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Commission permanente des affaires municipales
Etude des crédits du ministère des
Affaires municipales
Séance du jeudi 10 avril 1975
(Dix heures vingt-cinq minutes)
M. Picard (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs! La commission des affaires municipales
continue ce matin l'étude des crédits du ministère des
affaires municipales. Pour la séance d'aujourd'hui, M. Gratton
(Gatineau) remplace M. Parent (Prévost); M. Côté (Matane)
remplace M. Vaillancourt (Orford).
Nous en étions toujours à l'étude du programme no 2
et je crois qu'à l'ajournement hier c'était le
député de Verchères qui avait demandé la parole
M. Ostiguy: M. le Président...
M. Goldbloom: M. le Président, si vous permettez, sans
vouloir couper la parole au député de Verchères, s'il a
une question, nous pourrions la recevoir et en discuter, mais vu la
présence ici de M. Antoine Grégoire, le président de la
Société d'aménagement de l'Outaouais, qui est loin de chez
lui et de son lieu de travail, et qui pourrait avantageusement retourner
travailler si nous pouvions le libérer, il a été convenu
que nous pourrions suspendre l'étude du programme 2 pour passer au
programme 4 ce matin et parler de la Société d'aménagement
de l'Outaouais, quitte à revenir par la suite.
Le Président (M. Picard): Est-ce qu'il y a consentement
pour que nous adoptions cette pro-céd ure?
M. Ostiguy: Entièrement d'accord, M. le Président,
je poserai mes questions quand reviendra au programme 2.
Le Président (M. Picard): Programme 4: Aide
financière à la Société d'aménagement de
l'Outaouais.
Aide financière à la
Société d'aménagement de l'Outaouais
M. Goldbloom: M. le Président, je pense que c'est un
organisme qui est assez bien connu, qui n'est pas à ses premières
armes. Il a une responsabilité qui est définie dans la loi quant
à la planification et à la gestion de certaines ressources dans
la région qui a son importance pour nous et qui a son importance pour le
Canada à cause de sa relation avec la Capitale nationale, de l'autre
côté de la rivière. Nous avons consacré chaque
année à cet organisme des sommes importantes qui lui permettent
de poursuivre son oeuvre.
Nous avons cette année, comme vous le consta- tez, une
augmentation de $1 million au budget; je voudrais informer les membres de cette
commission qu'il y a aussi un montant extrabudgétaire qui est
accordé à cet organisme. Ce montant était l'an dernier de
$5 millions et il est porté cette année à $6 millions.
Donc, des investissements accrus et des dépenses administratives accrues
pour permettre la poursuite des programmes avec plus d'intensité. C'est
l'entrée en matière que je voulais faire et, sans doute, les
divers membres de la commission auront-ils des questions à poser sur ce
sujet.
Le Président (M. Picard): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, selon les
informations que tout le monde a, la Commission de la Capitale nationale et le
gouvernement d u Québec sont sur le point de conclure une entente
importante portant sur l'échange de contrôle et de transfert
d'administration de terrains dans la région immédiate de Hull.
Cette entente, selon le négociateur du gouvernement lui-même
à moins que je ne me trompe M. Claude Diamant, devrait
intervenir dans un délai quand même assez rapproché.
Cette entente serait nécessaire, du fait qu'Hydro-Québec,
devant passer sur plusieurs terrains pour mettre en application sa
planification régionale, ne peut faire autrement que d'être
obligée de passer ou de traverser des propriétés qui
appartiennent à l'heure actuelle au fédéral. A cet effet,
elle doit donc obtenirdu fédéral pour cela un permis de passage
ou des droits de passage.
Autrement dit, le gouvernement du Québec n'a pas le choix, il est
obligé de négocier avec la Commission de la Capitale nationale et
il semble que ce soit cette dernière qui a le gros bout du
bâton.
Ce que je voudrais savoir du ministre, c'est où en sont les
négociations et s'il est exact qu'une entente doit intervenir assez
rapidement. Egalement, je voudrais savoir du ministre si, à l'heure
actuelle, il semble établi que, pour concéder des droits de
passage à Hydro-Québec, la Commission de la Capitale nationale
demanderait au Québec de lui céder l'administration et le
contrôle de terrains qui se trouvent le long selon les
informations que nous avons du ruisseau de la brasserie du terrain
appartenant à Hydro, dans le quartier Tétreault, ainsi que des
terrains que la société québécoise détient
le long de la rivière Outaouais?
M. Goldbloom: M. le Président, je crois ne pas avoir
besoin de dire à l'honorable député de Chicoutimi que je
n'essaie pas d'éviter de répondre à ses questions, mais la
Société d'aménagement de l'Outaouais n'est pas responsable
de ces négociations. Puisque ce sont des négociations
intergouvernementales, c'est le ministère des Affaires
intergouvernementales qui en est responsable. Le ministère des Affaires
intergouvernementales a créé une direction générale
qui s'occupe particulièrement de la région de l'Outaouais et des
négociations avec le gouvernement fédéral et ses
institutions. Effectivement, le fonctionnaire dont l'honorable
député de
Chicoutimi a mentionné le nom, M. Claude Diamant, est
attaché au ministère des Affaires intergouvernementales. Donc, je
ne suis pas en mesure de lui fournir les détails de ces
négociations qui se poursuivent à ce niveau normal et qui sont
entre les mains de ceux qui sont responsables de ce genre de
négociations avec d'autres gouvernements.
M. Bédard (Chicoutimi): Ecoutez, cela commence à
être difficile de faire l'étude des crédits, du
ministère des Affaires municipales. Quand on veut parler de
fiscalité municipale, on nous dit: Attendez le discours du budget, on ne
peut pas en parler. Quand on veut parler de certaines enquêtes, on nous
dit: Allez voir le ministère de la Justice. Quand on parlera de la
Société d'habitation, on nous dira sans doute encore: C'est entre
les mains du ministre de la Justice. C'est à se demander si les
crédits n'ont pas été placés, au temps où
nous les faisons, de façon stratégique, de manière
à permettre de ne répondre à presque aucune des questions
qui sont litigieuses à l'intérieur du ministère. Il est
à se demander jusqu'à quel point, avec toutes ces réponses
ou ces fins de non-recevoir à nos questions, le ministère des
Affaires municipales est presque entre les mains du ministère de la
Justice par rapport à bien des questions que nous avons posées et
auxquelles on a refusé de nous répondre parce que, effectivement,
le ministre de la Justice est là-dedans.
M. le Président, concernant certaines enquêtes, je suis
capable d'accepter le fait qu'étant donné que, soit que ce soit
sub judice, soit qu'il y ait une enquête approfondie qui se fasse de la
part du ministère de la Justice, à ce moment-là, on puisse
difficilement donner certains renseignements. Cela peut se concevoir, cela peut
même s'accepter, mais dans un cas comme celui-là, j'accepte
difficilement la réponse du ministre qui nous dit qu'effectivement, les
négociations se poursuivent et qu'il ne peut pas répondre,
autrementdit, que cela ne relève pas de la juridiction de la
Société d'aménagement de l'Outaouais. Il reste une chose.
Il me semble que la Société d'aménagement de l'Outaouais,
si elle porte véritablement son nom, si elle fait véritablement
son travail, se doit de travailler en fontion de l'aménagement du
territoire, et, travaillant dans ce sens, elle ne peut pas faire autrement
qu'être au courant, j'imagine, de ce qui se passe sur un fait aussi
important que celui que je viens de mentionner. Qu'est-ce que cela vaut, la
Société d'aménagement de l'Outaouais, si, sur une
décision aussi capitale qui doit être prise avant longtemps elle
n'a même pas droit de regard, si le ministre des Affaires municipales n'a
pas d'autre réponse que de nous dire: Ecoutez, le dossier est encore
dans un autre ministère? Quand ce n'est pas le ministère de la
Justice, c'est le ministère des Affaires intergouvernementales.
M. Goldbloom: M. le Président, je pense bien que le
journal des Débats démontrera que nous avons passé un
temps considérable à discuter de sujets qui relèvent
directement du ministère et à fournir des réponses aux
questions.
Le député de Chicoutimi se rappellera qu'à la fin
de la dernière session, au mois de décembre, il y a eu une loi
qui a été adoptée, qui a précisé et
renforcé les pouvoirs du ministère des Affaires
intergouvernementales, et qui a rendu très claire la
responsabilité de ce ministère dans toutes les
négociations avec d'autres gouvernements. C'est par respect pour cela,
d'abord, et ensuite à cause du fait que la Société
d'aménagement de l'Outaouais est un organisme d'administration et
d'exécution ce n'est pas un organisme de négociation
que nous n'avons pas, à ce niveau, tous les
éléments de réponses que voudrait avoir l'honorable
député de Chicoutimi.
Il est évident que non seulement le droit de passage
d'Hydro-Québec, mais aussi le réseau routier posent certains
problèmes qui doivent être résolus. A cause d'importantes
acquisitions de terrains par la Commission de la capitale nationale dans la
région, il y a, évidemment, des relations à entretenir
avec cet organisme et des solutions à trouver en consultation et en
négociation avec cet organisme. Cela est vrai, mais il me semble que, si
l'on veut savoir comment se déroulent les négociations, il faut
poser cette question à celui qui est responsable des
négociations. Moi, je peux répondre d'une façon
générale: Les négociations vont bon train. Mais...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous ne pouvez même pas
répondre d'une façon générale. Vous n'êtes
pas... En vertu de quoi pouvez-vous dire d'une façon
générale que les négociations vont bon train?
M. Goldbloom: Parce que je suis informé qu'il y a des
discussions qui se poursuivent. C'est tout ce...
M. Bédard (Chicoutimi): Si je com prends bien...
M. Goldbloom: ... qui se poursuivent dans un climat de
cordialité.
M. Bédard (Chicoutimi): Si je comprends bien...
M. Goldbloom: Parce que nous sommes dans un pays
fédéral où nous nous entendons bien avec les autres
éléments de ce pays.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, ne détournez pas la
question. Autrement dit, le ministre des Affaires municipales, à partir
du moment où il y a des discussions, en tire nécessairement la
conclusion que les discussions vont bien. Même des discussions sans
animosité ou des discussions avec animosité, cela ne donne pas
nécessairement la permission ou la possibilité de tirer la
conclusion que les négociations vont bien. Au moins, que le ministre ne
me dise pas que les négociations vont bien. Il ne sait même pas
comment elles vont. Ou encore, s'il le sait c'est ce que je voudrais
savoir sur quoi le ministre se base-t-il pour dire que les
négociations vont bien?
M. Goldbloom: Simplement parce que je...
M. Bédard (Chicoutimi): Parce que vous ne vous êtes
pas informé.
M. Goldbloom: J'ai l'information générale que les
discussions se poursuivent et qu'on entrevoit un règlement des
questions, et qu'il n'y a pas de difficultés majeures qui ont
été exposées, par exemple, devant le conseil des
ministres, pour nous indiquer qu'il y a des obstacles à la conclusion
d'une entente. Mais il faudra encore un peu de temps pour que ces ententes
soient conclues.
Il y a aussi les municipalités qui sont concernées et qui
ont exprimé des points de vue sur ces droits de passage. Ces questions
ne sont pas encore réglées.
M. Bédard (Chicoutimi): Que la Société
d'aménagement de l'Outaouais, comme l'a dit le ministre, ne soit pas un
organisme de négociation, mais qu'elle soit un organisme de discussion,
je peux en convenir avec le ministre, mais il faudrait quand même savoir
jusqu'à quel point elle peut jouer son rôle d'être un
organisme de discussion si elle n'a pas un mot à dire dans les
négociations qui se déroulent présentement, surtout parce
que cela la regarde d'une façon tout à fait particulière,
puisque j'imagine que la Société d'aménagement de
l'Outaouais avait quand même rédigé un certain
schéma d'aménagement de l'utilisation des territoires dont il est
question, et qu'à ce moment on est en train, quand même, de
chambarder ça. Il y a des décisions qui peuvent chambarder
certaines décisions.
M. Goldbloom: M. le Président, soyons clairs. Ce n'est pas
la Société d'aménagement de l'Outaouais qui prépare
le schéma d'aménagement de l'Outaouais.
M. Bédard (Chicoutimi): Elle a son mot à dire.
Pourquoi s'appelle-t-elle société d'aménagement? Elle a
quelque chose à dire sur l'aménagement du territoire, sinon
qu'est-ce que vaut son nom?
M. Goldbloom: M. le Président, le nom a été
donné par des gens qui ont eu la responsabilité gouvernementale
avant celui qui vous parle. Le mot, le nom prête à une certaine
confusion. Le nom Société d'aménagement de l'Outaouais
donne l'impression que c'est l'organisme qui va préparer le
schéma d'aménagement de l'Outaouais et va avoir son mot à
dire sur l'aménagement de tout le territoire.
Cela n'est pas le cas. Ce pouvoir aété donné par
cette même loi adoptée en 1969 et par la modification que nous
avons apportée le 31 juillet dernier à la Communauté
régionale de l'Outaouais. C'est la communauté qui est
chargée de préparer et d'appliquer un schéma
d'aménagement.
Dans le cas qui nous concerne, les terrains qui sont en discussion ne
sont point les terrains qui sont sous l'administration de la
Société d'aménagement de l'Outaouais, qui est un organisme
d'administration, nonobstant son nom, que je n'ai pas choisi et que je serais
bien prêt à changer si la confusion est telle que l'on n'est pas
capable de définir, dans l'es- prit des gens, le vrai rôle de
chacun des organismes qui existent.
M. Bédard (Chicoutimi): Puisque vous semblez nous dire que
c'est plutôt la Commission régionale de l'Outaouais qui serait
concernée, est-ce qu'il y a une représentation, à l'heure
actuelle, de la part de la Commission régionale de l'Outaouais, à
l'intérieur des discussions qui se font concernant le...
M. Goldbloom: II faudrait que je m'informe sur ce point
précis. Partons des terrains qui appartiennent à
Hydro-Québec et qui sont visés par celle-ci, qui appartiennent
à la Commission de la Capitale nationale, comme le député
a défini la problématique au début. C'est une
négociation qui se poursuit au niveau du ministère des Affaires
intergouvernementales.
Le schéma d'aménagement de l'Outaouais n'est pasencore
créé. C'est un travail qui est présentement en cours. Il y
a eu certaines difficultés à avoir le personnel nécessaire
pour la poursuite de ce travail. Moi-même, j'ai cherché à
affecter un fonctionnaire à cette tâche pour aider les
responsables locaux dans la confection du schéma, et ce n'est qu'il y a
peut-être un mois que j'ai pu trouver une personne additionnelle et
l'affecter à cette tâche, parce que notre direction
générale de l'urbanisme était à ce moment-là
surchargée d'autres dossiers et ne pouvait libérer une personne
pour aller dans l'Outaouais et travailler de façon
régulière avec les responsables locaux.
Ce schéma n'existant pas présentement, les
négociations doivent se poursuivre selon le schéma provisoire qui
existe, mais qui ne semble pas être profondément chambardé
par ce qui est proposé, compte tenu du fait que les lignes
d'Hydro-Québec doivent passer. Il n'y a qu'un éventail
limité d'options quant au tracé à donner à ces
lignes.
Hydro-Québec a fait certaines propositions; il y a eu des
réactions de la part de certaines municipalités, notamment une,
qui n'a pas été tout à fait heureuse de la proposition et
qui a fait valoir son point de vue et qui a eu des discussions avec
HydroQuébec.
Mais, c'est toujours une responsabilité intergouvernementale et
cela est confirmé par la récente loi qui dit que ce n'est pas
à d'autres niveaux que les négociations doivent se poursuivre. Je
suis convaincu que si des conversations ont été
nécessaires avec la CRO, elles ont eu lieu et auront lieu.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais est-ce que je dois
comprendre, de ce que nous dit le ministre, que les transferts de terrains dont
il est question ne semblent pas venir en contradiction avec le schéma
provisoire d'aménagement pour employer l'expression du ministre?
M. Goldbloom: Cela ne doit pas venir en contradiction, parce que
j'ai dit hier, je pense, que quand on a un schéma d'aménagement
et quand il y a un projet majeur qui est proposé, on doit être en
mesure d'ajuster le schéma d'aménagement pour tenir compte de ce
projet majeur. L'alimentation en
énergie électrique est une chose indispensable de nos
jours. Hydro-Québec vient avec une proposition. Si cette proposition
doit nous amener à revoir des éléments d'un schéma
d'aménagement, puisqu'il y a en perspective un certain échange de
terrains, c'est-à-dire que l'affectation des terrains qui devront
être pris par Hydro pour les fins de ses lignes de transmission serait
transférée aux autres terrains qui seraient cédés
en échange. Cela ne semble pas poser de problème
insurmontable.
M. Bédard (Chicoutimi): Je voudrais bien croire le
ministre dans tout ce qu'il m'a dit, mais ce qui m'amène à poser
d'autres questions, c'est qu'effectivement il m'a dit tout à l'heure,
à propos de ces négociations que la seule chose qu'il pouvait
nous dire, c'est qu'elles allaient bien et qu'il ne semblait pas y avoir
d'autres implications dans le dossier que celle de pouvoir nous dire qu'il
semble que les négociations vont bien.
Que le ministre nous dise que ce transfert de terrains ou encore ce
nouvel aménagement qui peut être possible ne doive pas venir en
contradiction avec le schéma d'aménagement provisoire, j'en
conviens, mais ce que je voudrais savoir, c'est si le ministre a des garanties
à nous donner dans le sens qu'au moins ce schéma provisoire
puisse être respecté. Autrement dit, le ministre peut-il nous dire
s'il y a, à l'intérieur des négociations, des personnes du
ministère des Affaires municipales qui y sont présentes, des
représentants de l'OPDQ qui s'occupent de ces questions? Y a-t-il des
représentants de la Commission régionale de l'Outaouais pour
faire valoir le point de vue de l'aménagement de ce territoire? Y en
a-t-il?
M. Goldbloom: M. le Président, il y a eu des discussions
sur ces questions qui ont défini un point de vue québécois
dans ces négociations. A partir de ces discussions, il a
été possible pour le ministère des Affaires
intergouvernementales d'aller à la table de négociations avec son
dossier. Il ne semble pas nécessaire en ce moment d'avoir
continuellement la présence d'autres personnes représentant
d'autres secteurs de responsabilités.
C'est un cas classique où il faut finir pardécider quelque
chose, parce qu'on a besoin des lignes d'électricité. Cette
décision ne pourra répondre aux ardents désirs de tout le
monde, parce qu'il est clair que certaines personnes dans la région,
voulant éviter que les lignes de transmission passent sur leur terrain
ou dans leur quatier ou dans leur municipalité, voudraient éviter
qu'il y ait quoi que ce soit, mais il faut qu'il y ait quelque chose.
Cela me fait penser au genre de situations auxquelles je fais face dans
certaines régions où une étude est poursuivie pour
déterminer où l'on doit créer un centre régional
pour l'élimination des déchets. Dès qu'il y a un rapport
le rapport est rendu public chaque municipalité adopte une
résolution disant: On est d'accord qu'il y ait un centre
régional, mais pas chez nous. Mais il est évident qu'on n'aime
pas voir des lignes de transmission. J'ai même de la correspondance de la
part de personnes qui se prononcent sur l'esthétique des...
M. Bédard (Chicoutimi): Me permettez-vous une
précision? Je n'en suis pas sur le fait qu'il y ait
nécessité ou pas d'avoir des lignes de transmission, j'en suis
sur le fait que si elles passent à tel end roit, si Hydro obtient un
droit de passage, cela veut dire quoi par rapport à la
possibilité du Québec d'être obligé de céder
une autre partie de terrain en échange de celui qui n'est pas
cédé à l'heure actuelle dans le Québec par le
fédéral.
M. Goldbloom: M. le Président, quand on est dans une
négociation, on tient pour acquis qu'il faudra, surtout dans une
situation de cette nature, échanger quelque chose contre quelque chose
de différent. Cela veut dire que l'on doit évaluer les avantages
et les désavantages de chaque solution possible. Ce n'est pas à
partir d'une rigidité quant à l'intégrité d'un
schéma d'aménagement que l'on peut mener une négociation
valable. Il faut que le schéma régional d'aménagement,
provisoire aujourd'hui et permanent, c'est-à-dire définitif,
demain, s'ajuste à cette nouvelle situation et cela d'une façon
raisonnable. Il n'est pas possible pour nous de dire: Nous n'accepterons
simplement pas telle ou telle chose quand il faut trouver une solution. C'est
notre organisme paragouvernemental, Hydro-Québec, qui nous dit: II faut
fournir une ligne de transmission de telle importance et à peu
près sur tel tracé. A partir de ce moment, le schéma
d'aménagement est appelé à s'ajuster à ces
exigences et à trouver le meilleur accommodement possible.
M. Bédard (Chicoutimi): D'après ce que me dit le
ministre, autrement dit, le Québec, concernant le problème de
l'Outaouais dont on parle, est prêt, d'avance accepte de faire son
schéma d'aménagement et de le modifier en conséquence tout
simplement en se basant sur le reste des terrains que le fédéral
voudra bien laisser au Québec.
M. Goldbloom: M. le Président, je m'excuse, mais c'est
exactement le contraire que fait le Québec.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce le contraire qu'il a fait
en Mauricie? C'est le contraire...
M. Goldbloom: M. le Président, je m'excuse, le
Québec prend sa position en vertu de ce qu'Hydro-Québec lui
dit.
M. Bédard (Chicoutimi): Quelle est la position du
Québec face à la situation dont on parle? Il a besoin d'un droit
de passage pour les lignes de transmission, est-ce que le Québec semble
disposé à céder du terrain en échange de ce droit
de passage?
M. Goldbloom: M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Quand on parle de territoire, il
me semble que c'est important, la cession de territoire.
M. Goldbloom : Bon, le point de vue d u Québec, c'est
d'aller négocier les besoins d'Hydro-Québec. C'est cela la
position du Québec.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que vous admettez que les
terrains qui vont être cédés en échange ne pourront
plus être planifiés, parce qu'à ce moment, ils vont
appartenir au fédéral?
M. Goldbloom: M. le Président, je ne suis pas le
raisonnement du député...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous suivez très bien le
raisonnement. On ne peut quand même pas aménager, avoir toute la
latitude pour aménager le terrain des autres. On ne peut vraiment
aménager que son propre terrain, ce qui nous appartient vraiment. Or, si
vous cédez, en échange du droit de passage que vous exigez,
d'autres terrains au fédéral, à ce moment, vous acceptez
d'avance que, pour l'aménagement de ce territoire, il faudra passer par
la permission d'Ottawa.
M. Goldbloom: Oui, mais le raisonnement du député
de Chicoutimi nous mène à la conclusion que nous ne devrions rien
donner en échange des terrains qui sont nécessaires pour les
besoins d'Hydro-Québec et de la population de la région. Si on ne
donne rien en échange, c'est une transaction tout à fait
différente. On devrait, à ce moment, aller racheter des terrains
qui sont présentement entre les mains de la Commission de la Capitale
nationale et ne rien donner en échange.
M. Bédard (Chicoutimi): II y a la possibilité...
M. Goldbloom: II y aurait une façon de...
M. Bédard (Chicoutimi): Non, mais il y a la
pos-possibilité de donner de l'argent en échange et non pas
échanger des terrains, donner de la propriété.
M. Goldbloom: Oui, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne voudrais me chicaner avec le
ministre sur ce problème, mais il reste, par exemple, que, à la
suite du droit de passage consenti par le fédéral, le
Québec cède entre autres des terrains qu'il détient le
long de la rivière Ou-taouais.
A ce moment, vous convenez avec moi que, quand viendra la question de
l'aménagement du territoire, ce sera difficile. Il va falloir ajuster ce
schéma d'aménagement, puisqu'à ce moment, cette partie de
terrain n'appartiendra plus au Québec, et il ne pourra être
planifié en fonction des idées du Québec ou de l'Outaouais
qu'avec la permission d'Ottawa.
M. Goldbloom: Mais, M. le Président, nous avons quand
même notre mot à dire, même quand c'est la Commission de la
capitale nationale, ou le gouvernement fédéral comme tel, qui
prend certaines décisions qui nous touchent. Il faut dire que si l'on
veut acheter les terrains plutôt qu'en donner d'autres en échange,
l'argent dépensé pour cet achat ne serait plus disponible pour
des subventions aux municipalités ou pour des assistés sociaux ou
pour l'éducation, ou pour n'importe quel autre besoin
québécois. Peut-on simplement donner de l'argent et donner cette
priorité comme étant au sommet de nos préoccupations de ne
pas laisser la Commission de la Capitale nationale prendre possession d'autres
terrains que ceux qu'elle a présentement et, pour conserver cela,
limiter la possibilité de dépenser dans d'autres domaines
où les besoins sont évidents? C'est une question qui se pose. Ce
n'est pas le point de vue du gouvernement de vouloir faire cela, c'est le point
de vue du gouvernement d'uti liser son argent à d'autres fins et de
négocier un échange de terrains.
M. Bédard (Chicoutimi): Si on suivait votre raisonnement
jusqu'à la limite, cela veut dire que la meilleure politique
c'est peut-être celle du gouvernement, j'ose espérer que ce n'est
pas le cas serait tout simplement de céder du terrain et de
continuer à en céder constamment, de manière à
garder notre argent pour mieux répondre aux besoins des citoyens qui,
à ce moment-là, vivraient sur le terrain qui appartient aux
autres.
M. Goldbloom : Soyons logiques!
M. Bédard (Chicoutimi): C'est cela votre logique!
M. Goldbloom : Où, dans la province, sommes-nous dans la
situation où nous sommes invités à céder du
terrain?
M. Bédard (Chicoutimi): Vous avez eu Mirabel. Et ce qui
arrive, là est exactement la situation qui a été à
l'origine du parc fédéral de la Mauricie, où Québec
a dû céder du terrain à Ottawa, pour avoir le droit de
passage. C'est exactement la même chose. Dans le parc national de la
Mauricie, au début de tout cela, le Québec a été
obligé de céder de la propriété pour obtenir un
droit de passage, avec la situation qu'à l'heure actuelle, c'est une
propriété fédérale, à l'intérieur du
Québec.
M. Goldbloom: Et c'est mauvais?
M. Bédard (Chicoutimi): Voyons donc! C'est clair.
M. Gratton: M. le Président, une question de
règlement.
M. Bédard (Chicoutimi): A moins que vous me disiez que
c'est bon que le terrain du Québec appartienne aux autres.
Le Président (M. Picard): Sur une question de
règlement, le député de Gatineau.
M.Gratton: Je m'excuse, je ne voudrais pas être
déplaisant à l'égard du député de
Chicoutimi, mais il me semble que nous ne sommes pas du tout à la
discussion des crédits de la Société
d'aménagement. Nous sommes en train de discuter de la politique des
Affaires intergouvernementales, en ce qui concerne les échanges de
terrains. A mon avis, si je lis le titre du programme, c'est: "II vise à
favoriser l'essor économique de la région de l'Outaouais par la
réalisation de projets d'équipement industriel, commercial,
récréatif et touristique." Je ne vois pas ce que l'échange
de terrains et les grandes politiques du gouvernement du Québec
vis-à-vis de ces échanges de terrains viennent faire à la
discussion des crédits. Il me semble que c'est à l'étude
des crédits des Affaires intergouvernementales qu'il faudrait faire ce
débat.
Le Président (M. Picard): Sur le point de
règlement.
M. Bédard (Chicoutimi): Sur le point de règlement,
M. le Président, on parle d'un cas où il peut y avoir une cession
de territoire en échange d'un droit de passage. Si une cession de
territoire ne représente pas au bout de la ligne des montants d'argent,
c'est comme rien, je ne comprends plus le raisonnement qui est
énoncé par...
M. Gratton: Ce n'est pas la Société
d'aménagement qui va débourser ces montants d'argent.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, mais le territoire, à
l'heure actuelle, appartient au gouvernement. On sait ce que cela coûte
quand on doit racheter du territoire qui ne nous appartient pas. Il s'agit de
se rappeler le cas de l'île d'Anticosti, où il a fallu
débourser $24 millions.
Le Président (M. Picard): Sur le point de
règlement.
M. Goldbloom : Non, M. le Président, je pense que...
Le Président (M. Picard): Sur le point de
règlement, je pense que le député de Gatineau a
parfaitement raison. Il y a longtemps que j'écoute la discussion. On
discute de l'aménagement du territoire et on a dit tantôt que cet
aménagement du territoire était la responsabilité de la
Commission régionale de l'Outaouais, ce qui n'est pas le programme qu'on
étudie présentement.
On a discuté des négociations avec la Commission de la
capitale nationale et on a établi que cela relevait du ministère
des Affaires intergouvernementales. Maintenant, le programme...
M. Bédard (Chicoutimi): Ce sont les négociations,
M. le Président, qui relèvent des Affaires
intergouvernementales.
Le Président (M. Picard): Le programme no 4 il a
été entendu que nous étions pour l'étudier en
priorité ce matin a une mission administrative pour laquelle on
demande des crédits de l'ordre de $4 millions. Est-ce qu'on pourra avoir
des questions en rapport avec cette mission administrative de la
Société d'aménagement de l'Outaouais, des questions
relativement à ces $4 millions qu'on est appelé à
voter?
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que la SAO a des terrains
qui lui appartiennent dans ceux que j'ai mentionnés tout à
l'heure? Il est question qu'ils puissent être cédés en
échange du droit de passage.
M. Goldbloom: Non, M. le Président. Je l'ai
déjà dit. C'est un point que j'ai voulu souligner. Il n'y a pas
de terrain de la SAO qui sont visés par les négociations.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que la SAO avait
commencé, dans son schéma provisoire d'aménagement,
à émettre certaines idées précises concernant
l'aménagement des territoires dont j'ai parlé tout à
l'heure, qui sont quand même situés dans cet...
M. Goldbloom: Non, parce que c'est la CRO, la Communauté
régionale de l'Outaouais, qui est chargée de la
préparation du schéma d'aménagement. La
Société d'aménagement et... Je pense que nous devrons, au
cours des prochains mois, nous pencher sur le nom de cet organisme, nous avons
tant de difficultés à garder claires dans l'esprit des gens la
nature et la responsabilité de chaque instance d'action dans
l'Outaouais. La Société d'aménagement a pour
responsabilité de créer des ressources touristiques et de
récréation et de les gérer. Le territoire je
m'excuse, simplement pour compléter ma réponse à
l'intérieur duquel la SAO peut exercer son action, est encore plus vaste
que celui de la communauté régionale ou celui visé par la
Commission de la capitale nationale qui revient essentiellement à la
même chose. C'est aussi la responsabilité de la SAO de
créer et de gérer, dans une certaine mesure, des parcs
industriels. Il y en a trois dans la région. La SAO s'en occupe. Donc,
c'est là le cadre de son action.
M. Bédard (Chiooutimi): M. le Président, je sais
que le député de Gatineau aurait une question à poser. Il
doit être présent ailleurs, je n'ai pas objection, quitte à
continuer par après la discussion. Est-ce qu'il pose sa question?
Le Présidet (M. Picard): Le député de Gatineau.
M. Gratton ): Je remercie le député de Chicoutimi
pour sa collaboration. J'aimerais demander au ministre...
M. Bédard (Chicoutimi): Je vous remercie pour le point de
référence.
M. Gratton: Je vous en prie. Dans les crédits de $4
millions que nous sommes appelés à voter à la
Société d'aménagement, je crois comprendre qu'il y a un
certain montant qui est prévu pour l'acquisition de terrains et la mise
en branle d'un jardin zoologique dans le comté de Gatineau. Est-ce que
le ministre est en mesure de nous le confirmer et de nous dire de quel montant
il s'agit?
M. Goldbloom: Oui, je suis en mesure de confirmer qu'il y a un
montant qui est prévu à cette fin. Une précision, le
montant ne se trouve pas dans le budget, mais dans le montant
extrabudgétaire, mais il nous intéresse quand même; c'est
un montant de $1.5 million qui a été prévu pour cette fin,
pour la création du parc zoologique de la région.
M. Gratton: Merci, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Toujours concernant la
Société d'aménagement de l'Outaouais, est-ce que le
ministre peut nous dire où en est rendue la confection du schéma
définitif pour la région? Je vous pose cette question parce que,
l'an passé, à l'étude des crédits de l'OPDQ,
j'avais posé la question. On nous a répondu à ce moment
que le schéma d'aménagement final devait être prêt
dans un avenir très rapproché.
Il semble que toutes les études, en fait, avaient
été publiées à cet effet, avaient été
faites. En écoutant le ministre tout à l'heure, il semble que,
d'après lui, ou la connaissance de la situation qu'il a, on en est
encore seulement à un schéma provisoire très peu
avancé.
M. Goldbloom: M. le Président, je dois faire deux
distinctions: L'Office de planification et de développement du
Québec je l'ai dit hier entreprend la confection de dix ou
probablement neuf grands schémas régionaux, qui ne sont pas des
schémas détaillés qui permettraient à celui qui
habite une municipalité de savoir, à même ce schéma,
ce qui va arriver dans son coin, dans son quartierde sa municipalité. Le
travail de l'OPDQ progresse et non seulement le grand schéma
régional de l'Outaouais, mais d'autres aussi sont en bonne voie
d'être terminés. Mais ce ne sont pas les schémas
détaillés pour déterminer exactement ce que l'on fait avec
un terrain en particulier, et pour cela savoir est important si
l'usage proposé est conforme à un schéma
d'aménagement déterminé par la région
elle-même et par l'autorité supérieure.
Il faut donc un schéma qui vise un territoire plus restreint.
Là aussi, il y a une certaine confusion sémantique que j'ai
soulignée hier en indiquant que nous parlons de régions, voulant
dire des choses différentes. Alors, que ce soit très clair: La
grande région administrative aura son schéma très
général des orientations de développement
déterminées par l'Office de planification et de
développement du Québec. La région plus restreinte que
l'on appelle l'Outaouais et qui correspond au territoire de la
Communauté régionale de l'Outaouais sera visée par un
schéma préparé pas par l'OPDQ, mais par la
Communauté régionale de l'Outaouais. Un schéma plus
détaillé, un schéma avec lequel chaque plan directeur
d'urbanisme d'une municipalité membre devra être conforme, et ce'
schéma n'est pas encore préparé.
Il y a un dossier de schéma provisoire. Nous avons
déjà constaté que ce schéma provisoire ne
répond pas parfaitement aux besoins de la région. Donc, nous
avons adopté, en juillet dernier, une loi pour autoriser la
communauté régionale d'aller plus loin, et avec cette
autorisation, la communauté régionale a voulu aller plus loin.
Nous lui avons dit, et nous croyons que c'est important: Nous n'accepterons pas
que vous alliez plus loin, seulement en retenant les services d'un urbaniste
professionnel comme contractuel, seulement en donnant un contrat professionnel
à une firme pour la préparation de ce schéma. Parce que,
une fois ce schéma créé et adopté, il vous faudra
une permanence, un service d'urbanisme pour l'administrer et pour surveiller
son application et surveiller la conformité de chaque projet municipal
avec votre schéma. Donc, nous n'accepterons pas que vous donniez
seulement un contrat, sans retenir les services d'un fonctionnarisme valable
dans ce domaine.
Il arrive que, malheureusement, c'est un domaine d'activité
professionnelle où il y a pénurie de professionnels. A cause de
l'activité augmentée depuis peu de temps, les services de ceux
qui seront dans l'entreprise privée seront en demande. Il est assez
difficile, avec le rythme de l'activité professionnelle qui existe dans
l'économie québécoise présentement, d'aller
chercher, dans l'entreprise privée, des personnes d'expérience et
les amener à accepter des postes dans le fonctionnarisme municipal ou
même provincial. Pour cette raison, les efforts n'ont pas, jusqu'à
tout récemment, été fructueux. C'est, il y a deux ou trois
semaines seulement, que la CRO a réussi à embaucher un
fonctionnaire, qui est en même temps urbaniste professionnel.
Je tiens à souligner que même si cela règle un
problème pour la CRO, cela crée, en même temps, un
problème ailleurs parce que cette personne quitte une autre
municipalité pour aller à la CRO et laisse un trou dans l'autre
municipalité qui ne sera pas comblé demain matin d'après
ce que je peux prévoir. Mais voilà que nous avons depuis à
peine trois ou quatre semaines un urbaniste qui est embauché par la CRO,
un urbaniste que j'ai pu trouver, qui n'était pas dans notre direction
générale de l'urbanisme, mais que j'ai pu sortir de ses fonctions
précédentes et affecter à ce dossier.
Donc, le travail est en démarrage présentement pour des
raisonsqui étaient indépendantes de notre volonté.
Voilà la situation, M. le Président, et cette situation implique
l'OPDQ pour la région administrative avec les orientations de
développement, la CRO qui commence maintenant la définition d'un
schéma définitif et n'implique pas la Société
d'aménagement de l'Outaouais dont les fonctions sont
différentes.
M. Bédard (Chicoutimi): Une dernière question
concernant les négociations. Autrement dit, dans les négociations
qui ont lieu à l'heure actuelle dont on a parlé tout
à l'heure si je comprends bien le ministre, le Québec
n'écarte pas la possibilité de céder d'autres terrains au
fédéral en échange du droit de passage
d'Hydro-Québec.
M. Goldbloom: J'ai une suggestion à vous faire, M. le
Président et à faire aux membres de la commission qui sera, je
crois, constructive. Pendant notre discussion, j'ai pris l'initiative de
communiquer avec le ministre de la Fonction publique, qui
est en même temps ministre d'Etat aux Affaires
intergouvernementales et qui est responsable d u dossier des
négociations.
Il serait disponible pour venir cet après-midi et fournir le
genre de réponses plus précises qu'il est seul capable de
fournir. Si cela plaît aux membres de la commission, nous pourrons
peut-être suspendre cet aspect de la discussion, quitte à y
revenir cet après-midi.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui. Cela me conviendrait, surtout
qu'il a déjà pris une position très claire à savoir
qu'il n'était pas question de cession de terrain. Alors, on verra si la
logique continue. D'accord. On y reviendra cetaprès-midi, M. le
Président.
J'aurais d'autres questions concernant la Commission de
l'aménagement de l'Outaouais. Je voudrais savoir du ministre où
en sont rendus les neufs projets, les implantations des neufs complexes
touristiques projetés, dont trois étaient projetés
à l'intérieur de la ville de Hull. Quels sont les montants
d'argent qui ont été dépensés jusqu'à
maintenant et quel est l'échéancier?
M. Goldbloom: Quant à l'échéancier, quant au
progrès des dossiers, tous les neuf devront être ouverts
l'été prochain et cela nous permettra d'offrir cet avantage aux
gens de la région et aux visiteurs de la région.
Quant aux montants d'argent qui ont été
dépensés, je vais prendre les chiffres pour vous les communiquer,
M. le Président.
Nous avons dans le rapport annuel de la Société
d'aménagement les chiffres qui tiennent compte des trois parcs
industriels en même temps. Donc, il faudra que j'essaie de faire un peu
rapidement la ventilation de ces chiffres pour la bonne compréhension
des membres de la commission.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
M. Goldbloom: D'abord, nous parlons d'une somme totale de
$8,711,000 et cela représente l'acquisition et l'aménagement dans
les cas des équipements touristiques, des zones touristiques et des
parcs industriels. Dans le cas des parcs industriels, c'est l'acquisition
seulement qui est reflétée dans les chiffres. En additionnant
rapidement, c'est approximativement $1,900,000 qui ont été
consacrés à l'acquisition des terrains pour les trois parcs
industriels. Donc, grosso modo, nous avons $6,800,000 pour les secteurs
touristiques. Il y a les neuf zones dont on a parlé. Je les nomme pour
le journal des Débats, le lac Leamy, le lac de l'Argile, le lac
Beau-champ, le lac Simon, le lac Leslie, le lac des Iles, le lac Gagnon, le lac
Deschênes et la région de la Haute-Gatineau. Il y a aussi les
frayères Pélissier où on a dépensé $8,000
pour leur acquisition et, jusqu'à maintenant, pour le parc zoologique,
$13,000.
Je m'excuse, M. le Président. Les deux derniers chiffres que je
vous ai donnés ne sont pas pour l'acquisition, mais pour les
études préliminaires en vue de l'acquisition, les montants
étant minimes.
Pour l'aménagement, et cela concerne les neuf projets
exclusivement, c'est une somme de $2,745,000 qui a été
consacrée à l'aménagement de ces neuf...
M. Bédard (Chicoutimi): Et que vous vous proposez de
dépenser dans l'année.
M. Goldbloom: C'est le coût au 31 mars 1974. M.
Bédard (Chicoutimi): D'accord.
M. Goldbloom: C'est le dernier rapport annuel que nous avons de
disponible. Nous ne sommes qu'à quelques jours après le 31 mars
1975 et c'est ce qui a été affecté jusqu'à cette
date.
M. Bédard (Chicoutimi): Au sujet des trois parcs
industriels dont vous parlez, est-ce que le ministre est en mesure de nous dire
s'il y a certaines installations qui ont été
complétées ou si on en est seulement au stade de l'achat de
terrains, s'il y a des industries qui se sont déjà
implantées à l'heure actuelle?
M. Goldbloom: Le parc du centre, qui compte à peu
près 150 acres, est maintenant presque rempli. Dans le parc de l'est, il
y a les services qui sont en place et la vente... Alors, nous avons le parc du
centre qui est essentiellement complet, nous avons le parc de l'est où
les services s'installent et les terrains se vendent présentement. Le
parc de l'ouest n'a pas encore été développé au
même degré.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que la plupart de ces
industries implantées dans le nouveau parc industriel proviennent du
centre-ville de Hull, conformément à une certaine
stratégie de développement ou d'assainissement qui tendait
à libérer le plus possible le centre-ville de Hull des industries
pour les acheminer dans les parcs extérieurs?
M. Goldbloom: Effectivement, M. le Président, plusieurs
industries sont maintenant déménagées dans le parc
industriel. Il a fallu les déplacer par expropriation.
On sait quel développement se poursuit présentement dans
le centre ville de Hull, le réseau routier qui se bâtit et les
nouveaux édifices qui se construisent. Donc il y a eu de nombreux
déplacements, mais il y a eu aussi des expansions d'industrie et
l'expansion a eu lieu dans le parc. Il y a eu aussi de nouvelles industries qui
sont venues.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que vous pouvez nous
préciser l'origine de ces nouvelles industries, de l'extérieur du
Québec, simplement pour savoir? Ou encore du Québec
lui-même?
M. Goldbloom: Est-ce que le député de Chicoutimi
est intéressé par l'origine géographique des
industries?
M. Bédard (Chicoutimi): Si elles viennent de
l'extérieur, les nouvelles industries. Simplement ce détail.
M. Goldbloom: II y a, dans le rapport annuel, une liste des
industries, les nouvelles sont surtout des industries de service. Il y a une
grande imprimerie, par exemple, qui est venue s'installer là. Est-ce que
c'est une nouvelle création? C'est une industrie qui existait en
Ontario, mais qui n'avait pas d'usine au Québec. Elle est venue
bâtir une usine au Québec, dans le parc industriel. Donc, c'est
une acquisition.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce sera tout concernant la
société d'aménagement de l'Outaouais, sauf les...
Le Président (M. Picard): Est-ce que vous adoptez le
programme?
M. Bédard (Chicoutimi): Non, M. le Président, pour
la raison que nous avons convenu que le ministre de la Fonction publique
viendrait cet après-midi pour répondre à quelques
questions concernant la Société d'aménagement de
l'Outaouais.
Le Président (M. Picard): Les questions qui vont
être posées concernent plutôt l'aménagement du
territoire qui ne relève pas de cette société.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, on a pris
une entente au niveau de la commission tout à l'heure.
Le Président (M. Picard): Ce qui m'intéresse, c'est
de savoir si vous êtes prêt à adopter le programme no 4.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, M. le Président. On
n'est pas formaliste.
Le Président (M. Picard): Programme no 2. L'étude
du programme no 4 est suspendue. Programme no 2.
M. Bédard (Chicoutimi): On s'est bien compris, M. le
Président? Dès qu'on auraentendu le ministre de la Fonction
publique, ce ne sera pas très long, on acceptera le programme.
Le Président (M. Picard): II faudra vous rappeler,
lorsqu'on étudiera les crédits des Affaires
intergouvernementales, le débat sera terminé sur ce sujet.
M. Bédard (Chicoutimi): On verra, selon les
réponses qui nous seront données par le ministre de la Fonction
publique, s'il a plus de détails à nous don-nerque le ministre
des Affaires municipales, cela va clore la discussion.
M. Goldbloom: M. le Président, je remarque que le
député de Verchères a dû s'absenter temporairement,
je voudrais simplement vous rappeler qu'il avait demandé la parole et
que l'on pourra lui réserver le droit de parole à son retour.
Le Président (M. Picard): D'accord.
Aide et surveillance administratives et
financières (suite)
M. Bédard (Chicoutimi): Au niveau du programme 2, M. le
Président, à la lecture des crédits de l'an dernier, j'ai
pu constater qu'il y avait eu une assez longue discussion concernant le
problème de la spéculation foncière. Le ministre
s'était montré assez évasif dans ce sens il me
corrigera si ça n'est pas l'impression qu'il voulait donner en
disant que c'était un problème important, qu'il verrait à
s'en occuper. Entre autres, tout en lisant le journal des Débats, le
ministre avait annoncé qu'il y avait un groupe à
l'intérieur de son ministère qui s'en occupait d'une façon
particulière, un groupe de direction qui était composé, je
cite le ministre: "C'est le groupe que nous appelons groupe de direction du
ministère, composé du ministre, du sous-ministre, des trois
sous-ministres adjoints, avec les divers services et directions
générales qui peuvent contribuer à ce travail. Je pense
bien qu'au cours des prochaines semaines, nous serons en mesure de tirer
certaines conclusions et de formuler des commentaires et des recommandations
à l'intention du conseil des ministres."
Je voudrais savoir si, tel qu'il le prévoyait, il a tiré
certaines conclusions? Quelles sont-elles et ont-elles été
acheminées vers le conseil des ministres?
M. Goldbloom: M. le Président, nous avons regardé
ce problème qui est assez complexe. Il y a deux décisions
fondamentales qui ont été prises. La première visite
à observer pendant un peu plus de temps les effets de la loi ontarienne,
une loi qui a été adoptée il y une année ou
à peu près, peut-être un peu plus maintenant, dont les
effets ne sont pas encore tout à fait clairs.
Nous en avons certains échos. J'ai eu certaines conversations
avec mes homologues ontariens qui admettent que, peut-être, la loi aurait
pu être rédigée un peu différemment et que, dans le
désir d'être efficace en restreignant la spéculation, on a
eu certains effets aussi, des effets contraignants, quant au
développement normal.
Cela n'étant pas le désir, ce n'est pas toujours facile de
tracer une distinction claire entre développement normal et
spéculation. Nous avons voulu poursuivre cette observation un peu plus
longtemps avant d'agir dans notre propre contexte.
Deuxièmement, il est clair que, dans la mesure où la
spéculation a son effet sur le marché du logement, c'est un effet
qui va à l'encontre des intérêts du consommateur qui
s'adresse à ce marché. Pour cette raison et on le sait, M.
le Président le ministère des Institutions
financières, dont le ministre est chargé de l'application de la
Loi de la protection du consommateur, a, de son côté, entrepris
certains travaux et cherche à donner certaines protections à
l'acheteur de maison.
Donc, il y a un lien entre ces deux préoccupations et nous sommes
convaincus que nous devons marier tout cela afin de pouvoir agir d'une
façon valable dans ce domaine.
On sait qu'il y a de la spéculation, on sait aussi que ce n'est
pas un phénomène nouveau. Ce n'est
pas une découverte récente, la spéculation
foncière. C'est une chose avec laquelle nous vivons depuis des
décennies et probablement depuis des siècles, mais certainement
depuis de nombreuses décennies.»
L'idée que l'on peut tout simplement adopter une loi et dire
qu'il n'y aura pas de spéculation ou que la spéculation sera
pénalisée de telle ou de telle façon, c'est une
idée qui est malheureusement un peu trop simpliste pour la
complexité du problème qui nous confronte. Nous avons eu des
représentations de la part de personnes qui, en toute
sincérité eten toute légitimité, poursuivent un
travail de développement et nous disent qu'il ne faudra pas aller aussi
loin que certaines autres instances gouvernementales sont allées.
Pour cette raison, nous essayons d'apprécier l'impact de chaque
chose, de chaque geste que l'on pourrait poser.
M. Bédard (Chicoutimi): A la condition que vous en
posiez.
M. Goldbloom: Oui, certainement, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): En fait, on sait qu'il y a de la
spéculation depuis des décennies, d'accord. Que le
problème soit complexe, d'accord. Mais ce n'est pas parce qu'il est
complexe qu'il ne faut pas légiférer, qu'il ne faut pas essayer
de trouver une solution. D'autres pays l'ont trouvée avant nous,
même d'autres provinces, étant au courant, comme nous, de
l'omniprésence de la spéculation foncière, ont quand
même trouvé le moyen de légiférer. Entre autres,
l'Ontario a étudié le problème. Elle ne l'a pas
étudié des années et des années. A un moment
donné, elle a décidé de poser des gestes concrets, en
termes de législation.
On sait que c'est la même chose pour la Colombie-Britannique; cela
fait 75 ans que les pays Scandinaves ont des lois concernant la
spéculation foncière; les pays européens,
également, ont des lois très précises concernant la
spéculation foncière.
Il me semble qu'il y a déjà quand même passablement
de gestes qui ont été posés et de lois adoptées par
d'autres que nous, pour avoir une idée assez précise pour au
moins commencer une législation dans ce sens.
M. Goldbloom: Oui. M. le Président, est-ce que...
M. Bédard (Chicoutimi): M. le ministre, à moins que
je vous aie mal compris, c'est qu'on n'est pas plus avancé qu'aux
derniers crédits de mai I974. On a été étudier le
problème. Il est complexe.
M. Goldbloom: M. le Président, puis-je poser une question
au député de Chicoutimi? Dans quel pays européen
aimerait-il aller acheter une maison? Quel est le coût des maisons dans
ces pays qui ont ce genre de législation? Ce coût est beaucoup
plus fort que chez nous. Ce n'est pas...
M. Bédard (Chicoutimi): Si vous ne légiférez
pas ici, le coût devient prohibitif. Les gens sont rendus qu'ils
ont...
M. Goldbloom: M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): ... de la difficulté
à prend re la décision de se construire, parce que c'est rendu
prohibitif et vous le savez.
M. Goldbloom: II y a effectivement...
M. Bédard (Chicoutimi): Les terrains sont devenus
prohibitifs au point de vue des coûts...
M. Goldbloom: ...M. le Président, pour certaines
personnes, une difficulté de s'adresser au marché du logement. On
le sait et on sait aussi qu'il y a un secteur nous en reparlerons sans
doute quand nous parlerons de la Société d'habitation du
Québec qui est principalement notre responsabilité, qui
est celui des gens qui ne pourront jamais s'adresser au marché du
logement, sans aide.
Le gouvernement fédéral a voulu consacrer son intention
à un autre secteur, à une autre tranche de la population, cette
tranche qui voudrait aller vers le marché et s'acheter une maison. Si
l'aide du fédéral n'était pas disponible, la
différence pour ces familles ne serait pas la différence entre
tout et rien, ce serait la différence entre l'achat, cette année,
et l'achat d'ici deux ou trois ans après l'accumulation d'un peu plus de
réserves pour le paiement du premier versement pour l'achat de la
maison. Mais nous avons la responsabilité des gens qui, même avec
ce genre d'aide, ne peuvent absolument pas songer à s'adresser au
marché. C'est en fonction de cela que nous regardons le comportement du
marché. Nous constatons que nous sommes quand même capables de
leur fournir du logement à un coût moindre que dans beaucoup
d'autres provinces canadien-neset Etats américains et beaucoup moins
cher que dans des pays européens où la solution est une aide
beaucoup plus forte sur le côté de l'aide sociale.
M. Bédard (Chicoutimi): On a plus de terrains aussi.
M. Goldbloom: Mais, ce phénomène donne une
société nettement différente de celle dans laquelle nous
vivons. L'autre bout.
M. Bédard (Chicoutimi): Allez-y. Je vous prends par le bon
bout. Allez-y. Mais il reste, M. le ministre, que vous semblez limiter le
problème de la spéculation foncière au domaine de
l'habitation. Ce n'est pas seulement cela le problème de la
spéculation foncière, ce n'est surtout pas uniquement cela. Il
s'agit de tout l'aménagement. Cela rejoint toute la question de
l'aménagement du territoire, ma question. Si on parle de parcs
industriels, de plans d'urbanisme, d'aménagement du territoire, à
ce moment, la question de la spéculation foncière se situe au
tout premier plan. Vous ne limitez pas, j'imagine, dans votre idée la
question de la spéculation foncière seulement à la
question de l'habitation.
M. Goldbloom: Non, M. le Président, mais il reste quand
même q ue c'est le citoyen individuel q ui voudrait obtenir à un
prix raisonnable son logement qui...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est une chose, il y a tout le
reste de l'aménagement du territoire.
M. Goldbloom: Oui, cela est vrai, mais c'est un aspect moins
aigu.
M. Bédard (Chicoutimi): Les espaces verts, par
exemple.
M. Goldbloom: Oui, M. le Président, nous en avons eu pour
assez peu d'argent à certains endroits dans la province. Il est vrai que
si nous voulons il le faut en acquérir sur l'île de
Montréal, il faudra payer plus cher que cela. Il faudra prévoir
un programme à cette fin, ce qui n'est pas encore le cas. La
Communauté urbaine de Montréal n'a pas encore agi dans ce domaine
important, mais nous avons quand même été en mesure
d'acquérir, pour des sommes qui nous semblent assez raisonnables, des
espaces importants pour les garder comme espaces publics à l'intention
de la collectivité.
M. Bédard (Chicoutimi): Prenez l'aménagement des
parcs industriels. Vous savez que, dans un cas, et peut-être dans
d'autres, vous avez même dû faire certaines enquêtes ou
encore poser certains gestes pour qu'on n'assiste pas à une escalade de
la spéculation foncière.
Autant que le domaine de l'habitation, ce sont des problèmes qui
regardent la spéculation foncière. Que fait le gouvernement de ce
côté?
M. Goldbloom: C'est en partie une question de marché. Il
est évident que, là où le développement
s'accélère, il y a une accélération de
l'augmentation des valeurs immobilières.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est peut-être une question
de marché, mais n'est-ce pas surtout une politique d'affectation des
sols, de manière à pouvoir contrer les spéculateurs? I
M. Goldbloom: C'est-à-dire que si l'on retire du
marché libre certains terrains, on les garde pour des fins que l'on
détermine, selon les priorités de la collectivité; mais,
en même temps, si, dans cette même région, il y a un
développement qui se poursuit, si on réduit le nombre de terrains
disponibles, on ne baissera sûrement pas le prix des autres terrains, qui
seront toujours visés par ceux qui voudraient les acquérir. Ce
que nous constatons, et c'est peut-être le phénomène qui
doit nous préoccuper le plus, c'est qu'il y a des personnes qui, au lieu
de s'insérer dans l'engrenage normal, le rythme normal des transactions,
achètent en grande quantité et gardent, pour en tirer un profit
ultérieur, des terrains importants. Cela nous cause certains
problèmes: pénurie de terrains disponibles, donc prix plus
élevés des terrains qui sont disponibles, et nous devrons
regarder cela en appliquant la Loi sur l'évaluation foncière.
Peut-être que le fait que des achats se font par des personnes qui sont
relativement riches, à des prix qui sont élevés, a pour
effet d'augmenter la perspective générale dans laquelle
l'évaluation foncière est faite, et ainsi de placer l'ensemble
des terrains à un niveau plus élevé.
M. Bédard (Chicoutimi): II y a aussi tous ceux qui
achètent en fonction de certaines informations, ou encore de certaines
perspectives qu'ils se font.
M. Goldbloom: Oui, c'est là un aspect particulier.
M. Bédard (Chicoutimi): Les développements ne
peuvent faire autrement que d'aller dans une direction, surtout du point de vue
régional. M. le ministre le sait.
M. Goldbloom: Voilà un aspect particulier contre lequel
nous travaillons continuellement. Evidemment, nous ne réussissons pas
toujours.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce que je veux dire est:
Que faites-vous?
M. Goldbloom: Nous essayons, à tous les niveaux, de garder
secret le fait qu'il y aura un développement, jusqu'au moment où
le développement est décidé. Cela, en relation avec
l'action de l'Etat et des municipalités, par exemple, mais il n'y a pas
moyen de contrôler entièrement le marché et d'éviter
que des gens sachent ou soupçonnent qu'il y ait telle ou telle chose et
investissent de cette façon.
M. Bédard (Chicoutimi): Justement, au moins que le
gouvernement ait, je dirais, la même prévention, ou encore le
même flair. Je me dis: Le gouvernement doit avoir au moins le même
flair que ces personnes qui achètent des terrains, parce qu'elles savent
que le développement ne peut faire autrement que d'aller dans une
direction bien donnée. Là-dessus, au moins là où
c'est clair, il faudrait que le gouvernement agisse. Dans le cas des
régions, il me semble que c'est encore pi us facile à
déterminer. Si vous prenez le Haut-Saguenay, à l'heure actuelle,
où vous le savez, vous avez, d'une part, la ville de Jonquière
qui doit s'unir à la grande ville de Chicoutimi, il n'est pas
nécessaire d'être sorcier, il est clair que tous les hommes
d'affaires savent que cette agglomération devant devenir une grande
ville, qu'elle le devienne ou pas, les développements ne peuvent pas
faire autrement que de se faire dans des endroits très
précis.
A ce moment, il me semble que le gouvernement doit n'avoir au moins
autant de flair que ces hommes d'affaires, et prévoir... s'il n'y aurait
pas lieu d'acheter des terrains, de voir à s'approprier certains
terrains, de manière que, lorsque les développements viendront,
ils n'auront pas à payer des prix qui sont prohibitifs à ceux qui
ont été assez alertes pour les acheter avant.
M. Goldbloom: Là, M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Taxer les terrains aussi, en ce
qui regarde la spéculation foncière.
M, Goldbloom: ...l'honorable député vient de faire
une contradiction dans son raisonnement. Si le gouvernement acquiert, il n'est
plus en mesure de taxer. Au contraire, il est obligé de payer au lieu de
réclamer des taxes aux municipalités...
M. Bédard (Chicoutimi): Je suis d'accord. C'est clair que,
s'il l'achète, le problème n'est pas le même...
M. Goldbloom: Oui, mais M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): ...que s'il le laisse entre les
mains de ceux qui font de la spéculation.
M. Goldbloom: Là, on commence à cerner un
élément du problème, et j'étais sur le point de
demander à l'honorable député de bien vouloir cerner et
définir un peu mieux le problème qu'il pose. Nous parlons de
plusieurs aspects de ce que l'on appelle spéculation. Si son
raisonnement est que le gouvernement devrait avoir assez de flair pour aller
chercher des terrains dans des secteurs de développement,
prévoyant ainsi la nécessité d'en réserver
éventuellement, cela suppose deux choses. Cela suppose d'abord que le
gouvernement doit avoir une politique générale, à
l'échelle de la province, d'acquérir des terrains. Il est
évident que le gouvernement doit avoir une certaine politique de cette
nature. C'est le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche qui est responsable des parcs, et c'est essentiellement à
l'extérieur du principal tissu urbain que nous avons, que ce
ministère exerce son activité. Si nous pouvions donner plus
d'argent à ce ministère, à l'intérieur du budget
global et tenant compte de toutes les priorités valables et tous les
programmes valables que les ministères mettent de l'avant, et qui ne
manquent pas, si nous pouvions, dis-je, donner plus d'argent au ministre du
Tourisme pour l'acquisition de plus de terrains, nous pourrions poursuivre
évidemment une telle politique.
Jusqu'à maintenant, nous avons dû affecter l'argent
disponible à l'acquisition de ce qui était menacé de
disparaître. Nous avons ainsi acquis les îles de Boucherville, le
mont Saint-Bruno, l'île d'An-ticosti. Nous avons aidé quelques
municipalités à acquérir des terrains importants pour
pouvoir les réserver en espaces verts, et nous avons maintenant, par
entente avec le gouvernement fédéral, un programme d'acquisition
de trerains, quoique ce programme ne soit pas principalement destiné
à l'acquisition de terrains pour fins communautaires,
récréatives ou comme espaces verts.
Cela peut être un des biais par lesquels nous pouvons
acquérir de tels terrains, mais c'est pour le développement de la
municipalité, le développement surtout résidentiel, que
nous devons utiliser ce programme. Mais, en ce faisant, nous pouvons
réserver des terrains comme espaces verts. Si nous faisons cela, nous
allons certainement améliorer la situation. Mais, pour agir, il faudra
avoir les ressources, et c'est une question ressources plutôt qu'une
question de loi.
Deuxième préoccupation, nous avons un problème
encore plus aigu à l'intérieur du tissu urbain et je ne parle pas
du problème des espaces verts. Je parle de la valeur des terrains
utilisés pour la construction résidentielle.
L'honorable député a parlé de certains pays
européens. Il y en a, et je pense que c'est notamment le cas dans
certains pays Scandinaves, qui ont poursuivi une politique d'acquisition, au
nom de l'Etat, du sol municipal, de la municipalisation du sol. C'est une
idée qui est merveilleuse. C'est une idée qui prévoit
l'acquisition par les pouvoirs publics de presque l'ensemble du sol et ensuite,
la conclusion de baux emphytéotiques pour la construction de structures
là-dessus.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est dans notre programme.
M. Goldbloom: C'est bien beau, mais est-ce que les milliards sont
là aussi? Si l'on regarde...
M. Bédard (Chicoutimi): Si on ne se décide pas
à acheter, à un moment donné, pour avoir le
développement, vous allez quand même devoir acheter, mais à
un prix qui, au lieu du milliard, va être de plusieurs milliards.
M. Goldbloom: Mais, M. le Président, il y a un principe
bien fondamental, c'est qu'on doit vivre à l'intérieur de ses
moyens. Il va sans dire que, lorsqu'on est du côté de
l'Opposition, on peut suggérer au gouvernement d'avoir d'autres
priorités et de consacrer plus d'argent à tel ou tel
programme.
Cela est facile. Mais si on est responsable, et je ne suggère pas
que le député de Chicoutimi ne l'est pas, je l'incite à
réfléchir sur la responsabilité de couper en même
temps dans un autre programme. C'est cela qu'il faut faire, si l'on veut
consacrer plus d'argent à l'un, il faut couper l'autre.
C'est l'ensemble des décisions qui se publient chaque
année dans les crédits des ministères. Il est facile de
dire qu'on devrait dépenser davantage, oui. Mais il n'y a que deux
façons de le faire, taxer davantage ou couper des dépenses dans
d'autres domaines.
J'ai dit à bien des reprises que j'aimerais qu'on m'indique
où est le gras dans le budget de la province, et cela depuis les cinq
années que nous en sommes responsables. Où est le gras que l'on
peut couper? Je ne le vois pas.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais le ministre parle de
milliards que peut coûter l'achat de terrains, c'est pourcelaque l'on
parle de la spéculation foncière. A un momentdonné, le
gouvernement doit, à cause de certains développements, acheter
des terrains. S'il n'est pas prévenant, il se voit, à un moment
donné, dans l'obligation, à cause de son incurie ou à
cause de sa négligence, de payer de deux à trois fois plus cher
pour des terrains qu'il aurait pu acquérir plus vite.
Ce n'est pas nous qui sommes le gouvernement. J'imagine que, dans
l'idée du ministre, il n'y a pas seulement la question de l'achat de
terrains comme remède, comme moyen pour lutter contre la
spéculation foncière. Il y a aussi la possibilité
de la taxe sur la spéculation foncière, comme cela se fait en
Ontario où, je crois, on impose une taxe de 50% des profits
réalisés sur les terrains q ui sont désignés comme
étant des terrains de spéculation foncière. Il me semble
que cette possibilité ou ce moyen ne coûte absolument rien au
gouvernement. Au contraire, il serait de nature à lutter vraiment contre
la spéculation foncière et il se solderait, non pas par des
dépenses additionnelles, mais par des entrées additionnelles.
M. Goldbloom: M. le Président, c'est exactement ce que
j'ai dit tout à l'heure, que nous devons analyser l'effet de cette loi
ontarienne et de certaines autres lois. Le député de Chicoutimi a
mentionné la Colombie-Britannique. Il conviendra avec moi que le
tollé qui a suivi l'introduction de la législation colombienne en
matière d'aménagement de territoire et de gestion du sol
provincial a été telle que ce n'est pas demain matin que je serai
prêt à suivre ce même chemin.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est clair. Cela va
déranger des gens si le gouvernement se décide à
légiférer dans ce sens-là. J'espère que le ministre
n'attend pas d'avoir l'unanimité de la population avant de
légiférer, parce que vous ne l'aurez jamais,
l'unanimité.
De toute façon, vous n'attendez pas toujours l'unanimité
quand on parle de fusion. Quand tout le monde n'a pas l'air de vouloir
s'entendre, qu'on ne dégage pas un consensus, vous l'imposez à un
certain moment. Quand on parle de spéculation foncière,
j'espère que vous n'attendez pas que tout le monde soit d'accord et
remercie à l'avance le gouvernement avant de faire une loi.
M. Goldbloom: Je pense qu'un gouvernement prend ses
responsabilités et ne se place pas simplement à la remorque de
l'opinion publique, mais tâte le pouls de cette opinion publique avant
d'agir et prend parfois ses responsabilités en allant à
l'en-contre de cette opinion pour des raisons qu'il explique aussi clairement
que possible pour justifier son action. C'est le rôle normal d'un
gouvernement.
Je tiens à souligner que nous avons parlé de deux
remèdes ici. Une loi possible à l'instar de l'Ontario et
l'acquisition de terrai ns par le gouvernement avant la montée des prix
que pourrait entraîner la "spéculation."
Ce sont des choses que nous regardons avec soin. Nous sommes
informés de certains problèmes qui se présentent dans
l'application de la loi ontarienne...
M. Bédard (Chicoutimi): Pourriez-vous préciser?
M. Goldbloom: Oui. Nous avons des raisons de croire c'est
une affirmation que je fais sous réserve parce que je n'ai que des
renseignements généraux par exemple, qu'il y a des
transactions qui sont conclues avec deux jeux de documents qui sont
utilisés pour des fins publiques, qui ne réflè- tent pas
la vraie nature de la transaction, et des choses de cette nature.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais ceux qui le font, le font
illégalement.
M. Goldbloom: Oui, c'est clair. Mais si la loi ne réussit
pas à atteindre son but, on est mieux de regarder les failles de cette
loi et de chercher à faire mieux que cela. De nombreuses personnes nous
disent: Vous savez, l'application de cette loi a constitué un frein au
développement normal, un frein à la spéculation dans une
certaine mesure, mais en même temps un frein au développement
normal. Je voudrais être renseigné sur cet aspect de l'application
avant de proposer un projet de loi pour cette province.
M. Bédard (Chicoutimi): Quel est le développement
normal pour le ministre? Est-ce un développement qui se fait avec
l'enrichissement de quelques individus qui ont été plus vite que
les autres et qui se sont approprié des terrains, ce qui oblige souvent
le gouvernement, à cause du prix de l'acquisition de ces terrains,
à être obligé de consentir presque à une sorte de
développement anarchique?
M. Goldbloom: Le député de Chicoutimi est-il en
train d'affirmer que le coût des terrains au Québec a connu
pendant cette période inflationniste une escalade plus marquée
que les autres coûts?
M. Bédard (Chicoutimi): Non, mais déjà si
c'est une escalade autant que les autres, cela se situe déjà
comme un problème urgent. Dans le Québec, il est clair que les
terrains sont moins chers que dans d'autres provinces parce que nous en avons
plus, ce qui...
M. Goldbloom: II y a un autre phénomène qui se
manifeste chez nous. A cause de l'étendue de notre territoire, nous
avons cette tendance à nous éloigner du centre-ville parce que
justement les terrains coûtent moins cher en banlieue. C'est un
phénomène qui a connu une accélération avec la
migration de la population rurale vers les centres urbains et cela n'est pas
notre exclusivité, le même phénomène se produit
partout en Amérique du Nord.
A cause de l'étendue de notre territoire, à cause du fait
que nous voulons appuyer la force économique des diverses régions
et des importantes agglomérations de ces régions, nous devons, de
toute façon, créer un réseau routier pour communication
facile entre les divers centres d'activités économiques. Cela
veut dire que nous n'avons peut-être pas connu exactement ce que le
député suggère, c'est-à-dire une escalade
déraisonnée et démesurée du prix des terrains
autour de nos principaux centres urbains.
M. Bédard (Chicoutimi): Pour prendre un cas particulier,
afin de voir jusqu'à quel point le gouvernement veut être actif,
concernant les moyens à prendre pour contrer la spéculation
foncière, j'aimerais savoir quelle est l'attitude du ministre ou du
gouvernement concernant une situation comme celle qui peut se
présenter dans la Gatineau, où une compagnie américaine
selon les informations que nous avons Cosma, est en train, d'une
façon systématique, d'acquérir des terrains dans la
région de Gatineau, et plus particulièrement dans la
région du lac Bleu, et qu'à cet effet elle a même
envoyé des lettres à tous les résidants de cette partie du
territoire pour leur offrir d'acheter leurs terrains à un prix
appréciable. Face à une situation comme ça, quelle serait
l'attitude immédiate que devrait prendre le gouvernement, même
avant qu'une loi ne soit adoptée?
M. Goldbloom: M. le Président, d'abord, la question doit
se poser: Est-ce que nous devons, par une loi, parce qu'il n'y aurait pas
d'autre moyen de le faire, empêcher des Américains, des Ontariens,
des Français de venir acheter chez nous?
M. Bédard (Chicoutimi): Pour que la discussion demeure
dans le contexte dans lequel j'ai posé la question... Remarquez que ce
n'est pas parce que c'est un Américain ou un Anglais ou un
Français ou quelqu'un de l'extérieur qui vient; la même
situation se pose, le même problème existe, même si c'est un
Québécois...
M. Goldbloom: C'est exactement ce que je voulais dire à la
suite de mes premières remarques.
M. Bédard (Chicoutimi): ...si une compagnie
québécoise prend cette manière d'agir, qu'est-ce que fait
le gouvernement?
M. Goldbloom: La deuxième question est: Est-ce que le
fait, pour une personne ou une compagnie, d'acheter en quantité
représente nécessairement une mauvaise influence sur le
développement de notre province? Nous avons de nombreux exemples
d'achats importants qui ont eu pour effet d'améliorer
considérablement la qualité de notre vie et la qualité de
notre économie et cela, sans avoir l'effet néfaste que l'on
attribue à ce que l'on appelle la spéculation. Je prends
l'exemple de la collectivité nouvelle qui se crée
présentement à Laprairie, où c'est effectivement une
compagnie américaine qui a créé une compagnie
québécoise pour le développement en question, mais l'achat
de terrains a été effectué par une compagnie
américaine. Si nous regardons ce qui est proposé, en termes de
coût de maisons et en termes d'espace vert, d'équipement
communautaire et récréatif, on doit dire que c'est aussi bon, au
moins à cette étape préliminaire de la planification, avec
tout le dossierque nous avons au sujet de ces développements, c'est au
moins aussi bon que n'importe quoi qui a été créé
ailleurs au Québec, peut-être au Canada.
Le simple fait pour une personne, quelle que soit son origine, comme dit
le député de Chicoutimi, d'acheter en quantité, ce n'est
pas nécessairement un geste contraire au bien commun et il me semble que
nous devons envisager des contraintes en vertu de schémas
d'aménagement et dire: Vous ne ferez pas n'importe quoi, n'importe
où.
C'est effectivement dans l'Outaouais ce que nous avons demandé de
faire à la communauté régionale. C'est en train de se
faire. J'ai donné le cheminement de ce travail il y a une demi-heure ou
à peu près.
M. Bédard (Chicoutimi): II n'y a pas seulement la
région de la Gatineau qui constitue un point chaud concernant la
spéculation foncière qu'on peut appréhender d'avance et
qu'on doit prévoir. Il y a également d'autres régions
où c'est prévisible également. Je voudrais savoir ce que
le gouvernement a l'intention de faire dans le domaine de la spéculation
foncière dans des régions par exemple comme Chicoutimi, comme le
Saguenay. Il y a également comme points chauds l'Ile Jésus et
également la rive sud. Est-ce que le gouvernement, à l'heure
actuelle, est en train d'élaborer une politique pour contrer la
spéculation foncière dans ces régions, dans ces points
chauds?
M. Goldbloom: M. le Président, c'est quand même un
marché très important. Le geste que l'on pose frappe tous ceux
qui participent à ce marché. Il faut savoir d'avance quel sera
l'effet sur la personne ordinaire qui veut participer à ce
marché. Qu'est-ce que l'Etat réussit pour le bien commun en
intervenant dans ce marché, en intervenant pour en sortir des
éléments de transaction, en réservant des terrains, en
intervenant pour imposer des contraintes quant aux transactions? Je pense que
notre approche a été davantage de viser le développement
du territoire comme tel plutôt que de dire: Vous développerez
comme vous voudrez, si vous payez un montant additionnel. Il y a des compagnies
qui seront sûrement prêtes à payer un montant additionnel et
ensuite à faire ce qu'elles veulent, s'il n'y a pas de contrainte en
termes d'un schéma d'aménagement. C'est l'argument qui est
toujours avancé quand on parle des grosses compagnies et de la
pollution. On dit: Les amendes ne suffiront pas pour empêcher les
compagnies de polluer, elles vont payer, elles vont faire refléter ce
paiement dans le prix de leurs produits et elles vont continuer de polluer.
Alors, ce n'est pas simplement en imposant une taxe additionnelle que nous
allons donner au Québec un bon développement.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce serait déjà un
commencement.
M. Goldbloom: Je tiens à souligner, M. le
Président, que si nous comparons les coûts de construction de
maisons chez nous, c'est quand même là que l'individu est
touché. Nous avons une situation avantageuse parcomparaison avec
l'Ontario et avec la Colombie-Britannique. Ce n'est pas parce que les
coûts de construction comme tels sont moindres chez nous, parce que nous
avons atteint des niveaux comparables aux autres, c'est davantage parce que le
coût des terrains est moindre chez nous.
M. le Président, je pense que l'on doit vraiment connaître
le portrait global de ce marché, avant de dire qu'il y a de la
spéculation et que cette spécula-
tion va à l'encontre des intérêts de la
collectivité et que la collectivité en souffre vraiment. C'est
cela que nous avons essayé de déterminer. Ce n'est pas encore
clair malgré les inquiétudes que l'on peut avoir devant ceraines
actions, celles, par exemple, que le député de Chicoutimi a
citées autour du lac Bleu dans la Gatineau. Peut-être, mais il
n'est pas encore prouvé que c'est une chose qui nuit au bien commun
présentement et que nous devons intervenir d'une façon
draconienne par législation. Donc, nous ne sommes pas encore
intervenus.
M. Bédard (Chicoutimi): Donc, il n'est pas sûr que
vous interveniez par législation?
M. Goldbloom: Le gouvernement prendra ses responsabilités
et continuera de les prendre en observant le comportement de ce
marché.
M. Bédard (Chicoutimi): Malgré le fait que vous
nous ayez dit qu'il y avait maints exemples de spéculation
foncière dans le Québec. Vous dites que le gouvernement va
prendre ses responsabilités, concernant le comité
interministériel dont vous aviez parlé dans les derniers
crédits...
M. Léger: Quand vous avez été élu en
même temps, vous l'avez annoncé.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que vous pourriez me dire,
très précisément, ce que ce comité
interministériel a fait du point de vue pratique?
M. Goldbloom : Au point de vue pratiq ue, je vous l'ai dit, M. le
Président, nous avons décidé de confier au
ministère des Institutions financières, par rapport à la
protection du consommateur, un examen plus approfondi de ce qui arrive quand
quelqu'un achète une maison et trouver un moyen de le protéger
contre des abus qui peuvent se produire.
M. Bédard (Chicoutimi): II n'y a pas seulement le
marché des maisons. On l'adit tout à l'heure, vous en avez
convenu, il y a toute la question de l'aménagement de territoire, le
développement économique qui rejoint le développement de
l'ensemble du Québec, qui rejoint directement aussi tous les citoyens.
Est-ce que ce comité interministériel a eu des réunions,
combien en a-t-il eues? Est-ce que le minisre est en mesure de nous dire s'il a
fait des études, s'il y a eu des réunions, s'il a dressé
des statistiques qu'il serait possible, à l'heure actuelle,
d'évaluer ou d'analyser?
M. Goldbloom: M. le Président, il y a eu des discussions
qui ont porté surtout sur le comportement du marché par rapport
à l'aménagement du territoire et puisque ces discussions se
poursuivent régulièrement au niveau du groupe ministériel
de l'Office de planification et de développement du Québec, il
n'a pas semblé valable de faire, en parallèle, un autre travail.
Donc, nous avons continué notre analyse à l'intérieur de
notre ministère. Nous avons demandé au ministère des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives de
poursuivre son travail du côté de la protection du consommateur
contre des abus dans ce domaine.
M. Bédard (Chicoutimi): Donc, on n'a aucun tableau de
statistiques concernant la spéculation foncière au
Québec.
M. Goldbloom: Pas comme tel, M. le Président, et je me
demande comment nous pourrions obtenir des statistiques de cette nature,
comment nous pourrions distinguer autrement que par l'analyse de toutes les
transactions, de tout le comportement du marché, ce qui se passe chez
nous. Je pense bien que, s'il y a quelqu'un qui arrive chez le
député de Chicoutimi et lui offre le double de ce qu'il a
payé pour sa maison, le double de l'évaluation que place la
municipalité à la valeur réelle sur sa maison, le
député de Chicoutimi connaîtra une certaine tentation
d'accepter cette offre. Le fait de di re q ue 50% d u profit seraient
taxés, je ne suis pas convaincu que cela soit la solution qui
réglerait ce problème. C'est depuis le début du monde,
depuis qu'on a inventé l'argent que l'argent parle au monde et si
quelqu'un arrive et a de l'argent et l'offre, il me semble qu'il est assez
difficile de dire: La transaction n'aura pas lieu. Si la transaction a lieu, il
y a peut-être des raisons de vouloir taxer cette transaction, mais nous
ne sommes pas encore convaincus que l'expérience onta-rienne, dans ce
domaine, est probante et valable et doit être imitée, ou on peut
imposer des contraintes quant à l'aménagement du territoire et
cela nous semble un moyen plus valable de régulariser le
développement du Québec. C'est sur oette voie que nous nous
sommes engagés davantage et c'est surtout notre ministère qui
s'en occupe.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est surtout votre
ministère, non le ministère des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives là-dessus.
M. Goldbloom: Le ministère des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives scrute les
transactions...
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministère des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives travaille
seulement sur les contrats de vente.
M. Goldbloom: C'est cela.
M. Bédard (Chicoutimi): II ne travaille pas sur l'autre
aspect dont on parle. Alors, l'entière responsabilité demeure
entre vos mains, entre les mains de votre ministère.
M. Goldbloom: Pas entière, mais une importante
responsabilité, je viens de le dire.
M. Bédard (Chicoutimi): Parce que, quand on parle de
portrait, de tableau statistique de la spéculation foncière, je
conçois, comme vous l'avez dit, que c'est difficile à constituer,
mais il reste quand même que la ville de Montréal en I964 avait
constitué un tableau très clair de la spéculation
foncière.
Egalement, là-dessus, je suis surpris, parce que
je trouve, sur la nécessité d'avoir un portrait
statistique de la spéculation foncière, que le ministre semble
trouver cela moins important, à mon sens, qu'il ne le trouvait lors de
la discussion des crédits de l'an passé; parce que je le cite
textuellement, à la page B-2065, du 21 mai 1974, à une question
du député de Lafontaine, qui lui demandait: Est-ce qu'il y aurait
aussi comme résultat il se référait au
comité interministériel dont a parlé tout à l'heure
le ministre de cette étude, des portraits statistiques de la
situation de la spéculation des terrains en valeur et en quantité
à l'intérieur des municipalités ou dans les banlieues des
municipalités?
Le ministre répond, en l'occurrence vous-même: Oui,
j'espère que ce sera possible de fournir des renseignements de cette
nature.
A ce moment, vous voyiez tout au moins comme important qu'il y ait un
portrait statistique de la spéculation foncière, et
également, vous sembliez déjà, d'avance, croire qu'un des
mandats de ce comité interministériel serait de produire un
portrait statistique de la spéculation foncière au Québec.
Là, vous semblez complètement avoir changé
d'idée.
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai exprimé
l'espoir de pouvoir fournir cela. Nous avons trouvé la tâche
beaucoup plus complexe et beaucoup plus lourde que je ne le soupçonnais.
Nous avons je me répète, encore une fois
trouvé que c'est davantage par le biais des schémas
d'aménagement du territoire que nous pouvons régulariser une
situation. Nous avons consacré notre effort à cette tâche,
et nous en avons discuté au cours de ce débat. Nous avons
parlé de l'augmentation de notre effort auprès des
municipalités pour amener chacune à établir son plan
directeur d'urbanisme et de déterminer alors, à savoir si les
terrains doivent être gardés en disponibilité pour ceux qui
veulent en faire une utilisation conforme au bien commun. Il n'est pas possible
de tout réserver et de tout contrôler. Il n'y a pas moyen de
fermer tout simplement le marché des transactions en terrains. Le fait
pour quelqu'un d'acheter un terrain et de payer ce qu'il veut pour ce terrain,
ce n'est pas, par le fait même, une atteinte au bien commun. Donc, le
fait de prendre des exemples ici et là dans la province et de dire: On a
l'impression qu'il y a de la spéculation parce qu'une compagnie X a
acheté une somme importante de terrains. Ce n'est pas ça, un
portrait global de ce qui se fait au Québec. Nous sommes convaincus que,
si nous agissons seulement sur le côté financier, et nous essayons
d'obtenir plus d'argent à même ces transactions, le marché
va s'ajuster et nous aurons plus d'argent. Mais nous n'aurons pas le temps de
faire ce que nous recommande l'honorable député de Chicoutimi,
soit d'aller chercher les terrains avant la montée des prix, parce que
la montée aurait eu lieu avant, et l'acquisition possible par l'Etat,
avec l'argent additionnel, aurait lieu après. Pour cette raison, nous
avons tiré la conclusion que ce n'est pas l'aspect le plus important de
la question, que l'aspect le plus important, c'est de voir au
développement par la définition de ce développement selon
des principes d'urbanisme.
M. Bédard (Chicoutimi): Ecoutez. Il reste que concernant
Montréal, cela n'a pas été si compliqué que cela.
Cela a pris, quoi, trois fonctionnaires durant une période de six mois
pour former un portrait statistique de la spéculation foncière,
tant dans l'île de Montréal, que dans l'île Jésus,
chose, c'est que je me demande jusqu'à quel point vous en voulez
vraiment, des solutions. Si vous vous refusez d'avance à un des outils
nécessaires pour arriver à des solutions, à savoir,
connaître le problème de la spéculation foncière
à fond et la manière de le connaître, c'est un portrait
statistique de la spéculation foncière au Québec.
M. Goldbloom: M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Je m'explique assez mal la
démarche du ministre d'essayer de trouver des solutions alors qu'il ne
semble plus tenir, parce que cela semble plus difficile, comme il l'a dit tout
à l'heure, à vouloir le portrait statistique de la
spéculation foncière.
M. Bédard (Chicoutimi): Je m'explique assez mal la
démarche du ministre d'essayer de trouver des solutions alors qu'il ne
semble plus tenir, parce que cela semble plus difficile, comme il l'a dit tout
à l'heure, à vouloir le portrait statistiq ue de la
spéculation foncière.
M. Goldbloom: M. le Président, le député de
Chicoutimi affirme que c'est l'instrument par excellence qu'il faut avoir.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, c'est un instrument
important.
M. Goldbloom: Ni lui ni moi ne sommes experts dans ce domaine. Il
faut se remettre aux expertises qui nous sont disponibles. Il me semble assez
clair...
M. Bédard (Chicoutimi): Quelles expertises sont
disponibles?
M. Goldbloom: Je vous donne un exemple. La Société
d'habitation du Québec est présente dans le marché,
partout au Québec, à toutes fins pratiques, et est obligée
de voir régulièrement, dans tous les coins de la province,
à l'achat de terrains et à la construction de maisons et elle est
donc continuellement en contact avec ce marché. Nous sommes en mesure de
suivre les statistiques de la Société d'habitation du
Québec quant à ce que cela coûte pour produire les
logements nécessaires. Nous trouvons que l'augmentation
inévitable a eu lieu, mais que son rythme a été moins
prononcé que dans l'Ontario et dans d'autres provinces et surtout aux
Etats-Un is.
A ce moment, M. le Président, nous avons des données qui
nous permettent de dire: A côté de cela, il y a peut-être de
la spéculation, mais dans la partie centrale du marché que nous
occupons, la partie importante où nous touchons les gens qui ont besoin
de l'aide de l'Etat, nous sommes en mesure de leur fournir cette aide à
meilleur marché qu'en Onta-
rio avec sa loi contre la spéculation. Nous avons une banque de
données qui nous permet de dire: Le comportement de notre situation
n'est pas aussi inquiétant que celui de la situation ontarienne. Pour
cette raison, n'ayant pas toutes les ressources humaines, n'ayant pas tout
l'argent, parce que ce n'est pas gratuitement qu'on constituerait cette banque
de données que nous propose le député de Chicoutimi, nous
avons décidé de consacrer nos efforts et notre argent à
d'autres choses et, notamment, à l'aménagement du territoire.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous vous référez
souvent à la loi ontarienne. Il est normal de croire que la loi
ontarienne, qui vient juste d'être adoptée, ne donnera quand
même que dans un... Il faut quand même attendre un certain temps,
avant de voir tous les effets bénéfiques que cela peut
donner.
M. Goldbloom: C'est exactement ce que je dis depuis le
début de cette partie du débat.
M. Bédard (Chicoutimi): L'Ontario n'a pas attendu. En
Ontario, elle est adoptée, la loi. Attendez-vous les effets
bénéfiques dans dix ans, pour être en mesure de dire que la
loi ontarienne, dans dix ans, aura donné tel résultat? Donc,
maintenant, on va légiférer.
M. Goldbloom: Nous sommes toujours dans une situation où
notre condition est meilleure que celle de l'Ontario.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est normal, c'est, parce que
vous l'avez dit tout à l'heure, qu'on n'a plus de terrains ici au
Québec. D'une certaine façon, on est moins nombreux. En plus de
cela, on est peut-être moins exposé à la spéculation
foncière que ne le sont des provinces où il y a moins de terrains
et plus de population. Quand vous nous dites que vous avez la
Société d'habitation comme moyen pouravoirdesdonnées, il
restequand même que, encore une fois, comme depuis le début de ce
débat, vous limitez toujours cela à la spéculation
foncière, à la question de l'habitation. C'est une partie
importante de la spéculation foncière, mais ce n'est pas
seulement l'habitation. Ce n'est pas la Société d'habitation qui
va régler les problèmes de spéculation foncière sur
l'île Jésus dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean où on peut
l'appréhender, ou dans des coins chauds dont j'ai parlé tout
à l'heure, sur la rive sud ou dans l'Outaouais.
M. Goldbloom: Non, M. le Président, c'est...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est seulement une partie du
problème sur lequel ils peuvent donner des données.
M. Goldbloom: Ce n'est pas la Société d'habitation
qui va régler ces problèmes au Saguenay-Lac-Saint-Jean, c'est le
Conseil métropolitain du Haut-Saguenay.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est là qu'il y a une
enquête.
M. Godlbloom: C'est quand même un secteur témoin qui
est très important pour nous. En observant le comportement de ce secteur
témoin, nous trouvons que les inquiétudes du député
de Chicoutimi ne sont pas confirmées par ce que nous observons
jusqu'à maintenant. Donc, nous nous disons: Nous pouvons prendre encore
un peu de temps pour savoir, non pas simplement quels seront les effets dans
dix ans, mais quels seront les effets cette année, et des effets
possiblement néfastes sur tout le marché de la loi ontarienne. On
va agir avec prudence, parce que nous sommes quand même dans une
économie de marché.
Quand on intervient dans le marché, avec le pouvoir public, c'est
une théorie qui est avancée par beaucoup de gens dans d'autres
pays davantage que chez nous. Si nous vantons la qualité de notre vie,
ici au Canada, et si nous vantons certaines choses, tout en en critiquant
d'autres, c'est en partie parce que notre situation n'est pas exactement la
même que celle des autres et le degré d'intervention de l'Etat est
moindre chez nous. J'espère que le député de Chicoutimi
n'insistera pas trop sur la grande qualité de la vie dans les pays
Scandinaves, parce qu'il n'y a pas tellement longtemps que j'y étais et
que j'ai eu des conversations avec des personnes qui vivent ce régime
avec l'intervention massive de l'Etat, et je vous assure que le
tempérament des gens est souvent influencé d'une façon
négative par le genre de régime qui existe dans ces pays.
Nous avons des problèmes, mais, q uand même, ce n'est
pas...
M. Bédard (Chicoutimi): J'espère que le ministre ne
veut pas prendre un faux-fuyant, en me faisant parler de la qualité de
la vie des Hollandais, des Suédois, ou des autres Scandinaves. Je n'en
ai parlé en aucune façon. Je pense que c'est important de
s'occuper surtout de la qualité de la vie des Québécois,
à l'heure actuelle.
Je trouve que le ministre prend des faux-fuyants incroyables, en fait,
quand il vient nous dire que dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean,
concernant la spéculation foncière, le conseil
métropolitain peut régler cela, c'est impensable de croire cela.
C'est ce que vous nous avez dit, à un moment donné, que c'est la
Société de l'habitation.
M. Goldbloom: Mais, M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Ils n'ont pas de pouvoirs. Je vous
ai référé des points chauds tout à l'heure, le
conseil métropolitain ne peut absolument rien faire concernant la
spéculation foncière. Il n'a pas de pouvoirs, il n'a pas de
possibilité de légiférer.
M. Goldboom: Le conseil est quand même composé de
quinze maires ou conseillers de municipalités, et les
municipalités peuvent agir en vertu des conclusions qu'ils tireront
ensemble à la table du conseil métropolitain.
M. Bédard (Chicoutimi): Ils peuvent aussi faire des
recommandations au ministre, mais à la condition que le ministre
légifère aussi, si c'est nécessaire.
M. Goldbloom: Oui, M. le Président, et nous allons
continuer de surveiller le comportement de ce secteur très important et
de prendre les décisions qui s'imposeront. Mais il faudra d'abord
être convaincu que le problème est celui que suggère le
député de Chicoutimi, et je n'en suis pas convaincu, et,
deuxièmement, être convaincu que le geste que l'on se propose de
poser aura les effets que l'on voudrait avoir. Cela est loin d'être
clair, par l'observation de l'application de la loi ontarienne. Donc, nous
allons, avec une certaine prudence, continuer d'observer le marché en
question et tirer les meilleures conclusions que l'on pourra.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais puisque le ministre a
décidé d'attendre avant de légiférer, même
s'il a reconnu qu'il y avait de la spéculation foncière, ne
serait-ce pas une manière profitable, en attendant, de
légiférer et de tirer des conclusions des autres lois,
d'attendre, en confectionnant un bureau, un portrait statistique de la
spéculation foncière au Québec? Au moins, ce serait
cela.
M. Goldboom: Jusqu'à maintenant, M. le Président,
telle n'a pas été la recommandation de mes conseillers, mais nous
allons revoir la question, en réponse à la suggestion du
député.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce sera ma dernière
question: Concernant la nécessité, je pense, comme outil
important, d'un portrait de la statistique de la spéculation
foncière, sur quoi le ministre se base-t-il pour dire, comme il l'a dit
tout à l'heure que, selon les experts qu'il a consultés, ce ne
semble pas être l'outil le plus important, qu'ils en sont plutôt
venus à la conclusion qu'il était mieux de procéder par la
confection de schémas d'aménagement?
M. Goldbloom: II faut se demander ce que l'on cherche à
obtenir comme renseignement. Est-ce que l'on cherche une analyse qui serait
forcément une moyenne, avec un certain éventail de
données, mais surtout une moyenne des transactions, ou est-ce que l'on
cherche à identifier la spéculation là ou elle a eu
lieu?
L'honorable député est allé plus loin que cela. Il
a dit: Le gouvernement devrait avoir le flair de prévoir la
spéculation.
Mais il n'y a pas de statistique, à ce sujet, que l'on peut
obtenir maintenant, pour prévoir la spéculation, sauf de
façon générale. En observant le comportement à un
endroit, on peut présumer qu'il y aurait un comportement semblable
à un autre endroit.
Le diagnostic doit se faire, ou par l'analyse de cas particuliers
où il y a un phénomène et nous essayons de faire cela, ou
bien, c'est l'accumulation de toutes les statistiques, pour pouvoir les
analyser; mais c'est une tâche très importante, qui prend du temps
et qui prend de l'argent.
Nous n'avons pas perçu, dans cela, autant de rentabilité
que le suggère l'honorable député de Chicoutimi. Etant
humain, on peut être dans l'erreur. Mais étant humain, on prend
ses responsabilités et l'on agit dans l'intérêt du bien
commun.
M. Bédard (Chicoutimi): Une dernière question
à laquelle vous n'avez pas répondu, relativement à votre
comité interministériel sur la spéculation
foncière, pouvez-vous me dire combien il y a eu de réunions?
M. Goldbloom: Ce qui est arrivé, M. le Président,
c'est que nous avons commencé des réunions, je l'ai
indiqué dans le débat l'an dernier...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous ne les avez pas finies.
M. Goldbloom: ... à l'intérieur du
ministère. Nous avons consulté d'autres ministères et il
n'a pas été trouvé utile de continuer dans un sens formel
et de constituer tout un organisme pour poursuivre le travail; parce qu'on a
cerné des éléments qui pouvaient être traités
à l'intérieur du ministère, notamment les
éléments urbanistiques, des éléments de
planification qui relèvent de l'OPDQ là, le groupe
ministériel siège régulièrement et nous sommes
préoccupés par le développement du Québec, par le
coût de ce développement et par les projets moteurs que nous
voulons implanter, et donc, par le coût de ces implantations et
ensuite, au ministère des Institutions financières, quant
à la protection du consommateur.
C'est là où on en est rendu. Le travail que j'avais
prévu à ce moment-là n'a pas été poursuivi
très longtemps et est demeuré dans les trois cadres que je viens
d'indiquer.
M. Bédard (Chicoutimi): En tout cas, j'ai terminé
mes questions sur ce point-là. Mais j'ai bien hâte de voir ce
qu'on va nous répondre à l'OPDQ, si cela devient, d'une certaine
façon, sa responsabilité. L'an passé, on nous a dit, quand
on a voulu aborder la question de la spéculation foncière, que
cela relevait des Affaires municipales. On verra cette année quelle sera
la réponse.
Je pense bien qu'on peut conclure que le comité
interministériel sur la spéculation foncière, tel qu'il
avait été proposé par le ministre, est maintenant une
chose du passé pour les raisons que...
M. Goldbloom: C'est une chose du passé et le
député ne doit pas se tromper. Je n'ai pas dit que l'OPDQ
poursuit une étude sur la spéculation foncière.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, mais il a la
responsabilité de l'aménagement du territoire et vous croyez que
l'aménagement du territoire est une des raisons pour essayer de contrer
le plus efficacement à la spéculation foncière.
M. Goldbloom: Une certaine responsabilité quant à
l'aménagement du territoire, mais c'est davantage le ministère
des Affaires municipales qui a cette responsabilité. C'est plutôt
l'implantation de forces économiques à divers endroits de la
province qui préoccupe l'OPDQ et c'est en observant cela que nous
essayons d'évaluer l'impact de la spéculation foncière sur
ce que nous essayons de faire pour
donner un progrès normal à notre économie et
à l'ensemble de la province.
M. Bédard (Chicoutimi): Pour les prochains crédits,
est-ce qu'on pourrait compter sur la possibilité, sur la promesse du
ministre d'avoir au moins tout homme peut se tromper dans la
manière, dans la démarche qu'il prend dans l'intérêt
commun un portrait statistique de la spéculation foncière
concernant une région, de manière à ce que, ayant cette
instrument, on puisse vérifier jusqu'à quel point, à
partir des analyses qu'on en ferait, on pourrait plus facilement arriver
à des solutions ou a des conclusions qu'avec la nouvelle démarche
que prend le ministère des Affaires municipales qui est de
procéder par schémas d'aménagement?
M. Goldbloom: M. le Président, il est très clair
que l'an prochain...
M. Bédard (Chicoutimi): Au moins un test.
M. Goldbloom: Oui. L'an prochain, nous allons reprendre ce
débat. Cela est clair. Qu'est-ce que nous aurons à offrir comme
documentation? Je ne voudrais pas m'engager à cela en ce moment. Je ne
suis pas en mesure de dire que, dans l'économie de l'utilisation du
temps et de notre argent, nous devrons entreprendre précisément
le genre d'études que nous propose le député de
Chicoutimi. Ce n'est pas pour être désobligeant à son
endroit, mais nous examinerons l'opportunité de le faire. Je ne m'engage
pas à le faire. Nous en examinerons l'opportunité.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministère pourrait
peut-être au moins étudier la possibilité de mettre
à la disposition de la commission parlementaire les études qui
ont été colligées par l'INRS, concernant la
spéculation foncière. Ce ne serait pas un gros travail que
d'acheminer ce travail statistique aux membres de la commission.
M. Goldbloom: Bon! Il y a, dans certaines institutions
universitaires, une banque de données sur les municipalités du
Québec. Il y en a notamment à l'université du
Québec à Montréal, et je ne serais pas en mesure de dire
de mémoire si la nature de ces données permettrait d'en extraire
le genre de renseignements que demande l'honorable député. Mais
je peux certainement prendre l'engagement d'établir un contact avec
l'université et avec l'INRS, qui a une certaine affiliation, et avec
d'autres universités aussi, pour voir ce qu'il y a comme statistiques
déjà disponibles. C'est certainement avec plaisir que nous ferons
cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Le service d'urbanisme de la ville
de Montréal en a fait également.
M. Goldbloom: Bon!
M. Léger: M. le Président, je voudrais simplement
parler un peu de ce fameux comité interminis- tériel, et je
pourrais citer la parole du poète qui disait que la rose a vécu,
ce que vivent les roses, l'espace d'un matin. C'est un peu ce qui est
arrivé au comité interministériel. Il a vécu
l'espace d'une réunion.
Mais je voudrais quand même voir jusqu'à quel point le
ministre est déterminé à trouver une solution au
problème de spéculation foncière. Il y a d'abord le
problème de la définition de la spéculation
foncière. Il y a plusieurs façons de faire de la
spéculation, et je vais m'attarder sur deux points particuliers: Celui,
d'abord, de celui qui achète un terrain ou une terre, qui attend que
cela augmente, donc qui n'apporte pas de plus-value, qui n'apporte pas sa
contribution à l'augmentation de la valeur de ce terrain, mais qui
attend que la collectivité qui l'entoure ait fait des dépenses
personnelles, ait payé des taxes supplémentaires, ait fait des
améliorations dont lui n'a pas été participant, mais qui
recevra bientôt, en vendant son terrain, des profits. C'est celui qui
attend.
Il y a aussi l'autre spéculateur qui est encore plus vorace et
plus pernicieux, c'est celui qui sait que tel terrain ou telle région
aura une vocation particulière. Des amis politiciens lui annoncent les
possibilités que dans ces régions il y aura une
amélioration qui fera monter le prix du terrain. Il achète des
terrains de gens qui ne savent pas que ces terrains auront une valeur
supplémentaire et lui, à ce moment, il le fait à cause de
connaissances particulières.
Ce sont deux sortes de spéculation, entre autres, qui peuvent
être connues par le gouvernement qui veut être vigilant. Moi, je
suis d'accord avec le ministre lorsqu'il dit qu'il faut qu'il y ait un
schéma d'aménagement de base, permettant de déterminer la
vocation de ces territoires. Je pense que c'est normal, c'est essentiel.
Mais quand on veut réellement, avec détermination,
combattre une spéculation qui est contre l'intérêt de la
collectivité ou de la majorité,il faut d'abord et c'est
là que je ne comprends pas le ministre déterminer,
déceler la quantité de terrains qui peuvent être ou qui
sont actuellement dans une situation de spéculation possible et en
brosser un tableau. C'est une phase qui est essentielle, et une deuxième
phase, si on veut la contrer, c'est justement faire adopter une loi sur les
profits des spéculateurs. Je vois des gens du gouvernement affirmer,
avec candeur, à la population: Voyez comme les gens nous aiment. Ils
n'ont pas peur de venir investir chez nous. C'est sûr. Ils ont
été rejetés. Ces spéculateurs ont été
rejetésde l'Ontario par une loi et ils s'en viennent chez nous jeter
leur appétit vorace.
Ils ont confiance en nous, parce qu'on a des choses à leur
offrir, puisqu'on a des terrains vierges où il n'y a aucune contrainte
les empêchant de venir faire des profits au détriment de la
collectivité. Quand le ministre me dit que le comité a
trouvé que c'étaient des dépenses inutiles, et que ce
n'est pas la bonne façon de régler le problème de la
spéculation, je m'inscris en faux. Je pense que si le ministre est
réellement déterminé à combattre la
spéculation foncière, il faut d'abord qu'il connaisse son ennemi,
qui est le spéculateur, l'ennemi de la collectivité,
qu'il connaisse l'endroit où il peut spéculer, autant
celui qui attend que le terrain augmente que celui qui sait, par les
développements possibles venant des organismes, soit municipaux,
régionaux ou provinciaux, qu'il y aura des possibilités de faire
de l'argent dans tel ou tel endroit.
Le ministre a le moyen de faire un portrait de cela pourvu qu'on ait la
détermination. C'est une question de volonté. Le ministre
aujourd'hui ne nous montre pas sa volonté de le faire. Le schéma
d'aménagement est une chose qui peut régler le problème
à long terme, mais, tôt ou tard, il va falloir qu'il arrive avec
une mesure coercitive pour contrer la spéculation. C'est cette loi qui
devrait être faite, qui devrait être préparée avec le
portrait. Les deux choses vont de pair. Si le ministre nous dit qu'on reprendra
le débat l'année prochaine, bien, c'était le débat
qu'on a eu l'année dernière et c'est le débat qu'on a
cette année. Nous autres, je pense qu'on commence à se demander
si le ministre a réellement la volonté de combattre ce domaine,
puisqu'il nous dit: On reprendra le débat l'année prochaine. Je
pense que ce n'est pas le débat qu'il faut commencer l'année
prochaine, c'est la solution qu'il faut commencer à mettre sur pied
immédiatement. J'espère avoir une réponse favorable
là-dessus.
M. Goldbloom: M. le Président, je n'accepte pas de
démagogie, je n'ai pas dit qu'on remettrait ce débat à
l'an prochain sans bouger. Tout ce que j'ai dit, en réponse à une
demande de la part du collègue du député de Lafontaine, le
député de Chicoutimi, c'est: Est-ce que, l'an prochain, nous
pourrons avoir telle chose? J'ai dit: II est évident que, l'an prochain,
nous aurons à discuter toujours de cette question qui ne sera pas
disparue. Je ne me suis pas engagé à donner
précisément ce que le député a demandé. Je
n'ai pas dit: On remet à l'an prochain ce débat et on ne fera
rien entre-temps. Je n'accepte pas qu'on suggère dans l'opinion
publiqueque c'est cela que j'ai dit, parce que ce n'est pas ce que j'ai dit.
Nous discutons de moyens et nous discutons d'interprétations d'une
situation et nous discutons de l'évaluation de ces moyens. Il est
toujours facile, quand on est du côté de l'Opposition, de tout
savoir et de dire: C'est cela qui va régler le problème. J'ai
vécu dans l'Opposition pendant quatre années. Le
député de Johnson, avant-hier, m'a menacé de sortir les
déclarations que j'ai faites pendant l'Opposition. Je pense qu'il a
raison. Je pense que si on relève ce que j'ai dit quand j'étais
dans l'Opposition, j'avais moi aussi des solutions faciles à des
problèmes qui sont beaucoup plus complexes que ceux-là.
Tout gouvernement, sauf de rares exceptions, se fait taxer
d'immobilisme. On dit, avec la démogagie facile, que le gouvernement ne
veut pas régler le problème. Il est à se demander si le
gouvernement est conscient du problème. Il est à se demander si
le gouvernement comprend qu'il y a des menaces qui planent sur le
Québec, et ainsi de suite. J'en suis bien conscient. Je connais
l'ennemi. Mais je ne suis pas convaincu que la mesure ontarienne est la bonne.
Je veux savoir quelle est la bonne avant de l'entreprendre. Entre-temps, je
suis le comportement du marché. J'ai donné un exemple de la
façon dont nous suivons le comportement du marché en indiquant la
présence dans ce marché de la Société d'habitation
du Québec. Je voudrais dire aussi que. tous les jours, je reçois
des projets municipaux. Je suis obligé de me prononcer sur ces projets
municipaux et sur leurs coûts. Nous regardons les tendances de ces
coûts qui reflètent nécessairement la spéculation
s'il y en a. Nous avons, jusqu'à maintenant, l'impression que,
même s'il y a sans doute, comme partout en Amériquedu Nord,
même encore en Ontario, de la spéculation qui se fait, la
deuxième sorte de spéculation dont a parlé le
député de Lafontaine, il y en a sûrement. Ce n'est quand
même pas dans le comportement de notre marché une menace telle que
nous ne sommes pas capables de fournir du logement à des gens qui en ont
besoin et que nous ne sommes pas capables de développer raisonnablement
notre territoire municipal.
Or, nous allons continuer d'évaluer cette situation pour trouver
les meilleurs moyens. Mais, M. le Président, il est bien facile de dire:
Le gouvernement ne veut rien faire. Je ne peux pas laisser passer ce genre
d'affirmation parce que ce n'est pas du tout le cas. Ne jouons pas avec les
mots, le gouvernement est intéressé, le gouvernement est
conscient du problème et le gouvernement va continuer d'agir de la
façon qui lui semble le plus...
M. Bédard (Chicoutimi): Sans se référer au
temps où vous étiez dans l'Opposition, il reste que, même
lorsque vous étiez au pouvoir, vous aviez dit que vous étiez
conscient du problème. Vous aviez même identifié certains
ennemis, certains secteurs où il fallait agir d'une façon
prioritaire et dit que c'était de toute première importance que
le gouvernement légifère, ou tout au moins agisse, entre autres,
par exemple, lors de la discussion des crédits l'an passé. Vous
aviez dit en substance: La première action se fera incessamment et ce
sera la Loi sur la protection des terres arables. Or, depuis plus d'un an, vous
en conviendrez avec moi, rien n'a bougé. C'était une
priorité que vous vous étiez fixée vous-même.
M. Goldbloom: M. le Président, ce projet de loi est
toujours à l'étude et revêt une...
M. Bédard (Chicoutimi): Si vous me permettez de finir...
Oui, mais cela fait un an. Il peut être à l'étude pendant
dix ans. On ne l'a pas quand même.
M. Goldbloom: M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous ne direz pas que je charrie.
Je ne vous ai pas dit qu'il ne s'est rien fait depuis dix ans, mais, concernant
cette priorité que vous vous étiez fixée lors de
l'étude des derniers crédits, qui nécessitait une action
incessante et prioritaire, au moins, je pense être conforme à la
réalité en disant que, depuis un an, en fait, il n'y a eu aucun
début de loi qui s'est pointé le nez.
M. Goldbloom: M. le Président, ce n'est pas la
première fois dans l'histoire du Québec qu'il a fallu plus d'une
année pour préparer un projet de loi,
surtout d'une complexité de cette nature et d'une intervention
dans...
M. Bédard (Chicoutimi): Cela fait deux ans qu'il est en
préparation, M. le ministre. Avant que vous nous disiez, l'an
prochain... L'an passé, lors de l'étude des crédits, vous
avez dit justement: On va légiférer parce que,
déjà, on a cerné cet ennemi; déjà, on a
identifié ce problème; déjà, on a senti la
nécessité parce qu'on connaissait le problème. Si vous
avez dit cela lors de l'étude des crédits, l'an passé,
qu'il fallait légiférer, que c'était un des points
importants, c'est parce que vous aviez déjà fait des
études, c'est parce que, déjà, vous aviez localisé
le problème et c'est parce que vous aviez la conviction qu'il fallait
agir. Là, vous aviez toutes les données pour nous affirmer cela
et, pourtant, depuis un an, aucun début de loi. J'aimerais bien savoir
quelle autre explication, sinon encore les études interminables et les
comités interministériels qui tombent à l'eau. Quelle
explication plausible va nousdonner le ministre pour expliquer
j'emploie, le mot l'inaction du gouvernement concernant ce
problème particulier où il avait dit qu'il était
prioritaire d'agir lors de la dernière étude des
crédits?
M, Goldbloom: M. le Président, cela frôle toujours
la démagogie facile quand...
M. Bédard (Chicoutimi): Trouvez-moi une partie de
démagogie là-dedans. Trouvez-moi une partie de
démagogie.
M. Goldbloom: Quand vous parlez d'inaction et quand vous parlez
d'études interminables, parce que...
M. Bédard (Chicoutimi): Que je dise action, je fais de la
démagogie.
M. Goldbloom: M. le Président, le député
sait fort bien que l'action du gouvernement se poursuit à
l'intérieur de la salle du conseil des ministres et se poursuit dans
l'examen de tous les problèmes qui se présentent, l'un
après l'autre. Il arrive très souvent que les divers ministres,
devant une proposition de projet de loi, trouvent qu'il y a des implications
qui doivent être examinées davantage avant de procéder.
Donc, il est toujours facile de dire: Le gouvernement prend un temps
interminable. Le gouvernement a la responsabilité d'agir d'une
façon responsable et consciente des implications possibles.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est le gouvernement, par votre
intermédiaire, qui a dit, l'an passé, que, incessamment, il
fallait agir concernant les terres arables. Je vous demande simplement une
chose. C'est vous qui l'avez dit, ce n'est pas nous de l'Opposition, c'est
vous, parce que vous connaissiez le problème. Je présume que vous
le connaissiez. Ce que je veux savoir, ce sont les raisons précises pour
lesquelles il n'y a pas eu de loi. Il y avait des implications...
M. Goldbloom: Bon! Je vous donne une excel- lente raison
immédiatement, M. le Président, c'est parce que le milieu
agricole a réagi. Il a dit: Ce que vous proposez va nous affecter
à un point tel que vous allez nous consulter et nous consulter en
profondeur avant d'aller plus loin et les municipalités ont dit... M. le
Président, j'ai la parole. Les municipalités ont dit: Vous allez
imposer un zonage agricole. Cela va affecter notre situation financière
et nous voulons être consultés et nous voulons avoir l'occasion de
nous exprimer là-dessus avant que vous n'alliez de l'avant avec une
loi.
Il a fallu poursuivre ce genre de discussions et ces discussions ne sont
pas encore terminées. C'est justement pour pouvoir connaître les
répercussions de chaque geste législatif que l'on pose que le
gouvernement est obligé de prendre le temps qu'il faut pour tout
examiner.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce qui veut dire que, l'an
passé, lorsque vous avez affirmé ça, vous n'aviez pas pris
la précaution de consulter les cultivateurs et de consulter la classe
agricole. C'est ça que je dois comprendre?
M. Goldbloom: Je ne me rappelle pas le calendrier précis
des consultations, M. le Président, ce n'était pas
l'intention...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous dites: On a eu une
réaction! Ecoutez, si vous l'aviez consulté vous auriez
été au courant de cette réaction du milieu agricole.
M. Goldbloom: M. le Président, soyons sérieux, le
gouvernement commence par annoncer son intention de faire quelque chose et,
avant l'annonce de son intention, comment est-ce que des gens peuvent
réagir? Les gens peuvent réagir de façon favorable ou
défavorable et peuvent apporter des arguments qui amènent une
réflexion additionnelle c'est absolument normal et c'est absolument
sérieux.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que l'UPA ne pousse pas
depuis dix ans pour avoir une législation concernant les sols
arables?
M. Goldbloom: Pas à ma connaissance, M. le
Président, pas dans le contexte que nous avons pour cette discussion. Au
contraire, il y a des inquiétudes très vives qui sont
exprimées dans le milieu agricole, qui doivent être
examinées à leur juste valeur.
M. Bédard (Chicoutimi): Quel est
l'échéancier des consultations? C'est un problème
important où il faut légiférer, etj'emploie vos propres
paroles, vos propres priorités. Quel est l'échéancier des
consultations avec la classe agricole pour qu'aux prochains crédits on
n'arrive pas avec une autre classe qui est arrivée avec d'autres
revendications, ce qui a fait qu'on n'a aucun projet de loi? Est-ce qu'il y a
un échéancier de consultation de la classe agricole, à
l'heure actuelle, dans l'esprit du ministre?
M. Goldbloom: II y en a sûrement, il y a des
réunions assez régulières entre le ministre de
l'Agriculture et le milieu agricole . Puisque c'est son projet de loi, il
faudra lui demander quel est son échéancier de consultation.
Quand il sera prêt, il présentera le projet de loi.
M. Bédard (Chicoutimi): L'échéancier de
consultation n'est pas prêt? Il n'y en a pas.
M. Goldbloom: II se poursuit activement, M. le Président.
C'est un dossier qui est nettement actif et je ne veux pas que le contraire
sorte dans le journal des Débats.
M. Bédard (Chicoutimi): Ecoutez, il sortira du journal des
Débats l'impression que donnent vos réponses à nos q
uestions. Vous avez beau nous di re que tout le monde réfléchit
au gouvernement pour arriver à des solutions, il reste qu'il faut un
accouchement à un moment donné, quelque part, en termes de
législation.
M. Goldbloom: C'est chose facile, jusqu'à ce qu'il y ait
un projet mûri, on peut dire que ça prend trop de temps. On peut
le dire quand on regarde de l'extérieur; quand on travaille de
l'intérieur et quand on consacre le nombre d'heures que des personnes
com me cel ui q ui vous parle je ne parle pas pour les autres
mais le nombre d'heures que je consacre au travail, qu'on vienne me dire
après: Vous prenez trop de temps à mûrir des
décisions, M. le Président, quand on fait 90 et 100 heures par
semaine, il est assez difficile d'augmenter le nombre d'heures pour arriver
plus rapidement avec des conclusions bien mûries et bien
réfléchies.
C'est l'Opposition qui est la première cela se produit
dans des débats sur les projets de loi à se lever dans
l'Assemblée nationale pour dire: Le gouvernement n'a pas pensé
à telle ou telle chose, n'a pas tenu compte de telle ou telle chose. M.
le Président, on ne peut jouer sur les deux tableaux, on ne peut
à la fois dire: Le gouvernement prend trop de temps et ensuite dire: Le
gouvernement n'a pas réfléchi suffisamment et il y a des lacunes
dans son projet de loi. Le gouvernement et c'est normal, n'importe quel
gouvernement essaie de le faire mûrit son projet, fait mûrir
son projet avant d'arriver devant l'Assemblée nationale. C'est
parfaitement normal.
M. Bédard (Chicoutimi): Je pense qu'il ne faudrait pas
faire de démagogie non plus ou essayer d'éviter le
problème en faisant l'apologie des heures de travail que doit mettre le
ministre pour menerson ministère, parce qu'au niveau de l'Opposition,
à six personnes, je dois vous dire que les heures de travail, on ne les
compte pas non plus et il faut sûrement en mettre pas mal pour pouvoir
trouver le moyen de se mettre au courant de la plupart des problèmes et
de pouvoir en discuter avec le ministre.
M. Léger: II y a une différence entre mûrir
et pourrir.
M. Goldbloom: Sans doute. Maintenant, j'aimerais revenir
brièvement aux commentaires du député de Lafontaine...
M. Bédard (Chicoutimi): J'imagine qu'il faudrait deux
ministres au niveau des Affaires municipales.
M. Goldbloom: ...qui a dit essentiellement deux choses. Il a dit
qu'il y a une spéculation qui se fait par l'achat d'un terrain et son
retrait de l'activité normale de développement et, entre-temps
d'autres personnes, d'autres propriétaires environnants font leur
investissement et paient des taxes, etc., et celui qui retient le terrain en
profite.
Je dois commenter cela de deux façons. Il est vrai que celui qui
retient ce terrain peut, dans certains cas, payer moins en taxe entre-temps,
mais il faut se rappeler que cette personne n'a pas, pendant l'intervalle,
quelle que soit sa longueur, l'utilisation de l'argent investi.
Il faut tenir compte du fait que l'argent est là dans la terre.
Il faut tenir compte que, dans ce contexte, et depuis le début de
l'histoire du monde, la terre a été considérée
comme l'investissement par excellence et encore aujourd'tui, tout le monde dit:
C'est l'investissement par excellence et si vous voulez faire fructifier votre
argent, investissez-le dans de la terre. Cela amène mon deuxième
commentaire à ce sujet.
Il est facile d'identifier une personne vorace dont les intentions sont
contraires au bien commun et de dire que cette personnequi retient des terrains
le fait au détriment de la collectivité. Mais il y a en
même temps des gens, de petits propriétaires de chez nous qui font
exactement cela, qui achètent un terrain et qui laissent leur argent
là-dedans et qui comptent là-dessus pour leur retraite, leurs
vieux jours; si nous allons leur imposer une taxe très lourde,
qu'allons-nous faire pour permettre à ces gens de se protéger
pour leurs vieux jours par l'achat d'un terrain?
Allons-nous dire: Ah bon! On va le faire pour ceux qui en
achètent en quantité, mais non pour ceux qui achètent un
terrain? C'est assez simple d'acheter plusieurs terrains à plusieurs
endroits sous plusieurs noms de compagnies différentes. Il faut avoir un
peu plus de subtilité que cela en imposant une loi. C'est pour ce genre
de considération que je suis, et que je demeure hésitant avant
d'avoir plus de renseignements sur les conséquences pour faire adopter,
ici au Québec, la loi ontarienne.
M. Léger: Je veux d'abord répondre à ce que
le ministre vient de medireetàcequ'il m'adit tantôt. Il
déplore souvent que l'Opposition semble tout savoir. L'Opposition est
là pour éveiller le gouvernement, mais elle ne peut pas tout
savoir. Elle ne peut pas tout savoir non plus des intentions du ministre quand,
depuis un certain temps, il y a une certaine inaction.
Le ministre disait tantôt que le gouvernement est conscient, mais
pour que l'Opposition soit réellement au courant ou d'accord que le
gouvernement est conscient, la seule façon de le juger, c'est par son
action. L'année dernière, j'avais posé la
question suivante au ministre: Qu'entend faire le ministre pour
régler le problème de la spéculation foncière? La
première solution qu'il a amenée était la création
d'un comité interministériel parce que ce problème
touchait plusieurs ministères, soit celui de la spéculation
foncière. Nous avions jugé que le ministre était
sérieux. Il y aura un comité interministériel qui va
étudier la situation et on apprend, un an plus tard, que ce
comité ne fonctionne plus. Ses recommandations montrent tout simplement
qu'on va faire un schéma d'aménagement, mais que la loi
ontarienne n'est pas exactement ce qu'il faut. Et quand le ministre
parle...
M. Goldbloom: M. le Président, je m'excuse d'interrompre
le député, mais cela est une caricature de ce que j'ai dit. J'ai
dit qu'il y avait des actions assez précises et que cela ne se limitait
pas à la question d'un schéma d'aménagement.
M. Léger: Non. D'accord, mais les autres solutions que le
ministre nous a apportées... Il n'en a pas eu d'autres. Il a dit qu'il
avait pensé que le schéma d'aménagement était une
solution, mais les deux autres préoccupations dont on voulait lui faire
part étaient les préoccupations de connaître qui est
réellement l'ennemi, c'est-à-dire le localiser,
c'est-à-dire en faire des statistiques pour être capable de le
réaliser. Quand le ministre nous parle de petits propriétaires
qui veulent préparer leurs vieux jours en achetant un petit lopin de
terre, ce ne sont certainement pas ceux-là qui vont faire de gros
profits.
C'est surtout au moment de la revente. Quand il y en a qui
achètent des terres arables et qui ne les cultivent pas, mais ont
l'intention d'attendre et d'en faire un développement domiciliaire
à l'occasion des possibilités d'un meilleur marché, c'est
une différence.
M. Goldbloom: Donc, la nécessité d'un zonage
agricole.
M. Léger: C'est pour cela que j'ai été
d'accord avec le ministre sur une des solutions qui était le
schéma d'aménagement pour établir la vocation de ces
territoires.
Mais cela n'empêche pas le ministre et il devrait, s'il a
l'intention de régler le problème de la spéculation
de localiser l'ennemi, c'est-à-dire les terrains qui peuvent être
en spéculation, quelsqu'ils soient, ainsi que ceux qui sont les
propriétaires.
Quand on peut évaluer cela, s'il y a une loi pour évaluer
les profits, quand on voit que, dans la ville de Montréal, il y a eu des
terrains qui ont amené, en dedans de deux ans, 900%de profit dans la
revente, c'est parce qu'on les avait localisés, qu'on était
capable de déterminer qu'ils avaient fait ce profit. Mais si on les a
localisés après que la vente fut faite, il est trop tard pour
réagir.
C'est une question de préoccupation. Je suis conscient que le
ministre est un de ceux qui travaillent le plus, comme ministre des Affaires
municipales. Ce n'est pas la quantité de temps qui compte, c'est le
résultat, par le temps qu'on a mis.
Si on n'a pas de loi précise, si on n'a pas d'actions
précises pour contrer, après un an, de cette question, c'est
là que nous, de l'Opposition, on se pose des questions sur la
rentabilité de cette période de réflexion. C'est pour cela
que je disais tantôt que c'est vrai qu'il faut faire mûrir les
problèmes, mûrir les situations, mais il ne faut pas les laisser
pourrir. C'est la raison pour laquelle je dis qu'il ne faut pas que
l'année prochaine, quand on retournera au débat que le ministre
nous a mentionné, qu'il y ait quelque chose de concret de fait et nous
lui suggérons précisément de faire la localisation des
terrains en spéculation.
Je ne dis pas qu'il faille acheter tout le Québec. Je ne dis pas
que, pour les banques de terrains que les municipalités vont pouvoir se
donner, elles doivent acheter tout le terrain, mais elles doivent au moins
avoir la possibilité de contrer la spéculation par une loi avec
des dents.
Que celle de l'Ontario, qui a obtenu certains résultats, soit
imparfaite, peut-être. Il faut peut-être partir avec ce qui a
déjà été bien ailleurs et l'améliorer par la
suite.
La raison pour laquelle nous trouvons qu'il y a une inaction, c'est
parce que le ministre a détruit, à la première
séance, le comité interministériel qui semblait être
l'organisme qui lui donnerait les renseignements voulus pour agir en ce
sens-là.
Au départ, l'année dernière, il nous a dit: Un
comité interministériel, et cette année, il nousdit: Le
comité interministériel a siégé, on ne sait pas si
ce sont les ministres qui se sont rencontrés, si ce sont les
fonctionnaires qui se sont rencontrés ou si c'est un mélange des
deux. Mais, de toute façon, la conséquence de cela, c'est qu'il
n'y aura pas d'action particulière précise annoncée cette
année.
On est en train d'attendre une autre année pour mûrir la
situation et on verra l'année prochaine ce qui s'est passé. Nous,
de l'Opposition, notre rôle est de vous aviser qu'il faut de l'action
là-dedans.
M. Goldbloom: Non, M. le Président, et non, encore une
fois. Là aussi, c'est démagogique. On n'est pas pour attendre une
autre année. L'Opposition reviendra dans une année pour en
discuter, parce que l'Opposition n'est pas le gouvernement. Mais pendant cette
année, le gouvernement continuera d'agir.
Il faut d'abord un diagnostic. Ecoutez...
M. Léger: D'accord.
M. Goldbloom: L'affirmation qu'il y a de la spéculation,
oui, il y en a, tout le monde le sait. Mais quelle est l'ampleur de ce
phénomène? C'est cela, le diagnostic qu'il faut faire. Je ne suis
pas convaincu que c'est par la compilation de l'ensemble de toutes les
statistiques sur le comportement du marché qu'on va trouver cela,
plutôt que par un diagnostic local, là où des
problèmes se présentent.
Il faut aussi tenir compte du fait que notre situation est
différente de celle de l'Ontario; que la mise en valeur des terrains est
faite par l'autorité municipale et non pas par le promoteur, chez nous.
Cela a
des avantages et des désavantages, mais, dans le moment, c'est
l'autorité municipale qui prend la responsabilité de cette mise
en valeur.
Entre-temps, il y a le contrôle que nous avons de plus en plus, au
niveau de notre direction générale de l'urbanisme, au niveau de
la Commission municipale du Québec qui doit se prononcer sur les
emprunts, les règlements d'emprunt, pour cette mise en valeur et qui,
donc, regarde le comportement de tout ce secteur.
Il faut se rappeler une chose, M. le Président. C'est que, quand
on applique un traitement à un tissu qui est malade, on doit être
certain qu'on n'endommage pas le tissu sain qui entoure ce qui est malade.
On risque de toucher la personne qui, en toute honnêteté et
non seulement pour son propre bien mais pour le bien commun, achète un
terrain, avec une loi qui va trop loin et qui est trop draconienne Ce n'est pas
seulement pour atteindre le spéculateur, ce vilain, dont le
député de Lafontaine a donné le portrait, que l'on veut
agir. C'est également pour permettre à celui dont
l'intérêt est légitime de participer au marché et
d'agir normalement pour son propre bien et pour le bien de la
collectivité. C'est cela que l'on cherche. Il faut l'équilibre
entre les deux.
M. Léger: Le ministre doit admettre quand même que
ce qu'il vient d'affirmer concernant les responsabilités et les
rôles des municipalités, cela ne touche que les terrains que la
municipalité veut bien zoner ou acheter dans sa banque de terrains ou
retenir, selon une vocation précise. Cela ne touche pas la
spéculation venant des étrangers ou des personnes qui n'ont aucun
intérêt avec la communauté locale. Moi, je dis une chose,
M. le Président: C'est qu'il faut toucher le spéculateur à
son talon d'Achille, à l'endroit où il est le plus
vulnérable, c'est-à-dire l'endroit où il fera son profit.
S'il est prouvé, selon une définition, dans une loi, que la
spéculation, c'est de telle ou telle façon qu'elle se fait, et
que ceux qui auront agi de telle ou telle façon seront touchés
à l'endroit où ils sont le plus vulnérables, par une taxe
sur le profit entre autres, c'est là qu'on rejoint et qu'on touche le
spéculateur.
M. Goldbloom: Je pense, M. le Président, que nous venons
de mettre le doigt sur le noeud du problème. C'est la définition,
et c'est de ça que je parle depuis le début. Qu'est-ce que c'est
que la spéculation? Comment distinguer la spéculation de la
transaction honnête? Comment agir pour atteindre ce tissu malade, sans
nuire au tissu sain qui l'entoure? C'est ça qui est beaucoup plus
complexe que l'on peut le croire en déclarant qu'il faut agir contre la
spéculation. M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): On continuera d'en discuter cet
après-midi.
Le Président (M. Picard): A Tordre, s il vous
piaît!
M. Léger: Si on a atteint cet objectif...
Le Président (M. Picard): Messieurs, au moment où
je vous parle, la commission pour l'étude des crédits du
ministère des Affaires municipales a déjà
siégé dix heures et 48 minutes.
La commission suspend ses travaux jusqu'à 3 heures, même
salle.
(Suspension de la séance à 13 h 2)
Reprise de la séance à 15 h 20
M. Picard (président de la commission parlementaire des
affaires municipales): A l'ordre, messieurs!
La commission parlementaire des affaires municipales continue
l'étude des crédits 1975/76 du ministère des Affaires
municipales.
Le programme 2, le député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, ce matin,
nous avions parlé assez longuement quand même d'une loi pour la
protection des sols arables.
A la suite de l'avant-projet de loi qui a avorté sur
l'aménagement du territoire, le ministre avait signalé l'an
dernier que cet avant-projet n'était pas mort et qu'il restait des
mémoires à entendre, malgré que près de trois ans
se soient écoulés depuis le dépôt de l'avant-projet.
L'an dernier, on prévoyait un projet de loi Toupin c'est comme
cela qu'il avait été qualifié dans les Débats
sur la spéculation des terres arables. Il semble qu'il ait
avorté aussi. Le ministre peut-il nous expliquer et justifier les
retards du gouvernement là-dessus?
M. Goldbloom: M. le Président, il y a quatre
éléments qu'il faut mettre en place pour une politique
d'aménagement et de protection du sol. Il y a la Loi sur l'urbanisme et
l'aménagement du territoire. Il y a la Loi sur le zonage agricole, sur
la protection du sol arable. Il y a une loi pour redéfinir la protection
des parcs et il y a une loi sur les réserves écologiques dans le
contexte forestier. C'est la dernière de ces quatre lois qui est sortie
la première de la machine. J'aurais voulu que les autres sortent en
même temps, notamment les deux qui m'intéressent le plus
particulièrement: la Loi de l'urbanisme et la Loi du zonage agricole,
mais cela n'a pas été possible, malgré de longues
discussions du problème, à cause, justement, de la
complexité de ce que nous devons faire.
Je ne suis pas en mesure d'aller dans les détails, mais je veux
simplement indiquer aux députés que c'est un travail
extrêmement sérieux qui se poursuit et qui implique tous les
ministres qui ont la responsabilité de la planification,
c'est-à-dire le groupe des dix qui se réunit
régulièrement. Il faudra que l'on soit certain de la valeur de
chaque mesure et des répercussions qui découleraient de son
application, avant de la présenter devant l'Assemblée nationale.
Ce sont ces vérifications qui se poursuivent.
M. Bédard (Chicoutimi): Lorsque le ministre parle de
complexités qui se sont présentées, fait-il
référence, entre autres, à la réaction de la part
des milieux agricoles dont il nous a parlé ce matin, avant
l'ajournement? Ce n'est pas seulement cela?
M. Goldbloom: Ce n'est pas seulement cela. Ce sont des
témoignages quand même qui nous permettent de prévoir des
difficultés et donc de les éviter. Je dois dire que
l'avant-projet de loi de l'urbanisme et de l'aménagement du territoire,
qui a été déposé il y a deux années et quart
à peu près, a suscité de nombreuses réactions et
une réflexion assez profonde de notre part, qui ne nous mène pas
à des conclusions différentes, mais à des idées
différentes quant au mécanisme d'application de ces mesures qui
sont nécessaires. Dans ce cas particulier, j'ai déjà eu
l'occasion de dire que la loi adoptée par l'Assemblée nationale
en juillet et qui concernait la Communauté régionale de
l'Outaouais, nous fournissait pour la première fois un laboratoire pour
déterminer les meilleurs mécanismes d'application d'une loi
générale de l'urbanisme et de l'aménagement du
territoire.
Malheureusement, à cause des facteurs que j'ai
énumérés ce matin, qui nous ont fait subir des retards
dans la préparation du schéma définitif et donc dans son
application, nous n'avons pas encore les données que nous fournira ce
laboratoire dès qu'il y aura un instrument de travail qui sera le
schéma régional d'aménagement.
M. Bédard (Chicoutimi): Peut-on conclure qu'à
l'heure actuelle il y a des gens qui travaillent d'une façon tout
à fait particulière sur l'avant-projet de loi concernant
l'urbanisme et l'aménagement du territoire?
M. Goldbloom: Oui, M. le Président. C'est un travail qui
se poursuit activement à l'intérieur du ministère. Les
autres connotations sont examinées régulièrement au fur et
à mesure que chaque ministère contribue des considérations
au niveau du groupe ministériel de l'OPDQ.
M. Bédard (Chicoutimi): Comme cela fait déjà
deux ou trois ans, tout à l'heure, on en parlait, non seulement c'est
dans l'air, mais il y a des gens qui travaillent dessus, peut-on s'attendre
qu'un projet de loi soit déposé assez prochainement concernant
ces deux secteurs?
M. Goldbloom: II y a deux étapes à franchir, M. le
Président. Il faudra que notre ministère rédige un texte
définitif et que ce texte soit accepté par le conseil des
ministres.
M. Bédard (Chicoutimi): Quand le ministre
prévoit-il qu'au moins le texte définitif pourrait être
terminé?
M. Goldbloom: Au cours des prochaines semaines.
M. Bédard (Chicoutimi): Des prochaines semaines.
M. Goldbloom: Ah oui! des toutes prochaines semaines.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre se rappellera sans
doute que, lors de l'étude du projet de loi 98, il avait
été question de spéculation foncière possible dans
le territoire concerné par les municipalités et villes
impliquées dans le bill 98. A la suite de cette discussion, le ministre
s'était engagé à faire faire une enquête dans la
région de l'Outaouais concernant la spéculation foncière.
Je voudrais sa-
voir où en est rendue cette enquête. Si elle n'est pas
terminée, le ministre peut-il nous donner quand même dès
maintenant certaines conclusions qui peuvent être tirées des
études déjà faites?
M. Goldbloom: Elle se poursuit. Elle n'est pas encore
terminée. Nous avons envoyé une équipe de fonctionnaires
dans la région. Cette équipe s'est rendue au bureau
d'enregistrement pour faire la compilation de tous les renseignements qui sont
essentiels. Nous n'avons pas encore toute cette compilation. Nous devons
compiler non seulement les transactions en nombre, mais aussi en chronologie,
n'est-ce pas. Parce que la chronologie des transactions a une importance dans
l'évaluation d'un phénomène qu'on peut appeler
spéculatio'n et peut avoir une importance dans d'autres contextes aussi
quand aux gestes posés par certaines personnes.
Donc, nous poursuivons un travail soigné dans ce domaine et je
crois que, là aussi, dans les toutes prochaines semaines, je devrais
recevoir un rapport là-dessus. Je l'évaluerai avec beaucoup
d'attention.
M. Bédard (Chicoutimi): L'équipe dont vous nous
parlez, consiste-t-elle en plusieurs fonctionnaires du ministère?
M. Goldbloom: M. le Président, deux fonctionnaires. C'est
un travail de bénédictin. Dégager plus de deux
fonctionnaires pour une longue période de temps, pour travailler dans
une région autre que la région de la capitale, ici, c'est
beaucoup demander aux services du ministère. C'est une raison pour
laquelle il a fallu un temps important pour que le travail soit accompli, mais
il y a deux personnes qui y ont travaillé intensément.
M. Bédard (Chicoutimi): Quand vous faites
référence à la manière de travailler de ces deux
fonctionnaires qui se sont rendus au bureau d'enregistrement pour faire
certaines compilations et certaines recherches nécessaires,
naturellement, cela n'est-il pas un peu l'amorce de la confection d'un certain
tableau de statistiques au niveau de la spéculation concernant cette
région?
M. Goldbloom: Oui, mais pour un territoire limité...
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord. J'ai bien dit pour cette
région.
M. Goldbloom:... et c'est une sélection quant à
l'ensemble du territoire, et il faudra juger par le rapport que nous recevrons
si c'est vraiment une façon valable de poursuivre l'objectif visé
par l'honorable député de Chicoutimi. Je vous avoue, M. le
Président, que si nous devions faire, pour la province, la compilation
de toutes les données de cette manière, il faudrait ou une
trentaine de fonctionnaires pour avoir un rapport dans un laps de temps
raisonnable, ou bien prendre plusieurs années pour faire cette
compilation, parce que dans cette seule sous-région, il n'y a qu'un
secteur qui nous ait inté- ressés. N'est-ce pas? C'est un secteur
présentement ou récemment urbanisé ou en voie d'être
visé par une urbanisation possible, surtout cette dernière
catégorie, et sur une frontière entre deux municipalités
où il y une question d'entente possible, entente espérée
de notre part, pour que la cité de Hull obtienne de l'espace vital pour
son développement. Cela veut dire que nous n'avons même pas
couvert tout le territoire de la Communauté régionale de
l'Outaouais.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, mais il reste que c'est quand
même le secteur où cela demande le plus de recherche, parce qu'une
fois ce secteur urbanisé couvert, c'est une bonne partie de la
région, quand même. Le travail est moins bénédictin
pour le reste de la région, parce qu'on pourrait facilement faire le
raisonnement aussi que si cela en prend deux là, et que cela leur prend
peut-être six mois à faire ce travail, cela n'en prendrait pas
plus d'une vingtaine dans le reste du Québec pour pouvoir arriver au
résultat dont nous parlions.
M. Goldbloom: Je pense que nousserons mieux placés pour
savoir comment nous pourrions, si telle était la décision,
poursuivre le travail à l'échelle de toute la province, des
importantes agglomérations une fois que nous aurons ce rapport en
main.
Il faut souligner que les bureaux d'enregistrement certainement
celui de la région concernée, et probablement la majorité,
sinon la totalité des autres reçoivent des documents un
par un et enregistrent les transactions une par une. Il n'y a pas
d'informatique d'implantée. Il n'y a pas d'ordinateur qui reçoit
ces données et nous permet de les récupérer rapidement.
Donc, c'est un travail de l'ancien style.
M. Bédard (Chicoutimi): Outre la méthode
employée, qui consiste à vérifier au niveau du bureau
d'enregistrement, y a-t-il un autre volet au niveau de l'enquête,
d'autres moyens d'action qui sont mis de l'avant pour la
vérification?
M. Goldbloom: Pour l'instant, non, M. le Président, parce
que c'est cela que nous avons visé, c'est cela que nous avons voulu
accomplir. Je pense que s'il y a une action additionnelle à
entreprendre, elle découlera du rapport.
M. Bédard (Chicoutimi): Du résultat de la
première enquête.
M. Goldbloom: Des conclusions que nous pourrons tirer.
M. Bédard (Chicoutimi): Concernant la spéculation
possible dans certaines régions, je voudrais savoir du ministre si, dans
la région du Saguenay, précédant l'implantation ou
l'annonce de l'implantation d'un parc industriel, il y aeu des enquêtes
qui ont été menées, soit par le ministère des
Affaires municipales, soit par le ministère de la Justice, sur le danger
de spéculation foncière concernant l'implantation du parc
industriel. Il y a certaines ru-
meurs à cet effet qui ont circulé quand même, au
niveau de la région, je voudrais simplement savoir si, effectivement,
une enquête a eu lieu.
M. Goldbloom: Pas à ma connaissance, M. le
Président, je ne peux répondre pour le ministère de la
Justice, mais nous n'avons pas poursuivi d'enquête de cette nature. Je me
permets de revenir à un commentaire de ce matin, du député
de Lafontaine. J'avais voulu le relever, ce matin, pendant qu'il était
ici, mais nous sommes arrivés à treize heures un peu rapidement.
Il a dit je ne voudrais pas le mal citer que des
spéculateurs sont des fois informés par leurs amis politiques
d'un développement qui est en préparation, qui est en
perspective. Je ne sais pas s'il a des accusations précises à
porter.
M. Bédard (Chicoutimi): Des exemples précis.
M. Goldbloom : Des exemples, peut-être. Mais le commentaire
que j'aimerais faire en retour, c'est qu'il est intéressant de constater
qu'à chaque fois que l'on parle d'un projet il y a un
député de l'Opposition qui se lève en Chambre pour
demander où en est rendu le projet. Alors, il ne faut pas, en même
temps, dire: II faut garder le projet confidentiel pour éviter la
spéculation et poser des questions en Chambre pour demander qu'on
révèle ce qui se produit. On se permet même je le
dis avec le sourire de se fâcher quand on n'a pas...
M. Bédard (Chicoutimi): Si vous aviez une loi
antispéculation, si vous aviez des mesures très concrètes,
comme on vous a suggéré ce matin, que ce soit au niveau d'une
taxe spéciale sur les profits des spéculateurs ou encore
certaines démarches rapides du gouvernement, quand il s'agit de projets
à venir, vous n'auriez pas ce problème. Vous ne pouvez quand
même pas demander à l'Opposition de ne pas s'informer sur des
projets. Est-ce que c'est cela que vous voulez dire?
M. Goldbloom: Non, parce que c'est absolument légitime que
l'Opposition pose des questions.
M. Bédard (Chicoutimi): Bien, il me semble.
M. Goldbloom: Mais qu'elle ne dise pas en même temps qu'il
y a des hommes politiques qui révèlent ce qu'il y a dans des
projets, sans au moins préciser...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous savez que, quand l'Opposition
en parle au niveau de questions, cela fait longtemps que les amis politiques,
si la chose existe, ont fait parvenir à qui de droit, aux
spéculateurs, les messages qu'ils doivent faire parvenir.
M. Goldbloom: Je serais très reconnaissant au
député de Chicoutimi et à ses collègues de bien
vouloir formuler des plaintes ou donner des exemples (panne d'enregistrement)
de présenter une thèse de cette nature.
M. Bédard (Chicoutimi): Maintenant, quand il y a eu la
mise en tutelle de la ville de Jacques-Cartier, c'était concernant quoi?
Est-ce qu'il n'y avait pas des références très
concrètes à un problème comme celui que nous avons
soulevé?
M. Goldbloom: Je ne me rappelle pas personnellement, M. le
Président, c'est une chose qui s'est...
M. Bédard (Chicoutimi): II serait peut-être bon
d'aller dans le passé.
M. Goldbloom: ...produite, il y a plusieurs années.
M. Bédard (Chicoutimi): Je conseille au ministre d'aller
dans le passé, peut-être qu'il va avoir une certaine
leçon.
M. Goldbloom: Si l'on en parle aujourd'hui, ce n'est pas pour
déterrer des choses du passé, c'est pour faire penser qu'il y a
une pratique de cette nature qui est courante aujourd'hui. J'aimerais savoir si
c'est cela que veut dire le député et s'il a des exemples
à citer.
M. Bédard (Chicoutimi): Quand on aura certains
crédits de ministère à discuter, nous irons très
précisément sur certains points qui concernent la
spéculation.
Une Voix: Ce serait peut-être mieux.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous allez le voir assez vite. Ce
ne sera pas tellement long avant qu'on discute les crédits de ce
ministère.
M. Ostiguy: Beaucoup d'écrans de fumée, peu de
faits.
Le Président (M. Picard): Le député
d'Abitibi-Ouest m'a demandé la parole.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous êtes au courant de la
spéculation dans Jacques-Cartier qui a amené la mise en tutelle
de la ville?
M. Ostiguy: Nommez-en.
M. Bédard (Chicoutimi): Etes-vous au courant? Le ministre
non plus alors.
Le Président (M. Picard): A l'ordre! Le
député d'Abitibi-Ouest.
M. Boutin: M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est M. Pierre Laporte qui avait
été obligé de mettre la ville en tutelle.
M. Boutin: Lorsque l'on parle de spéculation
foncière dans ces domaines, je ne vois pas très bien ce que le
gouvernement vient faire là-dedans. En fait, c'est un problème
strictement municipal.
M. Bédard (Chicoutimi): On comprend que vous ne voyiez
pas.
M. Boutin: Voulez-vous me laisser parler? M. Perreault:
Ils ont la vérité, eux! M. Bédard (Chicoutimi):
Allez-y.
M. Boutin: C'est que normalement, dans une chose comme ça,
lorsqu'il arrive un projet précis, je ne vois pas bien qu'on commence
à donner toujours au gouvernement des pouvoirs de ci, des pouvoirs de
ça, quand c'est un problème, normalement, strictement local.
Alors, lorsqu'il arrive des projets précis sur l'implantation de zones
industrielles, l'implantation de nouvelles formations qui peuvent amener des
changements dans un territoire donné, les municipalités doivent
prendre une certaine responsabilité et, dans des cas précis, font
l'homologation du territoire et gèlent la valeur des terrains.
Alors, je pense que, dans ce cas précis, elles ont les pouvoirs
de le faire et elles n'ont seulement qu'à le pratiquer.
M. Bédard (Chicoutimi): Je pense que nous avons
vidé la question pas mal ce matin. Je n'ai pas l'intention...
M. Goldbloom: Je le crois.
M. Bédard (Chicoutimi): ...de revenir continuellement
là-dessus parce que...
M. Goldbloom: Très bien.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne sais pas si le
député était là ce matin.
Il y avait une autre question que je voulais poser au ministre
concernant il en a fait référence ce matin l'achat
massif de terrains par des non-Québécois. Entre autres, on avait
parlé de Cosma concernant la Gatineau.
Mais je pense que ce problème ne se situe pas seulement à
l'intérieur d'une région, c'est un peu dans tout le
Québec. En ce qui me regarde, même dans la région du
Saguenay- Lac-Saint-Jean, quand même assez éloignée, dans
le comté de Roberval entre autres, on se rend compte qu'il y a des
non-Québécois, des Américains, entre autres, qui, d'une
façon systématique, semblent exprimer leur idée
très précise d'acheter des terrains et, effectivement, ils en
achètent. J'ai eu l'occasion également, dans le comté de
Vaudreuil-Soulanges, de voir cette situation se répéter. Il y
avait même un groupe de cultivateurs, que nous avons eu l'occasion de
rencontrer, qui exprimaient quand même des craintes et qui se posaient
des questions sur ce problème qui peut en être un s'il
s'étend à tout le Québec.
Je sais que, l'an passé, le ministre avait dit, au niveau des
crédits, je cite textuellement, que c'était clairement une chose
à surveiller." Je présume que le ministre, durant l'année
qui s'est écoulée, a surveillé, tel qu'il l'avait
promis.
J'aimerais connaître les résultats de sa surveillance , de
sa vigilance et savoir si, à la suite des constatations qu'il a pu
faire, il envisage une action de la part du ministère des Affaires
municipales.
M. Goldbloom: C'est une autre facette du problème que nous
avons discuté ce matin. Nous l'avons même effleuré au cours
de notre discussion. Nous avons préféré nous pencher sur
le phénomène de l'achat massif plutôt que sur
l'identité et l'origine des acheteurs. Il y a quand même il
faut le reconnaître un phénomène que nous ne pouvons
présentement réprimer mais qui pourrait, s'il se poursuivait
indéfiniment, nous placer dans une situation peu confortable où
d'importantes proportions de notre sol étaient entre les mains de gens
qui n'étaient pas de chez nous.
Ce n'est pas par xénophobie que je le dis et ce n'est pas par
xénophobie que le député de Chicoutimi pose le
problème. Nous n'avons pas, jusqu'à maintenant et
d'ailleurs, ce serait un problème qui impliquerait le gouvernement du
Canada voulu légiférer contre l'achat de terrains par des
gens qui ne sont pas de chez nous. D'ailleurs, il y a le problème de
légiférer à l'intérieur du Canada contre l'action
de Canadiens. On peut dire que celui qui nous vient d'un autre pays ne partage
pas nos intérêts mais celui qui vient d'une autre province les
partage très clairement et nous ne devons pas le traiter de la
même façon si nous décidons un jour de
légiférer dans ce domaine, quant à l'origine de
l'acheteur.
Quant à l'importance des achats, j'ai souligné ce matin
certaines difficultés techniques qui me paraissent embêtantes
je n'irai pas plus loin que cela mais embêtantes quant
à l'application d'une mesure pour limiter la quantité de terrains
détenus par une seule personne.
C'est en dedans des douze derniers mois que nous avons eu le cas de
l'achat antérieur ce n'était pas un achat effectué
au cours de l'année dernière d'une très importante
parcelle de territoire par un Québécois et du blocage du
développement d'une municipalité à cause de cela, de
l'impossibilité, pour la municipalité, de développer un
secteur industriel parce que les terrains n'étaient pas utilisables,
n'étaient pas en vente et nous avons même effectué...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est ce qui pourrait se produire,
à Hull, si le terrain ne nous appartient plus et s'en va au
fédéral.
M. Goldbloom: Oui, M. le Président, et je pense que tout
comme nous avons agi dans ce domaine, à la demande de la
municipalité et là, je rejoins mon collègue
d'Abitibi-Ouest, en soulignant le rôle des municipalités dans ce
processus de détermination de l'utilisation du sol nous nous
sommes penchés sur la question et nous avons pris une décision,
nous sommes intervenus, parce que la municipalité nous démontrait
un blocage.
Mais je pense qu'il faudrait démontrer quelque chose et ne pas
faire un procès d'intentions à chaque personne qui achète
une grande parcelle de terrain. Je pense que c'est cela qui me préoccupe
dans toute cette question de spéculation. C'est la démonstration
des effets nuisibles du phénomène. Cela nuit à qui et dans
quelle mesure? Est-ce que nous pouvons vraiment remédier à ce
phénomène
par un geste A, B ou C que l'on pourrait envisager? C'est ce qui me
préoccupe particulièrement.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais cela dépasse un peu ma
question sur le problème de la spéculation. C'est simplement le
problème que je vous soulignais. Ce sont des achats de terrains quand
même assez importants, non pas par des Québécois ou des
Canadiens mais par des Américains, que ce soit dans l'Estrie, que ce
soit dans Roberval, les end roits où j'ai pu vérifier,
également dans Vaudreuil-Soulanges, sur la rive sud, également,
aussi, vous vous le rappelez, dans l'Abitibi. C'était très
important, et à un moment donné, c'était tellement
important qu'on a cru sentir le besoin de former une sorte de comité
interministériel, je crois, pour étudier la situation.
Alors ce que je voudrais savoir, c'est simplement, sans parler de
spéculation, concernant uniquement l'achat de terrains par des
Américains, si, durant l'année qui vient de s'écouler, le
ministère a surveillé et, sans entrer en discussion plus avant,
combien il y a d'acres de terrain qui, à l'heure actuelle, peuvent
appartenir à des Américains suite à ces achats?
M. Goldbloom: Nous avons observé un certain nombre
d'achats de cette nature. Je ne sais pas si nous avons présentement une
compilation du nombre d'acres. Nous ne l'avons pas présentement. Nous
avons eu connaissance de certaines transactions un peu particulières
où l'achat massif de terrains a été suivi de l'annonce de
la vente de ces terrains dans des journaux américains, par exemple. Ces
promoteurs je ne sais pas si c'est le bon mot à utiliser
ou ces personnes ont vendu de petits lots parfois mal identifiés par
rapport au cadastre, et avec des difficultés pour les
municipalités de percevoir des taxes, le nouveau propriétaire
étant une personne inconnue dans une ville américaine, et la
description de la partie du grand terrain subdivisé qui appartient
à cette personne étant soit fautive, soit absente, nous avons eu
un problème de cette nature.
Nous nous sommes penchés là-dessus avec les
municipalités une en particulier de la rive sud de
Montréal qui étaient touchées par cela. Nous avons
cherché une solution que nous n'avons pas tout à fait
définie jusqu'à maintenant, mais il faudra que nous ayons la
certitude que la subdivision de chaque parcelle de terrain se fasse d'une
manière normale et claire et permette ainsi à la
municipalité de percevoir ses taxes là-dessus.
C'est l'aspect qui nous a frappés le plus directement dans cette
récente période de temps.
M. Bédard (Chicoutimi): Sans nous dire le nombre d'acres
exact, vous ne pouvez pas nous dire si ça commence déjà
à être assez important cette acquisition, par des
Américains ou des Non-Canadiens, de terrains?
M. Goldbloom: Nous n'avons pas de statistiques nous-mêmes
là-dessus et il me semble que nous devrons, ou bien faire à ce
sujet le genre de travail que nous poursuivons dans l'Outaouais...
M. Bédard (Chicoutimi): ...c'est un coin où c'est
très fréquent.
M. Goldbloom: ...au bureau d'enregistrement ou bien faire appel
aux municipalités pour que nous recevions les informations pertinentes
pour pouvoir les compiler et les analyser d'une façon plus
précise. Jusqu'à maintenant, nous n'avons pas eu un portrait
assez complet pour que je puisse répondre de façon précise
à la question du député.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'on peut s'attend re que,
pour les crédits de l'an prochain, on puisse avoir un tableau exact du
nombre d'acres approximatifs entre les mains des Américains?
M. Goldbloom: Nous allons faire un effort particulier à ce
sujet parce qu'ayant constaté un certain nombre de transactions pendant
l'année je pense que nous devons faire la compilation nécessaire
pour savoir quelle est véritablement l'ampleur de ce
phénomène.
M. Bédard (Chicoutimi): Parce que l'Ontario avait vu ce
phénomène se produire et il a légiféré en
imposant une taxe supplémentaire pour les acquéreurs qui
n'étaient pas canadiens.
M. Goldbloom: Je dois souligner aussi que nous avons
décelé certains problèmes dans notre système actuel
de cadastrage et que nous devons nous asseoir avec le ministère
desTerres et Forêts, qui est responsabledu cadastre, pourqu'il y ait des
améliorations d'apportées à notre système
d'enregistrement par rapport au cadastre.
C'est ce que j'ai dit il y a quelques instants et ce problème
n'est pas résolu encore, mais nous travaillons là-dessus.
M. le Président, je constate l'arrivée de notre
distingué invité, le ministre de la Fonction publique, et
peut-être que nous pourrons, par courtoisie, lui offrir l'occasion de
répondre aux questions du député de Chicoutimi.
Aide financière à la
Société d'aménagement de l'Outaouais (suite)
M. Parent (Hull): Je voudrais vous dire que je m'excuse si je
n'ai pas été ici à trois heures, j'avais un dîner
où je recevais le haut-commissaire de l'Inde au Canada et je viens de
laisser l'exécutif du Syndicat des professeurs de l'Etat du
Québec qui m'a remis sa convention collective.
M. Bédard (Chicoutimi): D'où le teint basané
du ministre. Simplement, je ne veux pas reprendre toute la discussion, sauf que
nous avions eu l'occasion, ce matin, de demander au ministre des Affaires
municipales de faire le point sur les négociations qui se tiennent
à l'heure actuelle entre la Commission de la capitale nationale et le
gouvernement du Québec, concernant une entente qui doit être
conclue, une entente importante portant sur l'échange de contrôle
et le transfert d'administration de terrains dans la région
immédiate de Hull.
Je pense que je n'ai pas à expliquer le problème
qui fait l'objet de cette question au ministre. C'est tout simplement la
nécessité, pour Hydro-Québec, d'obtenir du terrain pour
pouvoir donner suite à sa planification régionale, la
nécessité d'obtenir des terrains qui appartiennent
présentement au fédéral. En tout cas, il semble que le
fédéral exige, en retour de ce droit de passage sur ce qui lui
appartient, que le Québec cède d'autres terrains pour remplacer
ceux-là.
Je voudrais demander au ministre, d'une part, de faire le point sur les
négociations puis je voudrais lui demander également s'il est
question que le Québec puisse céder du terrain en contrepartie du
droit de passage demandé par l'Hydro, d'autant plus que le ministre a
déjà déclaré à Radio-Canada qu'il
était opposé, d'une façon très claire et
très nette, à toute cession du territoire, toute cession nouvelle
du territoire.
M. Parent (Hull): D'abord, je pense qu'il faudrait
spécifier que je n'ai pas objection à discuter du sujet. C'est
pour cela que mon collègue m'en a parlé. Je ne voudrais pas non
plus que ce soit l'occasion d'autres débats au moment où on va
adopter les crédits des affaires intergouvernementales. Je n'ai pas
objection...
M. Bédard (Chicoutimi): Je veux faire le point ici, quitte
à avoir une discussion plus élaborée lorsque...
M. Parent (Hull): ...à donner les détails...
M. Bédard (Chicoutimi): ...le ministère des
Affaires intergouvernementales...
M. Parent (Hull): Comme ministre d'Etat aux Affaires
intergouvernementales, je suis responsable du dossier de la capitale nationale.
Il est vrai que nous avons des pourparlers depuis un an avec le gouvernement
fédéral, en particulier la Com mission de la capitale nationale,
pour obtenir des droits de passage à l'intérieur du parc de la
Gatineau pour l'implantation d'une ligne d'électricité de 315
kV.
Il serait faux de prétendre, par ailleurs, que le gouvernement
fédéral exige en retour des cessions de terrains. Dans les
négociations que nous poursuivons, pour la ligne 315 kV et l'autre ligne
de 120 kV, il s'agit de servitudes et non de transferts ou d'achats de
terrains. Le fédéral, en retour, n'exige pas de cessions de
terrains. Dans les discussions que nous avons poursuivies, il y a eu des
demandes du gouvernement fédéral pour que nous cédions des
emplacements: l'un situé à Deschênes, l'autre situé
dans le quartier Tétrault, de Hull, où se situe actuellement une
sous-station de l'Hydro-Québec que nous avons besoin de relocaliser dans
le quartier Tétrault, à la demande d'Hydro.
Toutes les négociations se sont poursuivies depuis un an entre
celui qui vous parle et Roland Gi-roux, le président
d'Hydro-Québec, et la Commission de la capitale nationale. Outre
peut-être cette fois où on a demandé de céder du
terrain, il n'a jamais été question pour le gouvernement du
Québec de consentir des cessions de terrains. Quand on parle de cession
de terrains, ce sont des ventes. Or, au gouvernement du Québec, depuis
que je m'occupe du dossier, depuis 1970, nous n'avons jamais accepté de
vendre des terrains au gouvernement fédéral, si ce n'est de faire
des transferts de gestion et d'administration tout en demeurant
propriétaires du fonds de terre.
Dans le cas d'Hydro, ce que nous avons, dans les discussions qui se
poursuivent... D'ailleurs, l'entente prévue au Québec n'est pas
terminée; elle est en cours de discussion. Je comprends qu'au stade
où nous en sommes rendus maintenant, nous avons des accords de principe
qui ne sont pas terminés dans les textes, des accords de principe
où il y aura des transferts de gestion entre le gouvernement du
Québec et la Commission de la capitale nationale.
Ces transferts de gestion n'enlèveront pas la
propriété au fédéral, comme ils n'enlèveront
pas la propriété au provincial. Nous continuons, de part et
d'autre, à demeurer propriétaires de nos terrains et les
négociations vont nous amener dans le même sens que nous
poursuivons nos négociations depuis 1970, c'est-à-dire qu'il n'y
a pas de vente de droits de propriété au gouvernement
fédéral de la part du gouvernement de Québec. C'est
là que nous respectons ce que j'ai déclaré à
plusieurs reprises, que nous sommes opposés catégoriquement
à un district fédéral.
M. Bédard (Chicoutimi): Si je comprends bien le ministre,
s'il n'y a pas de cession, purement et simplement, de territoire, il y aurait
consentement à la formule de bail emphytéotique pour 99 ans;
est-ce cela que vous voulez nous dire?
M. Parent (Hull): Ce n'est pas un bail emphytéotique.
Quand on parle de transfert de gestion et d'administration, ce sont les moyens
utilisés entre les gouvernements provinciaux, d'une part, et le
fédéral, de l'autre; même dans d'autres provinces, c'est la
même formule. C'est un transfert d'administration pour des fins
spécifiques. Si on prend l'exemple qu'on m'a fourni ce matin, au
téléphone, le territoire du parc de la Gatineau, quand nous avons
cédé au gouvernement fédéral, par voie de
transfert, une superficie de terrain, c'était exclusivement pour les
fins du parc de la Gatineau. Si le terrain devait servir à d'autres
fins, il revient au gouvernement du Québec.
Egalement, le gouvernement fédéral nous a donné un
transfert de gestion et d'administration pour la corporation du CEGEP, comme il
vient de nous donner, il y a un mois encore, une cession de terrain sur 20
acres pour la construction de l'école polyvalente Mont-Bleu. Le terrain
demeure la propriété du fédéral, mais il est
transféré au gouvernement du Québec pour les fins
d'administration et l'entente prévoit que nous avons le droit de louer
à des tiers pour des fins d'éducation, de culture et de
récréation. Si ce terrain ne devait pas servir ces fins, il
retourne automatiquement au fédéral, comme les terrains que nous
avons transférés reviennent au gouvernement provincial, si les
fins pour lesquelles ils ont été transférés ne sont
pas poursuivies.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le ministre peut nous
donner une idée exhaustive des terrains qui sont concernés par ce
transfert possible de droits de gestion? En effet, vous dites que ce n'est pas
une question de propriété; c'est une question de droits de
gestion et d'administration.
M. Parent (Hull): A l'intérieur du parc de la Gatineau,
qui est une propriété fédérale, ce sera une
servitude de 50 ans, je pense, pour la durée des travaux. En ce qui
concerne le poste, la sous-station à être construite dans le
quartierTétrault, ce sera un transfert de gestion, tant et aussi
longtemps que cela servira pour une sous-station.
M. Bédard (Chicoutimi): Les terrains couverts, cela peut
représenter quoi, globalement, en nombre d'acres?
M. Parent (Hull): Nous n'avons pas la portée exacte du
nombre d'acres qui peuvent être envisagés, mais c'est en bas de
cent acres, de part et d'autre. Comme il s'agit de servitudes à
l'intérieur du parc et que la ligne 315 KV passe à
l'intérieurdu parc, est-ouest et nord-sud également elle
est dans le parc pour aller rejoindre la sous-station au quartier
Tétrault ce sont des servitudes pour la durée des travaux.
Il n'y a pas de considérations pour savoir combien il y a d'acres
là-dedans, parce que c'est une servitude de droits pour une ligne
aérienne.
Or, le terrain dont nous avons besoin appartient au
fédéral. Il est situé en arrière du CEGEP actuel.
Mais la section que nous avons, actuellement, devrait servir
éventuellement pour la promenade de l'Outaouais qui est prévue
dans la planification du gouvernement pour la continuation du programme de la
promenade du côté québécois, le long de la
rivière Outaouais. A ce moment, dans la même entente avec
Hydro-Québec, l'espace actuellement occupé par
Hydro-Québec pour sa sous-station actuelle sera transféré
au gouvernement fédéral en échange pour l'autre, à
condition que cela serve pour la promenade de l'Outaouais. Si cela ne devait
pas servir pour les fins de la promenade de l'Outaouais, le terrain nous
reviendrait.
M. Bédard (Chicoutimi): Pour permettre de compléter
la réponse du ministre, il le sait, il y a une série d'articles
qui ont été publiés dans le journal Le Droit de la
région où, entre autres, on spécifiait qu'il y aurait
cession de territoire, peut-être, de la part du gouvernement et que ceci
équivaudrait à remettre entre les mains de la Commission de la
capitale nationale la planification du territoire de Hull. Concernant ce
problème précis, on y affirmait que, pour concéder des
droits de passage à HydroQuébec, la Commission de la capitale
nationale demanderait au Québec de lui céder l'administration et
le contrôle de terrains le long du ruisseau de la Brasserie, terrain
appartenant à Hydro-Québec dans le quartierTétrault, ainsi
que les terrains que la Société québécoise
détient le long de la rivière Outaouais.
M. Parent (Hull): Le long du ruisseau la Brasse- rie et le long
de la rivière Outaouais, ce sont deux endroits bien distincts.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est clair. J'ai passé
quatre ans dans cette région.
M. Parent (Hull): II n'est pas question de céder des
terrains le long du ruisseau de la Brasserie.
D'abord, nous n'en détenons pas tellement. Il y a la Commission
de transport de la communauté urbaine qui en détient. Même
si nous avons eu dans le passé des off res d'achat de la part de la CCN
nous avons refusé de vendre ceux qui sont situés le long du
ruisseau de la Brasserie.
En ce qui concerne le secteur Tétrault, les échanges de
transfert de gestion et d'administration ne sont que pour servir les fins de la
construction d'une sous-station, et en même temps, par ricochet, servir
à la CCN pour la construction éventuelle de son réseau de
promenade, en particulier la promenade de l'Outaouais qui longe la
rivière Outaouais.
M. Bédard (Chicoutimi): A l'intérieur de ces
négociations, est-ce qu'il n'y a pas la présence de l'OPDQ, de
représentants de l'OPDQ ou de la Commission régionale de
l'Outaouais, en vue de défendre les points de vue...
M. Parent (Hull): Au dossier, il faudrait comprendre que j'avais
un mandat qui m'a été confié en mai 1970, celui
d'être le coordonnateur des relations du gouvernement de Québec
avec la Commission de la capitale nationale, mandat qui, à la suite de
la nouvelle loi 59, m'a été renouvelé. Or, mes
fonctionnaires du ministère des Affaires intergouvernementales qui
s'occupent du dossier avec moi travaillent eux, déjà, avec
l'OPDQ. Nous travaillons avec la communauté régionale, avec la
Société d'aménagement de l'Outaouais, la commission de
transport, la ville de Hull, tous ceux qui sont impliqués dans la
question de territoire et d'aménagement. L'OPDQ comme tel, je ne peux
pas dire qu'il a été consulté, puisque les discussions se
sont poursuivies entre M. Giroux et moi-même, d'une part, et entre mes
fonctionnaires et la Commission de la capitale nationale, d'autre part,
M. Bédard (Chicoutimi): A l'intérieur des
négociations, est-ce qu'il y a eu, à un moment donné, une
offre de la part d'Hydro-Québec ou de la part du gouvernement d'acheter,
tout simplement, ce droit de passage qui est nécessaire, plutôt
que de l'échanger contre la cession de gestion et d'administration sur
d'autres parties du territoire?
M. Parent (Hull): II a déjà été
question de l'acheter, oui. La Commission de la capitale nationale voulait
l'acheter, mais comme...
M. Bédard (Chicoutimi): La Commission de la capitale
nationale, mais de la part de I'Hydro-Québec ou du gouvernement, est-ce
qu'il aété envisagé de l'acheter?
M. Parent (Hull): On sait fort bien qu'à
l'intérieur du parc de la Gatineau ce n'est pas un territoire
à
vendre. Le gouvernement fédéral n'aurait pas vendu
pour...
M. Bédard (Chicoutimi): Pas acheter le terrain, acheter le
droit de passage. C'est différent.
M. Parent (Hull): Bien, les servitudes entre les deux
gouvernements, jusqu'ici, ont été...
M. Bédard (Chicoutimi): Un bail emphytéotique, cela
est une servitude aussi.
M. Parent (Hull): ...pour $1. Toutes les ententes que nous avons
faites jusqu'ici, depuis 1970 en tout cas, avec le gouvernement
fédéral, cela a toujours été sur le principe de $1
pour l'échange.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais cela ne répond pas
clairement à ma question.
M. Parent (Hull): C'est parce que...
M. Bédard (Chicoutimi): Je m'excuse. Le droit dé
passage lui-même...
M. Parent (Hull): Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): ...qui est nécessaire,
est-ce qu'Hydro-Québec ou le gouvernement a offert de l'acheter, de le
payer tout simplement en argent, de l'évalueren argent et de ne
consentir, à ce moment-là, aucun échange de
contrôle, de gestion ou d'administration sur d'autres territoires?
M. Parent (Hull): Pour les droits de servitude ou les droits de
passage dont vous parlez, à ma connaissance et à la connaissance
de mon fonctionnaire qui s'occupe du dossier, il n'a jamais été
question d'acheter.
M. Bédard (Chicoutimi): Bon.
M. Parent (Hull): II n'en a jamais été
question.
M. Bédard (Chicoutimi): Pour quelles raisons?
M. Parent (Hull): Bien je pense qu'il n'est pas normal...
M. Perreault: Cela n'a pas d'allure.
M. Parent (Hull): ...d'acheter une ligne de transmission...
M. Bédard (Chicoutimi): J'aime mieux la réponse du
ministre que l'allure de votre réponse.
M. Parent (Hull): ...d'acheter un espace de terrain pouryfaire
passerune ligne de transmission. Je pense que ce n'est pas la coutume
établie. La coutume établie veut que ce soient des servitudes,
comme Bell Canada, comme les conduites de gaz, les conduites d'aqueduc,
d'égout. Ce sont des servitudes qui sont généralement de
droit commun. On demande des servitudes.
Nous avons eu à négocier, pour la communauté
régionale, pour la construction de l'égout collecteur
régional avec l'usine d'épuration. Nous avons eu à
négocier avec le gouvernement fédéral pour des servitudes
de droit de passage. Même si nos tuyaux passent à 20 pieds sous
terre, il a fallu négocier avec la Commission de la capitale nationale
les servitudes et les droits de passage pour l'égout collecteur qui est
actuellement en construction.
C'est régulier qu'il y ait des négociations dans ces
secteurs d'activité. Mais ce n'est pas régulier, à mon
avis, qu'il y ait achat pour un droit de passage, pour une ligne de
transmission qui, demain, peut changer de direction à cause des
développements qui surgissent.
Or, il s'agit actuellement d'une ligne de 315 kV. Elle passe à
l'intérieur d'un parc. D'abord, nous n'aurions pas eu
intérêt à acheter à l'intérieur du parc et,
d'autre part, la Commission de la capitale nationale n'aurait jamais
accepté de vendre, à l'intérieur du parc de la capitale
nationale, du terrain, même si c'est pour un droit de passage.
Mais la coutume établie veut que ce soit un droit de passage ou
de servitude je ne sais pas quel est le vrai nom en français
mais c'est un droit chez nous, on appelle ça une servitude
une servitude de droit de passage.
Or, nous avons utilisé ça. Dans le cours des
négociations que nous avons eues, il n'a jamais été
question d'acheter. Ce dont il a été question c'est
à cela probablement que le député de Chicoutimi s'en tient
c'est, selon les commentaires qui ont pu paraître dans les
journaux, l'occasion où le gouvernement fédéral a
manifesté l'intention d'acheter des terrains qui appartenaient à
Hydro-Québec en bordure de la rivière Ottawa, dans l'ancienne
municipalité de Deschênes. Nous avons dit qu'il n'était pas
question pour ie gouvernement du Québec de vendre, même si
c'était Hydro-Québec. J'ai eu des discussions avec M. Giroux
à ce moment-là. M. Gi-roux aurait peut-être
été disposé à vendre parce que c'est une
corporation d'Etat, pour les fins de recevoir de l'encaisse. Mais pour le
gouvernement du Québec, une telle procédure n'était pas
acceptable.
Je n'ai pas eu de difficulté à convaincre M. Giroux
à l'effet que la politique du gouvernement était de ne pas vendre
de terrains que nous avions, de procéder par voie de transfert, de nous
transférer les terrains au gouvernement du Québec, ce qui sera
fait dans le cas présent. Hydro-Québec va nous transférer
les terrains. Le gouvernement du Québec va, par arrêté en
conseil, donner un transfert de gestion et d'administration au gouvernement
fédéral pour les fins de la promenade de l'Outaouais et nous
demeurons propriétaires et maîtres pour le
développement.
M. Bédard (Chicoutimi): Maintenant, concernant les
terrains dont la gestion et le contrôle, du point de vue de
l'administration, seront remis en échange entre les mains du
gouvernement fédéral, est-ce que c'est déterminé
à l'heure actuelle quelle exploitation on fera de ces terrains, pour
quelles fins?
M. Parent (Hull): C'est ce que l'entente va déterminer
mais actuellement les discussions portent je l'ai dit tout à
l'heure sur des négociations avec le gouvernement
fédéral en vue de la construction éventuelle de la
promenade de l'Outaouais, qui est planifiée déjà. Nous
allons les transférer, pour la gestion et l'administration, pour les
fins de la promenade de l'Outaouais. Si le gouvernement fédéral
voulait leur donner une autre nature, il serait dans l'obligation de demander
l'autorisation au gouvernement du Québec pour d'autres usages que celui
de la promenade de l'Outaouais.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que la Commission
régionale d'aménagement de l'Outaouais est consultée
concernant les fins pour lesquelles doivent être aménagés
ou employés les terrains dont la gestion et le contrôle sont
cédés?
M. Parent (Hull): Oui, parce que la Société
d'aménagement de l'Outaouais a déjà fait toute une
planification du territoire non pas simplement de la communauté
régionale qui est en même temps à peu près
précisément le territoire de la capitale nationale mais
également de toute la région administrative no 7 sur laquelle
elle a juridiction. La société comme telle, à
proximité, justement, d'un terrain qui appartient à l'Hydro, dans
l'ancienne municipalité de Deschênes, est à implanter une
marina. Dans ce contexte, la société d'aménagement comme
telle, même si ces activités sont plutôt extérieures
au Hull métropolitain, a quand même des activités dans la
région métropolitaine de Hull, telles que la marina
Deschênes, le parc Limmer, le lac Beauchamp, dans la ville de Gatineau,
les parcs industriels. Elle a trois parcs industriels. Mais elle est
consultée sur la planification, elle participe et elle a
participé au schéma intérimaire d'aménagement avec
la communauté régionale, elle participe encore dans le
comité du schéma définitif qui doit être fait, elle
siège de plein droit au comité qui s'occupe du schéma
d'aménagement. Sur tous les projets, la société
d'aménagement est consultée pour savoir si elle a des usages des
emplacements où nous faisons des négociations pour des projets
spécifiques.
M. Bédard (Chicoutimi): Dans l'esprit du ministre, disons,
donner des droits de contrôle et des droits de gestion ou
d'administration sur un territoire, est-ce que cela n'équivaut pas un
peu à céder presque les droits de propriété
eux-mêmes? Est-ce que, dans l'esprit du ministre, ce n'est pas cela le
vrai droit de propriété, à savoir le droit de gestion, le
droit de contrôle, le droit de son administration?
M. Parent (Hull): Le droit de propriété, c'est de
pouvoir en disposer comme on veut.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui.
M. Parent (Hull): Si on dispose d'un terrain par transfert de
gestion pour des fins spécifiques, à la condition qu'il
satisfasse au schéma d'aménagement de la région, à
ce moment-là on y convient. Mais il serait contraire à
l'intérêt public si on cédait, même si c'est pour
fins de transfert de gestion et d'administration, un terrain sur lequel la
société d'aménagement, la communauté
régionale ou la municipalité en question a déjà un
plan directeur d'établi pour savoir quelle utilité elle veut en
faire. A ce moment-là je dirais que c'est ridicule de faire des
négociations dans ce sens.
Mais nous tenons compte, dans l'ensemble et c'est la raison pour
laquelle nous assumons la coordination de tout ce développement.
Le conditionnement, c'est justement de savoir exactement ce que l'on veut avec
notre territoire, ce que l'on veut réaliser. Comme dans le cas de la
sous-station d'Hydro, ce n'est pas la commission qui a entamé les
négociations pour faire des échanges de terrains mais bien
l'Hydro-Québec parce que, elle, à cause des besoins qu'elle a
dans la région, à cause d'une station qui, de Montréal,
alimente la région en électricité, elle est dans
l'obligation d'implanter une ligne de 315 kV de Montréal jusqu'à
Hull, pour desservir la région. Il lui fallait donc un droit de passage,
il lui fallait donc rebâtir ses stations, ses sous-stations, dans les
limites de Hull même et dans Lucerne pour lui permettre de fournir
l'électricité nécessaire d'ici 1985.
C'est donc à la demande d'Hydro que nous avons entrepris des
négociations avec Ottawa.Ce n'est pas Ottawa qui a entrepris les
négociations avec nous. C'était pour les besoins d'un organisme
de l'Etat qui alimente, en électricité, la population de ce coin
et en regard de ces développements qui se produisent.
Or, la discussion, c'est nous qui l'avons amenée pour permettre
de réaliser le projet d'Hydro. Même si les négociations ont
traîné pendant un certain temps cela fait un an que c'est
en cours il reste que nous avions déjà des engagements
avec l'Ontario. Parce qu'on sait que le poste de Hull vend de
l'électricité à l'Ontario pendant les périodes de
tranquillité et nous devions, par les ententes signées avec
l'Ontario, que nous avons reportées à 1975, fournir de
l'électricité le 1er mai 1974 à l'Hydro-Ontario, ce que
nous n'avons pu faire. Mais nous avons réussi, par des discussions avec
John White, qui, à ce moment-là, était mon
collègue, à Toronto, à faire reporter la date
d'échéance pour la vente du surplus d'électricité
que nous avons.
Là, nous en sommes presque arrivés à une entente
avec la Commission de la capitale nationale. Hydro-Québec ayant
accepté les formalités, nous devrions être en mesure de
signer d'ici un mois ou deux les ententes définitives pour permettre
à l'Hydro d'aller de l'avant avec son projet d'implantation d'une ligne
électrique et, en même temps, de répondre au contrat que
l'Hydro a signé avec l'Ontario pour les besoins de l'Ontario en
électricité.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous attendez que les
négociations finissent d'ici un mois...
M. Parent (Hull): Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): ...pour en venir à une
entente définitive.
Vous nous assurez, autrement dit, que ce ne sera pas la
répétition de la situation qui a été à
l'origine, par exemple, de la constitution du parc fédéral de la
Mauricie où le Québec a dû céder du territoire
à Ottawa pour avoir les permissions de passage sur son propre
territoire. D'après ce que vous nous avez dit, on n'a pas besoin d'avoir
peur que cette situation se répète.
M. Parent (Hull): Moi, je ne le sais pas. Je ne peux pas
prévoir toutes les situations qui peuvent se présenter.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, non, mais je vous dis cela
pour l'Outaouais.
M. Parent (Hull): Le parc de la Mauricie, on parle d'un parc
national. Si on parle du parc de la Gatineau, on ne parle pas d'un parc
national. C'est amplement différent.
Le parc de la Mauricie est construit en vertu de la Loi des parcs
nationaux, alors que le parc de la Gatineau est bâti à
l'intérieur et sous le contrôle de la Commission de la capitale
nationale en vertu de la Loi constitutive de la capitale nationale. Ce n'est
pas un parc national.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est pas tellement sur
l'appellation elle-même de parc national ou de parc non national, mais
surtout sur le fond de la question elle-même et le fond de la situation.
D'après ce que vous nous avez dit, nous pouvons être
assurés qu'elle ne se répétera pas. Le Québec a
cédé du terrain pour obtenir le droit de passage sur son propre
territoire. Il me semble que vous avez été très clair
là-dessus.
M. Parent (Hull): Je l'ai dit tout à l'heure, je dois le
répéter, la conviction du gouvernement du Québec, ce n'est
pas de céder du territoire, c'est de faire des transferts là
où il est nécessaire, selon le plan de développement de la
région, selon l'intérêt de la région et selon les
besoins également des différents ministères et organismes
du gouvernement, pour répondre à un plan de développement
de la région. Nous tenons compte, dans l'ensemble, de la position de
chacun.
M. Bédard (Chicoutimi): Le cas de Masham qui
s'était posé il y a quelque temps, est-ce que c'était,
dans votre esprit, une cession d'un droit de propriété ou une
cession d'un droit de gestion, de contrôle?
M. Parent (Hull): Le terrain d'abord, ce n'est pas seulement dans
Masham, c'était dans les cantons de Aldfield, d'Onslow, de Masham et de
Wa-kefield. C'est un territoire boisé qui était inoccupé,
qui était contigu au parc de la Gatineau, pour lequel nous avons
transféré l'administration et la gestion pour les fins du parc de
la Gatineau. Nous n'avons pas cédé le droit de
propriété, contrairement à ce qui a toujours
été dit. Nous sommes propriétaires du fonds de terre, nous
le demeurons, mais il a été transféré pour la
gestion et l'administration pour les fins spécifiques du parc de la
Gatineau.
Et nous avons même créé une réserve de...
M. Bédard (Chicoutimi): Dans certains papiers qui ont
été publiés par le fédéral, lui le
considère comme une acquisition qu'il a faite en 1973, où on voit
très clairement une acquisition, tel qu'indiqué dans les papiers
en question, de 14,990 acres.
M. Parent (Hull): 12,500 acres.
M. Bédard (Chicoutimi): Probablement que le
fédéral exagère tout le temps, pour lui c'est 14,990 acres
et quelques décimales.
M. Parent (Hull): II a probablement acheté d'autres
propriétés contiguës au parc de la Gatineau, soit dans le
canton d'Onslow, je sais qu'il y a eu plusieurs fermes d'achetées, qui
étaient improductives. Mais en ce qui concerne le Québec,
ça a été 12,500 acres pour lesquelles nous avons
gardé la propriété, mais nous les avons
transférées pour les fins du parc exclusivement.
Et nous avons fait plus que cela, nous avons même
créé une réserve de gibier dans le parc de Gatineau, c'est
rendu un refuge dans ce parc. Et la Loi du tourisme, de la chasse et de la
pêche est administrée par le gouvernement du Québec, ave::
une entente avec la Gendarmerie royale du Canada, et c'est le Québec qui
porte les accusations
M. Bédard (Chicoutimi): Comme ça, les statistiques
fédérales, il ne faut pas trop leur faire confiance. On va
plutôt faire confiance au ministre parce que...
M. Parent (Hull): Je ne m'inquiète pas des statistiques,
je m'inquiète des faits, moi.
M. Bédard (Chicoutimi): J'ai ici en main des statistiques
publiées par le fédéral intitulées Inventaire
fédéral général des propriétés de la
couronne fédérale, territoire de Hull, qui sont données au
ministre aux fins de le renseigner sur les propriétés acquises
depuis l'accession au pouvoir du premier ministre.
Quand on fait le compte de ces acquisitions d'après le
fédéral, à l'heure actuelle la Commission de la capitale
nationale aurait acquis la propriété d'un peu plus de 69,137
acres jusqu'à maintenant, dont 27,893 acres depuis 1970.
Cela me surprenait tout à l'heure lorsque le ministre disait que
depuis 1970 il n'y a eu aucune cession de territoire, aucune acquisition de
propriété...
M. Parent (Hull): II y a des propriétés
privées qui ont été vendues. Est-ce qu'on peut
empêcher le gouvernement fédéral d'aller acquérir
des propriétés? Il en reste encore à acquérir pour
faire le parc lui-même, mais si le propriétaire ne veut pas
vendre, il n'y a pas de vente et il n'y a pas d'expropriation.
On pourra remarquer que, depuis 1970, le gouvernement
fédéral n'a jamais exproprié pour le territoire du parc de
la Gatineau et que les premières ententes que j'avais conclues avec le
gouvernement fédéral c'était que, s'il devait
procéder à des expropriations du côté
québécois, il devrait y avoir autorisation du gouvernement du
Québec, ce que le gouvernement fédéral a toujours
respecté d'ailleurs, depuis 1970.
M. Bédard (Chicoutimi): II reste, si on prend leurs
chiffres, que la Commission de la capitale nationale a augmenté
ce sont leurs chiffres à eux de 40% ses propriétés
depuis 1970. Cela devient inquiétant.
M. Parent (Hull): Oui. Ce sont des territoires boisés qui
sont inhabités.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est du territoire.
M. Parent (Hull): Oui, je comprends. C'est un territoire dans une
montagne. C'est très montagneux, ce territoire. Je ne sais pas si vous
avez déjà visité le parc de la Gatineau?
M. Bédard (Chicoutimi): II y en a du territoire montagneux
dans l'Ontario, puis cela ne veut pas dire qu'ils sont intéressés
à le vendre.
M. Parent (Hull): Non, mais, si l'individu décide de
vendre sa propriété, comment peut-on l'empêcher de vendre?
Comment peut-on empêcher un individu de vendre?
M. Goldbloom: M. le Président, si mon collègue me
permet d'ajouter un mot...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est à vous de
répondre à cette question.
M. Goldbloom: ...cela me fait de la peine, depuis un bon moment,
de constater que, pour nos collègues péquistes, les autres
Canadiens et le gouvernement fédéral sont des étrangers.
Telle n'est pas l'attitude du gouvernement actuel.
M. Bédard (Chicoutimi): Bien non, l'Ontario, j'imagine
dans le contexte fédéral ne considère pas le
Québec, ni le fédéral comme des étrangers, mais il
reste qu'ils ont des exigences bien strictes avant de céder quelque
parcelle de territoire que ce soit.
M. Goldbloom: M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, mais votre remarque ne se
situe pas dans le contexte. Ce n'est pas en tant qu'indépendantiste que
je pose ces questions ou que je peux avoir ces préoccupations; c'est
simplement du fait qu'on est dans le Québec. J'aurais les mêmes
préoccupations dans un autre parti; car la question de
propriété de territoire, ce n'est pas une question
indépendantiste. C'est une question de citoyens qui font partie d'une
province bien déterminée, avec un territoire bien
déterminé, puis qui affirme leur idée d'en rester
propriétaires totalement ou de ne pas en rester propriétaires, si
c'est votre opinion.
M. Goldbloom: M. le Président, nous partageons des
intérêts avec le reste du Canada. Donc, dire que le fait pour le
gouvernement du Canada d'être soit propriétaire, soit
administrateur de terrains chez nous, ne veut pas dire, dans mon optique, que
les actions de ce gouvernement seront contraires aux intérêts du
Québec.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, mais vous admettrez que la
planification du Québec devient plus difficile, lorsque la
propriété de terrain appartient à d'autres, quand
même!
M. Goldbloom: On peut quand même parler avec ces autres et
on a parlé longuement des vrais étrangers...
M. Bédard (Chicoutimi): Dieu sait qu'ils ont parlé
souvent.
M. Goldbloom: ...qui viennent acheter des terrains chez nous;
cela c'est un problème différent. Je n'accepte pas que l'on mette
en doute les intentions du gouvernement fédéral quant à
l'utilisation du territoire du Québec. Nous avons des
bénéfices très importants à retirer de notre
appartenance au Canada.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, on
continuera ce débat au niveau de la discussion sur les Affaires
intergouvernementales.
M. Parent (Hull): Je ne voudrais pas laisser finir cela de cette
façon, parce que, si on invoque le fait que le gouvernement
fédéral a augmenté sa participation de
propriété du côté québécois, je
voudrais bien qu'on sache que la capitale nationale, son territoire est de
1,000 milles carrés en Ontario, 750 milles carrés au
Québec.
A l'intérieur de cela, au Québec, les
propriétés fédérales sont en deçà de
30%, alors que, dans la région métropolitaine d'Ottawa, où
il y a 1,000 milles carrés de territoire pour la capitale nationale, le
gouvernement fédéral est propriétaire d'environ 35% de
toutes les superficies de terrain, c'est-à-dire qu'ils ont ce qu'on
appelle de l'autre côté...
M. Bédard (Chicoutimi): Ils sont installés
là depuis 100 ans.
M. Parent (Hull): ...ce qu'on appelle en Ontario un "prime land".
Ils ont, par exemple, tout un territoire où ils peuvent bâtir une
ville nouvelle qui appartient déjà au gouvernement
fédéral, qui n'appartient pas à la municipalité.
Quand on disait tout à l'heure que le fait que ce soit montagneux, cela
ne dérange pas, bien je voudrais bien qu'on sache que nos
municipalités, nos citoyens du Québec sont encore
propriétaires, alors que, du côté ontarien, le gouvernement
fédéral contrôle
déjà 35% de superficie et, en particulier, de "prime land"
utile au développement. C'est là qu'il peut y avoir un effet
néfaste dans une politique de développement du côté
ontarien où ce serait beaucoup plus nuisible, dans un schéma de
développement, de prévoir des réalisations de programme,
quand on n'est pas propriétaire du fonds de terre que c'est le
gouvernement fédéral qui l'est. Mais comme le dit mon
collègue...
M. Bèdard (Chicoutimi): Je comprends que...
M. Parent (Hull): ...moi non plus, le gouvernement
fédéral ne m'est pas hostile. Je sais, pour ma part, combien la
région de Hull a bénéficié du gouvernement
fédéral par les ententes que nous avons faites. Nous tentons non
pas de limiter les dégats, mais d'amener le gouvernement
fédéral à une participation cohérente dans un
développement que nous voulons réaliser mais qui est de notre
envergure, qui est de notre vision. C'est là-dessus, je pense, qu'est
l'idée primordiale.
M. Bédard (Chicoutimi): ...ce qui se passe ailleurs, de
l'autre côté de la barrière.
M. Parent (Hull): Ce n'est pas ce qui se passe de l'autre bord de
la barrière, c'est ce qui se passe au Canada et surtout dans le
territoire de la capitale nationale. Ce que nous surveillons, comme l'a dit mon
collègue des Affaires municipales, c'est exactement que nous puissions
faire valoir nos vues et pouvoir exercer nos juridictions. Je pense que c'est
l'important. Dans le corps des négociations que nous faisons avec la
capitale nationale' nous ne cédons pas de juridiction. Si nous faisons
des transferts, c'est exactement pour pouvoir garder la possibilité du
développement que nous voulons faire chez nous.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous semblez être un des
ministres qui défendent, avec le plus d'acharnement, la
nécessité de rester propriétaires de notre terrain, nous,
les Québécois, et de ne pas le vendre de quelque manière
que ce soit, de ne pas le céder de quelque manière que ce soit au
fédéral. Cette prise de position ferme peut-elle avoir comme
logique que vous accepteriez difficilement que le fédéral
implante des parcs fédéraux, des parcs nationaux à
l'intérieur du Québec avec cession de territoires comme
prérequis?
M. Parent (Hull): Là, on parle de questions
hypothétiques.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est pas hypothétique,
il est question de la formation d'au moins deux parcs nationaux du
Québec avec cession de territoires comme prérequis?
M. Parent (Hull): Le député de Chicoutimi est
après m'embarquer dans un autre débat que celui de la capitale
nationale.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord, vous n'êtes pas
obligé de répondre.
M. Parent (Hull): A l'intérieur du territoire de la
capitale nationale, il n'est pas question de parcs nationaux.
M. Bédard (Chicoutimi): Avez-vous deux poids deux mesures?
Vous êtes carrément en faveur de ne faire aucune cession de
territoire dans votre région et dans d'autres régions. Dois-je
comprendre que vous seriez peut-être opposé...
M. Parent (Hull): Je n'ai pas dit que j'étais
opposé à faire des sessions de territoire...
M. Bédard (Chitoutimi): Ah!
M. Parent (Hull): J'ai dit que nous voulons garder la manoeuvre
pour nous permettre de faire un schéma de développement et
réaliser un plan de développement qui soit oonforme à nos
besoins et à nos désirs sans, pour autant, se contrarier du fait
que le fédéral est là. Nous en avons besoin, je pense, et
nous pouvons travailler avec lui. Ce n'est pas, pour nous, une bête
noire, le gouvernement fédéral.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, mais le gouvernement
fédéral défend les intérêts qui lui sont
propres. Chaque province défend des intérêts qui lui sont
propres aussi, qui sont propres à sa population.
M. Parent (Hull): Je peux admettre cela mais cela ne
défend pas d'observer et d'exercer une collaboration qui nous permette
d'arriver aux fins que nous désirons.
M. Bédard (Chicoutimi): Je poserai ma question
peut-être au ministre des Affaires municipales. Le gouvernement a-t-il
l'intention de faire à Montréal peut-être la même
chose qui a été faite à Ottawa, de créer une sorte
de commission métropolitaine pour l'ensemble de l'aménagement de
Montréal ?
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais saisir
clairement la portée de la question. Si l'on parle de la commission de
la capitale nationale c'est un organisme...
M. Bédard (Chicoutimi): Pour être clair,
peut-être, si le gouvernement fédéral faisait la même
chose à Montréal qu'il a fait à Hull, dans la
région de l'Outaouais, le ministre serait-il d'accord?
M. Goldbloom: Pas du tout, M. le Président, il n'en est
pas question. Je ne vois pas comment on pourrait envisager une telle action. Ce
que j'ai l'intention de faire, et j'ai indiqué cette intention
clairement aux municipalités de la région métropolitaine,
c'est de les amener à s'asseoir ensemble et de constituer, ensemble, un
organisme intermunicipal de planification. Il faut le faire. Il faut que les
municipalités se rencontrent et s'entendent sur les grandes orientations
de développement et respectent ces orientations dans leur propre action
locale. C'est ce que nous imposons par la loi à la-
quelle j'ai fait allusion plusieurs fois à la Communauté
régionale de l'Outaouais et à ses municipalités membres.
Nous n'avons pas d'organisme qui dépasse le territoire de l'île de
Montréal.
Nous avons la Communauté urbaine de Montréal, mais nous
avons quand même des relations entre l'île de Montréal, la
ville de Laval, la rive nord jusqu'à au moins le nouvel aéroport
de Mirabel, avec la rive sud. Il y a une planification à faire à
l'échelle de ce territoire. Il y a l'Office de planification et de
développement qui propose certaines orientations, mais il ne faudra pas
que l'OPDQ le fasse en vase clos et que les municipalités n'aient pas
leur mot à dire. D'autant plus que le rôle des
municipalités est important par le fait que seules les
municipalités, parmi les divers organismes que l'on peut identifier,
représentent l'ensemble de leur population. On voit d'autres organismes
qui existent, le conseil régional de développement, parexemple,
que l'on voudrait représentatif et qui joue un rôle utile dans
bien des régions. Ce n'est quand même pas l'expression du point de
vue de toute la population d'une municipalité.
Pour cette raison, je pense qu'il y a une action à entreprendre,
une action qui est consultative au départ et qui devient progressivement
exécutoire. Au fur et à mesure que l'on s'entend sur les
orientations à donner et sur le schéma d'aménagement, il
faut le respecter ou bien c'est inutile de prendre le temps et de faire
l'effort de créer le schéma, si le schéma ne veut plus
rien dire quand les municipalités agissent individuellement.
Voilà l'optique dans laquelle nous envisageons le
développement de la région. Le seul rôle du gouvernement
fédéral est le rôle supplétif d'aider avec certains
programmes que l'on connaît et peut-être d'autres que l'on
connaîtra.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je n'ai
pas d'autres questions.
Le Président (M. Picard): Alors, il n'y a pas d'autres
questions sur le programme 4?
M. Bédard (Chicoutimi): Pas d'autres questions.
Le Président (M. Picard): Le ministre a-t-il d'autres
commentaires à faire?
M. Parent(Hull): Je voudrais simplement remercier mon
collègue et les membres de l'Opposition pou r avoi r accepté le
moment o ù je suis arrivé et je les prierais de m'excuser, parce
que je suis pris dans d'autres négociations.
Le Président (M. Picard): Au nom des membres de la
commission, je désire remercier le ministre pour les
éclaircissements qu'il nous a donnés sur l'étude de ce
programme.
J'ajouterais qu'on pourrait même conseiller aux
députés de l'Opposition de prendre d'autres sources d'information
que les media d'information.
M. Bédard (Chicoutimi): Je pense que le président
n'a pas à faire de remarques.
Le Président (M. Picard): Non, c'est juste un petit mot en
passant.
M. Bédard (Chicoutimi): II y a ce qu'a dit le ministre et
il y a ce qu'on pense aussi.
Le Président (M. Picard): Le programme 4 est-il
adopté?
Cela ferait au moins un départ.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
Le Président (M. Picard): Le programme 4, adopté.
Nous revenons au programme 2.
Aide et surveillance administratives et
financières (suite)
M. Bédard (Chicoutimi): Au programme 2, M. le
Président.
L'an dernier, le ministre s'en souvient sûrement, au niveau des
crédits, tel qu'on a pu le constater, nous avions demandé au
ministre les montants consacrés à la recherche fondamentale sur
l'urba-nisme et l'aménagement du territoire par le ministère et
surtout sa Direction générale de l'urbanisme. Il s'agissait,
évidemment, de la recherche technique et scientifique en
général, et non de celle sur des projets précis. Le
ministre avait dit, à ce moment, qu'aucune somme n'était
allouée à cet effet. Comme nous croyons toujours à
l'importance que ces recherches soient effectuées, je voudrais savoir du
ministre si, maintenant, il y a des crédits qui sont affectés
dans ce sens.
M.Goldbloom: Nous n'avons pas à notre budget des sommes
consacrées à ce genre de recherches, M. le Président, mais
le gouvernement contribue à des recherches universitaires. Nous avons
mentionné, un peu plus tôt dans la journée, l'INRS,
l'Université du Québec à Montréal, et d'autres
institutions. Le gouvernement les appuie. On sait qu'il y a un effort de la
part du gouvernement pour rendre plus cohérent l'appui financier que
l'on donne à la recherche. Pour ce faire, il y a un comité qui a
été créé, un comité de ministres. Il y a un
secrétariat à ce comité et nous essayons de mieux
coordonner l'utilisation des sommes qui sont disponibles.
Pour cette raison, il est possible qu'on ne trouve pas dans les budgets
des ministères des montants pour la recherche fondamentale, mais que ces
sommes d'argent se retrouvent dans le budget du ministère de l'Education
ou, dans le cas des préoccupations de santé et de bien-être
social, dans celui du ministère des Affaires sociales.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'il y a un
mécanisme de prévu pour acheminer le résultat de ces
recherches vers les municipalités?
M. Goldbloom: Oui, M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Comment?
M. Goldbloom: ... de façon générale.
Mais...
M. Bédard (Chicoutimi): Bien, comment?
M. Goldbloom: Ce sont généralement des pro-
jets de recherche dont le protocole est soumis, et si l'approbation est
donnée, un montant est versé. La condition du versement de ce
montant est la remise d'un rapport. L'appréciation du rapport permet de
décider quoi en faire. Il y a des documents que nous acheminons vers les
municipalités. Il y en a d'autres dont nous faisons un reflet dans la
publication mensuelle du ministère. Il y en a d'autres qui servent
à des fins internes et qui ne sont pas diffusés davantage.
M. Bédard (Chicoutimi): Une autre question au ministre. On
s'aperçoit, depuis quelques années justement des
publications du ministère y ont fait écho que beaucoup de
municipalités, surtout en milieu rural, sont très peu
sensibilisées à la détérioration de l'environnement
et du sol. Je pense particulièrement à l'environnement ou la
protection des berges des lacs et des rivières.
Elles ont, ces municipalités, des pouvoirs de
réglementation sans les exercer. Je voudrais savoir si le ministre ne
jugerait pas à propos ou opportun d'organiser une sorte de campagne
d'information approfondie afin de sensibiliser, d'une façon tout
à fait particulières, les édiles municipaux à ces
problèmes de protection.
M. Goldbloom: Nous avons fait cela à plusieurs
reprises...
Le Président (M. Picard): Ce serait plutôt le
programme 10 qui concernerait ce sujet.
M. Bédard (Chicoutimi): L'aide à la gestion
municipale, M. le Président.
Le Président (M. Picard): L'aide à...
M. Bédard (Chicoutimi): ...la gestion municipale.
Le Président (M. Picard): Je serais porté à
croire que la gestion municipale, ce sont les méthodes administratives
surtout.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, vous avez le droit de
décider. Si vous voulez que je pose ma question plus loin...
Le Président (M. Picard): Si vous regardez le programme
10...
M. Bédard (Chicoutimi): ... au transfert de fonds....
Le Président (M. Picard ): ... élément 4,
vous avez certainement quelque chose là.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, si vous me
permettez de vous suggérer quelque chose, cela peut peut-être
en tout cas dans mon esprit s'appliquer à
l'élément 2 du programme 2, puisqu'il s'agit surtout non pas de
crédits comme tels mais surtout... On parle d'acheminement,
d'information ou de renseignements qui pourraient aider à la gestion
municipale. C'est plutôt dans ce sens.
M. Goldbloom: M. le Président, vous êtes
l'autorité suprême ici, à la commission. Je ne voudrais pas
vous suggérer comment gérer nos travaux, les diriger. Mais je
vous avoue que, pour ma part, j'ai une attitude assez détendue à
l'endroit des questions qui sont posées et je tiens pour acquis ce qui
suit: c'est que l'ardent et vigoureux service de recherche du Parti
québécois a préparé un certain nombre de questions,
que ces questions seront posées d'une manière ou d'une autre,
quel que soit le programme et que nous devrons consacrer le temps
nécessaire à recevoir ces questions et à leur
répondre.
Je suis certainement disposé à ne pas trop formaliser
notre travail de cette façon. Je tiens, cependant, à rappeler aux
honorables membres de la commission ce que vous nous avez rappelé,
à treize heures aujourd'hui, que nous avions, à ce
moment-là, dépassé dix heures de temps. Nous avons
maintenant dépassé douze heures de temps. Je pense que,
même si nous avons parlé une vingtaine d'heures l'an dernier et
que nous avons envisagé la possibilité, dont je n'ai pas encore
la confirmation....
M. Bédard (Chicoutimi): Ecoutez, on ne peut quand
même pas parler de l'environnement aujourd'hui, vous le savez. Il a
été question, ce matin, que certains de vos fonctionnaires ne
pourraient être présents que demain. Alors...
M. Goldbloom: Exactement, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors, ne nous demandez pas de
parler de l'environnement aujourd'hui.
M. Goldbloom: Exactement, M. le Président, mais tout ce
que je veux dire est ceci. Il nous reste certaines choses à faire. Il
nous reste l'environnement, il nous reste la probabilité mais je
n'en ai pas encore la confirmation parce que, comme le député le
sait, le leader parlementaire est avec le premier ministre, à Ottawa,
cette ville qui fait dresser les cheveux sur la tête de certaines
personnes...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous vous imaginez des choses!
M. Goldbloom: Tant mieux. Je suis très heureux.
M. Bédard (Chicoutimi): On n'a pas peur d'Ottawa, nous
autres. Vous autres, cela vous fait dresser les cheveux sur la tête. Vous
en avez peur. Vous passez votre temps à négocier et à
concéder.
M. Bédard (Montmorency): Que c'est beau cela!
M. Bédard (Chicoutimi): Cela ne vous fait pas peur non
plus, Ottawa. Vous concédez continuellement.
M. Goldbloom: M. le Président, je m'excuse. C'était
...
M. Bédard (Chicoutimi): Ah oui! D'ailleurs, on va le voir
dans la Société d'habitation, tout ce que vous avez
concédé à Ottawa.
M. Goldbloom: Oui, d'accord.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est sûr que vous n'en avez
pas peur.
M. Goldbloom: Nous verrons dans le temps.
Mais je voulais dire que nous avons prévu la possibilité
d'une séance après le discours du budget. Il y a l'environnement.
Je connais, depuis maintenant cinq ans, l'honorable député de
Lafontaine, ce n'est pas dans trois quarts d'une heure qu'il traversera les
programmes de l'environnement. Il me semble qu'à un moment donné,
nonobstant la bonne volonté de celui qui vous parle, M. le
Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Si on perdait moins de temps
à faire des mises au point, je pense qu'on aurait la possibilité
je vous le dis très sincèrement, de finir peut-être
les Affaires municipales ce soir, quitte à passer à
l'environnement demain. C'est dans l'ordre des possibilités. Mais si on
continue à prendre des dix ou quinze minutes à faire le point,
continuellement, sur le temps...
M. Bédard (Montmorency): Deux minutes.
M. Goldbloom: M. le Président, je ne pense pas avoir
abusé de cette façon.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous n'abusez jamais. On vous
connaît, vous n'abusez jamais.
Le Président (M. Picard): Sur la question de
procédure, il y a une chose qu'il ne faut pas oublier. C'est qu'en tant
que président, je dois reconnaître tous les députés
ici présents. La commission est maîtresse de la façon dont
ils veulent étudier les crédits.
Mais lorsqu'on part du programme I et, sans l'adopter, on saute au
programme 2 et, plus tard, on s'en va au programme 4, on revient au programme
2, vous posez une question qui devrait normalement être discutée
au programme 10, je vous le dis tout de suite: Si c'est cela que vous voulez,
on va l'avoir.
M. Bédard (Chicoutimi): Je vais la retenir, cela ne me
fait rien.
Le Président (M. Picard): Mais si, tout à l'heure,
j'ai un député ministériel qui me soulève une
question, par exemple, au programme 5, sur la sécurité-incendie,
parce qu'il veut savoir quelle sorte d'aide la municipalité qu'il a dans
son comté va recevoir du gouvernement, je serai obligé de le
reconnaître. Vous comprenez l'affaire? Alors là, je ne vois pas.
C'est bien beau d'aller d'un programme à l'autre mais, à un
moment donné, vous allez avoir des petits problèmes tout à
l'heure. Des députés m'ont dit à l'heure du lunch que,
justement, ils ont des problèmes sur lesquels ils voudraient avoir des
réponses du ministre, et cela ne touche pas seulement les programmes I
et 2.
Il y en a un, en particulier, au programme 5, qui m'a parlé de
cela, la sécurité-incendie.
M. Bédard (Montmorency): J'ai justement cette question que
vous posez.
M. Bédard (Chicoutimi): J'en avais une...
Le Président (M. Picard): A ce moment-là, on sera
obligé de revenir au programme 5, de revenir au programme 2 et de
retourner au programme 10. Alors, allez-y avec votre question qui est couverte
par l'élément 4 du programme 10.
M. Bédard (Chicoutimi): Si vous préférez, M.
le Président...
Le Président (M. Picard): Tournez la page à
3-25.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, si vous
préférez est-ce que c'est là votre intention?
nous allons réserver la question pour le programme 10. C'est tout.
Le Président (M. Picard): Cela ne me fait rien, moi.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais c'est vous qui
décidez.
Une Voix: Ce serait plus logique.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela ne me fait rien, moi.
Le Président (M. Picard): Les membres de la commission
sont maîtres de la façon que vous voulez procéder.
M. Bédard (Chicoutimi): Demandez-le à la
commission. Si les membres veulent qu'on la réserve pour le programme
10, on la réservera.
Le Président (M. Picard): Si j'ai des questions
tantôt, je vais obligé de les accepter. Allez.
M. Bédard (Montmorency): En livres, je mène quelque
chose mais en nombre, je ne mène pas grand-chose.
M. Bédard (Chicoutimi): Quelle est votre
décision?
Le Président (M. Picard): C'est sur la question de
l'assainissement du milieu que vous aviez quelque chose.
M. Bédard (Chicoutimi): Non. J'en ai posé une
là.
M. Goldbloom: M. le Président, la question était la
suivante: Est-ce que nous avons poursuivi ou envisagé un programme
intensif d'information auprès des municipalités? D'abord, je
disais que nous l'avons fait, et à répétition, de
plusieurs façons, mais je voudrais aussi souligner qu'il ne s'agit pas
simplement d'information mais bien d'amener les municipalités à
poser des gestes utiles. Ce n'est pas nécesairement la même chose.
Nous savons que toute campagne d'information perce à un certain
degré et manque son coup à un degré qui est souvent plus
important. Nous avons agi plutôt de façon sélective,
c'est-à-dire devant certains problèmes connus, et, devant le
manque de collaboration ou de compréhension de la part d'une ou de
certaines municipalités, nous avons exercé une pression pour
obtenir la solution d'un problème.
Je tiens à souligner aussi que la Loi de la qualité de
l'environnement donne au ministre un pouvoir d'ordonnance pour obtenir des
résultats là où il juge que la santé publique ou
l'environnement sont clairement en danger et où l'autorité locale
ne bouge pas. Et nous avons utilisé ce pouvoir d'ordonnance à de
nombreuses reprises et je pense même si les fonctionnaires de
l'environnement ne sont pas ici en ce moment que je pourrais fournir des
statistiques là-dessus.
M. Bédard (Chicoutimi): Tout dernièrement, je pense
que l'OPDQ adressé vous me direz si c'est dans l'ordre ma
question, on changera de programme si ce n'est pas le cas, je vais suivre vos
directives, M. le Président un schéma complet
d'aménagement pour la vallée du Richelieu imprenant et situant
très précisément les par s régionaux, les
réserves boisées à protéger, les réserves
écologiques, les zones de préservation agricole, les zones
urbaines.
La majeure partie de ces beaux projets décrits en octobre I974
par l'OPDQ relève des règlements de zonage et des schémas
d'aménagement sous la responsabilité naturellement du
ministère des Affaires municipales.
Je voudrais savoir quelles sont les actions entreprises par le
ministère pour que ces schémas d'aménagement, concernant
entre autres la vallée du Richelieu, arrivent à des
réalisations pratiques. Où en est-on rendu
présentement?
M. Goldbloom: La rivière Richelieu est un sujet qui n'est
pas encore épuisé et le travail n'est pas complété.
Nous avons à faire l'étude diagnostique de la qualité des
eaux de la rivière et nous allons entreprendre ce travail et il y a
aussi des négociations qui impliquent nos voisins américains
à cause de la source du Richelieu qui est le lac Champlain.
Et nous avons le problème des inondations annuelles...
M. Bédard (Chicoutimi): ... parle de la région.
M. Goldbloom: D'accord. Mais, la rivière étant
l'élément qui identifie la région, nous devons
compléter notre travail sur la rivière. Une bonne partie de ce
travail a été complétée, comme par exemple
l'identification de mesures pour l'épuration des eaux usées de
l'agglomération Saint-Jean-Iberville et de l'agglomération
Beloeil-Saint-Hilaire.
Nous avons des discussions quant à l'opportunité de
construire un barrage pour corriger le problème des inondations, mais
cela aurait des effets du côté américain et nous devons
poursuivre ces discussions qui relèvent d'une autre autorité que
la mienne.
Tout cela pour dire que, le schéma étant fourni,
l'autorité qui existe en ce moment est seulement l'autorité
municipale. Nous pouvons avoir une pression morale que nous exerçons,
mais c'est à chaque municipalité d'agir.
Si nous avons éventuellement une loi qui situe une
responsabilité à un niveau supérieur, cette loi pourra
s'appliquer. Dans le moment, c'est aux municipalités de prendre leurs
responsabilités et de puiser dans les rapports de l'OPDQ et des autres
les éléments qui permettraient une action utile de leur part.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous nous parlez surtout de
l'aménagement au niveau de l'épuration des eaux, la
rivière Richelieu, mais l'aménagement du territoire...
M. Goldbloom: Au contraire, dans le domaine de l'épuration
et de l'alimentation en eau potable, le ministre responsable de la
qualité de l'environnement a le pouvoir de déterminer ce qui doit
être fait et d'exiger que cela soit fait.
En ce qui concerne la protection de terrains qu'on voudrait conserver
comme ressources récréatives ou espaces verts, seules les
municipalités, dans l'état actuel de nos lois, ont
l'autorité pour poser ce genre de geste. Le ministre des Affaires
municipales ne peut arriver avec une ordonnance et dire: Vous allez
réserver telles zones comme ressources communautaires pour fins de
récréation ou autres.
Le gouvernement peut toujours exproprier, mais pour exproprier, il faut
avoir l'argent. Présentement donc, c'est essentiellement une
responsabilité municipale d'appliquer des recommandations de l'OPDQ ou
de tout autre organisme.
M. Bédard (Chicoutimi): Concernant la surveillance de la
gestion municipale, toujours à l'élément 2, concernant une
façon toute particulière, la révision des lois municipales
qui ont été annoncées par le ministre, le ministre
pourrait-il nous dire quel processus d'étude il va suivre? Est-ce que
cela va être en commission parlementaire? Est-ce que cela va être
par le biais d'audiences publiques?
M. Goldbloom: Ce sera certainement en commission parlementaire,
cela a été promis. S'il y a des intéressés qui
voudraient s'exprimer sur la question, je pense que c'est une réponse
préliminaire, nous pourrons envisager des séances pour les
entendre. Nous avons expédié à toutes les
municipalités un exemplaire du premier volume du rapport de la
commission de refonte.
J'ai mentionné, je pense, au cours de notre débat, qu'une
deuxième tranche est à l'impression présentement et porte
sur les élections municipales. Les autres tranches sont attendues au
cours de l'année, et au début de 1976 pour la dernière
tranche. Au fur et à mesure que nous les recevrons, nous les rendrons
publiques. Il est possible que le gouvernement décide de passer à
la législation sur les premières tranches sans attendre les
dernières, si l'on voit que c'est utile de le faire et surtout, si dans
nos consultations avec l'Union des municipalités, l'Union des conseils
de comté, il y a une large mesure d'unanimité ou de consensus sur
l'opportunité de légiférer sans attendre que le rapport
soit complet, parce que chaque volume traite d'un autre aspect de la
question.
M. Bédard (Chicoutimi): Comme la réforme
électorale municipale. Alors je voudrais savoir du ministre quand il
croit que cette commission pourra siéger.
M. Goldbloom: Le premier volume ne semble pas avoir
provoqué une demande intense de séances pour en discuter
publiquement. Le deuxième volume...
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que c'est le premier volume
de 1,000 pages, cela?
M. Goldbloom: Oui. Oui. Il y a beaucoup de choses
là-dedans, mais quand même c'est...
M. Bédard (Chicoutimi): II ne doit pas y avoir grand monde
qui l'a lu.
M. Goldbloom: C'est le premier élément de l'effort
d'uniformiser les lois municipales pour en faire peut-être une seule qui
régirait toutes les municipalités. Les éléments qui
sont touchés dans ce premier volume sont d'ordre administratif surtout.
Il manque un chapitre dans ce vol urne, c'est le chapitre sur les
élections, et c'est le chapitre qui est maintenant chez l'imprimeur qui
devra être disponible, avant la fin de mai. Puisqu'il s'agit d'un sujet
qui comporte peut-être un peu plus d'intérêt
immédiat, puisqu'aussi il y aura des élections en novembre, dans
les municipalités, nous alIons regarder avec un intérêt
particulier ce document pour voir s'il y a lieu de légiférer
avant les élections municipales de cette année, pour entourer ces
élections d'une meilleure protection, dans l'intérêt du
citoyen.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
M. Goldbloom: Cela veut dire qu'après la réception
de ce document nous pourrons, si c'est jugé nécessaire, faire
siéger la commission parlementaire pour entendre des gens qui voudraient
s'exprimer là-dessus.
M. Bédard (Chicoutimi): A l'intérieur de cette
réforme des lois municipales, je voudrais savoir du ministre s'il a
l'intention d'apporter des corrections ou de présenter une loi pour
modifier deux articles de la Charte de la ville de Montréal, à
savoir les articles 374 et 375. Entre autres, l'article 374 stipule que "nul
candidat ou autre personne ne doit fournir ou procurer à qui que ce soit
des drapeaux, étendards, pavillons, bannières, couleurs
distinctives, rubans, écriteaux, cocardes ou autres objets semblables
pour les faire porter et servir lors d'une élection, depuis le
huitième jour avant celui de la présentation des candidats
jusqu'au lendemain du scrutin, comme bannières ou insignes de parti
permettant de classer les porteurs ou les personnes qui les suivent parmi ceux
qui appuient un candidat ou ses opinions réelles ou
présumées."
L'article 375 je ne sais pas si vous en saviez le contenu
dit que "nul ne peut, sous aucun prétexte, porter quelque drapeau,
étendard, pavillon, bannière, couleur distinctive, ruban,
écriteau, cocarde ou autres objets semblables, ni s'en servir dans la
cité comme bannières ou insignes de parti politique depuis le
jour de la présentation des candidats jusqu'au lendemain de la
clôturedu scrutin."
M. Goldbloom: Est-ce que c'est le mot "drapeau" qui
chatouille?
M. Bédard (Chicoutimi): Non, en aucune façon. En
fait, je pense que le ministre est à même de constater, à
la lecture, que ces articles vont à l'encontre de toute tradition
politique au Québec, qu'on se réfère à la Loi
électorale provinciale ou fédérale. Les articles sont
tellement restrictifs qu'on n'a pas osé, jusqu'à maintenant, les
faire appliquer même à l'intérieur des élections
municipales.
M. Goldbloom: J'ai d'abord à informer les membres de la
commission que j'ai reçu la confirmation, de la part d'un des hauts
fonctionnaires de la ville de Montréal, qu'un bill privé sera
présenté par la ville cette année, qui portera sur la
charte. Il me semble que ce serait l'occasion la plus logique d'examiner les
divers articles de cette charte et de leur proposer des modifications. Il
arrive presque tous les ans que la ville de Montréal, comme certaines
autres villes, présente un projet de loi privé et propose des
modifications à divers articles de la charte. On sait qu'il est loisible
à d'autres personnes d'exprimer leur point de vue et de faire des
propositions. J'ai tout lieu de croire qu'il yaàl'hôtelde ville,
au conseil municipal, des personnes qui voudront proposer des modifications qui
ne seront peut-être pas celles que les autorités en place
voudraient présenter.
Je pense que, si ces modifications sont connues à l'avance, pour
permettre non seulement à tous les intéressés de les
étudier, mais aussi et cela est important aux greffiers en
loi de l'Assemblée nationale de les examiner quant à leur
concordance possible ou aux complications qui pourraient résulter de
leur adoption, nous aurons le loisir je me suis permis d'informer, par
l'intermédiaire du haut fonctionnaire en question, les autorités
montréalaises de ce fait de passer plusieurs jours sur ce projet
de loi privé pour nous permettre d'aller en profondeur dans la Charte de
la ville de Montréal. Donc, je pense que c'est, en toute logique, la
première occasion et la meilleure pour se pencher sur n'importe
quel article de la charte.
Deuxièmement, je n'exclus pas la possibilité que
l'éventuel projet de loi, qui portera sur la Loi des cités et
villes, sur le code municipal, sur une foule d'autres lois
particulières, sur les chartes de nombreuses villes, touchera à
la charte de la ville de Montréal pour l'uniformiser. Même s'il y
a une différence marquée entre la ville de Montréal et le
grand nombre de petites municipalités que nous avons dans la province,
la ville de Montréal doit avoir des pouvoirs particuliers dans sa
charte. Je ne pense pas que nous puissions éviter cette situation. Nous
pourrons quand même rendre plus cohérente la relation entre la
charte de la ville de Montréal et la ou les lois générales
dans le domaine municipal. Donc, il n'est pas du tout exclu que
l'éventuelle loi générale remplace certains articles de la
charte de la ville de Montréal, même si nous leur apportons des
modifications probablement vers le début de l'été ou
à la fin du printemps, par l'étude d'un bill privé.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
L'an dernier, le député de Lafontaine vous avait
demandé quelles mesures étaient prises pour la mise en place d'un
système intégré de réception d'appels
téléphoniques urgents visant les pompiers, la police, les
ambulanciers et les centres de toxicologie. Vous aviez répondu qu'il
devait se faire quelque chose de concret dans ce sens. Après un an,
est-ce que le ministre est en mesure de nous dire où cette étude
en est rendue et s'il y a déjà des applications pratiques qui ont
été faites?
M. Goldbloom: II y a eu des études qui ne sont pas du tout
théoriques, mais hautement pratiques qui ont été
poursuivies. Il yaeu des renseignements qui ont été fournis, non
seulement au gouvernement, mais aux autorités municipales aussi. Le
député de Chicoutimi comprendra qu'il y a un facteur coût
qui peut être important. Il y a aussi un facteur
fonctionnement-efficacité qui doit être examiné. Il
comprendra aussi qu'il y a plusieurs ministères qui sont
intéressés. Il yen aau moinsquatre auxquelsje pense
immédiatement: les Affaires municipales, la Justice, les Affaires
sociales et les Communications.
Je peux informer la commission, M. le Président, que c'est
présentement le ministère des Communications qui étudie le
dossier avec l'expertise que ce ministère possède, parce qu'il y
a des aspects techniques qui échapperaient au ministère de la
Justice ou des Affaires municipales, ces aspects techniques se situant dans le
domaine des communications. Nous avons donc demandé au ministère
des Communications de bien vouloir nous indiquer ses recommandations. Nous ne
les avons pas encore reçues.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela vous fera peut-être
plaisir, M. le Président, on pourrait entreprendre la gestion
interne.
Le Président (M. Picard): Si vous voulez me dire à
quelle page?
M. Bédard (Chicoutimi): La gestion interne.
Le ministre pourrait peut-être nous donner des renseignements sur
les augmentations qu'on peut voir aux crédits qui sont affectés
aux trois éléments qui sont contenus dans ce programme. Vous
avez, d'abord, Direction et gestion interne du ministère.
M. Goldbloom: Nous parlons de quel programme?
M. Bédard (Chicoutimi): Le programme 3.
Gestion interne et soutien
M. Goldbloom: D'abord, M. le Président, à 01, une
augmentation de $348,000. C'est parce que nous avons eu une augmentation du
nombre de postes et il faut prévoir la rémunération
additionnelle. A 02, une somme de $20,000. C'est pour retenir les services de
personnes à titre occasionnel...
M. Bédard (Montmorency): Pardon, M. le Président.
Est-ce que le ministre s'est servi du bon programme?
M. Goldbloom: On m'a dit programme 3.
Le Président (M. Picard): Vous trouverez les
renseignements à la page 3-I0, la ventilation...
M. Bédard (Montmorency): Oui, mais j'essaie de suivre page
3-I0 les augmentations...
Le Président (M. Picard): Elément I. Une Voix:
... pas ces chiffres.
M. Bédard (Montmorency): Oui, je les ai. J'ai seulement
à faire la différence entre...
Le Président (M. Picard): C'est parce que le ministre met
des zéros en avant des chiffres.
M. Goldbloom: Je m'excuse. Là ou j'ai une liste ici, c'est
avec des zéros. C'est à I, salaires, que j'ai indiqué
l'augmentation de $348,000 et j'ai expliqué que c'est à cause de
l'augmentation du nombre de postes. A 2, on constate, colonne 1, $20,000, c'est
pour engager du personnel occasionnel auprès du groupe de travail sur
l'urbanisation.
M. Bédard (Montmorency): D'accord!
M. Goldbloom: A 3, une augmentation de $84,000. C'est parce que
nous avons voulu augmenter le volume de nos publications, et il faut,
évidemment, payer cela. A 4, une augmentation de $245,000, qui
représente l'informatique et aussi la commission de refonte.
C'est-à-dire que nous affectons une certaine somme à
l'informatique, et aussi, il y a une somme qui est mise à la disposition
des deux groupes que j'ai mentionnés, le groupe de travail sur
l'urbanisation et la Commission de refonte des lois municipales. A 5, il n'y a
à peu près pas de changement. A 6, nous avons là aussi une
augmentation des loyers pour la location de roboty-pes et de photocopieurs. A
7, il y a une baisse, parce
que c'est simplement une différence d'imputation
budgétaire. Le montant paraît ailleurs, mais c'est une baisse de
$9,000 seulement. A 8, nous avons une petite augmentation qui est attribuable
à l'inflation. A 10, transfert. Nous avons une augmentation de $48,000,
et c'est une augmentation de la quote-part du Québec au Comité
intergouvernementale des recherches urbaines et régionales, dont nous
assumons la présidence cette année, et à l'augmentation de
l'aide financière aux associations du secteur municipal des organismes
de fonctionnaires municipaux, par exemple, les gérants, les
secrétaires municipaux qui ont leur association.
M. Perreault: Est-ce que vous versez une subvention à
l'Union des conseils de comté?
M. Goldbloom: Pardon?
M. Perreault: Est-ce que vous versez une subvention à
l'Union des conseils de comté?
M. Goldbloom: Oui, M. le Président. Nous avons
accordé des subventions pour l'administration générale et
aussi pour certaines responsabilités précises, nous avons
donné des subventions spéciales l'an dernier. Je ne serais pas en
mesure de dire s'il y en aura de nature spéciale cette année.
Nous avons poursuivi, notamment avec l'Union des conseils de comté une
tournée de la province pour l'information aux municipalités au
sujet de l'évaluation foncière, et nous avons cru que
c'était justifié pour nous de payer une bonne partie des
dépenses impliquées.
M. Perreault: Est-ce que la conférence
provinciale-municipale est là-dedans?
M. Goldbloom: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Picard): D'autres questions sur
l'élément I?
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, si on
réfère au rapport du Vérificateur général,
ce dernier fait quand même des recommandations à la suite de son
étude de la gestion interne du ministère. Entre autres, je
voudrais référer le ministre à la page 420 à
l'article c) où le vérificateur fait ce commentaire: "A la suite
des commentaires mis en relief précédemment, nous
suggérons qu'une attention spéciale soit apportée sur les
points suivants: Premier point, expliciter davantage les divers programmes
d'aide financière aux municipalités afin de favoriser une
meilleure classification budgétaire et en conséquence permettre
une évaluation plus juste du coût de chacun des programmes."
Est-ce que le ministre peut nous donner ses commentaires sur cette
remarque du Vérificateur général et comment entend-il
apporter les corrections qui semblent demandées par le
Vérificateur général?
M. Goldbloom: M. le Président, il va sans dire que nous ne
manquons pas de respect pour le vérificateur général. Ses
fonctions nous y obligent.
M. Bédard (Chicoutimi): Si ses fonctions ne vous y
obligaient pas, vous seriez moins condescendant envers ses remarques?
M. Goldbloom: Non, M. le Président; sur le plan personnel
aussi nous avons beaucoup de respect pour M. Larose, mais ce que je veux dire
c'est que, d'abord, nous avons étudié ses recommandations et nous
sommes en train d'appliquer certaines mesures précises
détaillées qu'il nous a proposées. Sur la formulation de
cette recommandation, je voudrais dire que, du point de vue du
vérificateur, il est compréhensible qu'il désire avoir une
définition très précise. Du point de vue des
municipalités, si les définitions sont trop précises, nous
sommes obligés parfois de refuser l'aide, parce que le projet ne cadre
pas exactement avec la définition, et je ne voudrais pas que nous ayons
un carcan qui nous empêche d'aider les municipalités selon
l'éventail de leurs programmes. Nous avons également le
problème que la formulation des règlements d'emprunt qui nous
sont soumis par les municipalités et qui, d'une part, exigent
l'approbation de la commission municipale et du ministère, dans bien des
cas, et d'autre part sont la base de la demande de subvention, sont
formulés d'une façon qui varie énormément et le
contenu des règlements d'emprunt varie beaucoup aussi.
Alors, ce que je viens de dire est simplement une précaution que
je prends. Nous allons poursuivre, si nécessaire, des discussions avec
le Vérificateur général pour être certain que nous
avons effectivement le genre de définition qui convient à ces
besoins sans que cela constitue un carcan pour le ministère dans ses
relations avec les municipalités.
M. Bédard (Chicoutimi): Si on se réfère au
paragraphe 4, en relation avec le paragraphe 1, dans les remarques du
Vérificateur général, il fait quand même un
commentaire où il demande une attention spéciale de la part du
ministère pour que le ministère ait l'obligation de prendre les
dispositions nécessaires pour que tous les dossiers d'octroi de
subventions comportent les renseignements pertinents à la prise de
décision. A mon humble opinion, M. le Président, dans ces deux
paragraphes, le Vérificateur général ne dit-il pas
très crûment tout simplement que le ministère non seulement
n'a pas de critères assez précis quand il s'agit d'octroyer des
subventions.
Mais, plus que ça là, je me réfère au
paragraphe 4 le ministère n'a même pas, dans bien des
dossiers, les renseignements nécessaires pour pouvoir octroyer ces
subventions. Il me semble que c'est très clair qu'il dénonce,
d'une façon tout à fait particulière, le système
trop discrétionnaire des subventions qui sont accordées par le
ministère, à cause d'une part, d'un manque de précision
des critères, et. d'autre part, d'un manque de renseignements avant que
les subventions soient accordées.
M. Goldbloom: Non, M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Cela rejoint ce que nous disions
hier.
M. Goldbloom: Non, M. le Président, ce n'est pas une
interprétation justifiée. Il y a des critères et le
Vérificateur général le sait. Il y a eu peut-être au
cours de l'année, deux ou trois cas où le dossier n'était
pas aussi étoffé que le vérificateur aurait voulu. Mais je
peux vous assurer que, pour chaque subvention, notamment les subventions qui se
rapportent au projet d'aqueduc ou d'égout. Nous avons des pages de
calcul et je signe en bas de la page, cela est au dossier pour l'examen du
vérificateur général. Il y a eu, à un moment
donné, une constatation que certains types de subventions
n'étaient pas distingués l'un de l'autre avec assez de
clarté et je peux vous dire que nous avons eu la même conversation
au Conseil du trésor où la définition ne semblait pas
suffisamment claire, le Conseil du trésor a demandé que la
rédaction soit plus claire. C'est le genre de choses qui se produit
normalement dans une entreprise de l'envergure de la nôtre, que ce n'est
pas tout le monde qui rédige avec la même clarté, alors ce
n'est pas plus compliqué que cela, M. le Président. Ce n'est pas
une condamnation général, au contraire, c'est très
clairque nous avons une méthode d'analyse que je voudrais aussi
respectable que possible et que les commentaires du vérificateur
général ne portent que sur quelques cas et que les commentaires
nous inspirent les améliorations nécessaires dans notre
façon de présenter les dossiers.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le ministre veut dire
que le Vérificateur général, pour en arriver à
cette conclusion, a pris connaissance de cas qu'on dirait exceptionnels?
M. Goldbloom: Ce sont des cas exceptionnels qui ont
inspiré ces commentaires.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous prétendez que c'est
à partir de quelques cas exceptionnels que le vérificateur
général adonné une directive, a fait une remarque qui
n'est pas exceptionnelle, qui est générale, disent qu'il constate
que les dossiers de subventions ne comportent pas les renseignements suffisants
et pertinents à la prise de décision?
En fait, ce paragraphe est très près...
M. Goldbloom: M. le Président, lisons lentement et avec
attention la quatrième recommandation du Vérificateur
général.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
M. Goldbloom: II écrit: "Prendre les dispositions
nécessai res à l'effet q ue tous les dossiers d'octroi de
subventions comportent les renseignements pertinents à la prise de
décision." Cela veut dire que puisqu'il manquait, dans quelques cas, les
renseignements voulus, le Vérificateur général nous
demande d'assurer que dans tous les cas. Mais c'est une toute petite faible
minorité de cas qui a inspiré ce commentaire et je le
déclare de mon siège de député.
J'aimerais ajouter une chose, c'est que les cas où le
Vérificateur général a trouvé une insuffisance de
précisions, ce sont notamment les cas de nos très grandes
municipalités ou fournir tous les éléments prend raient
des pages et des pages et où nous sommes aussi, à cause du
calendrier respectif de la province et de la municipalité,
obligés de prendre assez rapidement certaines décisions
importantes à l'endroit de ces municipalités.
Nous suivons un certain rythme d'analyse. Nous envoyons des
fonctionnaires voir les livres de ces municipalités. Ce n'est quand
même pas la même chose que de recevoir une demande de subvention
d'une municipalité que je choisis au hasard, Saint-Pie-de-Bagot ou la
ville de l'Assomption, où on peut, dans un espace relativement
restreint, exposer tous les éléments de calcul de la
subvention.
Il n'est pas simplement pas possible de poursuivre avec la ville de
Montréal la même analyse détaillée que l'on peut
suivre avec d'autres municipalités, c'est beaucoup trop complexe. Nous
avons des examens qui se font à des intervalles assez réguliers
et qui nous mènent à des conclusions que nous espérons
aussi justes que possible.
M. Bédard (Chicoutimi): Je suis bien prêt à
prendre la parole du ministre qui nous dit que ce sont des cas exceptionnels
qui ont amené cette remarque de la part du Vérificateur
général, concernant la recommandation qui est faite par le
vérificateur, au paragraphe 2, qui se lit comme suit: "Inscrire aux
livres le solde en capital à recevoir de municipalités,
c'est-à-dire $76,035,666, ainsi que le compte à payer
correspondant à l'Office fédéral du développement
municipal et des prêts aux municipalités."
Est-ce que le ministre peut...
M. Goldbloom: C'est une technicité qui est
explicitée dans le texte, M. le Président. C'est une mise en note
aux états financiers, plutôt que de comptabiliser
précisément dans l'actif et le passif, et le Vérificateur
général a dit: J'aurais préféré que le
montant paraisse à l'actif et au passif. Ce n'est pas plus
compliqué que cela.
M. Bédard (Chicoutimi): J'aimerais que le ministre...
M. Goldbloom: Ce sont des montants qui s'éliminent
mutuellement.
M. Bédard (Chicoutimi): J'aimerais que le ministre nous
donne certaines remarques sur le paragraphe 3 des recommandations du
vérificateur, qui demande au ministère de délimiter les
responsabilités du service de comptabilité du ministère
quant à l'inscription et à la documentation à obtenir pour
justifier les différentes entrées comptables ayant trait à
la Société d'habitation du Québec.
Peut-être que le ministre préfère attendre lorsqu'on
discutera de la Société d'habitation ou...
M. Goldbloom: Pas nécessairement, M. le Président,
parce que nous y sommes et nous parlons du rapport du Vérificateur
général. Nous partageons son point de vue quant à cela.
Nous avons
commencé déjà l'an dernier, et j'ai
rencontré personnellement le Vérificateur général,
en compagnie du président de la Société d'habitation, pour
que nous puissions déterminer les améliorations à apporter
à ce système de comptabilité.
Donc, les améliorations sont déjà en cours et ce
rapport qui porte sur l'année financière terminée le 31
mars 1974 porte sur une période où il y avait des lacunes, des
imprécisions, dans la façon de présenter les chiffres,
puisqu'il y a maintenant douze mois et quelques jours depuis la publication de
ce rapport, ou depuis la période sur laquelle porte le rapport. Nous
avons déjà apporté des améliorations et je suis
convaincu que le prochain rapport du Vérificateur général
constatera les améliorations et que cette critique ne paraîtra
plus.
M. Bédard (Chicoutimi): Je l'espère pour le
ministre. Il semble bien disposé à donner suite aux
recommandations du Vérificateur général. Maintenant, il
reste que le Vérificateur général avait quand même
fait certaines recommandations l'an passé au ministère, et
à la page 419, traitant du contrôle interne, le
vérificateur a quand même une remarque qui laisse entendre que ses
recommandations de l'an passé ont plus ou moins été
corrigées.
Il a dit: Nous n'avons pas repris, pour les commentaires nouveaux,
toutes les faiblesses mentionnées dans notre rapport de l'an dernier.
Ceci ne signifie pas pour autant qu'elles ne sont plus pertinentes ou ont
été corrigées.
Est-ce que le ministre aurait une remarque?
M. Goldbloom: Oui, M. le Président, on compare. Le
Vérificateur général compare l'année 1972/73 avec
l'année 1973/74. Nous avons déjà, entre-temps,
terminé l'année 1974/75 et, au cours de cette année, il y
a eu des améliorations additionnelles.
Mon premier contact avec le Vérificateur général a
été au cours de cette année qui vient de se terminer. Je
ne me rappelle pas la daté précise, car il y a plusieurs mois.
C'est la rencontre à laquelle j'ai fait allusion il y a quelques
instants. Elle portait surtout sur la Société d'habitation du
Québec. A cette occasion, le vérificateur n'a pas trouvé
des raisons particulières de me parler d'autres sujets pertinents
à la comptabilité du ministère en général.
Puisque nous sommes assurés qu'il y a des améliorations
déjà effectuées du côté de la
Société d'habitation, je pense bien que tout ce qui est
rédigé ici, quoique méritant notre respect, n'a pas de
portée majeure, comme critique, selon la façon dont la
comptabilité est tenue au ministère des Affaires municipales.
M. Bédard (Chicoutimi): II y avait aussi, l'an
passé, des remarques concernant la Société d'habitation et
le manque de renseignements au dossier concernant les subventions
accordées par le ministère.
M. Goldbloom: Les services de la comptabilité de la
société sont séparés et chacun procède
à sa façon. Si le Vérificateur général
était médecin ou si, moi, j'étais comptable,
peut-être que nous différerions d'opinion sur la façon de
traiter un problème donné et cela serait normal. Le
Vérificateur général a l'autorité pour exprimer ses
recommandations. Nous avons certainement l'intention de les respecter dans
toute la mesure du possible.
M. Bédard (Chicoutimi): Au niveau de la direction et de la
gestion interne, je voudrais demander au ministre pour quelle raison il a
engagé M. Henri Dion alors que celui-ci avait été
remercié de ses services eh 1971 pour cette affaire de pot-de-vin que
nous connaissons? Je pense que M. Dion avait alors été
engagé au contentieux de l'environnement. Le ministre était-il au
courant des raisons du limogeage de M. Dion?
M. Goldbloom: Non, M. le Président, certainement pas en
termes du témoignage de M. Dion devant la Commission Cliche. Ce n'est
qu'au moment où j'ai pris connaissance de ce témoignage que j'ai
eu connaissance de manquements possibles je dis "possibles", on est
innocent jusqu'à preuve du contraire de la part de M. Dion.
M. Bédard (Chicoutimi): L'ancien ministre des Affaires
municipales avait renvoyé M. Dion. Est-ce que le ministre actuel, avant
de le réengager, avait pris la précaution de s'informer des
raisons pour lesquelles l'ancien ministre l'avait limogé?
M. Goldbloom: M. le Président, je crois que nous sommes
sur un terrain délicat, parce qu'il y a un procès devant les
tribunaux.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est simplement pour situer, mais
je ne parle pas du pot-de-vin en question. Je vous parle simplement, telle
qu'aété formulée ma question, de l'engagement d'un
fonctionnaire.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais rappeler au
député de Chicoutimi que, à cette époque, les
services de protection de l'environnement avaient été
créés à l'intérieur du ministère des
Affaires municipales.
Ces services ont maintenant une autonomie relative, avec un directeur
qui est responsable de ses services, au même titre, à toutes fins
pratiques, que le sous-ministre est responsable de chaque ministère.
Mais à l'époque, c'étaient simplement des services du
ministère, et celui qui vous parle a été ministre d'Etat
à ce ministère. Me Dion a été
transféré d'un poste à un autre par le ministre en
titre.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous pouvez continuer, M. le
ministre.
M. Goldbloom: C'est tout ce que j'ai à dire, M. le
Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais, M. le ministre, vous
étiez au courant que l'ancien ministre des Affaires municipales, M.
Tessier avait limogé, avait congédié M. Dion. Est-ce que,
avant de l'engager, vous avez eu...
M. Goldbloom: M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que vous me permettez de
finir ma question?
M. Goldbloom: Je m'excuse, oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Je veux savoir simplement si vous
avez pris la précaution de vous informer quant aux raisons qui avaient
pu motiver l'ancien ministre des Affaires municipales à limoger M.
Dion?
M. Goldbloom: M. le Président, le ministre en titre a
muté M. Dion d'un poste à un autre. Il m'a informé de
cette mutation, et je ne lui ai pas demandé les raisons en
détail. Il m'a informé de cette mutation, et il m'a dit: Me Dion
a des connaissances dans le domaine de l'environnement, et je voudrais qu'il
travaille dans ce domaine. Effectivement, ses connaissances ont
été perçues par ceux qui ont travaillé avec
lui.
Ce sont les circonstances dans lesquelles Me Dion est venu travailler
à l'environnement. C'était une mutation d'un poste à un
autre à l'intérieur d'un même ministère.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais vous dites que lorsque cette
mutation a eu lieu je prends textuellement ce que vous avez dit
que le ministre en question ne vous a pas donné les raisons en
détail de cette mutation. Est-ce que je dois comprendre qu'il vous a
donné quand même quelques raisons, sinon en détail?
M. Goldbloom: II était le ministre en titre, M. le
Président, il a pris sa décision et il m'a informé de
cette décision. Il m'a indiqué que Me Dion avait la
compétence voulue pour combler le poste auquel il l'a
affecté.
M. Bédard (Chicoutimi): Non seulement il ne vous a pas
donné de raisons en détail, il ne vous a pas donné de
raisons du tout. Il vous a simplement informé de la mutation.
M. Goldbloom: M. le Président, à l'époque,
étant nouvellement arrivé au ministère, je n'attachais pas
l'importance que l'on peut attacher aujourd'hui à chaque parole
prononcée par mon collègue. Donc, je n'aimerais pas essayer de
reconstituer, dans ma mémoire, exactement ce que Me Tes-sier m'a dit
à ce moment. Je vous en ai donné l'essentiel, et je ne voudrais
pas essayer d'en faire une interprétation plus
détaillée.
M. Bédard (Chicoutimi): Bon! Vous ne m'avez donné
aucune des raisons en détail, c'est-à-dire aucune des raisons
qu'il vous a données. C'est cela que je vous demande. Il vous a
simplement informé de la mutation à ce moment, sans aucune
raison.
Le Président (M. Picard): II se peut que le
député de Chicoutimi constate qu'il...
M. Goldbloom: C'est ce que j'ai dit, M. le Président.
Le Président (M. Picard): ...est sur un terrain
très dangereux.
M. Bédard (Chicoutimi): Je suis capable de prendre la
responsabilité des terrains sur lesquels je m'engage, M. le
Président.
Le Président (M. Picard): Parce qu'un jour il arrivera que
ces questions de sub judice, même si c'est dans des commissions, il y a
quelqu'un qui va se faire taper sur les doigts une bonne journée.
M. Bédard (Chicoutimi): Question de règlement. M.
le Président, je ne parle pas, vous avez dû vous en rendre compte,
parce que je le respecte, le sub judice... on a eu déjà d'autres
questions à traiter quand on a parlé de corruption municipale, ou
qu'on va parler peut-être d'autres dossiers, quand c'est sub judice,
jesuis capable de le respecter. C'est pour cela que je n'ai pas parlé d
u contenu même de l'affai re, de laquestion de pot-de-vin. J'ai
limité vous avez été à même de le
constater mes questions uniquement sur le fait de l'engagement d'un
fonctionnaire qui a été fait par le ministère.
Ce que j'ai demandé au ministre, simplement, c'est de savoir,
lorsque M. Henri Dion a été engagé, si l'ancien ministre
des Affaires municipales l'avait informé des raisons pour lesquelles il
avait opéré une mutation de poste de M. Henri Dion.
Vous êtes d'accord avec moi, M. le Président que je ne me
suis pas engagé dans le sub judice D'accord? Je ne crois pas qu'on
puisse, selon les réponses du ministre, s'engager dans le sub judice
Parce que le ministre me dit qu'il ne veut pas expliciter les raisons que lui a
données l'ancien ministre des Affaires municipales pour opérer
cette mutation. C'est bien ça?
M. Goldbloom: Je crois avoir été assez clair dans
mes réponses, M. le Président...
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne voudrais pas vous
interpréter mal.
M. Goldbloom: Je ne suis pas avocat et j'ai peut-être, pour
cette raison, plus d'hésitation que le député de
Chicoutimi q uant à ce qui est ou n'est pas sub judice et ce n'est pas
par manque de respect ou d'amitié pour lui que je me permettrai de ne
pas le prendre comme conseiller juridique pour me guider dans ce que je dois
faire ou ne pas faire par rapport au sub judice.
M. Bédard (Chicoutimi): Autrement dit, si le ministre
avait répondu à ma question en me disant qu'effectivement
l'ancien ministre des Affaires municipales lui avait donné des raisons
très précises qui peuvent se rapporter à des choses qui
sont sub judice, à ce moment-là, je ne serais pas allé
plus loin dans mes questions.
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai été
clair
dans ma réponse, M. Dion a été muté d'un
poste à un autre à l'intérieur d'un ministère par
le ministre en titre. Je n'avais pas d'autorité quant à cette
mutation, j'en ai été informé.
M. Bédard (Chicoutimi): Dernière question sur la
gestion interne, M. le Président. Est-ce que le ministre pourrait nous
donner des précisions sur les noms et les traitements des
secrétaires particuliers du cabinet?
M. Goldbloom: Probablement, je ne suis pas certain que nous les
ayons tous ici, mais on va voir ça.
Nous n'avons pas la liste des traitements ici, n'ayant pas prévu
une question sur les traitements de diverses personnes, nous pourrons fournir
les renseignements à la prochaine séance de la commission si ce
n'est pas ce soir.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que vous pourriez me les
donner ce soir? J'imagine que ce n'est pas tellement long à
retracer.
M. Goldbloom: Puisqu'il est déjà 6 h 15, je ne
crois pas que ce soit possible ce soir, ce sera certainement possible
demain.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord, M. le ministre. M. le
Président, à moins qu'il y ait des questions de la part d'autres
membres de la commission, je suis prêt à adopter le programme
3.
Le Président (M. Picard): Est-ce qu'il y a d'autres
questions au programme 3? Adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Picard): Programme 3. Adopté.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le programme 4 a
été adopté?
Le Président (M. Picard): Le programme 4 est
adopté. Programme 5.
Sécurité-incendie
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'au programme 5, on peut
nous donner des renseignements généraux sur les augmentations des
crédits qui sont mentionnés aux éléments 1, 2 et 3
du programme 5.
M, Goldbloom: M. le Président, nous avons, à
l'élément I, une augmentation de $50,000, il y a un poste qui est
ajouté aux effectifs et il y a l'inflation qui nécessite une
augmentation des traitements. A l'élément 3, une augmentation de
$24,000 est l'augmentation du coût de la publication que nous faisons sur
les pertes causées par les incendies.
Sur la somme totale de $210,000, $155,000 sont affectés à
des campagnes de prévention des incendies.
M. le Président, je me permets de souligner que les
résultats sont nettement à l'honneur du Québec, que nous
gagnons des prix dans le domaine de la prévention des incendies et nous
en sommes assez fiers.
A l'élément 4...
M. Bédard (Chicoutimi): II n'y a pas de remarque du
Vérificateur général à cet effet-là!
M. Goldbloom: ... il y a disparition du montant de $4,000 qui
était affecté à des services contractuels et qui a
été transféré à la campagne de
prévention des incendies.
A l'élément 7, une toute petite augmentation attribuable
à l'inflation.
A l'élément 8, c'est la même chose.
Ensuite, à l'élément 2: Aide aux
municipalités, est-ce bien sur cela que...
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président...
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, j'aurai
une question, quand cela adonnera, je ne suis pas pressé.
Le Président (M. Picard): Le député de
Montmorency.
M. Bédard (Montmorency): A cet élément, M.
le Président, étant donné qu'il y a une augmentation de $l
million par rapport à l'an dernier, un montant de $1,060,000, à
l'aide aux municipalités, est-ce que cela touche une nouvelle politique
du ministère de subventionner des équipements ou quoi?
M. Goldbloom: Non, M. le Président, c'est simplement qu'il
y a des demandes assez nombreuses et que nous voudrions être en mesure
d'y répondre. Nous attachons beaucoup d'importance à ce programme
et il y a des efforts que nous menons pour amener des municipalités
à constituer des services valables avec l'équipement qu'il faut
pour bien protéger la vie et les biens et avec du personnel bien
formé pour effectuer le travail de protection nécessaire.
Ce que nous essayons de faire, c'est d'amener les municipalités
à fusionner leurs services, et nous accordons des subventions plus
importantes dans les cas de fusion de services que dans les cas où la
municipalité insiste pour agir seule. Pour cette raison et à
cause de l'inflation qui a touché le coût des équipements,
nous donnons nos subventions pour l'achat d'équipement majeur et pour
des systèmes de communication, par exemple, et pour la construction de
postes de pompiers, de casernes de pompiers et de garages pour les
véhicules.
Nous devons augmenter nos disponibilités si nous voulons
répondre à la demande. Il est possible que, d'ici quelques
années, nous ayons répondu à la majorité des
besoins dans la province et que nous puissions diminuer, au moins
proportionnellement à l'inflation, nos crédits dans ce
domaine-ci. Mais ce point n'est pas arrivé et ne sera pas atteint au
cours des toutes prochaines années.
Donc, nous avons beaucoup de travail à faire.
M. Bédard (Montmorency): Dans le cas des
municipalités qui aimeraient fusionner leurs services, mais où il
n'y a pas de collaboration avec d'autres municipalités et où la
municipalité en question achète ses équipements quand
même, étant consciente qu'il faut des équipements
additionnels dans son secteur, est-ce qu'on pourrait lui octroyer des montants
s'il y a un manque de collaboration de la part des autres
municipalités?
Je sais qu'il y avait des ententes avant, lorsque c'était une
fusion de services de municipalités avec des cités et villes,
mais simplement à l'intérieur de cités et villes, est-ce
qu'il y a des octrois qui sont disponibles?
M. Goldbloom: Nous visons surtout les petites
municipalités et nous essayons de déterminer des territoires
ruraux qui peuvent être desservis par un service centralisé entre
les mains d'une municipalité disons, mais au nom du groupe qui a
accepté la mise en commun.
Si je dis centralisé entre les mains d'une municipalité,
cela ne veut pas dire nécessairement et absolument un seul poste pour
tout le territoire. C'est une chose que déterminent les experts du
ministère.
Pour répondre plus précisément à la question
de l'honorable député de Montmorency, nous connaissons une
certaine difficulté à évaluer la volonté, bonne ou
mauvaise, selon le cas, de mettre en commun les services
Je discute avec mes fonctionnaires la possibilité de faire une
distinction entre la municipalité qui est disposée à
accepter la mise en commun et celle qui refuse et en refusant pénalise
l'autre. Je suis conscient de ce problème. Nous n'avons pasencore la
conviction que nous pouvons vraiment distinguer ces choses. Dans quelques cas
c'est très clair, mais dans d'autres cas ce n'est pas clair du tout.
M. Perreault: M. le ministre, justement, vous avez accordé
cette année...
Le Président (M. Picard): Le député de
l'Assomption.
M. Perreault:... des subventions conditionnelles, dans ce genre,
à des municipalités de mon comté avec la condition
qu'elles se fusionnent avec d'autres municipalités, mais les autres
municipalités ne veulent pas se fusionner avec elles. Alors, ce ne sont
pas elles qui sont en faute. Le cas en question, c'est la ville de Repentigny.
On vous a envoyé une lettre disant qu'elle était prête
à fusionner avec d'autres, mais ce sont les autres municipalités
qui refusent. Je ne crois pas qu'elle devrait être
pénalisée à ce moment et qu'elle perde sa subvention.
M. Goldbloom: Comme je viens de dire, M. le Président, je
suis conscient de ce problème et je voudrais lui trouver une solution.
Cette solution pourrait venir de deux façons, soit par une politique
nuancée en ce qui concerne les subventions, soit et je le dis
avec franchise par l'attribution au ministre d'un pouvoir d'ordonnance
dans ce do- maine comme nous en avons dans le domaine de l'eau potable et du
traitement des eaux usées. Je songe et pour une rare fois c'est
une pensée personnelle que j'exprime en ce moment si j'y songe
personnellement, c'est parce que, justement, dans les autres cas, c'est la
santé publique qui est en jeu et je dirai que le danger est probablement
moindre dans le cas de l'eau potable et du traitement des égouts que
dans le cas de l'incendie où la vie elle-même est directement
menacée. Alors, j'examine présentement l'opportunité
et je vais inviter les municipalités à commenter cette
idée mais l'opportunité de donner au ministre un pouvoir
d'ordonnance.
M. Perreault: J'aimerais vous poser une seconde question. Au
cours de l'exercice financier, quel est le pourcentage de réussite dans
le mot subvention conditionnelle?
M. Goldbloom: Je m'excuse une seconde, M. le Président, je
voudrais faire une vérification de chiffres ici.
Les statistiques de l'année qui vient de se terminer indiquent
que 71 municipalités ont bénéficié des subventions
et sur les 71, 25 étaient impliquées dans des mises en commun de
services. Alors, un peu plus du tiers sont impliquées
là-dedans.
M. Perreault: Sur ces 25 où il y a des fusions
impliquées, combien avez-vous de pourcentage de réussite de
fusion?
M. Goldbloom: Ce sont les réussites. M. Perreault:
Les 25 ont réussi.
M. Goldbloom : Ce sont des réussites. Ce q ue je n'ai pas,
c'est une statistique pour indiquer dans les 46 cas qui ont reçu des
subventions, mais qui n'ont pas été impliqués dans une
mise en commun, combien avaient été l'objet d'une proposition de
mise en commun et avaient refusé cette proposition. Je pourrais essayer,
pour une prochaine séance, demain, d'obtenir une notion de cela.
M. Perreault: J'aimerais distinguer entre une subvention que vous
annoncez et qui est effectivement versée ou non versée quand il
n'y a pas fusion. Je parle de la ville de Repentigny. Vous avez annoncé
une subvention, mais les autres municipalités ne veulent pas. Alors,
elle ne l'a pas dans le moment. C'est ce que je vous demande.
M. Goldbloom: M. le Président...
M. Perreault: Je demande le pourcentage de réussites
effectives.
M. Goldbloom: Je voudrais souligner ceci. Si nous croyons le
service valable, nous donnons une subvention. La subvention est plus importante
s'il y a mise en commun, mais, si la mise en commun ne se fait pas, la
subvention ne tombe pas à zéro. Elle tombe à un
pourcentage inférieur. Je pense que c'est assez bien connu , notre
politique.
Nous offrons, en général, une subvention de 50%. Je
souligne de nouveau qu'il s'agit de petites municipalités et que, dans
certains cas, dans le passé, où des municipalités plus
importantes ont été visées, le pourcentage de subvention a
été moindre; mais puisque, aujourd'hui, nous semblons nous
pencher sur les problèmes des municipalités relativement petites,
nous donnons 50%, en règle générale, et, s'il y a une mise
en commun, nous donnons 75% du coût en équipement et en
construction.
M. Perreault: C'est parce que, dans votre subvention, il n'y a
pas deux montants, il y en a un seul qui est conditionnel. La ville doit-elle
maintenant revenirpourfaire réviser sa subvention, étant
donné qu'elle agit seule?
M. Goldbloom: Oui, M. le Président, c'est exactement ce
qui se fait. Après tout, la lettre est émise en vertu du projet
que l'on connaît et si les conditions changent parce que le projet est,
entre-temps, rejeté par les autres municipalités, il faudra que
celle qui est intéressée à aller de l'avant dans l'achat
d'équipements nous fasse une demande de révision.
Le Président (M. Picard): Le député de
Montmagny.
M. Bédard (Montmorency): Montmorency. Le
Président (M. Picard): Montmorency.
M. Bédard (Montmorency): Même, M. le
Président, à la suite de la dernière question du
député de L'Assomption, si les équipements nouveaux sont
achetés, on a le droit de faire une nouvelle demande de subvention?
M. Goldbloom: Je m'excuse, j'étais distrait pour une
seconde.
M. Bédard (Montmorency): D'après la dernière
réponse que vous avez apportée au député de
l'Assomption voulant qu'une nouvelle demande pourrait être faite si les
conditions de l'entente ont changé, même si les équipements
sont achetés par la municipalité qui a décidé de
marcher toute seule, elle a le droit de faire une nouvelle demande de
subvention?
M. Goldbloom: En général, M. le Président,
je pense que la réponse est affirmative, mais je tiens à
souligner que nous avons des cas où une municipalité n'attend pas
l'approbation de notre ministère et procède à l'achat
d'équipements ou à la construction d'un immeube. Si ce qui est
acheté ou construit ne répond pas à nos normes, nous
refusons de donner la subvention. Autrement, pourquoi avoir des normes?
M. Bédard (Montmorency): D'accord.
M. Goldbloom: Nous essayons de faire dili- gence et de ne pas
faire attendre les projets, connaissant l'importance d'une bonne protection
contre l'incendie. Mais il faut quand même prendre le temps
nécessaire pour analyser les dossiers. Nous en avons un nombre
considérable, comme en témoigne le fait que nous avons
aidé 71 municipalités, l'an dernier. Cela veut dire que nous
avons étudié d'autres dossiers où nous avons rejeté
la proposition et exigé un autre projet quant à la construction
ou quant à l'achat d'équipements.
Le Président (M. Picard): Le député de
Verchères.
M. Bédard (Montmorency): Je n'ai pas fini, M. le
Président. J'en ai encore une autre.
Le Président (M. Picard): Une autre question.
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, dans
votre demande de pouvoirs discrétionnaires additionnels, vous pourriez
peut-être vous servir d'un exemple que je vais vous citer, un exemple que
j'ai personnellement vécu, parce que, dans ma municipalité, j'ai
été en contact avec une autre municipalité du comté
pour acheter des équipements et construire une caserne de pompiers. Le
tout représentait des investissements de $245,000. J'ai fait des
investissements de $245,000 et, la deuxième municipalité a
refusé de collaborer, parce que je lui demandais une collaboration de
$5,000 à $6,000 par année sur un budget de $78,000. C'est pour
vous montrer qu'il y a des fois, une mauvaise collaboration. Comme vous avez
mentionné tout à l'heure, c'est la protection du citoyen qui va
en coûter. Pour les citoyens de la ville de Beauport, on perd une
subvention de 50% à 75%, parce qu'un maire et quelques conseillers ont
décidé que $5,000 de plus sur leur budget de $400,000, ils ne
pouvaient pas se permettre cela.
Je vous appuierai fortement dans votre pouvoir discrétionnaire.
Je serai capable de dire que j'ai vécu un cas. Nous allons en profiter,
suite à votre réponse, M. le Président, parce que tout a
été fait en conformité avec les autorités de votre
ministère, pour la construction de notre garage, l'achat de nos
équipements. Soit dit en passant, je veux remercier vos fonctionnaires,
parce qu'on a eu une très bonne collaboration. Ils ont dû
travailler au-delà de 200 heures dans nos dossiers.
Ce sont eux qui ont fait les devis de demandes d'achat du camion et ce
sont eux qui font la révision lors de la livraison du camion,
après quoi ils nous disent qu'on doit payer. Donc, on ne s'occupe de
rien et on est certain que tout est fait dans l'ordre, parce que ce sont des
hommes compétents.
Je vous remercie en pensant que je ferai une nouvelle demande de
subvention.
Le Président (M. Picard): Le député de
Verchères.
M. Ostiguy: M. le Président, je voudrais qu'on adopte le
programme 5 et qu'on suspende.
Le Président (M. Picard): Voici. J'aimerais informer les
membres de la commission que c'est définit que l'Assemblée
nationale siège à 8 h 15. Maintenant, il y a possibilité
que le premier ministre fasse une déclaration ministérielle et
là, cela va retarder un peu après la période des
questions. Il faudrait attendre si le leader parlementaire décide
d'ajourner l'Assemblée nationale, disons vers 9 h 30, 9 h 45, et
à ce moment, les trois commissions siégeraient jusqu'à II
heures.
Dans les circonstances, je me vois forcé d'ajourner cette
commission sine die, étant donné que l'Assemblée nationale
siège et qu'on attendra l'ordre de l'Assemblée nationale.
M. Ostiguy: Qu'on adopte le programme 5.
M. Bédard (Chicoutimi): Le programme 5 adopté, M.
le Président?
Le Président (M. Picard): Programme 5 adopté?
M. Goldbloom: Adopté.
Le Président (M. Picard): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 1)
Reprise de la séance à 21 h 35
M. Picard (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
La commission des affaires municipales continue ce soir l'étude
des crédits du ministère des Affaires municipales pour
1975/76.
Pour la séance de ce soir, M. Brisson (Jeanne-Mance) remplace M.
Bédard (Montmorency); M. Houde (Limoilou) remplace M. Caron (Verdun); M.
Boudreault (Bourget) remplace M. Déziel (Saint-François) et M.
Pilote (Lac-Saint-Jean) remplace M. Parent (Prévost).
Après consultation du ministre et du porte-parole de l'Opposition
officielle, les membres de la commission seraient-ils consentants à
étudier conjointement les programmes 6, 7, 8 et 9 qui touchent
l'habitation? Y a-t-il des objections?
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord, M. le
Président.
Le Président (M. Picard): Alors les programmes touchant
l'habitation, les programmes 6, 7, 8 et 9...
M. Goldbloom: M. le Président, avant de les aborder, que
faisons-nous des programmes 1 et 2? Si je comprends bien, nous nous
réservons le programme 1 à cause de la difficulté...
M. Bédard (Chicoutimi): Après le discours du
budget, pour avoir une séance de discussion?
M. Goldbloom: C'est cela. Oui. Et le programme 2?
M. Bédard (Chicoutimi): Sur le programme 2 j'ai une
réserve. Je sais que le chef de l'Opposition avait une question qui se
rapportera probablement à ce programme. Etant donné que nous
n'avons pas été formalistes jusqu'à maintenant, j'imagine
qu'on pourra l'accepter et que les membres de la commission n'auront pas
objection à ce qu'il y ait peut-être quelques questions et qu'on
puisse revenir à ur certain moment sur ce programme pourvu que cela ne
s'éternise pas.
Le Président (M. Picard): II y a eu consentement au
début.
M. Goldbloom: Je n'aurai pas d'objection.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord. Il y a eu consentement
au début.
Le Président (M. Picard): Alors on peut dire:
Adopté en principe.
M. Ostiguy: Sauf que j'avais demandé la permission de
poser quelques questions sur l'évaluation foncière.
M. Goldbloom: Justement nous en avons parlé aujourd'hui.
Je suggère, si le député de Chicoutimi
n'a pas d'objection, que nous entendions d'abord le député
de Verchères et.ensuite nous aborderons...
Le Président (M. Picard): C'était sur quel
programme?
M. Ostiguy: Le programme 2: Evaluation foncière. Seulement
une ou deux questions.
Le Président (M. Picard): Le député de
Verchères.
Evaluation foncière
M. Ostiguy: Merci, M. le Président. D'abord, j'aimerais
savoir ceci du ministre, à propos de l'évaluation
foncière, combien il y a actuellement de conseils de comté qui
ont des bureaux structurés pour faire leur rôle
d'évaluation. Le ministre possède-t-il des chiffres
actuellement?
M. Goldbloom: Je serais plus facilement en mesure d'indiquer les
conseils de comté qui procèdent à un travail
valable...
M. Ostiguy: Oui, c'était cela, plutôt les conseils
de comté.
M. Goldbloom: ...que d'indiquer les conseils de comté qui
ont nécessairement constitué un bureau d'évaluation
à cette fin. Le nombre de conseils de comté qui ont un bureau qui
leur est propre est assez limité. De mémoire, le seul qui me
vienne à l'esprit est justement celui du comté de
Verchères où il y a un bureau qui est structuré et qui a
un personnel qui nous rend de fiers services dans le sens que nous avons
désigné ce conseil de comté avec trois autres comme projet
pilote pour évaluer la mise en application de la Loi de
l'évaluation foncière et des premiers éléments du
manuel qui sont maintenant publiés sous forme d'édition de
rodage.
Effectivement, nous avons discuté avec le conseil de comté
de Verchères de la nature de ce travail et de l'opportunité pour
le gouvernement de donner un appui financier un peu particulier à cause
du rôle spécial que joue ce conseil de comté comme secteur
témoin et donc en quelque sorte de consultant du ministère pour
la validation du manuel et nous avons accepté de verser une somme
additionnelle à cette fin.
M. Ostiguy: Si ma mémoire est bonne, la loi 50 autorisait
les conseils de comté à faire les rôles
d'évaluation, je pense qu'ils pouvaient structurer une organisation, un
bureau, ou ils pouvaient se prévaloir d'entreprises privées, de
firmes d'évalua-teurs privés, n'est-ce pas?
M. Goldbloom: C'est exact.
M. Ostiguy: Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il y a eu
des études de faites à savoir si c'était moins dispendieux
pour les conseils de comté de faire faire le rôle
d'évaluation par une firme d'éva-luateurs ou si cela va
être moins dispendieux de le faire faire par un bureau qui est
structuré, comme on mentionne celui de Verchères?
M. Goldbloom: M. le Président, il y a deux
difficultés qui se posent devant moi face à la question du
député de Verchères. D'abord, nous n'avons pas encore
émis d'ordonnance pour engager le vrai processus. Nous sommes en
période de rodage, de vérification et de validation. Ce ne sera
que cet automne que nous pourrons émettre les premières
ordonnances et voir vraiment comment fonctionnera le système de mise en
place de l'évaluation foncière scientifique et uniforme dans la
province. Deuxièmement, il y a un nombre assez important de conseils de
comté qui se sont ad ressés à l'entreprise privée
et qui ont reçu des propositions dont le coût semble varié.
Il y a un éventail assez large de coûts par rapport à la
population, disons. Nous ne sommes pas encore en mesure d'apprécier la
signification de cette variation de coûts. Est-ce que vraiment il y a
surenchère à un bout de cet éventail? Est-ce qu'il y a
vraiment sous-estimation à l'autre bout de façon à attirer
d'autres contrats? Je ne serais pas en mesure de donner une réponse
à cela en ce moment. Nous allons certainement surveiller.
M. Ostiguy: M. le Président, je pense que M. le ministre
est au courant, la répartition du budget, pour l'organisation de mise en
marche d'un bureau comme cela, se fait selon l'évaluation municipale de
chacune des municipalités. Or, ce qu'il arrive, c'est que si vous avez
dans un conseil de comté, certaines municipalitésoù il y a
de l'industrie et où l'évaluation est beaucoup plus
élevée que dans d'autres municipalités, bien sûr,
à cause surtout de l'industrie primaire, ces municipalités ont vu
leur budget doubler, voir même tripler comparativement à la
confection de leur dernier rôle d'évaluation. C'est le cas, par
exemple, de McMasterville. Je pense que McMasterville avec une industrie de
pointe comme CIL, avec une évaluation de quelque $20 millions, a vu son
budget pour la confection de son rôle d'évaluation tripler.
M. Goldbloom: Cela est vrai. Il y a eu des augmentations de
coût. Il faut dire que, dans bien des cas, la façon dont
l'évaluation a été faite auparavant, qui coûtait
moins cher, ne valait pas plus que cela, tandis que maintenant avec un travail
sérieux, nécesairement le coût est plus
élevé. Les comparaisons sont difficiles pour plusieurs raisons,
dont la plus importante est celle que j'ai mentionnée, c'est que nous
sommes au début de tout ce processus. Le vrai processus n'est pas encore
engagé. Il y a aussi des facteurs, comme par exemple, le fait que dans
au moins un conseil de comté, il a été possible
d'économiser en partageant la responsabilité de locaux avec le
bureau d'enregistrement, ce qui n'a pas été possible partout.
Cela rend plus difficile la comparaison des coûts. Nous avons en
reconnaissance, du fait que les coûts sont augmentés pour presque
tout le monde, accordé des subventions dans un grand nombre de conseils
de comté. Je vais compter rapidement.
J'ai une première série de 25, il y en a eu d'au-
tres qui ont été ajoutées depuis. Cela veut dire
que nous sommes au moins rendus à la moitié de tous les conseils
de comté de la province qui ont reçu de l'aide financière
de notre part. Justement, parce qu'il est difficile pour nous
d'apprécier la justification des coûts, nous n'avons pas voulu
donner des subventions selon les coûts proposés par les firmes
d'évaluateurs.
Nous avons cherché une formule simple et nous avons trouvé
une formule de tant per capita. Il est vrai que ça peut sous-estimer
d'un côté et surestimer dans un autre, mais c'était quand
même une formule si facile d'application que nous avons donné $l
per capita dans chacun des conseils de comté qui ont voulu
procéder. Cela représente une dépense de $358,000 pour les
25 premiers et il y en a d'autres qui ont déjà suivi.
M. Ostiguy: Sauf qu'à ce moment-là la subvention de
$l per capita est répartie dans toutes les municipalités du
conseil de comté, ce qui fait...
M. Perreault: Les villes ne sont pas dedans.
M. Ostiguy: C'est bien sûr, mais il y a des
municipalités qui ont un rôle d'évaluation très
élevé, comme je le mentionnais tout à l'heure, et qui ne
bénéficient pas des avantages d'une petite municipalité,
c'est per capita. Alors que l'évaluation peut être beaucoup plus
élevée, dû à des industries qui sont
implantées dans la municipalité.
M. Goldbloom: D'accord, sauf que, si l'évaluation est plus
élevée, les recettes sont normalement plus élevées
aussi, ce qui facilite beaucoup de tâches pour la
municipalité.
M. Ostiguy: Je ne veux pas mettre du tout en doute la
compétence d'un bureau structuré, loin de là. La seule
chose que je voulais souligner au ministre, c'est peut-être d'avoir
l'oeil, afin de savoir si ça ne coûterait pas
énormément plus cher d'avoir un bureau structuré ou
d'aller avec des entreprises ou des firmes d'évaluateurs.
Parce que j'ai fait, personnellement, des vérifications dans
certains conseils de comté et il y a beaucoup de différence, dans
le moment en tout cas. Je ne sais pas si...
M. Goldbloom: C'est cela. Il y a beaucoup de différence,
comme j'ai mentionné et nous allons évaluer cela objectivement.
Je tiens à dire que nous avons adopté une philosophie
générale qui est celle d'encourager les municipalités
à s'adresser à l'entreprise privée et c'est un peu
à cause d'un principe fondamental de notre société qui est
basé sur l'entreprise privée et aussi parce que, si nous
n'étions pas pour faire cela, le travail aurait dû être fait
par des fonctionnaires entièrement ou au niveau municipal ou au niveau
provincial.
Nous n'avions pas immédiatement la possibilité de le
faire, nous n'avions certainement pas le personnel, ni les
municipalités. Nous aurions, éventuellement, tué un
secteur d'entreprises privées qui, dans la grande majorité des
cas, on sait que c'est un secteur où il y a maintenant une corporation
professionnelle depuis plusieurs années, je ne connais pas l'historique
de cette corporation. Suffit-il de dire qu'elle est maintenant vigoureuse et
active et poursuit des programmes de perfectionnement pour ces membres. Nous
partageons avec cette corporation professionnelle la responsabilité de
cours que nous offrons aux évaluateurs pour qu'ils sachent qu'est-ce que
c'est que le manuel, qu'est-ce que c'est que la loi et comment le travail
professionnel doit être poursuivi. Je tiens à souligner que ce
n'est pas le ministère qui donne les cours, ce sont les professeurs
d'université qui sont experts dans le domaine
M. Ostiguy: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Picard): Est-ce qu'il y a d'autres
questions au programme 2?
M. Goldbloom: M. le Président... Une Voix: Pas pour
le moment.
M. Goldbloom: ...je voudrais ajouter un seul mot pour
compléter mes réponses au député de
Verchères, c'est que j'ai devant moi la liste des conseils de
comté et l'identité des évaluateurs dans chaque cas et je
constate que, dans la très grande majorité, c'est l'entreprise
privée qui est retenue.
Le Président (M. Picard): On pourrait maintenant
procéder aux quatre programmes du secteur habitation. Le
député de Chicoutimi.
Habitation
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, cette
semaine, comme le ministre le sait, il y a certains journaux qui ont
titré le fait qu'il y avait, à l'intérieur de la
Société d'habitation du Québec, une paralysie
complète, suite à certaines enquêtes qui y étaient
tenues, et ce, à la demande du ministre des Affaires municipales
lui-même, concernant certains cas possibles de corruption.
Je voudrais savoir du ministre, qui a annoncé, à un moment
donné, qu'il avait demandé la formation d'un comité
spécial sur la corruption possible à l'intérieur de la
Société d'habitation du Québec, quels sont les membres de
ce comité spécial.
M. Goldbloom: M. le Président, il n'y a pas de paralysie
totale à la Société. C'est un titre donné par un
journal à son article...
M. Bédard (Chicoutimi): Elle est sûrement
partielle.
M. Goldbloom:... dont je ne suis pas responsable. Il y a une
application de mesures administratives qui découlent d'un rapport
préliminaire que j'ai reçu et qui ne porte que sur ces
considérations administratives et sur la recommandation du groupe
d'enquête. J'ai demandé à la Société
d'habitation de suivre ces règles administratives, dont plusieurs
étaient déjà en vigueur, mais les recommandations
donnaient un tableau complet de procédures.
Cette enquête a été décidée par celui
qui vous parle, au mois de janvier. Il a fallu identifier des personnes
capables de mener une telle enquête. Ces personnes ont été
trouvées, leurs noms ont été publiés dans les
journaux. Le président du groupe est Me Jacques Gilbert. Les membres
sont: M. Paul Frérotte, qui est conseiller en administration et M. John
McKay, qui est ingénieur. Ils sont aidés par M. Lucien Descent,
qui est un ancien de la Sûreté du Québec et qui a une
compétence en investigation.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que cette enquête est
entre les mains du ministre de la Justice?
M. Goldbloom: Non, M. le Président, elle est entre les
mains...
M. Bédard (Chicoutimi): II en a déjà
assez.
M. Goldbloom: ... du groupe d'enquête qui fait rapport au
ministre des Affaires municipales.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait
nous donner le mandat de ce comité, décrire le mandat de ce
comité?
M. Goldbloom: M. le Président, tout ce que je peux
répondre, c'est que le mandat de cette équipe est de faire
enquête.
M. Bédard (Chicoutimi): De faire enquête sur quoi?
Est-ce que c'est seulement de faire enquête sur des cas de...
M. Goldbloom: M. le Président, si j'indique sur quoi, je
suis exposé à d'autres questions, à savoir ce qu'on a
commencé à trouver et ainsi de suite... Je n'ai qu'un rapport
intérimaire qui porte sur certaines mesures administratives, des
façons de traiter des dossiers.
Je n'ai pas d'autres détails que je peux donner. J'ai eu des
renseignements et des expressions d'opinion qui doivent être
vérifiés, qui me semblaient suffisants pour justifier une
enquête. J'ai décidé l'enquête et j'attendrai de
recevoir le rapport pour parler de l'enquête.
M. Bédard Chicoutimi): J'espèreque le ministre
n'essaie pas de nous faire croire qu'il aurait vu la nécessité
d'inclure à l'intérieur des membres de la commission un membre de
la Sûreté du Québec simplement pour faire enquête sur
les mesures administratives. Est-ce que le ministre est en mesure de nier que
cette enquête se poursuit sur des cas de corruption possibles à
l'intérieur de la Société d'habitation du
Québec.
M. Goldbloom: J'ai indiqué, M. le Président, que je
ne ferais pas de commentaires sur le contenu de l'enquête ni sur les
raisons qui l'ont motivé.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre a eu
déjà l'occasion de répondre à certains
journalistes. Le compte rendu qui a été donné dans les
journaux veut que le ministre n'ait pas nié, au contraire, il aurait
affirmé que c'était une enquête concernant des cas de
corruption possibles, mais qu'il ne voulait pas donner d'autres détails.
Cela, j'en conviendrais.
M. Goldbloom: M. le Président, sans la moindre intention
d'être désobligeant à l'endroit des journalistes, ce qui
est imprimé dans les journaux n'est pas toujours, dans tous les
détails, conforme à ce qui a été dit ou pas
été dit. Il y a parfois des éléments
d'interprétation et de déduction qui sont présentés
de façon à donner l'impression que le ministre a dit ou a
nié des choses de cette nature. Je n'ai presque pas donné
d'interviews à des journalistes. Ceux qui m'ont intercepté
et c'est impossible que cela ne se produise pas m'ont posé des
questions et j'ai été, à ma mémoire, aussi avare de
réponses que je le suis ce soir.
M. Bédard (Chicoutimi): Justement, ce côté
avare que vous avez, dans le fait de donner des réponses, ne
trouvez-vous pas que c'est une des raisons qui peut prêter à bien
de mauvaises interprétations? J'imagine que si ce n'était qu'une
enquête sur des questions administratives, très vite le ministre
l'aurait précisé. Le fait qu'il ne veut même pas nier que
ces enquêtes peuvent porter sur des cas de corruption possibles à
l'intérieur du ministère ou de détournement de fonds ou
quoi que ce soit. Etant donné que le ministre ne veut pas le nier, il
sait très bien que cela ne peut pas faire autrement que de donner prise
non pas à des mauvaises interprétations mais à des
interprétations tout à fait logiques. C'est possible que cette
enquête porte sur des cas de corruption.
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais déclarer
de la façon la plus simple et la plus directe possible que chaque fois,
depuis que je suis ministre, que j'ai été informé de la
possibilité d'une action contraire au bien commun, j'ai voulu prendre
mes responsabilités et avoir la vérité sur ce cas. Ce
principe s'applique à mon action en ce qui concerne la
Société d'habitation. Mais l'honorable député de
Chicoutimi étant avocat, je pense bien c'est ce qu'on ma dit
à son sujet connaît encore mieux que moi le principe que
celui qui peut-être soupçonné ou même accusé
de quelque chose est quand même toujours innocent jusqu'à la
preuve du contraire. Je ne voudrais pas, parquelque allusion...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous me permettez de vous
interrompre? Vous êtes complètement à côté de
la question que je vous pose. Je ne vous ai pas demandé, depuis le
début, sur quelle personne portait l'enquête. Je ne vous ai
demandé en aucune façon de me nommer des noms de personnes qui
étaient soupçonnées ou qui pouvaient être
touchées par l'enquête. Ce que je vous ai demandé, tout
simplement cela ne touche personne, cela ne touche aucune
réputation, absolument rien très clairement si vous pouvez
nier que cette enquête porte sur des cas de corruption à
l'intérieur de la Société d'habitation du
Québec.
M. Pilote: II vous a dit qu'il ne pouvait pas répondre
pour le moment. C'est toi qui ne comprends pas.
M. Bédard (Chicoutimi): J'ai demandé si vous pouvez
nier. Je discute avec le ministre. Si vous avez une intervention, demandez la
parole au président.
M. Pilote: On l'endure dans la région depuis deux ans, ce
gars-là.
M. Bédard (Chicoutimi): Je me demande si vous êtes
capable...
M. Pilote: Regardez comment il est.
M. Bédard (Chicoutimi): Moi, je ne t'endure même
pas. Je ne te vois pas.
M. Goldbloom: M. le Président...
M. Pilote: On se demande si tu es dans la rég ion.
M. Goldbloom: ... qu'il soit clair que si j'ai pris l'initiative
d'une enquête, c'est clairement parce que je ne veux rien cacher et je ne
veux rien accepter qui soit contraire au bien commun. Je ne voudrais pas, par
une réponse, permettre qu'il y ait dans les journaux des titres comme
"Réseaux de corruption dans la Société d'habitation du
Québec".
M. Bédard (Chicoutimi): C'est seulement pour cela q ue
vous ne voulez pas, à cause d u titre dans les journaux, vous avez peur,
que vous ne voulez pas répondre à ma question?
M. Goldbloom: II y a des renseignements qui ont été
portés à ma connaissance et qui m'ont semblé justifier une
enquête. Cette enquête porte sur la façon dont
l'administration de la société est poursuivie, la façon
dont les dossiers sont traités; elle porte aussi sur le comportement de
certaines personnes et sur toute possibilité qu'une ou des personnes
aient pu agir d'une façon qui aurait été contraire aux
règles de comportement d'un fonctionnaire et contraire au bien
commun.
Je pense que cela est raisonnablement clair, M. le Président. Il
y a eu assez de renseignements pour justifier une enquête, et je n'exclus
pas qu'à l'intérieur de ces renseignements il y en ait qui
portent sur la conduite d'un nombre très restreint de personnes.
J'insiste sur "très restreint".
M. Bédard (Chicoutimi): Justement, dans
l'intérêt public, étant donné que déjà
c'est une occasion que j'offre au ministre des journaux ont
titré qu'il y avait une paralysie à l'intérieur de la
Société d'habitation du Québec, ont également fait
état qu'il y avait des dossiers qui étaient disparus, je posais
ma question au ministre pour lui permettre, et ce, dans l'intérêt
public, de nier ces faits, de manière à rétablir les
faits, s'il y en a à rétablir. Sinon, on ne peut pas faire
autrement que de tirer la conclusion que ce qui a paru dans les journaux n'est
pas si loin que cela de la vérité.
M. Goldbloom: Ce qui est loin de la vérité est
l'expression "paralysie totale". J'ai...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est la seule chose qui est loin
de la vérité...
M. Goldbloom: Qui est vraiment loin de la
vérité...
M. Bédard (Chicoutimi): On peut parler de paralysie
partielle.
M. Goldbloom: J'ai demandé que la signature de certains
contrats soit retardée, et nous avons demandé des délais
à des entrepreneurs qui devaient signer des contrats. Dans la grande
majorité des cas, ces délais ont été
accordés. Il me manque peut-être les derniers rapports pour savoir
si, dans tous les cas, les délais ont été acceptés
par les entrepreneurs. Dans 22 cas sur 24 où j'ai demandé qu'il y
ait un délai dans la signature des contrats pour que nous puissions
assurer la mise en place des mesures administratives que j'avais
demandées.
La prolongation a été acceptée.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le...
M. Goldbloom: Dans les deux autres, on attend toujours la
réponse. On ne l'a pas encore reçue. Donc, nous n'avons pas eu de
refus de prolongation. Cela représente la minorité des projetsq
ui font partie de la programmation 1974 qui est en train d'être
réalisée présentement.
Dans les autres cas, les contrats...
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre admettra avec moi que,
22 cas, cela commence déjà à être assez important.
C'est évident que ce ne sont pas tous les projets du ministère
des Affaires municipales qui sont touchés.
M. Goldbloom: C'est sur 78 contrats, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): 22 sur 78.
M. Goldbloom: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Peut-être 24.
M. Goldbloom: C'est cela.
M. Bédard (Chicoutimi): J'imagine q ue, même si je
posais la question au ministre... Il refuserait de me répondre si je lui
demandais quelle est la nature de ces contrats.
M. Goldbloom: Ce sont les contrats de la programmation normale
pour la construction d'habitations à loyer modique. C'est le logement
social dont la société est responsable et qui se construit dans
les diverses municipalités de la province.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce sont des construc-
tions à loyer modique à quel endroit? Le ministre peut-il
préciser à quel endroit?
M. Goldbloom: Puisqu'il y a 78 contrats, M. le Président,
il faudrait sortir la liste. On peut certainement fournir la liste.
M. Bédard (Chicoutimi): Les 22 ou 24 qui sont
retardés?
M. Goldbloom: M. le Président, je pense que la chose la
plus utile serait que, demain, si nous pouvons l'obtenir à temps pour la
reprise de nos travaux, je dépose la liste de tous les projetsde la
programmation 1974. Cela permettra aux membres de la commission de savoi r
où les habitations se construisent.
M. Bédard (Chicoutimi): Avec la liste des
secrétaires particuliers que vous nous avez promise cet
après-midi.
M. Goldbloom: Ah oui! Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Concernant ce rapport du
comité spécial à l'intérieur de la SHQ, le ministre
a-t-il fixé une date pour la production du rapport?
M. Goldbloom: J'ai demandé que le rapport me soit remis
avant la fin de ce mois. Il va sans dire que, dans un tel travail, si les
enquêteurs me disent qu'il y a un travail additionnel à faire, il
faudra que je leur fasse confiance quant à cela, mais, en princi pe,
avant la fin du mois.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre a
déclaré que l'enquête dont nous parlons à la SHQ
n'était, en aucune façon, reliée au fait que l'on sait
concernant M. Henri Dion et, également...
M. Goldbloom: C'est vrai, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est vrai. ...que l'enquête
à la SHQ n'était, en aucune façon, reliée à
certains témoignages de la commission Cliche.
M. Goldbloom: C'est vrai, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Peut-on savoir du ministre ce qui
a déclenché l'enquête?
M. Goldbloom: Je suis obligé de me limiter à la
réponse générale que j'ai déjà
donnée. C'est que j'ai eu des renseignements et des expressions
d'opinion qui m'ont semblé justifier un examen plus systématique
de la situation décrite par ces personnes.
M..Bédard (Chicoutimi): Le ministre peut-il au moins nous
dire s'il a déclenché cette enquête à la suite de
plaintes qu'il aurait reçues de personnes bien précises?
Par exemple, vous nous l'avez dit, lorsque nous vous avons posé
la question concernant la corruption municipale. Vous nous avez dit à ce
moment...
M. Goldbloom: Non, M. le Président, je ne serai pas en
mesure d'identifier des personnes qui m'auraient donné des
renseignements. Je ne crois pas que cela soit important ou utile en ce moment.
Je pense que l'essentiel est d'obtenir les renseignements et de juger de leur
valeur et de leurs implications, une fois que nous les aurons en main.
M. Bédard (Chicoutimi): Pour le moment, le ministre ne
peut pas nous dire, comme cela s'est présenté dans le cas de
corruption municipale dont nous avons parlée dans Gatineau, si ces
plaintes proviennent de députés ou de fonctionnaires ou d'autres
personnes?
M. Goldbloom: Non, M. le Président, je
préférerais ne pas essayer. D'ailleurs, le nombre de personnes
était un peu plus important que dans l'autre cas où il y avait
trois collègues qui m'avaient parlé de la situation dont on a
discuté hier ou avant-hier. Tandis que dans ce cas, je ne dis pas qu'il
y a un grand nombre de personnes, mais le nombre était plus
élevé que trois. Je ne me rappelle même pas
l'identité de toutes les personnes qui m'ont parlé de points
à surveiller et qui m'ont inspiré la conclusion par la somme de
ces renseignements ou de ces opinions, qu'il était justifié
d'entreprendre une enquête systématique.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre a
déclaré à la presse qu'il ne savait pas encore s'il allait
rendre le rapport public. Peut-il nous dire quelles raisons feraient qu'il
agisse ainsi? Pourquoi tente-t-on de garder toute cette question de Gagnon,
à la SHQ, la plus secrète possible comme si certaines gens y
étaient impliquées?
M. Goldbloom: M. le Président, il y a dans le cas de M.
Gagnon une enquête préliminaire qui est en cours
présentement. Le fait de poursuivre une enquête
préliminaire devant les tribunaux est exactement l'inverse de vouloir
garder quelque chose secret. J'ai déjà dit et j'aimerais le
répéter pour la bonne compréhension du
député de Chicoutimi que ni des témoignages devant la
commission Cliche, ni l'enquête qui a eu pour résultat,
l'enquête préliminaire de M. Gagnon qui se déroule
présentement, ont eu une relation avec ma décision de poursuivre
une enquête à la société d'habitation. Il n'y a pas
eu de raison de ma part de vouloir retenir des renseignements
d'intérêt public. Nous parlons d'un rapport que je n'ai pas
reçu. Ce rapport aura un contenu que je ne connais pas. Je n'ai pas
essayé d'extraire des enquêteurs des rapports intérimaires.
Ils m'ont donné les avis qu'ils ont voulu me donner. S'ils avaient
préféré attendre la fin de l'enquête pour me donner
l'ensemble des recommandations, je les aurais attendus. Puisqu'ils ont voulu me
faire des recommandations d'ordre administratif je les ai reçues avec
plaisir et j'ai agi en conséquence. Le rapport pourra contenir des
éléments qui justifieraient une enquête plus poussée
ou qui justifieraient une action de la part de quelqu'un, du ministre de la
Justice peut-être.
Si tel est le cas, le rapport ne sera pas rendu public à ce
moment, mais cela ne veut pas dire qu'il y a le moindre effort de cacher des
choses que le public devrait savoir.
M. Bédard (Chicoutimi): On a parlé à un
moment donné de dossiers qui étaient disparus de la SHQ, est-ce
que c'est exact?
M. Goldbloom: M. le Président, voici, il y a un
journaliste qui m'a posé la question!
Pourquoi avez-vous attendu si longtemps pour révéler qu'il
y avait une enquête? Je lui ai répondu qu'il avait sûrement
assez d'expérience pour savoir...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous pouvez continuer, M. le
ministre.
M. Goldbloom:... que, s'il y a matière à
enquête et si des gens visés par cette enquête savent qu'ils
sont l'objet d'une enquête, il y a un risque de disparition de documents.
Je lui ai dit qu'effectivement, une fois qu'il était su qu'il y avait
une enquête, nous avons constaté que certains documents
étaient disparus. Cela confirmait la justesse de ma décision, en
déclenchant l'enquête, de ne pas en informer l'opinion
publique.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que vous ne croyez pas que
les personnes qui ont pu se sentir visées par cette enquête,
même si vous n'aviez pas fait de déclaration publique,
n'étaient pas au courant très vite qu'une enquête se
faisait sur leur compte? Franchement...
M. Goldbloom: Si la réponse à cette question
était oui ou non, qu'est-ce que cela changerait?
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est pas votre
déclaration dans les journaux plus tôt ou plus tard qui fait que
les dossiers disparaissent ou ne disparaissent pas.
M. Goldbloom: Je pense que...
Le Président (M. Picard): A l'ordre, s'il vous
plaît, messieurs! Je pense que le questionnaire, l'interrogatoire que
vous faites, M. le député...
M. Bédard (Chicoutimi): Mes questions sont dans
l'ordre...
Le Président (M. Picard):... le ministre a laissé
entendre, sans aucun doute possible, qu'il n'y avait pas d'intérêt
public, à ce stade de nos discussions, de révéler quoi que
ce soit au sujet de cette enquête qui, en fait, est une enquête de
régie interne. Maintenant, si le ministre veut invoquer notre
règlement, en particulier l'article 171, suivant lequel il n'est pas
tenu de répondre, si ce n'est pas dans l'intérêt public. A
défaut de quoi...
M. Bédard (Chicoutimi): Je pense que je le connais;
question de règlement, il doit le connaître ce règlement.
M. le ministre est assez vieux pour l'employer s'il veut le faire.
Le Président (M. Picard): C'est parce qu'il y a d'autres
questions à discuter ici.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous savez qu'il n'y a personne
dans cette commission ne prenez pas des prétextes comme
ceux-là qui a été empêché de poser des
questions, quelles qu'elles soient. Je n'ai fait aucune objection à ce
qu'on revienne sur des programmes déjà étudiés.
Le Président (M. Picard): De toute façon, en vertu
de notre règlement, cela fait plus de 20 minutes que vous êtes sur
cette même question.
M. Bédard (Chicoutimi): Puis?
Le Président (M. Picard): Après 20 minutes, lisez
votre règlement sur les commissions, 20 minutes au maximum.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je n'ai
pas 20 minutes d'intervention. Sur 20 minutes d'intervention, vous ne comptez
pas les interventions du ministre.
Le Président (M. Picard): Pour le même sujet, vous
avez 20 minutes au maximum, sur le même sujet, le même article.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous savez qu'on étudie
à l'heure actuelle au moins quatre programmes en même temps. On en
a convenu au départ.
Le Président (M. Picard): Les règles de pratique
concernant les commissions parlementaires, article 8. La durée limite
allouée à chaque personne ou groupe pour un exposé
sommaire de son mémoire est de 20 minutes...
M. Bédard (Chicoutimi): Pour un exposé.
Le Président (M. Picard): Laissez-moi lire. Un instant,
s'il vous plaît!... et le temps alloué aux membres de la
commission, pour la période des questions, est de 40 minutes,
réparti équitablement entre les partis. Lors des auditions, le
président, en plus de l'exposé, n'autorise que des questions
permettant à la commission de se renseigner. Maintenant, nous avons eu
une réunion des présidents des commissions et le président
nous a informés que cette règle de 20 minutes s'appliquait aussi
aux commissions parlementaires lorsqu'on étudie les crédits.
C'est la même chose.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, vous venez
depuis...
Le Président (M. Picard): A un article des crédits,
cela fait au moins 45 minutes que vous...
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, c'est faux
ce que vous dites, parce que j'ai très bien noté. On a
commencé à étudier le sujet dont on parle exactement
à 22 heures, parce qu'il y a eu les questions du député
tout à l'heure sur le programme 2. Là, il est 22 h 22...
Le Président (M. Picard): Vous êtes en retard de
deux minutes.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, ce n'est pas vrai. C'est une
fausse interprétation. J'ai posé des questions. Sur les 22
minutes, mes questions étaient pas mal moins longues que les
réponses, il y a au moins dix minutes qui ont été prises
pour répondre par le ministre. A ce moment, nous sommes sur quatre
programmes...
Le Président (M. Picard): De toute façon, si le
ministre veut invoquer son privilège...
M. Bédard (Chicoutimi):... en même temps, on a le
droit de faire porter nos questions sur une longueur de temps
déterminée, plus sur une question que sur une autre.
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai
déclenché une enquête. Au moment où je l'ai
déclenchée, je n'en ai pas parlé publiquement.
Je n'ai jamais pris l'initiative de dire publiquement que j'avais
déclenché une enquête. Je voulais donner aux
enquêteurs, aussi longtemps que possible... Et si, ainsi, je ne gagnais
que 24 heures, j'avais quand même un avantage en déclenchant une
enquête qui révélera ce qu'elle révélera, et
je ne sais pas ce qu'elle révélera. J'ai fourni des
renseignements et j'ai demandé aux enquêteurs de les examiner et
d'essayer de les confirmer ou de les infirmer. C'est un peu étrange,
à mon avis, qu'on suggère que, lorsqu'une enquête est
déclenchée, c'est une bonne chose de dire immédiatement,
publiquement: II y a une enquête.
Si je prends une analogie...
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne vous ai pas fait de reproche
sur le fait que vous ayez annoncé plus tard la tenue de votre
enquête.
M. Goldbloom: Dans ce cas-là...
M. Bédard (Chicoutimi): Ne me donnez pas des intentions
que je n'ai pas.
M. Goldbloom: ...j'ai mal interprété le sens de la
question, mais je ne trouve pas d'autre sens dans cette question. Quel est le
but de la question dans ce cas?
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre se rappelle-t-il la
question très précise que je lui ai posée?
M. Goldbloom: II m'a posé une question quant au moment
où j'ai rendu public...
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'était pas
là-dessus.
M. Goldbloom: Est-ce que je peux inviter le député
à reformuler sa question?
M. Bédard (Chicoutimi): II faudrait relire le journal des
Débats. Ce que je vous demandais, à un certain moment, je vais
reprendre. Vous nous avez dit que vous aviez déclenché cette
enquête à la suite si je vous ai bien compris d'un
rapport préliminaire que vous aviez reçu. Est-ce le cas?
M. Goldbloom: Non.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'était pas cela.
M. Goldbloom: A la suite de...
M. Bédard (Chicoutimi): ... plaintes...
M. Goldbloom: ... de renseignements...
M. Bédard (Chicoutimi): De renseignements...
M. Goldbloom: ... et d'opinions que j'ai reçus qui me
semblaient justifier une enquête.
M. Bédard (Chicoutimi): Je vous avais simplement
demandé de nous donner les noms, si cela était possible, de ces
personnes qui vous avaient fourni des renseignements, mais vous avez dit que
vous ne pouviez pas.
M. Goldbloom: Je préfère ne pas essayer de donner
des noms. Je risque d'en oublier en même temps.
M. Bédard (Chicoutimi): J'espère que cette
enquête qui peut, à un certain moment, selon ce que vous avez dit,
tomber entre les mains du ministère de la Justice, de toute
façon...
M. Goldbloom: C'est une hypothèse possible selon le
contenu du rapport, contenu que je ne connais pas.
M. Bédard (Chicoutimi): Dans l'esprit du ministre, elle ne
peut se terminer simplement par le congédiement de quelques
fonctionnaires et, au bout de la ligne, nous de l'Opposition, ne saurons pas
vraiment ce qu'il y a dans ce rapport, parce que c'était le sens de la
question que je vous posais tout à l'heure. Quelles sont les raisons
qui, à l'avance, semblent se présenter à l'idée du
ministre pour dire qu'il ne sait pas encore s'il peut ou ne peut pas rendre le
rapport public?
M. Goldbloom: C'est simplement la précaution... Je ne
voudrais pas être taxé, à un moment ultérieur, ayant
reçu le rapport, de refuser de le rendre public si ce rapport doit
être acheminé autrement que vers l'opinion publique pour des
raisons majeures que son contenu justifiera. Si tel est le cas, au lieu
simplement de rendre un document public, je demanderai aux autorités
compétentes de donner suite à ce rapport et,
éventuellement, de rendre public ce qui découlera de cette action
additionnelle.
M. Bédard (Chiooutimi): Devant la commission Cliche, M.
Paul Joyal a admis, en plus de la question de l'affaire du pot-de-vin, qu'il
avait présenté ses associés à M. Henri Dion qui
était alors président de la Société d'habitation du
Québec, dans une affaire
de promotion mobilière qui sollicitait des contrats de la SHQ
pour des projets de résidence pour vieillards à Saint-Laurent,
Verdun et LaSalle.
Je voudrais savoir du ministre, sur ce sujet qui n'est pas, vous
l'admettrez, sub judice, si ces projets dont j'ai parlé, que ce soit
dans Saint-Laurent, Verdun ou LaSalle, si ces projets ont été
concrétisés.
M. Goldbloom: II faudra que j'aille aux renseignements pour
cela.
M. le Président, d'abord, la réponse
générale est simple: Non, les projets ne se sont pas
matérialisés. Pour amplifier cette réponse, un projet
à LaSalle ne s'est pas matérialisé du tout. A
Saint-Laurent et à Verdun, il y a eu un foyer pour personnes
âgées qui a été bâti par des
intérêts privés, par des sociétés
constituées à cette fin. La Société d'habitation du
Québec ne donnait pas de contrat à cette époque. Les
contrats ont été donnés par les responsables locaux. Le
principe de la construction de ces foyers, c'est-à-dire la
reconnaissance du besoin de ces foyers a été accordée par
le ministère des Affaires sociales qui a reconnu la
nécessité d'avoir un nombre tel de chambres ou de lits pour des
personnes âgées dans les municipalités concernées.
La Société d'habitation du Québec n'a pas
réalisé de projet dans ces trois municipalités par rapport
à la question que pose le député.
M. Bédard (Chicoutimi): D'une façon
générale, est-ce qu'il y a des projets qui se sont
concrétisés suite à des négociations ou ententes
entre le ministère des Affaires municipales et la Compagnie de promotion
immobilière LLG dont le président, à ce moment,
était M. Joyal?
M. Goldbloom: LLG. A la mémoire du président de la
société, non, nous n'avons pas souvenance d'une transaction avec
une compagnie de ce nom.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que les projets
d'habitation ou de complexe domiciliaire dans Saint-Laurent et Verdun, à
la souvenance du ministre ou à la connaissance du ministre, ont
été réalisés par LLG, même si ce n'est pas
suite à des ententes avec le ministère des Affaires
municipales?
M. Goldbloom: Non, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Quelle compagnie?
M. Goldbloom: Je ne le sais pas, mais d'après les
renseignements qui me sont fournis, ce n'est pas cette compagnie qui a
bâti l'un ou l'autre des foyers en question. Dans les deux cas, il y a eu
des soumissions publiq ues avec des plans et devis. C'est le pi us bas
soumissionnaire, je présume, je n'ai pas le dossier de ces contrats,
mais je présume que cela a été le plus bas soumissionnaire
qui a été retenu pour faire le travail.
M. Bédard (Chicoutimi): Disons que j'avais d'autres...
M. Goldbloom: Nous allons vérifier pour obtenir le nom
dans les deux cas.
M. Bédard (Chicoutimi): J'avais d'autres questions
concernant l'enquête sur la Société d'habitation du
Québec, mais je ne les poserai pas.
Je pense que, jusqu'à maintenant, le ministre a laissé
entendre assez clairement qu'il ne tenait pas à aller plus loin dans ses
réponses pour le moment.
M. Goldbloom: C'est vrai, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Remarquez que cela rend la
situation difficile, parce que depuis le début des crédits, quand
on a commencé à parler de la fiscalité municipale, on nous
a dit: Attendez le discours du budget. Quand on a commencé à
parler de l'enquête sur la corruption municipale, on nous a dit: C'est
entre les mains du ministère de la Justice. Là, on nous dit: II y
a une enquête. On ne peut pas parler. Quand on a parlé d'autres
projets cet après-midi, le ministre s'en rappelle, il nous a dit que
c'était devenu, soit l'aménagement ou autrement, la
responsabilité surtout de l'OPDQ. En fin de compte, on se demande entre
les mains de qui est le ministère des Affaires municipales ou entre les
mains du ministre de la Justice...
M. Goldbloom: M. le Président, il ne faut pas
charrier.
M. Bédard (Chicoutimi): ... ou entre les mains des autres
ministères.
M. Goldbloom: Après tout, dans le récit que vient
de faire l'honorable député de Chicoutimi, il a oublié de
dire que, dans le premier cas, nous avons prévu une séance
après le discours du budget, justement pour combler cette lacune. Dans
un autre...
M. Bédard (Chicoutimi): Heureusement cela...
M. Goldbloom:... nous avons fait venir le ministre de la Fonction
publique pour parler d'un sujet dont il est responsable. Je pense bien, M. le
Président, que le fait que le dossier du rapport Chaloux soit entre les
mains du ministre de la Justice, ce n'est pas hier que le député
de Chicoutimi l'a appris. Il y a eu de nombreuses questions en Chambre qui ont
eu exactement la même réponse, et de la part du ministre de la
Justice, les députés d'Opposition ont été
informés que le ministre de la Justice n'a pas l'intention de rendre
public ce document présentement. C'est à lui, la décision.
Ce n'est pas exact de dire que l'on ne veut pas répondre à ces
questions et que tout sujet...
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est pas que l'on ne veut pas,
qu'on ne peut pas, selon ce que le ministre nous dit.
M. Goldbloom: M. le Président, c'est charrier passablement
de dire qu'il n'y a rien qui se fait à ce ministère, parce
qu'à chaque question on dit que c'est un autre ministère qui en
est responsable. Voyons donc!
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, le chef de
l'Opposition avait une question à poser.
Le Président (M. Picard): Sur quel programme?
M. Morin: Cela se rattache plutôt au programme 2, au
programme 3, peut-être aux deux, M. le Président. Ce ne sera pas
bien long.
Je devrais dire au ministre tout d'abord que j'entame avec lui une
série de questions que j'ai l'intention de soulever lors de
l'étude des crédits de plusieurs ministères. Il s'agit
d'une affaire de spéculation foncière qui a mis en cause
plusieurs ministères. C'est une question qui concerne l'approbation, par
le ministère des Affaires municipales, d'une requête de la ville
de Sillery, en vue d'ouvrir une rue et un rond-point sur un remblai artificiel,
accumulé illégalement sur un terrain situé à
l'intérieur d'un arrondissement historique qui avait été
créé par arrêté-en-conseil en I964.
Si vous me le permettez, je vais donner rapidement les détails au
ministre. Je ne m'attends pas à ce qu'il puisse me donner une
réponse pleine et entière ce soir. Si je suis intervenu
dès ce moment, c'est parce que je voudrais lui laisser le loisir de
jeter un coup d'oeil sur le dossier et de nous fournir, au cours de jours qui
viennent, la réponse la plus complète possible.
M. Goldbloom: M. le Président, est-ce que l'honorable chef
de l'Opposition me permet une question préliminaire?
M. Morin: Oui.
M. Goldbloom: S'agit-il d'un remblai qui se trouve à
côté d'une maison importante qui appartient à une
communauté religieuse?
M, Morin: Oui, c'est exact. Il s'agit bien d'un remblai
accumulé par la Société Delrano. Je crois que ce sont les
intérêts de M. Paul Racine, qui doivent être bien connus du
ministère et qui ont accumulé ce remblai dans un arrondissement
historique, à côté de la maison des Jésuites qu'on
aperçoit sur cette photo que je montre au ministre. Je vois qu'il
connaît déjà l'affaire. Peut-être pourra-t-il
répondre plus rapidement à mes questions dans ce cas.
M. Goldbloom: Je n'ai quand même pas les réponses au
genre de question que l'honorable chef de l'Opposition vient d'indiquer. Il
faudra que j'obtienne des précisions. Je suis au courant de cela, parce
que les autorités religieuses ont saisi l'occasion de la visite parmi
nous d'un organisme canadien qui s'intéresse à la protection de
sites historiques et de maisons historiques pour présenter le dossier de
leur point de vue.
M. Morin: C'est dire à quel point ils sont
désespérés, s'ils en sont rendus là.
M. Goldbloom: Oui, cela est une interprétation, M. le
Président, que je ne partage pas nécessairement.
Nous avons quelquefois, de notre côté, un certain
désespoir devant ce genre d'interprétation. M. le
Président, j'ai eu l'impression, au moment où j'écoutais
la présentation du dossier, qu'il s'agissait plutôt d'une
responsabilité municipale et, pour cette raison, je n'ai pas
trouvé, dans le récit que j'ai entendu, matière à
enquête de la part de mon ministère. Les municipalités ont
quand même l'autorité de décider de l'utilisation de leur
territoire.
Je n'avais pas saisi, dans ce récit, l'élément que
vient d'affirmer, il y a quelques instants, le chef de l'Opposition,
c'est-à-dire qu'il y aurait eu un geste franchement illégal de
posé. Si tel est le cas, il faudra que je reprenne le dossier et je le
ferai avec plaisir.
M. Morin: M. le ministre, je vais simplement vous donner
connaissance des principales pièces du dossier afin que vos services
puissent éventuellement les retrouver plus facilement. Je pourrais
même, pour simplifier le travail de vos recherchis-tes, vous prêter
ce sont des documents que je ne possède qu'en un exemplaire
les pièces maîtresses du dossier. Sans doute, cela
permettrait d'accélérer les recherches.
En 1964, par arrêté en conseil, par le décret
ministériel no 219, du 5 février de cette année, le
lieutenant-gouverneur en conseil a décrété la
création d'un arrondissement historique qui est décrit dans cet
arrêté en conseil et qui, en gros, couvre la partie sud de
Sillery; une partie du vieux Sillery, le Sillery historique.
Dans cet arrondissement se trouve, en particulier, une série de
très vieilles maisons du 18e, peut-être même du 17e
siècle, dont la maison des Jésuites dont vous avez entendu
parler, M. le ministre.
Les terrains voisins qui appartenaient à une succession et qui
sont à l'intérieur du périmètre
protégé ont été achetés par les
intérêts Delrano, dont, je crois, le principal promoteur est M.
Paul Racine. Au cours des mois qui ont suivi cet achat, il a accumulé
sur ce terrain, sur une hauteur de plusieurs pieds, un remblai qui a un effet
tout à fait catastrophique pour le site, comme vous pouvez le constater
sur cette photo. Les lieux n'ont pas changé, je suis allé les
voir moi-même il y a quelques jours pour constater que cela n'a pas
changé.
Ce remblai a été tiré des fondations du magasin
Sears construit à Sainte-Foy, je crois, par les mêmes
intérêts. Lorsque les pères Jésuites ont voulu
savoir ce qu'il adviendrait de ce remblai, on leur a dit de ne pas
s'inquiéter, que cela servirait au boulevard Champlain.
Il n'en était rien. La première chose qu'ils en ont su,
c'est qu'un plan d'aménagement, un lotissement du remblai a
été préparé par M. Jean Guérard, arpenteur,
pour le bénéfice des Immeubles Randel, la Société
hôtelière du Québec et l'hôtel Montcalm. Ce sont
toujours les mêmes intérêts qui empruntent des noms
divers.
Votre ministère intervient c'est la raison pour laquelle
je me permets de vous poser ces questions à la suite d'une
requêtedu conseil municipal de Sillery, ou à la suite d'une
proposition de Mme Albanie Morin qui n'est pas de ma famille, mais qui
appartient à une famille politique bien connue il est
résolu que demande soit faite au ministère des Affaires
municipales, en vertu de l'article 7duchapi-
tre 242 des Statuts renfondus, 1941, que le ministre connaît
certainement, d'accorder à la corporation municipale de la cité
de Sillery la permission d'ouvrir et de maintenir, sur une largeur de 50 pieds,
mesure anglaise, la rue indiquée au plan de M. Jean Guérard,
arpenteur-géomètre, en date du 30 septembre 1971 et
désignée sous les numéros 3-51 et 281-19 du cadastre
officiel de la paroisse Saint-Colomb de Sillery.
Cette résolution ayant été dûment
adoptée le 14 décembre 1971, a été
communiquée au ministère, dans une lettre dont je vous donnerai
un exemplaire, lettre reçue le 21 décembre 1971 .d'après
le cachet d u ministère des Affaires municipales qui apparaît sur
la lettre même.
Dans cette lettre, le greffier et ingénieur de la ville demande
la permission et l'approbation du projet de rue projetée. Je pourrai
laisser cette...
Le Président (M. Picard): Est-ce que le chef de
l'Opposition me permettrait une question. J'aimerais m'informer...
M. Morin: Volontiers, M. le Président, mais
j'achevais...
Le Président (M. Picard):... auprès des membres de
la commission s'ils considèrent que le point soulevé par le chef
de l'Opposition fait partie des crédits ou si ce ne serait pas
plutôt un cas particulier qui devrait être amené directement
au ministère.
M. Morin: Ecoutez, c'est qu'il y a déjà eu beaucoup
de démarches...
Le Président(M. Picard): Ce sont des cas particuliers, si
on amène ça lors de l'étude des crédits, on n'en
sortira pas.
M. Morin: De toute façon, le ministre, je pense, n'a pas
d'objection à me répondre et vous savez qu'à l'occasion
des programmes, on peut poser toutes les questions.
Le Président (M. Picard): C'est parce que tous les autres
membres semblent se désintéresser de ce qui se passe aux
crédits depuis que vous avez commencé l'exposé.
M. Morin : M. le Président, je ne m'attendais pas à
une attention...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est une
interprétation.
M. Morin: ... soutenue au sujet d'une question qui est technique
et qui présente un intérêt d'ordre culturel, cela
n'intéresse pas tout le monde.
Le Président (M. Picard): Remarquez que si les membres
n'ont pas d'objection... je comprends votre objection.
M. Morin: Forcément, je ne m'attendais pas à avoir
foule pour une question comme celle-là, mais j'estime que c'est mon
devoir de la poser.
Si vous permettez, j'achevais et le ministre pourra répondre ou
ne pas répondre. Je préfère qu'il y réponde
à cette occasion-ci, autrement, je serai obligé de l'ennuyer en
Chambre avec un tas de questions. Je préfère que ce soit
réglé à l'amiable maintenant.
Je reviens maintenant au récit des événements,
desfaits. Le 23 décembre 1971, M. Richard Beaulieu, sous-ministre des
Affaires municipales a approuvé, en date de ce jour, l'ouverture
officielle d'une rue, tel que requis par la cité de Sillery.
Les questions qui me semblent surgir de ces faits sont les suivantes:
Est-ce qu'il y a une coordination entre les services de votre ministère,
M. le ministre, et ceux du ministère des Affaires culturelles, de
façon que vous puissiez savoir, lorsqu'on vous fait une requête
comme celle-là, si, par hasard, le site ne serait pas l'objet d'un
décret créant un arrondissement historique?
Quels moyens vos services ont-ils de vérifier si les
requêtes qui vous parviennent des municipalités sont conformes
à la législation sur la protection des biens culturels? Vos
services, lorsqu'on leur fait une requête comme celle-là, se
rendent-ils sur les lieux, est-ce qu'ils ont vu ce remblai en particulier?
M. Goldbloom: M. le Président, d'abord, je voudrais
indiquer au chef de l'Opposition, que la loi exige l'approbation du
ministère à chaque fois qu'une municipalité veut ouvrir
une rue de moins de 66 pieds de largeur. Ce qui fait que nous avons eu, au
cours de l'année qui vient de se terminer, plus de 3,800 demandes
d'approbation quant à l'ouverture de rues d'une largeur de moins de 66
pieds; mesure anglaise, c'est peut-être un facteur qui blesse davantage,
mais c'est une vieille tradition.
M. Morin: On se mettra au système métrique
tôt ou tard, M. le Président.
M. Goldbloom: Oui, j'étais étonné
d'entendre... M. Morin: Profitez-en.
M. Goldbloom: C'est ça, j'étais
étonné d'entendre le chef de l'Opposition parler de mètres
et tout d'un coup, retourner à la mesure anglaise.
M. Morin: Je voulais être sûr d'être compris du
ministre.
M. Goldbloom: C'est désobligeant au possible.
Cela veut dire que, d'une façon générale, il est
physiquement impossible de visiter chacune des municipalités. Pour
chacune des 3,800 demandes, si l'on travaillait sept jours par semaine, cela
ferait plus de dix demandes par jour, et dans tous les coins de la province.
Donc, il serait physiquement impossible de les visiter. Cependant, je tiens
à souligner que les décisions prises par le ministère
l'ont été, il y a plus de trois ans, en décembre 1971,
c'est-à-dire approximativement quatorze mois avant mon arrivée au
ministère et je ne suis pas au oourant des procédures suivies
à l'époque. Présentement, ce que nous faisons, c'est que,
quand même, nonobstant ce que je
viens de dire, nous demandons à notre direction
générale de l'urbanisme de regarder chacune de ces demandes et de
nous donner son avis avant d'émettre une approbation. Il y a un
sous-ministre adjoint qui est en outre responsable de surveiller
l'activité de la direction générale.
M. le Président, je crois, puisque la direction
générale de l'urbanisme est probablement relativement jeune parmi
les autres directions générales du ministère, que cela n'a
pas été la pratique régulière, si l'on recule
très loin dans l'histoire de ce genre de problèmes. Quant au
ministère des Affaires culturelles, c'est à lui,
évidemment, de témoigner de son intérêt et de son
action, et de faire valoir son point de vue.
M. Morin: II aura l'occasion de le faire. M. Goldbloom:
C'est cela.
M. Morin: Je voudrais me concentrer sur l'aspect qui
relève des Affaires municipales.
M. Goldbloom: D'accord. Je comprends cela. Le chef de
l'Opposition m'a demandé quelles sont les communications entre les deux
ministères avec un nombre aussi élevé de cas. Tout ce que
je peux lui répondre, c'est que je présume que quand il s'agit
d'un examen du dossier par notre direction générale de
l'urbanisme, cette direction générale tient compte des
particularités de l'endroit où l'ouverture d'une rue est
demandée.
M. Morin: Dans ce cas, donc, la direction générale
de l'urbanisme n'a pas eu l'occasion de se pencher sur le cas du remblai.
M. Goldbloom: Je ne voudrais pas l'affirmer, ni l'infirmer, mais
je voudrais aller aux renseignements et fournir les détails que je
pourrai obtenir là-dessus.
M. Morin: S'il se révélait que ce remblai est
à la loi, est-ce que le ministre pourrait s'engager à faire les
corrections qui s'imposent? Il n'y a pas encore de construction sur le remblai.
Je pense qu'on a découvert d'ailleurs qu'il est très dangereux;
le sol n'est pas fixé. Je crois qu' il serait pour le moins aventureux
de construire quoi que ce soit sur ce remblai. Il est encore temps même
de remettre les lieux en état, tel que le prévoit d'ailleurs la
Loi sur la protection des arrondissements culturels.
M. Goldbloom: M. le Président, si je ne réponds pas
carrément oui, nous allons tout régler. Je crois bien qu'il
faudra que nous obtenions des avis juridiques sur la situation, une fois les
faits établis. Je ne possède pas ces f aitset je ne suis pas
avocat. Il faudra savoir non seulement quel est le pouvoir que détient
actuellement l'un ou l'autre des ministres, mais aussi quelle était la
situation légale en décembre 1971 quand les décisions ont
été prises. Je pense que cette considération
déterminerait l'action qui pourrait être prise.
M. Morin: Est-ce que, sur le plan juridique, lorsque votre
ministère découvre, par hypothèse, qu'il a donné
son accord un peu à l'aveuglette, il peut corriger? Le système
que nous a décrit le ministre signifie qu'en fin de compte il y a
très peu de vérifications qui sont faites lorsqu'on lui demande
l'ouverture d'une rue de moins de 66 pieds.
Par hypothèse, si votre ministère découvre qu'il y
a eu une erreur, par la suite, à supposer que les lieux soient encore en
état, peut-il défaire ce qu'il a fait et peut-il, autrement dit,
corriger la situation qu'il a créée?
M. Goldbloom: S'il n'y a paseud'intervention.et là aussi,
c'est une question juridique, il faudrait que les avocats m'indiquent la
réponse à donner, Si je comprends bien, il y a le principe que,
si le pouvoir existe de faire quelque chose, le pouvoirdoit exister de le
défaire, mais c'est un peu plus compliqué que cela dans le genre
de cas que nous présente le chef de l'Opposition.
Donc, n'étant pas avocat, j'hésite à m'aventurer
trop loin.
M. Morin: Une dernière question peut-être. Votre
ministère se préoccupe-t-il de l'existence d'arrondissements
culturels? Votre direction générale de l'urbanisme
possède-t-elle la liste de ces arrondissements qui lui permettraient de
juger plus rapidement des demandes d'ouverture de rues qui lui parviennent, par
exemple?
M. Goldbloom: ll y aune liaisonet je présume que nous
avons cette liste et je présume aussi que, présentement, nous
serions alertés à ce genre de possibilité suffisamment
pour scruter un dossier de cette nature. Dans la grande majorité des
cas, il va sans dire que le cas est banal et il n'y a pas besoin d'une
enquête très approfondie.
M. Perreault: Est-ce que les municipalités sont averties
qu'il y a des arrondissements culturels de créés?
M. Goldbloom: Ah oui!
M.Morin: La ville, dans ce cas-ci, le savait. C'est un cas de
spéculation foncière assez odieux.
M. Perreault: C'est la ville qui porte la responsabilité
première.
M. Morin: C'est possible, mais cela n'exclut pas la
responsabilité du ministère.
M. Goldbloom: Je peux informer le chef de l'Opposition que depuis
approximativement huit mois nous avons un lien bien structuré avec la
direction générale du patrimoine au ministère des Affaires
culturelles, ce qui nous permet de coordonner notre action, mais je ne suis pas
en mesure de témoigner des relations qui existaient avant cela et
certainement pas avant le printemps de 1973.
M. Morin: Je remercie le ministre des réponses qu'il m'a
données. S'il le veut bien, peut-être au cours des crédits,
dans la mesure où c'est possible, il pourra donner déjà
les réponses qu'il pourrait obte-
nir. Je vais à cette fin lui remettre deux exemplaires des
documents pertinents. Le ministre est-il intéressé à la
photo également ou lui suffit-il de l'avoir vue une fois?
M. Goldbloom: II me suffit de l'avoir vue et d'autant plus que
j'avais déjà eu connaissance de ce problème, mais sans en
saisir la portée sur le plan juridique ou...
M. Morin: Merci, M. le Président. J'ai terminé.
M. Goldbloom: La volonté existe de ma part de fournir les
réponses dans les meilleurs délais. Il s'agira de consulter les
avocats pour savoir s'ils peuvent fournir un avis en si peu de temps.
M. Morin: J'imagine que si l'avis parvenait au ministre
après la fin de l'étude de ses crédits, il le porterait
à ma connaissance.
M. Goldbloom: Avec plaisir.
Le Président (M. Picard): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 55)