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(Dix heures seize minutes)
Le Président (M. Rodrigue): La séance de la
commission élue permanente des affaires municipales est ouverte. Le
mandat de cette commission est d'entendre les personnes ou organismes
relativement au projet de loi no 46, Loi modifiant la Loi de la
Communauté urbaine de Montréal.
Les membres de cette commission, de même que ses intervenants,
sont les députés Bissonnet (Jeanne-Mance), Caron (Verdun), Dubois
(Huntingdon) remplacé par Ryan (Argenteuil), Fallu (Groulx)
remplacé par LeMay (Gaspé), Lachance (Bellechasse)
remplacé par Laplante (Bourassa), Lachapelle (Dorion), Léonard
(Labelle), Ouellette (Beauce-Nord) remplacé par Harel (Maisonneuve),
Rochefort (Gouin), Rocheleau (Hull), Tremblay (Chambly).
Les intervenants à cette commission sont les
députés Beauséjour (Iberville) remplacé par
Paquette (Rosemont), Bélanger (Mégantic-Compton) remplacé
par Polak (Sainte-Anne), Brouillet (Chauveau) remplacé par Bisaillon
(Sainte-Marie), Desbiens (Dubuc), LeBlanc (Montmagny-L'Islet), Picotte
(Maskinongé) remplacé par Fortier (Outremont), Ryan (Argenteuil)
remplacé par French (Westmount) et Saintonge (Laprairie) remplacé
par Bourbeau (Laporte).
À ce stade-ci de nos délibérations, il y aurait
lieu de nommer un rapporteur. Est-ce que vous avez une suggestion?
M. Léonard: Mme Lachapelle, députée de
Dorion.
Des voix: Unanime.
Le Président (M. Rodrigue): Mme Lachapelle,
députée de Dorion, est nommée à l'unanimité
à la suite de la proposition de l'Opposition.
Une voix: Est-ce que Mme Lachapelle accepte, M. le
Président?
Le Président (M. Rodrigue): Mme
Lachapelle m'a signalé qu'elle accepte avec plaisir d'être
rapporteur de notre commission. Pour les travaux de cette journée, nous
entendrons les mémoires du comité exécutif de la
Communauté urbaine de Montréal, présenté par M.
Pierre Des Marais II, de Transport 2000 Québec, de la Commission de
transport de la Communauté urbaine de Montréal. Pour vous aider
à vous retrouver, je vous signale que le mémoire de
l'exécutif de la Communauté urbaine de Montréal porte le
no 3, celui de Transport 2000 Québec porte le no 4, celui de la
Commission de transport de la Communauté urbaine de Montréal
porte le no 18.
Nous entendrons également le Conseil de l'industrie
laitière du Québec Inc., mémoire no 16; le Syndicat des
fonctionnaires municipaux de Montréal, mémoire no 10; le Syndicat
canadien de la fonction publique, local 301, mémoire no 17 et M. Robert
Hainault, à titre personnel, mémoire no 14.
M. Lamarre (Yvon): Est-ce que je peux faire une distinction?
Le Président (M. Rodrigue): M.
Lamarre.
M. Lamarre: M. Des Marais présente le mémoire no 3
à titre de maire de la ville d'Outremont.
Le Président (M. Rodrigue): M. Des
Marais, je pense bien, pourra préciser cela. Je vous remercie de
nous l'avoir signalé.
À ce stade de nos délibérations, j'invite M. Pierre
Des Marais II à prendre place. Pour lancer nos débats, j'invite
le ministre des Affaires municipales et député du comté de
Labelle à présenter ses remarques préliminaires.
M. le ministre.
Remarques préliminaires M. Jacques
Léonard
M. Léonard: M. le Président, Mmes et MM. les
membres de la commission, les maires de l'île de Montréal, en
particulier, le maire de la ville de Montréal et les conseillers de
Montréal, ceux de l'agglomération de Montréal, tous ceux
qui sont ici, je voudrais vous remercier ainsi que tous les élus
municipaux, maires et conseillers, qui sont venus ici et, en particulier, le
président de la Communauté urbaine de Montréal. M. le
maire de Montréal, j'espère que nos débats ne seront pas
trop longs compte tenu de l'accident qui vous est arrivé.
Je remercie aussi M. le maire de la ville d'Anjou, président de
la conférence des maires de banlieue, tous les groupes et mouvements de
citoyens qui sont soucieux du progrès économique tout autant que
de la qualité de vie et, enfin, tous les citoyens qui ont
décidé de venir à cette commission parlementaire.
Le projet de loi no 46, que nous allons étudier durant les trois
jours qui viennent, a été déposé en décembre
dernier. Il est issu de nombreux témoignages reçus,
demandés et sollicités par le gouvernement depuis quelques
années. Une partie, d'ailleurs, des citoyens et des organismes qui
viendront déposer leurs mémoires aujourd'hui et les jours qui
viennent avaient déjà fait part de leur avis au gouvernement
à l'automne 1980. Un comité interministériel a
travaillé plusieurs mois. C'était près de douze ans, jour
pour jour, après la création d'une communauté urbaine
à Montréal. Aujourd'hui, nous revoyons en quelque sorte tous les
intervenants de cette communauté. Nous avons voulu que cette
révision soit dynamique et la plus ouverte possible au sein de la
communauté et au sein de l'Assemblée nationale.
Nous recevrons donc une vingtaine de mémoires et une multitude de
suggestions, et, moi, je pense que c'est tant mieux pour le débat. Le
gouvernement que nous représentons à cette commission
parlementaire a toujours montré beaucoup d'intérêt au
progrès, aux démarches et à l'avenir de Montréal,
de l'agglomération de Montréal aussi, qu'on ne peut plus
dissocier, en ce siècle, du sort de la seule ville de Maisonneuve. En
1978, le Conseil des ministres avait retenu notre politique d'intervention dans
la région de Montréal qui, grâce à l'appui de
l'administration montréalaise en particulier, commence à faire
ses preuves. Ce qu'on a appelé l'option préférable
d'aménagement de Montréal et le sommet économique sur
l'avenir de Montréal qui a suivi ou même les études sur le
projet Archipel, opérations toutes aussi éloignées les
unes des autres, tout cela a marqué notre préoccupation comme
gouvernement quant au territoire unique, quant à l'économie
typique, quant à l'environnement particulier et délicat et quant
au leadership omniprésent de l'agglomération de Montréal
dans l'équilibre de tout le Québec.
Avant tout, je tiendrais, lors de ce débat, à ce que
s'élargisse en tout sens, géograhique, économique et
culturel, tout le débat sur le devenir de ce que les
Québécois et les Américains appellent Montréal. Le
mot Montréal est reconnu mondialement. Sa réalité est plus
diffuse qu'on oserait bien des fois le concevoir. Si son symbole d'une grande
beauté, comme le mont Royal, est situé en plein coeur de la ville
de Montréal pour l'analyste des implantations géographiques d'une
grande multinationale, cela peut tout aussi bien être un terrain
aménagé à Saint-Laurent que dans le parc industriel
Moreau. Il sera pourtant toujours question qu'il s'installe à
Montréal. Il aura traversé des limites urbaines qu'il n'aura pas
nécessairement perçues, la trame urbaine conservant la même
intensité et certains équipements communautaires étant
toujours présents. La réalité montréalaise, pour un
Québécois de la Gaspésie, est souvent collée aussi
à la même trame. Il ne sait pas nécessairement qu'il y a 28
autres villes sur l'île de Montréal.
Montréal sort grandie d'une telle perception et ni
Dollard-des-Ormeaux ni Outremont ne risquent, pour autant, d'être
reconnues comme des quartiers de la grande ville. L'île de
Montréal n'est pas divisée en 29 territoires. Elle réunit
29 municipalités autonomes l'une par rapport à l'autre en termes
de pouvoirs délégués et de juridictions. À cause de
leur tissu urbain marié, à cause de leurs problèmes
d'insulaires communs, par exemple, l'assainissement des eaux, à cause
d'une meilleure qualité de transport en commun sur l'ensemble de
l'île, ces municipalités ont toujours cherché à
collaborer. La commission métropolitaine de Montréal, en 1921, la
commission Paquet, en 1952, le comité Croteau, en 1958, la corporation
de Montréal métropolitain, en 1959, toute cette
énumération ne se résume qu'en une série de
tentatives de dialogue devant des défis d'organisation régionale
ou métropolitaine.
Aujourd'hui, le grand ensemble de Montréal, c'est le territoire
où vivent le plus de Québécois au mètre
carré. C'est la plus grande densité industrielle au mètre
carré. C'est l'endroit où l'on vit avant partout ailleurs au
Québec les plus grands défis d'organisation urbaine.
Équipements, autoroutes, métro, port de mer intérieur, 19
parcs industriels et encore beaucoup de terrains vierges, tout cela se retrouve
- fait unique au monde - sur une seule et même île. La grande
région de Montréal concentre 56% de la population
québécoise, 70% de la production manufacturière et plus de
350 000 emplois industriels. L'île en est le coeur et, si vous me le
permettez, Montréal est le coeur du coeur. Force est que tous ceux qui
ont choisi de demeurer sur cette île s'unissent et composent ensemble
chaque fois qu'il est question de besognes et de défis communs.
Nous avons déjà un outil: la Communauté urbaine de
Montréal. Si elle n'avait pas été là, point de
doute, les problèmes intermunicipaux se seraient exacerbés. Il y
a plus de concertation et moins d'actes isolés depuis douze ans. Au
départ, à tout le moins, il y a eu unanimité des
décisions quant aux grandes orientations de la communauté,
surtout en 1970 et en
1971. Il s'est, paraît-il, posé des problèmes de
fonctionnement par la suite. L'une des parties qui s'en plaint beaucoup aura
à faire la preuve de tous ces problèmes. Je pense qu'après
douze ans il pouvait être question d'en moderniser les mécanismes
mais cette communauté doit servir l'île de Montréal. Son
rôle de pôle de développement doit s'enrichir et
Montréal souffre de ce que sa structure industrielle soit venue au monde
avant 1940. La relève, elle, doit venir de partout sur l'île, y
compris de la ville de Montréal. En ce sens, la région
métropolitaine ne doit ni ne peut craindre les efforts de
Montréal.
Toronto est le concurrent de Montréal, il est vrai. La
rivalité de Toronto ne se définit pas si on oublie que la
conurbation torontoise recèle plus de la moitié de sa force
industrielle. Même chose pour Calgary et son développement en
pourtour qui est en train de s'installer.
Aujourd'hui, pour le futur, nous devons donc déterminer comment
l'agglomération de Montréal doit s'équiper en une seule
communauté et avec des objectifs communs pour rivaliser avec les autres
grands ensembles nord-américains.
Baltimore est le grand concurrent de Montréal lorsqu'il s'agit de
transit de containers. Pas plus la seule ville de Baltimore que la seule ville
de Montréal n'explique ce genre de situation.
Il faut aussi, en termes d'aménagement, en termes de transport,
s'ouvrir à l'établissement d'une table de concertation
régionale, sans nécessairement l'institutionnaliser, où on
discutera des grands problèmes d'aménagement de la grande
région montréalaise où même les instances
extérieures à l'île devraient être
intéressées.
Le défi que nous avons est simple. Qui va s'occuper, et comment,
des équipements et de l'infrastructure du grand ensemble de
Montréal? Le gouvernement? Nous avons rejeté cette solution.
Aucune concertation régionale ne se créerait et le dynamisme du
milieu risquerait aussi d'en souffrir. Des régies gouvernementales
seraient une solution que j'appellerais de contournement qui ne nous semble pas
receler le pouvoir de canaliser les forces démocratiques et
l'élan du milieu. Un organisme semblable essaie de gérer le
complexe de Mirabel présentement. Cela semble constituer la preuve que
la réalité montréalaise mérite une meilleure
solution. (10 h 30)
Cette solution, nous semble-t-il, c'est le projet de loi no 46, tout
aussi perfectible soit-il - s'il ne l'était pas, nous ne serions pas
là pour en discuter - il ne crée pas de structure artificielle
basée sur des arrondissements ou des regroupements de territoire. Il
respecte en tous sens les responsabilités et les devoirs de chaque
municipalité de la métropole et des 28 autres villes dont la
vocation de banlieue dortoir n'est pas nécessairement inscrite dans leur
devenir, comme aujourd'hui pour Saint-Laurent, Lachine ou Dorval. Il consolide
la coordination équilibrée d'une gérance intermunicipale
de services communautaires. Il additionne 29 dynamismes autonomes. Il oblige
à beaucoup d'efficacité et il accroît la responsabilisation
des élus délégués par chacune des
municipalités qui composent la communauté. Il vise à ce
que chacune des entités puisse avoir droit au chapitre des
décisions communautaires à travers la vie des contribuables,
à travers les orientations d'un conseil et par la concertation d'un
comité exécutif restreint.
Nous avons proposé une telle structure parce que nous ne croyons
pas qu'il y ait d'intérêt, ni d'ambition objectivement divergents
à l'intérieur des responsabilités que confient les
municipalités de l'île de Montréal à la
communauté de l'île de Montréal. Quelle que soit le type de
structure, le type de balancier qu'on ait pu inventer pour que
l'équilibre soit atteint le plus souvent possible au centre, et d'un
bout à l'autre de l'île, les avenues que nous proposons
déboucheront si le jeu est joué à fond, sans
réticence, et surtout si l'on y associe tous les citoyens qui ont choisi
de vivre et de se plaire à vivre sur l'île de Montréal.
Après avoir lu l'ensemble des mémoires adressés au
gouvernement à l'automne 1980 et ceux que nous recevrons ces jours-ci,
je demeure convaincu qu'il y a plus d'unanimité que de divergence dans
l'ensemble de ces témoignages. Tous veulent que l'agglomération
montréalaise soit de plus en plus présente sur toutes les cartes
du monde, sur les cartes où l'on note l'initiative et l'innovation
industrielles autant que culturelles.
Nous ne faisons pas présentement une réforme, comme les
commentateurs se plaisent à le dire, nous proposons de mieux construire
l'île de Montréal pour que plus de citoyens aient envie d'y vivre
et d'y travailler, pour que plus de citoyens y voient la chance de faire partie
d'une ville, d'un quartier, d'une rue dynamique. Je crois que les statuts, les
mécanismes et les compétences de la communauté n'ont de
valeur que s'ils sont des raisons d'initiative, des démarreurs de
mouvement et de cohésion.
Donc, nous ne considérons pas une communauté urbaine comme
un niveau de gouvernement intermédiaire, ni additionnel entre les villes
de l'île de Montréal et Québec. Nous considérons que
la communauté urbaine doit continuer d'être un organisme à
base locale, c'est-à-dire directement contrôlée,
animée et financée par les villes qui se groupent dans
l'administration de
services communs. La communauté ne touche pas les juridictions
individuelles des villes partenaires.
Nous considérons que la communauté doit donner un coup de
barre radical et unanime devant la concurrence que lui offrent les villes de la
couronne au sud et au nord autant que le Calgary métropolitain et le
Toronto métropolitain. Nous considérons que les contribuables
doivent avoir les moyens de s'intéresser au défi de la
communauté. C'est pourquoi nous proposons que des commissions publiques
prennent des avis auprès de la population de l'île sur chaque
compétence communautaire, comme le transport en commun ou
l'aménagement du territoire. Nous considérons que les élus
municipaux doivent avoir aussi les moyens de se responsabiliser auprès
de leurs électeurs. Nous considérons que le coeur de la
communauté doit devenir le conseil communautaire où nous nous
sommes assurés que les orientations soient le lot à la fois de la
majorité des représentants de la métropole et de la
majorité des représentants de la banlieue. C'est comme cela qu'on
atteindra, je crois, la plus grande surface sociale par le conseil en relation
avec son poids démocratique sur l'ensemble des travaux
communautaires.
Nous considérons que le comité exécutif sera
l'exécutant de ces orientations. Il devra délibérer selon
un mode communautaire plus strict et plus équilibré sous la
présidence d'un élu municipal qui aurait dû
démissionner de son poste de façon à conserver et
préserver la plus large indépendance possible devant les enjeux
communs à toute la communauté. Je tiens à faire une mise
en garde. Il ne faudrait pas juger de l'importance du comité
exécutif et de son rôle dans la nouvelle communauté avec
l'éclairage de la situation présente ou antérieure. Nous
considérons, au contraire, que le comité exécutif agirait
dorénavant à partir des avis du conseil qui devra briser
l'impression des deux solitudes.
Nous avons eu un grand souci de la démocratie, je crois,
lorsqu'est venu le moment de déterminer la façon selon laquelle
serait nommé le président de la communauté. Fait
inhabituel, mais respectueux de la mentalité que nous voulons
créer dans la communauté et de façon à faire
évoluer les débats, ce projet de loi propose deux façons
successives de procéder à l'élection. Si la
communauté ne réussissait a trouver le candidat idéal
malgré la grande qualité des élus municipaux de
l'île et malgré les deux modes d'élection, il est inscrit
à ce projet de loi que le gouvernement trancherait.
Il s'agirait d'une ultime démarche sur laquelle le gouvernement
doit déjà s'expliquer. Je dois dire qu'en dernière
analyse, le gouvernement devra privilégier la ville de Montréal
avant quiconque parce que, dans la conjoncture présente, c'est elle qui
a le plus besoin d'être protégée, c'est elle qui a
porté depuis dix ans le plus lourd fardeau en termes de perte de
population et en termes d'usure de la trame urbaine. Cette tendance est
vérifiable partout en Amérique du Nord et s'avère
réelle à Montréal, dont le poids sur le Québec est
plus lourd que celui de New York sur les États-Unis. Dans l'état
actuel du projet de loi, s'il était obligé de le faire, le
gouvernement, pour un premier mandat, nommera donc quelqu'un de
Montréal.
Nous croyons fermement dans les objectifs d'équilibre,
d'efficacité et de démocratie très ouverte que nous
pensons avoir privilégiés dans la préparation de ce projet
de loi. Nous sommes sûrs que la complexité et les nombreux aspects
de ce projet de loi permettent de croire qu'on pourra améliorer encore
la nouvelle communauté au cours de cette commission parlementaire. Nous
avons d'ailleurs demandé que siège cette commission avant que ne
vienne la deuxième lecture à l'Assemblée nationale, de
façon qu'on discute ici des principes mêmes de la nouvelle
communauté. Nous voulons améliorer le projet de loi no 46, mais,
auparavant, il est important d'en bien asseoir les principes. Nous abordons
donc cette commission avec le plus d'ouverture possible; nous sommes ici pour
vous écouter.
Le Président (M. Rodrigue): M. le chef de
l'Opposition.
M. Claude Ryan
M. Ryan: M. le Président, je voudrais tout d'abord
signaler l'intérêt très prononcé que porte
l'Opposition aux problèmes qui touchent la région de
Montréal. Ainsi que vous le savez, l'Opposition compte 20
députés sur l'île de Montréal, sur un total de 33.
Aux dernières élections - ce sont des chiffres que nous ne
rappelons pas souvent; il y en avait quelques-uns qui étaient
encourageants pour nous aussi - nous avons obtenu 57% des suffrages sur
l'île de Montréal. Cela nous donne non seulement une raison de
plus, mais une responsabilité additionnelle de nous intéresser
à tout ce qui touche l'aménagement des structures de gouvernement
sur l'île de Montréal.
Je veux vous dire que mes collègues de l'île de
Montréal et même de la région de Montréal et
moi-même avons préparé avec beaucoup de soin les
séances que nous allons vivre ensemble au cours des prochains jours.
Nous avons eu le plaisir d'entendre à titre privé les principaux
intervenants qui seront entendus publiquement au cours des séances. Nous
avons cherché à obtenir le point de vue des uns et des autres
avec le plus
d'impartialité, de souci de l'intérêt
général possible. Je voudrais remercier en particulier le
président de la Communauté urbaine de Montréal, les
représentants de la ville de Montréal et les représentants
de la Conférence des maires de banlieue qui nous ont accordé,
dans l'examen préalable que nous avons fait, une collaboration
irréprochable et très cordiale.
Nous attachons une grande importance à tout ce qui touche
Montréal, à la ville de Montréal pour commencer
évidemment, parce qu'elle est le coeur de la région, aux
municipalités qui entourent la ville de Montréal sur l'île
de Montréal, aux autres municipalités qui constituent avec celles
de l'île de Montréal la région de l'agglomération de
Montréal, comme le disait tantôt M. le ministre. Mais nous partons
du principe que, dans toutes ces villes, il y en a une qui a joué
historiquement un rôle moteur, un rôle primordial et qui continuera
à le jouer dans l'avenir. Évidemment, c'est la ville de
Montréal. C'est un principe de base qui devra être concilié
avec l'ensemble des structures que l'on envisage de donner à la
communauté urbaine au cours des prochaines années.
Un point qui nous a retenus vivement et au sujet duquel nous entendrons
avec un intérêt particulier les témoins qui viendront
comparaître devant cette commission, c'est celui de l'équilibre du
pouvoir entre la ville de Montréal et les villes de banlieue. Nous
sommes conscients des tensions qui ont existé au cours des treize
premières années d'existence de la communauté urbaine.
Nous nous souvenons aussi des difficultés qui ont existé sous
d'autres formes de gouvernement métropolitain auparavant. Le
problème n'est pas facile à résoudre. Le gouvernement
propose une solution dans son projet de loi. Je voudrais dire qu'en ce qui nous
touche nous allons continuer cette semaine d'écouter avec beaucoup
d'intérêt et de respect le point de vue représenté
par les banlieues et par la ville de Montréal et que c'est seulement
après avoir entendu une dernière fois le point de vue des uns et
des autres que nous en arriverons à une conclusion en ce qui nous
touche. Il y a au moins une garantie d'impartialité de notre
côté, une garantie d'ouverture que je voudrais offrir à
tout le monde.
En ce qui touche la nature de la communauté urbaine, je ne pense
pas qu'il y ait de débat fondamental à l'occasion de
l'étude de ce projet-ci. Nous sommes tous d'accord, des deux
côtés de la Chambre et, je pense aussi, du côté des
intervenants de l'île de Montréal, pour convenir qu'il n'est pas
question de créer un quatrième palier de gouvernement avec tout
ce que cela peut représenter de pouvoirs décisionnels, de
pouvoirs de taxation, etc. Nous convenons tous que la communauté urbaine
doit être un organisme à vocation administrative
déléguée, agissant sous l'autorité des
municipalités qui sont vraiment un palier de gouvernement complet en
lui-même. Nous veillerons soigneusement à ce qu'on ne
s'écarte pas de ce principe qui nous apparaît très
important. Je me souviens, il y a quelques années, quand on a
demandé à l'ancien premier ministre ontarien, John Robarts, de
faire une revue des structures de la communauté urbaine de Toronto, M.
Robarts a conclu, après avoir entendu à peu près tous les
points de vue imaginables, qu'il ne fallait pas songer à créer de
toutes pièces un autre palier de gouvernement. Je pense que la
même conclusion a été tirée par le gouvernement et
est tirée par tout le monde actuellement.
Il y a des problèmes d'intégration à la
communauté urbaine. En particulier, je pense que nous convenons tous
qu'il est absolument anormal que deux fonctions comme celles de la police et du
transport en commun, qui mobilisent à elles seules plus de 80% du budget
de la communauté, soient gérées d'une façon qui
échappe, en plus ou moins grande partie, a la responsabilité
normale des élus du peuple. Dans chacun de ces deux cas, il y a des
circonstances spéciales qui justifient des aménagements
particuliers. Si nous pouvions, à l'occasion de l'étude du projet
de loi no 46, trouver des aménagements qui favoriseraient l'exercice
d'une plus grande responsabilité des élus du peuple au niveau de
la communauté urbaine, nous en serions très heureux et nous
allons les rechercher avec ouverture. Le projet de loi contient beaucoup de
points obscurs, insatisfaisants de ce côté-là. Nous allons
les examiner avec tout le désintéressement qui s'impose.
On ne peut pas être indifférent, M. le Président,
aux relations qui existeront à l'avenir entre la communauté
urbaine et le gouvernement québécois. Vous avez opté, dans
le projet de loi no 46, pour une solution qui donne l'arbitrage final au
gouvernement du Québec en ce qui touche la nomination du
président de la communauté et aussi en ce qui touche d'autres
décisions très importantes, notamment en relation avec le budget.
Cela c'est une décision qui est très lourde de
conséquences, qui a déjà été essayée
dans le passé, qui n'a pas donné les résultats qu'on
souhaitait. Je ne sais pas si les études que vous avez faites vous
permettront de nous apporter des lumières nouvelles à ce sujet,
mais je crois qu'au début de la discussion il y a des questions
très sérieuses qui se posent à ce sujet-là, qui
n'ont pas leurs réponses dans le texte du projet de loi comme il est
présenté et sur lesquelles nous serons très
intéressés à entendre le point de vue de ceux qui vont
comparaître devant la commission.
Je suis content de constater que le
ministre se rend compte que ce projet de loi vise à régler
les problèmes concernant la collaboration entre les municipalités
de l'île de Montréal. Il existe aussi un bon nombre de
problèmes qui ne peuvent trouver leurs solutions que dans le cadre d'une
collaboration plus large, impliquant les municipalités de toute la
région de Montréal et non pas seulement celles de l'île de
Montréal. Au point de vue de l'environnement, de la qualité de
l'air, au point de vue des transports en commun, par exemple, au point de vue
du développement économique de la région, il est
évident que les intérêts des uns et des autres sont
étroitement interreliés et qu'il faudra, avec le temps,
aménager des structures de collaboration auxquelles ne peut pas pourvoir
un projet de loi qui ne traite que des problèmes de l'île de
Montréal. (10 h 45)
Cela dit, je voudrais encore une fois assurer les témoins que
nous allons les écouter avec impartialité et objectivité
et que nous n'avons pas d'autre intérêt, dans cette discussion,
que l'avancement véritable de l'île de Montréal et de la
région de Montréal. Nous avons une côte à monter
parce que l'évolution des dernières années n'a pas
été très favorable. Du côté de l'Opposition,
nous considérons que le gouvernement a beaucoup parlé mais n'a
pas agi autant qu'il aurait dû le faire. C'est pourquoi nous souhaitons
que cette étude-ci permette de remettre la région
métropolitaine, en particulier l'île de Montréal et la
ville de Montréal, sur la voie d'un progrès qui lui permettra de
retrouver sa place de leader dans la communauté québécoise
et dans la communauté canadienne. Merci.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Guy Bisaillon
M. Bisaillon: M. le Président, je fais cette intervention
préliminaire en mon nom personnel, bien sûr, mais surtout au nom
des députés ministériels de l'île de
Montréal.
Il me semble inutile de préciser que les députés du
Parti québécois de l'île de Montréal se sentent
éminemment concernés par le projet de réforme des
structures de la Communauté urbaine de Montréal. L'acharnement
avec lequel nous voulons défendre, au niveau national, les
intérêts des citoyennes et des citoyens de Montréal ne nous
a jamais fait perdre de vue l'importance de l'administration et des politiques
locales sur leur vie quotidienne.
Cependant, à ce stade-ci, je voudrais souligner qu'il ne s'agit
pas pour nous de prendre parti ni pour, ni contre la ville de Montréal,
les banlieues ou le ministère; il s'agit plutôt de marquer un
certain nombre de positions qui sont déjà celles partagées
par le caucus des députés de Montréal et de laisser par la
suite les intervenants se charger de nous convaincre du bien-fondé de
nos positions ou encore du fait que nous aurons à revérifier un
certain nombre de positions ou de perceptions qu'on a déjà sur le
projet de loi qui nous est présenté.
Après avoir adopté une loi de démocratisation des
institutions politiques municipales, et procédé à la
réforme de la fiscalité des municipalités, nous croyons
que le gouvernement doit poursuivre son action dans le sens d'une plus grande
transparence, d'une plus grande accessibilité et enfin, d'une plus
grande participation des citoyens à la gestion de leurs affaires. En ce
sens, nous estimons que les structures doivent être les outils
privilégiés des citoyens plutôt que les obstacles à
leur implication.
Le débat sur la réforme des structures de la
Communauté urbaine de Montréal est lancé depuis
déjà quelques mois et les députés de l'île de
Montréal ont eu plusieurs occasions d'en discuter ouvertement avec leurs
concitoyens préoccupés par la vie municipale, de même
qu'avec leurs représentants.
Ce que nous désirons présenter aujourd'hui nous est apparu
être le point de vue majoritaire de ceux et celles qui vivront avec les
nouvelles structures que le gouvernement s'apprête à mettre en
place. Nous avons déjà fait part de notre satisfaction à
l'égard de l'ensemble du projet de réforme au premier ministre et
au ministre des Affaires municipales. Nous retrouvons dans ce projet de loi le
souci prioritaire d'un véritable équilibre entre les
différents partenaires ainsi qu'un net désir d'ouverture de la
structure intermunicipale.
Nous nous réjouissons aussi de la création de commissions
de la Communauté urbaine de Montréal, lesquelles, en assurant un
accès direct aux citoyens, favoriseront leur participation. La
composition même de ces commissions - les présidents et
vice-présidents siégeant à l'exécutif de la CUM
-assurera la liaison indispensable entre l'exécutif et les commissions
du conseil ainsi qu'un plus grand contrôle par les élus.
Nous appuyons également sans réserve le nouveau mode
d'adoption du budget, lequel perd son caractère d'entrée en
vigueur automatique au profit d'une véritable concertation.
Nous souscrivons enfin à l'esprit général du
projet. Nous souhaitons, avec le ministre, voir se développer sur
l'île de Montréal l'esprit communautaire et le sentiment
d'appartenance à l'île de Montréal qui nous sont
collectivement indispensables dans notre recherche d'une meilleure
qualité de vie.
Les membres du groupe parlementaire du Parti québécois de
l'île de Montréal
souhaitent cependant faire connaître leur inquiétude, sinon
leur désaccord, sur un aspect du projet de réforme soit celui de
la représentation au niveau du comité exécutif. Le projet
de loi semble, à cet égard, s'appuyer sur deux logiques
contradictoires.
Dans un premier temps, le projet confirme une représentation au
niveau du conseil de la CUM basée sur le critère de la
population. Nous croyons que la pondération des voix des
représentants selon la population s'inscrit dans la logique de l'action
gouvernementale antérieure. En effet, le gouvernement du Parti
québécois, en réformant la carte électorale, a
tenté d'équilibrer la population des comtés de
manière à assurer, au vote de chaque électeur, un poids
équivalent. Il a également annoncé ses intentions quant
à l'éventualité d'instaurer un régime de vote
proportionnel lequel assurerait une représentation équitable
à chaque formation politique.
Ainsi, la logique du projet de loi sur la représentation des
municipalités au conseil correspond à l'ensemble de l'approche
gouvernementale en matière de responsabilité. Les
députés du Parti québécois de l'île de
Montréal s'étonnent cependant de ne pas retrouver cette
même logique dans la représentation au niveau du comité
exécutif. Les citoyennes et les citoyens montréalais constituent
près de 57% de la population de la Communauté urbaine de
Montréal et ils seraient représentés à ce titre au
niveau du conseil. Nous souhaitons qu'en toute logique ils puissent
également obtenir une représentation prépondérante
au niveau du comité exécutif.
Le ministère des Affaires municipales affirmait dans la
présentation du projet de loi que le mot "équilibre" ne veut pas
dire seulement parité. Nous affirmons, pour notre part, que le mot
"équilibre" signifie avant tout équité dans la
représentation. Toute recherche d'équilibre entre les partenaires
municipaux à Montréal devrait tenir compte du poids
démographique de chacune des municipalités ainsi que de leurs
responsabilités respectives.
En effet, au-delà des considérations strictement
numériques, le gouvernement doit également tenir compte du lourd
fardeau que doit assumer Montréal, à titre de ville centrale de
la communauté. Le territoire de la ville de Montréal regroupe
l'immense majorité des services consommés par les habitants de la
région métropolitaine, banlieusards comme montréalais.
Ainsi, la majorité des emplois disponibles dans la région se
trouve à Montréal. Il en est de même des services
gouvernementaux, hospitaliers et éducationnels. Les institutions
financières sont concentrées en quasi totalité sur le
territoire de la ville centrale et une grande partie du secteur commercial y
est aussi localisée. De plus, les activités culturelles,
récréatives, sportives se déroulent
généralement à Montréal. Ces quelques exemples
peuvent être étendus à tous les aspects de la vie d'une
grande région métropolitaine comme la nôtre.
Cette concentration d'activités sur le territoire d'une seule
municipalité qui, par surcroît, représente une
majorité démographique au sein de la communauté, lui
confère des responsabilités qui ne souffrent aucune comparaison
avec celles des autres villes de Montréal. Il nous faudrait
reconnaître que les coûts engendrés par l'activité
métropolitaine sont très largement encourus par la ville de
Montréal. Ces obligations financières et sociales qui incombent
à Montréal doivent se traduire par l'obtention d'une voix
particulière dans les décisions de la communauté qui comme
nous venons de voir, ont des conséquences très directes sur son
développement et sur l'affectation de ses ressources.
Enfin, il nous semble nécessaire de rappeler que le gouvernement
a déjà opté dans le passé pour un resserrement du
tissu urbain, lorsqu'il a fait connaître l'option
préférable de l'aménagement de la région
montréalaise en 1978. La réalisation et la concrétisation
de cette option exigeront, dans un premier temps, une consolidation du noyau
central de développement de la métropole. Il sera
nécessaire de développer le centre-ville pour en faire un
véritable foyer d'animation urbaine tant au plan culturel que
résidentiel et économique, de favoriser la restauration
résidentielle dans les quartiers anciens, d'appuyer la revitalisation
des artères commerciales, de réaménager et de rentabiliser
les anciennes zones industrielles. Ces actions, nous en sommes conscients et
tous devraient en être conscients, impliquent de prime abord la ville de
Montréal et militent également dans notre esprit en faveur d'une
représentation prépondérante de cette dernière au
sein de l'exécutif de la Communauté urbaine de Montréal.
Qui mieux qu'elle, en effet, pourra défendre l'importance de ce noyau
central dans les plans d'aménagement de l'île et pourra s'engager
plus activement à contrôler et à contrer l'étalement
urbain?
En terminant, je voudrais souligner que tous les députés
ministériels de l'île de Montréal ne pourront pas
être constamment présents pendant les trois jours d'audition des
témoins, mais nous nous sommes assurés de la participation d'un
certain nombre d'entre nous, de façon régulière et
constante, afin qu'au bout du compte, à la suite de ces
témoignages que nous entendrons, nous puissions ou bien réviser
un certain nombre de points que nous avons voulu marquer aujourd'hui ou avoir
plus d'assurance dans l'affirmation de ce que nous avons énoncé
aujourd'hui.
Je termine aussi en souhaitant au nom
de mes collègues du caucus, que nous puissions trouver dans le
débat qui s'amorce ajourd'hui l'ensemble des solutions qui seraient
mutuellement équitables pour l'ensemble des partenaires de l'île
de Montréal.
Le Président (M. Rodrique): M. le député de
Verdun.
M. Lucien Caron
M. Caron: M. le Président, M. le maire de Montréal,
mes collègues de l'Assemblée, quant à moi, j'étais
ici en 1969 - au moment où on a présenté et adopté
le premier projet de loi - comme observateur, comme mes collègues qui
sont de l'autre côté de la salle. J'étais contre à
ce moment, comme la majorité des gens de banlieue. Aujourd'hui, on a,
devant nous, un projet de loi qui doit être étudié d'une
façon sérieuse. Cela fait douze ans qu'on l'a fait et j'imagine
que ce projet de loi nous régira encore pour bien des années
à venir. Alors, avant de prendre position, je veux le regarder sous tous
ses angles. Je veux assurer mes collègues, qu'ils soient de
Montréal ou des banlieues, que, du fait que j'ai deux chapeaux, ce n'est
pas toujours facile mais que je tenterai d'agir de la façon la plus
impartiale possible, et je le dis avec la plus grande
sincérité.
J'aurais quelque chose à demander au ministre et je n'aime pas le
demander en Chambre parce que, en vertu de l'article 34, le leader se fait
poser plusieurs questions. Je vous demande encore ce que je vous ai
demandé la semaine dernière. C'est bien beau, ici, on
reçoit les gens qui peuvent se déplacer, qui viennent aux frais
des municipalités, mais il y a aussi des gens qui ne peuvent pas venir
à Québec, qui n'en ont pas les moyens. C'est facile pour nous,
les maires et les conseillers; on vient aux frais de la municipalité.
J'aimerais que le ministre prenne en considération ma demande d'aller
à Montréal une ou deux journées pour entendre les petits
organismes, le petit monde du peuple, comme on dit en bon canadien. Eux aussi
aimeraient vous parler, M. le ministre, pour donner le meilleur
d'eux-mêmes, comme nous, afin de bâtir le projet de loi de
façon que, comme je l'ai dit et comme d'autres l'ont dit,
Montréal demeure la métropole. Mais, en même temps, les
banlieues sont là, elles n'ont pas demandé à faire partie
de la communauté urbaine en 1969 et on doit essayer de protéger
tout le monde.
M. le ministre, pensez-y, il y a bien des gens à Montréal
et je pense que je me fais leur porte-parole. J'ai eu l'occasion, en m'en
venant ce matin, d'écouter une ligne ouverte et je peux vous dire qu'il
y a bien des gens qui aimeraient être ici, mais qui ne le peuvent pas.
J'imagine que, s'il s'agit de créer un précédent, il est
toujours temps d'en créer un. Qu'on se transporte à
Montréal. Si on n'a pas le temps durant la semaine, qu'on le fasse un
lundi ou un vendredi. Par mes propos, je me fais le porte-parole de beaucoup de
petites gens à Montréal. Merci.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Bourassa.
M. Patrice Laplante
M. Laplante: Merci, M. le Président. À juste titre,
tout à l'heure, M. le chef de l'Opposition et député
d'Argenteuil nous rappelait qu'ils avaient élu 20 députés
libéraux sur l'île de Montréal. Je trouve regrettable
aujourd'hui, si on regarde la composition de l'équipe libérale
à cette table, qu'on retrouve le député d'Argenteuil, le
député de Verdun, le député de Hull, le
député de Jeanne-Mance, le député de Sainte-Anne,
le député de Laporte, le député d'Outremont et le
député de Westmount. Où sont les gens de Montréal,
M. le Président?
M. Bissonnet: Question de règlement.
M. Polak: Vous ne connaissez pas mon comté.
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Polak: Allez faire un voyage dans mon comté.
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Laplante: Comme député qui représente le
comté de Bourassa et une partie de la ville de Montréal, je serai
très attentif à la lecture et à la présentation de
chacun des mémoires soumis. Je n'ai rien, comme on dit souvent, de
coulé dans le ciment et j'aimerais entendre la ville de Montréal,
la communauté urbaine et dans tous les mémoires que les gens
auront à présenter, le pour et le contre. Je crois que
Montréal est le pôle économique du Québec, mais je
crois aussi que les banlieues ont été une créature de la
ville de Montréal, laquelle a vécu un exode de la population au
profit des banlieues. Donc, à cause des structures et des
infrastructures qui existent présentement dans la ville de
Montréal, je pense qu'il y a également une responsabilité
sociale pour les villes de banlieue de supporter la métropole,
Montréal.
C'est pour toutes ces raisons que je suivrai la commission le plus
attentivement possible pour tenter de détecter, à travers les
mémoires présentés, une justice pour les villes de
banlieue et pour Montréal parce
qu'il faudra un jour que les deux se parlent encore plus. Plus elles se
parleront, plus elles seront unies, plus il y aura des répercussions
économiques dont tout le Québec pourra bénéficier.
(11 heures)
Pour ne pas prolonger, M. le Président, je remercie tous ceux qui
sont présents, je les connais à peu près tous, j'ai des
amis des deux côtés et j'en suis fier. J'espère que la
commission se déroulera dans le calme et avec une bonne
représentation de Montréal de la part de l'Opposition.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Hull.
M. Gilles Rocheleau
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Je tiens, en premier
lieu, à souhaiter la bienvenue au maire de Montréal, au
président de la Communauté urbaine de Montréal ainsi
qu'aux maires et conseillers membres de la communauté qui sont ici avec
nous et qui sont effectivement les principaux intervenants lors de cette
présentation en commission parlementaire.
Si le projet de loi no 46 est sur la table aujourd'hui, M. le
Président, c'est surtout grâce à l'Opposition, le Parti
libéral, qui a revendiqué, pendant plusieurs années, une
restructuration de la Communauté urbaine de Montréal ainsi que
des autres communautés, entre autres la Communauté
régionale de l'Outaouais.
Je trouve relativement amusant que, du cûté
ministériel, il y ait déjà des positions
diamétralement opposées au projet de loi no 46, tel que
proposé par le ministre des Affaires municipales, alors que le
rôle de la commission parlementaire est d'entendre aujourd'hui les
doléances de nos intervenants du monde municipal.
Je tiens à souligner que, du côté de l'Opposition,
nous avons plusieurs parlementaires qui sont d'anciens maires de
municipalités qui ont une expérience assez importante du monde
municipal, plus particulièrement quand on traite de l'autonomie
municipale et de la revalorisation des pouvoirs des municipalités.
Alors, pour ce qui est de l'Opposition, comme le soulignait M. Ryan, le chef de
l'Opposition, il y a quelques instants, nous allons écouter
attentivement les différentes parties qui présenteront
aujourd'hui des mémoires. Nous aurons effectivement à prendre
position, mais seulement lorsque ces parties auront été
entendues. Merci.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Maximilien Polak
M. Polak: M. le Président, juste une brève
intervention. Après les larmes de crocodile des députés de
Bourassa et de Sainte-Marie - Montréal, Montréal, Montréal
apparemment ils n'ont pas beaucoup d'influence au sein de leur parti car le
projet de loi va pas mal à l'encontre des intérêts de la
ville de Montréal. Les députés ont fait allusion au fait
que, nous, nous ne représentons pas des comtés de
Montréal; il faut faire une rectification. J'invite le
député de Bourassa à venir dans mon comté, car la
moitié de mes électeurs sont des résidents de
Montréal; il ne connaît simplement pas les frontières de
mon comté. D'ailleurs, c'est la même chose pour les autres
députés présents.
Nous sommes venus ici pour écouter de manière objective et
il ne faut pas entrer dans le jeu du ministre; les mots que vous avez choisis
sont clairs dans le projet de loi; il ne faut pas venir maintenant faire des
déclarations d'opposition comme l'ont fait les neuf au moment du budget.
Nous allons donc jouer notre rôle.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, nous sommes ici pour
écouter les intervenants qui attendent depuis près d'une heure.
Je pense donc que nous devrions commencer immédiatement à
écouter des intervenants qui se sont déplacés; nous en
avons jusqu'à dix heures. La journée n'est pas pour les
parlementaires, elle appartient aux intervenants qui veulent nous
démontrer ce qu'ils ont à dire pour la réalisation d'une
meilleure communauté urbaine à Montréal.
Le Président (M. Rodrigue): J'invite M. Pierre Des Marais
II à nous présenter maintenant son mémoire et je rappelle
que le mandat de la commission est d'entendre les personnes ou organismes
relativement au projet de loi no 46, Loi modifiant la Loi de la
Communauté urbaine de Montréal. M. Des Marais.
Auditions M. Pierre Des Marais II
M. Des Marais II (Pierre): M. le Président, MM. les
membres de la commission, je voudrais tout d'abord vous remercier d'avoir
acquiescé à ma demande d'être entendu par cette commission.
Je pense à certains événements ou incidents, de l'avis de
la communauté, qui sont connus des membres de la commission; je n'ai pas
l'intention d'y ajouter.
Si je n'avais pas pensé qu'il était important que je
vienne devant vous tenter de partager cette expérience que j'ai
vécue
au cours des années, je ne l'aurais pas fait. Mais c'est à
cause de cette importance que j'attache que je l'ai sollicité, à
titre de président du comité exécutif de la
Communauté urbaine de Montréal, à titre, si on le veut
bien, de maire d'Outremont, une des municipalités, et à titre
sans doute d'observateur très intéressé du monde
municipal, en particulier de celui de la Communauté urbaine de
Montréal.
Nous sommes ensemble pour vivre ce que je considère un moment
fort historique puisque, au moment où la communauté a
été créée, nous n'avons pas vécu de la
même façon les interventions des différents intervenants du
monde municipal. Il y a eu des événements qui ont amené la
création de la communauté, et cela a dû se faire
rapidement. Dans le cas actuel, cela se fait après une profonde
consultation. Je dois en féliciter tous ceux qui en sont
responsables.
Je vis le comité exécutif de la Communauté urbaine
de Montréal depuis six ou sept ans. Je l'ai vécu à titre
de vice-président. Je le vis à titre de président. La loi
de la communauté, là-dessus, est très claire. Elle donne
des responsabilités très importantes - elle est ainsi
écrite actuellement - à celui qui occupe le poste de
président du comité exécutif de la Communauté
urbaine de Montréal.
En dehors de la vie municipale, depuis maintenant près de 30 ans,
j'ai été mêlé à l'administration de la chose
privée et, je dirais, de la chose semi-publique. Étant
donné que je suis ici à titre personnel, je dois rappeler ou
informer ceux qui ne le sauraient pas que je préside aux
destinées d'une entreprise familiale importante, d'une maison
d'imprimerie des plus importantes au Canada, que j'ai eu l'occasion de faire
partie de conseils d'administration de sociétés très
importantes au Canada et que, encore aujourd'hui, je participe à la vie
de ces sociétés.
C'est depuis 1969 que je suis maire de la ville d'Outremont. J'ai
été membre du Conseil de sécurité publique à
deux reprises, ce qui veut dire que j'ai vécu le problème
administratif de la police. J'ai vécu aussi la vie paragouvernementale,
puisque j'ai présidé pendant plusieurs années la
corporation de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont et que, par la suite, plus
ou moins dans un mandat spécial, j'ai présidé aussi celle
de l'hôpital du Sacré-Coeur, à Montréal.
J'ai été aussi, pendant huit ans, au conseil de
l'Université de Montréal et, pendant près de cinq ans,
à son comité exécutif. Cela me permet de vous indiquer que
j'ai été exposé - peut-être qu'on pourrait
l'être davantage - aux règles qui régissent
l'administration du secteur public et communautaire. C'est dans cet esprit que
je me présente devant vous avec une expérience publique et une
expérience privée.
J'ai cru bon de demander à quelques hauts fonctionnaires de la
Communauté urbaine de Montréal d'être présents ici.
Évidemment, ils ne sont pas à mes côtés, compte tenu
de la situation dans laquelle je suis, mais ils seront là si la
commission a besoin de leurs lumières. Il y a le secrétaire
général adjoint de la communauté, Me Jean-Pierre Blais, le
trésorier de la communauté, M. Jean-Charles Desjardins, et Me
Hervé Bélanger, le responsable de notre étude
légale, en plus de Me Marcel Trudeau qui, au cours des années de
la vie de la communauté, à titre de conseiller juridique de
l'extérieur, a toujours représenté la communauté
dans les problèmes de dispositions législatives ou les
études législatives qui s'y sont tenues.
En septembre 1980, quand j'ai présenté un mémoire
à la demande du ministre des Affaires municipales du temps, je rappelais
l'histoire de la communauté et je commentais certains
éléments importants de sa problématique. Le présent
mémoire sur le projet de loi no 46 comprend, en première partie,
plusieurs recommandations qui s'appuient sur des principes fondamentaux et
reconnus. De plus, il s'inspire de ma conviction personnelle que la
Communauté urbaine de Montréal doit être avant tout une
institution démocratique, et j'insiste, une institution
démocratique dotée des pouvoirs de contrôle
nécessaires pour répondre avec efficacité aux besoins de
sa population.
Je fais une parenthèse, M. le Président, pour rappeler que
la population est là, nous la représentons, et trop souvent on
oublie que nous représentons ces gens et qu'au-delà des
divergences d'opinions nous avons une responsabilité personnelle envers
ceux qui nous ont élus.
Ainsi, à ces conditions, la Communauté urbaine de
Montréal pourra réellement assurer sa vocation d'organisme
responsable de la gestion de services supramunicipaux tant du point de vue de
l'efficacité que de l'équité.
Dans une deuxième partie, je vous ferai part de
représentations d'ordre technique sur le projet de loi no 46 que le
comité exécutif n'a pas jugé à propos de vous
soumettre comme telles, mais que je considère essentielles.
La réforme est, à mon avis, cruciale. Elle peut enfin
permettre une réorganisation de notre organisme qui souffre
d'anachronisme. Que ce soit le déséquilibre du processus
décisionnel du comité exécutif quant à la
représentation des municipalités membres de la communauté
par rapport à la ville de Montréal ou le manque de contrôle
effectif sur l'administration des fonctions, la réforme visée par
le gouvernement du Québec devrait rectifier cette situation afin que la
communauté puisse remplir adéquatement son rôle.
La réforme de la communauté, telle que prévue par
le projet de loi no 46, repose prioritairement sur des principes
démocratiques. C'est également sur de tels fondements que je
m'appuie pour soutenir la position du gouvernement du Québec quant
à la parité entre les municipalités membres de la
communauté et la ville de Montréal au sein du comité
exécutif.
La démocratie exige que les décisions administratives
découlant de la mise en commun de services communautaires fassent
l'objet de consensus plutôt que d'être soumises à des
décisions arbitraires, voire unilatérales de la part de l'un des
partenaires.
Les institutions d'un pays social-démocrate tel que l'Allemagne
peuvent nous servir d'exemple. C'est ainsi que la ville de Munich, qui abrite
environ 60% de la population, ne détient que 40% des voix dans
l'organisme supramunicipal. La vigueur économique de Munich fait l'envie
de beaucoup d'agglomérations urbaines.
La gestion des services communautaires doit être basée sur
ce souci de bien respecter les désirs de la population
représentée par le conseil de la communauté. La
composition du comité exécutif doit d'abord refléter le
besoin d'une administration dont l'objectif est de bien administrer les
affaires de la communauté suivant les décisions du conseil.
C'est pourquoi il faut s'assurer qu'aucun groupe ne puisse dominer
l'exercice du devoir d'administrateurs publics qu'exercent les membres du
comité exécutif.
L'évolution de la population sur le territoire de la
communauté a considérablement changé depuis 1969 et
l'équilibre entre les deux groupes est presque réalisé
depuis 1981. En fait, la règle du prorata de la population est toujours
tempérée par le besoin démocratique d'assurer une
représentation équilibrée. Il en est ainsi pour les
députés de l'Assemblée nationale, qui ne
représentent pas tous le même nombre d'électeurs, lequel
varie d'un comté à l'autre.
L'évolution démographique de la Communauté urbaine
de Montréal de 1951 à 1981, telle que décrite dans les
tableaux annexés, indique que la population a cessé de
croître à partir de 1971. La communauté affiche ainsi une
perte de 219 000 personnes de 1971 à 1981, soit une diminution de sa
population de près de 12%. Au cours de la même période, la
population des autres municipalités de la communauté a
augmenté de 4% alors que celle de la ville de Montréal a
diminué de 20,4%.
Nous connaissons tous le danger d'erreurs que comporte toute projection,
mais si la tendance indiquée par ce graphique se maintient, on peut
alors conclure que les deux entités en présence sont tout aussi
représentatives l'une que l'autre. Cette affirmation est d'autant plus
vraie, lorsqu'on compare le potentiel fiscal de chacun des deux groupes pour
1982; celui de la ville de Montréal représente 52,5% du potentiel
total, comparativement à 47,5% pour les autres municipalités.
Le second volet sous-jacent aux principes démocratiques
évoqués par le projet de loi no 46 concerne l'efficacité
de la Communauté urbaine de Montréal en termes de gestion.
La communauté exerce des compétences très
variées qui sont toutes à caractère métropolitain.
Ces compétences, qui débordent le cadre local, nécessitent
d'importantes ressources spécialisées, dont la coordination et le
contrôle sont essentiels pour procurer les services de qualité au
meilleur coût possible. (11 h 15)
Les pouvoirs exercés par les administrateurs élus de la
communauté doivent être efficaces. L'exercice de ce pouvoir de
gestion et de contrôle doit être inscrit dans le désir du
gouvernement de faire confiance aux organismes qu'il a lui-même
créés. Cela implique une revue générale par le
gouvernement des objectifs et des programmes d'investissements, mais exclut le
besoin que le gouvernement approuve et contrôle les gestes de la
communauté à toutes les phases de la réalisation.
Si nous voulons qu'elle soit dynamique, le gouvernement du Québec
doit lui accorder un réel pouvoir de contrôle sur tous ses
services, y incluant la Commission de transport de la Communauté urbaine
de Montréal. C'est donc sur ce deuxième volet, traitant
d'efficacité, après celui de la démocratie, que je
m'appuie pour vous prier d'accorder de plein droit à la
communauté les outils de contrôle nécessaires dont elle a
besoin pour être gérée avec confiance et respect.
La communauté a été créée en 1969
principalement en fonction de l'équité fiscale entre les
contribuables de Montréal et ceux des autres municipalités de
l'île de Montréal. C'est à ce moment que les
municipalités de l'île se sont partagé les coûts des
services de police en plus de ceux du transport en commun. La ville de
Montréal s'est trouvée du même coup soulagée d'un
fardeau de dépenses important qu'elle assumait. En 1970, celle-ci
défrayait 60,3% des quotes-parts des services généraux et
64,8% des coûts de transport en commun. Depuis, le fardeau des autres
villes de la communauté a augmenté à près de 50%
des quotes-parts. L'équité entre les municipalités de la
communauté ou l'équilibre ne fait plus aucun doute. Il faut
cependant constater que la majorité des investissements et des services
dispensés par la communauté le sont sur le territoire de la
ville de Montréal.
La prédominance de la Communauté urbaine de
Montréal dans la grande région, plus particulièrement sa
zone centrale, nécessite des équipements et des services dont
l'ampleur dépasse de beaucoup les seuls besoins de la population de la
communauté. Les coûts de ces ressources, dont
bénéficient beaucoup de non-résidents de la
communauté, ne sont absorbés que par les contribuables de
celle-ci et le gouvernement du Québec. C'est ce qui explique que les
taxes municipales sur le territoire de la communauté sont plus
élevées que dans les villes en périphérie. Il
devient, par conséquent, urgent d'envisager de nouvelles formules de
compensation pour ces effets de débordement afin de rétablir une
certaine équité.
Nous sommes maintenant obligés de constater, face à cet
épineux problème, qu'il est temps de corriger cette situation par
une meilleure répartition du coût des services publics
régionaux auxquels une partie fort importante de
bénéficiaires se dérobent.
Cette urgence s'explique par les coûts sans cesse croissants des
services publics, ainsi que par la diminution de la population de la
communauté par rapport aux municipalités voisines. En effet,
selon les dernières données du rencensement de 1981, on constate
que la population de la grande région de Montréal est à
peu près stable depuis 1976. Alors que la communauté
représentait près de 68% de la population de la région en
1976, elle ne compte plus que pour 62% en 1981. La population de la
communauté a ainsi baissé de 6,9%, alors que les
municipalités avoisinantes voient augmenter leur population de 13,7% en
cinq ans, créant un écart réel de 20,6%. Ces
récentes données prouvent l'importance de l'étalement
urbain dans la région de Montréal. Le fardeau fiscal des
contribuables continuera donc de s'aggraver si ces tendances se maintiennent.
Il y a un tableau, à l'annexe B, qui donne les détails.
Les principes de démocratie, d'efficacité et
d'équité sur lesquels je m'appuie pour vous exprimer ma position
sur la réforme de la communauté étant exposés, je
formulerai maintenant des recommandations spécifiques sur le projet de
loi no 46.
Quant au comité exécutif, le gouvernement du
Québec, par son projet de loi no 46, propose une nouvelle formule de
composition du comité exécutif. Je désire donner mon appui
à cette approche qui consiste à accorder le même nombre de
représentants à la ville de Montréal qu'aux autres
municipalités de la communauté. Cette avenue permettra un
réel équilibre au sein du comité exécutif en
favorisant la prise de décisions par une direction collégiale
plus efficace.
C'est dans cet esprit que je voudrais proposer une modification en ce
qui a trait à la vice-présidence du comité
exécutif. En effet, je propose que le président du comité
exécutif soit assisté de deux vice-présidents choisis
parmi les membres du comité exécutif, l'un provenant de la ville
de Montréal et l'autre des autres municipalités. Cette
modification est nécessaire afin que chacune des composantes politiques
de la communauté soit représentée au niveau de la
vice-présidence. Cette forme d'organisation politique renforcerait
l'équilibre recherché tout en apportant un appui
appréciable au président qui, après sa nomination, ne
devrait plus représenter aucune des composantes politiques de la
communauté. Chacun des vice-présidents pourrait être un
apport positif au président dans le cheminement des décisions
tout en permettant, à tour de rôle, la délégation
d'autorité en cas d'absence ou d'incapacité d'agir de ce
dernier.
Dans l'éventualité où le conseil ne puisse
s'entendre sur le choix d'un candidat au poste de président du
comité exécutif, le projet de loi prévoit que le
gouvernement pourrait nommer à ce poste une personne qui n'est pas
membre du conseil. J'ai entendu, M. le Président, à cet
égard, les paroles d'ouverture du ministre des Affaires municipales et
j'en prends bonne note. Cette remarque est probablement, à ce moment-ci,
caduque.
Je passerai à la section 2.2 quant aux commissions du conseil. Le
projet de loi no 46 propose la création de cinq commissions permanentes
issues du conseil et dont les domaines d'activité touchent
l'aménagement, l'environnement, les finances, la sécurité
publique et le transport en commun. Cette proposition se compare favorablement
au fonctionnement des commissions permanentes de l'Assemblée
nationale.
Je désire cependant attirer votre attention sur le nombre maximum
de sept membres pour la constitution de chacune des commissions. Comme la
pierre angulaire de ce projet de loi repose sur la recherche d'un
équilibre entre les deux parties en présence, il serait logique
que chacune des parties ait un nombre égal de membres dans chacune des
commissions. C'est pourquoi je propose que les commissions de
l'aménagement, de l'environnement et des finances soient
composées d'un maximum de six représentants, soit trois de la
ville de Montréal et trois des autres villes de la communauté. La
commission de la sécurité publique, quant à elle,
conserverait les sept membres prévus dont un représentant du
gouvernement du Québec. Je désire, M. le Président,
proposer aussi que la commission du transport soit composée de sept
membres dont un nommé par le gouvernement du Québec, étant
donné l'implication importante du gouvernement du Québec au
niveau du financement et aussi de la planification du
transport sur le territoire de la communauté.
Les travaux des commissions du conseil doivent s'insérer dans le
processus décisionnel de la communauté. Il est, par
conséquent, normal de conserver la hiérarchie des
décisions et des recommandations à l'intérieur de ce
processus. Les commissions doivent concrétiser leur travail au moyen de
rapports adressés au conseil. Ces rapports peuvent contenir une ou
plusieurs recommandations pouvant nécessiter l'intervention du conseil
ou du comité exécutif. Même si je suis totalement d'accord
sur le fait que des rapports soient adressés au conseil, il est à
mon avis essentiel que le comité exécutif les reçoive en
premier lieu pour ensuite les transmettre au conseil avec ses propres
commentaires et recommandations, s'il y a lieu. Il en serait de même pour
la confection de l'ordre du jour du conseil. Il n'est pas du tout ici question
de nier le droit d'une commission d'inscrire un article à l'ordre du
jour du conseil, mais cette demande devrait être acheminée par le
comité exécutif qui l'inscrira d'office en y joignant son
rapport.
Enfin, je propose que le président du comité
exécutif soit membre d'office de chacune des commissions avec droit d'y
voter. Son appartenance ex officio est essentielle afin qu'il puisse pleinement
jouer son rôle de président et apporter par sa contribution un
éclairage sur l'ensemble de la dynamique de la communauté. Sa
présence lui permettra d'harmoniser les objectifs des commissions avec
ceux du conseil et du comité exécutif.
Au sujet du directeur général, je suis heureux de
constater que le gouvernement a la ferme intention de créer le poste de
directeur général, lequel doit administrer les affaires de la
communauté sous l'autorité du comité exécutif. La
création du poste devrait enfin assurer une meilleure coordination des
divers services permettant ainsi à la communauté de remplir sa
mission avec une plus grande efficacité.
Quant à l'adoption des budgets, je constate également avec
satisfaction que le projet de loi no 46 permettra au conseil de la
communauté de modifier son propre budget ainsi que celui de la
commission de transport. Comme l'indique le gouvernement: "Les élus
membres du conseil de la communauté seront désormais directement
responsables des orientations budgétaires et de la détermination
des niveaux de services ainsi que des coûts qu'entraînent ces choix
pour la population qu'ils représentent."
Par contre, M. le Président, je ne m'explique pas pourquoi le
gouvernement, après avoir éliminé le mécanisme
d'adoption automatique du budget de la communauté et de la CTCUM, le
remplace par une autre formule tout aussi contraignante en stipulant qu'en
pareil cas le gouvernement peut l'adopter à la place du conseil avec ou
sans modification. Cette approche, à mon avis, ne correspond en rien
à l'intention du gouvernement d'améliorer le dynamisme et
l'efficacité de la communauté. Vous comprendrez donc pourquoi je
recommande au gouvernement de retirer du projet de loi cette mesure qui n'est
pas nécessaire compte tenu des mécanismes proposés
à l'article 77 qui prévoient l'adoption des crédits
reliés au service de la dette ainsi que l'adoption, par tranches, du
budget. D'ailleurs, le conseil de la communauté avait adopté
unanimement, l'automne dernier, cette modalité à la suite d'une
demande qui avait été transmise au gouvernement.
En ce qui a trait aux biens du métro, c'est un cas qui a l'air
simple, mais qui est complexe et qui concerne un grand nombre de terrains et
des sommes considérables. La loi actuelle de la communauté
prévoit plusieurs dispositions afin d'assurer l'équité sur
les biens du métro acquis au moyen d'emprunts défrayés par
les municipalités de la communauté. Cependant, les dispositions
de la loi prévoient que l'inventaire sera établi par la ville de
Montréal et la CTCUM suivant certaines modalités. Après
douze ans, le transfert des biens n'est pas complété; certains
immeubles appartenant en droit à la communauté qui les a
payés sont utilisés ou exploités par la ville de
Montréal.
Pour simplifier le problème, tous les biens immobiliers acquis au
moyen d'emprunts payés par la communauté devraient lui être
attitrés. La communauté pourrait en disposer à son
gré suivant les modalités actuellement en vigueur dans sa loi. Le
projet de loi 46 - je le suggère -devrait être amendé en ce
sens.
Quant aux compétences, le projet de loi énumère,
à l'article 45, certaines compétences de la communauté.
Par la même occasion, les compétences dont la communauté ne
s'est pas prévalue, à ce jour, lui sont soustraites.
Cependant, l'énumération de ces compétences
à l'article précité m'apparaît incomplète
même si d'autres articles du projet de loi permettent à la
communauté d'exercer sa juridiction sur le transport en commun et
l'expansion économique. Il est important que ces compétences
soient énumérées à l'article 45, afin de confirmer
l'autorité de la communauté dans ces secteurs d'activités
et éliminer toute ambiguïté possible.
Quant au service de police, l'administration du service de police a
été confiée au directeur de police lors des modifications
à notre loi en 1977. Depuis, les services administratifs de la police
fonctionnent indépendamment de ceux de la communauté. En
matière de relations du travail, il est anormal que
l'interprétation et l'application de la même convention
collective soient administrées par la communauté et par le
service de police sans aucun lien structurel entre les deux parties. Cela
entraîne des situations anarchiques qui ne relèvent pas d'une
saine administration du personnel.
Il en est de même pour les services financiers où le
dédoublement des contrôles et des effectifs est inacceptable tant
au point de vue de la gestion que de l'utilisation des fonds publics. Les
services administratifs, qui sont maintenant sous le contrôle de la
police et qui étaient, avant 1977, sous celui du conseil de
sécurité, doivent être intégrés aux nouvelles
structures administratives de la communauté.
C'est d'ailleurs dans un souci d'efficacité et d'économie
que j'insiste sur cette intégration organisationnelle des services
administratifs de la police avec ceux de la communauté, afin de disposer
d'une seule unité administrative sous la responsabilité du
directeur général. J'entrevois difficilement le bien-fondé
de maintenir en parallèle deux services du personnel, deux services du
budget et deux services d'achats. Cette réorganisation administrative
serait plus efficace sur le plan de l'exploitation et permettrait en plus de
réaliser des économies substantielles, ce qui n'est pas
négligeable pour une administration publique qui multiplie ses efforts
pour contrôler les dépenses.
Quant au transport en commun, la responsabilité première
en matière de transport en commun sur le territoire de la
Communauté urbaine de Montréal revient tout d'abord à la
communauté. La CTCUM est mandatée pour exploiter les services de
transport en commun, alors que le Bureau de transport métropolitain est
responsable de la construction des infrastructures de transport collectif
rapide.
Le transport en commun est tout d'abord un service local, comme la
police et l'assainissement des eaux, dont la compétence a
été dévolue à la communauté. La
communauté doit améliorer son contrôle sur tous les aspects
du transport en commun sur son territoire. L'expertise unique que
possède la communauté via le BTM et la CTCUM doit être
utilisée complètement et exclusivement pour l'ensemble des
projets de transport en commun dans la région de Montréal. (11 h
30)
Depuis 18 ans, le BTM - le Bureau de transport métropolitain -
est responsable de la mise en place du système de transport collectif
rapide. Ses réalisations sont impressionnantes. Notre métro, qui
est considéré l'un des meilleurs au monde, est aussi celui qui
coûte le moins cher à construire, comme l'ont constaté
récemment les autorités de Mexico. Ses concepteurs, le Bureau de
transport métropolitain, ont acquis une compétence reconnue
mondialement. Les récents succès de BTM international, une
société qui a été créée à la
suite de notre demande et par amendement à notre loi, le confirment. De
plus, l'action de cette société, BTM international, a permis
à nos industriels québécois d'obtenir de très
importantes commandes de matériel pour le transport en commun à
l'étranger. De par sa compétence en matière
d'aménagement du territoire et de développement
économique, la communauté possède une expertise unique
pour le développement du transport en commun.
Lorsque l'on considère les divers projets de transport à
l'étude pour la région de Montréal, force nous est de
constater que la Communauté urbaine de Montréal est le seul
organisme qui puisse garantir la mise en place de ces projets d'une
façon démocratique, planifiée en fonction de
l'aménagement du territoire et au plus bas coût possible.
Par conséquent, j'insiste pour que la réalisation du
réseau de transport collectif rapide, qu'il s'agisse du métro ou
du métro régional, soit sous l'entière
responsabilité de la communauté, qui a amplement prouvé
qu'elle pouvait faire mieux et à meilleur coût.
Enfin, la construction projetée du métro régional
et l'intégration des modes de transport nécessitent la conclusion
d'ententes avec les transporteurs ferroviaires. Comme la communauté
devra supporter les déficits d'opération de ces réseaux,
je prie le gouvernement de modifier le présent projet de loi afin que
ces ententes soient négociées et administrées par la
communauté, qui est responsable de l'utilisation des fonds publics au
lieu de la CTCUM ou tout autre organisme de transport.
L'annonce de la conclusion d'une entente entre la CTCUM et le CN ne
change en rien ma proposition puisque c'est l'administration éventuelle
de ces ententes qui, à mon avis, devrait loger à la
communauté.
Quant à la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Montréal, il est, à mon avis, essentiel que le
comité exécutif, le conseil de la communauté, ait le
contrôle de la CTCUM pour une saine administration. Autant il est
important pour la communauté de contrôler le service de police,
autant l'administration du transport en commun doit faire l'objet d'une
surveillance serrée de la part des élus, compte tenu de ses
implications financières très importantes et croissantes.
Par conséquent, je propose que le comité exécutif
de la Communauté urbaine de Montréal soit le conseil
d'administration de la CTCUM. Cette formule d'une corporation publique
dirigée par des élus est loin d'être nouvelle. Citons le
cas de la
Commission de transport de la Communauté urbaine de
Québec, dont les membres du conseil d'administration proviennent du
conseil de cette communauté. C'est le cas aussi de la Commission de
transport de la Rive-sud de Montréal, où tous les commissaires
sont des élus. Les membres de la Commission de transport du Toronto
métropolitain sont également nommés par le conseil de
l'agglomération torontoise. Vous trouverez à l'annexe C la
composition de chacune de ces commissions avec le nom des différentes
personnes qui y participent.
Le comité exécutif de la communauté, par ses
multiples responsabilités, possède la compétence voulue
pour mieux juger des décisions à prendre quant aux orientations
de la CTCUM. Cette proposition correspond de plus aux objectifs visés
par le gouvernement du Québec lorsque celui-ci affirme: "Toute
institution politico-administrative à caractère
démocratique doit disposer d'un pouvoir de contrôle complet sur
les dépenses publiques qu'entraînent ses propres décisions.
Elle doit aussi avoir un droit de regard total sur les actions des organismes
qui dépendent d'elle."
Quant au développement économique, depuis plus de dix ans,
l'office de l'expansion économique de la commauté complète
et appuie les efforts entrepris par des municipalités membres de la
communauté et le secteur des affaires. Les activités de l'office
ont été très largement profitables à toutes les
municipalités. L'office travaille étroitement avec celles-ci et
les commissariats industriels pour les aider dans la relocalisation de leurs
industries sur leur territoire. Enfin, l'office a développé une
présence sur les marchés internationaux pour attirer sur le
territoire de la communauté des implantations étrangères.
Comme la communauté représente plus de 75% de l'activité
économique de la région administrative de Montréal, la
probabilité de réussite de l'office dans ce secteur est
très élevée, ce qui serait beaucoup plus difficile pour
une seule municipalité, même la plus importante.
Le succès de l'office dépasse nos frontières et le
Toronto Metro, largement inspiré de notre expérience et de nos
succès, décidait récemment de suivre notre exemple en
nommant un directeur exécutif chargé du développement
industriel et économique.
La promotion de projets majeurs et la coordination des efforts des
agents économiques sont des responsabilités que la
communauté a largement assumés au cours des dernières
années pour le plus grand bien de la communauté et de tout le
Québec. Il suffit de mentionner le Commissariat aux sièges
sociaux qui, par son action, a contribué à garder à
Montréal un bon nombre d'entreprises et le leadership que nous avons
exercé dans le délicat dossier des aéroports
Dorval et Mirabel. Plus récemment, j'entreprenais de promouvoir
le rôle de Montréal comme centre de finance et de commerce
international. Des développements économiques
considérables sont en jeu. D'autres projets économiques
importants dépendent d'un climat propice à une meilleure
coordination.
Quant à la gestion des déchets, les problèmes
associés à la gestion des déchets ont été
jusqu'à ce jour une compétence municipale. Cependant, devant
l'ampleur de ce besoin essentiel, mon prédécesseur, M. Lawrence
Hanigan, a jugé nécessaire de former un comité ad hoc pour
étudier cette question et suggérer des solutions. Ce
comité a unanimement constaté l'urgence pour la communauté
d'exercer cette compétence en lieu et place des municipalités de
son territoire. Ce comité s'était aussi prononcé en faveur
de laisser la responsabilité de la collecte des déchets aux
municipalités. Il y a eu, d'ailleurs, publication d'un rapport du
sous-comité sur la gestion des déchets en septembre 1978.
Le projet de loi no 46 confie ou voudrait confier à la
communauté la responsabilité de la récupération et
du recyclage des déchets. Cette responsabilité est souhaitable,
mais elle est, à mon avis, incomplète si nous voulons vraiment
que la communauté assume un rôle déterminant dans la
gestion des déchets sur son territoire. La compétence que vous
avez confiée à la ville de Montréal il y a quelques
années n'a pas été exercée par celle-ci. Nous avons
donc en matière de gestion des déchets des responsabilités
partagées entre les villes et la communauté. Compte tenu du
contexte, je recommande que l'entière responsabilité de la
gestion des déchets soit confiée à la communauté.
Autrement, il est à prévoir que les pouvoirs que vous accordez
à la communauté par le projet de loi no 46 ne seront probablement
jamais exercés, compte tenu des conflits de juridictions.
Quant à l'aménagement du territoire, le projet de loi no
46 a pour objet de soumettre la communauté aux dispositions de la loi
125 sur l'aménagement. La communauté, dont le territoire est
déjà urbanisé à 80%, a entrepris depuis quelques
années la confection de son schéma d'aménagement. Depuis
plusieurs mois et particulièrement à ma demande, la Commission
permanente d'aménagement a accéléré ses travaux et
elle est sur le point de déposer au conseil de la communauté un
schéma d'aménagement proposé pour la
communauté.
Les membres de la Commission permanente d'aménagement, dont je
fais partie, ne croient pas désirable d'assujettir la communauté
à toutes les dispositions de la loi 125. Il y a une erreur de frappe.
Nous croyons qu'il est souhaitable que notre loi
soit modifiée pour correspondre aux principes de la loi 125
à l'effet que les décisions d'aménagement soient, d'abord,
des gestes politiques; que la participation des citoyens doit être
assurée tant par l'information que par la consultation; que le
schéma d'aménagement devienne contraignant après son
adoption et oblige les municipalités à adopter des plans
conformes à celui-ci; que le schéma d'aménagement lie le
gouvernement du Québec, les municipalités et ses mandataires.
La spécificité du territoire de la communauté a
déjà été reconnue par le gouvernement dans sa
définition de l'option préférable d'aménagement
pour la région de Montréal en ces termes: "La consolidation du
tissu urbain à l'intérieur du périmètre
urbanisé actuel et le réaménagement
accéléré de l'île de Montréal en termes de
qualité de vie."
La réalisation de cet objectif sera mieux servie en conservant
dans notre loi plusieurs articles qui permettront à la communauté
d'exercer les pouvoirs nécessaires à la réalisation des
objectifs du schéma d'aménagement. Ce sont les dispositions
suivantes contenues à l'article 112 de notre loi aux paragraphes: "e)
l'uniformisation de la réglementation de la circulation, la
synchronisation des systèmes de contrôle mécanique de la
circulation sur les grandes voies de communication et les rues
intermunicipales; f) l'établissement de systèmes intermunicipaux
d'eau potable; g) les égouts intermunicipaux et les ouvrages
intermunicipaux d'épuration des eaux."
Je cite le paragraphe 2 de l'article 169 de la loi actuelle dont on
propose le retrait, mais qu'il nous semble important de revoir dans la loi,
soit dans le projet de loi 46 ou tout au moins que cela demeure dans la loi
actuelle de la communauté, à l'article 169, "pour régler
ou interrompre la circulation dans les rues intermunicipales, les grandes voies
de circulation et les voies d'accès à celles-ci." L'article 169,
que je ne lirai pas, concerne des dispositions réglementaires en
matière de circulation.
Les travaux de la Commission permanente d'aménagement sont
à mon avis à ce point avancés que la communauté
peut déposer son schéma d'aménagement d'ici environ trois
semaines. Elle pourrait l'adopter d'ici dix-huit mois sans problème. On
pourrait se poser la question sur les dix-huit mois. Nous avons cru qu'un an
serait suffisant, mais nous avons pris en considération le fait qu'il y
aura des élections chez un des partenaires importants d'ici à la
fin de l'année, ce qui pourrait retarder les travaux de la commission.
À l'intérieur d'une période d'un an, sans doute que ce
schéma pourrait être étudié, débattu,
discuté et, je l'espère, adopté.
Je prie donc le gouvernement d'amender ce projet de loi afin que la
communauté ait une loi appropriée pour l'adoption de ce
schéma d'aménagement de la façon décrite à
l'annexe D.
Par la suite, M. le Président, je donnerai un sommaire des
recommandations que je n'ai pas l'intention de répéter et qui
concernent le comité exécutif, les commissions du conseil,
l'administration, les compétences de la communauté, le service de
police, le transport en commun, la gestion des déchets et aussi
l'aménagement du territoire.
En deuxième partie, je désirerais soumettre à votre
commission une série d'amendements dont on dit qu'ils sont techniques
pour la plupart, et d'autres qui recoupent des propositions de nature plus
politique que je me suis permis de vous faire.
D'un côté, il y a la référence à
l'article de la loi 46, de l'autre côté, la
référence à l'article de la loi de la communauté
telle qu'elle existe aujourd'hui. Je ne sais pas si vous voulez que j'aille
dans la lecture totale de tous les articles. Je suis prêt à le
faire ou je peux donner des explications générales. Je suis
à votre disposition.
Le Président (M. Rodrigue): M. le président, je
laisse cela à votre discrétion. Si vous préférez
nous faire un résumé succinct, cela sera sûrement bien
accueilli. Si vous préférez, au contraire, y aller d'une
façont très extensive...
M. Des Marais II: À l'article 3, c'est une question de
détail en ce qui a trait aux remboursements des dépenses
encourues par les membres du comité exécutif pour le compte de la
communauté. Nous avons vécu depuis douze ans avec une disposition
de l'article 25 qui, à notre connaissance, n'a pas créé de
problème. Nous vous suggérons de conserver cette disposition de
l'article 25 de la loi de la communauté. À l'article 8 de la loi
46, le nouvel alinéa proposé à l'article 33 permet au
comité exécutif d'octroyer des contrats sans l'autorisation du
conseil dans les cas de force majeure, entre autres, lorsque la vie ou la
santé de la population sont en jeu. Dans ces cas, il apparaît
inutile que le comité exécutif ait besoin d'une demande
écrite de son président ou directeur général pour
agir tel que le veut le nouvel alinéa. Si réellement il est
question d'urgence, les gens finiront par s'entendre.
À l'article 9, le gouvernement n'a pas inséré dans
son projet de loi la modification qui lui avait été
demandée par le conseil de la communauté et qui permettrait aux
membres du comité exécutif, de consentement unanime, de
siéger par voie de conférence téléphonique et
autres moyens similaires. Je vous suggère une proposition
d'amendement. C'est une méthode moderne de gestion qui, nous
pensons, pourrait être utilisée de façon exceptionnelle par
le comité exécutif de la communauté.
À l'article 10, il faudrait sans doute prévoir un
substitut pour signer les contrats de la communauté à la place du
président lorsque ce dernier est incapable ou ne désire pas le
faire. Ce substitut devrait être désigné par le
comité exécutif et non par le conseil, pour des raisons
d'efficacité administrative.
Aux articles 23 et 46 du projet de loi no 46, le projet de loi abroge
dans sa forme actuelle l'article 58 qui exige que toute matière fasse
l'objet d'un rapport du comité exécutif avant d'être
étudiée par le conseil. Il est essentiel de conserver cet
article, peut-être, s'il le faut, en obligeant le comité
exécutif à faire rapport lorsque le sujet est amené au
conseil par une commission ou par un groupe d'au moins quinze membres du
conseil ou par un seul membre du conseil conformément à l'article
45. Dans le système proposé, il n'y aurait plus aucune
coordination entre les différentes commissions du conseil, car seul le
comité exécutif peut assurer cette coordination et, selon le
projet de loi no 46, le comité exécutif, dans certains cas, ne
serait même pas au courant des sujets qui seraient amenés au
conseil par les commissions. Le président lui-même ne serait pas
plus au courant de ce que feront les commissions, puisque, selon le projet de
loi no 46, il n'est plus membre d'office des commissions. J'ai fait une
suggestion en ce sens. (11 h 45)
À l'article 26, il faudrait, à mon avis, préciser,
en créant ces commissions, que ce sont des commissions du conseil. Il y
aurait peut-être lieu d'indiquer comment on déterminera les
matières qui sont données de la compétence de ces
commissions. Ce qui n'est pas clair dans le projet de loi tel que
présenté.
Il conviendrait sans doute d'obliger les commissions de soumettre un
rapport annuel au comité exécutif ou au conseil en temps utile
pour l'inclusion en tout ou en partie dans le rapport annuel de la
communauté.
J'ai souligné à l'article suivant l'importance de la
présence du président du comité exécutif à
titre de membre d'office de toutes les commissions.
Il y aurait peut-être lieu, M. le Président, d'ajouter
l'alinéa qui suit à la fin de l'article 82d proposé par
l'article 26 du projet de loi no 46: "Sauf quant au président et au
vice-président, le conseil peut en aucun temps même pendant la
durée du mandat d'un membre d'une commission remplacer ce dernier."
C'est une modalité qui n'apparaît pas dans le projet de loi
et qui me semble importante, puisqu'il peut se passer toutes sortes de choses
durant les quatre années d'un mandat d'un membre d'une commission pour
que le conseil, s'il le désire, puisse procéder à des
changements.
À l'article 35 du projet de loi no 46, au point de vue
administratif, le directeur général coordonne les
activités des autres directeurs de services. Il serait souhaitable
d'enlever le dernier alinéa de l'article 96 tel que proposé. Si
l'on veut soustraire le directeur de police de l'autorité du directeur
général, il suffirait de l'ajouter au paragraphe b après
le commissaire à l'évaluation.
À l'article 37, en ce qui concerne les documents de la
communauté qui constituent des documents publics, il est
préférable de conserver le premier alinéa de l'article 346
de la loi actuelle plutôt que d'adopter le texte des nombreux articles
97a et 97b qui sont rédigés en termes très vagues.
D'ailleurs, jusqu'à ce jour, que je sache, la communauté n'a pas
eu de problème particulier de transmission de documents ou de
définition de documents publics.
À l'article 98 de la loi de la communauté, c'est une
demande que le conseil de la communauté avait faite au gouvernement
l'automne dernier que soit définie ainsi la fonction du
trésorier: Le trésorier dirige le service de la trésorerie
et exerce les fonctions que le conseil peut déterminer par
règlement.
Ce n'est pas très clair dans notre loi actuelle; cela
n'apparaissait pas très clair non plus dans le projet de loi no 46. Il
est important, au point de vue de l'efficacité administrative, que le
conseil puisse cadrer les activités du trésorier, compte tenu de
sa responsabilité personnelle très importante.
À l'article 40, c'est une question qui a trait au pouvoir de
percer des tunnels en profondeur sans expropriation, tel qu'accordé
à la communauté par le projet de loi no 46 qui nous semble de peu
d'utilité. À titre d'exemple, il porte la profondeur de quinze
à trente mètres et ne s'applique pas au tunnel creusé pour
les fins du métro. Le texte suivant serait souhaitable, si l'on veut
vraiment accorder à la communauté le droit dont elle a besoin
sous ce rapport. Je déposerai le texte. C'est un texte hautemente
technique qui, je pense, fera l'accord de toutes les parties.
À l'article 51, il faudrait ajouter après le paragraphe 1
de la modification les mots "et les examiner", afin que les fonctionnaires de
la communauté qui ont le pouvoir de pénétrer dans un
endroit soient autorisés non seulement à y
pénétrer, mais à y examiner tous les appareils ou choses
nécessaires ou utiles à l'application des règlements
antipollution.
La même remarque s'applique à l'article 183b.1
proposé qui concerne le traitement des eaux.
À ce sujet, M. le Président, permettez-moi une
parenthèse quant à l'application de la réglementation
actuelle de la communauté en ce qui a trait aux mesures antipollution
et, en ce qui concerne le traitement des eaux. Nous avons du succès, il
est connu, en dépollution de l'air et aussi en traitement des eaux,
parce que notre réglementation était une bonne
réglementation et qu'elle a été appliquée avec
discernement par les différents intéressés, sauf que
l'expérience de douze années a amené ces gens à se
dire: Oui, mais il y a quelquefois un client ou un citoyen un peu plus
récalcitrant et, à ce moment-là, on peut s'attacher
à la loi comme telle et dire: "Vous pouvez pénétrer mais
vous ne pouvez examiner mon établissement."
À l'article 57, c'est un amendement qui avait été
demandé par le Conseil de la communauté de façon unanime
et qui traite dans le détail de la réglementation
éventuelle pour assurer la salubrité dans toute la question de
l'inspection des aliments. M. le Président, je ne procéderai pas
à sa lecture. Je pourrai déposer le document qui donne le
détail jusqu'à la page 35, de toute une série de
modalités qui permettraient à la communauté de mieux
assurer sa responsabilité dans ce domaine.
À l'article 65 du projet de loi no 46, je suggère qu'il
faudrait enlever les mots "sur avis de la commission de sécurité
publique" dans l'article 212 proposé, et, dans le même article,
paragraphe 1, enlever les mots "après l'avoir fait analyser par la
commission de la sécurité publique" et, s'il y a lieu, l'avoir
modifié."
Enlever le paragraphe 2 de cet article qui permet au comité
exécutif de déterminer le montant des dépenses du service
de police au delà duquel son approbation est requise.
Comme le service de police devrait ou doit devenir, au plan
administratif, un service comme les autres, ce paragraphe n'a plus sa raison
d'être, non plus que le paragraphe 3, qui oblige à communiquer au
conseil et aux municipalités les informations relatives aux
dépenses de ce service.
Remplacer le paragraphe 5 par le suivant: "Sur recommandation du
directeur, détermine les normes d'embauche du personnel du service de
police."
Ces changements permettent au comité exécutif d'exercer sa
compétence en rapport avec le budget et l'administration du service de
police de la même façon qu'il le fait pour les autres
services.
Il conviendrait d'enlever le dernier alinéa qui oblige le
comité exécutif à prendre l'avis de la commission de la
sécurité publique.
Ajouter le paragraphe suivant à la fin de l'article 213 tel que
proposé: "3. La commission de sécurité publique, chaque
fois qu'elle en est requise, donne son avis sur le projet du budget du service
de police et sur toute matière susceptible d'améliorer
l'efficacité du service de police ou d'en diminuer les coûts."
Conserver enfin l'article 222, qui définit les fonctions du
service de police, en remplaçant le premier alinéa par le
suivant: "Le service de police est chargé, sous l'autorité du
comité exécutif et du directeur et, dans le territoire de la
communauté."
L'article 229 du projet de loi actuel doit être abrogé.
À l'article 71, dans le projet de loi, article 230, le directeur
du service de police a l'obligation de faire rapport au comité
exécutif de ses activités et dépenses tous les deux mois.
Au lieu de "tous les deux mois" il serait sans doute préférable
que ce soit "sur demande" et l'on devrait enlever le mot "dépenses" de
cet article, étant de concordance avec la responsabilité
administrative qui serait entre les mains du conseil exécutif.
Il faudrait ensuite enlever la date du 1er septembre comme étant
celle avant laquelle le directeur du service de police doit transmettre le
budget au comité exécutif et le comité pourrait sans doute
déterminer cette date.
Enlever la dernière ligne du dernier alinéa de l'article
231 proposé, qui oblige le comité exécutif à
transmettre le budget du service de police à la commission de la
sécurité publique pour analyse.
En fait, M. le Président, aux articles 71, 75, 76, cela a trait
au service de police et c'est plus ou moins de concordance. L'article 79, c'est
un sujet qui a trait à la répartition des dépenses on
devrait y ajouter l'alinéa suivant: "Les dépenses prévues
dans un budget supplémentaire sont réparties sur la même
base que celle qui a servi à la répartition provisoire ou
définitive des dépenses du budget de l'exercice en cours."
C'est important, pour la communauté, que si, par hasard, il y
avait un budget supplémentaire, par exemple au mois de septembre, on ne
soit pas obligé de s'appuyer sur un rôle et un potentiel fiscal
qui serait différent de celui sur lequel le budget original a
été réparti. C'est une modalité administrative. En
cours d'année, il ne se passe pas de changements majeurs, ça ne
créerait, à mon avis, de préjudice à aucune des
municipalités. Au contraire, ça enlèverait des coûts
considérables à la communauté pour confectionner un autre
rôle et déterminer à nouveau le potentiel fiscal, à
ce moment-là.
À l'article 81, je suggère qu'il faut revenir au texte de
l'article 252 que le Conseil de la communauté a adopté dans sa
demande de projet de loi privé. Quand il s'agit de résolutions du
conseil qui ont une incidence financière sur plusieurs années,
le
trésorier ne peut certifier qu'il y a des crédits
disponibles; il devrait pouvoir certifier qu'il y en aura en temps utile. Le
texte proposé est le suivant: "Article 252. Aucun règlement ou
résolution du conseil et aucun rapport ou résolution du
comité exécutif qui autorisent ou recommandent la dépense
de deniers ne sont adoptés ou n'ont d'effet avant la production d'un
certificat du trésorier attestant qu'il y a ou qu'il y aura en temps
utile des crédits disponibles pour le service et les fins pour
lesquelles cette dépense est projetée. "Lorsque le comité
exécutif autorise le versement de subventions sur recommandation du
Conseil des arts, le certificat prévu au présent article est
donné par le trésorier du Conseil des arts." C'est une
disposition essentiellement administrative et financière.
À l'article 82, il est proposé de remplacer l'article 256
par celui-ci: "Pour les fins du paragraphe 5 de l'article 204 de la Loi sur la
fiscalité municipale et modifiant certaines dispositions
législatives," plutôt que par l'article 256 qui est
suggéré. La modification proposée par l'article 82 du
projet prive la communauté d'une exemption de taxes dont elle a toujours
bénéficié à compter du moment où elle
prenait possession d'un immeuble exproprié.
À l'article 83, dans le système proposé, les
dépenses fixes de la communauté, c'est-à-dire de celles
prévues au certificat que le trésorier doit produire en vertu de
l'article 247, deviendront dues et payables par les municipalités le 1er
mars si le budget n'est pas adopté. Il n'y a certainement pas de raison
d'obliger les municipalités à payer en un seul versement toutes
ces dépenses étant donné que le poste du budget qui
entrera en vigueur en rapport avec ces dernières comprend les
dépenses de toute l'année. À titre d'exemple, le service
de la dette mentionné au certificat est celui de tout l'exercice de la
communauté. Pourquoi les municipalités seraient-elles
appelées à les payer d'un seul coup plutôt, comme c'est
prévu dans la loi, qu'en quatre versements?
À l'article 85, le projet de loi ne reproduit pas la demande de
la communauté faite par l'article 31 du projet de loi privé selon
lequel le programme des dépenses en immobilisation n'était plus
soumis à l'approbation du gouvernement mais simplement transmis au
ministre. La communauté a demandé le même régime, en
ce qui concerne ses dépenses en immobilisation, que celui qui est fait
à la ville de Montréal par l'article 681a de la charte de cette
dernière et qui est appliqué à toutes les autres
cités et villes par l'article 473 de la Loi sur les cités et
villes.
À l'article 88, les emprunts temporaires deviennent maintenant
sujets à l'approbation du ministre alors qu'autrefois l'approbation de
la commission municipale suffisait.
À l'article 89, on a supprimé de l'article 261 les
éléments qui sont essentiels pour que la communauté puisse
contracter des emprunts sans problème juridique; en particulier il est
important de mentionner de façon expresse que l'emprunt peut se faire
par une ou plusieurs émissions. La règle d'interprétation
ne suffira pas pour suppléer à cause de la suite du paragraphe
"jusqu'à concurrence du montant etc." Il faut que le comité
exécutif puisse déterminer non seulement les conditions de
l'émission mais les stipulations et les modalités des titres. Il
n'y a pas que le contenu du contrat de prêt, il y a d'autres contrats qui
sont accessoires. Vous comprendrez, M. le Président, que ce sont des
recommandations qui émanent de la trésorerie et des conseillers
juridiques de la communauté.
À l'article 90, on doit conserver le mot "ou" et non pas le mot
"et" quant à l'approbation d'un règlement par le ministre ou la
Commission municipale du Québec car il y a encore le règlement 27
de la communauté dont certaines parties n'ont pas été
approuvées par le ministre parce que son approbation n'était pas
requise à ce moment.
À l'article 92, en ce qui concerne les emprunts de la
communauté, la responsabilité de la communauté et des
municipalités ne doit pas exister seulement envers les personnes qui ont
conclu le contrat de prêt mais envers tout cessionnaire de ces droits et
envers toutes les banques qui peuvent être substituées aux
prêteurs originaux. Nous suggérons de revenir au texte
proposé par l'article 39 du projet de loi privé.
À la fin de l'article 264b, on devrait remplacer "la
communauté" par les mots "le comité exécutif".
À l'article 106, pour des fins de commodité
administrative, je me fais le porte-parole du trésorier de la
communauté qui suggère de remplacer les quatre derniers
alinéas proposés par l'article 106 par les suivants: - M. le
Président, je ferai grâce à la commission de la lecture, je
déposerai le document qui débute par "Lorsque la
communauté" et qui se termine par "les crédits correspondants
sont censés adoptés". (12 heures)
Aux articles 108 à 113 du projet de loi no 46, ce sont les
mêmes remarques quant aux emprunts de la CTCUM que celles qui sont faites
quant aux emprunts de la communauté.
L'article 114: II serait préférable que la modification
suggérée à l'article 321 se lise comme suit: "Au plus tard
le 1er janvier 1983, la communauté, la commission et la ville de
Montréal doivent, en collaboration:". Comme je l'ai mentionné
tantôt, depuis 1970, la CTCUM et la ville de Montréal doivent
procéder à cet inventaire et, à ce jour, cela n'est pas
encore terminé. J'ai proposé qu'on procède par
dispositions législatives au
transfert de tous ces terrains, dont le paiement des emprunts est
assumé par les municipalités membres de la communauté,
à la communauté qui aura la responsabilité de les
gérer, c'est-à-dire de remettre à la CTCUM les terrains
dont elle a besoin pour son exploitation et de déterminer la meilleure
utilisation ou la vente éventuelle des résidus de ces terrains.
C'est d'ailleurs ce qui est proposé à l'article 116a.
À l'article 117, on propose d'abroger l'article 330 de la loi
actuelle. Il ne faudrait pas l'abroger car cette abrogation a pour
résultat de priver de pension les commissaires ou commissaires adjoints
de la Commission de transport de Montréal qui étaient en fonction
le ou avant le 31 décembre 1969.
À l'article 124: II est suggéré de conserver la
même technique de rédaction que celle de l'article 349 en ce qui
concerne les crédits.
M. le Président, à la page 44, je veux souligner une
correction à la sixième ou à la septième ligne. La
date du 31 mars 1981 devrait être remplacée par la date du 1er
janvier 1982.
L'article 128, il est proposé de l'abroger. Il faut souligner que
la communauté exerce encore des recours sous l'empire de cet article
quant aux jours de maladie et accident du travail envers des
municipalités, des individus ou des organismes gouvernementaux.
À l'article 129: II faut souligner que l'article ne devrait pas
être abrogé puisqu'il y a encore des titres de la Corporation de
Montréal métropolitain en cours. Cependant, les article 366, 367,
368 et 369 peuvent être abrogés.
Quant à l'article 134, il rend applicable à la
communauté, dans la proposition lui vous est faite, certains chapitres
de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. Ces articles sont
susceptibles de créer des problèmes sur le territoire de la
communauté et, pour n'en mentionner qu'un, l'article 61 de cette loi
prohibe toute construction sur le territoire d'une municipalité, dont la
communauté, si le projet de loi 46 est adopté tel quel à
compter de la résolution qui décrète l'élaboration
d'un schéma d'aménagement et jusqu'à l'entrée en
vigueur d'un règlement de contrôle intérimaire.
Compte tenu du grand nombre de municipalités sur l'île, de
la diversité de leurs règlements de zonage et de construction, il
semble préférable que des dispositions particulières
concernant le schéma d'aménagement soient insérées
dans la loi de la communauté plutôt que de référer
à la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme. Ces dispositions
pourraient, en substance, couvrir les sujets suivants: a) l'obligation pour la
communauté d'adopter un schéma d'aménagement dans les 18
mois qui suivent la date de l'entrée en vigueur de la loi 46; b) le
schéma d'aménagement devant comprendre: 1° les grandes
orientations de l'aménagement du territoire de la communauté;
2° les grandes affectations du territoire pour l'ensemble du territoire de
la communauté; 3° l'identification des territoires présentant
pour la communauté un intérêt d'ordre historique, culturel,
esthétique ou écologique; 4° l'identification, la
localisation approximative et, s'il y a lieu, les échéanciers de
réalisation des équipements et infrastructures que la
communauté considère de caractère intermunicipal; 5°
l'indentification et la localisation approximative des équipements et
des infrastructures à être mis en place par le gouvernement, ses
ministères et ses mandataires ainsi que par les organismes publics et
les corporations scolaires; 6° l'identification et la localisation
approximative des réseaux majeurs d'électricité, de gaz,
de télécommunications et de câblodistribution; 7° la
densité approximative d'occupation admise dans les diverses parties du
territoire de la communauté; 8° le tracé approximatif et le
type des principales voies de circulation. c) Le schéma
d'aménagement doit être accompagné: 1° d'un document
indiquant les coûts approximatifs des divers équipements et
infrastructures intermunicipaux proposés dans le schéma; 2°
d'un document précisant les modalités et les conclusions de la
consultation, y compris les motifs d'accord et, le cas échéant,
de désaccord exprimés par les personnes et organismes
consultés. d) La communauté transmet à chacune des
municipalités qui font partie de son territoire une copie de la
proposition préliminaire d'aménagement afin de permettre la
consultation sur le contenu du schéma et la conciliation de ses
objectifs avec ceux des municipalités et du gouvernement. e) Dans les
trois mois suivant la réception d'une proposition d'aménagement
par la communauté, le ministre indique à cette dernière:
1° les orientations que le gouvernement, ses ministères et
mandataires ainsi que les organismes publics poursuivent ou entendent
poursuivre en matière d'aménagement sur le territoire de la
communauté; 2° les projets d'équipements, d'infrastructures
et d'aménagement que le gouvernement, ses ministères et
mandataires
ainsi que les organismes publics entendent réaliser sur le
territoire de la communauté; 3° s'il y a lieu, les objectifs du
gouvernement à l'égard de la proposition d'aménagement
soumise. f) Chaque municipalité qui fait partie du territoire de la
communauté doit transmettre un avis sur la proposition
d'aménagement dans un délai de 60 jours. Chaque
municipalité qui fait partie du territoire de la communauté doit
rendre disponible à son bureau copie de la proposition du schéma
d'aménagement. g) Les assemblées publiques de consultation sur la
version définitive du schéma sont tenues par la Commission de
l'aménagement constituée par l'article 82 de la loi de la
communauté. h) Le schéma d'aménagement est adopté
par un règlement du conseil de la communauté. Copie du
schéma d'aménagement avec avis de la date de son adoption est,
dès son adoption, transmise aux municipalités régionales
de comté adjacentes à chacune des municipalités qui font
partie du territoire de la communauté ainsi qu'au ministre. i) Si le
ministre est d'avis que le schéma d'aménagement ne respecte pas
les orientations ou les projets du gouvernement, de ses ministères et
mandataires, ainsi que des organismes publics, il peut demander au conseil de
la communauté de le modifier. Cette demande se fait par avis
motivé, dans les trois mois de l'adoption du schéma, et copie de
cet avis est signifié au conseil de la communauté et transmise
à chacune des municipalités qui font partie de son territoire. j)
Chaque municipalité qui fait partie du territoire de la
communauté est tenue, dans les 24 mois de l'entrée en vigueur du
schéma d'aménagement, d'adopter pour la totalité de son
territoire un plan d'urbanisme, un règlement de zonage, un
règlement de lotissement et un règlement de construction et d'en
transmettre une copie au conseil de la communauté. Ce plan et ces
règlements doivent être conformes aux objectifs du schéma
d'aménagement. k) Une municipalité sur le territoire de laquelle
est en vigueur un plan directeur, un plan d'urbanisme, un règlement de
zonage, un règlement de lotissement ou un règlement de
construction est tenue de le modifier, s'il y a lieu, pour le rendre conforme
aux objectifs du schéma et aux dispositions du document
complémentaire et de transmettre copie de la modification au conseil de
la communauté dans les 24 mois de l'entrée en vigueur du
schéma d'aménagement. l) Le conseil de la Communauté
urbaine de Montréal est tenu de réviser le schéma
d'aménagement au plus tard cinq ans après son entrée en
vigueur.
M. le Président, toutes ces dispositions ont fait l'objet de
discussion à la Commission permanente d'aménagement, dont vous
trouverez d'ailleurs un extrait de procès-verbal à l'annexe D,
qui recoupe une position unanime des membres de la commission, laquelle a
été recommandée au comité exécutif qui,
cependant, n'a pas pris position sur la question.
À l'article 166 - je vous ferai grâce de toute la lecture -
sur la question de la répartition des résidus du coût du
boulevard Métropolitain, qui a fait l'objet de poursuites juridiques au
cours des années entre la communauté et ses municipalités,
c'est un texte que nous vous proposons, sur lequel il y a déjà eu
une entente entre les différentes parties.
L'article 168, c'est un article qui avait été
proposé dans le projet de loi privé, lequel, je suggère,
devrait être remplacé par le suivant: "L'article 50 a effet depuis
le 6 décembre 1978 et l'article 162 a effet depuis le 1er mai 1981."
Cette nouvelle rédaction aurait pour effet d'accorder
rétroactivement à l'un des commissaires de la CTCUM, qui a pris
sa retraite le 1er mai 1981, le bénéfice du nouvel article 161,
c'est-à-dire une pension annuelle égale aux 5/12 de la
rémunération qu'il recevait de la CTCUM à cette date.
En conclusion, M. le Président, le problème que pose la
refonte de la Communauté urbaine de Montréal en est un
d'envergure, nous le sentons tous. Il aura fallu un courage politique important
pour s'y attaquer avec énergie et il en faudra tout autant pour mener
cette démarche à terme.
C'est pourquoi vous me permettrez, M. le Président, d'insister
auprès du gouvernement, auprès de l'Assemblée nationale,
sur l'urgence d'adopter le plus rapidement possible, dans sa forme
modifiée, cette importante loi. Non seulement la santé
économique de toute notre région de Montréal en
dépend, mais le leadership et le dynamisme de la communauté est
en jeu.
Le projet de loi no 46, amélioré, je l'espère, par
les modifications que je suggère et que d'autres suggéreront,
permettra à la communauté d'évoluer dans un cadre
dynamique et de tout mettre en oeuvre afin que le réaménagement
de l'île de Montréal, en termes de qualité de vie, puisse
enfin devenir une réalité. Nous aurons alors en main les outils
nécessaires pour, notamment, freiner l'étalement urbain qui
diminue l'efficacité des investissements importants consentis aux
infrastructures de l'île de Montréal.
Ce n'était pas exagéré que d'affirmer publiquement,
comme je l'ai fait à maintes reprises ces dernières
années, que la Communauté urbaine de Montréal constitue le
véritable moteur du Québec. Ce n'est pas là diminuer
l'importance des autres régions de la province, ce n'est que
constater
l'évidence la plus élémentaire.
Dans la période extrêmement difficile que nous vivons
présentement, comme toutes les autres sociétés
industrialisées, il devient absolument nécessaire que ce moteur
fonctionne dans les meilleures conditions possible si nous voulons que notre
génération, de même que celle qui la suivra, puisse
prétendre à une qualité de vie au moins comparable
à celle de nos voisins.
En plus, M. le Président, et au-delà de l'adoption d'un
projet de loi ou de modifications à la loi de la communauté, je
souhaite et j'ose espérer que le gouvernement donnera une direction
claire pour que nous puissions, entre les partenaires, au-delà des
individus qui constituent la communauté, retrouver un esprit
communautaire. Même si la charte et la loi constituante est
modifiée de la façon proposée, la communauté ne
pourra pas fonctionner si les parties qui la constituent ne se mettent pas
à table, une fois pour toutes, avec les nouvelles règles du jeu
et décident, entre elles, que la communauté sera un organisme
qui, selon les règles du jeu, doit fonctionner dans un esprit où
les partenaires sont des partenaires et dans un esprit où le
comité exécutif, je l'espère, et le conseil, sans doute,
ne continueront pas d'être un champ de bataille pour des gens qui
représentent des citoyens qui attendent plus que ce que nous avons pu
leur donner jusqu'à ce jour. Il ne faut pas se tromper, c'est là
l'enjeu véritable de la démarche que nous propose le projet de
loi no 46 et j'espère que, tous ensemble avec votre appui, nous pourrons
le réaliser.
Le Président (M. Rodrigue): Je vous remercie, M. le
président. M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, M. le maire
d'Outremont, je voudrais vous remercier de votre importante contribution
à ce débat. Le mémoire que vous nous avez
déposé ce matin était fouillé; il contenait des
considérations générales sur la communauté et aussi
toute une foule de propositions d'amendements à la loi 46 comme à
la loi actuelle de la Communauté urbaine de Montréal.
Pour ce qui concerne les amendements - pour régler une chose - il
y a déjà eu des discussions entre les fonctionnaires de la
communauté et mes fonctionnaires. Je sais qu'il y a déjà
un certain nombre de choses qui sont réglées ou qui le seront
bientôt, qu'il y aura des amendements qui vont suivre là-dessus,
dans un esprit d'amélioration du projet de loi no 46. Je pense, par
exemple, à l'article 166; effectivement il y a une erreur de
rédaction qui s'est introduite, de sorte que ça ne correspond pas
exactement aux ententes qu'il y a eu, mais effectivement il n'y a pas de
problème de fond et, là-dessus, je pense que nous nous entendrons
très bien.
Il en est ainsi d'un certain nombre d'autres amendements, pour ce qui
concerne l'aménagement, notamment, sur lesquels je pourrai revenir.
Mais, pour revenir sur un plan général, je voudrais poser
une question. Il y a différentes formes d'institutions intermunicipales;
on pourrait penser à des régies, comme je l'ai dit au
début, à une ville mandataire; il y en a même qui vont
parfois jusqu'à des gouvernements régionaux.
En 1969, on a choisi une communauté, après certaines
expériences comme la Commission métropolitaine, etc. Est-ce que,
d'après vous, c'est la formule? Est-ce que la Communauté urbaine
de Montréal est nécessaire? (12 h 15)
Au départ, peut-être pourrait-on définir
Montréal. Il y a une certaine ambiguïté qui flotte autour du
mot "Montréal". On l'a souligné d'ailleurs dans certains articles
de journaux auparavant, dans le Devoir notamment. Lorsqu'on parle de
Montréal, parfois on signifie la ville, parfois on signifie l'île
de Montréal, parfois aussi on signifie la grande région de
Montréal. Je voudrais que vous nous expliquiez un peu votre conception
par rapport à ces différentes conceptions de Montréal et
la nécessité de la Communauté urbaine de
Montréal.
M. Des Marais II: M. le Président, M. le ministre, j'ai
déjà mentionné publiquement et à plusieurs reprises
que si la communauté n'existait pas, à mon avis, il faudrait la
créer. Il est bien évident que sur un territoire comme celui de
l'île de Montréal, il faut, pour répondre aux besoins de
services régionaux, un organisme qui puisse les prévoir. On
pourrait discuter - mais je ne suggère pas de rouvrir cette discussion -
de la nécessité d'avoir l'organisme régional pour la
police. Nous l'avons vécu et je pense que cela devrait continuer et
s'améliorer.
Au niveau du transport en commun, ainsi que de l'épuration des
eaux et de l'assainissement de l'air, il est bien évident que ce doit
être la communauté. On pourrait - je me permettrai peut-être
une remarque étant donné que cela fait l'objet de discussions de
nos concitoyens de ce temps-ci - peut-être dire que l'évaluation
municipale pourrait être remise au gouvernement du Québec puisque
la communauté ne fait qu'assumer une responsabilité
d'administration d'une loi qui est la vôtre, mais que la
communauté, cependant, assume la colère de nos citoyens qui,
quelquefois, ne voient pas tellement bien la différence entre la loi du
gouvernement du Québec, l'application de la loi par la Communauté
urbaine de Montréal qui, à mon avis, est très bien faite
par le commissaire à l'évaluation et son personnel, et la
taxation. Mais, encore une fois, M. le
Président, il faudra la créer et je pense,
généralement, avec les responsabilités qu'elle a.
J'ai mentionné cependant, dans mes propos, il y a quelques
instants, qu'à cause de problèmes d'équité fiscale,
il faudra se pencher, peut-être pas à l'intérieur du projet
de loi no 46, mais sur la question des effets de débordement, et je
m'explique. C'est un terme qui est devenu à la mode au comité
Québec-municipalités et qui nous a amenés, les
représentants de l'île de Montréal et de la
Communauté urbaine de Montréal, à déceler, en
particulier au niveau du transport, une utilisation importante par des gens qui
ne sont pas des résidents du territoire et qui n'assument pas le fardeau
fiscal de nos concitoyens. En conséquence, quand un citoyen de
l'extérieur du territoire et celui de l'intérieur du territoire
voyagent dans le même métro ou le même autobus, l'un paie
plus pour sa participation au transport en commun. Il y aura sans doute lieu -
je sais que c'est à l'étude - de se pencher sur cette question de
la répartition des effets de débordement en matière de
transport public. M. le Président, pour répondre encore une fois
au ministre, à mon avis, cela doit exister.
Cela demeurera aussi, cependant, à mon avis, quel que soit le
cadre, un organisme très difficile à gérer et à
conduire. Il ne faut pas se le cacher, il y aura toujours, entre les deux blocs
que forment la ville de Montréal et les banlieues, sur certains sujets,
même en ayant le plus grand sens de coopération, des divergences
d'opinions profondes sinon des objectifs complètement différents.
Que ce soit en matière de développement industriel, que ce soit
en matière de transport, il pourra se faire - et c'est arrivé
tout récemment - que les objectifs poursuivis par les deux parties
seront différents. Encore une fois, ce sera difficile de trouver une
position commune, mais je pense que les propositions que vous avez faites, en
particulier via les commissions, peuvent permettre peut-être un
débat qui amènera des solutions à ce problème.
M. Léonard: Étant établi que la
communauté doit exister - ce qui n'était pas
nécessairement le cas au début en 1969 -maintenant, il y a
certaines questions qui se posent ou, disons-le carrément, certains
problèmes que vous avez évoqués au début, que vous
avez évoqués aussi dans votre conclusion et que vous venez
d'effleurer un peu. Pourriez-vous préciser davantage les
problèmes qui se posent et notamment - je crois le comprendre - à
l'exécutif ou dans le fonctionnement de l'exécutif
vis-à-vis du conseil, etc. Je vous pose cette question. Je la poserai
aussi à d'autres à cette commission, mais il semble important d'y
venir, parce que j'ai entendu aussi un certain nombre de commentaires par
rapport à cela, au fonctionnement de l'exécutif, notamment.
M. Des Marais II: M. le Président, M. le ministre, il y a
deux sortes de problèmes. Il y en a un qui, à mon avis, est
absolument de bonne santé, c'est que les gens n'aient pas toujours des
positions unanimes et ça arrive au conseil de la communauté;
c'est arrivé au cours des années, ça arrive assez souvent
au comité exécutif. J'ai entendu dire en certains milieux que
l'on avait tenté de jauger la quantité ou le nombre de ces
divergences d'opinions par le nombre de votes qui apparaissaient aux
procès-verbaux du conseil et du comité exécutif.
Je dirais qu'au conseil, c'est probablement représentatif, dans
la vie de la communauté, de divergences d'opinions qui, à un
moment donné, faisaient même se séparer certains maires de
banlieue, la ville de Montréal étant plus homogène de par
sa représentation. Quant au comité exécutif, il est,
à mon avis, inexact de tenter de déceler les divergences
d'opinions entre les différents partis par la compilation des votes.
Je sais que le premier président de la communauté, M.
Saulnier... Je sais de mon prédécesseur, pour avoir
travaillé avec lui au comité exécutif et je tiens à
vous dire que j'ai tenté de suivre le même principe, qu'au moment
où il y a des sujets qui, sur la table, ne font pas l'unanimité,
nous avons toujours tenté de trouver des positions de compromis et on ne
retrouve pas dans les procès-verbaux du comité exécutif le
départ d'une proposition qui, peut-être, n'obtenait pas l'aval de
l'un ou de quelques-uns des membres du comité exécutif ou de l'un
ou l'autre des représentants au comité exécutif.
C'est simplement sur des sujets très importants ou très
mineurs qu'il y a eu des prises de position qui se retrouvent par des votes qui
sont pris et enregistrés au comité exécutif.
J'en soulignerai trois exemples. Quand le gouvernement du Québec,
par son ex-ministre des Transports, M. de Belleval, a indiqué qu'il
voulait que la communauté soit partie et signe une entente avec le
gouvernement du Québec quant à l'implantation du plan de
transport, cette demande du gouvernement du Québec, par le ministre des
Transports, a fait l'objet de divergences d'opinions au sein du comité
exécutif et a fait, évidemment, l'objet de votes. Comme il y a un
partenaire qui est majoritaire, cela fait, je dois vous le dire à titre
de président, une situation administrative un peu spéciale pour
un président d'un comité qu'ont été mes deux
prédécesseurs et que je suis particulièrement dans mon
cas, mais je sais que les deux autres ont vécu des situations
difficiles occasionnellement - d'être minoritaire,
c'est-à-dire d'être responsable, mais d'être en même
temps minoritaire.
Il y a eu des débats importants à ce moment-là,
mais cela a mené à des votes après quelques
assemblées. Il y a eu des votes sur des questions de
représentation de la communauté à l'extérieur;
c'étaient des points de vue différents et ce n'était
peut-être pas important. Il y a eu un vote tout récent alors que
le ministre des Transports, M. Clair, m'a demandé de transmettre au
comité exécutif son désir de voir le comité
exécutif nommer, au comité qui négocie entre le CN, le CP
et la CTCUM l'intégration des trains de banlieue, deux observateurs, un
de banlieue et un de la ville de Montréal, et que le comité
exécutif, par la majorité de Montréal, a refusé la
demande faite par le ministre des Transports.
M. Léonard: Sur un autre plan, nous avons pu constater
récemment, d'après les données préliminaires du
recensement du mois de juin 1981, que la population de la Communauté
urbaine de Montréal a baissé de quelque 130 000 personnes et
qu'à
Montréal, notamment, la population avait baissé de 105 000
personnes.
J'ai vu, à la page 5 de votre mémoire, que vous disiez
notamment qu'il y avait eu beaucoup d'investissements sur des services qui sont
dispensés par la communauté sur le territoire de Montréal.
Compte tenu aussi d'une autre donnée où le fardeau financier des
Montréalais est très élevé, autant per capita que
dans le taux global de la taxation, comment pensez-vous qu'on va régler
ce problème? Comment pensez-vous que la communauté pourrait venir
à la rescousse de la ville de Montréal? Le problème que
vous avez évoqué, celui des effets de débordement en
dehors de l'île de Montréal, se pose aussi nécessairement
entre la ville de Montréal qui a des centres nerveux plus importants et
le reste du territoire de la banlieue sur l'île de Montréal. Je me
pose la question, à savoir: Est-ce qu'à ce moment-là, la
communauté peut continuer ou devra continuer à aider
Montréal, au moins dans une certaine mesure?
M. Des Marais II: II me semble raisonnable, pour avoir
vécu les répartitions de coûts entre les deux partenaires
depuis le début de la communauté, que cela puisse continuer
à peu près de la même façon. Il y a eu des
modifications mineures à l'occasion de l'adoption de la loi 57, mais il
est bien évident que cette répartition des coûts parmi des
contribuables qui ne sont pas des résidents ou des propriétaires
à l'intérieur du périmètre de la ville de
Montréal est assumée par des contribuables du territoire à
l'extérieur de la ville de Montréal.
Par exemple, il a été répété à
plusieurs reprises, au niveau du transport en commun, que les
municipalités de l'ouest assument une responsabilité
financière beaucoup plus importante que le coût des services qui
sont dispensés sur son territoire. À mon avis, on peut
difficilement arriver à faire de telles comparaisons, mais cela se fait.
On avait déjà mentionné, au niveau des services policiers,
qu'il y avait peut-être en proportion un moins grand nombre de policiers
sur le territoire dit des banlieues mais, aujourd'hui, avec les nouvelles
cartes policières, il est très difficile de prouver le contraire
ou de prouver cette thèse. C'est un système policier
intégré qui s'occupe de la sécurité partout sur le
territoire.
Cependant, permettez-moi d'indiquer qu'en dehors de la population il y a
des infrastructures, sur le territoire de la ville de Montréal, qui
donnent à la ville de Montréal des revenus très importants
et qui ne nécessitent pas des services équivalents. Prenons le
cas d'un bâtiment comme la Place Ville-Marie ou celui d'un bâtiment
commercial important. Il est bien évident qu'au niveau des services
locaux, que ce soit l'égout, les rues, etc., ce bâtiment ne
demande pas la même quantité de services mais, cependant, par
l'imposition du bâtiment, remet ou donne à la ville - la ville de
Montréal dans le cas présent, cela arrive aussi dans d'autres
municipalités, mais particulièrement à la ville de
Montréal - une contribution financière très importante.
À mon avis, il faut tenter d'équilibrer les deux, mais je
réponds que le système actuel est un système de
distribution des coûts. Même si je mentionne que la plupart des
services sont dispensés sur le territoire de la ville de
Montréal, il est bien évident que je dis du même souffle
qu'ils sont utilisés par des gens qui ne sont pas tous des
Montréalais.
M. Léonard: J'aurais peut-être une dernière
question, M. le Président, avant de suspendre. Je pense qu'on suspend
à 12 h 30.
Le Président (M. Rodrigue): Oui, je vous en prie.
M. Léonard: Je voudrais juste vous poser une question sur
l'ouverture au public de l'administration de la Communauté urbaine de
Montréal. Est-ce que vous seriez d'accord pour qu'il y ait, par exemple,
une période de questions lors des délibérations du
conseil, comme il y en a au niveau des municipalités?
Par rapport aux documents qui émanent des commissions, est-ce que
vous seriez satisfait qu'une commission doive produire son document au conseil,
mais qu'elle doive en envoyer une copie à l'exécutif de sorte que
la coordination dont vous avez parlé se reflète par la même
occasion? Ma première
question est: Est-ce que vous seriez d'accord avec une période
des questions au conseil de la communauté et, évidemment, aux
commissions?
M. Des Marais II: M. le Président, je vais répondre
au ministre dans l'ordre inverse de citoyen intéressé et de maire
d'Outremont et non comme président du comité exécutif en
vous disant qu'à titre de citoyen intéressé je pense que
c'est une bonne formule de participation de la population. À titre de
maire d'Outremont, bien avant que la loi oblige la ville d'Outremont à
avoir une période des questions, nous en avons toujours eu une. Je
serais le dernier à regretter qu'il y en ait une au niveau de la
communauté. À mon avis, dans la démocratie qui est la
nôtre aujourd'hui, il est normal que le citoyen puisse s'expliquer et
poser les questions nécessaires afin qu'on puisse lui donner la
réponse, si on le veut bien.
Quant à la deuxième partie de la question, M. le ministre,
je diffère d'opinion avec vous. Je pense qu'au point de vue de la saine
administration de la communauté les rapports des commissions doivent
aller au comité exécutif, s'il le faut, avec obligation
législative de les transmettre au conseil, mais il faut absolument que
le comité exécutif soit le premier corps à recevoir les
recommandations ou les rapports des commissions.
Le Président (M. Rodrigue): Étant donné
qu'il est tout près de midi trente, que les travaux de
l'Assemblée nationale doivent reprendre à 14 heures, avant
d'ajourner, j'aimerais vous indiquer que les travaux de notre commission vont
reprendre à 15 heures, cet après-midi. Je vous prierais, M. le
Président, de demeurer à la disposition des membres de la
commission, puisque le ministre m'indique qu'il a d'autres questions à
vous poser, de même que le chef de l'Opposition et les
députés membres de la commission. La commission élue des
affaires municipales ajourne donc ses travaux sine die.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
(Reprise de la séance à 15 h 48)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission élue permanente des affaires municipales reprend
ses travaux pour entendre les personnes ou organismes relativement au projet de
loi no 46, Loi modifiant la Loi de la Communauté urbaine de
Montréal.
Les membres de la commission sont: M. Bissonnet (Jeanne-Mance), M. Caron
(Verdun); M. Ryan (Argenteuil) remplace M. Dubois
(Huntingdon); M. Fallu (Groulx); M. Laplante (Bourassa) remplace M.
Lachance
(Bellechasse); Mme Lachapelle (Dorion), M. Léonard (Labelle); Mme
Harel (Maisonneuve) remplace M. Ouellette (Beauce-Nord); M. Rochefort (Gouin),
M. Rocheleau (Hull), M. Tremblay (Chambly).
Les intervenants sont: M. Paquette (Rosemont) remplace M.
Beauséjour (Iberville); M. Polak (Sainte-Anne) remplace M.
Bélanger (Mégantic-Compton); M. Bisaillon (Sainte-Marie) remplace
M. Brouillet (Chauveau); M. LeBlanc (Montmagny-L'Islet), M. LeMay
(Gaspé); M. Fortier (Outremont) remplace M. Picotte (Maskinongé);
M. Ciaccia (Mont-Royal) remplace M. Ryan (Argenteuil); M. Bourbeau (Laporte)
remplace M. Saintonge (Laprairie).
Nous reprenons au moment où nous nous sommes laissés. M.
le ministre, vous aviez la parole. Oui, M. le député?
M. Bourbeau: C'est le député de Westmount qui
remplace le député de Laprairie, c'est M. French.
Une voix: Exact.
Le Président (M. Desbiens): M. French (Westmount) remplace
M. Saintonge (Laprairie).
M. le ministre, vous aviez la parole?
M. Léonard: Oui. M. le Président, je voudrais poser
une autre question à M. le maire d'Outremont, président du
comité exécutif de la CUM. Vous avez une cote financière.
Est-ce que le projet de loi no 46 a pour conséquence d'affecter cette
cote financière?
M. Des Marais II: M. le Président, je ne crois pas.
D'abord, vous affirmez avec raison que la communauté...
M. Léonard: Excusez-moi. Soit sur la communauté
urbaine, soit sur les municipalités membres, sur une partie ou sur
l'autre.
M. Des Marais II: Premièrement, sur les faits, la
Communauté urbaine de Montréal a une cote depuis plusieurs
années. Nous sommes cotés par l'agence Moody's. Nous avons une
cote A. Évidemment, plusieurs de nos emprunts sont sur les
marchés américains. Il faut absolument tenir notre cote à
jour. Malheureusement, depuis deux ans, j'aurais bien aimé pouvoir faire
la revue avec les représentants des agences, étant donné
que cela faisait déjà quelques années qu'on ne
s'était pas vus, mais à cause de décisions sur lesquelles
nous attendons des positions de votre gouvernement en ce qui a trait à
l'épuration des eaux et au transport en commun, nous n'avons pas pu
aller en
demande de révision. Je dois dire cependant que j'ai eu une
l'encontre avec une des deux agences tout récemment et que j'en
prévois une autre d'ici à la fin du mois avec la suivante aux
fins de la révision. Je ne pense pas que le projet de loi no 46 d'aucune
façon - nous en avons discuté de façon
générale - dans un premier temps puisse modifier la cote
financière de la communauté ou des municipalités
composantes.
M. Léonard: Une dernière question, si vous me
permettez, M. le Président, sur un autre sujet. Au sujet de
l'aménagement, je vous avais dit ce matin que j'y reviendrais, j'ai bien
lu que vous étiez prêt ou que vous pensiez pouvoir adopter un
schéma d'aménagement avant 18 mois. Je voudrais savoir quel
serait le comportement par rapport à un contrôle
intérimaire et aussi par rapport au processus de consultation qu'il y a
dans la loi 125. Je comprends qu'il y a des ajustements à faire; nous
l'avions dit au départ. Dans le projet de loi no 46, nous avions inscrit
le principe que la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme s'appliquerait
sur l'île de Montréal et nous savions au départ qu'il y
aurait des ajustements et des amendements à faire. Mais, cependant,
quant à ces deux points, j'aimerais savoir ce que vous en pensez quant
au contrôle intérimaire et quant au processus de consultation.
M. Des Marais II: Quant au contrôle intérimaire, M.
le Président, il faudrait possiblement que ce soit
précisé, si vous acceptiez la suggestion de la Commission
permanente d'aménagement, peut-être en tenant compte de ce qui se
fait avec la loi 125, mais que ce soit modifié pour tenir compte du
statut particulier des municipalités de la communauté et de la
vie qui continue à y exister. Là-dessus, je voudrais
peut-être réserver ma réponse pour un moment
ultérieur quant au contrôle intérimaire. Quant à la
consultation, déjà la Commission permanente d'aménagement
a établi une espèce de pattern de consultation à
l'occasion de l'aménagement des parcs régionaux. Nous avons
été dans les lieux géographiques où nous proposions
de ces aménagements et je dois dire que, autant du côté de
la commission que, je pense, des citoyens et des groupes qui ont
été entendus, cela a été une bonne
expérience.
La commission commence à avoir un peu cette expérience.
Sans doute que le programme que nous avions mis de l'avant, en supposant qu'il
n'y aurait pas eu de changement à la loi de la communauté
prévoyait un dépôt au conseil de la communauté du
projet de schéma d'aménagement et, ensuite, de la consultation
dans les municipalités peut-être de façon moins rigide que
c'est mentionné dans la proposition que nous vous faisons, ou tel
qu'inscrit dans la loi 125. Mais nous avions l'intention d'aller consulter
auprès des municipalités et des groupes. Je dois dire que
l'année et demie ou les douze mois dont nous avons besoin, c'est
plutôt pour aller consulter que pour modifier de fond en comble les
techniques du schéma que nous allons présenter. Parce que, en
principe, si la commission dépose un schéma, selon la loi
actuelle, il y aura des modifications, sans doute, mais qui ne sont pas,
à mon avis, tellement importantes; par la suite, c'est la consultation
qui prendra le suivi, y compris la consultation auprès du gouvernement
du Québec qui devra sur le territoire de la Communauté urbaine de
Montréal, se prêter à un exercise qui est peut-être
plus compliqué que sur d'autres territoires, puisque nous devrons
demander au gouvernement et à ses agences, en particulier à
Hydro-Québec, les intentions que vous avez dans de grands projets.
Le Président (M. Desbiens): M. le chef de
l'Opposition.
M. Ryan: M. Des Marais, nous avons écouté avec
intérêt votre mémoire et les explications que vous avez
apportées. C'est un mémoire très substantiel qui va
sûrement contribuer à éclaircir la question. Il y a encore
un certain nombre de points qui demeurent obscurs ou au moins sujets à
question, de notre côté.
En voici un premier. Je voudrais essayer d'avoir votre opinion sur le
fond. Actuellement, nous avons un exécutif, à la
communauté urbaine, qui comprend sept représentants de la ville
de Montréal et cinq des banlieues. Le projet du ministre des Affaires
municipales préconise six représentants de Montréal, six
représentants des banlieues, un président élu par les deux
groupes ou encore nommé par le gouvernement.
La question que je voudrais vous poser est double, à ce sujet.
D'abord, au point de vue démocratique, il y a une différence de
200 000 de population entre Montréal et les banlieues; vous avez dit,
dans votre mémoire, que vous appuyiez vos suggestions sur des principes
démocratiques. Comment réconciliez-vous ça? Il y a
l'exemple de Munich, que vous nous avez donné. C'est le seul argument
que j'aie trouvé dans votre présentation à l'appui de
votre philosophie démocratique. J'aimerais que vous nous disiez comment
on peut justifier un nombre égal de représentants quand il y a
200 000 de population de plus du côté de la ville de
Montréal.
Deuxièmenent, puisqu'on désire des changements, ça
doit être qu'il y a des choses qui n'ont point fonctionné. Je ne
voudrais pas entrer ici dans les querelles
internes qui ont pu exister et qui n'ont pas beaucoup
d'intérêt pour la population. Ce qui intéresse le plus la
population, ce sont les services dispensés par la communauté et
le prix que cela coûte. Nous faisons tous face à des hausses de
taxes, ces temps-ci, qui sont jugées exorbitantes par un grand nombre de
citoyens, y compris dans la ville que vous dirigez très efficacement. Ma
deuxième question à ce sujet est la suivante: Est-ce qu'en vertu
du système actuel, il y a des décisions qui auraient
été prises au niveau de l'exécutif et qui auraient
entraîné des charges fiscales plus lourdes pour les contribuables,
qui auraient pu être évitées sous un système comme
celui que préconise M. le ministre, ou s'il y en a pas eu? Est-ce que
cela aurait pu être évité? J'aimerais que vous nous disiez
un petit peu si, pour le contribuable, cela a entraîné des frais
plus élevés. Je ne veux pas ouvrir tout le débat sur la
fiscalité à Montréal, mais, sur ce point précis,
est-ce que vous trouvez que le système que nous avons actuellement a
entraîné des charges fiscales indues ou injustement plus lourdes
pour les contribuables des municipalités de banlieue, par exemple, et
qui auraient pu être évitées autrement?
M. Des Marais II: M. le Président, le seul exemple que je
puisse voir de charges additionnelles qui sont créées et qui sont
difficiles à quantifier par des décisions qui ne se prennent pas
serait l'exemple que j'ai mentionné, ce matin, la question du plan de
transport en commun que le gouvernement du Québec a soumis à la
communauté en lui demandant de bien vouloir signer un protocole
d'entente. Il est bien évident que les délais, les discussions,
les divergences d'opinions sur les priorités qui devaient être
inscrites dans ce plan font que les derniers mois de ces travaux vont
coûter beaucoup plus cher que si on avait procédé plus
rapidement. En dehors de cela, je ne me rappelle pas d'éléments
particuliers où réellement, à cause de conflits
d'idéologies entre les deux groupes, cela ait pu nécessairement
coûter plus cher aux contribuables, je ne pense pas.
M. Ryan: Par conséquent, si on entendait dire: La ville de
Montréal se sert de la CUM pour déverser son trop-plein de
charges financières sur les banlieues, en tenant compte des services qui
sont fournis et qui ont été transférés, cela n'est
pas une accusation qu'on pourrait facilement prouver?
M. Des Marais II: C'est-à-dire que c'est différent.
Cette affirmation peut être exprimée dans l'esprit que le
législateur a réparti le fardeau fiscal de la ville de
Montréal, en créant la communauté, auprès des
autres municipalités. Dans ce sens, cela demeure vrai encore
aujourd'hui. Il est bien évident que s'il n'y avait pas de
Communauté urbaine de Montréal, cela coûterait plus cher
à la ville de Montréal pour s'administrer et meilleur
marché aux banlieues.
M. Ryan: Mais, depuis que cela fonctionne, il n'y a pas eu
d'injustice dans la répartition des charges. Finalement, cela se fait
suivant une loi d'évaluation qui est la même pour tout le monde,
qui est appliquée pour l'ensemble du territoire selon les mêmes
critères dérivés, d'ailleurs, de la loi 57, la loi sur la
fiscalité municipale. (16 heures)
M. Des Marais II: Oui, M. le Président. Si vous me le
permettez, quant à votre première question sur la
démocratie au comité exécutif et au conseil, il faut quand
même que l'organisme fonctionne, et j'y retrouve, personnellement, encore
une fois au niveau administratif, la démocratie via le conseil. Au
comité exécutif, si un groupe est majoritaire, à ce
moment-là on peut envoyer une seule personne et cela va régler le
problème. D'ailleurs, on voit cela souvent au comité
exécutif; la ville de Montréal prend position par la voix d'un de
ses représentants et cela vient de finir. On cite souvent: Nous pensons
que... Alors, le débat est terminé à ce moment-là
puisque le vote est connu à l'avance.
Mais, pour des fins d'efficacité administrative, il faut
absolument qu'au comité exécutif les deux groupes soient
égaux et puissent échanger. En effet, compte tenu des
difficultés dans lesquelles on vit, je l'ai mentionné, de groupes
qui ont des intérêts divergents très souvent, s'il n'y a
pas un endroit où on va échanger, sans être obligé
de s'en remettre au président qui aurait des pouvoirs particuliers et
d'aller sur la place publique, si on pense que le problème est de taille
assez importante pour y aller, si on veut échanger, il faut absolument
que les deux groupes soient paritaires avec la présidence, tel que
proposé dans le projet de loi.
Si on revient au conseil de la communauté, on retrouve là
les votes par le nombre de population. Et la ville de Montréal pourrait
fort bien, dans certains cas - je pense qu'on peut facilement faire de la
simulation - s'allier à quelques grandes villes ou à des villes
avec une population nombreuse pour renverser ou faire accepter une mesure qui
ne serait pas nécessairement voulue par les banlieues de façon
générale. Mais si la majorité des banlieues y donne, cela
tomberait là. Ce n'est pas, à mon avis, le système
parfait, mais depuis quatre ou cinq ans en particulier que plusieurs se
penchent, dont celui qui vous parle, sur cette question-là, je n'en ai
pas trouvé de meilleur.
M. Ryan: Et vous trouvez que la nomination éventuelle du
président par M. le ministre des Affaires municipales ou le gouvernement
du Québec, ce serait bon pour l'autonomie municipale, le "self
government" dans la région de Montréal.
M. Des Marais II: M. le Président, en reconnaissant la
délicatesse de la situation, j'ai dit ce matin dans mon mémoire
que c'est la dernière chose qu'il faudrait faire, mais c'est bien
évident que, s'il n'y a pas d'entente entre les deux groupes, il va
falloir que quelqu'un, à un moment donné, tranche. Cela me donne
peut-être l'occasion de corriger une impression qui était la
mienne ce matin. M. le ministre disait: Le gouvernement, si vous ne vous
entendez pas, nommera quelqu'un de Montréal. J'avais compris que ce
serait quelqu'un du conseil venant de la ville de Montréal. J'ai devant
moi le texte de l'intervention du ministre, et on m'a souligné que ce
n'était pas cela que le ministre avait dit. Je me suis tellement
mépris que je le félicitais déjà. J'ai sauté
la lecture de cette partie du mémoire.
M. Ryan: II y a un peu de confusion de ce côté comme
vous avez pu le constater. Il arrivera peut-être autre chose encore avant
la fin des travaux.
Voici une question que je voudrais vous poser, dans la même ligne
de préoccupations. M. Des Marais, vous avez dit: Le budget, il vaudrait
mieux que le ministre n'y touche pas. Si on ne s'entend pas, il vaudrait mieux
qu'il n'y touche pas. Nous sommes de cette opinion aussi, dans toute la mesure
possible -remarquez bien - mais supposez qu'il n'y ait pas d'accord à
l'intérieur du conseil pour l'approbation du budget. Le projet de loi,
comme il est actuellement, prévoit qu'on adopte une tranche d'un quart
qui va être modelée sur les crédits de l'année
précédente. Par conséquent, si on prenait seulement votre
suggestion à la lettre, cela pourrait équivaloir à donner
à l'une des deux grandes parties constituantes un droit de veto sur
toute augmentation budgétaire. Est-ce qu'il n'y aurait pas un autre
recours qui pourrait être prévu en cas d'impasse insurmontable,
invincible? Plutôt que de jeter toute l'affaire seulement dans la main du
ministre, est-ce que vous voyez une autre issue possible, vous?
M. Des Marais II: M. le Président, le pire cadeau qu'on
puisse faire au ministre des Affaires municipales, c'est de l'amener à
trancher un débat qui ferait rage au conseil, où l'on serait dans
une impasse. Si les gens ne sont pas capables d'adopter le budget, c'est parce
que c'est sérieux. Ou bien ils trouvent qu'il y des dispositions
budgétaires qui ne devraient pas exister ou bien ils trouvent que le
budget, comme tel, ne devrait pas exister. Je pense qu'on devrait donner une
chance au conseil de la communauté, en protégeant le
remboursement de nos emprunts qui doit se faire, de discuter et négocier
l'adoption éventuelle d'un budget. Il faut se rappeler que, dans les
douze années de la communauté, il y a seulement trois ou quatre
années - je n'ai pas le chiffre exact - où le budget a
été adopté de façon automatique. Les gens en sont
venus à cette décision, habituellement, pour protester
peut-être pas contre certaines dispositions, du budget, mais contre la
façon dont la communauté fonctionnait.
Je pense qu'il faudrait faire confiance aux élus de la
communauté; à un moment donné, ils vont l'adopter le
budget. Personnellement, si j'étais le président du comité
exécutif dans une situation où le conseil ou une des deux parties
au conseil déciderait de ne pas l'adopter, on verrait quelles seraient
ses raisons. Si ce sont des raisons absolument fondamentales, qu'il ne veut
plus voir la communauté, eh bien là, c'est sérieux. Mais
si ce sont des raisons de coupures de services, on les négociera
jusqu'à ce qu'on y arrive, en siégeant aussi souvent qu'il le
faudra à partir du mois d'octobre ou novembre. Par la suite, si par
hasard on n'en venait pas à une entente, il y a certainement d'autres
modalités que le gouvernement pourrait regarder de façon ad
hoc.
M. Ryan: Remarquez que je ne suis pas satisfait de la
réponse. C'est le gouvernement qui va décider en dernier ressort,
il me semble qu'au point de vue logique, il y a quelque chose qui ne marche
pas. Lorsqu'il y a deux partenaires en présence, il faut qu'il y ait un
moyen de solution en cas d'impasse. Lorsque la négociation a tout
produit ce qu'elle pouvait et qu'elle n'a pas donné de solution, il faut
bien alors une issue.
Il y a une autre question qui me préoccupe, la police et le
transport en commun. Vous avez des suggestions à ce sujet qui nous
amènent au coeur du débat, je pense que ce sont les deux services
les plus importants. Quant à vous, en ce qui regarde la police, est-ce
que vous verriez que le directeur continue d'être nommé par
Québec?
M. Des Marais II: M. le Président, pour autant que je suis
concerné, j'aimerais mieux que ce soit le conseil de la
communauté, si le conseil d'une ville moins importante que la
communauté a cette possibilité, je ne verrais pas pourquoi on ne
l'aurait pas. Mais ce n'est réellement pas un sujet pour lequel je perds
le sommeil. Je me dis que si le gouvernement veut le nommer, après
consultation, encore une fois, l'expérience récente a
été bonne. Le titulaire actuel a été nommé
par le gouvernement après
consultation, et je pense que, dans les circonstances c'est probablement
la meilleure personne pour occuper le poste. Je n'ai pas tellement de
problème.
M. Ryan: La présence d'un représentant de
Québec à la commission de sécurité publique ne vous
crée pas de problème non plus?
M. Des Marais II: Au contraire, parce que l'expérience
là aussi a démontré, en particulier au cours des trois ou
quatre dernières années, que la présence de quelqu'un
représentant le ministre ou le gouvernement du Québec assure une
certaine liaison et permet à des gens de ne pas se raconter d'histoires.
La pire chose dans l'administration publique, ce sont, à un moment
donné, des rumeurs qui s'amplifient, etc., alors qu'au conseil de
sécurité, actuellement, le représentant du ministre peut
informer le ministre très exactement de ce qui se passe.
L'expérience a été excellente.
M. Ryan: II y aurait bien d'autres questions sur toute
l'intégration des services administratifs, peut-être que ça
serait bon que vous nous en disiez un mot, justement. Vous avez un service de
police, si je comprends bien, sur lequel le directeur a autorité; c'est
lui qui l'administre, c'est lui qui prépare le budget qu'il soumet
à la communauté, c'est lui qui dirige administrativement son
affaire. D'après votre mémoire, la responsabilité
administrative serait transférée à l'exécutif de la
communauté dans une bonne mesure. Comment pourrait-on faire
l'intégration? Je pense à un cas concret. Par exemple, prenez
toutes les procédures de recrutement des policiers, les
procédures de promotion, de sanction, toutes ces choses-là,
est-ce que ça tomberait sous la responsabilité de
l'exécutif ou si cela resterait sous l'autorité immédiate
et directe du directeur de la police?
M. Des Marais II: Cela tomberait sous l'autorité du
comité exécutif avec la collaboration du directeur du service de
police et des services concernés, en particulier les services de
personnel. C'est aberrant qu'on ait aujourd'hui à la communauté,
mais c'est la suite de toutes sortes d'événements, deux services
de personnel, à toutes fins utiles. Il y a celui de la
communauté, qui s'occupe de tous les employés, sauf les
policiers, et partage, d'une certaine façon, la responsabilité
avec le millier de cols blancs au service de police. Je ne vois pas de
problème à ce que le comité exécutif - au contraire
- puisse assumer cette responsabilité avec un directeur de service
particulier, parce que le service de police est un service un peu particulier,
mais avec la responsabilité administrative que les membres du
comité peuvent assumer.
L'exemple le plus frappant - j'en glisse un mot dans mon mémoire
- est celui-ci: la loi prévoit que le comité exécutif
négocie, par l'entremise d'un de ses membres, la convention collective
avec la fraternité des policiers. Fort bien, mais ce n'est qu'une
étape, puisqu'une fois la convention signée, c'est la direction
du service de police, le directeur du service de police, qui administre la
convention collective. Tous ceux qui ont un peu d'expérience dans ce
domaine réalisent très bien que l'administration d'une convention
collective est étroitement liée à sa négociation
éventuelle. Si on a eu des problèmes, c'est peut-être parce
qu'on avait cette différence entre deux responsabilités. Ce n'est
qu'un exemple. Au niveau des achats, c'est la même chose. Il n'y a pas de
raison qu'un directeur de service à l'intérieur d'une
administration municipale soit à toutes fins utiles le comité
exécutif, le directeur général et le directeur de service
en même temps.
M. Ryan: J'aurais une dernière question, parce que mes
collègues ont des questions aussi, si vous me permettez. Vous avez dit
tantôt que vous voudriez que la représentation des commissions du
conseil soit paritaire là-dessus, et vous voudriez que le
président de l'exécutif siège là aussi ex officio,
si je comprends bien. Supposez que la composition soit paritaire, comment
vont-elles pouvoir tirer des conclusions?
M. Des Marais II: Pour la même raison que si elle
n'était pas paritaire. Cela veut dire qu'il y a un des deux groupes qui
est la locomotive de l'autre. À mon avis, c'est inacceptable à ce
niveau. Les commissions, comme elles vont siéger en public, vont
peut-être tenter un peu plus de tirer des conclusions. Je me permets de
souligner l'expérience de la Commission permanente d'aménagement,
où il y a parité. S'il y a une commission du conseil de la
communauté qui a bien fonctionné, c'est celle-là. Quand
les gens y mettent du leur et quand ils sont en face des problèmes, ils
finissent par les régler. Il est bien évident que si vous donnez
le pouvoir à une partie, vous l'enlevez à l'autre, et la partie
qui a le pouvoir décide de l'exercer.
Le Président (M. Desbiens): M. Paquette (Rosemont).
M. Paquette: Merci, M. le Président. J'aimerais
également remercier M. Des Marais de son mémoire
extrêmement fouillé et dont les données, les propositions
vont contribuer grandement aux travaux de cette commission. Je pense que sur
les principes
qui sont affirmés au début, on peut facilement faire
consensus: démocratie, efficacité, équité.
Cependant, dans l'équilibre entre démocratie et
efficacité, il y a toujours un certain nombre de problèmes qui se
posent. Quand on privilégie trop l'efficacité, on nuit à
la démocratie souvent, et, souvent, quand on privilégie trop la
démocratie, il arrive qu'on nuise à l'efficacité. J'ai
noté quelques points forts de votre mémoire. Le premier qui me
frappe, c'est par rapport au projet de loi tel que déposé par le
ministre des Affaires municipales. C'est un renforcement assez net du
comité exécutif par rapport au conseil, par rapport à ses
prérogatives, actuellement. Je ne sais pas si c'est une fausse
impression, mais je note que vous voyez finalement un pouvoir de
décision ultime au comité exécutif sur les services de
police. Vous proposez que le comité exécutif remplace le conseil
d'administration de la CTCUM dans le domaine du transport, que les
différentes commissions ne puissent faire rapport directement au
conseil, mais qu'elles fassent rapport au comité exécutif qui
décidera de l'échéancier suivant lequel les propositions
des commissions pourront venir à l'ordre du jour du conseil.
Il y a également la présence du président du
comité exécutif qui serait membre ex officio des cinq commissions
avec droit de vote. Cela me laisse un peu perplexe, parce que vous proposez la
parité au niveau des commissions entre la ville de Montréal et la
banlieue et, après cela, vous ajoutez le président du
comité exécutif avec droit de vote. Là, il n'y a plus
parité. Cela pose le problème auquel je voudrais revenir dans un
deuxième temps: qui va être le président de la
communauté? Si c'est quelqu'un de la ville de Montréal, cela
donne automatiquement la majorité à la ville de Montréal
dans toutes les commissions. Si c'est quelqu'un de la banlieue, cela donne
automatiquement la majorité à la banlieue dans toutes les
commissions. Il me semble que cela aussi renforce énormément le
pouvoir du comité exécutif. Là, sur le plan de la
démocratie, je me dis: N'y a-t-il pas un déséquilibre? En
tant que députés qui ne siègent pas au Conseil des
ministres, on a souvent nos problèmes à l'Assemblée
nationale, d'équilibre entre l'Assemblée et le Conseil
exécutif, c'est-à-dire le gouvernement. Une réforme
parlementaire est en discussion actuellement qui vise, justement, à
rétablir un peu plus l'équilibre du côté des
pouvoirs de l'Assemblée. On peut se poser le même genre de
problème quant aux relations du comité exécutif et du
conseil. J'aimerais que vous expliquiez un peu ces différents points que
je viens de soulever. (16 h 15)
M. Des Marais II: M. le Président, quant à la
présence du président du comité exécutif aux
différentes commissions, je serais le premier à accepter que, si
cela créait des problèmes d'équilibre, cela pourrait bien
être une présence à ce niveau ex officio, ou une
présence d'office, et cela ne me créerait pas de
problème.
Cependant, je tiens à rappeler que, ou bien les principes
établis dans le projet de loi 46 sont valables, ou bien ils ne le sont
pas quant à la présidence du comité. Quand on demandera
à un élu de quitter son poste d'origine, cela restera
peut-être toujours quelqu'un qui vient de la banlieue ou quelqu'un qui
vient de Montréal, mais on demandera à quelqu'un de faire ce
sacrifice ou d'accepter ce sacrifice en présumant qu'il quittera son
lieu d'origine non seulement physiquement, mais aussi qu'il verra les
problèmes présumément seulement du point de vue de la
Communauté urbaine de Montréal. En conséquence, je ne vois
pas, non plus, de problème à ce qu'il ait un vote aux
commissions, puisque, là encore, à mon avis, les commissions
siégeant en public, il y a quelqu'un, à un moment donné,
qui va prendre une responsabilité et les gens pourront toujours juger du
bien-fondé des gestes posés.
D'autre part, les commissions étant généralement
consultatives, cela ne crée pas grand problème qu'une proposition
ou une autre soit défaite, le comité exécutif pouvant la
reprendre à son compte, le conseil ou certains membres du conseil
pouvant la reprendre à leur compte éventuellement et engager un
débat. Je pense qu'étant donné les mécanismes mis
en marche, qui n'existent pas aujourd'hui - c'est difficile de comparer la
future communauté prévue dans le projet de loi 46 et la
communauté qui existe aujourd'hui - si les gens discutent un peu plus
devant le public, quelquefois il y a des problèmes qui se règlent
plus facilement. D'autres fois c'est plus compliqué, mais je veux faire
confiance à un organisme qui siège, de façon
générale, en public surtout, sauf pour la partie essentiellement
administrative, le comité exécutif.
M. Paquette: En ce qui concerne l'équilibre au niveau du
comité exécutif, vous proposez que le président du
comité exécutif, s'il devait être nommé par le
gouvernement du Québec, en définitive, en cas de non-entente au
sein de la communauté, il soit choisi parmi les membres du conseil en
exercice à ce moment-là. Est-ce que ça ne renforce pas, un
peu, cet effet d'opposition banlieue-Montréal? Inévitablement, on
se trouve dans un cas de mésentente entre la banlieue et la ville de
Montréal et, inévitablement, le gouvernement devra choisir
quelqu'un de la banlieue ou quelqu'un de la ville de Montréal qui
siège au conseil. À ce
point de vue, je trouve que l'ensemble des propositions et le fait que
le président siège avec droit de vote aux commissions, ça
rend encore plus dramatique et plus déterminant le choix qui devra
être fait par le gouvernement du Québec. À ce point de vue,
est-ce que vous avez l'impression que ces dispositions, plus celles que vous
proposez, en amendement à la loi 46, sont de nature à favoriser
le développement d'un esprit communautaire sur lequel, je pense, tout le
monde va être facilement d'accord? Est-ce que ça va faciliter la
bonne entente ou si ça ne risque pas, au contraire, d'aviver une
certaine rivalité entre Montréal et la banlieue? Autrement dit,
est-ce qu'on a les bons mécanismes pour réduire au maximum ces
oppositions qui se présentent, à l'occasion, entre
Montréal et la banlieue? C'est une question que je me pose.
M. Des Marais II: M. le Président, je souhaite que, quand
seront terminés les travaux de cette commission, que la loi sera
adoptée, que les gens retourneront chez eux, ils liront calmement ce qui
y est inscrit et qu'ils tenteront de se faire à l'idée que la
communauté doit fonctionner. Comme je vous l'ai déjà
mentionné, si les gens tiennent des positions dans lesquelles il n'y a
pas de partage, ils vont réaliser que ça ne fonctionnera pas,
quelle que soit la nature du document avec lequel on sera appelé
à travailler. On verra, à l'avenir, ce qui arrivera. D'autre
part, la raison pour laquelle je vous suggérais que le président
soit choisi parmi les membres du conseil de la communauté, c'est
à cause de l'expérience de personnes qui ont été
choisies à l'extérieur du monde municipal, à toutes fins
pratiques, dans l'ancienne commission métropolitaine et avant la
création de la communauté. Je ne juge pas de la qualité
des gens qui avaient été nommés, parce qu'il y avait des
personnes qui étaient très compétentes, mais qui
soudainement se retrouvaient dans le monde municipal, ne sachant pas où
se situaient les positions de chacun. Tandis qu'on peut présumer que les
gens qui sont au conseil de la communauté savent comment ça
fonctionne et connaissent la nature des problèmes. C'est dans cet esprit
que je fais la proposition que le président, si par hasard il est
obligé d'être nommé par le gouvernement, tout au moins soit
choisi parmi les membres du conseil, en reconnaissant très bien que la
décision gouvernementale sera difficile à prendre et à
accepter par l'une ou l'autre des parties.
M. Paquette: Une dernière question, M. le
Président. Je pense que la préoccupation de tout le monde -
notamment des députés de comtés situés dans la
ville de Montréal, de même que ceux de tous les partis politiques
à Montréal - c'est de s'assurer qu'on tiendra compte du fait
fondamental suivant: la ville de Montréal, c'est le centre-ville, c'est
la ville qui regroupe les quartiers les plus défavorisés de
l'ensemble de la communauté urbaine, là où se trouve une
plus forte incidence des problèmes de criminalité, là
où les gens sont moins riches, là où il est important
qu'ils bénificient d'un service de transport en commun. Dans
l'éventualité où ce serait la banlieue qui serait en
majorité au comité exécutif, avec le renforcement du
comité exécutif par rapport au conseil - tel que vous le proposez
dans votre mémoire - est-ce qu'il ne pourrait pas se produire qu'on
décide de répartir les services policiers un peu
également, ce qui pourrait sembler équitable à
première vue, mais qui serait inéquitable quand on sait que la
majorité des problèmes qui se posent dans le domaine de la
criminalité se concentre plutôt forcément dans la ville de
Montréal?
Quant à l'intégration des tarifs du transport en commun,
si on a une tarification interzonale, il y a des problèmes qui peuvent
se présenter de ce côté également. Est-ce que vous
ne craindriez pas, dans le cas où le comité exécutif
serait composé majoritairement de gens de la banlieue, que les citoyens
de Montréal aient l'impression - peut-être à tort, mais
peut-être à raison aussi - qu'ils sont défavorisés
par certaines des décisions de la communauté? Cela poserait un
problème politique assez délicat à un tel comité
exécutif.
M. Des Marais II: M. le Président, si le président
du comité exécutif demeurait à son poste d'origine, je
dirais oui, cela créerait des problèmes importants. Mais il va
falloir faire confiance à quelqu'un, à un moment donné.
Quand la communauté, je l'espère, choisira son président,
elle en choisira un qui n'est pas un banlieusard et qui le restera pour
toujours. Et on remarquera que s'il l'est ou s'il est trop de Montréal,
les décisions sur lesquelles il sera appelé à donner son
vote prépondérant vont se retrouver au conseil de la
communauté et qu'en conséquence, elles seront soumises au
jugement de la population. Si on allait à l'extrême, d'un
côté ou de l'autre, Montréal ou banlieue, dire qu'il n'y a
pas d'intégration, qu'il n'y a pas de zone, en supposant que cela soit
souhaitable, ou encore qu'on sorte tous les policiers du centre-ville et qu'on
les envoie en banlieue, je pense que cela serait intenable pour la personne qui
occuperait le poste d'aller défendre publiquement ce pourquoi elle a
donné un vote prépondérant pour ce genre de mesure.
M. le Président, j'aimerais souligner à M. le
député que dans la nouvelle communauté, le
président n'est plus un président de banlieue; il est un
président, point. Il a peut-être déjà
été un maire de
banlieue, il a peut-être déjà été un
membre du conseil de la ville de Montréal ou de son comité
exécutif, mais il ne l'est plus. Je répète qu'il faut se
rappeler que pour les élus ou l'élu, ce sera une
pénalité. J'ai entendu plusieurs de mes collègues de
banlieue dire: Jamais je ne voudrais aller à la présidence, en
supposant que je puisse y aller, parce que je ne veux pas laisser mon poste
d'origine.
J'espère que le conseil choisira quelqu'un qui, en lui imposant
ou lui demandant ce sacrifice, permettra à la population de juger, et
qu'il se conduira comme quelqu'un qui est le président du comité
exécutif de la Communauté urbaine de Montréal, point.
Celui qui vous parle a vécu cette expérience. J'ai tenté
de la mettre en pratique. Je sais que cela n'a pas été
accepté dans tous les milieux, mais c'est ce qu'il faut faire, on n'a
pas le choix.
Le Président (M. Desbiens): Merci. M. le
député de Hull, M. Rocheleau.
M. Rocheleau: M. le Président, il y a quelques instants,
vous mentionniez que la Communauté urbaine de Montréal devait
occasionnellement rencontrer les spécialistes et des firmes comme
Moody's, afin de discuter de la cote sur le marché financier et que la
Communauté urbaine de Montréal avait actuellement une cote A.
Est-ce qu'il existe certains programmes, M. le Président, pour lesquels
la Communauté urbaine de Montréal finance des projets en
totalité, des projets à frais partagés entre le
gouvernement du Québec et la Communauté urbaine de
Montréal, par exemple, des projets d'assainissement des eaux, où
il y aurait des protocoles d'entente d'établis, et que la
Communauté urbaine de Montréal se verrait dans l'obligation
d'aller sur le marché pour financer en totalité un projet qui
serait remboursé par la suite par le gouvernement du Québec,
à échéance, tenant compte de l'emprunt qui est
effectué?
M. Des Marais II: M. le Président, oui. Il y a plusieurs
programmes de ce genre, il y en a en épuration des eaux, et la
participation du gouvernement du Québec varie de 60% à 90% de
remboursement. Dans le transport, c'était jusqu'à l'année
dernière à 60%; à l'avenir pour autant que nous
répondrons à certaines exigences, dans le décret, ce sera
à 100% que le gouvernement du Québec remboursera.
J'allais mentionner les parcs régionaux, mais il y a là
des subventions qui viennent directement. C'est une procédure que,
personnellement et avec l'expérience d'avoir travaillé avec des
instances gouvernementales, par exemple dans le domaine des hôpitaux et
aussi à l'Université de Montréal, je trouve raisonnable.
Que le gouvernement utilise ces instances pour aller sur les marchés me
semble une procédure administrative acceptable.
D'autre part, je pense que, compte tenu de l'implication du gouvernement
du Québec dans nos projets, la cote financière de la
communauté devrait peut-être être légèrement
supérieure à ce qu'elle est, pour autant qu'on puisse faire
valoir ce point de vue auprès de ces agences.
M. Rocheleau: J'ai une deuxième question, M. le
Président. Ce qui m'inquiète énormément dans ce
contexte, c'est que le ministre des Finances, au mois de novembre dernier, afin
de préserver sa cote 2A, a dû augmenter les taxes d'une
façon inconsidérée, entre autres celles sur l'essence, la
bière, les cigarettes, etc., dans le but de préserver sa cote 2A.
Mais si, d'autre part, il oblige, à l'intérieur de protocoles, la
Communauté urbaine de Montréal à financer elle-même
la totalité du programme à un coût supérieur, parce
que vous avez une cote A, cela veut dire que l'argent coûte plus cher au
gouvernement du Québec, d'une part, et, d'autre part, je me demande si
cela ne peut pas éventuellement mettre en péril votre cote A qui
pourrait être amoindrie par le fait que vous empruntez des sommes
considérables.
M. Des Marais II: Sur la dernière partie, M. le
Président, je ne crois pas que notre cote soit en danger, au
contraire.
M. Rocheleau: Elle est toujours supportée par le
gouvernement du Québec.
M. Des Marais II: M. le Président, non seulement elle est
supportée par le gouvernement du Québec, mais elle est
supportée conjointement et solidairement par toutes les
municipalités de la communauté et de façon individuelle
par chacune d'entre elles. La santé financière des
municipalités de la communauté, y compris la municipalité
la plus importante, est bonne. Il y a peut-être de petits
problèmes avec une municipalité, mais pas au point où cela
peut être dangereux financièrement. Je pense que si j'étais
prêteur, je me trouverais en sécurité à prêter
à la Communauté urbaine de Montréal, sachant que le
gouvernement du Québec s'est engagé par entente à
rembourser X% et jusqu'à 100% des paiements, des remboursements des
emprunts.
M. Rocheleau: M. le Président, simplement un point pour
noter que le gouvernement utilise quand même des organismes comme les
communautés afin de financer certains programmes pour lesquels il paie
plus cher l'argent que s'il empruntait lui-même à
l'intérieur de sa cote sur le marché des obligations où il
a le privilège
d'avoir encore, et d'ici le prochain budget, une cote 2A. Mais cela est
un problème interne, M. le Président, que nous aurons à
régler avec le gouvernement actuel prochainement. (16 h 30)
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: M. Des Marais, dans votre mémoire bien
étoffé, vous faites beaucoup allusion à l'évolution
démographique. Je voulais simplement vous dire qu'il y a aussi des
situations inverses. J'étais résidente d'une municipalité
de banlieue, la vôtre d'ailleurs, et maintenant je suis résidente
de la grande ville de Montréal. J'ai l'impression qu'il y a bon nombre
de concitoyens et concitoyennes qui, du fait d'une conjoncture
économique particulièrement due à la crise de
l'énergie, peuvent également avoir ce réflexe de vouloir
continuer à résider dans la grande ville.
Les questions que je veux vous poser touchent particulièrement le
chapitre I, la première partie sur la démocratie. Vous disiez
dans la présentation qu'il s'agit pour vous des prémisses ou des
fondements de toute votre conception de la représentation au sein de la
communauté urbaine. D'une part, vous avez fait allusion, dans votre
mémoire, à la ville de Munich; vous nous donnez en exemple,
à la page 2, le fait que cette ville, qui détient 60% de la
population, ne compte que pour 40% des voix dans l'organisme supramunicipal.
Vous y faites référence à titre d'exemple. À la
connaissance que j'ai de cet organisme supramunicipal à Munich, il
faudrait également ajouter que le maire de Munich jouit d'un droit de
veto total sur toutes les décisions de cet organisme supramunicipal. Je
ne sais pas si vous voulez nous donner cela en exemple également quant
à la réforme projetée.
D'autre part, concernant particulièrement une allusion qui est
faite à la page 4 et qui se retrouve justement dans le chapitre
intitulé La démocratie, on sait bien que la notion de la
démocratie est assez élastique. Vous faites allusion au potentiel
fiscal de chacun des deux groupes pour renforcer l'idée d'une
équité dans une représentation paritaire. En quoi doit-on
retenir le potentiel fiscal? En quoi est-ce que cela doit être un facteur
qui doit être retenu sur le plan de la représentation? Il me
semble que, depuis fort longtemps, on a abandonné, à tous les
niveaux de tous les gouvernements, l'obligation censitaire à la
représentation au niveau de sa propriété foncière.
Je ne vois pas en quoi cette allusion, dans ce chapitre La démocratie,
vient soutenir quelque argumentation en faveur d'une parité.
D'autre part, ma dernière question est la suivante: Le chef de
l'Opposition a fait allusion tantôt à près de 200 000
personnes qui séparent, en termes démographiques, les
municipalités de banlieue de celle de Montréal. Dans votre
mémoire, c'est assez sibyllin, mais vous faites allusion au fait que,
selon la tendance indiquée dans les graphiques que vous nous
présentez, on en arriverait à des entités en
présence aussi représentatives l'une que l'autre.
La première question est pour vous demander si vous convenez que
Montréal, sur le plan démographique, jouit toujours, comme l'a
énoncé le ministre à l'ouverture de la commission, d'un
pourcentage de l'ordre de près de 56%. D'autre part, actuellement, si on
retournait devant le public, devant l'ensemble des résidents de la
communauté urbaine, par exemple, dans le cadre d'un
référendum au cours duquel on leur poserait la question de savoir
si le président d'un conseil exécutif de la communauté
doit être de Montréal ou de la banlieue, quel serait, selon vous,
le résultat?
M. Des Marais II: M. le Président, quant à la
question du droit de veto du maire de Munich, oui, il y a des modalités,
évidemment. Dans le cas actuel, c'est non seulement un droit de veto,
mais à mon avis, c'est beaucoup plus positif. C'est un droit ou un
pouvoir du président du comité exécutif de faire avancer
un dossier et de l'expliquer publiquement, ce qui, à mon avis, est
beaucoup plus positif.
Vous mentionnez la question du potentiel fiscal. Je la souligne parce
qu'il faut se rappeler que la Communauté urbaine de Montréal est
un organisme de services qui a été créé, je le
rappelle et on l'a dit à plusieurs reprises, pour aider, au
début, financièrement la ville de Montréal en faisant
partager à d'autres municipalités le fardeau fiscal de ses
contribuables. Alors, je pense qu'il ne faut jamais oublier de voir de quel
côté se déplace ce fardeau fiscal.
Quant à la démographie changeante, on n'a qu'à
regarder les chiffres, la population de Montréal, à mon avis,
descend trop rapidement, et j'espère que ça va s'arrêter
une bonne journée. La population des villes de banlieue a
augmenté au cours des années; d'après les données
préliminaires du recensement, il semble qu'il y aurait eu un
léger recul en 1981, mais de toute façon, au cours des
années, cela a augmenté.
Cependant, si vous me permettez, je reviendrai à votre question
de la présidence et du référendum. On semble penser en
certains milieux que le fait que la ville centrale, quelle que soit sa
population, ne possède pas le contrôle sur l'organisme
métropolitain, ça crée des problèmes. Prenons
l'exemple de Toronto; non seulement la ville de Toronto n'est pas majoritaire
au sein de l'agglomération de Toronto, mais au
comité exécutif il y a seulement quatre membres qui
viennent de la ville de Toronto comme telle, et je pense qu'on ne peut pas
prétendre que l'agglomération de Toronto est un endroit où
le développement est stagnant. Quant au président du
comité exécutif, vous demandez s'il devrait venir de la banlieue
ou de Montréal. Vous me permettrez, M. le Président, puisque vous
m'ouvrez la porte à cette intervention, de rappeler que j'avais
proposé dans un mémoire, il y a un an, que le président du
comité exécutif soit élu au suffrage universel sur le
territoire de la communauté; il viendra d'où on voudra, mais
ça lui donnerait, encore plus que prévu dans le projet de loi
ici, à mon avis, ce recul nécessaire. On m'a fait comprendre dans
certaines instances politiques que ce n'était peut-être pas
possible.
Mme Harel: Permettez-moi, M. Des Marais. Lorsque vous nous donnez
l'exemple de la ville de Toronto et de sa représentation au sein de
l'agglomération de Toronto, il faudrait également ajouter que la
ville de Toronto ne détient, à ma connaissance, que moins du
tiers de la population de Toronto et de banlieue, ce qui, évidemment,
n'est pas du tout la situation de la ville de Montréal et des banlieues
avoisinantes.
D'autre part, vous faites beaucoup allusion, avec raison, au fardeau
fiscal des contribuables, mais il faudrait convenir que les infrastructures
dans la ville de Montréal bénéficient largement aux
résidents des banlieues qui viennent y travailler, s'y
récréer, magasiner.
M. Des Marais II: M. le Président, je répète
que je ne veux pas me faire le défenseur de la banlieue à tout
prix, d'autres pourront le faire mieux que moi, mais il faut se rappeler que
les gens de banlieue qui viennent à Montréal apportent à
l'économie de la ville de Montréal aussi. À quel moment
est-ce que cela s'équilibre ou non? Il n'y a personne encore qui nous
l'a démontré.
Mme Harel: Cela est presque aussi compliqué que les
accords fiscaux.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. Des Marais, j'ai quelques courtes questions. Pour
bien situer les questions, il faut que je vous dise, parce que je ne vous
connais pas et vous ne me connaissez pas non plus, j'imagine, que je
représente le comté de Sainte-Anne et que j'ai une population
partiellement à Montréal, partiellement à Verdun. Donc,
j'ai deux maires, le maire Drapeau et le maire Caron; je respecte les deux;
donc je pense que je suis un homme assez objectif.
Au commencement de votre discours, vous avez invoqué, pour
justifier le principe de la parité, le modèle de Munich en
Allemagne. Évidemment, il y a un autre principe qui est très
important pour moi personnellement sur le plan intellectuel, un citoyen, un
vote; donc, là vous avez invoqué la social-démocratie
allemande mais n'est-il pas vrai que Munich est un tout un petit endroit en
Allemagne en comparaison avec l'aqglomération de Montréal au
Québec? L'agglomération représente un tiers de la
population, et Munich ou même l'agglomération de Munich, ce n'est
pas là qu'un tiers de la population de l'Allemagne de l'Ouest se
trouve.
M. Des Marais H: M. le Président, de mémoire, il y
a environ 2 000 000 de population, à moins que je me trompe, à
Munich; ce n'est pas un tiers, mais je pense que c'est une agglomération
à peu près égale à celle de Montréal en
nombre d'habitants. Je vous donne cela sous réserve, je n'ai pas les
chiffres.
M. Polak: ...sur le grand portrait de l'Allemagne de l'Ouest.
Comprenez-vous? On parle de l'agglomération de Montréal dans la
province de Québec, mais je parle de Munich et de l'Allemagne de
l'Ouest. Ce n'est pas un tiers, vous êtes d'accord avec cela.
M. Des Marais II: Je répète que si, en
présumant que mon chiffre est exact, la population de
l'agglomération de Munich est d'environ 2 000 000, on fait face à
des agglomérations de même type, parce qu'on peut continuer cet
argument plus loin et dire que 2 000 000, non seulement pour le Québec,
mais pour le Canada, ce n'est pas la même proportion. Je ne vois pas
exactement où on peut comparer ou ne pas comparer les deux
agglomérations.
M. Polak: Êtes-vous au courant d'autres modèles en
Europe où le principe inverse est appliqué? Avez-vous fait des
études là-dessus? Vous avez donné l'exemple de Munich. Par
exemple, dans le pays d'où je suis natif, la Hollande, il y a Rotterdam
où on a bien stipulé que c'est la ville de Rotterdam qui a le
contrôle, la prépondérance. C'est un autre modèle
qui existe. Est-ce que vous êtes au courant d'autres modèles qui
existent en Europe à part Munich?
M. Des Marais II: Pour les communautés urbaines
françaises, j'aimerais pouvoir déposer d'ici jeudi, si vous me le
permettiez, un document avec des détails. Il y a des communautés,
pour autant que je me rappelle, où la ville centrale n'est pas
prépondérante.
M. Polak: Si vous faites vos recherches, vous êtes un homme
objectif, vous trouverez aussi peut-être le modèle où
l'inverse s'applique.
Maintenant, autre question. C'est mal compris parmi la population, de
temps en temps, quand on parle de la dictature de Montréal. Vous devriez
peut-être expliquer à ceux qui sont ici que la ville de
Montréal, à ma connaissance, a déjà accepté
le principe d'une représentation proportionnelle. Cela veut dire, au fur
et à mesure que la banlieue augmente en population, qu'il y aura des
réajustements à faire au conseil de la communauté.
Êtes-vous au courant de cela?
M. Des Marais II: M. le Président, je suis
évidemment informé puisque cela a été
débattu au conseil de la communauté. Je ne crois pas, dans
l'état actuel de la question, à une proposition de ce genre,
parce que je ne crois pas non plus que si, par hasard, les banlieues
dépassaient la ville de Montréal en population, il soit
raisonnable que les banlieues soient majoritaires au sein de la
Communauté urbaine de Montréal. Comme on voit un peu dans quelle
direction cela va, je pense qu'on devrait vivre l'expérience de la
parité et la laisser là pendant un bon bout de temps.
M. Polak: Encore deux petites questions et je termine. Selon
votre formule, vous êtes d'accord avec cela, c'est 6-6 plus 1 au
comité exécutif. N'êtes-vous pas d'accord avec le fait que
même si le président n'a plus de fonction municipale, parce qu'il
est obligé de renoncer à tout cela - tout de même vous
connaissez bien le film Roots -tout le monde a ses racines, on a une certaine
allégeance dans la vie, on vient soit de l'agglomération de
Montréal ou d'une banlieue, ne croyez-vous pas tout de même,
dis-je pour être vraiment objectif, que c'est difficile pour cet homme?
Il vient d'une équipe. Si on parle de deux groupes, il vient d'un de ces
deux groupes dans votre formule.
M. Des Marais II: M. le Président, je respecte l'opinion
du député de Sainte-Anne. Cependant, je rappelle que la situation
dans laquelle on vit aujourd'hui est absolument aberrante concernant la
responsabilité que doit assumer le président du comité
exécutif pour tous les citoyens et toutes les municipalités de la
communauté. Il est membre du comité exécutif de la ville
de Montréal et, en conséquence, il va aller siéger tous
les jours de façon périodique avec ses collègues de
Montréal. Je peux présumer parler des affaires de la
communauté et décider du chemin qu'il veut prendre ou encore
qu'un maire de banlieue, comme celui qui vous parle, doive prendre pour
protéger tout au moins ses arrières politiques auprès de
la conférence des maires de banlieue et évidemment essayer de
déterminer quelle position il doit prendre.
Entre la situation actuelle, qui, à mon avis, est tout à
fait inacceptable, et la proposition gouvernementale à laquelle je
souscris, c'est une proposition de moindre mal. S'il y en avait d'autres qui
étaient meilleures, je serais prêt à les étudier. Je
rappelle que j'ai proposé l'an dernier, que le président soit
élu au suffrage universel. Je ne l'ai pas proposé à
nouveau cette année parce que, dans le temps, il y a eu plusieurs
personnes qui ont dit: Jamais aucun gouvernement n'acceptera une proposition de
ce genre. J'essaie d'être plus pratique à ce moment. (16 h 45)
M. Polak: Si je suis votre raisonnement d'objectivité
à l'extrême, vous pouvez peut-être suggérer que 6-6
plus 1 nommé par le gouvernement en dehors des membres du conseil, parce
que là, vous avez un énorme objectif... Vous ne voulez pas non
plus, moi non plus. Je voulais avoir la confirmation de votre bouche.
Dernière question, M. Des Marais. Qu'est-ce qui arrive dans le
projet de loi avec cette formule de double majorité? Un bloc dit: Cela
prend une double majorité. L'autre bloc dit: Je vote contre. Qu'est-ce
qui arrive sur le plan pratique au point de vue de bloquer l'appareil
administratif?
M. Des Marais II: Au niveau du conseil de la communauté,
si on ne trouve pas au conseil le consensus nécessaire pour adopter des
mesures, cela ne va pas plus loin; cela ne veut pas dire que cela va bloquer
l'appareil administratif. Quant aux mesures qui sont présentées
au conseil de la communauté à partir du budget à aller
à la nomination, par exemple, de directeurs de service ou à
l'acquisition de terrains, ou à l'approbation de règlements
d'emprunt, si, réellement, la majorité n'est pas d'accord, on ne
doit pas procéder. À mon avis, c'est le jeu de la
démocratie et les gens discuteront pour tenter de convaincre l'autre
partenaire, si nécessaire.
M. Polak: Cela voudrait donc dire qu'en consultation
théorique, si un groupe était malheureux dans cette nouvelle
structure, il pourrait vraiment bloquer complètement le fonctionnement
de la communauté urbaine.
M. Des Marais II: Non, pas nécessairement, il y a des
mécanismes qui font qu'un seul groupe ne peut pas lui-même bloquer
le mécanisme au complet.
M. Polak: Mais il faut avoir une double majorité!
M. Des Marais II: Oui, dans un groupe, il peut y avoir une partie
des gens qui se
séparent. Si les groupes forment un bloc absolument monolithique
tout le temps, c'est sûr que cela peut nuire, mais, dans la vie de la
communauté jusqu'à aujourd'hui, on a relevé le nombre de
votes qui avaient été pris et, dans chacun des votes ou à
peu près tous les votes, on retrouve des villes de banlieue qui ont
voté avec le groupe de Montréal. Dans une nouvelle
communauté, je présume que ce ne seraient pas toujours les villes
de banlieue qui voteraient absolument de façon monolithique.
M. Polak: Merci.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, le chef de l'Opposition vous
a posé une question sur le partage fiscal entre Montréal et les
banlieues. Je voudrais poser à nouveau la question sous un autre aspect.
Aujourd'hui, le sujet brûlant, ce sont les augmentations de taxes. Dans
plusieurs endroits, spécialement dans les banlieues et dans d'autres
endroits aussi où il y a des résidences unifamiliales, les gens
se plaignent que les taxes ont augmenté et ne sont pas abordables.
Plusieurs de ces contribuables ont l'impression que c'est à cause de la
CUM. Que ce soit vrai ou que ce ne le soit pas, ils ont cette impression et
elle est même renforcée parfois par l'explication donnée
par les banlieues. On leur dit: Écoutez, on ne contrôle pas la
CUM; la CUM, c'est Montréal, 75. Il y a cette atmosphère de
créée que certaines municipalités paient peut-être
plus que leur portion des taxes par rapport à d'autres
municipalités, parce qu'elles n'ont pas le contrôle de la
situation, parce qu'il n'y a pas parité. La question que je voudrais
vous poser, c'est, si le principe de parité changerait cette situation,
si le principe de parité résulterait en une situation où
l'évaluation de la maison unifamiliale dans certains secteurs de
banlieue augmenterait moins ou n'augmenterait pas autant ou si, à ce
niveau, cela resterait la même chose.
M. Des Marais II: M. le Président, grâce au principe
de parité, on pourrait confronter ceux qui diraient à ce
moment-là qu'ils n'ont pas le contrôle des dépenses de la
communauté; ils ne pourraient plus utiliser cet argument, puisque,
même si, par exemple, on prenait des représentants de banlieue qui
l'utilisaient et qu'on trouvait qu'éventuellement c'est par le chemin
d'un vote majoritaire du président qui a été
discuté au conseil, que des mesures ont été prises qui
possiblement favoriseraient la ville de Montréal, il y aurait eu,
à mon avis, un débat raisonnable, ce qui n'est pas la situation
aujourd'hui et ce qui donne l'occasion à des gens d'utiliser cet
argument.
M. le Président, dans l'esprit des gens, cette question de
l'augmentation des taxes sur les propriétés unifamiliales, de
l'évaluation et de mesures à prendre pour la corriger est
tellement confuse... J'ai mentionné ce matin que l'évaluation sur
le territoire est la responsabilité dans son exécution du service
d'évaluation, qui exécute ou applique une loi provinciale -
j'espère qu'on me permettra de le faire à nouveau - une loi du
gouvernement du Québec. À mon avis, la loi est juste et
raisonnable; elle est bien faite. On ne m'a pas montré d'autre
modèle meilleur que celui-là à appliquer. Il y a toutes
sortes de propositions qui flottent dans l'air, mais, pour en avoir
étudié plusieurs au cours des années, ça me semble
une bonne méthode, une méthode qui est juste aussi. L'application
par le service d'évaluation, à mon avis, est juste aussi. Si des
citoyens pensent que personnellement ils sont lésés, il y a le
mécanisme du bureau de révision où on peut se
présenter et, présumément, obtenir justice. Dans une
période comme aujourd'hui où il y a des changements importants
d'évaluation entre différentes catégories de
propriétés, à cause d'un marché qu'on n'a jamais
connu, c'est-à-dire de l'unifamiliale, de la bifamiliale et de la
trifamiliale qui augmentent plus rapidement que les conciergeries, l'industriel
et le commercial, on se trouve dans un déplacement fiscal vers une
certaine catégorie de propriétés et, dans certains cas,
vers certaines municipalités qui assument une plus grande proportion du
fardeau fiscal de la Communauté urbaine de Montréal. Mais
ça, ce n'est qu'une partie du problème. Le gouvernement du
Québec a accordé aux municipalités la possibilité
de donner un crédit d'impôt de 10%-5%. Je pense que c'était
une mesure en attendant. La mesure aura duré, avec cette année,
deux ans. Il est à l'étude qu'on permette aux
municipalités d'imposer un taux variable et de donner aux élus la
possibilité d'assumer leurs responsabilités. Pour ma part, j'y
souscris sans aucune réserve. Je pense que c'est là la clé
du problème. Le comité Québec-municipalités a cette
proposition sur sa table et, sans doute, émettra, en temps utile, des
conclusions.
M. Ciaccia: Juste une question... Le Président (M.
Desbiens): Oui.
M. Ciaccia: ... finale, une dernière question. Je ne veux
pas entrer dans un débat sur la fiscalité et sur la justesse des
taxes. Juste pour faire un point, les propriétaires d'unifamiliales qui
voient leurs taxes augmenter de 40%, 60% et 80% et qui voient un autre secteur,
par exemple, soit le secteur industriel ou commercial, augmenter d'un montant
beaucoup moindre, je ne pense pas que moi, je peux les convaincre que le
système est bon. Je ne ferai pas le débat sur
l'équité du système, mais le point que je voudrais
établir, c'est que la parité ne changera pas ça. Autrement
dit, si demain il devait y avoir parité, le fardeau de taxes du
propriétaire d'unifamiliale à Côte-Saint-Luc, Mont-Royal,
Hampstead, ne changera pas parce que le système de parité aura
été institué.
M. Des Marais II: C'est exact, M. le Président, sauf que
les élus municipaux devront, à ce moment-là, assumer leurs
responsabilités.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Verdun.
M. Caron: M. Des Marais, depuis quelques années, vous
assumez la présidence et je pense qu'on entend un peu moins de mauvais
commentaires du fait qu'il y ait un maire de banlieue à la
présidence. Si, pour une raison ou pour une autre, c'était
décidé que Montréal aurait le contrôle absolu,
est-ce qu'on aurait le même problème qui est survenu dans les
années passées, si on retourne quatre ou cinq ans en
arrière, durant une couple d'années? Est-ce qu'il y a un danger
que revienne un bloc dans le but de bloquer les assemblées? Vous avez eu
ça, vous avez eu de la mauvaise publicité. Je parle de
l'ensemble, pas de vous personnellement. Les villes de banlieue faisaient un
bloc ensemble.
M. Des Marais II: M. le Président, est-ce que je pourrais
demander au député de Verdun de poser sa question à celui
qui représente les banlieues très officiellement, le
président de la Conférence des maires, qui vous dira quelle est
son opinion? J'essaie de m'éloigner un peu d'un contentieux dans lequel
je ne voudrais pas être amené.
M. Caron: Dans un autre ordre d'idées, si le
contrôle des villes de banlieue était absolu, est-ce que ça
coûterait meilleur marché? Est-ce que ça serait possible ou
si ça serait la même chose qu'on vit actuellement?
M. Des Marais II: M. le Président, ce n'est pas une
question de coût. À mon avis, ça serait similaire. C'est
une question, possiblement, de priorité d'exécution de certains
travaux.
M. Caron: Une autre question. Vous me disiez que le directeur a
le contrôle de son département. Est-ce qu'il a un contrôle
absolu, quand il est question de la police? Est-ce que le directeur peut
décider de lui-même ou faut-il qu'il passe par le conseil de
sécurité, soit pour - on parle d'ambulances actuellement -
abolir, soit pour fermer un poste, soit pour en ouvrir un autre ou
transférer?
M. Des Marais H: Non, sur les grands objectifs, le directeur doit
procéder en consultation et quelquefois avec l'approbation du Conseil de
sécurité publique. Je sais qu'il le fait, mais quant à
l'administration quotidienne de son budget, une fois que le budget a
été adopté par le conseil de la communauté, il en
est totalement responsable.
M. Caron: Alors, cela veut dire que, s'il y a des transferts de
postes, c'est l'exécutif qui en décide.
M. Des Marais II: Pas aujourd'hui. Dans les propositions, si
l'exécutif était responsable, ce serait, évidemment, sur
recommandation du directeur du service de police. Alors qu'aujourd'hui il se
fait une coordination avec le Conseil de sécurité publique.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, j'ai siégé
à la communauté urbaine pendant presque les deux dernières
années et demie et je vous fais remarquer que vous avez
été très objectif dans votre fonction, autant en ce qui a
trait aux banlieues qu'en ce qui a trait à la ville de
Montréal.
Première question que je voudrais poser: Après treize ans
de création de la communauté urbaine, est-ce qu'il y a des
études de faites ou êtes-vous en mesure de statuer si les citoyens
ont commencé à s'identifier comme citoyens faisant partie de la
communauté urbaine, autant dans la ville de Montréal que dans les
banlieues?
M. Des Marais II: M. le Président, il n'y a pas
d'études, à ce que je sache, qui ont été faites,
mais l'expérience qui est la mienne m'indique que le citoyen de la
communauté, de façon générale, ne connaît pas
la communauté. C'est bien facile à comprendre. On ne lui a jamais
expliqué ce que c'était et, si on avait voulu l'expliquer,
c'était tellement compliqué à expliquer que je pense qu'il
aurait été plus mélangé par la suite qu'avant. Par
exemple, comment expliquer à un citoyen de la Communauté urbaine
de Montréal que, quand il voit une auto bleue de la police avec un sigle
particulier, c'est la même organisation qui a des autos bleues avec un
sigle de la communauté qui représente l'île et que c'est la
même organisation que la Commission de transport de la Communauté
urbaine de Montréal qui, elle, a un autre symbole graphique. Le seul
lien est peut-être une teinte de bleu quelconque de l'une à
l'autre.
Quant aux services donnés on voit encore dans les médias
des rapports sur des opérations policières où on signale
que le service de police de la ville de Montréal a fait ceci ou cela.
Parallèlement, on voit aussi des rapports où on dit que le
service des incendies de la Communauté urbaine de Montréal a
procédé à telle ou telle action. Dans l'esprit des gens,
à mon avis, il faudra que cela soit corrigé. Avec la nouvelle
communauté, j'espère que les personnes responsables mettront en
branle un programme de communication. Nous sommes dans ces années et
cela va être important de l'indiquer aux gens. D'ailleurs, dans la
plupart des communautés urbaines françaises, il existe un tel
programme de communication entre la communauté et ses citoyens, de la
même façon qu'au niveau municipal, dans plusieurs
municipalités, cet organe de communication, le bulletin municipal,
existe et cela devra exister plus tard si tout tombe en place, à mon
avis.
M. Bissonnet: En ce qui a trait au transport en commun, beaucoup
d'intervenants, à la communauté urbaine, depuis quelques
années, en particulier du côté des banlieues, ont fait des
revendications à plusieurs reprises pour demander que le gouvernement du
Québec transfère l'autorité de la commission aux
élus de la CUM. Vous êtes président de la
communauté, un président minoritaire au niveau de
l'exécutif de la communauté. Évidemment, les citoyens,
lorsqu'il y a un conflit à la commission de transport, s'attendent
à ce que leurs élus agissent. Il n'y a pas beaucoup de citoyens
qui le savent, la Commission de transport de la CUM ne relève pas - elle
en relève pour des fins budgétaires, évidemment; si le
budget est approuvé, cela va, s'il ne l'est pas, il l'est
automatiquement - de façon exacte des élus. (17 heures)
Alors, avez-vous - je sais que vous en avez parlé dans votre
mémoire - des recommandations encore plus spéciales? Si on veut
que les citoyens s'identifient à la communauté urbaine, je pense
que là on a quand même un élément. Il y a la police,
évidemment, et la commission de transport. Mais comment se sent-on comme
président, quand il y a un conflit comme on en a vécu à
Montréal, depuis que vous êtes là? Comment se sent-on,
comme président, quand on ne peut rien faire, rien dire non plus pour
essayer de solutionner un problème concret comme cela?
M. Des Marais II: M. le Président, c'est tout d'abord un
sentiment de frustration peut-être encore plus comme maire de
municipalité. Je vis cette expérience occasionnellement à
Outremont, durant la période de questions. Les gens posent une question
qui concerne la police ou le transport en commun, et je dois dire que cela ne
me regarde pas. Les gens disent: Écoutez, il y a quelque chose qui ne
fonctionne pas dans votre affaire, vous êtes maire de notre ville, vous
êtes membre du comité exécutif, vous en êtes le
président, et vous dites que cela ne vous regarde pas, comment cela se
fait-il? Et on est obligé d'expliquer que les structures ne permettent
pas cela.
La seule chose qui nous a permis de survivre au cours des
dernières années, c'est l'espoir qu'il y aurait des changements.
Et, à mon avis, c'est important que les élus puissent assumer
leurs responsabilités, encore une fois, et dire aux gens: Voici ce qu'on
a fait ou ce qu'on n'a pas fait. Si on fait une mauvaise administration, les
gens nous jugeront au moment du test de l'élection; si on fait une bonne
administration, on sera capable de l'expliquer.
M. Bissonnet: Merci.
Le Président (M. Desbiens): Alors, M. le ministre, pour
conclure.
M. Léonard: M. le Président, je voudrais remercier
tout particulièrement M. le maire d'Outremont, président du
comité exécutif de la CUM, de son excellent mémoire. Je le
remercie aussi de la qualité des échanges que nous avons eus,
aujourd'hui; je pense que cela mérite d'être souligné. Nous
avons pu lui poser des questions de part et d'autre de cette commission, et je
crois avoir reçu les réponses aux questions que nous posions. Je
crois traduire le sentiment de beaucoup en notant l'esprit dans lequel vous
avez travaillé ici, l'esprit dans lequel aussi vous avez dirigé
l'exécutif de la Communauté urbaine de Montréal. J'ai eu
l'occasion, à plusieurs reprises, de vous rencontrer et vous avez fait
preuve d'esprit de collaboration, d'objectivité, bref d'un esprit
communautaire. Je vous remercie beaucoup de la contribution que vous apportez
au débat d'aujourd'hui.
Le Président (M. Desbiens): Nous vous remercions. Oui, M.
le député de Verdun.
M. Caron: Au nom de mon parti, M. le Président, merci, M.
Des Marais, de votre mémoire. On en prend bonne note. De notre
côté, moi aussi j'ai eu l'occasion de travailler avec vous et je
pense que vous faites plus que votre possible dans les circonstances. Quand
tout le monde aura passé, nous, de ce côté-ci, prendrons
une position, comme le chef de l'Opposition, M. Ryan, l'a dit ce matin.
Merci.
Le Président (M. Desbiens): Merci.
Transport 2000 Québec
J'appellerais maintenant le groupe Transport 2000 Québec à
se présenter à l'avant, s'il vous plaît! Pendant que le
déplacement s'effectue, je me permets de rappeler qu'il y a une
enveloppe de temps, sans que ce soit fixé de façon très
précise, qui se situe autour d'une heure pour écouter et
étudier les mémoires, et aussi souvent que possible, lorsque cela
se présente, un résumé du mémoire permet de laisser
plus de temps pour la discussion et permet aux députés
d'intervenir et poser des questions.
Alors, c'est M. Gérard Chagnon que j'ai devant moi? Si vous
voulez présenter celui qui vous accompagne, s'il vous plaît!
M. Chartrand (Guy): M. le Président, Mme et MM. les
députés et ministres, il me fait plaisir d'être ici cet
après-midi. On vous remercie de nous donner l'occasion de nous exprimer
devant vous aujourd'hui et de vous donner notre opinion sur le sujet du
transport en commun.
J'ai à mes côtés M. Chagnon, qui est directeur pour
le Québec de notre groupe de consommateurs Transport 2000. Je m'appelle
Guy Chartrand, je suis président du groupe Transport 2000 Québec
et président national de l'association Transport 2000.
Pour le profit et le bénéfice des gens qui ne connaissent
pas notre organisation, je vais me permettre pendant quelques minutes
d'expliquer un peu notre mouvement. Ainsi, les gens pourront se faire une
idée plus juste de l'intervention qui suivra.
Disons que le groupe Transport 2000 a débuté en
Grande-Bretagne, en 1973. Il a été formé par un groupe de
citoyens qui s'inquiétaient de la crise de l'énergie qui
commençait et qui voulaient avoir de meilleurs services de transport en
commun dans les régions éloignées. Cette idée de
promotion du transport en commun et de défense des droits des usagers a
naturellement pris beaucoup d'ampleur avec les années, à la suite
des coûts grandissants de l'énergie, des coûts de
l'automobile entre autres. Cette idée de promotion du transport en
commun, comme je vous le dis, a pris beaucoup d'ampleur, si bien qu'avec les
années, cette idée partie de la Grande-Bretagne a fait son chemin
et existe maintenant dans sept pays, dont le Canada. Ici, au Canada, cela a
commencé en 1976, justement pour la défense des droits des
usagers du transport en commun, en Saskatchewan, entre autres, lorsque cela a
débuté.
Si on revient au Québec, le groupe a débuté il y a
2 ans et demi ou trois ans, à cause également de
difficultés de transport pour les gens dans certaines régions,
pas nécessairement dans la Communauté urbaine de Montréal,
mais à l'extérieur. On a travaillé assez fort, par
exemple, pour le transport des handicapés à Montréal, le
transport adapté. Nous avons d'ailleurs nos bureaux à la
Fondation Lucie-Bruneau, à Montréal; nous avons des personnes
handicapées qui travaillent pour nous et qui voient à la
défense des droits des handicapés et au bon service que peut
maintenant fournir la CTCUM pour le transport des handicapés.
Également, nous nous sommes impliqués dans le transport en commun
dans d'autres régions du Québec, des endroits qui ont souffert ou
qui souffrent encore de difficultés de transport en commun. Je pense
à la région du Haut-Richelieu ou à la région de
Shawinigan-Grand-Mère, etc. On s'est également impliqué
dernièrement dans les coupures de Via Rail. Comme on le sait, le
gouvernement du Québec n'a pas été tellement d'accord avec
ces coupures, ni nous, d'ailleurs, parce que cela affecte beaucoup de
Québécois.
Pour revenir un peu plus près de Montréal, il y a beaucoup
de dossiers, ceux naturellement de tout le transport en commun dans la
région de Montréal, soit de l'intégration des modes de
transport, de tous le système proposé dans le plan de transport
intégré. Je pense qu'il y a place de plus en plus de nos jours
pour que les citoyens s'impliquent de plus en plus dans l'administration ou
s'intéressent du moins à un cas aussi important que le transport
en commun.
Avant de céder la parole à M. Chagnon qui est à mes
côtés et qui va vous faire lecture de notre mémoire et
peut-être même ajouter quelques autres aspects, il ne faut pas
oublier, je crois, que le transport en commun représente le plus
important des sujets au niveau des dépenses de la CUM. C'est un
problème complexe. Il y a énormément de
municipalités, même hors de la CUM qui sont desservies par la
CTCUM. Je ne voudrais pas trop m'étendre là-dessus. Il y a
sûrement des questions que vous voulez me poser pour avoir l'opinion de
notre association sur le sujet. Je pourrais vous dire que j'ai remarqué
l'an passé, malheureusement, qu'il y a eu beaucoup d'augmentations de
tarifs à la CTCUM. Ces augmentations de tarifs ont amené du
mécontentement dans la population, si bien qu'une vingtaine d'organismes
ont travaillé avec nous l'été dernier, lors d'une
augmentation qui avait été annoncée, un vendredi soir,
sans que la population soit tellement avertie d'avance. Il y a une coalition
d'organismes qui s'est formée, comprenant des syndicats, des groupes de
personnes âgées, des groupes de personnes handicapées.
Quelques semaines après, il devait y avoir un débat, mais le
débat n'a pas eu lieu, effectivement, au niveau de la CUM. C'est une des
difficultés.
Avant de continuer là-dessus, je vais
laisser la parole à M. Chagnon qui va vous faire l'exposé
de notre mémoire. Merci.
Le Président (M. Desbiens): M.
Chagnon.
M. Chagnon (Gérard): M. le Président, mesdames et
messieurs les députés, la présentation que nous faisons
aujourd'hui est bien humble en regard de la problématique qui est
soulevée. Cependant, nous tenons quand même à faire nos
armes, non pas faire une bataille, mais faire nos armes à la commission
à laquelle vous nous invitez aujourd'hui.
La situation dans laquelle nous nous trouvons illustre bien la position
dans laquelle se trouvent les usagers de la région de Montréal:
nous venons à Québec, à la maison du gouvernement,
après la présentation de M. Des Marais II et avant celle de M.
Hanigan. Cela illustre bien à quel carrefour de l'enjeu politique nous
nous situons.
L'exposé que nous ferons aujourd'hui, compte tenu des limites que
nous avons en termes de techniciens ou d'avocats, etc., ne concernera pas le
détail de chacun des articles de la loi, évidemment, mais fera
part de quelques observations qui, nous l'espérons, vous
éclaireront sur la position des usagers des transports collectifs dans
la région de Montréal.
Le mémoire que nous présentons aujourd'hui porte
spécifiquement sur le transport, laissant à des gens plus
compétents et plus concernés de soin de s'occuper des autres
questions relatives au projet de loi que vous proposez. Le transport dans la
région de Montréal fait partie d'un tout qu'est la
communauté, mais il est, en même temps, un tout qui déborde
de la loi que nous étudions aujourd'hui. Donc, nous essayerons de nous
en tenir à l'objet même de cette commission aujourd'hui, tout en
situant, cependant, la problématique que nous soulevons dans l'ensemble
de la question du transport dans la région de Montréal.
De plus, le travail de réflexion que nous faisons actuellement
sur le transport métropolitain empiète ou vient rejoindre les
préoccupations du comité interministériel sur le
transport; donc, il a été un peu difficile pour nous de
découper ce qui revient spécifiquement à cette commission
et ce qui revient au comité interministériel sur le
transport.
Comme nous l'avons mentionné, le point de vue que nous
présentons aujourd'hui est spécifiquement celui des usagers.
Cependant, parler d'usagers, ce n'est pas très précis. En effet,
M. Hanigan, il y a quelques mois, disait à la radio qu'il était
lui-même un usager des transports collectifs. Un usager, ça peut
être aussi bien un riche propriétaire d'un condominium d'Alexis
Nihon, par exemple, qui va travailler en métro à tous les jours
sans même sortir dehors; ça peut être l'étudiant,
l'assisté social ou le chômeur qui utilisent le transport en
commun, n'ayant pas l'alternative qu'offre l'automobile. Donc, parler d'usagers
du transport en commun, c'est parler d'un ensemble de citoyens de toutes les
classes de la société.
Cependant, le porte-parole de l'association qui prétend
représenter les usagers doit essayer de défendre l'ensemble de
ces intérêts que veulent voir défendre chacun de ces
citoyens. Plus encore, nous croyons que les porte-parole d'une association
comme la nôtre doivent avoir une vue d'ensemble de l'évolution des
transports collectifs dans une société donnée à un
moment donné de son histoire. Une association comme celle que nous
représentons a le mandat de sensibiliser, d'éduquer et de
revendiquer en regard d'une certaine vision de la société
inspirée de principes d'égalité sociale, de respect de
l'environnement, de l'aménagement et des ressources
énergétiques. Depuis plusieurs décennies
déjà, l'Amérique du Nord est obnubilée par
l'automobile. Nous vivons actuellement une étape de transition dans nos
habitudes en matière de transport et aujourd'hui nous nous faisons les
porte-parole de ceux qui espèrent et qui veulent un changement à
ce niveau.
Compte tenu du nombre grandissant de services offerts par le
gouvernement, le fardeau fiscal des contribuables augmente à chaque
jour. De plus en plus, citoyens et citoyennes sont intéressés
à s'impliquer dans la chose publique pour mieux en comprendre les
mécanismes et pour y exercer une plus grande influence, étant
donné que notre système électoral ne suffit pas à
tous nos besoins de démocratie.
Dans le domaine des services de santé et des services sociaux,
les gouvernements antérieurs ont cru bon d'introduire la participation
des usagers dans l'administration de ces services. Cette décision a
été prise à cause de l'importance des sommes
impliquées et à cause du désir réel d'offrir
à la population des services qui répondent à ses
besoins.
Les transports publics font maintenant partie de ces services qui sont
à la fois très onéreux et indispensables à notre
développement. Plusieurs citoyens s'inquiètent de la
montée des coûts des transports collectifs; d'autres, de l'absence
de réelle planification et de désir de développement de ce
secteur. Il nous apparaît important de créer des mécanismes
qui permettront à ces deux tendances de se faire valoir et d'arriver
à des solutions qui contribueront au développement de notre
société. (17 h 15)
Par ailleurs, l'évolution rapide du dossier des transports
montréalais implique
de nouvelles réalités qui risquent de bouleverser les
structures déjà existantes et le partage des juridictions. En
effet, l'expansion continue du territoire desservi par la CTCUM, qui
s'étend maintenant jusqu'à Joliette, Rigaud etc., et
l'intégration modale et tarifaire proposée par le plan de
transport intégré suggèrent qu'il faudra revoir avant
longtemps les responsabilités de chacun. Par exemple, on ne pourra
demander éternellement aux municipalités de l'extérieur de
l'île de Montréal actuellement desservies par la CTCUM de
participer au déficit de l'organisme sans avoir sur celui-ci le moindre
droit de regard.
Il y a lieu de soulever la question: De qui relèvera la gestion
du système de transport intégré tel que proposé par
M. de Belleval? La CTCUM seule ou plutôt un organisme régional de
transport, comme certains l'ont déjà suggéré?
Les recommandations que nous déposons s'inscrivent dans la
perspective où la CTCUM n'assurerait un service que sur le territoire de
la CUM. Enfin, l'objectif de ces recommandations est de rendre l'administration
des transports collectifs plus démocratique et plus à
l'écoute des besoins des usagers et de la population en
général.
Comme préambule à notre intervention, je voudrais
mentionner que nous considérons qu'il est fondamental que la CTCUM ne
desserve effectivement que le territoire de la communauté ou,
inversement, que la communauté urbaine n'ait juridiction que sur une
commission de transport qui ne dessert que son territoire. Pour pallier cela,
je fais une petite diversion; nous croyons qu'il serait heureux que le
gouvernement du Québec se dote d'un organisme régional de
transport qui, lui, aurait la responsabilité du transport
régional, plus précisément des modes de transport rapides
régionaux, que ce soit métros, trains de banlieue, métros
de surface ou même autobus interurbains dans l'agglomération de
Montréal.
Comme on l'a vu, tout particulièrement au chapitre du
financement, la réforme proposée de la loi de la CUM ne
règle pas le problème fondamental d'équilibre des
pouvoirs, du financement et des décisions que se disputent le
gouvernement du Québec et la Communauté urbaine de
Montréal. Nous croyons qu'il est fondamental que le Québec joue
un rôle clair dans le pouvoir qu'il a sur la CUM en matière de
transport, donc que la répartition des pouvoirs soit égale
à la répartition de la contribution financière.
Mis à part son impact sur l'environnement, la
problématique du financement est sûrement l'élément
majeur qu'on doit considérer en étudiant la question du transport
en commun. Les hausses de tarif et la grève que nous venons de vivre
à la CTCUM ont été l'exemple qui a fait voir à tous
à quel point les structures actuelles au niveau du transport dans la
région de Montréal sont inadéquates à
résoudre les problèmes efficacement et à donner à
ceux qui ont l'argent le pouvoir... L'exemple de cette situation que je
mentionne illustre très bien l'absence de règles du jeu claires
au chapitre du financement. Vous n'êtes pas sans savoir qu'actuellement
il y a trois partenaires principaux qui fournissent des montants pour le
transport dans la région de Montréal, à savoir les
municipalités impliquées, les usagers et le gouvernement. Nous
croyons important que la loi qui sera adoptée concernant le transport
dans la région de Montréal respecte cette triade ou cette
"trialité", si le mot existe. Il serait important que la loi
proposée donne un certain pouvoir aux usagers, donne des pouvoirs
à la communauté et respecte aussi la part du gouvernement du
Québec dans son intervention.
Cependant, sans en faire une recommandation précise, parce que
nous n'avons pas étudié à fond la question, nous verrions
d'un très bon oeil que le gouvernement se penche sur la
possibilité de voir à l'introduction d'un quatrième
intervenant, à savoir les entreprises qui ont pignon sur rue, soit dans
la communauté, soit dans la région de Montréal, suivant
comment on l'appliquera, et qu'on regarde l'application possible d'un versement
transport, comme cela existe dans la région parisienne.
Avant d'apporter quelque précision que ce soit au niveau des
règles de fonctionnement, nous croyons important que le Québec,
que le gouvernement du Québec précise à l'avance dans
quelle proportion, dans quel pourcentage les différents intervenants
auront à investir des sommes dans le transport à Montréal
pour éviter qu'on soit pris continuellement avec des tirages de
couverte, comme on le voit depuis plusieurs années... Qui paie, qui veut
avoir le pouvoir. On trouve important que les règles du jeu soient
établies en même temps ou avant même que la loi ne soit
modifiée.
Pour apporter des commentaires plus précis concernant les
recommandations qui ont été faites au niveau du budget, nous
sommes d'accord avec le pouvoir qui est donné aux élus concernant
le contrôle du budget de la Commission de transport de Montréal.
Cependant, nous tenons à rappeler deux conditions. Nous
considérons qu'il est indispensable que la CTCUM ne desserve que le
territoire de la communauté et que, d'autre part, des règles du
jeu concernant le financement aient été établies à
l'avance.
Maintenant, au niveau de la formation du conseil d'administration,
j'aimerais commencer par notre hypothèse d'introduction de la
participation des usagers. Compte tenu du fait que les usagers contribuent
à près de 32% du financement global des services offerts par la
CTCUM,
compte tenu du fait que le Parti québécois a
déjà reconnu le principe d'une représentation des usagers
au sein de la direction de la CTCUM - je fais référence ici
à une résolution adoptée par le congrès
Crémazie du Parti québécois en décembre 1981 compte
tenu du fait qu'on reconnaît déjà aux usagers de certains
services gouvernementaux un droit de participation active - hôpitaux,
écoles, CLSC, services sociaux - nous considérons qu'il serait
convenable qu'une société aussi évoluée que la
nôtre reconnaisse et étende aux usagers des services de transport
collectif le droit de participer à leur gestion.
En conséquence, nous recommandons que la CTCUM soit
dirigée par un conseil d'administration composé de quatre
personnes dont l'une représenterait les usagers. Ce représentant
des usagers serait élu parmi les membres d'associations à but non
lucratif qui ont pour objectif la promotion et/ou la défense des droits
des usagers des transports collectifs. Ce représentant, ou cette
représentante, serait élu lors d'une assemblée
générale dûment convoquée des divers organismes
répondant aux critères précités, qui auront fait
part au ministre des Transports ou à toute personne
déléguée par lui de leur intention d'être
représentés au conseil d'administration. Ce représenant
serait élu pour un mandat de trois ans et il ne serait renouvelable
qu'une seule fois. Enfin, le représentant des usagers siégerait
au conseil d'administration de la CTCUM avec droit de parole seulement. Quant
aux trois autres commissaires, notre organisme appuie la proposition
gouvernementale relative à leur nomination.
Il est évident que la participation d'un usager au conseil
d'administration de la CTCUM, si on veut qu'elle soit le moindrement
significative, suppose un soutien minimal de la part d'associations d'usagers.
Or, dans les circonstances actuelles, les associations d'usagers du transport
en commun doivent se débrouiller avec les moyens du bord,
c'est-à-dire qu'elles doivent se faire entendre et défendre les
intérêts de leurs membres avec des moyens extrêmement
réduits. Le dernier conflit de travail survenu à la CTCUM a
clairement démontré la faiblesse des usagers dans les situations
de crise. À la différence des autres partenaires sociaux,
syndicats, gouvernements, patronat, qui possèdent toutes les ressources
matérielles et humaines pour intervenir sur la place publique, les
groupes d'usagers du transport sont incontestablement ceux qui sont le moins en
mesure de faire valoir leurs intérêts et leurs opinions.
Nous croyons qu'il est nécessaire de corriger cette situation en
assurant un financement régulier aux associations d'usagers, par exemple
à même les retenues d'une fraction du coût des billets
d'autobus et de métro, et de la carte mensuelle.
Nous avons mis en annexe un article signé par un professeur de la
faculté de l'éducation permanente de l'Université de
Montréal. De plus, puisqu'on parlait de budget tantôt, du pouvoir
des usagers, contrairement aux autres transporteurs interurbains, les
commissions de transport n'ont pas à justifier leurs hausses de tarifs
devant qui que ce soit. C'est tout au moins la situation actuelle. Nous jugeons
qu'il est fondamental pour le bien-être de l'ensemble des citoyens que la
loi soit modifiée afin d'obliger tout transporteur urbain de
présenter une requête pour toute augmentation de tarifs devant la
Commission des transports du Québec, qui devra tenir des audiences
publiques avant de se prononcer. D'ailleurs, cette procédure est
déjà en cours pour le transport interurbain.
J'aimerais maintenant aborder la question des commissions permanentes.
La proposition du gouvernement parle d'une commission permanente sur les
transports en commun. Nous voulons ajouter ici un élément qui
n'apparaît pas dans le mémoire écrit, mais qui nous est
venu, à la suite d'une discussion dans les jours qui ont
précédé cette présentation. Nous croyons qu'il
serait peut-être préférable de parler de commission
permanente du transport des personnes au lieu des transports en commun. Voici
pourquoi. Jusqu'à maintenant, on a toujours créé une
dichotomie entre le transport automobile et le transport collectif,
empêchant ainsi une réelle coordination des interventions. Par
exemple, les règles des services de la circulation à
Montréal viennent souvent en contradiction avec ce qui se passe au
niveau de la CTCUM. Certaines décisions qui ont été prises
à ce chapitre, d'autres au niveau des aménagements des
artères commerciales ont créé des préjudices
sérieux à la circulation et, conséquemment, à la
circulation des autobus. Je vous cite un chiffre, un exemple, dans une
réponse, qui a été apportée par M. Hanigan à
M. Yves Ryan, de Montréal Nord, qui soulevait cette question: à
Montréal, un mille en vitesse coûte 20 000 000 $ à la
communauté, en termes de vitesse commerciale; à Toronto, la
vitesse commerciale est de deux milles plus rapide que celle de
Montréal, ce qui veut dire que, à service égal, il nous en
coûte 40 000 000 $ de plus, étant donné la situation de la
circulation. On trouve donc important qu'il y ait une articulation beaucoup
plus grande entre la circulation automobile et la circulation des autobus en
particulier.
Conséquemment, comme je le disais tantôt, nous proposons
une commission permanente du transport des personnes qui verra à
vraiment articuler ces deux aspects. Mise à part cette rectification,
nous sommes
complètement d'accord sur la proposition gouvernementale en ce
qui concerne l'esprit des commissions permanentes.
Nous n'entrerons pas ici dans les détails de cuisine, mais nous
tenons à faire part de notre préoccupation en ce qui concerne les
mécanismes qui permettront a la population de participer à ces
commissions. Ici, il existe une commission parlementaire qui permet aux
individus de se présenter. Comme on peut le voir par l'ensemble des
organismes qui se présentent ici, comme on peut le voir par le nombre
des individus qui sont présents, ça reste finalement une
institution peu accessible, que ce soit par manque d'information, que ce soit
par son élégance, qui fait qu'elle est un peu plus gênante.
On trouve donc important qu'une commission permanente soit accessible à
la population, que ce soit en termes de modalité de fonctionnement,
d'information donnée à la population sur la tenue de ces
audiences.
On mentionne dans le document de présentation que les commissions
permanentes siégeant en public sont un moyen de favoriser l'information
et la participation des citoyens. Tout éducateur que je suis de
formation, je crois à l'évolution des personnes et à la
mentalité par l'intervention de gens qui eux, voient un peu plus loin et
croient que des personnes peuvent apprendre une meilleure participation et,
dans ce sens, la commission permanente ou les élus qui y travailleront
auront effectivement un rôle d'éducation à jouer au niveau
de la participation des usagers à cette commission. (17 h 30)
C'est là l'essentiel de nos propos. Nous avons parlé de
beaucoup d'autres choses que de la problématique du transport dans la
région de Montréal dans d'autres documents, dans d'autres
circonstances. Si vous voulez avoir d'autres informations, soit ici ou
ailleurs, nous sommes disponibles pour répondre à vos
questions.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: Je vous remercie d'être venu ici,
d'abord, et de vous être donné la peine de préparer ce
mémoire. Nous savons tout le travail qu'abat Transport 2000 qui,
à l'occasion, prend position sur certains dossiers.
Par rapport à celui qui nous préoccupe, j'aimerais vous
poser une question. Dans le projet de loi, il y a les commissions permanentes,
et l'une en particulier touche le transport en commun. Vous, vous
représentez les usagers avec qui vous avez des communications, des
contacts. Est-ce que, par le biais de cette commission permanente sur le
transport, vous ne pourriez pas éventuellement transmettre ce que vos
usagers ont à dire par rapport à toute la question du transport
en commun dans la région de Montréal et, par le fait même
aussi, par le biais de cette commission permanente, poser des questions,
à l'occasion, en tout cas vous adresser à la Commission de
transport de la CUM? Je pense que ce sont deux choses différentes, la
CTCUM étant un organisme corporatif, alors que la commission permanente
est une instance où les gens peuvent venir devant le conseil,
indirectement si l'on veut mais, enfin, ils peuvent venir poser des questions
sur le transport en commun. Est-ce que vous ne trouvez pas que le
mécanisme du projet de loi vous permet, justement, ce que vous
réclamez présentement?
M. Chagnon: De façon certaine, il fait un pas important
vers la participation des usagers à la problématique du
transport. Cependant, une commission consultative, comme la commission
permanente, a des limites tant en ce qui concerne notre possibilité
d'intervention que l'information qui est véhiculée au niveau
même du conseil d'administration. Si on a cru bon créer un conseil
d'administration où il y a des représentants des
communautés urbaines, c'est-à-dire les municipalités, nous
croyons que les usagers ont ce même droit d'être proche du centre
de décision. Je suis conscient de la proximité ou du pas
important qui est fait, mais il demeure que ce qui est dit au niveau
décisionnel est très différent des informations ou des
considérations qui sont apportées au niveau d'un comité
consultatif.
M. Léonard: Je vais aussi vous poser une autre question au
sujet de l'aménagement. Je sais que vous vous êtes beaucoup
intéressés au transport en commun, particulièrement dans
l'île de Montréal. J'ai noté que, pour vous, le territoire
qui devrait être couvert par la CTCUM ne devrait pas dépasser
l'île de Montréal. Quant à vous, est-ce que vous avez des
réflexions de faites sur l'impact du transport en commun, sur
l'étalement urbain dans la région de Montréal, en
particulier en dehors de l'île de Montréal? Est-ce que, quand cela
déborde l'île, - est-ce pour cela que vous nous avez dit que vous
teniez à ce que le territoire soit restreint à l'île? -
c'est un facteur d'étalement urbain ou est-ce l'inverse?
M. Chagnon: La question que vous soulevez nous préoccupe
grandement et elle fait toujours l'objet de réflexion avant une prise de
position sur les questions de transport. D'ailleurs, dans ce sens, un groupe
d'étudiants en aménagement a préparé un document au
nom de Transport 2000 sur cette question, que nous n'avons pas cru bon
présenter ici, étant donné qu'il déborde l'objet de
cette assemblée.
Voici notre position de base: Nous appuyons les moyens de transport,
à quelques exceptions près - nous avons fait quelques erreurs -
nous appuyons les modes de transport qui, effectivement, consolident le tissu
urbain. Nous sommes très préoccupés par cette question de
consolidation du tissu urbain et de retour de la population à
Montréal, en particulier, et aussi dans la communauté. À
ce chapitre, nous considérons que l'automobile a été un
facteur important, d'une part, d'étalement urbain et, d'autre part, de
détérioration du tissu hautement densifié. Une de nos
motivations profondes pour promouvoir les transports collectifs, c'est
justement de favoriser cette consolidation du tissu urbain.
M. Léonard: M. le Président, avant de laisser la
parole à l'Opposition là-dessus, je veux simplement faire une
dernière remarque. Je sais tout le travail qu'a abattu le groupe
Transport 2000 dans toute cette affaire des coupures de Via Rail sur le
territoire du Québec et je l'en remercie.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Verdun.
M. Caron: M. le Président. Moi aussi, M. Chagnon, je vous
félicite du mémoire que vous nous présentez. Je pense que,
plus que jamais, il faut se pencher sur le transport en commun, surtout
à Montréal. Au prix où est l'essence maintenant, avec des
hausses de 40%, avant longtemps, les gens ne pourront plus se servir de leur
auto.
Ceci étant dit, M. Chagnon, votre organisme est centralisé
à Montréal. Combien êtes-vous de membres et de quelle
façon fonctionnez-vous?
M. Chagnon: Si vous me le permettez, M. le Président, je
laisserai M. Chartrand répondre à cette question.
Le Président (M. Desbiens): D'accord.
M. Chartrand: Comme je vous l'ai expliqué, c'est un
organisme national, en fait, qui existe dans d'autres pays et au Canada. C'est
un organisme national de consommateurs, reconnu comme tel par le
ministère de la Consommation et des Corporations du Canada. Nous avons
un bureau à Ottawa, un à Régina et un à
Montréal. Si on parle du groupe québécois, le groupe que
nous représentons aujourd'hui, c'est un groupe qui a présentement
environ 175 membres. Cependant, plusieurs de ces membres sont, par exemple, des
organismes qui, eux-mêmes, ont plusieurs centaines et même
plusieurs milliers de membres.
Ce sont des organismes qui s'intéressent drôlement au
transport en commun, que ce soit des employés de chemin de fer, des
groupements de personnes âgées ou, comme je disais tantôt,
des groupements de personnes handicapées. Le nombre grandit toujours,
naturellement. Chaque conflit ou à chaque problème de transport
en commun que les gens vivent dans une région donnée, cela cause
naturellement beaucoup de frustration auprès des citoyens, alors de plus
en plus de gens veulent s'impliquer dans le transport en commun. C'est un
organisme qui grandit. Il est encore naissant et il est encore bien humble, je
dois vous l'avouer, mais quand même nous faisons le mieux que nous
pouvons avec les moyens du bord. Nous sommes financés, entre autres, par
des corporations, par nos propres membres et par certains ministères du
gouvernement du Québec.
M. Caron: Vous faites la suggestion que quatre personnes dirigent
le conseil d'administration de la commission dont l'une représenterait
des usagers. Alors, comment cette personne serait-elle choisie? Est-ce qu'elle
serait choisie par votre groupe ou dans l'ensemble de l'agglomération de
Montréal?
M. Chagnon: Nous proposons, afin de contrôler, si je peux
dire, le processus de la nomination, que ce soit à l'intérieur
des organismes ou des associations d'usagers du transport en commun que cette
personne soit nommée. Nous croyons que la procédure
d'élection universelle, si je peux dire, serait compliquée. C'est
pourquoi, à ce point-ci, nous proposons que ce soit à
l'intérieur des associations d'usagers que la personne soit
nommée. Cependant, ce n'est pas une position finale; si un accord de
principe est amené là-dessus, nous serons prêts à
discuter plus en détail sur l'aspect technique d'une telle prise de
décision.
M. Caron: Merci.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Je m'excuse M. le
député, c'est mon erreur, c'était d'abord le
député de Gouin.
M. Rochefort: Merci, M. le Président.
M. Rocheleau: Tout excusé, M. le Président.
M. Rochefort: J'avoue, messieurs, que j'ai été
assez surpris de votre recommandation no 3 en ce qui a trait à
l'établissement des tarifs du transport en commun à
Montréal. On y lit que vous proposez que la CTCUM soit en
définitive
obligée de présenter une demande à la Commission
des transports du Québec, et que celle-ci tienne des audiences publiques
avant de déterminer les tarifs. Je comprends le sens de votre demande
qui est de vous assurer que vous serez entendus, comme tous les usagers de la
CTCUM, avant que les tarifs soient établis.
Toutefois, il faut bien voir que la Commission des transports du
Québec est un organisme composé uniquement de fonctionnaires.
Donc, personne n'y est élu, donc, personne n'y a des comptes à
rendre aux citoyens ou ne se représente à intervalles
réguliers devant l'électorat pour être jugé. Vous ne
croyez pas qu'il serait plutôt préférable qu'on
précise l'article 103 du projet de loi 46 qui modifie l'article 296 de
la loi actuelle de la CUM? On le lit comme suit: "La commission peut - on parle
de la commission de transport - avec l'approbation du conseil - là on
parle du conseil de la CUM - établir des tarifs pour le transport des
usagers de ses véhicules." Vous ne croyez pas qu'il serait
préférable de préciser dans le projet de loi que la
commission des transports, une des cinq commissions permanentes de la CUM
modifiée, soit obligée de tenir des audiences publiques avant de
faire ses recommandations au conseil de la CUM quant aux décisions qu'il
devrait prendre sur les tarifs? Cela améliorerait grandement la
participation du public et la démocratie dans l'établissement des
tarifs de transport en commun, puisque ce seraient uniquement des élus
qui auraient à discuter et à débattre ces questions, une
fois qu'ils auraient entendu les usagers à l'occasion d'une des
séances de la Commission de transport de la CUM modifiée.
M. Chagnon: M. le Président, je considère que
l'intervention de monsieur est très pertinente. Nous avons
hésité à poursuive la proposition que nous avons
avancée. Elle avait été présentée lors de la
dernière hausse de tarif, au moment où toute la question de la
réforme de la CUM n'était pas encore sur la table. Cependant, on
a décidé de la garder, à ce moment-ci, pour nous
protéger au cas où les modalités du pouvoir reliées
au financement ne seraient pas assez claires dans la réforme
prévue de la loi. Elles ne le sont pas encore. Qui a le pouvoir? Qui a
l'argent? Qui décide quoi? Ce n'est finalement pas très clair,
cette articulation entre le pouvoir et l'argent. C'est une porte de sortie
qu'on s'est donnée ou une protection supplémentaire. Je pourrais
facilement être d'accord avec monsieur si les mécanismes, à
l'intérieur même de la communauté, étaient assez
bien articulés pour permettre une intervention des usagers.
M. Rochefort: Je vous fais part de la compréhension que
j'ai du nouvel article 296 qui dit bien que la commission pourra établir
ses tarifs après l'approbation du conseil de la CUM. Je pense
qu'à partir du moment où l'on donne une fois pour toutes le
pouvoir aux élus d'approuver ou de rejeter les propositions de nouveaux
tarifs, c'est de ce c8té que nous devons creuser plutôt que du
côté de la Commission des transports du Québec, qui est un
organisme administratif. D'ailleurs, j'ai été surpris de voir
votre recommandation; quant à moi, on devrait plutôt abolir
l'article 104 du projet de loi qui dit qu'une décision de la commission
relative au tarif de transport peut être révisée par la
Commission des transports du Québec sur appel d'une municipalité
ou d'une personne intéressée. C'est toujours pour forcer des
élus à être responsables de ces décisions, donc
à rendre des comptes, plutôt que ce soit des fonctionnaires qui se
cachent sous leur non-responsabilité élective.
M. Chagnon: M. le Président, je voudrais ajouter un point
sur cette question. Ce que monsieur dit me semble effectivement très
pertinent, je le répète. Cependant, comme nous l'avons vu lors de
la dernière hausse de tarif, la CTCUM, sous l'influence de la CUM, avait
une espèce d'outil magique entre les mains, où ses budgets
étaient multipliés par deux à cause du mode de financement
de Québec et de la forme de participation des usagers. Si c'est un
mécanisme semblable, il y a des gens qui vont encore crier. Donc, toute
réforme de contrôle, comme je l'ai dit, va avec une réforme
des modes de financement. C'est mon dernier mot là-dessus.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. M. Chagnon, est-ce
que votre organisme se considère un organisme de consultation, de
concertation ou un organisme de décision?
M. Chagnon: Nous nous considérons comme un organisme de
défense des droits des usagers du transport collectif et un organisme de
promotion du transport collectif. Quand on parle de promotion, on peut inclure
différents aspects; à certains moments, cela peut être de
la consultation, à certains moments, cela peut être des
démarches d'éducation auprès de la population, cela peut
être aussi des démarches de pression auprès d'élus
municipaux ou provinciaux. Nos deux axes d'orientation, nos deux axes de
fonctionnement sont "défense", ce qui est plus l'organisme de pression
comme tel, et "promotion", qui veut mettre de l'avant un nouveau mode de vie en
société.
M. Rocheleau: J'ai d'autres questions, si vous le permettez. Une
de vos recommandations touche le conseil d'administration qui serait
composé de quatre membres, dont un représentant des usagers
élu pour trois ans. Par contre, le représentant des usagers
aurait le droit de parole seulement. Est-ce que vous ne croyez pas que le fait
de faire partie d'un conseil d'administration vous donnerait l'occasion de
critiquer toute décision qui pourrait être prise alors que, lors
d'un vote, vous n'auriez à voter ni pour, ni contre? À ce moment,
je me pose la question à savoir ce que vous feriez au conseil
d'administration, alors que vous avez le droit d'assister aux assemblées
du conseil et de poser sûrement des questions. (17 h 45)
M. Chagnon: La question du vote des usagers pose un certain
problème dans l'aile gauche des usagers des transports collectifs dans
le sens que, si on a le droit de vote, on participe à la
décision; quand c'est une décision sur laquelle on n'est pas
d'accord, est-ce qu'il faudra toujours inscrire notre dissidence? Cela rend peu
élégante, si je peux dire, notre participation et, à ce
stade-ci de notre évolution, de notre habilité à la
démocratie, si je peux dire, nous croyons préférable
d'être présent par des droits de parole seulement, sans droit de
vote.
M. Rocheleau: II n'en demeure pas moins, M. Chagnon, que les
usagers, je ne pense pas qu'il faille en faire une sorte de
société à part, dans le sens que les usagers sont aussi
représentés par des élus lors d'élections
municipales, lors d'élections provinciales. Ce sont effectivement leurs
porte-parole qui ont une responsabilité, qui sont mandatés pour
prendre des décisions pour l'ensemble des propriétaires,
locataires, usagers ou non-usagers, parce que si, dans votre cas, vous demandez
d'être présent au conseil d'administration comme usager, est-ce
que vous recommanderiez qu'un non-usager ou qu'une association composée
de non-usagers soit aussi partie aux décisions, aux discussions qui
pourraient se tenir autour de cette table?
M. Chagnon: M. le Président, de façon
générale, actuellement, dans notre société, compte
tenu de certaines réalités économiques et compte tenu de
la mentalité nord-américaine, les élus représentent
une certaine majorité qui est les automobilistes. Dans l'ensemble des
décisions qui sont prises, les usagers des transports collectifs
demeurent minoritaires et il demeure qu'ils représentent un groupe
social bien spécifique. C'est ce pourquoi nous croyons bon que ce groupe
social spécifique participe à des décisions qui le
concernent directement. Il ne s'agirait pas d'avoir dans un conseil de ville
des représentants d'usagers du transport en commun pour discuter de
l'assainissement de l'air. Ce n'est pas comme une espèce de bibites
rares, les usagers du transport collectif, qui ont un point de vue particulier
sur n'importe quoi.
Cependant, sur une question aussi précise, aussi
spécifique que la question du transport collectif, nous croyons que le
citoyen le plus éclairé est nécessairement un usager du
transport collectif ou qui, tout au moins, parle au nom des usagers. Comme je
l'ai dit tantôt, un usager des transports en commun peut aussi bien
être M. Bronfman, qui habite à Alexis Nihon, que M. X, qui habite
sur la rue Panet. C'est une difficulté. Voilà pourquoi il est
important d'avoir un représentant d'usagers qui saura représenter
cette espèce de consensus, en autant que faire se peut, de ceux qui sont
préoccupés par le développement des transports
collectifs.
M. Rocheleau: Par contre, M. Chagnon, vous acceptez que n'importe
quel résident ou non - résident de Communauté urbaine de
Montréal ou de la périphérie peut être un usager,
qu'il ait une voiture ou pas?
M. Chagnon: Le jour où la majorité des citoyens
seront des usagers des transports collectifs, je ne pense pas qu'il sera
nécessaire de faire une distinction aussi importante, de la même
façon que maintenant il n'y a pas de représentants
d'automobilistes sous quelque gouvernement ou administration que ce soit.
M. Rocheleau: J'espère qu'on pourra nous déposer
des rapports de statistiques démontrant que les usagers sont uniquement
les utilisateurs, c'est-à-dire que les gens qui n'ont pas de voiture
sont les utilisateurs du transport en commun ou de toute autre forme de
transport - il doit sûrement y avoir des statistiques qui le
démontrent - étant donné que vous êtes un organisme
qui représente les usagers.
M. Chagnon: M. le Président, je voudrais ajouter un
dernier point. Il demeure que dans un budget aussi fermé que celui de la
CTCUM - j'entends fermé par opposition à un budget aussi
imprécis que celui de l'automobile - les usagers collaborent dans une
proportion de 32%, ce qui devient très important en termes d'argent.
Nous considérons, dans cet esprit, qu'il est important que les usagers
aient leur mot à dire.
M. Rocheleau: J'ai quelques autres questions. Est-ce que
l'organisme que vous représentez a fait certaines revendications au
gouvernement du Québec quand le gouvernement du Québec et
plus
particulièrement le ministre des Finances ont augmenté la
taxe sur l'essence et, par le fait même, créé une
augmentation aux transport en commun? Cela touche à cela.
M. Chagnon: M. le Président, je pourrais répondre
à cette question. Nous avons effectivement demandé à MM.
Parizeau et Clair d'exempter les commissions de transport de cette taxe afin de
ne pas pénaliser les usagers du transport collectif et de leur permettre
une plus grande utilisation, conséquemment.
M. Rocheleau: C'est regrettable qu'on ne vous ait pas
écouté. D'autre part, vous souhaitez que les associations
d'usagers puissent être favorisées d'une certaine subvention
à même les retenues du coût des billets d'autobus ou de
transport. Quelle forme de subvention, tenant compte de quel budget?
Pensez-vous que cela pourrait augmenter davantage ou aider à augmenter
davantage le coût du transport?
M. Chagnon: Je ne crois pas. Si on s'en tient aux moyens modestes
qu'on a utilisés jusqu'à maintenant, si on considère
l'importance du bénévolat dans le travail que nous faisons, je ne
crois pas que ce soit notre petit budget annuel de 15 000 $ qui cause des
problèmes au budget de la CTCUM.
M. Rocheleau: C'est tout, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: J'aurais seulement deux questions. M. Chagnon, je dois
tenir pour acquis que vous avez étudié ce projet de loi.
Avez-vous constaté qu'il y a tout de même dans le projet - je ne
complimente pas toujours le ministre mais, sur ce point, je dois
peut-être le faire - des améliorations? Je me réfère
à l'article 82j, où on parle justement des séances
publiques de cette commission permanente, auxquelles votre organisme peut
assister. Les journaux seront là, vous entendrez le débat; c'est
une amélioration quant à moi. Je parle de l'article 286a -
c'est-à-dire les changements - qui dit qu'un règlement à
la commission doit, pour entrer en vigueur, être approuvé par le
conseil. Dans ce cas, on parle de la commission de la CTCUM. C'est tout de
même important que les règlements soient approuvés par le
conseil, qui est composé des élus de la population, et l'article
296 dit que, pour établir les tarifs, etc., cela prend l'approbation du
conseil. Ne croyez-vous pas qu'avec ces nouvelles mesures de participation et
de contrôle par les élus, les conseillers et les membres du
conseil, il est moins nécessaire qu'un organisme comme le vôtre
soit directement présent?
M. Chagnon: M. le Président, je crois qu'effectivement les
améliorations apportées à la démocratie du
transport dans la région de Montréal sont très
significatives.
Cependant, nous avons tenu quand même à nous
présenter ici aujourd'hui pour apporter certaines craintes ou mises en
garde, je ne sais trop, concernant le lien entre les pouvoirs et le
financement, d'une part. D'autre part, nous avons grandement appuyé ou
souligné l'aspect positif de la création des commissions
permanentes, ce qui toutefois ne vient pas en désaccord ou ne nous
empêche pas de faire un pas de plus vers une plus grande
représentativité des usagers. Je suis tout à fait d'accord
avec vous que le projet présenté en ce qui concerne le transport
est un pas important, que c'est même très significatif de ce qui
se fait en démocratie au niveau du transport dans la région de
Montréal.
M. Polak: Ma dernière question. Si on ouvrait la porte
à un organisme comme le vôtre pour participer directement, n'y
aurait-il pas un danger que d'autres organismes puissent réclamer les
mêmes droits? Je pense, par exemple, aux travailleurs de la commission
qui diraient: J'aimerais bien être à la table quand on discutera
cela. Des fournisseurs, en tout cas, toutes sortes de catégories de
personnes ont un intérêt là-dedans et pourraient
réclamer comme vous le droit d'être là ou d'être
présents. En donnant la permission à un groupe, n'y aurait-il pas
un danger que toutes sortes d'autres groupements demandent la même chose?
À un moment donné, notre appareil administratif ne marche
plus.
M. Chagnon: M. le Président, je me permets un petit
écart à la discipline. Quand j'étais jeune et que je
demandais une permission au principal d'école, il me disait: Si tous les
étudiants demandaient la même chose, ça ne marcherait pas.
Je n'ai jamais su quoi répondre à ça, et je ne le sais
toujours pas.
M. Rocheleau: Vous donnait-il la permission, par exemple?
M. Polak: Vous êtes encore jeune. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre, en
terminant.
M. Léonard: Merci pour les échanges que nous avons
eus, en particulier sur le transport en commun. Je rappelle toujours que pour
l'étude de ce projet de loi il y a cette commission sur le transport en
commun
où, j'espère bien, le public va se présenter
très souvent, aussi souvent qu'il le pourra, et ça va faire
avancer les débats. Merci beaucoup de votre collaboration, encore une
fois.
Le Président (M. Desbiens): Je vous remercie. La
commission élue permanente des affaires municipales ajourne ses travaux
à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 56)
(Reprise de la séance à 20 h 15)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission élue permanente des affaires municipales reprend
ses travaux pour entendre les personnes ou organismes relativement au projet no
46, Loi modifiant la Loi de la Communauté urbaine de
Montréal.
Commission de transport de la CUM
J'invite la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Montréal à s'approcher. Me Jean Nadeau. Je rappelle à ceux
qui ont à présenter des mémoires qu'il est toujours
loisible à tous les députés ou à toute personne,
tout citoyen intéressé, de se procurer la copie complète
des mémoires; qu'il n'est pas nécessaire de lire et de
présenter intégralement le mémoire, puisque les
députés ont déjà pris individuellement connaissance
de ces mémoires pour préparer les travaux de la commission, et
que le temps pris pour la lecture d'un mémoire gruge d'autant sur la
possibilité de discussions, d'interrogations et de réponses.
Me Nadeau, vous pouvez procéder.
M. Nadeau (Jean): Merci, M. le Président.
M. le Président, M. le ministre, Mme et MM. les
députés, le projet de loi no 46 visant à modifier la Loi
de la Communauté urbaine de Montréal comporte certains articles
qui affectent la Commission de transport de la Communauté urbaine de
Montréal. Entre autres, il comporte certaines modifications à
caractère politique, à caractère économique et
d'ordre administratif.
La CTCUM n'a pas l'intention de faire des représentations au
niveau des répercussions politiques des amendements qui sont
proposés par le projet de loi no 46, mais a l'intention de s'en tenir
strictement aux amendements à caractère administratif et
technique. C'est la raison qui explique le fait que c'est moi qui
représente la Commission de transport de la communauté urbaine et
non le président, qui a cru, compte tenu du petit nombre de
représentations que nous avons faites au niveau du projet de loi, qu'il
n'était pas nécessaire qu'il ait à faire lui-même
ces représentations.
Alors, si vous me permettez, notre mémoire n'est pas tellement
long, M. le Président, j'aimerais simplement lire, à tout le
moins, certains passages...
Le Président (M. Desbiens): J'ai choisi ce moment-ci pour
en parler.
M. Nadeau: D'accord - ... de notre mémoire. Le premier
article sur lequel on a des représentations à faire, parce qu'il
est important et qu'il comporte des difficultés ou qu'il en
comporterait, s'il était adopté comme tel, des difficultés
énormes pour la commission de transport, est l'article 77 du projet de
loi. Cet article propose certaines modifications majeures à l'actuel
article 248 de la Loi de la Communauté urbaine de Montréal.
L'amendement proposé aurait pour effet de faire disparaître la
règle de l'entrée en vigueur automatique du budget. Si le budget
de l'année à venir n'était pas adopté au plus tard
le 1er janvier de chaque année, le quart de chacun des crédits
prévus au budget de l'exercice précédent serait
censé être adopté et entrerait en vigueur. Il en serait de
même les 1er avril, 1er juillet et 1er octobre, si le budget
n'était toujours pas adopté à chacune de ces dates.
La CTCUM croit qu'il est de son devoir de porter à la
connaissance de la commission permanente des affaires municipales et du
gouvernement les difficultés considérables que pourrait causer
l'application d'une telle disposition législative. Et qui plus est, nous
croyons qu'il y va de l'intérêt public qu'un tel amendement ne
soit pas adopté comme tel, en tout cas quant à l'époque
où le budget serait adopté par étapes, compte tenu des
répercussions majeures qu'il pourrait avoir à la fois sur les
quelque 4000 chauffeurs d'autobus et opérateurs de métro à
l'emploi de la CTCUM ainsi que sur l'ensemble des usagers du transport en
commun de la CUM.
En effet, il est essentiel de considérer que toute l'organisation
technique et pratique ainsi que la distribution du travail au personnel
directement relié à l'exploitation des services d'autobus et de
métro doivent obligatoirement être faites en conformité
avec la convention collective régissant ces employés. Or, la
demande de service ainsi que les ressources humaines nécessaires pour
répondre à cette demande requièrent un minimum de trois
mois - lorsqu'on parle de trois mois, c'est en fait de trois à cinq
mois; c'est vraiment le minimum, trois mois, c'est ordinairement cinq mois - de
préparation pour être en mesure de fournir un service
donné. À titre d'exemple, le
service donné pour les mois de janvier, de février et de
mars d'une année - qui est en soi ce qu'on appelle, à la
Commission de transport la liste de janvier - est évalué,
préparé et distribué dans le cours de l'automne qui
précède. Ce service se trouve nécessairement à
être préparé en fonction des prévisions
budgétaires de l'année suivante. Si la CTCUM apprenait le 1er
janvier d'une année donnée qu'elle doit organiser
immédiatement un service conforme au quart du budget de l'année
précédente, elle se trouverait devant l'obligation de se plier
à une telle disposition de la loi. Une telle contrainte serait
irréaliste à cause du manque de temps requis pour le faire.
D'autre part, même si elle tentait de le faire, ce serait en violation de
ses engagements contractuels au niveau des conventions collectives existantes
et en annulant complètement les choix de travail effectués
quelques mois auparavant par les employés. Aucune disposition des
conventions collectives ne prévoit ou ne pourrait prévoir,
à notre point de vue, une telle façon de faire.
De plus, l'application d'une telle disposition de la loi perturberait de
façon fort significative les services d'autobus et de métro
à cause du manque d'argent disponible, ce qui impliquerait
nécessairement des coupures de service et même une
réorganisation complète des services à donner, qu'il
serait illusoire de vouloir réaliser en si peu de temps. En ce sens,
nous sommes d'avis que ces modifications à la loi auraient une incidence
certaine sur la quantité et la qualité des services donnés
à la population.
En résumé, sur cet article-là, si vous me
permettez, historiquement et même du temps de la Montreal Tramway, pour
la distribution du travail à la Commission de transport - d'ailleurs
cela se fait dans beaucoup de commissions de transport à ma
connaissance; je sais qu'à Toronto, c'est la même chose, à
New York, il y a évidemment des différences sur le plan technique
- dans l'ensemble, les systèmes sont fortement comparables.
Les services ou les demandes de services sont établis plusieurs
mois à l'avance. Une fois que toutes les demandes de services ont
été préparées, que les horaires de travail ont
été faits, que la fréquence quotidienne, même aux
heures près ou aux minutes près, les besoins en autobus et en
métro, en fait, tout ce qui est utilisé dans tous les types de
véhicules que nous utilisons, une fois que toutes les assignations de
travail ont été fabriquées, ce qui est une question de
mois, ces listes sont affichées dans les différentes divisions de
la Commission de transport. Les employés, par ancienneté -
l'ancienneté joue un rôle primordial là-dedans, c'est la
pierre angulaire de tout le système - choisissent donc l'endroit de
travail, leurs journées de congé, leurs vacances annuelles, les
lignes d'autobus sur lesquelles ils vont travailler, les garages, les
différents points géographiques sur le territoire de la
communauté urbaine où ils vont se rapporter.
Ces listes sont refaites cinq fois par année. Il y a toutes
sortes de raisons pour lesquelles cela se passe cinq fois par année. Il
y a continuellement un besoin d'ajustement dans le service. Par exemple, le
service d'été est différent de celui du mois de septembre.
Celui du mois de septembre est différent de celui de la période
des fêtes. Celui de la période des fêtes est
différent de celui du mois de février. À cela, les
ajustements de service aux différentes listes sont faites selon... Par
exemple, l'année dernière, on a connu les prolongements du
métro, une augmentation du transport des handicapés, le
développement de certaines nouvelles lignes dans le secteur ouest de la
Communauté urbaine de Montréal, il y avait eu
précédemment l'acquisition de
Métropolitain Provincial. Or, ce sont tous des ajustements qui se
font à chacune de ces différentes listes.
La répercussion de la modification apportée par l'article
77 au niveau du budget empêcherait d'abord l'entrée en vigueur
d'une liste donnée, celle de janvier, parce qu'elle a été
préparée pendant tout le courant de l'automne. En janvier, on
apprendrait que le service qui a été préparé
à la lumière du budget qui s'en venait ne pourrait pas être
mis en place à partir de janvier et qu'il faudrait refaire
complètement d'autres listes pour les mois de janvier, février et
mars. La même chose se répercuterait par la suite si le budget
n'était pas adopté. Si, les trois autres mois de l'année,
le deuxième quart du budget devait être adopté
automatiquement, si on veut, mais toujours le quart du budget de l'année
précédente, les différentes listes faites à
l'avance auraient été faites inutilement et, à la date
où le quart du budget de l'année précédente
entrerait en vigueur, il faudrait, en l'espace d'une journée, refaire
une liste complète, ce qui est matériellement impossible. C'est
une première difficulté que je qualifie d'impossibilité
matérielle.
La deuxième, c'est que cela touche, évidemment à
cause du budget, les obligations que la commission de transport aurait
contractées avec ses syndicats, par exemple, sur des conventions
collectives d'une durée de trois ans parce que, dans l'année qui
a précédé, il y a des augmentations de salaire qui sont
venues s'ajouter ou qui vont venir s'ajouter durant l'année qui suit.
S'il fallait organiser le système de transport en commun avec le budget
de l'année précédente, on aurait le choix ou bien de
mettre de côté les
augmentations de salaire ou bien de les accorder quand même, mais
de les payer à même le revenu des employés qu'on devrait
mettre à pied. Or, je ne pense pas que ce soit l'intention et que, de
toute façon, ce soit souhaitable. Je pense que cela se
répercuterait de façon considérable au niveau des services
qui sont donnés à la population.
Pour ces raisons, nous recommandons... En fait, un dernier paragraphe
avant la recommandation. En plus des motifs que je viens de mentionner, une
autre raison milite en faveur de l'acceptation de notre recommandation. En
effet, en vertu de l'amendement intégral proposé par l'article 77
du projet de loi, la commission, dans l'éventualité d'une
adoption partielle du budget, devrait se financer pour les trois premiers mois
de la nouvelle année, ce que je disais tout à l'heure, avec le
quart des crédits de son budget de l'année
précédente, et à répétition tous les trois
mois. Or, ceci reviendrait à dire que la CTCUM ne pourrait alors honorer
les augmentations de salaire accordées à ses employés lors
de la signature de la convention collective en vigueur à pareille
époque.
C'est pourquoi nous recommandons qu'en cas d'adoption partielle du
budget chacune des fractions censées être adoptées soit une
fraction du budget de l'exercice, de l'année à venir. (20 h
30)
À ce sujet, je voudrais qu'il soit bien compris que les
difficultés qu'on aurait à vivre avec un article semblable, ce
n'est pas du fait que le budget de la CUM doive être adopté ou
puisse même être modifié par le conseil de la
communauté urbaine. Cela n'a rien à voir. La difficulté
vient du fait qu'au moment où les listes sont fabriquées, le
budget n'est pas connu; au moment où l'on sait que le budget est ou
adopté ou non adopté, il est trop tard pour corriger la situation
rétroactivement. La difficulté vient de là. Si,
idéalement, le budget était adopté le 1er septembre, on ne
ferait pas face à cette difficulté parce que tous les services,
à ce moment-là, seraient organisés en fonction du budget
déjà connu. Les listes et la quantité de services à
organiser seraient faites, évidemment, en fonction du budget; ce qui ne
peut pas être fait après.
Concernant l'article 93 du projet de loi cet article a pour effet de
rendre applicables à la CTCUM certains articles concernant le conseil et
le comité exécutif de la communauté, entre autres, les
articles 23 à 25 de la Loi de la Communauté urbaine de
Montréal. Or, l'article 3 du projet de loi no 46 amende également
les articles 23 à 25 de la Loi de la CUM. Nous comprenons que les
amendements apportés à ces articles, s'ils s'appliquaient
à la CTCUM, auraient pour effet d'alourdir et de compliquer tout
à fait inutilement le régime actuel. Il s'agit, dans ces
articles-là, en réalité, d'une procédure de
contrôle et d'autorisation des dépenses des commissaires de la
Commission de transport de la Communauté urbaine de Montréal. Les
dispositions, les articles 23 à 25, je pense, sont prévues
à cause de la nature même de la composition de la
communauté urbaine ou du comité exécutif et du conseil de
la communauté urbaine. Nous ne pensons pas que ces articles ou les
modifications qui y sont apportées devraient s'appliquer aux
commissaires de la CTCUM; en fait, il y a uniquement trois commissaires
à la CTCUM, mais l'expérience passée n'a
démontré absolument aucun problème à cet
égard. Nous croyons que ce serait compliquer tout à fait
inutilement la procédure qui n'a causé aucun problème
à venir jusqu'ici.
Compte tenu de la structure de la CTCUM et de l'expérience
vécue, nous recommandons que les articles 23 à 25, actuellement
en vigueur, ne soient pas modifiés à l'égard de la CTCUM
et que le statu quo soit maintenu à ce chapitre.
À l'article 103 du projet de loi, l'amendement proposé a
pour effet de modifier l'article 296 de la loi de la CUM. Dorénavant, la
CTCUM ne pourrait établir ses tarifs qu'avec l'approbation du conseil de
la communauté. Cependant, force nous est de constater qu'aucune
distinction n'est prévue à l'article 296 pour différencier
la desserte territoriale de la desserte extra-territoriale. Nous croyons qu'il
pourrait, à juste titre, être mal perçu par les
municipalités hors du territoire de la CUM et desservies par la CTCUM
que la communauté ait, seule, à se prononcer sur
l'établissement des tarifs à l'égard d'un service
d'autobus ou de trains sur le territoire de ces municipalités. Il ne
faut pas oublier, croyons-nous, que ces municipalités hors territoire ne
sont nullement représentées au conseil de la communauté
et, d'autre part, qu'elles sont obligées, en vertu de la loi, de
contribuer au déficit d'exploitation des services de transport en commun
donnés par la CTCUM sur leur territoire.
En conséquence, nous recommandons que la fixation des tarifs pour
les services de transport en commun donnés par la CTCUM dans les
municipalités hors du territoire de la CUM soit laissée sous
l'autorité de la CTCUM, laquelle, par ailleurs, est déjà
soumise à la juridiction de la Commission des transports du
Québec sur cette matière.
D'autre part, l'amendement proposé à l'article 296 ne
prévoit aucune distinction sur la nature des services
présentement donnés par la CTCUM. Or, certaines catégories
de services donnés, comme les services de charte-partie, de location
d'autobus, les services touristiques ainsi que le service donné aux
aéroports, sont de nature commerciale et, à ce titre, doivent
continuellement s'ajuster aux impératifs de la concurrence en ce
domaine. Dans l'établissement des tarifs pour ces services particuliers
par comparaison aux services de transport en commun, la CTCUM devrait, à
notre point de vue, conserver toute la souplesse nécessaire pour
déterminer les tarifs de ces services.
En conséquence, nous recommandons que la CTCUM puisse, en tout
temps et de façon autonome, avoir le pouvoir d'établir les tarifs
applicables aux services de charte-partie, de location d'autobus, aux services
touristiques et au service aux aéroports.
Quant à l'article 117 du projet de loi, il est le dernier article
sur lequel nous faisons des représentations. Il s'agit de l'abrogation
de certains articles qui touchent les droits acquis de certains commissaires,
certains ex-présidents ou certaines épouses
d'ex-présidents à la CTCUM.
À l'article 117, l'amendement propose l'abrogation des articles
329 à 332 de la loi de la CUM. Considérant le fait qu'un certain
nombre de personnes ont déjà acquis des droits sous l'empire des
articles 329 et 330 de la loi de la CUM et que certaines d'entre elles sont
encore vivantes, nous croyons qu'il y aurait lieu de maintenir en vigueur ces
deux articles de la loi de la CUM. Abroger actuellement ces deux articles
serait certes l'équivalent d'enlever ces droits acquis depuis de
nombreuses années pour ces personnes.
Dans le mémoire, à la page 8, il y a une modification au
deuxième et au dernier paragraphes.
En conclusion, nous suggérons que l'article 117 puisse se lire
ainsi: Les articles 329 à 332 inclusivement et 336 de cette loi, de
même que l'article 16 du chapitre 87 des lois de 1975, sont
abrogés. Un deuxième alinéa à cet article se lirait
ainsi: Cependant ces abrogations n'ont pas pour effet d'invalider les actes
déjà posés et les droits acquis en conformité avec
les dispositions abrogées. Nous estimons que, de cette façon, les
pensions déjà acquises en faveur de la veuve de M. Lallier et la
veuve de M. Archambault seraient maintenues en vigueur. Il en est de même
des pensions prévues par l'article 330, c'est-à-dire celles
accordées par la Loi sur la Commission de transport de Montréal
aux commissaires Marcel Lafaille et Robert Hénault, ainsi qu'à
leur veuve, le cas échéant.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: Je vous remercie de votre mémoire. Il y
a un certain nombre de questions techniques qui pourront être
examinées par des fonctionnaires pour savoir s'il y a des amendements
qu'on peut apporter. Il me semble que, pour certains, cela pourrait être
possible.
J'aurais trois questions à vous poser en rapport avec votre
mémoire. Sur la confection du budget, je sais bien qu'il y a eu des
dispositions inscrites à la loi 46 qui peuvent être discutables;
je pense que nous sommes ici pour en discuter, justement. C'est vrai que nous
pourrions être ouverts à des amendements aux fins de faire entrer
en vigueur automatiquement des aspects du budget touchant des engagements
formels, comme le service de la dette, des contrats, des conventions
collectives à respecter, etc. Mais, pour autant, il me semble que ce que
vous nous dites pose quand même la question de la planification à
la CTCUM. Vous dites que cela prend trois mois à établir des
services, ou même cinq mois à établir des lignes de service
et que le budget est adopté automatiquement seulement le 15
décembre. Votre question se posait même maintenant;
déjà elle se posait. Alors, vous aviez déposé
peut-être votre budget au mois de septembre ou au mois d'août
à la CUM, mais en réalité beaucoup de ces budgets ont
été adoptés seulement le 15 décembre. En fait,
là-dessus, il me semble qu'il faut respecter le processus de l'adoption,
par voie démocratique, du budget. Je pense que cela le pose au complet,
à l'intérieur de la CTCUM, par rapport à la CUM. C'est une
question que je pose comme cela, vous pourrez y réagir tout à
l'heure.
Deuxième point. On m'a dit que les procès-verbaux de la
CTCUM n'étaient pas disponibles au conseil de la CUM ou à
l'exécutif de la CUM. J'aimerais que vous me répondiez
là-dessus. Oui, ou non, pourquoi? etc. Est-ce que vous seriez d'accord
éventuellement pour que la CTCUM dépose tous ses
procès-verbaux et éventuellement les rende publics, puisqu'il
s'agit d'un organisme public, d'un service public?
Troisièmement, le problème de la desserte. Vous dites que,
dans le cas où il y a des services qui sont donnés à
l'extérieur de l'île de Montréal - donc, la CTCUM n'a pas
juridiction sur ces territoires - c'est le conseil d'administration de la CTCUM
qui devrait prendre des décisions là-dessus sans consulter le
conseil de la CUM, dans la mesure où la CTCUM est un organisme ou une
corporation qui doit répondre, ou qui devrait répondre de ses
actes au conseil ou à l'exécutif de la CUM. Je me pose des
questions sur le bien-fondé de votre proposition.
M. Nadeau: Sur votre première question concernant le
problème que nous pose la fabrication des listes, si on met cela en
parallèle avec l'adoption du budget le 15 décembre, quelque chose
comme cela, il est toujours arrivé, par les années
passées, que la demande de services prévue pour les mois de
janvier, février, mars, est connue, est
préparée longuement à l'avance. Les effectifs
nécessaires pour combler la demande de services, tout cela est
établi vers les mois d'août et septembre. Évidemment, au
moment où c'est préparé - d'une année à
l'autre, la demande de services n'a pas diminué; avec les années,
elle est allée en augmentant - on tient pour acquis qu'on aura les
effectifs et qu'on aura les disponibilités financières pour
pouvoir donner les services. Le budget n'est pas encore approuvé ou
adopté, à ce moment-là, mais c'est fait en tenant pour
acquis qu'on aura les services. On n'a pas eu le choix de le faire. S'il avait
fallu attendre l'adoption du budget, je ne sais pas quelle sorte de services il
y aurait eu en janvier, février et mars.
M. Léonard: Si l'on acceptait que soient inscrits au
budget, de façon automatique, les engagements formels, est-ce que cela
pourrait répondre à vos besoins dans ce domaine?
M. Nadeau: Je n'ai pas compris votre question.
M. Léonard: Si on inscrit au budget le service de la
dette, si on inscrit les engagements, les postes qui sont comblés, etc.,
si ceux qui ont déjà fait l'objet d'une décision au niveau
d'un exécutif, on les reconduit, si on inscrit aussi les contrats
signés, tous les engagements signés, au fond, dans un budget de
façon automatique, est-ce que cela répond à vos besoins en
termes de budget? Si je comprends, ce que vous me dites, c'est que
déjà, vous mettez en vigueur un budget avant qu'il ne soit
adopté, parce que vous n'avez pas le choix, étant donné
qu'il y a des effets qui comptent à partir du 1er janvier et que le
budget est adopté seulement depuis le 15 décembre. Vous avez
besoin d'une période de trois à cinq mois pour planifier vos
activités; vous êtes donc forcément pris dans un engrenage
qui fait que vous fonctionnez sans budget ou que vous prenez des
décisions administratives sans avoir de budget.
M. Nadeau: Je disais tout à l'heure au ministre M. le
Président, qu'il fallait de trois à cinq mois pour fabriquer une
liste. Je vous ai dit qu'on en avait cinq par année; cela ne fait pas
cinq fois cinq. Il y a des listes qui sont faites de façon
concurrente.
M. Léonard: C'est intercalé.
M. Nadeau: D'accord. Je vous donne simplement à titre
indicatif - je comprends vos interrogations là-dessus - un
énoncé de ce que c'est exactement, de ce qu'est la
procédure de préparation d'une liste. Il y a les demandes de
services...
M. Léonard: Non. Ce n'est pas nécessaire d'aller
dans les détails. On peut comprendre ce qui se passe. En fait, il y a
quand même des décisions qui doivent être prises avant que
le budget soit effectivement adopté. C'est ce que cela veut dire.
M. Nadeau: Exactement.
M. Léonard: II faudrait donc faire des corrections sur ce
plan.
M. Nadeau: Si on incluait déjà dans le budget les
prévisions à l'égard des conventions collectives, à
l'égard de ce que vous avez mentionné tout à l'heure,
c'est certain que cela en couvrirait une partie, mais ce qui ne serait pas
couvert, c'est la demande de services et les besoins nécessaires pour
répondre à cette demande de services. Est-ce qu'elle va
être approuvée ou s'il va falloir organiser ces services avec les
effectifs de l'année précédente? C'est impossible à
réaliser si on ne l'a pas. On le tient pour acquis. C'est cela le
problème. Je disais tout à l'heure que, si cela survenait le 1er
septembre, il n'y aurait pas de problème, mais je sais bien que c'est
quasiment impossible que cela survienne le 1er septembre, l'adoption du budget;
si tel était le cas, on n'aurait pas ce problème. C'est une
question de temps, dans le fond. C'est juste une question de temps. (20 h
45)
M. Léonard: Mes deux autres questions, les
procès-verbaux, s'il vous plaît!
Le Président (M. Desbiens): Oui, excusez-moi.
M. Nadeau: Pour les procès-verbaux, je vous avoue que
c'est la première fois - je ne dis pas que cela n'est pas arrivé
- que j'entends parler de cela, c'est-à-dire que des
procès-verbaux ont été refusés. J'ignore totalement
cette question. Ce que je sais, c'est que les réunions de la commission
sont tenues à huis clos. Est-ce que la commission s'est
déjà fait poser la question que la communauté voulait
avoir les procès-verbaux de la commission? Je l'ignore totalement. Je ne
sais pas ce que la commission a décidé, si cela est
arrivé. Si ce n'est pas arrivé et si cela arrivait, qu'est-ce
qu'elle dirait? Ce que je sais là-dessus, c'est que les réunions
sont à huis clos, mais sur le fait que cela ait déjà
été refusé, je ne peux pas vous dire autre chose que ceci,
c'est la première fois que j'en entends parler.
M. Léonard: II n'y a pas de transmission de
procès-verbaux à l'exécutif de la CUM?
M. Nadeau: Actuellement?
M. Léonard: Oui. M. Nadeau: Non. M.
Léonard: Jamais? M. Nadeau: Non.
M. Léonard: Donc, il n'y a pas de relation entre les
deux.
M. Nadeau: Je ne veux pas être légaliste, mais il
n'y a aucune disposition dans la loi qui prévoit cet...
M. Léonard: Je ne sais pas quelle est la quote-part pour
la CTCUM; 90 000 000 $ à l'heure actuelle, et il n'y a aucun
procès-verbal qui est acheminé au conseil de la CUM?
M. Nadeau: Pas à ma connaissance. M. Léonard:
Je suppose que...
M. Nadeau: II n'y a rien dans la loi là-dessus. Je ne
pense pas que la CTCUM ou la commission ait manqué à quoi que ce
soit. Tout ce que je peux vous dire, c'est que ce n'est pas prévu dans
la loi. Votre dernière question?
M. Léonard: Voilà. Cela pose une question. La
dernière question est sur la fixation des tarifs au niveau de la
desserte. Je vous la pose à nouveau. Il me semble que la CTCUM
étant un organisme qui recoupe normalement le territoire des
municipalités de la CUM, c'est donc un organisme rattaché plus ou
moins directement, si vous voulez, à la CUM, mais qui est quand
même un organisme communautaire montréalais. Si elle rend des
services à l'extérieur, il reste quand même que, de par la
loi 46, comme la CTCUM relèverait du conseil de la CUM, normalement, il
me semble qu'il faudrait au moins que les élus de la CUM aient un mot
à dire dans !a fixation des tarifs. Je comprends que la CTCUM se
comporte comme une corporation absolument indépendante, mais il me
semble, compte tenu de ses origines et de sa nature, qu'elle pourrait passer
aussi au niveau du conseil de la CUM avant d'aller, si nécessaire,
à la Commission des transports du Québec. C'est une remarque que
je fais. Je m'étonne que vous nous proposiez, au contraire, de vous
sortir complètement de la CUM pour dire qu'en ce qui concerne la
desserte en dehors du territoire de la CUM, vous ne reconnaissez pas la
juridiction du conseil de la CUM.
M. Nadeau: Vous avez peut-être raison de soulever cette
question. En fait, on n'insiste pas plus qu'il ne faut sur cette
recommandation. Ce n'est pas tellement la recommandation qui est importante que
le problème possible qu'on a vu là, c'est-à-dire que les
tarifs qu'on fixe encore avec la loi actuelle soient fixés par la CUM
alors que les municipalités hors territoire ne sont pas
représentées. C'est le problème qu'on voulait porter
à votre connaissance là-dessus. La recommandation qui suit, c'est
un moyen parmi d'autres, mais on n'insiste pas là-dessus. C'est le
problème en lui-même qu'on voulait soulever.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Seulement deux questions, Me Nadeau. Vous avez
suggéré, à la page 5 de votre mémoire, que vous ne
soyez pas sujets aux articles 23 à 25. Je n'aurais pas d'objection, mais
quelle sorte de système de contrôle existe-t-il dans votre
organisme, maintenant, concernant ces dépenses? Tout de même, aux
articles 23 à 25, il y a un système de contrôle que je
trouve assez acceptable. Je ne connais pas les comptes de dépenses des
commissaires, mais tout de même j'aimerais savoir s'il y a un
système formel de contrôle qui existe.
M. Nadeau: Oui, c'est assez strict, dans le sens que,
jusqu'à un certain montant qui est minime - je n'ai pas le montant en
tête - c'est approuvé par le président et, pour ce qui
excède cela, c'est soumis à la commission, cela fait l'objet
d'une résolution de la commission.
M. Polak: Deuxième question, ma dernière. Je
comprends très bien qu'à la page 7 vous voulez une exemption dans
le cas de services particuliers, comme les services touristiques, les contrats
de charte-partie, etc., et que c'est difficile de courir à la commission
pour demander son approbation quand, entre-temps, le concurrent pourrait
l'avoir obtenue. L'idée de l'approbation, c'est justement d'avoir encore
un contrôle. Existe-t-il, par exemple, à la commission, une
politique écrite qui dit qu'il faut travailler avec un rendement
positif? Autrement, vous pourriez faire fonctionner n'importe quel service
touristique à perte, et c'est la population qui paie pour cela en grande
partie. Une politique existe-t-elle? Deuxièmement, les statistiques
démontrent-elles que, dans des contrats de telle nature,
exécutés par la commission, à ce jour,
généralement, on réalise des profits?
M. Nadeau: Pour les services, la charte-partie, la location
d'autobus, le service aéroportuaire, etc., on essaie de s'ajuster
continuellement au marché, à la concurrence; on essaie
d'être compétitif. Par exemple, la charte-partie et la
location
d'autobus, c'est sur la base du coût horaire. Or, quand ces
autobus sont loués, on n'est pas déficitaire là-dessus,
parce que le coût horaire est continuellement ajusté dans la
mesure du possible et, à ce jour, à ma connaissance, je pense que
cela a été respecté. C'est notre véritable
coût horaire et, à ma connaissance, il est concurrentiel. Or,
à partir du moment où on respecte notre coût horaire, on
n'est pas déficitaire.
Pour le reste, par exemple, le service aéroportuaire, c'est une
autre question. Il y a d'autres critères, d'autres
considérations, mais, dans l'ensemble, je puis vous dire que c'est quand
même minoritaire, c'est-à-dire que c'est marqinal dans les
services donnés par a CTCUM. On ne se fait pas un plaisir de maintenir
des services qui fonctionnent à perte. Il n'y a pas de difficulté
à ce point de vue.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: M. le Président, il y a des gens qui se sont
préoccupés, depuis le dépôt du projet de loi, du
fait que le gouvernement pourrait avoir adopté le budget de la CUM. Je
ne pense pas qu'un gouvernement se plairait à le faire; je pense que ce
serait une tache pour n'importe quel gouvernement. Dans le sens de vos
préoccupations en ce qui concerne le budget, deux choses me viennent
à l'esprit. Il m'ap-paraît que les autres organismes de la CUM
dont les budgets ne seraient pas adoptés seraient sensiblement dans la
même position que vous, c'est-à-dire que des budgets pas
adoptés, cela ne peut pas fonctionner, ce n'est pas suffisant. Ne
pensez-vous pas que, dans ce sens, le fait que les budgets ne soient pas
adoptés par les élus aurait pour effet de créer des
problèmes considérables aux différents organismes de la
CUM et serait un incident, un stimulant ou un outil pour forcer les élus
à prendre des décisions sur le budget et à faire des
concessions entre eux, ou des compromis, de façon que le budget soit
adopté et qu'ils n'aient pas à absorber l'odieux des
problèmes qui surviendraient?
M. Nadeau: Je pense que ça pourrait constituer un
incitatif pour que les élus adoptent le budget, s'ils savaient que
ça peut causer ces problèmes. Mais s'il n'est pas adopté,
le budget, c'est ça qui est tout le problème, et c'est ça
qu'on a cru de notre responsabilité de vous informer. S'il n'est pas
adopté, nous allons avoir, et je ne pense pas qu'on sera les seuls
à l'avoir, un problème considérable sur les bras.
Considérable! Qu'il soit adopté par les élus, on n'a rien
contre ça, absolument rien. Mais le moment où ça
surviendra, on n'est pas capable de fonctionner avec cela.
J'ai ici le travail que ça demande pour mettre sur pied les
assignations de travail, les distribuer, organiser, maintenir les
fréquences, etc. Si, le 1er janvier, on apprend que le budget n'est pas
adopté et qu'on a le quart du budget de l'année
précédente, ces listes ne seront plus bonnes. Comment va-t-on
réassigner les employés? Quels services va-t-on donner à
la population? C'est une impossibilité matérielle avant
d'être financière. Je ne sais pas ce que l'on ferait. On va avoir
tous les syndicats qui seront affectés par cette situation, la
Fraternité des chauffeurs d'autobus, le Syndicat des caissiers, qui fait
la distribution de tous les billets. On va avoir tout ce monde-là sur le
dos parce qu'on ne respectera pas les conventions collectives. Cela nous
mettrait dans l'obligation d'organiser le travail complètement en marge
des conventions collectives, alors que dans la convention collective de la
Fraternité des chauffeurs d'autobus, 80% des dispositions sont des
dispositions d'ordre technique sur la fabrication et la distribution du
travail. On ne peut pas respecter cette affaire-là si on apprend au mois
de janvier qu'il faut fonctionner avec le budget de l'année
précédente.
M. Tremblay: Si le budget n'était pas adopté
à temps - ce sont les mots que vous avez utilisés - vous avez
dit: On aura tout ce monde-là sur les bras, syndicats, créanciers
et tout. Est-ce que "on" ne serait pas les élus qui n'ont pas pris la
décision?
M. Nadeau: Bien sûr, eux aussi vont l'avoir. Mais si cela
arrive, le jour où ça va arriver qu'il va falloir organiser un
service de transport en commun, le 2 janvier, par exemple, alors que les
élus ne se seront pas entendus, peut-être que les élus vont
se faire blâmer. Mais la CTCUM, quels services va-t-elle donner à
la population? Quels services d'autobus? Pas celui qui a été
planifié, celui qui a fait l'objet des listes, celui sur lequel les
employés ont tous choisi leur assignation de travail. Lequel va-t-on
donner? Ils vont se faire blâmer, mais ça ne donnera pas plus de
services à la population.
Le Président (M. Desbiens): M. le
député...
M. Tremblay: Un petit commentaire. Je pense que c'est
évident que les élus doivent tenir compte de ces choses-là
face à leurs commettants.
Le Président (M. Desbiens): Le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, mes remarques ne
s'adresseront pas à M. Nadeau.
Je suis excessivement surpris que pour un organisme aussi important
à la CUM, la Communauté urbaine de Montréal, que la
Commission de transport, le président ne soit pas ici pour
répondre à nos questions, d'une part, et qu'également il
n'y ait aucun des commissaires qui représentent cette commission. Je ne
sais ce que M. Nadeau fait à la Commission de transport, ce n'est pas un
reproche, il répond très bien aux questions, mais j'aurais
aimé, en tant que parlementaire, comme tous les organismes qui sont au
sein de la communauté urbaine, qui ont transmis des mémoires...
Les dirigeants, en commençant par le maire de Montréal, en
commençant par le président de la CUM, en commençant par
le président de la conférence des maires des banlieues, sont ici.
Je regrette, M. le Président, je pense qu'il y aurait peut-être
lieu de demander au moins à trois personnes qui n'ont pas
été élues, ce sont des personnes qui ont été
nommées... Je pense qu'il y a une lacune à l'intérieur de
la Commission de transport. C'est un autre fait qui m'amène à
conclure davantage que les élus doivent contrôler cette commission
de transport, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Hull, il n'y a pas de question de privilège, mais si vous avez une
remarque... (21 heures)
M. Rocheleau: Oui, s'il vous plaît, M. le Président.
Nous avons avec nous, ce soir, le critique officiel du Parti libéral en
matière des transports, M. le député de Laporte. Je
voudrais demander l'assentiment de cette commission afin que le
député de Laporte remplace le député de Mont-Royal,
M. Ciaccia.
Le Président (M. Desbiens): Alors, il y a
consentement?
Consentement. M. le député de Laporte viendra
tantôt. M. le député de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Juste une question, M. Tremblay, je ne sais pas si
vous pouvez me répondre, je ne vous oblige pas à répondre.
Comment se fait-il qu'il n'y ait pas de commissaire? Le président a
peut-être une raison valable de ne pas être ici mais comment se
fait-il que sur deux commissaires qui sont à la commission, aucun d'eux
ne soit ici avec vous? Je pense que c'est important.
M. Nadeau: En fait, la seule réponse que je peux vous
donner là-dessus, je l'ai déjà mentionné au
début, c'est que la commission de transport n'avait pas l'intention de
faire d'intervention à caractère politique ou économique
comme telle. C'était uniquement des interventions de nature technique et
administrative. Par administrative, j'entends surtout les répercussions
sur la question de l'adoption du budget. Alors, c'est pour cette raison que M.
Hanigan m'a demandé de présenter ces articles.
Pour votre information, si vous le permettez, si vous vous posez des
questions sur la fonction que j'occupe, je m'en excuse, j'ai oublié de
le mentionner au début, je suis le chef de cabinet de M. Hanigan.
Le Président (M. Desbiens): Cela va. M. le
député de Groulx.
M. Fallu: Une seule question. À la page cinq de votre
mémoire, vous faites allusion à l'alourdissement éventuel
et à la complication tout à fait inutile par l'application
à la commission de l'article 93, c'est-à-dire une série
d'articles qui s'appliquent déjà au comité
exécutif, qui sont amendés à l'article 3 et qui
s'appliqueront au comité exécutif et, mutatis mutandis
maintenant, à la commission de transport.
Cela m'étonne grandement. Est-ce à dire, entre autres,
à partir de l'article 24 amendé ici, que la commission de
transport actuellement n'a aucune autorisation préalable des
dépenses de ses membres et n'a aucun règlement relatif à
l'établissement de tarifs quelconques de dépenses. Est-ce
à dire que chacun se comporte comme il l'entend et ensuite envoie la
facture? Je suis vraiment étonné de voir un tel réflexe.
J'aimerais au moins qu'on justifie la bonne gestion interne de la commission,
étant donné qu'on ne connaît pas trop ce qui se passe.
M. Nadeau: D'accord. Peut-être que je l'ai mal
expliqué tout à l'heure, mais aucune dépense n'est faite
par les commissaires si elle n'est pas autorisée au préalable. Ce
ne sont pas des dépenses qui sont faites avant et qui sont
approuvées une fois qu'elles sont faites, elles sont autorisées
auparavant.
M. Fallu: Pourquoi donc refuser que l'article 23 s'applique
mutadis mutandis.
M. Nadeau: Mais dans la procédure, je dis que ce n'est pas
une objection formelle à cette affaire. On dit que les amendements qui
sont proposés correspondent plus à la nature et au contexte de la
communauté urbaine, il y a plus de monde qu'on n'en a. Il y a trois
personnes à la commission de transport, on dit qu'il n'y a jamais eu de
difficulté là-dessus. Pourquoi la changer? Pourquoi compliquer
cette procédure alors que, jusqu'à un certain montant, qui est
minime, c'est le président qui les autorise à l'avance et
dès que ça dépasse cela, cela doit faire l'objet d'une
résolution de la commission. Alors, c'est simplement
l'historique qui nous fait dire qu'il n'y a jamais eu de problème
là-dessus, pourquoi chanqer? Mais, s'il devait se plier à
cela...
M. Fallu: Mais qui peut en juqer puisque les
procès-verbaux ne sont pas publics?
M. Nadeau: J'ai dit, tout à l'heure, que les
réunions de la commission sont à huis clos. Cela est
marqué textuellement dans la loi de la communauté urbaine. Que
les procès-verbaux soient cachés, écoutez, je ne le pense
pas. Il y a sept ans que je suis à la commission de transport et les
procès-verbaux se promènent dans tous les départements,
à tous les étaqes de la commission de transport. À la
question de tout à l'heure, est-ce qu'il est exact que la
communauté les ait déjà demandés et que cela ait
été refusé? Je vous dis que je l'ignore totalement. Cela
me surprend un peu mais je l'ignore.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, je remercie les membres de
la commission de m'avoir permis de prendre la parole. Je dois avouer que j'ai
été victime de ma grande générosité parce
que j'étais membre de la commission jusqu'à ce midi et j'avais
laissé mon droit de parole au député de Westmount, ne
pensant pas que je ne pourrais pas le récupérer ce soir. Alors,
je vous remercie beaucoup.
Je voudrais faire écho aux paroles de mon collègue, le
député de Jeanne-Mance, pour déplorer l'absence de M.
Hanigan et des commissaires. Je comprends difficilement la raison que vous
donnez, lorsque vous dites: On ne voulait pas répondre à des
questions de nature politique, mais seulement à des questions
techniques. J'ai toujours pensé que le président de la commission
de transport et les commissaires étaient des gens qui n'étaient
pas politiques et des gens qui étaient capables de répondre aux
questions techniques, justement. Je ne vois pas pourquoi cette raison les
justifie de nous priver de leur grande expertise dans ce domaine-là. De
toute façon, je n'en ferai pas un drame.
À la lecture de votre mémoire, il semble bien que
l'article 77 du projet de loi soit celui qui crée le plus gros
problème et cela amène sur la table la question de l'adoption
automatique des budgets dans les commissions de transport. Le ministre, tout
à l'heure, a fait état d'une certaine surprise; je pense que ce
sont les mots qu'il a employés à un moment donné. Il a dit
qu'avec la situation actuelle, de toute façon, vous n'avez pas les trois
à cinq mois nécessaires pour préparer votre "booking", vos
choix de travaux. Mais il faut savoir que, dans les commissions de transport,
les budgets automatiques, cela équivaut, en fait, à des budgets
qui sont décidés par les commissions de transport et, depuis
toujours, cela a été illusoire de penser que les
municipalités avaient un droit de réduire ces budgets-là.
La grande sérénité qui a toujours présidé
à la préparation des budgets des commissions de transport
était basée sur le fait qu'ils avaient la certitude absolue que
le 15 décembre de chaque année le budget devenait automatiquement
en vigueur et cela a toujours permis cette planification à long
terme.
Quand vous préparez un budget, je pense qu'il n'y a pas d'emprunt
pour les achats d'autobus à la commission de transport, je pense que
c'est payé comptant à même le budget de chaque
année. Est-ce que cela ne permet pas à la commission de
décider elle-même, sans que les élus puissent s'opposer,
qu'elle va donner un niveau de services plus important, qu'elle va faire des
acquisitions très importantes de matériel? Elle les met dans son
budget annuel, ce qui ne requiert pas d'emprunt, donc pas de règlement
d'emprunt, et, le 15 décembre, même si les élus ne sont pas
d'accord, vous avez un adoption automatique du budget, ce qui fait en sorte que
ce sont les commissaires eux-mêmes qui prennent toutes les
décisions et les élus ne peuvent absolument pas s'y opposer. Ce
n'est pas comme cela que cela se passe?
M. Nadeau: C'est sûr qu'il y a des conséquences
à l'adoption automatique du budget. Maintenant, dire que les
commissaires décident à leur gré d'acheter des autobus ou
pas... Il y a un parc au-dessus de 2000 autobus qu'il faut maintenir en bonne
condition, qui demandent d'être renouvelés. Je ne pense pas qu'il
y ait eu des problèmes dans le passé là-dessus et qu'il y
en ait actuellement. Je comprends que les élus puissent vouloir se
prononcer là-dessus et on n'est pas contre cela, on l'accepte. Je
voudrais que vous compreniez bien que le but de nos représentations sur
l'article 77 est uniquement causé par le fait qu'on serait pris pour
organiser un système de transport en commun le 1er janvier avec l'argent
de l'année précédente et qu'on ne peut pas le faire
matériellement dans le temps. C'est uniquement cela. On n'a rien contre
le fait que le budget soit approuvé par les élus. Le
problème, c'est le moment où les élus ont à se
prononcer dessus et, s'ils ne se prononcent pas dans la période qui est
donnée et que le budget n'est pas accepté, qu'on apprenne le 1er
janvier, le 1er mars ou le 1er des mois qui suivent que ce qui a
été préparé pour la journée du lendemain, on
n'est plus capable de le donner parce qu'on n'a plus les fonds pour le faire.
On estime de notre devoir de
vous mettre au courant que si c'est cela la situation, cela va nous
causer des problèmes d'administration. Que ce soit l'organisme qu'on
veut qui administre cette affaire, cela causerait exactement le même
problème, c'est là la difficulté. Je disais tout à
l'heure que, si on savait le 1er septembre qu'on va devoir fonctionner avec le
quart du budget de l'année précédente, ce ne serait pas
pareil. On pourrait s'organiser. On ne répondrait peut-être pas
à la demande de services qui avait été
préparée, mais on répondrait à une demande de
services en fonction des moyens financiers qui sont mis à notre
disposition. On serait capable, on aurait le temps, on aurait les effectifs, on
aurait les outils pour le faire. Dans ce cas, c'est juste une question de
temps, c'est la seule représentation qu'on a à faire. On pensait
qu'on devait vous informer du problème que cela posait. Pour le reste,
on n'a rien à dire là-dessus.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Laporte, avez-vous terminé?
M. Bourbeau: Non.
Le Président (M. Desbiens): Une autre question? En vous
demandant s'il vous plaît d'accélérer si possible.
M. Bourbeau: M. le Président, j'ai posé seulement
une question.
Le Président (M. Desbiens): D'accord. Allez-y.
M. Bourbeau: On a un mémoire sur le transport en commun ce
soir. Il me semble...
M. Léonard: Elle avait été posée
avant que vous arriviez. C'est cela le problème.
Le Président (M. Desbiens): Allez-y, allez-y.
M. Bourbeau: Actuellement - je ne sais pas si vous êtes la
personne qui devrait répondre à cette question - est-ce que les
élus, dans le système actuel, ont un moyen de contrôler le
niveau de service avec le budget ou s'ils n'en ont pas?
M. Nadeau: Légalement, au niveau des services, je suis
obligé de vous dire non, sauf par l'adoption du budget. Le budget, s'il
n'était pas adopté, le devient automatiquement. Strictement, sur
la demande de services et l'organisation pour répondre à ces
services, est-ce que cela va être plus ou moins? Légalement, non;
en vertu de la loi actuelle, non. Pas à ma connaissance, en tout
cas.
M. Bourbeau: Maintenant, le parc d'autobus dont vous parlez,
est-ce que tous ces autobus sont utilisés aux heures de pointe ou s'il y
en a une proportion importante qui n'est pas utilisée?
M. Nadeau: Non. Il y a tout près de 2000 autobus en
circulation aux heures de pointe de matin et du soir. Il y a, je pense, deux
à trois cents autobus, mais ce sont des réparations majeures.
C'est seulement un roulement. Nous sommes même serrés sur le
nombre d'autobus.
M. Bourbeau: Deux à trois cents autobus qui ne sont pas
utilisés aux heures de pointe.
M. Nadeau: Oui. Je vous donne un chiffre approximatif. À
ma connaissance, c'est cela. Pour les autobus, il y a un roulement d'entretien
à faire. Les autobus, qui sont en réparation ne sortent pas tous
du garage à l'heure de pointe du matin. Il en reste dans les garages. Il
y a les autobus défectueux qui ne peuvent pas être utilisés
parce qu'ils le sont depuis la veille ou quelque chose comme cela. Je pense que
l'ordre de grandeur est d'environ de deux à trois cents. Selon les
derniers chiffres dont j'ai été mis au courant, je pense que
c'était de cet ordre. Je sais que toute la flotte disponible aux heures
de pointe, la flotte en état de fonctionner, est utilisée.
M. Bourbeau: C'est-à-dire qu'il y a toujours de deux
à trois cents autobus qui ne sont pas utilisables aux heures de
pointe.
M. Nadeau: L'ordre de grandeur que je vous donne, je vous parle
de deux à trois cents. Mettons deux cents. On a dix divisions, cela fait
20 autobus par division sur un potentiel de A00.
Le Président (M. Desbiens): Je vous rappelle que nous
sommes à l'étude de la loi 46.
M. Bourbeau: M. le Président, si vous permettez, je vais
revenir à la loi 46.
Le Président (M. Desbiens): S'il vous plaît!
M. Bourbeau: J'ai encore des questions à poser. Vous avez
fait état tout à l'heure de la question des chartes-parties et de
la location d'autobus et vous demandez que le projet de loi soit modifié
un peu de façon que vous ayez les mains libres en ce qui concerne la
détermination des taux pour les chartes-parties et la location
d'autobus. C'est cela? Est-ce que cela ne pourrait pas donner lieu à une
certaine concurrence indue envers l'entreprise privée, en ce sens que
vous pourriez marcher à rabais à l'occasion ou
faire des remises importantes, à même les fonds publics, de
façon à utiliser ces autobus au maximum? Est-ce qu'il n'y a pas
un danger de laisser les mains absolument libres à la commission de
transport, sans soumettre les tarifs aux élus, dans ce domaine?
M. Nadeau: Que cela puisse représenter un danger... Je ne
vois pas pourquoi on ferait une concurrence indue à ce titre. Surtout
que je ne pense pas que la CTCUM soit en position de prétendre qu'on
fait des profits à l'heure actuelle. Je peux vous dire que cela n'a pas
été le cas, à ma connaissance. (21 h 15)
M. Bourbeau: Dans la mesure où vous ne fonctionnez pas
à profit - et Dieu sait que dans les commissions de transport, cela
fonctionne à perte d'une façon importante -pourquoi tenez-vous
tellement à faire de la charte-partie, puisque la charte-partie
fonctionne probablement à perte aussi? Étant donné que
tout le reste fonctionne à perte, est-ce que ce n'est pas
préférable de diminuer le parc d'autobus et de laisser
l'entreprise privée faire la charte-partie?
M. Nadeau: Non, j'ai fourni des explications tout à
l'heure sur les services de charte-partie. On fonctionne à notre
coût horaire, c'est ce que cela nous coûte...
M. Bourbeau: Est-ce que les frais généraux...
M. Nadeau: Oui, tout est entré là-dedans. C'est un
coût à l'heure de travail, un coût horaire. On ne fonctionne
pas à perte quand on loue des autobus.
M. Bourbeau: Dans votre mémoire, vous réclamez une
certaine liberté pour pouvoir vous ajuster aux taux du marché.
Donc, vous pouvez baisser d'une façon importante vos tarifs à
l'occasion.
M. Nadeau: Cela implique cela aussi.
M. Bourbeau: À ce moment, ne serait-il pas important de
garder...
M. Nadeau: Cela ne veut pas dire qu'on le ferait.
M. Bourbeau: ... un contrôle des élus pour
être certain que le prix le plus bas que vous facturez n'est pas en
deçà de vos coûts, de ce que les élus veulent payer
pour ces services, ou peuvent payer?
M. Nadeau: Peut-être, mais je ne pense pas que ce soit
à moi de répondre à cette question à savoir s'il
est souhaitable que les élus conservent le contrôle
là-dessus. Ce qu'on dit, nous autres, c'est qu'à cause des
impératifs et de la concurrence là-dedans, on aimerait avoir la
possibilité de s'ajuster rapidement quand il y a des modifications,
parce que ce n'est pas annoncé longtemps d'avance, quand il y a des
modifications. On aimerait avoir la possibilité de le faire rapidement.
Il doit y avoir approbation au conseil de la communauté urbaine
là-dessus. Il peut y avoir des délais, à notre point de
vue, qui peuvent être assez longs. Pendant ce temps, si on ne peut pas le
faire, on va perdre de l'argent. Ce n'est que pour cela.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Bourassa, en vous rappelant qu'il reste deux autres intervenants.
M. Laplante: Je serai très bref, M. le Président.
Je voudrais bien comprendre. Vous faites des procès-verbaux?
M. Nadeau: Oui.
M. Laplante: Est-ce que j'ai bien compris en disant qu'aucune
copie ne parvenait à la CUM?
M. Nadeau: À ma connaissance, c'est cela.
M. Laplante: Même avec 100 000 000 $ de participation?
M. Nadeau: J'ai répété la loi de la CUM
là-dessus, qui dit que les réunions de la commission comme telle
sont tenues à huis clos. Je suis en mesure de vous dire cela. Les
procès-verbaux, à l'intérieur de la commission, circulent,
un peu tout le monde en a. Maintenant, à l'extérieur de la
commission, je ne me rappelle pas; je vous parle d'il y a sept ans...
M. Laplante: Est-ce que vous considérez la CUM comme un
partenaire avec vous?
M. Nadeau: Oui. On m'a mentionné tout à l'heure que
des procès-verbaux avaient déjà été
demandés par la CUM et que cela avait été refusé.
Je vous ai dit que je ne le savais pas.
M. Laplante: C'est parce que vous me forcez presque,
actuellement, à présenter des excuses personnelles aux maires des
communautés urbaines que j'ai attaqués assez durement lors de la
grève du transport. Peut-être que si j'avais eu ces ajouts de
démocratie à l'intérieur de cette boîte, je n'aurais
pas fait une déclaration aussi cinglante. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Je m'explique mal le
fait que ni le président, ni les commissaires ne soient ici ce soir. Il
y avait des questions assez importantes à leur poser. Je regrette aussi
le fait que cela semble être une boîte à surprises, la
Commission de transport de la Communauté urbaine de Montréal,
dans le sens que nous sommes à étudier un projet de loi qui se
veut une restructuration des organismes de la Communauté urbaine de
Montréal. Le ministre mentionnait tantôt, entre autres, que si le
budget n'était pas adopté - M. Nadeau a mentionné que la
même chose s'applique dans les autres communautés urbaines ou
régionales - il était approuvé automatiquement le 1er
janvier de l'année suivante. Les élus n'ont pas eu à se
compromettre, n'ont pas eu à l'adopter. S'il n'est pas adopté,
automatiquement, il est approuvé. C'est une façon assez ridicule
de se laver les mains d'une responsabilité aussi importante. Je
considère que dans le projet de loi, s'il doit y avoir des élus
à la table de la CTCUM, ils devront prendre leurs responsabilités
et approuver leur budget afin de permettre aux municipalités membres de
la CUM d'approuver pour le 15 décembre leur propre budget, tenant compte
des sommes d'argent qu'ils devront prévoir pour le transport en commun.
Si on tient compte, M. le Président, comme le ministre le mentionnait
tantôt, qu'on pourrait permettre une espèce d'acceptation par
cadre ou par tranche, je ne voudrais pas que la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal s'administre comme le gouvernement
du Québec avec un ou deux budgets par année. Je
préférerais que les municipalités puissent tenir compte de
l'enveloppe budgétaire pour l'année qui commence le 1er janvier
et qui se termine le 31 décembre dans le but de prévoir ce
qu'elles auront besoin et de taxer en conséquence leurs commettants,
d'autant plus que c'est une des responsabilités qui devra être
élargie pour permettre aux élus de prendre réellement
leurs responsabilités. Il ne faudrait quand même pas permettre des
mesures échappatoires où les gens vont se laver les mains et
dire: Cette grosse boîte coûte cher, on ne vote pas le budget. La
même chose arrive à la Communauté régionale de
l'Outaouais et un peu partout; je pense que c'est trop facile.
M. le Président, nous allons sûrement faire certaines
recommandations à ce sujet. J'aurais souhaité que le
président, un ou des commissaires ait pu faire partie de cette
commission parlementaire, parce qu'on aurait eu sûrement des questions
importantes à poser.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Verdun.
M. Caron: M. Nadeau, à la lumière de ce qu'on
entend ce soir, je pense que le Parti libéral a eu raison, depuis deux
ans, de pousser ce gouvernement à déposer ce projet de loi,
même si c'était juste pour mettre de l'ordre à la
commission de transport. Je vois très mal, M. le ministre, un organisme
de cette taille, qui n'avance pas. Je vois même que rien ne fonctionne
dans les négociations. On est peut-être encore à la veille
de catastrophes comme celle qu'on a eue dernièrement. Je ne comprends
pas, M. le ministre, qu'on ne se soit pas aperçu de cela. Vous demandez
les minutes des assemblées. Je pense que cela doit être public
pour tous les contribuables de l'île de Montréal.
Vous savez, d'année en année, les maires et les
conseillers font un budget, envoient les comptes. Je vois qu'il y en a qui ont
le sourire, mais il n'y a pas de sourire à avoir là-dedans. J'ai
dit ce matin que cette commission devrait être transportée
à Montréal. On parle de démocratie; vous êtes un
gouvernement qui a parlé de démocratie et je suis certain que
vous ne me donnez pas gain de cause dans ma demande d'aller à
Montréal. On en a déjà la preuve, la municipalité
de Verdun ou une autre que je ne mentionnerai pas, quelle qu'elle soit, ne peut
même pas acheter un quart de clou sans faire une réquisition.
C'est vrai, je trouve déplorable d'entendre cela ce soir. Le
président n'y est pas; les commissaires n'y sont pas. Je me demande, M.
Nadeau, si vous avez un rapport de fonctionnement tous les mois, un surveillant
de budget. Je pense que c'est tout à fait normal que, comme maire d'une
municipalité qui paie des déficits et à qui cela fait mal
au coeur d'une fois à l'autre, quand il reçoit le compte, parce
qu'il paie au nom de petits contribuables qui en ont soupé, comme je le
disais tout à l'heure, il est tout à fait normal que je sache si,
dans votre fonctionnement, un rapport est fait tous les mois, si vous avez un
surveillant de budget. Je pense qu'on a l'occasion de le savoir comme
parlementaires et on doit le savoir.
M. Laplante: Une question de règlement
là-dessus.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Bourassa, sur une question de règlement.
M. Laplante: Je pense que la commission déborde un peu
l'esprit de ses travaux sur l'étude du projet de loi 46. Me Nadeau est
venu ici seulement, en somme, pour répondre aux questions suivant les
recommandations du projet de loi 46, l'article 117 et les autres. Je pense
qu'on va un peu loin actuellement en essayant de le mettre en boîte sous
l'administration
générale de la CTCUM.
M. Caran: M. le Président, si on ne le sait pas, quand
pourra-t-on le savoir? On a de la misère à poser des questions en
Chambre.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît:
M. Caron: On est limité à 45 minutes.
M. Laplante: On fera une commission itinérante et vous
l'accepterez cette fois-là.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre! À l'ordre! Nous sommes ici à
l'audition de mémoires sur l'étude du projet de loi no 46.
M. Bissonnet: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jeanne-Mance, sur une question de règlement.
M. Bissonnet: Je voudrais quand même que les propos de mon
collègue, le député de Bourassa... On ne veut pas du tout
mettre en boîte M. Nadeau, je l'ai dit dans ma première
intervention. On veut poser des questions sur la commission de transport...
M. Laplante: C'est drôlement gênant pour ce
témoin-là, par exemple.
M. Bissonnet: ... tout simplement.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, à
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bissonnet: Pas du tout, j'ai déploré le fait que
les...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre...
M. Bissonnet: ... commissaires responsables n'étaient pas
ici.
M. Laplante: Drôlement gênant.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Ce n'est pas la même chose.
M. Laplante: De la petite politique.
Le Président (M. Desbiens): Alors, M. le
député de Verdun, je vous rappelle que nous sommes à
l'audition de mémoires portant sur le projet de loi no 46 et non sur
l'administration de la CTCUM. Alors, si vous avez, s'il vous plaît, des
interventions sur le projet de loi no 46...
M. Caron: M. le Président, à un certain moment,
nous apporterons des amendements au projet de loi no 46, de ce
côté-ci, à la lumière de ce que M. Nadeau et
d'autres nous apporteront, durant les jours où l'on va entendre les
mémoires. On se basera là-dessus pour essayer d'avoir un meilleur
jugement et monter un projet de loi qui donnera satisfaction, dans les
années à venir, à la population, à un coût le
plus bas possible. De quelle façon c'est administré? Si on ne le
sait pas actuellement, quand le saura-t-on? Il y a douze ans que je suis ici,
c'est la première fois, M. le Président, qu'on a l'occasion de
discuter. Comme mon collègue de Jeanne-Mance l'a dit, on aurait
aimé avoir le président ou les commissaires. Je pense bien que
ça aurait été tout à fait normal qu'ils soient ici.
Est-ce que vous pourriez me dire, si c'est possible, si vous avez un rapport
d'opération?
M. Laplante: Vous n'êtes pas obligé de
répondre.
M. Caron: M. Nadeau, ce n'est pas directement à vous. Vous
représentez un organisme qui est subventionné, d'une part, par le
gouvernement et qui est subventionné par le petit contribuable, de
l'autre côté. Je pense bien que, si c'est possible, on doit savoir
ça. Si vous ne voulez pas me le dire, soyez bien à l'aise, mais
au moins j'aurai fait mon devoir en vous le demandant.
Le Président (M. Desbiens): Me Nadeau.
M. Nadeau: Écoutez, on reçoit des rapports
quotidiens sur les activités de transport en commun. On reçoit
des rapports hebdomadaires, mensuels. On a un trésorier, tout est bien
contrôlé. On a des vérificateurs externes. Je ne pense pas
qu'on soit attaquable, là-dessus. Si vous me permettez -c'est un petit
peu en continuation de votre intervention - ce qui a déterminé le
fait que M. Hanigan ou que les commissaires ne soient pas ici, dans le fond, ce
n'est pas compliqué, ç'a été la nature des
observations, des représentations que la commission de transport avait
l'intention de faire sur le projet de loi. Or, ce qu'on avait à dire
là-dessus est contenu dans le mémoire qu'on a
présenté. C'est pour ça qu'ils n'ont pas jugé bon,
peut-être à tort, à votre point de vue, mais qu'ils n'ont
pas jugé absolument nécessaire de venir, d'autant plus que M.
Hanigan avait autre chose à son agenda. Je présume qu'il serait
venu s'il y avait eu d'autres représentations que celles qui avaient
été là.
Maintenant, sur la question des procès-verbaux et de la demande
qui aurait été refusée, j'ai dit, tout à l'heure,
que c'est la
première fois que j'entendais parler de ça. Cela
m'étonne d'autant plus que, encore récemment, une demande a
été présentée par la Communauté urbaine de
Montréal en rapport avec une dépense qu'elle avait
autorisée à la commission de transport sur des études qui
avaient été confiées à des consultants
extérieurs sur une réforme administrative complète
à l'intérieur de la CTCUM. Tous les rapports des consultants,
tous les rapports de mise en oeuvre de cette réforme-là et
entreprise depuis bientôt un an ont été fournis à la
Communauté urbaine de Montréal et au comité
exécutif. Je dis ça parce que ça m'étonne un peu,
ça été fourni aisément, sans aucune espèce
d'opposition.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre, M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, on semble reprocher un peu
aux députés des deux côtés de s'attarder sur la
question de la CTCUM et sur le malaise que les questions des
députés décèlent. Il ne faut pas oublier, M. le
Président, que la CTCUM dépense, je pense, 45% ou 47% du budget
de la Communauté urbaine de Montréal. C'est très
important. On ne parle pas d'un petit service. On parle d'un service absolument
capital en termes de budget. (21 h 30)
On peut noter, chez les députés des deux
côtés, cette insatisfaction quant au contrôle des
dépenses par les élus. Je pense que c'est une constatation qui
ressort des questions qui, parfois, sont peut-être un peu à
côté du sujet, mais je pense que c'est quand même
très près du projet de loi parce que ce dernier va justement,
d'une certaine façon, réformer la CUM et, d'une façon
accessoire, la CTCUM. La constatation qu'on fait, cette frustration des
élus vis-à-vis d'une situation de non-contrôle des
dépenses publiques, elle existe non seulement à la CTCUM, mais
dans la majorité des commissions de transport au Québec. Je pense
que c'est une bonne façon d'en faire état ce soir.
Je pense que la question qu'il faut se poser, c'est: Le projet de loi
qui est devant nous présentement va-t-il permettre de corriger la
situation dont tout le monde fait état? Est-ce qu'à la suite de
l'adoption de la loi 46 - je pense que c'est très pertinent -on se
retrouvera dans une meilleure situation qu'auparavant en ce qui concerne le
contrôle des fonds publics par la CTCUM? Semble-t-il qu'il y aura une
certaine forme de contrôle sur le budget. C'est déjà
quelque chose quoique, s'il n'y a pas entente, c'est le ministre qui
décidera. Est-ce que le ministre va écouter plus les
fonctionnaires de la CTCUM ou les élus de la CUM? On n'a pas de garantie
absolue là-dessus.
Même si, en ce qui concerne le budget, on peut espérer
avoir un meilleur contrôle, est-ce qu'on peut espérer avoir un
meilleur contrôle sur les dépenses effectives de la CTCUM, sur la
façon générale dont la CTCUM sera gérée et
sur le niveau des services? C'est très important parce que ça
influe directement sur les coûts. Je pense que la question qu'il faut se
poser, c'est: Est-ce que le projet de loi no 46 va permettre aux élus de
mieux contrôler de semblables dépenses? Il ne faut pas oublier que
le projet de loi ne modifie pas le contrôle de la CTCUM. La commission de
transport ne sera pas, à l'avenir, pas plus que maintenant, d'ailleurs,
sous le contrôle de la CUM. Il n'y a pas de changement à ce point
de vue, sauf pour le budget.
Je pense que ça vaudrait peut-être la peine, à la
suite de toutes les représentations qui ont été faites des
deux côtés, de se demander si on ne devrait pas aller un peu plus
loin. Je ne dis pas nécessairement que c'est la position que
l'Opposition va adopter, mais je pense que ça vaut la peine de se
demander si ce qu'on fait pour la police, dans le projet de loi, on ne devrait
pas également le faire pour le transport en commun puisque ces deux
services accaparent 85% du budget de la CUM. Je pense que c'est la question
qu'il faut se poser.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre, en
concluant.
M. Léonard: Je remercie les participants, M. Nadeau, en
particulier. L'essence des modifications que nous apportons à la loi
à l'heure actuelle, c'est dans le sens du contrôle des élus
sur les activités de la CUM. Il ne s'agit pas simplement du budget, M.
le député. Si je regarde différents articles qui sont
apportés là-dedans, il semble que ça va dans le sens
d'amendements qui ont été demandés, en particulier, par le
président de l'exécutif de la CUM. Je comprends que tout n'est
pas dans la loi, tout ce qui avait été demandé n'a pas
été accordé, je le comprends bien, mais, en fait, il y a
des modifications importantes.
Par exemple, on a fait ressortir le point que les procès-verbaux
ne parvenaient pas à l'exécutif de la CUM, alors que la CUM y met
plusieurs dizaines de millions de dollars par année. Il semble que ce
sont une chose qui mérite d'être corrigée, et c'est ce qui
est corrigé à l'article 97. Vous pourrez passer le message
à M. Hanigan là-dessus. De la même façon, tous les
règlements de la CTCUM devront être approuvés par le
conseil de la communauté. Les tarifs devront également être
approuvés par le conseil de la communauté, tout comme le budget
de la CTCUM devra être approuvé par le conseil de la
communauté. Je pense que ça va dans
le sens d'une meilleure "responsabilisation" des élus. À
mon avis, c'étaient des changements qu'il était important
d'apporter dans ce projet de loi no 46. Je vous remercie beaucoup.
Conseil de l'industrie laitière du
Québec
et Conseil de l'alimentation
du Québec
Le Président (M. Desbiens): II nous reste à vous
remercier. J'invite les représentants du Conseil de l'industrie
laitière du Québec Inc., le mémoire 16, à
s'avancer, s'il vous plaît.
Je profite une fois de plus de ces quelques secondes pour inviter les
membres de la commission de même que les groupes qui ont à
présenter des mémoires, sans rien enlever à ce qu'ils
considèrent comme essentiel, d'y aller d'un effort de concision dans les
questions et dans les réponses. Il nous reste quatre mémoires
à entendre et le mandat de la commission, reçu de
l'Assemblée nationale, se termine à 22 heures. Il faudra un
consentement pour aller plus loin.
M. Caron: M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Verdun.
M. Caron: Nous allons donner notre consentement pour
dépasser 22 heures, à cause du fait que ces gens se sont
déplacés de loin pour venir à Québec.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que je comprends que
c'est un consentement pour aller jusqu'à la fin de la liste?
M. Caron: Jusqu'à minuit, j'espère qu'alors tout
sera terminé.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Sur ce point, je suis bien prêt à le
faire pour aujourd'hui, mais je voudrais qu'on s'organise immédiatement,
avant que les gens se rendent demain et jeudi, pour s'assurer qu'on aura le
temps d'entendre ceux qu'on convoquera, quitte à en reporter à
mardi prochain.
M. Caron: ... alors, c'est à vous autres à
planifier votre travail en conséquence.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! Il y a donc consentement pour poursuivre ce soir l'étude
des quatre mémoires qu'il nous reste à l'ordre du jour.
M. Claude Lambert est le représentant; si vous voulez
présenter les personnes qui vous accompagnent et procéder, s'il
vous plaît.
M. Lambert (Claude): Avec moi, j'ai M. Bernard Turcot, qui est le
président du Conseil de l'alimentation du Québec. Nous avons
regretté que notre président au Conseil de l'industrie
laitière n'ait pu se rendre à cause d'un voyage d'affaires.
Je pense, M. le Président, que la meilleure façon de vous
remercier et de collaborer avec la commission, c'est justement de vous donner
les points principaux de notre mémoire et d'essayer de garder notre
présentation vivante à ce moment-ci de la soirée.
J'aimerais cependant qu'on prenne note que l'appui que nous avons reçu
d'autres groupes et associations à notre mémoire était
naturellement sur le mémoire écrit qu'ils ont vu et non pas sur
les commentaires que je donnerai pour la meilleure compréhension de la
commission.
Le Conseil de l'industrie laitière est une association
professionnelle et nous représentons des entreprises qui sont des
entreprises privées, par opposition aux entreprises coopératives
impliquées dans l'industrie laitière. Nos membres manufacturent
la plupart des produits laitiers que vous retrouvez au niveau de la
consommation.
Une de nos tâches, en tant qu'association, c'est de
protéger l'intérêt de nos membres, d'essayer de les
informer de ce qui se passe et naturellement, lorsqu'il y a lieu, de
refléter leur opinion auprès des gouvernements et des organismes
publics, soit dans le monde agricole ou, en général, lorsque les
politiques ou les décisions ont un impact sur l'industrie.
Pourquoi nous sommes-nous intéressés au projet de loi no
46? C'est parce qu'un certain nombre d'entreprises laitières sont sur le
territoire de la Communauté urbaine de Montréal ou sont en
périphérie et dans sa zone d'influence économique. Ces
entreprises ne font pas affaires uniquement sur le territoire de la
communauté urbaine, mais transigent dans d'autres municipalités
au Québec, soit à Trois-Rivières, soit à Hull.
Enfin, aujourd'hui, en 1982, les entreprises ont des réseaux de
distribution qui couvrent l'ensemble de la province, sinon du pays.
Il est normal, à ce moment-là, que les gens
s'intéressent aux mandats qui sont donnés aux
municipalités et, je pense, à plus forte raison, lorsqu'on parle
du mandat de la Communauté urbaine de Montréal. Lorsque je dis
à plus forte raison, c'est à cause justement de son impact
économique et c'est aussi, je crois, la communauté urbaine qui
peut servir d'exemple au Québec. Lorsque je dis d'exemple, je parle ici
des solutions types qui pourraient être apportées aux
problèmes dont nous voulons vous souligner l'existence ce soir.
Lorsque nous avons regardé le projet de loi no 46, je pense que
je peux dire sans
exagérer que nous avons été déçus de
noter le silence du projet de loi sur l'inspection des aliments. Nous avons
été déçus parce que c'est un domaine où,
pendant les dix dernières années, les entreprises ont
essayé de donner un message ou de faire comprendre à
différents niveaux de gouvernement les problèmes qu'on avait dans
ce domaine. Il nous semblait - nous voulons le souligner ici à la
commission - que ce projet de loi était l'occasion rêvée
pour apporter une amorce de solution.
Sans faire une histoire plus longue qu'il ne faut, quelle est la nature
de cette situation? Nous avons, au Québec, différents niveaux de
décision dans le domaine du contrôle de l'inspection des aliments.
Ces paliers de gouvernement touchent, en général, l'ensemble de
ce domaine, c'est-à-dire qu'on contrôle aussi bien au niveau de la
production à la ferme, de la production à l'usine qu'au niveau du
commerce de distribution au détail. On s'attache, en première
importance, à l'hygiène alimentaire, mais on va toucher aussi
d'autres domaines, comme les normes de composition, l'étiquetage, la
loyauté des ventes, la salubrité des lieux, etc.
Ce n'est pas le seul niveau d'intervention de nos entreprises dans le
domaine de l'inspection des aliments. Il y a aussi, si l'entreprise transige au
point de vue national, un palier de décision à ce niveau et, si
on fait des transactions au niveau international, il y a d'autres exigences
à satisfaire.
Nous en faisons dans notre mémoire un survol rapide qui n'est pas
exhaustif, mais nous mentionnons rapidement qu'au niveau fédéral
vous avez les ministères de l'Agriculture, de la Santé nationale,
de la Consommation et des Corporations. Au niveau du Québec, nous avons
les ministères de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, de l'Habitation et de la Protection du consommateur, les
services de l'assainissement de l'air et de l'inspection des aliments au niveau
de la communauté urbaine.
On vous souligne qu'il y a beaucoup d'intervenants à ce niveau et
que, quelquefois, cela ne semble pas logique pour l'industriel de voir qu'il y
a un chassé-croisé des représentants du gouvernement ou
des gouvernements. Il semble qu'il y ait un dédoublement assez important
dans l'hygiène alimentaire et l'inspection des aliments, que les gens se
succèdent pour faire les mêmes tâches. Que ce soit pour
prélever des produits pour les analyser, que ce soit pour des
vérifications internes de la mécanique de l'usine, il y a une
succession de représentants gouvernementaux et, naturellement, la
première réaction qu'on a, c'est: Est-ce que c'est efficace?
Est-ce que c'est une gestion des ressources raisonnable?
C'est la première chose qui peut nous frapper.
Ensuite, il y a des impacts à plus long terme. Lorsqu'on parle de
normaliser les aliments, si on a des paliers de décision qui ont les
pleins pouvoirs de normaliser les aliments, est-ce qu'on n'en arrive pas avec
des problèmes, avec des vues différentes, des normes et des
directives différentes qui sont données à l'industriel,
honnêtement faites, selon les préoccupations et le meilleur
jugement des gens qui font ce travail? Ici, on ne met pas en cause leur bonne
foi, sauf qu'au point de vue pratique, avec l'évolution de l'industrie -
aujourd'hui, on recoupe plusieurs de ces juridictions - cela n'est plus
pratique. (21 h 45)
On veut vous faire réaliser aujourd'hui que la position qui vous
est présentée n'est pas une position de blâme. En fait, ce
n'est pas parce qu'on pense qu'au niveau de la communauté urbaine il y a
eu des injustices de faites aux industriels ou que la communauté urbaine
a mal exercé son mandat, ce n'est pas du tout dans cette
optique-là que nous vous présentons notre mémoire. Nous
présentons le mémoire dans l'optique que l'évolution
d'aujourd'hui a rendu nécessaire une revue et un
réaménagement de cette juridiction.
J'aimerais vous donner un exemple qui peut vous faire comprendre. Dans
notre secteur, le secteur laitier, autrefois l'on retrouvait facilement dans
une petite ville la laiterie qui était approvisionnée par les
producteurs qui l'entouraient et qui desservait la clientèle, la
population de la ville. Je pense que le mandat de protéger la population
pouvait très bien s'exercer. Aujourd'hui, ce sont de plus en plus des
cas d'exception et une laiterie située à Montréal peut
très bien approvisionner le marché de Québec, de la
Gaspésie, du Nord québécois aussi bien que le
marché de l'Outaouais. Je dis qu'elle peut aussi bien, si elle n'a pas
à faire face, comme ce fut la situation, un temps, à des
difficultés au niveau de l'entrée sur le marché à
cause des réglementations. Je vous dis que cela a existé: on ne
pouvait pas vendre sur le territoire de la ville de Montréal, à
l'époque de la communauté urbaine d'aujourd'hui, du lait qui
avait été produit dans une usine du territoire de Québec
et approuvé par les autorités de la ville de Québec.
L'inverse était aussi vrai.
Je ne veux pas m'étendre trop trop, M. le Président. Je
veux tout simplement vous dire que ce que l'on vous mentionne aujourd'hui a
été porté à l'attention du gouvernement en 1978
lors du sommet sur l'agro-alimentaire et, dans notre mémoire... Je pense
que c'est toujours dangereux de prendre des quotations dans un mémoire,
mais celles-ci mettent en valeur, de toute façon, la nature du
problème et le ton des
solutions envisagées. On disait que toute cette
réglementation avait eu un impact sérieux sur la
productivité des entreprises et on allait jusqu'à recommander des
mesures assez draconiennes en 1978, soit d'éliminer certains services au
niveau des municipalités du Québec.
Je vous mentionnais tout à l'heure - et je terminerai d'ici
quelques minutes - la déception des entreprises parce qu'encore tout
récemment à Montréal, au mois de décembre 1981,
lors d'un colloque sur la qualité des aliments, l'assurance
qualité, on nous laissait sous-entendre que finalement, d'ici peu, on
aurait une réponse. À notre sens, on ne peut pas plaider
l'ignorance dans ce dossier-là. Cela fait longtemps et les gouvernements
se sont engagés à y apporter une solution. Il semble que le
climat économique actuel rende même le besoin un peu plus pressant
que dans les années antérieures. Les déficits
budgétaires des corps publics sont bien connus. Pour l'industriel, c'est
certainement là une possibilité de gain.
Nous vous demandons comment il se fait que cet aspect-là ne se
reflète pas dans votre projet de loi. Est-il possible de vous informer
auprès des responsables pour savoir s'il n'y a pas possibilité de
l'incorporer? Nous avons quand même suivi certaines démarches qui
ont été faites pendant l'année écoulée. Un
comité a été créé au niveau du gouvernement
du Québec et de la CUM pour faire face à ce problème et
nous croyons que le dossier devrait être assez avancé.
M. le Président, je vous remercie. Je ne sais pas si M. Turcot a
des commentaires à faire au nom du Conseil de l'alimentation?
M. Turcot (Bernard): D'abord, le Conseil de l'alimentation, pour
votre information, est une fédération des principales
associations qui oeuvrent dans le domaine de l'alimentation et nous
représentons tous les secteurs: le Conseil des viandes du Canada,
division du Québec, le Conseil de l'industrie laitière, les
grossistes en fruits et légumes, les épiciers en gros, les
détaillants, les chaînes; enfin, nous représentons tous les
secteurs. Naturellement, nous appuyons le mémoire qui est
présenté par le Conseil de l'industrie laitière. Nous
n'avons pas cru que c'était nécessaire d'en présenter un
pour dire exactement la même chose. En d'autres termes, nous avons
souvent rapporté au gouvernement lors, des mini-sommets et colloques qui
ont été tenus dans le domaine de l'alimentation, qu'il y a
beaucoup de confusion dans le domaine de l'inspection. On nous a garanti
qu'éventuellement le gouvernement allait mettre de l'ordre dans
ça. C'est pour ça que nous sommes ici, aujourd'hui, pour vous
demander de prendre en considération ces demandes du domaine de
l'alimentation, en particulier parce que nous sommes certainement les plus
réglementés, pour nous aider à nous comprendre dans
ça et à éviter des duplications, qui sont d'ailleurs des
dépenses additionnelles qui sont faites par le domaine de
l'administration publique et qui, dans bien des cas, pourraient être
évitées.
Le Président (M. Desbiens): Pour les besoins du journal
des Débats, je rappelle ici que le secrétaire des commissions
parlementaires a reçu un télégramme du Conseil
d'alimentation du Québec, du Conseil des viandes du Canada, section du
Québec, de l'Association des détaillants en alimentation du
Québec et de l'Association des restaurateurs du Québec, un
télégramme d'appui au mémoire qu'on vient de
présenter. M. le ministre.
M. Léonard: Je remercie les représentants du
Conseil de l'industrie laitière du Québec. Je sais que c'est un
sujet qui, paraît-il, a été mis à l'ordre du jour
depuis un certain temps, comme vous l'avez rappelé, en 1978. Je dois
vous dire, au tout départ, qu'il n'y a pas d'objection à ce qu'on
inscrive dans la loi des articles qui faciliteraient le contrôle sur
l'alimentation. Entre-temps, nous avons maintenu le statu quo parce qu'on n'est
pas arrivé à préciser exactement quelle donnée ou
quel article, qui était forcément un peu technique, pourrait
satisfaire tout le monde. Je pense qu'il n'y a aucune objection à le
faire. Je sais, pour en avoir parlé avec mon collègue, M. Garon,
qu'il y a eu aussi une l'encontre ce matin entre le président
exécutif de la CUM et le ministre Garon qui s'en sont parlé.
Quant à nous, si tous les fils étaient attachés
avant qu'on arrive en deuxième lecture, à l'étude article
par article, nous n'aurions pas objection à ce qu'on l'insère
dans le projet de loi. Je sais qu'il y a certains principes aussi qu'il faudra
respecter, en termes de respect d'autonomie municipale, dans le dossier. Je
comprends, cependant, que cela ne devrait pas normalement venir en conflit
aussi direct que ça avec une rationalisation du processus de
contrôle. Moi, tout ce que je peux faire, au moment où on se
parle, c'est de conseiller à tout le monde de s'asseoir sur la question
et de rédiger vite les deux, trois ou quatre articles qu'il faut. On va
les inscrire dans le projet de loi et ce sera réglé. Je souhaite
que ça se fasse le plus vite possible, et mon ministère va y
collaborer du mieux possible.
M. Turcot: On va relever nos manches.
M. Léonard: C'est le moment de le faire.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Hull, est-ce que vous avez des
remarques là-dessus? M. le député de Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Je tiens à
remercier M. Lambert et M. Turcot. Nous apprécions grandement leur
mémoire et souscrivons d'emblée à leurs propos. Je suis
heureux que le ministre des Affaires municipales accepte d'inclure dans le
projet de loi, dans les prochains jours les dispositions nécessaires
afin justement d'éviter le chevauchement qui se fait et de clarifier une
situation qui existe depuis déjà trop longtemps. Nous vous
remercions et nous allons sûrement collaborer avec le ministre des
Affaires municipales, comme d'habitude, afin de bonifier davantage la loi qui
devra tenir compte de l'ensemble des préoccupations que vous avez.
M. Lambert: ... au niveau des entreprises et aussi au niveau de
la communauté urbaine. Je pense que c'est l'occasion rêvée
et que tout le monde l'admet. Je vous remercie.
Le Président (M. Desbiens): Nous vous remercions de votre
participation aux travaux de la commission. J'invite maintenant le Syndicat des
fonctionnaires municipaux de Montréal à se présenter
à la table, s'il vous plaît:
Syndicat des fonctionnaires municipaux de
Montréal
Avant de demander à M. Racicot de présenter les personnes
qui l'accompagnent, je donne la parole au député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le président, je voudrais, au nom du
gouvernement et de l'Opposition, vous souhaiter la plus cordiale bienvenue
à cette commission parlementaire et surtout vous dire de vous sentir
très à l'aise. Je souligne, évidemment, que j'ai
été directeur de votre syndicat pendant plusieurs
années.
Une voix: Dans le temps que ça allait mal?
M. Léonard: Vous voyez qu'il a mal tourné.
M. Bissonnet: M. le président et toute votre
délégation, nous écoutons vos propos de la façon la
plus précise possible. Merci.
M. Racicot (Gilles): Je vous remercie, M. Bissonnet. À ma
droite, Claude Gervais, conseiller syndical, Gaston Leclerc qui est conseiller
technique au syndicat des fonctionnaires, Me Denis Desjardins,
représentant du Syndicat canadien de la fonction publique attitré
au syndicat des fonctionnaires, Claude Hétu, également
représentant du Syndicat canadien de la fonction publique attitré
au Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal. Je vais
tâcher, dans la mesure du possible, de faire un résumé
compte tenu de l'heure "tardue".
Une voix: Tardive.
M. Racicot: Oui, l'heure tardive plutôt que "tardue".
Voilà une preuve que c'est tard, évidemment. J'espère que
cela va rester quand même assez cohérent. Je vais tenter de
toucher l'essence de notre mémoire.
Je pense qu'il est important, dans un premier temps, de situer le
Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal. C'est un syndicat
à trois accréditations. Nous représentons 1500
employés cols blancs de la Communauté urbaine de Montréal.
Nous représentons également 4500 employés cols blancs de
la ville de Montréal, ainsi que les employés de l'AMARC.
Dans un premier temps, je veux aussi indiquer que nous sommes heureux
que finalement le gouvernement apporte des modifications à la Loi de la
Communauté urbaine de Montréal ou, du moins, traduise son
intention d'en apporter par le projet de loi no 46. On va essayer de le
regarder succinctement, parce que je pense qu'un syndicat, au-delà de la
défense de ses membres, de plus en plus on reconnaît que c'est un
organisme qui, socialement, doit s'impliquer. Quand on vit dans une ville comme
Montréal et dans un territoire comme celui de la Communauté
urbaine de Montréal, on ne peut pas être étranger aux
décisions politiques qui sont prises sur un territoire aussi important
que celui de la Communauté urbaine de Montréal dans la province
de Québec.
Dans un premier temps, je veux indiquer que nous sommes d'accord avec
les modifications, même si on peut les qualifier de ne certainement pas
être les plus importantes dans le projet de loi no 46, au niveau du
conseil de la Communauté urbaine de Montréal. Je pense bien que
nous voulons bonifier le projet de loi tout au long des modifications qui vont
porter sur le conseil.
Enfin, nous ne pouvons que souscrire à la position
préconisée au projet de loi quant au pouvoir du conseil de
modifier les budgets de la police et celui du transport en commun. Cette mesure
a en effet le mérite évident de redonner aux élus
siégeant au conseil de la communauté le contrôle essentiel
qu'ils doivent avoir et auraient dû toujours avoir sur ces budgets qui
représentent 80% du budget global de la communauté.
Le comité exécutif. Quant au comité
exécutif, nous appuyons également la
proposition gouvernementale élaborée dans le projet de
loi. Ainsi, la proposition d'une représentation paritaire entre la ville
de Montréal et les villes de banlieue nous apparaît de nature
à assurer une plus grande démocratisation de la structure du
comité exécutif. En outre, l'idée de l'exercice d'un droit
de veto soit de la ville de Montréal ou des banlieues pouvant aboutir,
en cas de blocage, à un débat public au conseil permettra aux
citoyens d'avoir accès aux informations pertinentes en regard des
dossiers controversés qui y seront acheminés. Enfin, la
parité de la représentation au comité exécutif sera
de nature à susciter un nouvel intérêt de la part des
membres élus de la communauté urbaine siégeant au conseil
à l'égard de cette structure gu'est le comité
exécutif où, jusqu'à maintenant, les dés
étaient pipés d'avance par l'hégémonie gu'y
exerçait la ville de Montréal.
Les commissions permanentes. Malgré que les commissions
permanentes prévues par le projet de loi no 46 ne soient pas en soi des
structures décisionnelles, nous avons jugé bon d'en traiter dans
le cadre du présent chapitre puisque, sans être en soi
décisionnelles, ces commissions n'en demeurent pas moins, tant de par
leur composition que par leur pouvoir, imbriquées dans le processus de
prise de décision du conseil ou du comité exécutif de la
communauté.
En regard de ces commissions permanentes, nous ne pouvons que souscrire
à leur création. Cependant, l'analyse, les solutions et les
recommandations des commissions permanentes qui seront transmises au
comité exécutif ou au conseil doivent, pour avoir un sens,
procéder d'une large participation que les citoyens ou groupes auront
l'occasion d'exercer devant ces commissions. (22 heures)
Or, à ce sujet, nous ne pouvons que déplorer l'absence
d'une volonté réelle exprimée au projet de loi no 46
relativement à l'exercice de cette participation. En effet, outre
l'article 82j, qui établit le caractère public des séances
des commissions permanentes, rien dans le projet de loi ne garantit le principe
de la participation active des citoyens aux analyses, études et
débats de ces commissions. À cet effet, nous ne croyons pas que,
par l'article 83 de la loi tel que modifié par le projet de loi no 46,
qui établit le pouvoir du conseil à adopter un règlement
relatif à sa régie interne, l'objectif de participation puisse
être atteint.
En effet, les expériences passées, particulièrement
celles prévalant lors des séances du conseil de la ville de
Montréal, nous incitent à être très sceptiques
vis-à-vis de la faculté des élus municipaux à
encourager la participation des citoyens et à en prévoir les
mécanismes. À ce sujet, sans reprendre in extenso le
règlement 5509 de la ville de Montréal, règlement sur les
guestions posées aux membres du conseil, nous ne citerons que le
deuxième paragraphe de l'article 10 qui illustre bien la portée
générale du règlement en guestion: "Le président du
comité exécutif ou un conseiller peut toujours refuser de
répondre a une question sans donner de raison et son refus ne peut
être discuté d'aucune façon." Je pense qu'on pourrait
ajouter qu'il ne suffit pas d'écrire des livres et des mémoires
sur la théorie et sur la philosophie de la démocratie, encore
faut-il l'exercer quelque peu pour en démontrer notre volonté
ferme de le faire.
Devant une telle situation, nous pensons donc que la Loi de la
Communauté urbaine de Montréal doit contenir une disposition
législative claire assurant aux citoyens non seulement le droit
d'assister aux séances de la commission, mais aussi de poser toute
question pertinente à un de ses membres et obtenir une
réponse.
À cette fin, nous proposons que la disposition suivante
apparaisse dans la Loi de la Communauté urbaine de Montréal,
entre les articles 82j et 82k introduits par le projet de loi no 46: "Toute
personne présente à une séance de la commission peut poser
à l'un de ses membres toute question pertinente et a droit d'obtenir une
réponse à sa question ou, à tout le moins, les motifs du
refus de répondre."
Nous concluons donc que, d'une façon générale, nous
sommes en accord avec les propositions gouvernementales contenues dans le
projet de loi no 46. Cependant, par-delà les structures mises en place
par le législateur et les intentions desquelles elles procèdent,
la réforme souhaitée ne se réalisera, dans les faits,
qu'à la condition que les élus de toutes les villes de la
communauté parviennent à élargir leur vision individuelle
au-delà des frontières de leur localité respective. Les
élus municipaux de l'île de Montréal devront
démontrer, à tout le moins, une plus grande maturité et
une perception plus responsable que par le passé de leur appartenance
non plus strictement limitée à une ville, mais à une
grande agglomération urbaine.
Notre organisme souscrit entièrement à la création
d'une fonction de directeur général à la
communauté. À ce sujet, nous avons signalé à
maintes reprises par le passé les problèmes sérieux qui
résultaient de l'absence d'une personne en autorité à la
communauté avec laquelle nous aurions pu réellement
négocier pour discuter des différents problèmes de
relations du travail et d'application de conventions collectives dans les
différents services de la communauté.
À cet égard, les pouvoirs d'autorité au directeur
général sur les directeurs de
service nous apparaissent de nature à faire de ce directeur
général un interlocuteur patronal valable pour le syndicat tout
en favorisant une meilleure coordination des politiques de gestion du personnel
et d'application de la convention collective dans les différents
services de la communauté.
En outre, nous sommes particulièrement en accord avec la nouvelle
rédaction de cedit paragraphe où l'autorité
octroyée au directeur général sur les directeurs de
service est prévue de plein droit, alors que dans l'ancien texte il
était prévu que le secrétaire général
exerçait sur les chefs de service l'autorité que lui
délègue le comité exécutif de la CUM,
délégation qui, dans les faits, n'a jamais eu lieu. Dans ce
contexte, tout ce qui reste a espérer est que le futur directeur
général exerce pleinement son autorité sur les directeurs
de service, et ce particulièrement en matière de relations du
travail et d'application de la convention collective.
Cependant, tout le mérite décrit
précédemment résultant de la création d'un
directeur général de la CUM sera totalement annihilé s'il
est maintenu au projet de loi no 46 un statut particulier pour le service de
police de la communauté et son directeur. En effet, en vertu de
l'article 231a. de la Loi de la Communauté urbaine de Montréal,
tel qu'introduit par l'article 71 du projet de loi no 46, le directeur du
service de police de la communauté n'est pas sous l'autorité du
directeur général, mais relève directement du
président du comité exécutif. En outre, le même
article de la loi prévoit même, dans son deuxième
paragraphe, que le directeur du service de police assume les devoirs et exerce
les pouvoirs qui sont dévolus au directeur général.
Si les dispositions législatives sont adoptées telles que
proposées, il y aura deux directeurs généraux à la
communauté urbaine, un au service de police et un autre pour les autres
services. Or, l'expérience que nous avons vécue dans une telle
situation nous amène à complètement la rejeter.
L'administration et la gestion de la Communauté urbaine de
Montréal, et particulièrement celles relatives aux ressources
humaines doivent passer par une seule direction générale ayant
pleine autorité sur tous les directeurs de services.
Nous recommandons donc à cette fin que l'article 231a de la Loi
de la Communauté urbaine de Montréal, tel qu'introduit par
l'article 71 du projet de loi no 46, soit retiré de manière que
la gestion et l'administration de toute la Communauté urbaine de
Montréal ne relèvent que d'un seul directeur
général avec pleins pouvoirs d'autorité sur tous les
directeurs de services.
En plus de soustraire à l'autorité du directeur
général de la CUM le service de police et son directeur, et
même d'octroyer à ce dernier un statut équivalent au
directeur général, le projet de loi no 46, par diverses
dispositions, octroie au service de police et à son directeur un statut
particulier au sein de la communauté. En ce sens, le syndicat a
déjà déposé un mémoire au juge Coderre, en
1972, un mémoire à la Commission de police qui siégeait
sur le rapport Daigneault, un mémoire que nous avons transmis
également au ministre de la Justice, M. Bédard, faisant
état d'une situation particulière qui était faite aux
employés civils du service de police, un autre mémoire que nous
avons remis, l'année passée, à M. Des Marais dans le cadre
de la consultation préalable au projet de loi no 46.
Or, dans tous ces mémoires et particulièrement dans les
deux derniers, nous avons clairement identifié au service de police de
la communauté des situations inacceptables qui nous ont amenés
à formuler des recommandations précises en vue de faire modifier
la Loi de la Communauté urbaine de Montréal. Malheureusement,
nous n'avons pu retrouver dans le projet de loi no 46 quelque trace que ce soit
des recommandations que nous avons formulées.
Face à une telle situation, nous nous permettons donc de nouveau
d'exposer, dans un premier temps, la situation des fonctionnaires civils au
sein du service de police de la Communauté urbaine de Montréal,
pour ensuite proposer, dans un deuxième temps, les modifications qui
s'imposent à la Loi de la Communauté urbaine de
Montréal.
Quant à l'exposition de la situation des fonctionnaires civils,
c'est assez long dans le mémoire, je vais tenter de la résumer,
si vous me le permettez. Dans un premier temps, je pense qu'il y a un cadre
juridique et un cadre administratif dans lequel il est absolument impossible de
fonctionner, malheureusement; l'expérience nous l'a
démontré. Par exemple, je peux vous faire état d'une
situation où, à un moment donné, le conseil de
sécurité, au moment où il avait tous les pouvoirs au
niveau de l'administration, avait besoin de personnel pour agir et se plaignait
de la lenteur administrative de la Communauté urbaine de Montréal
qui devait, à l'époque, lui fournir ce personnel. Or, pour ce
faire, elle employait des contractuels, qui n'étaient pas des
syndiqués, qui n'étaient pas des salariés selon le conseil
de sécurité. Lorsque le syndicat, compte tenu des droits qui nous
sont dévolus par le Code du travail, a demandé d'avoir le contenu
descriptif de ces emplois de façon que nous puissions faire les
revendications nécessaires au ministère, la Communauté
urbaine de Montréal nous a dit que le conseil de sécurité
ne voulait pas collaborer et qu'elle n'était pas au courant de ce qui se
passait.
Après qu'on eut changé l'ancienne
structure administrative et juridique pour passer à la loi 57, ce
qu'on a fait, finalement, ce fut de transférer les pouvoirs
qu'exerçait le conseil de sécurité en matière
d'embauche et de gestion du personnel directement au directeur du service de
police pour se retrouver encore dans le même imbroglio juridique et
administratif où, comme le président Des Marais le soulignait ce
matin, on a deux structures parallèles. Dans un premier temps, une
structure où il y a un service du personnel, un service de la paie, un
service des achats de la Communauté urbaine de Montréal et,
parallèlement a ça, on retrouve encore un service du personnel
pour le service de police, un service de la paie pour le service de police et
un service des achats pour le service de police.
Quand on parle des années de compressions budgétaires
comme celles où nous sommes présentement, il est à tout le
moins surprenant de voir que, dans le projet de loi, on ait gardé ces
structures et qu'on n'ait pas vu à les modifier.
Outre le cadre juridique, la gestion du personnel, telle
qu'exercée à l'égard des fonctionnaires civils du service
de police de la communauté par les administrateurs responsables de cette
gestion, n'a sûrement pas contribué, non plus, à
améliorer la situation de ces fonctionnaires, ni à en
rationaliser l'utilisation. En effet, nonobstant les nombreuses
dénonciations du syndicat et même les ordonnances rendues par la
Commission de police du Québec à la suite du rapport Daigneault,
les gestionnaires en place ont laissé pourrir le problème de
l'empiétement sans cesse croissant et sans cesse coûteux par des
policiers sur des tâches civiles du service, ainsi que celui de la
démotivation sans cesse croissante qui en résultait pour les cols
blancs.
C'est devant cette situation et celle prévalant d'une
façon générale au service de police de la
Communauté urbaine de Montréal que le législateur
promulgua et sanctionna, le 12 août 1977, le projet de loi no 57, Loi sur
le conseil de sécurité publique et le service de police de la
Communauté urbaine de Montréal.
J'ai fait un résumé tantôt et on va passer
immédiatement à la partie de ce projet de loi qui était
traitée dans la loi 57 et qui n'est pas modifiée par le projet de
loi no 46. Il s'agit, notamment, de l'article 229 de la Loi de la
Communauté urbaine de Montréal introduit par le projet de loi no
57 qui stipule ce qui suit: 229b. Le directeur est chargé de l'embauche
et de la gestion du personnel du service.
Quant au Conseil de sécurité publique, il n'a, en
matière d'embauche et de gestion du personnel du service de police, que
le pouvoir de déterminer le nombre d'employés au service de
police et d'approuver les normes d'embauche fixées par le directeur. En
fait, si on fait un résumé de la façon de procéder
présentement à la communauté et particulièrement
à ce service de police, c'est que le directeur fixe les normes et
embauche. Il demande au Conseil de sécurité publique et ce
dernier approuve ces normes. Elles sont ensuite soumises à la
Communauté urbaine de Montréal qui les ratifie et qui paie. Il y
a certainement, au niveau administratif, d'autres solutions à apporter
que celle-là, nous en sommes convaincus.
Enfin, même si l'article 29 de la Loi de la Communauté
urbaine de Montréal, qui octroyait, sauf prescription contraire de la
présente loi, au comité exécutif de la CUM des pouvoirs de
nomination et de fixation des conditions de travail, ne fut pas abrogé
ou modifié par le projet de loi no 57, le législateur, en
octroyant au directeur du service de police des pouvoirs exclusifs en cette
matière à l'égard de tout son personnel, policiers et
fonctionnaires, a rendu l'article 29 inopérant pour les fonctionnaires
civils du service de police de la CUM. Ainsi, même si la
Communauté urbaine de Montréal continue d'être
juridiquement l'employeur des fonctionnaires civils du service de police,
celle-ci ne peut plus exercer, par l'intermédiaire de son comité
exécutif, les pouvoirs normaux de gérance que sont les pouvoirs
de nomination des fonctionnaires et de fixation de leur traitement, et autres
conditions de travail. Ces pouvoirs de gérance sont exercés en
vertu du projet de loi no 57 par le directeur du service de police qui n'a
aucun compte à rendre à ce sujet à l'employeur, soit la
Communauté urbaine de Montréal.
Le partage des responsabilités découlant du projet de loi
no 57 tel que décrit précédemment n'a sûrement pas
été de nature à rationaliser la gestion du personnel civil
du service de police. En effet, ce partage, comme nous le verrons
immédiatement, a eu des conséquences directes quant à
l'administration de la convention collective à l'égard des
fonctionnaires du service de police et quant au coût de la gestion de ses
fonctionnaires.
Le nouveau partage des responsabilités résultant du projet
de loi no 57 en matière de relations du travail pour les fonctionnaires
civils a engendré une situation pour le moins inusitée. En effet,
comme nous venons de le voir, la Communauté urbaine de Montréal
continue d'être juridiquement l'employeur de ses fonctionnaires, mais ne
peut plus exercer, par l'intermédiaire de son comité
exécutif, les pouvoirs normaux de gérance qui devraient
normalement lui revenir quant à ce personnel. Ces pouvoirs normaux de
gérance de l'employeur, soit ceux d'embauche et de gestion du personnel,
sont exercés en vertu de l'article 229 de la Loi de la Communauté
urbaine de Montréal. Je pense que j'ai
passablement parlé tantôt des conséquences des
coûts administratifs de tout ce redoublement de services qui sont
donnés par la communauté. On va passer, si vous me le permettez,
au chapitre des modifications proposées à la Loi de la
Communauté urbaine de Montréal.
Compte tenu de la situation actuelle, telle que décrite
précédemment, des fonctionnaires civils du service de police de
la communauté, particulièrement celle résultant du cadre
juridique dans lequel ont été appelés à
évoluer ces travailleurs ainsi que de ses conséquences, tant au
niveau de l'administration de la convention collective qu'à celui des
redoublements autant inutiles que coûteux qu'il a engendrés dans
la section de ce personnel, nous ne pouvons être en accord avec les
propositions gouvernementales contenues dans le projet de loi no 46 qui
continuent de perpétuer un statut particulier pour ce service de
police.
À ce sujet, même s'il est vrai que, de par l'article 231a
de la Loi de la Communauté urbaine de Montréal, tel qu'introduit
par le projet de loi no 46, le directeur du service de police revient de
l'autorité du président du comité exécutif de la
CUM, il n'en demeure pas moins que ce directeur se voit doté de pouvoirs
exorbitants en matière d'embauche et de gestion qui ne sont même
pas prévus en cette matière pour le directeur
général à l'égard des autres services de la
Communauté urbaine de Montréal.
En effet, le projet de loi no 46 ne modifie ni n'abroge l'article 229 de
la loi actuelle qui voit expressément, au paragraphe b, que le directeur
du service de police est chargé de l'embauche et de la gestion du
personnel du service. Dès lors, tout en relevant directement du
président du comité exécutif, le directeur du service de
police conserverait, en matière d'embauche et de gestion du personnel,
des pouvoirs exclusifs compte tenu que le premier paragraphe de l'article 29 de
la Loi de la Communauté urbaine de Montréal, qui n'est pas non
plus modifié par le projet de loi no 46, attribue en cette
matière des pouvoirs au comité exécutif, sauf prescription
contraire de la présente. Ainsi, nous aboutissons à une situation
tout à fait contradictoire où le directeur du service de police,
qui relèverait de l'autorité du président du comité
exécutif, exercerait des pouvoirs exclusifs en matière d'embauche
et de gestion du personnel que le comité exécutif lui-même
n'a pas.
Face à un tel cadre juridique, tel qu'il apparaîtrait si
les propositions gouvernementales étaient maintenues, telles qu'elles
apparaissent au projet de loi no 46, nous alléguons que
l'autorité du président du comité exécutif à
laquelle serait soumis le directeur du service de police serait en
matière d'embauche et de gestion du personnel pour le moins très
théorique. En outre, ce cadre juridique ne ferait que perpétuer
les problèmes sérieux que nous avons décrits
précédemment dans l'administration de la convention collective
des fonctionnaires civils du service de la police de la communauté,
où l'employeur de ces derniers, soit la Communauté urbaine de
Montréal, n'a pas de contrôle sur la gestion de ce personnel
exercé en vertu des pouvoirs exclusifs par le directeur du service de
police de la communauté. Enfin, ce cadre juridique, pour le moins
contradictoire et ambigu, ne sera sûrement pas de nature à
éviter les duplications, autant inutiles que coûteuses, comme nous
l'avons déjà dit. (22 h 15)
Je vous fais grâce de l'ensemble des concordances à la
suite de l'hypothèse que nous suggérions par la suite aux autres
articles qui s'imposaient, compte tenu de notre position.
En conclusion, en regard de ce deuxième chapitre concernant la
gestion et l'administration de la CUM, nous appuyons donc fermement
l'idée de la création d'une fonction de directeur
général de la CUM. Toutefois, nous sommes convaincus, pour les
motifs exprimés précédemment, que les intentions
gouvernementales de saine gestion qui sous-tendaient la création d'un
tel poste ne seront jamais atteintes s'il est maintenu, comme il est
proposé au projet de loi no 46, un statut particulier à
l'égard du directeur du service de police qui, en fait, serait un
deuxième directeur général.
En effet, comme nous vous l'avons démontré, le cadre
juridique tel que proposé par le projet de loi no 46 ne fera que
perpétuer des situations inacceptables, des tiraillements et des
duplications autant inutiles que coûteuses à l'égard de la
gestion du service de police de la CUM. Dans cette perspective, il nous
apparaît donc essentiel que soient maintenues nos recommandations quant
à l'abolition de certains pouvoirs particuliers du directeur du service
de police, si nous voulons un jour arriver à une saine gestion de ce
service de police.
Le régime de retraite des employés de la CUM. Dans le
présent chapitre, nous traiterons du problème particulier de la
transférabilité et de la reconnaissance, pour les fins du
régime de retraite de la CUM, des années passées par les
employés civils auprès des municipalités de son
territoire. Ce problème, que ne résoud pas le projet de loi no
46, crée pourtant, comme nous le verrons, une situation injuste et tout
à fait inacceptable pour certains fonctionnaires ou retraités de
la Communauté urbaine de Montréal ou pour les ayants droit de ces
fonctionnaires ou retraités. Pour une meilleure compréhension
possible de cette situation et de ses conséquences, nous examinerons
donc, dans une première partie,
la situation actuelle en regard des possibilités de transfert des
années passées au régime de retraite de la CUM, eu
égard au cadre juridique existant et à l'application qui en est
faite, pour, ensuite, dans une deuxième partie, voir les
conséquences pratiques d'une telle situation. Enfin, nous examinerons,
dans une dernière partie, les solutions législatives qui
s'imposent.
En créant la Loi de la Communauté urbaine de
Montréal, le législateur avait prévu des dispositions
transitoires relatives à l'intégration des employés
affectés par un tel transfert. Ainsi, la loi prévoyait, dans son
article 354, que les fonctionnaires ou employés intégrés
à la CUM ne devaient pas recevoir de leur nouvel employeur des
traitements inférieurs ainsi que des bénéfices sociaux de
valeur moindre aux traitements et bénéfices sociaux qu'ils
recevaient dans leur municipalité d'origine. D'autre part, cependant, le
même article précisait que la CUM ne pouvait assumer aucun
déficit actuariel ou obligation qui en résulte encourue par une
municipalité en rapport à un régime de rentes, une caisse
de retraite ou un fonds de retraite avant l'entrée en vigueur d'un tel
plan.
Par ailleurs, par l'article 358 de la Loi de la Communauté
urbaine de Montréal, le législateur avait prévu, en son
deuxième paragraphe, que la communauté pouvait conclure des
ententes de transférabilité avec différents organismes
gouvernementaux ou publics, dont les municipalités visées par
l'intégration, afin d'assurer le paiement des bénéfices
sociaux prévus initialement ou tous autres bénéfices
sociaux.
L'application du cadre juridique. Malgré que la loi
prévoyait que la communauté pouvait conclure des ententes de
transférabilité, à ce jour, soit dix ans après la
création de la CUM, seulement quatre ententes de
transférabilité ont été signées entre la
communauté et une municipalité de son territoire à
l'égard du personnel intégré à la CUM. Ces ententes
concernent la CUM et les villes de Beaconsfield, Montréal,
Montréal-Nord et Sainte-Anne-de-Bellevue. Dans le cas de
Montréal, l'entente ne vise que les fonctionnaires cols blancs; la
situation des cols bleus n'étant pas encore finalisée. En ce qui
concerne les trois autres municipalités susmentionnées, bien que
des ententes aient été signées, la situation n'est pas
très claire et les employés concernés ne sont pas plus
avancés qu'avant.
L'absence d'entente de transférabilité entre la CUM et la
majorité des municipalités de son territoire à
l'égard du personnel intégré à la CUM est une
source de problèmes sérieux et d'injustices, autant pour les
fonctionnaires actifs de la CUM que pour les retraités et leurs ayants
droit.
À l'égard du fonctionnaire actif de la CUM, l'absence
d'entente de transférabilité entre la CUM et ces
municipalités d'origine empêche ces derniers de pouvoir racheter
les années de service passées auprès de ces
municipalités d'origine.
En effet, en vertu de l'article 6,06 du règlement 56 de la
Communauté urbaine de Montréal "concernant la caisse de retraite
pour les fonctionnaires de la Communauté urbaine de Montréal,
leur veuve et leurs enfants", le fonctionnaire qui, immédiatement avant
son entrée à la CUM, était à l'emploi de
différents organismes gouvernementaux ou publics dont les
municipalités du territoire de la CUM peut racheter les années de
service de cet ancien employeur sous certaines conditions. Or, une de ces
conditions prévues au deuxième paragraphe de cet article 6,06 est
que le fonctionnaire s'oblige envers la Caisse de retraite de la CUM pour un
montant déterminé et calculé en tenant compte des
différences entre le régime de retraite de la CUM et celui de son
employeur d'origine, des ententes intervenues entre la CUM et cet employeur et
d'autres facteurs.
En un mot, ce qui est arrivé, lorsqu'on a créé la
Loi de la Communauté urbaine de Montréal, c'est qu'on a voulu, on
a donné ce droit, mais c'est un droit, un avantage dont n'a pu profiter
l'ensemble des fonctionnaires qui viennent des municipalités de
banlieue. Puisque, dans la pratique, il n'y a eu aucune entente entre les
parties après dix ans, cela veut dire que le fonctionnaire qui aurait
voulu racheter l'écart des avantages que lui accordait le régime
original dans sa municipalité de départ par rapport au
régime actuel de la Communauté urbaine de Montréal, depuis
dix ans, il n'a pas pu payer. On convient que cet argent doit être
réparti au cours des années de travail de ce fonctionnaire, comme
malheureusement on le voit dans les pages suivantes, on en a deux exemples
typiques.
Dans un premier temps, une dame a dû faire quelques voyages ici de
Toronto puisqu'elle avait décidé d'aller vivre avec ses enfants
à Toronto lors de sa retraite. Elle a dû revenir ici rencontrer
les autorités de la Communauté urbaine de Montréal et les
gestionnaires de la caisse de retraite pour tenter de discuter des
modalités qu'on pourrait appliquer, compte tenu qu'il n'y avait pas eu
d'entente entre les municipalités. Il y a aussi cet autre employé
de Dorval qui avait été mis à la retraite pour raison
d'invalidité et qui, finalement, est mort avant de connaître le
résultat d'une entente entre Dorval et la Communauté urbaine de
Montréal, la portion de retraite à laquelle il aurait eu
droit.
Si on prend un exemple tout à fait concret, le cas de
Beaconsfield, où il y a eu une entente, je cite un employé, entre
autres, parce que je pense bien qu'entre les avantages prévus dans le
régime de
Beaconsfield comparativement à ceux de la communauté vous
allez pouvoir constater, au niveau de l'étude actuarielle, qu'il y a une
nette distinction. Ce fonctionnaire serait appelé à verser 59 000
$ pour racheter quinze ans de régime de retraite. Il est bien
évident que si on conclut une entente un an avant sa retraite, on ne
pourra pas payer ces 59 000 $. Si on conclut cette entente 10, 15 ou 20 ans
avant de prendre sa retraite, peut-être qu'on pourra échelonner un
tel montant sur une telle période.
Évidemment, ce qu'on doit garder à l'esprit, c'est que ces
fonctionnaires qui travaillaient dans des municipalités d'origine n'ont
pas demandé d'être transférés à la
Communauté urbaine de Montréal. C'est par loi qu'ils y sont
arrivés. La conclusion de ça, le résumé qu'on peut
en faire, c'est de dire que si, après dix ans, il n'y a pas pu y avoir
d'entente entre les deux parties, il est peut-être temps que les
législateurs obligent les parties à s'entendre.
Le Président (M. Desbiens): Avant de poursuivre, j'aurais
un message d'un commanditaire en l'occurrence, le leader du gouvernement qui
rappelle aux membres de la commission que l'Assemblée nationale reprend
ses travaux demain matin, à 10 heures, par un vote. M. le ministre.
M. Léonard: Je remercie le Syndicat des fonctionnaires
municipaux de Montréal de l'excellent mémoire qu'il vient de
déposer, expliquer et, dans certains cas, résumer. Je pense qu'il
est particulièrement articulé. Il touche aussi des points
importants. Je note, au passage, qu'en ce qui vous concerne vous êtes
d'accord avec la proposition du gouvernement quant à la composition de
l'exécutif ainsi qu'avec les commissions du conseil et le fonctionnement
du conseil de la Communauté urbaine de Montréal. Je voudrais vous
poser une question. Vous avez proposé qu'il y ait une période de
questions aux commissions. Je vois bien. Maintenant, est-ce que vous seriez
d'accord pour qu'il y ait une période de questions au conseil
lui-même?
M. Racicot: À plus forte raison, compte tenu des
dispositions qu'on voit maintenant où, de plus en plus, on veut
permettre aux citoyens d'interroger les administrateurs et de s'attendre
à avoir des réponses. Je pense bien que la réponse se
trouve un petit peu dans votre mémoire, quand on dit qu'on devrait
modifier et y inclure une norme obligatoire de façon que les gens soient
en droit de poser une question, qu'ils soient en droit de s'attendre à
une réponse ou, à tout le moins, à un motif de
non-réponse. Je pense qu'il faut être assez logique pour
comprendre que, dans certaines situations, certaines questions n'ont pas leur
place à l'intérieur d'un conseil syndical. Je peux vous donner un
exemple. Si on était en période de négociations avec
l'employeur, je ne voudrais pas obliger l'employeur à répondre
à une question d'un citoyen qui lui demanderait: Vous avez prévu
combien dans la masse salariale pour vos cols blancs? C'est un exemple que
j'apporte. Il y aurait une foule d'autres raisons en autant, au moins, qu'on
puisse expliquer les motifs du refus de répondre à une telle
question.
M. Léonard: D'accord. Je reviens au poste de directeur
général et de directeur du Service de la police. Vous avez
explicité longuement qu'il y avait des dédoublements et nous en
sommes conscients. En fait, nous voulions les résorber, les
éliminer, mais il se trouve, paraît-il, que, dans la
rédaction même du projet de loi, cela ne s'est pas fait exactement
par la rédaction effectivement de certains articles. Je pense bien qu'il
faut arriver à avoir les mêmes services de paie, de personnel,
d'achat, etc., au niveau de la Communauté urbaine de Montréal
pour ces différents services. Cela m'apparatt illogique, effectivement,
qu'il y ait ce redoublement.
Dans le cas du service de la police, compte tenu qu'on règle
cette question, il y aurait, paraît-il, des opérations ou des cas
où les opérations policières exigent un traitement
différent, spécial. À ce titre, cela peut remettre en
cause la juridiction sur la police elle-même ou sur le directeur de la
police? Je suis d'accord avec vous qu'il faut éliminer des doubles
services. Je suis moins sûr que le directeur de la police doive relever
du directeur général, compte tenu qu'on a l'unification des
services. Il pourrait aussi relever du comité exécutif par le
président de l'exécutif. Dans ce contexte où il y a
unification de services, accepteriez-vous ou seriez-vous d'accord que le
directeur du service de la police relève de l'exécutif par le
président de l'exécutif? Est-ce que cela satisferait en grande
partie vos objections?
M. Racicot: Absolument, M. le ministre. Je pense bien que, dans
mon exposé, je n'ai pas été suffisamment clair, mais les
responsabilités du directeur du service de police que l'on revendique
comme devant être les responsabilités au niveau du directeur
général, on a toujours voulu parler, évidemment, de
responsabilités administratives. Les responsabilités
opérationnelles comme telles, je pense bien que, dans ce
cadre-là, le projet de loi l'a déjà prévu et je
pense qu'il y aurait des possibilités de prévoir des
mécanismes où, opérationnellement parlant, le directeur de
la police relèvera de qui il doit relever, mais qu'administrativement,
il relève des autres services.
M. Léonard: Mais vous admettez que la distinction n'est
peut-être pas aussi facile qu'on pourrait le dire en pratique. Au fond,
entre une opération policière, ses aspects administratifs et ses
aspects strictement policiers, il peut y avoir des marges, des zones grises
qu'il serait bien difficile de trancher. En fait, toute l'ambiguïté
vient de là, je pense. Je crois que tout le monde est d'accord avec
l'unification des services, mais, quand on arrive sur le terrain, cela peut
être plus compliqué. Je voulais souligner cela. Je suis d'accord
avec vous quand vous énoncez cela en principe, mais disons qu'en
pratique, je voudrais y toucher plus concrètement. Cependant, je suis
tout à fait d'accord sur l'unification des services administratifs.
M. Racicot: Je peux vous dire, M. le ministre, si vous me le
permettez, que j'admets moi aussi qu'il y a des zones grises même sur le
plan administratif, à quel moment cela cesse d'être administratif
pour devenir opérationnel ou vice versa, mais de l'extrême qu'on
connaît maintenant, je suis convaincu qu'on peut trouver un moyen terme
quelque part.
M. Léonard: Une dernière question que je voudrais
vous poser, c'est sur le point que vous soulevez quant à la retraite des
employés intégrés. Je pense bien que le point fondamental,
c'est le coût. Y a-t-il eu une évaluation qui a été
faite? Combien, la valeur actuarielle? Est-ce que cela a été
fait? Est-ce que cela a été établi?
M. Racicot: Chaque entente... Je ne pourrais pas vous donner les
montants de chacune. Oui?
M. Léonard: II y a combien d'employés qui ont
été transférés de cette façon au moment de
l'intégration?
M. Racicot: À l'origine, il y avait 105 employés
touchés...
M. Léonard: 105 employés?
M. Racicot: ... venant des municipalités de banlieue comme
telles. Je le disais tantôt, on est conscient que, dans la loi
présentement, il y a un texte - 354 ou 358, je ne me souviens pas - qui
dit que la communauté ne peut pas contracter de dettes à
l'égard des services passés des municipalités, sauf qu'il
y a déjà des exceptions qui sont faites et il y a des ententes
qui ont été signées qui font en sorte que la
Communauté urbaine de Montréal verse présentement des
sommes d'argent à l'égard de services passés dans d'autres
municipalités. Si c'était valable pour 700 employés de la
ville de Montréal dont je suis - remarquez bien que je suis bien
placé pour en parler - je pense que c'est d'autant plus valable pour les
105 autres employés qui viennent d'autres municipalités que la
ville de Montréal.
M. Léonard: II y a une chose qui me paraît
ambiguë. Je ne sais pas si je me trompe. Vous êtes de la ville de
Montréal. Vous êtes de la CUM?
M. Racicot: Je suis un employé de la Communauté
urbaine de Montréal, autrefois de la ville de Montréal, ayant
été transféré en 1972 au service
d'évaluation.
M. Léonard: Vous êtes un de ceux-là.
M. Racicot: Oui, c'est cela, un de ceux-là. Et
voilà!
M. Léonard: C'est le Syndicat des fonctionnaires
municipaux de Montréal. (22 h 30)
M. Racicot: Ce sont les fonctionnaires municipaux et non ceux de
la ville de Montréal, la communauté étant un organisme
municipal.
M. Léonard: Vous n'avez pas encore répondu. Il n'y
a personne qui a établi la valeur actuarielle de ces retraites.
M. Racicot: Je ne dis pas que personne n'a répondu, M. le
ministre, sauf que je n'ai pas ces données. Je sais que des
échanges ont lieu présentement entre les différents
représentants, entre les différents organismes.
M. Léonard: Je comprends, il faudrait plutôt poser
la question à la CUM.
M. Racicot: Voilà.
M. Léonard: Compte tenu que ça dure depuis dix ans,
vous nous demandez d'adopter un petit article réglant la question.
M. Racicot: C'est cela.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Nous remercions le
Syndicat des fonctionnaires municipaux de Montréal. Je pense que c'est
un mémoire très intéressant. Il y a des observations
très importantes qui nous permettront sûrement de
réajuster, si le ministre le veut bien, certains articles qui pourraient
davantage préciser plusieurs des points que vous avez
soulevés.
Par contre, concernant les employés et le régime de
retraite, est-ce que lors de certaines mutations d'employés de
municipalités à la Communauté urbaine de
Montréal, il y a des négociations qui se font entre
l'employé, son employeur précédent et la communauté
urbaine, à savoir si le transfert de son fonds de retraite peut se faire
et est accepté?
M. Racicot: Ces transferts, M. le député, se sont
faits en 1972. Effectivement, chacune des parties a pu faire valoir ses points
à ce moment-là, sauf qu'il restait toujours un point en litige,
soit celui des caisses de retraite, qui était prévu de
façon spécifique dans le projet de loi créant la
Communauté urbaine de Montréal où il était dit,
effectivement, qu'il devait y avoir des ententes entre les municipalités
et la communauté, dans un premier temps, pour le transfert de cet argent
pour qu'ensuite le fonctionnaire puisse faire établir le calcul
actuariel et la différence entre les bénéfices qu'il avait
et ceux qu'il aurait à la communauté. Mais cette partie de
l'engagement pris par cet article de la loi créant la Communauté
urbaine de Montréal n'a jamais pu être mis en application compte
tenu que dix ans après seulement quatre ententes sur trente sont
intervenues.
M. Rocheleau: Cela veut dire que ça touche simplement les
employés qui ont été mutés il y a dix ans
passé, c'est-à-dire en 1972.
M. Racicot: Oui, puisque, depuis 1972, il n'y a pas eu
d'intégration d'employés comme telle. Lorsqu'il y a des
transferts, il y a une entente avec les municipalités. Je prends, par
exemple, la ville de Montréal, il y a une entente avec la ville de
Montréal. Si, effectivement, aujourd'hui, un employé quitte la
ville de Montréal pour venir travailler à la Communauté
urbaine de Montréal de plein gré - puisqu'il y a pas eu de
transfert d'activités sur le plan juridique, il n'y a pas eu de
législation dans ce sens -ou vice versa, il y a une entente de
transférabilité et c'est la même que celle qui a
prévalu à l'époque pour les fonctionnaires qui ont
été transférés juridiquement par la Loi de la
Communauté urbaine de Montréal. Sauf que pour les
municipalités de banlieue, seulement trois municipalités sont
visées: Montréal-Nord, Beaconsfield et Sainte-Anne-de-Bellevue.
Pour les autres, il n'y a pas cette entente de
transférabilité.
Donc, le fonctionnaire qui décide de venir travailler à la
Communauté urbaine de Montréal ou si, dans un avenir prochain -
on est en train d'étudier un projet de loi - il y avait une
délégation additionnelle donnée à la
Communauté urbaine de Montréal, une juridiction additionnelle
où des employés venant des municipalités seraient
intégrés à la Communauté urbaine de
Montréal, ces fonctionnaires seraient dans la même situation de ne
pas savoir ce qui va arriver au niveau du régime de retraite puisque les
ententes ne sont toujours pas intervenues.
M. Rocheleau: Au point de vue de ces employés,
étant donné qu'il n'y avait pas d'entente, est-ce qu'ils ont
continué quand même à faire leurs contributions ou
devront-ils, aujourd'hui, racheter les dix ou douze années
antérieures?
M. Racicot: Depuis que les employés sont à la
Communauté urbaine de Montréal, ils paient des contributions
à la caisse de retraite de la Communauté urbaine de
Montréal. Les points en litige sont encore les sommes qui ont
été payées chez leur ancien employeur seulement. Depuis la
création de la communauté, les employés paient et ont
droit aux bénéfices prévus par le régime de
retraite de la Communauté urbaine de Montréal.
M. Rocheleau: Merci.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: M. Racicot, en fait, vous décrivez de
façon fort éloquente dans le mémoire les chevauchements,
particulièrement eu égard au service de police et au
secrétariat de la communauté urbaine. Peut-être à
tort, j'ai l'impression que, de l'unification des services administratifs, vous
avez glissé rapidement au poste de directeur général.
J'aimerais revenir sur ces aspects de votre mémoire, à la page 10
en particulier et à la page 26.
Je me suis demandé si, finalement, ce n'était pas plus une
direction générale des ressources humaines que vous souhaitiez
et, sous le couvert du poste de directeur général, si ce
n'était pas une direction générale des ressources
humaines. Dans quelle mesure vous semble-t-il avantageux qu'un chef de service
n'ait pas à répondre directement devant les élus du
conseil exécutif mais, en fait, ne le ferait que par
l'intermédiaire du directeur général? Je me suis
demandé si l'arbre ne vous cachait pas la forêt, d'une certaine
manière, si les problèmes actuels de dédoublement ne vous
amenaient pas à glisser vers une solution qui n'est peut-être pas
celle que vous recherchez.
M. Racicot: Je dois vous avouer, Mme la députée,
que vous avez partiellement raison. D'une part, on s'interrogeait sur la
possibilité d'une commission parlementaire d'imposer un tel service,
c'est-à-dire, par exemple, qu'il devrait y avoir une direction des
ressources humaines à la communauté. On se demandait: Est-ce que
c'est de la responsabilité de la commission parlementaire ou du
gouvernement de le faire par un projet
de loi ou si c'est de la responsabilité de la Communauté
urbaine de Montréal de se pourvoir d'un tel service?
Compte tenu que la Communauté urbaine de Montréal ne l'a
pas fait depuis dix ans, et compte tenu que, dans le projet de loi, on parlait
d'un directeur général, nous, on voyait notre chance
effectivement...
Mme Harel: Vous avez sauté dessus... M. Racicot:
Oui.
Mme Harel: ... comme la misère sur le pauvre monde!
M. Racicot: ... d'avoir une personne qui ferait la coordination
au niveau des relations du travail. Le problème actuel - je pense qu'il
est important qu'on le dise - c'est que, si on a un problème
d'application au niveau des conventions collectives - puisqu'on est un syndicat
- avec le directeur d'un service en particulier, présentement, en raison
des structures qui sont là - je vais me limiter à ça pour
le moment - on n'a d'autre alternative que d'appeler le président de la
Communauté urbaine de Montréal pour tenter de régler un
problème que l'on pense sérieux au niveau des relations du
travail. Pour le quotidien, il y a des spécialistes en relations du
travail qui sont là, mais je pense que vous conviendrez avez moi qu'il y
a certaines questions de relations du travail qui débordent un peu et
qu'on doit aller à un palier un peu plus élevé. Qu'on soit
obligé, à ce moment, d'aller directement au président de
la Communauté urbaine de Montréal pour tenter de régler un
problème, ça me semble un peu illogique.
Pour vous donner un exemple tout à fait concret, la
Communauté urbaine de Montréal est peut-être le seul
employeur, dans la province de Québec, à refuser d'appliquer les
normes prévues pour les congés de maternité, au niveau des
normes minimales du travail, malgré que le responsable du personnel ait
donné avis au comité exécutif qu'il fallait donner suite
à cette entente qui est intervenue à la table et qui était
tout simplement l'application de cette norme minimale du travail. On s'est
présenté devant un arbitre, l'arbitre nous a
déférés à une autre instance et là on va se
présenter devant un commissaire des normes du travail.
Moi, j'ose espérer que s'il y avait une personne - qu'on
l'appelle le directeur général ou qu'on l'appelle le directeur de
la direction des ressources humaines - avec qui on pourrait traiter et qui
connaîtrait un peu ce que sont les relations du travail, peut-être
qu'on pourrait réussir à faire des négociations qui soient
valables.
Mme Harel: Oui, évidemment, votre exemple m'atteint, parce
que vous savez quel intérêt j'apporte à cette question.
Mais il reste qu'il vaut peut-être mieux appeler les choses par leur nom
et souhaiter - comme ça me semble être le cas dans votre
mémoire - une direction générale des ressources humaines
et distinguer les fonctions d'un directeur général et
peut-être s'interroger sur les fonctions d'un tel directeur.
M. Racicot: Soyez assurée que, par mes propos, je pense
avoir nettement signifié que notre intention était de voir
quelqu'un avec qui on pouvait traiter équitablement de relations du
travail.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Juste une question, M. le Président. M. Racicot,
à la page 34 de votre mémoire, vous suggérez un amendement
concernant cette transférabilité. Si ceci était
accepté, comment ceci se comparerait-il avec ce qui est la pratique dans
le secteur privé? Disons qu'un ouvrier, qui demeure sur le territoire de
la Communauté urbaine de Montréal - un gars qui travaille
à Canadair, par exemple - après dix ans, bonjour, il perd son
emploi, il cherche pendant un an et trouve un autre emploi ailleurs. Qu'est-ce
qui arrive à son fonds de retraite? Ce même homme doit payer pour
votre régime.
Le ministre a posé une question sur la valeur actuarielle. Votre
demande, il y a du bon sens là-dedans, tout le monde veut avoir le ciel,
mais est-ce que ce n'est pas injuste vis-à-vis du secteur privé?
Je pense que vous avez des avantages beaucoup plus élevés que le
secteur privé.
M. Racicot: Je ne relèverai pas cette dernière
affirmation. On pourrait lancer un long débat là-dessus. Mais,
pour répondre à votre question, M. le député de
Sainte-Anne, je pense que, dans un premier temps, il faut tenir compte du fait
que ces employés n'ont pas décidé de changer d'employeur.
C'est par une loi que le gouvernement, à l'époque, a
intégré ces employés, qu'il a déterminé que
les employés du service de police, les employés du service
d'évaluation ou les autres compétences qu'exerce la
communauté, les employés qui relevaient des municipalités
de banlieue, dorénavant devenaient des employés de la
Communauté urbaine de Montréal.
Dans un deuxième temps, on a consenti à ces
employés les droits dont je vous parle, il y a dix ans, dans la Loi de
la Communauté urbaine de Montréal. Ce qui arrive maintenant,
c'est qu'en raison d'une lenteur administrative - je pense que c'est un
euphémisme que j'utilise - après dix ans, il n'y a pas d'entente
entre les parties. On
ne peut pas voir à l'application de ce droit qui a
été consenti il y a dix ans. Je pense que, dans cette mesure, on
dit maintenant que si les parties ont eu dix ans pour s'entendre et qu'elles
n'ont pas réussi à le faire, peut-être que quelqu'un
devrait leur imposer la façon de le faire.
M. Polak: Bonne réponse, mais cela coûte trop cher.
En tout cas, c'est une opinion personnelle.
Le Président (M. Desbiens): Je remercie les participants
aux travaux de la commission. M. le ministre.
M. Léonard: Je pense qu'il faut noter l'articulation des
réponses et aussi l'éloquence des représentants du
syndicat.
Des voix: Ah!
SCFP, section locale 301
Le Président (M. Desbiens): J'invite maintenant le
Syndicat canadien de la fonction publique, section locale 301, à se
présenter à la table. C'est le mémoire no 17. M. Laberge,
si vous voulez nous présenter...
M. Laberge (Louis): M. le Président, M. le ministre,
mesdames et messieurs membres de la commission, je vous présente,
à ma gauche, M. Henri Massé, représentant du Syndicat
canadien de la fonction publique auprès des cols bleus de la ville de
Montréal et de la Communauté urbaine de Montréal, et M.
Réjean Gauthier, à ma droite, président du local 301 du
même syndicat.
Le mémoire est peut-être un peu long, mais comme je suis
convaincu que vous l'avez déjà lu, on ne vous imposera pas une
deuxième lecture. De toute façon, nous ne sommes pas ici pour
discuter du projet de loi comme tel, mais bien d'un problème
particulier.
Lorsque la Communauté urbaine de Montréal a
été créée, il est évident que certains
services donnés par certaines des municipalités ont
été transférés à la Communauté
urbaine de Montréal, dont le service de police. J'ai cru comprendre le
ministre, tantôt, qui essayait de nous dire, de façon très
délicate, qu'à la police il fallait bien qu'il y ait des affaires
de cachées un peu.
Des voix: Ah!
M. Laberge: D'ailleurs, je suis bien d'accord. Il ne faudrait pas
tout savoir. 11 reste que le service de police a été un des
services qui ont été transférés à la
Communauté urbaine de Montréal. Évidemment, il y avait les
cols bleus qui travaillaient pour le service de police et des cols blancs qui
ont suivi le service de police. Sans aucun problème, ils ont
été intégrés à la Communauté urbaine
de Montréal. Leurs droits et privilèges, tout a été
préservé: convention collective signée avec la
Communauté urbaine de Montréal, etc.
Il y a des services connexes, toutefois, qui n'étaient pas
couverts par la loi. Par exemple, l'entretien ménager, l'entretien des
édifices et l'entretien des véhicules du service de police: les
autos-patrouille, les autos-ambulance, les motos, etc.
Tout de même, la ville de Montréal a continué
à assurer l'entretien des véhicules du service de police jusqu'en
1977, bien que, comme responsabilité, je pense bien que cela relevait de
la Communauté urbaine de Montréal.
En 1977, même un peu avant pour l'entretien d'édifices et
l'entretien ménager, la Communauté urbaine de Montréal a
assumé ses responsabilités et, au lieu d'intégrer à
la Communauté urbaine de Montréal les employés de la ville
de Montréal ou d'autres municipalités qui donnaient ces services,
elle a décidé de donner le contrat à l'entreprise
privée, à des sous-entrepreneurs, parce que la loi n'avait pas
prévu le transfert et l'intégration des employés pour les
services connexes. (22 h 45)
Cela a créé tout un problème et, évidemment,
dès que c'est arrivé, en 1977, nous avons fait des
représentations. D'ailleurs, en 1979, alors qu'il était question
d'un autre projet de loi, nous avons présenté un mémoire
au gouvernement. Le ministre responsable du temps, M. Tardif, qui, d'ailleurs
nous a écrit une lettre assez éloquente en 1979, était
bien au courant du problème. C'était une belle lettre,
j'espère qu'on ne l'a pas perdue.
La voici: "Le directeur du ministre d'État à la
Réforme électorale parlementaire me transmettait au mois de mai
dernier un mémoire du Syndicat canadien de la fonction publique, section
locale 301. Le syndicat propose essentiellement de modifier la loi parce que,
malheureusement, il y a une lacune dans la loi, un petit trou dans la loi, de
façon que soit interdit tout congédiement d'employés
municipaux en raison de transfert d'une compétence ou d'un service
à la Communauté urbaine de Montréal. Il me semble que le
syndicat soulève dans son mémoire un problème réel
sur lequel il y a lieu de se pencher attentivement. "En effet, il est curieux,
dans l'économie de nos principes de droit du travail, que la
Communauté urbaine de Montréal puisse accorder à des
sous-traitants le soin d'effectuer le travail qui était autrefois
effectué par les salariés des municipalités membres de la
CUM et ce, du simple fait d'un transfert de compétences.
Les légistes du ministère qui se sont penchés sur
cette question au cours de l'été ont émis un avis
favorable à la demande du syndicat. Il s'agit, évidemment, d'un
avis préliminaire. "Quoi qu'il en soit, soyez assurés que cette
question sera étudiée avec le plus grand soin lorsque
l'Assemblée nationale aura l'occasion de discuter de modifications
à la Loi de la Communauté urbaine de Montréal. Guy Tardif,
ministre des Affaires municipales." La lettre est datée du 19 septembre
1979.
Nous sommes rendus au mois de mars 1982 et malheureusement le
problème n'est toujours pas réglé. Pour vous, je pense
bien que dans l'étude du projet de loi no 46, ça peut vous
sembler une petite affaire puisqu'il y a des ramifications au projet de loi no
46 qui dépassent de beaucoup l'ampleur de ce problème, mais, pour
nous, c'est un problème réel, c'est un problème
vécu. Des gens qui de bonne foi, tout le monde, j'en suis bien
convaincu, a ce moment-là croyaient ces employés bien
protégés et, en fait, pendant des années et des
années, de 1970 à 1977, il n'y a jamais eu de problème.
Cependant, depuis 1977, on se rend compte qu'il y a eu des travaux qui ont
été effectués par des employés municipaux qui,
maintenant, sont effectués par des sous-traitants. Cela veut dire,
évidemment, des emplois qui sont disparus malgré des conventions
collectives très claires, qui protégeaient ces
employés-là, bien que la loi créant la Communauté
urbaine voulait protéger les droits de ces travailleurs; c'était
très clair dans la loi.
Il y a un vieux principe qui dit qu'on ne devrait pas pouvoir faire
indirectement ce que la loi, les règlements, les coutumes ou les usages
ne nous permettent pas de faire directement. C'est le cas actuellement, on fait
indirectement ce que la loi n'aurait pas permis de faire directement.
On ne pouvait pas signer une entente avec la ville de Montréal,
par exemple, pour protéger ces travailleurs qui faisaient l'entretien
des véhicules du service de la police, parce que, justement, ce
n'était plus la ville de Montréal qui en avait la
responsabilité, c'était la communauté urbaine, mais elle
avait laissé à la ville de Montréal l'entretien de ces
véhicules. La ville pouvait s'engager pour sa part, mais elle ne pouvait
pas s'engager pour un tiers.
Avec la Communauté urbaine de Montréal, on a aussi une
convention collective qui protège les salariés de la
communauté urbaine, mais, comme la communauté urbaine n'a jamais
eu à son emploi des salariés effectuant l'entretien des
véhicules du service de la police, on se retrouve devant rien. Alors,
vous voyez qu'il y a une lacune dans la loi, un trou dans la loi, ce qui a
permis encore une fois de faire indirectement ce que toutes nos conventions
collectives et la Loi créant la Communauté urbaine de
Montréal empêchaient de faire directement.
C'est pour ça que nous sommes devant vous. Le ministre du temps
semblait très sympathique à la cause, les légistes du
gouvernement s'étaient penchés sur la question et semblaient
vouloir la régler. L'adoption du projet de loi no 46, je pense que c'est
une occasion magnifique. On ne vient pas perturber toute l'étude de tout
le projet de loi, mais pour nous c'est un problème quand même
d'une importance capitale pour les employés concernés. Vous avez
des employés de métier là-dedans qui se voient confier des
tâches à la ville de Montréal, je dirais, quasiment de
balayeurs ou de nettoyeurs. Ce n'est pas que c'est un sot métier
d'être nettoyeur ou balayeur, mais, pour un homme de métier, c'est
toujours très difficile d'accepter des tâches comme
celles-là, alors que, toute sa vie, il s'est construit une
compétence qui était reconnue et c'était avec beaucoup
d'efficacité que les employés faisaient ces entretiens. C'est la
même chose, d'ailleurs, pour l'entretien des édifices et
l'entretien ménager. Ce qu'on vous demande, c'est très simple:
c'est d'adopter un amendement à la loi qui comblerait cette lacune et
qui empêcherait la Communauté urbaine de Montréal de faire
indirectement ce qu'elle n'aurait pas pu faire directement. Si vous avez des
questions, contrairement à la commission de transport, nous avons des
gens pour vous répondre.
Des voix: Ah! Ah!
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, MM. les
représentants, je vous remercie beaucoup de ce dossier. Je sais qu'il
doit vous tenir à coeur depuis longtemps. J'ai eu l'occasion de
rencontrer vos représentants au cours de l'hiver 1981, je crois,
à Montréal, qui m'avaient exposé la situation. Nous
étions à ce moment-là à une certaine période
et nous leur avions dit que nous étions en processus de
préparation d'amendements à la Loi de la Communauté
urbaine de Montréal.
Je voudrais vous poser une question simplement pour me remémorer
la chose: De combien d'employés s'agit-il?
M. Gauthier (Réjean): Si on se réfère
à l'entretien des véhicules du service de la police, cela
comprend environ 300 postes.
M. Léonard: 300.
M. Gauthier (Réjean): Je ne calcule pas l'entretien
ménager et l'entretien des édifices qui sont quand même
assez difficiles à compiler, compte tenu du fait que ce ne
sont pas des travaux de nature régulière, mais des travaux
qui comportent des périodes X; uniquement au niveau de l'entretien de la
flotte de véhicules automobiles du service de la police, ce sont environ
300 postes.
M. Léonard: Cela veut dire que ces employés
faisaient de l'entretien du service des automobiles jusqu'en 1977 et
après, comme la Communauté urbaine de Montréal a
donné cela en sous-traitance, vous n'aviez plus rien à faire.
M. Gauthier (Réjean): C'est exact.
M. Léonard: Les gens qui étaient là
étaient protégés, avaient la permanence d'emploi. Ils ont
dû être assignés à d'autres fonctions?
M. Laberge: Affectés à toutes sortes de postes.
M. Léonard: Affectés à d'autres postes.
M. Laberge: Que voulez-vous? Il n'y avait plus d'entretien de
véhicules. Ils ont fait toutes sortes de choses.
M. Léonard: Mais la ville de Montréal avait quand
même d'autres véhicules ailleurs...
M. Laberge: Oui, oui, mais...
M. Léonard: ...mais en nombre beaucoup plus restreint.
M. Laberge: ...il y avait déjà une équipe
pour cela aussi évidemment.
M. Léonard: Pour cela aussi, mais ce n'était pas du
dédoublement qu'ils faisaient, eux autres. Oui, ça va.
M. Gauthier (Réjean): II y avait aussi -je m'excuse - des
employés auxiliaires qui n'avaient pas encore leur permanence et qui,
par ce fait, ont été remerciés de leurs services et pour
cause.
M. Laberge: Quand on dit que les 300 salariés responsables
de l'entretien des véhicules du service de la police n'ont pas
été mis à pied - ceux qui avaient leur permanence - cela
veut dire qu'il y en a 300 autres qui sont sortis, des auxiliaires qui eux
n'étaient pas protégés. C'est une question d'aller
remplacer un autre qui faisait une autre tâche.
M. Léonard: Je suppose que vous avez vu le
président de l'exécutif de la ville de Montréal sur cette
question. Vous êtes allé aussi voir le président de
l'exécutif de la Communauté urbaine de Montréal. Je donne
préavis que je vais poser une question demain au président de
l'exécutif de la ville de Montréal là-dessus. Il pourra
peut-être donner lui aussi des explications et peut-être bien que,
pour le président de l'exécutif de la Communauté urbaine
de Montréal, s'il revenait à un moment donné, nous
pourrions aussi avoir sa version, mais...
M. Laberge: Pourrais-je vous rappeler seulement deux secondes que
M. Racicot qui nous a précédés vous a parlé d'un
problème qu'il discutait depuis dix ans?
M. Léonard: Au fond, vous nous demandez que cela ne prenne
pas dix ans, mais peut-être que cela peut se régler plus vite que
dans dix ans.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Seulement une question, M. Laberge. À la page
20, vous suggérez un amendement. Je vais lire le premier paragraphe qui
se lit comme suit: "Cependant, aucun salarié au service d'une
municipalité ne peut être congédié ou mis à
pied en raison et par suite de la création de nouveaux services au sein
de la communauté." Mais disons, par exemple, que maintenant, il y a un
service qui est rendu par toute la municipalité. Montréal a 200
employés, la petite municipalité en a quatre ici, quatre
là etc., pour un total d'environ 350 employés. Par la suite, on
s'est mis ensemble et on a décidé de confier cette tâche
à la communauté. Et la communauté, au lieu de faire ce
travail avec le total de 350 employés, vu que cela devient plus
centralisé, peut le faire avec 325 hommes, c'est-à-dire 25 hommes
de moins.
Si je lis bien votre texte, vous n'accepteriez pas cela parce que le
texte dit "aucun salarié". Donc, les 25 qui sont de trop, selon vous, ne
peuvent pas être congédiés. On est obligé d'avoir 25
de ces employés, à la communauté urbaine, qui ne font rien
et qu'on est obligé de payer.
M. Laberge: Ils ne font rien... En fait, vous savez fort bien que
tous les ans, il y a des gens qui tombent malades, il y en a qui prennent leur
retraite. Prendre soin de 25 postes, ce n'est pas cela qui est plus gros
problème, je pense bien.
M. Polak: J'aurais préféré - parce que cela
peut créer un précédent dangereux si le texte est
intégralement accepté - voir, si un tel cas avait lieu, le
service en commun, qu'aucun employé de l'extérieur ne serait
engagé. Je comprends bien ces demandes. D'abord, on va se servir de ces
gens qui viennent de toutes les municipalités. Mais, si le service
devient plus efficace en ayant
moins d'employés, je ne pourrais pas acheter cette formule.
Est-ce que vous seriez prêt à faire cette concession?
M. Laberge: Êtes-vous en train de négocier?
M. Polak: Non, je vous demande un commentaire.
M. Massé (Henri): En fait, il ne s'agit pas d'un
précédent parce que dans les transferts des différents
services qui se sont faits dans le passé, il y avait déjà
les clauses de sécurité d'emploi qui existaient dans nos
conventions collectives. En vertu de la loi, que ce soit le service de police
ou les autres services, ces transferts se sont faits avec des clauses. Je vous
disais, dans la loi même, qu'il n'y avait pas de congédiement et
que les employés conservaient leur sécurité d'emploi.
Tout ce qu'on demande, c'est de le prévoir pour des nouveaux
services qui pourraient être créés à la
communauté urbaine. Alors, il n'y a pas de précédent.
C'est exactement de cette façon qu'on a procédé dans le
passé chaque fois qu'il y a eu transfert de juridiction ou de partie de
juridiction des villes à la communauté urbaine.
M. Laberge: Maintenant, si vous me permettez, moi j'y crois,
à cette formule, qu'en mettant ensemble plusieurs branches d'un
même service, normalement, vous devriez avoir un peu plus
d'efficacité et probablement que vous pourriez donner le même
service avec moins d'employés. Mais, s'il y a 25 employés
payés à ne rien faire, je pense qu'on devrait changer le
gérant ou le surintendant. Vous ne trouvez pas? Il me semble qu'il y a
toujours...
M. Polak: Je ne sais pas, peut-être ...
M. Laberge: ... des choses qui manquent quelque part. Durant la
période que cela peut prendre avant que "l'attrition" naturelle prenne
soin du problème de façon permanente, il y a des choses qui
peuvent se faire.
Par exemple, je sais qu'il y a un gros problème aux cols blancs.
Apparemment, il y a des constables qui ont été
transférés aux postes de dactylo. D'après les souvenirs
que j'ai eus de certains constables que j'ai eu l'occasion de rencontrer
déjà, je les vois très mal taper sur leur machine avec la
même vigueur qu'ils nous tapaient dessus.
M. Polak: C'est un autre aspect de "la job".
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: M. Laberge, à la ville de Montréal,
vous avez la sécurité d'emploi, d'accord. Est-ce qu'il y a une
mobilité à l'intérieur? Est-ce qu'il y a de la
mobilité?
M. Laberge: Mobilité, ah oui! évidemment, et cela
est un gros problème, avec les restrictions budgétaires que nous
connaissons depuis quelques années. On a vu des travailleurs, qui
commençaient à être assez âgés, du jour au
lendemain changer de fonction, et des gens qui avaient toujours
travaillé au garage, être transférés à
l'entretien d'une patinoire. Pourrais-je vous dire que pour des gens qui
n'étaient pas habitués à faire cela, ça faisait un
changement draconien. Je ne dirai pas que c'est généralisé
mais cela prouve que, bien sûr, il y a mobilité,
forcément.
M. Laplante: Je suis presque tenté de dire que la ville de
Montréal est chanceuse, comparativement à nous, d'avoir cette
mobilité, au moins en partie.
M. Laberge: Non, j'ai pris cet exemple, mais imaginez-vous un
député au chaud qui serait appelé à aller nettoyer
une patinoire. Je n'ai pas parlé d'arroser une patinoire, comme Lucien
Rivard. (23 heures)
M. Laplante: Là où je veux en venir avec cela,
c'est que les employés qui sont à l'emploi de la ville, lorsque
les automobiles étaient réparées dans le garage,
lorsqu'ils ont été transférés à d'autres
postes, vous dites qu'il y en a même qui sont devenus balayeurs? Il n'y a
point de sot métier, je suis d'accord avec vous, mais, au point de vue
de la rémunération, quelle a été la
rémunération à ce moment-là, une baisse de
combien?
M. Massé: Ils ont conservé, M. le
député, la même rémunération. Le principe
qu'on défend ici aujourd'hui, c'est le principe qu'on a des clauses de
sécurité d'emploi, on a des clauses de sous-contrat dans nos
conventions et, du seul fait de la création de la communauté
urbaine, qui est une créature des villes, parce qu'on n'a pas
prévu les transferts des services connexes, on peut donner à
sous-contrat des emplois qu'on ne pouvait pas donner à sous-contrat en
vertu de nos conventions collectives. C'est cela qu'on trouve anormal, c'est
une baisse de nos emplois, une diminution de nos emplois qui va à
l'entreprise privée, alors que c'était clair dans nos textes de
conventions collectives que cela devait rester aux employés de ces
municipalités-là.
M. Laplante: Je viens de comprendre votre point. Les
surnuméraires, ceux qui travaillent actuellement n'ont aucune garantie
d'emploi.
M. Laberge: Ils sont mis à pied. C'est cela.
M. Laplante: Mais la même chose aurait pu arriver si les
automobiles étaient restées là.
M. Laberge: Oui, évidemment.
M. Laplante: Comme principe, d'accord.
M. Laberge: Mais le fait que 300 ou 350 postes sont disparus,
évidemment, il y a 300 ou 350 travailleurs...
M. Laplante: Mais si, par exemple, le président de la
communauté urbaine était en avant de moi, je lui poserais la
question à savoir, premièrement, quel était le but?
Deuxièmement, quelle épargne a-t-il pu faire parce que ce sont
encore les deniers publics qui parlent et c'est encore le maudit contribuable
de tous les bords aussi qui paie, le même contribuable qui critique ces
administrations en disant: II y a deux employés où il en faut un.
C'est cela que j'aimerais savoir aussi, dans tout cela...
M. Laberge: II va certainement vous le dire demain, mais je pense
que je peux prévoir un peu sa réponse. Cela me surprendrait bien
qu'il vous dise que c'est moins efficace en donnant cela à des
sous-contractants qu'en faisant cela directement. Je peux vous dire, par
exemple, que ce qu'épargne la communauté urbaine, cela le
coûte à la ville de Montréal qui est obligée de
garder des hommes de métier dans des emplois différents. Le
coût n'a pas été estimé, mais il y a certainement un
coût à cela.
M. Gauthier (Réjean): II y a un point aussi à votre
question. Si la communauté urbaine n'avait pas été
créée en 1969, 1970, de par nos conventions collectives, les
travaux exécutés en tout par les employés de la ville
continueraient d'être exécutés en tout par les
employés de la ville. Donc, à ce moment-là, la flotte des
véhicules du service de la police aurait continué à
être entretenue par les employés de la ville en vertu de nos
conventions collectives. C'est lors de la création que le
législateur n'a pas prévu, au niveau des travaux connexes, ces
changements-là, mais les conventions collectives, s'il n'y avait pas eu
création de la communauté urbaine, auraient conservé ces
postes.
M. Laplante: ... voir cela un petit peu, quand on parle de bon
père de famille qui administre ses affaires, qui fait vivre sa famille,
il fait toutes les réparations qu'il a à faire dans sa maison
mais, à un moment donné, il s'aperçoit qu'il n'est pas
assez habile pour faire une telle tuyauterie. C'est plus payant d'aller
chercher de l'aide à l'extérieur. Je pense que les
administrations, aujourd'hui, doivent beaucoup plus administrer en bon
père de famille, pour essayer...
M. Laberge: ... bon père de famille, sauf qu'un bon
père de famille qui a pris un engagement est censé le respecter,
normalement.
M. Laplante: Mais il le respecte actuellement, il a gardé
les employés.
M. Laberge: Oui, mais dans le mémoire on n'a pas
parlé de problème avec la ville de Montréal en ce qui nous
concerne. L'engagement qui avait été pris par tout le monde, y
compris le législateur, en 1970, c'est que tous les services qui
seraient transférés à la communauté urbaine, les
employés étaient transférés avec tous leurs droits.
Malheureusement, dans la loi, il y avait un trou concernant les services
connexes et, s'il n'y avait pas eu ce trou-là, on ne serait pas devant
vous, il n'y aurait jamais eu ce problème. Encore une fois, il n'est pas
question de savoir si la communauté urbaine, ce sont de bons ou de
mauvais administrateurs. Ils ont certainement de bonnes raisons d'avoir
donné cela en sous-contrat. Le problème est que la loi
était censée protéger ces travailleurs au moment de
l'adoption de la loi et que toutes nos conventions collectives avaient des
clauses les protégeant. Encore une fois, quand vous avez de très
bons mécaniciens, que vous employez pour huiler ou nettoyer d'un bord et
de l'autre, malheureusement, ce sont des talents gaspillés et un peu
d'argent gaspillé aussi.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président.
M. Léonard: Je voudrais raccrocher cela à une
affirmation. M. le Président, est-ce que vous permmettez?
M. Rocheleau: Oui.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: II y a une chose qui me frappe dans ce que
vous dites. Vous dites que cela peut avoir coûté plus cher
à la ville de Montréal d'avoir gardé ses employés
à ne rien faire ou de les avoir reclassés. En
réalité, par le fait qu'elle détient le contrôle au
comité exécutif, il reste quand même qu'elle a
décidé à une place et redécidé autre chose
à une autre instance, qui est le comité exécutif de la
CUM. Comment
conciliez-vous ce que vous me dites par rapport à ces deux
décisions?
M. Laberge: Prenez un salarié de 50 ou 52 ans qui a
été mécanicien toute sa vie.
M. Léonard: Ce que je veux vous dire, c'est que c'est le
même monde qui décide cela.
M. Laberge: Pardon?
M. Léonard: Ce sont les mêmes gens qui
décident cela.
M. Laberge: Oui, c'est cela. S'il avait été
transféré et s'il avait continué à faire
l'entretien des véhicules, il aurait continué à pratiquer
son métier de mécanicien et il aurait gagné pleinement son
salaire. Maintenant, si on s'en sert pour autre chose... Des hommes,
salariés de métier comme cela, rendus à un certain
âge, c'est assez difficile de les recycler.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Hull.
M. Laberge: D'ailleurs, on avait eu une lettre d'intention du
président du conseil de sécurité, le juge Jacques Coderre
- c'est daté du 15 juillet 1974 - adressée au président de
la section 303 des cols bleus (Syndicat canadien de la fonction publique):
"À moins de conditions spéciales, le conseil de
sécurité publique n'a pas l'intention de modifier la pratique
actuelle de faire réparer, en tout ou en partie, selon les besoins et
les circonstances, les véhicules du service de police de la
Communauté urbaine de Montréal par les ateliers de la ville de
Montréal." Copie de la présente lettre est expédiée
à M. Jacques Brûlé, directeur québécois du
Syndicat canadien de la fonction publique, en 1974.
Du côté de la communauté urbaine et du
côté de la ville de Montréal, nous croyons avoir eu toutes
les garanties pour protéger les emplois de ces travailleurs.
M. Massé: M. le ministre, cette décision a
été prise par le conseil de sécurité. Ce
n'était pas...
M. Léonard: Ce n'est pas l'exécutif. C'est la
Communauté urbaine de Montréal.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Je m'aperçois
que M. Laberge défend très bien le Syndicat canadien de la
fonction publique. Par contre, tout à l'heure, on mentionnait qu'il y
avait trois cents employés qui étaient affectés à
l'entretien des véhicules de la police de Montréal dans le temps.
Par curiosité, la flotte comprenait combien d'automobiles?
M. Gauthier (Réjean): La flotte de véhicules du
service de police comprenait environ 2000 véhicules, si on exclut les
motocyclettes.
M. Laberge: Pour les motocyclettes, il doit y en avoir aussi
quelques centaines.
M. Rocheleau: Quand on a parlé tantôt de l'attrition
normale qui se faisait annuellement, est-ce qu'on compte un nombre assez
important de ces postes qui ont été éliminés, soit
par une retraite anticipée ou par une retraite normale?
M. Laberge: De ce groupe, de 1977 à 1982, sans doute pas,
parce que, encore une fois, pour ces hommes de métier, c'est quand
même un travail assez dur; c'étaient des hommes moins
âgés qui n'étaient pas nécessairement tous
près de leur retraite.
M. Rocheleau: Est-ce que, dans certains cas, certaines
municipalités continuent à offrir des services à forfait,
à la Communauté urbaine de Montréal, de leurs propres
employés dans d'autres services, chez les cols bleus, en
particulier?
M. Laberge: Votre question, c'est: Est-ce que la ville continue
de faire certains services qui relèvent de la responsabilité de
la communauté urbaine?
M. Rocheleau: C'est cela; et qui sont faits à forfait par
les municipalités.
M. Gauthier (Réjean): Oui. Des radios, par exemple, qui
sont dans les autos de police; ce sont encore les employés de la ville
qui font l'entretien de ces systèmes.
M. Rocheleau: Ils sont payés par la ville et
remboursés par la communauté urbaine pour le coût de
l'entretien qui est fait.
Alors, je ne sais pas si cela a pu apporter un changement au
ministère des Affaires municipales, le fait que le ministre du temps, M,
Tardif, ait été très sympathique à l'égard
du problème que soulève ce soir le Syndicat canadien de la
fonction publique. J'espère que ce n'est pas pour cela qu'il est parti.
On va sûrement profiter de la loi pour tenter d'apporter des correctifs.
Est-ce que cela avait une certaine influence, M. Laberge, sur la question des
coûts? Est-ce que, au point de vue de la différence, cela
comportait des coûts supplémentaires ou des coûts
additionnels?
M. Laberge: Nous n'en savons absolument rien. Enfin, je suppose
que la
communauté urbaine donnant ces travaux en sous-contrats a
dû essayer de négocier un taux inférieur. Je le suppose,
mais je pense que l'important, c'est que cela s'est fait de bonne foi, par le
législateur du temps, la ville de Montréal et toutes les autres
municipalités impliquées dans la création de la
communauté urbaine, les dirigeants de la Communauté urbaine de
Montréal du temps, les syndicats impliqués, parce que, dans
certaines villes, les cols bleus, par exemple, n'étaient pas
syndiqués; dans d'autres villes, il y avait d'autres syndicats et il
fallait mettre de l'ordre là-dedans. Cela a été un
problème fort complexe, et c'est pour cela qu'on n'est pas tellement
critique vis-à-vis du législateur du temps qui avait
oublié cette chose-là. Ce n'est pas facile de prendre 28 ou 29
municipalités et d'en créer une nouvelle, de transférer
des services. Moi, je ne me souviens pas combien cela a pris de temps
exactement avant de régler tous les problèmes de cette fusion des
services de police, mais cela a pris des années et des années
particulièrement quant au problème des caisses de retraite. Cela
a pris des années et des années et je ne suis même pas tout
à fait certain que tout a été réglé. Mais
cela a pris des années.
Alors, tout le monde était de bonne foi, dans les lettres
d'intention, les conventions collectives, dans l'esprit de tout le monde, ces
emplois étaient protégés, et on se rend compte que, par
une lacune dans la loi, malheureusement, ça ne l'est pas. Est-ce
qu'avoir peut-être épargné quelques dollars est plus
important que de respecter la bonne foi de tous les gens qui ont
participé à la création de la communauté urbaine?
Je pense que c'est là qu'est la question.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Oui, M. Laberge. En fait, je comprends bien que vous
demandez, dans les cas de transferts de juridiction, ce que la loi vous
octroie, par exemple, maintenant... la loi ou plutôt le jugement
récent du Tribunal du travail dans les cas de sous-traitance.
M. Laberge: Par exemple; ça va dans ce sens-là.
Mme Harel: Dites-moi, parce que le Syndicat canadien de la
fonction publique a quand même beaucoup d'adhérents, je pense,
dans les diverses municipalités, il doit quand même se produire ou
il s'est produit des cas de fusion de municipalités autres que la
question de la communauté urbaine. Ailleurs, comment cela s'est-il
présenté? Il y a eu des fusions, je crois, où vous
représentiez, que je sache, des travailleurs des
municipalités.
M. Laberge: Oui, il y en a eu d'autres, les villes de
Saint-Michel, Longueuil, enfin, il y en a eu plusieurs, mais il n'y a pas eu de
problème. Cela s'est fait en accord avec la loi, les conventions
collectives et les lettres d'intention; cela s'est fait en accord avec la
lettre de la loi et l'esprit de la loi. C'est vraiment le premier cas où
nous avons ce problème.
Mme Harel: Je voulais également vous demander - on ne
parle que du passé et des services connexes au service de police - si,
pour les services qui pourraient être transférés,
c'est-à-dire pour les nouvelles juridictions, l'assainissement des eaux
par exemple ou, une hypothèse, les déchets, ou quelque autre
responsabilité, vous réclamez à ce moment-là que ce
soit couvert également.
M. Gauthier (Réjean): On pourrait vivre la même
situation étant donné que le trou existe dans la loi, si la
communauté urbaine prenait sous sa juridiction certains services qui
sont assurés par les villes. On pourrait revivre la même situation
puisque la loi n'a pas prévu justement des correctifs à ce
niveau. Si la communauté urbaine prenait sous sa juridiction le
traitement des eaux, par exemple, il est évident que les gens qui
travaillent dans ce service seraient transférés à la
communauté urbaine tout en conservant leurs droits, tel que la loi le
dit, sauf que, s'il y a des services à la ville qui sont connexes
à ce service, on vivrait la même situation, ces employés ne
seraient pas couverts par la loi.
Mme Harel: Les services connexes, exactement, qu'est-ce que
c'est? C'est l'entretien, le gardiennage et quoi d'autre? (23 h 15)
M. Gauthier (Réjean): Avant la création de la
communauté urbaine, il y avait le service de la police qui était
administré par les villes. C'était un service qui avait
été transféré à la communauté
urbaine, sauf qu'il y a d'autres services à la ville - c'est là
qu'on traite des travaux connexes - comme le service de l'approvisionnement
qui, lui, faisait l'entretien des véhicules de la ville. Ce service de
l'approvisionnement n'a pas été transféré à
la communauté urbaine. C'est à l'intérieur de ce service
qu'on retrouve les travaux connexes à l'entretien des véhicules
de la ville.
Mme Harel: Rapidement, il a été beaucoup question,
durant toute la journée, d'exemples autres que ceux de la
communauté urbaine. On a parlé aussi beaucoup de
l'agglomération de Toronto. Vous n'avez pas de renseignements, à
savoir comment cela s'est présenté, l'intégration, dans le
cadre de la mise en place de la communauté urbaine, à
Toronto?
M. Massé: Au niveau de la Communauté urbaine de
Toronto, il y a justement des dispositions spécifiques à cet
effet. Il n'y a aucun emploi de perdu par les différents syndicats qui
travaillent pour les villes qui composent la Communauté urbaine de
Toronto. Ce problème était réglé. On ne retrouve
pas la même situation qu'à la Communauté urbaine de
Montréal.
M. Laberge: Est-ce à dire qu'ils avaient de meilleurs
légistes? On n'en sait trop rien.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Verdun.
M. Caron: M. le Président, si ma mémoire est bonne,
vous parliez des mécaniciens tout à l'heure, à un certain
moment, je vous donne un exemple, une automobile partait de Verdun pour aller
à Fleury se faire réparer. Cela n'avait pas de logique. Un
policier était obligé de s'en aller là, attendre, changer
de voiture. À un certain moment, je pense que la communauté
urbaine a décidé de faire faire les réparations dans le
garage le plus près. Si c'était un vendeur Ford, il allait chez
le vendeur Ford le plus près. Cela a été une
économie, cela a fait gagner du temps, parce qu'un ou deux policiers
partaient de Verdun pour aller faire changer une courroie à Fleury.
C'est un peu pour cela qu'il y a eu distribution dans les postes locaux. Cela a
été des raisons.
M. Laberge: Si cela n'avait été que le seul
problème, il me semble que ce n'était pas un problème
insoluble. On aurait pu assez facilement diviser le gros garage où la
ville faisait l'entretien des véhicules en deux, trois ou quatre, dans
certains coins de la ville, si cela avait été le seul
problème.
M. Massé: D'ailleurs, M. le député, c'est en
partie faux, dans le sens suivant: à l'heure actuelle, il y a encore
cinq ou six ateliers dispersés dans la région de Montréal.
Il y en a dans l'ouest, il y en a au centre-ville, il y en a dans le bout de
Fleurimont, dans l'est. En 1977, il y en avait plus que cela. Au moment
où le transfert s'est fait à l'entreprise privée, il y
avait au-delà d'une dizaine de points de service à travers toute
l'île de Montréal. Il y a encore des points de service dans les
différents quartiers de Montréal, autant à l'ouest
qu'à l'est et qu'au nord.
M. Caron: C'est un peu comme l'essence. Ils partaient de Verdun
pour aller acheter de l'essence sur la rue Windsor, au poste 9, dans le temps.
Je pense que ce n'était pas tellement logique. Aujourd'hui, les
policiers font le plein eux-mêmes, dans un libre service, c'est tout
à fait normal. Aux postes où ils sont, cela été
fait. Comme M. Laberge le disait, il n'y a pas de mauvaise foi, cela a
été fait dans un but de saine administration.
M. Laberge: Évidemment, on entre dans des détails
un peu techniques. Je ne sais pas si c'est plus efficace. C'est possiblement
moins coûteux. Au lieu de faire 25 kilomètres, s'ils n'en font que
dix, cela doit être moins coûteux. Je ne sais pas si c'est plus
efficace. Je me fie aux experts qui regardent cela. Le pourcentage de bandits
arrêtés et de crimes résolus...
M. Gauthier (Réjean): Peut-être pour
compléter la réponse là-dessus, si je prends une
automobile qui est accidentée, les employés de la ville faisaient
cette réparation. Ce n'est quand même pas une réparation
mineure. On est obligé d'entrer la voiture dans l'atelier pour un
certain nombre de jours. Si on regarde les coûts par la suite, il est
évident que l'entreprise privée, au départ, doit aller
chercher un profit. Je pense que la perte de temps du policier qui part de
Verdun pour monter en auto à Fleurimont n'équivaut pas au profit
accumulé par l'entreprise privée.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre, en
concluant.
M. Léonard: Je voudrais vous remercier pour votre
mémoire. Je vois que vous posez à nouveau une question assez
importante, celle de l'application de l'article 45 du Code du travail,
élargie aussi à des transferts de compétences entre les
instances municipales ou intermunicipales, finalement. Si je comprends, ce
n'est pas un transfert d'entreprises; le Code du travail ne s'applique donc pas
dans ce cas. Au niveau des transferts entre ces instances municipales ou
intermunicipales, rien n'avait été prévu dans la loi; on a
transféré les compétences sans transférer les
employés. Si je comprends, c'est cela; on simplifie la question.
M. Laberge: Malheureusement, le législateur du temps a cru
bon d'avoir une loi spéciale pour créer la communauté
urbaine et organiser le transfert des compétences, des
responsabilités et des travailleurs. A ce moment-là, je suppose
qu'il avait vu que le code ne couvrait pas tout à fait cela.
M. Léonard: Je suppose que les employés ont
touché les autorités de la ville de Montréal et de la CUM
et que rien n'a été résolu, parce que l'une n'étant
pas liée, en l'occurrence la CUM ou le conseil de
sécurité, en tout cas, la CUM, l'autre n'avait plus de contrat,
je suppose que c'est cela qui
a donné un transfert d'employés. Mais il n'y a pas de
négociation qui ait été entreprise sur cette base avec
l'une ou l'autre des parties ou les deux à la fois.
M. Massé: M. le ministre, des discussions ont eu lieu, de
part et d'autre, entre la ville de Montréal et le syndicat. La
réponse de la ville de Montréal a été: Nous autres,
on ne peut pas s'engager pour un tiers, qui est la Communauté urbaine de
Montréal. Lorsqu'on discute avec la Communauté urbaine de
Montréal, la communauté nous dit: Puisque ce sont des travaux
qu'on n'a jamais faits, on n'est pas lié par l'article 27 de la
convention collective; on n'a jamais fait ces travaux ici, ni en tout, ni en
partie et on ne veut pas non plus prendre ces services de la part de la ville
de Montréal ou d'autres villes qui composent la communauté
urbaine. Cela fait cinq ans qu'on tente d'avoir des discussions, chaque
année, avec ces parties et le gouvernement et on n'a jamais
trouvé de solution, parce qu'il y a un trou dans la loi. Cela fait
longtemps qu'on réclame la solution. Je pense que la seule, c'est
de...
M. Léonard: Des 300 employés qu'il y avait en 1977,
il en reste à peu près combien à la ville de
Montréal présentement, si vous avez l'information?
M. Massé: Je pense que c'est difficile, M. le ministre, de
les chiffrer, mais il reste certainement plusieurs de ces employés.. Il
y en a encore en disponibilité; d'autres ont repris le travail, d'autres
ont pris leur retraite ou sont partis, mais il y a encore de ces gens en
disponibilité. Je pense qu'il ne faut pas tourner le problème non
plus juste autour des gens qui seraient mis en disponibilité ou qui
seraient affectés à d'autres tâches. C'est une question
d'emplois qui appartenaient à notre unité de négociation,
des emplois qui ne pouvaient pas être donnés à l'entreprise
privée, parce qu'on avait des clauses claires et, aujourd'hui, on perd
ces emplois. Des engagements avaient été négociés
librement entre les parties et, par la création de la communauté
urbaine, qui est une créature des villes, je le dis encore une fois, on
passe outre aux clauses et aux articles négociés librement entre
les parties et ce n'est pas tout à fait normal.
M. Léonard: Nous vous avons entendus ce soir. J'ai dit
tout à l'heure que, demain, je poserais à nouveau la question aux
autorités de la ville de Montréal et, possiblement, aux
autorités de la CUM. Éventuellement, d'ici la fin de la
commission, nous verrons, nous aviserons d'ici à la deuxième
lecture.
Le Président (M. Desbiens): Nous vous remecions de votre
participation.
M. Laberge: Merci, M. le Président, madame, messieurs les
membres de la commission, et si la ville de Montréal ou la
communauté urbaine vous donnent des réponses un peu trop bonnes,
vous nous ferez signe.
Le Président (M. Desbiens): J'invite maintenant M. Robert
Hainault à se présenter, s'il vous plaît!
M. Robert Hainault
M. Hainault (Robert): M. le Président, c'est à
titre de commissaire à la retraite de la CTCUM que je vous
présente ce mémoire ce soir qui, en fait, porte tout simplement
à votre connaissance copie d'une lettre qui fut envoyée par le
président de la conférence des maires au mois d'avril de
l'année dernière. Cette lettre est claire, je pense, et je me
contenterai tout simplement de commenter le paragraphe de la deuxième
page qui est le plus important, je crois, où il est dit, entre autres,
que ma pension devrait être de 50% du traitement et ce, à partir
du 1er mai, à la fin de mon mandat. Le paragraphe suivant dit tout
simplement qu'il serait plus équitable que je reçoive cette
pension et que des représentations seront faites à ce sujet.
J'ai vu le texte de cette loi, à peine quelques jours avant la
semaine dernière, et je vous avoue que j'ai été surpris
à la lecture du texte où il semble qu'il n'était pas
question de la rétroactivité, premièrement;
deuxièmement, il n'était pas question non plus de la
moitié du salaire. J'ai communiqué immédiatement avec les
fonctionnaires de votre commission. J'aimerais les féliciter ici car ils
ont agi avec beaucoup de célérité. Ils ont
communiqué avec moi à la suite de mon télex, ils m'ont
téléphoné et ils m'ont envoyé des messagers. J'ai
pu produire ce mémoire à temps pour que votre commission l'ait en
sa possession.
Je vous remercie de m'avoir entendu et je suis prêt à
répondre aux questions que vous aimeriez me poser.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: Si je résume ce que vous nous demandez,
c'est qu'au lieu que ce soient les cinq douzièmes du salaire, ce soit la
moitié, c'est-à-dire que c'est un sixième de plus et que
ça s'applique à partir du 1er mai 1981.
M. Hainault: À la fin de mon mandat. Je ne vois pas
pourquoi on fait une distinction entre le président de la
commission de transport et les membres de cette commission. En fait, le
président recevra la moitié du traitement et les membres de la
commission, les cinq douzièmes du traitement. Pourquoi une telle
distinction? D'ailleurs, c'est ce que le président de la
conférence des maires suggérait et c'est à la suite de
cette lettre que je fais remarquer, presque à regret, cette
intervention, parce que j'aurais aimé que ça se fasse sans que je
sois le demandeur. Mais les délais, à la fin, ne me permettaient
pas d'agir autrement.
M. Léonard: Là, pour l'instant, c'est la
communauté urbaine qui a demandé les cinq douzièmes et
c'est ce que nous avons inscrit dans le projet de loi.
M. Hainault: Je vous communique tout simplement la lettre du
président de la conférence des maires qui m'avait confié
ce mandat.
M. Léonard: Nous allons prendre en considération
votre demande. Nous allons aviser au ministère. On va y regarder avec
sympathie. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, j'ai lu votre texte
attentivement, M. Hainault, et j'en comprends le bien-fondé. Il s'agit
d'une question de rétroactivité. La seule chose qui
m'embête un peu, c'est que cela couvre votre situation, parce que vous
étiez à l'emploi, à ce moment-là, de la Commission
de transport de la Communauté urbaine de Montréal. Qu'est-ce qui
arrive? Toute date est un peu arbitraire. Qu'est-ce qui arrive à ceux
qui étaient à l'emploi du prédécesseur de cette
commission?
M. Hainault: II n'y en a pas d'autres, monsieur, je suis le seul
concerné.
M. Polak: Non, mais avant que ce soit la CTCUM, il y avait un
autre organisme. J'ai oublié le nom, en tout cas...
M. Hainault: La CTM.
M. Polak: Bon, mais, à la CTM, est-ce qu'il y a encore des
employés, des commissaires dans le temps ou dans une fonction comparable
qui existent et qui peuvent dire: Pourquoi ne peut-on pas
bénéficier de ça?
M. Hainault: Je ne crois pas qu'il y en ait.
M. Polak: C'est un peu comme, tout à l'heure, le syndicat
- je comprends son point de vue - quand il dit: Quelqu'un travaille pour une
ville, là on va travailler pour la communauté urbaine; donc ce
n'est pas juste. Mais là, quelqu'un qui a travaillé pour un
organisme qui a précédé votre organisme, lorsque vous
étiez là, peut venir ici et dire: Pourquoi le 1er mai 1981,
pourquoi pas nous autres? Pour le reste, je suis d'accord avec votre
suggestion. Je ne comprends pas non plus pourquoi, pour un commissaire, c'est
cinq douzièmes et, pour le président, six douzièmes. Pour
moi, ça devrait être six douzièmes ou la moitié pour
les deux catégories.
M. Hainault: M. le député, si j'ai mentionné
le 1er mai, c'est que j'ai été mis à la retraite le 1er
mai dernier. C'est la seule raison pour laquelle je mentionne le 1er mai.
M. Polak: Je comprends. Mais moi, je ne pense pas seulement
à vous, je pense à d'autres classes de personnes.
M. Hainault: II n'y en a pas d'autres qui seraient
concernées ici. (23 h 30)
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Monsieur, pourriez-vous me dire combien vous
contribuez à votre fonds de retraite?
M. Hainault: Je n'ai pas contribué, monsieur. Pas un
cent.
M. Laplante: II y a quelque chose que je trouve curieux dans la
loi. Cela sera un sujet de discussion pour nous et je m'explique très
clairement là-dessus, sans arrière-pensée. Quand des hauts
fonctionnaires - j'appelle hauts fonctionnaires autant les commissaires que les
juges ou d'autres qui ne contribuent pas du tout à un fonds de retraite
- partent après un terme de quatre ans avec 50% de leur salaire...
M. Léonard: Dix ans.
M. Laplante: Après dix ans?
M. Léonard: Dix ans.
M. Laplante: Sans contribution! Je vous pose cette question parce
que vous êtes touché par cela. Trouvez-vous que, face à la
population, face aux travailleurs du Québec, il y a là-dedans une
justice sociale a ne rien payer et recevoir un fonds de retraite?
M. Hainault: Malgré l'heure tardive, je pense que je
pourrais répondre à cette question de cette façon.
À l'origine, j'étais employé de la compagnie des tramways.
De
là, je suis devenu employé de la commission de transport;
ensuite, commissaire et, après 22 ans de cette première
commission, j'avais droit à une pension de 5000 $ que je reçois
d'ailleurs. Cela veut dire qu'à la fin de cette onzième
année de service, ça fera 34 ans bientôt. Si j'étais
resté employé, il est vrai que j'aurais contribué mais, en
plus, la commission aurait contribué dans la proportion de 12% de mon
salaire au fonds de retraite. À mon départ, j'aurais eu droit
à 18 mois de salaire en congés de maladie qui m'auraient
été payés comptant suivant le contrat de travail qui
existe actuellement. Si j'ai été nommé commissaire, cela a
été à mon détriment, si on regarde les avantages
qui sont maintenant donnés à la direction de la Commission de
transport de Montréal, du moins au directeur des services où je
pourrais être considéré.
M. Laplante: Ce dont j'ai peur là-dedans, vous êtes
un cas exceptionnel à cause de vos antécédents. Mais les
nouveaux commissaires...
M. Hainault: Ce n'est pas à moi de décider des
nouveaux commissaires. J'ai eu assez de mes problèmes dans le
passé sans m'occuper des problèmes de l'avenir.
M. Laplante: D'accord, mais c'est une opinion personnelle que je
vous demandais. En tant que commissaire...
M. Hainault: D'accord. En tant que commissaire, monsieur...
M. Laplante: ... si vous aviez été à cet
emploi pendant dix ans...
M. Hainault: Dix ans.
M. Laplante: Comme commissaire, mais comme président de
l'organisme?
M. Léonard: II a été commissaire durant dix
ans.
M. Hainault: Je vais laisser au législateur le soin de
décider des commissaires futurs.
M. Laplante: Oui, mais le président de l'organisme, c'est
quatre ans?
M. Léonard: C'est dix ans.
M. Laplante: Dix ans aussi. Sans rien payer. Je me pose de
drôles de questions.
M. Hainault: J'aurais préféré payer, M. le
député, mais la loi ne le permettait pas.
Le Président (M. Desbiens): On vous remercie.
La commission élue permanente des affaires municipales suspend
ses travaux jusqu'à demain matin, 10 h 15, après le vote de 10
heures à l'Assemblée nationale.
Une voix: II y a un vote?
Le Président (M. Desbiens): Oui. Nous entendrons à
ce moment-là le mémoire de la ville de Montréal.
(Fin de la séance à 23 h 34)