Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
Commission permanente des affaires municipales
Etude des crédits du ministère des
affaires municipales
Séance du mardi 8 avril 1975
(Vingt-heures trente et une minutes)
M. Picard (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
La commission des affaires municipales commence ce soir l'étude
des crédits 1975/76 pour le ministère des Affaires municipales.
Pour la séanced'aujourd'hui, M. Tardif (Anjou) remplace M. Perreault
(L'Assomption) et M. Verreault (Shefford) remplace M. Vaillancourt (Orford).
J'aimerais suggérer le nom de M. Chagnon comme rapporteur. Est-ce que
c'est agréé?
Des Voix: Agréé.
Remarques préliminaires
Le Président (M. Picard): Comme pour l'étude des
crédits l'an dernier, nous allons procéder de la même
façon, c'est-à-dire que les règlements de
l'Assemblée nationale prévoient que chaque programme doit
être adopté. Maintenant, il n'est pas dit que nous devons les
adopter dans l'ordre successif où vous les voyez dans le document qui
vous a été fourni. Par contre, il faudrait qu'il y ait une motion
d'adoption pour chacun des programmes. Maintenant, nous allons commencer au
programme I à l'article I. Ace moment, je céderai la parole au
ministre, ensuite aux représentants de chacun des comtés
d'Opposition et pour des commentaires à caractère
général. Il y aura toujours... Oui?
M. Bédard (Chicoutimi): Avec votre permission, M. le
Président, pour qu'il n'y ait pas trop de rigueur dans les règles
de procédure, la manière de procéder, j'imagine qu'il sera
accepté, que cela vienne de l'Opposition, que cela vienne du
côté au pouvoir, le fait de poser des questions, même si un
programme est adopté, pourvu que ce soient...
Le Président (M. Picard): La commission est
maîtresse de ses décisions.
M. Bédard (Chicoutimi): ... des questions concernant des
choses qui n'ont pas été discutées.
M. Chagnon: C'est limité par l'heure.
M. Caron: Oui, c'est limité à tant d'heures. Parlez
d'une chose ou d'une autre, cela n'a pas...
M. Bédard (Chicoutimi): Si je vous pose cette question,
c'est parce qu'il arrive qu'il y a certains députés, tant de
l'Opposition que du pouvoir qui peuvent être intéressés sur
des programmes donnés à poser certaines questions qui concernent
leur comté, leur circonscription électorale. Comme ils sont pris
dans d'autres commissions, il arrive que ce n'est pas possible de le faire au
moment voulu.
Le Président (M. Picard): Si la commission décide
que nous pouvons revenir à un programme déjà
accepté, c'est possible. J'inviterais maintenant le ministre
peut-être à nous présenter ses principaux collaborateurs et
aussi nous adresser quelques mots.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président. D'abord, j'aimerais
ajouter mon commentaire sur la question de procédure que nous venons de
discuter brièvement. On sait que de temps en temps à
l'Assemblée nationale, quand une question est posée, la
réponse est: Si vous voulez, vous pourrez en discuter à
l'occasion du débat sur les crédits.
Ayant vécu quatre années dans l'Opposition, M. le
Président, j'aimerais vous dire que je n'ai pas oublié cette
expérience, que je suis bien conscient de ce fait, et, pour cette
raison, je suis tout à fait d'accord avec l'honorable
député de Chicoutimi que nous ne devons pas pécher par
excès de rigidité dans la conduite de nos débats.
Je pense bien cependant, et vous l'avez souligné vous-même
dans vos remarques préliminaires, qu'il faut poser un geste formel dans
le cas de chaque programme. Je pense qu'il est entendu, entre nous tous, que
nous allons viser ce geste en temps utile pour chacun des programmes et ne pas
refaire, sur ce programme, le débat déjà fait dans le
contexte de notre discussion générale.
Ceci dit, M. le Président, j'aimerais, en conformité avec
votre demande, présenter les hauts fonctionnaires qui m'accompagnent et
qui me conseillent. D'abord, Me Roch Bolduc, sous-ministre en titre; à
sa gauche, un des sous-ministres adjoints, M. Paul Laliberté,
immédiatement derrière moi; l'autre sous-ministre adjoint qui est
présent, M. Bernard Angers, ici; il y a un troisième
sous-ministre adjoint qui n'est pas ici en ce moment, M. Yvon Marcoux. Il vient
de m'accompagner à une autre réunion et probablement qu'il est
allé se restaurer un peu. Nous avons M. Jean-Louis Lapointe, qui est
directeur de la programmation budgétaire; nous avons M. Normand
Lefebvre, qui est agent de recherche c'est le bon titre? et qui a
préparé certains documents à notre intention.
Je pense ne pas avoir besoin, M. le Président, de vous
présenter mes collègues députés, qui m'accompagnent
et qui me secondent également.
M. Caron: M. le Président, même que si vous ne
l'aviez pas demandé au ministre, il aurait présenté ses
hauts-fonctionnaires. J'étais convaincu d'avance, parce qu'à
chaque fois que j'ai assisté à ces séances le ministre a
présenté ses hauts fonctionnaires...
M. Goldbloom: Merci! M. Caron: ... avec fierté.
M. Goldbloom: C'est ça!
M. Bédard (Chicoutimi): J'aimerais souhaiter la bienvenue
à votre équipe de fonctionnaires et de sous-ministres.
J'espère que nous aurons, j'en conviens, une discussion positive tout au
long de l'étude de ces crédits.
Exposé du ministre
M. Goldbloom: Je le crois bien. M. Président, vous m'avez
offert la possibilité de faire une déclaration
générale au début de nos travaux. Je n'ai pas l'intention
d'être très long en ce faisant, mais il convient de souligner le
fait que le champ de responsabilités gouvernementales que nous examinons
ici est un peu particulier et cela pour deux raisons, la première
étant que nous touchons, à toutesfins pratiques, l'ensemble de la
population du Québec et de façon directe et presque quotidienne.
Tel n'est pas le cas de tous les ministères.
Je dirai que, dans la majorité des cas, on ne touche pas d'une
façon quotidienne et directe la vie de chaque citoyen en examinant la
responsabilité gouvernementale que nous avons.
Si l'on pense, par exemple, au ministère de l'Education, ce n'est
pas tout le monde qui est aux études ou qui a des enfants aux
études, mais tout le monde ou presque habite une municipalité, a
une relation avec ses dirigeants municipaux, avec les fonctionnaires
municipaux, s'il y en a, et sa vie quotidienne est influencée par les
décisions prises à son sujet, au sujet de ses
intérêts, par ses dirigeants municipaux.
La deuxième raison pour laquelle notre tâche est un peu
particulière est que le ministère des Affaires municipales n'a
pas, en général, une autorité directe sur les
municipalités. Leur autonomie est certainement conditionnée par
leurs ressources financières et leurs ressources humaines. On peut jouir
d'une autonomie théorique, mais ne pas être capable d'en jouir
dans les faits parce qu'on n'a pas les ressources en question. Mais, dans ces
situations, qui sont nombreuses au Québec parce que nous avons un grand
nombre de municipalités de petite taille, le rôle du gouvernement
est un rôle supplétif. Ce n'est pas un rôle de substitut
à l'autorité locale. Nous sommes donc responsables d'une certaine
coordination, d'une certaine surveillance et, clairement, d'une aide.
Cette aide est beaucoup plus importante aujourd'hui qu'il y a quelques
années. Nous savons que ce qui compte pour le contribuable, c'est
l'importance de son compte annuel de taxe et que ce compte a eu tendance
à augmenter au cours des récentes années. Ce fait a
provoqué des réactions, parfois vives, de la part de ces
contribuables.
Je tiens cependant à souligner que, proportionnellement, nous
avons quand même augmenté davantage l'aide du gouvernement aux
municipalités, ce qui fait que, même si le compte de taxe a connu
cette tendance vers la hausse, la proportion des dépenses municipales
représentée par ce compte de taxe est plus faible aujourd'hui
qu'il y a trois ou quatre années. C'est peut-être une consola-
tion relative à celui qui est obligé de payer le compte. Il dit,
avec raison: Je suis quand même obligé de payer davantage. Mais
n'eussent été cet intérêt et cette intervention
supplétive de la part du gouvernement, son compte aurait
été énormément plus grand, ou bien, il n'aurait pas
été en mesure d'obtenir les services et les équipements
dont nous essayons de doter les municipalités, je devrais plutôt
dire: dont nous encourageons les municipalités à se doter, avec
notre aide, là où l'aide est jugée nécessaire.
Nous jouons ce rôle en tentant de maintenir un équilibre
entre l'influence que nous exerçons par notre contribution
financière et la liberté d'action et de décision que nous
voudrons conserver aux municipalités. Je me permets de dire, avec
beaucoup de franchise, qu'au cours des récentes années je
remonte peut-être à il y a une quinzaine d'années il y a eu
une certaine tendance pour les gouvernements successifs à assumer
à leur niveau, à leur palier, des responsabilités pour la
collectivité québécoise.
Il y a de nombreux citoyens qui se sentent, dans cette mesure,
privés de la possibilité d'exercer directement et facilement, une
influence sur les décisions qui sont prises. Et voici un domaine
où il y a toujours une responsabilité locale. Je voudrais
témoigner devant cette commission, donc devant l'opinion publique, de
mon respect pour ce pouvoir de décision local et de mon désir de
continuer cette relation plutôt que la modifier.
Je voudrais dire aussi que je suis très conscient du rôle
joué par les membres des conseils municipaux dans toute la province. Je
suis conscient d u fait que dans la grande majorité des cas il
est vrai que l'on peut remarquer quelques exceptions autour de cette table
les députés tant fédéraux que provinciaux,
ont une relation qui est forcément occasionnelle avec leurs commettants.
Le député dont le devoir est de siéger ici à
Québec n'est pas capable d'être en même temps dans son
propre comté; même ceux de la région de la capitale, ici,
pendant qu'ils siègent à l'Assemblée nationale, sont
coupés, dans une certaine mesure, de leurs contacts avec leurs
contribuables. Tandis que le maire et les conseillers municipaux, quand ils
sortent de leur maison le matin, sont toujours chez eux et devant leurs
contribuables, exposés aux questions, obligés de donner des
réponses, et de donner ces réponses avec des ressources moindres
que celles dont peut jouir un gouvernement provincial, donc, avec une marge de
manoeuvre plus restreinte que celle dont peut jouir un gouvernement provincial.
Je témoigne donc en même temps de mon respect pour les
administrateurs municipaux et de mon respect pour le travail qu'ils
accomplissent avec beaucoup plus de difficultés.
Ce n'est pas de la flagornerie de le dire, avec beaucoup plus de
difficultés, compte tenu des ressources à leur disposition, que
connaît le ministre des Affaires municipales.
M. le Président, nous abordons la discussion de nos
crédits. Nous allons examiner successivement les divers programmes par
lesquels nous essayons de faire fructifier la chose municipale, par
lesquels
nous essayons de permettre aux citoyens du Québec de recevoir les
services et de jouir d'équipements, selon leurs besoins. Il va sans dire
que ces besoins sont nombreux, sont massifs et dépassent, dans n'importe
quelle année financière, les ressources mises à la
disposition du ministère des Affaires municipales et les ressources
produites par les municipalités elles-mêmes.
Cela nous oblige à faire des choix. Cela nous oblige à
établir des priorités et des programmes. C'est ce que nous
essayons de faire, c'est ce que nous essayons de refléter dans le cahier
des crédits que nous avons maintenant devant les yeux.
Je voudrais simplement vous dire en terminant, M. le Président,
que toute personne pourraitdifférer d'avis sur les programmes et les
priorités sur les choix qui ont été faits et ceux qui
seront faits; cela est parfaitement normal.
Mais notre responsabilité s'étendant à
l'échelle de toute la province, nous devons essayer de rendre justice
à toutes les régions, sachant que nous ne pourrons
répondre favorablement à toutes les demandes. Nous devons quand
même répondre avec autant d'équité que possible
à autant de demandes que possible. Si je dis autant de demandes, je ne
parle pas tellement du nombre de demandes, mais plutôt du nombre de
citoyens impliqués par ces demandes. C'est la tâche que nous
essayons d'accomplir.
Je suis heureux que nous ayons l'occasion maintenant, ce soir et pour
les jours qui viendront, de discuter des programmes et politiques du
ministère, de ce que nous essayons de faire, de ce que nous n'avons pas
encore réussi à faire, mais de notre philosophie de la chose
municipale, et des relations du citoyen avec sa municipalité, et, par
l'intermédiaire de sa municipalité, avec son gouvernement. Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Picard): Merci, M. le ministre. Est-ce
que le député de Saguenay désire remplacer le
député de Lafontaine à la commission?
M. Lessard: Oui, d'accord, si vous le permettez.
Le Président (NI. Picard): Le porte-parole de l'Opposition
officielle, le député de Chicoutimi.
Jeux olympiques
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, j'aurais
une question à poser avant les travaux de la commission proprement dite.
C'est que nous aurons à aborder la question des Jeux olympiques. Je
voudrais savoir, tout de suite au début, de votre part, si ce sujet, on
pourra l'aborder au chapitre des Affaires municipales ou encore au Conseil
exécutif parce que je ne voudrais pas que se reproduise la situation qui
est arrivée à certains de mes collègues, l'an
passé, qui a donné comme résultat qu'on les a
informés dans une commission que cela devait être discuté
dans l'autre et, une fois rendus dans l'autre commission, effectivement, on a
fermé la porte. Ce qui veut dire qu'une discussion au terme large du mot
est presque devenue impossible suite à cette attitude.
M. Goldbloom: M. le Président, ne voulant pas envoyer le
député de Chicoutimi de Caïphe à Pilate, je voudrais
lui répondre qu'il me semble logique que ce soit au Conseil
exécutif puisque c'est là où est attaché le
ministre qui établit le lien entre le gouvernement et
l'organisation des Jeux olympiques, mais entre-temps ce n'est pas ce
soir ni demain que prendront fin nos discussions, ici s'il s'informe et
trouve que ce ne sera pas possible pour lui de faire ce débat dans le
cadre des crédits du Conseil exécutif, je serai heureux d'en
discuter avec mon collègue le ministre d'Etat et peut-être de
trouver un arrangement quelconque. Mais la logique me semble indiquer que ce
serait dans l'autre cadre que ce sujet devrait être discuté. Je
vous avoue, M. le Président, en toute franchise, que puisque c'est mon
collègue qui est chargé de suivre ce dossier, je ne l'ai pas
suivi dans l'intervalle, depuis la fin des audiences publiques sur le
sujet.
Remarques de l'Opposition
M. Bédard (Chicoutimi): J'aime bien la logique, j'aime
aussi le résultat pratique. Je tiens pour acquis, à la suite de
la réponse du ministre, que si on nous fermait la porte au Conseil
exécutif pour discuter de la question proprement dite des Jeux
olympiques, à ce moment, le ministre resterait disposé à
ce que nous revenions discuter ce sujet à l'intérieur des
Affaires municipales.
Suite à l'exposé du ministre des Affaires municipales, je
voudrais faire simplement quelques considérations. Le ministre a
souligné à bon droit, à juste titre, la
réalité qui fait que la vie quotidienne des gens et des citoyens
est fortement influencée par les décisions de leurs édiles
municipaux. Quand on connaît le nombre de municipalités dans le
Québec, je pense qu'il est facile de conclure jusqu'à quel point
les affaires municipales deviennent, en fait, un sujet de discussion qui touche
à l'ensemble de la vie quotidienne des citoyens.
Je suis d'accord avec le ministre lorsqu'il dit que le gouvernementdoit
jouer un rôle supplétif face aux municipalités et non un
rôle de substitut. Je conçois très bien qu'il faille
maintenir un équilibre entre, d'une part, les subventions qui peuvent
être accordées par les Affaires municipales aux différentes
municipalités du Québec, et, d'autre part, l'autonomie qu'on doit
respecter face à ces municipalités et à leurs
édiles municipaux. Cependant, il reste que cette autonomie peut
être très théorique si les édiles municipaux n'ont
pasen main les moyens financiers pour prendre les décisions qui
s'imposent dans l'intérêt de l'ensemble des citoyens qu'ils ont
à administrer.
Je ne veux pas, ici, répéter l'ensemble des
considérations que j'avais ex posées lors de ma réponse au
discours inaugural, concernant d'une façon toute particulière les
municipalités, également les commissions scolaires. Il reste que
la situation n'a pas tellement changé depuis quinze jours, c'est clair,
et que la situation, à mon humble opinion, demeure toujours une
situation intenable pour les municipalités qui n'ont pas les moyens
financiers de répondre aux besoins des citoyens qu'ils administrent. Le
Québec les libéraux, si on peut employer l'expres-
sion face aux problèmes des municipalités, est,
à mon humble opinion, un Québec à genoux avec des
municipalités qui ont toutes les misères du monde à
rejoindre les deux bouts, qui sont dans une situation précaire du point
de vue financier, Cela a comme conséquence d'intensifier à un
rythme sans précédent leur visite continuelle à
Québec, afin de demander des subventions pour répondre aux
besoins de leurs administrés.
Chacune de ces situations doit, je crois, être corrigée.
Lorsqu'elles deviennent de plus en plus nombreuses et de plus en plus
nécessaires, j'ai la conviction qu'à chacune de ces visites des
édiles municipaux à Québec, lorsqu'ils sont pris avec un
état de nécessité, ils y perdent un peu chaque fois, de
leur autonomie, de leur efficacité et aussi de leur esprit de
responsabilité face à ceux qu'ils ont à administrer.
Cette situation, M. le Président, est la même à
Québec à genoux aussi si on regarde le
problème des commissions scolaires. Si j'en fais état ici, M. le
Président, c'est que je pense que, lorsque l'on parle de la crise
financière majeure des instances locales, du point de vue municipal, on
ne peut faire autrement que de faire une relation avec les instances scolaires,
puisque les deux sont intimement liées, surtout lorsqu'on parle
d'impôt foncier, de source de taxation. Nous aurons l'occasion d'en
discuter d'une façon plus approfondie dans quelques minutes.
Comme l'a souligné le ministre tout à l'heure, et nous
avons eu l'occasion de le constater, dans le discours du budget, on peut
remarquer une nette amélioration des crédits qui sont
affectés à des fins municipales. C'est clair que c'était
un geste qui s'imposait, M. le Président, mais il ne faudrait pas que
les maires, que la population et que surtout le ministre croient que ces
subventions règlent le problème, puisqu'on sait qu'une
très grande majorité, une très importante partie de ces
augmentations est conditionnelle à des projets, à des
priorités et à des normes nationales et non locales qui ont
déjà été fixées et qu'il faut respecter.
Il ne faudrait donc pas croire que la seule augmentation des subventions
est suffisante pour régler le problème de la fiscalité
municipale. D'avance, je tiens pour acquis que le ministre des Affaires
municipales ne croit pas tous les problèmes réglés suite
aux augmentations annoncées dans le dernier discours du budget. Au
contraire, ces subventions mêmes et leur augmentation sont l'aveu du
blocage de la fiscalité locale et, également, l'aveu de
l'insuffisance majeure des actuelles sources de taxation.
Nous avons eu, M. le Président, il n'y a pas tellement longtemps,
l'occasion de voir le président de l'Union des municipalités de
Québec, le maire Lamontagne, accompagné de M. Moreau,
président de l'Union des conseils de comté du Québec, lors
d'une conférence de presse, souligner jusqu'à quel point les
municipalités étaient dans une situation précaire du point
de vue financier, qu'il leur fallait aller chercher d'autres sources de
taxation
A cet effet, elles demandaient, de façon toute
particulière, au ministre des Affaires municipales et au gouvernement la
libération du champ de l'impôt foncier scolaire de manière
à pouvoir répondre aux besoins de ceux que les édiles
municipaux ont à administrer.
Sans entrer dans toute la discussion, je crois que, suite à cette
conférence de presse où on annonçait un certain front
commun des municipalités, des conseils de comté, face aux
commissions scolaires, à ce moment, prendre ce problème sous cet
angle n'est peut-être pas la meilleure manière de procéder.
Je m'explique dans le sens suivant: D'une part, vous avez des
municipalités qui sont dans une situation financière difficile,
mais vous avez également des commissions scolaires qui sont aussi dans
une situation financière difficile et qui ne permet pas aux commissaires
et aux élus, tant municipaux que scolaires, de jouer pleinement leur
rôle.
Je crois que les deux paliers, municipal et scolaire, ne devraient pas
entrer en lutte directe l'un contre l'autre, mais peut-être plutôt
penser à faire front commun pour orienter leurs réclamations
à la bonne place, à savoir le gouvernement, et réclamer,
d'une part c'est ce que nous avions déjà souligné
en réponse au discours inaugural pour les municipalités la
libération de l'impôt foncier scolaire et, d'autre part, sur une
période déterminée, naturellement, et également,
réclamer pour les commissions scolaires à mesure qu'on leur
enlèvera progressivement l'impôt foncier, un mode de financement
de la part du gouvernement qui pourra permettre à ces commissions
scolaires de garder leur autonomie, d'augmenter leur autonomie et d'augmenter
leurs pouvoirs. Ceci est possible puisque je pense qu'on ne doit pas
nécessairement assimiler la possibilité de percevoir des
impôts fonciers à la notion de l'autonomie.
Prenez, par exemple, les hôpitaux ou encore les institutions comme
l'Université du Québec qui n'ont pas actuellement une source de
taxation du point de vue foncier, mais qui en fait, ont un mode de financement
du gouvernement leur permettant d'avoir une autonomie qui puisse leur donner la
latitude d'exercer leurs responsabilités.
M. le Président, jusqu'à maintenant, je crois qu'on peut
dire que le gouvernement a fait preuve d'immobilisme concernant ce
problème de la fiscalité municipale et scolaire.
Il y a déjà eu une conférence
fédérale-provinciale et également une conférence
où tous les représentants des municipalités avaient eu
l'occasion de se faire entendre et qui, effectivement, n'a avancé
à rien. Il faut espérer que la prochaine conférence, qui
est annoncée pour le printemps, sera beaucoup plus productive. C'est le
souhait que nous faisons.
Mais, jusqu'à maintenant, c'est plutôt l'immobilisme qui a
caractérisé l'action gouvernementale dans ce domaine, surtout si
on regarde le peu d'amorces de solutions qui ont été
avancées par le gouvernement, face aux problèmes des
municipalités, que ce soient les problèmes de circulation, les
problèmes de réseaux routiers, les problèmes de police ou
de protection contre l'incendie, les problèmes de la pollution, les
problèmes des loisirs et de l'habitation. Si on regarde aussi d'une
façon plus
particulière l'immobilisme du gouvernement aussi dans ces
enquêtes qui avancent très peu rapidement, enquêtes
concernant la corruption municipale, enquêtes concernant la
fiscalité et, d'une façon tout à fait spéciale
nous en discuterons plus en détails tout à l'heure
concernant également la spéculation foncière.
Je ne me fais pas d'illusion, la discussion de ces crédits ne
fera pas que le gouvernement ira plus vite. Si c'était le contraire,
tant mieux, nous aurions travaillé d'une façon efficace, mais
nous allons profiter de cette période des crédits pour discuter
de tous ces problèmes majeurs pour les municipalités, avec le
ministre des Affaires municipales. Je m'avance à souhaiter que nous
aurons des réponses satisfaisantes.
Le Président (M. Picard): Merci, M. le
député. Le député de Johnson veut-il agir comme le
porte-parole de l'Union Nationale?
M. Bellemare (Johnson): Quelques mots seulement, d'abord pour
constater que notre ministre des Affaires municipales est un des ambassadeurs
les plus doués que je n'ai jamais connus. C'est, auprès de son
gouvernement, celui que, dans des circonstances périlleuses, on envoie
souvent au feu.
Nous avons déjà constaté, en moult occasions, que,
dans des circonstances difficiles, on faisait appel à ce grand guerrier
qui, pacifiquement, dans un langage parfait, dans des termes choisis, sait
éteindre certains feux et, particulièrement, fait bonne figure.
Mais les solutions sont souvent lentes à venir, et surtout dans certains
cas particuliers.
M. Goldbloom: Particulièrement dans le comté de
Johnson, sans doute!
M. Bellemare (Johnson): Attendez, cela va venir! Je ne peux pas
parler pour les autres comtés, je voudrais parlerdu mandat qui m'est
confié, dans un comté en particulier, où j'ai
constaté que le ministre était un excellent ambassadeur qui nous
reçoit, avec la grande courtoisie française qui l'honore d'une
manière particulière. Nous sortons réjouis de ces
entrevues avec les maires qui nous accompagnent ou les édiles municipaux
et nous disons: Est-il extraordinaire, ce ministre! Nous nous sommes dit, entre
vous et moi: Nous allons avoir une belle réponse et cela ne tardera pas.
Nous avons laissé passer une semaine. C'est un oubli, probablement. Nous
avons laissé passer quelques jours. Nous avons dit: Nous allons avoir
une réponse, cela a été trop gentil de sa part, pour qu'il
nous ait oubliés. Hop! la troisième semaine, un petit billet qui
est dicté par sa secrétaire: L'honorable ministre a bien
reçu votre lettre, votre communication, il est très heureux et y
donnera suite très prochainement.
M. le Président, j'ai eu l'occasion de visiter le ministre et de
constater cette grande gentillesse, cette grande courtoisie qu'il met à
nous bien recevoir, mais à force de répéter mes
interventions, mes écrits, mes téléphones, je dois dire
qu'après sept mois d'attente il ne m'en manque plus que deux pour
faire neuf mois avant d'arriver à l'accouche- ment, le ministre de la
Santé attend peut-être cela je constate qu'après
sept mois d'une attente que nous avons voulue très bienveillante, nous
avons répété par des lettres, nous avons même fait
certains appels téléphoniques en plusieurs circonstances, ne
voulant pas déranger le ministre, le sachant très occupé,
nous sommes allés à l'échelon des cadres, et nous avons
reçu, de la part des sous-ministres et du ministre, une attention
extrêmement bienveillante, remplie de bonne volonté et,
particulièrement, de bonnes intentions.
Mais je dois dire aujourd'hui que ça ne règle pas mes
problèmes. Parexemple, dans une municipalité qui a adopté
un règlement d'emprunt, qui a fait voter trois, quatre, cinq
règlements qui coûtent en administration à la
municipalité parce que ce sont des emprunts temporaires
entre $900 et $1,000 par mois, nous avons fait une démarche
auprès du ministre il y a sept mois pour tâcher de régler
ce problème, décongestionner cette municipalité qui paye
des frais d'administration de règlements qui sont sûrement
approuvés, mais qui attendent l'approbation du ministre.
Je ne veux pas faire de cas particulier, le ministre est bien au courant
de ce que je veux lui dire,c'est-à-dire lui parler
particulièrement de son grand ami, M. Dorilas je ne dis pas l'autre nom;
je sais qu'il sait qui je veux dire. Il s'impatiente aussi et je pense qu'il
commence à changer d'humeur. Moi, je ne changerai pas d'humeur avec le
ministre, je le connais, c'est un tempérament... D'ailleurs, même
si je lui disais qu'il nous fait attendre, qu'il ne nous donne rien, le
ministre va nous répondre: Cela va venir, M. le député, ne
vous découragez pas, vous allez voir, j'ai bien des problèmes, je
ne me choquerai pas.
Mais je constate que dans le champ, il y a des municipalités qui
sont en maudit, qui commencent à changer d'opinion sur le ministre. Je
ne ferai pas trop d'efforts pourqu'ilschangentd'opinion, mais il reste que,
durant ce temps, les propriétaires payent énormément de
frais. Je ne sais pas si c'est à cause du rouage de l'administration,
mais je sais le ministre tellement vigilant que je me suis posé des
questions. Je me suis dit: Rendu au budget, quand nous discuterons face
à face, je lui rappellerai ces bons souvenirs et je lui demanderai, dans
un avenir peut-être pas trop lointain... Il y a dans son bureau
quelques-unes des municipalités qui ont fait des demandes. Je n'ai pas
besoin de les répéter, particulièrement celle de Valcourt
qui attend deux grosses réponses; une qui concerne un problème
majeur, celui de la régionalisation qui est mal faite parce que tous nos
gens de Valcourt ne vont pas à Montréal, ni à Verdun
malgré que j'aie beaucoup d'estime pour le député
de Verdun mais vont à Sherbrooke qui est collée sur... Par
une description technique, bureaucratique, ils nous ont racolés à
Montréal-Sud. Imaginez-vous les gens de Valcourt, qui n'ont pas d'autre
sortie que de passer par Roxton Falls et revenir par Upton pour sortir sur la
grand-route afin d'aller faire régler un cas particulier dans le domaine
municipal, dans le domaine hospitalier, dans le domaine social... On impose
justement, dans le secteur que contrôle le ministre au conseil des
ministres, cette région qui ne fait pas l'affaire de toute une
population qui se voit
lésée, qui dit: Plutôt, nous devrions appartenir
à la région de Sherbrooke. Parce que c'est notre vie, c'est notre
université, ce sont nos écoles, c'est notre hôpital, ce
sont nos services sociaux, c'est un peu le bureau de la main-d'oeuvre,
ça gravite de ce côté. Nous avons expliqué, avec des
documents en mains, notre position. Le ministre a été
extraordinairement sympathique. Il m'a même assuré qu'il ferait
une lutte au conseil des ministres pour que notre point de vue puisse
être reconnu. Octobre, novembre, décembre, janvier,
février, mars, avril, mai non, je suis trop loin avril.J e
me demande si le ministre ne pourrait pas daigner, de son oeil sympathique,
nous donner au moins une réponse. Je pensequec'est un problème un
peu particulier, mais je suis obligé de me limiter aux cas que je
connais. Il y a, dans mon comté, plusieurs cas qui sont comme
celui-là, restés sans réponse, depuis plusieurs semaines,
plusieurs mois.
Je ne fais pas malice au ministre, ni à ses employés qui
sont d'un dévouement extraordinaire. D'ailleurs, j'en connais
quelques-uns, vous ne pourriez certainement pas trouver mieux, au point de vue
de la préparation, de l'expérience du fonctionnarisme, que ceux
qui vous entourent, je crois. Parce que j'en connais quelques-uns et ils sont
de grande valeur.
Alors ceci dit, M. le Président, je passe maintenant... Je
termine dans une minute en disant ceci : Je trouve des contradictions
épouvantables dans les Affaires municipales.
Par exemple, on dit que dans l'aide et la surveillance du programme no
2, dans le secteur de la gestion municipale, on passe de $99 millions à
$132 millions. J'espère que le ministre va m'expliquer, à la
suite de certaines questions que j'ai préparées, et justifier ces
$33 millions d'augmentation. Pour moi, cela va être bien important, parce
que, à la suite de ses réponses, j'aurai d'autres questions qui
vont venir en contre-interrogatoire.
Je passe maintenant, dans l'ensemble de votre budget, à deux
articles qui me paraissent fondamentaux. L'aide à l'amélioration
de l'habitation et je vois là une baisse de $8 millions, d'un coup sec.
Je vais tout de suite à la ligne suivante, dans le secteur de
l'habitation et je vois la réalisation et l'acquisition de logements: $2
millions de moins. Je me dis: Voici $10 millions qui seraient absolument
nécessaires dans ces deux domaines vitaux de l'habitation, et
particulièrement de l'acquisition de logements et là, ils ont
subi, dans son budget, une baisse de $10 millions. Je tourne la page, M. le
Président, et je vois, de l'autre côté, par exemple, qu'il
s'agitdu programme: Secteur de l'habitation, administration des
hypothèques et des propriétés, aide financière.
Là, je vois une augmentation de $11 millions. J'aurai là aussi
d'autres questions pour connaître la différence qui existe entre
les $24millions de l974/75 et les $35 millions, de 1975/76.
Je me rapporte aussi à deux autres articles, à la section
de l'eau, où je vois une aide financière de $5 millions à
la construction des réseaux d'aq ueducs et d'égouts. On sait,
aujourd'hui plus que jamais, que ce domaine est vital dans le ministère
de l'honorable ministre.
Une augmentation de seulement $5 millions quand on considère que
déjà, les municipalités sont archiendettées et
qu'il s'agit d'entreprendre une aide financière aux réseaux
d'aqueducs et que je vois là une augmentation de simplement $5 millions,
j'ajoute qu'à l'aide à la gestion de l'eau, c'est une autre
affaire, complètement différente des aqueducs, je vois là
une autre augmentation de $5 millions.
Je dis que les municipalités, M. le Président, le ministre
le sait plus que tout autre, ont actuellement une saturation au point de vue
des impôts. On n'est plus capable d'en accepter. On est rendu au point
final. Mais c'est toujours le propriétaire qui paie toute
l'administration municipale, c'est le propriétaire qui paie pour la taxe
scolaire, c'est encore le propriétaire qui paie et son impôt sur
le revenu et les taxes, s'il a des logements ou autres dans la construction.
C'est toujours le propriétaire qui assume... Sur $1 de
bénéfice, il ne lui reste pas 12% d'argent.
C'est là que c'est grave. Si votre budget n'aide pas les
municipalités plus que vous l'avez annoncé cette année,
vous allez avoir sûrement des problèmes. Je pense que les
municipalités ont compté énormément sur certaines
subventions qui leur ont été promises.
Par exemple, vous avez la ville de Trois-Rivières. Je ne la
critique pas. Vous lui avez donné environ $200,000 de subvention pour un
budget déficitaire. Très bien ; je vous loue pour cette bonne
action, mais je ne vous loue pas, par exemple, quand on a $56,000 de
déficit dans la ville de Windsor et que vous lui dites: Augmentez vos
taxes et haussez le minimum et après cela, on considérera votre
cas. Là. il n'y aura plus de déficit, mais on va s'être
saigné à blanc pour pouvoir donner à Windsor une taxe que
les ouvriers ont de la misère à payer.
Je n'ai pas besoin de vous recommander son maire, M. Noël, que vous
connaissez bien; d'ailleurs, c'est votre employé depuis quelques
semaines. Je n'ai pas besoin de vous dire quel...
M. Goldbloom: C'est une façon de parler.
M. Bellemare (Johnson): Ce n'est pas votre employé, c'est
l'employé de l'habitation?
M. Goldbloom: Non, c'est un membre...
M. Bellemare (Johnson): De la commission?
M. Goldbloom: D'un comité d'étude. Ce n'est pas un
employé.
M. Bellemare (Johnson): Mais, est-ce que ce n'est pas sous votre
autorité?
M. Goldbloom: Indirectement. L'autorité conjointe...
M. Bellemare (Johnson): C'est un excellent maire, d'une grande
expérience, dont la libéralité est connue.
M. Goldbloom: Bien connue.
M. Bellemare (Johnson): II peut sûrement, avec beaucoup de
facilité, adopter tous les problèmes que vous allez soumettre.
Mais je dis parexemple, que là, vous avez un cas particulier, où
on a demandé, avant d'imposer la taxe, une subvention de budget et on a
dit: Non. Commencez par vous imposer.
M. le Président, je déplore le sort de certaines
municipalités, comme celle de Valcourt, qui est une grande
municipalité, aujourd'hui; elle a eu, mon cher, un déficit
d'exploitation de $44,000, l'année passée
Je sais que votre so us-ministre est au courant de cela et qu'il a des
solutions pratiques à cela. Il va dire que Valcourt est une grosse
municipalité. Vous en avez les moyens. Vous avez Bombardier. Vous
êtes capables de trouver cela. Non, M. le Président, c'est les
pieds à terre sur le chemin, dans la ville de Valcourt, on doit
vérifier cela auprès des contribuables.
M. le Président, je termine en disant que j'aurai certaines
questions mais, comme remarques préliminaires, je voulais dire que le
ministre est un excellent ambassadeur, que je me fie encore à sa parole,
mais c'est actuellement à la baisse quand je vois que je n'ai pas de
réponse.
J'espère bien que, demain, si... J'ai vu écrire certains
hommes en arrière. Ils vont peut-être prendre des notes de ce que
j'ai dit. Peut-être qu'on aura des réponses d'ici la fin de la
semaine. Je ne suis pas pressé, la semaine prochaine, cela fera pareil.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Picard): Merci, M. le
député.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimeraissavoir si
peut-être d'autres collègues à cette table ont des
remarques à faire. Il n'arrive pas tellement souvent, quand le ministre
doit défendre ses crédits, que les autres collègues
puissent intervenir et parler du sujet. J'aimerais leur offrir cette occasion.
Nous sommes au début de nos travaux.
Le Président (M. Picard): Justement. Le
député de Lévis.
M. Chagnon: M. le Président, je tiens à m'associer,
au tout début, aux éloges qui on tété à
juste titre décernés par mon col lègue, le
député de Johnson, au ministre des Affaires municipales pour ses
qualités de bonhomie, de courtoisie et de gentillesse. Je pense bien que
tout le monde reconnaît ses mérites et sa valeur.
Je suis d'autant plus à mon aise pour toucher au domaine
municipal que, dans le comté que j'ai l'honneur de représenter,
les onze municipalités sont toutes des municipalités à
caractère très urbanisé. C'est pourquoi j'ai des contacts
extrêmement fréquents avec le ministre et ses hauts
fonctionnaires. Je me réjouis, contrairement à ce que me dit le
député de Chicoutimi, du caractère effectif qui nous est
accordé. Je parle d'immobilisme au niveau gouvernemental. Pour avoir
oeuvré 32 ans au niveau gouvernemental, je sais que ce n'est pas chose
facile, même pour un ministre. Nécessairement, le rouage est
lourd, il est compliqué et complexe. Nécessairement, ily a des
décisions qui, malheureusement, sont lentes et que nous aimerions pi us
hâtives, mais, tout de même, je considère que le
ministère des Affaires municipales remplit un rôle
extrêmement important, extrêmement précieux. Je m'en
réjouis. Là-dessus, j'abonde dans le sens des paroles de mon
collègue de Chicoutimi et je constate l'augmentation substantielle qui
est prévue, cette année, dans les estimations budgétaires
du ministère des Affaires municipales. Je pense, grosso modo, qu'il y a
une augmentation de plus de $45 millions. C'est déjà un
pas...
M. Bellemare (Johnson): $48 millions.
M. Chagnon: Combien?
M. Bellemare (Johnson): $48 millions.
M. Chagnon: C'est encore mieux. Au-delà de $45
millions.
M. Bellemare (Johnson): Je pensais que vous l'aviez
compté.
M. Chagnon: De toute façon, ceci démontre, sans
aucun doute, l'intérêt accru que le gouvernement accorde à
ce ministère, car le secteur municipal, je le dis en toute franchise,
occupe une place prépondérante dans la socitété
québécoise.
Personnellement, j'ai l'honneur et le privilège d'oeuvrer ainsi
que mon collègue de Montmorency dans ce domaine depuis
déjà plus de dix ans. J'éprouve énormément
de satisfaction à cause du contact humain des relations continuelles,
qu'entretient le ministre, avec une population qui esttrès près
de nous. C'est réellement un réconfort pour un homme public de
travailler en contact continuel avec la population.
M. Bellemare (Johnson): Le député me permet-il
seulement une question?
M. Chagnon: Avec plaisir.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, me permettez-vous
une simple question? Le député a-t-il des réponses?
M. Chagnon: Des réponses, en quel sens? M. Bellemare
(Johnson): A vos demandes? M. Chagnon: Certainement.
M. Bellemare (Johnson): Vous êtes plus chanceux que
moi.
M. Chagnon: Je suis chanceux. Je suis plus chanceux que le
député de Johnson. D'accord, cela va très bien.
M. Bédard (Chicoutimi): On peut peut-être
s'expliquer.
M. Bellemare (Johnson): II ne l'a pas dit, par exemple.
M.Chagnon: De toute façon, il y a quand même
certaines choses que je considère, n'est-ce pas? Il y a un
élément important. J'ai porté depuis plusieurs
années, n'est-ce pas, un attachement particulier à un principe
fondamental, le principe de regroupement municipal. Je trouve déplorable
qu'en 1975, nous ayons encore près de 1,600 municipalités. C'est
exagéré comparativement à l'Ontario. Personnellement, je
suis contre les organismes monstres comme les commissions scolaires
régionales. Je suis contre les communautés urbaines qui font des
éléphants au point de vue administratif.
Tout de même, je favorise ardemment le regroupement municipal
à caractère homogène, c'est-à-dire... Dans ce
domaine, je fais une distinction, je ne vois pas très bien le
regroupement municipal entre les paroisses rurales, et les paroisses urbaines
de façon immédiate, surtout dans mon secteur, pour la bonne
raison que ce sont des paroisses qui se touchent de très
près.
D'autre part, je n'accepte pas facilement j e le dis comme
député que des municipalités de 3,000 ou 4,000 de
population, voisines d'autres de 13,000 et 14,000, et d'autres de 17,000, ne se
regroupent pas, alors qu'il y a des avantages, au point de vue des subventions
statutaires, qui seraient extrêmement bénéfiques. Au lieu
de venir quémander sous forme de pèlerinages des octrois pour
subsides ou équilibre budgétaire, je préfère de
beaucoup qu'il y ait un regroupement censé, méthodique entre
certaines municipalités à caractère homogène de
façon à construire un véritable potentiel et une force
économique. Dans mon secteur, je pense que tout s'annonce très
bien. Cela fait plus de dix ans que je prône cette idée.
Déjà, je vois apparaître la lueur
d'espé-rancequ'àbrèveéchéancenousaurons cet
avantage de pouvoir créer de véritables unités qui seront,
sous le plan économique, une véritable force et pour le
Québec métropolitain, entre autres, qui assureront un
développement extrêmement intéressant.
Dans le domaine des subventions statutaires, je pense, M. le ministre,
que, si nous voulons encourager les municipalités à se regrouper,
il va falloir encore des mesures plus incitatives, et, peut-être,
être plus généreux dans les subventions. En 1973/74, pour
les municipalités de 25,000 à 50,000 âmes, c'était
de $4; en 1974/75, c'était porté à $6 per capita.
M. Bellemare (Johnson): $6.
M. Chagnon: Cette année, j'ose espérer qu'avec un
budget supérieur, on verra poindre une augmentation dans ce domaine afin
d'inciter davantage les municipalités à se regrouper. C'est
certainement une formule qu'il faut encourager de façon à
restreindre le nombre de municipalités. Un autre facteur, je pense,
qu'il est bon d'amorcer, est certainement le facteur de la fiscalité qui
a été mentionné il y a quelques instants. Les
municipalités éprouvent des problèmes très
sérieux. Il n'y a aucun doute que l'inflation affecte durement les
municipalités. Nous n'avons pas les retombées économiques
que les gouvernements peuvent avoir, parce qu'en définitive, nous voyons
nos dépenses s'accroître sensiblement dans le domaine de la
main-d'oeuvre, des salaires, dans le domaine des équipements, dans le
coût des travaux heureusement, dans ce domaine je fais une
restriction avec plaisir. Nous avons l'avantage dans le domaine de
l'infrastructure de recevoir des subventions substantielles de la part du
gouvernement pour alléger le fardeau fiscal. D'autre part, le
problème de la fiscalité devrait être étudié
en profondeur et révisé. Je sais ue c'est l'intention du ministre
de pouvoir toucher ce problème. Déjà on en parle depuis un
certain temps. J'ose espérer que, lors de la prochaine conférence
provinciale avec les municipalités, ce thème fera l'objet d'une
discussion élaborée afin de pouvoir améliorer la
fiscalité. Egalement, je vois le domaine scolaire qui s'ajoute au
domaine municipal, et surtout quand je m'attarde le moindrement à la
petite propriété, à la propriété
unifamiliale, c'est certainement celle-là qui est la plus durement
affectée, touchée dans le moment. Le propriétaire d'une
propriété semblable ne peut pas jouir de
dégrèvement d'impôt, il absorbe toutes les dépenses
d'exploitation, dépenses d'entretien et de réparations, en plus
de cela, il porte à lui seul le fardeau complet des taxes scolaire et
municipale. J'ose espérer qu'on verra un retrait progressif de
l'impôt scolaire du domaine foncier au point de vue municipal. Egalement,
je pense qu'il est urgent de travailler à constituer ici je
reviens sur le thème que j'ai tantôt amorcé, le
problème du regroupement de restructuration municipale. Ce
problème, je le considère vital. Encore là, j'ose
espérer qu'avec les politiques émanant du ministère et des
subventions qui, j'ose croire, seront majorées cette année, il
sera possible d'en arriver à des résultats pratiques afin
d'éliminer, au niveau de cette province, le nombre de
municipalités que je considère effarant dans le moment.
Merci.
M. Bédard(Chicoutimi): Est-ce que le député
me permettrait seulement une question?
M. Chagnon: Certainement.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez proclamé votre
foi dans le regroupement municipal. Je voudrais simplement savoir si vous
êtes pour le regroupement municipal volontaire ou forcé?
M. Chagnon: Personnellement, vous me posez une question, je ne
réponds pas au nom du gouvernement, je réponds en mon nom
personnel.
Je veux qu'on utilise à l'extrême limite, tous les moyens
positifsde subvention, mais, advenant le cas où les
municipalités, et je le dis, même dans mon comté
j'irai plus loin que cela je mentionnerai trois villes: Lévis,
Lauzon, Saint-David, si on ne veut pas, dans le moment, en arriver à un
ralliement absolument harmonieux, facile, j'accepterais la coercition.
Le Président (M. Picard): Le député de
Taillon.
M. Leduc: M. le Président, il y a quelques mois, je
quittais mon poste d'adjoint au ministre des Affaires municipales. Je dois vous
dire cependant, que mon coeur est encore tout présent à ce
ministère.
Cela a été pour moi une expérience, je crois, assez
extraordinaire de mieux connaître ce qu'était un ministère
et le deuxième volet surtout de cette expérience a
été pour moi une école de diplomatie où, au contact
du ministre titulaire, j'ai appris à devenir beaucoup plus patient et
à me faire comprendre sans, parfois dire exactement tout ce que je
voulais dire.
M. Lessard: Les ministères aussi sont devenus comme
cela.
M. Leduc: M. le Président, il y a deux points que je
voudrais souligner et qui touchent plus particulièrement le territoire
de la rive sud de Montréal. Depuis déjà longtemps, nous
avons fait faire, sous l'ancien gouvernement et le gouvernement plus
récent, des études quant à l'approvisionnement et la
distribution d'eau. Je sais que le ministre a déjà pris certaines
décisions dans ce domaine. Il y en a d'autres qui doivent être
prises, je l'espère, rapidement, parce qu'autrement, nous nous
trouverons, d'ici un an ou deux, devant une pénurie sérieuse
d'eau. J'ai l'impression, et c'est une impression toute personnelle, d'ici
quelques jours, ou au plus tard quelques semaines, le ministre sera en mesure
de confirmer les projets qui ont été discutés, et j'ose
espérer que cette chose se concrétisera très
bientôt.
L'autre point, c'est une question que je me pose, et j'espère que
nous aurons l'occasion d'en discuter, c'est la formule de demande de
proposition à la Société d'habitation pour construire des
logements. Dans l'expérience que nous avons vécue encore sur la
rive sud, dans ce domaine, que ce soit pour des propositions pour de
l'habitation ou que ce soit pour des arénas, très souvent
malheureusement, nous nous sommes fait jouer des tours. Si nous avions
plutôt été selon des plans et devis et demandé des
soumissions, je suis convaincu, M. le Président cela peut se
vérifier assez facilement qu'à la fin, le contribuable
aurait probablement déboursé un peu moins d'argent.
C'étaient les deux commentaires que je voulais faire; au fur et
à mesure de l'étude des crédits, je me permettrai de poser
d'autres questions.
Le Président (M. Picard): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Boutin: M. le Président, je veux être assez bref.
Il y a beaucoup d'idées qui sont sorties qui sont un peu les miennes
aussi. Je voulais peut-être reprendre, par exemple, une affirmation du
député de Johnson concernant le regroupement ou plutôt la
division des régions administratives. Je pourrais mentionner
là-dessus que je suis d'accord avec lui qu'il y a des manques, pas
simplement dans sa région peut-être, mais il y a manque aussi chez
nous, et je crois qu'on pourrait aller ensemble à la commission du
ministère de l'Industrie et du Commerce peut-être pour faire front
commun...
M. Bellemare (Johnson): J'attire l'attention, si le
président me permet et aussi le député, sur le fait que,
maintenant, au conseil des ministres, c'est re- divisé en un certain
groupe de ministres qui ont la responsabilité de l'administration
d'un...
M. Boutin: II y en a dix.
M. Bellemare (Johnson): Pardon?
M. Boutin: II y en a dix.
M. Bellemare (Johnson): Comment?
M. Boutin: N'est-ce pas dix membres à l'OPDQ?
M. Bédard (Chicoutimi): II y a dix ministres
responsables...
M. Lessard: II y a dix régions administratives.
M. Bellemare (Johnson): Je ne sais pas si c'est le même
ministre que le mien, mais le mien, c'est celui-là.
M. Boutin: Oui, mais je pense que le ministère titulaire
de la division est le ministère de l'Industrie et du Commerce à
la base. Je pense que cela a été formé en I965 sous le
gouvernement Lesage et l'application en a été faite par le
gouvernement de M. Johnson en 1966/67...
M. Bellemare (Johnson): ... mais il a été refait
après cela, par les honorables...
M. Boutin: Cela est justement un problème et on
s'aperçoit qu'il y a des manques de ce côté, parce qu'on a
oublié de mentionner que dans cette division administrative, il
était bien beau de créer des capitales, mais qu'il ne fallait pas
essayer strictement de renforcer des capitales au détriment des autres
villes d'une même région. Je pense que cela là-dessus, on
ne l'avait pas compris. Je suis d'accord pour aller avec le
député de Johnson à cette commission.
M. Bellemare (Johnson): Je n'irai pas sans emmener mon ministre.
Je l'ai averti. Je vais l'amener si j'y vais.
M. Boutin: II y avait simplement une autre idée que je
voulais donner. C'est la question qu'on mentionnait, à savoir la
réduction du taux normalisé de la taxe scolaire au
bénéfice des municipalités. Jusqu'à présent,
c'est une formule qui a peut-être pu s'avérer bonne dans certaines
régions de la province, mais je ferai remarquer que dans l'Abitibi et le
Témiscamingue, cette formule n'a pas été bonne parce
qu'elle a permis aux commissions scolaires d'augmenter leurs dépenses
non admissibles et priver, automatiquement, les municipalités
d'augmenter les taxes en conséquence.
C'est pourcela que j'ai hâte de voir les modifications qui seront
apportées au remaniement du champ de taxation et il sera très
intéressant de suivre ces conférences provinciales-municipales
parce que c'est un fait que, actuellement, les municipalités sont un peu
aux abois en ce qui concerne le revenu.
Je rejoins l'idée de mon collègue, le député
de Lévis et je crois, sincèrement, que dans certains cas, dans la
province, les fusions devraient être forcées car elles sont faites
au détriment de la justice distributive et contre le
bénéfice des citoyens qui émanent d'un même secteur
économique et d'une même entité.
Alors, c'est un point auquel je crois fermement, à savoir que
lorsque le fait de maintenir certaines municipalités... a pour effet
d'augmenter ... ou qu'on peut prétendre voir augmenter à un
niveau presque inabordable un secteur de taxation par le fait qu'on doit
investir dans un territoire qui est non rentable à certains niveaux
administratifs, surtout peut-être de type industriel ou de grosses
infrastructures...
Je pense que, dans certains cas, forcer les fusions aurait pour effet,
pour certaines populations, d'apporter une réduction majeure de la
taxation et pourrait permettre un meilleur épanouissement et un meilleur
développement intégré éventuellement, surtout par
la loi-cadre sur l'urbanisme qui s'en vient avec les plans d'aménagement
de secteurs, les plans directeurs de villes locales et enfin, on va
étudier aussi, j'imagine les plans d'aménagement
régionaux.
C'est un peu quelques idées que je voulais émettre, M. le
Président.
M. Lessard: M. le Président...
Le Président (M. Picard): Le député de
Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, simplement quelques mots pour
dire, suite à ce que disait mon collègue de Chicoutimi, qu'il est
vrai que depuis deux ans le ministre des Affaires municipales a prévu un
certain nombre de subventions statutaires, soit le montant de $4 per capita aux
municipalités de 25,000 de population et plus et lors du dernier budget,
de $6 per capita et nous espérons que lors de ce prochain budget,
étant donné que le gouvernement profite énormément
de l'inflation, il pourra faire profiter les municipalités de cette
partie de l'inflation.
Cependant, je voudrais aussi dire au ministre que depuis quelques
années, on a enlevé quantité de possibilités de
financement aux municipalités tout en leur donnant des charges beaucoup
plus lourdes.
Que cela soit, par exemple, lors du projet de loi 48 qui est devenu par
la suite le projet de loi 33, on a enlevé quantité de pouvoir de
taxation aux municipalités, en particulier, par exemple, dans ma
région où les centrales hydroélectriques, où les
quais n'ont pu être imposés, par la suite, ce qui a fait perdre
à des municipalités comme Hauterive et Baie-Comeau des montants
très considérables. Je suis assuré que dans d'autres
municipalités du Québec, on a perdu des montants très
considérables.
Donc, on accorde d'un côté des subventions pour dire aux
municipalités: Voici, on vous aide. Mais pendant qu'on aide de la main
droite, on en enlève considérablement de la main gauche.
Je voudrais dire aussi qu'en plus et je pour- rais
élaborer cela le ministre des Affaires municipales a donné
aussi des responsabilités beaucoup plus grandes aux
municipalités, en particulier, par l'application du projet de loi 34,
Loi sur la qualité de l'environnement. Les municipalités sont aux
prises aujourd'hui avec des problèmes qui sont considérables pour
faire face à des situations et elles n'ont pas les moyens financiers
pour y faire face.
D'ailleurs, j'ai l'impression que, cette année, c'est une
véritable crise des municipalités au Québec. Nous allons
en parler, vous allez voir. Il y a un problème sérieux. Seulement
dans la ville de Sept-Iles je ne ferai pas le tour de toutes les villes
l'augmentation de 41% de la taxe foncière, c'est grave. Ces
villes sont déjà surtaxées. Elles sont obligées,
pour faire face à leurs problèmes municipaux, d'augmenter de 41%
leurs taxes foncières. En même temps, étant donné la
loi 33, beaucoup de municipalités ont dû régulariser leur
évaluation municipale, donc, en plus d'augmenter bien souvent la taxe
foncière, on a vu augmenter notre valeur d'évaluation. Cela a
été le cas de Hauterive, par exemple, où il y a eu une
augmentation de 20% de la taxe foncière, plus, selon l'évaluation
scientifique prévue, justement, en vertu de la loi 33, plus une certaine
autre augmentation.
A la ville de Sillery, par exemple, il y a eu une augmentation de la
taxe foncière de 68%. Je me demande où nous allons avec nos
maisons! Pensez à l'individu qui, à un moment donné,
reçoit des genres de fonds de pensions qui sont fixés à
l'avance, qui est propriétaire de sa maison et qui voit, justement, des
augmentations aussi considérables. Cela commence à être
tout un problème que de devenir propriétaire aujourd'hui! Comment
voulez-vous que l'individu, alors que les coûts d'achat de maisons sont
considérablement augmentés, comment voulez-vous que le simple
petit individu moyen, qui gagne autour de $10,000 par année, puisse se
construire maintenant, avec des prix aussi exorbitants, aussi
considérables, quant, en plus de cela, il voit les augmentations des
taxes municipales qui grèvent de plus en plus le budget du contribuable,
en plus des autres impôts qu'on peut payer?
J'ai l'impression que nous vivons un problème sérieux,
cette année. Les derniers budgets des municipalités qui nous ont
été proposés nous permettent d'écarquiller les yeux
et de se demander où on s'en va, et de se demander s'il ne faudra pas
simplement vendre nos maisons et s'il ne faudra pas s'organiser pour vivre
ailleurs que dans des maisons. Je me dis: Nous autres, en tout cas, nous
pouvons avoir le moyen de faire face à la situation, mais cela commence
à être grave pour les petits contribuables
québécois, cela commence à être grave pour
quantité de propriétaires au Québec. Je voudrais bien,
justement, et je l'espère, que le ministre nous dise, au cours de
l'étude de ces crédits quelles sont les mesures concrètes,
quels sont les moyens qu'il entend prendre pour faire face à la
situation.
Si, aujourd'hui, M. Moreau, président des conseils des
municipalités, si, par exemple, M. La-montagne a donné une
conférence de presse, c'est parce qu'il y a un problème urgent.
Si, de plus en
plus, les municipalités sont en lutte même avec les
commissions scolaires comme le disait le député de
Chicoutimi, cela ne devrait pas être une question de lutte, mais
une question de collaboration. C'est parce que les municipalités sont
vraiment dans un dilemme. Il va falloir que le ministre se branche et
très vite, pour essayer de trouver ou de donner aux municipalités
d'autres moyens de financement qui seront peut-être la taxation
foncière, ou l'exclusivité de la taxation foncière, quitte
à donner aux différentes commissions scolaires d'autres moyens de
financement. D'ailleurs, on sait que, de plus en plus, le financement scolaire
devrait être une question universelle plutôt que d'être
basé sur la taxe foncière.
Je voudrais aussi, simplement en terminant, souligner un fait qui
démontre, encore une fois, que le gouvernement ne semble pas
préoccupé par cette question du financement scolaire. Cette
année, je pense que c'est une question vraiment urgente. On sait, par
exemple, que l'article 10 de la loi 67 réglemente les exceptions
à la Loi de l'impôt sur la vente en détail.
Je vais attendre, parce que cette question est importante, M. le
Président.
Le Président (M. Picard): La séance est
suspendue.
M. Lessard: On ne la suspend pas... Le Président (M.
Picard): Allez.
M. Lessard: Je parle d'un moyen, mais il y a d'autres moyens, je
veux démontrer que le ministère des Affaires municipales ne
semble pas, en tout cas ne n'apparaît pas véritablement convaincu
de la nécessité de trouverdes solutions au problème que je
soulevais tout à l'heure. Je prends l'exemple de l'article 10 de la loi
67, qui réglemente les exceptions à la Loi de l'impôt sur
la vente en détail. Les municipalités sont actuellement
obligées, si on excepte des achats en matériel de pompiers et
d'aqueduc, de payer la taxe sur leurs achats alors que les gouvernements ne le
font pas, que différents organismes ne le font pas. Pourquoi n'aurait-on
pas, au moins des mesures pour réduire l'inflation considérable,
le coût des augmentations que doivent défrayer les
municipalités à cause des augmentations concernant les salaires
et autres services? Pourquoi, au moins, ne soustrairait-on pas tous les achats
des différentes municipalités à la taxe de vente au
détail? Il m'apparaît que c'est un moyen qu'on aurait dû
permettre aux municipalités comme mesure de financement. Il y en a
d'autres mesures de financement, mais c'est un peu en rencontrant
différentes municipalités que j'ai dans mon comté
et sachez que j'en ai plusieurs, de petites, de moyennes et de plus grosses
qu'on m'a soumis ce problème justement de l'achat, que ce soit
Baie-Comeau ou Hau-terive. Je suis assuré les autres
municipalités sont toutes aux prises avec ce problème. On m'a
donc soumis ce problème de l'achat et du paiement de la taxe de vente au
détail, il me semble que cela aurait été là un
moyen de démontrer que si le gouverne- ment est aux prises avec
l'inflation, les municipalités le sont aussi. Le ministre des Affaires
municipales aurait pu démontrer qu'il était vraiment
préoccupé de tout ce iroblème de l'augmentation des
coûts considérables de l'administration municipale. En tout cas,
je termine sur cela, M. le Président. Il est assuré, comme on le
disait tout à l'heure, qu'aux différents secteurs que nous aurons
à étudier, en ce qui concerne le budget des Affaires municipales,
j'aurai des questions à poser mais au nom des municipalités du
Québec, en tout cas, au nom surtout du contribuable
québécois, du petit propriétaire de maison. C'est un genre
de cri d'alarme que je lance au ministre pour essayer d'agir dans le plus bref
délai. Il ne s'agit pas de rebâtir des livres blancs, des livres
verts, des livres rouges, on en a déjà eu assez de ces patentes.
Je pense que c'est le temps d'agir, après avoir tellement
étudié, parce qu'on sait que l'ex-ministre des Affaires
municipales nous avait présenté de magnifiques plans, tout
dorés et que cela ne s'est jamais concrétisé. En tout cas,
j'espère que devant cette augmentation considérable des taxes
municipales, le ministre va trouver, dans le plus bref délai possible,
des mesures pour permettre aux municipalités de faire face à la
situation, ou bien on va tous se ramasser en banqueroute. Je termine sur
ça, M. le Président.
Le Président(M. Picard): Le député de
Montmorency.
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, je
n'avais pas l'intention d'adresser la parole ce soir lors du début de
l'étude de ces crédits, mais, étant donné ce paquet
de faussetés qu'on entend de part et d'autre, je me vois dans
l'obligation, non pas de venir en aide à mon ministre, parce qu'il est
capable de se défend re, mais j'entends de part et d'autre et
spécialement du côté de l'Opposition toutes sortes
d'arguments. On parle souvent d'augmentation de taxes, on parle
d'augmentation...
M. Lessard: Le député ne viendra pas nier
l'augmentation...
M. Bédard (Montmorency): Je demanderais au
député de Saguenay, j'ai été assez poli de
l'écouter, de bien vouloir m'écouter, s'il vous plaît.
Je continue. On parle d'augmentation des taxes, des évaluations,
d'augmentation du taux de la taxe. On apporte, en parlant peut-être un
peu fort, des exemples comme la ville de Sillery, mais je suis au courant de la
situation de cette ville, et je donnerai la réponse au
député de Saguenay. Quant à la ville de Windsor Mills,
dont M. le député de Johnson a fait mention tout à l'heure
et d'autres municipalités, les dossiers sont mieux connus de M. le
ministre mieux que de moi. Il pourra certainement apporter les corrections
nécessaires.
Mais lorsqu'on parle d'une municipalité comme celle de Sillery,
si les citoyens de la ville ont ressenti une augmentation de taxes de 68%, il
ne faut pas oublier de dire que, dans les années
précédentes, les budgets de I974 et de 1973, il y avait des
déficits accumulés de $275,000.
Donc, pour les budgets d'administration d'une ville, si pour une
année, il me manque $275,000, l'année suivante, j'aurai besoin,
pour mon administration, de $275,000 et il me faudra, en plus, financer ces
$275,000 que je déciderai de financer en cinq ans ou en dix ans.
Là-dessus, M. le Président, je vous apporte mon
expérience personnelle. Comme vous le savez, je suis maire d'une ville,
dans la banlieue de Québec, la ville de Beauport...
M. Bellemare (Johnson): Ah! oui, c'est vrai.
M. Bédard (Montmorency): ... qui, antérieurement,
était administrée par un bon ami de M. le député de
Johnson, le docteur Tremblay.
M. Bellemare (Johnson): Ah! bien oui.
M. Bédard (Montmorency): II administrait un budget, en
1970, de $837,000. Imaginez-vous que, lorsque je prends la direction de la
municipalité, le 1er novembre 1970, on me laisse, pour un an, un
déficit de $175,000 sur un budget de $837,000.
Donc, le raisonnement qui s'applique, c'est le même que tout
à l'heure, pour l'année 1971, pour les mêmes
dépenses exécutées en 1970, sans augmentations de
salaires, sans matériaux additionnels, il me manque mes$175,000, plus
lesautres augmentations dont je dois tenir compte. Cette
année-là, on a été obligé de hausser les
taxes de 40%, sans donner un service additionnel à la population. C'est
exactement le même jeu qui est arrivé à Sillery.
Concernant l'administration des municipalités, je ne dirais pas
qu'on vit amplement dans les municipalités, mais il y a un gros
problème qu'il faut avouer. Plusieurs municipalités se donnent
des services et n'ont pas le moyen de se les donner.
Vous savez, M. le Président, c'est très facile
d'acceptertous les services qui nous sont demandés par les citoyens.
Cependant, les refuser en temps et lieu, c'est beaucoup plus difficile, et
spécialement en campagne électorale. Il ne faut pas se le cacher,
c'est un fait dans toute la province de Québec que certaines
municipalités se sont donné des services parce que la
municipalité voisine avait les mêmes sercices. Se justifiant que
sa ville était meilleure que celle d'à côté, on
s'est donné ces services; c'est vrai que cela nous amis dans des
conditions financières inacceptables. C'est un fait.
Mais on dit souvent: Les taxes, on en a assez, on est pris à la
gorge. Quel est le montant de taxes payé en trop, pour une maison
unifamiliale? Je permettrais peut-être au député de
Saguenay de me répondre, en lui posant la question suivante: Pour une
maison unifamiliale, on paie trop de taxes, c'est quoi? Quel montant de taxes
payé en trop? Est-ce que le député accepterait de
répondre?
M. Lessard: Si le président me le permet.
Le Président (M. Picard): Oui, brièvement, avec
chiffres à l'appui.
M. Lessard: Très brièvement. Voici, M. le
Président. Quand un individu moyen doit payer entre $60 et $80 par mois
en taxes municipales, en plus de devoir payer d'autres choses, je
considère que cela commence à être passablement exorbitant.
Je souhaitais que le député de Montmorency réponde aux
prétendues faussetés que j'avais avancées. Il ne semble
pas q ue ce soient des faussetés, parce que je comprends, je suis
d'accord avec le député, que certaines municipalités
aussi, étaient sous-évaluées. Il y a eu un certain
rattrapage. Je suis d'accord avec cela, mais des cas dont j'ai parlé, il
ne s'agit pas de sous-évaluation.
Je pourrais parler du cas de Port-Cartier, du cas de Sept-lles. Ce
n'étaient pas des sous-évaluations. Je pense que Sept-lles
était tout près de $2 du $100 d'évaluation, avec une
évaluation scientifique. Je pense que maintenant, on est autour de $2.75
les $100 d'évaluation. Cela commence à être grave.
Le Président (M. Picard): Est-ce que cela a répondu
à votre question?
M. Bédard (Montmorency): On a répondu à ma
question en chiffres. Autrement dit, dans l'idée du député
de Saguenay, payer environ $1,000 de taxes pour une personne qui gagnerait
$10,000 par année, c'est pas mal le maximum qu'elle peut se
permettre.
C'est peut-être des chiffres que je serais prêt à
accepter. 10% du salaire d'une personne pour des services municipaux et
scolaires, cela pourrait être un maximum.
Mais je peux lui dire qu'à l'analyse de plusieurs dossiers
je ne parlerai pas à la grandeur de la province de Québec, parce
que je n'y ai pas accès qu'à l'analyse des dossiers du
Québec métropolitain, dans les municipalités où
l'on paie au-delà de $1,000 en taxes foncière, municipale et
scolaire, pour un individu qui gagne $10,000 par année, il n'y en a pas
trop de ces municipalités. Il a apporté tout à l'heure des
exemples de municipalités chez lui, les municipalités de
Haute-Rive et de Sept-lles. J'ai bien parlé, juste avant ma question, de
certaines municipalités qui se donnent des services pour être
aussi g rosses l'une que l'autre et où on ne tient pas compte de la
rentabilité quand on installe des services d'aqueduc et d'égouts
dans une municipalité.
C'est pour cela que je parlais M. le Président, tout à
l'heure, du problème qu'il y a pour un maire et un conseil municipal
à refuser un promoteur qui veut venir investirchez nous pour 500 maisons
unifamiliales et à lui dire: Non, monsieur, votre projet est trop gros.
Nous autres, on ne peut pas vous donner les services adéquats pour vos
500 maisons unifamiliales. On sait que le même promoteur va aller dans la
ville d'à côté. Si au bout de trois ou quatre ans la ville
d'à côté a des problèmes financiers, on dira que
c'est à cause des administrateurs. Il faut appeler les choses par leur
nom.
Je termine là-dessus, M. le Président, en disant qu'il
faut se plaindre c"est un peu normal dans la société, mais, par
contre, il faut savoir se peser. Il faut savoir répondre à la
population de la qualité des services qu'elle nous demande et lui faire
comprendre ce qu'on peut donner et ce qu'on ne peut pas donner.
Il faut aussi comprendre une autre chose. Le ministre, en partant,
aimerait bien mieux avoir $400
millions d'augmentation à son budget, parce qu'il sait qu'il
rendrait tout le monde heureux. C'est un principe de base. Qu'on soit dans
l'Opposition ou non, qu'on soit ministre ou non, si on peut en donner plus
qu'on est capable d'en donner, il n'y a pas un gars qui va être
malheureux.
Quant aux demandes du député de Johnson, si le ministre
avait été capable, deux jours après, de lui dire: Vous
m'en demandez $100,000, demandez-moi donc $150,000, j'ai encore de la
banque.
M. Bellemare (Johnson): Non, ce n'est pas cela.
M. Bédard (Montmorency): II serait l'homme le plus
heureux.
M. Bellemare (Johnson): Ne prenez pas ma place.
M. Bédard (Montmorency): Mais, il est comme nous autres,
il est obligé de faire face à des budgets, il est obligé
de penser aux autres ministères non productifs et, soit dit en passant,
M. le Président, c'est 62% du budget de la province de Québec,
c"est quelque chose. Donc, il est obligé de se serrer la ceinture lui
aussi et cela ne lui fait pas plaisir de recevoir tous les maires et de leurd
ire: On va étudier votre affaire. Mais, quand il étudie le cas
des municipalités, vous savez qu'il y a des municipalités, dans
la province de Québec, où on n'envoie pas de compte
détaxe, où on envoie un chèque aux propriétaires au
mois de janvier ou février. Vous étiez au courant de cela.
M. Lessard: Chez nous, ce n'est pas cela.
M. Bédard (Montmorency): Non, mais il y a même une
municipalité...
M. Lessard: J'aimerais bien que ce soit cela, mais ce n'est pas
cela.
M. Bédard (Montmorency): ...qui va venir rencontrer...
M. Lessard: Le maire de Lévis est-il d'accord?
M. Bédard (Montmorency): Un instant, s'il vous plaît
! Je vous ai peut-être annoncé quelque chose. Le ministre pourra
en parler par après. Savez-vous que la même municipalité va
venir faire son pèlerinage vis-à-vis du ministre pour avoir des
subventions d'aqueduc et d'égouts. C'est vrai ce que j'annonce. Vous
poserez la question au ministre. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Picard): Le député de
Verdun.
M. Caron: Je serai assez bref, M. le Président, avec tout
ce qui s'est dit du côté ministériel et du
côté de l'Opposition. Mais je voudrais m'associer à tous
les membres pour dire que le ministre des Affaires municipales est à la
hauteur de la situation. Naturellement, il y a des lacunes. Je pense bien que
ce n'est pas facile, ces années-ci, de les régler toutes en
même temps, mais je voudrais dire, M. le ministre, que je
représente la ville de Verdun, qui est en banlieue de Montréal.
C'est une ville dortoir. C'est une ville qui n'est pas jeune, qui va
fêter son centenaire l'an prochain. Nous avons encore augmenté,
cette année, les taxes de 33.8%, l'an passé, de 25%...
M. Lessard: L'an passé, de 35%?
M. Caron: De 33.8%, cette année et de 25%, l'an
passé. M. le ministre, il y a des lacunes. Vous savez que la
communauté urbaine, nous coûte énormément cher. On a
un secteur de petits propriétaires et Verdun compte environ 10,000
personnes de 65 ans et plus. Je pense qu'il va falloir que le ministère
se penche sur le cas de Verdun pour pouvoir faire quelque chose. J'appuie aussi
les paroles de mon collègue de Johnson qui dit que la
municipalité de Trois-Rivières a eu $200,000. Je suis bien
content pour elle, mais je me demande, si on donne à des
municipalités, en province, comme cela, un chè-queen blanc, si
les municipalités qui se serrent la ceinture auront quelque chose pour
compenser. Je pense que c'est ouvrir une porte qui sera assez difficile
à fermer. Je pense, avant de continuer à donner ces subventions,
que vous devez être très prudent comme administrateur. Ce sont mes
points de vue.
J'aurai à parlerde la Société d'habitation.Au fur
et à mesure qu'on passera aux programmes, il y aura certaines questions
que j'aurai à poser. J'espère encore une fois, M. le ministre,
que vos officiers du ministère se pencheront énormément
sur la ville de Verdun qui est une ville en banlieue de Montréal. Vous
donnez de très gros montants à Montréal. Je ne suis pas
jaloux. Je suis bien heureux que vous les lui donniez, mais quand on discute
avec Montréal, on dit toujours: Fusionnez-vous.
Je ne suis pas d 'accord sur les grosses boîtes, les grosses
organisations. Vous savez que cela coûte cher. On donne moins de servi
ces. Si c'était possible, dans les années à venir, de nous
aider à trouver une solution pour avoir des revenus additionnels, on
aiderait énormément le petit propriétaire. Je vous
remercie.
Le Président (M. Picard): Merci, M. le
député. Le ministre.
M. Goldbloom: M. le Président, nous aurons l'occasion
d'aller en détail dans les divers sujets qui ont été
abordés. Vous me permettrez quelques brèves remarques en ce
moment, ayant écouté lesdivers collèguesautourde la table.
On dit que des municipalités dans la province sont dans une situation
précaire. On dit que des contribuables sont obligés de supporter
des fardeaux énormes. On fait état cela sans
hésitation, je dis que c'est vrai du problème particulier
de celui dont le revenu n'est pas comparable à la valeur de sa
propriété, parce qu'il est à sa retraite, parce qu'il a
connu des difficultés financières qui font de lui aujourd'hui un
assisté social, il a quand même une maison qui lui appartient et
qui représente un fardeau de taxes. Je sais très pertinemment que
ces problèmes existent. Ce q ui devient difficile, c'est d'appliquer une
règle unique, ou même
quelques règles, à l'ensemble des municipalités et
ainsi corriger toutes les inégalitése t rendre toutes les
municipalités capables d'assumer leurs propres responsabilités
sans aide de l'extérieur. Vous avez entendu, il y a quelques instants,
le député de Verdun commenter la qualité de
l'administration des diverses municipalités. Vous avez entendu d'autres
collègues mentionner, notamment le député de Johnson, que
telle ou telle municipalité connaît un déficit à la
fin de l'année, et donc on devrait lui venir en aide.
M. le Président, ce n'est pas facile de distinguer entre
l'administration prudente qui arrive à l'intérieur de son budget
à la fin de l'année et l'administration gaspilleuse qui n'arrive
pas à l'intérieur de ce qui est prévu. C'est assez
difficile de faire cette distinction.
Il faut quand même essayer de le faire parce qu'il ne faut pas que
le régime de subventions je suis d'accord avec mon
collègue de Verdun là-dessus soit une
récompensée la mauvaise administration. Il ne faut pas tenir pour
acq uis que le fait d'accuser un déficit à la fin de
l'année veut dire qu'il y aura une contribution de la part du
gouvernement à même les deniers publics. Il faut aussi se
rappeler, M. le Président, que l'argent qui est dépensé
dans une municipalité est puisé dans les poches des autres
contribuables de la province, et étant dépensé dans cette
municipalité, n'est plus disponible pour être
dépensé dans les autres, et pourtant, les autres ont leurs
besoins aussi. Elles sont obligées de payer leurs services et payer ceux
de la municipalité réci-piendairede la subvention. C'est une
situation qui est beaucoup plus complexe que certaines personnes ne voudraient
le laisser entendre.
Je voudrais souligner aussi, M. le Président, que quand nous
parlons de déficit qu'accusent les municipalités, nous disons: Si
une subvention n'est pas donnée, les contribuables seront
surtaxés. D'ailleurs, ils sont déjà surtaxés. M. le
Président, je voudrais vous dire très franchement que je ne
connais qu'une seule circonstance dans laquelle des gens me disent: Nous sommes
bien. Nous ne sommes pas surtaxés. Cettecirconstance, c'est devant la
proposition d'une fusion avec une autre municipalité où le taux
de taxe est pi us élevé. A ce moment, on est bien. A ce moment,
on ne paie pas cher. On veut rester comme on est. Mais dans toute autre
circonstance, dans presque toutes les municipalités du Québec, et
surtout chez celles qui viennent voir le ministre, on est surtaxé, on
est pris à la gorge, on ne peut plus payer un cent de plus qu'on ne paie
dans le moment.
M. le Président, il faut quand même avoir des
critères objectifs pour évaluer cette prétention de tout
le monde d'être surtaxé. Maintenant, je ne dis pas que les
formules que nous utilisons, que j'ai essayé d'améliorer, de
raffiner, de rendre plus équitables, sont parfaites. Je n'ai pas cette
prétention. Mais je tiens à vous dire, M. le Président,
qu'il y a des municipalités où l'on se dit surtaxé,
où l'on trouve que le contribuable moyen, propriétaire d'une
maison moyenne, paie je prends un chiffre au hasard 11% de son
revenu moyen en taxes foncières, comprenant les taxes municipales et les
taxes scolaires. Cette personne va dire: Je suis surtaxée. Je serais
d'accord avec elle.
Mais j'ai d'autres municipalités où on ne paie que 5% et
l'on se dit avec la même éloquence et la même colère:
On est surtaxé, il n'y a pas moyen de payer un cent de plus.
Alors, il faut regarder l'ensemble des municipalités et essayer
de trouver un moyen d'aider l'ensemble des municipalités, mais selon les
besoins de chacun et je voudrais dire par rapport à cela que, lorsque
nous essayons d'évaluer la situation financière de chaque
municipalité, nous le faisons par rapport aux services que veut donner
la municipalité. Nous constatons là qu'il y a des
municipalités qui ont pris l'initiative de donner
énormément de services et d'équipements à leurs
citoyens et ces citoyens sont obligés, fatalement, de payer ces services
et ces équipements, et le compte de taxe est élevé.
Dans d'autres municipalités, on n'a pas fourni beaucoup
d'équipement, beaucoup de services et le compte de taxe est moins
élevé, mais comment comparer les deux?
Nous n'avons pas encore un moyen d'évaluer ou d'établir
des normes pour les services que devrait donner chaque municipalité
à ses citoyens et de faire un portrait robot du budget de chaque
municipalité pour savoir si la municipalité dépense trop
ou assez ou pas assez pour un service donné. Tout cela fait partie de
notre préoccupation, M. le Président.
Nous n'avons pas l'intention de donner de l'argent des deniers publics
à des municipalités qui ne font rien, qui ne donnent pas de
services et, pourtant, si nous donnons accès à un champ de
taxation à toutes les municipalités, nous créons une
situation surtout, et c'est davantage le cas, si nous donnons des
subventions per capita de façon statutaire et sans condition
où nous donnons à tout le monde, que ces municipalités
fournissent des services, entreprennent des projets ou non et, pourtant, nous
sommes obligés d'avoir des fonds dans lesquels nous pouvons puiser pour
payer les gros projets dans des petites municipalités. Si nous n'avons
pas ces fonds parce que nous avons tout distribué en termes, soit de
subvention, soit d'accès à des champs de taxation, parce qu'il y
a des limites au champ de taxation, nous ne sommes plus en mesure de venir en
aide aux 1,300 municipalités qui ont moins de 1,000 âmes de
population dans notre province.
Si nous avons 1,000 âmes de population quelle que soit la formule
de taxation, que ce soit une taxe foncière ou un impôt sur le
revenu, il n'y a pas moyen pour nulle personne de produire les sommes
nécessaires pour fournir les services importants. Il faut que la
collectivité vienne en aide à ces gens.
Nous aurons, M. le Président, l'occasion de parler des cas
particuliers qui ont été soulevés. Je tiens à dire
simplement une chose, et cela particulièrement en réponse
à la gentillesse ultérieurement mitigée de mon ami de
Johnson, que chaque jour a ses urgences. Devant les urgences quotidiennes il
arrive, parfois, que certains dossiers restent de côté parce que
les urgences sont devant l'équipe qui travaille là-dessus. Je
m'excuse bien sincèrement auprès de lui et je regrette de ne pas
avoir été personnellement au courant du fait qu'il avait
placé plu-
sieurs appels et, je sais qu'il m'a écrit à deux ou trois
reprises...
M. Bellemare: J'ai téléphoné. J'ai
téléphoné à vos officiers, aussi.
M. Goldbloom: Oui, c'est cela.
M. Bellemare: Ils ne vous ont peut-être pas mis au
courant.
M. Goldbloom: Oui. Voyez-vous, c'est surtout le ministre qui
indique qu'il y a des problèmes qui semblent très urgents et il
faut passer à ces problèmes avant d'arriver aux autres.
Pour cette raison, je voudrais indiquer au député de
Johnson que je vais me pencher personnellement sur les dossiers dont il a fait
mention. Il n'a pas indiqué tous les noms. Je les connais cependant.
Alors, je vais me pencher là-dessus.
M. Lessard: Le ministre aura-t-il la même amabilité
aussi pour les autres députés qui lui soumettront des cas?
M. Bellemare (Johnson): Vous ferez comme moi, vous le
féliciterez!
M. Bédard (Chicoutimi): Nous allons vous acheminer tous
les problèmes de la région de Saguenay-Lac-Saint-Jean, c'est
urgent ce soir.
M. Goldbloom: C'est cela.
M. Lessard: Les urgences vont s'accumuler, M. le
Président.
M. Bédard (Montmorency): M. le ministre, c'est là
qu'ils vont s'apercevoir ...
M. Bédard (Chicoutimi): Et cela va donner comme
conséquence...
M. Goldbloom: C'est cela.
M. Bellemare (Johnson): On va reprendre le temps perdu.
M. Goldbloom :Tout cela, nous venons d'en avoir la
démonstration. La province est vaste. Les municipalités sont
très nombreuses. C'est une tâche d'hercule de donner satisfaction
à tout le monde, en même temps. Nous essayons de le faire avec
autant d'impartialité que possible. S'il y a des dossiers qui
traînent un peu, je m'en excuse. Etant au courant de cette situation, je
vais m'en occuper personnellement.
Alors, M. le Président, ce disant, je pense que le moment est
venu, par entente préalable, de proposer l'ajournement de nos travaux
à demain matin, à dix heures, et c'est ce que je fais.
Le Président (M. Picard): La commission ajourne ses
travaux à demain matin, dix heures, à la même salle.
(Fin de la séance à 22 h 12)