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(Neuf heures quarante minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission de
l'aménagement et des équipements débute ses travaux. Je
déclare la séance ouverte. Le mandat de la commission est de
poursuivre les auditions publiques, dans le cadre de la consultation
générale sur l'étude de la procédure
d'évaluation et d'examen des impacts sur l'environnement et sa
portée, notamment en ce qui a trait aux grands projets Industriels et
aux projets concernant la disposition des déchets solides domestiques,
et cela, en tenant compte de la procédure québécoise
actuelle, du rapport Lacoste, de la procédure ontarienne et de la
procédure suggérée par le gouvernement
fédéral.
Est-ce qu'il y a des remplacements, M. le Secrétaire?
Le Secrétaire: Non, Mme la Présidente, il n'y a
aucun remplacement.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, l'ordre du
jour: 9 h 30, l'Association québécoise pour la maîtrise de
l'énergie, pour 30 minutes; la Communauté urbaine de
Québec, pour 30 minutes; l'Association des conseillers en environnement
du Québec, pour 30 minutes; le Regroupement québécois des
professionnels de l'environnement, pour 30 minutes; le Parti vert, pour 30
minutes. Et cet après-midi, à 14 heures, le Bureau d'audiences
publiques sera suivi du ministère pour une heure et du ministre pour une
heure, ce qui clôturera nos travaux.
Vous êtes M. Alain Sainte-Marie?
M. Sainte-Marie (Alain): Oui.
Association québécoise pour la
maîtrise de l'énergie
La Présidente (Mme Bélanger): L'Association
québécoise pour la maîtrise de l'énergie,
représentée par M. Alain Sainte-Marie. Si vous voulez
présenter la personne qui vous accompagne; vous avez 15 minutes pour
faire le résumé de votre mémoire et le reste du temps sera
réparti entre le parti ministériel et l'Opposition. Si vous
prenez moins de 15 minutes, bien vous aurez plus de temps pour vous faire
questionner.
M. Sainte-Marie: Merci. Donc, bonjour, Mme la Présidente,
Mmes, MM. les députés. Permettez-moi de me présenter,
ainsi que celle qui m'accompagne: je suis Alain Sainte-Marie, un des membres
fondateurs et l'actuel président de l'Association
québécoise pour la maîtrise de l'énergie. À
ma gauche, il y a Mme Danielle Tanguay, qui est consultante en planification,
stratégie et marketing, et qui est membre du conseil d'administration de
l'AQME et aussi membre du comité exécutif.
À l'aide de larges extraits de notre mémoire, nous
essaierons, dans un premier temps, de vous présenter la nature de notre
association et, par la suite, notre point de vue sur le sujet en
débat.
L'Association québécoise pour la maîtrise de
l'énergie existe depuis plus de cinq années. Fondée par
des spécialistes en matière d'efficacité
énergétique, représentant les secteurs privés,
publics et parapublics, l'AQME regroupe maintenant plus de 600 membres et a
atteint pleinement son objectif d'être un carrefour d'intervenants ayant
un intérêt pour la maîtrise de l'énergie, ainsi
qu'une plaque tournante entre ses intervenants et leur milieu respectif.
L'AQME est un organisme de solutions et non de revendications. Elle
s'attache particulièrement aux transferts de technologie et
d'information objective sur la maîtrise de l'énergie. Par
maîtrise de l'énergie, il est bon de préciser que nous
entendons le contrôle et la gestion efficace du développement, de
la production, du transport, de la distribution, de l'utilisation et de la
récupération de toutes les formes d'énergie dites
traditionnelles ou nouvelles et ce, en harmonie bien sûr avec
l'environnement.
Cette définition englobe, par exemple, les méthodes
décentralisées de production d'énergie, telles que les
mini-centrales hydroélectriques, la cogénération, la
valorisation énergétique des déchets et l'ensemble des
moyens regroupés sous l'intitulé "Efficacité
énergétique".
Par son intervention, l'AQME souhaite attirer l'attention de la
commission sur au moins quatre pistes de réflexion que nous jugeons
prioritaires. Premièrement, il faudrait positionner l'environnement et
le développement viable dans les priorités de
développement du Québec. Deuxièmement, il faudrait, dans
la mesure du possible, accélérer le processus pour l'examen des
projets qui favorisent l'efficacité énergétique.
Troisièmement, il serait opportun d'améliorer l'information au
public, aux promoteurs, aux intervenants, pour assurer une plus grande
crédibilité et efficacité au processus. Finalement, il
serait opportun aussi d'inclure à même les projets, les mesures
d'atténuation pour mieux préserver l'environnement.
La recherche d'un juste milieu. Pour arriver à développer
une procédure efficace d'évaluation des impacts sur
l'environnement des divers projets, il nous apparaît important de se
prononcer
au préalable sur la question suivante: Comment
peut-on intégrer la protection de l'environnement au
développement économique du Québec? En effet, parmi les
considérations politiques, économiques, environnementales,
stratégiques, culturelles et autres, auxquelles une
société comme la nôtre doit faire face, quelle est la place
ou l'importance que l'on doit accorder à l'environnement? Est-ce que les
considérations environnementales sont bien intégrées aux
considérations économiques ou sociales? Finalement, quel est
l'impact d'inclure l'environnement dans le développement au
Québec?
À cet égard une remarque s'impose.
L'environnement en soi ne veut rien dire. On pense que, dorénavant, il
faut beaucoup plus parler de développement viable tel que défini
dans le rapport Brundtland. Pour répondre à cette grande
question, je pense qu'un débat public est nécessaire. Ce
débat mettrait en évidence tous les éléments
à considérer dans l'analyse des priorités et permettrait
aux intervenants défendant des intérêts de
différentes natures de faire des interventions éclairées.
Nous croyons qu'un consensus est possible si un processus de consultation
transparent, qui étale sur la place publique les vrais enjeux du
développement viable, est mis en branle.
Autre préoccupation majeure, les critères de
classification des projets. Une fois les questions de la place de
l'environnement dans le développement du Québec
élucidées, il reste donc à établir les
critères de classification des projets en tenant compte
évidemment de leurs conséquences sur l'environnement. À
titre d'exemple, la relation de cause à effet extrêmement
étroite qui existe entre l'efficacité énergétique
et l'environnement - par exemple, l'énergie qui est la moins polluante
est évidemment celle que l'on ne consomme pas - devrait permettre un
processus plus rapide pour ces projets, afin d'encourager leur
prolifération.
On en arrive à la procédure d'impact sur
l'environnement. Par exemple, la production combinée
d'électricité et de vapeur, ce qu'on appelle la
cogénération, à partir du gaz naturel ou des ressources
énergétiques québécoises, tels les résidus
de bois, est une pratique qui est reconnue à travers le monde comme un
des moyens les plus efficaces pour optimiser l'utilisation du contenu
énergétique des combustibles. De plus, la
cogénération à partir de ces combustibles permet aussi de
réduire la pollution causée par l'utilisation soit du mazout
lourd, la combustion qui est plus ou moins contrôlée des
résidus de bois ou par, dans ce cas-là, la décomposition
des millions de tonnes de ces résidus de bois actuellement
accumulées dans nos forêts du Québec.
Les exigences gouvernementales actuelles, pour les projets
de 10 MW et plus dans le domaine de la cogénération, sont non
seulement très coûteuses peur les promoteurs, mais
nécessitent des délais de l'ordre de deux ans pour
réaliser les études et obtenir les autorisations. À cause
de ces contraintes, plusieurs projets qui sont fort valables sur les plans de
l'efficacité énergétique - et ça, on va y revenir
tout au long de notre présentation, parce que c'est la nature même
de notre association de promouvoir l'efficacité
énergétique... Donc, ces projets sont fort valables autant au
point de vue maîtrise de l'énergie qu'impact sur l'environnement
et ils risquent d'être abandonnés au cours des prochains mois.
Bien sûr, il faut que les promoteurs apprennent
à planifier avec les délais qui sont nécessités par
les études d'Impact et on est très d'accord avec ce
principe-là. Cependant, nous croyons que le gouvernement doit Implanter
des assouplissements dans son processus d'évaluation pour les projets
qui ont des efficacités énergétiques
éprouvées. Le gouvernement pourrait alors modifier ses lois et
règlements afin de faciliter la réalisation de ce type de projet
au Québec.
Il y a toujours, par ailleurs, avantage à
éviter d'être trop général lorsqu'on écrit
des règlements ou des lois, à défaut de créer des
zones grises importantes qui se soldent malheureusement par des débats
d'Interprétation et qui mettent souvent en péril les projets et
le processus même. Donc, une fois établis, ces critères
pourraient être normalisés et appliqués quand même
avec une certaine ouverture d'esprit, toujours dans l'Intention de pouvoir
faire bénéficier l'ensemble de la province des effets
bénéfiques sur l'environnement de ces projets, qui sont efficaces
au point de vue de l'énergie.
Donc, nous vous proposons de simplifier le processus dans
ces cas de projets, en trois étapes. Comme le ministère de
l'Environnement demande souvent une étude d'impact après le
dépôt de l'avis de projet, nous suggérons de remettre cette
étude d'impact simultanément, ceci, évidemment, aux
risques et périls, et en toute connaissance de cause des promoteurs.
Cette étude, qui est déposée en
même temps que l'avis de projet, est alors examinée par le BAPE,
en audiences publiques, donc, seulement si - et ça, évidemment,
il faut utiliser un bon jugement, parce que ce n'est pas tous les projets qui
nécessitent des audiences publiques - l'envergure et surtout les Impacts
sur l'environnement de ce projet le justifient.
Finalement, le résultat de cet exercice
simultané va conditionner l'autorisation ou le refus du projet.
Le rôle des audiences publiques: un rapport de force.
Si on prend pour acquis que c'est une partie neutre qui réalise les
études d'impact - et, évidemment, qu'on estime que le MENVIQ est
responsable dans ses décisions - il faut, par contre, s'assurer que
l'intérêt du public a été pris en
considération. En effet, le public lui-même peut émettre
des opinions très divergentes et pourrait, dans une certaine mesure,
faire l'arbitrage entre ce qui risque d'être des
considérations plus politiques par rapport à des
considérations qui sont plus de nature privée, ou corporative, ou
d'entreprise. La tenue d'audiences publiques permettrait, entre autres,
évidemment, une plus large représentativité des
intervenants. Mais, pour y arriver, il faudrait que ces intervenants aient les
moyens et le temps nécessaires pour leur permettre d'émettre des
commentaires et suggestions solides.
On en est la preuve. On est une organisation à but non lucratif,
avec des ressources très limitées. On aimerait pouvoir vous
présenter un rapport impeccable, de grande qualité;
malheureusement, avec des ressources et des bénévoles, on a fait
le meilleur que l'on pouvait. Nous croyons qu'avec des ressources
supplémentaires, évidemment, la qualité des interventions
pourrait être nettement supérieure.
Les représentants d'un regroupement d'importance modeste ont
aussi, malheureusement, des moyens tout aussi modestes et sont souvent
démunis lorsqu'ils se retrouvent face à une série
impressionnante d'études qui ont coûté des dizaines, sinon
des centaines de milliers de dollars, avec des chiffres et des chiffres
à l'appui. Malheureusement, avec toute la bonne volonté, il nous
apparaît presque impossible, à ce moment-là, de pouvoir
faire une intervention éclairée. Donc, l'objectif de notre
proposition, c'est d'essayer d'équilibrer le rapport de force qui
permettrait évidemment à cet équilibre-là de
susciter un débat des plus constructifs, pour arriver à un projet
qui ait le moins d'impact possible sur l'environnement.
Question de crédibilité. Il nous apparaît
nécessaire et utile, pour tendre à rehausser la
crédibilité du processus, que le MENVIQ intensifie sa
stratégie d'information. Un effort en ce sens favoriserait
évidemment un accroissement du degré d'information de tous les
intervenants, et qui dit intervenants mieux informés dit, on
l'espère, décision mieux éclairée. Donc, un milieu
mieux informé tend, entre autres, vers une plus grande
compréhension mutuelle de la part de tous les intervenants. Nous croyons
que le Québec semble avoir l'un des meilleurs systèmes, mais,
évidemment, il s'agit de l'utiliser comme il se doit.
En vue de toujours considérer un développement viable, le
MENVIQ devrait évaluer l'intérêt de prévoir des
mesures compensatoires ou d'atténuation dans le cas où les
projets engendreraient des dommages à l'environnement, ce qui n'est pas
nécessairement le cas, mais qui pourrait arriver. Il apparaît
nécessaire, entre autres, de mettre sur pied un fonds de restauration
pour les projets qui créent des déchets toxiques qui pourraient
représenter un danger pour le public. Nous croyons aussi qu'il est
nécessaire de pouvoir agir dans des cas majeurs, dans des cas
importants, plutôt que d'essayer de trouver un coupable. Donc,
l'instauration d'un fonds permettrait aux intervenants de réparer et,
par la suite, évidemment, on pourrait trouver des moyens pour remettre
ça en place.
Pour terminer, j'aimerais rappeler les principales pistes de
réflexion retenues par l'AQME. Nous aimerions pouvoir définir,
dans un débat public, la vraie place de l'environnement et du
développement viable dans les priorités du gouvernement du
Québec. Nous aimerions voir accorder aux projets favorisant
l'efficacité énergétique un processus
accéléré mais complet, parce que ces projets en soi ont un
impact très favorable sur l'environnement. Nous aimerions pouvoir
intensifier l'information du public, des promoteurs et de tous les intervenants
concernés, encore une fois, par souci de transparence et pour s'assurer
que les vrais enjeux sont bien débattus. Finalement, nous aimerions
qu'à même les projets soient incluses des mesures
d'atténuation, encore une fois, pour mieux préserver
l'environnement. Merci de votre attention.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Deux-Montagnes.
M. Bergeron: Merci beaucoup, M. le Président. Bienvenue,
M. Sainte-Marie et Mme Tan-guay. Permettez-moi, au nom du côté
ministériel, de vous souhaiter la bienvenue ce matin. Comme on le
discutait tout à l'heure, ça fait trois semaines qu'on est ici et
on arrive à la fin. Je pense qu'à chacune des occasions, on doit
vous féliciter d'avoir accepté de venir devant nous aujourd'hui
afin d'exposer votre point de vue.
Lors de votre présentation, il y a quelque chose qui m'a
frappé - et c'est arrivé souvent aussi - c'est le
bénévolat de votre organisme. On va y revenir tout à
l'heure. Je pense qu'il faut le faire. Si ce n'était pas du
bénévolat qui existe un peu partout, dans tous les champs
d'activité ici, au Québec, je pense que le gouvernement ne serait
pas dans la position où il est dans le moment. Alors, je veux vous
féliciter pour votre bénévolat et vous féliciter
pour votre présence ici, aujourd'hui.
À la lecture de votre mémoire, à la page 3 - on a
souvent entendu parler de ça - vous qualifiez les
Québécois de "traditionnellement grands consommateurs et
gaspilleurs". En fait, qu'est-ce qui vous fait dire ces
qualificatifs-là? Je pense qu'on les entend souvent. Ce n'est
peut-être pas tellement nécessaire d'insister sur les causes qui
expliquent pourquoi on est surnommés des gaspilleurs. Mais ma question
serait plutôt du côté positif: Qu'est-ce que vous
suggéreriez pour enlever cette étiquette-là, qui fait
qu'on est qualifiés ainsi?
M. Sainte-Marie: Merci. 'Traditionnellement gaspilleurs", je
pense que c'est effectivement une image de style. Ce qu'on peut vous dire,
c'est que, selon les recherches et les chiffres que l'Association dont on fait
partie prône, il y a encore au Québec un potentiel
d'efficacité
énergétique d'environ 30 %. On pourrait réduire,
avec des mesures, environ 30 % de notre consommation d'énergie. Que ce
soit au niveau du résidentiel, du commercial, de l'industriel et des
transports, il y a une marge de manoeuvre, sans affecter notre confort, qui
pourrait être réalisée. C'est ce qu'on dit lorsqu'on dit
qu'on gaspille. C'est que, lorsqu'on se compare aux autres, peut-être
qu'il y a encore une bonne marge à aller chercher, et c'est l'objectif
de notre association de fournir les moyens. Je pourrais vous
énumérer une liste d'à peu près 30 pages de tous
les moyens qu'on pourrait mettre en oeuvre pour réduire notre
consommation d'énergie, et ça va de soi qu'évidemment,
toutes les réductions de consommation d'énergie impliquent une
réduction des émissions dans l'atmosphère et
l'amélioration de la qualité de l'environnement. Donc, ce qu'on
dit, c'est qu'avec une bonne information, l'ensemble des
Québécois et des Québécoises pourraient être
conscientisés de leur impact sur l'environnement en utilisant trop
d'énergie et, par la suite, en réduisant cette demande
d'énergie, avoir un impact positif sur l'environnement.
M. Bergeron: Merci. Je vais prendre la perche que vous venez de
nous tendre en disant que vous avez une liste déjà
préparée. Est-ce que vous pourriez, dans un avenir
rapproché, la faire parvenir au côté ministériel et
à l'Opposition? Je pense que ça pourrait éclairer nos
lanternes, à ce moment-là, et que ça pourrait nous donner
une bonne orientation. Je pense que positivement, les deux côtés,
ici, sauraient profiter de votre expérience et de vos suggestions.
M. Sainte-Marie: À titre d'information, Mme la ministre
Use Bacon m'a demandé de siéger au groupe-conseil sur la
mobilisation de la demande et de l'offre en énergie et nous sommes
à travailler avec le ministère de l'Énergie à
établir la stratégie d'efficacité
énergétique du Québec. À l'intérieur de
cette stragégie, toutes les suggestions de l'Association et des autres
membres de ce comité vont être divulguées et
peut-être que ce serait une bonne occasion d'en prendre connaissance. Ou
si vous aimez avoir copie de ces moyens-là, ça nous ferait
plaisir de vous les faire parvenir.
M. Bergeron: Enfin, peut-être au président de notre
commission, ce matin, qui nous les distribuera.
Le Président (M. Garon): Au secrétaire. M.
Bergeron: Au secrétaire, je m'excuse.
Le Président (M. Garon): Au secrétaire, qui fera
parvenir les documents à tous les membres.
M. Bergeron: Très bien. Ma deuxième question.
À la page 4, au paragraphe 5, vous souhaitez l'établissement de
critères de classification de projets pour pouvoir par la suite les
assujettir à la procédure d'évaluation. Et, à ce
moment-là - c'est ça qui me chicote un peu - vous vous
référez a des expériences de pays étrangers. (10
heures)
Durant les trois semaines qu'on a été Ici, plusieurs
organismes ont dit que le Québec était pas mal avant-gardiste
dans l'environnement. Alors, je me demande quel est le besoin d'aller chercher
notre expérience ailleurs. Il y en a plusieurs qui nous ont dit
ça, en tout cas.
M. Sainte-Marie: Oui. je suis d'accord avec vous, le
Québec, on est très à lavant-garde. Par contre, il n'y a,
je pense, aucun problème à regarder ce qui se fait ailleurs pour
essayer de faire mieux. Les exemples auxquels on se référait: le
Japon et l'Allemagne. Je peux prendre l'exemple du Japon qui est un pays qui
n'a aucune ressource naturelle mais qui a su, si je prends l'exemple de
l'Incinération des déchets, aller chercher le maximum au niveau
technologique pour la préservation de l'environnement et aussi, aller
chercher au maximum la récupération de l'énergie à
partir de la biomasse ou des déchets urbains. Donc, je pense, en
regardant sous quels critères ils ont pu accepter ce genre de projet,
qu'on peut s'en inspirer pour aller chercher les bonnes choses qui se font
ailleurs. Mais, effectivement, le Québec, nous sommes à
l'avant-garde et, ça, on peut s'en féliciter.
M. Bergeron: Ça ne veut pas dire qu'on va rester où
on en est. Il y a toujours moyen à amélioration, c'est bien
entendu.
Une autre question, c'est que ça me surprend, ça, à
la page 6. En tout cas, de la façon que je le lis, vous semblez
simplifier assez rapidement le processus d'évaluation et je pense que je
n'ai pas besoin de vous dire que le public, en général, demande
d'être Impliqué davantage dans le processus. De quelle
façon vous voyez que l'élaboration devrait se faire à ce
moment-là? Il me semble que c'est couper les coins assez carrés
vis-à-vis du public.
Une voix: ...ronds.
M. Sainte-Marie: Ce qu'on propose comme processus...
M. Bergeron: Les coins tout croches.
Une voix: Les coins ronds.
M. Sainte-Marie: Les coins ronds.
M. Bergeron: Je m'excuse. Je vous remercie de votre
présence.
M. Sainte-Marie: si je peux répondre à votre
question, le processus que nous proposons de simplifier, c'est pour, encore une
fois, les projets qui ont démontré une efficacité
énergétique. un des projets dont on tire exemple, c'est le projet
de cogénération. pourquoi, lorsqu'un de ces projets-là,
qui est déjà établi, qui a démontré que les
effets sur les émissions polluantes sont beaucoup moindres que tout
autre procédé de production combiné de vapeur et
d'électricité, pourquoi, une fois que le projet a
été déjà éprouvé, on ne pourrait pas,
dans les cas de projets semblables, qui ont déjà
été démontrés bénéfiques pour
l'environnement, ne pas, justement, remettre à la fois l'étude
d'impact et la demande d'avis de projet pour pouvoir, dans un temps, disons,
relativement raisonnable de 12 mois, mettre en branle et implanter dès
maintenant, dès après un an, ce procédé-là
plutôt que de procéder par la mesure longue qui prend, comme vous
l'avez mentionné dans les documents qui nous ont été
remis, jusqu'à 33 mois, pour un projet qui, on le sait d'avance, va
être bénéfique au niveau de l'environnement? c'est vraiment
pour ce genre de projets-là qu'on insiste pour avoir une
procédure simplifiée. pour les projets qui, après
l'évaluation des critères et des impacts sur l'environnement,
représenteraient des dangers ou des inconnus, on n'est pas pour un
processus simplifié à ce moment-là. c'est vraiment pour
des projets qui, une fois qu'on a analysé l'étude d'impact,
procurent des bénéfices à l'environnement. essayons de les
mettre en pratique le plus rapidement possible.
M. Bergeron: Ma dernière question...
Le Président (M. Garon): Nous voulons remercier le
député de Deux-Montagnes, parce que le temps est
écoulé, et j'appelle maintenant le député de La
Prairie. C'est bien involontairement, M. le député.
M. Bergeron: Merci, M. le Président.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Je veux, au nom de
l'Opposition, souhaiter la bienvenue à Mme Tanguay et à M.
Sainte-Marie et les remercier de leur présentation. C'est un point de
vue qui est bien défendu et on n'a pas eu beaucoup de groupes qui nous
ont parlé d'efficacité énergétique. C'est
rafraîchissant. Vous dites, dans votre mémoire, que le
Québec est souvent cité comme étant plutôt à
l'avant-garde. Je pense que c'est assez vrai pour la procédure
d'évaluation, mais certainement pas en matière
d'efficacité énergétique. Certainement pas. Je ne pense
pas que ce soit ça que vous ayez voulu dire non plus, hein?
M. Sainte-Marie: Ce que j'ai dit, c'est qu'au Québec,
traditionnellement, nous étions qualifiés, entre guillemets, de
gaspilleurs.
Une voix: Voilà.
M. Sainte-Marie: Ce qu'on vous dit, c'est qu'il y a place
à amélioration. On pense qu'on peut aller chercher au moins 30 %
d'amélioration. Et c'est la nature même de notre association de
faire la promotion pour qu'on y arrive.
M. Lazure: Le financement de votre groupe, comment c'est fait?
Avez-vous une subvention du ministère de l'Environnement?
M. Sainte-Marie: Non, nous n'avons aucune subvention du
ministère de l'Environnement.
M. Lazure: Vous en avez demandé une?
M. Sainte-Marie: Dépendamment des résultats de la
commission, si on veut pouvoir continuer à faire la promotion de
l'efficacité énergétique comme élément
essentiel d'une solution au niveau de l'environnement, définitivement,
nous allons vouloir bénéficier d'un support financier pour
pouvoir faire valoir notre point de vue.
M. Lazure: Comment êtes-vous financés
actuellement?
M. Sainte-Marie: Actuellement, au-delà de 75 % de nos
revenus sont générés par nos activités, que ce
soient des colloques, des congrès ou le "membership", et l'autre 25 %
est financé par des contributions des ministères
fédéraux et provinciaux au niveau de l'énergie, du
ministère de l'Énergie.
M. Lazure: Vous parlez d'un débat public. Est-ce que, dans
votre esprit, ce débat public pourrait être animé par le
BAPE? Et puis, deuxième question, un débat public seulement sur
la cogénération, sur l'efficacité
énergétique ou sur l'ensemble de l'avenir
énergétique au Québec?
M. Sainte-Marie: Ce qu'on dit, c'est qu'on est ici ensemble pour
essayer d'établir des critères et une procédure pour bien
évaluer l'impact environnemental des projets. Nous, on aimerait pouvoir
prendre un petit peu de recul. On dit: Allons plus loin que ça. Le
débat, on devrait le poser en tant que débat de
société, donc au-delà d'un organisme. En tant que
société québécoise, quelle est la véritable
place qu'en tant que Québécois et Québécoises on
veut que l'environnement prenne vis-à-vis du développement
économique du Québec? Si on n'a pas posé cette
question-là, on va toujours être confrontés à un
débat économique versus un débat social ou un débat
environnemental. On n'a pas situé l'ensemble de l'environnement dans le
débat public, et c'est ça qu'on veut faire.
Que ce soit le BAPE, si on reprend ça dans l'ensemble de la
problématique telle que je viens
de la définir, je ne pense pas que ça soit l'organisme
pour faire un débat public sur l'ensemble. Sur des projets
précis, évidemment, c'est sa mission, mais, sur l'ensemble du
projet, je pense que c'est au gouvernement de faire l'ensemble de la
démonstration pour que tous les Intervenants puissent placer
l'environnement dans l'ensemble de la société
québécoise.
Au niveau d'un débat sur la politique énergétique,
je pense qu'on ne peut pas s'en sortir au Québec: politique
énergétique va évidemment avec développement
économique, mais l'environnement va avec toutes les activités au
Québec. Donc, je pense que c'est encore au-delà d'une politique
énergétique. Il faut faire un débat sur: Où
voulons-nous être au niveau de l'environnement par rapport à
l'ensemble du développement économique du Québec?
M. Lazure: Vous avez des commentaires, à mon avis,
judicieux sur la possibilité de permettre un traitement plus rapide de
l'évaluation des impacts lorsqu'il s'agit - et c'est ça
l'originalité de votre présentation - de projets qui sont en
eux-mêmes bénéfiques à l'environnement. Et
ça, ça me paraît bien évident, mais personne ne nous
a parlé de ça, sauf Canards Illimités. Canards
illimités, c'est un peu la même chose. Canards illimités,
ils ont des projets qui, par définition, vont profiter à
l'environnement. Et quand même, ils sont soumis, selon eux - et ils ont
raison, je pense - à des procédures trop longues, trop
fastidieuses, un peu comme s'ils étaient des pollueurs
soupçonnés. Alors, je pense que c'est à retenir, cette
hypothèse d'une voie plus rapide quand il s'agit de projets qui, par
définition, vont aider à l'environnement.
Vous avez aussi des suggestions intéressantes. L'image du MENVIQ,
du ministère, Dieu sait qu'elle est amochée ces années-ci.
Moi, je pense que ça aussi, c'est original; il y a peu de groupes qui
nous ont parlé de ça. Le ministère de l'Environnement, par
de l'éducation populaire, comme vous le dites, pourrait redresser cette
perception qui est plutôt négative dans le public. Et tellement
négative que les bons coups que le ministère fait passent
inaperçus et sont mal connus du public.
Une question sur le fonds de restauration. Vous en pariez un peu
là, mais comment ça fonctionnerait, selon vous, ce fonds de
restauration?
M. Sainte-Marie: Dans le cas, on parle d'accidents
écologiques. Je pense que c'est trop important pour le patrimoine et
pour la province, le pays, pour attendre et aller chercher de l'argent, trouver
un coupable. L'objectif, dans ce cas-là, ce n'est pas de trouver un
coupable, c'est de trouver une solution, de l'appliquer et de réparer le
plus rapidement possible. La seule façon de faire ça: II faut
qu'il y ait des fonds quelque part qui soient déjà prévus.
La façon dont on devrait le financer, c'est une grande question et,
malheureusement, Je n'ai pas la solution à ce profond problème.
Mais je pense qu'il faut qu'il y ait quelque part un outil qui soit prêt
à répondre aux pépins et aux désas très -
ça, c'est exagéré, peut-être, les désastres -
aux accidents écologiques, pour les réparer dès qu'ils
arrivent. Et c'est pour ça qu'on dit, là: Une des suggestions,
une des façons, c'est d'avoir un fonds de
récupération.
M. Lazure: La seule chose qui me laisse réticent dans
votre mémoire, c'est à la page 7, lorsque vous dites: "...la
décision finale d'accorder ou non un permis pour la réalisation
du projet devrait appartenir au gouvernement..." Jusque-là, ça
va, mais là, vous ajoutez: "...en considération avec un
groupe-conseil dont le rôle serait d'examiner les décisions du
gouvernement, au besoin." Là, je vous avoue que je ne vous suis
plus.
M. Sainte-Marie: Oui, c'était effectivement...
M. Lazure: J'aurais besoin d'être convaincu de la
pertinence de ça.
M. Sainte-Marie: M. Lazure, vous avez raison et, si vous avez
remarqué, je ne l'ai pas prononcé lorsque j'ai fait mon discours.
Ce n'était pas clair dans le texte et j'aimerais peut-être
clarifier. Ce qu'on dit, c'est que le MENVIQ doit scruter, c'est à lui
qu'on donne la responsabilité des décisions, mais H pourrait
référer au besoin, lorsque la cause est très technique ou
tout ça, à l'avis d'un groupe d'experts externes avant
d'établir sa décision. C'est ce qu'on a voulu dire;
c'était mal exprimé, mais c'est vraiment ça qu'on veut
dire.
M. Lazure: Oui. Bon, c'est mieux. Merci, M le
Président.
M. Sainte-Marie: Merci.
Le Président (M. Garon): Je voudrais remercier les
représentants de l'Association québécoise pour la
maîtrise de l'énergie de leur contribution au travaux de cette
commission et je suspends les travaux de la commission pour quelques instants,
pour donner le temps aux représentants de la Communauté urbaine
de Québec de s'avancer pour occuper les sièges des
intervenants.
(Suspension de la séance à 10 h 12)
(Reprise à 10 h 13)
Le Président (M. Garon): Je vais demander au
représentant de la Communauté urbaine de Québec, M. Michel
RK/ard, de nous présenter les
gens qui l'accompagnent, et lui dire également qu'il a 30 minutes
à sa demande - on était prêts, nous, à donner une
heure à la Communauté urbaine, vu l'importance de l'organisme -
ce qui veut dire, normalement, 10 minutes pour votre présentation, 10
minutes pour les gens du parti ministériel et 10 minutes pour le parti
de l'Opposition.
Communauté urbaine de Québec
M. Rivard (Michel): M. le Président, notre mémoire
est tellement clair, je croyais même que 20 minutes auraient pu
être suffisantes, mais on pourra prendre tout le temps que vous voudrez
bien.
Merci, M. le Président. Mmes les députées, MM. les
députés, il me fait plaisir de présenter les gens qui
m'accompagnent ce matin: à mon extrême gauche, M. Maurice
Bergeron, le directeur général de la Communauté urbaine de
Québec; .immédiatement à ma gauche, M. René
Gélinas, qui est le directeur du service de l'environnement et,
finalement, à ma droite, M. Yves Marcil, directeur adjoint à la
planification et à la conservation des ressources.
La CUQ est un organisme régional qui regroupe et
représente les 13 municipalités qui la composent. D'une
superficie de 550 kilomètres carrés, près de 470 000
personnes habitent ce territoire au nord du fleuve Saint-Laurent. Je devrais
dire en face de Lévis. La CUQ et ses municipalités constituantes
sont notamment responsables d'assurer la gestion des déchets solides de
leur territoire, tant au niveau de la récupération, du recyclage,
que de la disposition des déchets. La CUQ et ses municipalités
membres sont également responsables de la gestion de l'assainissement
des eaux usées de leur territoire, incluant leur interception et leur
épuration, ainsi que le traitement des boues résiduaires et le
contrôle des rejets industriels.
Par ailleurs, les parcs industriels situés sur le territoire de
la CUQ sont gérés et administrés par les
municipalités membres ou des sociétés paramunicipales. A
titre d'exemple, la Société de promotion économique du
Québec métropolitain qui regroupe l'ancienne Inter-Port et qui
inclut, bien sûr, le territoire de la Rive-Sud.
Compte tenu de la problématique actuelle à la CUQ, quant
à la disposition des déchets solides domestiques, et du potentiel
que représente la dimension industrielle, les municipalités
membres tiennent à présenter leurs commentaires à
l'égard de la procédure d'évaluation et d'examen des
impacts sur l'environnement.
Je dois ici faire une petite mise au point. Ce mémoire est, bien
sûr, le mémoire de la Communauté, ce n'est pas un
mémoire de l'Union des municipalités du Québec, ni des
autres communautés urbaines, de la CUM ou de la CUO.
Principes de base. Compte tenu des tendances qui s'accentuent quant aux
responsabilités déléguées au monde municipal en
matière d'environnement et des enjeux qui y sont reliés, tant au
niveau local que régional, la CUQ ainsi que ses municipalités
constituantes estiment qu'il est essentiel que l'évaluation d'un projet
susceptible d'engendrer des répercussions sur l'environnement
s'établisse en tenant compte des principes de base suivants: la CUQ et
ses municipalités membres préconisent le respect intégral
des juridictions municipales et du pouvoir politique démocratique des
élus municipaux, en regard des dossiers de leur compétence; la
CUQ et ses municipalités membres se rendent notamment responsables
d'assurer la diffusion de l'information aux citoyens en regard des dossiers de
leur compétence.
Quant au rapport Lacoste, en mai 1988, le ministre de l'Environnement
instituait un comité chargé de réviser la procédure
d'évaluation et d'examen des impacts environnementaux qui déposa
son rapport en juin 1989.
À la lumière de ces recommandations, la CUQ et ses
municipalités constituantes appuient généralement les
orientations et recommandations visant un allégement de la
procédure permettant une meilleure efficience; une meilleure information
et une participation accrue des citoyens dans le processus d'étude et
d'analyse d'un projet, permettant une rétroaction du public au projet;
une amélioration du contenu des études d'impact et une meilleure
synthèse permettant de rendre plus visibles les enjeux et ainsi de mieux
clarifier les choix; un élargissement de l'assujettissement permettant
de soumettre à la procédure tous les projets de nature
privée et industrielle susceptibles de modifier l'environnement; une
standardisation des règles du jeu permettant leur uniformisation
à l'ensemble du Québec.
Toutefois, la Communauté et ses municipalités membres
émettent des réserves quant à l'assujettissement
éventuel des opérations reliées à
l'aménagement du territoire. Le rapport Lacoste fait ici
référence aux schémas régionaux
d'aménagement, aux plans d'urbanisme, aux plans directeurs des parcs,
etc.
La loi 125 sur l'aménagement et l'urbanisme prévoit
actuellement des consultations publiques aux niveaux régional et
municipal qui permettent aux citoyens d'émettre leur opinion sur la
plupart de ces questions. Ainsi, compte tenu que ces opérations sont
pour la plupart déjà assujetties à des procédures
de consultation publique suffisamment élaborées, la
Communauté et ses municipalités constituantes estiment qu'il est
par conséquent inopportun d'assujettir les opérations
reliées à l'aménagement du territoire. Toutefois, pour des
raisons exceptionnelles et sur une base volontaire, certains projets ou
politiques pourraient éventuellement être soumis aux
procédures d'évaluation. Je pense, entre autres, à titre
d'exemple, à un projet comme la récupération des berges,
avec une piste cyclable d'est en ouest. C'est un exemple que je voudrais
illustrer ici.
Les domaines de responsabilités municipales et régionales.
La CUQ et ses municipalités constituantes sont responsables de divers
dossiers à caractère environnemental dont, notamment, la gestion
des déchets solides et l'assainissement des eaux usées. Pour les
projets majeurs à incidence environnementale qu'elles ont
initiés, la CUQ et ses municipalités membres se sont jusqu'ici
fait un devoir de bien informer et consulter leurs citoyens sur les enjeux
liés à ces projets dans le respect des règles de l'art en
matière d'évaluation d'impact et entendent maintenir cette
détermination dans les années à venir. À cet effet,
elles adhèrent en outre et de façon particulière au
principe de base visant la diffusion de l'information et aux orientations
générales du rapport Lacoste concernant l'information et le droit
à la participation des citoyens sur des sujets majeurs.
Ainsi, en regard notamment de la volonté ferme de voir respecter
les champs de juridiction municipaux et régionaux, ainsi que le pouvoir
politique et démocratique de leurs représentants, la CUQ et ses
municipalités membres se réservent le privilège de
décider de la tenue et de la nature des consultations publiques
relatives aux projets de leur compétence. Et je pense ici aux sites
d'enfouissement, aux stations d'épuration, etc.
Projets industriels. Le territoire de la CUQ compte plusieurs espaces
industriels et les expériences antérieures démontrent un
avantage à ce que les règles du jeu soient claires et uniformes
dans l'ensemble du Québec. Entre autres, un élargissement de
l'assujettissement des projets industriels de même qu'un
allégement de la procédure représenteraient une
amélioration indéniable et auraient pour effet de faciliter
l'implantation industrielle.
Toutefois, l'expérience démontre également que le
niveau municipal, qui demeure le premier concerné par l'implantation
industrielle, subit le plus directement les pressions et les
conséquences liées à ces projets sans pour autant
détenir de marge de manoeuvre ou de levier d'intervention au chapitre
des évaluations d'impact. Ainsi, la procédure d'évaluation
d'impact relativement aux projets industriels devrait permettre la
participation active des instances locales et régionales, notamment au
chapitre des projets à être assujettis et des critères pour
étude d'impact.
Par ailleurs, la Communauté et ses municipalités
constituantes souscrivent aux recommandations ayant trait notamment à la
mise à jour régulière de la liste des projets industriels
à assujettir, de manière à ce que les critères
d'assujettissement tiennent compte des impacts potentiels significatifs.
Nos recommandations. La CUQ et ses municipalités appuient
généralement les orientations et recommandations du rapport
Lacoste visant à diffuser l'information aux citoyens, alléger la
procédure d'évaluation et améliorer le contenu des
études d'Impact.
Par ailleurs, compte tenu notamment du principe visant le respect des
juridictions municipales ainsi que du pouvoir politique et démocratique
de leurs représentants, la Communauté et ses municipalités
membres recommandent de réserver aux instances municipales et
régionales le privilège de décider de la tenue et de la
nature des consultations publiques pour les projets relevant de leur
compétence et de mettre à leur disposition, selon le besoin, les
instruments mis en place par le gouvernement relatifs à la tenue
d'audiences publiques, et tout ça par le BAPE; d'élargir
l'assujettissement à la procédure d'évaluation d'impact
pour les projets industriels susceptibles de modifier l'environnement et de
standardiser les règles du jeu; de permettre la participation active des
Instances locales et régionales dans le cadre de la procédure
d'évaluation d'impact, notamment au chapitre des projets à
être assujettis et des directives pour étude d'Impact, et de ne
pas assujettir les opérations reliées à
l'aménagement du territoire.
Le Président (M. Garon): Je vous remercie, M. Rtvard.
M. le député de Saguenay.
M. Maltais: merci, m. le président. m. rtvard et les
personnes qui l'accompagnent, au nom du gouvernement du québec,
bienvenue à cette commission. j'ai lu et relu attentivement votre
mémoire. vous apportez quand même des choses un petit peu
nouvelles. malgré que votre mémoire soit restreint, ii est quand
même bien fait. il indique des choses importantes. il en est une entre
autres qui me chicote: "de ne pas assujettir les opérations
reliées à l'aménagement du territoire". je pense que vous
êtes peut-être les premiers, comme groupement de communautés
urbaines ou de villes, à nous l'indiquer, parce que la majorité
des groupes de citoyens qui sont venus ici ont demandé que ce soit
assujetti. c'est quoi l'expérience qui vous fait dire que ça ne
devrait pas être assujetti?
M. Rivard (Michel): Écoutez, je vous fais remarquer
également que c'est la position de l'UMRCQ qui est venue la semaine
dernière, qui pensait comme nous sur ça. Ça ne veut pas
dire, parce que tout le monde municipal peut être d'accord, que c'est la
bonne formule, mais, par contre, présentement, à cause de la loi
125, on est obligés de consulter les gens. On le fait
déjà. Alors, si vous décidez que ce doit être
assujetti à des études d'Impact et à des audiences par le
BAPE, bien, II faudrait corriger la loi 125 qui nous oblige, en matière
d'aménagement du territoire, à faire des consultations publiques.
C'est le dédoublement. Alors, on dit que l'on est déjà
soumis. Pourquoi on aurait un autre... Je
veux bien croire que trop fort ne casse pas, mais c'est le
dédoublement.
M. Maltais: Prenons, par exemple, les sites d'enfouissement ou
les incinérateurs qui doivent être assujettis, bien sûr.
Mais il y a beaucoup de gens qui sont venus nous dire ici - pas des gens de la
région de Québec, mais on en a eu hier de la région de
Blainville, on en a eu de la région de Montréal - qu'ils n'ont
pas été consultés, qu'ils n'ont pas été
informés et qu'ils sont pris avec un problème: ils ne sont pas
capables de se faire entendre. Ils sont venus lancer un cri d'alarme ici:
Donnez-nous des réponses. Écoutez, la boîte de Pandore, on
ne la secoue pas comme ça et les réponses sortent. Ce n'est pas
possible.
Mais, dans le processus de consultation, est-ce que chez vous, par
exemple, lors du choix d'un site d'enfouissement ou d'un incinérateur,
tout le monde est consulté? Est-ce que tout le monde a
l'opportunité de dire son opinion et est-ce que tout le monde
concerné, bien sûr, a la possibilité de se faire entendre,
contrairement à ce que ces gens-là sont venus nous dire hier?
M. Rivard (Michel): Je suis très heureux, parce que c'est
un peu le but de notre mémoire de parler justement de nos projets
environnementaux, entre autres l'incinérateur et les sites
d'enfouissement sanitaire. Voici, lorsque l'incinérateur a
été construit, il y a une quinzaine d'années aujourd'hui,
il n'y a peut-être pas eu de consultation. Les élus du temps ont
décidé que l'incinérateur était en plein milieu
d'une ville parce qu'il y avait un avantage intéressant, c'était
de vendre l'énergie de la combustion convertie en vapeur à la
papeterie voisine. D'abord, il y avait un intérêt
économique. Ça a été construit avec la technologie
du temps, ce qui veut dire beaucoup de pollution dans le quartier Limoilou, et
on a corrigé à grands frais, il y a quelques années. En
fait, ça a coûté plus en corrections que le coût de
l'incinérateur. On a investi 40 000 000 $ pour mettre les
équipements pour dépolluer.
C'est bien sûr qu'à ce moment-là, il y avait des
pressions des citoyens, et on n'a pas eu besoin de faire des audiences
publiques parce qu'on sentait que les gens voulaient qu'on installe ce qu'il
fallait pour régler le problème. Alors, il n'y a pas eu de
consultation, on a fait les travaux. Ça, c'est pour
l'incinérateur.
Les sites d'enfouissement sanitaire. Votre question est très
pertinente, on en discutait justement hier soir au conseil de la CUQ. On a
déposé un projet, hier, qui identifie, sur le territoire,
après une recherche exhaustive... On a commencé avec 32 sites et
on a réduit ça à 7. Et, finalement, hier, on a retenu 2
sites. Du même souffle, hier, j'annonçais qu'on allait sur une
expertise additionnelle par une firme d'in- génieurs de
l'extérieur de la région pour valider les choix qui ont
été faits.
J'annonçais également qu'il y aurait étude d'impact
et, en plus, j'annonçais, suite à une démarche personnelle
que j'ai faite auprès du ministre de l'Environnement, M. Paradis, qu'on
demanderait au gouvernement du Québec de mettre le BAPE à la
disposition de la Communauté urbaine pour avoir des audiences publiques
qui soient tout à fait crédibles. Parce qu'il y a quelques
années, nous avions fait la même demande, lors de la construction
de nos stations d'épuration, et le BAPE nous avait dit que ce
n'était pas automatique, cette chose-là, et le ministre du temps
avait refusé que ce soit des audiences tenues par le BAPE. Ce que nous
avons fait, nous avons créé notre propre bureau
d'évaluation environnementale; nous avons procédé à
l'engagement des commissaires, qui étaient tous des anciens commissaires
du BAPE, donc c'était très crédible. Ça n'a pas
empêché certains médias de nous dire que ce n'était
pas crédible parce que c'est nous qui avons à payer les
honoraires de ces commissaires, tandis que si c'est le BAPE, c'est
indépendant de nous. Ce n'est pas pour l'économie, mais c'est
pour l'indépendance, dit-on, des commissaires.
Sur la consultation, la Communauté urbaine, je pense, n'a pas de
leçon à recevoir de qui que ce soit, si on se compare à
d'autres régions au Québec. Si des gens sont venus vous dire que
certaines municipalités ne consultaient pas, pour la Communauté
urbaine de Québec, je pense qu'on doit être cités en
exemple pour la consultation sur nos projets environnementaux.
M. Maltais: D'accord. Dans un autre ordre d'idées, dans
vos recommandations, vous indiquez dans la deuxième, "d'élargir
l'assujettissement à la procédure d'évaluation d'impact
pour les projets industriels susceptibles de modifier l'environnement et de
standardiser les règles du jeu".
M. Rivard (Michel): Je suis obligé de vous donner un
exemple. Vous vous souvenez, le projet qui a tourne en queue de poisson dans la
région de Québec et puis, finalement, c'est Trois-Rivières
qui l'a ramassé? Je suis bien content pour le député de la
région, M. Richard. Mais il reste quand même que, si Lauralco
avait été assujettie automatiquement à une étude
d'impact suivie d'audiences, probablement que Lauralco - c'était son
choix premier, la région de Québec - se serait établie
ici. Ce qui est arrivé, c'est qu'un projet comme Lauralco n'est pas
soumis automatiquement à des audiences publiques et à une
étude d'impact. Alors, ils ont commencé par annoncer qu'ils
choisissaient de s'établir à Sillery. Dans les heures qui ont
suivi, il y a eu un tollé à Sillery. Après ça, ils
se sont rabattus sur Québec, Québec a mis certaines conditions
et, finalement, le projet s'est ramassé
ailleurs.
Et qui a été blâmé? En fait, ce sont
peut-être ceux qu'on n'aurait jamais dû blâmer; ce sont les
élus municipaux qui ont eu à subir des pressions des citoyens aux
hôtels de ville en disant: Vous ne réagissez pas sur Lauralco,
c'est inadmissible que ça vienne chez nous. Et sans qu'il y ait des
données scientifiques pour démontrer qu'il y avait
réellement des problèmes, le promoteur a décidé
d'aller ailleurs. Si des projets comme Lauralco, qui était susceptible
de modifier l'environnement des gens, étaient automatiquement
assujettis, ça aurait été toute une autre "game". Alors,
c'est l'exemple pour illustrer pourquoi les projets susceptibles de
créer des impacts environnementaux devraient être automatiquement
soumis à l'étude d'impact.
M. Maltais: On pourrait peut-être rajouter Glaverbec.
M. Rivard (Michel): Oui, Glaverbec, heureusement, est
resté, et je pense que ça donne raison à ceux qui ont dit:
Oui, on veut les accueillir. On se souvient même que certains élus
exigeaient, avant que l'usine démarre, qu'il y ait des épurateurs
des gaz. Le promoteur avait dit: Nous sommes partout dans le monde, nous
respectons les réglementations. L'Environnement avait donné un
permis conditionnel, bien sûr, et aujourd'hui, après quelques mois
d'opération, on se rend compte que la pollution est bien en
deçà des normes. Mais bien sûr, si un projet comme Lauralco
avait été soumis à une étude d'impact, ça
aurait évité possiblement toutes les discussions inutiles qui ont
eu lieu.
M. Maltais: Est-ce que, sur le territoire de la Communauté
urbaine, il y a eu des sites à être décontaminés
dans différentes municipalités? (10 h 30)
M. Rivard (Michel): II y a, de mémoire, parce que
ça ne relève pas nécessairement de la Communauté...
Mais je sais que, dans le parc industriel de Saint-Malo, il y a un terrain qui
a été contaminé par Hydro-Québec et ses anciennes
compagnies, et c'est un problème majeur. On parle de plusieurs millions
de dollars pour décontaminer ce soi. Mais, pour nous, on doit dire, si
on compare à d'autres régions comme la région de
Montréal ou ailleurs, qu'on n'a pas ce problème-là aussi
aigu qu'ailleurs. Effectivement, de mémoire, il y en a un dans le parc
industriel Saint-Malo.
M. Maltais: Est-ce qu'il y a des sites d'enfouissement qui ne
fonctionnent plus et qui ont été soit remplis, soft
transférés en parc industriel ou, je ne sais trop, en terrain
vacant ou terrain à vendre? Lorsqu'un site d'enfouissement est
terminé, est-ce que vous l'abandonnez? C'est quoi, la procédure
chez vous?
M. Rivard (Michel): Le dernier, qui était le plus
important, est dans le quartier de Beauport; son remplissement a
été complété en 1984, si ma mémoire est
fidèle. Aujourd'hui, vous avez un superbe parc. Bien sûr, les gens
qui étaient alentour - c'est une ancienne sablière dont
l'opération était terminée - critiquaient beaucoup lorsque
nous allions porter nos cendres de l'incinérateur. On leur demandait
d'être patients, qu'un jour, leur problème serait
réglé et, effectivement, en 1984, ça a été
terminé.
Naturellement, on a un problème présentement, c'est que
personne ne veut, sur notre territoire, qu'on ait des sites. Alors, c'est le
principe du "pas dans ma cour", mais c'est la responsabilité de la CUQ
de rassurer les gens, avec des études d'impact et des audiences
crédibles, qu'il n'y a pas ou peu de problèmes et, s'il y a des
problèmes, qu'on peut amener des mesures de mitlgation pour rendre le
projet acceptable. Alors, présentement, nous envoyons toutes nos cendres
à l'extérieur du territoire, soft à Saint-TIte-des-Caps,
à environ 50 km d'Ici, à l'est, et les gens là-bas, bien
sûr, espèrent qu'on quitte ce secteur dans les plus brefs
délais C'est pour ça qu'hier on rendait public le choix de deux
sites potentiels sur le territoire.
M. Maltais: D'accord. Je ne sais pas s'il me reste du temps, mais
j'ai encore une question. Lorsque vous parlez d'étapes, lorsque vous
consultez, vous faites votre consultation chez vous, à quelle
étape vous impliquez la population? Est-ce que c'est au tout
début du projet ou si c'est en cours de route pour... Vous souhaitez, un
moment donné, que la population puisse faire une rétroaction.
Donc, ça présuppose que vous les mettez dans le bain, la
première journée du projet.
M. Rivard (Michel): On est obligés de réagir en
fonction d'expériences plus ou moins heureuses. Qui aurait pensé,
à titre d'exemple, en 1984, que des gens auraient pu s'objecter à
l'implantation de stations d'épuration dont le but, justement, est de
dépolluer? Alors, s'il y a une activité qui n'aurait même
pas dû faire l'objet d'une étude d'impact ou d'audiences, c'est
l'équipement de dépollution. Alors, à partir de cette
expérience malheureuse où on a dû accéder à
la demande de peut-être un groupuscule d'une trentaine de personnes sur
500 000 qui demandaient l'étude d'Impact, on l'a fait. Bien sûr,
il y a eu l'effet de retarder le projet d'un an et demi. Dans ce
temps-là, avec des taux d'inflation de 5 % par année, sur un
projet de 350 000 000, ça a coûté cher. Mais, on a pris
cette expérience-là, maintenant, qu'on doit aujourd'hui composer
avec des gens de plus en plus soucieux de l'environnement, qui pensent un peu
comme nous.
Alors, aujourd'hui, lorsqu'on commence un projet, immédiatement,
on informe les citoyens du projet. On les Invite à venir nous
rencontrer
à notre commission permanente sur l'environnement, entre autres,
et on les rassure en disant qu'il y aura l'étude d'impact. Dans le
passé, on a eu l'expérience plus ou moins heureuse des stations
d'épuration. Aujourd'hui, avec nos sites d'enfouissement, on annonce
déjà aux gens qu'ils vont être mis dans le processus. On
laisse à la CUQ et ses professionnels le choix d'évaluer, dans un
premier temps, les sites les plus susceptibles de rencontrer nos objectifs. A
partir de ça, on les rend publics et les gens sont invités
à participer dès là.
Le Président (M. Garon): M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Au nom de l'Opposition,
je veux remercier M. Rivard et ses collègues d'être venus, ce
matin, nous faire cette présentation et souligner le fait que c'est la
seule communauté urbaine qui est venue. La Communauté urbaine de
l'Outaouais nous a envoyé un mémoire qui est fort
intéressant. Moi, je regrette que la Communauté urbaine de
Montréal n'ait pas jugé bon de venir ou d'envoyer un
mémoire parce que ce n'est pas l'absence de problèmes
environnementaux dans la région de Montréal qu'on note. Au
contraire, il y en a beaucoup. C'est un reflet de la préoccupation que
vous avez, puis vous devez en être félicité, M. Rivard,
puis vos collègues.
Je pense qu'il y a un point en particulier qui retient mon attention,
c'est la demande que vous faites que le gouvernement mette à la
disposition des municipalités, des communautés urbaines, le BAPE.
Pour ça non plus, on n'a pas eu de mémoire. Je ne pense pas que
quelqu'un nous en ait parlé. C'est assez original. Moi, j'y crois
beaucoup à ça. Je pense que le BAPE pourrait très bien,
à la demande du ministre... L'article 6.3 de la loi permet au ministre
de demander au BAPE toute forme d'enquête et il n'y absolument rien qui
empêche, de par 6.3, le ministre de l'Environnement de demander au BAPE
de se mettre à la dispositon d'une communauté urbaine ou d'une
ville. Je pense que ça devrait être fait beaucoup plus.
Il y a plusieurs projets qui touchent de très près les
municipalités, les grands projets industriels notamment, mais aussi les
projets - mais ça, ça vous touche moins, c'est plutôt vos
collègues de Montréal - d'incinérateur, de centre de tri,
etc. Alors, je pense qu'il va falloir que le gouvernement trouve une
façon d'articuler le travail du BAPE avec les grandes
municipalités et les communautés urbaines. Ce n'est pas l'un ou
l'autre. Je pense qu'il faut se réjouir de votre ouverture à un
travail conjoint avec le BAPE. d'autre part, j'ai un petit peu de
réticences à accepter là... vous avez l'air de dire - je
ne suis pas sûr, je vais vous demander de préciser -pour certaines
juridictions, là, laissez-nous faire le schéma
d'aménagement particulier. c'est vrai que la loi 125 a prévu
ça, mais de ce que je sais de la loi 125, qui est une très bonne
loi, elle n'empêcherait pas - une excellente loi, cette loi-là -
une approche conjointe, si c'étaient les municipalités
concernées qui demandaient aux autorités gouvernementales, encore
là, de mettre le BAPE à leur disposition, par hypothèse.
Dans cette hypothèse-là, c'est quoi votre réaction?
M. Rivard (Michel): Notre position part justement de
l'expérience d'un projet. Lorsque nous avons décidé
d'installer des équipements de dépollution à
l'incinérateur - c'était grand, c'était 40 000 000 $, pour
un incinérateur qui avait coûté peut-être 35 000 000
$ à construire, il y a une quinzaine d'années - on sentait, nous,
qu'il n'y avait personne qui s'objectait. Au contraire, il y avait une
pression. Il y a même un parti d'opposition, dans le temps, à
Québec, qui avait été devant le juge pour ordonner la
fermeture de l'incinérateur. Nous, au contraire, on a dit: On est
capables d'investir pour le régler.
Alors, on dit: Si c'est un automatisme, des projets comme
celui-là, laissez-nous la possibilité lorsque, nous, on sent
qu'il y a unanimité, d'être exemptes de cette procédure.
Là, cette fois-ci, on a investi les 40 000 000 $ sans consultation,
parce qu'on savait que les gens étaient derrière nous. Si
ça avait été un automatisme, on aurait perdu
peut-être un an et plusieurs dizaines, pour ne pas dire des centaines de
milliers de dollars en étude d'impact et en consultations alors qu'on
avait le "feeling" que la population était derrière nous. Alors,
c'est ça l'idée de dire: Laissez-nous juger, laissez-nous la
possibilité de voir si un projet, qui peut affecter l'environnement en
bien ou moins bien, doit être soumis à des audiences publiques ou
si on doit demander le BAPE, et non pas un automatisme. C'est
l'expérience de l'incinérateur qui nous amène à
cette position.
M. Lazure: Je repose ma question autrement. Un cas précis,
disons un grand centre récréo-touristique ou un grand projet
domiciliaire dans votre communauté urbaine; je comprends que c'est
d'abord et avant tout l'affaire de votre communauté, l'affaire des
municipalités. Mais, est-ce que vous ne pensez pas que ça
pourrait être utile de demander l'aide du BAPE dans la tenue des
audiences pour bien évaluer les impacts environnementaux?
M. Rivard (Michel): Nous le ferons certainement. On n'abusera pas
du BAPE, mais, encore une fois, votre clause 6.3... D'ailleurs, c'est la raison
pour laquelle j'ai rencontré le ministre Paradis, pour lui demander,
pour nos sites d'enfouissement, qu'il applique, justement, la clause 6.3 qui
est discrétionnaire. Remarquez bien que le gouvernement pourrait
décider que tous les projets doivent passer par le BAPE - on
va vivre avec - sauf que la nuance que j'amenais, c'était sur les
projets où on sentait que c'était unanime. Ça prend un
grand consensus pour dire qu'on s'exempte. Alors, c'était l'exemple de
l'incinérateur, mais, encore une fois, on a une conscience
environnementale et soyez assurés que les demandes vont se faire
régulièrement pour que le ministre mette le BAPE.
Encore une fois, pourquoi le BAPE? Parce que, quant à moi, c'est
très crédible et ça fait une transparence pour nous. Comme
je vous le dis, on vit encore avec des incertitudes sur l'objectivité
des commissaires lorsque c'est nous qui les choisissons tandis que, quand c'est
le gouvernement, c'est indépendant de nous, c'est plus
crédible.
M. Lazure: Deux petites clarifications. Mon collègue de
Jonquière voudrait prendre une minute ou deux. Le rapport Lacoste, vous
dites: Nous appuyons les orientations, notamment diffuser de l'information,
alléger la procédure, améliorer le contenu des
études d'impact. Est-ce que vous appuyez le rapport Lacoste aussi, quand
il demande d'assujettir les grands projets industriels?
M. Rivard (Michel): D'accord.
M. Lazure: Oui? Bon! Une dernière, les parcs industriels.
Ça rejoint un peu ma question de tantôt. J'imagine que vous
accepteriez volontiers que les parcs industriels, nouveaux ou agrandissements,
soient assujettis à une procédure d'évaluation
d'impact.
M. Rivard (Michel): Oui, on est d'accord avec ça, tous les
collègues sont d'accord. Même s'il n'y a pas des parcs dans les 13
villes de la communauté, les maires qui ont des parcs chez eux ne
s'objecteront sûrement pas, lorsqu'il y aura agrandissement ou
création de parc industriel, à ce qu'H y ait étude
d'impact.
M. Lazure: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Jonquière.
M. Dufour: Comme vous dites que vous voulez garder une certaine
liberté de soumettre ou de ne pas soumettre les projets à des
études d'impact au BAPE, est-ce que vous accepteriez que les groupes
environnementaux qui existent dans la région... Pour fonctionner, ils
n'ont pas beaucoup de moyens à leur disposition. Comment ils peuvent
fonctionner, ces groupes-là, et puis de quelle façon ils
pourraient obtenir des sommes d'argent pour pouvoir fonctionner dans des cas
précis? Ils ne sont pas à égalité, là. Si
vous avez le contrôle de décider puis de soumettre, comment les
gens vont réagir par rapport à différents projets?
M. Rivard (Michel): Je vais être obligé de vous
répondre par un exemple. Encore une fols, je pense que c'est une
première au Québec. Nos stations d'épuration qui ont
été contestées au début, on a été en
audiences publiques et on a offert aux commissaires... Parce qu'on savait que
les gens qui s'objectaient n'avalent pas les ressources financières,
nous avons créé un bureau de vigilance, un comité de
vigilance. On a payé; ça nous coûtait environ 40 000 $
à 50 000 $ par année pour qu'ils aient recours à des
experts pour faire des contre-expertises. On louait le local, les lignes
téléphoniques, le prêt de photocopieuses. Ils ont
participé avec nous, durant toute la construction, à des
réunions hebdomadaires ou mensuelles, selon l'Importance. On ne peut pas
subventionner directement, mais on a mis cela à la disposition des
opposants entre guillemets, des gens qui s'Intéressaient de près,
qui avaient des Inquiétudes lors des audiences. Alors, on l'a fait.
Maintenant, on ne peut pas recevoir tous les groupes et dire: On va vous
subventionner pour que vous veniez nous dire qu'on est dans l'erreur ou non.
Ils peuvent le faire sans qu'on les subventionne. Si je fais une comparaison,
à l'Assemblée nationale, si je ne suis pas satisfait, moi, du
rôle des députés, quand bien môme j'irais vous voir
en haut, je ne peux pas intervenir. Mais, dans le domaine municipal et à
la communauté urbaine, les gens peuvent venir nous poser des questions.
Alors, les groupes environnementaux, les types de Saint-Tite-des-Caps, par
exemple, Attention déchets, qui ne veulent plus nous voir là-bas,
viennent régulièrement à nos assemblées nous poser
des questions et nous presser de donner des échéanciers, à
quel moment on va sortir de là.
Alors, pour des problèmes sérieux, Identifiés,
comme les stations d'épuration des eaux, on a été bien
au-delà de ce qui aurait pu être fait. On a payé environ 40
000 $ pour qu'ils viennent nous surveiller.
M. Dufour: En fait, si je comprends bien, vous demandez à
peu près les mêmes pouvoirs que le gouvernement du Québec
aurait, par exemple, au point de vue de la compétence, parce que vous
demandez le pouvoir de décider de la tenue d'audiences selon la nature
des projets, etc. Mettre à leur disposition...
Quand vous me répondez - je connais un peu l'histoire des
municipalités - que vous me dites que vous avez mis des choses à
la disposition du public en général, moi, je ne pense pas que
ça rassure le public en général. Quand ils sont proches de
nous autres, quand c'est nous autres qui tenons la "plug" là, c'est plus
fort. Ça fait qu'à ce moment-là, moi, je dis: Est-ce que
vous accepteriez de vous soumettre au même processus que partout ailleurs
au Québec? SI vous avez ces pouvoirs-là, II faut que vous ayez
les mêmes contraintes, sans ça on fausse un peu
les règles du jeu, à mon point de vue.
M. Rlvard (Michel): On peut vivre avec ça.
M. Dufour: Vous accepteriez ça? Ça va, merci.
Le Président (M. Garon): Merci. Alors, M. le
président de la Communauté urbaine, tout le monde a
été à môme de constater que vous êtes un
exemple vivant, quand Boileau disait que ce qui se conçoit
clairement...
Des voix: "Ce qui se conçoit bien s'énonce
clairement et les mots pour le dire viennent aisément".
Le Président (M. Garon): Alors, vous avez mis en
application la parole de Boileau. On voit que vos idées sont claires
puisque les mots pour le dire venaient facilement. Je vous remercie. (10 h
45)
Alors, maintenant, nous appelons le représentant de l'Association
des conseillers en environnement, M. Claude Lamothe, et l'invitons à
s'approcher de la table des délibérations en lui disant qu'il a
une demi-heure pour exposer son mémoire, c'est-à-dire,
normalement, 10 minutes pour l'exposé, 10 minutes pour la partie
ministérielle, 10 minutes pour la partie de l'Opposition pour poser des
questions. Alors, M. Lamothe, à vous à parole.
Association des conseillers en environnement du
Québec
M. Lamothe (Claude): M. le Président, messieurs, mesdames
les membres de la commission, je voudrais ouvrir une petite parenthèse
en disant que l'Association des conseillers en environnement du Québec,
dans l'introduction, en avant-propos, on dit que nous sommes 50 membres. Je
voudrais quand même préciser que nous regroupons la plupart des
bureaux d'étude et des experts qui font les études d'Impact.
Évidemment, dans chacun de nos bureaux, nous avons des professionnels;
donc c'est 400 ou 500 professionnels et techniciens de l'environnement qui sont
dans notre association. Évidemment, en tant que conseillers en
environnement du Québec, nos membres réalisent à peu
près 80 % ou 90 % des études d'impact. Alors, c'est avec cette
expérience pratique que nous avons préparé le
mémoire que nous venons vous soumettre ce matin.
En guise de préambule, disons que, nous, nos membres, on a une
espèce d'insatisfaction et on part actuellement des constats suivants.
On pense que la procédure actuelle - parce qu'on travaille avec des
promoteurs, on travaille avec des gens qui réalisent des projets - est
trop longue et trop coûteuse. On pense qu'elle n'est pas équitable
parce qu'il y a des promoteurs et certains projets qui sont assujettis et
d'autres qui ne le sont pas. On pense que, quand un promoteur a à
réaliser un projet, il reçoit un guide et que le guide du MENVIQ
est imprécis. Il y a une lacune dans l'encadrement.
La directive du ministre qui vient nous dire comment faire
l'étude d'impact, on considère qu'elle est souvent trop
théorique et pas assez pratique. Elle ne cible pas toujours les enjeux
majeurs d'un projet. Il y a des demandes qui sont souvent irréalistes,
qui ne relèvent pas de la compétence du promoteur. Je reviendrai
là-dessus plus tard. Donc, le promoteur reçoit une directive qui
est plus ou moins adaptée à la catégorie de projets qui te
concerne.
Les études d'impact sont trop lourdes. Les descriptions
biophysiques dépassent largement les besoins. Nous sommes les bureaux
qui réalisent ces études-là et on déplore qu'on
nous force souvent à faire - ce que nous appelons dans notre
métier - de l'"inventorite" inutile, de la "compilite" inutile. On perd
le public avec des données souvent inutiles.
Également, la participation tardive du public dans la
procédure. Les audiences publiques. Quand on a certains projets et qu'on
va aux audiences publiques, on considère que c'est un lieu d'expression
des oppositions plutôt qu'un lieu d'échanges constructifs. On
pense également - mais là-dessus, on n'insiste pas plus que
ça -que, si on ne fait pas attention, notre procédure peut
être peu concurrentielle par rapport à celle des autres provinces
ou des autres États américains.
Autre lacune, c'est qu'une fois qu'un projet est réalisé,
il n'y a vraiment pas de suivi adéquat. Il y aurait beaucoup de
leçons à tirer avec un suivi adéquat, ce qui n'est pas
fait présentement.
Autre constat, c'est que le rapport Lacoste constitue, pour nous, une
première étape qui vise à dégraisser l'actuelle
procédure. On épouse beaucoup de points de vue là-dessus.
Nos membres ont déjà travaillé là-dessus et il y a
beaucoup de choses à aller tirer du rapport Lacoste avec lequel on est
d'accord.
Alors, je vais maintenant aller dans la deuxième partie de notre
mémoire - vous m'accordez dix minutes - aux recommandations, page 3.
Sans être gage de succès, l'introduction des préoccupations
environnementales dès les premières phases de la planification
d'un projet, constitue la meilleure approche afin d'éviter les
problèmes lors des phases ultérieures. L'action écologique
commence par une bonne planification.
Une des premières recommandations qu'on pense assez importante,
c'est que toutes les politiques, stratégies, plans d'actions
gouvernementales ou autres, qui ont une incidence sur l'environnement au sens
large, fassent d'abord l'objet d'une évaluation environnementale.
Citons, par exemple, la politique énergétique, l'assainissement
des eaux, la politique des transports, la
gestion des déchets, les programmes
d'aménagement faunique, etc. On pourrait en citer plusieurs. Ces choix
de société ne relèvent pas de la compétence de
promoteurs privés.
Je veux revenir là-dessus, c'est que les
débats portent souvent sur la justification d'un projet. On pense que ce
n'est pas aux promoteurs... Ce sont des choix de société. Le
promoteur n'a pas à faire ces choix de société là.
On se sert souvent, actuellement, de la procédure actuelle pour faire
ces débats-là.
La justification générale des projets est un
élément clé de la procédure actuelle. Faute de
choix de société qui fixent le cadre des projets qui en
découlent, c'est au promoteur qu'incombe cette responsabilité.
Les audiences publiques deviennent alors un lieu d'expression pour ceux qui
condamnent l'absence de choix de société.
Concrétiser cette recommandation équivaut
à simplifier de beaucoup la partie de l'étude d'impact
consacrée à la justification du projet et à épurer
les audiences publiques des interventions à caractère
socio-politique.
L'ACEQ recommande la tenue d'un forum pour débattre
des aspects qui précèdent; subsé-quemment - s'il y a lieu,
on pourrait voir - des modifications pourraient être apportées
à la Loi sur la qualité de l'environnement et à ses
règlements pour mieux départager les évaluations
environnementales liées à la justification d'un projet de celles
qui sont liées à sa réalisation même. Ainsi, la loi
pourrait être davantage une loi en amont des projets qu'une loi en aval
des projets.
L'ACEQ recommande que tous les projets soient assujettis
à la procédure d'évaluation des impacts, d'abord par souci
environnemental, ensuite par équité envers les promoteurs.
L'ACEQ reconnaît que ses membres sont souvent les
auteurs - malgré eux - des études d'impact au caractère
encyclopédique qui rebutent à la lecture et qui s'avèrent
rébarbatifs au public. Le point de saturation est atteint, surtout
lorsqu'on considère qu'une faible partie de la masse de données
fournies est réellement utile à la prise de décision.
Cette situation est largement attribuable à la portée et à
l'étendue de la directive ministérielle.
L'ACEQ favorise et recommande donc d'alléger les
études d'Impact. Ces dernières retrouveraient ainsi leur vocation
première en constituant des dossiers de gestion environnementale
plutôt que des dossiers qui s'apparentent davantage à de la
recherche scientifique. Pour ce faire, il est urgent de modifier la
procédure actuelle comme suit, préparer un avis de projet mieux
documenté, un bon devis détaillé, ce qui n'est pas le cas
actuel, l'avis de projet actuel étant trop général;
harmoniser la directive avec l'ampleur du projet et ses principaux enjeux
environnementaux appréhendés; élaborer une directive qui
se concentre sur les enjeux majeurs uniquement. L'idée de soumettre la
directive préliminaire à une consultation publique est
intéressante. Le cas échéant, II faudrait prévoir
un mécanisme qui permette d'atteindre les objectifs visés par
cette consultation et éviter que cette dernière ne prolonge
indûment les délais;
Enfin, éliminer de la directive les demandes
irréalistes ou qui ne relèvent pas de la compétence de
promoteurs privés. Par exempte, mentionnons les demandes relatives
à l'effet de serre et aux risques additionnels pour la santé,
découlant de l'exposition à des rejets divers. Non pas que ces
aspects ne doivent pas être pris en compte, mais ils relèvent du
domaine de la recherche et, conséquemment, ce sont les ministères
concernés qui devraient en assumer la responsabilité.
Ce changement de cap est de nature, non seulement à
alléger les études d'impact mais aussi, à réduire
considérablement les délais de la procédure. Actuellement,
les audiences publiques sont davantage un lieu d'opposition où le
promoteur et souvent la firme de conseillers qui l'assiste sont au banc des
accusés. Ce climat de confrontation est malsain et ne favorise pas la
recherche de solutions acceptables.
L'ACEQ reconnaît que le public n'intervient que
tardivement dans la procédure et voit d'un bon oeil toute modification
à cette dernière qui permette au public de se prononcer plus
tôt. Sa consultation à l'étape de l'élaboration de
la directive est intéressante en ce sens.
L'ACEQ privilégie et recommande qu'un rôle de
médiation soit dévolu au BAPE. Compte tenu des délais et
des coûts liés à la tenue d'audiences publiques, le BAPE
devrait encourager la médiation promoteur-public, sans toutefois
aliéner le droit de ce dernier à des audiences.
Actuellement, l'obtention d'un certificat constitue une fin
en soi, à en juger par le vide total d'efforts consentis au suivi
postaménagement. L'ACEQ recommande prioritairement un suivi des projets
autorisés, d'une part pour évaluer l'efficacité des
mesures correcttves et de mise en valeur proposées dans les
études d'Impact et, d'autre part, dans l'optique de constituer une
banque de mesures efficaces qui seraient mises à la disposition des
promoteurs à l'étape de la planification.
L'ACEQ recommande que toutes les modifications à la
procédure qui ne requièrent aucun changement à la loi et
au règlement doivent être privilégiées à
court terme.
En terminant - J'en al pour deux minutes - il existe un
point majeur qui a été soulevé dans le rapport Lacoste et
qui concerne en particulier les conseillers en environnement. Il s'agit de la
recommandation 19 qui se lit comme suit: Pour améliorer
l'équité de la procédure, "les consultants devraient
clarifier leurs responsabilités dans leur code de déontologie,
pour mieux distinguer les affirmations strictement techniques qu'ils
émettent, des opinions liées à la
décision du promoteur". L'ACEQ - qui regroupe donc la plupart des
bureaux d'étude qui font les études pour les promoteurs - est
particulièrement préoccupée par la perception publique,
souvent négative, de la relation consultant-promoteur. Elle entend y
faire suite prochainement.
En conclusion, l'ACEQ se réjouit des travaux de la commission de
l'aménagement et des équipements de l'Assemblée nationale.
Ils témoignent de la priorité accordée à la
révision de la procédure actuelle.
Notre association souhaite la mise en place rapide d'une
procédure plus flexible et plus efficace, par laquelle la
réalisation d'études d'impact se fera dans un climat de
véritable partenariat, où tous les intervenants - promoteurs,
consultants, fonctionnaires et citoyens -travailleront de concert à la
protection de l'environnement et non pas de façon isolée, dans
une optique de formalités administratives à remplir et souvent,
dans un climat où les frictions Institutionnelles sont
réelles.
Le Président (M. Garon): Alors...
M. Lamothe: Ça termine, M. le Président et MM. les
députés, notre exposé sur notre mémoire. Je ne sais
pas si...
Le Président (M. Garon): Je vous remercie, M. Lamothe.
Vous avez la précision des artilleurs: 10 minutes franches.
M. Lamothe: Oui, M. l'artilleur de Shilo. Je vous salue.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Garon): Mme la députée de
Châteauguay.
Mme Cardinal: Merci. Il me fait plaisir de vous souhaiter la
bienvenue au nom des membres ministériels et je vous remercie d'avoir
participé à cette commission.
Maintenant, dans votre première page, vous mentionnez que la
procédure d'évaluation est non concurrentielle par rapport
à celle des autres provinces ou Etats américains. Pourtant, il y
a plusieurs groupes - et on peut accepter les longueurs - et plusieurs...
Malgré tout, plusieurs commentaires de groupes nous ont laissé
croire que c'était peut-être une des meilleures approches
environnementales actuellement. Alors, comment pouvez-vous concilier ces
commentaires avec votre approche et votre affirmation?
M. Lamothe: Oui. Je voudrais faire remarquer que, dans notre
mémoire, ce n'est pas un point majeur pour nous. On l'a
mentionné. À l'heure actuelle, certains de nos membres vivent
certains projets, surtout en cogénération. Je vous dis qu'on n'a
pas la prétention d'une étude exhaustive de tout ce qui se passe
dans les États limitrophes américains, mais nos membres qui sont
dans la pratique privée, donc qui travaillent pour des promoteurs dans
les autres provinces, certains de nos membres nous font part qu'à
l'heure actuelle, dans certains cas... Ils nous ont fait part récemment
de projets de cogénération où on se posait la question
à savoir si notre procédure ne pouvait pas nous poser un
problème. Mais, j'aimerais quand même dire au nom de la
commission, qu'on n'a pas d'étude exhaustive là-dessus. C'est
vraiment de nos membres qui nous ont fait ces commentaires-là suite
à des projets récents.
Mme Cardinal: II y a toujours place à
l'amélioration, de toute façon, je pense bien.
M. Lamothe: Oui, mais...
Mme Cardinal: Comme vous l'avez si bien mentionné,
d'ailleurs.
M. Lamothe: On n'a pas de dossier à l'ACEQ, d'étude
comparative vraiment qui dirait: Nous, le Québec, par rapport à
l'Ontario, par rapport au Manitoba ou par rapport au Vermont, on se situe
là. Nous n'avons pas ça présentement.
Mme Cardinal: En page 4 de votre mémoire, vous dites
être "les auteurs - malgré vous - des études d'impact au
caractère encyclopédique". Vous êtes quand même des
spécialistes engagés par les promoteurs pour défendre en
quelque sorte leurs intérêts. Est-ce que vous n'êtes pas
bien placés pour convaincre le ministre de la pertinence de tel ou tel
projet qui devrait ou non être retenu? Je pense que vous êtes bien
placé pour le faire. Alors, pouvez-vous expliciter davantage votre
vision?
M. Lamothe: Oui. Je ne sais pas si vous êtes un peu au
courant de la procédure actuelle. Une fois que l'avis de projet d'un
promoteur a été transmis, éventuellement, il y a une
consultation dans les ministères et on émet un guide ou une
directive, selon la nature du projet. Quelquefois, nous avons la chance de
discuter avec les gens du ministère de l'Environnement avant qu'ils
émettent la directive, les conseillers avec le promoteur.
Mais, un moment donné, malgré tout, la directive nous
arrive et, excusez l'expression, si on nous demande d'aller compter les arbres
dans la directive, même si, nous, on a fait notre devoir en tant que
conseillers et qu'on a essayé de convaincre que ce n'était pas
pertinent, à partir du moment où la directive dit: II faut que
vous comptiez les arbres - je prends cette expression un peu caricaturale -
nous, même si on pense que ce n'est pas pertinent, on nous force à
le faire. Alors, on aimerait quand même
qu'à l'avenir on en arrive à des directives qui ciblent
bien ce que sont vraiment les enjeux d'un projet. Malheureusement - vous avez
peut-être déjà vu, madame, c'est quoi un rapport quand
c'est une étude d'impact, surtout l'article 31 - c'est souvent des
briques monumentales, c'est indigeste et on passe à côté,
alors que, si on savait cibler vraiment la directive sur les
préoccupations, on pense qu'on arriverait à l'objet qui est de
faire un projet conforme à la qualité de l'environnement. (11
heures)
Mme Cardinal: Alors, comme spécialiste, ça vous
serait intéressant de tracer de véritables guides
d'évaluation en tant que... votre approche au niveau de
différents projets.
M. Lamothe: On est peut-être 400 ou 500 professionnels et
techniciens, je pense qu'il y a de la matière grise parmi nos membres et
on aimerait ça, certainement, la faire valoir quand... La directive,
excusez l'expression, c'est... Les règles du jeu sont là,
ça définit la patinoire, ça définit les
règles du jeu. Au hockey, je vous fais une passe à
côté de la ligne rouge, bon, etc., les règles du jeu sont
définies. Nous, les consultants, on joue au hockey selon les
règles du jeu. Alors, si on a le droit de faire des "passes" de l'autre
côté de la ligne rouge, on va les faire, vous savez. On joue
les... Bon.
Alors, présentement, les directives, une fois que les promoteurs
les ont, il faut les réaliser.
Mme Cardinal: Vous êtes obligés de les suivre,
autant que faire se peut.
M. Lamothe: Bien, on pense qu'il y a beaucoup
d'améliorations à faire là-dessus.
Mme Cardinal: Sur ça, nous sommes d'accord.
M. Lamothe: ça commence avec l'avis de projet, il faut
qu'il soit bien fait. ensuite, notre directive ou le guide qui suit doit aussi
être bien fait.
Mme Cardinal: Effectivement. En page 4, le rapport Lacoste nous
indique la réalisation des études d'impact. Donc, par votre
travail, on compte environ 65 % des délais d'application dans la
procédure, une évaluation assez... Qu'est-ce que vous en pensez?
Est-ce que...
M. Lamothe: Ouais, nos membres, par expérience, oui.
Mme Cardinal: On pourrait... C'est assez juste?
M. Lamothe: Oui, oui. Ça couperait ça à
quoi? Donc, 32, 33 mois, présentement? Alors, ça couperait
ça... Oui.
Mme Cardinal: On pourrait... dans ce sens-là.
M. Lamothe: Oui, oui.
Mme Cardinal: Vous êtes d'accord avec... Je pense que vous
êtes d'accord également avec l'ensemble des recommandations du
rapport Lacoste. Vous mentionnez, en fait...
M. Lamothe: Oui, on est d'accord avec l'esprit. Notre association
ne s'est jamais prononcée sur chacun de tous les points du rapport
Lacoste...
Mme Cardinal: Mais, en général... M. Lamothe:
En général, oui.
Mme Cardinal: ...le rapport a été bien perçu
par votre organisme?
M. Lamothe: Oui, beaucoup, oui. Mme Cardinal: Merci, M.
Lamothe. M. Lamothe: Merci, madame.
Le Président (M. Garon): M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président et exartilleur. Je salue
M. Lamothe, Claude Lamothe, et le félicite au nom de l'Opposition de sa
présentation. C'est intéressant qu'un groupe qui a une
expérience aussi précieuse et valable vienne la partager avec
nous. Votre mémoire est très clair. Nous, de l'Opposition, on n'a
pas de mal à accepter presque à 100 % les recommandations que
vous faites dans ce mémoire-là.
Vous parlez d'Insatisfaction et, ensuite, vous expliquez pourquoi. Ma
première question: Est-ce que cette insatisfaction assez importante,
vous l'avez déjà exprimée au ministère ou au
ministre avant aujourd'hui, avant cette commission-là?
M. Lamothe: Nos membres, Individuellement, à l'occasion de
projets particuliers pour des promoteurs, l'ont fait. Mais, en tant
qu'association, là... Je ne sais pas si vous vous rendez compte, on
réunit donc... Il a fallu d'abord qu'on fasse le consensus entre nous,
bien certain. Disons que ça a été fait par nos membres,
individuellement, soit au ministre, soit à des... Mais, en tant
qu'association, le faire formellement comme on le fait aujourd'hui, non, c'est
la première fois.
M. Lazure: Est-ce que c'est la première fois que vous
présentez un mémoire comme ça dans une commission
parlementaire?
M. Lamothe: Oui. M. Lazure: Oui?
M. Lamothe: Oui. Notre association est jeune.
M. Lazure: C'est ça, cinq ans?
M. Lamothe: Cinq ans. Notre association est jeune et puis...
M. Lazure: Bon, écoutez, moi, je pense aussi que vos
remarques concernant les choix de société qui ne doivent pas
être justifiés par des entreprises individuelles... D'autres nous
ont parlé de ça aussi et c'est vraiment une chose qu'il faut
corriger. Vous donnez des exemples, que ce soit la politique
énergétique, l'assainissement des eaux, etc. Comment,
d'après vous, ça devrait se tenir, ces grands débats de
société? Quelle sorte de forum, quelle sorte d'animateur?
M. Lamothe: Je vais vous avouer honnêtement que... Je n'ai
pas de solution à vous dire, mais on s'est penchés sur les
conséquences de le faire. Le message qu'on voudrait vous dire, c'est que
la loi actuelle, nous, on appelle ça une loi en aval,
c'est-à-dire que la loi dit: Tu peux faire un projet, mais prouve-moi
que le coup de marteau que tu donnes, tu ne brises pas trop d'oeufs avec. Alors
qu'à partir du moment où la préoccupation gouvernementale
serait déjà véhiculée dans la planification, donc
on serait plus en amont, c'est-à-dire que, dès qu'on pense, c'est
en amont d'un projet. La loi actuelle, si vous la voyez, c'est une loi en aval,
c'est-à-dire qu'on vous permet de faire toutes sortes de choses:
Prouve-moi que tu ne fais pas de dommages.
Je vais vous donner un exemple concret. À partir du moment
où la politique des Transports dit: On fait des autoroutes, bien c'est
évident que - excusez l'expression - le "kit" autoroute amène
nécessairement les impacts qu'on connaît. Donc, ce qui va arriver,
c'est qu'on va travailler en aval pour que l'autouroute X soit la mieux faite
possible. Mais, au préalable, en ayant choisi l'autoroute, je n'ai pas
besoin de faire d'études savantes. C'est qu'au préalable, en
amont, II y a un choix qui va être le "kit" autoroute. Là,
présentement, ce qu'on dit, nous, c'est qu'il faudrait faire ce
débat-là. Vous me demandez: Est-ce que c'est un forum, est-ce que
c'est via...
M. Lazure: Le BAPE.
M. Lamothe: ...le BAPE ou une supercommission parlementaire? Je
ne sais pas, mais on sent qu'il y a un malaise, là.
M. Lazure: Oui, le besoin a été exprimé par
plusieurs depuis trois semaines. Sur le suivi, vous avez un diagnostic assez
sévère aussi.
M. Lamothe: Oui.
M. Lazure: À la page 5, vous dites: "le vide total
d'efforts consentis au suivi postaménagement". Ça aussi,
ça a été déploré par plusieurs. Vous avez
vraiment l'impression qu'il n'y en a quasiment pas de suivi?
M. Lamothe: Pas parce que la loi actuelle ne le permet pas. C'est
vraiment une question d'application. Nous, on considère qu'à part
les promoteurs qui ont les moyens... Je pourrais peut-être citer
Hydro-Québec qui, présentement, dans ses projets, fait du suivi.
Donc, il y a moyen de tirer des leçons de certains projets. Mais le
promoteur, en général, il va faire un projet dans sa vie et
ça s'arrête là. On pourrait tirer beaucoup de leçons
de ça. Présentement, on dirait que - excusez l'expression, en bon
québécois - la "game", c'est d'aller chercher une autorisation,
un permis. Une fois que tu as ton permis, là, tu es rendu au ciel.
Alors, à ce moment-là, il y a un suivi qui n'est pas fait. Donc,
on le déplore, mais ça pourrait être... La loi actuelle, la
procédure actuelle le permettrait. C'est parce que ce n'est pas
appliqué, ce n'est pas systématisé.
M. Lazure: Vous demandez que la directive soit plus
précise, plus pertinente. Vous y faites allusion, mais ce n'est pas
clair. Pensez-vous que ce serait utile, pour la rendre plus claire, plus
pertinente, qu'elle soit soumise au public pour une période bien
déterminée, pas trop longue, qu'elle soit soumise à un
examen public?
M. Lamothe: Oui, on le croit. M. Lazure: Vous le
pensez.
M. Lamothe: On le croit et j'ai vu récemment, je ne sais
pas, on a vu récemment, là, un projet du fédéral
où ça a été mis de l'avant. On croit que oui.
M. Lazure: Un peu dans la même veine, le ciblage dans la
formulation de la directive pour la rendre plus spécifique au projet,
ça rappelle ce dont quelques groupes nous ont parlé: la
méthode qui commence à être utilisée aux
États-Unis, qu'ils appellent la "fast track", la voie rapide où
le promoteur, au départ, a la charge, si vous voulez, la
responsabilité de présenter, pas seulement un avis, mais, en
même temps qu'il dépose son avis, déjà une
étude d'impact, avec, évidemment, le risque qu'il court que ce
soit complètement à côté de la "fast track". Mais,
vous autres, qu'est-ce que vous en pensez de cette voie rapide comme
méthode d'accélérer la procédure?
M. Lamothe: Oui, vous savez, je ne voudrais pas tomber dans la
sémantique industrielle, mais c'est parce que le mot "impact", il faut
toujours faire attention comment on le véhicule. Évidemment,
quand on fait un projet, il n'est pas réalisé, donc c'est des
impacts appréhendés. Il faut avoir une bonne connaissance. Mais,
souvent, le "fast track", nous, on pense qu'il pourrait être, ce qu'on
appelle par les enjeux, c'est-à-dire que, par les enjeux, vous savez...
Je donne un exemple: quand vous faites une autoroute, le nombre de
décibels que ça émet à 100 et à 200 pieds de
l'emprise, c'est toutes des données de base qu'on connaît. C'est
que rapidement, par ce qu'on appelle définir les principaux enjeux d'un
projet - les enjeux, c'est ce qu'on peut gagner ou perdre d'un projet - on
pourrait les sortir rapidement, ce qui n'est pas fait actuellement.
L'impact, vous tombez dans du précis, vous tombez dans de la
comptabilité et vous tombez dans des données. Si je veux mesurer
l'impact de quelque chose, il faut vraiment que j'aille un peu plus pousser.
Alors, c'est une question de vocabulaire. Nous, on le verrait peut-être
plus du côté des enjeux, des grands enjeux. Je vous donne
l'exemple d'une autoroute. On connaît en gros ce qui découle d'une
autoroute en termes d'impact. Je vais vous donner un exemple. Amenez-moi une
autoroute. S'il y a une résidence actuelle qui est à telle
emprise, nos experts vont vous dire: Ouais, lui, il va ramasser 69
décibels. On le sait, ça. Je veux dire, on le sait d'avance.
Donc, ça, c'est ce que j'appelle les enjeux d'un projet. Ensuite, le
mesurer, c'est l'impact, est-ce que c'est 68 qu'il va avoir ou 55? Là,
on tombe vraiment dans l'impact.
M. Lazure: M. le Président, je remercie M. Lamothe.
Le Président (M. Garon): Je vous remercie, M. le
député de La Prairie. Je suspends, pour quelques instants, les
travaux de la commission, le temps que Le Regroupement québécois
des professionnels de l'environnement s'approche de la table des
délibérations puisque son tour est venu.
(Suspension de la séance à 11 h 11)
(Reprise à 11 h 12)
Le Président (M. Garon): Nous reprenons nos travaux, et
j'inviterais M. Paul Benoît, président du Regroupement
québécois des professionnels de l'environnement, à
présenter le groupe qu'il représente et les gens qui
l'accompagnent, en lui disant qu'il a une demi-heure, c'est-à-dire,
normalement, 10 minutes pour son exposé, 10 minutes pour le parti
ministériel et 10 minutes pour le parti de l'Opposition, pour faire
valoir son point de vue. Alors, M. Benoît.
Le Regroupement québécois des
professionnels de l'environnement
M. Ralnville (Marc): M. le Président, Mmes et MM. les
commissaires, je me présente, Marc Ralnvllle, représentant du
Regroupement québécois des professionnels de l'environnement. Je
suis accompagné de Jean-François Bibeau, à ma droite,
Jean-Pierre Joly, à ma gauche, vice-président du Regroupement, et
M. Paul Benoît, président du Regroupement.
Nous vous remercions de nous accorder la parole dans le cadre de cette
commission de l'aménagement et des équipements. L'exercice qui
nous lie a pour but de dresser un profil du rôle des audiences publiques
et de son principal gestionnaire, le BAPE. Vu que la commission a reçu
une copie de notre mémoire, nous soulèverons Ici les points
majeurs de notre document.
Quelques mots d'abord sur notre organisme et ses objectifs. Le RQPE est
un organisme à but non lucratif regroupant des professionnels Issus de
disciplines reliées à l'environnement. Il est présent sur
la scène environnementale depuis maintenant près de cinq ans. De
façon générale, le RQPE vise à faire
reconnaître la formation universitaire professionnelle dans un domaine
lié à l'environnement. De plus, il veut favoriser l'implication
sociale des professionnels en environnement dans une perspective
multidisciplinaire.
Dans le contexte de la présente commission, nous avons
étudié la procédure d'évaluation et d'examen des
impacts sur l'environnement. Nous avons abordé l'évaluation dans
le cadre d'une approche globale découlant du concept de
développement durable. Dans cette perspective, nous croyons qu'il est
essentiel d'accentuer le rôle du BAPE au sein de la démarche
environnementale québécoise. De plus, nous pensons qu'il est
nécessaire d'ajouter à la procédure actuelle
d'évaluation des outils complémentaires de gestion de
l'environnement.
Les audiences publiques sont, à notre avis, un outil essentiel
à la participation publique en matière de développement et
d'environnement. Cet outil précise et souligne les enjeux sociaux
liés aux divers projets de développement, tout en favorisant la
recherche de solutions socialement acceptables.
Le BAPE est un organisme qui a développé une expertise
dans le domaine des audiences à caractère environnemental depuis
plus d'une décennie. C'est un organisme qui a eu et qui conserve un
rôle consultatif de premier plan, et qui permet à tous, sans
aucune discrimination, de s'exprimer face à des enjeux environnementaux.
Il a, de façon générale, permis l'amélioration des
études d'impact environnementales et éduqué à la
fois les intervenants et les promoteurs de projets à l'importance de la
conjonction entre le
développement et l'environnement.
C'est pourquoi nous croyons qu'il est nécessaire de rendre le
BAPE plus autonome en le mettant directement sous la gouverne du Conseil des
ministres. Le BAPE serait alors Indépendant de tous les
ministères et conserverait une position de neutralité
interministérielle essentielle à la réalisation de son
mandat élargi d'évaluation environnementale. De plus, il serait
utile de lui adjoindre l'aide d'un comité ad hoc, consultatif,
composé d'intervenants des divers milieux liés aux enjeux des
projets. Ce comité lui permettrait de mieux cerner les incidences des
nouveaux projets, de définir des règles claires en matière
de mitigation environnementale et d'estimer les délais de
procédure en relation avec ('ampleur des projets et des programmes
soumis.
Le BAPE doit aussi devenir plus autonome en ce qui a trait à la
sélection des projets litigieux non assujettis aux règlements,
des programmes de gestion des ressources et des plans de gestion
intégrée des déchets. Notons que, dans le cas de ces
derniers, leur soumission répond à une demande sociale de plus en
plus criante. Pour sa part, l'efficacité du BAPE serait
améliorée de façon générale par la
réduction des délais préaudiences, sauf dans le cas de
projets et programmes majeurs auxquels la procédure devra adapter des
délais plus souples selon l'ampleur des enjeux pour des projets ou des
programmes de niveaux national, régional ou local.
L'élargissement du rôle du BAPE passe aussi par la
possibilité de réactiver des audiences pour des projets
acceptés mais ayant subi des modifications majeures postérieures
aux audiences. Par ailleurs, le suivi environnemental lors de la
réalisation des projets, bien qu'effectué par le MENVIQ, devra
être soumis au BAPE en vue de vérification finale. Le travail
d'évaluation environnementale doit être intégré
dès les premières phases de conception des projets et des
opérations. En ce sens, il nous apparaît très prometteur
d'inclure aux études d'impact un bilan des activités de
production et/ou de transformation ayant des incidences environnementales et
des mesures de contrôle. Cette prise en compte des aspects
environnementaux à la source limiterait sans doute un certain nombre de
conflits lors des audiences.
Par ailleurs, l'Instauration d'un programme de suivi des normes et
directives environnementales lors de la réalisation des travaux
compléterait la prise en compte des volets environnementaux au sein
même des activités à caractère économique du
promoteur. La mise sur pied de systèmes de gestion plus
écologiques des entreprises à l'image de ce qui se
développe en Europe, notamment à l'image du modèle des
modules de Winter traitant des divers aspects de la gestion des
opérations, de la formation des employés, de la santé et
sécurité, etc., cons- tituera un apport majeur à une
meilleure intégration du développement social et
économique et de l'environnement.
Finalement, l'implantation d'incitatifs économiques dont la
célèbre taxe verte pourra favoriser, dans un avenir prochain, la
réduction des impacts environnementaux à la source. Soulignons
que la taxe verte est actuellement à l'étude, notamment en ce qui
concerne les secteurs de l'automobile et de l'agro-alimentaire.
Le BAPE est un organisme essentiel à la réalisation du
développement durable, tel que défini par le rapport Brundtland.
Les débats autour de projets tels Soligaz et Grande-Baleine ne doivent
pas nous faire oublier l'importance des aspects environnementaux dans une
perspective où on désire réellement prendre en compte les
intérêts des générations futures. Cette vision du
développement durable implique qu'un organisme comme le BAPE puisse
croître de façon à répondre à une demande
sociale, de plus en plus grande, d'intégration entre les
considérations propres au développement et celles liées
à l'environnement.
En terminant, nous voulons vous remercier de nous avoir
écoutés. Mes collègues et moi serons heureux de
répondre à vos questions. Merci.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Nicolet.
M. Richard: Merci, M. Rainville, au nom de votre groupe, de la
présentation de votre mémoire. Je m'interroge, a la page 3, quand
vous dites: "Notre organisme, dont les membres sont issus de disciplines
diverses, oeuvre à la promotion de la multidisciplinarité" -
multidisciplinaire, je présume? C'est quoi? C'est qui?
M. Rainville: Le RQPE regroupe des membres de formation
universitaire de deuxième cycle, principalement. Quelques membres sont
issus du premier cycle, avec de nombreuses années d'expérience.
On n'a aucun technicien membre. Il n'y a aucune possibilité pour les
techniciens d'être membres du RQPE. Ce sont vraiment des personnes ayant
des diplômes de niveau supérieur.
M. Richard: Mais, ça veut dire quoi en nombre?
M. Rainville: En nombre, ça représente actuellement
environ 75 à 100 personnes.
M. Richard: Ça va. Maintenant, je fais
référence à la page 7 de votre mémoire où
vous parlez en fonction... le BAPE, au niveau de la population. Est-ce qu'elle
devrait intervenir? Quelle serait la meilleure mécanique? Est-ce qu'elle
devrait intervenir dès l'élaboration de la directive
gouvernementale?
M. Bibeault (Jean-François): La population. En fait, si on
prend l'image du "scoping" qui est utilisé aux États-Unis,
dès les premières étapes de l'évaluation
environnementale, on va faire intervenir des gens de la population, de
différents groupes, qui vont aider à délimiter, justement,
les enjeux sociaux à partir desquels les promoteurs pourront mieux
guider leur étude d'évaluation environnementale. Donc, c'est
vraiment à ce niveau-là ou, en tout cas, de cette
façon-là qu'on pense qu'on devrait intégrer la population
dans un premier temps.
M. Richard: Qui va sélectionner les groupes?
M. Bibeautt: II est évident qu'il y a toute une
mécanique. Il y a d'abord la considération du type de projet. Si
on s'intéresse, par exemple, à un projet d'incinérateur,
il y a des groupes environnementaux qui ont plutôt ciblé des
problématiques, donc on ira nécessairement voir ces types de
groupes là. On ira aussi dans le milieu universitaire. Il y a des gens
qui font de la recherche sur des thématiques, dont celle-là. On
ira chercher les gens qui ont des formations ou des préoccupations
particulièrement ciblées sur les problématiques qui seront
soumises.
M. Richard: Quand vous dites: On ira les chercher, qui ça,
"on" ira les chercher?
M. Bibeautt: Ça, ça devrait être possiblement
des personnes qui travaillent à l'intérieur du BAPE
même.
M. Richard: Ça m'amène à faire une
référence à la page 20 de votre mémoire où
vous semblez d'accord avec la régionalisation.
M. Bibeautt: Oui.
M. Richard: La régionalisation du processus
d'évaluation.
M. Bibeault: Oui.
M. Richard: Est-ce que vous dites, à ce moment-là,
que les audiences publiques devraient être limitées aux dossiers
régionaux et dans les régions spécifiques?
M. Bibeautt: Non. Parmi les dossiers que le BAPE doit traiter, il
y a trois niveaux de dossiers. Il y a les dossiers locaux; on pourrait penser
à un exemple comme un projet de marina. Il y a les dossiers à
caractère régional, comme la gestion intégrée des
déchets. On en parle un petit peu, un petit peu avant dans le
mémoire. Il y a les dossiers à caractère provincial; on va
parler de programmes, par exemple, d'aménagement des forêts ou
d'un type de programme comme la gestion de déchets dangereux. Dans
chaque cas, quand on parle des... Quand je parlais de la sélection du
BAPE, c'est de façon générale. Le BAPE, à
l'Intérieur des processus de sélection, va être
présent à tous les niveaux sauf que, par exemple, au niveau
régional, il est bien évident que les élus
régionaux devraient avoir leur mot à dire sur les personnes
à qui on devrait demander leur avis en ce qui a trait à
l'étape du "scoping". Ça, c'est évident que le BAPE n'est
pas tout seul. Il y a un travail d'Intégration graduelle du BAPE au
milieu: plus le projet est petit, plus l'Intégration au milieu va
être grande.
M. Richard: Vous semblez dire que le BAPE aurait comme rôle
non seulement d'auditionner ou d'entendre les gens qui veulent se faire
entendre, mais, en parallèle ou en complémentarité, qu'il
aurait le mandat d'aller demander des expertises et de les solliciter, les
expertises.
M. Bibeault: Oui. Encore là, c'est dans le cadre du
"scoping". Donc, on est à l'étape avant les audiences où
on délimite les enjeux pour le promoteur.
M. Richard: Je m'excuse. Quand tu parles de "scoping", tu veux
dire quoi?
M. Bibeautt: O. K. Aux États-Unis, ce qu'on fait, en
pratique, c'est qu'on invite les différents intervenants qu'on a
ciblés. On les invite dans une salle comme ici puis on leur demande,
d'après eux, à partir des avis d'avant-projets, quels seraient
les enjeux majeurs qui vont les préoccuper. Dans le cas d'un
Incinérateur, par exemple, les gens peuvent dire Immédiatement:
Bien, nous, c'est les dioxines et les furannes qui sont émis par
l'Incinérateur qui nous préoccupent en grande majorité.
Donc, à partir de ça, le promoteur saura cibler son
évaluation environnementale de façon à répondre
beaucoup mieux à la demande sociale.
M. Richard: O. K. De quelle façon vous voyez l'aide qu'on
pourrait apporter à des groupes qui voudraient se manifester ou donner
leur opinion?
M. Benoit (Paul): II est évident que, selon l'ampleur des
programmes ou des projets, l'aide apportée doit être
différente. Nous, on a essayé de vérifier un certain
nombre d'alternatives à l'interne. On n'a pas vraiment réussi
à trouver la solution miracle, mais ce qu'on pense peut-être,
c'est que ça pourrait être un genre de programme où...
Les intervenants se plaignent souvent du manque de ressources. Alors, ce
qu'on pourrait peut-être faire à ce moment-là, c'est de
déterminer une enveloppe budgétaire, si on peut appeler ça
comme ça, pour un projet donné ou un programme donné,
recueillir les Intentions de
participation et subvenir à un besoin minimal au départ.
Nous, on disait que peut-être un quart ou un tiers d'un budget pourrait
être aléatoirement donné au début, de façon
à couvrir les frais inhérents à la rédaction du
rapport pour les gens qui veulent participer; le reste, un montant qui serait
les deux tiers ou les trois quarts, à la fin, lors du dépôt
final, de façon à effectivement permettre aux gens ou à
forcer les gens à soumettre les rapports finaux.
M. Richard: Au niveau des ressources, tout à l'heure - je
ne sais pas si vous étiez là, à ce moment-là - la
Communauté urbaine de Québec nous disait que, dans un dossier
particulier, elle avait mis au service des gens du milieu des ressources
techniques de base: locaux, téléphonie, photocopieurs et tout
ça. C'est quand même l'élément de base dont tout le
monde a besoin a priori. Est-ce que ça, ça vous plaît,
cette idée-là que...
M. Benoit (Paul): Personnellement...
M. Richard: ...déjà, au départ, il y ait ce
genre d'aide du promoteur? Dans ce cas-là, le promoteur, c'était
effectivement le monde municipal, la Communauté urbaine.
M. Benoît (Paul): Ça peut peut-être être
un petit peu limitatif si les enjeux sont plus importants. Au niveau d'un
projet local, ça peut avoir un certain Intérêt de mettre
des installations de cet ordre à la disponibilité des gens. Mais,
si on parle de programmes ou de projets régionaux ou provinciaux,
à ce moment-là, ça devient un petit peu plus
sélectif, ce genre d'approche là. Les gens devraient se
présenter à un endroit donné pour pouvoir avoir le support
nécessaire. Si, dans leur localité ou près de chez eux,
ils sont capables de l'avoir, s'ils ont les ressources financières,
à ce moment-là ça faciliterait beaucoup plus la
participation des gens, je pense.
M. Richard: Dépendamment de l'ampleur du projet.
M. Benoit (Paul): Dépendamment de l'ampleur du projet.
Exactement.
M. Richard: Je terminerai, M. le Président, avec cette
question-ci. En confiant la responsabilité au BAPE... Dans votre
document, en référence à la page 14, vous dites et, en
fait, assez clairement, que vous donneriez la responsabilité au BAPE de
choisir les projets sur lesquels II aura à décider ou à
porter un jugement. Vous ne pensez pas qu'à ce moment-là vous les
mettez un peu juge et partie parce que, en fait, dès l'instant où
le BAPE choisit un projet, ça sous-tend directement que le BAPE
identifie le projet à caractère litigieux ou II a l'obligation,
c'est donc qu'il a des doutes à l'effet que ce projet-là soit
vraiment protecteur de l'environnement. Vous ne pensez pas qu'à un
moment donné ça... Ce n'est pas le cas à date, c'est pas
comme ça que ça fonctionne à date.
M. Bibeault: Non. O.K.
M. Richard: Est-ce que ma question est claire?
M. Bibeault: Oui, oui. Premier élément, c'est
ça. Tout d'abord, il est évident qu'on est pour une liste
d'assujettissement obligatoire. Dans ce cas-là, il n'y a pas de
problème. Dans le cas des autres projets, il est évident qu'un
avis, par exemple, du ministère de l'Environnement ou du ministre de
l'Environnement au BAPE concernant un projet serait sûrement
considéré comme avis prioritaire à considérer dans
l'assujettissement d'un projet. Je pense que ce qui est important de noter,
c'est de ne pas nécessairement avoir une liste de non-assujettissement.
C'est qu'il y a des types de projets, justement, les projets-milieux ou les
nouveaux types de développement qui peuvent être en cours - on
pense à des projets à caractère de recherche
biotechnologique qui pourraient avoir des incidences importantes pour le milieu
- qui sont difficilement classifiables. Donc, on doit laisser une certaine
latitude.
Nous pensons que le BAPE, qui pourrait être conseillé par
le ministère de l'Environnement et qui pourrait aussi être
conseillé par un comité ad hoc qu'on définit sommairement
dans notre rapport, pourrait prendre une décision quant à
l'assujettissement du projet.
M. Richard: Mais à cette recommandation 5, vous êtes
beaucoup plus précis que ça. Toi, tu as fait un peu de politique,
parce que, là, tu es moins précis. Dans le document, c'est: "Que
le BAPE soit maître d'oeuvre dans le choix des projets à
assujettir à la procédure d'audiences".
M. Bibeault: Oui, oui.
M. Richard: II n'y a aucune latitude là. C'est le BAPE qui
déciderait les projets qui pourraient être assujettis à la
procédure d'audiences publiques.
M. Bibeault: C'est qu'on reconnaît que le BAPE aurait le
rôle, vraiment, de maître d'oeuvre. Mais, comme tout maître
d'oeuvre, le maître d'oeuvre reçoit aussi des inputs d'autres
instances, d'autres ministres ou d'autres ministères. Le BAPE n'est
quand même pas en vase clos. Il faut bien comprendre qu'il y a un
processus dynamique de relation entre le BAPE et l'extérieur.
M. Richard: Mon questionnement n'était pas qu'il soit
maître d'oeuvre...
Le Président (M. Garon): Je vous remercie.
Le temps étant dévolu...
M. Richard:... c'est qu'il ait le choix.
Le Président (M. Garon): Le temps dévolu
étant écoulé...
M. Richard: Merci, monsieur.
Le Président (M. Garon):... je donnerai la parole au
député de La Prairie, en invitant les membres de la commission
à éviter d'employer des formules familières et à
plutôt utiliser le vouvoiement, selon les règles de notre
règlement. M. le député de La Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Je veux, au nom de
l'Opposition, remercier M. Benoît et ses collègues pour leur
présentation. C'est un groupe qui est jeune - cinq ans vous disiez? -
formé surtout de jeunes. Vous êtes, pour certains d'entre vous,
des consultants et d'autres, dans des ministères, je suppose?
M. Benoit (Paul): Les membres sont issus effectivement soit du
ministère ou des ministères, de groupes de consultation, de
groupes de recherche universitaire, de groupes d'enseignement. Môme, on
peut se vanter d'avoir le mérite d'avoir un avocat parmi les membres,
dont la spécialité est en environnement, évidemment. Pour
nous, c'est quand même important de démontrer que la
multidisciplinarité ou l'aspect multidisciplinaire est effectivement
ancré dans nos moeurs en ayant la chance d'avoir des gens de tous les
milieux qui sont axés sur l'environnement.
M. Lazure: Quelle est la discipline où il y a le plus de
membres, biologistes ou...
M. Benoit (Paul): Je vous dirais que c'est la biologie et des
programmes généraux. Surtout, il y a beaucoup de membres qui sont
issus de la maîtrise en sciences de l'environnement de
l'Université du Québec à Montréal. Donc, ça
leur permet d'être axés sur différentes disciplines
à ce moment-là, tout en étant assez
généraux.
M. Lazure: Bon. Je veux m'arrêter un peu sur les
réflexions que vous faites sur la nature du BAPE, son rôle, ses
juridictions. Dans votre résumé, à la recommandation no 2,
vous dites: "Que le BAPE ne dépende plus du ministère de
l'Environnement du Québec, mais seulement du Conseil des ministres. " Il
y a quelque chose qui sous-tend cette recommandation-là. Moi, ce qui
m'intéresse, ce n'est pas la recommandation, c'est ce qui sous-tend la
recommandation. D'abord, je pense que ce n'est pas tout à fait
réaliste. Moi, je ne connais pas de précédent où un
organisme gouvernemental ne répond pas à un ministre. Il faut que
ça réponde à un ministre parce que lui doit
répondre ensuite à l'Assemblée nationale. Je comprends ce
que vous voulez dire, mais j'aimerais comprendre un peu mieux pourquoi vous
arrivez à une telle recommandation.
M. Benoit (Paul): Nous, on croit que le fait d'être
assujettis à un ministre, justement, peut parfois sembler aplanir
l'aspect de neutralité du BAPE. À l'occasion où le
ministère de l'Environnement pourrait être appelé à
promouvoir des programmes - justement, parce que, nous, on veut inclure dans la
procédure les programmes provinciaux; on pourrait penser, par exemple,
au Programme d'assainissement des eaux qui a été
présenté, qui a été accepté et qui a
été déposé - ces programmes-là pourraient,
à la limite, faire partie du secteur de juridiction du BAPE. Alors, si
le ministère est maître d'oeuvre ou promeut ce genre de programme
là, II y a comme une espèce de dilemme entre le fait qu'on veut
promouvoir le programme et essayer de le faire passer sous audience
publique.
M. Lazure: Oui, mais c'est le Conseil des ministres qui a
approuvé le programme, donc ça devient le programme du Conseil
des ministres aussi.
M. Benoit (Paul): Oui, effectivement, mais, à la limite,
on peut se retrouver dans une espèce de cul-de-sac, c'est sûr.
M. Lazure: Oui. Mais vous la faites dans l'optique d'une plus
grande neutralité, d'une plus grande objectivité.
M. Benoit (Paul): Exactement, exactement.
M. Lazure: bon. dans le moment, vous le savez, le fonctionnement
quotidien, d'accord, c'est de la juridiction du ministre de l'environnement,
mais la décision finale, quand le bape fait un rapport, c'est le conseil
des ministres qui la prend.
M. Benoit (Paul): Exactement.
M. Lazure: Toujours dans l'optique d'une plus grande
objectivité, crédibilité, on a eu des groupes qui nous ont
proposé que le président ou la présidente du BAPE soit
nommé par l'Assemblée nationale au vote des deux tiers des
députés. Qu'est-ce que vous pensez de cette
suggestion-là?
M. Bibeault: A priori, ça semble quand même assez
intéressant parce qu'on aurait, justement, l'aval directement de
l'Assemblée nationale. Je pense que c'est une mesure qu'il faudrait
envisager, II y en a peut-être d'autres aussi, d'autres règles
aussi qu'on devrait évaluer. Parce que le problème, c'est qu'il
ne faut pas, non plus, que la nomination devienne à caractère
trop politique. Est-ce que, du point de vue de la population, une
nomination qui viendrait de l'Assemblée nationale serait bien
perçue? Je ne le sais pas. Je pense qu'il faut s'asseoir et regarder, II
y a différentes formules.
M. Lazure: Dans l'hypothèse qui est émise, c'est
que c'est supposé être bien perçu quand c'est nommé
par les deux tiers des députés de tous les partis plutôt
que d'être nommé seulement par le Conseil des ministres sur
recommandation d'un ministre. Comprenez-vous?
M. Bibeault: C'est un compromis quand même
intéressant, là, mais c'est ça, je pense qu'il faut
regarder, II y a peut-être d'autres règles aussi.
M. Lazure: En avez-vous à...
M. Bibeault: Non, pas pour l'instant.
M. Lazure: Non. D'accord. Je note que vous parlez aussi des
lacunes dans le suivi des projets, avec raison, d'autres groupes l'ont fait et
je pense bien que c'est une piste qu'on va explorer dans le rapport final. Je
pense qu'il y a beaucoup, beaucoup à faire pour non seulement
améliorer le suivi, mais s'assurer que ce qui a été
décidé dans l'autorisation soit vraiment mis en vigueur par le
promoteur, par l'entreprise et s'assurer aussi qu'il n'y a pas eu des
changements importants sans que ce soit rapporté au
ministère.
Vous rejoignez aussi la CUQ qui a passé juste avant vous, la
Communauté urbaine de Québec, qui propose à bon droit de
faire des audiences conjointes, pour ainsi dire, entre les communautés
urbaines et le BAPE. Bon, pour la gestion de déchets, c'en est une
question qui pourrait très bien être faite conjointement. Est-ce
que vous en voyez d'autres?
M. Benoit (Paul): Oui, il y aurait peut-être au niveau
du... On pourrait plus parler, à ce moment-là, de programmes
à tendance un peu plus régionale, par exemple. Tout à
l'heure, la CUQ amenait le problème d'aménagement du territoire
sur son secteur. À ce moment-là, il y aurait peut-être
moyen, dans un contexte où l'aménagement du territoire est pris
en compte de façon globale pour la province, de faire une audience
conjointe pour le problème de la CUQ, par exemple.
M. Lazure: Merci.
M. Benoit (Paul): De rien.
M. Lazure: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Garon): Je remercie les
représentants du Regroupement québécois des professionnels
de l'environnement de leur contribution, de leur apport aux travaux de la
commission. Je suspends les travaux quelques instants pour donner le temps au
Parti vert de s'approcher et de se préparer pour son intervention.
(Suspension de la séance à 11 h 39)
(Reprise à 11 h 43)
Le Président (M. Garon): M. Jean Ouimet,
représentant du Parti vert, en nous assurant que vos appareils
n'émettent pas des champs magnétiques qui peuvent nuire à
notre santé...
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Garon): ...parce qu'on sait que
l'électricité développe des champs magnétiques et
qu'il y a beaucoup de recherches qui se font aux Etats-Unis sur les effets de
ces champs magnétiques.
Avez-vous remarqué que les gens de la commission, il y en a
plusieurs qui ont un certain âge et que leur vue est peut-être
moins forte que vous ne le supposez? Ça ne veut pas dire qu'ils ne
voient pas clair, mais...
Une voix: Ils ont bien de la misère à lire.
Une voix: Bien non, à notre âge, on est presbyte et
non pas myope.
Le Président (M. Garon): Là, je vois.
M. Ouimet (Jean): Est-ce que ça va? C'est lisible?
Une voix: Oui, oui, très bien. Parti vert
M. Ouimet: Bien. Merci d'avoir permis au Parti vert de venir
présenter sa vision sur la procédure d'évaluation des
impacts sur l'environnement. Je tiens à dire bonjour à M. le
Président et aux membres de la commission.
D'abord, le Parti vert a voulu faire une présentation qui soit
plutôt sur le thème "Penser globalement, agir localement", et
essayer de remettre un peu, de regarder cette procédure-là de
façon plus globale.
Le Président (M. Garon): Je veux seulement vous dire, M.
Ouimet, j'ai oublié de vous le dire...
M. Ouimet: Oui.
Le Président (M. Garon): Vous avez une demi-heure,
c'est-à-dire normalement 10 minutes
pour exposer votre mémoire, 10 minutes pour le Parti
libéral et 10 minutes pour le Parti québécois.
M. Ouimet: D'accord, monsieur.
Le Président (M. Garon): Parce qu'on doit ajourner nos
travaux...
M. Ouimet: M. le Président, on va respecter le temps.
D'abord, c'est de constater...
Une voix: Dix minutes pour les trois partis. Des voix: Ha,
ha, ha!
Une voix: Dix minutes pour les trois partis, dix minutes pour
nous et dix minutes par parti.
M. Ouimet: D'abord, c'est de constater...
Le Président (M. Garon): Je rappelle au sérieux les
membres de la commission.
M. Ouimet: D'abord, c'est de constater l'appauvrissement social
et écologique du Québec qui exige d'agir maintenant. Je pense
qu'on constate quand même que, pendant trop longtemps, on a simplement
évalué l'impact économique d'un projet de
développement et qu'on a négligé les autres aspects.
Alors, le projet était rentable si l'impact économique
était positif. Maintenant, on peut se poser la question, à
savoir: Cette croissance-là sans arrêt, ça a
été possible, mais à quel prix? Alors, pour nous,
ça a été fait au détriment des richesses humaines
et des richesses naturelles, comme l'a constaté le Club de Rome il y a
déjà près de 18 ans et encore récemment la
commission Brundtland. D'ailleurs, la commission Charbonneau nous a permis de
savoir l'état de la situation des déchets dangereux, qui est un
peu une retombée également de notre développement
économique. C'est le prix qu'on a dû payer. Alors, notre vision,
c'est de faire en sorte que cette procédure-là s'inscrive dans le
cadre du développement viable et sécuritaire.
Rapidement, je rappellerai la définition que la commission
Brundtland nous donnait du développement viable, à savoir que
c'est un processus de changement dans lequel l'exploitation des ressources,
l'orientation des investissements et le changement des institutions sont
déterminés en fonction des besoins tant actuels qu'à
venir. Également, il faut voir que le développement viable, c'est
lié à une amélioration de la qualité de vie, de
faire en sorte que les générations présentes et les
générations futures vont pouvoir avoir une qualité de vie
qui repose sur une préservation du patrimoine. Il va falloir qu'on
apprenne à faire plus avec moins.
Pour évaluer, justement, l'impact environnemental d'un projet,
selon nous, il faut con- sidérer trois types de richesses d'une
société, à savoir les richesses humaines, naturelles et
artificielles. Alors, traditionnellement, on évaluait les richesses
d'une société selon le PNB, c'est-à-dire selon le produit
national brut, qui nous permettait d'évaluer s'il y avait une croissance
ou non et on obtenait une croissance linéaire, bon an, mal an, à
travers les années, depuis la Seconde Guerre. C'est ce qu'on a
observé dans les pays industrialisés.
Maintenant, nous, on veut étendre cette notion-là de
richesses de la société de façon à
considérer les richesses artificielles, qu'on mesure avec le PNB, et
également les richesses humaines et les richesses naturelles. Alors,
pour les richesses artificielles, on va considérer l'ensemble des biens
et des facteurs de production, donc l'aspect artificiel créé par
l'être humain, alors qu'au niveau des richesses humaines, ça va
être l'ensemble des êtres humains avec tout leur bagage culturel.
Pour les richesses naturelles, alors, là, ça va être
d'évaluer les différentes atmosphère, hydrosphère,
lithosphère, biosphère, de même que l'énergie.
Alors, c'est un peu une façon d'avoir des Indicateurs pour
évaluer ces richesses-là, qui sont des éléments
qu'il faut considérer quand on évalue l'Impact d'un projet pour
le développement d'une société. Alors, c'est de faire en
sorte que l'Impact économique d'un projet, ce soit une des dimensions
à considérer, qui correspond à ce qu'on prend
traditionnellement pour la croissance du PNB. Mais il y a également
l'impact humain d'un projet qui, lui, doit aller dans le sens de l'augmentation
de la qualité de vie, de même que l'impact écologique qui,
lui, doit aller dans le sens d'une augmentation de la qualité de
l'environnement. Alors, lorsqu'on parle de l'Impact global d'un projet,
ça doit se faire selon ces trois axes-là, ces trois types de
richesses là qui nous permettent d'assurer un développement
viable.
Donc, un développement viable, c'est un développement qui
va être harmonieux et qui va se faire selon ces trois axes-là,
pour nous permettre d'avoir vraiment un enrichissement collectif, et c'est ce
qui a souvent été négligé. Alors, ce qu'on a
obtenu, malheureusement trop souvent, ça a été un
développement non viable des richesses qui a fait qu'on s'est mis,
à un moment donné, à se développer plus dans le
sens des richesses artificielles de notre société. On a accru
notre PNB, mais, comme on peut le voir, on a diminué nos richesses
naturelles et nos richesses humaines. Alors, c'est ce constat-là
d'appauvrissement social et écologique qui est l'état de la
situation actuellement et qu'il faut questionner lorsqu'on parie de
procédure d'évaluation, donc d'avoir une vision plus globale.
Alors, lorsqu'on va donc évaluer la viabilité d'un projet,
ça devrait se faire selon les trois types de richesses que je viens de
présenter et ça devrait aussi reposer sur un ensemble de
contraintes à respecter. Alors, on peut penser au
fait de ne pas dépasser le seuil de renouvellement d'une richesse
renouvelable. On volt le problème au niveau des pêcheries ou de
l'industrie forestière: il y a des seuils qui n'ont pas
été compris et qui ont été dépassés
et on voit ce que ça donne pour les gens qui vivent en Gaspésie.
On peut penser aussi à ne pas dépasser le seuil de recyclage
naturel d'un déchet ou d'un rejet. Naturellement, la nature recycle des
déchets, mais, quand on en rejette trop, bien, c'est là qu'on
parie de pollution, lorsqu'il y a une accumulation dans la nature.
Également, ne pas rejeter des produits qui sont non recyclables par la
nature. Hier encore, on pariait au niveau des Grands Lacs; II faut parier,
à ce moment-là, de ne pas rejeter des produits non
biodégradables dans les Grands Lacs; c'est dans cette
perspective-là qu'on peut évaluer la viabilité d'un
développement. Également, ne pas rejeter des produits qui
menacent la vie de l'être humain. On découvre que le
problème des furannes, des différents produits qui sont dans
notre environnement, menace la santé de l'être humain et on ne
peut pas se permettre de continuer à rejeter ça. De la même
façon, on ne peut pas aussi menacer de détruire une espèce
vivante ou une culture. Hydro-Québec a compris ça et a
modifié son projet de Grande-Baleine pour faire en sorte de ne pas
toucher les phoques qui vivent en eau douce dans le Nord du Québec, donc
elle réduit, augmente la viabilité, si on veut, de son projet,
quoique ce soit toujours questionnable.
Alors, donc, on obtient un espace de viabilité d'un
projet et, quand on parie de procédure d'évaluation des impacts
sur l'environnement, il faut voir quelle est la viabilité du projet et
ça doit être défini par un ensemble de contraintes qu'on
doit nécessairement rencontrer. Alors, un projet sera non viable s'il ne
rencontre pas ces contralntes-là et viable lorsqu'il les rencontre,
c'est-à-dire qu'à l'intérieur de cet espace de
viabilité on a des projets qui sont viables. Alors, ce qu'on propose,
nous, c'est de considérer, donc, les impacts d'un projet sur ces trois
types de richesses de façon à améliorer la qualité
de vie des Québécois et à prévenir plutôt que
guérir.
Alors, les organismes d'évaluation des impacts sur
l'environnement, on en retrouve deux. On devrait avoir les conseils de
l'environnement et le BAPE. Alors, les conseils de l'environnement, selon nous,
auraient le mandat, tant au niveau québécois que régional,
parce qu'il y a déjà des conseils régionaux de
l'environnement, d'Informer et d'éduquer la population et les
gouvernements sur la situation écologique présente, donc de faire
un genre de suivi, entre autres, de ce que la commission Charbonneau a
commencé à faire sur la situation des déchets dangereux,
pour pouvoir mettre ça à jour et faire en sorte que la population
soit au courant de l'état des déchets dangereux actuellement, en
1991, au québec, sinon ça va être dépassé,
ça va dater de 5, 10 ans. ce serait important d'avoir un suivi
là-dessus; d'évaluer les impacts des programmes et des politiques
des gouvernements, comme le recommande le rapport lacoste, mais nous, on
affecterait ça à des conseils régionaux ou au conseil
québécois de l'environnement; d'assurer la médiation
environnementale; de déterminer la directive pour les études
d'impact d'un projet. selon nous, les conseils de l'environnement, commissions
composées de représentants, d'intervenants dans le milieu, de la
société, qui sont intéressés par la
problématique environnementale, c'est eux qui sont le plus à
même de pressentir quels seront (es indicateurs à surveiller dans
l'évaluation pour s'assurer que leur préoccupation est prise en
considération dans les études d'impact; d'assurer le suivi, comme
ça a été mentionné par plusieurs autres groupes, de
façon à améliorer la valeur des prévisions et
surtout l'efficacité des mesures d'atténuation, parce que c'est
dans ce sens-là aussi qu'il doit y avoir un suivi, et,
évidemment, d'évaluer les impacts cumulatifs, ce qui ne se fait
pas actuellement, malheureusement, et - on l'a vu dans le cas de saint-romuald
- à un moment donné, ça pose un problème: est-ce
qu'on dépasse des seuils de pollution de l'air qui deviennent
inacceptables?
Quant au BAPE, il devrait continuer à avoir son
rôle pédagogique auprès de la population et des
décideurs qui participent aux audiences et à évaluer les
impacts globaux de chaque projet qui a un impact significatif sur
l'environnement social et naturel.
Alors, cette procédure-là, pour nous, repose
d'abord sur un sens des responsabilités qui est trop souvent absent dans
notre société. Au bon fonctionnement de toute procédure
d'évaluation des Impacts sur l'environnement, il devrait y avoir une
prise de conscience collective des droits, des libertés et des
responsabilités qui sont nécessaires au bon fonctionnement de
cette procédure-là. Je pense qu'on arrive, de cette
façon-là, avec un nouvel environnement, un nouvel espace
juridique, si on veut, et j'ai une courte animation qui permet de
présenter ça. Et c'est parti!
Alors, donc, on a un espace juridique actuellement qui est
défini seulement par les droits et les libertés en ce qui
concerne la personne. Il y a déjà une certaine restriction au
niveau des acteurs et selon seulement la dynamique politique, économique
et sociale. Selon nous, c'est un espace juridique qui devrait être
élargi de façon à ce qu'on puisse couvrir des ensembles
qui sont non couverts actuellement. On peut penser au problème de
l'avortement. Le problème des manipulations génétiques,
lorsqu'on parie de viabilité aussi d'un projet, c'est un
élément important. On pense à l'agriculture, à la
circulation de l'information de même qu'au problème de la
pollution qui nous intéresse, nous, particuliè-
rement, au Parti vert du Québec. Donc, on devrait élargir
notre espace et faire en sorte qu'aux droits et aux libertés on puisse
rajouter la dimension de responsabilités. C'est ce qui manque
actuellement, c'est ce qui est le plus faible dans notre société
actuelle. Distinguer la personne de l'entreprise et rajouter l'État -
l'État a également des responsabilités qui devraient
être un peu plus articulées - et, aux volets politique,
économique et social, rajouter celui qui concerne la circulation de
l'information de même que celui, évidemment, écologique.
Donc, l'écart qu'il y a entre l'espace juridique actuel, qu'on peut voir
par le petit cube, et un espace plus grand, à notre avis, si on
élargissait notre espace juridique, on pourrait réduire les
points d'interrogation sur lesquels les tribunaux doivent intervenir
constamment et qui sont aussi un grand problème de préoccupation.
Alors, dans une vision plus large où les responsabilités sont
présentes, où l'espace juridique est plus riche, on va pouvoir
réduire ces points-là et on va arriver avec un nouvel espace
juridique plus clair, plus riche, où on pourra parler de
responsabilité informationnelle des entreprises, d'informer la
population sur les produits utilisés. On pourra parler également
de responsabilité écologique de l'État à
préserver la diversité.
Donc, pour nous, la population doit participer à toute
évaluation des impacts d'un projet, et c'est cela, le partenariat entre
la population, les entreprises et l'État. C'est ça, une gestion
participative, qu'on est en train d'implanter dans les entreprises. Ce serait
important qu'au niveau de l'État ou du gouvernement, ce soit aussi un
partenariat qu'il y ait entre la population, les entreprises et les
différents paliers gouvernementaux. Alors, une question qu'il faut
peut-être se poser. Est-ce qu'il y a une réelle volonté du
gouvernement actuel d'assurer un tel partenariat? Alors, c'est de ça
qu'il faut s'assurer, que, dans la procédure d'évaluation, il va
y avoir ce partenariat-là et non qu'on essaie de l'évacuer. C'est
une question qu'on pose également.
Je terminerai ici ma présentation.
Le Président (M. Garon): Mme la députée de
Mégantic-Compton.
Mme Bélanger: Merci, M. le Président. Au nom des
membres du gouvernement, bienvenue, M. Ouimet, à cette commission. Avec
votre exposé, ça me rappelle un petit peu le programme
électoral du Parti vert, lors de la dernière élection;
ça y ressemble pas mal. Je pense que vous avez pris pas mal de
solutions, pas de solutions, mais la problématique de votre programme
électoral.
J'ai lu votre mémoire avec attention et j'en suis venue à
la conclusion que votre mémoire se présente plutôt sous la
forme d'un cours théorique sur la conscientisatlon environnementale que
sur des solutions pratiques. Parce que c'est très beau, votre
exposé, mais de là à mettre ça en pratique, je
pense qu'il y a une petite différence. Vous mettez aussi l'accent sur la
participation totale de la population à toutes les étapes du
processus d'évaluation et vous dites que l'évaluation des impacts
environnementaux doit se faire en considération de l'amélioration
de la qualité de vie d'une personne. Ça, tout le monde en
convient, la qualité de vie des personnes est très importante.
Mais, à votre avis, le chômage est-il un impact social affectant
la qualité de vie d'une personne? Est-ce qu'on devrait considérer
cette considération foncièrement économique dans l'analyse
des évaluations environnementales?
M. Ouimet: Lorsque, tantôt, je parlais de l'Impact humain
d'un projet, en ce qui concerne les richesses humaines, c'est sûr que
l'emploi est un élément à considérer, c'est un
facteur qui est nécessairement pris en compte au niveau d'un projet,
mais ça ne doit pas, non plus, se faire au détriment de
l'environnement qui, lui, reflète aussi les générations
futures. Alors, on peut créer des emplois aujourd'hui, mais si,
demain... Comme les gens en Gaspésie, on a péché beaucoup
de poissons, mais là, il n'y en a plus de poissons. Alors, à un
moment donné, il faut aussi le voir dans une perspective, il faut
essayer de penser aussi au niveau du long terme. Mais il y a moyen de
créer des emplois et de protéger l'environnement, en autant qu'on
ait une vision qui soit un peu plus globale. Nous, dans la présentation
où on s'inspire des trois types de richesses, on retrouve ça
même au niveau de l'OCDE qui dit que le développement viable ou
durable doit s'Inscrire dans une perspective où on considère les
trois volets, les trois types de richesses. Alors, je pense que c'est possible,
effectivement, de créer des emplois.
En ce qui concerne l'aspect peut-être un peu théorique, on
a voulu avoir une présentation qui soit plus globale, parce qu'on sait
que, pour la plupart des intervenants, comme celui qui nous a
précédés, c'est plus technique. Alors, je pense que vous
avez entendu beaucoup d'Intervenants qui ont discuté des
technicalltés de la procédure. Nous, on a voulu parier de
l'esprit à l'Intérieur duquel on doit envisager la
procédure d'évaluation des impacts environnementaux d'un projet,
parce que c'est important de se rappeler ça dans une perspective de
développement viable et comment on doit, justement, considérer
l'aspect humain autant que l'aspect naturel. Alors, c'est pour ça qu'on
a voulu limiter... C'est sûr qu'au niveau des technicalltés, si ma
présentation avait été un peu plus longue, j'aurais pu
faire ressortir un peu les points où on va dans le sens du rapport
Lacoste au niveau du BAPE, qui pourrait être une façon
d'améliorer l'efficacité. En même temps, nous, c'est qu'on
Introduit un nouvel élément, un nouvel organisme, ce sont les
conseils régionaux de l'environnement, qui pourraient
avoir ce suivi-là, qui pourraient avoir cette vision-là,
globale et cumulative, au niveau d'une région, qui est absente
actuellement.
Actuellement, on fait une gestion un peu trop à la petite semaine
au niveau du BAPE où on évalue un projet, mais, à un
moment donné, c'est d'avoir l'évaluation globale pour une
région et de faire en sorte que les intervenants, dans une
région, puissent être à même de suivre ça. Et
les conseils régionaux de l'environnement, qui existent
déjà dans une dizaine de régions au Québec,
pourraient, justement, être mandatés pour assurer le suivi,
informer la population sur l'impact des différents projets et voir les
enjeux, un peu comme à Varennes, si on avait eu ça.
Mme Bélanger: Vos conseils régionaux, sous quelle
tutelle agiraient-ils? Sous la tutelle du BAPE ou sous l'aile...
M. Ouirnet: Non, non.
Mme Bélanger:... de la responsabilité
ministérielle?
M. Ouimet: Ce serait sous responsabilité
ministérielle. Mais eux...
Mme Bélanger: Le BAPE, là, vous abolissez le BAPE
complètement. (12 heures)
M. Ouimet: Non, non, non. Si vous vous souvenez, dans ma
présentation, j'ai dit qu'il y avait deux types d'organismes: le Conseil
régional de l'environnement, qui a une vision globale, qui permet
d'avoir le suivi, et le BAPE, qui est procédure qui, elle, évalue
un projet à la fois. Alors, comme ça se fait actuellement, le
BAPE continue sa mission. Mais, maintenant, II y a un organisme
intermédiaire qui s'appelle le Conseil de l'environnement,
régional ou québécois, qui permet d'avoir un suivi, qui
permet d'avoir une vision cumulative des différents projets et qui
serait à même de pouvoir élaborer la directive, parce
qu'à un moment donné il voit des niveaux de seuil qui commencent
à être atteints. Je pense à Salnt-Romuald où,
à un moment donné, les citoyens disent: Wo! là, on va
avoir une autre entreprise, mais on va peut-être franchir un seuil en
terme de pollution atmosphérique. Alors, le Conseil régional de
l'environnement serait le mieux placé pour pouvoir dire que, selon des
indicateurs environnementaux, il y a certains seuils qui se trouveraient
à être franchis. Là, il faudrait donc considérer, de
façon plus globale, ce projet-là sur une base régionale.
C'est dans ce sens-là que les conseils de l'environnement auraient cette
vision globale qui manque actuellement.
Mme Bélanger: O. K. Dans un autre ordre d'idées,
vous souhaitez une prise de conscience collective des droits, des
libertés et des respon- sabilités environnementales. M.
Ouimet: Oui.
Mme Bélanger: Je vous ai dit tout à l'heure que
votre mémoire était très théorique. Comment, dans
le quotidien, arrive-t-on à appliquer un grand principe, qui est
très louable en soi? Est-ce que vous ne pensez pas que c'est une
démarche à long terme que vous suggérez? Et par où
doit-on commencer? C'est des questions un peu plus pratiques.
M. Ouimet: Oui, d'accord. Alors, dans le cadre de
l'élaboration d'une constitution québécoise qui, si ma
mémoire est fidèle, est préconisée par le Parti
libéral autant que par le Parti québécois, je me dis: Dans
une constitution québécoise, on devrait bien y mettre une charte
et, selon nous, cette charte devrait donc s'articuler, non seulement au
niveau...
Mme Bélanger: La charte de la qualité de vie.
M. Ouimet: Non, une charte plus large, parce que, là, on
va se ramasser avec cinq, six chartes. On aime ça que les choses soient
quand même un peu plus cohérentes et que ça forme un tout.
Parler d'une charte où on a des droits, des libertés et des
responsabilités et qui inclut le volet écologique, le volet
social, le volet économique, comme on a une charte
québécoise, donc d'une charte où les
responsabilités pourraient être articulées et
présentées auprès de la population, pour avoir un effet
préventif et incitatif auprès de la population. On ne parle pas
de devoirs ou d'obligations, on parle de responsabilités. Ce sera au
législateur à déterminer les obligations. Mais, dans le
cadre d'une charte, ça permettrait de donner l'esprit de notre projet de
société et de faire en sorte que les gens se responsabilisent -
c'est un effet pervers de l'État-providence d'avoir
déresponsabilisé des acteurs de notre société - et
ça serait important qu'on puisse prendre collectivement conscience de la
nécessité d'être responsable, autant économiquement,
à l'égard du déficit, qu'écologiquement, à
l'égard de la pollution.
Mme Bélanger: O. K. Quand vous parlez de l'utilisation
d'une charge québécoise des droits et que vous faites une
comparaison avec les points valables de la charte canadienne, comment
voyez-vous l'harmonisation des deux approches environnementales dans une
perspective de contrôle régional de développement?
M. Ouimet: Nous, personnellement, le Parti vert du Québec,
on est un parti souverainiste. Alors, on croit que ce serait important que le
Québec, dans le cadre de sa constitution, puisse...
Mme Bélanger: Mais vous voulez qu'elle soit
harmonisée avec la charte canadienne, votre charte
québécoise?
M. Ouimet: C'est-à-dire que, si on doit élaborer
une charte québécoise, j'espère bien que les
Québécois vont s'inspirer des chartes qui existent un peu partout
dans le monde et qu'on pourra autant aller chercher la réflexion et la
proposition de charte environnementale qui a été
présentée à Bergen, en Norvège, qu'une charte
canadienne, qu'une charte québécoise, que les différentes
chartes qui sont articulées. Je pense que c'est une
nécessité, lorsqu'on fait un tel exercice, d'essayer d'avoir la
réflexion la plus riche possible. Ce n'est pas de dire que la charte
canadienne va rentrer dans le domaine québécois, mais c'est
simplement de dire qu'on va s'inspirer de ces différentes chartes pour
avoir une charte québécoise qui soit la plus riche possible et la
plus à la hauteur des défis qu'on a à relever.
Mme Bélanger: vous ne pensez pas que cette politique
d'évaluation fédérale n'est pas susceptible de
prolonger... et de nuire à notre propre développement
environnemental?
M. Ouimet: Je ne parie pas du tout de procédure
fédérale, je parie simplement d'articles qui pourraient
être... On se dit qu'on devrait regarder...
Mme Bélanger: Compatibles.
M. Ouimet: On se dit: Pour élaborer une charte
québécoise, il faudrait simplement regarder les
différentes chartes qui existent pour s'en inspirer et avoir une charte
québécoise la plus riche possible, parce qu'il y a des secteurs
de la charte québécoise où il y a des lacunes, entre
autres au niveau environnemental et informationnel. Mais ce n'est pas de dire
que la procédure fédérale devrait être
considérée dans la démarche québécoise.
Là, c'est deux choses.
Mme Bélanger: Un autre point qui me semble très
théorique. Vous introduisez le référendum comme outil de
consultation normalisé. N'est-ce pas aller trop loin dans la
démocratisation de la démarche en se donnant une structure et des
outils de consultation ou de concertation trop lourds? Puis, qui financerait et
dirigerait un tel processus?
M. Ouimet: Si on regarde un pays comme la Suisse qui utilise le
processus de référendum d'initiative populaire, ils ont un taux
de chômage, eux, de 2 %, 3 %. Alors, je pense qu'ils ont réussi,
avec la procédure de référendum d'initiative populaire,
à permettre à toute la population de participer à des
débats spécifiques...
Mme Bélanger Oui, mais, quand on passe un
référendum, c'est-à-dire municipal, par exemple... M.
Ouimet: Oui.
Mme Bélanger: ...un petit référendum pour,
justement, l'assainissement des eaux au niveau d'une municipalité,
ça coûte 6000 $ minimum...
M. Ouimet: Oui.
Mme Bélanger: ...pour une population de 500, 600
habitants. Alors, comment, au niveau d'un projet régional... Avez-vous
évalué les coûts de ce référendum? Qui le
paierait, ce référendum-là?
M. Ouimet: On va prendre un autre exemple, celui de
Grande-Baleine. On a un projet de plusieurs milliards de dollars. SI on
Investissait quelques millions pour pouvoir faire, d'abord, comme on doit le
faire, un débat sur l'Impact global de Grande-Baleine et, après
ça, un débat plus collectif qui aboutit avec un
référendum pour l'acceptation ou le rejet en fonction des
conséquences que les gens devront assumer, je pense que c'est quelques
millions de dollars en fonction de milliards de dollars. Il faut toujours voir
combien ça coûte, mais combien ça coûte aussi, le
projet, si on le réalise et, si ça nous coûte 6000 $ au
niveau local pour dire non à un projet qui nous endetterait de 20 000
000 $, bien, je me dis que ça vaut la peine d'Investir les 6000 $ pour
faire le référendum.
Je pense que si ça peut servir à faire de
l'éducation populaire en même temps... Parce que le
référendum, ce qu'il y a d'Intéressant, c'est que
ça permet d'éduquer en même temps les gens et les
intervenants sur la situation et de voir les enjeux et les risques de tous les
différents projets.
Mme Bélanger: Ça va.
Le Président (M. Garon): M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Je veux, au nom de
l'Opposition, souhaiter la bienvenue au président du Parti vert, M.
Ouimet, et à ses deux collègues et les remercier de venir nous
faire cette présentation. Ce n'est pas mauvais, au terme de toutes ces
rencontres que nous avons eues avec plus de 50 groupes, que nous ayons un
exposé comme celui-là qui sort des aspects plus techniques et qui
nous amène dans une ambiance un peu plus humaniste, un peu plus
philosophique. Moi, je trouve que ce n'est pas mauvais.
Les remarques que vous faites sur les trois types de capital, je pense
que c'est pertinent: capital humain, capital naturel et capital artificiel.
Là où j'ai un peu de difficultés à vous suivre, M.
Ouimet, c'est lorsque vous détaillez les attributs, les fonctions d'un
Conseil régional
de l'environnement. Jusqu'ici, à tort ou à raison, un
Conseil régional de l'environnement comme on le connaît, ça
a un rôle plutôt d'éducation populaire, de surveillance de
l'environnement au sens large, de coordination de différentes
associations locales qui existent un peu partout dans la région. Je
pense que tout le monde convient que c'est un rôle assez naturel. Ils
sont, d'ailleurs, très peu aidés financièrement; ça
leur serait difficile, de toute façon, de jouer d'autres
rôles.
Mais là, même si, financièrement, on assurait la
possibilité, moi, ça me paraît quasiment incompatible un
rôle de porte-parole de la population, pour ainsi dire, de surveillant,
puis, en même temps, leur donner un rôle décisionnel sur des
études d'impact et sur des évaluations de politique
gouvernementale. Ce n'est pas une objection de principe en soi, mais ça
me paraît deux types de rôles quasiment incompatibles. Est-ce que
vous pourriez réagir à ça?
M. Ouimet: Si on regarde, M. Lazure, le Conseil économique
du Canada qui, justement, tient à Jour un peu un état de la
situation économique et qui évalue les différents
programmes ou politiques du gouvernement pour savoir quel sera l'Impact sur
l'environnement économique, je pense que c'est un peu la même
chose. Parce que, quand on volt que l'environnement, c'est une
problématique importante, un aspect de notre développement qu'il
est nécessaire de considérer dans tout projet, d'avoir
l'équivalent de ce qu'on a au niveau du Canada, le Conseil
économique du Canada, un conseil écologique
québécois, des conseils régionaux également, pour
avoir l'heure juste sur l'état de la situation... Quand le conseil
social du Québec - parce qu'on a la même chose au niveau du
conseil social du Québec - nous disait, l'année dernière,
qu'on avait 28 % de sans-emploi, c'est important d'avoir cette
représentation-là qui nous arrive d'une instance
différente de celle du gouvernement et qui remet un peu les pendules
à l'heure, alors que le gouvernement va toujours avoir une tendance
à nous présenter un point de vue...
M. Lazure: Oui, mais il existe... Oui, je vous suis
jusque-là, M. Ouimet, mais le parallèle, ce serait avec le
conseil de l'environnement qui existe actuellement.
M. Ouimet: Ouf.
M. Lazure: II y a un Conseil consultatif de l'environnement.
M. Ouimet: Oui.
M. Lazure: Et je pense que ça, c'est tout à fait
son rôle de prendre le pouls de l'environnement québécois
de temps à autre et de le rendre public, un peu comme le Conseil
économique le fait, de rendre public un tel rapport. M. Ouimet:
C'est ça.
M. Lazure: Ça, ça va. Mais, régionalement,
d'avoir un conseil régional qui, en plus de faire ça pour sa
région, aurait aussi un rôle de médiation, un rôle de
promoteur d'une audience publique sur des politiques générales,
ça me paraît lui confier des rôles d'exécution qui
viendraient quasiment en conflit, contre des rôles de porte-parole de la
communauté.
M. Ouimet: Disons qu'on voit que les régions demandent de
plus en plus de pouvoir prendre en main les décisions qui les concernent
et on va même, nous, reconnaître la nécessité d'avoir
des gouvernements régionaux. Alors, d'avoir des conseils
régionaux, ça va permettre aux intervenants régionaux de
pouvoir avoir un suivi des différents projets et de pouvoir, à un
moment donné, dire: C'est nous autres qui allons déterminer aussi
les paramètres ou les indicateurs qu'on va considérer dans
l'évaluation de l'impact d'un projet. Qu'ils puissent prendre en main
leur développement, c'est réclamé par toutes les
régions et, dans ce sens-là, le Conseil régional de
l'environnement est un outil qui leur permettrait de pouvoir mieux
contrôler ce développement régional.
M. Lazure: Oui. Ça, moi, j'en suis. Mais le respect de la
démocratie, à mon avis, ça ne nous amène pas
à dire: Bien, c'est le Conseil régional qui va décider si
tel ou tel projet va s'implanter dans la région. À mon avis, ce
sont les élus de la région qui doivent le décider...
M. Ouimet: Mais c'est ça qu'on dit aussi.
M. Lazure: ...après avoir entendu, consulté les
conseils régionaux.
M. Ouimet: C'est ça qu'on dit aussi, M. Lazure, dans notre
mémoire. C'est-à-dire que nous, on dit que le Conseil va
élaborer la directive qui va être, après ça,
donnée au BAPE pour faire l'évaluation du projet et, après
ça, ça va être soumis au Conseil des ministres ou au
Conseil exécutif qui, lui, aura à décider du projet ou
non. Et c'est pour ça qu'on parle de la procédure de
référendum d'initiative populaire qui permettrait à la
population, si elle n'est pas d'accord, parce que le Conseil des ministres a
dit oui à Grande-Baleine et qu'on veut avoir un débat public, de
dire: Bon, bien là, on va avoir, avec un référendum,
l'occasion de parler de ce projet-là. Alors, ça reste le Conseil
exécutif ou le Conseil des ministres qui prend la décision.
M. Lazure: C'est parce que je lisais à la page 3, M.
Ouimet...
M. Ouimet: Oui.
M. Lazure: En bas, dans votre encadré, à la page 3,
au milieu, vous dites: "Proposer la création de conseils de
l'environnement au niveau régional [... ] pour jouer un rôle
d'information, d'éducation... " Jusque-là, ça va
très bien, mais vous ajoutez: "... et de décision auprès
de la population et du Conseil des ministres". C'est là que je ne vous
suis pas tout à fait.
M. Ouimet: Disons que la formulation... Il aurait
été plus juste de dire: Participer au processus
décisionnel dans le sens de faire une recommandation auprès du
Conseil des ministres.
M. Lazure: Ah bon! Bien là, oui. M. Ouimet: Alors,
ce serait... M. Lazure: Pour nous...
M. Ouimet: Disons que ce serait une nuance qui... C'est sûr
qu'on est pris aussi pour faire ça un peu rapidement. Alors, ce serait
une nuance qui... Dans notre esprit, c'était ça qu'on
pensait.
M. Lazure: Ah bon! Bien, à ce moment-là, ça
devient, en tout cas quant à moi, tout à fait, tout à fait
acceptable.
M. Ouimet: Ce n'est pas le Conseil qui prend la décision
finale. Pour nous, ça, c'est clair. Les gens sont élus pour
prendre des décisions. Mais le Conseil peut faire une recommandation en
fonction de l'étude et de l'évaluation, par le BAPE, qui auront
été faites.
M. Lazure: juste une dernière question, pour revenir aux
conseils régionaux. comment réagiriez-vous à une
proposition où chaque conseil régional, le jour où il y en
aura un dans chaque région - ça s'en vient rapidement...
M. Ouimet: Oui.
M. Lazure:... le jour où il y en aura un dans chaque
région - déléguerait un représentant, un
porte-parole ou une porte-parole et où ces porte-parole constitueraient
le conseil national de l'environnement?
M. Ouimet: Tout à fait. Tout à fait. Ce serait
une...
M. Lazure: C'est une formule qui vous plairait, oui?
M. Ouimet: Tout à fait. Je pense que le Conseil
québécois de l'environnement, qui pourrait être une
transformation du Conseil actuel de la conservation et de l'environnement,
pourrait être constitué de cette façon-là.
M. Lazure: Merci beaucoup.
Le Président (M. Garon): Alors, je voudrais remercier les
représentants du Parti vert et M. Ouimet d'avoir contribué aux
travaux de la commission. Je suspends les travaux de la commission
jusqu'à 14 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 13)
(Reprise à 14 h 7)
Le Président (M. Garon): Nous reprenons les travaux de la
commission de l'aménagement et des équipements. Au début,
j'aimerais aviser la commission que nous avons reçu, à date, 64
mémoires. Trois mémoires ont été
présentés pour dépôt seulement, un mémoire a
été retiré à la demande de l'auteur, la
Régie Intermunicipale de gestion des déchets de I'île de
Montréal, parce que je pense que le mémoire avait
été expédié avant approbation et que,
semble-t-iI... Le secrétaire pourra en faire état si vous avez
des questions parce que c'est lui qui est en communication avec les gens de la
Régie Intermunicipale de gestion des déchets de l'île de
Montréal. 63 convocations ont été adressées,
Incluant le BAPE et le ministère, 4 groupes ont décliné
l'invitation et, au terme des travaux de cette séance, la commission
aura tenu 59 auditions publiques totalisant 45 heures.
Mémoires déposés
La commission a reçu également des mémoires qui
n'ont pas fait l'objet d'une audition publique. Certains de ces mémoires
ont été reçus pour dépôt seulement, soit
celui de la Communauté urbaine de l'Outaouais, 63 M, et je vais demander
au secrétaire... Nous allons déposer officiellement ces
mémoires-là: le Mouvement pour l'instauration de la
réglementation de l'électricité au Québec, MIREQ,
61 M, et la municipalité régionale de comté de
Rouyn-Noranda, 64 M.
Les organismes qui ont décliné l'invitation qui leur a
été faite d'être entendus en audition publique sont
l'Action pour la défense de la nature, mémoire 5 M, la Coalition
démocratique de Montréal, mémoire 40 M, l'Ordre des
ingénieurs forestiers, mémoire 1 M et la Société
d'énergie Foster-Wheeler Itée, 56 M. Alors, afin de les rendre
accessibles au public, je dépose officiellement ces mémoires.
Est-ce qu'il y a des questions?
Une voix: Non.
Le Président (M. Garon): Non. Alors nous allons
procéder Immédiatement en entendant le Bureau d'audiences
publiques sur l'environnement. J'ai compris qu'il y aurait une courte
entrée en
matière des représentants, c'est-à-dire du
président, M. Bertrand Tétreault, qui va nous présenter
l'équipe qui l'accompagne. Et ensuite nous allons répartir
l'équivalent, à peu près deux heures, c'est-à-dire
une heure au parti ministériel et une heure à l'Opposition
officielle.
M. Maltais: On s'est entendus pour faire chacun 10 minutes en
alternance, pour éviter qu'on s'essouffle.
Le Président (M. Garon): Vous voulez l'alternance à
toutes les 10 minutes, c'est parce que c'est...
M. Maltais: Bien 15 peut-être; dépendam-ment du
sujet, si on est embarqués...
Le Président (M. Garon): En tout cas, on va compter le
temps.
M. Maltais: C'est ça.
Le Président (M. Garon): Moi, je ne vous arrêterai
pas.
M. Maltais: De toute façon, à 16 heures il faut
arrêter.
Le Président (M. Garon): Vous avez le droit de parler 20
minutes, alors je ne vous arrêterai pas au bout de 10 minutes. Vous vous
limiterez vous-même, mais on va comptabiliser le temps de chacun pour
qu'il soit réparti également entre les deux partis.
M. Maltais: Très bien.
Le Président (M. Garon): Alors, M. le Président, M.
Tétreault, à vous la parole.
Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement
M. Tétreault (Bertrand): M. le Président, membres
de la commission parlementaire, je commencerai d'abord par vous
présenter les collègues qui m'accompagnent. À ma droite,
M. André Dellsle, qui vient du secteur privé, qui est un
ingénieur physicien et qui a une grande expérience du
côté des communications. On lui attribue un rôle important
au niveau de la commission Charbonneau et il est le pilote, commissaire en chef
pour la stratégie de protection des forêts qui se déroule
actuellement. À ma gauche, Mme Claudette Journault. Claudette est une
biologiste de profession qui a oeuvré principalement dans le domaine des
déchets dangereux, plus spécifiquement au niveau de la
carac-térisation des sites, qui oeuvre au BAPE depuis maintenant
près de 3 ans et qui a à son crédit près de 10
audiences, je dirais 4 ou 5 enquêtes préliminaires menant à
des audiences et certains succès en médiation; alors, c'est un
cheminement assez Imposant. À ma droite, M. Yvon Dubé, un
commissaire chevronné, 3 ans derrière lui. Originaire lui aussi
du secteur privé, ingénieur forestier de profession, lui aussi a
pris la présidence de plusieurs commissions au cours des 3
dernières années et est un joueur important comme commissaire
dans la stratégie de protection des forêts qui se déroule
actuellement. À ma gauche, Me Pierre Quesnel; formation légale,
maîtrise en communication et chargé de projet au BAPE. Deux
membres sont absents cet après-midi; il s'agit de Mme Saint-Gelais, qui
est au BAPE depuis près d'un an, qui a un background en administration
et une expérience du côté de la santé.
Également, Mme Gélinas, qui est une géographe avec une
maîtrise en environnement. Essentiellement, c'est l'équipe des
commissaires permanents qu'on a au BAPE.
À cela s'ajoutent, bien sûr, en fonction des besoins des
mandats que nous recevons du ministre, des commissaires ad hoc qui s'ajoutent
à l'équipe en fonction du type ou du nombre de mandats. C'est ce
que nous appelons dans notre jargon "membres additionnels".
J'aimerais, M. le Président, situer notre contribution à
l'effort que vous essayez de faire avec la commission. Nous avons
apporté beaucoup d'attention en termes de réflexion sur une
évolution que nous considérons nécessaire après 12
ans d'expérience. Nous avons considéré vous
présenter un mémoire. Maintenant, étant donné que
nous sommes un joueur important dans tout le processus et que certains milieux
pouvaient interpréter nos recommandations à vous comme
étant juge et partie, nous avons préféré
plutôt vous livrer nos expériences et notre vécu.
Nous sommes parfaitement conscients qu'au-delà des opinions que
nous pouvons exprimer, votre jugement va au-delà de ce que nous avons
nous-mêmes vécu parce que vous avez eu devant vous 60 - ou quelque
chose comme ça - intervenants. Nous ne prétendons pas nous
substituer, par nos réponses, à une décision finale qui
revient au gouvernement. Comme vous le savez, M. le Président, nous
sommes un organisme consultatif visant à intégrer la
participation du citoyen au processus de décision environnementale et
c'est ça notre rôle, ni plus ni moins. Sur ce, M. le
Président, nous demeurons ouverts à toutes vos questions.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: Merci, M. le Président. M. Tétreault,
madame, messieurs les membres du Bureau d'audiences publiques, permettez-moi
d'abord, dans un premier temps, au nom du gouvernement, de vous souhaiter la
bienvenue à cette commission. Nous avons, comme vous l'avez
souligné, entendu près de 59 mémoires, 59 groupes qui sont
venus témoigner. Mais il n'y en
a pas un... Et ça, je voudrais bien qu'on le clarifie au
départ, le mandat de la commission, ce n'est pas de faire
disparaître le BAPE du tout. Ce n'est pas là les intentions de la
commission et ça a été confirmé par les 59 groupes
qui sont venus ici. Au contraire, malgré qu'il y ait souvent eu des
choses négatives à votre égard, ce n'est pas à
cette commission-ci que vous les avez eues. C'est peut-être à
l'extérieur, d'une certaine presse.
Ce qui a été surprenant, et mon collègue de
l'Opposition en conviendra avec moi, c'est l'extrême
nécessité du BAPE que tous les intervenants sont venus nous dire,
à quelques exceptions près, très minimes. Donc, au
départ, nous sommes fiers et heureux de vous avoir ici. Je pense que
c'est la première fois que vous passez en commission parlementaire,
qu'on vous convoque. D'abord, on vous remercie d'être venus. Ce n'est pas
à tous les jours qu'un tribunal quasi judiciaire accepte de venir
librement en commission parlementaire se faire interroger par les
parlementaires. Je vais être bien franc avec vous, j'essaie avec la
Commission des transports depuis des années, avec mon collègue de
Lévis, et ils ne veulent pas nous voir, ils ne veulent pas venir nous
voir. J'essaie de les avoir, mais je ne suis pas capable. Je vous
félicite. Vous avez le courage de venir ici et, soyez sans crainte, on
n'est pas ici pour vous mettre au pilori, au contraire, parce que nous croyons,
comme parlementaires, à l'utilité du BAPE. Et nous croyons aussi
que l'ensemble de la population, la très grande majorité de la
population est satisfaite de la façon dont vous opérez, dans le
cadre de la réglementation, bien sûr. Vous n'êtes pas les
maîtres de la destinée au complet, mais vous êtes des
acteurs fort Importants dans le portrait.
Moi, la première question que j'aimerais qu'on discute
ensemble... Vous avez quand même beaucoup d'expérience. La somme
d'expérience de tous les membres autour de la table et le nombre
d'audiences publiques... Moi, j'aimerais qu'on regarde un petit peu ce qui se
passe au Québec, ce que vous faites, versus, par exemple, nos voisins de
l'Ontario. Si vous aviez à comparer les deux systèmes - bien
sûr que vous êtes de parti pris, mais c'est votre opinion que je
veux savoir, pas la mienne, ni celle de mon collègue, ni celle des gens
- si vous aviez à comparer les deux procédures
d'évaluation, quelle cote donneriez-vous à celle du
Québec, malgré que vous en soyez membre et président, M.
Tétreault?
M. Quesnel (Pierre): M. le Président, si vous le
permettez, je vais répondre à cette question. Évidemment,
c'est toujours un peu difficile de comparer un système qui est
judiciarisé, comme celui de l'Ontario, à celui du Québec
qui n'est pas judiciarisé et qui, à mon sens, offre de ce
côté un attrait énorme. En Ontario, une commission qui
siège là-bas peut prendre deux décisions dans un dossier.
Tout d'abord, la commission va décider si l'analyse ou l'étude
d'impact est recevable ou adéquate. C'est la première
décision qu'une commission prend. Dans un deuxième temps, elle va
décider si oui ou non le projet est acceptable. Au Québec, on
sait que le système est différent. Il n'y a pas de
décision qui est prise par le BAPE. C'est plutôt une
recommandation qui est faite et, dans ce sens-là, ça
entraîne nécessairement, au niveau de l'audience, des
différences Importantes, notamment au point de vue du comportement et de
la place plus grande qui est faite au public.
Quand on parle d'un cadre judiciarisé, on parle d'un débat
qui, souvent, va être plus technique, qui, parfois, va être rempli
d'objections de forme et qui, finalement, laisse moins de place aux gens qui
viennent pour s'exprimer sur leur perception d'un projet quelconque.
La Loi sur les évaluations environnementales, toutefois, offre
sous certains égards des choses qui pourraient être
importées ici et qui seraient intéressantes. Par exemple, on
parle, avec la Loi sur les jonctions d'audiences en Ontario, de commissions
conjointes. Sous cet aspect, il serait possible d'utiliser un système
semblable pour le Québec où le BAPE pourrait, conjointement avec
d'autres commissions, entendre, dans une même audience, le public et,
chacun gardant son indépendance, on pourrait arriver à harmoniser
la procédure sur le plan provincial.
Évidemment, l'Ontario n'assujettit pas tous les grands projets
industriels. En fait, les statistiques démontrent qu'environ 13 % des
projets industriels privés sont passés par les audiences en
Ontario. Ce dont on parte en Ontario, c'est plutôt des grands projets
publics. Ici, au Québec, II semble que le temps soit venu d'assujettir
tous les projets. Là-bas, il y a une réforme qui est à
l'étude et on pense, dans l'avenir, assujettir peut-être les
programmes. Pour les projets industriels privés, on voudrait
éventuellement avoir une augmentation des audiences à ce
niveau-là, mais on ne pense pas institutionnaliser cet aspect. Alors, en
gros, ce serait le...
M. Maltais: Nonobstant la procédure qui est beaucoup plus
judiciarisée en Ontario qu'Ici, croyez-vous que, dans le cadre actuel
dans lequel vous opérez, dans le cadre où vous travaillez
normalement, d'après vous - et, là, c'est une opinion personnelle
que je vous demande - le Québec est moins compétitif au niveau
d'attirer des Investissements étrangers à cause de la formule des
audiences ou si on se compare à nos voisins, qui sont l'Ontario ou
l'État de New York? Est-ce qu'on se situe dans le même
barème ou si nos exigences sont plus fortes et que ces
exigences-là, qui apparaissent plus fortes, peuvent être sujettes
à décourager des gens qui viennent investir au Québec?
M. Quesnel: La question de la compétitivité est une
question Importante. Je pense qu'elle a été souvent
soulevée dans le passé mais elle soulève surtout le
problème des délais. Ce n'est pas la complexité de la
procédure qui est mise en cause, ce sont souvent les délais. Pour
respecter cette compétitivité, c'est aux délais qu'il faut
s'attaquer, et ça, c'est possible. Le BAPE, on l'a à juste titre
mentionné, est à l'heure actuelle celui qui est circonscrit par
des délais. On pourrait étendre cette pratique peut-être
à d'autres parties de la loi. Si ça, c'est respecté, je
pense que la compétitivité ne sera jamais un facteur qui pourrait
faire en sorte qu'on laisse aller certains projets à un
non-assujettissement.
M. Maltais: Ça confirme un peu ce que les grandes
industries sont venues nous dire et je suis heureux de vous l'entendre dire
parce qu'il y avait une espèce de hargne en disant que le
Québec... Même, certains groupes l'ont affirmé, pas ici, en
commission parlementaire, mais dans les articles de journaux, parce qu'on leur
a posé la question Ici et, le lendemain, ils avaient changé
d'idée en disant que le Québec, avec sa formule d'audiences et sa
réglementation, devenait non concurrentiel au niveau des
investissements.
On a posé la question aux grandes entreprises qui sont venues
Ici. Je vais vous citer en particulier les alumineries qui représentent
quand même des investissements fort importants au Québec et qui
ont démenti les appréhensions de certains groupes. Et vous nous
confirmez ce que les grandes industries nous ont dit. Et ça, je pense
que c'est un point fort important pour l'avenir du Québec. C'est que la
question environnementale doit se développer et on doit la respecter,
mais on doit aussi chevaucher avec la question économique qui est vitale
pour l'ensemble du Québec. Moi, je suis heureux de vous l'entendre dire
parce que la grande industrie nous l'a dit. Et vous avez, je pense, bien suivi
les débats.
Il y a un point de vue qui a été pas mal cité par
plusieurs groupes et c'est la question de la crédibilité du BAPE
et de sa transparence. Certains vous donnent beaucoup de
crédibilité, d'autres trouvent que vous manquez de transparence,
d'autres trouvent que votre crédibilité est mitigée. Bon,
je vous répète ce qu'on a constaté. On a fait une
synthèse des critiques. Moi, j'aimerais ça, M. le
Président, qu'à partir du début, soit votre nomination
comme président du BAPE... Des gens ont suggéré que ce
soit à l'Assemblée nationale; mon collègue prêche
ça depuis des années, plusieurs groupes sont venus ici et,
finalement, ça a été, pas unanime, mais il y a beaucoup de
monde qui en a parlé, que le président du BAPE soit nommé
par les membres de l'Assemblée nationale, comme on fait avec le
Vérificateur général ou les très hauts fonction-
naires, ici, aux deux tiers des votes de l'Assemblée. Que même les
membres du BAPE soient nommés par l'Assemblée nationale, avec un
mandat beaucoup plus long, par exemple, parce qu'on sait que trois ans, bien,
c'est juste le temps de changer ta gomme de bord, dans le langage courant, et
souvent... Beaucoup d'entreprises, beaucoup de groupes représentant des
entreprises ont demandé d'avoir beaucoup de gens
spécialisés dans leur industrie. Et ce que je trouve, c'est que
les gens qui sont ici, dans chacun de leur secteur, il n'y en a pas deux qui
sont pareils; c'est très spécialisé.
Maintenant, on leur a posé la question: Est-ce que vous les
voulez comme membres permanents? Ils ont dit: Non, ça pourrait
être des membres ad hoc ou occasionnels pour la durée d'une
audience. Je ne sais pas moi, pour un concentrateur de fer en plein coeur du
boulevard Laurier, ici, quelque chose comme ça, j'irais chercher un
spécialiste dans le fer. En fait, les gens ont demandé - et
ça, ça vaut pour l'industrie du pétrole, ça vaut
pour toutes les grandes industries, lorsqu'il y a des audiences publiques
concernant ces grandes entreprises-là - d'avoir un spécialiste;
même les avocats ont souligné ça aussi. Alors, qu'est-ce
que vous pensez de ça? D'abord, la nomination, deuxièmement, la
spécialisation des membres, et on reviendra avec la question de la
transparence et de la crédibilité. Ça va?
M. Tétreault: D'accord. Bon, pour répondre, M. le
député, à votre première question, moi, je vais
vous avouer que, personnellement, je vis très bien avec une formule ou
l'autre et que, si la population, à travers ses élus,
décidait qu'il faut passer par le canal de la nomination
approuvée par l'Assemblée nationale, moi, je pourrais très
bien vivre avec ça. Cependant, ça, c'est l'expérience
américaine qui nous livre ça. Il faudrait, si on embarquait dans
le processus de la nomination un peu comme dans d'autres postes au
Québec où l'Assemblée nationale a un rôle important
à jouer, éviter les délais, les longs délais, les
discussions longues qui s'éternisent. Pendant ce temps-là, on
prive l'organisation, finalement, la société, d'un roulement
normal. Alors, pour résumer ma pensée, je peux très bien
vivre avec l'une ou l'autre et je pense qu'on devrait aller dans le sens des
désirs de la population.
M. Maltais: Est-ce que pour les autres membres, c'est un peu la
même...
M. Tétreautt: Je parle du président.
M. Maltais: Vous pariez du président. On parlait des
autres membres aussi, que les autres membres soient nommés par
l'Assemblée nationale.
M. Tétreault: Bon. Pour revenir à
l'expérience américaine, je pense que ce ne serait pas praticable
de passer à travers ce processus pour les autres membres. Ce serait
très consommateur de vos énergies et je me demande si les
résultats seraient nettement supérieurs, en ce sens que c'est un
processus qui est assez lourd, lorsque vous passez à travers des
nominations de commissaires, c'est très lourd. Il peut être
très long aussi, s'il y a des accrochages, parce qu'il y a des
vérifications qui sont faites. Moi, dans le cas des commissaires - et
j'inclus le vice-président -je ne crois pas que ce soit
nécessaire ou praticable pour les raisons que je vous ai
mentionnées. (14 h 30)
En ce qui concerne les nominations en fonction de
spécialisations, expertises, nous, nous avons d'abord une grille de
sélection qui est assez serrée. Je fais abstraction des
critères de base comme conflits d'intérêts, jugement, etc.
Ce que nous recherchons pour siéger sur nos commissions, ce sont des
gens... Nous n'allons pas chercher une personne pour son affiliation à
une corporation ou à un groupe d'intérêt quelconque. Ce que
nous recherchons, ce sont des gens qui ont une compréhension du
développement en fonction des aspects économique, social,
environnemental, des gens qui ont une compréhension des grands courants
de société au Québec, au Canada et en Amérique, et
je dirais ultra-Amérique. Comme critère de fondement de
sélection, ça, c'est fondamental. Et je ne crois pas que,
lorsqu'on va chercher quelqu'un, lorsqu'on a la recommandation d'aller chercher
quelqu'un, on s'attache à une affiliation, à une entité ou
à un groupe de pression quelconque. Je pense que ce serait une mauvaise
base de sélection. Est-ce que ça répond à votre
question?
M. Maltais: Si on revenait à la crédibilité.
Non. Il reste un facteur, celui des membres ad hoc, là, sur des dossiers
spécifiques. Comment fonctionnez-vous? Comment allez-vous... Je ne sais
pas moi, je vais vous donner un exemple: l'association des grands routiers, des
entrepreneurs, demandait, lors des audiences, d'avoir quelqu'un qui
connaît les routes sur votre comité ou sur votre comité ad
hoc, je ne sais pas trop votre fonctionnement, là. Est-ce que c'est
possible de satisfaire ces demandes-là sans en prendre un de chaque
sorte, parce qu'on va se retrouver 300 au Bureau, là, ça ne
marchera plus? Mais est-ce que vous le faites à l'heure actuelle?
Lorsque vous avez, par exemple, à vous prononcer à une audience,
je ne sais pas, pour une route, est-ce que vous avez quelqu'un qui est
spécialisé, que vous mandatez pour la durée de l'audience
ou pour préparer un rapport, un consultant? Vous le faites et,
après, vous le payez, et bye-bye! vous n'êtes pas obligés
de le garder. Est-ce que vous le faites à l'heure actuelle? Mais
pourquoi ces gens-là nous ont-Ils demandé ça? Est-ce que
c'est fait ou mal fait ou c'est quoi la raison de cette demande-là?
M. Tétreault: Le vice-président, monsieur.
M. Delisle (André): D'accord. Quand on constitue une
commission, d'abord, nous avons dans l'esprit qu'une commission du BAPE n'est
pas une commission d'experts. On n'a pas à discuter en experts sur les
dossiers puisqu'on est là pour rencontrer les citoyens et recueillir
leur opinion sur un projet. Maintenant, il a deux façons dont on peut
tenir compte des aspects spécialisés qui peuvent apparaître
dans certains projets. En recrutant des commissaires ad hoc, on regarde d'abord
quels sont les grands enjeux prévisibles d'un projet et, en s'inspirant
de ces enjeux-là, on va aller recruter souvent un commissaire qui a une
connaissance un peu plus spécialisée, un peu plus fine de ce
domaine-là. Je pense, par exemple, si on a un sujet où on
prévoit que la pollution de l'air va se discuter, qu'on va essayer de
recruter une personne, soit dans le milieu universitaire, soit dans le milieu
des experts, qui a une bonne connaissance et une bonne capacité
d'analyse de ça.
Maintenant, s'il arrive en cours d'audience d'autres questions qui sont
des questions d'expertise, on peut aussi, sans les avoir comme commissaires,
comme membres de la commission, recourir à certains experts pour
éclairer le dossier, pour ajouter des éléments qui nous
permettent de faire comprendre ou d'expliquer à la population ces
dimensions-là et qui permettent aussi à la commission de faire
son analyse et de se faire une idée sur le projet en ayant une
très bonne compréhension des différents aspects
techniques.
M. Maltais: D'accord, M. le Président. Je vais
céder la parole à mon collègue parce qu'il brûle
d'Impatience et d'envie. Alors, je ne voudrais pas le priver plus longtemps; je
le sens malheureux depuis 15 minutes.
Le Président (M. Garon): Tout le monde sait que le
député de La Prairie, c'est un feu ardent vivant.
Des voix: Ha, ha. ha!
Le Président (M. Garon): M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Merci à mon
collègue de Saguenay. Il me fait plaisir, au nom de l'Opposition, de
vous souhaiter la bienvenue, M. le président, M. le
vice-président et les autres membres permanents du Bureau. Moi aussi, je
pense que ce n'est pas superflu de rappeler que l'Opposition juge absolument
essentiel le rôle que joue le BAPE actuellement, et est même sortie
à plusieurs reprises, depuis un
an ou deux, et avant ça aussi, un peu à la défense,
entre guillemets, du BAPE, lorsque le BAPE était malmené sur la
place publique. Et c'est arrivé encore récemment dans le cas de
Soligaz. Alors, nous pensons que votre rôle est absolument essentiel et,
moi, je suis content de voir que ça a été confirmé
par la très, très vaste majorité des 60 groupes qui sont
venus ici. Non seulement ça doit être maintenu, mais ça
doit être, à notre avis, élargi; votre rôle dort
être élargi. On va en reparler tantôt, là, de
façon plus spécifique.
Mais avant d'entrer dans des questions bien particulières, moi,
j'aimerais que vous fassiez, M. le président, une espèce
d'autocritique. Vous aviez, paraît-il - la rumeur circule dans les
corridors du Parlement - préparé un mémoire avec le
ministère de l'Environnement et, dans ce mémoire, il y avait une
certaine autocritique. Je pense que c'est sain que tout le monde fasse son
autocritique. Alors, mol, Je vous pose la question bien simplement: Qu'est-ce
qui va bien chez vous, puis qu'est-ce qui ne va pas bien, M. le
président?
M. Tétreault: M. le député, effectivement
notre intention première était de présenter un
mémoire. Et pour les raisons que je vous ai expliquées tout
à l'heure, l'exercice a plutôt servi à polir notre
réflexion en fonction des réponses que nous devions amener
à vos questions. Vous me demandez, M. le député, qu'est-ce
qui va bien ou qu'est-ce qui va mal?
M. Lazure: Les deux. Je vous demande qu'est-ce qui va bien et
qu'est-ce qui ne va pas bien, le bilan en somme. Ça fait 12 ou 13 ans
que le BAPE existe. Vous, je comprends que ça ne fait pas longtemps que
vous êtes président, mais, dans le sens de la continuité,
vous savez comment ça a fonctionné. Vous n'étiez pas loin
du BAPE, vous étiez au Conseil de la conservation et de l'environnement.
Donc, vous avez une Idée. Mais au moment où on se parle, sans
même retourner en arrière, là, d'après vous, comme
président, quels sont les côtés forts de votre organisation
et puis quels sont les côtés faibles de votre organisation?
M. Tétreault: Bon, je pense qu'au Québec nous
sommes privilégiés en ce sens que nous avons cette institution
qui appartient aux Québécois, qui est unique. À ma
connaissance c'est une plate-forme où le citoyen vient en toute
spontanéité, avec beaucoup de générosité,
exprimer sans encadrement juridique, sans expert légal, ses
préoccupations au niveau de son milieu de vie. C'est également
pour le promoteur une opportunité inégalée, dans le
contexte actuel, de parfaire ou de raffiner son projet. Et je pense que ce
mouvement-là, de compréhension de la part des promoteurs,
commence de plus en plus à être présent.
Le BAPE, en 12 ans d'existence, a une fiche impressionnante. Et, M. le
Président, je ferai, pour l'attention des membres de la commission, une
distribution tout à l'heure des réalisations des commissions
depuis 12 ans. On parle de 200 mandats donnés par les ministres depuis
12 ans, dont plus de 50 ou près de 50 ont fait l'objet d'audiences ou de
médiation. Si vous regardez ce bilan-là, c'est
impressionnant.
Également, nous avons fait une petite étude interne pour
savoir dans quelle mesure les avis, les conclusions des commissions
étaient suivis dans le déroulement futur des projets. En d'autres
mots, jusqu'à quel point c'était traduit dans les
décisions gouvernementales, et le bilan est très impressionnant,
est très positif. On parte d'un suivi de l'ordre de plus de 75 %.
J'essaie, M. le Président, de trouver des points
d'amélioration. Nous croyons que quel que soit l'angle sous lequel on le
regarde, qu'on le regarde sous l'angle des intervenants, qu'on le regarde sous
l'angle des promoteurs, qu'on le regarde sous l'angle des commissions, plus
tôt dans le processus le citoyen peut faire part de ses
préoccupations, moins de problèmes, moins d'irritants nous avons
dans le futur déroulement du processus. Plus tôt le citoyen a
l'opportunité d'intervenir pour faire part de ses préoccupations,
moins de problèmes nous avons dans le futur déroulement du
processus. Appelez comme vous voudrez - irritation - toutes les
difficultés qui ont pu être rencontrées. Nous nous sommes
aussi aperçus que les délais pour lesquels beaucoup de
représentations ont été faites étaient aussi, pour
nous du Bureau, pour les commissaires, une source de problèmes. C'est
que les délais, les données des études, si vous les
laissez dans le temps, peuvent devenir déphasées.
Dans un autre ordre d'idées, nous avons expérimenté
avec succès la médiation, plus spécifiquement dans les
dernières années, et je dois vous dire que c'est une avenue qu'il
vaut la peine de pousser plus loin. Lacoste recommandait que notre
société ait l'opportunité de se faire valoir, de faire
valoir ses points de vue sur les grandes questions comme la question
énergétique. Nous croyons que, comme société, nous
devrions déboucher dans ce sens-là, comme Lacoste.
Moi, comme gestionnaire, sur le dernier point, j'ai un petit peu de
difficultés au niveau de l'investissement des deniers publics,
l'utilisation de nos ressources humaines et financières. Au cours de ma
courte expérience comme président, j'ai un peu de... Je ne dirais
pas d'hésitation, parce que mes mandats me sont donnés, on les
exécute, mais j'ai un peu de questionnement sur l'endroit où on
investit notre argent et nos énergies. Je pense que les projets qui ont
le plus d'impact au niveau de l'environnement devraient être ceux dans
lesquels on investit.
Antérieurement, je pense, vous avez eu des représentations
sur les grands projets de développement, industriels,
récréo-touristiques, etc.
Comme gestionnaire, parfois, dans les dossiers que j'ai vu passer devant
moi et lorsque j'étais à l'extérieur, je me posais des
questions, sérieusement, sur l'utilisation des deniers publics en
fonction de l'importance ou de la grosseur du dossier. Je parle toujours en
fonction des répercussions environnementales. Bon! Alors, pour
répondre à votre question, M. le député, ce sont un
peu les avenues qu'on pourrait améliorer.
M. Lazure: Merci. Dois-je comprendre que vous seriez d'accord...
On y reviendra plus tard de façon spécifique, mais je veux avoir
une vue globale avant d'aller aux questions particulières. Dois-je
comprendre que vous êtes d'accord, en gros, sur la mise en application du
rapport Lacoste, sur l'assujettissement des grands projets industriels, par
exemple? Oui? Juste oui ou non, si c'est possible.
M. Tétreault: Disons qu'on pense que le mouvement...
M. Lazure: Bon!
M. Tétreault:... devrait aller dans ce sens-là.
Oui.
M. Lazure: Oui? Alors, c'est oui. Bon! Mais je reviens à
une question plus générale. Vous, comme chef d'équipe,
comme président du Bureau, quelle est votre conception du rôle du
BAPE? Il y a sûrement une philosophie qui préside à votre
action comme leader de cette équipe. Nous, on fait l'éloge du
BAPE. L'éloge du BAPE a été fait à plusieurs
reprises ici. On va continuer à le faire, surtout s'il élargit
son action, mais, vous, vous voyez ça comment, votre action? Vous
êtes au service de qui, de quoi?
M. Tétreault: Merci. Nous, il n'y a pas d'erreur dans
notre tête. Je vous l'ai mentionné tout à l'heure, M. le
député, notre rôle, notre mandat principal, c'est de
transporter les préoccupations des citoyens au niveau du processus
décisionnel par nos conclusions, nos recommandations aux ministres et au
gouvernement. C'est "loud and clear". On n'est pas une religion ou une secte
avec une idéologie quelconque. On n'est pas un organisme
décisionnel. On est là pour amener un éclairage au
gouvernement, au ministre dans sa décision. (14 h 45)
M. Lazure: C'est très bien comme réponse,
ça, en tout cas. J'aime bien cette philosophie-là. Le public,
maintenant. Il ne s'y retrouve pas trop, trop. Avez-vous l'impression que le
public connaît votre action, connaît votre rôle, vos
fonctions? Est-ce qu'il sait comment ça fonctionne chez vous? Moi, je
pense qu'il ne le sait pas assez. Est-ce que vous avez fait des efforts dans le
passé ou avez-vous des plans pour en faire, pour vous faire mieux
connaître du grand public?
M. Delisle: M. le député, tout à l'heure,
quand vous avez posé votre question, si j'avais complété
la réponse du président, dans nos faiblesses, j'aurais dit: On a
une certaine faiblesse au niveau de la connaissance de notre processus et je
pense que votre question le souligne très bien. On se rend compte que,
dans plusieurs milieux de la société québécoise,
actuellement, l'existence même du BAPE, et surtout son rôle et sa
procédure sont peu connus. Il y a eu des efforts de faits dans le
passé pour faire connaître cette procédure, des efforts qui
ont été surtout adressés aux milieux qui s'occupent et se
préoccupent d'environnement. On s'est rendu compte, évidemment,
avec l'élargissement des mandats, qui est récent, qu'il y avait
certains milieux qui connaissaient moins que d'autres la procédure. Les
Intentions, à l'heure actuelle, sont de rejoindre ces milieux de
l'Industrie ou ces milieux du développement qui ne sont pas
nécessairement des milieux préoccupés d'environnement,
pour leur faire connaître la procédure et surtout pour leur faire
connaître le rôle d'aviseur que le BAPE a, et non pas son
rôle comme décideur sur les projets. Souvent, les rapports du BAPE
sont reçus comme des décisions sur les projets alors qu'en
réalité ce sont des avis qui sont transmis au ministre.
M. Lazure: Alors, si j'ai bien compris le président -
c'est ma dernière question, là, M. le Président -
tantôt, en faisant le bilan, vous nous disiez que la plupart de vos avis
avaient été entérinés par le Conseil des ministres,
la grande majorité.
M. Tétreault: Dans une forte proportion. M. Lazure:
Dans une très forte proportion.
M. Tétreault: Une très forte proportion. Nos
études révèlent ça, nos relevés
révèlent ça.
M. Lazure: Je vais m'arrêter Ici pour revenir un petit peu
plus tard.
Le Président (M. Garon): Mme la députée de
Vachon.
Mme Pelchat: Merci, M. le Président. Alors, j'aimerais
aussi souhaiter la bienvenue à tous les gens du BAPE,
particulièrement à Mme Journault, seule femme membre de cette
auguste commission.
Une voix: C'est du sexisme.
Mme Pelchat: Alors, ça me fait plaisir de le souligner.
Vous avez entendu - et M. Quesnel a assisté à toutes nos
délibérations depuis le début; jusqu'à ce matin, il
était ici, bien présent -beaucoup de commentaires, parfois
très favorables, parfois très élogieux, à
l'égard du Bureau
d'audiences publiques et je peux vous dire que, pour la plupart, nous
les partageons. Vous avez cependant aussi entendu certaines critiques
quelquefois plus acerbes que d'autres, notamment par des entreprises, des
promoteurs qui, nous ont-ils dit, se sentaient pris à partie par le
Bureau des audiences publiques, particulièrement lors d'une audience
publique. Plusieurs autres sont venus nous dire qu'ils trouvaient que
l'atmosphère conflictuelle qui régnait lors des audiences
publiques les incommodait beaucoup. Il y en a d'autres qui sont venus nous dire
aussi que les commissaires du Bureau d'audiences publiques - et là, vous
me répondrez, mais, moi, je me fais un peu l'avocat du diable; ces
gens-là n'ont pas pu s'adresser à vous, alors c'est à nous
de les représenter ici... Ils nous ont dit que, parfois, certains
opposants à certains projets venaient dire des choses qui, souvent,
n'avaient pas vraiment un rapport très relié au projet comme tel,
étalent démagogues, démesurés et que, souvent, les
commissaires ne sentaient pas que c'était leur rôle de corriger
certains faits et certaines avancées des opposants. Alors, je vois que
c'est M. Dubé qui va me répondre.
M. Dubé (Yvon): Oui, il me fait plaisir, après
trois ans d'exercice comme commissaire, de répondre à cette
question, M. le Président. Que certains promoteurs se sentent à
l'occasion pris à partie, je crois qu'il y a là un certain fond
de vérité qu'il faut expliquer. C'est que, dans bien des cas,
lorsqu'un projet est soumis et mal compris par la population ou quand la
population est nettement opposée, il se crée, avant même
l'audience publique, un certain climat, et c'est tout à fait normal, qui
se reflète au début de l'audience. Mais l'expérience
prouve que, très rapidement, les présidents de commissions, les
commissaires désamorcent les difficultés de voltage qui peuvent
se présenter. Nous travaillons ensemble. Et le but des commissions,
c'est...
Mme Pelchat: En autant que ce soit en bas deiOMG.
Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Vous avez bien compris.
M. Dubé: Alors, le travail de la commission est justement,
d'abord, de créer un climat de compréhension mutuelle, de respect
mutuel. Lorsque les questions ou les réponses ne respectent pas les
personnes, immédiatement, les présidents interviennent et on
rappelle les gens à l'ordre. Normalement, on n'a pas besoin de le faire
très souvent ni très "drastiquement".
Alors, mon expérience, en tout cas, est à l'effet qu'au
contraire les gens des parties arrivent parfois un peu nerveux de part et
d'autre, ce qui peut créer certaines tensions, mais, assez rapidement on
travaille ensemble et non seulement les requérants et les promoteurs
participent activement, mais aussi toutes les personnes-ressources des
différents ministères. Il arrive parfois qu'on a quatre ou cinq
ministères représentés qui répondent aussi aux
questions de la population. La richesse d'une commission est exactement d'aller
chercher ainsi, dans un climat de confiance, dans un climat serein, la science
des gens et la science des promoteurs, et je crois que ça se fait assez
rapidement. Donc, l'atmosphère, il peut arriver à l'occasion que
ce soit vrai, mais, en général, ce n'est pas du tout le cas.
Je ne voudrais pas passer sous silence les interventions
démesurées ou démagogues des gens, ou encore les
interventions qui apparaissent, de prime abord, non reliées au sujet. Et
ça, il est très difficile de savoir d'avance quelles questions,
bien sûr, vont être posées. Même si la personne en
question appartient à un groupe connu, on ne peut pas deviner. Alors, il
appartient au président de juger sur-le-champ de la pertinence des
questions. Vous comprendrez facilement qu'il y a des gens qui sont assez
habiles pour poser une première question sans trop savoir où est
la deuxième, où on s'en va. Vous êtes familiers avec ce
genre de choses.
Mme Pelchat: M. Dubé, vous n'avez pas l'impression que le
BAPE, les gens qui procèdent à l'évaluation, les
commissaires ont un parti pris en partant?
M. Dubé: II est impossible pour un commissaire d'avoir un
parti pris parce que, selon notre code d'éthique, il faut avoir une
écoute attentive, active des deux parties, ce que j'appelle, moi, une
égale affection pour le promoteur et le requérant ou les
requérants.
Mme Pelchat: Parlons-en du code d'éthique, parce que
c'était une des recommandations du rapport Lacoste que le BAPE se donne
un code de déontologie. Je vois que, depuis la publication du rapport
Lacoste, selon ce que vous venez de dire, le BAPE s'en est donné un.
Est-ce que vous pourriez le résumer et résumer les grandes
lignes? Vous venez de parler de degré d'affection égal, et pour
le promoteur et pour les opposants; il y a sûrement d'autres
éléments qu'il serait intéressant de nous faire
partager.
M. Tétreault: mme la députée, effectivement,
nous nous sommes donné un code d'éthique qu'il me fera plaisir de
vous livrer tout à l'heure.
Mme Pelchat: Vous pouvez même le déposer, si le
président l'accepte.
Le Président (M. Garon): II n'y a pas d'objection? Les
membres...
Mme Pelchat: O.K. Vous pouvez poursuivre, monsieur.
M. Delisle: Alors, essentiellement, notre code de
déontologie définit les devoirs des commissaires permanents et
des commissaires additionnels dans l'exercice de leurs fonctions. C'est certain
qu'au début il y a certaines prescriptions au niveau de
l'intégrité, de l'indépendance, des qualités
professionnelles et personnelles des individus et, par la suite, dans
l'exercice d'un mandat, le commissaire doit aussi s'engager à avoir
certains comportements. On peut parler notamment des pratiques du Bureau ou des
exigences du Bureau d'audiences: que les commissaires, évidemment, ne
parlent pas publiquement du dossier sur lequel ils siègent et que tout
ce qui se passe dans une commission reste secret; un commissaire doit assister
à l'ensemble des séances publiques; il est signataire du rapport;
les commissaires du BAPE ne commentent pas leurs positions après que ces
positions-là sont déposées au ministre. Alors, c'est un
ensemble de règles qui assurent la transparence, qui assurent
l'indépendance, qui assurent l'équité par rapport à
l'ensemble des participants et qui assurent aussi la discrétion au
niveau du travail d'une commission. Je pense que, globalement, c'est le contenu
de ce code dont vous pourrez prendre connaissance en détail.
Mme Pelchat: Je vous remercie, M. Delisle, vous nous donnez
l'exemple qu'il y a au moins une des recommandations du rapport Lacoste qui a
été mise en application. Je vous remercie. M. Tétreault,
si je vous disais que notre commission, la commission de l'aménagement
et des équipements, demain matin, avait une seule recommandation
à faire pour améliorer le travail du BAPE, rien qu'une,
là, je vous demanderais, moi: M. Tétreault, dites-moi donc
laquelle vous aimeriez que la commission recommande au gouvernement de mettre
en application, celle qui vous faciliterait la vie probablement le plus, celle
qui améliorerait tout le processus de la consultation, mais aussi
peut-être la procédure elle-même. Je vous donne trois
minutes pour y penser.
Des voix: Ha, ha, ha!
Mme Pelchat: Alors, on est suspendus à vos lèvres,
allez-y.
M. Tétreault: Alors, Mme la députée, je
pense que... Vous m'en demandez une. C'est difficile pour moi de me limiter
à une parce que... Mais, O.K., vous m'en demandez une...
Mme Pelchat: Ne vous en faites pas, je vais vous en demander une
deuxième.
M. Tétreault: Je vais y aller pour l'assujettissement des
articles de règlement qui ne sont pas encore en force. Je pense qu'on
devrait aller dans ce sens-là.
Mme Pelchat: On en prend bonne note.
M. Tétreault: Et ça peut se faire très vite.
Ça ne prend pas des modifications législatives pour faire
ça.
Mme Pelchat: O.K. Disons qu'on a adopté cette
réglementation-là, que nous, la commission, en ferons mention
dans notre rapport, que le ministre conseille au Conseil des ministres de
mettre en vigueur la réglementation qui est suspendue, quelle autre
recommandation faudrait-il mettre en application pour répondre à
cette nouvelle demande là? Est-ce que là, effectivement, ce ne
serait pas important d'avoir une évaluation des programmes ou des
politiques, tout de suite, du gouvernement, sur à peu près toutes
les facettes dont on parle?
M. Tétreault: Mme la députée, en fonction
des grandes avenues que je vous al données tout à l'heure, je
pense bien que notre société est assez avancée et assez
mature pour entreprendre les grands débats de fond qui sont
demandés un peu partout. J'essaie de jauger en termes d'importance. Si
vous me demandez de jauger, alors je dirais que les grands débats de
société sont la deuxième option à
privilégier.
Mme Pelchat: Alors, on devrait tenir des évaluations sur
les grandes politiques de l'État et probablement aussi sur ce qui
s'ensuit, sur certains programmes?
M. Tétreault: Surtout sur les programmes, en tout cas.
Mme Pelchat: D'accord. Est-ce que vous pensez qu'il serait
opportun d'identifier le BAPE comme...
M. Tétreault: D'ailleurs, II y a certaines initiatives
prises dernièrement qui vont dans ce sens-là.
Mme Pelchat: Des études de cogénération.
M. Tétreault: La cogénération, par exemple;
forêts est un autre exemple; déchets dangereux.
Mme Pelchat: Vous êtes bien à l'aise avec le fait
que le BAPE pourrait être en mesure de faire l'évaluation de ces
programmes-là?
M. Tétreault: Nous nous sentons en pleine confiance pour
aborder ces sujets-là.
Mme Pelchat: Et que, par la suite, un projet soumis d'une
façon locale soit aussi étudié et évalué par
le Bureau d'audiences publiques?
M. Tétreault: J'aimerais que vous précisiez un
petit peu votre question. Dans la deuxième partie, je vous ai perdue un
petit peu.
Mme Pelchat: En fait, si le BAPE fait l'évaluation
à large échelle des programmes et que, par la suite, un projet se
présente dans une région donnée, est-ce que ce sera encore
au BAPE qu'on demandera de faire les audiences publiques et, en bout de ligne,
la recommandation au ministre? (15 heures)
M. Delisle: J'ai eu à participer à deux audiences
jusqu'à maintenant, qui sont des audiences portant sur des programmes ou
des politiques, soit celle des déchets dangereux et celle sur la
protection des forêts, et il est évidemment clair dans notre
esprit que ça n'enlève pas aux citoyens leur droit d'avoir une
audience sur un projet particulier quand il y a eu une audience
générique.
Je pense que votre question est un peu une question d'éthique,
que des commissaires qui ont pris position sur un programme, par après,
aient à tenir une audience sur un projet qui découle de ce
programme-là, alors qu'une commission du BAPE a pris position sur le
programme. On a déjà cette situation-là, maintenant, au
niveau de la médiation par rapport à l'audience. On a
actuellement une procédure qui s'installe tranquillement, qui consiste
à obtenir une enquête préaudience et une médiation,
et...
Mme Pelchat: Ne pensez pas à mes questions, M. Delisle,
là.
M. Delisle: C'est parce que c'est la même situation. Le
citoyen ne perd pas son droit d'audience. Donc, il peut arriver qu'un
commissaire ait participé à une médiation et qu'il y ait
quand même une audience. Notre éthique fait que ce
commlssalre-là ne sera pas sur la commission qui va tenir l'audience.
Comme toutes les commissions sont souveraines et indépendantes, il n'y a
pas d'interaction ou de conflit de fond entre le commissaire qui a fait sa
médiation et la commission. Si on a, éventuellement, des
audiences génériques, je pense qu'on aura la même
éthique, qu'un commissaire qui a déjà pris une position
sur un programme serait mal placé pour aller siéger sur un projet
par la suite, chacune des commissions siégeant là-dessus
étant totalement indépendante.
Mme Pelchat: Donc, le BAPE pourrait très bien être
le médium, si on peut l'appeler comme ça, d'évaluation des
grands programmes et peut-être des politiques.
M. Delisle: Du fait aussi qu'on n'est pas décisionnel, ce
sont des avis que l'on transmet au ministre et au gouvernement et, à ce
moment-là, le risque de conflit est moindre.
Mme Pelchat: J'aimerais qu'on reparle de la médiation.
Dans le rapport Lacoste, il est fortement suggéré qu'on ait une
étape de médiation et qu'elle soit presque
institutionnalisée. Moi, j'ai un peu de difficultés avec... pas
la médiation. Au contraire, je trouve que ça devrait être
dans le règlement d'une façon plus formelle, mais j'aimerais
ça que vous me vendiez l'idée, pourquoi ça devrait
être le BAPE et non pas un organisme ou des commissaires ad hoc vraiment
indépendants du boss qui est le président, toujours.
M. Dubé: La médiation, normalement, suit à
la suite de ce qu'on appelle une enquête préaudience ou une
enquête préliminaire. Le ministre reçoit une demande d'un
requérant qui veut une audience publique. Examinant le dossier, il n'est
pas évident, à chaque fois, que ça demande quand
même des dépenses et du temps de faire une audience publique pour
un point qui apparaît mineur au ministre.
Alors, il demande au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement,
qui fait cette enquête-là, de faire rapport au ministre. Ça
peut prendre un mois à peu près, ça peut prendre deux
mois. Ça dépend. Le commissaire en question suggère au
ministre certaines choses. Alors, s'il suggère et que le ministre dit
oui pour une médiation, le dossier a déjà
été soumis à la population via le BAPE dans une
époque antérieure, il a été ensuite analysé
et étudié avec les requérants, donc le BAPE est tout
à fait prêt pour faire de la médiation à condition
que le projet en question soit acceptable par les deux parties, par les
requérants aussi. Ce n'est qu'un point de détail, mais
détail, entendons-nous. C'est important pour la personne en question,
mais la personne en question pour qui c'est important sait également que
c'est un détail dans l'ensemble. À ce moment-là, lorsque
les deux parties sont d'accord, on poursuit, on fait assez rapidement la
médiation en question.
Je crois que les résultats obtenus ainsi peuvent être
très bons. D'abord, pour éviter un certain laps de temps, pas
toujours parce que ça peut être assez long quand même, mais
surtout parce que la somme d'argent investie est complètement
différente. Troisièmement, ça permet d'aborder un plus
grand nombre de dossiers en l'espace d'un an. Monsieur parlait...
Mme Pelchat: Toujours en évitant que les mêmes
commissaires soient appointés à l'une ou l'autre des
étapes.
M. Delisle: Et pour finir, pour votre question précise,
pourquoi le BAPE? Bien, c'est que, suite logique de ce que je viens de dire, le
BAPE ayant manipulé le dossier presque jusqu'à la fin, je crois
que c'est, à ce moment-là, assez facile de poursuivre.
Mme Pelchat: Mon collègue de La Prairie est encore
brûlant. Alors, je lui repasse la parole.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Bon! Je veux juste bien
comprendre. Là, vous êtes assez catégorique. Vous
êtes d'avis que c'est urgent que le gouvernement, par un décret,
mette en vigueur, au fond, les paragraphes qui ne sont pas en vigueur,
assujettise les grands projets industriels à la procédure.
Deuxièmement, vous êtes d'avis aussi que le BAPE devrait, par
l'article 6. 3 de la loi, donc, encore là, sans changement
législatif ou réglementaire, se voir confier un plus grand nombre
de mandats pour entendre le public sur des politiques et des études
génériques. C'est ça? Oui. Bon.
Je reviens à la question qu'on discutait tantôt. Vous
disiez: Dans la très grande majorité des cas, nos avis ont
été entérinés par le gouvernement. Bon. Il y a
évidemment un cas, là - tout le monde l'a en tête; il
s'appelle Soligaz - où, suite à vos avis, le gouvernement a
jugé bon de créer deux comités. J'ai une couple de
questions là-dessus. D'abord, comment avez-vous réagi à
ça, vous autres? Humainement parlant, au plan subjectif, ça a
dû arriver comme une surprise. Je n'ai pas l'Impression que c'est
arrivé souvent dans le passé que, suite à des avis du
BAPE, un gouvernement crée un ou deux comités pour avoir d'autres
avis. Ça a été quoi votre réaction?
M. Tétreault: Si vous permettez, M. le
député, je vais placer les choses dans un certain contexte.
D'abord, notre code d'éthique fait strictement référence,
en termes de déclarations publiques, par le président ou par un
membre de commission, sur le contenu ou la substance d'un rapport ou, encore,
sur une décision du Conseil des ministres... C'est très clair:
respecter les décisions du Conseil des ministres; à la suite des
rapports des commissions, éviter de commenter publiquement. Très
clair.
Point 2: Écoutez, chaque commission est souveraine,
indépendante - appelez ça comme vous le voudrez. Comme
président, par exemple, du Bureau, je ne peux intervenir d'aucune
façon pour donner un alignement au dossier ou pour commenter,
vis-à-vis de la commission ou autre, une angulation quelconque qui est
prise. Je peux difficilement le faire après aussi.
Vous vous référez plus particulièrement à un
dossier qui a été qualifié de peut-être un peu plus
pénible. J'ai le privilège, si on peut appeler ça le
privilège, de ne pas avoir été présent,
excepté dans les tous derniers millages de ce dossier-là. Vous
comprendrez que toute déclaration de ma part sur ce qui aurait pu, ou
aurait dû se passer, ou s'est passé tient de la spéculation
ou peut tenir de la spéculation et de la fabulation. Pour ces
raisons-là, M. le député, je crois approprié, comme
président du Bureau, de ne pas faire de commentaires sur ce genre de
situation.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure: Je m'en doutais bien, mais je m'essayais quand
même!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure: Mais vous allez reconnaître sans
difficulté que le commun des mortels ne fait pas cette distinction:
commission autonome, souveraine et BAPE. Mol, président du Bureau, je
n'ai rien à voir avec la commission souveraine. Le public ne fait pas
ces distinctions-là et je dirais môme que beaucoup de politiciens
et politiciennes ne font pas cette distinction-là.
Par conséquent, je vous pose une autre question: Comment
pensez-vous que le public a réagi à ça dans sa perception
de l'Image du BAPE? Autrement dit, est-ce que ça a aidé,
là, à la crédibilité du BAPE, cette
affaire-là, ou pas?
M. Tétreault: Ah! Pour être honnête - vous me
demandez une opinion, je vais vous en donner une - à la lumière
de ce que nous vivons, en termes de mandats qui nous incombent, qui nous ont
été donnés dans les six derniers mois ou qu'on peut voir
venir à l'horizon, à la lumière des demandes qui nous sont
acheminées et que je réachemine, parce que le BAPE ne se donne
pas de mandat, on reçoit nos mandats, on exécute - je signe,
comme président du Bureau, au moins deux fois par semaine, et je suis
très honnête quand je dis ça, deux fois, des demandes de
groupes quelconques qui voudraient une implication - je n'ai pas l'impression
que nous sommes en perte de vitesse ou que notre crédibilité aura
pu être ébranlée. SI c'était le cas, on n'aurait pas
cette situation.
M. Delisle: Peut-être une petite Information
complémentaire puisque la commission sur la stratégie de
protection des forêts se passait pendant le dossier Soligaz: nous avons
eu 202 mémoires.
M. Lazure: Je m'en réjouis et je suis sûr que vous
allez continuer à en avoir beaucoup, même plus, au fur et à
mesure que votre champ d'action va être plus vaste.
L'autre question à laquelle vous n'avez pas répondu,
est-ce que c'est arrivé, dans le passé, que, suite aux avis
officiels du BAPE, II y ait eu création de comités comme
ça? Puis dans quel cas c'est arrivé? De mémoire, je ne me
rappelle pas. Ça a pu arriver, mais je ne me souviens pas qu'il y en ait
eu.
M. Delisle: À ma connaissance, même si je
n'étais pas au BAPE à cette époque, c'est arrivé
dans le cas de la sixième ligne Radlsson-Nicolet-
Des Cantons où II y a eu un comité d'experts qui a
siégé après que le BAPE eut transmis son avis au
ministre.
M. Lazure: C'est juste. Oui. Ce serait le précédent
antérieur. Bon. Compte tenu de votre disponibilité et de la
motivation que vous avez à entrer dans des terrains nouveaux, des
terrains d'action nouveaux, vous avez évalué sûrement
combien de ressources additionnelles ça prendrait, financières ou
en personnel, pour être capable de transiger avec les nouveaux projets
industriels assujettis de même que les politiques gouvernementales qui
affectent l'environnement? Avez-vous une idée, environ là, du
nombre de personnel additionnel que ça prendrait?
M. Tétreault: Voyez-vous, un ajustement ou une adoption
réglementaire, on me dit, peut prendre quelque chose comme l'espace de
six mois dans le système.
M. Lazure: Quel ajustement réglementaire?
M. Tétreault: L'adoption de la réglementation. Un
décret ou peut-être...
M. Lazure: Non. Il s'agit pour... Article 2g, j, n, p, il s'agit
d'un décret du Conseil des ministres tout simplement, purement et
simplement. Ça, il s'agit que le ministre de l'Environnement, la semaine
prochaine, fasse inscrire à l'ordre du jour du Conseil des ministres:
Mise en vigueur de, etc., puis de préparer un décret à cet
effet que le sous-ministre, avec l'aide du BAPE, pourra rédiger de
façon très compétente. Donc, à mon avis, il n'a pas
besoin de réglementation nouvelle pour ça.
M. Tétreault: M. le député, je peux vous
dire que, jusqu'à maintenant, nous avons eu du gouvernement les
ressources nécessaires pour réaliser nos mandats, en tout cas
jusqu'à aujourd'hui au moins. Je peux vous dire qu'il y a eu une
augmentation assez substantielle au cours des deux derniers exercices
financiers. Cependant, dans un contexte où nous ajouterions la dimension
dont vous parlez, M. le député, je pense qu'il faudrait faire en
fonction des projets qui sont mis de l'avant et dont on peut aller chercher
l'information sur l'existence et le degré d'avancement, qu'il est
possible pour nous de faire les évaluations de ce que peut nous
coûter le fait qu'on s'embarque dans cette entreprise-là
agrandie.
M. Lazure: Bon, je vois que vous êtes assez optimiste, mais
sans parler de chiffres, là, combien d'autres personnes à peu
près, et des personnes venant de quelles disciplines auriez-vous besoin?
De combien de ces personnes vous auriez besoin pour faire face aux nouvelles
demandes? À peu près, un ordre de grandeur: 5, 10,15? (15 h
15)
M. Tétreault: Disons qu'au meilleur de ma connaissance,
actuellement, nous avons, au moment où on se parle, l'équivalent
de 47 personnes/année. On prévoit, dans un contexte normal
d'évolution, en fonction de ce qu'on peut voir venir pour les 4
prochaines années, une augmentation de l'ordre de 15 %.
M. Lazure: Et ça serait suffisant pour les nouveaux
mandats?
M. Tétreault: On parle du nombre de personnes requis.
C'était votre question.
Une voix: Oui, oui.
M. Tétreault: Nombre de personnes requis. On
prévoit une augmentation de 15 % au moment où on se parie...
M. Lazure: Mais ces prévisions-là... M.
Tétreault: ...par année.
M. Lazure: ...tiennent-elles compte que le BAPE,
dorénavant, si le gouvernement accepte la recommandation de cette
commission qui semble probable...
Une voix: Non.
M. Lazure: ...à l'effet d'assujettir les grands projets
industriels...
M. Tétreault: C'est votre... Cette situation-là,
cette projection-là n'en tient pas compte...
M. Lazure: Bon, d'accord.
M. Tétreault: ...n'en tient pas compte.
M. Lazure: C'est ça qui est ma question. En dehors des 15
% normaux, vous escomptez que ça prendrait environ combien de personnes,
là?
M. Tétreault: Dans la situation actuelle, dans le contexte
actuel, on prévoit une augmentation de l'ordre de 15 % par
année.
M. Lazure: O.K.
M. Tétreault: dans le contexte de l'assujettissement,
je... il faut regarder ça plus précisément. je ne peux pas
vous répondre, honnêtement.
M. Lazure: Mais vous êtes vraiment prêts, par
exemple.
M. Tétreault: Nous, on est prêts à
fonctionner. Oui, monsieur.
M. Lazure: Je veux être sûr de ça. Bon.
La médiation tantôt dont on parlait là, vous l'avez
utilisée assez souvent, vous disiez, surtout depuis quelques
années. Là aussi, est-ce qu'on peut avoir un ordre de grandeur?
Dans quel pourcentage? Combien de fois vous l'avez utilisée et
puis...
M. Dubé: Au cours des trois dernières
années, quatre ou cinq fois. Cinq fois.
M. Lazure: Ah bon! En tout et partout. M. Dubé: En
trois ans. M. Lazure: En trois ans.
M. Dubé: Mais, auparavant, il y en a eu d'autres,
quelques-unes aussi.
M. Lazure: Oui. Bien, sur ces quatre ou cinq fois en trois ans,
là, le pourcentage des succès et des échecs,
c'était quoi?
M. Dubé: Je suis très heureux de vous dire que
c'est 100 %.
M. Lazure: 100 %.
M. Tétreault: Cette année, nous avons entrepris ou
sommes en voie de réaliser, pour l'année présente,
1990-1991, cinq médiations.
M. Lazure: M. le Président, mon collègue de
Jonquière.
Une voix: Oui.
M. Dufour: Comme on a tendance à vouloir aller plus en
médiation...
Le Président (M. Garon): M. le député de
Jonquière.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Dufour: Merci, M. le Président. Comme on a tendance
à vouloir aller plus souvent en médiation, moi, il y a quelque
chose qui m'intrigue parce que la plupart des intervenants nous ont dit: II
faudrait raccourcir les délais pour que ça aille le plus vite
possible. Je prends pour acquis que, la médiation ayant eu lieu,
ça échoue. Ça peut arriver. Là, vous avez une
moyenne de 100 %, mais, si on y va plus souvent, vous pouvez manquer votre
coup. Là, la médiation, ça veut dire que, là, il y
a un autre processus qu'il faut qu'il s'engage. Là, c'est le BAPE qui
vient... ce sont les audiences qui vont embarquer. À ce
moment-là, ça rallonge.
Est-ce que vous pensez qu'il ne pourrait pas y avoir une formule plus
intéressante ou plus directive dans le sens que quelqu'un pourrait
choisir entre la médiation et le Bureau d'audiences? Comme ce qui se
fait dans des bureaux de tribunal commercial, les gens s'astreignent à
une procédure au départ. S'ils vont là, ils ne vont pas en
cour. S'ils vont en cour, ils ne vont pas là. Mais là, pourquoi
rallonger des délais indéfiniment? Je pense à la...
Ça n'a pas changé grand-chose chez nous, remarquez bien. Il y a
eu une médiation, II y a eu un accord puis on n'a pas encore eu le O. K.
Je parle de l'autoroute Jonquière-Saint-Bruno ou La Baie, ça
serait plus connu.
M. Tétreault: M. le député, je vais vous
dire ceci. D'abord, pour qu'il y ait médiation, il faut que le promoteur
et le requérant acceptent d'entrer dans le jeu. Point un. Point deux,
nous, on fonctionne, comme vous le savez, dans des délais
compartimentés, fermés et connus. Ça s'applique même
à la relâche de nos documents ou de nos avis au ministre. Le
ministre a 60 jours pour livrer au public les avis que nous lui soumettons.
C'est clair. L'expérience des 2 dernières années nous
indique que, normalement, dans la plupart des cas, les cas réussis, nous
avons réglé, à l'intérieur de 60 jours, à la
fois l'enquête préliminaire ou préaudience et la
médiation. L'expérience nous livre ça. Il peut arriver -
et dans certains cas c'est peut-être souhaitable - que des dossiers de
médiation prennent 10 jours de plus ou 20 jours de plus, mais
l'expérience qu'on a actuellement fait qu'on livre le produit à
l'intérieur de 60 jours, et le requérant garde toujours la
possibilité de maintenir sa demande d'audience, dans le cas où
nous entrons dans une médiation. C'est l'état actuel de la
situation.
M. Dufour: Oui, mais, M. le Président, lorsqu'on parle
d'étude d'impact et du Bureau d'audiences, c'est parce qu'il y a des
Impacts. Quand on les connaît, quand on va à la médiation,
ça veut dire qu'il n'y a pas beaucoup d'Intervenants qui s'opposent.
Donc, le public est protégé de ce côté-là,
à mon point de vue. Il reste quoi? Il reste l'intervenant, et
l'intervenant, c'est une question d'intérêt. Ce n'est pas
compliqué. Donc, à ce moment-là, pourquoi on prend une
chance de rallonger les délais Indéfiniment? À moins que
vous soyez de connivence avec d'autres personnes pour dire: Bien, ça
nous permet de retarder les projets, surtout quand c'est le gouvernement qui
est impliqué. Moi, Je suis obligé de vous poser la question
clairement, comme je la pense, parce que je l'ai vu, le processus, et ça
a pris six mois avant qu'on décide que, et ça a pris deux mois
avant qu'on fasse que, puis, après ça, on est rendus à
trois mois avant qu'on prenne la décision, et il n'y a rien de pris
encore. Ça fait que, là, je ne sais plus.
Mme Journault (Claudette): M. le député,
pour avoir fait deux médiations qui ont été
reçues favorablement de la part des citoyens et de l'ensemble des
intervenants du milieu également, je pense que ça a
été un processus qui a été reçu avec grand
intérêt parce que les règles du jeu sont claires. Le BAPE a
un mandat d'un mois ou deux mois pour fermer le dossier et les gens savent
qu'on a ce délai-là. Lorsqu'on procède par la
médiation, c'est parce qu'on a déjà fait une enquête
avant et qu'on s'est déjà assurés, dans la mesure du
possible, que les gens sont prêts à avoir un règlement.
Cependant, cette médiation-là... Il peut arriver, en cours
de médiation, que des problèmes sérieux apparaissent. Des
fois, ce n'est pas juste un individu. Dans certains cas, j'ai vu plusieurs
familles qui étalent impliquées dans une médiation et II
fallait leur garantir qu'en bout de piste, si le promoteur n'apportait pas les
solutions satisfaisantes, elles pourraient aussi avoir un recours. Je pense que
c'est un processus qui est à l'écoute des citoyens, qui permet de
répondre par des moyens simples, souvent, et non lourds à la
demande des gens et de régler des cas quand on peut le faire.
M. Dufour: Mais le BAPE ajouterait quoi, à travers tout
ça, après la médiation? Parce que, si c'est une question
d'intérêt et qu'il y a des gens qui ne sont pas satisfaits, en
supposant que le projet est obligatoire et qu'il est nécessaire, il va
arriver quoi? Le même processus qu'on a toujours connu. À quelque
part, vous avez un pouvoir de recommandation, mais pas décisionnel.
Mme Journaurt: Oui.
M. Dufour: C'est là-dessus que, moi, je fais mon
argumentation à l'effet que oui, c'est connu d'avance, ce qu'on fait,
mais on sait bien que, quand vous allez en médiation, c'est parce que
vous avez des choses très précises sur lesquelles vous appuyer.
Ce n'est plus une question d'analyser les impacts environnementaux pour
l'ensemble de la population. C'est pour des individus très...
Mme Journaurt: Vous avez tout à fait raison. Lorsqu'on
recommande au ministre d'aller en médiation, c'est que le fond du
dossier, la justification même du dossier n'est pas remise en cause.
C'est une question fondamentale pour nous. Jamais on ne propose une
médiation si une question de fond est sur la table. Alors, on
évalue la chance de succès dans notre rapport
préalable.
Le Président (M. Garon): O.K. M. le député
de Dubuc?
M. Morin: Oui, mais je voudrais quand même qu'on
réponde un peu plus précisément à la question de
mon collègue. C'est dans l'éven- tualité où...
À partir du moment où on circonscrit le problème alentour
d'un intérêt limité, non pas d'un groupe, mais
peut-être d'un individu qui avait demandé des audiences, demande
qu'on ne peut qualifier de frivole... D'accord?
Mais à partir du moment où vous recommandez une
médiation et que le ministre l'accepte, est-ce qu'à ce
moment-là, vu qu'il n'y a plus d'intérêt public mis en
cause, le fait d'autoriser la médiation n'aurait pas pour effet
d'éliminer l'audience? Puisque le fait d'accorder des audiences... Vous
dites: Toute la dimension des impacts est contrôlée. Il y a une
reconnaissance tacite de la justification du projet. Donc, ça
élimine, presque à sa source, la nécessité
d'audiences publiques en autant que l'intérêt public est
concerné. Donc, à ce moment-là, si vous autorisez
ça, il y aurait incohérence à... Alors, je voudrais avoir
un peu plus de précisions là
Mme Journaurt: D'accord. Alors, je pense que la loi,
déjà, donne la latitude au ministre de l'Environnement puisque
c'est à lui à déterminer si la demande d'audience est
frivole. Cette question-là est fondamentale. Nous, au Bureau d'audiences
publiques, lorsqu'on reçoit un mandat, on ne revoit pas si la question
était importante ou si elle était frivole. La décision est
prise déjà au niveau de l'élu. Nous, on intervient,
à ce moment-là, plus au niveau de comment on peut trouver une
solution qui, à la fois, satisfait le promoteur et respecte
l'environnement des citoyens.
Alors, il n'y a pas non plus de nombre de citoyens qui a une masse
critique. Nous, on considère qu'un citoyen est important au niveau de la
démocratie et on prend, je pense, le temps de l'écouter si on a
un mandat dans ce sens-là. Évidemment, un individu,
généralement, c'est plus... Il y a moins de demandes divergentes
que plusieurs familles ou plusieurs groupes qui vont venir se présenter
en audiences. Mais je pense que la question est au niveau de la
frivolité.
M. Dubé: J'aimerais rajouter un point. C'est que, lors de
l'étude de l'enquête préliminaire et aussi lors de la
médiation, mais surtout en première partie, le commissaire qui
est chargé de faire le travail ne conçoit pas seulement
l'intérêt particulier. Il peut arriver que le requérant
fasse une demande et que ce soit strictement privé, mais il peut arriver
aussi que son intérêt soit public. Alors le commissaire doit
juger, de part et d'autre, de quoi il s'agit. SI l'intérêt public
dépasse vraiment la compétence d'un seul requérant ou la
compétence - je dirais - d'un mandat de médiation, le commissaire
va, à ce moment-là, recommander au ministre de faire
enquête et audience publique parce que le commissaire n'a pas le droit de
cacher des choses qu'il apprend par le requérant ou qu'il apprend de
lui-même dans son enquête.
Le Président (M. Garon): Merci. M. le député
de Saguenay.
M. Quesnel: M. le Président, si vous me permettez, je
compléterais. Quand on parie d'augmentation des délais par la
médiation, à tout événement, ça ne
dépassera jamais quatre mois parce que la médiation, si elle a
lieu, ne sera jamais plus longue que l'audience.
M. Dufour: Oui, mais si elle la manque?
M. Quesnel: Si elle la manque? Bien, il peut y avoir une
augmentation entre zéro et quatre mois.
M. Dufour: Voilà! Je pense qu'il y a quelque chose, en
tout cas.
Le Président (M. Garon): Merci. M. le député
de Saguenay.
M. Maltais: Merci, M. le Président. M. Tétreault,
il y a beaucoup de membres, beaucoup de personnes, qui sont venues ici
témoigner, qui ont fait le reproche suivant. Lors des audiences
publiques sur le projet x, z, w, là - peu importe comment on l'appellera
- c'est que les promoteurs ont trouvé que, souvent, finalement, on
faisait un débat public sur bien d'autres choses que le projet
concerné, qu'on mettait tout dans le même melting-pot puis,
finalement, qu'on faisait le procès de la société, du
gouvernement, de tout le monde. Et beaucoup... Je sais que madame n'est pas
d'accord avec moi mais, malheureusement, si vous aviez été ici
depuis trois semaines, vous en auriez entendu des mûres puis des pas
mûres. Est-ce que vous trouvez ça, vous, madame, qu'on en profite
pour faire un débat de société où, finalement, on
s'occupe uniquement de nos oignons?
Mme Journault: Bien, à chaque fois qu'on reçoit des
citoyens pour questionner un projet, évidemment, c'est un débat
de société. Il n'y a pas un niveau où ça devient un
grand débat de société, il n'y a plus de débat de
société. C'est une question de... Les gens qui sont
intéressés à connaître le pourquoi d'un projet vont
questionner sa justification et nous les aidons à avoir l'information,
de la part du citoyen, pourquoi ce projet-là est proposé dans un
milieu. Alors, évidemment, si les grandes politiques étaient
soumises à une consultation publique, si, par exemple, au niveau des
questions énergétiques, on avait une consultation sur ces
aspects-là, les aspects de la politique énergétique qui
sont questionnés lors d'une audience publique, les citoyens en seraient
informés et on ne viendrait plus questionner le promoteur sur ces
aspects-là. (15 h 30)
M. Maltais: Mais lorsque vous parlez d'énergie... Je vais
y aller là-dessus. Lorsque vous dites qu'il n'y a pas de...
M. Tétreault: Pardon, M. le député. On
revient toujours à la question de base. Plus le citoyen peut intervenir
en amont, moins de problèmes vous avez dans le déroulement. Tout
est alentour de ça.
M. Maltais: Écoutez, M. le Président, on va essayer
de bien se comprendre. Moi, les promoteurs qui sont venus ici, ils ont dit
qu'ils faisaient des débats de société. Madame a dit: Bon,
O. K., quand on parle d'énergie, c'est vrai qu'il n'y a pas eu un
débat de fond. Il n'y a pas eu une commission parlementaire qui a
duré six mois, qui a fait le tour de la province, mais il y en a eu une
qui a duré quand môme 23 jours en 1990; 61 groupes sont venus en
audition à cette commission parlementaire là. Si ce n'est pas un
débat de société, cette affaire-là, c'est quoi?
"C'est-u" une baliverne de la ministre de l'énergie? Qu'est-ce que
ça vaut, ça?
Est-ce que vous considérez qu'une commission parlementaire de 23
jours, tenue dans l'Assemblée nationale du Québec, à
laquelle tout le monde peut participer, c'est un débat de fond ou bien
que c'est rien que de la frime, cette histoire-là? Comment est-ce que
vous considérez ça?
M. Delisle: Vous parlez, j'imagine, de la commission
parlementaire sur le plan de développement d'Hydro-Québec pour
cinq ans? C'est bien ça?
M. Maltais: C'est ça. Oui.
M. Delisle: Je pense que, souvent, ce qui fait que les promoteurs
disent que les débats débordent nos mandats, c'est justement
qu'il y a cette discussion sur les justifications du projet. Dans toute
audience que nous faisons, la justification du projet est quand môme en
cause. Nous faisons très attention, quand nous analysons le projet,
quand nous examinons l'étude d'Impact et quand nous questionnons, de
rester dans le mandat tel que donné par le ministre.
Maintenant, il y a des différences de perception quant à
la portée môme de mots de certains mandats. Si on accepte de
questionner la justification du projet, pensons, par exemple, à une
ligne hydroélectrique, si on siège sur la ligne, si on fait une
audience publique sur la ligne comme telle, II y a évidemment des
questions qui se posent sur d'où vient l'électricité qui
arrive sur cette ligne-là.
Le promoteur qui est en audience, à répondre,
considère que nous débordons notre mandat parce que nous allons
au-delà de la limite de la ligne que nous allons analyser. Mais c'est
quand môme difficile de refuser à un citoyen qu'on réponde
aux questions: D'où vient l'énergie, où elle va, à
quoi elle va servir et
ainsi de suite? C'est très difficile, je peux vous le dire, quand
les citoyens posent des questions, de dire que des questions comme
celles-là ne sont pas pertinentes au projet.
M. Maltais: Ça va. Vous avez raison là-dessus. Mais
que des citoyens ne sachent pas qu'il y a eu une commission parlementaire de 23
jours, je le comprends. Qu'il y ait des groupes qui ne le sachent pas, je le
comprends. Mais que, vous, vous ne le sachiez pas, je le comprends mal.
M. Delisle: M. le député, nous le savons.
Maintenant, je crois que c'est de notoriété publique que le grand
débat sur la politique de développement énergétique
du Québec n'est pas encore fait et que les citoyens le demandent
beaucoup. Nous avons trois audiences, à l'heure actuelle, où ce
sont des questions énergétiques, et je puis vous assurer que les
citoyens demandent beaucoup, posent énormément de questions sur
quelles sont les orientations sur le plan énergétique qui sont en
amont des projets que nous avons à analyser.
Nous, nous savons que nous n'avons pas le mandat de regarder les
politiques et les orientations énergétiques, que nous regardons
les projets, mais c'est quand même de dire aux citoyens: Le débat
est fait et voici la réponse. Même les promoteurs de projets
énergétiques ne peuvent pas et ne veulent pas répondre
à ce type de questions.
M. Maltais: D'accord. Dans un autre ordre d'idées, les
municipalités sont venues nous dire, finalement, que, oui, beaucoup de
projets devaient être assujettis aux audiences. Mais là où
je me mêle un petit peu, c'est que ce matin, les gens de la
Communauté urbaine sont venus nous dire qu'eux autres ils informaient
leur monde et que c'était à eux autres de prendre ça.
Là, si vous autres, vous informez le monde, la Communauté
urbaine informe le monde, la ville dans laquelle le projet est concerné
informe le monde, je conviens que ça va faire du monde bien
informé. Mais le problème, c'est qu'il y en a 59 qui sont venus
nous dire qu'ils étaient mal informés. Comment voyez-vous
ça, vous, l'information?
M. Delisle: Bon.
M. Maltais: II y a eu une dame ici, hier, c'était
épouvantable. Elle venait de Blainville, pour un incinérateur
qu'il y a chez eux, là. Bon. C'était l'enfer. Finalement,
personne ne l'a informée. On ne l'a pas plus informée, nous
autres. On est des parlementaires, on n'est pas des ministres, on n'est pas le
président du BAPE non plus, on n'est pas le maire de la ville de
Blainville et on n'est pas l'échevin de son quartier, ni le promoteur
non plus.
C'est le cas de Stablex. On va le tirer au clair pendant qu'on l'a. Il
n'y a personne qui semble avoir été informé que c'est
ça. Comment ça marche, cette histoire-là? Pourquoi tout le
monde veut informer tout le monde et, au bout de la ligne, que tout le monde
est mal informé ou pas informé? Qu'est-ce qui cloche? Qu'est-ce
qui ne marche pas là-dedans?
M. Tétreault: M. le député, je sais qu'a
circulé l'idée de la création des BAPE
régionaux.
M. Maltais: Voilà! J'allais vous le faire dire.
M. Tétreault: J'ai lu ça. Je pense qu'au nombre de
MRC qu'on a au Québec ce ne serait peut-être pas la voie
souhaitable de créer 90 ou 95 BAPE régionaux. Ce serait, pour le
moins, peut-être une de lapidation de nos ressources humaines et
financières, jusqu'à un certain point. Cependant, écoutez,
il peut y avoir des circonstances - on parle du niveau des
municipalités, du niveau régional, des MRC - où, pour un
sujet, avec l'accord de différents intervenants au niveau
régional, d'importance, par exemple quelque chose qui sort
outre-frontières de la MRC, dans lequel le ministère doit
autoriser le projet ou la politique, éventuellement - on peut parler de
déchets, par exemple - il est possible - non seulement il est possible,
mais on a eu des revendications et je réponds toujours de la même
façon, que ce n'est pas nous qui nous donnons les mandats - que le BAPE
soit d'un secours pour aider à la solution, en termes d'avis, pour une
circonstance, une situation comme ça. Maintenant, c'est finalement une
décision qui revient au ministre.
Je suis sûr que le ministre qui répondrait à toutes
les demandes dans ce sens-là, demandes, par exemple, d'implantation d'un
site localement, pourrait se retrouver avec un BAPE débordé en
fonction de ses propres mandats qu'il veut lui-même donner au BAPE. Je
pense qu'en fonction de nos réalisations, dans certains cas, il pourrait
arriver qu'on puisse être utile.
M. Maltais: D'accord. Je vais terminer ici parce que je veux
laisser du temps à ma collègue, M. le Président.
Le Président (M. Garon): Mme la députée de
Vachon?
Mme Pelchat: Non, je n'ai pas...
Le Président (M. Garon): M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Je veux juste revenir
rapidement sur ce que le vice-président commentait tantôt, en
réponse à des questions du député de Saguenay,
à savoir les débats plus généraux, genre
débat énergétique.
On nous informe à l'instant que le gouvernement vient d'annoncer
qu'il y aura une seule évaluation globale sur Grande-Baleine. Alors,
nous, de l'Opposition, on se réjouit de ça parce qu'on le demande
depuis un an et demi, comme bien d'autres. On est très contents de
ça. Il y a des chances que ça donne le temps de tenir un grand
débat sur l'avenir énergétique. S'il y a une grande
évaluation globale qui se fait dans le Grand-Nord, à ce
moment-là, peut-être que ce serait intéressant que le
gouvernement donne un mandat au BAPE de tenir un débat public sur
l'avenir énergétique au Québec.
Les BAPE régionaux, moi, je ne suis pas particulièrement
attiré par cette idée, sauf s'il s'avérait que des
audiences conjointes, BAPE avec MRC, grandes municipalités ou
communautés urbaines, ne pourraient pas être tenues, peu importent
les raisons, là. À ce moment-là, il faudrait
peut-être y penser. Mais, dans un premier temps, je pense qu'on devrait
penser à utiliser beaucoup plus la formule d'audiences publiques
conjointes.
Je veux revenir au mandat que vous recevez du ministre. Est-ce que, dans
l'ensemble, vous trouvez que les mandats qui vous sont donnés par le
ministre sont assez clairs, sont assez précis? Est-ce qu'ils sont assez
élaborés ou pas? En gros, est-ce que vous êtes satisfaits
du genre de mandat que vous recevez, dans la façon que le mandat est
rédigé?
M. Tétreautt: Écoutez, je ne suis pas un expert
légal parce qu'il y a toujours des dimensions légales, mais il y
a deux façons de donner des mandats: l'article 31.3 et l'article 6.3.
Alors, Pierre, si tu veux élaborer.
M. Quesnel: Je pense qu'à ce moment-ci ça ne pose
pas de difficultés. Évidemment, dans certains cadres, les mandats
qui sont donnés vont en élargissant les débats et il
faudrait peut-être faire remarquer au promoteur ou au public que, lorsque
la commission reçoit un mandat qui est large, elle doit
l'exécuter parce que, en somme, elle ne décide pas de son mandat,
elle le reçoit. Sous cet aspect-là, je pense que ça ne
représente pas de problème davantage que celui-ci.
M. Lazure: Est-ce qu'il y a eu des cas d'audiences publiques
où, donc, vous aviez reçu le mandat du ministre et où II
s'est avéré que la demande était frivole dans le fond?
Est-ce que c'est arrivé, ça, déjà?
M. Quesnel: Là, il n'y a jamais de demandes qui ont
été déclarées frivoles comme telles, mais, dans
quelques dossiers, les commissaires ont eu à examiner la notion de
frivolité parce qu'à vrai dire personne actuellement ne sait ce
que ça veut dire. Est-ce que c'est farfelu? Est-ce que c'est technique?
Est-ce que... Mais ça n'a pas été le cas dans le
passé.
M. Lazure: Est-ce que, d'après vous, M. le
président, la notion de frivolité doit être maintenue?
M. Tétreautt: Bon, écoutez, sur ça, je
présume que, lorsque le législateur a inclus cette
dimension-là, il y a quelque 10 ans, il y avait un esprit
derrière ça. Ça devait être une préoccupation
pour le législateur. C'est une notion qu'on me dit très difficile
à définir, très difficile à encadrer. On me dit
qu'il n'y a pas eu de circonstances, d'exemples multiples où II y avait
évidence de frivolité. Cependant, moi, personnellement, je crois
que, si le législateur l'a pensé, au moment de la conception de
la loi, il y avait un esprit, alors il faut que quelqu'un puisse être
capable pratiquement de s'en servir. SI ce n'est pas utile, si on ne s'en sert
pas, alors débarrassons-nous-en. D'un autre côté, si on
n'est pas outillé pour l'utiliser, précisons-le. Mais, pour
être honnête, M. le Président, ce n'est pas un
problème majeur d'opération.
Une voix: M. le député de Dubuc.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Dubuc.
M. Morin: Bon, là-dessus, sur la frivolité, moi,
j'ai déjà eu des discussions avec un ministre de l'environnement
et je lui posais justement des questions là-dessus, comment il se
sentait vis-à-vis de certaines demandes, puis, entre autres, dans un cas
précis, évidemment, que je n'identifierai pas ici, II m'a
avoué candidement qu'il soupçonnait vraiment de la
frivolité, mais que, pour que le ministre en décide ainsi...
C'est qu'il risquait fort que le requérant puisse, par des mesures
juridiques, obtenir un jugement dans le sens contraire. Parce que, justement,
le terme frivolité devait être interprété plus dans
l'esprit du législateur que dans la lettre, puisque c'est un mot qui
peut lier.
Alors, le ministre m'avouait qu'il soupçonnait que la demande,
dans un cas précis, était frivole, mais qu'il reconnaîtrait
quand même la demande par esprit d'ouverture et pour éviter toute
poursuite qu'il pouvait soupçonner. Alors, j'aimerais avoir quelques
remarques là-dessus. Ça veut dire que, quand le président
dit: Si on ne s'en sert pas, aussi bien s'en débarrasser, ce qui ne
serait pas totalement... Ou, à tout le moins, si on voulait en faire un
usage un peu plus... il faudrait peut-être le baliser. Enfin, j'aimerais
avoir vos...
M. Dubé: Je crois, M. le député, que la
question de frivolité, qui présente des problèmes,
semble-t-il, à beaucoup de gens, ne semble pas, dans la vie quotidienne,
en présenter tellement parce que le ministre doit, bien sûr, juger
à leur
valeur les demandes des requérants. Sans me mettre dans la peau
du ministre, nous recevons quand même des mandats de sa part et, lorsque,
par exemple - c'est peut-être la meilleure façon pour nous de
juger - nous avons une demande d'enquête préliminaire ou
d'enquête préaudience, on peut penser qu'il peut y avoir un doute
quelque part, et c'est là que le commissaire, faisant son travail, peut
découvrir qu'il y a quelque chose qui ressemble ou qui peut ressembler
à de la frivolité. Ce n'est pas à nous de juger. Notre
façon de faire notre rapport préliminaire au ministre va lui
donner de bonnes indications si, je pense, il peut y avoir frivolité.
(15 h 45)
M. Morin: Est-ce que le nombre de requérants modifie le
sens de la frivolité, influence, ou si ça n'intervient d'aucune
façon dans l'interprétation que vous vous faites de la
frivolité de la demande? Le nombre de requérants... S'il s'agit
seulement d'un individu qui fait une demande dont la substance semble
très, très fragile, ça peut être plus près de
la frivolité que s'il y a un plus grand nombre de requérants avec
une nature de demandes à peu près pareille. Est-ce qu'à ce
moment-là le nombre a une influence sur la nature potentielle de la
frivolité?
M. Dubé: On serait porté à croire que le
nombre est Important, mais, au cours des audiences publiques, on réalise
souvent qu'une seule personne parmi 50 déniche un problème que
les autres n'avaient pas vu. Alors, on ne peut juger sur le nombre parce que
c'est assez difficile, mais vous avez raison que ça peut être une
indication. Cependant, pour le commissaire qui reçoit la demande du
ministre, cette notion de nombre ou de poids, si vous voulez,
démographique, ou autrement, n'a pas vraiment d'influence sur l'analyse
que nous devons faire en toute Impartialité et objectivité.
M. Lazure: M. le Président.
Le Président (M. Garon): M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: Merci. Je vais revenir sur une de vos remarques
préliminaires, M. le Président. Vous disiez: Plus le public
interviendra tôt dans le processus de l'évaluation, mieux
ça sera, moins ii y aura de frustration. Ça peut aller aussi
tôt, ça, que lors du dépôt de l'avis de projet par le
promoteur au ministère ou encore, lors de l'émission de la
directive du ministère au promoteur?
Ma première question, c'est: À quel stade vous
suggérez que ça intervienne? Et, deuxièmement, est-ce que
c'est le BAPE qui serait l'animateur de cette consultation publique?
M. Tétreault: Je pense que ça pourrait se faire
à deux moments particuliers: au niveau de l'avis de projet, par un
affichage quelconque, et, définitivement, au niveau de la directive.
Ça peut se faire à ces deux moments-là.
M. Lazure: Dans les cas où il y a eu audiences, où
vous êtes intervenus avec le public, est-ce que vous avez constaté
que, de façon générale, les études d'impact du
promoteur étaient correctes, étaient bien montées? D'autre
part, est-ce que vous avez constaté que les directives du
ministère étaient pertinentes, complètes,
adéquates? Pourriez-vous nous parler un peu de ces deux
aspects-là?
Mme Journault: M. le député, je pense que
l'expérience qu'on a vécue au BAPE, dans les cas où il y
avait le plus de difficultés à arriver à une harmonisation
dans un projet qui répondait aux attentes des citoyens et aussi aux
attentes du promoteur, ces cas-là, c'était parce que le promoteur
n'avait pas pu identifier au départ les attentes ou quelles
étaient les préoccupations fondamentales des citoyens d'une
région donnée et qu'on n'avait pas évalué des
options qui auraient été très intéressantes pour
les citoyens.
M. Lazure: À ce moment-là, est-ce que vous pensez
que ça aurait dû être inclus dans la directive?
Mme Journault: C'est que, si les citoyens avaient
été... si on avait demandé aux citoyens quelles
étaient leurs préoccupations par rapport au devenir de cette
région-là ou comment ils voyaient le projet ou les
préoccupations particulières, le promoteur aurait certainement pu
en tenir compte et élaborer un projet qui satisfasse plus les
citoyens.
M. Morin: M. le Président.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Dubuc.
M. Morin: S'il y avait une consultation, une implication du
milieu, au niveau de la procédure ou de l'avis de projet, comment
verriez-vous, si vous en voyez un, le rôle du BAPE à ce
moment-là? Parce qu'à ces deux premières étapes,
là, le BAPE ne fait pas partie du jeu. Est-ce que vous pensez qu'il
pourrait y avoir élargissement du rôle du BAPE, à partir de
cette implication-là hâtive, cette préconsultation?
Une voix: Vas-y!
Mme Journault: le rôle du bape, au niveau de la
consultation sur la directive, je pense qu'on aurait aussi là une
possibilité d'un rôle consultatif pour aller chercher les
préoccupations des gens et les analyser pour en faire une proposition au
ministre de l'environnement qui pourrait les considérer.
M. Morin: Alors, ça constituerait un élargissement
du rôle du BAPE. O.K. Oui.
Le Président (M. Garon): Mme la députée de
Vachon.
Mme Pelchat: Merci, M. le Président. J'aimerais corriger
une petite chose de tout à l'heure quand on a parlé que, demain
matin, le gouvernement acceptait de mettre en application les articles qui sont
suspendus. Je pense que c'est important de spécifier qu'à
l'article 19 du règlement on dit: Les paragraphes g, n, p et le
deuxième alinéa du paragraphe j du premier alinéa de
l'article 2 entreront en vigueur, en tout ou en partie, à une date
déterminée par règlement du gouvernement, adopté en
vertu de la loi.
M. Lazure: C'est par un décret du gouvernement.
Mme Pelchat: Mais c'est par règlement, par publication
à la Gazette officielle.
M. Lazure: Oui, l'étape de prépublication, ce n'est
pas...
Mme Pelchat: Cela étant dit... Une voix:...
Mme Pelchat: Non, c'est important de le préciser. Si on en
revenait à l'étape de l'élaboration de la directive, vous
semblez favoriser effectivement que le public soit consulté à
cette étape-là. Je pense qu'à ce moment-là, vous
répondez à une demande du rapport Lacoste, qui fait
référence à la similarité avec la technique
américaine appelée "scoping". Est-ce que Je vous saisis bien?
M. Tétreault: On se rapproche, oui, on se rapproche de
ça, effectivement.
Mme Pelchat: Est-ce que cette étape-là, cette
espèce de mécanisme d'information et de consultation publique sur
la directive, plutôt que de dire "scoping" - ça choque beaucoup
les oreilles de mon collègue de La Prairie - est-ce que cette
étape-là devrait être indiquée dans le
règlement, dans la procédure formalisée au même
titre que l'étape des audiences publiques?
M. Tétreault: On me dit qu'il y a des
précédents au Québec dans le cadre d'une entreprise de
consultation fédérale-provinciale sur un projet particulier. On
me dit que ça peut se faire sous l'article 6.3. Cependant, si le
gouvernement décidait d'impliquer le BAPE dans une telle entreprise au
niveau de la directive, il serait préférable que cette
responsabilité soit précisée au niveau de la
réglementation. Mais on peut actuellement opérer dans le contexte
de l'article 6.3.
Mme Pelchat: Est-ce que la médiation devrait être
aussi précisée dans la réglementation?
M. Tétreault: SI le gouvernement décidait de
pousser plus loin l'implication du BAPE dans la médiation, on croit
également que ça devrait être précisé dans la
législation. Maintenant, on peut opérer - et on opère
effectivement - sous l'article 6.3.
Mme Pelchat: C'est agréable pour moi de mentionner que,
lorsqu'il y a médiation, c'est à la demande du ministre par
l'article 6.3. C'est une des fols où il utilise l'article 6.3.
Je veux revenir au "scoping". Plusieurs personnes sont venues nous dire
- et je pense que c'est la totalité des gens - qu'il faut associer le
public dès l'élaboration de la directive, s'il vous plaît,
non pas lorsque la décision est finale et que les pelles sont
prêtes à venir sur le chantier et à creuser un
incinérateur. Je ne veux faire allusion à aucun projet.
Est-ce que le public possède toutes les données et
l'expertise technique pour participer effectivement à
l'élaboration de la directive qui va être soumise au promoteur?
Mol, je vous le dis, ça fait deux semaines, presque trois semaines que
j'entends tous ces grands experts là. Je ne suis pas certaine que,
demain matin, j'irais m'asseoir avec M. Tétreault pour parler de
l'élaboration d'une directive. Je ne suis pas sûre que je serais
capable de faire ça.
M. Dellsle: L'expérience actuelle où il y a une
consultation publique sur la directive... Évidemment, on part d'un
projet de directive qui est soumis au public par un processus quelconque, mais
il y a un projet qui est déjà acheminé, par exemple, par
le ministère de l'Environnement et c'est sur ce projet-là que le
public est consulté. L'Intérêt d'introduire le public
à cette étape-là, c'est de faire le balayage,
l'exploration des enjeux du projet, des questions sur lesquelles les gens
voudraient avoir des réponses. Ça répond en partie
à la question du député de Saguenay, tout à
l'heure, qui disait: Est-ce que les gens sont Informés, sont
surinformés?
Une partie du problème, c'est que les gens sont très
informés, mais pas sur les questions sur lesquelles ils veulent
être informés. Alors, l'intérêt de la question sur la
directive, c'est de poser au promoteur les bonnes questions, ce qui lui rend la
tâche plus facile parce qu'il sait, au moins, en audiences, à quoi
II va avoir à répondre et sur quoi H va être
évalué en termes de qualité du travail. Dans ce
sens-là, Je pense que c'est ça, l'intérêt de la
consultation sur la directive. Maintenant, II ne faut pas Imaginer seulement la
grande procédure lourde, longue de
consultation par grandes audiences. Il y a plusieurs formules
possibles.
Mme Pelchat: Moi, je ne pensais pas à la grande, grande
consultation. Je pensais à la grosse brique, l'encyclopédie,
là.
M. Dellsle: Non, je pense que...
Mme Pelchat: C'est ça. Souvent, les personnes sont venues
nous voir pour nous dire: Lire d'abord la directive puis, après
ça, l'étude d'Impact, ça prend un cours universitaire de
troisième cycle, puis...
M. Delisle: D'accord. Et ce sera l'avantage si on soumet la
directive à la consultation publique; les directives vont se simplifier
énormément et vont être compréhensibles par les
citoyens et par les promoteurs, parce qu'à l'heure actuelle c'est
certain qu'on a des directives qui sont devenues des documents très
complexes et très difficiles à satisfaire, même par les
promoteurs.
J'ai eu à travailler, au cours des années
précédentes, sur des projets avec des promoteurs où on
doit satisfaire à une directive. Je vous assure que c'est très
difficile. Par contre, si c'est un document qui va au public, nous, on a aussi
un mandat de vulgarisation, si on veut, de simplification des projets pour que
les gens les comprennent. Les gens sont capables de comprendre des directives
d'étude d'impact si elles sont bien écrites et claires et,
à ce moment-là, ça va forcer cette tendance-là.
Mme Pelchat: Est-ce que - et, là encore, je me fais
l'avocat du diable parce que, moi, je serais en faveur de cette
étape-là - est-ce que ça... Je ne me fais pas l'avocat du
ministre, monsieur, vous devriez savoir ça depuis le 17 septembre. Je
pense qu'on l'a assez bien démontré. Est-ce que le ministre est
dans la salle? Il n'est pas arrivé encore, hein? Mon Dieu, j'ai perdu le
fil, là. Vous n'êtes pas bien fin, vous, là! Qu'est-ce que
je disais, donc?
Est-ce qu'on ne devrait pas trouver une façon - vous allez me
dire oui, je suis certaine - de financer les groupes ou les gens qui vont
participer à l'élaboration de cette même directive
là? Est-ce que vous autres, comme organisme qui avez toujours les deux
côtés de la médaille en face de vous, vous seriez
prêts à accepter que le promoteur finance dans une espèce
de fonds global qu'on pourrait appeler fonds de recours à
l'environnement ou fonds de recours à l'audience en l'environnement?
Est-ce que vous seriez favorable à ce que le promoteur finance? Nous
autres, on aimerait mieux ça, mais...
M. Tétreault: Mme la députée, il y a une
chose qui est sûre, c'est qu'on ne veut pas administrer ce
fonds-là. Ha, ha, ha! Des voix: Ha, ha, ha!
Une voix: Elle est bonne. Eh bien! Comme on ne veut pas y
toucher...
Le Président (M. Garon): Mme la députée de
Vachon.
Mme Pelchat: J'attends la réponse de M.
Tétreault.
M. Tétreault: Si on veut aider le citoyen à faire
des représentations, aider sa compréhension, je pense que, dans
certains cas... Et on peut peut-être commencer par les programmes, quitte
à ce qu'on passe aux projets par la suite, on peut peut-être
expérimenter avec les programmes, l'analyse des programmes. Je pense
qu'on devrait songer à une aide quelconque pour aider les citoyens, les
groupes qui veulent faire des représentations. Ils sont
généreux de leur temps et ils ne sont, parfois, pas toujours
outillés, équipés. Ils le font avec beaucoup de
spontanéité, mais, parfois, leur représentation pourrait
être mieux traduite, mieux soutenue si quelqu'un les encadrait, si
quelqu'un leur suggérait des approches ou les conseillait
généralement. Je pense qu'on devrait peut-être penser
à mettre sur pied ce genre d'aide là et en commençant
d'abord, peut-être pas d'une façon grandiose, mais au niveau des
programmes, par exemple, lorsqu'un programme gouvernemental... On peut
commencer et voir ce que ça donne.
Mme Pelchat: Est-ce que vous seriez en faveur que les promoteurs
contribuent à cette espèce de fonds? (16 heures)
M. Delisle: Certainement, à condition que le fonds soit
géré de façon indépendante. Le Bureau d'audiences
publiques s'est prononcé de façon répétée en
faveur du financement des groupes qui participent aux audiences. Maintenant,
évidemment, ce fonds-là doit être géré d'une
façon indépendante. Il y a d'autres exemples de fonds qui sont
des fonds disponibles pour des citoyens qui veulent participer à des
processus publics ou faire des représentations devant les tribunaux ou
quelque chose comme ça. On a l'expérience de ça; il n'y a
rien qui empêche que les promoteurs mettent la main dans leur poche. Un
petit montant dans ce fonds-là, ça aiderait tout simplement le
gouvernement à financer la participation. Mais gestion
indépendante, ça, c'est une condition.
Mme Pelchat: Tout à l'heure, je ne voulais pas me faire
l'avocat du diable, je voulais vous parler des délais. Est-ce qu'on n'a
pas peur que d'ajouter cette étape de consultation n'allonge de deux, ou
trois, ou quatre mois la procédure
comme telle et que, là, on se fasse encore dire: Au
Québec, c'est donc long, votre affaire? En tout cas, on va mettre
ça sur le dos du BAPE, plutôt que sur celui des fonctionnaires du
MENVIQ, ou du promoteur, ou...
Mme Journault: Mme la députée, ma réponse
sur deux aspects: D'abord, je pense qu'on fait là un investissement de
temps dans l'ensemble du processus, parce qu'on va chercher les
préoccupations des gens et qu'on s'assure que l'étude d'impact
répond le plus à ces gens-là. Ça peut même
éviter des audiences publiques, parce que les gens vont avoir ce qu'ils
demandaient dans les études.
Deuxièmement, en termes concrets, II pourrait arriver que la
consultation sur la directive se fasse au moment où le ministère
de l'Environnement fait sa consultation au niveau des autres ministères.
Alors, c'est une opération qui pourrait se faire conjointement. À
ce moment-là, en parallèle, les citoyens pourraient donner leur
avis; ça n'allongerait pas le processus.
Mme Pelchat: O.K. J'aurais une dernière question et un
court commentaire. Dans te code d'éthique, vous dites: Traiter toute
ingérence dans leur travail comme irrecevable ou inadmissible. Comment
traitez-vous vos relations avec le MENVIQ? Est-ce que vous considérez
que c'est une ingérence dans votre travail?
M. Tétreault: On m'a dit que, dans le passé, il y
avait eu des irritations, des irritants entre certaines personnes qui
évoluaient au niveau de certaines unités du MENVIQ et
peut-être certaines personnes au BAPE. Et parfois, on m'a dit que
ça c'était déroulé sur la place publique. Je pense
que, que ce soit le MENVIQ ou nous, de notre point de vue, on travaille
ensemble pour arriver à un objectif qui est une meilleure qualité
de vie du citoyen du Québec. Et nous avons développé,
comme nous le faisons avec le gouvernement fédéral, pour le sud,
un protocole de travail, un protocole de travail administratif dans les cas
où il y a compétence fédérale,
intérêts québécois et vice-versa, et toutes les
combinaisons. Donc, avec le MENVIQ, nous tentons le plus possible de
développer des relations harmonieuses, tout en étant conscients
que leur travail et notre travail est complètement différent. On
a un rôle et un mandat complètement différents.
Mme Pelchat: J'aimerais terminer mon questionnement ici, si vous
me le permettez, parce que je pense que mon temps est presque... M. Delisle,
vous pouvez poursuivre, brièvement.
M. Delisle: Oui, je pense que ce qu'il faut ajouter, c'est que la
collaboration avec le ministère se fait au niveau de l'organisme, le
BAPE. Mais une fols une commission constituée, il n'y a plus
d'interférence ou d'interaction, en dehors de l'audience, entre le
ministère de l'Environnement et la commission. Alors, quand on parle
d'ingérence, on ne parle vraiment pas de tentative d'un ministère
pour essayer d'Influencer une commission, parce que la référence
au ministère de l'Environnement, dans le cadre d'une commission, se fait
lors de la période d'information et, en public, le ministère
répond publiquement aux questions qui lui sont posées par les
citoyens à la commission.
Mme Pelchat: Là aussi, je me faisais l'avocat du diable,
M. Delisle. Je voudrais vous remercier et vous dire que j'ai beaucoup
apprécié l'échange que j'ai eu avec vous, et j'Imagine que
c'est la même chose pour mes autres collègues. Vous nous avez
prouvé que le BAPE mérite d'exister et mérite d'être
écouté, surtout. Merci.
Le Président (M. Garon): M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Merci, Mme la
vice-présidente. Je voudrais d'abord dire que je me réjouis des
remarques de Mme Journault lorsqu'elle dit que la participation du public au
moment de la formulation de la directive aiderait à rendre la directive
et, par conséquent, l'étude d'impact qui viendra après,
plus compréhensible à la population. Il y aurait une
espèce d'amélioration. Le public viendrait améliorer la
directive ministérielle, je suis convaincu de ça. J'en suis
convaincu.
Le financement des groupes, je comprends votre réticence, M. le
président, à ne pas vouloir administrer une telle caisse, mais,
en Ontario, vous le savez sans doute, Hs ont une formule, pour le moment, qui
consiste à créer un comité du financement qui est
présidé par quelqu'un de délégué par '©
président de l'équivalent du BAPE et par une personne
designée par la commission des affaires municipales. Ces deux
personnes-là forment un comité. C'est une formule un peu
expérimentale qu'ils utilisent, mais je retiens, pour les besoins de la
cause, que vous êtes d'avis, sans aucun doute, qu'il va falloir aider les
groupes, les individus et que le BAPE est près à contribuer
à la formation de ce fonds-là, en tout cas, H peut émettre
des idées quant à la formation du fonds.
Une couple de questions. Je veux revenir sur la procédure. On a
parlé tantôt du ciblage mais il y a aussi l'autre truc qui est
à la mode un peu de ce temps-ci aux Etats-Unis, c'est la voie rapide, le
"fast track". Qu'est-ce que vous pensez de cette hypothèse qui veut que
le promoteur, au moment où H dépose son avis de projet, sait
d'avance qu'H doit aussi déposer son étude d'impact? À ce
moment-là, si le promoteur prend trop de temps à préparer
son étude d'impact, c'est lui qui est responsable du délai.
C'est son problème et, s'il fait mal son étude, c'est son
problème aussi. Il court un risque. Mais cette procédure
accélérée semble vouloir retenir l'attention aux
États-Unis et je me demandais si, vous autres, vous l'aviez
regardée et qu'est-ce que vous en pensiez.
M. Tétreault: L'approche "fast track" américaine
est certainement une approche intéressante. Nous n'avons pas, au niveau
du Bureau, porté beaucoup d'énergie à développer ce
concept-là au moment où on se parle. Cependant, par exemple, dans
le cas où une générique aurait touché un programme,
les projets qui pourraient survenir sous ce programme-là une fois que
les grandes justifications et les grands débats auraient eu lieu, nous
croyons que peut-être l'approche "fast track" serait intéressante
dans ce contexte-là, pour l'avoir abordée.
M. Lazure: En cogénération, par exemple. M.
Tétreault: Par exemple.
M. Lazure: Entre parenthèses, est-ce que vous avez eu le
mandat pour la cogénération ou pas?
M. Tétreault: Non, on ne l'a pas eu comme signifié
encore, mais on peut soupçonner qu'il va nous incomber dans peu de
temps.
M. Lazure: D'accord. Les déchets solides... M.
Tétreault: Peut-être...
M. Lazure: Ah pardon! Je vous laisse continuer votre
réponse, M. le président.
Mme Joumault: M. le député, il y a un
élément qu'on voudrait faire valoir ici. C'est qu'il est
important que l'étude d'impact soit de qualité parce que, si
l'audience publique, si le promoteur perd son temps, le citoyen peut perdre son
temps à venir donner, livrer gratuitement sa façon de voir et ce
qu'il entend, ce qu'il considère comme acceptable comme
développement. Alors, il faut qu'il y ait une garantie de qualité
au niveau de l'étude d'Impact et c'est dans ce sens-là qu'on
préconise une consultation sur la directive. Alors, il y a aussi,
là, un élément dont on doit tenir compte lorsqu'on
préconise la voie rapide. C'est dans ce sens-là qu'on pense que
la voie rapide peut être intéressante dans la mesure où
déjà un débat s'est fait ou une consultation publique
s'est faite sur un programme.
M. Lazure: Quand vous dites... Oui?
M. Tétreault: Et, bien sûr, le promoteur prend un
certain risque à aller sur la vole rapide. Vous comprendrez
également que, si la qualité n'est pas là, il y a des
problèmes à l'horizon.
M. Lazure: Mais quand, Mme Joumault, vous dites: C'est pour
ça qu'on préconise que le public intervienne au moment de la
directive... Tantôt, on a vu, au début, que c'était votre
première présence dans une commission parlementaire. Quand vous
préconisez quelque chose pour améliorer la procédure
d'évaluation, de quelle façon faites-vous ça et à
qui faites-vous ça?
M. Tétreault: Normalement, je pense que ces points de vue
devraient être transportés à mon ministre.
M. Lazure: Mais ça se fait?
M. Tétreault: Je pense que oui, normalement et
couramment.
M. Lazure: Bon. Une dernière question que je veux
soulever, qu'on veut soulever de ce côté-ci, ou
l'avant-dernière, c'est touchant les déchets solides, les
déchets domestiques. Plusieurs groupes nous ont dit, soit
spontanément, soit à la suite de nos questions: Oui, ce serait
utile qu'il y ait un débat public sur la gestion intégrée
des déchets solides, des déchets domestiques. Et certains sont
allés jusqu'à dire: Ça prendrait l'équivalent de la
commission Charbon-neau, mais pour les déchets non dangereux, tout ce
qui est déchet non dangereux, surtout les déchets domestiques.
Qu'est-ce que vous pensez de cette hypothèse-là, vous autres?
M. Delisle: D'abord, je pense qu'en préambule à ma
réponse, je vous dirais, M. le député, que ces questions
de déchets sont loin d'être simples et ne seront pas
réglées simplement et que ce n'est pas parce que le BAPE
viendrait tenir une audience sur un programme de gestion intégrée
que le problème deviendrait plus simple. On l'a vu avec la commission
Charbonneau, c'est très complexe comme question, surtout quand il y a
des attitudes de résistance des citoyens par crainte de
déchets.
Maintenant, je pense que la difficulté, à l'heure
actuelle, par rapport à ces projets, c'est qu'ils sont
élaborés et décidés ponctuellement. Et les citoyens
ne comprennent pas la rationalité, la logique géographique, la
logique de gestion dans laquelle s'inscrivent les projets. Si on avait une
audience plus générale ou plus globale par rapport à ce
type de question de gestion de déchets, ça permettrait aux gens
de mieux comprendre, de mieux voir quels sont les besoins, de mieux voir quelle
est leur part dans le problème et à quel endroit ils doivent
intervenir pour le solutionner. Et ça permettrait aussi de comprendre ce
qu'est la logique d'intervention gouvernementale dans ces dossiers-là.
Je pense qu'une audience comme celle-là vient en amont des recherches de
solution des conflits locaux.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Dubuc.
M. Morin: Oui. Il y a plusieurs groupes qui ont fait mention de
la couleur... enfin, conflictuelle que prenaient plusieurs audiences publiques.
Je pense que ça a fait consensus, tout le monde était unanime que
c'était dû en bonne partie à l'implication tardive des
groupes ou des requérants du milieu et que le fait de les impliquer un
peu plus tôt pourrait régler en partie.
Une autre observation qui est venue, je pense, de façon
générale de la part de promoteurs ou, enfin, des gens qui avaient
une préoccupation en ce qui concerne les promoteurs, était au
niveau du droit de réplique. À partir du moment où les
audiences sont évidemment diffusées massivement par les
médias, étant publiques, elles sont questionnées sur
l'aspect équité. Ils soutenaient, à ce moment-là,
que la procédure des audiences ne garantissait pas ce droit de
réplique de la part du promoteur. J'aimerais que vous nous indiquiez si
la procédure actuelle reconnaît ou, enfin, accorde ce droit de
réplique de façon équitable aux promoteurs. Sinon, est-ce
qu'il y a des choses que vous avez déjà recommandées pour,
finalement, atteindre cette équité-là?
Mme Journault: D'abord, en première partie d'audience, le
promoteur est toujours présent pour répondre à toutes les
questions. Alors, il a largement la place pour rétablir des faits si
besoin est. En deuxième partie d'audience, la place aux mémoires,
la place aux citoyens, déjà la loi et les règlements
autorisent et permettent au promoteur ou à toute autre personne de venir
rectifier des faits; ça s'appelle le droit de rectification et on
l'accorde. On demande aux gens: Si vous avez des choses à venir
rectifier... A la fin de chaque séance, ils doivent s'inscrire au
registre et ça se fait couramment.
Le Président (M. Garon): M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Malheureusement, notre
temps est écoulé. Au nom de l'Opposition, je veux remercier M. le
président et ses collègues. C'a été tout à
fait éclairant, cet échange, et, moi, je suis très content
de voir que vous avez le goût de voir vos mandats élargis, de voir
vos ressources augmentées pour faire un travail encore supérieur.
Et je pense qu'il vous reste énormément à faire aussi du
côté du public pour mieux vous faire connaître par le
public. Je souhaiterais voir, à un moment donné, peut-être
un programme d'éducation populaire sur les mandats et sur l'action du
Bureau. Merci.
Le Président (M. Garon): Alors, je remercie M. le
président du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement et les
gens qui l'accompagnent et je suspens les travaux de la commission
jusqu'à 16 h 30 pour entendre le sous-ministre et le ministre du
ministère de l'Environnement.
(Suspension de la séance à 16 h 16)
(Reprise à 16 h 34)
Le Président (M. Garon): Alors, nous avons une heure avec
les sous-ministres, à ce que j'ai compris, et une heure avec le
ministre. Alors, je vais commencer Immédiatement et je vais vous
demander, M. Trudeau, si vous avez des commentaires à faire au
début de l'heure. Je suis persuadé que les députés
espèrent que vous en avez le moins possible, parce qu'ils veulent vous
poser des questions.
Ministère de l'Environnement du
Québec
M. Trudeau (André): J'Imagine, M. le Président, et
ça me fera plaisir. Effectivement, on n'a pas d'Intervention de
démarrage. On va être prêts; on est disponibles pour les
questions.
Si vous me permettez peut-être de présenter les gens qui
m'accompagnent. Il y a M. Harvey-L Mead, qui est sous-mlnistre adjoint au
développement durable et à la conservation, ainsi que M. Robert
Joly, qui est l'adjoint du sous-ministre adjoint; M. Yves Pagé, à
ma droite, qui est le directeur responsable de la Direction des
évaluations environnementales, et M. Luc Vali-quette qut est le
responsable ou le coordinateur de révision de la procédure et qui
suit... Et sans compter, évidemment, que j'ai cru remarquer qu'il y
avait plusieurs personnes du ministère qui ont suivi très
minutieusement et avec beaucoup d'intérêt vos débats et vos
discussions.
La simple chose peut-être à vous dire pour démarrer,
c'est que le mandat d'Initiative que vous avez pris est tout à fait
à votre honneur. Je pense que ça permet de faire une étude
d'impact des évaluations environnementales, de la loi des
évaluations environnementales et je pense que ça permet
effectivement de dégager peut-être pour l'avenir des pistes et
d'essayer de bonifier et d'améliorer cette procédure.
Alors, nous sommes à votre disposition pour les questions que
vous voudrez bien nous poser.
Le Président (M. Garon): Alors, Mme la
députée de Vachon.
Mme Pelchat: Oui, M. le Président, je vous remercie. Je
serai relativement brève, parce que je devrai quitter avant la fin de
nos travaux, malheureusement.
J'aimerais d'abord remercier M. Trudeau, M. Mead, le sous-mlnistre
adjoint, et les gens de la Direction des évaluations environnementales
qui ont été Ici toute la durée de notre commission.
Alors, Ils sont très bien préparés aux questions
qu'on va leur poser puisqu'ils les ont sûrement entendues depuis deux
semaines.
Le plus grand blâme aux fonctionnaires du ministère de
l'Environnement, à la Direction comme telle, est certainement les
délais, le délai que prend le ministère de
l'Environnement, la Direction pour donner l'avis de recevabilité quant
à un projet. Ça peut aller presque à 12 mois, et dans
certains cas 2 ans, avant d'émettre l'avis de recevabilité. C'est
certainement le blâme le plus grand.
Le deuxième blâme, c'est que les promoteurs et les groupes
environnementaux ont souvent l'impression que le ministère de
l'Environnement ne sait pas trop trop où il s'en va dans
l'élaboration des directives et qu'il profite souvent d'un projet pour
se faire une espèce de mémoire corporative - plusieurs ont
énoncé cette idée - aux dépens d'un promoteur et
à son coût à lui aussi.
J'aimerais, brièvement, M. Trudeau, que vous puissiez nous parler
un peu des délais et m'expliquer comment les ingénieurs du
ministère de l'Environnement... En fait, les représentants de
l'Association des ingénieurs qui sont venus nous voir, dont quatre sur
cinq étaient des Ingénieurs du ministère de
l'Environnement, sont venus nous dire: II n'y a pas de problème, 12
mois. On est tombé en bas de nos chaises à peu près tout
le monde, parce que ce sont les gens qui sont payés pour faire les
directives, pour évaluer les études d'impact, etc. Alors, on a
dit: Mon Dieu Seigneurl où est le bobo? Si les ingénieurs nous
disent: En 12 mois, on est capables de faire ça, et que ça ne se
fait pas dans le concret, où est le problème?
M. Trudeau: Merci. Mme la députée, effectivement,
c'est une excellente question. Sur la question des délais, je pense que
le rapport Lacoste a été clair. D'ailleurs, II avait fait une
évaluation assez serrée de tout ça pour dire que les
délais étalent plutôt longs et, effectivement, a fait des
recommandations pour essayer de condenser ça. Je pense qu'il y a,
effectivement, moyen de trouver des façons de resserrer un peu plus les
délais. Une des difficultés qui persistait peut-être au
ministère pendant un certain temps et qu'on a essayé de corriger
au cours des deux dernières années, à tout le moins, c'est
le nombre d'effectifs à la Direction du ministère. On avait une
trentaine de personnes qui travaillaient à la Direction, il y a deux
ans, on en a ajouté une vingtaine, ce qui nous permet, en tout cas, de
demander, évidemment, une contribution de nos différents
analystes, de réaliser le travail dans un temps plus rapide. En tout
cas, le travail est mieux partagé et permet d'avoir de meilleurs
résultats. Je pense que ça, c'est peut-être des facteurs
qui pourraient nous permettre d'assurer qu'on est en meilleure posture pour
améliorer les délais.
Le second problème qu'on rencontre souvent, lorsqu'on regarde
aussi les directives, par exemple, ou même l'avis de
recevabilité... La directive, effectivement, ça dépend du
type de projet; il y a des projets qui demandent des analyses plus
sérieuses ou qui mettent de l'avant des problématiques nouvelles
ou peu connues qui obligent un peu nos responsables, nos professionnels
à fouiller davantage ces dossiers-là. Forcément, on ne
peut pas toujours arriver à des délais qui soient uniformes bien
que je pense que l'exigence, en tout cas des derniers mois ou des
dernières années, est d'essayer de compresser le plus possible
les délais. Ce n'est pas un succès à tous les coups, mais
je pense que, dans l'ensemble, on réussit à améliorer un
peu plus notre performance.
Est-ce qu'on peut faire ça dans 12 mois? Je pense que 12 mois,
c'est sans doute serré si on prend tout le processus global, si on tient
compte qu'il peut aussi y avoir des audiences publiques, mais on peut
sûrement se rapprocher entre 12 et 18 mois. Ça devrait être
des délais raisonnables qui devraient nous permettre d'arriver à
faire quelque chose. Là encore, ça va dépendre du type
d'ajustements qu'on peut amener à cette procédure-là. Il y
a eu toutes sortes de propositions soumises devant la commission. Si certaines
d'entre elles étaient mises de l'avant, c'est sûr que ça
pourrait alléger ou raccourcir les délais. Mais il n'y a pas de
modèle, je dirais, uniforme sur ça.
Mme Pelchat: Merci.
M. Trudeau: Je pense que...
Mme Pelchat: Ça va. Mon collègue de Saguenay
devrait poursuivre.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: On va vous demander, M. Trudeau, d'être plus
court dans vos réponses parce que c'est nous autres qui posons les
questions à ce voyage-là. C'est parce qu'on a beaucoup de
questions à poser et, si vous avez pris cinq minutes et une seconde pour
répondre à celle de Mme la députée de Vachon,
à ce tarif-là, on n'en posera pas beaucoup. Moi, je vais
être très direct. Ça ne marche pas pantoute chez vous. Il y
a 59 groupes qui sont venus nous dire que c'était le bordel. Vous allez
nous dire si c'est vrai ou si ce n'est pas vrai. Même vos propres
professionnels nous ont dit que ça ne marchait pas. Ils sont venus ici,
le syndicat des ingénieurs de l'Environnement, les
surspécialistes. C'est tout croche, étude par-dessus
étude. Je vais vous donner un exemple, je vais vous en déposer
une de 2 000 000 $, une étude, ici. Ça fait trois ans. M. le
Président, vous en ferez une copie pour tout le monde.
Le but de la commission, c'est de savoir si ça peut marcher
mieux, si ça peut fonctionner mieux ou si les citoyens du Québec
vont être obligés de faire disparaître le ministère
de l'Environnement et de faire autre chose qui marche, qui réponde
conformément aux gens. Il y a une étude de trois ans; il y a
trois, quatre études d'impact; il y en a pour 2 000 000 $ de coûts
dans Hydro-Pontiac, puis là, on est rendu que c'est les
archéologues qui vont mener le ministère de l'Environnement.
Pensez-vous que c'est sérieux, ça? Pensez-vous que les
promoteurs, pensez-vous que les gens sérieux... Même les
écologistes viennent dire ici: Ça ne marche pas pantoute.
M. Trudeau, honnêtement, vous allez être obligé de
donner un coup de barre quelque part, puis pas rien qu'un petit coup de pied,
un bon coup de pied. Ça n'a pas de bon sens. Tout le monde... Il n'y en
a pas un qui est venu vous féliciter. On aurait pu en trouver un. C'est
comme la parabole: Trouvez-moi un juste puis j'épargne la ville. Mais on
n'en a pas trouvé encore. C'est peut-être vous qui allez le dire,
peut-être vos collègues. Mais à venir à date, vos
ingénieurs ont dit qu'il n'y avait pas de contrôle sur les
surspécialistes qui pouvaient changer d'idée en cours de route
trois fois, quatre fois. Ce n'est pas des fous, ça. Ils sont venus le
dire ici, là. Il n'y a pas de porteur de dossier, puis il n'y en aura
pas de porteur de dossier parce qu'on change d'idée. Nous autres, on est
des spécialistes, puis on peut changer d'idée en cours de route.
Comment voulez-vous qu'un promoteur, que les groupes écologistes se
retrouvent à travers tout ça?
Puis ce n'est pas d'hier que ça dure, c'est depuis qu'il y a le
ministère. Ce n'est pas plus vous qu'un autre, je ne vous blâme
pas personnellement, mon blâme ne s'adresse à aucun individu. Il
s'adresse à l'organisation, puis, dans le moment, la
société québécoise ne peut plus se permettre de
marcher de même. Vos propres pro-fessionnnels sont venus nous dire: Dans
12 mois, ça passerait comme une balle. Ça me fait penser aux
ingénieurs qui sont venus dans le temps de la grève, qui ont dit
qu'ils auraient pu faire sauver 16 000 000 000 $ à la province de
Québec, dans les routes. Bien, des gens qui font des déclarations
de même, ils mériteraient d'aller à la potence parce qu'ils
étaient là puis qu'ils ne les ont pas sauvés, les 16 000
000 000 $. Ils ont dépensé 16 000 000 000 $ de trop dans la
province de Québec, puis c'est des ingénieurs professionnels.
Moi, si j'étais président de la Corporation des
ingénieurs, je retirerais quelques diplômes. Des gens qui ont
dépensé 16 000 000 000 $ de même, ça ne se peut
pas.
Chez vous, les gens nous ont dit que, dans 12 mois, ça peut se
faire. Vous, vous dites que ça peut s'améliorer, mais qu'est-ce
qu'on attend? Quand est-ce que ça va être fait? La question est
bien claire. Quand est-ce que ça va être fait? Quand est-ce que
ça ne prendra pas trois ans à donner une réponse à
Hydro-Pontiac? Quand est-ce que l'archéologie va s'installer dans les
bouts de route? Alors qu'on parle d'étude d'impact, qu'est-ce qui se
passe? Y "a-tu" quelqu'un qui mène la barre à quelque part? C'est
tout ce que je veux savoir.
Le Président (M. Garon): M. Trudeau.
M. Trudeau: Je pense que c'est un cri du coeur, M. le
député. J'imagine que ça reproduit ou que ça
reflète ce qu'un certain nombre de mémoires ont
présenté. Effectivement, on est un rouage clé dans toute
cette procédure d'évaluation, puis il est clair qu'on a un
rôle Important à jouer. Tout comme on peut être un facteur
de freinage, perçu du moins par les promoteurs, en même temps, II
y a notre responsabilité à assumer qui est de s'assurer que
l'Information qui va être déposée, qui va être
préparée, soit complète et soit la plus complète
possible pour que la population puisse se faire un jugement ou que les
décisions qui sont prises soient le mieux éclairées.
Alors, est-ce que, dans ces 10 ans, on a joué un rôle... SI
on regarde au total, M. Maltais, ce n'est pas si négatif que ça.
Je comprends que les gens ne sont pas venus ici pour venir nous dire qu'on est
beaux, fins et gentils, mais il y a 300 projets qui ont passé dans la
procédure et, sur les 300, on pourrait peut-être en comp ter,
mais, sur les 300, la plupart ont été vus positivement. Il y a eu
des cas, je dirais même, d'amélioration. Le barrage de la
rivière des Prairies, à Montréal, au nord, de
Montréal-Nord, ça a permis même de faire sauver de l'argent
à Hydro-Québec. Ça a permis de prendre en compte des
considérations sur le plan esthétique, comme les frayères
à poissons qui ont été magnifiques. Évidemment,
personne n'en a parlé, de ça; personne n'est venu vous dire
ça. Mais ça, c'est correct, parce qu'on n'est pas là pour
se vanter de ce qu'on a bien réussi ou de ce que la démarche a
permis de bien faire, mais il faut assumer. Et j'accepte la
responsabilité ou le blâme qu'on peut me faire. Vous avez
mentionné le cas d'Hydro-Pontlac. Bon. Hydro-Pontiac, je pense que,
là, je peux vous dire qu'effectivement nous allons transmettre, dans les
prochaines heures ou dans les prochains jours, l'avis de
recevabilité.
M. Maltais: Allez-vous demander une étude
archéologique?
M. Trudeau: On ne me demandera pas d'étude
archéologique.
M. Maltais: Merci beaucoup. On continue.
M. Trudeau: Maintenant, écoutez bien. Je pense que,
là-dessus, II faut voir... Il y a deux,
trois cas... Les deux, trois cas où ça ne fonctionne pas,
je me suis Interrogé, parce que, effectivement, on essaie
d'améliorer notre procédure, même si ce n'est pas toujours
visible. Mais les quelques cas qui ne fonctionnent pas toujours, II y a souvent
un problème lié aux règles et au respect des
règles, si vous voulez, plus ou moins suivies de part et d'autre. Il
faut qu'il y ait de la bonne foi là-dedans. Il faut qu'entre le
ministère et le promoteur il y ait de la bonne foi et de
l'échange d'informations parce que ce n'est pas un processus très
judiciarisé, ce n'est pas un processus très
réglementé. Il y a beaucoup de marges de manoeuvre
là-dedans, de discussions. C'est sûr que ça peut conduire
à des abus, tantôt de notre part, tantôt de celle du
promoteur; ça, je reconnais que, d'un côté... Quand les
règles du jeu sont bien suivies dans l'ensemble, ça fonctionne
bien et ç'a été la voie royale, celle qui a quand
même donné lieu à des meilleurs résultats. Mais iI
est arrivé des cas où, là, l'une ou l'autre des parties
s'est braquée. Et quand ça arrive, ça, souvent on met les
avocats là-dedans - je peux me permettre de le dire parce que j'ai aussi
une formation en droit - et, là, ça tire; et, là,
ça judiciarise sans le faire tout à fait et on s'en va vers une
sorte d'affrontement, dans le fond. Ça ne peut pas être des
modèles Idéaux et je pense que personne ne veut ça. Par
contre, on peut avoir des fautes. Écoutez, c'est un processus qui, par
définition, demande des analyses et demande de fouiller les
différentes dimensions. Est-ce que poser 89 questions, c'est beaucoup?
Peut-être.
M. Maltais: Moi, je vais vous en poser une autre; je vais vous
arrêter, parce que vous êtes long; vous n'êtes pas
accoutumé en commission parlementaire. Porteur de dossier: "C'est-u"
possible, chez vous, qu'un gars entre par la porte d'en avant avec son dossier
et qu'il y ait un haut fonctionnaire, un bas, n'importe quelle hauteur de
fonctionnaire, qui prenne le dossier et aille le mener jusqu'à la fin?
"C'est-u" possible, ça?
M. Trudeau: Mais c'est ça qu'on fait.
M. Maltais: Bon. Là, il y en a 59 qui sont venus nous
conter des menteries ici, M. le Président; vous allez me rappeler tout
ce monde-là. Il y a 59 groupes qui sont venus ici et qui ont dit: Ce
n'est pas possible. Vos ingénieurs nous ont dit que ce n'était
pas possible d'avoir un porteur de dossier chez vous et, là, vous me
dites qu'il y en a un. Bien là, il a quelqu'un qui fait une menterie
à quelque part.
M. Trudeau: Je veux juste vous souligner là, M. Maltais,
que maintenant, on peut ajouter des ressources. Tant qu'on n'avait pas les
ressources, peut-être qu'il était...
M. Maltais: Vous êtes combien au ministère de
l'Environnement? 2700, à peu près?
M. Trudeau: Disons quelque 1900... M. Maltais: Quelque
1900... M. Trudeau:... postes...
M. Maltais: Bon. On en mettra comme il en faut, mais maudit!
M. Trudeau:... qui ne sont pas... Mais il y en a 50 qui
travaillent aux évaluations environnementales. Ce sont eux qui sont les
plus directement impliqués. Souvent, ils font appel à d'autres
ressources dans le ministère, mais 1 y a 50 chargés de projets.
Quelqu'un qui prend un projet au début, un chargé de projet le
suit tout le long jusqu'au bout. Un chargé de projet peut avoir plus
qu'un dossier, mais il y a toujours seulement une personne qui suit un
dossier.
M. Maltais: Moi, je m'excuse, M. Trudeau, mais ce n'est pas
ça qu'on nous a dit ici. Ce n'est pas ça qu'on nous dit et,
là, si je suis tout seul à avoir mal compris, là, que mes
collègues me corrigent.
M. Trudeau: Non, non. Vous avez peut-être sans doute bien
compris...
M. Maltais: M. le député de Jonquière,
suis-je dans l'erreur ou bien je ne suis pas dans l'erreur?
M. Dufour: C'est ça qu'ils ont dit.
M. Maltais: C'est ça qu'ils ont dit. Bon. Bien là,
il y a quelque chose qui ne marche pas à quelque part.
M. Trudeau: Non, mais là, vous...
M. Maltais: Si on ne s'entend pas à partir des
sous-ministres en descendant, bien comment voulez-vous qu'on s'entende dans le
milieu? il y a des gens qui ont dit que ce n'était pas possible. Moi, je
veux savoir si une société, n'importe quelle
société - appelons la société W -présente un
projet chez vous, s'il y a quelqu'un qui va s'occuper d'elle de la porte
à aller à l'approbation de son dossier.
M. Trudeau: Oui.
M. Maltais: Vous me dites oui.
M. Trudeau: Oui. C'est court, ça.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Maltais: Vas-y, Lazure, c'est à ton tour.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Garon): M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Alors, je souhaite
quand même la bienvenue au nom de l'Opposition à M. le
sous-ministre, au sous-ministre adjoint, M. Mead, et à leurs trois
collègues de la Direction des évaluations. Effectivement, vous
êtes un peu beaucoup au courant des doléances qu'on a entendues
durant ces trois semaines-là. Contrairement à la perception que
le grand public peut avoir, à savoir que le responsable des
délais, c'est le BAPE, les gens qui sont venus ici sont plus
initiés que le grand public et personne n'a blâmé le BAPE,
à peu près personne, pour les délais et à peu
près tout le monde a blâmé le ministère pour les
délais. Alors, je pense qu'il faut que vous vous attendiez à
fournir des réponses à des questions bien pointues. Moi,
ça ne m'impressionne pas quand vous dites: Bien, sur 300 projets en 10
ans, la plupart ont bien marché. C'est trop vague, ça. Ce n'est
pas ça l'impression qu'on a. On a l'impression que la plupart ne
marchent pas bien, que c'est l'exception qui marche bien parce que ce n'est pas
un gros volume, ça, 300 en 10 ans, 30 par année. Ce n'est pas
énorme, ça.
Mais, dans le rapport Lacoste, il est dit à la page 23 que... On
a parlé de la durée moyenne, 33 mois, au rapport Lacoste, mais on
dit aussi à la page 23: "...la réalisation de l'étude
d'impact consomme 55 % de la durée totale" et le reste, 45 %, le
ministère. Alors, le blâme, si on peut parler de blâme, il
se répartit moitié-moitié, 45 %-55 %, et même dans
la partie... Donc, vous devez expliquer aux parlementaires et au grand public
pourquoi ça prend tant de temps. Ça n'a pas de bon sens. Le cas
typique d'Hydro-Pontlac, vous pourrez donner toutes les explications que vous
voudrez, ce n'est pas acceptable qu'un petit projet aussi valable que
celui-là, aussi peu dangereux pour l'environnement prenne autant de
temps et fasse dépenser autant d'argent au promoteur. Mais dites-moi
donc pourquoi c'est arrivé comme ça? C'est la question que je
vous pose, Hydro-Pontiac.
M. Trudeau: Pour Hydro-Pontiac, pourquoi c'est arrivé
comme ça? Je dirais tout d'abord que c'est le premier projet qu'on peut
appeler de petite centrale qui est entré au ministère. C'est vrai
qu'il y a un nouveau programme qui s'en vient là. Bon! Mais c'est la
première fois que ça entrait. Qu'est-ce qu'on a traité au
ministère jusqu'à maintenant? C'est des projets
hydroélectriques du type Hydro-Québec. Donc, je dirais qu'on
s'est sans doute inspiré de ce type de directives, de ce type
d'approches dans ce cas-là et que, par conséquent, on est
peut-être allés plus loin que nécessaire. Mais, on s'est
inspiré de ça pour construire ces directives-là. C'est
peut-être un facteur qui a conduit, si vous voulez, à poser des
questions.
Deuxièmement, pourquoi c'a créé tant de
problèmes? Je reviens sur l'idée, M. le député,
que, finalement, si l'étude d'Impact n'est pas tout à fait
complète... Peut-être qu'on avait placé la barre trop
haute, mais, si l'étude ne nous apparaît pas suffisante,
là, on a un problème pour essayer de s'assurer que l'étude
va être ajustée et complétée. Si vraiment le
décalage est trop fort entre ce qu'on a demandé et ce qu'on
reçoit, c'est là qu'on s'embarque dans des questions à
n'en plus finir, ce qui peut conduire à du braquage, et, là, tout
le monde est perdant. C'est vrai que, là, on prend du délai
inutile. Ça, je ne pense pas que c'est le vrai délai ou que
ça ne doit pas être le vrai délai. Le vrai
délai...
M. Lazure: II est là ou II n'est pas là. S'il est
là, c'est du vrai délai.
M. Trudeau: II est là, je dirais, dans...
M. Lazure: II n'y a pas deux sortes de délais.
M. Trudeau: Je veux dire qu'il y a des délais
exceptionnels. Ce que je voulais dire, M. le député, c'est qu'il
y a des cas où, effectivement, ça prend un peu plus de temps
parce qu'on n'arrive pas à s'entendre comme » faut avec le
promoteur.
M. Lazure: Mais la question suivante que je vais vous poser, vous
dites: C'était le premier du genre. Bon, on peut comprendre que vous
faisiez vos premières armes. À ce moment-là, est-ce que
ça ne vous est pas venu à l'Idée de proposer à
votre ministre de demander au Bureau d'audiences publiques, par exemple, de
faire des audiences génériques d'emblée avant de commencer
à traiter des petits projets un par un? Est-ce que vous avez
proposé à votre ministre de faire une audience
générique là-dessus?
M. Trudeau: Je pense que c'est une bonne Idée.
M. Lazure: C'est une bonne idée.
M. Trudeau: C'est une bonne Idée. C'est ça
qu'éventuellement H faut envisager pour ce type de projet là,
tout comme on le fait pour la cogénération. Mais à
l'époque où le projet est arrivé, disons que ça ne
se pariait pas beaucoup, les audiences publiques génériques. On
n'avait pas encore, si vous voulez... Il en avait été question,
mais on en était, disons, au début. Ce que je veux dire, c'est
que je pense que ce serait une bonne Idée de faire ce type de chose
là dans ce type de projet là; ça s'applique très
bien. Mais pourquoi l'Idée n'est pas venue? C'est parce que
c'était assez nouveau et peut-être
qu'on n'a pas pensé que ça pouvait être l'approche
et parce que, depuis ce temps-ià, HydroQuébec a annoncé un
programme qui n'était pas visible à cette
époque-là. Donc, ce serait une bonne idée pour ce type de
projet là, d'avancer dans ce sens-là.
M. Lazure: Mais l'étude générique qui va
avoir lieu pour la cogénération, est-ce que c'est la
première du genre?
M. Trudeau: À ma connaissance, oui.
M. Lazure: Parce que ce n'est pas nouveau, nouveau, ça; il
y a des États, aux États-Unis, qui font ça depuis un bon
bout de temps. L'Ontario le fait. Ils appellent ça des études
sectorielles, en Ontario, depuis un bon bout de temps. Comment se fait-il que,
pour vous autres, ça a l'air nouveau?
M. Trudeau: Je ne sais pas comment il se fait qu'on est
arrivé à considérer ça comme nouveau, mais je pense
qu'il faut s'avancer sur cette voie-là, c'est une voie
intéressante. Et puis je pense que, là, maintenant, on le fait
pour la cogénération et que c'est un élément
positif.
M. Lazure: Qu'est-ce que vous pensez de l'idée de
soumettre la directive au public, par le biais du BAPE, une consultation
publique, dès le moment où la directive est
élaborée par vous autres, avant d'aller au promoteur. Qu'est-ce
que vous pensez de ça?
M. Trudeau: Ça m'apparaît une voie
intéressante à explorer. Je pense que c'était dans le
contenu du rapport Lacoste et ça m'apparaît une voie
intéressante. Je pense que, sous l'aspect de la directive, parce que
vous soulevez la question de la directive, dans le fond, il faut combiner
à la fois des éléments techniques, mais aussi les enjeux
ou les préoccupations de la population. Donc, je pense qu'une
consultation à ce stade-là, cette étape-là,
c'est-à-dire le plus tôt possible dans le processus, fait avancer
le débat, permet de mieux cerner les vrais enjeux. Et ça, c'est
un élément, je pense, qui serait un progrès.
M. Lazure: Vous êtes d'accord avec le BAPE quand il dit: Le
plus tôt le public sera impliqué, le mieux ce sera. L'avez-vous
déjà recommandé à votre ministre?
M. Trudeau: Si je l'ai déjà recommandé
formellement, dans des documents...
M. Lazure: Oui, oui.
M. Trudeau: Non, parce que j'attends le rapport de la commission
parlementaire pour le faire. Mais on a déjà soumis des documents
qui évoquaient ces idées-là.
M. Lazure: Mais l'ensemble du rapport Lacoste, est-ce que vous
êtes d'avis que ça devrait être mis en application? Vous me
faites signe que oui.
M. Trudeau: II n'y a pas beaucoup de choses...
M. Lazure: Dites-le donc au micro pour que ce soit
enregistré! Vous allez être en bonne compagnie si...
M. Dufour: C'est le langage...
M. Trudeau: C'est parce que, pour le moment, c'est vous qui
devez...
M. Lazure: Si vous êtes d'accord, vous allez être en
très bonne compagnie, M. le sous-ministre, parce que tout le monde, y
compris le BAPE, y compris l'Association des manufacturiers, tout le monde qui,
il y a 10 ans... Il y en avait plusieurs qui étaient contre, il y a 10
ans, mais la population a évolué, y compris les manufacturiers,
depuis 10 ans. Mais il me semble que c'est le ministère qui n'a pas
évolué tellement depuis 10 ans sur cette question-là.
M. Trudeau: Le rapport Lacoste est un excellent document. Nous
travaillons effectivement sur le rapport et je pense qu'il y a beaucoup
d'éléments, là-dedans, qui doivent être retenus qui,
normalement, feraient progresser considérablement l'évolution et
l'approche en matière d'évaluation environnementale.
M. Lazure: Bon. Là, vous avez parié de 300
dossiers. Je reviens au volume de travail. Vous avez une cinquantaine de
personnes. Là, vous nous dites: Avec les effectifs récents...
Ça, c'est assez récent, si je comprends bien, l'ajout
d'effectifs?
M. Trudeau: On a ajouté, je pense, ça fait un an et
demi, deux ans.
M. Lazure: Un an et demi, deux ans.
M. Trudeau: Depuis deux ans, mais, vous savez, le temps de
recruter, on ne tombe pas...
M. Lazure: Oui. Est-ce que ça a raccourci les
délais?
M. Trudeau: Je penserais qu'on a... M. Pagé.
M. Pagé (Yves): Si on veut bien évaluer les
délais et donner un chiffre précis, comme le recrutement s'est
fait dans le courant de l'année en cours et qu'on peut, en principe,
analyser statistiquement après trois ans quels ont été les
délais moyens, on n'est pas en mesure de vous donner une réponse,
sauf que ça semble aller
plus vite et ça devrait normalement aller plus vite.
M. Lazure: Et, là, vous nous assurez qu'au moment
où on se parle et à l'avenir il y aura toujours un chargé
de projet qui va prendre le projet à partir de l'avis de projet et le
transporter jusqu'à la fin?
M. Pagé (Yves): Oui.
M. Lazure: C'est solennel, ça? C'est
catégorique?
M. Pagé (Yves): Oui.
M. Lazure: Votre "oui" n'est pas... (17 heures)
M. Pagé (Yves): Si je donnais un peu les indications de ce
qui s'est passé dans les années antérieures, c'est qu'il y
avait 12 chargés de projets en 1988; aujourd'hui, on a 50 personnes dont
à peu près 40 sont des chargés de projets. Donc,
maintenant, une personne prend un dossier et le mène jusqu'à la
fin. Évidemment, c'est une équipe qui est relativement jeune; il
y a des gens qui arrivent, il y a des gens qui partent. Quand une personne
quitte son emploi, il faut nécessairement changer le chargé de
projet. Mais, règle générale, on devrait maintenant avoir
de plus en plus de chargés de projet qui seront en mesure de prendre un
projet dès son avis et de le mener à l'autorisation.
M. Lazure: Au moment où on se parle, vous avez environ
combien de projets qui sont en marche? 20, 30, 40? À peu
près.
M. Pagé (Yves): Actuellement, nous avons 326 dossiers
actifs à la Direction.
M. Lazure: 326 actifs dans le moment.
M. Pagé (Yves): Ça veut dire pour lesquels il y a
eu un avis de projet et pour lesquels on n'a pas émis un certificat
d'autorisation encore.
M. Lazure: Et les plus vieux dans le temps remonteraient à
quand?
M. Pagé (Yves): II y a certains dossiers du
ministère des Transports qui remontent à 1982 ou 1984. Ils ont
fait des avis de projet, on a émis la directive et l'étude
d'impact n'est jamais entrée, et ils ne nous ont pas signifié que
le projet a été abandonné. Donc, c'est un dossier actif,
mais non... Je ne sais pas le terme, là.
M. Lazure: une des plaintes qu'on entendait souvent,
c'était que les directives demandaient trop de renseignements qui,
souvent, n'étaient pas utiles ou pertinents, et ça nous a
été confirmé de plusieurs sources. Êtes-vous
sensibles à ce problème-là? Est-ce qu'ils ont raison de
dire ça, les gens, que vous demandez des choses qui ne sont pas
nécessaires?
M. Trudeau: Je pense qu'en principe, si on les demande, c'est
parce qu'on pense qu'ils sont nécessaires. Maintenant, ce qu'on est en
train de revoir, M. le député, c'est l'approche sur la directive
pour voir si on ne peut pas structurer ça un peu sur une autre
façon. Peut-être qu'une des façons, c'est de ne pas
travailler directement sur la directive, mais de commencer aussi à
l'avis de projet. Recevoir deux lettres, je veux dire, une lettre de deux,
trois pages, peut-être que ce n'est pas suffisant pour comprendre le
projet et peut-être que ça conduit à vouloir, dans les
questions qu'on pose dans la directive, en mettre plus. Peut-être qu'il
faudrait améliorer l'avis de projet pour avoir une étude
déjà un peu plus étoffée ou un peu plus
compréhensible de ce qu'on veut faire. À ce moment-là,
ça permettrait peut-être de resserrer un peu mieux notre
directive.
Deuxièmement, vous avez souligné la consultation.
Ça aussi, ça pourrait ramener sur les principaux enjeux.
Finalement, quand on cible un peu plus sur des éléments
essentiels, sur des grands enjeux, on pourrait ramener à quelque chose
qui a plus de bon sens.
M. Lazure: ii semble qu'il y a une firme, tecsult, qui a
étudié ou qui est en train d'étudier, justement, vos
directives et d'en faire une évaluation. est-ce que vous pouvez nous
parler un peu des résultats de cette étude?
M. Pagé (Yves): On a effectivement donné un contrat
à la firme Dryade, qui est une filiale de TECSULT, pour faire une
analyse critique d'un certain nombre de directives. Le rapport est entré
et nous sommes actuellement en train de l'analyser. Nous allons, dans le
contexte de la révision de la procédure et aussi tenant compte
des recommandations et des positions que vous allez prendre, voir comment,
à la lumière de ce qui a été fait et qui est
critiqué, on peut améliorer la directive.
M. Lazure: Est-ce que, pour les travaux de la commission, vous
pourriez nous envoyer une copie de ce rapport-là pour que les membres
puissent en prendre connaissance?
M. Pagé (Yves): Je pense qu'il a déjà
été convenu que le rapport vous serait soumis.
M. Trudeau: Je pense qu'on va vous le transmettre, si ça
n'a pas déjà été fait. On va vous le transmettre,
oui.
M. Lazure: On ne l'a pas encore eu, en tout cas. Merci. Pour le
moment, ça va.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: Dans un autre ordre d'idées, M. Trudeau,
souvent, lorsqu'on se rend compte, qu'on apprend par les journaux qu'il y a eu
une petite catastrophe à quelque part, que ce soit... Je comprends que
gérer l'environnement, ce n'est pas facile parce que c'est gérer
le passé, on ne peut rien y faire, on n'était pas là
personne. Le présent, c'est de l'ouvrage et préparer l'avenir,
c'est de l'ouvrage aussi. Lorsque arrive une petite catastrophe quelconque
à quelque part, ce qui est choquant pour le public, c'est qu'il y en a
toujours un "smart" chez vous, à quelque part, qui s'en vient dire
à un journaliste que, lui, il avait la solution pour ne pas que
ça arrive. Pourquoi ne vous l'a-t-il pas dit avant?
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Maltais: Vous avez des fuites, c'est un panier percé. Y
"aurait-u" moyen qu'il vous le dise avant que la catastrophe arrive? Le
lendemain, il a la solution, lui. Mais pourquoi ne pas l'appliquer avant? S'il
le dit là, il manque à son devoir, de ne pas vous l'avoir dit, M.
le sous-minlstre: Si vous ne faites pas ça, ça va arriver, la
catastrophe. Au lieu de faire son fin finaud le lendemain, dans le journal:
Moi, je le savais et, si on avait fait ça, et patati! et patata! il n'y
aurait pas eu de catastrophe. Mais pourquoi ne l'a-t-il pas dit avant? Il me
semble qu'après 12 ans d'existence, au ministère, il y a
quelqu'un qui aurait dû en tirer une leçon à quelque part
et dire: Écoute, mon "smart", tu ne me l'as pas dit, dehors! la
prochaine fois, il n'y en aura pas pour toi. Y "aurait-u" moyen d'essayer de
corriger ça? Parce que, savez-vous, dans le public, ce que je dis
aujourd'hui... Moi, je le représente, le public; j'en représente,
en tout cas, une partie. Il y a 125 comtés au Québec et j'en
représente un. C'est un blâme qu'on fait souvent: Comment se
fait-Il que l'Environnement le savait et qu'ils ne l'ont pas fait? Comment
ça se fait? Et vous-mêmes, vous devez avoir des surprises dans le
journal, le lendemain matin, en prenant votre café. Vous dites: Regarde
donc ça; il le savait et il ne me l'a pas dit, le petit mosus; y "a-t-u"
moyen que je lui parle un peu? Mais y "aurait-u" une façon, dans
l'avenir, à l'intérieur de votre ministère, lorsqu'il y a
quelqu'un qui prévoit des catastrophes à quelque part, qu'il y a
une espèce de prévoyant, une espèce d'ombudsman qui voit
à travers les murs et qui dit: II va arriver une catastrophe la semaine
prochaine à tel endroit... Et là, bien, vous, comme sous-ministre
en titre, vous pourriez prendre les moyens nécessaires pour le corriger,
pas après. Là, vous êtes obligé de vous
défendre dans les journaux le lendemain, et patati! et patata! et le
ministre est pris avec ça. Ce n'est pas une question de politique
là, c'est une question de volonté de régler des
problèmes au Québec. C'est choquant pour l'oreille du citoyen,
ça.
M. Trudeau: Je pense qu'effectivement vous avez raison de dire
que, souvent, on se demande si on est au ministère de l'Environnement ou
au ministère des catastrophes, parce que, dans le ministère,
effectivement, avec les dossiers qu'on traite, on est assez au fait des
différents aspects ou des différentes problématiques qui
se présentent un peu partout sur le territoire, les endroits qui sont
les plus susceptibles d'occasionner des risques soit pour la santé des
individus, soit sur le plan écologique. Même si ce n'est pas
devenu une catastrophe, on peut appréhender des... Et on traite avec ce
type de dossiers là très fréquemment, très
souvent.
M. Maltais: voyez-vous, là, l'opinion que ça fait?
c'est que, même si le ministère de l'environnement n'a absolument
pas d'affaire à ça, le coupable dans la population, lorsque
ça saute, c'est lui, le ministère de l'environnement, parce que
l'information a coulé à gauche et à droite et qu'il y a eu
de la désinformation dans bien des cas. le public pointe un coupable;
ça en prend un, coupable. il vous pointe et ce n'est pas votre faute
pantoute; ce n'est pas vous autres qui avez fait la catastrophe, vous n'avez
même pas d'affaire à ça. en contrepartie, vous êtes
au banc des accusés et, là, vous êtes sur la
défensive, automatiquement. quand vous êtes accusé, vous
vous défendez. c'est assez rare qu'un gars se laisse pendre sans se
défendre. alors, le fait que l'information ait coulé, vous passez
à la défensive; en contrepartie, c'est vous autres qui devrez
accuser, "toc, toc, toc, toc, toc", et mettre les points sur les i. mais
là, c'est l'inverse qui arrive. y "aurait-u" moyen de redonner un coup
de vapeur et de remonter la roue d'une coche?
M. Trudeau: Mais vous n'avez pas senti une amélioration
là?
M. Maltais: Oui. Honnêtement, je suis obligé de vous
le dire. Mais il y en a...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Maltais: II y en a encore. Il y en a encore, il y en a encore.
Non, non, je suis obligé de vous le dire: honnêtement, c'est
vrai.
M. Trudeau: II y a eu une amélioration et je ne veux pas
toujours revenir sur cet aspect-là, mais c'est sûr que c'est
lié aussi... Ça demande des ressources. Il y a beaucoup d'attente
- je veux dire, je dis des choses qui sont bien connues - dans le domaine
environnemental, on a beaucoup de choses à faire en même temps et
je pense qu'il faut avoir un certain nombre de
ressources humaines et financières pour arriver à
rencontrer tout ça. Maintenant, on est loin d'être parfait, mais
on a des gens consciencieux. C'est peut-être pour ça que, souvent,
ça se retrouve plus vite dans les journaux. Mais, en
général, c'est des gens qui sont consciencieux, qui font leur
travail honnêtement et correctement. La difficulté, c'est
l'énormité de la tâche, mais je pense qu'on est en
progrès, dans la mesure où on a mis un peu plus de ressources
dans ce domaine-là, et qu'on va y arriver tranquillement.
M. Maltais: II y a un autre point qui a chicoté bien des
gens qui sont venus ici et, au fond, moi-même, j'ai des cas dans mon
comté. On n'est pas ici pour les cas de comté, mais ces
gens-là avaient totalement raison. Par exemple, lorsqu'un promoteur
présente un projet, il va discuter avec quelqu'un chez vous. Le dossier,
ça va relativement bien; correspondance, et patati! et patata! et
ça va bien. À un moment donné, la décision;
là, on est rendus à l'heure x pour prendre une décision.
Souvent, la décision qui va être prise par votre
spécialiste ou votre fonctionnaire en autorité, va être
controversée par un autre qui se mêle au dossier, qui arrive comme
un cheveu sur la soupe, lui, et qui vient démentir ça. Puis
là, le promoteur commence à écarteler ses forces, puis,
finalement, il referme le noeud puis il vire en rond. Puis là, il y a
deux correspondances, il y en a trois, il y en a quatre, puis le premier qui a
touché au dossier est changé de dossier, puis le troisième
est en vacances, puis le deuxième est en congé de maladie. Bon.
Le promoteur vire en rond et, là, les délais s'accumulent, et les
dépenses. Ça fait comme dans Hydro-Pontiac, 2 000 000 $
d'études. Bon, bien, y a-tu moyen, à un moment donné,
à quelque pan... Je parlais du porteur de dossier, vous m'avez dit que
c'est réglé. Aux autres, je vais leur dire que c'est des "jouai
vert" de menteurs, hein? Inquiète-toi pas, je vais leur écrire.
Parce que c'est enregistré ce qu'ils nous ont dit, c'est
enregistré ce que vous nous avez dit. Alors, il y a quelqu'un qui va
avoir... S'ils nous ont conté des menteries, à moi puis au
député de Jonquière, ils vont se le faire dire. Alors,
à partir du moment...
Une voix:...
M. Maltais: Hein?
M. Dufour: Moi, je n'ai pas dit que j'allais écrire.
M. Maltais: Tu vas écrire aussi, Francis. Des voix:
Ha, ha, ha!
M. Maltais: Y "aurait-u" moyen, lorsqu'un promoteur ou lorsqu'un
professionnel traite un dossier du promoteur - des gens demandaient ça -
si le même gars, si c'est lui qui prenait la décision... Au
départ, s'il n'est pas dans l'autorité, ça peut arriver
qu'il y ait débroussaillage du dossier à faire avec une sorte de
professionnels, mais que celui qui va prendre la décision soit
impliqué au début du processus.
M. Trudeau: Oui. Vous apportez une question
générale pour le ministère. Vous savez qu'on a
lancé une opération de régionalisation dans le
ministère et d'idée de guichet unique dans les régions
aussi. Ça, ce que ça veut dire simplement, c'est qu'on veut qu'au
niveau de chacune des régions la responsabilité d'un dossier soit
prise là, qu'il y ait un suivi en région, que les fonctionnaires
de la région fassent appel, s'il le faut, au fonctionnaire central, mais
la décision va se prendre en région. Donc, on retiendra l'avis
technique, une opinion technique des expertises centrales, mais la
décision va se prendre en région. Donc, c'est vers ça
qu'on s'en va. Je ne peux pas vous dire que, demain matin, si vous vous en
allez dans la région, vous allez trouver ça bien attaché
encore, mais on est dans cette démarche-là et on vise, dans le
domaine industriel, par exemple, à ce que, le 1er avril 1992, on soit en
situation où ce sera les régions qui assumeront cette idée
de guichet unique et de responsabilité, justement pour éviter un
éparpillement à travers les différents services du
ministère. Ça, c'est pour l'ensemble des projets de type
industriel.
Pour ce qui est des évaluations environnementales, des
études d'Impact, ça continue à demeurer une
responsabilité qui va rester au niveau central, pour les
évaluations environ nementales, parce que ça demande une grande
expertise et qu'on a simplement une cinquantaine de ressources de
préparées pour ça. Mais pour tous les autres dossiers
d'application et de réglementation dans le secteur industriel, ça
va être régionalisé tout à fait à compter du
1er avril 1992, qui est l'objectif qu'on a fixé.
M. Maltais: Vous me voyez ravi d'apprendre cette nouvelle parce
que, automatiquement, ça va vous donner l'occasion de me nommer un
directeur régional sur la Côte-Nord, qui reste, au lieu d'avoir
une chaise roulante. Une chaise roulante, c'est-à-dire qu'il y en a un
qui dure un mois, puis deux mois, puis trois mois, puis ça change
continuellement. Alors, j'imagine que, pour prendre des décisions, vous
allez en profiter pour nommer un directeur général qui, lui, va
essayer de rester au moins un an chez nous.
Un autre petit problème qui a été soulevé -
je pense que ça a été accrédité par bien des
groupes, non pas seulement les groupes écologistes, mais les groupes
aussi qui représentent certaines factions de l'Industrie - le
financement des groupes écologiques lors des audiences du BAPE.
Qu'est-ce que vous pensez de ça? Corn-
ment vous voyez ça? Je sais qu'à un moment donné le
ministre a bloqué tout ça, puis établi des nouvelles
règles. Comment ça va fonctionner, ces règles-là?
On "peut-u" le savoir? Y "est-u" trop de bonne heure pour qu'on le sache? Je ne
veux pas vous obliger à dévoiler un secret d'État. Comment
ça va fonctionner? Parce qu'il y en a beaucoup qui se sont plaints; il y
en a même qui sont venus ici puis qui n'avaient pas d'argent pour payer
leur dîner, bon, parce que, semble-t-il, on n'avait pas renouvelé
leur subvention. "C'est-u" vrai? Et comment ça va fonctionner dans
l'avenir avec ces nouvelles règles-là? Si vous pouvez nous le
dire. Si vous ne pouvez pas nous le dire, vous dites: On n'est pas prêts,
puis ce n'est pas plus grave que ça, on y reviendra plus tard.
M. Trudeau: Peut-être que M. Harvey Mead pourrait
répondre, du moins à la partie du programme concernant les
groupes environnementaux. Quant à la partie financement pour les
évaluations environnementales, peut-être qu'on pourrait y revenir.
Peut-être qu'Harvey pourrait répondre. (17 h 15)
M. Mead (Harvey): En effet, on vient d'annoncer publiquement la
mise en vigueur du programme qui va fournir 1 000 000 $ en subventions à
des organismes québécois. Le programme vise des projets.
Ça peut être des projets d'éducation, de formation, de
recherche. Dans le cadre de ce programme-là, il n'y a pas de volet
spécifique pour soutenir des activités visant la
préparation d'audiences publiques. Mais je crois que les organismes qui
visent à intervenir à un niveau stratégique, donc au
niveau des enjeux majeurs des audiences publiques, pourront se servir de ce
programme-là s'ils développent des projets qui leur fournissent,
qui leur donnent une expertise dans les domaines en question. Alors, c'est
déclenché, enclenché...
M. Maltais: D'accord, M. le Président, je reviendrai un
peu plus tard.
M. Trudeau: M. le député... M. Mettais: Oui,
oui.
M. Trudeau: ...peut-être ajouter juste un point sur la
question de la participation aux audiences ou la participation aux
études d'impact. Il a été question de ça, je pense,
pendant vos débats. Je pense que ça peut être une voie
à explorer, ça, qui permettrait, effectivement, via une
tarification aux entreprises, si je me souviens bien, ou au promoteur en
quelque sorte, pas une tarification, mais de pouvoir ramasser des fonds qui
seraient regroupés à l'intérieur d'un fonds
indépendant qui permettrait de donner de l'argent à des groupes
ou à des individus qui voudraient participer aux évaluations.
Ça, c'est un volet qu'on n'a pas touché encore, mais qui est un
volet intéressant.
M. Maltais: D'accord. Merci.
Le Président (M. Garon): M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: Pour enchaîner sur l'aide financière aux
groupes ou individus qui veulent présenter au Bureau d'audiences
publiques leur intervention - vous avez sans doute réfléchi
à ça - est-ce que vous avez un plan à proposer au ministre
ou au gouvernement à cet égard? C'est quoi la proposition que
vous retenez pour le financement de ces groupes-là?
M. Trudeau: Pour ce cas-là, si vous voulez, on n'est pas
encore prêts à faire une proposition au ministre, mais on regarde
différents scénarios possibles et, effectivement, nous attendons
les recommandations de la commission pour voir dans quelle direction ça
peut s'orienter. Mais on a plusieurs scénarios sur la table, notamment
avec un financement venant des promoteurs, de ceux qui soumettent des projets,
uniques, ou exclusifs, ou avec la participation du gouvernement. Mais ces
scénarios-là qui peuvent être des voies possibles, on les
examine. Je pense qu'on pourrait être relativement prêts, si vous
voulez, si c'étaient des recommandations de la commission, à
soumettre dans les meilleurs délais des recommandations au ministre
là-dessus.
M. Lazure: Puisqu'on parie de financement de groupes, les
mêmes groupes qui pourraient peut-être un jour
bénéficier d'une aide pour des interventions à des
audiences, ces mêmes groupes là attendent depuis le mois d'avril
leur subvention régulière qui, dans le moment... Souvent, c'est
la seule source de revenus qu'ils ont pour se préparer et aller devant
le BAPE. Comment expliquez-vous qu'ils n'ont pas encore de réponse, ces
groupes-là? Deuxièmement, il semble que le projet que vous avez,
c'est de les subventionner par projet. Nous, en tout cas, de l'Opposition, on
pense que c'est abusif de demander aux groupes de préparer des projets
pour une subvention qui va être maximale de 15 000 $, pour des groupes
locaux, et de 25 000 $ ou 30 000 $...
Une voix: 25 000 $.
M. Lazure: ...25 000 $, pour des groupes régionaux ou
même nationaux dans le sens québécois du terme. Est-ce que
c'est une technique pour essouffler le monde, pour gagner du temps et faire en
sorte qu'il n'y en aura pas d'argent de déboursé? Vous parlez de
1 000 000 $, mais, là, il y a zéro sou de dépensé
à date, dans six mois d'année fiscale qui se sont
écoulés. Il y a zéro sou de dépensé. Et vous
devez bien savoir que ces gens-là vont être
obligés de passer des heures à préparer des projets
de façon bénévole sans être sûrs si le projet
va être accepté. En tout cas, nous, on trouve que ça n'a
pas d'allure, le système que vous proposez.
M. Mead: Mais il y a quelques éléments de
réponse, M. le député. Je ne peux pas vous répondre
pour dire quelle est l'intention derrière le programme, mais, en ce qui
concerne le programme, tel que c'est conçu, nous avons reconnu une
directive du ConseH du trésor qui mettait un accent sur le financement
de projets. À l'intérieur de cette reconnaissance-là, dans
le programme, nous avons essayé quand même d'identifier des
organismes de statut provincial ou régional et vous êtes au
courant, donc, de ces volets-là, ce qui leur permet d'accéder
jusqu'à 35 000 $ plutôt que 15 000 $ pour toute l'année, en
fonction toujours de projets.
M. Lazure: Mais une question précise: Est-ce que c'est le
Conseil du trésor qui vous empêche, par une directive
écrite, de donner une subvention de 15 000 $ à un organisme qui
est connu depuis des années, par exemple, sans présenter un
projet?
M. Mead: Mais pour le...
M. Lazure: Répondez à ma question, s'il vous
plaît!
M. Mead: Oui, oui. Le deuxième élément de
réponse, c'est que nous avons reçu l'approbation de, justement,
fournir un financement immédiat, je crois, à une quinzaine de
groupes qui rencontrent les critères, qui, nous croyons, rencontrent les
critères d'admissibilité comme groupe provincial ou
régional; 15 000 $ immédiatement.
M. Lazure: Est-ce qu'ils auront à présenter un
projet? Oui ou non?
M. Mead: Non. M. Lazure: Ah bon!
M. Mead: Ils vont recevoir un montant de 15 000 $ en fonction de
demandes déjà reçues, que ce soit pour des projets ou
autres, mais qui serait à soustraire du financement à venir.
M. Lazure: Je repose ma question. Une voix: M. le
député...
M. Lazure: Je repose ma question. Est-ce qu'il y a quelque chose
qui vous empêche de fournir une subvention de 10 000 $, 15 000 $, 20 000
$, 25 000 $ à un organisme, qu'il soit local, régional ou
national, sans exiger des projets? Oui ou non, M. le sous-ministre?
M. Trudeau: On ne peut pas, effectivement. Dans notre politique,
on ne peut pas, il faut absolument soumettre un projet. O.K.?
M. Lazure: Bon, c'est votre politique à vous. Est-ce
qu'elle vous est imposée par le Conseil du trésor? Oui ou
non?
M. Trudeau: Bien, c'est-à-dire que la politique a
été acceptée par le Conseil du trésor.
M. Lazure: Donc, c'est votre décision à vous
autres.
M. Trudeau: C'est notre recommandation... M. Lazure: Bon.
O.K. M. Trudeau: ...et la décision du Trésor... M.
Lazure: Ça répond à ma question. M. Trudeau:
...va dans ce sens-là.
M. Lazure: Mais c'est quoi l'objectif de cette nouvelle
décision que vous avez prise sur le mode de financement des groupes?
M. Trudeau: mais il n'y avait pas directement de mode de
financement des groupes jusqu'à maintenant. il n'y avait pas de
politique là-dessus.
M. Lazure: Mais c'est ça, c'est ce que je dis.
M. Trudeau: On vient de s'en doter d'une.
M. Lazure: Mais oui. Votre politique, ce n'est pas
compliqué, vous imposez des projets... Alors, au lieu de financer de
façon discrétionnaire ou par des normes, peu Importe, sans
projet, comme ça s'est fait dans le passé, là, vous
Imposez des projets à du monde qui n'a pas de personnel, très
souvent, de permanent.
M. Trudeau: Oui.
M. Lazure: Est-ce que vous ne pensez pas que vous mettez une
entrave à leur action en faisant ça?
M. Trudeau: Vous seriez favorable à ce qu'on finance le
fonctionnement des groupes environnementaux?
M. Lazure: Bien oui, bien oui! Ça me paraît
évident, ça. Comme les groupes de personnes handicapées
sont financés pour leur fonctionnement, Ils n'ont pas besoin de
présenter un projet. Bon, en tous cas, c'est la décision de
votre ministère. Je pense que c'est une décision, en tout
cas, du point de vue de l'Opposition, qui n'est pas opportune du tout.
M. Trudeau: Entérinée par le Conseil du
trésor.
M. Lazure: Bien oui, bien oui! C'est sûr qu'ils ne
demandent pas mieux, eux autres. Tout ce qui va freiner la dépense,
ça fait leur affaire, et ça, ça freine la dépense.
Parce que le résultat, c'est que les groupes n'ont pas d'argent et
ça fait six mois que l'année est commencée.
M. Trudeau: Maintenant, ce que disait M. Mead tout à
l'heure, M. le député, c'est que, pour cette année, compte
tenu qu'on est assez avancés dans l'année, nous avons obtenu une
dérogation par rapport à cette dimension, à cette
politique-là des projets et on va donner une subvention directement,
sans projet, pour cette année, qui est l'année
présentement en cours, pour accélérer et permettre aux
groupes d'avoir un financement.
M. Lazure: Mais 15 000 $ à quelques groupes, vous avez
dit. Enfin, je veux passer à un autre sujet. Le député de
Saguenay a soulevé une autre question tantôt, les commentaires de
certains fonctionnaires suite à des incidents tragiques. Mol, je pense
que c'est dû en partie, ça, à un espèce de
côté hermétique; il y en a qui ont qualifié
ça de "culture du silence" dans le ministère de l'Environnement.
Vous êtes au courant, vous avez lu ça dans les journaux, il y a
une culture du silence, du secret. Et, nous, on vit avec ça. J'ai encore
un exemple aujourd'hui. On voulait avoir, cet avant-midi, copie d'un document
qui est public: l'entente de 1984, convention Bedford, sur l'assainissement des
eaux de la ville de Bedford. C'est un document public. Mais la personne
responsable de ce département-là a dit: Ah! ah! non. Il a fallu
aller à Mme McKinnon, qui collabore très, très bien, qui
est très efficace, et on l'a eu par elle. Mais, moi, je trouve que, dans
votre ministère, c'est arrivé plusieurs fois, ça: on
demande un document ordinaire, public, et le fonctionnaire ou la fonctionnaire
qui nous répond nous renvoie à Mme McKinnon, ce qui n'est pas
correct. La loi d'accès à la fonction publique, c'est là
pour aider en cas de litige. Ce n'est pas, encore une fois, pour freiner la
sortie de documents publics, et c'est ça qui se passe dans votre
ministère actuellement. Alors, je me demandais si vous étiez
conscient de ça.
M. Trudeau: On en est conscient et vous avez raison de dire que
Mme McKinnon fait très bien son travail; c'est la responsable de toute
la voie d'accès à l'information. Et je peux vous dire qu'on est
un des ministères qui reçoit le plus de demandes et qu'on est
celui qui en fournit le plus aussi.
M. Lazure: Mais, M. le sous-ministre...
M. Trudeau: On fournit plus de réponses aussi.
M. Lazure: ...est-ce que vous ne convenez pas que vos
fonctionnaires, vos chefs de service, sont tout à fait habilités
à fournir des documents publics sans avoir à
référer le demandant à Mme McKinnon?
M. Trudeau: C'est-à-dire qu'il faut toujours s'assurer
qu'il s'agit bien d'un document public. S'il y a un document public, il n'y a
pas de problème pour fournir l'information. Vous savez, peut-être
qu'on est un ministère du silence, mais on n'est pas un ministère
si cachottier que ça. On me disait tout à l'heure qu'au contraire
on était très transparent. Effectivement, en
général, l'information, on la fournit, à moins qu'il n'y
ait des contraintes vraiment majeures.
M. Lazure: En tout cas, ce n'est pas l'expérience qu'on a
eue et ce n'est pas l'expérience que les gens ont. Vous lisez les
journaux comme moi.
Un autre sujet, rapidement, le suivi environnemental. Il y a plusieurs
groupes qui nous ont dit: C'est dommage, mais on ne sait jamais ce qui s'est
passé, une fois l'autorisation fournie à l'entrepreneur, au
promoteur, ce qui s'est passé un an après, deux ans après.
D'abord, s'il y a un suivi, pouvez-vous nous expliquer comment ça
fonctionne?
M. Trudeau: Vous dire qu'il y a un suivi, ce serait un grand mot.
Il n'y a pas...
M. Lazure: Serait quoi?
M. Trudeau: Ce serait un grand mot, ce serait sans doute
exagéré. On ne peut pas dire...
M. Lazure: Ah bon!
M. Trudeau: ...qu'actuellement il y a un suivi. On a des
personnes qui ont une certaine responsabilité de faire ça. Je
veux simplement ajouter qu'on a de plus en plus développé
l'idée des contrôles et de la surveillance. On demande un
programme de surveillance là-dedans, des études d'impact. Le
contrôle de ça, ce n'est pas fait toujours de façon
systématique et assidue. Mais, avec la régionalisation, on compte
pouvoir peut-être, avec nos gens en région, assurer, par la suite,
une fois un projet autorisé, un meilleur contrôle et surveillance
de ce qui va se passer sur le territoire et si vraiment les industries ou les
entreprises ou les projets suivent ce qu'ils nous avaient annoncé.
Ça, je ne peux pas dire que, jusqu'à maintenant, on l'a fait
beaucoup.
Par contre, en perspective, on essaie de s'organiser mieux pour faire
face à ça. Je pense que c'est une dimension très
importante, effectivement, et que c'est notre responsabilité de
s'assurer de ça.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: Merci. M. le Président. On va passer à
la section des compliments. Moi, je voudrais vous féliciter sur deux
points. Vous allez dire: II est donc bien bête, ce Maltais-là.
Moi, je suis de même. Au niveau des ententes que vous avez avec le
ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche et le
ministère des Forêts moi, j'ai le quart des forêts du
Québec chez nous et j'ai vécu, cet été, une
époque assez difficile; il en a brûlé quelques acres, en
incendies... Même si le ministère n'était pas directement
impliqué sur-le-champ, il a travaillé beaucoup en collaboration.
Là, on est à la préparation de certains plans de
redressement et je pense qu'au lieu d'être en recul et d'être
fermé il a ouvert le cercle et il est entré avec les autres
ministères, particulièrement les fonctionnaires du
ministère des Forêts et du ministère du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche. Les résultats ont été rapides
et exceptionnels dans bien des cas. Moi, j'ai trouvé ça
formidable parce qu'il n'y a pas eu de demande officielle du ministère
de l'Environnement de venir s'impliquer, ça s'est fait par la bande et
les résultats sont probants.
Je sais que vous l'avez fait dans d'autres secteurs de la
Côte-Nord, au niveau du MLCP et des Forêts. Ça "pourrait-u"
se propager à d'autres ministères, par exemple les Transports,
les ministères à développement économique, cette
participation par la bande qu'on ne retrouve pas nécessairement dans le
"front page" de La Presse ou du Devoir, encore moins dans
Allo-police? Parce que l'efficacité de ces gens-là sur le
terrain est exceptionnelle quand, on dirait, il n'y a pas de pression qui les
commande. Ça s'est fait sans doute à partir d'une directive d'un
des sous-ministres. Ça ne pourrait pas se faire dans d'autres
ministères? Ça éviterait des délais. On parle
toujours de délais, au niveau du gouvernement, pas plus chez vous
qu'ailleurs... un peu plus chez vous qu'ailleurs. Mais y "aurait-u" moyen qu'il
s'ingère un petit peu, au niveau des Transports, des ministères
à développement économique, peut-être de la
même façon, pas un affrontement mais une façon de
collaborer, et d'en arriver à des résultats qui soient bons et
rapides? (17 h 30)
M. Trudeau: Moi, je crois beaucoup à ça,
effectivement, dans les régions, surtout que ça se
présente bien. Il y a quelques régions où ils ont des
conférences administratives régionales. On essaie de collaborer
et d'apporter une contribution, sauf qu'on a souvent un rôle, comme
ministère, d'application de règlements et de lois. On est souvent
l'empêcheur de tourner en rond à l'égard d'un certain
nombre de ministères, donc on n'est pas toujours perçu
positivement. Mais je pense qu'on est en train de développer une autre
approche, parce que je pense qu'en matière environnementale on peut le
faire, de jouer un rôle peut-être aussi en relation avec d'autres
ministères qui sont d'ailleurs préoccupés par des
mêmes dimensions que les nôtres; je veux dire, des dimensions
environnementales, Loisir, Chasse et Pêche avec la faune et le
ministère des Forêts avec... Il y a bien des dimensions qui
concernent l'Environnement, et on veut de plus en plus travailler en
collaboration avec les autres ministères. Là-dessus, on va
essayer de faire preuve de plus d'ouverture encore.
M. Maltais: Mais ce que je...
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: Ah!
La Présidente (Mme Bélanger): Malheureusement.
Alors, M. le député de Jonquière?
M. Dufour: C'est ça. Il y a plusieurs analyses dans
certains dossiers. Est-ce que vous pensez, de temps en temps, sortir des
manuels pour expliquer ça? Par exemple, il y a des situations qui se
présentent régulièrement, à peu près dans
toute la grandeur du Québec. Par exemple, l'enfouissement sanitaire;
mol, je pense que les élus municipaux, ils en ont soupe, ils sont
éc?urés de ça. Comment règle-t-on ça,
ce problème-là? SI vous ne donnez pas des directives suffisamment
claires et que tout le monde a encore les mêmes solutions... Ça ne
sert à rien de se le cacher, il y a 10 ans, ils disaient au monde de
faire du compostage. On en a parlé avec tous les gens qui sont venus
devant nous, ici. On leur a parlé de compostage. Moi, j'étais
convaincu d'avance, mais ils nous l'ont confirmé: Le compostage,
oublions ça, ce n'est pas la solution pour l'enfouissement sanitaire.
Vous devez avoir un certain nombre de directives. Les marinas, par exemple, II
y a eu des audiences publiques en masse là-dessus, beaucoup. Bon. Est-ce
que vous pensez publier, des fois, des directives ou des manuels qui auraient
pour objectif de soulager un peu le ministère de certaines choses?
M. Trudeau: Oui, M. le député, effectivement, c'est
une excellente question. Je pense qu'il y a plusieurs voles possibles.
Ça peut être une voie, celle-là, c'est-à-dire de
faire ce qu'on peut appeler des directives par secteur ou même des
audiences. L'idée d'audiences génériques, une fois qu'on a
fait une audience générique sur la
cogénération ou qu'on en a fait une sur les marinas, par
exemple, ça pourrait nous permettre, au sortir de là, par la
suite, d'arriver à quelque chose de plus simple quand on arrivera avec
chacun des petits projets par la suite, parce qu'on aura un cadre
général qui nous aura permis de dire: Voici dans quelles
conditions c'est acceptable, la cogénération ou, par exemple, les
marinas. Ça, je pense que c'est des éléments qui peuvent
nous aider à améliorer et à raccourcir des délais -
d'ailleurs, je rejoins l'idée de raccourcir des délais aussi -
et, en même temps, sur les directives, à arriver à des
directives un peu plus, j'allais dire, courtes et mieux centrées. A ce
moment-là, parce qu'on va avoir une balise, on va avoir mieux
cerné la réalité. Il y a d'autres façons ou
d'autres possibilités, mais on est en train d'examiner cette idée
d'arriver, en tout cas, avec des directives. Par exemple, si jamais,
éventuellement, le secteur industriel était soumis à la
procédure d'évaluation, peut-être qu'il serait
intéressant dans le domaine, je prends, des alumineries - il y en a eu
quelques-unes, je ne sais pas s'il va y en avoir d'autres, mais il y en a eu
quelques-unes... Il est peut-être possible d'arriver a mieux cerner une
directive, compte tenu du fait qu'on a déjà vécu un projet
comme ça. Donc, dans un secteur, on pourrait arriver à une
perspective d'encadrement pour la directive.
M. Dufour: Mol, je pense que, pour les alumineries, on est
définitivement trop tard quand on regarde la production mondiale. J'ai
comme l'impression qu'on a une surproduction et qu'il y a des coûts
écologiques, économiques à travers tout ça. Et
ceci, je vous assure, c'est juste pour compléter ce que vous avez
commencé. Moi, je vais vous poser la question: Quand toutes les
procédures ont été suivies... Parce qu'il y en a qui
parlent du suivi que vous pouvez avoir sur des dossiers. Moi, je
prétends que vous ne pouvez pas avoir de suivi; vous n'êtes pas
capables de répondre à la demande. On peut dire qu'il y a
tellement de demandes que ça ne répond pas. Je ne sais pas
combien ça prendrait de monde sur le terrain. Quand on parle de suivi,
c'est un peu fort, parce que faire le suivi, c'est après. Quand toutes
les procédures ont été suivies et que, là, il faut
que ça monte dans la machine et que la machine, elle, ne marche pas,
qu'est-ce qu'on fait?
Je vais vous parier de deux projets. Il y a eu la route Simoncouche dans
le parc des Laurentides, juste avant la réserve faunique des
Laurentides; là, il faut que ça monte en haut et c'est
paralysé à quelque part, là, dans la machine. Il y a la
route Alma-La Baie; il y a eu une médiation, tout est
réglé, il faut que ça monte dans les décrets et
tout est bloqué. Qu'est-ce qui empêche ça?
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Jonquière, si vous voulez avoir une
réponse, il faut que vous écourtiez votre question.
M. Dufour: J'ai complété. Je n'abuse pas.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
sous-ministre.
M. Dufour: Qui bloque ça?
M. Trudeau: Dans les cas que vous mentionnez, je me demande si ce
n'est pas...
Une voix: C'est déjà autorisé.
M. Trudeau: ...déjà autorisé. Dans le
premier cas, je pense que c'est signé; dans le deuxième cas, je
ne le sais pas.
M. Dufour: Ça fait au moins trois mois que le rapport est
déposé.
M. Trudeau: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Je vous remercie, M.
le député de Jonquière.
M. Trudeau: Dans le système... Juste parce qu'il y avait
une question générale en même temps que vous posiez. C'est
parce que, souvent, c'est un décret gouvernemental que ça exige
aussi et il faut qu'il y ait une procédure qui fasse que le dossier
monte. Le ministre doit se dire satisfait et, ensuite, transmettre ça au
gouvernement pour qu'il y ait une décision du Conseil des ministres.
Bien, je veux dire, il y a souvent des jeux et des arbitrages qui doivent se
faire à différents niveaux.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de La Prairie, pour le mot de la fin.
M. Lazure: Oui, le mot de la fin. Je veux, au nom de
l'Opposition, remercier le sous-ministre et ses collègues. Je suis
sûr qu'ils comprennent la frustration de parlementaires qui, depuis trois
semaines, entendent beaucoup de récriminations. Puis nous, on se fait
les porte-parole, pour ainsi dire, des deux côtés de la table, on
se fait les intermédiaires et on est conscients aussi qu'être
ministre de l'Environnement ou être un fonctionnaire au ministère
de l'Environnement, c'est très difficile ces années-ci, puis
ça va continuer de l'être.
Alors, on vous remercie et on espère... On va voir votre ministre
tantôt. On va exprimer une certaine partie de notre frustration à
votre ministre aussi, évidemment. Merci.
M. Trudeau: Je veux également vous remercier. Je peux vous
dire qu'on est conscients, parce que, comme je vous l'ai souligné au
début, il y a beaucoup de fonctionnaires du ministère
qui ont été présents durant toute la commission,
effectivement, que c'est un ministère qui demande, qui est exigeant
actuellement pour toute personne qui y travaille, mais, en même temps,
très stimulant. Je pense qu'on est capables de relever les défis
qui sont devant nous et ceux que vous nous proposerez, j'imagine, dans vos
recommandations, dans votre rapport qui sera soumis éventuellement
à l'Assemblée nationale. Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
sous-ministre. M. le député de Saguenay.
M. Maltais: Moi aussi, je voudrais vous remercier, M. Trudeau, M.
Mead, ainsi que vos adjoints. L'exercice qu'on fait là, c'est la
première fois que ça se fait au Québec. C'est
peut-être il y a 12 ans que ça aurait dû être fait, ou
10 ans, ou 8 ans, ou 5 ans, ou 3 ans. Je ne sais pas depuis combien
d'années. Mais l'objectif des parlementaires, si on a été
unanimes sur un pareil mandat, c'est qu'on a le souci de vouloir, avec des gens
concernés, améliorer le système pour qu'il y en ait un qui
en profite, qui s'appelle le citoyen ou la citoyenne du Québec. Merci
beaucoup de votre collaboration.
Le Président (M. Garon): Je vous remercie. Maintenant,
nous allons suspendre quelques secondes pour permettre au ministre de venir
remplacer le sous-ministre.
(Suspension de la séance à 17 h 38)
(Reprise à 17 h 39)
Le Président (M. Garon): La commission reprend ses
travaux. À l'ordre! À l'ordre! Soyez un petit peu britanniques,
puisque nous sommes dans le parlementarisme britannique. M. le ministre, les
députés m'ont demandé de vous donner l'occasion de dire
quelques mots au début et j'ai remarqué que ceux qui avaient dit
plus que quelques mots se sont fait passer des savons. Comme il ne reste pas
grand temps, ils aimeraient avoir l'occasion, de part et d'autre, de pouvoir
vous poser quelques questions sur les orientations de votre ministère.
Alors, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Merci, M. le Président. Je
tiens à vous assurer que je suis à la disposition de la
commission et que nous verrons à prendre le temps nécessaire.
Chers collègues députés, mesdames et messieurs,
d'abord, je tiens à vous remercier, particulièrement, vous le
comprendrez, M. le Président, les députés
ministériels, pour avoir apporté une contribution aussi active
à l'occasion de cette commission parlementaire. Grâce au travail
indispensable que vous avez effectué, nous aurons en main un rapport qui
pourra guider le gouvernement dans le domaine des évaluations
environnementales car, comme vous le savez, en plus de permettre la
transmission et l'échange d'informations entre les parlementaires et les
différents intervenants, promoteurs, groupes environnementaux,
consultants et autres, vous aurez participé, par cet exercice
démocratique, à un événement
privilégié de consultation en matière d'évaluations
environnementales.
Du côté ministériel, nous avons écouté
avec beaucoup d'attention les opinions et les suggestions qui ont
été exprimées par les divers intervenants. Je peux vous
assurer qu'au ministère de l'Environnement du Québec nous avons
bien hâte de prendre connaissance des recommandations que la commission
parlementaire présentera cet automne à l'Assemblée
nationale et de procéder à leur analyse.
Avant d'aborder les principaux thèmes qui peuvent se
dégager des avis et propositions entendus en cette Chambre depuis le 17
septembre dernier, faut-Il le rappeler, j'aborderai rapidement le contexte
historique dans lequel se situe la présente étude de la
procédure dévaluation et d'examen des impacts sur
l'environnement.
C'est en 1978 que la Loi sur la qualité de l'environnement
créait le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement, le BAPE, et
permettait d'assujettir certains projets aux études d'impact sur
l'environnement. Par la suite, en décembre 1980, le gouvernement
adoptait une réglementation découlant de cette loi. Cependant,
cette réglementation, adoptée sous le gouvernement du Parti
québécois, comportait des lacunes majeures. Une de ces lacunes
Importantes et dont nous subissons encore les conséquences, consiste
à ne pas avoir mis en vigueur les paragraphes g, n, p et le
deuxième alinéa du paragraphe j de l'article 2 de cette
réglementation. Le gouvernement d'alors diminuait ainsi grandement la
portée du règlement qu'il venait d'adopter, puisque plusieurs
types de projets demeuraient exempts de la procédure d'évaluation
environnementale.
Ces projets non assujettis concernent la construction d'une usine d'eau
lourde ou de pâtes et papiers, d'une usine pétrochimique, d'une
cimenterie, d'une raffinerie de pétrole, d'une aciérie, d'une
aluminerle, d'une usine de boulet-tage, d'une usine de traitement du minerai,
d'une usine de raffinage de métaux, d'une usine de ferro-alliage, d'une
fonderie de première fusion de métaux non ferreux ou d'une usine
d'équarris-sage-fonderie; la construction d'un gazoduc d'une longueur de
plus de deux kilomètres; la construction, la reconstruction ou
l'élargissement d'une route ou autre infrastructure routière
publique sur 300 mètres ou plus à moins de 60 mètres d'un
cours d'eau et, enfin, l'ouverture et l'exploitation subséquente d'une
mine au sens de la Loi sur les mines.
Cette réglementation qui comportait d'im-
portantes faiblesses a donc été un symbole sous le
règne du Parti québécois. Non seulement n'a-t-elle pas
constitué, sous l'ancien gouvernement, une véritable prise en
compte des impacts environnementaux dans les projets industriels d'importance,
mais, en plus, elle était perçue par un grand nombre
d'intervenants comme un processus gouvernemental utilisé de façon
inhabituelle et même exceptionnelle. À cet égard, il faut
savoir que seulement 18 projets ont fait l'objet d'audiences publiques en 7
ans, entre 1979 et 1985 Inclusivement, le réflexe étant alors de
restreindre les cas d'application de la procédure. Comparativement,
depuis l'arrivée au pouvoir du Parti libéral du Québec, en
décembre 1985, un total de 33 projets ont fait l'objet d'audiences
publiques en 6 ans, entre 1986 et 1991 inclusivement.
De plus, on constate que les mandats confiés au Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement au cours des dernières
années, ont été à la fois plus substantiels et plus
complexes de par la nature môme des sujets traités. À titre
d'exemples, mentionnons la Commission d'enquête sur les déchets
dangereux, le projet Soligaz ainsi que la stratégie de protection des
forêts dont le BAPE a reçu les mandats en vertu de l'article 6.3
de la Loi sur la qualité de l'environnement. En somme, les mandats plus
récents confiés au BAPE nous indiquent une préoccupation
plus marquée du gouvernement actuel envers l'environnement. Je
préciserai également qu'en plus d'avoir une charge plus lourde de
travail en matière d'audiences publiques le BAPE, dans les limites
actuelles de la législation, se voit maintenant confier des mandats de
médiation, cinq mandats au cours de la présente année.
C'est d'ailleurs la première année que des mandats semblables
sont donnés, répondant à l'une des recommandations du
rapport Lacoste déposé en I988.
À la lumière d'une des propositions dudit rapport, le
gouvernement actuel a étudié un projet de règlement afin
de mettre en vigueur les paragraphes n et j de l'article 2 du Règlement
sur l'évaluation et l'examen des impacts sur l'environnement. Quoique
favorable en principe à cette mise en vigueur, le gouvernement a
recommandé une harmonisation préalable avec l'Ontario qui, elle
aussi, est en révision de son processus d'évaluation
environnementale.
Malgré le contexte économique actuel, les
préoccupations environnementales représentent maintenant un enjeu
majeur dans toute forme de développement. Afin de mieux concilier
l'économie et l'environnement, il est nécessaire de revoir le
processus d'évaluation environnementale, celui-ci n'étant plus
adapté aux besoins actuels de la société. C'est justement
le mandat d'initiative que s'est donné votre commission
parlementaire.
Selon les quelque 62 mémoires en provenance d'associations ou
d'ordres professionnels - il y en a quelques autres qui ont été
ajoutés pour dépôt aujourd'hui - de regroupements
industriels ou de gens d'affaires, d'entreprises privées ou de
sociétés, de groupes environnementaux, de syndicats, de
consultants en matière d'environnement et d'intervenants publics,
notamment dans le domaine de la santé et de l'aménagement du
territoire, mémoires qui ont été portés à
l'attention des parlementaires au cours des trois dernières semaines,
nous pouvons d'ores et déjà dégager, sans vouloir
empiéter sur la juridiction de cette commission, un certain bilan quant
aux suggestions qui nous ont été présentées.
À la lumière des propositions reçues, les groupes
environnementaux préconisent de façon unanime un
élargissement du champ d'application des évaluations
environnementales alors que les regroupements de gens d'affaires nous indiquent
qu'ils sont d'accord avec le principe de ces évaluations.
Ainsi, comme l'indiquait Pierre Asselin dans son analyse publiée
dans le quotidien Le Soleil et intitulée "Pour une
procédure accélérée", "les grandes industries comme
Lauralco, Gaz Métropolitain et jusqu'à l'Association des
manufacturiers sont aujourd'hui d'accord pour se soumettre au processus
d'évaluation environnementale public" fin de la citation. Cependant,
comme M. Asselin le soulignait, et je recommence la citation, "une demande
revient toutefois dans chacun des mémoires déposés par le
monde industriel, pour raccourcir les délais exagérés de
la procédure, en moyenne de 33 mois", fin de la citation.
En plus de demander que des balises soient fixées dans le temps,
les regroupements d'affaires insistent également sur la
nécessité de préserver la compétitivité des
entreprises et de notre société. D'autre part, la grande
majorité des intervenants se sont montrés d'accord afin de
formaliser un processus de médiation environnementale.
Par ailleurs, plusieurs intervenants sont d'avis qu'il faut impliquer le
public en amont de la procédure, notamment à l'étape de la
directive. Plusieurs intervenants sont également favorables à une
forme de financement des requérants dans le cadre des audiences
publiques. Enfin, certains ont souligné l'importance d'effectuer des
évaluations environnementales sur les politiques et programmes du
gouvernement du Québec.
Conscients de l'ensemble des suggestions présentées qui
reflètent les préoccupations de notre société
à l'égard de l'environnement, conscients du consensus qui s'est
dégagé de la part des promoteurs, des groupes écologiques
ainsi que des divers consultants sur un grand nombre d'éléments,
conscients, enfin, de l'urgence de bonifier la procédure, nous attendons
vos recommandations qui doivent être déposées d'ici la fin
de la présente année. Nous croyons que ces recommandations nous
permettront de
proposer au gouvernement un processus à la fois mieux
adapté et plus cohérent en matière d'évaluations
environnementales, tout en préservant la viabilité
environnementale des projets analysés et le maintien de la position
concurrentielle du Québec et de ses entreprises.
En terminant, M. le Président, je vous remercie de nouveau, les
parlementaires et les intervenants qui se sont fait entendre, pour avoir
participé à cet exercice démocratique. La collaboration et
la participation d'autant d'intervenants ne peuvent que nous inciter à
analyser attentivement le rapport qui découlera de vos travaux. Merci de
votre attention.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: Merci, M. le Président. M. le ministre,
permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue à la commission au nom du
parti ministériel. Je suis sûr que mon aimable collègue de
La Prairie fera la même chose pour l'Opposition. Nous sommes heureux de
vous avoir comme témoin, ici, à cette commission qui se termine
avec vous. Nous vous avons gardé pour le dernier échelon de
l'échelle. Depuis le 17 septembre, nous avons rencontré
au-delà de 59 groupes, le ministère et le ministre, ce qui fait
61. Il me semble que vous êtes pâle un peu aujourd'hui, M. le
ministre. Ce n'est pas votre digestion qui vous fait tort, non?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, c'est l'absence de soleil
à l'extérieur.
M. Maltais: Ah! Des fois, des brochets, c'est dur à
digérer.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Maltais: M. le ministre, il s'est dégagé...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Maltais: Rappelez-vous qu'ils ne sont pas pires chez vous que
ceux qu'ils nous servent ici, à l'Assemblée nationale.
De ces 59 groupes-là, il y a une tangente qui s'est
dégagée, mais très directement. C'est une question
à trois volets et j'aimerais bien avoir votre opinion sur ces trois
volets. Le premier, il y a une unanimité quasi surprenante, à
comparer à ce que c'était, il y a sept ou huit ans, sur le
rapport Lacoste. Presque la totalité des groupes - s'il y a quelques
exceptions, je les ai oubliées; elles sont tellement peu nombreuses -
tout le monde était d'accord sur la majorité des recommandations
du rapport Lacoste. Il y avait certaines réserves, pas la
totalité, mais quand même les intervenants étaient
d'accord. Ça, c'est la première partie de ma question. Je vais
vous la poser parce que le temps est limité et je sais que mon
collègue a très hâte de vous interviewer.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Maltais: Le BAPE, l'utilité du BAPE et la constance des
gens qui ont aimé le travail du BAPE tout au long des groupes, de tous
les groupes qui sont venus ici, parce que, eux autres, leurs délais sont
encadrés. Ma troisième question, c'est les fameux délais.
Le BAPE étant encadré dans 4 mois, Ils nous ont demandé de
vous demander si vous ne pourriez pas encadrer en 4 mois aussi votre
ministère. Finalement, dans 12 mois, on viendrait à bout d'avoir
une réponse.
Alors, II y a trois lignes directrices qui sont sorties. Les
recommandations du rapport Lacoste, qu'est-ce que vous en pensez? Le BAPE et
l'amélioration que le BAPE a suggérée cet
après-midi, je ne sais pas s) vous en avez pris connaissance,
deuxièmement. Les délais chez vous sont insupportables pour
l'ensemble des Québécois et des Québécoises;
qu'est-ce que vous entendez faire avec ça?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): O. K. M. le député
de Saguenay, si je réponds directement à vos questions,
connaissant votre attachement à l'institution et à ses
règles, vous allez être un des premiers à reprocher au
ministre de l'Environnement d'avoir tiré des conclusions avant de
connaître le rapport de la commission. Dans les circonstances, Je vous
donnerai quand même une impression personnelle vu que vous avez eu
l'amabilité de m'inviter à témoigner.
Tout comme vous, je suis un des 125 députés de
l'Assemblée nationale; tout comme vous, je représente une
population et, tout comme vous, j'ai eu à subir les nombreuses
récriminations de tous les Intervenants au dossier, qui se sont plaints
de la lenteur de l'appareil administratif et qui m'ont Incité et
recommandé d'encadrer le processus du début à la fin.
Maintenant, j'ai hâte de voir si le rapport de la commission va aller
dans le même sens.
M. Maltais: D'accord. Je reviendrai plus tard, cher
collègue.
Le Président (M. Garon): M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: Merci, M. le Président. Au nom de l'Opposition,
je souhaite la bienvenue au ministre et à ses collègues.
Je suis un peu attristé du ton qu'a pris le discours du ministre.
Ça fait trois semaines qu'on travaille de façon non partisane et
le ministre nous arrive avec un discours écrit. Donc, ce n'est pas sous
l'Impulsion du moment, parce qu'il m'a vu en arrivant...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure: ...mais c'est écrit et c'est très
négatif, c'est très partisan. Il juge bon de venir faire
état du fait que son gouvernement a une bien plus grande
préoccupation que l'ancien gouvernement. Il juge bon de dire: Ah! entre
1979 et 1985, vous avez eu seulement 18 projets et, nous autres, on en a eu 33.
Il juge bon de dire: La loi et les règlements de 1978 étaient
pleins de lacunes majeures, en particulier la non-application du paragraphe 2.
Moi, M. le Président, je suis sincèrement déçu de
cette approche parce que nous avions travaillé trois semaines sans
partisanerie.
C'est évident que les gens aujourd'hui - j'espère que
c'est vrai et je suis sûr que c'est vrai - que votre gouvernement est
encore plus préoccupé que notre gouvernement ne l'était.
Disons que c'est vrai, mais en cela vous ne feriez que refléter la
société québécoise, vous ne feriez que
refléter l'évolution de la société. Et de venir
nous dire: On est meilleurs que vous ne l'étiez, c'est de votre faute si
les grands projets industriels ne sont pas assujettis parce que vous avez fait
une loi pleine de lacunes... Ça fait six ans que vous êtes au
pouvoir, six ans, et vous n'avez pas eu le courage de mettre en vigueur ces
paragraphes-là. Et là, vous vous retranchez derrière la
fameuse harmonisation préalable avec l'Ontario. Bien, M. le ministre,
même les manufacturiers nous ont dit - et vous le dites dans votre
texte... Les manufacturiers n'ont pas dit: Attendons d'être
harmonisés. C'est vous qui dites ça aujourd'hui. Vous êtes
le seul à dire ça. Tout le monde, y compris vos fonctionnaires,
le BAPE, les manufacturiers, les groupes environnementaux, tout le monde a dit:
Rapport Lacoste au plus vite. Personne n'a parlé d'harmonisation. Vous
êtes le seul à le faire.
Moi, je suis obligé de soupçonner que vous vous cachez
derrière quelque chose et que vous n'avez pas le courage de gagner votre
lutte au Conseil des ministres. Pouvez-vous prendre l'engagement ici de
recommander au Conseil des ministres de faire en sorte que ces
paragraphes-là soient mis en vigueur le plus tôt possible,
Indépendamment de l'Ontario?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président, vous me
permettrez de reprendre une certaine partie du préambule de mon
honorable collègue de La Prairie. J'ai tenté, dans les notes que
je vous ai livrées en guise d'introduction, de replacer des statistiques
dans le temps et, oui, j'ai divisé les périodes entre l'ancien
gouvernement et l'actuel gouvernement. Je ne pense pas que les chiffres que
j'ai communiqués à cette commission soient contestés. Je
partage l'avis du député de La Prairie qu'il y a eu une
évolution dans la société qui a ajouté de la
pression. Quant aux chiffres, je n'ai pas besoin de les répéter,
je pense que le député les a mémorisés.
J'indique également que l'utilisation de l'article 6.3 a
été beaucoup plus importante, et cette latitude-là
appartient à n'importe quel ministre de l'Environnement, et je dis qu'il
est toujours très, très, très difficile à utiliser.
Il était, j'imagine, encore plus difficile quand la
société était moins prête et qu'Adrien Ouellette
était ministre de l'Environnement et j'imagine que cet article
était encore plus difficile à utiliser par celui qui a
précédé M. Ouellette, M. Léger. Si vous le prenez
personnellement, je m'en excuse. J'ai tenté d'être le plus
objectif possible dans la transmission des données, mais je tiens
à souligner que vous avez raison de souligner qu'il y a eu une
évolution de la société, une évolution heureuse,
dans le bon sens, au cours des six dernières années. (18
heures)
En ce qui concerne la question de l'harmonisation avec l'Ontario, je ne
sais pas si, parce que je ne relis pas son curriculum vitae à tous les
jours, le député de La Prairie, alors qu'il était ministre
au sein de l'ancien gouvernement, a eu l'occasion de siéger sur les
comités à vocation économique. Je ne parle pas des
comités de développement régional ou à vocation
sociale. Je sais qu'il a siégé sur les comités à
vocation sociale. Mais vous avez toujours à justifier, M. le
député de La Prairie, lorsque vous arrivez devant un
comité de développement économique, la situation du
Québec par rapport à la situation qui prévaut, non pas
seulement dans la province de l'Ontario, mais dans les autres
sociétés modernes avec lesquelles nous nous devons de
com-pétitionner. Et ça, ça peut, dans certains dossiers,
vous desservir si vous êtes le ministre de l'Environnement, parce que
vous iriez plus loin, sur le plan de la réglementation, que les
sociétés avec lesquelles vous compétitionnez; dans
d'autres dossiers, ça peut vous servir parce que vous pouvez plaider que
le Québec est en retard sur d'autres sociétés modernes
avec lesquelles il compétitionne. Mais, dans l'Opposition, l'avantage,
c'est que vous pouvez ne retenir que la partie des éléments qui
fait votre affaire. L'exercice du pouvoir a cet inconvénient qu'il faut
à ta fois retenir les éléments du dossier qui vous
avantagent et qui vous désavantagent, ce qui vous oblige à une
meilleure préparation du dossier. Je crois que les travaux que vous avez
effectués au cours des trois dernières semaines vont m'ap-porter
de l'eau au moulin, de façon à pouvoir compter encore sur une
meilleure préparation du dossier.
Le Président (M. Garon): M. le député de La
Prairie.
M. Lazure: Est-ce que votre gouvernement va harmoniser sa
pratique avec l'ontario sur toute la ligne et demander à
hydro-québec, exiger qu'hydro-québec fournisse 22 000 000 $ aux
groupes environnementaux et aux individus, et ordonner au bape de tenir des
audiences publiques sur le plan de l'énergie, du développe-
ment énergétique au Québec des 20 prochaines
années, comme l'Ontario le fait et va le faire pendant 2 ans?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous rejoignez exactement, M. le
député de La Prairie, l'argumentation que je viens de vous
soumettre. Vous avez raison de souligner qu'en ce qui concerne l'apport
financier ou l'aide financière aux groupes environnementaux, le
gouvernement de l'Ontario a une approche qui est plus généreuse
que celle du gouvernement du Québec dans l'aide aux groupes
environnementaux dans les projets énergétiques, bien que nous
aurons à annoncer, au cours des prochaines semaines, quelle sera l'aide
du gouvernement du Québec, mais, pour le moment, vous avez raison de
souligner cet aspect. Ça, c'est l'avantage ontarien. De l'autre
côté, mes informations du côté de l'Ontario
m'indiquent qu'ils ne sont pas encore prêts à soumettre, dans
cette province-là, les projets issus du secteur privé à
des audiences publiques. Ça, c'est l'autre côté de la
médaille, ce dont je vous parlais tantôt, les avantages et les
inconvénients. Il faut retenir les deux. Il ne faut pas seulement non
plus n'avoir qu'un seul phare et une seule balise. Il faut regarder l'ensemble
des sociétés modernes avec lesquelles nous sommes en
compétition et s'assurer que, si le Québec se distingue, est une
société distincte en matière environnementale, il l'est
positivement et non négativement.
M. Lazure: Dans le bilan comparatif que vous faites, vous avez
oublié aussi de parler de l'initiative qu'a prise le gouvernement du
Parti québécois de mettre en branle un programme d'assainissement
des eaux où le gouvernement précédent... Si on veut
remonter - parce que c'est ça qui me déçoit, parce que
c'est un jeu futile - on va remonter de 1970 à 1976 où il y avait
de l'argent, des milliards, à Ottawa, qui étaient disponibles
pour l'assainissement des eaux et le gouvernement du Québec n'a rien
touché de cet argent-là pendant six ans. Lorsqu'on est
arrivé pour établir le programme d'assainissement des eaux, il ne
restait plus d'argent. On a été obligé de le faire avec de
l'argent québécois. Vous avez failli, d'ailleurs,
l'arrêter, ce programme-là, il y a à peine un an.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Là, je suis obligé
de m'inscrire en faux. Je n'aime pas les débats lancés comme
ça, mais je vais devenir excessivement partisan s'il le faut.
M. Lazure: Bien, vous avez donné le ton, M. le ministre.
Je m'excuse, mais...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, mais je vais le devenir s'il
le faut. Je n'ai pas parié par économie de temps. Je reconnais
que le programme d'assainissement des eaux a été
créé en 1978.
Ce que je vous Indiquerai, c'est que nous avons eu l'occasion de
discuter de ce programme à l'occasion des crédits du
ministère à chaque année et que, sous le gouvernement du
Parti libéral du Québec, ce programme a été
reconduit à chaque année. J'ai annoncé l'inscription de 14
nouvelles municipalités encore récemment et j'ose croire que nous
serons en mesure d'en annoncer d'autres au cours de la présente
année...
M. Lazure: J'ai une question...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): ...pour respecter les
crédits qui ont été mis à la disposition du
ministère de l'Environnement par l'ensemble des membres de
l'Assemblée nationale dont vous êtes. Je profite de l'occasion
pour vous remercier et pour vous Inviter, à l'occasion du budget de l'an
prochain, à revoter des crédits à l'intérieur de ce
programme. Ce n'est pas parce qu'il est né sous le régime du
Parti québécois qu'il n'est pas bon. Nous l'avons
amélioré, nous avons amélioré sa gestion de plus de
100 %. Je pense que nous avons raison d'être fiers de ce programme.
M. Lazure: M. le Président, j'ai une question
précise concernant justement le programme d'assainissement des eaux.
Tout le monde sait que ça a failli être discontinué. Vous
pouvez dire ce que vous voulez, mais...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Non, non, je ne peux pas laisser
passer ça. Il y avait une réorientation. M. le
député de La Prairie, il n'a jamais...
M. Lazure: Ma question...
Le Président (M. Garon): M. le ministre, vous aurez la
parole. M. le député va poser sa question et vous pourrez
répliquer à ce qu'il a dit au cours de son intervention.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): O.K.
M. Lazure: Je vous pose la question suivante. Vous avez
annoncé hier soir dans votre comté ou hier après-midi, en
tout cas, hier dans la journée...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Hier matin.
M. Lazure: Je l'ai entendu hier soir. C'est loin
Bedford-Québec.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'avenir appartient à ceux
qui se lèvent tôt.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Lazure: Vous avez annoncé une subvention de 1 700 000 $
pour aider l'entreprise
Snyder, la conserverie Snyder à cesser, à toutes fins
pratiques, de polluer la rivière aux Brochets, les brochets dont pariait
mon collègue de Saguenay tantôt. J'ai cru vous entendre dire aux
nouvelles, que c'était en vertu d'une entente de 1984 que vous donniez
cette subvention qui couvre 90 % des coûts. Première question:
Dans la convention que j'ai devant moi, qu'est-ce qui vous permet de verser
cette somme de 1 700 000 $ à la conserverie Snyder? Deuxième
question: Est-ce qu'il y a d'autres conserveries au Québec qui ont eu
des subventions semblables, à 90 %?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Premièrement, je n'ai pas
annoncé 1 700 000 $, j'ai annoncé 8 000 000 $, quelque 7 900 000
$ pour la mise en opération de l'usine d'épuration qui
découlait de la signature d'un protocole d'entente, en 1984, entre la
SQAE et la ville de Bedford. Une chance, je vais vous le dire bien franchement,
que ça avait été signé en 1984. C'est Adrien
Ouellette, je pense, qui était ministre de l'Environnement à
l'époque. J'avais commencé les travaux ou la pression populaire
dans le milieu avec une soixantaine de jeunes, dans le cadre d'un projet
Perspective jeunesse en 1971. En 1991, 20 ans après, le message c'est:
Ne vous découragez pas quand vous entreprenez la dépollution.
J'avais eu à intervenir à l'Assemblée nationale - vous
allez retrouver ça au Journal des débats - aux
crédits, à chaque année, du ministère de
l'Environnement, demandant au ministre de l'époque, qui était
Marcel Léger, de bien vouloir inscrire la municipalité de Bedford
qui avait des cas d'urgence, qui avait deux industries qui étaient
particulièrement polluantes, la ville, etc. En 1984, après les
pressions répétées de l'humble député de
l'Opposition de l'époque que j'étais, Adrien Ouellette a
finalement signé cette convention. Cette convention prévoyait le
traitement des eaux usées de ta municipalité, comme
c'était le cas à l'époque, des industries qui
étaient branchées, pour ne pas dire connectées sur le
réseau. Les industries en question, de mémoire, étaient
les suivantes: la compagnie Exeltor, la compagnie Torrington et la compagnie
Snyder.
Entre 1984 et 1988, les divers niveaux d'intervention au
ministère de l'Environnement du Québec ont bâti divers
scénarios quant à la construction d'une usine d'épuration
qui pourrait épurer l'ensemble des eaux des industries branchées
au réseau, comme c'est le cas sur le territoire de la Communauté
urbaine de Montréal, pour ne mentionner que ce cas, et de la population
de la ville de Bedford. En 1988, les spécialistes en sont venus à
la conclusion qu'il serait plus avantageux, économiquement et
environ-nementalement pariant, de procéder en deux étapes:
première étape, usine d'épuration pour la ville de Bedford
avec les industries Torrington et Exeltor, ce qui correspondait à un
facteur de pollution d'une population d'à peu près 3300. La
conserverie Snyder, dans ses périodes de forte opération - et
ça n'opère pas à l'année longue - correspond
à une population de quelque 30 000. Donc, si on avait mis le tout
ensemble en 1988, on aurait eu une période où l'usine aurait
fonctionné en surdimension et une autre période en sous-dimension
avec des problèmes techniques énormes. Il fut alors
décidé de construire l'usine pour la ville et ces industries.
Dans le cas de Snyder, le ministère de l'Environnement a mis de
l'avant un programme qui faisait en sorte que les eaux usées seraient
épandues sur des terres agricoles dans une municipalité voisine,
pour un coût d'à peu près 1 700 000 $. Donc, on n'avait pas
dépensé les 8 000 000 $ du début. On avait
dépensé les 8 000 000 $ moins les 1 700 000 $ et on conservait
cette somme d'argent pour des procédés d'épandage. Il y a
eu de fortes oppositions de la part de la municipalité du canton de
Bedford qui n'était pas impliquée, qui n'était pas la
municipalité où l'industrie était située. Il y a eu
également des groupes écologiques qui se sont manifestés,
qui ont exigé des garanties du ministère de l'Environnement et du
ministre à l'effet que l'épandage ne serait pas fait en
quantité trop importante, que la nappe d'eau phréatique en
dessous ne serait pas contaminée, que les eaux rejetées ne
contenaient pas telle matière ou telle matière et que ça
fonctionnerait.
Pendant deux ans de temps, M. le député de La Prairie,
j'ai tenté, au ministère de l'Environnement du Québec,
d'obtenir ces garanties de façon à pouvoir les transmettre
à la population que je représente, à cette
Assemblée nationale, depuis 11 ans. Je n'ai jamais pu obtenir ces
garanties du ministère de l'Environnement; même certaines
questions de gros bon sens - et, là, je vais faire appel à
l'expertise du Président qui a déjà été
ministre de l'Agriculture - sont demeurées sans réponse. Dans le
but d'avoir une culture qui absorbait beaucoup d'eau, on a dit: Plantez des
roseaux. L'ancien ministre de l'Agriculture va vous dire qu'il n'y a pas
beaucoup de cultivateurs qui plantent ça au Québec. Donc,
ça suscitait, quant à la culture comme telle, beaucoup de
questionnement.
Deuxièmement, l'ancien ministre de l'Agriculture va vous dire
que, quand on cultive quelque chose, il faut faire de la rotation au bout de
quatre ans, cinq ans, six ans ou sept ans. J'ai demandé aux
spécialistes du ministère de l'Environnement: Quelle va
être la culture en rotation? Je n'ai jamais pu obtenir de réponse.
On m'a dit: On verra ça quand on sera rendu là.
Tout ça pour vous dire que j'ai demandé aux fonctionnaires
s'il existait, dans un climat comparable, des solutions techniques qui
pourraient faire le travail sans qu'on procède à
l'épandage. Je tiens à vous dire que le ministère de
l'Environnement n'a rien trouvé. On ne m'a
soumis aucun projet qui pourrait faire le travail de façon
équivalente. J'avais passé la même commande à la
compagnie Snyder. Il y a exactement cinq semaines, la compagnie Snyder m'a
apporté un modèle qui était en exploitation dans les
endroits que j'ai mentionnés en conférence de presse hier. J'ai
fait valider, sur le pian technique, par les fonctionnaires du
ministère, le procédé.
Le procédé ne coûtait pas plus cher que le
procédé initial qui était prévu et, dans les
circonstances, c'est ce qui a été annoncé hier. J'ajoute
que la compagnie fait son prétraitement et son dégrillage.
Ça se jettera, à compter du 1er juillet prochain, dans l'usine
anaérobique qui se jettera, par la suite, dans les bassins
aérobiques, ce qui fera en sorte que nous n'assisterons plus à ce
type de phénomène écologique. Je tiens donc à
remercier publiquement Adrien Ouellette d'avoir signé, en 1984, le
protocole d'entente avec la ville de Bedford, sinon je n'aurais pas eu de
solution à offrir à la population, car, comme vous le savez, la
construction d'une usine d'épuration, le temps moyen, au Québec,
pour la signature du protocole et la mise en opération, c'est sept
ans.
Si, en 1984, ça n'avait pas été fait, je n'aurais
pas eu de solution en 1991.
M. Lazure: M. le Président, je comprends qu'il s'agit de
poissons, mais c'est un peu la technique du ministre de l'Environnement de
noyer le poisson dans beaucoup, beaucoup de phrases. J'avais une question bien
précise.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui.
M. Lazure: Est-ce qu'il y a d'autres conserveries ou usines de
transformation semblables à des conserveries qui ont joui du même
privilège? On sait que la minoterie Ogllvle, à Candlac dans le
comté de La Prairie, n'a pas eu cette chance-là. Et le 1 700 000
$, je le cite de la Presse canadienne, dans Le Soleil de ce
matin, M. le ministre.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II fait partie des 8 000 000 $. Je
veux juste le replacer dans son contexte. Je ne le nie pas. C'est que, si vous
l'isolez, je vous ai expliqué qu'en 1988 ça avait
été divisé en deux étapes. Là, vous me posez
la question: Est-ce qu'il y en a d'autres - M. le député de La
Prairie, je ne veux pas être obligé de répondre deux ou
trois fois - qui en ont bénéficié? Moi, la réponse
que j'ai eue, parce que j'ai vérifié pourquoi Adrien Ouellette a
signé cela en 1984, ce qu'on m'a dit, c'est strictement ce qui suit:
Lorsque vous avez des usines qui sont branchées sur le réseau
lorsque vous mettez en application le programme d'assainissement des eaux,
à ce moment-là, ces usines-là sont éllglbles au
programme d'assainissement des eaux...
M. Lazure: Est-ce que l'usine Snyder est branchée sur le
réseau?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Elle l'était en 1984, quand
Adrien Ouellette a signé, à la décharge de M.
Ouellette.
M. Lazure: La minoterie Ogllvie est branchée sur...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On me dit - écoutez, quitte
à vérification - qu'au moment où le protocole d'entente a
été signé avec Ogilvie, Ils n'étaient pas
branchés sur le réseau, ce qui fait la différence dans la
mise en application. Maintenant, si vous en avez une dans votre comté,
M. le député de La Prairie, qui est branchée sur le
réseau, je tiens à vous assurer qu'elle va être
traitée de la même façon.
M. Lazure: II est trop tard maintenant, c'est fait.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Saguenay.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Vous n'êtes plus
intéressé à de nouveaux investissements? (18 h 15)
M. Lazure: Non, mais la compagnie l'a fait elle-même...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Ah! mais si elle n'était
pas...
M. Lazure:... parce que le ministère a refusé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... branchée sur le
réseau...
M. Lazure: Elle était branchée. Elle était
branchée.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Au moment où elle l'a fait?
Non, mais, excusez-moi, c'est important, M. le député de La
Prairie. Est-ce qu'elle était branchée au moment où elle
l'a fait? Parce que, moi, on m'a dit le contraire. Je suis prêt à
prendre votre parole et à le vérifier. Non? Vous ne le savez
pas?
Le Président (M. Garon): M. le député de
Saguenay.
M. Lazure: Continuez votre monologue. Oui, je le sais.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Excusez-moi! M. le
Président, est-ce qu'on peut avoir un échange honnête? S'il
le sait, qu'il donne la réponse. Il m'Indique qu'il ne le sait pas et il
le sait. Je veux juste avoir une réponse honnête.
Je vais vérifier, si vous me dites que vous le savez.
M. Lazure: Je sais que la compagnie Ogilvie était
branchée sur le réseau municipal lorsqu'elle a fait la demande et
que ça lui a été refusé.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): En quelle année?
M. Lazure: II y a un an, deux ans, trois ans. Je ne sais pas
exactement le...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): O. K. Je vais faire la...
M. Lazure:... nombre d'années.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): On m'a dit le contraire.
M. Lazure: Mais pourquoi avoir attendu six ans avant d'intervenir
d'une façon si généreuse avec Snyder, comme vous l'avez
fait hier? Pourquoi avez-vous attendu la pression du grand public?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): L'offre dont vous parlez, à
la ville de Bedford, 8 000 000 $, est venue... Ce n'était pas 8 000 000
$ en 1984, mais ces programmes-là sont indexés à travers
les années. L'offre était là depuis 1984. La solution
technique a été retenue en 1988. Elle n'a pas été
acceptée par la population de la municipalité voisine, ni par les
groupes écologiques de la municipalité voisine. Et la solution,
sur le plan technique - moi, j'ai eu à trancher et à prendre une
décision - ne réapparaissait pas la plus appropriée. Celle
que j'ai annoncée m'apparaissait la plus appropriée, sur le plan
technique. Il fallait donner aux fonctionnaires le temps d'apporter les
réponses. Je n'ai pas obtenu les réponses avant. Ce n'est qu'il y
a exactement, M. le député de La Prairie, pour que vous
répétiez des choses exactes dans le public, cinq semaines que la
conserverie m'a fait part que cette technologie existait. Le ministère
ne l'a jamais mise sur mon bureau. Je l'ai fait valider par le ministère
et, une fois que j'ai obtenu la validation, je l'ai annoncée.
M. Lazure: Alors, le moins qu'on puisse dire, en tout cas, M. le
Président, c'est que le ministre et député du comté
en question a pris beaucoup de temps avant de recourir aux effets
bénéfiques du geste de M. Adrien Ouellette.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Écoutez... M. Lazure:
Dans un autre ordre d'idées...
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... je vais être
obligé de vous répéter...
M. Lazure: Non, bien, écoutez...
M. Paradis (Brome-Missisquoi):... que les conventions
signées par Pierre Paradis, en assainissement des eaux, prennent, en
moyenne 7 ans à se mettre en opération, à partir du moment
où on signe, comme celles d'Adrien d'Adrien - non, c'est un peu
amélioré, là, c'est 5 ans et demi, 6 ans - celles d'Adrien
prenaient 7 ans. La ville de Bedford a pris 6 ans et 11 mois; c'est ça
que ça prend, à partir du moment où vous signez le
protocole d'entente et où c'est en opération. Si vous avez une
formule qui peut m'indiquer comment on peut faire ça en 24 heures, je
vous prie de me l'envoyer; moi, je vous promets quelque chose, je vais
l'appliquer, je n'attendrai pas 5 ans et demi.
M. Lazure: C'est vous qui êtes ministre de l'Environnement
et c'est à vous d'exercer votre leadership sur votre
ministère.
Dans un autre ordre d'idées, les déchets domestiques,
plusieurs groupes nous ont proposé qu'il y ait un débat public
sur la gestion intégrée des déchets domestiques. Vous avez
fait allusion au fait que vous avez utilisé 6, 3 assez souvent. Si je
vous demande, comme tous ces groupes-là, d'utiliser 6, 3 pour mettre en
branle une grande audience publique sur la gestion intégrée des
déchets solides ou, si vous voulez, des déchets non dangereux, le
pendant d'une commission Charbonneau mais pour les déchets qui ne sont
pas toxiques, est-ce que vous pourriez prendre l'engagement de proposer une
telle chose à votre gouvernement?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Moi, je peux prendre l'engagement
très formel, devant cette commission, de ne pas laisser dormir sur les
tablettes les recommandations de cette commission. Si cette commission
m'adresse une recommandation dans le sens que vous indiquez, M. le
député de La Prairie, si vous réussissez, comme vous
réussissez tellement souvent, à convaincre votre bon ami, le
député de Saguenay, et les autres députés
ministériels de m'adresser ce type de recommandation, moi, a priori, je
n'ai pas d'objection de principe à impliquer la population dans des
solutions où elle se doit d'être impliquée de toute
façon. Quand on ne l'implique pas au début, on l'implique au
milieu ou on l'implique à la fin.
M. Lazure: Votre rapport a plus de chances d'être
implanté que celui de Charbonneau ou de Lacoste?
Le Président (M. Garon): M. le député de
Saguenay.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): II y a déjà
plusieurs recommandations du rapport Charbonneau qui ont été
mises en application.
M. Maltais: J'ai de la misère à repoigner la
parole.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Maintenant, sans dévoiler
de secret au député de La Prairie, je lui dirai que le rapport
est loin d'avoir été tabletté et que, s'il continue
à suivre attentivement les travaux de l'Assemblée nationale du
Québec, comme il se fait un devoir de le faire habituellement, il sera
en mesure de continuer à féliciter le gouvernement quant aux
suites qu'il va donner à ce rapport.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: Bon!
Le Président (M. Garon): Le succès est toujours le
fruit du dernier essai.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Maltais: Tu prends des chances d'avoir la grappe. Ha, ha, ha!
Voyez-vous, M. le ministre, comme je l'ai dit au début, tout est une
question de digestion. Vous, c'est les brochets; lui, c'est les légumes
Snyder. Les deux vous font pâlir.
Moi, il y une question qui a été posée et ça
m'a impressionné, ça m'a intrigué. D'ailleurs, je ne l'ai
pas cru, mais il n'y a plus rien qui me surprend, à un moment
donné dans la vie, après neuf ans de politique. Au
ministère, chez vous, vous n'aviez pas de banque de données de
référence, en ce sens qu'on ne pouvait pas se
référer, mettons, à un projet que vous aviez fait il y a
six ans ou quatre ans ou huit ans, il fallait toujours recommencer à
chaque fois. Ce sont vos ingénieurs à vous, pas les miens, pas
les nôtres dans la rue - les nôtres dans la rue l'ont dit aussi -
les spécialistes en environnement, vos propres ingénieurs, vos
propres spécialistes qui ont dit que vous n'aviez pas une banque de
référence. En fait, le fruit des études qui sont faites
à gauche et à droite n'est pas emmagasiné ou n'est pas mis
dans un tiroir où on peut se référer lorsque des projets
similaires arrivent. Ça a deux impacts; on est dans les études
d'impact. Le premier, c'est que c'est inquiétant: Qu'est-ce que vous
faites avec tout ce papier-là? Deuxièmement...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Maltais:... vous ne pourriez pas faire comme l'impôt,
non? Eux autres, ils ont une référence dans chacun des dossiers
des citoyens du Québec et, croyez-moi, ils y vont au fond de la
référence. Vous ne pensez-pas qu'on aurait des leçons
à tirer du ministère du Revenu? Et ne pensez-vous pas que
ça serait beaucoup plus efficace et susceptible de raccourcir les
délais de 33 mois que ça prend à votre ministère
avant de donner une réponse?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le sous-ministre m'Informe que
vous avez raison de mentionner que nous ne possédons pas ce que nous
appelons une banque...
M. Maltais: Je le remercie, c'est la première fois qu'il
me donne raison aujourd'hui.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): J'admets que j'ai coloré
ses propos. Ha, ha, ha!
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Nous n'avons pas de banque
Intégrée comme telle, mais on possède des banques
individuelles. SI la question précise nous est adressée, nous
sommes en mesure de fournir la réponse dans des délais qui,
malheureusement, sont souvent trop longs, mais on est en mesure de la
fournir.
Une voix: Délai raisonnable.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Le sous-ministre m'indique:
Délai raisonnable.
M. Maltais: Je m'excuse de revenir là-dessus, mais je
trouve ça inquiétant, moi. Je trouve ça inquiétant
parce que, chaque fois qu'on fait une étude quelque part, c'est des
spécialistes, toujours des spécialistes. D'après moi, il
n'y en a pas un qui travaille à 3 $ l'heure là-dedans. Ça
coûte cher aux contribuables, ça coûte cher aux promoteurs.
On pourrait se servir de l'expérience des autres souvent pour
régler des problèmes dans la rue. Moi, je vais voir un
entrepreneur - je vais prendre Hydro-Pontiac; eux autres, ils viennent
d'être les premiers, j'imagine - je vous donne les études, vous
allez les garder. J'espère que vous ne les jetterez pas. Je vous les
donne. Moi, je vais en avoir une dans mon comté prochainement,
même affaire qu'Hydro-Pontiac. Alors, vous pourriez sans doute vous
servir des études et raccourcir de moitié. Au lieu que ça
coûte 2 000 000 $ chez nous, ça pourrait coûter 1 000 000 $.
On pourrait se servir des études, des références et des
réponses qui ont été données, et même les
archéologues pourraient s'en servir aussi. Est-ce qu'il n'y aurait pas
une possibilité qu'on ait ce genre d'information là, mis à
la disposition de nos promoteurs?
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Je prends pour acquis que vous
êtes le promoteur d'Hydro-Pontlac et que vous les donnez. Habituellement,
ces études-là appartiennent aux promoteurs et nous sommes
liés, comme ministère de l'Environ-
nement, avec les dispositions de la loi d'accès à
l'information pour les communiquer à un tiers, que ce soit un autre
promoteur, un journaliste, un...
M. Maltais: M. le ministre, je vous ai tout évité
ça, je les ai déposées en commission. Moi, je les al
reçues, je les dépose en commission. À partir de ce
moment-là, c'est des documents publics.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): Oui. Mais ce ne sont pas tous les
promoteurs et, ça, je mets cette réserve-là. Le
ministère est prêt à faire son bout de chemin, mais ce ne
sont pas tous les promoteurs qui sont prêts à mettre à la
disposition de leurs compétiteurs 1 000 000 $ d'études faites
d'avance et payées, ou 2 000 000 $. Il y a des promoteurs plus ouverts
que d'autres dans ce domaine-là.
M. Maltais: En tout cas, c'est une recommandation que je vous
fais, M. le ministre: Que cette banque-là soit créée.
Peut-être pas besoin d'engager du monde spécialement, mais qu'il y
ait un service chez vous qui fasse cette banque-là parce que ça
rendrait vraiment service aux entreprises québécoises et aux
individus aussi et que ça serait susceptible de raccourcir bien des
délais. Voilà, M. le Président, c'est terminé pour
moi. Je n'ai plus de temps. Merci.
M. Trudeau: M. le Président, si je peux me permettre sur
ce point-là...
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le sous-ministre de
l'Environnement, André Trudeau.
Le Président (M. Garon): Vous pouvez y aller un petit peu
si vous voulez, fl n'est pas 16 heures.
M. Trudeau: Oui, très rapidement. Il existe des banques de
données au ministère. Je sais que, plusieurs fois, on a dit qu'il
n'y en avait pas. Il existe des banques de données qui sont accessibles,
évidemment qui servent à nos professionnels, mais qui sont
accessibles également à des gens qui peuvent nous demander de
l'information. Ce qu'on est en train de faire et qui prend quand même un
certain temps, c'est de faire une information davantage intégrée.
Mais on a des systèmes, tout comme on a simplement, dans le domaine des
évaluations, des systèmes dits experts qui nous permettent de
développer des directives plus rapidement. On a un système
où on a des banques de données, d'informations. Ce qu'il va nous
falloir faire, c'est les intégrer.
M. Maltais: Ah boni Merci beaucoup, M. le Président.
M. Lazure: Moi, je veux simplement dire, M. le Président,
que l'Opposition va continuer à travailler très fort pour arriver
à un rapport unanime des travaux de cette commission-là,
indépendamment de la présentation du ministre aujourd'hui.
M. Paradis (Brome-Missisquoi): M. le Président,
peut-être un mot, si vous me le permettez. Je tiens à vous assurer
que tout le travail que vous avez fait au cours des trois dernières
semaines sera le rapport qui constituera la clé de voûte des
mémoires qui seront présentés par le ministère de
l'Environnement, pour approbation par le gouvernement du Québec. Au nom
de tous les intervenants, au nom de l'ensemble de la population, au nom du
ministère de l'Environnement, de l'organisme qu'est le Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement et en mon nom personnel, pour tout ce
travail que vous avez effectué, je vous dis: Merci.
Le Président (M. Garon): M. le député de
Saguenay.
M. Maltais: Alors, M. le Président, juste en terminant, je
voudrais remercier le ministre, bien sûr, mais je voudrais remercier
surtout les membres de la commission des deux côtés: mon
collègue de La Prairie, les députés de Jonquière,
La Baie et les autres collègues ici, de ce côté-ci, Mme la
vice-présidente, vous, M. le Président, les gens qui ont
travaillé au secrétariat, M. Comeau, M. Germain. Tout le monde a
fait un effort formidable pour que les travaux de la commission portent fruit.
Le rapport, M. le ministre, vous allez le recevoir. Il va représenter
l'opinion des 60 groupes qui sont venus ici, mais surtout aussi, l'orientation
que les parlementaires, indépendamment de leur parti, veulent: Que le
ministère de l'Environnement desserve le citoyen
québécois. C'est pour son grand bien qu'on fait ce
travail-là, ce n'est pas pour s'amuser personnellement. Merci.
Le Président (M. Garon): Alors...
M. Lazure: Je fais miens les propos du député de
Saguenay. Je fais miens ses propos très sages. J'ajoute aussi que la
présidence, vice-présidente et président, nous a bien
conduit dans nos discussions, dans nos échanges.
Le Président (M. Garon): Alors, avant que quelqu'un change
d'idée, j'ajourne les travaux.
Des voix: Ha, ha, ha!
Le Président (M. Garon): J'ajourne les travaux à
demain matin, 9 h 30, à la salle Papineau.
(Fin de la séance à 18 h 28)