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(Onze heures douze minutes)
Le Président (M. Parent, Bertrand): Si vous le permettez,
on va procéder immédiatement, puisqu'on a le quorum. Je
déclare donc ouverte la séance de la commission de
l'aménagement et des équipements. Ce matin, le mandat de la
commission consiste à procéder à l'élection du
vice-président ou de la vice-présidente de la commission. Je
rappelle la procédure. Selon l'article 135 de notre règlement,
"le président et le vice-président de chaque commission sont
élus à la majorité des membres de chaque groupe
parlementaire." A ce stade, j'aimerais recevoir des propositions de
candidature. Ouf, M. le député de Montmagny-L'Islet.
Élection de la vice-présidente
M. Gauvin: M. le Président, je propose, au poste de
vice-présidente de la commission de l'aménagement et des
équipements, la députée de Mégantic-Compton.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Je reçois la
proposition du député de Montmagny-L'Islet, pour Mme la
députée de Mégantic-Compton. Est-ce qu'il y a d'autres
propositions?
M. Dufour: Cela me tenterait bien gros.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Est-ce que tout le
monde est en faveur? On va y aller simplement.
M. Dufour: Certainement.
Le Président (M. Parent, Bertrand): M. le
député de Jonquière est en faveur. M. le
député de Hull, bienvenue, cela me fait plaisir, et M. le
député de Lotbinière. Si je comprends bien, Mme la
députée, vous êtes élue à l'unanimité,
comme vice-présidente. Je tiens à vous en féliciter. En
tant que président, on doit toujours compter sur son
vice-président ou sa vice-présidente, en l'occurrence. Je sais
que vous faites déjà un bon travail. Votre expérience, au
cours des dernières années, particulièrement comme
présidente de séance, vous a conféré une
crédibilité et une objectivité à laquelle on est
tenus dans ce travail. Je suis particulièrement fier de vous avoir comme
collaboratrice. Soyez assurée qu'on va essayer de faire un bon mariage,
avec la collaboration de tout le monde. Oui, M. le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Gauvin: J'aimerais féliciter la députée
de Mégantic-Compton. Je crois qu'avec son tempérament
spontané, elle va ajouter à l'intérêt de cette
commission en ce qui concerne son fonctionnement. Je la fétiche.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci beaucoup. M. le
député de Hull.
M. LeSage: M. le Président, j'aimerais me joindre à
mon collègue pour féliciter également la
députée de Mégantic-Compton. Comme nouveau membre de cette
commission et comme nouveau député à l'Assemblée
nationale, je suis à même de vous dire que les quelques jours que
j'ai passés en sa compagnie ont été très
agréables. Il me semble, en tout cas, j'ai l'impression qu'elle a...
Le Président (M. Parent, Bertrand): N'allez pas plus loin,
vous là!
M. LeSage: ...ce bras qu'il faut pour mener à bien les
travaux de cette commission.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci, M. le
député de Hull. Oui, M. le député de
Lotbinière.
M. Camden: M. le Président, j'aimerais également me
joindre à mes collègues pour féliciter la
députée de Mégantic-Compton, qui représente une
circonscription électorale rurale. J'ai donc toutes les raisons de me
réjouir de son mandat au sein de la commission. Je suis convaincu que
ses électeurs se réjouiront sûrement de l'importance du
poste qu'elle occupera dorénavant au sein de cette commission. Nous en
sommes très heureux.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci beaucoup. Oui,
M. le député de Jonquière.
M. Dufour: Je ne veux pas être en reste avec tous mes
collègues...
Le Président (M. Parent, Bertrand): Si c'est seulement
pour ça...
M. Dufour: ...avec ce concert d'éloges adressés
à la nouvelle vice-présidente. J'ai eu l'occasion de la voir,
à quelques reprises, à l'oeuvre comme présidente de
séance. Je souhaite aussi qu'elle continue dans le même sens, soit
qu'elle garde son Impartialité, qu'elle permette toujours à
l'Opposition de s'exprimer et, en même temps, qu'elle insiste encore sur
le respect du décorum dans nos travaux. On peut vous dire que
l'Opposition, jusqu'à maintenant, a toujours fait montre de respect et
d'une très grande discipline lorsque les dames présidaient nos
assemblées. Je peux donc l'assurer d'avance de ma collaboration et lui
souhaiter un bon mandat et bonne chance dans ses nouvelles fonctions. Je pense
qu'on doit se réjouir du fait que ce soit une femme. C'est un poste
important et Dieu sait si cela ouvre les portes. On va suivre ça, Mme
la
Présidente.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci beaucoup, M. le
député de Jonquière. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions?
Une voix: On aimerait avoir un discours.
M. Doyon: Je voudrais juste demander la permission de la
commission, M. le Président, pour enregistrer mon vote en faveur de Mme
la vice-présidente et l'assurer de ma collaboration, bien sûr, si
l'Opposition me le permet.
Le Président (M. Parent, Bertrand): II n'y a pas de
problème.
M. Dufour: II n'y a pas de problème.
M. Doyon: Merci beaucoup. Je voudrais lui souhaiter une longue
carrière et l'accession à un poste encore plus glorieux et plus
valorisant. Vice-présidente, c'est déjà beaucoup.
Bravo!
Le Président (M. Parent, Bertrand): Merci, M. le
député. M. le député de Shefford, vous aviez un mot
à dire.
M. Paré: Oui, j'ai un petit mot. Je suis membre de la
commission, M. le Président?
Le Président (M. Parent, Bertrand): Oui.
M. Paré: Je l'espère parce que, sinon, cela ferait
longtemps que je parlerais sans être membre.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paré: Ayant vécu quelques heures, au cours des
dernières journées et des dernières nuits, avec la
personne mentionnée, toujours en travaillant ici a la commission - c'est
parce qu'on a travaillé tard - j'ai été à
même d'apprécier à quel point I était plaisant de
travailler avec la députée de Mégantic-Compton. Il me fera
plaisir de la voir, de temps en temps, vous remplacer, M. le Président,
pas parce que vous n'y serez pas, mais c'est elle qui va devoir vous remplacer
quand vous serez appelé ailleurs, alors cela va être avec plaisir
qu'on va travailler avec Mme la députée. Je lui souhaite donc
bonne chance et je lui dis d'avance qu'elle peut compter sur ma
collaboration.
Le Président (M. Parent, Bertrand): C'est à votre
tour, ma chère madame.
Des voix: Ha, ha, ha! Une voix: Une larme!
Mme Bélanger: Ce serait trop facile de laisser tomber une
larme parce qu'on dirait alors que les femmes sont émotives. Par contre,
je peux vous dire que je suis très Impressionnée par cette
nomination. J'ai eu l'occasion de participer à des élections d'un
président ou d'un vice-président et il me semble que ce
n'était pas si impressionnant que ça. C'est probablement parce
que je suis touchée par cette nomination et par les éloges de
chacun de mes collègues et des collègues de l'Opposition.
Comme le disait le député de Jonquière, je suis
présidente de séance depuis trois ans et J'ai toujours
essayé de faire mon travail de façon très impartiale, en
donnant la chance à chacun des groupes parlementaires de s'exprimer.
Soyez donc assurés de ma collaboration. Je vais continuer à
collaborer avec les membres de la commission et je tenterai de rendre le
travail des membres de chaque groupe parlementaire des plus
agréables.
M. le Président, je suis très heureuse d'être votre
vice-présidente. Malheureusement, on n'aura pas l'occasion de travailler
très longtemps ensemble puisque les travaux parlementaires vont se
terminer dans quinze jours à peu près. Après,
j'espère, étant déjà vice-présidente,
être encore là au prochain mandat et être encore
vice-présidente. Malheureusement, je suis sûre que je n'aurai pas
mon président, ce qui est très dommage. Je lui souhaite donc
bonne chance dans sa future carrière.
À tous et à chacun, merci beaucoup pour la confiance que
vous avez mise en moi en me désignant pour occuper ce poste. Merci.
Le Président (M. Parent, Bertrand): Bravo! La commission
de l'aménagement et des équipements va donc suspendre ses travaux
jusqu'à 11 h 30.
(Suspension de la séance à 11 h 20)
(Reprise à 11 h 36)
Projet de loi 136
Le Président (M. Paradis, Matapédia): La commission
reprend ses travaux. Nous étions à l'article 2, paragraphe t. M.
le ministre.
Loi sur la Société d'habitation du
Québec (suite)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président, le
paragraphe t avait été, si ma mémoire est fidèle,
appelé, on en avait discuté mais nous nous étions
laissés sans l'adopter, au cas où, la nuit portant conseil, des
membres de cette commission trouveraient dans leur sommeil, ou leurs
rêves, ou leurs cauchemars, des questions additionnelles à
adresser à celui qui vous parle, quant à l'application de ce
paragraphe ou de la réglementation qui en découle.
Le Président (M. Paradis, Matapédia): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Oui, s'il vous plaît. M. le
Président. Non, je n'avais pas décidé de ne pas adopter
cet article en pensant que j'aurais de nouvelles questions à poser, mais
plutôt en pensant que la nuit pourrait vous convaincre de répondre
favorablement à la demande que je vous faisais quand on s'est
quittés hier soir. En parlant du paragraphe t, je me
référais à l'article 55 du projet de règlement qui
dit que "le locateur radie de la liste d'admissibilité le nom d'un
demandeur qui refuse un logement qui lui est offert". J'espère que la
nuit vous a porté conseil, parce que je pense vraiment que cela risque
d'être injuste pour certaines personnes. Avant l'Interruption des
travaux, hier soir, je vous donnais un exemple précis prouvant que
ça peut se produire dans des municipalités où on
déplace des gens en périphérie. Ils sont parmi les plus
démunis. On peut se retrouver avec une femme seule, mère de deux
enfants, sans automobile, à qui on va offrir un logement dans un
édifice privé, en périphérie. Pour une question de
commodité ou de capacité de se déplacer pour l'inscription
de ses enfants dans une école ou dans une garderie, comme cette personne
ne peut pas se déplacer et qu'il n'existe pas toujours -
malheureusement, souvent il n'y en a pas - de services de transport en commun,
elle va être pénalisée. Rien que le fait de voir une autre
personne passer avant elle sur la liste parce qu'elle ne peut pas l'accepter,
c'est déjà quelque chose, mais de se faire dire en plus: Tu
refuses, alors ton nom est radié pour un an, je trouve que c'est
très sévère. On voit jusqu'où ça peut
aller.
Comme l'article 55 est directement relié à 56, si on
voulait faire un effort, je suis convaincu qu'on pourrait y ajouter un
troisième paragraphe qui viendrait dire que, malgré ce principe
mentionné à l'article 55, il pourrait y avoir des exceptions en
ce qui concerne la distance et l'impossibilité de se déplacer. Il
y a certainement moyen de faire en sorte qu'on ne radie pas, pour une
période d'un an, une personne de la liste d'admissibilité parce
qu'elle ne peut pas accepter ce qu'on lui offre, sans que ce soit pour un cas
de force majeure. Un cas de force majeure, on peut donner bien des
interprétations à ça. Je suis d'accord avec
l'argumentation que vous avez exposée hier soir, en disant qu'il ne faut
pas que la dame ou le monsieur n'y aille pas parce qu'il n'y a pas de porte de
patio, que ce n'est pas assez clair ou que ce n'est pas assez beau. Je
comprends qu'on peut exagérer dans un sens ou dans l'autre. Mais,
là, cela ne laisse même pas de choix, cela ne laisse pas
d'évaluation, la personne est rayée. Sachant déjà
à quel point on vient de se donner d'autres moyens de raccourcir la
liste d'admissibilité et que les contraintes qui ont été
mises sont plus grandes, que les gens qui sont sur la liste, qui vont
être sur la liste puissent être radiés pour l'année,
à partir de l'application d'un règlement semblable, je trouve
ça très sévère. La demande que je vous fais c'est:
Est-ce qu'il n'y a pas moyen d'envisager la possibilité d'une
modification pour permettre qu'on ne pénalise pas d'une façon
aussi sévère un refus qui pourrait être
justifié?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président,
étant donné qu'il s'agit essentiellement, comme l'indiquait le
député de Shefford, de reprendre une question qui avait
été laissée en suspens hier soir, que l'argumentation du
député de Shefford est la même, que ce sont les mêmes
arguments qui sont repris, je vous indiquerai que, compte tenu des
réponses ou de l'argumentation que j'ai présentée dans le
cadre de cet article hier, il n'y a pas d'éléments nouveaux qui
pourraient m'inciter, à ce moment-ci, à changer le libellé
dudit article, en tenant pour acquis que, d'un côté, la personne
handicapée est protégée et, de l'autre, que si la personne
peut invoquer un cas fortuit de force majeure, il n'y a pas de problème.
Dans les autres cas, compte tenu du nombre de personnes nécessiteuses
qui ont besoin de logements etc.. Je suis d'accord avec le député
de Shefford, qu'il y a une certaine contrainte chez la clientèle, mais
face à cette contrainte qu'un individu pourrait subir dans un certain
cas et fa nécessité d'offrir le plus rapidement possible, avec le
maximum d'efficacité, à l'ensemble des
bénéficiaires qui en ont besoin, nos logements, je pense que le
gouvernement, en pesant les avantages et les inconvénients, choisit de
maintenir sa position étant convaincu que le reste des
Inconvénients milite en faveur de cette position.
M. Paré: Je prends note de la réponse du ministre.
Je dois vous dire que je trouve ça très dommage, dans le projet
de règlement qu'on a déposé, qui est beaucoup moins
sévère que ce qu'on aurait pu craindre, mais qui n'est quand
même pas immuable et qui peut être changé n'importe quand,
cela veut dire qu'il peut l'être encore, de voir jusqu'à quel
point, maintenant, on restreint la liste. Cela peut aussi être un moyen
de restreindre la liste. On peut en appeler plusieurs qui vont refuser un
même logement qui pourrait être situé, comme dans l'exemple
que je vous donnais hier, en périphérie, dans un
développement totalement neuf. La bâtisse est belle. Tout le monde
le disait, tous ceux qui sont allés la voir: Eh! Tabarnouche! Si elle
n'était pas placée làl Parce qu'elle n'est pas près
des autres services. Les gens veulent bien avoir de meilleures conditions, mais
Ils n'accepteront pas de s'en aller dans un HLM si c'est pour empirer,
finalement, leur situation. Au-delà de l'argent, II y a aussi l'habitude
du quartier, le voisinage et un tas de facteurs qui jouent. Là, on n'est
pas en train de traiter d'immeuble ou de matériel, on
est en train de Jouer avec la vie des gens, avec ce qui est le plus
Important pour eux, c'est-à-dire leur habitation, là où
ils vont loger, vivre et élever leur famille. Je trouve ça...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne pense pas que vous puissez
pousser votre argumentation jusqu'à dire que le gouvernement joue avec
ce qu'il y a de plus Important, soit l'habitation. Je pense que votre argument
tournait plutôt, si je l'ai bien compris, autour de la localisation de
l'habitation, à l'Intérieur d'une même ville.
M. Paré: Oui, mais la...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est pour ça qu'on
maintient notre réponse.
M. Paré: Oui. J'en prends note, sauf que je trouve
ça dommage, et je le dis. C'est la raison pour laquelle ce sera encore
sur division.
Le Président (M. Baril): Le paragraphe t est adopté
sur division.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce sont des
séparatistes.
Le Président (M. Baril): Paragraphe u, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, M. le Président. Ce
paragraphe u que vous venez d'appeler stipule que le territoire desservi par
les principaux locateurs de logement, les offices municipaux d'habitation est
celui de la municipalité dont 18 sont l'agent. Ce paragraphe autorise le
règlement à permettre à un locateur de logement de
délimiter un territoire de sélection inférieur à
celui qu'il dessert et de tenir plus d'une liste d'admissibilité. Ainsi,
une ville comme Montréal pourra légalement restreindre, pour un
Immeuble donné, la sélection à un ou plusieurs quartiers,
comme elle le fait actuellement. L'article du règlement qui fait
référence à cet article du projet de loi est l'article
12.
Le Président (M. Baril): M. le député de
Shefford.
M. Paré: Au paragraphe u, on retrouve deux principes,
finalement. Le premier dit qu'on peut délimiter par règlement un
territoire de sélection. S'il y avait seulement ce principe,
probablement qu'on n'aurait pas de difficulté à adopter ce
paragraphe. Mais ce qui suit, et qui est le deuxième principe qu'on
introduit, c'est: "... s'il y a lieu, de tenir plus d'un registre des demandes
et plus d'une liste d'admissibilité". C'est un facteur qui a
été dénoncé par tous les groupes
représentants, entre autres - je pourrais prendre la liste mais je n'ai
pas l'intention de tous les nommer - Femmes et logement, l'Association
québécoise de défense des droits des retraités et
des préretraités, l'Association provinciale des locataires, le
FRAPRU et je pourrais vous en donner toute une panoplie de gens. Vous les avez
vus, de toute façon. Je recevais encore un mémoire ce matin, que
vous avez certainement reçu aussi, et qui dit: Nous exigeons la tenue
d'une consultation publique sur le projet de loi 136 et sa
réglementation. Les 35 000 ménages en attente de HLM doivent
pouvoir se prononcer. Parmi les craintes de tous ces groupes que j'ai
rencontrés ou qui m'ont contacté, c'est une des
préoccupations et des dénonciations majeures qui sont faites;
plusieurs listes d'admissibilité - ce n'est pas de tenir un registre des
demandes, c'est une technicité et c'est d'accord - cela veut dire que,
finalement, on va moins tenir compte du critère du taux d'effort. On va
dire qu'on va aider les plus pauvres, mais par rapport à des listes, il
pourra y avoir des listes de gens moins pauvres mais qui auront
priorité. Il y aura des listes et on va faire des choix. Cela devient
plus discrétionnaire.
Dans le discours qu'on tient depuis quelques années, on insiste
toujours sur la mise sur pied de programmes pour aider les plus démunis
de la société. Les HLM sont faits pour les plus démunis de
la société. C'est une question de revenu et d'avoir. Le
critère était toujours le taux d'effort. A partir de maintenant,
sur les listes on ne tient plus seulement compte de ce critère du taux
d'effort. On va tenir compte d'une foule d'autres facteurs qui peuvent
être l'âge, la situation familiale, le nombre d'enfants, leur
âge. Il y a plusieurs listes et, à partir de là, cela
devient beaucoup plus arbitraire, discrétionnaire et moins axé
sur le taux d'effort fait par les ménages, en termes de capacité
de payer. Je trouve ça dommage. On l'a dit, et je le
répète, on aurait voulu que le critère du taux d'effort
soit maintenu, à partir d'une liste. Maintenant, on amène
plusieurs listes. Dès qu'on laisse ça à la
discrétion des gens, qu'il y a des choix à faire, dès
qu'on commence à cataloguer les gens, on embarque dans le principe d'une
loi qui est discriminatoire. De la discrimination, les législateurs sont
tous censés être contre ça, en principe, et non
légiférer pour la favoriser, comme ce qu'on est en train de
faire.
On est exactement dans un des articles Importants de ce projet de loi
qui vient confirmer ce qu'on a dénoncé au tout début,
d'une façon plus longue parce que, sur le principe, on a bien
campé notre position quant à la dénonciation qu'on voulait
faire et que d'autres groupes nous ont demandé de faire. On a un autre
article qui vient carrément contre le principe du critère du taux
d'effort. C'est un article qui permet justement de se détourner de ce
principe par d'autres facteurs qu'on apportera. Avec ces listes, cela veut dire
que les gens les plus mal pris se verront devancer, en termes de
priorité, pour entrer dans les HLM, parce qu'on aura fait ce choix par
rapport à des listes. Je suis convaincu que même si je vous
faisais n'importe
quelle demande, à ce moment-ci, par rapport à ça,
cela ne changerait rien parce que c'est un principe que vous avez
défendu et que vous continuez à défendre, alors je sais
qu'il n'y a pas d'amélioration possible.
Si vous permettez, M. le Président, on pourrait procéder
au vote sur division là-dessus, puis je vous demanderais la permission
de suspendre quelques minutes. Il semble que j'aie une intervention à
faire à l'Assemblée nationale.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Deux secondes, M. le
Président. Strictement pour vous dire que cet article répond en
partie à l'argumentation que le député faisait sur
l'article précédent, soit de maintenir les gens dans leur
quartier.
C'était le commentaire.
i
Le Président (M. Baril): Adopté sur division?
M. Paré: Sur division.
Le Président (M. Baril): L'article u est adopté sur
division. La commission suspend ses travaux pour dix ou quinze minutes.
M. Paré: C'est pour une intervention de dix minutes mais
le temps de me rendre et que l'autre finisse, ce peut être entre quinze
et vingt minutes probablement.
Le Président (M. Baril): Merci. (Suspension de la
séance à 11 h 50)
(Reprise à 12 h 25)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! La commission de l'aménagement et des
équipements reprend ses travaux. Au moment de la suspension, nous en
étions à discuter du paragraphe v.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, ave, Mme la
Présidente, ceux qui sont ici vous saluent. L'objet principal de ce
paragraphe est de prévoir l'institution par le locateur d'un
comité de sélection exerçant des pouvoirs
déterminés par règlement en matière
d'évaluation des demandes de location, d'en régir la composition
et le fonctionnement, y compris la durée maximale du mandat de ses
membres.
De semblables comités ont été constitués en
vertu des lettres patentes des offices municipaux d'habitation, mais il
apparaît souhaitable que ceux-ci soient maintenant créés et
régis par règlement de la Société de façon
que toute modification jugée nécessaire ou utile en cette
matière soit facilement applicable à tous les locateurs sans
exiger l'émission de nombreuses lettres patentes supplémentaires,
le cas échéant.
Cette disposition a aussi pour effet d'obliger les autres locataires de
logements, comme les organismes sans but lucratif et les coopératives
dont le déficit est assumé à 100 % par la
Société d'habitation du Québec, à mettre en place
des comités de sélection. Les articles 58 à 63 du projet
de règlement sont autorisés en vertu du paragraphe v du projet de
loi.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Oui. Je ne pense pas que celui-ci porte
énormément à discussion puisque c'est
l'établissement, avec lequel on est tout à fait d'accord, du
comité de sélection. Comme cela détermine tout simplement
ses fonctions, il n'y a pas de problème, l'article est
adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Le sous-paragraphe v
est adopté. Le paragraphe 1 de l'article 2 est-il adopté dans son
ensemble?
M. Paré: Adopté sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle le
paragraphe 2.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Pour le paragraphe 2, Mme la
Présidente, on me prévient que nous avons un petit papillon que
nous pouvons faire circuler...
La Présidente (Mme Bélanger): Voulez-vous le
déposer, M. le ministre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Je vais en faire la lecture
et le faire circuler, Mme la Présidente. L'article 2: Ajouter à
la fin du troisième alinéa de l'article 86, édicté
par le paragraphe 2° de l'article 2 et après les mots "établi
par la Société", les mots "ou de celui établi par le
locateur et approuvé par cette dernière". On constatera qu'il
s'agit d'en donner la possibilité sur le plan local, mais à
condition que ce soit approuvé par la Société d'habitation
du Québec.
Bien que la Loi sur la Société d'habitation du
Québec stipule que les programmes de la Société doivent
prévoir l'aménagement...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre,
avant, voulez-vous faire adopter votre amendement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais on peut en discuter dans
l'ensemble, aux fins d'une meilleure compréhension, si on a le
consentement de l'Opposition, Mme la Présidente.
M. Paré: Cela va.
U Présidente (Mme Bélanger): Cela va, M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Donc, bien que la Loi sur la
Société d'habitation du Québec stipule que les programmes
de la Société doivent prévoir l'aménagement de
logements accessibles aux personnes handicapées et peuvent comporter des
exclusions ou des préférences fondées sur l'âge, cet
alinéa est nécessaire pour donner à la
Société le pouvoir d'adopter des règlements qui comportent
des distinctions, exclusions ou préférences fondées sur
l'âge, le handicap ou tout élément se
référant à la situation d'une personne. On peut noter, par
exemple, l'obligation de déternir un permis de résidence
permanente au Canada ou de résider depuis un certain temps dans la
municipalité pour être admissible à un HLM.
Enfin, le dernier alinéa soumet à l'approbation de la
Société les règlements pris par un locateur en vertu des
pouvoirs qui lui seront conférés par le règlement de la
Société. Il s'agit d'un droit de deuxième regard de la
Société. On prévoit, dans le dernier alinéa, la
possibilité que les règlements de la Société
prescrivent l'utilisation de formulaires établis par elle ou
approuvés par elle.
La Présidant» (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paradis (Brome-MissisquoI): Pas de problème.
M. Paré: On peut peut-être...
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement est-il
adopté?
M. Paré:... oui, adopté l'amendement. Cela nous
permettra de revenir ensuite sur...
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... en disposer et traiter de
l'ensemble.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement à
l'article 2 est-U adopté?
M. Paré: Oui, adopté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente.
M. Paré: Maintenant, sur l'article 2 lui-même. On a
parlé du contenu de cet article-là dans les notes
préliminaires et il n'y a rien qui m'a rassuré depuis, quand on
dit: "Les règlements portant sur les matières
énoncées aux paragraphes n à r et t du premier
alinéa peuvent comporter des distinctions, exclusions ou
préférences fondées sur l'âge, le handicap ou tout
élément de la situation des personnes. "
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pourrais peut-être faire
une offre au député. C'est vrai qu'on s'est étirés
au début, dans les notes préliminaires, mais étant
donné qu'on est à l'adoption de l'article sans déposer,
comme je l'ai Indiqué hier, l'opinion juridique du Procureur
général, s'iI le souhaite, Je pourrais traiter tous les
éléments, chacun des éléments ou quelques-uns des
éléments, en m'inspirant de l'opinion du Procureur
général, de l'application quant à la charte canadienne ou
quant à la charte québécoise.
M. Paré: Lors de vos commentaires, vous pourrez toujours
utiliser tous les documents que vous avez à votre disposition.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous l'offre de bonne foi.
M. Paré: Ce que je veux c'est discuter sur ce premier
paragraphe de l'article 2° dont il est question où on retrouve
l'essence même du projet de loi. Là, on y va sur ce qui concerne
effectivement la discrimination, puisque ça va comporter des
distinctions, des exclusions et des préférences. En plus, c'est
fondé sur l'âge, sur le handicap ou sur tout élément
de la situation des personnes. Cela veut dire que c'est pas mal large.
On sait qu'en vertu de l'article 10 - je l'ai lu hier - de la Charte
québécoise des droits et libertés de la personne, nul ne
peut discriminer sur la base de la race, la couleur, le sexe, la grossesse,
l'orientation sexuelle, l'état civil, l'âge, seul dans la mesure
prévue par la loi, la religion, les convictions politiques, la langue,
l'origine ethnique ou nationale, les conditions sociales, le handicap ou
l'utilisation d'un moyen pour pallier ce handicap.
L'âge et le handicap ont été inscrits
nommément dans l'article 2, paragraphe 2°, dont on traite
présentement, mais probablement pour éviter d'avoir l'air trop
fou, surtout en ce qui a trait à la condition sociale et à
l'état civil, on a préféré regrouper le tout sous
le vocable plus général et commode qu'on peut lire: Tout
élément de la situation des personnes. " Il y a là, compte
tenu de la portée juridique majeure du paragraphe 2°, une forme de
non-dit législatif par rapport à la charte qui pourrait
constituer un dangereux précédent.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Excusez-moi, auriez-vous
l'obligeance de répéter? Le dangereux précédent
s'appliquerait à quoi exactement?
M. Paré: Le non-dit qui est amené par la
dernière partie de votre paragraphe qui dit: Tout élément
de la situation des personnes. ' C'est vague, général et
global.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Paré: Surtout que les mots "tout élément de la
situation des personnes' peuvent facilement regrouper des
réalités qui ne sont pas expressé-
ment énoncées dans la Charte des droits et libertés
de la personne, tel que Je viens de le spécifier à la lecture de
l'article 10.
En vertu du paragraphe 2° de l'article 2, la discrimination
deviendrait donc permise au gré de l'imagination et des
possibilités offertes par le libellé de l'article.
Ce qui est plus grave, c'est qu'une telle discrimination en vertu du
pro]et de loi 136 dont on discute ce matin ne pourrait être contré
par la Charte des droits et libertés, puisque seule la discrimination
basée sur les motifs expressément énumérés
dans celle-ci est interdite. Pensons ici, par exemple, à la
possibilité de discriminer par rapport au nombre d'enfants, au
comportement social, à la propreté, même à
l'état de chômeur et à la condition économique. Vous
voyez, c'est très large et inquiétant. Quant à
l'âge, la discrimination à partir de ce motif devient
carrément permise en vertu des thèmes combinés de
l'article 2, paragraphe 2°, de l'article 10 de la charte.
Un autre danger du libellé de l'article 2, paragraphe 2°,
c'est qu'il permettra, lorsque la loi sera votée, de faire jouer la
clause soupape contenue dans l'article 9. 1 de la charte. Le test de la
raisonnabilité d'une mesure discriminatoire - il y a eu un jugement
là-dessus, Erwin Toys - serait grandement facilité.
Finalement, le test de raisonnabilité d'une mesure
discriminatoire serait grandement facilité par la manière dont
l'article est rédigé lorsque viendra le temps de justifier
légalement une mesure, un critère, une disposition
réglementaire contestés par un tribunal. On aurait pu, à
tout le moins, rédiger l'article d'une façon plus positive pour
mieux cerner les cas de discrimination positive, si c'est vraiment cela qu'on
veut faire, et pour cela, parce qu'on ne le retrouve pas et à cause de
tous les dangers que j'ai énumérés, j'aurais un amendement
qui se lirait comme suit - je le dépose - à l'article 2:
"L'article 2 du projet de loi est modifié par l'addition, à la
fin du texte qui suit la phrase introduite du deuxième paragraphe du
premier alinéa de l'article 2, des mots suivants: "si celles-ci visent
à améliorer la situation de personnes
défavorisées".
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Juste pour qu'on se comprenne
bien, vous l'ajoutez où? Si vous nous faites lecture du deuxième
alinéa maintenant, "les règlements portant sur les
matières énoncées aux paragraphes n à r et t du
premier alinéa peuvent compter des distinctions, exclusions ou
préférences fondées sur l'âge, le handicap ou tout
élément de la situation des personnes si celles-ci visent
à améliorer la situation des personnes
défavorisées"?
M. Paré: Exactement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord, ce serait l'endroit
où l'inclure.
M. Paré: Vous pourrez nous dire que si les gens -vous
l'avez dit, d'ailleurs, dans des interventions préliminaires - ne sont
pas contents, ils peuvent toujours poursuivre... Ils peuvent toujours
contester, sauf que, nous, ce qu'on ne veut pas, c'est que les gens soient
obligés de contester, que les gens soient obligés de poursuivre,
parce que quand on s'adresse à ces gens - soyons réalistes et
essayons d'être corrects au minimum - ce sont les plus démunis de
la société. Est-ce qu'ils vont s'enclencher dans des
dédales juridiques? Je dis que ça n'a pas de bon sens de dire:
Tous ces gens ne sont pas contents. Nous, on va faire ce qu'on veut. C'est
à peu près ça qu'on dit. Ceux qui ne sont pas contents,
ils contesteront.
Si on est sincère avec le discours qu'on tient au moins depuis
l'entente fédérale-provinciale sur les programmes d'aide en
habitation où on a dit: Maintenant, on oriente toute notre aide vers les
plus démunis, c'est exactement ce qu'on vous demande de confirmer
présentement par rapport aux logements réservés aux plus
démunis de la société.
J'ai dit et je le répète: HLM, habitation à loyer
modique. Dans la tête de tout le monde, les loyers modiques sont pour les
gens qui sont en difficulté financière, ceux qui ont le plus de
difficulté. La preuve, c'est que dans les critères, on retient
les avoirs et les revenus. C'est censé être ceux qui ont le moins
d'avoirs et le moins de revenus qui doivent être
privilégiés.
Si on est sincère, si on veut vraiment que ce soient ces
personnes qu'on aide, les personnes les plus défavorisées, je ne
vois pas comment on peut refuser d'introduire, à la fin du paragraphe,
l'amendement que je dépose qui dit tout simplement, de façon
claire, si celles-ci - en parlant des exclusions, préférences et
distinctions - visent à améliorer la situation des personnes
défavorisées. Cela devrait être le cas quand on
dépose une politique dans ce sens, une politique de logement à
loyer modique... Cela devrait améliorer la situation des personnes
défavorisées et non pas, par toutes sortes de listes
d'exclusions, de distinctions et de préférences, de
désavantager ces personnes qui sont défavorisées.
Comme société, on est censé aider les plus mal
pris. Quand on fait le partage de la richesse, c'est par rapport à ces
gens. Je vous ai entendu dire, à plusieurs occasions, à
l'Assemblée nationale en deuxième lecture et au début,
ici, que ce qu'on veut faire par ça, c'est une discrimination positive.
En tout cas, je l'espère. Nous, on la souhaite et ce qu'on veut faire,
c'est...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Elle n'est pas positive pour tout
le monde. Si on fait une discrimination positive pour tout le monde, on a une
politique d'habitation accessible à l'ensemble de la population, y
inclus les députés de l'Assemblée nationale.
M. Paré: Et c'est là que je ramène mon
amendement Si c'est vrai qu'on veut faire une discrimination positive et
que tous nos programmes d'aide et notre préoccupation maintenant, parce
qu'il y a moins de fonds, c'est pour en mettre davantage...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Aux plus
défavorisés.
M. Paré:... aux plus défavorisés, c'est ce
qu'on vous propose de mettre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Bien non.
M. Paré: Une discrimination positive pour améliorer
la situation des personnes défavorisées. Est-ce que ça
peut être plus clair ou plus simple que ça?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Bien oui.
M. Paré: Vous allez me dire et vous pouvez me dire - Je le
sais parce que vous l'avez déjà dit et vous allez te
répéter; je ne veux pas prendre votre place et votre discours,
mais vous aurez le temps que vous voudrez bien prendre...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela n'a pas d'allure.
M. Paré: On va dire: Oui, mais écoutez, c'est
déjà dans les chartes. Ou ils pourront, s'ils ne sont pas
contents, contester en fonction des chartes.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ce n'est pas ça que Je vais
vous dire. Je vais vous dire que ça n'a pas d'allure. Cela n'a pas de
bon sens.
M. Paré: En fonction des chartes, vous pouvez toujours
dire ça. Mais quand on veut contester en fonction des chartes ou
contester en fonction de n'Importe quoi, c'est une contestation avec tout ce
que ça veut dire. Même avec le tribunal ou le Protecteur du
citoyen et tout ce que vous voulez, vous connaissez le temps, les
préoccupations, les délais que ça prend, les
énergies qu'on doit y consacrer, et même, et surtout avec le
Protecteur du citoyen, on arrive avec des suggestions et non pas des
règlements. Ensuite, on utilise la décision pour essayer d'aller
se battre au civil. Écoutez, on ne peut pas demander aux gens qui sont
les plus démunis de la société - ce sont les personnes
défavorisées auxquelles on s'adresse - d'être
obligées d'entreprendre des batailles, à mon avis. La bataille,
je veux la faire à leur place Ici, ce matin. Si vous refusez ça,
en tout cas, pour moi, vous ne serez pas très crédible dans vos
discours, à l'avenir, en habitation, quand vous allez parler de
discrimination positive en faveur des plus défavorisés, parce que
vous allez refuser de le reconnaître d'une façon explicite dans
une loi qui les concerne directement. C'est pour ça que l'amendement
vient confirmer le discours qu'on tient, vient rassurer des gens.
Je le disais tantôt, un des critères qui est
dénoncé, ou une des inquiétudes majeures de l'ensemble des
groupes qui représentent ces personnes défavorisées, c'est
quand on dit qu'on doit tenir compte du critère du taux d'effort,
c'est-à-dire la pauvreté, finalement, et la pauvreté,
c'est pour les plus défavorisés. Là, on a une occasion;
ça ne viendra pas réparer tout le reste du projet de loi, c'est
évident, mais ça va quand même permettre ce qu'on retrouve
au début du paragraphe auquel je veux ajouter quelque chose. Au moins,
ça va le clarifier, le circonscrire et nous permettre de le baliser
d'une certaine façon.
Faites deux listes si vous voulez, allez-y par quartier si vous voulez,
mais les distinctions que vous allez faire, les exclusions, les
préférences que vous voulez baser sur des choses aussi larges que
l'âge, le handicap ou tout élément de la situation des
personnes... Imaginez-vous, tout élément de la situation des
personnes. Je vous disais tantôt, et je peux vous le
répéter, que ça peut aller aussi loin que les convictions,
la richesse, le nombre d'enfants, l'âge des enfants. C'est tellement
large que je ne vois pas pourquoi on n'ajouterait pas et on refuserait...
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... on est en
récréation.
La Présidente (Mme Bélanger): C'est un vote.
M. Paré: Ah! Il y a un vote. C'est probablement le
vote.
Une voix: Oui, on a annoncé un vote.
La Présidente (Mme Bélanger): On a annoncé
un vote. Alors, la commission suspend ses travaux afin que les membres de cette
commission puissent aller s'acquitter de leur devoir d'état. Nous allons
suspendre les travaux jusqu'à 14 h 30.
(Suspension de la séance à 12 h 44)
(Reprise 14 h 42)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission de l'aménagement et des équipements reprend
ses travaux. Lors de la suspension des travaux, nous en étions à
la discussion sur l'amendement apporté par le critique de l'Opposition
officielle, le député de Shefford, à l'article 2 qui se
lisait comme suit: "L'article 2 du projet de loi est modifié par
l'addition, à la fin du texte qui suit la phrase Introductive du
deuxième paragraphe du premier alinéa de l'article 2, des mots
suivants: "si
Celles-ci visent à améliorer la situation de
personnes défavorisées". Je crois que c'était le
député de Shefford qui avait la parole afin de donner des
explications sur son amendement.
M. Paré: Oui, j'étais rendu à la fin
de mes arguments, c'est tellement clair que Je pense que je n'ai pas besoin
d'insister. Je regardais le ministre, j'étais sûr que je l'avais
convaincu. Donc, je vais le laisser compléter en disant qu'il l'adopte.
C'est la façon de se garantir que ce qu'on va utiliser dans cet article,
"des distinctions, exclusions ou préférences fondées" sur
un paquet d'affaires, cela va toujours être dans le sens d'aider les plus
désavantagés de la société. J'espère que le
ministre va aller dans ce sens-là et qu'il va accepter l'amendement que
j'ai déposé, proposé et défendu.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci.
M. le député de Shefford. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente. Je
ne doute pas des bonnes intentions du député de Shefford dans
l'amendement qu'il nous a proposé. Je vous indiquerai toutefois que s'il
fallait que l'Assemblée nationale modifie le présent projet de
loi pour faire sien l'amendement proposé par le député de
Shefford, nous pourrions en arriver à des situations qui iraient
à rencontre de choix politiques qui, j'oserais dire, sont
partagés par les deux côtés de la Chambre. Discrimination
positive suivant l'âge, pour vous donner un exemple en matière
d'habitation. Présentement, nous avons une provision pour les 18 ans et
moins, et s'il fallait voter pour l'amendement que vous proposez, nous ne
pourrions avoir une telle disposition. Je pense que cette disposition a
été souhaitée par le gouvernement précédent
et par l'actuel gouvernement et je pense qu'elle demeurera en vigueur sous les
gouvernements à venir. Ce n'est qu'un exemple.
De toute façon, pour bien comprendre la
portée de ce que vous nous proposez, je vous inviterais à
effectuer une lecture attentive de la cause Procureur général du
Québec contre Nancy Forget. Je pense que vous retrouverez dans cette
cause, surtout dans les propos du juge Lamer, si ma mémoire est
fidèle, des propos qui sauront vous inspirer. Le juge Lamer, dans cette
cause, exprimait l'opinion suivante, et je cite le juge:
"À mon avis, le droit à
l'égalité prévu à l'article 10 de la charte ne
signifie pas que tous les candidats à une corporation professionnelle
doivent être traités de la même façon. En fait, c'est
parfois l'égalité de traitement qui est discriminatoire parce
qu'on omet alors de tenir compte des particularités qui
caractérisent certains groupes. L'Intimé reconnaît
d'ailleurs que la simple présence de distinctions ne contrevient pas au
droit à l'égalité dans la mesure où l'on traite de
la même façon les personnes dont les attributs pertinents sont
semblables."
Vous retrouverez cette citation du juge Lamer à la
page 102 du jugement de la Cour suprême.
Également, dans le but de vous éclairer
davantage, je vous référerai à un arrêt
récent, qui n'est pas encore rapporté de la Cour suprême du
Canada, dans la cause Devine contre le Procureur général du
Québec, un jugement du 15 décembre 1988, qui est tout
récent. A la page 26 des motifs de là cour, nous retrouvons la
citation suivante: "Comme l'a souligné l'arrêt Ford, pour
déterminer si une distinction est fondée sur un motif interdit
par l'article 10 de la charte québécoise, il faut tenir compte de
l'effet de la distinction plutôt que se fonder uniquement sur sa nature
apparente. Si la distinction est fondée sur un motif interdit, elle
n'est une discrimination au sens de l'article 10 que si elle a pour effet de
détruire ou de compromettre le droit à la reconnaissance et
à l'exercice en pleine égalité d'un droit ou d'une
liberté de la personne que reconnaît la Charte des droits et
libertés de la personne du Québec."
Je me permettrai, à la suite à cette
citation, de vous émettre le commentaire suivant au sujet de
l'amendement que vous avez proposé. Nous ne sommes pas d'opinion que la
charte québécoise reconnaisse un droit universel aux logements
subventionnes par l'État et nous ne voulons pas reconnaître un
droit universel à un logement subventionné par l'État.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Ce n'est pas non plus l'intention de
l'amendement. On ne demande pas de modifier la charte, on demande d'ajouter
à un article d'un projet de loi bien spécifique qui amène
de la discrimination. Ce n'est pas tout à fait la même affaire. Ce
qu'on vous dit: Utiliser le pouvoir que vous vous donnez mais en le balisant en
fonction d'une clientèle ou en fonction des revenus de l'ensemble des
clientèles admissibles selon d'autres critères qui vous
permettent des exclusions et des préférences basées sur...
C'est fondé sur l'âge, le handicap et tous les
éléments de la situation de la personne. C'est très large
mais avec ces exclusions et ces préférences qu'on veut se donner,
ayons toujours comme préoccupation majeure que ce soit pour satisfaire
une clientèle mais avec des revenus les plus bas.
Donc, ça n'empêche pas des
préférences basées sur l'âge, le handicap ou toute
autre situation mais qu'à l'intérieur de ces
préférences, inclusions ou distinctions, ça soit toujours
à l'intérieur de ces classes qu'on tienne compte de façon
générale, par exemple, que c'est toujours en fonction des
personnes qui sont les plus défavorisées. Je reviens à
ça. Ce n'est pas de faire reconnaître le principe par la charte,
parce que c'est un programme. Les HLM sont un programme. Ce n'est pas de faire
reconnaître le programme comme tel, comme un droit dans la charte, mais
de faire reconnaître dans la loi
actuelle que lorsqu'on va choisir des gens admissibles à ce
programme, on tienne compte des discriminations que vous y faites et, en
même temps, d'une situation par rapport aux revenus des gens. C'est aussi
simple que ça.
J'ai utilisé tous les arguments que J'avais là-dessus. Je
ne voudrais pas tous les reprendre. Je trouve que c'est important et ça
viendrait enlever des Inquiétudes à beaucoup de gens qui disent
qu'effectivement - et vous l'avez reconnu implicitement, je pense - ça
va permettre, si on ne met pas ça et vous l'avez dit, de favoriser la
discrimination positive pour des gens, mais pas nécessairement pour les
plus démunis. Ça voudrait dire que si on conserve ça sans
mettre ce que l'on veut, on fera de la discrimination et ce, au
détriment... Si on dit que ça va amener une discrimination
positive pour une certaine clientèle qui n'est pas la plus
défavorisée, ça voudrait dire que c'est au
détriment de la plus défavorisée.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous avez raison. Vous pourriez me
donner, en exemple, à la suite de l'application de la
réglementation existante au cours des dernières années, le
cas d'un Jeune de 16 ans qui serait plus démuni qu'un Jeune de 19 ans.
Nous avons choisi d'Intervenir à partir de 18 ans. Vous avez raison.
Mais si J'acceptais votre amendement, Je changerais cette notion qui nous
paraît Importante - du moins de ce côté-ci de la Chambre -
et qui a paru importante au moment où votre formation politique assumait
la fonction du gouvernement. Nous ne sommes pas prêts à sacrifier
ces notions.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y a
d'autres argumentations? Non?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Avant de clore le débat, iI
y a deux éléments, parce qu'il s'agit d'un article
extrêmement Important. Le premier élément que J'aimerais
porter à l'attention du député de Shefford, c'est que nous
souhaitons que l'ensemble des bénéficiaires conservent à
tous les points de vue les protections quant aux droits et libertés
fondamentales qui sont contenus dans la charte québécoise et dans
la charte canadienne. Je voudrais m'assurer que le Parti
québécois souscrit à l'ensemble de ces protections qui
sont issues de ces deux chartes. J'ai cru comprendre qu'il n'y avait pas de
problème quant à l'application de la charte
québécoise. Je ne sais pas s'il a, de la part du
député de Shefford ou de sa formation politique, des
réserves quant à la protection additionnelle qu'ajoute
l'inclusion de la charte canadienne.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement à l'article 2 est adopté?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce qu'il n'y a pas de
réponse? Je posais une question en toute gentillesse, cordialité,
amabilité.
M. Paré: La seule chose que Je peux dire au ministre
là-dessus, Je l'ai déjà dit, d'ailleurs, quand J'ai fait
un premier amendement qui a été refusé, ce que Je veux
pour les citoyens du Québec, c'est le maximum de respect de leurs droits
et de leurs libertés fondamentales. C'est ce que Je demande.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Là on va s'entendre.
M. Paré: J'ai l'impression qu'ici on attaque cela. Vous
l'avez dit, c'est la base même, l'essence même, c'est un article
majeur quant à l'essence même de la discrimination qu'on veut
apporter. Cela ne me rassure pas, ça m'inquiète, je l'ai dit et
je le répète. J'aurais voulu qu'on se rassure au moins quant aux
personnes les plus défavorisées de la société. Il
semblerait que mon amendement va être rejeté. Je dois dire que je
ne fais que prendre avis.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis prêt à
pousser la discussion encore plus loin dans le sens des questions que j'avais
adressées à la députation de l'Opposition hier. Il y a la
question de "toute autre condition". On peut parler de la citoyenneté
d'un individu. Hier, vous avez Insisté sur le fait que c'était
pour tous les Québécois; iI y a des problèmes
d'application. Qu'est-ce qu'un Québécois? Comment on le
définit? Comment les chartes s'appliquent, etc. ? Compte tenu de
l'application des deux chartes, je suis disponible et disposé à
discuter avec l'Opposition officielle de la volonté gouvernementale
à ce chapitre. Je vais le faire en étant exigeant pour
l'Opposition aussi, en demandant à l'Opposition de préciser sa
pensée sur ces points.
M. Paré: Je n'ai pas l'intention de faire bifurquer du
tout le sujet dont on traite, spécialement d'essayer d'agir comme si
j'étais à votre place, alors que je ne le suis pas, d'essayer de
légiférer a votre place. Je trouve un peu indécent
d'exiger des clartés, des spécifités ou des
précisions, comme vous êtes en train de le dire, de vouloir nous
emmener sur ce terrain quand l'article sur lequel on est en train de
discuter... Je comprends que cela pourrait justifier davantage votre manque de
clarté. Quand on dit "tout élément de la situation des
personnes" je dois vous dire: Essayez d'être plus large, en d'autres
termes, pour vous permettre toute exclusion ou toute préférence -
c'est ce que ça dit - des gens non élus pourront utiliser,
devront utiliser - c'est le pouvoir qu'on donne-on donne à des gens non
élus qui vont faire le travail à notre place, le pouvoir de faire
des distinctions, des exclusions et des préférences
basées... Si on avait dit l'âge et le handicap, on dirait que cela
nous permet d'avoir des catégories A: personnes âgées; B:
familles. Pour
les handicapés aussi, il est reconnu qu'on se doit, comme
société, de traiter...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne comprends pas l'âge.
Vous allez me répéter ce que vous venez de dire sur
l'âge.
M. Paré: C'est ce qu'on retrouve là. M. Paradis
(Brome-Missisquoi): Oui, mais personnes âgées et familles en
fonction de l'âge...
M. Paré: Personnes âgées, c'est 65 ans et
plus, et les autres 65 ans et moins? Ce n'est pas compliqué.
L'âge, c'est à peu près ce que ça veut dire.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Une famille, c'est moins de 65 ans
et une personne âgée, plus de 65 ans. C'est ça?
M. Paré: Non, justement. Je parle des catégories
qu'on retrouve Ici. Sauf que lorsqu'on parle d'âge... Si vous acceptez ce
que vous venez de dire en m'interrompant, je dois vous dire que c'est ce que je
demande.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, ce n'est pas ce que je
pense.
M. Paré: Ah, d'accord.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On pourrait en discuter par
exemple.
M. Paré: Si c'était cela, on se rejoindrait... On
viendrait de se rejoindre à 100 %. Cela voudrait dire qu'il y a
l'âge: les personnes de 65 ans et plus, les personnes de 65 ans et moins
et, à partir de cela...
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... et les moins de 18 ans,
qu'est-ce que vous en faites?
M. Paré: À partir de cela, on regarde les personnes
les plus défavorisées pour les mettre sur la liste
d'admissibilité.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Même si elles ont moins de
18 ans.
M. Paré: Bien... Il faut se plier aux autres normes, aux
autres règlements et aux autres façons de vivre de la
société aussi. Il y a la responsabilité pour les moins de
18 ans et vous le reconnaissez dans toutes les autres lois et...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non.
M. Paré: Quand on parle de prêts et bourses, quand
on parle des autres programmes, quand on parle du droit de vote dans la
société...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): 18 ans dans les prâts et
bourses.
M. Paré: Quand on dit qu'une personne est adulte avec
droit de vote à 18 ans.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Paré: Écoutez, c'est une réalité.
Je ne demande pas qu'on refasse le monde ici, je demande qu'on respecte la
charte et qu'on aille dans un programme d'aide aux plus démunis en
tenant compte de la priorité des personnes les plus
défavorisées.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quelle est votre opinion sur toute
la question des adultes émancipés qui ont moins de 18 ans, les
mineurs émancipés qui ont moins de 18 ans? Doit-on les inclure ou
les exclure?
M. Paré: Je n'embarquerai pas là-dessus parce
qu'ici, ce dont on est en train de traiter, ce n'est pas de la
société et de la charte, c'est du respect de la charte en
fonction d'une seule chose, d'un programme, le programme des HLM. C'est
là-dessus qu'on parle. Ce dont on est en train de parler...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Si je veux vous rejoindre et
m'assurer... Je tente de détecter ce que vous voulez, c'est que ce soit
les plus démunis qui en aient davantage. Ne le fait-on pas par un
ensemble de mesures et non par des mesures isolées? Là, je ne
tente pas de noyer le poisson. Vous pouvez avoir la loi sur la
société d'habitation que vous voulez si les crédits que
vous votez à l'Assemblée nationale, les ententes
fédérales-provinciales que vous signez avec les autres ordres de
gouvernement et la collaboration du monde municipal dont vous avez besoin font
en sorte que plus d'argent est attribué à d'autres
catégories de bénéficiaires - ce qui n'est pas le cas
depuis 1986 - qu'aux plus démunis, même si vous avez l'application
du cadre de cette loi, ne croyez-vous pas que c'est au moment où ces
ententes fédérales-provinciales sont signées que vous avez
également un rôle à jouer parce que, autrement, c'est la
parole qui n'est pas suivie ou précédée du geste.
M. Paré: Je vais répondre à cela: Retirez
votre projet de loi et traitez les gens qui veulent s'inscrire au programme des
HLM comme on traite les gens qui profitent des autres programmes de la
société. Je vous disais au début, et je continue à
le répéter, ce qu'on est en train d'inclure ici, c'est un
précédent. Dans quelle autre loi retrouve-t-on un paragraphe
semblable qui dit que les règlements portant sur la matière
énoncée - et là on pourrait mettre n'importe quel autre
paragraphe d'un autre article d'un projet de loi - peuvent comporter des
distinctions, exclusions et préférences fon-
dées sur l'âge, le handicap et tout élément
de la situation des personnes? Si vous me trouvez cela dans un autre projet de
loi qui ferait en sorte de se rapporter à un programme, je vous dirai
à ce moment-là que je suis prêt à faire un
débat plus large. Mais en attendant, je vais le faire là-dessus
parce que là, on discute d'un programme.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que le
député de Shefford a raison. Compte tenu du libellé
utilisé à cet article qui constitue un précédent,
peut-être y a-t-il lieu de baliser en fonction d'un autre
précédent le cadre dans lequel peut s'exercer ce pouvoir
réglementaire.
M. Paré: Vous ne réussirez pas à m'amener
là-dessus. C'est trop facile de commencer à vouloir baliser
quelque chose qu'on dénonce. Dès qu'on commence à
travailler...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous ne voulez pas qu'on le
balise?
M. Paré: Je veux Je vous ai proposé une
façon de le baliser. SI vous refusez de baliser cet article avec ce que
je propose qui est un minimum, favoriser d'abord les personnes
défavorisées alors qu'il s'agit, et je le répète,
de HLM, d'habitation à loyer modique; donc, une aide au logement pour
les plus démunis. Si c'est ce programme dont on traite, si sur ce
programme-là...
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... l'un des programmes...
M. Paré: Ah! Bien oui, l'un des programmes, sauf qu'on
parle de listes maintenant et quand...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, mais cet article ne
s'applique pas seulement aux HLM.
M. Paré: Non. Mais à ceux qui vont faire partie des
listes de logements à loyer modique...
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... entre autres... (15 heures)
M. Paré:... et aux règlements sur l'attribution des
logements à loyer modique. Donc, c'est de ça...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous demande de faire appel
à vos connaissances générales un peu comme le
député de Mercier le faisait lorsqu'il s'adressait au projet de
loi.
M. Paré: Non, vous ne me ferez pas parler de la couleur
des roses et de la température à l'extérieur.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, ça c'est rose.
M. Paré: Non, il y a des roses qui sont rouges et de
toutes les couleurs.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y en a des blanches aussi.
M. Paré: C'est clair et net, vous ne voulez vraiment pas
accepter ma proposition au discours que vous tenez.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vous ai donné un
exemple, M. le député, on en parle depuis tantôt. Je vous
ai demandé si vous étiez d'opinion, si l'amendement que vous
proposiez nous défendait de faire de la discrimination en stipulant que
les personnes de moins de 18 ans sont traitées autrement. Il est clair
que l'amendement que vous proposez nous empêche de faire ceci. Nous
souhaitons traiter différemment les gens de moins de 18 ans, donc nous
ne pouvons - strictement en vertu de cet exemple et je pourrais vous en donner
plusieurs autres -accepter votre amendement. Il faut être
conséquent.
M. Paré: Oui, il faut être conséquent.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Quand on est au pouvoir. Dans
l'Opposition, ce n'est pas nécessaire.
M. Paré: Non, je m'excuse, absolument pas. Si ce que vous
êtes en train de dire était vrai, on n'aurait pas pris la peine de
préparer des amendements semblables, d'en discuter aussi longtemps, avec
les arguments qu'on utilise. Je vous al mentionné...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je ne dis pas que vous ne l'avez
pas préparé de bonne foi, M. le député, je vous
parle des conséquences de l'amendement. Et vérifiez auprès
de vos conseillers juridiques. Si nous adoptons l'amendement tel que vous nous
le proposez, vous nous Interdisez de traiter comme on les traite les personnes
de moins de 18 ans. Si vous avez une opinion contraire de vos conseillers
juridiques, je suis prêt à en discuter, mais je pense que vous ne
l'aurez pas. C'est évident.
M. Paré: Cela ne vous empêche pas - c'est en toutes
lettres: "peuvent comporter des distinctions, exclusions et
préférences fondées sur l'âge" - d'agir et de mettre
en application votre programme, mais toujours en tenant compte de la
capacité de payer des individus. Je me rends compte que mes arguments ne
sont pas assez forts pour vous convaincre, mais les vôtres ne sont
certainement pas assez forts pour me rassurer. Je peux vous dire ça.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je constate, sur le plan du fond
du dossier, qu'il n'y a pas d'application pratique qui pourrait nous
permettre
d'adopter votre amendement et de continuer nos politiques qui font des
différences entre les 18 ans et plus et les 18 ans et moins. Nous ne
sommes pas prêts à renoncer à cet élément et
je ne pense pas que votre formation politique soit prête à le
faire et je ne pense pas que vos conseillers juridiques vont vous donner une
interprétation qui puisse être différente de
celle-là.
M. Paré: Vous pouvez interpréter comme vous voulez
et vous pouvez constater ce que vous voulez, à partir de ce que vous
avez. Selon mes informations, non seulement on peut, on devrait inscrire la
clientèle qu'on veut desservir par un programme.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On ne veut pas desservir les
clientèles, nous voulons les servir.
M. Poulin: Mme la Présidente, question de
règlement.
M. Paré: J'adhère à ça. On peut
servir les clientèles qu'on veut. Utiliser tout le dialogue que vous
voudrez bien pour dire que nous voulons pénaliser des gens, c'est le
projet de loi lui-même qui discrimine.
M. Poulin: Je demanderais le vote, Mme la Présidente, sur
cette motion.
M. Paré: Je m'excuse, on ira au vote quand on aura fini
nos arguments, si vous n'avez pas d'objection.
M. Poulin: Je pense que vous avez dit tout ce que vous aviez
comme argument.
M. Paré: Oui, en tout cas, c'est...
M. Poulin: Est-ce que vous pensez que vous avez tout dit comme
argument?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, sur la
question de règlement. Je pense que le règlement permet au
député de Shefford de les répéter à
nouveau.
La Présidente (Mme Bélanger): II a 20 minutes pour
discuter de son amendement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est ce que je pensais.
M. Poulin: Je m'excuse, M. le député de Shefford,
je vais continuer à vous entendre, c'est enrichissant.
M. Paré: Si ça ne réussit pas à vous
convaincre, j'espère que ça vous permettra...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford, il vous reste trois minutes.
M. Poulin: Ça ne me convainc pas, M. le
député de Shefford, parce que vous faites deux classes de gens
défavorisés, c'est tout.
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît! M. le député de Chauveau. M. le
député de Shefford, il vous reste trois minutes.
M. Poulin: Je vous remercie, Mme la Présidente, c'est la
première minute que je prends depuis deux jours.
M. Paré: II y a des députés qui vont
s'apercevoir, à l'application de cette loi, du genre de
catégorisation qu'on va faire qui ne va pas être aussi plaisante
que ça semble l'être au moment où on se parle. Vous allez
vous en apercevoir. Vous n'avez qu'à parler avec des groupes de gens qui
protègent les plus démunis de la société pour vous
apercevoir comment on va les traiter. C'est tellement clair qu'un des objectifs
majeurs, qui a été dit dans le projet de la SHQ de mars 1987 et
qui est réitéré dans le projet qui a été
déposé hier, c'est tout simplement de diminuer la liste d'attente
pour mieux paraître, mais cela veut dire qu'il y a des gens qui devront
en souffrir. C'est ce qu'on est en train de faire. Je n'ai pas l'intention
d'étirer plus lontemps et je n'ai surtout pas l'intention de me laisser
embarquer sur une autre glace qui est inutile, parce que ce n'est pas en
essayant de bifurquer et de déroger d'un sujet qui est fondamental,
parce que c'est le coeur même du projet de loi, qu'on va réussir
à me convaincre que c'est un bon projet de loi. Au contraire, cela me
convainc encore davantage qu'on a raison de le dénoncer.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Shefford. Appelle-t-on le vote?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, compte
tenu des propos du député de Shefford qui m'ont, non pas
ébranblé mais qui m'ont amené à
réfléchir encore plus profondément sur chacun des aspects
et à tenter de prendre les mesures ou les moyens nécessaires pour
nous assurer que les situations négatives qu'il a imaginées et
qu'il nous a décrites, de façon à lui donner une double
assurance que ces situations ne pourront pas se produire de façon
légale dans la pratique quotidienne, je proposerai un amendement, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): II faut disposer de
cet amendement-là avant.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II existe un amendement? Je
pensais qu'on était sur l'article.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, on est sur
l'amendement du député de Shefford.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): D'accord, ça va.
Peut-être que si je proposais le mien il retirerait le sien, parce...
M. Paré: Je préfère qu'on dispose du
mien.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement à l'article 2, déposé par le
député de Shefford est adopté?
Une voix: Rejeté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Rejeté.
M. Paré: Vote nominal.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
secrétaire, est-ce que vous allez faire l'appel nominal?
Le Secrétaire: M. Paradis (Brome-Missisquoi)?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Contre.
Le Secrétaire: M. Doyon (Louis-Hébert)?
M. Doyon: Contre.
Le Secrétaire: M. LeSage (Hull)?
M. LeSage: Contre.
Le Secrétaire: M. Poulin (Chauveau)?
M. Poulin: Contre.
Le Secrétaire: M. Paradis (Matapédia)?
M. Paradis (Matapédia): Contre.
Le Secrétaire: M. Paré (Shefford)?
M. Paré: Pour.
Le Secrétaire: Mme Bélanger
(Mégantic-Compton)?
La Présidente (Mme Bélanger): Absention. 1 pour. 5
contre, 1 abstention. L'amendement est rejeté. M. le ministre est-ce que
vous avez un amendement à proposer?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente, de
façon à aller encore un peu plus loin que ne le proposait
l'Opposition officielle, dans le respect des droits et des libertés
fondamentales de la clientèle visée par ce projet de loi, je
propose l'amendement suivant, à l'article 2: Insérer, dans le
deuxième alinéa de l'article 86, proposé par l'article 2
du projet de loi, et après le mot 'peuvent* ce qui suit: 'sous
réserve de la Charte des droits et libertés de la personne (LR.
Q., chap. C-12) et de la Charte canadienne des droits et libertés
(insérer ici la référence de cette loi). '
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'on peut
avoir la copie, M. le ministre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Paré: J'aurais tout d'abord une petite question au
ministre. Je vois très bien où le ministre veut en venir, et on
peut s'amuser longtemps là-dessus. Êtes-vous en mesure de
m'indiquer une autre loi à l'intérieur de laquelle on
retrouverait pareil texte?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas plus que je ne suis en mesure
de vous indiquer une autre loi en vertu de laquelle on procéderait au
même libellé qui semble vous inquiéter. Donc, à
quelque chose de nouveau, qui semble vous inquiéter, nous proposons un
remède nouveau.
M. Paré: Tout ce que j'ai à vous répondre
à ce sujet, c'est: Vous ne ferez pas indirectement, ou par une
deuxième tentative, ce qui n'a pas fonctionné lors du
début de la commission. Et s'il y a déjà - et c'est
reconnu - un précédent dans ce projet de toi, ce n'est pas moi
qui vais contribuer à en créer un deuxième. Je peux tout
simplement me référer à votre fameux discours d'ouverture,
où on refusait ma proposition, en disant que, de toute façon,
c'est implicite et Inutile. C'est ce que vous disiez, à moins que vous
n'ayez changé d'idée ou que vous vouliez vous amuser cet
après-midi, ce n'est pas moi qui vais contribuer à y inclure
pareil texte.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): À moins qu'il n'y ait des
propos additionnels, je demanderais qu'on appelle le vote.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, est-ce que
l'amendement du ministre est adopté?
Une voix: Adopté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté, Mme la
Présidente.
M. Paré: Non, un instant. Contre.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors,
l'amendement...
M. Paré: Sur division.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Surdivision.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement est
adopté sur division. M. le ministre, est-ce que vous voulez commenter
votre amende-
ment?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II est adopté, Mme la
Présidente.
Une voix: II est adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Ah oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je peux le commenter ad nauseam,
mais...
La Présidente (Mme Bélanger): Non, c'est correct.
Je m'excuse, Je pensais qu'on... Est-ce que le paragraphe 2° tel
qu'amendé est adopté?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté. Une voix:
Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
2 tel qu'amendé est adopté?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté.
M. Paré: Un Instant! Un instant! Je n'ai pas
parlé.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
3.
M. Paré: Est-ce qu'on peut avoir le texte de l'amendement
qui vient d'être voté sur division?
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
2 tel qu'amendé est adopté?
M. Paré: Sur division.
Code civil
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 2 tel
qu'amendé est adopté sur division. J'appelle l'article 3. M. le
ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente. Il
s'agit de modification de concordance découlant, d'une part, du pouvoir
de réglementation accordé au locateur d'un logement à
loyer modique par la Loi sur la Société d'habitation du
Québec de prendre lui-même certains règlements et, d'autre
part, du fait que les pouvoirs de réglementation ne consistent pas
seulement à établir des critères d'attribution qui
permettent de porter un jugement sur une demande mais aussi des conditions,
comme par exemple, l'utilisation de formulaires, la fourniture de certains
renseignements nominatifs; il faut donc référer dans ces articles
aussi aux règlements du locateur et à l'ensemble des dispositions
réglementaires.
La Présidente
(Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Juste un instant! Il s'agit d'un article de
concordance, finalement.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'article 3
est adopté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 4 est au même
effet, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle l'article
4. L'article 4 est-il adopté?
Une voix: Adopté. Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paré: S'il vous plaît, un peu de sérieux.
Est-ce que je pourrais savoir où on est rendus, Mme la
Présidente?
La Présidente (Mme Bélanger): Je vous ai
demandé si l'article 4 était adopté?
M. Paré: Oui, est-ce que vous aviez des commentaires, M.
le ministre?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Sur l'article 5.
La Présidente (Mme Bélanger): Non, un Instant.
L'article 4 n'a pas été adopté encore.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Excusez.
M. Paré: L'article 3 a été adopté.
(15 h 15)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'article 4, il s'agit d'un
article qui était au même effet que l'article 3, Mme la
Présidente. Donc, les commentaires que j'ai énoncés sur
l'article 3 s'appliquent mutatis mutandis.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford, l'article 4?
M. Paré: Cela va.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 4 est
adopté. J'appelle l'article 5.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, selon
l'article actuel, le tribunal pourrait réviser la décision d'un
locateur de refuser l'inscription d'une personne au registre ou à la
liste d'admissibilité s'il existait des règlements de la
Société sur ces matières.
L'amendement proposé vise à accorder au tribunal le
même pouvoir de révision dans le cas où le locateur
décide de radier une personne de la liste d'admissibilité ou de
l'inscrire dans une catégorie ou sous-catégorie de logements
autre que celle à laquelle il a droit.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Un Instant. Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 5 est
adopté. J'appelle l'article 6. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente. Il
s'agit d'une modification de concordance à celles apportées aux
articles précédents.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Oui, ce ne sera pas long. Oui, comme I s'agit
d'un article de concordance, ça va; adopté.
La Présidente (Mm* Bélanger): Alors, l'article 6
est adopté. J'appelle l'article 7.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente. Le
remplacement du premier alinéa de cet article et les modifications
à son deuxième font la concordance avec les modifications aux
articles précédents et à la Loi sur la
Société d'habitation du Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 7 est
adopté. J'appelle l'article 8.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, encore
une fois, à cet article, il ne s'agit uniquement que de modifications de
concordance.
M. Paré: Adopté.
La Présidante (Mme Bélanger): L'article 8 est
adopté. J'appelle l'article 9.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, le
remplacement du premier alinéa de cet article vise à
préciser que les besoins d'un requérant ou d'un locataire sont
déterminés selon les normes d'attribution de catégorie ou
de sous-catégorie de logements adoptées par règlement
M. Paré: Cela va, adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Adopté.
J'appelle l'article 10.
Dispositions transitoires et finales
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, 1 s'agit
des dispositions transitoires | et finales. Le premier alinéa de
l'article 10 détermine l'entrée en vigueur du premier
règlement pris en application des dispositions édictées
par le projet de loi. Celle-ci est fixée au soixantième jour qui
suit la date de sa publication à la Gazette officielle du
Québec ou à toute date ultérieure qu'il
détermine. Ce délai respecte la Loi sur les
règlements.
Le deuxième alinéa prévoit que ce premier
règlement a toutefois effet dès sa publication pour permettre aux
règlements que le locateur est autorisé à prendre en vertu
de ce règlement d'etre valablement faits et publiés avant cette
date, et pour permettre au locateur d'un loyer à prix modique de
réviser l'admissibilité des personnes inscrites sur les listes
existantes et, le cas échéant, le classement qui leur est
attribué.
M. Paré: Oui. J'aurais quelques commentaires à
faire, Mme la Présidente. Le premier, c'est quand Je disais que nous
ici, tout ce qui va nous arriver à partir de maintenant, c'est de
prendre effet et acte de ce qui va être décidé. On aura
seulement à constater... On dit: II y aura publication, sauf que ce
règlement a toutefois effet dès sa parution. Donc, encore une
fois, on nous amène, par des projets de loi tout a fait sectoriels, des
précédents qui justifieront qu'on fasse la même chose
ailleurs. Dans l'habitation, on a des précédents qui sont pas mal
forts depuis trois ans.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Pas depuis un an.
M. Paré: Pas depuis un an? Ça continue, je dois
vous le dire. Ce n'est pas gentil pour votre prédécesseur...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais les
précédents peuvent être très positifs.
M. Paré: En tout cas, sur le plan démocratique et
parlementaire, je ne suis pas sûr qu'on a avancé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'important, c'est que les usagers
progressent.
M. Paré: Les chances qu'on va avoir à l'avenir de
parler d'habitation vont être de plus en plus éloignées et
rares, parce que ce ne sera plus sur le plan des budgets, ça ne sera
plus sur le plan...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Des budgets, oui.
M. Paré:... des crédits...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Des crédits, oui.
M. Paré: ...dans les engagements financiers. M. Paradis
(Brome-Missisquoi): Non.
M. Paré: Ils dépenseront comme ils voudront. Tout
ce qu'on saura, c'est que ça a été dépensé.
Quand viendra le temps de tout ce qui concerne ce qu'on est en train de
discuter maintenant au sujet de la réglementation sur
l'admissibilité aux listes, oui, ça va paraître. On le dit,
d'ailleurs. C'est l'article qui est en train de prévoir ça. Cela
va paraître à la Gazette officielle et on va le voir, sauf
que le règlement a toutefois effet, dès sa parution. Une
prépublication - ceux qui sont en politique, vous savez ce qu'est une
prépublication - c'est pour permettre aux groupes, pour permettre aux
parlementaires, pour permettre à toutes les personnes
intéressées de pouvoir commenter et d'essayer d'améliorer
ou changer, modifier ou rejeter, à partir de maintenant cela aura un
effet qui sera aussi...
En tout cas, ce qui m'inquiète dans les précédents
qu'on crée dans la loi, c'est que c'est un sujet qui touche bien du
monde, qui touche tout le monde et qui nous intéresse et pas seulement
nous. Il faut faire attention. Quand je dis "on", de plus en plus, cela inclut
la personne qui parle, mais je pense à tous les autres groupes qui n'ont
pas la chance de se faire entendre.
Là, encore une fois, par l'article 10 dont on est en train de
discuter, on vient confirmer que nous n'aurons plus à en décider.
Je pense qu'on devrait avoir notre mot à dire comme législateurs,
parce que, vous savez, peu importent les décisions qui vont être
prises, que ce soit sur le plan local ou national, vous allez en avoir la
responsabilité, vous le savez très bien. Tant qu'à en
avoir la responsabilité, pour quelle raison, en même temps,
n'aurait-on pas notre mot à dire comme législateurs et qu'on ait,
d'une façon statutaire et correcte l'occasion de discuter des
règlements? Là, on ne l'a pas. On n'a pas cet échange de
vues comme parlementaires, et c'est pour ça que je me demande si on ne
pourrait pas améliorer le texte du projet de loi, tel qu'il est
proposé, pour nous donner les moyens de pouvoir intervenir, de pouvoir
défendre nos idées mais, surtout, défendre nos
électeurs.
À cause de ce que je viens de dire, j'aurais un amendement
à proposer qui n'est pas très long, mais qui reflète la
possibilité de ce que je viens d'émettre comme commentaire et
comme voeu. C'est à l'article 10. "L'article 10 du projet de loi est
amendé après le premier alinéa par l'insertion suivante:
Avant d'approuver le projet de règlement, le gouvernement doit le
soumettre pour consultation à la commission de l'aménagement et
des équipements."
Donc, normalement, c'est nous qui sommes censés ôtre les
gens intéressés à ça, parce qu'on est la commission
de qui relève le secteur de l'habitation. C'est nous qui sommes en train
d'en discuter et nous déléguons cette responsabilité. On
pourrait avoir un droit de regard et discuter entre nous du projet de
règlement qui va être amené et qui va décider des
listes d'attente, donc, de l'admissibilité et du droit d'une personne
à un HLM.
Ce que je demande, ce n'est pas la fin du monde, c'est de nous
permettre, à nous, membres de la commission, d'être
consultés lorsque des projets de règlements devront être
approuvés par le gouvernement.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Est-ce que l'amendement...
La Présidente (Mme Bélanger): II est recevable, M.
le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense que le
député de Shefford, compte tenu de son argumentation sur le fond
du projet, propose l'amendement parce qu'il avait l'impression que la Loi sur
les règlements ne s'appliquait pas dans le cas qui nous concerne.
Maintenant, je sais qu'à la suite de discussions avec son personnel, il
en arrive à la conclusion que la Loi sur les règlements
s'applique, avec tout ce que cela peut avoir comme conséquence, la
prépublication, etc. Je sais également, compte tenu des propos
que les membres de l'Opposition officielle ont eus quant à d'autres
articles de ce projet de loi, qu'ils sont très prudents quant à
l'innovation législative ou réglementaire. Dans les
circonstances, il conviendra aisément qu'il s'agit là d'une
Innovation qui pourrait constituer un précédent sur le plan de la
procédure réglementaire. Maintenant, je suis sensible à
toute l'argumentation du député de Shefford qui veut que le
législateur ne perde jamais ce que j'appelle le contrôle et la
responsabilité de la réglementation. À cet effet, je lui
dirai que, si jamais le législateur sentait le besoin d'intervenir par
le simple dépôt d'une modification législative, si besoin
en était, le législateur pourrait toujours ramener devant les
membres de cette commission, devant l'Assemblée nationale du
Québec, devant les élus du peuple les dispositions que le
législateur souhaiterait modifier en tout temps. Maintenant, je demeure
ouvert à toute argumentation sur le sujet.
M. Paré: Je veux juste vous dire qu'il ne s'agit pas d'un
précédent. On pourrait se référer à l'un de
vos collègues, M. Gil Rémillard, ministre de la Justice. Dans ie
projet de loi 140, Loi modifiant la Charte des droits et libertés de la
personne concernant la Commission et Instituant le Tribunal des droits de la
personne, à l'article 98, il est dit: "Le gouvernement, après
consultation de la Commission, publie son projet de règlement à
la Gazette officielle du Québec avec un avis indiquant le
délai après lequel ce projet sera déposé devant la
commission des
institutions... "
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ils vont venir ici, devant la
commission de l'aménagement et des équipements pour soumettre
leur réglementation?
M. Paré: La commission des institutions, la commission de
laquelle ils relèvent.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah! Excusez-moi! Cela va. Je
pensais que je parlais de cette commission-ci. Je ne savais pas si j'avais bien
balisé le débat. Je citais un précédent dans le
cadre de cette commission.
M. Paré: M. le ministre, vous savez très bien
qu'une loi relève d'un ministre, donc d'un ministère. Donc, cela
relève d'une commission en particulier et non pas... C'est
évident que je n'ai pas besoin de vous faire...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): C'est un précédent
face à la présente commission, c'est ce que je voulais dire.
M. Paré: Je n'ai pas besoin d'aller plus loin, sauf de
vous rappeler que nous pensons que ce serait utile. Démocratiquement,
c'est un geste qui serait souhaitable. Cela permettrait aux gens de la
commission d'être informés du suivi de la loi qu'on est en train
de voter. Ce n'est pas un précédent. Et non seulement ce n'est
pas un précédent, mais même un de vos collègues a
senti le besoin de le mettre dans une loi.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Un excellent collègue.
M. Paré: Vous dites que c'est un excellent
collègue, donc il risque d'avoir d'excellentes idées. Ne
pourriez-vous pas prouver jusqu'à quel point vous avez de l'admiration
et du respect pour votre collègue et aller dans le même sens que
ce qu'il propose dans le projet de loi 140?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense qu'il faut faire une
distinction fondamentale, M. le député de Shefford, quant
à la nature de la création d'un organisme quasi judiciaire; je
souligne le judiciaire lorsqu'on parle d'un tribunal comme celui dont vous
parlez. Je pense que l'Assemblée nationale du Québec a même
créé des précédents en ce qui concerne certaines
nominations qui doivent être effectuées. On ne confie pas au
ministère ou au Conseil du trésor ou on n'agit pas
conformément à la Loi sur la fonction publique lorsqu'on nomme le
Vérificateur général, le Protecteur du citoyen, etc. Et
l'organisme que crée mon excellent collègue, comme vous l'avez
vous-même dit, le ministre de la Justice, relève de ces
institutions supérieures qui sont là non pas comme des organismes
comme d'autres dans la société, mais qui ont un statut
très particu- lier. Je ne dis pas que la Société
d'habitation du Québec ne mérite pas ce statut particulier, mais
vous retrouverez dans le fonctionnement de la société
québécoise, parmi les organismes paragouvernementaux, beaucoup
d'autres exemples de sociétés du type de la Société
d'habitation du Québec. Je vous réfère à ce type
d'organisme, à ces pouvoirs réglementaires dans des organismes
similaires et comparables. Je ne pense pas que vous puissiez,
honnêtement, comparer la Société d'habitation du
Québec au tribunal que crée mon excellent confrère. (15 h
30)
M. Paré: Non, c'est évident qu'on ne peut pas
comparer, ce n'est pas la même chose, sauf que si on ne compare pas, il
faut tenir compte de certaines choses. Dans le projet de loi 136 qu'on
étudie présentement, dont l'essence et le moteur,
l'élément moteur sont la discrimination et qu'on donne à
une société d'État, qui ne rend pas de compte politique et
dont les gens ne sont pas des élus, des pouvoirs de distinctions,
d'exclusions ou de préférences fondées sur des
éléments de la situation des personnes, le règlement va
faire en sorte que c'est ce pouvoir discrétionnaire qui risque de
créer de la discrimination. On donne des pouvoirs à des gens non
élus et on nous refuse à nous, les parlementaires, de juger si
cela respecte l'orientation qu'on se donne, comme gouvernement ou comme
Instance élue démocratiquement. Je dois vous dire que cela est
aussi important que l'autre tribunal parce que ça concerne aussi les
droits de la personne.
Quand vous dites "ces gens, s'ils ne sont pas contents, ils
contesteront", une loi ne doit pas être faite dans le but d'amener de la
contestation, même si ça en amène toujours; c'est
évident, ça ne peut jamais plaire à tout le monde. Il
arrive des choses qui font en sorte qu'il y a des gens qui, d'une façon
fondée ou non, vont être amenés à contester, sauf
que là on joue aussi avec les droits et libertés de la personne.
C'est pour ça que j'aimerais qu'on soit consultés, que ce soit
soumis à la consultation. Ce que je demande, c'est n'est pas une
consultation générale, mais une consultation à la
commission. Cela nous permettrait de voir si les règlements respectent
l'esprit de la charte, l'esprit dans lequel nous avons donné des
pouvoirs. Ce que je vous demande n'est pas la fin du monde, ce n'est pas un
précédent non plus, et si ce n'est pas la même chose que la
commission qui va être créée par votre collègue, ce
projet de loi, je vous l'ai dit, est un précédent. L'article 2.
2°, on ne le retrouve pas dans d'autres lois. Et parce qu'on ne le retrouve
pas dans d'autres lois et parce qu'on permet cet exercice par des gens qui
deviennent passablement autonomes, je me dis qu'on devrait au moins pouvoir
consulter le règlement, au lieu de le subir au moment où il va
arriver, car ces gens-là n'auront pas de compte à nous rendre, ni
aux membres de la commission, ni à l'Assemblée
nationale. Donc, c'est pour ça qu'on trouve justifié de
demander d'être consultés. On ne demande pas la fin du monde, on
demande juste d'être consultés.
J'aurais aimé que vous acceptiez ça. Si vous êtes si
certain que ce règlement va respecter la charte, que ce
règlement, sans faire l'unanimité, va être acceptable
partout et toujours, vous ne devriez pas avoir peur de le soumettre ici car, de
toute façon, la majorité parlementaire est toujours là
pour maintenir des décisions. Si on pense que c'est bon, ce n'est pas
à l'Opposition de gouverner, mais c'est à l'Opposition qu'il
revient de surveiller, par exemple. Je pense que ce serait juste de venir
confirmer, si on acceptait ça, que les craintes qu'on a ne sont pas
justifiées. Je n'ai pas d'autre commentaire, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci. M. le
ministre, est-ce que vous avez des commentaires?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, je pense
qu'il faut comprendre et que c'est facilement compréhensible, toute la
différence qu'il y a entre ce projet de loi et un projet de loi qui
crée un organisme de type quasi judiciaire. Je dirai même que le
fait que mon excellent collègue de la Justice crée cet organisme
facilitera pour les bénéficiaires l'application de la
présente loi et que le fait que nous ayons, malgré l'opposition
systématique de l'Opposition officielle, inscrit à un des
articles précédents que toutes ces notions de discrimination sont
sujettes à l'application des chartes des droits et libertés, je
pense que ça fait partie d'un travail d'équipe de cette
continuité gouvernementale dans le respect des droits et libertés
fondamentales, non seulement sur le plan de l'énoncé des
principes, mais la création de ce tribunal va nous en assurer. Il va
assurer aux citoyens une application pratique, plus d'accessibilité,
moins de coûts et plus de rapidité dans l'action, donc, comme
résultat de la conjugaison des efforts du ministre de la Justice et du
ministre des Affaires municipales responsable de l'Habitation, une meilleure
protection des droits et libertés fondamentales des plus démunis
de la société.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors...
M. Paré: Juste un petit commentaire. Je trouve - c'est un
mot que je n'aime pas beaucoup, je vais l'utiliser parce que c'est celui auquel
je pense - que c'est un peu cynique de dire...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...justice...
M. Paré: Non, les propos que vous venez de tenir, en
disant: S'ils ne sont pas contents, Ils contesteront, on va leur faciliter la
contestation parce qu'il y aura un tribunal. Regardez si c'est beau de voir
ça. Je dois vous dire que les gens qui, Individuellement, se sentiront
lésés là-dedans... On sait quels sont les démarches
et les délais et même quand - et je le disais ce matin - le
Protecteur du citoyen n'est pas content, il ne règle pas le
problème. Il donne ses commentaires et ensuite il donne le pouvoir.
Là, c'est un tribunal. Les gens, au lieu qu'on leur donne la
possibilité... Au lieu de nous donner la possibilité de
prévoir, parce que gouverner c'est aussi prévoir, il y un de vos
collègues qui disait ça ce matin...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Maîtriser l'avenir.
M. Paré: Commençons par essayer de prévoir
les problèmes qu'on est en train de créer à des citoyens.
Si on pouvait, en commission parlementaire, exempter seulement quelques cas de
gens qui, individuellement, vont être victimes et vont devoir se battre,
si on pouvait juste sauver ça - parce qu'on est payés pour faire
ça à l'Assemblée nationale - ce serait déjà
ça. Mais non, on dit: Ces gens qui ne seront pas contents Iront
contester. Il y a des tribunaux et ensuite, Ils se débrouilleront comme
Ils le pourront. Je dois vous dire qu'il faut connaître les
dédales juridiques et les dédales...
Une voix: C'est par mesure préventive qu'on fait cela.
M. Paré: ...par rapport aux chartes et à tous les
tribunaux administratifs pour s'apercevoir qu'on ne devrait pas traiter autant
à la légère les futures victimes de cette loi-là.
Et c'est pour ça que je trouve dommage qu'on traite ça comme
ça. Il y aurait moyen, par notre amendement, de faire plutôt le
contraire et de faire de la prévention. Et c'est ce qu'on demande, de la
prévention. Parce qu'on ne pourra pas discuter des règlements qui
vont être adoptés. Et les gens vont tout simplement devoir vivre
avec ou les contester. Pour quelle raison est-ce qu'on ne prendrait pas
plutôt des mesures préventives pour s'assurer que nous, au moins,
sommes d'accord avec ça? C'est tout ce que j'ai à dire.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement est adopté? M. le député de Hull.
M. LeSage: Juste une mise au point, Mme la Présidente.
À plusieurs reprises, j'ai entendu cet après-midi mon
collègue de l'Opposition mentionner qu'il regrettait que ce
règlement ne revienne pas ici pour consultation, qu'il regrettait le
fait qu'on laisse des organismes composés de non élus
décider, que vous transmettiez votre droit de législateur ou de
surveillant. J'aimerais faire une mise au point parce que je pense, en tout cas
dans notre région, que la majorité des offices municipaux
d'habitation sont effectivement composés, en partie, d'élus
municipaux. Et ces gens-
là ont également des comptes à rendre.
Je pense qu'on est en droit de faire confiance aux élus municipaux
également. C'est la mise au point que je voulais faire, Mme la
Présidente. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci.
M. Paré: Juste un petit commentaire là-dessus.
N'oublions pas que tout ce qui est demandé par les offices municipaux
d'habitation doit être accepté par la Société
d'habitation du Québec et que la Société d'habitation du
Québec n'est pas formée d'élus. Et c'est là que Je
dis quand la Société a à soumettre un règlement
pour approbation, elle devrait nous le soumettre au moins pour
considération, pour consultation. Donc, ce n'est pas du tout contre les
demandes qui viennent des offices municipaux d'habitation, c'est contre le fait
que l'autorisation vient d'un non élu. On a des responsabilités
comme législateurs par rapport à cette Société qui
dépend de nous. Donc, la Société dépend de nous
mais on n'a rien à dire quant à ses règlements. C'est
ça que Je ne trouve pas correct.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que
l'amendement à l'article 10 est adopté?
M. Doyon: Rejeté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement à
l'article 10 est rejeté. Est-ce que l'article 10 est adopté?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté.
M. Paré: Sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): Adopté sur
division. J'appelle l'article 11.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cet article stipule que le
locateur doit préparer une nouvelle liste d'admissibilité en
appliquant les nouveaux règlements laquelle remplacera, à la date
d'entrée en vigueur du règlement, celle existant à cette
date. Cet article est nécessaire pour permettre l'uniformité de
l'application du premier règlement pris en application du projet de loi.
Le troisième alinéa de cet article...
La Présidente (Mme Bélanger): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... prescrit que les personnes
Inscrites doivent fournir au locateur les renseignements ou documents qu'il
requiert pour l'exercice de ses fonctions et que le locateur suspend-La
Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... la révision de
l'admissibilité d'une personne qui ne transmet pas ces renseignements ou
documents. Enfin le dernier alinéa oblige le locateur à notifier
sa décision à l'intéressé et à motiver cette
décision.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Juste un instant. Étant donné que
cela doit être préparé en fonction des critères du
nouveau règlement et que ces critères sont nombreux, on sait qu'l
y a beaucoup de gens d'inscrits, est-ce que vous pensez que pour les offices
municipaux d'habitation le délai de 60 Jours est suffisant?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'indique qu'l s'agit d'un
délai minimum et si, dans la pratique, malgré toute
l'efficacité dont font preuve habituellement la Société et
les offices municipaux d'habitation, II s'avérait que des délais
plus longs soient nécessaires, soit 90 ou 120 jours le temps requis sera
pris de façon à assurer que l'exercice soit non seulement
teinté d'efficacité, mais également d'une qualité
incontestable.
M. Paré: Quand vous dites un délai minimum, c'est
vraiment ce que cela veut dire. En tout cas, dans...
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... c'est le minimum.
Une voix: Cela peut aller au-delà.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cela peut aller au-delà. La
différence entre le minimum et le maximum est très importante
dans les valeurs relatives.
M. Paré: Je veux être bien clair. Actuellement,
quand on dit qu'l y a un délai, c'est plus un délai maximum que
minimum. C'est un délai plancher plafond, c'est une date. Cela veut dire
que c'est à l'intérieur.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): A ce moment-là, on pourrait
le fixer en disant dans un délai de 60 Jours, et on indiquerait qu'l
s'agit d'un minimum ou d'un maximum. Mais c'est pour ça qu'on le
qualifie comme étant un délai minimum. Le qualificatif est aussi
important que le principal...
Une voix: Que le substantif.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):. que le substantif, m'indique mon
adjoint parlementaire qui est un érudit.
Une voix: Un homme de lettres.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Un homme
de lettres qui a parcouru tous les dictionnaires.
M. Paré: D'accord, si vous pensez que cela permet cette
souplesse pour s'assurer que ce sera faisable correctement, je n'ai pas
d'objection.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 11 est-il
adopté?
M. Paré: Adopté. M. Doyon: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 11 est
adopté. J'appelle l'article 12. M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente,
l'article 12 accorde à toute personne visée par une
décision du locateur rendue en vertu de l'article
précédent le droit de demander la révision de celle-ci
notamment en ce qui concerne son classement sur la nouvelle liste. Cette
démarche permettra de s'assurer que les critères et conditions
ont été respectés.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Juste un instant. Dans le premier paragraphe,
Toute personne visée par une décision du locateur rendue en vertu
de l'article 11 peut, par écrit, lui en demander la révision dans
le mois de celle-ci", II n'y a pas de problème. Dans le deuxième,
par contre, c'est indiqué: "Le locateur dispose de la demande sans
retard et après avoir pris l'avis du comité de sélection.
La décision doit âtre motivée et notifiée par
écrit au demandeur". Dans le deuxième, je dois vous dire que
"sans retard", c'est le genre d'expression qui ne veut pas dire grand-chose, en
termes de délai. SI, dans le premier paragraphe, on dit que "toute
personne visée par une décision du locateur rendue en vertu de
l'article 11 peut, par écrit, lui en demander la révision dans le
mois de celle-ci", c'est clair et net. C'est un délai et on sait ce
qu'on dit. Pour garder la même obligation au locateur, je pense qu'on
devrait y aller d'une façon aussi claire et précise.
C'est pour cela que j'ai un amendement. L'amendement se lirait comme
suit. Je ne sais pas s'il a été déposé.
L'amendement à l'article 12 serait: Le deuxième alinéa de
l'article 12 du projet de loi est modifié, après les mots "sans
retard", par l'addition des mots suivants "dans une période
n'excédant pas 30 jours. " N'oublions pas que ce n'est pas quelque chose
qu'on peut étirer longtemps. (15 h 45)
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je vais vous répondre que
s'il s'agit d'un geste ou d'une décision d'ordre purement administratif,
Je n'ai pas d'objection à considérer le fait d'imposer un
délai qui soit fixé. S'il s'agit d'un élément
plutôt de nature judiciaire ou quasi judiciaire, j'ai des
réserves. Je vais vérifier auprès du personnel de la
Société.
On m'Indique, je vous le soumets tout de suite, qu'a s'agit d'une
décision plutôt de nature administrative que judiciaire ou quasi
judiciaire. Maintenant, I faudrait être certain que le délai est
raisonnable. Il faudrait être certain que l'avis du comité de
sélection est parvenu. Donc, ce serait après la réception
de l'avis du comité de sélection. Parce que s'il n'y avait pas
quorum au comité de sélection, si des membres étaient
malades, etc., il ne faut pas se placer dans des situations où on
crée des illégalités, en le sachant d'avance. On m'indique
que possiblement une période de 60 jours, après réception
de l'avis du comité de sélection, réglerait l'ensemble des
problèmes. Quitte à le faire avant, mais un maximum de 60 jours
à ce moment-là. On n'a pas avantage, personne, à laisser
traîner les dossiers, mais il y a l'intervention de deux
éléments. Il y a la décision, qui est celle du locateur,
et il y a l'opinion du comité de sélection. Donc, on n'est pas
complètement maître de l'avis du comité de
sélection.
M. Paré: Je pense qu'il faut quand même, à un
moment donné, se donner un délai. Sans retard, ça pourrait
être sans retard pour le comité de sélection et ensuite,
sans retard à la suite de cela. Si vous pensez que 30 jours ce n'est pas
assez, je suis bien prêt à considérer 60 jours.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Les 30 jours, pour moi, si
c'était après avoir pris connaissance de l'avis du comité
de sélection, ce serait peut-être même vivable, mais pas tel
que libellé présentement.
M. Paré: Oui, mais supposons... Le "sans
délai"...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je suis d'accord que sur le plan
législatif, "sans retard" n'est peut-être pas la formulation la
plus appropriée.
M. Paré: Je vous pose la question sur une base très
concrète. C'est bien beau, oui, il faut tenir compte de la
décision du comité de sélection.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II faut absolument qu'on en tienne
compte dans la décision rendue.
M. Paré: Je suis d'accord. Je ne veux pas présager
qu'il y a des gens qui le feraient, mais une loi c'est fait pour prévoir
des choses. Si on retardait indûment, parce que le "sans retard" ici est
très large, très vague, si on décidait de retarder,
d'amener le cas au comité de sélection en ne se mettant pas de
délai, donc, ça pourrait
ne pas être du tout la faute du comité de sélection,
mais il s'agirait que le comité de sélection se réunisse
un mois et que là on ne lui amène pas le cas, Imaginez-vous le
temps que ça peut prendre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le locateur dispose de la demande
dans les 30 Jours de la réception de l'avis du comité de
sélection. Après avoir pris connaissance, c'est dans les 30
jours. Après. On peut demander aux gens de rédiger dans ce
sens-là, si cela rejoint vos objectifs.
M. Paré: L'argument que j'ai apporté, M. le
ministre, c'est bon d'en tenir compte. Le retard, ça pourrait
très bien ne pas être après l'avis. Cela pourrait
être avant l'avis du comité de sélection. Si quelqu'un
décidait qu'il ne l'amène pas pendant deux mois au comité
de sélection, c'est pour cela que s'il n'y a pas un délai maximum
et c'est pour ça que dans l'espace de 60 jours...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On devrait avoir les deux.
M. Paré: On devrait avoir les deux. SI on mettait 60 jours
au lieu de 30, je pense qu'il faut en mettre. Sans retard, il me semble que
ça n'a pas sa place.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je pense qu'on est exigeant pour
le bénéficiaire, on peut être exigeant pour
l'administrateur. Si on pouvait s'entendre pour 60 jours, on pourrait
peut-être demander aux gens de s'assurer de la rédaction,
suspendre pour quelques minutes l'article 12, si on est d'un commun accord pour
les 60 jours.
M. Paré: Si on s'entend sur le principe, cela va.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): 60 jours pour les deux
opérations, soit l'avis du comité de sélection et la
décision du locateur dans cette période-là. C'est
ça?
Une voix: Oui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On suspend l'article pour quelques
minutes.
La Présidente (Mme Bélanger): D'accord. L'article
12 est suspendu. J'appelle l'article 13. À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, cet
article prévoit que les demandes de location reçues par un
locateur dans les 60 jours précédant l'entrée en vigueur
du règlement de la Société sont examinées et
décidées en appliquant les nouveaux règlements. Il s'agit
encore ici d'assurer l'uniformité d'application dans le temps du nouveau
règlement.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford.
M. Paré: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 13 est
adopté. J'appelle l'article 14.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, cet
article vient confirmer la détermination de catégories de
logements faite dans le passé par les municipalités, leurs
offices ou le gouvernement en établissant une présomption de
désignation par la Société conformément à
l'article 3. 1.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Shefford. M. le député de Chauveau, s'il
vous plaît!
M. Poulin: Je m'excuse, Mme la Présidente, de m'être
emporté.
M. Paré: Je ne reprendrai pas tout le discours que je
tiens parce que je pense que vous l'avez déjà entendu, de toute
façon. L'article 14 vient accorder en exclusivité - et je dis
bien en exclusivité - à la Société d'habitation du
Québec le pouvoir de définir les catégories et les
sous-catégories.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Tout ce que ça fait
présentement, ce n'est pas prospectif, c'est rétrospectif. Cela
corrige pour le passé finalement.
M. Paré: Je le sais, mais c'est quand même
d'accorder l'exclusivité. C'est ce que ça veut dire. C'est pour
cela que je dis que je ne reprendrai pas tout ça mais c'est quand
même un autre article sur la reconnaissance du pouvoir, comme tel, que
l'on transfère. Là-dessus, je dois vous dire, sans reprendre le
discours, que j'ai quand même les mêmes craintes. C'est juste,
comme disait le ministre, pour la reconnaissance et comme on est dans des
articles plus techniques, on va l'adopter. Parce que je n'ai plus rien à
faire, de toute façon, pour changer quoi que ce soit dans le projet de
loi.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 14 est
adopté. Je reviens à l'article 12. M. le ministre, est-ce que
votre amendement...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Mme la Présidente, sous
réserve que l'Opposition retire le sien, je vais soumettre le mien
immédiatement pour qu'elle connaisse bien le libellé de ce que
nous proposons.
À l'article 12, remplacer, dans la première ligne du
deuxième alinéa les mots "sans retard" par les mots "dans les 60
jours de sa réception'.
Donc, l'alinéa se lirait comme suit: "Le locateur dispose de la
demande dans les 60 jours de sa réception et après avoir pris
l'avis du comité de sélection." Je retire l'amendement que je
viens de proposer pour proposer l'amendement suivant: "Remplacer, dans la
première ligne du deuxième alinéa, les mots "sans retard"
par les mots "dans les 60 jours de sa réception et ce, après
avoir pris l'avis du comité de sélection."
M. Paré: Mme la Présidente, je retire mon
amendement.
La Présidente (Mme Bélanger): L'amendement à
l'article 12 déposé par l'Opposition est retiré. Est-ce
que l'amendement déposé par le ministre est adopte?
M. Paré: Adopté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
12 tel qu'amendé est adopté?
M. Paré: Adopté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): J'appelle maintenant
l'article 15.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Cet article, Mme la
Présidente, fixe l'entrée en vigueur de la loi au 1er août
1989.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'article
15 est adopté?
M. Paré: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): L'article 15 est
adopté. Est-ce que le titre du projet de loi 136 est adopté?
M. Paré: Adopté.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que l'ensemble
du projet de loi est adopté, tel qu'amendé?
M. Paré: Sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): Adopté sur
division?
M. Paré: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre,
avez-vous des remarques finales?
Remarques finales M. Pierre Paradis
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui, Mme la Présidente. Les
remarques finales se rapporteront aux remarques Introductives, au discours de
deuxième lecture. Sur le plan des principes, ce projet de loi vise
à déléguer sur le plan local des pouvoirs
d'assouplissement à une réglementation provinciale. Quant
à l'ensemble des autres articles, ils visent spécifiquement
à légaliser des situations de fait qui ont cours depuis 1979.
Quant aux travaux de cette commission, ils auront permis aux parlementaires
d'analyser de façon prospective toutes les implications de l'application
de la loi et de la réglementation qui en découle et que nous
avons déposée au cours de cette commission parlementaire.
Certains amendements, outre celui que nous avons introduit aujourd'hui,
nous permettent de donner des garanties additionnelles aux
bénéficiaires que le tout se déroulera dans le respect des
droits et des libertés fondamentales des citoyens qui sont reconnus par
les deux chartes, soit la Charte québécoise et la Charte
canadienne des droits et libertés de la personne. C'est là un
élément auquel la partie ministérielle tenait mordicus. Le
travail de l'Opposition nous a convaincus qu'il ne fallait pas lésiner
à apporter des garanties additionnelles, même si nous
étions convaincus qu'elles étaient déjà là
parce que, sans l'utilisation d'une clause "nonobstant", l'ensemble de nos lois
est soumis aux chartes. Dans ce domaine, il n'y a pas de limite à la
prudence. Le gouvernement aura fait montre, encore une fois, de son respect,
lorsqu'il légifère, des valeurs fondamentales de notre
société.
Je tiens à remercier l'Opposition officielle, les
députés ministériels, l'équipe de la
Société d'habitation du Québec et vous-même, Mme la
Présidente, qui avez facilité l'étude en commission
parlementaire de ce projet de loi.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Shefford.
M. Roger Paré
M. Paré: Mme la Présidente, c'est un projet de loi
pour lequel on a pris le temps nécessaire, à mon avis, de
discuter correctement J'ai émis en mon nom, parce que je le pense
vraiment, et au nom de beaucoup d'autres associations et groupes, beaucoup de
craintes face à ce qui est contenu là-dedans. Les échanges
qu'on a eus ici, tout au cours de ces dernières journées,
concernant l'essence même de ce projet de loi qui est la discrimination,
tous ces échanges ont apporté un éclairage mais ne m'ont
pas, malheureusement, rassuré davantage par rapport aux craintes que
j'avais apportées. Ils sont même venus confirmer des craintes que
j'avais. Ce projet de loi nous permet, en plus... C'est sûr que, dans la
société,
Il faut changer des choses. Il faut évoluer, il faut aller de
l'avant. Mais il y a des précédents qu'on a amenés ici
qui, à mon avis, ne font pas avancer la démocratie, ni la
garantie du respect des droits et des libertés fondamentales des
citoyens du Québec. Si cela délègue des pouvoirs aux
instances locales, j'en suis. C'est toujours le discours que j'ai tenu.
D'ailleurs, on avait fait nos preuves là-dedans avec des MRC, avec les
pouvoirs, avec la fiscalité municipale pour responsabiliser davantage
les municipalités. Cela, j'en suis, sauf lorsqu'il s'agit de logements
sociaux, payés par les contribuables, qui sont une responsabilité
de l'État et que les bâtisses appartiennent à la
Société, donc à l'ensemble des contribuables. Je l'ai dit,
j'ai même proposé un amendement pour qu'au moins on se garde un
droit de regard et de consultation là-dessus, ce qui n'est plus le cas.
Je trouve malheureux que, de moins en moins, on ait la chance de parler
d'habitation Ici, au Québec. Mais comme c'est une loi maintenant qui va
entrer en vigueur, c'est la démocratie qui veut qu'il en soit ainsi. Je
peux juste vous assurer, M. le ministre, que ça ne m'enlèvera pas
mon intérêt et ma préoccupation par rapport au logement
social, mais que ça va juste m'inciter à suivre de très
près la mise en place de cette loi pour m'assurer que ce que j'ai
essayé de défendre ici en commission, on continue à s'en
préoccuper. S'il y a des choses - j'espère que non - mais s'il y
a des choses qu'on a dénoncées et qui se concrétisent,
vous pouvez être sûr de ma vigilance et de ma même
détermination à les dénoncer et à demander des
modifications. Donc, j'espère que les possibilités de
problèmes que cela nous apporte ne se concrétiseront pas; c'est
le souhait que j'apporte à ce moment-ci. On se retrouvera à
l'Assemblée nationale, en troisième lecture, pour continuer d'en
parler.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Shefford.
Je remercie les membres de la commission de leur bonne collaboration. La
commission de l'aménagement et des équipements, ayant accompli
son mandat, ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 16 h 1)