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Commission permanente des affaires municipales
Projet de loi no 205 Loi concernant la ville de
Rimouski
Séance du jeudi 27 novembre 1975
(Seize heures vingt-sept minutes)
M. Brisson (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
La commission se réunit afin d'étudier le projet de loi no
205, Loi concernant la cité de Rimouski. Maintenant...
M. Roy: M. le Président, je dois invoquer le
règlement à ce moment-ci pour vous signaler...
Le Président (M. Brisson): Avant, si vous voulez,
je...
Discussion sur la procédure
M. Roy: Non, j'invoque le règlement immédiatement,
M. le Président. J'ai le droit d'invoquer le règlement et de vous
rappeler les dispositions de l'article 99 et de l'article 163. Ce
règlement n'est pas de moi, M. le Président, c'est un
règlement qui a été adopté à
l'unanimité par l'Assemblée nationale du Québec, et je
vous réfère à l'article 99, au paragraphe no 4, "II est
interdit à un député qui a la parole: de parler d'une
affaire qui est devant les tribunaux ou devant un organisme quasi judiciaire ou
d'une affaire qui est sous enquête lorsque, dans ce dernier cas, les
paroles prononcées peuvent être préjudiciables à une
personne."
Or, l'article 163 de notre règlement est également
très clair: "A moins de dispositions contraires, les règles
relatives à l'Assemblée nationale s'appliquent aux commissions".
Il est bien clair que la commission parlementaire des affaires municipales a
été convoquée pour étudier un projet de loi de la
cité de Rimouski qui porte le no 205 et qui est sub judice puisque la
cause a été entendue et plaidée devant l'honorable juge
Vincent Masson le 13 novembre 1975 et que la cause est actuellement en
délibéré. Or, à plusieurs reprises, depuis cinq ans
que je siège à l'Assemblée nationale du Québec,
chaque fois que des députés ont voulu faire une
référence, lors de l'étude d'un projet de loi ou durant la
période de questions de l'Assemblée nationale, il faut alors se
référer à l'article 171, le président nous a
toujours rappelé à l'ordre pour dire que nous n'avions le droit
d'aucune façon, d'aucune manière, de parler d'une affaire qui est
devant les tribunaux.
M. le Président, c'est la raison pour laquelle j'invoque le
règlement à ce moment-ci et je pense que nous n'avons pas le
droit, ce n'est pas une question de vote, ni une question de motion, d'aller
à l'encontre du règlement de l'Assemblée nationale comme
tel.
Le Président (M. Brisson): Messieurs, pour que tout soit
légal, en premier lieu, je vais faire part à la commission des
changements qu'on m'a donnés. Je voudrais dire que M. Massicotte
(Lotbinière) remplace M. Bédard (Montmorency), M. Saint-Hilaire
(Rimouski) remplace M. Chagnon (Lévis), M. Côté (Matane)
remplace M. Denis (Berthier), M. Déom (Laporte) remplace M.
Déziel (Saint-François), M. Lessard (Saguenay) remplace M.
Léger (Lafontaine) et M. Larivière (Pontiac-Témiscamingue)
remplace M. Parent (Prévost).
Est-ce qu'il y en a d'autres qui ont des observations à faire sur
le point de règlement.
M. Roy: Mon nom a été ajouté, M. le
Président?
Le Président (M. Brisson): Vous êtes là,
monsieur, vous n'êtes pas remplacé.
M. Roy: Je n'ai pas demandé à être
remplacé. Le Président (M. Brisson): M. le ministre.
M. Goldbloom: Sur le point de règlement soulevé par
le député de Beauce-Sud, je ne suis pas avocat, et,
n'étant pas avocat, peut-être que le respect que je voudrais
exprimer à l'endroit du système judiciaire émane d'une
compréhension imparfaite. Je ne suis pas en mesure de le savoir,
évidemment; je voudrais apprendre si j'interprète mal le
problème posé par le député de Beauce-Sud.
Il me semble que dans le contexte d'un débat, on ne doit pas agir
de façon à porter préjudice aux intérêts de
parties qui ont présenté devant les tribunaux une question qui
doit être tranchée par ces tribunaux. Mais il y a, même dans
mon expérience relativement limitée de l'Assemblée
nationale, de nombreuses occasions où effectivement le
législateur a pris la responsabilité de trancher une question,
nonobstant le fait qu'il y avait en délibéré, ou à
une autre étape du processus judiciaire, une cause qui était
à l'étude.
Je me rappelle par exemple que, l'an dernier, nous avons
étudié et adopté une loi qui a effectué des
transformations dans les limites territoriales des municipalités de
l'Outaouais et du Haut-Saguenay et cela, nonobstant le fait qu'une personne
avait intenté une poursuite contre une ou des municipalités,
alléguant que les procédures suivies jusqu'à ce point
l'avaient été dans l'illégalité. Nous avons quand
même fait un débat complet sur la question et avons fini par
adopter une loi. Donc, je crois qu'il y a une distinction à faire entre
un débat qui pourrait avoir une incidence sur une cause devant les
tribunaux et qui pourrait influencer des considérations judiciaires et
un projet de loi présenté effectivement pour trancher une
question, nonobstant le fait que cette question est devant les tribunaux.
J'aimerais entendre d'autres collègues sur ce point, M. le
Président.
Le Président (M. Brisson): Y a-t-il d'autres points de
vue?
M. Roy: M. le Président, j'aimerais ajouter quelque chose,
puisque le ministre vient de se référer à un exemple qu'il
y avait eu dans le cas du problème et de la loi qui avaient
été soumis concernant l'aménagement de l'Outaouais.
C'était le cas d'une personne le ministre lui-même l'a dit
qui avait intenté certaines procédures.
Nous sommes en face d'une situation complètement
différente, autrement dit beaucoup plus grave, beaucoup plus large,
puisqu'il s'agit de l'institution elle-même, l'institution qui est
visée par le projet de loi lui-même, qui s'est servie des
tribunaux et qui a actuellement une cause en délibéré.
Je trouve quand même étonnant, M. le Président, et
je trouverais complètement étonnant, je verrais très mal,
étant donné que nous venons également de recevoir un
mémoire il y a des télégrammes qui ont
été envoyés par le bâtonnier du Québec
à la commission parlementaire dans lequel on dit clairement qu'il
s'agit d'une affaire qui est sub judice, que c'est une affaire qui est pendante
devant les tribunaux et qu'un jugement doit être rendu incessamment, que,
nonobstant le règlement, qui est très clair... Je me
réfère au règlement de l'Assemblée nationale. Or,
dans le règlement de l'Assemblée nationale, c'est l'article
99...
Je dis qu'on n'a pas le droit, à moins que le règlement de
l'Assemblée nationale ne veuille plus rien dire à partir
d'aujourd'hui... Je répète l'article: "II est interdit à
un député qui a la parole" et c'est le devoir du
président de faire appliquer le règlement à la lettre
"4. De parler d'une affaire qui est devant les tribunaux ou devant un
organisme quasi judiciaire..." C'est clair que c'est une affaire qui est devant
les tribunaux. L'article 99 du règlement est très clair
là-dessus. "Il est interdit à un député qui a la
parole de parler d'une affaire qui est devant les tribunaux ou devant un
organisme quasi judiciaire." Le règlement est clair là-dessus et
l'article 163 de notre règlement est encore extrêmement clair
puisqu'il dit: "A moins de dispositions contraires, les règles relatives
à l'Assemblée s'appliquent aux commissions."
Il n'y a pas de dispositions contraires, dans le cas qui nous
préoccupe à l'heure actuelle. Il serait peut-être bon, de
façon à ne pas prolonger le débat, de suspendre la
séance et de rencontrer le président de l'Assemblée
nationale de façon qu'on puisse clarifier cette situation avant de
s'engager plus loin.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, mon
intervention ne sera pas longue. Elle se situe dans le même cadre que
celle exprimée par le député de Beauce-Sud. Le
règlement est très clair. "Il est interdit à un
député qui a la parole de parler d'une affaire qui est devant les
tribunaux ou devant un organisme quasi judiciaire ou d'une affaire qui est sous
enquête, lorsque, dans ce dernier cas" ce qui veut dire une
affaire qui est sous enquête seulement "les paroles
prononcées peuvent être préjudiciables à une
personne."
Jusqu'ici, on nous dit que c'est devant les tribunaux. Nous n'avons pas
de connaissance légale nous disant que c'est devant les tribunaux, au
niveau de la commission, j'entends. Dans les circonstances, M. le
Président, je pense qu'il y aurait avantage de ne pas poursuivre la
discussion et que vous suspendiez également la commission afin de nous
apporter, au niveau de la commission, la connaissance légale à
savoir si oui ou non c'est devant les tribunaux. A partir de ce
moment-là, il faudra lire notre règlement avec toute la largesse
qu'il permet dans certains cas, mais aussi avec toute la rigidité qu'il
impose dans certains cas.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, dans le sens
précisé par le député de Chicoutimi, pour nous,
membres de la commission, nous ne sommes pas, comme tels, officiellement
informés que ce soit devant les tribunaux. Je pense que c'est votre
responsabilité ici de prendre les informations nécessaires. On ne
sait pas non plus quel est exactement le litige et si, véritablement,
c'est devant les tribunaux. Je pense que la solution qui se présente
actuellement est de suspendre, à moins que d'autres personnes voudraient
intervenir, pendant quelques minutes, et prendre les renseignements
nécessaires auprès du Président de l'Assemblée
nationale, c'est votre droit, et aussi auprès des personnes
compétentes dans le domaine, afin de savoir si, véritablement, il
y a un conflit devant les tribunaux. Vous comprendrez que la clause 99-4 est
une mesure pour empêcher, justement, que le législatif intervienne
dans le judiciaire.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Laporte.
M. Déom: M. le Président, je ne suis pas non plus
avocat et on me corrigera si je fais certaines erreurs juridiques. Par
ailleurs, je suis capable de lire le français. J'ai l'impression que le
député de Beauce-Sud, sud ou nord...
M. Roy: Sud, s-u-d.
Une Voix: II a perdu le nord, cela fait longtemps.
M. Déom: Le député de Beauce-Sud a
présumé de ce qui serait discuté en commission parce que
tout ce que dit le règlement est qu'il interdit à un
député de parler ou de porter un jugement dans une cause qui est
sub judice. Or, il n'y a encore personne de la commission qui a parlé
sur cette cause, cette prétendue cause, et là je n'ajouterai rien
à l'argument soulevé par le député de Saguenay,
mais je pense que le député de Beauce-Sud présume de ce
qui va se passer.
On n'a pas l'intention en tout cas, pour ma part de parler
de la cause ou de prendre position pour l'une ou pour l'autre partie. Ce qui
est
important, à mon avis, dans le point de règlement qui est
soulevé, c'est qu'on ne peut pas en parler, mais ceci n'empêche
pas le ministre des Affaires municipales a cité des
précédents l'Assemblée nationale, elle-même,
de statuer sur des cas qui ont provoqué un litige.
Je pense qu'il y a un principe fondamental. C'est la souveraineté
de l'Assemblée nationale. On a voulu, évidemment... En
démocratie, on sépare le pouvoir judiciaire des pouvoirs
exécutif et législatif, mais je me demande si, en soulevant ce
point de règlement et en interprétant le règlement de
façon restrictive, on ne met pas en doute la souveraineté de
l'Assemblée nationale.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président...
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député de Rimouski a demandé la parole.
M. Saint-Hilaire:... viendrai après.
Le Président: Le député de Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Simplement pour répondre
à l'argument qui vient d'être avancé ou encore, disons,
à une certaine réticence ou certaines questions que se pose le
député selon lesquelles si on ne procède pas, on vient en
contradiction avec la souveraineté de l'Assemblée nationale.
M. le Président, l'Assemblée nationale a quand même
des règlements très précis qu'elle a édictés
et qui, à moins qu'ils ne soient changés, doivent être
suivis, et le respect de la souveraineté de l'Assemblée nationale
oblige justement chacun des députés à respecter ces
règlements qui ont été édictés par cette
instance.
M. Déom: On ne sait pas si on va en parler.
M. Bédard (Chicoutimi): Non, M. le Président, je
pense bien qu'on ne doit pas, au départ, jouer à l'autruche, et
je pense bien qu'aucun des membres de la commission n'a l'intention de le
faire. Je ne prête, en aucune façon, cette intention à
quelque membre de la commission que ce soit. Mais je crois qu'on ne doit pas,
non plus, délibérément ou d'une façon imprudente,
s'avancer dans un débat, alors que nous avons la possibilité de
nous renseigner sur un point précis du règlement, à savoir
si oui ou non, cette affaire est devant les tribunaux. Je sais, M. le
Président, que, lorsqu'il y a eu l'affaire Dasken vous me
corrigerez à ce moment, on avait procédé dans le
sens suivant:
On avait fait entendre, au tout début, les représentants
du Barreau du Québec afin que ceux-ci puissent dire aux membres de la
commission si l'affaire en titre était oui ou non devant le tribunal, de
manière à établir le point très précis,
savoir si nous sommes à discuter d'une affaire qui est
déjà devant les tribunaux.
Parce que, si c'est une affaire qui est devant les tribunaux, je ne
pense pas qu'on puisse, en toute honnêteté, triturer le texte du
règlement de manière à passer à
côté.
Je ne me prononce pas sur le fond du projet de loi. Quelle que soit la
sympathie qu'on puisse avoir, quelles que soient les positions qu'on puisse
avoir devant ce qui est demandé dans le projet de loi, au nom de
l'intérêt public, quelles que soient ces sympathies, je pense
qu'il y a un devoir que nous avons comme membres d'une commission et comme
députés, c'est quand même de respecter nos
règlements. Là-dessus, c'est tellement clair que vouloir triturer
le texte pour en arriver à une conclusion différente serait,
à mon sens, un peu vouloir se placer la tête dans le sable, pour
employer l'expression, et surtout, cela serait d'autant plus inacceptable que
nous avons la possibilité, dans un laps de temps très rapide,
cinq à dix minutes ce qui vous a été
suggéré, M. le Président d'être
renseignés, comme membres de la commission, à savoir si oui ou
non l'affaire est devant les tribunaux.
Déjà, nous sommes informés qu'il y a des personnes
ou des représentants d'organismes qui veulent se faire entendre, que
cela soit le Barreau ou que cela soit d'autres organismes ou encore la
municipalité. Mais même si nous avons ces mémoires,
même si nous sommes informés et même si nous en avons pris
connaissance, personnellement, je pense qu'avant de les avoir entendus, il
reste un fait, nous n'avons pas la connaissance légale de la
situation.
Et sur le point qui a été soulevé par le
député de Beauce-Sud, je crois qu'on ne peut faire... Je suis
d'accord pour que vous suspendiez les travaux pour quelques minutes et que vous
preniez les renseignements nécessaires. Si vous en arrivez à la
conclusion qu'il faut en avoir la connaissance légale au niveau de la
commission, à ce moment, on devra peut-être adopter la même
ligne de conduite que dans l'affaire Dasken, à savoir faire entendre le
Barreau du Québec, avoir la possibilité de poser les questions
nécessaires et constater jusqu'à quel point cette affaire fait
déjà l'objet d'un litige devant les tribunaux.
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député de Rimouski.
M. Saint-Hilaire: M. le Président, je pense que
l'Assemblée nationale est là effectivement pour prendre les
intérêts de tous les citoyens du Québec, quels qu'ils
soient, quel que soit le litige qu'on peut envisager. Il y a, à l'heure
actuelle, dans toute si j'osais appeler cela ainsi, parce que je ne suis
pas avocat non plus la jurisprudence de l'Assemblée nationale des
lois qui ont été votées, même si elles se
rapportaient à des sujets qui étaient devant la cour à ce
moment-là. Vous avez eu, par exemple, en 1972, je crois, la Loi de la
taxe d'eau de la ville de Montréal, où, effectivement, l'appareil
législatif est directement intervenu parce que l'intérêt
d'un très grand nombre de personnes était en jeu. Si on s'accorde
et si on veut appliquer le principe qu'on veut défendre ici aujourd'hui,
cela veut dire que tous les citoyens du Québec sont extrêmement en
danger, principalement les municipalités du Québec et tous les
ci-
toyens du Québec, si, comme membres de l'Assemblée
nationale, par le truchement des commissions parlementaires, nous ne pouvons
pas entendre autant les intéressés que les
non-intéressés pour connaître les litiges concernés.
Cela peut, à ce moment-là, aller aussi loin, dans n'importe
quelle municipalité, qu'un simple citoyen ou qui que ce soit prenne des
procédures à tort et à travers contre n'importe quelle
municipalité au Québec pour créer le sub judice et
éviter le fonctionnement de toutes les municipalités du
Québec.
Je pense que nous sommes... Si vous voulez, M. Roy, je vais finir de
parler. Je pense que c'est moi qui ai la parole.
M. Roy: J'ai demandé la parole après vous.
M. Saint-Hilaire: Je pense qu'il est extrêmement important
et nous sommes ici pour cela en tant que membres de
l'Assemblée nationale, que les députés puissent prendre
leurs responsabilités. Cela ne veut pas dire, au moment où on se
parle, que le bill que nous présentons sera accepté
d'emblée par les membres de la commission. Cela veut dire une chose, par
exemple. C'est que, pour entendre les intérêts des citoyens
rimouskois, dans le cas présent, si ces intérêts sont
attaqués d'une façon intègre ou s'ils sont attaqués
uniquement en vue d'empêcher un certain développement, si, en
tant...
M. Roy: M. le Président, j'invoque le règlement
encore une fois. Je me suis bien gardé, tout à l'heure, et je ne
voudrais pas qu'on fasse un procès d'intention à ce moment-ci, de
toucher au fond de la question alors que le député de Rimouski
est complètement dans le fond du problème. Je me suis
référé je suis sur une question de règlement
et avant même que quiconque demande la parole, j'ai posé la
question de règlement, à l'article 99 de notre règlement,
suite à une longue jurisprudence qu'il y a à l'Assemblée
nationale.
M. le Président, avant que la situation se gâte, je pense
qu'on devrait suspendre la séance, je vous le demande instamment, parce
que d'autres vont être tentés d'intervenir et on va
inévitablement aborder le fond de la question, on va déboucher
sur le fond de la question.
M. le Président, ma question...
M. Saint-Hilaire: M. le Président...
M. Roy: Je suis sur une question de règlement. Il y a une
question à régler au préalable, il y a un règlement
à l'Assemblée nationale qui nous régit, qui régit
les travaux des députés. Le député de Saguenay et
le député de Chicoutimi ont abondé exactement dans le
même sens. Il est interdit à un député qui a la
parole... C'est clair là-dessus, si le député de
Rimouski... Je serais peut-être porté à être d'accord
avec lui jusqu'à un certain point, mais qu'on change le règlement
de la Chambre. Nous sommes liés, en tant que membres de
l'Assemblée nationale, au règlement de l'Assemblée
nationale. Je regrette pour le député de Rimouski et pour les
autres, mais qu'on clarifie la question, qu'on suspende la séance, qu'on
rencontre le président de l'Assemblée nationale et qu'on
règle ça.
M. Saint-Hilaire: M. le Président, je pense...
Le Président (M. Brisson): A l'ordre, messieurs.
M. Saint-Hilaire: ... qu'indiscutablement, je n'ai pas
attaqué le fond du problème, et n'ai pas l'intention de le faire.
Je veux tout simplement, justement au cas où il y aurait ajournement,
saisir cette commission que définitivement il va falloir faire attention
si nous ne prenons pas nos propres responsabilités en tant que
législateurs. C'est là-dessus que j'ai parlé et je disais
justement que n'importe qui, dans n'importe quelle ville, peut, à ce
moment-là, intenter des procédures judiciaires contre qui que ce
soit et empêcher tout développement, non seulement dans une ville
mais à peu près à tous les niveaux de la
société.
Je pense que, si, en tant que membres de l'Assemblée nationale,
nous ne sommes pas capables de prendre nos responsabilités quand
je dis nos responsabilités, ça ne veut pas dire être pour
ou contre le projet de loi, l'assemblée en décidera... C'est
à nous de prend re nos responsabilités, indépendamment de
n'importe quel fait qui peut être présent, parce que les lois
doivent être édictées à l'Assemblée
nationale.
Le Président (M. Brisson): Messieurs, sur le point de
règlement soulevé par le député de Beauce-Sud, je
dois vous informer que, tous les membres de la commission ont droit de parole
et de s'exprimer. Je pense qu'il faut leur donner ce droit.
Le député de Taillon.
M. Leduc: Je serai bref. Je viens d'avoir le dossier complet du
projet de loi que nous avons à étudier, le projet de loi
privé nos 205. Il y a juste une chose qui m'inquiète, c'est le
télégramme du bâtonnier. En conséquence, comme
membre de cette commission, j'endosse la suggestion de suspendre, si on n'a pas
le droit, parce que cette question est sub judice, je ne veux faire partie
d'une commission qui va mettre son nez dans quelque chose où elle n'a
pas affaire. J'apprécierais que vous suspendiez pour pouvoir assurer ou
rassurer la commission quant à la décision. Sans douter de vos
capacités extraordinaires, je ne crois pas qu'on puisse, actuellement,
être en mesure de prendre une décision sans qu'il y ait
consultation.
Le Président (M. Brisson): Le ministre des Affaires
municipales.
M. Goldbloom: M. le Président, je pense que la question
que nous avons devant nous se divise en quatre parties. J'aimerais essayer de
les définir.
Premièrement, le litige est-il effectivement devant les
tribunaux? Deuxièmement, si oui, la cause porte-t-elle sur la ou les
mêmes matières? Troisièmement, s'il y a chevauchement,
est-il opportun et est-il légal pour la commission parlementaire d'en
discuter? Quatrièmement, l'Assemblée nationale a-t-elle, de toute
façon, le pouvoir de procéder à un débat sur une
question qui est devant les tribunaux?
Je voudrais faire deux seuls commentaires là-dessus, M. le
Président. D'abord, nous avons des précédents. Vous me
permettrez, cependant, de terminer mon intervention. Très bien.
Il y a des précédents. J'en ai un devant moi, que les
conseillers juridiques ont trouvé rapidement. En 1972, dans un projet de
loi présenté par la ville de Montréal, à l'article
26, on trouve: "A compter de l'entrée en vigueur de la présente
loi, les procédures devant la Cour supérieure pour l'annulation
des règlements nos 4245 et 4418 sont annulées. Les
déboursés et honoraires judiciaires en rapport avec ces
procédures sont payés par la ville de Montréal."
Je pense que c'est assez clair qu'il y a des précédents
où une loi est intervenue en plein milieu de procédures qui
étaient devant les tribunaux.
Mon deuxième commentaire est que je crois que nous devons
chercher, en examinant toute la question, une certaine logique fondamentale. Je
crois, effectivement, avec d'autres membres de cette commission parlementaire,
que la logique nous mène à la conclusion que, s'il est
formellement impossible pour la commission parlementaire, et donc pour
l'Assemblée nationale, de poser quelque geste que ce soit, ou de
poursuivre quelque débat que ce soit, quand une cause est entre les
mains d'un tribunal, à ce moment, il suffirait, pour n'importe qui
prenant connaissance de l'intention d'une municipalité d'adresser
à l'Assemblée nationale la demande de présentation d'un
projet de loi privé, d'obtenir quelques détails du contenu de ce
projet de loi privé, d'intenter une poursuite et de bloquer
complètement le fonctionnement de la commission parlementaire des
affaires municipales. Et cela, à mon sens, ne serait pas logique.
Il me semble que cette logique nous empêche de tirer la conclusion
que, sans nuance et sans distinction, dans tous les cas où il y a un
problème qui est entre les mains d'un tribunal, l'Assemblée
nationale est paralysée et ne peut agir. Ce disant, M. le
Président, je crois avoir posé le problème, avoir fait
deux commentaires. Je n'ai pas la compétence pour trancher la question.
Je suis d'accord avec les membres de la commission qui voudront une fois
la discussion terminée, parce que la liberté de parole de chacun
doit être respectée la suspension pour que nous puissions
consulter davantage avant de poser des gestes additionnels.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, j'ai un très court
commentaire sur l'interprétation ou les paroles du ministre des Affaires
municipales. Je voudrais souligner, en plus, l'article 3 de notre
réglementation. Soyez assuré, M. le Président, que je
n'avais pas prévu du tout qu'on pouvait intervenir à partir de
l'article 99.
Cependant, il y a une chose, M. le Président. L'article 99 est
assez clair et l'article 3 aussi est assez clair. Le ministre nous parle de
précédents. Quels que soient les précédents que
nous pouvons avoir eus devant cette Assemblée nationale, les
précédents, s'ils étaient illégaux, ne peuvent
devenir règle générale.
En effet, l'article 3 précise de quelle façon doivent
être interprétés les règlements de
l'Assemblée nationale. En effet, la procédure de
l'Assemblée nationale du Québec est réglée par un
certain nombre de choses, soit premièrement par des lois et,
deuxièmement, par les règlements. Or, je vous souligne, comme l'a
fait le député de Beauce-Sud, que l'article 99, 4. est inscrit
à l'intérieur des règlements, à l'intérieur
du Code Lavoie, que nous avons tous adopté unanimement à
l'Assemblée nationale. Troisièmement, elle est
réglée par des règlements adoptés pour la
durée d'une seule session. Or vous savez qu'il est possible, à
l'intérieur d'une session, d'adopter un certain nombre de
règlements pour reconnaître certains partis politiques ou autres
choses. Quatrièmement, elle est réglée par des ordres
spéciaux adoptés par l'Assemblée et dont le fait est
limité aux matières pour lesquelles ils sont votés:
Cinquièmement, elle est réglée par les
précédents établis par suite de l'interprétation
des lois et du règlement.
Il est vrai que les précédents peuvent intervenir pour
établir la procédure de l'Assemblée nationale, mais ces
précédents ne peuvent intervenir que lorsque d'ailleurs
l'ancien règlement le disait très bien les
règlements n'étaient pas clairs. Dans les circonstances, je pense
que l'article 99, 4. est très clair. On ne peut justifier ou annuler
l'article 99, 4. en disant tout simplement qu'il y a déjà eu des
précédents. S'il y a déjà eu des
précédents, c'est parce qu'on a peut-être oublié ou
qu'on n'a pas fait valoir l'article 99, 4. ou que, unanimement, les
députés ont accepté, à un moment donné,
d'étudier le projet de loi. Mais, dans les circonstances, je pense que
la meilleure chose à faire, c'est de suspendre les travaux de la
commission je pense que c'est un droit et que vous avez la
possibilité de le faire d'aller vérifier auprès du
président de l'Assemblée nationale, parce que tout
précédent dans ce sens peut être extrêmement
dangereux, d'aller chercher des directives auprès du président de
l'Assemblée nationale et de vérifier aussi les quatre points dont
a parlé le ministre des Affaires municipales.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, j'aimerais ajouter seulement un
mot aux propos tenus par le ministre. Je n'interviendrai pas sur les quatre
points que le mi-
nistre a donnés, parce que je pense que le débat se situe
beaucoup plus près que cela et de façon beaucoup plus simple.
L'article 99 régit la commission parlementaire comme il régit
l'Assemblée nationale. Pour que nous puissions discuter de l'article de
la loi qui est devant nous, jusqu'ici, il faudrait que l'Assemblée
nationale, qui est la seule habilitée à suspendre une
règle le fasse. Il faut une motion spéciale, c'est dans notre
règlement, pour revenir ici, mais il faut que cela se fasse à
l'Assemblée nationale comme telle, car la commission parlementaire n'est
pas habilitée à le faire. Mais l'article 99 est clair, d'une
limpidité qui ne fait aucun ombrage, nulle part.
Il est interdit à un député qui a la parole de
parler d'une affaire qui est devant les tribunaux.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je pense
que ce n'est pas l'intention de quelque membre de la commission que ce soit de
diminuer quand même les prérogatives des deux instances qui sont
concernées à l'heure actuelle.
Il y a d'une part, l'appareil législatif que nous
représentons et, d'autre part, la judiciaire, dont on appréhende
l'implication par rapport au problème que nous avons à
discuter.
Cependant, je tiens à dire qu'il faut placer chaque instance dans
son contexte, avec ses prérogatives. Je voudrais bien que ce soit clair,
en tout cas, cela l'est dans mon esprit, que, même avec tout le respect
que nous avons envers l'instance judiciaire, il est évident que le
législatif prime sur le judiciaire. Il faudrait être bien clair
là-dessus. Au niveau des grands principes, au niveau de notre
règlement, il y a aussi le respect de ce règlement. Il y a
également lieu, et nous en sommes presque venus à cette
conclusion, je crois, de suspendre nos travaux et de prendre la peine d'aller
quérir certains renseignements.
Le député de Rimouski et le ministre ont soulevé un
point important, à savoir qu'il ne faut quand même pas,
au-delà du respect, que les situations donnent ouverture à de
l'exagération, ou encore donnent la possibilité à
n'importe qui de bloquer le processus législatif. Sur cela, je suis
d'accord, M. le Président.
Dans ce sens, cependant, je voudrais que vous preniez la peine de vous
informer, lors de la suspension des travaux, afin de savoir quelles sont les
parties impliquées, s'il y a conflit, de manière qu'on puisse
évaluer jusqu'à quel point c'est n'importe qui ou jusqu'à
quel point, a priori, ce sont des parties qui doivent être
respectées.
Je voudrais aussi, M. le Président, que vous vous informiez de la
date du commencement des procédures, s'il y a eu des procédures,
et à quelle date elles ont été intentées. Et,
puisque cela peut être le cas je n'en sais rien veuillez
vous informer si la cause a été entendue au moment où on
se parle, si elle est en délibéré. A ce moment, ayant la
date du commencement de la contestation et la date du dépôt du
projet de loi, avec ces renseignements, M. le Président, vous pourriez
peut-être vous informer également, pour autant que c'est possible,
de ce qui est contesté essentiellement à l'intérieur de ce
projet de loi.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Rimouski.
M. Saint-Hilaire: II avait demandé la parole avant
moi.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Laporte.
M. Déom: M. le Président, je pense qu'il y a des
gens, malgré tout le respect que j'ai pour les juristes, qui charrient
un peu. Quand j'ai appris le français, "parler d'une affaire", "parler"
veut dire quelque chose. Cela n'a pas le même sens que
légiférer.
M. Bédard (Chicoutimi): Arrêtez de jaser, vous
n'êtes pas ici juste pour jaser, vous êtes ici comme
législateur. Personne ne peut présumer qu'un membre de la
commission va discuter, dans le débat sur le projet de loi qui est
devant nous, de la cause qui est devant le tribunal, si elle est devant le
tribunal. Je ne sais pas.
Alors "parler", pour autant que je me rappelle les règles
d'interprétation, on donne semble-t-il, à un terme, le sens
commun qu'il doit avoir. Pour moi, quand on dit "parler", cela ne veut pas dire
légiférer. Ce sont deux choses complètement
différentes. On peut appliquer le mot "parler" à la question, par
exemple, que le chef de l'Opposition a posée, cet après-midi, sur
la loi 22, alors qu'il y a des causes devant les tribunaux. Le chef de
l'Opposition a quand même posé une question sur la loi 22...
Une Voix: ... le jugement est porté.
M. Déom: II y a d'autres causes qui sont devant les
tribunaux.
M. Bédard (Chicoutimi): Dans ce cas-là...
M. Déom: Non, il y a d'autres causes, aussi, qui sont
devant les tribunaux.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous oubliez une chose. Ce n'est
pas seulement une question de "parler".
M. Déom: Voulez-vous me laisser terminer?
M. Bédard (Chicoutimi): Vous êtes ici comme
député et comme législateur au sein de la commission.
M. Déom: Vous intervenez souvent sur la loi 22 quand il y
a des causes devant les tribunaux. A ce moment, c'était illégal.
On vous laisse faire. A l'Assemblée nationale, c'est le rôle du
président. Quand on dit "parler" d'une affaire...
Le Président (M. Brisson): A l'ordre, messieurs!
M. Bédard (Chicoutimi): Vous trouvez que le
président va à rencontre du règlement?
M. Déom: Je n'ai pas à juger de la décision
du président. Je la respecte.
M. Bédard (Chicoutimi): Renseignez-vous auprès du
président.
M. Déom: Quand on dit "parler", ce n'est pas...
Le Président (M. Brisson): Adressez-vous à la
présidence afin d'éviter les dialogues personnels.
M. Déom: M. le Président, quand on dit "parler",
c'est parler. En plus de ça, on dit: Lorsque... On ne dit pas "parler".
Non, la phrase ne se termine pas là. On ne dit pas de "parler d'une
affaire", point. On dit: "Parlez d'une affaire lorsque, dans ce dernier cas,
les paroles prononcées peuvent être préjudiciables à
une personne".
M. Lessard: Vous tronquez, là...
M. Bédard (Chicoutimi): Les études légales,
ça peut aider.
M. Lessard: Vous tronquez. Je regrette, mais vous tronquez...
Le Président (M. Brisson): A l'ordre!
M. Bédard (Chicoutimi): Dans le dernier cas...
M. Lessard: M. le Président...
Le Président (M. Brisson): A l'ordre, messieurs, s'il vous
plaît! Demandez la parole.
M. Lessard: M. le Président...
Le Président (M. Brisson): Est-ce que le
député de Laporte a terminé ses...
M. Déom: Je n'ai pas terminé. Ces messieurs...
M. Lessard: Vous n'avez pas le droit de tronquer...
Le Président (M. Brisson): Veuillez terminer et...
M. Lessard: Lisez le texte au complet.
Le Président (M. Brisson): ... vous rétablirez les
faits après, si ça ne fait pas.
M. Lessard: D'accord!
M. Déom: On dit: Lorsque les paroles prononcées
peuvent être préjudiciables à une personne.
A ce moment, encore une fois là, je finis. Je ne le
répéterai pas. Je l'ai déjà dit on
présume... C'est à vous à décider, d'abord. Je ne
vois pas pourquoi, vous, étant président d'une commission, on
suspendrait la séance pour aller demander une directive. C'est vous qui
êtes président. C'est à vous à faire respecter le
règlement. C'est à vous à décider si on va à
rencontre du règlement, si l'objection du député de
Beauce-Sud va à l'encontre du règlement. Pour moi, "parler" ne
veut pas dire légiférer. "Parler", cela veut dire intervenir en
faveur de l'une ou de l'autre partie, de façon orale.
M. Lessard: M. le Président...
Le Président (M. Brisson): Le député de
Saguenay.
M. Lessard: ... très brièvement, je reviens encore
sur le même point. Je pense que la seule solution serait de suspendre la
séance. Cependant, lorsqu'on cite le règlement, je voudrais bien
qu'on le cite de façon complète, et qu'on ne tente pas de
l'interpréter ou de tronquer le texte. En effet, M. le Président,
l'article 99... Non, je ne prête pas d'intention...
M. Déom: Question de privilège.
M. Lessard: ... mais je vais donner des faits. L'article 99-4 est
très clair et dit tout simplement qu'il est interdit à un
député qui a la parole "de parler d'une affaire qui est devant
les tribunaux, ou devant un organisme quasi judiciaire ou d'une affaire qui est
sous enquête, lorsque, dans ce dernier cas", c'est-à-dire que cela
s'applique à "une affaire qui est sous enquête". "Lorsque, dans ce
dernier cas", et non pas dans les deux autres cas qui ont été
soulevés tout à l'heure, non pas lorsqu'il s'agit "d'une affaire
qui est devant les tribunaux" ou lorsqu'il s'agit d'une affaire qui est "devant
un organisme quasi judiciaire". Mais lorsqu'il s'agit "d'une affaire qui est
sous enquête", à ce moment, "les paroles prononcées peuvent
être préjudiciables à une personne". Dans ces
circonstances, M. le Président, il est interdit, à un
député qui prend la parole, d'intervenir. Mais il est clair que
"préjudiciables" ne s'applique pas pour une affaire qui est devant les
tribunaux ou devant un organisme quasi judiciaire, mais s'applique lorsqu'il
s'agit d'une affaire qui est sous enquête.
M. Veilleux: Pas vrai.
M. Lessard: Actuellement, ce n'est pas le cas, et je vous
indique, je pense, M. le Président, que le député de
Chicoutimi vous a demandé de suspendre la séance, et vous avez le
devoir, parce que c'est très grave... Je le regrette, M. le
Président. Je ne l'avais pas vue, cette possibilité. Je vous
indique que... Il y a beaucoup de précédents qui ont
été créés depuis le début. Je vous indique
que toute décision, dans un sens ou dans l'autre, est très grave
pour la procédure parlementaire à suivre.
Quand il arrive des situations très importantes comme
celle-là, les présidents ont l'habitude de suspendre les travaux,
et de consulter leurs collègues qui sont présidents, d'abord, de
consulter le Président de l'Assemblée nationale, les
vice-présidents et peut-être leurs collègues qui sont
présidents aux commissions parlementaires. Dans ce sens, je pense qu'il
serait de la plus élémentaire prudence pour toute autre personne,
quelle qu'elle soit, que ce soit pour vous ou pour un autre président,
de faire les consultations nécessaires.
M. Saint-Hilaire: M. le Président, j'avais demandé
la parole.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Rimouski.
M. Saint-Hilaire: Avant que je puisse peut-être
moi-même proposer la suspension des travaux pour vous permettre de
discuter...
Le Président (M. Brisson):... C'est une décision de
la présidence.
M. Saint-Hilaire: Peut-on retourner devant la Chambre pour
demander un mandat plus clair de la Chambre, faire amender l'article par la
Chambre et revenir en commission parlementaire?
Le Président (M. Brisson): Vous voulez dire la suspension
du règlement et non amendement au règlement?
M. Saint-Hilaire: Oui. ... je l'ai plaidé.
Le Président (M. Brisson): Le ministre des Affaires
municipales et de l'environnement.
M. Goldbloom: D'abord, je vois un grave danger dans ce que vient
de proposer mon honorable collègue de Rimouski, malgré tout le
respect que j'ai pour lui.
Si nous demandons la suspension d'un article du règlement, c'est
effectivement une façon de trancher la question, parce qu'on
reconnaîtrait que, effectivement, la question n'était pas
tranchée autrement et que l'action de la commission serait
illégale.
Je pense que nous devons statuer sur le fond de la question. J'ai
écouté, attentivement, l'intervention du député de
Chicoutimi, il y a quelques minutes. Il a parlé de la primauté du
pouvoir législatif par rapport au système judiciaire et je pense
que c'est une chose qui est assez largement reconnue, qui doit avoir un sens
pratique et qui doit permettre à la Législature d'agir dans des
situations où un conflit possible entre les deux pouvoirs pourrait
exister.
Il me semble donc qu'il y a une question additionnelle que j'aimerais
ajouter à la liste de quatre que j'ai énoncées. (Je pense
que nous pouvons être d'accord sur le fait que la première
question, à savoir si le problème est, effectivement, devant les
tribunaux, c'est une question artificielle et technique parce que nous le
savons. C'est de notoriété courante que l'affaire est devant les
tribunaux). Ce qui est moins clair: Est-ce que le contenu de ce dont le
tribunal est saisi est le même contenu que nous avons devant nous
aujourd'hui? Cela est moins clair.
Mais la question que j'aimerais poser est par rapport à la
primauté du pouvoir législatif. Puisque nous avons établi
qu'il y a des précédents il y a de nombreux
précédents, c'est très clair est-ce que par rapport
à ces précédents, une action de l'Assemblée
nationale a déjà été contestée devant les
tribunaux parce que l'Assemblée nationale est intervenue, a
légiféré et a tranché une question qui était
déjà devant les tribunaux?
Je pense que la réponse à cette question est non.
M. Bédard (Chicoutimi): Parce qu'elle ne peut être
contestée... parce que vous avez allégué, tout à
l'heure, la primauté du législatif sur le...
M. Goldbloom: Oui, exactement; et pour cette raison, je crois que
nous avons quand même le pouvoir de procéder à un
débat, même si quelque chose est devant les tribunaux. Mais j'ai
déjà exprimé mon avis que nous devrions suspendre nos
travaux pour le temps nécessaire peut-être pour une
quinzaine de minutes, je ne sais pas un temps raisonnable pour la
consultation.
M. Roy: Simplement un mot pour dire que je n'ai pas voulu...
qu'il n'est pas question de discuter, de faire un débat de fond,
à savoir qui a la primauté entre le législatif et le
judiciaire. Ce n'est pas la question. Ce n'est pas de cela dont il a
été question du tout.
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'ai pas dit que c'était
la question. C'est un énoncé de principe.
M. Roy: On a fait un énoncé de principe, d'accord,
mais il y a un article dans le règlement et si le ministre est d'accord,
je pense qu'on devrait suspendre nos travaux...
M. Saint-Hilaire: Le député a-t-il pris
connaissance du bill comme tel?
M. Roy: Oui.
M. Saint-Hilaire: Si vous avez pris connaissance du bill comme
tel, vous avez dû vous apercevoir qu'il n'y a pas grand-chose qui est
devant la cour dans le bill même.
Le Président (M. Brisson): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bédard (Chicoutimi): Quand on dit qu'il n'y a pas
grand-chose, justement, il y en a peut-être un peu plus qu'on pense. Je
ne veux pas reprendre la parole simplement pour venir en contradic-
tion avec le député de Rimouski. Mais lors de la
suspension, M. le Président, je voudrais également attirer votre
attention sur un point que je crois important de considérer au niveau de
la consultation.
On a la connaissance légale de cela. On a le projet de loi devant
nous. C'est le premier paragraphe de l'article 1 où on dit: "Le
territoire suivant est réputé faire partie intégrante du
territoire de la cité de Rimouski, depuis le 24 août 1974, aux
conditions mentionnées au règlement 966 de la cité de
Rimouski,..." Vous pouvez voir, M. le Président, qu'en plus de la
question qu'on se pose concernant l'aspect judiciaire, il y a aussi l'effet
rétroactif de la loi qui nous indique très clairement...
Le Président (M. Brisson): La commission suspend ses
travaux pour quinze minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 16)
Reprise de la séance à 17 h 46
M. Brisson (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
Messieurs de la commission, je dois reconnaître que le
député de Beauce a soulevé un point très
délicat et j'ai entendu des législateurs donner des opinions
différentes. Pour être précis dans la décision que
j'aurai à rendre, je vais suspendre la commission jusqu'à 8
heures et, à huit heures, je rendrai ma décision.
La commission suspend ses travaux jusqu'à huit heures.
(Suspension de la séance à 17 h 47)
Reprise de la séance à 20 h 25
Décision du président
M. Brisson (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
Faisant suite au point soulevé par le député de
Beauce-Sud, je dois dire que la question sur laquelle je dois rendre une
décision en est une des plus importantes, étant donné
qu'elle touche à la souveraineté du pouvoir
législatif.
Permettez-moi de citer, en l'appliquant à notre situation,
Gladstone, dans North American Review, 1878, rapporté dans Beauchesne,
4e édition, page 7: "Un principe capital de la constitution anglaise
moderne veut que la Chambre des communes soit le plus grand des pouvoirs de
l'Etat. La Chambre des communes l'emporte, et de beaucoup, par la force de ses
attributions politiques, sur tout autre pouvoir particulier s'exerçant
dans l'Etat." En un mot, le pouvoir législatif est supérieur au
pouvoir exécutif, en vertu du principe de la responsabilité
ministérielle et du pouvoir judiciaire.
Je voudrais citer brièvement May, 16e édition, page 28,
Parliamentary Practice: "The Constitution has assigned no limits to the
authority of Parliament over all matters and persons within its jurisdiction. A
law may be unjust and contrary to sound principles of Government, but
Parliament is not controlled in its discretion. To adopt the words of Sir
Edward Coke, the power of Parliament is so transcendent and absolute as it
cannot be confined either for causes or persons within any bounds."
Il est reconnu que le Parlement ne peut se substituer directement
à un tribunal pour juger sur le fond le litige devant la Cour, à
savoir qui a raison en l'occurrence entre Rimouski-Est et Rimouski, dans la
cause même qui est devant le tribunal. Ce n'est pas ce que le Parlement
entend faire. S'il se mêle de cette affaire, il le fait à un autre
niveau, en vertu de ses pouvoirs souverains et absolus de
légiférer et ce n'est que par incidence qu'il mettrait fin
à un procès.
Il est évident qu'en vertu de notre constitution, l'AANB, 1867,
article 92, 8e, le Parlement du Québec a juridiction absolue sur les
municipalités du Québec.
Egalement, il est intéressant de citer de nouveau May, même
édition, page 400 où il est dit qu'on ne peut discuter d'une
matière qui est devant une cour pour décision par le biais d'une
motion et non plus par une question, mais que cette règle ne s'applique
pas pour les projets de loi, déduction normale et logique du pouvoir
absolu du Parlement de légiférer.
Finalement, le mandat de cette commission, qui lui vient de
l'Assemblée, est de décider favorablement ou non d'une annexion
d'une municipalité et non pas de décider d'un procès en
particulier. Je crois qu'on peut fort bien discuter des modalités et des
détails de ce projet de loi, sans discuter directement sur le fond du
procès.
Si on doit le faire, ce n'est que par incidence, sans aller au fond du
procès en cours, à savoir si la liste des propriétaires du
territoire annexé est complète ou non.
De plus, quant aux impératifs de l'article 99 du
règlement, il s'agit d'une question d'appréciation, de forme pour
un déroulement convenable des débats, alors que la
souveraineté absolue et totale du Parlement, dans son pouvoir de
légiférer, ne doit souffrir aucune restriction. Il s'agit d'un
principe de fond.
Messieurs, nous allons continuer nos délibérations.
M. Roy: M. le Président, je suis respectueux,
évidemment, de votre décision, parce que, selon un article
très clair de notre règlement, nous devons respecter votre
décision, et elle est finale.
Si j'ai bien compris, parce que je voudrais quand même avoir
compris, bien compris, les dispositions de l'article 99, paragraphe 4, ne
s'appliqueraient pas lors de l'étude de ce projet de loi, à cette
commission.
Le Président (M. Brisson): Comme je l'ai dit à la
fin et c'est bien clair: De plus, quant aux impératifs de l'article 99
du règlement, il s'agit d'une question d'appréciation, de forme,
ou un déroulement convenable des débats alors que la
souveraineté absolue et totale du Parlement, dans son pouvoir de
légiférer, ne doit souffrir aucune restriction.
M. Roy: Si j'ai bien compris...
Le Président (M. Brisson): Nous avons un ordre de la
Chambre de discuter de ce projet de loi. C'est cet ordre que nous allons
suivre. A ce moment, étant donné que nous avons l'ordre de la
Chambre et que c'est un pouvoir absolu qui passe par-dessus l'article 99,
puisque l'ordre vient de la Chambre, cela passe par-dessus un article du
règlement, à ce moment, c'est pour cela que nous allons
procéder sans tenir compte de l'article 99.
M. Roy: Si j'ai bien compris, pour bien résumer, on
procède sans tenir compte des dispositions de l'article 99?
Une Voix: C'est cela.
M. Roy: C'est ce que vous venez de dire, M. le
Président.
Le Président (M. Brisson): Oui, à la condition,
évidemment, qu'on n'aborde pas directement le fond du procès en
cours.
M. Roy: C'est là que j'avais une directive à vous
demander à ce moment-ci. Comment pourra-t-on aborder toute cette
question qui concerne ce projet de loi, aller dans tous les détails?
C'est que nous serons appelés à rendre un jugement,
c'est-à-dire que nous serons appelés à décider, et
la décision que nous allons prendre va être une décision
finale parce qu'il est bien clair que le pouvoir législatif est
supérieur au pouvoir exécutif ou au pouvoir judiciaire, cela tout
le monde l'admet, je pense bien, il n'y a aucune discussion là-dessus.
Alors, comme nous serons appelés à rendre une décision qui
sera tenue pour une décision finale, et cela est la directive que je
demande, quelles seront les limites ou y a-t-il des limites?
Premièrement, y aura-t-il des limites en ce qui a trait aux questions,
aux sujets que nous pourrons discuter, à savoir toutes les questions qui
sont directement, voire indirectement concernées par le présent
projet de loi?
J'aimerais le savoir, à ce moment-ci, car je pense que c'est
fondamental et très important, parce que c'est la première fois
depuis cinq ans que je siège à l'Assemblée nationale que
nous sommes en face d'une situation semblable.
Le Président (M. Brisson): Un projet de loi est une chose
et le droit de parole est une autre chose. Comme le Parlement,
l'Assemblée nationale a un pouvoir absolu, à ce moment-là,
il est évident que si on discute un projet de loi et que, par
inadvertance ou automatiquement, l'adoption de ce projet de loi met fin
à un procès, eh bien, c'est la loi votée par
l'Assemblée nationale qui primera. Evidemment, de cette façon,
nous serons sûrement appelés à parler de certains terrains
ou de certaines nomenclatures de terrains.
M. Roy: Est-ce qu'il y aura des limites? C'est là la
directive que je demande. Y aura-t-il des limites quant aux questions que nous
pourrons poser sur ce projet de loi?
M. Déom: Tu l'as dans ton article...
M. Roy: Bien oui, mais, écoutez un peu, un instant! Je
pense que c'est excessivement important.
M. Déom: On rappellera le député...
M. Roy: II y a des limites ou il n'y en a pas. Si on a à
étudier un projet de loi, on doit en examiner toutes les facettes et
toutes les questions qui s'y rapportent. Est-ce qu'à ce niveau nous
pourrons poser toutes les questions aux procureurs des différentes
parties en cause? Est-ce que nous pourrons aller au fond de la question? Est-ce
que nous pourrons, autrement dit, examiner toutes les facettes du
problème ou y aura-t-il des limites? Ma question est bien
précise.
Le Président (M. Brisson): L'honorable ministre...
Une Voix: Non, ce n'est pas comme cela que cela va marcher.
M. Goldbloom: M. le Président, je ne voudrais pas me
substituer à vous-même, vous êtes l'autorité en la
matière. Je voudrais simplement exprimer un avis par rapport à la
question que vient de poser l'honorable député de Beauce-Sud.
II me semble que si, en rendant votre décision, vous invoquez le
pouvoir souverain de l'Assemblée nationale et de ses commissions
parlementaires, il n'y a vraiment pas de limite quant au débat et nous
pouvons examiner toutes les implications. Autrement, comment pourrions-nous
rendre une décision éclairée?
M. Lessard: Ce n'est pas cela qu'il nous a dit. M. Roy: Ce
n'est pas tout à fait cela...
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je
comprends la préoccupation du député de Beauce-Sud, et je
la partage également, c'est-à-dire, peut-être, de perdre
quelques minutes, au début de la commission, mais de savoir, au moins,
quelles sont les règles du jeu qui vont diriger cette commission au
niveau de la discussion.
Vous nous avez dit, je crois, à un moment donné si
vous me permettez de prendre connaissance de votre jugement vous dites
textuellement: "Finalement, le mandat de cette commission, qui lui vient de
l'Assemblée, est de décider, favorablement ou non, d'une annexion
de municipalités, et non pas de décider d'un procès en
particulier."
Alors, M. le Président, je ne vois pas comment on peut discuter
de l'annexion proprement dite, à savoir si les règles ont
été suivies ou non, sans entrer dans le fond même de la
contestation judiciaire, puisque, pour ceux qui ont eu l'occasion de lire un
peu la documentation qui nous est parvenue, qui ont lu les grandes lignes, les
allégués qui sont apportés dans les procédures
judiciaires pour ceux qui ont fait une contestation, cet élément,
à savoir l'annexion ou les lois prévalant à l'annexion,
par exemple, le nombre et le pourcentage de résidents et de
propriétaires qui doivent signer, la façon, autrement dit, de
faire l'annexion elle-même, est partie à la contestation
judiciaire. La contestation judiciaire porte justement sur des points aussi
fondamentaux que ceux-là.
Je me demande comment...
M. Salnt-Hilaire: A l'article 94-4, aussi, c'est bien
marqué que parler d'une affaire qui est devant les tribunaux...
Le Président (M. Brisson): A l'ordre, messieurs! A
l'ordre, messieurs!
On n'est pas pour commencer à rediscuter ce que nous avons
discuté cet après-midi.
M. Salnt-Hilaire: D'accord!
Le Président (M. Brisson): J'ai rendu ma décision
et, évidemment, étant donné que c'est un cas...
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je
respecte votre décision...
Le Président (M. Brisson): Avez-vous fini?
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, mais ce que je veux
dire...
Le Président (M. Brisson): Bon! Alors, je vais vous
répondre.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne voudrais pas que vous
m'interprétiez mal...
Le Président (M. Brisson: Je vous ai compris.
M. Bédard (Chicoutimi): Je respecte votre décision.
Je veux simplement savoir dans quel corridor on va avoir à
évoluer...
Le Président (M. Brisson): C'est justement ce que j'allais
dire...
M. Bédard (Chicoutimi): ... en soulevant le point tout
à l'heure.
Le Président (M. Brisson): Etant donné que nous
sommes dans un cas assez particulier, je n'ai pas l'intention de limiter le
corridor trop étroitement.
Alors, au fur et à mesure que les débats se
dérouleront je pense que les gens de la commission sont assez
intelligents pour pouvoir faire la part des choses et que des points de
règlement seront soulevés, j'en disposerai.
Pour le moment, le corridor n'est pas étroit. Je serai assez
large, mais je ne peux dire à l'avance quelle décision je pourrai
rendre sur tels points lorsque les points n'ont pas été
soulevés.
M. Leduc: M. le Président, si vous me le permettez. Je
voudrais, tout simplement consigner au journal des Débats ma
déception quant à l'absence des journalistes. Pardon! Il en
arrive un.
Ce que je regrette, c'est qu'ils étaient nombreux au moment
où cette discussion est arrivée, mais ils sont, à
l'exception d'un, absents. Je pense que la décision que vous avez prise
manifeste très bien la recherche que vous avez faite pour en arriver
à cette conclusion. Cela serait peut-être un moyen, pour les media
d'information, de rendre hommage à un président, qui depuis six
heures dix minutes ce soir sans entrer dans des détails, mais
vous comprenez ce que je dis jusqu'à huit heures moins cinq
minutes, s'est attardé en vue d'en arriver à une conclusion qui
est celle que vous avez rendue tantôt.
Quant à la décision, qu'on soit d'accord ou non, cela n'a
aucune espèce d'importance. Chacun des membres de la commission la
respecte. Mais je regrette cette absence des media d'information, sauf la
Presse canadienne qui est ici et qui pourra peut-être vous rendre
hommage, M. le Président, pour le travail que vous avez fait ce
soir.
M. Lessard: Cherchez-vous à retourner à
l'intérieur du Parti libéral?
Le Président (M. Brisson): A l'ordre, messieurs!
M. Leduc: M. le Président, je regrette. Le retour dans le
Parti libéral, face au député de Saguenay...
M. Lessard: Cela n'a aucun rapport.
M. Leduc:... n'a aucune espèce d'importance.
M. Lessard: Quelle relation y a-t-il entre les journalistes et
cette décision?
Le Président (M. Brisson): A l'ordre, messieurs!
M. Lessard: Laissez-nous donc tranquilles!
M. Leduc: C'est contre le "blackbonlaze" que les journalistes
font, face aux députés aussi bien dans le cas du
député de Saguenay que dans le cas des autres
députés.
Le Président (M. Brisson): A l'ordre!
M. Lessard: C'est ridicule, à un certain moment.
Le Président (M. Brisson): A l'ordre, messieurs!
M. Leduc: II y a toujours des limites d'entendre le
député de Saguenay faire de la démagogie.
M. Lessard: Quand vous intervenez, intervenez donc sur des choses
qui ont beaucoup plus de sens que cela.
M. Côté: Comme vous le faites si souvent!
M. Lessard: Les Dasti vont vous conseiller mieux que cela.
Le Président (M. Brisson): A l'ordre, messieurs, s'il vous
plaît! Le calme, s'il vous plaît.
M. Lessard: Ah oui!
Le Président (M. Brisson): On m'a souligné que Me
Henri Grondin, bâtonnier général du Québec,
désirait être entendu en premier lieu. Alors, Me Grondin, s'il
vous plaît.
Je voudrais faire une mise en garde, à ce moment. A l'ordre! Nos
règlements disent qu'une décision du président ne peut
être mise en discussion.
J'inviterais les membres de la commission ainsi que les
représentants à ne pas revenir... ou discuter, dans leurs
mémoires ou dans leurs questions, de la décision qui vient
d'être rendue.
M. Grondin (Henri): M. le Président, messieurs les
ministres, messieurs les membres de la commission, je comprends, au tout
début, que la décision qui a été prise est une
décision qui porte sur la motion du député de Beauce-Sud
et non pas sur les autres points. Est-ce que j'ai bien compris, M. le
Président?
Le Président (M. Brisson): D'accord.
M. Grondin: Alors voici, messieurs. Les membres du comité
administratif du Barreau du Québec, à l'unanimité, m'ont
mandaté pour venir faire devant vous des représentations que nous
considérons absolument importantes à cause des principes en jeu.
Le Barreau a fait parvenir, hier, au premier ministre, au ministre Goldbloom et
au ministre de la Justice, un télégramme dont vous avez
probablement copie et qui se lisait comme suit: "Barreau du Québec
proteste contre projet de loi privé 205, Loi concernant la cité
de Rimouski, qui semble être ingérance directe du pouvoir
législatif dans le pouvoir judiciaire vu cause pendante devant la Cour
supérieure".
Cependant, ce geste ne constitue pas, de la part du Barreau, une prise
de position en faveur de l'une ou l'autre des parties sur le mérite de
la question. Le Barreau, cependant, croit de son devoir d'intervenir au sujet
de ce projet de loi, même s'il s'agit d'un projet de loi privé,
parce qu'il semble représenter une intervention directe du pouvoir
législatif dans une affaire dont le pouvoir judiciaire est
déjà saisi. Le projet de loi, en effet, confirmerait
législativement et de façon rétroactive, s'il était
adopté, le contenu d'un règlement d'annexion dont la
validité fait justement l'objet d'une contestation devant les
tribunaux.
Messieurs, je crois que, dans le cas présent, ce serait la
première fois que, de façon consciente et
réfléchie, l'Assemblée nationale déciderait
d'intervenir parce que je crois que c'est cela sur une question
qui fait présentement l'objet d'un procès. Je vous fais
également remarquer, messieurs, que, dans le cas présent,
l'action n'est pas seulement intentée, la cause a été
entendue il y a déjà quelques semaines, le juge doit rendre son
jugement je ne sais trop quand, mais, enfin, la cause est en
délibéré; il ne reste, si j'ai été bien
informé, que des mémoires à produire d'ici le premier
décembre.
Il s'agit ici également, messieurs, d'un bill privé entre
certaines parties. Il s'agit également, d'autre part, d'une situation
où il y a une action judiciaire.
Cette action judiciaire a été prise par une des deux
cités concernées, celle de Rimouski-Est qui demande, en somme,
à une autre des parties à l'action, le gouvernement du
Québec, parce que je vous fais remarquer messieurs que le procureur
général est également partie à l'action. Donc, il y
a une des parties qui demanderait à une autre des parties, enfin,
à l'Assemblée nationale, au gouvernement du Québec, de
déclarer qu'elle a raison dans son action contre une troisième
des parties, la ville de Rimouski.
En effet, le projet de loi confirmerait qu'une partie du territoire de
la municipalité de Rimouski-Est est réputée faire partie
intégrante du territoire de la cité de Rimouski depuis le 24
août 1974 et ce, aux conditions mentionnées au règlement
966 de la cité de Rimouski. Or, c'est justement la validité de ce
règlement d'annexion qui est contestée, tant pour des motifs
concernant la procédure que pour des motifs de fond par la Corporation
municipale de Rimouski-Est. Dans une
cause qui est pendante, encore une fois, devant la Cour
supérieure du district de Rimouski, l'audition était
terminée le 13 novembre et le juge Vincent Masson a cette cause en
délibéré.
L'article 3 du projet prévoit également l'annexion et ce,
on le dit bien, aux conditions mentionnées au règlement 966 de la
cité de Rimouski, un territoire beaucoup plus vaste que celui qui est
mentionné au règlement 966 qui fait l'objet lui-même
ce règlement d'une demande en nullité devant les
tribunaux. En somme, le Barreau demande aux membres de cette commission de
refuser d'étudier ou à tout le moins de refuser d'adopter le
projet de loi dont il est question, parce que ça constituerait, selon
nous, une ingérance flagrante du pouvoir législatif dans le
domaine judiciaire et que ça priverait les justiciables de leurs recours
normaux devant les tribunaux légalement constitués pour les
entendre et légalement investis des pouvoirs pour en décider.
En somme, je le soumets respectueusement, ce ne serait pas dans ce
cas-ci par inadvertance qu'on attaquerait ou ferait perdre certains droits
à une des parties, droits éventuels, les tribunaux en
décideront, s'ils ont des droits ou non. Mais, dans ce cas-ci, il reste
quand même une chose, c'est que l'effet de votre bill, s'il était
adopté, serait, je m'excuse des termes, d'enlever le tapis en-dessous
des pieds du juge qui a la cause en délibéré. Exactement
ça.
Le Barreau est déjà intervenu dans le passé, en
1971, devant la commission parlementaire de l'Assemblée nationale
à l'occasion de la présentation du projet de loi 96 sur la
célèbre affaire Dasken qui présente avec celle-ci de
remarquables ressemblances. Le Barreau s'était opposé à
l'intrusion du pouvoir législatif, politique, dans le domaine judiciaire
au nom des mêmes principes et de la même justice qu'aujourd'hui. Je
vous ferai remarquer également que, dans ce cas, le comité de la
Chambre avait décidé de référer le bill aux
calendes grecques.
L'intervention du législateur serait ici, selon nous, tout aussi
odieuse qu'elle l'aurait été dans l'affaire Oasken,
peut-être même plus, je le soumets respectueusement, parce qu'au
moins, dans l'affaire Dasken, le jugement était déjà
rendu. Dans ce cas-ci, il n'est pas encore rendu.
Messieurs, en vertu des principes bien établis dans ce pays, dans
cette province, je soumets respectueusement que le législateur ne
devrait pas intervenir, ni avant le jugement ni après, pour donner
raison à l'une ou l'autre des parties, soit pour empêcher une
décision judiciaire, soit encore pour l'anéantir.
Messieurs, soyez convaincus que cette représentation est faite de
bonne part, mais je crois sincèrement que nous sommes vraiment dans une
situation où les principes nous dictent cette règle de conduite
et que le Barreau ne pouvait pas laisser passer cette occasion.
Encore une fois, c'est la première fois, je pense, après
l'affaire Dasken, que, consciemment, l'Assemblée nationale est
appelée à se prononcer sur une situation comme celle-là.
Messieurs, je vous remercie.
Le Président (M. Brisson): Je vous remercie, Me Grondin. Y
aurait-il des questions? Le député de Beauce.
M. Roy: J'aurais une question, s'il vous plaît, à
poser à Me Grondin. Au sujet de ce qui a été
décidé tout à l'heure, il est évident que vous ne
revenez pas sur le fait que l'Assemblée nationale constitue le pouvoir
suprême, autrement dit, que l'Assemblée nationale peut
légiférer dans n'importe quel domaine et intervenir, parce
qu'elle a suprématie sur l'exécutif et sur le judiciaire.
M. Grondin: C'est vrai.
M. Roy: En somme, votre intervention est à ce niveau-ci:
Dans ce cas, l'Assemblée nationale doit-elle intervenir?
M. Grondin: C'est précisément cela. Même si
vous avez le droit de le faire, je pense que ce serait extrêmement
dangereux que vous le fassiez, parce que, si l'Assemblée nationale
donnait suite au projet de loi, cela signifierait, messieurs, que,
dorénavant, les citoyens ne pourraient plus prendre des actions, aller
plaider devant les tribunaux. Et une fois que la cause serait plaidée,
ils pourraient toujours risquer que l'une des parties au procès vienne
devant l'Assemblée nationale, après la cause c'est cela
ici dépose un projet de loi et dise: Messieurs, voudriez-vous,
s'il vous plaît, nous dire, par une loi, que nous avions raison dans
notre procès, parce que le juge n'a pas encore décidé.
C'est cela qui nous fait peur.
M. Roy: En somme, vous estimez qu'étant donné qu'il
y a des centaines et des centaines de procès de ce genre intentés
par les différentes municipalités, c'est-à-dire par des
citoyens vis-à-vis des différentes municipalités de la
province, il y a le danger, d'après vous, que le précédent
établi dans ce cas en vienne à mettre en tutelle, en quelque
sorte, les tribunaux de droit commun.
M. Grondin: Certainement. C'est exactement cela. Nous avons
vraiment peur que cela crée un précédent très
grave, de sorte qu'une des parties qui, pour une raison ou pour une autre,
préférerait ne pas attendre la décision judiciaire,
pourrait s'adresser à l'Assemblée nationale et demanderait
d'adopter une loi, pour lui donner satisfaction. Je ne me prononce pas ici sur
le bien-fondé du projet de loi. Je dis: Ecoutez, la cause est pendante
devant les tribunaux.
M. Roy: Cela pourrait également établir une
jurisprudence qui pourrait servir dans d'autres cas.
M. Grondin: C'est cela.
M. Roy: Par exemple, j'écoutais le député de
Rimouski qui demandait de nommer d'autres cas dans la province où il y a
des procès qui sont intentés contre les municipalités. Je
pense que la région de la Beauce est quand même assez
connue pour ses procès de fossés de ligne et de limites
territoriales et autres.
M. Déom: Beauce-Sud.
M. Roy: Je n'ai pas à donner de détails
là-dessus. Cela veut dire que, s'il y avait, à un moment
donné, une municipalité qui décidait d'user des
mêmes prérogatives que celles qu'emploie actuellement une ville,
entre autres celle de Rimouski, cela pourrait servir de jurisprudence à
d'autres municipalités qui abonderaient dans le même sens, et qui
pourraient, autrement dit, procéder de la même façon.
M. Grondin: C'est cela. Encore une fois, ici, le
dépôt du projet de loi est postérieur à l'action
judiciaire. Il est même postérieur à l'audition, enfin, la
date mentionnée ici semble postérieure à celle de
l'audition. A tout le moins, il est sûrement postérieur au
commencement des procédures.
M. Roy: Les procédures auraient été
intentées... L'avez-vous en main?
M. Grondin: J'ai la copie de la déclaration aussi. Le bref
est daté du 25 mars 1975.
M. Bédard (Chicoutimi): Je pense qu'il est clair que, dans
ce cas, on n'assiste pas à la situation d'un individu ou d'un organisme
qui aurait décidé de prendre des procédures judiciaires
après le dépôt du projet de loi de manière
simplement à mettre des bâtons dans les roues mais qu'au
contraire, les procédures judiciaires avaient été prises
préalablement. C'est par après que le projet de loi a
été déposé.
M. Grondin: C'est plutôt l'inverse, monsieur. C'est une des
parties qui, après l'institution de l'action, décide de
s'adresser à vous pour avoir gain de cause.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est ce que je vous dis. C'est
par après que le projet de loi a été
déposé.
M. Grondin: C'est cela.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Laporte.
M. Déom: Juste un certain nombre de questions. Vous avez
dit que le procureur général était partie. Y a-t-il une
différence entre une mise en cause et une partie?
M. Grondin: Le procureur général a comparu par
avocat. Son avocat était présent au procès, à ce
qu'on me dit.
M. Déom: Je vous demande du point de vue strictement
juridique. Une mise en cause, est-ce une partie à un procès?
M. Grondin: Une mise en cause c'est une partie à un
procès.
M. Déom: C'est correct.
M. Grondin: Oui, c'est une partie à un procès, bien
sûr.
M. Déom: Le procureur général, selon vous,
c'est le législatif ou l'exécutif?
M. Grondin: Je dis que, de toute façon, le gouvernement du
Québec, représenté par le procureur général,
était mis en cause dans cette procédure et que les trois parties
se retrouvent en somme ici, mais dans des situations différentes.
M. Déom: Ce n'est pas cela que je vous demande. Je vous
demande si le procureur général fait partie de l'exécutif
ou du législatif?
M. Grondin: Oui, je suis d'accord avec vous.
M. Déom: C 'est le pouvoir exécutif qui est mis en
cause, non pas le pouvoir législatif.
M. Grondin: Je suis d'accord avec vous, M. Déom. J'ai dit
tout à l'heure, à la question de monsieur, que,
légalement, vous avez le droit d'adopter le projet de loi, parce que
l'Assemblée nationale est souveraine, mais je soumets respectueusement
que ce serait dangereux de le faire. C'est tout.
M. Déom: Je continue votre exemple. Supposons que
l'exemple que vous avez donné, soit une personne qui s'adresserait
à l'Assemblée nationale après un procès pour faire
renverser la décision du juge...
M. Grondin: C'est l'affaire Dasken.
M. Déom: Supposons que cela arriverait, est-ce que ce
n'est pas normal, d'après vous?
M. Grondin: Non.
M. Déom: L'Assemblée nationale est
l'émanation de la volonté du peuple.
M. Grondin: M. Déom, que l'Assemblée nationale
règle une...
M. Déom: Est-ce que... M. Grondin: Excusez-moi.
M. Déom: Si elle décide majoritairement que telle
affaire sert le bien commun, est-ce que ce n'est pas normal, en
démocratie, d'après vous?
M. Grondin: Non. Si vous me posez une question, encore une fois,
je ne veux pas entrer sur le mérite de la présente cause.
M. Oéorn: Non, on parle en général.
M. Grondin: Mais je pense ceci: Si l'Assemblée nationale
veut intervenir, elle doit le faire pour l'avenir; mais, ici, je vous ferai
remarquer qu'on demande de dire qu'une partie de la ville de Rimouski-Est est
réputée faire partie de la ville de Rimouski, depuis le 24
août 1974. Cest cela qui est contesté par l'action.
En somme, on vous demande de décider qui a raison dans le
procès. Je ne parle pas pour l'avenir, c'est pour le passé. Si
vous faisiez droit au bill, cela voudrait dire que, nonobstant les
procédures, depuis le 24 août 1974, une partie de Rimouski-Est est
vraiment annexée, parce qu'on dit ici: Le territoire suivant est
réputé faire partie de la ville de Rimouski, depuis le 24
août 1974.
M. Déom: Seulement une dernière question. Pourquoi
le Barreau n'est-il pas intervenu dans l'affaire de la ville de
Montréal, en 1972?
M. Grondin: A l'époque, je n'étais pas
bâtonnier. Je ne sais pas si le Barreau a été
prévenu. Je sais que le Barreau est intervenu en 1971 dans l'affaire
Dasken qui présente des similitudes avec la présente affaire. A
mon avis, c'était, comme je l'ai dit, moins grave, parce que le jugement
était déjà rendu; enfin, moins grave, il y a cette nuance
vous l'apprécierez alors qu'ici il n'est même pas
encore rendu. C'est la seule nuance qu'on peut faire entre les deux.
Dans l'affaire Dasken, l'Assemblée nationale avait
décidé de renvoyer le projet de loi aux calendes grecques, comme
je l'ai dit tout à l'heure.
M. Déom: C'était quoi Dasken, des individus ou des
comptes publics?
M. Grondin: C'était la ville de Hull qui était en
procès relativement à la construction d'un immeuble qui aurait
été construit en contravention des règlements de zonage de
la ville de Hull. Ils s'étaient adressés, à ce moment, aux
tribunaux... c'est-à-dire, certains propriétaires
s'étaient adressés aux tribunaux pour avoir une injonction
empêchant la continuation des travaux. Une fois l'injonction
accordée et même confirmée par la Cour suprême, la
ville de Hull, si ma mémoire est toujours bonne, s'était
adressée à cette commission-ci pour demander de permettre quand
même la continuation des travaux, même si le jugement était
rendu.
Le Président (M. Brlsson): L'honorable ministre.
M. Grondin: Le pouvoir législatif aurait pu le donner
légalement, comme je l'ai dit tantôt, mais il s'en est abstenu.
C'est pourquoi, le Barreau a considéré qu'il était de son
devoir de vous faire cette mise en garde, messieurs. Evidemment, c'est vous qui
êtes souverains, comme je l'ai dit tout à l'heure, mais je pense
que ce serait vraiment créer un précédent dangereux en
adoptant ce projet de loi à cause des principes qu'il met en cause.
M. Goldbloom: Me Grondin, vous avez, dans votre mémoire,
dans votre présentation et dans vos réponses aux questions,
invoqué plusieurs fois l'affaire Dasken. Pour rafraîchir ma
mémoire, quel a été le résultat éventuel de
cette situation? Est-ce qu'un projet de loi a été adopté
effectivement?
M. Grondin: Non, il n'y a pas eu de projet de loi. Comme je vous
l'ai dit, il y avait une injonction d'émise et, par la suite, la cause a
continué sur le fond; elle est montée jusqu'à la Cour
suprême et la Cour suprême a ordonné la démolition de
l'immeuble.
M. Lessard: II y a eu une tentative d'un projet de loi et vous
l'avez rejeté par la suite, c'est-à-dire que vous l'avez
envoyé aux calendes grecques. Justement, des pressions du Barreau ainsi
que des...
M. Grondin: Du Barreau.
M. Lessard: ... pressions de l'Opposition qui refusait de...
M. Goldbloom: Bon, très bien! Une Voix: On parle des
trois...
M. Goldbloom: Je voulais, M. le Président, établir
certains faits plutôt que d'aborder une question politique. Me Grondin,
je regarde autour de moi, autour de la table, et je constate que, sur les
quinze députés environ, qui sont ici présents, il n'y a
que deux avocats. Il n'y a qu'un avocat qui est membre de la commission
parlementaire. Est-ce que je peux vous demander de nous aider à
comprendre un peu plus précisément et je reviens à la
deuxième question que j'ai définie en examinant le contenu du
problème? Est-ce que le litige qui est devant les tribunaux porte
exactement sur le même contenu, sur la même matière, que
celui du projet de loi que nous avons devant nous? Est-ce que le litige porte
sur le fond ou sur la forme des technicités? En êtes-vous
informé? Peut-être ne l'êtes-vous pas.
M. Grondin: Oui, j'ai fait une vérification.
Effectivement, ce qui est contesté devant les tribunaux c'est la
légalité, en somme, du règlement d'annexion, le fameux
règlement 966. De deux choses l'une, ou bien la ville de Rimouski-Est a
raison de contester ou elle a tort de contester. Si elle a tort de contester,
le jugement que le juge Masson va rendre, normalement, c'est qu'effectivement
cette portion de territoire, qui fait actuellement partie de la ville de
Rimouski-Est, ferait partie de Rimouski depuis, effectivement, le 24 août
1974. Si, d'une part, on donne tort à la demande de Rimouski-Est, ce qui
est prévu à l'article 1 de la loi va être obtenu, et si,
d'autre part, la ville de Rimouski-Est a raison, eh bien, le jugement du juge
Masson serait de contredire ce qui est demandé à l'article 1. Il
y a effectivement, par
ailleurs, l'article 3 où, dans le projet de loi, ici, on demande
une annexion supplémentaire de territoire. Mais, on demande cette
annexion supplémentaire de territoire aux mêmes conditions que
celles qui sont prévues dans le règlement 966, lequel
règlement fait également l'objet d'une contestation. Est-ce
suffisamment clair?
M. Goldbloom: Me Grondin, il y a deux questions qui me viennent
à l'esprit. La première procède de celle que je viens de
vous poser. Est-ce que le litige porte sur l'opportunité de l'annexion
et sur la validité légale, question de propriété
des terrains, etc? Ou, est-ce que le litige porte sur la liste des
contribuables qui...
M. Grondin: M. le ministre, j'ai lu, la déclaration. Je
n'ai pas assisté au procès, mais je sais au moins une chose,
c'est que, encore une fois, si la ville de Rimouski gagne son procès
elle n'a plus besoin du projet de loi. Si elle perd son procès, elle a
besoin du projet de loi. Mais, elle n'attend pas la décision, elle vous
demande de trancher. C'est cela qui est demandé. Les raisons pour
lesquelles Rimouski-Est conteste, elles sont évidemment
mentionnées à la déclaration, mais, personnellement, je
n'en sais pas plus long.
M. Goldbloom: Je me suis peut-être mal exprimé.
Est-ce que ce qui est demandé dans le projet de loi en territoire
à être annexé est identique à ce qui faisait l'objet
de l'autre procès?
M. Grondin: Oui, pour l'article 1. Non, pour l'article 3. Est-ce
bien cela messieurs? Je demande aux messieurs de la ville de Rimouski de
confirmer si j'ai raison, parce que là, je ne veux pas vous conter des
mensonges.
M. Denault (Yvon): Je ne peux pas du tout être d'accord
avec le bâtonnier sur la similitude qu'il voit entre la cause de Dasken
et la présente cause.
M. Grondin: Ce n'est pas cela qu'il demande. Le territoire...
L'article 1...
M. Denault: L'article 1 vise le même territoire que celui
qui fait l'objet des procédures.
M. Grondin: C'est ça. L'article 3, non... M. Goldbloom:
Oui, mais...
M. Grondin: ... mais l'article 3 demande de l'annexer aux
conditions de 1966; c'est ce règlement qui fait l'objet des
procédures.
M. Goldbloom: Oui. Maintenant, mon autre question, Me Grondin.
Tout à l'heure, vous avez réagi assez vivement contre un aspect
du projet de loi qui est sa rétroactivité.
M. Grondin: Oui.
M. Goldbloom: Si je vous comprends bien, vous faites allusion
à la rétroactivité pour dire: C'est de cette façon
que le projet de loi et donc l'action possible de la commission parlementaire
portent atteinte à ce que fait le tribunal.
Est-ce que je comprends bien cela? Je voudrais comprendre dans quelle
mesure le problème réside dans la rétroactivité et
dans quelle mesure c'est un problème encore plus global.
M. Grondin: Oui, cela réside dans la
rétroactivité, mais il n'y a pas que cela. C'est plus global que
cela. Bon! Je vais m'expliquer maintenant.
En ce qui concerne la question de la rétroactivité, je
vous souligne que dans l'article 1 du projet de loi, quand on dit que le
territoire suivant est réputé faire partie du territoire de la
cité de Rimouski depuis le 24 août 1974, c'est exactement cette
question qui fait l'objet du procès, puisque la ville de Rimouski-Est
conteste la validité du règlement d'annnexion. En somme,
Rimouski-Est dit: Ce territoire n'est pas validement annexé. Si vous
décidez qu'il l'est validement, le juge n'a plus rien à
décider. C'est ce qui est devant lui actuellement.
Deuxièmement, même si votre projet de loi disait: On
annexe, à partir de demain matin, pas depuis le 24 août 1974, mais
à partir de demain matin, on décide d'annexer cette partie de
territoire, là encore, je soumets qu'on viole certains principes, parce
que cette cause n'est pas réglée, n'est pas
décidée. A ce moment, tant et aussi longtemps qu'on conteste le
règlement d'annexion de la ville de Rimouski, tant que cette question
n'est pas finalement réglée, je soutiens qu'on décide de
mettre fin à un litige qui continue dans le temps, si on peut dire, en
ce sens que ce qui est contesté par les gens de Rimouski-Est, c'est tout
le règlement d'annexion 966.
M. Goldbloom: Me Grondin, vous avez quand même fait une
distinction qui, à mon sens, est très importante, entre l'aspect
du projet de loi qui est rétroactif et l'opportunité d'intervenir
pour décréter quelque chose.
Il est vrai que nous ne connaissons pas en ce moment le jugement que
pourra rendre l'honorable juge Masson. Mais il arrive, par exemple, que le
gouvernement obtienne de l'Assemblée nationale l'adoption d'une loi ou
l'approbation d'un règlement, et que, devant les tribunaux, que ce soit
dans le domaine de la protection de l'environnement ou dans le domaine de
l'impôt sur le revenu, par exemple, une cause est entendue, et, par la
suite, est battue, c'est-à-dire que le gouvernement n'a pas gain de
cause, et le tribunal juge que la loi ou le règlement n'a pas son
application de la façon que voulait le législateur.
A ce moment, le législateur retourne devant l'Assemblée
nationale, ferme ce passe-droit et dit: Dorénavant, puisque nous avons
perdu, ce n'est plus comme cela. Nous avons souvent vu des gouvernements,
peut-être davantage au niveau fédéral, qui, devant des
procès intentés par des particuliers ayant perdu sur une question
d'impôt ou du droit d'imposer de telle ou de telle façon, sont
revenus à la charge et ont changé la loi.
II me semble qu'il y a possibilité pour le législateur
d'agir de cette façon, de dire: C'est dommage, mais même si les
tribunaux n'ont pas trouvé que c'était à
l'intérieur, que c'était conforme aux pouvoirs qui existaient
déjà, on peut arriver, corriger cela et prendre une
décision différente.
M. Grondin: Je pense que si la cause pendante devant les
tribunaux était réglée d'une façon ou d'une autre
et qu'on venait devant vous avec un projet de loi pour décider du futur
seulement, une fois la cause réglée, je comprends bien qu'elle
soit réglée par jugement ou par convention entre les parties
intéressées, si, à partir de ce moment, on venait devant
vous avec un projet de loi pour dire: Maintenant que cela est
réglé, pour l'avenir, on demande l'annexion par voie
législative plutôt que par règlement, M. le ministre, je ne
serais pas ici, parce qu'on ne serait pas en train de décider d'une
question qui fait l'objet des pouvoirs judiciaires.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Autrement dit, le passé est
entre les mains du juge qui a la cause, à l'heure actuelle, entre les
mains du pouvoir judiciaire.
M. Grondin: C'est cela.
M. Bédard (Chicoutimi): N'y touchons pas. D'accord? Et si
l'Assemblée veut légiférer, comme c'est son droit, elle
doit le faire en fonction de l'avenir et, dans ce sens, vous dites qu'il y a,
dans ce projet de loi, des éléments qui règlent le
passé, qui, autrement dit, sont entre les mains du pouvoir judiciaire,
entre autres, l'article I, qui fait état du caractère
rétroactif du projet de loi, et également l'article 3 qui, dans
sa formulation, se réfère aux conditions mentionnées dans
un règlement qui est le règlement 966 qui, lui, fait partie
également du passé.
M. Grondin: C'est cela, règlement qui est
contesté.
M. Bédard (Chicoutimi): Qui est contesté. Si, dans
ce projet de loi, on enlevait l'aspect rétroactif, c'est-à-dire
la première partie de l'article I et si, au troisième paragraphe,
plutôt que de se référer aux conditions mentionnées
au règlement 966, on si référait aux conditions qui sont
les suivantes en les énumérant dans le projet de loi sans aucune
référence au règlement 966, à ce moment,
l'Assemblée nationale légiférerait tout simplement pour
l'avenir.
M. Grondin: Elle légiférerait pour l'avenir, sauf
qu'elle changerait quand même les règles du jeu par rapport
à la situation présente, qui est actuellement devant les
tribunaux.
Je pense que, tant qu'il y a un litige devant les tribunaux,
l'Assemblée nationale devrait s'abstenir et attendre le règlement
du litige avant de trancher. C'est l'opinion que j'ai comme
bâtonnier...
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
M. Grondin: ... mais j'admets avec vous que cela serait beaucoup
moins grave.
M. Bédard (Chicoutimi): Prenons une chose à la
fois. Si on fait les deux amendements dont je viens de parler, concernant
l'article 1 et l'article 3, à ce moment, vous êtes d'accord au
moins sur un point, c'est qu'on légifèrerait pour l'avenir.
M. Grondin: Vous légiférez pour l'avenir, mais, par
contre, vous changez les règles du jeu qui sont actuellement à se
discuter devant la cour et vous n'attendez pas que la cour décide que
les règles du jeu sont de telle ou de telle façon. Vous dites: On
n'attend pas le jugement. Pour l'avenir, elles seront ainsi. C'est cela que
vous direz pour l'avenir.
J'admets que c'est moins grave que de décider,
rétroactivement, par rapport à ce qui fait l'objet de la cause,
oui, mais il reste un point. Il ne faudrait quand même pas
décider...
M. Bédard (Chicoutimi): Non.
M. Grondin: ... que le règlement est valide. C'est le juge
qui doit décider.
M. Bédard (Chicoutimi): Quant à votre
deuxième partie de l'argumentation, chacun peut avoir son idée
là-dessus, a le droit à son appréciation, et je respecte
la vôtre, mais sur ce que je voulais savoir, il me semble que vous avez
répondu par l'affirmative, qu'à partir du moment où on
fait les deux amendements dont j'ai parlé, nous
légiférerons pour l'avenir.
M. Grondin: Oui, mais je ne voudrais pas qu'on dise, par exemple
je ne voudrais pas, je m'exprime peut-être mal je ne
souhaiterais pas que l'on dise, par un projet de loi, que le règlement
d'annexion est valide, parce que seul, le juge a à le
décider.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est pas nécessaire de
dire cela.
M. Grondin: On se comprend bien. Ni même que le
règlement est vraiment en vigueur à partir de demain matin.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous dites simplement... Il n'est
pas question de le rédiger, c'est surtout l'esprit de l'amendement qu'on
essaie de trouver. Au lieu de dire "le territoire suivant est annexé au
territoire de la cité de Rimouski, aux conditions mentionnées au
règlement 966 de la cité de Rimouski", on pourrait dire: "le
territoire suivant est annexé au territoire de la cité de
Rimouski aux conditions suivantes" et on les énumère.
M. Grondin: A ce moment-là, il ne m'appartiendrait plus
d'intervenir. Ce serait aux parties de décider s'il est opportun ou non
d'approuver le projet de loi à cause des faits eux-mêmes.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: J'ai une question additionnelle à poser, parce que
j'ai entendu murmurer cela par mes collègues en face de moi. On dit
ceci: Supposons que la ville de Rimouski-Est perd sa cause c'est une
question qui est hypothétique, vous me direz et
qu'immédiatement, elle va en appel. Quelle serait la position du Barreau
à ce moment-là? Il y aurait quand même un jugement qui
viendrait d'être rendu, mais il y aurait un appel devant une
autorité supérieure. Quelle serait alors la position du
Barreau?
M. Grondin: Elle serait exactement la même puisque le
jugement de première instance serait contesté et c'est vrai qu'on
peut aller en appel, éventuellement jusqu'à la Cour suprême
si la Cour suprême donne la permission d'appeler. Mais remarquez
qu'à ce moment-là, ce qui serait en litige, c'est
précisément ce qui fait l'objet de l'action elle-même,
c'est-à-dire la validité du fameux règlement 966.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est cela. On ne porterait pas de
jugement de valeur, pour autant qu'on fait les amendements nécessaires,
ni sur l'aspect du passé, le caractère rétroactif, ni sur
la valeur légale du règlement no 966.
M. Grondin: C'est cela. En somme, si j'ai bien compris M. Roy, il
demande si le Barreau interviendrait encore si la cause était en appel
et que vous vouliez ici adopter un projet de loi pour valider le
règlement 966. Je vous répondrais: Oui, on interviendrait si le
projet de loi visait à faire valider un règlement et pour le
passé et pour l'avenir. Dès que vous validez un règlement,
on dirait: Messieurs, je regrette, mais je pense que vous intervenez dans
quelque chose qui est judiciaire lorsque vous voulez valider un
règlement qui fait l'objet d'une instance judiciaire, d'un
procès.
M. Roy: Mais, à ce moment-là, il y aurait quand
même déjà un jugement de rendu.
M. Grondin: Mais il ne serait pas final. Il peut y en
avoir...
M. Roy: Non, il ne serait pas final, mais, quand même, on
pourrait dire, à ce moment-là, que quant à
l'Assemblée nationale du Québec, il y aurait quand même un
élément de plus dans le dossier, un élément que
nous n'avons pas à ce moment-ci puisqu'il y aurait un jugement de
première instance qui serait rendu.
M. Grondin: Ce serait une opinion d'un juge, évidemment.
Ce serait un premier jugement, mais je pense que le Barreau interviendrait
quand même parce que la cause ne serait pas terminée, ne serait
pas vidée par les tribunaux, si toujours le projet de loi visait, comme
c'est le cas présentement, à valider le règlement 966 et
à dire que le tout est annexé depuis le mois de juillet 1974.
C'est parce qu'on parle de deux situations. Le député de
Chicoutimi, M. Marc-André Bédard, m'a tout à l'heure
questionné sur une éventualité où le projet de loi
serait amputé de certains articles ou de certaines phrases, mais je
comprends que vos questions se situent dans le cadre du projet de loi tel qu'il
est présenté et non pas d'un projet de loi modifié.
M. Roy: Tel que présenté, c'est cela.
M. Goldbloom: Me Grondin, je trouve que vous avez fourni un
éclairage extrêmement utile sur le problème qui nous
confronte et vous avez fait une distinction. Vous avez mis en relief le
problème causé par la nature rétroactive de certains
éléments du projet de loi et vous avez ajouté que vous
trouvez que ce serait regrettable que l'Assemblée nationale n'attende
pas le jugement du juge Masson avant de prendre une décision. Mais,
quand même, vous faites une distinction entre ces deux
considérations et vous reconnaissez que, quel que soit le gagnant, par
le verdict du juge Masson, une situation existerait à ce moment
où l'Assemblée nationale pourrait vouloir intervenir par un
projet de loi, pas pour se prononcer sur le passé et sur le litige dont
doit traiter le juge Masson, mais pour décider quelque chose.
M. Grondin: En somme, M. le ministre, ce à quoi on a
objection, c'est que vous tranchiez une question qui fait l'objet d'une
décision judiciaire, que vous validiez ce qui est contesté.
M. Goldbloom: Oui.
M. Grondin: Je pense que c'est clair. C'est à cela qu'on a
objection.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous voulez qu'on laisse la cause
entre les mains du juge Masson.
M. Grondin: C'est ça.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais qu'on ne lui en donne pas
plus que ce qu'il a entre les mains à l'heure actuelle.
M. Grondin: Cela, c'est...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous comprenez la distinction?
Le Président (M. Brisson): Messieurs, le
député de Beauce-Nord, si la commission n'a pas d'objection
à ce qu'il prenne la parole.
M. Sylvain: C'est ça.
M. Roy: Mon collègue, voisin et ami. D'ailleurs, II s'en
vient, en troisième.
M. Sylvain: Merci de votre permission et de votre consentement,
d'abord. Je comprends assez les impératifs pour lesquels vous vous
présentez devant la commission. Qu'est-ce qu'il y a?
Le Président (M. Brisson): A l'ordre, messieurs, ne
gâtez pas votre affaire.
M. Lessard: J'espère que vous ferez la même chose
lorsqu'un député de l'Opposition parlera à
l'Assemblée nationale et vous demandera quelques minutes de plus.
Des Voix: On l'a toujours fait.
M. Sylvain: Est-ce que vous avez quelque chose à me
reprocher quand vous êtes Intervenu sans consentement?
M. Lessard: A vos collègues... M. Sylvain:
Là...
Le Président (M. Brisson): Est-ce que le
député de Beauce-Nord a des questions à poser à Me
Grondin ou non?
M. Sylvain: J'en ai, mais qu'ils me laissent la paix, je vais les
poser, un instant.
Le Président (M. Brisson): Posez-les.
M. Sylvain: Je comprends que vous interveniez pour le Barreau
face à des questions aux ordres impératifs et à des
questions de principe, d'ingérance du législatif dans le domaine
judiciaire. Si Rimouski-Est ou Rimouski c'est une opinion tout à
fait personnelle avait raison, quelle que soit l'issue du procès
devant la Cour supérieure, il est fort possible que ces causes ou cette
cause aille, de la part de l'une ou de l'autre des municipalités, en
appel. C'est une présomption que je tire.
Si on se fie toujours à ce principe de non-intervention de l'Etat
ou du législatif dans une cause pendante, qui est même entendue
devant la Cour supérieure, vous ne trouvez pas, d'autre part, que
même en reconnaissant le principe qui est à la base de votre
intervention, il faut examiner, quant à nous, étant donné
les délais possibles du règlement judiciaire entre les deux
municipalités, les motifs premiers et principaux qui poussent la
cité de Rimouski à faire cette demande par le projet de loi no
205. Si, à chaque fois qu'un organisme ou des organismes ou un individu
vis-à-vis d'un organisme ou une corporation avait à attendre...
je donnerai l'exemple suivant: Si c'était une question de vie ou de
mort, s'il y avait des règlements d'une corporation qu'elle ne mettrait
pas en vigueur, qu'elle n'accepterait pas et qu'elle serait poursuivie par un
individu où il y aurait un danger... encore, s'il y avait pour nous des
motifs d'ordre pu- blic d'intervenir, est-ce que vous pensez qu'on devrait
attendre que toutes les instances se soient prononcées avant une
intervention possible de l'Etat?
Est-ce que, pour nous éclairer, vous convenez, enfin, que pour
être éclairé sur le sujet, avant de décider
d'intervenir ou non, si on ne devrait pas savoir aussi si c'est pour des motifs
d'ordre public qui pousseraient quand même l'intervention
indépendamment de la cause qui est pendante... est-ce que vous ne
trouvez pas que ces motifs sont aussi à connaître et pas seulement
la question des grands principes?
M. Grondin: Voici, M. le député, tout d'abord je
vous fais remarquer qu'ici, c'est un projet de loi privé, c'est la Loi
concernant la cité de Rimouski, c'est elle qui demande de
légiférer vis-à-vis d'elle. Dans le cas présent, ce
qu'elle demande, c'est de vous faire rendre une décision à la
place du juge. Peu importe les motifs qu'elle peut avoir pour dire que c'est
urgent, je soumets qu'on doit laisser décider les tribunaux sur une
question qui leur est soumise et tant que la cause est devant les tribunaux, je
soumets que l'Assemblée nationale ne devrait pas intervenir.
Quant à votre question hypothétique, à savoir si
une personne prenait cela, c'est une question fort hypothétique, et je
pense que ce soir je peux difficilement y répondre. Ce à quoi je
peux répondre ce soir c'est ceci: Est-ce que le bill, lui-même,
tel que rédigé ici, viole des principes? Je soumets que oui, au
nom du Barreau, en ce sens qu'on demande, en somme, à l'Assemblée
nationale de décider de ce que le juge Masson aura à
décider.
Evidemment, si vous légiférez de façon
différente, j'aurais peut-être beaucoup moins d'objection dans les
circonstances. C'est à ce qui est devant vous que je m'attaque et non
pas à des projets éventuellement modifiés.
M. Sylvain: J'ai une deuxième question, M. le
Président.
Me Grondin, vous avez l'exprérience peut-être de ce genre
de causes, et surtout des délais qu'on prend souvent à
régler ces causes, surtout entre deux municipalités voisines.
D'après vous, avec tous les pouvoirs que la loi offre aux
municipalités et avec tous les appels possibles dans un tel cas, est-ce
que cela veut dire que, si l'Assemblée nationale avait à
attendre, par exemple, après trois, quatre ou cinq ans,
indépendamment de l'urgence, parce que nous sommes toujours sur la
question de principe, indépendamment de ce projet de loi et du fait
qu'elle juge la question d'intervention comme urgente, on ne devrait pas
intervenir?
M. Grondin: II faut se comprendre sur la façon
d'intervenir. Si votre façon d'intervenir est de légaliser ce qui
est contesté, je m'objecte.
Si votre façon d'intervenir est de créer une situation
nouvelle et différente à l'avenir, ce serait bien
différent.
M. Goldbloom: M. le Président, je pense que la situation
est très claire. Je pense que Me Grondin l'a rendue claire. Il nous a
aidés à voir beaucoup mieux ce que nous avons devant les yeux.
Mais, si je comprends, son objection majeure porte sur les allusions, dans le
projet de loi, au règlement no 966 de la cité de Rimouski et que,
si nous faisions disparaître ces allusions, son objection majeure
tomberait. Il lui resterait certaines objections. Il préférerait
que nous attendions, de toute façon, le jugement du juge Masson, mais il
reconnaît que le pouvoir existant, nous pouvons regarder les deux
hypothèses.
Nous pouvons présumer, d'un côté, que le juge Masson
rende son jugement en faveur du village de Rimouski-Est, l'autre
hypothèse serait un jugement en faveur de la cité de Rimouski.
Nous pourrions dire, dans un cas comme dans l'autre, que nous voudrions adopter
un projet de loi qui, pour l'avenir, établirait un état de fait
différent de ce qui existe présentement. Cela serait possible. Ce
ne serait pas un manque de respect à l'endroit du juge Masson de dire,
dans un cas comme dans l'autre: On voudrait régler le problème
une fois pour toutes.
M. Grondin: Si je comprends bien, M. le ministre, vous envisagez
une situation où le juge Masson ne perdrait pas juridiction, où
il pourrait encore rendre sa décision. Il rendrait sa décision
et, deuxièmement, pour la question d'avenir seulement, vous
légiféreriez et, pour l'avenir seulement vous ne
légaliseriez pas le règlement no 966 qui est contesté,
mais vous légiféreriez de façon autonome ou
indépendante du règlement no 966.
M. Goldbtoom: D'accord, mais, M. le Président, je pense
que nous nous rendons à une nouvelle étape dans notre travail et
que nous devons prendre acte d'une chose, soit que le projet d'annexion, qui,
un peu indirectement, parce qu'il s'agit d'un problème technique, fait
l'objet de la décision que devra rendre le juge Masson, n'est pas le
même projet, ne vise pas le même territoire exactement que ce qui
est visé dans ce projet de-loi. Il me semble que nous avons devant nous
trois articles avec donc trois descriptions techniques. Dans le passé,
quand nous avons eu affaire à un problème de cette nature, nous
avons, à cette commission parlementaire, pris cinq minutes, en
suspendant le travail formel de la commission, pour regarder la carte, pour
savoir visuellement de quoi il s'agissait exactement.
J'aimerais, M. le Président, vous suggérer que nous
suspendions nos travaux pour cinq minutes, que nous regardions la carte et que
nous ayons chacun un portrait très clair de ce que représentent
l'article 1, l'article 2 et l'article 3 du projet de loi et peut-être
aussi un portrait du litige. Cela nous permettrait d'aller de l'avant d'une
façon plus utile.
Le Président (M. Brisson): La commission suspend ses
travaux jusqu'à 21 h 30. (Suspension de la séance à 21 h
26)
Reprise de la séance à 21 h 30
M. Brisson (président de la commission permanente des affaires
municipales): A l'ordre, messieurs!
L'honorable ministre des Affaires municipales.
M. Goldbloom: M. le Président, j'espère que tous
les membres de la commission ont pu prendre connaissance de la carte qui
illustre ce que nous avons dans le texte par description technique.
D'après le point de vue émis par Me Grondin, si nous sommes pour
agir, je ne veux pas présumer de la décision de la commission
parlementaire, mais si nous sommes pour agir, il faudrait d'abord faire
disparaître toute allusion à une date antérieure, en
l'occurrence le 24 août 1974, et toute allusion au règlement no
966 de la ville de Rimouski. Alors, il s'agirait de faire lire: "...le
territoire suivant est annexé au territoire de la cité de
Rimouski". Cela est une technicité, une question de phraséologie
et de contenu aussi, mais il s'agit de savoir quelles sont les raisons qui
motivent la ville de Rimouski à demander ces annexions.
Nous constatons par l'examen de la carte que la partie visée par
les articles 1 et 2 est la partie qui fait en même temps l'objet du
litige qui est devant les tribunaux, devant le juge Masson, que la ville de
Rimouski voudrait, par ce projet de loi, acquérir ce qui est en bleu sur
la carte et qui est représenté par l'article 1 qui comprend en
même temps le petit quadrilatère qui est indiqué en vert.
Mais l'article 2, tenant compte du fait qu'il nous a été
relaté que le propriétaire de ce terrain s'est opposé,
lui, au transfert de son territoire, l'article 2, dis-je, retournerait cette
parcelle au village de Rimouski-Est. L'article 3 ne touche pas la question en
litige, ajoute un certain nombre de terrains et rejoint l'aéroport
municipal de Rimouski. Si j'ai bien compris les explications qui nous ont
été fournies tout à l'heure, cet aéroport
appartient à la ville de Rimouski, mais fait quand même l'objet
d'une demande en annexion parce qu'il n'y a pas présentement de
contiguïté de territoire, et peut-être que je comprends de
façon imparfaite le problème posé par cela, mais si je
comprends la description technique de l'article 3, cette description technique
comprend le territoire de l'aéroport et demande l'annexion du territoire
de l'aéroport à la ville de Rimouski. Il y a une chose à
éclaircir là-dedans.
La ville de Rimouski prétend être déjà
propriétaire de l'aéroport et demande quand même l'annexion
de ces territoires par le projet de loi.
M. Saint-Hilaire: II y a plusieurs terrains qui sont sous
location du gouvernement fédéral, mais qui ont été
loués par la ville de Rimouski, plus des terrains de la ville de
Rimouski, les deux.
M. Lessard: Ils sont des contribuables de la ville de
Rimouski-Est.
M. Saint-Hilaire: Non, ils ne paient pas de taxe comme
municipalité.
M. Lessard: D'accord! Mais vous êtes... M. Saint-Hilaire:
C'est ça.
M. Lessard: ... dans la ville de Rimouski-Est. Vous êtes
propriétaire du terrain de l'aéroport de la ville de
Rimouski-Est. Il faut que vous fassiez l'annexion pour que cela devienne...
M. Saint-Hilaire: C'est ça.
M. Lessard: ... partie de la ville de Rimouski comme telle.
M. Saint-Hilaire: C'est ça.
M. Goldbloom: Je voudrais comprendre clairement.
M. Roy: Mais est-ce que l'aéroport est bien la
propriété de la ville de Rimouski?
M. Saint-Hilaire: Une partie des terrains de l'aéroport
appartient à la ville de Rimouski et une partie des terrains appartient
au gouvernement fédéral, mais ils sont sous location à la
ville de Rimouski. La ville de Rimouski paie toutes les dépenses
d'entretien, a la charge complète de tout le terrain de
l'aéroport et toutes les dépenses sont à sa charge, au
complet.
M. Roy: Tous les services sont assurés...
M. Saint-Hilaire: Tous les services sont assurés par la
cité de Rimouski, sauf, peut-être, les égouts.
M. Roy: Les égouts seraient assurés par qui? M.
Saint-Hilaire: Par Rimouski-Est. M. Roy: L'aqueduc?
M. Saint-Hilaire: L'aqueduc est desservi par les tuyaux d'aqueduc
de Rimouski-Est, mais l'eau est quand même fournie à Rimouski-Est
par la ville de Rimouski.
M. Roy: Oui, mais en vertu d'une entente. Mais disons que...
M. Saint-Hilaire: Non...
M. Roy:... c'est la ville de Rimouski-Est qui est imposée,
elle...
M. Saint-Hilaire: C'est-à-dire que les locataires qui sont
dans les bâtisses de la ville de Rimouski paient la taxe d'eau à
Rimouski-Est.
M. Roy: Mais les tuyaux et les conduites d'amenée
appartiennent à Rimouski-Est.
M. Hilaire: Oui.
M. Roy: C'est seulement l'eau qui est fournie dans le
réservoir central.
M. Bédard (Chicoutimi): Quand vous dites que, du point de
vue de l'aqueduc et des égouts, cela appartient à
Rimouski-Est...
M. Saint-Hilaire: Les services d'aqueduc et d'égout sont
interreliés avec les services des égouts de la ville de
Rimouski-Est, c'est sûr.
M. Bédard (Chicoutimi): Boni Mais il y a une partie de la
propriété qui est à Rimouski-Est. C'est ça?
M. Saint-Hilaire: La propriété...
M. Bédard (Chicoutimi): Tout ce qui est à
l'intérieur du territoire de Rimouski-Est appartient...
M. Saint-Hilaire: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi):... à Rimouski-Est.
Si je vous pose la question, c'est parce que, quand il y a une annexion
comme celle-là, est-ce que le règlement d'annexion ne doit pas
prévoir une indemnité, ne doit pas fixer une indemnité
devant être payée pour les investissements ou encore pour les
propriétés qui...
M. Saint-Hilaire: Je pense, à ce moment, que, si c'est le
voeu de la commission de demander à la ville de Rimouski de payer
certains frais à cause de ces petites installations, on n'aurait pas
d'objection à ce que la commission indique son intention et indique
même un montant d'argent et de compensation pour les services
installés.
M. Bédard (Chicoutimi): En tout cas, je ne veux pas
l'affirmer, à ce stade-ci, mais il me semble c'est logique aussi
qu'à partir d'un règlement d'annexion, vous voulez vous
approprier un territoire, certaines propriétés qui, auparavant,
n'étaient pas les vôtres... Il doit y être inclus, quand
même, une estimation ou...
M. Saint-Hilaire: On n'a aucune objection, comme je le disais
tout à l'heure...
M. Bédard (Chicoutimi):... une estimation des coûts
qui devraient être payés par... Ce que je veux dire par là,
c'est qu'un règlement d'annexion prévoit nécessairement
d'aller chercher le consentement des deux tiers des propriétaires qui
sont touchés par le règlement d'annexion.
A ce moment, pour que ces gens se prononcent équitablement, il me
semble qu'il est important qu'ils se prononcent sur l'annexion proprement dite
de leur territoire, de leurs propriétés, et qu'il soit
porté à leur connaissance la considération
pécuniaire qui peut en résulter, sinon, vous vous ramassez avec
une consultation qui est seulement sur une jambe...
M. Saint-Hilaire: Oui, mais...
M. Bédard (Chicoutimi): ... parce que quelqu'un peut
être d'accord pour que sa propriété soit annexée,
mais, à partir du moment où on lui dit, où on lui
précise qu'il aura tel montant à titre d'indemnité, s'il
n'est pas d'accord sur le montant d'indemnité, il peut, à ce
moment, ne plus être d'accord pour être annexé.
M. Saint-Hilalre: Je ferai remarquer que, dans les parties qu'on
annexe, il n'y a aucun service de Rimouski-Est, c'est-à-dire que, si
vous prenez l'aéroport, il y a uniquement la bâtisse de
l'aéroport qui est desservie. Le reste vient seulement se joindre
à la division de ligne de propriété.
Maintenant, je sais que si, effectivement, on venait toucher à
des propriétés, étant donné que l'eau est vendue au
compteur, etc., il n'y a aucun problème pour payer une compensation, si
jamais on touchait à des propriétés... Le fait d'avoir une
continuité avec l'aéroport municipal nous permettrait, dans
l'installation de nos services, de venir ramasser nos propres égouts et
l'aqueduc et de les ramener vers le territoire, sans avoir besoin de la
municipalité de Rimouski-Est.
M. Goldbloom: Si je comprends bien, il y a un certain temps, pas
tellement longtemps, un problème s'est produit dans la région
à cause de la contamination de l'eau potable à
Sainte-Anne-de-la-Pointe-au-Père et, depuis lors, dois-je comprendre que
l'eau potable est produite par la cité de Rimouski et acheminée
dans le réseau de Rimouski-Est?
M. Saint-Hilaire: Pour toute l'eau potable du territoire en
question, y compris Rimouski-Est et Pointe-au-Père, toutes les dessertes
d'aqueduc, à l'heure actuelle, sont desservies par la cité de
Rimouski, à même toutes les installations de la ville de
Rimouski.
Alors, la ville de Rimouski vend l'eau et à Pointe-au-Père
et à Rimouski-Est. Rimouski-Est ne détient aucun
réservoir, aucune installation. Tous les services d'aqueduc proviennent
de la cité de Rimouski. Pour aller desservir Pointe-au-Père, je
crois qu'il y a eu une entente entre la ville de Pointe-au-Père selon
laquelle cette dernière paie un certain montant pour pouvoir passer son
eau dans les tuyaux de Rimouski-Est pour être desservie par la ville de
Rimouski.
M. Lessard: Mais l'infrastructure comme telle, ou les tuyaux
appartiennent à Pointe-au-Père comme à Rimouski.
M. Saint-Hilaire: A l'heure actuelle, oui. On ne se sert pas de
cet...
Le Président (M. Brisson):... du bill, il faudrait
rajouter, avant l'article 4, s'il y a des compensations à donner et cela
sera sous forme d'amendement au projet de loi.
Je vous remercie, Me Grondin.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela sera plus compliqué
que ça quand on arrivera au point pour revoir tout cela.
Le Président (M. Brisson): Je demanderais à Me Yvon
Denault et à Me Denis Pakenham, conseillers juridiques de la
requérante... Sont-ils présents?
M. Denault (Yvon): Oui, M. le Président.
M. Bédard (Chicoutimi): Me Grondin est-il parti?
Le Président (M. Brisson): Non. Me Grondin est en
arrière.
M. Roy: Tout à l'heure, j'avais une question à
poser au ministre. Cela fait un bout de temps que j'aurais aimé poser
cette question au ministre.
Le Président (M. Brisson): Je ne voudrais pas m'opposer,
mais je voudrais vous faire remarquer que nous en sommes à entendre les
mémoires soumis et que les questions qui doivent être
posées doivent l'être aux personnes qui sont présentes
devant nous et non aux membres de la commission et ces questions doivent avoir
pour but d'éclairer davantage la commission. Ce n'est pas un dialogue
entre le ministre ou les membres de la commission...
M. Roy: D'accord, M. le Président...
Le Président (M. Brisson): ... selon l'article 8, dernier
paragraphe.
M. Bédard (Chicoutimi): ... mais il n'y a rien qui
empêche un membre de la commission, même si on fait l'audition de
certains groupes, de poser une question au ministre responsable.
Le Président (M. Brisson): D'accord. M. Lessard: Et
on va délibérer.
M. Bédard (Chicoutimi): Parce que cela peut avoir comme
conséquence d'éclaircir...
Le Président (M. Brisson): D'accord, si les membres de la
commission n'ont pas d'objection, mais je voulais simplement faire une certaine
mise en garde.
M. Roy: En fait, c'est une question qui aurait pu se poser
dès le début...
Le Président (M. Brisson): Alors, allez-y. Je
l'entends.
M. Roy: ... et qui devrait se poser avant d'aller plus loin.
Le Président (M. Brisson): Nous sommes tout ouïe.
M. Roy: Merci, M. le Président. Je demanderais au ministre
pour quelle raison le gouverne-
ment a-t-il décidé de présenter un projet de loi
à ce moment-ci ma question est assez directe étant
donné qu'un jugement est censé intervenir prochainement.
Si d'un autre côté je fais une hypothèse
le jugement était défavorable, qui va nous dire que la
décision que nous prendrons sera une décision juste?
Deuxième point, il est encore hypothétique. Si la
décision est favorable à la ville de Rimouski, il n'y a pas
besoin de loi. Vous allez aller en appel si c'est favorable... Si la
décision est favorable à la ville de Rimouski...
M. Saint-Hilaire: On va en appel. C'est sub ju-dice encore. On va
jusqu'en Cour suprême si c'est sub judice jusqu'au bout...
M. Roy: Et si ce n'est pas favorable, c'est là que je me
pose la question. Qui va nous dire que notre décision sera judicieuse et
qu'on aura respecté tous les règlements?
M. Goldbloom: II y a une question que pose le
député de Beauce-Sud. D'abord, il me demande pourquoi le
gouvernement présente le projet de loi. La réponse est simple. Ce
n'est pas le gouvernement qui présente le projet de loi. C'est
clairement indiqué: Projet de loi no 250 (privé). Le parrain est
un député, ce n'est pas le ministre qui en est responsable.
Donc, ce n'est pas un projet de loi du gouvernement. C'est la
cité de Rimouski qui a voulu présenter ce projet de loi et elle a
le droit de le faire.
Deuxième question. Comment pourrions-nous savoir si notre
décision peut être juste? Il me semble que c'est en
écoutant les arguments que nous pouvons aller au fond de la question et
déterminer s'il y a une raison valable d'agir de la façon qui est
proposée par le projet de loi et nous sommes rendus à ce point,
à cette étape de nos délibérations.
C'est pour cela que le président a invité les procureurs
des deux parties à prendre la parole et expliquer pour quelle raison le
projet de loi est présenté et pour quelle raison les opposants
s'y opposent.
M. Roy: Ce qui m'amène à poser cette question,
c'est un télégramme que j'ai ici, que le ministre des Affaires
municipales et de l'environnement a fait parvenir au maire de Rimouski et dans
lequel il dit ceci. Je vous fais grâce de toute la teneur du
télégramme. Il y a quand même un article, quelques lignes,
dans ce télégramme, qui sont assez claires. "La loi a
été correctement suivie par la ville de Rimouski et par la
majorité des propriétaires intéressés. Le
gouvernement n'a pas trouvé de raisons pour refuser d'entériner
la requête des propriétaires. Si, cependant, vos conseillers
juridiques sont d'un avis contraire, ils entreprendront au nom de votre
municipalité les procédures qu'ils jugeront bonnes et les
tribunaux décideront." Ce n'est pas le député de
Beauce-Sud, M. le Président, qui a envoyé cela à la ville
de Rimouski, c'est le ministre lui-même. "Les tribunaux
décideront".
C'est le ministre qui a envoyé cela, M. le Président,
quand même. Là, ce ne sont plus les tribunaux qui
décident.
M. Goldbloom: A quelle date, M. le Président?
M. Roy: II y a énormément de code là-dessus
et je ne suis pas un expert en télégramme.
M. Saint-Hilaire: Comment avez-vous fait pour gagner vos
élections?
M. Roy: Je pense que la question posée par l'honorable
député de Rimouski en dit long sur ce qui s'est passé chez
lui.
M. Saint-Hilaire:... un arrêté en conseil.
M. Roy: Quand même, le ministre envoie un
télégramme et il leur dit: Si cela ne fait pas, que vos
conseillers juridiques sont d'un avis contraire, ils entreprendront au nom de
votre municipalité les procédures qu'ils jugeront bonnes et les
tribunaux décideront.
M. Goldbloom: Je présume, M. le Président, que je
n'étais pas saisi à cette époque d'un projet de loi
privé.
M. Roy: La réponse est quand même...
Le Président (M. Brisson): Le conseiller juridique de la
cité de Rimouski. Voulez-vous vous identifier, s'il vous
plaît?
M. Denault (Yvon): Yvon Denault. M. le Président,
messieurs les députés, vous avez reçu cet
après-midi, nous avons fait remettre un document qui porte le titre de
projet de loi concernant la cité de Rimouski. Evidemment, dans les
circonstances où cela vous a été remis et à moins
que vous ne l'ayez lu en soupant, vous n'en avez probablement pas pris
connaissance. Je ne me propose pas de le lire mot à mot, mais je
voudrais quand même attirer votre attention sur certains passages de ce
document-ci. Il y a une autre chemise, format légal, qui comprend
quelques documents sur format lettre ainsi qu'un petit plan qui est en somme le
même qu'on regardait tout à l'heure.
Le développement de l'ensemble de l'agglomération de
Rimouski se constitue une seule et même entité
socio-économique et urbaine qui reste malheureusement divisée par
des barrières administratives désuètes et injustifiables.
La situation presque absurde dans laquelle doit se débattre
présentement la cité de Rimouski pour assurer son
développement et celui de l'ensemble de la communauté
économique qui gravite autour d'elle est justement ce qui va faire
l'objet du débat qui suit. Le caractère de cette annexion
revêt une importance capitale au moment où la région de
Rimouski tente de redéfinir l'orientation de son développement et
d'atteindre une phase d'industrialisation essentielle pour compenser la
faiblesse des secteurs d'exploitation traditionnels et enrayer
l'hémorragie démographique qui vide le Bas-Saint-Laurent
et la Gaspésie de ses forces vives. Depuis dix ans, toutes les
stratégies de relèvement économique mises de l'avant, tous
les investissements gouvernementaux ont tenté de créer dans la
région des conditions favorables à un tel développement
industriel. A quatre mois de la fin de l'entente Canada-Québec, laquelle
dispense la majorité des investissements spéciaux orientés
vers ce redéveloppement, l'agglomération de Rimouski,
définie comme centre industriel et urbain prioritaire dans les
programmes gouvernementaux, n'a pas pu encore réaliser son parc
industriel et doit faire des acrobaties administratives pour exploiter
l'aéroport municipal.
Ces problèmes ne se poseraient pas si la municipalité de
Rimouski-Est, où sont situés ces équipements, avait la
capacité et les ressources pour en assumer la responsabilité.
Malheureusement, avec une population restreinte à quelque 600 familles,
le village de Rimouski-Est dispose de trop peu de ressources pour assurer
lui-même des services de base essentiels, tel que son alimentation en
eau.
Nous relatons aux pages 4 et 5 du mémoire, parce qu'il semble que
c'est une question qui a été posée, diverses rencontres et
tentatives de projets conjoints ont été faites par la ville de
Rimouski avec les municipalités environnantes, incluant Rimouski-Est.
Ces négociations n'ont conduit à rien de valable. C'est pourquoi
nous sommes ici devant vous ce soir.
Le refus évident de collaborer et les procédures de
contestation utilisées par le village de Rimouski-Est ont,
jusqu'à présent, retardé le développement de
l'ensemble de l'agglomération de plusieurs années. Un tel retard
ne peut se traduire que par des coûts sociaux importants, la mise en
échec du processus même du redéveloppement régional
dans lesquels les deux niveaux supérieurs de gouvernement,
fédéral et provincial, ont investi cinq années d'efforts
et plusieurs millions de dollars.
Plus qu'une simple annexion de territoire, la requête de Rimouski
vise donc à doter la région des instruments de
développement dont elle a absolument besoin pour assumer son rôle
de centre industriel et urbain prioritaire de l'Est du Québec.
Si l'on regarde maintenant les besoins du parc industriel, ce besoin qui
est clairement établi dans le plan de développement de la CCU, le
plan directeur de l'agglomération et le schéma
d'aménagement du parc industriel impliquent la création d'un
nouveau parc industriel dans les plus brefs délais, puisqu'actuellement,
toutes les zones industrielles de l'agglomération sont
développées à pleine capacité. Nous sommes d'accord
sur la situation présentement, à Rimouski, où nous ne
pouvons pas accepter ou recevoir des industries dans des territoires qui sont
propices à un développement industriel, parce que nous n'avons
plus de terrain.
Nous verrons tout à l'heure, d'ailleurs, pourquoi il est
essentiel que ce développement qui est déjà
commencé se poursuive dans la direction de Rimouski-Est et pourquoi il
n'est pas possible de le faire ailleurs.
Le choix du site fut confirmé par des analyses
subséquentes effectuées avec une plus grande précision. Il
constitue, de fait, le seul et unique endroit de l'agglomération
où il soit possible d'envisager la création d'un parc industriel
pour industries légères et moyennes, même dans le cadre de
l'analyse de planification urbaine la plus sommaire qui soit. La qualité
des sols, l'accessibilité aux voies ferrées, la topographie, les
constructions existantes ne permettent pas d'envisager d'autres localisations
à moins de coûts énormes, tant directs qu'indirects.
Je me permets ici de vous référer à la carte qui se
trouve dans la chemise, format légal, qui vous a été
remise, dans laquelle, si vous examinez le plan qui s'y trouve... Evidemment,
il ne m'est pas facile, ici à distance, de vous expliquer ça,
mais je vais tenter quand même de les identifier pour vous.
Tenant pour acquis que vous placez devant vous la carte, en ayant,
à votre droite, la section de territoire bleue, c'est-à-dire
celle qui est mentionnée à l'article I du règlement et
celle qui est en jaune orange, qui est mentionnée à l'article 3
du règlement, vous constaterez que, dans la partie supérieure, il
y a actuellement une voie de chemin de fer avec des dessertes qui sont
déjà prêtes à recevoir des industries.
Par conséquent, comme il est assez évident qu'on ne peut
pas demander aux compagnies de chemin de fer d'installer des voies de dessertes
un peu partout, il y en a déjà qui sont installées
là et c'est évidemment là que les compagnies de chemin de
fer vont vouloir que les villes orientent leur développement
industriel.
Par ailleurs, si on regarde un peu plus vers la droite de la carte et,
sans entrer dans des études de sol, on peut remarquer qu'au niveau du
chemin de fer, on est à une élévation qui varie entre 50
et 75, alors qu'en montant vers le haut, on se rend jusqu'à 275 et 350.
Il y a donc là une pente assez considérable qui,
évidemment, ne pourrait pas être desservie par leurs
municipalités sans des coûts énormes, problèmes que
nous n'avons pas, si nous assurons le développement du côté
de Rimouski-Est tel qu'indiqué sur la carte.
Les limites que l'on voit sur ce plan circonscrivent une zone
homogène, à vocation industrielle évidente, qui correspond
à la demande estimée pour les quinze prochaines années et
dont les dimensions permettent un aménagement conforme aux normes
techniques du ministère de l'Industrie et du Commerce et aux besoins
d'un réseau de circulation interne cohérent.
Il est clair que ces travaux essentiels à l'aménagement du
parc industriel et qui impliquent des dépenses de l'ordre de quelques
millions de dollars resteront la responsabilité de la cité de
Rimouski, quel que soit le maître d'oeuvre du parc industriel. Il est
évident aussi qu'avec une si petite population et une petite
évaluation, Rimouski-Est est dans l'impossibilité de fournir ces
infrastructures. Il serait donc peu logique que les citoyens de Rimouski aient
à assumer ce fardeau financier, de même que le coût
relié à l'entretien et à la surveillance du réseau
de circulation industriel, mais que
les taxes foncières issues du parc industriel soient
versées dans les coffres de Rimouski-Est.
La municipalité de Rimouski-Est ne possède pas, par
exemple, de système en alimentation en eau et dépend
entièrement de la cité de Rimouski pour son
approvisionnement.
Quant à la ville de Rimouski, elle dispose d'une équipe
d'employés permanents de près de 150 personnes et
représente la seule entité municipale de toute
l'agglomération qui puisse offrir des garanties valables au niveau de la
gestion et du développement d'un parc industriel.
Parlons maintenant des coûts d'aménagement. Les coûts
d'aménagement du parc industriel ont été estimés
à $5,300,000 répartis de façon à peu près
égale sur chacune des deux phases de développement. Une
subvention gouvernementale de $2,270,000 est budgétisée pour la
réalisation du parc, soit $570,000 en provenance du ministère de
l'Industrie et du Commerce et $1,700,000 provenant de l'entente
Canada-Québec. Or, et c'est le point capital qui nous amène ici
devant vous ce soir, ces subventions sont bloquées présentement
et risquent fort d'être perdues, remettant ainsi en cause la
création même du parc industriel, si l'annexion des terres 184 et
185, entre autres, n'est pas confirmée avant le 31 mars 1976, soit dans
quelques mois.
En effet, la subvention de l'entente Canada-Québec à
Rimouski, au montant de $1,700,000, est conditionnelle à l'octroi de la
subvention provinciale, qui est elle-même de $570,000 et qui,
elle-même, dépend de deux conditions:
Premièrement, que la cité de Rimouski investisse une somme
de $380,000 dans la première phase du projet et;
Deuxièmement, que soit réglé le problème de
la juridiction territoriale sur ce territoire.
De ces deux conditions, seule la seconde continue de poser un
problème. Quant au premier, la cité de Rimouski est prête
immédiatement à investir sa part du coût des travaux, les
études de planification et de génie sont terminées,
certains travaux d'aménagement ont même dû être
réalisés pour permettre l'implantation d'une industrie qui ne
pouvait s'accommoder des délais imposés par les procédures
de contestation.
Quant à l'aéroport municipal, qu'il me suffise de vous
dire que, pour la période de 1969 à 1973, la ville de Rimouski a
dû absorber des déficits totalisant $85,000 pour en assurer
l'exploitation et le garder ouvert. L'annexion du territoire de
l'aéroport, par conséquent, vise donc deux buts essentiels:
Premièrement, permettre à la ville d'administrer sainement
et avec l'aide qu'elle est en droit d'attendre, un équipement
d'intérêt public;
Deuxièmement, permettre à la ville d'améliorer la
qualité de cet équipement et de le développer en fonction
d'une demande de services qui s'accroît à un rythme assez
important.
J'ai ce soir avec moi un urbaniste conseil qui a travaillé
pendant un certain nombre d'années sur tous les travaux
d'aménagement du parc industriel et qui m'aidera à
répondre à vos questions, si vous en avez, sur tout ce sujet.
M. Lessard: M. le Président, j'aurais quelques questions
à poser, en particulier à la page 2.
Me Denault, à la page 2 de votre mémoire, vous soulignez
d'abord que la ville de Rimouski n'a pu réaliser encore son parc
industriel et doit faire des acrobaties administratives pour opérer
l'aéroport municipal; mais, dans le dernier paragraphe, vous dites que
ces problèmes ne se poseraient pas si la municipalité de
Rimouski-Est, où sont situés ces équipements, avait la
capacité et les ressources pour en assumer la responsabilité.
Je sais, M. le Président, que j'aurai la possibilité de
poser ces questions aux représentants de la ville même de
Rimouski-Est, mais je pense que, si vous affirmez une telle chose, c'est que
vous avez quand même fait une évaluation du budget et une
évaluation de la ville de Rimouski-Est. Ce que j'aimerais savoir, selon
votre évaluation, quitte par la suite à poser la même
question aux représentants de la ville de Rimouski-Est, c'est quel est,
actuellement, avec les terrains qui seraient annexés si cette loi
était adoptée à l'Assemblée nationale, le budget de
la ville de Rimouski-Est.
M. Denault: Nous n'avons pas le chiffre du budget, mais
l'évaluation totale de la municipalité est d'environ $3
millions.
M. Lessard: L'évaluation totale est d'environ $3
millions.
M. Denault: Contre une évaluation d'à peu
près $200 millions pour Rimouski.
M. Lessard: $200 millions pour Rimouski. Les terrains qui sont
actuellement en demande d'annexion par la ville de Rimouski, quelle en est
l'évaluation totale? En fait, il doit y avoir une évaluation.
J'aurai l'occasion de poser ces questions aux représentants de la ville
de Rimouski-Est. Puisque...
M. Denault: Nous avons certains documents, mais...
M. Lessard: ... vous le soulignez dans votre mémoire,
c'est dire que vous en avez tenu compte, que vous en avez fait l'analyse.
M. Denault: J'ai tout simplement fait un calcul rapide. Si on
permet des emprunts totalisant à peu près 20% de
l'évaluation municipale totale, vous voyez qu'elle a un pouvoir
d'emprunt quand même assez limité. Je me demande même
si...
M. Lessard: Je suis d'accord sur cela, mais, ce que je veux
savoir, c'est quelle est la partie je le saurai tout à l'heure,
si vous n'êtes pas capable de m'en informer quel est le montant,
en fait, que perdrait la ville de Rimouski-Est à la suite de l'annexion
des territoires qui sont décrits dans le projet de loi.
M. Pakenham: En fait, nous n'avons pas fait de recherches au
niveau de l'évaluation des terrains qu'on veut prendre par le projet de
loi, mais
on a fait des études sur ce que rapportaient ces terrains en
taxes foncières, générales, spéciales, dividendes
et autres, tout ce que vous voulez, à Rimouski-Est. Cela donne un total
d'environ $7,300, ce que rapportent par année tous ces terrains à
la municipalité de Rimouski-Est.
Par rapport au budget total de Rimouski-Est...
M. Lessard: $7,300?
M. Pakenham: En chiffres ronds.
M. Lessard: D'accord. Je ne veux pas reprendre un débat
qui a été passablement discuté depuis plusieurs
années, mais, à la page 5, vous soulignez le fait suivant, en
écrivant qu'au mois de mars 1973, la cité de Rimouski et le
village de Pointe-au-Père présentaient au ministère des
Affaires municipales une requête conjointe de fusion volontaire.
Contestée devant la Commission municipale par le village de
Rimouski-Est, la requête fut laissée en suspens, bien qu'elle ait
été appuyée par deux des trois municipalités de
l'unité de regroupement et qu'elle représentait la volonté
de 75% de la population impliquée.
Ce que je peux présumer, c'est que cette unité de
regroupement avait été désignée à la suite
de l'adoption de la loi 276 à l'Assemblée nationale. C'est bien
cela?
M. Denault: C'est exact. M. Pakenham: C'est exact.
M. Lessard: A ce moment, toutes les procédures
légales avaient donc été faites pour en arriver à
une conclusion définitive, à savoir la fusion des villes de
Rimouski, Rimouski-Est et Pointe-au-Père.
M. Pakenham: II y a peut-être un lapsus. Dans le document,
on parle de fusion volontaire.
M. Lessard: Oui, c'est de fusion volontaire, cette fois.
M. Pakenham: C'était involontaire, si vous voulez. Avec la
loi 276, le ministre faisait des unités de regroupement. Quand il y
avait 50% de la population ou 50% des conseils municipaux qui
présentaient une requête, on pouvait amener même ceux qui ne
voulaient pas.
M. Lessard: Même par ceux qui n'en voulaient pas... Il y
avait un certain nombre de conditions qui devaient être
respectées...
M. Pakenham: Exactement.
M. Lessard: ... exactement comme dans l'article 33 de la Loi des
cités et villes où il ne faut pas que tous les
propriétaires signent unanimement pour que vous en arriviez à
l'annexion. Lorsque les deux tiers des propriétaires signent, à
ce moment, la ville en question a le droit de passer à l'annexion.
Dans la loi 276, c'était la loi des fusions en fait, mais quand
vous dites que c'était une fusion involontaire, même si une des
parties ne désirait pas la fusion lorsque, par exemple, étaient
respectées un certain nombre de conditions à savoir la
majorité au niveau des villes impliquées, soit actuellement deux
villes sur trois, plus, à un moment donné, 50% de la population,
toutes les procédures légales étaient respectées
pour en arriver à une fusion des trois villes concernées.
M. Pakenham: Toutes les procédures ont été
suivies. Conformément à la loi, la commission municipale est
venue faire une enquête sur les lieux et, à la suite de
l'enquête de la commission municipale il ne s'est rien passé, il
n'y a pas eu de décret pour décréter la fusion
après cela.
M. Lessard: Alors le processus engagé a été
bloqué, à un moment donné...
M. Pakenham: Pour une raison qu'on ignore.
M. Lessard: On n'aurait pas de problème si cela avait
été fait.
M. Goldbloom: M. le Président, cela est une
considération que le député de Saguenay avance. Il faut se
rappeler qu'au mois de novembre 1972 le gouvernement a décidé de
ne plus procéder à des fusions impliquant des
municipalités rurales contre le gré de ces
municipalités.
M. Bédard (Chicoutimi): Sauf pour le Haut-Saguenay.
M. Goldbloom: Oui.
M. Lessard: Pourquoi au mois de mars 1973? C'est au mois de mars
1973, donc après 1972 que l'unité de regroupement s'est faite et
que les consultations se sont faites et que...
M. Goldbloom: Ah non, je m'excuse, M. le Président,
l'unité de...
M. Lessard: Bien voici...
M. Goldbloom: ... regroupement avait été
constituée avant cela, c'est en février 1973 que je suis devenu
ministre et c'est en mars 1973 que j'ai été l'invité d'un
congrès spécial de l'Union des conseils de comté et la
politique du gouvernement a été modifiée au cours de cette
période.
M. Lessard: ... M. le Président, je voudrais bien qu'on
lise... Très bien, je ne veux pas reprendre le débat, la
politique du gouvernement a été modifiée, mais on dit bien
dans le mémoire, et cela peut être contesté: Au mois de
mars...
Une Voix: Mais il y a eu des élections.
M. Lessard: Oui, il est arrivé des élections en
octobre 1973. On dit: Au mois de mars 1973, la ville de Rimouski et le village
de Pointe-au-Père...
M. Bédard (Chicoutimi): ... à ce moment-là a
reçu tout ce qui...
M. Lessard: ... présentaient au ministère des
Affaires municipales une requête conjointe de fusion volontaire. Au mois
de mars 1973, ils présentaient une requête au ministère des
Affaires municipales pas à n'importe quel ministère, mais
au ministère des Affaires municipales une requête conjointe
de fusion volontaire. Contestée devant la commission municipale par le
village de Rimouski-Est, c'est donc normal, la requête fut laissée
en suspens bien qu'elle ait été appuyée par deux des trois
municipalités de l'unité de regroupement et qu'elle
représentait la volonté de 75% de la population impliquée.
Il reste que la commission municipale, à un moment donné, a
fonctionné, elle est allée sur le territoire etc. En tout cas,
une chose est arrivée, c'est que le projet de loi 276 qui
déterminait toute une procédure légale pour en arriver
à une certaine fusion n'a pas été respecté, on a
laissé tombé et on a dit: Bon, on retire tout cela et on laisse
faire.
M. Goldbloom: Et puis?
M. Lessard: Et puis! Bien, c'est la conclusion à laquelle
j'en arrive. Quand on avait discuté de cette loi, je me rappelle
très bien, que là on avait décidé de faire des
fusions...
Une Voix: C'est de l'histoire.
M. Lessard: Oui, c'est de l'histoire, mais cela démontre
qu'on s'amuse quelquefois à l'Assemblée nationale.
M. Goldbloom: Oui, mais, M. le Président, je tiens
à dire...
M. Lessard: Bon!
M. Goldbloom: ... que c'est une décision que j'ai prise
à titre de ministre des Affaires municipales de ne pas donner suite
à cette requête et je tiens à souligner, à rappeler
à la mémoire de l'honorable député de Chicoutimi,
que dans le cas du bill 98 et dans la région du Haut-Saguenay, ce
n'étaient pas les municipalités rurales qui se sont
opposées à la fusion proposée mais bien la ville d'Arvida
qui était seule sur les douze municipalités à manifester
une opposition très précise.
M. Bédard (Chicoutimi): Ecoutez, là on parle des
conseils de ville, quant à la population c'est autre chose.
Le Président (M. Brisson): Messieurs, s'il vous
plaît, des questions...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous savez fort bien qu'on avait
demandé un référendum et que nous ne l'avons pas eu.
Le Président (M. Brisson):... Yvon Denault.
M. Lessard: Une dernière question. Alors, M. le
Président, une dernière question à Me Denault.
M. Bédard (Chicoutimi): On ne peut pas entamer de
débat là-dessus.
M. Lessard: Non, ce serait trop long un débat sur
cela.
M. Goldbloom: Et parce que cela va trop bien.
M. Lessard: A la page 14, on dit: En effet, la subvention de
l'entente Canada-Québec, soit $1,700,000 est conditionnelle à
l'octroi de la subvention provinciale, $570,000 qui, elle, dépend de
deux conditions. 1) Que la cité de Rimouski investisse une somme de
$380,000 dans la première phase du projet. 2) Que soit
réglée la question de juridiction territoriale contestée
par Rimouski-Est. Il reste seulement la deuxième condition qui ne semble
pas être respectée.
Mais, comme avocat, Me Denault, puisque vous constatez qu'il s'agit
d'une condition du gouvernement provincial lui-même, trouvez-vous normal
que le gouvernement provincial, qui a fixé lui-même cette
condition, vienne la régler par une loi spéciale?
M. Denault: Je trouve que c'est lui qui est le mieux placé
pour constater le problème, et comme c'est le seul qui peut le
régler dans le moment, c'est à lui qu'on s'adresse.
M. Roy: Cela m'amènerait à poser une autre
question, M. le Président.
Si ce n'était pas de cette exigence du gouvernement provincial
que soit réglée la question de juridiction territoriale
contestée par Rimouski-Est je vais vous poser une question bien
directe seriez-vous devant nous avec un bill privé
aujourd'hui?
M. Denault: Le problème serait le même, parce qu'un
tel...
M. Roy: C'est entendu que le problème d'annexion serait le
même...
M. Denault: Non, mais le problème d'investissements...
M. Roy: Mais est-ce que...
M. Côté: Laissez-le donc finir...
M. Roy: Un instant, M. le Président! Je posais une
question, et là, c'est rendu que ce sont les autres qui viennent nous
interrompre. Je voulais poser une question là-dessus...
Le Président (M. Brisson): L'honorable
député de Beauce-Sud...... voudrait garder sont temps...
M. Roy: Je voudrais bien poser ma question.
Le Président (M. Brisson): Continuez!
M. Roy: Je voudrais bien la poser, ma question.
Cette exigence qui est posée par le gouvernement de la
province... Je comprends que le problème resterait le même, cela
ne fait de doute dans l'esprit de personne, mais est-ce que cela vous aurait
obligés quand même à venir devant la commission
parlementaire pour demander un bill privé?
M. Denault: Oui, c'est dans ce sens que je disais que le
problème était le même. La ville, dans le moment, ne peut
pas se mettre à faire des investissements, ni dans le secteur bleu qui
faisait l'objet du présent règlement, et encore moins dans le
secteur orangé qui n'est pas son territoire. La ville ne peut pas, dans
le moment, dépenser un sou ni dans un territoire, ni dans un autre,
indépendamment de toute subvention. Il faut d'abord savoir si on est
chez nous avant de commencer à faire des investissements.
M. Bédard (Chicoutimi): L'arrêté en conseil
ne faisait-il pas loi?
M. Denault: Jusqu'à ce qu'il soit contesté.
M. Bédard (Chicoutimi): Pardon! Mais même s'il est
contesté, l'arrêté en conseil reste la loi...
M. Denault: Je comprends, mais... M. Bédard (Chicoutimi):
... à observer. M. Denault: Je comprends...
M. Bédard (Chicoutimi): La plupart de vos
problèmes, dans le fond, c'est parce que les ministères
intéressés n'ont pas donné suite, justement, à
l'arrêté en conseil.
M. Denault: Oui, mais sur...
M. Bédard (Chicoutimi): On n'a pas osé prendre des
décisions dans le respect, tout simplement, de cet arrêté
en conseil qui fait la loi, qui, même s'il est contesté, est
encore la loi.
M. Denault: Oui, mais il reste quand même qu'il n'est pas
prudent, comme administrateurs publics, que... Prenons l'exemple plus simple
qui est celui d'un règlement d'emprunt. Si un règlement d'emprunt
est attaqué devant les tribunaux, que sa validité même est
attaquée, il ne serait pas prudent pour une ville d'aller de l'avant et
de faire tous les travaux. A tout événement, nous avons
présenté des règlements d'emprunt, et le ministère
lui-même, à ce moment, parce qu'il n'y avait pas de projet de loi,
mais une contestation devant les tribunaux, a dit: On n'approuve pas vos
règlements d'emprunt...
M. Bédard (Chicoutimi): Je vous comprends bien. Le
ministère lui-même avait peur de sa loi.
M. Denault: C'est ça. Des procédures, parce
qu'à ce moment, le règlement était contesté et le
projet de loi, qui pouvait remédier à la situation,
n'était pas présenté.
M. Roy: Maintenant, cela m'amènerait à vous poser
une autre question également, parce que vous dites, évidemment,
que le but que vous avez mentionné dans votre mémoire, de faire
de Rimouski un centre industriel et urbain, personne ne conteste cela, peu
importe la région du Québec, à l'heure actuelle.
Mais pour la réalisation de ce centre industriel et urbain, dans
d'autres régions du Québec, il y a eu des ententes qui ont
été faites entre les diverses municipalités.
Est-ce qu'au niveau de la ville de Rimouski, il y a eu des pourparlers
avec la ville de Rimouski-Est à ce sujet? Est-ce qu'il y a eu des
projets d'entente? Est-ce qu'il y a eu des demandes qui ont été
faites?
M. Denault: Un peu. La cité de Rimouski a participé
à ces rencontres ou à ces négociations... ...
l'urbaniste...... ce qui...... n'était pas présent, quant
à moi, à ces réunions.
M. Bonnaud (Georges): On peut commencer, tout d'abord, en 1971,
c'est à peu près la date du...
Le Président (M. Brisson): Voulez-vous vous identifier,
s'il vous plaît?
M. Bonnaud (Georges): Je suis Georges Bonnaud, conseiller en
planification urbaine.
Le Président (M. Brisson): Merci!
M. Bonnaud: En 1971 environ, les treize municipalités de
la zone de Rimouski-Mont-Joli s'étaient regroupées pour faire un
plan d'aménagement cohérent pour l'ensemble des
municipalités, dans un esprit de collaboration.
A cette époque, il y a eu différentes tentatives de mettre
au point des formules pratiques de collaboration entre les
municipalités, tout en leur laissant leur autonomie entière.
Entre autres, le plan de la commission conjointe d'urbanisme, qui
prévoyait l'aménagement de la zone autour de deux pôles,
Rimouski d'un côté; Mont-Joli d'un autre côté. Ce
plan a été approuvé par onze des treize maires qui
participaient à la zone et donc approuvé par onze des treize
municipalités. Il y a eu une abstention et il y a eu une contestation ou
enfin un refus. Le refus était de la part de la municipalité de
Rimouski-Est.
A cette même époque, il était proposé une
formule de commissariat industriel conjoint qui aurait permis à toutes
les municipalités de la zone de participer au développement
industriel de la zone, selon leurs moyens, et d'en tirer les revenus selon les
investissements qu'elles auraient mis dans la zone.
Cette formule a connu le même sort que le plan qui avait
été accepté par les onze des treize maires.
A la suite de ces deux essais de collaboration, il y a eu un
troisième essai qui était la fusion volontaire des territoires
entre les trois municipalités. Comme on l'a mentionné, il y a 75%
tout de même de la population qui s'est prononcée pour cette
fusion volontaire. Encore là, cela a été contesté
par Rimouski-Est avec le résultat qu'on connaît.
A la suite de ces différentes tentatives, les deux municipales,
pôles de la zone, Rimouski et Mont-Joli n'avaient plus aucun choix. Le
seul choix qu'elles avaient était de fonctionner seules.
Alors, on a essayé encore, à ce niveau, de faire une
annexion. Il est à noter, d'ailleurs, qu'au niveau des fusions
volontaires, il y a même eu de la mauvaise volonté, je pense
si je peux faire des jugements de valeur poussée assez
loin pour refuser de négocier et non pas de prendre des décisions
ou d'être en désaccord, mais de négocier à
l'intérieur d'un groupe de municipalités.
A la suite de cela, la ville de Rimouski a tenté d'annexer les
territoires qu'elle avait besoin, ce qui a été de nouveau
contesté.
Je pense que les efforts qui auraient dû être
orientés sur le développement de l'ensemble de
l'agglomération ont été mis, bien souvent, à
contrecarrer des projets qui avaient un tant soit peu de sens dans le cadre du
développement régional.
Je pense que je fais le bilan des réunions que je connais,
auxquelles j'ai participé, auxquelles j'étais présent.
Cela fait le bilan des négociations qui ont été
tentées entre les différentes municipalités.
M. Saint-Hilaire: Seulement une question... M. Bonnaud dise par
qui il avait été engagé?
M. Bonnaud: On avait été engagé par la
commission conjointe d'urbanisme, c'est-à-dire les treize
municipalités. Ces treize municipalités groupaient, comme je l'ai
dit, deux pôles importants, Rimouski, MonKloli et les onze
municipalités environnantes sont des municipalités qu'on peut
qualifier de rurales ou à économie plutôt rurale, sauf
peut-être le cas de la municipalité de Rimouski-Est qui, en fait,
n'est pas du tout une municipalité rurale, mais un faubourg de la ville
de Rimouski et qui vaut, en langage technique, à la moitié d'une
unité de voisinage. Vous êtes sans doute au courant qu'une
unité de voisinage est la taille minimum de planification urbaine qu'on
peut avoir dans une ville. Cela en prend au moins quatre pour faire un
quartier. Cela prend quatre quartiers pour faire ce qu'on appelle une ville,
dans notre jargon. Une unité de voisinage est la taille la plus petite
qui permet d'implanter une école élémentaire, par exemple,
avec un certain niveau de rentabilité sociale.
Alors, la taille de la municipalité de Rimouski-Est est seulement
de 650 familles, ce qui représente la moitié environ d'une
unité de voisinage. C'est le même tissu urbain de la ville de
Rimouski. Cela fait partie. C'est la même ville. C'est la même
entité, sauf que c'est divisé par une limite territoriale, une
limite administrative qui remonte à 1949 parce qu'à cette
époque, je pense, a été créée la
municipalité de Rimouski-Est, autour de cette époque, 1944-1949.
Ce sont des limites qui peut-être avaient une utilité à
l'époque où l'économie de la région était
axée sur le développement ou sur l'exploitation de ressources
agricoles et forestières, mais qui, en 1975 et au moins depuis une
dizaine d'années, n'ont plus grande signification.
M. Roy: Lorsque vous parlez de 650 familles, combien cela
donne-t-il de population?
M. Bonnaud: Cela donne environ 2,400 personnes.
M. Roy: 2,400 de population. M. Bonnaud: Oui.
M. Roy: Mais, dans le territoire qui est annexé, tel que
prévu par le projet de loi 205, combien y a-t-il de personnes qui
résident à l'intérieur de ce territoire?
M. Bonnaud: II y a une seule famille. M. Roy: II y a une
seule famille. M. Bonnaud: Oui.
Le Président (M. Brisson): Avez-vous d'autres questions,
M. le député de Beauce-Sud?
M. Roy: J'aurais une autre question à poser. Je ne connais
pas suffisamment les limites territoriales de cette région pour en
évaluer la population, mais on me dit qu'il y a une famille qui y
demeure.
Est-ce qu'il y a des commerces, est-ce qu'il y a des entreprises qui
sont actuellement installés dans ce territoire et qui paient,
contribuent à alimenter le débit de la ville?
M. Bonnaud: Je vais laisser, si vous permettez, Me Pakenham
répondre à cette question. Il a la liste exact des gens, des
entreprises et des commerces qui sont installés dans ce territoire.
M. Roy: On a parlé tout à l'heure de $7,300 de
revenus directs que cela pourrait donner à la ville si on...
M. Pakenham: En taxe foncière municipale seulement, sans
compter la taxe de vente. En fait, ce qu'il y a comme résidants et gens
demeurant là, il y a un commerce d'automobiles, qui est la compagnie
Ruest et Arsenault, il y a plusieurs terrains qui appartiennent à
différentes compagnies ou individus, mais les gens ne demeurent pas
là, sauf quelques-uns qui sont dans la partie verte, sur le plan,
où il y a deux résidences qu'incidemment on veut retourner
à Rimouski-Est à cause du caractère domiciliaire de ce
secteur. Ce qu'on
veut, c'est du terrain industriel. Alors, il y a un commerce et il y a
un marchand de bois. C'est à peu près tout ce qu'il y a comme
implantation actuellement.
M. Roy: Est-ce que vous avez des études de faites, des
chiffres pour nous dire ce que cela peut représenter au niveau de la
taxe de vente?
M. Pakenham: Au niveau de la taxe de vente, non, c'est
très difficile. Les chiffres sur lesquels se base le ministère du
Revenu pour le retour de la taxe de vente varient constamment.
Indépendamment des ventes qui sont effectuées dans le secteur,
ils rajustent tout le temps leurs subventions de taxe de vente parce qu'ils ont
oublié certaines choses.
M. Roy: II y a une autre question que je voulais poser, à
ce moment-ci, puisqu'on dit que c'est une petite municipalité et que
cela freine le développement de la ville de Rimouski et ainsi de suite.
Je voulais demander si on a songé à un moment donné
à une annexion totale. Il y a des annexions partielles qui se font, il y
a des annexions totales, en totalité. Je ne propose pas, je pose la
question.
M. Pakenham: Je pense que des annexions totales, on appelle cela
plutôt des annexions.
M. Roy: Je demande si cette question a été
analysée, parce que si on dit, d'un côté, c'est une chose
qui est importante, je pense, que la ville de Rimouski-Est n'a pas les revenus,
n'est pas capable d'assurer la pleine expansion industrielle qu'elle devrait
assumer dans son territoire et que, pour cette raison, on lui en enlève
une partie, je pense qu'on n'améliore pas la situation
économique, sociale et financière de la ville de Rimouski-Est,
mais j'aimerais qu'on me donne des détails là-dessus. Est-ce que
l'annexion totale a été envisagée? Si elle n'a pas
été envisagée, j'aimerais savoir pourquoi, et si elle a
été envisagée, pourquoi elle n'est pas retenue. Ce sont
quand même des éléments dont nous avons besoin.
M. Bonnaud: A ma connaissance, la fusion, l'annexion, même
totale, n'a pas été envisagée à moins qu'on ne me
détrompe. Ce qui a été envisagé, cela a
été la fusion des municipalités, une fusion volontaire
négociée de façon à rendre son dû à
chacun; c'est à ce niveau qu'on a eu des objections de la part de la
municipalité de Rimouski-Est, qui a même refusé de
négocier d'une façon attentive et sérieuse. L'annexion
elle-même n'a pas été, à ma connaissance,
envisagée.
Est-ce qu'on enlève un potentiel de développement à
la municipalité de Rimouski-Est? A mon avis, on n'enlève
absolument rien à la municipalité de Rimouski-Est, parce qu'elle
n'a aucun moyen de développer ce territoire, sauf peut-être, et
encore c'est aléatoire, par des développements
résidentiels qui seraient au milieu de réservoirs d'huile, juste
en bordure d'une zone industrielle déjà existante, collée
sur un aéroport de caractère industriel, ce qui n'est pas
très souhaitable et, je pense, qu'aucun planificateur ou aucun urbaniste
ne pourrait le recommander de façon sérieuse. Alors, le
développement de ce territoire doit absolument être
envisagé en industries. La cité de Rimouski dépense
actuellement, juste au niveau de la promotion économique, de $40,000
à $70,000 par année. Cela est à part toutes les
études de promotions qui sont faites, comme les études de
développement des ports qui ne sont pas sur le territoire de la ville de
Rimouski, qui sont sur le territoire de la ville de Rimouski-Est, mais pour
lesquels elle dépense des efforts.
C'est évident qu'avec un budget fourni par une population de 720
familles, c'est impensable, quand on sait que la municipalité de
Rimouski-Est n'a même pas un policier, par exemple, juste un
employé municipal, et pas de corps permanent de pompiers. Elle serait
incapable même d'assurer une protection contre l'incendie adéquate
dans le parc industriel.
Elle serait incapable de fournir tous les efforts de promotion qui
doivent accompagner un investissement semblable. Créer un parc
industriel et n'avoir personne pour le développer, en faire la
promotion, c'est jeter de l'argent par les fenêtres. Même à
ce niveau, ça prendrait un investissement minimum de base de $380,000
que la ville de Rimouski-Est, je pense, n'est pas en mesure d'assumer
actuellement.
Le développement du parc lui-même va coûter
$5,300,000. Je ne pense pas non plus que Rimouski-Est ait la capacité
d'emprunt pour effectuer ces investissements.
Ce que je peux dire, par contre, c'est que, si le parc industriel est
développé par la cité de Rimouski, il est évident
que les emplois qui vont être créés... On évalue que
ces emplois vont amener un accroissement de population d'environ 20,000
personnes dans l'agglomération; comme je le dis, c'est la même
agglomération. Ces investissements vont amener un surplus
d'activités commerciales, vont amener un développement accru dont
pourra bénéficier la municipalité de Rimouski-Est.
Je passe à un autre point, au niveau des...
M. Bédard (Chicoutimi): Sur ce point précis, parce
que c'est quand même le coeur du sujet, un des aspects bien importants du
problème qui a été soulevé par le
député de Beauce-Sud, à savoir la capacité ou la
non-capacité de Rimouski-Est de pouvoir assumer un développement
tel que celui qui est proposé, de même que d'en faire la
promotion, j'imagine que... Le maire de Rimouski-Est est ici. Est-ce que,
là-dessus, il a l'intention de nous donner sa version?
M. Pineau (Albert): Sûrement.
M. Goldbloom: M. le Président, justement, je voulais
intervenir tout à l'heure. J'écoutais les questions et les
réponses et vous vous rappelerez que je n'en ai pas posé. C'est
parce qu'il me semble que nous avons un côté de la médaille
et que
nous n'avons pas l'autre. Il me semble que nous sommes rendus au point
où il faudrait entendre les représentants du village de
Rimouski-Est et pouvoir poser les mêmes questions aux deux parties, avoir
les deux versions de ce qui peut être éventuellement compris par
les membres de la commission.
Le Président (M. Brisson): Ce n'est pas un débat
entre les parties.
M. Goldbloom: Non. A condition que ce ne soit pas...
M. Bédard (Chicoutimi): Je pense que l'esprit dans lequel
le ministre fait son intervention n'est pas de susciter un débat, mais
au moins d'entendre toutes les parties, de manière qu'on puisse juger, a
priori, des arguments apportés par les uns et les autres. J'imagine que
le maire de Rimouski-Est a son mot à dire concernant ce projet de loi et
ce serait aussi intéressant de l'entendre.
M. Lessard: M. le Président, je suis bien d'accord.
Jusqu'ici, je pense qu'on a fonctionné de façon normale,
c'est-à-dire que nous avons posé des questions sur...
M. Goldbloom: Je n'ai fait aucune critique, M. le
Président, j'ai simplement exprimé le sentiment qu'il est
difficile...
M. Lessard: ... le mémoire.
M. Goldbloom: ... d'aller plus loin. Nous sommes rendus au point
où nous voulons écouter l'autre point de vue et pouvoir faire la
part des choses.
M. Bédard (Chicoutimi): Lorsque j'exprime le désir
d'entendre le maire de Rimouski-Est, ce n'est pas une marque de
désapprobation sur l'exposé qui nous a été
très bien fourni par les responsables de la ville de Rimouski. C'est
tout simplement qu'en ayant les deux versions, avec leurs points forts, de part
et d'autre, il me semble qu'après ça on peut orienter nos
questions, peut-être, plus efficacement.
Le Président (M. Brisson): Je vous remercie, messieurs.
Est-ce que vous désirez entendre en premier le maire de la ville de
Rimouski-Est ou le conseiller juridique du village de Rimouski-Est?
M. Lessard: Je pense que c'est à eux de
décider.
M. Bédard (Chicoutimi): II y avait l'union...
M. Delisle (Pierre): En ce qui nous concerne, on
préférerait d'abord rapidement présenter le
mémoire, ensuite, M. le maire pourra peut-être répondre aux
différentes questions.
Le Président (M. Brisson): Est-ce que vous pourriez vous
identifier, s'il vous plaît?
M. Delisle: Pierre Delisle, conseiller juridique.
Le Président (M. Brisson): De la Corporation municipale du
village de Rimouski-Est?
M. Delisle: C'est bien ça. Nous avons
déposé, il y a déjà deux jours, auprès des
membres de la commission, un mémoire à la commission
parlementaire traitant du projet de loi 205 de la cité de Rimouski.
Donc, la plupart ont eu un temps important pour en prendre connaissance. Parce
que je considère qu'il y a là des questions de principe
extrêmement importantes pour la cité de Rimouski, mais aussi
importantes pour le village de Rimouski-Est. Je pense qu'elles doivent
être prises en considération.
Je traiterai d'une façon très courte toute la question du
conflit entre le législatif et le judiciaire qui a été
abordée d'une façon un peu plus claire par le bâtonnier
lui-même et qu'il semble régler d'une façon un peu trop
rapide, en ce qui nous concerne. On nous mentionne des possibilités
d'amendement.
Je n'ai pas entendu, jusqu'à présent, des
collègues, à gauche, ici, qui ont le mandat de piloter le projet
de loi 205, parler d'amendement ou de modification. Tant que la chose ne sera
pas faite, je ne peux pas tenir pour acquis que le projet de loi est
changé.
Deuxièmement, j'aimerais préciser aux membres de la
commission qu'un projet de loi privé doit suivre des règles de
base, des règles fondamentales qui sont, en particulier, les
publications dans la Gazette officielle et dans les journaux. Le projet de loi
que l'on voudrait modifier, puisqu'il ne l'est pas à ma connaissance,
pour en changer la nature même, particulièrement les confirmations
du règlement 966 et aussi l'aspect rétroactif au 24 août
1974, c'est un projet de loi complètement nouveau. Je soumets aux
membres de la commission qu'on devra nécessairement reprendre la
procédure de parution dans la Gazette officielle, de façon
à permettre et c'est l'esprit, je crois, de la loi concernant les
projets de loi privés au village de Rimouski-Est, si tel
était le cas et telle était l'intention de la cité de
Rimouski, de présenter valablement son point de vue. A mon avis, c'est
une toute autre chose qui sera alors discutée. C'est ce qui concerne les
projets d'amendement dont on nous parle.
Je m'en reporte à mon mémoire quant aux autres aspects du
conflit du judiciaire et du législatif. Un seul point m'occupe
cependant. Même modifié, en ce qui me concerne, le projet de loi
205 est exécrable sur le plan juridique. Je sais que vous n'aimez pas
entendre ces mots-là. On a tout fait, tout à l'heure. On a
discuté de la chose dans des termes bien polis, mais, à mon avis,
même actuellement, régler un conflit sur lequel les tribunaux
doivent statuer, ne réglera en rien l'injustice que Rimouski-Est croit
être causée par l'application du règlement 966. Et adopter
une loi qui entrera en vigueur lors de sa sanction, c'est-à-dire dans
les jours où les semaines qui viendraient, ne réglerait rien sur
le fond même qui a été entendu devant le juge Masson.
A mon avis, qu'une loi soit rétroactive, ou qu'elle entre en
vigueur à partir de sa sanction, donc qu'elle n'ait pas cet aspect plus
injuste ou discriminatoire auquel on a référé tout
à l'heure, ne change rien au fond du problème. Dans notre
mémoire, nous mentionnons qu'à toutes fins pratiques, ce que vous
nous demandez de faire est de refaire devant vous, avec témoins si
possible, la cause que nous avons faite il y a deux semaines devant le juge
Masson. Personnellement, dans ma carrière, j'ai rarement
été dans une position aussi inconfortable que celle que la
commission nous demande de prendre.
Plaider d'abord une cause devant les tribunaux, parce que c'est le fond
même du règlement 966 et de l'annexion qui est en cause devant le
juge Masson, et non pas, comme on a voulu le mentionner tout à l'heure,
des technicités de requête. Si on lit bien les
allégués et si on lit bien aussi le mémoire qui est
mentionné ici, il y a des questions fondamentales qui ont
été soulevées devant le juge, comme, par exemple,
l'annexion sans aucune condition.
Par exemple, le fait que la municipalité de Rimouski-Est perdra
des revenus assez minimes, on a mentionné $5,000 à $6,000 de
taxes foncières, mais on ne mentionne pas les $35,000 à $40,000
de taxe de vente annuelle que cette municipalité va perdre, alors, en
quoi la municipalité de Rimouski, qui a déjà adopté
le règlement 966, sur lequel elle avait un contrôle parfait, qui
vous présente aujourd'hui un projet de loi privé sur lequel elle
a aussi un contrôle parfait... en quoi cette ville agit-elle d'une
façon plus juste vis-à-vis du territoire de Rimouski-Est, si la
loi n'est pas rétroactive?
En ce qui me concerne, c'est du pareil au même. Et
fondamentalement, le procès qui a été entendu, et je ne le
referai certainement pas ici, portait justement sur ces questions: Les pertes
de revenu. L'aspect inique d'une population qui se fait triturer
littéralement pour obtenir son consentement par la force. Or, si nous
contestons devant les tribunaux le règlement 966, parce que les gens
n'ont pas donné un consentement libre, je ne vois pas en quoi une loi de
l'Assemblée nationale, que vous êtes libres d'adopter, changera
quoi que ce soit. Vous ne vous substituerez certainement pas au consentement
libre des gens de ce secteur. J'en suis certain. La seule chose valable qui
peut être faite, à mon avis, c'est qu'on reprenne la
procédure d'annexion et qu'on suive les mêmes règles
auxquelles sont astreintes les autres municipalités de ville dans la
province de Québec. Si on veut changer les règles du jeu, qu'on
les change pour toutes. Et chacune des municipalités sera traitée
comme Rimouski, et pourra, à son gré, annexer des territoires
suivant que l'Assemblée nationale, ou qu'un organisme administratif
décrétera qu'il est important, sur le plan industriel, ou
commercial, ou résidentiel, de s'attribuer du territoire.
Fondamentalement, en ce qui me concerne, il n'y a rien de changé,
qu'on agisse avec rétroactivité ou qu'on n'agisse pas avec
rétroactivité. On retrouve les règles du jeu dans la Loi
des cités et villes du Québec, et, à ma connaissance,
elles n'ont pas été modifiées. Et je vous soumets que
modifier, pour une ville, dans un cas particulier, spécialement lorsque
ce cas est devant les tribunaux, et il n'est pas devant les tribunaux seulement
pour le plaisir d'en parler... A mon avis, s'il avait été devant
les tribunaux comme mesure dilatoire, dans le fond, c'est ce qu'on essaie de
dire depuis tout à l'heure, sans trop le dire, je ne crois pas que la
ville aurait présenté un projet de loi. Je pense qu'elle se
serait défendue comme font tous les justiciables et qu'elle aurait
attendu la décision des tribunaux.
Voilà, en ce qui me concerne, sur la question de
l'opportunité ou, en tout cas, la question de la modification
éventuelle du projet de loi.
Ceux qui ont pu lire le mémoire je ne le relirai pas, je
l'ai dit noteront qu'essentiellement nos représentations sont les
suivantes, au-delà du caractère rétroactif de la loi: Nous
disons dans le mémoire que le projet 205 est inutile, inopportun et
injuste. Il est inutile je pense que le maire insistera tout à
l'heure sur ce point parce que, à notre avis, il n'est pas
démontré que la cité de Rimouski a besoin de ces terrains
pour son propre parc industriel.
Suivant les propres documents que nous avons en main de la cité
de Rimouski, à peine 10% du territoire est urbanisé. Il n'est
pas, à mon avis, nécessaire, dans de telles conditions, que le
parc soit agrandi à l'intérieur d'une municipalité voisine
et, en plus, en incluant un projet d'annexion.
D'ailleurs, à ce propos, j'aimerais bien préciser qu'il
n'y a pas seulement la ville de Rimouski qui a des plans, mais le village de
Rimouski-Est a des plans d'urbanisme lui aussi je les ai ici qui
prévoient eux aussi, une vocation industrielle pour ces territoires. On
n'est pas des idiots. Des réservoirs d'essence et des lignes de chemin
de fer, on sait quoi en faire. On n'a pas besoin d'être de la ville de
Rimouski pour penser de desservir en industries ce secteur.
D'ailleurs, d'une façon très juste, le territoire actuel
et particulièrement les lots qui vous intéressent, en
bleu, 183 et 184 a déjà une vocation industrielle. C'est
la raison pour laquelle, à mon avis, il est convoité, parce qu'il
implique une évaluation intéressante; il implique des revenus de
taxe de vente intéressants. Personne n'en parle ici. On parle d'une
vocation éventuelle, mais on ne parle pas de la perte de revenu qui sera
subie par Rimouski, immédiatement.
M. Saint-Hilaire: On va en parler tantôt.
M. Delisle: C'est en plus inutile, du fait que Rimouski a
suffisamment de territoire et qu'il n'est surtout pas nécessaire
d'annexer pour réaliser des projets industriels. Je pense que la plupart
des régions métropolitaines du Québec ont vécu des
expériences conjointes en matière des parcs industriels.
On nous a mentionné tout à l'heure, à une question
d'un député, toutes sortes de choses qui
concernaient les plans d'aménagement, mais on n'a pas
répondu spécifiquement que Rimouski-Est a refusé de
participer à la construction ou à l'aménagement conjoint
d'un parc industriel. Au contraire, vous entendrez le maire lui-même sur
cette question, Rimouski-Est n'a jamais eu quoi que soit contre la
création d'un parc industriel. Au contraire, elle le réalise
déjà; elle est prête à le réaliser
conjointement avec la ville de Rimouski.
Je vous souligne d'ailleurs, en parlant de cet aspect, que, si, sous
prétexte de vouloir dépasser les autorités municipales en
place, on tente des annexions pour accumuler le gâteau, à ce
moment, on n'a plus besoin de tenir compte des autorités municipales.
C'est aussi bien d'annexer au total Rimouski-Est à la ville et
d'abandonner purement et simplement ce territoire comme structure.
Mais je pense que l'Union des conseils de comté en aura long
à dire sur cela. A toutes fins pratiques, le véritable
problème qu'on a devant nous, vous avez eu le plan tout à
l'heure, vous l'avez vu, c'est qu'on divise un territoire complètement
en deux; on laisse la partie résidentielle construite sans aucune
possibilité d'expansion, aucune; ou lui prend au complet sa zone
industrielle et commerciale et on laisse à l'arrière un
territoire sans accès je pense qu'il est bien
démontré sur le plan sans possibilité de
développement par la cité de Rimouski elle-même.
A mon avis et en toute humilité, je suis certain que les services
d'urbanisme du ministère des Affaires municipales, s'ils avaient
à porter un jugement sur un tel projet d'annexion, dans le cadre normal
de la Loi des cités et villes, ne recommanderaient jamais une telle
annexion. Il est impossible, sur le plan de l'aménagement, sur le plan
des finances municipales, de concevoir une justice quelconque dans une annexion
qui divise complètement un territoire en deux, de la ville de Rimouski
jusqu'à Pointe-au-Père, qui laisse complètement
inutilisable la partie arrière du territoire.
Si c'est ce qu'on veut réaliser, qu'on le dise maintenant et
qu'on le réalise par une loi et, autant que possible, par une loi
publique, parce que c'est la responsabilité gouvernementale et non pas
la responsabilité de la cité de Rimouski de régler cette
question pour la municipalité voisine. C'est le problème,
à mon avis, qu'on a devant nous.
Je continue en disant que c'est inopportun, et je l'ai analysé
dans le mémoire, inopportun parce que, selon nous, cette question, telle
qu'analysée au cours du procès d'ailleurs et nous avons
fait certaines références à des transactions
immobilières repose beaucoup plus sur des questions
d'intérêt privé que sur des questions
d'intérêt public. Dès que les projets d'industrie ont
été connus, soit à partir d'octobre et novembre 1973, et
nous citons les ventes, il s'est passé dans ce secteur une telle
quantité de ventes, il y en a au moins 22, celles dont on parle, des
ventes fictives, il y en a au moins 7, 8 ou 10 qui concernent la
Société d'expansion de Rimouski qui était impliquée
directement dans la création du parc industriel... Toutes ces ventes
sont orientées dans deux directions, le développement
résidentiel, que mes confrères admettront être fictif, et
le développe- ment commercial qui n'a rien à voir avec l'objet
industriel qu'on vous dit devoir poursuivre.
Je dis que ce projet d'annexion est fait beaucoup plus pour
intégrer à l'intérieur de la ville de Rimouski ce secteur
commercial sur lequel on voudrait voir se réaliser un centre d'achats et
je pense que les ventes qui ont été citées le
démontrent d'une façon très claire. Les montants
impliqués dans les promesses de ventes obtenues par Léo Ruelland
pour la construction d'un centre d'achats sont presque aussi importants que les
aménagements qu'il faudrait faire pour construire nous-mêmes le
parc industriel. Ce ne sont pas des inventions, ce sont les transactions
enregistrées que tout le monde peut trouver au bureau d'enregistrement.
Dans ce contexte, le village de Rimouski-Est, qui a voulu faire valoir ses
droits devant les tribunaux et qui désire toujours continuer si on le
lui permet, le village de Rimouski-Est croit honnêtement que ce n'est pas
l'intérêt public qu'on poursuit, mais l'intérêt
d'obtenir une évaluation plus importante dans ce secteur, de
réaliser des investissements de nature commerciale. Des investissements
de nature commerciale, le village de Rimouski-Est est tout aussi bien muni pour
les réaliser que la ville de Rimouski. C'est ce qui concernait l'aspect
inopportun.
Enfin, l'aspect injustice, je pense que je l'ai mentionné tout
à l'heure en inversant un peu les arguments, c'est cette annexion qu'on
fait sans condition. Je pense qu'il est contraire à tout principe
élémentaire de justice d'accaparer quand même une partie
intéressante et importante d'un territoire, surtout avec le nouveau
projet d'annexion. On voit que ce n'est quand même pas le dixième
du territoire, c'est la quasi-totalité du territoire à
développer. Lorsqu'on accapare ainsi un territoire, il faut compenser.
La compensation, dans ce cas-ci, est tellement importante qu'à mon avis,
on ne peut faire autrement que choisir entre le statut actuel de la structure
municipale de Rimouski-Est et lui donner les outils nécessaires et les
fonds nécessaires et les subventions nécessaires s'il le faut
pour réaliser elle-même la vocation industrielle de ce secteur ou
annihiler purement et simplement le territoire et l'intégrer dans la
ville de Rimouski.
Je sais bien que le maire de Rimouski-Est ne sera pas de mon opinion. Il
ne vous dira certainement pas qu'il est d'accord, au contraire, et je pense
qu'il dira lui-même, dans ses propres mots, que le village de
Rimouski-Est désire continuer d'exister pour des raisons qu'il vous
donnera. C'est son droit dans la loi actuelle. Quand je parle de la loi, je
parle des lois générales. Possiblement qu'on pourra changer ces
lois générales par une loi privée.
Mais je veux vous préciser qu'à ce moment, on n'attaque
pas seulement une partie de territoire, seulement des terrains pour une
vocation industrielle, mais on attaque la vocation même du village de
Rimouski-Est. Si le village a une raison d'être, il doit continuer
d'exister, et il doit continuer d'exister avec son territoire et avec ses
possibilités d'expression.
Si le village de Rimouski-Est n'a plus de rai-
son d'être... Ce n'est pas, à mon avis, ce qui est devant
nous. C'est pour cela, d'ailleurs, que j'aimerais que les avis soient
donnés de nouveau, parce que si on veut venir sur cette chose, nous
aussi, on engagera des experts pour venir démontrer s'il faut que, oui
ou non, le village continue d'exister. Mais s'il n'a plus de raison
d'être, à mon avis, ce n'est pas la cité de Rimouski, par
un bill privé, qui décrétera son arrêt de mort.
C'est le gouvernement, par une loi publique, une loi qui conditionnera cette
fusion complète, à des conditions acceptables, elle sera
précédée d'une étude sérieuse de la
situation, comme, d'ailleurs, doit en faire la commission municipale lorsqu'il
y a des projets de regroupement.
On en prend tellement, on enlève tellement de possibilités
d'expansion future, que, même si je sais que le maire de Rimouski-Est ne
sera pas d'accord là-dessus, la seule solution acceptable à un
être raisonnable, c'est un regroupement total. Si on ne veut pas attaquer
la structure même du village de Rimouski-Est, je pense qu'en étant
juste, c'est ce qu'on devrait faire au stade du bill où on est. Si on ne
veut pas faire cela, on ne peut pas annexer les territoires qui apparaissent
sur les plans, ici, et qui servent d'une façon tellement précise
de territoires qu'on enlève même... On redonne même une
maison unifamiliale. Avez-vous déjà vu cela, dans une loi? M.
Deschênes, la partie verte, va revenir au village. Cela n'a pas de bon
sens. C'est de la carte échevelée pour essayer de trouver et de
suivre exactement la fin des rues résidentielles. Ceux qui connaissent
le territoire, vous le verrez. On suit exactement le développement
où il est actuellement. Je pense qu'il reste du terrain à
construire, et la municipalité vient de mettre la clé dans notre
porte. C'est un arrêt de mort qu'on vous demande de signer.
Moi, je vous demande: Si vous êtes pour signer un arrêt de
mort, de le signer suivant des normes qui seront générales
à toute la province et non pas suivant des normes qui sont
spéciales à ce territoire.
Enfin, dernier point, et je pense que d'autres l'exposeront plus
longuement devant vous. A mon avis, tout ce qui est devant vous, c'est tout le
problème, encore, du regroupement municipal.
Quand on comprend bien la question, quand on comprend bien les aspects
financiers en cause et les aspects d'aménagement, à mon avis,
c'est encore le fameux problème de regroupement municipal.
Acceptera-t-on un regroupement forcé à Rimouski-Est, ou
acceptera-t-on un regroupement qui sera conditionné à
l'acceptation des citoyens de Rimouski-Est, et qui sera probablement
conditionné à des garanties financières et à des
garanties fiscales dont ces gens ont besoin, s'ils deviennent, demain, ou dans
plusieurs années, des citoyens de la ville de Rimouski? Ce
problème et ce procès, je n'ai pas envie de les refaire ici.
C'est une question fort complexe. Mais ce que je veux vous démontrer,
c'est que par le biais d'une annexion, qu'on voudrait voir minime, et qu'on
voudrait voir insignifiante, dans le fond, c'est beaucoup plus qu'on pose.
Lorsque vous n'avez plus de territoire à développer,
lorsque vous perdez votre évaluation commerciale à 90%, lorsque
vous perdez votre évaluation industrielle et vos territoires industriels
à 100%, que vous reste-t-il d'autre à faire que d'aller, je ne
sais pas, une fois, de temps en temps, à une assemblée du conseil
et parler du bon vieux temps. C'est, à toutes fins pratiques, le
rôle que vous voulez laisser, dans l'avenir, au conseil municipal du
village de Rimouski-Est.
Le Président (M. Brisson): Le ministre a-t-il des
questions?
M. Goldbloom: Je pense que nous avons entendu les cloches et nous
ne savons pas s'il s'agit d'un appel au quorum ou d'un vote. Nous le saurons
dans quelques instants, mais il y a une question que j'aimerais poser, d'abord,
et je pense que nous ne pourrons aller très loin, ce soir,
malheureusement, à moins de décider de revenir après le
vote...
Il est question ici d'un important développement industriel, un
développement qui a été l'objet d'une reconnaissance
chiffrée de la part des deux paliers de gouvernement: $1.7 million du
gouvernement fédéral, $570,000 du gouvernement du
Québec.
Si ce développement ne se réalise pas, et nous avons
entendu qu'il y a une date limite au 31 mars, ce développement ne se
réalise pas, quel sera l'avenir de l'agglomération? Et y a-t-il
une autre agglomération à l'est de Lévis et de Lauzon, sur
la rive sud du Saint-Laurent, où un tel développement serait
possible et souhaitable?
Qu'est-ce qui arrive si le résultat de tout ceci est que le
développement industriel ne se fait pas et que les investissements des
deux autres paliers du gouvernement ne se font pas?
M. Delisle: Pourquoi n'adopterait-on pas une loi pour
créer un parc industriel conjoint, contrôlé, s'il le faut,
par un organisme quelconque, intermunicipal? Si le gouvernement peut annexer,
par loi privée, les territoires, il peut certainement forcer la
création d'un parc industriel, sans modifier les limites de structures
municipales actuelles.
M. Goldbloom: Me Delisle, comment qualifieriez-vous les relations
entre la cité de Rimouski et le village de Rimouski-Est?
M. Delisle: Je ne peux certainement pas les qualifier. Je ne
connais pas l'histoire des deux. Vous pourriez demander au maire, par exemple,
de les qualifier, il pourrait peut-être parler en son propre nom.
M. Goldbloom: Parce qu'en faisant la suggestion que vous venez de
faire, vous présupposez de bonnes relations et je ne sens pas dans la
discussion, jusqu'à maintenant, le genre de relations qui donneraient la
garantie de succès d'une telle entreprise.
Je ne sais pas si M. Pineau voudrait s'exprimer là-dessus, mais
est-ce une chose réaliste?
C'est cela que nous cherchons. Qu'est-ce qui est réaliste dans
tout ceci?
M. Pineau (Albert): M. le ministre, le 4 juillet 1975, je me suis
rendu ici, au complexe G, où je vous ai rencontré. Il y avait M.
Coulombe et j'ai été forcément obligé de rencontrer
M. Saint-Hilaire à la demande du premier ministre, à ce que vous
m'avez dit. C'est bien cela?
Il a justement été question du problème qu'on a
présentement, ici, devant vous tous.
Suite à certaines discussions qu'il y a eu je pense bien et
j'en suis sûr, ma mémoire ne fait pas défaut ce
sujet a été abordé.
Si vous vous souvenez de la réponse de M. Saint-Hilaire: Les
millions, c'est moi qui vais les avoir et cela vient de finir. Quand M.
Saint-Hilaire a pris les nerfs dans ce sens et que je l'ai ramené
à l'ordre en lui disant qu'il y avait des prérequis, il a
continué à babiller, c'était son babillage habituel.
Cependant, vous avez fini par dire vous-même, M. le ministre: Vous avez
parfaitement raison, M. Pineau, il y a sûrement des prérequis
à remplir.
Je trouve bien curieux que le problème qu'on a à
débattre ici ce soir... D'abord la ville de Rimouski, question de
territoire, M. Bonnaud ici a déclaré tout à l'heure que
les territoires importants pour ce complexe industriel étaient à
l'est de Rimouski-Est, du côté de Rimouski-Est. Ce même M.
Bonnaud a présenté, en 1973, devant la Commission municipale du
Québec, un volume de 118 pages dans lequel il disait que le territoire
de Rimouski était urbanisé et développé à
10% de sa valeur, 10.10% si vous voulez avoir plus de précisions. Je
trouve bien curieux que ces bonnes gens préconisent que chez nous on a
tous les terrains nécessaires tandis que si on regarde du
côté lots à bâtir, du côté
résidentiel, il reste environ 30 terrains à bâtir dans
Rimouski-Est, dans les limites actuelles de notre municipalité, ne
tenant pas compte, naturellement, d'un des terrains industriels, qui sont du
côté ouest, en allant vers la cité de Rimouski. Je trouve
bien curieux que justement on nous reproche d'avoir refusé de dialoguer,
enfin, de trouver une certaine formule d'entente. C'était très
difficile. Le climat ne s'est jamais prêté à cela parce
qu'on a toujours joué au plus fin avec la municipalité de
Rimouski-Est.
Je suis maire de la municipalité depuis dix ans. Je pense que
depuis dix ans j'ai vu toutes sortes de choses. J'en ai vu de toutes les
couleurs, mais la couleur qu'on présente aujourd'hui, je ne l'ai pas
vue. C'est la couleur mauve que je veux dire. Je trouve bien curieux aussi que
l'aéroport... On parle de l'aéroport qui est dans les limites de
la ville de Rimouski-Est, pour lequel la ville a à faire certains
travaux, ce que cela coûte annuellement... mais pour répondre
à M. Saint-Hilaire, ou à un autre qui a mentionné cela, le
bail vient d'être renouvelé le 6 mars 1975 pour vingt ans,
à raison de $1 par année.
Il y a des conditions essentielles, ces gens ne disent jamais toutes ces
choses. Les conditions essentielles sont qu'ils sont obligés de
maintenir en service permanent, en cas d'urgence, ledit aé- roport, au
point de vue de l'atterrissage c'est marqué dans le contrat. Vous ne
dites jamais ces choses auxquelles vous êtes obligés. Alors, si
vous vous êtes créé des situations difficiles, que vous
trouvez embarrassantes et que vous trouvez onéreuses, vivez donc selon
vos moyens.
Ensuite, on a soulevé le problème de l'eau, chose dont
j'aimerais parler moi aussi. De l'eau, j'en bois comme n'importe qui et
naturellement la ville de Rimouski détient présentement un permis
de la Commission des eaux du Québec, pour s'approvisionner à
même toutes les sources d'eau potable, 10 milles à la ronde, mais
ce permis qu'elle a obtenu l'oblige de fournir de l'eau aux gens à 10
milles à la ronde. On n'a pas de problème pour la payer, je pense
qu'on les paye selon ce qui a été demandé.
A présent, on parle de toutes sortes de choses, on parle
d'argent. Les piastres, c'est bien intéressant, quand on parle de
millions et des quelques cent milles dollars, mais on a oublié le
côté humain. On a oublié qu'on démembrait
aujourd'hui une municipalité qui vit. Ecoutez, on a nos
problèmes, mais je pense qu'on n'a pas été
gâté par les subventions, on s'est développé
à un rythme normal, on n'a engourdi personne au point de vue de
développement. On a vu à toutes les infrastructures qu'on devait
mettre en place, je pense qu'on les a faites, on les fait encore. On a
oublié le côté humain, dans le sens de dire que certains
contribuables de la municipalité de Rimouski-Est sont devenus des
contribuables chez nous pour une simple raison que j'aimerais expliquer
ici.
D'abord, ces gens ont bâti, dans certains cas, d'après la
Société centrale d'hypothèques et de logement, leurs
revenus ne leur permettaient pas de devenir des propriétaires dans la
ville. Ces gens, dans certains cas, gagnent leur vie dans la ville de Rimouski.
Ils ne pouvaient pas devenir des propriétaires dans la ville du fait que
les terrains sont beaucoup trop dispendieux, les taxes sont beaucoup trop
élevées.
A ce moment-là, demain matin, par des projets de loi
présentés comme le projet de loi 205, c'est démembrer
d'abord la municipalité. Ces gens ne seront pas en mesure ils ont
été refusé par la ville de Rimouski de devenir des
propriétaires du fait que les mensualités étaient trop
élevées en raison du coût des taxes. Ils sont pris dans un
beau piège. On n'a pas pensé à ça. On
présente des projets de toutes sortes. De plus, on nous a dit tout
à l'heure qu'il y avait seulement une famille dans le domaine
annexé, pour les lots 184 et 185. Quant à moi, je retrouve Donat
Levesque, Gabriel Des-chesne, David-Omer Heppell, la Compagnie
d'équipement qui est un revenu important, du fait que Rimouski Ready-Mix
a son bureau d'affaires local chez nous, à Rimouski-Est.
Je trouve qu'on essaie d'argumenter par toutes sortes de moyens pour
mettre en valeur des choses et, de notre côté, nous voyons
peut-être mieux le problème que vous-mêmes, ici, à
l'Assemblée nationale, mais, quand on a parcouru les lieux et qu'on a vu
ce qui se passe dans le terri-
toire, on sait toutes les contorsions qu'il a dû se faire de part
et d'autre, d'ailleurs, vérifiez au bu-rezu d'enregistrement, vous allez
voir ce qui se passe. Il s'en passe de toutes sortes, pour en venir à
des fins et présenter un pareil projet de loi tel le projet de loi
205.
En tout cas, si vous avez des questions, soyez bien à votre aise,
je suis ici pour vous répondre.
Le Président (M. Brisson): En plus de cela, avez-vous
d'autres représentations ou commentaires à faire? Je calcule que
c'est votre droit de parole.
M. Pineau: L'Union des conseils de comtés aurait
sûrement des représentations.
Le Président (M. Brisson): Oui, mais je veux dire vous,
comme maire de la ville?
M. Pineau: Non, pas pour le moment.
Le Président (M. Brisson): Non.
M. Roy: M. le Président, j'aurais des questions à
poser à M. le maire, si vous me le permettez.
Le Président (M. Brisson): Un instant! Le ministre a-t-il
des questions supplémentaires à poser?
M. Goldbloom: Si le député de Beauce-Sud veut
commencer, M. le Président.
M. Roy: Je ne veux pas passer en avant du ministre, M. le
Président.
M. Goldbloom: Non, non. Allez-y.
Le Président (M. Brisson): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: Merci. A Rimouski-Est, comme dans la ville de Rimouski,
avez-vous la même évaluation scientifique?
M. Pineau: Non, monsieur.
M. Roy: L'évaluation n'est pas faite sur le même
calcul.
M. Pineau: Non, monsieur. M. Roy: A quel pourcentage? M.
Pineau: Environ 40%.
M. Roy: Vous avez une évaluation à Rimouski-Est qui
est à 40% de l'évaluation de la ville de Rimouski.
M. Pineau: Oui, c'est cela, environ.
M. Roy: Quel est votre taux de taxation, à Rimouski-Est,
comparativement à celui de Rimouski?
M. Pineau: C'est $2 du cent. M. Roy: $2 du cent? M.
Pineau: Oui.
M. Roy: Dans la ville de Rimouski, est-ce que vous avez
les...
M. Pineau: Peut-être que les gens de la ville de Rimouski
pourraient vous répondre là-dessus.
Une Voix: $1.60.
M. Roy: Cela veut dire qu'il y a une différence dans le
taux de taxation, dans la taxation, assez considérable.
M. Pineau: C'est quatre fois.
M. Roy: Quatre fois plus taxé. Je pense qu'on tourne
beaucoup autour du pot, sans aller dedans. Je pense que justement nous avons
peut-être un point excessivement important, ce qui est la base de tous
les problèmes, de toutes les discussions.
M. Pineau: Je l'ai expliqué tout à l'heure, M. Roy,
lorsque j'ai parlé du côté humain qu'on avait
oublié, dans ces projets.
M. Roy: Quand vous parlez d'une annexion sans condition, est-ce
que la ville de l'Est a évalué les montants qui devraient lui
être remis ou remboursés, advenant le cas que cette annexion soit
acceptée, de gré ou de force, ou par le jugement de la cour?
Est-ce que la ville de l'Est à fait une évaluation de
l'infrastructure qui se trouve faite des équipements qu'il y a à
l'intérieur du territoire qui est annnexé?
M. Pineau: Si on regarde, par exemple, le projet 966, on peut
donner des chiffres là-dessus. Qu'est-ce que cela donnera pour l'autre?
Premièrement, je dois vous dire que, lorsqu'on a vu la parution de ces
articles, quatre semaines de suite, dans le journal local,
L'Echo-Progrès, nous avons demandé à M. Hubert
Dubé, le greffier, le secrétaire, de nous passer le plan pour
connaître tous les points techniques de cela. Cela nous a
été refusé par des ordre donnés par M.
Saint-Hilaire. C'est ce que le secrétaire m'a répondu.
Je ne pouvais pas le connaître, j'ai fait développer, par
les arpenteurs-géomètres, tous les points techniques pour savoir
quelle partie...
M. Saint-Hilaire: M. le Président, j'aurais un point de
règlement.
M. Roy: M. le Président, ce n'est pas le maire de Rimouski
que je questionne...
M. Saint-Hilaire: II y a un point de règlement, parce que
le maire vient de nous dire effectivement que le greffier de la cité de
Rimouski a dit que le maire avait défendu... Je demanderais au moins de
collaborer... par le greffier de Rimouski
qui est ici présent, si effectivement c'est exactement ce qu'il a
dit ou non.
M. Pineau: Cela a été demandé par M.
Lavoie.
Une Voix: On va le demander à M. Dubé qui est ici
présent.
Le Président (M. Brisson): Je demanderais au
député de Rimouski...
M. Saint-Hilaire: Je ne me laisserai pas accuser, par exemple,
vous pouvez être sûr de cela.
Le Président (M. Brisson): D'accord. Vous
rétablirez les faits en posant des questions après l'intervention
et les questions du député de Beauce-Sud.
M. Saint-Hilaire: Arrêtez, que je pose des questions.
Le Président (M. (M.Brisson): Le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: La question que je pose, c'est concernant la ville de
Rimouski-Est. Etant donné que ce territoire vous appartient
actuellement, vous devez quand même avoir, à l'intérieur de
ce territoire, des données, des précisions concernant la valeur
de l'infrastructure, autrement dit de ce que cous avez été
obligé de faire, de ce que vous avez été obligé
d'installer, à l'intérieur du territoire qui est
annexé.
M. Pineau: Si on tient compte du nouveau projet 205, je ne l'ai
pas, sûrement pas ici.
M. Roy: Non.
M. Pineau: On n'a pas fait l'évaluation de cela.
M. Roy: L'évaluation n'est pas faite.
M. Pineau: Non.
M. Roy: Vous n'avez aucune idée. Il n'y a eu aucune
discussion entre la ville de l'Est et la ville de Rimouski à ce
sujet?
M. Pineau: Non, monsieur.
M. Roy: Est-ce que cette question a été
examinée lorsque vous avez passé devant les tribunaux?
M. Pineau: Oui, pour les lots 184 et 185.
M. Roy: Effectivement, est-ce qu'il y a de l'infrastructure
à l'intérieur de ce territoire?
M. Pineau: Pour 184 et 185, oui.
M. Roy: Mais dans la partie... Là, je me
réfère à la carte, il y a une partie bleue et une partie
rose. Dans la partie bleue, il n'y en n'a pas. C'est dans la partie rose qu'il
y en a.
M. Pineau: C'est le contraire, c'est dans la partie bleue qu'il y
en a et pour lequel cela a été calculé. Dans la partie
rose, cela n'a pas été cla-culé parce qu'on vient à
peine d'avoir les plans.
M. Roy: Est-ce qu'il y en a ou s'il n'y en n'a pas?
M. Pineau: Dans la partie rose, il peut y en avoir, mais cela n'a
pas été vérifié sur place.
M. Roy: Cela n'a pas été...
M. Pineau: II est peu plausible qu'il y ait des investissements
parce que cela semble être à l'arrière du territoire.
M. Roy: Mais dans la partie...
M. Pineau: Dans la partie bleue qui faisait l'objet du
procès, il y a des infrastructures.
M. Roy: Ces infrastructures sont évaluées à
combien?
M. Pineau: II est assez difficile de faire une évaluation
précise. Cela ne peut pas être des montants énormes.
L'investissement global avait été fait au montant de $200,000 et
ce n'est qu'une partie qui est située dans le territoire annexé.
Je crois que l'aspect financier qui est le plus important est la perte de taxe
de ventes qui, elle, a été évaluée, uniquement pour
le secteur en bleu, à $40,000 par année puisque 90% des commerces
et des revenus de taxes de ventes sont situés à cet endroit.
Suivant les bilans et les états financiers, la taxe de vente qui sera
perdue lorsque les réajustements se feront est évaluée
à $40,000 ou $45,000. On connaît la perte de taxes
foncières les confrères de Rimouski l'ont mentionné
tout à l'heure elle est de l'ordre de $7,000 par année.
Pour les territoires situés dans le secteur bleu, personne ne les a
calculées jusqu'à maintenant, pour l'ensemble ou pour la partie
restante.
M. Roy: Est-ce que, dans le règlement d'annexion, il est
dit que la ville de Rimouski va dédommager en totalité pour les
valeurs estimées aux livres de l'infrastructure ou est-ce qu'elle
à l'intention que ce soit dédommagé comme tel? En somme,
s'il y a un transfert d'actif, dans un sens, il doit y avoir également
un transfert de passif. Ou, s'il y a un transfert de passif, il doit y avoir
également un transfert d'actif, correspondant si on veut en venir
à un règlement équitable de part et d'autre.
M. Delisle: Si on lit le projet de loi 205 tel qu'il est
rédigé, on va avoir un transfert d'actif, mais aucun passif
correspondant; on n'aura aucune compensation financière pour les pertes
de revenus et de taxes foncières et de taxes de ventes. C'est ce qui est
écrit ici. C'est là la seule chose que je peux voir.
M. Roy: Comme votre taux de taxation est de
beaucoup inférieur a celui de la ville, c'est un moyen de
récupérer, autrement dit, pour équilibrer le budget.
Le Président (M. Brisson): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Boutin: M. le Président, je voudrais demander à
M. le maire: Quel est le budget actuel de Rimouski-Est?
M. Pineau: C'est $224,000. M. Boutin: Votre dette?
M. Pineau: Pardon?
M. Boutin: Quelle est votre dette, actuellement?
M. Pineau: La dette réelle de la municipalité, per
capita?
M. Boutin: Non, pas per capita, totale. M. Pineau: Totale?
Environ $350,000.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, il est 11
heures...
Le Président (M. Brisson): On a encore des questions
à poser...
M. Boutin: Je voudrais savoir...
Le Président (M. Brisson): ... l'honorable maire est en
train d'y répondre.
M. Boutin: ... si vous avez un service de police à
Rimouski-Est?
M. Pineau: Le service de police... Si vous regardez, par exemple,
pour une municipalité rurale, l'article 51 du code de police...
M. Boutin: La Sûreté du Québec...
M. Pineau: ... une municipalité rurale peut avoir son
corps de police et le maintenir. Cependant, une ville doit le maintenir. Comme
c'est là, on a un très bon service. C'est la Sûreté
du Québec.
M. Boutin: Avez-vous un service de pompiers, ou avez-vous des
ententes ou une mise en commun qui a été faite avec la
cité de Rimouski?
M. Pineau: On n'a aucune entente avec la cité de Rimouski,
sauf qu'advenant là où on lui demanderait de l'aide... Cependant,
nous avons notre service d'incendie chez nous. On a notre camion; on a notre
caserne; on donne aussi des services à la municipalité de
Pointe-au-Père.
M. Boutin: Est-ce que vous avez...
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne veux pas être
désagréable vis-à-vis du député qui a la
parole présentement, mais j'ai moi-même, passablement de questions
à poser. Je comprends que M. le député a peut-être
beaucoup d'autres questions à poser. On a quand même un
règlement. Il est passé 11 heures, et je crois qu'il y aurait
lieu d'ajourner nos travaux puisque tous les membres de la commission ont des
questions à poser et qu'on ne peut pas vider la question ce soir.
M. Lessard: ... sine die. On n'a qu'à prendre des ordres
de la Chambre.
M. Goldbloom: M. le Président, déjà, au
feuilleton, la commission est convoquée pour mardi matin prochain, et ce
sera pour entendre des représentations au sujet de la Communauté
urbaine de Québec. Il me semble donc que nous devrons envisager un autre
moment pour reprendre l'étude de ce projet de loi. Ce que j'aimerais
suggérer, c'est que nous reprenions l'étude mercredi,
après la période des questions.
M. Lessard: M. le Président, le ministre n'en est
peut-être pas informé, mais il y a eu certaines modifications dans
la stratégie du gouvernement depuis quelques minutes. Ce que je vous
soumettrais, tout simplement, c'est d'ajourner nos travaux sine die, quitte
à consulter le leader parlementaire du gouvernement, et à donner
demain, à 11 heures, une motion, s'il y a lieu, ou quitte aussi,
à attendre à mercredi après-midi. Je comprends qu'il y a
le problème des gens de Rimouski. Mais, de toute façon, ils
doivent coucher ici.
M. Saint-Hilaire: Par contre, si on ne siège pas demain,
je pense bien qu'ils préféreraient descendre...
M. Lessard: Nous siégeons demain.
M. Saint-Hilaire: Non, mais je veux dire pour ceux qui ne sont
pas ici. Pourquoi payer...
M. Bédard (Chicoutimi): Pourquoi pas, demain matin,
à 11 heures, après la période des questions? A moins que
le ministre ait des objections personnelles, peut-être demain matin,
à 11 heures, après la période des questions?
M. Goldbloom: II ne s'agit pas d'objections, mais
d'obligations.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord!
M. Lessard: Alors, ajournez les travaux sine die, quitte
à...
Le Président (M. Brisson): les membres seront probablement
appelés à revenir mercredi, sous réserve d'un ordre de la
Chambre. La commission ajourne ses travaux sine die.
M. Viau (Pierre): M. le Président...
Le Président (M. Brisson): Oui.
M. Viau: ... comme je n'ai pas fait de représentation,
pouvons-nous connaître la façon dont nous serons
avisés?
Le Président (M. Brisson): Convoqués?
M. Viau: Oui.
Le Président (M. Brisson): Par télégramme,
par le secrétaire des commissions.
(Fin de la séance à 23 h 11)