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(Dix heures vingt-quatre minutes)
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des affaires municipales se réunit pour
étudier les crédits du ministère des Affaires
municipales.
Les membres de la commission pour la séance d'aujourd'hui sont:
M. Bissonnet (Jeanne-Mance), M. Caron (Verdun), M. Dubois (Huntingdon), M.
Fallu (Groulx), M. Lachance (Bellechasse), Mme Lachapelle (Dorion), M.
Léonard (Labelle), M. Ouellette (Beauce-Nord) remplacé par M.
LeMay (Gaspé), M. Rochefort (Gouin), M. Rocheleau (Hull), M. Tremblay
(Chambly).
Les intervenants sont: M. Beauséjour (Iberville), M.
Bélanger (Mégantic-Compton), M. Brouillet (Chauveau), M. Desbiens
(Dubuc), M. LeBlanc (Montmagny-L'Islet), M. Picotte (Maskinongé), M.
Ryan (Argenteuil), M. Saintonge (Laprairie).
Il y aurait lieu, maintenant, de nommer le rapporteur de cette
commission. Est-ce qu'il y aurait des suggestions?
M. Fallu: Le député de Gaspé.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Gaspé. Cela va pour tout le monde?
M. Caron: Oui, je pense qu'il va bien faire cela.
Le Président (M. Bordeleau): Le rapporteur de la
commission sera donc le député de Gaspé.
Avez-vous des remarques préliminaires dont vous voulez faire part
à la commission, M. le ministre?
M. Léonard: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Je vous cède la
parole.
Exposés préliminaires M. Jacques
Léonard
M. Léonard: M. le Président, mesdames et messieurs
les députés membres de la commission des affaires municipales, je
suis très heureux, comme administrateur, de porter à votre
connaissance ce matin un budget de fonctionnement qui respecte deux principes
auxquels je tiens beaucoup depuis que je suis titulaire du ministère,
soit la plus grande efficacité possible de tous les rouages et de tous
les crédits mis à la disposition du ministère et,
deuxièmement, la plus grande autonomie et responsabilité
financière possible de l'ensemble des municipalités du
Québec.
J'accorde une très grande importance aux travaux que nous
entreprenons aujourd'hui et je considère que l'expérience
municipale de très nombreux élus qui participent à cette
table de travail nous aidera à l'étude de ces crédits de
1982-1983. Je considère qu'il est aussi heureux que l'Opposition accorde
de l'importance à ces travaux, même s'il manque quelques
députés de son côté ce matin.
M. Rocheleau: Ce n'est pas la quantité, M. le
ministre.
M. Léonard: Les années quatre-vingt sont
visiblement des années municipales; les Québécois
s'occupent plus et vont s'occuper plus de leur municipalité. Ils sont
plus exigeants envers les services qu'ils en reçoivent; ils sont plus
conscients des efforts fiscaux nécessaires à leur budget avec
l'avènement d'une récession économique. L'ensemble du
monde municipal se sort très bien, je crois, jusqu'ici, de ces tendances
économiques nord-américaines à la stagnation ou à
la récession, en partie à cause de ses habitudes
budgétaires, mais en partie, aussi, à cause de certains
bénéfices - on doit le souligner - qui sont issus de la nouvelle
fiscalité municipale.
Je viens donc ici comme un administrateur, comme un gestionnaire de
taxes payées par des Québécois, conscient de la somme de
travail qu'il y a derrière ces milliers de dollars, conscient que cet
argent doit être le plus efficace possible, dollar par dollar, pour le
bien du plus grand nombre de citoyens possible.
Pour toutes ces raisons, il me fait plaisir de souhaiter la bienvenue
à tous ceux qui sont venus suivre nos travaux. Si nous avons
déjà répondu aux demandes de renseignements que nous avait
faites l'Opposition auparavant, nous avons aussi invité des
fonctionnaires du ministère et des représentants des commissions
et sociétés dont le budget apparaît à nos
crédits.
Je souhaite donc qu'au cours de tous ces travaux nous n'ayons tous qu'un
objectif,
celui de faciliter et de favoriser le plus de liberté d'action
possible aux maires et aux conseillers municipaux qui doivent répondre
au jour le jour de la qualité de la vie municipale qu'ils offrent
à leurs contribuables.
En faisant un survol rapide des crédits budgétaires totaux
du ministère, on devrait convenir très rapidement des
premières constatations, des constatations de type
général. Premièrement, un premier coup d'oeil sur les "en
lieu" de taxes qui sont à la hausse. Nous avons réussi à
préparer un budget qui respecte les objectifs de restrictions que ces
années exigent sans toucher à l'efficacité du
ministère.
Depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle fiscalité, les
crédits du ministère ont pratiquement doublé. Ils
étaient de quelque 210 000 000 $ en 1979-1980 et atteignent, cette
année, 413 000 000 $.
Cependant, nous présentons un budget qui est quand même de
1,9% inférieur à celui de l'an dernier sans amputer de quelque
façon les paiements de transfert que constituent les taxes payées
par le gouvernement du Québec aux municipalités. Bien au
contraire, nous prévoyons verser quelque 49 000 000 $ en taxes sur les
immeubles du gouvernement, alors que nous en avons versé près de
37 000 00 $ au cours de l'exercice dernier, soit une augmentation de 12 000 000
$.
Sur les immeubles des réseaux de l'éducation et des
affaires sociales, nous prévoyons verser près de 177 000 000 $
contre 165 000 000 $ l'an dernier.
Quant aux paiements de compensation sur les boisés et fermes, une
prévision à la hausse, encore une fois, de 2 000 000 $, soit de 8
200 000 $ à 10 200 000 $.
Si l'on devait y ajouter les sommes redistribuées des taxes sur
le gaz et l'électricité qui passeront de 123 500 000 $ à
142 500 000 $, nous atteindrons une majoration totale de 43 800 000 $ des "en
lieu" de taxes, soit une augmentation de 35% de 1980 à 1982.
Je dois rappeler que ces taxes représentent pour les
municipalités du Québec un ensemble de revenus qui assurent de
plus en plus totalement l'autonomie financière réclamée
depuis fort longtemps par le monde municipal.
Un deuxième coup d'oeil sur l'ensemble des paiements. Lorsqu'on
ajoute les autres mesures, le fonds de péréquation de quelque 21
000 000 $, les transferts minimaux et l'aide financière en remboursement
de taxes d'affaires pour les petites entreprises, la majoration de tous les
paiements du gouvernement aux municipalités sera de 49 740 692 $, soit
une augmentation de 13,5%. (10 h 30)
II faut remarquer que n'apparaît pas à ce budget que nous
présentons le versement déjà effectué d'environ 5
800 000 $ à titre d'avance sur le prochain exercice, l'exercice
1982-1983.
Troisièmement, en ce qui concerne Ottawa et les crédits de
transfert, je dois souligner qu'il s'agit principalement des subventions
versées aux municipalités, qui représentaient, il y a deux
ans, 91% du budget total du ministère; elles subiront quand même
une baisse d'environ 2,5% par rapport à l'an dernier alors qu'elles
étaient de 395 100 000 $.
Ce plafonnement s'explique évidemment par autre chose que la
somme croissante des taxes que le Québec verse aux municipalités.
Il s'explique surtout par le retrait unilatéral qui a tellement surpris
les autres provinces canadiennes quand M. Paul Cosgrove, le ministre
fédéral responsable de la SCHL, a soudainement fait savoir
qu'Ottawa ne participerait plus au programme d'amélioration aux
équipements communautaires en novembre 1980. Ainsi, le programme d'aide
aux équipements communautaires passe de 29 900 000 $, soit près
de 30 000 000 $, en 1981-1982, à un peu plus de 10 000 000 $ en
1982-1983, pour une diminution de quelque 20 000 000 $.
L'aide que nous accordions aussi aux municipalités pour susciter
la densification de l'habitation sur leur territoire, le programme PAD, subira
aussi un contrecoup en passant de 9 200 000 $ à 500 000 $. Le jour
où nous avons appris cette nouvelle, j'étais en compagnie, ici
à Québec, du ministre Smishek de la Saskatchewan, et nous avions
fait une déclaration conjointe dont j'aimerais citer certains extraits:
"Les provinces ont cédé au désir du ministre
fédéral d'adopter une entente provisoire en raison de
l'engagement fédéral de signer, avant le 31 décembre 1980,
une entente à long terme. Une disposition à cet effet
paraît dans l'entente qu'a signée chaque province. Sans cet
engagement, les provinces auraient certainement réagi de façon
différente." En fait, il s'agit toujours de la discussion qui tourne
autour de la troisième phase du programme d'aide aux équipements
communautaires. Je rappelle donc que si nous avons été moins
surpris que les collègues des autres provinces d'une telle attitude
d'Ottawa, nous devons quand même en faire les frais collectivement
aujourd'hui.
Quatrièmement, l'aide qui accroît l'autonomie des
municipalités augmente. En parallèle, nous avons triplé
les crédits que nous comptons allouer au programme d'aide à
l'acquisition de parcs urbains. Nous avons dû aussi accroître de
plus de 10 900 000 $ les subventions que nous allons verser aux
municipalités régionales de comté, qui vont passer de 3
500 000 $ à 14 400 000 $ pour leur fonctionnement et
l'élaboration des
schémas d'aménagement.
Ce qui veut dire que, somme toute, Québec conserve un ordre de
croissance dans son aide aux municipalités qui est très
acceptable, compte tenu d'un taux d'inflation qui touche les 12% maintenant, ou
11,9%.
Cinquièmement, selon, d'ailleurs, ce barème de
référence qu'est le taux d'inflation moyen, je considère
que le ministère va, encore une fois cette année, réussir
techniquement à mener sa tâche avec un pourcentage très
minime de l'ensemble de ses dépenses, soit 6,7%, contre une
augmentation, l'an dernier, de 6,2%. C'est le coût de fonctionnement du
ministère et les dépenses d'administration.
Sur les 27 600 000 $ nécessaires, 22 300 000 $, ou environ 5% du
budget total seulement, seront consacrés aux traitements des
fonctionnaires. Cela nous semble une performance très acceptable; je
dirais même plus que cela, digne de louanges, d'autant plus que le nombre
de postes autorisés, en 1982-1983, totalise 655 personnes/année
comparativement à 704 l'an dernier.
Cette diminution est principalement due à la disparition
graduelle du groupe de consultation sur la mise en place des
municipalités régionales de comté qui a mené sa
besogne à bien, en très peu de temps et, je pense, avec un
respect grandissant des élus municipaux.
Sixièmement, ces considérants ne tiennent pas compte des
autres organismes dont le ministre des Affaires municipales est responsable.
Dans l'étude que nous ferons, par programme, de l'ensemble des
crédits, nous y verrons, en temps et lieu. Cependant, je suis fier du
travail que ces organismes ont fait, compte tenu d'une demande croissante des
services, comme c'est le cas, par exemple, du Bureau de révision de
l'évaluation foncière.
L'ensemble de ces organismes - la Commission municipale (11%), la
Commission nationale d'aménagement (15%), le Bureau de révision
de l'évaluation foncière (14,5%), la Société
d'aménagement de l'Outaouais (10,3%) - commande globalement un
accroissement du budget inférieur à l'an dernier.
En conclusion, il y a des faits qui ne mentent pas beaucoup sur la
situation qui prévaut dans le monde municipal. Le pourcentage
d'augmentation des dépenses des municipalités est
supérieur cette année à l'an dernier et dépassera,
semble-t-il, selon les indices parcellaires que nous avons, le taux d'inflation
de 2% à 3%.
L'administration des municipalités du Québec a
généralement été faite par des élus
compétents et responsables; même dans les cas extrêmes, ils
ont réussi à garder sur l'ensemble, depuis l'avènement de
la nouvelle fiscalité, un taux d'effort fiscal sur les contribuables
inférieur au taux d'inflation. Je citerais l'exemple des villes de la
Communauté urbaine de Montréal qui ont financé, d'une
certaine façon, une augmentation des dépenses de la
communauté de 115% depuis 1967, à même leurs comptes de
taxes, qui ont respecté l'indice du coût de la vie et qui
étaient même, d'ailleurs, sur le plan local, inférieures
à l'augmentation du coût de la vie. Parce que, pour la même
période, alors que les dépenses de la Communauté urbaine
de Montréal augmentaient de 115%, les budgets des municipalités
sur le plan local augmentaient seulement de 61%, compte tenu d'un taux
d'inflation de 73%. Les municipalités du Québec auront eu, lors
du dernier exercice financier, des surplus de fonctionnement qui atteignent
quelque 168 000 000 $. Ce n'est pas un indice nécessairement
révélateur de la bonne santé de nos villes et de nos
villages, mais il demeure quand même un indice d'une bonne et saine
administration, un indice du fait que la nouvelle fiscalité se bonifie
presque automatiquement, contrairement aux anciennes formules de
péréquation et de subventions plus ou moins extraordinaires,
c'est-à-dire que les seuls "en lieu" de taxes foncières des
immeubles du gouvernement augmenteront de plus de 30% cette année. Il
faut cependant tenir compte dans cette donnée que les villes de
Montréal et de Québec s'y taillent la part du lion. Cela permet
aussi, par le fait même, une amélioration que je dirais
automatique de nos deux principaux centre-ville au Québec. C'est
à peu près le même phénomène qui se reproduit
aussi ailleurs dans le reste du Québec par rapport aux centre-ville
à l'intérieur des régions.
La croissance de la taxe sur le téléphone, le
réseau d'électricité et de gaz est de loin plus
sécuritaire à l'heure actuelle pour les municipalités que
la taxe de vente qui subit les vents et marées, qui fluctue à la
baisse à l'heure actuelle depuis plus de trois ans. Donc, nous avons
offert un soutien favorisant les municipalités du Québec d'abord
par un travail de formation, aussi par un travail de collaboration, lors de la
mise en place des municipalités régionales de comté, et
par un travail de consultation. La loi 33 en est un exemple, elle qui est issue
aussi des volontés et des demandes du milieu. Nous avons respecté
nos principes d'équité, d'autonomie locale, de
responsabilité financière et d'intérêt des citoyens
lors des élections municipales. Nous les avons encouragés
à participer à la démocratie municipale. Nous augmentons
ainsi la nécessité des collaborations, des cohésions et
des discussions entre le ministère et les municipalités, entre le
ministre, les maires et les conseillers. C'est ce que nous voulons.
Je voudrais seulement, avant de passer la parole à l'Opposition,
rappeler simplement
des chiffres que j'obtiens sur la croissance des dépenses
municipales en 1982. Pour 1230 municipalités au Québec, sauf les
villes de Montréal et de Québec, l'augmentation des
dépenses a été de 12,12%. À Montréal, cette
augmentation a été de 15% et à Québec, de 17%; ce
qui fait que la moyenne générale incluant Montréal et
Québec de l'ensemble des budgets des municipalités connaît
une augmentation de 13,45%.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le ministre. M. le
député de Hull, vos commentaires préliminaires.
M. Gilles Rocheleau
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. M. le ministre, vous
avez remarqué que, du côté de l'Opposition, nous avons la
qualité et non pas nécessairement la quantité, de
même pour...
M. Léonard: Effectivement.
M. Rocheleau: ... les hauts fonctionnaires qui vous accompagnent,
ce matin. Je tiens à faire remarquer que malheureusement l'Opposition
doit se limiter à une recherchiste aux affaires municipales. Nous
n'avons pas la chance d'avoir autant de personnes-ressources et autant
d'attachés politiques comme le gouvernement en a.
M. Léonard: Je dois être là aussi, je
suppose?
M. Rocheleau: Sûrement, sûrement, M. le ministre.
La semaine dernière, nous devions entreprendre l'étude des
crédits en commission parlementaire. Cela a bouleversé quelque
peu l'ordre du jour. Notre caucus siège ce matin, où,
malheureusement, notre présence aurait été très
utile aussi, étant donné que la commission parlementaire...
M. Léonard: C'est bien, c'est un lapsus...
Une voix: On aurait peut-être dû rallier tous
les...
M. Rocheleau: Non, j'ai bien dit "malheureusement", notre
présence aurait été utile.
M. le ministre, la semaine dernière, nous devions entamer les
crédits des Affaires municipales, mais étant donné qu'il y
avait en même temps le congrès de l'Union des
municipalités, on avait l'impression que le calendrier que le ministre
se proposait pour la semaine dernière était celui de participer
au congrès, chose qu'il a faite. Étant donné qu'on a eu
l'occasion de se rencontrer au Reine Élizabeth dans le même
ascenseur, j'aurais pensé à ce moment que le projet de loi 37 qui
actuellement sert uniquement à remplir les vides, étant
donné que le gouvernement ne semble pas avoir de projet de loi
sérieux à discuter en quantité, du moins... Du même
coup, on présentait en première lecture le projet de loi 46 et
malheureusement, je n'étais pas présent à
l'Assemblée nationale. Par contre, je suis revenu pour le projet de loi
37, pour la motion de report que nous avons effectivement terminée jeudi
soir dernier, en pensant que le ministre accepterait aujourd'hui de voter pour
cette motion de report, d'autant plus que le comité conjoint,
composé des deux municipalités de Hauterive et de Baie-Comeau et
où siègent les représentants de la Commission municipale,
les trois commissaires qui prêtent main-forte à cette étude
ont recommandé au ministre de reporter l'étude en commission
parlementaire après le 17 mai, étant donné que le rapport
n'est pas complété. Nous aurions pensé à ce moment
que la motion de report aurait été laissée sur la tablette
en attendant que le rapport des municipalités de Baie-Comeau et de
Hauterive nous parvienne.
Ce matin, nous entamons l'étude des crédits. Maintenant
que cette parenthèse est fermée, M. le ministre, je tiens
à dire que les membres de l'Opposition collaboreront d'une façon
tout à fait positive à l'étude des crédits du
ministère pour l'exercice financier 1982-1983. Cette collaboration et
l'expérience des membres de cette commission, nous devrons la mettre en
commun afin d'en faire bénéficier tous les citoyens du
Québec qui semblent s'éveiller de plus en plus face à
l'importance du rôle que joue et que jouera le municipal dans la vie de
tous les jours. Par la loi 57, le gouvernement venait consacrer le principe de
l'autonomie locale en rendant les municipalités plus autonomes face
à leurs responsabilités. Pour atteindre cet objectif, le
gouvernement se devait d'élargir l'assiette foncière des
municipalités. Les municipalités qui puisaient leurs revenus
à des sources ont maintenant des sources de revenus beaucoup moins
diversifiées. C'est le prix qu'elles devaient payer pour être plus
autonomes. Donc, c'est par l'évaluation foncière que les
municipalités trouvent la majeure source de leurs revenus.
Actuellement, beaucoup de mécontentement et de nombreuses
critiques se font entendre relativement aux augmentations considérables
de l'évaluation foncière, principalement chez les
propriétaires de résidences unifamiliales, tandis que le
multifamilial, le commercial et l'industriel n'ont pas à subir de telles
hausses. Au contraire, on y retrouve des diminutions importantes.
L'accroissement de l'évaluation du secteur de l'unifamilial s'est
fait d'une façon
plus rapide que celui des différents autres secteurs. Ainsi, les
petits propriétaires doivent porter une part de plus en plus grande de
l'impôt foncier. Lors de la réforme de la fiscalité, le
gouvernement n'a pas tenu compte de la capacité de payer des
contribuables. Aujourd'hui, ceux-ci manifestent leur mécontentement
devant l'alourdissement du fardeau fiscal qu'ils doivent supporter. Le
gouvernement semble avoir toujours la même cible. 11 touche trop souvent
le petit. Ainsi, le propriétaire d'une maison unifamiliale a
été oublié par cette réforme, oublié dans ce
sens qu'on n'a pas amélioré sa charge fiscale, mais le
gouvernement pense à lui quand il s'agit de percevoir une multitude de
taxes. (10 h 45)
Vous me répondrez sans doute, M. le ministre, que vous avez
permis par la loi 12 aux municipalités qui imposaient la taxe d'affaires
maximale la possibilité d'accorder un crédit d'impôt
foncier de 10% pour 1981 et de 5% l'année suivante aux
propriétaires de maisons unifamiliales, de duplex et de triplex dans
certains endroits. Vous ajouterez à cela que, par la loi 33, vous avez
modifié le crédit d'impôt de l'année 1982 pour le
reporter à 10% selon certaines conditions. M. le ministre, ce
crédit de 10% est beaucoup trop minime pour combler les écarts
créés par l'augmentation de l'évaluation entre les
différents secteurs, d'autant plus que nous avions, on s'en souvient, au
mois de décembre dernier, demandé que le crédit
d'impôt foncier s'étende à toutes les municipalités
du Québec. Effectivement, l'Opposition officielle a dû bloquer le
projet de loi 33 qui nous est revenu il y a à peine quelques
semaines.
M. le ministre, je considère que votre ministère va devoir
se pencher d'une façon très sérieuse sur
l'évaluation foncière et, plus particulièrement, sur le
rôle "nouvelle génération." Actuellement, au Québec,
avec le taux d'intérêt et le refinancement de plusieurs petites
propriétés - déjà, ces propriétaires ont
à subir des hausses importantes avec le rôle "nouvelle
génération" - on retrouve une augmentation de taxes
foncières relativement importante, ce qui peut mettre en péril la
propriété de plusieurs contribuables du Québec, de
plusieurs citoyens du Québec.
Je me demande si les principes d'autonomie municipale et de
revalorisation du pouvoir local ne sont pas tant vantés parce qu'ils
permettent au gouvernement de déléguer aux municipalités
des responsabilités qu'il ne pourrait remplir. Ainsi, le gouvernement
n'a pas à porter l'odieux d'une situation qu'il a créée.
Nous espérons que le ministre saura apporter une solution à cette
situation inéquitable qui a certainement été la source
d'intenses discussions au sein du comité conjoint
Québec-municipalités présidé par le Dr Robert
Lussier.
Il semble exister une effervescence tout à fait
particulière dans le monde municipal. Le ministre a déposé
certains projets de loi qui sont assez contestés. Qu'en est-il du projet
de loi 37 qui impose une fusion obligatoire aux villes de Baie-Comeau et de
Hauterive? Ce gouvernement qui prêche la vertu en établissant des
mécanismes de consultation auprès de la population semble
rapidement les oublier ou les mettre de côté lorsqu'il rencontre
de l'opposition. Peut-être que le ministre pourrait nous indiquer ce qui
se passe concernant l'annexion de la ville de Pointe-aux-Trembles, quand un de
ses collègues du Conseil des ministres, le ministre de l'Environnement,
affirme que cette situation nécessite une consultation auprès de
la population. Belle incohérence que tout cela.
Le projet de loi no 46 qui amende la loi de la Communauté urbaine
de Montréal suscite des réactions vives et du
mécontentement, même au sein du parti ministériel. Outre le
problème de la taxation municipale, des fusions, des annexions, certains
points retiendront notre attention au cours de l'étude des
crédits du ministère, notamment celui de la formation et de
l'implantation des municipalités régionales de comté.
Concernant ce grand projet du ministre, celui-ci se fera sans doute un vif
plaisir de nous tracer un bilan de la situation sur ce projet qui est en train
de façonner le territoire du Québec et qui permet au ministre des
Finances de se soustraire de certaines responsabilités en les refilant
au MRC. Ce seront encore les citoyens qui devront payer une nouvelle structure
administrative.
Dans une situation économique désastreuse comme celle dans
laquelle nous sommes plongés où le gouvernement demande à
la population de se serrer la ceinture, nous trouvons qu'octroyer un budget de
480 000 $ à la Commission nationale de l'aménagement voisine le
gaspillage en raison de son rendement et même de sa raison d'être.
J'ai eu, entre autres, à prendre connaissance de ce document de la
Commission nationale de l'aménagement, qui contient plusieurs pages.
J'aurais souhaité qu'on épargne au moins les quelques milliers de
dollars que le ministre et son ministère ont dépensés pour
les mettre sous un couvert aussi fragile, d'autant plus que c'est presque une
répétition de ce que nous avons eu l'an passé.
J'ose espérer que nous aurons l'occasion de rencontrer le
président de la Commission nationale de l'aménagement, s'il n'est
pas trop occupé dans les fonctions que le ministre a bien voulu lui
confier il y a près de deux ans. Le gouvernement aurait pu
épargner des sommes importantes qui totalisent presque 480 000 $. C'est
une dépense que le gouvernement aurait pu
reporter de quelques années, même si on devait remercier
certaines personnes qui, entre autres, avaient travaillé très
fort lors du référendum de 1980. On sait que, à ce
moment-là, le président de la Commission nationale de
l'aménagement était le président de la Communauté
régionale de l'Outaouais, qui devait connaître une restructuration
importante ainsi que les organismes régionaux de l'Outaouais
québécois. Malheureusement, aujourd'hui, nous n'avons pas vu de
modifications apportées sous le couvert de nouvelles lois.
Nous souhaitons que la loi 46, qui doit restructurer la
Communauté urbaine de Montréal, serve en quelque sorte
d'ébauche à une loi qui pourra modifier certains de nos
organismes régionaux, entre autres, la Communauté
régionale de l'Outaouais qui, depuis 1974, demande une restructuration
en profondeur. Tenant compte d'un territoire beaucoup trop étendu,
tenant compte du fait que la Communauté régionale de l'Outaouais
est une erreur qui remonte à 1969, alors que le gouvernement avait
créé ce monstre dans l'Outaouais, nous souhaitons, après
treize années d'existence, que, finalement, le ministre accepte, pour le
bénéfice des citoyens de l'Outaouais québécois, de
modifier cette structure, qui, de toutes pièces, crée plus de
problèmes qu'elle n'en règle et qui, d'autre part, occasionne des
coûts d'administration qui se reflètent sur la facture de chacun
des contribuables de cette région.
D'autre part, nous souhaitons rencontrer le président d'un autre
organisme, la Société d'aménagement de l'Outaouais, qui
connaît certaines perturbations depuis déjà quelques
années, plus particulièrement depuis que le ministre des Affaires
municipales est là. Notamment, des modifications devront être
apportées à la Société d'aménagement de
l'Outaouais afin de lui faire jouer un vrai rôle tenant compte de la
situation économique que nous connaissons dans l'Outaouais. Nous
souhaiterions aussi que la Société d'aménagement de
l'Outaouais relève d'un ministère à caractère
économique plutôt que du ministère des Affaires
municipales, étant donné que la principale vocation de la
société d'aménagement est de travailler à l'essor
économique, industriel, commercial et touristique. La
société d'aménagement ne trouve pas, à
l'intérieur du ministère des Affaires municipales, d'apport
important et nécessaire au développement économique. Au
contraire, au sein du ministère de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme, on rencontre souvent une certaine compétition quant à
la venue de certaines industries qui pourraient s'implanter dans cette
région du Québec.
En terminant, M. le ministre, j'ai quand même cru remarquer que,
dans le réseau des affaires sociales, on retrouvait une certaine
augmentation des "en lieu" de taxes à être versés aux
municipalités. La même chose s'applique pour le réseau de
l'éducation. Nous souhaitons que ce ne soit pas nécessairement de
nouvelles constructions qui absorbent une grande part de ces augmentations,
tenant compte que, dans un des cas, le ministère ou le ministre
reconnaît 40% et, dans l'autre cas, 80%.
On se souvient, M. le ministre des Affaires municipales, qu'en 1979,
à l'adoption de la loi no 57, le gouvernement s'était
laissé une espèce de porte ouverte pour acquitter les "en lieu"
de taxes à 100% aux municipalités, tant du point de vue du
réseau des affaires sociales que de l'éducation. Nous sommes
maintenant dans la troisième année et je considère que le
gouvernement ne fait pas un effort considérable aujourd'hui pour
corriger la situation que connaissent les municipalités au
Québec, qui ont aussi des difficultés accrues. Les
municipalités sont de grands consommateurs d'électricité,
service pour lequel la loi no 16 a apporté des augmentations
considérables; la loi no 39 a imposé une taxe additionnelle de
20%, c'est-à-dire maintenant 40% sur l'essence, alors que les
municipalités, comme les commissions de transport au Québec, sont
des consommateurs importants d'essence; la Régie de l'assurance-maladie,
l'an passé, a doublé son taux de participation pour l'employeur,
et les municipalités qui payaient 1,5% pour l'assurance-maladie se
voient maintenant obliger de fournir 3%. Alors, on a augmenté le fardeau
des municipalités afin de soustraire à certaines
responsabilités le gouvernement.
Le ministre a mentionné le fait que le gouvernement
fédéral coupait certains programmes. Il est bien évident
que notre pensée vis-à-vis du fédéral n'est
sûrement pas la même que celle du gouvernement actuel, qui voit le
fédéral beaucoup plus comme un ennemi que comme un allié.
Si le fédéral doit aussi faire face à des compressions
budgétaires dans certains domaines, on doit se rappeler que
l'ex-ministre des Affaires municipales, M. Guy Tardif, avait souhaité
l'élimination totale du ministère des affaires urbaines dans le
champ où évolue le gouvernement du Québec. Alors, la chose
que l'on a souhaitée est malheureusement arrivée dans certains
cas où le fédéral a dû se retirer de certains de ces
programmes, d'autant plus que, pour les programmes qui sont encore sur la
table, le ministre d'État à l'Aménagement
énonçait dans un mémoire au Conseil des ministres, je
pense, il y a quelque temps, qu'il fallait contrer les efforts du
fédéral dans certains programmes qu'il voulait établir au
bénéfice des municipalités du Québec. Il fallait
contrer en tous points les efforts que faisait le fédéral dans le
but de faciliter la vie des municipalités au Québec.
En conclusion, M. le ministre, nous
souhaitons que certains de vos représentants ou responsables,
entre autres, de la Commission nationale de l'aménagement... Cela me
fait penser aux lettres qu'emploie le Centre national des arts, les mêmes
lettres. Je ne sais pas si cela est significatif du travail que fait
actuellement la Commission nationale de l'aménagement. Nous allons aussi
souhaiter rencontrer les représentants de la Société
d'aménagement de l'Outaouais qui, d'une part, connaissent actuellement
des restrictions importantes et qui, d'autre part, cette année, n'ont
même pas les budgets engagés au cours de 1980 et qui ont dû
faire des mises à pied relativement importantes et abandonner au cours
de 1981 l'exploitation de certains parcs touristiques. (11 heures)
J'aimerais savoir du ministre des Affaires municipales, tenant compte du
fait que c'est la responsabilité de la société
d'aménagement, tenant compte du fait que la société
d'aménagement dirige, dans la région de l'Outaouais, des parcs
d'aménagement, des parcs touristiques, l'aéroport de Gatineau et
aussi des terrains de camping, si, au niveau du ministère du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche qui, lui aussi, a l'administration de plusieurs
parcs au Québec, on a connu des restrictions budgétaires aussi
importantes et s'il y a des coupures de poste aussi importantes à
l'intérieur de ce ministère quant aux activités de
récréation.
J'aimerais aussi, d'une part, que le ministre puisse nous renseigner sur
l'orientation qu'il souhaite prendre, tenant compte des recommandations que
nous avons faites, et s'il croit réellement à la
société d'aménagement comme telle. Nous serons
prêts, dans quelques minutes, M. le ministre, à commencer
l'étude des différents programmes du ministère. Mon
collègue de Verdun aura probablement certains points à relever,
et je termine là-dessus, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Merci, M. le
député de Hull. M. le député de Verdun.
Discussion générale
M. Caron: Je n'ai pas l'idée d'être long. J'aimerais
vous demander, si c'est possible, avant de commencer l'étude des
crédits, au cas où je n'y serais pas au moment où cette
question sera posée, d'expliciter un peu plus l'étude que
Québec-municipalités fait avec le Dr Lussier. Est-ce que le
rapport sera déposé à temps? Pourriez-vous en parler un
peu ou si c'est encore trop tôt? Je pense que c'est important. On veut y
faire un rapport sur la taxation, si mes renseignements sont bons. Aussi,
avez-vous l'intention de garder ces structures?
M. Léonard: Voulez-vous la réponse tout de
suite?
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre.
M. Léonard: Sur le rapport du comité de la
fiscalité, nous attendons ce rapport dans à peu près un
mois. On l'attendait plus tôt que cela, effectivement, vers le
début d'avril. Quant aux recommandations dont vous avez parlé,
ils ont discuté d'un certain nombre d'autres hypothèses en cours
de route; donc, cela va prendre un peu plus de temps. Nous l'attendons dans
à peu près un mois, disons avant l'ajournement de
l'été.
M. Caron: Parfait.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va. M. le
député de Chambly, vous aviez demandé la parole.
M. Tremblay: Oui, M. le Président. J'aimerais savoir du
député d'Hull - il a parlé de la loi 46, tout à
l'heure - s'il est d'accord sur la prédominance de Montréal. On
sait que, dans la loi 46, la plupart des intervenants sont globalement d'accord
avec toute la loi si ce n'est Montréal. Est-il d'accord sur la
prédominance de la ville de Montréal ou sur une certaine
équité, un certain équilibre?
M. Rocheleau: Je dois d'abord vous dire que je suis le
député de Hull et non pas le député d'Hull. Quand
nous aurons à traiter de la loi 46, nous suivrons de très
près le ministre dans ses politiques, dans ce qu'il a annoncé et
dans ce qu'il semble croire. Il semble que les députés du
côté ministériel n'en sont pas arrivés à un
consensus jusqu'à présent, nous allons voir lors de la
deuxième lecture et surtout en commission parlementaire, s'il y a des
changements importants. Nous avons écouté les intervenants en
commission parlementaire. Alors que, du côté ministériel,
on avait déjà pris position pour Montréal, plusieurs
députés se sont fait entendre. Pendant que certains de ces
députés se faisaient entendre, on examinait les réactions
du ministre qui semblait même devenir à un moment donné de
très mauvaise humeur. Alors on s'est dit: II aura à corriger
cette situation à l'intérieur de son caucus et à mettre sa
main de fer dans son gant de velours pour faire comprendre plus
particulièrement aux députés de la région de
Montréal que celui qui mène le caucus, c'est le ministre des
Affaires municipales et que le caucus a malheureusement à suivre les
intentions du ministre. Nous allons suivre l'évolution du dossier. J'ose
espérer que, du côté ministériel, il se fera un
certain consensus, parce que vous savez qu'il peut y avoir
certains dangers si on n'a pas de consensus de votre part. Nous, de
notre côté, allons suivre l'évolution de ce dossier en
tenant compte des aspirations et des besoins de chacun, parce que la
Communauté urbaine de Montréal est une communauté
très importante, qui a connu des problèmes particuliers - mais
qui a quand même des succès à son actif - que nous devrons
régler; ce qui permettra peut-être en même temps de
régler d'autres problèmes dans d'autres communautés, comme
la Communauté régionale de l'Outaouais, et ce qui évitera
peut-être au ministre des Affaires municipales d'aller à la
Communauté urbaine de Québec régler certains
problèmes qui semblent encore y exister.
Le Président (M. Bordeleau): Merci.
M. Tremblay: Quelle est votre position?
M. Rocheleau: Je pensais l'avoir expliquée depuis que je
parle. Si le député avait entendu...
M. Tremblay: Ce n'est pas clair.
M. Rocheleau: Ce n'est pas clair? C'est aussi clair que votre
position, en tout cas.
M. Tremblay: Notre position est claire.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! S'il
vous plaît! S'il vous plaît!
M. Tremblay: Maintenant, j'aurais une autre question, moi
aussi.
Le Président (M. Bordeleau): Au ministre? Je veux
simplement vous rappeler que je veux bien vous permettre de poser des questions
à d'autres membres de la commission, mais, normalement, lors de
l'étude des crédits, on interroge le ministre sur les
crédits.
M. Tremblay: C'est parce qu'il a dit des choses...
Le Président (M. Bordeleau): Je vous donnerai la parole
tantôt, M. le député de Chambly. Je ne permettrai pas qu'on
aborde une discussion ouverte et qu'on étudie aujourd'hui le projet de
loi no 46. Je pense qu'il y aura d'autres lieux pour cela. Je veux bien
être assez large sur le règlement, mais, quand même, je
pense qu'il va falloir revenir le plus rapidement possible à l'objet de
notre réunion.
M. Tremblay: C'est sur une question de directive, M. le
Président.
M. Caron: J'aimerais faire une petite remarque sur ce qui s'est
dit.
M. Tremblay: Une directive, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Verdun.
M. Caron: Je pense que beaucoup de membres du cabinet devraient
suivre l'exemple du ministre des Affaires municipales. Quand il prend des
décisions, il les prend et les mène à terme. Certains
membres du cabinet devraient prendre l'exemple du ministre des Affaires
municipales.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le
député de Chambly, une question?
M. Tremblay: C'est une question de directive. Sur les remarques
préliminaires, peut-on poser des questions?
Le Président (M. Bordeleau): Sur les remarques
préliminaires, oui, vous pouvez poser certaines questions.
M. Tremblay: Le député de Hull a fait des remarques
préliminaires et j'aurais une question à lui poser
là-dessus.
Le Président (M. Bordeleau): Sur ses remarques
préliminaires? Allez-y!
M. Tremblay: Vous avez parlé tout à l'heure de la
loi 125. Vous avez dit que le ministère remettait aux
municipalités des responsabilités qu'il devrait prendre et qu'il
s'en remettait plutôt aux municipalités. Depuis un an qu'on est
ici, vous vous êtes fait le défenseur de l'autonomie des
municipalités et vous avez parlé beaucoup là-dessus.
Comment pouvez-vous concilier cela avec ce que vous avez dit, vu que la loi
125, justement, vise à donner aux municipalités des pouvoirs qui
n'étaient pas établis auparavant?
M. Rocheleau: Nous sommes pleinement en accord avec l'autonomie
que souhaiterait donner le gouvernement aux municipalités. Nous sommes
aussi en accord avec certains aspects du projet de loi no 125. Pour avoir
consulté plusieurs maires et plusieurs conseillers encore la semaine
dernière lors du congrès, il y a une certaine inquiétude
sur les responsabilités qui vont être dévolues aux
municipalités régionales de comté. Or, le fascicule no 5
n'a jamais été déposé officiellement et les
municipalités le cherchent encore, d'autant plus que certains ministres
- entre autres le ministre des Transports - ont énoncé à
un moment donné la possibilité de remettre le transport des
écoliers entre les mains des MRC. Ceci inquiète davantage les
municipalités régionales de comté qui ont
été créées, ne
tenant pas toujours compte du territoire qui aurait été
souhaité à l'intérieur d'une municipalité
régionale de comté. Par contre, il a été
imposé par le ministre des Affaires municipales. C'est de
connaître l'avenir, les responsabilités, les budgets qui devront
être consacrés aux municipalités régionales de
comté, leurs responsabilités globales. Nous souhaitons
connaître la même chose. Je pense que c'est pour le
bénéfice de l'ensemble des municipalités du Québec.
Quand on parle de donner plus d'autonomie aux municipalités, il faudrait
peut-être penser aussi à respecter du même coup la
démocratie parce que, quand on parle d'autonomie, on laisse
habituellement les municipalités s'entendre entre elles. On
n'amène pas sur la table des projets de loi comme le projet de loi no 37
créant des fusions forcées. On s'aperçoit d'une certaine
divergence au sein du caucus ministériel quand on traite de
Pointe-aux-Trembles et de Montréal. Le ministre de l'Environnement
semble tout à fait d'accord pour une consultation populaire des citoyens
de Pointe-aux-Trembles, alors que le ministre des Affaires municipales ne
semble pas être en accord, peut-être forcément de par le
ministre et député de Saguenay, qui ne souhaite pas une
consultation pour que les gens puissent exercer réellement la
démocratie qu'on semble prêcher à qui veut bien l'entendre.
Ce sont des contradictions que l'on retrouve, M. le député de
Chambly, et que l'on souhaiterait que le gouvernement éclaircisse, pour
tous les comtés du Québec, représentés tant par des
députés du Parti québécois que par des
députés du Parti libéral.
M. Tremblay: Donc, vous seriez d'accord pour donner de nouveaux
pouvoirs aux municipalités?
M. Rocheleau: II est évident que si nous donnons des
pouvoirs aux municipalités, ces pouvoirs se traduisent par de nouvelles
responsabilités. On doit tenir compte aussi des capacités de
payer, tenant compte de ces nouvelles responsabilités. C'est tout
à fait normal.
M. Tremblay: Nous sommes d'accord.
Aménagement du territoire municipal
Le Président (M. Bordeleau): Tout le monde est d'accord.
On pourra donc entreprendre l'étude des crédits, programme par
programme. J'appelle donc le programme 1, Aménagement du territoire
municipal.
M. le ministre, avez-vous des commentaires d'ordre
général?
M. Léonard: Non, je pense que...
Le Président (M. Bordeleau): Avez-vous des questions?
M. Léonard: Un instant!
Le Président (M. Rocheleau): D'accord. On peut vous donner
quelques minutes pour que tout le monde trouve les bonnes pages.
M. le ministre.
M. Léonard: Évidemment, dans ce programme, vous
avez toute l'opération de consultations qui ont amené au
redécoupage du territoire des municipalités régionales de
comté. Cette opération se termine à l'heure actuelle. Si
vous me permettez d'en faire un bref bilan, même en termes de nombre,
nous avons maintenant 81 municipalités régionales de comté
sur 92 ou 93 de prévues. Dans la plupart des cas, la consultation se
termine. Nous devrions au cours de l'été, au tout début de
l'été, j'espère au 1er juillet, voir entrer en fonction la
plupart de ces autres municipalités régionales de comté.
C'est l'essentiel du budget qu'il y a là.
Maintenant, au niveau des paiements de transfert, vous voyez un
accroissement assez significatif. Cela passe de 3 503 500 $ à 14 369 000
$. En vertu du programme du gouvernement, les municipalités
régionales de comté, au fur et à mesure qu'elles entrent
en fonction, ont droit à une subvention de fonctionnement tel qu'on
l'avait prévu et à laquelle nous nous étions
engagés dans le temps. De même, lorsqu'elles commenceront leur
schéma d'aménagement une partie de la subvention leur sera
versée, le tiers au départ. Cela implique la mise en route
maintenant des municipalités régionales de comté.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Maintenant, combien de municipalités
régionales de comté, si vous voulez bien me le
répéter, ont obtenu actuellement leurs lettres patentes?
M. Léonard: 81.
M. Rocheleau: 81. Sur un total de?
M. Léonard: II y en a 77 qui les ont obtenues; il y en a
quatre autres dont le décret de création est passé au
Conseil des ministres, mais elles n'ont peut-être pas reçu encore
leurs lettres patentes. Elles devraient les recevoir très bientôt.
C'est une question de formalité maintenant, parce que toutes les
décisions sont prises, sur 81 municipalités régionales de
comté.
M. Rocheleau: II y en a 77 et il y en a quatre qui sont...
M. Léonard: Elles sont pratiquement
créées.
M. Rocheleau: II en reste combien? (11 h 15)
M. Léonard: II en reste onze ou douze. En fait, elles sont
essentiellement dans les régions des Laurentides, de l'Outaouais et du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Par ailleurs, quelques villes ici et là sont
sur la rive sud. Il en reste une dont le territoire est délimité,
mais le conseil des maires n'a pas encore siégé quant aux
modalités de représentations et quant au nom. Donc, ça
devrait nous revenir bientôt. Dans les Laurentides, quant au territoire,
les décisions sont à peu près arrêtées
maintenant.
Dans l'Outaouais, nous avons suspendu la consultation pour un certain
temps, considérant que ça pouvait impliquer des modifications au
territoire de la Communauté régionale de l'Outaouais. Tout compte
fait, lors d'une rencontre que j'ai eue avec les élus municipaux de la
Communauté régionale de l'Outaouais l'an dernier, nous avons
convenu que, finalement, la consultation pouvait continuer et que les
modifications qui pourraient survenir dans les territoires de la CRO ne
modifieraient pas substantiellement le territoire même des
municipalités régionales de comté qui seraient
créées.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Dans cette hypothèse, je trouve quand
même intéressant que la majorité des municipalités
régionales de comté soient créées et qu'elles aient
leurs lettres patentes. La municipalité régionale de comté
du ministre des Affaires municipales n'est pas encore arrêtée.
Celle du représentant de l'Opposition à la commission des
affaires municipales n'est pas encore arrêtée non plus. On semble
nous les réserver pour le dessert.
Tenant compte du fait que certaines municipalités de l'Outaouais
ont demandé de se retirer de la Communauté régionale de
l'Outaouais, par exemple, Pontiac a même consulté ses citoyens et
92% de ceux-ci ont répondu favorablement à un retrait de la
Communauté régionale de l'Outaouais pour se greffer à une
municipalité régionale de comté qui doit être
créée dans ce coin.
Est-ce que le ministre des Affaires municipales a l'intention de
procéder le plus rapidement possible à certaines modifications
à la Communauté régionale de l'Outaouais? Le retard aux
modifications à la communauté amène effectivement un
certain retard à la formation d'une municipalité régionale
de comté devant regrouper les autres municipalités, de Pontiac,
entre autres.
M. Léonard: En ce qui concerne la municipalité de
Pontiac, je pense que nous allons attendre le rapport du comité de
consultation pour voir ce que lui-même aura statué
là-dessus. Vous dites "des exemples", mais c'est le seul que vous citez,
en fait. Cela ne modifiera pas le territoire d'une MRC Pontiac. Elle sera ou
non dedans, mais elle devra choisir entre la CRO et la municipalité
régionale de comté. Je pense qu'il faudra attendre les raisons
apportées pour justifier un tel choix. Quant à moi, ça
reste un cas en suspens.
M. Rocheleau: Est-ce que le ministre pourrait quand même
nous dire si, d'une part, dans l'Outaouais... On mentionnait tantôt le
fait que le projet de loi no 46 était maintenant sur la table. Je pense
que c'est très important. Est-ce que le ministre a des vues quant
à certaines modifications à apporter à la
Communauté régionale de l'Outaouais dans un proche avenir?
M. Léonard: Nous avons dit là-dessus que nous en
viendrons à une modification de la Loi de la Communauté
régionale de l'Outaouais. Il y a des changements qui sont
souhaités par les élus eux-mêmes. Nous aurions même
été disposés à en mettre dans la loi 33, en
particulier quant à la représentation des trois
municipalités qui ne sont pas représentées au conseil de
la CRO. Puisqu'il faut attendre, nous allons nous attaquer le plus tôt
possible à cette réforme de la CRO. Nous avons la réforme
de la Communauté urbaine de Montréal pour l'instant. C'est
déjà une grosse réforme et, tout de suite après, ce
sera la Communauté régionale de l'Outaouais. C'est la seule qui
n'a pas encore été touchée dans des réformes des
communautés urbaines car la Loi de la Communauté urbaine de
Québec a été modifiée en 1978 et celle de la
Communauté urbaine de Montréal en 1982. Nous arrivons maintenant
à la Communauté régionale de l'Outaouais.
M. Rocheleau: Je ne voudrais pas, M. le Président, passer
trop de temps là-dessus, mais je pense qu'au Québec,
actuellement, on retrouve trois communautés entre autres, deux
communautés urbaines et une communauté régionale, qui
regroupent des populations importantes. En 1974, déjà, il y avait
des consultations et des rencontres avec le ministre de l'époque, M.
Victor Goldbloom. Par la suite, le ministre des Affaires municipales, en 1978,
avait mentionné par écrit à la Communauté
régionale de l'Outaouais qu'à la suite d'un rapport qui serait
soumis par des maires et des conseillers représentant cette
communauté des modifications seraient apportées tenant compte des
aspirations du milieu.
À ce moment-là, un nouveau président
fut nommé par Québec à l'encontre des voeux
exprimés par le rapport qu'avait soumis la Communauté
régionale de l'Outaouais et M. Ménard devait occuper ses
fonctions pour une durée de deux ans. On sait que le mandat du
président de la Communauté régionale de l'Outaouais expire
à la fin de 1982. Est-ce que le ministre a l'intention de
procéder à des changements étant donné qu'il y
trouve une certaine importance? Québec y est passée en 1978.
Montréal va sûrement connaître une restructuration assez
importante au cours de cette session. Nous souhaiterions que le ministre des
Affaires municipales dépose un projet de loi. Est-ce que ses hauts
fonctionnaires sont à rédiger un projet de loi tenant compte des
aspirations et des rapports qui ont déjà été
déposés au ministère des Affaires municipales? Est-ce que
le ministre a aussi l'intention, s'il prépare actuellement un projet de
loi, de consulter les élus de la Communauté régionale de
l'Outaouais, des municipalités concernées, avant de
déposer officiellement le projet de loi sur la table afin que ces
gens-là soient au courant et qu'ils puissent participer à la
restructuration en profondeur que l'on souhaite depuis longtemps?
D'autre part, j'aimerais, M. le Président, souligner au ministre
des Affaires municipales qu'il aurait souhaité, à
l'intérieur du projet de loi no 33 - projet de loi omnibus - permettre
aux municipalités qui, actuellement, ne sont pas
représentées à la table de la CRO, c'est-à-dire
trois municipalités... Par contre, cela aurait été
à l'encontre des vues du rapport de la Communauté
régionale de l'Outaouais qui, avant de faire d'autres modifications,
demandait une restructuration tenant compte que certaines municipalités
auraient pu se retirer ou auraient pu trouver souhaitable de se retirer et de
se regrouper à l'intérieur de municipalités
régionales de comté.
C'est une des raisons pour lesquelles nous avons souhaité qu'une
restructuration corrige du même coup l'ensemble du problème qui
perdure dans l'Outaouais depuis déjà trop longtemps. Nous
souhaitons que le ministre respecte la volonté des gens du milieu en
tenant compte des différents organismes qui ont à être
modifiés, soit la Communauté régionale de l'Outaouais, la
Société d'aménagement de l'Outaouais, ainsi que la CTCRO -
Commission de transport de la Communauté régionale de l'Outaouais
-qui a connu certains petits changements. Maintenant, des membres des conseils
de différentes municipalités siègent à la
commission de transport plutôt que des personnes non élues. Dans
son ensemble, il y a d'autres modifications à examiner afin que la
communauté soit davantage responsable des budgets de la commission de
transport, étant donné qu'il n'est pas normal que, depuis 1969,
depuis que la communauté régionale existe, depuis 1970, depuis la
création de la commission de transport, jamais la communauté
régionale n'a approuvé un budget de la commission de transport.
Automatiquement, après le 15 novembre de chaque année, le budget
entre en vigueur. Je considère que c'est anormal que des
municipalités qui ont à débourser près de 50% du
coût du déficit ne se prononcent pas parce que certains
mécanismes ne semblent pas atteindre les objectifs de ces gens.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Léonard: En ce qui concerne la réforme de la Loi
sur la Communauté régionale de l'Outaouais, je rappellerai qu'un
comité a siégé dans l'Outaouais et a produit un rapport au
ministère. J'en ai fait faire l'analyse au ministère et je pense
que c'est en très bonne voie, des gens y travaillent. Évidemment,
nous avons beaucoup travaillé à la réforme de la Loi de la
Communauté urbaine de Montréal et, comme je l'ai indiqué
tout à l'heure, la réforme de la Loi sur la Communauté
régionale de l'Outaouais s'en vient. Il y a déjà beaucoup
d'éléments en place pour la faire. Quant à donner une date
exacte du moment où on le fera, je pense que c'est
prématuré, à l'heure actuelle.
Quoi qu'il en soit, en termes de réforme des communautés,
c'en est une sur laquelle nous devons nous pencher très bientôt.
En ce qui concerne différents éléments que vous avez
mentionnés, comme l'adoption automatique d'un budget, je comprends
très bien. C'est une règle que nous avons enlevée de la
loi 46, de la Loi de la Communauté urbaine de Montréal. Je pense
que les élus municipaux doivent prendre leurs responsabilités le
plus possible là-dedans.
En ce qui concerne la représentation des trois
municipalités absentes du conseil de la CRO, il me semble qu'il y a un
principe fondamental dans toute communauté urbaine, c'est qu'une
municipalité, quelle que soit sa taille, a droit d'y être
représentée. Cela n'enlève rien aux autres
municipalités de Pontiac; on n'a pas à faire toute cette
réforme, mais j'aurais souhaité que, dès le mois de
décembre ou le mois de janvier, ces trois municipalités soient
représentées au conseil de la CRO. Je pense bien qu'on y viendra
le plus vite possible, c'est urgent, car il n'est pas normal qu'une
municipalité doive assumer des quotes-parts sans être capable de
s'exprimer à la table d'un conseil. Je dis que c'est l'une des
priorités que nous avons cette année de réformer la loi de
la CRO.
Le Président (M. Bordeleau): M. le
député de Hull.
M. Rocheleau: Je voudrais simplement souligner au ministre un
point important. On se souviendra du projet de loi no 98 traitant des fusions
de certaines municipalités du Saguenay entre autres et de l'Outaouais.
À ce moment-là, on avait décrété une
unité de regroupement du "grand" Buckingham. Je pense qu'il y avait eu
un manque de consultation de la population.
M. Léonard: De la part du gouvernement du temps envers la
population.
M. Rocheleau: Oui. Nous avons l'habitude d'accepter de
reconnaître les erreurs passées. Nous souhaiterions éviter
au gouvernement actuel de pécher de la même façon que le
gouvernement antérieur, ce qui a peut-être, du même coup,
contribué à la perte du pouvoir en 1976.
M. Léonard: Me permettrez-vous une remarque
là-dessus? À côté des 80 fusions, des projets de loi
présentés par le gouvernement du temps, la fusion
Baie-Comeau-Hauterive paraît vraiment un péché
véniel.
M. Rocheleau: On oublie un peu ce qui s'est passé dans ce
temps-là. Il y avait quand même eu, à l'intérieur de
la loi 98, toute une procédure par laquelle les municipalités
devaient préparer conjointement les modalités à
l'intérieur de leur unité de regroupement. Les
municipalités devaient adopter un règlement, à
l'intérieur de chacun des conseils, qui devait respecter la population,
le nombre de municipalités, la majorité des municipalités.
(11 h 30)
En 1978, votre gouvernement avait décidé - plus
particulièrement l'ex-ministre des Affaires municipales, M. Tardif,
étant donné qu'il n'y avait pas eu suffisamment de consultations
auprès de la population et que la population, par un
référendum, s'était prononcée pour un
dégroupement de l'agglomération de Buckingham, le gouvernement,
dans le respect de la démocratie, avait accepté de
dégrouper l'agglomération de Buckingham, mais par le fait
même créait trois nouvelles municipalités qui - et nous
l'avouons - ne sont pas représentées à la table de la
Communauté régionale de l'Outaouais. C'est encore le maire de
l'agglomération de Buckingham ou de l'ex-agglomération de
Buckingham qui est leur représentant. Par contre, cela n'empêche
pas les maires d'assister à ces assemblées, parce qu'on y dit que
le salaire payé à la table de la CRO n'est pas la
préoccupation première de ceux qui sont autour de cette table,
même si on les paie environ 8500 $ par année pour une rencontre
bimensuelle de quelques heures. Mais il y a un maire, entre autres, le maire
Champagne, de L'Ange-Gardien, qui est très assidu aux rencontres de la
CRO, peut-être beaucoup plus que les deux autres qui, pour toutes sortes
de raisons, ne le sont pas. Pour nous, de l'Opposition officielle, c'est une
sorte de pression que nous exerçons dans le but d'apporter le vrai
correctif à la Communauté régionale de l'Outaouais, le
vrai correctif dans le sens de régler une fois pour toutes la
Communauté régionale de l'Outaouais et après, on sera tout
à fait d'accord pour y nommer des représentants.
Il y a aussi la question qui est traitée à
l'intérieur de la loi 46 et dans le projet de loi 46, si je me souviens
bien, M. le ministre. Lors de la commission parlementaire qui entendait les
principaux intervenants, on s'est arrêté sur deux articles de la
loi, grosso modo, les articles qui tenaient compte de la
représentativité à l'exécutif et au conseil de la
Communauté urbaine de Montréal. Cela a semblé être
la question de la dualité entre la ville de Montréal et les
municipalités de banlieue. La même chose pourrait
éventuellement s'appliquer à la Communauté
régionale de l'Outaouais, tenant compte de la population, tenant compte
du nombre de représentants, qui peut être diminué ou
augmenté selon ce que va suggérer le ministère et ce que
vont accepter aussi les représentants qui sont actuellement à la
Communauté régionale de l'Outaouais. C'est une des raisons pour
lesquelles nous souhaitons que cela se décide, alors qu'il n'y a pas de
changement majeur qui s'effectue et qu'il y a peut-être moins de gens
autour de la table, non pas que ces gens n'ont pas le droit de parole,
puisqu'ils ont le droit de parole, M. le ministre. La seule chose à
laquelle ils n'ont peut-être pas droit, c'est le droit de vote. Quand on
a fait le tour, l'an dernier, des votes qui ont été pris à
la Communauté régionale de l'Outaouais, il y a 95% des
résolutions qui ont été adoptées à
l'unanimité et les seules résolutions qui amènent un vote
sont sur certains coûts, entre autres, ceux de l'épuration et de
la filtration des eaux et sur la commission de transport qui touchent davantage
le secteur urbain.
Nous souhaiterions que le ministre puisse déposer, avant la fin
de cette session peut-être, l'ébauche d'un projet de loi pour
qu'à l'automne 1982 on puisse en discuter. J'aimerais beaucoup plus
discuter d'un projet de loi traitant de la Communauté régionale
de l'Outaouais que de continuer à parler sur un projet de loi de fusion
forcée qui semble seulement remplir les trous quand le gouvernement n'a
pas de menu du jour. Si on traitait de choses beaucoup plus sérieuses,
M. le ministre, je pense qu'on accomplirait, de part et d'autre de la table, le
boulot pour lequel nos citoyens nous ont élus. C'est tout
sur ça.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? M. le
député de Chambly, vous aviez une question?
M. Tremblay: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): Après, M. le
député de Gaspé.
M. Léonard: Je voudrais seulement m'exprimer sur ce que le
député de Hull vient de dire.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. M. le ministre.
M. Léonard: Simplement, je considère quand
même qu'un droit de vote d'une municipalité autour de la table du
conseil de la CRO est important. Ce n'est pas seulement le droit de parole qui
compte. Le droit de vote est aussi important.
M. Rocheleau: Oui, mais vous savez, M. le Président, qu'il
est malheureux que nous fassions porter l'odieux au gouvernement. C'est
malheureux et ce n'est pas notre habitude, mais...
Des voix: Ah! Ah!
M. Rocheleau: ... il n'en demeure pas moins que, dans ce cas-ci,
c'est le gouvernement qui tarde à présenter une loi pour corriger
le problème.
M. Léonard: C'est pour cette raison que c'est urgent de le
faire.
M. Rocheleau: Oui, je pense que cela a une urgence certaine.
Quand le gouvernement décidera de présenter un projet de loi,
nous allons le traiter de façon tout à fait objective.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: On a fait état, tout à l'heure, des 81
municipalités régionales de comté qui ont
été formées. J'aimerais savoir du ministre quel est le
nombre de municipalités qui se sont formées volontairement, en
fait, qui ont été d'accord, et combien il y en a où vous
avez dû intervenir pour délimiter les territoires.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Léonard: Dans la très grande majorité des
cas, nous n'avons pas eu à intervenir. La consultation s'est faite sur
les lieux. 11 y a eu des discussions à l'intérieur même des
territoires, et des propositions ont été faites par les
comités de consultation qui ont, règle générale,
jusqu'à 90% ou 95%, rallié l'ensemble des municipalités du
Québec. Dans certains cas, nous avons eu à statuer, surtout dans
les cas où les municipalités ne s'entendaient pas et qu'il y
avait deux ou trois propositions sur la table, les unes tenant à une
proposition, d'autres tenant à une autre. C'est alors que nous avons eu
à intervenir. En règle générale, les propositions
sont venues du milieu lui-même.
M. Tremblay: N'y aurait-il pas lieu de dire qu'on a imposé
la volonté du gouvernement à plusieurs municipalités?
M. Léonard: Absolument pas. Là-dessus, cela a
été un succès. Les comités ont très bien
fonctionné. La suite de l'émission des lettres patentes a
été plutôt un accord généralisé, les
gens disant après coup, compte tenu de tous les éléments
qui ont été introduits dans la discussion, que les
décisions qui ont été prises ont été les
meilleures. Cela n'a pas été l'initiative du ministre de faire
tel ou tel découpage. C'était toujours sur des propositions qui
parfois étaient contradictoires, seulement dans ces cas,
c'étaient de rares cas d'ailleurs dans lesquels nous sommes
intervenus.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le
député de Gaspé.
M. LeMay: M. le Président, depuis le début de nos
travaux, nous avons l'impression de faire l'étude des crédits de
la région de l'Outaouais.
M. Rocheleau: C'est important, l'Outaouais.
M. LeMay: L'ensemble du Québec aussi.
M. Rocheleau: C'est une région importante.
M. LeMay: Les régions sont toutes importantes. Je voudrais
revenir au programme 1.
Le Président (M. Bordeleau): J'imagine que vous voulez
nous amener dans l'Est.
M. LeMay: Dans l'Abitibi?
Le Président (M. Bordeleau): Non, dans l'Est, dans la
région de la Gaspésie.
M. LeMay: Non, je vais m'en tenir à l'étude des
crédits sur le plan national. Si on regarde le programme 1, je voudrais
demander au ministre ceci: On voit, à la fiche B, des employés
permanents et à temps partiel, en bas. Il y a eu une coupure de
quatre postes réguliers du groupe de consultation sur la loi 125.
Ensuite, sur l'autre ligne, nous avons une diminution de 19
personnes-années du groupe de consultation. Est-ce que ces deux lignes
sont appelées à disparaître à partir du moment
où toutes les municipalités régionales de comté
seront formées? Ou est-ce qu'il restera des permanents à l'emploi
du ministère? Où vont-ils être? En région?
M. Léonard: II va rester des postes permanents. Les quatre
qui sont disparus sont des postes qui devaient disparaître de toute
façon parce que nous avons restreint... Il y a des postes
réguliers du groupe de consultation qui vont être versés
ailleurs parce que c'étaient des permanents.
M. LeMay: Est-ce que ces personnes qui resteront, qui demeureront
seront en région pour venir en aide aux nouvelles municipalités
de comté ou si elles seront ici au ministère?
M. Léonard: Dans le budget que vous avez là, vous
avez toute la direction générale de l'urbanisme. Il y a une aide
technique qui va être fournie aux municipalités régionales
de comté, au moins pour un certain temps. Je pense que c'est important
pour bien lancer toute cette opération en termes d'aménagement.
C'est la fonction même de la direction générale de
l'urbanisme que de faire cela, d'assister les municipalités.
M. LeMay: Ma crainte, c'est qu'à l'intérieur des
MRC actuellement, on a déjà engagé des spécialistes
en aménagement de territoire, en tout cas, la majorité des MRC
l'a fait déjà. N'y aurait-il pas un danger de se recouper dans
les spécialistes, dans l'aide technique?
M. Léonard: Oui. Je pense qu'il y a quand même un
certain nombre de tâches qui doivent être faites au
ministère. Nous allons surveiller très attentivement le
dédoublement possible entre le ministère et les
municipalités régionales de comté, au nom du principe que
l'aménagement comme l'urbanisme appartient au monde municipal et non pas
au gouvernement. Il ne s'agit pas de créer une superstructure qui va
venir faire le travail à la place des municipalités
régionales de comté. Mais tout le monde convient, à
l'heure actuelle, qu'il y a besoin d'un minimum de renseignements sur les lieux
pour bien enclencher les schémas d'aménagement, les plans
d'urbanisme, de faire aussi la liaison avec le ministère parce qu'il y a
certaines implications, quant à nous, au niveau de mon ministère.
Par exemple, dans le programme PAIRA, on demande qu'il y ait une densité
minimale.
C'est une donnée qui est vérifiée à la
direction fédérale de l'urbanisme avant d'accorder une
subvention. Alors, ce sont toutes des choses faites à la direction
générale de l'urbanisme.
M. LeMay: Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, ça va. Est-ce
que le programme 1 sera adopté?
M. Rocheleau: D'autres questions, M. le Président,
toujours sur le même programme.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Je reviens aux MRC, M. le Président,
à la consultation avec les principaux intervenants. J'aimerais savoir
quel est le degré de satisfaction. On dit qu'il y en a 77 et qu'il y en
a quatre dont les lettres patentes seront émises prochainement.
Combien...
M. Léonard: Parlons de 81 en termes de
décision.
M. Rocheleau: Parlons de 81. Combien de fois le ministre a-t-il
dû intervenir, tenant compte du fait que la volonté du milieu
souhaitait un ensemble de X municipalités, pour retenir davantage les
recommandations de ses hauts fonctionnaires? C'est arrivé quelques
fois...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Rocheleau: J'en ai entendu parler.
M. Léonard: Quelques fois, en de rares occasions, en
termes de décisions de type général. Trois ou quatre fois,
cinq fois peut-être. Autour de cela. Il y a eu des décisions
à différents niveaux du comité de consultation, au niveau
d'une région; lui-même entendait des gens et faisait des
propositions. C'est un processus de consultations, donc, il y a des
propositions et des contre-propositions. Parfois, aussi, ces comités de
consultation sont venus au niveau du groupe de direction qu'il y avait à
mon ministère et, à ce moment-là, il y avait des analyses
qui étaient demandées par rapport au découpage souhaitable
dans une région ou par rapport à des propositions qui avaient
été faites et qu'on analysait sur le plan technique. À ce
moment-là, il y avait des recommandations faites sur ce plan-là
qui étaient transmises au comité de consultation dans chacune des
régions. En toute fin, lorsqu'il n'y avait vraiment pas entente, c'est
parfois venu jusqu'à moi, à de très rares occasions.
M. Rocheleau: Et, est-ce qu'on...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Hull.
M. Léonard: Voyez-vous, il y a un cas qui est venu
à mon attention, c'est une municipalité régionale de
comté où toutes les municipalités s'étaient
données un droit de veto. Je pense qu'en termes de fonctionnement
ultérieur, c'était quand même dangereux d'accorder une
telle chose, de sorte que tout le monde aurait pu bloquer successivement et
qu'il n'y aurait plus aucune décision qui aurait pu être prise.
À ce moment-là, nous avons dit: Non, nous allons accorder un ou
deux droits de veto dans un tel cas. C'était sur la rive sud ici et, en
définitive, les gens ont très bien accepté et ont dit:
Oui, on reconnaît que ça risque de paralyser le fonctionnement
ultérieur de la municipalité régionale de comté.
Ça, c'est un exemple d'intervention.
Une voix: ... décision relative au nom des MRC.
M. Léonard: Les noms des MRC, règle
générale, ont été les noms retenus par les
municipalités régionales de comté, mais il y avait
toujours un avis de la Commission de toponymie, et parfois la Commission de
toponymie a indiqué ses préférences pour tel ou tel nom et
aussi les objections qu'elle avait et cela a fait modifier le nom. Je pense
qu'il y a quelques cas comme cela aussi. (11 h 45)
Mais je pense que c'est vraiment le processus de consultation: des
propositions sont émises de la part des gens, on les analyse
techniquement et on leur fait part de nos commentaires.
M. Rocheleau: Je comprends l'appréhension du ministre des
Affaires municipales vis-à-vis d'un droit de veto, on en a perdu un
dernièrement.
M. Tremblay: Lequel a-t-on perdu?
M. Rocheleau: Celui que vous avez laissé aller.
M. Léonard: On ne l'a jamais laissé aller.
M. Tremblay: On n'en a jamais eu, la Cour suprême nous a
dit qu'on n'en avait pas.
M. Rocheleau: Oui, mais vous avez laissé aller un
engagement qui existait depuis 114 ans.
M. Léonard: Je pense, M. le député de
Hull, que vous abordez un sujet sur lequel on pourrait discuter
longtemps. Je vois que vous avez même l'air très heureux qu'on
dise une chose comme ça.
M. Rocheleau: Non, je n'en suis pas heureux.
M. Léonard: Dans une proposition, rien n'a
été cédé quand l'autre n'a rien accepté,
absolument rien.
M. Rocheleau: Je ne suis pas nécessairement heureux, mais
je comprends...
Le Président (M. Desbiens): S'il vous plaît!
M. Léonard: Là, vraiment, on fait de
l'interprétation absolument fausse.
M. Rocheleau: Je comprends que l'ensemble des
municipalités qui auraient demandé un droit de veto auraient pu
bloquer le fonctionnement d'une municipalité régionale de
comté. Je suis d'accord avec le ministre qu'on pourrait prendre
plusieurs heures pour tenter de le convaincre...
Une voix: N'est-ce pas écoeurant? Il nous prend
pour...
M. Léonard: On n'est pas la cinquième colonne de ce
côté-ci.
M. Rocheleau: Non, sûrement pas. Est-ce qu'on pourrait
savoir de la part du ministre des Affaires municipales combien, à ce
jour, a coûté la consultation pour la formation des MRC?
M. Léonard: Pour la consultation, est-ce qu'on a... Un
instant.
M. Rocheleau: Parfait.
M. Léonard: 1 107 200 $ en 1981-1982.
M. Rocheleau: On avait soulevé un point à
l'Assemblée nationale lors d'une question posée au ministre
concernant le Dr Lussier qui avait été retenu par étapes
de trois mois. Est-ce qu'on a prolongé l'engagement du Dr Lussier? Je
pense que cela apparaît sous un montant de quelque 9000 $.
M. Léonard: Cela dépend. Est-ce que vous parlez du
comité de la fiscalité?
M. Rocheleau: Oui.
M. Léonard: C'est à ce sujet que vous aviez
posé une question? Je vous remercie de me poser la question parce que
ça me permet de revenir sur ce sujet. Le Dr
Lussier a été engagé selon les taux normaux en
vigueur et il doit assumer lui-même le coût d'un bureau, sa
secrétaire, la location d'un bureau, etc. C'est le tarif de
rémunération des professionnels qu'on retrouve partout dans la
fonction publique; c'est selon les mêmes normes. Par ailleurs, vous aviez
fait état d'un engagement de 29 000 $ comprenant 25 000 $ en honoraires
et 4000 $ en frais de déplacement. En réalité, les
déboursés, à ce jour, se chiffrent à 6 710,14 $ sur
une possibilité de 29 000 $. C'était une grosse tempête
dans un petit verre d'eau.
Une voix: Une autre balloune...
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? D'autres questions
sur le programme 1?
M. Rocheleau: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Toujours sur la question des membres de la
Commission nationale de l'aménagement. Malheureusement, le
président n'est pas ici. Est-ce qu'on pourrait...
M. Léonard: II faudrait adopter l'élément 1
et on passera à l'élément 2 qui est spécifiquement
le budget de la Commission nationale de l'aménagement. Est-ce que je
dois comprendre que l'élément 1...
M. Rocheleau: J'ai peut-être d'autres questions à
l'élément 1.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Hull.
M. Rocheleau: Tantôt, dans mon introduction, j'ai
mentionné que, lors de l'adoption du projet de loi no 125 dont vous
étiez le parrain, le secrétariat d'État à
l'aménagement devait faire publier une série de brochures tenant
compte, entre autres, de la décentralisation. On a eu plusieurs de ces
brochures et on revient toujours au fascicule 5, plus particulièrement
les responsabilités dévolues aux MRC. Est-ce que le ministre a
une raison quelconque pour ne pas rendre public ce document - plusieurs ont ce
document - pour que l'ensemble puisse l'avoir?
M. Léonard: Sur tout ce sujet, j'ai eu l'occasion de
m'exprimer très souvent publiquement. D'abord, il n'y a jamais eu de
fascicule 5. Ce qui a circulé, c'est un chapitre d'un projet qui n'avait
pas été retenu à l'époque et la décision du
Conseil des ministres, cela a été de procéder avec la loi
de l'aménagement sans aller plus loin.
C'est cela qui a donné naissance à la loi no 125. Nous ne
sommes pas allés plus loin. Vous avez, je suppose, assisté au
banquet de clôture du congrès de l'Union des municipalités
du Québec; quant à la politique de décentralisation du
gouvernement, toutes les démarches et les études qui sont faites
ont été énoncées par M. Gendron, le ministre
d'État à l'Aménagement.
M. Rocheleau: Malheureusement, M. le Président, je n'ai pu
assister au banquet de clôture parce que j'ai dû revenir à
Québec à cause du projet de loi no 37 qu'on avait
déposé à l'Assemblée nationale et à cause de
la motion de report. Le ministre semblait s'amuser fortement avec cela pour
nous tenir loin du milieu dans lequel on a été si bien pendant de
nombreuses années. J'ai dû revenir à Québec. Il
n'est pas dit que je n'y retournerai pas un jour.
M. Léonard: Cela va me permettre de préciser des
choses. Je pense que tout ce qui a été fait là-dessus,
c'est l'étape de l'aménagement. La loi no 125, je pense qu'elle
recèle une politique de décentralisation. C'est
déjà là. Par ailleurs, ce que nous avons dit, c'est qu'il
n'y aurait pas d'autres fonctions déléguées sans les
sources de revenus correspondantes qui seraient prévues. Les gestes qui
ont été posés sont, par exemple, la loi no 74, où
l'on permet, facilite et, je dirais aussi, encourage des ententes entre
différentes municipalités; la loi no 12 où il y a une
délégation de pouvoirs qui est prévue et que nous avons
discutée ici au mois de décembre 1980. Pour la suite, je pense
qu'il n'y a pas de gestes de décentralisation qui sont posés sans
consultation avec les municipalités. Jusqu'ici, en tout cas, tout ce qui
est prévu, ce sont des mécanismes qui peuvent fonctionner sur une
base volontaire, à condition que les municipalités le veuillent,
à condition aussi que le gouvernement le veuille. Je pense que personne
ne peut trouver à redire à une telle approche.
M. Rocheleau: M. le Président, en ce qui a trait plus
particulièrement à la Commission nationale de
l'aménagement, est-ce que vous aviez l'intention de...
M. Léonard: Est-ce qu'on adopte l'élément
1?
Le Président (M. Bordeleau): L'élément 1 est
adopté.
M. Rocheleau: II faudrait peut-être adopter
l'élément 1.
Le Président (M. Bordeleau): L'élément 2, la
Commission nationale de l'aménagement. On peut le suspendre et y
revenir plus tard.
M. Léonard: Oui, et on procéderait tout de suite
après.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Léonard: M. le député de Hull, est-ce que
je peux vous proposer de suspendre l'étude du budget de la Commission
nationale de l'aménagement? Le président sera ici cet
après-midi; nous pourrions avoir les renseignements de première
main et en discuter dès la reprise des travaux. On procéderait,
par ailleurs...
Le Président (M. Bordeleau): On pourrait maintenant
entreprendre l'étude du programme 2, Aide et surveillance
administratives et financières. M. le ministre.
Aide et surveillance administratives et
financières
M. Léonard: Vous avez, dans cette fonction, ce programme
2, un budget de 65 000 000 $ cette année, par rapport à un
budget, l'an dernier, de 98 000 000 $. C'est là où nous trouvons
une diminution pour les raisons que nous verrons ultérieurement. Alors,
ce programme vise à fournir aux municipalités comme aux
communautés urbaines et régionales l'assistance technique et
à exercer la surveillance requise en matière de gestion
financière et administrative, ainsi qu'à alléger leur
fardeau fiscal. Alors, vous avez différents éléments
à ce programme; la surveillance de la gestion municipale est de 4 000
000 $ environ; l'aide financière aux municipalités est de 37 000
000 $; le fonds de péréquation se retrouve aussi à 21 000
000 $, et des services quasi judiciaires en gestion municipale, ce qui est le
budget de la Commission municipale du Québec, 1 766 000 $.
Alors, les écarts importants sont au transfert, à la
catégorie 10. Si vous prenez votre fiche B, il s'agit là de la
diminution majeure dans les programmes d'aide à la densification, de
l'entente sur les équipements publics, sur le programme d'aide aux
équipements communautaires.
Essentiellement, c'est là que se retrouve la diminution du
programme.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Est-ce qu'on pourrait nous expliquer si cette
diminution, au point de vue des ententes et au point de vue des transferts, est
causée par la non-utilisation par les communautés et par les
municipalités de tous les moyens à leur disposition?
M. Léonard: C'est essentiellement dans la foulée de
l'abolition du ministère des Affaires urbaines; le gouvernement
fédéral a mis un terme à toutes les ententes concernant la
municipalité. Il s'était engagé, à ce moment,
à financer le programme d'aide aux équipements communautaires,
qui est un programme conjoint, comme vous le savez, du gouvernement
fédéral, du gouvernement québécois et des
municipalités. Nous avions signé les deux premières
phases, en 1980, et la troisième phase devait venir avant le 31
décembre 1980. M. Cosgrove a annoncé, au mois de novembre, je
crois, le 11 novembre 1980, qu'il ne signerait pas, qu'il ne s'engagerait plus
dans la troisième phase de ce programme. Est-ce que c'était en
1978 ou en 1980?
Une voix: En 1979.
M. Léonard: Je voudrais faire une correction. La signature
de cette entente a été faite en 1979, au mois de mai 1979. Vous
avez, à la fiche C, programme 2, élément 2, la ventilation
de ce budget, la ventilation des changements dans chacun des postes. Le
programme d'aide à la densification est passé de 9 200 000 $
à 500 000 $, donc, il est en retrait progressif, en "phasing out".
L'entente sur les équipements publics, qui avait été
signée, je crois, en 1978, est passée de 4 600 000 $ à 950
000 $; cela aussi, c'est en retrait progressif. Le programme d'aide aux
équipements communautaires, qui est le gros de la diminution, passe de
29 940 000 $ à 10 110 000 $. Le programme d'aide à l'acquisition
des parcs urbains, lui, augmente de 1 000 000 $ à 3 000 000 $ par suite
de l'implication accentuée du gouvernement dans les parcs urbains
régionaux de la Communauté urbaine de Montréal. La formule
de transfert minimum, c'est un transfert du gouvernement du Québec aux
municipalités. Comme vous le voyez, le gouvernement
fédéral n'étant pas là, cela augmente, de 11 800
000 $ à 12 134 000 $. La compensation pour taxe d'affaires des PME par
rapport à l'entente intervenue lors de la nouvelle fiscalité
municipale, nous passons de 15 910 000 $ pour l'an passé à 8 739
000 $, mais cela comprend des paiements par anticipation, en 1981-1982, sur
l'année 1982-1983; lorsqu'on rétablit cela, il y a une
augmentation, et différentes aides financières de 3 800 000 $
à 2 451 000 $. Vous avez la ventilation.
M. Rocheleau: Dans les détails, M. le Président, on
retrouve, en 1981-1982, une aide aux infrastructures de Hauterive de 2 259 000
$.
M. Léonard: Oui, c'est le parc industriel de
Hauterive.
M. Rocheleau: Est-ce que le ministre aurait l'intention d'ajouter
certains montants, cette année, pour faciliter son projet de loi no 37
modifié, afin de favoriser les deux municipalités? (12
heures)
M. Léonard: Je m'excuse. Sur les infrastructures, à
Hauterive, il y en a encore une partie, 168 000 $, qui se retrouve dans les
divers, en bas. Mais, par rapport à la loi no 37, il y a des sommes
prévues dans le budget général pour l'aide aux fusions
volontaires des municipalités, et aux fusions des municipalités,
au programme 5. Par ailleurs, sur les crédits additionnels qui seraient
requis pour cette fusion de la loi 37, cela viendra ultérieurement,
lorsque la loi sera votée; donc, ça paraîtra
nécessairement au budget supplémentaire du Québec.
M. Caron: Dans le projet de loi no 37, le ministre a-t-il
l'intention de bien spécifier l'aide qu'il va donner, ou si ça
sera d'une autre façon?
M. Léonard: Nous en avons déjà fait
l'annonce publique. L'aide est portée à 2 034 000 $, ce qui
excède l'aide qui serait permise ou prévue de par la loi des
fusions volontaires qui est de 734 000 $.
M. Rocheleau: Je m'aperçois que la municipalité de
Baie-Comeau, entre autres, a fait des représentations concernant le
projet de loi forcé no 37. L'Opposition qui, jusqu'à maintenant,
a très bien fait son travail, a obligé le ministre des Affaires
municipales à modifier de 700 000 $ à 2 000 000 $... Le rapport
qui devrait normalement être déposé aux environs du 17 mai
pourrait demander au ministre de reconsidérer la chose afin de minimiser
l'impact de nouvelles taxes que cela pourrait créer, entre autres
à Baie-Comeau.
En tout cas, M. le ministre, on laisse la porte ouverte
là-dessus. On comprend que le ministère a peut-être
été hâtif dans le dépôt de ce projet de loi;
on l'excuse, je pense qu'on doit apprendre à pardonner les erreurs que
certains peuvent faire; mais on laisse quand même la porte ouverte pour
que le ministre puisse reconsidérer les sommes additionnelles qui
pourraient éviter des problèmes particuliers autant à
l'une comme à l'autre des municipalités... du ministre du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche qui contribue d'une façon
très...
M. Caron: II me semble qu'au Conseil des ministres, il est plus
fort que le ministre des Affaires municipales.
M. Rocheleau: II y a un combat.
M. Léonard: M. le Président, je voudrais informer
le député de Hull que nous avions pris des décisions
même avant la commission parlementaire là-dessus. Nous avions fait
l'étude du dossier et nous avons fait des propositions que nous avons
rendu publiques à la fin de janvier; par ailleurs, vous conviendrez que,
compte tenu des travaux du comité intermunicipal qui fonctionne et
auquel je suis heureux d'avoir associé la Commission municipale du
Québec, pour les aider, nous pourrons examiner et
réévaluer la situation s'il y a lieu, en tout cas, nous verrons,
nous attendons ces travaux; pour l'instant, sur le principe même, nous
discutons à l'Assemblée nationale. Je pense bien que nous allons
maintenant arriver en commission parlementaire après la deuxième
lecture, ce qui va coïncider à peu près avec la fin des
travaux du comité intermunicipal.
M. Rocheleau: Nous sommes heureux de constater la confiance que
fait le ministre des Affaires municipales à la Commission municipale du
Québec. Lors des interventions en commission parlementaire, au mois de
décembre 1981, nous avions recommandé fortement d'impliquer ces
gens qui sont d'une compétence certaine dans le domaine municipal. Nous
sommes tout à fait heureux, j'ai même mentionné, jeudi
dernier, que c'était une certaine victoire pour l'Opposition de voir
maintenant la Commission municipale impliquée dans le dossier de
Baie-Comeau-Hauterive et que cela permettrait sûrement d'éclairer
davantage et de concilier les parties, tenant compte du fait que le ministre
semble être résolu de voir ces deux municipalités
regroupées.
Nous en sommes d'autant plus conscients que nous avions demandé
que la Commission municipale soit impliquée, qu'il y ait un rapport de
fait même si le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche ne
semblait plus vouloir avoir aucun rapport sur une fusion possible entre ces
deux municipalités. Il va rester le troisième
élément qui est le plus important, soit celui d'une consultation
qui pourra se faire dans ces municipalités pour permettre à cette
population d'exercer ce qui est encore le plus cher au Québec, la
démocratie.
Je suis convaincu, M. le Président, que le ministre des Affaires
municipales va se trouver une porte de sortie pour justement considérer
le fait - je pense que c'est important - lui qui rencontre les
municipalités, lui qui a des entretiens fréquents avec l'Union
des municipalités qui lui a dit dernièrement qu'il faudrait
laisser aux municipalités le soin de définir leur union, s'il y
avait union à être faite... Et le connaissant comme je commence
à le connaître, je suis convaincu qu'il va se trouver une
façon élégante de dire que son ministère a
demandé ou va demander une consultation. Le député de
Gaspé est aussi
très inquiet, parce que, dans le temps, on a fait une fusion
à Gaspé...
M. Léonard: II y a des municipalités qui ont
été fusionnées de force comme cela.
M. Rocheleau: Oui, il y avait plusieurs municipalités. M.
le Président, nous serions d'accord d'en parler, parce que nous
comprenons aujourd'hui les inquiétudes du député de
Gaspé qui, je vous l'avoue, est inquiet de la situation.
Une voix: Vous comprenez trop tard.
M. Rocheleau: II semble être malheureux actuellement. J'ose
espérer que tous ces députés du côté
ministériel vont pouvoir avoir cette liberté de s'exprimer...
M. Tremblay: II n'y a pas de doute.
M. Rocheleau: ... parce qu'il y a plusieurs comtés qui
sont actuellement représentés par des députés
péquistes. Les élections reviennent quand même au moins une
fois tous les cinq ans. Il faut toujours préparer l'avenir. On sait ce
qui est arrivé en 1976. Le même sort peut arriver à
plusieurs de ces députés.
M. Léonard: Je veux revenir au sujet, sur l'application de
la Commission municipale du Québec. Je n'ai, à ma mémoire,
jamais affirmé que la Commission municipale du Québec
n'interviendrait pas. Je pense que cela viendra en temps et lieu. Vous dites
qu'on cherche des portes de sortie. Ce n'est pas cela que nous avons, nous
avons des portes d'entrée que nous ouvrons en temps et lieu.
M. Rocheleau: On comprend, M. le Président, et on accepte
déjà que le ministre fasse des concessions et cherche au moins la
façon élégante de reconnaître que l'Opposition a un
rôle important à jouer, que l'Opposition, à ce jour, a
joué son rôle et qu'elle continue de le jouer d'une façon
efficace et très objective.
M. Léonard: Je pense que l'Opposition a un rôle
à jouer. Je ne sais pas si vous le jouez bien, mais enfin!
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le
député de Bellechasse, vous aviez une question.
M. Lachance: M. le Président, j'aimerais revenir
brièvement sur le programme d'aide aux équipements
communautaires. Je saute sur l'occasion que me donne le député de
Hull pour manifester sa bonne foi, sa collaboration, l'aspect positif de
l'Opposition, puisque, semble-t-il, il possède des amis de l'autre
côté de la frontière du Québec. J'ai
déjà eu l'occasion de l'exprimer au ministre, lors de la
commission parlementaire de l'an dernier. Je constate, malheureusement, qu'il
n'y a pas eu de modifications depuis ce temps, depuis qu'on a appris la fin du
programme d'aide aux équipements communautaires officiellement,
unilatéralement aussi, le 31 décembre 1980. J'ai
été à même de constater que ce programme, en
particulier dans mon comté où il y a plusieurs petites
municipalités rurales, effectivement 34, était un programme
très attrayant, parce qu'il était polyvalent, qu'il permettait
des améliorations dans le domaine des équipements et qu'en
même temps, il était un stimulateur de l'économie. Je
m'explique: c'est que, lorsqu'il y a possibilité pour une
municipalité de bénéficier de ce programme, c'est
très incitatif pour les municipalités elles-mêmes d'y
contribuer. C'est un incitateur de l'économie par la création
d'emplois dans le domaine, en particulier, de la rénovation et de la
construction. J'aurais deux questions à poser au ministre relativement
au programme d'aide aux équipements communautaires. La première
concerne les 10 000 000 $ qui sont inscrits ici aux crédits de
1982-1983. Est-ce que je dois voir dans ces crédits des résidus
de l'entente Québec-Canada? Jusqu'à quand apparaîtra-t-il
dans les crédits du ministère des Affaires municipales des sommes
d'argent pour le programme d'aide aux équipements communautaires
officiellement aboli depuis déjà un an et demi?
Ma deuxième question, ce serait de demander, vu que c'est un
programme, encore une fois, très stimulant au niveau de la
création d'emplois, emplois dont nous avons tant besoin
présentement, si le ministre des Affaires municipales entend revenir
à la charge auprès du gouvernement fédéral pour la
remise sur pied de ce programme.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Léonard: Quant à la première question, le
programme se termine officiellement, après des échanges de
correspondance que j'ai eus avec M. le ministre Cosgrove, le 31 décembre
1984. Alors, cela veut dire que c'est la période de retrait, si on veut,
de la réalisation des différentes subventions qui ont
été données de par ce programme qui va durer jusqu'au 31
décembre 1984.
En attendant des renseignements additionnels sur la composition
même des 10 000 000 $, nous sommes revenus à la charge assez
souvent quant à ce programme. L'été dernier, notamment,
à la conférence interprovinciale des ministres des Affaires
municipales, nous avons fait une déclaration conjointe demandant
au gouvernement fédéral de respecter son engagement. Je me
rappelle que le ministre des Affaires municipales de la Nouvelle-Écosse
avait fait une déclaration en spécifiant qu'il était
prêt à mettre le nom des ministres fédéraux ou de
ceux du gouvernement fédéral qui voudraient avoir leur nom sur
tous les bouts de tuyaux d'égout qu'il poserait. Je pense que c'est
essentiellement pour une question de visibilité qu'on critique beaucoup
du côté fédéral. On trouve que les pancartes sont
mises dans du foin trop long ou qu'il y a trop de neige, que les noms
n'apparaissent pas assez. C'est toutes les municipalités finalement qui
en souffrent, pour des questions de visibilité pures et simples. Cette
histoire de pancarte a fait la manchette des journaux il y a déjà
un an ou un an et demi et c'était effectivement la plainte
qu'adressaient les membres du gouvernement fédéral, leurs noms
étaient au bas de la pancarte et le foin trop long ou la neige trop
haute!
Sur les détails des 10 000 000 $ restants, si vous me permettez,
ce sont des montants engagés dans chacune des municipalités
à l'heure actuelle. Ces travaux ne sont pas tous réalisés.
Sur des crédits réservés totaux de 16 768 000 $, il y en a
déjà 7 152 000 $ de payés et 9 615 000 $ à payer,
plus d'autres programmes résiduels; c'est cela qui constitue les 10 000
000 $. Maintenant, ce qui va arriver, c'est que les 10 000 000 $ risquent de
durer jusqu'au 31 décembre 1984, mais avec des montants en diminution
progressive.
M. Lachance: Cela répond très bien à ma
question, M. le ministre.
M. le Président, j'aimerais savoir de la part du ministre,
même si je crois déceler dans ses paroles qu'il n'a pas tellement
confiance dans une réponse favorable de la part du gouvernement
fédéral, si le contexte économique difficile dans lequel
nous évoluons présentement ne se prêterait pas à un
retour à la charge pour convaincre les autorités
fédérales du bien-fondé, même si on devait mettre la
couleur rouge sur les pancartes plutôt que la couleur bleue, pour les
inciter une nouvelle fois à collaborer à un programme tripartite
fédéral-provincial et municipal. Ou le ministre
considère-t-il que ces gens ont fait la preuve qu'ils sont sourds et
qu'il n'y a rien à faire? (12 h 15)
M. Léonard: Nous le faisons régulièrement.
Nous leur demandons de s'en tenir à la troisième phase du
programme d'aide aux équipements communautaires qui, lorsqu'il a
été signé, devait comporter des sommes beaucoup plus
considérables que les deux première phases. Alors, comme
d'habitude, cela a été des promesses de ce type, qui ne sont
jamais réalisées lorsque c'est le temps de se commettre. On croit
savoir que le gouvernement fédéral voudrait ou souhaiterait
intervenir directement vers les municipalités par rapport à des
programmes comme ceux-là, mais c'est au mépris de la
constitution, article 92.8, qui donne juridiction exclusive aux provinces dans
le domaine municipal.
M. Rocheleau: J'aimerais peut-être ajouter un point
là-dessus, M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: ... pour éclairer mon collègue, le
député de Bellechasse. D'une part, actuellement, il y a des
millions qui traînent à Ottawa et le gouvernement du Québec
ne semble même pas capable d'aller les chercher au niveau de l'industrie
et du commerce pour la création d'emplois. Même si le premier
ministre a déjà annoncé que les rencontres
fédérales-provinciales au niveau des différents
ministères, il n'y croyait pratiquement pas - il a
reconsidéré son affaire au niveau du ministère des
Affaires intergouvernementales - il n'en demeure pas moins que, si le ministre
et son équipe n'avaient pas peur de traverser les frontières, ils
devraient se rendre à Ottawa et aller négocier d'une façon
objective. Il peut même résider du côté de
l'Outaouais québécois; on pourrait l'héberger chez nous.
Il pourrait refaire ses forces tous les jours. On pourrait même lui
fournir la médicamentation nécessaire pour l'aider à
dormir le soir. Je comprends que cela l'énerve lorsqu'il traverse les
frontières, mais il n'en demeure pas moins que, s'il y avait des
rencontres plus objectives, je pense que cela serait quand même
relativement important.
D'autre part, le ministre soulignait tantôt - et je pense que
c'est de la mesquinerie de la part du gouvernement - la question des pancartes
ou la question de dire à la population canadienne, plus
particulièrement à la population québécoise, quand
il se dépense de l'argent en territoire québécois. Le
gouvernement fédéral contribue à 50% dans le cas des
réseaux routiers. Je me souviens que, quelques mois avant l'annonce des
élections du 13 avril dernier, entre autres dans l'Outaouais, parce que
je connais cette région peut-être un peu plus, le gouvernement
provincial avait mis ses grandes affiches de cinq pieds sur huit,
annonçant des projets de 5 600 000 $ et on avait omis d'informer la
population que c'était à frais partagés avec le
gouvernement fédéral, 50% fédéral et 50%
provincial. On a dû rajouter une petite pancarte d'à peu
près huit pouces par cinq pieds au-dessus pour annoncer que le
fédéral - on tentait de le cacher, mais il a fallu le dire -
contribuait,
avec l'argent de l'ensemble des Canadiens, à parfaire le
réseau routier dans l'Outaouais québécois. On trouvait
cela un peu mesquin. On a demandé au ministre des Transports dans le
temps de corriger la situation, chose qu'il a dû faire. C'est de la
mesquinerie, M. le ministre, il faut le reconnaître. Nous, de
l'Opposition, on sait quand critiquer le gouvernement fédéral sur
des choses qu'il ne fait pas, mais vous semblez persister à toujours
critiquer.
Je m'aperçois que le député de Bellechasse commence
à comprendre; les programmes qui ont été coupés, il
s'en ressent aujourd'hui. Peut-être que, s'il les avait
appréciés un peu plus dans le temps, il pourrait continuer
à en avoir, que ces programmes auraient été
reportés et que tout le monde en bénéficierait dans
l'ensemble du Canada. Mais le député de Bellechasse devrait
comprendre qu'à un moment donné la mesquinerie, cela joue des
tours.
M. Lachance: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre m'a
annoncé qu'il voulait répondre.
M. Léonard: Allez-y donc, M. le député de
Bellechasse.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Bellechasse.
M. Lachance: ... on l'a apprécié. On l'a si bien
apprécié qu'on voudrait que cela continue. Il n'y a pas de
mesquinerie là-dedans. Si on regarde les pancartes utilisées par
le ministère des Affaires municipales pour annoncer des projets, pour
visualiser des projets dans le cadre du programme PAEC, c'était bien
inscrit que le projet était réalisé avec des fonds du
provincial, du fédéral et au niveau municipal; c'était
inscrit blanc sur bleu. Je ne vois pas de mesquinerie là-dedans.
M. Léonard: M. le Président, je pense qu'il y a un
problème là-dedans, qui est celui, à mon avis, de la
députation fédérale. Au fond, ceux qui préparent
les dossiers, ceux qui travaillent aux dossiers sont des
Québécois, ce sont les municipalités, les élus
municipaux avec les députés du Québec. Tout au long du
cheminement du dossier, effectivement, de par la force des choses, de par la
force de l'action des députés québécois et des
élus municipaux, cela devient identifié dans la population comme
étant un dossier québécois. Leur problème, c'est
qu'ils voudraient être identifiés; ils sont identifiés,
mais personne ne les voit jamais, sauf pour venir couper le ruban. Ce sont des
coupeurs de rubans, pas autre chose. C'est bien évident qu'en termes de
crédit politique, c'est mince, parce qu'ils ne vont là qu'une
fois, couper le ruban quand tout est fini, qu'il n'y a plus rien à
faire. Qu'est-ce que vous voulez? Il y en a partout de ces choses. Ce sont des
coupeurs de rubans, c'est cela.
J'ai toujours eu comme politique et comme intention d'aller
récupérer à Ottawa le plus de taxes possible. C'est
à ce titre que j'ai négocié des ententes, j'en ai
négocié pour 1 500 000 000 $ durant trois ans. On est allé
en chercher le plus possible et je suis prêt à aller en chercher
le plus possible parce que les Québécois paient aussi des taxes
à Ottawa et qu'il faut aller les chercher pour les utiliser ici. C'est
la fonction des députés fédéraux, mais ils ont
renversé les rôles. Ils se conçoivent comme étant
les défenseurs du fédéral, alors qu'ils ont
été élus pour défendre les intérêts
des Québécois à Ottawa. Ils ont renversé cela,
c'est ce qu'ils ont fait depuis qu'ils sont là. C'est là,
d'ailleurs, la gravité de la situation
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le
député de Verdun.
M. Caron: M. le Président, M. le ministre, je comprends
bien cela, mais lorsqu'on parle avec les députés
fédéraux du Québec, le malaise, c'est qu'ils veulent
être affichés. Je pense que c'est tout à fait normal...
Des voix: ...
M. Caron: Minute là! Je vous ai laissé parler. S'il
vous plaît! C'est à mon tour.
Une voix: Oui, c'est à vous, M. le député de
Verdun.
M. Caron: On n'est pas dans votre caucus. M. le ministre, je
pense que, aussi bien aux Affaires municipales qu'ailleurs, les gens devraient
s'asseoir - et je blâme le fédéral aussi; à certains
moments, ils ne veulent pas vous regarder. Eux aussi, les gars du
Québec, ont leurs responsabilités; quand c'est le temps de leur
dire cela, je suis capable de le dire. Je pense qu'entre les deux groupes on ne
veut pas se parler. Qui est le plus responsable? Nous ne le savons pas, nous ne
sommes pas témoins des rencontres ou des lettres qu'on envoie; il
semblerait qu'envoyer des lettres, cela prend bien du temps. Je ne sais pas si
on utilise la poste royale ou...
M. Léonard: C'est la poste fédérale.
M. Caron: ... mais cela prend du temps. Je pense qu'on est tous
ici pour travailler dans l'intérêt des Québécois,
autant vous que nous. On est tous ici pour essayer de se faire
réélire, cela à 95% des gens des deux côtés
de la Chambre, aussi bien que les gars
d'Ottawa. Je les blâme, les gars d'Ottawa, ils ont bien des
péchés. Eux aussi, ils devraient modérer leurs
dépenses folles, comme vous en avez fait dans le temps de la
constitution. Des deux côtés, vous auriez dû donner cela aux
pauvres ou aux assistés sociaux et à bien du monde qui en a
besoin et aux municipalités. Une fois pour toutes, quand ils donnent
quelque chose, que ce soit aux Affaires municipales ou ailleurs, affichez-le,
mais essayez de vous entendre entre vous. Pendant ce temps, cela "stâle",
cela "stâle", et on n'avance pas. M. le ministre: Affichez! Ils disent
que c'est ce qu'on reproche à l'habitation. On parlait de cela justement
hier avec des gars du fédéral; on dit que c'est cela. Eh bien!
essayez de leur donner aussi un petit peu de "nanane"; ils vont peut-être
vous en donner.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Léonard: Je voudrais répondre à M.
Salomon que, finalement, nous avons toujours dit ceci, et je vais reprendre la
déclaration de M. le député de Hull au sujet de ce
qu'avait dit le premier ministre. Le premier ministre a dit: Quand il sera
question de nos intérêts économiques, nous allons y aller,
et nous y sommes allés dès le départ. Il n'a jamais dit
qu'il se retirait de toutes les conférences
fédérales-provinciales, il a dit qu'il se retirait de celles
où il ne serait pas question d'intérêt économique
puisque ce qu'il voulait, finalement, c'était assurer les
intérêts économiques. Je ne refuse pas de rencontrer des
ministres fédéraux pour autant qu'ils ont des choses à
nous donner, des choses à nous proposer et, là-dessus, je suis
prêt à discuter avec n'importe quel ministre
fédéral. Mais il reste que, depuis quelque temps, il n'y a rien;
au contraire, ils ont soustrait des choses qu'ils nous devaient ou des choses
sur lesquelles nous nous étions entendus auparavant. Quand on
considère les paiements de péréquation, la coupure qu'il y
a cette année équivaut exactement au manque à gagner du
budget du Québec à l'heure actuelle. Si on avait poursuivi les
programmes comme dans les années antérieures, en
réalité, nous ne serions pas devant une impasse
budgétaire; nous n'aurions pas à faire la proposition que nous
avons faite tout récemment au sommet économique et, par la suite,
aux centrales syndicales; c'est exactement la même somme qu'il y a
là.
M. Caron: II faut dire aussi qu'il y a, d'une part...
M. Léonard: Je voudrais ajouter, M. le
député de Verdun - excusez-moi - par rapport à ces
paiements, que, si le fédéral payait ses taxes municipales selon
leur évaluation à plein, c'est plusieurs millions, plusieurs
dizaines de millions de dollars, peut-être même plus parce que, sur
les installations portuaires notamment, il ne paie pas de taxe en vertu de la
loi C-4, il s'est exclu, il ne veut pas payer de taxe parce qu'il se
prétend au-dessus des charges. Il paie des comptes de
téléphone, mais il ne paie pas le coût des services
municipaux. Je trouve que cela est un sujet, il devrait le faire et cela
apporterait de l'argent aux municipalités, s'il payait des taxes
municipales.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Verdun.
M. Caron: M. le Président, là-dessus, le ministre
des Affaires municipales a bien raison. Il y un autre ministère aussi
qui devrait payer, c'est la GRC, le manque qu'on a de ce
côté-là qui devrait être transféré
à la Sûreté du Québec. Là-dessus, j'ai
toujours appuyé le ministre du Québec qui est là. Mais il
faut dire que vous autres aussi vous avez des faiblesses, certaines
dépenses qui pourraient être modérées dans votre
publicité. Justement, mon collègue de ce matin montrait des
couverts, des beaux couverts; lorsqu'on est pauvre, on vit selon ses moyens:
pauvrement. Ça devrait être aussi exercé dans tous les
ministères. Vous avez même, dans votre paperasse, des pages de
deux, trois lignes, c'est tout. Si vous essayiez d'économiser dans tout,
ce serait peut-être pas aussi pire, en fin de compte.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, je pense que le ministre
des Affaires municipales est loin de la réalité, dans le sens que
le gouvernement fédéral, aujourd'hui, reconnaît davantage
les évaluations foncières dans les municipalités, tenant
compte des "en lieu" de taxes. Je ne peux pas parler pour toutes les
municipalités, mais je sais qu'à Hull, il y a un
élément important au point de vue des équipements du
gouvernement fédéral en territoire Outaouais, tout
particulièrement à Hull, et que le gouvernement
fédéral reconnaît à presque 100%, et même
à 100%, les évaluations sur ses propriétés.
Par contre, le gouvernement du Québec ne reconnaît pas
à 100% les évaluations de ses propriétés du
réseau de l'Éducation et des Affaires sociales. Je pense qu'avant
de faire la leçon aux autres, il devrait reconnaître aux
municipalités la totalité de ces évaluations-là et
de ces "en lieu" de taxes, tenant compte du fait que ce sont les
municipalités au Québec actuellement qui subventionnent -
contrairement à l'habitude -le gouvernement pour des installations qu'il
a dans les municipalités.
Si le gouvernement avait corrigé la situation sur les barrages
hydroélectriques de Hauterive, peut-être que Hauterive ne
connaîtrait pas actuellement les problèmes qu'elle connaît
et ne serait pas obligée de demander au gouvernement une fusion
forcée avec Baie-Comeau. Je comprends que ce n'est pas un
problème qui a été créé par le gouvernement
actuel; on doit remonter, je pense, en 1971, à la loi no 51 dans le
temps, mais il n'en reste pas moins que le gouvernement actuel n'est quand
même pas nouveau au pouvoir, il est là depuis 1976, et aurait pu
apporter ces correctifs-là.
Quant à la chicane des rubans, vous dites que tout ce que le
gouvernement fédéral aime faire, c'est couper des rubans. Mais
couper des rubans, c'est important, parce que, habituellement, quand on coupe
un ruban, on annonce un projet ou on lance un projet quelconque, et c'est
important. Moi, je sais pertinemment que, de 1976 à 1981, le Parti
québécois, le gouvernement actuel en a coupé des rubans,
mais des rubans de projets qui avaient été commencés du
temps des libéraux entre 1970 et 1976. Entre autres, quand le
gouvernement actuel est allé peser sur le piton à la Baie James,
il était heureux de dire que c'était un projet extraordinaire,
qu'il avait, par contre, critiqué lorsque M. Bourassa dans le temps
l'avait lancé. On oublie cela, mais il n'en demeure pas moins, M. le
Président... (12 h 30)
M. Léonard: C'est parce qu'il a coupé des rubans
avant de faire le projet, c'est là le problème.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, M. le
député de Hull, puisqu'il est passé 12 h 30, puis-je vous
demander de conclure rapidement ou de reprendre la discussion cet
après-midi? On va devoir suspendre nos travaux.
M. Rocheleau: Je vais sûrement... M. Caron: On
termine à 12 h 30?
Le Président (M. Bordeleau): Oui, comme la Chambre
siège à 14 heures, je voudrais bien permettre le
déjeuner.
M. Rocheleau: Je veux conclure là-dessus, M. le
Président, parce que je pense que c'est relativement important. Les 6
000 000 000 $ de promesses que le gouvernement actuel a faites avant le 13
avril dernier, on a hâte, au moins de loin, de voir des rubans se couper,
mais, depuis ce temps, on a hérité malheureusement de hausses de
taxes plutôt que de voir la réalisation de certains projets, de
certaines promesses électorales, chose que les Québécois
et les Québécoises vont sûrement se rappeler dans un avenir
prochain, si le ministre des Affaires municipales et le ministre du Loisir, de
la Chasse et de la Pêche insistaient auprès du premier ministre
pour se faire reconfirmer, étant donné qu'ils ne semblent plus
être aussi légitimes comme représentants des
Québécois et Québécoises depuis 1980.
Là-dessus, je conclus, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Merci beaucoup.
J'ai le consentement pour permettre au ministre de répondre avant de
suspendre la séance. M. le ministre des Affaires municipales.
M. Léonard: Je voudrais revenir sur des choses, sur les
taxes payées par le gouvernement fédéral et le
gouvernement du Québec. Le gouvernement du Québec, en plus
d'avoir évacué le champ de la fiscalité scolaire, verse
lui-même maintenant, avec la nouvelle fiscalité, 225 929 000 $ de
taxes alors que le fédéral, dans tout le Canada, d'après
sa loi C-4, verse 179 000 000 $ de taxes. Il possède des bureaux de
poste partout, dans la moindre municipalité du Québec, toutes les
installations militaires, tous les aéroports, tous les ports, tous les
édifices gouvernementaux; il en a. Même dans tout le Canada,
là où il verse 179 000 000 $ de taxes, c'est moins que ce que le
Québec lui-même, tout seul, verse dans le Québec,
même avec la proportion 40% et 80%, 226 000 000 $. Il en a des
installations.
Le Président (M. Bordeleau): La commission des affaires
municipales ajourne donc ses travaux sine die... jusqu'après la
période de questions.
(Suspension de la séance à 12 h 32)
(Reprise de la séance à 16 h 41)
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre! Madame et
messieurs, la commission parlementaire des affaires municipales reprend donc
ses travaux aux fins d'étudier les crédits du ministère
des Affaires municipales.
Comme c'est une nouvelle séance, je répète la liste
des membres de la commission pour la séance de cet après-midi:
MM. Bissonnet (Jeanne-Mance), Caron (Verdun), Dubois (Huntingdon), Fallu
(Groulx), Lachance (Bellechasse), Lachapelle (Dorion), Léonard
(Labelle), Ouellette (Beauce-Nord) remplacé, comme ce matin, par M.
LeMay (Gaspé), MM. Rochefort (Gouin), Rocheleau (Hull), Tremblay
(Chambly).
Les intervenants sont: MM. Beauséjour (Iberville),
Bélanger (Mégantic-Compton), Brouillet (Chauveau), Desbiens
(Dubuc), LeBlanc (Montmagny-L'Islet), Picotte
(Maskinongé), Ryan (Argenteuil), Saintonge (Laprairie). Pas
d'autres changements?
Nous en étions, à la suspension... M. le
député de Chambly.
M. Tremblay: Est-ce à mon tour de parler, M. le
Président?
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, je vous donnerai
peut-être la parole tantôt, je veux juste rappeler où on en
était rendu dans l'étude des crédits.
M. Tremblay: Je voulais vérifier si mon nom était
encore sur la liste.
M. Rocheleau: Malheureusement!
Le Président (M. Bordeleau): On a été
obligé de refaire une nouvelle liste.
M. Tremblay: Je sais que l'Opposition n'aime pas cela,
mais...
Une voix: Ne vous inquiétez pas.
Le Président (M. Bordeleau): Nous étions à
l'étude du programme 2.
M. Tremblay: Ils voudraient bien qu'on ne parle pas.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! Nous
étions à l'étude du programme 2...
M. Bissonnet: Quand vous serez dans l'Opposition, vous
parlerez.
M. Tremblay: Vous allez être vieux.
Le Président (M. Bordeleau): ... que nous avions
entamé avant la suspension de ce midi. M. le ministre,
préférez-vous qu'on continue avec le programme 2?
M. Léonard: Je veux bien qu'on continue avec le programme
2 et chacun des éléments. Je souligne que tout de suite
après nous reviendrons au programme 1, élément 2, soit le
budget de la Commission nationale d'aménagement.
Le Président (M. Bordeleau): II est déjà 4 h
45, si on pense qu'on ne pourra pas faire les deux, comme il y a des gens qui
attendent ici, on pourrait peut-être les entendre avant et revenir
après. M. le député de Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, il y aurait simplement une
clarification que j'aimerais faire sur certains éléments du
programme 2, élément 2, dont on a discuté ce matin, et on
pourra retourner au premier programme après.
M. Léonard: Est-ce qu'on adopterait tous les
éléments du programme 2 tout de suite avant d'aller au programme
1, élément 1?
Le Président (M. Bordeleau): S'il n'y a pas tellement de
questions, on pourrait le faire ainsi.
M. Rocheleau: II ne reste pas tellement de questions, on pourrait
peut-être le faire ainsi.
M. Léonard: Oui? D'accord.
Le Président (M. Bordeleau): Bon, d'accord.
M. Léonard: Ce sera plus net comme démarche.
Le Président (M. Bordeleau): On continue avec le programme
2. M. le député de Hull.
M. Léonard: Au programme 2, élément 1, il
n'y avait pas de problème particulier.
Le Président (M. Bordeleau): II n'y aurait plus de
question sur l'élément 1?
M. Rocheleau: Non.
M. Léonard: On peut adopter l'élément 1.
Le Président (M. Bordeleau): Élément 1,
adopté. Élément 2. Là-dessus, M. le
député de Hull, je pense que vous aviez quelque chose à
ajouter.
M. Rocheleau: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Ce matin et à certaines occasions, du
côté ministériel, on a traité de programmes de
contribution aux équipements communautaires. Justement, ce matin, le
député de Bellechasse semblait inquiet; il aurait souhaité
que le fédéral continue à participer à des
programmes d'équipements communautaires. Cela touche aussi le programme
PAEC.
Pour l'information du ministre des Affaires municipales et des
députés du côté ministériel, on sait que ce
programme a été instauré en 1979; le fédéral
a octroyé 47 000 000 $ en 1980-1981. En 1980, il y avait 78 000 000 $...
(16 h 45)
M. Léonard: Pour la phase II.
M. Rocheleau: ... pour la phase II, dont 53 000 000 $ ont
été payés en 1981-1982.
II restait un solde de 25 000 000 $ et quelques centaines de milliers de
dollars, mais il y a 13 400 000 $ qui n'ont même pas été
affectés par le Québec. Nous, nous parlons avec le
fédéral et on ne se gêne pas pour lui parler quand c'est le
temps. On nous a rapporté que le ministre responsable des affaires
urbaines au gouvernement fédéral avait demandé
effectivement l'autorisation du cabinet pour prolonger le programme jusqu'en
1984, afin que le Québec puisse bénéficier de l'argent
qu'il avait obtenu et qu'il n'a pas utilisé. Alors, si le
député de Bellechasse avait des programmes intéressants
à soumettre à son ministre des Affaires municipales,
peut-être que le ministre des Affaires municipales pourrait faire une
demande expresse au fédéral et apparemment les crédits
sont là pour un montant total de 13 000 000 $. Le Québec pourrait
continuer à en bénéficier, plus particulièrement le
député du comté de Bellechasse, étant donné
qu'il y a certains besoins dans son comté.
M. Tremblay: Vous pourriez faire une vraie bonne Opposition.
M. Rocheleau: Je tenais à faire ce correctif parce
qu'à l'Assemblée nationale, à quelques reprises, entre
autres le député de Chambly et d'autres députés...
S'ils étaient plus intéressés, ils pourraient
bénéficier eux aussi dans leur comté respectif de certains
de ces avantages. Je pense que cela demandait une correction, étant
donné que ce que le ministre nous rapportait ce matin semblait
totalement faux. Je tenais à apporter ces précisions parce que
nous l'avons dit, nous, de l'Opposition, ce matin, quand c'est le temps de
blâmer le gouvernement fédéral, je pense qu'on est assez
adulte pour le faire d'une façon objective; par contre, quand il est
temps de louanger la participation du gouvernement fédéral
à certains de nos programmes, il faut le dire. Je tenais à faire
ce correctif, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Merci. M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, je pense que les
correctifs faits par l'Opposition sont un peu, légèrement, et
même bien tendancieux. Nous avions affecté cette somme, quant
à nous, à des paiements pour le réseau des transports de
Montréal, soit une somme d'environ 23 100 000 $, et cette affectation
nous a été refusée par le gouvernement
fédéral. La réponse a été connue quand
même relativement tard parce qu'il y a eu des discussions autour de cela.
Nous n'avons pas accepté du premier coup la décision du
fédéral, et je pense que cela allait de soi. Nous nous
considérons toujours parfaitement justifiés d'avoir voulu
affecter ces 23 000 000 $ au réseau des transports de la
Communauté urbaine de Montréal, pour la région
montréalaise.
Comme on nous l'a refusée, nous avons donc décidé
d'utiliser le délai additionnel accordé par le gouvernement
fédéral, donc jusqu'au 31 décembre 1984. Mais dès
cette année ces sommes seront affectées à
différents autres programmes, notamment, le régime
d'épuration des eaux. Il y en a aussi à PAIRA, qui continue,
ainsi qu'à d'autres programmes du genre loisirs dans la mesure où
il y en a. Je n'ai pas les sommes exactes de l'affectation présentement,
mais c'est déjà affecté pour l'année 1982. Il n'y a
aucun problème là-dedans. Il reste que c'est à la suite
d'un refus du gouvernement fédéral de nous accorder cette
affectation pour les systèmes de transport de Montréal, de la
CUM, que nous en avons été réduits à l'affecter
à d'autres programmes ultérieurement. Il n'y a rien de perdu,
absolument rien.
M. Rocheleau: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: ... j'ose souhaiter que le ministre interviendra
pour le bénéfice de certains de ses députés et de
ceux de tous les comtés du Québec, des municipalités qui
ont de ces besoins. Il y a encore des disponibilités.
M. Tremblay: Écoutez!
M. Rocheleau: Écoutez, M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: Écoutez. Vous n'écoutez pas;
écoutez quand le ministre parle.
M. Rocheleau: Oui, oui, on écoute, on écoute. On
entend ce que l'on veut bien entendre.
Une voix: Ça, c'est vrai.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît! M. le
député de Bellechasse.
M. Lachance: Une précision qui concerne, je pense, la
plupart des programmes à frais partagés, c'est-à-dire les
programmes où il y a une contribution fédérale et une
contribution du Québec; c'est une question que je poserais au ministre
des Affaires municipales. Pour aller chercher les sommes requises pour ces
programmes, est-il exact que cela suppose que le gouvernement du Québec
injecte une partie de cette somme pour avoir droit à la contribution
fédérale et que, sinon, on ne peut pas obtenir de contribution
fédérale?
M. Léonard: C'est toujours à frais partagés
et il y a même une participation municipale.
M. Lachance: Donc, c'est conditionnel. Cela veut dire que - j'ai
même vu ça dans les journaux - quand on dit: II y a de l'argent
disponible, allez le chercher, il y a de l'argent disponible, oui, mais
à la condition que...
M. Rocheleau: À la condition, M. le
Président...
M. Léonard: Si vous permettez, M. le député
de Hull, c'est un programme à frais partagés par le gouvernement
fédéral, le gouvernement du Québec et les
municipalités.
M. Lachance: D'accord.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. Toujours sur
l'élément 2?
M. Rocheleau: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Pour le bénéfice du
député de Bellechasse, j'aimerais souligner que nous comprenons
que le gouvernement veuille se permettre et souhaite des compressions
budgétaires. Nous comprenons aussi que les programmes à frais
partagés impliquent une participation du fédéral. Si le
gouvernement veut retirer des bénéfices à certaines
municipalités ou à l'ensemble des municipalités du
Québec pour respecter certaines des compressions qu'il souhaite, il ne
faudrait quand même pas qu'il jette le blâme sur le gouvernement
fédéral qui, lui, défraie aussi, a encore des sommes
importantes à mettre à la disposition des municipalités du
Québec, avec une contribution, bien entendu, du gouvernement du
Québec et des municipalités. Il ne faudrait pas jeter le
blâme sur lui quand le gouvernement du Québec est peut-être
davantage intéressé à restreindre sa participation. Tenant
compte de ces restrictions, il semble vouloir blâmer l'autre partie,
c'est-à-dire le gouvernement fédéral, alors que nous avons
eu confirmation qu'il y a encore 13 470 000 $ et que le programme est
prolongé jusqu'en 1984.
M. Léonard: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Léonard: Voilà un exemple des écrans de
fumée que l'Opposition essaie de jeter sur toutes ces affaires et sur
l'implication du fédéral là-dedans. Ce dont on discute, ce
sont les phases I et II. La phase I est complètement terminée et
la phase II aurait été terminée l'an dernier si on avait
accepté d'affecter ces 23 000 000 $ au paiement des dépenses pour
le métro de Montréal et pour le réseau de transport
à Montréal. Cela nous a été refusé. Donc,
nous avons décidé d'appliquer ces 23 000 000 $ en particulier au
programme d'amélioration des équipements communautaires et au
programme PAIRA. J'ai les renseignements à l'heure actuelle, ces
affectations ont été révisées en
conséquence.
Il s'agit toujours de la deuxième phase. S'il y a un retard,
c'est justement parce qu'on nous a refusé cette affectation au niveau
fédéral. Cela n'excuse absolument en rien le gouvernement
fédéral de n'avoir pas participé à la
troisième phase du programme de soutien aux équipements
communautaires. Le retard qui s'est produit, c'est parce qu'on nous a
refusé cette affectation de fonds au réseau de transport à
Montréal, uniquement là-dessus.
En ce qui concerne les sommes disponibles, je comprends que le
député essaie de susciter des appétits là-dessus,
mais elles sont déjà toutes affectées, d'ores et
déjà. Il y a 78 000 000 $ affectés au niveau de la
programmation, répartis comme suit: 47 919 000 $ au programme
d'amélioration des équipements communautaires, 6 947 000 $ au
programme d'aide à la densification, 22 600 000 $ au programme PAIRA et
984 000 $ au programme d'assainissement des eaux. Ces sommes sont toutes
affectées. Le rythme de réclamation des municipalités,
c'est une autre chose. C'est là où on peut aller jusqu'en 1984
pour acquitter ces paiements. C'est tout à fait différent des
explications que vous donnez.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Groulx.
M. Fallu: J'ajouterai un simple commentaire. Pour ce type de
programme, lorsque le Québec ou les provinces d'une façon
générale n'ont pas la capacité d'affecter les sommes selon
leurs priorités propres, il arrive, comme c'est le cas
présentement, que les politiques québécoises soient
définies à Ottawa. Il faut dire les choses comme elles sont. Ce
sont donc des députés fédéraux, qui n'ont aucune
autorité sur les affaires municipales, qui, par insertion de fonds au
Québec, finissent par déterminer les politiques municipales, de
telle sorte qu'au moment où les besoins réels, les besoins les
plus pressants étaient, dans le domaine municipal, Montréal,
transport en commun, on aboutit au résultat qu'on doit
réorienter, par la volonté d'un gouvernement autre que le
nôtre, un
gouvernement qui n'a pas d'autorité dans le domaine municipal,
réaffecter, dis-je, ces sommes selon d'autres besoins, des besoins
qui... C'est le rôle du gouvernement du Québec, à ce
moment-là, devant les municipalités, en jonction avec les
municipalités, qui avait néanmoins défini des besoins
prioritaires qui n'étaient pas ceux sur lesquels, finalement, on a
dû se réfugier. Les conséquences sont très graves
pour l'autorité même de l'Assemblée nationale et du vote
des crédits que nous sommes en train d'étudier aujourd'hui. C'est
l'autonomie du Québec qui est en cause lorsqu'on voit de telles
manoeuvres. Je devais l'ajouter.
M. Rocheleau: Ce n'est pas fort.
M. Fallu: 23 000 000 $, ce n'est pas fort dans un budget, si
c'est vous qui avez à le voter.
M. Léonard: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Léonard: Si on est d'accord avec l'autonomie
municipale, à plus forte raison, on va être d'accord avec
l'autonomie du Québec.
M. Rocheleau: On est aussi d'accord, M. le Président, avec
la démocratie...
M. Léonard: Oui, nous aussi.
M. Rocheleau: ... et le gouvernement ne semble pas partager nos
opinions là-dessus.
M. Lachance: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Bellechasse.
M. Lachance: Je ne sais pas si le député de Hull me
permettrait une question. Il est libre d'y répondre.
M. Tremblay: C'est un député sérieux qui
arrive.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, M. le
député de Chambly. J'ai donné la parole au
député de Bellechasse.
M. Rocheleau: Vous avez compris, M. le député de
Chambly?
M. Lachance: Le député de Hull, comme tout le monde
le sait, a été maire durant un certain nombre d'années.
J'aimerais savoir si, lorsqu'il était maire, il a pu
bénéficier des avantages du programme PAEC dans un ou plusieurs
projets de sa ville...
M. Rocheleau: Certainement, oui.
M. Lachance: ... s'il a trouvé ce programme
intéressant pour le domaine municipal et s'il souhaiterait que ce
programme se poursuive.
M. Rocheleau: C'est-à-dire que nous avons...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: ... M. le Président,
bénéficié de certains programmes, pas de la
totalité des demandes que nous faisions parce qu'il fallait penser au
partage, à l'ensemble du Québec. Mais si nous avions su que le
gouvernement du Québec laissait des sommes aussi importantes
traîner dans les tiroirs, on aurait insisté davantage pour avoir
ces programmes.
M. Léonard: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Léonard: Je demande au député de Hull de
rectifier ce qu'il vient de dire parce que ce n'est pas le cas, absolument pas
le cas.
M. Rocheleau: On va vous apporter des preuves.
M. Léonard: Dans ce programme, les 23 000 000 $ qu'on a
dû réaffecter, c'est à la suite d'une décision
fédérale de ne pas accepter l'affectation des fonds au
réseau de transport de Montréal. C'est tout. Il n'y a rien qui a
traîné dans les tiroirs, sauf par le "tataouinage"
fédéral.
M. Rocheleau: C'est malheureux, M. le Président, mais on
ne partage pas les mêmes opinions, ni les mêmes options.
Le Président (M. Bordeleau): Le contraire me surprendrait,
M. le député de Hull.
M. Rocheleau: C'est évident.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que cela va pour
l'élément 2?
M. Bissonnet: J'ai une question, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Je n'étais pas ici ce
matin et je ne sais pas si... En ce qui a trait au programme d'aide
à la densification, est-ce que vous pourriez déposer la liste des
subventions qui sont affectées à toute la province relativement
aux municipalités qui recevront les subventions à la
densification? L'année dernière, vous aviez envoyé des
télégrammes à toutes les municipalités et
j'étais intervenu là-dessus. Ce serait peut-être bon, pour
voir l'évolution des subventions à la densification, de savoir
quelles municipalités ont progressé plus que d'autres au cours de
l'année dernière.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Léonard: Cela me fera plaisir de fournir la liste
à la commission, jeudi matin, si vous voulez, parce que nous ne l'avons
pas ici.
M. Bissonnet: Je vous remercie beaucoup.
M. Léonard: Mais nous l'avons.
Le Président (M. Bordeleau): J'ai reconnu d'abord le
député de Chambly.
M. Tremblay: M. le Président, je voudrais d'abord faire
remarquer au ministre qu'en ce qui concerne le budget de fonctionnement, il y
a, entre 1981-1982 et 1982-1983, une augmentation de 4%, ce qui est de beaucoup
inférieur à l'augmentation du coût de la vie, à
l'inflation. À ma connaissance, il n'y a pas de programme que vous ayez
coupé. Comment avez-vous fait pour empêcher les dépenses de
fonctionnement du programme 2 d'augmenter autant que l'inflation?
M. Léonard: Est-ce qu'on est revenu à
l'élément 1 qui a déjà été
adopté?
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Chambly, à quel programme votre question se réfère-t-elle,
à quel élément?
M. Tremblay: Au programme 2.
Le Président (M. Bordeleau): À quel
élément du programme 2?
M. Léonard: Oui, mais à quel
élément?
M. Tremblay: Globalement.
Le Président (M. Bordeleau): Ah bon!
M. Rocheleau: II veut tout revoir, globalement.
Le Président (M. Bordeleau): C'est l'ensemble du programme
2, M. le ministre.
M. Rocheleau: M. le Président...
M. Tremblay: C'est la question que je voulais poser ce matin.
J'avais mis mon nom et vous ne m'avez pas reconnu, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, ce matin, je
vous ai donné la parole à deux ou trois reprises au moins. (17
heures)
M. Tremblay: Non, non, mais avant de partir pour
dîner...
Le Président (M. Bordeleau): On peut regarder dans le
journal des Débats.
M. Tremblay: C'est d'ailleurs pour ça qu'en arrivant j'ai
demandé la parole.
Le Président (M. Bordeleau): Vous l'avez, là.
M. Rocheleau: M. le Président, on dirait qu'il a toujours
la parole.
M. Tremblay: II y en a qui parlent intelligemment
régulièrement, d'autres qui parlent inintelligemment
régulièrement.
M. Rocheleau: Vous êtes dans cette
catégorie-là.
M. Tremblay: Dans la première.
Une voix: II ne faut jamais se vanter soi-même, il faut
laisser les autres le faire.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, vous avez des
réponses?
M. Léonard: De façon générale, il y a
une indexation des dépenses de 5% dans l'ensemble du budget. Au niveau
des traitements, il y a évidemment les conventions collectives qui
s'appliquent. C'est le coût du système qui s'applique, mais, par
ailleurs, vous avez une diminution des postes. Notamment, au niveau des besoins
de fonctionnement du programme PAEC, nous avons pu diminuer le personnel de
neuf personnes-année, ce qui fait qu'il y a une diminution du personnel.
Par ailleurs, le coût du système est plus élevé que
ça. Mais, sur les dépenses, à partir de la
troisième catégorie, pour les communications, services,
entretien, loyers, fournitures, autres dépenses, équipement,
c'est une indexation de 5%.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que cela va? M. le
député de Verdun.
M. Caron: M. le ministre, est-ce qu'il y aurait
possibilité d'améliorer la livraison de vos chèques aux
municipalités? Cela "stâle"
un peu ici et là. On remarque même que, lorsqu'on les
reçoit, ils sont datés d'un mois et demi avant. Cela traîne
quelque part, je ne sais pas trop où, mais quand vous avez un
chèque d'une certaine... Je dis qu'ils traînent, c'est une
façon de parler. Je veux vous taquiner un petit peu, mais ils sont
oubliés quelque part. Je comprends que vous épargnez
énormément d'intérêts, mais, d'un autre
côté, quelle que soit la grosseur de la municipalité, si
vous avez un chèque d'un certain montant, si cela arrive une fin de
semaine... Avant qu'il soit déposé, on peut peut-être
épargner 2000 $ par jour.
Je sais bien que chez nous 2000 $ ici et 2000 $ là, ça
fait qu'au bout on a un supplément à la fin de l'année. Il
y a d'autres municipalités qui attendent, elles ne sont pas
obligées de payer des montants élevés en
intérêts à la banque. Je me demande s'il n'y aurait pas
moyen d'essayer d'améliorer cela.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Léonard: Au niveau du paiement des taxes, des "en lieu"
de taxes, nous avions pris un engagement au congrès de l'Union des
municipalités du Québec l'an dernier. Je pense que sauf
exception, à tout hasard, cet engagement a été tenu,
à savoir payer les taxes dans les 150 jours qui suivent l'arrivée
du compte. Cette année, nous avons pris l'engagement de payer la
première partie avant la fin du printemps et le reste avant la fin de
l'été. Je n'ai aucun indice selon lequel nous ne respecterions
pas cet engagement. Par ailleurs, je peux vous dire que, déjà,
nous avons fait un certain nombre de paiements par anticipation de
l'année 1982, mais dans notre budget cela s'est appliqué à
l'année 1981-1982. Donc, il y a déjà des
municipalités qui ont reçu leurs chèques là-dessus,
en particulier au niveau de la péréquation.
Là-dessus, il y a différents facteurs parfois qui
retardent la livraison des chèques.
M. Caron: On ne les enverra pas par le fédéral;
là-dessus, je suis bien d'accord.
M. Léonard: II y a aussi que cela peut attendre dans les
tiroirs de la municipalité de Verdun à l'occasion.
M. Caron: Non, rarement. Dès qu'on reçoit notre
chèque, on le dépose; on fait même ouvrir la banque.
M. Léonard: La poste aussi peut impliquer un certain
retard. Il y en a peut-être aussi au niveau du gouvernement du
Québec, mais généralement, en tout cas, on essaie
d'éviter ce genre de situation.
M. Caron: Ne les envoyez pas par la poste royale, c'est long.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que cela va, à
l'élément 2? Adopté? Élément 3, qui est le
fonds de péréquation. Je pense qu'on y a touché aussi.
M. Léonard: À l'élément 3, il y a eu
un paiement par anticipation fait au titre de la péréquation de 2
075 000 $, de sorte que, si vous voulez réellement comparer les sommes
d'une année à l'autre, vous devez comparer 18 884 500 $ à
21 305 200 $. L'accroissement est de 12,8%. Ce programme vise à venir en
aide aux municipalités les plus démunies et à
atténuer les disparités économiques intermunicipales. Cela
découle de la nouvelle fiscalité municipale, c'est un programme
permanent.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Bellechasse.
M. Lachance: J'aimerais savoir du ministre, pour le dernier
exercice financier, combien de municipalités ont tiré profit de
ce programme et, si possible, j'aimerais connaître la ventilation entre
les municipalités rurales et les municipalités urbaines. Y a-t-il
plus de municipalités rurales qui en ont bénéficié
en quantité et en argent ou si c'est pas mal équitable?
M. Léonard: Nous avons 560 municipalités qui ont
bénéficié de ce programme en 1981-1982 pour la somme
mentionnée au texte, mais je n'ai pas la ventilation entre les
municipalités régies par le Code municipal et les autres
municipalités régies par la Loi sur les cités et villes ou
par des chartes spéciales ou particulières. Nous allons en faire
la ventilation et peut-être que nous pourrions vous la transmettre
ultérieurement. Pour l'instant, il s'agit donc de 560
municipalités. Il ne s'agit pas de péréquation,
là.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Serait-il possible également de nous fournir
la liste de ces 560 municipalités pour notre information? Ce serait une
meilleure ventilation.
Une voix: Sur du papier recyclé. M. Léonard:
La liste de l'an passé.
M. Bissonnet: Oui, la dernière liste que vous avez.
M. Léonard: Pas de problème.
M. Caron: On vous a demandé, ce
matin, d'essayer d'économiser le papier. Mon collègue
n'était pas là, ce matin.
M. Léonard: Oui.
M. Caron: II faudrait se tenir ensemble.
M. Léonard: Je vois que vous nous demandez beaucoup de
papier, mais il nous fera plaisir de vous le fournir.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? Pas d'autres
questions sur l'élément 3?
M. Rocheleau: Toujours sur réserve.
M. Léonard: On peut dire une chose. En termes de nombre de
municipalités, c'est évident que pour la majorité, ce sont
des municipalités rurales qui bénéficient de ce
programme.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que
l'élément 3 sera adopté? Adopté.
Élément 4.
M. Rocheleau: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Hull. À l'élément 3 ou
l'élément 4?
M. Rocheleau: À l'élément 4. Traitements des
effectifs réguliers, conventions collectives et vieillissement du
système. C'est sûrement un bon terme parce qu'on s'aperçoit
que le gouvernement vieillit. Cela comporte sûrement...
M. Léonard: Est-ce que je peux répondre tout de
suite?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Léonard: II s'agit de fonctionnaires. La fonction
publique québécoise est en parfaite santé, en pleine
productivité aussi. Je ne lui transmettrai pas les compliments que vous
venez de lui faire.
M. Rocheleau: Est-ce la raison pour laquelle le président
du Conseil du trésor se proposait d'en coller 17 000 si les conventions
n'étaient pas rouvertes et s'il n'y avait pas une certaine collaboration
forcée des employés? Je m'aperçois qu'il y a quand
même ici une augmentation de plus de 10%. J'aimerais que le ministre
puisse m'expliquer, à la catégorie 1, Traitements, ce que cela
peut comporter.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Léonard: Oui, des postes ont été vacants
un certain temps. En 1981-1982, des postes ont été vacants un
certain temps de sorte que ce que nous comparons, ce sont deux budgets et non
pas des salaires comme tels.
M. Rocheleau: Mais les postes vacants, M. le Président,
est-ce que le ministre a l'intention d'en disposer ou de ne pas les
combler?
M. Léonard: Je parle de postes vacants durant
l'année 1981-1982. Au début de 1981, notamment, il y a eu un
certain nombre de nominations...
Une voix: Un instant, M. le ministre...
M. Léonard: Ce sont des gens qui ont été
nommés en cours d'exercice. À l'heure actuelle, il n'y a pas de
postes vacants. Il y a un membre, en particulier, dont le mandat est
terminé mais il exerce toujours ses fonctions, jusqu'à son
remplacement. Il n'y a pas de postes vacants.
M. Rocheleau: Est-ce qu'on a l'intention de le remplacer...
M. Léonard: On le remplacera ultérieurement.
M. Rocheleau: ... ou de le reconfirmer pour une autre
période.
M. Léonard: Pour l'instant, il n'a pas encore
été remplacé, donc il demeure toujours à son
poste.
M. Rocheleau: Tant qu'il sera à la satisfaction du
ministre...
M. Léonard: Évidemment, on aura une décision
à prendre là-dessus ultérieurement.
M. Rocheleau: Autres rémunérations, c'est pour des
occasionnels?
Les occasionnels sont retenus pour des périodes
limitées?
M. Léonard: Oui, au maximum six mois.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, ça va?
M. Rocheleau: Est-ce que c'est de là que proviennent les
salaires que l'on paie à des contractuels tels le Dr Lussier ou d'autres
personnes?
M. Léonard: Non, non. Il ne relève pas du tout de
la Commission municipale, le Dr Lussier est au programme 4.
Le Président (M. Bordeleau): Le programme 2 est-il
adopté?
M. Léonard: Le programme 2, élément 4,
oui.
M. Rocheleau: L'élément 4, d'abord, et l'ensemble
du programme 2.
M. Léonard: D'accord, cela va. L'élément 4
est adopté.
Commission nationale de l'aménagement
Le Président (M. Bordeleau): L'élément 4 est
adopté. Le programme 2 au complet est adopté. On reviendrait au
programme 1, élément 2: Commission nationale de
l'aménagement.
M. Rocheleau: Alors, M. le Président, est-ce qu'on peut
procéder? Ce matin, on souhaitait la présence du président
de la Commission nationale de l'aménagement pour le féliciter de
son rapport annuel qui contient très peu de substance. Je ne sais pas si
nous en avons eu un l'an passé, mais si nous en avons eu un il doit y
ressembler drôlement parce qu'il n'y a rien de nouveau dedans.
M. Léonard: C'est le premier rapport.
M. Rocheleau: C'est le premier. Alors, c'est une dépense
nouvelle.
M. Léonard: C'est le premier rapport. Pour votre
édification, je vais vous donner les coûts exacts de ce rapport:
1971,81 $. Comme vous voyez, c'est un rapport modeste qui n'a pas
coûté une somme exorbitante aux contribuables, mais qui les
renseigne quand même. Il pourra les renseigner durant toute
l'année sur ce qu'est la Commission nationale de l'aménagement,
ses fonctions. Je pense que c'est particulièrement utile dans les
circonstances que nous connaissons. La plupart des municipalités
régionales de comté commencent à fonctionner; c'est
nécessaire qu'elles sachent ce qu'est la Commission nationale de
l'aménagement. Ce sera l'instrument tout désigné pour les
familiariser avec cet organisme.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Hull. (17 h 15)
M. Rocheleau: M. le Président, on s'aperçoit que la
Commission nationale de l'aménagement a été
créée, à la suite de l'adoption de la loi 125 qui
était parrainée, dans le temps, par le ministre actuel des
Affaires municipales et, depuis 1980-1981, on y a affecté des sommes qui
dépassent légèrement le million de dollars,
c'est-à-dire 150 000 $, à moins que je ne fasse erreur, en
1980-1981 et 421 000 $ 1981-1982...
M. Léonard: Si je m'en tiens cependant au montant
réellement dépensé ou effectivement utilisé, cela
donne 99 600 $ en 1980-1981, 353 800 $ probablement en 1981-1982 et l'an
prochain, il y aura un budget de fonctionnement de 480 000 $,
c'est-à-dire des crédits de 480 000 $.
M. Rocheleau: Alors, au lieu de quelques dollars au-dessus du
million, c'est quelques dollars en dessous du million.
M. Léonard: Si vous le prenez sur une période de
trois ans, oui.
M. Rocheleau: Y incluant 1982-1983.
M. Léonard: Je pense que les gens de la commission ont
été effectivement engagés au cours de l'année
1980-1981, puisque tous les frais de déplacement, tout cela se monte
à 100 000 $ et les membres...
Une voix: En novembre 1980.
M. Léonard: En novembre 1980, il y a eu en particulier la
nomination des membres et, à la suite de cela, l'organisation, au cours
de cette année, en 1981-1982, c'est ce qui a coûté les 353
800 $. La commission a commencé à fonctionner d'ailleurs, elle a
commencé à enregistrer les différents règlements
des municipalités en termes de plans d'urbanisme, de règlements
de zonage, de lotissement et de construction. Si vous me permettez,
là-dessus, de citer ces chiffres-là en termes d'enregistrement:
au tout début, il y en est entré 36 mais, cette année,
elle a enregistré 205 règlements. L'an prochain, on compte en
enregistrer environ 400.
M. Rocheleau: M. le Président, il n'en demeure pas moins
que...
M. Léonard: M. le député de Hull, si vous me
permettez, je pense qu'il y a une correction que je voudrais apporter aux
chiffres. Les enregistrements effectués par la commission, à ce
jour, c'est cela 241, ça va, 36 en 1980 et 205 cette année.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, nous avions
mentionné l'an passé que nous trouvions prématurée
peut-être la création de cette Commission nationale de
l'aménagement. Nous comprenons, par contre, qu'à la suite du
référendum du mois de mai 1980, on avait des amis à
placer, pour les remercier des travaux effectués, de leur participation,
mais on se posait des questions aussi, M. le Président. Au fonds des
partis politiques, on retrouve une participation très active du
président de la Commission nationale de
l'aménagement, un montant de 500 $ dans le rapport du 1er janvier
au 31 décembre 1981. On s'est demandé M. le Président,
s'il était coutume de retrouver tous les présidents, comme M.
Pierre Ménard, président de la Communauté régionale
de l'Outaouais, qui était un souscripteur du parti... Il est à se
demander si, dans le rapport qu'on nous soumet, le rapport annuel 1980-1981...
ici, on mentionne que la commission adoptera d'ailleurs à cette fin, au
cours du prochain exercice, des règles de régie interne qui
détermineront les critères et les modalités de son action
ainsi que les normes d'éthique qu'elle entend respecter et voir
respecter dans l'exercice de ses fonctions. Je trouve un peu curieux qu'on ait
pris autant de temps à penser qu'il fallait adopter des règles,
des critères pour voir à la bonne marche des municipalités
régionales de comté qui vont commencer à produire, si cela
ne prend pas trop de temps. On s'aperçoit que, dans le rapport de la
Commission d'aménagement pour l'an passé, on nous dresse
même une liste de projets, de municipalités ou de MRC qui ont
commencé à déposer des schémas, pour avoir une
certaine approbation. J'aimerais savoir du président ou de son patron
immédiat, le ministre des Affaires municipales, si on a l'intention de
tenir ces gens occupés en 1982-1983; étant donné qu'il y a
déjà des sommes importantes qui y ont été
affectées, on aimerait que ces gens ne connaissent pas un vieillissement
prématuré. Quand les gens travaillent moins, ils sont
portés à vieillir plus vite. J'aimerais savoir de la part de la
Commission nationale de l'aménagement...
M. Léonard: C'est pour cela que vous êtes vieux.
M. Rocheleau: J'en ai encore pour un bout de temps, soyez
patient. Alors, M. le ministre, est-ce que vous pourriez nous... c'est votre
créature, d'une part, ce sont des montants d'argent assez
considérables et j'aimerais savoir de la part du ministre si on a
l'intention de dépenser à bon escient les sommes qu'on nous
demande de voter ou d'accepter.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Léonard: La Commission nationale de
l'aménagement, au-delà de l'engagement même qui
était pris vers la fin de l'année 1980-1981, s'est mise en
état de marche au cours de l'année 1981-82. C'est ce qui a
été fait cette année. Je n'insisterai pas sur les
références de M. le député de Hull concernant les
amis à placer. Je pense que les gens qui ont été
nommés là sont particulièrement compétents. En
particulier, la personne avait pris une expérience, à mon avis,
fort recommandable et appréciée aussi à la
présidence de la Communauté régionale de l'Outaouais,
où vous l'avez bien connue.
M. Rocheleau: II y avait été placé.
M. Léonard: Je pense que tous les citoyens du
Québec peuvent appartenir à un parti politique. J'espère
que vous ne nierez pas ce droit qui est un droit fondamental, qui est reconnu
dans la loi, dans toutes les lois qui régissent nos élections et
nos partis politiques. Vous-même, je suppose bien que vous avez souscrit
- en tout cas, je l'espère pour vous - au Parti libéral,
j'imagine que ce n'est un secret pour personne. Tout citoyen du Québec a
le droit aussi de faire cela, sauf les quelques exclusions qui doivent
être aussi minimes que possible et qui sont prévues dans la loi
des élections. Là-dessus, je pense qu'il n'y a pas de
problèmes et je pense surtout que les gens qui ont été
nommés à la Commission nationale de l'aménagement sont
compétents; ils avaient d'ailleurs acquis une expérience dans le
milieu soit des institutions municipales, comme la CRO, soit dans le domaine
même de l'urbanisme et de l'aménagement. Je pense à Mme
Jodoin. Tout citoyen peut avoir fait de la politique, M. le
député.
Sur le plan des activités, cette année, celles de la
Commission nationale de l'aménagement - j'en parlais tout à
l'heure en termes d'enregistrement - ont augmenté, c'est bien
évident. Cela passe à 200 enregistrements de documents et ce
n'est pas une tâche si simple que cela. Ce n'est pas juste
l'enregistrement dans un petit cahier, il faut enregistrer les
différentes composantes d'un plan d'urbanisme ou d'une
réglementation. Aussi, la Commission nationale de l'aménagement a
rencontré et rencontre régulièrement des élus
municipaux et leur explique le fonctionnement, leur explique la loi. Je pense
que, dans une première étape, c'est très utile que nous
ayons ces gens avec ceux du ministère pour enclencher l'application
d'une loi qui est quand même assez complexe, celle de
l'aménagement.
Je suis sûr que ces gens seront particulièrement
occupés au cours des mois qui viennent, des années qui viennent
parce que, comme vous le savez, les municipalités régionales de
comté qui ont reçu leur charte doivent avoir commencé leur
schéma d'aménagement ou avoir passé une résolution
à cet effet au plus tard le 12 décembre 1982. Donc, c'est le 12
décembre qui vient, et cela va impliquer un suivi important et aussi des
conseils qui ne sont pas négligeables, qui seront sûrement
appréciés par les municipalités, venant de la Commission
nationale de l'aménagement comme des services du ministère.
M. Rocheleau: D'accord, M. le ministre. M. le Président,
disons qu'on ne conteste pas cela, mais on fait quand même un certain
parallèle parce que je dois vous avouer que quand le président de
la Commission nationale de l'aménagement a été,
premièrement, choisi comme responsable du service de planification de la
ville de Hull, j'étais parmi ceux qui avaient à faire ce choix.
Nous ne contestons sûrement pas sa compétence, mais nous
contestons plutôt le fait que sa compétence n'est peut-être
pas encore mise à profit pour le plus grand bénéfice de
tous les citoyens du Québec. Ce que nous trouvons quand même assez
curieux à la suite de ce référendum, où, en
passant, j'étais président du comité du
référendum du 20 mai, c'est que vous tentez toujours d'oublier
assez rapidement...
Une voix: Pas le "renérendum"! Une voix:On
ne l'oubliera pas!
M. Rocheleau: Mais, à la suite de ce
référendum du 20 mai où j'avais eu le plaisir de
côtoyer M. Rivest, qui était aussi dans le temps président
du comité du oui, alors que je présidais le comité du non,
on devait lui faire une place le plus rapidement possible après pour
placer un autre ami qui était M. Pierre Ménard, qui, entre
autres, est maintenant président de la Communauté
régionale de l'Outaouais. C'est un cercle d'amis sur lequel on pourrait
peut-être quand même se poser certaines questions.
Une voix: Ce sont de bons hommes. C'est à cause de leurs
opinions politiques que vous leur faites un procès?
M. Rocheleau: Non, on ne fait pas de procès, c'est qu'on
trouve cela quand même assez curieux. Remarquez, si tous les
rapports...
M. Léonard: ...
M. Rocheleau: Si tous les rapports, M. le Président,
avaient un contenu semblable, cela irait peut-être mieux au
Québec, parce qu'on s'aperçoit qu'il y en a qui sont très
volumineux. Mais, dans ce rapport de quelques pages, il n'y a absolument rien.
Si encore on avait eu quelque chose d'intéressant à lire, mais on
n'a rien à y lire et on espère qu'après avoir
dépensé près de 1 000 000 $, cela va devenir plus
productif. Et, sur ce...
M. Léonard: M. le Président, je voudrais quand
même...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Léonard: ... après avoir dépensé 1
000 000 $, un instant.
Il y a eu 100 000 $ la première année et 353 000 $ la
deuxième année, cette année, qui vient de se passer.
L'autre tranche de 480 000 $ n'est pas dépensée, on est en 1982
et elle n'est pas dépensée.
M. Rocheleau: On est rendu quand même à un bout de
chemin...
M. Léonard: Vous gonflez les chiffres sur des
périodes d'années, à peu près comme les
fédéraux, par exemple, vont gonfler le chiffre de leurs
promesses. Cela se calcule sur 20 ans et vous ne voyez même pas l'ombre
du commencement de la queue d'une...
M. Rocheleau: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: ... il vous faut toujours arriver à faire
des comparaisons avec le fédéral, c'est pratiquement une phobie.
J'aimerais savoir du ministre, qui est sûrement au courant, ou du
président, qui peut le lui souffler à l'oreille, le nombre de
municipalités qui ont transmis à ce jour une résolution
indiquant leur intention d'entreprendre l'élaboration d'un plan
d'urbanisme. Je sais qu'elles doivent le faire, mais combien...
M. Léonard: II y a 81 municipalités, vous avez cela
dans un document ici.
M. Rocheleau: Combien de municipalités ont adopté
un règlement de contrôle intérimaire?
M. Léonard: 28.
M. Rocheleau: 28 à date. Le nombre d'avis de
conformité émis par la commission, on le retrouve en
partie...
M. Léonard: II y en a 3. Pour ceux qui l'ont
demandé, c'est sur demande des municipalités. Encore une fois, je
répète une chose, les municipalités régionales de
comté vont entreprendre leur schéma d'aménagement et, je
pense bien, une des grandes fonctions de la commission sera de vérifier
la conformité des plans d'urbanisme ainsi que la réglementation
qui en découle, par rapport au schéma d'aménagement.
On peut donc s'attendre que le travail vienne assez vite, parce que,
dès l'adoption d'un règlement de contrôle
intérimaire, cette question va être posée. Comme il existe
déjà un bon nombre de municipalités qui ont des plans
d'urbanisme, c'est bien sûr que, très tôt, on va
vérifier la conformité de chacun de ces plans par rapport au
schéma
d'aménagement. C'est une tâche qui va survenir assez
rapidement dans le paysage. Je souligne - je pense qu'il faut le faire -qu'on
avait prévu cinq commissaires à la commission et, compte tenu que
nous savions d'avance qu'il n'y aurait pas au début beaucoup de travail,
nous n'avons nommé que trois commissaires, dont la tâche a
été d'organiser la commission. Je pense qu'ils sont prêts
à fonctionner. (17 h 30)
M. Rocheleau: Maintenant, M. le Président, on se souvient
qu'au Québec, la Communauté régionale de l'Outaouais avait
servi de projet pilote, en adoptant le premier schéma
d'aménagement pour une communauté, c'est-à-dire la
Communauté régionale de l'Outaouais. À ce
moment-là, M. le Président, la Communauté régionale
de l'Outaouais avait adopté son schéma d'aménagement avec
l'aide technique et la compétence du président actuel de la
Commission nationale de l'aménagement qui, à ce moment,
était le responsable de notre service d'urbanisme, dans l'Outaouais,
à la communauté régionale. Les mécanismes qui
existaient à ce moment faisaient en sorte que le ministre n'avait pas
respecté en tout point le schéma d'aménagement tel
qu'adopté par la Communauté régionale de l'Outaouais.
D'autre part, nous avions fait des recommandations assez importantes sur le
territoire, tenant compte, entre autres, de la loi 90 pour une certaine partie
de territoire, où nous avions demandé de maintenir, tel que le
schéma d'aménagement le proposait... Je me souviens que le
président de la communauté régionale de l'époque,
qui est maintenant le président de la Commission nationale de
l'aménagement, avait fait des recommandations et des voyages à
Québec. Malheureusement, on n'avait pas retenu sa compétence; on
avait plutôt passé outre aux recommandations que nous avions
faites.
M. le ministre, le mécanisme, antérieurement, laissait le
choix au ministre des Affaires municipales. Il fallait qu'il approuve, à
toutes fins utiles, le schéma et il pouvait prendre un temps à
peu près illimité. Maintenant, le mécanisme, dans la loi
125, est relativement clair là-dessus. S'il y a des objections de la
part du ministre...
M. Léonard: Oui, oui...
M. Rocheleau: Est-ce que le président de la Commission
nationale de l'aménagement a les pleins pouvoirs sur l'acceptation ou la
conformité d'un schéma ou est-ce qu'il doit toujours faire
référence au ministre pour consultation?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Léonard: J'ai deux points avant de répondre
à la question sur les mécanismes. Le premier - je vais y revenir
parce que vous-même y êtes revenu - c'est le sujet de la nomination
du président à la Commission nationale de l'aménagement.
Nous considérions que cette personne avait acquis
précisément une excellente expérience dans l'Outaouais.
Vous l'aviez engagée vous-même, à l'époque, puisque
vous étiez membre du conseil de la Communauté régionale de
l'Outaouais. Il y a eu une expérience fantastique, je crois, qui a
été faite dans l'Outouais en ce qui concerne toute la
démarche de l'adoption d'un schéma, notamment, au niveau de la
consultation. Je pense que c'était l'homme tout désigné
pour remplir ce poste, compte tenu de son expérience dans l'Outaouais.
Il me semble que tous ces éléments devraient plaider en sa
faveur; non seulement devraient, mais plaident en sa faveur. Cela a
été, finalement, le premier grand schéma adopté au
Québec et il l'a été justement dans l'Outaouais, alors que
M. Rivest était responsable du service d'urbanisme à la
Communauté régionale de l'Outaouais.
Deuxièmement, lorsque la Communauté régionale de
l'Outaouais a adopté son schéma, cela a été fait
dans les formes et transmis au gouvernement, au ministre des Affaires
municipales. C'est venu au comité permanent de l'aménagement, que
je présidais à l'époque, et nous avons adopté, nous
avons accepté le schéma tel qu'il avait été
déposé, sans aucune modification. Mais la loi faisait que nous
devions adopter le schéma, c'est-à-dire que c'était la
dernière autorisation, la dernière adoption avant qu'il n'entre
en vigueur. Nous ne l'avons pas modifié. La modification qu'il y a eu
est venue ultérieurement de par les effets de la loi no 90 en ce qui
concerne le découpage du territoire agricole, mais, au moment où
nous avons adopté le schéma, nous l'avons adopté tel quel
dans le respect des décisions de la Communauté régionale
de l'Outaouais et des municipalités qui en faisaient partie.
En ce qui concerne le mécanisme -cela me fait plaisir
d'éclairer la lanterne du député de Hull - la Commission
nationale de l'aménagement n'adopte pas le schéma
d'aménagement de qui que ce soit, ni même le ministre. C'est la
municipalité régionale du comté qui adopte son
élaboration, cependant, le gouvernement est invité par l'effet
des articles 11, 16, 27, 28 et les suivants à faire connaître les
orientations des principaux projets d'infrastructures sur lesquels des
décisions ont été prises et à les transmettre
à la municipalité régionale de comté. Il s'ensuit
évidemment un certain nombre de discussions, d'adaptations, je pense, de
part et d'autre; le mécanisme est clair; en tout cas, jusqu'ici cela
fonctionne. Mais, je dois répéter une chose que j'ai eu
l'occasion souvent d'expliquer, c'est que
finalement la coordination des actions, des gestes posés par les
différents intervenants sur le territoire appartient au conseil de la
municipalité régionale de comté, et ce n'est que dans des
cas exceptionnels avec des mécanismes très précis que le
gouvernement peut intervenir.
Normalement il fait connaître ses propres orientations au
départ, il les transmet de façon plus précise par l'effet
de l'article 16, mais ultérieurement s'il a des projets, il doit se
conformer au schéma et suivre une procédure. Si jamais il doit...
Les projets du gouvernement amènent à modifier un schéma;
il demande à la municipalité de le faire et ce n'est qu'en
dernière analyse et à la suite d'un débat public et
politique qu'il y a des modifications qui sont apportées au
schéma, si c'est nécessaire de le faire. Mais, je suis certain
que, entre-temps, les gens vont avoir toutes les occasions de s'entendre et que
ce ne sera que de façon très exceptionnelle que le gouvernement
aura à modifier d'emblée un schéma.
M. Rocheleau: Une certaine appréhension que nous avons,
c'est que le schéma d'aménagement de la communauté
régionale a quand même servi de projet pilote. On sait que les MRC
devront produire dans les mois et les années qui viennent un
schéma d'aménagement. Ce qui nous inquiète un peu, c'est
certaines autres dimensions comme la loi 90, dans le temps, qui a
été votée après l'adoption de notre schéma
d'aménagement et qui est venue quand même peinturer pratiquement
d'un coup la moitié de notre planification, plus particulièrement
dans le secteur rural. Ce qui m'inquiète un peu là-dedans, M. le
ministre, c'est qu'il y a un processus de consultation dans chacune des
municipalités et ainsi de suite que nous avions suivi à la
lettre, et d'un coup de pinceau on a changé l'orientation agricole de
notre territoire. On avait dû quand même à la suite des
consultations que vous commandez à l'intérieur de la loi 125 que
nous avions respecté... On se posait la question à savoir si des
choses semblables pouvaient survenir de nouveau, alors qu'il y a quand
même un travail de plusieurs années qui avait été
élaboré à l'intérieur de l'ensemble de la
préparation de ce premier schéma d'aménagement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Léonard: II y a une proposition d'harmonisation qui est
toujours sur la table et dès que les municipalités
régionales de comté auront entrepris leur schéma, que les
municipalités auront aussi leur plan d'urbanisme, je pense qu'on y
reviendra sûrement à cela, un mécanisme d'harmonisation
entre les deux.
Quant à l'élaboration et l'adoption du schéma
d'aménagement, cette adoption était régie par la loi de la
communauté régionale de l'Outaouais, non pas par la loi 125
à l'époque; simplement pour rétablir les choses
là-dessus. La loi 90 est arrivée après; je n'ai pas encore
pris...
M. Rocheleau: Coup sur coup, les deux à peu
près.
M. Léonard: Oui, un peu. On me dit que la variation par
rapport au territoire déjà zoné agricole est à peu
près d'environ 30%, on l'a zoné un peu plus grand. Maintenant, je
n'ai pas entendu de récriminations quant au territoire disponible pour
développement dans la région de l'Outaouais, pas à ce jour
en tout cas. Il y en a encore suffisamment pour prendre du développement
dans le périmètre d'urbanisation.
M. Rocheleau: Dans certains de ces secteurs, on retrouve
même du territoire non fertile; ce sont des rochers qui sont
nommés zone agricole. J'ai hâte de voir les mécanismes
qu'on va trouver pour y faire de l'agriculture, en tout cas; en attendant, je
considère que ça avait quand même été fait
très rapidement.
M. Léonard: M. le Président, sur une bonne terre
agricole, il y a quelques roches parfois.
M. Rocheleau: Oui, mais ça, ce sont des rochers. Je vous
emmènerai un jour voir.
Dans le rapport annuel de 1980-1981, il est indiqué que la
commission doit adopter des règles de régie interne
déterminant les critères et les modalités de son action.
Ces règles ont-elles été édictées à
ce jour?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Léonard: Ce qu'on me dit, c'est que cela a
été un choix aussi de ne pas le faire, en tout cas,
jusque-là, compte tenu de l'expérience d'autres commissions. Il y
a les mécanismes de la loi eux-mêmes qui existent et qui en fixent
un certain nombre. Je pense qu'ici il s'agit simplement de mécanismes
internes. Pour l'instant, on s'en tient à cela, elles ne seront pas
émises.
M. Rocheleau: Mais est-ce qu'on prévoit qu'elles
devront... Cela semble être dans le rapport.
M. Léonard: Je ne le pense pas à court terme dans
le sens où, par exemple, les mécanismes de régie interne
de la Commission municipale de Québec ne sont pas connus
nécessairement du public. Cela
dépend aussi du volume de travail qu'il y a là-dedans.
M. Rocheleau: Est-ce que les membres de la commission se
déplacent en région sur demande?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Léonard: Quand ils ont des audiences publiques ou quand
ils en auront, ils vont être amenés à y aller et à
se déplacer.
M. Rocheleau: Et à l'intérieur du personnel
prévu à la Commission nationale de l'aménagement, est-ce
qu'on prévoit...
M. Léonard: Huit personnes à ce dossier.
M. Rocheleau: Est-ce qu'on prévoit par contre une
équipe volante pour l'aide technique à apporter, s'il y a
lieu?
M. Léonard: Sur cela, on avisera ultérieurement.
Pour l'instant, je pense que, compte tenu de l'expérience, ce qui a
été fait, c'est des enregistrements de travaux, c'est de la
consultation. Maintenant, lorsqu'on sera amené à statuer sur la
conformité d'une réglementation par rapport à un plan
d'urbanisme, ou d'un plan d'urbanisme par rapport à un schéma
d'aménagement, la commission et les gens seront amenés à
se déplacer, et on verra à ce moment. Je pense que pour l'instant
il n'y a pas lieu d'élaborer un mécanisme ultracompliqué
pour une commission qui est encore très restreinte. Il faut savoir aussi
que les fonctions de la commission ont été volontairement
réduites. Il ne s'agit pas d'une commission qui adopte et qui statue,
qui empêche les municipalités d'adopter des plans d'urbanisme, il
s'agit pour elle d'agir comme greffier, d'enregistrer des documents et de
statuer sur la conformité. La troisième fonction que nous lui
voyons, c'est de fournir des avis à l'intérieur du gouvernement,
soit au ministre d'État à l'Aménagement ou au ministre qui
est responsable de la loi de l'aménagement.
M. Rocheleau: Maintenant, on a augmenté d'une façon
assez considérable les crédits, qui passent de 7 000 000 $
à 17 000 000 $, pour les paiements de transferts des MRC...
M. Léonard: Vous revenez à l'élément
1?
M. Rocheleau: Étant donné que M. le
président de la Commission nationale de l'aménagement est ici,
est-ce que ces crédits sont destinés aux MRC à titre
d'aide à l'implantation ou quoi?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre,
effectivement, on revient à l'élément 1.
M. Rocheleau: Oui, mais parce que cela traite...
Le Président (M. Bordeleau): Oui, oui, je n'ai pas
d'objection, c'est simplement pour que le ministre se retrouve.
M. Rocheleau: C'est la partie qui touche les schémas, la
participation du gouvernement, son pourcentage.
M. Léonard: Cette année, l'aide financière
prévue, qui est normée d'ailleurs de par un programme que nous
avions conçu il y a a peu près un an et demi ou deux ans, l'aide
financière qui est prévue se chiffre à 2 487 000 $, disons
2 500 000 $ environ. Donc, c'est une augmentation par rapport à l'an
dernier, parce qu'il y a eu peu de sommes de versées à ce titre.
Les sommes qui ont été versées aux MRC concernent le
fonctionnement. C'est un programme de fonctionnement et c'est le plus important
même cette année parce qu'il comptera pour 8 571 000 $; les MRC
ont commencé à fonctionner cette année. C'est un programme
qui fonctionne ou qui s'applique dès maintenant, alors que dans le cas
de l'élaboration des schémas, c'est une partie versée...
je pense que le tiers est versé au début de l'élaboration
du schéma, lorsque la municipalité a adopté une
résolution, un deuxième tiers est versé
ultérieurement lorsqu'on a adopté... ou c'est quatre parties
plutôt? C'est en quatre parties. (17 h 45)
M. Rocheleau: C'est quoi, M. le ministre, la participation du
gouvernement ou du ministère, disons, à l'élaboration d'un
schéma d'aménagement dans une MRC?
M. Léonard: C'est une base per capita. Il y a un montant
de base prévu pour l'élaboration du schéma comme
étant 100% des coûts d'un schéma normal, ordinaire. Il n'y
a rien qui empêche, cependant, une municipalité régionale
de comté d'aller plus loin et de se donner un schéma beaucoup
plus détaillé, beaucoup plus fouillé, mais, à ce
moment-là, c'est elle qui en assume les coûts. C'est son
choix.
M. Rocheleau: C'est déterminé dans des ententes
préalables.
M. Léonard: Oui, et les municipalités
régionales de comté connaissent ces programmes, ils sont
publics.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va?
M. Rocheleau: Cela va. On tient à remercier, M. le
Président, le président de la Commission nationale de
l'aménagement.
Le Président (M. Bordeleau): II y aura peut-être
d'autres questions des autres députés.
M. le député de Bellechasse.
M. Lachance: M. le Président, les propos du
député de Hull m'inspirent certaines remarques. J'ai vu qu'il
avait une certaine dent contre des nominations à la CNA, la Commission
nationale de l'aménagement, en particulier en relation avec
l'après-référendum. Mais vous allez comprendre, M. le
député de Hull, que cela aurait été faire preuve
d'un certain masochisme, que le gouvernement ne possède pas, que de
nommer quelqu'un comme Mme Tisseyre ou M. Émile Genest dont les
compétences ne sont pas particulièrement reconnues dans le
secteur de l'aménagement.
D'autre part, j'aimerais dire au député de Hull que les
crédits que nous avons à voter concernant l'élément
2 du programme 1, au montant de 480 000 $, sont quand même
inférieurs à d'autres crédits que les membres de
l'Assemblée nationale seront appelés à voter très
bientôt pour une fonction absolument inutile, qu'on pourrait soustraire,
comme cela, d'un coup de crayon. Je pense bien qu'on n'aurait pas de critiques
de ce côté. Vous avez compris qu'il s'agissait du poste de
lieutenant-gouverneur du Québec, 521 000 $.
M. Rocheleau: C'est dans les statuts.
M. Lachance: J'aimerais qu'on parle aussi des sommes d'argent qui
sont garrochées, qui sont envoyées en fumée d'année
en année et qui ne servent absolument à rien, pour conserver le
décorum.
M. Rocheleau: Avez-vous l'intention d'avoir des crédits
pour en faire la publicité?
M. Lachance: On pourrait les affecter, par exemple, aux travaux
de voirie ou ailleurs.
Le Président (M. Bordeleau): Alors, cela va. Donc, avec
ses deux éléments, soit les éléments 1 et 2, le
programme 1 au complet sera adopté? Adopté.
Évaluation foncière
Alors, on entreprend donc le programme 3 qui est l'évaluation
foncière. Vous avez certaines remarques préliminaires, M. le
ministre?
M. Léonard: En ce qui concerne l'évaluation
foncière, c'est un programme qui vise à uniformiser la confection
des rôles d'évaluation et à permettre aux contribuables un
recours impartial s'ils jugent non équitable l'évaluation de
leurs biens immobiliers. Vous avez une augmentation très raisonnable de
ce budget qui passe de 232 000 000 $ à 254 000 000 $ dans l'année
1982-1983.
Vous avez cinq éléments à ce programme, le premier
étant un programme de normalisation et d'aide technique, pour une somme
de 14 800 000 $, qui comprend essentiellement la direction
générale de l'évaluation foncière et le programme
PAIRE. Vous avez un deuxième élément qui est la
compensation tenant lieu de taxes à l'égard des immeubles du
gouvernement où il y a 49 000 000 $. Troisièmement, une
compensation tenant lieu de taxes sur les immeubles des réseaux des
affaires sociales et de l'éducation, 176 900 000 $.
Quatrièmement, une compensation de l'effet de plafonnement des
taxes foncières sur les terres agricoles, 10 186 000 $. Et, finalement,
les services du bureau de révision de l'évaluation
foncière, soit comme élément les services quasi
judiciaires en évaluation foncière, pour une somme de 3 722 000
$.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Hull.
Vous n'avez pas terminé, M. le ministre?
M. Léonard: Essentiellement, l'accroissement le plus
significatif dans ce budget qui passe de 232 000 000 $ à 254 000 000 $,
se situe au niveau des paiements de transferts, c'est-à-dire un
accroissement des compensations qui tiennent lieu de taxes foncières
ainsi que des crédits réservés au programme PAIRE. Si vous
soustrayez ces 21 000 000 $ d'une augmentation totale de 22 470 000 $, cela
signifie que les dépenses de tout ce programme, dépenses de
fonctionnement, en termes de personnel, et autres dépenses, sont
restées stables; elles ont augmenté de seulement 1 000 000 $ en
tout.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Maintenant, sur le fond, on sait actuellement... Je
pense que c'est fixé pour 1983 alors qu'on souhaiterait dans tout le
Québec avoir le rôle nouvelle génération
adopté dans...
M. Léonard: Pour que cela arrive au 31 décembre
1983.
M. Rocheleau: Le ministre est sûrement au courant des
nombreuses plaintes que nous
recevons actuellement quant au nouveau rôle adopté dans
plusieurs municipalités, qui ont même permis - je pense que c'est
initialement la loi 12, suivie par la loi 33 -d'étendre les
crédits d'impôt foncier à l'unifamilial, biplex et triplex.
Il semble y avoir un problème. À la suite des demandes faites par
l'Union des municipalités, entre autres, certaines municipalités
sembleraient favoriser des taux variés; est-ce que le ministère
des Affaires municipales ou son service d'évaluation a l'intention
d'examiner de près ce rôle qui est adopté actuellement dans
plusieurs municipalités et qui semble créer des distorsions assez
importantes?
M. Léonard: Je voudrais d'abord faire une remarque. Au
départ, ce n'est pas parce qu'on fait un nouveau rôle que cela
augmente nécessairement les taxes. Je pense qu'il faut faire une
distinction entre les dépenses et la répartition. Lorsqu'on fait
un nouveau rôle, cela a pour effet, disons, de l'améliorer, de
corriger aussi certaines inéquités qui se produisent lorsque le
rôle est trop vieux. Il y a parfois des améliorations qui sont
apportées par les propriétaires et qui n'apparaissent pas au
rôle. Alors, lorsqu'on fait un nouveau rôle, cela donne l'occasion
de remettre tout le monde sur le même pied. Ce qui est important, c'est
qu'il y ait uniformité dans l'évaluation d'une
propriété par rapport à toutes les autres. Cela est
fondamental. À ce moment, ce qui se produit, ce n'est pas
nécessairement une augmentation du compte de taxes, cela peut être
une autre répartition du compte de taxes entre les différents
propriétaires. Essentiellement, le budget de la municipalité - en
faisant une hypothèse - demeurant le même, au fond, l'ensemble du
fardeau fiscal des propriétaires reste le même; l'ensemble, je dis
bien.
Maintenant, il y a des modifications à l'intérieur
même du rôle. Je pense que, dans l'ensemble du Québec, ces
modifications au rôle, en tout cas, n'ont pas paru substantielles, sauf,
le cas échéant, qu'il y a des propriétaires qui ont vu
leur maison augmenter. Il faudrait voir, sur pièces, si c'est
justifié. Au niveau du territoire de la Communauté urbaine de
Montréal, effectivement, il y a eu des modifications importantes entre
différentes catégories de propriétés. En ce qui
concerne le propriétés industrielles et commerciales, les
évaluations, règle générale, dans les
dernières années, n'ont pas suivi l'inflation. L'augmentation des
évaluations commerciales et industrielles a été moindre
que l'inflation. Par contre, dans le domaine résidentiel, lorsqu'on
examine le comportement de l'évaluation des propriétés
unifamiliales, c'est là que nous trouvons des augmentations
substantielles, vraiment substantielles, alors que l'évaluation des
édifices à logements multiples n'a pas suivi l'inflation,
très souvent. Dans d'autres cas, lorsqu'il s'agit de duplex ou triplex,
c'est une augmentation importante, mais moindre que dans le cas des
unifamiliales, de sorte que le fardeau fiscal se serait déplacé
vers le secteur de l'unifamilial. Nous avons constaté que les
augmentations sont considérables, c'est un fait; cela correspond aussi,
d'après ce qu'on peut voir, au comportement du marché. Cela
signifie presque que le système est tellement sensible qu'il
répond de façon trop rapide, pourrait-on penser, aux fluctuations
mêmes du marché.
Quant aux solutions, il y en a différentes d'envisagées.
Il faudrait voir aussi le comportement - je reviens, si vous voulez, sur un
autre aspect des choses - des différents secteurs ou des
différents quartiers sur le territoire de la Communauté urbaine
de Montréal. Les augmentations d'évaluation ont été
sensibles, importantes dans l'est de la ville de Montréal, dans les
années 1976-1980, alors que ces augmentations sont beaucoup plus
importantes dans l'ouest de la ville depuis les années 1980, le
marché étant beaucoup plus actif, et en particulier au cours de
l'année de référence 1981-1982, c'est-à-dire du 1er
juillet 1980 au 30 juin 1981 qui sert d'année de référence
pour fixer les augmentations d'évaluation au cours de l'année
fiscale 1982 pour les municipalités. Alors, là il y a eu un
déplacement mais en des moments différents. À la fin de
l'année 1980, nous avions institué le crédit
d'impôt, formule proposée par le comité sur la
fiscalité que nous avions accepté de modifier quelque peu, je
pense, dans le sens de plus de flexibilité.
Maintenant, le comité a recommencé à siéger
au cours du mois d'octobre, sous la présidence du Dr Lussier, et
étudie à l'heure actuelle un certain nombre de solutions
après avoir fait le bilan de la nouvelle fiscalité municipale. Je
sais qu'il a étudié la formule des taux variables, qu'il y a eu
des discussions à l'intérieur du comité, que des gens
eux-mêmes ne se sont pas entendus. J'ai fait examiner aussi cette formule
par les fonctionnaires de mon ministère; c'est une formule qui comporte
des inconvénients importants cependant; ça ne règle pas
les choses à long terme. D'autre part, cela déplace
arbitrairement le fardeau de la fiscalité parce que c'est une
décision de dire que telle catégorie de contribuables va payer
tant pour cent de l'impôt foncier, ou de rééquilibrer la
charge fiscale entre différentes catégories. Cela est donc une
décision de nature politique qu'il est quand même important de
constater avant de se lancer dans une telle solution.
D'autre part, il faut voir que la pression politique fait qu'on augmente
le nombre de catégories. L'État du Minnesota a essayé
cette solution. Il a commencé avec quatre catégories, il s'est
rendu à huit
catégories, ensuite à 20 catégories, maintenant 31
catégories. Il n'y a pas de limite parce qu'au fond vous pouvez toujours
ajouter une catégorie, et cette nouvelle catégorie va demander
son taux de taxe; alors, vous pourriez facilement atteindre 50 ou 100
catégories. Finalement, ça devient très
discrétionnaire, le taux de taxe; il n'y a plus de taux uniforme au
niveau de la taxe foncière.
Donc, cela aussi est une embûche qu'il faut voir sur le plan
politique. Aussi, il faudrait peut-être examiner le comportement actuel
du marché immobilier de la maison unifamiliale. D'après des
renseignements que nous avons, le marché se serait stabilisé de
façon significative depuis le 1er juillet 1981, les premiers six mois,
et même dans le deuxième terme du 1er janvier qui va se terminer
le 30 juin 1982. Nous examinons très attentivement le comportement du
marché immobilier dans l'unifamiliale, et il semble que, compte tenu du
nombre de maisons qui ont été mises en vente, il se peut qu'il y
ait une tendance même à la baisse du marché. Il faudrait
voir comment cela va se refléter sur les chiffres et sur les
médianes qu'on va établir à partir de là.
Le Président (M. Bordeleau): Comme il est 18 heures,
à moins d'avoir le consentement - mais je pense qu'il va falloir souper
de toute façon - on va suspendre et reprendre à 20 heures, au
programme no 3. Alors, la commission suspend ses travaux jusqu'à ce soir
20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise de la séance à 20 h 20)
Le Président (M. Bordeleau): La commission parlementaire
des affaires municipales reprend donc ses travaux. Nous en étions, au
moment de la suspension à 18 heures, au programme no 3,
Évaluation foncière. Les éléments, on les a
traités passablement.
À l'élément 1 est-ce que cela va?
M. Léonard: De façon générale, je
voudrais seulement résumer ce qui a été dit.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, M. le ministre.
M. Léonard: Et j'aimerais ajouter un élément
sur les taux variables. Je présenterai aussi un troisième point,
par rapport à cela, c'est qu'ils peuvent être relativement
inefficaces selon l'homogénéité du milieu. Si vous avez
une municipalité dont les propriétés sont toutes
unifamiliales, vous allez comprendre que même si on donnait des
crédits à taux variables, soit des crédits, soit des taux
variables, cela ne changerait rien, parce que c'est la même
catégorie de contribuables qui va supporter la taxe. Il y a parfois des
milieux assez homogènes qui gagnent peu à avoir des
crédits ou des taux variables; cela a été
démontré lorsque nous avons appliqué le crédit
foncier dans certaines municipalités qui étaient composées
généralement de maisons unifamiliales. Au fond, cela a eu peu
d'effets à cause de cela.
Maintenant, je rappelle une chose que je disais, c'est que la pression
qu'il peut y avoir auprès des élus municipaux à donner,
à accorder de plus en plus de catégories, cela, c'est sûr
que ça se fait sentir et c'est une chose qu'on a déplorée
grandement en ce qui concerne l'expérience du Minnesota. Cela devient
presque impossible de revenir en arrière par la suite. C'est pourquoi je
trouve que c'est difficile de s'engager dans cette voie. Nous verrons le
rapport du comité sur la fiscalité, ce qu'il en dit, et lorsqu'il
nous fera état des discussions qu'il a eues sur cela.
Je vous rappelle une chose; encore une fois, j'ai eu l'occasion de le
dire depuis une semaine ou dix jours, c'est l'augmentation considérable
des budgets de la CUM qui a entraîné cette variation dans les
charges à chaque municipalité. Les quotes-parts ont varié
selon l'évaluation de chacune des municipalités. Comme certaines
municipalités ont vu fluctuer grandement la valeur des
unirésidentielles, c'est sûr qu'au niveau du partage des
quotes-parts, cela a eu un effet amplifié. C'est une des questions qui a
été posée au niveau du comité sur la
fiscalité qui est examinée. Nous avons regardé, quant
à nous, le comportement des quotes-parts de chacune des
municipalités depuis à peu près sept ou huit ans, six ans
à tout le moins, depuis 1976, et certaines municipalités ont vu
leurs quotes-parts diminuer de beaucoup durant quatre ans pour remonter
subitement dans les deux dernières années. Même
aujourd'hui, la participation aux dépenses de la Communauté
urbaine de Montréal est proportionnellement moins grande qu'en 1976.
Sauf que le rétablissement s'est fait brusquement cette année.
C'est tout de même là un élément
considérable. Il y a eu des fluctuations du marché qui sont
intervenues, j'ai eu l'occasion de l'expliquer. On a vu des variations de
l'évaluation foncière baisser de beaucoup au cours des quatre ou
cinq ans et, à partir de 1980, remonter à cause de l'année
de référence qui a été calculée du 1er
juillet 1980 au 30 juin 1981, pour l'année 1982, ce qui fait qu'une
accélération du marché des maisons unifamiliales, duplex
et triplex, s'est fait sentir cette année, vraiment.
Une des solutions à côté des taux variables, une
autre des solutions qui va sûrement faire l'objet de discussions, c'est
la tarification des services au niveau municipal.
C'est un élément très important qui est
utilisé beaucoup dans d'autres pays et qui pourrait faire diminuer les
variations dans les comptes de taxes municipales dû surtout à la
quote-part de la CUM. Quand je parle de la quote-part de la CUM, si j'en parle
autant, c'est qu'effectivement cela a eu beaucoup d'importance dans les comptes
de taxes des contribuables au cours des dernières années,
spécialement au cours des deux dernières années. Les
dépenses municipales locales de 1976 à 1982 ont monté de
61%, alors que les dépenses de la CUM ont monté de 115%, parce
qu'elle s'est équipée beaucoup en termes de transport en commun
et que les services de la dette se sont fait sentir. Le compte global de taxes
du contribuable montréalais, en moyenne, a monté de 75% pour un
taux d'inflation de 73% sur une période de 6 ans. C'est donc en ligne
avec l'inflation, il y a 2% de décalage seulement. Ce n'est pas une
hausse exorbitante. Au fond, il y a ce comportement qui s'est produit, mais
c'est cependant à l'intérieur des catégories de
contribuables que le décalage s'est fait sentir à cause des
fluctuations du marché.
M. Rocheleau: J'aimerais, peut-être...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: ... simplement pour nous éclairer davantage
sur la base même de l'évaluation tenant compte du nouveau
rôle -je comprends si on prend le terrain et la propriété -
qu'on nous explique le fait que, dans la maison unifamiliale, on
l'établit soit par la valeur marchande ou par la valeur de remplacement
et que, quand on prend l'édifice à caractère multifamilial
ou industriel ou commercial, on utilise la valeur économique. Tenant
compte du fait que certaines lois ont probablement créé certains
problèmes particuliers et du fait qu'aujourd'hui le multifamilial dans
plusieurs municipalités connaît plus de difficultés de
revente ou même qu'il y a des transactions quelquefois qui se font de
compagnie à compagnie à des prix dérisoires, pour des
questions de fiscalité, d'impôt ou ainsi de suite, si une plainte
se fait au bureau de révision et que la preuve est faite que la valeur
économique a démontré une importance quelconque de
l'évaluation par rapport à la vente, à ce
moment-là, au bureau de révision, on doit quand même en
tenir compte.
C'est là qu'il semble y avoir un certain problème, au
niveau de la médiane qui devrait normalement équilibrer. Mais,
à cause des proportions et à cause des façons de
procéder à l'évaluation, cela semble créer
davantage de problèmes au petit propriétaire pour lequel la
valeur marchande est assez facilement contrôlable, alors que, quand on
tient compte du facteur économique, il y a des ruses plus importantes au
point de vue de l'évaluation. Il y a quand même plus de
difficultés d'évaluation, cela prend des experts qui doivent
passer beaucoup plus de temps et il semble que le problème pourrait
originer de là. J'aimerais cela avoir, peut-être, les
données que le ministre des Affaires municipales a dans ce
sens-là.
Remarquez que nous aimerions que cela soit retenu comme une critique
constructive. On a eu des problèmes dans plusieurs municipalités
et on tente de trouver une solution équitable. Je regarde, par exemple,
la province de l'Ontario qui n'a pas. fait de réévaluations
à tour de bras. Je pense qu'ils fonctionnent encore sur des
évaluations..., n'est-ce pas, mais il n'en demeure pas moins que le
système ne semble pas des plus critiqués par l'ensemble des
propriétaires. Je ne veux pas dire qu'il faudrait nécessairement
revenir à ce système-là; une propriété de 75
000 $, 80 000 $ en Ontario est évaluée à 7 000 $, 8 000 $.
Par contre, leur taux de taxe est peut-être de 125 $ les 1000 $ ou ainsi
de suite. C'est simplement pour utiliser un barème qui va établir
le taux de taxe foncière, l'évaluation.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Léonard: Les règles sont les mêmes pour
toutes les catégories. Le manuel d'évaluation est là. En
fait, il s'agit d'utiliser les ventes comparées par secteurs et
d'ajuster ensuite les évaluations. Il faut aussi à la base que le
rôle soit équitable, que les évaluations soient comparables
sur la même base. Si l'évaluation est à 80%, il faut que
toutes les propriétés soient évaluées à 80%.
C'est cela, la responsabilité de l'évaluateur. Il procède
à partir des ventes comparées et il ajuste son rôle. (20 h
30)
Maintenant, c'est sûr que, dans certains cas, il n'y en a pas de
ventes. C'est difficile de prendre ce critère des ventes
comparées; dans le domaine d'un édifice comme Place Ville-Marie,
cela ne se vend pas très souvent. Alors, il est obligé de prendre
d'autres critères, de procéder d'une autre façon en
utilisant la valeur économique, comme vous avez dit, en utilisant aussi
la valeur de remplacement, ce qui sont des techniques connues par les
évaluateurs. C'est peut-être un peu plus difficile, cela demande
un peu plus de travail. Au fond, la question c'est de savoir si les
évaluateurs appliquent bien les règles - c'est une
première question - et, après cela, s'ils ne peuvent pas utiliser
la règle qui est la plus générale, celle des ventes
comparées, s'ils utilisent d'autres méthodes. Ce qui arrive,
c'est qu'ils s'en tiennent souvent aux ventes et puis, parfois,
ce n'est pas ce qu'il y a de plus pertinent pour faire
l'évaluation. Je pense bien que, s'il y a des faiblesses de ce
côté, il faudrait les corriger sans délai.
Vous parlez de l'Ontario, j'ai eu l'occasion de me renseigner un peu sur
l'expérience de Toronto. À Toronto, ils ont un problème
que je vais qualifier de pire que le nôtre. Au fond, depuis des
années, ils n'ont pas touché à leur rôle
d'évaluation et il est maintenant à 10%, à 15% de la
valeur des édifices et des propriétés. C'est devenu
tellement difficile à réajuster qu'il n'y a plus personne qui ose
toucher à cela et depuis longtemps, finalement, on s'en tient à
ce qu'on a en vente, point, et ça s'arrête là. On ne refait
pas le rôle. Au fond, leur problème est pire que le nôtre.
Pour une fois, je pense qu'à Toronto leur problème est pire que
le nôtre au sujet de l'évaluation. En tout cas, il est tellement
désorganisé que le gouvernement, je pense, à l'heure
actuelle, ne sait par quel bout prendre le problème.
Est-ce que l'évaluation doit être faite par le
gouvernement? C'est une question qui se pose. En Angleterre, ils ont
décidé que c'était le gouvernement anglais qui faisait
l'évaluation; ce n'est plus la municipalité, ce n'est plus le
gouvernement régional, c'est le gouvernement qui a pris cela en main.
Dans certains cas, il y a des rôles, il y a des parties de rôle qui
sont gelés depuis longtemps; c'est le cas de Toronto. Je n'ai pas besoin
de vous dire que, quand on gèle un rôle, on gèle aussi les
inéquités qu'il y a dedans et cela se perpétue longtemps.
Enfin, c'est très difficile de toucher à un rôle.
Moi, je pense que compte tenu de ce qui a été fait au
Québec depuis une dizaine d'années, à tout le moins, nous
avons grandement amélioré la situation par rapport à ce
qu'elle était auparavant, alors que l'évaluation était
faite un peu par expérience, pour ne pas dire au "pifomètre"
mais, enfin, c'était critiqué dans certains cas et même
très largement. Je dirai aussi qu'en ce qui concerne la CUM, où
le problème est le plus difficile présentement, la question se
pose de façon plus cruciale. Je pourrais simplement faire une
comparaison. À la Communauté régionale de l'Outaouais, il
y a seulement 43% des dépenses qui sont payées à
même le revenu de l'impôt foncier - 43% - 73% à la
Communauté urbaine de Québec et 98% à la Communauté
urbaine de Montréal, ce qui fait que dès qu'on a une variation au
niveau de l'évaluation, surtout entre des catégories, il y a une
catégorie comme celle des propriétaires d'unifamiliale qui
supportent le plus le coût des variations. Mais je crois qu'une des
avenues de solution intéressantes, c'est vraiment la tarification.
Je voudrais simplement, si vous me le permettez, M. le
député, ajouter autre chose. Si on s'engageait plus avant dans la
voie de la tarification, cela permettrait d'abord de baisser les taxes
foncières sur l'île de Montréal et par conséquent,
aussi, d'enrayer l'exode vers les proches banlieues. Compte tenu de la baisse
de la population, c'est 130 000 personnes qui sont parties de l'île de
Montréal depuis cinq ans et qu'on retrouve intégralement - je
dirais qu'il y a beaucoup de va-et-vient là-dedans - dans les couronnes
nord et sud alors que même l'île de Laval a vu sa population
à peu près stabilisée depuis cinq ans. C'est vraiment en
dehors et je pense que là-dessus, si on tarife les services, on a la
chance d'aller chercher un peu plus de revenus et d'alléger
l'impôt foncier des contribuables sur l'île de Montréal.
M. Rocheleau: C'est un fait, parce que partout où on
retrouve les communautés, soit urbaines ou régionales, le
pôle d'attraction, le pôle régional ou la métropole
comme telle, subit des coûts beaucoup plus élevés à
cause des services qu'il doit donner à l'ensemble de la
collectivité, et ceux qui vivent en périphérie
bénéficient de taxes souvent inférieures, tenant compte du
fait que les services à la population ne sont pas les mêmes. Il
est bien évident que s'il y avait une tarification à ce
moment-là, ce serait à examiner. Mais je reviens au fait que le
dernier rôle d'évaluation a été fait en 1971-1972,
dans tout le Québec.
M. Léonard: Ce qu'on me dit ici, c'est que le dernier
grand rôle fait à la ville de Montréal remonte à
1956 et qu'il y a eu des ajustements, surtout au début des années
1970, mais...
M. Rocheleau: II y a eu des ajustements partout.
M. Léonard: Oui, les ajustements étaient
indexés mais, au fond, la dernière grande opération
d'évaluation remonterait assez loin.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? M. le
député de Westmount.
Un complément, M. le ministre.
M. Léonard: Le rôle n'a pas été refait
selon le manuel.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
M. French: M. le Président, le ministre a largement
confirmé les transferts importants qui ont eu lieu dans la distribution
et la répartition du fardeau fiscal et municipal sur la CUM, et dans
certaines autres communautés en province d'ailleurs. Mais la situation
de la CUM est troublante. Les réflexions des gens qui ont eu à
subir presque 100% d'augmentation des
taxes de leur municipalité, c'est-à-dire les
propriétaires de maisons unifamiliales et de duplex, ont
débouché sur certains points que je voudrais souligner
brièvement.
D'abord, le crédit d'impôt foncier, bien
qu'intéressant, n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan. Il est
beaucoup moins important dans la répartition du fardeau que même
le taux nominal de 10% pourrait nous le laisser croire, pour des raisons que le
ministre connaît très bien. Deuxièmement, il ne serait pas
inutile, M. le Président, de prétendre que, même si les
autres systèmes ont tous en soi des carences et des difficultés
politiques ou des possibilités d'abus, la valeur réelle, telle
qu'actuellement évaluée, n'a pas autant de problèmes, n'a
pas autant de carences et de faillites.
En faisant un fétiche de la valeur réelle, cela ne
réglerait pas le problème, à moins que les changements
fondamentaux et immédiats soient faits dans les méthodes
d'évaluation. C'est le deuxième point que je voudrais souligner.
L'évaluation de la valeur réelle, telle qu'entreprise
actuellement, est peut-être minimalement équitable à
l'intérieur d'une catégorie d'immeubles, mais n'a pas vraiment de
valeur de légitimité entre les catégories ou parmi les
catégories d'immeubles. À un tel point que - c'est le
troisième point que je voudrais souligner -les comptes de taxes sont
devenus, dans l'ouest de l'île de Montréal, un des deux ou trois
facteurs majeurs dans le marché immobilier. C'est-à-dire que les
difficultés d'un propriétaire de maison qui veut vendre sa
maison, pour que cette maison n'ait plus la valeur que le propriétaire
aurait pu attendre - ce n'est pas une critique que je fais de
l'évaluateur - elle n'a pas la valeur que l'évaluateur avait
calculée, il y a dix-huit mois.
Quant aux taux variables, c'est vrai qu'il y a beaucoup de
difficultés possibles avec cette méthode de
rééquilibrer, entre catégories, le fardeau fiscal. C'est
vrai, par exemple, que l'homogénéité d'une
catégorie d'immeubles dans une communauté ou dans une
municipalité donnée, pourrait largement effacer l'impact
favorable que devraient avoir les taux variables sur la répartition du
fardeau fiscal. Le cauchemar du Minnesota, ce n'est pas ce qu'on veut chez
nous; c'est sûr.
On n'est pas totalement convaincu qu'il n'y aurait pas
possibilité de contrôler largement les abus possibles des taux
variables par formule. Il y a les formules -on n'en discutera pas ce soir, du
moins, pas en détail - qui empêcheraient que les conseillers
municipaux fassent une concurrence néfaste pour une certaine
catégorie d'investissements industriels ou commerciaux et fassent des
abus lors d'une année d'élection, etc. Cela peut être
empêché, finalement, c'est évitable. Cela ne veut pas dire,
enfin, que le problème de taux variables soient fictifs à 100%.
Ils sont certainement réels, sauf que, dans la mesure où il n'y a
pas de marché réel et véritable pour les immeubles
à logements multiples, pour des raisons qui n'ont rien à voir
avec le système d'évaluation, ni avec les affaires municipales,
mais qui regardent la Régie du logement que je n'attaque pas, mais dont
je constate l'existence comme facteur déprimant sur le marché des
immeubles à logements multiples, il est pratiquement impossible de
prétendre que la valeur réelle existe comme critère utile
quant à l'évaluation, aux fins de taxation municipale des
immeubles à logements multiples.
Je voudrais tout simplement signaler à l'endroit du ministre que
si, par exemple, la tarification des services est la solution ou
l'amélioration des méthodes d'évaluation, nous n'avons pas
beaucoup de temps pour les implanter. Nous faisons face, actuellement, à
une menace assez sérieuse à toute la légitimité et
à la crédibilité du système de taxation municipale.
Je voudrais disposer de la question sur le partage des quotes-parts au sein de
la CUM. Je constate avec le ministre qu'il est difficile d'imaginer une autre
méthode que celle qu'on utilise actuellement. Mais, d'aller plus loin et
de demander à l'intérieur d'une municipalité de banlieue,
par exemple, que non seulement la quote-part est telle qu'elle est, mais que
l'augmentation de cette quote-part, on la fait supporter sur une proportion,
disons, de 40% à 50% des contribuables seulement, et cela, de
façon qu'il n'y ait pas dans l'esprit du citoyen un lien réel ou
intrinsèque avec la consommation des services municipaux et pour ne pas
que cela menace les fondations du système d'une façon qui
mènerait inévitablement à des changements très
sérieux dans la communauté et qui ne seraient pas dans
l'intérêt de ceux qui sont à l'abri actuellement
artificiellement, je crois, de l'impact du transfert du fardeau fiscal.
Ma question est assez simple. Le ministre a identifié deux voies
possibles, toutes les deux, très brièvement. Il a passé
beaucoup moins de temps sur les solutions possibles que pour démentir ou
pour suggérer d'autres solutions possibles, je ne le critique pas, mais
je l'invite maintenant à voir de ce côté
éventuellement et nous dire ce qu'il entend faire quant à la
tarification des services, quant à l'amélioration des
méthodes d'évaluation pour que les deux et toutes les autres
solutions possibles soient en place avant l'année prochaine pour que les
propriétaires ne fassent pas face à des augmentations pareilles
l'année prochaine. (20 h 45)
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Léonard: Les méthodes d'évaluation
dont vous avez fait état, M. le député, n'ont pas
changé, disons, fondamentalement. Le manuel les a raffinées,
mais, fondamentalement, il n'y a pas eu de changement et ce sont les
mêmes ici qu'ailleurs. La loi 57 n'a rien changé là-dessus,
sauf de donner un peu plus de flexibilité.
D'abord, on a enlevé l'obligation que le rôle
d'évaluation soit forcément à la valeur réelle; on
a enlevé cette obligation-là et on a fait en sorte que le
rôle soit équitable. C'est cela qu'on vise. En fait, il faut que
tous les immeubles soient à la même proportion de la valeur
réelle. Alors, au lieu de viser à avoir 100% du rôle, on a
dit: II faut que tous les immeubles soient évalués à la
même proportion, c'est-à-dire que, si c'est 80%, tous les
immeubles sont à 80%. Donc, c'est une certaine équité
qu'on a visée à travers l'application des méthodes
d'évaluation entre les différentes catégories d'immeubles
et entre les immeubles d'une même catégorie.
Alors, je pense que c'est un système qu'on n'a pas inventé
ici; c'est un système qui existe, je pense, dans tout le monde
occidental. En Angleterre, en tout cas, et aux États-Unis, c'est une
évaluation foncière qu'on fait et dont on se sert pour
répartir le coût d'une foule de services municipaux. Beaucoup de
ces services municipaux sont liés à la propriété
foncière, à l'entretien des terrains, à la fourniture de
services aux maisons, aux résidences, je pense aux rues, etc. Alors, il
y a des voies possibles.
Quand vous dites: II faudrait améliorer l'application de
l'évaluation, oui, je pense qu'il y a sûrement des méthodes
de le faire. La question qu'on se pose, c'est: Est-ce que la communauté
urbaine applique toutes les méthodes dans le cas où il n'y a pas
de valeur marchande ou dans le cas où la valeur au marché est
déficiente? C'est une question, je pense, qu'il faut poser à la
communauté urbaine elle-même, parce que c'est elle qui applique le
manuel d'évaluation et qui applique la Loi sur l'évaluation
foncière. S'il y a des corrections à apporter du point de vue
législatif, moi, je veux bien les voir. Nous attendons toujours ce
rapport du comité sur la fiscalité qui devrait nous parvenir dans
un mois, mais je sais que cela a été un des sujets largement
discutés.
En ce qui concerne la valeur réelle, les taux variables, je ne
voudrais pas revenir sur ce que j'ai dit. Je pense que j'ai émis
certaines réticences ou fait état des difficultés de son
application. C'est quand même utilisé en certains endroits; nous
pourrons voir. En ce qui concerne la tarification, il me semble qu'il y a des
façons de répartir les coûts, qui peuvent être
imaginées, qui existent aussi dans d'autres pays. J'ai eu l'occasion
d'aller en Allemagne et en France où par exemple, l'eau est
tarifée; vous payez selon la consommation d'eau; vous avez des
compteurs. Ce n'est pas tellement dans nos moeurs, on n'a pas l'habitude de
cela, mais effectivement c'est utilisé et cela pourrait être une
base pour répartir le coût de ces services-là, de la
même façon qu'on répartit le coût du gaz, de
l'électricité; il y a cela qu'on pourrait faire. C'est quand
même des proportions importantes des coûts des
municipalités. Pour les rues, par ailleurs, le frontage, qui est une des
bases de répartition, pourrait être utilisé beaucoup plus
largement.
Vous m'avez demandé de parler de la tarification. Sur le plan du
réseau de transport qui a causé en très grande partie
l'augmentation des budgets de la CUM dans les cinq ou six dernières
années, évidemment, on pourrait se poser la question sur le
système de tarification du transport en commun à Montréal.
Il reste que la carte, ce qu'on appelle la CAM, coûte, à l'heure
actuelle 21 $, alors qu'elle coûte 32,50 $ à Toronto. Alors, il y
a un décalage, quand même, considérable entre
Montréal et Toronto, et je crois savoir que les distances parcourues
à Montréal sont encore plus grandes qu'à Toronto. Il y a
une avenue qui soulagerait d'autant le propriétaire urbain; cela c'est
une voie très importante, et c'est une des principales sources de
l'augmentation des budgets de la CUM dans les dernières
années.
Maintenant, quant au fardeau fiscal d'une catégorie de
propriétaires par rapport à l'autre, je suis obligé de
revenir à l'évaluation foncière et aux différentes
méthodes. Mais la question que nous nous posons ici c'est: Est-ce que ce
n'est pas aussi significatif d'une certaine dépression du marché
commercial à Montréal ou industriel durant ces
années-là? Je ne perds pas du tout espoir qu'il se reprenne, ce
marché. Au fond, la réforme de la fiscalité a fait en
sorte que les taxes spéciales, les surtaxes sur les grands immeubles,
sur les industries sont disparues du paysage de Montréal en pratique,
comparativement à ce que c'était auparavant en particulier aussi
la surtaxe scolaire. Ainsi, on va voir réapparaître, à mon
avis, des industries, des immeubles à bureaux à Montréal.
J'en prends simplement pour témoin l'essor de la construction sur les
territoires de la CUM et en particulier de la ville de Montréal depuis
un an ou deux. Il y a environ pour un milliard de permis en circulation
présentement sur des immeubles de ce type. Ce sont des constructions
considérables qui vont élargir l'assiette fiscale.
Encore une fois, je fais référence aussi à ce
rapport du comité sur la fiscalité que nous attendons et qui
devrait nous renseigner. Sur le plan du principe de la tarification, une des
avenues et un des meilleurs moyens de répartir les coûts,
c'est
de les répartir selon les bénéfices reçus
par les citoyens en tarifiant sur le plan des loisirs, sur le plan du
déneigement, sur le plan du transport. C'est à défaut de
tels critères de tarification qu'on utilise la valeur foncière
comme un des meilleurs indices qui soient disponibles du bénéfice
reçu à l'heure actuelle. Le choix de tarifer, cela devrait
appartenir à la municipalité ou à la communauté,
à l'intérieur d'une loi. On veut leur donner l'autonomie de
choisir leurs propres sources de financement et la façon d'aller
chercher le revenu, et non pas au gouvernement.
S'il y a des modifications législatives à faire, je suis
tout à fait disposé à les faire.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
M. French: Dans le cadre législatif, actuel la CUM
pourrait-elle envisager un transfert significatif des coûts de
fonctionnement relativement aux services?
M. Léonard: D'accord. On me dit que les avenues sont
très limitées pour la CUM d'aller en dehors du potentiel fiscal,
et cela fera partie des recommandations du comité sur la
fiscalité et aussi des modifications quand on aura des projets de loi ou
des modifications au système de transport en commun en Montréal.
Nous allons recevoir ce rapport du comité sur la fiscalité et
nous comptons tout de même prendre un certain temps pour
l'étudier. Au cours de l'automne prochain nous prévoyons
présenter les modifications législatives nécessaires. A
priori, je pense qu'il serait préférable de laisser la
liberté de choix à la CUM; là-dessus, entre tarifer ou
aller sur le potentiel fiscal, à mon avis l'intérêt pour la
CUM ce serait plutôt de tarifer.
Le Président (M. Bordeleau): Le député de
Westmount.
M. French: Je ne m'oppose pas du tout à ce que la CUM ou
d'autres instances municipales soient appelées à trancher la
question mais ...
M. Léonard: Mais qu'elles aient la possibilité de
le faire.
M. French: D'accord. Que le gouvernement donne la
possibilité aux élus municipaux et leurs
délégués à la CUM de prendre ces décisions,
je n'ai aucune objection. Il est essentiel, je crois, de trouver une ou des
modalités afin d'aller à la rescousse des propriétaires de
maisons montréalais d'ici l'année prochaine. C'est cela que je
voudrais souligner au ministre. Je comprends très bien que les questions
sont fort complexes et qu'il n'y a pas de perfection dans ce domaine, sauf
qu'on revient en bon député de comté dans nos bureaux de
comté et on rencontre les gens qui sont vraiment aux prises avec ces
problèmes, d'une façon qui est vraiment déchirante.
Malgré ce qu'on peut penser de mon comté comme d'un comté
riche, etc., j'ai vu des gens obligés de vendre leur maison à
cause de ce problème. J'ai de la difficulté à accepter que
ces gens doivent se trouver dans cette obligation lorsque je sais que les gens
à côté, dans un immeuble d'habitation, qui ont le
même revenu et probablement même moins de responsabilités
familiales, ne sont pas touchés du tout par l'augmentation du fardeau
fiscal municipal. Je veux laisser cette image au ministre, parce qu'on ne peut
pas continuer à limiter les discussions sur le plan théorique. Ce
n'est pas une accusation que je fais, c'est une constatation. Une forme ou une
autre de soulagement de ce problème, soit d'alléger le fardeau de
ces gens, est nécessaire et dans les plus brefs délais. Je sais
que nous aurons, le 12 mai, un débat à l'Assemblée
nationale là-dessus et j'attends du ministre autant de franchise qu'il
nous en a démontré ce soir pour qu'on puisse vraiment continuer
le débat. Je pense qu'il est important de souligner, encore une fois, la
nécessité d'agir et de ne pas tout simplement examiner
théoriquement les options possibles. C'est sûr qu'il est facile de
voir les failles et les problèmes avec toutes les solutions, mais les
failles et les problèmes créés par la situation actuelle
sont très réels et très difficiles, sur le plan local.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Léonard: Cela me paraît quand même
difficile d'arriver avec des solutions définitives, alors que le rapport
du comité sur la fiscalité n'a pas encore été
déposé. Je sais, cependant, que cela a été l'objet
d'une discussion en profondeur. Ce comité aurait déposé
son rapport avant, s'il n'y avait pas eu ce problème. Ils se sont
penchés très sérieusement sur la question. Simplement,
après cet échange très fructueux que nous avons eu, il ne
faut pas non plus régler un problème en en créant
d'autres. Il y a quand même des balises, et il faut simplement être
prudent là-dessus.
M. French: Question d'information, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
M. French: L'échéancier du rapport sera fait quand
et est-ce que ce sera public?
Le Président (M. Bordeleau): M. le
ministre.
M. Léonard: Ce ne sont pas nécessairement tous les
travaux techniques qui seront rendus publics. En ce qui concerne le rapport
fait par le comité politique et le comité sur la
fiscalité, qui est un comité politique, dans le passé, le
premier rapport a été rendu public et je pense que le suivant
aussi; c'est à la discrétion des principaux membres de ce
comité. Quant à moi, je n'ai pas d'objection à ce qu'il
soit rendu public, nous verrons à ce moment-là. Alors, son
mandat, c'était de le rendre public le 1er avril et il a
été reporté. Donc, il sera remis vers la fin du mois de
mai, maintenant, parce qu'on m'a demandé un délai additionnel et
je pense que c'est important de l'accorder. Compte tenu, que de toute
façon, nous ne pourrions pas légiférer avant le 30 juin,
mais seulement à l'automne, cela leur donne le temps d'aller plus loin
dans leurs travaux, dans leurs études. Quant à nous aussi, sur le
plan législatif, nous aurons l'été pour voir les avenues
que nous pourrons prendre.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? M. le
député de Verdun.
M. Caron: M. le Président, M. le ministre, je suis
arrivé un petit peu en retard, au moment où le
député de Hull avait commencé à parler de ce sujet.
S'il en a parlé, je m'en excuse. Je n'ai pas l'intention de faire le
procès du bureau d'évaluation ou de qui que ce soit. Mais je
pense qu'on est à un point où le ministre des Affaires
municipales, avec son entourage, doit se pencher sérieusement sur la
question et cela presse. Il y a des choses qui se passent et je ne suis pas
capable de les comprendre. Vous avez, chez nous même dans Verdun, des
évaluations qui passent de 3% à 98%. Vous avez deux ou trois
maisons qui se suivent. La première n'a pas d'augmentation; la
deuxième fait un bond de 10 000 $, 12 000 $ ou 15 000 $ et une autre
n'en a pas ou elle a 5000 $ à 6000 $ d'augmentation. Dans une rue
où il y a des duplex, par exemple, les maisons où il ne s'est pas
fait du tout de réparation, il y a là un problème
d'évaluation - je ne voudrais pas garrocher la balle au
président, M. Cormier, qui a pris le travail d'un autre, comme vous
dites - je pensais qu'en 1972, on s'était penché, pour la
dernière fois, sur un rôle d'évaluation. Je me mets
à la place du premier propriétaire qui n'a pas d'augmentation, et
les autres qui suivent, ce sont des gens qui se consultent - quatre ou cinq
personnes - et ils se parlent de ces choses, en été, quand il
fait beau, tout en tondant le gazon. C'est nous, les élus, les gens qui
doivent répondre à cette question. C'est bien beau dire que c'est
la faute de la communauté urbaine, mais il faut, à un certain
moment, que les élus arrêtent de garrocher la balle à la
communauté urbaine. À un certain moment, vous aviez deux comptes
de taxes, l'un de la communauté urbaine et l'autre de la
municipalité. Je pense qu'il faut essayer de collaborer, parce que la
communauté urbaine est là pour y rester. Il faut dire qu'avec la
loi no 46, vous avez déjà fait un bon bout de chemin,
j'espère que les gars de Montréal vont aussi l'adopter. Il y a de
la place pour vous faire des suggestions, aussi, en commission parlementaire
pour essayer d'être le plus juste possible.
Il y a aussi un autre facteur. Dans certaines villes, sur la question
d'argent -c'est à peu près comme au gouvernement, à tous
les paliers - les élus ne connaissent pas la valeur de l'argent et le
dépensent. C'est bien facile, c'est l'argent des autres. Je vous parle
en connaissance de cause. Dans des municipalités, s'il y avait des
roulettes, peut-être que l'hôtel de ville
déménagerait. Le sous-ministre peut me regarder, je le dis avec
la plus grande franchise; vous savez qu'en étant aux crédits, je
suis bien à l'aise pour le dire et je ne retire jamais mes paroles. Je
pense qu'à un certain moment, il y a une responsabilité et elle
revient au ministre des Affaires municipales. Dans les municipalités, il
y a des conseils de ville qui sont consciencieux, comme certains gouvernements,
certains ministres ou certains députés le sont; d'autres le sont
moins. C'est facile de dépenser l'argent des autres.
Ce qu'on vit, actuellement, ici, au Québec, comme à
Ottawa, les municipalités le vivent. Je pense qu'il est temps qu'on se
penche sur ce problème et le ministre des Affaires municipales aussi. Si
on coupe à des places - on est prêt à geler les salaires
des députés - j'espère aussi qu'on le fera dans les
municipalités, je suis bien à l'aise de le dire, qu'on
gèle aussi les dépenses. M. le ministre, quand des gens sont
venus ici en commission parlementaire, en septembre, j'aurais aimé que
la commission des affaires municipales se déplace pour aller les
entendre dans les municipalités. On parle de démocratie - on en a
parlé très longtemps -je pense que c'est à nous, aussi, de
montrer l'exemple aux autres. Il faudrait que la commission municipale se
déplace à l'occasion. On peut se déplacer à
Montréal, facilement, vous avez tous les avantages; si vous ne les avez
pas, qu'on me le prouve. Je pense qu'avec le palais de justice qu'on a, qui a
coûté une fortune, vous avez peut-être mieux qu'on a ici,
actuellement, au parlement de Québec, pour entendre les gens qui
prendraient le métro ou l'autobus pour savoir ce qui se passe.
Je ne l'ai pas la solution. Je ne veux pas juger - je ne suis pas ici
pour juger -mais je vous dis que des choses peuvent être
améliorées et grandement. Le rôle que nous jouons,
ici, surtout, vous, M. le ministre, qui avez les pouvoirs, avec vos
fonctionnaires, je vous le dis: Les gens en ont soupé de payer des
taxes. Qu'on arrête de blâmer l'un et l'autre; souvent, on garroche
cela à la communauté urbaine. La communauté urbaine est
là pour y rester. Je pense qu'il n'y a personne de nous autres qui veut
la démolir; on veut l'améliorer. C'est tout à fait normal
que la police s'élargisse et qu'ils travaillent ensemble - il y a la
question de trafic qui est une chose et il est question de détective,
qu'on travaille en civil - même avec la Sûreté du
Québec.
Je vous dis, M. le ministre, qu'on a un problème
d'évaluation. Je ne l'ai pas, la solution? Je suis assez honnête
pour vous le dire; si je l'avais, je serais bien prêt à vous le
dire. D'un autre côté aussi, il faut penser que pour des
municipalités, l'argent, ça ne leur pèse pas au bout du
nez, à partir de chez nous, M. le ministre. Il s'est voté
dernièrement des augmentations de salaires chez nous et je
n'étais pas d'accord. Il s'est voté des montants pour des
conventions dans le plus profond du Sud. Je n'y crois pas, à ces
choses-là. Qu'on aille à Montréal, qu'on aille à
Québec, qu'on vienne discuter ici, c'est un demi-mal; on peut accepter
un certain montant, mais qu'on aille dans le plus fin fond du Sud, je m'excuse,
je n'y crois pas à cela. Je pense qu'il y a une responsabilité et
la responsabilité relève du ministre de la Justice.
Allez plus loin, M. le ministre. Je ne l'ai pas, la solution, mais je
n'accepte pas, je ne peux pas comprendre que M. X qui est ici n'aura pas
d'augmentation; il a un duplex. Moi, je vais avoir 10 000 $, mon voisin de
droite va avoir 15 000 $ et l'autre va avoir rien ou à peu près
rien sur la même rue. Il y a quelque chose qui ne marche pas; le
système a une faiblesse, le système est malade. Comment le
résoudre? Comme vous le dites, à Toronto, ça a l'air
qu'ils n'ont pas été capables de le résoudre, mais je
pense qu'on est ici pour essayer d'être le plus juste possible et
d'être près du petit "payeur de taxes."
On doit donner l'exemple, nous autres, à Québec. Surtout
que c'est bien plus dur pour les gens qui sont élus, M. le ministre,
parce que nous autres, on va fouiller dans leurs poches après qu'ils
l'ont reçu; ils ont encaissé leur chèque, ils l'ont eu aux
gouvernements supérieurs, soit le provincial ou le
fédéral, c'est moins pire; on ne le goûte pas, on ne l'a
pas vu; il est enlevé déjà sur notre salaire. Mais nous
autres, on va fouiller deux fois par année dans leurs poches, cela fait
bien plus mal. Il faut penser aussi aux élus parce que, parmi les
élus, il y en a qui sont conscients de la réalité et il y
en a qui sont conscients de la valeur de l'argent. Je ne fais pas le
procès de tout le monde, mais il y en a qui ne connaissent pas cela, la
valeur de l'argent. Surtout avec la loi no 44, je vais vous dire une chose: Des
conseils municipaux qui sont partis de six et qui sont tombés à
douze et à plus, M. le ministre, je vous dis que c'est bien plus
difficile à contrôler. Je me demande si avec le temps on pourra
constater que c'est la meilleure solution.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Léonard: Je voudrais quand même faire quelques
commentaires à la suite de l'intervention du député de
Verdun. Le gouvernement du Québec, à l'époque, a
adopté une loi sur l'évaluation foncière. À
l'origine, je me demande si c'était objet de législation
autrement que dans le Code municipal, même pas, je pense. C'est
exactement cela; ça ne faisait pas...
M. Caron: En 1973, je pense.
M. Léonard: En 1972, je pense. En 1971-1972, il a
voté une loi pour essayer de codifier, de clarifier aussi les
responsabilités des uns et des autres, et il a remis la
responsabilité de faire l'évaluation foncière au niveau
municipal, soit dans la Loi des cités et villes, soit aussi aux conseils
de comté qui s'en étaient chargés, qui avaient, je pense,
accepté cette responsabilité à l'époque. Je pense
que l'évaluation s'est améliorée dans l'ensemble du
Québec; je ne dis pas qu'il n'y a pas encore des problèmes, et
qu'il n'y a pas des failles et des inéquités.
Je voudrais en arriver maintenant à la question de la CUM. Par
rapport à cette loi, le législateur avait confectionné un
manuel d'évaluation qui avait été retenu un certain temps,
mais que, finalement, nous avons émis dans l'année 1977 et qui
s'est appliqué à partir de 1978. Tout le monde pouvait y
référer, tout le monde pouvait l'utiliser, en particulier les
évaluateurs, pour faire de l'évaluation. Mais à la CUM on
n'a pas utilisé le manuel de l'évaluation. Il me semble que vous
êtes bien placé pour en parler parce que vous êtes le maire
de Verdun, donc un des membres du conseil de la CUM. J'ai presque le goût
de vous poser la question: Pourquoi n'avez-vous pas utilisé le manuel de
l'évaluation du gouvernement et utilisé à fond la loi?
Vous ne l'avez pas appliquée parce qu'au fond vous dites qu'il y a un
manque d'uniformité. Il me semble que le manuel, qui comporte tous les
critères d'évaluation, mais qui est peut-être
compliqué un peu, aurait corrigé cela. Vous avez à la CUM
un service d'évaluation foncière; il relève de votre
juridiction, c'est votre responsabilité de le faire fonctionner. Si vous
pouvez nous répondre sur cela,
pourquoi n'avez-vous pas utilisé le manuel comme ailleurs dans le
Québec, soit la Communauté urbaine de Québec, ou dans des
conseils de comté? Au fond, si cela avait été
utilisé, peut-être bien que vous n'auriez pas les problèmes
que vous connaissez. Il y a au-delà de 1000 municipalités dans le
Québec qui l'ont utilisé. Après coup, encore une fois, je
ne minimiserai pas les problèmes de transition mais, au fond, plus on
avance dans le temps, chez ces municipalités, moins on entend de
plaintes. J'ai moins de plaintes par rapport à l'évaluation dans
mon comté que j'en avais il y a trois ans.
M. Caron: M. le Président... M. Léonard:
Pourquoi?
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Verdun.
M. Caron: Je vais vous dire une chose, je pense qu'aucun maire
n'a les pouvoirs de donner des directives à M. Cormier. Je pense que M.
Cormier n'acceptera pas...
M. Léonard: Aucun maire, mais le conseil.
M. Caron: Oui, oui, le conseil. Même à cela je pense
que c'est assez difficile. Personne ne veut donner des directives sur cela. Il
y a cela. Vous savez qu'il y a la police et on en parlera dans le projet de loi
no 46 aussi bien que de cela. Vous m'avez ouvert une porte et je vais vous
parler au sujet des plaintes. Les gens sont "tannés" de faire des
plaintes, de se présenter là et de perdre leur cause.
Comprenez-vous!
M. Léonard: Vous parlez du service?
M. Caron: À tort ou à raison, je vous dis qu'il y a
une foule de gens qui se plaignent. Au début, cela allait bien, les gens
portaient plainte, il y en avait qui gagnaient et il y en avait d'autres qui
perdaient. Le nombre de plaintes, à un certain moment, était
tellement élevé que c'était tout à fait normal
qu'on essaie de les passer le plus vite possible, de les passer au "cash"; je
parle avec mon langage, langage du petit "payeur de taxes". Ces gens n'avaient
pas les moyens de se faire représenter par un procureur, parce que les
procureurs, je m'excuse s'il y en a ici, travaillent aujourd'hui à 100 $
l'heure. Le petit propriétaire ne peut pas se permettre cela. Les gens
vont là et essaient de se défendre et la première chose
qu'on dit: Est-ce que vous seriez prêts à vendre votre maison
à X montant? Les gens tremblent, ce sont des gens d'un certain
âge. Ils disent: On est obligés de suivre le rôle. Je pense
qu'il ne faut pas ambitionner sur ces gens. Il faut essayer d'améliorer;
je ne dis pas qu'on va changer l'évaluation de cela, il faut essayer de
l'améliorer. Je ne vois pas pourquoi on partirait de 3%. Je pourrais
vous donner des chiffres, je pourrais vous donner des adresses en particulier,
si vous voulez; je n'ai pas l'intention de faire le procès des gens de
ma ville, ici publiquement, mais je ne comprends pas qu'on ait des
évaluations qui partent de 3% à 98% d'augmentation.
Il y a une autre chose que je ne comprends pas aussi. Pour un immeuble
à revenus, dont les gens font rapport à l'impôt provincial
et à l'impôt fédéral, eux ils ont de petites
augmentations. Pour un duplex, un cottage ou un bungalow, les augmentations
font, comme le dit mon collègue de Westmount, que les
propriétaires sont obligés de vendre leur
propriété. En plus de se faire frapper par les taxes, ils se font
frapper aussi par les intérêts. Alors ils mangent deux claques sur
la gueule. Une sur un bord, et l'autre sur l'autre. Alors! Que font-ils ces
gens? (21 h 15)
Une voix: N'ouvre pas la porte.
M. Caron: Non, non. Mais, qu'est-ce que l'on fait pour ces
gens-là? Ils ne sont pas ici pour se défendre. Nous, on est ici
pour essayer de vous suggérer de vous pencher là-dessus, au lieu
de dépenser dans la publicité, toute sorte d'affaires, les
timbres. Cet après-midi, le chef de l'Opposition disait qu'on envoie des
lettres; on devrait essayer d'épargner cet argent-là. Parlez-en
au Conseil des ministres. Vous êtes capable de leur parler et de vous
tenir debout.
À ceux qui ne se tiennent pas debout, parmi les ministres,
faites-leur donc le message des gars du peuple, les gars qui vont à la
taverne, qui vont à la brasserie et qui rencontrent le monde. Je vous le
dis, M. le ministre, je vous parle au nom d'un paquet de
Québécois actuellement - de Québécois, je dis bien
- faites à vos collègues le message, qu'ils coupent leurs folies.
Qu'on engage des spécialistes, qu'on les paie le prix qu'ils valent mais
il va falloir trouver une solution pour qu'on arrête d'égorger.
Vous voulez avancer, vous voulez qu'il y ait de la construction au
Québec, mais les gens ne veulent plus investir parce qu'ils sont
surveillés par la loi 107. Ils ne sont plus capables de
déterminer le loyer qu'ils veulent et, d'un autre côté, ils
sont mangés par les taxes municipales.
Les gens se disent: Que fait-on de notre argent? On achètera des
obligations d'épargne ou on fera nous-mêmes des placements. D'un
autre côté, il y a un vieux proverbe qui dit: Quand la
construction marche, tout marche. Alors, il faudrait que le gouvernement pense
que la construction c'est important. Pensez à cela. Je vous dis cela en
tant que bien petit citoyen de
Verdun. Je vous parle au nom des gens qui ne peuvent pas venir vous le
dire, M. le ministre.
M. Fallu: Vous n'avez pas répondu à la question du
ministre.
M. Caron: Quelle question le ministre m'a-t-il posée?
M. Fallu: Pourquoi la communauté urbaine n'applique-t-elle
pas le manuel d'évaluation foncière?
M. Caron: Ecoutez, M. le ministre, je pense que s'il y a un gars
qui est bien placé pour le faire, c'est bien vous, parce que moi je suis
un bien petit numéro dans la communauté urbaine. En plus de cela,
ce n'est pas moi qui y vais, je n'ai pas le temps d'y aller, j'en envoie un
autre. Je ne peux pas être partout en même temps. Je suis
prêt à partager le gâteau, à part cela. Je ne veux
pas garder tout le gâteau pour moi.
M. Léonard: C'est presque un aveu, M. le
maire-député.
M. Caron: Je pense bien, M. le Président, que s'il y a un
gars bien placé pour le savoir, c'est le ministre. Il est bien mieux
placé que moi.
Mme Lachapelle: Quand vous dites que vous partagez le
gâteau, vous partagez le salaire aussi, j'imagine!
M. Caron: Oui, le salaire. Il y va et il travaille, mon gars. Je
vous dis qu'il travaille et il me fait rapport. Mais d'un autre
côté, il est comme vous autres. Il est comme moi quand
j'étais au pouvoir, il n'y a pas grand-chose que je faisais. C'est pour
cela que je disais à mon collègue, député de Hull,
que je fais attention à ma tête. Quand on est au pouvoir, on fait
comme vous, en majorité, on suit. On l'a vécu cette
affaire-là. Je vais vous dire une chose, il n'y a pas grand-monde qui
mène le Québec: quelques personnes, le petit Conseil des
ministres.
M. le ministre, je vous le dis, je vous passe un message, les gens qui
ne sont pas capables de se rendre utiles, je vous fais le message. Je ne le dis
pas désagréablement, je vous le dis: on a un problème,
c'est chronique notre affaire. Il faut essayer de lui donner une piqûre
pour essayer de l'améliorer. Je comprends qu'on ne pourra pas avoir
100%. Si on peut l'améliorer, c'est cela qui compte. C'est notre devoir,
autant d'un côté que de l'autre, d'essayer d'améliorer la
situation. Je sais que vous voulez l'améliorer. Avec la loi 46, vous
l'avez prouvé, contrairement à une couple de vos collègues
qui sont contre, vous vous êtes tenu debout, c'est bon. Je
l'apprécie et je le dis à tout le monde. On a un ministre des
Affaires municipales qui se tient debout. Le ministre de la Justice devrait se
tenir debout lui aussi. Je vous dis cela tout bonnement.
Le Président (M. Bordeleau): À l'ordre! À
l'ordre! M. le ministre.
M. Léonard: Seulement quelques remarques et sans
éterniser le débat. S'il y a une évaluation qui part de 3%
et qui monte à 98%, ce n'est pas nécessairement, non plus,
injuste. Évidemment, c'est injuste si tout le monde n'est pas
évalué à 98% mais, par hypothèse, tout le monde
sera évalué à 98%. Celui qui était
évalué auparavant à 3%, c'est injuste pour les autres,
qu'il soit évalué à 3%, parce qu'il ne payait pas ses
taxes; c'étaient les autres contribuables qui payaient ses taxes. Je
pense qu'il s'agit là de cas d'exception, règle
générale, et qu'au fond lorsqu'on prend un cas en particulier, il
faut vraiment faire attention de ne pas créer d'injustice, par ailleurs,
si jamais on lui donnait raison. Cela est une des choses. Par ailleurs, ma
question reste toujours là. La responsabilité du gouvernement, du
législateur, c'est de passer une loi sur l'évaluation. C'est
celle qu'il a prise, en tout cas, en 1972. La responsabilité du ministre
des Affaires municipales a été de confectionner un manuel
d'évaluation municipale qui pouvait être appliqué dans la
foulée de la loi par les municipalités du Québec.
Maintenant, la responsabilité des municipalités, c'est
d'appliquer la loi, c'est de faire l'évaluation, c'est de donner les
directives ou d'engager les évaluateurs pour faire l'évaluation.
Il faudrait s'attendre à cela de la part de la CUM le plus tôt
possible ou, en tout cas, s'il y a des plaintes là-dessus, qu'on y
réponde.
Enfin, je ne veux pas insister davantage là-dessus. Par rapport
à ce que vous avez dit de la part du petit contribuable, du petit
"payeur de taxes", moi, je pense qu'une chose assez sensationnelle a
été faite. Cela a été de rendre les revenus, comme
les budgets de dépenses des municipalités, absolument visibles.
Lorsque la majorité des revenus ou la très grande partie des
revenus des municipalités provient de l'impôt foncier, cela rend
très visible l'équation qu'il y a entre le niveau de service que
le citoyen demande et les taxes qu'il est prêt à payer pour se les
procurer. Et là-dessus, celui qui prend la décision d'en fixer le
niveau, c'est son élu municipal; c'est dans ce sens-là qu'on est
allé. Je pense que cela lui rend service, cela n'élimine pas le
problème mais cela lui situe exactement où est le
problème, s'il y en a un.
M. Lachance: J'ai écouté attentivement le
député de Verdun et j'en déduis qu'il doit
convaincre ses collègues qu'après son expérience du
pouvoir, il est préférable d'être dans l'Opposition...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Bellechasse, vous avez toujours la parole.
M. Lachance: Plus sérieusement, M. le Président, le
député de Verdun a évoqué un point qui
m'apparaît très important, c'est-à-dire les plaintes qui
proviennent de l'évaluation foncière. Sans connaître
l'ampleur de ce phénomène dans tout le Québec, c'est un
problème sérieux, à mon avis, j'aimerais connaître
le nombre de causes pendantes au bureau de révision de
l'évaluation foncière présentement, non pas à une
près, mais approximativement.
Deuxièmement - c'est surtout là-dessus que je veux
insister - est-ce que le ministre entend prendre des dispositions pour
s'assurer que ce nombre de plaintes va diminuer et surtout que les
délais d'audition des plaintes et des décisions
subséquentes vont s'amenuiser considérablement, parce que,
à l'heure actuelle, c'est un problème très
sérieux?
M. Léonard: Juste un instant.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le ministre.
M. Léonard: Nous aurions, à l'heure actuelle,
environ 20 000 plaintes à entendre. Il y en a 2000 qui ont
été entendues, dont nous attendons le jugement. Sur l'ensemble de
l'année 1981-82, 43 700 plaintes ont été logées, il
y en a eu un certain nombre de reçues... Juste un instant, comment
est-ce qu'on a dit ça?
M. Lachance: C'est pas une question plantée, hein!
M. Rocheleau: Elle est très réelle.
M. Léonard: Alors, c'est cela, 43 700 plaintes
reçues, corrections d'office reçues au cours de l'année
1981-82. Il y a eu 27 000 plaintes entendues, 4200 corrections d'office
étudiées. On a couvert 1591 municipalités - donc, toutes
les municipalités ont été vues, je pense, à peu
près toutes -et cela a touché la population desservie.
Maintenant, par rapport aux plaintes qui ont été
reçues ou par rapport à toute cette question du grand nombre de
plaintes, nous avons, dans la loi 33, introduit un certain nombre de
dispositions qui devraient permettre d'éliminer des plaintes qui n'ont
pas lieu d'être portées devant le bureau de révision de
l'évaluation foncière. En effet, dans un bon nombre de cas, il
s'agissait de questions, plutôt, qui se posaient sur le compte de taxes,
qui auraient pu être adressées directement à la
municipalité et pas du tout au bureau de révision de
l'évaluation foncière. Après avoir lu la plainte on la
retournait tout simplement à la municipalité et on lui demandait
de prendre contact avec le contribuable. Nous pensons que les corrections
apportées à l'intérieur du projet de loi 33 vont
éliminer une bonne partie de ces plaintes. Donc, il y a des corrections
apportées à la situation, mais, règle
générale, la très grande partie des plaintes sont
entendues.
M. Lachance: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Bellechasse.
M. Lachance: ... je termine là-dessus. Pour les plaintes
qui sont déjà inscrites et pour lesquelles il n'y a pas eu encore
de décisions rendues, est-ce qu'il y a des dispositions de prises pour
accélérer le processus, pour que les gens sachent à quoi
s'en tenir?
M. Léonard: Nous avons conçu ce qu'on appelle un
projet spécifique pour régler ces plaintes en attente cette
année, pour ce qui reste. Il y a quinze occasionnels engagés pour
régler ce que j'appellerai ce "backlog".
M. Lachance: Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? Mme la
députée de Dorion.
Mme Lachapelle: M. le ministre, j'aimerais vous poser une
question concernant l'évaluation. Les évaluateurs de la ville de
Montréal, si je ne me trompe pas, ont à faire de
l'évaluation pas seulement commerciale, mais résidentielle aussi.
Alors, si on prend un district, il n'y a rien qui leur échappe. Ne
pensez-vous pas que, si certains évaluateurs avaient à faire du
résidentiel et que d'autres étaient spécialisés
dans l'évaluation commerciale, on aurait un meilleur rendement comme
évaluation?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Léonard: Je pense que c'est une décision qui
relève de façon typique de la Communauté urbaine de
Montréal, du bureau d'évaluation de la Communauté urbaine
de Montréal, parce que c'est là qu'est logé le bureau
d'évaluation. Alors, en termes d'équipe, je pense qu'ils doivent
se faire des équipes sur le commercial et des équipes sur le
résidentiel. À l'heure actuelle, si je comprends, ils seraient
affectés à des secteurs particuliers et non pas à des
catégories d'évaluation. Je pense vraiment
que la question relève de la juridiction de la communauté
et pas du tout du gouvernement. Il s'agit de l'application d'une loi et du
manuel d'évaluation.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? M. le
député de Hull.
M. Rocheleau: Je sais qu'à la Communauté
régionale de l'Outaouais, dans les secteurs résidentiels, on
affecte habituellement les évaluateurs "juniors" qui ont une certaine
expérience et où le manuel est plus facilement suivi. Dans le
multifamilial ou dans le commercial, il y a les "seniors" et les
évaluateurs agréés qui s'occupent eux-mêmes de faire
les évaluations.
M. Léonard: On me dit à l'instant que c'est
organisé comme cela à la communauté urbaine. Il y a des
équipes par secteurs et par catégories dans chacun des
secteurs.
M. Rocheleau: J'aurais une question à l'intention...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: ... du ministre. Nous avions fait une
recommandation qui est sûrement pertinente surtout à la question
que posait le député de Bellechasse tantôt. Dans la loi 33,
nous avions justement recommandé, étant donné le nombre
important de plaintes enregistrées, que le bureau de révision
puisse continuer, pour une période donnée, de siéger en
soirée. Le ministre avait dit à ce moment-là qu'il
émettrait une directive à l'intention du bureau de
révision pour qu'il poursuive en soirée l'audition des causes,
étant donné qu'il y avait, quand même, une multitude de
causes et qu'il y avait plusieurs personnes qui, durant la journée,
travaillaient et ne pouvaient perdre une journée de travail pour aller
faire entendre leur cause. Est-ce que cette directive a été
émise, M. le ministre? (21 h 30)
M. Léonard: Ils continuent de siéger en
soirée, sauf qu'ils ne sont plus obligés de le faire. Je pense
bien que, tant que nous n'aurons pas réglé ce grand nombre de
plaintes que nous recevons, ils vont continer de siéger en
soirée. Nous espérons bien que, à terme, ce sera
liquidé et, après cela, ils pourront siéger normalement,
sauf occasionnellement en soirée; en tout cas, je maintiens la
directive. Au fond, c'est vrai que des gens, sur le plan de leur initiative
personnelle, pourraient y aller plus facilement en soirée; alors, mes
directives sont maintenues, il n'y a aucun problème. Est-ce que la
réglementation est sortie?
M. Rocheleau: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que vous voulez
changer de sujet, M. le député de Hull? J'avais retenu M. le
député de Westmount...
M. Léonard: Nous discutons maintenant de...
Le Président (M. Bordeleau): Nous sommes assez large. On
discute de différents éléments en même temps.
M. Rocheleau: Disons qu'on a regardé l'ensemble du
problème. Par contre, il y a peut-être certains chiffres qu'on
aimerait connaître.
Le Président (M. Bordeleau): Je veux seulement savoir si
c'est le même sujet.
M. French: Sur le plan général.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount; avec la permission de M. le député de Hull.
M. Rocheleau: Ah! C'est acquis.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
M. French: Je vous remercie, M. le député de
Hull.
M. Léonard: Cela lui arrive d'être gentil.
M. Rocheleau: J'ai l'habitude.
M. French: Je comprends que nous ne sommes pas à
l'étude article par article du projet de loi no 46, mais je voudrais
demander au ministre quelle serait sa réaction à l'idée
d'une commission d'évaluation ou d'une commission de taxation de la CUM
qui aurait pour responsabilité de faire des séances publiques,
annuellement, pour expliquer aux gens comment se déroule le processus et
toute la logique de l'affaire. Il me semble que c'est une faille, actuellement,
dans le projet de loi. Je le soulève comme cela, puisqu'on parlait du
service d'évaluation de la CUM.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Léonard: J'ai eu l'occasion de dire, lors de mon
discours en deuxième lecture, que, dans notre esprit, la commission des
finances a cette responsabilité en ce qui concerne l'évaluation
foncière, les révisions et toutes ces questions
d'évaluation foncière. La commission des finances va
évidemment
étudier les budgets de la Communauté urbaine de
Montréal, mais le budget va arriver, disons, à l'automne. Quand
il sera adopté, il y a tous les autres sujets en ce qui concerne
l'évaluation foncière. Quant à nous, nous pensons que la
commission des finances peut faire ce travail; c'était l'une des ses
principales responsabilités que de toucher à l'évaluation
foncière.
M. French: M. le Président...
M. Léonard: Alors, ce n'est pas du tout exclu, au
contraire, nous pensons que c'est déjà fait.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Westmount.
M. French: Une longue expérience avec la CUM
m'amène à demander si la loi exige ces séances publiques
et ce mandat.
M. Léonard: Le principe, c'est que ces commissions
siègent en public et qu'on aura une période de questions, autant
au conseil de la communauté que dans les commissions de la
communauté.
M. French: Cela, je le sais très bien, M. le
Président, mais la question est un peu différente. Est-ce qu'il y
aurait un article de loi ou un règlement qui demanderait, non seulement
que les séances soient publiques, mais qu'elles soient
itinérantes ou qu'elles suscitent des interventions au sujet de
l'évaluation et de la perception des taxes? On a vécu dans la
Communauté urbaine de Montréal, depuis son existence; les
articles de loi sont honorés à la lettre, mais pas dans l'esprit.
Je sais que le ministre n'a pas envie de répéter cette
expérience avec le projet de loi actuel; c'est pour cela que j'exige ce
que je n'exigerais pas normalement, c'est-à-dire une définition
assez précise du mandat, si vraiment ils s'attendent à ce que ce
soit fait. Sinon, d'ici à trois ans, je serai de retour, ici, aux
crédits, et je lui dirai: Cette commission n'a jamais entendu aucun
contribuable municipal; cela a été une farce qu'on a appris
à attendre de la Communauté urbaine de Montréal dans ces
choses-là.
M. Léonard: Je voudrais dire au député de
Westmount que l'esprit du projet de loi no 46 fait en sorte que ce soit
vraiment ouvert au public et qu'il y ait véritablement une
période de questions qui implique un échange que je voudrais
vivant entre ceux qui sont les membres de la commission et le public qui
viendra. Cependant, il me semble difficile, dans une loi et dans le contexte de
l'institution municipale, d'aller statuer, règlement par
règlement, sur ce que chacun doit faire, comment doit se comporter une
commission. Il me semble que, pour l'esprit, c'est un esprit d'ouverture et
qu'un consensus devrait se faire. Je pense aussi qu'il va y avoir un consensus
dans l'application de la loi no 46, qui va faire en sorte que les élus
municipaux, comme la population, vont se servir des institutions, des
mécanismes, qu'ils vont se donner eux-mêmes une
réglementation qui va faciliter une véritable ouverture. Moi,
c'est dans cet esprit-là que je vois cela.
Il me semble que le législateur n'a pas à tenter de
prévoir toutes les situations. S'il essaie de prévoir toutes les
situations, il n'en sortira jamais, et en plus, il risque de créer plus
de rigidité qu'autrement parce que les gens vont avoir tendance à
s'en tenir à la lettre plutôt qu'à l'esprit à ce
moment-là. Il me semble que cela fait partie de l'autonomie municipale.
Je ne dis pas qu'il n'y aura pas des accrocs à l'occasion, mais je crois
que, dans l'ensemble, ça devrait être du ressort de l'autonomie et
de la liberté des élus municipaux qui vont siéger à
l'intérieur de ces commissions et à l'intérieur du conseil
de la communauté de se donner une réglementation en
conséquence.
M. French: Je noterai tout simplement, sans retarder la
discussion indûment, que j'apprécie l'optimisme du ministre, et je
veux que ce soit justifié dans les faits. Les séances publiques,
ce n'est pas, d'après moi -et je ne me suis peut-être pas bien
expliqué le droit de certaines associations de contribuables municipaux
ou de propriétaires municipaux de comparaître publiquement devant
la commission et de se faire entendre, un peu comme on le fait ici lorsqu'il y
a des intervenants du public.
Les séances publiques, telles que comprises dans la
mentalité de certains élus municipaux de la Communauté
urbaine de Montréal, c'est plutôt des gens qui se rangent en
arrière et qui ont le droit d'entendre, s'ils ont le bon micro ici, ce
qui se passe; cela finit là. Je prévois, pour le
bénéfice du ministre, que s'il n'y a pas plus de
spécificité dans les articles du projet de loi no 46 que cela en
compte dans l'opération des commissions publiques, on risquera bien de
répéter cette expérience-là. On n'est pas rendu
à l'étude article par article, je reviendrai
là-dessus.
M. Léonard: Effectivement, je pense que dans la loi no 105
en particulier il était prévu une période de questions. On
peut voir que, dans l'ensemble, les municipalités s'étaient bien
appliquées, ce qui n'exclut pas, à l'occasion, que ce soit
discutable, comme application. Mais autre chose aussi, c'était bien
appliqué, mais cela fait deux ans que ça existe et il y a une
nette amélioration cette année par rapport à l'an dernier.
Le discours du budget des maires de cette année est pas
mal meilleur et plus significatif que celui de l'an dernier; donc, il y
a une progression. Je crois qu'il peut se produire la même chose à
la communauté urbaine. Ceci s'est produit même sans qu'il y ait,
disons, de réglementation trop rigide d'introduite dans la loi no 105.
Je pense qu'il faut laisser de la liberté, de toute façon, M. le
député. Nous pourrons y revenir en commission parlementaire,
à l'étude article par article. Je ne dis pas que le projet de loi
est parfait en soi à l'heure actuelle, s'il y a moyen
d'améliorer, nous sommes ouverts.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va. Est-ce que cela va
pour l'ensemble? M. le député de Verdun.
M. Caron: Ce n'est pas tout le monde qui va se présenter,
mais il faut essayer que le mécanisme soit assez ouvert, pas parce que
les gens qui font l'évaluation ne font pas leur possible, ce n'est pas
facile d'évaluer toutes les propriétés? Vous avez aussi
des propriétaires qui font des travaux et qui ne demandent pas de
permis; cela joue un rôle. Il faut essayer d'être juste aussi
envers tout le monde. Je l'ai dit tout à l'heure, je ne veux pas faire
le procès des gens qui font l'évaluation. Il y a des gens qui ne
demandent pas de permis; ils vont rénover le sous-sol, ils vont faire
des travaux mais il n'y a pas assez d'inspecteurs pour les prendre sur le fait.
Si la propriété se vend 15 000 $, 20 000 $ et 30 000 $ plus cher,
deux, trois ans après, cela change l'évaluation dans le secteur.
Il ne faut pas blâmer spécifiquement les gens qui font de
l'évaluation qui, comme vous dites, ne se servent pas du manuel. Vous
êtes au courant, c'est vous qui me l'avez dit, je ne savais pas qu'ils ne
se servaient pas du manuel. Alors, j'ai appris cela. Votre rôle, s'ils ne
le font pas, c'est de leur dire de s'en servir. Vous ne savez pas tout ce qui
se passe chez vos fonctionnaires, vous autres; c'est pareil dans les
municipalités.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: À titre d'information, du montant
prévu à l'élément 1, les 14 837 200 $, quelle part
est destinée à PAIRE, le programme d'aide à l'implantation
des nouveaux rôles d'évaluation?
M. Léonard: 12 100 000 $. M. Rocheleau: 12 100 000
$.
M. Léonard: C'est à la ligne 10: Transferts.
M. Rocheleau: D'accord. Maintenant, est-ce que les MRC profitent
de ce programme?
M. Léonard: Oui, maintenant il y a une période au
moins transitoire, il faut quand même voir que des cités et villes
font de l'évaluation foncière et profitent de ce programme. Il y
a aussi les MRC qui prennent la succession des conseils de comté et des
communautés urbaines.
M. Rocheleau: Tenant compte, M. le ministre, qu'à
l'intérieur des MRC actuellement il y a des municipalités qui
relèvent de la Loi des cités et villes, d'autres relèvent
du Code municipal, est-ce que vous avez l'intention de poursuivre les
études antérieures qui ont été faites, le fait de
fusionner ou de regrouper dans une nouvelle loi...
M. Léonard: M. le député de Hull, ceci est
réglementé par l'article 189 de la loi 125 qui a
été amendée à une couple de reprises, par lequel ce
sont les membres du conseil des municipalités régionales de
comté qui en décident par un vote des deux tiers, à savoir
s'il y aura une seule autorité. Mais pour l'instant, les villes et les
municipalités rurales conservent leur service d'évaluation
foncière, à moins qu'elles ne décident par un vote des
deux tiers de fusionner, ce sont elles qui en décident. Je crois que
dans un bon nombre de cas, c'est déjà envisagé à
l'heure actuelle d'avoir un seul service d'évaluation foncière,
de façon à réduire les coûts, mais c'est
essentiellement leur décision. Je pense qu'il faut leur laisser le temps
d'examiner la façon dont chacune fait son rôle pour essayer de les
intégrer et d'avoir une meilleure continuité des rôles
d'évaluation.
M. Rocheleau: Concernant les taxes payées par le
gouvernement aux municipalités, on nous avait dit l'an passé, je
crois, que le gouvernement tenterait de faire les déboursés le
plus rapidement possible. Est-ce que dans la totalité des cas,
aujourd'hui, on peut dire que les municipalités ont perçu les
taxes en provenance du gouvernement du Québec sur les différents
réseaux?
M. Léonard: De l'an passé, oui. Il peut rester dans
certains cas le taux de 10% résiduel parce qu'il est versé
à la production des états financiers de la
municipalité.
M. Caron: Ils sont en retard.
M. Léonard: Cette année, nous allons devancer
encore. Le premier versement va être fait avant la fin du printemps,
c'est-à-dire avant le 21 juin, et le deuxième, avant la fin de
l'été. Alors, il y a 92 000 000 $ en paiement cette année
qui sont à la
comptabilité et qui devraient être versés d'ici au
21 juin. Je pense que je n'ai pas d'indication que cet engagement ne sera pas
respecté à l'heure actuelle. Toutes les dispositions sont prises
pour...
M. Rocheleau: On se souvient, il y a quelques années, que
les municipalités devaient malheureusement attendre. De plus en plus,
les taux d'intérêt augmentent.
M. Léonard: Oui. La première année, cela a
été en fait le cas, mais vous savez que nous avons dû faire
toute une série de vérifications qui ne sont pas terminées
sur les comptes de taxes qui ont été envoyés. On ne
reviendra pas sur la question. On a reçu des comptes de taxes pour des
cimetières, pour des édifices fédéraux ou pour des
édifices non construits, qui avaient été promis, pour des
édifices qui étaient passés au feu, etc. Vous allez
comprendre qu'on avait un certain nombre de dossiers en instance de ce type, et
qu'il a fallu faire des vérifications.
M. Rocheleau: Des gens faisaient cela? M. Léonard:
Bien oui.
M. Caron: II va falloir mettre le bureau de poste dehors.
M. Léonard: On me dit, à l'instant que le premier
versement sera payé d'ici un mois pour 20 000 000 $ sur les
édifices gouvernementaux et 78 000 000 $ sur les réseaux, ce qui
correspond à peu près à la moitié de la somme
à l'heure actuelle.
M. Rocheleau: Maintenant, est-ce qu'on prévoit d'envoyer
par trimestre certains montants pour arriver à la fin de
l'année...
M. Léonard: C'est en deux versements.
M. Rocheleau: ... moins les 10%?
M. Léonard: C'est en deux versements.
M. Rocheleau: En deux versements. (21 h 45)
M. Léonard: Alors, le deuxième versement devrait
arriver avant la fin de l'été, c'est-à-dire avant le 21
septembre. M. le député, c'est un détail important, la loi
des subsides au ministère des Finances a prévu, dans les
crédits temporaires qui sont accordés lorsqu'on vote le budget,
que 50% des paiements des comptes de taxes municipaux que nous recevons
seraient payés et non pas seulement par tranches de un
douzième.
M. Rocheleau: Parfait.
Le Président (M. Bordeleau): D'autres questions?
M. French: Une question d'information.
Le Président (M. Bordeleau): Sur le programme 3
toujours?
M. French: C'est sur l'évaluation foncière.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord. M. le
député de Westmount.
M. French: C'est une brève question d'information. Combien
d'argent est-ce que le gouvernement fédéral paie, actuellement,
annuellement au Québec? Ce n'est plus des "en lieu".
M. Rocheleau: C'est encore des "en lieu".
M. Léonard: Oui, 40 000 000 $. C'est régi par la
loi C-4. C'est une espèce de contribution.
M. French: Je ne l'avais pas.
M. Léonard: Oui, c'est parce que nous avons touché
ce point ce matin. Le fédéral verse 179 000 000 $ dans l'ensemble
du Canada, dont environ 40 000 000 $ au Québec.
M. French: Merci beaucoup.
M. Léonard: Ils devraient payer les taxes. Surtout pour
nous, sur tout le réseau de ports fédéraux qu'il y a au
Québec, ils pourraient payer des taxes là-dessus.
M. Rocheleau: Pas sur les porcs; sur les ports.
Sur les ports, avec un "t".
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce qu'on peut adopter le
programme 3? Les éléments 1, 2, 3, 4, 5 sont adoptés et le
programme 3 dans son entier est donc adopté.
Administration générale
Nous entreprenons donc le programme 4 qui est administration
générale. Alors, M. le ministre, vous avez des commentaires
généraux?
M. Léonard: M. le Président, ce programme vise
à planifier, diriger, coordonner les ressources humaines, physiques,
financières, essentielles à la gestion des programmes du
ministère. Il s'agit donc de l'administration du ministère des
Affaires municipales. Alors, il s'agit
d'administration générale. C'est tout le programme de
l'administration.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Alors, M. le Président, à
l'élément 1, direction, un montant de 387 700 $ est prévu
pour des paiements de transfert. Est-ce qu'on peut savoir à quelles fins
précises est destiné ce montant?
M. Léonard: Un programme de subvention aux organismes sans
but lucratif à des associations de fonctionnaires municipaux, a CIRUR.
Ce sont des paiements à l'Union des municipalités du
Québec, à l'Union des conseils de comté du Québec
et à toutes les associations municipales, comme l'Association des
secrétaires généraux, des secrétaires de
municipalité, le COMAQ comme on l'appelle. Maintenant, je ne sais pas si
j'ai le détail. Est-ce qu'on a le détail de ça?
Le Président (M. Bordeleau): Sur le même sujet, M.
le ministre? Vous avez terminé, M. le ministre?
M. Léonard: Les deux gros postes dans ce montant, il
s'agit, évidemment, de la contribution à l'Union des
municipalités du Québec pour 116 000 $ en 1981-1982, j'entends,
et 91 000 $ à l'UCCQ en 1981-1982 - ce sont les plus grosses - et
à CIRUR, qui est une association interprovinciale, pour 62 000 $.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Bellechasse sur le même sujet.
M. Lachance: M. le Président, le député
vient de répondre en partie à ma question. Il a pressenti ma
question. Lorsque j'étais préfet, cela a été une
révélation pour moi d'apprendre, à un moment donné,
que le ministère des Affaires municipales subventionnait l'Union des
conseils de comté et l'Union des municipalités du Québec.
Je pense qu'il n'y a pas beaucoup de maires qui sont au courant de cela.
Maintenant, à la suite des précisions que vous venez de nous
donner en ce qui concerne le montant de la subvention accordée pour
l'exercice financier, est-ce l'exercice financier en cours, 1982-1983, ou celui
de l'an dernier?
M. Léonard: Les montants que je vous ai donnés sont
pour 1981-1982. Le critère de subvention est que le gouvernement verse 1
$ pour 3 $ de cotisation de la part des municipalités, 25%.
M. French: La Conférence des maires de banlieue de
Montréal...
M. Léonard: Non. Les deux associations
subventionnées sont l'UMQ et l'UCCQ, sur le plan national au
Québec.
M. Lachance: Donc, la règle des 25% s'applique.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Bellechasse.
M. Lachance: Est-ce qu'il y a un plafond, est-ce qu'il y a une
limite ou si c'est laissé comme ça, comme un bar ouvert?
M. Rocheleau: C'est limité par les municipalités,
par leurs propres cotisations.
M. Léonard: Oui. Je peux vous donner exactement le
libellé du mode de financement à l'égard de l'association
visée: le montant de l'aide financière le moins
élevé des montants suivants - vous pourrez faire le calcul - le
montant correspondant à un tiers des cotisations perçues des
membres par l'association au cours de son exercice financier
précédent. Donc, cela vous situe par rapport à 1982-1983
à partir de 1981-1982.
Deuxièmement, un montant correspondant à 10% de
l'accroissement des cotisations perçues des membres l'année de
référence, plus la subvention versée au cours de
l'exercice financier gouvernemental précédent. Donc, notre
cotisation est limitée au tiers d'un maximum de 10% d'augmentation d'une
année sur l'autre. Cela va?
M. Lachance: Merci.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: II y a deux postes où il y a des
augmentations assez significatives, c'est-à-dire au niveau du loyer et
des fournitures.
M. Léonard: Au niveau du loyer de...
Le Président (M. Bordeleau): Approchez-vous, s'il vous
plaît, M. le député de Chambly.
M. Tremblay: Au no 6, au niveau du loyer. On voit 211 000 $ pour
le loyer et il y avait 173 000 $ en 1981-1982. Les fournitures passent à
266 000 $ comparativement à 169 000 $; est-ce qu'on pourrait avoir des
explications à cet effet?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Léonard: Dans le cas des loyers, cette augmentation est
due au fait que nous
avons centralisé tous les photocopieurs de chacune des directions
du ministère et nous les avons mis à la même place
étant donné que, maintenant, toutes les directions du
ministère sont regroupées à l'édifice Cook-Chauveau
sur la rue Chauveau. Nous avons donc fait une unité de photocopieurs et
les locations apparaissent à la direction générale. Dans
les autres programmes, vous allez trouver qu'il y a une réduction
correspondante et même davantage.
Quant aux fournitures, cela aussi en découle. Nous avons aussi
centralisé le magasin, j'allais dire la procure, comme on le disait dans
le temps. Nous avons centralisé les stocks de fourniture de bureau pour
l'ensemble du ministère et la réduction équivalente se
retrouve dans chacune des autres directions. Cela a été fait par
mesure d'économie. Nous avons réussi à économiser
des crédits de cette façon pour les affecter plus positivement
à d'autres endroits dans le ministère.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? M. le
député de Hull.
M. Rocheleau: L'an passé, une orientation du
ministère, pour l'année qui se complétait, voulait mettre
un accent tout à fait particulier sur le programme
d'égalité à l'emploi ou à la formation des cadres.
Est-ce qu'on peut savoir où en est rendue l'application de ce programme
d'égalité d'emploi? Cela va sûrement intéresser la
députée de Dorion.
M. Léonard: Le programme est en cours, nous avons fait
porter la priorité sur l'identification du personnel professionnel
féminin qui pouvait devenir cadre. C'est dans ce contexte que nos
efforts ont porté. C'est à l'intérieur du programme
général de formation du personnel.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? Y a-t-il d'autres
questions sur le programme 4?
M. Rocheleau: II y a une question que mon collègue a
suivie de plus près, qui est la question des municipalités de
5000 habitants et plus, régies par le Code municipal, qui sont dans
l'obligation d'établir et de maintenir un corps de police d'ici le 1er
juin 1982. On a eu, entre autres, peut-être que le député
souhaiterait apporter certaines précisions, le cas de Sainte-Julie qui
demandait de le reporter à une date ultérieure, étant
donné son budget, ses dépenses et les compressions qu'elle a
tenté de faire depuis quelques années.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Est-ce qu'on pourrait savoir du ministre le nombre
de municipalités qui doivent établir un corps policier d'ici au
1er juin? Les délais des derniers arrêtés en conseil, je
pense que c'est le 1er juin, est-ce cela?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Léonard: Je ne peux pas vous répondre
séance tenante. Il faudrait consulter le ministère de la Justice,
mais nous l'avons aussi chez nous. Nous pourrions l'avoir chez nous.
M. Saintonge: Un cas bien précis comme Sainte-Julie,
où le problème est assez crucial, en tout cas, j'imagine que le
ministre est au courant.
M. Léonard: Oui, je suis au courant. J'ai rencontré
le maire de Sainte-Julie, la semaine dernière, au congrès de
l'Union des municipalités du Québec. D'ailleurs, mon
collègue, le Dr Lazure, m'en avait parlé aussi. Je pense bien
qu'il devra aussi y avoir des discussions avec le ministre de la Justice.
Jusqu'à un certain point, je suis prêt à lui adresser la
question parce que c'est lui qui est responsable de l'administration des corps
de police, d'une certaine façon, mise à part la
responsabilité municipale dans le domaine. Pour ce soir, je ne pourrais
pas vous dire où en est le dossier. Peut-être, si vous voulez,
jeudi matin.
M. Saintonge: Je vous avouerai que j'ai posé des questions
au ministre, aux crédits de la Justice, la semaine dernière.
À Sainte-Julie, entre autres, où j'ai pu suivre un peu le
dossier, le ministère des Affaires municipales, antérieurement,
avait eu des recommandations fort précises quant à la situation
de Sainte-Julie au point de vue financier, quant aux dépenses qu'elle
doit effectuer, et les problèmes aussi concernant les immobilisations
futures pour l'aqueduc, entre autres. Elle se trouve à ne pas avoir
tellement de jeu financier, de sorte que l'établissement d'un corps de
police amènerait une augmentation que j'avais calculée à
200 $ par unité de logement pour les propriétaires. C'est assez
considérable pour les gens étant donné les augmentations
futures prévues, entre autres, pour l'aqueduc, comme je l'ai
mentionné, et d'autres domaines.
Est-ce que le ministre des Affaires municipales est en contact avec le
ministre de la Justice aux fins d'évaluer la situation de Sainte-Julie
et des implications carrément au point de vue des finances municipales
et des disponibilités de la municipalité au niveau financier?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Léonard: Remarquez que les discussions, à ce
sujet, ont cours depuis plusieurs années déjà, je dirais
même environ trois ans, sur l'établissement de corps de police
dans les municipalités de 5000 habitants et plus. Il s'agit de
l'application de la loi 48, en fait. Il y avait différents délais
de nos municipalités pour leur permettre de se réajuster, leur
donner le temps de s'ajuster à la situation. Je comprends que dans le
cas de Sainte-Julie, cela peut poser un problème particulier. J'ai
effectivement rencontré, comme je vous le disais tout à l'heure,
le maire. Maintenant, je peux me renseigner davantage, si vous voulez, d'ici
à jeudi matin.
M. Saintonge: Disons qu'il y avait Sainte-Julie, il y avait
Saint-Luc, il y avait également les municipalités sur la rive
nord qui avaient dans un problème semblable. C'est la situation de la
municipalité où, en vertu de la loi 48, il y a des
possibilités pour le ministre de la Justice, d'étaler le
délai dans lequel la municipalité devait être
obligée de fournir le service et d'établir un corps de police.
Maintenant, au niveau des affaires... (22 heures)
M. Léonard: II faut admettre qu'il y avait
déjà un délai depuis deux ou trois ans
déjà.
M. Saintonge: Oui, mais dans certaines municipalités, les
délais sont reportés; dans d'autres, plus ou moins.
M. Léonard: Oui, mais je ne sais pas quelle réponse
a été fournie par le ministre de la Justice, la semaine
dernière. Il n'a peut-être pas pris sa décision encore.
M. Saintonge: Non. Selon la décision, effectivement, il
semble que Sainte-Julie devra établir au moins un début
d'implantation d'un corps de police. Je me demande si au niveau des
responsabilités municipales, le ministre de la Justice n'aurait pas
besoin d'éclairage par le ministre des Affaires municipales pour,
justement, prendre en considération certains éléments qui
lui permettraient de dire que la situation de Sainte-Julie peut être
particulière, ou même de certaines autres municipalités,
pour permettre une prolongation de délai tout en permettant aux
municipalités à continuer de bénéficier du service
de la SQ, mais, quand même, de financer, d'une certaine façon, un
certain montant d'argent, une compensation sans les obliger à payer
carrément l'ensemble du service policier qui serait trop onéreux
à ce moment-ci.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse; il est
maintenant 22 heures. À moins qu'on accorde le consentement de continuer
pendant quelques minutes.
M. Léonard: Simplement une minute? Ce soir, je n'ai pas
les éléments pour répondre d'une façon
définitive à votre question. Je peux y revenir jeudi matin et
prendre des informations entre-temps. Merci.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce qu'on peut...
M. Rocheleau: Est-ce possible qu'on ait les renseignements
jeudi?
M. Léonard: Oui. La question est posée.
Le Président (M. Bordeleau): Avant d'ajourner, est-ce
qu'on peut adopter le programme 4? En fait, cela n'a pas de rapport avec le
programme 4 comme tel. On pourra très bien le reprendre au début
de la prochaine séance. Le programme 4, avec ses deux
éléments, serait adopté? Adopté.
Une voix: C'est un budget de la Justice, c'est vrai.
Le Président (M. Bordeleau): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 02)