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(Vingt heures quinze minutes)
Le Président (M. Jolivet): La commission permanente des
affaires municipales est convoquée ce soir pour entendre les dirigeants
de la Société d'habitation du Québec sur le projet de loi
no 13 et toutes autres questions.
Les membres de la commission sont: M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M.
Beauséjour (Iberville) est remplacé par M. Boucher
(Rivière-du-Loup); M. Dubois (Huntingdon) est remplacé par M.
Lalonde (Marguerite-Bourgeoys); M. Guay (Taschereau), M. Lavoie (Laval), M.
Léonard (Laurentides-Labelle) est remplacé par M. Richard
(Montmorency); M. Mercier (Berthier) est remplacé par M. Tardif
(Crémazie); M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Rancourt
(Saint-François) est remplacé par M. Chevrette
(Joliette-Montcalm).
Comme intervenants: M. Baril (Arthabaska), M. Bélanger
(Mégantic-Compton), M. Caron (Verdun) est remplacé par M. Blank
(Saint-Louis); M. de Bellefeuille (Deux-Montagnes), M. Fontaine
(Nicolet-Yamaska), M. Grégoire (Frontenac) est remplacé par M.
Rancourt (Saint-François); M. Lefebvre (Viau), M. Paquette (Rosemont)
est remplacé par M. Laplante (Bourassa).
Je vous suggère de nommer un rapporteur.
Une voix: Le député de Joliette-Montcalm.
Le Président (M. Jolivet): M. Chevrette
(Joliette-Montcalm).
Nous sommes donc en réunion jusqu'à 24 heures, tel que
prévu par la motion en Chambre.
M. le ministre délégué à l'Habitation.
Remarques préliminaires M. Guy Tardif
M. Tardif: M. le Président, avant de faire un
exposé le plus bref possible, je voudrais demander aux dirigeants de la
société, M. Jean-Marie Couture, président de la
Société d'habitation du Québec et à M. Serge
Carreau, vice-président de la Société d'habitation, de
prendre place, comme ils l'ont fait, à la barre et d'être à
la disposition de la commission pour répondre aux questions qui peuvent
à la fois, selon le mandat que nous avons, porter sur le projet de loi
no 13 et sur toutes autres questions, notamment sur les
événements évoqués en Chambre.
M. le Président, sans autres commentaires que ceux qui
consisteront à relire la déclaration que j'ai faite à la
presse vendredi dernier, je voudrais situer le contexte de certains travaux de
ces commissions - et on reviendra sur le projet de loi no 13 - et
déposer un certain nombre de documents. J'ai dit, lors de la
conférence de presse que j'ai donnée, que la
Société d'habitation du Québec constituait un des lourds
héritages laissés par l'administration libérale
précédente, et que c'était notamment le cas au chapitre
des dossiers des vices de construction.
À ce sujet, vous allez trouver, au moment où nous nous
parlons - je vais peut-être faire une pause - un dossier qui est
distribué à l'instant même. Dans ce dossier, je ferai
référence à un certain nombre de pièces. Je vais
attendre que la distribution aux membres de la commission en soit
terminée avant de continuer.
Le Président (M. Jolivet): Nous pouvons suspendre pour
quelques instants, je vous dirai quand on reprendra.
(Suspension de la séance à 20 h 16)
(Reprise de la séance à 20 h 17)
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre! Je pense que
tout le monde a eu sa série de documents, donc nous pouvons, M. le
ministre...
À l'ordre, s'il vous plaît!
M. le ministre, on peut continuer.
M. Tardif: M. le Président, je reprends donc en disant que
la Société d'habitation du Québec constituait un des
lourds héritages laissés par l'administration
précédente. C'était notamment le cas au chapitre du
dossier des vices majeurs de construction. On trouvera, dans les documents que
je viens de distribuer, une copie du rapport Gilbert, la pièce no 1, et
des extraits de ce rapport tel que je l'avais annoté personnellement,
à sa lecture.
À l'automne de 1977, le nouveau
président de la Société d'habitation du
Québec, M. Jean-Marie Couture, me signala que 67 projets d'habitation
construits sous la supervision de la SHQ durant les mandats du gouvernement
libéral précédent exigeaient des réparations
majeures. Leur coût s'élevait, selon une première
évaluation faite par la SHQ, à $11,600,000, pour les 42 projets
où les travaux n'avaient pas encore débuté. À cette
première évaluation, on doit ajouter des travaux non
prévus de $2,300,000, pour un tout s'élevant à
$13,900,000. Dans certains cas, le coût estimé des
réparations excédait le coût de construction des immeubles
qui n'avaient même pas 5 ans d'âge.
M. le Président, il y a, dans les documents, la pièce no 3
qui contient le rapport soumis par le président de la
société, à cette occasion. De l'avis de la SHQ, à
cause de la nature même des travaux à effectuer, il fallait
absolument que la procédure de fonctionnement soit souple et
expéditive. De plus, il y avait urgence à agir, puisque les vices
de construction impliquaient parfois des toits qui coulaient, quand ils ne
menaçaient pas de s'écrouler et des caves dans lesquelles l'eau
pénétrait. On retrouvera, notamment, à la page 3 de la
pièce no 3 du rapport du président, les commentaires à cet
égard.
Également, M. le Président, je remets à la
commission la pièce no 4 qui est le décret du 23 novembre 1977,
concernant un prêt temporaire autorisé par le ministre des
Finances à la Société d'habitation du Québec pour
les fins d'effectuer les réparations dans ces immeubles.
Tenant compte de l'ampleur des travaux à faire, la SHQ a
émis l'avis que le programme de réparation des bâtiments
ci-dessus mentionnés, et ceux dans la documentation, ne pouvait
être réalisé par ces directions générales
dans le cadre de leurs activités courantes, d'autant plus qu'avec
l'essor longtemps attendu que le gouvernement commençait à donner
à la construction des habitations à loyer modique, les structures
de la SHQ étaient utilisées au maximum. On verra, à la
pièce no 6, ces commentaires du président de la
société.
Avant cela, la pièce no 5 est la résolution du conseil
d'administration de la société concernant l'engagement d'un
mandataire coordonnateur. Les auteurs du scandale des vices de construction
pouvaient se trouver, comme l'a rappelé le rapport de la commission
Gilbert, que j'ai déjà remis aux membres de cette commission,
mais sans les nommer, aussi bien dans les firmes responsables de ces vices qui
font, depuis lors, l'objet de poursuites judiciaires de l'ordre de $6,000,000
que dans les offices municipaux d'habitation ou à la SHQ même.
Je voudrais attirer votre attention immédiatement sur la
pièce no 15 qui contient l'ensemble des poursuites en cours
présentement dans ces 42 projets d'habitation. Il fallait donc trouver
une personne d'expérience dans la construction, qui n'avait pas
été impliquée, quelqu'un qui n'était ni un des
entrepreneurs visés, ni un fonctionnaire de la SHQ, ni un responsable
d'un des offices municipaux d'habitation où étaient situés
les immeubles nécessitant des réparations majeures. Au cours des
mois précédents, dans le but de combler un des postes à la
haute direction de la SHQ, j'avais effectué des consultations, comme je
le fais toujours lorsqu'il s'agit de remplir de telles fonctions. Ces
consultations ont été menées, entre autres, auprès
de hauts fonctionnaires du gouvernement, de mes collègues du cabinet et
de membres du cabinet du premier ministre qui, par leurs expériences
diverses, peuvent connaître des personnes aptes à servir
l'État.
Aussi, lorsqu'il s'est agi de répondre aux besoins de la SHQ de
trouver une personne de l'extérieur pouvant s'occuper du dossier des
réparations majeures, je lui ai soumis le nom de M. Cyr qui m'avait
été mentionné lors de ces consultations. M. Couture et le
vice-président, M. Serge Carreau, le rencontrèrent,
l'invitèrent à visiter quelques projets où se posaient des
cas de vices majeurs de construction et à formuler des recommandations
sur l'évaluation déjà faite par la SHQ ou pour son compte.
M. Cyr proposa des modifications quant à la nature des travaux et
l'importante coupure dans les évaluations déjà faites, ce
qui l'accrédita auprès de la direction de la SHQ, et le conseil
d'administration résolut de l'engager ainsi qu'on l'a vu dans la
pièce P-5.
Je voudrais également remettre à la commission le document
no 7 qui est le contrat de service entre la Société d'habitation
du Québec et M. Luc Cyr, entrepreneur. De l'avis de la SHQ, l'engagement
d'un coordonnateur de l'expérience de M. Cyr allait permettre à
celle-ci de réaliser les travaux à un coût moindre et dans
les meilleurs délais. Je réfère à la pièce 6
qui contient ces renseignements. Son mandat initial de six mois, soit du 1er
février au 31 juillet 1978, fut reconduit, mais cette fois c'est la
compagnie Transit Inc. plutôt que M. Cyr qui se vit confier le mandat
étant donné l'appui administratif que Transit pouvait donner dans
ce dossier fort complexe. M. le Président, la pièce - je m'excuse
- en annexe à la pièce no 7, on trouvera, au contrat du
mandataire coordonnateur, un curriculum vitae de cet entrepreneur.
M. Lavoie: Avec votre permission, pourriez-vous reparler du
transfert qu'il y a eu de M. Cyr à Transit? Pour quelle raison?
M. Tardif: La pièce no 8, M. le
Président, est la deuxième résolution du conseil
d'administration de la SHQ concernant l'engagement de la firme Transit,
résolution adoptée unanimement par le conseil d'administration de
cette société. Le mandat de M. Cyr et subséquemment celui
de Transit Inc. furent donc de déterminer la nature des travaux, de
procéder à leur évaluation et de les faire exécuter
rapidement et au meilleur coût. M. le Président, la pièce
no 7 quant au premier contrat et la pièce no 11, qui est le contrat
refait cette fois avec Transit, sont déposées ou remises à
la commission. Les offices municipaux d'habitation ayant été
autorisés par la SHQ à effectuer des réparations dans
treize projets pour un coût de $2,100,000 ramenant l'évaluation
résiduelle des travaux à faire à $11,800,000, le
coordonnateur à qui furent confiés ces projets identifia comme
inutiles des travaux antérieurement évalués à
$1,600,000, réduisant l'évaluation des réparations
à $10,200,000. Il en coûta finalement $9,300,000, soit une
économie de $900,000. Ces $900,000 s'ajoutent aux $1,600,000
économisés par le coordonnateur, travaux inutiles, entre autres;
c'est donc une économie totale de $2,500,000 que les services de M. Cyr
et de Transit ont réalisée pour le bénéfice des
contribuables.
Je voudrais, M. le Président, attirer l'attention des membres de
cette commission sur le document no 16, qui fait le bilan, avec cette note que
j'ai tenu à avoir un rapport certifié par le contrôleur de
la société et les montants qui étaient estimatifs au
moment de ma conférence de presse sont reproduits à la
pièce no 17 que vous avez sous la signature du contrôleur de la
société pour une économie réalisée de
$2,316,157, donc légèrement un peu moins que les $2,500,000, tel
que contenu dans ma déclaration. (20 h 30)
II importe de souligner, M. le Président, à nouveau que ni
M. Cyr ni Transit Inc. n'avaient le mandat non plus que le droit de
réaliser les travaux de réparations. Ils devaient les coordonner
seulement. C'est donc dire que l'engagement de M. Cyr et de Transit pour des
honoraires de $158,000 a permis une économie d'abord
évaluée à $2,500,000 et certifiée à
$2,317,000 et, ce qui est important, M. le Président, la
réalisation des travaux dans des délais qu'imposait la nature des
réparations à effectuer. Dans l'exécution du contrat, tant
M. Cyr que Transit relevaient du président de la SHQ. Au moment de
l'octroi de ces contrats, le fichier central des fournisseurs connu sous le nom
de Rosalie n'existait pas, mais, même s'il eût existé, les
problèmes étaient tels qu'il aurait fallu procéder par
dérogation puisqu'il était pratiquement impossible de
connaître à l'avance la nature exacte et l'ampleur des
réparations à effectuer.
Je passe rapidement par-dessus les pièces nos 9, qui est le
deuxième CT, 10, avec une correction, 11, déjà
déposée, 12, qui est une prolongation de mandat pour en arriver
à la pièce no 13. Le mandat de M. Cyr ayant pris fin le 31
août 1980, dès le 4 septembre, bien avant les interventions du
député de Marguerite-Bourgeoys, donc moins de quatre jours
après la fin du contrat, à la suite de certaines
allégations portées à l'attention de mon cabinet, j'ai
demandé au président de la SHQ de me faire rapport sur la
façon dont M. Cyr s'était acquitté de son mandat. Les
réponses du président de la SHQ, M. Couture, sont sans
équivoque. Selon lui, la façon de procéder de M. Cyr a
été conforme au contrat qui le liait à la
société et celle-ci a de plus réalisé des
économies substantielles.
Jusqu'à maintenant on n'a pas porté à ma
connaissance quelque malversation que ce soit dans ce dossier. Il est
très clair cependant - et je l'ai dit en conférence, je l'ai dit
en Chambre et je le répète ce soir -que, si quiconque s'est rendu
coupable de quelque faute que ce soit, cette personne devra en répondre.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: M. le Président, je dois d'abord remercier le
ministre de nous avoir enfin donné les documents que nous demandions
depuis longtemps. Cette situation est un peu bizarre, on reproche aux
députés de l'Opposition et à celui qui vous parle en
particulier de poser des questions, mais il est bien clair maintenant que, si
des questions n'avaient pas été posées, nous n'aurions pas
actuellement des réponses. Ça a été long d'avoir
les réponses. Il a fallu s'y prendre à plusieurs reprises et pour
la première fois, après une première tentative
d'enterrement de première classe par une conférence de presse non
documentée, ce soir nous avons les documents que nous allons
étudier. C'est assez difficile de le faire ici. Nous allons faire ce que
nous pouvons avec les moyens du bord. Nous allons examiner ces documents pour
voir si réellement ça répond aux questions que nous avons
posées.
Nous mettons beaucoup d'espoir dans cette commission quoiqu'il semble
qu'il y ait eu un peu de précipitation dans son organisation et je dis
tout de suite au ministre que si cette précipitation est faite pour
tenter de noyer le poisson sous le nombre de documents, sous la rapidité
avec laquelle on veut que nous les étudiions, nous n'allons pas nous
rendre complices d'une telle manoeuvre; nous allons prendre le temps qu'il faut
et nous allons, si nous n'avons pas
toutes les réponses ici, poser d'autres questions ailleurs, M. le
Président.
Je voudrais quand même relever certains propos que le ministre a
tenus à mon endroit, en mon absence ce matin, à la Chambre, alors
que j'étais appelé à plaider devant une cour dont le juge
avait fixé à aujourd'hui l'audition.
Le ministre a dit ceci, ce matin, que je dois relever: "Dans ce dossier,
depuis deux semaines, un avocat, ex-solliciteur général par
surcroît - comme si ce n'était pas assez mal d'être avocat,
M. le Président - pratique ce qu'il est convenu d'appeler le crime le
plus odieux qui soit qui est la culpabilité par association." Je
conviens que la culpabilité par association, c'est quelque chose de
très grave, mais je me demande comment le ministre peut se sentir mal
à l'aise, parce que mes questions l'ont associé au cabinet du
premier ministre, elles l'ont associé à M. Cyr, elles l'ont
associé en fait à tout ce qui se fait, à tout ce qui s'est
fait à la SHQ.
Je voulais relever cette affirmation qui m'apparaît mal
fondée. Mon devoir comme député, je l'ai fait et je
continuerai de le faire, à savoir de poser des questions lorsque nous
avons raison de le faire, nous avons des raisons sérieuses de croire que
des choses qui ne devraient pas se passer se passent.
Je vous ferai remarquer aussi que toutes les informations, tous les
renseignements que j'ai soumis à la confirmation du ministre et
même du premier ministre - enfin, c'est le ministre qui a passé la
parole au premier ministre à un moment donné - ont
été confirmées, se sont avérées. Tout
d'abord la nomination de M. Cyr sans soumissions; puis, l'association avec la
compagnie de M. Cyr d'un membre du Parti québécois qui est par
surcroît l'agent officiel du premier ministre lors des dernières
élections dans son comté; les gestes - à ce stade-ci,
appelons cela un geste - sur lesquels on pouvait se poser des questions, de M.
Cyr qui faisaient de son poste le coordonnateur à la
Société d'habitation du Québec; la nomination de son fils,
confirmée par le président, d'après les informations que
nous avons, un mois plus tard, par écrit; à l'octroi d'un contrat
sans soumissions à son beau-frère.
Je lui ai posé comme dernière question, concernant
l'octroi d'un contrat aussi à une compagnie qui s'appelle
Saint-Léonard Construction - je n'ai pas eu de réponse encore;
j'imagine que le ministre va s'empresser de le faire bientôt - qui
appartiendrait à un cousin, enfin tout ce népotisme qui a
été pratiqué par une personne de confiance du ministre,
puisque c'est lui-même qui l'a recommandée au président de
la SHQ.
Je ne vois pas pourquoi le ministre se sent lésé. Il est
responsable vis-à-vis des députés, vis-à-vis de
l'Assemblée nationale de l'administration de la SHQ. Même si c'est
une société d'État, c'est lui qui a à
répondre de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas, de ce qui se
fait de pas correct et surtout lorsque nous découvrons des situations
inacceptables faites par la personne qu'il a lui-même recommandée.
À ce moment-là, sa responsabilité est
décuplée et directe. J'aurais espéré que le
ministre fasse preuve de beaucoup plus de transparence et que dès la
première question il ouvre toute grande la porte pour que nous
arrivions, il y a deux semaines, où nous en sommes actuellement.
Mais voilà, le ministre a choisi une autre voie, il a
tergiversé, ce qui m'a obligé à poser d'autres questions
et à en poser d'autres, de sorte que les renseignements que j'apportais
au ministre s'étant avérés les uns après les
autres, le ministre a choisi la seule voie, celle de dire toute la
vérité. C'est ce que nous l'invitons à faire
maintenant.
Je veux dire quelques mots sur le mandat de cette commission. La
précipitation avec laquelle le ministre l'a convoquée dès
aujourd'hui, alors qu'il a indiqué seulement hier sa volonté de
la convoquer - on sait qu'une commission parlementaire sur un sujet aussi
complexe demande de la préparation -cette précipitation me laisse
songeur.
Heureusement que nous sommes prêts. Mais nous ne sommes pas
prêts à n'importe quoi. Si le mandat est, comme vous l'avez dit,
d'étudier ou d'examiner le projet de loi no 13 et toute autre
question...
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, je dois vous
reprendre. Cette commission a été convoquée afin
d'entendre les dirigeants de la Société d'habitation du
Québec sur le projet de loi no 13 ainsi que toute autre question. C'est
le mandat que j'ai essayé de vérifier puisque je n'avais pas la
transcription à l'époque. C'est le mandat qui a été
donné à cette commission ce matin.
M. Lalonde: Là-dessus, M. le Président, je dois,
derechef, me poser une question et la poser au ministre. Est-ce que le ministre
veut restreindre les députés à n'entendre que les
dirigeants? II nous en a présenté deux, le président et le
vice-président. Est-ce qu'il veut réellement que la
lumière soit faite complètement? Ne serait-il pas juste, vu la
participation de M. Cyr dans plusieurs des questions qui ont été
posées, que M. Cyr soit aussi invité à répondre
à nos questions?
L'assistant de M. Cyr, M. Paul Michaud, coordonnateur-adjoint de la
division des réparations majeures, aurait probablement des
éclairages intéressants à nous offrir. II en va de
même pour M. Yvan Giguère, contrôleur de la division des
réparations majeures. M. Alexandre Couture, du service de contrôle
interne et externe de la Direction générale des finances et de
l'administration de la SHQ, a été sûrement
mêlé de très près au développement de
tout ce dossier. Il en va de même de M. Jean Marcil, directeur
général de la Direction générale des finances et de
l'administration. Nous croyons savoir que ces gens ont été
très intéressés au développement de cette situation
et ont même probablement exprimé des opinions
intéressantes. Je demande au ministre de nous rassurer là-dessus
et de nous dire s'il accepte, au départ, que ces gens soient
invités à répondre à nos questions -
peut-être pas ce soir, on n'aura le temps à peine d'entamer ce
soir les nombreux dossiers sur lesquels nous avons des questions à poser
- à un autre tantôt. Je demande au ministre de nous rassurer
là-dessus. Sinon, je crains fort que nous ne puissions faire toute la
lumière. Il a des questions qui sont très intéressantes
qu'on aurait à poser à ces gens-là. (20 h 45)
Donc, nous sommes prêts à entamer, en ce qui me concerne -
il y a peut-être d'autres députés de ma formation politique
qui ont des questions à poser ou des qualifications à demander -
le mandat, en particulier, sur l'organisation et sur le programme de travail
aussi. On sait que le ministre a insisté pour qu'on commence ce long
travail dès ce soir. Cela va, nous sommes là. Mais quelles sont
les autres séances de cette commission qu'il envisage tenir, pour aller
au-delà de cette soirée?
Le Président (M. Jolivet): La première
réponse à votre dernière question, c'est une
décision qui appartient au leader, quant à moi. Je n'ai pas
à donner, comme président, quelle sera la suite des travaux.
C'est le leader qui doit le donner. Pour le moment, ce que j'ai comme mandat,
c'est de terminer à 24 heures.
M. Lalonde: Mais ma question s'adresse au ministre.
Le Président (M. Jolivet): Oui, quant au ministre, il
pourra y répondre. Deuxièmement, vous avez dit qu'il y avait des
gens de votre formation. Il y en a aussi d'autres. Si on suit la suite logique,
je voudrais demander à l'Union Nationale si on a l'intention
d'intervenir.
M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Fabien Cordeau
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Je vais être
bien bref. Moi, je suis pour que toutes les personnes qui pourraient apporter
de la lumière sur la cause en délibéré,
actuellement, devant cette commission, puissent être entendues, afin que
toute la lumière soit faite concernant ce projet et qu'après la
commission on n'en entende plus parler, que tout soit clair, net et
précis. Je vais apporter ma collaboration habituelle. J'espère
que les délibérations vont se faire dans le calme, de part et
d'autre, et que chacun va se respecter, parce que je crois que ce qui est en
cause aujourd'hui, c'est l'administration publique, bien sûr, mais c'est
peut-être un fait parmi des milliers que nous pourrons éclaircir,
à la suite de décisions gouvernementales prises par quelque
gouvernement que ce soit qui a vu à administrer cette province depuis
belle lurette.
Je crois que ce n'est peut-être pas un fait unique que nous avons
devant nous ce soir, mais je souhaite que la commission prenne toutes les
dispositions nécessaires pour que la lumière soit faite.
Merci.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le
député de Montmorency.
M. Clément Richard
M. Richard: M. le Président, je serai bref. Je voudrais
tout simplement apporter une réplique sereine aux propos de mon
collègue, le député de Marguerite-Bourgeoys, qui
s'étonne de ce qu'il appelle la précipation à convoquer
cette commission parlementaire. Je voudrais simplement lui rappeler que le
règlement de l'Assemblée nationale prévoit des
dispositions spéciales pour ce qu'on appelle trop souvent, hélas,
abusivement les questions de privilège. Un parlementaire qui à
tort ou à raison croit que ses privilèges de parlementaire ont
été lésés a en vertu de notre règlement le
droit d'intervenir instanter, illico pour rétablir les faits. Il me
semble que, à plus porte raison, quand des affirmations ou des
insinuations ont été faites hors contexte - et je suis sûr
que le député de Marguerite-Bourgeoys sait ce que ça
signifie, des affirmations hors contexte - durant plusieurs jours à la
période des questions, il me semble qu'il en va plus que d'une question
de privilège pour un ministre qui se trouve dans pareille situation
d'invoquer son droit de rétablir les faits et, comme l'indique notre
règlement, pour des questions tout à fait mineures quand il
s'agit d'une affaire qui porte sur l'intégrité de plusieurs
personnes, entre autres, d'un ministre et peut-être même
d'autorités de sociétés d'État, il me semble qu'il
est tout à fait normal et convenable qu'on agisse avec un certain
empressement puisque je pense qu'on aurait tort comme parlementaires de laisser
traîner indéfiniment dans le décor des affirmations qui ont
été faites hors contexte. Or, il s'agit essentiellement de
rétablir des faits et nous voulons rétablir des faits en disant
toute la vérité, mais rien d'autre que la
vérité.
D'autre part, M. le Président, je ne serais pas disposé,
compte tenu du mandat qui est donné à la commission, et je suis
sûr
que mon collègue qui est avocat de son métier ne serait
pas davantage disposé, pour le moment, en tout cas, à transformer
cette commission parlementaire en tribunal. Il ne nous appartient pas, il me
semble, comme commission parlementaire ayant un mandat très
précis, de nous donner un rôle de juge à l'égard de
quiconque. Ce qui est en cause, ce qu'il faut savoir, c'est si le ministre en
tant que ministre responsable de la Société d'habitation du
Québec a manqué à son devoir, s'il a commis quelque
illégalité que ce soit. Ce que nous nous apprêtons à
démontrer, justement, c'est qu'il n'a commis aucune
illégalité et qu'il n'a jamais manqué à son devoir.
Ce qu'il faut se demander peut-être aussi - et je suis d'accord
là-dessus - c'est si les autorités compétentes de la
société d'habitation ont manqué à leur devoir, si
elles ont commis des irrégularités. La commission - c'est le
mandat qu'elle a -doit chercher à savoir cela, et nous sommes d'accord -
mais je ne serais pas d'accord pour transformer cette commission en tribunal
d'inquisition contre quiconque, surtout contre des fonctionnaires de la
société d'habitation. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval.
M. Jean-Noël Lavoie
M. Lavoie: M. le Président, on m'a invité à
participer à cette commission. J'étais curieux de
connaître, même si j'étais présent à
l'Assemblée, le mandat de cette commission. C'est d'étudier le
projet de loi no 13, de convoquer les administrateurs...
Une voix: ...étudier le projet de loi après la
première lecture.
M. Lavoie: Voulez-vous répéter le mandat, M. le
Président, s'il vous plaît?
Le Président (M. Jolivet): Oui. Si vous vous en souvenez,
il y a eu révocation en Chambre...
M. Lavoie: Je pense qu'il aurait été important
qu'on ait une copie du mandat.
Le Président (M. Jolivet): Le mandat est clair. Il a
été donné en Chambre aujourd'hui, sachant très bien
qu'il y a eu révocation de la deuxième lecture...
M. Lavoie: Révocation de...
Le Président (M. Jolivet): ...pour permettre cette
commission qui a comme mandat d'entendre les dirigeants de la
Société d'habitation du Québec sur le projet de loi no 13
ainsi que sur tout autre sujet.
M. Lavoie: Entendre les administrateurs de la SHQ au sujet du
projet de loi et tout autre sujet. Je suis membre de cette Assemblée
nationale. Je sais pertinemment qu'il y a eu une multitude de questions
posées par le député de Marguerite-Bourgeoys sur
l'administration, au sujet de contrats, de sous-contrats et de
réparations à la SHQ, au sujet de M. Cyr, etc. On est
convoqué ici par une décision du leader parlementaire, par une
décision de l'Assemblée nationale. Une commission sur tout autre
sujet... Tout autre sujet, sur quoi? J'aimerais être
éclairé sur ce tout autre sujet. On prend connaissance -vous
êtes le ministre responsable de la SHQ, vous avez préparé
l'amorce de cette commission parlementaire, la déclaration liminaire,
à la suite d'une conférence de presse. A la deuxième
ligne, vous dites: La Société d'habitation du Québec
constituait un lourd héritage. Vous avez le droit à votre
opinion.
Le Président (M. Jolivet): Laissez le député
intervenir!
M. Lavoie: Une commission parlementaire, ce n'est pas une partie
de "fun". Ce n'est pas une réunion dans une brasserie ou je ne sais pas
quoi. Il mentionne des travaux de $11,000,000, des réparations de
$11,000,000. On doit procéder d'une manière souple et
expéditive. Je m'excuse, mais j'ai retrouvé dans la liasse de
documents que vous nous avez donnée tout à l'heure... C'est
sûr que je n'ai pas pris connaissance de ces documents. Je pense que
c'est important que les parlementaires qui se réunissent connaissent
l'objet ou les buts de cette commission, comme l'a mentionné le
député de Montmorency. On se dirige vers quoi? Quand je m'attelle
à une tâche ou à un travail, je veux savoir quel et le but
de cette réunion et des travaux. Est-ce que c'est la réputation
du ministre qui est en cause? J'aimerais le savoir. Je ne pense pas que ce soit
cela. Vous êtes, M. Tardif, député de Crémazie et
ministre responsable de la Société d'habitation. Est-ce que le
but de cette réunion est de vider la question? Sans doute pas sur votre
vie privée ou comme député de Crémazie; je ne pense
pas que cela nous regarde et, grâce à Dieu, cela ne nous regarde
pas; non plus comme ministre des Affaires municipales, vous n'êtes plus
le ministre des Affaires municipales, vous êtes ministre d'État
à l'aménagement et responsable de la SHQ. Je pense bien que les
questions qui ont été posées par le député
de Marguerite-Bourgeoys semblaient vouloir apporter certaines critiques envers
le député de Crémazie et ministre responsable de la
Société d'habitation, dans notre système de
responsabilité ministérielle. Aujourd'hui, il y a des trentaines
de milliers de fonctionnaires dans la machine gouvernementale, et si un
sous-ministre ou un directeur des services ou un administrateur classe
111 pose des gestes contraires à l'éthique ou aux normes
administratives ou à la tradition, dans notre système, c'est le
ministre qui en répond.
J'aimerais, étant donné que le ministre responsable de la
Société d'habitation a semblé vouloir nous donner un menu
de travail, savoir ce qu'il désire par les travaux de cette commission
parlementaire. Dites-moi - c'est pratiquement votre droit - si vous voulez
faire le bilan, comme vous dites, du lourd héritage et des
réparations de $11,000,000 sur 42 projets, dites-le nous, cela va nous
éclairer. Dites-nous si vous voulez vous défendre, comme ministre
et responsable devant l'Assemblée nationale et devant les citoyens du
Québec, des allégations du député de
Marguerite-Bourgeoys, parce que, normalement, une commission, lorsqu'elle fait
un travail - une commission, c'est un démembrement de l'Assemblée
- n'a aucun pouvoir décisionnel, elle ne peut pas condamner, elle ne
peut même pas condamner le gouvernement actuel. Elle peut faire une
exploration, mais elle ne peut même pas, même si cela ne fait pas
votre affaire, condamner le gouvernement précédent. Elle peut
explorer, mais il va falloir en arriver à une conclusion, à un
rapport quelconque de cette commission qui sera retransmis à
l'Assemblée nationale pour que cette dernière ratifie, mette de
côté ou ne considère pas le rapport qu'on fera. (21
heures)
Je voudrais bien savoir exactement ce qu'on vient faire ici. Je suis
intéressé à y être, je voudrais continuer à y
être, je voudrais que la lumière soit faite de la façon la
plus absolue possible, mais j'aimerais qu'on ait un menu quelconque, qu'on
sache... Est-ce que c'est le projet de loi no 13? Le projet de loi no 13, c'est
concernant la Société d'habitation du Québec. Quelles sont
les autres matières? Je pense que, ensemble, on peut se demander cela et
on pourra dresser notre ordo de travail.
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant, parce qu'il y
a d'autres personnes qui avaient demandé la parole. Il y avait le
député de Taschereau.
M. Richard Guay
M. Guay: Je comprends mal que le député de Laval
s'interroge si longuement sur cette question. Il m'apparaît bien clair -
et il est bien clair pour tout le monde, il me semble - que ça tombe
sous le sens commun que nous sommes ici pour faire la lumière, dans la
mesure du possible, sur les vices majeurs de construction et la façon
dont ils ont été corrigés. Si j'ai bien compris,
c'était ce que le député de Marguerite-Bourgeoys
souhaitait; il nous disait, tantôt, que nous tergiversions et il nous
disait du même souffle que nous nous étions
précipités à convoquer la commission. Il faudrait se faire
une idée: ou bien on tergiverse, ou bien on est
précipités.
M. Lavoie: Je voudrais demander si le député de
Taschereau s'exprime au nom du ministre...
M. Guay: Le député de Taschereau, M. le
Président, s'exprime au nom...
M. Lavoie: ... ou si c'est une opinion personnelle. C'est
important de le savoir parce qu'on peut différer d'opinion; même
les gens de l'autre côté peuvent différer d'opinion.
M. Guay: Le député de...
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse. Je pense que le
député de Taschereau parle en son nom personnel.
M. Guay: C'est très juste, tout comme le
député de Laval parle en son nom personnel, je le présume.
Je n'ai pas l'intention d'être long, je m'étonne même que
vous ayez pris tant de temps. J'aurais pensé que pressé, comme le
vertueux député de Marguerite-Bourgeoys nous le faisait valoir il
y a deux secondes, à faire la lumière... en fait, il était
tellement pressé que c'est nous qui avons convoqué la commission
parlementaire, il ne l'avait jamais demandé. Alors on convoque la
commission parlementaire pour faire la lumière sur cette question et on
se demande soudainement: Oui, mais, au fond, pourquoi est-on ici? Il y a un
doute philosophique dans l'esprit du député de Laval. Allons
donc! Nous sommes ici pour faire la lumière sur cette question, nous
sommes aussi intéressés que vous, et peut-être plus encore,
à faire la lumière sur cette question. Nous sommes ici pour faire
la lumière.
Le député de Marguerite-Bourgeoys a posé un certain
nombre de questions en Chambre et nous allons faire la lumière sur le
dossier des réparations majeures, sur le mandat qui a été
confié et exécuté par le coordonnateur des
réparations majeures. Nous n'avons rien à cacher, au contraire,
et nous souhaitons que le tout soit fait le plus rapidement possible, mais je
pense que la commission perd un temps précieux à se pencher sur
le doute philosophique du député de Laval et qu'on serait
beaucoup mieux de passer au sujet qui nous réunit ici ce soir.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Saint-Louis.
M. Harry Blank
M. Blank: Je relève exactement les derniers mots du
député de Taschereau. Je me demande, tout comme le
député de Laval, pour quelle raison nous sommes ici. Je pense que
le député de Taschereau a emprunté les mots du ministre
des Communications. Il dit que les privilèges et les droits des
députés - comme l'a dit le ministre - ont été
attaqués et qu'on doit régler cette affaire. Si c'est vraiment la
raison qui est invoquée, on n'est pas devant la bonne commission. Nous
devrions être devant la commission de l'Assemblée nationale
où les droits et privilèges d'un député sont
considérés. Ici, devant cette commission, le ministre
lui-même dirige les travaux. Cela veut dire que c'est maintenant lui qui
est juge et partie. C'est la raison pour laquelle nous demandons la raison
exacte pour laquelle nous sommes ici. Est-ce que nous sommes ici pour examiner
le mandat de la SHQ ou si nous sommes ici pour examiner les agissements du
ministre? Si c'est cela, c'est la commission de l'Assemblée nationale
qui doit prendre l'affaire en main.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Guy Chevrette
M. Chevrette: Je voudrais dire au départ que je parle en
mon nom, M. le député de Laval. Je suis surpris, moi aussi, que
vous vous interrogiez sur ce qui se passe ici puisque le député
de Marguerite-Bourgeoys se déclarait tout à fait heureux, hier,
qu'on puisse enfin convoquer la commission et la SHQ afin qu'il puisse les
questionner. Donc, il a l'occasion, il y a deux personnages autorisés de
la SHQ qu'il peut questionner, sans insinuation d'aucune manière.
Personnellement, je vous annonce tout de suite que j'interprète
le mandat de la façon suivante: J'ai l'intention de fouiller dans le
lourd héritage et dans des coins spécifiques du Québec.
J'ai l'intention également de m'interroger sur les formes de
contrôles et je voudrais savoir si elles se sont
améliorées, s'il y a des perspectives d'avenir bien
établies, au niveau de la SHQ. Donc, cela me permettra de faire un
survol de la dernière décennie et de voir ce qui s'est
passé, et dans des coins spécifiques du Québec, je le
répète.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Montmorency et ministre des Communications.
Discussion générale
M. Richard: M. le Président, j'ai deux brèves
observations, la première pour dire que je trouve que mon
collège, le député de Laval, pousse la notion de
responsabilité ministérielle un peu loin. La question que je lui
poserais, c'est si, au temps où il était président de
l'Assemblée nationale, il se sentait responsable des absences de chacun
des fonctionnaires et du taux d'absentéisme de certains
fonctionnaires.
M. Lavoie: M. le Président, est-ce que je pourrais
répondre immédiatement? Parce qu'il ne s'agit pas...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval...
M. Lavoie: Je sais que le député de Montmorency va
me permettre de répondre immédiatement.
Le Président (M. Jolivet): Je vais lui demander s'il vous
le permet.
M. Richard: Je n'ai pas d'objection, M. le Président.
M. Lavoie: Je pense qu'il y a une grande différence entre
la responsabilité d'un président de l'Assemblée et la
responsabilité d'un ministre.
La responsabilité ministérielle s'applique à un
ministre comme membre d'une équipe et d'un gouvernement, alors que le
président doit être assez intelligent pour agir seul.
M. Richard: Oui, mais il a la même responsabilité -
commission de régie interne - et la question, sans faire de jeux de
mots, s'adresse également à un ministre. Est-ce qu'un ministre
est responsable du taux d'absentéisme d'un fonctionnaire en particulier?
Il ne faut pas pousser la notion de responsabilité ministérielle
trop loin. À cet égard j'ai un texte que je pourrai soumettre un
peu plus tard; il provient du député de Saint-Laurent.
D'autre part, pour répondre plus précisément
à la question de M. le député de Laval et, pour utiliser
sa propre expression, il y a des allégations qui ont été
faites à l'Assemblée nationale en ce qui a trait à
l'administration de la Société d'habitation du Québec. En
tant que parlementaire, cela m'intéresse de savoir d'où est
partie la Société d'habitation du Québec, où elle
est rendue, s'il y a des problèmes à régler, s'il y a de
nouvelles solutions à apporter. Ces allégations - j'utilise le
mot même du député de Laval - ont été faites
hors contexte dans les contraintes que nous impose une période de
questions. Or, nous sommes intéressés, comme parlementaires de la
majorité ministérielle, de replacer ces allégations dans
tout le contexte de la Société d'habitation du Québec et
de répondre aux questions que les uns et les autres, comme
parlementaires
ayant comme intérêt essentiel le bien-être des
Québécois, et, par conséquent, la meilleure administration
possible de la Société d'habitation du Québec se pose.
Nous sommes intéressés de savoir si cette Société
d'habitation est bien administrée, si elle est mieux administrée
qu'elle l'était, si elle est moins bien administrée qu'elle
l'était, mais dans le contexte et dans tout le contexte on va
répondre aux allégations. On va tenter de demander aux dirigeants
d'apporter des réponses à ces questions posées par M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
Voilà, M. le Président, je pense, l'essentiel du mandat de
la commission.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants?
Oui, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, j'aimerais que le ministre
réponde au moins à une interrogation que je lui ai faite,
à savoir quel est le programme de travail de cette commission à
compter de la fin de cette séance. Je sais que, comme président
de la commission, vous m'avez indiqué que cela dépendait du
leader, mais je voudrais quand même savoir si le ministre a l'intention
de nous donner un plan de travail, un calendrier qui nous permette de nous
préparer en conséquence.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Tardif: Le but de cette commission, c'est de faire la
lumière sur toutes les questions posées par le
député de Marguerite-Bourgeoys en rapport avec les
réparations qui ont été effectuées sur les
immeubles dont il est question dans ces documents.
M. le Président, s'il a été nécessaire de
faire des réparations par suite de vices majeurs, c'est qu'il y avait eu
des constructions mal faites. Cette commission a le mandat d'entendre les
représentants de la société sur ce dossier,
répondre et faire toute la lumière sur les réparations qui
ont été faites avec des économies de $2,300,000 - je tiens
à la préciser - et, par sucroît, sur ce qui a
nécessité cette intervention, à savoir des vices de
construction. C'est l'objectif de cette commission, faire la lumière,
répondre aux questions et ne pas nécessairement perdre de temps
à relever les insinuations qui ont été faites.
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le ministre ne nous éclaire pas tellement
sur le programme de travail. Il a un peu répondu aux questions du
député de Laval, à savoir que le but de cette commission,
malgré le beau titre, le mandat selon lequel on veut entendre les
dirigeants de la SHQ sur le projet de loi no 13... C'est pour trouver des
réponses aux interrogations que nous avons faites à
l'Assemblée. Moi, je suis parfaitement d'accord. Je relisais,
d'ailleurs, le rapport annuel, le message du président - le
président actuel, d'ailleurs - dans son rapport annuel 1977 qui est
daté du 30 juin 1978. Je n'y trouve pas les échos que l'on trouve
dans la conférence de presse. Mais, enfin, le président pourrait
expliquer pourquoi il n'a pas fait la description du si lourd héritage
dans son rapport à la population et à l'Assemblée
nationale, et on fera de même pour le rapport 1978.
Mais avant de passer au président, j'aurais des questions
à poser au ministre. Le ministre a dit en Chambre que c'est sur les
recommandations de son entourage, y compris le cabinet du premier ministre,
qu'il a choisi M. Luc Cyr pour ce travail extrêmement exigeant et
complexe de faire des réparations majeures.
J'aimerais demander au ministre quelles vérifications il a
lui-même faites avant de recommander M. Cyr à la
Société d'habitation du Québec.
M. Tardif: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Juste un instant, M. le
ministre. Pour clarifier un peu, j'ai fait sortir les notes. Cela peut vous
permettre, quant au mandat... La commission des affaires municipales, afin
d'entendre les dirigeants de la Société d'habitation du
Québec sur le projet de loi no 13 et toute autre question que les
députés voudraient adresser aux dirigeants de la
société. Donc, je pense que c'est clair au niveau...
M. Lavoie: ...les dirigeants de la société.
Le Président (M. Jolivet): La Société
d'habitation du Québec. Cela va? M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, je pense avoir établi
déjà et avoir dit que le nom de M. Cyr m'avait été
mentionné lorsque je cherchais à combler des postes à la
haute direction de la Société d'habitation du Québec,
postes qui furent ultérieurement comblés par d'autres personnes,
notamment le président et le vice-président de la
société et, ultérieurement aussi, d'autres postes à
la DGO, qui est la Direction générale des opérations.
Lorsqu'est venu le temps de faire face à la réalité
que nous avait léguée l'ancienne
administration sur le plan des vices de construction...
M. Lavoie: Le ton monte!
M. Tardif: Oui, M. le Président, et avec raison.
M. Lavoie: II y a de quoi! La facture aussi!
M. Tardif: M. le Président. Une voix: La facture
montait.
Le Président (M. Jolivet): Vous savez tous que le
règlement permet à M. le ministre de parler sans être
interrompu.
M. Tardif: M. le Président, je ne veux même pas
prendre à mon compte ces affirmations. J'invite tout simplement la
commission à prendre connaissance du rapport Gilbert, à ce sujet.
Cette commission en dit long, même si elle tait tous les noms, sauf un,
sur ces vices de construction, sur les méthodes utilisées. Il est
là, le document. Il a été produit par l'ancienne
administration. Les noms ont tous été cachés.
Une voix: Mon nom est personne.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaîti
N'oubliez pas...
M. Tardif: Je reviens au fait que le nom de M. Cyr m'ayant
été mentionné lorsqu'il s'est agi de faire face à
cette triste réalité que nous avait léguée
l'administration précédente, j'ai soumis, j'ai mentionné
le nom de M. Cyr au président de la société, lui demandant
s'il pouvait être cet homme d'expérience dans la construction,
venant de l'extérieur, qui pouvait réparer le gâchis. Je
pense qu'il conviendrait peut-être de demander, en ce moment-ci, au
président de la Société d'habitation du Québec,
justement à quelle expertise, à quelle évaluation, la
société et son président se sont livrés avant de
passer la résolution que l'on sait, cette résolution qui a
été passée par le conseil d'administration de la
société encore formé majoritairement de membres
nommés par l'ancien gouvernement.
M. Lalonde: Avant de passer à M. Couture, j'aurais encore
quelques petites questions à poser au ministre. Si je comprends bien, le
ministre n'a fait aucune vérification lui-même. Il a passé
le nom. Il sait jusqu'à quel point une recommandation
ministérielle peut faire...
M. Tardif: Ce n'est pas une recommandation. Je rectifie. J'ai
mentionné au président de la Société d'habitation
qu'il y avait une personne, en l'occurrence, M. Cyr, qui pouvait être la
personne qu'il cherchait, lui demandant à lui, à titre de
président, de s'enquérir.
M. Lalonde: Le ministre n'a pas fait de vérification. Il a
mentionné un nom. Combien d'autres noms a-t-il mentionnés au
président de la SHQ, lesquels auraient eu l'honneur d'être
évalués par la SHQ?
M. Tardif: L'honneur de sauver $2,300,000. En effet, c'en est un,
puisque ce n'était quand même pas courant dans le type de contrat
qui avait été octroyé et qui avait produit ces
résultats. À ma connaissance, de mémoire, le nom de M. Cyr
comme personne de l'extérieur était le seul, puisque nous avions
aussi envisagé des gens qui étaient déjà dans la
fonction publique.
Je voudrais tout simplement attirer l'attention des membres de cette
commission sur un document - encore une fois, j'invite le député
de Marguerite-Bourgeoys à s'enquérir de l'appréciation qui
a été faite -le curriculum vitae de M. Cyr qui établit une
expérience de vingt ans dans la construction, travail de restauration,
travail de construction neuve, tant pour le gouvernement fédéral
que pour le gouvernement du Québec, aérogare de
l'Ancienne-Lorette, Federal Building,
Frobisher Bay, hangars d'avions, centres de pompiers, etc. Encore une
fois, c'est le genre de document que j'ai pu avoir entre les mains. J'invite le
député de Marguerite-Bourgeoys à s'enquérir
auprès du président de l'évaluation qu'il a faite, puisque
c'est lui qui avait la compétence pour juger de l'expertise qu'avait ou
n'avait pas M. Cyr, et non pas celui qui vous parle.
M. Lalonde: II y a de ces coïncidences en politique! La
seule personne qui est recommandée, enfin, qui est mentionnée
-elle n'est pas recommandée par le ministre -est celle qui est choisie.
J'aimerais demander au ministre... Je vois sa signature au bas d'un CT du 10
octobre 1978, qui a été passé par le Conseil du
trésor pour le renouvellement ou la reconduction par personne
interposée - par exemple, on a reconduit le mandat de M. Cyr en faveur
de sa compagnie Transit - le ministre est sûrement au courant qu'une
société à responsabilité limitée - le mot le
dit - est limitée dans sa responsabilité à son avoir,
à son capital-actions souscrit, payé ou non payé. C'est le
seul appel qu'on peut faire si des actions souscrites n'ont pas
été payées, pour essayer d'étendre le plus possible
la responsabilité d'une société. Donc, il sait qu'il
remplaçait un mandataire coordonnateur qui était responsable
jusqu'au bout de son patrimoine pour ce qu'il pouvait faire dans son contrat,
au cas où il y aurait des
réclamations que la SHQ entreprendrait éventuellement
contre lui et, en le remplaçant par sa compagnie, il se trouvait
à limiter les responsabilités.
Je demande au ministre quelle vérification il a faite avant de
mettre sa signature au bas de ce CT en ce qui concerne Transit Construction.
Est-ce qu'il a examiné les bilans? Les carnets de commande volumineux de
cette compagnie... Est-ce que c'étaient ses effectifs nombreux et
experts qui ont fait choisir de remplacer M. Cyr par sa compagnie? Qui a
demandé ce remplacement?
M. Tardif: M. le Président, ce n'est pas au ministre
d'évaluer ces faits, mais bien à la société
d'État qui est la Société d'habitation du Québec.
Le député de Marguerite-Bourgeoys pose cette question: Qui a fait
la recommandation? Il a la réponse au troisième paragraphe du CT
du 10 octobre qui m'est envoyé par le président de la
société, à la suite d'une résolution adoptée
par son conseil d'administration, et ce paragraphe dit: "Comme M. Cyr est
président et principal actionnaire de Transit Inc. et que certains des
services demandés au coordonnateur pourront être fournis
directement par Transit, il y a avantage à confier un mandat à
Transit plutôt qu'à son président et principal
actionnaire".
M. le Président, je m'en suis remis à cette recommandation
du président de la société, recommandation qui faisait
suite à une résolution du conseil d'administration de cette
société. J'ai transmis cette demande telle quelle au Conseil du
trésor, qui l'a approuvée.
M. Lalonde: M. le Président, le ministre s'en remet tout
le temps au président de la SHQ, mais je vois sa signature au bas du
CT...
M. Richard: M. le Président, si mon collègue, le
député de Marguerite-Bourgeoys, me le permettait, en 30 secondes,
je pourrais l'éclairer sur une chose.
M. Lalonde: Je pose la question au ministre qui a signé le
CT. Je ne sais pas si le président... allez-y, éclairez.
M. Richard: M. le Président, juste pour éclairer
les membres de la commission, je voudrais citer une autorité. C'est
vraiment une autorité en la matière; c'est M. Gilbert, l'auteur
du rapport, qui a dit, à la page 27, ceci: "La Société
d'habitation du Québec est un agent de la couronne indépendant,
tout en faisant partie des structures du ministère des Affaires
municipales." Ce n'est plus le cas; tout le monde le reconnaît. Mais,
là, c'est encore mieux: "En effet, c'est le ministre des Affaires
municipales qui est responsable de l'application de la Loi de la
Société d'habitation du Québec, mais c'est le
président de la Société d'habitation du Québec qui
est responsable de l'administration de cette société."
Voilà pourquoi, M. le Président, le président de la
Société d'habitation du Québec et le vice-président
sont ici présents pour répondre aux questions de M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, l'ancien président
avait des interventions qui nous aidaient davantage, autrefois. Celle-ci ne
m'aide pas, parce que, voyez-vous, M. le député de Montmorency,
je trouve la signature d'un ministre au bas d'un CT et j'imagine que ce n'est
pas simplement son autographe que le président lui a demandé.
J'imagine qu'il y a des des lois, probablement la Loi de l'administration
financière qui crée le Conseil du trésor, il y a
probablement des directives qui sont adoptées par le Conseil des
ministres en vertu de cette loi de l'administration financière qui exige
que le ministre appose sa signature pour qu'une telle demande soit
acheminée au Conseil du trésor. Cela, ce n'est pas pour rien.
Quand on vous présente une demande, vous la lisez et vous dites: Je la
signe ou je ne la signe pas.
C'est pourquoi je demande au ministre pourquoi il a signé. Avant
de signer, quand il a vu le changement de M. Cyr en faveur de la compagnie,
est-ce qu'il a dit immédiatement: Écoutez, vous remplacez une
responsabilité, apportez-moi le bilan, apportez-moi des états de
service, une structure, des effectifs qui vont faire en sorte que je puisse
signer cela. Ce que vous me faites dire, c'est que "certains services
demandés au coordonnateur pourront être fournis directement par
Transit".
M. le ministre, quels services demandés au coordonnateur pourront
être fournis directement par Transit? Lorsque je vois ce que le
coordonnateur a fait... Il a engagé un adjoint qui n'est pas payé
par Transit, qui n'est pas un employé de Transit, mais un employé
de la SHQ, Paul Michaud. Il a engagé un contrôleur, Yvan
Giguère, qui n'est pas un employé de Transit. Même son fils
qu'il a, en fait, engagé par la SHQ, n'était pas payé par
Transit. Qu'est-ce qui a été payé par Transit? Je ne le
sais pas. Quels sont ces fameux services? "Certains services demandés au
coordonnateur pourront être fournis directement par Transit." Quels sont
ces fameux services?
M. Tardif: M. le Président, je me réfère
encore une fois au CT du 10 octobre, lequel contenait en annexe un bilan des
réparations majeures effectuées à ce moment-là. Le
président de la société m'a fait valoir, entre autres, un
certain soutien
administratif, juridique, conseil et autres. J'invite encore le
député de Marguerite-Bourgeoys - en présumant toujours
qu'il est intéressé à avoir des réponses - à
adresser sa question au président de la Société
d'habitation du Québec.
M. Lalonde: Je regrette, M. le Président. Je n'ai jamais
laissé entendre que le ministre avait fait preuve jusqu'à
maintenant d'irresponsabilité et je n'ai jamais mis son
intégrité en doute. C'est vrai. Lisez toutes les questions. Je
pense qu'il a été partie, comme ministre, à une nomination
sûrement imprudente, sûrement influencée par les pouvoirs
politiques. On appelle cela du patronage, on appelle cela du favoritisme.
La question que je lui pose touche à la fibre même de sa
responsabilité ministérielle. C'est comme ministre qu'i! a
signé ici, comme ministre responsable de l'application d'une loi, quel
que soit le caractère autonome de l'agence du gouvernement qu'est la
société d'habitation. Ce n'est pas pour rien qu'on demande au
ministre de vérifier, c'est justement parce qu'il est responsable
à l'Assemblée nationale et qu'il peut se faire poser des
questions quotidiennement.
Quels sont ces fameux services? C'est important. C'est simplement le
service juridique, dites-vous? Il y avait un avocat à temps plein au
service de Transit qui pouvait rendre des services directement au coodonnateur?
Je ne vois pas pourquoi... Quels sont ces fameux services? Je pense que le
ministre nous doit une réponse. S'il ne répond pas, s'il dit
qu'il s'est fié au président, on commencera à penser qu'il
n'a pas été responsable.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, j'invite encore une fois le
député de Marguerite-Bourgeoys à prendre connaissance du
document annexé au CT, le document explicatif. J'ai à voir
à l'application de la loi, je n'ai pas à me substituer au
président d'une société d'État engagée pour
ce faire et qui me fait des recommandations, recommandations endossées
par son conseil d'administration. Je n'ai pas à me substituer aux hauts
fonctionnaires qu'ils sont. Encore une fois, si le député de
Marguerite-Bourgeoys veut avoir des éclaircissements sur cette question,
je le prie de s'adresser au président.
M. Lalonde: Je comprends que...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval. (21 h 30)
M. Lavoie: M. le Président, il faut quand même vivre
le contexte du parlementarisme. Depuis quatre ans, j'ai connu l'ex-ministre des
Affaires municipales, mais toujours responsable de la Société
d'habitation, et c'est lui qui défendait constamment la politique
d'habitation du gouvernement sur les projets de HLM, sur les déficits
des HLM, sur le programme... Il était identifié. Il était
le ministre responsable de l'administration de la Société
d'habitation, des politiques d'habitation du gouvernement, des ententes
fédérales-provinciales, de tout cela. On en a entendu parler. Si
on a des questions à poser à l'Assemblée nationale sur
l'administration de la SHQ, je ne pense pas... Le député de
Montmorency, quand il était président de l'Assemblée
nationale, ne nous a jamais dit: Allez vous adresser à la
Société d'habitation si vous voulez avoir des réponses sur
la politique d'habitation du gouvernement, sur les HLM, etc. Est-ce M. Couture
qui est président? Je ne l'ai jamais vu à l'Assemblée
nationale pour défendre les crédits ou l'administration de la
SHQ. Ne nous dites pas que s'il y a un engagement qui ne fait pas votre
affaire, cela ne vous regarde pas.
Vous semblez vous défiler en disant que le transfert de M. Luc
Cyr à Transit, cela ne vous regarde pas, cela regarde l'autre. Ma
question est la suivante: Avant d'apposer votre signature sur un CT et sur un
contrat, disant que ce n'était plus M. Cyr qui était responsable
comme coordonnateur, comme contractuel pour voir aux réparations, et
même, possiblement, à des économies, etc., je crois que
c'était votre devoir - c'est la question du député de
Marguerite-Bourgeoys -de vous enquérir du passé, de la feuille de
route et de la solvabilité de Transit Construction. D'ailleurs, dans la
liasse de document que vous nous soumettez, il y a un curriculum vitae de M.
Luc-S. Cyr. C'est dans les documents que vous nous soumettez. On lit avec
beaucoup d'intérêt que M. Cyr est en bonne santé, qu'il a
sept enfants, qu'il a un baccalauréat ès arts de
l'Université Saint-Joseph, qu'il a une maîtrise en philosophie
à l'Institut de philosophie d'Ottawa en 1951, et des études de
médecine à l'Université de Montréal de 1953
à 1954, et ses expériences de travail. Je crois que, dans votre
liasse, vous auriez dû nous fournir également, si on peut dire, le
curriculum vitae de Transit pour connaître...
M. Tardif: M. le Président, j'invite le
député de Laval à continuer la lecture de
l'expérience de construction de...
M. Lavoie: Est-ce qu'on peut connaître - vous nous avez dit
à certains moments que M. Luc-S. Cyr était majoritaire de cette
société - la structure des actionnaires ou quoi que ce soit?
Quand cette compagnie a-t-elle été incorporée? On ne le
voit pas. Quel est le capital-actions? Quel est le
bilan?
M. Tardif: M. le Président, le député de
Laval a dit à juste titre que j'étais, et je suis le responsable
de la politique d'habitation - il faudrait qualifier cela -sociale, puisqu'en
vertu de la loi de la SHQ c'est en quelque sorte ce champ qui relève du
ministre des Affaires municipales à l'époque, et maintenant du
ministre délégué à l'Habitation. C'est vrai
qu'à ce titre je me suis identifié, et j'en suis fier, à
la société et je suis aussi fier d'avoir, en l'espace de quatre
ans, réalisé autant de logements qu'en dix ans l'ancienne
administration. C'est vrai que je suis responsable également de
l'application de la loi, mais je ne suis pas responsable de la gestion
quotidienne de cet organisme. L'Opposition a demandé que des
sociétés d'État telles que SOQUEM, SOQUIP, et SGF soient
convoquées devant la commission pour venir répondre à un
certain nombre de questions, ce qu'on réclamait à corp et
à cri, et ce que le gouvernement a accepté de bonne grâce.
Mais ce soir on trouve tout à fait étrange qu'il y ait là
le président de la société pour parler de la gestion de
cette société!
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: Merci, M. le Président. Puisque l'Opposition ne
semble pas intéressée, j'aurais quelques questions à poser
au président de la Société d'habitation. J'aimerais bien
revenir à la première question du député de
Marguerite-Bourgeoys qui ne semble pas être intéressé
à avoir le complément et savoir dans quelles circonstances,
comment s'est fait l'engagement de M. Cyr, de même que... puisque M. le
député de Marguerite-Bourgeoys ne veut pas poser la question au
président de la SHQ, il semble vouloir en faire un débat
politique plutôt que d'aller au fond des choses et de faire la
lumière. J'aimerais que M. Couture nous fasse part de la façon
dont M. Cyr a été engagé. Pour quelle période de
temps a-t-il été engagé au début? Comment en est-on
arrivé à engager, par la suite, Transit Inc., et pour quelle
période de temps également et dans quelles circonstances?
Le Président (M. Jolivet): M. le Président de la
Société d'habitation du Québec, la parole est à
vous.
Audition du président de la SHQ
M. Couture (Jean-Marie): Je voudrais faire un bref exposé
qui va situer l'ensemble du problème. Vous allez comprendre qu'avant de
vouloir engager quelqu'un, qui que ce soit, j'ai voulu avoir une idée
claire du dossier. Lorsque je suis arrivé à la
Société d'habitation du Québec, à la
deuxième réunion du conseil d'administration, parce que je suis
arrivé le 16 juin 1977, qui a eu lieu vers le 12 juillet, si ma
mémoire ne fait pas trop défaut, on m'a présenté un
dossier qui s'appelle Adélard-Dugré, à
Trois-Rivières. À ce moment-là, on nous a expliqué
que l'on venait, dans les mois précédents, d'autoriser l'Office
municipal d'habitation de Trois-Rivières à dépenser
$583,000 pour réparer des infiltrations d'eau dans les sous-sols et tous
les problèmes connexes.
Ces travaux ont été exécutés, effectivement,
par l'office et ont coûté, plusieurs mois plus tard, $700,000 ou
un peu plus. On venait nous voir, à ce moment, pour obtenir
l'autorisation de réparer les toitures et on nous demandait un budget de
$360,000 pour cette deuxième phase des travaux. J'avoue que ma remarque
a été un peu caustique, quand j'ai dit: Puisqu'on vient de
réparer les sous-sols, les infiltrations d'eau, on va réparer les
toitures, vous allez venir, dans quelques mois, pour me dire que le projet
entier s'est effondré et il va falloir le rebâtir. Ce projet avait
été construit en 1973, il a 144 logements et cela avait
coûté $2,600,000 environ. Cela veut dire qu'on avait
dépensé ou autorisé $600,000 de travaux dans les
sous-sols, on voulait dépenser $360,000 pour les toitures, donc
près de $1,000,000, sans savoir exactement ce qui passerait dans
l'avenir.
Alors, j'ai demandé, à ce moment, de me faire un rapport
complet, puisqu'on me laissait entendre qu'il y avait bien d'autres
problèmes et on ne savait pas trop au juste, et à force de
questionner, j'ai fini par savoir que la tactique sur ce plan était
d'aller au Conseil du trésor, un peu par usure, et qu'en moyenne on se
reprenait quatre fois, pour chacun des dossiers, pour finir par avoir des
autorisations. J'ai dit: Moi, ce n'est vraiment pas mon style, vous allez me
ramasser cela dans un rapport complet, et vous allez me donner une idée
la plus exacte possible de ce que cela représente.
C'est à ce moment que nous avons découvert qu'il y avait
eu un certain nombre de projets qui avaient été
réparés dans les années antérieures, 14 projets,
effectivement, pour des coûts de réparations de $1,400,000. Il y
avait 11 projets qui étaient en cours de réparations pour
$1,900,000, mais il restait 42 projets dont les travaux étaient
évalués à $11,600,000.
C'est à ce moment que j'ai fait un premier rapport
préliminaire à M. Tardif. J'ai utilisé, à toutes
fins utiles, deux expressions - mon dossier est scabreux, cela me paraissait
aberrant - et c'est à ce moment que nous avons recherché un
certain nombre de solutions. C'est alors que j'ai décidé, en
dépit de tous les commentaires
que je pouvais entendre à droite et à gauche, de
présenter un rapport global au Conseil du trésor, qui a
été soumis le 16 septembre 1977.
Dans ce rapport global, je faisais état -parce qu'on en a
donné la liste complète -des projets où il y avait
déjà eu réparation, ceux qui étaient en cours de
réparation et ceux où nous devions réparer dans les mois
suivants. On demandait au Conseil du trésor une autorisation
spéciale de procéder pour faire faire ces réparations le
plus vite possible et un budget de $8,000,000 pour procéder dans cette
opération.
On a vu tout à l'heure, dans les documents qui ont
été déposés, qu'effectivement ces autorisations
nous ont été accordées. On se situe donc vers la fin
d'octobre 1977. En novembre et décembre, avec mon vice-président,
M. Carreau, nous avons souvent échangé sur ce plan. Nous avons
consulté un peu, à savoir comment on aborderait cela. C'est
sûr que dans une optique comme celle-là nous aurions pu retenir
une firme de professionnels, d'ingénieurs en particulier, à qui
on aurait pu confier un mandat comme celui-là. Mais, après
consultation, on a convenu que ce n'était pas la formule.
C'est à ce moment, qu'après avoir parlé avec M.
Tardif, le nom de M. Cyr a été suggéré ou
mentionné dans la conversation. Nous avons rencontré - M. Carreau
et moi - M. Cyr. Je m'en souviens très bien, c'est une journée
dont on peut se souvenir, puisqu'il s'agissait du 27 décembre, deux
jours après Noël. Dans une deuxième ou une troisième
rencontre avec M. Cyr, je lui ai demandé, lui ayant dit qu'il y avait
trois ou quatre projets qui m'apparaissaient un peu compliqués: Allez
voir sur place de quoi il retourne. J'ai indiqué
Adélard-Dugré à Trois-Rivières, Hauterive,
Jonquière ou Roberval -dans ce coin-là - et il y en avait un
quatrième, Loretteville dans la région de Québec.
M. Cyr m'a effectivement fait rapport les 23 et 24 janvier et le 2
février - j'ai un document ici - qu'après vérification,
même après avoir frappé aux portes et interrogé des
locataires sur le genre de problèmes qu'ils avaient vécus dans le
passé, il a fait des commentaires à partir des rapports
antérieurs qui avaient été préparés par
certains professionnels, pour conclure que toute cette approche devait
être réévaluée si on voulait procéder avec le
plus de célérité possible, aux meilleurs coûts et
dans les meilleurs délais.
À la suite de ces rencontres et de ces rapports dont nous avons
discuté assez longuement, j'ai retenu M. Cyr, après avoir non
seulement revu avec lui son curriculum vitae, mais discuté avec lui de
ce que cela pouvait représenter sur le plan pratique. J'ai retenu le nom
de M. Cyr comme étant la personne susceptible, apte à remplir un
mandat comme celui-là. Nous avons procédé pour nous faire
autoriser pour l'engagement de M. Cyr.
Maintenant, on aura remarqué sans doute que, dans un premier
temps - c'était ma recommandation à ce moment, compte tenu, en
particulier, de l'ampleur du dossier - d'engager M. Cyr pour un an,
c'est-à-dire du 1er janvier 1978 jusqu'à la fin de l'année
et c'est M. Tardif lui-même, quand je lui ai présenté le CT
- le document que vous avez est raturé - qui a corrigé cela pour
six mois, à partir du 1er février 1978 jusqu'au 31 juillet 1978,
justement pour nous permettre de compléter l'évaluation de la
performance du coordonnateur dans ce dossier. (21 h 45)
M. le Président, je ne sais pas si les commentaires que je viens
de faire répondent, dans un premier temps... Personnellement, ça
me permet de me situer et de rappeler les événements selon
l'ordre chronologique.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: Si je comprends ce que vous me dites, la durée
demandée pour le mandat était d'un an; le ministre l'a
réduite à six mois afin de mieux pouvoir évaluer la
performance et, au bout de ces six mois, il y a eu une demande de prolongation
pour Transit Inc. Pourriez-vous élaborer là-dessus?
M. Couture (Jean-Marie): À la fin du mandat, nous avons
présenté au Conseil du trésor et au ministre responsable
un deuxième rapport qui, lui, est daté, je pense, du mois
d'août 1978, pour demander la prolongation du mandat de M. Cyr
transféré à Transit pour dix-sept mois. Dans le CT que
nous avons présenté à ce moment-là, nous avons
expliqué brièvement, comme ça se fait habituellement, les
raisons qui motivaient cette demande.
Pour répondre d'une façon plus particulière
à la question qui a été posée, j'avoue que je n'ai
pas fait de recherche exhaustive, mais les deux principales raisons qui nous
poussaient à faire le transfert étaient des raisons d'assurance
parce que Transit Inc., étant une compagnie de construction,
possédait toutes les garanties d'assurance sur ce plan alors qu'un
individu ne les avait pas et était obligé de s'assurer à
des coûts très élevés.
D'autre part, il y avait aussi des facilités de locaux, de telle
sorte qu'en travaillant avec Transit, M. Cyr pouvait occuper les bureaux de
Transit; autrement, nous étions obligés de le loger et de lui
fournir du personnel administratif, de bureau en particulier.
M. Lavoie: N'y avait-il pas un avantage d'impôt,
peut-être?
M. Couture (Jean-Marie): Excusez-moi, je n'ai pas fini.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval!
M. Couture (Jean-Marie): Une dernière chose. On a
évoqué tantôt, c'est vrai, qu'il y avait aussi un aspect
juridique parce que Transit avait son propre conseiller juridique, et je sais
que M. Cyr a utilisé, sans nous le facturer pour autant, les services de
son conseiller juridique dans un grand nombre de dossiers.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: II ne me reste qu'une question, il a répondu
aux deux autres. Le rôle de M. Cyr était-il seulement un
rôle de conseiller ou était-ce plus?
Une voix: De coordonnateur.
M. Couture (Jean-Marie): J'aimerais mieux utiliser - puisque
c'est le mandat que nous lui avons donné - le terme coordonnateur. Nous
avons demandé à M. Cyr essentiellement trois choses: analyser les
dossier existants, déterminer la nature des travaux à faire et
leur coût, et ce en collaboration avec des professionnels
d'expérience, obtenir des propriétaires... Il faut rappeler que
la SHQ n'était pas propriétaire, elle était
créancière hypothécaire dans l'ensemble de ces dossiers
sauf un, à Moisie, où la SHQ, pour toutes les raisons que vous
connaissez, a acheté le village au complet. Donc, nous étions
créanciers hypothécaires et c'était important pour nous de
sauvegarder nos créances hypothécaires. Il fallait quand
même, puisqu'on n'était pas propriétaire, obtenir un mandat
des offices municipaux d'habitation et, une fois cela obtenu et
déterminé, faire procéder à l'exécution des
travaux.
Vous avez vu, j'imagine, dans le contrat d'engagement de M. Cyr qu'il
était clairement indiqué qu'il ne pouvait faire exécuter
lui-même de travaux.
M. Laplante: Juste une courte question. De qui relevait M. Cyr
après son embauche?
M. Couture (Jean-Marie): M. Cyr, comme c'est mentionné
dans son contrat, relevait directement de moi.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai une couple de questions
à poser à M. Couture. Comment se fait-il que vous ayez besoin des
assurances que la compagnie possédait si le mandataire coordonnateur ne
pouvait même pas, d'après son contrat, faire de construction? Il
agissait seulement comme coordonnateur, si je comprends bien. Alors, de quelles
assurances de construction avait-il besoin?
M. Couture (Jean-Marie): Je n'ai pas parlé d'assurances de
construction.
M. Lalonde: Assurances de quoi, alors?
M. Couture (Jean-Marie): J'ai parlé de
l'assurance-responsabilité générale.
M. Lalonde: Mais oui, mais s'il est coordonnateur, s'il ne fait
pas de construction, comment se fait-il qu'il ait besoin
d'assurance-responsabilité générale?
M. Couture (Jean-Marie): Écoutez, je ne suis pas un
spécialiste dans le domaine de l'assurance.
M. Lalonde: C'est évident.
M. Couture (Jean-Marie): Mais il y a des expressions dans ce
domaine qui s'appellent, par exemple, la responsabilité contractuelle.
Comme je ne suis pas un spécialiste là-dedans, je ne veux pas
m'embarquer pour vous donner des avis qui ne m'appartiennent pas.
M. Lalonde: Très bien. Vous n'êtes pas
spécialiste là-dedans. Est-ce que vous êtes
spécialiste dans l'engagement aussi? Vous dites que vous avez
engagé M. Cyr après avoir reçu une suggestion du ministre.
Combien de personnes avez-vous évaluées de cette façon,
à part M. Cyr?
M. Couture (Jean-Marie): Dans ce genre d'engagement, il est
sûr qu'on consulte souvent son entourage, on consulte des firmes
spécialisées. Je me souviens fort bien d'avoir consulté
deux firmes, sans leur donner un mandat, puisqu'à ce niveau il y a des
relations d'affaires qui s'établissent, pour avoir leur opinion, comment
elles percevaient un problème comme celui-là. On est facilement
venu à la conclusion que pour procéder dans un ensemble de
dossiers comme celui-là, réparti à la grandeur de la
province, la meilleure formule, c'était d'identifier un bonhomme qui
avait de l'expérience pratique dans le domaine de la construction,
à qui on confierait la responsabilité spécifique d'un
dossier comme celui-là.
M. Lalonde: Quelles sont ces deux firmes que vous avez
consultées?
M. Couture (Jean-Marie): Drouin & Paquin, de mémoire,
et Rourke, Bourbonnais & Associés, de Montréal. Ce sont deux
firmes de Montréal dont une a des bureaux à Québec.
M. Lalonde: Maintenant, en ce qui concerne la compagnie que vous
avez engagée à la place de M. Cyr, quelles vérifications
avez-vous faites? J'imagine que vous vous êtes aperçu que cela
changeait la responsabilité. Désormais, vous aviez une compagnie
à responsabilité limitée. Est-ce que vous avez
vérifié le bilan, les effectifs nombreux et experts de la
compagnie pour pouvoir conclure comme vous le faites dans le CT, que vous avez
vous-même signé d'ailleurs?
M. Couture (Jean-Marie): Dans un dossier comme celui-là,
la responsabilité financière ne m'apparaît pas le
critère le plus important, quoiqu'il est sûr que, si nous avions
confié le mandat à une compagnie en faillite, cela aurait
été aberrant. C'était loin d'être le cas de Transit.
Mais la responsabilité financière ne me paraît pas le
critère le plus important dans les circonstances.
M. Lalonde: Je voudrais revenir, si vous me permettez, à
l'engagement de M. Cyr. Vous avez dit que vous avez consulté deux
firmes, sans leur donner de contrat, vous en avez peut-être parlé
avec des gens que vous connaissiez, est-ce qu'ils vous ont
suggéré des noms en particulier?
M. Couture (Jean-Marie): Écoutez, on remonte quand
même à près de trois ans et demi.
M. Lalonde: Prenez le temps qu'il faut.
M. Couture (Jean-Marie): Je voudrais ajouter - je me souviens -
qu'il y a une autre firme que j'ai consultée à cet égard,
c'est Lalonde, Valois & Associés, qui s'appelle Lavalin maintenant.
Elle a été consultée aussi à cause de sa
très grande expérience. Si ma mémoire est bonne aussi,
parce que j'avais eu une expérience avec Place Desjardins, j'avais
consulté les gens de Janin, Bernard Garceau en particulier.
M. Lalonde: Est-ce que ces quatre firmes vous ont fait des
suggestions précises d'une personne ou d'une compagnie?
M. Couture (Jean-Marie): J'avoue que c'est difficile pour moi de
vous faire une précision à cet effet, je ne me souviens pas. Il
est possible que, dans un cas, Janin... Je me souviens que Janin m'avait
indiqué qu'il aurait été possible pour eux de
dégager un de leurs hommes, qu'on aurait engagé d'une
façon formelle comme individu. Il y avait eu une possibilité de
ce genre.
M. Lalonde: Quelle suite avez-vous donnée à cette
suggestion? Est-ce que vous lui avez fait visiter quelques chantiers?
M. Couture (Jean-Marie): Non.
M. Lalonde: Non. Il n'a pas eu la chance d'être
évalué comme M. Cyr?
M. Couture (Jean-Marie): Les dossiers traînaient - je
m'excuse, ce n'est pas un terme péjoratif, mais c'est une
réalité - en moyenne depuis trois ans. En particulier, le dossier
d'Adélard-Dugré à Trois-Rivières. Là, on se
retrouve à l'automne de 1977, donc au mois de décembre, et je me
souviens très bien que le maire de Trois-Rivières un bon jour,
trois ou quatre jours avant Noël m'a appelé pour me dire: M.
Couture, les toits vont s'effondrer et, s'ils tombent, vous allez être
responsables, parce que c'est vous qui retardez les travaux actuellement. J'ai
dit: M. le maire, si on a une tempête pendant les Fêtes, vous allez
vous organiser pour enlever la neige au fur et à mesure qu'elle tombe,
mais je ne réparerai pas les toits avant de savoir exactement ce que je
dois faire. Effectivement, les maudits toits, on les a réparés,
mais on ne les a pas changés, parce qu'on aurait gaspillé
$360,000. Cela nous a coûté $40,000 pour les réparer.
M. Lalonde: J'aurais encore deux autres questions. Parce qu'il y
en a d'autres qui ont des questions, je vais la faire double. Tout d'abord,
combien de ces 42 projets scabreux avaient été construits par des
offices municipaux d'habitation et combien par la SHQ? C'est ma première
question. Deuxièmement: Comment se fait-il que ces dossiers scabreux qui
sont assez épouvantables pour les appeler ainsi, de votre propre bouche,
ne se retrouvent pas dans vos rapports annuels? Dans le rapport annuel du
président de 1977 et de 1978, la population ne connaissait pas le
caractère absolument épouvantable de cette situation.
M. Couture (Jean-Marie): J'ai déjà répondu,
et cela me fera plaisir de répéter. Pour la première
partie, tous les projets avaient été construits par les offices
municipaux d'habitation ou la défunte Fédération Co-op
d'Habitation.
M. Lalonde: Ah bon! Ce n'est pas par le gouvernement, c'est par
les offices municipaux d'habitation.
M. Couture (Jean-Marie): Je vais préciser...
M. Lalonde: Le lourd héritage s'allège
un peu.
M. le Président.
Le Président (M. Jolivet):S'il vous plaît!
M. Couture (Jean-Marie): Tous les 42 projets dont j'ai fait
mention tantôt étaient la propriété des offices
municipaux d'habitation, sauf un, celui de Moisie, près de
Sept-Îles, parce que la SHQ, à cause des problèmes
d'érosion qu'il y avait dans ce coin, a été obligée
d'acheter le village et cette bâtisse aussi. Je voudrais, si vous me
permettez, préciser que ces projets d'habitation, construits par les
offices municipaux d'habitation à cette époque, étaient
faits dans le cadre de la Loi de la SHQ, c'est-à-dire que dans le cadre
de la Loi de la SHQ, les municipalités pouvaient demander à la
SHQ l'autorisation de réaliser un projet d'habitation à loyer
modique, soit pour des familles, soit pour des personnes âgées. La
SHQ devait à ce moment approuver le programme, selon l'expression
consacrée, et consentait un prêt hypothécaire à long
terme en investissant 5%, comme mise de fonds, la municipalité
investissant elle-même 5%, les 90% étaient prêtés par
la SHQ sous forme d'un prêt hypothécaire à long terme. Nous
empruntions - je dis nous, parce que je me considère de la SHQ - la SHQ
empruntait à ce moment son argent directement de la
Société canadienne d'hypothèques et de logement. Cette
situation a changé à partir de 1974, puisque la loi de la SCHL a
été modifiée à cette époque. La SHQ n'ayant
plus le droit de reprêter l'argent qu'elle empruntait, c'est la SHQ qui
s'est substituée alors aux municipalités pour construire les
projets. Je voudrais seulement préciser qu'en 1974 et 1975, il ne s'est
pas construit beaucoup de logements.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Joliette-Montcalm.
Une voix: On n'a pas répondu à l'autre partie de la
question, sur les rapports annuels.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse.
M. Couture (Jean-Marie): Dans les rapports annuels, je n'en ai
pas fait état pour deux raisons. D'abord, du fait qu'en 1978, ce dossier
n'était pas très avancé, de telle sorte qu'on ne pouvait
pas donner beaucoup de détails; deuxièmement, un peu par pudeur,
parce que j'ai l'impression que comme notre rapport annuel circule non
seulement au Québec, mais à l'extérieur, ce n'était
peut-être pas... (22 heures)
M. Lalonde: ...il faut croire que...
M. Couture (Jean-Marie): Moi, M. le député, je suis
un administrateur, non pas un politicien.
M. Lalonde: Pourtant, c'est vous qui venez de dire que vous avez
caché la réalité. En 1977, vous la connaissiez. C'est en
1977 que vous avez appelé ces dossiers scabreux. Vous dites qu'en 1978,
vous ne connaissiez même pas encore ce point. Il faudrait quand
même que vous vous rendiez compte que c'est votre
crédibilité qui est en jeu, ici, M. Couture.
M. Couture (Jean-Marie): M. le Président, je n'ai pas dit
que je n'avais rien caché. J'ai dit que dans le rapport de 1978, on ne
pouvait pas faire un bilan de la situation, puisque les dossiers suivaient leur
cours. Le bilan qu'on fera sera celui de cette année, puisque le mandat
s'est terminé le 31 août 1980.
Le Président (M.Jolivet): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: M. le Président, dans ce cadre, je voudrais
demander au président de la SHQ, tout d'abord, même si
c'était fait par les offices municipaux d'habitation, par qui
étaient faits les travaux préliminaires, comme le sondage et
l'achat de terrains?
M. Couture (Jean-Marie): J'ai déjà expliqué,
dans les grandes lignes, que les municipalités devaient soumettre
à la SHQ, à ce moment, un programme qui comportait un terrain, la
typologie du projet, le terrain sur lequel il devait être bâti et
la méthode que l'on devait utiliser pour le construire. La
méthode la plus couramment utilisée alors était la
méthode de proposition de développement, comme on l'appelle. Je
laisserai probablement M. Carreau - puisqu'il est architecte - donner des
précisions là-dessus.
La municipalité concernée devait soumettre son programme
à la SHQ qui comportait ces différents éléments. La
SHQ devait l'approuver, assurer un certain suivi, une certaine surveillance en
cours d'exécution, puisque nous faisions des déboursés
progressifs au fur et à mesure de l'avancement des travaux.
M. Chevrette: Une fois qu'il vous avait soumis le plan et que
l'office municipal avait été en soumissions, qui surveillait les
travaux? Qui les supervisait?
M. Couture (Jean-Marie): Cela rejoint la méthode de
proposition et de développement - j'aimerais que M. Carrreau
précise - qui prévoyait que le constructeur qui était
choisi, choisissait lui-même les professionnels pour concevoir les plans
et
devis et aussi pour assurer la surveillence. Si M. Carreau veut
préciser.
M. Carreau (Serge): C'est cela. C'était les surveillants
engagés par le proposeur de la proposition de développement qui
devaient surveiller. Normalement, la Société d'habitation, comme
créancière hypothécaire, faisait des inspections pour
s'assurer que tout était conforme, tel que prévu, selon le cahier
des charges.
M. Chevrette: Donc, si on voulait retracer les dossiers, vous
pourriez, dans chacun des dossiers, nous obtenir les propositions de terrains
dans vos propres dossiers. On pourrait retrouver les propositions des offices
municipaux, l'engagement des professionnels. Tout figure dans vos dossiers,
à la SHQ?
M. Couture (Jean-Marie): M. le Président, on me pose la
question. En principe, je vous dis oui. Mais comme je suis arrivé
seulement depuis 1977, je ne suis pas en mesure de témoigner de
l'existence de tous ces dossiers. Mais il est certain, normalement, qu'au
niveau des offices municipaux qui sont propriétaires des projets, ils
doivent avoir tous ces renseignemnts. C'est bien évident.
M. Chevrette: Vous aviez des équipes d'inspecteurs
spécifiques?
M. Couture (Jean-Marie): Je regrette, mais je ne peux pas
répondre à une question aussi précise qui couvre la
période de 1972, 1973 et 1974. Je n'étais pas là et je ne
sais pas trop comment on procédait à ce moment. J'avoue que je
n'ai pas perdu de...
M. Chevrette: M. Carreau était la?
M. Carreau: Non. Je suis entré à la
société avec M. Couture en juin 1977.
M. Chevrette: Si on a des demandes spécifiques à
vous faire, est-ce que vous pourriez vous engager à sortir des dossiers?
Supposons que je vous les demande vers 23 h 30.
M. Couture (Jean-Marie): M. le Président, je pense qu'on
est capable de répondre à beaucoup de questions, mais si on me
pose des questions précises sur un dossier qui ne fait pas partie du
dossier des réparations majeures, je peux faire faire les recherches,
mais je n'aurai pas les réponses parce que...
M. Chevrette: M. Couture, ce qui m'intéresse dans le cas
des réparations majeures, c'est qu'on me dise... Les entrepreneurs, je
pense qu'on les a dans la liste ici; les professionnels, je pense qu'on en a
aussi, mais il y a des corporations municipales qui soumettaient des terrains.
Ce qui m'intéresserait de savoir dans ce cas-là -et ça
manque sur la feuille - c'est qui faisait des propositions. Est-ce que
c'étaient des particuliers, des compagnies? J'aimerais savoir cela, si
c'était possible. Je vous amènerai des cas précis;
à ce moment-là, vous pourrez peut-être transmettre les
réponses à la commission, ça pourrait être
très intéressant.
M. Couture (Jean-Marie): M. le Président, je ne sais pas
si je comprends bien la question, mais je l'interprète de la
façon suivante: Qui faisait des recommandations aux
municipalités? De qui les municipalités achetaient-elles leurs
terrains? Je réponds d'une façon générale que les
municipalités achetaient leurs terrains de ceux qui leur offraient ces
terrains. Il peut être arrivé que la municipalité ait
utilisé ses propres terrains, mais, d'une façon
générale, la municipalité achetait un terrain de celui qui
l'offrait.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Montmorency.
M. Richard: M. Couture, après ce qu'on pourrait appeler la
période de probation de M. Cyr, serait-il exact d'affirmer que ce n'est
pas par une décision de vous, mais par une résolution du conseil
d'administration que M. Cyr a été engagé?
M. Couture (Jean-Marie): Dans un premier temps, le rapport du 16
septembre a été soumis à notre conseil d'administration
puisqu'il en avait été question dès le mois de juillet.
J'avais expliqué au conseil d'administration ce qu'on entendait faire et
ce qu'on demandait effectivement au Conseil du trésor et au Conseil des
ministres, c'est-à-dire de retenir les services de M. Cyr comme
coordonnateur et le droit d'emprunter $8,000,000. Le conseil d'administration
de la SHQ a alors adopté une résolution, en date du 22
février 1978, à laquelle M. Tardif a fait écho tout
à l'heure, pour nous autoriser officiellement à retenir les
services de M. Cyr. C'est à la suite de cela que nous avons
présenté au Conseil du trésor une requête pour
compléter notre autorisation, puisque nous avions besoin de cette
confirmation du Conseil du trésor.
M. Richard: Alors, c'est par résolution du conseil
d'administration de la SHQ que l'engagement de M. Cyr a été fait.
Serait-il exact d'affirmer qu'à ce moment-là, seulement deux des
membres du conseil d'administration, en l'occurrence vous-même et M.
Carreau, avaient été nommés par le présent
gouvernement?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Jean-Talon, vous n'avez pas le droit de parole à cette commission.
M. Couture (Jean-Marie): M. le Président, j'ai ici la
copie de la résolution qui a été adoptée le 22
février 1978 par notre conseil d'administration et la liste des
personnes qui étaient présentes à ce moment-là. Je
ne sais pas si, en vous donnant cette...
M. Richard: Voulez-vous me donner la liste des personnes
présentes, s'il vous plaît, M. Couture?
M. Couture (Jean-Marie): II y avait moi-même, M. Carreau,
M. Dauphin, M. Jean Lemieux, M. Albert Tremblay, Mme Blanka Gyulai et Me
Jean-Luc Lesage qui est secrétaire, mais qui n'est pas membre de notre
conseil d'administration.
M. Richard: Parfait, M. Couture, je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Bélanger: Merci, M. le Président. M. Couture,
est-ce qu'on peut connaître la date de votre arrivée, en 1977?
M. Couture (Jean-Marie): Le 16 juin 1977.
M. Bélanger: Quand vous avez reçu ce rapport, cette
estimation, si vous préférez, le 14 septembre, est-ce à
vous que ça a été remis?
M. Couture (Jean-Marie): Je n'ai pas précisé, si ma
mémoire est fidèle, la date où j'ai reçu le rapport
global que j'avais demandé, mais j'ai indiqué que le 16
septembre, c'est la date où j'ai envoyé mon
rapport-synthèse global au Conseil du trésor.
M. Bélanger: M. Couture, j'espère que vous savez
que la Société d'habitation du Québec, ce sont des fonds
publics. Vous le savez, oui? Nous aussi et M. le ministre aussi le sait, oui?
Ce sont des fonds publics. C'est inconcevable qu'on ait un rapport comme
celui-ci de $11,000,000 de réparations sans aucun détail.
Je vais vous donner un exemple, M. Couture, si vous me le permettez,
vous allez trouver cela assez drôle. On marque bien ici:
réparations majeures. On retrouve: perron, terrain, fissures dans les
fondations, des perrons défectueux, des terrains défectueux et
des fissures dans les fondations. Cela arrive à peu près à
60% dans les maisons qu'on construit. Je n'appelle pas cela des
réparations majeures.
Je vais vous donner quelque chose de plus drôle que cela.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît, laissez
parler le député.
M. Bélanger: Parlant de brique et de ventilation.
M'écoutez-vous M. Couture? Vous allez retrouver cela à la page
malheureusement, il n'y a pas de page -deux. Parlant de brique et de
ventilation des toits, réparations, $131,695.26. Je peux vous dire, M.
Couture, que je suis dans l'entreprise de la construction et un sous-traitant
qui m'arriverait avec un contrat comme celui-là, vous pouvez être
sûr que je ne l'engagerais pas. On ne sait pas ce qu'il a fait, on ne
sait rien. Un parement de brique, ventilation de toit. Qu'est-ce que cela dit?
$131,000. Pardon? Non, c'est absolument tout ce que j'ai.
J'ai pire que cela, M. Couture, il n'y a pas le nom de
l'évaluateur. Qui a fait l'évaluation de $11,000,000? Vous avez
tout accepté cela et il n'y a pas de nom. J'ai eu de la
difficulté à trouver la date, cela a été
estampé avec une petite estampe de caoutchouc de $1.95.
M. Couture (Jean-Marie): M. le Président, je voudrais
préciser, ce qui est d'ailleurs marqué dans mon rapport, qu'il
s'agit d'un rapport-synthèse.
Des voix: Ah!
M. Couture (Jean-Marie): Est-ce que je peux me permettre de
compléter?
Le Président (M. Jolivet): Vous avez la parole,
monsieur.
M. Couture (Jean-Marie): II s'agit d'un rapport-synthèse
pour lequel il existait, à cette époque, des pièces
justificatives. Je pourrais donner quelques exemples, j'en ai donné un
par rapport à Adélard Dugré.
M. Guay: Ils n'écoutent pas.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, une question de
règlement.
M. Guay: M. Couture est en train de répondre aux questions
du député de Mégantic-Compton qui n'écoute
strictement pas la réponse. Si vous n'êtes pas
intéressé, dites-le.
M. Bélanger: Je suis assez intéressé...
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. Bélanger: Je suis assez intéressé, plus
cela va, plus cela m'intéresse.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît: S'il
vous plaît! M. le député de Taschereau, votre point de
règlement étant fait, je donne la parole au président de
la société d'habitation.
M. Couture (Jean-Marie): Je disais donc que ce rapport est un
rapport-synthèse.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! Je
m'excuse, M. le président, mais...
Une voix: Allez-y.
Le Président (M. Jolivet): Moi, j'ai besoin d'entendre, et
j'entends trop d'écho à ma gauche et à ma droite. Je
voudrais, s'il vous plaît, entendre ce qu'il dit, moi aussi.
M. le président de la société.
M. Couture (Jean-Marie): Je répète, M. le
Président, qu'il s'agit là d'un rapport-synthèse. C'est le
premier rapport-synthèse qui n'a jamais existé dans le
passé à la SHQ. Nous avons expliqué au Conseil du
trésor et au ministre, antérieurement, les incongruités
qu'il y avait dans une approche comme celle-là, puisqu'on y allait
à la pièce, cas par cas, quatre fois par dossier à chaque
fois, avec des bribes de renseignements. C'est à cela que j'ai voulu
mettre fin. Quand j'ai parlé de Adélard-Dugré
tantôt, le dossier était étoffé d'un rapport d'une
firme d'ingénieurs conseils, même, je pense qu'il y avait deux
firmes d'ingénieurs conseils qui, toutes deux, nous recommandaient de
refaire les toitures au complet et avaient évalué le coût
de réparation, à ce moment, à $360,000. En dépit de
tout cela, nous avons, par une vérification qui m'a paru fort simple,
mais produite par un homme d'expérience, conclu que ce n'était
pas du tout nécessaire de refaire les toitures et de dépenser,
littéralement de garrocher $360,000 à l'eau, mais de les
réparer tout simplement. (22 h 15)
Ce que je veux dire d'une façon plus précise, ce que vous
avez là, c'est un rapport synthèse pour lequel il existait un
certain nombres de rapports de firmes expertes qui avaient été
retenus par les offices municipaux, propriétaires des projets. Il s'est
avéré que, dans certains cas, les travaux qui avaient
été recommandés, on ne les a pas faits. D'autres travaux
qui n'avaient pas été recommandés ont dû être
faits, parce qu'ils nous apparaissaient plus valables et plus
nécessaires que les autres. Bref, ce rapport est un rapport
synthèse qui a été appuyé par un certain nombre de
documents, mais on n'a pas accepté comme parole d'évangile ces
documents pour procéder.
M. Bélanger: M. Couture, vous dites que vous avez un
certain nombre de documents. Est-ce qu'il serait possible de voir ces
documents? Sincèrement, M. Couture, on ne peut pas payer $131,695.26
sans savoir s'il fallait poser une brique, 10,000 briques ou pas de brique du
tout. La ventilation, tout le monde en connaît le principe, c'est de
faire des trous à la bâtisse pour que l'air circule. Je retrouve
un autre contrat, pour faire des trous, de $10,000. Ici, au Parlement, on est
habitué aux trous, mais, chez vous, cela ne devrait pas arriver: $10,000
pour faire des trous, ce n'est pas logique. J'aimerais connaître chacune
des réparations.
Une voix: M. le Président...
M. Couture (Jean-Marie): M. le Président, je voudrais
apporter une autre précision. Le cas signalé par M. le
député tout à l'heure fait partie de la première
section du rapport synthèse qui a été envoyé au
Conseil du trésor dont on avait obtenu à force de pressions
répétées, comme je l'ai mentionné tantôt,
l'autorisation de procéder aux travaux. Lorsque je suis arrivé,
ces travaux étaient faits. C'est ce que mentionne le rapport d'ailleurs:
financement obtenu. Nous avions à ce moment catégorisé en
trois groupes les dossiers, la section A étant les travaux
complétés et les financements obtenus pour 14 projets pour
$1,393,813 exactement; la section B comprenait 11 projets dont les travaux
étaient en cours de réalisation et dont le financement avait
été autorisé à cette époque pour $1,938,218.
C'est ce que j'ai mentionné tantôt. Ce qui n'avait pas
été entamé à ce moment, c'étaient les 42
autres projets qui sont inscrits dans la section C.
M. Bélanger: M. Couture, c'est inacceptable. Je vais y
revenir, parce qu'on ne peut pas demander au peuple de payer $11,000,000 avec
des rapports comme cela, ce n'est pas possible.
Une voix: C'est un rapport synthèse.
M. Bélanger: Je me fous que ce soit un rapport
synthèse. J'ai demandé l'autre rapport, en plus de cela, et il
m'a dit qu'il n'en avait pas tenu compte.
Une voix: On va lui poser des questions.
M. Bélanger: En plus de cela, je remarque, dans le contrat
que vous aviez ou que le ministre avait avec M. Cyr, qu'il était
payé à 1.25% du coût des réparations. Ce n'est
probablement pas le cas, mais ce serait très facile de soumettre quatre
feuilles comme cela et d'écrire $10,000,000 ou $20,000,000 ou
$30,000,000, il n'y a pas de problème. Le monsieur qui fait les
réparations est payé à 1.25% du coût total
des réparations. C'est illogique. Ce n'est pas du régime
libéral, monsieur.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Taschereau.
M. Guay: Je trouve assez remarquable que l'Opposition officielle
qui, depuis deux semaines voyait des choses épouvantables...
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! M. le
député, s'il vous plaît!
M. Guay: Jusqu'à présent, c'est moi qui avais la
parole. Je vous remercie, M. le Président. C'était censé
être épouvantable. Il y avait des choses là-dedans vraiment
pas catholiques, peut-être qu'il y en a d'ailleurs, je ne sais pas. Il me
semblait qu'on était ici pour essayer de faire la lumière
là-desssus. Si le député de Marguerite-Bourgeoys avait
été à son devoir ici ce matin, cela nous aurait permis de
commencer plus tôt les travaux de la commission, plutôt que
d'être en train de faire un travail complémentaire à son
travail de député. C'est vrai ou ce n'est pas vrai?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Taschereau, s'il vous plaîtl
M. Guay: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, s'il vous plaît! Cela va bien jusqu'à
maintenant, on continue. M. le député de Taschereau. S'il vous
plaît! M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Votre droit de
parole revient dans deux... M. le député de Taschereau, en
espérant que cette fois personne ne voudra vous interrompre.
M. Guay: Vous aurez remarqué, M. le Président, la
désinvolture avec laquelle l'Opposition officielle traite cette
commission, le peu d'intérêt qu'elle semble manifester à
ces travaux, le peu d'intérêt qu'elle semble manifester à
vouloir effectivement faire la vérité et le souci qu'elle a
d'aller dans d'infinis détails pour éviter d'aller au fond des
choses. Nous allons essayer d'aller au fond des choses.
M. le Président, d'abord, au sujet du 1,25%, j'aimerais que le
président de la société précise des choses. Si ma
mémoire est bonne, le Conseil du trésor a corrigé ce mode
de rémunération qui n'est, en fait, jamais entré en
vigueur. Deuxièmement, j'aimerais bien que nous arrivions aux travaux
qui ont été effectivement exécutés. Si le
député de Mégantic-Compton, qui s'est pété
les bretelles sur ses qualifications comme constructeur, veut avoir des
rapports plus complets, j'imagine qu'ils sont disponibles. Mais j'aimerais bien
que le président de la société fasse état...
M. Bélanger: Je ne me suis jamais pété les
bretelles. Question de privilège.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Mégantic-Compton, vous aurez le droit d'intervenir. Je vais vous le
permettre. M. le député de Taschereau.
M. Guay: Dans le CT du mois de juillet 1980, qui est sans doute
un CT synthèse pour éviter les hauts cris du député
de Mégantic-Compton, on a un rapport assez complet, assez exhaustif,
aussi détaillé qu'un rapport synthèse peut l'être,
de tout l'historique du dossier de la réparation des vices majeurs de
construction. J'aimerais bien - vous remarquerez là-dedans toutes les
données, les chiffres par lesquels le service de vérification
interne de la SHQ établissait la façon dont Transit et M. Cyr
s'étaient acquittés de leur mandat - qu'on en arrive
là-dessus, parce que j'aimerais savoir du président de la
société comment la société, dans les faits, une
fois que les contrats ont été accordés à M. Cyr, et
subséquemment à Transit, fonctionnait concrètement.
Ensuite, les gens de Transit qui étaient engagés comme
coordonnateurs. Qu'avaient-ils à faire très
précisément? Comment le faisaient-ils? Quelles étaient les
méthodes de vérification interne de la société pour
permettre de faire des rapports comme celui du 15 juillet 1980 ou d'autres
auparavant?
Le Président (M. Jolivet): M. le Président.
M. Couture (Jean-Marie): Nous avons vu, M. le Président,
tout à l'heure, puisqu'il s'agissait d'un dossier spécial, qu'il
nous fallait établir un procédé particulier de
contrôle pour les paiements. Je pense que c'est à cela que la
question se réfère. Je voudrais être bien certain que je
comprends la question.
M. Guay: Entre autres choses, M. Couture, elle se
réfère à cela, mais elle se référait d'abord
à... M. Cyr est engagé, ou Transit. Ils font quoi? Ils
procèdent comment? Ils ont 42 dossiers. Qu'est-ce qu'ils font avec ces
42 dossiers? Comment, concrètement, s'asurent-ils de
l'évaluation? Enfin, ils avaient un triple mandat, si ma mémoire
est bonne. Finalement, comment s'assurent-ils que les travaux sont faits?
Quelle est la méthode par laquelle la société
vérifie l'évolution de ces 42 dossiers?
Le Président (M. Jolivet): M. le Président.
M. Couture (Jean-Marie): J'ai déjà
mentionné, M. le Président, dans un premier
temps, que le mandat - si je veux synthétiser - que nous avons
confié à M. Cyr consistait à identifier les travaux
à exécuter, de telle sorte qu'il lui fallait
nécessairement visiter chacun des projets, de sorte que, c'est bien
sûr, les 42 projets n'ont pas pu débuter le même matin. Pour
choisir, après coup, ou à peu près en même temps des
professionnels qui vont l'aider, sur le plan technique, à identifier les
travaux, déterminer leur nature et leur coût, discuter avec les
offices municipaux et/ou les organismes à but non lucratif
propriétaires du mandat pour assumer cette responsabilité au nom
de la SHQ, une fois cela terminé, qu'on a identifié... Prenons un
cas précis, le cas d'Adélard-Dugré dont j'ai fait
état tout à l'heure. Après que M. Cyr eût
visité ce projet et fait faire les expertises pour s'assurer de la
solidité des toitures, en particulier, qu'il eût fait le tour de
l'ensemble des 144 logements pour connaître la nature des
problèmes concernant les travaux à exécuter, on a
dressé une liste et on a établi un budget ou un coût
d'objectif qui se situait, à cette époque, si ma mémoire
est bonne, à $75,000 parce que, après vérification, on a
conclu que les toitures n'avaient pas besoin d'être refaites, mais
qu'elles avaient tout simplement besoin d'être
réparées.
Une fois cela fait, M. Cyr a pu utiliser, selon les besoins, selon les
circonstances, selon les dossiers, des appels d'offres publiques, des appels
d'offres par invitation, des contrats de gérance, un mandat à
l'office municipal pour exécuter les travaux et une dernière
négociation forfaitaire selon la nature des travaux. Dans certains cas,
M. Cyr a négocié parce que, suite à des appels d'offres,
nous avons reçu des soumissions qui étaient jugées
inadéquates; alors, M. Cyr a annulé les appels d'offres et a
négocié un contrat à forfait avec un entrepreneur. Je
pense que cela répond assez bien, cela nous situe sur les
méthodes qui ont été utilisées.
Si on veut aller plus loin dans le contrôle, une fois que le
contrat a été accordé, quel contrôle
exerçait-on à cet égard pour s'assurer que les travaux
étaient exécutés et que les matérieux qui
étaient achetés étaient vraiment utilisés pour le
projet? J'aurai des précisions à apporter là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Je passe.
Le Président (M. Jolivet): Excusez. M. le
député de Taschereau.
M. Guay: Vous dites donc que, sur l'ensemble des projets, si je
comprends bien, il y avait cinq façons de procéder, soit par
appel d'offres générales, appel d'offres sur invitation,
gérance de projet, mandat à un OMH ou à forfait. De
manière générale, est-ce qu'on peut avoir une idée
du nombre de cas où il y a eu appel d'offres, j'imagine, au nom de la
société, dans combien de cas on a donné cela aux OMH, en
gérance de projet, une espèce de partage de la façon dont
cela a effectivement fonctionné?
M. Couture (Jean-Marie): M. le Président, si on me
permettait, je demanderais à M. Carreau, qui a lui-même un rapport
là-dessus, de fournir ce complément d'information.
M. Carreau: M. le Président, selon le type de contrat,
voici les résultats. Les résultats sont sur un total de 30
projets - il en manque quelques-uns - et cela a occasionné une
subdivision de travaux et ça constitue 45 types de travaux qui ont fait
l'objet de contrats. Il y a eu des contrats à forfait, entreprise
générale, par appel d'offres: 3; négociés: 9; ce
sont de petits travaux, à ce moment-là. Par appel d'offres,
gérance de travaux - cela veut dire qu'un entrepreneur
général était retenu pour faire la coordination sur une
base d'honoraires et avec un coût d'objectif, mais devait retenir des
sous-traitants pour faire les travaux -dans 16 cas, il y a eu des appels
d'offres pour la gérance des travaux; dans quatre cas, les
gérants ont été retenus par voie de négociations.
(22 h 30)
Pour les travaux de sous-traitance, il y a eu des appels d'offres sur
invitation par le gérant, donc, l'entrepreneur choisit, dans seize cas.
Négocier à prix forfaitaire, deux. Appels d'offres sur invitation
par l'architecte, parce qu'il s'est produit que l'architecte retenu par le
mandataire procédait lui-même à des appels d'offres pour
faire faire certains travaux, parce que dans certains cas il n'y avait
même pas de gérant. Il y a neuf cas qui ont été
obtenus de cette façon. Appels d'offres sur invitation par l'OMH, deux
cas. Dans les travaux de gérance, il y a des travaux résiduels
qui ont été faits par les gérants sur la base de temps et
matériaux, c'est habituellement entre 10% et 15% du montant total de
travaux effectués. Ce sont des travaux qui font appel souvent à
plusieurs métiers et c'est très difficile d'aller en appel
d'offres pour ce genre de petits travaux et c'est fait par la méthode
temps et matériaux.
Prix demandé par l'entrepreneur, qui est une autre méthode
dans certains cas, dans les régions éloignées surtout,
cela s'est produit pour la sous-traitance dans cinq cas. Prix demandé
par l'architecte auprès de sous-traitants, dans trois cas. Appels
d'offres publics dans trois cas.
M. Guay: M. le Président, s'il y a quelqu'un qui est dans
la piscine ce soir, c'est bien le député de Marguerite-Bourgeoys.
Ce qui veut dire, je suis cela d'après la façon dont cela s'est
déroulé. Quelle est votre évaluation en d'autres mots de
la façon dont cela s'est déroulé? On a
énuméré une série de cas. Je ne suis pas comme le
député de Mégantic-Compton expert en construction et c'est
pour cela que je demande à vous quelle est votre évaluation de
cette façon de fonctionner?
M. Couture (Jean-Marie): M. le Président, comme je l'ai
mentionné en énumérant les cinq approches retenues et
utilisées, on réalise par le tableau que vient de donner M.
Carreau qu'il y a eu une combinaison de ces méthodes. Cela confirme ce
que j'avais déjà mentionné. Comme il était
très difficile et on a même un rapport d'un architecte qui nous
confirme cela en disant: On pourrait poursuivre encore pendant plusieurs mois
les études techniques, cela prendrait du temps et cela coûterait
très cher et on n'est pas sûr qu'on arriverait à un
meilleur résultat au bout. Voilà pourquoi, il nous est apparu que
chaque cas devenait presque une évaluation en soi et il fallait juger
à partir de là quelle méthode on devait utiliser pour
réaliser les deux objectifs fondamentaux qui étaient de faire
exécuter ces travaux le plus rapidement possible et au meilleur
coût. Voilà pourquoi, encore une fois, parmi les cinq
méthodes que j'ai mentionnées, il y a eu souvent une combinaison
de deux ou trois méthodes dans le même projet.
M. Guay: Une dernière question. Je suis parfaitement
conscient que d'autres l'ont posée. Il y a des dossiers
là-dedans, il y a eu des choses étonnantes, disons. Je pense
à Rivière-Bleue. Quelle était la méthode? Est-ce
qu'on procédait ainsi par cinq possibilités? Quel contrôle
la société exerçait-elle sur les activités du
coordonnateur et la façon dont se distribuait ou s'accordaient les
contrats notamment, peut-être dans le cas de Rivière-Bleue, mais
dans d'autres aussi? Le cas de Rivière-Bleue étant comme on se
souvient le cas où M. Cyr, semble-t-il a accordé un contrat de
construction à la compagnie de construction de son beau-frère,
est-ce que la société était au courant de cela? Quelle
était la méthode de contrôle qu'on avait?
Le Président (M. Jolivet): M. le président.
M. Couture (Jean-Marie): Si on réfère d'une
façon plus particulière au dossier de Rivière-Bleue,
à Rivière Bleue comme ailleurs, M. Cyr a utilisé d'abord
les services d'un architecte pour déterminer la nature des travaux, leur
ampleur et leur coût. Il faut préciser que le rapport de
l'architecte a été produit vers le mois de juin 1979, si ma
mémoire est fidèle. Nous disposions, et ça va rejoindre,
je pense, une autre question qui m'a été posée
tantôt... Plutôt, l'Office municipal de Rivière-Bleue
disposait d'un rapport technique qui avait été commandé en
1976 à une firme qui s'appelle Les Investigations techniques de
Québec, une firme d'ingénieurs-conseils qui avait fait une
étude assez exhaustive de l'ensemble du dossier et qui avait, à
ce moment, identifié la nature des travaux et les avait
évalués à $208,000. Mais nous étions en 1978 et il
n'y avait encore rien eu de fait parce que, comme cela arrive souvent, on ne
s'entendait pas sur certains aspects du rapport technique.
L'architecte qui a été choisi a produit son rapport et, se
basant sur les rapports antérieurs, a élagué dans les
travaux à faire, parce que, dans un premier temps ou dans un temps
intermédiaire, il y avait eu une évaluation - les $208,000 de
1976 étaient rendus à $375,000 - donc, après avoir
révisé tout ça, il a fait une énumération
des travaux à faire avec une évaluation de $286,499 - je
m'excuse, mais j'ai le dossier bien en mémoire - et nous avons, pour
notre part, arrondi le chiffre à $286,500. Le contrat qui a
été accordé à la firme Aubin -si ma mémoire
est fidèle aussi - l'a été à la suite de la
recommandation formelle de l'architecte, à $285,000.
Pour compléter, M. le député de Taschereau
mentionnait, M. le Président, que ce contrat a été
accordé au beau-frère de M. Cyr. La procédure voulait que
M. Cyr, lorsqu'il engageait un professionnel, architecte ou ingénieur,
devait soumettre son contrat d'engagement à la SHQ qui devait le
contresigner. Il en était de même pour les contrats avec les
constructeurs. Lorsque nous avons contresigné le contrat de M. Aubin,
nous ne connaissions pas les relations familiales qui pouvaient exister entre
M. Cyr et M. Aubin. Nous avons appris cela plus tard, au moment où il y
avait à peu près 75% des travaux qui étaient
exécutés. Je ne sais pas si ça répond à la
question, mais c'est, globalement, ce que j'ai à dire sur ce
dossier.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: M. le président, j'essaie, pendant que mes
collègues posent des questions et que vous apportez les meilleures
réponses possibles, d'étudier le plus rapidement possible ce
dossier. Au départ je me pose une question à la suite, toujours,
du document no 1 qui est une conférence de presse du ministre. Le
ministre nous dit: Vous n'avez pas même à me regarder, ne
m'attaquez pas dans ce dossier, ça ne me
regarde pas, je ne suis pas responsable. Si vous avez des questions
à poser j'ai fait venir les responsables ce soir, le président et
le vice-président. Pour ma part, je suis persona grata, je suis
au-dessus de cela, je n'ai pas affaire à ça, c'est une
société indépendante, une société de la
couronne, comme l'a souligné le député de...
De deux choses l'une. On ne peut pas -comment dit-on en anglais? - have
our cake and eat it. Bon. H y a guelque chose qui ne marche pas. Si c'est
vraiment là la base de votre philosophie, votre communiqué de
presse détonne parce que vous n'aviez pas le droit de porter des
jugements aussi lourds en disant que la Société d'habitation du
Québec constituait un des lourds héritages laissés par
l'administration libérale, signalant que 67 projets d'habitation
construits sous la supervision de la SHQ durant le mandat du gouvernement
libéral précédent...
Une voix: Durant les mandats...
M. Lavoie: Durant les mandats du gouvernement libéral
précédent... Dans ce cas-là, si on n'a pas le droit d'y
toucher, vous n'aviez pas le droit de... Mais je n'en ferai pas un débat
de fond.
M. Tardif: Non, vous êtes mieux.
M. Lavoie: Un instant! Il y a quelque chose qui ne marche pas.
Vous n'aviez pas le droit de porter... Il aurait fallu faire venir les
présidents et les vice-présidents de la Société
d'habitation qui était avant vous, M. Lemieux, M...
M. Guay: Ce serait une excellente idée.
M. Lavoie: Deux choses. Je vous dis que ce n'est pas
ça.
M. Guay: Et M. Gilbert.
M. Lavoie: Je me dis que nous sommes responsables des
années libérales. Je reconnais ça. Vous voyez qu'on
n'argumente pas, mais, en contrepartie, je veux être logique - je vous
dis que vous êtes responsables également de l'administration et je
continue.
M. Tardif: M. le Président, juste là-dessus, si le
député de Laval me le permet.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. Le permettez-vous, M.
le député?
M. Tardif: Pour moi, des poursuites de $6,000,000, c'est un lourd
héritage, M. le Président, négatif.
M. Lavoie: Quelles poursuites?
M. Tardif: Vous avez la liste. J'ai déposé la liste
des documents.
M. Guay: Vices majeurs de construction.
M. Lavoie: Je continue et je dis qu'il ne faudrait pas que cette
commission dévie. Ce n'est pas le procès de M. Couture que nous
voulons faire ou de M. Carreau, non pas un procès dans le sens devant
les tribunaux ou la Cour d'appel, mais nous voulons, en tant que
députés d'Opposition, demander des comptes au ministre
responsable de la Société d'habitation en vertu de la
responsabilité ministérielle sur les engagements, etc. Nous
voulons être logiques d'un bout à l'autre et nous acceptons
même votre communiqué de presse, quitte à faire certains
commentaires que je vais faire un peu plus loin dans mon exposé.
Je ne sais pas, M. Couture, si vous avez eu à... C'est votre
responsabilité personnelle, j'imagine, ce communiqué de presse ou
s'il a été soumis pour que les chiffres et tout, que le contenu
soit... A-t-il été approuvé par la Société
d'habitation ou si vous en prenez seul la responsabilité?
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Tardif: M. le ministre, ce communiqué de presse
émane de mon bureau à partir de documents fournis par la
Société d'habitation du Québec.
M. Lavoie: Très bien. Je suis satisfait.
M. Tardif: Je reste responsable de cette société,
de l'administration de la loi et la gestion incombe à son
président, qui est là et qui répond à vos
questions.
M. Lavoie: D'accord. J'ai étudié ce document. Il
arrive que je m'y connais un peu également en construction. Cela
arrive.
Une voix: Oui? Comment ça?
M. Lavoie: Oui, ça arrive parce que, de ce
côté-ci, on est assez polyvalent. On ne sort pas seulement de
l'enseignement ou d'ailleurs, M. le Président. M. Couture, ce document
a-t-il été fait, a-t-il été préparé
par vous, par M. Cyr ou...
Une voix: Lequel?
M. Lavoie: Ce document des rapports des vices de construction,
les dossiers A, B et C, provient-il de vous?
M. Couture (Jean-Marie): Je voudrais, M. le Président,
avoir une précision pour savoir de quel document on parle. Est-ce qu'on
parle...
Une voix: Le document no 3, M. le Président.
M. Couture (Jean-Marie): ...du rapport synthèse?
M. Lavoie: Synthèse. Le document no 3.
M. Couture (Jean-Marie): Sommaire des fouilles sédentaires
ou économies réalisées. Je pense que c'est le rapport
présenté par M. le ministre tout à l'heure. Je pense que
c'était le document 15 ou 16, je ne m'en souviens plus.
M. Lavoie: Le document no 31 Le document synthèse.
M. Couture (Jean-Marie): D'accord, à ce moment-là,
parlez-vous du rapport synthèse du 16 septembre 1977?
M. Lavoie: Oui.
M. Couture: D'accord.
M. Lavoie: Où il est question de tous les projets, avec le
coût de construction, le coût de réalisation, le sommaire
des travaux et le coût des réparations, qui arrivent possiblement
aux environs de $10,000,000 ou $11,000,000 de réparations. Est-ce que ce
document provient de vous?
M. Couture (Jean-Marie): Oui, il est signé par moi, M. le
Président.
M. Lavoie: D'accord. Merci.
M. Couture (Jean-Marie): Encore une fois, je voudrais
préciser qu'on parle bien du rapport du 16 septembre 1977,
accompagné d'un tableau qui énumère la section A, la
section B, la section C, les sections D et E. Le tableau en question est
daté du 14 septembre 1977 et a été préparé
par une de nos directions générales, qui s'appelait à
cette époque direction générale de l'administration des
propriétés et des hypothèques.
M. Lavoie: Bon! D'accord!
M. Couture (Jean-Marie): C'est à ça que vous faites
référence?
M. Lavoie: Oui. On remarque dans ce document qu'il y a eu un
certain nombre de projets. Il y a une colonne pour le coût de
construction et après ça, le coût de réalisation
avec les extras que cela a pu représenter, etc. et après cela,
des réparations et le coût estimé des réparations.
(22 h 45)
J'ai fait un calcul. Il s'agit de projets d'ensemble d'une valeur
d'à peu $91,600,000 où vous avez eu à faire face à
des estimations de réparations de l'ordre de $10,000,000 ou $11,000,000
à peu près. C'est malheureux. Je pense que c'est un peu fort.
C'est malheureux de constater, même s'il y a des travaux dans cela, des
constructions qui datent déjà d'au-delà de vingt ans... Il
faut le reconnaître, il y en a qui datent de 1969, 1970, 1971, 1972. On
est en 1980. 10% de réparations, c'est un peu fort! Quand même, on
sait que les méthodes de construction - j'en ai connu de ces
projets-là - c'est bois et brique. La construction est
améliorée maintenant, avec du béton coulé et tout,
mais, à l'époque, c'était "balloon-frame" ou du bois et
brique, sans ascenseur, des constructions de moins bonne qualité.
M. Tardif: Elles ont toutes été construites en 1971
et 1974, M. le Président, et non pas il y a vingt ans.
M. Lavoie: M. le Président, je pense qu'en politique ou
comme administrateur, ce qu'on peut reprocher le plus souvent, ce sont les
manques qu'il y a eu dans cela, malheureusement, et je ne vise personne, c'est
par les entrepreneurs, la qualité, le sérieux, la qualification
des entrepreneurs en général. Je remarque, à
l'étude de ce document - vous me corrigerez, parce que je me pose la
question - que c'est bien intéressant d'avoir mis dans votre document,
M. Couture, la date de la fin des travaux. C'est très
intéressant, la date où se sont terminés les travaux. On
voit, à la page 1, que c'est en 1969, 1970, mai, mars 1971, 1970, 1970.
Dans la première page, il y a 1976. Je pense que l'administration
libérale était responsable de celui de 1976. On voit, au bout des
travaux: Coûts de réparation: 0. Tant mieux! Laissez-moi terminer
et vous répondrez après.
Page 2, c'est pratiquement tout 1969, 1971, 1971. Il y en a deux
à la fin, 1974 et 1975. On en prend la responsabilité, j'imagine,
parce que je vais vous demander, M. Couture, comme document
supplémentaire, la date où les contrats ont été
donnés, où les entrepreneurs ont été choisis. Je
vais vous le demander dans un document supplémentaire. Mais comme on
travaille avec la date de la fin des travaux, je vois qu'à la fin de la
page 2, il y en a deux, 1974 et 1975 où je présume que c'est
l'administration libérale. Coût des réparations: 0-0.
L'autre page, dans les c), c'est 1974, 1975, 1971, 1973, 1975, 1974,
1973, 1974, 1974, 1973. Nous prenons toute la responsabilité de cette
page-là, même s'il y a 1971. 1971, on va l'enlever après.
Dans cette page-là, il y a $9,000,000 de travaux et les
réparations sont de $365,000. Je vais enlever 1971, parce que je ne
pense pas que
cela ait été donné par l'administration
libérale.
M. Tardif: Correction. Je m'excuse auprès du
député de Laval. Avant qu'il induise la commission en erreur, ce
n'est pas $9,000,000 de travaux, c'est le coût de réalisation de
ces immeubles, $9,000,000.
M. Lavoie: Oui, d'accord. La construction était de
$8,400,000. À la fin, cela a coûté $9,600,000 en plus des
réparations pour $365,000. Je vais me permettre d'enlever avril 1971. Le
contrat n'a pas été donné par l'administration
libérale, comme votre accusation le mentionne dans votre
communiqué de presse. Cela veut dire qu'il reste $300,000 de
réparations sur des travaux de $9,000,000.
Ici, on va faire l'analyse complète de cela et je prends la
responsabilité de ma déclaration. Je dis qu'il y a au moins 75%
ou 80% de ces travaux dont les contrats et les entrepreneurs n'ont pas
été choisis par l'administration libérale, comme l'a
mentionné le ministre dans son communiqué de presse. De la
même façon que nous prenons la responsabilité du stade
olympique, nous la prenons. Il ne faudrait pas, parce qu'il a été
donné sous l'administration libérale...
M. Lalonde: Excellent travail.
M. Lavoie: Mais de la manière que vous portez vos
accusations, ce serait vous autres qui seriez responsables du stade olympique,
si vous voulez être logiques avec les accusations que vous portez
actuellement.
Maintenant, je me rends compte...
M. Guay: Si on veut faire une commission...
M. Lavoie: Je pense, M. Couture, que vous allez nous fournir le
plus rapidement possible... On n'ose pas attaquer M. Tardif dans quoi que ce
soit, mais on va l'attaquer comme administrateur public, comme on nous attaque
comme administrateurs publics. Ce sont les règles du jeu de notre
parlementarisme. Mais de grâce, corrigez votre document et donnez-nous la
date de l'octroi des travaux.
M. Carreau, vous êtes vice-président, je crois que vous
pouvez éclairer notre lanterne un peu. À la place Saint-Martin,
qui donne comme date de finition des travaux le 1er juillet 1973 - je pense que
c'est la Coop Saint-Martin, qui est dans le comté de Fabre, pas loin de
chez nous - est-ce que vous connaissez la date où les contrats ont
été donnés originairement, M. Carreau? Est-ce que ce
contrat a effectivement été donné sous le régime
libéral?
M. Carreau: M. le Président, je ne peux répondre
à cela. Je n'ai pas l'information précise.
M. Lavoie: Est-ce que je pourrais vous dire que cela a
été donné avant 1970 à Laurence et Frères,
sous une administration précédente qui n'était pas
libérale? Est-ce que vous avez agi comme professionnel dans ce projet,
M. Carreau?
M. Carreau: Au moment où les plans et devis ont
été faits, j'étais consultant pour la
Fédération des Coop Habitat. Je n'étais plus consultant au
moment où c'est allé en construction.
M. Lavoie: Justement, Coop Habitat, cela me rappelle quelque
chose. Vous étiez architecte consultant. Combien est-ce qu'il y en a
dans cela, en vrac, de Coop Habitat, où cela cloche assez fort, autant
à Québec qu'ailleurs? La Fédération des Coop
Habitat?
M. Carreau: Sur la dernière page, vous avez place
Saint-Martin. Il y en a quatre. Ce sont des anciennes coop. C'est marqué
sous la catégorie anciennes coop. Il y a quatre projets: place
Saint-Martin, place des Tuyas, place Gentilly, Coop Habitat Bienville, à
Longueuil.
M. Lavoie: Est-ce que vous êtes au courant que ces travaux
qui totalisent $13,000,000 ont tous été donnés sous
l'administration qui précédait l'administration libérale?
Vous étiez consultant de la société, vous devez le
savoir.
M. Carreau: C'est très possible, parce que les plans et
devis étaient en cours, en 1968-1969.
M. Lavoie: Maintenant que M. Couture et M. Carreau vont expliquer
le rapport en donnant la date de l'octroi des travaux, est-ce que je pourrais
demander au ministre également de corriger son communiqué de
presse pour enlever peut-être l'administration libérale
précédente?
M. Guay: Et unioniste.
M. Lavoie: Je vous dis qu'il ne faut pas qu'on dévie. Si
vous voulez retourner en arrière, ou à l'enquête des
comptes publics, les culottes à Vautrin...
J'ai l'impression, le ministre a beau sourire, que vous avez visé
le blanc et tué le noir. Si vous voulez qu'on continue à vous
garder un certain respect comme homme public - et je vous parle personnellement
-on va continuer à vous poser des questions comme responsable de la
Société d'habitation du Québec et de tout ce qui s'est
passé depuis dans les travaux et en ce qui
concerne M. Cyr, pour les engagements, pour les traitements, pour les
contrats sans soumissions. C'est votre responsabilité. Nous allons
continuer dès demain, je pense, à l'Assemblée
nationale.
Mais si vous voulez qu'on conserve un respect pour vous comme homme,
comme collègue, vous allez corriger votre communiqué de presse.
Vous allez enlever deux fois le mot "libéral". Les accusations que vous
portez actuellement, vous voyez que vous tournez cette commission en
ridicule...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, très rapidement, je
voudrais dire ceci. Je ne retire pas un iota de ma déclaration. Les
travaux, ou les contrats dans certains cas, ont pu être donnés
auparavant par d'autres administrations. J'avais un lourd héritage qui
avait été à la fois commencé sous un autre
gouvernement que celui de l'Opposition officielle aujourd'hui, mais il reste
qu'ils se sont continués sous la supervision, ou l'absence de
supervision, d'un organisme qui était, à ce moment, la
Société d'habitation du Québec. Le mandat, le rapport
Gilbert, sur lequel j'aimerais attirer l'attention du député,
couvre cette période justement de 1971 à 1975.
Or, M. le Président, là-dedans, on y voit quoi? On y voit
que les terrains n'étaient pas visités par les professionnels, si
bien qu'on pouvait construire dans des cuvettes qui, tantôt, allaient
amasser l'eau. On y voit qu'on ne faisait ni sondage ni forage, si bien que les
fondations, dans certains cas, ont été emportées; qu'on
interdisait aux professionnels de visiter les chantiers - c'est à la
page 38 - et qu'on n'avait pas de moyen de contrôler les activités
de la SHQ - c'est à la page 31. On y voit qu'on avait trop de gens qui
n'avaient aucune notion de la construction - c'est à la page 37 - et
qu'il n'y avait pas de normes dans le choix des emplacements et des
municipalités - c'est à la page 43.
On y voit que la procédure de proposition de développement
utilisée par l'ancienne administration, sans plans ni devis autrement
que sur la base des soi-disant coûts, produisait des immeubles dont la
qualité était douteuse, qui annonçait des vices de
construction considérables, dit la commission - et je la cite toujours -
à la page 53. On y voit qu'on ne faisait pas de surveillance et
d'inspection, les chargés de projet se voyant interdire d'aller plus
d'une fois sur le chantier. Lorsqu'un chargé de projet que la commission
- encore une fois à la page 67 - qualifie d'incompétent passait
outre aux défectuosités constatées, avait le courage de
relever la tête et de noter des défectuosités - c'est
à la page 68 du rapport - on envoyait un deuxième inspecteur
docile pour émettre un avis de paiement et de correction.
Également, M. le Président - c'est à la page 69 du
rapport Gilbert - on dit que les mémoires qui contenaient des remarques
sur les défectuosités étaient écartés,
lorsqu'on ne demandait pas tout simplement de refaire un autre mémoire.
La conclusion du rapport Gilbert, à la page 83, c'est que cette
façon d'agir et de procéder et cette absence de surveillance et
de compétence allaient résulter dans des poursuites. Elle
prédisait des poursuites considérables sur ces projets
réalisés, certains d'entre eux, j'en conviens, qui ont pu
être donnés à contrat avant, mais qui ont été
réalisés entre 1970 et 1975.
C'est dans le rapport et le fait est qu'aujourd'hui nous avons pour
$6,000,000 de poursuites dont la liste est annexée, M. le
Président. Alors, je ne retire pas un iota de ma déclaration.
M. Lavoie: II ne faudrait quand même pas partir en peur, M.
le ministre.
M. Tardif: Je ne pars pas en peur.
M. Lavoie: Est-ce que vous reconnaissez d'ailleurs que le rapport
Gilbert a été une décision administrative du gouvernement
libéral, par l'entremise de M. Goldbloom, qui avait sans doute
perçu certaines irrégularités, certains défauts de
construction, certaines nonchalances administratives ou quoi que ce soit?
M. Guay: ...l'épuration...
M. Lavoie: Cela a été une décision de M.
Goldbloom qui a demandé le rapport Gilbert en 1975. D'accord?
M. Tardif: Tout à fait d'accord, M. le
Président.
M. Lavoie: D'ailleurs, cela confirme justement ce que je vous
disais tout à l'heure, soit qu'il y a 75% des contrats où,
malheureusement, il semble y avoir des lacunes qui dataient de l'administration
prélibérale. Je vous dis cela en passant.
M. Tardif: Je regrette, M. le Président, je ne suis pas du
tout d'accord avec cette affirmation du député de Laval.
M. Lavoie: Je n'aime pas, comme vous, vivre dans le passé.
C'est vous qui nous avez amenés ici.
Une voix: Je vous comprends.
M. Lavoie: M. le Président, je vous disais donc que le Dr
Goldbloom avait déjà
remarqué ce dont vous avez fait la lecture, c'est lui qui a
ordonné ce rapport. Le rapport est sorti en 1975, j'imagine qu'ils ont
travaillé... je ne sais pas combien de temps ils ont travaillé,
peut-être un an sur cela, le rapport...
M. Tardif: Non, M. le Président, j'invite encore une
fois...
M. Lavoie: En tout cas, c'est secondaire.
M. Tardif: Je m'excuse.
M. Lavoie: Ce sont quand même des travaux qui
étaient antérieurs au rapport Gilbert. Je ne veux pas allonqer le
débat sur cela, mais je vous dis: Qu'est-ce que vous avez fait, depuis
1975, pour corriger toute cette histoire?
Une voix: On vous a battus.
M. Lavoie: C'est vrai que vous avez engagé M. Cyr.
M. Guay: On s'est d'abord fait élire.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. Lavoie: Et les amis de M. Cyr et les amis du Parti
québécois et les amis de ci et tout cela.
M. Tardif: M. le Président...
M. Lavoie: C'est l'objet de cette commission actuellement.
M. Tardif: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre. (23 heures)
M. Tardif: M. le Président, j'ai déposé les
documents qui indiquent que l'engagement de M. Cyr a été fait par
le conseil d'administration de la SHQ après expertise, dans ce cas, pour
remédier à une situation, à un gâchis qui est
décrit partiellement dans le rapport sans nommer toutefois d'endroits,
de firmes, de professionnels ou autres. Qui plus est, il est confirmé
par l'ampleur des évaluations produites, tant par des professionnels
externes que par des offices municipaux d'habitation, que par la
Société d'habitation et également par les poursuites dont
le député de Laval a présentement la liste. Je n'ai aucune
espèce d'objection à ce que l'on revienne à la nature des
questions qui ont été posées par le député
de Marguerite-Bourgeoys.
Revenons encore une fois à la partie antérieure et aux
circonstances qui ont amené M. Goldbloom, ex-ministre des Affaires
municipales, responsable de la SHQ, à déclarer ou à
demander cette enquête "maison", puisque, effectivement, elle a
été faite uniquement à l'interne. Ce que nous avons ici,
je l'ai dit et je le répète, c'est un rapport
émasculé dont on a une version où on a expurgé tous
les noms qui auraient dû y être et qui, dans une version
antérieure, y étaient. Dans ce cas, quant aux motifs qui ont
amené l'ancien ministre à déclencher cette enquête,
je pense que les journaux de l'époque sont assez éloquents sur
certaines révélations apprises par d'autres moyens, notamment
à l'occasion des travaux de la CECO. Je veux fermer ce dossier, mais
cette enquête, qui a eu lieu à la suite d'un mandat de deux mois,
a produit ce rapport, rapport qui a été remis au ministre
responsable, d'après le document de transmission qui est là, le 2
mai, et qui n'a été, me dit-on, aucunement déposé
en Chambre, mais remis à la presse quelque part le 20 août, en
pleine période d'été. Sur ce rapport et sur les vices de
construction qui y sont, encore une fois, je pense que le député
de Laval essaie trop facilement de minimiser une responsabilité en ce
qui concerne l'absence de surveillance qui existait à ce moment de la
part de la SHQ vis-à-vis de la réalisation de ces immeubles qui,
même bâtis par les offices municipaux d'habitation, se faisait sous
supervision de la Société d'habitation du Québec, à
ce moment.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgoys.
M. Lalonde: M. le Président, le ministre a bien raison.
C'est sûrement un défaut de surveillance et de contrôle qui
a amené ces "scabrosités" du passé. Je suis convaincu que
le président de la Société d'habitation actuelle est fort
satisfait des mesures de contrôle que la Société
d'habitation a imposées à M. Cyr, à l'homme de confiance
du ministre. Est-ce qu'il peut nous dire s'il est satisfait de toutes ces
mesures?
Le Président (M. Jolivet): M. le président.
M. Couture (Jean-Marie): Je pourrais répondre oui et je
pense que ma réponse serait courte, mais probablement incomplète.
Pour répondre d'une façon plus élaborée, on me
permettra, j'imagine, de faire état d'un dossier séquentiel par
lequel je voudrais expliquer les différentes étapes d'un
cheminement de dossier. J'ai l'impression qu'à ce moment je
compléterais la réponse que j'ai pu fournir antérieurement
à d'autres députés. On se situe a posteriori du dossier.
Il y a d'autres contrôles qui sont établis par la suite, une fois
que le dossier est devenu
actif. J'ai déjà mentionné, mais je me
répète, qu'on devait faire identifier par la
société les projets affectés de vices de construction. Ils
sont sommairement énumérés dans le rapport du 16 septembre
1977. Nous avons demandé par la suite un mandat au Conseil du
trésor pour nous autoriser à confier l'ensemble de ces dossiers
à un coordonnateur et, au Conseil des ministres, l'autorisation
d'emprunter $8,000,000 pour financer ces travaux.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je déteste interrompre
le président de la société, mais je ne voudrais pas, quand
même, qu'il retourne au tout début. Je lui demande s'il est
satisfait des contrôles qu'il a imposés concernant la division
générale des réparations majeures dirigée par
l'homme de confiance du ministre.
M. Couture (Jean-Marie): M. le Président, j'ai
déjà répondu oui, mais je pensais que mon oui
n'était pas suffisant, de sorte que je voulais expliquer comment on
procédait.
M. Lalonde: II nous reste moins d'une heure. Je ne veux pas vous
empêcher de continuer, au contraire, je vous invite à le faire,
mais peut-être en résumant. Vous avez dit que oui, vous
étiez satisfait des mesures de contrôle. On est très
heureux de l'apprendre, mais, si vous voulez changer votre oui, naturellement,
libre à vous de le faire. Est-ce que vous maintenez votre
affirmation?
M. Couture (Jean-Marie): Je pensais, M. le Président, une
fois de plus, que le fait d'expliquer la méthode utilisée pour
constituer les dossiers avant qu'ils deviennent ce que j'appelle actifs, qu'on
entreprenne effectivement les travaux, cela pouvait illustrer le oui.
M. Lalonde: Je pense que vous pourriez nous lire bien des
dossiers de la société et on ne s'y retrouverait plus; surtout,
on n'aurait pas le temps de poser d'autres questions.
Dans l'ensemble, compte tenu de toutes les méthodes que vous
vouliez nous expliquer, mais qui sont dans vos dossiers, vous êtes
satisfait, vous avez fait un bon contrôle sur les travaux de M. Cyr.
Le Président (M. Jolivet): M. le vice-président,
dois-je comprendre que vous voulez intervenir?
M. Carreau: Si vous me permettez, M. le Président, pour
compléter la question. M.
Couture a répondu oui à la question du
député de Marguerite-Bourgeoys, et je voudrais tout simplement
donner un exemple de type de contrôle qu'on a fait. Il y avait obligation
que la surveillance soit faite par des professionnels. Dans chaque dossier - ce
n'est pas encore complété parce qu'il y a encore des dossiers
à fermer - il y a un rapport d'acceptation finale des travaux qui doit
émaner de l'architecte ou de l'ingénieur, s'il y a lieu. C'est
là une mesure de contrôle qu'on emploie actuellement dans tous les
projets de construction.
M. Lalonde: Je vous suggère que votre satisfaction n'est
peut-être pas partagée par tout le monde à la
Société d'habitation. Je me reporte à un mémo
daté du 19 décembre 1979, il n'y a pas tellement longtemps. M.
Cyr était là depuis février, mars ou avril, il a
commencé en février et a été nommé en avril;
ça fait presque deux ans qu'il est là. MM. Denis Auger et Pierre
Dorval, agents de gestion financière, Finances et administration,
écrivent à M. Claude Ally, directeur administratif du financement
des programmes, Finances et administration: "Comparaison entre les bureaux
régionaux - c'est ce que la société fait elle-même
directement, les réparations qu'elle n'a pas confiées à
l'homme de confiance du ministre - et le secteur dirigé par M. Cyr.
Bureaux régionaux. Les bureaux régionaux suivent une
procédure claire établie par la direction des opérations
qui tient compte des règlements et des lois gouvernementales, fichier
central, convention de services, liste nominative, appels d'offres, contrats de
construction à forfait. En conséquence, les factures qui nous
sont recommandées sont payées après une
vérification et un contrôle très serrés de la part
des agents vérificateurs en fonction des contrats."
Un peu plus loin, on arrive à la division de l'homme de confiance
du ministre. "Ce secteur fonctionne selon une procédure changeante
laissée entièrement à l'initiative de M. Luc Cyr qui tient
généralement compte des règlements et lois
gouvernementales sans en faire un règle de conduite sine qua non. Pas
question de fichier central, convention de services modifiée, liste
nominative pratiquement inexistante, contrats de gérance à
forfait doublés d'une possibilité pour le gérant
d'effectuer lui-même les travaux à coût plus honoraires
fcost plus) ou d'accorder des contrats à des sous-traitants à
coût plus honoraires ou à forfait, suivant des besoins et des
exigences pratiques que nous ignorons totalement. En conséquence, les
factures qui nous sont recommandées par M. Luc Cyr sont payées
entièrement après une tentative de vérification par les
vérificateurs, geste qui se révèle être surtout un
effort pour se donner bonne conscience plutôt qu'une action
réelle de contrôle et de vérification."
Ces agents de gestion financière concluent: "En conclusion, nous
voulons... - la copieuse a manqué quelque chose ici - qu'il n'est pas
question par ce mémo de critiquer qui que ce soit ou quoi que ce soit,
mais plutôt de préciser qu'à cause de la façon de
réparer choisie (cost plus) au lieu du forfait par soumissions publiques
et de tout ce qui en découle, en particulier les types de contrat, et,
enfin, du type de fonctionnement de Transit Inc., notre service a toujours
été, est et sera, si la situation ne change pas, dans
l'impossibilité de jouer son rôle de vérification et de
contrôle. Nous nous en tiendrons donc, comme à l'heure actuelle et
par le passé, aux activités de comptabilité et
émission de chèques. Signé par Denis Auger, ÇA, et
Pierre Dorval - je les ai nommés tout à l'heure - de la direction
générale des finances et de l'administration.
M. Ally, qui a reçu cela le 19 décembre 1979, envoie
à M. Jean Marcil, directeur général, la note suivante: "Le
montant des $8,000,000 obtenu par l'arrêté en conseil no 3987-77
de 1977 pour effectuer ces réparations est complètement
déboursé à ce jour." C'est il y a un an, cela, le 20
décembre 1979. "Pour plus d'explications concernant l'analyse de ce
dossier, nous vous référons aux deux rapports de M. Alexandre
Couture en date du 28 novembre et du 5 décembre courants. Je tiens
à vous préciser que je suis entièrement d'accord lorsque
M. Couture - on parle d'Alexandre Couture - dit dans son rapport du 5
décembre 1979, et je cite: "La DGFA - la Direction
générale des finances et de l'administration de la
Société d'habitation - et sa division SMO ne sont donc pas en
mesure d'exercer les contrôles qui leur sont dévolus puisqu'ils ne
font office que de payeurs."
M. Ally continue: "D'ailleurs, vous trouverez en annexe un
rapport de MM. Denis Auger et Pierre Dorval en date du 19 décembre,"
celui que je viens de mentionner. Il ajoute: "J'apprends, en lisant les
rapports de M. Couture, qu'il resterait environ $3,500,000 de travaux à
exécuter au 31 octobre. Comme le contrat de Transit Inc., expire le 31
décembre 1979 et qu'il est porté à notre connaissance que
cette firme tente d'obtenir un renouvellement - je ne sais pas si on est
retourné au cabinet du premier ministre pour avoir ce renouvellement, on
ne le dit pas ici - ou un prolongement de mandat, nous estimons de notre devoir
de vous formuler les remarques et recommandations suivantes: II apparaît,
d'après ces rapports que la Société d'habitation du
Québec n'a pas ou n'a pu exercer auprès de Transit Inc. - c'est
toujours la compagnie de l'homme de confiance du ministre - le contrôle
qu'elle était en droit d'exercer. Donc, s'il y a renouvellement de ce
mandat et pour que notre direction puisse jouer le rôle qui lui est
dévolu, il faudrait, à notre avis, que la société
exerce un contrôle sur le bien-fondé des dépenses
encourues."
M. le Président, compte tenu de ces remarques assez claires et
qui datent de la fin de l'année 1979, on sait que M. Cyr a eu son
renouvellement - je ne sais pas en vertu de quelle recommandation - et qu'il a
terminé au mois d'août; il reste donc huit mois sur les deux ans
et demi ou à peu près qu'il a exercé ses travaux
efficaces, comment pouvez-vous vous déclarer satisfait des
contrôles que vous avez, ou est-ce que c'est par le même sentiment
de pudeur qu'on retrouve dans vos rapports de président de 1977 et 1978
que vous n'avez pas dit que vous n'étiez pas satisfait?
Le Président (M. Jolivet): M. le Président. (23 h
15)
M. Couture (Jean-Marie): Je vais ignorer les remarques et les
commentaires, pour dire ceci. J'ai déjà expliqué dans une
réponse antérieure que le mandat que nous étions
allés chercher au Conseil du trésor reposait sur un mandat
particulier, puisque nous avions affaire à un problème
très spécial, très pratique et très circonscrit, de
telle sorte qu'il nous a fallu, à partir du moment où nous avons
obtenu le mandat demandé, établir un procédé
spécial pour cette fin. Le rapport que l'on cite abondamment - j'aurais
voulu avoir la chance de citer mon propre rapport, j'aurai l'occasion de le
faire, j'imagine, tantôt - fait un parallèle entre le
système établi par la fonction publique, le Conseil du
trésor pour les opérations courantes, et essaie de comparer
ça avec un dossier spécial pour lequel nous avions un mandat
spécifique et pour lequel nous avions établi un système de
contrôle a posteriori et, ultérieurement, pour nous assurer
exactement du résultat que nous voulions obtenir. De telle sorte que la
partie de la vérification - appelons-la comme ça -qui est
effectivement accomplie par notre direction générale, Finances et
administration, pour les projets réguliers, était accomplie, pour
les réparations majeures, d'une autre façon que je pourrais
expliquer ici, depuis le contrôle des matériaux, les feuilles de
temps, la préparation des demandes de paiement, etc.
Alors, M. le Président, j'ai ces renseignements ici. Je peux en
faire un état détaillé, tout en étant le plus
concis possible, compte tenu de l'heure.
M. Lalonde: Est-ce que vous pouvez nous distribuer ce rapport que
le ministre n'a pas cru bon nous montrer?
M. Tardif: M. le Président, je m'excuse mais j'ai
déposé devant cette commission
tous les documents dont j'ai été saisi officiellement par
la Société d'habitation du Québec.
M. Lalonde: Alors, il y a de la zizanie, M. le
Président.
M. Tardif: Non, absolument pas, M. le Président, il est
normal que la société d'État ait un tas de documents et
de...
M. Lalonde: Depuis deux semaines, M. le Président, le
ministre apprenait ce qui se passait par la bouche du député de
Marguerite-Bourgeoys. Ce soir, il vient de l'apprendre par le président.
Alors, j'aimerais que vous le déposiez ou que vous le distribuiez et on
pourra, à une autre séance, l'examiner. J'aimerais que vous me
disiez quand vous avez fermé les livres de la division des
réparations majeures qui vous ont permis de nous donner les états
que vous nous avez donnés ce soir.
M. Couture (Jean-Marie): Le mandat de M. Cyr et de
l'équipe spéciale des réparations majeures s'est
terminé le 31 août 1980. Comme M. Carreau l'a dit tantôt, il
y a un certain nombre de dossiers qui ne sont pas encore fermés,
c'est-à-dire que nous n'avons pas encore complété les
bilans de fermeture parce que dans chacun des dossiers, il y a un bilan de
fermeture à constituer, à compléter et à obtenir -
c'est le cas dans un grand nombre de dossiers - a obtenir le certificat final
de l'architecte pour acceptation définitive des travaux, afin de
transmettre aux procureurs les documents dont ils ont besoin pour
compléter leur dossier sur le plan juridique. Ce travail est à
être complété actuellement.
M. Lalonde: Dans combien de dossier sur les 42, à peu
près?
M. Couture (Jean-Marie): J'aurais dit 50% mais on me dit que
c'est 60% des dossiers qui sont complétés, bilan de
fermeture.
M. Lalonde: Alors, là, M. le Président, c'est
important, ce que le président de la société vient de
dire: les états, les chiffres que le ministre a annoncés
officiellement, en conférence de presse vendredi dernier, et qu'il a
corrigés en baissant de $200,000 les économies, ce soir, ce ne
sont pas des chiffres définitifs. Il reste, dans 60% des dossiers, ce
que vous venez de dire, à en terminer la vérification, demander
les derniers certificats pour savoir combien exactement cela va coûter
à la fin. Je crains fort que les $2,000,000, environ, qui sont rendus
$2,300,000 d'économie du ministre, fondent comme neige au soleil
à mesure que vos états vont arriver. Est-ce que vous avez inclus
dans vos chiffres une réserve pour les factures qui sont
présentées, et que vous n'avez pas acceptées, et les
poursuites éventuelles?
Le Président (M. Jolivet): M. le président.
M. Couture (Jean-Marie): Beaucoup de questions, M. le
Président. Je vais essayer de m'en souvenir. Je voudrais préciser
que le rapport que l'on a remis est en date du 31 octobre 1980 et comme
n'importe quel rapport financier, c'est une photographie d'une situation. Et
comme le mandat des réparations majeures est terminé depuis le 31
août, que le rapport est en date du 31 octobre, nous avons l'essentiel et
le portrait le plus global et le plus complet possible à ce
moment-là.
M. Lalonde: Ce n'est pas une question que je pose, M. le
Président. Je pose cela au ministre. Je me demande dans quelle mesure il
veut maintenir son texte qu'il nous a officiellement déposé
aujourd'hui, après en avoir fait état à la presse, il y a
une semaine. S'il veut le retirer, je pense qu'on lui donnerait un
consentement, parce que ses $2,500,000, le coût total, on ne l'a pas lu,
dans votre conférence de presse, M. le ministre, que seulement 40% en
étaient vérifiés. L'état des contrôles qu'il
nous a décrit, a posteriori, cela ressemble beaucoup à la
situation décrite par le rapport Gilbert. À votre place, je
serais un petit peu plus modeste.
M. Tardif: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Tardif: Je voudrais faire deux choses. Premièrement,
dire au député de Marguerite-Bourgeoys que cela fait trois jours
qu'il réclame un bilan. Nous avons, effectivement, fait ce bilan que
j'ai demandé à M. Couture et qui a été remis
à la commission.
Deuxièmement, je voudrais lui rappeler également que le
mandat du coordonnateur s'est terminé le 31 août dernier et que,
dès le 4 septembre - j'attire son attention immédiatement sur la
pièce numéro 13 - je demandais au président de la
société un certain nombre de renseignements. "1° Afin de
comparer, disai-je, certaines données, j'apprécierais recevoir un
tableau comparé pour chacun des dossiers tombant sous la
responsabilité de la division des réparations majeures et les
renseignements suivants: a) le coût de réalisation du projet
d'habitation, et l'année de réalisation; b) l'évaluation
originale des réparations, telle qu'établie par les experts
consultants, et le nom de ceux qui ont établi
ces coûts; c) l'évaluation révisée par la
division des réparations majeures; d1 le coût réel de ces
réparations. "2° Les travaux additionnels. Je souhaite que vous me
fassiez également parvenir en annexe la liste des projets où il a
fallu réaliser des travaux additionnels à ceux de correction
initialement prévus. À cet égard, je souhaite
connaître la nature de ces travaux et les raisons ayant incité
à la réalisation de ceux-ci et les montants afférents.
"3° Autres projets. Je souhaite également obtenir la liste des
projets auxquels la division a été associée et qui
n'apparaissent pas à son mandat original. De façon plus
explicite, je fais allusion au projet du type de l'édifice
Loto-Québec. "4° Quelles mesures ont été prises par la
SHQ, ses mandataires ou les contractuels engagés dans le dossier des
réparations majeures en vue de colliger toute la preuve
nécessaire à d'éventuelles réclamations contre les
entreprises ou firmes de professionnels responsables de vices de construction.
Quels rapports ont été reçus et de qui, sur le sujet.
"5° Quelles mesures de contrôle et de vérification interne a
priori et a posteriori ont été instaurées par la SHQ
à l'endroit des personnes ou entreprises chargées de s'occuper du
dossier des réparations majeures et les rapports reçus en la
matière. "6° Le Vérificateur général. On a
porté à mon attention que le Vérificateur
général aurait posé certaines questions relatives à
l'administration et au contrôle de la division. À titre de
ministre, vous comprendrez aisément que je souhaite connaître: al
quelles questions ont été posées, quels sont les projets
associés à ces questions, les réponses et les explications
que la société a fournies ou compte fournir, les suites
administratives concrètes qui se sont imposées et que vous avez
sans doute prises, à la suite de cette démarche du
Vérificateur général."
Et suit un autre dossier qui n'a aucun rapport avec le dossier des
réparations majeures. M. le Président, cette lettre je l'ai
envoyée au président le 4 septembre dernier, soit quatre jours
après la fin du mandat de M. Cyr. Les documents commencent à
entrer. J'ai produit - le député de Marguerite-Bourgeoys ayant
demandé un bilan - un bilan qui a été donné, il a
été déposé au moment où il en était,
le 31 octobre dernier. Le bilan est signé par le vérificateur
interne de la société, M. Alexandre Couture.
M. Lalonde: M. le Président, j'aimerais demander au
président...
M. Richard: Je m'excuse, M. le Président. Je ne veux pas
interrompre le député de Marguerite-Bourgeoys. Ce n'est pas dans
mes habitudes. Je m'en excuse auprès de lui. Mais je veux simplement
signaler qu'il a eu l'occasion de poser de multiples questions...
M. Lalonde: II y en a d'autres, des bonnes.
M. Richard: ... depuis un peu avant 23 heures et que je voudrais
également poser quelques questions à M. Couture. Alors, si vous
pouviez partager le temps équitablement entre les intervenants.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai quelques petites
questions tout à fait anodines.
Le Président (M. Jolivet): La parole est à vous
après, M. le ministre.
M. Lalonde: M. le Président, quelques questions encore.
Qui choisissait les professionnels, les architectes, les ingénieurs qui
étaient engagés par la division des réparations majeures?
Est-ce M. Cyr lui-même?
M. Couture (Jean-Marie): Premièrement, au mandat de M.
Cyr, le coordonnateur nous recommandait l'engagement et les services à
retenir dans le cas des professionnels, et les contrats devaient être
contresignés par moi ou mon représentant.
M. Lalonde: J'imagine que vous avez accepté plusieurs des
recommandations?
M. Couture (Jean-Marie): Pour répondre à une
question comme celle-là, je dis oui.
M. Lalonde: Qui vous a recommandé d'engager M. Yvan
Giguère et M. Paul Michaud à la division des réparations
majeures?
M. Couture (Jean-Marie): M. Cyr nous a recommandé
l'engagement de M. Yvan Giguère après avoir consulté et
interviewé des candidats pour un poste comme celui-là.
M. Lalonde: Par qui M. Giguère a-t-il été
recommandé? Est-ce possible qu'il ait été
recommandé par une firme qui s'appelle Charbonneau, Brisson,
Guérin & Associés?
M. Couture (Jean-Marie): Je pense qu'effectivement les services
de cette firme ont été utilisés à la fois pour
établir un processus administratif et de contrôle et pour
recommander ou aider à choisir un candidat au poste de contrôleur,
puisqu'on voulait avoir un poste à ce niveau.
M. Lalonde: Combien a été le contrat confié
à cette firme Charbonneau, Brisson,
Guérin & Associés?
M. Couture (Jean-Marie): Si ma mémoire ne fait pas
défaut, nous avons payé à cette firme environ $3700. C'est
l'ordre de grandeur.
M. Lalonde: M. le ministre, cela peut répondre à la
question que le premier ministre se posait concernant M. Guérin, de
cette firme, Yvan Guérin, son ancien agent officiel. Il disait qu'il
doutait passionnément que M. Guérin ait jamais touché un
sou du gouvernement. M. Guérin est un associé de cette firme, il
a reçu un contrat de la direction des réparations majeures. Cela
pourra quand même établir un certain nombre de choses.
Est-ce que la compagnie Ramyc Construction Inc. a déjà
transigé avec la SHQ?
M. Couture (Jean-Marie): À ma connaissance, non.
M. Lalonde: Merci.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Montmorency.
M. Richard: M. Couture, si je comprends bien, au moment où
M. Cyr a transigé avec M. Aubin, vous n'étiez pas au courant
qu'il s'agissait du beau-frère de M. Cyr?
M. Couture (Jean-Marie): C'est exact.
M. Richard: Est-ce que, par la suite, vous avez été
mis au courant que M. Cyr avait transigé avec d'autres personnes de sa
famille?
M. Couture (Jean-Marie): Non. Je rejoins votre question de
tantôt. M. Aubin, qui est le beau-frère de M. Cyr, a reçu
un contrat dans le dossier de Rivière-Bleue, à la recommandation
de l'architecte Huot. Mais, nous ne savions pas, au moment où le contrat
a été contresigné - par M. Carreau je pense, le
vice-président - les liens de parenté qui existaient. D'autre
part, je ne sais pas si cela rejoint votre question, il est arrivé que,
par la suite, l'architecte a épousé la fille de M. Aubin.
M. le Président, je voudrais préciser... (23 h 30)
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse. Voulez-vous
reprendre? Je n'ai pas compris. S'il vous plaît!
M. Couture (Jean-Marie): Je voudrais rappeler ce que j'ai
déjà dit: Le contrat que nous avons signé avec
l'architecte Huot a été signé en mars 1979 et M. Huot a
marié la fille de l'entrepreneur en août 1980, et ce, à
l'insu des parents.
Le Président (M. Jolivet): Maintenant qu'on a pris un
moment de répit, M. le député de Montmorency, avez-vous
d'autres questions?
M. Lavoie: J'espère que vous en avez d'autres.
M. Richard: J'ai d'autres questions, M. Couture. On va poser
toutes les questions dans l'intérêt de tout le monde. M. Couture,
est-ce que vous avez été mis au courant par la suite que M. Cyr
avait transigé avec d'autres personnes de sa parenté et de sa
famille? Si c'est le cas, M. Couture, j'aimerais savoir à quel moment
vous avez été mis au courant. Je vous prie d'excuser mes
collègues; ils sont, comme le disait le député de Laval
tout à l'heure, polyvalents. Je souhaiterais qu'ils soient polis tout
court.
M. Lavoie: Vous avez tellement de vent...
Une voix: Reprenez le gouvernail.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! M. le
député, vous avez la parole.
M. Richard: M. Couture.
Le Président (M. Jolivet): M. Couture, le président
avait une réponse à donner.
M. Couture (Jean-Marie): Je ne suis pas, d'une façon
régulière, les débats à l'Assemblée
nationale, mais, comme on parlait de nous depuis au moins deux semaines, je me
suis intéressé au genre de questions qui étaient
posées. À la suite de ces questions, nous avons fait
effectivement un relevé pour vérifier s'il y avait eu des
contrats "donnés", entre guillemets, à des amis.
M. Tardif: À la suite des questions du
député de Marguerite-Bourgeoys, j'ai demandé que l'on
vérifie pour chacun des membres de la famille...
M. Lalonde: Heureusement qu'on pose des questions!
M. Tardif: ... et le président de la société
m'a produit un document que nous allons d'ailleurs remettre à la
commission.
M. Couture (Jean-Marie): Alors, je veux tout simplement
préciser que c'est lorsqu'il a été question d'une firme
qui s'appelle Saint-Léonard Construction que nous avons appris qu'il y
avait un lien de parenté entre cette firme et le coordonnateur. Nous ne
le savions pas avant. Je ne sais pas si cela
répond à votre question, M. le ministre.
M. Richard: M. Couture, à la suite de la lettre du 4
septembre 1980, est-ce que vous avez fait parvenir un document au ministre
d'État à l'Habitation?
M. Couture (Jean-Marie): Je réponds: Oui, d'une
façon détaillée, c'est-à-dire qu'à chacune
des questions qui m'avaient été posées par M. Tardif, je
lui ai fourni les renseignements qui étaient disponibles à ce
moment. D'autres renseignements lui ont été fournis
ultérieurement lorsqu'ils ont été disponibles. Le dernier
rapport que nous avons produit, c'est celui qui a été
déposé tout à l'heure, c'est le rapport-synthèse au
31 octobre 1980.
M. Richard: II s'agit, pour bien identifier...
M. Lalonde: J'imagine que le ministre modifie sa réponse
qui avait probablement été donnée de façon
incomplète en ce qui concerne le fils de M. Cyr qui, d'après sa
réponse, aurait gagné $2000. Là, on voit des comptes de
$24,000.
M. Tardif: M. le Président, je voudrais quand même
préciser, à la page 2, comme on le voit... Dans la lettre de
transmission du président - si vous me permettez, M. le
Président, le député de Marguerite-Bourgeoys pose la
question - lettre qui accompagne ce document, on constate ceci: "Dossier de
Trois-Rivières, édifice Adélard-Dugré, pour le
montant de $24,419, attribué à M. Daniel Cyr. Après
vérification dans nos dossier financiers, nous ne trouvons nulle part le
nom de M. Daniel Cyr. C'est la compagnie Fenesco Inc., sous-traitant de IDA
Construction Ltée, qui a versé ces sommes à M. Daniel Cyr
pour les travaux exécutés par ce dernier."
Si bien qu'au moment où j'ai répondu au
député de Marguerite-Bourgeoys, des sommes versées par la
société directement à Daniel Cyr, c'était le seul
montant qu'il y avait. Ultérieurement, après avoir passé
dans le fichier tous les noms de compagnies et après avoir
vérifié, M. Couture m'informe que Daniel Cyr avait
été employé par la compagnie Fenesco. Ma
déclaration, au moment où je l'ai faite, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys, était exacte, M. le
Président.
M. Lalonde: Je voudrais quand même préciser que je
n'avais pas soulevé la question d'un parent employé d'une autre
compagnie qui pourrait par hasard avoir...
M. Tardif: Non, mais j'ai voulu faire la lumière la plus
complète sur le dossier.
M. Lalonde: Oui, c'est parfait.
M. Tardif: Puisque le député de
Marguerite-Bourgeoys semblait s'intéresser à l'arbre
généalogique de M. Cyr, j'ai donc fait relever cet arbre...
M. Lalonde: Ce n'est pas un arbre, c'est une forêt!
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît:
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Bélanger: M. Couture, on va laisser la famille et les
amis de côté. On passe à la page 2... On va prendre un cas
typique: "Le pavillon Legardeur Inc., réfection aux murs
extérieurs, $137,373." Je voudrais savoir qui a...
M. Couture (Jean-Marie): Je m'excuse. Est-ce que vous êtes
toujours au rapport synthèse?
M. Bélanger: Je suis toujours au rapport synthèse,
c'est le seul qu'on a.
M. Couture (Jean-Marie): Vous avez l'autre, qui est encore plus
complet, parce qu'il est daté du 31 octobre.
M. Bélanger: On va y aller avec le
rapport-synthèse. $137,373. Vous l'avez?
M. Couture (Jean-Marie): Oui.
M. Bélanger: J'aimerais savoir qui a évalué
le coût, puisqu'on sait que M. Cyr était, selon ce qu'on appelle,
dans le jargon, le constructeur, à "cost plus"; plus ça
coûtait cher, plus il faisait d'argent. Je voudrais savoir qui a
évalué le coût, qui a fait l'estimation des
réparations. C'était "cost plus", regardez vos contrats.
Une voix: II l'a dit tout à l'heure.
Le Président (M. Jolivet): M. le président.
M. Couture (Jean-Marie): M. le Président, j'ai deux
réponses, parce qu'il y a deux questions.
M. Bélanger: D'accord.
M. Couture (Jean-Marie): Je répète une fois de plus
que la référence qu'on fait concerne la section A pour des
travaux qui avaient été exécutés avant et qui ne
faisaient pas du tout partie du mandat du coordonnateur dans ce dossier.
M. Bélanger: Ce n'est pas vous qui aviez cela dans...
D'accord, on va aller en
chercher un.
M. Couture (Jean-Marie): Deuxièmement...
M. Bélanger: Vous, vous êtes entré en
1977.
M. Couture (Jean-Marie): Attendez un peul
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! Il y a
un peu de brouhaha et j'ai de la difficulté à entendre.
M. Couture (Jean-Marie): L'autre précision que je veux
donner et qui m'apparaît très importante, c'est que nous avions
recommandé la rémunération de M. Cyr, ou de Transit, dans
son deuxième mandat, sur base d'honoraires, comme cela se fait
régulièrement pour des cas semblables, en s'appuyant sur
l'estimation globale minimale, à ce moment-là, de $8,000,000. Il
faut comprendre et se rappeler que le Conseil du trésor ne nous a pas
autorisés à rémunérer Transit sur cette base, parce
que nous avions recommandé, dans un deuxième mandat de dix-sept
mois, de rémunérer Transit à 1,25% pour $100,000 en
précisant que si le mandat se terminait avant le 31 décembre
1979, il aurait eu droit à son plein montant et que si le mandat
s'était terminé en janvier ou en février, comme
c'était prévu à cette époque-là, il n'aurait
pas eu droit à un sou additionnel. Or le Conseil du trésor n'a
pas concouru dans notre recommandation et nous a demandé de
rémunérer Transit, en passant par M. Cyr, à $50 l'heure.
Le deuxième contrat a été fait sur cette base.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Joliette... Ohl vous n'avez pas terminé!
M. Bélanger: Moi, j'aurais une question pour M. le
ministre, s'il vous plaît. M. le Président, le ministre est
sûrement au courant qu'à Montréal, il existe une
association qui s'appelle l'APCHQ.
Une voix: II n'y a rien là.
M. Bélanger: Association provinciale des constructeurs
d'habitation professionnels, qui a un code d'éthique, le dossier complet
de chaque entrepreneur, etc. Je veux seulement demander au ministre s'il a
vérifié avec cette association avant de recommander M. Cyr.
M. Tardif: M. le Président, j'ai déjà
répondu à cela en disant que l'évaluation de la
compétence professionnelle de M. Cyr relevait du président de la
société et non de celui qui vous parle.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Je voudrais dire que je pense que le
député de Laval s'est trompé tantôt - c'est
probablement une erreur -quand il a dit qu'il y avait des cas de 20 ans. J'ai
eu beau dépouiller...
M. Bélanger: II y a 11 ans.
M. Chevrette: Non, il y en a un qui est...
M. Lavoie: 1969, 11 ans.
M. Chevrette: À mon avis, il n'y en a aucun qui date de
plus de 11 ans. C'est pour ça que... C'est une erreur, d'accord.
M. Bélanger: Dans la conférence de presse aussi, on
parle de 1967 et là...
M. Lavoie: 1969, 11 ans.
M. Chevrette: D'accord, c'était seulement pour
rétablir ça. J'avais compris 20 ans.
J'ai fait des calculs. Moi aussi j'ai fait comme le député
de Laval, j'ai fait le mathématicien. C'est intéressant de
regarder le document. Cela va être un commentaire que je vais me
permettre avant de poser une question au ministre. Les travaux
exécutés étaient évalués à
$73,211,592 et ont été réalisés pour $91,702,630,
donc 20% de plus que les estimations.
Une voix: Pour quel cas, cela?
M. Chevrette: Pour l'ensemble des 64 cas. C'est
intéressant. Ce qui représente le coût total des 64
projets. Donc, ça représente 20% de plus que les estimations.
M. Lavoie: Voulez-vous répéter vos chiffres au
début?
M. Chevrette: C'est sur la feuille. $73,211,592.
Une voix: Millions.
M. Chevrette: Millions, oui. $73,211,592. Cela a
coûté, pour les réaliser, $91,702,630, au moins 20%...
Une voix: 91 millions...
M. Chevrette: $91,702,630, au moins 20% de plus que les
estimations. Ce qui est intéressant d'autre part, si on regarde les
estimations des coûts qui n'ont pas été faites sous le
présent gouvernement, c'est qu'on trouve $11,664,700 pour les
réfections majeures; réalisation, $9,364,700, 20% de
moins. Ce qui est passablement intéressant, c'est que le
patronnage - appelez-le comme vous voudrez - libéral, ou rouge, ou bleu,
représente 20% de plus que les estimations initiales, aux frais des
contribuables québécois...
Une voix: En plus de l'inflation.
M. Chevrette: ...alors que les réparations, c'est 20% de
moins que les estimations. C'est passablement intéressant quand on sait,
- c'est là-dessus que je voudrais parler un peu, M. le Président
-comment les professionnels ont toujours été choisis. Moi, me
promener dans les municipalités, ça m'a permis de me rendre
compte que je ne savais pas tout ce qui se passait dans cette jungle. On
imposait les professionnels aux municipalités, à l'époque,
autant les notaires, les avocats, les architectes que les ingénieurs. Ne
me dites pas le contraire parce que les municipalités me demandent,
quand je leur dit de choisir un architecte, lequel il faut qu'elles prennent:
C'est vous qui les choisissez, disent-elles. Cela a changé, cette
affaire-là...
Une voix: Cela a changé en Cyr...
M. Chevrette: ...depuis qu'on a le fichier central. Je pense que
c'est quelque chose de fantastique. En tout cas, 20% d'économie aux
contribuables québécois par rapport à 20% du coût
des estimations dans votre cas. Il y a un écart de 40%, vous avez
raison. C'est ça que vous vouliez sans doute dire, M. le
député de Johnson, 40% dans les poches des contribuables. (23 h
45)
J'aurais une question à poser à M. le ministre
lui-même. Avant de recevoir la lettre du président, datée
du 11 décembre 1980, signé par M. Jean-Marie Couture. Est-ce
qu'on vous avait mis au courant d'une manière autre que le cas du fils
qui avait été souligné en Chambre ou si vous l'avez appris
en date du 11?
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Tardif: M. le Président, le seul cas qui a
été porté à mon attention, c'est celui du
beau-frère pour lequel j'ai demandé au président de la
société un rapport. C'est à ce moment que celui-ci m'a
informé que les travaux étaient en cours, étaient
réalisés à 75% et qu'il voyait mal que l'on arrête
ces travaux. Il m'a informé qu'il avait demandé au coordonnateur
de ne pas procéder ainsi.
M. le Président, ce dossier des vices majeurs de construction,
encore une fois, constituait quelque chose d'autant plus criant que je voudrais
simplement dire une chose qui n'a pas été mentionnée une
seule fois ici ce soir, c'est qu'on parle de 42 projets, mais c'étaient
2000 logements et c'étaient 6000 personnes affectées dans ces
immeubles. Cela aussi c'est important, la dimension humaine dans ces cas.
J'ai, encore une fois, demandé, le 4 septembre, un bilan complet,
c'est-à-dire moins de quatre jours après, et vous avez la lettre
qui a été déposée ici ce soir. J'ai
également, en cours de route, eu des bilans qui sont venus faire le
point sur certains aspects du dossier, notamment, l'aspect économique
qui, à ce jour, encore une fois, indique des économies de l'ordre
de $2,300,000 par rapport à des travaux évalués, dans
certains cas, en 1976. Or, Dieu sait que le dollar de 1976 et le dollar de
1980, ce n'est pas la même chose et que, somme toute, déjà
simplement arriver avec des chiffres semblables, c'est une économie
importante.
Deuxièmement, à la suite des questions du
député de Marguerite-Bourgeoys, j'ai posé des questions au
président de la société, notamment en rapport avec les
membres de la famille, parce que, effectivement, il s'agit là d'une
chose qui est inacceptable. Le président de la société,
à qui j'ai demandé de vérifier tous et chacun des membres
de la famille sans exception, m'a produit aujourd'hui même ce document,
après un examen aussi exhaustif que possible de tous les contrats qu'il
pouvait trouver.
Or, je l'ai dit, je n'ai rien à cacher dans ce dossier. J'ai
demandé, personnellement, la tenue de cette commission parlementaire
pour qu'on puisse faire le point. J'ai déposé l'ensemble de la
documentation que moi, j'ai eue comme ministre responsable de cette
société, sous forme de CT, sous forme de bilans chiffrés
qui m'indiquaient que la progression des travaux se faisait. Elle se faisait
normalement au dire de son président et elle se faisait à des
coûts qui rencontraient et étaient même
en-deçà des objectifs, encore une fois, toujours selon les dires
de son président. J'ai déposé ici l'ensemble des documents
que vous auriez eus, chacun des membres de cette commission, si vous aviez
été responsables de cette société.
J'ai aussi, et cela est important.... M. le Président, si vous me
le permettez...
M. Lalonde: II reste dix minutes, là. M. Tardif:
... j'achève.
M. Lalonde: J'ai d'autres questions à poser.
M. Tardif: Je voudrais tout simplement dire ceci.
Deuxièmement, suite à ma lettre, non seulement ai-je
demandé ce bilan personnellement, mais ayant été
informé que, dans le cours normal de ses activités, le
Vérificateur général avait adressé à
la société un certain nombre de questions, ceci me semblait
personnellement une garantie suffisante que la lumière serait faite sur
la gestion des dossiers. À la lumière des faits qui me sont
rapportés aujourd'hui même et qui, pour un certain nombre d'entre
eux, effectivement, ont été soulevés par le
député de Marguerite-Bourgeoys - s'il en a d'autres, je le
prierais d'en faire état devant cette commission - j'entends demander au
Vérificateur général non seulement de continuer la
vérification comptable qu'il est en train de faire, mais
également de vérifier les autres aspects qui ont
été évoqués devant cette commission ce soir, mais
alors là, encore une fois, sur l'ensemble du dossier des vices de
construction.
M. le Président, je pense que, de mon côté, comme je
l'ai mentionné, j'étais, je suis et je reste
intéressé à faire toute la lumière sur ce dossier.
Je demande au député de Marguerite-Bourgeoys s'il a d'autres
questions, s'il est prêt, lui aussi, à déposer les
documents qui justifieraient que le Vérificateur général
explore d'autres aspects dans ce dossier.
M. Lai onde: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... l'aveu que vient de faire le ministre, à
savoir que, depuis un nombre d'années, il ne savait pas ce qui se
passait dans la Société d'habitation du Québec, en
particulier dans la division des réparations majeures, est un aveu lourd
de conséquences pour un ministre. J'espère qu'il s'en rend
compte. C'est sa responsabilité de répondre à
l'Assemblée nationale de la bonne gestion de la
société.
M. Tardif: C'est ce que je fais ce soir.
M. Lalonde: II fait ce soir, naturellement, quelque chose qu'il
aurait dû faire avant, alors qu'il m'accuse du crime le plus odieux,
celui de l'accuser de "guilt by association"...
M. Tardif: De culpabilité par association et je le
maintiens.
M. Lalonde: ... de culpabilité par association,
association avec M. Cyr, association avec les amis de M. Cyr, avec la famille
de M. Cyr. Je ne sais pas dans quelle mesure le ministre n'aurait pas pu s'en
rendre compte lui-même avant qu'on pose des questions.
Le ministre le savait, M. Foisy, son adjoint, sait depuis un bon moment
ce qui se passe. Je suis convaincu que, depuis au moins le mois de mars, le
ministre a eu vent d'un certain nombre de choses. Pourquoi a-t-il attendu
seulement au 4 septembre, après que M. Cyr eut disparu, quatre jours
après la fin du mandat de M. Cyr? C'est comme le trou de $500,000,000.
On a dit: On fait le ménage, on ferme les portes de la grange, une fois
que tout le troupeau est parti.
M. Tardif: M. le Président...
M. Lalonde: Je n'ai pas interrompu.
M. Tardif: On n'a pas droit à des questions de
privilège ici...
M. Lalonde: Non, non.
M. Tardif: ... mais il y a quand même une incorrection.
M. Lalonde: Non, il n'en est pas question. M. le
Président, on vient de faire un petit tour du 43e dossier scabreux de la
SHQ qui trouve plutôt son origine chez le ministre, parce qu'il vient
d'une recommandation qu'il a faite lui-même sans vérifier, il l'a
avoué ce soir, sans faire aucune vérification. Cela vient de lui
avec des ramifications politiques partisanes du Parti québécois,
c'est évident. Que le ministre ne se cache pas derrière le
président. On a vu quelle était l'efficacité de
l'administration de la SHQ, il y aurait sûrement des choses à
faire là-dedans.
Mais il y a d'autres dossiers. Alors que nos quatre heures sont en train
de s'éteindre, j'aimerais qu'on parle du 44e dossier scabreux, mais,
celui-là, c'en est un autre sérieux, celui qu'on appelle
Loto-Québec. J'aurai d'autres questions à poser.
M. Tardif: M. le Président, j'invite le
député de Marguerite-Bourgeoys à poser ses questions
là-dessus.
M. Lalonde: Oui, mais il me reste dix minutes pour poser des
questions.
M. Lavoie: Quand est-ce qu'on va siéger la prochaine
fois?
M. Tardif: Consentement.
M. Lalonde: Non, écoutez. On nous a imposé, ici,
à la course, une séance de quatre heures. On a fait notre boulot,
je pense que tous les députés l'ont fait, ont posé des
questions. Le ministre aussi a posé des questions, a
déposé des documents. Heureusement, c'est une conclusion un peu
positive du travail que l'Opposition officielle a fait sous les quolibets et
les insultes de l'autre côté.
Il reste que je demande au ministre de réunir au moins une autre
fois cette commission, parce que le dossier de Loto-
Québec est un dossier incroyable. Alors que ça devait
coûter seulement $300,000 ou $400,000, alors qu'il y avait des
soumissions publiques, des soumissions à forfait pour effectuer les
travaux de recyclage de cet immeuble, on a enlevé ça aux
soumissions à forfait, on a passé ça à une
Société de logement centre-ville Montréal où MM.
Renaud Gendron, Paul Dorion, Pierre Therrien, Normand Boileau, Michel Thibodeau
ont acquis un immeuble par bail emphytéotique, pour 35 ans, à $1.
Ils ont reçu de la Société d'habitation du Québec
une hypothèque d'environ $381,000 - vous me corrigerez si je fais erreur
- plus $30,000 de subventions promises, apparemment, pour faire le recyclage.
Actuellement, l'évaluation est à $1,000,000. Je n'ai aucune
idée des garanties que la société a obtenues de cette
Société de logement centre-ville, à savoir s'il y aurait
moyen de terminer la construction. C'est la compagnie de M. Cyr, et c'est
encore l'architecte M. Boutros qui est là-dedans; il est associé
de M. Cyr dans Rescobec avec M. Giguère et M. Michaud. Ces
choses-là n'ont pas encore été éclaircies ce
soir.
M. Tardif: Est-ce que vous posez la question au
président?
M. Lalonde: Qui a recommandé, par exemple, de louer
à $1 pour 35 ans, par bail emphytéotique, un immeuble qui a quand
même une valeur, en plein sur la rue Ontario, à Montréal,
à des gens? Quelles étaient leurs qualifications, quelles
étaient les recommandations, d'où venaient les recommandations?
Ce sont toutes des questions qu'on n'a pas le temps de terminer ce soir, mais
que je veux poser, sur lesquelles je veux faire la lumière. Si le
ministre accepte de réunir la commission encore une fois au moins - il y
a un tas d'autres dossiers qu'il faut prendre un par un, on ne pourra pas le
faire ici ce soir -... si je n'ai pas cet engagement du ministre, il va falloir
que je le fasse à l'Assemblée nationale.
M. Tardif: M. le Président, je ne peux prendre aucun
engagement quant à la tenue des travaux de cette commission. C'est le
leader qui décide. Ceci dit...
M. Lalonde: Est-ce que le ministre est prêt, comme il l'a
fait hier matin, à dire: Je vais demander au leader de la réunir.
S'il ne le demande pas, le leader a d'autres travaux à
préparer.
M. Tardif: M. le Président, le député de
Marguerite-Bourgeoys prétend avoir un tas de questions sur le cas de
Loto-Québec, sur l'édifice au coin de Saint-Denis et Ontario, je
dis que le président de la société est là.
Deuxièmement, si le député de Marguerite-Bourgeoys
prétend avoir des choses sur un tas d'autres dossiers, il peut
lui-même ou je peux les transmettre au Vérificateur
général également. Je ne sais pas ce qu'il recherche.
Encore une fois, c'est la lumière qu'il veut faire sur ces questions, ou
bien c'est de se faire un certain capital politique, auquel cas, encore une
fois, je suis en mesure de demander au président ici de faire la
lumière sur la partie qui l'intéresse de Loto-Québec, et,
pour le reste, encore une fois, de transmettre le tout au Vérificateur
général en tout temps.
M. Lalonde: Comment se fait-il que le ministre ne connaissait pas
cela? Il faut que ce soit un député de l'Opposition qui lui
apprenne ces choses! Je trouve cela incroyable. J'ai vu des ministres ailleurs
qui démissionnent pour moins que cela. C'est lui qui a recommandé
lui-même M. Cyr.
M. Tardif: Oui, oui. Je sais que le député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: Quel est le personnage du cabinet du premier ministre
qui vous a recommandé M. Cyr?
M. Tardif: M. Jean-Roch Boivin.
Des voix: Ah!
M. Tardif: C'est cela.
Une voix: II est franc.
M. Lalonde: L'éminence grise est dévoilée.
Quelles sont les qualifications, les qualités, les recommandations, les
détails qu'il vous a donnés pour que vous preniez la parole de M.
Jean-Roch Boivin? Est-ce que c'est un expert en construction et en
réparations majeures?
M. Tardif: M. le Président, c'est complètement
dévier de la question. Un nom est mentionné, celui d'un
constructeur d'expérience. Ce nom est soumis à la
Société d'habitation du Québec, qui en fait
l'évaluation.
M. Lavoie: Par votre canal?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Montmorency.
M. Richard: Quel est le fonctionnaire...
M. Tardif: Je laisse au président de la
société le temps de dire quelques mots sur ce dossier, sur les
questions qui ont été soulevées par le
député de Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Jolivet): M. le président de la
Société d'habitation du Québec, avez-vous quelque chose
à ajouter aux questions posées?
M. Lalonde: Je vais poser mes questions au ministre.
M. Couture (Jean-Marie): Je n'ai pas l'impression qu'on m'a
posé des questions précises sur le dossier de
Saint-Denis-Ontario. Si on a des questions, je suis en mesure de
répondre.
M. Lalonde: J'en ai posé plusieurs. J'ai demandé
quelle garantie vous aviez demandée à ces gens avant d'avancer
$381,000.
M. Lavoie: Est-ce dans le mandat de la société de
faire des prêts hypothécaires?
M. Lalonde: Oui.
M. Lavoie: Ce sont des édifices à bureaux.
M. Lalonde: Non seulement cela, mais vous saviez que, dans cet
ensemble, il y a une espèce de club qui s'appelle la "grande passe"? Je
pense qu'on peut emprunter ce mot pour ce que M. Cyr et ses amis politiques ont
fait dans ce dossier, la "grande passe".
M. Lavoie: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Un instant: M. le
président, avez-vous quelque chose à ajouter?
M. Couture (Jean-Marie): II s'agit d'un organisme sans but
lucratif, qui s'appelle la Société de logement centre-ville
Inc.
M. Lalonde: II y a douze logements.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît!
M. Lalonde: J'écoute.
M. Couture (Jean-Marie): La Société d'habitation
est habilitée à consentir des prêts hypothécaires a
des coopératives et à des organismes sans but lucratif qui
veulent faire des projets de restauration de vieux logements, soit dans des
édifices déjà utilisés pour fins locatives, soit
pour des édifices publics du genre école ou pour d'anciens
édifices publics à d'autres fins. Nous avons effectivement - je
n'ai pas la liste complète ici - consenti de tels prêts
hypothécaires à des coopératives, notamment à
Montréal et à Québec. Le projet du Bon Pasteur à
Québec en est un exemple, de même qu'un projet dont je me
souviens, Salut Saguenay, à
Chicoutimi. (Minuit)
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! M. le
député de Laval et M. le député de Taschereau!
M. Guay: Vous voulez défaire 200 logements, qui sont en
train d'être faits? Vous voulez démolir?
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lavoie: Douze logements.
M. Lalonde: Voulez-vous qu'on dépose la
correspondance?
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Guay: Le Solliciteur général allait les
démolir et mettre un palais de justice à la place. L'ancien
conseiller de M. Bourassa.
M. Lalonde: Voulez-vous qu'on dépose la correspondance du
député de Taschereau?
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît! Je pense
que la parole est à...
M. Lalonde: Excellent travail. M. Lavoie: Des bonnes
questions.
Une voix: M. le Président, qui a la parole?
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît, si vous
me permettez...
M. Lavoie: Des bonnes questions.
Le Président (M. Jolivet): S'il vous plaît, ceux qui
sont à la table ont le droit de parole. Quant aux autres, je demanderais
de laisser répondre le président de la société, au
moins dans la minute qui reste.
M. Couture (Jean-Marie): Je voudrais brièvement expliquer
que dans tous ces cas où nous avons à consentir un prêt
hypothécaire, suivant les conditions qui varient selon les dossiers ou
les projets, nous devons suivre une procédure absolument
régulière, c'est-à-dire obtenir l'autorisation du Conseil
du trésor et du Conseil des ministres.
Dans ce dossier comme dans les autres, nous avons été
autorisés à consentir un prêt hypothécaire, à
l'organisme sans but lucratif, de $381,000, plus précisément de
$411,000, déduction faite de $30,000 de subvention dans le cadre du
programme de restauration SHQ-municipalités.
Le Président (M. Jolivet): Merci. Compte tenu qu'il est 24
heures, je me dois d'ajourner, à moins qu'on me donne un consentement de
continuer, mais...
M. Tardif: On peut donner un consentement pour faire la
lumière brièvement, puisque c'est...
M. Lalonde: Cela prendrait deux heures pour faire la
lumière là-dessus, et je ne veux pas qu'on bouscule la
commission.
M. Lavoie: Est-ce qu'on doit siéger de nouveau?
Le Président (M. Jolivet): Dans ce cas, j'ajourne sine
die.
(Fin de la séance à 24 h 3)