présidente (Mme Bélanger): Vous avez dix
minutes.
M. Paré: ...quand même passer des commentaires qui,
à mon avis, sont Importants. On dit qu'on ne veut pas respecter
l'autonomie, l'autorité ou les compétences municipales. Je
voulais juste rappeler que la motion qu'on a faite était justement pour
permettre au monde municipal de venir s'exprimer et discuter avec les
parlementaires. C'est un minimum et je pense que c'est une reconnaissance. On
n'a pas à les ignorer, on a plutôt à négocier,
à s'entendre et à discuter avec ces gens. Je suis obligé
de dénoncer une chose: le manque de considération, le manque de
respect par rapport à tous ces groupes qui ont pris la peine
d'écrire. Concernant ces groupes, je vais juste rappeler à mon
collègue que ce sont ces mêmes gens qui manifestent dans les rues,
à trois occasions, à Québec et à Montréal,
parce qu'ils trouvent Inconcevables, inacceptables et complètement
démesurées les mesures qu'on prend envers les plus pauvres de
cette société, donc notre société. Elles sont
inacceptables. Non seulement on a fessé sur eux par le projet de loi 37
mais, comme on n'a pas voulu faire toute la job d'un coup, pendant qu'on est
ici, au salon bleu, on est en train de parler du projet de loi 144 qui finit de
fesser sur les assistés sociaux On n'a pas osé le faire tout
d'une "shof, c'était trop, mais on fait la même chose ici. Il va
falloir avoir un peu de considération.
On ne se contente pas de lire des messages, des
télégrammes de gens que mon collègue de
Louis-Hébert considère comme des vauriens, à l'entendre
parler, mais...
M. Doyon: Mme la Présidente, une question de
règlement, je ne peux pas laisser passer ça. Je n'ai jamais dit
que les gens qui ont envoyé des télégrammes étaient
des vauriens. SI on peut suspendre, Mme la Présidente, on va relever au
Journal des débats, je ne l'ai jamais dit, loin de moi cette
idée. J'ai dit que c'étaient des gens qui ne partageaient pas la
même idée que le gouvernement, je n'ai jamais dit que
c'étaient des vauriens.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford...
M. Paré: Pour ne pas étirer le débat je vais
retirer le dernier mot.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord.
Une voix: ...suspendre.
M. Paré: Oui, on peut toujours suspendre, si vous le
voulez. Sauf que...
La Présidente (Mme Bélanger): Non, vous avez
retiré le mot...
M. Paré: J'ai toujours...
La Présidente (Mme Bélanger): ...cela suffit. M. le
député de Shefford.
M. Paré: Je vais répéter ce que j'ai dit: Le
manque de considération par rapport à ces gens, à ces
groupes qui ont manifesté. On ne se contente pas de lire les
télégrammes qui sont envoyés ici pour exiger d'être
entendus, j'ai participé à deux manifestations, une à
Montréal et une à Québec, avec ces gens. Ils veulent se
faire entendre, mais U n'y a jamais moyen que ce gouvernement ait une oreille
attentive. Le 27 mal dernier - je ne recule pas à Noé - devant le
parlement, des centaines de ces gens sont venus manifester pour exiger au moins
qu'on garde le minimum qu'ils ont déjà et qu'on arrête de
couper. Il faut quand même arrêter de rire du monde. C'est le sort
de ces gens qu'on est en train de jouer.
Quand on regarde les gens qui nous ont envoyé des
télégrammes, Information ressources femmes et logement, ils
savent que les victimes de ce projet de loi qu'on est en train d'étudier
seront, en très grande majorité, des femmes, par
cette essence même, cet élément moteur du projet de
loi - c'est comme ça que le ministre l'a qualifié -
c'est-à-dire la discrimination qui va affecter les femmes.
Qu'Information ressources femmes et logement...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, je suis
obligé, encore une fois...
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...d'Intervenir très
brièvement. Lorsque j'ai parlé de discrimination, j'ai
parlé de discrimination positive autorisée par les chartes
canadienne et québécoise des droits et libertés de la
personne. Cette discrimination positive a exactement l'effet contraire que
vient de décrire le député de Shefford, mais je lui
pardonne cet imbroglio.
M. Paré: Vous n'avez pas besoin de me pardonner, je vais
vous prouver, au cours de la commission parlementaire qui commence, à
quel point j'ai raison. Mais que les femmes...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On est ouvert à toutes
les...
M. Paré: ...membres d'Information ressources, femmes et
logement veuillent se faire entendre avant d'être victimes sans avoir eu
la chance de s'exprimer et afin de sensibiliser les membres de la commission,
je pense que ce serait un minimum de décence et de respect, au lieu de
dire que c'est juste un télégramme.
L'Association québécoise de défense des droits des
retraités et des préretraités... Pourquoi? Parce qu'on
veut faire de la discrimination à l'égard de la clientèle
féminine qui est plus nombreuse chez les personnes du troisième
âge. C'est ce qu'on retrouve dans le document de la Société
d'habitation du Québec qui va devoir amener la réglementation
sans qu'on ait à en discuter. On refuse d'entendre ces gens qui veulent
défendre leur clientèle et faire valoir un point de vue
important, on se moquera de ces gens si on veut, sauf qu'ils ont raison de
vouloir se faire entendre.
L'Association provinciale des locataires de logements municipaux. Ce
sont ceux qui sont à l'intérieur des HLM, à l'heure
actuelle, qui veulent se faire entendre et qui veulent savoir ce qui va
arriver. Donc, ce que le député de Louis-Hébert appelait
des mesures qu'on utiliserait juste pour étirer le temps, de vous dire
"si ces gens veulent se faire entendre, c'est maintenant ou Jamais* parce que
après, cela ne relèvera plus des parlementaires - il faut
être clair - et on ne pourra plus discuter des règlements. Si ces
gens ont une occasion d'exprimer leurs craintes ou leur vision de
l'avenir quant à ce qui les concerne directement dans leur logement,
c'est maintenant. Et nous refuserions de les entendre? Je vais vous dire que
c'est là que la démocratie commence à être
plutôt malade. C'est pourquoi, oui, on les défend avec joie et on
n'est pas gênés du tout de prendre tout le temps qui nous est
Imparti pour nous assurer qu'au moins ils vont nous faire valoir leur point de
vue et exprimer leur opinion et, surtout, leur volonté de se faire
entendre. Ils auraient certainement des choses très intéressantes
à nous dire et qui iraient sur le fond de ce qui nous concerne
présentement. Mais ce sont les gens concernés, les gens
touchés et c'est pourquoi on trouve que ça n'a pas de bon sens
qu'on ne leur permette pas de se faire entendre. Je vous l'ai dit, ils se sont
fait entendre dernièrement, le 27 mal, devant le parlement. Sauf qu'on
était pas là pour discuter avec eux. Il aurait fallu probablement
qu'on sort... Ce qu'ils demandent, ce n'est pas d'être obligés de
manifester à nouveau, c'est d'être entendus. Ce n'est pas tout
à fait la même chose.
Je trouve Incroyable qu'on refuse aux représentants municipaux
responsables de l'habitation de venir exprimer leur point de vue
là-dessus, nous donner l'information sur la responsabilité qu'ils
vont assumer à notre place, à l'avenir, et qu'on n'accepte pas
d'entendre les personnes qui représentent probablement les groupes qui
risquent d'être les victimes de la loi qu'on dépose et dont on va
discuter. C'est pour ça que j'aurais trouvé Important qu'on
accepte de recevoir ces gens et je continue à espérer que le
ministre va dire oui. Si ces groupes ont pris la peine de vous envoyer un
télégramme, M. le ministre, s'ils ont pris la peine
d'étudier le projet de loi, s'ils ont pris la peine de lire tous les
documents qui ont été rendus publics, c'est qu'ils sont
Intéressés à faire valoir leur point de vue et à
défendre la clientèle pour laquelle Ils sont constitués en
organisme. Et si on ne fait pas ça, eh bien, je ne sais pas quand on les
entendra. Probablement juste encore à l'occasion de manifestations et de
conférences de presse, alors qu'ils nous donnent l'occasion de pouvoir
discuter avec nous, l'occasion de dialoguer avec nous. Ce serait un minimum
quand on croit en notre loi et qu'on a l'intention de la défendre. Mais
il semble que non. Il semble qu'on ne veuille pas entendre ces groupes et je
trouve ça dommage.
Non, vous ne vous êtes pas prononcé et j'ai hâte de
vous entendre. Mais s'il est vrai que vous ne vous êtes pas
prononcé encore, M. le ministre, mais que celui qui a pris votre place,
qui a pris votre temps en croyant, qui a pris ia ligne du parti... Je dois vous
dire qu'on n'a pas beaucoup d'espoir que cette motion sorte avec un vote
favorable, positif. J'en serais très surpris. En tout cas, le
député de Louis-Hébert serait drôlement malvenu de
voter en faveur, avec ce qu'il a dit, à moins qu'on ne dise n'importe
quoi - et cela arrive de temps en temps malheureusement. On devrait, en toute
décence. Et
un dernier point - je ne sais pas combien de temps S me reste, mais je
serai...
La Présidente (Mme Bélanger): II vous reste deux
minutes, M. le député.
M. Paré: Deux minutes. Si on trouve que ce n'est pas le
temps, en juin, d'entendre des groupes, je dois vous dire que si on avait
l'intention de consulter, on n'avait qu'à appeler le projet de loi
avant. Ce n'est pas plus compliqué que ça. Depuis le temps qu'on
pouvait l'appeler et en discuter. Cela fait déjà un sapré
bon bout de temps que je suis Intervenu là-dessus, en deuxième
lecture. Ce n'est pas hier et ce n'est pas la semaine passée. On aurait
pu l'appeler avant. Mais c'est trop facile de dire que ce n'est plus le temps.
On s'est organisé pour que ça ne soit pas le temps.
Je voudrais, en terminant, présenter une nouvelle motion, sauf
que... Est-ce qu'on peut faire le vote avant, parce que je dois vous dire que
j'aurais une motion?
La Présidente (Mme Bélanger): Ce n'est pas un
sous-amendement? Ce n'est pas un amendement à la motion?
M. Paré: Ce n'est pas un sous-amendement. C'est une
nouvelle motion.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ils veulent que certains groupes
ne soient pas entendus.
M. Paré: Non, non. J'annonce tout de suite que sur mon
temps, pour ne pas en perdre la possibilité, je vais présenter
une nouvelle motion.
Une motion
La Présidente (Mme Bélanger): C'est une nouvelle
motion. Alors, avant qu'il n'apporte une nouvelle motion, II faut disposer de
cette motion.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'espère que ça va
dans le sens d'entendre plus de groupes.
Une voix: Vous allez être déçu.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que la motion
déposée par la députée de Johnson est
adoptée?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Brièvement, Mme la
Présidente, vous conviendrez qu'étant donné l'importance
de cette motion, étant donné l'Importance des groupes qui ont
pris la peine d'envoyer des télégrammes, comme ministre
responsable du projet de loi, j'adresse quelques propos. Je vous dirai que j'ai
reconnu parmi ces groupes, sinon dans la totalité de ces groupes, des
groupes avec lesquels je suis familier. Tantôt, entre autres, lorsaue...
Mme la déDutée de Johnson, je pense, mentionnait l'ACEF de Laval
et M. Gingras, président ou directeur général. Ces gens
ont l'habitude d'intervenir en commission parlementaire à
l'Assemblée nationale du Québec et ils le font au nom des
clientèles qu'ils représentent généralement de
façon articulée et constructive. Je pourrais faire une suggestion
aux trois députés de l'Opposition: prendre le temps de discuter.
On s'aperçoit que, du côté de l'Opposition, et ce n'est pas
la première commission parlementaire où je le remarque, Mme la
Présidente, il semble y avoir peu d'échange, peu de dialogue
entre les membres de cette petite équipe. Dans le domaine des affaires
municipales, on est constamment aux prises avec un porte-parole et des
députés de l'Opposition qui ne sont pas sur la même
longueur d'onde...
M. Godin: Je les comprends.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...du côté de
l'Opposition, dans l'équipe de l'Opposition. Je prends note des propos
du député de Mercier qui comprend les députés de ne
pas s'accorder avec le porte-parole officiel. En habitation, c'est un peu la
même chose ou, du moins, il semble y avoir un manque de communication sur
l'information de base dans les dossiers à tendance sociale.
J'indique immédiatement au député de Shefford que
Mme la députée de Malsonneuve qui est une spécialiste en
la matière, non seulement dans l'aspect habitation, mais
également dans l'aspect nutrition et ressources financières, dans
l'ensemble des aspects des gens les plus démunis de la
société, a eu l'avantage, tout comme moi en tant que ministre,
d'entendre - et je ne voudrais pas me tromper en le disant - tous ces groupes
lors de la commission parlementaire sur la politique de sécurité
du revenu du gouvernement. Tous ces groupes, conscients de l'attention que le
gouvernement apportait à l'aspect logement, sont intervenus tant par le
contenu de leur mémoire écrit que par leur Intervention verbale
devant la commission parlementaire de l'Assemblée nationale pour faire
valoir leurs représentations.
J'aurais tendance, n'eût été ce fait, à
acquiescer à ladite motion. Mais, dans les circonstances, je
recommanderai au porte-parole de l'Opposition officielle de consulter sa
collègue de Maisonneuve. Je recommanderai peut-être la même
chose aux autres membres de l'Opposition de façon que Mme Harel - et je
m'excuse de l'appeler par son nom - Mme la députée de
Maisonneuve, vous communique les propos, l'essence, le contenu et le sens des
propos tenus par l'ensemble de ces intervenants concernant le volet habitation.
Je sais que ce serait trop long si elle vous communiquait l'ensemble des
interventions faites par ces groupes devant la commission parlementaire qui
étudiait le projet de loi 37. Compte tenu des propos qu'elle vous
résume-
ratt, je suis persuadé que vous seriez en mesure de
procéder avec plus d'éclairage à l'étude article
par article du projet de loi. Je sais que c'est ce que vous souhaitez de tout
coeur.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Shefford. Non, avant...
M. Paré: Le vote.
La Présidente (Mme Bélanger): ...de
présenter la motion, est-ce que la motion déposée par la
députée de Johnson est adoptée?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Compte tenu des propos que je
viens de prononcer, Mme la Présidente, et vu que j'ai déjà
eu l'occasion, comme ministre, d'entendre ces gens se prononcer sur l'aspect
habitation et que l'Opposition a déjà eu, par l'entremise de Mme
la députée de Maisonneuve, l'opinion de ces groupes, je me vols
forcé, dans ces circonstances, de m'opposer à l'adoption d'une
telle motion.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, la motion est
rejetée.
M. Paré: Vote enregistré.
La Présidente (Mme Bélanger): Vote
enregistré, M. le Secrétaire.
Le Secrétaire: M. Paradis (Brome-Missisquoi)?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Contre. Le Secrétaire:
M. Doyon (Louis-Hébert)? M. Doyon: Contre.
Le Secrétaire: M. Gauvln (Montmagny-L'Islet)?
M. Gauvin: Contre.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinlère)?
M. Camden: Contre.
Le Secrétaire: M. Thérien (Rousseau)?
M. Thérien: Contre.
Le Secrétaire: M. LeSage (Hull)?
M. LeSage: Contre.
Le Secrétaire: M. Paradis (Matapédia)?
M. Paradis (Matapédia): Contre.
Le Secrétaire: M. Paré (Shefford)?
M. Paré: Pour.
Le Secrétaire: Mme Juneau (Johnson)?
Mme Juneau: Pour.
La Secrétaire: Mme Bélanger
(Mégantic-Compton)?
La Présidente (Mme Bélanger): Abstention.
Le Secrétaire: Sept contre, deux pour et une
abstention.
La Présidente (Mme Bélanger): La motion est donc
rejetée.
M. le député de Shefford.
M. Paré: Oui. Je dépose une motion indiquant que la
commission de l'aménagement et des équipements souhaite que le
ministre des Affaires municipales et responsable de l'Habitation mette à
la disposition des députés une copie du projet de
règlement d'application du projet de loi 136, Loi modifiant la Loi sur
la Société d'habitation du Québec et le Code civil en
matière de bail d'un logement à loyer modique qu'on étudie
maintenant, et ce, afin que ceux-ci puissent s'y référer lors de
l'étude détaillée dudit projet de loi.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'on pourrait
avoir votre motion?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, j'ai
suivi un peu distraitement la lecture de la motion. Je ne suis pas certain que
cette motion soit recevable.
La Présidente (Mme Bélanger): Moi non plus.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous saurais gré de
m'expliquer pourquoi. J'ai certaines notions un peu lointaines. J'en avals
déjà présenté quand j'étais dans
l'Opposition et que je tentais de faire de l'obstruction systématique -
parce que cela m'est arrivé - et la présidence, à
l'époque, avait déclaré ce type de motion Irrecevable, Mme
la Présidente. Je ne sais pas si la jurisprudence sera suivie, ce
soir.
M. Paré: Justement, Mme la Présidente, la
jurisprudence, à la suite de vérifications - on a
vérifié avant de la déposer, c'est évident - ne
porte absolument pas de danger de refus d'une motion semblable. C'est
évident. C'est une motion qui a toujours été
acceptée telle que libellée. Il n'y a aucune raison de refus.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas quand je les ai
présentées. Quand je les ai présentées,
c'était...
Je présume qu'à l'époque, les présidents
étaient aussi neutres et impartiaux que vous l'êtes, Mme la
Présidente.
M. Paré: Le vice-président Saintonge a
accepté, effectivement, en décembre dernier, une motion identique
concernant le projet de loi 178.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quant à mol, Mme la
Présidente, pour être un peu plus bref, je vous
référerais à la décision 244. 13.
La Présidente (Mme Bélanger): Si vous le permettez,
nous allons suspendre la commission environ deux minutes.
(Suspension de la séance à 23 h 37)
(Reprise à 23 h 43)
La Présidente (Mme Bélanger): Étant
donné que le vice-président de la Chambre a accepté, a
jugé recevable une motion identique à celle proposée par
le député de Shefford, la présidente de cette commission,
députée de Mégantic-Compton, va juger recevable la motion
du député de Shefford.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On est encore défait et
c'est avec beaucoup d'humilité que nous acceptons votre décision,
Mme la Présidente.
M. Paré: Merci beaucoup, Mme la Présidente. Sur
cette motion, je voudrais d'abord passer un petit commentaire sur ce que disait
le ministre tantôt, en parlant de ce côté-ci, comme quoi II
n'y aurait pas unanimité lorsqu'on est sur un projet de loi. Je dois
vous dire qu'on tient tous le même discours. Vous vous rappellerez les
réactions des gens, des groupes que j'ai mentionnés tantôt
en commission parlementaire, sur le projet de loi 37. C'était unanime
pour dénoncer et c'est, encore aujourd'hui, le même groupe qui
dénonce.
Ce que vous venez de dire confirme que ce que vous êtes en train
de faire par le projet de loi 136, c'est de finir la job de bras que vous avez
commencée comme ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu par rapport aux assistés sociaux. Les
gens ont tout à fait raison d'être Inquiets. Pourquoi
demande-t-on, souhaite-t-on que le projet de règlement soit
déposé? C'est bien simple, ça nous permettra de savoir
exactement de quoi on parle.
Le projet de loi n'est pas clair, il l'est parce qu'il donne des
pouvoirs, donc c'est une délégation de pouvoir, mais, par
après, comment exercerons-nous ce pouvoir? On n'a pas le
règlement. On ne sait pas comment il va s'appliquer. On a des doutes,
mais on ne peut pas confirmer exactement qui sera victime, étant
donné que, c'est clair, je l'ai dit tantôt, dans le document
déposé par la Société d'habitation du
Québec, c'est d'abord et avant tout, on le retrouve à la
page 2: II faut aussi ajouter un objectif d'ordre administratif, soit
d'alléger le volume déjà imposant des listes d'attente. Si
c'est ce qu'on veut faire au niveau administratif, c'est qu'on veut faire en
sorte qu'il y ait moins de gens éligibles, admissibles à
être Inscrits sur les listes. Donc, on va faire de la discrimination,
vous l'avez dit vous-même, c'est l'essence même et
l'élément moteur du projet de loi, la discrimination.
Cela n'a pas de bon sens, comme législateurs, qu'on accepte de
laisser ce principe exercé par des gens en poste qui n'ont pas de compte
à rendre au niveau politique, exercer ce droit sans savoir comment II
sera utilisé. Cela m'inquiète. Je reviens là-dessus, ce
n'est pas seulement nous qui décidons ça. Quand on regarde tous
les messages, les télégrammes des groupes, ce qu'on demande c'est
de connaître dans quoi on s'embarque. Ceux qui veulent le savoir sont les
groupes mentionnés tantôt et, sans vouloir en sauter, ils
représentent les femmes, les personnes retraitées et
préretraitées, les locataires de HLM, les associations de
locataires qui protègent des clientèles susceptibles de
l'être ou déjà Inscrites sur des listes d'attente dans les
HLM.
Tous ces gens sont inquiets et ont la chance d'en discuter ici, mais on
le leur a refusé. Nous, comme législateurs, si on ne peut pas
avoir de dialogue avec les représentants municipaux ni avec les groupes
de défense des locataires, des gens dans les HLM, les groupes de femmes,
les retraités et les préretraités, à tout le moins,
c'est un minimum, on devrait être en mesure de savoir ce qu'est le
règlement, de quoi on parle exactement. Ce projet de règlement
d'application du projet de loi 136 va apporter le contenu. Donc, on peut bien
déléguer une responsabilité. On peut bien dire par le
projet de loi que la Société d'habitation du Québec va
maintenant pouvoir, par règlement, décider qui on accepte, qui on
n'accepte pas de façon discriminatoire. On va permettre à des
municipalités peut-être aussi, il s'agit de le ratifier, de faire
le même exercice. On peut bien accepter ça, mais on devrait au
moins, comme législateurs, savoir quel contrat on est en train de
signer, de quelle responsabilité on est en train de se décharger
et comment ça va s'appliquer sur le terrain. Ce ne sont pas des farces.
C'est sérieux, ce qu'on est en train de faire ici. Je n'accepte pas
ça. Dès qu'on attend, vous avez vu ce que cela a fait avec le
projet de loi 178, dès qu'on touche à la Charte des droits et
libertés, ça devient quelque chose de sensible, ça devient
quelque chose de fondamental, ça devient quelque chose de capital.
Là, on dit que c'est l'essence même et que c'est le moteur du
projet de loi, la discrimination.
Une voix: Positive.
M. Paré: Positive, je vous l'ai dit tantôt, c'est
relatif. Dans le sens où on en discute, dans le document de la
Société, je vais vous dire que le positif, on ne l'a pas dans le
même sens. En électricité, I y a des positifs et des
négatifs. Je dois vous dire qu'on ne voit pas le courant du même
sens, dans ce projet de loi. C'est inquiétant. Ces gens ont raison de
vouloir être entendus et vous les refusez. Alors que c'est la seule et
dernière occasion qu'on a d'en discuter, on ne discute pas seulement sur
le principe, on ne discute pas seulement en disant que le projet de loi nous
permet de nous en laver les mains et de devenir plus irresponsables en
matière de traitement qu'on va faire aux plus démunis de la
société. Il serait important qu'on sache ce qui se rattache
à ces articles. Je prends l'article - celui-là, M. est grave - 2.
2° par l'addition, à la fin, des alinéas suivants où
on dit: Comporter des distinctions, exclusions ou préférences
fondées sur l'âge, le handicap ou tout élément de la
situation des personnes. Est-ce assez vague? Est-ce assez
général? Est-ce assez global? Est-ce assez "permlsslble" en
même temps. On va voter ça. On va laisser aller ça sans
même savoir ce que ça veut dire, en fait, et comment ça va
s'appliquer sur le terrain. Je reviens là-dessus et ça me permet
de revenir sur quelque chose que le ministre a utilisé tantôt, en
disant: Vous devriez prendre en considération ce que M. Jean-Marc
Savoie, de votre comté, pense de ça. Quand vous disiez ça
je disais: Oui, justement parce que c'est un gars compétent, c'est un
gars formidable, c'est un gars qui sait de quoi U parle, on aurait dû
accepter qu'il vienne ici pour nous faire profiter de toute son
expérience et de son expertise en la matière. Car M. Jean-Marc
Savoie, qui est président de l'Association des offices municipaux
d'habitation du Québec, dans sa lettre du 23 mai 1989 - ce n'est pas
très loin - dans l'avant-dernier paragraphe, parce que le dernier,
c'est: Veuillez agréer, M. le ministre, l'expression de mes sentiments
les plus distingués, l'avant-dernier...
Une voix:...
M. Paré: Oui, c'est ce que vous aimez le mieux, je
comprends. Vous n'aimiez certainement pas le précédent qui dit:
Enfin, nous souhaitons le dépôt du projet de règlement sur
la sélection dans les meilleurs délais pour nous permettre
d'être mieux éclairés sur l'application de cette loi. Ce
n'est plus moi qui le dis. C'est le président de l'Association des
offices municipaux d'habitation du Québec qui dit: Oui, le principe est
bien intéressant mais, pour avoir un éclairage de ce dont on
parle dans le projet de loi, il faudrait absolument qu'il y ait le
dépôt du projet de règlement sur la sélection.
On pense la même chose, et on n'est pas seuls à penser
ça. Lui, il parle au nom de toutes les municipalités où il
y a un office municipal d'habitation du Québec. Les groupes qui nous ont
écrit, eux, qui nous ont envoyé un télégramme
à vous et à moi, pensent la même chose et disent la
même chose: On s'en va on ne sait pas où. Il y a peut-être
des gens qui le savent. C'est justement parce qu'il y a peut-être des
gens qui le savent et qui réfèrent ces gens à deux
documents sur lesquels on n'a jamais eu, comme parlementaires, l'occasion, la
possibilité de discuter: c'est le mémoire au Conseil des
ministres du 8 décembre 1987, qui semble être l'orientation
gouvernementale, mais non une politique globale, générale sur
laquelle on a échangé des propos et sur laquelle on peut se faire
une idée que c'est ça, effectivement, qui est une politique
globale d'habitation, on n'en a jamais discuté mais, là-dessus,
on a des inquiétudes, on a des craintes, on a des peurs par rapport aux
clientèles les plus démunies de la société. Les
grandes lignes du projet de règlement sur la sélection des
locataires de la Société d'habitation du Québec, de mare
1987, nous laissent non seulement perplexes, mais aussi craintifs et Inquiets,
parce que l'on va faire de la discrimination. Le ministre le reconnaît
lui- même, et c'est dans le projet de loi, mais ça ne nous dit pas
comment, ça ne vient pas spécifier, ça ne vient pas
confirmer comment ça va se faire.
Nous, ici, pouvons bien nous en laver les mains, mais il va y avoir des
victimes là-dedans. Quand on fait de la discrimination, les gens qui
sont discriminés, ça veut dire qu'ils sont
pénalisés ou privés d'un droit, d'un privilège qui
leur était auparavant accordé. Maintenant, on accepte ça,
nous, on accepte ça comme législateurs, alors qu'on sait qu'il y
a quelque chose de fondamental dans la société, c'est la Charte
des droits et libertés qui ne permet pas de discrimination, sauf si
c'est reconnu dans une loi et qu'on utilise la clause "nonobstant*, mais
là, N n'y a pas ça, on ne nous amène pas ça, la
clause 'nonobstant* là-dedans, et on va y revenir un peu plus tard, pas
ce soir, malheureusement on n'aura pas le temps, mais on va y revenir plus
tard, en essayant d'avoir au moins l'avis du jurisconsulte. Parce que le
ministre nous disait, dans son Intervention, gros comme le bras tantôt:
Si vous avez des avis juridiques à déposer, faites-le. Je
m'excuse, ce n'est pas à nous à déposer des avis
juridiques, ça va être au ministre à le faire, parce que
c'est lui qui légifère et qui légifère en cachette
avec le projet de loi 136.
Non seulement c'est la job de bras qui se continue, mais en même
temps, ici, en commission parlementaire et à l'Assemblée
nationale, au moment où l'on se parle, par le projet de loi 144, on est
en train de continuer à s'attaquer aux plus démunis de la
société en faisant de la récupération et en faisant
des choix qui sont contre eux par rapport à ce que ça peut
présager, ce dont on est en train de discuter, le projet de loi 136.
Donc, si c'est ça et que nous, qui sommes législateurs,
donc des personnes qui ont des choix de société à faire,
ça devrait nous
I inquiéter encore plus que tous les autres, puis ' c'est
drôle, c'est l'inverse ce soir. On devrait être les gens les plus
préoccupés de ça, on devrait être les gens les plus
inquiets parce qu'on n'aura plus à intervenir là-dessus. On
devrait être les gens les plus inquiets, parce qu'on connaît
l'importance de la Charte des droits et libertés des citoyens. On
devrait âtre | les gens les plus Inquiets parce qu'on sait ce que veut
dire la discrimination, ce que ça comporte, les dangers que ça
amène. Devant tout ça, on est les gens ici qui semblent les plus
désinvoltes, les moins intéressés, les moins
préoccupés par ce qu'on est en train de faire. Pourtant, des gens
nous ont écrit en disant qu'ils sont inquiets, qu'ils veulent âtre
entendus, qu'ils sont venus manifester devant le parlement. D'autres personnes
qui représentent les municipalités du Québec ou les
offices municipaux d'habitation du Québec nous disent, et ce que je fais
c'est citer une lettre qui n'est pas de moi, qui dit qu'il faudrait absolument
qu'il y ait le dépôt du projet de règlement sur la
sélection dans les meilleurs délais pour nous permettre
d'être mieux éclairés dans l'application de la loi.
Ces gens veulent être plus éclairés dans
l'application de la loi et nous voudrions être plus
éclairés dans le contenu de la loi, étant donné
qu'on va l'adopter. Donc, on va adopter une loi et on se refuse, comme
gouvernement, comme Législature, l'éclairage nécessaire
pour évaluer les conséquences des gestes qu'on va poser ou de la
loi qu'on va adopter. Vous savez, des lois, ça a toujours des
conséquences. Cela n'a pas des conséquences sur toute la
population. Cela risque d'en avoir sur des gens qui vont être
isolés, donc qui ne pourront probablement pas se regrouper pour
être en mesure de contester. On le sait, ceux qui sont en commission et
qui ont eu l'occasion d'entendre les représentants de la Régie du
logement, par exemple, nous amener des témoignages sur ce que vivent
certains locataires, et je me rappelle quand on a adopté le projet de
loi 87 à quel point on discutait sur le harcèlement exercé
sur des locataires dans les logements... Cela se pratique déjà et
on a trouvé ça majeur. On a amené des améliorations
là-dessus. Donc, avec la loi 87, on a amené des
améliorations qu'on ne trouvait pas suffisantes de ce
côté-ci, mais on en a quand même amenées sur le
harcèlement dans les logements régis par la Régie du
logement.
Maintenant, on risque de pénaliser des gens qui ne sont pas
soumis à la Régie du logement parce qu'ils vont
référer dans la loi, on le dit, aux offices municipaux
d'habitation lorsqu'ils vont sentir qu'ils sont pénalisés ou
qu'Us ne sont pas justement traités ou, à l'inverse, qu'ils sont
injustement traités.
Comment se fait-il qu'on semble vouloir se dégager de nos
responsabilités? Risquer qu'on vienne s'en prendre à quelque
chose d'aussi fondamental que la Charte des droits et libertés de fa
personne, qu'on reconnaisse qu'il y ait de la discrimination et tout ça,
ce n'est pas par rapport aux articles du projet de loi 136 pour lequel on est
en mesure d'avoir tout l'éclairage et toute la lumière requis.
C'est en fonction du projet de règlement. C'est là qu'on saura
effectivement de quoi on parle en détail, de façon claire, nette
et précise.
Cela veut dire qu'on nous demande de voter pour quelque chose en ne
sachant effectivement pas comment ça va s'appliquer et qui va être
victime. Ce que je suis en train de vous dire est tellement vrai, c'est le
ministre lui-même qui nous le confirmait au cours de la soirée en
nous disant: Ce n'est pas vrai ce qu'il y a dans le document que je
présentais, ça n'a pas été retenu.
En même temps, la Société d'habitation du
Québec a utilisé ce document pour des expérimentations et
pour des discussions. Quand on sait que c'est la même
Société d'habitation du Québec à qui on va donner
les pouvoirs de décider du projet de réglementation. On va donner
à une société d'État des pouvoirs, des
éclairages que nous, les élus, ne nous donnons pas.
On donne des pouvoirs à d'autres, on se dégage de
responsabilités en n'ayant pas la lumière et l'éclairage
sur la façon dont ils vont l'utiliser et l'appliquer. C'est assez rare
que ça se produise dans une société, qu'on donne à
d'autres des responsabilités qu'ils vont utiliser à leur
discrétion. Donc, on se départit d'une responsabilité qui
va être utilisée par d'autres et on ne sait même pas comment
ça va être utilisé. C'est ce que ça veut dire et
c'est ce qu'on ne peut pas accepter. C'est nous qui sommes élus, c'est
nous qui devons décider de l'application de la Charte des droits et
libertés de la personne s'il y a discrimination. S'il y a
discrimination, et on l'accepte, au moins, que ce soit nous qui l'acceptions,
non pas les autres, non pas des gens qui sont des salariés de
l'État. Cela doit être des élus de l'État qui vont
accepter quelque chose d'aussi fondamental que de la discrimination dans le
logement. N'oublions pas que ça peut toucher bien des gens. Ce sont des
dizaines de milliers de personnes qui sont déjà à
l'intérieur des HLM et ce sont aussi 35 000 personnes, au moment
où on se parie, qui sont sur les listes. C'est à ces gens qu'on
va imposer la discrimination et on n'est pas en mesure de savoir laquelle, on
n'est pas en mesure de savoir comment. J'aimerais voter sur quelque chose de
clair, de précis. La seule chose qui pourrait nous permettre d'avoir
l'éclairage nécessaire, ce sont les groupes de protection des
locataires, des femmes, des personnes retraitées et
préretraitées qui nous le disent, et ce sont les gens des offices
municipaux d'habitation qui nous le disent: La seule façon d'avoir un
éclairage réel et significatif, c'est par le dépôt
du projet de règlement qui va amener l'application du projet de loi 136.
Ces gens vont l'appliquer et ce sont eux qui demandent d'avoir
l'éclairage alors qu'ils vont avoir à l'appliquer. Nous, on se
refuse cet
éclairage, alors qu'on va leur déléguer cette
responsabilité. Je trouve que c'est de l'inconscience, et c'est
injustifiable pour des personnes qui se disent responsables.
La Présidente (Mme Bélanger): II reste quinze
secondes, M. le député de Shefford, pour ajourner la
commission.
M. Paré: S'il reste quinze secondes, Je reprendrai
où j'en suis quand viendra le temps.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): De façon que le
député de Shefford puisse conclure comme il faut, je n'aurais pas
d'objection à ce qu'on continue une quinzaine de minutes.
La Présidente (Mme Bélanger): II est minuit et la
commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 0 h 1)