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(Quinze heures dix-sept minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît)
La commission de l'aménagement et des équipements est
réunie cet après-midi afin de poursuivre l'étude du projet
de loi 136, Loi modifiant la Loi sur la Société d'habitation du
Québec et le Code civil en matière de bail d'un logement à
loyer modique. M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des remplacements?
Le Secrétaire: Oui, M. Charbonneau (Verchères) est
remplacé par M. Godin (Mercier).
Motions d'amendement (suite)
La Présidente (Mme Bélanger): Lors de l'ajournement
des travaux, hier soir, nous discutions de la motion présentée
par le député de Shefford. Il avait la parole et il lui restait
treize minutes. M. le député de Shefford.
M. Paré: Merci, Mme la Présidente. Je dois vous
dire, seulement pour se resituer, savoir où on en était lorsqu'on
s'est laissés hier soir, que le but de la motion, c'est de mettre
à la disposition des députés copie du projet de
règlement. Ce serait impensable qu'il en soit autrement, étant
donné que cette loi aura son application à la suite du
dépôt du règlement qui nous dira la façon dont cela
va s'appliquer. Donc, si on est pour donner un chèque en blanc à
la Société d'habitation du Québec, qui pourra ensuite
procéder de façon tout à fait libre et autonome, je pense
que, comme parlementaires, non seulement il faut connaître la couleur du
chèque qu'on donne, mais aussi le montant qui y est inscrit. Le montant,
dans ce cas-ci, si on veut employer cette image, ce serait de connaître
la réglementation qui fera en sorte que cela s'appliquera.
On pourrait dire: Écoutez, la réglementation va venir, il
y a toutes sortes de choses. Sauf que, entre la fin de la séance d'hier
soir et le début de la séance de cet après-midi, il s'est
passé quelques heures qui nous ont permis de retrouver presque des
annonces dans les journaux. Souvent, cela vaut la peine de se donner un peu de
temps entre un début d'intervention et une fin. Dans La Presse du
mercredi 7 juin - ce n'est pas très vieux, c'est aujourd'hui - on lit en
toutes lettres: "HLM: le gouvernement accusé de légaliser la
discrimination." Je dois dire que ça fait longtemps qu'on le dit et
c'est exactement ça. De toute façon, le ministre l'a reconnu
lui-même. C'est ce qu'il est en train de faire, parce que c'est l'essence
même de la loi. C'est presque incroyable qu'on soit rendu là,
comme société démocratique. En tout cas, on va
légaliser la discrimination. Je lis le dernier paragraphe de l'article
de Mme Sophie Cousineau: "Selon Mme Marier - qui est l'attachée de
presse du ministre - la réglementation découlant du projet de loi
136 - donc, celui qu'on est en train d'étudier - devrait être
rendue publique avant la fin de la session, le 23 juin. Elle affirme que les
offices municipaux d'habitation ne cacheront pas leurs critères de
sélection des locataires." Il ne manquerait plus rien que ça. On
dit que les offices municipaux d'habitation ne cacheront pas leurs
critères de sélection des locataires, mais, par contre, le
ministre va cacher ses règlements aux parlementaires. Il faut le faire)
En plus, je dois vous dire qu'il faut vraiment, dans un système
démocratique, manquer de respect envers l'institution même et
envers les élus des citoyens quand on sait l'importance que cette loi
aura sur le vécu quotidien de dizaines de milliers de citoyens. Il y a
d'autres lois pour lesquelles on sait que la réglementation va venir
plus tard, dont la réglementation n'a pas nécessairement le
même effet. Mais quand un projet de loi comme celui-ci ne peut être
évalué et compris à sa juste valeur qu'en fonction du
règlement et qu'on ne le dépose pas, ce n'est pas correct en soi.
Ce n'est pas correct en termes démocratiques, ce n'est pas correct en
termes de respect pour l'institution qu'on représente, ce n'est pas
correct par rapport au rôle qu'on a ici, comme législateurs, de
décider avec tout l'éclairage nécessaire pour faire
quelque chose de convenable. Donc, c'est impensable.
Si, hier, le ministre avait eu le temps d'intervenir pour me
répondre un peu et s'il m'avait dit: Écoutez, le règlement
n'est pas prêt, j'aurais pu lui dire: II n'est pas prêt, je
comprends. Cela veut dire que s'il n'est pas prêt, au départ,
c'est qu'il y a quelque chose qui n'a pas été fait correctement,
parce qu'on ne peut pas déléguer des responsabilités aussi
importantes à un organisme sans être conscient et sans savoir
exactement en même temps le contenu qu'on lui donne. Mais il aurait pu me
dire qu'il n'était pas prêt. À ce moment, j'aurais dit deux
choses: Vous auriez dû vous préparer comme il le faut ou reportons
la loi - ce n'est pas plus compliqué que ça - le temps que le
règlement soit fait. Nous ne pouvons pas, en conscience,
honnêtement, voter sur quelque chose qui n'est pas plus clair, qui n'est
pas plus défini, qui n'est pas plus complet que ce qu'on retrouve
présentement. S'il doit y avoir de la discrimination, ce n'est pas vrai,
c'est inacceptable qu'elle soit appliquée par des gens d'une
société d'État. Si on est pour accepter comme
société de risquer d'aller à l'encontre - on reviendra
là-dessus quand on sera à l'article - de la Charte des droits et
libertés de la personne du Québec, ce n'est pas vrai que ce sont
des salariés de l'État qui vont avoir à appliquer une
discrimination semblable. Au moins, que ce soit voté ici,
ouvertement, clairement, après discussion à
l'Assemblée nationale. Autrement, ce n'est pas correct, ce n'est pas
démocratique, ce n'est pas justifiable et c'est pour ça qu'on est
contre. Donc, si ce n'était pas prât ou si on avait mal fait sa
job, il fallait reporter ça, le temps nécessaire que ça
prend pour connaître le règlement.
Mais on apprend, et ce n'est plus la même chose... Heureusement,
cela ne pourra pas être l'argument que va utiliser le ministre. Le
ministre va être obligé de nous dire franchement qu'il refuse de
faire connaître aux députés de l'Assemblée
nationale, des deux côtés de la Chambre, le règlement
d'application de la loi 136. Il refuse que l'on discute sur le fond même,
de l'esprit de cette loi. N voudra nous faire voter des articles creux, vides,
mais, en même temps, tellement larges et dangereux qu'on ne sera pas en
mesure d'expliquer ce que cela veut dire. Le ministre pourra reprendre sa
discussion d'hier soir en disant: Le document que vous citez si souvent, on est
contre. Il a le droit de le dire, sauf que c'est un document de la
Société qui nous donne les orientations de la
Société. Probablement que le règlement va être
proche, semblable, voire dans la même direction. Mais même si
c'était vrai qu'on met de côté ce document et qu'on refuse
d'y référer pour le règlement, cela ne nous dit pas plus
à quoi on va référer et quel va être le contenu. Le
vrai contenu, le sens à donner à chacun des articles du projet de
loi 136, on va le trouver à partir du règlement. On ne nous donne
pas le projet de règlement. Je trouve que cela n'a pas de bon sens. On
ne peut pas légiférer comme ça. Où se ramasse-t-on
comme société? On délègue des
responsabilités, on va jouer avec le sort de citoyens parmi les plus
démunis de la société et II faudrait accepter cela, Ici,
en disant: Bravo! une responsabilité de moins pour les parlementaires
et, quand il arrivera des choses, on dénoncera la Société
comme si ce n'était pas sous notre responsabilité. C'est
exactement ce qu'on est en train de faire.
Mais, à partir de maintenant, avec cette motion, je vais vous
dire, je pense que le ministre n'a pas le choix. Il doit nous déposer le
projet de règlement puisque - j'espère que c'est vrai;
j'espère que Mme Marier a parlé au nom du ministre et qu'elle
était au courant quand elle a dit ça; c'est une
déclaration publique; c'est dans La Presse de ce matin - ça
devrait être rendu public avant la fin de la session, le 23 juin. On est
à cette fin de session; on est en session intensive. Cela veut dire que
si c'est prêt à être déposé, ça doit
être prêt à être discuté. Donc, je ne peux pas
comprendre et je ne peux pas accepter qu'on puisse voter ce projet de loi
maintenant si on n'a pas en même temps déposé le projet de
règlement et sans qu'on ait l'occasion, la chance et même le
devoir de le consulter, parce que c'est là-dessus que reposent toutes
les explications aux interprétations floues, ambiguës, absolument
pas claires que nous laissent entrevoir de très nombreux articles dans
ce projet de loi qui n'en contient, d'ailleurs, pas beaucoup. C'est incroyable,
quinze articles, et on voudrait savoir exactement ce qu'est la descrimination,
ce qu'elle signifie, à qui elle va s'attaquer. Ce n'est pas
là-dedans qu'on le retrouve. C'est dans le document d'orientation; c'est
dans les discussions qu'on a eues avec les gens des Offices municipaux
d'habitation; c'est dans les craintes qui ont été
exprimées par les associations de locataires, les regroupements
d'associations de femmes et de logements, les associations de personnes
retraitées et préretraitées. C'est de là qu'on peut
avoir des inquiétudes, et l'interprétation qu'on y donne et les
craintes qu'on exprime viennent Justement de ces gens. Il ne faut pas
l'oublier.
Nous aussi, l'interprétation qu'on en fait nous amène
à exiger des choses. Ce qu'on est en train de faire, présenter
une motion comme ça, ce n'est tellement pas pour perdre du temps,
contrairement à ce que disait mon collègue de Louis-Hébert
hier; au contraire, c'est pour clarifier des choses. Ce n'est pas la même
chose. C'est pour clarifier des choses. J'aimerais que les
députés de l'autre côté nous disent comment ils
Interprètent cette loi avec ce manque d'éclairage, parce qu'on
n'a pas le projet de règlement. On n'est pas capable de le
définir. Si je demandais: ce règlement va vouloir dire quoi par
rapport aux femmes chefs de famille monoparentale? Le ministre dit: Ne touchez
pas à ça! Il n'y a rien qui vous dit qu'on va y toucher. Il n'y a
rien qui nous dit qu'on n'y touchera pas. Et même, ce n'est pas correct
quand je dis ça. Oui, il y a des choses qui nous disent qu'on va y
toucher, à partir du discours qu'on a entendu depuis un certain temps.
On est convaincu que c'est là-dedans qu'on s'en va, mais on ne se donne
même pas le temps nécessaire d'entendre les groupes qu'il aurait
été très utile d'écouter et d'entendre. On aurait
pu discuter avec ces gens pour voir à améliorer le projet ou, au
moins, à le comprendre correctement.
On a dit non, hier, à ces deux motions. Je l'accepte, mais,
où on ne peut pas nous donner la même réponse, où
c'est inacceptable, ce serait de nous refuser de déposer le
règlement qui est prêt. Cela, je dois vous dire que ça
n'aurait pas de bon sens. Cela n'aurait pas de bon sens qu'on vote ce projet de
loi pendant cette fin de session, probablement dans quelques jours, parce que,
qu'on le veuille ou non, quinze articles.. Je vais vous le dire: Vous la
voulez, la loi; vous allez l'avoir, c'est évident. Mais est-ce que cela
aurait du bon sens de voter d'ici au 23 juin un projet de loi quand tout ce
qu'on va dire d'ici au 23 juin, c'est: Allez-y par vote nominal, vous l'avez;
on ne sait pas ce que c'est, mais vous l'avez; bravo! Un autre article, on ne
sait pas ce que c'est; bravo! Vous l'avez par vote nominal, vous êtes
majoritaires. Et on apprendra, chacun dans nos comtés - vous allez le
voir, M. le député de Hull, probablement par des
réactions
des gens de votre municipalité - qu'il commence ' à y
avoir des victimes, qu'il y a deux listes et qu'il y a des gens qui vont
être Isolés; des gens à qui on peut changer le taux dans
les HLM, des gens qui sont actuellement dans les HLM et qu'on va
déplacer, des gens qui sont sur des listes depuis des années, qui
s'attendent à être là et qui vont, finalement, s'apercevoir
qu'ils sont sur la liste en parallèle, celle qui va être
devancée par l'autre, parce qu'il va y avoir une deuxième liste.
Celle-là va être privilégiée, parce qu'elle va faire
partie des distinctions, des exclusions et des préférences
fondées sur tout élément de la situation des
personnes.
Si on avait voulu utiliser des termes plus vagues, plus larges, plus
confus, il aurait tout simplement fallu essayer de trouver des synonymes aux
mots qui sont là-dedans.
Alors, en conclusion, j'invite le ministre, par respect pour
l'Institution et les parlementaires qui sont ici, pour nous permettre de voter
avec tout l'éclairage nécessaire, à nous déposer ce
projet de règlement qui doit l'être ici, à cette
assemblée, et non pas probablement en conférence de presse d'ici
à la fin de la session. (15 h 30)
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Shefford. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente.
Trois éléments; deux d'argumentation, le troisième qui
s'adresse plus spécifiquement à la motion présentée
par l'honorable député de Shefford.
Première remarque, Mme la Présidente. Le
député de Shefford relève l'aspect discriminatoire de la
loi. Dois-je comprendre des propos du député de Shefford que les
logements sociaux au Québec doivent être offerts à
l'ensemble de la population, sans aucune discrimination? Est-ce que je dois
comprendre que le député de Shefford, s'il n'y avait pas de
discrimination basée sur le revenu, devrait être admissible
à un HLM au Québec? Le député de Shefford, entre
autres, s'il n'y a pas de discrimination basée sur le revenu de la
personne, devrait être admissible à un HLM au Québec. Le
député de Shefford est-il capable de comprendre que si vous
n'avez pas d'éléments qui fixent des catégories
d'individus, votre programme de logements sociaux s'applique à
l'ensemble de la population du Québec, et les gens les plus
fortunés de la société pourraient occuper, au lieu et
place des gens qui en ont le plus besoin, des logements sociaux? La seule
façon que nous ayons trouvée, comme gouvernement, et je ne pense
pas que nous ayons innové en la matière - nous nous sommes
inspirés des gouvernements d'autres sociétés
démocratiques, d'autres provinces canadiennes, de pays membres de la
communauté européenne - c'est de discriminer positivement en
faveur des gens qui, dans la société, en ont davantage
besoin.
Deuxième élément, Mme la Présidente. Cette
discrimination va-t-elle à rencontre des chartes des droits et
libertés de la personne? Je parie autant de la charte canadienne que de
la charte québécoise. SI tel était le cas, je maintiens
respectueusement qu'avec toute l'expérience, toutes les connaissances
qu'il a dans le domaine, le député de Shefford nous inciterait
à modifier le projet de loi de façon à y inclure une
clause "nonobstant". Comme le projet de loi n'inclut pas ce type de clause, on
doit donc en conclure que la discrimination dont il fait preuve est une
discrimination positive à l'endroit des plus démunis dans la
société. C'est une discrimination qui est autorisée par la
Charte québécoise des droits et libertés de la personne et
par la charte canadienne.
Troisième élément, Mme la Présidente. En ce
qui a trait à la réglementation, la motion du
député de Shefford, dans un autre contexte, pourrait être
prise au sérieux, mais les propos du député de Shefford et
de quelques-uns de ses collègues au cours de la soirée d'hier,
entre autres, nous ont convaincus que le Parti québécois croit
détenir en sa possession la réglementation. Ils nous ont
même fait lecture d'extraits d'une réglementation qu'ils croient
être celle qui va s'appliquer. Malgré les démentis formels
du gouvernement, ils ont insisté, pour tenter d'apeurer la population,
pour dresser des épouvantails et, si le Parti québécois en
vient à la conclusion que le règlement qu'il a
présentement entre , les mains n'est pas le règlement
gouvernemental, il pourra nous demander de déposer le règlement
que le gouvernement se propose de déposer. Mais tant et aussi longtemps
que ces gens-là, en leur âme et conscience, sont convaincus qu'ils
ont en main le règlement, Ils ne peuvent sérieusement tenter de
nous convaincre de déposer le règlement. Ils l'ont
déjà. On ne peut à la fois plaider, Mme la
Présidente, demander au gouvernement de déposer un
règlement et citer un règlement qu'on croit être celui qui
soit en application.
Cette loi prévoyant d'importants pouvoirs réglementaires
dans des sujets d'interprétation juridique sensible, je crois qu'il
serait à l'avantage des membres de cette commission d'être en
possession de la version gouvernementale du règlement. Le
député a fait allusion à un article de journal qui
rapportait une déclaration du cabinet du ministre. Cette
déclaration est endossée par celui qui vous parie. Lorsque
l'Opposition fera amende honorable, nous dira qu'elle a tenté de dresser
des épouvantails, qu'elle était au courant qu'il ne s'agissait
pas d'un règlement qui s'appliquerait, qu'elle savait que le
gouvernement avait un autre règlement, dans ces circonstances, le
gouvernement déposera, pour le bénéfice des membres de
l'Opposition, entre autres, la réglementation qui découlera du
présent projet de loi. Parce qu'il est Important que, de façon
sérieuse, les parlementaires puissent tenter d'envisager à peu
près toutes les possibilités d'application d'un tel
règlement sur
la population qui sera soumise à un tel règlement.
M. Paré: Juste une petite question.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Je ne voudrais pas prendre le temps de parole de
mon collègue. Le ministre vient de nous annoncer qu'il la déposer
la réglementation. Quand?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai posé des conditions,
Mme la Présidente, dans un cadre sérieux d'analyse du projet de
loi et, au moment où l'Opposition admettra que le règlement
qu'elle a cité, elle savait très bien qu'il ne s'agissait pas du
règlement d'application et que c'était strictement pour dresser
des épouvantails et tenter de faire de la petite politique, nous nous
mettrons au travail sérieusement à partir d'un règlement
qui sera connu, qui pourra être évalué par l'ensemble des
parlementaires.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Mercier.
M. Godin: Mme la Présidente, le ministre manie le sophisme
avec autant de talent que Guy Lafleur manie "la puck*. comme on dit
probablement dans son comté, comme dans le mien, mais il ne me convainc
pas du tout. Quand il incite l'Opposition à se mettre à genoux,
à quatre pattes, et faire amende honorable, comme il dit - c'est un
terme que j'entendais quand j'étais à la petite école
lorsque le maître d'école nous disait: À genoux, Godin,
à genoux, Paradis, sinon t'auras pas ta récréation - je
pense que ce sont des méthodes qui n'ont pas beaucoup de place dans un
Parlement qui est un des très anciens Parlements du monde francophone et
anglophone, et je m'étonne que le ministre en soit réduit
à de telles manoeuvres pour nous inciter à bien nous conduire.
À ce moment-là, on va lui demander qu'il nous dépose un
code de conduite de l'Opposition pour savoir quand nous devons lui plaire ou
non pour obtenir les documents que nous estimons essentiels, parce que
lui-même a reconnu, hier, que la loi ouvre la porte à tous les
abus. Je peux bien avoir confiance en lui tant que je peux, mais je constate
que cette loi ouvre la porte à tous les abus réglementaires
possibles.
Pour avoir été dans un ministère, à
l'époque, celui de l'Immigration, qui fonctionne aussi par
réglementation, je connais l'Importance des règlements, et pas
seulement des lois, pour rendre des jugements éclairés dans le
domaine de la sélection des Immigrants ou des gens qui habitent les HLM.
Mais, dans la mesure où cette loi, à sa face même, ouvre la
porte au pire comme au meilleur, d'ailleurs, je reconnais avec lui qu'il faut
que la SHQ et les offices munici- paux d'habitation soient dotés de
critères... Je sais bien que, dans mon comté, quand quelqu'un
vient me voir à ce sujet, parfois, je fais une demande à l'Office
municipal d'habitation de Montréal pour un HLM, je suis dans l'ignorance
totale des critères qu'applique l'Office municipal d'habitation de
Montréal et j'aimerais bien avoir moi-même la liste des
critères pour pouvoir dire aux personnes qui viennent à mon
bureau: Voici les critères qui s'appliquent; à votre avis,
êtes-vous conformes ou non à ces critères et est-ce qu'on
peut les alléguer dans la demande que nous transmettrons à
l'Office municipal d'habitation de la ville de Montréal? Mais ces
critères sont, pour l'Instant, aussi Inconnus que, en fait, les
manuscrits de la mer Morte. Je déplore personnellement que les
députés...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce qu'on pourrait avoir un
petit point d'entente? C'est parce que j'ai eu l'impression, honnêtement
- je vous le soumets - qu'hier, vous prétendiez, quand je dis "vous", je
ne parle pas de vous personnellement, mais de l'Opposition officielle...
M. Godin: Nous trois, oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... vous prétendiez les
connaître parce que l'Opposition officielle a argumenté sur la foi
de ces règlements.
M. Godin: C'est précisément là le
problème que nous avons avec le ministre actuellement. Faute d'avoir de
vrais règlements, la copie officielle, nous devons nous rabattre sur ce
que nous avons en main. Comme on a en main un document qui n'est probablement
pas celui que le ministre va utiliser lui-même, je suis prêt
à le croire là-dessus en toute sympathie parlementaire, mais
quelle preuve a-t-on que ce n'est pas le bon? Quelle preuve avons-nous que la
SHQ, quand elle fera son règlement, puisque la loi lui donne le pouvoir
de le faire maintenant, ne sera pas Influencée par...
M. Paradis (Brome-Missiquoi): La SHQ n'a pas...
M. Godin: C'est ce que la loi lui donne, Mme la
Présidente. La SHQ aura dorénavant le pouvoir de faire les
règlements et l'article 10 de la loi - je ne sais pas si le ministre
peut le lire aussi bien que moi - parle du premier règlement de la
Société - j'imagine qu'on parle ici de la SHQ - qui se verra
confier par le ministre le boulot de faire un règlement de
sélection.
Tant qu'on n'aura pas en main le vrai règlement, et cela devrait
l'inciter encore plus à nous le remettre le plus tôt possible,
parce que ça nous éviterait d'avoir recours à un document
qui n'est pas le bon.
Mais, faute d'avoir le vrai, on doit se rabattre sur le faux et, par
conséquent, si on
avait le vrai, on n'utiliserait pas le faux. De plus, en ayant le vrai
en main, on pourrait voir si nos craintes sont fondées ou non. On
pourrait voir si l'auteur du faux document qui s'appelle Grandes lignes... est
encore à l'oeuvre au sein de la SHQ. On pourrait voir si l'auteur de ce
document... Il serait peut-être bon que le ministre informe son
collègue de Louis-Hébert de la pertinence ou non de ce document.
Mais tant que nous n'aurons pas la preuve évidente avec un nouveau
règlement qui ne serait pas celui-là que l'auteur de celui-ci
n'est plus à l'oeuvre, ne pousse plus son bébé, parce que
c'est ce qui se passe dans les ministères, il y a des fonctionnaires qui
poussent leur bébé et quand le ministre change, le
bébé revient à la surface et, là, on le pousse
encore.
J'ai vécu ça. Il n'y personne ici qui a été
ministre qui n'a pas vécu une espèce de continuité des
fonctionnaires qui voulaient avoir le dernier mot et voir triompher leurs
Idées. Il n'y a pas un député qui n'a pas vu ça
dans sa carrière ici, qu'elle soit brève ou longue, des
fonctionnaires qui avaient le dernier mot sur leur ministère et sur leur
ministre et qui avaient enfin réussi à passer leur salade. Mais
nous n'avons aucune preuve que l'auteur de ce document qui, d'après le
ministre, n'est pas le vrai, n'est pas encore quelque part tapi dans les
recoins du ministère et n'attend pas son heure pour le ressortir,
d'autant plus qu'il y a des points qui émanent de ça comme
philosophie qui sont très près de la philosophie profonde du
Parti libéral, c'est-à-dire l'application des lois du
marché et l'efficacité économique même des HLM et la
hausse des loyers payée par les locataires de HLM. C'est un vieux
rêve du Conseil du trésor, c'est un vieux rêve de la SHQ de
hausser les loyers de manière que les HLM soient un peu plus rentables,
parce que, chaque année, elle est accusée depuis que la SHQ
existe, d'avoir des bâtiments qui ne rapportent pas, qui sont des
éléphants blancs pour le budget du Québec.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je n'ai pas eu cette
accusation-là, moi.
M. Godin: Alors, les gens sont tapis et attendent que vous
passiez, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je n'ai pas été
accusé par l'Opposition, et le parti ministériel ne m'a pas
accusé. Les groupes sociaux ne nous ont pas accusés à ce
point de vue, à ma connaissance.
M. Godin: Pas encore? Ils n'y ont pas pensé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas encore. Cela fait un an. Pas
encore. Ça va peut-être venir.
M. Godin: Mme la Présidente, puisque ce document n'est pas
le vrai, puisque les grandes lignes ne sont pas les vraies grandes lignes,
est-ce qu'on va avoir du ministère - c'est précisément le
sens de la motion de mon collègue - et de la SHQ les vraies grandes
lignes du projet de règlement et non pas seulement un projet qui,
à mon avis, ne vaut pas l'encre ni le papier avec lesquels il a
été écrit, pour que nous nous sortions d'un doute tout
simplement et d'une inquiétude? J'ai relu hier les galées des
réponses du ministre à nos interventions. Le ministre
reconnaît lui-même que ce projet de loi ouvre la porte à
tous les abus si quelqu'un de mal, mauvais ou méchant ou qui a de
mauvaises intentions... Par exemple, s'il voulait appliquer un règlement
qui exclurait les gens qui ont le sida des HLM, il pourrait le faire avec cette
loi.
Je ne lirai pas l'article, Mme la Présidente, mais il est
très clair qu'à la page 5 du projet de loi, à l'article 2,
paragraphe 2°, une addition à la fin du paragraphe v, permet
à l'auteur du règlement...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Juste pour qu'on se retrouve
à la bonne place.
M. Godin: En haut de la page 5.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord, ça va.
M. Godin: La deuxième partie de l'article 2. 2° par
l'addition à la fin de l'alinéa suivant: Les règlements
peuvent comporter les distinctions et exclusions ou préférences
fondées sur l'âge, le handicap ou tout élément de la
situation des personnes. Alors, tout élément ouvre la porte
à n'importe quelle exclusion pour n'importe quelle raison; et tant qu'on
n'aura pas en main un règlement qui émanera du ministère
et qui sera reconnu par le ministre comme étant le sien ou celui de la
SHQ, qui est le père putatif des règlements, nous ne pourrons pas
avoir confiance que les règlements seront conformes à ce que le
ministre s'est engagé à livrer hier, c'est-à-dire un
règlement que nous a-t-il juré, la main en l'air, et sans cracher
par terre, ne serait pas discriminatoire et, en aucune façon, ne
confirmerait l'inquiétude que l'Opposition peut avoir. Je pensais que
vous me disiez: "We are number one", comme au hockey. (15 h 45)
Mme la Présidente, je conclus rapidement. Avant de conclure, je
voudrais également vous annoncer que j'ai, moi aussi, une motion
à déposer, après l'avoir lue bien sûr. Par
conséquent, Mme la Présidente...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Avec la permission du
député de Mercier...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... sur la première motion,
sur cette motion qui est déposée.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, avant de
déposer la deuxième motion. Ce n'est pas un amendement à
la motion que vous apportez, n'est-ce pas?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En vous maintenant votre temps de
parole pour le dépôt de l'autre motion.
M. Godin: Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, vous avez
votre temps de parole pour déposer votre motion.
M. Godin: D'accord.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, très
brièvement, Mme la Présidente. Toutes sortes de
réglementations ont circulé au cours des dernières
années sous tous les gouvernements. Je lisais tantôt un
communiqué émis hier par le FRAPRU qui mentionnait un
règlement qui aurait discriminé contre les chefs de famille
monoparentale, les personnes âgées et les immigrants. On me dit
que le règlement a failli être adopté en 1984. Vous me
citez un autre règlement qui a sans doute circulé
également. Je vous dirai que, dès que nous en serons à
l'étude article par article du présent projet de loi et en vous
conservant toute la liberté de présenter toutes les motions qui
peuvent faire partie d'une saine stratégie parlementaire pour
l'Opposition officielle...
Une voix: Que vous connaissez bien.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... que j'ai pu expérimenter
au cours de certaines années, à partir du moment où nous
étudierons le projet de loi article par article, je m'engage à
déposer le règlement, tel que nous prévoyons
l'appliquer.
M. Godin: Mme la Présidente, cela confirme le
bien-fondé de la motion de mon collègue et, surtout, son
intuition dans les neurones du ministre. Je pense que si nous n'avions
réussi, Mme la Présidente, à ébranler la conviction
du ministre que son règlement est bon et qu'on peut se fier à
lui, qu'il sera bon...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On le regardera ensemble.
M. Godin:... l'ébranler à tel point qu'il accepte
de le déposer avant la fin de l'étude du projet de loi article
par article...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Au début. ,
M. Godin:... nous aurions marqué un point. Surtout, nous
aurions fait disparaître l'Inquiétude que nous ne sommes pas les
seuls à avoir. Les dix associations qui ont demandé à
être entendues ici nous ont également demandé de le dire en
leur nom. Comme elles ne sont pas autorisées à parler Ici, nous
le faisons à leur place.
Ma motion, Mme la Présidente, Je la dépose. "Que cette
commission souhaite que le ministre...
La Présidente (Mme Bélanger): On va disposer de
cette motion-là avant, si vous voulez.
Une voix: Bien oui.
M. Godin: Ah! Pas de problème. Évidemment. À
vos ordres.
La Présidente (Mme Bélanger): La motion
déposée par le député de Shefford est-elle
adoptée?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Elle est prématurée,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors...
M. Paré: Avec ce que j'ai entendu de la part du ministre
tantôt, à savoir que le règlement devrait être
déposé pour qu'on puisse étudier le projet,
évidemment, je demande un vote nominal parce que ce sera...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que, dans les
circonstances, le député de Shefford devrait avoir la
gentilhommerie de la retirer et, possiblement, de la représenter au
moment de l'étude de l'article 1.
M. Paré: Non. Je préfère un vote nominal
à un retrait.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ahl
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
secrétaire, si vous voulez faire l'appel nominal.
Le Secrétaire: M. Paradis (Brome-Missisquoi)?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Contre.
Le Secrétaire: M. Doyon (Louis-Hébert)?
M. Doyon: Contre.
Le Secrétaire: M. LeSage (Hull)?
M. LeSage: Contre.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière)?
M. Camden: Contre.
Le Secrétaire: M. Baril (Rouyn-Noranda-Témiscamingue)?
M. Baril: Contre.
Le Secrétaire: M. Paré (Shefford)?
M. Paré: Pour.
Le Secrétaire: M. Godin (Mercier)?
M. Godin: Pour.
Le Secrétaire: Mme Bélanger (Mégantic-Compton)?
La Présidente (Mme Bélanger): Abstention. Cinq
contre; deux pour; une abstention. M. le député de Mercier.
M. Godin: Mme la Présidente: "Que cette commission
souhaite que le ministre des Affaires municipales et responsable de
l'Habitation mette à la disposition des députés copie du
rapport Laporte émanant d'un comité de députés
présidé par le député de Sainte-Marie, M. Michel
Laporte, sur les critères de sélection des locataires de
logements à loyer modique et ce, afin que ceux-ci puissent s'y
référer lors de l'étude détaillée du projet
de loi 136."
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous
voulez la déposer, s'il vous plaît?
M. Godin: Je la remets à votre secrétaire. Cela
va?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Mercier, cette motion est recevable.
M. Godin: Oui. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous avez 30 minutes.
M. Godin: Je fonde la raison pour laquelle je la dépose et
je m'étonne en même temps que l'auteur du rapport qui porte son
nom ne soit pas ici, puisque le gouvernement lui a confié le soin de
récolter des opinions judicieusement choisies et
sélectionnées et qu'un comité de députés...
On voulait, à l'époque, que les très nombreux
députés du gouvernement ne s'ennuient pas trop en Chambre. On
leur confiait toutes sortes de dossiers, que ce soit sur le transport en
commun, les cantines mobiles dans les haltes routières, les habitations
à loyer modique ou la sélection des locataires, sauf que, si on a
vu, dans quelques cas, ces documents nous parvenir, dans le cas de
l'habitation, on ne l'a pas vu. Comme, aujourd'hui, on étudie une loi
qui porte sur l'habitation, je me permets de souhaiter que le ministre qui a le
document en main le dépose, ne serait-ce que par respect pour son
collègue de Sainte-Marie, M. Laporte, mais surtout pour nous permettre
de prendre connaissance des opinions récoltées par ledit
comité Laporte. Je pense que c'est un éclairage aussi important
que ce que nous tous pouvons dire ici. Voilà le travail de
députés sérieux du Parti libéral qui ont
passé des mois et des mois à rencontrer des gens dans la ville de
Montréal et ailleurs au Québec, peut-être des gens
judicieusement choisis, sélectionnés en vertu de critères
inconnus, donc un rapport un peu biaisé par le fait même.
Nonobstant le fait qu'il soit biaisé, Mme la Présidente,
nous souhaitons prendre connaissance du document qui a déjà
été dénoncé par certains groupes du Québec,
des groupes organisés ou des groupes non organisés. Je pense,
entre autres, aux 35 000 personnes à Montréal qui attendent leur
logement dans un HLM. Je pense que ces groupes se sont rendu compte
eux-mêmes, à voir le fonctionnement du comité, qu'il ne
s'agissait pas d'un comité fiable dont le travail serait digne
d'attention. Malgré tout, Mme la Présidente, je me permets
d'insister pour que vous nous fassiez tenir, par votre pouvoir de
présidente, en influençant le ministre qui est ici le principal
personnage de la commission après vous, Mme la Présidente... Nous
souhaitons que le rapport Laporte soit déposé à cette
commission pour que tous les députés de l'Opposition autant que
ceux du gouvernement puissent en prendre connaissance.
En même temps, je voudrais prévenir notre nouveau
collègue de Hull, M. LeSage, qui a un très beau nom... Il y a
déjà une autoroute qui porte son nom, d'ailleurs, entre
Montréal et Québec. Chaque fois qu'arrive un jeune, ici, un
nouveau, on a une sorte d'émotion, Mme la Présidente, parce qu'on
se dit: Voilà un peu de fraîcheur, un peu de lumière,
peut-être, parce que chacun qui arrive ici comme député
apporte un éclairage nouveau, son expérience personnelle. Dans le
cas de mon collègue de Shefford, je ne sais pas ce qu'il faisait avant,
en tout cas, c'est sûrement une expérience intéressante au
plan économique. Dans mon cas, comme journaliste, je suivais de
près depuis longtemps les travaux des parlementaires et j'ai
probablement apporté ici un son de cloche qui s'inspire de mon
expérience personnelle. Je suis sûr que notre nouveau
collègue de Hull, qui vient du monde municipal, comme l'ont dit hier la
présidente et le ministre, a un son de cloche particulier. Mais, je le
préviens, il ne doit pas s'enliser, comme tant de ses collègues
qu'on a vus passer dans ce Parlement, dans l'aveuglement de la
solidarité ministérielle. Qu'il se tienne debout en toutes
circonstances et qu'il nous fasse bénéficier totalement de son
expérience, de sa personnalité, de ses qualités et de son
talent en dehors de la fidélité et de la loyauté aveugles
que nous avons vues trop souvent, autant de la part des péquis-
tes, dans le passé, que de la part des libéraux. Je vois
que le ministre s'Inquiète de mes propos, M. le député de
Hull, il a peur que je vous convainque de parler librement. Ha, ha, ha!
M. LeSage: Je suis sûr que cela ne l'inquiète
pas.
M. Godin: Ne le rassurez pas trop vite. Laissez planer un certain
frisson pendant au moins quelques semaines, M. le député de Hull.
Je suis sûr que nous allons beaucoup apprendre de vous. Je vous le dis en
toute sympathie, en toute amitié et solidarité parlementaire.
Je constate donc que le comité Laporte était
composé de quelques autres députés, MM. Michel
Després, André J. Hamel, de Sherbrooke, Michel Laporte,
président, et également de Mme Violette Trépanier, de
Montréal, donc des gens qui viennent de comtés où il y a
des HLM et où il y a aussi des listes d'attente de personnes qui veulent
des HLM. C'est pour ça qu'il nous aurait été très
utile de prendre connaissance de leurs commentaires et, surtout, des
conclusions qu'ils tirent de la consultation. Je déplore, encore une
fois, que nous en soyons réduits à des documents inexistants,
vaporeux ou douteux au lieu d'avoir en main les vrais documents. On se rend
compte qu'aux yeux du ministère, du ministre ou du gouvernement, ces
documents sont presque des encycliques papales. On les cache comme s'il
s'agissait de tableaux de Van Gogh ou de Picasso et dont on aurait peur qu'ils
soient volés et revendus pour des millions de dollars. Faute d'avoir ce
document, Mme la Présidente, nous ne serons pas en mesure de prendre les
meilleures décisions. Tout bon gouvernement devrait donner tous les
renseignements utiles possibles aux députés législateurs
qui siègent ici et qui veulent que les lois soient les meilleures
possible et échappent à la guillotine des tribunaux
supérieurs.
J'insiste pour que le rapport Laporte soit rendu public ou, à
tout le moins, pour que le ministre nous dise pourquoi il reste assis dessus.
Il le cache dans son ministère ou ailleurs. Après tout, si le
prédécesseur du ministre actuel a fondé un tel
comité, c'est qu'il croyait que c'était Important. Je pense que
c'était Important. J'aurais été heureux, à
l'époque où j'étais "back-bencher" qu'on me confie un tel
mandat, mais j'aurais été très malheureux que mon document
ou mon rapport reste secret ou caché. Pour avoir été,
à l'époque, l'auteur d'un rapport sur la
télédiffusion des débats de la Chambre, je me suis
réjoui quand mon ministre parrain, M. Robert Burns, l'a rendu public, ce
qui a amené la télévision en Chambre et l'émergence
d'un grand nombre de vedettes Importantes ou semi-Importantes. SI, aujourd'hui,
il y a un plus grand nombre de personnes qui peuvent suivre nos débats
en direct, sans coupure, sans intervention, sans la coloration que les
journalistes leur donnent, c'est grâce à un rapport de
député, Mme la Présidente. C'est pourquoi mon
expérience de député d'arrière-ban m'a
montré, pour toute ma vie, qu'un rapport de député, c'est
Important et qu'aucun ministre n'aurait intérêt à le
cacher, à moins qu'il ne contienne des choses qui vont à
rencontre de sa propre philosophie.
La question qui se pose est la suivante: Pourquoi le ministre cache-t-il
ce rapport? En a-t-il honte? Craint-il que nous y trouvions des arguments
à l'appui de nos thèses et à l'encontre des siennes?
Est-ce que le rapport Laporte confirme que la loi que nous avons sous les yeux
est discriminatoire, dangereuse et porteuse de toutes sortes de
problèmes pour les gens du Québec qui veulent des HLM et qui
peuvent s'en voir privés, pour des raisons encore mystérieuses et
secrètes? De plus, Mme la Présidente, je tiens à rappeler
que le rapport Laporte porte sûrement sur la contribution que les
locataires des HLM paient à la Société d'habitation du
Québec et à la ville de Montréal. Cette loi donne le
pouvoir à la SHQ d'augmenter la portion des revenus consacrée au
loyer, parce que celle-ci aura dorénavant le pouvoir de
déterminer elle-même la contribution des locataires à
partir de leur salaire ou de leur revenu. Si les locataires savaient qu'une
telle menace pèse sur eux, on n'aurait pas reçu 20
télégrammes, mais au moins 500. Déjà, les gens qui
habitent dans ces HLM ne sont pas très bien pourvus en fonds et ne
roulent pas sur l'or. S'ils savaient que le gouvernement s'apprête
à donner à une association de personnes non élues le
pouvoir de fixer leur loyer en fonction de nouveaux critères qui
mèneront sûrement à une hausse de loyer dans chaque HLM du
Québec, je suis sûr qu'ils s'inquiéteraient à juste
titre.
Le rapport Laporte, pour y revenir, a sûrement quelques chapitres
et quelques phrases qui portent sur la contribution des locataires de HLM au
financement de ces HLM et, par conséquent, nous aurions encore là
un éclairage extrêmement utile pour savoir quand la
Société d'habitation du Québec en viendra à toucher
la partie contribution des locataires, c'est-à-dire le loyer de leur
HLM. Le rapport Laporte donne un éclairage utile sur ce point-là
et II pourrait Influencer d'une manière positive les auteurs du
règlement de la SHQ portant sur les loyers aussi bien que sur les
catégories de personnes qui auraient droit auxdits HLM. (16 heures)
Mme la Présidente, je dépose cette motion en
espérant qu'elle sera adoptée de manière que le rapport
Laporte ne reste pas lettre morte et qu'il ne prenne pas la porte.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Mercier. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, toute
une performance parlementaire
pour l'entrée parmi nous du député de Hull qui aura
pu observer en l'espace de quelques heures comment plaider avec succès
et comment plaider avec insuccès.
Je dirai à mon bon ami, le député de Mercier, que
son premier plaidoyer qui demandait au gouvernement de rendre publique la
réglementation allait dans un sens direct, positif, constructif. Ce
plaidoyer était construit sur une logique, sur un appel à des
réflexes humains positifs.
Le contact du député de Shefford l'amène à
modifier son comportement. Maintenant, il plaide un peu comme le
député de Shefford a l'habitude de plaider. Le
député de Shefford, en même temps dit au gouvernement: Vous
n'avez pas de politique d'habitation, mais j'en ai une, je l'ai eue et vous
l'appliquez. Il accuse donc le gouvernement de ne pas avoir de politique
d'habitation et d'appliquer une politique d'habitation.
Le député de Shefford dit: S'il vous plaît, le
gouvernement, produisez le règlement, mais ]e l'ai déjà.
Cette contradiction vient de s'emparer de tout l'argumentaire que vient de nous
présenter le député de Mercier.
Le député de Mercier, à la fin de son plaidoyer,
nous a dit: Le rôle du député est important. J'aurais
souhaité, comme "back-bencher" qu'on me confie des missions aussi
valables, aussi valorisantes. Lorsqu'on l'a fait, cela a contribué
à l'avancement de nos travaux, positivement. Ce sont des
députés de qualité qui oeuvrent dans des comtés
où ils ont affaire à régler ce type de problèmes,
II y a toute une expertise, il y a toute une expérience. C'était
la fin du plaidoyer du député de Mercier. Au début de son
plaidoyer, le député de Mercier nous a dit: Le
prédécesseur du ministre des Affaires municipales a confié
à des députés qui s'ennuyaient sur les banquettes
arrières, ou pour ne pas qu'ils s'ennuient trop, un travail. Les
députés n'ont pas rencontré tous les groupes. Le rapport
est biaisé, il n'est pas de qualité, etc.
Donc, on a cette espèce de double langage dans le même
plaidoyer et lorsque, a priori, on ne fait pas l'effort de choisir sa
stratégie cela n'a habituellement pas pour effet de rapporter des
dividendes. Lorsqu'on choisit d'occuper tous les champs, positifs et
négatifs, on en ressort habituellement avec un choc.
Je vous dirai, Mme la Présidente, que j'aurais pu, face à
une telle motion, être convaincu, si on avait suivi une ligne strictement
positive, mais les éléments négatifs font que je
m'interroge. Est-ce que j'oserais, comme ministre, rendre public un document
qualifié de biaisé, d'incomplet, de passe-temps par l'Opposition
officielle? Je pense qu'ils me tiendraient rapidement rigueur de prendre au
sérieux une telle demande. Je les rassurerai en disant que je suis
convaincu personnellement, parce que je connais les députés qui
ont fait le travail, qu'il n'y a que du positif. D'ailleurs, je tiens à
vous rassurer, les meilleurs éléments positifs, vous les
retrouvez dans le projet de loi que nous avons déposé et dans la
réglementation que nous déposerons.
M. Godin: Mme la Présidente.
La Président© (Mme Bélanger): M. le
député de Mercier.
M. Godin: Quels sont-ils, s'il vous plaît? Quels
éléments retrouve-t-on dans la loi qui émanent du rapport
Laporte? Pourrait-on avoir un peu de précision?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous les retrouvez essentiellement
de l'article 1 à l'article 14, l'article 15 n'ayant pas fait partie du
rapport.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de...
M. Godin: C'est une réponse typique du barreau rural, Mme
la Présidente.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Je vais me référer beaucoup plus
à l'intervention de mon collègue de Mercier qu'à celle du
ministre parce qu'on va revenir aux choses sérieuses. Je vais prendre
les arguments de mon collègue de Mercier pour dire qu'il y a des choses
qui doivent être dites.
Premièrement, quand ce comité a été mis sur
pied, c'était un comité de députés libéraux
seulement, le genre de comité qui travaille à huis clos, en
cachette. Imaginez-vous, c'était son mandat de ne pas recevoir les
groupes publiquement. Cela aurait pu être public sans les membres de
l'Opposition, mais même pas, avec des groupes
présélectionnés seulement. On a décidé qui
on invitait, avec un temps limité. Je me rappelle les groupes qui ont
été entendus, que j'ai rencontrés par la suite, et qui
m'ont dit: Avoir su que c'était comme ça, je ne serais pas
allé. Cela ne valait pas la peine. C'est tellement vrai qu'on n'a
qu'à regarder les députés qui étaient membres de ce
comité. Ce devrait être les gens les plus
intéressés: Mme Trépanier, MM. Després, Hamel,
Laporte. On ne les retrouve pas ici. C'est spécial, c'est presque
incroyable. Ces gens si intéressés ne sont pas ici, maintenant,
pour donner suite à l'enquête qu'ils ont faite. Il y a quelque
chose quelque part qui n'est pas crédible, qui n'est pas sérieux
et qui est même Indécent.
Pourquoi a-t-on présenté ce projet de loi? Je vais citer
tantôt un communiqué de presse de votre ministère. Vous
allez voir, la lumière va se faire là-dessus. Je vais vous le
dire dans mes mots; ensuite, je lirai le communiqué, il est
tellement révélateur - les écrits restent et c'est
important - pour vous montrer à quel point on se fout du monde à
ce ministère. Le fameux document dont on traite depuis le matin a
été déposé, discuté, mis sur pied avec un
comité d'à peu près 20 offices municipaux d'habitation du
Québec. Cela parlait tellement dans le décor que c'est à
la suite de cela que le ministre responsable de l'Habitation a
décidé de former un comité pour se donner du temps et
empêcher la critique - imaginez-vous! - à huis clos, avec des
groupes présélectionnés et un temps limité.
De tous les députés qui ont fait des rapports, il faut se
le rappeler... Mon collègue avait tout à fait raison tantôt
en disant: Tous les députés qui ont eu la chance d'être
attachés à une enquête spéciale ont pu voir avec
satisfaction, avec fierté un rapport - y compris vous, Mme la
Présidente - avec le nom de la personne qui a fait l'enquête, la
députée ou le député tout à fait content. Il
y a eu le rapport Middlemiss, etc. Dans ce cas-ci - est-ce parce qu'il y avait
trop de députés? - le rapport Laporte n'est pas rendu public. Il
faut le faire! Mettre sur pied un comité de députés pour
rencontrer des gens, faire des recommandations et le rapport ne sort pas. Je ne
sais pas si c'est pour ça que le député de Sainte-Marie
n'est pas ici, mais "tabarnouche", il n'est pas ici, après avoir fait
l'enquête. Il est probablement l'un des députés les plus
intéressés, connaissant la population du centre-sud de
Montréal. Le député n'est pas ici, imaginez-vous, il faut
le faire! Le rapport n'est pas déposé et le ministre se cherche
des justifications, des arguments en citant nos propos pour dire: Je ne le
déposerai pas. C'est indécent et incorrect. Si les gens...
À moins qu'ils n'aient pas déposé de rapport. S'ils en ont
déposé un, il devrait être rendu public pour qu'on puisse
voir si ces gens-là, dont le député de Sainte-Marie qui a
une clientèle très susceptible d'être sur des listes
d'attente de HLM, avaient des recommandations qui vont dans un sens totalement
opposé à ce que le ministre veut nous imposer. C'est probablement
ça. On ne le déposera pas pour ne pas qu'on dise qu'on se chicane
entre nous. Il faut avoir l'air d'une "gang" solidaire. Pour avoir l'air d'une
"gang" solidaire, on ne déposera pas le rapport, et les
députés qui ont participé à ça, on ne veut
pas vous voir à la commission. C'est à peu près ce qu'on
est en train de voir. C'est presque incroyable. C'est de l'indécence.
Les groupes qui se plaignent ont raison.
Je pourrais vous en citer d'autres. J'ai reçu encore ce matin des
télégrammes que le ministre a peut-être dû recevoir.
Mol, je viens de les recevoir: le Comité des citoyens pour le logement
social de Châteauguay, l'Association des locataires de Longueuil, le
projet d'organisation populaire d'information et de regroupement du
comité de logement des gens de Montréal qui disent: "La
rapidité avec laquelle votre gouvernement a l'intention d'adopter cette
loi représente une brèche inadmissible dans le fonctionnement
d'une société démocratique. ' Le comité populaire
Saint- Jean-Baptiste de Québec... Ce qu'on dit, c'est ce que les gens
pensent dans le milieu et ils ont raison. C'est inadmissible. Mais là
où c'est Important - avant que mon temps ne soit écoulé -
et je vais le lire, le fameux communiqué: "Sélection des
locataires dans les HLM. Le ministre André Bourbeau forme un
comité de députés. " Imaginez-vous, c'était la
grande annonce. À Montréal, le 27 novembre 1987. Cela fait plus
d'un an et demi. "Le ministre des Affaires municipales responsable de
l'habitation, M. André Bourbeau, annonce la formation d'un comité
de députés dont le mandat consistera à poursuivre et
à élargir les consultations auprès des Intervenants
intéressés par la question de la sélection des locataires
dans les habitations à loyer modique. " Et là, on nomme les
députés qui étaient membres du comité, qui devaient
faire un rapport qu'ils n'ont jamais fait et qui ne sont pas là pour en
discuter.
Mais c'est le troisième paragraphe du communiqué qu'il est
intéressant de lire, très intéressant: "Le ministre a
indiqué qu'il avait pris la décision de former un comité
de députés à la suite de plusieurs commentaires
formulés à l'endroit du projet de règlement
élaboré par la Société d'habitation du
Québec, en collaboration avec une vingtaine d'offices municipaux
d'habitation du Québec. " C'est le document dont on parle depuis hier
soir. Le ministre nous dit: On ne sait pas de quoi parle l'Opposition,
ça n'existe pas, c'est de la foutaise, elle prend ça dans les
airs. On ne prend tellement pas ça dans les airs que son
prédécesseur... Que le ministre me fasse accroire qu'il ne l'a
pas vu et qu'il ne sait pas de quoi on parle, je dois dire que ce n'est pas
correct, mais qu'on essaie de faire accroire ça à la presse et
qu'on essaie de faire accroire ça à tout le monde... Le ministre,
son prédécesseur, a formé ce fameux comité Laporte
précisément à cause de ce document dont on parle ici.
Imaginez-vousl C'est vrai qu'on peut dire n importe quoi en politique, on s'en
rend compte là, mais ça n'a pas de bon sens. Il faut replacer les
choses dans leur juste contexte, à un moment donné.
Donc, c'est à partir d'un communiqué de presse officiel
où on faisait la belle annonce. Aujourd'hui, on nous dit: On n'a pas de
cachette, sauf que, le rapport, on ne le dépose pas. On va trouver
toutes sortes de raisons. Vous écouterez les arguments du ministre, Ils
vont probablement être comiques. Ils seront faits sur un ton
sérieux, mais l'argumentation sera comique pour dire qu'on ne peut pas
déposer le rapport Laporte. Pourtant, 11 devrait être
déposé. Si on veut donner tout l'éclairage
nécessaire, on devrait le déposer.
Le ministre dit: Ne vous référez pas au document dont vous
parlez si souvent, essayez d'oublier ça, n'en parlez pas, on ne sait pas
de quoi vous parlez. C'est ça qui a amené la formation d'un
comité, le comité Laporte qu'on
ne volt pas et qu'on ne verra probablement pas, étant
donné la réponse faite par le ministre à mon
collègue de Mercier. Même le ministre - et c'est ça qu'il
est important de dire - se réfère à ce document de temps
à autre, mais pas ici, juste quand ça fait son affaire, quand il
est avec d'autres groupes.
Je pourrais prendre l'exemple d'un article paru dans le Journal de
Montréal du 22 avril 1989, il n'y a pas longtemps: "Le choix des
locataires de HLM, plus de pouvoirs aux offices municipaux d'habitation". C'est
rapporté dans le Journal de Montréal. C'est là où
le ministre y fait référence, lui aussi, en parlant de ce qu'on
retrouve dans ce fameux projet de règlement, en disant: "On maintient
des règlements à l'échelle provinciale pour favoriser les
plus démunis, que ce soit des personnes âgées ou des
ménages dans le besoin avec enfants." On ne parle pas d'une personne
toute seule. On parle aussi de ce que l'office demande: "Un locataire ne
gardera plus, même tout seul, un droit absolu à son HLM." Ce ne
sont pas des choses qu'on a prises dans les airs, ce sont des choses que le
ministre est allé dire devant l'Association des offices municipaux
d'habitation du Québec. C'est incroyable, c'est le ministre qui est
allé dire ça. On se réfère à ça, on a
le droit d'être inquiet; mais non, le ministre dit qu'il ne faut pas
s'inquiéter.
Pourtant, quand on regarde ce que disent les gens de l'Association des
offices municipaux d'habitation du Québec... On a vu, hier, ce que le
président disait dans sa lettre...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député de Shefford.
M. Paré: Oui. M. Savoie, lui aussi, demandait qu'on
dépose le projet de règlement. Mais le directeur
général de l'Association, M. Claude Paquin, disait, en avril
1989, tout dernièrement: "Un défi, c'est de convaincre le
gouvernement de mettre fin à l'absence d'une politique claire sur
l'habitation et sur l'habitation sociale en particulier." Ce n'est pas moi qui
ai inventé ça, je cite ce qui a été dit par le
directeur général de l'Association des offices municipaux
d'habitation du Québec. Pour nous prouver que ces gens ont fait un bon
travail, par respect pour ces députés qui ont travaillé et
qui ont dû avoir des idées, par respect et par décence pour
ses collègues, le ministre devrait déposer le rapport
Laporte.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Shefford. M. le député de Chauveau. (16 h
15)
M. Poulin: Merci, Mme la Présidente. Je m'en tiendrai aux
propos du député de Shefford sur la pertinence de rendre un
rapport public ou non. Je me souviens, d'une expérience récente.
Même lui en profitera dans les prochains jours, et même dans les
prochains mois. J'ai eu l'occasion de travailler au sein d'un comité de
députés libéraux sur un sujet pour lequel, dans chaque
comté, on a des demandes et on est à même de travailler
avec les intervenants du milieu, les Intervenants municipaux et scolaires.
C'est le comité qui avait pour but de travailler sur le dossier PADEL
Sur ce dossier, je pense qu'on a eu un rapport, on a eu des rencontres avec le
ministre et les fonctionnaires du ministère du Loisir, de la Chasse et
de la Pêche. À mon avis, il n'y a eu aucun rapport de rendu
public. Je pense que ça a été un instrument de travail
qu'on a donné au ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche
et si on s'en tient au budget qui, dernièrement, a été
rendu public par le ministre des Finances, M. Levesque, il a eu des effets
très positifs. Je me demande si, nous, comme députés et
comme membres de ce gouvernement, comme membres du gouvernement du
Québec ou même de l'Opposition quand vous travaillez aussi sur des
comités, on n'a pas à rendre publics, à mon avis, des
rapports. Tout ce qu'on a à faire c'est d'aller chercher les
intervenants du milieu, de faire un rapport et, dans mon livre à moi, le
ministre, à partir de ce moment-là, travaille avec les
recommandations du milieu. On a travaillé avec d'autres comités
aussi; vous allez voir prochainement un comité sur le hockey dans la
province de Québec. À ce moment-là, je pense qu'on est
là pour travailler. Le comité Thérien, sur le hockey, vous
allez voir qu'il a justement des effets bénéfiques et on n'a pas
à les rendre publics. On donne des instruments de travail à nos
ministres et je pense qu'ils sont là. Je suis très fier, à
un moment donné, quand ils viennent nous chercher pour, justement, aller
prendre le pouls de la population, le pouls des intervenants. Si un
gouvernement a, entre autres, dans mon livre à moi, des ministres, un
Conseil des ministres, c'est à nous de faire les recommandations et de
travailler comme députés d'un gouvernement.
Même à l'Opposition, vous avez fait des recommandations. Je
me souviens, M. le député de Shefford, que vous avez fait des
motions, des changements à des projets de loi, des changements à
des règlements. Je pense qu'on est là pour travailler ensemble et
c'est sur cette base que je me fie à nos ministres quand nous sommes
nommés dans des comités, que nous travaillons au sein de
comités pour faire des recommandations qui sont probablement issues du
milieu. C'est à partir de là qu'on fait des projets de loi. On
laisse entre les mains des ministres maintenant le soin de faire le travail, et
les commissions parlementaires sont aussi là pour débattre d'un
côté et de l'autre de la Chambre ces projets de foi. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Chauveau. Est-ce qu'il y a quelqu'un d'autre qui veut
Intervenir sur la motion?
M. Doyon: Très brièvement, Mme la
Présidente. Merci, M. le député de Mercier. Vous
êtes tout oreilles.
Une voix: Tout ouïe. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Doyon: Mme la Présidente, le travail qui est fait par
les députés ministériels, je dirai au député
de Shefford que ça regarde les ministériels. Je
suggérerais que, si les députés de l'Opposition veulent
former des comités, ils sont les bienvenus. On ne leur en tiendra pas
rigueur. Môme on est prêts à les féliciter. Formez
des comités, allez rencontrer des gens, je sais que vous le faites
d'ailleurs. Vous avez eu l'Opération "grandes oreilles", je ne sais pas
trop, ou grande bouche, Je ne m'en souviens pas, de bouche à oreille,
c'est ça.
Une voix: Vive le bouche à bouche.
M. Doyon: C'était une opération, en tout cas, que
vous meniez pour vous mettre à l'écoute de la population. Si vous
avez préparé un rapport, grand bien vous fasse, mais ce n'est pas
quelque chose qu'on tient à avoir. C'est quelque chose qui vous
appartient pour votre usage, pour permettre des Interventions que vous trouvez
pertinentes, selon les dossiers qui sont présentés devant vous.
Les députés ministériels, en accord avec les ministres,
s'imposent une tâche supplémentaire. Ils le font de bonne
grâce. Ils le font parce que ça fait partie des fonctions qui leur
sont assignées, mais Ils ne le font pas pour rendre service à
l'Opposition. Il ne faudrait pas confondre. On ne le fait pas pour donner des
armes à l'Opposition pour qu'on puisse...
La Présidente (Mme Bélanger): Pour une question de
règlement?
M. Godin: Après. J'aurai un commentaire après.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Très bien. Merci, Mme la Présidente.
L'idée de participer à des comités c'est de renseigner le
ministre, de lui donner un éclairage différent de celui qu'il
peut obtenir de ses fonctionnaires, de se servir des députés qui,
très souvent, ont des portes d'entrée qui leur sont propres, ont
des contacts qu'ils ont développés, ont acquis un certain nombre
de compétences qui peuvent être utiles, mais ce n'est pas de
servir ou d'alimenter l'Opposition qui est à cours d'argument pour
remplir la demi-heure dont elle a besoin pour se rendre à je ne sais pas
trop quelle heure quand on a décidé de bloquer un projet de loi.
Ce n'est pas ça, l'idée des rapports, les rapports ne doivent pas
servir à ça. Ce serait les détourner de leurs
véritables fins, ce serait trahir la confiance que le ministre met dans
les députés à qui il confie des mandats semblables que de
remettre ces rapports-là sans discernement à des gens qui
pourraient s'en servir à mauvais escient.
Évidemment, dans n'Importe quel rapport, ça n'engage pas
le gouvernement, on fait la différence - et vous êtes prêts
à le reconnaître - que les députés sont le bras
législatif de l'appareil de l'État et ce côté
législatif peut faire des suggestions, mais il n'a pas le pouvoir de
décision. Quand les députés se prononcent, Ils le font
à titre personnel, ils n'engagent pas le gouvernement, ce n'est pas
entériné par le caucus des députés, c'est une
opinion qui reçoit un consensus variable de la part des gens qui
participent aux comités.
Mme la députée, qui préside nos travaux avec
tellement de brio, de capacité et de talent, a d'ailleurs
elle-même participé à un comité pour
éclairer, je pense, le ministre délégué aux
Forêts, à l'époque. Mme la Présidente, est-ce que je
me trompe?
La Présidente (Mme Bélanger): Vous avez raison, M.
le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Bon, il me semblait.
La Présidente (Mme Bélanger): La tarification dans
les droits de coupe.
M. Doyon: Ah! voyez-vous... Une voix: Le rapport
existe.
M. Doyon: Oui, et à ce moment-là il y a eu un
rapport de fait. Moi aussi, j'ai fait partie d'un comité qui a fait un
rapport et ce rapport a été remis, parce qu'on a
décidé de le faire, mais II y a de nombreux autres cas... Il n'y
a pas de règle générale, en d'autres termes,
là-dessus. C'était sur la réglementation
routière...
M. Godin: Cela a été publié aussi.
M. Doyon:... le poids des camions, etc. Publié aussi, oui.
Mais, il aurait pu en être autrement.
M. Godin: II n'y avait pas eu de loi là-dessus.
M. Doyon: Non, il n'y avait pas eu de loi là-dessus. Il
aurait pu en être autrement. Alors, il n'y a pas de règles fixes,
il n'y a pas de règles Immuables. Il y a un rapport ou il n'y a pas de
rapport, il y a une communication verbale ou une communication écrite,
c'est au choix du comité. Mais une chose est sûre, jamais
l'Opposition ne peut... Je trouve ça un peu, Je me mets à votre
place, il me semble que je serais gêné, moi...
M. Godin: Cela viendra, ça viendra. Ha, ha, ha!
M. Doyon: Je serais gêné, à la place de
l'Opposition, d'avoir besoin des armes que fourniraient les ministériels
à l'Opposition pour lui permettre de mieux attaquer le ministre et de
mieux attaquer le projet de loi. SI vous avez une bonne cause, vous êtes
de bons plaideurs, vous êtes de bons avocats, vous prétendez avoir
une bonne cause, vous n'avez pas besoin des devoirs qu'on a faits à la
maison pour vous inspirer. Vous êtes capables de faire vos devoirs comme
de grands garçons tout seuls à la maison et vous en servir pour
convaincre le ministre, convaincre cette honorable commission qu'il y va de
l'Intérêt public, parce que c'est toujours de ça dont on
parle, ce n'est pas des intérêts particuliers dont on doit parler
ici.
Notre préoccupation, comme parlementaires, doit être
d'intérêt public et c'est donc le fardeau que vous avez sur les
épaules de convaincre la majorité de cette commission et, en
particulier, le ministre. Il y va de l'intérêt public, il n'y va
pas des Intérêts particuliers. Vous pourriez me nommer 150
intérêts particuliers qui désapprouveraient une position
gouvernementale, ça ne m'amènerait pas à la conclusion que
c'est contraire à l'intérêt public. Alors, c'est ça
le fardeau que vous devez renverser, que vous avez sur les épaules et,
que je sache, il n'appartient pas aux députés
ministériels, quels qu'ils soient, de vous fournir les munitions dont
vous êtes visiblement à court. Je pense que, pour faire appel
à nos réserves, si vous aviez les munitions qu'il vous faut, vous
n'auriez pas besoin de nous autres pour vous en fournir. Il me semble que ce
doit être embarrassant, en tout cas, de solliciter de la part des
ministériels une provision d'arguments que vous ne trouvez pas dans vos
propres tiroirs. Vous auriez dû, peut-être, faire oeuvre de
prévoyance. Quand on s'embarque dans une bataille, quelle qu'elle soit,
il faut s'assurer que non seulement on a les fusils pour tirer, mais qu'on a
aussi les balles pour mettre dans les canons, ça s'appelle des
munitions.
M. Godin:...
M. Doyon: Cela s'appelle des munitions.
M. Godin:... en haut ce matin, M. le député de
Louis-Hébert, avouez-le.
M. Doyon: Vous avez tiré vers le centre et non vers
l'autre côté. Ha, ha, ha! Ce manque de munition, Mme la
Présidente, alors qu'on sollicite de la part... On aurait
peut-être été prêts à vous prêter des
munitions, je ne sais pas, si vous étiez allés discuter avec les
députés qui ont fait partie... Les députés
ministériels ne sont pas fermés à toute idée de
collaboration, de bon aloi, avec les députés de l'Opposition.
Vous aviez besoin de munitions, si vous étiez allés voir le
député de Sainte-Marie, en disant: On ne sait pas trop comment
s'arranger pour... Pourriez-vous nous donner des idées pour qu'on puisse
s'en servir, parce que nous sommes à court d'idées. Le
député de Sainte-Marie, fort probablement, vous aurait
accommodés.
M. Paré: Mais pourquoi n'est-il pas ici?
M. Doyon: II vous aurait peut-être accommodés, vous
auriez dû aller le trouver avant et dire...
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci, Mme la Présidente. Mon cher
député de Sainte-Marie, pourriez-vous nous aider?
Une voix: On ne parle jamais ici.
M. Doyon: Le député de Sainte-Marie aurait fait un
"deal" avec vous autres. Il vous aurait dit: Oui, mais moi aussi je vais avoir
besoin que vous m'aidiez pour autre chose. La politique, c'est souvent comme
ça, et donnant donnant, vous vous seriez retrouvés avec des
balles dans votre canon, et ça aurait été mieux pour la
guerre que vous avez entreprise. Malheureusement...
Une voix: Vous tirez à blanc.
M. Doyon: Oui, vous tirez à blanc, vous tirez dans les
airs. Souhaitons que vous ne vous tiriez pas dans le pied. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Louis-Hébert. M. le député de
Mercier.
M. Godin: Oui, je voudrais rendre hommage à mon
collègue de Louis-Hébert qui est un juriste compétent avec
lequel j'ai toujours beaucoup de plaisir à travailler en commission
parlementaire, parce qu'il ne manque pas d'un certain humour, ni surtout de la
connaissance du latin, ce qui peut être très utile, aussi bien au
parlement que dans votre ancien aréna...
M. Doyon: J'ai eu l'occasion de vous reprendre, oui.
M. Godin:... dans votre ancien aréna qu'étaient les
tribunaux. C'est pour ça, par respect pour les collègues du
député de Louis-Hébert, que nous voudrions que le rapport
soit déposé. Par respect pour eux et non pas parce qu'on n'a pas
de munitions. D'ailleurs, je pense que le mot munitions, en l'occurrence, est
mal choisi. On n'est pas ici à la chasse à quoi que ce soit, Mme
la Présidente. On recherche tout simplement la vérité.
Fiat lux, comme disait...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Godin:... le pape Paul VI.
M. Doyon: Semper, semper.
M. Godin: Montini, qu'il s'appelait de son petit nom. Et c'est
faute d'avoir la "lux" dans la loi en question ou dans les règlements
qu'on ne connaît pas encore, sauf des règlements qui, soi-disant,
sont faux, c'est faute d'avoir assez de lumière, dis-je, que nous
voulons avoir tous les documents possibles. L'autre jour, j'ai travaillé
avec votre collègue de Sainte-Marie, M. Laporte, à l'inauguration
d'un HLM dans mon comté. Il représentait là le parrain du
député du comté orphelin de Mercier, d'après les
libéraux, un certain M. Dauphin, je pense. On a pu parier des HLM,
précisément, qui étaient Inaugurés ce
jour-là, une coopérative de Laotiens. J'ai eu un
résumé verbal de son rapport. Il m'a ouvert l'appétit, M.
m'a fait saliver pour avoir le reste. C'est faute, précisément,
d'avoir eu ce reste de la part du gouvernement parce que, en
général, les documents des députés sont
déposés et publiés, d'autant plus qu'ils sont faits avec
les budgets du gouvernement et du Parlement, donc avec des fonds publics et,
par conséquent, ils appartiennent au public par définition
même. Donc, ce n'est pas du tout faute d'avoir des idées que nous
voulons avoir les vôtres, c'est tout simplement parce que nous voulons
enrichir les nôtres un tant soit peu. Je ne pense pas convaincre ici mon
collègue de Louis-Hébert, le roi du dictionnaire dans ce
parlement.
M. Doyon: Ne commencez pas ça, ça peut se retourner
contre vous.
M. Godin: J'en ai plusieurs moi aussi, je peux vous en
recommander d'autres s'il vous en manque. Mais pour revenir à la
question même, je pense qu'un document fait par des députés
appartient au public, et qu'en étant ici les représentants du
public, nous avons droit d'obtenir ce document autrement que par des
résumés verbaux qui nous sont faits dans des réceptions
d'inauguration d'un nouveau HLM à Montréal.
Après avoir été stimulé moi-même par
les propos qui me résumaient brièvement son mémoire, j'ai
développé à l'endroit du rapport Laporte un
appétit, je dirais sans bornes. Je veux le voir le plus tôt
possible.
M. Doyon: Édition épuisée.
M. Godin: D'autant plus que le ministre dit que le rapport a
été en partie son inspiration pour sa loi. Cela confirme
l'intérêt que nous y portons et cela confirme que nous avons le
droit d'exiger, de demander, par une motion de l'Opposition Ici en cette
commission, que le rapport nous soit présenté. Je pense qu'il y
va du bon fonctionnement de ce Parlement que tout document qui existe, qui est
public, qui appar- tient au public, soit remis aux députés de
cette commission. D'autant plus s'il porte sur l'habitation et s'il peut nous
aider a travailler encore mieux à améliorer, modestement soit
dit, les lois de ce gouvernement.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Mercier. Est-ce que la motion déposée par
le député de Mercier est adoptée?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, compte
tenu du fait que le député de Mercier a eu l'avantage de
s'entretenir avec le député de Sainte-Marie et qu'il a de
première main, de première source et de première bouche,
pris connaissance de l'essentiel du document, je tiens pour acquis qu'il est
à même aujourd'hui de se servir de ces principaux
éléments de façon à soutenir son argumentation
dès que nous procéderons à l'analyse et à
l'étude article par article du projet de loi qui nous permettra sans
doute de bonifier ledit projet de loi à partir des propos soit du
député de Mercier, soit du député de Shefford ou
des autres membres de cette commission.
M. Paré: Je vais demander le vote nominal pour montrer que
les gens qui semblaient si Intéressés à ça et qui
ont travaillé au comité Laporte ne sont pas membres de cette
commission pour nous apporter l'éclairage dont on aurait probablement eu
besoin.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
secrétaire, est-ce que vous voulez faire l'appel nominal?
Le Secrétaire: M. Paradis (Brome-Missisquoi)?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Contre. Le Secrétaire:
M. Doyon (Louis-Hébert)? M. Doyon: Contre.
Le Secrétaire: M. Gauvin (Montmagny-L'Islet)?
M. Gauvin: Contre.
Le Secrétaire: M. LeSage (Hull)?
M. LeSage: Contre.
Le Secrétaire: M. Thérien (Rousseau)?
M. Thérien: Contre.
Le Secrétaire: M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue)?
M. Baril: Contre.
Le Secrétaire: M. Paré (Shefford)? M.
Paré: Pour.
Le Secrétaire: M. Godin (Mercier)? M. Godin: Pour.
Le Secrétaire: Mme Bélanger
(Mégantic-Compton)?
La Présidente (Mme Bélanger): Abstention.
Le Secrétaire: Six contre, deux pour et une
abstention.
La Présidente (Mme Bélanger): La motion est
rejetée. J'appelle l'article 1. M. le député de Shefford,
l'appelle l'article 1?
M. Paré: Oui, juste avant l'article 1 - n'ayez pas peur ce
n'est pas une motion - le ministre a dit tantôt à la motion, non
pas la dernière mais l'avant-dernière, alors qu'on lui demandait
s'il était prât à nous déposer le projet de
règlement: Dès qu'on commencera l'étude
sérieusement article par article, on vous déposera le projet de
réglementation. Comme on est rendus à l'article 1 et qu'on est
prêts à procéder, est-ce que le ministre a toujours
l'intention de déposer son projet de règlement pour qu'on puisse
savoir de quoi on parle?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente,
même si je n'ai pas encore eu la démonstration qu'on était
rendus à l'étude sérieuse, on a quand même
appelé l'article 1 et, faisant confiance à l'ensemble des
parlementaires autour de cette table pour que ça se déroule
sérieusement, je crois qu'il serait difficile de passer à travers
ce projet de loi sans que l'on prenne connaissance de la réglementation
qui en découlera.
M. Paré: Si je comprends bien, vous allez en faire la
distribution maintenant?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, il s'agit juste de voir si
techniquement les copies sont disponibles.
M. Paré: Est-ce qu'on pourrait demander une brève
suspension pour qu'on puisse au moins en prendre connaissance? Autrement, si on
n'en prend pas connaissance, c'est comme si on ne les avait pas.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous voulez combien
de temps, M. le député de Sheffford?
M. Paré: II faudrait voir l'épaisseur du document
et le nombre de pages et d'articles. Si on veut faire un travail
sérieux, je pense qu'on n'a pas le choix, sinon on va parler de
l'article ou des amendements possibles et le ministre va toujours nous
référer à... Je pense que le temps qu'on prendra pour le
travailler sérieusement, c'est du temps qu'on risque de gagner à
l'étude article par article.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si les membres de l'Opposition
m'assurent que le travail sera effectué sérieusement, dans ce
sens-là, je ne veux pas dire qu'ils donneront leur aval au projet de
loi, je veux dire qu'ils vont le critiquer sérieusement, je pense que
l'Opposition a besoin, compte tenu que le règlement contient quelque 65
articles et quelques annexes, jusqu'à 20 heures pour avoir une
connaissance appropriée, au moins, de l'ensemble de la
réglementation.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que ça
vous convient, M. le député de Shefford?
M. Paré: Oui, je trouve ça tout à fait
correct et j'en remercie M. le ministre, étant donné que
ça va nous permettre, probablement, ce soir, de parler effectivement sur
l'ensemble du projet de loi.
La Présidente (Mme Bélanger): La commission suspend
ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 16 h 36)
(Reprise à 20 h 11)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! La commission de l'aménagement et des
équipements est réunie, ce soir, afin de poursuivre
l'étude détaillée du projet de loi 136, Loi modifiant la
Loi sur la Société d'habitation du Québec et le Code civil
en matière de bail d'un logement à loyer modique. Lors de la
suspension des travaux, nous avions appelé l'article 1. M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente.
M. Paré: Juste avant, j'aurais un amendement à
apporter qui serait juste avant l'article 1. Je vais le déposer pour
qu'on en fasse la lecture et vous pourrez nous dire s'il est recevable pour
qu'on puisse en discuter.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est moins 1?
M. Paré: C'est 0.1.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 0.1.
La Présidente (Mme Bélanger): Article 0. 1. "Le
projet de loi 136 est modifié par l'insertion après le sous-titre
Loi sur la Société d'habitation du Québec et avant
l'article 1 de l'article suivant: "0. 1 L'article 3 de la Loi sur la
Société d'habitation du Québec (L. R. Q., chapitre S-8)
est modifié par l'Insertion dans le troisième paragraphe,
après les mots "des citoyens du Québec" des mots, "dans le
respect des libertés et droits fondamentaux, ". "
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, juste un
instant, je vais prendre la loi originale pour bien saisir...
La Présidente (Mme Bélanger): Je peux dire que
l'amendement est recevable.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'imagine que vous avez tout
analysé ça avec...
La Présidente (Mme Bélanger): Avec le
secrétaire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah bon! On voit.
M. Paré: Mme la Présidente, je ferai remarquer que
si j'ai pris la peine de le déposer, c'est que j'ai pris la peine de
vérifier.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour bien comprendre, M. le
député de Shefford, l'article 3 de la Loi sur la
Société d'habitation du Québec se lit comme suit: La
Société a pour objet et, au troisième paragraphe, de
mettre à la disposition des citoyens du Québec des logements
à loyer modique, après les mots "des citoyens du Québec",
les mots "dans le respect des libertés et droits fondamentaux"...
Je n'ai pas à plaider sur la recevabilité. J'argumenterai
sur le fond, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord. La parole
est à M. le député de Shefford.
M. Paré: Merci, Mme la Présidente. Sur le fond, je
pense que cela le dit en soi, c'est clair, c'est d'ajouter après les
mots "des citoyens du Québec", les mots "dans le respect des
libertés et droits fondamentaux".
Pourquoi apporte-t-on ça? Dans l'esprit de cette loi, où
on s'est fait dire depuis le début que l'élément moteur et
l'essence même c'est la discrimination, on veut s'assurer qu'on va
toujours traiter les citoyens selon tout ce qui leur est reconnu en vertu de
notre charte et dans le respect de ce qu'ils ont comme libertés et
droits fondamentaux. Je pense que c'est un minimum. Je ne pense pas qu'on
puisse, dans une loi, risquer de pénaliser des gens en vertu des droits
qu'ils ont par rapport à des lois qui sont fondamentales et des
libertés qui caractérisent notre société. Donc, ce
que je vous demande, sachant l'Importance de cette loi, c'est juste qu'on se
donne des garanties. Mais ces garanties, on veut se les donner non pas pour
nous, mais pour les citoyens. C'est l'occasion de confirmer à l'ensemble
de la population qu'on veut préserver les libertés et les droits
de chacun et de tous, il faut le faire maintenant. Je l'ai dit, je l'ai
suffisamment répété et je pense, malheureusement...
Premièrement, je ne prendrai pas 20 minutes et je ne le
répéterai pas à toutes les fois, même si ça
doit revenir souvent parce que c'est une loi qui a ça comme coeur, noeud
ou essence même, de parler de discrimination. Donc, c'est de parler de
respect, c'est de parler de droits et de libertés. Je vais être
obligé de le ramener souvent parce que si nous voulons, comme
législateurs, s'assurer que ça va être respecté,
c'est maintenant qu'il faut le faire.
J'ai pris bonne note, j'ai lu très attentivement, relu et
discuté le projet de règlement sur l'attribution des logements
à loyer modique que vous nous avez soumis cet après-midi. Oui, je
dois vous dire qu'on va discuter des différents articles qui concernent
le document que je viens d'identifier sauf qu'en même temps, c'est un
projet de règlement. Cela pourrait être un règlement qui va
s'appliquer, mais la loi 136 vient permettre de mettre en vigueur ce projet. Le
but du projet de loi 136 est de permettre à la Société
d'habitation du Québec de mettre en vigueur un règlement et de le
modifier aussi à sa guise sans que nous puissions intervenir. Si on se
dégage, si on se libère, si on accepte de se départir de
ce pouvoir qu'on a présentement et qu'on n'aura plus comme
législateurs, il faut avoir toutes les garanties possibles pour que les
citoyens soient respectés dans leurs droits et leurs
libertés.
Je pense que vous devriez l'accepter. C'est une garantie de plus. C'est
une assurance que vous allez nous donner. C'est une garantie. Nous sommes ici
pour légiférer. Je ne suis pas ici pour passer mon temps et
étirer le temps. Je suis ici pour améliorer le sort des citoyens.
SI c'est vrai qu'à un moment donné il fallait se décider
à légiférer, à la demande des offices municipaux
d'habitation pour se donner un règlement qui soit
légalisé, qui puisse s'appliquer avec des bases uniformes dans
tout le Québec et qu'on doive rendre compte à la
Société d'habitation du Québec lorsqu'on veut les modifier
au niveau local, je suis d'accord avec cela. Mais si nous n'avons plus le droit
de regard, au moins que ceux qui le feront soient contraints par des principes
fondamentaux qu'on s'est votés par rapport à la Charte
québécoise des droits et des libertés de la personne qu'on
essaie au maximum de faire respecter dans les autres lois. Pour toutes les
autres lois ou les autres domaines qui demeurent notre responsabilité
comme parlementaires, on peut toujours, en commission parlementaire, à
l'Assemblée nationale, de toutes les façons que notre
système nous permet, Intervenir
pour s'assurer de ça. À partir de maintenant, on ! ne
pourra plus, en tout cas comme parlementaires, même si vous le pourrez
sur le plan ministériel - sauf que je reviens toujours à ce qu'on
disait au début de la séance, le rôle du parlementaire
c'est aussi un rôle de législateur et de contrôleur -
exercer ces deux rôles par rapport à l'habitation au
Québec. SI on ne peut plus le faire ou qu'on ne pourra plus le faire
quand cette loi sera adoptée, à partir de ce moment-là, on
doit, je pense, se garantir du maximum d'assurance de sécurité et
aller au maximum de ce qu'on peut se garantir. Ce sont des garanties qui sont
fondamentales. Ce qu'on retrouve là, à mon avis, dans mon esprit,
c'est indispensable que cela y soit même si on peut dire que cela devrait
aller de soi. Mais à cause des articles qu'on y retrouve - je ne peux
pas discuter déjà des autres articles, mais je pense au
paragraphe 2° de l'article 2, entre autres, qui risque d'être
très discriminant - je pense qu'il faut maintenant essayer ça, se
donner des garanties.
La meilleure façon de s'assurer ces garanties dans tout le projet
de loi et dans l'esprit même du projet de loi, c'est au tout début
qu'il faut confirmer ça. C'est pour ça que je le propose
déjà en amendement comme début, comme premier article du
projet de loi. Je pense que c'est essentiel. Cela ne devrait pas nous faire
peur si on en est convaincu et cela pourrait avoir comme avantage, si vous
l'acceptez, M. le ministre, de rassurer d'autres personnes qui craignent
énormément et qu'on n'a certainement pas rassurées par les
discours qu'on tient ici depuis un peu plus de 24 heures, quand on a dit que la
discrimination est l'essence même de ce projet de loi. Je vous ai dit que
cela m'inquiétait quand on vient légiférer pour permettre
la discrimination et permettre à d'autres de l'exercer sans qu'ils aient
à rendre des comptes, ici, aux membres de la commission ou à
l'Assemblée nationale. C'est suffisamment Inquiétant pour que
nous, comme législateurs, on se permette d'être pius contraignants
par rapport à ce qu'on met dans la loi. Vous pourrez toujours utiliser
comme argument, je peux précéder des arguments - je pense que
c'est bon de le faire - en nous disant: Vous avez vu le règlement qu'on
vous soumet, vous l'avez mis pire qu'il ne l'était. On l'avait
Imaginé pire, mais on peut, malheureusement, imaginer pire pour l'avenir
parce qu'on ne sera pas toujours ici en commission parlementaire...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le député de
Shefford, à moins que vous ne vouliez...
M. Paré: Non, je ne veux pas étirer pour
étirer, si vous me dites que vous êtes d'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...argumenter. Non, je suis
contre, mais j'ai quelque chose à vous proposer. Je suis contre et je
vais vous dire pourquoi. Je trouve que votre amendement, sur le plan
législatif, ne donnera pas les résultats que vous plaidez ou que
vous escomptez parce que vous limitez votre amendement au troisième
alinéa du troisième paragraphe. Pourquoi ne pas l'appliquer
à l'ensemble des objets? Tant qu'à vouloir s'assurer que les
droits et libertés fondamentales soient reconnus par la charte
québécoise et la charte canadienne, pourquoi, si c'est là
notre intention comme législateurs, comme parlementaires, ne pas
l'inclure dès le début de l'article 3?
Je n'ai pas rédigé en ce sens, mais je pourrais demander
à mes gens de le faire. La Société a pour objet, dans le
respect des droits et libertés, conformément aux chartes,
d'aviser le ministre, de stimuler le développement, etc., pour que
l'ensemble soit soumis aux chartes, pas simplement l'alinéa 3. Je vous
dis que - et je le fais pour vous accommoder - sur le plan de la technique
législative comme telle, le comité de législation est
d'avis qu'il s'agit là de parler pour ne rien dire parce que la
législation québécoise est soumise aux chartes
québécoise et canadienne. Si l'Opposition veut être
davantage explicite, précise, je vous propose plus que ce vous nous
proposez.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Je ne suis pas contre, sauf que j'apporterais une
précision. Le projet qu'on est en train d'étudier, le projet de
loi 136 qu'on nous apporte, a comme fonction, et on le voit par le projet de
règlement déposé, de définir les gens qui seront
admissibles sur des listes, donc, admissibles pour aller dans des logements
concernés par les offices municipaux d'habitation du Québec. Si
c'est ça, on s'attaque spécifiquement à ce genre, non pas
d'activités, mais de préoccupations concernant la Loi sur
l'habitation du Québec qu'on veut modifier.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Moi je prétends que,
suivant les règles d'interprétation, le plus englobe le moins,
vous pouvez vérifier auprès de vos légistes. Vous le
proposez à l'alinéa 3, je vous demande pourquoi le limiter
à l'alinéa 3, pourquoi ne pas inclure l'ensemble de la
réglementation. Si on a des doutes comme législateurs, si on veut
prendre des précautions, prenons-les pour l'ensemble de l'application de
la loi. C'est plus que ce que vous nous proposez.
M. Paré: Je ne peux pas être contre le fait qu'on
protège encore davantage. Cela me semble mieux, donc, je ne peux
certainement pas vous dire que, sur le principe, je suis contre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si vous voulez prendre le temps,
je suis d'accord qu'on suspende pour...
M. Paré: J'aimerais juste faire une vérifica-
tion.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... que vos légistes
vérifient, peut-être auprès de nos légistes. Moi, on
me dit qu'il est sous-entendu dans toutes les lois que ça respecte les
chartes. Maintenant, si on veut parler pour ne rien dire, je n'ai pas
d'objection.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous
voulez qu'on suspende la commission pour quelques instants?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, on peut procéder aux
autres articles, Mme la Présidente, et que les légistes se
consultent.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela va, M. le
député de Shefford? Nous suspendons l'amendement ou avez-vous
encore des arguments?
M. Paré: On ne le suspendra pas. Ce qu'il faut c'est de
savoir si on le modifie ou s'il y a un amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, on suspend
temporairement, le temps de le modifier.
M. LeSage: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, M. le
député de Hull.
M. LeSage: Pour mon Information. Il me semble que j'ai
été élu pour défendre les intérêts des
citoyens du Québec. Je suis Ici également pour défendre
les libertés et les droits fondamentaux de tous les
Québécois. Est-ce que cela veut dire que les autres lois que vous
avez adoptées ne respectent pas les libertés et les droits
fondamentaux des Québécois et des Québécoises?
Est-ce que cela veut dire que pour toutes les autres lois que vous allez
adopter, on devra toujours faire mention que c'est toujours dans le respect des
libertés et des droits fondamentaux des Québécois et des
Québécoises? Est-ce une loi d'exception? Je ne le pense pas.
Pourquoi insèrerait-on ces mots après les mots "des citoyens du
Québec"? On est Ici pour ça. Je ne pense pas qu'on ait
été élus pour faire le contraire de ce qui a
été écrit là.
M. Paré: Je ne jouerai pas le rôle du ministre mais
je vais répondre.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Vous vous demandez pourquoi une modification
comme ça. Je l'ai dit tantôt dans mon intervention. Quand on
regarde des articles comme le 2° de l'article 2 du projet de loi 136, on ne
retrouve pas ça dans beaucoup de projets de loi. C'est la raison pour
laquelle on est si déterminés. On veut se donner des garanties. |
Quand on retrouve dans des projets de loi - vous lirez les autres si ça
vous tente - "les règlements portant sur les matières
énoncées aux paragraphes n à r et t du premier
alinéa peuvent comporter des distinctions, exclusions ou
préférences fondées sur l'âge, le handicap ou tout
élément de la situation des personnes", Je dois vous dire qu'on
n'en trouve pas tellement souvent des articles comme ça - mol, c'est la
première fois, ça fait huit ans que je suis ici - que je me
trouve justifié de vouloir...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le député, j'ai
déjà vu ça ici.
M. Paré: Vous me direz dans quel projet de loi. Si on l'a
mis dans d'autres, on mérite de se donner les mêmes garanties.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On peut toujours améliorer
notre façon de faire.
M. Paré: Comme cela ne me garantit pas qu'on
améliore... On améliore nos libertés de modifier des
choses. Est-ce qu'on améliore la situation des gens concernés?
C'est une autre affaire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le député, sur le
plan politique, vous avez raison. Sur le plan juridique, le
député de Hull a raison. Dans chacune des lois du Québec,
vous ne retrouvez pas "conformément aux chartes des droits et
libertés fédérale et provinciale'. Étant
donné que les chartes ont préséance sur les lois, s'il n'y
a pas utilisation de la clause "nonobstant", cela va de soi que c'est
là.
Sur le plan politique, vous nous présentez un amendement qui
s'applique à l'alinéa 3. On vous répond que le plus
englobe le moins. Faisons-le parce que c'est une des lois qui, sur le plan de
la réglementation, joue dans un domaine fragile, je dirais. Lorsqu'on
joue dans des choses fragiles, prenons des garanties additionnelles que nous ne
prenons pas dans d'autres types de législation. Je ne pense pas que cela
ajoute - et c'est une opinion que j'émets - sur le plan de
l'interprétation des tribunaux, un Iota a tout ce qu'on va faire par la
suite. Mais si cela peut, sur le plan moral, satisfaire l'ensemble de la
députation, je n'ai pas d'objection à ce qu'on soit très
clair, très explicite et même, qu'on parte pour ne rien dire, bien
qu'il y ait une règle d'interprétation qui dit que le
législateur ne parle pas pour ne rien dire.
On pourrait ajouter cet élément dans toutes les lois. Vous
le suggérez à l'alinéa 3. Je suis contre sur le plan
juridique, parce que cela n'ajoute rien, mais sur le plan politique, si on est
pour jouer à ça, qu'on le mette pour l'ensemble et non pas le
limiter à un seul des alinéas.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Je vous dis deux choses là-dessus. Si vous
étiez capable de me donner le précédent où on
retrouve un article semblable au 2° de l'article 2, j'aimerais que vous
nous...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À peu près dans
toutes les lois sociales où vous privilégiez certaines
clientèles, qu'il s'agisse des lois qui touchent l'Office des personnes
handicapées, les lois qui découlent de la condition
féminine, de la sécurité du revenu... À chaque fois
que vous avez une loi sociale qui crée des avantages pour une partie de
la population la plus démunie, vous vous devez d'avoir des autorisations
législatives, sur le plan réglementaire, qui vous permettent
d'agir dans ce sens.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Vous avez énuméré une foule
d'organismes ou de ministères. Quand vous parlez du Revenu, la
différence est qu'on spécifie dans les lois, les classes, les
catégories, les individus et s'ils ne le sont pas directement dans la
loi c'est par le pouvoir réglementaire, c'est le gouvernement. Alors que
là, on délègue la responsabilité. Ce n'est pas la
même chose.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, M. le
député, je ne vous blâme pas d'être prudent, je vous
offre plus que ce que vous nous avez présenté sur le plan
politique. Maintenant, sur le plan juridique, l'interprétation que les
juristes du ministère font de la Société est à
l'effet... et je suis d'accord que ça n'ajoute strictement rien. Vu
qu'il faut faire un peu de politique, c'est notre métier, je vous dis
que vous ne nous en avez pas proposé suffisamment. Allons-y pour
l'ensemble des objets de la loi.
M. Paré: Devant cette acceptation du ministre, je suis
d'accord, étant donné que je l'ai déposé, pour
retirer l'amendement et proposer une nouvelle modification qui se lirait comme
suit et qui irait dans le sens qu'on vient de discuter: Le projet de loi 136
est modifié par l'insertion, après le sous-titre Loi sur la
Société d'habitation du Québec et avant l'article 1 de
l'article suivant: 0.1 L'article 3 de la Loi sur la Société
d'habitation du Québec (L.R.Q., chapitre S-80) est modifié par
l'insertion, après les mots "pour objet", des mots "dans le respect des
libertés et des droits fondamentaux."
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, je vais juste négocier
ce qu'on appelle le libellé. L'objectif est là. Pour le
libellé, on ne peut pas s'aventurer dans la globalisation sans donner
ouverture à des procès à gauche et à droite et
ça n'aide ni le bénéficiaire, ni l'administration de la
Société. Je pense qu'il faut faire référence aux
chartes, je vous le dis bien respectueusement, parce que les chartes ont fait
l'objet de débats autant au Parlement du Canada qu'à
l'Assemblée nationale du Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): Afin de
rédiger le libellé, est-ce qu'il y aurait consentement pour qu'on
suspende?
Une voix: Suspendre l'article?
La Présidente (Mme Bélanger): Pas suspendre
l'article. S'ils veulent faire le libellé.
M. Paré: J'aimerais mieux suspendre quelques minutes
plutôt que de suspendre l'article. Comme c'est le début, j'aime
autant qu'on le règle tout de suite.
La Présidente (Mme Bélanger): Exactement. C'est ce
que je vous propose, M. le député de Shefford.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, parce que ça
crée... On peut suspendre quelques minutes Mme la Présidente,
parce que ça crée de l'atmosphère à l'étude
de ce projet de loi.
La Présidente (Mme Bélanger): Pour la
rédaction du libellé de l'amendement, la commission suspend ses
travaux pour quelques instants.
(Suspension de la séance à 20 h 33)
(Reprise à 20 h 42)
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît! La commission reprend ses travaux. Un nouvel amendement a
été déposé par le député de Shefford,
qui se lit comme suit: "Le projet de loi 136 est modifié par
l'insertion, après le sous-titre "Loi sur la Société
d'habitation du Québec et avant l'article 1, de l'article suivant: "0.1
L'article 3 de la Loi sur la Société d'habitation du
Québec (L.R.Q., chapitre S-8) est modifié par l'insertion,
après les mots "pour objet", des mots "dans le respect des
libertés et des droits fondamentaux."
M. le député de Shefford.
M. Paré: Oui. Ici, je vais reprendre un peu ce que j'avais
commencé à dire tantôt sur le premier texte que nous avions
déposé. Sur justification et défense du ministre, on a
fait en sorte que cet ajout, "dans le respect des libertés et des droits
fondamentaux", soit plutôt mis après "la Société a
pour objet", quand on fait référence à l'article 3 de la
Loi sur la Société d'habitation du Québec, étant
donné qu'on voulait que ce soit encore plus général,
globalisant. Nous
avions dit que nous étions d'accord avec ça, même si
le projet de loi traite ici... En grande partie, ce qu'on veut
préserver, c'est, au 3° de l'article 3: 'de mettre à la
disposition des citoyens du Québec des logements à loyer
modique*. Qu'on le mette plutôt au début d'un chapitre, je suis
d'accord, et c'est pour ça qu'on a retiré un amendement pour en
amener un nouveau qui soit dans le sens de la discussion qu'on a eue.
Mol, je trouve que cet article, tel que libellé, répond
exactement à ce qu'on veut, selon la discussion que nous avions
tantôt, c'est-à-dire se rassurer, rassurer tous les gens sur le
fait que, peu Importe le règlement, parce qu'on en a un de
déposé là, mais les règlements qui viendront
à l'avenir ou les modifications qui seront apportées, qu'ils le
soient toujours dans le respect des droits et des libertés fondamentaux.
Donc, on le met là, et je pense que c'est essentiel, surtout quand on
sait, avec les exemples que j'ai donnés tantôt, que, dans ce
projet de loi-ci, il faut absolument des mesures semblables. Moi, je pense que
c'est global, complet et que ça dit ce que ça doit dire, et en
mettre plus serait Inutile. Mais, si le ministre veut essayer de compliquer les
choses pour le refuser, j'aime mieux qu'il dise carrément qu'il veut
refuser que ce soient les droits fondamentaux. Dans nos lois, quand on dit
"dans le respect des libertés et des droits fondamentaux", ça
veut tout dire. On est au Québec, ça veut dire selon les
libertés et les droits fondamentaux qui sont reconnus, qui s'appliquent
à l'intérieur de la charte. C'est clair et on n'a pas besoin de
le mettre, sinon, va-t-on se mettre à se référer à,
partout où il y a eu des titres de lois, des titres de charte ou quoi
que ce soit? C'est tellement clair en sol. Les libertés et les droits
fondamentaux au Québec sont reconnus à l'intérieur des
chartes. On n'a pas besoin de le spécifier, c'est connu, c'est clair.
Comment pourrait-on y référer autrement qu'à
l'intérieur des chartes?
Donc, moi, ça me semble tellement clair que je ne vois pas
pourquoi, si c'est ce qu'on veut, on le refuse ou on voudrait le modifier de
façon que ça devienne finalement trop compliqué ou pas
assez clair ou que ça dise des choses que ça n'a même pas
besoin de dire. Et tout le monde au Québec, peu importe les lois qui
nous concernent, les gestes qu'on pose, c'est implicite et c'est comme
ça. Quand on dit qu'il faut absolument respecter les droits et les
libertés des individus, c'est automatique, à quoi pense-t-on? On
réfère à nos chartes. Pas besoin de mettre "dans le
respect des libertés et des droits fondamentaux qui sont reconnus
à l'intérieur de la charte québécoise et de la
charte canadienne", voyons donc. C'est Implicite, c'est clair, c'est net, c'est
comme ça que ça fonctionne. On n'est pas au Mali, on n'est pas en
Amazonie, on est au Québec et on sait ce que le respect de la
liberté et des droits fondamentaux veut dire pour la
société québécoise. Cela veut dire: celles et ceux,
| donc les libertés et les droits, que, comme société, on
a décidé de faire respecter pour chacun des citoyennes et
citoyens, parce qu'ils sont reconnnus dans ce qu'on appelle notre charte. Je ne
vois pas pourquoi on viendrait compliquer les choses, ne pas respecter la
façon qu'on a d'Inclure des textes dans un projet de loi qu'on veut
amender ou modifier, ou une nouvelle loi qu'on veut voter. Je ne comprendrais
pas qu'on veuille compliquer ça et qu'on refuse ça.
Je dois vous dire qu'on est en train - je ne sais pas si on s'en rend
compte, comme société - de créer des
précédents. Je m'en rends compte de plus en plus dans chacune des
lois. Comme société, on crée des précédents
qui sont dangereux, ça n'a pas de bon sens. J'ai toujours dit qu'on
avait le plus beau système démocratique au monde, que les gens
vivaient ici dans un contexte presque unique, mais ça change. Cela
change vite, ça n'a pas de sens, c'est inquiétant. et c'est
souvent par l'entremise de loi comme celle-ci, qu'on vote d'urgence, en fin de
session. On introduit des choses comme celles-là, qui viennent attaquer
les chartes.
Le ministre dit ça souvent: On retrouve ça ailleurs. Pour
l'article 2. 2°, il n'est pas capable de me dire où. C'est un
précédent. On est en train d'Inclure ici un danger pour le
respect des droits et des libertés des citoyens. C'est clair et net. On
est donc en train de créer des précédents. Le minimum que
nous voulons au moins nous donner, c'est de rappeler, au moins à ceux
qui n'auront jamais à rendre compte à la population - des gens
payés et des gens en place, qui vont avoir une préoccupation,
bien sûr, du respect, mais en même temps qui devront
répondre à des commandes, parce que ce sont des employés -
que si nous, comme législateurs, ne nous mettons pas maintenant des
balises de protection à cet égard, je vais vous dire, la
société risque de s'en mordre les doigts. Ensuite, parce qu'on le
voit assez souvent, on sait comment ça marche... L'exemple de
tantôt, on ne peut le retrouver ailleurs. L'argument trop facile, trop
simpliste qu'on entend souvent c'est de dire: Ne vous énervez pas avec
ça, on le retrouve ailleurs. Mais quand on le demande, on ne sait pas
où. Mais si on laisse passer ça, on pourra dire, dans une autre
loi, la semaine prochaine, à l'automne, ou à un autre moment:
Bien oui, arrêtez donc de vous énerver avec ça, on le
retrouve dans la loi 136. Ce n'est pas un précédent et ce n'est
pas dangereux, il n'y a personne qui est mort, on le retrouve dans la loi 136.
C'est tellement vrai, ce que je vous dis, que ceux qui étaient ici hier
ou avant-hier - je ne me souviens plus parce qu'il y a quelques heures qu'on
est en commission, toujours la même, mais sur des lois différentes
et avec des ministres différents - je me rappelle qu'on a fait
référence, sur le sujet qu'on a traité
précédemment, qui était une loi sur l'environnement, la
Loi sur les
espèces menacées ou vulnérables et modifiant la Loi
sur la conservation et la mise en valeur de la faune, ont dit à un
moment donné: Écoutez, pour ce qui est des pouvoirs des
municipalités, c'est déjà dans la loi 99. Je me rappelle
le numéro. Mais ce qu'on ne dit pas, c'est que les municipalités
ont fait une bataille contre ça. Elles étaient contre, mais on
leur a imposé. Maintenant, on y réfère, mais on ne dit pas
qu'elles se sont battues. On dit: C'est déjà dans une loi,
arrêtez de vous énerver.
Mais cela a été contesté par l'Union des
municipalités du Québec, par l'Union des municipalités
régionales de comté du Québec, puis ça a
passé quand même. La démocratie est comme ça. Mais
maintenant, on l'utilise en disant: Arrêtez de vous énerver, c'est
passé, c'est ailleurs. Mais pour des gens qui n'ont pas vécu
l'autre commission sur la loi 99, contre laquelle mon collègue, critique
des affaires municipales, qui est ici, s'était certainement
opposé, quelqu'un qui ne l'a pas vécu, a pour son dire que tout
le monde est content. Imaginez-vous, c'est passé et les
municipalités vivent avec. Ce n'est pas la réalité et
c'est la même chose, on amène des précédents dans
cette loi.
Quand le ministre dit: Votre amendement, on devrait le compléter
en spécifiant et en mentionnant nommément les chartes, ce serait
encore un précédent, ça n'existe pas dans les lois. On ne
retrouve pas dans les lois où on réfère aux droits et
libertés fondamentaux des citoyens la mention précise des
chartes. Pourquoi? Parce que c'est implicite, c'est naturel, c'est normal dans
la société, toute référence... c'est exactement
ça.
L'amendement qu'on propose répond exactement à la
discussion qu'on a eue au début et on va y référer
à l'avenir. Si jamais ce n'était pas voté, on va
certainement référer, non pas au vote, mais toujours en
parallèlle avec le discours qu'on a tenu il y a à peu près
une demi-heure où on disait: Pour être plus large et plus clair,
vous devriez amener votre amendement, qui était d'ajouter "dans le
respect des libertés et des droits fondamentaux", au début du
chapitre et non pas à l'article 3° du même chapitre. C'est
exactement ce qu'on fait pour les mêmes arguments, avec les mêmes
buts à atteindre. Cela ne peut pas faire autrement qu'être la
logique même si on veut aller dans le sens du discours qu'on a tenu il y
a une demi-heure.
Le texte est le même, l'objectif est le même et on l'a
modifié en fonction d'une suggestion du ministre à laquelle
j'adhère. Effectivement, on est mieux de l'inscrire au début de
l'article, plutôt qu'à un paragraphe particulier de l'article,
même si, dans le projet de loi 136, et c'est pour ça que nous
l'avions vu là, la discrimination qu'on veut apporter est par rapport au
paragraphe 3° de l'article 3 de la Loi sur la Société
d'habitation du Québec. Sauf que, vous aviez raison, M. le ministre, et
c'est pour ça que j'y adhère, votre suggestion est tout à
fait correcte et c'est la raison pour laquelle l'amendement est
déposé. L'ajout des mots "dans le respect des libertés et
des droits fondamentaux" va plutôt après les mots "La
Société a pour objet" que après les mots "des citoyens du
Québec" qu'on retrouve au paragraphe 3° de l'article 3.
Je soumets aux membres de la commission cette motion en espérant
que, pour la sécurité des citoyens du Québec qui vont
être concernés par ce projet de loi maintenant et dans le futur,
on accepte d'introduire cet amendement, d'ajouter ces mots au projet de loi
136, un ajout qui deviendrait l'article 0.1 en attendant la
renumérotation du projet de loi.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Shefford. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, je n'ai
pas le goût d'étirer le débat sur cet élément
essentiel de la compréhension des objectifs et des balises
nécessaires à apporter, parce que l'Opposition a raison de
souligner que lorsqu'un pouvoir réglementaire est confié à
une société comme la Société d'habitation du
Québec, le législateur doit s'assurer ou prendre toutes les
précautions requises quant à l'application des droits et
libertés qui sont contenus dans la charte québécoise et
dans la charte canadienne.
La première tentative de l'Opposition officielle était sur
le plan de la rédaction législative malhabile. La
deuxième, je vous le soumets bien humblement, est aussi malhabile. Dans
les cironstances, je voterai contre cet amendement, mais je vous
préviens immédiatement que compte tenu de l'importance du sujet,
je proposerai un amendement au même article qui nous donnera des
garanties additionnelles, si besoin est, compte tenu des objectifs que nous
nous fixons, c'est-à-dire que les objets sur lesquels la
Société a des pouvoirs seront balisés par la charte
québécoise et la charte canadienne.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants?
M. Paré: Oui, je vais revenir là-dessus. Je sais
déjà... Donc, je ne parlerai quand même pas sur l'autre
motion qu'il va nous amener, même si je connais le sens, mais je vais
défendre celle-là avant qu'on la batte. Le ministre va nous
amener... Ce n'est pas la première fois qu'on voit ça. Je dois
dire que c'est une façon inquiétante de légiférer.
On nous amène souvent dans des choses qui ne sont pas acceptables. On
peut bien légiférer d'une façon boiteuse, souvent pas
correcte. Je pense à la fille qui représentait les
municipalités régionales de comté avant-hier. Il
était minuit, elle nous regardait légiférer et elle a dit:
Mon Dieu, Seigneur! C'est inquiétant de regarder comment on
légifère dans ce Parlement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... regardable!
M. Paré: Qu'on soit obligé de poser autant de
questions, de veiller aussi tard sur un projet de loi déposé en
décembre de l'an passé, qu'on nous dépose ici avec des
amendements... On parle d'amendements et on n'en a pas aussitôt
réglé un qu'on dit "on avait oublié un sous-amendement" et
on rouvre les articles. Vous vous le rappelez, Mme la Présidente. Cela
n'a pas de bon sens; on a rouvert je ne sais plus combien d'articles. On
était même rendu au dernier article et on est revenu sur au moins
deux.
Je regarde ça et je me dis que c'est inquiétant. Le
ministre peut bien nous amener - et on pourrait bien embarquer dans le jeu -
une autre modification - et on va en discuter tantôt - qui fera qu'on va
avoir l'air fou de la refuser mais, en même temps, si on l'accepte, on
embarque dans le jeu de légiférer d'une façon... Des fois,
je me demande comment on peut faire ça. Même une
municipalité, je pense qu'on lui Interdirait de légiférer
comme ça en lui disant: écoutez, vous allez au moins respecter le
minimum des lois. Nous, c'est vrai qu'on peut créer des
précédents. C'est la même chose que la fiscalité, II
faut que les municipalités balancent. Le gouvernement, même s'il a
des déficits, ce n'est pas grave. En ce qui concerne les lois, ça
semble être la même chose. Vous autres, vous respectez des
règlements et, nous, même si on ne les respecte pas, on a tous les
droits et tous les pouvoirs.
Mais quand on veut vraiment se garantir le respect des droits et des
libertés fondamentaux, c'est comme ça qu'on doit l'introduire
dans un projet de loi. Vous pouvez amener autre chose dans l'esprit des
chartes... Mais, encore une fois, pour réparer un
précédent, on va en faire un autre. Si jamais votre modification,
c'était ça, de citer les chartes nommément, vous
essayerez, encore une fois, de me donner l'exemple d'une loi où on
retrouve quelque chose de semblable. Si vous me donnez des exemples, je dois
vous dire que je suis assez ouvert. Je suis prêt à adopter des
choses qui sont... Mais si vous n'avez pas d'exemple et que vous êtes en
train de créer des exemples, je trouve ça inquiétant pour
un législateur. Je trouve ça inquiétant pour un ministre
avec la formation que vous avez.
Il y a des choses, on va en discuter. À moins que vous fassiez
une proposition qui, vous le savez, va être bloquée au
comité de législation. Donc, on aura placoté et
légiféré et, là, on dira - on les connaît,
les discours - aux gens qui vont s'opposer: Écoutez, ce n'est pas de
notre faute. On l'entend assez, le discours. Cela n'a pas de bon sens. Des
ministres qui n'obtiennent pas de budget et qui disent: Ce n'est jamais de
notre faute. Ce n'est même pas la faute de notre gouvernement. C'est la
faute du Conseil du trésor, comme si le Conseil du trésor se
trouvait un... C'est un ennemi avec un char d'assaut en face du parlement.
C'est le discours qu'on tient.
Face aux gens qui vont venir s'opposer, on pourra tenir le discours:
Écoutez, on voulait... On s'est battu. On s'est quasiment battu contre
l'Opposition. Cela a pris une heure pour la convaincre de mettre une affaire
que nous savions inacceptable. Mais cela a été refusé par
les méchants du comité de législation Ce n'est pas de
notre faute si ce n'est pas là
Si vous n'acceptez pas ça, j'espère que la proposition que
vous ferez à la place sera une formulation qu'on retrouve dans d'autres
textes de loi. Sinon, vous allez nous prouver que vous n'avez pas... Comment
vais-je dire ça? Je veux être poli. Vous ne prenez pas toutes les
façons, tous les moyens de légiférer correctement et ce
serait dommage.
Donc, Mme la Présidente, je n'irai pas plus loin. Je ne sais pas
s'il y en a d'autres qui veulent parler là-dessus, mais je n'ai pas
d'autres commentaires sur la motion que j'ai déposée.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Shefford. Est-ce qu'il y a d'autres Interventions? M.
le ministre. (21 heures)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, je ne
peux pas laisser passer les contradictions tellement évidentes,
enfantines et conscientes du député de Shefford qui s'applique
à faire un "filibuster" alors que nous pensions travailler d'une
façon constructive ce soir.
Mme la Présidente, je vous dirai que l'amendement proposé
par le député de Shefford, autant son premier, qu'il a
retiré, que son deuxième, ne compte pas de
précédent dans aucune loi que je connaisse qui a
été adoptée par l'Assemblée nationale du
Québec.
Dans le but de rassurer l'ensemble des parlementaires et le
député de Shefford, nous avons l'intention de proposer un
amendement Je ne crois pas qu'il y ait de précédent non plus dans
les lois du Québec, je vous le dis bien honnêtement et bien
gentiment. Parce qu'à moins d'utiliser une clause "nonobstant" quant
à la charte québécoise et quant à la charte
canadienne, toutes les lois que nous adoptons sont soumises à ces deux
chartes.
Maintenant, vu que vous avez des doutes, vu que vous voulez faire de la
petite politique et du "filibuster", on a l'intention de proposer un amendement
qui, sur le plan politique, va faire référence aux chartes tant
québécoise que canadienne de façon à donner une
double assurance et une double garantie alors qu'il n'y en a pas besoin. Oui,
c'est un précédent sur le plan législatif. Mais les deux
éléments que vous nous avez proposés jusqu'à
maintenant n'ont jamais été proposés par aucun autre
député. Votre faiblesse sur le plan de la rédaction
législative m'inquiète et m'indique que vous avez
décidé d'oublier les droits fondamentaux des
bénéficiaires de notre loi pour tenter de faire de la petite
politique mesquine plutôt que de travailler de façon constructive
à la bonification, à l'améliora-
tion d'un projet de loi, de la réglementation que nous vous avons
soumise. Vous avez choisi de faire tourner l'horloge.
De façon à rassurer l'ensemble des
bénéficiaires de cette loi, oui, nous allons utiliser un
précédent qui n'ajoutera rien mais qui, explicitement, pour ceux
qui lisent le projet de loi, fera référence aux deux chartes de
façon que lorsque la réglementation sera rédigée
par la Société d'habitation du Québec, qu'ils soient
encore davantage conscients, parce qu'ils auront lu l'article habilitant,
qu'ils doivent se baliser à l'intérieur de ces chartes,
même si cette obligation est présente partout. C'était
là l'essence de mes commentaires, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. Y a-t-il d'autres commentaires? Pas d'autre intervenant. L'amendement
0.1 déposé par le député de Shefford est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Contre. Rejeté.
M. Paré: Vote nominal.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
secrétaire, voulez-vous faire l'appel nominal.
Le Secrétaire: M. Paradis (Brome-Missisquoi)?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Rejeté.
Le Secrétaire: M. Gauvin (Montmagny-L'Islet)?
M. Gauvin: Contre.
Le Secrétaire: M. LeSage (Hull)?
M. LeSage: Contre.
Le Secrétaire: M. Paradis (Matapédia)?
M. Paradis (Matapédia): Contre.
Le Secrétaire: M. Baril
(Rouyn-Noran-da-Témiscamingue)?
M. Baril: Contre.
Le Secrétaire: M. Paré (Shefford)?
M. Paré: Pour.
Le Secrétaire: M. Godin (Mercier)?
M. Godin: Pour.
Le Secrétaire: M. Dufour (Jonquière)?
M. Dufour: Pour.
Le Secrétaire: Mme Bélanger
(Mégantic-Compton)?
La Présidente (Mme Bélanger): Abstention.
Le Secrétaire: Trois pour; cinq contre et une
abstention.
La Présidente (Mme Bélanger): Trois pour; cinq
contre; une abstention. La motion est rejetée. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, j'aurais
un amendement, tel que je l'ai indiqué, qui n'ajoute rien au projet de
loi, mais qui a pour objectif de sécuriser ceux qui, parmi nous, ne
connaissent pas les techniques législatives, ceux qui, parmi nous, ne
savent pas déjà que l'ensemble des lois que nous adoptons,
à moins d'invoquer la clause "nonobstant", sont soumises aux chartes
québécoise et canadienne. L'article se lirait comme suit:
Insérer, avant l'article 1, le suivant: "L'article 3 de la Loi sur la
Société d'habitation du Québec (Lois
révisées du Québec, chapitre S-8) est modifié par
l'insertion dans la première ligne et, après le mot "objet", des
mots "compte tenu des dispositions de la Charte des droits et libertés
de la personne (Lois révisées du Québec, chapitre C-12) et
de la Charte canadienne des droits et libertés (inscrire ici la
référence à cette loi)." Nous ne l'avions pas, mais il
s'agit d'inscrire la référence à cette loi.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre.
M. Paré: Est-ce qu'on peut en avoir une copie?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Niaisage!
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous avez
des commentaires sur votre amendement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, Mme la Présidente. Mon
amendement parle par lui-même, pour ceux qui savent comprendre.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: J'ai un peu de difficulté parce que je
n'ai pas le dossier devant moi. J'ai tout de suite un sous-amendement à
proposer, étant donné que nous, on vote ici...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dans les circonstances, Mme la
Présidente, je retire mon amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement du
ministre est retiré. À ce moment-là, nous appelons
l'article 1 du projet de loi.
M. Dufour: Ouf, mais comment ça marche? Mme la
Présidente, question de directive. On peut faire ça, jouer au
yo-yo comme ça, tant qu'on veut? On propose un amendement, et si on voit
que quelqu'un veut en parler, on le retire?
La Présidente (Mme Bélanger): Non. Je pense que le
ministre a le droit de retirer son amendement. Le député de
Shefford n'a pas demandé de parler sur l'amendement du ministre, il a
proposé un sous-amendement. Le ministre ayant retiré son
amendement, il n'y a plus de sous-amendement à apporter.
M. Dufour: Mme la Présidente, vous n'avez même pas
permis au député de Shefford de dire quel était ce
sous-amendement. Vous avez présumé que le sous-amendement irait
à l'encontre de quoi que ce soit?
La Présidente (Mme Bélanger): Absolument pas, M. le
député de Jonquière. J'ai demandé au
député de Shefford s'il voulait parler sur l'amendement du
ministre, il m'a dit non, mais qu'il déposerait un sous-amendement.
Avant qu'il dépose son sous-amendement, le ministre a
décidé de retirer son amendement, alors le sous-amendement n'a
plus sa raison d'être.
M. Dufour: On trouve ça drôle.
La Présidente (Mme Bélanger): Le ministre a le
droit de retirer son amendement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Article 1, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Et là, on
appelle l'article 1.
M. Paré: Juste quelques minutes sur le retrait.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Je trouve ça trop facile, et je l'avais
prévu tantôt dans mon exposé, le ministre sait très
bien ce que je veux dire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, le
député de Shefford parle sur quoi, présentement?
La Présidente (Mme Bélanger): Sur le retrait.
M. Paré: Je parle sur la motion de retrait.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que...
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que vous aviez
fait une motion? Il n'y a pas eu de motion, il y a eu retrait.
M. Paré: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je l'ai retiré.
M. Paré: On n'a pas voté. Il y a un amendement qui
a été déposé et on décide de le retirer.
Est-ce qu'on a le droit de discuter du retrait d'une motion qui a
été déposée?
La Présidente (Mme Bélanger): À l'article
195, M. le député de Shefford, troisième paragraphe, on
dit: "L'auteur d'une motion ou, avec sa permission, un autre
député peut en proposer le retrait. "SI elle n'a pas
été mise en discussion, il le fait sur motion sans préavis
et non débattue. "SI elle a été mise en discussion, le
retrait fait l'objet d'un débat", mais elle n'a pas été
mise en discussion.
M. Paré: Question de règlement, Mme la
Présidente. Est-ce que vous ne considérez pas le fait qu'elle ait
été déposée, qu'elle ait été lue, que
le ministre ait dit qu'il n'a pas de commentaire, que je sois intervenu en
disant que J'avais un peu de difficulté à vous dire exactement
comment je peux intervenir... Je vous ai dit: Je ne l'ai pas devant moi, est-ce
que je peux en avoir une copie, mais, en attendant, j'aurais déjà
un sous-amendement à vous proposer. Donc, c'est moi qui avais la parole,
j'avais le droit de proposer un sous-amendement ou de discuter Que le ministre
décide, parce qu'il ne veut pas discuter d'un sous-amendement, de
retirer son amendement, il a le droit de le retirer, mais je pense que j'ai le
droit de parler sur une motion qui a été déposée,
qui a été lue. Le ministre n'a pas utilisé son droit de
parole, mais c'est tout comme s'il l'avait fait parce qu'il n'a pas voulu
prendre le temps.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je n'ai pas voulu prendre le
temps?
M. Paré: Je ne vois pas pourquoi je n'aurais pas le droit
de discuter sur la motion de retrait.
La Présidente (Mme Bélanger): Écoutez, M. le
député de Shefford, c'est un incident un peu inusité. J'ai
demandé au ministre s'il avait des commentaires à faire sur son
amendement. Il a dit qu'il n'avait pas de commentaires, qu'il était
très compréhensible. J'ai demandé au député
de Shefford s'il avait des commentaires à faire Vous avez dit que non,
mais que vous auriez un sous-amendement; que c'est un peu difficile pour vous,
mais que vous auriez un sous-amendement. Peut-être que les termes ne sont
pas exacts,
mais ça ressemble un peu à ça.
M. Paré: Question de règlement, Mme la
Présidente, sur ce que vous êtes en train de dire. Vous dites:
"Non, mais j'aurais un sous-amendement"; ce n'est pas: Non, je n'ai rien
à dire. C'est: Je voudrais commencer par vous dire. Donc, c'est parce
que j'ai quelque chose à dire dessus. Si j'avais l'intention d'apporter
une modification, un sous-amendement, c'est que j'avais l'intention de discuter
et d'en parler, un sous-amendement directement relié à
l'amendement, sinon il n'y a rien à parler. Comment était-ce
possible, Mme la Présidente - c'est une autre question que je vous pose
- alors que j'avais le droit de parole, que le ministre décide que c'est
fini et qu'il le retire? C'est moi qui avais le...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On peut le retirer en tout
temps.
M. Paré: Non. Il faut avoir le droit de parole. C'est moi
qui avais le droit de parole. J'étais en train d'en discuter. J'avais
commencé en disant même que je voulais présenter un
sous-amendement, donc, j'étais en train d'en parler. SI c'est un
sous-amendement, si c'est une modification qu'on veut apporter à un
amendement, c'est qu'on est en train d'en discuter. Si j'avais le droit de
parole, commment se fait-il que le ministre peut décider du revers de la
main que ça n'existe plus et qu'on passe à autre chose? Je ne
comprends pas.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est au règlement.
M. Paré: Oui, mais il est là. J'aurais au moins
droit à mes 20 minutes sur l'amendement du ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On sait que ce sont vos 20 minutes
qui vous intéressent.
M. Paré: Non, ce ne sont pas 20 minutes que je veux. Sauf
que j'ai le droit de parole et j'ai le droit de l'exercer, et ce n'est pas une
façon de procéder de dire: On le retire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous avons procédé
suivant le règlement. Nous vous demandons d'appliquer le
règlement.
M. Dufour: Mme la Présidente, avant que vous donniez votre point
de vue, j'opine dans le sens que le ministre a déposé son
amendement, il n'avait rien à dire. Mon collègue, porte-parole de
L'Opposition, avait son droit de parole et le ministre l'a interrompu. Ce n'est
pas la première fois que je vis des choses semblables. Cela arrive de
temps en temps quand on relit la transcription des commissions parlementaires,
le ministre a tendance à interrompre son critique. Peut-être pas
de mauvaise foi, mais on sent que ça change, des fois, l'orientation de
la discussion. J'ai cru comprendre ça et j'inviterais le ministre
à relire la transcription des commissions parlementaires. Il va se
rendre compte qu'il interrompt à tout bout de champ et ça change
le débat, des fois, et ça change aussi la discussion.
Je prétends que mon collègue ayant le droit de parole, il
aurait dû au moins le laisser aller jusqu'à ce qu'il ait fini son
intervention. À ce moment, le ministre aurait pu dire: Je demande qu'on
retire mon amendement. Sans ça, ça me semble comique. Il semble
qu'on est en train de banaliser la commission dans le sens qu'on joue au yo-yo
un peu. On dit: Ça marche ou ça ne marche pas? C'est du "give and
take". Pour moi, ça devient une commission parlementaire qui manque de
sérieux.
La Présidente (Mme Bélanger): Écoutez, comme
je l'ai dit tout à l'heure, c'est assez inusité, sauf qu'on
pouvait considérer l'intervention du ministre comme une question de
règlement pour faire une motion de retrait. Au moment où vous
avez dit que vous apportiez un amendement, II aurait pu dire: Question de
règlement, je veux faire une motion de retrait. À ce moment, en
faisant une motion de retrait, il n'y a pas de raison de discuter pendant 20
minutes.
Dans l'autre paragraphe, si on considère que la motion a
été mise en discussion, chacun des intervenants peut discuter
pendant 10 minutes sur les raisons du retrait. Le ministre peut discuter
pendant 10 minutes sur la raison du retrait et le porte-parole de l'Opposition
peut avoir 10 minutes pour discuter du retrait de la motion du ministre.
Je considère la motion de retrait par le ministre. "195. Si elle
a été mise en discussion, le retrait fait l'objet d'un
débat, au cours duquel l'auteur et un représentant de chaque
groupe parlementaire ont un temps de parole de 10 minutes. L'auteur a droit
à une réplique de 5 minutes", après le porte-parole de
l'Opposition.
M. le ministre, est-ce que vous voulez prendre vos 10 minutes
d'intervention pour expliquer pourquoi vous avez fait une motion de retrait?
(21 h 15)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, Mme la Présidente. Je
sais que l'objectif principal de l'Opposition est de faire de l'obstruction
systématique. Je vais réserver mes 5 minutes de
réplique.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford, vous avez 10 minutes pour commenter le
retrait da la motion d'amendement.
M. Paré: Je vais essayer d'être très bref et
mon but n'est pas d'étirer les travaux. Cela fait trois ans et demi que
Je m'occupe de l'habitation et, vous le savez, à toutes les fois qu'on a
craint qu'il se passe quelque chose, il s'est passé quelque chose.
Exactement ce qu'on avait prévu. C'est encore la même chose. Je
l'ai dit: Ce projet de loi m'inquiète. J'ai rencontré des groupes
de locataires. J'ai même manifesté avec des groupes dans les rues
en plein hiver. J'ai rencontré des gens des offices municipaux
d'habitation et les craintes que j'ai sont en train de se confirmer dans ce
projet de loi. Il y a des précédents là-dedans qui sont
inquiétants, je l'ai dit.
Quand on veut s'entendre, il y a moyen de s'entendre. Nous avons
corrigé l'amendement qu'on voulait apporter dès le début
en fonction de ce que le ministre a dit. Il y a un de mes collègues qui
a dit: Tu ne devrais pas parce que tu embarques - ce n'est pas la
première fois qu'on voit ça - dans une espèce de jeu qui
va faire qu'on va être obligé de refuser en dernier parce qu'on ne
se sera pas entendus sur des propositions qui vont amener des amendements et
des sous-amendements. Finalement, c'est exactement ça. Mon
collègue avait raison. J'ai embarqué dans le jeu d'accepter une
proposition, un sous-amendement et un amendement qui font que ce qui semblait
être acquis par tout le monde, qu'il fallait garantir le respect des
libertés et des droits fondamentaux, on dit que c'est implicite, sauf
que ce n'est pas dans la loi. C'est une loi qui crée de la
discrimination. C'est ce que je voulais dire. Je trouve dommage que ce soit
comme ça. Je vais continuer avec la même détermination
à chacun des articles dans le but de clarifier les choses mais, si
possible, dans le but d'améliorer les choses. C'est tout ce que j'ai
à dire là-dessus.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Shefford. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente.
Après deux tentatives malhabiles sur le plan de la rédaction
législative, je ne dirai pas qu'il s'agit là d'un sujet qui est
simple, Mme la Présidente, lorsque nous parlons de l'application des
chartes, lorsque nous parlons du respect de ces libertés, de ces droits
qui sont garantis par ces chartes. Compte tenu des dispositions d'une loi, il
faut agir avec une extrême prudence. Le gouvernement a tenté de
convaincre l'Opposition officielle. Tout le monde qui a une formation juridique
de base - je pense qu'un cours de 35 heures suffirait, en première
année d'université - peut comprendre que l'ensemble des lois, si
on n'invoque pas la clause "nonobstant*, est soumis aux chartes. Le
député de Shefford semble avoir des difficultés avec cet
élément. Nous avons voulu, comme gouvernement, pallier ces
difficultés de compréhension du député de
Shefford.
Le député de Shefford. parce qu'il a un autre objectif qui
paraît de plus en plus comme nous avançons dans ce débat,
l'objectif de retarder, d'utiliser le règlement, comme c'est son droit
de parlementaire de le faire et je le respecte, mais il s'agit de le dire
très clairement... Le député de Louis-Hébert l'a
dit hier soir, je le répète ce soir, ce n'est pas
l'intérêt des bénéficiaires du projet de loi que le
député de Shefford a à coeur, c'est de faire de la petite
politique. Le gouvernement a tenté d'introduire un article qui, sur le
plan de la technique juridique, est inutile mais de façon à
rassurer l'ensemble des intervenants, nous tenions à ajouter cet
article. Le député de Shefford a tenté de faire tourner
l'horloge, d'étirer le temps, d'essayer de jouer avec des
sous-amendements. Le gouvernement veillera, dans les circonstances, Mme la
Présidente, à prendre les dispositions et le gouvernement a
d'autres façons d'Intervenir, où le député de
Shefford ne pourra pas faire tourner l'horloge, comme on dit, de façon
à assurer les bénéficiaires du projet de loi que chacune
des dispositions sera interprétée par les tribunaux compte tenu
de l'ensemble des dispositions, de la charte québécoise et de la
charte canadienne. Ce qui compte, Mme la Présidente, c'est que les
bénéficiaires obtiennent cette garantie. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. J'appelle donc l'article 1. Avant, est-ce que la motion de retrait
est adoptée?
Des voix: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): La motion de retrait
est adoptée.
M. Paré: Sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): Sur division.
J'appelle l'article 1, M. le ministre.
Loi sur la Société d'habitation du
Québec
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente.
L'article 1 du projet de loi peut s'expliquer comme suit: Même si la loi
prévoit que les programmes de la Société peuvent comporter
des exclusions ou des préférences fondées sur l'âge,
la Société n'a pas actuellement le pouvoir de déterminer
la catégorie à laquelle appartiennent les logements à
loyer modique dans tout ou partie d'un même immeuble, en vue d'en
réserver l'attribution aux personnes qui remplissent les conditions
d'appartenance à un même groupe. Dans les faits, il existe, depuis
plusieurs années, deux catégories de logements: l'une pour
personnes retraitées et l'autre pour familles et personnes seules de
moins de 65 ans. Il s'agit donc de donner une assise légale à la
détermination de ces catégories de logements par la
Société d'habitation du Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Shefford.
M. Paré: Comme dans chaque projet de loi, les premiers
articles sont très importants parce qu'ils donnent l'objectif et
l'orientation qu'on veut y apporter. C'est le début, et le reste vient
confirmer ou vient souvent donner les modalités.
Cela le dit, c'est clair, ce projet de loi donne des pouvoirs à
la Société d'habitation du Québec et, au deuxième
paragraphe: "La Société détermine la catégorie
à laquelle appartiennent les logements... dans tout ou partie..." et, en
plus, "...d'en réserver l'attribution aux personnes qui remplissent les
conditions d'appartenance à un même groupe". Je veux juste que le
ministre me dise, quand on retrouve ce texte, quand on dit: "...les conditions
d'appartenance à un même groupe", si ça pourrait être
un même groupe, ce qu'on retrouvait... Vous pouvez dire que ce n'est pas
le document qui sert à préparer le règlement, sauf que
c'est un document de la Société d'habitation du Québec.
Quand on parle des grandes lignes du projet de réglementation de la
sélection des locataires de mars 1987, c'est même le document qui
a amené votre prédécesseur à mettre sur pied un
comité.
On retrouve là-dedans des orientations. Et, parmi
celles-là, on dit qu'un même groupe pouvait être, selon ce
qu'on pouvait lire là-dedans, des couples avec enfants, donc, de
privilégier ou de favoriser, et non seulement... Je pourrais reprendre
le Journal des débats de l'Assemblée nationale, parce que
je me rappelle avoir demandé, à quelques occasions, à
votre prédécesseur à l'Assemblée nationale et en
commission parlementaire: Est-ce qu'il se pourrait qu'on réserve
à des couples avec enfants, donc, qui deviennent un même groupe
avec des conditions particulières... Votre prédécesseur a
défendu cette argumentation à plusieurs reprises en disant que
ça pouvait être possible, ça pouvait même être
très bon, parce qu'on doit retrouver à l'intérieur de ces
habitations plus d'hommes, plus de couples, et il reprenait de l'argumentation
qu'on retrouve ici, et on l'a dénoncé à plusieurs
occasions à ce moment-là, cela permettrait d'avoir davantage une
vie de quartier, plus de sécurité, et on donnait une foule
d'arguments.
Est-ce que vous convenez qu'à partir du texte qui est là,
la Société pourrait nous amener un règlement qui fait que
l'on privilégie des couples avec enfants ou qu'on pénalise
indirectement - parce que si on en favorise un, c'est au détriment des
autres - ou qu'on discrimine un autre groupe d'appartenance qui serait celui
des femmes chefs de famille monoparentale? Est-ce que la Société
est en train d'acquérir par ce projet de loi le pouvoir de faire ce que
je viens d'énumérer?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour répondre très
spécifiquement à la question soulevée par le
député de Shefford, vous comprendrez que nous avons
répondu à l'invitation qu'il nous avait faite, et c'était
là l'intention manifestée par mon cabinet dès le
début. Nous n'avions pas l'intention de laisser cachés les
règlements qu'autorise cette loi. Vous retrouvez, pour répondre
à votre question, M. le député, dans les documents que
nous vous avons distribués sur le plan de la réglementation, les
catégories et sous-catégories de logements à loyer
modique, à l'article 1. Je sais que, pendant les heures où nous
avons suspendu les travaux, vous et votre équipe de personnes
compétentes qui vous entourent, avez pris le soin de prendre
connaissance de ce règlement et que vous êtes donc à
même de retrouver, là où je vous l'indique, les
réponses aux questions que vous posez.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Je vais questionner de nouveau, c'est
évident, parce qu'on a le même style de réponses
qu'à l'Assemblée nationale. Très souvent, la
première réponse qu'on a à la première question
qu'on pose c'est: Je vous ai déjà répondu
là-dessus. On est à l'article 1 et c'est ce que le ministre est
en train de nous dire, directement ou indirectement: On vous a
déposé des documents, donc vous avez la réponse. Ce que je
vous demande, c'est d'être clair, ce n'est pas compliqué. Est-ce
que l'article 1 du projet de loi 136 - et là, si vous dites le
contraire, je vais me poser des questions sur l'esprit même du projet de
loi quand vous avez dit que l'essence même et l'élément
moteur, c'est la discrimination - donne le pouvoir à la
Société d'habitation du Québec de discriminer par rapport
à des conditions d'appartenance à un même groupe?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, le
député retrouvera, vu que le gouvernement, fidèle à
sa pratique législative, a déposé, contrairement au
gouvernement précédent, la réglementation accompagnant le
projet de loi, la réponse à sa question à la section I,
article 1. Je vais, Mme la Présidente - je pense que ça fait
partie de mon rôle de ministre, au cas où quelqu'un du
côté de l'Opposition n'en ait pas pris connaissance - effectuer
une lecture dudit article et tenter d'apporter toutes les explications au
député de Shefford, étant convaincu que, même
lorsque toutes ces explications auront été apportées, le
député de Shefford aura quand même des questions qui feront
référence à ces explications. Cela me fera plaisir, Mme la
Présidente, de passer la soirée, jusqu'à minuit ce
soir, à répéter au député de Shefford
que le règlement découlant de l'article 1 de la loi, section I,
intitulé "Catégories et sous-catégories de logements
à loyer modique" est fidèle aux explications que j'ai
données dans ma première intervention, à l'occasion de
l'introduction de cet article. Ensemble, nous pouvons lire ce qui suit. "1. Les
logements à loyer modique sont classés en deux catégories.
"1° catégorie A: les logements pour les ménages de personnes
âgées; "2° catégorie B: les logements pour les
ménages de familles; "
Pourquoi, Mme la Présidente, cet article est-il
nécessaire? Comme je l'ai expliqué, hier, à l'occasion des
remarques préliminaires, le seul objectif de ce projet de loi est de
déléguer aux offices municipaux d'habitation une certaine
flexibilité dans l'adoption de critères d'admissibilité.
Maintenant, depuis 1979, la Société d'habitation du Québec
fonctionne, dans certains cas, sans les autorisations légales requises.
Elle l'a fait sous le gouvernement précédent, elle l'a fait sous
le gouvernement actuel. La modification apportée vise à donner
à la Société des pouvoirs législatifs qu'elle n'a
pas présentement et qu'elle exerce de facto quant à la
catégorisation des ménages par personnes âgées ou
par familles. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Shefford. (21 h 30)
M. Paré: Est-ce que le ministre reconnaît que c'est
par l'article 1 du projet de loi 136 que la Société d'habitation
du Québec pourra commencer à diviser, par des conditions
d'appartenance à un même groupe, tel qu'on le retrouve à la
page 2 du document qu'il nous a remis cet après-midi, paragraphe 6,
lequel dit: 'malgré l'article 5, dans tout immeuble ou partie distincte
d'un immeuble qui comprend à la fois des logements de catégories
A et B, à un logement de catégorie B - donc familles - ne peut
être attribué qu'à un ménage dont le demandeur ou le
chef de ménage, au sens de l'article 1 du règlement sur la
location d'un logement à loyer modique, est âgé d'au moins
50 ans et les enfants à charge d'au moins 16 ans. " On fait Ici une
discrimination à partir de l'âge. Donc, c'est exactement
ça. Ce sont des conditions d'appartenance à un même groupe
à partir de l'âge. Cela veut dire que dans des HLM - et il faut
que les députés le sachent dans leur comté parce que
ça va amener des modifications de fonctionnement, et on en a tous ou, en
tout cas, plusieurs dans nos comtés - mixtes qu'on appelle, une partie,
un certain nombre est réserve aux personnes âgées et un
certain nombre aux familles. À partir de ce règlement, si jamais
il se rendait, parce que ça peut être modifié sans
consultation n'importe quand, c'est ce que permet le projet de loi, ça
pourrait même aggraver ou limiter, mais ce que ça veut dire, c'est
que la partie réservée aux familles, à partir de
l'application dece règlement, serait pour les familles dont le
chef de famille est âgé d'au moins 50 ans et les enfants à
charge d'au moins 16 ans. Imaginez la restriction qu'on amène
déjà dans une partie des HLM.
Il faudra que le chef de famille soit âgé d'au moins 50 ans
et les enfants à charge d'au moins 16 ans. C'est ce que ça veut
dire. Donc, c'est une première discrimination qu'on peut rattacher au
deuxième paragraphe de l'article 1 qui dit: "remplissent les conditions
d'appartenance à un même groupe. "
C'est exactement ça et c'est ce que ça veut dire. Donc, on
risque peut-être d'avoir des problèmes finalement là
où on manquera de HLM ou d'en avoir qui seront vides sur une certaine
rue parce qu'on aura trop limité par rapport à des conditions
d'appartenance à un même groupe. C'est le pouvoir qu'on est en
train de donner. C'est quand même plus limité. On sait que
ça peut arriver. Je ne sais pas si, chez nous, ce sont ces gens qui sont
à la recherche d'un HLM. Au moins, on connaît un projet de
règlement qui n'est pas nécessairement le projet qui va
être en application dans une année ou dans six mois parce qu'il
pourrait être modifié en cours de route. On va le voir
tantôt et on le volt déjà. La Société
détermine.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On ne peut pas le déposer.
On ne l'a pas encore.
M. Paré: Ma question est bien simple. Est-ce que j'ai
raison de dire que le paragraphe 6 du règlement sur l'attribution des
HLM à loyer modique, déposé cet après-midi, est
applicable ou va être mis en vigueur par la Société
d'habitation du Québec par le pouvoir qu'on lui donne au paragraphe 2 de
l'article 1?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente,
l'argumentation du député de Shefford est très parcellaire
et morcelée. Je le réfère aux propos que je viens de lui
adresser concernant l'article 1. Maintenant, considérant que l'article 6
auquel il réfère stipule très clairement, à son
début, premier alinéa: "malgré l'article 5", je l'Invite
à prendre connaissance de l'ensemble de l'article 5. Maintenant, nous
pourrions prendre le temps de le faire ensemble. Une fois que nous avons
stipulé à l'article 6 que malgré les
éléments importants de l'article 5, nous disons: - et c'est le
règlement qui le dit - Dans tout immeuble ou partie distincte d'un
immeuble qui comprend à la fois des logements de catégories A et
B, des catégories que nous avons définies tantôt à
l'article 1, un logement de catégorie B, donc un logement de
ménage de famille, ne peut être attribué qu'à un
ménage dont le demandeur ou le chef de ménage, au
sens de l'article 1 du règlement sur la location d'un logement
à loyer modique, est âgé d'au moins 50 ans et les enfants
à charge d'au moins 16 ans."
C'est à la demande de l'Office municipal d'habitation de
Montréal qui, compte tenu des anciennes politiques, sous les
gouvernements précédents, a construit des HLM pour personnes
âgées qui souhaitaient se retrouver dans une certaine
tranquillité. C'est pour donner suite à cette demande de l'Office
municipal d'habitation de Montréal que nous incluons cet article qui se
doit d'être interprété compte tenu de l'ensemble des
dispositions contenues et à la réglementation et à la
loi.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Shefford.
M. Paré: Je comprends ce que vous dites et vous avez
raison. Quand on lit ça et qu'on dit que c'est ce qui est écrit,
c'est vrai. Là, c'est clair et net, cette possibilité, ce genre
de discrimination qu'on est en train de faire, répond en toutes lettres
à l'article 1, 2° paragraphe, où on dit: ou partie d'un
même Immeuble en vue d'en réserver l'attribution aux personnes qui
remplissent les conditions d'appartenance à un même groupe. C'est
exactement ça. On a l'exemple. C'est une partie d'immeuble, je viens de
le dire, réservée en exclusivité à un groupe de
personnes qui remplissent des conditions d'appartenance à un même
groupe. En même temps, cela veut dire - il faut en être bien
conscients, c'est ce que les groupes ont dénoncé - que d'autres
personnes qui pouvaient être admissibles ou qui le sont, au moment
où on se parle, ne le seront plus. Je pense ici à toutes les
personnes dans la quarantaine, avec des enfants, aux chefs de famille
monoparentale qui étaient dans les HLM famille et qui ne sont plus
admissibles. Si la femme - parce que ce sont à 90 % des femmes,
même si elle a des enfants - n'a pas 50 ans ou si ses enfants ont moins
de 16 ans, on vient de les éliminer de ce groupe de gens, donc de cette
partie des HLM réservée aux groupes qu'on vient d'identifier.
C'est un groupe qu'on est capable de visualiser ce soir.
On voit exactement jusqu'où cela peut aller. Mais cela pourrait
aller encore à une foule d'autres adaptations qui feraient en sorte,
finalement, de privilégier des groupes, pas nécessairement les
plus démunis de la société, il faut être bien clairs
là-dessus. Cela répond à l'objectif mentionné,
aussi, parce que cela va éliminer du monde. C'est un des objectifs.
C'est, en tout cas, l'objectif de la Société qui était
mentionné nommément dans le document de mars 1987 où il
est dit: II faut aussi ajouter un objectif d'ordre administratif, soit
alléger le volume déjà imposant des listes d'attente. Cela
va nous le permettre. Quand on ne sera pas catalogué dans un groupe,
cela veut dire qu'on ne sera pas éligible et qu'on est exclu. C'est
là que l'on parle de double liste, de liste à part, de liste
à côté, de liste spéciale, de liste en fonction des
catégories. C'est exactement ce qu'on dénonce depuis le
début et qui est en train de se confirmer ici. C'est clair et net.
Tout ce que le ministre est capable de dire, c'est qu'effectivement, en
lisant... Il l'a fait correctement. Il a lu le projet de règlement de la
Société d'habitation du Québec, le deuxième
paragraphe de l'article 1. Il a lu ensuite les paragraphes 5 et 6 en montrant
que, et... cela a répondu à ma question, le pouvoir donné
à la Société d'habitation du Québec permet ce qu'on
retrouve à l'article 6. On pourrait dire à l'article 6 que c'est
quelque chose d'acceptable, que, cela peut peut-être s'adapter à
certains HLM de quartiers plus vieillissants de Montréal. Sauf que la,
on en discute mais le pouvoir qu'on donne, on n'en discutera plus quand
arriveront des amendements, des aménagements, des modifications dans le
futur. C'est l'occasion qu'on a parce qu'à partir de maintenant, c'est
la Société qui décide sans prépublication pour
discussions. Donc, on se ramassera, dans nos comtés, avec les
problèmes de HLM ou les problèmes pour les gens qui veulent
entrer dans les HLM et qui ne le pourront pas. J'ai pas mal donné les
commentaires que j'avais sur l'article 1.
M. Godin: Mme la Présidente-La Présidente (Mme
Bélanger): Est-ce qu'il y a d'autres commentaires? M. le
député de
Mercier.
M. Godin: ...nos pires présomptions sont
confirmées. Les villes veulent créer des ghettos.
La Présidente (Mme Bélanger): Je m'excuse, M. le
ministre.
M. Godin: Je peux tout à fait laisser le droit de parole
au ministre qui parle si peu souvent. Cela ne me dérange pas du tout, au
contraire.
La Présidente (Mme Bélanger): Je m'excuse. M. le
ministre, vous avez la parole.
M. Godin: Je sais que vous en ferez bon usage, M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Strictement pour ne pas oublier
l'argumentation que vient de nous servir le député de Shefford et
peut-être que les propos que je vais tenir vont faire en sorte que le
député de Mercier en aura davantage ou moins à dire.
Il est certain que lorsque vous traitez de mesures de nature
discriminatoire, mais, suivant les opinions juridiques que nous avons obtenues,
qui sont autorisées par les chartes québécoise et
canadienne, vous êtes toujours en terrain délicat. Lorsque vous
établissez des priorités parmi les
personnes les plus démunies, vous effectuez des choix politiques.
Le choix politique qui est indiqué à l'article 6, entre autres,
du règlement que vous soulignez, est d'assurer une certaine
quiétude aux personnes âgées dans un immeuble ou dans une
partie d'immeuble où c'est mixte, où on retrouve du A ou du B.
Vous pouvez être contre cette quiétude, c'est un choix politique
qui vous appartient. Maintenant, nous pensons être capables de
défendre sur la place publique le choix politique que nous faisons et
nous nous sommes assurés que ce choix politique soit conforme aux deux
chartes auxquelles nous sommes soumis.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non. J'ai compris la
question.
M. Paré: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous avez un avis du
jurisconsulte?
M. Paré: Je vais la répéter.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous pouvez le
déposer pour le mettre dans le micro?
M. Paré: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'aurais souhaité le
déposer, sauf que vous comprendrez qu'il est de tradition parlementaire
- je comprends que vous êtes un petit peu nouveau à
l'Assemblée nationale - de ne pas...
M. Paré: Pas tellement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... déposer les avis du
jurisconsulte, pour une raison bien simple, qui est comprise par tous les
gouvernements qui se sont succédé et j'ai reçu de la part
du Procureur général des mises en garde à cet effet. Le
juristeconsulte pourra être appelé à l'avenir et sera
certainement appelé à défendre devant les tribunaux une ou
plusieurs dispositions et II ne peut pas fournir ses munitions à la
partie adverse.
Maintenant, je suis certain que l'Opposition officielle, compte tenu des
résultats de sa campagne de financement, des budgets mis à la
disposition de son service de recherche par l'Assemblée nationale, de
l'importance qu'elle accorde à ce projet de loi sera en mesure de se
munir d'avis juridique, si besoin est, si elle a des doutes raisonnables
suffisants et si elle accorde cette Importance à ce projet de loi et II
nous fera plaisir d'en discuter.
M. Paré: Je trouve ça juste un peu...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député j de Shefford.
M. Paré: Je vais laisser la parole à mon
collègue, mais...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais j'aimerais vous
entendre: Un peu quoi? Parce qu'on m'affirme que, et d'expérience, c'est
toujours la règle, je n'ai jamais vu un ministre ni péquiste ni
libéral déposer un avis de jurisconsulte. Je trouve la demande un
peu bizarre.
M. Paré: Oui, mais moi je trouve la réponse un peu
bizarre aussi. On dit: Nous, on ne peut pas, là, mais, vous autres, ne
vous gênez pas pour nous en apporter et on va discuter. Puis vous avez
commencé...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est pas la même chose,
voyons donc! Je vais être obligé de recommencer à
zéro avec le député de Shefford.
M. Paré: Ha! vous pouvez répéter ça
tant que vous voulez...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est décourageant.
M. Paré:... sauf qu'avec les réponses qu'on a on
est obligés de recommencer souvent, non pas pour avoir des nouvelles,
parce que... En fait, on vous donne la réponse dans nos questions. On
essaie juste de se faire confirmer ce qu'on a déjà
décelé et ce que tout le monde sait d'avance. On essaie juste de
se faire confirmer et d'avoir des garanties. Des garanties, on n'en a pas, mais
des confirmations on en a un peu.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce que je peux faire, comme je
viens de le faire, et vous aviez raison, suivant un article de notre
règlement, j'aurais pu invoquer que ce n'était pas
d'intérêt public, et c'est ce que je fais, de déposer... La
réponse que je vous ai donnée est Inspirée d'un avis de
jurisconsulte.
M. Paré: Rapidement, dans la réponse que vous
m'avez donnée, on ne peut pas le déposer parce qu'on s'attend
certainement à ce que le jurisconsulte devra Intervenir souvent pour des
mesures là-dedans, ce n'est pas très encourageant, ça. Je
vais vous dire...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La façon de s'assurer que
le jurisconsulte n'ait pas à Intervenir est de faire en sorte que
l'habitation sociale soit offerte à tout citoyen et citoyenne - Je
n'oserais même pas me limiter au Québec - de la planète,
sans aucune restriction, parce que si vous commencez à mettre des
limitations aux Québécois, la charte canadienne,
la mobilité des personnes à l'intérieur du Canada,
si vous ne mettez pas de distinction sur la citoyenneté canadienne, vous
faites des distinctions sur les origines, les ethnies, etc., c'est un voeu qui
peut bien paraître mais il faut s'entendre sur ce que ça veut
dire, et lorsque vous créez des dispositions qui visent à
favoriser parmi les plus démunis certaines catégories, etc., oui,
il y a de la discrimination positive. Mais le défi que nous avons comme
législateurs, comme parlementaires, est de s'assurer que cette
discrimination positive s'adresse, suivant les choix politiques que nous
effectuons aux personnes qui sont les plus démunies de la
société. ( 21 h 45)
Conformément aux dispositions des chartes, de mémoire,
c'est surtout l'article 15 de la charte canadienne et surtout l'article 10 de
la charte québécoise, sans exclure les premiers articles desdites
chartes qui donnent les grandes orientations.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Mercier.
M. Godin: Ce que je viens d'entendre confirme mes pires
présomptions. On veut donner, pas sur le Jurisconsulte, mais sur
l'instrument dont veut se doter l'office d'habitation municipal, d'avoir de
beaux petits ghettos tranquilles pour personnes âgées, pas de
bruit, pas d'enfants, pas trop de pauvres, pas de familles monoparentales... On
entend, bien sûr, dans nos comtés, les propos des locataires de
HLM, qui disent: Ah, il y a ces jeunes, maudit qu'ils font du bruit, et tout
ça. Ils se plaignent à l'office d'habitation municipal qui
répond: On n'a pas les moyens, pour l'instant de répondre
à vos demandes. Il faut qu'on mette quelques pauvres chez vous, quelques
enfants, quelques familles monoparentales. Mais si le projet de loi 136 est
adopté, on va enfin être doté d'un instrument qui va nous
permettre d'avoir des ghettos: au moins 50 ans et pas d'enfants de moins de 16
ans. Cela veut dire, Mme la Présidente et M. le ministre, que vous
donnez une poignée à l'égoïsme social de certaines
classes de citoyens. Les personnes âgées ne veulent pas de bruit
dans leur maudit HLM, elles veulent juste être tranquilles. Elles ont
enfin le HLM dont elles rêvent depuis des années, elles ont fait
des pressions sur le ministre et leur député pour l'avoir, et le
voisin est un gars ou une femme avec des enfants. Elles se disent alors:
Pourquoi suis-je partie de chez moi? Je suis poignée avec des gens qui
font plus de bruit que j'en avais avant dans ma rue Panet, ma rue Fabre ou
Chambord, dans mon comté.
Par conséquent, je pense que les pires craintes qu'on avait sont
confirmées. Il y a une sorte de discrimination anti-bruit qui se
dégage de l'article 6 du règlement du ministre - je veux le
remercier de l'avoir déposé - et cela ne correspond pas du tout
à la définition du HLM historique qui est que ça rend
service aux plus démunis, pas aux moins tranquilles, pas aux enfants qui
ne crient pas et qui ne braillent pas, mais aux démunis. Un HLM qui
serait destiné à devenir uniquement un ghetto de personnes
âgées qui veulent avoir la sainte paix à leur âge,
qui se couchent de bonne heure et tout ça, je pense que ça trahit
la mission fondamentale des offices municipaux d'habitation, et la
définition même d'un HLM.
Dans mon comté, j'entends souvent des plaintes contre certains
voisins plus bruyants ou plus jeunes qui ont des enfants, et je me bats pour
que, précisément, on reconnaisse l'existence... Le ministre sait
aussi bien que moi que dans certaines villes, on ne veut pas avoir de maisons
dans tel quartier pour les détenus qui sortent de prison, parce qu'on
dit: Cela va faire du trouble, ce sont des voleurs et des ci et des ça.
Tout le monde connaît ce problème. Je pense que le rôle d'un
gouvernement est précisément de se battre pour la justice sociale
et pour que les égoïsmes soient nivelés au profit d'une
justice et d'une paix sociales dont tout le monde bénéficierait,
et non pas seulement tel groupe, tel sous-groupe ou tel ghetto. Je suis
sûr que le ministre est conscient de ça, parce que, malgré
qu'on ne soit pas toujours du même avis, c'est une homme que j'estime
plutôt ouvert dans ses idées, en général du moins.
Mais ce n'est pas un chèque en blanc.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est dans un cas particulier que
je suis moins bon?
M. Godin: Je pense que le rôle des offices municipaux
d'habitation est de privilégier les démunis, ceux qui n'ont pas
de logement, ceux qui n'ont pas beaucoup de revenus. Évidemment, quand
on privilégie les pauvres, on privilégie des fois le bruit. Cela
déplaît aux personnes âgées, de 50 ans et plus, qui
veulent avoir, comme on dit par chez-nous, "la crisse de paix". En
général, le rôle du législateur n'est pas de
privilégier des ghettos de sainte paix, mais des HLM destinés aux
personnes à faible revenu. C'est la mission première d'un HLM, et
si nous oublions ça, comme législateurs, on n'a pas d'affaire
ici, à mon avis, à protéger les privilèges des gens
qui n'aiment pas le bruit, qui n'aiment pas les enfants et qui veulent
être tranquilles chez eux jusqu'à la fin de leurs jours.
Je pense que tout ministre ou tout député qui ne serait
pas conscient des dangers que représente l'article 6 du règlement
déposé par le ministre ne serait pas tout à fait au
service de sa population, et surtout de la définition même d'un
HLM, qui n'est pas d'avoir des hâvres de paix aux dépens de
l'État, mais des hâvres où on peut loger des sans-abri, des
démunis, qu'ils aient des enfants bruyants ou non. N'importe qui,
conscient du problème des HLM, des plaintes qu'on entend de la part des
locataires des HLM, avec les rêves secrets des directeurs d'offices
municipaux d'habitation, sait très bien que ces fonctionnaires
veulent avoir des HLM où la paix règne, où ils n'ont pas
de maudits problèmes, où il n'y a pas un locataire qui appelle
pour se plaindre d'un voisin. Dans tous nos comtés c'est pareil, j'ai
souvent ça chez moi, régulièrement. Je pense que s'il y a
des problèmes dans un HLM, c'est à être réglé
par la police, par les tribunaux ou par les procédures normales
auxquelles tout citoyen a accès, et pas par la création de
ghettos d'âge, de tranquiltté, ou anti-bruit. Je ne pense pas
qu'un HLM doit être un "muffler", Mme la Présidente. Mes pires
présomptions sont confirmées et si le ministre veut commenter mes
propos, je n'ai que hâte de l'entendre.
J'ai terminé mon intervention sur ce point-là, l'en aurai
d'autres plus tard.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Mercier. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, vu que
les règlements ont été déposés en milieu
d'après-midi, je ne suis pas certain qu'on ait eu le temps de les lire
très attentivement ou peut-être pas dans... Non, nous les avons
lus avant de les déposer.
M. Dufour: Je parle de l'article 6.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La compréhension que j'ai
de cet article 6 n'est pas reliée à l'application
générale qu'en fait le député de Mercier.
L'application pratique de l'article 6 dans les faits vise des immeubles qu'on
appelle mixtes, qui ne sont plus les immeubles que l'on fait a la
Société d'habitation du Québec. Il s'agit de vieux
immeubles qui ont été faits à l'époque. On me dit
que c'est surtout à Montréal qu'ils sont situés, qu'il y
en aurait une dizaine dans le Grand Montréal.
M. Dufour: Une dizaine de...
M. Godin: De bâtiments plus anciens, mixtes...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'immeubles mixtes. L'article 6
trouve une application pratique sur le terrain dans une dizaine d'immeubles
situés à Montréal où on a une clientèle
qu'on appelle mixte, parce que maintenant on y va par familles ou personnes
âgées. Dans cette dizaine d'immeubles mixtes, les personnes
âgées qu'on y retrouve, comme ailleurs, sont des personnes
défavorisées sur le plan financier, soit dit en passant, qui
recherchent, comme d'autres personnes, une certaine quiétude. Si, dans
ces Immeubles mixtes, on n'a pas un tel critère d'adaptation, ça
veut dire que dans ces dix immeubles mixtes, au lieu d'envoyer la personne dans
un immeuble avec familles, on l'envoie là, question de créer un
peu de brasse-camarades et de frottage d'oreilles entre les
générations. Si c'est un souhait de l'Opposition de créer
une telle situation dans ces dix Immeubles, je recommanderais peut-être
à l'Opposition de faire l'inventaire de ces dix immeubles, d'aller voir
qui s'y trouve, de constater qu'il s'agit de gens démunis et qu'en
agissant de la sorte on ne pénalise pas les autres groupes, parce que
les gens qui se qualifient dans ces Immeubles, on n'a pas besoin de les loger
dans d'autres immeubles.
Donc, on répartit mieux nos clientèles en tenant compte de
leurs besoins respectifs Si l'Opposition ne partage pas ce point de vue, parce
que j'ai eu l'impression en écoutant le discours du député
de Mercier qu'il pensait que ça s'adressait à tous les Immeubles
de la Société d'habitation du Québec, partout, que
c'était un problème généralisé, etc., je
n'ai pas compris qu'il avait compris que ça s'appliquait à une
dizaine d'immeubles a Montréal. Je peux me tromper...
M. Godin: C'est parce que le ministre a dit: Ça vient
d'une consultation que j'ai eue à Montréal. Et mol, pour
être de Montréal et de la région...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous êtes
conscient que ça s'adresse à une dizaine d'immeubles?
M. Godin: Ce n'est pas si évident que ça. Vous le
dites et je suis prêt à vous croire, sauf que le règlement
est là, et il est aveugle, il n'est pas le règlement de Pierre
Paradis.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II s'applique à des
immeubles mixtes. Ils existent ou ils n'existent pas, les immeubles mixtes.
Tous les nouveaux immeubles qui sont construits depuis plusieurs années
sont des immeubles soit pour personnes âgées, soit pour familles.
Ce ne sont pas des Immeubles mixtes. C'est un résidu de vieux Immeubles
qu'administre...
M. Godin: L'ancienne politique.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est ça et c'est pour
ça que nous créons cette exception dans ces dix vieux immeubles,
à la demande des intéressés, et ça ne nous semble
pas, à première vue - nous sommes prêts à
l'évaluer sous tous ses angles - pénaliser nos clientèles
de familles pour qui nous continuons à construire...
M. Godin: Les intéressés étant les gens des
offices municipaux d'habitation?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, lorsque je parle des
Intéressés, ce sont les clientèles qui sont logées,
qui sont sur les listes d'attente ou qui sont admissibles.
M. Godin: D'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les offices municipaux
d'habitation sont là, comme le gouvernement du Québec, pour
donner des services à cette clientèle.
M. Godin: Cela répond à ma question pour l'instant,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Mercier. M. le ministre, est-ce qu'il y a d'autres
commentaires?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas pour le moment, mais s'il y a
des questions on va répondre.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: J'aimerais, Mme la Présidente, parler un peu
sur la forme ou sur les détails de l'article 1. Ce dont on s'est rendu
compte, c'est que lorsqu'on parle d'un immeuble, assez souvent, dans des
offices municipaux d'habitation, il y a non seulement des immeubles, mais II y
a des groupes d'immeubles situés au même endroit.
Donc, quand je regarde le libellé de l'article, ça semble
s'adresser à l'immeuble comme tel. L'immeuble, est-ce que ça
comprend le tout ou si c'est juste une bâtisse, bâtisse? Est-ce
bâtisse par bâtisse, qu'on applique cette
réglementation?
Le Président (M. Baril): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'interprétation juridique
d'un même immeuble est bâtisse par bâtisse. C'était
mon Intuition et je l'ai vérifiée auprès des experts.
M. Dufour: Mais le problème qu'on a, c'est qu'on peut
avoir des catégories de bâtisses. Mais, déjà, a
travers des implantations d'immeubles, il peut y avoir plusieurs bâtisses
situées au même endroit. Si on commence à jouer avec des
catégories, Immeuble par immeuble, ça pourrait changer la nature
de l'habitation ou de l'habitat.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est pour ça que, cet
après-midi, nous avons distribué le règlement que, je suis
certain, vous avez pris la peine de lire avec attention.
M. Dufour: J'ai lu une partie du règlement. Je sais
déjà, par exemple, que le but du règlement - II ne faut
pas se le cacher - c'est de faire de la discrimination, d'essayer de
catégoriser les gens, d'établir des classes d'individus et, en
même temps, c'est probablement pour diminuer des listes d'attente. Le
vrai fond de tout ça, quand on regarde...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis lorsque vous me dites que
vous avez lu le règlement. Mais j'écoute quand même vos
commentaires.
M. Dufour: Une partie. Mais quand on est intervenus, on
avait toujours bien les grandes lignes et je ne suis pas prêt
à dire que c'est tout changé depuis le début par rapport a
ce qui a été déposé. Je pense qu'on a eu les
grandes lignes du projet de règlement. Quand on lit les premières
parties - il ne faut pas se le cacher - vous parlez des catégories A et
B. Ce n'est pas une notion que vous établissez par le règlement
cet après-midi quand vous l'avez déposé. Elle était
déjà quelque part. Quand vous parlez de ménages, de
conjoints et de familles monoparentales ou autrement, on a vu des... J'ai
regardé les conditions d'admissibilité, à part ça.
Il y a tout de même des éléments qu'on a retrouvés
quelque part. En tout cas, par l'expérience que j'ai vécue dans
le passé, on peut toujours bien déduire assez rapidement que le
but visé, c'est de diminuer la pression des individus sur les logements
sociaux, parce que ça va éliminer un certain nombre de personnes.
Ce n'est pas pour donner un plus grand accès.
Si vous me dites que c'est pour donner un plus grand accès aux
personnes en difficulté financière, à ce moment-là,
on aimerait bien vous l'entendre dire. Je n'ai pas compris ça comme
ça et je serais surpris que vous nous le donniez de cette façon.
Vous pourrez réagir par rapport à ça si vous voulez.
Le deuxième point que je voulais amener, c'est qu'il y a aussi
des logements ou des groupes de logements en location. Il y a l'aide au
logement que la SHQ peut attribuer à l'entreprise privée selon
certains critères. Souvent, ce n'est pas l'immeuble au complet qui est
loué. Alors, l'office municipal n'est pas obligé de louer
l'ensemble de la bâtisse. Il peut louer un certain nombre de
logements. Comment allez-vous appliquer... Est-ce que ces critères
qu'on établit vont être établis par rapport à la
partie de la bâtisse qui est en location? Cela pourrait être
toute la bâtisse. Mais est-ce que l'office municipal va être
obligé de tenir compte de toute la structure des locataires de la
bâtisse ou seulement de la partie et, là, il va faire
l'application de son règlement?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que le
député de Jonquière était absent lorsque l'article
a été appelé et que j'ai fourni les premières
explications. Mais dans les circonstances, ça me fait quand même
plaisir de les répéter, Mme la Présidente.
M. Dufour: J'étais ici quand l'article 1 a
été appelé. Vous pourriez peut-être le
répéter.
(22 heures)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais quand même
répéter parce que, s'il y avait présence, il y a,
semble-t-il, Incompréhension. L'article, dans la pratique, ne changera
rien. Depuis 1979, la Société d'habitation du Québec
fonctionne sans autorisation légale. L'article ne vise qu'à
donner l'assise légale nécessaire à une fonction
exercée par la Société depuis 1979. Donc, lorsqu'on se
pose la question en fonction des bénéficiaires, des usagers, il
n'y aura pas de changement pratique sur le terrain et je pense que c'est
ça qui devrait rassurer l'Opposition officielle et répondre
précisément aux questions, au moins à la première
partie de la question du député de Jonquière.
Quant à la deuxième partie de sa question qui touchait
l'aspect du locatif privé, je suis certain que le critique de
l'Opposition en matière d'habitation a déjà Informé
le caucus du Parti québécois et que, sans doute, le
député de Jonquière n'a pas manqué ce caucus au
moment où le député de Shefford a spécifié
que les allocations de logement sur le marché locatif privé ne
s'appliquaient qu'aux familles.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Je n'ai pas à tenir pour acquis que le ministre
m'a donné l'information que j'avais demandée. Ce n'est pas la
première fois qu'on le vit. Il est évident aussi que j'aurais
aimé assister aux remarques préliminaires du projet de loi, tel
qu'il a été déposé. Je pense bien que l'Opposition
a compris que si ce règlement ne changeait rien, je ne vois pas pourquoi
on apportait une loi. Je pense que le problème qu'on a et qu'on va
vivre, c'est que, sur le territoire comme tel, il y a des changements qui sont
apportés. Si on donne cette assise, c'est qu'effectivement, on veut que
les critères s'appliquent. Ces critères qui sont basés sur
des règlements vont amener certainement des difficultés plus
grandes pour les gens en quête d'un logement.
Je n'ai pas compris encore jusqu'à maintenant que la loi ait
donné, où que ce soit, un droit à l'habitation. Je pense
que ce n'est pas reconnu encore dans... Il n'y a pas de loi qui reconnaisse,
jusqu'à maintenant, un droit à un logement décent. C'est
déjà quelque chose qu'on ne reconnaît pas dans nos lois.
Quand on donne la chance ou... Je ne dirais pas la chance, mais quand on permet
à des gens d'avoir accès à des logements à loyer
modique, c'est déjà un avantage qui n'existe pas pour l'ensemble
de la population, parce qu'il n'y a pas suffisamment de logements.
Pourquoi apporte-t-on ces règlements? C'est sûrement pour
qu'on puisse faire des tris; c'est le tri par la masse. Il est clair que ce
sont des tris qu'on peut exercer dans une société et que la loi
permettra de le faire.
Il est clair aussi que si c'est la Société d'habitation du
Québec qui exerce ce pouvoir dans le cadre d'une loi ou de
règlements, ce sera très rigide. Je ne pense pas que la... C'est
pour cela qu'il faut comprendre toutes les appréhensions qui ont
été soulevées par le député de Shefford.
Concernant la loi comme telle, les hésitations qui ont
été manifestées par le député de Shefford
sont vraiment dans le sens qu'on va apporter des changements assez importants.
Même si on dit qu'on veut apporter un cadre législatif à ce
qui s'est fait jusqu'à maintenant, j'ai bien l'Impression qu'on va
ramener des actions ou des décisions de nature à donner ou
à causer plus de problèmes à d'autres intervenants.
À vouloir tout éclairer, quelquefois, on cause plus de
problèmes qu'on apporte de solutions. À venir jusqu'à
maintenant, c'est cela. Je ne pense pas que les municipalités aient eu
le temps d'étudier les règlements que vous avez
déposés ce soir. Ils ont été
déposés pour nous. On peut s'informer à savoir s'ils ont
été déposés à d'autres endroits avant qu'on
ne les ait en main. J'aurais été curieux de voir s'il y a eu des
feed-back ou des réactions par rapport à ces règlements,
à savoir comment on va réagir. Peut-être que les offices
municipaux d'habitation cherche à avoir le cadre le plus rigide et je
pense que c'est normal. Pour ceux qui ont à appliquer des
règlements ou des lois, plus ils sont encadrés, plus c'est facile
de dire oui ou non. Ils ouvrent le tiroir et, en vertu de tel article,
on vous dit: Non; en vertu de tel autre article, c'est oui; en vertu de tel
autre article, c'est ni oui ni non, et on n'a plus besoin de s'occuper de vous.
Par contre, une part de jugement doit s'exercer par rapport à cela.
Pour avoir vécu l'expérience des offices municipaux
d'habitation, je peux vous dire que ce n'est pas si facile que ça. S'il
y avait beaucoup de logements disponibles, si on avait un surplus, je suis
convaincu que ces règlements seraient beaucoup moins nécessaires.
Quand on parle d'attribuer aux personnes qui remplissent les conditions
d'appartenance à un même groupe, on commence à cataloguer
les gens, on commence à leur dire que... Cela ressemble presque à
l'Allemagne, au temps où ils disaient: On veut faire disparaître
des gens. La pureté du sexe des anges. On s'attache à ça,
et on dit: C'est comme ça qu'on va l'attribuer; vous devez avoir le plus
de conditions possible pour vous amener quelque part. À ce
moment-là, on va ghettoïser les Individus et on va ghettoïser
aussi des endroits.
Je pense qu'il a été de tout temps accepté que si
on permet à des gens de bénéficier de certains avantages,
il faut aussi qu'ils puissent subir certains inconvénients. C'est
déjà une augmentation de services ou d'avantages dont les gens
jouissent et, par rapport à ce qui est écrit dans le projet de
loi, on sent bien, à travers cet article, qu'on décide que ce
sont les gens qui appartiennent à des groupes qui remplissent les
conditions d'appartenance. Plus il y a des
catégories, plus il y a de chances qu'on fasse
l'élimination et plus on va amener les gens à demeurer dans des
ghettos, ce qui n'a jamais été recherché dans la
législation jusqu'à maintenant. On n'a jamais voulu faire des
ghettos pour les pauvres, des ghettos pour les femmes seules et des ghettos
pour les personnes âgées, je pense que c'est faux. Je pense qu'il
serait faux de tomber là-dedans, de vouloir ghettoïser des gens. On
essaie de disperser les HLM un peu partout sur le territoire, de ne pas les
garder dans les mêmes endroits. On essaie de les distancer. Pour des
groupes de personnes ou les familles, il serait important qu'on tienne compte
un peu plus de cette réalité.
Je comprends que la SHQ puisse avoir des désirs, je comprends
aussi que les offices municipaux d'habitation voudraient avoir le plus de
facilité possible pour établir leur type de locataires, les
conditions de logement, mais on vous dit qu'il y a un danger et ce danger est
vraiment dans la façon dont l'article est rédigé puisque -
et c'est l'importance de cet article - déjà, on vient
déterminer à qui, comment et pourquoi on va attribuer des types
de logement, à des groupes d'individus qui ont une certaine raison
d'appartenance.
Pour ces raisons, la question étant ce qu'elle est, II faut
toujours bien regarder... Je pense que c'est l'article de fond du projet de
loi, et on va le sentir tout au long de l'étude article par article.
C'est le fond de la loi. Si vous me dites, comme vous l'avez dit tout à
l'heure, que ça ne change rien, je ne vois pas pourquoi on a besoin de
l'insérer dans une loi. Si ça ne change rien, on ne devrait pas
faire de loi. Si ça change, et cela va changer quelque chose, je suis
convaincu que ce projet de loi, qui est appuyé par un règlement
assez Important, va apporter des changements suffisamment importants dans les
offices municipaux d'habitation, surtout pour les utilisateurs de ces
logements. Je ne suis pas sûr que les députés seront plus
heureux pour ça. Je ne sais pas si c'est pareil chez vous, mais je
trouve qu'on a beaucoup de HLM dans nos milieux. C'est malheureux. Il y a
peut-être d'autres façons de régler le problème du
logement que de bâtir des HLM. Il y aurait peut-être d'autres
façons. Si on avait un projet de société un peu mieux
articulé, on aurait peut-être besoin de moins de HLM. Comme on a
beaucoup de HLM, je ne pense pas que ce projet de loi sera de nature à
éliminer les problèmes auxquels on fait face
régulièrement. Je ne sais pas si c'est pareil dans tous les
comtés, mais chez moi, dans mon comté spécifique, les
problèmes des HLM sont là, les demandes sont là. Je ne
pense pas que les règlements ou la loi qu'on a devant nous va
améliorer la qualité des logements comme la quantité de
logements disponibles et qu'elle va donner plus de satisfaction ou plus de
logements aux individus ou aux familles. C'est ça le problème de
fond. Je pense que la politique d'habitation n'a jamais été
déposée, que je sache. On ne l'a pas vue. On a assisté
à des commissions parlementaires de plusieurs jours, on a vu ça.
Je n'ai pas assisté à toute la discussion, mais je peux dire, par
exemple, que mon expérience me permet tout de même de constater,
dans notre vécu de tous les jours, soit comme député, soit
comme maire, que tous les gens qui ont à répondre de certains
besoins de la société, on se rend compte que c'est toujours
morcelé ce qu'on fait. On ne travaille jamais sur un projet d'ensemble.
Je vous dis carrément que s'il y avait plus d'emplois, on aurait besoin
de moins de HLM, parce que les gens qui travailleraient pourraient s'organiser,
en acheter ou se loger. Ils auraient les moyens de le faire.
Pourquoi cette société vit-elle comme ça? C'est
parce qu'il n'y a pas suffisamment de... Ce n'est pas un projet de
société qu'on a. On essaie de répondre en disant: Plus on
va réglementer.. Pourtant, c'était contraire à la
philosophie du Parti libéral qui disait: Moins de lois, moins de
législation. Et plus ça va, plus on a de législation, plus
on a de réglementation et plus on va avoir, à la longue - je ne
dis pas pour le moment... Si cela peut satisfaire quelques personnes, on peut
se contenter en disant: On vient de régler un problème. Mais
est-ce qu'on a vraiment réglé le problème? On ne
lève jamais le couvercle, on est toujours à côté de
ce couvercle et on ne donne pas de réponses exactes. Ce qui manque,
c'est un projet de société. C'est un projet où on pourrait
parler de l'individu dans son entier. De temps en temps, on parle au point de
vue familial; un autre tantôt, on va soulever le problème d'une
autre façon. Quand on regarde cet article, on sait bien que le projet de
loi qu'on a devant nous ne donnera pas plus de logements à ceux qui en
ont besoin. On va dire: Fermez-vous, ne parlez plus, parce qu'on a un
règlement qui dit: C'est ça. Quand les gens vont avoir lu
ça, ils vont s'en aller et vont dire: On est maltraités, on n'a
pas de logement. Cela ne répond pas du tout à ce qui est
demandé. Ce que j'ai compris jusqu'à maintenant, c'est que le
monde demande de plus en plus de logements. Pourquoi? Parce qu'on n'a pas de
réponse à leur donner. On n'a pas de réponse. On
répond aux problèmes comme un médecin répond
à quelqu'un qui est malade. On coupe. Il y a juste les morts qui n'ont
plus de problèmes, les autres vivent avec. Je vous dis
l'expérience que j'ai vécue avec les offices municipaux
d'habitation. Il était un temps où il n'y en avait pas un sur le
territoire de ma municipalité. On n'a pas innové. Ce qui a
amené des HLM dans une municipalité chez nous, dans le secteur
d'Arvida où j'étais maire, c'est parce qu'il y a eu une fusion.
Je n'en voulais pas. Je ne trouvais pas que cela répondait vraiment
à des besoins de société.
Des besoins de société, c'est de l'emploi. Il y a des
droits quelque part et on n'a pas les éléments, parce que le
gouvernement n'a pas de réponse globale. S'il y avait une politique
d'habitation et si, comme principe de base, on
disait: Le droit à un logement, là, on viendrait d'avoir
une réponse. À ce moment, on serait obligé de s'habiller
et de donner des réponses. On répondrait à des besoins et
on sentirait cette obligation. Mais on dit: Peut-être que oui,
peut-être que non; si vous êtes chanceux et que vous gagnez le gros
lot, vous allez avoir un HLM; si vous n'êtes pas chanceux, vous n'en
aurez pas.
Avec ce que j'ai vu par rapport à ce qui nous a été
demandé, par rapport aux engagements de l'ex-ministre des Affaires
municipales et responsable de l'Habitation, engagements qu'il avait pris d'une
façon formelle, et toute cette parade de gens qu'on a faite, en tout
cas, je ne serais pas fier d'être ministre et d'être obligé
de présenter un projet de loi qui ne tient pas compte des engagements
antérieurs. Je ne serais pas heureux de faire ça. Il me semble
qu'il y a eu des engagements. C'est vrai. Je prends à témoin le
député de Shefford, on se le rappelle, c'était quelque
chose. On a déplacé une commission, on est allé à
Montréal, dans la grande ville de Montréal. On est venu à
Québec, on est venu rencontrer tout ce beau monde. Les gens avaient fait
des efforts. Ils avaient travaillé fort, présenté de beaux
mémoires. Je vous rappelle que certains mémoires avaient du
sérieux. Ceux qui avaient fait le mémoire - Saint-Vincent-de-Paul
ou quelque chose comme ça - qui parlait des problèmes dans la
société... Le ministre nous parlait des problèmes de
Montréal tout à l'heure. Il vient de parler de Montréal,
donc, il doit savoir de quoi il parle. Mais est-ce qu'il a lu ces
mémoires? Est-ce qu'il a lu les engagements de son
prédécesseur? On aurait aimé ça... (22 h 15)
La Présidente (Mme Bélanger): En conclusion, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Moi, en tout cas, j'aurais aimé dire que les
engagements qui sont là, que l'article qu'on a devant nous
répondra à des besoins réels, pas à des besoins
d'administrateurs seulement, mais aux besoins des usagers. Je ne pense pas que
les usagers aient demandé des critères pour se faire exclure. Les
usagers, que je sache, demandent d'aller à l'Intérieur. Les HLM,
tes offices municipaux d'habitation essaient d'obtenir une réponse pour
ne pas avoir de pression et dire: On veut s'en débarrasser. Ils diront:
L'article 3 vient de vous exclure. Les gens vont s'en aller.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Jonquière. M. le député de
Hull.
M. LeSage: Merci, Mme la Présidente. Le
député de Jonquière nous a fait mention, tantôt, de
son expérience vécue, de la venue de l'office municipal
d'habitation dans son secteur, dans son comté. J'aimerais vous faire
part également, Mme la Présidente, de l'expérience
vécue dans mon comté.
Il y a plusieurs logements de l'Office municipal d'habitation de Hull
dans mon comté. Je sais pertinemment que, dans les années
soixante-dix ou à la fin des années soixante-dix, il y avait des
demandes épouvantables de logements sociaux dans Hull. C'est
peut-être, pas peut-être, c'est sûrement avec la venue du
Parti libéral qui nous a créé une économie plus que
normale parce que des jobs ont été créées dans mon
comté et dans les comtés environnants également. Cela a
fait en sorte que les gens ont pu sortir des offices municipaux, des HLM, et
les listes de 1200 ou 1300 demandes vers la fin des années soixante-dix
sont aujourd'hui d'à peine quelque 100 dans le comté de Hull.
J'aimerais aussi faire remarquer au député de
Jonquière que, lorsque l'Office municipal d'habitation de Hull veut des
critères de sélection ou veut catégoriser des immeubles,
ce n'est pas par caprice. On peut avoir des Immeubles à plusieurs
étages et, pour faciliter la vie des personnes handicapées, par
exemple, on peut prendre le premier étage et ouvrir des portes de patio.
Il faut que ces critères soient établis. On peut aussi demander
aux personnes qui ont des familles dont les enfants s'en vont ou si un des
conjoints décède...
Pourquoi laisserait-on ces gens demeurer dans deux chambres à
coucher alors qu'on pourrait facilement les reloger dans une chambre? Vous
êtes d'accord avec ça?
M. Dufour: Vous pouvez le faire.
M. LeSage: Oui. Je ne sais pas si on peut le faire avec la
réglementation actuelle?
Une voix: Non.
M. LeSage: Oui, ils le font peut-être, M. le
député de Jonquière. Ils font plusieurs choses. Le projet
de loi confirmera ce qu'ils font sans réglementation. C'est ce que le
ministre nous a dit tantôt. C'est la précision que je voulais
faire, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Hull. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente,
très brièvement. Je tiens à remercier M. le
député de Jonquière de son apport. Sans vouloir
m'Ingérer dans l'affectation des responsabilités du
côté de l'Opposition officielle, je pense que le chef
parlementaire de l'Opposition officielle pourrait peut-être s'inspirer de
la division des tâches du côté ministériel et confier
au porte-parole en matière d'affaires municipales également la
responsabilité de l'habitation. Je pense que les propos qu'il a tenus et
qui, dans une partie très Importante, sont en parfaite contradiction
avec les propos tenus par le porte-parole officiel feraient en sorte que le
rapprochement que nous avons connu sur le plan législatif en
matière d'affaires municipales
pourrait également s'effectuer en matière
d'habitation.
Maintenant, je retiens, Mme la Présidente, des propos du
député de Jonquière qu'il ne souhaite pas beaucoup de HLM
dans son milieu, que le député de Shefford, lui, en souhaite
beaucoup, mais que le député de Mercier qui, finalement, fait un
peu le trait d'union entre ces porte-parole de l'Opposition officielle, lui,
souhaite peut-être ce dont nous avons davantage besoin et ce que vise
l'actuel projet de loi, des critères nets, clairs et précis qui
fassent en sorte que, lorsque quelqu'un le visite à son bureau de
comté, il soit en mesure d'apporter des réponses claires, nettes
et précises basées sur une loi et une réglementation
compréhensibles, accessibles et surtout applicables.
Je pense, Mme la Présidente, qu'à partir de ce triumvirat,
nous pourrons continuer à progresser dans nos travaux et dans la nuit
avec toute la célérité que nous avons connue au cours de
la nuit passée et que nous connaissons ce soir.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le ministre.
Est-ce que l'article 1 est adopté?
Une voix: Adopté.
M. Godin: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
de Mercier.
M. Godin: Je voudrais juste rappeler à mon nouveau
collègue, le député de Huit, le nouveau-né du
Parlement, que, dans Montréal, la liste d'attente est de 35 000
personnes pour les HLM.
M. LeSage:35 000?
M. Godin: Pardon, 35 000 pour l'ensemble du Québec et 15
000 à Montréal seulement...
Une voix: Oh!
M. Godin: ...et que ces chiffres n'ont pas diminué depuis
l'accession au pouvoir du magicien du Parti libéral du Québec, le
nouveau Houdini qui est supposé tout régler.
Une voix: Oui.
M. Godin: Cela n'a pas baissé tellement chez nous.
Peut-être que, dans Hull, vous, grâce à Dieu, vous avez eu
des chances ou des miracles, je ne sais pas...
Une voix: Gatineau.
M. Godin: ...mais chez nous, ça n'a pas du tout
changé. Au contraire, le nombre de HLM construits a diminué au
moins du tiers. Pour l'ensemble du Québec, c'est passé de 10 700
HLM, coop et OSBL en 1979 à 2007 l'année passée. Par
conséquent, on a des besoins et on a de moins en moins de portes par
où vous pouvez faire entrer les gens qui ont des besoins. Donc, moi, je
ne suis pas du tout témoin de la société paradisiaque que
vous décrivez dans Hull et je souhaite que le vent qui souffle à
Hull souffle également tôt ou tard dans Mercier, pour que nous
puissions, nous aussi, avoir accès à cette espèce d'Eden
que vous décrivez si brillamment, pour ne pas utiliser le mot "paradis",
parce qu'on abuse un peu de ce mot-là depuis quelques jours.
M. Dufour: Même si le temps est écoulé, Mme
la Présidente, je pense qu'on ne peut pas laisser des propos
erronés...
La Présidente (Mme Bélanger): J'aurais besoin d'un
consentement, parce que le temps pour l'article 1...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À condition que ça
compte pour l'article 2.
Des voix: Ha, ha, hal
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis certain.
M. Dufour: Je ne veux pas m'engager à ça.
Non, mais on ne peut pas laisser les propos
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: ...par exemple, l'interprétation que le
ministre donne de ce que j'ai dit? Moi, je dis que des HLM, s'il n'y en pas de
besoin à Hull, c'est facile à comprendre, c'est que le taux de
chômage est pas mal plus bas que chez nous. Nous, nous parlons d'un taux
de chômage de 15 % et plus. Un Instant! On est obligé d'avoir des
HLM, pas parce qu'on aime ça. Moi, je vous dis personnellement que
j'aimerais mieux ne pas en avoir du tout. Si les gens étaient capables,
si on leur donnait la possibilité de se loger eux-mêmes, s'ils
avaient les moyens de le faire, pourquoi l'État prendrait-il ça
à sa charge? C'est clair comme de l'eau de roche qu'il y a un certain
nombre de HLM qui sont nécessaires pour une partie de la population,
mais il y a beaucoup de gens qui, s'ils en avaient les moyens, s'orga-nisraient
autrement, et je pense que ça serait correct dans la
société que ça se fasse comme ça.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord, M. le
député de Jonquière.
M. Dufour: Mais les demandes, chez nous, elles se chiffrent
à 1000. Il y en a des demandes, ce n'est pas ça qui manque. C'est
le taux de chômage qui fait la différence.
La Présidents (Mme Bélanger): Votre temps est
écoulé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente,
brièvement, pour bien expliquer au député de
Jonquière qu'on n'est peut-être pas contre son argument. Il plaide
la question de l'aide au revenu de la personne plutôt que ce que nous
appelons l'aide à la pierre, ça fait partie d'un débat
philosophique et le Parti libéral du Québec, qui est un parti
d'approche très pragmatique face aux besoins de cette partie de la
population, y va de deux façons. Nous n'avons pas choisi d'exclure l'un
des moyens d'intervention. Je prends bonne note que vous nous suggérez
d'abandonner l'aide à la pierre et d'y aller strictement dans l'aide
à la personne. C'est un choix que votre formation politique doit
assumer.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Mercier.
M. Godin: Le ministre nous décrit tous les trois ici, Les
Trois Mousquetaires...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ils étaient quatre, eux
autres.
M. Godin: Nous, on est trois. Je lui rappellerai que
l'arc-en-ciel est fait de plusieurs couleurs et que c'est ce qui fait sa
beauté. D'accord? Merci.
M. Dufour: Ah! c'est bien dit.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Mercier. Est-ce que l'article 1 est adopté?
Une voix: C'est le paradis.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 1 est
adopté sur division. J'appelle l'article 2.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous traiterons l'article 2
paragraphe par paragraphe de façon qu'il soit plus
compréhensible, et de façon à donner à l'Opposition
tout le temps de s'exprimer sur chacun des paragraphes.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, vous
aviez exprimé le désir d'une petite suspension. Est-ce que vous
maintenez ce désir?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente, je
pense qu'on devrait, à la suite de l'adoption de cet article - nous
avons franchi, je pense, une étape très importante dans
l'adoption du projet de loi - suspendre nos travaux pour vraiment
réaliser ce que nous venons de faire, pour une dizaine de minutes,
question de mieux se préparer pour l'article 2.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, la commission
suspend ses travaux...
M. Paré: On est d'accord si ce n'est pas pour
étirer le temps indument.
Des voix: Ha, ha, ha!
La Présidente (Mme Bélanger):... dix minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 26)
(Reprise à 22 h 36)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission reprend
ses travaux. Nous en étions à l'article 2, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente,
nous en sommes déjà à l'article 2. Le paragraphe n de cet
article découle du pouvoir accordé à la
Société par l'article 3. 1 en ce qui concerne la
détermination de catégories et de sous-catégories de
logements. La loi prévoit que la Société agit, dans ce
cas, par règlement et je vous réfère, plus
spécifiquement, aux articles 2, 5 et 7 du projet de
règlement.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Juste pour confirmer ce qu'on s'est dit
très rapidement. Étant donné que l'article 2 comprend
1° et 2°, mais que, dans 1°, il y a neuf paragraphes, on va
procéder paragraphe par paragraphe. On serait au paragraphe
identifié "n".
Une voix: Déjà.
M. Paré: Oui, déjà dans "n". Je vais le
relire très rapidement et faire quelques commentaires. "n)
établir des catégories - selon le projet déposé, on
connaît les catégories proposées, reconnues: personnes
âgées et familles - ou sous-catégories de logements
à loyer modique compte tenu de leurs caractéristiques physiques
ou en vue de réserver, dans la mesure qui y est prévue,
l'attribution de logements situés dans tout ou partie d'un même
immeuble aux personnes qui remplissent les conditions d'appartenance à
un même groupe prévues par le règlement; "
| Effectivement, vous aviez raison, M. le ministre, c'est une loi
discriminante, discriminatoire parce que ça permet de faire en sorte de
réserver à des groupes, donc d'exclure des groupes. C'est ce que
ça veut dire.
Je suis content que vous ayez déposé, cet
après-midi, un règlement possiblement à être mis en
vigueur. Cela nous permet de visualiser une possibilité parmi tant
d'autres. On en avait une autre qu'on a utilisée, qui vient aussi de la
Société d'habitation du Québec et qui est beaucoup plus
excessive. Je trouve qu'il y a des améliorations dans ce qui a
été apporté cet après-midi, je le dis en passant,
il y a de bonnes choses. Je l'ai toujours dit, on reconnaîtra ce qui est
bon, mais on dénoncera ce qui est inquiétant ou pas bon. Je ne me
laisserai pas non plus, et je vais le mentionner, leurrer par un document
déposé. Je veux être bien clair.
Ce que je veux dire par là, c'est qu'on dépose un
règlement sur l'attribution de logements à loyer modique en nous
disant: Regardez comment ça va s'appliquer. Mais, on doit dire comment
ça peut s'appliquer, parce que le projet de loi ne vient pas nous dire
que ce sera ce que vous avez entre les mains. Cela peut être ce que vous
avez entre les mains, parce que ce que donne le projet de loi, c'est la
possibilité pour la Société d'habitation du Québec
de faire des modifications, premièrement, de déposer un
règlement et, deuxièmement, de le modifier en tout temps. C'est
là qu'il faut être clair. Quelles seront les modifications
à venir? On ne le sait pas. Ce que le paragraphe n nous dit, c'est qu'on
va réserver "dans tout ou partie d'un immeuble aux personnes qui
remplissent les conditions d'appartenance à un même groupe
prévues par le règlement." C'est là que c'est
discriminatoire, que l'on peut se poser des questions et que l'on arrive
finalement à deux listes. On n'aide pas nécessairement les plus
démunis de la société, contrairement à l'ancienne
formule qu'on aurait pu confirmer, légaliser, qui dit que la vraie
base... Les HLM, entre autres, les offices municipaux d'habitation qui
fournissent des HLM, des habitations à loyer modique - ça le dit
en soit, ce sont des loyers modiques, des habitations à loyer modique -
c'est donc pour des gens qui éprouvent des problèmes financiers
ou qui, en tout cas, sont parmi les plus démunis de la
société. On n'a même pas besoin de qualifier quand on dit
HLM, le nom est déjà un qualificatif, une habitation à
loyer modique. Selon ma définition des choses et celle de plusieurs
personnes et dans la tête de presque tout le monde, une habitation
à loyer modique, c'est pour les plus démunis de la
société.
Ce qu'on apporte, entre autres, par le paragraphe n de l'article 2,
c'est que ça sera pour des gens qui sont suffisamment démunis
pour être admissibles à un HLM, mais ce ne sera pas
nécessairement les plus démunis dans un même quartier, un
même territoire, une même municipalité. Pourquoi? Parce
qu'ils n'appar- tiendront pas au groupe auquel on veut conserver des parties ou
des immeubles en entier.
L'exemple, on l'avait dans l'article 6 tantôt, on disait que pour
des parties d'immeuble, ce seraient des personnes de 50 ans et plus avec des
enfants de plus de 16 ans.
Dans un quartier - et il faut être clair, il faut le savoir - il
pourra y avoir des gens beaucoup plus démunis, plus pauvres, qui sont
dans le besoin, qui sont sur les listes d'attente, et qui vont voir des gens
qui viennent de s'inscrire passer devant eux. Pourquoi? Parce qu'il y a des
groupes qu'on aura sélectionnés pour les retenir comme des gens
admissibles à ces habitations. Cela ne sera pas comme c'était et
comme c'est encore actuellement, réservé en fonction de
critères universels, pour tout le monde: les plus pauvres, et les gens
qui obtiennent un pointage établi de façon uniforme, ce sont eux
qui l'ont. À partir de maintenant, malgré ce critère,
s'ils ne sont pas dans une des catégories retenues, ça voudra
dire... Il y a des gens qui vont être de cette catégorie
privilégiée et ceux qui ne le seront pas vont être
pénalisés, mis de côté.
C'est ce qu'on dénonce et, peu importe le projet qu'on nous
apporte, ça nous dit que c'est une amélioration par rapport
à la menace qu'on avait. Mais ça ne nous dit pas que ça va
toujours être cela ou mieux. Cela peut être cela ou pire.
C'est bien beau de dire: Écoutez, on vous avait dit qu'on
était pour vous tuer. Ne vous inquiétez pas, on vous a juste
coupé les deux jambes et on vous fournit la chaise roulante. On souffle
encore, on respire, mais il y a quand même des choses là-dedans
qui font en sorte qu'on est discriminatoire par rapport à des groupes de
la société. C'est ce que permet l'article 2 en disant qu'on
retient des groupes qui sont prévus par règlement. C'est
exactement ce que ça dit.
J'ai dit mes commentaires, je veux seulement être clair - je pense
qu'il faut l'être, au cas où des gens y réfèrent -
et je conclus là-dessus. Est-ce que j'ai raison lorsque je dis cela? En
vertu de ça, c'est l'article 6 qui s'applique selon le projet de
règlement déposé cet après-midi. Mais ça
pourrait être pire, ça pourrait être différent en
fonction d'une décision qui nous vient de la Société
d'habitation du Québec ou d'une demande qui vient d'un office municipal
d'habitation, à la condition que la Société d'habitation
du Québec ratifie la demande qui nous vient de l'office municipal
d'habitation.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Shefford. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants?
M. Godin: Oui, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Mercier.
M. Godin: Une question au ministre: Est-ce qu'on peut
déduire de l'article 2 dans ses sous-paragraphes que le règlement
ou l'auteur du règlement pourra déterminer des hausses de loyer
des locataires, éventuellement?
Est-ce que l'auteur du règlement éventuel et final pourra
déterminer les loyers des locataires de HLM? Nulle part?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais, premièrement,
répondre aux propos du député de Shefford qui a repris des
propos qu'il avait déjà prononcés à au moins une
reprise devant la commission et auxquels j'ai également eu l'occasion de
répondre à au moins une reprise. De façon à
être le plus bref possible, je le référerai aux
réponses que j'ai déjà apportées dans le
passé, mutatis mutandis. Quant à la question du
député de Mercier, la réponse est négative.
M. Godin: Donc, nulle part il n'est prévu dans cette loi
que le règlement pourra prescrire des hausses de loyer des
locataires?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): La réponse, quant au
paragraphe n que nous étudions présentement, compte tenu de la
question du député de Mercier, est négative.
M. Godin: C'est non? D'accord. Cela répond à ma
question.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que le
paragraphe n est adopté?
M. Paré: Sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle le
paragraphe o.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oh, madame. Cette modification a
d'abord pour but d'autoriser la Société à établir
les éléments qui permettent de porter un jugement sur la
recevabilité d'une demande de location et d'admissibilité, mais
aussi des conditions objectives. Elle fait aussi la concordance avec l'article
3. 1 qui fait référence aux catégories ou
sous-catégories de loyer. Plus spécifiquement, Mme la
Présidente, les articles 11 et 14 du projet de règlement
découlent de cet article.
Une voix: L'article 19 aussi.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est possible. Non, l'article 19
découle de p. Les articles 11 et 14. L'article 19, c'est p. Mais on peut
en discuter plutôt que de discuter d'autre chose.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford. |
M. Paré: Oui. On va y référer de toute
façon à titre d'exemple. Comme je le disais tantôt,
ça pourrait être autre chose, parce que ça peut
s'appliquer... Cela peut être autre chose qui va s'appliquer sur le plan
national mais ce sont des choses qui peuvent s'appliquer différemment en
ce qui concerne les différentes municipalités. Vous dites que le
paragraphe o pourrait se référer aux articles 11 et 14. Je dois
vous dire, qu'à l'article 11, en espérant que ce soit toujours
maintenu comme ça, on a amélioré les choses par rapport
à l'ancien document de la SHQ en faisant en sorte de retenir le statut
de citoyen canadien ou de résident permanent. De ce côté,
je dois vous dire que c'est une des craintes qui ont été
exprimées. Grâce aux critiques qu'on a apportées et
à beaucoup de groupes... Je dois dire que ça apporte une
amélioration. Toujours sur le plan de l'admissibilité, à
l'article 14, 4° "il a résidé sur le territoire visé
par la sélection pendant une période d'au moins douze mois
consécutifs au cours des 24 mois qui ont précédé la
date du dépôt de la demande", ici, il y a une clientèle
qu'on oublie trop souvent et qu'on élimine en retenant un article ou un
paragraphe semblable, ce sont les sans-abri. On connaît la situation des
sans-abri. Ce n'est vraiment pas pour faire de la politique. Je ne pense pas
qu'on puisse se le permettre. Ce ne sont pas eux qui nous écoutent, ils
n'ont probablement pas la télévision et ils n'ont pas les moyens
d'acheter les Journaux.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On ne passe pas à la
télévision, là.
M. Paré: Et on ne passe pas à la
télévision. C'est aussi bien. On connaît la situation des
sans-abri à Montréal. On sait maintenant qu'il y en a des
milliers et parmi eux, davantage, et de plus en plus de jeunes. Je ne vous
apprends rien en vous disant ça. Ce qu'on appelle les
réfugiés québécois à Montréal, les
gens des régions qui espèrent s'en tirer et qui ne
réussissent pas. Au moment où on se parle, ils sont des milliers
à Montréal. Quand on parle des sans-abri, des itinérants,
on parle de milliers, de plus en plus de jeunes et de femmes. Par un article
comme celui-là, étant donné que ces gens arrivent à
Montréal, qui peuvent être là très longtemps,
même des sans-abri de Montréal, de souche, incapables de fournir
une adresse où ils ont résidé pendant douze mois
consécutifs, je dois vous dire qu'il y en a pour qui c'est presque une
mission Impossible. Mol, j'ai vu des cas aberrants durant l'Année
Internationale des sans-abri. Comme responsable, j'ai eu connaissance de ce
qu'on refusait même de soigner des gens parce que lorsqu'ils entraient
à l'urgence, ils n'étaient pas capables de donner une adresse. Je
dois vous dire que, comme société, on fait dur quand se
produisent des choses comme celles-là. On peut bien avoir le championnat
du suicide chez les
jeunes. Mais, je pense qu'on devrait avoir une préoccupation. Il
faut s'en occuper et, par un critère comme ça, est-ce qu'on ne
vient pas, malheureusement, faire en sorte d'éliminer de la liste des...
Pardon?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour la liste des sans-abri,
j'essaie de...
M. Godin: La liste des admissibles.
M. Paré: On empêche des gens d'être
admissibles par un tel règlement. On dit: "II a résidé sur
le territoire visé par la sélection pendant une période
d'au moins douze mois consécutifs." Ces gens ont de la
difficulté...
M. Godin: Article 14.
M. Paré: ...parce qu'ils doivent déménager
tellement souvent et, très souvent, parce qu'ils sont itinérants
et c'est très compliqué, ils ne peuvent pas donner d'adresse.
Quand on parle des conditions ou critères de recevabilité d'une
demande de location et d'admissibilité, des critères comme
ça vont faire en sorte que des jeunes ne seront pas admissibles.
Il y a un autre article auquel on peut se référer aussi
pour être admissible. Il faut donner au moins le crédit à
cet article d'être clair surtout quand on le prend par rapport à
l'article 18, quand on regarde le règlement sur l'attribution des
logements à loyer modique, les articles 18 et 19. A l'article 18, il est
dit: "Lorsque la demande de logements à loyer modique est moins
élevée que le nombre de logements disponibles, le locateur peut,
par règlement, en premier lieu, étendre son territoire de
sélection et, en second iieu, hausser la valeur maximale des biens
prévus aux grilles 9 et 10 de l'annexe II." Quand on voit l'article 19:
"Lorsque la demande de logements à loyer modique est plus
élevée que le nombre de logements disponibles, le locateur peut,
par règlement, en premier lieu, abaisser le montant maximal des revenus
prévus aux grilles 1 à 8 de l'annexe I; en second lieu, abaisser
la valeur maximale des biens prévus aux grilles 9 et 10 de l'annexe II."
Donc, on joue avec les seuils. C'est, soit le montant maximal soit la valeur
maximale. On le dit clairement et c'est là que je disais qu'on peut au
moins considérer de façon positive la clarté de cet
article. Quand la demande est plus forte que la capacité d'y
répondre, on joue avec le montant maximal de revenus ou la valeur
maximale de biens prévus. Pourquoi? On le dit carrément. Quand la
demande est trop forte, donc quand la liste est trop longue, on ne s'organise
pas pour en bâtir plus alors qu'on sait qu'on en construit de moins en
moins. On dit: Quand la liste est trop longue, jouons avec les seuils et,
ainsi, on va diminuer la liste. C'est exactement ça qu'on retrouve dans
le paragraphe o, les critères d'admissibilité et on le dit dans
le règlement: Quand la liste va être trop longue, diminuez-la en
jouant avec les seuils. Comme ça, les gens deviennent non admissibles
étant donné qu'on va dire: Maintenant, vous avez trop de revenus,
même s'ils peuvent être très largement en bas du seuil de la
pauvreté; ou bien augmentez, c'est une autre façon, finalement,
ou diminuez la valeur, la possibilité d'avoir des acquis. Donc, on joue
avec les revenus et la valeur des biens possédés. On change
ça, on modifie ça et on dit: On vient d'en éliminer un bon
paquet sur la liste d'admissibilité, finalement. Il ne faut pas oublier
que lorsqu'on dit ça, ça risque, et ça peut probablement
arriver, de s'adapter dans le contexte du reste ou du règlement qui dit
que les HLM, ça peut être par quartier. Donc, ça sera par
quartier. Donc, dans des quartiers, il y aura des citoyens
considérés de façon différente. Il s'agira que des
offices décident des choses et, de plus en plus, on est en train de
départager ça.
On l'a vu en matière d'habitation, la conversion en
copropriété. Ce n'est plus la même chose sur tout le
territoire. On permet de diversifier, d'appliquer différemment... On
finit par créer du développement en trou de beigne. Cela commence
à être connu et répandu de plus en plus.
M. Godin: "Dunkin' Donuts".
M. Paré: Je ne suis pas sûr qu'on ne réussira
pas, encore une fois, à faire qu'il y ait dans les mêmes
régions des... Pardon?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, je...
M. Paré: Non, je ne suis pas dans le dossier de Francis.
Je dois dire que je me sens tout à fait dans mon dossier quand on parie,
comme je le fais, des catégories de citoyens, d'habitation et de
logement. De toute façon, je m'occupe de développement
régional. On va donc retrouver exactement les mêmes comparaisons.
Comme société, quel genre de développement va-t-on se
donner et est-ce qu'on essaie d'avoir des citoyens catalogués,
traités différemment, à l'intérieur d'une
même région? Les municipalités - quand on regarde
l'île de Montréal on parie de dizaines de municipalités -
vont pouvoir se comporter différemment par rapport au traitement
qu'elles vont accorder aux plus démunis. La façon de donner
l'accès à la location et d'être considéré
comme admissible à un logement va se faire différemment. C'est
là que, encore une fois - cela rejoint ce qu'on dit depuis le
début - c'est une loi discriminante, qui va faire en sorte que les
citoyens vont être traités différemment, non seulement
comme je donnais l'exemple, bien sûr en fonction de leur revenu et en
fonction de leur avoir... Si c'était ça, je dois vous dire que
c'est ce qui devrait être la base même de la loi. Comme ça,
c'est uniforme, c'est égal pour tout le monde. Comme HLM le dit,
habitation à loyer modique, ça doit se
rapporter à quelque chose de pécuniaire. C'est ce qui
existe à l'heure actuelle, et c'est ce qui ne serait pas
discriminatoire, ce qui serait le plus juste et le plus équitable pour
toute la population Quand on parle d'aide à l'habitation, on en parle
pour ceux qui ont moins de revenu et qui ont besoin d'aide. Mais là, en
plus, on va jouer, dans chaque office municipal d'habitation, sur les
critères. Ce ne sera plus la même chose pour tous les citoyens. On
inclut d'autres facteurs qui vont faire en sorte qu'on va discriminer les
citoyens en fonction de leur âge... Ce n'est pas moi qui le dis, c'est le
projet de règlement déposé cet après-midi. On va
jouer en fonction de l'âge, on va jouer en fonction d'un paquet d'autres
facteurs qui seront le nombre d'enfants, probablement des couples par rapport
à un adulte... On s'en va donc vers la discrimination, c'est
incroyable.
Ce sont les commentaires que j'avais à faire à ce sujet,
parce que l'admissibilité, finalement, c'est la porte d'entrée ou
la porte barrée par rapport à la possibilité d'être
admissible à un HLM et de pouvoir y demeurer. Donc, on ne peut faire
autrement que de dénoncer cet article, en disant qu'encore une fois on
amène quelque chose de discriminatoire, et même de
discrétionnaire, probablement. C'est quelque chose qui peut être
dangereux et qui nous inquiète. Quand on va se mettre à faire des
listes au lieu d'une seule, à ce moment, il y a des choix qui se font et
on n'est pas d'accord avec ça. Des articles comme ça, ça
m'inquiète. C'est pourquoi je les dénonce. Je l'ai fait et je
n'étirerai pas les travaux plus longtemps, sauf que
l'admissibilité est la porte d'entrée et ce qui est dommage,
c'est que maintenant tout le monde ne pourra pas entrer par la même porte
parce qu'elle sera bloquée pour bien des gens, et, très souvent,
elle sera bloquée pour ceux qui sont admissibles au moment où
l'on se parle, parce que ce sont les plus pauvres de la société.
Ils ne seront pas plus riches, mais ils ne seront plus admissibles. C'est ce
que ça veut dire.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Shefford. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente.
J'ai écouté attentivement les propos du député de
Shefford quant aux sans-abri. Je pense que le député de Shefford
a fait preuve d'une méconnaissance du dossier des sans-abri. Compte tenu
de toute la problématique qui sous-tend cet important dossier, je le
référerai à Mme la députée de Maisonneuve
qui a une bonne compréhension du dossier des sans-abri.
Quant à toute la question de la flexibilité qui peut aller
d'une diminution à une augmentation, selon l'utilisation qu'en fait
l'autorité locale quasi municipale, quant à cette
nécessité d'apporter une flexibilité dans les
critères, je le référerai au député de
Jonquière qui comprend bien le monde municipal et cette
nécessité de flexibi- lité.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Shefford.
M. Paré: Un petit commentaire. Le ministre peut bien
arriver avec une présomption que je connais mal le dossier des
sans-abri. Je vais juste lui dire, ou lui conseiller, finalement, d'aller faire
un tour où je suis allé, à Montréal, d'aller voir
la situation réelle des sans-abri. Je suis allé les visiter, je
suis allé les rencontrer, et vous lirez le dernier document de la
Commission des affaires sociales sur "Deux Québec dans un". Je dois vous
dire ce que je vous al dit tantôt concernant la situation des sans-abri.
Ce sont des cas vécus, quand Je vous dis que le Québec a le
championnat mondial du suicide chez les jeunes, c'est quelque chose de connu.
C'est mol qui le dis ce soir, mais je le rapporte à partir de chiffres
comptabilisés et d'études qui viennent du Conseil des affaires
sociales. Ce sont des choses connues, et si vous dites le contraire, je dois
vous dire que vous allez être à peu près le seul à
nous faire des affirmations semblables. (23 heures)
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne dirai pas le contraire, mais
je vous dirai que vous êtes peut-être le seul à faire ce
lien direct entre jeunes sans-abri et suicide, parce que sur le plan des
suicides, il y a une complexité aussi importante que dans le domaine des
sans-abri, mais il y a des jeunes qui ont des abris et qui se suicident.
M. Paré: Oui, vous avez raison. Je ne dis pas que ce sont
totalement des sans-abri qui se suicident, sauf que connaissant la situation
pitoyable des sans-abri, je dois vous dire...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le député, je
vous ai référé de façon bien intentionnée
à Mme Harel, mais si vous ne voulez pas y aller, je suis prêt
à prendre le temps de vous expliquer pourquoi vous êtes sur une
fausse piste lorsque vous tentez d'assimiler les listes d'attente ou
l'hébergement en HLM des sans-abri de ce projet de loi avec les
problèmes des sans-abri. C'est de mal les connaître. Ces gens ne
s'inscrivent pas à l'aide sociale parce qu'ils sont dans leur culture,
dans leur démarche, en marge de la société. Ces gens ne
s'inscriront pas non plus à une liste d'attente de HLM. Même si
vous raccourcissiez le délai de moitié, vous ne les retrouveriez
pas sur votre liste d'attente des HLM. C'est pourquoi, depuis l'Année
internationale des sans-abri, nous avons mis sur pied des programmes
spéciaux pour les sans-abri. Des programmes qui se doivent d'être
différents des politiques d'habitation de HLM, parce que ça ne
répond pas à cette culture.
Quelqu'un qui est sans abri ne se présente pas dans un bureau
pour faire face à un fonctionnaire, remplir des formulaires et attendre
d'avoir quelque chose de disponible en laissant son adresse pour qu'on le
rappelle. Je vous invite à nouveau à reprendre contact avec Mme
la députée de Maisonneuve qui a soutenu essentiellement le
contraire de ce que vous nous présentez ici ce soir. Respectez ou
comprenez ce que nous demandait cette culture des sans-abri. Offrez des
gîtes, l'hébergement pour la nuit mettez cette personne en contact
avec des travailleurs sociaux pour tranquillement les rentrer dans le
système, mais pas un programme de HLM pour sans-abri. En tout cas.
Mme la Présidente, parmi tes suggestions que j'ai eues ce soir,
le HLM pour sans-abri, je la retiens pour fins de discussion plus tard.
M. Paré: Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Je référerais le ministre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais la classer avec les HLM
pour les cultivateurs de
Mme la députée de Johnson d'hier. Cela fait partie de la
même catégorie, à peu près.
M. Paré: Vous pouvez faire des farces, M. le ministre,
ça ne me...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce ne sont pas des farces, M. le
député; II s'agit de vous dire tout simplement que si vous avez
du temps à employer, faites-le par des arguments qui se tiennent et qui
sont défendables.
M. Paré: Je m'excuse. Vous pouvez rire de ça, mais
moi. Je n'ai pas le goût de rire, j'ai le goût d'être
très sérieux, parce que c'est sérieux. Si vous me
référez à ma collègue, je dois vous dire que je
vais vous référer à votre prédécesseur qui,
et je m'en souviens très bien, dans ses discours sur l'Année
internationale des sans-abri lors de l'annonce de ses petits 2 000 000 $, je
pense, et de ses 7 000 000 $ pour l'habitation qui étaient pris à
même les budgets des organismes sans but lucratif... On disait,
effectivement, qu'une des choses fondamentales, capitales et dramatiques pour
les sans-abri était le logement. Vous avez beau dire qu'on ne peut pas
faire des HLM pour les sans-abri, ce n'est pas ce que je vous dis. On peut
très bien avoir des cataplasmes et des "plasters" et décider de
leur trouver, comme vous le dites, des hébergements de nuit. Quand on
fait ça, pourquoi le fait-on? Je vais vous le dire, parce que
c'était un des sujets lors de l'Année internationale des
sans-abri. Si on est obligé de leur trouver des sous-sols
d'église... Heureusement qu'on a le clergé là-dedans, on a
ouvert des presbytères, des sous-sols d'église, des maisons,
à Montréal, pour loger les sans-abri, parce qu'il faut les
héberger pour ne pas qu'ils restent dehors. Pourquoi? Parce que,
justement, dans nos lois comme celle-ci, on fait en sorte que des jeunes ne
soient pas éligibles à des logements. Ils ne peuvent même
pas s'inscrire sur la liste d'admissibilité et on dit qu'ils sont
à part du système. Je comprends, le système leur est
fermé. Je ne vous demande pas des HLM pour sans-abri. Vous pouvez
défaire toutes les paroles que je vais dire, je m'en fous
complètement, je vais les reprendre. Je ne vous demande pas plus des HLM
pour les agriculteurs. Pour sortir des affaires comme ça, il faut
vouloir se moquer du monde au lieu de vouloir aller au fond des choses. Je ne
demande pas des HLM pour les sans-abri, je vous dis: On devrait faire en sorte,
dans nos lois et dans nos programmes, d'être ouvert à tout le
monde de façon qu'on ne se ramasse pas avec des gens à
problème en société et qu'on soit obligé de leur
trouver des mesures temporaires et onéreuses. Il faudrait qu'au moins,
dans les HLM, on soit ouvert à eux aussi. Pas des HLM pour les
sans-abri, des HLM ouverts à tout le monde de façon que les
sans-abri ne soient pas exclus. Ce n'est pas du tout la même chose.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions sur le paragraphe o? Est-ce que le paragraphe o
est adopté?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oh oui, Mme la
Présidente.
M. Paré: Adopté sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle le
paragraphe p. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente. Ce
paragraphe p, outre la référence aux catégories ou
sous-catégories de logements, précise que les conditions ou
critères d'admissibilité portent aussi sur le classement des
personnes admissibles et la pondération des critères. Il
réfère particulièrement aux articles suivants du
règlement: l'article 8, les articles 14 à 19 et 24 à
44.
La Présidente (Mme Bélanger): M.le
député de Shefford.
M. Paré: Je ne reprendrai pas tout le débat, mais
je dois vous dire que pour des groupes qui s'occupent spécialement de
gens dans le besoin, d'associations de locataires ou d'autres groupes à
Montréal, un de leurs premiers commentaires, cet après-midi, a
été, à la lecture des articles dont vous venez de parler,
les articles 24 et suivants, quand on dit "la priorité" ou quand on dit
"les demandes prioritaires - c'est ça - sont, dans l'ordre
décroissant les suivantes". Quand vous regardez tout ça, il n'est
jamais question non
plus des sans-abri.
Ne revenez pas en disant que je veux avoir des HLM pour les sans-abri.
Je vous dis juste qu'on pourrait peut-être considérer des fois que
les demandes des sans-abri pourraient être traitées comme des
demandes prioritaires. On va prendre une personne qui est sans abri parce
qu'elle est mise dehors. Vous savez, les sans-abri, soyons clairs entre nous,
presque la majorité des jeunes sans-abri sont des gens qui sont mis
dehors des centres hospitaliers, des centres d'accueil. Quand on parie de
désinstitutionnalisation, c'est l'État qui décide
ça. Je dois vous dire que c'est nous qui avons commencé. Je ne
vous dis pas qu'en soi le principe est si mauvais, tout dépend de la
façon dont on le fait. Mais, par la désinstttutionnalisation, on
rend des gens sans-abri. On ne peut pas les traiter prioritairement même
si, du jour au lendemain, ils peuvent se ramasser perdus, sans logement. C'est
la réalité. Je pourrais vous amener voir des cas
précis.
On comprend ce qu'on veut comprendre. Mais une personne qui va se
retrouver la même journée sans logement à la suite d'une
destruction ou d'un sinistre, on va lui donner priorité. Je ne suis pas
contre les quatre qui sont là mais ce que je vous rapporte - vous
pourrez blaguer là-dessus si vous le voulez - c'est un des premiers
commentaires qui m'a été apporté par des gens de
Montréal au début de la soirée après avoir pris
connaissance du projet de règlement qui nous est soumis. C'est un
commentaire de gens qui sont là pour aider davantage ces gens-là.
Je dois vous dire que la ville de Montréal, qui a une politique
d'habitation en pleine consultation, a une préoccupation importante par
rapport aux sans-abri. Vous savez qu'ils sont en consultation par un projet qui
a été déposé et qui est discuté au moment
où on se parie.
Ce que je vous dis là-dessus, c'est exactement la même
chose que ce que je vous rapporte. Ce sont des oublis, et c'est mon rôle
de vous les rappeler... Peut-être qu'à Montréal, je dois
dire que ce serait peut-être l'État qui, finalement, aurait une
responsabilité plus grande concernant les sans-abri. Ce serait
peut-être Montréal, je ne serais pas surpris, Montréal et
Québec, qui sont les centres les plus importants concernant ces
problèmes-là, qui décideraient de demander à la
Société d'habitation de s'adapter en fonction du bon discours
qu'on tient toujours: on est là pour aider les plus démunis de la
société. Ce sont ces gens-là. Peut-être qu'on
remettra comme priorité de s'occuper d'eux autres dans les grands
centres métropolitains du Québec. Cela pourrait peut-être
être ça. Si l'adaptation pouvait au moins permettre d'aider ces
gens-là et de régler des problèmes semblables, je dois
vous dire, ce ne serait pas tout à fait peine perdue de discuter, de
modifier la loi et de faire penser au gens qu'il ne faut pas oublier ceux, dans
la société, qui sont oubliés par la richesse collective au
moment où on se parle.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le I ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Très brièvement, Mme
la Présidente. Je suis conscient des efforts que tente de faire le
député de Shefford et je le remercie d'attirer l'attention du
gouvernement sur ce qui pourrait paraître des oublis possibles. Je lui
dirai que c'est encore une fois très mal connaître toute cette
culture ou sous-culture, comme on pourrait l'appeler, des gens qui se
retrouvent sans-abri dans les grands centres urbains. Les adaptations locales,
qui sont permises en vertu de la présente réglementation et qui
permettent aux municipalités de diminuer la période de
résidence dans la municipalité, pourraient permettre d'apporter
une réponse positive dans le sens souhaité par le
député de Shefford, à la condition que les sans-abri en
arrivent à s'Inscrire dans cette culture de HLM, chose dont je doute au
plus haut point. Mais la possibilité existe pour la ville de
Montréal ou de Québec, en réduisant cette période
de résidence dans leur territoire, de pouvoir héberger cette
clientèle. Mais je dis encore là, pour avoir fait le tour du
problème avec Mme la députée de Maisonneuve, à peu
près sous tous ses angles, après avoir lu et consulté
"Deux Québec dans un", après avoir discuté avec Mme
Blanchet, que je doute que ce soit là une approche qui, pratiquement,
peut répondre au problème des sans-abri.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le député
de Shefford.
M. Paré: Je suis content des propos que vous avez tenus.
Je ne demande pas d'adapter les HLM aux sans-abri, je demande de ne pas fermer
les HLM aux sans-abri. Ce n'est pas la même affaire. C'est exactement
ça le discours que Je tiens.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ne pensons pas, comme
législateurs, que nous sommes en train de régler le
problème des sans-abri dans le cadre de cette loi. Je pense que c'est
faire fausse route et créer de fausses illusions et c'est un des plus
grands dangers qui guettent les politiciens.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que le paragraphe p
est adopté?
M. Paré: Sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, j'appelle le
paragraphe q.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Comme vous l'avez appelé,
Mme la Présidente, ce paragraphe est aussi une conséquence de
l'article 3. 1 en ce qu'il confirme le pouvoir de la Société
d'exclure certaines personnes de l'admissibilité ou de
l'attribution de logements ou catégories ou
sous-catégories de logements ou de les exempter de l'application de
certaines conditions ou de certains critères. Cet article
réfère aux articles du projet de règlement suivant:
Article 14, deuxième alinéa et article 17.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Quand on dit "exclure certaines personnes de
l'admissibilité à la location ou de l'attribution de logements ou
de catégories ou sous-catégories de logements... exempter
certaines personnes de l'application de certains critères... Je dois
vous dire, en fonction des paragraphes dont on vient de discuter, que c'est
très discriminatoire. Et là-dessus, on sait que la charte dit
expressément à l'article 10: Toute personne a le droit à
la reconnaissance et à l'exercice, en pleine égalité, des
droits et libertés de la personne sans distinction, exclusion ou
préférence fondée sur la race, la couleur, le sexe, la
grossesse, l'orientation sexuelle, l'état civil, l'âge, sauf dans
la mesure prévue par la loi, la religion, les convictions politiques, la
langue, l'origine ethnique ou nationale, la condition sociale, le handicap ou
l'utilisation d'un moyen pour pallier ce handicap.
Le ministre a expliqué qu'il ne voulait pas déposer une
étude du jurisconsulte mais je veux juste qu'il nous rassure en nous
disant qu'il a eu tous les avis juridiques comme quoi, dans ce projet de loi et
dans l'article dont on est en train de discuter, on n'est pas en train de se
mettre en état de poursuite rapide et en nombre important. (23 h 15)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sans me référer au
texte, Mme la Présidente, je suis en mesure d'assurer le
député de Shefford que des juristes du bureau du Procureur
général sont d'opinion que, principalement, en
considération de la nature ou des objectifs du projet de
règlement sur la sélection des locataires, les mesures de
préférence, de distinction ou d'exclusion projetées ne
constituent pas des mesures discriminatoires au sens de la Charte
québécoise des droits et libertés de la personne.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: En tout cas, II y a la charte, la loi, l'esprit.
Il y a vraiment ce qu'on voulait se donner comme société au moins
par nos institutions, nos lois et nos programmes. Je reviens très
rapidement à ce que je disais tantôt. Dans la logique des choses,
quand on parle de HLM, habitation à loyer modique, en soi, ça
devrait vouloir dire pour les plus pauvres. Comme c'est à loyer modique,
donc, ça réfère à de l'argent, à la
capacité de payer. Est-ce que c'était compris auparavant? Est-ce
qu'on est en train de chan- ger? Ça voudrait dire que si ça
réfère à un système financier, à une
capacité de payer, ça devrait être basé sur nos
revenus. Ça doit être un critère qui est important sinon,
à notre avis, le critère Important. Quand on donne de l'aide -
c'est reconnu par l'impôt, par l'aide sociale - c'est pour les plus
pauvres, en fonction de leurs revenus. Les HLM, dans la tête de tout le
monde, c'est aussi pour aider les plus pauvres, en fonction de leurs revenus.
La discrimination qu'on va créer maintenant, ce n'est pas
nécessairement ça. Ça ne sera pas aider les plus riches,
il ne faut pas charrier non plus. Ce n'est pas ce que je dis. Mais on n'aidera
pas les plus pauvres. Dans certains cas, on va aider les plus pauvres et, dans
certains cas, des gens qui sont moins pauvres que d'autres, mais parce qu'on
met des critères d'âge, on pourra avoir une foule de raisons, de
critères qui vont faire en sorte qu'on va privilégier des
clientèles en sous-groupes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Un peu comme on le fait
présentement, je tiens à vous le dire, lorsqu'on décide de
la construction de HLM pour personnes âgées, on privilégie
les plus pauvres chez les personnes âgées, mais il pourrait se
retrouver chez les personnes qui ne sont pas âgées des personnes
qui sont plus pauvres que ces personnes-là. Vous avez raison dans ce
sens-là.
M. Paré: Oui, mais à l'intérieur des deux
groupes qui sont déjà reconnus et reconnus dans la loi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Maintenant, si la loi est
adoptée, parce qu'au moment où on se parle, ce n'est pas le
cas.
M. Paré: Ça fait longtemps qu'on sait qu'il y a
deux types de HLM.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais non reconnus dans la loi.
M. Paré: D'accord, mais deux types de HLM ou trois, si on
dit qu'il y en a qui étaient mixtes. Je ne sais pas si vous en avez dans
votre comté, j'en ai dans le mien et on sait qu'on a voulu...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je n'en ai pas dans le mien. La
Société ne s'est jamais rendue aussi loin.
M. Paré: Mais, normalement, on a toujours convenu, en tout
cas, depuis un certain nombre d'années, que ce sont des HLM pour
personnes âgées et des HLM pour familles. Donc, c'est reconnu,
mais à l'intérieur de ces deux grandes catégories,
c'étaient les plus pauvres, parce que c'est un facteur important et en
fonction de critères universels. Même si ce n'est pas seulement
l'argent, les critères étaient les mêmes
pour tous, c'est-à-dire qu'il n'y avait pas une liste pour des
gens d'un certain âge ou d'une certaine catégorie et une autre
liste. Les critères qui faisaient en sorte qu'on avait à
évaluer...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On ne mettait pas des jeunes dans
les critères des HLM pour personnes âgées.
M. Paré: Non, vous n'avez pas écouté ce que
j'ai dit.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord, je n'ai pas compris.
M. Paré: J'ai dit qu'à l'intérieur de ces
deux groupes qu'on a déjà identifiés, HLM pour personnes
âgées et HLM pour familles, il y a une liste, une grille
d'évaluation. C'est la même pour tous. À partir de
maintenant, on fera des listes et on pourra dire qu'on évalue les gens
en fonction de l'âge...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le député. Une
voix: II n'a pas compris.
M. Paré:... à l'Intérieur des groupes dont
on parie.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux vous laisser continuer
mais vous partez d'une prémisse qui, dans la réalité, est
complètement fausse, et même surprenante dans...
M. Paré: Rectifier tout de suite, je vous
écoute.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II n'y a pas, au moment où
nous nous parlons, de grille, comme vous le mentionnez, qui fasse en sorte que
dans toute la province de Québec, dans les HLM pour personnes
âgées et les HLM pour familles, on ait une grille de revenus qui
serve, strictement, pour la liste d'attente. C'est un fruit de votre
Imagination. On a à peu près toutes les sortes de combinaisons
possibles et Imaginables au moment où on se parle, qui découlent
du fait qu'on n'avait pas de disposition législative, de
réglementation et que tous les gens faisaient un petit peu ce qu'Us
voulaient.
M. Paré: Je reprends...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Reprenons...
M. Paré:... en fonction de ce que vous venez de dire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est ça.
M. Paré: Oui. À l'Intérieur au moins d'une
municipalité.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
M. Paré: D'accord? C'est ce que je veux dire, on va finir
par se comprendre. A l'intérieur d'une municipalité, au moment
où on se parle, il y a une grille d'évaluation qui est la
même pour les gens de familles...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Elle est la même à
l'Intérieur de cette municipalité, mais elle n'est pas
basée strictement sur le revenu.
M. Paré: Mais non.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Dépendant des
municipalités, il y en a où c'est vrai et d'autres où ce
n'est pas vrai.
M. Paré: Oui, mais, peu importe. Les facteurs qu'on y
Inclut sont les mêmes pour l'ensemble des gens qui y appliquent.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À l'intérieur de la
même municipalité, oui.
M. Paré: Bien oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord.
M. Paré: À l'intérieur de la
catégorie A ou de la catégorie B, à l'intérieur
d'une même municipalité, on évalue d'une façon
équitable, à partir des mômes critères, les gens qui
veulent être admis dans un HLM pour être Inscrits sur une liste.
Vous allez me dire: Cela varie entre chaque ville. Je dois vous dire que le
projet de loi, de toute façon, ne viendra pas modifier ça...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Et même entre chaque HLM
dans chaque ville.
M. Paré: Oui, mais on ne viendra pas modifier ce qu'on est
en train de faire parce qu'on donnera la possibilité à chaque
office municipal d'habitation de demander ces adaptations locales. On maintient
ça, sauf que les adaptations locales...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On va répondre davantage
aux demandes du député de Mercier qui dit: Je veux savoir en
fonction de quels critères, si quelqu'un vient me voir pour un HLM, la
personne est placée. Je pense que ça, c'est important.
M. Paré: N'essayez pas de mêler les choses
là...
M. Godin: De minimiser le problème. Des voix: Ha,
ha, ha!
M. Paré: Comme mon collègue de Jonquière le
disait tantôt, vous avez vraiment le tour
d'interrompre quand vous n'avez pas la parole...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je retire ce que j'ai
dit.
M. Paré:... pour faire des comparaisons, pour amener
toutes sortes d'argumentations, pour essayer de faire accroire que des choses
ne sont pas correctes et on finit par dire qu'on avait raison.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si je ne vous avais pas interrompu
depuis le début, vous seriez encore à croire que les mômes
critères s'appliquent dans toute la province, que ce sont strictement
des critères d'argent, on serait rendus...
M. Paré: Je n'ai jamais dit ça. Une voix:
Les galées. M. Paré: Ce que j'ai dit...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense qu'on peut aller aux
galées là-dessus, M. le député.
M. Paré: Je ne sais pas si vous voulez étirer les
travaux.
Une voix: Demandez au président.
M. Paré: Je demanderais tout simplement qu'il y ait de
l'ordre, parce que...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas plus que 35 minutes.
M. Paré:... ce que je suis en train de faire est
très sérieux et c'est le coeur même de ce projet
discriminatoire qu'on est en train d'étudier. Ce n'est pas moi qui le
dis, c'est vous qui l'avez dit: le coeur et l'essence même de ce projet
de loi, c'est la discrimination. Je dois vous dire qu'on n'a pas vu souvent de
projets de loi sur lesquels on se vante et...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À toutes les fois qu'on
agit pour les plus démunis, M. le député de Shefford, on
fait des discriminations, à moins que l'on interprète la charte
québécoise et la charte canadienne comme garantissant un logement
social à tous les citoyens du Canada et du Québec. Même
là, on discriminerait ceux qui ne sont pas Canadiens ou
Québécois.
M. Paré: Je dois vous dire que je n'ai pas l'intention de
loger les Terre-Neuviens, ou les gens de la Colombie britannique. Ils mettront
sur pied les programmes qu'ils voudront bien. Attendez un peu.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): il faut être prudents dans
l'application des chartes... M. Paré: Bien oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... lorsque vous dites que vous ne
voulez pas les loger.
M. Paré: Bien oui. Il ne faudrait quand même pas
charrier, s'il vous plaît.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je m'excuse, M. le
député de Shefford, mais quand vous dites qu'il ne faut pas
charrier, il s'agit d'une des difficultés de discrimination que l'on a
parce que la charte canadienne garantit aux citoyens québécois
une mobilité dans tout le Canada et aux citoyens des autres
juridictions, une mobilité avec laquelle ils peuvent venir au
Québec. Si on veut donner des services à notre population en
conformité des chartes, il faut ôtre très prudents dans
notre rédaction et discriminer positivement, de façon habile.
M. Paré: Oui, vous êtes très habile, je dois
dire, en ce qui concerne le texte et votre discours, sauf que, moi, je suis ici
pour essayer de faire en sorte que les Québécois, puisqu'il
s'agit de l'argent des Québécois, aient le maximum de services,
que, pour ces mêmes Québécois, il y ait le moins possible
de discrimination et que, dans nos programmes, oui, on aide les plus
démunis, qui sont... Vous allez me dire que c'est une sorte de...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que vous pouvez me
définir un Québécois?
M. Paré: C'est une personne qui demeure au Québec,
puis vous ne me ferez pas...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Depuis combien de temps?
M. Paré: Attendez un peu, là.
M. Godin: On l'a vu tout à l'heure. Douze mois.
M. Paré: C'est donc...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Douze mois, vous? Pour M. le
député de Mercier, c'est douze mois, pour vous, c'est
combien?
M. Paré: Cela dépend, si vous parlez de la nouvelle
Loi électorale, mais vous ne m'amènerez pas sur un autre projet
de loi, ni sur une autre activité...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Je vous demande la
définition d'un Québécois. Vous me dites que c'est pour
les Québécois, par les Québécois, etc., alors c'est
quoi un Québécois?
M. Paré: Mme la Présidente.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous ne le savez pas?
M. Paré: C'est quand même... Je comprends que c'est
bien amusant et que ça peut... C'est une façon assez bizarre de
légiférer et c'est aussi assez bizarre, sur le plan
démocratique, de faire en sorte qu'on finit presque par oublier ce qu'on
est en train de traiter parce qu'on se ramasse dans toutes sortes d'affaires.
Moi, Je veux bien croire que vous êtes Canadien dans l'âme et que
la façon dont les gens vivent en Alberto vous préoccupe, mais
moi, ce qui me préoccupe, c'est le projet de loi 136 qu'on est en train
d'étudier, et le projet de loi 136 est discriminatoire, et vous le
savez, c'est vous-même qui l'avez dit.
Moi, je veux m'assurer que cette discrimination-là, étant
donné qu'elle est là, soit au moins claire, et, la façon
d'y arriver, ce n'est certainement pas en procédant comme on le fait,
présentement, c'est-à-dire en essayant de ne pas répondre
aux questions ou en essayant de faire finalement bifurquer les interventions
qu'on fait.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non. Mme la
Présidente...
M. Paré: C'est encore ce que vous allez faire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente,
question...
M. Paré: Bien, c'est ça, c'est exactement ce que
vous êtes en train de faire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... de règlement. Je pense
que...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre, sur
une question de règlement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... le député de
Shefford doit avoir l'honnêteté intellectuelle de définir
ses propos devant cette commission. Il dit qu'il se fout des Canadiens, que,
lui, iI est Québécois. Je lui al simplement posé une
question bien simple, à savoir de définir ce qu'est un
Québécois. Le député de Mercier a honnêtement
tenté de venir à sa rescousse en expliquant que c'est quelqu'un
qui demeure au Québec, qui que ce soit, depuis douze mois. Lui, le
député de Shefford, ne le sait pas, et je prends acte qu'il ne le
sait pas.
M. Paré: Bon, c'est exactement ce que je viens de dire.
Regardez la belle façon de faire en sorte, dans un débat qui est
sérieux et qui porte sur un sujet tout à fait spécifique,
de déroger complètement du sujet. On peut faire en sorte... Si
vous voulez, on peut bien parler des igloos dans le Nord, si ça peut
vous amuser, sauf que, moi, je ne suis pas ici, à onze heures et demi du
soir, pour faire des blagues. Je dois vous dire qu'on n'aurait pas besoin
d'être ici pour ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est une blague de définir
un Québécois?
M. Paré:... et je n'ai pas... Si vous voulez parler
d'autres choses, de définitions d'autres choses que ce qui
apparaît dans le projet de loi, ici, et si vous voulez qu'on en discute,
moi, ça me fera plaisir, à partir de minuit, on pourra prendre un
café et on pariera d'autres choses. Là, c'est le projet de loi
qui intéresse les gens et c'est de ça qu'on doit absolument
parler. Ce n'est pas en discriminant et en cachant qu'on discrimine,
finalement, parce qu'on ne va pas au fond des choses, quand on discute de
projet aussi sérieux, qu'on va faire avancer le débat. Moi, je
vous ai dit que j'avais comme objectif - je l'ai encore et je vais le
défendre jusqu'à la fin de cette commission - d'amener le plus
possible de clarté par rapport à ce que ça veut dire,
parce qu'en commençant un projet de loi - les notes explicatives le
disent d'ailleurs et vous venez de le renforcir en insistant sur la
discrimination comme étant l'essence même du projet de loi - il
faut au moins savoir ce que ça veut dire. Donc, de la clarté par
rapport à ça, pour savoir un peu, au moins, où on s'en va
et, si c'était possible, même pour rassurer les gens. SI, en plus,
on pouvait apporter des modifications qui amélioreraient le projet de
loi ou faire des choses qui rassureraient et, je l'espère, finiraient
par s'incruster, s'imbriquer dans le projet de loi de façon que ce soit
ça que tous les Intervenants qui ne sont pas ici, appliquent, parce que
ce n'est pas nous, c'est la Société d'habitation du Québec
qui va avoir à ratifier ça. Alors, il faut au moins qu'on puisse
se référer à ce qu'on dit ici, ce soir, de façon
sérieuse, quant à ce qu'on pense et ce que va être
effectivement le contenu de ces articles et de ce projet de loi. (23 h 30)
Donc, je vous ai demandé si vous aviez des avis juridiques et
vous m'en avez donné. Je dois dire que je suis satisfait que vous m'ayez
donné ça - ce bout-là était sérieux et j'en
suis bien content - mais, au-delà de ça, c'est évident
que, puisque ça vient exclure, pour les logements à loyer modique
donc basés sur les revenus, des gens qui seraient admissibles en vertu
de la grille actuelle mais qui ne le seront plus parce qu'on va discriminer
suivant d'autres facteurs, je vais être contre cet article.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que le
paragraphe q est adopté?
M. Paré: Sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): Sur division.
J'appelle le paragraphe r.
I M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce paragra- phe a pour objet de
conférer au locateur d'un logement le pouvoir d'établir par
règlement des conditions, critères ou cas d'exclusion ou
d'exemption différents de ceux établis par la
Société en vertu des programmes précédents, dans la
mesure prévue par le règlement de la Société, pour
permettre à un locateur de répondre à ses besoins
particuliers. Ce paragraphe réfère aux articles suivants du
projet de règlement, soit les articles 3, 4, 18, 19, 29, 5°
alinéa, 30, 41 et 42.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Est-ce que le ministre peut me confirmer, tout
simplement, que... C'est sûr que, quand la Société
d'habitation du Québec va amener un règlement ou des
modifications, ça va paraître à la Gazette officielle
du Québec? Est-ce que je suis correct quand je dis
ça?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, oui.
M. Paré: Le règlement va être publié
à la Gazette officielle. S'il y a des amendements, ils vont être
publiés à la Gazette officielle. Est-ce que ça va
être la même chose pour les règlements locaux, parce qu'on
sait qu'Us vont être adaptés et les modifications locales
aussi?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, tout ça est soumis
à la Loi sur les règlements.
M. Paré: Au paragraphe r, on dit: "conférer au
locateur de logement à loyer modique - donc aux 500 ou 600 offices
municipaux d'habitation du Québec - sur les éléments et
dans la mesure qui y sont prévus, le pouvoir d'établir par
règlement des conditions, critères ou cas d'exclusion ou
d'exemption différents". Cela va être quelque chose à
gérer, pour la Société. Est-ce que, selon
l'expérience que vous avez, les discussions que vous avez eues, la
connaissance du dossier que vous avez, vous vous attendez à beaucoup
d'uniformité ou à beaucoup de variété par rapport
à ces 500 ou 600 règlements?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les officiers de la
Société d'habitation m'indiquent qu'ils s'attendent à une
uniformité relative.
M. Paré: Vous allez me dire que c'est compliqué de
répondre à ça, sauf que je pense qu'on a le droit de
douter un peu de l'uniformité relative, quand, comme vous le disiez
tantôt, on connaît le nombre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'en doute moi-même.
M. Paré: ...de règlements qui sont, sans être
légalisés, mis en pratique dans toutes les munici- palités
du Québec. On peut avoir quelque chose d'assez varié et
changeant, même si, à la base, il y aura des choses qui vont
s'étendre et être assez uniformes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais c'est limité aux sept
ou huit articles que j'ai énumérés tantôt. Cette
flexibilité est balisée, ce qui explique l'uniformité
certaine, quant aux autres éléments, et l'uniformité
relative, quant à ces éléments.
M. Paré: Je comprends, le paragraphe r est clair, quand on
dit. ...Établir par règlement - on parie alors pour chacun des
locateurs, donc près de 600 - des conditions, critères ou cas
d'exclusion ou d'exemption différents de ceux établis en
application du paragraphe n, o, p ou q". Mais, quand on regarde le paragraphe
n, ce sont des "conditions d'appartenance à un même groupe"; o, ce
sont des "conditions ou critères de recevabilité d'une demande de
location et d'admissibilité"; p, c'est "établir les conditions ou
critères d'attribution de logements ou de catégories ou
sous-catégories de logements à loyer modique, dont ceux
applicables au classement des personnes admissibles, et déterminer la
pondération de ces critères" et q: "exclure certaines personnes
de l'admissibilité". Je dois vous dire que c'est très large,
très vaste, et, si on regardait juste les paragraphes ou les sections
qui sont concernées dans le règlement qui a été
déposé cet après-midi par rapport aux quatres paragraphes
que je viens de citer, ce serait des pages et des pages, sinon presque la
totalité. Ce n'est pas peu dire, ce dont on est en train de parier.
Quand on parie "du paragraphe n, o, p ou q", on a fait le tour de pas mal de
champs de responsabilité. On ne parie plus de détails, on parle
de choses de fond. Donc, ce n'est pas limité ou restrictif, au
contraire, c'est très large ce qu'on leur donne comme
possibilité; je comprends qu'on s'est interrogé. Je fais
confiance aux offices municipaux d'habitation. Ce n'est pas là la
question. J'ai toujours dit qu'il faut faire confiance au pouvoir local. De
toute façon, plus ça va, plus on leur donne de
responsabilités. En voilà une de plus qui s'ajoute.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ils l'exercent
déjà.
M. Paré: Ils l'exercent déjà, je suis
d'accord, sauf qu'en même temps, N y a une dépendance très
forte de la Société d'habitation du Québec qui va
demeurer. Le lien est là, parce que la propriété demeure.
Il n'y a pas de modification à ce niveau. L'idée, l'intention ou
le geste de continuer à développer sur le territoire est toujours
une décision qui vient du gouvernement central. Donc, ça demeure
la possibilité d'investir sur le nombre d'unités.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais,
juste pour qu'on se comprenne bien, la décision d'investir sur le
nombre d'unités vient du gouvernement central, sauf qu'on ne peut le
faire s'il n'y a pas sur place la formation, voulue par le milieu, d'un office
municipal d'habitation.
M. Paré: Oui, il faut que le milieu le demande.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non seulement le demande, mais
s'implique financièrement.
M. Paré: Oui, d'accord. Il faut que le milieu s'implique
financièrement dans le fonctionnement. Mais vous savez comme moi...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a des endroits où on
juge à propos ne se pas s'impliquer financièrement et de ne pas
le demander.
M. Paré: Je le sais. Il y a des places Ici, près de
Québec, qui n'en veulent pas, de HLM. Il y a d'autres petites et
moyennes municipalités qui n'en veulent pas, mais il y en a quand
même plusieurs qui en veulent et qui n'en ont pas suffisamment. Donc,
cela je le comprends.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On en a aussi de ce
type-là.
M. Paré: Oui. On en a de ce type-là, je pourrais
vous donner toute une liste de gens qui sont en attente. Vous le savez mieux
que moi, d'ailleurs.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On est à la veille de
répondre à la majorité de ces attentes.
M. Paré: À la majorité?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Je pense qu'on peut dire que
oui. Je sais que c'est une mauvaise nouvelle pour l'Opposition.
M. Doyon: Le député est impressionné.
M. Paré: Non. Cela voudrait dire que les gens se sont
résignés à ne pas en demander beaucoup, si c'était
ça.
M. Doyon: Ah! Quand même. Ah! La barbe!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vas-y Réjean, attaque!
M. Paré: Je reprends juste les propos du ministre
lui-même à l'ouverture de la commission, alors que je
dénonçais le fait que, depuis des années, le nombre
d'unités décroît, les budgets aussi, les crédits,
parce que, normalement, on y va par ça. Le ministre est venu nous dire
que non.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Bien non.
Faire plus avec moins.
M. Paré: Le discours que vous avez tenu, tout
dernièrement encore, au congrès de l'Association des offices
municipaux d'habitation..
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'ai été très
bien accueilli.
M. Paré: Ce que vous avez dit là, quand vous disiez
faire plus avec moins, vous vous référiez, à moins que je
ne me trompe, au supplément au loyer privé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À l'ensemble. Les
statistiques qui sont données, pour être clair là-dedans,
se réfèrent à l'ensemble des interventions. Ce qui compte
à la fin, c'est combien d'unités vous mettez à la
disposition des gens qui en ont besoin.
M. Paré: Mais vous allez admettre que vous devez toujours,
en tout cas je l'espère, tenir le même discours. Alors, quand vous
dites: Faire plus avec moins, c'est le discours que vous avez tenu relativement
au supplément au loyer dans le secteur privé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non. Je m'Inscris en faux contre,
M. le député de Shefford. C'est le discours que nous avons tenu
pour l'ensemble des programmes administrés par la Société
d'habitation du Québec. La moyenne, entre 1980 et 1985, d'unités,
à travers tous les programmes disponibles, est de 3500 unités.
L'an passé, sous le gouvernement libéral, cela a
été de 5000, une augmentation considérable en faveur des
plus démunis.
M. Paré: Je ne sortirai pas tous ces chiffres-là
parce que la comparaison, on l'a faite au début, et je la maintiens,
sauf que je dois vous dire... En tout cas, dans Le Devoir du 22 avril
1989 - cela ne date pas de très longtemps - vous disiez, quand on
parlait...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je n'écris pas dans Le
Devoir.
M. Paré: C'était écrit. "Au-dessous d'un
taux de vacances de 3 %, nous savons que cette mesure en parlant du
supplément au loyer privé - peut devenir dangereuse et nous ne
voulons surtout pas nous retrouver en position d'otages. Le nombre de logements
accordés au marché locatif privé est en décision
ponctuelle qui découle des lois du marché. Ainsi, la
Société d'habitation du Québec n'octroiera, en 1989-1990,
que 1275 unités au marché privé, comparativement à
2000 en 1988. "
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est 2222.
M. Paré: Bon. Alors, aujourd'hui, vous dites
que ça augmente, mais U y a un mois, vous disiez que vous
étiez en diminution. En ce qui concerne le nombre d'unités de
HLM, vous parliez du maintien par rapport à l'année
passée.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À cause du taux de
vacances. Je veux qu'on se comprenne bien. Je maintiens que ce que vous venez
de lire est exact. Ce sont mes propos corrigés à 22 unités
près. Cela fait partie de décisions conjoncturelles. D'ailleurs,
)e pense que tout gouvernement qui se retrouverait avec un taux de vacances de
6 % à 7 %, aurait avantage à accélérer son
programme de locatif privé et que tout gouvernement qui se retrouverait
avec un taux de vacances inférieur à 3 % aurait avantage à
accélérer son programme de construction publique, à moins
d'être un idéologue qui favorise des choses qui n'ont rien
à voir avec les clientèles à rejoindre.
M. Paré: On y reviendra. On vient de bifurquer, on vient
de faire une parenthèse intéressante.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mais si cela peut ajouter...
M. Paré: J'ai bien dit Intéressante.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour une fois qu'une
parenthèse ajoute quelque chose.
M. Paré: Mais on est toujours au paragraphe r...
Une voix: Adopté.
M. Paré:... où on dit qu'on confère des
choses au locateur. On parle de 600 locateurs. Les "conditions, critères
ou cas d'exclusion ou d'exemption", c'est très large. Mais on y
reviendra. Je vous al parlé tantôt de règlements, de leur
publication et tout ça, mais on y reviendra parce que je me rends compte
que ça va être plutôt a l'article 10. Je vais certainement
avoir des questions à poser à ce moment-là. Pour le
moment, étant donné que cet article-ci - et vous allez admettre
que c'est tout à fait correct que ce soit comme ça -
réfère aux paragraphes n, o, p, q qu'on a déjà
dénoncés, pour lesquels on a émis énormément
d'inquiétude et voté contre, on ne pourra pas faire autrement,
pour ce paragraphe r, afin de rester dans la même ligne de conduite, que
de l'adopter sur division. (23 h 45)
La Présidente (Mme Bélanger): Le paragraphe r est
adopté sur division. J'appelle le paragraphe s.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, ce
paragraphe prescrit "la communication au locateur... de renseignements ou
documents nécessaires à l'exercice de ses fonctions par
les personnes inscrites sur la liste d'admissibilité. " Il s'agit de
renseignements nominatifs nécessaires à l'étude de
la demande de location et d'admissibilité à la location et,
le cas échéant, à la détermination du loyer. Ce
paragraphe réfère plus particulièrement à l'article
11 du projet de règlement.
M. Paré: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que le
paragraphe s est adopté? Adopté, point.
M. Paré: Adopté, point.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, le paragraphe
s est adopté. J'appelle le paragraphe t.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour ne pas modifier votre rythme,
Mme la Présidente, outre d'autoriser la Société à
"établir les conditions selon lesquelles le locateur de logement
à loyer modique doit tenir le registre des demandes et la liste
d'admissibilité", ce paragraphe autorise le règlement à
déterminer une période de validité de la liste
d'admissibilité et la radiation par le locateur, dans les cas
déterminés par règlement, d'une personne de cette liste ou
l'attribution à celle-ci d'un nouveau classement, notamment à la
suite de réceptions de demandes prioritaires, par exemple, de familles
qui seraient délogées à la suite de la mise en oeuvre d'un
programme municipal. Ce paragraphe réfère plus
spécifiquement aux articles 12, 14, 20 et 45 à 49 du projet de
règlement.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Vous avez nommé les articles 12, 14, 45
à 49 dans l'exemple que vous avez donné.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les articles 12, 14, 20 et 45
à 49.
M. Paré: II y en a un qui n'apparaît pas dans cette
liste, mais je veux être sûr que je vais pouvoir intervenir
là-dessus parce que j'y tiens. Selon vos informations, pour qu'on parle
des mômes choses, l'article 55 du projet de règlement, selon votre
concordance, va être à quelle lettre, afin qu'on puisse s'y
référer?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous dites l'article 55?
M. Paré: Oui, la radiation de la liste et le reclassement.
Donc, l'article 55, est-ce qu'on le retrouve ailleurs qu'à la lettre
t?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez raison d'Insister. Vous
l'ajoutez à cet article.
M. Paré: D'accord. Parlons-en maintenant
Je pense qu'il est important d'en parler et j'espère que vous
allez tenir compte des remarques que je vais faire. Je suis sûr que les
députés vont partager mes craintes à ce sujet. Quand on
regarde ça - c'est sûr que ça peut être
modifié, ça peut être adapté mais c'est un principe
de base sur lequel, je pense, il faudrait faire très attention - aux
articles 55 et 56 du projet de règlement, on dit: "Le locateur radie de
la liste d'admissibilité le nom du demandeur qui refuse un logement qui
lui est offert". Donc, si on lui offre un logement et que la personne le
refuse, elle est radiée pour une période d'une année. Il y
a d'ailleurs eu une erreur à l'article 56, c'est malgré l'article
55 et non 57, on dit que "le demandeur qui refuse la location d'un logement qui
lui est offert par le locateur conserve son rang et son classement sur la liste
d'admissibilité de même que son droit à la location d'un
tel logement dans les cas suivants: "1° si un cas fortuit de forces
majeures l'empêche d'occuper le logement dans un délai de 90 jours
à compter de la date de réception de l'avis; 2° si le
demandeur ou un membre de son ménage...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Une personne
handicapée.
M. Paré:... est une personne handicapée. " Ce sont
les deux seuls cas où on dit que la personne va pouvoir demeurer sur la
liste si elle refuse. Je vais vous dire que ça m'inquiète
beaucoup, à cause justement de l'augmentation de choix qu'on donne avec
le supplément au loyer privé. N'oublions pas que - et vous l'avez
dit, vous l'avez reconnu - à l'article 1, 1°, 2° et 3°, on
inclut ce genre de logement aussi, évidemment, mais la liste, c'est pour
ceux qui vont être envoyés en logements privés
subventionnés.
Parmi les gens qui adressent une demande dans un HLM, tout le monde ne
connaît pas le nouveau programme, je pense que vous êtes bien
conscient de ça. Dans les gens qui font une demande
généralement...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est de plus en plus connu.
M. Paré: C'est de plus en plus connu; mais,
généralement, les gens qui font une demande pour habiter dans un
HLM s'imaginent et désirent avant toute chose un HLM... En tout cas,
vous pourrez faire des commentaires là-dessus...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux le faire aisément
parce que les expériences que nous avons dénotent que les gens
qui ont bénéficié de l'autre programme sont
généralement satisfaits.
M. Paré: Moi, selon les commentaires que j'ai, je dois
vous dire que les autres, en HLM conventionnels, sont
généralement plus satisfaits.
En tout cas, c'est selon les commentaires que j'ai eus en parlant avec
des gens, mais vous pourrez y revenir tantôt.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les analyses de satisfaction
varient en ce sens que, généralement, la qualité, si je
peux utiliser cette expression, du logement est supérieure en HLM, mais
pour d'autres considérations comme le fait d'être dans une
communauté plus mixte en privé. Le taux de satisfaction est
basé sur différents critères, mais en fin de compte, la
satisfaction globale s'exprime d'un programme à l'autre. Ce qui est
important pour le gouvernement et la Société d'habitation du
Québec, c'est de faire en sorte qu'une personne démunie ait un
toit qui lui est offert par la société
québécoise.
M. Paré: D'accord. Mais au-delà de ça. de ce
qu'on est en train de parler ici, c'est clair et net qu'une personne qui
refuserait, qui peut s'être inscrite surtout... Très souvent c'est
une question de services, c'est une question de pauvreté. Il ne faut pas
l'oublier. Cela prend des gens qui n'ont pas beaucoup de moyens pour être
dans un HLM.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour être admissibles.
M. Paré: Donc, c'est pour les plus démunis.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ou en locatif privé,
même chose.
M. Paré: Oui, c'est la même chose, c'est la
même liste finalement. Les gens demandent d'aller dans un HLM. Ils sont
sur une liste au moment où on se parle; cela peut être le HLM
public, cela peut être le logement privé avec le supplément
au loyer privé. La personne demande d'aller là. Donc, elle est
sur une liste. Cela arrive... Elle s'imagine très souvent, surtout dans
une municipalité où il y a seulement un, deux ou trois HLM
connus, qu'elle va dans un de ces HLM. Elle se fait appeler et on lui dit:
Là, on vous offre un logement dans telle maison d'appartements, à
tel endroit. J'ai eu des cas comme celui-là, c'est pour ça que je
suis en mesure d'en parler. Vous avez dû en avoir aussi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui et je vais vous en parler.
M. Paré: Les propriétaires qui ont demandé
de pouvoir recevoir ce locataire, ce n'est pas toujours et c'est même
loin d'être toujours ça, des gens qui sont bien situés,
près des services. Par exemple, ce sont des gens qui sont, par rapport
au centre-ville, presque à l'extrémité mais
peut-être proches d'un centre commercial ou de choses comme ça.
Ils ne sont pas, par rapport au centre-ville, placés là où
c'est l'idéal. Je pourrais vous donner des cas précis que je
connais.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne prétendrais pas que
le type de logement que nous offrons soit le type de logement idéal, ni
dans le locatif privé, ni dans le HLM. Nous pensons offrir à des
gens qui en ont besoin, sur le plan financier, un logement qui soit
adéquat.
M. Paré: Là où je veux en venir, c'est qu'en
venu des articles 55 et 56 qui apparaissent là, ça voudrait
dire... S'il n'y avait pas ça, s'il n'y avait pas le supplément
au loyer privé, seulement les HLM publics, je vous dirais: On peut
peut-être retenir les articles 55 et 56, mais à cause du
supplément au loyer privé qui fait qu'on s'éloigne - je
connais des cas, je pourrais vous donner des exemples - on peut offrir à
des gens... On appelle une personne - je le sais, c'est arrivé - et on
lui dit: J'en ai un à vous offrir. Vous êtes la suivante sur la
liste, mais vous devez vous en aller à tel endroit. La personne dit:
Oui, mais c'est un quartier que je ne connais pas; je n'ai pas d'automobile et
II n'y a pas d'autobus qui passe dans ce coin, parce que des services
d'autobus, malheureusement, même dans des villes moyennes, il y a
certains endroits où il n'y en a pas. La personne dit: Je ne peux pas
pour toutes sortes de raisons... Vous le savez, il y a les questions scolaire,
de déplacement, d'attachement à son quartier. A cause du fait que
les logements privés subventionnés dans le supplément au
loyer privé sont inclus dans les règlements qu'il y a là,
est-ce qu'on ne pourrait pas permettre au moins un refus? Là, ce qu'on
fait, c'est qu'on ne permet pas de refus. On vous dit: C'est celui-là,
et, si ça ne fait pas votre affaire, vous êtes retiré pour
une année. Ce sont des gens qui sont dans le besoin; tous les autres
critères, tous les autres facteurs retenus dans la grille de
sélection ont fait en sorte qu'ils soient reconnus comme admissibles et
inscrites sur la liste.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quand vous êtes dans le
besoin, M. le député de Shefford, et que la Société
d'habitation du Québec reconnaît que vous êtes dans le
besoin et qu'elle vous offre un logement, c'est possible que vous puissez
espérer mieux. Si vous savez qu'il y aura un HLM en construction, vous
voulez peut-être un appartement neuf avec une peinture neuve, avec des
portes de patio à roulement à billes, tapis neufs, etc., c'est
possible que vous le vouliez, que vous le souhaitiez, que vous le
désiriez. J'ajouterai même que c'est toujours légitime d'en
souhaiter davantage. Mais, lorsque les logements sont offerts, les logements
que nous offrons à l'intérieur des programmes sont des logements
qui sont jugés adéquats par la Société d'habitation
du Québec, il n'y a pas de taudis qui sont offerts. La personne qui veut
mieux et qui refuse doit, à ce moment-là, céder son tour
à quelqu'un qui se satisfait de la situa- tion. Il n'y a rien dans le
produit que nous offrons qui soit honteux ou insalubre.
M. Paré: Ce n'est absolument pas le discours que j'ai
tenu. Il ne faudrait pas bifurquer. Je n'ai pas parlé de questions de
choix ou de goût. J'ai parlé de besoins ou de difficultés.
Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen, si vous ne voulez pas...
Une voix: Pour les handicapés...
M. Paré: Oui, pour un cas de force majeure et pour les
handicapés. Mais je vous demande, si vous ne voulez pas retenir la
possibilité d'un refus, si vous ne voulez même pas ça, s'il
n'y aurait pas moyen de retenir un autre critère qui ferait en sotte
d'admettre une difficulté qui pourrait être due aux
déplacements ou quelque chose comme ça? Je pourrais vous
donner... C'est toujours un petit peu embêtant de prendre un cas
précis, surtout quand on pourrait se sentir impliqué ou
obligé de nommer des gens. Mais, dans une municipalité d'une
certaine importance, il y a des HLM au centre-ville, souvent assez bien
placés, et je dois dire que c'est un des bons côtés des HLM
publics, on le reconnaît. La situation est un des facteurs; le choix de
la localisation est toujours quelque chose qui est important quand on implante
un HLM. Mais il y a des gens qui vivent au centre-ville et on sait que les
édifices locatifs d'une certaine importance, donc les "blocs" en
série, les triplex, duplex, ça peut être plus que
ça, les six, douze et quinze logements, sont plus en banlieue ou sont
plus en périphérie de la ville.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pour les gens qui
travaillent...
M. Paré: La personne qui est près des services au
centre-ville et à qui on dit: Écoute, on en a un à
t'offrir. Il est à tel endroit. Si elle n'a pas d'automobile et qu'elle
doit se déplacer, c'est difficile pour elle. On va l'isoler, on va
l'arracher à son centre-ville ou à son quartier. Alors, est-ce
qu'il n'y a pas moyen d'envisager...
La Présidente (Mme Bélanger): Je regrette, mais je
pense qu'on va garder cette question pour demain. Il est minuit et la
commission ajourne ses travaux sine die.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Merci beaucoup, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Bonsoir tout le
monde.
(Fin de la séance à minuit)