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(Seize heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre,
messieurs!
La commission permanente des affaires municipales se réunit pour
l'étude article par article de la loi no 12, Loi modifiant certaines
dispositions législatives concernant les municipalités. En
même temps, la commission entendra des mémoires de l'Union des
municipalités du Québec, de l'Union des conseils de comté,
de la ville de Montréal, de la ville de Québec, de la Corporation
des secrétaires municipaux du Québec et de la ville de Laval, qui
a annoncé son intention de ne pas se présenter.
Les membres de cette commission sont: M. Cordeau (Saint-Hyacinthe), M.
Beausêjour (Iberville), M. Dubois (Huntingdon), M. Guay (Taschereau), M.
Lavoie (Laval), M. Léonard (Laurentides-Labelle), M. Mercier (Berthier),
M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Rancourt (Saint-François).
Les intervenants sont M. Baril (Arthabaska), M. Bélanger
(Mégantic-Compton), M. Caron (Verdun), M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), M. Fontaine (Nicolet-Yamaska), M. Grégoire
(Frontenac), M. Lefebvre (Viau), M. Paquette (Rosemont).
Je demanderais aux représentants de l'Union des
municipalités du Québec de se présenter à la
barre.
M. Léonard: À ce sujet, l'Union des
municipalités du Québec a demandé d'être entendue
plus tard parce que M. O'Brady ne pourra pas être ici maintenant. Il
pourrait être entendu probablement vers 20 heures ce soir, à la
suite des autres. Il s'agit simplement d'intervertir l'ordre des
comparutions.
Le Président (M. Laplante): D'accord. J'appellerai les
représentants de l'Union des conseils de comté. Si vous voulez
vous identifier ainsi que les personnes qui vous accompagnent, de même
que votre organisme.
Audition d'organismes Union des conseils de
comté
M. Moreau (Jean-Marie): Merci beaucoup, M. le Président.
J'aimerais présenter Me Pierre Viau, conseiller juridique; Me
Gaétane Martel et M. Claude Caumartin, conseiller en fiscalité et
en évaluation.
Je vous remercie de nous permettre de nous exprimer et de
présenter un mémoire et un avis juridique sur le projet de loi no
12. Le ministre des Affaires municipales, M. Jacques Léonard,
déposait récemment le projet de loi no 12 modifiant certaines
dispositions législatives concernant les municipalités.
Il nous fait plaisir de vous faire part de nos premiers commentaires et
suggestions susceptibles d'améliorer la situation actuelle. L'union
tient à souligner qu'il s'agit d'un document préliminaire,
étant donné le peu de délai que nous avons eu entre le
dépôt du projet de loi à l'Assemblée nationale et la
commission parlementaire.
Article 1. Le gouvernement entend par cette disposition accorder plus de
pouvoirs aux corporations municipales en leur déléguant certains
pouvoirs non discrétionnaires. L'article 1 n'apporte aucune distinction
entre les corporations locales et régionales. Cette mesure implique
qu'il puisse survenir certains conflits de juridictions entre corporations
locales et régionales, telle une municipalité régionale de
comté, lorsque les deux désirent s'approprier le même champ
de compétence. L'autonomie locale pourrait se voir ici encore une fois
restreinte.
De plus, la délégation de compétence
entraînera-t-elle avec elle les transferts fiscaux? C'est une question
que l'union se pose, car qu'advientra-t-il d'une délégation de
compétence sur le plan municipal sans transfert de fonds?
Le comité conjoint avait étudié la question et
certains principes avaient fait le consensus. "Le gouvernement reconnaît
donc effectivement que les municipalités doivent avoir les pouvoirs de
décision et de taxation nécessaires leur permettant
l'accomplissement de leur vocation orientée vers la satisfaction des
besoins légitimes de leurs contribuables. La décentralisation
administrative ou délégation de gestion ne peut entraîner
la délégation de pouvoirs de taxation. Seul un
réaménagement du partage de fonctions ou responsabilités
entre les paliers de gouvernement pourrait justifier un transfert de champ
fiscal."
La municipalité voit d'année en année son fardeau
fiscal augmenter. Il est alors
impensable de croire qu'une corporation se voie confier de nouvelles
compétences sans l'argent nécessaire. A chaque
délégation de pouvoir que le gouvernement concédera, il
devra obligatoirement prévoir la possibilité pour la
municipalité d'aller chercher par un moyen quelconque les fonds
nécessaires.
Article 6. L'article 6 modifiant l'article 189 de la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme ne limite aucunement les pouvoirs que la
municipalité régionale de comté peut obtenir en vertu de
l'article 412j du Code municipal. La municipalité régionale de
comté jouit actuellement de: a) pouvoirs généraux en tant
que corporation au sens du Code municipal, la future municipalité
régionale de comté exerce des pouvoirs dans des domaines aussi
variés que les loisirs, l'industrie. Nous référons aux
articles 5 et suivants du Code municipal; b) pouvoirs d'office par succession
des comtés existants, tels l'évaluation, les cours d'eau, les
chemins, les bureaux d'enregistrement et par entente avec la
municipalité locale ou de ville. Nous référons ici aux
articles 412a et suivants du Code municipal; c) ses pouvoirs directs. Certaines
lois lui accordent des pouvoirs directs telle la Loi sur les corporations
municipales et intermunicipales de transport; d) pouvoirs par décret.
Pour les villes, pouvoirs attribués à la municipalité
régionale de comté sans prérequis tels la gestion des
déchets, les fonds de pension, le transport en commun et les pouvoirs
attribués à la municipalité régionale de
comté nécessitant une habilitation tels l'actuel article 189 de
la loi 125 et les articles 1 et 21 de la loi 92 sur l'assainissement des
eaux.
Il semble évident qu'à la suite de cette
énumération de compétences possibles de la
municipalité régionale de comté l'article 6 du projet de
loi no 12 n'empêche pas la dévolution de compétences
à une municipalité régionale de comté à la
suite de la conclusion d'une entente en vertu de l'article 412j du Code
municipal.
L'union réitère sa demande au gouvernement de limiter les
compétences de la municipalité régionale de comté
uniquement à des fins d'aménagement et de faire disparaître
l'article 189 de la loi 125.
Les municipalités - ici, nous ne faisons aucune distinction entre
les municipalités régies par la Loi des cités et villes et
celles régies par le Code municipal - devront être vigilantes
sinon elles ne pourront que constater passivement l'emprise que la
municipalité régionale de comté exercera sur elles.
Article 19. La modification du 12e paragraphe de l'article 204 apporte
un élargissement des exemptions sur un immeuble imposable et un
rétrécissement de l'assiette de l'impôt foncier. Par
conséquent, cette mesure implique une diminution de revenus pour toutes
les municipalités.
Cet état de fait entraîne plusieurs conséquences
tant pour les autres contribuables que pour la municipalité. Les
exemptions créent un manque à gagner pour la municipalité
et déplace la charge fiscale sur les autres contribuables. Cette
situation va à l'encontre de la réforme fiscale mise en place il
y a un an. Elle brime certains principes énoncés au comité
conjoint Québec-municipalités.
Les gouvernements ou les sociétés d'État, de
même que tous les organismes sans but lucratif, pourvu qu'ils jouissent
de moyens de financement appropriés, devraient devenir contribuables
municipaux à part entière.
Le gouvernement devrait, au minimum, payer aux municipalités les
taxes correspondant à 100% de la valeur foncière de ses propres
immeubles administratifs, 80% de la valeur des immeubles des Affaires sociales
et de l'Éducation et 40% de la valeur foncière des écoles
primaires et secondaires. La Commission municipale du Québec,
chargée d'apprécier les demandes d'exemption de taxes municipales
de la part d'organismes à but non lucratif, devrait être tenue de
requérir et de considérer l'avis de la municipalité
concernée. Cette dernière devrait être autorisée
à obtenir les états financiers annuels vérifiés des
organismes requérants.
L'article 204 est aussi modifié pour ajouter les paragraphes 1 et
2 et ainsi exempter de toute taxe foncière les immeubles appartenant
à la Corporation d'hébergement du Québec. Normalement, le
gouvernement doit payer, sur les immeubles du réseau des affaires
sociales, une somme égale au produit obtenu par la multiplication de la
valeur inscrite au rôle de cet immeuble par un taux égal à
80% du taux global de taxation de la corporation municipale. Mais certains
centres d'accueil tels les centres de transition pour adolescents
possèdent des permis d'enseignement. Ces immeubles pourront alors
être classés selon le paragraphe 15 de l'article 204 et, par le
fait même, bénéficieront d'une baisse de taux de 40%.
Notre union souhaite, M. le président, que cette situation soit
clarifiée et que les municipalités ne soient pas encore perdantes
à la suite de cette nouvelle mesure.
Le projet de loi no 12 amende aussi le paragraphe 14 en insérant
l'expression "comme il se lisait le 21 décembre 1979". Cette
modification a essentiellement pour but d'inclure les garderies dans ce
paragraphe.
L'union croit qu'il est préférable de modifier l'article
en incluant le terme "garderie" que de le laisser comme il est, car ceci laisse
la porte ouverte à plusieurs interprétations.
Articles 14, 21, 33, 34, 35 et 36. Ces articles possèdent un
point en commun. Ils éliminent tous directement ou indirectement la
notion de taxe foncière pour la remplacer par la notion de
compensation.
Nous pouvons donc affirmer que le gouvernement ne se considère
plus comme un contribuable à part entière assujetti à la
taxe foncière. Ceci va à l'encontre de ce qui fut affirmé
partout au Québec par le précédent ministre des Affaires
municipales lors de la réforme fiscale. D'ailleurs, notre union
s'était rendue à Ottawa appuyer le principe du gouvernement
contribuable à part entière lors de la présentatin du bill
C-4. Maintenant, le gouvernement du Québec s'apprête à
faire la même chose que son homologue fédéral. (16 h
30)
Ces dispositions sont contraires aux principes élaborés
par le comité conjoint. Si le gouvernement entend respecter ses
engagements, faits lors de la préparation de la réforme fiscale,
il doit modifier ces articles en conséquence et conserver la notion de
taxe foncière.
L'article 207 de la loi sur la fiscalité municipale nous fournit
un exemple de la responsabilité que devrait assumer le gouvernement face
aux taxes municipales.
De plus, l'article 34 modifiant l'article 255 de la loi 57, tel que
formulé, empêche la municipalité de taxer certains
locataires. Nous citons ici l'exemple d'une cafétéria
donnée en franchise dans une école.
Cet article doit être amendé afin de ne pas diminuer encore
une fois l'assiette fiscale de la municipalité.
Article 20. À notre avis, la formulation de cet article semble
assez ambiguë. Il semble difficile de déterminer qui est
visé dans le présent article. Nous suggérons que l'article
204 soit remplacé par le suivant: "Un immeuble qui appartient à
une personne mentionnée dans un paragraphe à l'article 204, s'il
est utilisé par une autre personne ou à une autre fin que celles
prévues dans ce paragraphe, est non imposable; mais les taxes
municipales qui l'affectent ne peuvent en aucun cas être
recouvrées contre la couronne." Tel que formulé, il est plus
facile d'en comprendre la portée.
Les articles 24, 25, 26, 27, 28, 29 et 42 doivent être
étudiés ensemble. L'Union des conseils de comté appuie les
principes élaborés dans le projet de loi 12 en ce qui concerne
les modifications apportées à la taxation des réseaux de
production d'énergie électrique.
Il subsiste cependant une lacune à ces dispositions. En effet,
ces articles ne font aucun état du paiement des taxes scolaires.
À notre avis, l'article 42, ajoutant à l'article 560.1,
pourrait être amendé et se lire comme suit: "Le montant de la taxe
payable en vertu de l'article 222 pour l'exercice financier municipal de 1980
est égal au montant des taxes municipales et scolaires payables à
la corporation municipale et à la commission scolaire pour l'exercice
1979, à l'égard des immeubles mentionnés à
l'article 222 en vertu de l'article 101 de la Loi sur l'évaluation
foncière, multiplié par le quotient obtenu en divisant le taux
global de taxation de la corporation pour 1980 par celui pour 1979."
Les articles 234 et 235 s'appliquent aux fins de déterminer le
taux global de taxation, sauf que, pour calculer celui de l'exercice de 1979,
on utilise l'évaluation foncière uniformisée pour
l'exercice de 1980. Le montant payable pour l'exercice de 1980 ne doit pas
être inférieur à celui payable pour l'exercice de 1979.
Article 30. La formulation de cette disposition nous semble assez
ambiguë. À notre avis, une modificiation serait nécessaire
afin de clarifier la portée de cet article car la dernière
partie: "ou si elle fait partie des activités normales de la personne
visée à cet article qui l'exerce, dans le cas où cette
activité n'est pas mentionnée à cet article;" semble
difficile à appliquer.
Articles 32 et 39. La lecture de ces deux articles confirme le fait que
le débiteur possède toujours le choix d'étaler son compte
de taxe sur plusieurs versements.
Il est malheureux de constater que, contrairement aux prises de position
du comité conjoint demandant d'exclure la possibilité que le
débiteur ait le choix de l'étalement, le gouvernement est revenu
à l'ancienne formule et accorde le choix au débiteur.
Cette mesure sociale n'avantage pas le contribuable, puisqu'il verra
quand même son compte de taxe augmenté à la suite de la
perte d'argent et de coûts administratifs croissants de la
municipalité.
De plus, cette mesure pénalise celui qui choisit de payer en un
seul versement, car son compte de taxe subira quand même une augmentation
vu les coûts qu'entraîne cette nouvelle mesure.
Nous réitérons, M. le Président, notre demande
d'abolir le choix du débiteur d'étaler son compte de taxe et de
laisser l'autonomie à la municipalité dans ce domaine.
Article 40. Si l'union se réfère aux principes
établis par le comité conjoint
Québec-municipalités, il est vrai d'énoncer que le
gouvernement est assimilé à un contribuable à part
entière.
Par le fait même, l'établissement de la proportion
médiane et du facteur comparatif du rôle d'évaluation a
donc un effet sur la taxation des immeubles gouvernementaux. Il est alors exact
d'affirmer que le ministre, en établissant la proportion médiane
et le facteur, lorsque l'estimateur ne le fait pas, ce même ministre
devient juge et partie.
À notre avis, l'évaluateur devrait établir l'indice
selon une formule établie dans la loi semblable à celle que l'on
retrouve dans les règlements.
Le gouvernement pourrait créer une section du bureau de
révision actuel. Au sein de ce conseil siégerait un membre du
gouvernement, un membre de l'Union des municipalités du Québec et
un membre de l'Union des conseils de comté et des municipalités
locales du Québec. Le conseil ainsi formé serait
présidé par le président du bureau de révision.
Cette section ferait l'approbation de l'indice. La procédure
d'établissement de l'indice s'effectuerait alors en présence des
parties impliquées.
Article 44. Cet article ne règle pas le cas où une
municipalité doit payer pour la mise à jour de son rôle. Il
ne traite que de la confection du premier rôle annuel. À notre
avis, il serait préférable d'amender l'article 44 modifiant
l'article 560 de la loi sur la fiscalité municipale. Il pourrait se lire
comme suit: "Lorsque, dans une corporation de comté, le critère
utilisé avant le 21 décembre 1979 pour le partage des
dépenses encourues par celle-ci dans l'exercice de sa compétence
en matière d'évaluation foncière à l'égard
de plusieurs corporations municipales est que chacune de celles-ci supporte
seule les coûts de confection de son rôle et ceux de sa tenue
à jour ou de sa correction d'office, et qu'à la date
susmentionnée au moins une corporation locale a commencé à
contribuer selon ce critère, ce critère continue de s'appliquer
malgré l'article 11 jusqu'à ce que les coûts de confection
de tous les premiers rôles annuels des corporations locales aient
été entièrement payés, à moins que la
corporation de comté et les corporations locales ne s'entendent sur un
autre critère avant cela."
Article 46, nouvel article 579.2. Ce nouvel article concrétise
l'instauration d'un crédit municipal à chaque contribuable
débiteur d'une taxe foncière. Cette mesure est une entaille aux
principes généraux du comité conjoint
Québec-municipalités. Elle porte atteinte aux principes de
neutralité, d'équité fiscale et de simplicité
administrative. Cette solution dite de cataplasme doit être
considérée à court terme car, de toute manière,
elle ne fait que reporter à brève échéance le
même problème. Elle constitue une forme de taux de taxe
différencié et ouvre la porte à l'arbitraire.
Nous remarquons aussi qu'il n'est pas question dans ce projet de loi de
la taxe scolaire pour défrayer le coût des dépenses dites
inadmissibles. Le comité conjoint avait pourtant recommandé au
gouvernement de confier aux municipalités l'exclusivité du champ
foncier lors de l'adoption de la loi sur la fiscalité municipale l'an
dernier. L'union a constaté que la réforme fiscale, loin de
freiner le montant global de ces dépenses, a plutôt
consacré l'intrusion des commissions scolaires dans le champ foncier.
Comme nous l'avions prévu, le dépôt des rôles
d'évaluation nouvelle génération a
généré et continuera de générer, au moins
d'ici 1983, une source de revenus qui indexe, à toutes fins pratiques,
les dépenses inadmissibles.
Nous demeurons persuadés que, d'ici 1983, les commissions
scolaires auront occupé à nouveau la presque totalité du
champ foncier qui avait été libéré au profit des
municipalités. Ceci aura pour effet de gruger graduellement l'assiette
foncière des municipalités pour revenir pratiquement à la
situation de fait qui prévalait avant la réforme fiscale.
Enfin, rappelons que le précédent ministre des Affaires
municipales, M. Guy Tardif, avait affirmé que le comité conjoint
se réunirait suite à l'adoption de la loi 57 pour faire le suivi
sur la réforme de la fiscalité et pour étudier les
modifications de la loi.
Dès le mois de mai, notre organisme avait demandé la
convocation des membres du comité conjoint pour discuter de ces sujets.
Cette demande est restée sans réponse jusqu'à la fin de
septembre. Normalement, si le comité conjoint avait pu se réunir
dès le début de l'année, il aurait pu y avoir une
consultation plus poussée sur les modifications à la loi et les
grandes lignes du projet de loi no 12 auraient pu être soumises au
comité, ce qui n'a pu être fait faute de temps.
En conclusion, M. le Président, notre union souhaite des
modifications à la loi sur la fiscalité municipale. Elle
s'inquiète aussi de voir le projet de loi no 12 contredire les principes
généraux établis au comité conjoint
Québec-municipalités. Une telle attitude conduit
inévitablement à remettre en cause l'existence même du
comité conjoint et à entraver la mise en application de la
réforme fiscale.
Nous souhaitons que ces quelques remarques seront prises en
considération par l'Assemblée nationale et par le gouvernement.
Vous nous permettrez sans doute de vous transmettre, le cas
échéant, d'autres considérations sur ce projet de loi,
à mesure que nos membres nous feront parvenir leurs commentaires
à ce sujet.
Je vous remercie, M. le Président, de m'avoir permis de
présenter ce mémoire. Nous avons aussi un avis juridique. Je
demanderais à Me Viau de vous en faire la lecture si possible.
Le Président (M. Laplante): Est-ce un autre document?
M. Moreau: C'est un autre document.
Le Président (M. Laplante): Le temps nous manque
actuellement. Vous pourriez le déposer pour qu'on puisse en prendre
connaissance.
M. Moreau: Oui.
Le Président (M. Laplante): Le temps est restreint pour le
nombre de mémoires qu'on a à entendre.
M. Moreau: Très bien, M. le Président. A ce
moment-là, Me Viau pourra répondre aux questions quand cela se
présentera.
Le Président (M. Laplante): Merci de votre
coopération, M. Moreau. M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, j'aimerais souhaiter
la bienvenue au président et aux gens de l'Union des conseils de
comté qui viennent nous manifester leurs considérations et leurs
réflexions sur le projet de loi no 12.
Je vois qu'on a fait une étude assez exhaustive du projet de loi.
A l'heure actuelle, nous recevons ce mémoire séance tenante. Je
vais faire des commentaires sous toute réserve, parce que, quand
même, il faudrait que nos légistes prennent le temps de le
regarder, de l'étudier assez attentivement. À première
vue, je crois qu'il y a des suggestions très intéressantes. Il y
en a d'autres que je me permettrai de critiquer au passage. Vous verrez.
Si vous voulez, on peut prendre le mémoire et passer les points
les uns après les autres. Je reviens sur une chose, sur l'avis juridique
que votre conseiller vous a transmis. Je dois dire qu'il me semble que nous le
considérerons comme une des annexes de votre mémoire, sans plus.
Il n'est pas coutume, je crois, qu'un conseiller juridique, qui est celui de
votre union, fasse ici des commentaires juridiques à la commission.
Qu'il les fasse à vous, très bien, mais ici, cela pourrait
être une annexe du document.
Sur l'article 1, vous dites que, sur la délégation de
pouvoirs, vous craignez que les municipalités perdent de l'autonomie ou,
en tout cas, qu'elles n'aient pas les fonds suffisants pour exercer telle
délégation lorsque c'est délégué. Je
voudrais simplement revenir sur l'article lui-même, sur au moins deux
mots d'une grande importance, à mon avis, par rapport au sens même
de l'article: "une corporation peut accepter". Cela veut dire qu'elle n'est
jamais obligée d'accepter, c'est strictement sur une base volontaire que
cela se fait. À ce moment-là, si vraiment il n'y avait pas de
revenus ou compensations pour exercer de tels pouvoirs
délégués, à mon avis, je ne vois pas pourquoi une
corporation municipale l'accepterait de sorte que, il me semble, il y a quand
même une protection inhérente contre toute intrusion ou la remise
de pouvoirs délégués par le gouvernement à des
municipalités sans compensation adéquate.
J'aimerais que vous élaboreriez davantage là-dessus.
M. Moreau: M. le Président, si vous me le permettez. C'est
que, bien sûr, il n'y a pas d'obligation, c'est-à-dire que c'est
volontaire. Dans l'article 1, on ne mentionne pas si c'est une
municipalité locale ou une municipalité régionale et par
le biais de la représentativité. À ce moment-là, il
peut y avoir des choses qui sont acceptées par la municipalité
régionale et qu'à un moment donné ce ne soit pas la
volonté de la municipalité locale. C'est dans ce sens qu'on
l'interprète.
Je ne sais pas si Me Viau a quelque chose à ajouter
là-dessus?
M. Viau (Pierre): Si vous me le permettez. Le problème,
c'est que, quand on vise l'article 5 du Code municipal, on vise des pouvoirs
généraux qui sont conférés aux corporations
municipales. Si vous exminiez le Code municipal depuis l'amendement, 5a vise
les corporations locales. À partir de 5b, on ne parle que de
corporations. Quand on parle de corporations dans le Code municipal, cela
comprend aussi les corporations de comté.
M. Léonard: Cela comprend les deux.
M. Viau: La municipalité régionale de comté,
succédant à la corporation de comté, héritera donc
d'office des pouvoirs de 5b et suivants. Quand on parle ici d'une corporation,
on vise et le local et le comté et la MRC. Je pense qu'il faut... C'est
là-dessus qu'il est important de s'entendre. Autrement dit, ce qui peut
être refusé par une corporation locale ou une corporation de
comté peut être accepté par une MRC et l'inverse. Cela
va?
M. Léonard: II reste qu'il s'agit de pouvoirs
délégués acceptés volontairement par des maires
parce que c'est soit le maire d'une municipalité locale, soit des maires
qui vont siéger autour de la table du conseil de comté. IL reste
que ce sont toujours des élus municipaux qui acceptent ou qui refusent
et qui ne sont pas obligés de toute façon. Enfin, je prends note
de vos représentations là-dessus.
Article 6. L'article 6 n'a pas pour but de rouvrir la loi 125; il a pour
but de précier l'article 189. L'amendement qui est déposé
a pour but de préciser l'article 189. Au moment - et je reviens
là-dessus - où nous avions adopté la loi 125, l'article
189 signifiait effectivement les pouvoirs qui sont mentionnés dans
l'amendement. (16 h 45)
Ce qui a posé un problème, c'est que,
par la suite, en adoptant la loi 74 sur les ententes intermunicipales
volontaires, on s'est trouvé possiblement à élargir le
champ d'application de l'article 189 et nous revenons là-dessus en
précisant exactement les pouvoirs qui étaient visés
lorsque nous avons adopté la loi 125. Alors, ça n'ira pas plus
loin, l'article 189 se limite aux trois pouvoirs mentionnés.
Dans le cas des autres ententes, des ententes intermunicipales
visées par la loi 74 dans le temps, c'est strictement sur une base
volontaire qu'elles peuvent être amenées, qu'elles peuvent
exister. Les cas où il y a ce vote se limitent à ceux qui sont
expressément visés par l'article 189.
Je ne sais pas si vous avez des commentaires.
M. Moreau: Est-ce qu'on pourrait commenter, M. le
Président? Je demanderais à Me Viau de donner sa position
là-dessus.
M. Viau: Dans ce genre de pouvoirs, avec le pouvoir
général de la MRC, lorsqu'elle succède au comté,
elle hérite de tous les pouvoirs généraux de la
corporation de comté; ce sont ceux qu'elle obtient d'office. Elle
hérite aussi du pouvoir de faire des ententes. C'est vrai en vertu de
l'article 412j du Code municipal, la loi des ententes intermunicipales, et
l'article 189 restreint dans ce sens le pouvoir de décréter par
règlement, au niveau du comté, au vote des deux tiers, l'exercice
de certaines fonctions.
M. Léonard: Les trois fonctions visées.
M. Viau: Les trois fonctions visées. C'est exact de dire
quand même qu'à côté, s'il y a entente entre les
municipalités, il peut y avoir délégation directement au
comté par le biais de l'article 412j.
M. Léonard: Bien oui.
M. Viau: D'accord? Cela n'a pas été
touché.
M. Léonard: Mais le vote des deux tiers, tel que
prévu à l'article 189, ne pourra exister que sur ces trois
fonctions et pas du tout sur les autres. Les autres sont régies par
d'autres dispositions du Code municipal.
M. Viau: C'est exact. Et lorsque le deuxième paragraphe
parle d'aqueducs et d'égouts, je pense qu'il faut entendre cela dans le
sens non seulement des conduites maîtresses, mais incluant les aqueducs
et égouts locaux. Dans la rédaction du texte telle qu'elle est
actuellement, cela peut l'inclure. Si on recoupe cela avec la Loi sur
l'assainissement des eaux de la Société québécoise
d'assainissement des eaux, une municipalité régionale, en
héritant du pouvoir par le vote des deux tiers, pourrait entreprendre
des constructions comme celles-là. Cela crée le problème
suivant: Vous avez un engagement de crédit par voie d'entente avec la
société nationale qui se fait d'office par la MRC et
l'application qui est la construction des réseaux, qui se fait par un
vote des deux tiers. Il y a certainement des problèmes de concordance
à ce niveau.
M. Léonard: Un instant, s'il vous plaît. On me
mentionne que, pour les aqueducs et égouts, effectivement, cela va
être restreint grandement et même que cela toucherait les
perceptions immobilières. On va apporter un amendement à cette
partie, au deuxièmement.
M. Cordeau: Est-ce qu'on peut poser des questions sur le
même sujet?
Le Président (M. Laplante): Je suis bien d'accord, si le
ministre...
M. Léonard: D'accord.
M. Cordeau: C'est sur le même sujet.
M. Léonard: Je voulais faire une revue rapide
là-dessus. Vous pourrez y revenir. À l'article 19, il y a un
papillon qui viendra pour préciser davantage et restreindre, de
façon à ne pas trop élargir la disposition ou l'amendement
qui est venu. Nous allons également nous référer
spécifiquement aux garderies.
M. Moreau: Si vous me permettez, seulement un commentaire
à l'article 189. Avec toutes ces dispositions qui ne sont pas faciles
pour le commun des mortels et la petite municipalité, est-ce que
ça ne serait pas préférable, à mon sens, de biffer
tout simplement l'article 189?
M. Léonard: Non.
M. Moreau: Regardez bien, écoutez, M. le Président.
Est-ce que ça ne serait pas préférable, étant
donné que la loi 74 existe? Elle est là pour faire des ententes
intermunicipales et, évidemment, si on tient pour acquis que la loi 125
est une loi qui prévoit et qui va mettre en place des structures qui
vont faire l'aménagement du territoire, où vont siéger
ensemble les villes, les municipalités rurales, ça ne se conteste
pas.
Mais, en vertu de l'article 189, ce n'est plus de l'aménagement,
c'est une tout autre chose. Je pense que ce serait peut-être
préférable - remarquez bien, je vous le suggère - qu'on
biffe l'article 189 et, pour les ententes intermunicipales, la loi 74, qui est
une loi très récente, peut facilement être utilisée.
Cela ne changerait absolument
rien à la loi 125 sur l'aménagement du territoire; si on
veut vraiment faire de l'aménagement, c'est une autre question. Mais on
peut très bien faire l'aménagement du territoire sans l'article
189. C'est le seul commentaire que j'avais à faire, M. le
Président.
M. Léonard: Je ne voudrais pas entreprendre de discussion
ici sur l'article 189. Nous l'avons déjà fait lors de l'adoption
de la loi 125. Il reste qu'il s'agit de compétences que peuvent exercer
les villes et les comtés en même temps. Ce n'est pas si ouvert
qu'on peut le laisser entendre. C'est vraiment très restreint comme
champ. C'est pour ça que cette discussion ayant déjà
été faite, à mon avis, en apportant les amendements que
nous apportons maintenant, cela restreint considérablement et cela
enlève toue ambiguïté qu'il peut y avoir à ce
sujet.
Sur les articles 14, 21, 33, 34, 35 et 36, quand vous parlez du mot
"compensations", je vois que c'est le terme lui-même dont vous discutez
et qui est appliqué par rapport au gouvernement fédéral,
mais le mot "taxes" est quand même mentionné dans cet article.
M. Viau: II y a peut-être un problème
là-dessus, c'est que nos lois municipales ne définissent pas une
compensation, on en parle en chemin. On a eu souvent des discussions avec la
Commission municipale et avec les gens du ministère à ce sujet.
C'est un peu bizarre. Ce qu'on entend par une compensation, c'est un montant
qu'on paye en échange d'un service reçu;
généralement, c'est différent d'une taxe. Peut-être
bien que si on veut utiliser le terme, on devrait le définir dans cette
loi ou quelque part. Cela préciserait ce qu'on entend, parce qu'on a
toujours des conflits quand on vient pour discuter de compensations, et la
notion même de compensations vise à nous parler d'un montant
payé en échange d'un service reçu.
C'est une notion différente de la taxe générale,
par exemple.
M. Léonard: Je comprends très bien. En fait, les
"en-lieu" de taxes tiennent lieu des deux, principalement, les "en-lieu"
remplacent les taxes foncière, très majoritairement, et aussi les
compensations pour les services rendus, etc.
Maintenant, quant à la définition du mot "compensations",
peut-être bien qu'on pourrait l'insérer - je ne sais pas si on est
prêt à le faire - dans la loi 12 actuellement. C'est
peut-être un sujet à considérer.
Le Président (M. Laplante): D'autres commentaires, M. le
ministre?
M. Léonard: Sur l'article 20 nous allons examiner la
proposition; nous pensons qu'effectivement ça pourrait améliorer
la rédaction. Sous réserve d'étude par les
légistes, ça pourrait aller.
Sur les articles 24 et suivants, on me dit que la formule actuelle
prévoit cela, parce qu'il y a une forme d'indexation qui va être
introduite dans les taxes municipales. On peut vérifier s'il y a des
choses à ajouter là-dedans.
Quant à l'article 30, nous allons le regarder.
Les articles 32 et 39, vous avez raison, ce sera fait par un papillon au
texte du projet de loi.
M. Moreau: 32 et 39?
M. Léonard: Oui.
M. Moreau: Très bien.
M. Léonard: À l'article 40 nous trouvons cette
proposition assez lourde à appliquer et on n'en comprend pas encore tout
à fait l'utilité. Si vous vous exprimiez davantage sur ce
point-là...
M. Moreau: M. le Président, les suggestions de l'article
40 sont inscrites sur la ligne. Il n'y a pas de but caché
là-dedans. D'ailleurs, le comité conjoint sur la fiscalité
avait débattu cela. Tous les mémoires qui ont été
présentés par l'Union des conseils de comté du
Québec en ont fait mention et nous croyons qu'il serait peut-être
plus juste, sans vouloir prêter de mauvaises intentions à qui que
ce soit... Le raisonnement qui a été fait à ce
moment-là était le suivant. On a rafraîchi les formules
d'évaluation foncière, on a enlevé aux
municipalités locales le pouvoir de faire l'évaluation et
d'homologuer les rôles d'évaluation et je pense que c'est
très bien, parce que, dans certains cas, la municipalité locale
devenait juge et partie. Dans la situation présente, ce n'est pas qu'on
croit que des choses malhonnêtes se sont produites, mais il reste ceci.
Si le gouvernement est contribuable à part entière, si on
évalue ses immeubles, je pense bien qu'il est essentiel qu'il ne soit
pas le seul à établir la valeur d'un rôle
d'évaluation ou la valeur de la ligne médiane d'un rôle
d'évaluation.
C'est dans le sens d'établir une formule par laquelle tout le
monde pourra être représenté, ce qui ne veut pas dire que
tout le monde va aller pitonner l'ordinateur, mais que ça puisse se
faire d'une façon, à mon sens, qui ne serait pas tellement lourde
de conséquences, de voir à ce qu'il y ait un représentant
du bureau de révision qui pourrait présider des assemblées
comme celles-là - ça ne veut pas dire qu'il y en aurait 50 par
année - où seraient représentés
l'Union des conseils de comté, l'Union des municipalités
et le gouvernement. (17 heures)
M. Léonard: M. le Président, cette formule est
déjà prévue, établie. En fait, ce que le ministre
fait là-dedans, c'est qu'il a déjà prévu une
formule dans un règlement, qui est connue de tout le monde, et si
l'estimateur ne l'applique pas, c'est lui qui l'applique. Il ne peut pas faire
n'importe quoi à ce moment pour établir la proportion
médiane. Il est obligé d'utiliser la formule que l'estimateur
appliquerait. C'est cela finalement.
Le domaine où il peut y avoir du discrétionnaire de la
part du ministre est à peu près inexistant.
M- Moreau: M. le Président, je vous souligne
respectueusement qu'il n'est pas inexistant. Il est bien entendu que, si
l'estimateur ne fait pas son travail, il y a quelqu'un qui doit le lui faire
faire. Je suis d'accord. Mais pourquoi ne pas créer... Je ne pense pas
que cela coûterait plus cher à l'État de cette
façon, parce que l'Union des conseils de comté ne demande pas
d'argent pour aller siéger là. Cela pourrait se faire à ce
moment. Je pense bien qu'il n'y aurait personne qui pourrait alors être
taxé de parti pris ou de quoi que ce soit. C'est dans ce sens-là.
On dit bien particulièrement: Lorsque l'estimateur ne le fait pas; on
sait qu'il est tenu de le faire. Je ne le sais pas, ce n'est pas une question
que je pose au gouvernement, mais est-ce que tous les estimateurs l'ont fait
présentement pour les nouveaux rôles? Y a-t-il encore des rapports
d'estimateurs qui ne sont pas entrés? Je pense qu'il y en a encore.
M. Léonard: Des trois sortes.
M. Moreau: Voyez-vous? Je ne dis pas que cela ouvre des portes,
M. le Président, à de la malversation, mais je pense que ce
serait peut-être préférable qu'il y ait un organisme. On
n'a pas besoin de créer un organisme, il y aurait un volet, un secteur
du bureau de révision qui pourrait nous aider là-dedans.
M. Léonard: Sur l'article 44, nous retenons votre
suggestion sous réserve d'examen. Il apparaît, à
première vue, que cela pourrait être mieux précisé
dans votre sens.
Le crédit municipal, il en a été longuement
question au comité conjoint sur la fiscalité. Il s'agit d'une
mesure de transition, comme on l'a vu, qui porte sur deux ans, qui vise
à corriger des choses qu'on ne pourrait pas corriger, qui étaient
quand même urgentes, parce qu'il y a un déplacement du fardeau
fiscal important.
Tout le monde est bien conscient des limites ou des entailles qui
peuvent être faites au principe, dans ce contexte, mais il nous semble
que c'est encore mieux cela que rien du tout présentement. Je pense bien
que plusieurs des membres du comité conjoint ont fait valoir
eux-mêmes qu'ils étaient d'accord avec la mesure
proposée.
Je veux simplement revenir sur une affirmation. À la page 15, on
avait demandé une convocation des membres du comité conjoint. En
fait, il y a eu une première convocation, paraît-il, qui serait
partie au mois d'août. Ce n'est qu'à la fin de septembre que la
première réunion a été rendue possible, mais,
compte tenu des délais, je constate effectivement que, des fois, cela
prend du temps à se réunir, tout le monde est très
occupé. Ce n'est pas par mauvaise volonté, je pense bien.
Seulement, à un moment donné, il y a eu des moments où le
travail a été intense, surtout l'automne dernier, et là,
le comité a repris ses sessions à la fin de septembre. Il aurait
peut-être été souhaitable qu'il les recommence au mois de
juin, mais il semble que beaucoup de gens étaient occupés.
C'est ce que j'avais à dire pour l'instant. Je vous remercie
beaucoup, M. le Président. Comme vous voyez, beaucoup de vos suggestions
seront retenues, en tout cas au moins examinées, et nous allons voir si
nous pouvons les retenir. Je vous remercie.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le ministre. M. le
député de Laval.
M. Lavoie: Merci, M. le Président. Je vais faire quelques
commentaires. Ils sont quasiment gelés, mais je vais essayer de les
dégeler. Lorsque vous traitez des crédits d'impôt qui nous
arrivent à la suite d'un saut assez brutal de l'évaluation des
maisons unifamiliales, est-ce que cela a affecté beaucoup les
municipalités locales autant que les municipalités plus
urbanisées?
M. Moreau: Je dirais, M. le Président, que ça a
certainement affecté également les municipalités locales,
mais je pense qu'on pourra s'en rendre compte dans les mois qui viennent. On
n'a pas encore de rapports assez importants des nouveaux rôles qui sont
entrés, en ce qui nous concerne, pour pouvoir évaluer ça.
D'ailleurs, M. le Président, tout le monde était bien conscient,
lors de la réforme de la fiscalité, que c'est ce qui se
produirait. Aujourd'hui, que ça se soit produit, je pense que nous, de
l'Union des conseils de comté, ça ne nous a pas tellement
surpris. Quand on fait la mention ici, il est bien entendu qu'au niveau du
comité conjoint, ça s'est discuté. Il y a eu un consensus.
Ce n'est pas dans le sens que je veux contredire ce qui a été dit
au comité conjoint. Pas du tout. On a été
d'accord pour limiter ça à deux ou trois ans au maximum,
mais, si on en fait mention, c'est qu'on craint parfois que les choses
temporaires ne durent longtemps. C'est dans ce sens qu'on en fait état
ici.
M. Lavoie: Sur ce point, je suis bien d'accord avec vous qu'il
s'agit d'une solution très temporaire. Il va falloir revenir, j'imagine,
sur ça. C'est fait pour deux ans dans le moment, un crédit
maximum de 10% en 1981 et 5% en 1982, mais, pour 1982, je peux prévoir
qu'il peut arriver un autre soubresaut assez brutal dans la valeur des maisons
unifamiliales et des duplex. Cela peut fort bien se présenter
peut-être à cause de certains facteurs; pour vous donner un
exemple d'un facteur, peut-être le zonage agricole qui, à certains
endroits, a limité le nombre de terrains à construire. Cela a
créé une certaine rareté de terrains à certains
endroits. Cela a créé une poussée inflationniste et
ça augmente le coût de la maison unifamiliale et des duplex. Un
autre facteur, on sait qu'au Québec, actuellement, si on se compare avec
l'ensemble du Canada, c'est l'endroit où les maisons unifamiliales et
duplex n'ont pas atteint la valeur d'une même maison unifamiliale ou
duplex dans d'autres parties comme à Toronto, dans l'Ouest canadien ou
à Vancouver. Du fait que, dans la loi 57, vous avez circonscrit assez
directement l'évaluation, la valeur réelle à la valeur
marchande, il peut se présenter que, d'ici un an ou deux - et c'est fort
possible - il y ait un soubresaut dans la valeur des maisons unifamiliales et
duplex peut-être de 25%, 30% ou 35% qu'on a connu cette année.
Cela peut se répéter encore comme ça s'est fait en 1974 et
là, ça va créer certainement un problème. Je n'ai
pas la solution aujourd'hui. J'ai déjà émis
peut-être une solution que je me permettrai de répéter
lorsqu'on en sera à l'étude article par article. Cela peut fort
bien se présenter et ça crée des problèmes.
Je voudrais également parler brièvement de la
délégation de pouvoirs. Je pense que vous avez raison, M. le
président de l'Union des conseils de comtés, on ne peut pas
toujours prévoir ce que ça peut représenter, les
délégations de pouvoirs. Je vais vous donner un exemple qu'on a
actuellement devant la Chambre, devant l'Assemblée nationale; c'est le
projet de loi no 9 qui sera étudié cette semaine et possiblement
adopté d'ici vendredi prochain, Loi sur l'économie de
l'énergie dans le bâtiment. Je ne sais pas si vous en avez
pris...
M. Cordeau: J'ai commencé aujourd'hui.
M. Lavoie: Ils coupent le chauffage. Je ne sais pas si vous
êtes au courant de ce projet de loi qui, dans un but sans doute louable
d'économie d'énergie, arrive avec de nouvelles mesures qui sont
établies par les ministères de l'Énergie et du Travail.
Avant d'émettre un permis pour la construction de maisons - non pas
d'édifices publics - unifamiliales, duplex, triplex, quaduplex,
multifamiliales - on devra,aux officines gouvernementales, soumettre les plans
de construction pour voir si la fenestration, entre autres, est assez
étanche. C'est assez technique. Prescrire des normes de
résistance thermique, déterminer des normes de l'économie
de l'énergie différentes à l'intérieur d'une
même catégorie de bâtiments, etc. Cela devient fort
technique.
Pour le moment, cela va être administré par le
ministère du Travail. Mais il y a une délégation de
pouvoirs aux municipalités, si elles le désirent, et on peut fort
bien se retrouver devant une circonstance dans laquelle des
municipalités, dans certains milieux, peut-être urbaines, sont
plus en mesure d'avoir des inspecteurs, des techniciens pour examiner les plans
avant d'émettre le permis de construction.
Les municipalités pourront être amenées à les
fournir, au lieu de retarder la construction, si quelqu'un veut construire une
maison dans une municipalité locale qui se trouve assez loin des bureaux
du ministère du Travail pour ne pas être obligé d'attendre
un mois ou un mois et demi avant d'avoir son permis de construction. On sait
que si on veut commencer une construction au mois de septembre pour terminer
avant l'hiver... Les municipalités locales seront
entraînées à accepter cette délégation de
pouvoirs. Et je me demande si les municipalités locales ont le personnel
voulu de techniciens pour examiner les plans et émettre, même
après la construction, des certificats attestant qu'on a
respecté... Et on sait ce que cela amène. Les compagnies
d'assurance exigeront, avant de débourser les prêts
hypothécaires, le certificat attestant...
Ce sont des mises en place de réglementation qui, même si
les municipalités sont libres d'accepter ou non, vont presque obliger
à les appliquer dans certaines circonstances. La question que je me pose
est la même que celle que vous vous posez: Aurez-vous les ressources -
certaines municipalités locales - pour engager des techniciens et
peut-être des ingénieurs et autres, qui deviendront inspecteurs
pour émettre des permis de construction?
C'est un commentaire et je pense que votre intervention était
à propos. C'est bien beau quand le ministre dit que les
municipalités sont libres de le faire, qu'elles ne sont pas
obligées d'accepter. Mais il arrive des circonstances où vous
serez forcées d'emboîter le pas pour donner le service aux
contribuables. N'est-ce pas, M. le ministre?
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous avez autre
chose, M. le député de Laval?
M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le Président, je voudrais revenir à
l'article 6 concernant les deux tiers des voix dans une MRC pour
l'exécution de travaux de construction et l'exploitation d'aqueducs et
d'égouts.
Est-ce que la MRC va avoir le pouvoir de décréter des
travaux dans des paroisses où les citoyens, après un
règlement, auront refusé l'aqueduc dans leur paroisse, pour
quelque raison que ce soit? Est-ce que la MRC va avoir le pouvoir, avec les
deux tiers des membres, d'obliger ces municipalités à avoir des
réseaux d'aqueduc, même sans le consentement des citoyens? Est-ce
que vous interprétez l'article 6 actuel comme cela?
M. Moreau: M. le Président, c'est ce que nous craignons.
Je demanderais à Me Viau de préciser là-dessus. (17 h
15)
M. Viau: Si le texte reste comme il est là, il n'y a pas
de jeu de référendum au niveau d'une MRC; si le texte reste tel
quel, je pense que la réponse est oui. Le ministre a dit tantôt
que cet article serait précisé pour ne pas couvrir de travaux
locaux, si j'ai bien compris. Si c'est le cas, à ce moment-là, ce
sera la loi générale qui s'appliquera, mais, d'après le
texte tel qu'il est actuellement, il est bien sûr que la MRC peut faire
des travaux locaux.
M. Cordeau: Ce ne sont pas des travaux locaux, mais, par contre,
si l'aqueduc doit passer dans cette municipalité pour desservir d'autres
municipalités, parce que la MRC va être assez grande... Si les
citoyens d'une municipalité ont refusé de tels travaux...
M. Léonard: Ce n'est pas visé par cela.
M. Cordeau: Pardon?
M. Léonard: Ce n'est pas visé par cela.
M. Cordeau: Les citoyens de cette municipalité qui ont
refusé l'aqueduc ne paieront pas si l'aqueduc passe dans leur
municipalité, s'ils ne veulent pas s'en servir.
M. Léonard: Non. Ce n'est pas de cela qu'il est question.
Ce n'est pas un droit de passage sur le territoire d'une
municipalité.
M. Cordeau: Dans un coin d'une MRC, il y a quatre
municipalités qui veulent avoir l'aqueduc, il faut que l'aqueduc passe
dans une municipalité et les citoyens ont refusé un tel service.
Si les deux tiers des membres décrètent qu'ils veulent avoir
l'aqueduc dans ce coin-là, même si les citoyens d'une autre
municipalité ont voté contre un tel projet, la MRC va avoir le
pouvoir de passer dans cette municipalité et automatiquement de taxer
les citoyens riverains; ça c'est normal.
M. Léonard: Non. D'abord, je pense que c'est une question
très hypothétique. C'est réglé par la Loi du
ministère de l'Environnement et non pas par l'article 189, à mon
avis.
M. Cordeau: J'aimerais avoir les commentaires des
présidents des conseils de comté.
M. Moreau: M. le Président, il y a eu un exemple dans une
municipalité pas loin de Montréal, c'est-à-dire il y a
trois ou quatre ans, ce n'est pas d'hier. Une municipalité a
passé dans une autre municipalité pour aller desservir une autre
municipalité; où le "main" passait, les contribuables qui
demeuraient en bordure ont été obligés de payer.
M. Léonard: Je pense qu'il s'agit de la Loi du
ministère de l'Environnement et ce n'est pas du tout le cas qui nous
occupe ici. Je ne vois pas comment cela pourrait s'appliquer.
M. Cordeau: L'autorité est donnée à la MRC
actuellement dans cela. Elles ont le droit de faire exécuter des travaux
dans des municipalités, si les deux tiers des membres des MRC votent
pour.
M. Léonard: On va apporter un amendement là-dessus
pour les restreindre, mais ce n'est pas visé par l'article 189 pour
autant que je suis concerné.
M. Cordeau: II serait peut-être bon d'apporter des
précisions...
M. Léonard: D'accord.
M. Cordeau: ...à cet article parce que...
M. Viau: Je pense que, tel qu'il est actuellement, il va falloir
le modifier parce qu'il est bien clair qu'il donne aux MRC le pouvoir de faire
des travaux d'aqueduc et d'égouts. Si vous sautez une
municipalité, vous allez dans une autre, vous passez une conduite
maîtresse, tôt ou tard, il y a quelqu'un qui va payer dans cette
municipalité-là, à moins que ce ne soit
précisé dans le texte. Actuellement, comme c'est écrit,
cela comprend ce pouvoir. Il est difficile... C'est un pouvoir nouveau au fond
qu'on transmet par un vote des deux tiers à une autre
municipalité. Or, comme c'est une loi postérieure à la loi
actuelle, je pense que
la MRC a le pouvoir actuellement. M. Léonard: On va le
regarder.
M. Moreau: II faudrait peut-être aussi se poser la
question. Remarquez bien que ce sont des questions qu'on se pose.
Le Président (M. Laplante): Le temps, monsieur...
M. Moreau: Juste une intervention, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Très courte, s'il vous
plaît, M. Moreau.
M. Moreau: Très courte. On parle de faire des travaux,
mais on devrait parler aussi d'empêcher de faire des travaux parce que
dans certains cas, cela pourrait aussi se poser.
Le Président (M. Laplante): M. Moreau, les membres de
cette commission vous remercient de votre mémoire. J'appelle maintenant
la ville de Montréal.
M. Moreau: Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Cela me fait plaisir, M.
Moreau.
Si vous voulez identifier votre organisme et vous identifier, s'il vous
plaît, vous et les personnes qui vous accompagnent.
Ville de Montréal
M. Lorange (Pierre): Je voudrais vous présenter, M. le
Président, les collaborateurs de la ville de Montréal qui m'ont
accompagné aujourd'hui. À ma gauche, M. Bernard Comeau, directeur
adjoint du service des finances, à mon extrême droite, M.
Jean-Claude LeLannic, qui fait partie de la division des recherches
économiques; à ma droite immédiate, Me Péloquin,
qui est le chef du contentieux de la ville de Montréal.
M. le Président, M. le ministre, MM. les membres de la
commission, je tiens à vous remercier, M. le Président, de
même que vous, M. le ministre, ainsi que les membres de cette commission
parlementaire chargée d'étudier le projet de loi no 12 d'avoir
bien voulu nous entendre, nous de la ville de Montréal.
Ces modifications étaient très attendues par le monde
municipal et plus particulièrement par la ville de Montréal.
Elles permettront d'améliorer le projet de loi no 57 sanctionné
le 21 décembre 1979. Notre intervention portera très
brièvement sur les huit articles suivants: l'article 16, les articles 19
à 22, l'article 32, l'article 46 et l'article 50.
De façon générale, la ville de Montréal est
d'accord avec les propositions de modifications à la loi sur la
fiscalité municipale contenues dans le projet de loi no 12
récemment déposé devant l'Assemblée nationale. Les
commentaires qui suivent portent sur certains articles du projet de loi no 12
et sur certains articles de la loi sur la fiscalité municipale qui n'ont
pas été touchés par le projet de loi no 12 mais qui,
à notre avis, devraient faire l'objet de modifications afin d'apporter
une solution à des problèmes que nous avons pu constater au cours
de la période d'une année où s'est appliquée la loi
sur la fiscalité.
L'article 16, au sujet des corrections d'une erreur d'écriture.
La réserve que contient l'article 16 proposé est, semble-t-il,
inspirée par un souci d'éviter certains abus qui ont pu se
produire au cours de la période d'application de la loi sur
l'évaluation foncière alors qu'en vertu du paragraphe b) de
l'article 85 de cette loi l'estimateur avait non seulement le pouvoir, mais
même le devoir de corriger les erreurs d'écriture qu'il pouvait
constater au rôle. La ville de Montréal n'a aucune
expérience factuelle lui permettant de juger si les cas d'abus qui ont
amené la disparition de cette prérogative pour l'ensemble de la
province l'année dernière pourraient être si
répandus qu'ils justifiaient de soumettre la correction d'erreurs
d'écriture au rôle à l'approbation du bureau de
révision.
Nous nous demandons toutefois si d'autres moyens ne pourraient pas
être utilisés pour réprimer les abus, le cas
échéant. Lorsque ce sont les communautés et non les
corporations municipales qui ont compétence pour confectionner les
rôles, selon l'article 4 de la loi sur la fiscalité municipale,
nous sommes d'avis que le danger d'abus est beaucoup plus
éloigné. Par ailleurs, les communautés regroupant
plusieurs corporations municipales, il serait possible, en raison du volume
forcément accru d'inscriptions au rôle qu'elles doivent
préparer, qu'un nombre beaucoup plus grand d'erreurs d'écriture
se produisent que lorsqu'un rôle n'est confectionné que pour une
corporation municipale.
Aussi, la ville de Montréal est-elle favorable à la
recommandation formulée par la Communauté urbaine de
Montréal de rétablir le pouvoir de l'estimateur d'effectuer les
corrections d'écriture au rôle. Si le législateur n'est pas
prêt à aller aussi loin, pouvons-nous suggérer un moyen
terme et recommander que seuls les estimateurs des communautés urbaines
puissent effectuer ces corrections? Dans ce cas, la modification
proposée au paragraphe 16 de l'article 174 de la loi sur la
fiscalité municipale pourrait
se lire comme suit: Y corriger une erreur d'écriture lorsque
s'applique l'article 4, ou y corriger une erreur d'écriture qui ne porte
pas sur la valeur ou la valeur imposable inscrite dans les autres cas.
L'article 19 concernant les immeubles appartenant à des
institutions charitables ou utilisés par une institution ou un organisme
charitable. L'expérience d'une année nous a permis de constater
que l'inclusion des organismes charitables au paragraphe 10 de l'article 204 de
la loi sur la fiscalité municipale qui est le pendant du paragraphe 10
de l'article 18 de la Loi sur l'évaluation municipale foncière
était susceptible de constituer un étranglement dans le processus
de reconnaissance par la Commission municipale. Aussi, sommes-nous favorables
à la modification proposée, d'autant plus que le critère
de l'usage d'un immeuble par le public, prévu au paragraphe 10 de
l'article 204, peut souvent ne pas se rencontrer dans l'exercice de la vocation
charitable.
Toutefois, le paragraphe 10 de cet article 204 soulève les autres
problèmes suivants, que nous portons à l'attention de votre
commission. Premièrement, quel est le but visé par la
consultation des corporations municipales? S'agit-il simplement de leur
permettre d'être entendues comme intimées sur la requête de
l'organisme? On se demande si la commission pourrait tenir compte de
considérations autres que celles qui seraient basées sur le
respect des critères énoncés au paragraphe 10 pour
reconnaître un organisme comme exempt. À l'inverse, pourrait-elle
ne pas exempter, sur la recommandation de la corporation municipale, un
organisme qui correspond aux critères de ce paragraphe?
Nous sommes d'avis qu'il s'impose de préciser le but de cette
consultation et d'indiquer le rôle respectif de la corporation municipale
et de la Commission municipale relativement à cette reconnaissance.
Deuxièmement, depuis qu'a été édicté
l'article 2 de la loi sur la fiscalité municipale, il y aurait lieu,
à notre avis, de préciser la portée du mot "uniquement",
contenu au paragraphe 10. Est-ce que ce mot vise forcément l'occupation
entière de l'immeuble ou s'il ne vise que les fins poursuivies?
Suivant une récente décision de la Commission municipale,
il semble que ce mot viserait non seulement les fins, mais aussi l'immeuble
dans son entier, de sorte que l'article 2 de la loi sur la fiscalité
municipale ne s'applique pas, en pratique, à la disposition du
paragraphe 10 de l'article 204. Est-ce bien cela que le législateur
visait? Il s'impose, à notre avis, que cet aspect du paragraphe 10 de
l'article 204 soit clarifié.
Troisièmement, il y aurait lieu de préciser à
compter de quel moment s'applique l'exemption pour un immeuble utilisé
par un organisme reconnu en vertu du paragraphe 10 de l'article 204. Le
paragraphe 5 de l'article 177 qui devrait s'appliquer à cette situation
n'est pas clair, car il parle de la date de l'événement. Or,
est-ce l'utilisation effective aux fins du paragraphe 10 , ou la date du
dépôt de la requête ou, enfin, la date de la décision
de la Commission municipale qui constitue l'événement?
Nous croyons qu'il serait juste de préciser que l'exemption
rétroagit au premier jour de l'exercice financier auquel la
requête est déposée à la Commission municipale, ou
à la date, si elle est plus récente, à laquelle a
commencé l'activité visée. De la sorte, on pourrait
régler un grand nombre de cas en suspens qui ne pourront être
entendus et décidés au cours du présent exercice.
L'article 20 du projet de loi concernant un immeuble exempt
occupé par un autre exempt. Nous sommes d'accord avec la partie de la
modification proposée à cet article du projet de loi no 12 qui
vise à exempter de taxe l'immeuble d'un exempt occupé par un
autre exempt. Toutefois, nous croyons qu'il serait plus équitable dans
un tel cas que la compensation ou "l'en-lieu" de taxe à verser soit
déterminé en fonction de la qualité de l'occupant.
Autrement, ce dernier est susceptible de bénéficier, sans motif
valable, du statut fiscal possiblement plus avantageux que la loi accorde au
propriétaire.
L'article 39 concernant l'étalement des taxes. La loi sur la
fiscalité municipale parle tantôt des taxes foncières,
tantôt des taxes municipales ou scolaires, tantôt de la taxe
d'affaires et enfin, dans certains cas, on emploie tout simplement le mot
"taxes". (17 h 30)
Comme l'intention du législateur est qu'il n'y ait
étalement que pour les taxes municipales basées sur
l'évaluation foncière ou sur la valeur locative, il s'impose que
le mot "taxes" soit précisé lorsqu'on réfère
à cette obligation pour les municipalités d'offrir le paiement en
plusieurs versements.
L'article 46 concerne la rétroactivité de la disposition
relative au crédit d'impôt pour l'exercice 1981. Étant
donné que les budgets des corporations municipales sont adoptés
avant le début de l'exercice financier 1981, il y aurait lieu, à
notre avis, afin de valider les règlements qui comprennent
déjà le crédit d'impôt, de donner à l'article
579.2 une portée rétroactive à la date où fut
déposé le projet de loi no 12.
Article 50 concernant le potentiel fiscal en fonction des "en-lieu"
reçus du gouvernement fédéral. La ville de Montréal
est évidemment favorable à la modification proposée
à l'article 50 du projet de loi no 12.
Quant à la façon d'appliquer la modification
proposée, nous suggérons que le potentiel fiscal soit fonction du
pourcentage des derniers "en-lieu" versés par rapport à
l'évaluation de cette année et de la dernière
évaluation inscrite au rôle.
Article 247 concernant le délai de remboursement de taxes
municipales ou scolaires. L'expérience nous démontre qu'il n'est
pas possible à Montréal d'effectuer ce remboursement dans le
délai de 30 jours de la modification au rôle.
Étant donné que, de toute façon, ce remboursement
porte intérêt pour toute la période où
l'excédent de taxes a été perçu, nous
suggérons que le délai soit porté à 90 jours.
Article 62 concernant le maximum imposable de la taxe d'affaires. Lors
de l'étude en troisième lecture du projet de loi no 200,
sanctionné le 15 avril 1980, une disposition fut insérée
à l'article 62 de ce projet de loi afin de permettre à la ville
de Montréal d'imposer une taxe d'affaires qui excéderait le
maximum prévu à l'article 233 de la loi sur la fiscalité
municipale.
La ville de Montréal ne s'est pas prévalue de ce pouvoir,
préférant imposer plutôt la surtaxe prévue à
l'article 63 du môme projet de loi.
Afin de permettre à la ville de Montréal de faire profiter
ses contribuables du crédit d'impôt prévu à
l'article 579.2, il y aurait donc lieu d'abroger rétroactivement
l'article 62 du projet de loi no 200 modifiant la charte de la ville de
Montréal.
Nous sommes à votre disposition, M. le ministre, avec mes
collaborateurs, pour répondre à vos questions et aux questions de
tous les membres de cette commission.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. Lorange. M. le
ministre.
M. Léonard: M. le Président, MM. les
représentants de la ville de Montréal, je vous souhaite d'abord
la bienvenue, je n'ai pas eu l'occasion de le faire ici à cette
commission. Je vous remercie aussi du témoignage que vous nous donnez
à savoir que, de façon générale, vous êtes
d'accord avec le projet de loi no 12 qui apporte un certain nombre de
modifications à la loi 57, à la loi 125 et à la loi 74,
etc. Je pense bien que mes remarques sont dans le sens de peut-être
préciser ou même de vous dire dans certains cas que nous avons
déjà dit oui à vos demandes.
Si l'on regarde vos demandes ou vos représentations article par
article, en ce qui concerne l'article 16 sur la correction d'une erreur
d'écriture, je vois que vous faites une suggestion au bas de la page 5:
Y corriger une erreur d'écriture lorsque s'applique l'article 4, ou y
corriger une erreur d'écriture qui ne porte pas sur la valeur ou la
valeur imposable inscrite, dans les autres cas. Je dois dire que nous avons eu
une discussion à ce sujet avec les représentants de la
Communauté urbaine de Montréal vendredi soir. Nous avons encore
laissé la question ouverte, bien que ça nous semble quand
même difficile de permettre de corriger des montants en particulier. Nous
sommes bien conscients qu'il peut se présenter un certain nombre de
difficultés. Nous n'avons pas encore décidé, mais c'est
plutôt difficile à accepter qu'on puisse faire des corrections aux
montants surtout. Enfin, on y reviendra un peu plus loin, au cours de la
discussion article par article, mais cette discussion a déjà
été faite ici en commission, vendredi soir, pour ce qui nous
concernait.
M. Lorange: M. le ministre, pourrait-on vous donner quelques
petits exemples?
M. Léonard: Oui.
M. Lorange: Peut-être que Me Péloquin pourrait vous
souligner quelques cas qui se produisent.
Le Président (M. Laplante): Allez-y, M.
Péloquin.
M. Péloquin (Jean): Évidemment, j'étais
présent en commission parlementaire aussi vendredi. J'ai entendu les
commentaires du commissaire à l'évaluation. Notre
expérience à nous autres va dans le même sens que ce qui
est constaté. Avec l'informatique, mes collègues qui sont plus au
courant de la façon dont cela fonctionne me donnaient un exemple. Si
vous avez deux décimales ou deux places de réservées pour
les décimales et qu'un des nombreux employés fait une
entrée avec trois décimales, à ce moment-là, tous
les chiffres se poussent d'une place et le compte qui devait sortir pour une
évaluation de $30,000 peut devenir $300,000. Là,
évidemment, la personne reçoit un compte - c'est arrivé
à une banque dans la ville de Montréal, qui a reçu un
compte basé sur une évaluation de $3000 au lieu de $300,000.
À ce moment-là, cette personne n'est pas tenue de payer pour la
valeur de $300,000 et l'estimateur ne peut pas corriger son erreur. La ville
perd des taxes.
Indirectement, un contribuable qui aurait une évaluation de
$300,000 pourrait être obligé - je comprends et je fais la
réserve qu'on est des gens sensés tout de même et qu'on
n'ira pas l'exiger - en théorie, de payer un compte de taxe sur une
valeur de $300,000 alors qu'il a seulement une évaluation de $3000. Ce
sont des problèmes de cette nature-là. Enfin, je sais que vous
comprenez bien le problème et...
M. Léonard: Me Péloquin, la suggestion que vous
faites est différente de celle de la
Communauté urbaine de Montréal l'autre soir, il me semble
bien.
M. Péloquin: C'est que je recommande un moyen terme. Le
motif pour lequel on n'a pas voulu que des erreurs d'écriture soient
corrigées, c'est qu'on applique cela dans certains endroits à
toutes les sauces et peut-être parce qu'il y aurait des pressions
auprès de l'estimateur. Je dis, dans une communauté urbaine,
alors que l'estimateur relève de la communauté, il est plus
éloigné, si vous voulez, des administrateurs des corporations
municipales et il n'est pas sujet aux mêmes pressions que peuvent
l'être des estimateurs dans une plus petite place. C'est pour cela que je
suggérerais un moyen terme, soit de créer une distinction et de
permettre... Nous autres, notre expérience tout de même à
la ville de Montréal a été que le commissaire à
l'évaluation n'a jamais abusé de ce pouvoir-là, alors
qu'il l'exerçait suivant la loi sur l'évaluation
foncière.
M. Lorange: M. le ministre, le commissaire, M. Cormier, me
précise que la communauté urbaine va dans les mêmes
intentions, c'est-à-dire qu'elle a proposé la même
façon de fonctionner.
M. Léonard: On a des pressions quand même. Il existe
quand même des pressions. Si l'organisme est plus éloigné,
ce sera peut-être encore plus difficile à découvrir. Enfin,
on le regarde attentivement. On est bien conscient que des
représentations ont été faites là-dessus, mais il
faut aussi être conscient des problèmes que cela peut causer.
Sur la définition de "charitable", sur la première
question, je pense que les municipalités voulaient voir davantage les
critères. On voulait que ce soit plus ouvert ou, en tout cas, que les
exemptions, la définition de "charitable" soit plus visible. C'est cela
qui était visé.
Sur le deuxième point, c'est la première nouvelle qu'on en
a. On va le regarder. Sur le troisième point, à compter de quel
moment effectivement nous retenons votre suggestion, nous allons
préciser à compter de quel moment, ce qui va régler, je
pense, des problèmes concrets et pratiques. Je vois que vous
suggérez que ce soit le premier jour de l'exercice financier où
la requête a été déposée; ça pourrait
être retenu sous toute réserve. C'est un problème pratique
qui serait réglé. Cela enlèverait un certain nombre de
revendications et de représentations là-dessus.
Quant à l'article 20, je vois que ce serait très
intéressant à examiner. Je ne pense pas, cependant, qu'on puisse
le faire dans le cadre de l'actuelle loi no 12, mais je pense,
ultérieurement, qu'on se penchera sur cette question. On le fera.
Oui, vous demandez de préciser la notion de taxe. C'est aussi une
précision qui a été demandée par rapport au mot
"compensation". Je vois que ça fait quelques reprises qu'on le demande.
Ce sera probablement une de nos prochaines tâches.
Au sujet de l'article 46 sur la rétroactivité, c'est
déjà fait dans un papillon. Donc, nous nous rendons à
votre demande. C'est déjà fait. Je dois préciser que c'est
fait non seulement pour le crédit municipal, mais aussi pour la surtaxe
sur les terrains vacants desservis et non desservis.
M. Lorange: La représentation a évidemment
été faite sur le projet de loi original.
M. Léonard: Oui, oui.
M. Lorange: Notre collaborateur, M. Comeau, dit qu'il
était au courant du papillon. Il s'agissait simplement d'une
formalité.
M. Léonard: Oui, je vois que vous nous faites une
suggestion quant à la date où on va calculer les quotes-parts, en
tout cas où on va calculer le potentiel fiscal qui nous permet de
calculer les quotes-parts. Je vois très bien, c'est-à-dire que
c'est une suggestion intéressante. Nous allons nous brancher
définitivement là-dessus bientôt.
Quant au délai de remboursement de taxes municipales ou
scolaires, vous dites que vous ne pouvez pas les rembourser dans 30 jours, mais
90 jours, ça me paraît long quand même.
M. Lorange: II faudrait peut-être demander de le
préciser à mes collaborateurs. M. Comeau.
M. Comeau (Bernard): En fait, 90 jours, ça peut
sembler...
M. Léonard: Est-ce une position de négociation?
M. Comeau: Non. 90 jours, en fait, c'est du moment où le
certificat est émis par la communauté urbaine, mais il peut
s'écouler une dizaine de jours déjà entre le moment
où il est émis et le moment où le greffier de la ville le
reçoit. Évidemment, chaque fois qu'il y en a un de fait, il n'est
pas transmis. Il y a une certaine accumulation. Dans une entreprise comme la
nôtre, quand le greffier le reçoit, avant qu'il l'envoie aux
finances, que les vérifications soient faites et que les corrections
soient faites au rôle de perception, ensuite, il y a les
vérifications pour voir si c'est bien la bonne personne qui a
payé les taxes, faire approuver le paiement par le comité
exécutif... Ce sont toutes des opérations qui prennent toujours
quatre ou cinq jours
chacune. Il y a des délais. Actuellement, quand on le fait en
dedans de 90 jours, on se trouve pas mal bon. On n'a pas voulu prendre de
coussin. Nos gens voulaient prendre ça en 20 jours, mais on a dit: On va
essayer d'être quand même plus efficace.
M. Lorange: Je tiens à vous faire remarquer cependant, M.
le ministre, que le citoyen ne perd absolument rien, c'est-à-dire que
l'intérêt compte à partir de la première
journée. Même si le délai est d'autant plus
prolongé, le citoyen ne paie rien dans l'intérêt qui lui
est versé.
M. Lavoie: Est-ce qu'il s'agit du même taux
d'intérêt qui s'applique sur les remboursements que sur les
arriérés de taxes?
M. Comeau: C'est cela. M. Lavoie: Qui est de? M.
Comeau: ...
M. Lavoie: S'il y a retard dans le paiement des taxes, vous
exigez 18%. Dans un cas de remboursement, c'est 18% qui s'appliquent de la
même façon.
M. Comeau: C'est cela.
M. Léonard: Sur l'article 62, le dernier que vous
mentionnez, c'est oui. Je crois que c'est déjà fait dans un
papillon. C'est votre dernière demande. Donc, on va abroger
rétroactivement l'article 62 du projet de loi 200 qui portait sur des
modifications à la charte de la ville de Montréal. C'est
accordé.
Et si je comprends, vous entrez maintenant dans le régime
général?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Si je comprends bien l'article 62, vous aviez
l'option, soit de dépasser le taux maximum de taxes d'affaires, ou la
surtaxe. C'est cela?
M. Péloquin: Plus précisément, on avait les
deux. On pouvait exercer les deux. (17 h 45)
M. Lavoie: Et un dépassement sur la taxe d'affaires et la
surtaxe?
M. Péloquin: C'est cela.
M. Lavoie: La mesure que vous avez appliquée en 1980,
c'est la surtaxe?
M. Péloquin: C'est cela.
M. Lavoie: Au-delà de $100,000?
M. Péloquin: Exactement.
M. Lavoie: Est-ce que cela veut dire que cette année, avec
la demande que vous faites pour 1981, vous n'aurez plus ce dépassement
de surtaxe de taxe d'affaires?
M. Péloquin: Non. La taxe d'affaires est limitée
à la ville de Montréal, à ce qui est prévu à
l'article 233. La ville de Montréal ne s'est pas prévalue du
pouvoir de dépasser cette limite qui était contenue à
l'article 62. Elle a plutôt imposé la surtaxe sur les immeubles
pour une évaluation au-delà de $100,000.
M. Lavoie: Quel était le taux maximum de votre taxe
d'affaires?
M. Péloquin: Cela va de 13% à plus de 20%. Mais
cela équivaut à cinq fois et demie le taux global.
M. Lavoie: Est-ce que vous aurez un statut particulier sur la
taxe d'affaires, ou si vous aurez la loi générale de toutes les
villes?
M. Péloquin: On aurait la loi générale.
Etant donné notre statut particulier potentiel actuel, on ne peut pas se
prévaloir du crédit d'impôt. Il faut nous enlever ce statut
particulier potentiel.
M. Lavoie: Du point de vue pratique, quel a été
votre taux de taxe d'affaires pour 1980?
M. Comeau: 20,13% en 1980.
M. Lavoie: Qui était le maximum?
M. Péloquin: Entre 13%...
M. Lorange: Entre 13% et 20,13%.
M. Comeau: C'est le maximum. Pour la petite entreprise, c'est
13%, mais le taux maximum, c'est 20,13%.
M. Cordeau: Cela inclut la surtaxe pour les bâtisses de
$100,000 et plus?
M. Lorange: Non. De 13% à 20,13%, c'est la taxe
d'affaires, tandis que l'autre c'est au chapitre de la taxe
foncière.
M. Lavoie: Cela veut dire que les industries, les commerces
seront imposés au maximum permis pour la taxe d'affaires; cela vous
permet d'accorder vos crédits d'impôt pour l'unifamilial et le
duplex - le triplex, je crois, oui - mais vous conservez quand même votre
surtaxe au-delà de $100,000.
M. Péloquin: Oui.
M. Lavoie: J'avais soulevé cette question lorsque M.
Corbeil, le maire de la ville d'Anjou, est venu. Il nous avait donné
comme argument en faveur de la permission que vous accordez aux
municipalités d'atteindre le taux maximum pour les industries et les
commerces, pour obtenir le crédit d'impôt, il nous disait que
ça ramenait surtout les surtaxes sur les terrains vacants non desservis,
cela permettait de les ramener à peu près au même taux de
taxation que celui qu'ils avaient auparavant, lorsque la communauté
urbaine avait droit à une surtaxe. Par contre, pour Montréal, la
question de la surtaxe est mêlée un peu aux terrains desservis.
C'est peut-être vrai que, dans Montréal même, vous n'en avez
pas tellement, mais, dans Rivière-des-Prairies, entre autres, je pense
bien que vous avez de grands espaces de terrains vacants à cet endroit
qui ne sont pas desservis. Je crains qu'on crée une injustice à
ces gens parce que, contrairement à ce que disait M. Corbeil, on peut se
trouver dans une situation où des propriétaires de grandes
étendues de terrain dans le quartier de Rivière-des-Prairies
auront conservé une surtaxe de Montréal sur des
évaluations au-delà de $100,000 et auront en plus une surtaxe de
terrains vacants. C'est bien beau, vous savez, essayer de tordre le citron au
maximum, mais, en fin de compte, ce qui arrive, c'est que cela se capitalise
sur les terrains. Ces sociétés vont l'ajouter
éventuellement lors du lotissement de ces terrains, c'est repassé
aux constructeurs, à l'acheteur de maisons et aux consommateurs.
M. Lorange: Aurais-je à préciser, M. le
député, que nous n'avons pas le privilège d'imposer une
surtaxe sur les terrains vacants, seulement sur les immeubles,
c'est-à-dire qu'on ne s'en sert pas?
M. Lavoie: Oui, mais dans la loi 12, vous aurez le pouvoir de...
Avant, vous aviez ce pouvoir.
M. Lorange: On ne s'en servait pas.
M. Lavoie: Ecoutez, les conseils, ce n'est pas éternel.
Vous êtes là et j'espère que vous serez là encore
longtemps; les lois demeurent, mais les hommes publics passent. Vous ne
l'appliquez pas à Montréal, en ce moment, votre surtaxe sur les
terrains desservis?
M. Lorange: Non, seulement sur les immeubles.
M. Lavoie: Dans la loi, par contre, on donne le droit aux
municipalités - la Communauté urbaine de Montréal
uniquement non seulement de mettre une surtaxe sur des terrains desservis, mais
il y a également une permission de surtaxe sur les terrains non
desservis.
M. Lorange: On ne s'en prévaut pas, M. le
député.
M. Lavoie: Est-ce que vous vous prononcez pour les 32
municipalités de l'île de Montréal?
M. Lorange: On se prononce pour nous. M. Lavoie: Pour
vous.
M. Lorange: On laisse le soin aux autres de parler en leur
nom.
M. Lavoie: En tout cas, j'aimerais que le ministre, lorsqu'on
viendra à l'étude article par article, puisse se pencher sur
cette question.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Non, pas de question.
Le Président (M. Laplante): Pas de question.
M. Cordeau: Le ministre a presque tout accordé alors,
ça va très bien.
Le Président (M. Laplante): Sur ce, messieurs, les membres
de cette commission vous remercient de votre participation.
M. Lorange: Merci, M. le Président. Joyeux Noël!
M. Lavoie: Et bonne année!
Le Président (M. Laplante): Est-ce qu'on convoque l'autre
organisme?
Des voix: Oui.
Le Président (M. Laplante): J'appelle maintenant la
Corporation des secrétaires municipaux du Québec.
Avant de commencer, pouvez-vous résumer votre mémoire afin
qu'on puisse l'entendre avant le dîner? Identifiez votre corporation et
les membres qui vous accompagnent, s'il vous plaît.
Corporation des secrétaires municipaux du
Québec
M. Gaudette (Michel): Merci, M. le Président. Je suis
accompagné de Mme Marie-Andrée Levasseur, notre permanente. Mon
nom est Michel Gaudette, je suis président de la corporation et aussi
vice-
président de la Fédération des officiers municipaux
du Québec.
Pour vous résumer un peu notre mémoire, j'ai
écouté attentivement les propos qui concernaient les
mémoires précédents et qui étaient beaucoup plus
techniques. Nous nous sommes attachés essentiellement au titre du projet
de loi no 12 qui tend à modifier certaines dispositions
législatives concernant les municipalités.
Qu'il me soit permis, M. le Président, de vous remercier d'avoir
bien voulu nous accorder l'occasion de nous faire entendre, aujourd'hui,
à la tribune de cette commission permanente. Pour résumer
brièvement notre mémoire, nous avons voulu nous préoccuper
des articles 148, 148a et 636a du Code municipal, et aussi de l'article 259 de
la loi 57; enfin, des articles correspondants au niveau de la Loi sur les
cités et villes, c'est-à-dire les articles 71, 72, 72a, et
l'article 79 de la Loi de police.
Essentiellement, les buts de notre intervention visent à ajuster
les rapports qui doivent exister dans l'institution municipale entre les
fonctionnaires et les élus, compte tenu de l'évolution de la
situation dans le domaine municipal et compte tenu du bilan législatif
très chargé depuis 1977. Nous indiquons, à
l'intérieur de notre mémoire, qu'à l'heure où les
dernières réformes dans le domaine municipal sont en voie de mise
en application, causant certaines incohérences administratives et un
puissant raz de marée de changements, déroutant a la fois
fonctionnaires et élus municipaux dans leurs rapports habituels à
l'intérieur de l'institution municipale et à l'heure aussi
où les systèmes et procédés administratifs et
politiques des institutions locales craquent sous le poids des décisions
parfois unilatérales des paliers supérieurs, les membres de notre
institution politique locale, administrateurs et élus, s'accrochent
désespérément à ces chaloupes de sauvetage que sont
les différentes associations comme les nôtres.
Pour résumer l'argumentation qui précède, nous
reconnaissons naturellement au conseil municipal le pouvoir légitime de
réglementer, d'apporter des modifications dans les programmes et les
services aux citoyens. Pour le faire démocratiquement, il possède
la maîtrise de son budget et l'initiative des règlements
municipaux, conformément à ses pouvoirs
délégués. Ces moyens, à notre avis, doivent lui
suffire. Un conseil municipal doit s'interdire l'utilisation de moyens
détournés tels que la manipulation des postes de cadres et les
mesures disciplinaires basées sur des conflits de personnalité,
ou l'élimination par intimidation morale du fonctionnaire.
Comme fonctionnaire municipal, est-ce que je peux et est-ce que mes
collègues peuvent se permettre de se considérer comme des
victimes ou des complices passifs de carences législatives? Ceci
étant posé, M. le Président, nous nous appuyons sur le
fait que la protection et les droits conférés aux officiers
municipaux par la Loi sur les cités et villes, le Code municipal du
Québec, la Loi de police et différentes lois connexes, n'ont pas
fait l'objet de révision depuis plusieurs années. Une
étude des dispositions pertinentes ne laisse aucun doute sur la
fragilité du statut de l'officier municipal et diverses
expériences vécues ont illustré, de façon non
équivoque, ce constat.
D'autre part, le rôle et les responsabilités de l'officier
municipal ont gagné en importance au fil des ans sans que, très
souvent, des moyens adéquats lui soient donnés pour lui permettre
de les assumer efficacement.
Or, il est d'autant plus important d'adopter des dispositions
législatives appropriées en ces matières que, dans
plusieurs cas, l'officier municipal est plus qu'un simple préposé
de la corporation municipale tenant ses devoirs et fonctions à ce seul
titre et la loi en fournit des exemples. L'officier municipal tient souvent ses
devoirs et obligations de la loi elle-même et cela est un facteur dont il
doit être tenu compte.
Nous, de la corporation, tenons à préciser qu'elle ne
considère pas les corporations municipales ou encore les cités et
villes dans leur ensemble comme des adversaires de ses membres. Bien au
contraire, nous pensons que les amendements recherchés, s'ils
étaient adoptés, seraient à l'avantage de tous puisqu'il
s'agit de régir de façon rationnelle les rapports entre les
officiers et l'ensemble de l'administration pour permettre des services de
meilleure qualité.
Le Président (M. Laplante): J'aimerais avoir le
consentement des membres pour continuer nos travaux après l'heure, s'il
vous plaît.
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Laplante): Merci, consentement unanime.
Continuez, monsieur.
M. Gaudette: Merci, M. le Président, je vais tenter
d'être le plus bref possible. Les objectifs que nous visons ce soir, ce
serait d'abord de maintenir l'évolution des lois qui régissent
les fonctionnaires municipaux au même rythme que l'évolution des
fonctions, des tâches et des différents postes de cadres
municipaux et, à cette fin, on doit tendre vers une législation
concrète, pratique et équitable tant pour les autorités
municipales que pour les employés-cadres.
Deuxièmement, protéger les fonctionnaires contre les
sautes d'humeur du pouvoir politique, éviter d'être à leur
merci
sans toutefois verser dans la sécurisation à outrance,
empêchant les autorités municipales de pouvoir exiger un rendement
efficace, honnête et loyal et assurer ainsi une sécurité de
carrière et une protection adéquate contre les abus possibles du
pouvoir local.
Nous avons tenté, M. le Président, d'établir des
critères d'évaluation pour tous les actes posés par le
secrétaire-trésorier ou l'officier municipal pour le
bénéfice de votre commission. Ces critères que nous
serions prêts à nous imposer en seraient un, premièrement,
de fidélité. Le secrétaire trésorier doit
exécuter fidèlement les politiques générales
énoncées par le conseil municipal, tout en se conformant aux lois
et règlements municipaux et connexes.
On s'imposerait un critère d'exactitude et
d'honnêteté, soit d'administrer avec rigueur et
honnêteté les activités des différents services et
les deniers publics. Un critère d'économie et
d'efficacité. Nous devrions, pour atteindre un objectif
déterminé, utiliser le moins de ressources financières
publiques possible. Nous imposerions aussi un critère de respect des
droits privés, qui doit respecter les droits et libertés des
citoyens dans l'exécution des activités du conseil municipal et
nous imposerions aussi un critère de non-discrimination. Alors, on doit
traiter tous les citoyens sur une base d'égalité devant les lois
et les règlements municipaux.
Aussi, en prenant en considération les prémisses ci-haut
mentionnées, qu'il nous soit permis de vous proposer les amendements
suivants qui pourraient être inclus dans votre projet de loi no 12. (18
heures)
D'abord, nous vous suggérons de modifier l'article 148 du Code
municipal, en le remplaçant par l'article 148 suivant: "Le
secrétaire-trésorier reste en fonction durant le bon plaisir du
conseil, quoiqu'il ait été engagé pour un temps
déterminé; cependant, il ne peut être destitué,
suspendu, rétrogradé, son traitement ne peut être
diminué ni subir aucune autre sanction disciplinaire que par le vote
affirmatif de la majorité absolue des membres des corporations locales
et des corporations de comté et ce, conformément aux
critères d'évaluation régissant le travail du
secrétaire-trésorier."
Nous vous suggérons aussi la modification de l'article 148a. Le
premier alinéa de l'article 148 dudit code est remplacé par le
suivant: "La résolution destituant le
secrétaire-trésorier, le suspendant, le rétrogradant ou
diminuant son traitement ou encore ayant pour effet de lui faire subir toute
autre sanction disciplinaire doit lui être signifiée en lui
remettant copie en mains propres; le secrétaire-trésorier qui a
été en fonction pendant au moins six mois peut interjeter appel
d'une telle décision à la Commission municipale du Québec
qui décide en dernier ressort, après enquête."
Nous ajouterions, M. le Président, l'article 148b qui n'existe
pas actuellement. Je vous en fais la lecture. L'article 148b dirait ceci: "Le
ministre peut adopter des règlements pour: prescrire la forme de
rémunération pour le secrétaire-trésorier et ses
adjoints selon des règles minimales édictées par le
ministre, compte tenu des responsabilités et des devoirs qui leur
incombent. Ces règles peuvent également prévoir des tarifs
de rémunération minimum pour l'exercice de leurs autres
fonctions."
Nous vous suggérons aussi l'amendement de l'article 636a qui
pourrait se lire comme suit: "Aucun règlement ou résolution du
conseil qui autorise ou recommande la dépense de deniers non
prévus au budget annuel n'est adopté ou n'a d'effet avant la
production d'un certificat du secrétaire-trésorier attestant
qu'il y a des fonds disponibles pour les fins pour lesquelles cette
dépense est projetée. "Le présent article ne s'applique
pas à un règlement qui pourvoit à l'appropriation des
deniers nécessaires pour payer le coût de cette
dépense."
Dans la Loi sur les cités et villes, nous avons aussi
suggéré, M. le Président, la même correspondance et
nous avons aussi un article particulier dans la loi 57, l'article 259,
où nous vous suggérons un amendement pour nous ajuster aux
rôles d'évaluation nouvelle génération. Je vous en
fais la lecture. "L'article 259, premier paragraphe, est modifié par
l'ajout suivant, après la dernière ligne de celui-ci: "et ce
même si le rôle d'évaluation de la corporation locale n'est
pas à 100% de la valeur réelle. Toutefois, cette mesure
compensatoire ne sera en vigueur que durant les exercices 1980, 1981, 1982 et
1983, soit d'ici le délai ultime pour le dépôt des
rôles d'évaluation nouvelle génération.
Pour soutenir cette argumentation, M. le Président, nous devons
vous éclairer sur le sujet en disant que, malheureusement, les
rôles nouvelle génération ne sont pas adoptés
partout dans tous les conseils de comté et toutes les
municipalités. La mesure qui a été incluse dans la loi 57,
en janvier 1980, a malheureusement causé l'effet que nos
muncipalités ne peuvent se prévaloir des subventions qui
excèdent $2 les $100 d'évaluation relativement aux immeubles de
ferme et boisé et seulement pour les municipalités qui ont un
rôle à valeur réelle. Or, cela crée actuellement un
écart pour les municipalités qui n'ont pas ce rôle à
valeur réelle.
Enfin, la même correspondance que les
autres articles tantôt pour la Loi de police.
En conclusion, M. le Président, nous vous disons que le
fonctionnaire municipal constitue un capital humain d'expertise et
d'expérience chèrement acquis. Aussi, le Québec ne peut,
au rythme rapide des changements et des réformes, se payer le luxe de
dilapider ce capital humain.
En conséquence, la réponse que nous attendons face aux
représentations que nous vous faisons aujourd'hui serait de fournir
à des hommes et des femmes qui veulent consacrer leur vie à
acquérir des connaissances et l'expérience nécessaires
à ce domaine précis d'activité, de l'administration
municipale la possibilité d'y faire carrière dans une
atmosphère professionnelle où les critères de
compétence professionnelle et de qualité de travail ont plus
d'importance que les intrigues politiques.
Une telle conception de la fonction publique municipale comme un milieu
professionnel complet par lui-même doit être l'esprit et le moteur
traduisant la relation devant intervenir entre le pouvoir politique et le
pouvoir administratif.
En conclusion, M. le Président, je crois qu'il est urgent
d'augmenter le degré de motivation et de satisfaction au travail pour
les hauts fonctionnaires de l'État municipal dans l'espoir de voir se
réaliser un véritable plan de carrière et d'intensifier la
définition du rôle des élus municipaux et des tâches
du premier fonctionnaire municipal.
M. le Président, je crois avoir résumé en quelques
mots le mémoire que nous avons le plaisir de vous présenter et
qui se rattache, comme je l'ai dit tantôt, surtout au titre du projet de
loi no 12.
Le Président (M. Laplante): Je vous remercie beaucoup de
votre coopération, M. Gaudette. M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, il me fait plaisir de
vous souhaiter la bienvenue ici. Je prends connaissance de votre mémoire
très attentivement. Je vous avais déjà rencontrés
d'ailleurs. Je dois dire que je regarde vos propos d'un oeil très
attentif et aussi sympathique. Ce qui s'est passé, cependant, c'est
qu'on a été pris dans des délais, avant Noël,
très courts. Nous nous en sommes tenus strictement aux articles les plus
urgents qui corrigeaient des failles qu'il y avait dans la loi 57 ou dans
d'autres lois, en termes de définition d'évaluation, mais c'est
un sujet sur lequel nous allons revenir. Je suis bien conscient de l'importance
de la fonction publique municipale, comme vous l'appelez, et je pense que c'est
exactement ce qui est. Les fonctionnaires municipaux jouent un rôle
déterminant dans la vie municipale et je souhaite que cela continue, que
cela s'améliore.
Il y a une chose que je tiens à faire remarquer, c'est que toute
modification, tout réexamen du statut du fonctionnaire public municipal
devra aussi se faire en collaboration avec l'Union des conseils de comté
et l'Union des municipalités du Québec. Je crois, pour ma part,
profondément en l'autonomie municipale. Je vois mal comment même
un ministre pourrait arriver là et déposer des règlements
sur la table, sans en informer et sans en discuter avec les unions. D'ailleurs,
elles me le diraient très vite et probablement assez durement, et elles
auraient raison.
Enfin, je pense que c'est un sujet d'importance, c'est un sujet sur
lequel il va falloir se pencher maintenant. C'est vrai que les charges des
fonctionnaires municipaux se sont accrues depuis deux ou trois ans, mais au
moins les municipalités sont restées, comme institutions
politiques, dans le paysage du Québec. Je m'en félicite et je
nous en félicite tous.
Tout ceci pour vous dire que nous sommes très heureux d'avoir
votre mémoire, que ce n'est pas parce qu'il y a des modifications qui ne
seraient pas là maintenant qu'elles ne seront pas là
bientôt. Merci.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Je vous remercie de votre mémoire. Je ne sais
pas quel est ce cri du coeur de la part du ministre qui dit: Au moins les
municipalités sont restées. Est-ce qu'il y en a qui avaient
pensé, au Conseil des ministres, à les faire disparaître?
Au moins elles sont restées. Voulez-vous expliciter sur votre cri du
coeur? La loi 125?
M. Léonard: Vous savez, M. le député de
Laval, ce que j'en ai dit à l'Assemblée nationale la semaine
dernière, quand on a fait une réforme des commissions scolaires
il y a quinze ans, comment vous les avez brassées beaucoup et
finalement, sur le plan de la fiscalité, elles se sont fait gruger par
des fonctionnaires que vous avez mis en place vous-mêmes.
M. Lavoie: Je ne sais pas qui les a grugées le plus en
vertu de la loi 57, de toute façon.
M. Léonard: On n'a rien grugé, c'était
déjà grugé.
M. Lavoie: Ecoutez! Je comprends parfaitement que cela peut
être assez délicat de considérer vos amendements
immédiatement. Il s'agit un peu d'une opération de pompiers qu'on
fait actuellement sur une loi qui a été adoptée à
la vapeur l'année passée, la loi no 57, et
nous adoptons encore une loi dans la bousculade de fin de session. Si le
ministre décide, dans le temps qui lui reste, de se pencher encore, sur
cette question...
Une voix: Jusqu'au printemps.
M. Lavoie: ...je peux l'assurer de toute la collaboration de
l'Opposition.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. À mon tour, je
tiens à remercier les représentants de cette Corporation des
secrétaires municipaux du Québec de nous avoir
présenté ce mémoire. Celui qui l'a lu est le
secrétaire de la corporation du comté de Saint-Hyacinthe et il me
fait plaisir de le saluer. Peut-être qu'il reviendra en ces lieux un peu
plus tard. De toute façon, on ne donnera pas les motifs d'un tel
séjour ici, un peu plus tard, à l'Assemblée nationale.
Une voix: M. Bonneau ne vous aimerait pas.
M. Cordeau: De toute façon, je crois que vous avez
apporté quelque chose de nouveau et que votre mémoire est rempli
de bonnes suggestions. Comme le ministre l'a dit tantôt, peut-être
que ce sera à l'occasion de l'étude d'un autre projet de loi
concernant certains amendements à apporter à la loi no 57 ou
à d'autres lois.
Je veux surtout souligner le travail considérable que les
secrétaires municipaux des municipalités ont à faire
actuellement compte tenu du nombre considérable de lois qui ont
été adoptées, car cela retombe sur les épaules des
secrétaires municipaux de faire observer ces lois, la concordance, etc.
Je profite de cette occasion pour rendre témoignage aux
secrétaires municipaux, qui ont beaucoup à faire; lorsqu'un
conseil municipal a un bon secrétaire, cela va bien dans la
municipalité. Merci.
Le Président (M. Laplante): M.
Gaudette, j'espère que ce mémoire ne vous causera pas de
préjudice, parce que vous avez un de vos patrons en face de vous.
M. Gaudette: Bonjour, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): On vous remercie de votre
mémoire.
M. le député de Laval, avant de terminer.
M. Lavoie: Le ministre a pris l'habitude, pour tous les gens qui
ont bien voulu se déplacer pour nous faire des représentations,
de leur offrir chaque fois ses meilleurs voeux de Noël et du Jour de
l'An.
Pour la prochaine année, je voudrais le faire. Je souhaite que la
prochaine fois que vous viendrez nous voir, ce sera en une autre
qualité.
M. Gaudette: Merci, M. le député.
M. Lavoie: Ce monsieur est candidat libéral dans le
comté de Verchères.
M. Léonard: Bien oui, mais nous le savions.
Une voix: On vous l'a dit d'ailleurs qu'on n'était pas
d'accord avec...
M. Cordeau: Je le savais.
Le Président (M. Laplante): Messieurs, sur ce, les travaux
sont suspendus jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 13)
(Reprise de la séance à 20 h 26)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Chacun à son siège. À l'ordre, s'il vous
plaît!
Reprise des travaux de la commission élue permanente des affaires
municipales en vue d'étudier, article par article, le projet de loi no
12.
On avait encore à entendre l'Union des municipalités du
Québec. Avez-vous des mémoires séparés? J'appelle
l'Union des municipalités du Québec. Identifiez votre organisme
et ceux ou celui qui vous accompagnent.
Union des municipalités du
Québec
M. Dufour (Francis): Pour l'Union des municipalités du
Québec, Francis Dufour, vice-président, maire de la ville de
Jonquière, et M. Jean Pelletier, maire de la ville de Québec et
vice-président de l'Union des municipalités du Québec.
Le Président (M. Laplante): Allez-y, monsieur.
M. Dufour: Merci.
Le Président (M. Laplante): Allez-y, M. Dufour.
M. Dufour: Je vous remercie de nous donner la possibilité
de vous présenter notre mémoire et d'avoir modifié l'heure
pour nous rendre service.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Y aurait-il
possibilité que vous synthétisiez
votre mémoire? Je pense que vous en auriez pour une bonne
demi-heure à lire cela, c'est écrit très fin.
M. Léonard: M. le Président, c'est le
mémoire de l'Union des municipalités du Québec, membre du
comité conjoint, c'est un mémoire important et je crois que,
même si ça prend cinq minutes de plus, j'aimerais autant
l'entendre.
Le Président (M. Laplante): C'est la volonté des
membres, allez-y, monsieur.
M. Lavoie: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Laval.
M. Lavoie: Est-ce qu'on pourrait savoir combien il reste
d'organismes en tout?
M. Léonard: L'Union des municipalités du
Québec et la ville de Québec.
M. Lavoie: C'est tout?
M. Léonard: Oui. Les secrétaires municipaux sont
passés avant 18 heures.
M. Lavoie: Je pense bien que, sans en abuser, on peut consacrer
le temps nécessaire à bien vous entendre et surtout que le
ministre puisse bien vous entendre.
M. Dufour: Je vous remercie. La présentation du projet de
loi faisant l'objet de cette commission parlementaire coïncide presque
avec le premier anniversaire de la loi sur la fiscalité municipale. Il
conviendrait donc de reprendre pour mémoire certains des principes qui
ont prévalu à la conception de ces derniers. Avant de ce faire,
il faudrait rappeler au gouvernement qu'en décembre 1979 l'Union des
municipalités du Québec avait souligné que le projet de
loi 57, sa dénomination de l'époque, ne pourrait être
envisagé comme le terme d'un processus, mais comme le premier
résultat concret d'un exercice long et ardu poursuivi depuis plus de
deux ans dans le but d'établir des relations entre le gouvernement et
les municipalités sur des bases plus solides.
La reconvocation du comité conjoint en octobre dernier devait,
dans l'esprit de la réforme, permettre de superviser ses effets, tant
bénéfiques que limites, au niveau des municipalités. Force
est de constater que les rencontres tardivement convoquées du
comité n'ont procuré qu'un suivi restreint des retombées
de la réforme fiscale.
L'UMQ réitère donc la nécessité de suivre
l'évolution de la réforme fiscale municipale à la trace,
et ce pour tout le Québec. L'identification des problèmes
soulevés par la nouveauté du cadre ne constitue que l'un des
objectifs du mandat du comité conjoint, la tarification formant, selon
le deuxième rapport du comité conjoint, le prochain sujet de
réflexion. Il ne faudrait cependant pas considérer la
fiscalité municipale uniquement dans ses effets intramunicipaux. Il
faudra examiner la fiscalité municipale comme l'une des dimensions de
l'économie québécoise, tant indicateur que levier de
commande.
L'UMQ s'est permise, puisque le projet traitait d'autres lois que la
législation fiscale, de suggérer des modifications qui pourraient
améliorer l'administration municipale si tel est le gré du
législateur.
Principes directeurs de la réforme. Je pense que je vais les
rappeler par les titres seulement: les principes qui portent sur l'autonomie
municipale locale, le rendement financier, l'équité et la
neutralité fiscales et la simplicité administrative.
Ces prémisses rappelées, l'UMQ analyse maintenant le
projet de loi no 12 en regard des articles qui préoccupent l'ensemble
des municipalités en matière de fiscalité municipale. Le
gouvernement ayant par contre introduit des modifications en dehors de ce
domaine, l'union entend ausi soumettre des suggestions touchant d'autres
secteurs de l'administration municipale.
Commentaires: Les articles 1 (5d,CM), 3, etc. Les comités de
consultation pour l'implantation des MRC sont aux prises avec un certain nombre
de difficultés. Il s'agit entre autres du contenu de l'article 189 de la
Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, exacerbé par les
problèmes de la représentativité. L'UMQ a fait part au
ministre des Affaires municipales que la rédaction actuelle de cet
article pouvait engendrer, à la limite, la disparition des villes,
puisque par un vote majoritaire, les autres municipalités pouvaient
s'approprier de leurs compétences légitimes pour les exercer par
l'intermédiaire de la MRC. À l'époque des discussions du
comité aménagement, soit jusqu'en août 1979, il ne faisait
pas de doute que les pouvoirs des MRC pouvaient à la rigueur inclure des
compétences conjointes ville-corporation de comté
déjà connues. D'ailleurs l'intention première du
législateur, la raison d'être des MRC, c'était de
procéder à l'aménagement du territoire.
Le législateur paraît avoir compris le message puisqu'il
reprend le libellé de l'article 189 en retournant à l'esprit des
discussions du printemps 1979. Toutefois, il introduit un alinéa
nouveau, le deuxième, qui innove en la matière. Les
municipalités ont laissé clairement entendre au
législateur jadis qu'il n'y aurait pas de décentralisation sans
qu'on procède à la récupération totale des
compétences municipales, de même qu'à l'évaluation
de leur rôle social et de leur fardeau fiscal et qu'on procède au
bilan simulé des compétences à décentraliser.
Rien dans la législation présente ne
laisse penser que les pouvoirs en matière de canalisation et de
traitement d'eau sont des compétences conjointes ville-comté.
Justement, en matière d'assainissement des eaux, l'UMQ, dans sa
réflexion sur ce projet québécois d'envergure, se
demandait si les plans gouvernementaux incluaient ou non une dimension
régionale. À prime abord, les documents officiels de
l'environnement ne le laissent pas paraître, mais le paragraphe 2 de
l'article 189 dit le contraire. Il faudrait alors mettre cartes sur table.
L'UMQ s'oppose donc à la présence de ce paragraphe, tant
et aussi longtemps que l'exercice à plusieurs de l'aménagement
n'aura pas été rodé. De plus, il faudrait aussi, quant aux
autres paragraphes, que les villes faisant partie des MRC soient totalement
d'accord avec cette récupération de leurs pouvoirs par la
MRC.
Ceci amène à discuter de l'article 1 (5d,CM) et de la
succession juridique des MRC. En vertu des articles 170, 173 et 174, les MRC,
suite à l'entrée en vigueur des lettres patentes, endossent
l'actif et le passif des comtés. Ce qui est moins évident
toutefois, c'est la manière dont le partage successoral
s'opérera. Il a toujours été clair pour l'UMQ que la Loi
sur l'aménagement et l'urbanisme ne devait pas constituer un
prétexte à la décentralisation. Les présentes
modifications à l'article 189 de cette loi ont tendance à lui
donner raison. Mais la main droite gouvernementale ignore ce que sa gauche
fait; l'article 5d vient, de façon occulte, donner de nouvelles
responsabilités, quoique déconcentrées, à la
corporation de comté qui, ajoutées à ses activités
quotidiennes et à celles qu'elle se propose pour le court et moyen
terme, contribuent à grever la succession des MRC.
Le parallélisme entre la Loi sur les cités et villes et le
Code municipal quant à l'introduction de dispositions similaires est
peut-être heureux, mais dans le contexte plus global de la
décentralisation il s'avère dangereux, à moins, si le
législateur a l'intention d'apporter un correctif spécifique
à une situation particulière, de dire clairement de quoi il
s'agit.
Article 2. Les discussions au niveau du comité conjoint avaient
laissé entendre que la taxation des terrains vagues desservis et non
desservis constituait un instrument utile non seulement pour corriger des
problèmes de transfert fiscal, mais pour aménager le territoire.
Quoique les villes de la CUM aient été celles dont la
difficulté était la plus aiguë et la mieux documentée
et qui servait à faire adéquatement la démonstration de
l'interdépendance des variables du marché et de l'administration
municipale, il n'en reste pas moins que l'UMQ a demandé que ce correctif
à double effet soit mis à la disposition de toutes les
municipalités, dans l'attente qu'elles en usent à bon escient
à l'heure propice.
De plus, on avait souligné qu'il serait utile que cette taxe
puisse s'appliquer différemment selon la zone ou le secteur de zone, de
façon à pouvoir moduler la densification du territoire. Comme le
"monitoring" de la réforme n'a pas été conduit pour toutes
les municipalités du Québec, cet outil fiscal et urbanistique
devrait être disponible pour toutes les municipalités du
Québec. Si on s'inquiète d'abus possibles, il ne faudrait pas
oublier la responsabilité politique des élus locaux.
Article 8. Y aurait-il lieu de croire que le gouvernement instituerait
deux barèmes d'honoraires pour les élus municipaux ruraux, l'un
pour les activités communes du conseil de la MRC, l'autre pour celles
relevant de la juridiction de la corporation de comté? L'intention du
législateur ne serait-elle pas plutôt de distinguer les
activités qui émanent de l'exercice de l'article 188,
deuxième alinéa, et qui s'ajoutent en supplément aux
devoirs généraux de l'article 188?
Afin de faciliter l'inscription au rôle des renseignements
nécessaires aux fins de cotisations scolaires, il y aurait lieu que la
dénomination religieuse fasse l'objet d'une déclaration inscrite
au titre d'acquisition. Il pourrait être rajouté à
l'article 59 les mots suivants: "et, entre autres, la dénomination
religieuse de l'acheteur doit être indiquée dans l'acte translatif
de propriété."
Article 12. Le législateur ne parle pas pour ne rien dire. La
présence de l'article 69 impliquait que son contenu différait de
celui de l'article 66: ou bien il s'assimilait au premier paragraphe - "ne sont
pas portées au rôle" - à cause du mot "exclusivement", ou
bien il s'assimilait au deuxième paragraphe -"est toutefois
portée au rôle" - à cause du mot "abriter". Or, le
législateur a interprété sa disposition faisant en sorte
que ces immeubles étaient portés au rôle par l'effet du
deuxième paragraphe.
Les municipalités qui n'ont pas interprété cet
alinéa dans le même sens que le législateur devraient
pouvoir récupérer les revenus manquants puisque, de toute
évidence, c'était là l'intention du législateur et
à cause du fait que les réseaux de gaz, de
télécommunication et d'électricité font l'objet
d'un régime d'exception dont il faut réduire les effets.
L'article 12, de concert avec les autres mentionnés à l'article
56, devrait être rétroactif au 21 décembre 1979.
Je vais passer la modification supplémentaire à l'article
70 et à l'article 76 et je vais aller au bas de la page 8 pour les
modifications supplémentaires à l'article 157 de la loi sur la
fiscalité municipale.
Actuellement, en vertu de l'article 157 de la loi sur la
fiscalité municipale, l'estimateur ne peut pas faire de correction
d'office, si l'inscription au rôle fait l'objet d'une plainte devant le
bureau de révision de
l'évaluation. D'accord, en principe, avec cet
énoncé puisqu'il vise à séparer le politique ou
l'administratif du judiciaire dès qu'il y a litige, force est de
constater que l'effet bénéfique recherché n'est aucunement
atteint. Si un contribuable averti constate qu'à la suite d'une erreur
du service d'évaluation une propriété est
grossièrement sous-évaluée, il n'a qu'à porter
plainte, ce qui a pour effet d'exclure toute correction d'office. Les
corrections d'office ne pouvant se faire au-delà du 1er mai suivant la
date du dépôt du rôle en vertu de l'article 151 de la loi
sur la fiscalité municipale, le même contribuable retire sa
plainte en tout temps après le 1er mai, bénéficiant de ce
fait d'une évaluation incorrecte et pécuniairement avantageuse
pour lui. Or, il arrive fréquemment que ce soit à l'occasion
d'une plainte d'un contribuable que l'estimateur constate qu'il a mal
évalué la propriété, donnant ainsi raison au
contribuable plaignant. Les corrections d'office, même après le
dépôt d'une plainte, tout en permettant d'éviter les
situations précédemment mentionnées, favoriseraient une
simplification et une accélération des processus de
règlement hors cour dans bien des cas.
Si le législateur n'accepte pas l'abrogation pure et simple de
l'article 157, il y aurait cependant lieu de prévoir qu'une correction
d'office pourrait être faite à la demande de l'estimateur et du
consentement de la ou des parties concernées. Ainsi, l'estimateur ne
déciderait pas lui-même d'une correction et aurait besoin du
consentement des parties.
On pourrait ainsi rajouter à l'article 157 l'alinéa
suivant: "Cependant, le bureau peut adjuger sommairement au plaignant les
conclusions de sa plainte et donner avis de telle décision aux parties
et à l'évaluateur de la ville chaque fois que l'évaluateur
en fait la recommandation avec le consentement des parties
intimées."
On va à la page 10 et on recommence avec M. Jean Pelletier,
à l'article 19.
M. Pelletier (Jean): À la page 11, l'article 19, d'abord
les principes. Relativement aux principes rappelés en début de
notre présentation, le contenu de l'article 204 traite de
l'intégrité de l'assiette fiscale et de son corollaire,
l'équité. Autrement dit, tout citoyen doit contribuer pour les
bénéfices que la corporation lui fournit. Par ailleurs, tout
contribuable doit fournir une même cotisation, toutes choses
égales. Pour des raisons que l'UMQ n'a plus à rappeler ici, ce
principe souffre quelques exceptions: les gouvernements, les organismes
à but essentiellement religieux, charitable et social. Ceci posé,
il faut toujours avoir à la pensée que toute exemption à
l'avantage de qui que ce soit ne fait qu'alourdir le fardeau fiscal de chaque
contribuable. C'est ainsi que l'élargissement d'une exemption fiscale
totale ou partielle, qui n'est compensée d'aucune manière, que ce
soit pour des motifs politiques ou des raisons techniques, n'est acceptable
pour personne. L'UMQ comprend cependant que de l'entraide sociale à des
groupes démunis, sans idée de lucre, constitue une juste
compensation à l'intérieur d'une collectivité locale.
Par ailleurs, le gouvernement n'est pas sans savoir que
l'équité entre les contribuables est compromise lorsque, si une
taxe foncière est payée, elle ne l'est pas entièrement.
Lors de la présentation de son mémoire, en décembre
l'année dernière, l'union avait relevé l'intention du
gouvernement de devenir le plus tôt possible un citoyen à part
entière et elle s'en était déclarée fort aise. Pour
ce faire, le gouvernement avait déclaré qu'il se lierait par la
loi, comme "payeur de taxes", et que, de 1980 à 1985, il augmenterait le
taux des "en-lieu" payés pour les immeubles des réseaux pour
qu'ils atteignent 100% de leur valeur.
Les élus avaient donc suggéré bien humblement au
législateur un échéancier de ces contributions et lui
recommandaient de l'intégrer de façon statutaire pour ne pas
avoir à reprendre sa législation périodiquement.
L'UMQ reproduit cet échéancier en remarquant que le
législateur, dans le projet de loi 12 de 1980, n'a pas augmenté
son taux de participation tel que promis - voir l'article 34 - et tel que le
laissait entendre le deuxième alinéa de l'article 256 de la loi
de la fiscalité municipale. Il y a deux tableaux qui sont très
indicatifs de ce à quoi j'ai référé.
Deuxièmement, les règles du jeu. Une autre façon de
devenir un contribuable à part entière, c'est de se soumettre aux
règles du jeu qui mènent les autres contribuables. Il s'agit ici
de délais de paiement et du paiement d'intérêts en cas de
délinquance, dont la contrepartie, en termes de règles de jeu,
c'est le droit de plainte que le ministre possède, sans l'ombre d'un
doute.
Lors de la parution des règlements gouvernementaux sur le
paiement des taxes municipales, l'UMQ, ne partageant pas les vues du
législateur, a décidé de faire parvenir à ses
membres un questionnaire sur différents aspects de cette situation afin
d'étayer sa position. Elle a joint aux interrogations d'usage certaines
questions sur le paiement des "en-lieu" de taxes par les gouvernements
supérieurs. L'union n'a pas l'intention d'allonger le temps que lui
accorde cette auguste commission, mais elle désire lui faire part des
résultats obtenus, 126 de ses membres sur 250 ayant transmis leur
réponse. Le rapport entier est contenu
en annexe. Nous déposerons l'annexe. 2. Quelques citations. La
pratique des municipalités et le comportement des gouvernements. Le
questionnaire demandait aux municipalités d'indiquer la date de l'envoi
par la municipalité des comptes de taxes municipales en 1980. Les
renseignements obtenus à cet égard sont
révélateurs. Ils sont illustrés au tableau 2.
Notre questionnaire demandait aux municipalités d'indiquer la
date du paiement ou des versements des "en-lieu" par les gouvernements
supérieurs, en 1980. Lorsque le versement du gouvernement n'était
pas complet, nous demandions également d'indiquer le pourcentage du
compte total couvert par le paiement. Les résultats sont donnés
aux tableaux 3, 4 et 5.
Il est évident, à l'observation des tableaux
précédents, qu'il existe un grand décalage entre la date
de l'exigibilité des paiements des taxes municipales et le moment
où les gouvernements versent les "en-lieu". D'ailleurs, à la fin
de novembre 1980, un nombre important de municipalités n'avaient pas
encore reçu un premier versement "d'en-lieu". En fait, la moitié
des municipalités qui sont en droit de recevoir le paiement "d'en-lieu"
par le gouvernement fédéral, 30% de celles qui sont en droit de
recevoir des "en-lieu" sur les immeubles du Québec et 14% de celles qui
doivent recevoir le paiement "d'en-lieu" sur les immeubles des réseaux
de l'éducation et des affaires sociales, n'avaient encore reçu
aucun paiement à la fin de novembre.
Il convient également de souligner que les tableaux 3, 4 et 5
n'indiquent que la date du premier versement des "en-lieu". Dans la très
grande majorité des cas, il reste encore un solde important à
payer. En fait, sur l'ensemble des municipalités où au moins un
versement a été effectué, le montant des versements
effectués par le gouvernement du Québec pour les "en-lieu" sur
ses immeubles ne représente que 49,6% du montant à payer et, pour
les immeubles des réseaux de l'éducation et des affaires
sociales, 74,4%. Quant aux versements du gouvernement fédéral, le
solde représente 11,2% du total des "en-lieu" qu'il doit payer à
ces municipalités. Le tableau 6 illustre la situation par
catégorie de municipalités. (20 h 45)
Les coûts des retards gouvernementaux. Il est certain que
plusieurs contribuables n'acquittent pas leur compte de taxe dans les
délais fixés. Cependant, dans ces cas, la municipalité
peut imposer une charge d'intérêt sur les comptes en souffrance.
Du point de vue des municipalités et des autres contribuables, les
délais de paiement des gouvernements seraient plus acceptables si
ceux-ci acceptaient de payer une charge d'intérêt lorsqu'ils sont
en retard dans les paiements. Mais tel n'est pas le cas.
Afin d'évaluer la perte de revenus que doivent subir les
municipalités à cause des délais gouvernementaux, nous
avons calculé la perte d'intérêt subie par chacune des
municipalités pour chaque source "d'en-lieu". Ces résultats ont
été obtenus en effectuant les démarches suivantes:
D'abord, les délais entre la date d'exigibilité des versements de
taxe et les paiements "d'en-lieu" ont été
déterminés. Ensuite, nous avons fait l'hypothèse que le
solde impayé sur les "en-lieu" serait payé le 31 décembre
1980. Enfin, le taux d'intérêt utilisé était celui
qu'exige la municipalité de ses autres contribuables, lorsque le
paiement de taxe est échu.
Les résultats de ces calculs sont présentés au
tableau 7. La conclusion est évidente. Pour les municipalités,
les retards dans le paiement des "en-lieu" signifient une perte de revenus
égale à 2,6% du total de ces "en-lieu". On doit
immédiatement souligner que, même si ces coûts sont
importants, ils sont sous-estimés car nous avons postulé que la
totalité des "en-lieu" serait payée avant le 31 décembre
1980 alors qu'en ce qui concerne le gouvernement du Québec, par exemple,
il semble que ce ne sera pas le cas avant mars 1981.
L'UMQ, sur la foi de ces résultats, ne peut faire autrement que
de réclamer des frais d'intérêts sur les retards de
paiement d'"en-lieu".
Les exemptions. Pour terminer sur ce point, et plus
particulièrement sur les modifications proposées par le
législateur aux articles 204 et 255, l'UMQ voudrait bien s'assurer que
les bénéficiaires des exemptions se trouvent à les
compenser, soit par une compensation en vertu des articles 205 et 206 de la loi
sur la fiscalité municipale, soit par un "en-lieu" selon l'article 207.
À cause de leurs structures incorporatives, certains immeubles, qui, en
réalité, font partie du réseau des établissements
de santé et de services sociaux, ne sont pas l'objet d'"en-lieu" de la
part du gouvernement parce qu'exemptés en vertu d'autres paragraphes. La
Communauté urbaine de Montréal a dénombré pour
environ $50,000,000 de cas semblables sur son territoire. L'UMQ appuie donc sa
requête pour modifier l'article 204, cet amendement pouvant servir toutes
les municipalités du Québec, tout particulièrement depuis
que le législateur a introduit, par le projet de loi no 12, l'article
204.1 au sujet duquel quelques commentaires seront faits plus loin. a) ajouter
à la fin de l'article 204 de la loi sur la fiscalité municipale
l'alinéa suivant: "Les exemptions du présent article, à
l'exception de celles prévues aux paragraphes 1o, 2o, 3o, 4o, 5o, 6o et
7o, ne s'appliquent qu'aux immeubles détenus ou qui appartiennent
à des institutions ou à des organismes incorporés en vertu
de la partie III de la Loi sur les compagnies".
b) remplacer les 2e, 3e et 4e alinéas de l'article 255 de la loi
sur la fiscalité municipale par les suivants: "Sous réserve du
quatrième alinéa, à l'égard d'un immeuble
visé aux paragraphes 14o et 15o de l'article 204, et à
l'égard d'un immeuble visé à un des autres paragraphes de
l'article 204 et utilisé à des fins analogues à celles
décrites aux paragraphes 14o et 15o, le montant est égal au
produit obtenu par la multiplication de la valeur inscrite au rôle de cet
immeuble, par un taux égal à 80% du taux global de taxation de la
corporation municipale. "À l'égard d'un immeuble, d'un
établissement universitaire visé au paragraphe 13o de l'article
204, d'un collège d'enseignement général et professionnel
public ou d'un collège d'enseignement général et
professionnel privé reconnu d'intérêt public ou reconnu
pour fins de subventions en vertu de la Loi sur l'enseignement privé, et
à l'égard d'un immeuble visé à un des autres
paragraphes de l'article 204 et utilisé à des fins analogues
à celles décrites au paragraphe 13o, le montant est égal
au produit obtenu par la multiplication de la valeur inscrite au rôle de
cet immeuble par un taux égal à 80% du taux global de taxation de
la corporation municipale. "À l'égard d'un immeuble visé
au paragraphe 15o de l'article 204 et de celui d'une commission scolaire ou
d'une institution d'enseignement privé reconnue d'intérêt
public ou reconnue pour fins de subventions en vertu de la Loi sur
l'enseignement privé, utilisés aux fins d'enseignement
élémentaire ou secondaire, et à l'égard d'un
immeuble visé à un des autres paragraphes de l'article 204 et
utilisé à des fins analogues à celles décrites au
paragraphe 15o, le montant est égal au produit obtenu par la
multiplication de la valeur inscrite au rôle de cet immeuble par un taux
égal à 40% du taux global de taxation de la corporation
municipale".
Le législateur propose une nouvelle rédaction au
paragraphe 12o de l'article 104. L'UMQ croyait que la réforme de la
fiscalité municipale avait fermé la porte, le 21 décembre
1979 à des exemptions injustifiées de taxes municipales par la
présence du mot "charitable" qui prolongeait les fins de l'organisme en
question. La réforme de 1979 avait soumis les immeubles utilisés
à des fins charitables au contrôle de la Commission municipale,
à la suite de l'opinion de la corporation locale. L'UMQ croit que cette
situation ne devrait pas changer, spécialement vu l'introduction de
l'article 204.1 qui fait maintenant jouer les exemptions en fonction de deux
curseurs, la personne et les fins, à l'intérieur de l'article
204.
Le paragraphe 12 devrait se lire ainsi: "Un immeuble appartenant
à une institution religieuse ou à une fabrique, utilisé
par elle ou gratuitement par une autre institution religieuse ou une autre
fabrique, non en vue d'un revenu mais dans la poursuite immédiate de ses
objets constitutifs de nature religieuse". Plutôt que de faire marche
arrière, pourquoi ne pas faire un pas en avant? À cet effet,
l'union rappelle au gouvernement qu'il est temps de mettre un terme à
des exemptions de taxes foncières ou d'affaire, à des organismes
qui s'inscrivent dans une économie de marché, mais dans des
formes moins traditionnelles. Il s'agit des exemptions prévues par la
Loi sur les associations coopératives, la Loi sur les caisses
d'épargne et de crédit, la Loi sur les sociétés
coopératives agricoles et la Loi sur les syndicats
coopératifs.
Article 20. À la suite des commentaires
précédemment faits, l'UMQ préférerait voir cet
article réécrit de sorte que clairement les
bénéfices accordés par les exemptions n'aient d'effet
qu'à l'égard "d'une autre personne mentionnée à
l'article 204 ou à une autre fin que celle prévue par ce
paragraphe, mais prévue également à cet article".
Article 32. Il va sans dire que cet article constitue entre le milieu
municipal et le gouvernement un brandon de discorde. L'Union des
municipalités du Québec sait gré au gouvernement d'avoir
réécrit son projet réglementaire, de même que les
pouvoirs législatifs habilitants. Toutefois, la deuxième version
du texte déçoit quelque peu, l'UMQ ayant appuyé la
proposition du comité conjoint de reconduire la situation de 1980 pour
1981, soit le paiement des taxes foncières municipales en deux
versements, dont les deux tiers étaient réglés à la
suite de l'envoi du compte, le dernier tiers en juillet.
Pour le gouvernement comme pour le monde municipal, l'étalement
des taxes municipales tient d'une réflexion de type social. Il se double
cependant pour la municipalité de difficultés de nature
technique. À noter toutefois que cette médiation n'ayant fait
l'objet d'aucun exercice commun, ni en 1979 ni en 1980, l'union, à la
suite de la parution des projets réglementaires du mois d'octobre
dernier, a fait parvenir à ses membres un questionnaire pour pallier
à cette lacune et vérifier de façon objective les effets
de ces obligations législatives.
Abstraction faite des difficultés administratives, il peut
paraître avantageux pour le citoyen de payer ses taxes municipales en
plusieurs versements, mais ceci a pour effet de priver la municipalité,
sinon de revenus d'intérêt, du moins de lui éviter
d'emprunter à court terme. Ainsi, les contribuables n'y gagnent rien car
cette diminution de revenu doit être compensée par une
augmentation correspondante du niveau des taxes.
On peut arguer par ailleur, que l'étalement est justifié
par le fait que la municipalité ne peut recevoir paiement pour des
services non encore rendus. C'est un argument fallacieux: les taxes
foncières financent en majeure partie des infrastructures
déjà en place. Avant de continuer plus avant dans la discussion,
voici les résultats de l'enquête menée par l'union. Les
données complètes figurent en annexe, annexe B que nous allons
déposer.
L'effet de l'exigence de permettre plusieurs versements sur les finances
municipales. D'abord, les effets sur les coûts administratifs: Les
informations recueillies dans l'enquête nous permettaient
d'établir le coût d'administration moyen par compte de taxes et le
nombre total de comptes de taxes qu'il faudrait administrer en fonction du
nombre de versements. Dans cette simulation, nous avons tenu compte de la
disposition du règlement qui prévoit un seul versement lorsque le
montant du compte est inférieur à $200. L'évolution des
coûts d'administration, par contre, est fonction du nombre total de
comptes. Ces coûts suivent une courbe qui varie de $4.11 lorsque le
nombre de comptes est d'environ 2000, augmentant jusqu'à $7 par compte
lorsque le volume de comptes est approximativement de 10,000 pour ensuite
diminuer à environ $5 pour les volumes supérieurs à 20,000
comptes. Il ne semble pas y avoir d'économie d'échelle
passé ce volume. Il faut souligner que les coûts d'administration
utilisés n'incluent pas les pertes pour non-paiement des taxes.
Les résultats de cette simulation sont présentés au
tableau 8; ils sont assez dramatiques. Les coûts, par
municipalité, augmentent de façon directement proportionnelle au
nombre de versements exigés. En d'autres termes, dans une
municipalité donnée, les coûts d'administration de trois
versements sont approximativement trois fois plus élevés que les
coûts d'administration d'un seul compte de taxes.
L'effet sur les revenus d'intérêt. L'effet sur les revenus
d'intérêt est assez difficile à évaluer. Il est
certain que les revenus de placement diminuent avec l'accroisseent du nombre de
versements. Par ailleurs, les revenus d'intérêt sur
arrérages semblent indépendants du nombre de versements. Sur la
base des données comparatives, de 1979 et de 1980, on constate une
légère augmentation des revenus d'intérêt
égale à 3,2% des revenus réalisés en 1979. Ce
résultat est fort significatif si on considère que les taux
d'intérêt à court terme, durant le premier trimestre de
1979, étaient d'environ 10,8%, comparés à 14% au cours du
premier trimestre de 1980, une augmentation de 20,6%. Cela implique que le fait
d'avoir imposé aux municipalités l'obligation de permettre le
paiement des taxes en deux versements a réduit le revenu
d'intérêt d'approximativement 25% par rapport à ce qu'il en
eut été en l'absence de cette contrainte additionnelle dans la
gestion municipale.
Nous aimerions également souligner que plusieurs
municipalités nous ont indiqué que non seulement leurs revenus
d'intérêt avaient diminué, mais qu'elles avaient
été obligé d'emprunter à court terme pour combler
leurs besoins de trésorerie. Dans certains cas, nous avons
constaté que certaines municipalités qui avaient fait cette
mention avaient également expédié leur compte de taxes
à une date plus tardive en 1980. Par contre, pour certaines autres
municipalités, tel n'était pas le cas. Même si nous ne
sommes pas en mesure de quantifier précisément l'importance de ce
facteur, il appert qu'une augmentation du nombre de versements a effectivement
pour effet de forcer certaines municipalités à emprunter pour
combler leurs besoins de trésorerie. Les coûts de ces emprunts
doivent être additionnés aux pertes de revenus
d'intérêt.
Conclusion. Les données de l'enquête montrent, sans l'ombre
d'un doute, que les finances des municipalités sont affectées
à la baisse par une augmentation du nombre de versements dans le
paiement des comptes de taxes. Par exemple, en moyenne, pour une
municipalité dont la population est entre 5000 et 10,000 individus, il
lui en aurait coûté, en 1980, environ $80,000 de plus pour la
perception des comptes en quatre versements, comparé à un seul
versement. Lorsqu'on réalise qu'un tel coût représente a
peu près 2,5% des dépenses totales d'une municipalité de
cette catégorie, ou 4,1% des impôts fonciers levés par une
telle muncipalité, on saisit mieux le pourquoi de la réaction
très négative des municipalités à l'égard du
projet de règlement.
Epilogue. Les résultats des simulations présentés
ci-dessus ont été effectués avec des données
réelles de 1979 et de 1980. Ces résultats montrent que l'effet
d'une telle mesure sur les finances municipales est assez onéreux.
Cependant, si on projette dans l'avenir, force est de constater que ces
résultats minimisent singulièrement l'impact qu'aura ce projet de
règlement gouvernemental s'il devait être adopté.
En effet, en 1979 et en 1980, les impôts fonciers occupaient une
part relativement faible du financement des dépenses municipales
comparé à la situation qui prévaudra dans l'avenir (voir
le tableau 9). L'objet de la réforme fiscale n'est-il pas de remplacer
certaines sources importantes de revenus pour les municipalités par les
impôts fonciers? Par conséquent, plus la proportion des
dépenses municipales financées par les impôts fonciers sera
grande, plus sera importante la perte de revenus d'intérêt
associée à une augmentation du nombre de versements. C'est
effectivement la tendance dans le financement des municipalités, je n'ai
pas besoin de le rappeler.
Les résultats de l'enquête, M. le Président, sont
suffisamment probants. L'UMQ n'entend pas pousser plus loin la discussion de
fond. Elle préfère aller au plus urqent et commenter le contenu
des articles 252 et 263 de la loi sur la fiscalité municipale, tels que
modifiés par les articles 32 et 39 du projet de loi 12. a) la taxe
d'affaires ne devrait pas faire l'objet de l'étalement;
équivalant à un permis, son défaut de paiement pourrait
suspendre le droit d'activité;
(21 heures) b) les remboursements par la municipalité ne
devraient pas faire l'objet d'un étalement; la municipalité se
veut grand prince; quant aux demandes de supplément de taxes, la plupart
du temps, elles réfèrent à des ajustements qui constituent
des portions de taxes; de plus, le régime de l'étalement
étant instauré, l'étalement sur une année courante
ne fera que multiplier l'étalement de l'année antérieure;
c) le comité conjoint s'était interrogé sur
l'opportunité de faire bénéficier de l'étalement
tous les contribuables; tel que rédigé, le texte
réglementaire accorde au gouvernement des modalités avantageuses
de paiement, alors que le mémoire de l'UMQ laisse voir que le
gouvernement est déjà privilégié; cet avantage ne
devrait, à la volonté de la municipalité, qu'être
réservé au paiement par le propriétaire lui-même et
uniquement pour le foncier; d) la modification à l'article 32 du projet
de loi 12 a éliminé la possibilité pour la corporation
municipale de lever des frais administratifs; e) la vraie autonomie serait de
laisser la municipalité décider quelles taxes, compensations ou
autres pourraient faire l'objet d'un étalement en sus du foncier; f) le
pouvoir habilitant en matière réglementaire, article 263.4, ne
tient pas en haute estime la compétence administrative municipale,
puisqu'il prétend fixer le nombre maximal de versements exigibles par
une corporation locale; l'opinion municipale semblait déjà assez
claire sur le nombre minimal, a fortiori le maximum; g) l'UMQ aimerait voir
préciser les "autres modalités relatives au paiement en plusieurs
versements"; considérant que ce type de règlement constitue de
l'ingérence abusive en matière d'administration locale, les
municipalités apprécieraient connaître à l'avance la
rigueur de leur encadrement; h) les versements sont maintenant égaux
entre eux; on peut alors postuler que le fait de ne percevoir en un premier
temps que 50% du total exigible, au lieu de 66 2/3%, diminue la
liquidité des municipalités pour les six premiers mois de
l'année et, si elles sont forcées d'emprunter, la
différence de 16 2/3%, compte tenu des taux d'intérêt
inflationnaires, leur fera des pertes supplémentaires; i) c'est
plutôt le terme "valeur" qui devrait être employé dans le
quatrième paragraphe de l'article 263, de même que dans le
règlement d'application, puisqu'il s'agit d'un choix entre une valeur
absolue et une proportion.
M. Dufour: Je continuerai un peu le mémoire qui n'est pas
ici mais qui est écrit et qu'on ne pourra pas vous donner dans
l'immédiat. On s'engage, d'ici à demain, à vous le faire
parvenir. Il y a aurait un certain nombre de commentaires qu'on pourrait faire
verbalement sur les articles 43, 44, 45, 46 et, en même temps, il y a des
modifications supplémentaires qu'on pourrait vous suggérer,
puisque c'est sur la Loi sur les cités et villes, aux articles 148.1,
148.3, 474.1 et 474.4. Les tableaux vous seront donnés demain matin
aussi dans les premières heures, les annexes A et B, auquelles on a fait
allusion dans le mémoire.
Bien sûr, cette demande est faite dans le but d'éclaircir
un peu les positions de l'Union des municipalités. On peut vous les
résumer d'une façon verbale. Me Lafond pourrait vous les
résumer d'une façon verbale, puisqu'elle est venue en catastrophe
de Montréal à Québec. On croyait que cela pourrait
être remis à demain soir. En tout cas, il y a eu un imbroglio qui
a été causé toute la journée et cela ne nous a pas
permis de ramasser tout ce qui aurait pu être amené en avion.
C'est un peu le sens de la demande. Me Lafond pourrait donner des explications
à un certain nombre d'articles sur lesquels on a des commentaires
écrits, mais qu'on n'a pas en main.
Il y a des modifications supplémentaires qui pourraient
être apportées à la Loi sur les cités et villes, qui
pourraient aussi être résumées verbalement.
Les deux tableaux en annexe, les annexes A et B, malheureusement, on a
seulement des originaux, mais qui ne sont pas en groupe.
M. Pelletier: C'est sur la machine. C'est sur les listes de paie
du gouvernement. Cela se règle.
M. Dufour: Ce me permettrait peut-être de lire la
conclusion que vous avez en main. L'Union des municipalités du
Québec rappelle au gouvernement que, grâce aux conclusions de la
conférence Québec-municipalités, les élus
municipaux avaient établi des lignes de communication afin de pouvoir
prendre connaissance des grandes politiques les affectant et de discuter de
leurs orientations possibles. Les comités
conjoints fiscalité et aménagement de 1979 ont
constitué un bel effort en ce sens. Il semble toutefois que 1980 marque
un certain recul sur l'ouverture et la bonne volonté de l'année
précédente. Les municipalités se voient en fin de session
faire les frais d'un engorgement pénible du processus législatif,
le domaine fiscal n'étant que l'un des sujets traités. Toutefois,
l'UMQ espère que les années prochaines lui donneront encore la
possibilité de discuter aussi ouvertement que maintenant des intentions
législatives de son gouvernement.
Quant à la situation actuelle à la demande que j'ai
exprimée verbalement, Me Lafond pourrait vous donner certaines
explications très succinctement.
Le Président (M. Laplante): D'accord.
Mme Lafond: À l'article 43, ceci se réfère
à l'article 573 de la loi sur la fiscalité municipale, au dernier
paragraphe, où c'est écrit: "Une corporation municipale doit
fournir sans frais...". Or, il existe un tarif qui a été
publié par le gouvernement. Alors, la municipalité pourrait avoir
la possibilité d'exiger les frais du tarif des gens qui viendront
demander des exemplaires de leur compte de taxes ou de leur rôle
d'évaluation. Il en est de même... L'article réserve cette
possibilité uniquement au locataire, et le locateur est automatiquement
exclu par la rédaction de la loi.
Quant à l'article 45, qui se réfère à
l'article 579 de la loi sur la fiscalité municipale, l'Union des
municipalités aimerait savoir pourquoi, en vertu de la loi sur la
fiscalité municipale, on change la base de calcul en se
référant au recensement fédéral et qu'en vertu de
la loi no 105 sur la démocratie municipale, qu'on a adoptée le 18
juin de cet été, on se réfère aux valeurs qui sont
publiées dans la Gazette officielle et dont la dernière
publication remonte à juin 1980.
Concernant la demande de modifications supplémentaires, de
l'article 148.1 à l'article 148.3 de la Loi sur les cités et
villes, comme vous savez, la loi sur la démocratie municipale a
demandé aux municipalités de dresser une annexe à la liste
électorale qui donne le nom des locataires. Cette liste
électorale doit être dressée par le greffier entre le 15
juillet et le 15 septembre. Or, deux semaines après, dans la même
municipalité, les recenseurs provinciaux passent de porte en porte pour
remplir la même tâche, sauf qu'ils ne posent pas les mêmes
questions. L'Union des municipalités, ayant reçu au-delà
de 100 résolutions de ses membres, aimerait qu'on puisse coordonner ces
deux dimensions puisque, de toute façon, il existe pratiquement une
similitude entre la carte électorale provinciale et la carte municipale.
Je n'ai qu'à me référer aux districts, à la base
électorale qui est fondée sur les électeurs, de même
qu'au rôle du directeur général à la
représentation. Il s'agirait donc de faire en sorte que le délai
des municipalités soit décalé dans le temps et qu'elles
puissent utiliser les listes préliminaires du directeur
général.
C'est tout. Ce sont les modifications les plus importantes. Le reste,
vous l'aurez par écrit demain, de façon succincte.
Le Président (M. Laplante): Merci, madame.
M. le ministre.
M. Léonard: Je souhaite la bienvenue aux
représentants de l'UMQ, l'Union des municipalités du
Québec. Je voudrais commenter très brièvement un certain
nombre de points. À la page 3, notamment sur l'article 2, au
deuxième paragraphe des modifications à l'article 189, ceci sera
modifié très profondément. Il n'y a aucun problème
là-dessus.
À l'article 2, je vois qu'en ce qui concerne la taxation des
terrains vagues desservis et non desservis, vous auriez souhaité que
cela s'applique à l'ensemble du Québec. Pour l'instant, la loi le
restreint au territoire de la CUM seulement. Une des raisons qui nous en a fait
restreindre l'application, c'est qu'on voulait vraiment juger de l'impact d'une
telle mesure sur l'ensemble du territoire du Québec parce que la notion
de terrain vague non desservi appliquée à l'ensemble du
territoire du Québec était pas mal plus considérable que
sur l'ensemble du territoire de la CUM.
Le Président (M. Laplante): ... vous avez dit les
raisons.
M. Léonard: Une des raisons, c'est que l'impact de la
taxation sur l'ensemble des terrains vagues non desservis dans l'ensemble du
Québec est beaucoup plus large que sur le territoire de la CUM
seulement.
Il y a un certain nombre d'autres articles. Je ne sais pas si on est
prêt à faire des commentaires là-dessus. Je sais qu'on en a
sauté en cours de route.
Sur l'article 12 que vous avez mentionné, à la page 6,
cela va être clarifié par des papillons très bientôt.
Est-ce qu'ils ont déjà été déposés?
Un instant, s'il vous plaît. Ils vont être déposés
pour clarifier la portée de l'article.
Dans le cas de la modification supplémentaire, au bas de la page
8, que vous aviez mentionnée, dans votre paragraphe du haut de la page
9, il y a un papillon qui a été déposé et c'est
déjà corrigé. L'anomalie ou la possibilité qu'il y
avait d'échapper à la comparution, au résultat de
la plainte qui était déposée, c'est
déjà corrigé par un papillon. En fait, on pouvait tenter
d'échapper à la correction d'office, mais, dans un autre
amendement que nous avons déposé, l'estimateur pourra
procéder à une correction d'office 60 jours après que la
plainte aura été retirée, si le contribuable retire sa
plainte après le 1er mai. D'accord?
M. Pelletier: M. le Président, nous n'avons pas le jeu
complet des papillons qui ont été déposés.
Évidemment, vous nous demandez de réagir rapidement, sans avoir
lu le texte mot à mot. C'est peut-être un peu difficile. Mais je
pense bien que, si on avait un jeu de papillons complet ce soir, d'ici demain
matin, on aurait le temps de les lire.
M. Léonard: Nous sommes obligés de réagir au
dépôt de votre texte.
M. Pelletier: Je comprends très bien.
M. Léonard: Remarquez bien que nous n'avons pas les
annexes de votre texte, parce que cela pourrait nous permettre de contester
probablement une partie de vos assertions. On y reviendra un peu plus tard.
M. Pelletier: Si peu.
M. Léonard: On n'en tirerait pas nécessairement les
mêmes conclusions que vous.
Les papillons, tout à l'heure, vont être disponibles. Vous
pourrez en prendre connaissance.
Vous faites beaucoup de commentaires sur le paiement des taxes, etc.
Vous comparez le fédéral et le provincial. On pourrait s'en
parler très longuement. Je dirais qu'au Québec le
fédéral verse à peu près $35,000,000 de taxes et
que le Québec en verse $190,000,000 à peu près, ou autour
de cela. Il y a quand même une certaine différence. Surtout, c'est
que, sur le seul territoire de la CUM et de la CUQ, il y a quelque $220,000,000
qui échappent au rôle d'évaluation, ce que vous savez fort
bien, ce qui fait que, finalement, le gouvernement fédéral
pourrait peut-être envisager de payer ses taxes là-dessus. Cela
pourrait répondre à une partie de vos interrogations. (21 h
15)
M. Pelletier: Je suis un petit peu surpris que le ministre...
Vous me permettez...
M. Lavoie: On va y revenir.
M. Léonard: Oui, vous pourrez y revenir. En haut de la
page 16, quant au sens du mot "charitable", il y a un certain nombre de vos
interrogations qui vont trouver réponse dans une autre correction qui va
être déposée.
Vous parlez, à la page 17, des articles 32 et 39 sur les
règlements consécutifs à la loi sur la fiscalité
municipale. Vous auriez souhaité deux tiers, un tiers, etc. C'est tout
le sens de vos revendications. J'ai déjà émis les projets
de règlement à la Gazette officielle, qui sont maintenant des
règlements, sur les versements des taxes. Je dirais qu'il y a quand
même une distinction à faire. Les taxes de services ne sont pas
divisées dans les deux règlements, tel que c'est maintenant. Ces
taxes à elles seules représentent 13% du compte de taxes à
l'heure actuelle, de sorte qu'entre 66 2/3 et 50% les 16% sont
déjà pas mal couverts.
Mais il y a plus que cela. On argumente beaucoup de la perte
d'intérêt à l'heure actuelle. Par rapport à la
situation antérieure je soulignerai une chose. Ce qu'on appelait les
retours de taxes de vente se faisaient tout au long de l'année, deux
fois par mois, avec une correction de 10% à la fin de l'année.
Ces taxes de vente ont été remplacées, comme vous le
savez, par un élargissement du champ d'impôt foncier au niveau
scolaire, en prenant l'impôt foncier scolaire, lequel, MM. les
vice-présidents de l'Union des municipalités du Québec,
sera versé 50% au début de l'année et 50% au 1er juillet.
Dans l'échange, vous y gagnez très largement, ne serait-ce qu'en
revenus d'intérêt.
M. Pelletier: Ce sera dans la loi?
M. Léonard: Non, je compare une situation de fait qui
existait avec celle qui existe maintenant. Même avec deux paiements
égaux, quant aux taxes foncières, parce que c'est cela, vous
n'aviez pas perçu toutes vos taxes de vente, au moment où on se
parle. Alors, en termes de revenus d'intérêt, cela me paraît
important à considérer. D'autre part, la différence entre
deux tiers et un tiers et 50-50, cela fait, tout au plus, en termes
d'intérêt, un douzième des revenus d'intérêt
que vous auriez perçus sur les mêmes sommes. Un douzième.
C'est-à-dire qu'un demi moins un tiers, c'est un sixième. Durant
six mois, cela fait un douzième de vos revenus d'intérêt.
Il ne faudrait pas exagérer les répercussions que cela peut
avoir. D'autant plus que, si votre compte est moins élevé, vous
aurez probablement moins de mauvais comptes. Les perceptions vont être
plus faciles.
Je dirais aussi qu'il ne faut pas confondre des comptes avec des
versements. Ce n'est pas du tout la même chose. Vous pouvez envoyer un
compte par année qui porte deux, trois ou quatre versements, ce qui
n'est pas du tout la même chose en termes de frais administratifs que des
comptes purs et simples, lesquels prennent beaucoup de temps à
être établis, tandis que
des versements, cela peut être pratiquement automatique. Je
n'accepte pas, quant à moi, cette argumentation selon laquelle on
calcule le coût moyen d'un compte, parce que dans l'établissement
d'un compte, dans le coût d'un compte, ce qui est difficile et
coûteux, c'est l'établissement même du compte et non pas
nécessairement sa perception. Alors, qu'on le perçoive en un,
deux ou trois versements, ce n'est pas ce qui cause le plus de frais, c'est son
établissement au départ.
J'avais ceci à dire, bien que ce n'était pas dans la loi
12, même si c'était à l'encontre du règlement; comme
on en a profité pour en parler ici, moi aussi, j'en profite pour vous
répondre.
Vous faites un certain nombre de commentaires, notamment à la
page 20. Il y a passablement de choses qui ont déjà
été discutées à l'intérieur du comité
conjoint. Nous avons voulu faciliter les choses le plus possible aux
municipalités en termes de perception. Je réitère, une
chose en conclusion. Je ne vois pas en quoi il y aurait eu un recul quant
à l'esprit d'ouverture et la bonne volonté des discussions par
rapport à l'année précédente. Je pense, au
contraire, que le gouvernement est toujours très ouvert envers l'Union
des municipalités du Québec, comme envers l'Union des conseils de
comté du Québec comme envers toutes les municipalités du
Québec, d'ailleurs. Merci.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Je voudrais ajouter ma contribution et la contribution
de l'Opposition officielle en ce qui concerne le mémoire de l'Union des
municipalités du Québec. Au cours de l'étude de ce projet
de loi en commission parlementaire, nous avons entendu des organismes
très représentatifs du milieu municipal, mais je crois que
l'Union des municipalités a peut-être un statut un peu
particulier. Avec ce que nous avons vécu cette année, la
première année du régime de la fiscalité
municipale, c'est peut-être dans votre milieu, celui des cités et
villes du Québec, peut-être pas à cause du nombre de
municipalités, mais à cause du nombre de citoyens qui sont
affectés, qu'il y a le plus de soubresauts. On le voit actuellement par
l'impact du dernier rôle d'évaluation dans certaines
municipalités de la Communauté urbaine de Montréal ou de
la Communauté urbaine de Québec et certaines autres
municipalités en province. Il est reconnu, sans déprécier
l'importance des autres municipalités, que c'est quand même dans
les milieux urbanisés qu'il y a le plus d'activité, où le
marché de l'immobilier est le plus actif. C'est la raison pour laquelle
je crois normal qu'on consacre un peu plus de temps à l'échange
d'idées et d'opinions lors de la comparution de l'Union des
municipalités du
Québec, surtout que la ville de Montréal ou la
Conférence des maires de banlieue n'a pas jugé l'ampleur de
l'impact des lois 12 et 57 comme le fait actuellement dans son mémoire
l'Union des municipalités du Québec.
J'ai pris quelques notes. Corrections d'office. Je pense que cela a
été souligné par plusieurs organismes. Je pense bien que
les officiers et les légistes du ministère vont prendre cela en
considération. Il n'y a pas de débat de fond sur cela. Je pense
bien que ce n'est pas là-dessus qu'on va se tirailler bien fort, il
s'agit que vous trouviez une formule acceptable pour tout le monde.
Surtaxe. MM. les vice-présidents de l'Union des
municipalités du Québec, moi-même, j'ai beaucoup de
réserves même en ce qui concerne la Communauté urbaine de
Montréal où, pour le moment, on désire l'appliquer
uniquement. C'est sûr que ça ne créera pas de
problème à Outremont, à Mont-Royal ou même à
Anjou - peut-être un peu plus - où il n'y a pas de ces grandes
étendues de terrain non desservies. À Montréal même,
cela peut créer une difficulté à cause du quartier de
Rivière-des-Prairies où il y a encore de grands espaces non
exploités, mais les réserves que j'ai pour la CUM, je les ai
doublement et triplement, d'une manière plus sérieuse, en ce qui
concerne certaines municipalités en dehors de la communauté
urbaine. Je peux vous expliquer en toute honnêteté pourquoi. En
somme, si on permet une surtaxe sur des terrains desservis ou
viabilisés, je crois que c'est très logique d'inciter les
propriétaires de terrains vacants à les bâtir, à les
mettre en exploitation et à ne pas s'asseoir dessus pour profiter de la
spéculation ou de l'inflation, et je n'ai aucune réserve en ce
qui concerne une surtaxe sur des terrains déjà desservis par les
services municipaux.
Bon! En accordant cette surtaxe sur des terrains non desservis, je pense
que, dans certains cas, on pourrait atteindre un but tout à fait
contraire à celui qu'on pouvait avoir au début, et je m'explique.
Il peut y avoir des municipalités - je donne comme exemple Laval, ville
où il y a encore beaucoup de territoires à desservir et qui n'est
pas en position de les desservir. Une administration locale très
conservatrice pourrait dire: On va surcharger au maximum ce qui n'est pas
desservi au bénéfice de ceux qui sont bâtis.
Loin d'atteindre les fins qu'on veut, soit le développement d'une
ville, on pourrait exploiter les propriétaires de terrains non desservis
au bénéfice de ceux qui sont en place, surtout lorsqu'on sait
qu'une municipalité a la discrétion absolue et totale d'accorder
ou non les services. On peut avoir des terrains qui sont tout près des
collecteurs, des égouts ou des aqueducs et la ville peut dire: On ne
vous donne pas les
services et on vous impose une surtaxe maximale. C'est pour ça
que si on vise l'équité, avant d'accorder une surtaxe sur des
terrains non desservis, je pense que vous-mêmes,comme administrateurs de
municipalités, devez, et je n'en ai aucun doute, chercher quand
même cette équité. Je ne pense pas qu'on puisse appliquer
facilement cette surtaxe discrétionnaire sur des terrains non desservis,
car vous avez, encore là, la discrétion de les desservir ou de ne
pas les desservir.
Quant au paiement des "en-lieu" en retard, je suis bien heureux de vous
entendre sonner ce grelot.Nous avons également signalé ce
problème.Si le gouvernement désirait être bon
contribuable,il aurait pufairre un effort pour apyer dans des délais
convenables ses "en-lieu" de txes.Je ne vous dis pas que vous auriez dû
tout payer, surtout pour la première année de l'application de la
loi, on ne vous demandait pas de payer tous vos "en-lieu" en mars ou en avril
comme le citoyen ordinaire, normalement, cette année 1980, a payé
ses taxes, sous réserve d'un intérêt de 15% ou de 18%. Dans
plusieurs municipalités, même si le citoyen ordinaire ne payait
pas ses taxes, on ne vous demandait pas, pour la première année,
de payer les vôtres en mars ou en avril, mais on vous demandait un peu
plus que de payer à peu près 50% ou 60% le 15 octobre.
Même si vous n'aviez pas tous les bilans des municipalités,
même si vous n'aviez pas tous les comptes des municipalités, vous
aviez déjà des simulations pour chacune des villes, vous aviez
déjà fait parvenir aux villes des estimations, et vous auriez pu
faire un effort en payant au moins peut-être 50% vers les mois de mai ou
de juin au lieu de payer uniquement 50%, 60% ou 70% peut-être le 15
octobre. Vraiment, vous n'avez pas donné l'exemple à attendre
d'un bon contribuable.
Ce mode de paiement me renverse, MM. les vice-présidents de
l'Union des municipalités. Comment se fait-il qu'en date d'aujourd'hui,
le 15 décembre, je crois, il n'y ait pas une ville du Québec qui
ait touché un cent des $106,000,000, soit le produit de la taxe des
réseaux des sociétés de communication, de gaz, Bell
Canada, Hydro-Québec? Je pense que vous n'avez pas encore reçu un
rond en date d'aujourd'hui sur les $106,000,000 dont le gouvernement a
bénéficié. (21 h 30)
J'ai déjà posé la question au ministre et
j'espère que dans sa réplique, tout à l'heure, il pourra
répondre à ça. Il dit souvent, à la blague, que
cela va être payé d'ici la fin de l'année. N'oubliez pas
que l'année financière des municipalités, ce n'est pas le
31 mars, c'est le 31 décembre, dans quinze jours.
Il n'y a pas d'erreur que sur les $175,000,000 d'"en-lieu", si vous avez
payé $100,000,000 jusqu'à maintenant, vous devez encore
$75,000,000 d'"en-lieu" et vous devez $106,000,000 sur les compagnies de
réseaux, ce qui fait $175,000,000 que vous devez aux
municipalités.
Votre sourire est éloquent, M. le ministre.
M. Léonard: Vous pouvez l'interpréter, ça,
c'est votre affaire.
M. Lavoie: Là, je ne vous parle de la
péréquation, des paiements de transfert minimaux: Je comprends,
je suis bon prince, la première année, on peut vous donner un
délai de grâce sur ça, mais l'argent... Vous agissez comme
percepteur et agent payeur de la taxe des réseaux, vous auriez pu donner
des acomptes, même si vous n'aviez pas de chiffres. Ce n'est pas
pardonnable, ce n'est pas acceptable que vous n'ayez pas encore donné un
cent des $106,000,000 que vous avez déjà perçus.
C'est un premier point sur lequel je vous ai posé une question en
deuxième lecture, à laquelle vous n'avez pas daigné
répondre dans votre réplique.
Il y a une autre question que je vous ai posée dans le
débat de deuxième lecture également, dont il est fait
mention dans le présent rapport et, encore là, j'espère
que dans un deuxième volet de votre réplique vous pourrez y
répondre. Est-ce que le gouvernement, tel que s'y est engagé
votre prédécesseur au mois de décembre dernier, dans son
débat de deuxième lecture, sur l'augmentation progressive, sur
cinq ans, de la proportion de vos "en-lieu" de taxes, 80% dans le réseau
des affaires sociales et 40% dans le réseau de l'éducation... M.
Tardif a dit que, d'ici cinq ans, ça irait à 100%. Je vous ai
posé la question, lors du débat de deuxième lecture, la
même question vous est posée ce soir par l'Union des
municipalités. Encore là, j'espère qu'on est en droit
d'avoir une réponse. Ne nous dites pas que c'est réservé
pour le discours du budget du mois de mars de M. Parizeau, parce que l'an
dernier, lorsqu'on a étudié la loi no 7, au mois de
décembre, le ministre n'avait pas cette réserve du budget.
C'était à gogo, l'argent qui était versé aux
municipalités pour les "en-lieu". Il n'y avait pas de limite, on
réglait tous les problèmes, on donnait de la latitude aux
municipalités, on leur transférait tout, c'était le
paradis pour les municipalités et les contribuables du
Québec.
Cette année, un an plus tard, dites-nous comment il se fait que
vous n'ayez pas encore donné un cent sur le revenu de la taxe et
dites-nous également si vous allez maintenir cette promesse de votre
prédécesseur en ce qui concerne l'augmentation graduelle sur cinq
ans pour devenir un bon contribuable et si,
progressivement, vous allez augmenter vos "en-lieu".
Étalement. Étalement, M. le ministre, mesure sociale, on
est d'accord. Mais pas sur le dos des autres. Je me demande si on veut vraiment
respecter l'autonomie des villes, les 1400, 1500 ou 1600 villes du
Québec qui sont administrées par des gens responsables qui
répondent à la population. Le fait d'envoyer des comptes de taxes
et de les percevoir en un, deux, trois ou quatre versements, c'est une simple
question administrative, ce n'est pas une question de fonds, c'est de
l'administration quotidienne et journalière. Pourquoi ne laissez-vous
pas ça aux municipalités?
Dans des questions de fonds, sur quoi évaluer, dans quelle
proportion évaluer, je suis d'accord que le gouvernement
supérieur a le droit de donner des directives, mais pas sur
l'administration courante. Vous avez le droit, comme ministre des Affaires
municipales, de faire une campagne de persuasion, de le dire aux villes, mais
pourquoi imposer aux villes d'envoyer deux ou trois comptes de taxes par
année? Dans le premier montant, c'est telle proportion, dans le
deuxième montant, c'est... C'est de la petite administration
journalière. Si les municipalités ne suivent pas les directives
que vous leur donnez, elles répondront devant les citoyens qu'elles
n'ont pas de coeur ou quoi que ce soit. Aucune ville... Laissez donc un peu de
compétition entre les villes. Dire une ville a du coeur et l'autre n'a
pas de coeur, ce n'est pas a vous à donner... D'entrer dans ces
détails-là, je trouve cela... L'autonomie des villes. C'est quand
même décidé qu'un compte de taxes de $1000 ou de $1500 est
payable... Elles répondent devant la population elle-même. Elles
sont jugées sur leur administration. Je pense que vous devriez retirer
ce règlement-là. C'est un minimum, c'est une administration du
quotidien de décider.
Un autre effet... Vous dites en deux paiements. Effet social: Je crains
que votre effet social soit au bénéfice des grandes corporations
et des grandes sociétés. Cela n'a pas été
soulevé dans votre mémoire. Il ne faut pas oublier qu'il y a des
centaines de milliers d'habitations au Québec qui ont malheureusement
encore des hypothèques. La tradition actuellement, c'est que les
compagnies d'hypothèques exigent des propriétaires et des
emprunteurs qu'ils ajoutent mensuellement à leurs paiements
d'hypothèques 1/12 du paiement des taxes.
Dans le régime actuel, il y a déjà des
réserves à la Sauvegarde, au Royal Trust, au Trust
général, dans toutes les sociétés prêteuses,
la Mutuelle ou n'importe quelle autre, sauf pour les maisons nouvelles
où ils sont obligés de précipiter leurs paiements dans les
deux premières années, mais, pour la plupart au Québec,
les propriétaires ont déjà accumulé leur 1/12 de
taxes. Qui va étaler, qui va profiter de vos deux paiements? Ce sont les
propriétaires de grands centres commerciaux ou les propriétaires
de grands immeubles qui normalement paieraient d'un coup sec, qui aident les
municipalités, qui leur donnent de la liquidité et, là,
ces propriétaires vont en profiter. Ils ne sont pas fous, pensez-vous
qu'ils vont payer aux villes au mois de mars? Ils vont en envoyer 50% aux
villes au mois de mars et ils vont profiter de l'intérêt de leur
argent jusqu'au mois de juillet, au lieu de le faire profiter aux
municipalités. Je vous dis: C'est une mascarade d'autonomie municipale,
décider de payer en un ou deux versements. Retirez donc tout simplement
votre règlement.
Taxe de vente, taxe scolaire. Vous savez, M. le Président, le
ministre avait des arguments qui ne tiennent pas debout. Je m'excuse, je ne
voudrais pas ouvrir un débat de "chamaillage". Lorsque vous disiez que
sur la taxe de vente auparavant les villes retiraient deux paiements par mois,
un le premier et un le 15 du mois sur la taxe de vente, que le système
actuel est beaucoup mieux, que, sur la taxe de vente, il y avait une
réserve de 10% de l'année suivante, je pense que c'est faux,
parce que les municipalités ont retiré, en 1980, dans les
ajustements de la taxe de vente, pour la dernière année,
$130,000,000, pour la dernière fois, ce qui a permis à plusieurs
villes au Québec d'équilibrer leur budget, en 1980, sans
augmentation de taxes, en les maintenant ou en donnant même de petites
réductions. Mais les $130,000,000 que vous leur deviez, que vous avez
payés en 1980, c'est bien plus de 10% des $400,000,000 qu'elles avaient,
c'est à peu près 30%. Cela veut dire que le gouvernement du
Québec avait quand même, d'après moi, une réserve
d'à peu près 30% sur la taxe de vente. Ces $130,000,000 qui leur
ont permis d'équilibrer leur budget cette année, elles ne les
auront plus en 1981. On met en cause actuellement toute la fiscalité
municipale dans son ensemble.
Quelques mots, sans faire encore un autre débat ou de
"tiraillage" sur la question fédérale-provinciale, mais je vais
quand même me permettre de vous répondre, M. le ministre. Il est
possiblement vrai que le gouvernement fédéral ne paie pas des
"en-lieu" autant que le provincial. Là, vous voulez faire une analogie
entre Québec-municipalités et Québec-Ottawa. Je pense que
si le budget des municipalités était peut-être
renfloué... Vous savez que, dans le budget du Québec de
$15,000,000,000 ou $17,000,000,000, il y a $4,000,000,000 de contribution
fédérale au titre de la péréquation et de
programmes conjoints, conditionnels ou autres. Je pense que, si 25% des budgets
de toutes les municipalités au
Québec venaient d'une source provinciale ou autre, on ne se
chicanerait pas sur les intérêts, sur les "en-lieu" que vous payez
en retard. Il faut quand même regarder la question globale. Sur vos
$15,000,000,000, $16,000,000,000 ou $17,000,000,000, il y en a $4,000,000,000
qui viennent d'Ottawa.
M. Léonard: Ce n'est pas fort cela.
M. Lavoie: II y a d'autres politiques, vous savez, qui sont bien
supérieures à vos politiques d'"en-lieu". Vous essayez de
mesquiner sur le fait qu'une école soit vide ou non. Quand le
Québec économise de $3,000,000,000 à $4,000,000,000 par
année sur l'économie de l'énergie par une politique
fédérale, c'est quand même une politique globale. Je n'irai
pas plus loin que cela. J'imagine que vous allez comprendre un peu. Dans votre
réplique, j'espère que vous allez répondre à deux
choses au moins. Pourquoi n'avez-vous pas encore remboursé aux
municipalités les $106,000,000 de taxes de gaz,
d'électricité, de télécommunication, etc?
Deuxièmement, est-ce que vous allez respecter l'engagement de votre
prédécesseur d'augmenter graduellement, sur cinq ans, les
"en-lieu" de taxes?
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Merci, M. le Président. Je veux revenir sur un
seul point que j'ai soulevé en deuxième lecture, concernant ce
projet de loi, qui nous arrive à la toute fin d'une session. Le
ministre, lors de son propos, nous a dit qu'il y avait eu consultation avec
l'Union des conseils de comté et l'Union des municipalités. Dans
les deux mémoires de ces deux organismes, on peut relever que les
réunions avec le comité conjoint n'ont eu lieu qu'à
compter de septembre. Je crois même qu'il n'y a pas eu tellement de
réunions. S'il y a eu des réunions, je crois que les
modifications que le gouvernement voulait apporter avec ce projet de loi n'ont
peut-être pas été toutes discutées; car, selon le
contenu des mémoires, ces deux organismes apportent de nombreuses
suggestions. D'ailleurs, on voit, ce soir, que le mémoire de l'Union des
municipalités est assez volumineux. Malgré qu'ils n'aient pas
reçu les papillons, 25 ou 27 papillons qu'on a eus il y a quelque
temps...
Une voix: 26.
M. Cordeau: 26. J'en avais compté 19 nouveaux, 19
amendements, et 11 nouveau articles que vous avez numérotés 52.1,
52.3 et ainsi de suite. Probablement que ce seront de nouveaux numéros
lorsque la loi sera renumérotée, comme d'habitude, d'ailleurs,
pour que ce soit plus compréhensible.
M. Léonard: On ne peut rien vous cacher.
M. Cordeau: Je déplore, un peu, le travail que nous devons
faire à la fin d'une session. Si l'Union des conseils de comté,
l'Union des municipalités ainsi que les autres organismes qui nous ont
présenté des mémoires avaient eu plus de temps, ils
auraient certainement préparé leur travail encore mieux. C'est
pour dire que l'an prochain, M. le ministre, il serait bon que les
réunions du comité conjoint ne débutent pas en septembre,
mais se continuent durant toute l'année afin que le projet de loi - vous
n'aurez probablement pas l'occasion de le présenter, je ne le sais pas -
qui viendra pour amender encore la loi no 57 et la loi no 125 soit
présenté plus tôt.
Dans votre mémoire, à la page 3, vous parlez des
difficultés. Je vais vous lire une seule phrase: "II s'agit entre autres
du contenu de l'article 189 de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme,
exacerbé par les problèmes de la représentativité",
à l'intérieur des MRC. J'aimerais que vous explicitiez votre
pensée et nous fassiez connaître aussi, peut-être par des
exemples concrets, si cela a achoppé dans des MRC. La question de la
représentativité est très difficile à
définir lorsqu'il y a des municipalités à
l'intérieur des nouvelles MRC projetées. (21 h 45)
M. Dufour: II faut dire que l'article 189 permet à la MRC
ou aux deux tiers des votes des futures MRC d'enlever des pouvoirs des
cités et villes qui auraient pu faire l'objet d'ententes. L'Union des
conseils de comté a fait l'étude et a dit: Non seulement on parle
de cités et villes, mais on parle aussi de municipalités
rurales.
Avec ce pouvoir-là, aux deux tiers, vous voyez l'enjeu qui se
décèle à travers la représentativité. Nous,
à l'Union des municipalités, on a toujours pensé, depuis
le début, que la loi était unifonctionnelle, jusqu'à un
certain point, parce qu'on parlait de l'aménagement et de l'urbanisme.
Cela a apporté la difficulté qu'on a, c'est que, si on peut
enlever des pouvoirs aux cités et villes, c'est clair que ce n'est pas
seulement de l'urbanisme à ce moment-là.
Cela veut dire que des municipalités qui n'ont jamais, en
pratique, exercé certains pouvoirs comme l'assainissement de l'eau et
l'administration de l'égout et de l'aqueduc pourraient demain matin
enlever le pouvoir à la ville, le transférer à la MRC. La
ville, qu'est-ce qu'elle fait là-dedans? Elle vient de perdre ses
pouvoirs.
Comme il y a beaucoup plus de municipalités rurales que de
cités et villes, c'est clair que la majorité des
municipalités, dans la plupart des MRC que l'on nous
suggère actuellement, va avoir le pouvoir... On essaie de
démontrer - et on est en train de faire un exercice qui n'existe nulle
part dans le monde contemporain - que des municipalités, cela se
représente par des territoires, au lieu que des municipalités
représentent des individus. C'est vrai pour des municipalités,
c'est vrai aussi pour des gouvernements. Que ce soit le monde occidental, le
monde capitaliste ou le monde communiste, du monde, cela représente du
monde. Mais du fait d'un maire un vote, de là toute la difficulté
qu'on a à assumer.
II y a des municipalités de MRC qui sont proposées
actuellement, qui pourraient comprendre 85% d'urbain contre 15% de population
et ces problèmes vont se soulever. Mais comment va-t-on s'en sortir? On
est parti de tellement loin! Quelle est la formule idéale qu'on pourra
trouver pour équilibrer la représentativité?
Je comprends que l'article 189 est amendé, mais il y a cependant
trois pouvoirs qui sont... Je n'ai pas vu les papillons. Peut-être que je
ne vais pas directement à ce que le ministre a proposé dans sa
loi, mais je suis obligé de m'appuyer sur le projet de loi no 12 qui
parle directement de l'évaluation foncière, de l'administration
des réseaux d'égouts et d'aqueduc, ce qui suppose même des
usines de filtration. Cela pourrait aller jusque-là. On pourrait parler
aussi d'usines d'épuration d'eau. Et, en même temps, on parle d'un
troisième pouvoir...
M. Cordeau: Le système de gestion des déchets.
M. Dufour: Le système de gestion des déchets, qui
est beaucoup moins complexe tout de même. Je ne pense pas qu'une ville
veuille, pas plus que certaines municipalités de Montréal,
administrer ce service à elle seule.
C'est un peu la difficulté qu'on retrouve dans les MRC au point
de vue de la représentativité. Si la loi n'est pas
unifonctionnelle, comme elle nous était proposée, à ce
moment-là, je pense qu'il y a une règle qu'il va falloir
appliquer, et c'est la règle de l'unanimité, ce qui me semble,
dans les faits, difficilement applicable, même si c'était celle
qui serait souhaitable.
M. Cordeau: Je vous remercie de votre réponse. J'aimerais
poser une question au ministre concernant la représentativité.
Que va-t-il arriver dans les MRC où les municipalités ne
s'entendront pas sur la représentativité? Je prends le cas qu'on
vient de souligner, une MRC où il y a 70% d'urbains et 30% de ruraux.
À ce moment-là, peut-être que la moitié veut avoir
une municipalité, un vote, etc., et que les villes ne sont pas
prêtes à accepter une telle représentation au sein d'une
MRC.
J'aimerais que vous explicitiez à la commission votre point de
vue sur ce qui va advenir dans des cas similaires concernant la
représentativité. Je n'oublie pas que le député de
Laval a parlé sur plusieurs points que j'avais notés. Je n'y
reviens pas.
Concernant les surtaxes sur les terrains non desservis, là
où une municipalité va imposer comme dans le cas de la
Communauté urbaine de Montréal, une pareille taxe, est-ce que la
municipalité devra apporter des services à ces terrains, sur
demande du propriétaire? Le propriétaire ne voudra
peut-être pas payer des surtaxes sur ses terrains, il voudra
développer ses terrains plutôt que de continuer à payer des
surtaxes. Là, vous donnez le pouvoir aux municipalités de
surtaxer ces terrains, mais, par contre, il serait peut-être bon aussi de
penser à ce que la municipalité devrait faire, sur demande de ces
propriétaires.
Le Président (M. Laplante): C'est tout, M. le
député de Saint-Hyacinthe?
M. Cordeau: Pour tout de suite. Je reviendrais peut-être
après les explications.
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, je voudrais d'abord
répondre aux interrogations qui ont été soulevées
par le député de Saint-Hyacinthe sur l'article 189. Je vais
revenir sur une chose que j'ai déjà dite, à
l'Assemblée nationale, lors du discours de deuxième lecture,
qu'au moment de l'adoption de la loi 125 les pouvoirs visés par
l'article 189 étaient clairs et limités et qu'on est revenu, par
la suite, pour circonscrire, étant donné l'adoption de la loi 74.
Je pense que la situation est connue là-dessus. Nous avons
énuméré les trois pouvoirs qui semblaient visés par
l'article 189, sous bénéfice d'inventaire, parce que cela a
été fait au cours de la fin de novembre. Les pouvoirs
visés étaient, en premier, l'évaluation foncière.
C'est un pouvoir qui existait déjà. Tout le monde s'entend
là-dessus; il n'y a pas de problème.
Je vais prendre tout de suite le troisième, la gestion des
déchets. Cela aussi, c'est visé par la Loi sur la protection de
l'environnement. Le deuxièmement; il semble, d'après les
discussions, que ceci n'était pas -ce n'est sûrement pas clair -
visé, probablement, par la loi de l'environnement, de sorte que le
deuxièmement sera probablement retiré sur l'aqueduc et les
égouts. Il reste, cependant, qu'il y aurait un autre pouvoir qui aurait
été visé par la loi 125, au moment de son adoption,
c'était la loi des droits sur les mutations immobilières. Ceci
est en train d'être regardé. Ce serait le troisième. Comme
c'est là, on aurait fait
le tour et il n'y en aurait pas d'autre; c'est quand même assez
limité. Cela ne toucherait pas le pouvoir d'assainissement des eaux.
Donc, on verra à l'étude article par article. Cela
répond, il me semble, pas mal à vos interrogations. Cela limite
beaucoup le champ de l'application de l'article 189 de la loi 125.
Sur la question de la représentativité, je vous soumets,
bien simplement, que vous avez posé une question hypothétique. Ce
qui arrive, à l'heure actuelle, c'est qu'il y a des comités de
consultation dans 19 zones qu'on avait délimitées en consultation
avec les deux unions. Ces comités fonctionnent à l'heure
actuelle. Il va se délimiter des municipalités régionales
de comté, lesquelles vont discuter, sur une base provisoire, de leur
représentativité. Je ne nie pas qu'à un moment
donné, dans certaines municipalités régionales de
comté, les discussions peuvent être plus longues, qu'on puisse
discuter à savoir si un maire doit avoir plusieurs votes, par exemple.
Je crois que c'est l'objet de la consultation. Si je disais d'avance comment
cela devrait être fait, à mon avis, on raterait le bateau. On fait
une consultation, parce qu'on veut avoir le pouls du milieu là-dessus.
Donc, cela se fait dans ce sens.
D'après nos informations, cela ne va pas si mal que cela. On nous
avait prédit de grands problèmes au sujet de la
délimitation des territoires et il semble que ceci se fasse assez
facilement. Je ne dis pas sans discussions et sans examiner différentes
hypothèses de la part de tous ceux qui sont intéressés.
Mais cela se fait; cela se règle graduellement dans l'ensemble du
territoire. La représentativité, c'est la même chose. Au
bout de deux mois de discussions, on en vient à décider comment
on va prendre des décisions là-dessus.
Le processus étant lancé, je fais confiance à tous
ceux qui vont avoir à intervenir dans l'établissement d'une
proposition de lettres patentes. C'est dans ce sens que nous voyons des choses.
Il me semble qu'il est trop tôt pour dire qu'on n'aura pas de
résultat au bout du compte. On va avoir des résultats au bout du
compte et, il semble bien que, dès la fin de janvier, on aura des
lettres patentes émises.
La surtaxe. C'est votre troisième point, M. le
député de Saint-Hyacinthe. Je reviens sur le fait que c'est
permissif. Lorsque vous lisez la loi, cela ne veut pas dire qu'il y a
effectivement une taxe ou une surtaxe sur les terrains vacants non desservis,
c'est laissé à l'initiative de la municipalité. Je
souligne en passant que cela respecte très bien le principe de
l'autonomie municipale, c'est la municipalité qui va décider
selon ses besoins en aménagement. Il nous semble, en tout cas, qu'au
moins dans un premier temps on peut envisager de l'appliquer, de donner ce
pouvoir aux municipalités du territoire de la CUM. On verra les
résultats. L'an prochain, s'il y a lieu d'étendre l'application
de cet article, on pourra voir. Je ne suis pas fermé. Je dis, cependant,
qu'on y va avec prudence dans ce domaine, surtout sur les terrains non
desservis parce que, encore une fois, il y a une grande différence entre
la superficie des terrains non desservis sur l'île de Montréal, le
territoire de la CUM, et ce qu'il y a ailleurs dans le Québec. Si on
s'en va en haut du 50e parallèle, vous allez comprendre qu'il y a
quelques territoires non desservis, là. S'il fallait se mettre à
surtaxer les terres publiques...
M. Cordeau: À l'intérieur de la CUM.
M. Léonard: Bon, on n'ira pas plus loin que cela, je pense
que c'est assez évident.
Quant aux questions posées par M. le député de
Laval, nous l'attendons. Ah! le revoilà!
M. Pelletier: J'espère que ça ne vise pas vos
invités, cette politique de l'énergie un peu
sévère! Si nous n'avions pas de bon sang, nous ne passerions pas
au travers!
M. Léonard: Je n'ai pas terminé, M. le maire.
M. Lavoie: Vous savez, M. le maire, on pourrait quitter cette
commission sans motion de suspension ou d'ajournement en vertu de la Loi sur la
santé et la sécurité du travail. On pourrait quitter ce
job tout de suite!
M. Pelletier: Je vous invite à l'hôtel de ville de
Québec, n'importe quand!
M. Léonard: Sur la première question, en ce qui
concerne la taxation ou la remise des taxes sur les réseaux de
télécommunication, de gaz et d'électricité, je dois
dire que les entreprises nous ont fait rapport à la fin de
l'été, je crois au mois d'août... au 30 juin, avant
juillet. Les vérifications ont été faites cet
été par le ministère du Revenu et les montants
redistribués nous seraient arrivés vers le 30 septembre. C'est au
cours de l'automne qu'elles nous remboursent. Le gouvernement va ensuite
rembourser les municipalités. C'est un processus gui peut paraître
long, j'y reviendrai tout à l'heure.
En ce qui concerne l'autre partie, les "en-lieu" de taxe versés
par le gouvernement sur ces édifices et sur les édifices des
réseaux, différentes autres taxations qui porteraient sur une
somme de $215,000,000 ou de $213,000,000 approximativement, ce qu'on me dit,
c'est qu'il y aurait, pour être prudent, moins de $25,000,000 encore
à verser. Le reste ayant déjà été
versé, à ce stade-ci, moins les 10%.
M, Lavoie: Ce que je veux vous dire... Vous m'avez donné
un chiffre - on ne fera pas de débat - de...
M. Léonard: Je ne veux pas faire de débat
sur...
M. Lavoie: ... $175,000,000 d'"en-lieu"... M. Léonard:
Plus...
M. Lavoie: Oui, il y a encore $38,000,000 de transfert. Ce sont
vos chiffres.
M. Léonard: Oui, c'est cela.
M. Lavoie: Bon. Mais sur les $175,000,000, même dans le
communiqué de
M. Tardif du 15 octobre où on parlait de quelque chose entre 70%
et 90%, c'est M.
Tardif lui-même qui m'a dit en Chambre, lors d'une question, que
vous aviez versé environ $100,000,000...
M. Léonard: M. le député de Laval, je ne
voudrais pas discuter comme cela avec vous. Je voudrais que vous me laissiez
répondre. Vous me citez un communiqué de M. Tardif du 15 octobre.
Nous sommes au 15 décembre et il y a deux mois de passés. Dans
l'année, je pense que ça compte, compte tenu de ce que je vais
dire aussi. Je ne pense pas qu'on puisse critiquer l'ensemble de la
réforme pour ceci... (22 heures)
M. Lavoie: Mais je veux que vous soyez un bon contribuable.
M. Léonard: D'accord. Je suis très conscient de
ça. L'une des raisons c'est que, et il faut le voir, c'est la
première année -vous l'avez dit, vous l'avez admis - qu'il
pouvait y avoir des problèmes, mais il reste qu'il y a eu beaucoup de
vérifications à faire par rapport à ce qui apparaissait au
compte de taxes; qu'il y a eu un grand nombre de nouveaux dossiers
là-dessus; qu'il y a eu aussi un bon nombre d'erreurs, et je pense que
cela est normal au cours d'une première année, mais je pourrais
vous en donner parce que ça pourrait vous aider à comprendre ce
qui s'est passé. Quand on a mis des cimetières et qu'on a
envoyé le compte de taxes au gouvernement, vous comprenez qu'on a
dû vérifier.
M. Lavoie: ...
M. Léonard: Quand on a mis des églises aussi sur le
compte de taxes du gouvernement on a dû vérifier et les rayer. On
a mis des immeubles abandonnés n'appartenant pas au gouvernement, on a
même mis une école incendiée depuis quatre ans dans une
ville bien connue du Québec, où, pourtant, l'administration est
sûrement très sérieuse - mais une école
incendiée depuis quatre ans. À un moment donné, on
vérifie et je pense qu'il faut voir que lorsqu'on établit un
premier compte on va voir. Lorsqu'on a mis aussi des édifices non
québécois, qui n'appartenaient pas au gouvernement du
Québec, mais au gouvernement fédéral, vous comprenez qu'on
y a regardé aussi dans le compte de taxes et qu'on a fait des
corrections car celles-ci s'imposaient.
On a aussi mis par exemple, m'a-t-on dit, le quart de la prison
d'Orsainville qui n'a jamais été construit, qui a
déjà été promis par l'ex-gouvernement mais qui n'a
pas été construit, cela a été mis dans le compte de
taxes de la CUQ. Vous comprendrez qu'à un moment donné, si on
fait le tour de tout le Québec, lors de la première année
où on paie des "en-lieu" de taxes, ça peut prendre un peu de
temps et que le gouvernement est justifié de faire ces
vérifications. C'est ça qui s'est passé, il s'en est
passé comme ça et malgré tout on a payé à
temps. Grosso modo, on a payé à temps.
M. Lavoie: Un petit peu en retard, reconnaissez-le au moins, tout
le monde vous le dit.
M. Léonard: Avant le 31 décembre pour la majeure
partie du compte de taxes. Ce qu'on me dit, c'est qu'on veut... qu'on met tout
en oeuvre pour tout payer d'ici la fin de janvier. Régler tout
ça.
M. Lavoie: Avant, c'était en fin décembre.
M. Léonard: Fin décembre sur les 90% et le reste le
plus vite possible. Je voudrais quand même que vous soyez conscients que
lorsqu'on établit un système la première année et
qu'on se retrouve avec des cimetières, des églises, des
écoles incendiées, des immeubles abandonnés, des immeubles
fédéraux et des quarts de prison qui n'ont jamais
été...
M. Lavoie: J'espère que vous ne mettez pas en doute
l'honnêteté des administrateurs municipaux quand même.
M. Léonard: Non. M. le député de Laval, je
pense avoir un certain sens pratique. Je suis comptable agréé,
j'ai déjà travaillé dans des bureaux de comptables et je
sais fort bien qu'il se glisse toutes sortes d'erreurs lorsqu'on établit
un nouveau système et ce n'est pas par mauvaise volonté, mais
ça se glisse comme ça. Je pense qu'il faut savoir gré aux
fonctionnaires du gouvernement quand même d'être allés
vite au cours de l'année, compte tenu des circonstances.
Je voudrais corriger une chose que j'ai dite tout à l'heure
où j'avais mentionné qu'il y avait 220,000,000 d'édifices
fédéraux qui n'apparaissaient pas au rôle
d'évaluation de la CUM et de la CUQ. En réalité, ce n'est
pas exact, c'est 220,000,000 à la CUM et c'est 90,000,000 à la
CUQ. Ça fait 310,000,000, pour corriger, pour mettre les choses en
état.
Dans tout cela, je crois qu'on fait face à un système qui
s'est mis en branle au cours de l'année, qu'on a discuté l'an
passé lorsqu'on a adopté la loi 57 et qu'on a appliqué
cette année. Il y a eu des problèmes de part et d'autre, mais,
compte tenu de l'ampleur de la réforme, il me semble que finalement les
choses se sont généralement bien passées.
Je suis très heureux d'avoir entendu ces gens de l'Union des
municipalités du Québec. J'espère que nous les reverrons
bientôt et j'espère bien qu'avec tous les "en-lieu" qu'on a
payés aux municipalités, elles, au moins, pourront chauffer leur
hôtel de ville, même s'il n'en reste plus au parlement.
M. Lavoie: M. le Président...
M. Pelletier: ... financière était à ce
point serrée.
M. Lavoie: M. le Président, pour la troisième fois,
le ministre a encore oublié de nous dire s'il va respecter l'engagement
de son prédécesseur pour augmenter progressivement, sur une
période de cinq ans, la proportion des "en-lieu" de taxes. C'est la
quatrième fois qu'on vous pose la question.
M. Léonard: Le gouvernement avait pris l'engagement, lors
des négociations là-dessus, d'augmenter sa contribution sur "les
en-lieu" de taxes sur une période de cinq ans. Cependant, je dois dire
au député de Laval, qu'il n'y a pas d'engagement aussi ferme que
ce que vous avez dit en ce qui concerne un étalement gradué. Ceci
n'a pas été précisé, ceci va revenir avec la
déclaration du ministre des Finances, en temps et lieu, mais
l'engagement porte sur cinq ans.
M. Lavoie: Oui, surtout dans l'état où vous
êtes actuellement.
M. Léonard: II y a un engagement cependant à ce
qu'on ne peut pas le réduire.
M. Cordeau: Est-ce que l'engagement d'un ministre est
reporté à un autre gouvernement?
M. Lavoie: ...M. Goldbloom...
M. Léonard: Question hypothétique, mais on va
être là longtemps. Dans 20 ans...
M. Cordeau: Je veux les engager tout de suite et les prendre avec
le futur ministre des Affaires municipales.
M. Léonard: Vous n'avez pas tellement confiance en l'Union
Nationale, M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Pas pour la prochaine fois.
Le Président (M. Laplante): MM. les membres de l'Union des
municipalités, les membres de cette commission vous remercient.
M. Dufour: Le seul point que je voudrais rajouter, c'est
l'article 8 qu'on a commenté, où on n'a eu aucun commentaire.
Cela me semble faire deux classes d'élus à travers une MRC et
ça...
M. Pelletier: Un patronage rural.
M. Dufour: Je ne m'en cache pas - je suis un peu mal à
l'aise pour en discuter -je trouve que ce n'est pas correct. Parce que si c'est
vrai que les MRC sont obligées d'intégrer les pouvoirs des
municipalités rurales, les pouvoirs des conseils de comté, cela
veut dire qu'il y a une rémunération qui pourrait être
appliquée à ce pouvoir et le contraire va arriver pour les villes
où le pouvoir n'existe pas.
Le Président (M. Laplante): M. Dufour, M. le ministre
s'apprête à vous donner une réponse.
M. Léonard: La réponse, c'est que c'est la
première fois que c'est soulevé ici, en commission. On va
regarder ça, les légistes sont en train de se pencher
là-dessus. Vous nous avez remis votre mémoire en arrivant, alors,
on considère votre objection là-dessus.
M. Dufour: On vous remercie de votre attention et on vous dit
qu'on va vous suivre jusqu'à la fin.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laval, voulez-vous leur souhaiter de bonnes fêtes encore aussi?
M. Lavoie: Très brièvement. Est-ce que je pourrais
avoir une réaction du ministre à la proposition que j'ai faite,
dans le respect de l'autonomie des municipalités, de retirer son
règlement sur l'étalement des paiements de taxes? Vous ne croyez
pas que cela concerne vraiment l'autonomie interne des municipalités de
décider si c'est payé en un ou deux versements? Pourquoi? Ce sont
de grands garçons, là-bas - il y en a qui ont les cheveux gris,
il y en a qui ont moins de
cheveux, comme moi - ils sont capables d'administrer et de
décider comment ils vont percevoir leurs taxes. C'est de
l'administration du quotidien, cela. Laissez cela aux municipalités.
Ils ont du coeur au ventre, l'implication sociale, je pense qu'ils l'ont
autant à coeur que quiconque est élu au gouvernement. Ils sont
beaucoup plus près de la population que vous, vous savez, les
gouvernements locaux.
M. Léonard: ...écouter réfléchir.
M. Lavoie: J'attends votre réaction, je vous
demande...
M. Léonard: II y a eu l'article 32 adopté l'an
passé dans la loi 57, ou 252, ça dépend, de la loi sur la
fiscalité municipale. Je pense qu'il a été adopté
l'an dernier et les règlements qui ont été émis
cette année sont essentiellement conformes aux avis, aux discussions qui
ont eu cours, je ne dis pas exactement, mais sensiblement conformes. Ce sont
des règlements qui ont été émis mercredi dernier,
dans la Gazette officielle, je n'ai pas l'intention de les retirer, ils sont
là. Ils ont été émis à la suite de
discussions, de rencontres avec les comités conjoints.
M. Lavoie: Vous êtes loin d'avoir l'unanimité au
comité. Vous savez, vous me dites que cela a été
adopté l'année passée, mais les 590 articles que contenait
la loi 57 n'ont pas tous été adoptés unanimement.
M. Léonard: Ah!
M. Lavoie: Deuxièmement, vous aviez un premier projet qui
a paru dans la Gazette officielle le 8 octobre et qui a été
rejeté carrément par le comité
Québec-municipalités. Vous vous êtes repris une
deuxième fois, après une première ratée, je dirais.
Je vous dis que vous allez trop loin dans l'ingérence, dans
l'administration; vous donnez des directives, des diktats, vous dites aux
villes comment s'administrer. Vous devriez laisser cela aux
municipalités.
M. Cordeau: À quelle date les derniers règlements
ont-ils paru?
M. Lavoie: Hier ou avant-hier, vendredi.
M. Léonard: Mercredi dernier, dans la Gazette
officielle.
M. Lavoie: Je vous demanderais d'y penser à nouveau, il
est encore temps.
M. Léonard: II est là. Je souhaite, si vous
permettez, M. le Président...
Le Président (M. Laplante): ...
M. Léonard: ... un joyeux Noël, de bonnes et
d'heureuses Fêtes.
M. Lavoie: Comme cela prend du temps pour le gouvernement,
joyeuses Pâques.
Le Président (M. Laplante): Merci, messieurs. J'appelle
maintenant la ville de Québec. Si vous voulez identifier votre organisme
et vous identifier vous-même, M. le maire, pour les fins du journal des
Débats.
Ville de Québec
M. Pelletier (Jean): M. le Président, pour les membres de
la commission et les fins du journal des Débats, je suis Jean Pelletier,
je suis maire de Québec.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur.
M. Pelletier: Je suis accompagné de Me Paul Ouimet, de
notre contentieux. Je veux simplement faire remarquer que nous arrivons avec un
mémoire très court, M. le Président, qui vous a
été transmis il y a quelques minutes, si je ne m'abuse. Je veux
simplement expliquer que nous avons failli ne pas être ici, ce soir,
puisque, ce matin, on nous convoquait pour demain après midi à 16
heures. Vous comprendrez que les gens de l'Union des municipalités et
les gens de la ville de Québec ont été un peu
bousculés en dernière analyse, compte tenu de la journée.
Je ne sais pas trop ce qui s'est passé au secrétariat des
commissions, mais, quoi qu'il en soit, je suis désolé que les
mémoires vous soient parvenus à la dernière minute et,
dans le cas de l'Union des municipalités avec des annexes en moins.
Je n'ai pas l'intention, M. le Président, de lire le
mémoire que nous vous laissons. Il a été
préparé par le contentieux de la ville. Il est essentiellement
technique.
Ceci dit avec amitié, dans le respect de nos santés, je
pense que le plus tôt nous aurons quitté cette pièce, le
mieux ce sera pour tout le monde. Quoi qu'il en soit, je veux indiquer que nous
sommes solidaires du mémoire de l'Union des municipalités. Je
voudrais simplement souligner, en dehors du mémoire, deux points en
particulier qui me semblent importants.
Il y a d'abord la question de l'étalement des taxes. Je suis
obligé de regretter que le règlement publié dans la
Gazette officielle d'hier ne donne pas suite intégralement à la
recommandation unanime du comité conjoint sur la fiscalité
municipale, comité qui avait recommandé la reconduction exacte,
pour l'année 1981, de ce qui a été en 1980.
Essentiellement, ce qui avait été prévu,
c'était qu'il y ait un minimum de deux
comptes de taxes dont l'un porterait sur les 2/3 des taxes
foncières et, l'autre, sur le tiers des taxes foncières, avec 90
jours entre les deux, le deuxième versement ne devant pas être
exigible avant le 1er juillet.
Je dois dire que c'est compte tenu de cette recommandation unanime et de
l'impression que nous avions tous que, quant à nous, la ville de
Québec, nous avons préparé notre budget.
Pour l'information des membres de la commission, je vous dirai que, si
le règlement reste tel qu'il a été publié la
semaine dernière dans la Gazette officielle, le fait d'avoir
déplacé 16% de l'entrée des revenus de trois mois
coûtera à la ville $500,000 au niveau de la taxe foncière
et $200,000 de plus au niveau de la taxe d'affaires, si cela s'applique aussi
à la taxe d'affaires. Si bien qu'un budget équilibré,
déposé il y a dix jours à peine est aujourd'hui
déficitaire de $500,000 ou de $700,000, simplement à cause,
à mon sens, d'une inexactitude dans la modalité prévue
entre la reconduction du règlement de l'an dernier et celui reconduit
pour l'année prochaine.
Voilà le cas particulier de la ville de Québec. Je n'ai
pas, M. le Président, à parler d'autres cas. J'imagine que, si
c'est chez nous un montant comme cela, dans tout le Québec, cela doit
aussi poser quelques problèmes.
Pour rassurer le ministre - vous savez, M. le Président, quand on
vient à une commission parlementaire et qu'on a changé de
ministre, on se demande un peu comment cela va se passer - je me suis rendu
compte qu'autant son prédécesseur me semblait
préoccupé des principes, autant le présent ministre me
semble préoccupé des faits. (22 h 15)
Je lui dirai que ces chiffres, que je lui communique, ont
été préparés par la trésorerie de la ville
sur une base d'étude de tout le "cash flow" prévu par nos
prévisions budgétaires, de sorte que, là-dessus, M. le
ministre et MM. les membres de la commission, nous serions bienheureux,
à tout le moins, que la modalité des deux tiers-un tiers, des
deux versements 1980 soit reprise dans le règlement applicable en
1981.
Je veux indiquer aussi que, par suite -et ça m'apparaît
extraordinaire - d'un nouveau rôle d'imposition, ledit rôle fait en
vertu des principes et de la loi de l'évaluation et de la loi 57 sur la
fiscalité et qui s'appliquera en 1981, le gouvernement du Québec,
pour l'ensemble de ses immeubles, les siens et ceux des réseaux, paiera
moins en 1981, à la ville de Québec, qu'en 1980. Ce qui
m'apparaît absolument invraisemblable. Évidemment, il
m'apparaît difficile de déterminer quelle est la valeur marchande
des édifices de l'Assemblée nationale. Je ne sais pas s'il y a
des acheteurs de toute façon; je suis convaincu qu'ils ne sont pas
à vendre. Je trouve difficile de déterminer la valeur marchande
des hôpitaux. Je trouve difficile de déterminer la valeur
marchande des institutions d'enseignement. Le résultat de ce nouveau
rôle, que nous allons demander au ministère d'examiner de
façon très précise, a fait que, pour un rôle
où l'augmentation moyenne est de 32%, l'augmentation de l'unifamilial
moyenne est de 47,9% et l'augmentation de ce que j'appelle le commercial,
l'industriel et l'institutionnel est de 18,4%. Il y a quelque chose, M. le
Président, qui ne marche pas.
Aujourd'hui, même avec le crédit fiscal dans le cas des
maisons unifamiliales, duplex et triplex proposé par la loi 12, il reste
qu'il y a un déplacement inacceptable du fardeau fiscal du commerce, de
l'industrie, de l'institutionnel et du gouvernemental vers le résident,
le propriétaire, pour son habitation. Cela m'apparaît socialement
inacceptable.
Je ne sais pas ce que le ministre a en vue, mais je peux dire que dans
ma ville, non seulement l'augmentation n'est pas semblable d'une
catégorie à l'autre des biens fonciers, mais d'un district
à l'autre, ça varie autant, de sorte que c'est une cacophonie de
chiffres dissemblables qui, évidemment, rendent la tâche du taxeur
municipal excessivement difficile. Autant je suis partisan de bons rôles
qui permettront une équité fiscale, autant, par ailleurs,
m'apparaît-il que la base de l'évaluation actuelle doit être
repensée et qu'il faut peut-être se donner un temps de mutation
entre une situation d'hier à corriger vis-à-vis d'une situation
meilleure demain. Je pense qu'on ne peut pas, dans la vie publique, au niveau
de nos citoyens et de nos contribuables, leur demander de prendre des tournants
à 90 degrés d'un coup. Cela ne s'absorbe pas dans le budget d'un
homme normal, surtout dans nos temps économiques difficiles.
Là-dessus, je vous avoue que nous sommes heureux de ce que, à la
suite de la suggestion du comité conjoint, la loi 12 prévoit en
termes de crédit. Par ailleurs, dois-je dire, dans le cas particulier de
la ville de Québec où la distorsion du fardeau fiscal, dans le
nouveau rôle, m'apparaît maximale et dépasser de loin la
distorsion à l'intérieur de la CUM, j'aurais espéré
que le crédit de 10% soit haussé un peu pour nous permettre chez
nous, à tout le moins, une plus grande flexibilité de
façon que la marche difficile à monter pour certains de nos
contribuables, nous puissions l'alléger pour un temps de mutation.
Alors, je voulais parler à la fois du crédit et du
problème que, à 10%, cela nous pose et vous décrire un peu
la situation très concrète - ce ne sont pas des principes, ce
sont des faits qui sont vérifiables de façon très
factuelle. Je voulais aussi parler de
l'étalement qui, à notre grande surprise, nous cause un
problème au niveau d'un budget déposé en retard, pour
tenir compte de la loi no 12. Et, malgré cela, malheureusement, on se
trouve devant un trou de $500,000 a $700,000. Si cela inclut notre taxe
d'affaires, c'est $700,000, vu que le budget de la ville est d'à peu
près $140,000,000, mais c'est 0,5% du budget, quand on a augmenté
de 7,5%, alors que l'inflation dans la région est de 10,45%. Je pense
qu'on avait déjà montré un effort pour ne pas alourdir le
fardeau des taxes et qu'on se retrouve avec un trou de $700,000.
Évidemment, il y a lieu, M. le Président, de poser des questions
à cette auguste commission, ce que j'ai essayé de faire, et en
franchise et en courtoisie.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Léonard: Maintenant, je vais souhaiter la bienvenue
à M. le maire de Québec.
Je voudrais reprendre brièvement vos deux principaux points. Je
suppose qu'il y a d'autres points précis touchés dans le
mémoire. On pourra voir cela, lorsqu'on fera l'étude article par
article, effectivement.
Je voudrais reprendre vos deux points. Vous regrettez qu'on n'ait pas
retenu la recommandation intégrale du comité conjoint. Mais il
nous semble que ce que nous avons retenu, finalement, c'est à peu de
choses près la même chose. Vous vouliez la reconduction de ce
qu'il y avait l'an dernier. Mais, si on lisait ce qu'il y avait l'an dernier,
ce serait peut-être intéressant.
L'article 548 du projet de loi no 57 dit ceci: Dans le cas prévu
à l'article 547 - qui parle de taxes, de valeurs, etc. - si le montant
exigé en vertu du compte définitif est de $200 ou plus - nous
avons porté ce montant à $300, ce qui vous donne une chance,
c'est à l'avantage de la municipalité la corporation municipale
doit offrir au débiteur la possibilité de payer ses taxes en deux
versements dont le deuxième ne peut être exigé avant le 1er
juillet 1980. Le premier versement ne peut excéder les deux tiers du
montant exigé en vertu du compte définitif. Donc,
c'étaient toutes les taxes, à ce moment. La corporation
municipale peut prescrire, etc.
Mais, effectivement, c'étaient toutes les taxes, à ce
moment, et les deux tiers, on ne peut pas calculer le seizième ou le
sixième pour cent sur six mois, puisque les deux tiers devaient
comprendre toutes taxes, donc les taxes de services. Tout de même, il y a
une différence.
M. Pelletier: M. le Président, vous me permettrez.
À la bonne conscience de mon collègue, le maire de Sherbrooke et
président de l'Union des municipalités, qui dépose
d'ailleurs son budget ce soir à Sherbrooke -c'est la raison de son
absence - je dois, à son crédit, dire que, lorsqu'il a fait la
proposition au comité conjoint de la fiscalité de la reconduction
de l'an dernier, il a bien mentionné: Taxes foncières
seulement.
Évidemment, M. le ministre n'était pas présent
à cette rencontre. Je ne lui en veux pas de pouvoir le dire, mais il
faudrait quand même, en toute honnêteté, faire remarquer
cela.
M. Léonard: C'étaient toutes les taxes, l'an
dernier. Ce n'est pas pareil.
M. Pelletier: C'est cela, on a fait une exception de parler
à l'article 81 de la taxe foncière pour l'étalement.
M. Léonard: À quelle date avez-vous envoyé
vos comptes définitifs, l'an dernier?
M. Pelletier: Nous avons envoyé nos comptes, M. le
ministre, un seul compte avec deux versements prévus sur le même
compte, le 1er avril, pour paiement - si je me souviens - le 1er juin ou le
1er...
M. Léonard: Et 90 jours, par la suite, entre les deux.
Cette année...
M. Pelletier: Vous savez, M. le ministre, l'an dernier, nous
faisions un certain rattrapage, parce que nous étions à notre
première année financière de douze mois, qui
commençait le 1er janvier, étant donné qu'à la
demande de votre prédécesseur nous avions accepté de
changer notre année financière du 1er mai au 1er janvier. On
avait eu en 1979 une année de huit mois, et on retombait à une
année normale de douze mois, à des dates différentes, en
1980. Notre exemple, M. le ministre, n'est peut-être pas bon pour
l'ensemble de la province, si vous me permettez...
M. Léonard: Oui, je le note au passage, mais je dois
dire...
M. Pelletier: Je note que vous avez des cas particuliers à
l'esprit. Je ne voudrais pas que vous en preniez un qui tourne à votre
désavantage.
M. Léonard: C'est parce qu'on est, justement, en train de
parler de la ville de Québec, M. le maire de Québec. Vous avez
envoyé vos comptes le 1er avril l'an dernier et vous voulez que la
même situation se produise cette année. Peut-être
auriez-vous préféré envoyer votre compte cette
année le 1er avril aussi! En réalité, vous pourrez
l'envoyer le 1er janvier. Donc, en termes de revenus d'intérêt,
vous allez en faire pas mal plus cette année que l'an passé, sur
ce plan.
M. Pelletier: M. le ministre, je peux vous dire que ce qui avait
été prévu pour récupérer les quatre mois,
cela avait été de le faire en deux ans. Avant, les comptes se
payaient le 1er août; l'an dernier, ils se sont payés le 1er juin.
Il était prévu cette année - cela va en être ainsi -
que cela se payait le 1er avril. On va respecter cela. Les comptes vont partir
avant la fin de février. Le premier compte, 1er avril; le
deuxième compte, 1er juillet. Les 90 jours étaient là,
mais votre règlement me coûte $700,000.
M. Léonard: Par rapport à ce que vous pensiez,
peut-être. Mais, effectivement, cette année, vous pourrez
accumuler plus de revenus d'intérêt que l'an passé,
seulement à regarder comment vous procédez pour l'émission
de vos comptes. Vous les envoyez avant, et la différence n'est
même pas d'un sixième durant six mois, c'est-à-dire un
douzième d'intérêt. Encore là, vous aurez six mois
entre les deux. Je pense que là-dessus...
M. Pelletier: J'avais même besoin de cela pour
équilibrer mon budget, M. le ministre.
M. Léonard: Ah bon! Cela peut être une des
données de votre budget mais, sur le plan du règlement
général, il reste que faire un règlement où des
municipalités permettraient trois, quatre, cinq ou six versements, je ne
vois pas comment, à ce moment, elles pourraient faire des paiements deux
tiers-un tiers. Il faut nécessairement en arriver, pour la
simplicité des règlements, à faire des versements
égaux à un moment donné. Je crois cependant, malgré
tout ce qui s'est dit, que par le règlement que nous avons émis,
à l'heure actuelle, ne portant que sur les taxes foncières et la
valeur locative, c'est-à-dire excluant les taxes de services, toute
compensation équivaut, à peu près, à la situation
de l'an dernier, c'est-à-dire deux tiers-un tiers, à peu de
choses près.
M. Pelletier: Si au moins le ministre excluait les taxes
locatives cette année, cela compenserait peut-être un peu pour les
50-50, au lieu du deux tiers-un tiers.
M. Léonard: La taxe d'affaires sur la valeur locative,
c'est assimilable à une taxe foncière, à toutes fins
pratiques. C'est à ce titre qu'elle a été incluse avec les
autres.
M. Pelletier: Ah oui?
M. Léonard: Le deuxième point. Je comprends qu'il y
a des variations importantes, sur le rôle d'évaluation, entre
différents quartiers de la ville de Québec. Je suis prêt
à admettre que ce problème existe. Il reste que le crédit
d'impôt foncier, c'est finalement destiné à faire cette
correction que vous souhaitez sur le fardeau fiscal des contribuables. Je
comprends que cela ne corrige pas tout, mais il reste que c'est au moins un
soulagement qui est apporté aux contribuables. Nous espérons que,
dans la grande majorité des cas, il va corriger l'ensemble de la
situation. Par rapport à certaines simulations qui ont été
faites, il reste que la diminution du compte de taxes au propriétaire de
la maison unifamiliale, duplex et triplex le soulage passablement par rapport
aux variations du fardeau fiscal. Si on s'en tient à des tableaux de
simulations qui sont parus, cela corrigerait essentiellement.
Maintenant, évidemment, les simulations que nous faisons portent
sur des moyennes, ne portent pas sur des cas individuels. Il est possible que,
dans des cas individuels, le contribuable soit pénalisé encore.
Cependant, à ce moment, si, sur un plan individuel, le contribuable est
pénalisé, c'est peut-être que sa propriété
était mal évaluée aussi. Il faut quand même voir...
Je ne peux pas nier qu'à un moment donné un contribuable peut
être pénalisé plus fortement, mais mais il faut voir que
dans certains quartiers sa maison peut aussi avoir augmenté de valeur,
beaucoup plus que dans d'autres quartiers. (22 h 30)
M. Pelletier: M. le ministre, j'ai fait allusion au fondement de
l'évaluation. On parle de valeur réelle, mais de valeur
réelle basée sur la valeur marchande. Vous savez -nous en avons
causé - je me pose bien des questions sur la valeur de cette valeur
marchande, à la fois pour le commercial et l'industriel, dont, souvent,
les actifs ne se transigent pas, mais bien plutôt les actions. Les
institutions... Je pense bien que le parlement n'est pas à vendre, ni
l'Hôtel Dieu. C'est une notion qui me paraît un peu hybride dans
les circonstances. J'aurais aimé avoir la pensé du ministre
là-dessus.
M. Léonard: Je crois que la confection du rôle
d'évaluation est basée sur cette notion, actuellement. Qu'elle
soit en rodage et qu'à l'usage on s'aperçoive qu'il y a des
modifications à y apporter, je pense que c'est l'expérience qui
va le révéler. Cette année, il y a des variations
très fortes dans le domaine du résidentiel, comme on l'a vu.
Donc, c'est vrai que cela nous amène à nous poser des questions
sur la valeur marchande. Est-ce qu'on est prêt à tout remettre en
cause dès maintenant? Il me semble que c'est prématuré
pour le faire, cela va se rajuster. Le dispositif fiscal que nous apportons
maintenant a justement pour but de faciliter ou d'adoucir la transition.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Très brièvement, sur la question de
l'étalement des paiements, je n'ai rien à ajouter à ce que
j'ai dit tout à l'heure.
M. Léonard: ...avez dit.
M. Lavoie: Non, au contraire. J'inviterais le ministre à y
penser encore un peu plus longtemps. Le maire de Québec, M. Pelletier,
me rappelle une question. Après avoir étudié le dossier de
toute la Communauté urbaine de Québec, je me rappelle que d'un
quartier à l'autre, cela pouvait varier de 15%, 20%, 30% et
jusqu'à 40% d'augmentation de l'évaluation. Cette question, je la
poserais à M. le maire. Le crédit d'impôt corrige, c'est
sûr, légèrement ces disproportions de l'évaluation
d'un quartier à l'autre. Avez-vous une idée dans quelle
proportion cela peut corriger le fardeau fiscal des contribuables?
M. Pelletier: M. le député, si on avait
augmenté le crédit fiscal jusqu'à 15%, par exemple, au
lieu du maximum de 10%, cela nous aurait donné une plus grande
flexibilité, notamment - c'est là où est
l'hémorragie la plus sérieuse dans ce débalancement, si
vous voulez - dans les quatre nouveaux districts de la ville de Québec
annexés depuis 1970: Les Saules, Duberger, Neufchatel et
Charlesbourg-Ouest. Là, carrément, ça n'a pas d'allure. Je
n'ai pas besoin de vous dire que cela nous pose un problème
sérieux face à ces contribuables qui ont l'impression de ne pas
être traités équitablement par le système, mais
d'être les victimes accidentelles de ces espèces d'effets
techniques qu'un système produit de temps en temps. Mais cela ne rassure
personne de savoir que c'est un effet technique.
M. Lavoie: Est-ce que cela veut dire que dans certains cas
même avec un crédit fiscal de 10% certains quartiers peuvent subir
des augmentations de taxe peut-être de 15% ou 20%?
M. Pelletier: Cela pourrait aller jusque là.
M. Lavoie: Bon, un mot. Je crois que les intentions du
législateur et des conseillers du ministre Tardif étaient de
bonne foi lorsqu'ils ont voulu ajouter, d'une manière très
précise, centrant la valeur réelle au concept de la valeur
marchande. On n'a qu'à regarder les articles 42 à 46, on
répète quatre ou cinq fois "valeur marchande". C'est sûr
que cela a commandé, les estimateurs n'avaient pas d'autre choix, de se
coller le plus possible au marché immobilier. Je me demande s'ils n'ont
pas été téméraires, peut-être, en voulant
inscrire dans la loi certains éléments de la jurisprudence.
Cela s'applique fort bien aux maisons unifamiliales, duplex, triplex,
mais, comme M. le maire le disait, c'est sûr que, si vous avez une usine
à papier ou une usine très spécialisée, il n'y en a
pas de valeur marchande. S'il y a une usine qui a une technologie unique, qui
ne fait qu'un seul produit et qui bâtit son usine pour la production d'un
tel produit, les estimateurs, je pense, seraient bien en peine de trouver la
valeur marchande; il n'y a même pas de valeur marchande, comme pour le
parlement ou un hôpital.
Je ne sais pas, il faudra peut-être réviser le tir au
moment de la définition des critères d'évaluation. Je
pense qu'on a peut-être été téméraires en
voulant trop appliquer ce critère de valeur marchande.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: M. le maire, à la dernière page de
votre mémoire, vous donnez une définition de maison unifamiliale,
duplex et triplex. Aimeriez-vous que cette définition soit incluse et
pourquoi voulez-vous cette spécification actuellement?
M. Pelletier: Je vous réfère, M. le
Président, à la page 4 de notre mémoire, dans le bas,
où nous disons: "De plus, il nous semble absolument nécessaire de
définir dans la loi les termes "maison unifamiliale, duplex et triplex".
Ces termes ne constituent rien de précis ou de défini par le sens
courant des mots. Il s'agit plutôt de termes qui varient au gré
des régions et des utilisateurs. Par souci d'uniformité et pour
faciliter l'application de ce mécanisme, il y a avantage à
ajouter ces définitions au texte proposé, tel que nous le
suggérons. Sans cela, on va peut-être comparer des applications
qui ne seront peut-être pas les mêmes d'une municipalité
à une autre ou d'une région à une autre. Si on veut avoir
à la fois des statistiques comparables et qu'on compare des choux avec
des choux, je pense qu'il faudrait que tout le monde sache exactement ce qu'est
un chou et ce qu'est une banane.
M. Léonard: Est-ce que je dois répondre?
M. Cordeau: Non, mais vous vouliez faire une observation.
M. Léonard: Oui, je vois à la dernière page
du mémoire... Il y a toujours des dangers à définir des
choses trop précisément, mais enfin on va regarder si on doit
faire cela.
M. Pelletier: Je veux taquiner le ministre. Il y a toujours des
dangers à
réglementer trop précisément des choses aussi.
M. Lavoie: Plus on écrit, plus il y a de trous.
Une voix: C'est une vérité.
M. Lavoie: Les Anglais avaient la sagesse de la "common law"
où il y en avait le moins possible d'écrit. Plus on veut tout
couvrir, plus on fait des ouvertures. C'est reconnu. Un notaire qui fait des
contrats de 30 pages a une meilleure chance d'être attaqué devant
les tribunaux.
Le Président (M. Laplante): D'autres questions?
M. Léonard: Je ne résiste pas à l'envie de
taquiner aussi le député de Laval en terminant l'étude de
ce mémoire.
M. Lavoie: Je n'attaque pas le ministre...
M. Léonard: Non, taquiner, j'ai dit taquiner.
M. Lavoie: ... j'attaque des principes, s'il y a lieu.
M. Léonard: C'est parce que vous avez parlé des
mots "valeur marchande" qui apparaissaient aux articles 42 à 46. C'est
cela que vous avez dit, n'est-ce pas? Les mots "valeur marchande" n'y
apparaissent nullement. Ils ne sont pas mentionnés.
M. Lavoie: Vous n'avez pas marché? Ah boni
M. Léonard: C'est parce que vous vous rappelez, ce sont de
vieilles réminiscences que vous avez. C'était dans la Loi sur
l'évaluation foncière adoptée par l'ex-gouvernement de
1971, mais ces mots-là ont été retirés deux ans
après.
M. Lavoie: Bon. Non, mais, quand même, la
vérité a ses droits. On va prendre l'article 42: Le rôle
indique la valeur de chaque unité sur la base de sa valeur
réelle. C'est le principe. Si je me rappelle bien...
M. Léonard: Les mots "valeur marchande".
M. Lavoie: Un instant! "Marché immobilier", c'est pas mal
pareil.
M. Léonard: Ah bon! Cela commence à...
M. Lavoie: Écoutez, quand même!
M. Léonard: C'est d'accord. Je voulais vous taquiner.
M. Lavoie: Non, mais si je me rappelle bien la Loi sur
l'évaluation foncière de 1972, je crois, E-16 des nouveaux
statuts... Est-ce bien cela E-16? Je pense qu'elle ne mentionnait que le
concept de valeur réelle. Mais, ce que je veux dire... Quand mêmel
on va prendre, M. le ministre, l'article 43 à la troisième ligne.
On va lire brièvement le premier alinéa. La valeur réelle
d'unité d'évaluation et sa valeur d'échange sur un
marché libre et ouvert à la concurrence, soit le prix le plus
probable qui peut être payé lors d'une vente de gré
à gré, c'est pas mal synonyme de valeur marchande. Un instant! La
fin de l'article 43, dernière ligne: ...probablement en être faite
et des conditions du marché immobilier. Le marché immobilier, la
valeur marchande. Article 45: Pour établir la valeur réelle
d'unité d'évaluation, il faut notamment tenir compte de
l'incidence que peut avoir, sur son prix de vente, le plus probable. Plus
probable et valeur marchande, écoutez... Et, article 46, dernière
ligne: Aux fins de déterminer les conditions du marché à
la date visée au premier alinéa, on peut notamment tenir compte
des renseignements relatifs au transfert de propriété survenu
avant et après cette date. Le ministre sait sans doute que vous avez, de
tous les bureaux d'enregistrement du Québec et par informatique,
régulièrement, toutes les ventes de tout le Québec qui
sont transmises au ministre des Affaires municipales qui, lui, en retour, doit
les envoyer aux estimateurs pour se rapprocher le plus possible du
marché immobilier.
Le Président (M. Laplante): M. le maire.
M. Léonard: Juste une chose.
M. Lavoie: Et votre médiane et tout ça sont
basés sur cela.
Le Président (M. Laplante): M. le maire.
M. Lavoie: Je pense que le ministre ne connaît pas encore
son dossier, il est trop récent.
M. Léonard: Non, c'est parce que vous avez sauté un
article, l'article 44, qui dit justement quoi faire quand il n'y a pas de
marché.
M. Lavoie: C'est encore pire, vous en inventez un.
Une voix: 44.
Le Président (M. Laplante): M. le maire.
M. Pelletier: M. le Président, j'ai oublié tout
à l'heure de demander...
Le Président (M. Laplante): C'est le froid qui fait
ça, M. le maire.
M. Lavoie: On dégèle, là.
M. Pelletier: J'ai oublié de demander si la commission a
envisagé de débarrasser le texte de ce qui m'apparaît
carrément une espèce de maquillage, l'expression "crédit
fiscal". C'est bien beau appeler ça crédit fiscal mais, à
toutes fins utiles, ce sont des taux de taxes différents pour certaines
catégories d'immeubles. Pourquoi ne le dit-on pas carrément dans
la loi et les gens vont comprendre? Personne ne comprend de nos contribuables.
On essaie de leur expliquer que finalement, ils vont payer l'équivalent
d'un taux de taxes, mais sans qu'on l'appelle comme cela et sans que dans nos
règlements on puisse y faire référence. Je comprends qu'il
y a peut-être une question de principe, mais à toutes fins utiles,
étant donné qu'on est plus dans les faits que dans les principes,
pourquoi on ne les admet pas carrément et qu'on laisse faire cette
espèce d'expression qui, à mon avis, va mêler tout le monde
et qui, dans le fond, est un maquillage simple et net; comme on l'a d'ailleurs
reconnu au comité conjoint de la fiscalité, le taux de taxe
différent pour l'unifamilial, le duplex et le triplex permis de
façon exceptionnelle pour deux ans, dans des limites convenues.
M. Léonard: M. le maire, je pensais qu'on tenait beaucoup
à ce principe de l'équité fiscale et dès qu'on s'en
départissait, il me semblait qu'on devait rendre la chose absolument
transparente. Règle générale, quand on donne une
réduction comme celle-là, c'est véritablement un
crédit qu'on accorde et les gens sont très habitués
à ce mot crédit.
M. Pelletier: Vous savez, M. le ministre, nous, au niveau...
M. Léonard: Enfin, on pourrait différer d'opinion
là-dessus, remarquez, mais...
M. Pelletier: M. le ministre, nous, au niveau municipal, on est
plus habitué à envoyer un compte pour avoir nos revenus
qu'encaisser des produits de taxes indirectes qui sont payées alors que
le citoyen ne s'en rend pas compte. Vous savez, on est habitué à
la transparence fiscale au niveau municipal. Pourquoi ne pas appeler taux de
taxe différent ce qui l'est?
M. Léonard: C'est justement, c'est très
transparent, le crédit. Cela ne peut pas l'être plus, à mon
avis. Enfin, quoi qu'il en soit, cela a été un mot adopté,
je pense même utilisé lors des consultations avec le comité
conjoint. Je ne crois pas tout à coup qu'on...
M. Pelletier: J'ai l'impression que c'est plutôt le
sous-comité technique qui tenait à cette expression-là, M.
le ministre, si vous me permettez de vous le rappeler.
Le Président (M. Laplante): Sur ce, il est temps de se
faire les voeux, M. le ministre.
M. Léonard: Joyeux Noël!
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le maire.
M. Pelletier: M. le ministre, je ne vous dis pas joyeuses
Pâques, j'ai vraiment l'intention de vous revoir d'ici là.
M. Lavoie: Dépêchez-vous.
Etude des articles
Le Président (M. Laplante): Maintenant j'appelle le projet
de loi no 12, Loi modifiant certaines dispositions législatives
concernant les municipalités.
M. le ministre.
M. Lavoie: Un instant, un instant.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Laval.
M. Lavoie: Quoi, article par article?
Le Président (M. Laplante): Oui, article par article.
M. Lavoie: M. le ministre, vous allez avoir notre collaboration.
On va essayer de passer à travers les papillons et le projet de loi. On
est prêt à commencer ce soir et continuer demain afin que le
projet de loi soit adopté normalement d'ici à vendredi, pour
ne pas qu'il y ait de vacuum au point de vue de ce que vous appelez le
crédit d'impôt, pour le 1er janvier, et régulariser les
budgets des villes, etc. J'aurais seulement un commentaire, que je voudrais
faire avant d'entreprendre l'étude article par article. J'en ai
parlé aux administrateurs, aux cadres supérieurs de votre
ministère. Je vais vous dire pourquoi. Je sais que des personnes qui
sont ici, au cas où... Je ne voudrais pas attendre qu'on soit à
l'étude article par article. (22 h 45)
II s'agit de l'article 204, huitième
paragraphe. C'est pour une situation qui se retrouve à certains
endroits au Québec, pour certains ministres du culte. J'ai eu des
représentations de ministres du culte de religion orthodoxe, de religion
protestante, de religion juive et même quelques cas de religion
catholique, pour les résidences des ministres du culte qui
n'appartiennent pas à la fabrique ou à la congrégation
religieuse. On sait pertinemment que ce sont des traditions qui existent dans
certaines congrégations religieuses. On sait que, dans la religion
catholique, qui est la majorité au Québec, les résidences,
soit presbytères ou autres, appartiennent à la fabrique, et elles
sont nécessairement exemptes de taxes. Pour d'autres
dénominations religieuses, protestantes, juives et orthodoxes, leurs
traditions, c'est que la résidence, un bungalow ou une résidence
unifamiliale appartient en propre au ministre du culte ou à son
conjoint. En vertu de la loi 57, ils ont été privés d'une
exemption de taxes qu'ils avaient auparavant. On sait que ce n'est pas un luxe
d'avoir une résidence pour le ministre du culte. Cela sert, directement
ou indirectement, aux services qu'il rend à ses concitoyens de
même dénomination religieuse. Ces ministres du culte
reçoivent souvent leurs paroissiens. Il y en a même qui ont des
écoles dans leurs sous-sols, école du samedi ou du dimanche, qui
ne sont pas reconnues par le ministère de l'Éducation. Il s'agit
d'un nombre très limité. J'ai posé la question à
l'estimateur de la Communauté urbaine de Montréal, il m'a
mentionné possiblement à Montréal - mais, j'aimerais que
ce soit vérifié plus à fond - une soixantaine de cas.
D'après mes renseignements, ce serait plutôt 30 ou 35. Je me
demande, s'il n'y aurait pas possibilité, à l'article 204,
huitième alinéa, d'apporter un amendement qui couvrirait
l'exemption: Un immeuble appartenant à une corporation
épiscopate, une fabrique, une institution religieuse ou une
église constituée en corporation, ou un ministre du culte ou son
conjoint et qui sert principalement, soit à l'exercice du culte public,
soit comme palais épiscopal, soit comme presbytère à
raison - il ne s'agit pas de l'étendre - d'un seul par église ou
congrégation, de même que ses dépendances immédiates
utilisées aux mêmes fins. En somme, il s'agit uniquement
d'apporter une équité, le droit qu'ils avaient avant d'être
exemptés.
J'aimerais avoir la réaction du ministre. Si jamais, vous avez
des questions à poser, le rabin Kramer est ici ainsi que l'estimateur de
la Communauté urbaine de Montréal; ils pourront fournir des
renseignements supplémentaires, avant l'étude de cet article
où j'ai l'intention d'apporter un amendement. J'en ai déjà
saisi les techniciens de votre ministère.
M. Léonard: Nous sommes déjà au courant de
cette situation. Nous allons voir s'il y a moyen d'apporter un amendement
là-dessus à la loi, mais j'en doute, à moins que cela ne
soit très restrictif. C'est ce qui est le problème dans tout
cela. Vous le connaissez très bien.
Pour l'instant, on ne voit pas encore comment on pourrait le traiter,
tel qu'il est présentement. On peut y travailler encore, mais je vous
fais cette réponse.
M. Lavoie: Comme je vous le dis, il s'agit de le limiter à
la résidence. Dans la religion catholique ou d'autres religions
protestantes, il est de tradition que le presbytère soit à
côté de l'église et appartienne à la fabrique et ils
ont l'exemption. Pourquoi d'autres dénominations n'auraient pas le
même privilège, même si cet immeuble appartient au ministre
du culte, que ce soit limité seulement à son logement? Il ne
s'agit pas de couvrir un duplex; une seule par congrégation. Il ne
s'agit pas de résidence secondaire, uniquement la résidence
principale. Que ce soient des religions fictives ou autres, on peut dire une
église constituée en corporation, suivant les lois du
Québec, pour ne pas aller chercher une charte aux États-Unis pour
être exemptés de taxes d'une religion fictive.
M. Léonard: M. le député, si vous me
permettez, là-dessus, l'article 8 se lit comme suit: Un immeuble
appartenant à une corporation épiscopale, une fabrique, une
institution religieuse ou une église constituée en corporation et
qui sert principalement, soit à l'exercice du culte public, soit comme
palais épiscopal, comme presbytère à raison d'un seul par
église, de même que ses dépendances immédiates
utilisées aux mêmes fin, sont exempts de toutes taxes
foncières, municipales ou scolaires.
Ce dont vous parlez, en réalité, ce sont des
propriétés privées qui servent en partie pour des fins du
culte.
M. Lavoie: Qui servent de résidence au pasteur ou au
ministre du culte. Cela peut être un anglican, cela peut être un
presbytérien.
M. Léonard: Oui, mais c'est privé. Il s'agit de
propriété privée, à ce moment-là. Donc, la
propriété, c'est quand même un des critères
fondamentaux à la loi 57, quand il s'agit d'exemption.
M. Lavoie: M. le ministre, il ne s'agit pas de regarder le point
de vue juridique ou technique, il faut regarder l'équité. Si
c'est une résidence du ministre du culte qui sert ses paroissiens et
autres, ce n'est pas un commerce.
M. Léonard: Non, ce n'est pas un commerce.
M. Lavoie: C'est une question d'équité. Je ne
voudrais pas pousser au juridisme, parce que cela lui appartient en son nom
personnel. C'est une tradition chez lui et cela n'appartient pas à la
congrégation. Cela ne sert pas à autre chose que de toit pour le
ministre du culte. Je voudrais bien que ce soit très restrictif, mais il
ne faut pas l'élargir.
Antérieurement, ils avaient l'exemption.
M. Léonard: En tout cas, on peut le regarder encore
quelque temps et on va voir. Je sais que nous avons reçu des
représentations à cet effet, comme vous, aujourd'hui, mais nous
les avons reçues il y a au moins trois semaines. Cela a
été regardé bien attentivement, nous allons le faire
encore. Ce n'est pas rejeté d'emblée.
M. Lavoie: Si je plaide cette cause, je sens que c'est une
question équitable.
Le Président (M. Laplante): Êtes-vous prêts
à étudier ce projet de loi article par article?
J'appelle l'article 1.
M. le ministre.
M. Léonard: À l'article 1, nous n'avons pas de
modifications. Nous le proposons tel quel.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: J'avais des commentaires sur la
décentralisation et certaines difficultés que cela peut
représenter, notamment en ce qui concerne le projet de loi no 9 qui est
devant l'Assemblée nationale, actuellement, sur la
délégation pour les inspecteurs, pour l'économie de
l'énergie et tout. Je n'ai pas d'autres commentaires à faire pour
le moment.
M. Léonard: Je tiens simplement à souligner...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Huntingdon.
M. Dubois: L'Union des conseils de comté, dans son
mémoire, a indiqué certaines réserves là-dessus,
à l'article 1, au niveau de la délégation de pouvoir. Je
ne sais pas si le ministre a pris connaissance de tous ces arguments?
M. Léonard: J'y ai répondu. M. Dubois:
D'accord.
M. Léonard: Je tiens simplement à mentionner qu'il
s'agit vraiment d'une délégation sur base volontaire, absolument
libre, de la part des municipalités. Je considère, quant à
moi, qu'elles sont assez adultes pour décider elles-mêmes si elles
veulent l'exercer ou si elles ne veulent pas l'exercer. Tant que c'est comme
cela, sur une base volontaire, à mon avis, il n'y a pas de
problème qui se pose.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Cordeau: Non. C'était dans l'autre projet de loi, on a
employé l'expression "peut ou doit" et on disait que c'était
à peu près la même signification.
M. Léonard: "Peut accepter", c'est difficile d'y aller
d'une façon plus volontaire que cela.
M. Cordeau: Vous ne pouvez plus en accepter, d'accord. Je
l'accepte.
Le Président (M. Laplante): Artice 1, adopté?
Adopté.
Article 2, avec papillon, je crois.
M. Léonard: Article 2, oui. Le papillon est qu'on
ajouterait, à la fin du paragraphe 3, l'alinéa suivant: La
surtaxe visée au présent paragraphe remplace celle visée
au paragraphe 1 dans le cas où il y a cette surtaxe de 100%. C'est
à la suite d'une remarque des maires de la banlieue de Montréal
à l'effet de savoir si les 100% s'ajoutaient aux 50% déjà
prévus; or, il n'en est rien. C'est le maximum, 100%.
M. Lavoie: J'ai fait des remarques, à quelques reprises
sur cette surtaxe des terrains non desservis. Je me demande si j'ai
réussi à ébranler le ministre sur le danger que cela peut
représenter. Le ministre est comptable agréé, je crois, il
sait compter. Il peut en résulter des injustices assez sérieuses,
à mon point de vue. En somme, même si le propriétaire veut
les exploiter, il ne le peut pas: II n'y a pas d'égouts, il n'y a pas
d'aqueduc, il n'y a pas de rue et c'est la municipalité qui a tous les
pouvoirs discrétionnaires pour l'installation des services.
M. Cordeau: Moi-même, je l'ai mentionné quelquefois.
J'ai peur, à un moment donné, qu'une municipalité, entre
autres, puisse surtaxer ces terrains sans fournir les services requis en
disant: Ce n'est pas dans notre plan triennal.
M. Lavoie: On n'a pas les moyens.
M. Cordeau: On ne l'a pas prévu dans
notre plan triennal. Et elle va imposer une surtaxe.
M. Léonard: Je dois mentionner qu'au comité
conjoint sur la fiscalité municipale on voulait étendre cette
disposition à tout le Québec; nous avons restreint son
application a l'île de Montréal, au territoire de la CUM. Je
rappelle encore une fois qu'il s'aqit d'un pouvoir habilitant, c'est permissif
pour les municipalités. C'est à elles de juqer si elles doivent
l'appliquer ou pas, quelles sont les conséquences. Il me semble qu'elles
sont proches de leurs administrés et, à ce moment-là, si
vraiment il y a des injustices, c'est à elles de décider de ne
pas appliquer la surtaxe ou de la limiter à 50%.
M. Lavoie: Cela ne m'impressionne pas quand vous parlez du
comité conjoint. Ce n'est pas parce que le maire et les
vice-présidents sont là que je suis obligé de leur donner
raison. Je défends des principes. J'ai déjà dit que le
comité conjoint n'a qu'un côté du guichet, il n'y a que les
percepteurs de taxes dans ce comité conjoint; autant le gouvernement, le
ministre des Finances que les municipalités. Le citoyen, le contribuable
physique ou corporatif n'était pas représenté au
comité conjoint. Tout le monde était là pour se
partager...
M. Cordeau: Le gâteau!
M. Lavoie: ... le gâteau et ce n'est pas parce que le
comité conjoint voulait l'étendre à tout le Québec
qu'il avait raison à mon avis. Je vous dis qu'il peut arriver des cas...
Le but d'une surtaxe sur des terrains desservis est qu'on veut provoquer et
pousser la construction. C'est cela. Il ne faut pas que le type s'asseoie
dessus et profite de l'inflation. On veut l'encourager pour qu'il les mette en
exploitation et qu'il bâtisse. C'est cela, l'objet. Mais il peut arriver
des cas où certaines villes vont avoir intérêt à ne
pas desservir aucun terrain, à ne encourager ce développement.
Elles vont dire: On va aller chercher des revenus assez importants et gras pour
ceux qui sont déjà exploités, pour ceux qui sont
déjà en place et pénaliser ceux qui ont ces terrains. Ces
gens n'ont aucun recours en justice, ils ne peuvent pas aller devant les
tribunaux, ni à la Commission municipale pour exiger l'exploitation de
leurs terrains. (23 heures)
Ils n'ont aucun recours. Je pense que ce sont des évaluations
assez minimes, ce n'est pas grave. Mais je connais des terrains non desservis,
dans des municipalités, qui ont des évaluations de $0.50 et de
$0.60 le pied carré, brut en arpent, en terre, pas de rue, rien; ce qui
fait $20,000 l'arpent. Il peut arriver deux cas: Soit que les gens ne soient
plus capables de payer - je ne pense pas que ce soit l'intention des
municipalités, ni du ministre que ce soit vendu pour taxes et que cela
devienne la propriété de la municipalité - ou si le
propriétaire a les reins assez solides pour les supporter, il va
capitaliser, et, lorsque cela sera desservi plus tard, c'est le petit
entrepreneur ou le propriétaire qui va payer la note. Je suis d'accord
qu'il y ait une surtaxe sur des terrains desservis, qu'on ne profite pas d'une
plus-value indûment; mais, sur des terrains non desservis, je trouve que
c'est une injustice criante.
Vous dites: 100%, la surtaxe pour les terrains desservis et l'autre doit
être moindre. Qu'est-ce qui vous empêche que l'autre ne soit pas
99%? Tel que rédigé... Cela peut être la même chose,
je m'excuse!
M. Léonard: Pas tant que cela!
M. Cordeau: Le qualificatif n'est pas...
M. Lavoie: ...avec une évaluation forte comme cela, ils
vont dire: On va les laisser là et on va les reprendre, ces terrains;
qu'ils paient la note!
M. Léonard: Nous n'avons pas donné raison non plus
au comité conjoint à 100% là-dessus. Nous avons restreint
l'application d'une telle clause à l'île de Montréal, au
territoire de la CUM qui, à notre avis, gagnerait d'ailleurs à...
A l'heure actuelle, c'est une possibilité qui leur est offerte. Encore
une fois, cela a un caractère permissif, ce n'est pas une obligation.
Les municipalités vont être juges de l'application de cette
clause. Ce sont elles qui vont avoir à la défendre si jamais il y
avait des injustices qui étaient causées par une telle
clause.
M. Lavoie: S'il y a des injustices, il n'y a aucun recours.
M. Cordeau: Est-ce qu'il n'y aurait pas possibilité de
faire un amendement advenant le cas où le propriétaire subira
l'imposition de cette surtaxe? S'il demande le développement de ses
terrains, la ville devra développer ses terrains.
M. Lavoie: II est question de bassins et de collecteurs, à
certains endroits, mais la ville ne pourra jamais les...
M. Cordeau: Pourquoi? Si la ville peut surtaxer les terrains
vagues non desservis...
M. Lavoie: M. le ministre, j'aimerais apporter un autre argument.
Vous allez voir, c'est un argument de justice, je crois. J'aimerais mieux que
le ministre, quand il me répond, argumente sur une question de fond, et
non pas dire: C'est permissible, etc. Vous savez que cela peut avoir comme
conséquence une pénalité énorme pour les
cultivateurs du Québec en vertu de la loi sur le zonage agricole et des
dispositions de la loi 57, lorsque des terres agricoles sont portées au
rôle selon la vraie valeur économique. J'ai des cas dans Laval
où cela peut être de $1 le pied comme terres agricoles à
certains endroits, zonées en vertu de la Loi sur le zonage agricole et,
si jamais elles sortent de la zone, elles sont obligées de payer, dix
ans en arrière, le vrai taux de la taxe des promoteurs immobiliers .
Vous allez mettre des cultivateurs... Il y en a qui vont sortir de la zone dans
trois ou quatre ans. Ils vont être carrément en faillite. Ils ne
récupéreront pas assez de la vente de leur terre pour payer
l'arrérage des taxes. Il y a des cas, M. le député, en
plein coeur d'une ville, cela arrive...
M. Rancourt: Pour payer, il n'y a aucun problème.
M. Lavoie: Pensez-y! L'expérience du milieu, pensez-yl
M. Rancourt: Je la connais.
M. Lavoie: M. le ministre, est-ce qu'on pourrait suspendre cet
article? J'aimerais préparer un amendement, au moins pour réduire
un peu - si ce n'est pas "desservi", ce sera au moins 50% moins que la surtaxe
des terrains desservis ou quelque chose... C'est une question
d'équité. On est ici pour légiférer non pas pour le
présent, mais, une fois les lois dans les statuts, elle sont là
pour longtemps. L'ouverture que vous faites à la Communauté
urbaine de Montréal, c'est un précédent qui, avant
longtemps, sera peut-être étendue à toutes les
municipalités du Québec, même si c'est demandé par
l'Union des municipalités. Je demanderais que cet article soit suspendu
et qu'on y pense d'ici à demain.
M. Léonard: On a passablement examiné cet article.
Regardez les exemptions qu'il y a, par exemple: "Ne sont pas assujettis
à la surtaxe prévue au paragraphe e), la ferme et le boisé
au sens de la Loi sur l'évaluation foncière, le terrain
utilisé de façon continue à des fins d'habitation, etc."
Déjà vous excluez un bon nombre de ces terrains. Je vois mal
comment vos objections puissent tenir dans ce cas.
M. Lavoie: Vous connaissez les dispositions de la loi en ce qui
concerne des terrains qui sont zones, qui sont protégés en vertu
du zonage agricole actuellement, qui ont la protection de la limite
d'évaluation et de taxation, tant que c'est zoné agricole, mais,
si jamais, à cause des besoins économiques, une demande de la
municipalité, en dehors du contrôle du propriétaire... Je
connais des terres en plein coeur de la ville de Laval, voisines de
l'hôtel de ville et ailleurs qui sont zonées agricoles. Il va
éventuellement arriver des circonstances où cela n'aura plus de
sens. Là, cela pourrait être à la demande de la
municipalité. Cela pourrait être une décision, en dehors du
contrôle du propriétaire. Il pourrait y avoir une décision
de la commission du zonage agricole qui soit sortie. Même si le terrain
à ce moment-là vaut $200,000 ou $300,000, on sera peut-être
appelé à payer plus de taxes dix ans en retard, en plus des
subventions reçues du ministère de l'Agriculture et toute la
valeur de son terrain.
M. Rancourt: Vous êtes en dehors de la volonté de
l'agriculteur. C'est donc une expropriation et en expropriation, on n'a pas le
droit de remettre.
M. Lavoie: M. le député, si vous connaissez bien la
loi...
M. Rancourt: Je la connais.
M. Lavoie: ... une ville peut faire une demande pour
"dézoner", en dehors du contrôle...
M. Rancourt: Oui.
M. Lavoie: ... et faire une requête à la commission.
Cette commission peut "dézoner" en dehors même... Ce n'est pas une
expropriation. Non, une expropriation, c'est un besoin.
M. Rancourt: Ce n'est pas en fonction de la volonté
cela.
M. Léonard: Je remets en cause l'exemple que vous
utilisez, quand vous parlez de Laval. Cela ne s'applique pas à
Laval.
M. Lavoie: Écoutez, Rivière-des-Prairies, ville
Saint-Laurent.
M. Léonard: II n'y a pas de terrain agricole
là.
M. Lavoie: M. le ministre, je dois vous dire qu'à
Saint-Laurent, à la demande des cultivateurs, il y a des secteurs qui
ont été zonés agricoles. Voyons, il y en a.
M. Léonard: Y a-t-il des secteurs qui ont
été zones agricoles à Saint-Laurent?
M. Lavoie: Oui et il y en a ailleurs, l'Île-Bizard.
M. Léonard: II y en a à l'Île-Bizard. M.
Lavoie: Toute l'Île-Bizard est...
M. Léonard: Ces gens-là bénéficient
de l'exemption de la surtaxe.
M. Cordeau: Oui, ce ne sont pas des terrains.
M. Lavoie: ... des zones vertes, mais il y a d'autres aspects des
terrains qui portent une évaluation très importante et qui ne
peuvent pas avoir des services dans certains secteurs de la ville avant dix
ans, parce que cela amène l'ouverture d'un bassin collecteur, de
drainage et ces gens-là, que ce soient des compagnies ou des individus,
ne pourront pas garder leur terre qu'ils ont achetée dans le but de
lotir. La ville ne peut pas leur donner les services avant dix ans, à
cause...
M. Léonard: M. le député, je veux bien
suspendre l'article jusqu'à demain.
M. Lavoie: Oui.
M. Léonard: Si vous vouliez nous apporter un amendement,
je veux bien le regarder...
M. Lavoie: Oui, pour atténuer un peu. J'essaie de...
M. Léonard: ... mais, en fait, on a essayé
de...
M. Lavoie: Je pense qu'on irait plus vite, ce soir, en le
suspendant, quitte à y repenser de nouveau en regardant les
implications.
Le Président (M. Laplante): L'article 2 est suspendu.
J'appelle l'article 3.
M. Léonard: L'article 3 c'est pratiquement le même
que l'article 1, sauf qu'il s'applique aux municipalités régies
par la Loi sur les cités et villes.
Le Président (M. Laplante): L'article 3 est-il
adopté?
M. Léonard: Si l'Opposition n'est pas là, on va
suspendre.
Le Président (M. Laplante): La commission est suspendue
pour cinq minutes.
(Suspension de la séance à 23 h 11)
(Reprise de la séance à 23 h 20)
Le Président (M. Laplante): Les travaux de la commission
sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 23 h 21)