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(Dix heures trente-cinq minutes)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! À l'ordre! À l'ordre, s'il vous plaît!
À l'ordre!
La commission élue permanente des affaires municipales reprend
ses travaux afin d'entendre les personnes et les organismes relativement au
projet de loi no 46, Loi modifiant la Loi de la Communauté urbaine de
Montréal.
Avant d'entendre les représentants de la ville de
Montréal, je demanderai le consentement pour remplacer M. Picotte
(Maskinongé) par Mme Lavoie-Roux (L'Acadie) alors que M. Sirros
(Laurier) remplacerait M. Ryan (Argenteuil) comme intervenant. Y a-t-il
consentement?
M. Laplante: D'accord.
Le Président (M. Desbiens): Consentement.
J'inviterais immédiatement les représentants de la ville
de Montréal à s'approcher à la table s'il vous
plaît!
Me Péloquin et Me Drapeau.
Ville de Montréal (suite)
M. Lamarre (Yvon): M. le ministre, le mémoire de la ville
de Montréal sera défendu par le président du comité
exécutif et aussi par le maire de Montréal, M. Drapeau. Je serai
le premier intervenant dans le dossier et, par la suite, le maire prendra la
relève pour développer un autre aspect de la réforme, des
structures de la communauté.
Nous avons étudié en profondeur tout le projet de loi sur
la réforme des structures de la communauté. Nous l'avons
étudié, article par article, en regardant s'il était
possible de présenter un mémoire complet tant sur le plan du
principe que des articles du projet de loi. Nous en sommes venus à la
conclusion que, vu que ce projet de loi était entre la première
et la deuxième lecture, la ville de Montréal déposerait
son mémoire particulièrement axé sur le principe
même de la réforme des structures de la communauté.
Nous avons pensé qu'à ce stade-ci il était
important, parce que le projet de loi proprement dit apporte des modifications
profondes sur le plan de la représentation, pour que les
Montréalais puissent se retrouver à l'intérieur de cette
communauté et que l'administration municipale puisse se
reconnaître à l'intérieur de cette communauté, qu'en
premier lieu et de façon particulière, nous axions la
présentation de notre mémoire sur le principe même du
projet de loi, sur la réforme des structures de la
communauté.
Nous avions eu aussi l'occasion à deux reprises, au comité
exécutif de la CUM et au conseil de la CUM, d'étudier des
amendements aux modifications à la Loi de la CUM. À ce moment, de
façon à peu près unanime, nous avions des modifications
à l'intérieur de la loi et des modifications particulières
sur les mesures administratives qui avaient été adoptées
au comité exécutif et au conseil sur certains aspects
administratifs de la CUM.
Nous avions aussi présenté un mémoire, il y a
déjà plusieurs mois, à un groupe de ministres qui avaient
pour fonction d'étudier de façon particulière la
réforme administrative de la communauté. À ce moment, nous
avons présenté notre mémoire qui tenait compte de deux
choses: premièrement, de l'efficacité, mais aussi de l'aspect
démocratique. Et, comme le soulevait hier le député de
Rosemont, nous voulons maintenir un équilibre entre l'efficacité
et la démocratie et nous croyons que les premières mesures que la
communauté ou que le gouvernement devraient adopter, ce sont des mesures
pour améliorer la performance de cette communauté,
c'est-à-dire d'appliquer une plus grande rigueur sur le plan
administratif, une gestion beaucoup plus rigoureuse des fonds publics, parce
que, actuellement, c'est l'organisme public qui a accru son budget, depuis
trois ans, de façon draconienne, comparativement à d'autres
organismes.
Nous croyons que les premières mesures administratives que le
gouvernement devrait apporter sont des mesures qui doivent s'appliquer
particulièrement à la gestion des fonds publics, une rigueur
beaucoup plus grande sur le plan de l'administration, afin que les
contribuables, parce que nous sommes ici quand même pour l'effort
financier des contribuables de cette communauté, de la communauté
ne soient par surchargés et que leur effort financier ne croisse pas de
façon démesurée d'année en année.
Il y a eu aussi, au cours de la discussion, certaines affirmations et
particulièrement sur le plan que les communautés ou les
organismes régionaux qui
ont été formés, ont permis à Montréal
de faire un transfert de l'effort fiscal de Montréal vers la banlieue.
Je me dois, M. le Président, de corriger cette impression, parce que je
dois dire que la ville de Montréal a supporté pendant de
nombreuses années tout l'aspect des escouades spécialisées
de la police. Cette police couvrait l'ensemble de la communauté et
souvent la grande agglomération montréalaise, et c'étaient
les citoyens de Montréal seulement qui payaient, à ce
moment-là.
Nous avons aussi construit a Montréal les grandes
infrastructures, les grands collecteurs, les grands intercepteurs au niveau de
presque l'ensemble de la communauté. Et, à ce moment-ci, je dois
vous dire qu'encore de ces grandes infrastructures, de ces collecteurs, que ce
soit le collecteur Molson qui dessert en partie Saint-Léonard-Anjou, le
collecteur Saint-Pierre qui dessert LaSalle, Côte-Saint-Luc, Lachine, le
collecteur Décarie-Rimbault qui dessert Saint-Laurent ou
Côte-Saint-Luc, tous ces collecteurs ont été en partie
payés ou ont été payés à rabais après
des procès qui ont duré 35 ans. Je pense que la ville de
Montréal, les citoyens de Montréal, les contribuables
montréalais ont fait un effort très grand et ont participé
à cet effort autant, sinon plus, que tous les citoyens de l'ensemble de
la communauté. (10 h 45)
Si nous déposons un mémoire qui est axé
particulièrement sur ce que j'appelle le principe même de ce
projet de loi no 46 sur la réforme des structures de la
communauté, c'est que nous croyons qu'une ville centrale, une ville
comme Montréal doit garder un leadership, doit garder ce rôle
moteur, ce leadership sur le plan culturel, sur le plan social et sur le plan
économique. C'est pour cela que l'administration municipale s'oppose
à cette parité qui ne correspond pas à la population et
qui, je pense, est un déséquilibre sur le plan
démocratique, qui ferait que les citoyens de Montréal ne soient
pas traités équitablement et qu'ils soient des citoyens de
seconde classe, lorsqu'une population dépasse de 200 000 l'ensemble des
villes de banlieue, dont la représentation est environ de 57% et celle
du comité exécutif actuel de 58%. Il existe actuellement, au
niveau du comité exécutif, au niveau du conseil, à ces
deux niveaux surtout, cet équilibre des forces, c'est-à-dire en
fonction de la population.
Je voulais aussi corriger une impression qui, hier, a peut-être
été corrigée mais je voudrais quand même apporter
certains éclaircissements. Le Syndicat des cols bleus a affirmé
ici que la ville de Montréal, qui siège en majorité,
actuellement, au comité exécutif, avait accepté de se
désengager des services d'entretien de tout le parc automobiles de la
police. Je dois vous dire que ceci s'est fait en 1977 au conseil de
sécurité, où Montréal est minoritaire. Cela s'est
fait au niveau du conseil de sécurité et non pas au niveau du
comité exécutif; c'est le conseil de sécurité de
cettte époque qui a accepté ce désengagement. Ceci a
établi un déséquilibre à l'intérieur de
l'emploi à la ville qui a causé des problèmes d'attrition,
des problèmes de mutations des employés de la ville.
M. le Président, je voulais corriger ces impressions. On avait
quand même rétabli un peu cette impression mais je pensais qu'il
était nécessaire que la ville de Montréal fasse quand
même connaître ce qui s'est passé dans le passé sur
le plan de cet esprit communautaire que la ville a toujours eu envers tous les
organismes publics, que ce soit le Montréal métropolitain, la
Corporation du Montréal métropolitain, la Commission
métropolitaine et actuellement la
Communauté urbaine de Montréal.
La ville de Montréal a toujours eu dans son concept administratif
une pensée à caractère métropolitain. La nouvelle
réalité issue de la croissance économique et
démographique de l'île, des villes qui, il y a seulement quelques
années, n'étaient encore que de gros villages s'étaient
retrouvées du jour au lendemain avec une population de travailleurs et
d'entreprises pour qui les barrières municipales ne correspondaient plus
à une réalité, leur espace vital étant devenu
l'île.
Il est évident que, dans ce nouveau contexte, certaines
frontières, certains doublements de services, le manque de coordination
et de planification dans la police, le transport public, l'épuration des
eaux, l'assainissement de l'air et le contrôle des aliments
étaient devenus des anachronismes et des handicaps sérieux.
Ce débordement de l'activité issue de la ville de
Montréal vers les autres villes de l'île a rapidement
créé un problème: l'influx quotidien de personnes
résidant en banlieue et venant travailler à Montréal a
obligé la ville à se doter d'équipements et à
offrir des services qui s'adressaient non seulement aux résidents
montréalais, mais à tous les banlieusards qui entraient le matin
dans la ville et la quittaient en fin d'après-midi.
C'est ainsi que Montréal a dû fournir un système de
transport en commun, mettre sur pied des escouades spécialisées
de police, assurer la construction d'infrastructures d'aqueduc, d'égout
et de rues et prévoir des moyens de lutte contre l'incendie qui
dépassaient largement les seuls besoins des résidents. Cela afin
de répondre aux contraintes créées par les heures de
pointe dans l'activité de la ville centrale. Cet élargissement,
non seulement quantitatif, mais également qualitatif des services
municipaux s'est rapidement traduit par une augmentation des coûts qui
s'est elle-même
reflétée dans un accroissement parallèle du fardeau
financier des Montréalais. Dans la mesure où certains services
fournis par la ville de Montréal bénéficiaient largement
aux résidents des autres villes, les responsables montréalais
souhaitaient donc que les coûts en soient équitablement
partagés entre les Montréalais et les autres
bénéficiaires.
Les formules suggérées pour répondre à cette
attente de la ville de Montréal ont revêtu différents
aspects au cours des années, mais on n'a jamais pu en arriver à
un consensus.
La loi du 23 décembre 1969 a regroupé au sein de la
Communauté urbaine de Montréal l'ensemble des
municipalités de l'île de Montréal, de l'île Bizard
et de l'île de Dorval.
Même si la superficie du territoire de la Communauté
urbaine de Montréal n'est que de 122 500 acres, c'est pourtant là
qu'y vit presque le tiers de la population du Québec. C'est
également dans ce territoire que l'on compte 45% des emplois des
secteurs secondaires et tertiaires de la province. Ces seuls chiffres
expliquent bien l'importance et la dimension qu'ont toujours revêtues les
problèmes reliés à cet organisme.
Une première lecture du projet de loi no 46 nous a d'abord
amenés à conclure que le gouvernement avait écarté
les propositions que lui avait faites l'administration municipale de
Montréal dans le mémoire remis à l'honorable Guy Tardif au
mois de septembre 1980, alors que ce dernier dirigeait le ministère des
Affaires municipales.
Une étude plus approfondie du projet de loi nous a vite
convaincus que ce dernier était pour Montréal carrément
inacceptable. Inacceptable parce qu'il s'attaque à la
personnalité même de Montréal sous une foule de facettes
et, aussi, parce qu'il contient des dispositions contraires aux grands
principes démocratiques qui ont jusqu'à maintenant guidé
notre société.
La ville de Montréal ne se reconnaît pas dans cette
réforme dont les fondements sont absolument contraires aux principes de
base de la démocratie.
En proposant une représentation égale au comité
exécutif pour environ 1 000 000 de Montréalais et quelque 800 000
citoyens de la banlieue, le gouvernement rejette le principe d'une
représentation égale pour chaque citoyen, quelle que soit la
ville où il demeure.
Le projet de loi abaisse la valeur d'un Montréalais à 75%
de celle d'un banlieusard. L'administration municipale déplore que l'on
nie ce droit de représentation égale aux Montréalais que
l'on traite alors comme des citoyens diminués.
Comment le gouvernement peut-il prétendre mettre sur le
même pied Montréal et la banlieue quand on sait, par exemple, que
la population du quartier Rosemont seulement est supérieure à la
population réunie de douze municipalités de banlieue de
l'île de Montréal? Le nord de Montréal seulement, Ahuntsic,
Nouveau-Bordeaux, Cartierville, a une population supérieure à
celle de treize villes de banlieue réunies. On compte plus de citoyens
dans le seul sud-ouest de Montréal que dans onze municipalités
réunies.
À l'heure actuelle, Montréal compte 56,7% de la population
de l'île, alors que les autres villes en comptent 43,3%. La
représentation actuelle de la ville de Montréal au comité
exécutif, avec sept membres sur douze, correspond à cette
réalité démographique, c'est-à-dire à 58% du
pourcentage.
L'administration municipale de Montréal rappelle qu'elle a
déjà accepté le principe que la représentation de
la ville de Montréal et des autres municipalités au sein du
comité exécutif soit proportionnelle à leur population
respective.
Cette reconnaissance a pris la forme d'une proposition soumise à
l'approbation des membres du conseil de la Communauté urbaine de
Montréal lors d'une assemblée tenue le 24 septembre 1981.
Je ne vous lirai pas complètement le texte, mais cette
proposition établissait que les représentations au sein du
comité exécutif seraient en fonction du pourcentage de la
population, c'est-à-dire qu'à 54% des membres, à ce
moment-là, la banlieue aurait un membre de plus, c'est-à-dire six
sur treize et, lorsqu'elle aurait entre 49% et 50,5%, elle aurait sept sur
sept, c'est-à-dire la parité. C'était la proposition faite
par l'administration au conseil de la Communauté urbaine de
Montréal, en septembre 1981, qui était basée sur le
principe démocratique d'un homme, un vote.
Nous croyons cette formule juste, en plus d'avoir le mérite de
respecter le principe d'une représentation égale pour chaque
citoyen, quelle que soit la ville où il habite.
Dans son projet de loi, ce que le gouvernement nous propose n'est rien
d'autre qu'une recherche d'équilibre fondé sur une notion
contraire au principe démocratique de la majorité.
Cette notion théorique d'équilibre des forces nous
apparaît, au surplus, dénuée de sens pratique et on
pourrait, avec un peu de réalisme, craindre qu'elle ne donne lieu
à des affrontements qui commenceront dès le moment de la
formation du comité exécutif et des commissions.
D'ailleurs, le projet prévoit que cet équilibre peut
facilement mener à l'impasse et, pour y pallier, il propose: le vote
prépondérant du président du comité
exécutif; la nomination, par le gouvernement
ou le ministre des Affaires municipales, des personnes
mentionnées aux articles 8, 11, 82c et 88. Or, en ce qui regarde le vote
prépondérant du président du comité
exécutif, nous ne pouvons admettre qu'il s'agisse d'une solution qui
s'inscrive dans le fondement démocratique sur lequel le gouvernement
prétend, actuellement, baser la réforme du système
politique de la communauté; il en est de même pour les nominations
qui seront faites par le gouvernement ou le ministre, plutôt que
d'être le résultat d'un vote majoritaire des représentants
locaux des électeurs.
En vertu du projet de loi no 46, les décisions du comité
exécutif seront prises à la majorité des membres
présents. Mais il faut bien admettre que les seules décisions
qu'arrivera à prendre ce comité seront celles pour lesquelles on
arrivera à faire l'unanimité ou presque.
En effet, même adoptée par une majorité de membres,
une décision du comité exécutif ne peut être
appliquée si quatre membres de l'un des deux groupes s'y opposent. Le
projet de loi prévoit que la guestion doit faire l'objet d'un nouveau
vote à l'assemblée suivante du comité exécutif. Si
la même opposition est maintenue, toujours malgré la
majorité des voix obtenues, la question est alors soumise au
conseil.
À ce niveau, la décision du comité sera
confirmée et prendra effet à moins que les deux tiers des voix ne
soient négatives. C'est-à-dire qu'un tiers des voix au conseil
pouvant provenir uniquement des villes de banlieue pourra forcer l'adoption
d'une mesure que les représentants de Montréal jugent
inacceptable pour leurs concitoyens.
On conçoit mal que deux règles différentes
s'appliquent: l'une où la majorité des deux groupes est requise;
l'autre où un tiers des voix représentées par un seul
groupe est suffisant. Le veto accordé à un groupe au
comité exécutif ne pourrait être valable que pour la
banlieue. Seulement celle-ci pourrait profiter de l'appui d'un groupe
d'opposition au sein de la représentation de Montréal.
La loi révisée créerait des commissions permanentes
du conseil pour chacune des principales fonctions exercées par la
communauté. Celles-ci disposeraient de pouvoirs d'étude et de
recommandation au comité exécutif et au conseil.
Sans être devin, on peut prévoir la difficulté
qu'entraînera la formation de ces commissions où la
majorité devra être dans un groupe ou dans un autre, quelle que
soit la représentation démographique. Au même titre que la
représentation au comité exécutif, le nombre de
représentants de Montréal et des autres villes de l'île au
sein de ces commissions doit, selon l'administration municipale, être en
relation directe avec le pourcentage de la population de chacun des groupes
représentés.
Montréal déplore une fois de plus qu'à ce chapitre,
le gouvernement n'ait pas tenu compte du fait que Montréal
représente une majorité de citoyens de l'île. Elle comprend
mal également que, contre toute logique, les membres des commissions
soient nommés avant la formation du comité exécutif.
Les changements proposés par le projet de loi no 46 sont d'autant
plus offensants pour la ville de Montréal qu'elle est déjà
défavorisée par le système de votation existant ou
proposé à la communauté. (11 heures)
En effet, les municipalités de banlieue ne sont
représentées à la communauté que par leur maire ou
son représentant. L'Opposition en est absente. Par contre, dans le cas
de Montréal, l'Opposition est représentée au conseil de la
communauté. En oubliant cet aspect, le gouvernement semble avoir fait
l'hypothèse que l'administration municipale de Montréal sera
toujours le fait d'un parti politique presque unique.
Une vision à plus ou moins long terme impose que l'on prenne en
considération cette autre hypothèse d'une plus grande
diversité politique sur la scène municipale montréalaise.
Dans un tel cas, il est facile d'imaginer une administration
montréalaise minoritaire au conseil de la communauté même
si elle est majoritaire au strict plan municipal.
Les nombreuses considérations soulevées jusqu'à
maintenant justifient, nous croyons bien, de profondes modifications au projet
de loi. S'il est important de respecter un principe comme celui d'une
égale représentation pour chaque citoyen, il est tout aussi
primordial d'éviter de poser des gestes gui risgueraient d'affaiblir
encore davantage l'économie de Montréal, de sa région et
de l'ensemble du Québec.
L'administration municipale de Montréal soutient que la
réforme telle que proposée par le gouvernement nuira au
développement économique de Montréal et du Québec.
Montréal a toujours joué un rôle moteur dans le
développement économique, non seulement de la grande
région métropolitaine, mais de l'ensemble du Québec.
Montréal est la seule métropole internationale au Québec.
Elle est le pôle du développement industriel de l'est canadien, la
ville des sièges sociaux, le principal centre de recherche au
Québec, une capitale commerciale et un centre international de
communications.
Les changements que propose le gouvernement n'ont d'autre effet que de
reléguer Montréal au simple rang de ville de banlieue. De
municipalités gravitant autour d'une métropole,
l'agglomération montréalaise ne deviendra plus qu'un ensemble de
villes de banlieue.
Pour l'administration municipale de Montréal, c'est la
présence même d'une
métropole qui justifie l'existence d'un organisme comme la
communauté urbaine. En raison de son rôle moteur dans la vie
économique, sociale et culturelle, la ville centrale attire chaque jour
des milliers de citoyens qui bénéficient de tous ses services,
mais qui n'en partagent pas nécessairement les coûts. Le
développement économique de l'île est d'abord et avant tout
fonction d'une métropole forte pour laquelle aucun effort ne doit
être ménagé.
En cette période de difficultés économiques,
l'administration municipale de Montréal comprend mal que le gouvernement
veuille poser un geste qui aura pour effet de restreindre ce rôle moteur
que joue la métropole dans la vie économique de la région
et du Québec.
Compte tenu du climat socio-économique actuel, l'administration
municipale de Montréal s'est donné un plan de
développement axé sur la régénérescence et
la consolidation de la ville traditionnelle. En favorisant une option
différente de celle-ci, le gouvernement met un frein aux efforts de
relance et de développement économiques, non seulement de
Montréal, mais de toute la grande région montréalaise.
La région montréalaise et la province seront
favorisées si Montréal l'est en tout premier lieu. L'inverse
n'est pas aussi vrai. On s'est aperçu, il y a quelques années,
qu'une déconcentration des activités pouvait entraîner
l'affaiblissement de la métropole et, par voie de conséquence,
l'appauvrissement global de la province. Si Montréal est forte, les
villes de banlieue en ressentiront nécessairement l'effet. Mais toute
déconcentration d'activités en dehors de Montréal n'a pas
le même effet pour celle-ci comme l'a démontré un
développement trop rapide de la banlieue.
L'action politique et les systèmes qui la permettent peuvent
souvent contribuer à l'essor économique, que ce soit par les
mesures incitatives adoptées ou par le climat de confiance qui entoure
la stabilité du système.
Non seulement le projet de loi 46 aura-t-il des conséquences au
plan économique, mais il risque d'affecter la santé
financière de la ville de Montréal.
Pourtant, à l'heure actuelle, la santé financière
de Montréal est très bonne. C'est l'avis que partagent les
principales maisons spécialisées en la matière, Moody's,
Standard & Poor's et Canadian Bonds Rating Services, qui ont
procédé à une évaluation de la situation
financière de la ville et qui lui ont accordé une cote
enviable.
Au niveau financier, donc, l'administration municipale de
Montréal rappelle au gouvernement du Québec qu'elle est
directement touchée par la dette de la communauté urbaine. Comme
la part de Montréal au financement de la communauté est
prépondérante, 52,5%, elle doit plus que toute autre
municipalité membre de cet organisme tenir compte des emprunts
contractés par la communauté lorsque vient le temps
d'élaborer le programme d'emprunts pour les seules fins de la ville de
Montréal.
Au cours des derniers mois, Moody's et Standard & Poor's ont
accordé à Montréal la cote grand A. Au début du
mois de février, c'est cette fois Canadian Bonds Rating Services qui
nous décernait la cote A plus. Montréal a donc tout
intérêt à maintenir une bonne santé
financière à la communauté et les décisions au
sujet de la façon dont les emprunts seront effectués ne doivent
pas lui être imposées par la banlieue comme cela serait possible
par l'effet de l'article 40a.
La ville de Montréal a toujours réclamé que le
service de police relève du comité exécutif et du conseil,
mais cela dans le contexte d'organismes où le vote majoritaire des
représentants de la population était respecté.
Dans le projet de loi no 46, les pouvoirs des articles 212 et suivants
qui appartiennent maintenant au conseil de sécurité seraient
transférés au comité exécutif. Or, on a vu
précédemment que, d'une part, le président du
comité exécutif, de qui relève le directeur de police,
jouissait du vote décisif et qu'il pouvait être nommé par
Québec et que, d'autre part, le veto d'un groupe au comité
exécutif n'avait que peu d'utilité. En effet, ce veto doit
être supporté par les deux tiers des voix du conseil, ce qui ne
peut être obtenu à toutes fins utiles que par les
municipalités de banlieue qui profiteraient de l'appui d'un groupe
d'opposition au sein de la représentation de Montréal.
Comme le président du comité exécutif pourra
être nommé par le gouvernement, c'est donc dire qu'en pratique le
contrôle du service pourra échapper aux représentants de la
majorité de la population. De plus, les pouvoirs des paragraphes 2, 4, 5
et 6 du deuxième alinéa de l'article 212 ne peuvent être
exercés que sur avis de la commission de la sécurité
publique où le vote décisif appartient encore au
représentant gouvernemental.
Aussi, dans plusieurs domaines, le directeur du service de police a les
mêmes pouvoirs que le directeur général, ce qui contribue
à un amenuisement du contrôle de l'administration de ce
service.
On peut craindre également que la diversité et
l'ambiguïté des dispositions produisent un flottement des
responsabilités qui soit la source de confusion ou de conflits entre les
personnes ou les organismes impliqués.
Montréal considère tout à fait inacceptable qu'en
pratique le contrôle de ce service puisse lui échapper. À
notre avis, c'est faire preuve de manque de réalisme
que de confier la responsabilité ultime d'un service aussi
important sur le plan social a un organisme où la majorité de la
population n'a pas une voix décisive.
D'ailleurs, même en ne tenant pas compte de cette majorité,
si l'on veut éviter le morcellement et prévenir une
déconcentration des effectifs qui entraînerait une baisse de
l'efficacité des services policiers, il faut reconnaître que c'est
dans Montréal que la police doit fonctionner, la concentration de la
population mobile et de l'activité économique se retrouvant dans
son territoire. Il est donc normal que ce soit les représentants de
cette ville qui fassent majoritairement les choix politiques qui influeront sur
la qestion du service. Autrement, la police oeuvrant principalement sur le
territoire de Montréal sera dirigée par des représentants
de l'extérieur, qu'ils soient de Québec ou de la banlieue. C'est
une éventualité à laquelle Montréal s'oppose
très fermement.
En vertu des dispositions du projet de loi 46, un nouveau poste de
directeur général serait créé à la
communauté urbaine. On sait qu'autrefois, la ville de Montréal
avait un directeur des services. Ce poste fut aboli et remplacé par
celui de secrétaire administratif qui effectue la coordination des
dossiers et les présente au comité exécutif. Toutefois, le
secrétaire administratif n'est pas à un niveau supérieur
à celui des services dont les directeurs relèvent directement du
comité exécutif.
La ville de Montréal croit que la direction des affaires doit
demeurer la responsabilité immédiate des élus et elle
n'est pas favorable à l'établissement d'un autre niveau de
hiérarchie pouvant tendre à un éloignement plus grand
entre les services et la population.
Par ailleurs, dans le contexte du fonctionnement d'un comité
exécutif où le président aurait le vote
prépondérant, la création du poste de directeur
général pourrait n'avoir pour résultat que de confirmer
l'autorité du président sur les services au détriment de
celle des élus. La ville de Montréal s'oppose donc au nom du
principe de l'autorité des élus sur la gestion des affaires de la
communauté à la création de ce nouveau poste de
décision additionnel qu'elle juge inutile et contraire à
l'exercice d'une véritable démocratie.
Malgré certaines difficultés d'adaptation parfaitement
normales, la communauté urbaine de Montréal est quand même
parvenue à fonctionner au cours de ses douze années d'existence.
Nous avons posé à plusieurs reprises la question: Est-ce que la
ville a empêché, par sa majorité, la communauté de
se développer en fonction du mieux-être de l'ensemble de la
population de la communauté? Jusqu'à présent, nous n'avons
pas reçu de réponse à cette question.
Nous avions demandé: Est-ce qu'il y a une mesure que
l'administration municipale a fait adopter par sa majorité qui a nui
à l'ensemble des autres villes de la communauté? Nous n'avons pas
reçu de réponse; on a apporté la question des trains de
banlieue, où la ville de Montréal s'est opposée;
effectivement, elle s'est opposée parce que nous avions dans nos calculs
des montants beaucoup plus importants que ceux qui nous étaient fournis.
Nous avons mis une balise de 6 000 000 $. Effectivement, le protocole d'entente
s'est signé en collaboration avec la banlieue et la ville pour une
balise, c'est-à-dire un montant n'excédant pas 6 000 000 $.
Alors, la banlieue, comme la ville de Montréal, a
bénéficié de cette position de l'administration de la
ville de Montréal. Actuellement, on parle de 30 000 000 $, nous avons
une balise de 6 000 000 $, c'est-à-dire que les villes de banlieue
auront à payer moins entre les 30 000 000 $ et les 6 000 000 $ sur le
plan de l'effort fiscal.
Nous nous sommes aussi opposés lorsque la question de l'usine
d'épuration est arrivée parce que nous pensions que les
coûts d'emprunt de cette usine pourraient mettre en danger la
qualité financière de la ville et de la CUM. À ce
moment-là, le gouvernement a décidé de voir à
subventionner à 90% le service de la dette. Nous avons, par cette mesure
que nous avons fait adopter, sauvé près de 30 000 000 $ à
l'ensemble des citoyens de la Communauté urbaine de Montréal.
J'ai fait faire une analyse, depuis trois ans, des votes qui ont
été pris au comité exécutif, je dois vous dire que
ce sont là deux mesures qui ont été prises par
l'administration pour arrêter un projet afin de le regarder sur le plan
financier et qui ont bénéficié, dans l'ensemble, autant
aux villes de banlieue qu'à la ville de Montréal.
Malgré certaines difficultés d'adaptation parfaitement
normales, la Communauté urbaine de Montréal est quand même
parvenue à fonctionner au cours de ces douze années
d'existence.
L'objectif d'une révision de la loi créant cet organisme
devrait donc, selon l'administration municipale de Montréal, être
non pas tant de modifier les structures que d'améliorer sa performance
et d'accroître son efficacité. Dans le contexte actuel
d'austérité, il serait même opportun d'entreprendre une
rationalisation de l'ensemble des services offerts par la communauté. On
ne peut, comme le démontre l'expérience des vingt
dernières années, procéder continuellement et
impunément à des chambardements de structures. Cette approche
nous semble d'autant plus inopportune qu'elle repose sur l'hypothèse que
le bon fonctionnement de la Communauté urbaine de Montréal
dépendrait
des structures alors que l'histoire démontre qu'au fond ce sont
les personnes, surtout, qui comptent.
L'administration municipale de Montréal ne peut accepter le
projet de loi no 46 déposé par le gouvernement. Lui donner notre
accord serait trahir les intérêts des Montréalais. C'est
pourtant le geste que posera l'Assemblée nationale si elle n'apporte pas
de modifications profondes à ce projet.
L'administration municipale de Montréal rappelle au gouvernement
quelques recommandations qu'elle lui a déjà faites, ainsi que
quelques principes devant guider les changements à la Loi de la
Communauté urbaine de Montréal.
L'objectif d'une révision de la Loi de la Communauté
urbaine ne doit pas être de modifier les structures, mais plutôt
d'améliorer la performance et d'accroître l'efficacité des
services en place;
La représentation au sein des organes décisionnels de la
communauté urbaine doit être basée sur la population comme
c'est le cas dans toute organisation démocratique;
La communauté urbaine tient son mandat des municipalités;
ce sont donc elles seules qui doivent décider des services et des
niveaux de service qui seront assumés par la communauté;
L'administration municipale de Montréal juge opportun de
rétablir le contrôle direct des élus sur le service de
police;
Toute modification à la structure et à l'organisation de
la communauté devra être acceptée par les
représentants de la majorité de la population, à
défaut de consulter celle-ci directement.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Merci. M. le maire, vous
intervenez immédiatement?
M. Drapeau (Jean): M. le Président, nous sommes
réunis pour examiner une situation qui est celle avant tout de la ville
de Montréal située, cette fois, dans le contexte de l'île
de Montréal.
Je voudrais signaler à l'attention des membres de la commission
qu'une fois encore et par pure coïncidence, je n'y suis pour absolument
rien, la ville de Montréal a recueilli hier les plus grands honneurs
internationaux dans le domaine de la musique enregistrée, puisque
l'Orchestre symphonique de Montréal - c'est dans les nouvelles de ce
matin - s'est vu attribuer le grand prix de musique de l'Académie
Charles-Cros. C'est son disque, sur le marché international depuis le
printemps dernier, Daphnis et Chloé par l'Orchestre symphonique de
Montréal, dirigé par Charles Dutoit, qui vaut à
Montréal, au Québec et au Canada cet honneur pour la
première fois.
Vous me permettrez, M. le Président, de marquer cet
événement qui consacre Montréal ville internationale, en
présentant à M. le ministre - et je ne m'attendais absolument pas
que cela sortirait pendant que je serais ici - le disque - le messager, s'il
vous plaît - de Daphnis et Chloé. Il me fait plaisir de l'offrir
à M. le ministre et, encore une fois, quoi que l'on pourra penser en
certains milieux, c'est une pure coincidence, non pas l'octroi de cet honneur
à l'orchestre symphonique; cela est dû à la qualité
extraordinaire de l'orchestre de Montréal. Le disque qui vaut cet
honneur à l'orchestre et à Montréal a été
réalisé, en même temps que deux autres l'an dernier,
grâce à un appel particulier à un certain nombre
d'établissements industriels, financiers et commerciaux de
Montréal pour assurer que Montréal atteindrait le marché
mondial du disque, étant assuré, d'une part, qu'elle en avait la
qualité et, d'autre part, qu'une grande maison de disques internationale
acceptait de miser sur l'Orchestre symphonique de Montréal avec
maintenant le succès que nous savons. Cela pour illustrer que le
caractère de Montréal en fait une ville pas comme les autres. Je
veux évoquer aussi un rapprochement, car ce que nous sommes en train
d'étudier, ce projet de loi, si on l'appelle par son nom, c'est le
projet de loi de la constitution de la communauté urbaine. Nous
étudions un projet de loi qui crée une nouvelle
communauté, ainsi qu'il a été dit par un document officiel
du ministère. Un organisme qui jouit d'une juridiction administrative et
financière de 600 000 000 $ à part les investissements, un
organisme qui a besoin d'une loi créatrice qui lui dit et dit aux
administrateurs ce que cet organisme a le droit de faire et ce qui lui est
interdit, cela s'appelle une constitution.
Au même moment où le débat n'est pas terminé
sur un autre projet de constitution, au moment où dans un autre
bâtiment, dans un pays étranger, on s'apprête à
donner contre le gré des parlementaires du Québec une
constitution dont les parlementaires du Québec ne veulent pas, l'on
comprendra peut-être que nous, de Montréal, au nom du million de
Montréalais qui ont fait la métropole du Canada, qui ont
même fait les banlieues de l'île de Montréal et des
environs, nous soyons dans le même état d'esprit et que nous ayons
de la difficulté à comprendre qu'on veuille placer
Montréal au même plan que les banlieues. On peut dire: D'accord,
Montréal est en concurrence avec Toronto, Vancouver, les grosses villes
américaines. On lit cela, on entend cela, c'est prononcé, c'est
écrit par des membres du gouvernement, par des ministres, des
députés, par des politicologues, mais il ne faut pas
s'arrêter là. La contribution de Montréal comme ville
à l'ensemble du Québec est évidemment bien plus
considérable avec beaucoup plus de répercussions pour le
bénéfice de l'ensemble du Québec que l'ensemble des
banlieues.
Je voudrais bien que l'on sache que pour nous, à Montréal,
étant donné ce que les Montréalais ont fait dans le
passé, étant donné ce qu'ils ont accepté de relever
comme défi, succès qui ont toujours
bénéficié à l'ensemble du Québec et à
l'ensemble de la communauté, cette situation commande que l'on
reconnaisse au point de départ que ce serait commettre un acte de
légèreté que de traiter Montréal comme une autre
ville. Québec est une province pas comme les autres. Il est certainement
incontestable que Montréal soit la métropole du Québec,
s'il y en a qui veulent contredire l'affirmation que c'est encore la
métropole du Canada. C'est unanimement admis, puisqu'il y a à peu
près de 1 000 000 d'âmes; la ville suivante est bien loin
derrière et c'est quand même la voisine de Montréal, la
ville de Laval, avec un quart de million. Montréal, ville
différente, qui doit être étudiée comme telle dans
l'ensemble de la province. Il est arrivé qu'à cause de cela, de
ce caractère, il a été compris dans le passé que
Montréal devait, à cause de son rôle dans l'ensemble de la
province, être traitée différemment des autres. Or, le
respect qu'on doit avoir à l'endroit de Montréal se fonde aussi
sur le fait que Montréal, en plus d'être une ville, c'est un
employeur; Montréal contribue à l'activité
économique, industrielle, financière de tout le Québec.
Comme employeur, qu'est-ce que c'est la ville de Montréal? Je ne parle
pas de tous les employeurs qui sont sur tout le territoire de la ville; je
parle de la corporation municipale qui porte le nom de ville de
Montréal.
J'ai tous les détails ville par ville, mais
Il serait trop long d'énumérer combien il y a
d'employés municipaux de Montréal, payés par les
contribuables de Montréal, qui demeurent dans 242 villes en dehors de
Montréal et à qui sont payés, par année, 150 000
000 $ en salaires. Je crois qu'un gouvernement qui se trouverait tout à
coup à étudier la situation d'une grande entreprise commerciale,
industrielle ou financière et qui étudierait la situation d'un
employeur qui a 12 000 employés, qui en a environ 5000 à 6000 en
dehors de son territoire, d'un employeur qui paie donc à 5000 ou 6000
employés qui ne demeurent pas sur son territoire, qui demeurent en
dehors de son territoire, 150 000 000 $, par année, un gouvernement
étudierait ce cas, dis-je, avec une minutie incroyable. J'ai même
entendu parler qu'il arrive que des gouvernements subventionnent ces
employeurs. Des fois, ils les subventionnent pour aider à créer
l'industrie, des fois pour s'agrandir et des fois pour ne pas qu'elles ferment
leurs portes.
Il est évident qu'il n'est pas question de faire peur au monde en
disant: Le siège social de Montréal va déménager.
Peut-être que c'est cette assurance qui fait tenir Montréal pour
acquis; c'est dans le Québec et cela va y rester, mais cela ne pourra
pas y rester en jouant le même rôle, par exemple. Montréal
ne peut pas continuer de jouer son rôle de grande métropole
mondiale si, à ce Parlement du Québec, une loi est adoptée
qui diminue l'importance de Montréal.
Comment continuer de parler de Montréal, métropole
mondiale, et de Toronto, pour ne pas le nier non plus, et personne ne le nie?
Il est évident que, quand on voyage dans le monde... Bon Dieu! combien
de fois je reçois des cartes postales ou des lettres de Canadiens d'un
peu partout, qui voyagent. Ils m'envoient une petite carte, parce qu'ils
entendent parler de Montréal. Je l'ai déjà dit ailleurs un
jour, à un ancien maire de Toronto, qui est décédé.
Il était en voyage en Europe. Il m'a envoyé un
télégramme à Londres pour me dire qu'il revenait et qu'il
voulait me voir avant de retourner à Toronto: Très bien, mon
chauffeur ira vous chercher à l'aéroport; il vous amènera
à l'hôtel de ville et il vous reconduira à
l'aéroport pour prendre l'avion pour Toronto. Il arrive. Il avait fait
un excellent voyage, etc. Il était même allé à Rome
où il avait été reçu par le pape. Quel souvenir!
"Vous avez fait un excellent voyage?" "Oui".
Il a dit: "II suffit de dire qu'on est Canadien, n'importe où les
portes s'ouvrent, les Canadiens sont tellement aimés partout dans le
monde". J'avais eu l'expérience de m'en rendre compte aussi, alors je
confirmais. "Comme cela, vous n'avez eu aucun ennui, aucun
désagrément au cours de votre voyage?"
Il m'a dit: "II y a seulement une chose, quand je disais que je venais
du Canada, on me demandait si je venais de Montréal." C'était le
maire de Toronto.
Montréal, grande métropole mondiale, c'est
indéniable. Mais encore une fois, on ne peut pas... Si je traite de ces
propos sur un ton apparemment humoristique, c'est pour changer un peu le
climat, parce que, depuis hier, ce n'était pas drôle. Je pense que
cela aussi sera admis. Il n'est pas défendu de dire de façon
souriante des choses sérieuses, ça peut valoir plus encore que de
donner un ton sérieux à des choses comme on en a entendu
hier.
Donc, le rôle que joue Montréal est incontestablement un
rôle à part. Montréal a un mandat à part,
Montréal a accepté de relever des défis à part et
c'est ce qui a le plus contribué à faire de Montréal une
ville internationale. Si, maintenant, après avoir été au
quatrième, au cinquième ou au
sixième rang, le tourisme est rendu la première industrie
du Québec, je pense qu'on ne niera pas non plus que c'est dû
largement à Montréal. Ce ne sont pas les banlieues qui y ont
contribué, veuillez me croire. J'ai encore trop de résolutions
adoptées par les conseils de ville de banlieue pour m'interdire ceci et
me prévenir qu'ils ne me paieront pas ça, qu'ils ne feront pas
ça, et qu'ils sont contre ceci ou qu'ils sont contre ça pour
pouvoir leurs rendre le témoignage qu'ils ont participé à
la grandeur de l'industrie touristique qui est maintenant au premier rang des
grandes industries du Québec.
Cela n'est pas indifférent que je traite de cet aspect, parce
qu'il n'est pas vrai qu'il suffit d'additionner des villes pour faire un plus
grand total, comme il ne suffirait pas d'additionner de grandes compagnies
internationales, multinationales avec des PME pour faire quelque chose de plus
gros. Ce n'est pas vrai, ça. Dans le projet de loi et dans l'esprit qui
préside et qu'on retrouve, on semble dire: Maintenant, Montréal,
pourquoi ça ne serait pas toute l'île? Alors, pourquoi les
multinationales ne pourraient-elles pas également s'ajouter à des
PME et ça ferait plus gros? Non, ce n'est pas toujours vrai que des
multinationales se groupent, ça va faire plus gros, que des PME se
groupent, ça va faire des PME plus grosses, mais ce n'est pas vrai que
des PME qui s'ajoutent à des multinationales vont faire des
multinationales plus grosses. Ce n'est pas vrai, ça. Personne ne va me
prouver que c'est vrai.
Alors, prendre le rôle de Montréal et dire que les
banlieues peuvent aussi jouer ce rôle-là, c'est faux. Faux aux
dépens de qui, si on en fait l'expérience? Aux dépens de
tout le Québec. Montréal n'a jamais refusé de
reconnaître son rôle de pilier et de moteur, ce n'est pas
d'aujourd'hui, l'expression consacrée date de bien avant le maire de
Montréal. Moi, j'ai surtout retenu le souvenir de Camillien Houde, parce
qu'il a été élu et réélu longtemps et mes
souvenirs avant lui sont un peu assombris, c'est-à-dire affaiblis, mais
c'est Camillien Houde qui appelait Montréal "la vache à lait de
la province".
Il ne faut pas oublier que, dans son temps, le budget de Montréal
était plus élevé que le budget de la province de
Québec. Les gens l'oublient ou ne l'ont jamais su. Donc, Montréal
a contribué à faire même le Québec, pas seulement
à faire son île et sa banlieue, a contribué à faire
le Québec, par son port, par ses institutions financières, par
son centre de chemins de fer. On va prendre cette ville qui a l'histoire d'une
grande métropole mondiale pour dire: Pourquoi, les autres villes et
Montréal, vous ne vous entendriez pas pour travailler ensemble? On
travaille ensemble.
Certainement qu'on a travaillé ensemble, avant la
communauté et depuis la communauté. On a travaillé
ensemble aux dépens de Montréal avant la communauté.
Montréal payait tout. Il y a combien de comptes à recevoir qui
ont été rayés par la ville de Montréal, parce que
certaines banlieues ne les payaient pas? Elles ne pouvaient pas les payer. Il y
a eu toutes sortes de répartitions de coûts qui ont toujours
été aux frais des Montréalais. C'est ce qui a permis aux
banlieues de se développer. Nous avons collaboré avant la
communauté. Nous avons collaboré depuis la communauté et
avec la communauté, et pendant la communauté.
J'étais heureux de relire des textes qui me paraissaient
rassurants. Dans une causerie prononcée le 1er octobre 1981 à
aujourd'hui, il y a eu Noël et le jour de l'An, mais ce n'est pas
révolutionnaire au point de modifier beaucoup le texte dont je vais lire
un extrait - par M. le ministre des Affaires municipales actuel. Je remercie de
m'en avoir fait adresser une copie par ses services dans le temps. Je vais lui
prouver que, quand les ministres ou les députés me font parvenir
des copies de causeries, je les lis; parce qu'il n'y a rien de plus insultant
que d'envoyer copie d'une causerie qu'on croit importante et, quand on
l'encontre celui ou ceux à qui on l'a envoyée, de s'apercevoir
qu'ils ne l'ont pas lue. Moi, je les lis.
En page 5 de sa causerie, intitulée Montréal à
l'heure de l'équilibre, prononcée aux assises annuelles de la
Conférence des maires de banlieue - ce n'était sûrement pas
pour flatter Montréal; ça ne s'adressait pas à
Montréal, ça s'adressait aux banlieues - le ministre disait:
"Quoi qu'on dise aussi de la communauté urbaine, aussi bringuebalante
qu'elle soit, aussi peu efficace soit-elle aux yeux de certains - ce n'est pas
le ministre qui parle, c'est aux yeux de certains - je me demande ce que serait
l'île de Montréal aujourd'hui si elle (la communauté)
n'avait transporté assez vaillamment dans les épreuves jusqu'ici
sa besogne de tous les jours." Plus loin, à la page 6: "Ce que je veux
dire, c'est qu'il y a moins de braquage que les journaux peuvent le laisser
croire, qu'il y plus de convergences qu'il n'y en avait avant l'apparition de
la CUM et que votre volonté d'assumer votre responsabilité
d'élus ne s'est pas amoindrie." C'était en octobre 1981. Cela
n'allait pas si mal à la communauté urbaine.
Et hier, dans le texte qui a été prononcé par M. le
ministre et pour lequel je le remercie aussi, il est dit, à la page 5
des notes d'hier matin: "Au départ de la communauté, il semble
s'être installé une certaine unanimité. Il s'est
soulevé plus tard des problèmes de fonctionnement, du moins selon
l'avis de l'une des parties." Même encore hier, M. le ministre ne prend
pas à son compte ce qu'on a dit, ce qu'il a
entendu dire. "Il s'est soulevé plus tard des problèmes de
fonctionnement du moins selon l'avis de l'une des parties qui aura à en
faire la preuve."
Je pourrais également citer d'autres témoignages prouvant
que la communauté a quand même fonctionné. En douze ans,
quand on regarde la loi d'il y a douze ans, il y avait des décisions
à prendre à la communauté. On voulait tellement, à
ce moment-là, protéger les banlieues contre l'ogre
montréalais qu'on avait établi la double protection. Pour que le
conseil municipal adopte une mesure, un règlement ou vote des
crédits, il faut, d'après la loi, qu'il y ait un nombre total de
voix - je ne dis pas de votes, de voix exprimées par des votes - qui ait
au moins la majorité et, dans cette majorité, il faut qu'il y ait
la majorité des voix exprimées par le vote des banlieues et la
moitié des voix exprimées par les votes du bloc de
Montréal. En plus, pour protéger les banlieues les moins
importantes contre les banlieues les plus importantes, à
l'intérieur du vote des banlieues, il faut au moins la moitié du
vote des banlieues; en plus de la moitié des voix, il faut la
moitié des votes des banlieues. Ceci veut donc dire qu'à
l'intérieur des banlieues ce n'est pas seulement le nombre de voix; le
nombre de voix des banlieues, c'est pour contrer un vote de Montréal
mais, à l'intérieur des banlieues, c'est un vote par maire. Il
faut donc une majorité des maires de banlieue. Double protection pour
les petites banlieues et pour les grandes.
Avec cette procédure assez inusitée et qui équivaut
à vouloir que les mesures ne soient adoptées que s'il y a
unanimité, on aurait pu croire que cela ne fonctionnerait pas. Mais cela
a fonctionné pendant douze ans et assez bien, d'après les
témoignages qu'on a eus encore récemment. La communauté a
exercé sa juridiction dans toutes les matières.
L'évaluation, on l'a dit hier, d'autres l'ont dit, c'est le
président de l'exécutif de la CUM qui l'a dit, c'est un service
de la communauté, qui est administré par la communauté et
le commissaire à l'évaluation applique la loi.
L'épuration de l'eau, on a fini par s'entendre. Mais on
s'entendait toujours, même quand on ne la faisait pas. On s'entendait
pour ne pas la faire avec les banlieues. Ce n'est pas que les banlieues
voulaient et que Montréal ne voulait pas! On n'avait pas les moyens et
on disait: Quand le gouvernement paiera, on la fera. Quand le gouvernement a
voulu payer, on s'est mis à la faire. On ne se disputait pas avec les
banlieues dans le cas de l'épuration, on n'avait pas d'argent. Les
obligations du métro et les autres fonctionnements financiers de la
communauté ne nous le permettaient pas. On se faisait dire qu'on jetait
nos eaux dans le fleuve et qu'on se baignait dans de l'eau polluée, mais
on n'avait pas les moyens. Cependant, on était d'accord avec les
banlieues.
L'épuration de l'air, cela s'est fait à
l'unanimité. C'est le service d'épuration de la ville de
Montréal qui est passé à la communauté avec le
consentement unanime des banlieues et de la ville. Grâce à
l'entraînement et à la législation première de
Montréal, qui est devenue ensuite une législation de la
communauté, le service en question a pu faire de Montréal l'une
des villes les moins polluées. C'est tellement vrai qu'il y a quelques
années les journaux mettaient, à côté du titre du
journal sur la première page, le degré de pollution qui
était fourni par les services de la communauté. Aujourd'hui, vous
ne voyez plus cela. Pourquoi? Parce que cela n'a plus aucun
intérêt. C'était toujours bien au-delà du seuil
permis et cela ne représentait plus aucun danger. Alors, pas de
nouvelle, bonne nouvelle, on a enlevé cela des journaux, c'est
évident. Mais l'épuration de l'air, s'est faite. Cela s'est
travaillé à l'unanimité.
L'épuration de l'eau, l'inspection des aliments, cela va bien. Le
schéma d'aménagement, cela a été plus difficile et
plus long que les législateurs pensaient. Mais hier vous avez eu
l'affirmation que, dans trois semaines, cela sera terminé et, ensuite,
cela va se faire. Cela s'est fait dans le contexte de la communauté qui
existe en vertu de la loi actuelle.
Les points sur lesquels il y a eu désaccord, mon collègue,
le président du comité exécutif, en a parlé et vous
a dit ce qui était arrivé. C'était surtout en
matière de transport, surtout dans le domaine de l'intégration
ferroviaire. C'est l'entêtement de Montréal et l'exercice de sa
majorité de deux voix qui fait épargner des millions de dollars
aux banlieues comme à la ville de Montréal. La ville de
Montréal ne peut pas avoir intérêt contre les banlieues, ce
n'est pas possible. Parce que, quand il s'agit de payer quelque chose, on paie
53% et eux paient la différence. Plus on épargne, plus les
banlieues épargnent. On ne peut pas avoir un intérêt
à faire payer les banlieues. Si on fait payer les banlieues, on paie. On
a intérêt à réduire le prix de tous les services.
Jamais on n'a proposé des mesures qui pourraient être
préjudiciables aux banlieues. Dans le cas que le président
donnait tout à l'heure, c'est vrai qu'on a bloqué l'accord qui
était suggéré par les banlieues à intervenir entre
la communauté et le gouvernement du Québec pour payer
moitié, moitié. (11 h 45)
Le gouvernement du Québec, de bonne foi, et les banlieues, de
bonne foi, croyaient que cela arriverait à un certain prix. Nous avions
des raisons de croire que cela n'arriverait pas à ce prix et qu'on
n'aurait pas les moyens de payer et on ne voulait pas
signer. Parce qu'une fois qu'on aurait signé, c'est bien
sûr qu'on aurait dit: Vous avez signé, vous allez payer. On ne
signait pas et on ne faisait pas d'entente. Mais, après cela, on a
négocié de nouveau, on a discuté de nouveau avec le
ministre du temps et on a fini par tomber d'accord sur le plafonnement à
6 000 000 $ pour les deux lignes CN et CP. Et, à l'unanimité,
banlieues et ville de Montréal, nous avons accepté de signer avec
la province. Cela ne devrait pas être les banlieues qui nous le
reprochent, je comprendrais que la province nous le reproche. Parce que pour le
CN, on a vu que l'accord venait de se faire à 15 000 000 $, je n'ai pas
de raison de croire que le CP va couper les prix. Alors, cela pourrait faire
autour de 30 000 000 $; moitié, moitié, cela ferait 15 000 000 $
avec la province. Grâce à l'entêtement de la ville et au
bénéfice des banlieues comme de la ville, on va être
limité à 6 000 000 $. Cela va faire 9 000 000 $
d'épargnés. On a travaillé dans l'intérêt des
banlieues.
J'ai demandé, à bien des reprises, puisqu'il était
question d'une nouvelle communauté, de nous dire en quoi, en douze ans,
et combien de fois la ville de Montréal, par sa majorité de deux
voix à l'exécutif de la communauté, nous avions
abusé de cette majorité. Dans quel cas? Combien de cas? J'attends
encore la réponse et on est rendu à la commission. J'ai
pensé qu'hier j'aurais la réponse quand M. le ministre a
posé la question au président du comité exécutif de
la communauté urbaine. Je comprends que le président de la
conférence des maires de banlieue doit se présenter ici demain,
c'est bien sûr que je serai ici. Peut-être qu'on aura la
réponse qu'on n'a pas eue hier. Mais, on ne l'a pas eue hier; ce qui
confirmerait qu'il n'y en a pas jusqu'à présent.
On a fait relever, dans les procès-verbaux, quels sont les points
où il y a eu des votes et que la ville de Montréal a mis un vote
prépondérant contre les banlieues ou contre la communauté.
Cela a été sur l'intégration du transport, cela a
été lorsqu'on étudiait des projets d'amendement à
la Loi de la communauté urbaine, soit des questions ou des suggestions
qui venaient sur le transport ou qui venaient sur... un jour il y a eu une
résolution de présentée par un maire d'une banlieue de
l'ouest de la ville, je devrais retrouver cela ici, immédiatement.
Le 11 septembre 1980, une proposition demandant que la CTCUM - on sait
que ceux qui paient à la CTCUM, c'est le gouvernement, la
communauté ou les deux -subventionne la différence comprise entre
le coût régulier du laissez-passer mensuel de 7 $, et les 50 %
mensuels que chaque étudiant devra payer, soit 43 $ par mois par
étudiant. Cela a été refusé par les
représentants de la ville de Montréal. Les membres de
l'exécutif ont voté contre cela, 43 $ par mois pour chaque
étudiant. Je ne dirais pas que c'est cela qu'ils avaient dans l'esprit,
mais à partir du moment où des maires de banlieue savent à
l'avance que les membres de la ville de Montréal vont déposer
leur vote contre, ils peuvent voter pour, ils savent qu'ils n'auront pas
à payer, parce que la ville de Montréal aura bloqué la
résolution. C'est bien évident. Et, c'est arrivé dans
d'autres cas, même au conseil.
À partir du moment où il est su que Montréal est
contre une mesure, d'autres peuvent voter pour, ils savent que ce ne sera pas
adopté. Et, c'est arrivé, cela en est une mesure. La mesure n'a
pas été proposée par un maire de banlieue de l'est, mais
par un maire de banlieue de l'ouest. Je le comprends, j'admets cela. Les
règles du jeu, ici, il y en a et à la communauté urbaine
aussi, et il faut les accepter. On n'est pas pour se battre. S'il y a des gens
qui croient que lorsqu'on sort du comité exécutif, on est tous
tachés de sang et dépeignés, ce n'est pas vrai. On se
conduit en gens civilisés. C'est pourquoi j'ai compris la réponse
qui a été donnée hier par le président de
l'exécutif de la CUM, en réponse à la même question
toujours. Il a dit: J'ai suivi la façon de procéder de mon
prédécesseur, M. Hanigan, quand il était président
du comité exécutif de la CUM, quand il y avait des mesures qui ne
semblaient pas faire l'unanimité avec une certaine insistance, eh bien,
on les remettait, on essayait d'en discuter, on essayait de trouver un
compromis; dans bien des cas, on trouvait un compromis et on finissait par
s'entendre, ce qui est vrai, très vrai. Il s'est tenu des rencontres
parfois en dehors des assemblées entre mon collègue, le
président de l'exécutif, qui est vice-président de la
communauté urbaine, et le président de l'exécutif de la
communauté; j'en ai eu moi-même avec le président de
l'exécutif de la communauté; on a parlé de certaines
mesures en dehors, parfois en cassant la croûte, puis on est revenu
à l'exécutif pour enfin les adopter en les modifiant un peu.
C'est pourquoi, dans le procès-verbal, il n'est pas dit qu'on ne s'est
pas entendu, parce qu'on s'est entendu sur un compromis. C'est pour cela que
les procès-verbaux n'en parlent pas, on s'est entendu.
Nous, les élus qui siègent à la communauté
et représentant le million de Montréalais, nous nous sommes
toujours bien convaincus d'une chose, à partir de la fondation de la
communauté, c'est que nous avions à servir la communauté
dans le même esprit. Ce qui prouve que nous avons réussi et que
nous avons appliqué cette résolution, c'est que, même ici,
au moment où on veut passer une autre loi pour créer une nouvelle
communauté, on ne nous a pas encore dit en quoi les élus de
Montréal, siégeant comme représentants d'un million de
leurs concitoyens, s'étaient mal conduits au point
d'être punis publiquement, comme si nous n'avions pas
respecté le serment d'office que nous prêtons comme membres de la
communauté urbaine autant que comme conseillers municipaux ou maire de
la ville de Montréal.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre. Excusez,
est-ce que vous avez terminé?
M. Drapeau: J'allais voir justement si...
Le Président (M. Desbiens): Allez-y. Je croyais que vous
aviez terminé.
M. Drapeau: Si vous me permettez, je terminerai par cela. Au
cours des questions qui suivront, on aura l'occasion de couvrir les points que
je n'aurais pas couverts.
Cette situation qui a conduit le gouvernement à préparer
un projet de loi d'une nouvelle communauté pour recommencer à
neuf, elle est due à quoi ou elle prouve quoi? Elle prouve que,
hélas, trop souvent la légende l'emporte sur la
réalité. À force de répéter une erreur, un
mensonge, "Mentez, mentez il en restera toujours quelque chose", et cela, ce
n'est pas moi qui le dis pour la première fois, à force de
répéter que cela allait mal à la communauté, il y
en a qui ont fini par le croire. C'est une légende. Oui, c'est une
légende.
Je suis prêt à faire ici une proposition et elle est faite
de bonne foi. Les parlementaires d'ici et de l'Assemblée nationale
pourraient peut-être se dire: On n'y est pas au comité
exécutif et c'est bien difficle de savoir qui dit la
vérité. Si tout cela était remis à un an et que
vous braquiez vos yeux et vos oreilles sur ce qui se passe à la
communauté, peut-être que cela aurait le même effet que de
modifier la loi et d'en faire une autre communauté; ou bien on se
corrigerait et on s'entendrait, si on ne s'entend pas, ou encore vous vous
apercevriez qu'on s'est toujours entendus et que cela continue. Cela
économiserait du temps et cela éviterait de voter une nouvelle
loi, cela éviterait de s'adapter à une nouvelle loi et cela
éviterait quoi? Cela éviterait l'intervention du gouvernement
parce que, dans le moment, l'adoption de la loi, dans l'esprit où on la
retrouve, veut dire que c'est le gouvernement qui va gouverner la
communauté urbaine. Ne prenons pas des vessies pour des lanternes -
jamais les banlieues ne voteront pour un candidat de la ville de
Montréal et moi, je peux vous donner ma parole que jamais la ville de
Montréal ne votera pour un candidat des banlieues.
Cela veut dire quoi? Cela veut dire que c'est le gouvernement qui nomme
le président de l'exécutif. Il y a eu une petite ouverture
apparemment hier, mais le sens de l'ouverture est apparemment douteux,
d'après ce que j'ai appris en entendant quelqu'un qui était ici
hier midi en revenant du déjeuner. Alors, tant que cette ouverture ne
sera pas précisée, on ne saura pas exactement quel sens lui
donner.
Il y a les commissions aussi; il n'y a pas seulement la
présidence du comité exécutif, il y a des commissions
à former. Mon collègue l'a dit, c'est assez curieux, la
communauté va former les commissions avant de former l'exécutif,
comme si le Parlement se réunissait et que les commissions
étaient formées avant de former le gouvernement. Vous savez, j'en
ai parlé avec bien d'autres qui ont de l'expérience parlementaire
et ils ont eu, comme moi, de la misère à comprendre cela. Il me
semble que c'est une nouveauté. Je ne suis pas contre cela, les
nouveautés, on le sait; mais il faut voir comment cela va fonctionner,
si ça fonctionne.
Mettons que cela fonctionne; mettons qu'on peut former les commissions
avant de former l'exécutif parce que la loi dit maintenant: Quand les
commissions seront formées, ex officio le président et le
vice-président de chacune des commissions formeront l'exécutif
avec le président et le vice-président du conseil de la
communauté. Les commissions sont formées, le nombre des membres
peut aller jusqu'à sept; donc, d'après la loi, deux de
Montréal, deux des banlieues. Pour les trois autres, pensez-vous qu'on
va s'entendre? Je vous dis non parce que là aussi, dans les commissions,
il y a sept membres; donc, il y a un vote prépondérant.
Pensez-vous que les banlieues vont voter pour un septième choisi par les
banlieues? Montréal va voter pour un septième choisi par
Montréal ou pensez-vous que Montréal va voter pour un
septième choisi par les banlieues? C'est encore le gouvernement qui va
nommer l'autre membre des cinq commissions.
Comment ça va fonctionner? Je vous le dis: De bonne foi, j'ai
tenu pour acquis que la loi serait adoptée et qu'on verrait comment cela
fonctionne. Mais quand on passe différents aspects, on trouve tellement
de difficultés d'application qu'on sera obligé de revenir ici
pour faire modifier la loi ou bien ça sera le gouvernement qui prendra
des décisions ou le ministère ou la Commission des affaires
municipales. Je vous dis que, si difficile qu'elle pouvait paraître
à faire fonctionner, la communauté urbaine, telle que
créée par la première loi, a prouvé qu'elle pouvait
marcher douze ans et réaliser tout ce qu'elle a réalisé
dans les faits. Mais celle-là, personne vraiment ne peut voir comment
elle va marcher et, je vous le dis en toute franchise, il y a des aspects de
son application qu'on ne comprend pas.
Encore une fois, ça veut dire que c'est le gouvernement qui va
être obligé contre
lui... Je ne dis pas que c'est cela qu'il veut. Non, ce n'est pas cela
qu'il veut, parce je sais qu'on s'est déjà trouvé dans la
situation où il avait bien peur de nommer le président de
l'exécutif de la communauté urbaine. C'est grâce à
la bonne foi de la ville de Montréal que le gouvernement n'a pas eu
à le nommer, parce qu'on a voté pour un membre de banlieue. Mais
si on avait refusé, c'est le gouvernement qui l'aurait nommé et
je sais qu'à ce moment-là le gouvernement, ça ne lui
tentait pas, et je le comprends. Mais là, il n'y aura pas que le
président de l'exécutif; il va y avoir au moins le
septième membre en supposant qu'on s'entendrait à trois sur
trois.
Il y a le septième membre et je vous dis qu'on ne s'entendra pas.
C'est trop important, ce sont des commissions trop importantes quand on regarde
leur rôle. Je ne parle pas du mérite des commissions; je dis
qu'elles sont importantes. Je suis d'accord, s'il y a des commissions, pour
qu'elles soient importantes ou bien qu'il n'y en n'ait pas; là-dessus,
on est d'accord. Mais dans la mesure, justement, où elles sont
importantes, vous pensez que les banlieues vont laisser à la ville de
Montréal le choix du septième membre et vous pensez que la ville
de Montréal va le laisser aux banlieues. Non, ce n'est pas
réaliste. (12 heures)
Voilà donc sur quoi je terminerai mes propos pour le moment. En
répondant aux questions, j'aurai peut-être d'autres
précisions à apporter. Je tiens, par-dessus tout, à dire
que je regrette sincèrement d'avoir eu à faire cette
évocation d'un débat sur la constitution. Je ne voudrais pas que
mes paroles soient interprétées comme participant au débat
sur la grande constitution ou reprochant telle ou telle attitude à tel
ou tel parti qui a participé, mais je tiens pour acquis que dans le
bâtiment ici, d'après ce que j'ai lu, entendu et vu à la
télévision directement de la maison mère, il ne semble pas
encore une fois que les parlementaires du Québec soient heureux de ce
qui se passe. Je ne dis pas qu'ils ont tort. Je voudrais simplement que les
parlementaires du Québec comprennent qu'il faut respecter la
constitution de la Communauté urbaine de Montréal, respecter le
rôle que Montréal peut encore jouer, doit encore jouer et est
encore prête à jouer. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Desbiens): Merci. M. le ministre.
M. Léonard: M. le président de l'exécutif,
M. le maire de Montréal, je vous remercie d'être venus à
cette commission témoigner au sujet du projet de loi no 46. Je sais que
c'est un projet de loi qui touche effectivement Montréal, les villes de
la banlieue et la Communauté urbaine de
Montréal. Je voudrais dire en partant que ce n'est vraiment pas
dans l'esprit de punir Montréal que ce projet de loi a été
amené sur la table, absolument pas. Je pense que ce serait
exagéré de le dire et de le penser, ce serait injuste aussi. Je
crois que tout le monde reconnaît la contribution de la ville de
Montréal au développement du Québec, comme la contribution
de beaucoup de Québécois au développement du
Québec, y inclus la contribution des citoyens de la banlieue au
développement du Québec. Je pense que tous les
Québécois contribuent au développement du Québec.
Maintenant, Montréal a joué un rôle particulier dans ce
développement. On le reconnaît depuis longtemps, depuis les tout
débuts de l'installation des francophones en Amérique. Cette
contribution est importante. Vous avez cité mes paroles tout à
l'heure, lorsque je suis allé parler devant la Conférence des
maires de banlieue; j'aurais pu dire exactement la même chose devant les
gens de Montréal ou de la ville de Montréal. Vous les avez
citées très exactement.
Vous avez aussi fait une allusion à la constitution. Nous avons
un débat national là-dessus. Certains ont certaines opinions,
d'autres en ont d'autres, mais il y a quand même un parallèle,
tout en tenant bien compte de ce que les municipalités ont des pouvoirs
délégués, ce qui n'est pas exactement le cas lorsqu'il
s'agit d'une nation. Lorsqu'on défend les positions du Québec
à Londres, on défend des positions fondamentales. Nous sommes
minoritaires dans le Canada, et Dieu sait si on doit protéger nos
droits, et, même si nous sommes minoritaires, la majorité ne peut
pas nous imposer certaines de ses décisions.
Il y a un parallèle qu'on pourrait peut-être tracer
là-dessus. Je reviendrai cependant sur une question que j'ai
posée hier au président de la Communauté urbaine de
Montréal. Après douze ans, vous avez parlé de la
communauté, vous en avez mentionné beaucoup d'aspects positifs,
parce que je crois qu'il y a beaucoup d'aspects positifs à la
communauté, je ne retire absolument pas ce que j'ai dit. J'aimerais vous
entendre dire que, parmi les formes d'institutions intermunicipales, c'est
probablement la communauté qui est la meilleure.
Préféreriez-vous des régies intermunicipales?
Préféreriez-vous un gouvernement régional ou d'autres
formules? Je vous pose la question: Est-ce que, pour vous, la Communauté
urbaine de Montréal est nécessaire sur l'île de
Montréal?
M. Drapeau: Je dis que la communauté urbaine existe et
qu'il n'y a pas lieu de chercher si on doit la remplacer par une autre formule.
Il ne s'agit pas de savoir si ce doit être des régies ou des
délégués nommés par le gouvernement; la
communauté
existe. Je dis: Elle a fait ses preuves et elle peut marcher. Il n'y a
pas lieu de la remplacer par n'importe quelle autre formule. C'est simple.
M. Léonard: Cela dit, il reste quand même qu'au
conseil de la communauté, l'automne dernier, un certain nombre de
modifications ont été adoptées, que nous n'avons pas
reçues, mais, cependant, il y a quand même eu des
procès-verbaux qui ont été émis là-dessus.
Un certain nombre de modifications ont été adoptées
unanimement, tant par la banlieue, tant par Montréal.
Dois-je comprendre quand même que, de là, certaines
modifications sont nécessaires à la Communauté urbaine de
Montréal? Peut-être qu'on peut différer sur l'ampleur de
ces modifications, mais est-ce qu'on peut quand même inférer qu'il
y en a qui sont nécessaires?
M. Drapeau: II y a certainement des modifications qui peuvent
être apportées à la loi. On est tombé d'accord sur
un nombre considérable à l'intérieur de l'exécutif
de la communauté. C'est une majorité énorme de
consentements unanimes qu'il y a contre quelques-uns seulement avec lesquels on
n'était pas d'accord, parce qu'ils portaient toujours sur les
mêmes principes. C'est tout. On est d'accord pour modifier certaines
choses.
M. Léonard: Dans les documents que nous avons
publiés au cours de toutes sortes de conversations, nous avons
émis certains objectifs qui touchaient, par exemple, à
l'équilibre, à une recherche d'un nouvel équilibre.
Peut-être que l'exercice de moyens démocratiques pourrait
être différent. On a parlé aussi hier d'une meilleure
efficacité de la communauté. Souscrivez-vous
qénéralement à ces grands objectifs que nous poursuivons
à l'heure actuelle, indépendamment des propositions
concrètes du projet de loi no 46?
M. Drapeau: Oui, il y a de grands objectifs auxquels on souscrit;
on ne peut pas y souscrire dans la même proportion, parce que, là,
il faut référer à chacun de ces objectifs. Qu'il y ait
plus d'entente entre les villes de l'île de Montréal, on y
souscrit entièrement. Quand vient le temps de l'appliquer, c'est un peu
comme la vertu, tout le monde est pour, mais cela ne demande pas le même
effort à chacun.
M. Léonard: Dans la liste des compétences qui ont
été émises ou qui ont été inscrites dans le
projet de loi no 46, en règle générale, quant au conseil
par rapport à la communauté, êtes-vous d'accord avec ces
compétences, cet ensemble de compétences?
En fait, dans le premier projet de Loi de la Communauté urbaine
de Montréal, il y en avait plus; il y avait des compétences
obligatoires, des compétences facultatives. Nous avons restreint cette
liste des compétences obligatoires. Il y en a un certain nombre,
l'assainissement des eaux, le transport en commun, la police, etc. Vous
êtes d'accord avec cette énumération?
M. Drapeau: Là encore, il faudrait les prendre une par
une, parce qu'il s'agit de savoir dans quelle mesure. Qu'il y ait des
juridictions - je les ai énumérées tout à l'heure -
les juridictions étaient obligatoires ou facultatives. Les obligatoires,
nous les avons exercées et, les facultatives, nous avons à
l'unanimité ajouté aux responsabilités de la
communauté suivant l'autorisation que la loi avait donné aux
municipalités membres. Donc, il n'y a pas tellement de
différence. Si on regarde une par une les nouvelles juridictions dont il
est question, je ne dis pas qu'il ne serait pas possible de s'entendre.
Évidemment, encore une fois, il faut y arriver une par une, mais notre
état d'esprit ne change pas. Nous sommes convaincus que la
communauté est là pour rester.
M. Léonard: Compte tenu finalement que les
compétences obligatoires qui sont restées inscrites au projet de
loi no 46 sont celles qui ont été en général
effectivement exercées par la Communauté urbaine de
Montréal, vous seriez d'accord pour que cela reste tel que c'est.
M. Drapeau: Oui.
M. Léonard: Maintenant, nous avons apporté
certaines modifications quant au conseil de la Communauté urbaine de
Montréal, je devrais plutôt dire quant à la façon de
voter. Chaque maire fait partie du conseil, plus les 54 conseillers, plus le
maire de Montréal à la communauté urbaine. Pour le vote,
auparavant, si vous me permettez de l'exprimer comme ceci, il y avait deux
façons de voter, premièrement, une double majorité des
voix et, deuxièmement, une double majorité des membres
présents. Nous avons éliminé la deuxième
façon, c'est-à-dire que, dorénavant, les votes se
prendront à la double majorité des voix uniquement et ces voix
sont strictement proportionnelles à la population de chacune des villes.
Est-ce que vous êtes d'accord?
M. Drapeau: Oui, c'est dans cet esprit qu'on le
suggérerait, même pour l'exécutif.
M. Léonard: Vous trouvez - je parle du conseil - que ceci
rend vraiment justice à Montréal, au niveau du conseil, que c'est
strictement démocratique?
M. Drapeau: Je crois que ça ne changera pas tellement
parce que, jusqu'à présent, c'était à peu
près la même chose, parce que c'était adopté
à l'unanimité ou ça ne l'était pas. C'était
plutôt rare qu'un maire, pour une question de principe, se
déclarait dissident. Évidemment, il y a une différence
quant au budget, qui ne l'est plus, automatiquement. C'est pour les autres
mesures, votre question, sauf le budget.
M. Léonard: Oui, on pourra y revenir. M. Drapeau:
Très bien.
M. Léonard: Un autre point, ce sont les commissions. Dans
le projet de loi, nous proposons la création de cinq commissions
permanentes à la CUM. Je sais bien qu'on pourra en discuter le nombre,
les fonctions, etc., mais disons qu'il y en a cinq, présentement, qui
composeraient l'exécutif. J'ai noté que même si vous dites
que vous finissez par vous entendre, pour la composition de ces commissions,
vous ne vous entendriez pas. Est-ce qu'au moins sur le principe des
commissions, vous êtes d'accord?
M. Drapeau: Nous n'y attachons pas la même importance que
d'autres, je n'ai pas à le cacher, je suis connu pour ça aussi.
Je ne l'avais pas apportée pour ça, mais j'ai trouvé une
caricature qui a paru il y a quelques temps, ça doit bien être la
sagesse même, parce que, c'est une caricature qui est du journal The
Gazette, où on voit un chameau, et les commentaires sont un chameau,
c'est un cheval conçu par une commission d'étude. Vous comprenez,
ça correspond pas mal à ma conviction. Je ne peux pas dire que
c'est avec enthousiasme, mais si c'était seulement ça, s'il y
avait seulement ça pour nous séparer, on s'entendrait sur le
principe des commissions.
M. Léonard: D'accord. Sur les compositions, il n'y aurait
pas de différence si, au lieu de sept membres, il y en avait six;
trois-trois, disons.
M. Drapeau: Vous savez, encore une fois, il s'agit de savoir si
ça va fonctionner, à six. On voit que, pour l'exécutif,
six, ça ne marche pas, il en faut un septième. Alors, si, dans
les commissions, six, vous pensez que ça peut marcher et qu'il y a
toujours unanimité... je ne m'engage pas à ce que ça
marche.
M. Léonard: Cela va, je vous le demande. Vous seriez
d'accord aussi...
M. Drapeau: Je ne dis pas qu'on va faire pour que ça ne
marche pas, s'il y en a six, parce que, encore une fois, l'exécutif,
ça marche dans bien des cas. Mais je ne peux pas vous dire que, dans des
cas très importants, sur des questions de principe, ça marchera.
C'est ça que je disais tantôt, j'ai bien peur qu'on revienne ici.
Ce n'est pas ça que veut le gouvernement, ni le Parlement.
M. Léonard: Vous êtes bien d'accord aussi que, quant
à y aller, on pourrait aussi ouvrir une période de questions aux
commissions ainsi qu'au conseil?
M. Drapeau: Pardon?
M. Léonard: Quant à y aller, dans les commissions,
on pourrait aussi ouvrir une période de questions, ainsi qu'une
période de questions au conseil.
M. Drapeau: Elle est là, la période de questions.
Je suis prêt, moi, à ce que les citoyens de Montréal, de
l'agglomération montréalaise, viennent poser des questions aux
élus, quand l'Assemblée nationale de Québec ouvrira une
période de questions aux citoyens. Si vous permettez, sur cette
même question de la période de questions, parce qu'il en a
été question ici, hier, mais j'étais là-bas et je
n'avais pas le droit de parler, on a fait des gorges chaudes sur le fait que,
dans les règles du conseil, à la période de questions, le
maire, le président ou quelqu'un à qui une question est
posée, parce que nous, c'est n'importe qui au conseil qui peut poser une
question à n'importe quel membre, quelqu'un peut poser une question
à quelqu'un de l'opposition... or... pardon?
M. Léonard: Je parlais de la population.
M. Drapeau: Oui, mais là, je reviens à l'autre
question, parce que ç'a soulevé des rires, hier, comme si on
méprisait la période de questions; il est dît dans le
règlement que celui à qui la question est posée n'est pas
obligé de répondre et n'est pas obligé de dire pourquoi il
ne répond pas. C'est le texte même de la règle de
l'Assemblée nationale. On ne l'a pas créée, on l'a
copiée, exactement. Cette règle de l'Assemblée nationale a
été adoptée à l'unanimité par un
comité conjoint de tous les partis du temps, qui a siégé
pendant quelques années pour revoir les règles de
l'Assemblée nationale, et les députés sont tombés
d'accord, les règles ont été adoptées à
l'unanimité. Je dois ajouter aussi une précision, ça va
peut-être en surprendre: quand, au conseil municipal, la période
de questions a été utilisée, il n'y avait pas encore
d'opposition. Le Parti civique occupait tous les sièges et nous avons
établi quand même la période des questions. Nous avons
pris... on a dit: C'est le meilleur texte, c'est celui de l'Assemblée
nationale, et ils sont unanimes. Alors, il faudrait conclure, dans ce
cas-là, que c'est
peut-être quand l'Assemblée nationale est unanime que ce
n'est pas bon. Je ne pense pas.
(12 h 15)
M. Léonard: M. le maire, si vous le permettez, pour ne
pas, sans le vouloir, que vous induisiez les citoyens en erreur, il reste que
la commission où nous siégeons aujourd'hui est justement
l'endroit où l'Assemblée nationale reçoit les citoyens du
Québec pour les entendre.
M. Drapeau: Tous les conseillers municipaux de Montréal
demeurent à l'année dans Montréal.
M. Léonard: C'est notre période de questions.
M. Drapeau: Tous les conseillers municipaux sont à la
disposition de leurs concitoyens toute l'année.
M. Léonard: Comme les députés.
M. Drapeau: Non. Le temps où ils sont ici, ils ne sont pas
dans leur comté. Ils y sont une journée par semaine et pas tout
le temps. Je les comprends et je ne le leur reproche pas.
M. Léonard: Les vôtres sont ici aussi aujourd'hui,
M. le maire.
M. Drapeau: Deuxièmement, lorsqu'il a été
établi, par une loi du Parlement, qu'il y aurait une période de
questions, on a laissé au conseil le soin d'établir le
règlement et nous avions le droit de passer, suivant la loi, que les
questions soient posées par écrit. Les citoyens de
Montréal ont le droit de poser des questions; la différence c'est
qu'ils les posent par écrit alors que, dans d'autres petites villes, ils
les posent verbalement. On peut donner - on l'a donné d'ailleurs, cela a
été rendu public - combien il y avait eu de questions
posées et par quels citoyens et ça ne répond pas du tout
à un désir des citoyens, dans la ville de Montréal. Si
c'est la même chose à la communauté... Je n'ai pas de
raisons de croire qu'il y aurait plus de personnes qui se présenteraient
ou même qui poseraient des questions par écrit à la
communauté qu'il n'y en a qui sont posées au conseil municipal de
Montréal. Nous n'avons pas fermé la porte; nous avons
accepté la loi, nous avons adopté le règlement et, s'il y
en a qui le veulent - je ne m'en souviens pas par coeur, je ne veux pas donner
les chiffres - on pourra vous donner le nombre de citoyens qui ont posé
des questions par écrit. C'est tellement minime qu'on se demande si
ça vaut vraiment la peine d'adopter une loi.
M. Léonard: À la suite de vos propos, je note,
cependant, qu'il y a quand même un bon nombre de points sur lesquels vous
êtes d'accord dans le projet de loi et je voudrais revenir sur certains
points de votre mémoire. À la page 12, par exemple, vous parlez
du veto de quatre membres de l'exécutif ou d'une partie. Je me pose la
question si on a bien fait la différence entre une élection
où une équipe présente des candidats sur tout un
territoire et la réalité de l'intermunicipal où ce sont
des territoires de municipalités complètement différentes
et autonomes. Par conséquent, un citoyen, par exemple, d'une ville autre
que Montréal, disons Pointe-aux-Trembles ou Baie-d'Urfé ou Anjou,
ne peut jamais voter contre quelqu'un qui est de l'administration de
Montréal ou d'un parti politique à Montréal. En
conséquence, un pouvoir complètement majoritaire à
l'exécutif doit être assorti de certaines garanties. Vous remettez
en cause, en particulier, le veto de quatre des membres. Je rappelle, encore
une fois, qu'il s'agit d'intermunicipal. Quelle proposition nous feriez-vous
pour protéger une minorité de municipalités, toujours dans
le contexte de l'intermunicipal, dans le cas où un exécutif est
composé très majoritairement des membres d'une seule
municipalité?
M. Lamarre: Si votre projet de loi était modifié
pour, quand même, inclure la majorité de la population de
Montréal au niveau du comité exécutif, c'est-à-dire
une représentation de 57% en fonction de la population, je pense qu'on
accepterait certaines balises; par exemple, un peu comme vous le soulignez dans
votre projet de loi, que quatre membres du comité exécutif
pourraient redemander un nouveau vote sur cette question et peut-être
qu'il y ait un débat public au conseil, tel que vous le proposez dans le
projet de loi. Mais toujours à la condition que la représentation
au comité exécutif soit selon la population.
M. Léonard: J'en conclus donc, dans ce contexte, que, mise
à part la composition même de l'exécutif, sur les
dispositifs qui sont apportés dans le projet de loi pour protéger
les villes de banlieue, vous seriez d'accord.
M. Lamarre: Je pense qu'on est très soucieux de
protéger aussi des droits minoritaires des partenaires au niveau de la
communauté. Je pense que les balises que le gouvernement ou
l'Assemblée nationale pourraient mettre à l'intérieur du
projet de loi seraient certainement acceptables à la ville de
Montréal si sa représentation est en fonction de sa
population.
Je voudrais aussi apporter une correction pour tout à l'heure.
Nous sommes d'accord que des commissions soient formées mais nous ne
voulons pas nécessairement que
le président et le vice-président forment automatiquement
le comité exécutif. Nous ne serions pas d'accord qu'au niveau des
commissions la parité existe.
M. Léonard: Vous dites dans votre mémoire que
l'opposition à l'intérieur du conseil de Montréal serait
représentée dans le conseil de la communauté urbaine. Vous
avez émis des doutes que cette opposition soit avant tout
montréalaise. Je note qu'il y a peut-être un peu de
méfiance envers d'autres Montréalais là-dedans, enfin, je
comprends qu'on puisse différer d'opinion mais est-ce que je dois
conclure que vous pensez que les intérêts de Montréal
pourraient ne pas être aussi bien défendus par une opposition
à Montréal?
Mais, dans le contexte des veto, finalement, vous remettez en cause
cette participation de l'opposition. Je vous pose la question dans ce contexte:
Est-ce qu'il vous apparaît plus facile pour Montréal d'avoir
l'appui de deux ou trois ou quatre villes de banlieue pour atteindre, par
exemple, les deux tiers des votes? Ou pour la banlieue d'aller chercher l'appui
de 23 conseillers de Montréal pour atteindre, elle, ses deux tiers? Je
voudrais simplement noter que M. le maire a dit tout à l'heure que
jamais il ne votera avec la banlieue mais, enfin, je l'ai pris...
M. Drapeau: II faut être réaliste, ce n'est pas
arrivé en douze ans...
M. Léonard: ... comme une boutade.
M. Drapeau: ... je n'ai pas souvenance et je voudrais qu'on me
corrige tout de suite si des maires de banlieue ont souvenance qu'au conseil de
la communauté une banlieue a délaissé la conférence
des maires pour voter avec Montréal. Si ce n'est pas arrivé en
douze ans, vous me permettrez bien d'avoir des doutes que cela arrivera parce
que l'honorable ministre des Affaires municipales souhaiterait que cela
arrive.
M. Léonard: Oui, cela m'amène à vous poser
une question parce qu'au cours de votre exposé vous sembliez dire: II
n'y a pas de problème et à un autre moment, il y avait beaucoup
de problèmes. Vous ne vous entendriez pas avec la banlieue. Je n'ai pas
à faire le procès d'une partie ou de l'autre dans le contexte de
la loi 46, absolument pas. Mais je dois quand même noter une chose qui
est arrivée ici devant cette commission pas plus tard qu'hier.
Peut-être n'y a-t-il pas de problème mais j'aimerais que vous
m'expliquiez le mécanisme qui fait que le président de
l'exécutif de la Communauté urbaine de Montréal n'a pu
venir, à ce titre, devant la commission.
M. Drapeau: C'est bien évident, il me semble que cela se
comprend. Quand on parle au nom de son organisme, il faut avoir un mandat de
l'organisme. Mais il n'en avait pas. Il ne faut pas oublier une chose, sur une
partie de ce que le président de l'exécutif a
déposé hier - la deuxième partie - je pense qu'on aurait
pu s'entendre dans une quantité de cas. Encore une fois, on nous avait
dit que c'était seulement le principe de la loi qui était
débattu; alors, on a mis cela de côté. Mais, sur les propos
qu'il a tenus et sur lesquels il a eu le droit de donner son opinion, d'accord.
Je parle ici comme maire de Montréal, je ne parle pas au nom de
l'exécutif. Je suis président du conseil de la communauté
urbaine. Il ne me serait jamais venu à l'idée de dire: Je parle
comme président du conseil de la communauté urbaine, pour la
même raison. Je ne comprends pas qu'un président du comité
exécutif qui n'a pas un mandat de son exécutif aille parler comme
président du comité exécutif, il me semble que cela est
clair. Je parle comme maire de Montréal, je ne parle pas comme
président du conseil de la communauté urbaine. Le
président de l'exécutif a droit à ses opinions et, comme
il occupe le poste qu'il a accepté, on ne s'est pas opposé
à ce qu'il parle. On s'est opposé à ce qu'il parle comme
président du comité exécutif, c'est bien évident.
S'il avait demandé l'autorisation au comité exécutif, il y
a des choses où on lui aurait dit oui et d'autres où on lui
aurait dit non. Il n'aurait pas pu dire tout ce qu'il a dit hier; là au
moins il l'a dit mais à titre personnel.
M. Léonard: Disons que je pose la question parce que, dans
le public, généralement quand la communauté s'exprime,
elle s'exprime par la voix du président de son exécutif; à
l'Assemblée nationale, devant une commission, cela aurait pu être
le président de l'exécutif qui aurait parlé. Enfin, cela a
été une décision qui a été prise, justement,
à l'exécutif de la Communauté urbaine de Montréal
et qui m'amène à avoir certaines interrogations là-dessus,
même depuis deux jours.
M. Lamarre: M. le Président, si vous voulez, j'aimerais
compléter. Le projet de loi no 46 était le principe même de
la représentativité au sein du comité exécutif et
au sein du conseil. Et, sur cette question, je pense que ce n'était pas
au président comme tel, parce que le président ne
représentait pas les villes à ce moment-là. C'était
le principe même du projet de loi qui était mis en cause. Si on
avait été entre la deuxième et troisième lecture
pour une étude article par article, je pense qu'on aurait donné
un mandat au président de venir discuter article par article. Mais,
c'était le principe même de la loi qui était mis en
cause.
M. Léonard: Je ne voudrais pas m'éterniser sur ce
point. Il reste que le projet de loi no 46 touche la Communauté urbaine
de Montréal et, en conséquence, personne n'aurait eu le mandat
à l'intérieur de la Communauté urbaine de Montréal
de présenter un mémoire au nom de la communauté urbaine
qui existait depuis douze ans.
Une autre question, si vous me le permettez, au sujet de la cote
financière. Moody's lui accorde une cote financière de A, si je
comprends, et l'accorde aussi à Montréal. Canadian Bonds Rating
Services accorde A+. Mais, Moody's accorde A ainsi qu'à la
communauté urbaine. Dans le contexte où l'évaluation per
capita des villes de la banlieue est plus élevée qu'à
Montréal, et que le taux de taxe des villes de la banlieue est moins
élevé qu'à Montréal, comment peut-on dire, s'il y a
une meilleure relation de la communauté urbaine, de la banlieue ou une
part un peu plus large faite à la banlieue à l'intérieur
de la communauté urbaine, que cela puisse affecter la cote de
crédit de Montréal?
M. Lamarre: C'est ce que le Canadian Bonds Rating Services a dit.
Dans son mémoire qu'elle a présenté pour coter
Montréal A+, elle dit bien qu'un des aspects très négatifs
actuellement pour ne pas coter Montréal AA, c'est tout le "capital
budget" qui doit être fait par la communauté. Et, quand je dis que
cela pourrait nuire à la santé financière, c'est cet
aspect que je relève de la Canadian Bonds Rating Services qui dit bien
que c'est très important pour la santé financière de la
ville de maintenir dans son programme d'immobilisation un
échéancier, un cheminement critique, qui ne viendra pas perturber
les finances de la ville de Montréal.
M. Léonard: Mais, il reste quand même que dans
l'état actuel des choses, c'est Montréal qui est aussi
majoritaire à l'exécutif de la communauté. Je me pose des
questions sur cette relation ou peut-être aussi que ces gens n'ayant pas
une longue tradition financière ont mal vu ou mal évalué
les choses.
Je termine là-dessus, M. le Président. Je voudrais revenir
sur une conception de la communauté. Je ne reviendrai pas sur ce que
j'ai dit hier, mais je pense qu'il faut vraiment avoir en tête une
communauté sur l'île de Montréal où tout le monde se
sente heureux. Je n'ai pas la conviction que tous les participants à
l'heure actuelle se sentent très heureux. C'est pourquoi il y a le
projet de loi sur la table présentement. C'est un défi
très intéressant de faire en sorte que tous les gens à
l'intérieur d'une communauté urbaine soient très
heureux.
Le Président (M. Desbiens): M. le chef de
l'Opposition.
M. Ryan: M. le Président, j'écoutais avec beaucoup
d'intérêt les deux interventions que nous avons entendues ce
matin. Je ne vais pas faire de commentaires là-dessus pour l'instant,
parce que nous sommes ici pour nous instruire en nous distrayant de temps
à autre, cela va très bien, il n'y a pas de problème
à cela. Sauf que la partie récréative est
généralement moins forte que l'autre.
J'aurais quelques questions à adresser au maire et à son
collègue, le président de l'exécutif, que je salue avec
plaisir. J'ai entendu une première question d'ordre
général. D'un côté vous nous avez dit: Nous
acceptons le principe de la représentation selon la population et il y a
une partie de votre mémoire qui l'illustre clairement. Et, plus loin
dans le mémoire, vous dites, et le maire l'a énoncé
abondamment tantôt: Montréal a une vocation spéciale,
Montréal n'est pas une ville comme une autre, Montréal etc.
Autant d'affirmations auxquelles en substance, la plupart de ceux qui sont ici,
du moins du côté de mon parti, souscrivent. (12 h 30)
Voici une chose que je me disais en vous écoutant. Supposons que
Montréal perde encore 100 000 habitants au cours des cinq prochaines
années et que la banlieue en gagne 125 000, on arriverait à une
situation inversée suivant votre principe, M. le maire. Alors, les
banlieues auraient la majorité à l'exécutif et vous seriez
ramenés, au rang d'une banlieue, ce que vous ne vouliez pas. Est-ce que
les deux principes sont pour vous également essentiels, celui de la
représentation par la population, celui du rôle spécial,
irremplaçable, unique de Montréal? Comment feriez-vous face
à la situation, si nous arrivions à ce point tournant? La
sous-question à ceci, c'est que si vous êtes prêt à
aller jusque là, par conséquent à ce que des changements
interviennent d'ici à ce moment, ce sera peut-être moins tragique
que vos propos semblaient le laisser entrevoir.
M. Drapeau: M. le Président, il est bien évident
que tout ce que nous faisons dans le moment, tout ce que nous pouvons faire,
nous le faisons pour rapatrier des Montréalais et éviter qu'ils
ne quittent Montréal; programmes de construction, amélioration de
la qualité de vie dans chacun des quartiers, etc. Donc, c'est une action
positive pour tenter de garder de la population et d'en attirer. Il y a un
phénomène gui commence à se manifester aussi, c'est que
non seulement Montréal perd de la population mais la
communauté aussi, en dehors de Montréal. Ce qui a
été dramatique jusqu'à présent pourrait le devenir
davantage dans un sens, si c'est toute la communauté qui en perd et que
les municipalités de la communauté autres que Montréal en
perdent autant que Montréal, mais déjà, si les deux en
perdaient le même nombre, cela ne jouerait pas dans la proportion. C'est
une réalité que la population des villes de banlieue a
commencé à diminuer, pas seulement à Montréal mais
même dans l'agglomération de Toronto. Toronto est rendue, pour la
première fois de son histoire, en bas de 600 000 de population. Le
même phénomène de diminution de population se retrouve dans
les villes membres de l'agglomération torontoise. Si la population a
tant diminué, ce que je ne souhaite pas, pas plus pour les banlieues de
la communauté que pour la ville, mais si le phénomène se
continue comme il existe dans le moment, cette diminution ne serait pas au
détriment de Montréal par rapport à la communauté,
puisque les deux diminueraient et la proportion de l'une par rapport à
l'autre resterait probablement à peu près la même.
Dans l'hypothèse - on sait que les questions
hypothétiques, je ne les porte pas dans mon coeur, mais nous
étudions des hypothèses - où la ville de Montréal
verrait sa population continuer de descendre et donc sa proportion dans
l'ensemble de la communauté, je veux croire que les
éléments que nous apportions, parce que la population peut
diminuer, le rôle de Montréal comme employeur, le rôle de
Montréal à tous les points de vue, par son port, par son centre
financier et tout, continuerait de jouer, il pourrait y avoir à ce
moment-là un gouvernement qui dit: Oui, mais, étant donné
tel ou tel élément, il y a lieu d'en tenir compte. C'est pourquoi
nous disons, dans notre proposition: Ce n'est pas une question d'en avoir deux
absolument, on est prêt à réduire à un avant
même que la proportion justifie de n'en avoir qu'un de plus. C'est au
moins pour que l'on puisse continuer d'affirmer qu'au moins dans le
Québec et dans le grande région de Montréal,
Montréal continue d'être la métropole incontestablement et
que, s'il est vrai qu'il a paru tragique d'entendre circuler un jour un slogan
qui ne venait pas de nous, j'en profite pour le dire encore une fois, "une
île, une ville" n'a jamais été le slogan de
l'administration municipale de Montréal. Cette expression ne venait pas
de nous. On l'a trouvée dans un journal un bon jour et cela nous a
été attribué. Comme je le disais tout à l'heure, il
n'y a rien qui ait vie plus dure qu'une légende. Maintenant, la nouvelle
légende est beaucoup plus grave, c'est de faire de l'île de
Montréal "une île, une banlieue"; c'est bien plus grave qu'"une
île, une ville".
Pour revenir à la question, parce que je ne veux pas m'en
éloigner, il n'est pas à craindre, je crois, étant
donné les tendances, que la proportion aille en bas de la moitié
dans l'ensemble et nous ne voulons pas, par ailleurs, nous attacher à
dire: II en faut toujours au moins deux. Nous voulons surtout que le principe
soit sauf et nous croyons que nous pouvons faire un bon bout de chemin.
M. Ryan: Une autre question. Je pense que vous acceptez la
règle de la double majorité au conseil; vous ne remettez pas
cette règle en question. Est-ce que c'est une chose qui doit durer,
selon vous? II n'en est pas question formellement dans votre mémoire.
Est-ce que vous l'acceptez ou si vous la mettez en cause d'une façon ou
d'une autre?
M. Lamarre: C'est le principe effectivement de cette
parité, si on doit garder cette double majorité et que le budget
n'est pas voté et qu'il n'est pas adopté automatiquement. C'est
tout cet ensemble-là. C'est assez difficile pour nous de vous
répondre parce qu'on n'est pas encore fixés. Est-ce que ce sera
cette disposition ou Montréal va-t-elle être majoritaire? Si elle
est majoritaire, c'est certain que la parité et le vote du budget, pour
nous, a peut-être moins d'incidence à ce moment-là.
M. Ryan: Je vais poser une question. Elle n'est peut-être
pas très réaliste, mais je la pose quand même pour les fins
de la logique. À supposer que le problème de la
représentation des forces d'opposition dans les banlieues trouverait une
solution - vous avez soulevé cela avec beaucoup de raison tantôt:
l'opposition à l'hôtel de ville de Montréal est
représentée à la communauté urbaine; dans les
banlieues, elle ne l'est pas - est-ce que la règle d'une seule
majorité, en principe, au conseil de la communauté urbaine, c'est
une chose à laquelle vous répugneriez ou bien si vous seriez
prêts à la conserver?
M. Drapeau: C'est bien certain que cela peut être dangereux
s'il y a une opposition. M. le ministre a dit qu'il ne voit pas pourquoi des
gens de l'opposition ne pourraient pas aussi être de bon conseillers
municipaux de Montréal. Je pourrais peut-être dire: On ne voit
peut-être pas, enfin, tout le monde ne voit pas pourquoi des membres de
l'Opposition à l'Assemblée nationale ne pourraient pas faire
partie de délégations qui vont discuter à Ottawa ou avec
les autres provinces. Mais il n'est pas dans l'ordre qu'un gouvernement
amène dans sa délégation des gens de l'Opposition, non pas
parce qu'il tient pour acquis qu'ils ne sont pas de bons députés,
mais tenant pour
acquis que peut-être il pourrait y avoir des divergences
d'opinions sous la meilleure de toutes les bonnes fois, mais la bonne foi, ce
n'est pas suffisant.
M. Ryan: Une autre question. Disons qu'on maintient la
règle de la double majorité, il y a une incompatibilité
logique. À l'exécutif, on a la majorité simple qui est
donnée à Montréal au titre de la supériorité
démographique. M. Lamarre disait tantôt, et je pense que ce n'est
pas la première fois que je l'entendais le dire aussi, que la ville de
Montréal serait prête, à défaut d'accepter les
solutions proposées par le ministre dans son projet de loi, à
considérer la possibilité de garanties additionnelles pour la
protection des droits légitimes des municipalités de banlieue.
Est-ce qu'il y aurait des exemples de ces garanties-là que vous pourriez
apporter? Le projet de loi en propose une; c'est le veto suspensif de quatre
membres de l'exécutif représentant la ville ou les banlieues;
ensuite, la règle des deux tiers au conseil, que vous ne semblez pas
accepter, d'ailleurs. Est-ce qu'il y a autre chose que vous envisageriez comme
garantie susceptible de créer un climat peut-être meilleur?
J'entendais M. le maire dire tantôt que tout marchait bien. Quand
nous écoutons le point de vue des banlieues, nous avons une version
contraire et il n'est pas question d'aller se fourrer le nez dans les
détails pour savoir qui a raison là-dedans. Moi, ce qu'il
m'intéresserait de savoir de vous autres, c'est si vous avez des
suggestions à faire quant à des garanties additionnelles qui
pourraient être fonctionnelles, ne pas être trop lourdes, et, en
même temps, donner plus de satisfaction aux uns et aux autres, tout en
respectant le principe de la représentation suivant la population
à l'exécutif.
M. Lamarre: Je pense, M. le Président, que le vote
suspensif tel que stipulé dans le projet de loi no 46 est certainement
une garantie pour les minorités et je pense que ce serait bien
acceptable pour l'administration municipale de Montréal.
M. Ryan: La règle des deux tiers aussi?
M. Lamarre: La règle des deux tiers, un peu moins. On
n'est pas d'accord avec cette règle des deux tiers.
M. Ryan: Vous n'acceptez pas la règle des deux tiers. Vous
accepteriez juste un délai d'un mois, en somme, pour une
décision; c'est cela que ça veut dire. Si vous acceptez seulement
la première partie qui est dans le projet, vous acceptez un veto qui
pourrait retarder une décision pendant un mois, pas plus que cela,
n'est-ce pas?
M. Lamarre: Non, la règle des deux tiers, ça
voudrait dire qu'un tiers peut presque faire accepter son opinion. Je pense que
ce n'est pas...
M. Ryan: Très bien. Vous acceptez la première
partie et non pas l'autre. Le président de l'exécutif, est-ce que
vous considérez qu'il doit garder son poste électif ou si ce
serait bon, comme le veut le projet de loi, qu'il soit libéré de
cette fonction pour se consacrer entièrement à sa tâche de
président de l'exécutif une fois élu? Dans
l'hypothèse où vous répondez qu'il doit conserver son
poste électif, est-ce que vous ne trouvez pas que comme officier
exécutif principal de la communauté urbaine, surtout étant
donné le rôle que vous voulez lui donner - vous refusez la
fonction de directeur général - il y a danger qu'il soit en
conflit d'intérêts, devant agir pour l'ensemble de la
communauté? Par exemple, à supposer que ce serait le
président de l'exécutif de Montréal qui serait en
même temps le président de l'exécutif de la
communauté urbaine, n'y a-t-il pas un danger de conflit
d'intérêts inhérent dans cette situation?
M. Drapeau: Si c'est quelqu'un qui est déjà
élu et ensuite qu'il démissionne... On a eu l'expérience
du temps où M. Saulnier a été nommé par le
gouvernement, il n'était pas élu. Il a été
nommé président de l'exécutif de la CUM. Même s'il
n'était pas élu et qu'il avait été nommé par
le gouvernement, il était toujours marqué comme un membre de
Montréal parce qu'il avait déjà été membre
de Montréal. Il ne suffit pas d'une démission pour qu'à
partir de ce moment tout le monde croie qu'il s'est détaché de
tout. Même s'il réussit à s'en détacher, jamais
crédit ne lui en sera donné, parce qu'on a vécu cette
expérience. Il suffit de se reporter au temps où M. Saulnier
était président nommé de l'exécutif. Les gens le
considéraient comme quelqu'un de Montréal. C'était
pourtant en addition. C'est psychologique, beaucoup plus qu'autre chose.
M. Ryan: Oui, mais vous ne pouvez pas régler des
problèmes seulement avec des considérations psychologiques. Je me
permets de vous citer un exemple, M. le maire, où, à Toronto, le
président de l'agglomération de Toronto est élu par les
membres de la corporation métropolitaine et, en même temps, il est
détaché de toute autre fonction. D'après les rapports
qu'on en a, il s'acquitte de ses fonctions de manière admirable. La
preuve, c'est qu'on l'a réélu à deux reprises au
moins.
M. Drapeau: En Europe, c'est autre chose. Ailleurs, c'est autre
chose. Il n'y a pas de formule qui ait fait tellement ses preuves qu'elle s'est
répandue partout.
M. Ryan: Je voudrais que vous répondiez clairement
à ma question. Est-ce que vous seriez favorable à ce que le
président de l'exécutif de Montréal soit en même
temps président de l'exécutif de la communauté
urbaine?
M. Drapeau: Je dis que l'élu, qu'il soit de la banlieue ou
de Montréal, celui qui est président, je ne vois pas pourquoi il
serait appelé à démissionner. Cela s'applique à
quelqu'un de la banlieue aussi bien que de Montréal...
M. Ryan: Vous ne répondez pas...
M. Drapeau: ... parce qu'il est responsable d'une chose publique.
C'est parce qu'il a été élu qu'il peut avoir accès
à ce poste. Je crois que cela peut même, dans son âme et
conscience, l'amener à ne pas oublier qu'il est encore comptable envers
des électeurs. Il est élu, il a choisi de faire une
carrière élective. Si, une fois qu'il accepte un poste, au lieu
d'être nommé par le gouvernement, il est nommé par le
conseil, pour une administration publique, je préfère que cela
demeure un élu pour le principe démocratique et la
responsabilité...
M. Ryan: Vous ne verriez pas d'objection de principe, si je vous
comprends bien, à ce que le président de l'exécutif de
Montréal soit en même temps président de l'exécutif
de la communauté urbaine.
M. Drapeau: Je n'ai pas d'objection, pas plus qu'on a eu
d'objection à ce que le maire d'Outremont soit élu
président du comité exécutif. Jamais on ne lui a
reproché. Je n'ai pas souvenir que jamais il se soit élevé
un débat à cause de cela. Je pense qu'on est plus à l'aise
de discuter entre élus qu'avec quelqu'un qui peut s'en laver les mains
et dire: Vous êtes des élus, vous autres, et moi je suis rendu
fonctionnaire. Parce qu'à partir du moment où il n'est plus
élu, il peut adopter la mentalité d'un fonctionnaire. Pour
administrer les fonds publics et avoir une réglementation à
favoriser par son vote prépondérant, très souvent, cela
prend quelqu'un qui est, au moins psychologiquement, intérieurement,
encore responsable, un élu; même s'ils ne peuvent pas voter
directement pour ou contre lui. Enfin, c'est ma conviction.
M. Ryan: Tout en admettant encore là qu'il y a d'autres
exemples qui parlent très bien pour un autre système. L'exemple
de Toronto semble fonctionner de manière même plus satisfaisante
pour tout le monde au niveau du président.
M. Drapeau: Cela a été satisfaisant là- bas
et l'autre formule ici depuis douze ans a réussi quand même
à marcher; on ne peut pas dire que cela n'a pas marché. C'est
cela. (12 h 45)
M. Ryan: Une autre question, si vous me permettez. On a cru
comprendre tantôt que, pour vous-mêmes, les commissions n'ont pas
la même importance que pour les auteurs du projet de loi. Vous les
acceptez quand même. D'après ce que je comprends, vous aimeriez
mieux qu'on choisisse d'abord l'exécutif et qu'ensuite les commissions
soient formées, soit par le conseil, par l'exécutif ou par le
conseil sur proposition. Comment verriez-vous la formation de ces
commissions?
Il y a le principe, le choix du septième membre. Vous soulevez un
problème très réel, parce que, dans le projet, comme il
est là, si je comprends bien, on risque de se trouver devant une
situation insoluble et on ne prévoit pas dans ce cas-ci même que
le ministre puisse intervenir pour nommer le septième membre. Cela
pourrait faire un débat ou des votes absolument éternels. Il n'y
a pas de règle de décision en somme de ce
côté-là. Je vous appuie entièrement sur ce
point.
Mais voulez-vous me dire comment vous verriez la formation de ces
commissions et leur composition pour que cela puisse marcher? J'ai
remarqué que votre mémoire...
M. Lamarre: Effectivement, M. le Président, je dois dire
qu'on a formé une commission, la commission permanente du schéma
d'aménagement qui doit donner bientôt le schéma à la
communauté. Elle a été formée par le conseil et de
membres du conseil. Je dois dire que j'avais accepté la
présidence de la commission permanente du schéma
d'aménagement. Cela a fonctionné. Cela pourrait être la
même chose. Le gouvernement dit: II doit y avoir quatre ou cinq
commissions qui seraient formées par le conseil. Et, ces commissions
sont formées par le conseil. Elles relèvent du conseil, mais il
faudrait quand même, un peu comme le maire d'Outremont disait, qu'elles
dépendent du comité exécutif pour qu'il y ait quand
même une corrélation entre l'exécutif et le conseil
à un moment donné ou au moins un rapport du comité
exécutif au conseil.
M. Ryan: J'ai cru comprendre, en vous écoutant
tantôt, M. le maire, que, d'après vous, le président de la
commission ne devrait pas nécessairement et automatiquement être
membre de l'exécutif. Est-ce que j'ai compris comme il faut?
M. Drapeau: Je ne dis pas qu'il ne devrait pas, parce que, s'il
est élu membre du comité exécutif, cela ne devrait pas
nécessairement le disqualifier pour ensuite être membre d'une
commission. C'est
pourquoi je dis: C'est plus logique de former le comité
exécutif, que le conseil forme l'exécutif et, ensuite, s'il est
souhaitable que certains membres de l'exécutif fassent partie de
certaines commissions et même les président, ils vont les
présider.
M. Lamarre: Ce que nous disons dans notre mémoire, c'est
que le président et le vice-président des commissions ne
devraient pas faire partie ex officio du comité exécutif.
M. Drapeau: Non pas ex officio.
M. Ryan: Très bien. Une autre question à propos de
la police. Votre mémoire reste un peu vague là-dessus. Est-ce que
vous voulez rapatrier complètement toute l'opération de police
sous l'autorité de l'exécutif et du conseil de la
communauté urbaine, y compris la nomination du directeur de la police, y
compris aussi la disparition du septième homme, qui se trouve à
venir de Québec dans cette affaire-là, est-ce que vous demandez
que ces deux articles du projet de loi soient modifiés ou
abandonnés? Est-ce que vous allez jusque là? À ce
moment-là, j'aimerais savoir pourquoi on devrait changer ce qui a
été instauré, depuis une douzaine d'années,
à la suite de problèmes réels, quand même, qui
avaient justifié une telle décision, non seulement à
Montréal mais aussi à Toronto, si mes souvenirs sont bons.
M. Lamarre: M. le Président, il ne faut pas quand
même penser que la formule actuelle donne des résultats
extraordinaires; j'avais hier, justement, à analyser des chiffres sur
toute la question de la police. Effectivement, dans la communauté, il y
a 178 000 crimes majeurs; il y a eu une augmentation, par les années
passées, de 18%, 11% et, cette année, on pense qu'on s'en va vers
5% d'augmentation des crimes; en plus de cela, le taux de solution tend
à diminuer. Je pense qu'il faut un redressement assez sérieux.
Quand nous parlions de mesures administratives devant être
apportées à l'intérieur de la communauté, non pas
nécessairement des réformes de structure, mais des corrections
dans les mesures administratives, nous pensions effectivement que le service
policier devrait devenir un service comme tout autre service à la
communauté et que le directeur soit nommé par le conseil de la
communauté comme les autres directeurs, que la planification globale de
l'opération policière -je ne dis pas l'opération
policière au jour le jour, mais les grands programmes, les grandes
planifications policières - devrait être du ressort du
comité exécutif de la communauté urbaine.
M. Ryan: Est-ce que, à la commission de la
sécurité publique prévue dans le projet de loi, vous
verriez la présence d'un septième membre venant de Québec
ou si cette commission devrait être composée, à
l'égal des autres, uniquement de représentants de Montréal
et des banlieues?
M. Lamarre: À la commission de la sécurité
publique, nous ne nous opposerions pas à ce que le gouvernement ait un
membre de nommé, comme ça existe actuellement au conseil de la
sécurité publique. Mais je pense que toute la partie de la
gestion, toute la partie de la grande planification de l'opération
policière devrait être du ressort du comité
exécutif, que le directeur devrait être nommé par le
conseil et que tout ceci relève de la responsabilité et de
l'autorité du comité exécutif.
M. Ryan: Dans le projet de loi, on prévoit une fonction de
directeur général. Surtout, étant donné ce que vous
disiez avant, on pourrait se retrouver avec une situation où le
président de l'exécutif de Montréal serait
président de l'exécutif de la communauté urbaine. Par
conséquent, le risque de conflit d'intérêts m'y
paraît assez présent. Est-ce que la création d'une fonction
de directeur général, comme c'est proposé dans le projet
de loi, ne pourrait pas être une façon de tempérer ce
danger-là? Je vois que vous autres, vous vous opposez rigoureusement
à la création de cette fonction de directeur
général. Est-ce que, dans le cas de la communauté urbaine,
justement étant donné la présence de deux paliers
d'intérêts différents chez les mêmes titulaires de
fonction, la fonction de directeur général ne pourrait pas
être une garantie d'objectivité et d'impartialité dans la
gestion des services?
M. Lamarre: Non, c'est encore un principe auquel on croit: c'est
que les élus doivent avoir l'administration, et son président
doit être, effectivement, le président-directeur
général. Pour nous, ça doit être une fonction
élective et l'élu doit conserver la complète
responsabilité de l'autorité sur l'ensemble des services, et non
pas avoir un intermédiaire entre les services et le comité
exécutif. On pense que c'est nécessaire que le président
soit aussi, en même temps, si vous voulez, si on pouvait dire ça,
le directeur général qui voit à l'opération avec
l'ensemble des directeurs de la communauté urbaine.
M. Ryan: Ce que propose le projet de loi no 46 au sujet du
transport en commun, soit que la tarification et la réglementation
instituées par la Commission de transport de la communauté
urbaine tombent sous l'autorité de la communauté urbaine,
êtes-vous favorables à ça, vous autres? Trouvez-
vous qu'il est bon de maintenir le mode actuel de désignation des
commissaires? Il y en a deux, un qui vient de Montréal et l'autre des
villes de banlieue. Ne serait-il pas préférable que ce soit deux
élus qui soient dans ces fonctions-là plutôt que des
personnes nommées et dont on n'entend plus parler, après cela,
pendant des années?
M. Drapeau: Dans les faits, je crois qu'on peut trouver une
certaine analogie entre le service public que constitue le transport de la
Commission de transport de Montréal pour le grand Montréal et le
service fourni par Hydro-Québec, le service de l'énergie. Avant
de répondre à la question du chef de l'Opposition, pourrait-on
poser la question suivante: Est-ce que les directeurs ou les commissaires
d'Hydro-Québec devraient être des élus, des
députés? Je vois qu'on n'est pas porté à dire oui
à cette question. Pour la même raison, je ne suis pas porté
à dire oui.
Cela se comprend dans les deux cas pour les mêmes raisons
fondamentales. Il ne faut pas oublier que c'est un service public dans les deux
cas, oui, mais c'est un service public qui n'est pas comme un service de parc
ou de bibliothèque qui est gratuit pour tout le monde. Tous les gens
vont dans le parc et on doit donner le plus possible et de la meilleure
qualité, très bien. Ici, c'est un service qui est vendu. Donc, il
faut tenir compte de certains principes d'affaires. Même s'il y a des
hommes d'affaires qui sont députés ou ministres, par exemple,
dans le service des postes à Ottawa, cela a pris bien des années,
mais on a fini par penser que le service serait meilleur et coûterait
moins cher si c'était une société de la couronne, alors
que c'était le ministre qui était responsable quand
c'était un ministère. Dès qu'il y a un
élément commerce et que c'est un service pour lequel il faut
payer un certain prix, je crois qu'il est très difficile pour n'importe
quel élu, fédéral, provincial ou municipal, d'arriver
à un conseil d'administration ou d'arriver comme commissaire et de
prendre toujours les meilleures décisions.
À titre d'exemple, lorsqu'une nouvelle ligne de métro
s'établit, comme il n'y a qu'un service, qu'il n'y en a pas deux - dans
d'autres villes, il y a le métro et l'autobus et ce sont deux choses
distinctes. Si vous prenez le métro, il n'y a pas de correspondance pour
l'autobus et, si vous prenez l'autobus, il n'y a pas de correspondance pour le
métro. À Montréal, il n'y en a qu'un - il faut que le
service soit coordonné. Il arrive qu'à l'occasion de nouvelles
stations de métro le réaménagement se fasse en surface
pour desservir plus de gens en surface afin de les amener à la station
de métro; ce qui amène des contrariétés à
certaines habitudes de certains usagers, qui en sortant de chez eux ont
l'habitude de tourner à droite et d'aller à la prochaine rue
d'autobus. Là, ils seront obligés de tourner à gauche pour
aller prendre l'autobus qui passe sur l'autre rue. Généralement,
dans tous les cas, depuis le premier réajustement qui a eu lieu en
octobre 1966, à l'occasion du premier réseau de métro, il
y a toujours eu du mécontentement pendant quelque temps, jusqu'au moment
où les usagers ont le temps de contracter les nouvelles habitudes.
Mais, si ce sont des élus, cela devient extrêmement
difficile, cela est presque impossible qu'ils puissent résister parce
qu'ils pourront avoir un conflit d'intérêts entre la demande qui
est faite de maintenir le service et l'intérêt
général qui est précisément que le métro
passe là pour permettre d'enlever un certain nombre d'autobus en surface
et d'améliorer même en surface, parce que cela va aller plus vite
par l'autre circuit que par celui-là. Il y a donc des
considérants de service qui sont de la nature d'un service à
caractère commercial. La même chose pour les postes,
Hydro-Québec et d'autres services, je ne crois pas nécessairement
que des élus seraient de meilleurs commissaires que des non-élus.
Je pense qu'il faut choisir parmi des gens qui sont capables de faire de
l'administration et de tenir compte des services.
Dans le cas de la fixation des tarifs, là encore, il ne faut pas
croire que les élus de la communauté urbaine n'ont rien à
dire dans la fixation des tarifs. C'est faux. Les élus ont tous les
pouvoirs pour empêcher une augmentation de tarif. Il ne faut pas
l'oublier. Quand un tarif est fixé par la commission de transport, si la
communauté urbaine n'en veut pas, elle n'a qu'à dire à sa
commission: Vous avez besoin de 15 000 000 $ pour équilibrer votre
budget, on va vous les donner et ne touchez pas au tarif.
Le recours de la communauté, c'est le recours que tout le monde
a, on peut s'adresser à la commission des services publics pour forcer,
au moins, la commission de transport à prouver qu'elle ne peut pas faire
autrement que d'augmenter les tarifs. Nous, à la communauté, tous
les membres de la banlieue comme de Montréal, si on ne veut pas que les
tarifs augmentent, on n'a qu'à dire à la commission de transport:
N'augmentez pas les tarifs, on va vous en donner. Mais il faut tenir compte
que, si on en donne, il faut taxer. Alors, est-ce qu'on est mieux de taxer les
propriétaires ou les locataires qui ont de la misère à
payer leurs taxes ou laisser augmenter les tarifs, pour que finalement il y ait
un accord avec la proportion que la province est appelée à payer,
la proportion que l'usager est appelé à payer et la proportion
que les pouvoirs publics de la communauté urbaine sont
appelés à payer?
Voilà donc des considérants qui me portent encore une fois
à dire: II vaut mieux que ce soit mené le plus possible comme un
commerce, tenant compte que c'est un commerce assez spécial, parce que
si la haute autorité, que la communauté urbaine et le
gouvernement... Si le gouvernement n'en veut pas d'augmentation de tarif, il
n'a qu'à dire: On va vous donner plus d'argent. Alors, le gouvernement
est dans la même situation que les membres de la communauté
urbaine. Les deux organismes peuvent dire à la commission de transport:
N'augmentez pas les tarifs, on va vous payer la différence. Parce que la
commission de transport n'a pas d'autre source de revenu, même si elle
augmentait le tarif des annonces commerciales dans le métro, cela ne
peut pas rapporter beaucoup plus que 1 000 000 $ de plus quand elle a besoin de
25 000 000 $, 40 000 000 $ ou 50 000 000 $.
Mais il existe. C'est faux de laisser croire que la communauté ou
le gouvernement sont sans pouvoir contre cela, on l'a, les élus qui
siègent au comité exécutif et même les membres du
conseil qui ne sont pas dans le comité exécutif. Rien
n'empêche un maire de banlieue de présenter l'augmentation, parce
que c'est toujours prévu un peu d'avance. S'il y a un certain nombre de
maires de banlieue et de membres de Montréal, pas seulement la banlieue,
qui veulent avoir une séance spéciale du conseil pour en
discuter, ils peuvent demander de faire convoquer une séance du conseil
de la communauté pour discuter de cela et dire: On veut savoir combien
cela prend d'argent et on va décider si on va en donner pour
empêcher l'augmentation. Ces pouvoirs existent, ce n'est pas en modifiant
la loi que cela en donnera plus. J'ai peut-être élaboré un
peu la réponse... (13 heures)
M. Ryan: Juste une dernière question, M. le
Président, si vous me le permettez. Vous avez parlé du danger de
contrôle par le gouvernement que représente la nomination
éventuelle d'un président d'exécutif par le gouvernement,
et aussi je pense avoir compris le pouvoir qu'aurait le ministre d'adopter le
budget de la communauté urbaine à n'importe quel moment, si la
communauté et le conseil ne s'étaient pas entendus. J'aimerais
que vous nous donniez des explications là-dessus. Peut-être
à la lumière d'expériences du passé, c'est
arrivé dans le passé qu'on a eu un président de la
communauté urbaine qui était nommé par Québec. Je
ne sais pas si les circonstances du temps pourraient servir à nous
éclairer aujourd'hui.
J'aimerais que vous expliquiez un peu comment, dans votre pensée
à vous, la communauté urbaine va finir par tomber sous la coupe
de Québec si le projet devait être adopté dans sa forme
actuelle, surtout pour les deux points que j'ai mentionnés: la
nomination du président, l'adoption éventuelle du budget en cas
de désaccord invincible au sein du conseil.
M. Drapeau: M. le Président, je me permettrai de dire au
chef de l'Opposition que j'ai pris la précaution de ne pas parler du
danger que cela représente, si c'est le gouvernement. J'ai dit: Ce n'est
pas ce que le gouvernement veut, mais c'est bien possible que cela arrive; je
n'ai pas osé dire que cela pouvait être un danger. Les
gouvernements changent, que ce soit l'un ou l'autre, je n'oserais jamais dire
que cela peut être un danger. Je peux dire cependant que ce n'est pas
nécessairement ce que le gouvernement souhaite, ce n'est pas
nécessairement ce qui est bon. Quelle a été
l'expérience à ce moment-là? Le président
nommé est tombé malade, il a démissionné
après une période relativement courte, et je crois qu'on peut
dire d'une façon générale qu'à partir du moment
où un gouvernement nomme un président, comme par exemple, le
président d'Hydro-Québec, il est tout à fait dans l'ordre
que le gouvernement, que ce soit l'un de ses ministres, que ce soit le premier
ministre, prenne le téléphone, discute par
téléphone ou l'encontre le président
d'Hydro-Québec. Je ne vise pas de cas particulier, mais c'est une
institution bien connue. Rien n'empêche que, même si cela ne se
fait pas, le public ou les élus vont penser que cela se fait. Si un
jour, un membre demande au président de l'exécutif: Est-ce que le
premier ministre vous a appelé, est-ce que le ministre des Transports
vous a appelé ou est-ce que le ministre des Finances vous a
appelé? c'est placer le président de l'exécutif dans une
difficile situation. C'est pour cela qu'on ne peut pas dire comment cela va
aller, mais on ne peut pas empêcher les gens de croire cela. Même
si on voulait dire que jamais aucun ministre ou que jamais le premier ministre
n'a de conversation avec le président d'Hydro-Québec, si ce n'est
pas le premier ministre, je pense que le ministre des Finances doit lui parler,
parce que c'est probablement son devoir et je ne le lui reproche pas. S'ils ne
se parlent pas, le public va penser que c'est cela et les élus pourront
poser la question, il subsistera toujours un doute et je ne favorise pas cela
en principe.
M. Ryan: Quand vous avez dit que jamais, si le projet
était accepté dans sa forme actuelle, la ville de Montréal
ne voterait pour un président de l'exécutif qui serait un
représentant des banlieues, c'était une affirmation soigneusement
mesurée et non pas seulement légère, comme le laissait
entendre le ministre tantôt?
M. Drapeau: Remarquez bien. On dit: S'il a un vote
prépondérant. On a voté déjà pour un maire
de banlieue; s'il n'y a pas de vote prépondérant, on pourrait le
faire encore, mais, dès qu'il y a un vote prépondérant et
que, ce vote il faut ensuite les deux tiers du conseil pour le renverser, cela
veut dire qu'il faut le vote d'un homme sur 83 ou 84 membres du conseil, s'il
obtient les deux tiers moins un, et c'est cette décision qui
prévaut sur les 66 autres. Cela choque! Cela choque!
Le Président (M. Desbiens): La commission élue
permanente des affaires municipales suspend ses travaux sine die. Nous les
reprendrons vers 16 heures. Nous poursuivrons avec la ville de Montréal,
après la période des questions à l'Assemblée
nationale.
(Suspension de la séance à 13 h 04)
(Reprise de la séance à 16 h 50)
Le Président (M. Rodrigue): La commission élue
permanente des affaires municipales reprend ses travaux. Je rappelle que le
mandat de la commission est d'entendre les personnes ou organismes relativement
au projet de loi no 46, Loi modifiant la Loi de la Communauté urbaine de
Montréal.
Les membres de cette commission sont les députés: MM.
Bissonnet (Jeanne-Mance), Caron (Verdun), Dubois (Huntingdon) remplacé
par Ryan (Argenteuil), Fallu (Groulx), Lachance (Bellechasse) remplacé
par Laplante (Bourassa), Mme Lachapelle (Dorion), MM. Léonard (Labelle),
Ouellette (Beauce-Nord) remplacé par Mme Harel (Maisonneuve), MM.
Rochefort (Gouin), Rocheleau (Hull), Tremblay (Chambly).
Les intervenants à cette commission sont les
députés: MM. Beauséjour (Iberville) remplacé par
Bisaillon (Sainte-Marie), Bélanger (Mégantic-Compton)
remplacé par Polak (Sainte-Anne), Brouillet (Chauveau) remplacé
par Paquette (Rosemont), Desbiens (Dubuc), LeBlanc (Montmagny-L'Islet), LeMay
(Gaspé), Picotte (Maskinongé) remplacé par Mme Lavoie-Roux
(L'Acadie), MM. Ryan (Argenteuil) remplacé par Sirros (Laurier),
Saintonge (Laprairie) remplacé par Ciaccia (Mont-Royal).
M. le député de Bourassa.
M. Laplante: Merci, M. le Président. En premier lieu, M.
le maire, je pense que je dois vous féliciter pour votre performance de
ce matin, et je pensais à la caricature de la Gazette. Vous avez
dû sûrement ébranler le chameau qui était
là.
Comme première question, M. le maire, vous avez parlé
d'une minorité que vous auriez au conseil de la police; si j'ai bien
entendu, vous étiez minoritaire au conseil de la police.
M. Drapeau: Le conseil de la sécurité. Les deux
parties sont minoritaires en ce sens que l'autre membre est nommé par le
gouvernement.
M. Laplante: Ce n'est pas plutôt paritaire avec les
municipalités de banlieue.
M. Lamarre: Paritaire, si vous voulez, mais il y a un membre
nommé par le gouvernement.
M. Laplante: Vous êtes paritaire, en somme; d'accord.
Maintenant, vous avez traité aussi des finances saines de la
ville de Montréal avec une cote plus que vous avez reçue;
attribuez-vous aussi la cote de finance que vous avez actuellement à une
communauté urbaine qui est saine? Est-ce que vous faites un lien entre
les deux?
M. Lamarre: M. le Président, je dois vous dire que, si
nous voulons conserver une bonne santé financière, une excellente
qualité à la cote financière de la ville de
Montréal et de la communauté urbaine, il est absolument
nécessaire qu'il y ait, à l'intérieur du programme
d'immobilisations un cheminement et un calendrier d'emprunts qui respectent les
données sur le plan des emprunts et sur le plan de la capacité
d'emprunter, mais aussi la capacité des citoyens de la communauté
d'absorber ce service et les emprunts faits par la communauté.
Dans la situation actuelle, je pense qu'il va falloir faire des choix
sur l'ensemble du programme d'immobilisations afin de conserver à la
communauté et conserver à la ville de Montréal une
qualité financière.
M. Laplante: La réponse que je voudrais avoir, M. Lamarre,
c'est si, depuis la création de la Communauté urbaine de
Montréal, cela a eu pour effet d'assainir -ce n'est peut-être pas
le bon mot - de donner une meilleure confiance dans les finances de
Montréal? C'est ce que je voudrais savoir.
M. Lamarre: Je dois vous dire que, quand j'ai parlé de ce
rapport, que ce soit des autres agences, parce qu'il semble que cette agence ne
soit pas reconnue, comme on dit - le ministre disait qu'elle n'avait pas la
même qualité, mais je pense qu'elle a la même qualité
que les agences internationales ou du moins américaines, c'est une
agence canadienne qui a fait des analyses - nous avons eu cette cotation de la
part de Moody's, de Standard & Poor et de Canadian
Bonds Rating Services. Je dois dire que, dans deux de ces cotations, on
a toujours attiré notre attention sur le fait qu'il va falloir
établir un calendrier des emprunts si on ne veut pas nuire à la
cote financière de la communauté ou de la ville de
Montréal.
M. Laplante: Je suis d'accord avec cela, mais cela ne
répond pas encore à ma question. Je veux savoir de vous si la
création de la Communauté urbaine de Montréal a
aidé à assainir les finances de Montréal pour les tenir
dans une cote qui est augmentée aujourd'hui. On sait que vous avez
traversé des difficultés. C'est vrai, tout ce que vous avez
apporté avec la police. C'est seulement Montréal qui payait pour
cela. Vous aviez une foule de services à l'intérieur de cela.
Cela apportait une foule de dépenses à Montréal que les
banlieues n'avaient pas à payer. Je voudrais savoir si cela a
aidé la ville de Montréal à se refaire un visage neuf dans
le financement, à augmenter votre cote.
M. Lamarre: Actuellement, au moment où je parle, sur le
côté passif de notre cote, on nous souligne qu'à la
communauté, il serait important que les sommes qui devront être
empruntées au cours des prochaines années soient
étalées de façon à ne pas nuire à la cote de
la communauté et de la ville. Cela n'a pas nui, cela n'a pas aidé
à la cote financière de Montréal, parce que
Montréal n'a jamais été en difficulté
financière.
M. Laplante: On parle toujours de population, 57% par rapport
à 43%. Je voudrais comprendre le mécanisme par lequel vous payez
seulement 52% des dépenses de la communauté urbaine par rapport
à 48% pour les municipalités. Là, cela ne marche plus avec
les populations.
M. Lamarre: Effectivement, la richesse, la répartition des
coûts ne se fait pas selon la population, mais elle se fait maintenant
selon la loi 57, la réforme de la fiscalité. Les quotes-parts de
toutes les villes se font en fonction du potentiel fiscal. Ce potentiel fiscal
comprend l'évaluation foncière, cinq fois le rôle de la
valeur locative sur le plan de la taxe d'affaires, l'ensemble des "en lieu" de
taxes. C'est cela qui compose le potentiel fiscal et c'est en fonction de ce
potentiel fiscal que l'on répartit les coûts de la
communauté. Actuellement, ce potentiel fiscal représente pour la
ville 52,5% de l'ensemble des coûts et, pour la banlieue, 47,5%.
M. Laplante: D'accord. C'est parce qu'on dit souvent que
Montréal paie pour la banlieue. C'est un peu l'argument qu'on prend
à différents niveaux. Les 5% d'écart qu'il y a là,
croyez-vous que c'est une compensation - que je trouve correcte - qui aide la
ville, en somme, proportionnellement à sa population aussi? Un
écart de 5% de plus est payé par les villes de banlieue,
pourriez-vous dire que cela peut être là aussi une compensation
pour les services?
M. Lamarre: Du tout, aucune compensation. Je le disais justement
ce matin et le maire l'a répété. Dans le temps de
Camillien Houde, on répétait que Montréal était la
vache à lait de la province, mais je dois vous dire que Montréal
a été longtemps la ville qui a absorbé les coûts
à caractère régional, c'est-à-dire les coûts
des escouades spécialisées de la police, les coûts des
infrastructures, que ce soit sur le plan de l'aqueduc ou que ce soit sur le
plan des égouts collecteurs ou que ce soit sur le plan du transport
public. Montréal a absorbé cela avant que la communauté
naisse. Il y a eu des répartitions grâce à la Corporation
du Montréal métropolitain. Il y a eu certaines
répartitions grâce à la commission métropolitaine
qui a été créée, je crois, en 1921. Il y a eu des
répartitions, mais Montréal a toujours absorbé une partie
plus grande des coûts qui étaient seulement pour ses citoyens.
Elle participait à un effort financier pour l'ensemble de
l'agglomération montréalaise qui, à ce moment-là,
comprenait, si vous voulez, la rive nord et la rive sud.
M. Laplante: Je suis d'accord là-dessus, on l'a
vécu. Maintenant, on parle souvent aussi des services d'eau; vous
êtes, en somme, le gros fournisseur, par vos installations, aux villes de
banlieue. Est-ce que vous trouveriez normal que ce soit transféré
à la Communauté urbaine de Montréal?
M. Lamarre: Je pense qu'actuellement, la communauté, avec
les services qu'elle a, en a amplement. C'est des...
M. Laplante: Je ne parle pas de tout de suite, mais dans
l'avenir...
M. Lamarre: Même pas dans l'avenir. Je pense
qu'actuellement...
M. Laplante: ... vu le coût astronomique que ça vous
coûte. (17 heures)
M. Lamarre: Actuellement, tout ce qui se transfère
à la communauté, ça coûte toujours un peu plus cher
que ce qui se fait par les villes directement. C'est sûr qu'il y a des
mesures, je dirais, un équilibre qui doit s'établir sur le plan
de l'efficacité et sur le plan de la démocratie. J'accepte le
principe de dire qu'il ne faut pas toujours regarder l'efficacité, il
faut aussi regarder l'aspect
démocratique de la chose. Mais je dois vous dire que chaque fois
qu'il y a eu une absorption au niveau d'une organisation, que ce soit à
la communauté ou des fois à une autre organisation, il y a des
coûts de redondance qui sont toujours supérieurs aux coûts
faits par une municipalié ou par une simple organisation.
M. Laplante: D'accord. Maintenant, on nous dit aussi que
ça fait douze ans qu'on essaie de faire les transferts, immeubles,
terrains, vers la Communauté urbaine de Montréal. On nous dit
toujours, pour différentes raisons qu'on ne nous a pas expliquées
ici, qu'il n'y a encore rien de ça qui est fait. Pouvez-vous nous en
fournir les raisons? Pourquoi n'est-ce pas fait encore?
M. Lamarre: Sur cet aspect, vous savez, ce n'est pas directement
l'aspect politique. C'est purement technique. Il y a des négociations
qui se font au niveau de la CTCUM, au niveau de la ville et même au
niveau de la province, parce qu'on arrivait presque à s'entendre et,
lorsque le gouvernement a décidé de construire le Palais des
congrès, une partie de ça faisait partie des biens qu'on appelle
toujours les biens du premier métro et cela a retardé encore la
question de l'équation entre la CUM, la ville et la province sur le plan
des partages des terrains. Nous pensions l'an passé que nous pourrions
arriver à départir les coûts et répartir les
terrains, mais il semble que des données techniques sont
arrivées, à ce moment et ont retardé encore le dossier.
C'est un dossier purement technique qui s'étudie au niveau des
fonctionnaires et qui n'a pas de résonance, je pense, sur le plan
politique.
M. Laplante: Voyez-vous des ententes?
M. Lamarre: J'espère que ça va arriver très
rapidement parce que je dois vous dire qu'on a mis un terrain à
l'enchère, le métro 1, comme on l'appelle, entre le boulevard
Maisonneuve et le boulevard Président Kennedy. J'ai reçu de la
part du président de la communauté urbaine une lettre nous disant
que nous n'étions pas nécessairement propriétaires, et
ceci peut justement nous empêcher de faire un développement
immobilier assez considérable sur cet emplacement, actuellement. Je
pense que, pour la ville autant que pour la communauté, il serait
nécessaire qu'on arrive à un départage des coûts et
à un départage des terrains afin de favoriser le
développement de tous ces terrains qui sont en partie au-dessus des
lignes de métro et qui sont certainement des terrains très
appréciés habituellement des promoteurs.
M. Laplante: D'accord. Cela m'amène à parler de mon
appréciation de l'ouverture que vous avez faite à un moment
donné au sujet des cinq commissions que le projet de loi no 46
préconise. Vous n'avez pas fermé la porte, je suis heureux de
ça.
Maintenant, il reste le problème du président de
l'exécutif du conseil. Ce que je veux énoncer est tout à
fait personnel et je n'engage pas mon parti; encore une fois, c'est strictement
personnel. Que penseriez-vous qu'on pourrait inscrire pour une période
de rodage, comme on dit souvent pour une nouvelle loi, pour trouver un
mécanisme de garantie de la présidence à Montréal
pour au moins huit ans? Au premier abord, qu'en diriez-vous?
M. Lamarre: M. le Président, je dois dire que notre
mémoire est réellement précis sur cette question. Nous
disons qu'aussi longtemps que la ville de Montréal est majoritaire sur
le plan de sa population, cela devrait être inscrit à
l'intérieur de la loi. Je pense que c'est un minimum que l'on demande;
que cela soit inscrit à l'intérieur de la loi: au moins un
membre, comme le maire le disait, soit sept membres de Montréal, six
membres de la banlieue, au moins un, aussi longtemps que la ville de
Montréal sera majoritaire dans cette communauté. Je pense que
c'est un minimum absolu.
M. Laplante: Si je vous pose cette question-là, M.
Lamarre, c'est que je croirai toujours que Montréal est le pôle
économique du Québec. Même si elle devenait minoritaire en
population, elle reste toujours un pôle d'attraction auquel le
Québec doit s'identifier. Il n'y a aucune des villes actuellement qui
entourent Montréal qui puissent dire, demain matin: Je suis
supérieure en population - je parle ville par ville - à
Montréal.
Cela me fait un peu peur, et je vous le dis très
sincèrement, qu'on inscrive dans la loi ce que vous voulez avoir. Si
jamais cela se produit, on s'enlèverait peut-être un outil assez
précieux pour consacrer encore Montréal comme pôle
économique pour ne pas avoir la réputation - ce que vous craignez
qu'il arrive un jour - de municipalité de banlieue. Cela arriverait
pareil à ce moment et peut-être que vous arriveriez avec d'autres
raisons peut-être encore plus fortes. Mais moi, j'aimerais qu'il y ait
une tentative qui se fasse. Tout le projet de loi est fait dans une tentative
de rapprochement des mêmes humains qui pensent, en somme, la même
chose. Parce que les municipalités - lorsqu'on parle avec ces gens -
croient au rôle de Montréal. Il n'y a pas un maire, à venir
jusqu'à maintenant, à qui j'ai parlé, qui n'a pas cru au
rôle de pôle économique du Québec et de la
région qui est la ville de Montréal.
II me semble qu'il ne reste pas grand-chose pour se rapprocher, se
parler entre municipalités de banlieue et la ville de Montréal.
Il est question de pouvoir, il est question d'orgueil là-dedans, il est
aussi question d'appartenance qui jouent un grand rôle. C'est la
même chose pour nous, Québécois. On est nationaliste, et
notre Québec, on le veut. On le transpose en plus petit, on le retrouve
dans la grande ville de Montréal. Je suis d'accord, vous avez une
fierté comme moi, je suis fier de la ville où je demeure. Je ne
sais pas, il me semble qu'il y aurait peut-être un moyen, après
cette commission, de se rasseoir et d'essayer de créer ce climat qu'on
s'attend de Montréal et de sa banlieue pour justement travailler tous
ensemble dans ce pôle économique. Je trouve dangereux ce que vous
voulez avoir, de dire: Quand on n'aura plus la population, elles la prendront,
la présidence. Ce n'est pas si facile que cela. Ce ne sera pas facile
d'accepter non plus vous autres, cette chose, si jamais cela arrive. Parce
qu'il y a des territoires qui ne sont pas encore tout à fait construits.
Si les villes de banlieue se lancent dans des tours ou dans d'autres sortes
d'habitations, elles peuvent en venir à un moment donné, à
arracher encore à Montréal une partie de sa population et se
grossir aux dépens de Montréal. Avec les milliards qu'il y a de
dépensés actuellement à Montréal en
infrastructures, raisonnablement, cela me fait peur aussi au point de vue
économique.
M. Lamarre: M. le Président, je voudrais rassurer le
député de Bourassa, la ville de Montréal a aussi des
programmes d'habitation. Nous avons mis de l'avant une opération de 10
000 logements; à Montréal, l'an passé, en 1981, 35% de
l'habitation de la grande agglomération montréalaise s'est
construite dans Montréal. En 1982, il ne semble pas que la tendance
doive décroître et même, actuellement, malgré la
conjoncture économique des taux d'intérêt
élevés, il semble que nous allons avoir à peu près
la même performance qu'en 1981 sur le plan de la construction
d'habitations. Je peux quand même offrir à cette commission
parlementaire de mettre dans la loi qu'aussi longtemps que Montréal sera
majoritaire, je pense qu'on ne vivra pas assez vieux pour voir se produire un
renversement de la situation sur le plan démographique.
M. Laplante: D'ailleurs, lundi dernier, j'ai eu l'occasion, M. le
Président, d'être à vos côtés lors de
l'inauguration d'une maison et je pense que je n'ai pas ménagé
mes mots non plus en vous félicitant de votre opération de 10 000
logements. C'est un beau défi que vous avez relevé. Dans la
rénovation aussi on sent actuellement à Montréal qu'il y a
une volonté; vous avez près de 1800 logements d'entrepris qui
changent déjà le visage de Montréal. J'ai confiance en
vous, que vous puissiez continuer là-dedans, mais je maintiens les
craintes que j'ai aussi en voulant garder, comme M. Drapeau le disait ce matin,
si on ne veut pas l'appeler métropole du Canada, au moins ce pôle
qu'on pourrait appeler la vraie métropole du Québec. Merci.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Groulx et adjoint parlementaire au ministre des Affaires municipales.
M. Fallu: Merci, M. le Président. M. le maire,
l'économie de la loi est sous-tendue par un certain nombre de principes
dont le premier, vous l'avez souligné avec force ce matin, repose sur
des aménagements de la vie démocratique à Montréal
et à la communauté urbaine. Vous avez souligné avec
ampleur la répartition des sièges, notamment, à
l'exécutif. Nonobstant les réserves que vous avez mises, que je
comprends d'ailleurs, il y a un autre aspect sur lequel repose le projet de
loi, il s'agit d'un déplacement très significatif que
l'Assemblée nationale veut débattre aujourd'hui avec vous tous.
C'est le déplacement du pouvoir de l'exécutif vers le conseil,
notamment le déplacement du débat de l'exécutif au
conseil. Sans aller dans la mécanique par les veto suspensifs ou encore
par les nouveaux pouvoirs de débat inscrits par les commissions ou
directement auprès du conseil, il arrive que l'économie
générale, l'action de la parole, l'action de la démocratie
à la communauté urbaine serait assez profondément
changée. J'aimerais connaître votre opinion, moins sur la
mécanique - on pourra revenir tantôt sur certains détails -
mais sur cette orientation de ce que pourrait devenir la Communauté
urbaine de Montréal.
M. Drapeau: M. le Président, il ne faut pas oublier que la
Communauté urbaine de Montréal, par l'ampleur de son budget,
l'ampleur de la population sur laquelle elle exerce une juridiction
déterminée dans la loi, se classe à un rang très
élevé parmi les institutions gouvernementales canadiennes. Elle
est en avant de bien des provinces, à ce point de vue. Il faut donc, je
crois, envisager le fonctionnement des institutions en fonction de leur taille,
en fonction de leur mesure. Il faut s'inspirer de ce qui se fait dans d'autres
gouvernements.
Nous n'avons pas d'objection de principe. Il y a une question de
fonctionnement, il faut que les institutions puissent fonctionner si on veut
qu'elles atteignent le but pour lequel elles sont créées, qu'il
n'y ait pas de perte de temps, de perte d'énergie et que la situation ne
devienne pas confuse pour tout le monde.
C'est pourquoi, dans la mesure où le conseil de la
communauté peut prendre une part plus large aux discussions, nous
n'avons pas d'objection, nous n'en avons jamais eu. La responsabilité
des débats et des études a été conçue en
1969 d'après l'inspiration des gouvernements et des grandes villes,
particulièrement peut-être la ville de Montréal. Il y a une
juridiction qui est celle du budget, de la réglementation ou
législation, dans le cas d'un gouvernement de province ou de pays; cela
appartient généralement au Parlement, c'est-à-dire au
conseil. Le comité exécutif a été
créé à Montréal en 1921 et a été la
forme choisie par référendum par les citoyens de Montréal,
qui avaient alors à répondre à la question très
précise: Les électeurs de Montréal
préféraient-ils une forme de gérance ou une forme de
conseil municipal avec comité exécutif équivalant à
un gouvernement? Par une majorité très substantielle, les
citoyens de Montréal ont voté pour la forme de conseil municipal
avec un gouvernement qui s'appellerait le comité exécutif. Cela
avait bien fonctionné et cela fonctionne encore. (17 h 15)
Le gouvernement du temps s'était inspiré de cette formule
pour la communauté urbaine en transposant les juridictions suivant ce
qui se passait à la juridiction de Montréal; le vote du budget,
le vote des crédits - que j'avais oublié tout à l'heure
-la réglementation au conseil, l'administration au comité
exécutif, s'inspirant encore une fois du partage des pouvoirs entre le
Parlement et le gouvernement. Que le Parlement du Québec pense qu'il
vaille mieux transférer plus de possibilités de discussions ou de
décisions au conseil, en principe on n'a pas d'objection. On ne veut pas
faire de bataille contre cela, mais il ne faudrait pas non plus verser dans
l'excès parce que ça pourrait paralyser d'une certaine
façon une administration efficace s'il fallait convoquer le conseil trop
souvent ou bien s'il se réunissait une fois par mois. Dans le moment,
pour donner une idée de la conception du rôle du conseil, la loi
prévoit qu'il se réunirait obligatoirement tous les deux mois; je
dois dire qu'on se réunit plus souvent que cela, parce qu'il y a des
assemblées spéciales.
Si on croit que le conseil doit se réunir pour discuter de plus
de choses, il devra se réunir plus souvent. Je suis porté
à partager l'opinion émise dans ses grandes lignes par le
président de l'exécutif hier. Le comité exécutif,
c'est encore l'équivalent d'un conseil d'administration, c'est lui qui
voit à coordonner, à assurer une unité, à
l'exclusion de la connaissance que doit prendre des choses un conseil, mais par
ailleurs trop diluer un pouvoir c'est le paralyser. Alors, dans quelle mesure,
à quel endroit doit-on dire que la juste mesure est là? C'est
peut- être difficile à établir. Ce n'est pas pour moi une
question de principe, mais une question d'efficacité. Dans la mesure
où les crédits, le budget et la réglementation sont
décidés en toute connaissance de cause par le conseil,
jusqu'à présent ça s'est révélé
suffisant. Je n'ai pas eu connaissance beaucoup des débats pour que le
conseil puisse discuter de beaucoup d'autres choses. Il a pu arriver que le
conseil demande des renseignements au président de l'exécutif
parce que, durant la période de questions, les membres du conseil de la
communauté urbaine, banlieues et ville, posent des questions, soit au
président, au vice-président ou à d'autres membres du
comité exécutif, et il y a les réponses.
Ensuite, sur demande, les procès-verbaux du comité
exécutif sont envoyés à tous les membres du conseil, qui
peuvent suivre tout ce qui est décidé, qui vient au comité
exécutif de la communauté urbaine. Alors, dans quelle mesure y
a-t-il un besoin dans ce sens-là? C'est cela qui reste à
établir; ça ne peut pas faire une grosse bataille de notre
part.
M. Fallu: D'une façon très fonctionnelle, est-ce
que les pouvoirs tel que décrits nouvellement ou amendés
maintenant par cet avant-projet de loi qui resserre, notamment, qui
précise davantage, qui donne même certains pouvoirs d'une
façon plus exclusive maintenant à l'exécutif, je pense par
exemple à la possibilité que l'exécutif pourrait avoir,
devant tout ce qu'on appelle les situations de force majeure, le rôle
qu'il peut exercer dans l'exécution du budget, rôle qui lui est
précisé de façon nominale, est-ce que, dis-je, ces actions
qui seraient maintenant déterminées à l'exécutif
vont précisément dans le sens du fonctionnalisme que vous voulez
voir à l'exécutif ou s'il en manque même?
M. Drapeau: Tant que les questions ne se précisent pas,
c'est peut-être difficile de donner une réponse
générale.
M. Fallu: L'Assemblée nationale est là - puisqu'il
s'agit d'un pouvoir délégué - pour déléguer
ces pouvoirs, mais encore faut-il les déléguer dans le moindre
détail, puisqu'une administration de type municipal ne peut pas poser un
geste qui n'est pas déjà autorisé par l'Assemblée
nationale. Donc, pour nous, il deviendrait important, une fois qu'on se serait
entendu sur quelques grands principes, d'aller jusqu'aux virgules près
du projet de loi, notamment de bien préciser l'encadrement des pouvoirs
de l'exécutif.
M. Drapeau: Dans la loi actuelle, il y avait des
précisions qui ont semblé donner satisfaction. Ce que le conseil
a voulu, c'est par exemple que le budget ne soit pas
adopté automatiquement. C'est dans la loi. Est-ce que ce sera
mieux? J'ai des doutes parce que, encore une fois, les villes et les
communautés urbaines, ce n'est pas comme les gouvernements. Elles n'ont
pas de longues traditions. En conséquence, quelle pourrait être la
réaction, sur le marché de la finance, qu'une institution comme
la communauté puisse dépenser sans que son budget ne soit
adopté? Je me pose la question. Je crois que cela peut être grave
qu'il n'y ait qu'un morceau du budget qui soit mis à sa disposition. Les
gouvernements, c'est généralisé, c'est tellement gros que
le budget ne peut pas être voté en entier et il n'est pas
voté en entier; alors, il y a budget en morceaux, un budget provisoire.
Cela n'existe pas au municipal.
Quelle sera la réaction? Je crois qu'il faudra peut-être
consulter, avant de le confirmer dans la loi, des autorités dans les
évaluations de cote pour savoir dans quelle mesure des
sociétés qui renseignent les sociétés
prêteuses seront satisfaites de dire que les revenus seront suffisants
pour les engagements de l'année si le budget n'est mis à la
disposition de l'administration municipale qu'en morceaux. Je me pose la
question. Je ne réponds pas à la question dans le moment. Je me
pose la question. Voici une innovation. Est-ce qu'elle peut être
favorable ou défavorable? Théoriquement, il n'y a aucune
espèce d'objection, mais dans les faits, quelles peuvent être les
réactions dans le milieu de la finance si, finalement, il y a blocage,
le budget total rendu à la deuxième partie ou à la
troisième partie? Les obligations, c'est le salaire; les postes de
dépenses sont connus, il y en a beaucoup qui sont incompressibles. Ce
sont des questions que se poseront les spécialistes de la finance.
Est-ce que ce sera bon ou mauvais pour la communauté? Je ne suis pas en
mesure de donner une réponse affirmative; je dis que c'est très
délicat et qu'il faudrait examiner cela de près, à moins
que le gouvernement, dans ces cas, lorsqu'il autorise une part du budget, ne se
porte garant - je ne suis pas sûr que le gouvernement aimerait cela, par
exemple - que cette mesure n'affectera en rien et que, si elle devait affecter,
le gouvernement s'en porterait garant... J'ai l'impression que ce sont des
mesures que les gouvernements ne favoriseraient pas beaucoup. Encore une fois,
il y a de l'innovation dans les mesures présentées, elle ont du
bon et il faudrait en évaluer d'autres à l'expérience pour
voir si elles ne sont pas trop coûteuses.
M. Fallu: C'est un peu une surprise, puisque, habituellement,
nous sommes ici pour poser des questions, que nous nous en fassions poser,
mais, enfin! Ce matin, à propos de la création, la formation et
la mise en place des commissions, votre propos m'a semblé un peu ambigu
en ce sens que je crois ne pas avoir saisi le mécanisme de formation des
commissions de la même façon que vous sembliez le faire, puisqu'il
est dit dans le projet de loi que sept n'est pas un nombre absolu, mais c'est
au plus sept. On pourrait donc, une fois qu'un président ou un
vice-président et qu'un certain nombre de membres sont
désignés, deux de Montréal et deux de la banlieue,
atteindre le chiffre six.
M. Drapeau: Quatre.
M. Fallu: Quatre plus deux, si on ajoute un président et
un vice-président, selon l'interprétation qu'on veut donner
à la loi et, à ce moment-là, une commission serait donc
formée. Est-ce qu'une telle commission pourrait être fonctionnelle
à six ou au plus sept?
M. Drapeau: Si cela peut être fonctionnel, il y a seulement
l'expérience qui pourra le dire. J'ai de sérieuses
réserves, encore une fois, parce qu'il va devenir extrêmement
important de s'entendre sur les président et vice-président de
commission, formant l'exécutif ex officio, et même sur les autres
membres. Si on dit qu'une commission a jusqu'à sept membres et que ce
sont des commissions importantes, dans certaines commissions, on peut aller
jusqu'à sept et qu'il n'y ait que quatre membres, parce qu'il n'y a pas
accord sur les trois autres et, dans d'autres cas, ce sera six, parce qu'il y
aura l'accord sur un pour chaque côté; si les membres sont choisis
simplement en fonction de cela, qu'il y en ait toujours un d'un
côté et un de l'autre, ce n'est pas la meilleure formule pour
assurer l'harmonie. Une fois que l'exécutif est formé, je crois -
encore une fois, la commission sur le schéma d'aménagement le
prouve, il y a eu la formation d'une commission qui a bien fonctionné et
dont les membres s'entendent bien - ce n'est pas impossible, mais ce sera plus
facile ou moins difficile, si l'exécutif est formé. Si les
membres du conseil siègent ensemble, ils se connaissent plus et il
pourrait y avoir un accord plus facilement que s'il fallait commencer par
former les commissions à la suite d'une élection et que les
membres ne se connaissent pas beaucoup. C'est cela ma réserve.
M. Fallu: Ma question s'adresserait à M. Lamarre,
puisqu'il est président de ce comité sur le schéma
d'aménagement. Cette commission que vous avez formée, elle est
à parité, à majorité, il y a combien de
membres?
M. Lamarre: Je dois dire que je n'en suis plus le
président, c'est mon collègue, Pierre Lorange,
vice-président de la ville, qui
en est le président. Cela a été formé par le
conseil de la communauté et il y a trois membres de la banlieue et trois
membres de Montréal, sauf que le président siège ex
officio à la commission.
M. Fallu: D'accord. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Ma question pourrait
s'adresser au maire Drapeau, dont j'ai énormément
apprécié l'exposé ce matin, ainsi que celui de M. Lamarre,
président de l'exécutif. Hier soir, nous recevions M. Nadeau, qui
représentait la commission de transport. Malheureusement, on n'a pu
rencontrer ni le président ni les commissaires, mais certains points qui
ont été soulevés hier soir me préoccupent
énormément, je pense que ça préoccupe aussi les
membres de cette commission, à savoir que les procès-verbaux ne
sont pas disponibles et que même la communauté urbaine ne prend
pas note de ce procès-verbaux ou qu'on ne les fait pas parvenir à
la communauté urbaine. Est-ce que c'est un fait?
M. Drapeau: Moi, j'ai connaissance de recevoir
régulièrement copies des résolutions de la CTCUM pour
supprimer ou modifier un circuit. Je sais que je reçois des copies. Je
n'ai jamais demandé de consulter les procès-verbaux, mais je sais
que j'en reçois. Est-ce qu'il y en a d'autres qu'on ne m'envoie pas?
C'est possible. Quand il y a des résolutions pour des emprunts, il faut
que cela soit autorisé par la... Donc on les reçoit. Il y a des
décisions qui nous parviennent comme ça mais... La tarification,
c'est bien sûr, on porte ça à notre connaissance, parce
que, si on ne veut pas, comme je le disais ce matin, on n'a qu'à
s'opposer nous-mêmes. Encore une fois, je ne dis pas que les
procès-verbaux sont envoyés à tout le monde, mais je sais
bien que nous, les membres de l'exécutif, nous les recevons.
M. Rocheleau: Maintenant, M. le maire, est-ce que vous trouvez
normal, dans la loi telle qu'elle existe actuellement, que le budget de la
commission de transport qui, effectivement, doit être approuvé par
la communauté urbaine le ou avant le 15 décembre de chaque
année, dans plusieurs cas ou au cours de plusieurs années, n'ait
pas été approuvé par la communauté urbaine et, par
le fait même, devenait en fonction et exécutoire le premier
janvier de l'année? Est-ce que la communauté urbaine ne laisse
pas de côté une de ses responsabilités, soit d'examiner le
budget de la commission de transport et d'en décider avant la
période fixée par la loi, c'est-à-dire le 15
décembre? Est-ce que vous prévoyez des mécanismes
différents dans le projet de loi 46 qui obligeraient la
communauté urbaine à se prononcer effectivement sur le budget,
étant donné qu'il y a un processus de commission avec des membres
élus qui siégerait à la commission de transport?
M. Lamarre: M. le Président, je dois vous dire que la loi
qui a formé la Commission de transport de la communauté urbaine
n'oblige pas la communauté à adopter le budget. Elle le
reçoit, elle le dépose au conseil et il est homologué;
j'appelerais ça un peu un budget homologué. La loi n'oblige pas
et ne nous permet pas d'adopter ce budget. Je pense que, dans les modifications
de la loi 46, c'est une de nos recommandations qui a été retenue
de faire en sorte que la commission de transport demeure un organisme
séparé à cause, un peu comme le maire l'expliquait, de
toute la partie financière ou commerciale, mais qu'elle devrait quand
même faire adopter son budget par le comité exécutif et que
le comité le dépose au conseil pour adoption. (17 h 30)
La tarification pourrait aussi être aussi discutée, si vous
voulez, au niveau du conseil de la communauté. Je pense que ces
recommandations, la ville de Montréal les fait siennes,
c'est-à-dire que le budget de la Commission de transport de la
communauté pourrait être discuté au comité
exécutif et au conseil ainsi que la tarification qui est certainement
une conséquence du budget de la CTCUM.
Il y aurait peut-être lieu aussi, lorsque la communauté
aura l'autorité ou la responsabilité de regarder le budget de la
CTCUM, de regarder l'ensemble des relations patronales-ouvrières qui se
trouvent à l'intérieur de cette commission.
M. Rocheleau: II y a une complication qui semble se dessiner
là-dedans ou qui peut sûrement exister. C'est le fait que les
municipalités à l'intérieur de la communauté
urbaine ou les municipalités qui sont desservies par la commission de
transport, doivent quand même inclure une partie de leurs dépenses
attribuables à l'effort financier de chacune des municipalités
pour défrayer le déficit opérationnel de la commission de
transport et cela doit être inséré à
l'intérieur du budget qui doit être adopté dans chacune des
municipalités le ou avant le 15 décembre de chaque année.
Je me pose la question, à savoir si, du fait qu'il n'y a pas de budget
actuellement, s'il entre en vigueur automatiquement le 1er janvier, cela ne
crée pas des embêtements aux municipalités au point de vue
des prévisions budgétaires ou si on indexe simplement
annuellement un montant en prévision de
certaines dépenses.
M. Lamarre: II est sûr que c'est une façon de
fonctionner qui n'est certainement pas orthodoxe, c'est-à-dire que le
budget de la CTCUM, qui est quand même un budget qui représente
presque 30%, peut-être 35% de l'ensemble des coûts de la
communauté, ne soit pas adopté et ne soit pas
présenté en même temps pour adoption au conseil pour que
les municipalités qui auront à absorber la quote-part du
déficit du transport public ne puissent pas l'insérer à
l'intérieur de leur budget. Je pense qu'il est normal qu'un organisme
qui doit quand même vivre des deniers publics, de l'effort financier des
contribuables de chacune des municipalités ait son budget adopté
par la communauté urbaine et qu'à ce moment-là, les
membres de la communauté, les membres du conseil, les membres du
comité exécutif puissent adopter ce budget.
M. Rocheleau: Maintenant, une dernière question. À
entendre le maire Drapeau ce matin, tout semblait relativement rose, du moins
à la Communauté urbaine de Montréal, cela semblait
fonctionner assez bien. Tenant compte de la quasi-totalité des votes qui
peuvent se prendre soit à l'exécutif ou au conseil de la
communauté, il semble qu'on peut compter à peine sur les cinq
doigts de la main les votes qui ont été pris depuis plusieurs
années.
Par contre, ce matin, quand on a discuté de la parité ou
d'une possibilité de parité, il semblait se dégager une
certaine adversité, dans le sens que Montréal ne voterait pas
pour quelqu'un de la banlieue comme une municipalité de banlieue ne
voterait pas pour une représentativité de Montréal. Est-ce
que tout le problème réside effectivement, du point de vue de la
représentativité, au sein de l'exécutif et du conseil?
Est-ce que cela semble être là qu'est l'argument majeur qui fait
en sorte qu'un projet de loi aujourd'hui, qui contient quand même
plusieurs articles, semble être tout à fait acceptable?
M. Drapeau: II n'y a pas de doute qu'il y a beaucoup d'articles
dans les modifications d'ordre technique sur lesquels on peut s'entendre. Cela
ne fait pas le moindre doute. Ce qui constitue une prise de position, je n'ai
pas d'hésitation à le dire, de part et d'autre
irréductible, c'est le fait que, s'il y a un vote
prépondérant, s'il y a un vote décisif exercé par
le président du comité exécutif, cela veut dire
qu'à partir du moment où on élit un président au
comité exécutif, on lui donne d'avance le droit d'annuler notre
vote d'une façon décisive. Et c'est la même chose si c'est
quelqu'un de Montréal, les gens de la banlieue lui donneront
l'autorisation, en le choisissant, d'exercer son vote décisif et, donc,
d'annuler leur vote. Alors, cela est grave parce qu'après, même si
les banlieues ne sont pas d'accord et veulent présenter cela au conseil,
il faudra les deux tiers du conseil pour renverser le vote d'un homme qui est
décisif. Cela nous paraît exagéré. Ce n'est pas le
fait de la représentativité, c'est le fait que - ou bien il y a
parité ou il n'y en a pas -dès qu'il y a un vote décisif
exercé par le président de l'exécutif, il n'y a plus de
parité, dès qu'il y en a un qui a un vote décisif, la
parité disparaît. Alors, je dis que c'est tout à fait
normal et je ne reprocherai pas du tout aux banlieues de ne pas voter pour
quelqu'un de Montréal. Je pense qu'elles ne peuvent pas non plus nous
reprocher de donner volontairement le droit de vie et de mort par un vote
décisif sur les décisions à venir pendant tout un
mandat.
M. Rocheleau: Mais il n'en demeure pas moins, M. le maire, qu'il
serait absolument inacceptable que, tant pour la Communauté urbaine de
Montréal que pour toute autre communauté régionale, le
président puisse être nommé par le gouvernement. Je sais
qu'à d'autres communautés et, entre autres, à la
Communauté régionale de l'Outaouais, c'est le cas, mais depuis
douze ans cela est contesté. J'espère que le ministre va apporter
un remède particulier à la Communauté régionale de
l'Outaouais dans un proche avenir. Mais il ne demeure pas moins que je pense
que cela serait inacceptable que le gouvernement s'immisce directement dans le
domaine municipal ou régional et qu'il nomme lui-même un
président s'il n'y avait pas entente entre les parties. Je pense que ce
point, c'est une des raisons pour laquelle vous souhaiteriez que le
gouvernement précise la vocation propre de Montréal comme
métropole mais aussi comme leadership.
M. Drapeau: Nous ne souhaitons pas du tout - et je l'ai
expliqué assez longuement ce matin - que le président du
comité exécutif soit nommé. Nous ne croyons pas que ce
soit la meilleure façon de procéder. Nous croyons, une fois qu'il
est élu par la communauté, qu'il ne doit pas démissionner.
Il doit rester un élu parce qu'il administre de l'argent des fonds
publics, il participe à de la réglementation qui est une forme de
législation et je crois qu'il doit garder ce sentiment qu'il est
comptable un jour, qu'il sera comptable devant des électeurs. Il y a
peut-être des inconvénients à cela mais moins graves que de
devenir un peu fonctionnaire. Même s'il devenait fonctionnaire, parce
qu'il ne serait plus élu, il serait toujours considéré
comme appartenant à un groupe. Ce n'est pas sa démission qui va
rompre le noeud gordien.
On a donc à choisir entre deux
formules dont aucune n'est parfaite. Je pense que c'est encore mieux de
laisser le lien avec l'électeur, avec un électorat sous une forme
ou sous une autre.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Rosemont... M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Est-ce que je dois comprendre que la question
d'alternance ne s'applique plus? Je remarque qu'on a reconnu deux
députés ministériels avant de reconnaître un
député du côté de l'Opposition.
Le Président (M. Rodrigue): La question d'alternance
s'applique et vous allez être le suivant à prendre la parole.
M. le député de Rosemont.
M. Paquette: Merci, M. le Président. M. le maire, M. le
président du comité exécutif, il me fait toujours plaisir
de vous revoir à Québec, particulièrement M. le maire, qui
est un citoyen du plus beau comté du Québec, c'est-à-dire
le comté de Rosemont.
J'aimerais tout d'abord rectifier une intervention qu'a faite à
deux reprises le chef de l'Opposition. Je regrette qu'il ne soit pas là,
d'ailleurs. Lorsqu'on essaie de comparer la Communauté urbaine de
Montréal à la communauté urbaine de l'agglomération
de Toronto, je trouve cela un peu faux comme comparaison. Il suffit de
constater que la communauté de l'agglomération torontoise est
formée de six villes. Parmi ces six villes, la ville de Toronto est
encore la plus importante, mais elle compte 36% de la population. Il y a une
autre ville, la ville de Scarborough, qui compte 27% de la population et une
autre ville encore qui compte 18% de la population. Alors, il y a un certain
équilibre entre les différentes municipalités qui
composent la communauté urbaine là-bas, ce qui crée une
situation totalement différente de celle qu'on connaît à la
Communauté urbaine de Montréal.
À la Communauté urbaine de Montréal - et là,
j'espérais qu'on arrête de faire ces comparaisons, parce
qu'à mon avis on ne peut absolument pas se baser sur l'expérience
de Toronto pour essayer d'éclairer nos discussions sur ce projet de loi,
on pourrait en arriver à de fausses conclusions - la ville de
Montréal représente entre 55% et 57% de la population et la ville
la plus importante après Montréal, c'est la ville de
Montréal-Nord qui compte seulement 10% de la population de
Montréal. Un quartier comme Rosemont contient une population plus
élevée que presque toutes les villes de banlieue qui composent la
Communauté urbaine de Montréal. Alors, on n'est pas du tout dans
la même situation.
À ce point de vue, compte tenu du fait que dans la ville de
Montréal se retrouvent non seulement le coeur de l'activité
économique et culturelle de la communauté, mais également,
probablement, les quartiers les plus défavorisés - il y a
d'autres villes de banlieue où on a également des quartiers
défavorisés - je pense que l'attention des élus de la
communauté urbaine, si on veut parler un peu en termes
d'égalité des chances, doit se concentrer davantage sur les
quartiers défavorisés, que ce soit en termes de services de
transport, de services de police, d'aménagement ou d'équipement
communautaire. Je pense que les problèmes les plus graves se
présentent ici, dans la ville de Montréal.
On peut comprendre - et je dois dire que je partage les
inquiétudes que la ville de Montréal exprime dans son
mémoire - qu'il serait difficilement acceptable aux Montréalais
qu'on ne reconnaisse pas la prépondérance de Montréal dans
la communauté urbaine. Actuellement, s'il y avait une majorité de
membres à l'exécutif qui n'étaient pas de Montréal
et qui décidaient de prendre une décision, on se retrouverait
peut-être avec une décision au niveau du conseil qui demanderait
une majorité des deux tiers pour être renversée. C'est un
petit peu inquiétant pour les Montréalais. Il faut donc essayer
de trouver une façon de reconnaître la prépondérance
de la ville de Montréal, à cause de tous les facteurs que j'ai
mentionnés, tout en respectant, bien sûr, les municipalités
de banlieue et en s'assurant que Montréal ne décidera pas de tout
dans la communauté urbaine. Tous les membres de la communauté
doivent pouvoir participer pleinement dans un esprit communautaire qu'on
voudrait tous voir se développer.
Dans ce sens, j'ai été un petit peu étonné
de la proposition que la ville a faite à l'assemblée du 24
septembre de la communauté urbaine et qui voudrait, si jamais le
pourcentage total de la population des villes de banlieue dépassait 50%,
que la banlieue acquière une majorité au comité
exécutif de la communauté urbaine. En tant que
Montréalais, ma réaction est de dire: Même dans ce cas,
même dans le cas où Montréal n'aurait que 45% de la
population, compte tenu de tous les facteurs que j'ai mentionnés, il
faudrait reconnaître un droit de veto à la ville de
Montréal. Je me demande s'il n'y a pas une confusion avec la
représentation, qui est l'un des arguments de votre mémoire, par
rapport à la population.
Je peux me tromper, mais j'ai l'impression que, si le projet de loi
proposait que la communauté urbaine soit composée de dix
représentants de Montréal et de cinq de la banlieue, on n'aurait
peut-être pas tant parlé de la représentation en fonction
de la population. La parité ne me semble pas faire
tellement problème au niveau des commissions qui ne sont pas
décisionnelles. J'aimerais avoir votre avis là-dessus. À
ces commissions, on ne se retrouvera pas entre des membres de deux partis
politiques qui ont des opinions différentes. Ce sont des commissions
ayant un rôle essentiellement consultatif et le fait de reconnaître
la parité au niveau des commissions peut favoriser les consensus. Il
faudrait bien s'entendre. Les gens de la commission auront intérêt
à faire consensus pour avoir la chance d'amener des propositions, des
positions au conseil et au comité exécutif. (17 h 45)
Au niveau du comité exécutif, il me semble beaucoup plus
important d'assurer un droit de veto sur les questions importantes, sur les
questions vitales pour la ville de Montréal. Je me demande ce qui vous a
amenés à opter pour ce principe de la représentation par
rapport à la population, qui est l'une des façons de
réaliser la prépondérance de Montréal, mais qui
n'est pas la seule. Ma préoccupation, c'est de trouver une façon
de respecter la prépondérance de Montréal qui favorise les
consensus, qui favorise les discussions démocratiques, qui favorise
l'entente entre la ville de Montréal et les banlieues.
J'aimerais, dans un premier temps, avoir vos commentaires sur tout cela.
Est-ce que l'important, dans le fond, n'est pas, évidemment, que
Montréal ait une représentation importante dans tous les
organismes de la commission, mais surtout qu'elle puisse s'assurer qu'aucune
décision de la communauté ne viendra léser les citoyens de
Montréal?
M. Drapeau: La formule que nous avons présentée
tend à prouver une chose: la bonne volonté du comité
exécutif ou de l'administration municipale de Montréal dans nos
négociations avec les banlieues. Nous voulions qu'il soit bien
établi que ce n'était pas un désir de domination, qu'il
nous appartenait de tout faire pour garder une majorité de population,
que nous entendions appliquer et que nous avions déjà
commencé à appliquer des programmes et que nous allions
continuer, mais que nous allions justement, à défaut d'un
échec, accepter le principe. Cela ne veut pas dire que nous le
favorisions; nous favorisions que vienne un jour où il s'appliquerait,
mais, comme on nous reproche beaucoup de choses, je crois que la remarque que
fait M. le député confirme plutôt notre largeur de vues et
notre désir de trouver un terrain d'entente. Il n'y a pas autre
chose.
En même temps que nous formulions cette proposition, nous avions
la ferme détermination de tout faire pour rapatrier des
Montréalais exilés ou pour augmenter la population de
Montréal, en évitant que des
Montréalais quittent Montréal pour aller demeurer
ailleurs. Il n'est pas facile de dire que nous réussirons. Mais en
comptant, et après consultation sérieuse, il semble, à ce
qu'on répète, qu'étant donné les coûts
d'énergie qui montent, les frais de transport qui sont loin de diminuer,
même pour ceux qui prennent les transports publics, etc., on pouvait
plutôt s'attendre que l'écart entre les banlieues et la ville
n'allait pas s'accroître ou allait se stabiliser, c'est-à-dire
n'allait pas diminuer, il allait plutôt s'accroître ou se
stabiliser; d'autant plus, comme je le disais ce matin, qu'il y a une tendance
aussi, dans les banlieues, à une diminution de population.
Tous ces éléments jouant, nous avons cru - avons-nous
été imprudents? la question que pose M. le député
semblerait qu'il pense que nous avons peut-être été
imprudents - et il nous a paru que nous n'étions pas imprudents de
formuler cette possibilité d'entente pour témoigner, encore une
fois, de notre absence de désir de dominer pour le plaisir de dominer
dans toutes les circonstances.
M. Paquette: Vous avez dû étudier, bien sûr,
les formules qui existent ailleurs dans le monde. Le président de la
communauté urbaine nous donnait hier l'exemple de Munich, sauf qu'il
avait oublié de nous mentionner que le maire de Munich exerce un droit
de veto au sein de la communauté urbaine, même si la ville n'est
représentée que par 40% au niveau du comité
exécutif ou du conseil, je ne me rappelle plus. Est-ce que cette
formule-là vous apparaît quelque chose d'intéressant?
M. Drapeau: II est extrêmement difficile de trouver des
comparables. C'est une des questions qui me passionnent depuis mon
entrée dans la vie municipale, soit pour comparer des budgets, soit pour
comparer des modes d'évaluation et particulièrement lorsqu'il
s'agit de pays et de villes d'Europe. On sait qu'il y a une tendance pas mal
généralisée, dans les pays européens, à
avoir une multitude de partis, partis qui existent au plan national, au plan
des États qui forment des fédérations ou des
confédérations, et ensuite même, comme en Allemagne, en
plus du gouvernement fédéral, il y a - on parle de Munich, - le
gouvernement de la Bavière; ensuite, il y a le gouvernement du Land;
ensuite, il y a la ville.
Alors, les partis se retrouvent nombreux à chacun de ces paliers,
ce qui veut dire qu'il y a un entraînement peut-être à
former des blocs, à former des ententes, ce qui n'existe pas ici. C'est
ce qui rend tellement difficile la comparaison des administrations quant
à leur formation, au point qu'on pourrait dire que, dans certains pays
que je
ne nommerai pas, les élections servent surtout à
élire des partis d'Opposition, mais pas à élire un
gouvernement. Parfois, ça prend plusieurs jours. Lorsque les bulletins
sont comptés, les élus sont proclamés élus et,
parfois, ils le savent une semaine après l'élection. Les accords
se font pour essayer de former des groupes de majorité. Cela prend du
temps à savoir qui a le pouvoir dans un État. Encore une fois,
comme c'est parti là, ce sont les mêmes qu'on retrouve aux
différentes juridictions. C'est extrêmement difficile. C'est vrai
que le maire de Munich a un pouvoir de veto. Est-ce vraiment un veto ou si
c'est un pouvoir d'en appeler? Quand on regarde ces textes, Dieu que c'est
difficile de répondre parce que je n'acquiers pas, même pour mes
renseignements personnels, de conviction! Lorsque j'ai l'occasion de recevoir
ou de rencontrer des gens, des administrateurs municipaux, que je leur pose des
questions et qu'ils m'en posent, finalement on ne se comprend pas parce que,
rendu à la signification, c'est trop différent. Plus on pose de
questions, plus on essaie de préciser, plus on s'aperçoit que ce
n'est pas comparable. Je ne peux pas comparer.
En France, le maire n'est pas élu par l'ensemble de la
population. Il est élu comme un premier ministre, en somme. Il se
présente comme candidat au poste de conseiller dans un arrondissement.
Il présente des candidats, il appuie des candidats dans plusieurs
arrondissements. S'il a une majorité de conseillers élus de son
groupement, il a des chances d'être élu maire de Paris, comme dans
d'autres régions de France. C'est différent de chez nous. Je
voudrais bien répondre, mais, en toute honnêteté, ce n'est
pas parce que je ne veux pas, ce n'est pas aussi simple que cela le
paraît.
M. Paquette: Je voudrais simplement vous poser une autre
question. On a beaucoup parlé de la représentation de
Montréal au comité exécutif. C'est sûr que c'est un
point extrêmement délicat. Si on fait abstraction de cette
question pour un moment, sur l'ensemble de la réforme, sur tous les
autres aspects de la réforme, diriez-vous que c'est une réforme
qui va favoriser non seulement les citoyens de Montréal, mais ceux de la
banlieue, ceux de la grande communauté urbaine? On parle, par exemple,
de la création des commissions. On a ici la possibilité
d'entendre des gens qui viennent témoigner - vous en êtes,
d'autres sont venus, d'autres vont venir - sur ce projet de loi et, à la
suite de leurs témoignages, il y aura probablement des amendements qui
vont être apportés. Je vous avoue que cela agace beaucoup de
Montréalais de ne pas pouvoir le faire, ni à la ville de
Montréal, ni à la communauté urbaine. N'avez-vous pas
l'impression qu'on pourrait améliorer, davantage en fonction des besoins
de la population, les décisions de nos élus municipaux à
Montréal si on avait ces commissions ouvertes au public qui puissent
discuter des règlements dans tous les domaines d'intérêt de
la vie locale, de la vie municipale?
Deuxièmement, au niveau du fonctionnement du conseil, comment
peut-on expliquer le fait qu'il y a eu, depuis douze ans d'existence de la
communauté urbaine, aussi peu de votes, de débats? On n'a pas
l'impression qu'il y a beaucoup de débats au conseil de la
communauté, sauf à l'occasion du budget et, très souvent,
on arrive à une impasse, la date est dépassée et le budget
s'adopte automatiquement, sous la loi actuelle. Est-ce que vous avez
l'impression que le projet de loi va apporter des améliorations
également au fonctionnement du conseil, qui pourrait être un lieu
de débats démocratiques, encore une fois, qui permettrait
à la population de la communauté urbaine d'être davantage
informée des politiques municipales et, au besoin, de se faire entendre
et de faire en sorte que les élus puissent mieux faire leur travail?
Quelle serait votre évaluation des autres aspects, autrement dit, de
cette réforme proposée par le ministre?
M. Drapeau: Pour nous prononcer en connaissance de cause, il
faudrait prendre connaissance des amendements qui pourraient être
apportés au projet de loi. Quels que soient ces amendements, je crois
qu'on peut affirmer ceci: II y a certainement des amendements, sur lesquels on
peut s'entendre, qui auraient pour effet d'améliorer le projet de loi.
Il y en a d'autres qui auraient pour effet de changer les procédures, de
permettre plus de débats, de permettre des commissions, et ci, et
ça. Donc, cela pourrait changer des choses, mais pas
nécessairement améliorer le projet de loi ou améliorer la
situation. Il pourrait y avoir aussi des changements qui - à
l'expérience, mais on ne le sait pas, tant que l'expérience ne
sera pas faite - pourraient révéler que cela coûte plus
cher que cela coûtait. Plus il y a de jeu à jouer, plus on risque
que cela coûte cher.
Je suis convaincu, et je pense que je ne suis pas le seul - hier, des
questions ont été posées par les membres de la commission
qui me portent à croire que je ne suis pas le seul sur cette longueur
d'onde - que ce que les membres, les citoyens, les contribuables de la
communauté urbaine souhaitent surtout, c'est que les amendements
à la loi puissent apporter des moyens de réduire les coûts
et je ne vois, dans les amendements proposés, aucun d'entre eux dont on
pourrait dire: Grâce à cela, cela coûtera moins cher
à la communauté urbaine, quelle que soit la formule. Je crois que
c'est le premier désir
de tous les membres de la communauté urbaine, membres qui
siègent au conseil ou membres actionnaires au sens large,
c'est-à-dire tous les contribuables.
Nous ne sommes pas contre toute amélioration, contre tout
changement. C'est pourquoi je dis: Peut-être bien qu'à la suite de
l'échange de vues, après les travaux de la commission, s'il y
avait une période de suspension - je ne dis pas d'un an - et que les
diverses parties intéressées regardaient de nouveau les textes,
regardaient peut-être des modifications que le gouvernement ou que les
membres de la commission se proposeraient de faire, on pourrait regarder cela
et voir dans quelle mesure on pourrait s'entendre, parce qu'encore une fois on
s'entend déjà sur un grand nombre de points. Il y a des points
qu'on a formulés et que les banlieues ont acceptés et il y a des
points que les banlieues ont formulés et qu'on a acceptés. Il ne
faut pas croire qu'on ne s'entend sur aucun.
On ne s'est pas préparé à en discuter, parce qu'on
devait discuter du principe, mais il y a beaucoup d'amendements sur lesquels on
est d'accord. Il s'agirait de voir si on peut être d'accord sur d'autres
amendements dont l'effet serait de rapprocher davantage les parties, de
détruire l'impression de désaccord, de bataille et de tout cela.
On est d'accord pour étudier cela, mais on dit aussi que cela ne demande
pas une nouvelle communauté, cela ne prend pas une nouvelle loi, cela ne
prend pas une nouvelle conception, cela prend peut-être, disons, d'avoir
été traduit devant le frère directeur pour se faire
réprimander un peu et qu'il nous dise: Là, essayez de vous
entendre et ne vous battez plus quand vous êtes dans la cour de
l'école ou quand vous êtes en classe. (18 heures)
Si c'est cela, mon Dieu, on est bien prêt, on a conscience d'avoir
travaillé et j'ai la conviction que les gens de banlieue ont
travaillé dans cet esprit aussi, parce que, bon Dieu, du comité
exécutif, je n'ai pas de mauvais souvenir. Ce n'est pas parce qu'on a un
vote majoritaire, ce n'est pas cela; au contraire, il y a des efforts pour
trouver des terrains d'entente. C'est une réalité. Le
président l'a dit hier, il fait son possible comme président, et
on l'aide, pour voir à tomber d'accord pour voter. Autrement, on aurait
plus de choses de non adoptées que de choses adoptées.
Maintenant, la question est très pertinente. On a l'impression,
dites-vous, qu'il n'y a pas d'action, pas de débat. Ça s'explique
bien. Quelle est la juridiction du conseil? Adopter le budget. On
l'étudie, on l'adopte. Mais, une fois que ça s'est passé,
c'est au mois de décembre. Voter des crédits: on vote des
crédits, ça ne fait pas beaucoup de discussion parce que, de plus
en plus, on vote des crédits, disons, pour le métro. C'est
remboursé par le gouvernement.
Puis les montants, les estimations nous arrivent par les services et on
a de bons services, de l'aveu de tous les membres de la communauté:
exécutif ou conseil; alors, les crédits ne sont pas beaucoup
discutés. Il n'y a pas matière à discussion. Et il y a la
législation, les modifications à certaines
réglementations, et on est d'accord. Il ne peut pas y avoir beaucoup de
discussion il n'y a pas de discussion. En fait, sauf exception, les
assemblées sont convoquées pour cinq heures ou quatre heures de
l'après-midi et une heure ou deux après, c'est fini, parce qu'il
n'y a pas vraiment matière à discussion. Ce n'est pas en
changeant la loi qu'il y aura plus matière à discussion, à
cause de ce qui reste. Les grandes raisons qui justifiaient la fondation de la
communauté, c'étaient le transport public, l'épuration de
l'eau; toutes ces grandes décisions sont prises et, quant au paiement,
de plus en plus, c'est le gouvernement qui paie. Il ne reste pas beaucoup de
matière à discussion. Le schéma d'aménagement va
venir pour étude; vous avez raison, M. le député.
M. Paquette: Mais est-ce que ce n'est pas parce que...
Le Président (M. Rodrigue): M. le
député...
M. Paquette: ...le comité exécutif prend...
Le Président (M. Rodrigue): M. le
député...
M. Paquette: ...trop de décisions par rapport au
conseil?
Le Président (M. Rodrigue): M. le
député...
M. Paquette: Est-ce que ce n'est pas parce que le comité
exécutif...
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: ...prend trop de décisions par rapport au
conseil?
Le Président (M. Rodrigue): M. le
député...
M. Drapeau: Le comité exécutif n'en prend pas
tellement non plus...
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Drapeau: Pardon.
Le Président (M. Rodrigue): Je
m'excuse, M. le maire. Étant donné que nous avons atteint
l'heure limite pour les travaux de la commission, avant de poursuivre et avant
d'accorder la parole au député de Mont-Royal, je vais demander le
consentement de la commission pour poursuivre nos travaux jusqu'à la fin
de l'audition du mémoire de la ville de Montréal puis de
suspendre les travaux de la commission jusqu'à vingt heures, alors que
nous reprendrons nos travaux pour entendre les mémoires des trois autres
organismes qui doivent être entendus aujourd'hui et qui sont avec nous
depuis le début de la séance, ce matin. Alors est-ce qu'il y a
consentement?
Il y a consentement. M. le député de Mont-Royal. (18
heures)
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. M. le maire, inutile
de vous dire que vous êtes un témoin très convaincant.
Quand je vous écoutais, ce matin, j'avais envie de me lever et d'aller
demander aux maires des banlieues: Mais pourquoi n'appuyez-vous pas votre
maire? Qu'est-ce qu'on fait ici? On ne devrait pas avoir de désaccord
sur le principe de cette loi. J'ai trouvé très convaincants votre
enthousiasme et les raisons que vous avez invoquées quant à
l'importance de Montréal, comme je l'ai dit, et il est indéniable
que Montréal est la métropole, la ville la plus importante au
Québec et qu'on doit tenir compte de ce fait.
Cependant, je voudrais apporter un autre point de vue, le point de vue
de celui qui est en banlieue, le résident, le citoyen, le contribuable
de banlieue. Je voudrais vous dire un peu ce qu'il pense, lui, et je voudrais
vous inviter à faire vos commentaires. Je suis bien certain que le point
de vue que je vais vous exposer, certaines réticences et certaines
frustrations qui existent dans les banlieues, vous les avez déjà
entendues. Je suis certain que je ne vous apprendrai rien de nouveau, mais,
pour le bénéfice de la commission, je voudrais avoir votre
opinion sur ce que nous devons dire à ces gens qui nous font ces
représentations.
Le premier point est la frustration totale qu'un résident de
banlieue ressent. On dirait en un sens qu'il pense qu'il n'y peut rien parce
qu'il dit que ce sera toujours la décision de la ville de
Montréal qui va déterminer. Quand vous parlez du principe de la
démocratie, je suis entièrement d'accord avec vous sur la
question de la représentation, mais cette question s'appliquerait s'il y
avait le suffrage universel dans toute l'île. Ce n'est pas ce qui est
suggéré mais quand quelqu'un de la banlieue dit: Moi, je ne peux
pas voter pour les représentants qui vont former la majorité du
comité exécutif, à ce moment-là, la question de la
représentation, je ne sais pas si elle est perçue
différemment par quelqu'un qui vote pour un maire ou des élus qui
ne pourront jamais former la majorité au comité exécutif.
Il y a la perception que les décisions sont prises ailleurs, et les
contribuables se font même dire par leurs propres élus: Ce n'est
pas notre faute, c'est la CUM et nous, on est minoritaires à la CUM. Ils
se font dire ça souvent. Avez-vous la réponse qu'on pourrait
donner à ces objections?
Quand on parle du principe de parité, les élus
perçoivent cela d'un autre point de vue, parce qu'ils disent: Au moins,
cela va maintenant être égal, il va falloir qu'on discute. On ne
pourra pas se faire imposer constamment des décisions par la ville de
Montréal. Il va falloir qu'on discute, on va être sur un pied
d'égalité. C'est une perception différente de la
démocratie en termes d'élus. Entre parenthèses, je notais
avec intérêt la définition de la démocratie que
donnent les représentants du gouvernement. Ils utilisent la notion de
démocratie pour dire: II faut avoir plus de
représentativité, mais, d'autre part, ils l'utilisent aussi
à l'inverse. Je pense que, de ce côté-ci de la table, on a
une perception différente. Vous avez souligné que votre
perception était plus ouverte, que vous vouliez donner plus de
représentation au fur et à mesure que les banlieues obtenaient
plus de population.
Mais l'objection fondamentale - c'est de cela, je pense, qu'on parle
dans ce projet de loi, parce que les autres affaires, ce sont des
modalités - l'objection fondamentale, dis-je, de ceux qui sont dans les
banlieues, c'est qu'ils ne peuvent pas prendre les décisions; elles sont
prises par d'autres. Quelle est votre réponse à cette
objection?
M. Drapeau: Je crois pouvoir affirmer que l'adoption du projet de
loi, tel qu'il est ou avec des amendements, ne pourra jamais changer
l'état de frustration que pourra ressentir n'importe qui, qu'il soit de
la banlieue ou de Montréal. Je ne suis pas le seul, je pense, à
répondre comme cela, parce la communauté urbaine est ainsi
constituée que ce sont des élus, et quand l'électeur vote
pour élire un maire dans sa municipalité, il vote en même
temps pour que ce maire aille siéger à la communauté. Et
quand il siège au conseil de la communauté, il n'a pas plus de
droits, mais il n'a d'aucune façon moins de droits que les membres de
Montréal. Ce n'est pas assez répété, et c'est
à cause de cela qu'il y a une impression de frustration. Cela
dépend de Montréal, cela dépend même du maire
Drapeau qui impose ceci et qui impose cela! Je le répète encore,
ce n'est pas possible qu'un maire impose quoi que ce soit. Ce n'est pas
possible, parce que si une mesure au conseil de la communauté n'obtient
pas la majorité qu'il faut d'un côté et la
majorité
qu'il faut de l'autre, cela ne passe pas. Donc, les banlieues ne peuvent
rien imposer à Montréal et Montréal ne peut rien imposer
aux banlieues. Mais cela ne changera pas l'idée de frustration,
l'état de frustration. Non.
M. Ciaccia: Je vais vous donner un exemple spécifique, en
plus du sens de frustration: les taxes.
M. Drapeau: Les taxes!
M. Ciaccia: L'augmentation des taxes. Il y a eu une autre
augmentation, dernièrement, de l'évaluation et des taxes. Cela a
affecté un secteur un peu plus que l'autre et particulièrement,
je pense, les propriétaires de maisons unifamiliales. Les pourcentages
d'augmentation semblent être plus élevés dans certaines
banlieues, dans certains secteurs de banlieue. Je vais vous donner une autre
perception que j'avais demandée au président, M. Des Marais. La
perception, c'est que les taxes augmentent parce qu'elles sont, en grande
majorité, des impositions de la CUM, et la CUM est
contrôlée par Montréal. C'est une première
perception. Alors, quelle est la réponse à cela? Est-ce exact que
les villes de banlieue paient sur les propriétés unifamiliales
des taxes beaucoup plus élevées? L'augmentation a
été énorme. Est-ce que c'est vraiment la CUM et les
décisions de Montréal qui causent ces hausses de taxes? Elles
sont hors du contrôle des contribuables des banlieues parce qu'ils n'ont
pas la majorité au conseil exécutif, c'est la ville de
Montréal qui l'a, c'est donc hors de leur contrôle. Les taxes
peuvent augmenter et c'est la faute de la majorité du conseil
exécutif.
M. Drapeau: Le budget relève du conseil de la
communauté. S'il n'est pas voté, le législateur a dit: Le
budget est adopté automatiquement. Ce n'est pas le maire Drapeau qui a
dit cela. Deuxièmement, les crédits sont votés par le
conseil de la communauté urbaine. Le maire Drapeau ne peut pas imposer
le vote des crédits, il faut que les gens les votent; donc, les
banlieues comme la ville de Montréal. Les taxes sont fixées en
fonction de l'évaluation, et c'est à cause de l'augmentation de
l'évaluation qu'il y a une augmentation de taxes. S'il n'y avait pas
d'augmentation de l'évaluation, il ne faut pas se le cacher, il y aurait
une augmentation des taux; les taux ne montent pas parce que l'augmentation de
l'évaluation se fait. Ce n'est pas le conseil de la communauté
urbaine, ce n'est pas l'exécutif, ce n'est ni le maire Drapeau ni
l'exécutif de la ville de Montréal qui dit: On va augmenter
l'évaluation. Le commissaire-évaluateur applique la loi. La loi
n'est pas une réglementation votée par le conseil, ce sont des
prescriptions qui relèvent directement du gouvernement.
C'est vrai que cela n'est pas assez répété. C'est
vrai que c'est confus, mais ce n'est pas le changement de la loi qui va changer
cela non plus. Le commissaire-évaluateur, M. Cormier, va faire son
évaluation de la même façon - si le projet de loi est
adopté avec ou sans amendement -qu'il le fait actuellement, tant qu'il
n'y aura pas d'amendement pour lui dire de faire autrement. Les
évaluations vont monter et cela, encore une fois, ne relève pas
du conseil. Il est vrai que s'il n'y avait pas d'augmentation de
l'évaluation, étant donné les charges de fonctionnement de
la communauté, il faudrait augmenter les taux. En somme, la
communauté ne fixe pas de taux, elle envoie des comptes aux villes
après avoir réparti les charges, suivant la loi, et les villes
doivent monter les taxes en disant: C'est une taxe qui provient de la charge de
la communauté urbaine. C'est bien évident que cela s'est
pratiqué largement au détriment de la communauté. Les
comptes de taxes indiquaient, avec une certaine astuce, que les augmentations
de taxes étaient toujours dues à la communauté. C'est ce
qui a fait que les gens n'ont pas aimé la communauté. C'est cela.
L'état de frustration va rester absolument le même devant les
taxes. Personne ne peut promettre que si la loi est adoptée, les taxes
vont baisser, personne. (18 h 15)
M. Ciaccia: Alors, au lieu de discuter des modifications
maintenant, on devrait discuter des modifications à la méthode
d'évaluation imposée par le gouvernement qui cause des
augmentations aussi élevées à tous les contribuables.
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Drapeau: On ne peut pas dire que les gens paieront moins de
taxes, comme je viens de le dire, mais si la communauté a besoin de X
millions de dollars et que, par l'évaluation, ce n'est pas cela qu'elle
reçoit, elle va envoyer la même facture aux municipalités
et les municipalités vont augmenter le taux de leurs taxes; c'est
simple, il n'y a pas à en sortir, c'est cela.
M. Ciaccia: Juste un autre commentaire brièvement, je sais
que le temps passe. Vous avez fait une remarque qui semblait assez diplomatique
envers le gouvernement, au sujet de la nomination par le gouvernement du
président du comité exécutif, si une question de
parité se pose. Je me pose la question, à savoir si ce n'est pas
le moyen, si le gouvernement est intéressé vraiment à
donner la parité ou si le gouvernement ne veut pas utiliser ce projet de
loi pour
prendre le contrôle de la Communauté urbaine de
Montréal. On ne cache pas les tendances centralisatrices de ce
gouvernement, alors je me pose cette question. Est-ce que cela ne pourrait pas
être une des conséquences? S'il y a parité des deux
côtés c'est le gouvernement qui nomme le président. Je me
pose cette question, c'est une possibilité, je pense qu'il va falloir
examiner cela d'un peu plus près et poser des questions au gouvernement
à ce sujet. Est-ce que vous avez d'autres commentaires sur cela?
M. Drapeau: Ce serait bien difficile d'avoir d'autres
commentaires à faire sur cette question pour la bonne raison que j'ai
souvenance que, sous un autre gouvernement, la question s'est posée
aussi de l'élection du président à l'exécutif.
À ce moment-là, le gouvernement du temps ne voulait pas le nommer
et il a pris tous les moyens pour qu'il y ait un accord au conseil de la
communauté pour éviter d'avoir à le nommer; c'était
dans le temps d'un autre gouvernement. Je me permets de dire que ce n'est pas
la volonté du gouvernement, mais je pense que c'est le risque qu'il
court. Maintenant, si le député de Mont-Royal veut ensuite
spéculer dans le champ qui est le sien, on comprendra que je croie non
seulement diplomatique, mais tout à fait recommandable, étant
donné que mon mandat est limité, de m'abstenir de participer
à toute spéculation ou à tout commentaire.
Le Président (M. Rodrigue): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, M. le maire, M. Lamarre,
d'abord, évidemment, je pense bien qu'il est utile - ce n'est pas
l'objet de mon intervention - de rappeler que cette loi contient d'excellentes
dispositions, notamment celle qui concerne l'institution de commissions
permanentes du conseil, mais ce n'est pas là l'objet de mon propos.
J'aimerais revenir, si vous le voulez bien, sur la question du vote des
deux tiers au conseil. Cela me semble se présenter, dans le projet de
loi comme une mesure pouvant éventuellement remédier à un
vote prépondérant au conseil exécutif qui n'irait pas dans
le sens des intérêts des uns ou des autres. J'aimerais examiner
avec vous si c'est une mesure qui est de nature à remédier
à ce qui pourrait en fait survenir, compte tenu de ce qui est
proposé comme composition du conseil exécutif.
Donc, on fait l'hypothèse que ce vote des deux tiers, compte tenu
de l'économie générale du projet de loi, c'est dans la
perspective d'un vote prépondérant au conseil exécutif et,
en cas de désaccord de quatre des membres, la question est
référée au conseil. Vous avez fait état, vous avez
fait valoir ce matin qu'à votre connaissance, depuis douze
années, il ne s'était pas produit d'occasion où la
banlieue n'avait pas voté avec la banlieue.
Dans le mémoire que M. Lamarre a lu, en fait, à la page
15, au chapitre intitulé: Un manque de perspective, vous faites grief
aussi au gouvernement de sembler faire l'hypothèse que l'administration
municipale va toujours être le fait d'un parti politique presque unique.
J'aimerais revenir avec vous sur la question du vote des deux tiers. Si tant
est que les représentants de Montréal... Parce que
l'hypothèse, c'est que, presque unanimement, les représentants de
Montréal, quels qu'ils soient, quelle que soit la composition de la
délégation de Montréal, l'hypothèse est faite
qu'ils voteraient unanimement et qu'ils auraient à aller se chercher des
voix supplémentaires qui leur font défaut présentement
pour obtenir le vote des deux tiers. De deux choses l'une: ou Montréal
vote en bloc et va chercher les voix supplémentaires, auquel cas, si
l'hypothèse d'un vote en bloc de Montréal vaut, j'imagine que
vous considérez qu'il faut faire la même hypothèse pour un
vote en bloc de la banlieue. C'est bien le cas. Vous considérez que
c'est impensable d'appliquer l'hypothèse d'un vote en bloc de
Montréal et de ne pas l'appliquer également pour la banlieue.
C'est sans doute la difficulté qui est la plus visible, dans la mesure
où le vote de Montréal, on en fait l'hypothèse, est un
vote en bloc. L'intérêt supérieur de l'ensemble des
représentants joue indépendamment de leurs origines, de l'origine
de leur parti. Vous faites valoir que l'opposition éventuelle ou
existante à Montréal serait présente au conseil, ce qui
n'est pas le cas pour la banlieue. Je me demandais si vous souhaiteriez
introduire une opposition dans la représentation de la banlieue. Si vous
pensez que cela aurait des conséquences, quelles seraient-elles? Sinon,
si l'hypothèse qui est retenue, c'est qu'il y a des
intérêts supérieurs qui sont partagés par des gens,
même s'ils sont de formation politique différente, pour
Montréal, si vous pensez que la même hypothèse vaut
également pour la banlieue, on revient au problème du vote
prépondérant au conseil exécutif, finalement.
La question que je me pose, de par tous les propos que vous avez tenus
aujourd'hui, c'est si, finalement, vous ne nous reprochez pas de faire un peu
comme Salomon, c'est-à-dire de vouloir un peu trancher le
bébé en deux, et ce que vous nous souhaiteriez, c'est qu'on le
garde vivant et qu'on le laisse à la métropole. Est-ce cela?
M. Lamarre: Effectivement, ce n'est pas la ville de
Montréal qui a demandé des modifications dans la réforme
des structures
de la communauté. Nous avions plutôt proposé, dans
notre mémoire, des changements sur le plan des mesures administratives.
On pensait qu'après à peine douze ans, un organisme tel que la
communauté - je vois qu'on a même dans la salle le père,
celui qui en a la paternité, le Dr Lussier, qui a présenté
cette loi -pourrait vivre encore assez longtemps pour faire une
expérience commune. Je pense qu'on peut continuer à vivre cette
expérience de communauté. Sur cette réforme des
structures, je ne voudrais pas actuellement vous apporter des modifications
techniques ou des amendements proprement dits. C'est sur ce principe qu'on a
dit qu'on venait ici, pour défendre le principe même de la
représentation.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Juste une question, M. le Président. M. le
maire, M. Lamarre, évidemment, on a vu le problème depuis hier.
De la manière que je vois cela, c'est que... Je dois vous dire d'abord
que, personnellement - je l'ai dit, cela ne veut pas dire que cela lie nos
députés, je suis juste un petit là-dedans - je trouve que,
sur le plan intellectuel, l'idée d'un citoyen un vote est totalement
acceptable. Disons que nous sommes devant le fait que le ministre a
présenté un projet de loi. Il a dit cet après-midi qu'il
n'y avait là aucune intention de punir. Je suis d'accord avec cela, mais
tout de même, comme résultat, c'est une punition pour la ville de
Montréal sur le plan pratique, si cela est adopté comme tel.
D'autre part, il est très clair que la ville de Montréal sera
très malheureuse de cette situation si le projet de loi est
adopté tel quel. De la part des députés
ministériels, on a même eu des déclarations hier, comme de
la part du député de Sainte-Marie. C'est clair, selon un gros
titre dans les journaux, qu'il appuie la position de Montréal contre la
recommandation du ministre. Il faut voir ce que cela donnera à l'avenir.
En tout cas, on a eu le même débat sur les coupures
budgétaires, mais, à la fin, ils ont voté pour la
recommandation du gouvernement. Disons qu'on chercherait vraiment une solution
entre ces deux positions. Jusqu'à quel point va-ton... Disons que le
ministre dirait: J'aimerais confirmer la prépondérance de
Montréal, mais par une formule un peu plus adoucie du point de vue de
Montréal que le statu quo. Je ne peux parler pour le ministre, mais,
dans sa tête, il se dit sans doute: J'aimerais bien me sortir du trou
dans lequel je me trouve maintenant en confirmant la
prépondérance de Montréal, mais je ne peux tout de
même pas retirer mon projet de loi, ce n'est pas possible non plus.
Seriez-vous prêt, par exemple, à insérer votre
proposition du 24 septembre, que je trouve très intéressante,
chaque fois qu'il y a un pourcentage d'augmentation de la population dans la
banlieue au détriment de Montréal, etc., d'inscrire dans la loi
que cela va s'appliquer non pas seulement au niveau du comité
exécutif, mais aussi au niveau des commissions? Disons qu'on laisse les
commissions, le conseil exécutif tels quels, mais qu'on inscrit dans la
loi une formule qui va prévoir que si cette tendance continue, les
banlieues auront dans le temps la possibilité de se rapprocher et
qu'à un moment donné elles auront la même parité.
Cela trancherait le débat. Cela voudrait dire que, pour peut-être
cinq ou dix ans, on pourrait continuer tel quel, que Montréal aurait la
prépondérance, mais les banlieues sauraient officiellement que si
cette tendance continue, elles auraient une protection, soit qu'elles auraient
plus d'influence ou plus de membres au comité exécutif et
même aux commissions au fur à mesure que cette situation se
produirait. Seriez-vous prêt à accepter ce principe? Cela serait
un peu moins que le statu quo, mais c'est tout de même un pas pour les
autres municipalités de banlieue.
M. Lamarre: Effectivement, on est prêt à accepter
cela. C'est la proposition qu'on fait au gouvernement dans le mémoire
qu'on présente actuellement, cette proposition de voir, en fonction de
la population, à déterminer la représentation de
Montréal et la représentation de la banlieue. Je pense que cette
proposition est juste et équitable.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Verdun.
M. Caron: M. le Président, M. le maire, M. Lamarre, on
s'est penché, hier et aujourd'hui, pas mal de temps sur la
composition... Personnellement, je me demande si... M. le maire, vous dites que
cela va bien aux assemblées; je le crois, les assemblées se
déroulent assez bien. Je n'y vais pas, parce que je n'ai pas le temps,
mais j'envoie un représentant. Il me dit que cela va assez bien. Je
pense que l'inquiétude... De ce côté-là, cela va
bien, mais quand on s'en va dans la population, les gens ne sont pas satisfaits
de la communauté urbaine, des services qu'on donne à la
population pour le prix qu'elle paie. Que ce soit Montréal qui
contrôle, que ce soient les banlieues, je pense que n'est pas
là-dessus exactement qu'on devrait se pencher; on devrait se pencher sur
les services qu'on peut donner à la population et toujours au meilleur
coût. Cela aurait une grande importance. Les villes de l'ouest ont
prouvé qu'on pouvait, avec le service des incendies, s'unir pour aller
d'une ville à l'autre et que cela ne coûte absolument rien aux
municipalités. C'est un exemple d'entraide mutuelle qui a
commencé avec LaSalle et Verdun au moment où on a eu un sinistre
grave.
Dans tout cela, M. le maire, je me demande si vous n'avez pas une
suggestion pour qu'on puisse donner les services aux banlieues, comme vous les
avez à Montréal. J'imagine qu'ils doivent diminuer là
aussi, mais je peux vous dire, comme maire de banlieue que les gens sont
tannés de la communauté urbaine, à cause des taxes, comme
vous le disiez tout à l'heure, par secteur. Nous autres, nous y avons
goûté il y a deux ans au point de vue de l'évaluation.
Là, c'est Dorval, Westmount. (18 h 30)
Vous savez, tous les ans, il y a une couple de municipalités qui
y goûtent, et, comme vous le disiez, si on n'avait pas cette
évaluation-là, on augmenterait le taux. C'est vrai, M. le maire,
il faut le donner. Alors, il s'agirait d'arrêter de se battre pour le
pouvoir, que ce soit l'un ou l'autre. Je pense qu'on est tous des gens avec
assez de maturité, on est ici pour servir l'intérêt de tous
les contribuables de l'île. Il s'agit de donner les services qui doivent
être donnés et si, à un certain moment, les gens n'en
peuvent plus, c'est un peu comme à la commission du transport, on n'a
pas un mot à dire, on perçoit pour la commission de transport et
on le remet. Le gouvernement en dépense aussi 40%, à peu
près?
M. Léonard: À peu près.
M. Caron: À peu près. Mais ce n'est pas
contrôlé par des élus. Or, il s'agirait de trouver une
formule dans le but qu'il y ait des élus aussi, parce que je pense, M.
le maire, que, quand il y a des élus qui font partie d'un comité,
ils font plus attention pour surveiller les dépenses. Quand il y a des
fonctionnaires... L'élu, il est de passage, mais le fonctionnaire, en
général, il peut être là bien longtemps. Son voyage
est beaucoup plus long que le voyage de ceux qui sont élus. Ce n'est pas
tout le monde qui a la chance, comme vous et moi d'être là depuis
nombre d'années, mais c'est vrai, on peut prendre l'exemple de
l'Assemblée nationale. En général, à tous les
mandats, 50% nous quittent et ne reviennent pas. Or, dans le projet de loi,
avant qu'on se rende en deuxième lecture, moi, j'aimerais qu'ensemble,
M. le ministre, on essaie de trouver des solutions et qu'on arrête de se
battre pour que ce soit Montréal ou les banlieues, mais qu'on essaie de
trouver une solution pour donner les services à la population.
M. le maire, j'écoutais, en m'en venant mardi - j'imagine, je ne
sais pas si vous êtes parti vous aussi mardi - j'écoutais une
ligne ouverte et je peux compter, je n'ai pas entendu un seul appel favorable
à la communauté urbaine. Et pas même, à certains
moments, favorable à la ville de Montréal, à cause de la
neige ou enfin... Vous savez, quand c'est gros, c'est difficile de donner le
service à la population.
Les gens de banlieue ont peut-être été
gâtés, c'est normal, les élus ont été plus
près des gens, parce que c'était plus petit. Moi, je ne crois pas
aux grosses boîtes. Je pense que même les maires de banlieue, M. le
maire, essaient de travailler ensemble dans une meilleure harmonie. Moi, au
moment où je vous appelle, je diffère d'opinion, c'est tout
à fait normal, chacun essaie de tirer la couverture de son
côté. Mon inquiétude, ce sont les services à la
population. Juste un exemple. Je vais citer Verdun cet été aux
moments où il n'y a eu qu'une voiture de police pour toute la ville de
Verdun et une partie de la ville d'Émard qui couvre le secteur du
président du comité exécutif. C'est anormal qu'on laisse
la population avec pas plus de surveillance. Je ne blâme pas le
système de police, je ne blâme pas les policiers en particulier,
je blâme le système. Il est temps que l'on arrête de se
tirer d'un bord et de l'autre, et que l'on essaie de trouver des solutions pour
donner les services à la population au meilleur prix possible. Ce sont
les commentaires que j'avais à faire aux membres de la commission, au
maire de Montréal, au président, aux autres maires qui sont ici
et aux conseillers municipaux.
M. Drapeau: M. le Président, je vais poser juste une
très courte question qui devrait amener une courte réponse du
député de Verdun. Tout d'abord, en l'entendant parler, je me
demandais si ce n'était pas d'abord le maire de Verdun qui parlait plus
que le député membre de la commission..
M. Caron: Les deux.
M. Drapeau: ... et auquel cas j'aurais été
porté à dire, le maire étant aussi député,
donc membre d'un Parlement, qu'il pourrait peut-être aider les maires qui
ne sont pas membres d'un Parlement à trouver des formules, puisqu'un
gouvernement, c'est beaucoup plus fort qu'une administration municipale pour
inventer des méthodes de réduire les dépenses ou
d'augmenter les revenus.
Mais je voudrais lui poser la question suivante: Est-ce qu'il croit que
le projet de loi, tel que proposé, s'il est adopté, même
avec des amendements, aurait pour effet de réduire les coûts
à la communauté urbaine, simplement du fait de modifier la
loi?
M. Caron: M. le maire, pour réduire les coûts, tout
dépendra des administrateurs qui vont s'en occuper.
M. Drapeau: Est-ce que cela dépendra de la loi? Est-ce
qu'il y a des amendements sur lesquels il pourrait attirer notre attention en
disant: En vertu de tel amendement, oui, la communauté va
épargner de l'argent?
M. Caron: Cela dépendra des amendements, M. le maire. Il y
a des possibilités. Je ne vous dis pas de réduire les
coûts, mais qu'on arrête de les augmenter, ou si on les augmente,
parce qu'on vit l'inflation, les municipalités vivent l'inflation comme
le gouvernement, au moins, qu'on donne des services à la population.
Cela est bien important.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, juste une petite remarque.
M. le maire, vous dites qu'un député, dans un Parlement, peut
apporter des suggestions pour créer des méthodes. Je pense que
vous, dans le passé, aviez déjà créé une
méthode, soit la taxe volontaire, et que les gouvernements l'ont acquise
â leurs besoins. Je pense qu'on pourrait continuer, dans le domaine
municipal également, à essayer d'innover davantage pour tenter de
résoudre les problèmes de nos concitoyens.
La communauté urbaine et toutes les revendicaitons que vous
faisiez pour la ville de Montréal, en tant que moteur dynamique de la
province de Québec, tout ce que vous avez dit ce matin, c'est
entièrement exact. C'est sûr que, pour tous les parlementaires qui
siègent à cette table, le rôle et l'importance de
Montréal sont une chose acquise pour tous.
Le problème qu'il y a, avec la communauté urbaine, est,
à mon point de vue, un problème d'identification. Ma
première question - à titre de maire de Montréal, je sais
que vous êtes très près de vos citoyens, que vous avez
beaucoup de communications de la part de vos citoyens -est-ce que vous pourriez
nous dire, lorsque vous rencontrez vos citoyens, s'il est question, par les
citoyens de Montréal, de la communauté urbaine? Je sais que, dans
les banlieues, il en est évidemment question en ce qui a trait au
service de la police. Dans certaines banlieues, il y a des diminutions de
service, moins d'efficacité évidemment, comme le maire de Verdun
et d'autres maires le mentionnaient. La population, dans ces petites
municipalités de banlieue, avait un service qui était personnel
aux citoyens. En fait, le premier problème que nous retrouvons avec la
communauté urbaine, c'est, à mon point de vue, un problème
d'identification. Est-ce que vous pourriez nous dire quelque chose à ce
sujet?Comment voyez-vous cela?
M. Drapeau: D'abord, pour répondre à la
première question: est-ce que mes concitoyens me parlent de la CUM? Je
suis obligé de répondre non. Je reçois entre 10 000 et 12
000 lettres par année, je les lis toutes et je réponds à
chacune. Je l'encontre beaucoup de monde. Et je pourrais dire: à peu
près jamais. Cela doit se produire, mais je n'ai pas le souvenir que
cela ce soit produit assez pour que je le retienne. Il y a une raison à
cela. C'est que la ville de Montréal, depuis la fondation de la CUM, a
toujours respecté la loi et l'institution au point de ne jamais
identifier aucune partie de son compte de taxe comme étant dû
à la CUM. Nous avons repecté le législateur qui a
créé l'institution, nous avons respecté l'institution
elle-même. À partir du moment où nous l'avons
réalisée - nous l'avons mise en branle - nous avons
évité de lui créer une mauvaise réputation.
À partir du moment où nous réalisions que c'était
une forme non pas de gouvernement mais de partage, d'administration du
coût de certains services, nous n'avions aucun intérêt
à détruire le respect que cette institution devait avoir.
On me dit que, dans certaines villes de banlieue, il y a une indication
particulière d'un montant qui va à la communauté, et,
comme les taxes ont très mauvaise réputation, cela n'aide pas
à faire aimer l'institution. Voilà pourquoi, dans les banlieues,
les gens sont plus frustrés qu'à Montréal, parce qu'ils
entendent parler de la communauté non pas en fonction des services
qu'elle rend parce que, même s'il y a une usine d'épuration des
eaux, ils voient parfois des excavations, mais en quoi cela va-t-il servir aux
citoyens? Les citoyens n'y pensent pas. L'inspection des aliments et
l'épuration de l'air, que ce soit la ville, que ce soit la
communauté, ils ne font pas de rapport entre le service rendu par la
communauté et l'argent qu'ils paient, mais ils savent qu'ils donnent de
l'argent et ils ne savent pas pourquoi dans les banlieues, alors qu'à
Montréal nous incluons cela dans le compte de taxes.
M. Laplante: ... la taxe olympique.
M. Drapeau: C'est parce que le législateur l'a dit. C'est
le législateur qui a imposé que ce soit indiqué: "Taxe
spéciale olympique". Nous avons simplement ajouté:
"Imposée par le gouvernement du Québec."
M. Bissonnet: M. le maire, on cherche des formules pour diminuer
les taxes. Je pense que toute administration, qu'elle soit municipale ou
gouvernementale, a quand même cet objectif au départ. Je suis
convaincu qu'à l'intérieur de la communauté urbaine il y a
un service qui a des coûts très élevés, c'est le
transport en commun.
J'ai remarqué au niveau de votre ville, depuis quelques
années, que le président de votre comité exécutif a
quand même pris des dispositions assez draconiennes pour diminuer les
coûts de fonctionnement de la ville de Montréal; en tout cas, cela
a été remarqué.
Je suis convaincu qu'à l'intérieur de la Commission de
transport de la CUM, il y a du ménage à faire. Il y a des
compressions budgétaires à apporter. Je pense que, dans la
fonction de la commission de transport, un seul projet de loi change
l'orientation des décisions à l'intérieur de la commission
de transport et que cela va être bénéfique pour cette
commission. Je pense qu'on peut arriver à des coûts de
fonctionnement... Évidemment, je me rappelle certaines assemblées
du conseil où on mettait en relief la comparaison entre Montréal
et Toronto. C'est ce que vous avez dit ce matin, on essaie toujours de se
comparer à d'autres. Dans ces comparaisons, on trouvait qu'il y a plus
de milles à parcourir à Toronto, plus d'autobus, et cela
coûtait meilleur marché qu'à la communauté
urbaine.
Je pense que le seul objet de ce projet de loi serait, à titre
d'exemple, de changer le système d'organisation, et de fonctionnement de
la communauté urbaine où les élus ont un contrôle
sur le budget, ou les élus ont un contrôle sur les
décisions. Lorsqu'il y a des augmentations de tarifs, vous avez dit que
cinq maires ensemble pourraient présenter ce sujet à une
assemblée spéciale de la communauté urbaine. Autant que du
côté de la ville de Montréal, vous auriez pu le faire, mais
quels sont les maires qui vont le faire? Les pouvoirs de réglementation,
les pouvoirs de législation le leur permettent toujours, mais il n'y a
pas une législation ferme qui dit: Quand il y a une question de tarifs,
c'est le conseil de la CUM qui décide. C'est pour rendre les élus
responsables de façon plus tangible vis-à-vis des citoyens. Je
sais que vous avez certaines réserves quant au fonctionnement de la
commission de transport, le référer au système des
élus, est-ce que vous pourriez être plus précis de ce
côté, M. le maire? C'est ma dernière question. (18 h
45)
M. Drapeau: Évidemment, on est rendu pas mal tard et la
question était longue. J'ai peur que la réponse soit longue
aussi. Je ne suis pas un expert dans le transport public, mais il faut bien
retenir que le transport public est une des fonctions les plus dangereuses. Il
y a une façon qui pourrait peut-être permettre de réduire
les dépenses, ce serait de décider que les véhicules
auront une vie prolongée. Mais il pourrait arriver aussi qu'en
conséquence, les autobus aient plus d'accidents avec plus de
blessés et plus de morts, comme, hélas, on le constate depuis
quelque temps dans l'entreprise privée. Les propriétaires
d'autobus essaient de prolonger la vie des autobus, essaient de réduire
leurs dépenses, probablement en réduisant les frais d'entretien.
Dans le cas d'un service public de transport, il faut qu'il y ait une vie
moyenne accordée et, même s'il est vrai qu'on pourrait conserver
les pneus plus longtemps aux autobus, au métro, etc., il y a une limite
qu'il est prudent de ne pas dépasser. Je ne signale cela qu'à
titre d'exemple. Qu'il y ait moyen, à l'intérieur du budget de la
commission de transport, de trouver des économies, je ne le connais pas
suffisamment de l'intérieur pour dire s'il y a possibilité, oui
ou non. Je pense bien que la commission de transport n'aurait pas d'objection
à ce que le gouvernement, qui a tous les pouvoirs et qui paie une partie
importante des frais de transport, désigne un petit groupe de gens pour
regarder toutes les dépenses, toute l'organisation pour voir s'il n'y
aurait pas moyen de réduire le personnel à tel endroit, de
supprimer le transport à certaines heures ou certaines journées.
Rien n'empêche le gouvernement de faire cela. Rien n'empêche la
communauté de le faire non plus.
M. Bissonnet: Pour la communauté, ce serait difficile
parce qu'en fait, vous n'avez pas de contrôle. Le comité
exécutif, actuellement, selon la loi, n'a pas de contrôle
là-dessus.
M. Drapeau: Je ne crois pas que la commission de transport
s'opposerait si la communauté urbaine jugeait à propos de
demander à des experts de regarder quelque chose, mais je sais, par
ailleurs, que la commission de transport a fait cela récemment. Elle a
engagé une maison d'expertise externe pour vérifier, dans bien
des domaines, s'il était possible de faire mieux, dans tel et tel cas.
Est-ce que la communauté va également engager une maison
d'expertise externe pour faire la même chose? Si le gouvernement veut le
faire, je n'ai pas d'objection, mais, encore une fois, cela vaut la peine de
regarder. Je garde l'impression qu'on ne pourrait pas aller chercher 25 000 000
$, 50 000 000 $ ou 100 000 000 $. Au rythme où le budget de la
commission de transport augmente, ce n'est pas de savoir comment on peut aller
chercher 2 000 000 $, 3 000 000 $ ou 4 000 000 $ qui va être la solution
au problème; ce sera déjà cela de trouvé, mais,
quand on l'aura trouvé une fois, cela ne veut pas dire qu'on le
retrouvera automatiquement. Encore une fois, je ne m'oppose absolument pas, je
veux bien qu'on le sache, à ce que des moyens soient pris pour voir s'il
est possible de réduire les dépenses de la commission de
transport. Quant à augmenter ses revenus, c'est
l'usager qui paie.
Le Président (M. Rodrigue): M. le maire, avant que je ne
cède la parole au ministre pour clore la période de votre
présentation, est-ce que vous avez des remarques additionnelles à
formuler?
M. Drapeau: Je veux remercier tous les membres de la commission.
J'espère que ce que nous avons apporté aura pu contribuer
à faire comprendre notre point de vue. Nous avons attaché de
l'importance, dès le début, au respect du citoyen de
Montréal pour éviter qu'il ne soit humilié au point de ne
compter que pour 75% d'un banlieusard. On me rappelait récemment que,
lors de l'Acte d'union entre le Haut-Canada et le Bas-Canada, le Bas-Canada,
pure coïncidence, avait 200 000 de population de plus que le Haut-Canada,
mais il n'avait pas droit à un député de plus. On n'a
jamais dit que c'était juste.
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, MM. les membres de la
commission, je voudrais remercier tous ceux qui ont participé à
la commission aujourd'hui; c'était vraiment une audition très
intéressante, à commencer par le témoignage des
représentants de Montréal, M. le maire, M. le président du
comité exécutif. Je voudrais aussi remercier tout
particulièrement M. le maire de son attention personnelle, pour le
disque qu'il m'a donné de l'Orchestre symphonique de Montréal. Je
vais l'écouter avec beaucoup d'attention. Je suis sûr que c'est un
disque bien fait, parce qu'il a été fait par des
Québécois, voyez-vous, il a été fait par des gens
de la région de Montréal, il a été
enregistré à Saint-Eustache. L'Orchestre symphonique de
Montréal, depuis quelques années, qui a pris la suite de la ville
de Montréal est financé maintenant par la Communauté
urbaine de Montréal, via son Conseil des arts, à raison de 150
000 $ par année. C'est donc aussi une contribution de la
Communauté urbaine de Montréal, de tous les
Québécois. En particulier, je vais être de bon compte, sur
ce disque lui-même; il y a eu un projet particulier du Conseil des arts
du Canada qui aurait fourni 20 000 $ et, paraît-il, m'a-t-on dit, il y
aurait des contributions d'organismes privés. Je le dis parce qu'au fond
il y a des réalisations sensationnelles dans la région de
Montréal, dans la ville de Montréal, dans la banlieue aussi, dans
toute la région de Montréal, car c'est cela la région
métropolitaine; c'est elle, aussi, qui nous met sur la carte du monde.
Je le dis parce que, sur le plan des études que nous avons faites
aujourd'hui sur le projet de loi no 46, il est ressorti beaucoup de points sur
lesquels nous étions d'accord. Peut-être avec des nuances, avec
des amendements, que nous y viendrons en deuxième lecture. Nous sommes
ouverts à cela. Nous sommes en commission pour étudier un projet
de loi, pour aussi en examiner les principes, mais, sur les grandes
articulations, sur bien des points, nous sommes d'accord. Sur la composition du
conseil, où il y a une stricte représentation proportionnelle;
sur les commissions, on peut discuter, mais, je pense que les gens sont
d'accord en général pour qu'il y ait des commissions; sur les
transports, M. le président du comité exécutif nous a
mentionné qu'on s'était rendu à ses représentations
du mois de septembre 1980, j'en suis très heureux; sur la police, il y a
des ajustements à faire, mais je pense que, sur les orientations, sur la
simplification des services aussi, il y a des points communs très
importants qui ressortent. On pourrait continuer comme cela. Reste
évidemment cette question de l'exécutif. Peut-être bien
qu'on peut y attacher beaucoup d'importance, mais, sur le plan de la
démocratie, il y en a aussi au niveau du conseil, il y en aura aussi au
niveau des commissions; l'Assemblée nationale a ses commissions, le
conseil en aura.
Un point sur lequel je voudrais attirer l'attention des participants,
c'est qu'une institution comme la Communauté urbaine de Montréal
est une institution intermunicipale. Nous sommes au niveau de la
représentation indirecte et non au niveau de la représentation
directe. Même au niveau de la représentation directe, il y a des
difficultés à ajuster la représentation pour arriver
à la proportionnalité stricte. On arrive même ici, à
l'Assemblée nationale, avec des comtés avec plus ou moins 25%. On
a une moyenne d'environ 30 000 à 32 000 électeurs, mais il y a
des comtés où il y en a 24 000, des comtés où il y
en a 40 000 et même un peu plus. En gros, tout le monde dit: C'est la
représentation, une représentation à peu près
directe. Au niveau municipal, ce n'est pas tout à fait la même
chose parce qu'il y a des territoires - je l'ai dit ce matin, je vais le
répéter, car cela me semble important -autonomes sur lesquels il
y a des institutions autonomes. Il y a des votes qui se prennent juste sur ces
territoires et les équipes qui se présentent dans ces
institutions ne sont absolument pas les mêmes que celles qui se
présentent dans d'autres institutions de territoires différents,
de sorte que cela peut expliquer pourquoi Munich accepte 40% des votes alors
qu'elle compte - j'ai fait prendre les renseignements - 1 300 000 habitants et
que les autres ont 400 000 habitants. A l'exécutif de cette
communauté - on ne l'appelle pas comme cela, c'est un organisme
régional qui a pour fonction principale l'aménagement - il y a 8
personnes détenant
chacune un vote et Munich a un vote. Munich, renseignement pris, n'a pas
de droit de veto. Il faudra rectifier; dans les journaux, pour tout le monde,
Munich n'a pas de droit de veto. Bon!
Mais pourquoi? C'est qu'au fond les institutions intermunicipales
fonctionnent beaucoup sur des consensus et on ne pourra pas éliminer cet
aspect des choses. Les consensus peuvent être obtenus de bien des
façons et, à la Communauté urbaine de Montréal, on
pourrait en imaginer d'autres. Au niveau du conseil, même s'il y a une
représentation strictement proportionnelle, il y a double veto. Cela
fonctionne, tout le monde trouve cela normal. Il y a d'autres formules au
niveau de l'exécutif, nous en avons proposé une avec un
président qui, à l'occasion, va trancher d'un côté
ou de l'autre, et les opposants pourront faire appel au conseil. S'ils vendent
leur point de vue au conseil, ils pourront gagner, ils ont des chances de
gagner mais on ne voudrait pas cependant que ce soit renversé à
tout bout de champ. Cela existe comme dispositif dans le projet de loi.
J'ai parlé un peu ce matin aussi du cas des institutions
intermunicipales à suffrage indirect comme celle-là. Il faut
vraiment protéger les gens qui seraient partout minoritaires.
L'exécutif est fait pour prendre des décisions d'administration
courante, ce ne sont pas de grandes décisions d'orientation, ce sont des
décisions d'administration courante. Normalement, cela ne doit pas
impliquer et engager la communauté de façon définitive sur
ces grandes orientations, ce sont des questions d'administration courante.
Donc, cela ne devrait pas être des questions absolument importantes ou
vitales. Ces questions vitales doivent être prises au conseil, ce sont
des questions d'administration. Il y a un mécanisme qui permet aux
minoritaires de faire appel. Je crois que dans le temps cela peut aider la
ville de Montréal. Je ne souhaite pas, absolument pas - et je voudrais
rassurer tout le monde là-dessus - que la population de Montréal
continue de baisser. J'ai eu l'occasion de le dire: Je trouve que c'est une
catastrophe pour le Québec que la population de la communauté
urbaine baisse parce que les équipements actuels sont difficiles
à rentabiliser s'il y a moins de gens. Il ne faut absolument pas que
cela arrive, il faut au contraire que cela progresse. L'équilibre
démographique de l'île de Montréal et celui qu'on
présente à l'exécutif, je ne pense pas qu'à terme
ils desservent tant que cela la ville de Montréal. On verra dans
l'avenir. En 1951, la ville de Montréal représentait 80% de la
population; c'était il y a 30 ans. Depuis 30 ans, elle a baissé
de 25 points. Je trouve que c'est une catastrophe et je pense qu'il faut
essayer de corriger tout cela. En réalité, à 6 points des
50%, je pense que cela pourrait aussi, à un moment donné, jouer
en faveur de Montréal.
Quant à moi, je pense toujours que la ville de Montréal
doit conserver le droit à la présidence du comité
exécutif même si elle est en bas de 50%; c'est un droit. Je ne dis
pas qu'elle doit l'exercer toujours. N'importe qui de l'île de
Montréal devrait avoir accès au poste de président de
l'exécutif parce que, même dans la constitution américaine,
les boulangers ne sont pas exclus de la présidence. Je pense qu'il faut
plutôt se tourner vers l'avenir. Je trouve que le débat,
jusqu'à un certain point, se concentre dans une opposition
Montréal-banlieues, alors que ce n'est pas cela. Ce qu'on veut, c'est
construire une communauté beaucoup plus moderne, beaucoup plus
dynamique. Je vais citer le texte de ce matin - je me recite, si vous voulez -
à la page dix. J'ai dit cela devant les villes de banlieue; je l'aurais
dit, je pense, devant les gens de Montréal. Je dis sur toute cette
problématique que nos villes de banlieue ne peuvent ni se définir
contre Montréal ni par rapport à Montréal mais avec
Montréal. Cela résume beaucoup ce que j'en pense.
Vous nous dites, M. le maire, tout à l'heure, vous l'avez
répété quelquefois: Donnez-moi un article là-dedans
qui vise à réduire les coûts de l'administration de la
communauté urbaine. Je pense qu'il est difficile de répondre
à cette question parce que la communauté urbaine n'a pas pour
objectif d'augmenter les coûts, au contraire. (19 heures)
Je pense qu'une administration publique qui est ouverte va produire,
comme effet, à terme, une réduction des coûts. Si on
laissait, je ne sais pas, des organisations administratives juste de
fonctionnaires, sans trop d'examen des élus du peuple, vite, ça
prend des tendances regrettables, coûteuses mêmes, pour une
communauté. Quand il y a une relation directe entre les élus et
l'administration de services publics, je crois qu'il y a une meilleure
adéquation entre la demande de services des citoyens et les services
mêmes qu'on leur donne, l'organisation, la structure administrative qui
se donnent pour y répondre. Moi, je pense que c'est ça, le
rôle des élus. Si on dit qu'en ouvrant à plus de
démocratie, à plus d'ouvertures un organisme, on n'entraîne
pas une diminution à terme des coûts, je pense qu'on se trouve
à nier la fonction même d'élu du peuple, à nier son
bien-fondé.
Je trouve que la région de Montréal, c'est une
région fantastique. C'est le coeur du Québec, ça va le
rester, c'est sûr que ça va rester toujours là,
Montréal, au coeur, l'île de Montréal. Je ne la vois pas se
déchirant entre ses différentes municipalités, mais je la
vois capable de concurrencer les grandes métropoles internationales,
nous l'avons vu dans le passé. Vous avez été un
des artisans de la place, de la taille de Montréal sur le plan
international. Quant à moi, ce qu'on veut faire maintenant, c'est que
toute cette région se donne des services communautaires pour être
capable de lutter encore plus sur le plan international. Merci.
Le Président (M. Rodrique): Je vous remercie, M. le maire,
M. le président du comité exécutif. La commission suspend
ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 19 h 03)
(Reprise de la séance à 20 h 28)
Le Président (M. Rodrique): À l'ordre, s'il vous
plaît! La commission élue permanente des affaires municipales
reprend ses travaux; son mandat est d'entendre les personnes ou organismes
relativement au projet de loi no 46, Loi modifiant la Loi de la
Communauté urbaine de Montréal. J'invite les représentants
du Rassemblement des citoyens de Montréal à prendre place
à la table qui est devant nous et à nous présenter leur
mémoire. Est-ce que c'est M. Jean Bousquet qui présente le
mémoire ou..?
Rassemblement des citoyens de Montréal
M. Roy (Jean): Vous êtes en train de créer un
hybride du nom de Paul Bousquet, qui est notre trésorier, moi, c'est
Jean Roy.
Le Président (M. Rodrique): Alors, M. Jean Roy, vous
présentez le mémoire et je vous prie de nous présenter les
personnes qui vous accompagnent.
M. Roy: Je suis accompagné de Michael Fainstat, à
ma droite, et de Yves Limonchik, à ma gauche.
Le Président (M. Rodrique): Avant d'ouvrir la
séance, ou avant que vous présentiez votre mémoire,
étant donné - vous n'en êtes cependant pas responsables -
qu'il est quand même 20 h 30, comme les mémoires ont
été reçus et analysés par les membres de la
commission, ce que je vais vous demander de faire, c'est d'en faire un
résumé succinct, de faire ressortir les points que vous jugez
vraiment essentiels et, de cette façon, on pourra peut-être
échanger davantage à la période des questions. Cela vous
va? Merci. M. Roy.
M. Roy: Je vais commencer en m'excusant auprès de M. le
ministre de ne pas être capable de lui offrir un disque, moi aussi. Il y
a seulement un orchestre symphonique à Montréal, il y a seulement
un prix Charles-Cros, mais si on fait des hypothèses, si on se fie aux
présentations que peut faire le maire Drapeau, s'il y avait deux
orchestres symphoniques, il aurait pu convaincre éventuellement
l'Académie
Charles-Cros d'émettre deux prix et, à ce
moment-là, peut-être que je pourrais vous remettre le
deuxième disque.
Ceci étant dit, on ne doit pas, en politique, être
influencé par le style, mais par le fond. Un peu comme tout le monde
ici, ce matin on était un peu tenté d'applaudir nous aussi au
style assez brillant du maire Drapeau pour défendre sa cause, mais nous
portons un jugement sévère sur le fond, ou plutôt sur
l'absence de fondement d'une grande partie des propos faussement
scandalisés que MM. Lamarre et Drapeau ont tenus devant la commission,
des propos dans lesquels la population et les besoins de la population
étaient remarquablement absents.
Sur ce plan, j'aimerais débuter en mentionnant tout
l'intérêt qu'il y a pour nous, chaque fois qu'on peut venir
à la commission parlementaire vous rencontrer, de voir le fonctionnement
démocratique auquel a accédé l'institution parlementaire;
fonctionnement qu'on n'a pas à Montréal et qu'on n'a pas à
notre disposition, et qu'on n'a pas non plus à la communauté
urbaine présentement, mais que vous instituez et qui nous fait
grandement plaisir.
Le RCM, le Rassemblement des citoyens et citoyennes de Montréal,
existe depuis 1974, avant l'élection de cette année-là, et
s'est toujours attaché aux points majeurs de la revalorisation du
conseil municipal. Depuis 1974 aussi - et cela devrait peser dans la balance -
à Montréal, il n'y a plus unanimité. Dans
l'électorat, on ne parle plus de majorité très importante,
très éclatante, mais plutôt d'une lutte serrée qui
se maintient autour de 45%, 55% pour l'administration actuelle.
Sur le plan de la loi dans son ensemble, nous tenons d'abord à
féliciter le gouvernement, et plus particulièrement M. le
ministre des Affaires municipales, pour la profondeur du projet de
réforme qui est ici proposé. Le RCM reconnaît que toutes
les difficultés encourues depuis plus de douze ans à la CUM ne
s'en trouveront pas subitement aplanies; il ne saurait toutefois en être
autrement puisque certaines d'entre elles sont de nature essentiellement
politique et qu'à ce niveau, il appartiendra aux Montréalais, et
à eux seuls, de modifier le cours des événements selon les
orientations qu'ils auront choisies en temps opportun, possiblement dès
cet automne, en novembre, à Montréal.
À l'examen de la loi 46, le RCM s'est appliqué à
l'évaluer selon deux critères principaux: d'abord, le niveau
d'amélioration des processus de démocratisation qui y sont
proposés et, d'autre part, le degré de rattrapage que cette loi
offrait aux Montréalais face aux retards et aux
hésitations que le gouvernement a éprouvés dans
l'application de certaines lois fondamentales récentes, telle la Loi sur
l'aménagement et l'urbanisme.
Le RCM s'est donc particulièrement attaché aux
éléments de la loi qui redéfinissent les
responsabilités des élus, qui favorisent une plus grande
transparence et une participation accrue des citoyens, tout en évaluant
dans quelle mesure cette loi contribue à redonner aux Montréalais
des droits égaux et comparables à ceux des habitants des autres
municipalités du Québec. À ces deux ordres de
préoccupation, des corrections s'imposent et seront indiquées
dans les lignes qui suivent. Toutefois, par suite de l'adhésion
générale que suscite, pour les membres du RCM, le présent
projet de loi, nos critiques tendront plutôt à en respecter
l'économie générale et, partout où cela
s'avère possible, nos contre-propositions viseront à
s'insérer dans un cadre plutôt qu'à en bouleverser la
structure et l'esprit qui la gouvernent.
M. Fainstat (Michael): Le RCM est particulièrement
satisfait des réformes proposées quant à la composition du
conseil et aux responsabilités qui lui sont attribuées. Plus
spécifiquement, il nous apparaît que le mode de
représentation constitue une plus juste application des règles
fondamentales de la démocratie en ce qu'il confère un poids
égal selon le chiffre de la population. Tout au plus peut-on ici
regretter que la formule retenue n'incitera guère le regroupement de
certaines petites entités municipales et que l'anachronisme de certains
découpages dans le territoire de la CUM risque de créer quelques
difficultés au moment de planifier son aménagement.
Par ailleurs, le RCM s'interroge sur le mérite d'avoir reconduit
sous une forme différente la règle de la double majorité
comme premier mode d'adoption au conseil. Il nous semble que, si cette
disposition avait pour effet de surmonter les réticences de certaines
municipalités lors de la création de la CUM, elle risque
aujourd'hui d'enfermer ses deux grandes composantes dans des réactions
conditionnées et même des retranchements préjudiciables
à un véritable esprit communautaire.
Les commissions permanentes du conseil constituent certes l'un des
éléments les plus attrayants et novateurs pour la
communauté montréalaise contenus dans le présent projet de
loi. Outre leur caractère public qui favorisera une plus grande
participation des citoyens, le RCM voit dans la constitution de ces commissions
une façon d'incarner un niveau de responsabilité politique plus
identifiable parmi les élus au conseil et plus précis encore chez
les membres du comité exécutif de la communauté.
Nous tenons ici à encourager le ministre des Affaires municipales
à demeurer ferme dans son intention d'implanter des commissions
permanentes accessibles au public, et cela malgré les arguments
dilatoires que cette innovation ne manquera pas de susciter chez les tenants
d'une administration cachotière que le RCM ne connaît que trop
bien. Que l'on ne vienne pas argumenter qu'à Montréal de telles
commissions seraient ignorées du public. On n'a, pour se convaincre du
contraire, qu'à se rappeler qu'à la CUM, sur des questions
relatives au transport, un passé récent nous a valu une
pétition de 70 000 signataires, une seconde de 50 000, une
troisième toute chaude encore de 15 000 usagers en une seule semaine.
Sur des questions relatives à la conservation et à
l'aménagement du territoire, ces quatre dernières années
nous auront valu à Montréal plus de 100 000
pétitionnaires. Quoi qu'il en soit, nous ne nous étendrons pas
ici plus longuement sur les mérites de ces commissions devant vous,
membres de la présente commission parlementaire.
D'accord avec l'ensemble des articles qui se rapportent à la
commission permanente des finances, le RCM s'étonne cependant du
très court délai dans lequel le ministre des Affaires municipales
est mis en situation d'arbitrer et même d'imposer un budget à la
CUM en cas de désaccord. Il nous semble que la date du 15 janvier qui
met en route ce pouvoir ministériel suit de trop près la date
limite d'adoption, au plus tard le 1er janvier, selon les règles
normales, par le conseil du nouveau budget et contredit, dans son esprit, les
dispositions de l'article 77 de la loi 46 modifiant l'article 248 de la charte
de la CUM et imposant le reconduction automatique du budget
précédent par tranches trimestrielles. Comprenons-nous bien ici
sur le sens de notre objection. Il ne nous appartient pas d'aviser le ministre
que de cette manière il s'expose à devoir réagir dans un
délai très court de quinze jours, mais plutôt il nous sera
permis de considérer que le sursis pour une entente au sein du conseil,
tel qu'il apparaît à l'article 77, sous la "menace" d'une
intervention ministérielle serait plus efficace si celle-ci prenait
effet à compter du 15 février ou même le 15 mars.
Par ailleurs, l'article 77 du projet de loi no 46, qui modifie en son
article 248a la Loi de la Communauté urbaine de Montréal, nous
ramène à un problème déjà soulevé
dans le passé, soit celui d'une nouvelle administration portée au
pouvoir à l'hôtel de ville de Montréal et dont la
première responsabilité administrative serait de se voir
confrontée à très court terme avec le budget
élaboré par la formation politique sortante. Si l'on
considère que le budget de la ville de Montréal de même que
celui de la Communauté urbaine de Montréal se
préparent environ de six à huit mois à l'avance, on
ne peut considérer les quelques semaines de délai additionnel
définies par l'article 248a de la loi 46 comme suffisantes pour parer
à une telle situation. Comme nous sommes, d'autre part, en accord avec
la récente mise en concordance du cycle budgétaire municipal avec
l'année fiscale, il ne nous reste plus qu'à
réitérer notre proposition d'élections municipales
périodiques tenues entre la mi-mai et la mi-juin.
Pour ce qui est de la commission permanente de l'environnement, pour le
RCM, notre mécontentement provient bien plus des sursis
négociés entre la CUM et le gouvernement, quant au maintien des
activités de certains pollueurs, non seulement privés, mais
institutionnels (tels que l'incinérateur municipal de Montréal)
que de la rédaction des articles qui se rapportent aux questions
environnementales dans le présent projet de loi.
En ces matières, l'expérience nous enseigne que les lois
et règlements ont moins d'effets que les pressions exercées par
le public. À cet effet, le RCM recommande que l'une des tâches
principales de cette commission soit de faire établir obligatoirement et
avec révision annuelle la liste des principaux pollueurs de l'eau comme
de l'air établis sur les territoires de la CUM et aussi la concentration
des polluants déversés.
Par ailleurs, le RCM recommande que la commission permanente de
l'environnement produise annuellement un rapport beaucoup plus complet
qu'actuellement sur les taux de pollution de l'air et de l'eau relevés
localement sur l'ensemble du territoire de la CUM.
Enfin, un peu à la manière de ce qui a été
dit à propos d'une extension possible du territoire de desserte de la
CTCUM, le RCM suggère que le service de l'assainissement des eaux de la
CUM puisse conclure des ententes de service avec des organismes situés
hors des limites de la CUM.
Peut-être que, de la sorte, des situations frisant l'absurde
pourront être évitées, telles que celle de Laval rejetant
ses eaux usées, après traitement partiel, dans la rivière
des Prairies, alors que la CUM, pour sa part, a établi à coups de
centaines de millions de dollars, un grand collecteur au long de cette
même rivière pour rejeter ses eaux usées, après
traitement, dans le fleuve Saint-Laurent! Idéalement, il nous
apparaît que toute l'expertise développée à la CUM
devrait être progressivement étendue à l'ensemble de
l'archipel qui constitue la "pointure" adéquate pour vraiment
solutionner les problèmes liés à tous les usages de l'eau
dans la région métropolitaine.
M. Limonchik (Yves): La mise sur pied d'une commission permanente
du transport en commun répondrait à un besoin de plus en plus
pressant, étant donné les controverses qui entourent les hausses
de tarifs répétées depuis deux ans et les conflits de
travail dans la région de Montréal dans le domaine du transport.
Donc, cette commission permanente arrive à point. Pour nous, au RCM,
c'est un moyen privilégié d'associer la population aux
réformes dans le secteur du transport. C'est très important pour
nous. Donc, on porte une attention tout à fait particulière
à cette commission.
Dans un premier temps, le RCM est contre la durée de dix ans du
mandat du président-directeur général et des deux autres
commissaires de la CTCUM. Il nous apparaît, à l'usage, qu'une
nomination pour cinq ans, reconductible, serait beaucoup plus appropriée
dans le contexte actuel.
Ensuite, il y a deux omissions qui nous apparaissent toutefois devoir
être signalées aussi. La première devrait être
corrigée par l'obligation, établie dans la loi, faite à la
commission permanente du transport en commun, de susciter la constitution d'un
comité des usagers du transport qui soit son répondant
privilégié en certaines matières, telles que la
qualité et la fréquence des services offerts, la consultation sur
certains tracés, etc. Nous faisons cette demande pressante pour
répondre à un besoin grandissant de la population de la CUM
d'avoir un mot à dire au chapitre du transport. Comme exemple le plus
récent, 4000 citoyens du nord-ouest de Montréal, des quartiers de
Côte-des-Neiges et Snowdon, ont soumis une pétition hier de 4000
noms en faveur d'une remise en service de la ligne d'autobus no 65. Ensuite, le
RCM a ramassé en quelques jours 2000 noms dans les mêmes quartiers
en faveur d'une remise en service de cette ligne. Comme mes deux
confrères l'ont dit tantôt, il y a un besoin pressant étant
donné les problèmes, les complexités et les
réformes qui s'en viennent. (20 h 45)
La seconde omission porte sur une nouvelle affirmation de la
capacité juridigue de la CTCUM de s'associer à toute autre
entreprise existante, tant privée que publique, dans le domaine du
transport en commun sur des territoires extérieurs mais voisins de celui
de la CUM. Aux yeux du RCM, il serait très souhaitable de voir la CTCUM
exercer un certain leadership dans le domaine du transport en commun à
l'échelle de la région métropolitaine.
M. Roy: Sur le plan des commissions parlementaires, la seule
commission qui existe présentement à la CUM, c'est celle de
l'aménagement. Comme beaucoup de choses à la CUM
présentement, c'est une demi-commission, c'est une commission qui
siège à huis clos, qui ne comprend pas de membres de l'Opposition
et qui n'est ouverte que
depuis récemment à la présence des élus,
après que notre conseiller, Michael Fainstat, en ait
littéralement forcé les portes en y allant et en plaçant
les membres dans l'odieux de le mettre à la porte. C'est de cette
façon que, finalement, les autres élus de la communauté
peuvent assister à cette commission.
Elle est déjà sur pied depuis deux ans et la
nouveauté apportée par la loi 46 réside essentiellement
dans le fait que la CUM se voit, jusqu'à un certain point,
transformée en municipalité régionale de comté pour
les fins de l'application de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme.
Pour le RCM, c'est une démarche qui fait des citoyens de la
communauté des citoyens à part entière du Québec.
De surcroît, les résidents de la CUM auront le bonheur de se voir
dotés d'un schéma d'aménagement adopté dans les
trois ans suivant la date d'entrée en vigueur de la présente loi
46. Après plus de dix ans de tergiversations politiques, voilà
qui sera sûrement apprécié des gens de l'île de
Montréal! Des délais se sont prolongés. On sait que depuis
la création de la communauté urbaine, le 1er janvier 1970, il y
avait obligation de procéder à l'adoption d'un schéma
d'aménagement. On a obtenu sursis sur sursis et, encore
présentement, on n'a toujours pas de schéma d'aménagement
alors que, pendant la même période, 10% du territoire s'est
urbanisé sans contrôle d'ensemble.
Toutefois, le RCM estime que la loi 46, ajoutant sur le schéma de
la CUM seulement deux contenus obligatoires additionnels - qui portent sur la
densité approximative d'occupation et le tracé approximatif des
principales voies de circulation - à ceux décrits à
l'article 5 de la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, qui comprend les
grands objectifs, les principales affectations et la densité, n'est pas
tout à fait assez exigeante.
Il nous semble en effet que le schéma devrait comporter, tel que
déterminé par les municipalités membres de la CUM, les
programmes particuliers de réaménagement, de restauration et de
démolition de même que la séquence de construction des
équipements urbains et des réseaux et terminaux d'aqueduc et
d'égout. Ces points sont présentement facultatifs dans la loi
125.
De plus, il nous apparaît que l'obligation faite au schéma,
selon la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme, d'inclure
l'identification des territoires présentant pour la MRC un
intérêt d'ordre historique, culturel, esthétique ou
écologique ne saurait suffire dans le cas de la CUM. Il faudrait, dans
tous ces domaines, un véritable inventaire exhaustif.
Par ailleurs, le RCM considère que s'il est un territoire
urbanisé au Québec qui se prête bien à l'envoi par
courrier, ou autrement, de résumé de la proposition
préliminaire d'aménagement à chaque numéro civique,
c'est bien celui de la CUM. Aussi, nous considérons que le nouvel
article 264.2, cinquième paragraphe, que la loi 46 propose d'inclure
à la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme devrait être
modifié pour rendre cette procédure obligatoire.
Également, le RCM estime qu'un tel résumé devrait
être disponible dans la langue des principales communautés
culturelles de la CUM.
Enfin, il nous est apparu, à la lecture de la loi 46 -
là-dessus, nous aimerions un éclaircissement de la part du
ministre - que l'article 264.2 déjà mentionné au grand
paragraphe de l'alinéa 10, introduisait une phrase dont le sens nous
demeure ambigu. Je cite cette phrase qui dit: "Dans une disposition
mentionnée au premier alinéa, un renvoi à une autre
disposition de la présente loi qui ne s'applique pas à la ville
de Montréal est censé être un renvoi à la
disposition correspondante de la charte de cette ville, s'il y a lieu." Nous
aimerions que le ministre nous dise si son ministère a oui ou non
l'intention d'exempter Montréal de la loi 125 ou si la loi 46 a pour
effet d'inclure le territoire de la CUM dans l'application de la loi 125.
À la présente étape de l'examen du projet de loi no
46, le RCM espère vivement être détrompé dans ses
appréhensions qui sont qu'il y a là passablement de confusion.
Toutefois, s'il allait en être autrement, sachez que le RCM n'accepterait
pas qu'après avoir placé la CUM à l'heure des autres MRC
du Québec, on introduise un nouveau décalage horaire pour les
seuls Montréalais. Si la loi ne devait s'appliquer qu'à la CUM,
mais pas à la ville de Montréal, il y aurait effectivement un
décalage inacceptable. Ceux-ci exigeront sûrement d'être
à l'heure juste, en tout cas la même que pour tout le reste du
territoire de la CUM et du Québec. Les citoyens de Montréal
n'accepteront sûrement pas autre chose que d'être égaux avec
le reste des Montréalais en regard d'une loi fondamentale comme celle de
l'aménagement et de l'urbanisme.
Pour ce qui concerne la commission permanente de sécurité
publique, là encore, nous croyons découvrir à tout le
moins une faute de cohérence dans les intentions exprimées dans
les documents explicatifs sur le projet de loi no 46 tels que fournis pas le
ministère des Affaires municipales et la rédaction qui nous est
ici proposée.
Le RCM a toujours revendiqué un plus grand contrôle des
élus de la CUM sur l'administration de la police. Ceci paraissait devoir
être atteint par la commission permanente de sécurité
publique au sein de l'exécutif. Or, à la lecture du projet de
loi, l'administration de la police est maintenant sous l'autorité de son
directeur. Ceci nous
paraît être un retour en arrière inacceptable et
change peu le statu quo, malgré toutes les intentions exprimées
jusqu'à maintenant en relation avec le projet de loi actuel.
En terminant sur ce sujet, mentionnons que le RCM accepte qu'exception
soit faite à la règle de pleine accessibilité du public
aux documents, lorsqu'ils se rapportent à des matières faisant
l'objet de séances à huis clos à la commission de
sécurité publique.
Relativement au comité exécutif - là encore, nous
aimerions une explication de la part du ministre; ses propos de conclusion,
tout à l'heure, nous ont semblé très intéressants
sur ce sujet - même si le RCM endosse l'ensemble de l'économie du
projet de loi no 46, il tient à exprimer son opposition à
l'affaiblissement du pouvoir politique de la composante centrale de la CUM que
constitue la ville de Montréal.
Faut-il rappeler aux membres de cette commission parlementaire que, sans
Montréal, il n'y aurait guère de banlieue? Faut-il rappeler que,
sans le dynamisme et la vitalité de Montréal, les
municipalités environnantes seraient en tout point comparables à
la plupart des 1500 municipalités du Québec? Faut-il rappeler
tout le rayonnement et tout l'entraînement de Montréal, non
seulement dans la grande région métropolitaine, mais aussi
auprès du Québec tout entier? Faut-il vous rappeler tout ce qui
fait de cette ville une forte personnalité bien distincte, tant sur le
plan métropolitain et régional que national et même
international?
Pour le RCM, inscrire la ville de Montréal dans le comité
exécutif de la CUM, à parité égale avec l'ensemble
de la banlieue, le tout coiffé par une présidence
indéterminée, constitue une menace redoutable pour la
nécessaire prépondérance de Montréal. Cette
prépondérance, indispensable pour le RCM, n'est pas ici
l'expression d'une vanité chauvine ou d'un esprit de clocher
inspiré d'une autre époque. La ville de Montréal doit
quotidiennement supporter des charges et responsabilités de cette
prépondérance en maintenant, au bénéfice de toute
la Communauté urbaine de Montréal, sans compter le reste de la
région métropolitaine, une quantité de services
difficilement estimables, mais dont l'importance doit être
expressément reconnue par cet organisme stratégique que constitue
le comité exécutif de la CUM.
Même si l'on ne saurait, en bonne démocratie, prendre en
compte tout ce qui contribue à la plus grande richesse de
Montréal lorsqu'on la compare aux villes de banlieue, il nous
apparaît comme un déni des règles de cette même
démocratie de ramener la population montréalaise à un mode
de partage des pouvoirs au sein de l'exécutif de la CUM qui constitue
une véritable sous-représentation politique. Que l'on se
réfère aux données de population contenues dans les
documents du ministère des Affaires municipales ou encore à
celles issues du dernier recensement, Montréal prédomine
suffisamment pour avoir droit à une certaine prépondérance
dans tous les modes de représentation, ce que le présent projet
de loi no 46 lui retire dans la composition du comité
exécutif.
Pour le RCM, un parti municipal farouchement attaché au respect
des mécanismes démocratiques, pareille proposition est
inacceptable et doit être modifiée de sorte que, tant et aussi
longtemps que la ville de Montréal renfermera la majorité de la
population de la CUM, elle se verra attribuer une voix
prépondérante à l'exécutif de la CUM.
En conséquence et compte tenu de notre accord plein et entier
à la constitution des commissions permanentes du conseil établies
selon un mode de parité entre la banlieue et Montréal, en raison
également de notre approche face au projet de loi no 46, le RCM propose
que la loi soit modifiée quant à la seule présidence du
comité exécutif, qui devrait obligatoirement échoir
à un représentant de la ville de Montréal.
Nous estimons, en terminant, que les dispositions visant à
retirer au président de la CUM sa charge d'élu municipal sont
potentiellement garantes d'une absence de partisanerie dans l'exercice de cette
importante fonction et devraient rassurer les représentants des
banlieues dans leur crainte d'une "hégémonie"
montréalaise. Enfin, il nous semble que la possibilité de
reconduire un président de la CUM pour un second mandat de quatre ans,
sans le forcer à un retour devant ses électeurs, s'avère
acceptable dans la mesure où ce privilège se limite à
cette seule période et n'est pas autrement répétitive.
Nous avons soumis, M. le Président, un addenda qui vous est
peut-être déjà disponible et dans lequel nous ajoutons deux
petits articles. À l'article 50 du projet de loi no 46, nous proposons
la modification suivante, au paragraphe 9°, où il est indiqué
que la CUM aurait les pouvoirs de limiter la période de fonctionnement
du moteur d'un véhicule stationné et d'interdire
l'émission d'agents polluants provenant d'un véhicule dont la
concentration excède le degré prescrit par le règlement.
La partie soulignée constitue notre amendement. Cette modification vise
à préciser la portée de l'article en incluant les
substances polluante contenues dans les émanations des moteurs
automobiles et qui pourraient sembler exclues par l'emploi du mot
"fumée". C'est une question de détail, mais importante sur le
plan technique du contrôle de la pollution de l'air.
Le deuxième point porte sur l'article 349 de la Loi de la CUM
où on précise que
la communauté est une municipalité au sens de la loi et
où on énumère une série de lois assez longue. Nous
aimerions que soit inscrit, après "la Loi de la Régie des eaux,
Statuts refondus 1964, chapitre 183", "la Loi modifiant certaines dispositions
législatives concernant la démocratie et la
rémunération des élus dans les municipalités,
chapitre 16, 1980". L'article 349 se continuerait. Cet ajout, comme nous le
précisons, est destiné à clarifier une question relative
à l'application de l'article 77 du chapitre 16 de 1980 qui introduit une
période de questions orales lors des séances du conseil des
municipalités. Le RCM a fait la demande qu'à la CUM on se serve
de cette disposition de la loi et qu'on permette qu'il y ait une période
de questions orales lors des assemblées de la CUM. Cela a
été refusé sous prétexte que la CUM n'était
pas une municipalité au sens de cette loi qui introduisait la
période de questions. (21 heures)
Pour conclure, nous aimerions insister auprès des membres de
l'Assemblée nationale ici présents pour qu'ils placent dans son
véritable contexte le projet de loi et la situation de la CUM,
c'est-à-dire un blocage et une paralysie partielle d'une institution
nécessaire aux Montréalais comme aux résidents de
l'île tout entière.
Nous insistons aussi pour qu'ils résistent aux
représentations pas toujours cohérentes des représentants
de Montréal qui, pour la circonstance, sont venus tenir un langage
romantique sur la démocratie, qu'il faut qualifier de surprenant, sinon
de scandaleux dans la bouche de personnes qui nient tout droit de participation
aux citoyens dans leur propre ville en ayant dévié les intentions
de la période des questions qui avait été établie
par la loi que nous avons citée tout à l'heure et qui, par leur
refus de fournir des services adéquats à l'opposition,
réduisent les élus municipaux qui ne sont pas du Parti civique
à l'état de représentants de groupes de pression.
Comme nous l'avons prévu, l'administration de Montréal a
multiplié les objections et les mesures dilatoires face à une
quantité d'actions que la loi 46 lui impose aujourd'hui, alors qu'il a
toujours été dans son pouvoir de les entreprendre ou de les mener
à terme comme dans le cas du schéma d'aménagement de la
CUM.
Il faut aussi que le parti de l'Opposition à l'Assemblée
nationale, tout autant que le parti gouvernemental soient fermes et
résolus à résister aux manoeuvres partisanes. À ce
titre, le territoire de la CUM comporte 31 circonscriptions électorales
à peu près également réparties entre les deux
formations politiques présentement à l'Assemblée
nationale. Plus important encore, il nous semble que l'enjeu réel porte
présentement sur une certaine organisation politique et sur
l'aménagement d'un territoire qui renferme près du tiers des
Québécois.
Au-delà des structures administratives, c'est le niveau
d'élévation des hommes politiques qui constitue la valeur
réelle de nos institutions. Présentement, dans son fonctionnement
actuel, si on regarde la situation de Montréal par rapport à la
CUM, à la CUM il n'y a pas de schéma d'aménagement,
même si l'obligation de s'en préoccuper date du le 1er janvier
1970. Il n'y a pas de schéma d'aménagement du centre-ville
à la ville de Montréal même si une étude a
démarré en 1976. À la CUM, on propose des commissions
permanentes, mais à Montréal il n'y a pas de commissions
permanentes. Pour le RCM, sans réforme, la CUM est condamnée
à des demi-politiques et à des demi-mesures sur le modèle
de la commission d'aménagement actuelle dont j'ai exposé tout
à l'heure la situation.
En terminant, les Montréalais ont tout à gagner de la
réforme proposée, car, d'une part, pour le partenaire
prépondérant qu'est Montréal, l'administration actuelle
souffre d'une sclérose ou d'une asphyxie, selon le terme qu'on
préférera, au plan démocratique qui remonte au retour du
maire actuel après la période de réflexion que lui avait
permise sa défaite en 1960.
Quant au RCM, qui est une autre composante de cette
réalité montréalaise, en tant qu'aspirants au pouvoir au
conseil municipal de Montréal, nous tenons à dire que non
seulement nous approuvons la démocratisation poursuivie par la loi, qui
semble partagée par beaucoup de membres de votre commission, mais nous
affirmons qu'elle contient plusieurs mesures qu'il nous aurait fallu demander
pour pouvoir administrer la CUM dans le respect des besoins des citoyens de
l'île de Montréal et des citoyens de Montréal, et aussi
dans le respect des 28 partenaires que sont les autres membres de la
communauté urbaine.
M. le Président, mesdames et messieurs de la commission, nous
avons également résumé les différents points de
notre intervention dans les deux pages qui suivent. Vous avez les points A de 1
à 4 et les points B de 1 à 11.
M. Léonard: M. le Président, messieurs les
représentants du RCM, je vous remercie du mémoire que vous nous
transmettez aujourd'hui, que vous nous avez produit. Je voudrais, au
départ, poser une question que je pose aux intervenants qui viennent
ici, surtout sur le plan politique. Si je comprends bien, vous êtes
d'accord avec la CUM, avec une communauté urbaine, et en opposition avec
des régies, une ville mandataire, etc.
M. Roy: Oui, nous sommes d'accord avec...
M. Léonard: La CUM est quand même
un organisme intermunicipal qui convient relativement bien - je pense
qu'il n'y a pas de situation parfaite - à la situation de l'île de
Montréal.
M. Roy: Oui, quant à la communauté urbaine, pour
nous, votre définition d'un gouvernement intermunicipal correspond
très bien à la conception que nous en avons. Nous pensons qu'il y
aurait peut-être lieu d'examiner d'un peu plus près les diverses
juridictions pour voir s'il n'y a pas, présentement, double emploi dans
certaines fonctions. À différents niveaux, il pourrait y avoir
double emploi, il pourrait y avoir des dépenses qui sont faites
inutilement, mais cela devrait se faire dans un climat... Nous pensons que les
commissions parlementaires vont permettre de mettre à jour beaucoup plus
la réalité de la communauté urbaine.
M. Léonard: Oui, je prends note de votre réponse.
Je voudrais juste faire une remarque. Je ne pense pas avoir parlé d'un
gouvernement ni municipal ni intermunicipal. Je pense que dans un pays il y a
un gouvernement; notre problème est qu'on en a deux. Je pense que les
municipalités sont des institutions déléguées,
elles ont des pouvoirs délégués du gouvernement du
Québec.
Je voudrais vous poser une question sur la situation de l'opposition
dans le conseil de la CUM. C'est quand même assez inhabituel, disons,
compte tenu du passé, que l'opposition soit membre d'un conseil
général, même au niveau intermunicipal. J'imagine que vous
êtes satisfaits de cette situation, mais si vous étiez de l'autre
côté, si vous étiez au pouvoir, vous trouveriez encore
qu'il faudrait que ce soit cela.
M. Roy: Sur ce plan, la présence de l'opposition permet un
débat plus large. Nous pensons que notre contribution depuis 1974 a
permis, par exemple, de discuter passablement plus à fond la question du
transport en commun. On a parlé cet après-midi de l'absence de
débats, de l'absence de questions, etc. Si on regarde les
réalités, il y a passablement de débats qui se font, mais
ils sont tous à huis clos. Lorsqu'on parle de différents sujets,
ils sont discutés à huis clos à l'exécutif de la
ville de Montréal, à la conférence des maires et il sont
ensuite rediscutés à huis clos à l'exécutif de la
CUM; s'il n'y a pas entente, on ne vient pas au conseil. Si bien que tout ce
qui pourrait se savoir, tout ce qui se monte dans les dossiers, ce n'est pas
public, dans beaucoup de cas et, finalement, on ne progresse jamais par rapport
à ce débat.
Notre participation dans la situation de blocage actuel, je pense, a
été une contribution positive dans le sens où on a
amené un certain nombre de questions sur le tapis. On a réussi,
par exemple, à régler un peu plus la question du transport en
commun. Pour ce qui est du tarif pour les personnes âgées, par
exemple, on a obtenu une diminution. Il y a différentes choses comme
cela qui ont été faites. Naturellement, si on était au
pouvoir on le verrait du côté opposé, mais il reste que
dans nos convictions démocratiques l'opposition a un rôle
important à jouer comme c'est le cas ici, en commission parlementaire.
Il ne vous viendrait pas à l'esprit d'exclure l'Opposition.
M. Léonard: J'ai bien noté, dans le mémoire
que la ville de Montréal nous a remis, qu'elle nous a expliqué
aujourd'hui, qu'ils avaient quand même des craintes du fait que
l'opposition de la ville de Montréal, au conseil, soit aussi au conseil
de la CUM et que, finalement, cela nuise aux intérêts de
Montréal. Je pense que c'est un vieil adage, antique, que toute
cité divisée périra. Je pense qu'il y a une certaine
sagesse aussi à faire valoir ce point de vue.
Dans quelle mesure... Ne trouvez-vous pas que les différends,
à l'intérieur des discussions entre les représentants de
Montréal, devraient être réglés de façon
interne avant d'arriver au conseil de la CUM et que la ville de Montréal
présente une position unique ou définie clairement?
M. Roy: Présentement, comme je l'ai mentionné, il
n'y a pas de débats. Le seul lieu de débats, où on peut
intervenir, c'est au conseil. Dans la situation où il y a des
commissions permanentes, les choses sont différentes. L'opposition peut
s'exprimer, peut débattre des questions, peut aller chercher de
l'information, peut éventuellement parvenir à ce que tout un
sujet puisse être discuté suffisamment pour qu'à un moment
donné il devienne clair que c'est une question des avantages de
Montréal par rapport aux avantages de la banlieue. Quant à
l'Opposition, comme ici, par exemple, Montréal fait bloc pour ce qui est
de la représentation vis-à-vis de la prépondérance
de Montréal. C'est une question où, c'est évident, la
situation de Montréal est concernée. Il ne s'agit pas de faire de
Montréal un saint sacrement, une chose qu'il ne faut absolument pas
toucher. C'est l'attitude que l'on réprouve chez l'administration. On a
osé, dans la loi, toucher à Montréal, au sacro-saint
Montréal, qui est un Montréal à huis clos
présentement.
M. Léonard: Je ne voudrais pas traiter des
problèmes internes à Montréal s'il y en a. Ce que je veux
dire, c'est ceci: Est-ce qu'il y a un danger de nature structurelle à ce
que Montréal arrive au conseil de la CUM divisée alors que
ça pourrait éventuellement ne pas être le cas pour
l'ensemble des villes de banlieue sur une question donnée, non pas
sur toutes.
M. Roy: De la même façon, il y a absolument...
M. Léonard: Si vous voulez, vous pouvez vous mettre au
pouvoir, vous imaginer au pouvoir et, tout à coup, penser qu'il y aurait
une division. Qu'est-ce que ça donnerait? Cela affaiblit-il
Montréal?
M. Roy: Dans un rapport où c'est toujours le rapport de
forces, où c'est toujours des ultimatums, je ne veux pas prendre la
situation actuelle, mais si on réussit à créer un climat,
quand on est arrivé a la communauté urbaine, il nous est apparu
que la banlieue n'en faisait pas vraiment partie. C'était la
Communauté urbaine de Montréal. 11 y avait passablement de gens
qui s'éloignaient, participaient très froidement, très
tièdement au débat de la communauté. Présentement,
avec les trains de banlieue, avec différents sujets, il y a une
cohésion qui s'établit parce qu'il y a des sujets qui ont
réuni les maires de banlieue. Mais il n'y a pas plus...
Présentement, le bloc de banlieue n'est pas homogène; entre 1974
et 1978, j'étais présent au conseil, on n'a pas toujours vu des
votes homogènes de la banlieue, bien au contraire. Il y avait toujours
quelques dissidents. Sur des points, il n'y avait pas de cohésion.
M. Léonard: La même chose se produirait
vraisemblablement aussi pour Montréal.
M. Roy: La même chose pourrait se produire
éventuellement pour les grands débats. Il ne faut pas penser non
plus que c'est toujours des questions de vie ou de mort, des questions
extrêmement importantes. Sur des points de décision ou une autre
de temps en temps, ce n'est pas capital. Par contre, comme je le disais tout
à l'heure dans mon exemple où sur les questions importantes il y
a une possibilité de faire l'unanimité de Montréal, elle
pourrait se faire en tout temps, je crois bien, quels que soient les partis
d'opposition.
M. Léonard: J'ai le goût aussi de souligner un
paradoxe. Vous parlez peut-être de monolithisme, à l'heure
actuelle. S'il y a une prédominance de Montréal à
l'exécutif de la CUM, ne pensez-vous pas qu'il y a un peu un
parallèle par rapport à une petite municipalité de
banlieue qui pourrait être en désaccord et qui n'aurait aucun
moyen de s'opposer à une décision par un vote direct sur une
question. Je parle du niveau intermunicipal. J'en ai traité un peu tout
à l'heure, mais au fond la situation, c'est que quelqu'un ne peut pas
voter contre une position qui est décidée en exécutif par
un groupe qui est forcément toujours majoritaire s'il y a une
prédominance définitive. Comment conciliez-vous cela sur le plan
démocratique?
M. Roy: Pour nous, elle est basée sur le dynamisme, sur le
phénomène de dynamisme, sur le rôle de l'exécutif
dans la communauté urbaine. L'exécutif de la communauté
urbaine, c'est lui qui établit les ordres du jour. C'est lui qui
amène des propositions au conseil. Par contre, il ne peut pas
décider grand chose qui ne va pas au conseil comme tel. On se dit ceci.
Dans tout ce phénomène, comme la ville de Montréal est une
entité tout à fait géante par rapport à plusieurs
autres, il lui appartient d'avoir le dynamisme à l'intérieur du
conseil, mais le système de veto que vous introduisez fait que sur des
questions où vraiment on ne s'entendrait plus, on en appelle au conseil.
À ce moment, les choses sont rétablies. C'est pour ça que
nous pensons qu'en donnant la présidence à quelqu'un de
Montréal de façon inscrite dans la loi pour la durée
où il y aura majorité de population, on pourrait régler la
question. (21 h 15)
M. Léonard: J'ai noté sur un autre point que vous
vouliez constituer un comité des usagers parallèle à la
commission permanente des transports. Je trouve que cela fait un certain nombre
d'organismes entre la CTCUM, qui est un organe corporatif, une commission
permanente des transports et un comité des usagers. Je dis cela en
passant, mais je voudrais aussi vous poser une question par rapport à
l'aménagement de Montréal, parce que, dans le cas où vous
avez un comité des usagers, c'est bien sûr que vous lui donnez une
voix très forte par rapport à d'autres instances ou d'autres
groupes. Ce faisant, un comité d'usagers va toujours - très
souvent, en tout cas - être porté à tout le moins à
réclamer ou à pester contre les hausses de tarifs. Donc, vous
voulez vous donner un organisme pour contrer les hausses de tarifs, mais, sur
le territoire de la ville de Montréal, l'impact va être
d'augmenter la taxe foncière, parce qu'à un moment donné,
il y a quelqu'un qui paie. Du point de vue de l'aménagement, ne
créerez-vous pas, finalement, une pression qui va faire monter la taxe
foncière pour garder les tarifs au plus bas niveau possible et, ce
faisant, ne craignez-vous pas de perdre une bonne partie de la population,
compte tenu du principe général que les électeurs votent
avec leurs pieds dans le monde municipal?
M. Limonchik: Pour nous, cette question du transport, la
présence d'un comité des usagers, est liée fortement
à la question du financement aussi. On envisage d'autres mesures de
financement des déficits et des
besoins dans le domaine du transport. Donc, cela fait partie d'un plan
global de participation des citoyens à la fois au transport et au
financement.
M. Léonard: Et, à ce moment-là, on se
retrouve donc avec trois intervenants, la CTCUM, qui demeure, en tout cas dans
le projet de loi, une entité corporative, la commission permanente et un
comité des usagers, parce que vous voulez qu'on l'inscrive dans la loi.
Cela fait quand même un autre organisme, mais, à ce
moment-là, ne trouvez-vous pas que cela fait beaucoup de gens et la
commission des transports ne devrait-elle pas suffire?
M. Limonchik: Pour le moment, on n'envisage qu'un comité
consultatif. Donc, on ne voit pas comment cela ne pourrait qu'apporter des
solutions intéressantes sur le plan de la participation de la
population. Ayant vécu des luttes et combats de toutes sortes dans le
domaine du transport, nous trouvons que c'est indispensable dans le contexte
actuel, montréalais et québécois. Surtout quand les
réformes vont venir, dans les prochains mois et les prochaines
années, cela prendrait un groupe privilégié. Une
dernière remarque?
M. Léonard: Une dernière remarque. Vous m'avez
posé une question sur ce que signifiait la phrase sur le plan
d'urbanisme. Effectivement, la loi 125, en ce qui concerne l'urbanisme, ne
s'applique ni à la ville de Québec ni à la ville de
Montréal. Montréal a une charte privée comme la ville de
Québec, d'ailleurs, une charte spéciale comme la ville de
Québec, et il y a beaucoup de dispositions concernant l'urbanisme. Je
sais qu'il y aurait des modifications, que beaucoup de gens réclament
des modifications à tout ce qui touche l'urbanisme à
l'intérieur de la ville de Montréal, mais il nous a semblé
que ce n'était pas le moment, à l'intérieur d'un projet de
loi sur la CUM, de modifier quoi que ce soit dans la charte de la ville de
Montréal. Je me dis que c'est peut-être une chose qui viendra, qui
devrait venir, mais, enfin, pour nous, il nous a semblé que ce
n'était pas l'occasion de le faire. Plus tard, un peu plus tard,
graduellement. Pour l'instant, on applique les données du schéma
d'aménagement de la loi 125 au territoire de la CUM et,
déjà, cela comporte des ajustements assez importants qu'il faudra
faire. Nous en étions conscients, mais nous avons mis dans la loi 46
telle qu'elle est le principe que le schéma d'aménagement devrait
être fait sur le territoire.
M. Roy: Pour Montréal, ce serait par la loi qui l'exempte,
sa charte, à ce moment-là.
M. Léonard: C'est cela. Il faut aller dans sa charte. Elle
a une charte constitutive. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le ministre. M. le
chef de l'Opposition.
M. Ryan: D'abord, je voudrais vous interroger sur la
prépondérance que vous voulez conserver à Montréal
tant au niveau de l'exécutif que du conseil. Au niveau de
l'exécutif, comment cela marcherait-il exactement suivant vos
propositions? Vous dites, à votre première recommandation, qu'en
raison du poids prépondérant qui doit être attribué
à la ville de Montréal, la présidence du comité
exécutif soit réservée à l'un de ses
représentants. Est-ce que cela veut dire que vous acceptez le principe
de la parité de la représentation, mais que, parmi les six
représentants de Montréal, l'un d'eux devrait agir comme
président avec voix prépondérante, ou si vous
prévoyez un président en plus du nombre de représentants
auquel la ville et les banlieues ont droit? Comment verriez-vous la composition
de l'exécutif?
M. Roy: Présentement, dans la loi, on prévoit
treize personnes à l'exécutif, dont six représentants de
chaque municipalité de banlieue et six de Montréal. Pour nous, la
treizième personne, qui agit comme président, devrait être
quelqu'un de Montréal. La seule façon d'assurer cette...
M. Ryan: Vous dites quelqu'un de Montréal, c'est l'un des
six représentants de Montréal ou si Montréal en aurait
sept?
M. Roy: Non, d'après la loi telle qu'elle est,
normalement, les personnes qui sont président du conseil de la CUM et
vice-président ne peuvent pas être président de commission
ou vice-président de commission, et nous sommes d'accord sur cela. Nous
pensons que ce devrait être une personne... Nous ne sommes pas pour le
cumul des tâches, nous sommes pour la diversité des
responsabilités et nous verrions que ce soit une personne
différente.
M. Ryan: C'est dire qu'il faudrait que Montréal... Le
président serait choisi parmi les six représentants de
Montréal et ensuite il serait remplacé par un autre
représentant de Montréal, si je comprends bien.
M. Roy: Non, c'est-à-dire que la personne qui serait
élue au poste de président du conseil serait une personne
différente des autres. Éventuellement, peut-être, comme
vous le dites, que d'abord on élirait les six, mais je ne le crois pas.
Je pense qu'on...
M. Ryan: C'est possible qu'il y ait
peut-être un défaut de formulation dans votre texte, ce
n'est pas clair. Si vous le relisez, vous allez constater que ce n'est pas
clair. Pour vous, ce serait une personne de Montréal en dehors des six
représentants réguliers.
M. Roy: C'est-à-dire que, dans ce cas ou dans
l'hypothèse où on accepterait notre proposition, ce serait
Montréal qui nommerait quelqu'un au poste de président. Le poste
de président serait comblé sur proposition de Montréal.
Donc, Montréal aurait à faire une proposition d'abord,
peut-être aux autres postes, se réservant, cela dépendra du
style qu'on voudra avoir... Montréal désignerait sept personnes,
alors que la banlieue n'en désignerait que six.
M. Ryan: C'est cela. Le président serait
détaché de toute autre fonction...
M. Roy: Oui.
M. Ryan: ... pendant la durée de son mandat et il pourrait
être reconduit une fois dans ce même mandat, si j'ai bien
compris?
M. Roy: Oui.
M. Ryan: Vous dites plus loin que vous seriez plutôt enclin
à laisser tomber la règle de la double majorité au
conseil. Vous craignez que cela ne contribue à durcir davantage les
antogonismes ou les clivages qui ont été créés par
la situation des années passées. Si vous enlevez la règle
de la double majorité - je pense que le ministre vous a interrogé
tantôt là-dessus mais je n'ai pas saisi toutes les nuances de
votre réponse - quelle protection restera-t-il pour les banlieues?
M. Roy: Sur ce plan, nous n'avons pas insisté du tout,
nous avons dit que nous préférerions que ce soit une situation de
simple majorité, mais sans veto de part ou d'autre; par contre, dans la
situation actuelle et au cours de cette commission parlementaire, il est assez
évident que, pour encore assez longtemps, on donne des garanties a la
banlieue présentement en lui permettant d'avoir un veto au conseil.
M. Ryan: Cela, vous êtes disposé à le
maintenir, finalement?
M. Roy: Oui, absolument. Ce n'est pas une recommandation de
l'abolir maintenant. Nous ne voyons pas comment on pourrait faire autrement
dans la situation actuelle et, pour une certaine période de transition,
nous pensons que c'est la seule façon de garantir que les partenaires se
respectent mutuellement.
M. Ryan: Au sujet des commissions auxquelles vous attachez une
grande importance, d'après ce que j'ai pu comprendre, trouvez-vous que
le mode proposé dans le projet de loi pour la formation des commissions
soit le mode idéal? On a entendu, ce matin, le maire de Montréal
nous dire que les commissions devraient plutôt être formées
après qu'aura été formé le gouvernement de la
communauté urbaine, c'est-à-dire l'exécutif. Dans le
projet de loi, on nous dit: On choisit d'abord les présidents, les
vice-présidents et les membres des commission, et les présidents
des commissions sont automatiquement choisis comme membres de l'exécutif
en même temps. Est-ce que vous trouvez que ce mode est acceptable et
pourrait être efficace ou si vous trouvez qu'il y a d'autres modes qui
pourraient être envisagés?
M. Roy: Sur ce plan, je pense qu'il s'agit d'avoir la
volonté que la CUM fonctionne, d'avoir la volonté de
procéder selon la loi pour que ce soit possible. C'est exactement comme
quand on choisit le Conseil des ministres, on le fait en fonction de certaines
tâches à remplir. Présentement, ces commissions permanentes
du conseil de la CUM, c'est un peu comme créer des
responsabilités ministérielles.
Il y a moyen de choisir, pour la banlieue et pour Montréal, six
personnes qui auraient des charges particulières à telle
commission. Ensuite, ce qui restera à faire, ce sera de négocier,
la vice-présidence d'un côté et la vice-présidence
de l'autre, des choses comme ça. J'imagine que, là aussi -je ne
suis pas certain si la loi le prévoit, je ne m'en souviens pas - on doit
alterner; il n'est pas question d'avoir tous les présidents de
Montréal ou tous les présidents de la banlieue. Il s'agit de
choisir ces six personnes en fonction des diverses compétences
demandées pour présider les commissions. Je crois qu'on peut
s'accommoder de la formulation actuelle.
M. Ryan: Au sujet des commissions, je voudrais vous poser une
difficulté qui se présente dans mon esprit. À
l'Assemblée nationale - vous avez parlé des ministres
tantôt - nous avons des ministres qui sont responsables d'un ou de
plusieurs ministères chacun et des commissions parlementaires qui sont
présidées par des responsables différents. On n'aimerait
pas que ce soit le ministre qui préside une commission parlementaire
chargée d'aller recueillir des points de vue parce qu'on le
soupçonnerait d'être en conflit d'intérêts, de
vouloir toujours pousser son affaire. Il est là comme témoin
principal, et c'est parfait.
Dans le projet de loi, il me semble qu'on confond les deux ordres,
l'ordre
décisionnel et l'ordre consultatif qui semble devoir être
réservé aux commissions. Je ne sais pas si ça vous
crée un problème. Je ne sais pas si celui qui est à
l'exécutif et associé à toutes les décisions est le
mieux placé pour aller recueillir l'opinion du public dans des
conditions de liberté maximale et aussi d'objectivité,
d'impartialité, d'indépendance surtout. Je ne sais pas si ce
problème vous a frappé. C'est une des choses qui
m'inquiètent un peu au sujet du projet de loi, et on n'a pas eu
l'occasion d'en discuter jusqu'à maintenant parce qu'il y avait trop
d'autres sujets qui devaient être clarifiés. J'aimerais
connaître votre réaction sur ce point précis.
M. Roy: Sur ce plan, peut-être que l'idéal serait un
adjoint à chacun des membres de l'exécutif qui a une
responsabilité ministérielle. Vues du conseil de Montréal,
les commissions parlementaires sont tellement du domaine du rêve
présentement qu'il ne nous est pas apparu qu'il était impossible
de fonctionner présentement dans cette situation. Effectivement,
idéalement, ce pourrait être préférable d'avoir des
adjoints qui auraient la responsabilité d'animer les commissions.
M. Ryan: Je vous pose la question et je ne veux pas insister pour
faire l'apologie d'une thèse, pas du tout, mais est-ce que les
présidents de commission ne pourraient pas être des membres du
conseil qui ne seraient pas nécessairement des membres de
l'exécutif, par exemple?
M. Roy: Cela pourrait être supérieur comme
arrangement.
M. Ryan: Une autre question dans un autre ordre d'idées,
la police. Vous dites dans votre résumé, à la fin,
souhaiter que le directeur de la police soit établi sous
l'autorité de l'exécutif de la CUM, recommandation qui est un peu
vague. J'aimerais que vous nous disiez ce que ça veut dire exactement.
En prenant ceci dans son sens obvie, est-ce que ça voudrait dire, par
exemple, qu'il va être nommé par la CUM ou s'il va être
nommé par Québec comme c'est le cas actuellement, comme c'est
proposé dans le projet de loi? J'aimerais que vous nous disiez un peu
comment vous voyez la relation du service de la police avec Québec, avec
l'exécutif de la communauté urbaine. Le statut du directeur de la
police, est-ce que c'est un statut spécial?
M. Fainstat: Je peux répondre, M. le chef de l'Opposition.
Pour le RCM, le service de la police doit être un service comme les
autres: un directeur nommé par le conseil à la suite d'une
recommandation du comité exécutif, comme tous les autres
directeurs. De plus, le directeur du service de la police doit avoir les
mêmes responsabilités que les directeurs de tous les autres
services. Comme le projet de loi est maintenant formulé, il semble que
le directeur de la police a beaucoup plus de pouvoirs que les directeurs de
tous les autres services et je pense qu'il fait rapport directement au
président du comité exécutif au lieu de faire rapport
à l'exécutif ou au directeur général comme les
autres. Il a toutes les fonctions d'un directeur général
plutôt que celles de tous les autres directeurs. Nous pensons que le
conseil et le comité exécutif doivent avoir les mêmes
responsabilités envers le service de la police que celles envers tous
les autres services. (21 h 30)
M. Ryan: Juste une petite nuance. Je pense que, dans le projet de
loi, il y a des rapports que le directeur soumet directement à
l'exécutif; on dit qu'il est sous l'autorité immédiate du
président du comité exécutif, pour son travail ordinaire,
d'après ce que je comprends, mais, ça, c'est une autre
question.
Vous savez ce qui est arrivé, quand a été
transféré à Québec - il y a déjà une
douzaine d'années, si mes souvenirs sont bons - la responsabilité
de nommer le directeur de police; ça n'a pas été fait pour
des raisons capricieuses, ça été fait pour des raisons qui
avaient trait à la dimension de l'action policière dans une
société moderne aux ramifications intercités,
régionales et même internationales du crime organisé, etc.
C'est à ce moment-là qu'on a décidé à
Québec, comme on l'avait fait à Toronto, que le directeur de la
police était appelé à exercer des responsabilités
tellement spéciales qu'il fallait qu'il soit nommé par le
gouvernement du Québec, sur la recommandation du ministre de la
Justice.
Là, vous proposez qu'on revienne en somme à un
régime qui a existé jusqu'à il y a une douzaine
d'années et qui a donné lieu à des difficultés
très sérieuses. Je ne sais pas si vous êtes bien conscients
du changement que vous proposez et du retour en arrière d'un certain
point de vue.
M. Fainstat: Oui, mais, d'une autre façon, ce sont les
Montréalais qui paient tous les frais du service de la police. Aussi, en
général, nous sommes contre l'érosion des pouvoirs des
municipalités. Je pense que la Communauté urbaine de
Montréal a déjà assez mûri, après douze
années d'expérience, et que c'est maintenant que la
Communauté urbaine de Montréal est prête à reprendre
le contrôle de son service de la police dans toutes les instances. Je
pense que le temps est maintenant arrivé de reprendre
complètement contrôle du service de la police et les membres de la
Communauté
urbaine de Montréal sont maintenant capables; ils peuvent
consulter le ministre de la Justice, mais la responsabilité doit revenir
aux élus municipaux.
M. Ryan: Très bien, je vous remercie. Une dernière
question que j'adresserais à M. Fainstat, qui a suivi avec une attention
spéciale les finances de la ville de Montréal et de la
Communauté urbaine de Montréal.
J'aimerais savoir ce que vous pensez des propositions qui sont dans le
projet de loi, M. Fainstat, concernant l'adoption du budget. Le projet de loi
dit que le budget sera adopté par le conseil de la communauté -
ça veut dire suivant la règle de la double majorité - et
qu'en cas d'impasse le ministre peut décider d'accepter le budget
n'importe quand à compter d'une certaine date, assez peu de temps
après que l'impasse se soit déclarée, ou encore que le
budget peut être adopté automatiquement par quarts ou par tiers,
je ne me souviens pas exactement. Qu'est-ce que vous pensez de l'intervention
du ministre, telle que prévue dans le projet de loi, et comment
entrevoyez-vous une solution au problème qui s'est posé ces
dernières années par l'adoption automatique du budget quand il
n'y avait pas accord?
M. Fainstat: Nous avons toujours été contre
l'adoption automatique. Ce qui est proposé est une très grande
amélioration. Nous avons suggéré que le ministre ne soit
pas capable d'intervenir avant le 15 février au lieu du 15 janvier.
Après nous être penchés sur la question, maintenant nous
préférons que ce soit le 15 mars, par exemple, afin de donner
tout le temps nécessaire à tous les élus de s'entendre sur
le budget. Nous ne voulons pas que le ministre agisse trop vite, parce que, si
le budget n'est pas adopté, c'est, d'une certaine façon, une
crise politique et nous pensons que les élus peuvent accepter la
responsabilité de s'entendre sur le budget, avant que le ministre
n'intervienne. Mais il faut du temps, c'est pourquoi nous suggérons que
le ministre n'intervienne pas avant, disons, le 15 février ou le 15
mars. Mais, maintenant, tel que proposé dans le projet de loi, c'est le
15 janvier, c'est seulement deux semaines, ce qui ne donne pas beaucoup de
temps - surtout pendant la période des fêtes - aux élus
pour s'entendre sur le budget. Mais, en général, la proposition
du projet de loi est une très grande amélioration sur notre
expérience récente.
M. Ryan: Pour vous, c'est une amélioration de donner au
ministre, en matière d'adoption du budget, un pouvoir qu'il n'avait pas
jusqu'à maintenant?
M. Fainstat: Oui, si après quelques semaines de
discussions intenses, il n'y a aucune entente entre tous les élus, entre
toutes les parties, il faut un budget. Mais au lieu d'une adoption automatique,
quelqu'un doit intervenir après un certain moment et il faut
décider à quel moment. La CUM ne peut pas continuer sans un
budget comme tel. Cela ne veut pas dire que le ministre va intervenir. Il
aurait le droit d'intervenir en cas de nécessité.
Le Président (M. Laplante): D'accord? Merci, monsieur.
Maintenant, pour le bénéfice de tout le monde, on a encore
deux autres groupes à recevoir. Il y en a un qui nous a prévenus
qu'il fallait qu'il retourne à Montréal tout de suite ce soir.
Donc je demande la collaboration des témoins afin qu'ils soient
très brefs dans leurs réponses. Je demande aussi aux intervenants
d'être très brefs, sans préambule, dans les questions.
M. le député de Groulx.
M. Fallu: M. le Président, je me soumets volontiers
à votre consigne. J'avais deux questions. La première vient
d'être posée par le chef de l'Opposition. La seconde porte
également sur les finances, la commission permanente des finances. Vous
avez deux recommandations qui sont en orchestration. L'une, c'est qu'on
déplace la date du budget vers le 15 janvier ou encore qu'on
déplace les élections, notamment pour les années
d'élections. Cette suggestion nous est faite assez
régulièrement depuis quelque temps, notamment à l'occasion
de demandes qui sont exprimées à la Commission municipale, pour
retarder le dépôt des budgets aux années
d'élections.
Néanmoins, je pense que vous ne tenez pas compte, dans votre
recommandation, d'un phénomène qui sera typiquement
montréalais. C'est celui de l'existence d'une commission des finances.
De la même façon que, maintenant, il existe dans les
municipalités ce qu'on pourra appeler le discours sur le budget qui
précède d'un mois environ le dépôt du budget, il y a
la commission des finances qui, elle, pendant toute une année, pourra
travailler sur des hypothèses budgétaires et regarder de
très près le budget, enfin, les prévisions
budgétaires, notamment, de la CTCUM ou tout autre service
budgétaire et, en conséquence, arriver à
l'établissement budgétaire peut-être dans les dates
requises. Quel est votre sentiment à ce propos?
M. Roy: Sur ce plan-là, c'est évident que le fait
d'avoir une commission parlementaire change passablement le contexte et
passablement de travail peut être fait, effectivement, à un
certain moment donné. Par contre, il faut aussi éviter une chose.
C'est qu'on se retrouve avec un changement de gouvernement ou
avec un changement de direction à la CUM et que les dirigeants
doivent passer la première année avec un budget qui est fait par
l'administration antérieure.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Sainte-Anne, s'il vous plaît!
M. Polak: Juste une question, M. le Président. Je suis
toujours bref. Je n'ai jamais violé la règle ici. M. Roy, vous
écrivez, à la page 11 de votre mémoire, que
Montréal prédomine suffisamment pour avoir droit à une
certaine prépondérance dans tous les modes de
représentation.
J'ai écouté, cet après-midi, le maire de
Montréal et j'ai l'impression, tout de même, qu'il y a une grande
différence entre votre point de vue et celui de M. Drapeau. Vous
insistez seulement sur le fait que la présidence du comité
exécutif soit assumée par un Montréalais et j'imagine que
vous dites avec cela un membre du conseil de la CUM. Donc, le ministre ne peut
plus nommer quelqu'un. Est-ce que c'est cela que vous voulez dire?
Au conseil exécutif, c'est un nombre de 6. Le treizième
sera quelqu'un - c'est cela que vous voulez inscrire dans la loi - qui vient de
la députation montréalaise ou de Montréal même comme
membre du conseil. Dans ce cas, le ministre ne peut plus intervenir.
M. Roy: C'est la même réponse qu'on a donnée
tout à l'heure. Ce qui nous importe, c'est que le dynamisme de la CUM
soit assuré par l'élément dynamique de la CUM qui est
Montréal.
M. Polak: En ce qui concerne les commissions permanentes qui sont
tout de même des appareils assez importants dans leur travail, vous
acceptez totalement la proposition du ministre telle qu'expliquée dans
le projet de loi, tandis que la ville de Montréal a clairement
expliqué qu'elle veut aussi garder dans ses commissions la
prépondérance.
M. Roy: Quant à nous, c'est la discussion et cela fait
partie de la même logique qu'on accepte présentement pour une
période de transition qui est toujours le veto mutuel ou les deux
majorités exigées pour un vote du conseil.
M. Polak: Vous êtes au courant de la formule que la ville
de Montréal avait suggérée qu'au fur et à mesure
que la banlieue augmente de population et que la ville de Montréal
diminue, le pourcentage se rapproche de plus en plus. Là, on
suggère une formule d'ajustement au niveau du comité
exécutif. Est-ce que vous accepteriez de supporter une telle
formule?
M. Roy: Pour nous, le comité exécutif devrait
être présidé par un Montréalais pour une
période de transition et nous demanderions ensuite la parité.
Nous ne sommes pas d'accord avec Montréal qu'à un moment
donné ça puisse être la banlieue qui soit en
majorité. Lorsqu'on arrivera à l'équilibre contraire, ce
qui est peu probable selon les statistiques démographiques, selon les
projections qu'on peut faire, je pense que la proposition de Montréal
est basée sur la conviction très sérieuse que cette
situation-là ne changera jamais, que Montréal aura toujours au
moins 51% de la population.
Le Président (M. Laplante): Je vous remercie de votre
collaboration, M. le député de Sainte-Anne. Mme la
députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Oui rapidement, M. Eainstat, M. Limonchik et M. Roy,
le poste de directeur général tel que prévu dans le projet
de loi, votre mémoire n'en fait pas mention. Est-ce que, depuis, vous
auriez à nous faire valoir un point de vue là-dessus?
M. Roy: Sur ce plan-là, nous en avons discuté. Ce
qui nous apparaît, c'est que, présentement, à la
communauté urbaine, il y a un mélange entre les fonctions
politiques et les fonctions administratives. Ce poste-là nous
apparaît bénéfique puisqu'il permettrait de créer
une distinction entre l'administration et le politique et, grâce à
tous les éléments de débat qui sont introduits, on
arriverait à une situation passablement meilleure à la
communauté urbaine.
Dans la situation actuelle, le président de la communauté
urbaine fait des tas de tâches administratives qui pourraient être
très bien remplies par un directeur général, si bien qu'on
n'a jamais essayé de faire fonctionner la communauté urbaine
parce qu'on n'avait pas la possibilité de le faire. Il n'y avait pas
suffisamment de débats politiques. Avec les personnes qui étaient
en permanence à la communauté, si on pense à M. Saulnier
qui, en même temps, était président de Montréal
pendant longtemps, à M. Hanigan, qui était membre de
l'exécutif de Montréal, président de la communauté
urbaine et aussi président de la CTCUM pour une certaine période,
on n'a jamais été dans la situation où vraiment des gens
pouvaient se pencher sérieusement sur le fonctionnement et on
était plutôt... Je pense que c'est l'image publique et
c'était passablement aussi la réalité, le président
de la CUM jusqu'à maintenant a été un administrateur.
Le Président (M. Laplante): Merci. Mme Harel:
Rapidement, que les
directeurs de service fassent rapport à un directeur
général plutôt qu'au conseil exécutif, pour vous, M.
Fainstat, encore une fois, ça ne pose pas de problème
également?
M. Fainstat: Non, ça peut libérer les membres du
comité exécutif de remplir leurs fonctions, surtout que les
membres du comité exécutif auront d'autres tâches comme des
présidents et vice-présidents des commissions permanentes.
Mme Harel: J'arrive à la question plus fondamentale que je
veux vous poser. Vous avez une expérience comme membre du conseil de la
communauté depuis plusieurs années, M. Fainstat, et vous, M. Roy,
vous l'avez eue également, et vous avez fait état que, sur des
questions fondamentales, Montréal votait en bloc. Est-ce que je me
trompe? Vous me le direz. Ma question est plutôt la suivante: Si le
projet de loi tel que rédigé est adopté, dans la
perspective où l'hypothèse que le vote prépondérant
ne serait pas à Montréal - c'est une pure hypothèse -
à ce moment-là, selon votre expérience au conseil, est-ce
que Montréal pourrait aller chercher les voix supplémentaires en
banlieue sur les questions fondamentales, les voix dont elle aurait besoin?
M. Fainstat: Bon! C'est hypothétique et c'est difficile de
répondre à cela. Tout ce que je peux dire maintenant, c'est que,
quand je siège personnellement au conseil de la CUM, je suis un citoyen
de la CUM. Je pense que ce qui manque maintenant, c'est chez les deux blocs qui
s'affrontent un esprit communautaire. Quand je vote à la CUM, je vote
dans les meilleurs intérêts de la CUM et pas nécessairement
dans le meilleur intérêt de la ville de Montréal, parce que
la situation du service policier à Rivière-des-Prairies ou
à Montréal-Est, disons, m'intéresse autant que dans mon
propre district, c'est pourquoi je vote assez souvent avec les maires de
banlieue et souvent avec les gens de la ville de Montréal. Je pense
qu'on doit libérer les gens, les membres de la CUM de leur appartenance
à un parti politique quand ils sont à la CUM. Ils doivent
étudier les besoins de la communauté "at large" et voter comme
des citoyens de la CUM au lieu de voter comme des citoyens de leur propre
district. (20 h 45)
Le Président (M. Laplante): Merci.
Mme Harel: Votre expérience, M. Fainstat, est à
l'effet contraire également dans le cas des représentants des
banlieues; ils ont la même attitude que vous à l'égard des
questions qui sont en discussion et leur intérêt va
également possiblement être celui des Montréalais.
M. Fainstat: Tout dépend des élus. Jusqu'à
maintenant, l'esprit communautaire n'est pas très répandu
à l'intérieur du conseil de la CUM, mais je suis optimiste et je
pense qu'avec le temps cela va venir. Ce que j'aurais bien aimé, c'est
un minimum d'affrontement des deux groupes. Je ne me vois personnellement
appartenir à aucun bloc comme tel. J'espère, qu'avec le projet de
loi qui est devant nous, cela amènera les membres du conseil de la CUM
à participer aux débats de la CUM comme membres de la CUM et non
pas comme membres d'un bloc avec une discipline effarante.
Je suis bien découragé quand je vois que les gens votent
presque comme des marionnettes selon la majorité à
l'intérieur de chaque bloc au lieu de voter avec une sorte d'esprit
libre, un esprit communautaire beaucoup plus large.
Le Président (M. Laplante): Je vous remercie, monsieur.
D'autres questions, M. le ministre?
M. Léonard: Oui. En guise de conclusion...
M. Caron: J'aurais une question, est-ce que je peux la poser
avant?
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Verdun.
M. Caron: M. Roy, à l'article 3.2 de votre mémoire,
sur la commission permanente du transport en commun, il y a un
président-directeur général et deux autres commissaires
nommés. Comment verriez-vous cela? Le président-directeur serait
élu par nomination, mais les autres commissaires seraient deux personnes
élues, une de Montréal et une de la banlieue? Comment
verriez-vous cela?
M. Roy: Advenant qu'on proposerait...
M. Caron: Au moins, on aurait des gens élus pour voir aux
mécanismes, aux dépenses et, enfin, à tout.
M. Roy: Sur ce plan, c'est une formule qui pourrait
éventuellement fonctionner, mais nous n'avons pas d'opinion
précise à savoir si ce serait mieux par rapport au fonctionnement
de la CTCUM.
M. Caron: Comme on prêche fortement la démocratie,
si on a deux personnes élues, ces gens-là pourraient faire
rapport, surtout s'il y en avait un de la banlieue et un de
Montréal.
M. Roy: H y aurait possibilité de faire de la CTCUM un
véritable service municipal, intermunicipal et, à ce
moment-là, d'avoir
éventuellement quelqu'un qui serait chargé de son
administration au jour le jour, d'avoir des élus, peut-être deux,
peut-être davantage, qui, eux, seraient chargés des liens avec la
population, des liens avec le conseil, de s'expliquer aussi à la
commission permanente. Ce serait une amélioration sur la situation
présente. Dans cette hypothèse, on pourrait aussi prévoir
la participation de représentants des usagers éventuellement
à ces niveaux de décision.
Le Président (M. Laplante): Merci. M. le ministre.
M. Léonard: Oui, je voudrais simplement vous poser une
question en guise de conclusion. Vous avez dit que sur des questions
fondamentales très importantes... Au début, en tout cas, j'ai cru
comprendre que vous feriez bloc avec le parti au pouvoir à
Montréal. Ensuite, M. Fainstat a semblé s'en détacher un
peu plus. Je vais vous poser une question plus précise. Compte tenu du
fait que vous dites que Montréal doit avoir la
prépondérance à l'exécutif, est-ce que vous
considérez que la présidence est une question très
importante et qu'à ce moment-là vous devriez faire bloc avec le
parti au pouvoir à l'hôtel de ville de Montréal?
M. Roy: Sur la question de la présidence, oui.
M. Léonard: Sur la question de la présidence? C'est
une question importante?
M. Roy: C'est une question importante parce que, pour nous, elle
se résume au dynamisme, étant donné la définition
ou le vote prépondérant qui est consenti au président par
la loi.
M. Léonard: M. Fainstat est d'accord aussi
là-dessus?
M. Fainstat: Oui, je suis d'accord sur la question du
président du comité exécutif.
Comité de promotion économique de
Montréal
Le Président (M. Laplante): Sur ce, on vous remercie,
messieurs.
J'appelle maintenant le Comité de promotion économique de
Montréal. Messieurs, si vous voulez bien identifier, s'il vous
plaît, pour les fins du journal des Débats, votre comité et
les personnes qui vous accompagnent. J'aurais une faveur toute spéciale
à vous demander, mais je ne voudrais pas que vous vous sentiez
lésés dans vos droits. Je vous le dis bien avant. Si vous
étiez capables de nous résumer votre dossier on me dit que chaque
membre de la commission l'a déjà lu - si vous étiez
capables de nous résumer les principales étapes qu'il peut y
avoir dans votre dossier, je pense que la commission vous en serait
reconnaissante. Messieurs?
M. Caron: Pouvez-vous nous assurer que ce sera inscrit au complet
dans le journal des Débats?
Le Président (M. Laplante): Je ne peux vous l'assurer,
messieurs. Je sais que je ne puis vous l'assurer actuellement à cause
des nouvelles règles des commissions parlementaires. Messieurs.
M. Goyette (Pierre): M. le Président, avant de commencer,
j'aurais une déclaration importante à faire, à savoir
qu'au milieu de la troisième période, les Nordiques ont 5 et
Edmonton, 4...
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur. On s'en
réjouit.
M. Goyette: ... ce qui prouve que les Montréalais se
réjouissent que Québec puisse battre Edmonton.
M. le Président, je me présente. Mon nom est Pierre
Goyette, vice-président de la Chambre de commerce du district de
Montréal, et mon collègue est John Dinsmore,
vice-président du Montreal Board of Trade. Nous sommes
accompagnés de André Vallerand, vice-président
exécutif et directeur général de la Chambre de commerce de
Montréal, et Alec Harper qui est directeur général du
Montreal Board of Trade.
Le Président (M. Laplante): Je vous reçois à
cette commission. J'ai eu l'honneur d'en présider une à laquelle
vous assistiez. Vous connaissez le déroulement. Si vous étiez
capable de synthétiser votre mémoire... Merci.
M. Goyette: D'accord. Tout d'abord, seulement un petit mot de
présentation du COPEM, le Comité de promotion économique
de Montréal. Le Comité de promotion économique de
Montréal est un organisme, un instrument des deux organismes dont je
viens de mentionner le nom, c'est-à-dire la chambre de commerce et le
Montreal Board of Trade. Cet organisme, le COPEM, s'occupe en particulier des
affaires qui touchent la région métropolitaine quant aux
politiques gouvernementales vis-à-vis de notre région, quant au
développement des infrastructures de notre région et quant
à la promotion surtout des dimensions nord-américaines et
internationales de notre économie régionale. C'est là que
se situe l'intérêt de nos deux groupements qui forment ce
Comité de promotion économique de Montréal qui n'est ni
contre la ville de Montréal ni contre les banlieues, mais pour la
promotion de la grande région
métropolitaine de Montréal.
En 1980, à la demande du ministre des Affaires municipales du
temps, nous avions soumis un mémoire qui comportait un certain nombre de
volets qui, évidemment, apparaissaient avant le dépôt de la
loi 46 dont il est question aujourd'hui. Nous avons mis à jour ce
mémoire, si on peut dire, ou fait ressortir un certain nombre de points
en fonction de la loi 46 et nous avons souligné, dans le mémoire
que nous déposons aujourd'hui, seulement une partie des remarques, des
propositions et des recommandations que nous avions alors formulées en
décembre 1980.
Sommairement, j'aimerais citer quelques grands principes et
considérations qui sous-tendent nos recommandations. Je pense que c'est
peut-être la partie importante de laquelle découlent les positions
que nous avons prises. Tout d'abord et premièrement, la performance
globale des centres urbains repose en priorité sur leur capacité
de développer leurs talents et leur économie. Si vous permettez,
M. le Président, je ne voudrais pas résumer ces quelques points
qui ne couvrent qu'une page. La localisation des entreprises comme des
populations est influencée tant par des dimensions de coûts que
par l'ambiance, la qualité de la vie et la bonne gestion des services
publics. Le niveau des taxes constitue un élément majeur dans la
comparaison des coûts et de la qualité de l'administration
publique. Il s'ensuit que le gouvernement du Québec n'est pas
légitimé, à notre avis, d'imposer à la population
desservie par la CUM les coûts de services dont la responsabilité
lui incombe en propre et, d'ailleurs, qu'il assume totalement dans les autres
régions du Québec.
Deuxième principe sur lequel nous nous sommes appuyés,
c'est que par tradition et par coutume, les municipalités sont des
gouvernements locaux autonomes, des administrations municipales autonomes.
Cette autonomie implique qu'il appartient aux citoyens et à leurs
élus de déterminer la nature, la quantité et la
qualité des services qu'ils veulent offrir à l'intérieur
de leur municipalité. Une fois ce niveau de services
déterminé, il est essentiel que la gestion des services
municipaux soit efficace, efficiente et réalisée aux meilleurs
coûts.
Le troisième principe, qui a encore plus d'importance, c'est que
la Communauté urbaine de Montréal, à notre avis, est
essentiellement une entité administrative, et nous insistons sur cet
aspect. L'existence de cet organisme régional ne réduit pas pour
autant les responsabilités qui appartiennent aux municipalités
membres. Par conséquent, ces dernières, les municipalités
membres de la CUM, doivent être en mesure d'infléchir
l'orientation des services offerts par la CUM et de déterminer les
ressources financières qui seront affectées aux fonctions
urbaines exercées au niveau de l'entité administrative
régionale, la CUM. Il s'ensuit également que les structures de
décisions de la CUM doivent refléter la répartition des
coûts de la CUM supportés par les municipalités
membres.
Quatrièmement, il n'est pas nécessaire que tous les
services municipaux et intermunicipaux soient donnés par des organismes
publics. Il est illusoire de croire que les monopoles publics sont exempts de
carences qui caractérisent les monopoles privés. Il est possible
que certains services dits municipaux puissent être fournis plus
efficacement et à moindre coût sous forme de contrat avec
l'entreprise privée. Par conséquent, lorsque c'est possible, les
services de la CUM devraient être donnés par l'entreprise
privée. Ce faisant, non seulement réaliserait-on des
économies, mais l'impact sur les populations des interruptions de
services découlant des conflits de travail serait minimisé.
Cinquièmement, enfin, étant donné le rôle et
la mission respectifs de la CUM et des municipalités membres, on ne
saurait procéder à l'élection au suffrage universel des
membres du conseil d'administration de la CUM ni de ses dirigeants. Par contre,
l'ampleur de certains travaux entrepris par la CUM peut facilement constituer
un fardeau fiscal considérable pour les contribuables. Dans les
circonstances, il apparaît sain de prévoir des mécanismes
permettant aux citoyens de se prononcer directement sur l'opportunité
d'entreprendre certains projets. En d'autres termes et avec des
modalités appropriées, il faut que les mécanismes
référendaires prévus dans la Loi sur les cités et
villes s'appliquent également à la CUM -j'ai bien dit avec les
mécanismes et les modalités appropriées. Ce sont les cinq
principes de base sur lesquels nous nous sommes appuyés pour faire les
recommandations que nous avions faites alors, en décembre 1980, et que
nous reprenons en partie aujourd'hui.
Je voudrais souligner d'abord que la dimension canadienne,
nord-américaine et internationale de la région
métropolitaine de Montréal nous importe beaucoup. D'ailleurs,
à la CUM, à la Chambre de commerce, au Board of Trade et au
COPEM, nous avons des intérêts très
développés pour tous ces aspects que je viens de citer; ne
serait-ce que pour en citer quelques uns: l'importance que nous accordons aux
retombées du E18, l'aérospatial et une foule de sujets auxquels
nous nous intéressons, des sujets d'intérêt public. Par
ailleurs, cette dimension nord-américaine et internationale dont je
viens de parler nous amène à croire ou à dire que, sur une
base de dix ans, la population de la ville de Montréal, de la
région de Montréal et du territoire de la CUM a diminué de
façon relativement importante, soit une
diminution de 5,8% en dix ans, de 1968 à 1976, et de 6,7% dans
les cinq années suivantes, de 1976 à 1981. (22 heures)
C'est une diminution importante qui nous inquiète un peu. Devant
une telle constatation, on ne peut se surprendre de notre intérêt
à la promotion de Montréal. Il est aussi apparu urgent de
réévaluer la structure et le mode de fonctionnement de la CUM de
façon à permettre la promotion plus grande de la région de
la CUM.
Nous avions fait un certain nombre de recommandations en décembre
1980, comme je le disais, et ces recommandations ne peuvent pas faire
l'unanimité. Elles se regroupent en huit points principaux, sur lesquels
je ferai seulement quelques commentaires brefs. Cela se divise en trois plans:
d'abord, les compétences de la CUM, les structures de décision et
de gestion et, enfin, une considération additionnelle concernant la
procédure de référendum, à laquelle j'ai fait
référence.
Je voudrais souligner que nous avons attaché une importance assez
grande à la partie des compétences de la CUM par rapport à
la discussion de nature plutôt politique, à savoir qui doit faire
quoi et qui doit diriger quoi, que nous avons entendue aujourd'hui pendant
presque toute la journée, sauf pour une exception. Nous nous sommes
attachés particulièrement à cette question des
compétences qui devraient ou qui sont assumées par la CUM.
Nous soulevons seulement trois points aujourd'hui: celui de la promotion
économique, celui du transport collectif des personnes et celui du
service de la police. Quant aux structures de décision et de gestion, on
traitera des quatre aspects du conseil, du comité exécutif, des
commissions et du directeur général et, en dernier lieu, du
référendum sur certains aspects.
Sur les compétences de la CUM qui doivent être
exercées, j'ai souligné au début que la CUM étant
un organisme à qui les municipalités membres
délèguent des pouvoirs. Il est important pour la CUM, quoique ce
pourrait être un peu difficile, d'exercer de nouveaux pouvoirs.
Malgré ces restrictions que nous avons sur l'augmentation des pouvoirs
de la CUM, il y en a un que le projet de loi no 46 semble abolir, c'est celui
de faire la promotion économique. Si vous permettez, je lirai ce court
paragraphe.
Malgré nos réserves quant à la quantité de
pouvoirs à être délégués à la CUM,
comme je viens de le dire, nous déplorons que le projet de loi no 46
fasse abstraction de la promotion économique. Il nous apparaît
important de souligner cette lacune. La promotion économique pose un
problème intéressant à chaque municipalité qui a la
responsabilité de promouvoir son propre territoire. Une étude
réalisée par la Chambre de commerce en mai 1979 a permis
d'établir que l'existence d'un parc industriel et la présence
d'un commissaire industriel dans une municipalité de la CUM expliquait
la croissance plus élevée des secteurs commercial et industriel
dans les quelques municipalités qui s'étaient dotées de
tels services.
Cependant, la Communauté urbaine de Montréal peut jouer un
rôle utile si elle se charge de la promotion de la région, en tant
que centre important de décision, sur les plans national, continental et
international, et ce, à l'extérieur de ses frontières.
Chacune des municipalités membres de la CUM, d'ailleurs, a
intérêt à faire la promotion de son propre
développement économique, commercial et industriel. C'est un
point important qui nous apparaît omis dans la rédaction du projet
de loi no 46 et que nous aimerions voir être décrit un peu plus
précisément comme compétence de la CUM.
Quant au transport collectif des personnes, nous avons souligné
et nous soulignons à nouveau que la CTCUM devrait devenir un service de
la CUM. Aussi, nous avons souligné dans le mémoire que la CTCUM
doit devenir un pourvoyeur de services au même titre que d'autres
organismes privés qui oeuvrent dans le territoire.
Quant au service de police, nous divisons le problème en deux: la
première partie, la gendarmerie; la deuxième, la police dite
judiciaire. Il nous apparaît que la partie gendarmerie, service qui
semble doublé sinon triplé, dans certaines municipalités,
par des polices parallèles et même que certaines entreprises ou
groupements trouvent adéquat d'obtenir leur propre protection
privée, c'est-à-dire le service de la police qui s'occupe de
l'application des règlements municipaux, de surveillance et de
protection des citoyens, etc., pourrait être exercé par les
municipalités membres. Alors que la police dite judiciaire pourrait
proprement rester une des compétences de la CUM, mais à la charge
du gouvernement du Québec.
C'est notre proposition, je saute sur l'argumentation, sans doute le
ministre y verra-t-il une certaine allusion au différend
fédéral-provincial quant à la Sûreté du
Québec.
Je m'arrête ici pour céder la parole à mon
collègue John Dinsmore, du Montreal Board of Trade, mais je tiens
à souligner que nous avons attaché, dans notre
présentation et aussi dans nos délibérations, lors de la
préparation de notre mémoire, une importance assez significative
à cette question des compétences et de la distribution des
coûts de la CUM. Essentiellement, dans une phrase, la CUM est une
entité administrative dont les pouvoirs
découlent de pouvoirs qui lui sont délégués
par les municipalités membres.
Je pense que c'est à peu près le sommaire de cette partie
de notre mémoire.
Le Président (M. Laplante): M.
Dinsmore.
M. Dinsmore (John): M. le Président, en vous parlant des
structures de décision et de gestion, évidemment, nous offrons
ces observations du point de vue de la communauté des affaires de
Montréal. Nos recommandations portent sur certains principes et non pas
sur les multiples détails de fonctionnement. Notre intérêt
est de maximiser le sort de l'ensemble des ressources qui se trouvent au sein
de la Communauté urbaine de Montréal où nous vivons et
nous fonctionnons, dans le contexte d'une entité administrative à
laquelle a fait allusion mon collègue, cette entité
administrative qu'est la CUM.
Il est évident qu'en déléguant les pouvoirs
à la CUM, il faut trouver la formule qui permette la prise de
décisions. Nous voyons comme principe un effort pour fournir une
représentativité au niveau décisionnel,
représentativité qui, quant à nous, devrait être
basée sur le pouvoir fiscal. Nous remarquons que, déjà, le
total des valeurs imposables des villes de banlieue représente, cette
année, 51,4% des valeurs imposables du territoire de la
communauté. L'an dernier, le pourcentage était de 50,4% et c'est
une progression continue. Si on prend la base du potentiel fiscal de la CUM, la
quote-part des banlieues est déjà rendue à 47,5% en 1982,
à la suite d'augmentations depuis deux ans.
Cependant, nous ne sommes pas sans nous rendre compte que cette
recommandation pourrait mettre Montréal en minorité dans un
avenir plus ou moins éloigné. Nous ne croyons pas qu'un tel
résultat serait souhaitable. Par conséquent, nous croyons que la
nouvelle loi devrait prévoir immédiatement la parité des
voix entre Montréal et l'ensemble des municipalités de la
banlieue. Pour nous, c'est un principe fondamental.
Pour résumer nos propos, nous croyons que le problème au
niveau du fonctionnement de la Communauté urbaine de Montréal
peut se résoudre comme suit. Pour éviter que la CUM soit
paralysée par un affrontement entre les deux blocs, nous croyons que la
meilleure option est la suivante: "Que la loi constituante devrait
prévoir que: "a) le président du conseil possède un vote
prépondérant lorsqu'il y a partage des voix au conseil; "b) le
mandat du président du conseil est d'une durée d'un an, et "c) il
doit obligatoirement y avoir alternance entre un représentant de la
ville de Montréal et un représentant des banlieues. À
notre avis une telle structure favoriserait l'émergence de consensus
régional, car le terme relativement court du président du conseil
fait en sorte qu'un bloc peut "défaire" une solution imposée par
l'autre bloc avant que des "dommages" vraiment importants puissent être
faits.
Quand on parle du conseil d'administration de la communauté
urbaine, il faut qu'il soit formé des représentants de toutes les
municipalités membres. La responsabilité du conseil doit
être générale. C'est au conseil qu'il appartient de
déterminer les grandes orientations de la CUM.
La représentativité du conseil d'administration doit
refléter la composition des membres de la communauté urbaine. Par
conséquent, chaque municipalité de banlieue aura son
représentant, soit un total de 28, et la ville de Montréal
déléguera 28 de ses élus. Quant au vote des banlieues, il
sera pondéré comme suit: le potentiel fiscal déterminera
le nombre de votes accordés à chaque municipalité, mais il
faudra faire en sorte que la plus petite municipalité ait au moins une
voix. Évidemment, Montréal possédera un nombre de votes
égal à celui de l'ensemble des municipalités de la
banlieue.
À notre avis, cette formule a l'avantage d'être plus simple
que la double majorité proposée dans le projet de loi no 46.
Par contre, nous sommes d'accord avec les dispositions du projet de loi
concernant la composition du conseil exécutif. Cependant, nous reprenons
notre recommandation que le comité exécutif soit composé
de douze membres et non de treize, que le président soit élu
parmi les membres du conseil et qu'il soit un des douze membres du
comité exécutif et, enfin, qu'il ait un vote
prépondérant en cas de partage des voix.
En ce qui concerne les commissions permanentes, nous sommes de nouveau
d'accord avec le projet de loi, mais nous recommandons d'éliminer
l'obligation d'avoir un membre nommé par le gouvernement au sein de la
commission de la sécurité publique.
Concernant le directeur général, nous croyons que la
personne qui occupera la fonction devra avoir des responsabilités qui
portent sur la gestion financière et celle des actifs de la CUM,
l'exécution des contrats, la conservation des biens publics et la
gestion du personnel, c'est-à-dire un rôle un peu plus grand par
rapport à la définition du projet de loi. Le directeur
général doit agir comme conseiller auprès des membres du
comité exécutif ou des comités permanents ou commissions
permanentes quant aux services et politiques à mettre en oeuvre, ainsi
que sur les avantages et inconvénients
éventuels d'une proposition donnée.
À l'égard de la possibilité d'avoir recours
à un référendum, nous voyons que c'est une tradition parmi
la plupart des municipalités du Québec, mais elle n'existe pas
encore dans les grandes agglomérations comme Montréal. Ce
processus démocratique jouit d'une longue tradition et nous recommandons
que ce soit adopté dans le projet de loi de la communauté
urbaine.
M. le Président, ceci termine notre présentation formelle.
Soulignons que nous n'avons parlé ici que des éléments de
notre mémoire déjà soumis, que nous jugeons prioritaires
et qui ne sont pas stipulés comme tels dans le projet de loi en son
état actuel.
Nous vous remercions de votre bonne attention et sommes à la
disposition de la commission pour répondre à vos questions.
Le Président (M. Laplante): Je vous remercie très
sincèrement de votre coopération. M. le ministre.
M. Léonard: Messieurs les représentants de la
Chambre de commerce et du Montreal Board of Trade, je vous remercie tout
particulièrement d'avoir pris la peine de déposer ce
mémoire et d'être venus l'expliquer, surtout parce que ça
démontre l'intérêt du monde des affaires aux structures
municipales et aux structures intermunicipales qui sont celles de l'île
de Montréal. (22 h 15)
Je pense que ça peut indiquer, sinon démontrer, les
interactions qu'il y a entre les deux. Lorsque des municipalités sont
bien administrées, je pense que c'est de nature à donner
confiance au monde économique, au monde des affaires; c'est ce qu'il
faut souhaiter. Et inversement, les municipalités ont un
intérêt à avoir chez elles des entreprises qui fonctionnent
bien, qui permettent un niveau de bien-être à chacun de leurs
citoyens. Quant à moi, je trouve ça très important. Je
vous remercie donc d'être venus ici déposer votre
mémoire.
Maintenant, je vais vous poser un certain nombre de questions. Je trouve
qu'il y a plein d'idées dans ce mémoire. Je dois dire qu'il y en
a quelques-unes qu'on retrouve aussi dans le projet de loi no 46.
Je comprends bien que vous êtes d'accord avec cette structure de
la CUM, une communauté urbaine plutôt que des formules de
régies ou toutes autres formes de municipalités mandataires ou
quoi que ce soit. Je comprends que vous êtes d'accord fondamentalement
avec une communauté urbaine à peu près comme elle est. Je
comprends qu'on veut la réaménager, mais pour la situation
à l'heure actuelle, c'est ce qui correspond à la
réalité.
M. Goyette: Surtout en fonction de compétences et de
juridictions sur des domaines de nature régionale et
métropolitaine, comme l'assainissement des eaux, le transport en commun,
etc. Enfin, le "etc." n'est pas très long.
M. Léonard: Je comprends. C'est plutôt restrictif
qu'autre chose. Pour vous, quand on parle de Montréal, je suppose qu'on
parle de la ville de Montréal. J'ai l'impression aussi que ça
déborde, ça comprend l'île, ça comprend aussi toute
la région montréalaise. C'est ça qui est l'entité
économique et c'est surtout celle qui est concurrencielle sur le plan
international ou même national. On s'entend bien là-dessus.
M. Goyette: Oui. Nos intérêts, les
intérêts de la Chambre de commerce du district de Montréal,
comme son nom l'indique, débordent de beaucoup... Nous nous
intéressons, par exemple, aux retombées du F-18 à Pratt
& Whitney, même si c'est sur la rive sud.
M. Léonard: Vous parlez de promotion économique.
Effectivement, ce n'est pas inclus dans la liste des compétences de la
CUM. Cependant, il y a à la CUM un service de promotion
économique. La loi n'empêche pas la CUM. Si je comprends bien,
vous voudriez que soit plus clairement affirmé le fait qu'il y a une
compétence en termes de promotion économique.
M. Dinsmore: Nous craignons, à tort ou à raison,
que l'absence du projet de loi risque d'obliger l'élimination de ce
service au niveau de la communauté.
M. Léonard: Est-ce que ça ne peut pas venir en
concurrence avec des fonctions exercées aussi au niveau municipal? Par
exemple, je crois savoir que la ville de Montréal a elle-même fait
de la promotion économique et que la CUM aussi en ferait. Il me semble
que si on donne juridiction exclusive à la CUM, peut-être que
ça pose un autre problème. Ce serait d'enlever à la ville
de Montréal ce qu'elle fait en ce domaine.
M. Goyette: Je vais faire deux commentaires. D'abord, la loi
actuelle mentionne à son article 167a que la communauté peut, par
règlement, établir un service de promotion économique, ce
qu'elle a effectivement. Dans le projet de loi no 46, à l'article 48,
l'article 167a en question est abrogé. Il nous apparaît que ce
n'est peut-être pas nécessaire de l'abroger, mais de le laisser
tout simplement là et de l'ajouter dans la liste des compétences;
c'est le premier point.
Le deuxième point, peut-être que dans
ma présentation cette partie a échappé, mais nous
proposons que la Communauté urbaine de Montréal fasse la
promotion économique extérieure, si on peut dire, alors que nous
proposons que les municipalités membres, dans la mesure de leurs moyens,
fassent la promotion commerciale et industrielle de leurs secteurs.
En d'autres mots, c'est à double volet et ça ne fait pas
nécessairement double emploi.
M. Léonard: Est-ce que vous me permettrez de vous poser
une question additionnelle là-dessus à l'aide d'un exemple? Si je
prenais la ville de Granby, ses représentants sont allés partout
dans le monde chercher des industries de toutes sortes. Il semble que cela
vient un peu en contradiction, parce que si on met la promotion industrielle
dans la liste des compétences de la CUM, au début, en tout cas,
on dit que ce sont des compétences exclusives. Donc, les
municipalités ne pourraient pas les avoir par la suite. Je vais tout
simplement émettre l'idée que peut-être la CUM peut faire
de la promotion économique, mais quand les municipalités en font
aussi, parfois, cela peut être doublement productif dans ce domaine. Vous
le soulignez vous-même dans votre mémoire au moment où vous
dites: L'existence ou l'engagement d'un commissaire industriel produit beaucoup
d'implantations industrielles, commerciales ou économiques.
M. Goyette: Seulement un autre exemple. L'office d'expansion
économique de la CUM fait actuellement cette promotion pour maintenir ou
acquérir de nouveaux sièges sociaux, par exemple. Cela se fait au
niveau de la CUM. C'est quelque chose qu'il m'apparaît approprié
de faire au niveau de la CUM, alors que l'implantation d'une usine,
l'implantation d'une entreprise dans la ville de Dorval, dans la ville de
Lachine, dans la ville de Saint-Laurent et dans la ville de Montréal,
cela m'apparaît aussi approprié à faire. Il y a l'expansion
économique, et l'office d'expansion économique et la promotion
industrielle et commerciale se situent - parfois, la frontière n'est pas
très claire, je l'admets avec vous - à des niveaux un peu
différents. Deuxièmement, il nous apparaît que la CUM, pour
exercer une compétence coûteuse de cette nature,
c'est-à-dire faire de la promotion en dehors de ses frontières,
au Canada, en Amérique du Nord et ailleurs dans le monde, c'est quelque
chose qui ne peut être exercé adéquatement au
bénéfice de la grande région métropolitaine que par
un organisme de la CUM. La ville de Montréal, évidemment, par
SIDEM et les autres organismes dont elle s'est dotée au cours des
années, ne fait la promotion, évidemment - et c'est normal - que
des implantations à faire dans la ville de Montréal, mais il n'y
a pas que cela. Il y a toute la grande région qu'il faut
développer. Il y a une baisse de la population de 6,7% dans les derniers
cinq ans dans la région et de 9,8% dans la ville de Montréal. Il
faut mettre l'accent sur le développement économique,
évidemment, des corps comme ceux que nous représentons. Nous
sommes particulièrement intéressés à ce sujet.
M. Léonard: Disons aussi qu'on retourne à la CUM
à l'heure actuelle et qu'on considère l'évolution
démographique de Montréal comme des autres villes. Pour vous,
à la CUM, considéreriez-vous qu'il devrait y avoir une
priorité de la CUM pour faire des implantations industrielles dans la
ville de Montréal pour renforcer son tissu industriel et commercial?
M. Dinsmore: M. le ministre, je ne sais pas si les implantations
industrielles vont amener une population plus grande dans la ville de
Montréal comme telle. Les ouvriers peuvent toujours habiter en banlieue,
et c'est un des problèmes actuels. Je pense que notre idée, c'est
surtout qu'on a besoin de tous les agents possibles pour promouvoir notre
économie à Montréal et nous voyons le profil de la
communauté comme étant assez pesant que cela va augmenter
nettement le rendement en ce qui concerne l'investissement dans la
région de Montréal.
M. Léonard: Oui, je pense que la situation de
Montréal s'est améliorée depuis quelques années.
Néanmoins, on est encore peut-être sur un seuil où, si le
fardeau des taxes montait encore beaucoup, il y aurait une fuite de population
et là, vous vous embarquez dans un cercle vicieux qui dégraderait
encore plus rapidement le tissu urbain de Montréal. Il me semble que ce
serait un peu le devoir de la communauté de renforcer un maillon qui est
aussi important et qui risque de devenir de plus en plus faible.
Considérez-vous qu'un service de promotion économique à la
CUM devrait mettre une priorité particulière
là-dessus?
M. Goyette: C'est proprement du domaine municipal de faire la
promotion d'installations industrielles et commerciales sur son territoire pour
augmenter son assiette fiscale...
M. Léonard: ... et répartir les coûts sur
tout le monde?
M. Goyette: II n'y a pas seulement le nombre de personnes. Il y a
aussi pour une municipalité l'assiette fiscale qui est
significative.
M. Léonard: Je comprends bien, mais si
vous êtes une commission ou un comité de promotion
industrielle de la CUM, vous portez la responsabilité d'un peu tout le
monde et particulièrement des plus faibles sur le plan industriel; c'est
a ce titre que je vous pose des questions. La CUM est un organisme
intermunicipal; vous dites qu'on doit lui confier la responsabilité de
la promotion industrielle, cela voudrait dire, à mon avis, que la CUM
devrait la lui confier ou mettre une priorité là-dessus.
M. Goyette: Pas exclusivement par la CUM.
M, Léonard: Non, non, pas exclusivement. Une
priorité indique... Il y a une première priorité et il y
en a une deuxième; je pense que la première devrait passer en
premier, par définition.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le ministre. M. le
chef de l'Opposition.
M. Ryan: Je vais donner la parole au député de
Verdun et je vais revenir après.
Le Président (M. Laplante): Avec plaisir. M. le
député de Verdun.
M. Caron: M. le Président, je serai assez bref. À
la page 8 de votre mémoire, vous dites, aux sept ou huit
dernières lignes, au sujet du service de police: "II y a les
activités policières dites judiciaires qui, elles, sont
assumées en général au Québec par le gouvernement
provincial. Il est profondément injuste pour les citoyens de l'île
de Montréal que le Québec n'assume pas ses responsabilités
en ce domaine et qu'il leur impose ce fardeau financier additionnel. Le
gouvernement provincial devrait assumer les coûts des activités
judiciaires du service de police." De quelle façon aimeriez-vous
suggérer que le gouvernement injecte un certain montant? Est-ce que vous
êtes allés en profondeur là-dessus? Je ne sais pas lequel
peut répondre à cette question.
M. Goyette: Par voie de subvention. Il y a déjà
évidemment des subventions considérables payées, et on le
reconnaît, des subventions importantes payées par le gouvernement
du Québec à diverses fonctions ou des subventions
inconditionnelles versées à la communauté urbaine. Nous
sommes d'avis que voilà un coût non spécifiquement
subventionné, mais qui pourrait l'être. La partie
sûreté, la partie police judiciaire, la fonction gendarmerie est
proprement une fonction locale, une fonction municipale et il apparaît
que cela devrait être supporté par les fonds municipaux, par les
ressources municipales propres. Cette autre fonction qui est assumée par
la Sûreté provinciale dans le reste de la province, ou presque,
nous apparaît devoir être à la charge spécifiquement,
comme subvention conditionnelle, du gouvernement du Québec.
M. Caron: J'espère que le ministre a pris bonne note de
votre suggestion.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Groulx.
M. Fallu: II arrive qu'à Montréal, à la
communauté urbaine, c'est-à-dire un des principaux moteurs de
l'économie, le débat économique n'a pas vraiment lieu; je
m'explique brièvement et, sans vouloir comparer Montréal à
une région, en le faisant néanmoins. Il arrive que, dans nos
régions, la dynamique du développement -quand je dis
développement, c'est au sens le plus plein du terme, à savoir
autant l'habitation, les services, les infrastructures industrielles, que le
transport de tout genre, y compris le transport de marchandises,
évidemment - est le sujet de débat public. Les
municipalités s'impliquent lorsqu'on a besoin de nouvelles
infrastructures, lorsqu'on a besoin de nouveaux services, etc. À
Montréal, au contraire, il y a une parcellarisation de fonctions dans
les municipalités. Il y a, d'autre part, l'office de l'expansion
économique qui, lui, voit surtout à la promotion
extérieure de Montréal. Le grand débat sur l'avenir
économique de Montréal, son présent et son avenir, ne se
fait pas beaucoup au niveau politique; vous le faites chez vous, au Montreal
Board of Trade ou à la chambre de commerce, mais je me demande si
vraiment les politiciens sont dans ce jeu.
Je vais prendre trois exemples qui me frappent, moi qui suis d'un
satellite de Montréal. La question du développement du port de
Montréal, la question de l'aéroport Dorval-Mirabel et
également le développement ferroviaire, pour autant qu'il est
relié au transport des marchandises en l'occurrence, j'ai l'impression
qu'à Montréal, ce débat ne se fait pas et que tout un
chacun va travailler dans son petit parc industriel pour essayer une promotion
quelconque. Il manque de grands outils de développement et il n'y a pas
d'esprit communautaire pour voir à résoudre ces problèmes
de très grande envergure qui sont même antérieurs à
toute forme de développement économique bien implantée et
durable. (22 h 30)
Où ce débat pourrait-il se faire à la
communauté? Est-ce que ce serait au conseil? Je ne voudrais pas parler
au nom du ministre, même si je suis son adjoint, mais est-ce que ce
serait par une autre commission de développement économique de la
communauté? J'essaie d'imaginer parce que je ne vois pas comment on
pourrait
enraciner ce débat économique à la
communauté urbaine.
M. Goyette: M. le Président, le débat a
déjà lieu en grande partie à diverses instances, ne
serait-ce que pour souligner le travail de CIDEM en ce qui concerne la ville de
Montréal. Par exemple, les interventions de CIDEM et des
autorités de la ville de Montréal en ce qui concerne le
développement du port sont nombreuses, considérables et
importantes. Où le débat devrait-il se situer sur le
développement économique? Comme je le soulignais tout à
l'heure, il devrait sûrement se situer aussi à la
communauté urbaine. Où, à l'intérieur de la
communauté urbaine? Sûrement par le maintien et peut-être le
développement du groupe qui s'occupe de développement
économique, l'Office d'expansion économique. Le débat
lui-même devrait avoir lieu, bien entendu, au conseil municipal ou au
conseil général de la communauté urbaine ainsi qu'au
comité exécutif.
Il y a eu récemment un sommet économique sur le
développement de Montréal, lequel a vraiment touché
à tous ces grands aspects du développement économique de
Montréal et auquel la contribution de la Chambre de commerce et du Board
of Trade a été importante, mais aussi la contribution d'une foule
d'autres agents intéressés au développement de la
région. Où devrait-il se situer en permanence? Je n'ai pas de
réponse pour vous. Est-ce que mon collègue a plus
d'imagination?
M. Dinsmore: Je pense que c'est le service de la promotion
économique qui suit les grands dossiers en collaboration avec les
instances locales comme The Board of Trade, la Chambre de commerce, c'est vrai.
Il y a des dossiers de COPEM, à l'intérieur de nos organismes,
qui sont travaillés continuellement. Quant à définir
où devrait se tenir ce débat, on n'a pas de réponse.
M. Goyette: Cela ne veut pas dire, M. le Président, s'il
n'y a pas de lieu unique pour un débat sur le développement ou
sur les grands problèmes économiques auxquels le
député a fait allusion, qu'il n'existe rien. Il y a de nombreuses
interventions qui sont à propos qui donnent des résultats. Ne
serait-ce, pour donner un exemple, que COPEM, qui est en train de mettre sur
pied une société pour le développement du port de
Montréal, pour le marketing du port de Montréal. Cela ne se fait
pas en catimini, cela se fait sûrement avec l'appui des autorités
de la ville de Montréal où les installations portuaires se
retrouvent en grande partie.
M. Léonard: M. Goyette, je ne sais pas si je comprends
bien, mais est-ce que vous souhaiteriez qu'on élargisse le mandat de la
commission permanente des finances en commission permanente de
développement économique de sorte qu'à cette instance, des
gens du monde des affaires, du monde économique pourraient venir poser
des questions ou faire des revendications, quoi que ce soit, établir une
certaine liaison entre le conseil de la communauté urbaine et le monde
des affaires?
M. Goyette: Nous avions souligné dans notre mémoire
de décembre 1980 que des commissions permanentes ou des comités
du conseil devaient être formés pour examiner les activités
de chacun des services de la communauté urbaine. Dans notre esprit,
évidemment, l'Office d'expansion économique était un de
ces services et il y aurait eu une commission permanente de l'expansion
économique qui aurait pu être un de ces forums. Nous ne l'avons
pas repris dans notre mémoire, mais...
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Merci, M. le Président. J'ai une seule
question à poser. À la page 8, touchant le service de police,
vous faites allusion au sentiment souvent exprimé par les citoyens des
banlieues - pour reprendre votre texte - qu'une nette diminution des services,
quant à la qualité et à la quantité des services de
police, est observée, en même temps qu'on a eu dû subir une
hausse des frais de police.
J'aimerais vous demander si ceci est étayé par des
études objectives. Si tel est le cas, j'aimerais les connaître.
D'autre part, c'est possible qu'il y ait eu une hausse de la criminalité
et qu'une plus grande anxiété des citoyens résulte en
cette expression d'opinon qui est fort répandue. Mais je pense qu'il est
peut-être important de l'examiner de plus près; ou on peut
réduire l'anxiété des citoyens ou c'est basé sur
des faits objectifs.
M. Goyette: Madame, il nous est apparu, de façon claire,
que le développement des polices parallèles dans les
municipalités de banlieue semble être une illustration bien
évidente qu'il y a plusieurs endroits, dans la Communauté urbaine
de Montréal, qui trouvent que le service de police n'est pas
adéquat puisqu'ils se donnent eux-mêmes des services de police
dits parallèles. De plus, un certain nombre d'entreprises ont des
services de protection privés qui sont fort coûteux.
C'est cette croissance, c'est ce développement relativement
récent, qui découle sans doute d'un manque de satisfaction envers
le service de police, en particulier ce qui concerne le service de
gendarmerie.
Mme Lavoie-Roux: Vous indiquez certainement un symptôme qui
peut découler de cette diminution de protection. Mais, à votre
connaissance, il n'y a pas de banlieues qui auraient fait des études sur
le nombre de délits - appelons-les comme on veut - depuis cette
transformation. S'il y a augmentation, sont-ils équivalents à
ceux qu'on retrouve dans la ville de Montréal, parce que,
évidemment, on oppose la banlieue à la ville de Montréal?
Il n'y a pas de ce type d'étude qui a été fait? On
pourrait peut-être trouver que les citoyens de Montréal se sentent
moins bien protégés qu'il y a 15 ans.
M. Goyette: On ne connaît pas l'existence de telles
études; peut-être pourriez-vous retenir votre question pour la
poser à M. Corbeil, qui est sans doute plus éclairé que
nous.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Rapidement, trois aspects de votre mémoire. Je
les pose dans l'ordre. À la page 4, vous parlez du fait que la
communauté des affaires de Montréal est consciente de l'impact
pernicieux de certaines politiques publiques sur le développement de la
région, vous faites référence à la grande
région de Montréal. J'aimerais savoir de quelles politiques
publiques il s'agit.
M. Dinsmore: Parmi d'autres politiques, on peut faire allusion
à la difficulté des services aériens à
Montréal, pour n'en souligner qu'une qui a été
mentionnée tout à l'heure. Nous sommes...
Mme Harel: La vocation de Dorval?
M. Dinsmore: C'est ça. Nous sommes actuellement
dotés de deux aéroports et un point d'interrogation semble se
poser quant à l'avenir des deux, et Dorval et Mirabel. Au moment de la
prise de décision d'aller de l'avant avec Mirabel, on était muni
de toutes sortes de projections de trafic aérien qui seraient probables
dans la décennie des années 1980 et après. D'après
ce que nous trouvons maintenant, c'était basé sur des projections
effectuées par le ministère des Transports à Ottawa. En
même temps, nous apprenons que le ministère des Affaires
étrangères était en voie de négocier des ententes
avec des pays étrangers pour accorder des droits d'atterrissage à
Toronto.
On voit que deux ministères du gouvernement fédéral
marchaient à l'encontre l'un de l'autre. On ne peut pas dire que c'est
le seul effet parce qu'il y a aussi la hausse des coûts du transport
aérien en fonction des hausses du coût de l'énergie. Il y a
peut-être toutes sortes d'autres raisons pour la réduction de
l'augmentation du trafic, mais, pour une raison ou une autre, il faut remarquer
que cette discordance au niveau du gouvernement fédéral a
contribué au dilemme où nous nous trouvons actuellement. Nous
croyons que le débat n'aide pas le développement de notre
région. C'était à titre d'exemple.
Mme Harel: Je ne sais pas si vous étiez ici... Oui?
M. Goyette: Je voudrais souligner ici, M. le Président,
que le COPEM a pris l'initiative, il y a quelque temps, de mettre ensemble les
efforts des autorités de la ville de Montréal, de la CUM, des
villes de la rive sud, des sociétés aériennes, des
syndicats des sociétés aériennes et un certain nombre
d'autres que je ne me rappelle pas, pour s'opposer à la proposition qui
s'en vient concernant le transfert de certains vols à Dorval. C'est une
annonce de politique pernicieuse à laquelle nous avons participé
et d'ailleurs, nous avons eu la collaboration de tous ces gens-là, ce
qui est un fait assez rare.
Mme Harel: Merci. Je ne sais si vous étiez ici presque
à la même heure hier soir, mais il y avait des
représentants du syndicat des fonctionnaires cols bleus de la ville de
Montréal qui ont fait état des difficultés lors des
transferts de juridiction d'une ville, d'une municipalité,
particulièrement dans le cas de Montréal, à la
communauté urbaine, concernant le maintien des emplois. Dans votre
mémoire, à la page 3, vous préconisez que les services qui
sont ainsi transférés soient fournis - dites-vous - le plus
possible par l'entreprise privée.
Ma question est à l'effet de vous demander si vous pensez que les
contrats qui sont librement consentis entre les municipalités et leurs
employés, en fait les conventions collectives de travail, et qui
prévoient lors des transferts le maintien des employés à
leurs fonctions sont respectés. Selon la connaissance que j'en ai aussi,
lorsqu'il y a fusion de municipalités ou encore lorsqu'il y a eu des
communautés urbaines, il y a eu respect et maintien dans la plupart des
cas des emplois. Est-ce que vous préconisez qu'on mette fin à ces
conventions collectives de travail?
M. Dinsmore: On n'a pas réellement de réponse
exacte à offrir, sauf que nous croyons que toute fusion ou tout
changement de régime nécessite une planification sur le plan
humain, cela est évident. On ne modifie pas une structure sans tenir
compte des impacts sur les individus. Nous voulons aussi souligner que nous ne
croyons pas que tous les services devraient passer entre les mains d'instances
privées. On insiste sur la
possibilité que certains services pourraient être
réalisés à certains endroits par les compétences du
secteur privé parce que, semble-t-il, il existe des exemples dans
d'autres municipalités d'Amérique du Nord où on a
coupé le coût effectif de ces services.
Je ne pense pas qu'il faille institutionnaliser la notion que tous ces
services doivent être rendus par des employés de la
municipalité ou de la communauté urbaine. C'est cela que nous
voulons souligner ici.
Le Président (M. Laplante): Merci. M. le chef de
l'Opposition. (22 h 45)
M. Ryan: Je crois comprendre que vous recommandez dans votre
mémoire, M. Goyette, que la représentation au conseil de la
communauté se fasse suivant le potentiel fiscal plutôt que suivant
la population. Est-ce que, implicitement, vous ne favorisez pas le principe
voulant qu'une municipalité plus riche aurait une représentation
plus forte qu'une municipalité dont l'évaluation serait plus
faible? Est-ce que ce n'est pas dangereux du point de vue
démocratique?
M. Goyette: Nous proposons que la représentation des
municipalités de banlieue soit répartie suivant le statut fiscal,
suivant le potentiel fiscal entre elles et que chaque municipalité au
moins voit au chapitre si petite soit-elle. Nous préconisons qu'au
niveau du conseil, un même nombre de voix soient accordées
à la ville de Montréal de façon à avoir ainsi la
parité à laquelle M. Dinsmore faisait référence.
Répartition des voix suivant le potentiel fiscal parmi les
municipalités de banlieue et le nombre égal, c'est à la
page 12 du document qu'on retrouve cette référence.
M. Ryan: Quels sont les calculs pour voir quelle
différence cela entraînerait dans la représentation de
chaque municipalité au sein du conseil? Avez-vous fait ces calculs?
M. Vallerand (André): Cela s'apparente au rapport de la
population.
M. Goyette: On a la répartition du potentiel fiscal, non
pas par municipalité, dans le mémoire de la ville de
Montréal, en annexe à ce mémoire. Le potentiel fiscal
n'est pas seulement les valeurs imposables foncières, mais il est une
composante de plusieurs assiettes fiscales: les valeurs imposables
foncières, les valeurs locatives multipliées par un facteur de
5,5, si je ne m'abuse, et certaines autres assiettes fiscales. C'est l'ensemble
de tout cela qui fait que, par exemple, l'assiette fiscale ou le potentiel
fiscal arrive à quelque 44 000 000 000 $ ou 45 000 000 000 $ alors que
les valeurs imposables de l'ensemble des municipalités est de 28 ou de
26 environ. Proportionnellement à ce potentiel fiscal, si une
municipalité a 5% du potentiel fiscal de l'ensemble des
municipalités autres que Montréal, elle aura 5% des voix
accordées à l'ensemble des municipalités de banlieue.
M. Ryan: Je pense qu'il n'y a pas beaucoup de chance que ce soit
retenu.
M. Goyette: Pardon?
M. Ryan: Je pense qu'il n'y a pas beaucoup de chance que ce soit
retenu. C'est le gouvernement qui décidera.
M. Goyette: Le potentiel fiscal est le mode de répartition
actuel des coûts de la communauté urbaine, le mode de
répartition des dépenses générales avec quelques
variantes, c'est le mode de répartition des coûts du transport en
commun. Nous disons: Comme la communauté urbaine est une entité
administrative à qui ont été
déléguées des juridictions et des compétences, la
représentation devrait être fonction des coûts qu'ils
doivent assumer de ces coûts en commun, de ces services en commun.
M. Ryan: Très bien.
M. Goyette: Ces deux-là découlent non pas de la
répartition des personnes, mais de la répartition des charges
financières. La communauté urbaine n'est pas un gouvernement.
C'est une entité administrative.
M. Ryan: Je vais vous dire que je ne suis pas d'accord avec vous,
mais j'ai compris l'explication.
Une autre chose à propos du conseil. Vous dites: Le
président du conseil, il y a parité de représentation, si
je comprends bien; vote prépondérant du président lequel
alternerait chaque année des banlieues à la ville de
Montréal et vice versa.
Est-ce que vous pensez que c'est bon au point de vue de la
continuité de cette fonction? Est-ce que vous ne trouvez pas que c'est
de nature à entraîner une instabilité et des changements
continuels? Est-ce que ce n'est pas une solution de faiblesse finalement?
M. Dinsmore: Nous faisons distinction entre le conseil et le
comité exécutif. Nous proposons l'alternance au niveau du
conseil, au niveau du comité exécutif qui en fait
l'élément administratif, nous proposons la continuité sur
quatre ans. Nous voyons peut-être un problème éventuel dans
l'alternance, mais nous cherchons une formule qui offre la possibilité
d'un certain équilibre entre les deux groupements impliqués.
M. Ryan: Très bien. Maintenant, pour le président
du comité exécutif, M. Dinsmore, quand vous dites qu'il devrait
être élu parmi les membres du conseil, qu'il soit un des douze
membres du comité exécutif, à ce moment-là,
d'après l'économie du projet de loi, il devrait être
élu à la double majorité. S'il n'y a pas d'accord,
acceptez-vous l'idée qui est dans le projet de loi, que cela devrait
être dévolu au ministre de désigner le président?
Sinon, comment allez-vous régler le problème?
M. Dinsmore: II a un vote prépondérant au niveau du
conseil aussi. Le président du conseil dispose d'un vote
prépondérant. Il n'y aurait pas, normalement, un "dead-lock" au
conseil.
M. Ryan: Ce n'est pas ma question. Supposez qu'on est au conseil,
on choisit les membres de l'exécutif et on élit le
président de l'exécutif. D'après le projet de loi - le
ministre me corrigera si je suis dans l'erreur - cela prend la double
majorité, une majorité du côté de Montréal et
une majorité du côté des banlieues. Si vous n'avez pas
cette double majorité, qu'arrive-t-il?
M. Goyette: Ce que nous proposons comme mode d'élection du
président du comité exécutif, c'est qu'il soit
nommé, évidemment, par le conseil d'administration de la
communauté urbaine à la majorité simple. Nous ne
favorisons pas la double majorité.
M. Ryan: Est-ce écrit dans votre mémoire?
M. Goyette: Oui, c'est écrit dans notre mémoire,
aux pages 10 à 12, quelque part dans ça. Nous ne favorisons pas
la double majorité, ce qui donne, en somme, un droit de veto à
chacune des deux parties. Vous remarquerez, de plus, que nous proposons au
conseil des municipalités 28 membres de banlieue et 28 de
Montréal. Il n'y aurait pas de "dead-lock", puisque le président
du conseil aurait un vote prépondérant. S'il y a un vote à
50-50, c'est le président du conseil qui décidera. C'est dans la
logique de notre alternance annuelle pour éviter des affaires qui durent
trop longtemps. Par ailleurs, on voudrait bien qu'il y ait une permanence, au
niveau du comité exécutif, de la présidence.
M. Ryan: Je vais vous poser une question à propos des
référendums. Pouvez-vous donner des exemples de sujets de
référendum qui pourraient intéresser la communauté
urbaine?
M. Goyette: La ligne no 6 du métro ou je ne sais pas quoi.
Nous proposons - cela n'a pas été souligné dans le
résumé que M.
Dinsmore a fait - que les dépenses pour des projets
excédant 200 000 000 $ soient assujetties aux procédures d'un
référendum. D'ailleurs, ce n'est pas nouveau. Cela se fait dans
tout le reste de la province, comme cela a été souligné,
et cela se fait aux États-Unis. À l'occasion d'élections,
il y a des projets d'emprunt ou des règlements d'emprunt qui sont soumis
au référendum. Nous avons cru qu'il ne fallait pas,
évidemment, faire des référendums pour des raisons
futiles. Le seuil de 200 000 000 $ est très élevé et les
projets d'importance qui pourraient être soumis, ce sont les grands
travaux d'assainissement des eaux et de transport en commun. C'est à peu
près tout.
Le Président (M. Laplante): D'accord. M. le
député de Sainte-Anne.
M. Polak: Comme je vous l'avais promis, M. le Président,
une question. Je trouve un peu . étonnant votre mémoire. À
mon avis, si un groupe doit s'intéresser à la ville de
Montréal, ce doit être justement les gars du commerce. Je note
dans votre mémoire que vous n'attachez aucune importance au facteur de
prépondérance. En fait, le ministre a déjà
suggéré ce matin -vous étiez ici j'imagine - que le
président du comité exécutif soit un Montréalais ou
quelqu'un de Montréal. Le RCM, l'Opposition, a même
suggéré cette prépondérance. Évidemment, la
ville de Montréal en a parlé aussi largement. Cela me surprend un
peu et je dois vous dire - j'ai lu le mémoire - que c'est difficile pour
un organisme comme le vôtre de dire: On représente nos membres.
J'ai vu que vous avez fait le travail dans votre comité; ensuite, vous
avez consulté les bureaux d'administration des deux groupements, mais
avez-vous parlé avec vos membres? Je ne veux pas vous prendre par
surprise, mais je suis moi-même président jusqu'à vendredi
- c'est la fin de mon mandat - d'une chambre de commerce qui s'appelle la
petite Chambre de commerce Québec-Pays-Bas. Je peux vous dire que nos
membres ne sont pas du tout de cette opinion et il y en a plusieurs qui sont
membres chez vous. Je ne veux pas attaquer cela, mais je sais que c'est
très difficile pour un organisme comme le vôtre de dire: On est
représentatif d'une opinion. Cela m'inquiète. Pourriez-vous faire
quelques commentaires là-dessus, en deux minutes? C'est ma seule
question.
M. Dinsmore: La seule réponse qu'on peut offrir: Une fois
que le COPEM eut préparé son mémoire, il a
été référé au conseil d'administration des
deux corps concernés et chacun des deux a adopté cela au niveau
de son conseil. Cela n'a pas circulé entre les membres.
M. Polak: Merci.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre, le mot de la
fin.
M. Léonard: D'abord, en ce qui concerne la liste des
compétences, j'aimerais bien savoir, de M. Goyette, en particulier, si
c'est une compétence exclusive à la CUM qu'on veut ou pas, en
termes de promotion économique. Juste oui ou non.
M. Goyette: Non, non, on ne cherche pas une compétence
exclusive.
M. Léonard: D'accord.
M. Goyette: Une compétence partagée.
M. Léonard: Sur un autre point, sur la police judiciaire,
il a été mentionné, à gauche, je pense, qu'on aura
des appuis, si je comprends bien, de vous, de l'Opposition, lorsqu'on
redéposera pour une énième fois le dossier sur la table du
gouvernement fédéral. Je termine en vous remerciant et en vous
annonçant que le compte final entre les Nordiques et Edmonton, c'est
6-4.
Le Président (M. Laplante): Merci, messieurs.
M. Goyette: Nos informations sont aussi bonnes que les
vôtres.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que Gretzky a
compté?
M. Léonard: Ah, je ne le sais pas.
Le Président (M. Laplante): Vous ne le savez pas.
Une voix: II avait une passe. Groupe d'action
municipale
Le Président (M. Laplante): II avait une passe! J'appelle
le Groupe d'action municipale, s'il vous plaît.
Une voix: II aurait fallu voir M. Bellemare.
Le Président (M. Laplante): Messieurs, je vous demande,
à vous aussi, une coopération sur votre mémoire; essayez
de le synthétiser.
M. Fauteux (Gaspard): M. le Président, il nous fait
plaisir de le synthétiser le plus brièvement possible.
Le Président (M. Laplante): Merci.
Identifiez votre organisme et identifiez les personnes qui vous
accompagnent, s'il vous plaît.
M. Fauteux: Gaspard Fauteux, président du Groupe d'action
municipale. À ma droite, M. Nick Auf Der Maur, conseiller municipal;
à ma gauche, M. André Bougie, membre de l'exécutif et
conseiller politique. Avant de débuter, parce que la journée
semble quelque peu à l'humour, on a parlé des grandes choses que
Montréal sait faire et des honneurs qu'on lui donne. Je crois qu'il faut
en être fier. Cependant, on a omis de mentionner - vous vous le rappelez
- qu'on avait un sigle à Montréal et j'ai vu que toute la
délégation municipale en avait. Il me fait plaisir de vous
offrir, M. le Président, ainsi que M. le ministre et M. le leader de
l'Opposition, le sigle de la ville de Montréal. Faut-il rappeler, une
fois de plus, qu'on est fier de ce sigle du fait qu'il coûte 363 000 $.
Je vous procurerais, bien sincèrement, les armoiries de la ville, mais,
comme cela s'en vient un élément rare, je vais les garder pour
moi-même.
Le Président (M. Laplante): La seule différence, M.
Fauteux, c'est qu'on nous en avait tous remis dans les couloirs.
M. Fauteux: Dans le public, c'est une
événement.
Le Président (M. Laplante): C'est une
événement! Ha! Ha!
M. Fauteux: Brièvement, M. le Président, il nous
fait plaisir d'être entendus ici ce soir, particulièrement du fait
qu'après douze ans d'existence il est grand temps que la CUM soit
entendue en commission parlementaire afin, d'une part, de rajeunir sa structure
et de profiter de l'expérience des douze dernières années
pour tenter ensemble de l'améliorer. J'ai l'impression, après
avoir entendu les différentes interventions d'aujourd'hui et avoir eu
accès à certains autres mémoires, qu'à tout le
moins il semble y avoir unanimité sur ce point qu'on veut
améliorer et se servir de notre expérience du passé, plus
particulièrement des douze dernières années. Sur ce point,
l'administration municipale de Montréal, ce matin, a
énoncé que les meilleurs intérêts des
Montréalais peuvent être défendus en quelque sorte par un
certain statu quo au niveau de la communauté urbaine, alors que le GAM
entrevoit une CUM des années quatre-vingt. Dans ce sens, on a, à
l'intérieur du projet de loi no 46, pensé à corriger les
structures, mais on a en quelque sorte, selon le GAM, omis d'autres aspects
importants. Ces aspects, je me permets de vous les énumérer
très brièvement. (23 heures)
II faut s'assurer qu'au niveau de la Communauté urbaine de
Montréal il existe une collaboration et une concertation entre les
partenaires. Pour nous, ça semble être
l'aspect le plus visible des difficultés de mécanisme,
dans le moment, au niveau de la communauté urbaine.
On pense également que le travail que nous faisons ici en
commission parlementaire et ce que le projet de loi prévoit faire est un
travail de déblayage, un travail de rattrapage, un travail de surface
quant aux mécanismes et aux structures de la Communauté urbaine
de Montréal. On souhaiterait très sincèrement qu'on ne se
limite pas uniquement à une commission parlementaire afin
d'évaluer, de moderniser et d'améliorer la communauté
urbaine, mais qu'on crée une commission afin de vraiment aller au fond
du débat quant a la Communauté urbaine de Montréal.
À titre d'exemple de choses qui nous semblent apparentes et qui
ont été en quelque sorte omises au projet de loi - je n'en cite
que quelques-unes, malgré que nous en mentionnions plusieurs, et si on
faisait l'exercice ensemble, nous pourrions en trouver bien d'autres - il y a
l'aspect de la fiscalité. À l'heure actuelle, les
municipalités sont régies par des normes d'évaluation
provinciales et sont obligées d'imposer uniformément les
différentes catégories de propriété. La lourdeur et
la mauvaise répartition du fardeau fiscal sont devenues des causes
d'insatisfaction majeure des contribuables à l'égard de la
communauté urbaine. Toute réforme en profondeur devrait
réévaluer la fiscalité municipale.
L'organisation policière. Le service de police de la
communauté urbaine assume actuellement des responsabilités
d'envergure provinciale en matière de lutte à la
criminalité. Il faudra bien un jour que le gouvernement consente
à lui verser une compensation financière pour sa police
judiciaire. Il faudra aussi se pencher sur le phénomène des
polices parallèles mises sur pied par les municipalités, ce qui
constitue un signe évident d'insatisfaction à l'égard de
l'organisation policière actuelle.
Finalement, l'organisation et le financement du transport en commun. Le
projet de loi no 46 reporte à plus tard la solution aux problèmes
de transport en commun. Pour qu'il puisse fonctionner à la satisfaction
des contribuables, il faudra réaliser l'intégration des trains de
banlieue et l'unification du réseau régional de transport en
commun. Il faudra aussi lever le doute concernant la modification
éventuelle des critères de subvention du déficit de la
communauté urbaine par le gouvernement.
On est aussi, dans le contexte du mémoire, satisfait de certains
éléments. On souhaiterait que ces éléments fassent
l'unanimité et qu'ils soient réglés dans les meilleurs
délais. Ces aspects sont les commissions permanentes ou les cinq
commissions auxquelles on fait référence, le contrôle de la
police et, finalement, l'aspect du contrôle du budget. On y retrouve
aussi certaines omissions apparentes, mais quand même assez simples
à corriger en ce qui touche la période des questions à
l'assemblée du conseil ainsi qu'un mode de référendum pour
les dépenses en capital, crédit, grands projets ou projets
d'envergure, tout comme le COPEM l'a suggéré dans son
mémoire. Je pense que ce sont des choses assez simples, mais qu'il
faudra quand même considérer.
Inversement, on a beaucoup parlé aujourd'hui du problème
de parité ou de majorité au niveau du conseil exécutif. Il
est évident que c'est important. J'ai l'impression que si le
débat est centré autant sur ce phénomène
d'arguments, c'est que ça prouve une fois de plus qu'il n'y a pas
vraiment cette concertation, ce dialogue si nécessaire entre
partenaires. Si on peut corriger la structure, on trouvera des façons et
il sera beaucoup plus facile de trouver les solutions au niveau de la
parité ou de la majorité, bien que le GAM défende,
à tout le moins à ce moment-ci, le besoin d'une majorité,
au niveau de la communauté urbaine, pour la ville de
Montréal.
En résumé, nous demandons à l'Assemblée
nationale de décréter un moratoire sur le projet de loi no 46, un
moratoire qui donnerait suffisamment de temps pour créer une commission
qui pourrait aller au fond du dossier, une commission qui pourrait
réévaluer l'ensemble de la Communauté urbaine de
Montréal. Même, à entendre certaines questions
posées, tant du côté du gouvernement que de celui de
l'Opposition, j'ai cru percevoir un doute à savoir si la
Communauté urbaine de Montréal est la formule idéale dans
le moment. Je me pose la question à savoir si vous vous posez la
question. N'est-il pas normal qu'on y réfléchisse ensemble?
Je voudrais terminer en vous rappelant que le maire a demandé un
seul exemple, ce matin, à savoir où il avait créé
des empêchements quant aux fonctions de la Communauté urbaine de
Montréal. Dans le développement de son argumentation, cet
après-midi, j'ai trouvé certains empêchements de
volonté politique à faire de la Communauté urbaine de
Montréal une communauté qui soit vraiment au service de toutes
les banlieues ainsi que de la ville de Montréal.
M. Auf der Maur: J'aimerais expliquer qu'on connaît
très bien le problème de la CUM et c'est un problème qui
se manifeste surtout par la frustration, pas seulement des maires de banlieue,
mais aussi des citoyens de banlieue. C'est un problème de balance ou
d'équilibre. Comme le député de Mont-Royal l'a
souligné cet après-midi, on sait qu'il y a une frustration qui
existe parmi des gens qui habitent la banlieue et qui paient une grande partie
de leurs taxes municipales à un
organisme qu'ils ne le contrôlent pas. Ils ne contraient pas parce
qu'ils n'élisent pas directement les gens qui dominent cette
organisation; ça veut dire que les gens de Montréal la
dominent.
On aimerait un moratoire car on croit que la loi proposée -
encore qu'il y ait de bons éléments dans cette loi - ne cerne pas
le problème essentiel de la CUM, la balance de la CUM. Ce
problème réside dans la composition géographique et
politique de la CUM. On sait que la CUM a été créée
vers la fin des années soixante pour partager surtout les coûts de
la police et du transport. Grosso modo, on pourrait dire que c'est une
structure plus ou moins dictée ou créée par
l'administration Saulnier-Drapeau à l'époque. Vous savez, dans
les autres agglomérations urbaines, par exemple, Toronto, quand elles
ont décidé de créer un gouvernement urbain
régional, elles ont regardé la carte et elles ont
décidé quelle serait leur agglomération urbaine, elles ont
créé un "borough system". Elles ont changé depuis, mais
à l'origine il y avait cinq ou six "boroughs", elles ont pris la carte
urbaine et elles l'ont divisée en cinq ou six "boroughs" d'une grandeur
plus ou moins égale.
C'est ce qu'on a fait avec la CUM, on a décidé de la
limiter à l'île de Montréal -je ne sais pas pourquoi
l'île de Montréal seulement - et on a gardé les anciennes
frontières politiques, c'est-à-dire de petites banlieues
où on a une situation absurde, on a le maire de Senneville avec une
population de 1500 âmes, alors que, moi, je suis un simple conseiller de
la ville de Montréal et je représente au-delà de 20 000
personnes dans mon district. On n'arrivera jamais à une balance, tant
qu'on gardera ces vieilles frontières et ce vieux système de
banlieue. Il y a 28 banlieues et une grande ville qui domine, on n'aura jamais
une balance.
On peut comprendre la frustration des gens qui habitent la banlieue,
mais ce que ce projet de loi propose afin de donner la parité aux
banlieues, c'est de redresser cette frustration en imposant une injustice
envers la majorité qui est la ville de Montréal. On est donc en
désaccord avec l'idée de parité.
Pourquoi la CUM se compose-t-elle ainsi? Par exemple, on a l'île
Bizard qui fait partie de la CUM. On sait que la seule raison pour laquelle
l'île Bizard se trouve à l'intérieur de la CUM, c'est que
Lucien Saulnier a vécu sur l'île Bizard à l'époque
de la création de la CUM. Pour ma part, je suis résident depuis
presque 40 ans du centre de la ville de Montréal; j'ai visité
l'île Bizard une fois au cours de ma vie, alors que j'avais douze
ans.
Une voix: Cela a bien changé.
M. Auf der Maur: L'île Bizard ne faisait pas alors partie
de la Communauté urbaine de Montréal. Il y a à peine
quelques dépanneurs à ce qu'on me dit, c'est un village
résidentiel. Par contre, comme Montréalais, je visite Longueuil
très souvent, mais Longueuil ne fait pas partie de la CUM. Pourquoi? On
sait qu'on a une ligne de métro qui va à Longueuil, on a des
autobus qui desservent Longueuil et on a une place dans le conseil de la CUM.
Le maire de Longueuil vient à toutes les séances du conseil, vous
ne savez peut-être pas ça. Il n'est pas membre de la CUM, mais il
vient, car il a un droit de vote sur les questions de transport seulement.
Normalement, il siège là et il ne dit rien, il n'a pas le droit
de parole. Mais je me demande pourquoi, quand on regarde la réforme de
la CUM, on n'examine pas la possibilité d'inclure une partie de la rive
sud, peut-être d'inclure une partie de Laval, car il y a beaucoup de gens
qui habitent la rive sud, qui habitent Laval, qui utilisent les services de la
CUM tous les jours. Ils travaillent dans la ville de Montréal et ils
font simplement partie de l'agglomération urbaine de Montréal,
regardez la carte.
Dans une étude de la réforme de la CUM, j'aimerais qu'on
considère ça et aussi qu'on considère l'idée
d'avoir un système de "boroughs". Je ne dis pas qu'on doive
peut-être couper Montréal pour en faire un petit "borough" de la
grandeur de Toronto - the city of Toronto - qui a une population de quelque 600
000 personnes au sein du Metro Toronto, mais d'avoir 28 banlieues qui
pourraient être regroupées en quatre ou cinq "boroughs".
Je sais qu'à l'époque, en 1969, la ville de Westmount a
préparé un mémoire que j'ai trouvé assez
intéressant pour y proposer 14 "boroughs". Mais si on pouvait regrouper
les banlieues en quatre ou cinq "boroughs" et ajouter peut-être
Longueuil, une partie de la rive sud et Laval, cela donnerait une balance
politique à notre structure d'administration, qui s'avère assez
efficace dans les autres agglomérations urbaines. Cela fonctionne
à Toronto. Ils ont fait trois réformes majeures de leur
système depuis les années cinquante. C'est impossible de trouver
une solution parfaite dès le début, mais je crois que
l'expérience des autres agglomérations démontre que le
système de "boroughs" marche. Merci.
Le Président (M. Laplante): Merci, messieurs. M. le
ministre.
M. Léonard: Je vous remercie, messieurs les
représentants du GAM, comme on dit, ou du Groupe d'action municipale, de
votre mémoire et des commentaires que vous avez faits aussi. Je suppose
bien que vous êtes d'accord avec la Communauté urbaine de
Montréal. Cependant, vos dernières remarques me font me poser la
question - je
vais y aller peut-être par d'autres questions - Est-ce que vous
réalisez que, si vous créez des "boroughs", comme vous dites, on
se trouve ou bien à faire disparaître la Communauté urbaine
de Montréal ou à créer un autre niveau intermunicipal?
C'est cela que cela entraîne.
M. Fauteux: Enfin, on ne dit pas qu'on a nécessairement la
solution, M. le ministre. (23 h 15)
M. Léonard: Non, mais j'essaie de comprendre.
M. Fauteux: On se dit que c'est une question qu'on doit se poser,
d'accord? Et, avec 28 partenaires, problème qu'on a simplement
essayé d'expliquer, c'est qu'il n'y a pas nécessairement une
mesure commune avec tous les partenaires ou enfin la mesure commune est
difficile à l'occasion selon le débat.
M. Léonard: Dans le projet de loi, M. Fauteux, vous avez
une représentation à une voix par 1000 habitants, donc, c'est
ça le dénominateur commun.
M. Fauteux: Le dénominateur commun quant au nombre de la
population mais il n'est quand même pas le dénominateur commun
quant aux intérêts d'une municipalité. On ne peut pas
comparer les intérêts de Montréal-Nord avec ceux de
l'île Bizard, Beaconsfield, Westmount, Anjou ou autres villes. C'est
possiblement un problème. On ne veut pas diagnostiquer ce soir le
problème, mais c'est peut-être un argument de fond qui, on
l'espère, inciterait la commission parlementaire à penser en
termes de créer ce moratoire qu'on demande afin d'analyser vraiment
l'ensemble du dossier beaucoup plus en profondeur qu'on semble vouloir le
faire, et le projet de loi, par conséquent.
M. Dinsmore: On n'est pas contre l'idée, on est pour la
CUM en tant qu'une administration régionale qui a été
créée pour partager des coûts essentiellement sur deux gros
services: transport et police. On remet en question la structure qu'on a
créée pour partager ces coûts. Je ne vois pas de grande
difficulté en adoptant un système de "boroughs" pour partager ces
coûts pour donner un meilleur équilibre, pas simplement pour les
élus, mais du point de vue des citoyens qui sont mal servis par le
système actuel car ils ne peuvent pas voter directement. On sait que
c'est Montréal qui domine, qui contrôle. Alors, les gens qui
habitent West Island, les gens de l'Est et de Montréal-Nord, quand ils
vont au scrutin aux quatre ans, ils votent pour qui? Ils votent pour quelqu'un
qui ne peut pas contrôler les dépenses dans ces services
majeurs.
M. Léonard: II y a le sens de l'île, si vous voulez,
qui comprend les 28 municipalités plus Montréal, il y a un autre
axe qu'on pourrait déterminer en termes d'urbanisation qui regroupe
l'île Laval et qui descend jusqu'à Longueuil dans l'autre sens,
mais qui est pratiquement perpendiculaire. À ce moment, peut-être
que ça nous amène à parler d'une table de concertation -
j'en ai parlé hier un peu à l'ouverture - où, sur le plan
des grands objectifs de l'aménagement, des gens s'assoiraient autour de
la table, une fois ou deux par année, et examineraient un peu où
tout ça s'en va. Je pense que ça se conçoit. D'autant plus
qu'au niveau du transport en commun il y a déjà une liaison avec
la rive sud. Il y a aussi certains systèmes de transport en commun. Mais
il me semble qu'on commence à s'élargir, à s'enfler un
peu. Créer une institution, ça me paraîtrait beaucoup pour
prendre des décisions qui, en fait, impliquent plutôt de la
concertation que des décisions d'aménagement. Ce serait une
entité vraiment très grosse à l'intérieur du
Québec.
Cela peut faire l'objet d'une table de concertation. Je ne nie pas la
nécessité de faire ça. Par exemple, l'an dernier, le
sommet économique a été une table de concertation, je
pense, qui a été efficace, qui a été un
succès pour tout le monde et qui a, il me semble, donné des
fruits. Je ne pense pas qu'il faille créer une institution pour
gérer cela. Revenons, maintenant, au niveau de l'île de
Montréal. Si l'on crée des "boroughs", ça veut dire
qu'à un moment donné il faut les institutionnaliser d'une
certaine façon. C'est pour ça que j'en arrive à la
conclusion que, si vous voulez garder la Communauté urbaine de
Montréal et avoir des "boroughs", nous créons, de facto, une
autre instance, un autre palier intermunicipal; cela me paraîtrait
beaucoup.
M. Dinsmore: Je ne comprends pas. Comment un autre, au lieu
de...
M. Léonard: Vous avez les municipalités, vous
auriez les "boroughs" et il faudrait les institutionnaliser d'une certaine
façon.
M. Dinsmore: Non, quand...
M. Léonard: Ensuite, la communauté urbaine, donc
vous êtes à trois niveaux.
M. Dinsmore: Excusez, mais quand je propose les "boroughs", je
les propose pour remplacer les divisions...
M. Léonard: Les municipalités. Alors, ce sont des
fusions en série.
M. Fauteux: Enfin, on ne vous demande pas de modifier la loi en
ce sens aujourd'hui.
On vous demande de vous pencher sur la question. Je ne pense pas qu'on
puisse résoudre ceci ce soir ou dans les trois prochains jours ou encore
dans le projet de loi.
M. Léonard: Effectivement, c'est une hypothèse qui
a été envisagée dans les années soixante et onze ou
soixante-douze. Vous avez eu le rapport Hanigan là-dessus qui a
examiné un certain nombre d'hypothèses - peut-être qu'il y
avait des étapes, même, finalement - de réduire le nombre
des municipalités d'abord à 19, à 13 et ensuite à 5
ou 7. En tout cas, il y avait deux hypothèses de ce genre. Il y a dix
ans environ qu'elle a été émise, mais je ne pense pas
qu'elle ait duré. Elle a fait long feu. On n'en a plus parlé par
la suite. Je pense que tous les phénomènes de fusion municipale
posent des problèmes majeurs à ceux qui les font très
souvent au niveau municipal. Je ne suis pas sûr que cela règle les
questions de fond, parce que finalement, ce qu'on cherche, c'est de rendre les
services.
M. Auf der Maur: On a tous des problèmes, vous savez, dans
le même sens. On sait tous qu'on a une mentalité de deux blocs. Il
y a Montréal et il y a le reste. À cause de la faiblesse relative
de chacun des autres membres, chacun se sent obligé de se rallier tout
le temps à un bloc. Si on pouvait diviser le poids de la politique
à l'intérieur de la CUM, cela pourrait peut-être changer la
mentalité.
M. Léonard: Mais si vous me dites que vous divisez les
poids politiques ou les blocs politiques à l'intérieur de la CUM,
voulez-vous dire que vous voulez diviser la ville de Montréal?
M. Auf der Maur: Cela donnera une Rivière-des-Prairies,
par exemple, en commençant, une petite colonie à
l'intérieur... Je ne veux pas annexer Vestmount, mais souvent,
quand j'essaie d'expliquer aux gens que je l'encontre, aux autres politiciens
municipaux de l'extérieur de Montréal, soit à Calgary,
Toronto ou Vancouver, que Westmount est une ville indépendante
entièrement entourée par la ville de Montréal, ils sont
perplexes. C'est même une anomalie. On sait que des anomalies nous
rendent riches parfois. Il est bon d'avoir des anomalies comme cela, mais
à un moment donné, il faut se poser la question.
M. Léonard: Ne croyez-vous pas que le fait qu'il y ait,
par exemple, deux groupes, supposons, à l'exécutif,
peut-être voteront-ils systématiquement pour un bout de temps l'un
avec l'autre ou l'un contre l'autre, mais qu'à un moment donné
cela va s'amalgamer, se rediviser un peu autrement? Lorsqu'il y aura des appels
de la décision du président au conseil à la suite d'un
veto et que cela oblige...
M. Auf der Maur: Oui, souvent.
M. Léonard: ... une partie ou l'autre à faire du
shopping chez l'autre, ne pensez-vous pas que cela va contribuer à
diviser les blocs un peu?
M. Auf der Maur: M. le ministre, je dois dire que je n'ai jamais
eu la chance de faire de la politique à l'intérieur du conseil de
la CUM. Jusqu'à maintenant, il n'y a jamais eu de shopping ou de... Je
ne sais pas, on fait...
M. Léonard: Non, non, il n'y en a pas à l'heure
actuelle, mais...
M. Auf der Maur: Oui, mais je soupçonne que cela viendra
avec...
M. Léonard: Sur ces questions importantes, je vais vous
poser une question rapidement, je sais que le temps passe: le Groupe d'action
municipale à Montréal voterait-il avec le parti au pouvoir, par
exemple, avec le Parti civique?
M. Auf der Maur: Cela arrive. Parfois, je vote avec le parti au
pouvoir et parfois, je vote avec la banlieue.
M. Léonard: Mais je parle d'un vote au niveau du conseil
de la CUM.
M. Auf der Maur: Oui, oui. Parfois, je vote avec...
M. Fauteux: C'est dans la perspective de la communauté
urbaine. Il faut regarder l'ensemble.
M. Léonard: Oui, c'est cela.
M. Auf der Maur: Je dois dire que mes premières
pensées, mon premier attachement, c'est dans l'intérêt de
la ville de Montréal. Ensuite...
M. Léonard: Pour vous, par exemple, l'élection
à la présidence est un vote très important et
automatiquement, vous préféreriez voter pour quelqu'un du Parti
civique plutôt que pour quelqu'un de la banlieue?
M. Auf der Maur: We have been so out of it, you know. It does not
matter which way we vote. Je n'ai jamais...
M. Léonard: Vous n'avez pas vécu cette situation,
mais si vous la viviez?
M. Auf der Maur: Je dois dire que je n'ai jamais voté dans
une situation où mon vote a fait une différence.
M. Léonard: Un vote a toujours son importance en soi, je
pense.
M. Auf der Maur: Oui, c'est une fonction de notre position
politique. On a eu 24% ou 25%...
M. Léonard: Si vous êtes tout seul, de toute
façon, vous devez le justifier vis-à-vis d'autres
électeurs et ultérieurement dans le futur aussi.
M. Auf der Maur: Non, on a eu 25% du vote, mais...
Une voix: ... pas des chanceux quand on siège.
M. Léonard: Mais quant à - je reviens
là-dessus - la question de la présidence serait une question
importante et vous voteriez avec le Parti civique?
M. Auf der Maur: Oui, car les gens qui m'élisent,
après tout, sont des résidents de Montréal et ma
première obligation est envers les résidents de Montréal.
Je crois, d'après mon expérience durant sept ans à la CUM,
que ce sont les représentants de Montréal qui défendent le
mieux les intérêts de mes électeurs. Je ne vise pas
l'expérience de M. Des Marais comme président de la CUM; je
trouve que c'est un bon président et je ne suis aucunement en
désaccord fondamental avec lui. Je ne suis pas contre l'idée
qu'on puisse avoir un président représentant la banlieue. Quant
à mon choix fondamental, ma préférence sera pour un
Montréalais.
M. Léonard: Juste pour aller plus loin, est-ce que vous
pensez que le vote pour la présidence de l'exécutif devrait
être monolithique en ce qui concerne le vote de Montréal?
M. Auf der Maur: Non, mais, malheureusement, la
réalité est comme cela, maintenant, avec notre système
de...
M. Léonard: Non, non. Je vais reprendre. Est-ce que vous
considérez que Montréal devrait voter en bloc quand il s'agit de
la présidence?
M. Auf der Maur: Non, pas nécessairement. Comme je vous le
dis, si j'étais convaincu qu'un candidat de la ville de Saint-Laurent ou
d'Outremont avait vraiment à l'esprit de défendre le
bien-être de toute la communauté au lieu de défendre un
bloc, comme c'est le cas aujourd'hui, je pourrais être amené
à voter pour lui, mais pour le moment, avec notre structure actuelle,
ils sont quasiment forcés de défendre un bloc plutôt qu'un
autre.
M. Léonard: Hum! Écoutez, je ne veux pas prendre
tout le temps de la commission pour... Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Laplante): M. le chef de
l'Opposition.
M. Ryan: Pour le moratoire que vous demandez et l'enquête
qui l'accompagnerait, quelle sorte d'enquête voyez-vous? Est-ce que ce
serait une enquête royale ou un groupe de travail formé par le
gouvernement? Qu'est-ce que ce serait exactement?
M. Fauteux: Ce serait plus qu'un groupe de travail. Cela pourrait
avoir la forme d'une enquête royale ou d'une commission qui serait
mandatée et aurait le mandat très clair de faire un bilan de fond
quant à la structure et à la formation de la communauté
urbaine.
M. Auf der Maur: On aurait plutôt
préféré que la CUM ne fasse pas une proposition pour notre
conseil.
Malheureusement, lors de nos réunions, on n'a pu arriver à
un consensus. Il y a eu deux propositions de réforme, une de la banlieue
et une de la ville de Montréal. On passe un moratoire et c'est possible
qu'il y ait un changement d'administration dans quelques banlieues, et il y a
aussi cette possiblité à la ville de Montréal, en
novembre, car c'est une année électorale. Après novembre,
il y aura peut-être une nouvelle volonté de notre part d'arriver
à un consensus. Je pense que vous devriez être d'accord que ce
serait préférable, pour nous, d'arriver à un consensus, de
proposer une réforme qui conviendrait à tout le monde dans la
communauté. À ce jour, cela a été impossible, mais
nous espérons qu'on pourra arriver à un consensus dans
l'avenir.
M. Fauteux: La consultation, également, sera beaucoup plus
grande, on est quand même limité à 19 intervenants.
M. Ryan: Vous faites des critiques sévères sur le
mode de fonctionnement du comité exécutif et sur le régime
prévu pour la CTCUM. Pouvez-vous préciser ces critiques et dire
ce que vous verriez comme amélioration possible? Ce sont les pages 13 et
14 de votre mémoire.
M. Fauteux: Au niveau du comité exécutif?
M. Ryan: Oui, et ensuite, la CTCUM.
Ce n'est pas clair dans le texte. Vous faites des critiques mais on a
peine à voir ce que vous voulez exactement.
M. Fauteux: Ce n'était pas clair pour nous quand nous
l'avons écrit. On dirait qu'il y a un énoncé, au
troisième paragraphe, qui n'est pas conforme au projet de loi. En fait,
ce qu'on a essayé de définir à cette page, c'est qu'il
nous semblait, en apparence - et là on admet qu'on s'est fourvoyé
en quelque sorte - qu'il y avait un mécanisme prévu qui, de par
le droit de veto, permettait ou pouvait permettre à la ville de
Montréal ou aux banlieues d'avoir non pas cette majorité, mais
plutôt ce droit de veto leur permettant d'éliminer, dans un sens,
le droit de majorité qu'on exprime depuis ce matin ou depuis hier.
Est-ce que je réponds à votre question?
M. Ryan: Ce n'est pas trop clair.
M. Bougie (André): En fait, ce qu'on essaie d'expliquer,
c'est que le projet de loi prévoit des mécanismes tellement
compliqués qu'on arrive à dire qu'ils risquent d'être
inefficaces et de perpétuer le climat d'affrontement qui existe à
l'heure actuelle à l'intérieur du comité exécutif
entre la ville de Montréal et les villes de banlieue. Aussi, le
président du comité exécutif, dont on dit qu'il doit
être choisi parmi les élus, mais qui, ensuite, doit
démissionner de son poste d'élu, dans le fond, ça
crée un haut fonctionnaire dont on se demande quels seraient les vrais
pouvoirs quand on considère que cet individu chapeauterait un
comité exécutif qui, lui, continuerait d'être
composé d'élus. Cela nous paraît une formule
extrêmement lourde qui risque d'être inefficace. Comment un
non-élu peut-il ensuite siéger et, éventuellement, exercer
son vote prépondérant face à des élus?
Peut-être que ça peut fonctionner, mais ça semble lourd
comme mécanisme et, à notre avis, ça semble voué
à l'inefficacité.
M. Fauteux: En plus d'être lourd, ce mécanisme
présente un autre problème. Le mécanisme prévoit
qu'un élu, maire de Saint-Laurent, d'Outremont, de Montréal, peu
importe, qui a obtenu un mandat lors d'un scrutin pour devenir le maire ou un
conseiller municipal, soudainement, se voit enlever ce mandat pour
accéder à la présidence. On enlève ipso facto le
choix des élus et on doit recommencer le processus électoral dans
la ville où la situation se présente. Tout le processus
électoral risque non seulement en argent, mais en temps et en efforts
d'apporter très peu de résultats.
Je me vois très mal aller voter pour M. Untel, maire de
Montréal-Nord, de ville Saint-Laurent ou de Beaconsfield, peu importe,
et que, par la suite, ce monsieur devienne le président du comité
exécutif.
Cette banlieue devra retourner au scrutin dans un délai X et
élire un nouveau maire. Si on procède à l'exercice plus
loin et qu'on s'aperçoit, soit par historique, par canular ou par
évidence même, que l'individu tente de se faire élire
à titre de maire ou de conseiller municipal d'une ville de banlieue ou
de Montréal dans le but d'arriver à la fonction de
président du comité exécutif, pour nous, il y a un certain
illogisme. Il y a un exercice démocratique d'élection qui s'est
fait, ni plus ni moins, pour rien.
M. Ryan: Tantôt, j'ai cru comprendre que vous disiez
défendre, à tout le moins à ce moment-ci, le principe
d'une majorité pour la ville de Montréal au sein de
l'exécutif de la communauté urbaine. Ce n'est pas écrit
dans votre mémoire, mais c'est une chose que vous avez dite et qui a
autant d'importance que le reste de vos observations. Quand vous dites
"à tout le moins à ce moment-ci", c'est en supposant que se
ferait l'enquête dont vous parlez, pendant la période de
transition.
M. Fauteux: D'après nous, on met trop d'emphase quant
à la majorité ou à la parité des deux parties. Il
semble aussi prioritaire et aussi important qu'on regarde d'autres facettes du
dossier, qui ne sont pas nécessairement discutées, tout comme on
est également en grand accord avec d'autres facettes du projet de loi.
Il faut aller au fond des choses et ne pas se limiter à discuter
uniquement de cet élément de parité ou de
majorité.
M. Bougie: En somme, si je peux replacer le débat sur un
autre plan, ce qu'on dit, c'est que ce projet de loi comprend un certain nombre
de réformes extrêmement intéressantes et qui seraient
extrêmement faciles à appliquer. On en retient trois. Les
commissions permanentes du conseil de la communauté urbaine, c'est une
excellente idée. D'ailleurs, ce serait aussi une excellente chose
à faire à l'hôtel de ville de Montréal. Que le
conseil de la communauté urbaine puisse exercer un véritable
contrôle sur le budget, cela aussi, ça fait longtemps que
ç'aurait dû être fait et ça pourrait également
être fait à la ville de Montréal.
Troisièmement, on dit que le projet de loi no 46 propose que les
élus, le conseil et le comité exécutif puissent exercer un
contrôle sur le service de police; ça aussi c'est une excellente
réforme, mais tout le sens de notre mémoire repose sur le fait
suivant; ces trois réformes - et quelques autres qui sont dans le projet
de loi, comme le directeur général, etc. - c'est une couche de
peinture que l'on met sur la communauté urbaine et qui va certainement
améliorer des choses dans l'immédiat, mais ça ne
règle pas les problèmes de fond. Dans le mémoire, on
en nomme six et, si on voulait faire l'exercice, je pense qu'on pourrait
en trouver six ou douze autres. Dans le fond, il y a une foule de
problème qui ne sont pas touchés et qu'il faudrait prendre le
temps de regarder. Par exemple, quiconque lit les journaux ces temps-ci se rend
compte d'une chose, c'est que dans l'ouest de l'île de Montréal il
y a une grande insatisfaction à l'heure actuelle concernant la
fiscalité, concernant les hausses de taxes, concernant
l'évaluation, concernant le mode de taxation. On ne peut pas
prétendre qu'on règle le problème de la Communauté
urbaine de Montréal quand on ne tient pas compte de ce
phénomène et qu'on ne tient pas compte - le temps passe, je ne
les répéterai pas - des six éléments qu'on nomme
ici.
Il y a donc des choses qui sont intéressantes dans ce projet de
loi; ça fait longtemps que ça aurait dû être fait,
c'est bien qu'on y pense et qu'on les fasse, mais il y a aussi d'autres choses.
Dans le fond, ce qu'on suggère c'est qu'on prenne le temps d'examiner
ces éléments.
Le Président (M. Laplante): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: En guise de remarques préliminaires, je
voudrais simplement dire que je partage votre sentiment quant à ce qui
m'apparaît un aspect non démocratique, soit un président du
comité exécutif qui, élu au départ, abandonne sa
fonction et devient une sorte de fonctionnaire dont le mandat peut être
renouvelé une autre fois sans qu'il ait été
réélu. Je pense qu'on attribue trop de pouvoir magique au fait
que, s'il démissionne de la fonction où il a été
élu, ça va tout à coup lui assurer la non-partisanerie. Je
pense qu'on s'illusionne là-dessus; je n'ai malheureusement pas entendu
tous les mémoires présentés aujourd'hui, mais il semble y
avoir une espèce de consensus à l'égard du
président actuel de la Communauté urbaine de Montréal, qui
a conservé son poste d'élu et, à moins que je ne m'abuse,
je n'ai entendu personne dire que ça l'avait empêché de
prendre les intérêts de la Communauté urbaine de
Montréal. C'est peu démocratique, ce système de nomination
d'un individu qui n'est pas élu ou qui serait nommé une
première fois et qui est presque assuré d'être là
pendant huit ans; il deviendra forcément un fonctionnaire. Dans un
système démocratique comme la Communauté urbaine de
Montréal, je pense que ce n'est pas souhaitable. En tout cas, c'est mon
point de vue personnel, je ne sais même pas si c'est partagé par
mes collègues, mais je tiens à le dire.
Vous mentionnez la question de la réorganisation
géographique, etc. Je pense bien que ce n'est pas pour demain matin de
toute façon. Il y a certainement des points de vue que vous faites
valoir qui sont intéressants, par exemple quand vous parlez, à
cet égard, de la rive sud et de la rive nord qui
bénéficient des services de la ville de Montréal ou de la
Communauté urbaine de Montréal; vous dites que déjà
la rive sud participe au point de vue du transport. Dans l'hypothèse
où il n'y aurait pas une réorganisation géographique,
est-ce que vous voyez d'autres services où la rive sud et la rive nord
pourraient être appelées à contribuer, en dehors du
transport? Dans le moment, je pense que du moins la rive sud contribue.
M. Auf der Maur: La raison pour laquelle la CUM a
été créée en premier lieu, c'était qu'il y
avait un centre urbain, la ville de Montréal, qui ne desservait pas
uniquement les citoyens de cette ville, mais aussi les gens qui travaillaient
dans cette ville. Il est bien évident qu'il y a beaucoup de gens de la
rive sud qui travaillent à Montréal et utilisent nos routes, nos
services de transport, nos parcs, etc.; pour n'en nommer qu'un: Terre des
hommes, qui est financé en partie par le gouvernement provincial;
celui-ci nous verse une subvention. Dans ce sens, la rive sud paie vaguement
une somme. Par exemple, nos parcs régionaux sont utilisés par des
gens de l'extérieur de l'île de Montréal. Toutes les choses
qu'on paie, tous nos services sont utilisés par ces gens et
l'idée de la CUM, c'était de partager les coûts d'une
façon équitable parmi tout le monde qui habitait dans une
région urbaine.
Mme Lavoie-Roux: Je saisis votre idée. Dans le moment, on
sait que tel est le cas, du moins à l'égard de la rive sud pour
ce qui est du transport. Je ne sais pas dans quelle proportion... Est-ce qu'il
y a d'autres services...
M. Fauteux: Je pense qu'on peut...
Mme Lavoie-Roux: ... qui, sans voir à toutes...
M. Fauteux: Oui, pas nécessairement un service comme tel,
mais, dans l'esprit d'une administration communautaire, la CUM, il faut penser
aussi à son développement économique. On ne peut pas
concevoir ou limiter le développement économique à une
ville, on peut encore moins le limiter à une île, mais le
développement économique de Montréal dite région
doit englober d'autres municipalités, ou peut englober d'autres
municipalités. Dans le cadre uniquement du développement
économique, je pense qu'il y a également vraiment matière
à faire le bilan, à savoir qui sont nos partenaires et qui
peuvent être nos partenaires.
Les retombées économiques, que ce soit à Longueuil,
à Montréal ou à Laval, bénéficient à
Montréal, bénéficient à la région, à
la communauté urbaine et à la ville. C'est également dans
ce sens-là qu'on cherche à s'assurer qu'on parle et qu'on inclut
tous les vrais partenaires.
M. Bougie: On pourrait aussi ajouter l'épuration des
eaux.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Bougie: Prenons le cas de la rivière des Prairies,
c'est au moins autant Laval que les villes de l'île de Montréal
qui polluent la rivière des Prairies et on pourrait prendre beaucoup
d'exemples, mais, dans le fond, c'est une entité artificielle,
l'île de Montréal et la communauté urbaine. Quand on pose
des problèmes de développement économique ou d'autres,
dans le fond, ça dépasse l'île très souvent.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas si le ministre me permettrait une
question, M. le Président. Les représentants du GAM et les
représentants du groupe qui ont précédé ont fait
allusion à la possibilité d'un référendum. On sait
qu'une des plaintes des citoyens des banlieues, est qu'ils n'ont pas leur mot
à dire, compte tenu du poids de Montréal, etc. L'idée d'un
référendum sur des choses importantes - je pense qu'on ne peut
pas faire de référendum sur à peu près tous les
sujets - est-ce que ceci ne donnerait pas aux citoyens de l'ensemble de
l'île de Montréal le sentiment qu'ils sont plus participants aux
décisions de la communauté urbaine? Est-ce une idée que
vous avez abandonnée complètement? J'aimerais peut-être
avoir vos réactions là-dessus.
M. Léonard: C'est à moi que vous posez la question
sur le référendum?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Léonard: On écoute ce que les gens disent, ce
n'est pas à moi à répondre aux questions ici. Remarquez
que...
Mme Lavoie-Roux: II y a des ministres qui répondent, vous
savez.
M. Léonard: Oui. On écoute les suggestions. Je
pense que, sur le plan du référendum - je veux simplement donner
une remarque - à l'heure actuelle, ça poserait quelques
difficultés à l'intérieur du territoire de la CUM parce
qu'il faudrait définir les secteurs. Si vous passez un
référendum, par exemple, pour un service de transport, ceux qui
l'ont déjà vont voter contre dans toute l'île, alors que
ceux qui ne l'ont pas vont voter pour, évidemment. Mais où se
dégage la majorité? Qui doit définir la majorité
là-dedans? C'est toute cette question-là, sauf que cela se
résout, c'est bien sûr, mais l'idée en soi est...
M. Bougie: Concernant les référendums, c'est une
procédure utilisée très fréquemment dans beaucoup
de municipalités et on ne voit pas pourquoi on ne pourrait pas y penser.
Je comprends vos réticences, à savoir comment cela pourrait
être organisé, mais il faudrait peut-être au moins penser
à des formules qui pourraient rendre ça accessible sur le
territoire de la communauté urbaine.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Nous allons
sûrement tenir compte de l'ensemble des mémoires qui ont
été déposés, mais il y a quand même une
remarque que je veux faire. C'est que le projet de loi no 46 contient
au-delà de 170 articles et on s'est accroché à deux
articles en particulier, soit celui qui traite de la composition du conseil et
de l'exécutif, et aussi des commissions. Il faut tenir compte d'un
aspect tout à fait particulier, je pense, c'est la question des
entités locales. (23 h 45)
Les municipalités sont de petits gouvernements locaux qui
exercent et qui exerceront toujours une certaine rivalité entre elles,
soit une compétition au point de vue industriel pour tenter d'y amener
une industrie plutôt que dans une autre municipalité. Il y a
l'impact social, culturel et économique qui est très important.
En 1969, quand on a créé les communautés urbaines et
régionales, c'était sous une certaine forme de regroupement
déguisé, c'est-à-dire mettre en commun certains services
dans le but de minimiser les dépenses. Ce qui n'a malheureusement pas
apporté les économies qu'on aurait pu souhaiter à cause
d'un certain chevauchement de services qui s'effectuait par des
municipalités mieux desservies, mieux structurées et des
municipalités peut-être un peu moins structurées. Je
comprends que nous allons devoir trouver la formule magique pour arriver
à tenter de plaire à l'ensemble des municipalités, mais il
n'en demeure pas moins qu'un certain leadership s'exerce naturellement par une
municipalité qui comprend l'ensemble des services qu'elle peut offrir et
des services qu'elle offre automatiquement par sa fonction.
J'ose souhaiter que nous allons tenter de trouver ensemble cette
volonté de faire partie d'une communauté urbaine comme celle de
Montréal et l'effort qui est demandé à tous les
participants autour d'une table afin de rendre plus efficaces les services
qu'elle peut donner à cette collectivité. Je trouve quand
même assez surprenant qu'avec 171 articles on se soit toujours
accroché, parmi les intervenants qu'on a entendus, plus
particulièrement, à la forme de représentativité
autour de cette table de décision. Ce serait sûrement
intéressant, à la conclusion finale, soit en deuxième et
troisième lecture, de trouver le modèle quasi parfait d'une
municipalité ou d'une communauté urbaine. Je voulais simplement
mentionner qu'on a peut-être omis la municipalité régionale
d'Ottawa-Carleton qui, elle, choisit son président parmi la population
ou parmi ceux qui voudraient mettre leur candidature au poste de
président.
Dans le cas actuel, c'est un ancien maire d'une municipalité
rurale qui occupe le poste de président et on y retrouve encore une
certaine rivalité parce que ce maire représentait une
municipalité de banlieue d'Ottawa. Je pense qu'on n'éliminera
jamais le fait qu'un président a toujours des tendances axées
vers le milieu dans lequel il a vécu, où il a exercé sa
fonction de maire ou de conseiller. On a examiné des exemples comme
Munich ou Toronto. Je pense qu'à toutes fins utiles, c'est la
volonté des gens du milieu de vouloir faire quelque chose dans une
région donnée et d'examiner ce qui peut être fait ensemble
plutôt que d'examiner les rivalités qui peuvent exister. On aura
sûrement l'occasion de tenter de trouver cette formule qui pourrait
satisfaire le plus grand nombre possible des intervenants que nous avons
entendus tenant compte que le gouvernement aura aussi effectivement à
adopter cette loi dans un avenir assez bref.
Le Président (M. Laplante): Si j'ai bien compris, ce sont
des commentaires que vous faisiez, M. le député de Hull.
D'accord.
M. Rocheleau: Ce sont des commentaires, cher
président.
Le Président (M. Laplante): M. le ministre.
M. Léonard: Nous sommes au terme d'une journée
remplie. Nous avons eu des témoignages intéressants du
début jusqu'à la fin. Je remercie les représentants du
Groupe d'action municipale de leur mémoire, de leur témoignage.
Après deux ans de témoignages, je dirais même encore plus,
mais au moins sur le plan écrit, il y a eu des mémoires qui ont
été produits par des groupes l'an dernier et des consultations
qui ont été faites au cours de l'hiver avec un comité
ministériel sur la question qui a rencontré les principaux
intervenants, il me semble que c'est le temps d'en arriver à des
modifications qui ne bouleversent pas la terre non plus, mais qui apportent
quand même des changements importants à la Loi de la CUM. Je veux
bien qu'on puisse retarder d'un an, mais il me semble que s'est
déjà suffisamment avancé, il faut qu'on procède. Je
vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Laplante): Messieurs, merci de votre
participation. Les travaux de cette commission sont ajournés à
demain 10 heures.
(Fin de la séance à 23 h 50)