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(Dix heures vingt-sept minutes)
Le Président (M. Jolivet): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des affaires municipales est réunie aux fins
d'étudier article par article le projet de loi no 46, Loi modifiant la
Loi de la Communauté urbaine de Montréal.
Les membres de cette commission sont: MM. Bissonnet (Jeanne-Mance),
Caron (Verdun); Dubois (Huntingdon) remplacé par Ciaccia (Mont-Royal);
Fallu (Groulx); Lachance (Bellechasse) remplacé par Laplante (Bourassa);
Mme Lachapelle (Dorion); MM. Léonard (Labelle); Ouellette (Beauce-Nord)
remplacé par Charron (Saint-Jacques); Rochefort (Gouin), Rocheleau
(Hull), Tremblay (Chambly).
Les intervenants sont: MM. Beauséjour (Iberville) remplacé
par Paquette (Rosemont); Bélanger (Mégantic-Compton)
remplacé par Leduc (Saint-Laurent); Brouillet (Chauveau) remplacé
par Mme Harel (Maisonneuve); Desbiens (Dubuc), LeBIanc (Montmagny-L'Islet),
LeMay (Gaspé), Picotte (Maskinongé), Ryan (Argenteuil), Saintonge
(Laprairie).
J'aimerais, pour les besoins de la commission, qu'une personne soit
nommée comme rapporteur.
Une voix: Leduc remplace Bissonnet.
Le Président (M. Jolivet): J'avais inscrit Bélanger
(Mégantic-Compton) remplacé par Leduc (Saint-Laurent).
Une voix: Bonne initiative!
M. Caron: Je propose Mme la députée de Dorion.
Le Président (M. Jolivet): Donc, Mme Lachapelle (Dorion)
est désignée comme rapporteur de cette commission.
Accepté? Des détails techniques. Normalement, selon les demandes
qui ont été faites, ne devraient paraître à la table
que les membres de la commission parlementaire, simplement pour les besoins de
la cause, à moins qu'il n'y ait une entente sur le contexte.
M. Bissonnet: M. le Président, vous avez dit au monsieur
qu'il pouvait s'asseoir à côté, certainement, mais
j'espère que l'Opposition pourra avoir le même privilège
quand elle le demandera.
Le Président (M. Jolivet): II y a des lettres qui ont
été envoyées à chacun des whips pour demander
qu'à la table ne paraissent que les membres de la commission
parlementaire. Si vous acceptez, il n'y a pas de problème.
L'autre question qu'il faut régler avant de débuter est la
suivante: compte tenu des amendements que la présidence a reçus,
nous allons travailler avec le projet de loi, plus les amendements qui sont sur
la feuille 8 1/2 x 11 qui, après une première
vérification, devaient être intégrés à un
document 8 1/2 x 14, c'est-à-dire que le document 8 1/2 x 14 contient le
projet de loi plus les amendements, mais, pour les besoins de la cause, comme
président, j'aurai à travailler sur le document qui est le
document officiel, plus les amendements du 8 1/2 x 11. Si vous voulez suivre,
vous pouvez utiliser le document 8 1/2 x 14, mais, comme président, je
n'ai pas le choix, je dois agir avec le document officiel plus les amendements.
Si vous avez des amendements, vous les apporterez selon les circonstances.
Est-ce que cela va pour ces parties?
M. Caron: Cela va bien. Je voudrais juste dire que chaque fois
qu'on a un projet de loi, surtout des Affaires municipales, projet de loi que
je suis, on arrive toujours avec des paquets d'amendements. C'est un
gouvernement qui aime réimprimer.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, je pense qu'il faut
savoir que, dans le monde municipal, il n'y a pas de réglementation qui
découle d'un projet de loi comme ça, c'est la loi qui contient
tout en elle-même. C'est normal qu'il y ait beaucoup de papillons. Je
suis convaincu que nous avons, chez nous, des gens très
compétents. Et, au fur et à mesure que les pensées
évoluent, qu'on précise les parties de la loi, il faut
rédiger un papillon pour apporter un peu plus de précision dans
le texte législatif.
M. Caron: Cela ne me tente pas de taquiner le ministre.
M. Ciaccia: Cela va nécessiter plus d'explications de
votre part parce qu'on vient de recevoir quelques-uns des amendements.
Le Président (M. Jolivet): Maintenant qu'on s'est entendus
sur les détails techniques pour être sûrs qu'on est dans le
bon chemin, j'appelle l'article 1 et je cède la parole au ministre des
Affaires municipales.
Remarques préliminaires M. Jacques
Léonard
M. Léonard: M. le Président, je vous remercie.
Avant de procéder à l'étude article par article, j'aurais
quelques commentaires à faire au tout début de cette
étude. Dans l'histoire d'un projet de loi, je crois que nous devons
avoir en tête, en fonction des nombreux avis et des longs débats
que nous avons voulu susciter chez les élus comme chez les
contribuables, d'améliorer, de rendre plus efficace une loi avec
laquelle plus de 2 000 000 de Québécois auront à vivre. En
1969, on a fait une loi qui, en créant la CUM, a réussi à
aider la métropole du Québec à passer le cap de
l'installation des premiers équipements communautaires. Elle aura
duré plus de dix ans, presque treize ans. Comme communauté, elle
a abattu un immense travail avec l'aide des élus de toute l'île de
Montréal et, en particulier, de la ville de Montréal. Il y a eu
des hauts et des bas, de moins bons moments, comme des qrèves de
versement de quote-part, et de bons moments comme la publication récente
du plan d'aménagement de l'ensemble de la communauté.
Depuis plusieurs années cependant, il y avait visiblement un
malaise. La structure communautaire était trop fermée, les
contribuables montréalais se désintéressaient de
l'administration des services communautaires excepté, évidemment,
lors des grèves des transports, par exemple. La structure faisait que
l'ensemble des élus municipaux délégués à
l'administration communautaire n'avaient pas le sentiment de contrôler
plus de 10% à 20% des sommes nécessaires. Par exemple, sur un
budget de 600 000 000 $ cette année, on a connu, à la CUM, 115%
d'augmentation, sur une période relativement courte. Aussi, un sentiment
de non-participation s'était emparé des élus qui
n'étaient pas de la ville de Montréal. Ils alléguaient
que, payant 48% des coûts maintenant, ils pourraient mieux participer aux
décisions du conseil et du comité exécutif. Ils ont
demandé qu'on accorde un meilleur équilibre communautaire parce
qu'ils croyaient que le rôle de leur ville respective était de
venir appuyer celui de la ville centrale, plus nationale et plus
internationale, parce qu'une turbine construite à Saint-Laurent est
mondialement reconnue comme ayant pour origine le grand Montréal qu'elle
soit vendue au Gabon ou à Beauport.
Un autre sentiment partagé par les élus, partagé
aussi autant par le monde des affaires que par le monde syndical de
Montréal comme de l'ensemble de la communauté, c'est qu'on
pouvait améliorer l'efficacité non seulement démocratique
de la communauté, mais aussi l'efficacité administrative de la
communauté dont le poids fiscal allait grandissant, supporté par
de moins en moins de contribuables.
Alors, la réponse du gouvernement est venue en décembre
dernier. Cinq mois plus tard, après une commission parlementaire,
après les débats de l'Assemblée nationale, nous en
arrivons à cette commission et à un nombre considérable
d'amendements parfois techniques, parfois reliés directement à la
nouvelle mentalité et au nouveau style de gestion qui devront
s'installer au coeur de la nouvelle Communauté urbaine de
Montréal.
Nous n'avons pas touché aux articulations majeures du projet de
loi, mais la somme des amendements prouve que le débat a réussi
à fournir une foule de suggestions qui vont bonifier encore la
mécanique, la mentalité et l'atmosphère du projet. Les
articulations majeures, comme la structure du nouveau conseil, comme la
dynamique du nouvel exécutif, comme les nouveaux rôles de ces deux
entités, comme l'existence nécessaire de commissions ouvertes,
toutes ces articulations, nous les avons conservées. Cette commission
pourra et devra voir à mieux huiler ces mécaniques, s'il y a
lieu. C'est sa raison d'être et nous y croyons beaucoup, je n'ai pas
à le redire.
Quant aux amendements que, pour notre part, nous amenons aujourd'hui,
ils sont, selon nous, tous reliés à nos objectifs de
départ de même qu'à ceux du groupe ministériel et
ceux du cabinet des ministres, lorsque nous avons étudié ce
projet de nouvelle communauté: les objectifs d'efficacité et de
simplification administratives, les objectifs de démocratie, les
objectifs de responsabilisation accrue pour les élus de la
communauté au sein d'une nouvelle, d'une véritable
communauté.
Nous pourrions faire une liste exhaustive de ces modifications que nous
souhaitons. Ce serait fastidieux pour tout le monde. Je pourrais vous en citer
quelques-unes et les relier aux objectifs, aux buts du projet de loi pour
démontrer, s'il le faut, la volonté légitime que nous
avons toujours eue, soit moderniser et harmoniser la communauté pour que
Montréal puisse encore grandir et mieux concurrencer les autres grandes
métropoles du monde.
La liste des amendements qui touchent l'application de normes
d'aménagement du territoire, cela peut paraître hautement
technique, mais c'est pourtant directement dirigé vers la qualité
de vie et l'harmonie du milieu. Il n'y a donc pas, au fond, de modifications
qui soient si négligeables que
cela. Elles aideront toutes - c'est notre souhait - à mieux vivre
à Montréal comme sur toute l'île de Montréal.
Par exemple, des modifications proposées visent à
améliorer l'efficacité. Le comité exécutif de la
CUM exercera, à l'égard du service de police, de son directeur,
la même autorité qu'à l'égard des autres services de
la communauté quant à l'administration, quoique le directeur du
service de police ne soit pas sous l'autorité du directeur
général.
Des mesures proposées visent à améliorer la place
donnée aux contribuables. Par exemple, la période de questions au
conseil et aux commissions, l'avis préalable de la tenue d'une
assemblée du conseil ou de la séance publique d'une commission
qui sera publié dans un journal, et la parution du discours sur le
budget.
Des mesures proposées visent à améliorer le
rôle des élus de la communauté, par exemple, retrancher le
pouvoir du ministre des Affaires municipales d'adopter le budget à la
place du conseil de la CUM. L'adoption du budget de la CTCUM sera soumise
à la règle régissant le budget de la CUM.
Je crois, M. le Président, que nous devons nous attaquer à
ce travail avec, comme attitude, de parfaire cette réalité
moderne et mouvante de la communauté de l'île, avec le respect des
entités municipales qui délèguent leurs élus
à la communauté, avec le respect de l'équilibre entre la
prépondérance de Montréal, la ville centrale, et les
exigences communautaires qui prévalent à l'administration des
compétences de la CUM, avec le respect intégral du contribuable,
les citoyens québécois qui vivent, travaillent,
élèvent leur famille dans l'île de Montréal, avec le
respect des élus municipaux de l'île, de leur autonomie et de leur
responsabilité, qu'ils veulent d'ailleurs assumer, avec le respect d'une
recherche implacable d'efficacité et de simplification administrative
à l'heure où les coûts de nos appareils
démocratiques accaparent de plus en plus nos ressources
financières.
Si on a ce respect, la ville de Montréal et toute l'île de
Montréal seront plus harmonieuses, plus progressives, plus
centrées vers les mêmes objectifs de
complémentarité, vers le même avenir.
Je vous remercie, M. le Président, de m'avoir permis de rappeler
que ce projet de loi ne veut "minoriser" aucune des entités municipales
qui participent à la communauté, aucun contribuable de la
communauté, ni aucun des objectifs que nous avions visés
dès le début de la réflexion qui a mené au projet
de loi no 46.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Mont Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: M. le Président, nous reconnaissons la
nécessité d'apporter des modifications à la Loi de la
communauté urbaine de Montréal dans les structures et dans les
relations entre les banlieues et la ville de Montréal.
Au cours des dernières années, il y a eu beaucoup de
critiques quant à l'efficacité de la CUM et beaucoup de celles-ci
venaient principalement des maires et des contribuables des banlieues.
Par exemple, il y avait deux problèmes: d'abord, les
contribuables des banlieues trouvaient qu'ils ne s'identifiaient pas avec la
Communauté urbaine de Montréal, parce qu'ils croyaient qu'ils
n'avaient pas assez de contrôle, qu'ils n'avaient pas de rôle dans
les décisions prises par la Communauté urbaine de
Montréal, puis la question des coûts de fonctionnement de la CUM.
Les contribuables sentaient qu'ils ne participaient pas adéquatement aux
décisions finales sur le budget. Le budget était adopté
automatiquement et cela créait certains problèmes quant à
la perception qu'ils avaient du budget, de la façon dont il était
imposé aux contribuables.
Certaines modifications à cette loi ont été
suggérées par l'Opposition et nous sommes heureux de voir que le
ministre a accepté une modification assez importante quant au rôle
du ministre et à l'imposition du budget par le ministre s'il n'y a pas
entente. Nous sommes heureux de voir que le ministre a accepté cette
modification. Je crois qu'il a accepté partiellement aussi le principe
du rôle prépondérant de Montréal quoique son
amendement n'est pas celui que nous avions envisagé. En donnant un
rôle prépondérant à Montréal quant à
la nomination du président de l'exécutif, je crois que c'est le
commencement d'une reconnaissance du grand rôle que Montréal doit
jouer soit par le développement économique, soit par la
densité de la population de Montréal comparativement aux
banlieues. Nous allons suggérer d'autres modifications au ministre.
Naturellement, la loi ne réglera pas tous les problèmes de
la Communauté urbaine de Montréal. Il y a deux problèmes
majeurs sur lesquels nous allons peut-être revenir: la question des
services policiers, de la sécurité publique et la question de
l'évaluation que nous avons déjà touchée par
d'autres motions que nous avons présentées à
l'Assemblée. Le ministre a été assez réceptif quant
à certaines inéquités ou à certaines injustices qui
existent dans le système d'évaluation.
M. le Président, vous pouvez compter sur notre coopération
tout au long de l'étude article par article du projet de loi. Notre but,
c'est d'améliorer l'efficacité de la CUM,
de reconnaître le rôle de Montréal
spécialement dans la promotion du développement
économique, et aussi les griefs que beaucoup des maires et des
contribuables des banlieues avaient quant au fonctionnement actuel de la CUM.
Merci.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 1 a
été appelé. J'aimerais cependant vous questionner sur la
procédure que nous devrons suivre. Il y a plusieurs amendements qui ont
été présentés au projet de loi no 46. Est-ce que
vous souhaitez tout simplement qu'on appelle l'article avec son amendement et
qu'on discute le tout ensemble ou si vous préférez qu'on s'en
tienne à la procédure habituelle qui veut qu'on appelle d'abord
l'amendement, qu'on dispose de l'amendement et qu'après cela on dispose
de l'article? On pourrait faire la discussion sur les deux et, après
ça, disposer d'abord de l'amendement et disposer ensuite de l'article,
puisqu'il faut bien savoir si l'amendement est adopté oui ou non.
Très bien. Sur l'article 1, est-ce qu'il y a des remarques? L'article 1
a été appelé par...
Étude article par article
M. Léonard: En ce qui concerne l'article 1,
premièrement, par rapport à la modification que nous proposons,
cela supprime la définition qui nous apparaissait superflue, les
expressions "service de police et directeur", parce que, de toute façon,
cela revient dans la loi. D'autre part, on remplace le titre de "commissaire
à l'évaluation" par celui de "directeur du service à
l'évaluation", en concordance avec la modification à l'article
31.
M. Ciaccia: Aussi la suppression des paragraphes i et j...
M. Léonard: C'est de cela dont je viens de parler. Les
services de police et le directeur du service de l'évaluation.
Ensuite...
M. Ciaccia: La création d'un directeur de service, un
directeur général.
M. Léonard: C'est incorporé dans la
définition de directeur de service que vous verrez plus tard. Le
paragraphe 1 de l'article 1 supprime les définitions des mots secteur,
conseil de sécurité publique. C'est en vertu de l'article 2, il
n'y aura plus de secteur dans le territoire de la CUM, et par l'article 64, le
conseil de sécurité publique sera aboli puisqu'on parle
maintenant de commission. Le paragraphe 2 ajoute le directeur de service de
police dans la liste des directeurs de service, et de plus, ce paragraphe
remplace le titre de secrétaire général par celui de
directeur général, en concordance toujours avec l'article 31 qui
donne pour expression "directeur de service" plutôt que celle de "chef de
service".
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que l'amendement
à l'article 1 est adopté?
M. Ciaccia: Oui.
Le Président (M. Rodrigue): L'amendement à
l'article 1 est adopté. Est-ce que l'article 1 tel qu'amendé est
adopté? J'appelle l'étude de l'article 2. M. le
député de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Question de directive. Lorsqu'il y aura lieu de
faire les propositions pour des articles qui ne sont pas inclus à
l'intérieur du projet de loi, est-ce qu'il faudra attendre à la
fin de l'étude telle quelle du projet? (10 h 45)
Le Président (M. Rodrigue):
Normalement, lorsque cela touche un article qui est prévu dans le
projet...
M. Bissonnet: Si cela ne touche à aucun article?
Le Président (M. Rodrigue): Si cela ne touche à
aucun article, il faudrait que ce soit inscrit à la section où,
normalement, cela doit se retrouver. Les articles, j'imagine, traitent de
sujets en bloc et, par la suite, on passe à un sujet suivant. Souvent,
c'est ce qui arrive dans un projet de loi.
M. Bissonnet: En fait...
Le Président (M. Rodrigue): Remarquez que, si cela ne
s'adresse pas à un article précis, nous pourrions effectivement
le prendre à la fin de nos délibérations. Je vous donne un
exemple: À la page 28, vous avez une section qui traite de
l'assainissement des eaux et, là, vous avez toute une série
d'articles, à compter de l'article 170...
M. Bissonnet: À titre d'exemple, c'est sur la composition
de la communauté urbaine. J'aurai une proposition à faire en ce
qui a trait à la demande de l'île Bizard.
M. Léonard: M. le Président, il s'agit de l'annexe
A, qui décrit le territoire de la communauté. Les annexes sont
étudiées à la fin du projet de loi.
Le Président (M. Rodrigue): Parfait! Cela va?
M. Bissonnet: Je serais prêt, au moment...
M. Léonard: Mais je veux seulement
faire une proposition au député. S'il veut nous donner
tous ses amendements, cela nous fera plaisir aussi de lui donner des conseils
pour savoir où les insérer dans l'étude du projet de
loi.
M. Bissonnet: Vous avez un comité de légistes qui
sait bien faire les choses. Donc, si l'amendement est adopté, je crois
bien que... C'est facile. C'est d'enlever un nom, tout simplement.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député, si
votre amendement s'adresse à l'annexe, vous pourrez en disposer à
ce moment-là.
M. Bissonnet: Parfait.
M. Léonard: C'est à l'article 133, qui
décrit l'annexe A.
Le Président (M. Rodrigue): J'appelle l'étude de
l'article 2.
M. Ciaccia: Le sujet que le député de Jeanne-Mance
a soulevé pourrait-il être discuté à l'article 2,
parce que l'article 2 semble abroger des secteurs et peut-être que...
M. Léonard: Non.
M. Ciaccia: L'île Bizard est incluse dans l'un des
secteurs. Alors, indirectement...
M. Léonard: Comme on abolit les secteurs, vous voyez bien
qu'il n'y a pas lieu de l'étudier ici. Lors de l'étude de
l'annexe A, on pourra voir cela.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 2 est-il
adopté?
M. Bissonnet: Adopté.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 2 est
adopté.
Composition du comité exécutif
J'appelle l'étude de l'article 3, qui comporte une
modification.
M. Léonard: Oui. Il y a plusieurs modifications à
l'article 3 comme vous le voyez. Par rapport à l'article 7, cette
modification fait en sorte qu'il y aura deux vice-présidents
plutôt qu'un seul au comité exécutif comme c'est
expliqué plus loin. Ceci permettra d'assurer encore mieux
l'équilibre de la représentation et à toutes fins utiles,
au moment où le président n'y sera pas, il y aura au moins un
vice-président par alternance qui pourra siéger pour remplacer le
président.
Le Président (M. Rodrigue): L'amendement à
l'article 3 est-il adopté? M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: L'alinéa 7 de l'article 3 prévoit que
le comité exécutif se compose de treize membres, dont un membre
et deux vice-présidents. Nous voudrions vous suggérer d'augmenter
à quinze le nombre de membres du comité exécutif. La
raison pour cela est la suivante. Nous voulons suggérer plus tard, quand
nous allons arriver à l'article approprié, la création
d'une autre commission, une commission sur l'évaluation. Cela
nécessitera l'addition au comité exécutif de deux autres
membres. Nous voulons vous suggérer aussi qu'au lieu d'avoir deux
vice-présidents, d'en maintenir un qui devrait être nommé
parmi le groupe qui n'est pas représenté par le président.
Par exemple, si le président du conseil vient de Montréal, le
vice-président devrait venir des banlieues. Je pense qu'il y aurait un
meilleur équilibre d'avoir un président venant d'un des endroits,
et le vice-président qui représenterait les autres secteurs.
Je pourrais en faire une motion formelle: Que l'article 7 de la Loi de
la CUM remplacé par l'article 3 du projet de loi no 46 soit
modifié en remplaçant à la première ligne le mot
"treize" par le mot "quinze", en remplaçant à la deuxième
ligne le mot "deux" par le mot "un" et en ajoutant à la fin ce qui suit:
"Si le président est un représentant de la ville de
Montréal, le vice-président doit être un
représentant d'une autre municipalité et vice versa."
Le Président (M. Rodrigue): Cela vient modifier
l'amendement qui était présenté par le ministre à
l'article 7. Nous allons d'abord examiner puis disposer du sous-amendement, si
vous le permettez, ou si vous voulez suivre la même procédure et
discuter de l'ensemble, quitte à prendre les votes
séparément par la suite.
M. Léonard: M. le Président, il y a deux
modifications finalement là-dedans; l'une porte sur le nombre de
vice-présidents et l'autre, sur le nombre de commissions.
M. Ciaccia: Le nombre de membres, de treize à quinze, qui
reflète le nombre de commissions.
M. Léonard: Le nombre de membres de l'exécutif,
c'est cela. Je voudrais simplement dire une chose là-dessus. La
commission des finances comprend l'évaluation foncière; parce que
les finances, c'est le budget qui va être étudié au cours
de l'automne, mais l'évaluation foncière est une matière
vraiment très financière ou qui a des implications
financières immédiates, évidentes, et elle fait partie du
mandat de
la commission des finances. C'est à ce titre que nous proposons
d'en rester à cinq commissions, mais que la commission des finances ait
un mandat explicite d'étudier les questions relatives à
l'évaluation foncière.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, si vous me permettez, je
crois que ce sont deux rôles complètement différents. Il ne
faudrait pas confondre avec la question des finances. Je sais qu'elle y est
reliée, mais il ne faudrait pas faire l'évaluation strictement en
relation des finances. C'est un système d'évaluation -je ne
soulèverai pas tous les arguments, on les a déjà
portés à votre attention à l'Assemblée nationale -
où il y a des inéquités, où il y a un
déséquilibre.
Il y a aussi une perception, dans certains secteurs de la population,
que le système ne fonctionne pas. La question des finances existe.
Discuter un budget de 600 000 000 $, je pense bien, pose des problèmes
spécifiques. Il ne faudrait pas mêler à cela la question du
mode d'évaluation. Je pense que c'est un problème distinct, un
problème complètement séparé, il a besoin d'une
certaine révision et il faudrait lui donner l'importance qu'il
mérite vu le déséquilibre qui existe, vu les augmentations
d'évaluation qu'on a connues - je ne répéterai pas tous
les chiffres - dans le secteur résidentiel de 140% à certains
endroits et une diminution, pour la même période, dans le secteur
commercial.
Je crois que c'est un problème spécifique et qu'il
faudrait réunir une commission pour discuter uniquement de cela. La
question financière, je pense que c'est un autre problème. Je
pense que ça donnerait plus confiance à la population si on
disait: Voici une commission qui s'occupe strictement de l'évaluation.
Si vous avez des griefs, des problèmes, venez en discuter devant cette
commission. Si vous les obligez à se présenter devant la
commission des finances, quand cette commission va discuter d'un budget de
centaines de millions, combien de temps pourra-t-elle consacrer à
s'attaquer strictement au système d'évaluation et essayer de
corriger les défauts qui existent dans ce système? Nous voyons
cela comme deux choses distinctes, deux rôles distincts, deux
problèmes distincts. Nous recommandons que vous acceptiez de
créer cette commission pour répondre à un besoin
réel de plusieurs secteurs de la population qui se sentent vraiment
traités très injustement dans le système actuel.
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre.
M. Léonard: Je pense que le mandat principal de la
commission des finances sera vraiment d'étudier toutes les questions
relatives à l'évaluation foncière. Lorsque vous avez
établi un budget de dépenses, qui sera nécessairement
discuté dans les autres commissions, par exemple, par rapport au
transport, par rapport à la police, vous allez vous poser la question
à savoir comment vous allez répartir ces différents
budgets, le coût de ces différents services sur l'ensemble des
contribuables, des citoyens. À ce moment-là, se pose directement
la question de l'évaluation foncière, qui est la base de
l'établissement du potentiel fiscal, la base de la répartition
des quotes-parts sur l'ensemble de l'île de Montréal. C'est
évident qu'à la commission des finances la question de
l'évaluation foncière va sûrement prendre beaucoup
d'importance pour les citoyens. Je pense que c'est son mandat principal.
M. Ciaccia: Est-ce que vous pourriez me permettre un autre...
M. Léonard: À ce moment-là, je ne vois pas
pourquoi on créerait une autre commission. On peut en créer
indéfiniment, des commissions.
M. Cïaccia: Est-ce que le ministre reconnaît - il l'a
reconnu au cours du débat sur la méthode d'évaluation -
qu'il y a un problème réel quant à l'évaluation de
certains secteurs par rapport à d'autres? Est-ce que vous reconnaissez
que c'est un problème réel qui existe?
M. Léonard: Je m'en tiendrai à ce que j'ai
déclaré lors de ce débat, mais les problèmes
d'ajustement, ils sont en train d'être étudiés par le
comité sur la fiscalité, lequel est formé de
représentants du gouvernement et des unions des principales
municipalités du Québec. Nous attendons toujours le rapport pour
vraiment cerner les questions qui se posent et, s'il y a des problèmes,
trouver aussi les solutions qu'on veut amener sur la table, et, à ce
moment-là, nous statuerons. Mais, pour l'instant, nous avons
constaté, à partir des statistiques, qu'il y avait des
évolutions différentes d'un secteur à l'autre, de
catégories de biens imposables par rapport à d'autres. C'est tout
cela qu'il faut analyser, qu'on est en train d'analyser.
M. Ciaccia: Ne croyez-vous pas, M. le ministre, que lorsque le
comité des finances va se voir dans la nécessité d'obtenir
600 000 000 $, il va y avoir des pressions plutôt sur ce comité de
les obtenir le plus vite possible et de la meilleure manière possible?
Il faut qu'il obtienne les revenus des 600 000 000 $. Alors, il y aura moins
d'intérêt de la part du comité de s'attaquer aux
modalités de l'évaluation. Il va y avoir
des pressions. Écoutez! Le budget est augmenté à
600 000 000 $; ce n'est pas le temps de commencer à réduire
l'évaluation de l'unifamiliale et de faire des rajustements. Les
pressions, pour le comité, c'est d'aller chercher l'argent, tandis qu'au
comité d'évaluation, ce serait de le distribuer d'une
façon juste et de discuter vraiment les problèmes
spécifiques. Ce sont deux différentes vocations que ces deux
comités auraient, mais si on les mélange... La
réalité, c'est que, si je suis membre du comité des
finances, ma préoccupation, c'est d'aller chercher l'argent et de ne pas
trop m'occuper des modalités des cas individuels ou des secteurs
individuels.
M. Léonard: J'aimerais que vous m'expliquiez davantage la
différence qu'il y a entre les deux. Entre répartir le fardeau
fiscal et aller chercher de l'argent de façon équitable, cela me
paraît pas mal voisin, pas mal cousin, comme opération.
M. Caron: C'est pas mal voisin, M. le ministre, mais si je
comprends bien la portée des paroles de mon collègue, il y a une
faille dans la question de l'évaluation. Ce n'est pas votre faute et ce
n'est pas la mienne. Mais on comprend mal qu'on baisse l'évaluation des
propriétés des gens quand ils ont des revenus et que pour
d'autres qui ont un bungalow ou cottage, il y ait des augmentations
extraordinaires. C'est mal équilibré. C'est dans ce but que mon
collègue vous fait cette suggestion.
M. Léonard: M. le Président, permettez-moi
simplement d'ajouter autre chose là-dessus. Si, dans le cours des
travaux d'une commission, il se pose un problème particulier qu'on
voudrait creuser davantage, vous avez toujours le recours de l'article 87 du
projet de loi no 46 qui dit ceci: "En outre des commissions visées
à l'article 82, le conseil peut constituer une commission permanente ou
spéciale composée du nombre de ses membres qu'il fixe. Les
membres de la commission sont nommés par le conseil qui peut les
remplacer en tout temps." Au fond, si on continue à lire l'article, on
voit que le conseil de la communauté peut former des comités
spéciaux pour étudier des problèmes particuliers, des
questions particulières qui se posent et, à ce moment-là,
je pense que cela peut très bien fonctionner avec la commission des
finances. Mais il me semble qu'il faut comprendre le mandat de la commission
des finances comme comprenant toutes les questions relatives au budget,
à la répartition du fardeau fiscal sur l'ensemble de la
communauté. Donc, quant à la question de l'évaluation
foncière, les citoyens qui vont venir devant la commission vont
être les premiers à répondre aux questions qu'ils vont se
poser, les questions les plus importantes. (11 heures)
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, nous avons devant nous un
projet de restructuration de la Communauté urbaine de Montréal et
je pense que le législateur doit être large pour donner des
pouvoirs à la communauté pour qu'elle fonctionne davantage,
autant pour les élus que pour les citoyens.
Les commentaires que l'on entend toujours de la population de la
Communauté urbaine de Montréal sont au sujet du service de
police, du transport en commun et également de l'évaluation
municipale.
Je voudrais qu'on consacre de façon très positive une
commission à l'évaluation municipale. Je suis convaincu que les
intervenants qui sont élus au niveau de toutes les municipalités
et de la ville de Montréal vous diront que c'est un problème
constant. Je pense qu'il serait préférable de privilégier
toutes les personnes qui ont des difficultés, les ligues de
propriétaires qui font sans cesse des revendications. On n'a qu'à
penser à tout le problème des ventes d'entreprises industrielles
dont le transfert se fait par actions et il est impossible pour le commissaire
à l'évaluation de bien évaluer pour quelle
considération la vente possible aurait lieu.
Si on parle des finances, on parle des budgets à
l'intérieur de la commission des finances, on parle de l'étude
pour améliorer le système d'organisation à
l'intérieur de la communauté urbaine. Ce serait un des objectifs
de la commission des finances. Quant à la commission de
l'évaluation, on parle de choses complètement différentes.
Plutôt que le gouvernement restreigne les pouvoirs d'une nouvelle
communauté urbaine qu'on veut créer, je préférerais
que le gouvernement lui donne plus de pouvoirs que moins. Je pense que vous
devriez accepter cette proposition de façon positive, M. le
ministre.
M. Léonard: M. le Président, si vous me
permettez...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rosemont avait demandé la parole.
M. Bissonnet: L'avenir nous dira si c'est important de le
faire.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je pense que le
député de Jeanne-Mance a mal compris l'intervention du ministre.
La loi donne la possibilité à la communauté urbaine
de créer quelque commission que ce soit sur un problème
spécifique. Si la confection des rôles d'évaluation par la
communauté urbaine fait problème, j'imagine que les élus
municipaux vont être assez responsables pour se donner une commission
d'étude ad hoc. Là-dessus, si le député de
Jeanne-Mance pense qu'on doit créer une commission pour venir entendre
les plaintes de chaque citoyen qui n'est pas satisfait de son évaluation
foncière, je pense que ce n'est pas le rôle de la
communauté, c'est beaucoup plus le rôle d'un bureau de
révision de l'évaluation foncière qui existe
déjà.
Donc, je pense que ce qui reste à évaluer au niveau de la
communauté urbaine, sauf en cas de problèmes spécifiques,
c'est l'équité de la méthode de fixation de
l'évaluation et du taux des taxes municipales. C'est une des
préoccupations que les gens de la communauté urbaine doivent
avoir et je soutiens que celle-ci ne doit pas être dissociée de la
répartition des sommes ainsi perçues. Autant
l'équité sociale est importante au niveau de l'endroit où
les responsables de la communauté urbaine choisiront d'affecter le
budget, autant elle est importante également au niveau de ses sources de
revenus.
Quand on fait un débat sur le discours sur le budget ici à
l'Assemblée nationale, il faut évaluer les deux composantes,
à la fois les revenus et les dépenses d'un gouvernement, pour
vraiment être en mesure d'évaluer son rôle en tant que
moteur économique, en tant que distributeur de ressources pour favoriser
l'équité sociale.
Je pense que ce serait rendre un mauvais service aux citoyens que de
dissocier les deux fonctions en créant deux commissions.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: J'aimerais demander à l'Opposition, vu que
c'est accordé à l'article 27, paragraphe 87, quelle
différence... Je suis sympathique à ce qu'une commission soit
formée, mais on donne déjà au paragraphe 87 le droit d'en
former une. Si c'est seulement pour grossir l'exécutif de deux membres,
je ne pense pas que ce soit une raison valable pour essayer de
l'intégrer dans le projet de loi. On laisse à la
Communauté urbaine de Montréal, l'autonomie, la
possibilité, lorsque les circonstances s'y prêtent, de former les
commissions qu'elle désire. Je pense que c'est la façon, à
l'intérieur d'une loi, d'élargir le processus de fonctionnement
de la Communauté urbaine de Montréal. On veut augmenter à
15 le nombre de membres de l'exécutif; on sait que plus il y a de
membres, plus les difficultés sont grandes dans la prise de
décisions. Un nombre de 13, je pense que c'est tout à fait
raisonnable, les gens peuvent se parler et le consensus est plus facile
qu'à 15, à 17 ou à 19 membres; plus il y a de membres,
plus il y a de difficultés, on le sait, c'est le cas d'à peu
près tous les organismes qui peuvent exister.
Ce que je voudrais savoir, c'est pourquoi l'article 87 ne fait pas votre
affaire. J'aurais besoin d'un éclairage là-dessus.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mont-Royal.
M. Caron: Je m'excuse, je voudrais répondre à mon
collègue.
M. Laplante: C'est positif.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Verdun.
M. Caron: C'est vrai que plus il y a de monde, plus c'est
difficile, mais par la loi 44, où on a augmenté les conseillers
dans les municipalités, on a le résultat que les
assemblées qui finissaient à midi finissent maintenant à
18 heures. Si c'est bon pour les conseils municipaux, c'est bon...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Ce n'est pas seulement pour le plaisir d'augmenter le
nombre de 13 à 15. La création de la commission nécessite
l'augmentation à 15. Si cela avait été 11, cela aurait
augmenté à 13. Ce n'est pas la question du nombre de personnes
qui siègent au conseil. Le ministre réfère à
l'article 87 qui permet au conseil de créer toutes les commissions qu'il
veut. D'abord, on pourrait se fier à l'article 87 sans créer cinq
commissions. Vous avez jugé qu'il était important de créer
cinq commissions dans le projet de loi en donnant même au conseil, par
l'article 87, le droit de nommer toutes les commissions qu'il veut.
Vous auriez pu dire au conseil: Fiez-vous à l'article 87 et
nommez les commissions que vous voulez. Mais ce n'est pas ce que vous avez
fait, vous avez reconnu l'importance de certaines catégories de travaux,
de certains sujets: l'aménagement, l'environnement, les finances, la
sécurité publique, le transport en commun. Vous avez reconnu
l'importance de ces secteurs et vous avez imposé cinq commissions
à la communauté urbaine. Nous disons qu'en plus de ces cinq
secteurs, de ces cinq sujets d'importance, il y en a un autre qui est aussi
important: la question de l'évaluation municipale. C'est une question
qui, d'après nous, nécessite une commission parce que c'est un
sujet qui doit être discuté à plein temps et non pas
seulement sous l'autorité
des comités des finances parce qu'on peut perdre cela. Il ne
faudrait pas que vous nous donniez l'impression, par vos commentaires, que vous
ne considérez pas que l'évaluation municipale est un sujet
important aujourd'hui. Il ne faudrait pas le minimiser.
Vous n'enlevez aucun pouvoir au comité des finances, vous
n'enlevez aucun pouvoir à la CUM, ce n'est qu'une reconnaissance. Comme
gouvernement, vous dites: Oui, il y a un problème. Vous dites à
la population: 11 y a un problème et on est tellement conscient que ce
problème existe qu'on va créer une commission. Le but de la
commission, comme quelqu'un l'a dit, n'est pas d'entendre tous les
contribuables. Évidemment, il ne peut y avoir un million de
contribuables qui vont se présenter devant la commission, mais le but de
la commission sera d'étudier des situations, d'écouter des
groupes de contribuables représentant certains secteurs, certaines
associations. C'est donner l'importance qu'il faut au système
d'évaluation où, malheureusement, il y a des problèmes.
C'est pour cette raison que nous présentons cet amendement, cette
suggestion.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Léonard: J'ai été très heureux
d'entendre les propos du député de Rosemont sur la question; il a
bien fait la distinction entre les plaintes des citoyens, qui doivent aller au
Bureau de révision de l'évaluation foncière, et les sujets
d'étude de la commission des finances. Dans notre esprit, nous sommes
loin de minimiser les problèmes et les questions qui se posent
relativement à l'évaluation foncière. Il ne faudrait pas
que l'Opposition s'imagine que nous les minimisons. Il y a des questions qui se
posent relativement à cela et cela fait partie, encore une fois, des
travaux du comité sur la fiscalité.
On s'entend probablement sur le fond des choses. À mon avis, il
s'agirait de préciser simplement le titre de cette commission, de
l'appeler la Commission des finances et de l'évaluation foncière
et cela va être clair pour tout le monde. À mon avis, c'est
à la commission des finances que les questions relatives à
l'évaluation foncière doivent aller parce que c'est intimement
relié au budget. C'est exactement ce qu'a dit le député de
Rosemont là-dessus. Quand vous parlez des revenus que vous devez tirer
d'un potentiel fiscal et de la façon dont vous devez répartir le
fardeau du coût des services, je pense que cela va de soi: si vous n'avez
pas les deux bouts en même temps, vous ne pourrez pas prendre les bonnes
décisions.
M. Ciaccia: M. le Président, est-ce que je pourrais
essayer une autre fois de donner des arguments? En l'appelant la commission des
finances et de l'évaluation foncière, écoutez, cela ne
changera vraiment rien. La commission des finances va être chargée
d'examiner 600 000 000 $ de budget et la plupart de son temps va être sur
l'aspect budgétaire et la question d'évaluation foncière,
ce sera un rôle secondaire. Ils n'auront pas le temps. Regardez
même le processus du gouvernement du Québec. Vous avez le discours
du budget qui va être fait le 25. Là, on étudie le budget,
mais, en plus de cela, il y a un autre processus pour les crédits de
chaque ministère. Vous ne les étudiez pas tous ensemble. Vous
reconnaissez cette distinction. C'est presque la même chose. Il y a les
finances, mais il y a, après cela, le système d'évaluation
qui est comme les crédits pour étudier ce système,
regarder les problèmes, cela requiert des gens à temps plein. Ce
n'est pas pour entendre - on fausse un peu le débat - des plaintes
individuelles. Ce n'est pas le but. Vous pouvez donner un mandat très
spécifique, très clair à la commission de
l'évaluation foncière. C'est un rôle à part de la
commission des finances et qui nécessite une commission
spéciale.
On parle de la non-identification des contribuables à la CUM.
Pensez dans votre esprit, M. le ministre, à la réaction de ceux
qui se sentent frustrés, qui disent que le système est injuste.
Ils vont dire: Voici, le gouvernement a réalisé qu'il y a
certains problèmes. Ils vont s'identifier plus avec ce projet de loi.
Ils vont dire: II y a une commission de l'évaluation foncière de
créée. Le gouvernement est conscient du problème. Ils vont
pouvoir s'identifier plus avec la communauté urbaine parce qu'elle va
s'occuper de ce problème majeur et très sérieux.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, le député de
Bourassa se posait des questions sur l'article 87. Il est bien exact de dire
que la communauté urbaine peut, à l'intérieur de la loi,
par l'article 87, former des commissions. Il faut toujours considérer
que cela prend la double majorité. Si les deux blocs ne s'entendent pas
sur la formation d'une commission, il n'y en aura pas de commission. Je pense
que, vu que nous sommes à restructurer ce projet de loi, il faut qu'on
donne des outils de façon formelle dans le projet de loi.
Voici mon argumentation quant à une commission des finances. Dans
les municipalités, une commission des finances, M. le Président,
étudie le budget, étudie les dépenses mois par mois.
À l'intérieur de la communauté même, ce sera
probablement la même chose. Par contre, en ce qui a trait à
l'évaluation, une commission des finances reçoit le
chiffre de l'évaluation qui a été faite par le commissaire
à l'évaluation. Que voulez-vous qu'elle discute là-dessus?
C'est bien sûr que ce n'est pas un bureau d'évaluation municipale
qu'on veut faire pour que tous les citoyens viennent faire des demandes, faire
des remarques au sujet de leur propre évaluation. II y a des tribunaux
qui sont formés en vertu de nos lois à cet effet. C'est
plutôt pour entendre les parties intéressées, les
groupements. Il y a des problèmes au niveau de l'évaluation et je
pense qu'avec cette commission, ce n'est pas l'objectif de créer quinze
membres au comité exécutif. Ce n'est pas l'objectif. Si on
voulait créer quinze membres, on pourrait le faire sans aucune
commission.
Nous pensons, nous de l'Opposition, que cette commission est plus
qu'importante, compte tenu des problèmes qui nous sont
révélés tous les jours par nos concitoyens qui vivent dans
cette communauté urbaine, qui ont des difficultés au niveau du
service de la police, du transport en commun et de l'évaluation.
Souvent, dans les plaintes qu'on reçoit - je vous parle en tant
qu'ancien maire - l'évaluation municipale dépasse le transport en
commun. On veut la restructurer. Qu'on donne donc les pouvoirs à la
communauté urbaine et qu'on ne se retrouve pas à
l'intérieur de la communauté urbaine avec un vote de deux blocs
qui ne s'accorderaient pas sur la formation de cette commission.
Le Président (M. Boucher): M. le chef de l'Opposition. (11
h 15)
M. Ryan: Je voudrais appuyer, auprès du ministre et de ses
collègues, la proposition qui a été faite par mon
collègue de Mont-Royal pour l'addition d'une commission sur
l'évaluation foncière. Il me semble que c'est le point principal
par lequel les citoyens prennent contact avec la communauté urbaine au
point de vue des responsabilités. Quand on regarde tous les
mécontentements et tous les malentendus qu'a provoqués la
politique découlant de la loi 57, il me semble que si on prétend
rapprocher la CUM et ses organismes des citoyens, l'addition d'une
communauté qui verrait spécialement à entendre les
citoyens sur les problèmes d'évaluation serait un enrichissement
énorme. Je pense qu'il faut distinguer... Tantôt, le
député de Rosemont -je m'excuse, je suis arrivé
après qu'il l'ait dit, mais le ministre l'a évoqué -
disait: Pour des revendications individuelles, on va devant le bureau de
révision. C'est très bien, mais vous savez comme moi que pour dix
citoyens mécontents, il n'y en a pas un qui y va. Les autres se disent:
C'est compliqué, cela va être long, cette affaire, je prends mon
mal en souffrance et je continue. Mais cela ferait un canal pour les
groupements. Il s'est formé toutes sortes de regroupements de citoyens,
parfois à l'échelle d'une rue, d'un quartier, d'une
municipalité, de tout un district de ville, et plutôt que
d'attendre, parfois des semaines, avant d'avoir accès au ministre
à Québec encore pour une rencontre qui va rester de
caractère général, s'il y avait un organisme de la
communauté qui était spécialement conçu pour faire
la vérification continuelle de ces choses, rechercher les écarts
que crée le système actuel, des inégalités, faire
des propositions en vue de faciliter le travail de la commission des finances,
ce serait une bonne chose.
Je ne sais pas si vous vous rendez compte, M. le ministre, que la
commission des finances est en conflit d'intérêts, parce qu'il
faut qu'elle trouve des revenus et qu'elle soit le moins susceptible possible
de créer des mécontentements. Elle va être portée,
naturellement, au statu quo. Elle va être portée à
s'asseoir sur les sources de revenus qu'elle a, à ne pas trop bouger.
S'il y a un comité distinct qui dit: Cela n'a pas de bon sens,
l'évaluation foncière. Regardez telle sorte de
propriété, on la favorise d'une manière
complètement déséquilibrée, et telle autre sorte,
on la grève d'une manière disproportionnée. Cela ferait un
véhicule, un canal par lequel la discussion libre que vous voulez
susciter, avec beaucoup de raison, serait facilitée grandement. Il me
semble que la distinction des fonctions ici est une chose assez importante.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Je comprends mal l'Opposition qui voudrait faire
faire par deux commissions séparées, étanches,
formées de personnes élues différentes de la
communauté urbaine, deux tâches qui sont intimement liées.
C'est souvent une manie qu'on a dans la société de
spécialiser à outrance, avec la conséquence que,
justement, les citoyens se perdent dans les organismes
spécialisés. Je me place du point de vue d'un citoyen ou d'un
groupement de citoyens qui a justement des représentations à
faire sur les finances de la communauté urbaine. Ce citoyen n'a-t-il pas
avantage à s'adresser aux mêmes élus municipaux à la
fois quant aux revenus qu'on vient prendre dans sa poche par
l'évaluation foncière et ce qu'on fait avec son argent au niveau
des dépenses? Il me semble que du point de vue de la transparence de
l'administration publique, le citoyen va être beaucoup mieux servi par
une commission, comme l'a dit le ministre. Je pense que sa proposition est
excellente. Si on la baptisait "commission des finances et de
l'évaluation foncière", ce serait clair pour tout le monde que
les dépenses et les revenus se discutent
au même endroit, et les citoyens ou les groupes de citoyens
pourraient s'adresser aux mêmes élus. On éviterait de
développer cette mentalité. Je comprends que c'est un biais qui
est peut-être particulier à l'Opposition, ces temps-ci, de garder
les choses d'une façon séparée, c'est-à-dire d'un
côté les taxes - les taxes, c'est effrayant, il ne faut pas
augmenter les taxes - et, d'un autre côté, les services qu'il ne
faut pas couper, mais je pense qu'il faut regarder, au contraire, les deux
ensemble.
Je pense que les élus municipaux sont des gens responsables. Je
ne pense pas que la commission des finances soit en conflit
d'intérêts. Mais pas du tout. Les intérêts des
membres de la commission des finances vont être de trouver la
façon d'obtenir des sources de revenus la plus équitable possible
pour donner les meilleurs services possible au plus bas coût possible aux
citoyens. Tout cela est lié, et vouloir les séparer en
commissions spécialisées, cela peut être
électoralement rentable. On peut dire aux citoyens: Regardez, on a fait
quelque chose pour vous, pour vos taxes municipales, mais cela ne fait pas
avancer le problème du tout. Je pense qu'on va faire avancer le
problème davantage si on traite de ces questions à la même
commission, à la fois les revenus et les dépenses de la
communauté.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: L'Opposition mise beaucoup sur les plaintes des
citoyens. C'est juste que vous ayez une préoccupation semblable sur
l'administration de la communauté urbaine. Mais si vous veniez
peut-être avec un projet pour la création d'un ombudsman au
service des plaintes ils pourraient se faire entendre à
l'intérieur de la commission de transport, parce qu'il peut y avoir des
plaintes des citoyens sur l'environnement, sur la police, sur les finances, sur
les permis accordés. Cela ne voudrait pas dire que... Si on allait dans
votre optique, il faudrait créer des commissions ou des sous-commissions
pour tout cela. S'il y avait un lieu de plaintes à l'intérieur de
cet organisme pour que les groupes de citoyens puissent se faire entendre sur
n'importe quel sujet, ce serait peut-être un autre pas en avant.
L'article 87, de plus en plus - je le regardais encore -j'y crois
énormément parce que les pouvoirs sont très larges pour la
création de sous-commissions.
Le député de Jeanne-Mance disait tout à l'heure que
cela prend la majorité double. C'est justement là qu'on voit le
sérieux de l'organisme, qui permet aux deux groupes de se parler entre
eux et d'essayer d'être à l'attention des citoyens. Si on veut
avoir une sous-commission à l'évaluation, je vois mal la
Communauté urbaine de Montréal, par les pressions de citoyens, ne
pas créer cette sous-commission. C'est l'objectif même du projet
de loi de se parler entre les deux groupes.
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre.
M. le député de Verdun.
M. Caron: J'ai écouté le député de
Rosemont et le député de Bourassa. Il y a un malaise à
l'évaluation. Il est là, c'est reconnu par tout le monde. Quant
à ouvrir le projet de loi, pouquoi ne lui donne-t-on pas... Vous avez
parlé d'un ombudsman. Jusqu'à maintenant, à Québec,
cela n'a pas donné ce qu'on escomptait, parce que avec le temps vous
verrez... Si cela ne donne pas satisfaction à Québec, cela ne
donnera pas satisfaction à la communauté urbaine. J'aimerais que
le ministre, s'il n'est pas exactement prêt, retarde, discute avec ses
hauts fonctionnaires, parce qu'il est important, en ouvrant le projet de loi,
de donner satisfaction à la population de Montréal.
Vous savez, les villes de banlieue, à certains moments,
blâment Montréal; Montréal blâme les villes de
banlieue. Ne vous en faites pas, la ville de Montréal ne sera pas
disposée à donner tout cela; il faut comprendre cela, à
tort ou à raison, ce n'est pas difficile. La démocratie ne
mouille pas à la ville de Montréal. Dans le projet de loi, vous
parlez de démocratie... S'il y en a qui ont parlé de
démocratie, c'est vous de l'autre côté. Nous autres - nous
sommes les porte-parole d'un paquet de gens qui ne peuvent pas se rendre ici,
surtout des petits contribuables - on demande au ministre s'il serait
prêt à suspendre cet article et qu'on aille en profondeur. C'est
important. On veut collaborer. Jusqu'à maintenant, on a montré
une grande collaboration, mais on veut que le petit contribuable ait la chance
d'aller se faire entendre, parce que vous savez que ce n'est pas facile
d'entrer à la ville de Montréal. Nous sommes des élus et
nous avons de la difficulté. Imaginez-vous, le petit contribuable qui a
une maison de 25 000 $ ou de 30 000 $, s'il va pouvoir entrer par la grande
porte et être servi tout de suite! C'est ce qu'on veut donner, nous, de
l'Opposition; on veut la démocratie, on croit à la
démocratie. Je sais que, parfois, c'est difficile, cela demande du
temps, cela demande de l'argent...
M. Laplante: M. le député de Verdun, en toute
équité pour la ville de Montréal, je dessers une partie de
la ville de Montréal et une partie d'un territoire d'une ville de
banlieue. J'ai toujours eu satisfaction avec la ville de Montréal. Notre
affaire n'a jamais
été politique. Cela a été courtois. Chaque
fois que j'ai eu des représentations à faire à la ville de
Montréal, elle a joué d'une façon démocratique.
J'ai la plus belle preuve avec les parcs de la communauté urbaine
où il y a eu collaboration à 110%. Je ne veux pas voir la ville
de Montréal comme un monstre, ni les villes de banlieue. Je veux les
voir dans une entité comme une communauté urbaine où ils
administrent des services ensemble, parce que cela ne donne rien de faire le
procès des municipalités, ni de la ville de Montréal.
M. Caron: On ne fait pas le procès, mais on veut
donner...
M. Laplante: Ce n'est pas l'intention.
M. Caron: ... satisfaction à ceux qui ne peuvent pas venir
ici ou à ceux qui ont de la difficulté à se faire
entendre.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Groulx.
M. Fallu: M. le Président, je pense qu'il faudrait
peut-être replacer nos discussions présentes dans une certaine
perspective. Je vais le faire rapidement, si vous me permettez, dans deux
ordres. Le premier. Nous avons, comme législateurs, une réponse
à donner aux citoyens qui, à défaut d'un lieu physique,
pour ne pas dire politique, pour s'exprimer dans le domaine de
l'évaluation foncière, sont obligés actuellement de
prendre la parole en public, voire même au forum. Nous l'avons dit lors
de nos débats pendant quinze jours à l'Assemblée
nationale. Il faut donc trouver ce lieu, et non seulement ce lieu pour parler
de l'évaluation foncière, mais pour parler de toute autre chose,
y compris de sécurité publique. Pour la première fois, les
citoyens pourront, au moins deux fois par année, s'exprimer à
propos de la sécurité publique. Ils pourront le faire à
propos des transports, etc.
Nous avons créé ce lieu, c'est la commission des finances.
D'autre part, je pense qu'il faut voir la conséquence même du
geste que nous avons posé il y a à peine quelques minutes en
adoptant l'article 1, alinéa k, où nous avons changé, sans
discussion à cette table, un titre, celui de "commissaire à
l'évaluation" par "directeur du service de l'évaluation". Dans un
autre article, nous nous apprêtons à placer ce directeur du
service de l'évaluation sous l'autorité du directeur
général que nous avons précisément
créé par l'article 1. Qu'est-ce à dire? Il faut en tirer
les conclusions et, si vous le permettez, je crois que ça pourrait
écourter grandement nos débats.
Jusqu'à maintenant, à la communauté urbaine, il y
avait un commissaire à l'évaluation. Un commissaire - il faut
bien s'entendre sur la qualification qui lui était donnée - c'est
quelqu'un qui possède une autonomie absolument complète, il a un
pouvoir quasi judiciaire. Il ne relevait donc de personne, il administrait une
loi et, à partir de là, les élus municipaux ne pouvaient
pas lui faire de représentation. Nous aurons dorénavant un
directeur du service de l'évaluation soumis au directeur
général, soumis à l'exécutif, donnant un
rendez-vous au conseil, pouvant comparaître devant une commission. Ce
changement est absolument majeur. La liaison qui ne se faisait pas à la
communauté urbaine entre les élus municipaux par rapport à
l'évaluation va dorénavant pouvoir se faire.
Je vais prendre un exemple très pragmatique. Lorsqu'un maire
découvre que le tiers du territoire de l'île des Soeurs n'est pas
évalué, ne figure pas au rôle d'évaluation, il ne
lui reste qu'une chose à faire présentement, c'est de faire une
conférence de presse pour informer, par le biais des médias, M.
le commissaire à l'évaluation, qui a un rôle quasi
judiciaire, de faire son travail.
Ce que nous venons d'adopter, il y a quelques instants, permettra
dorénavant, par le biais des audiences publiques à travers la
commission des finances, par le biais des débats au conseil, par le
biais des résolutions à l'exécutif, par le biais de
l'application, via le directeur général, de faire en sorte que,
non plus un commissaire, mais un directeur du service de l'évaluation
puisse recevoir des ordres - je dis bien des ordres - des mandats de la part
des élus, qui feraient en sorte que les édifices de la ville de
Montréal qui n'ont pas été visités depuis 1956
puissent enfin l'être dans un délai raisonnable. Cela fera en
sorte que les distorsions portées à la connaissance des
élus municipaux par les citoyens à travers les divers
mécanismes prévus par la loi puissent également être
transposés comme mandat à ce directeur du service de
l'évaluation. Je pense qu'on avait oublié de bien voir la
nouvelle cohérence interne de la loi dans un article que nous venons
précisément d'adopter.
Si vous permettez, M. le Président, voici la conclusion que j'en
tire. Du moment où nous avons, d'une part, accordé un lieu de
parole aux citoyens, du moment où, d'autre part, nous avons
accordé aux élus municipaux un pouvoir de mandat auprès de
ce qui est déjà, puisque nous l'avons adopté, un directeur
du service de l'évaluation, nous avons obtenu, je crois, les
mécanismes essentiels qui permettront aux citoyens de se faire entendre
et à l'évaluation d'être appliquée selon les besoins
réels de la fiscalité, mais aussi selon des techniques qui
méritent d'être enfin mises en application à la
Communauté urbaine de Montréal. (11 h 30)
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Merci, M. le Président. Je crois que le
débat auquel on assiste depuis quelques instants sur la proposition
d'une commission additionnelle à la Communauté urbaine de
Montréal, qui s'occuperait spécifiquement d'évaluation,
illustre un peu un problème de perception du rôle des commissions
qui sont prévues au projet de loi no 46 qui n'est pas exact et qui
semble vouloir inscrire une certaine exclusivité aux commissions quant
au rôle d'écoute et de représentativité des
citoyens. Je crois que cette perception peut nous mener à des
difficultés internes assez importantes au sein de la communauté,
si elle devait prévaloir.
Évidemment - je pense que chacun le sait - j'ai été
très favorable à l'idée d'inclure dans les
différentes structures de la communauté des commissions qui
siégeront en public, qui auront un rôle d'audition, un rôle
de rencontre avec la population, avec les différents groupes
organisés, pour les domaines spécifiques qui ont
été identifiés. Toutefois, je crois qu'il ne faut pas
perdre de vue une des articulations importantes du projet de loi no 46 qui est
celle de revaloriser et de responsabiliser, de façon beaucoup plus
importante que ce ne l'est à l'heure actuelle, le rôle des
élus municipaux qui siègent au conseil de la communauté
urbaine.
Il me semble que, justement, un citoyen ou un groupe de citoyens qui ont
des problèmes concernant l'évaluation foncière doivent
aussi pouvoir compter sur les 85 élus municipaux qui siègent au
conseil de la communauté pour faire écho à leurs
représentations, aux problèmes qu'ils subissent dans leurs
différentes municipalités. Si on ne met pas plus en
lumière la responsabilité et le rôle des élus qui
siègent au conseil de la communauté à cet égard
-exactement comme chacun de nous, en tant que membres de l'Assemblée
nationale, nous avons une responsabilité - je pense que là, c'est
vraiment fausser le sens de plusieurs réformes et de plusieurs
articulations qui sont contenues dans le projet de loi no 46; là, c'est
vraiment faire perdre tout le sens qu'on a voulu donner au nouveau rôle
du conseil de la communauté, donc, à chacun des élus qui
le composent. Si on poursuit encore une demi-heure dans cette discussion, il va
peut-être falloir se poser la question à savoir si ce ne sera pas
suffisant d'avoir plusieurs commissions et pas de conseil au sein de la
communauté. Il me semble que c'est vraiment faire fausse route et que
c'est vraiment aller à ['encontre des débats qui ont eu lieu au
cours de la discussion des grands principes du projet de loi en deuxième
lecture à l'Assemblée.
Je conclus donc en disant que, quant à moi, il me semble que
c'est une façon de responsabiliser et de revaloriser le rôle des
élus de la CUM en leur confiant cette responsabilité, que ce soit
pour le dossier d'évaluation comme pour tout autre dossier, d'être
non seulement des élus municipaux qui siègent au conseil de la
communauté pour essayer de faire en sorte que leur municipalité
soit la moins affectée par les décisions de la communauté,
mais, au contraire, d'avoir une influence directe, à partir des
représentations des citoyens de leur municipalité, sur les
décisions que la communauté doit prendre sur chacun des dossiers
qui font problème. Il me semble que c'est le sens des structures
politiques que nous avons voulu maintenir et réformer au sein de la
communauté. Il me semble qu'on ne devrait pas perdre de vue cet aspect
très important de la représentation des citoyens dans toute
structure démocratique.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, je voudrais proposer, avec,
je l'espère, le consentement unanime, de remplacer, comme intervenant,
le député de Maskinongé, M. Picotte, par le
député de Viger, M. Maciocia.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a
consentement?
Une voix: Consentement.
Le Président (M. Boucher): Consentement.
M. Bissonnet: Juste un instant. Concernant les propos du
député de Groulx relativement au commissaire à
l'évaluation, je tiens à lui faire remarquer qu'au niveau
administratif le service du commissaire à l'évaluation a toujours
relevé du comité exécutif de la communauté urbaine
et toutes les décisions internes et administratives ont toujours
relevé du comité exécutif. Le seul mot qu'on change, c'est
"directeur" par "commissaire". Quant à son rôle, quant au
rôle du service au point de vue administratif, il n'y a aucun
changement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Viger.
M. Maciocia: Je voudrais seulement dire, après avoir
entendu les intervenants, que le problème qui existe actuellement, c'est
de savoir si la commission des finances est préoccupée par
l'évaluation foncière et peut aussi s'en occuper. D'après
nous, la commission des finances ne peut pas s'occuper de l'évaluation
parce qu'elle a un budget de 600 000 000 $, un budget très
considérable à développer durant l'année
financière. On pense que cette commission n'a vraiment pas le temps
d'écouter les organismes et les individus de la communauté
urbaine qui voudraient faire valoir leurs points de vue auprès de cette
commission.
Comme le disait le député de Mont-Royal, il y en a qui ne
sont probablement pas au courant du problème qui existe à
l'intérieur de la communauté urbaine au sujet de
l'évaluation foncière. C'est tellement important aujourd'hui, et
on en a vu les conséquences, au cours des semaines dernières et
des mois derniers, puisque des organisations se sont même formées
à cause de ce problème. Sincèrement, on souhaite que le
ministre prenne en considération ce problème de former cette
commission.
Je suis convaincu que la commission des finances ne pourra jamais se
donner le temps nécessaire pour écouter les intervenants sur
l'évaluation foncière. C'est mon impression, c'est ce que je
crois fermement.
Le Président (M. Boucher): M. le chef de l'Opposition.
M. Ryan: Je voudrais faire deux remarques additionnelles, M. le
Président. D'abord, le député de Bourassa disait
tantôt qu'à cette commission que nous proposons, on pourrait
peut-être substituer un autre mécanisme, par exemple un protecteur
du citoyen. Ce n'est pas ça du tout que nous envisageons. Le Protecteur
du citoyen, par définition, s'occupe de cas individuels. Si une personne
n'a pas été satisfaite du service qu'elle a reçu au stade
de l'évaluation ou de la révision, elle peut très bien
s'adresser à lui. C'est très bien qu'il y en ait un quelque part,
c'est parfait. Mais là, ce n'est pas le problème que nous
envisageons. Nous ne voyons pas cette commission comme un tribunal où se
présenteront des citoyens, individuellement, pour venir faire examiner
leur compte d'évaluation. Ce n'est pas ça.
Si, par exemple, les tendances générales en
évaluation, les politiques d'évaluation créent des
injustices pour les propriétaires de maisons unifamiliales, de duplex ou
de triplex, ou peut-être éventuellement de maisons plus grandes
par rapport à la propriété industrielle ou commerciale, si
des impressions sont créées que les normes d'évaluation
sont un peu plus élastiques dans certaines parties de l'île que
dans d'autres, des groupes de citoyens se forment et ils peuvent venir
présenter leurs revendications en toute liberté et là, la
discussion se fait avec des élus du peuple, c'est ce qu'on veut, pour
qu'eux, ensuite, ayant compris ça, puissent les transmettre à qui
de droit.
Disons, par exemple, que nos politiques d'évaluation ne sont pas
les mêmes que dans d'autres villes. Encore là, on peut amener des
témoins, on peut amener des experts à présenter des points
de vue et les élus pourront suggérer des améliorations
possibles. Je vous dis encore une fois que cela ne peut pas être fait par
la commission des finances, qui regardera l'ensemble du budget de la
communauté et qui ne peut pas avoir l'intérêt unique et
premier pour les problèmes d'évaluation parce qu'elle doit
regarder tout ça dans un ensemble.
J'entendais le député de Groulx dire qu'on avait un
commissaire à l'évaluation. Comment va-t-on l'appeler maintenant?
Est-ce que ce sera directeur général? Quand vous regardez le
texte de loi, ce qui est intéressant, c'est justement que ce sont des
fonctions différentes. Vous avez le trésorier qui sera le
répondant de la commission des finances. Il me semble que c'est normal,
ce sera un interlocuteur privilégié avec le directeur
général. Mais l'évaluation, c'est bien
séparé et il faut que ce soient deux fonctions
complètement différentes.
Nous disons que, comme c'est la fonction qui affecte le plus les
citoyens, en plus des décisions de taxation proprement dites, s'il y
avait une possibilité que ces décisions soient ventilées
par l'intermédiaire d'une commission dont ce serait la fonction propre,
il nous semble que cela répondrait mieux aux objectifs que veut
poursuivre le ministre et auxquels nous souscrivons d'emblée en ce qui
consiste à ouvrir les vannes de la discussion à la
communauté urbaine au plus grand nombre possible de citoyens.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Caron: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Verdun.
M. Caron: ... c'est très important, le
député de Groulx a souligné quelque chose et on doit
demander au président, via le ministre, s'il y a eu quelque chose,
peut-être à l'île des Soeurs, au sujet du terrain qui
n'avait pas été évalué.
Non, c'est un peu ça. Vous avez parlé de l'île des
Soeurs et je suis bien content, ça me donne l'occasion de souligner au
ministre - depuis l'élection municipale -comme je l'ai souligné
au juge Beaulieu, que j'aimerais recevoir une réponse, à savoir
qui en est responsable. Si ma mémoire est bonne, l'évaluation ne
relève plus des municipalités depuis 1972. C'est bon de le dire,
ça fait longtemps qu'on attend. Durant une campagne électorale,
on garroche des promesses de tous bords et de tous côtés. Je n'ai
jamais eu de réponse depuis ce temps et j'aimerais bien avoir une
réponse. Mais qu'on ne s'adresse pas à moi pour aller mesurer
combien il y a de pieds carrés sur l'île des Soeurs, ce
n'est pas le rôle du maire. Je peux vous dire que le commissaire à
l'assermentation fait un excellent travail, il applique la loi. On ne peut pas
blâmer le commissaire, il fait son job, il applique la loi. C'est la loi
qui est mal faite, qui est malade. Oui, la loi est malade, M. le ministre. On
veut redonner confiance aux petits.
Vous en voulez, de la construction, au Québec, vous en voulez sur
le territoire de Montréal, vous voulez qu'elle demeure la
métropole? Donnons-lui les outils nécessaires et
intéressons les propriétaires à y investir. Si on ne les
intéresse pas, ils n'investiront pas.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je ne voudrais pas recommencer ce qui a
été dit, je suis bien d'accord avec la formation de cette
commission. Il faut voir les problèmes qu'on connaît à
cause de l'évaluation. Il y a tellement de facteurs qui l'influencent;
prenons le marché de l'immeuble. Actuellement, on voit des
propriétés - j'étais un peu dans ce domaine -
évaluées à 125% et 150%. C'est tellement important que
cela mérite sûrement qu'on crée une commission dans ce but,
à ces fins.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: En terminant, quelques dernières remarques sur
la proposition que nous avons faite pour la création d'une commission
sur l'évaluation foncière. Nous avons fait cette suggestion de
bonne foi, nous l'avons faite parce que nous avons réalisé, comme
plusieurs citoyens, qu'il y a un problème dans l'évaluation.
Quand les maires des banlieues sont venus en commission parlementaire
présenter un mémoire sur les modifications à la loi 46, on
leur a posé la question sur l'évaluation, et ils ont dit: C'est
une loi provinciale et l'application de la loi 57 relève du gouvernement
du Québec. On ne peut blâmer les municipalités ou les
élus; certains disaient qu'on n'avait qu'à aller voir les
élus du peuple, mais ce n'est pas eux qui administrent cette loi.
L'application de la loi 57 doit être faite selon les normes incluses et
c'est quelque chose qui n'est pas de la responsabilité totale des
municipalités.
La raison pour laquelle nous avons fait cette suggestion n'était
pas d'encombrer l'administration de la CUM; une commission de plus ou de moins,
ce n'est pas ce qui va ajouter à la bureaucratie. Deux membres de plus
ou de moins au conseil exécutif, ce n'est pas ce qui va changer
l'efficacité du conseil. Le fait est qu'il y a un problème et
qu'on doit agir. La population a le droit d'avoir des réponses.
La seule conclusion que je peux tirer du fait que le ministre refuse
catégoriquement la création de cette commission est qu'il ne veut
pas, d'une façon ou d'une autre, que ces faits soient portés
à l'attention du public et que les injustices soient corrigées.
Ce serait le seul but de cette commission. Je sais que vous avez fait la loi 57
mais, dans toutes les lois, il y a des méthodes d'application qui
causent des problèmes. Je sais que les gouvernements ne veulent pas
admettre qu'ils se sont trompés, mais ce n'est pas ce qu'on vous
demande, on demande la création de cette commission pour essayer de
faire la lumière dans ce secteur.
Un individu qui va se plaindre à l'ombudsman, qu'est-ce qu'il va
se faire dire? La loi est telle, on applique la loi. Ce n'est pas la
réponse, on veut une commission pour examiner les cas, pour que les
groupes puissent faire des représentations et pour que les injustices
qui existent - et elles existent, les injustices - soient corrigées. La
référence à l'article 87, ce n'est pas une réponse.
On pourrait utiliser l'article 87 pour toutes les commissions. C'est une
sous-commission sur un problème spécifique du conseil
exécutif. (11 h 45)
On veut une reconnaissance dans la loi et vous en avez l'occasion, M. le
ministre. Vous voulez plus d'efficacité de la CUM, vous voulez
reconnaître les problèmes, vous avez une occasion ici que vous ne
devez pas manquer en créant cette commission dans le but d'apporter des
rectifications, des représentations, une reconnaissance. Ce serait une
reconnaissance qu'un problème existe. Ce sont mes derniers mots. On ne
fera pas un "filibuster" là-dessus. On considère que c'est assez
important pour faire le point sur la nécessité d'une telle
commission. On trouve un peu difficile la réticence du gouvernement
à accepter de créer une telle commission dans les organismes de
la CUM.
Le Président: M. le ministre.
M. Léonard: Mes premiers mots sont pour dire qu'il y a
justement une commission sur l'évaluation et les finances. Ne venez pas
nous dire qu'il n'y en a pas. Quel est le mandat de la commission sur
l'évaluation et les finances? Disons qu'on ajustera le terme exact, mais
parlons du mandat de la commission. On va y discuter de trésorerie et
d'évaluation. On va, évidemment, discuter du budget dans ses
grands équilibres. Le budget lui-même, dans ses détails, va
être étudié dans d'autres commissions. La commission des
transports va être intéressée au budget de la CTCUM et au
budget du transport, qui est une partie très importante.
Elle ne peut pas ne pas s'en intéresser. Donc, dans le
détail de l'étude du budget, la commission des transports va y
aller. La même chose au niveau de la sécurité publique. Ce
qui va rester, ce qui va être étudié au niveau de la
commission des finances et de l'évaluation, ça va être
cette question des grands équilibres budgétaires. Combien
d'emprunts faut-il faire, par exemple, si on s'en tient au niveau de la
trésorerie? Mais aussi, combien on va aller chercher en termes de revenu
par la tarification des services? Combien on va aller en chercher aussi par
l'évaluation foncière, par l'évaluation locative, parce
que l'évaluation comprend les deux aspects. Je pense que là on
touche au vrai problème. Si on se met à séparer les
questions d'emprunt, les questions de tarification, des questions
d'évaluation, on divise, comme disait le député de
Rosemont, les différentes questions relatives à
l'équilibre financier à l'intérieur de la
communauté urbaine.
Je pense qu'il faut revenir à ça. Maintenant, la
commission qui touche à l'évaluation, elle existe. On ne me fera
pas dire qu'elle n'existe pas. Elle est déjà là. Elle est
déjà créée. À mon avis, pour les citoyens,
pour les comités de citoyens, pour les gens, les organismes qui les
représentent, je pense qu'en termes de mécanisme, c'est là
qu'on va aller à la commission des finances et de l'évaluation.
Je pense bien qu'on l'a fait aussi, il faut séparer l'application des
lois, l'application des mécanismes de l'évaluation qui vont aller
au BREF, au bureau de révision de l'évaluation foncière.
Les questions de politique, d'établissement de nouveaux
mécanismes ou de nouvelles mesures tendant à corriger des
équilibres qui pourraient se produire, je pense que c'est là
qu'on se retrouve.
Maintenant, si on me dit qu'à chaque fois qu'il se pose une
question à l'intérieur de la communauté, il faut
créer une commission et qu'à ce moment son représentant
soit au niveau de l'exécutif, je pense qu'on va multiplier les
mécanismes à l'intérieur de la communauté. Je pense
que dans un cas comme ça, s'il y a un problème urgent,
très précis qui se pose, là il y a lieu d'appliquer
l'article 87, à l'heure actuelle. Dans l'ensemble, la commission que
nous créons, cela touche fondamentalement l'évaluation et les
finances.
Maintenant, je veux simplement rectifier une chose. Je pense qu'il ne
faut pas identifier les commissions aux services. Il y a quand même une
distinction à faire. La commission de l'environnement va toucher
différents services. En fait, la commission va avoir pour mandat de
regarder toutes les questions relatives à l'environnement, cela touche
aux transports, aux parcs et à d'autres questions. Ce n'est pas une
commission qui est relative à tel service. Il est important de faire
cette distinction.
D'autre part, on dit qu'on tarde à apporter des correctifs, s'il
y a lieu, à la Loi sur l'évaluation foncière. J'entendais
le député de Verdun dire cela tout à l'heure. Je pense
qu'on ne peut pas apporter des correctifs avant que le problème ne se
soit manifesté. Il s'est manifesté surtout cette année, au
début de l'année et apporter même des correctifs à
l'heure actuelle implique de modifier rétroactivement les budgets de
l'année en cours. Cela aussi pose quelques problèmes. Je pense
qu'il ne faut pas non plus court-circuiter les travaux du comité sur la
fiscalité. C'est ce que nous ferions si nous apportions des
modifications législatives avant qu'il n'ait remis son rapport. Vous
seriez le premier, je pense, à hurler dans les circonstances si jamais
on faisait cela.
Comme considération générale, je pense qu'au niveau
de la commission des finances et de l'évaluation, ce qui va
intéresser les citoyens, cela va être ça, les deux grands
aspects des choses: l'évaluation, qui est la répartition des
coûts via le système de quotes-parts, et les grands
équilibres de la trésorerie. Je crois que ce sont des
matières importantes. Cela impliquait la création d'une
commission là-dessus, mais il ne faut pas non plus multiplier le nombre
de commissions lorsqu'il y a des sujets qu'on veut corriger. S'il y a des
questions qui se posent qui appellent des correctifs d'urgence, il y aussi le
mécanisme de l'article 87 qui peut nous aider à le faire, qui
peut aider la communauté à le faire. Je pense qu'on veut
simplifier sur le plan administratif. Il n'y a pas lieu de créer une
multitude de commissions. On en crée sur des problèmes
particuliers quand ils se posent, mais, dans l'ensemble, je reviens avec ma
première affirmation: La commission sur l'évaluation des
finances, la commission sur l'évaluation existe déjà,
messieurs.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le ministre, je vais être très
bref. Quelles sont les relations entre la commission des finances et
l'évaluation comme telle? La commission des finances étudie les
dépenses. Elle étudie aussi les revenus. Le seul aspect de
l'évaluation qui va être inclus dans cette commission, c'est de
savoir comment l'évaluateur, en vertu de la loi, a évalué
les propriétés immobilières dans la communauté
urbaine et, à ce moment-là, on a un tarif, un taux foncier. C'est
la seule chose, la seule relation qu'il y a entre les finances et
l'évaluation. La commission des finances ne peut pas discuter de
l'évaluation, parce que l'évaluateur évalue en vertu de la
loi. Il suit la loi. L'évaluation donne, pour la communauté
urbaine, 2 000 000 000 $, à
titre d'exemple. Vous arrivez avec un budget de dépenses de tant.
Cela coûte tant. Quant aux quotes-parts, c'est très bien
prévu à l'intérieur de nos lois. Donc, il n'y a aucune
relation entre le rôle de la commission des finances et
l'évaluation. Ce n'est pas dans ce sens, M. le ministre, qu'on fait
cette proposition. Pour l'évaluation, à la commission des
finances, on va prendre... C'est évalué à tant et cela
rapporte tant. Il n'y a plus autre chose à dire à
l'intérieur de la commission des finances, à l'intérieur
du rôle de la commission des finances concernant l'évaluation.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je m'étonne que le
député de Jeanne-Mance ne voie pas plus de relation entre...
M. Bissonnet: Quelles sont-elles?
M. Paquette: ... le système d'évaluation et...
M. Bissonnet: Quelles sont-elles?
M. Paquette: ... le système des dépenses. Je vais
vous en donner deux.
M. Bissonnet: Donnez-m'en.
M. Paquette: Dans le budget de la communauté urbaine, il y
a toujours un certain nombre de mesures qui sont destinées à
favoriser le développement économique. Il y en a au niveau des
dépenses.
M. Bissonnet: Alors...
M. Paquette: Au niveau des dépenses, les décisions
qu'on va prendre quant au développement du transport en commun ou des
usines d'épuration des eaux sont des mesures qui favorisent un certain
développement économique. D'un autre côté, si on va
contredire ces mesures par un système d'évaluation
foncière qui vient contrebalancer leurs effets et vise à
réduire les investissements sur le territoire de la communauté,
on va peut-être commencer à se poser des questions et à se
demander si on est cohérent. C'est important que les deux questions
soient regardées simultanément, les revenus et les
dépenses.
Je vais vous donner une autre dimension du problème aussi
importante que celle-là. C'est celle de la justice entre les citoyens.
Il faut faire en sorte de ne pas retirer d'une main ce qu'on donne de l'autre.
Au niveau des services que la communauté développe face aux
citoyens, si on donne des choses à une catégorie de citoyens et
qu'on les retire sous forme de taxes en modifiant le système
d'évaluation de l'autre côté, les citoyens vont dire: II y
a une certaine incohérence.
Je ne comprends pas le raisonnement qui veut qu'on spécialise,
qu'on scinde en deux cette commission et qu'on fasse en sorte que les groupes
de citoyens qui veulent faire des représentations à leurs
élus municipaux soient obligés d'aller parler à un certain
groupe d'élus dans une commission au sujet de leurs taxes et de la
façon dont ils sont taxés et à un autre groupe
d'élus au sujet de ce qu'on va faire avec leurs taxes. M. le
Président, il y a des propositions dans le débat actuel au sujet
des citoyens qui trouvent leur compte de taxes trop élevé. Il y a
toutes sortes de propositions qui sont faites. Par exemple, l'une d'entre
elles, qui a été faite par la ville de Montréal - je ne
vous dis pas que j'y souscris, mais c'est simplement allé sur la table -
c'est de dire: On va limiter les hausses d'impôts fonciers à 20%.
Cela a d'abord un impact, peut-être, sur la façon dont les autres
catégories de citoyens vont être taxés, d'une part et,
d'autre part, au niveau des services que la communauté urbaine va
pouvoir se permettre, donc l'aspect strictement budgétaire ou
dépenses, d'autre part. Il me semble qu'il y a tellement de liens entre
les deux que c'est à l'avantage du citoyen de pouvoir faire ces
représentations de façon organisée à la fois au
niveau de ses taxes et de ce qu'on fait avec. Cela doit se faire à la
même commission. Il me semble que c'est incompatible. On pourrait
continuer à discuter pendant une demi-heure ou une heure, et on
continuerait à répéter cela toute la journée. Il me
semble qu'il y a des choses plus importantes à discuter dans ce projet
de loi.
Le Président (M. Boucher): M. le chef de l'Opposition.
M. Ryan: Je trouve, au contraire du député de
Rosemont, que c'est un des sujets les plus importants que soulèvent
l'existence et le fonctionnement de la Communauté urbaine de
Montréal. Je m'étonne d'entendre le député de
Rosemont dire que cela a l'air d'un sujet secondaire.
M. Paquette: Ce n'est pas le sujet qui est secondaire, c'est
votre amendement.
M. Ryan: Non, vous dites qu'il y a des sujets fichtrement plus
importants que celui-là. Je me demande lesquels. J'écoutais le
ministre tantôt et il ne m'a pas du tout convaincu. Il a dit: On a
déjà cela. Au contraire, nous ne l'avons pas. La preuve, c'est
qu'il y a cinq commissions et que ce n'est pas mentionné du tout. On dit
qu'on va ajouter un mot pour nous faire plaisir, mais ce n'est pas cela que
nous voulons. Ce n'est
pas un prix de consolation, cela ne nous intéresse pas. Je dis au
ministre que nous ne voulons pas une commission pour chaque problème qui
va se présenter. Nous disons que c'est le problème no 1. On n'a
pas demandé dix, douze, treize, quatorze commissions. On vous en demande
une qui est reliée à la structure même, tout le
fonctionnement de cette institution.
Il y a une chose que je me permettrais de vous demander. Nous autres,
quand nous avons proposé cette sixième commission, nous avons
également procédé d'un souci d'équilibre dont vous
avez pu prendre connaissance peut-être en lisant l'ensemble des
recommandations que nous avons faites. Nous constatons que plus loin dans le
projet de loi - je ne veux pas anticiper, c'est ce qui va expliquer la demande
que je vais vous faire ensuite - quand il est question de l'élection des
présidents et des vice-présidents, il n'y a aucune espèce
de garantie d'équilibre là-dedans. Cela peut s'en aller d'un
côté. On ne sait pas comment cela va aller. Nous nous disions:
Comme cette commission est fonctionnellement nécessaire, s'il y avait
six commissions, cela permettrait d'assurer que trois d'entre elles soient
présidées par des représentants des municipalités
de banlieue, dont celle de l'évaluation qui affecte au plus haut
degré les citoyens des municipalités de banlieue, et les trois
autres par des représentants de la ville de Montréal. C'est une
autre manière de réaliser une parité de fait qui
répond à l'idéal général du
gouvernement.
Nous autres, nous favorisons une parité relative. Nous disons
qu'il faut affirmer la prépondérance de Montréal. Nous
avons un autre amendement qui exprime cette idée, mais au chapitre des
commissions, en particulier, qui visent à aller chercher l'opinion des
citoyens et à établir le lien avec l'opinion publique, il nous
semble qu'une parité de bon aloi pourrait s'imposer. Je ne sais pas si
cela ne se justifierait pas, M. le Président. Peut-être
gardiez-vous cet article en suspens jusqu'à ce qu'on ait disposé
de l'autre proposition relative au choix des présidents et des
vice-présidents de commission.
M. Léonard: Là, on va tout garder en suspens!
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Léonard: Je reviens encore sur la question de
l'évaluation, qui est très importante. C'est peut-être dans
le libellé même du nom de la commission qu'il faut le
préciser parce qu'à notre avis, c'était de cela dont il
était question dans la commission des finances. Lorsqu'on a
traité des grands équilibres financiers, du budget de la CUM par
la suite, je pense que les questions qui se posent portent sur
l'évaluation, portent sur la tarification. Il me semblerait difficile
qu'on discute à la commission des finances des revenus qu'on entend
tirer de la tarification, par exemple, et que, par ailleurs, toutes les
questions relatives à l'évaluation soient traitées
ailleurs, parce que au fond il y a une relation très évidente
entre les deux. Il s'agit que les citoyens manifestent, au niveau de la
commission, s'ils entendent aller chercher plus de revenus, payer plus au
niveau de la tarification de services, ou payer plus en termes de taxes
foncières ou de taxes sur la valeur locative. Je crois que c'est une
question indivisible. Cela doit se traiter au niveau de cette commission. Cela
me paraît tout à fait évident. Je dis que la commission
existe déjà. (12 heures)
Quand on dit que la commission des finances va étudier les
dépenses - M. le député de Jeanne-Mance a affirmé
cela tout à l'heure - je dis oui, mais je pense qu'au niveau de la
commission de l'évaluation des finances on va traiter plus des grands
équilibres. Il faut qu'ils aillent un peu dans les dépenses. Les
autres commissions vont étudier les crédits de chacun des
services. Il me semble que la commission des transports va s'intéresser
très particulièrement au budget de la CTCUM et que la commission
de la sécurité publique va s'intéresser
particulièrement au budget du service de la police. C'est là
qu'on va discuter des crédits et des dépenses en détail,
alors qu'au niveau de la commission des finances, on va dire: Voilà, on
a, comme mandat de la Communauté urbaine de Montréal d'allouer
tant de crédits à tel ou tel service. Elle peut faire des
remarques sur le fait que la croissance est trop rapide dans un service ou dans
l'autre et poser des questions là-dessus, je comprends très bien.
Par ailleurs, le gros de ses préoccupations vis-à-vis du citoyen,
c'est l'évaluation, où la CTCUM va aller chercher les revenus
nécessaires pour faire face à ces dépenses, pour faire
face au coût des services. Là, elle aura le choix entre des
emprunts, entre la tarification et entre les sources qui viennent du potentiel
fiscal soit foncier, soit de valeur locative. Je pense que c'est là
où ça se manifeste.
À la minute où on a distingué les problèmes
particuliers du contribuable qui n'est pas satisfait de son évaluation
et qui, pour avoir justice, doit aller devant le Bureau de révision de
l'évaluation foncière, les objets ou le mandat de la commission,
qui est de scruter, d'examiner les mécanismes, les règlements et
les lois qui touchent à l'évaluation, je pense qu'on vient de
faire le chemin qu'il faut. À ce moment-là, il faut constater
que, dans une commission telle celle que nous avons
définie, évaluation et finances, on ne peut pas distinguer
les deux aspects. C'est la même chose en ce qui concerne le
contribuable.
Il y a donc une commission de l'évaluation, je tiens à le
réaffirmer. Si elle s'appelle juste commission des finances, c'est parce
que, dans notre esprit, au départ, ça touchait
l'évaluation, mais je pense que c'est mieux de préciser tout de
suite, dans le titre de la commission, qu'elle s'appelle commission de
l'évaluation et des finances.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'amendement du
député de Mont-Royal sera adopté?
M. Ciaccia: Est-ce que je pourrais poser une autre question? Dans
le même amendement, on avait suggéré quinze membres, dont
un président et un vice-président. Au lieu d'avoir deux
vice-présidents, on avait suggéré un
vice-président. Quelle est la réaction du ministre quant au
nombre de vice-présidents?
M. Rochefort: On peut disposer de la question de la commission de
l'évaluation et, après cela, on disposera de la question des
vice-présidents.
M. Ciaccia: C'est dans le même amendement, si on vote pour
l'amendement...
M. Rochefort: Oui, mais on peut disposer de l'autre question.
Une voix: Ce n'est pas un amendement omnibus, non plus.
M. Ciaccia: Je suggérerais au député de
Gouin de lire l'amendement. Ce n'est pas moi qui ai rédigé la
loi. Dans votre loi, il y a le comité exécutif composé de
quinze membres dont un président et deux vice-présidents. Pour
apporter un amendement afin de porter le nombre de treize à quinze, avec
un seul vice-président, il faut que je le fasse dans le même
alinéa.
Le Président (M. Boucher): Vous avez raison, M. le
député de Mont-Royal.
M. Léonard: Est-ce que vous voulez que je réponde
à la question du député de Mont-Royal?
Le Président (M. Boucher): Si ça fait partie de
l'amendement, j'ai l'impression qu'il faudra en discuter.
M. Léonard: Dans notre esprit, j'ai eu l'occasion de
l'affirmer à l'Assemblée nationale lors du débat de
deuxième lecture, le président représente toute la
communauté et il doit être détaché le plus possible
de ses origines. C'est pour ça que nous nous sommes rendus à des
revendications, à des remarques dans ce sens qu'il devrait y avoir deux
vice-présidents au cas où le président ne serait pas
là, et ils siégeraient par alternance. Tout à l'heure,
vous nous avez dit: Le président pourrait venir de la ville de
Montréal et le vice-président de la banlieue.
Dans notre esprit, le président n'est ni de la banlieue, ni de
Montréal. Il est l'homme de la communauté qui a un mandat
d'assurer le bien commun de la communauté lors de discussions plus
chaudes peut-être au niveau de l'exécutif. Quant à nous,
l'objectif est de le distinguer le plus possible de ses origines. Dans ce cas,
les deux vice-présidents, un de Montréal et un de la banlieue,
nous apparaissent rétablir un équilibre. Par ailleurs, ça
ne donne pas un vote additionnel aux vice-présidents de
l'exécutif, s'il y en a un ou deux. Cela les laisse avec leur vote
présentement.
M. Ciaccia: On pourrait demander le vote sur l'amendement?
Le Président (M. Boucher): On demande le vote sur
l'amendement?
M. le député de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Oui.
Le Président (M. Boucher): Pour. M. le
député de Verdun.
M. Caron: Pour.
Le Président (M. Boucher): Pour. M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Groulx.
M. Fallu: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Boucher): Mme la députée de
Dorion.
Mme Lachapelle: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Labelle, M. le ministre.
M. Léonard: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Charron: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Hull. Il est absent. M. le député de Chambly.
M. Tremblay: Contre.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est
rejeté.
M. Ciaccia: Vous ne l'avez pas demandé au
député de...
Le Président (M. Boucher): II n'est pas inscrit, M. le
député, M. le chef de l'Opposition.
M. Ciaccia: Oui, on l'a inscrit ce matin.
Le Président (M. Boucher): Parmi les intervenants?
M. Ciaccia: Non. On l'a inscrit ce matin. On l'a demandé
au président.
Le Président (M. Boucher): Je ne l'ai pas sur la feuille.
II remplace M. le député de Hull?
M. Ciaccia: Oui.
Le Président (M. Boucher): Ah bon! Alors, êtes-vous
pour?
M. Ryan: Évidemment.
M. Laplante: M. le Président, pour les fins du journal des
Débats, c'est que, ce matin, à la lecture des présences...
Je pense que cela prendrait une motion pour accepter, avant le vote, il est
peut-être trop tard... On est d'accord que le député
d'Argenteuil...
Le Président (M. Boucher): On l'a fait pour le
député de Viger.
M. Laplante: ... le chef de l'Opposition, soit inscrit.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a accord de la
commission?
Des voix: Oui.
M. Laplante: Oui, mais pas au moment d'un vote.
Le Président (M. Boucher): Pardon?
M. Ciaccia: II l'a nommé, le député
d'Argenteuil.
M. Laplante: Non, il ne l'a pas nommé.
Le Président (M. Boucher): Je m'excuse, mais je
n'étais pas ici.
M. Laplante: Au moment d'un vote, c'est un peu plus grave.
M. Léonard: Faisons une motion.
Le Président (M. Boucher): De toute façon, la
motion est rejetée à sept contre quatre. Sept contre et quatre
pour.
On revient à l'article 3 et aux modifications
proposées.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le chef de l'Opposition.
M. Léonard: Est-ce qu'on veut des explications? À
moins qu'on ne soit d'accord tout de suite sur tout l'article.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a des
intervenants? Est-ce que vous voulez des commentaires préliminaires?
M. Ryan: Oui, M. le ministre.
M. Léonard: Concernant chacune des modifications qu'il y a
là, nous avons déjà disposé de la modification
relative à l'article 7 de la loi de la communauté.
En ce qui concerne la modification relative à l'article 8, elle
précise que le gouvernement n'est pas tenu de nommer le président
du comité exécutif si le conseil de la CUM ne parvient pas
à le faire. Je pense que nous avions indiqué notre intention
à ce sujet.
Par rapport à l'article 11, la modification prévoit que
l'un des vice-présidents du comité exécutif est choisi
parmi les représentants de Montréal tandis que l'autre est choisi
parmi ceux de la banlieue.
Par rapport à l'article 12, la modification conserve l'obligation
pour les membres du comité exécutif de prêter serment, mais
n'exige plus que le serment prêté soit celui prévu par la
Loi sur les employés publics. Cette loi est assez formaliste dans le
contexte de la CUM puisqu'elle exige qu'une copie du certificat de prestation
de serment soit transmise au greffier du Conseil des ministres. Donc, il y a
modification.
À l'article 18, la modification enlève la disposition
prévoyant la fin du mandat du vice-président lorsque celui du
président se termine. Elle n'est plus nécessaire maintenant qu'il
y aura deux vice-présidents et que l'équilibre sera maintenu
entre ceux-ci plutôt qu'entre le président et le vice-
président. D'autre part, la modification précise qu'un
vice-président peut démissionner de ce poste sans pour autant
démissionner de son poste de membre du comité
exécutif.
À l'article 19, la modification est de concordance avec celle
relative à l'article 7 qui prévoit deux vice-présidents au
lieu d'un seul.
La modification relative à l'article 22 permet à un
conseiller municipal nommé président du comité
exécutif de la CUM de faire compter ses années de services en
tant que telles aux fins de sa pension d'élu local au même titre
que cela est permis par la loi actuelle dans le cas d'un maire ou d'un
président de comité exécutif municipal. La modification
s'explique par le fait que le président du comité exécutif
de la CUM pourra être choisi parmi les conseillers municipaux de
Montréal.
Relativement à l'article 24, la modification permet au
comité exécutif d'adopter par résolution plutôt que
par règlement le tarif des dépenses remboursables à ses
membres. Ceci est fait dans un but de simplification des procédures.
D'autre part, cette modification permet au comité d'inclure, dans ce
tarif, les dépenses occasionnées par des actes accomplis hors du
Québec ou dont le but est un déplacement hors du Québec.
Cette dérogation au régime applicable dans les
municipalités s'explique par la fréquence des actes accomplis par
les membres du comité qui ont une connotation internationale, notamment
en ce qui concerne les emprunts.
Relativement à l'article 25, c'est dans un souci de
simplification des procédures que la modification permet au
comité exécutif, plutôt qu'au conseil, d'approprier, en
totalité ou en partie, le solde des sommes prévues au budget pour
couvrir les dépenses imprévues d'administration afin de renflouer
une enveloppe budgétaire réservée au remboursement des
dépenses.
Le Président (M. Boucher): M. le chef de l'Opposition.
M. Ryan: M. le Président, je voudrais discuter plus
particulièrement des modifications que le projet de loi apporterait
à l'article 8 de la loi de la communauté urbaine, relatif au
président du comité exécutif. Dans le projet de loi comme
il existe actuellement, avec les amendements que le ministre apporte, il y a
plusieurs éléments qui font problème à nos yeux.
D'abord, nous avons dit de notre côté que tout en favorisant un
régime qui serait le plus propice possible à une existence
paritaire des deux principales parties prenantes, c'est-à-dire la ville
de Montréal et les banlieues, il fallait trouver quelque part le moyen
d'affirmer dans la Loi de la communauté urbaine de Montréal une
prépondérance modérée de la ville de
Montréal à cause de toutes les considérations que nous
avons invoquées pendant le débat de deuxième lecture, tant
d'un côté de la Chambre que de l'autre.
Cette prépondérance de fait de Montréal se traduit
d'abord par sa supériorité numérique, soit une
différence d'au moins 200 000 habitants, qui est portée avec le
résultat du vote d'hier soir à 250 000.
Prépondérance économique: l'apport de la ville de
Montréal au développement économique des banlieues est
énorme et les frontières existent beaucoup plus pour certaines
fins limitées que pour les fins du fonctionnement général
de l'économie.
Nous avons énuméré tous ces arguments au cours du
débat de deuxième lecture. Je n'ai pas l'intention de m'y
arrêter longuement, mais je crois qu'il faudrait établir ce
principe quelque part dans le projet de loi et il nous semble que c'est au
niveau du choix du président de l'exécutif qu'il y aurait quelque
chose à faire.
Deuxièmement, le projet de loi maintient le principe, ou le
germe, en tout cas, d'une intervention autoritaire de Québec dans la
désignation de celui qu'on définissait tantôt comme le
principal porte-parole de la communauté urbaine. C'est assez curieux.
Alors qu'on fait un projet de loi qui vise à mettre plus de
démocratie dans les affaires municipales à Montréal, on
vous dit: Le principal porte-parole, celui qui incarnera la communauté,
il y a de fortes chances que ce soit une personne nommé par le
gouvernement supérieur; celui qui agira comme arbitre et tout. Nous ne
pouvons pas accepter cette possibilité.
Le ministre nous a fait une concession énorme, dans sa souplesse
remarquable. Au lieu de dire: Le gouvernement nomme, il dit: II peut nommer.
Cela ne change absolument rien dans les faits. Cela adoucit le remède
pour ceux qui marchent avec des sentiments, mais pour celui qui regarde
ça froidement, ça ne change pas grand-chose, M. le ministre. Tout
ce que ça peut engendrer dans le domaine de l'assouplisement, ce sera un
délai. Cela pourrait prendre trois mois ou six mois. C'est
évident que si les deux groupes principaux ne peuvent pas s'entendre
suivant la règle qui est définie dans le projet de loi, cela
aboutira sur la table du ministre qui devra faire une recommandation au
gouvernement. Et de ça, nous ne voulons pas. Nous l'avons
déjà eu dans les affaires métropolitaines à
Montréal. J'ai même un vieil ami, que je vois moins souvent
maintenant, qui a été président d'un genre d'organisme
comme celui-là, nommé par Québec. Il n'avait aucune
espèce de crédit vis-à-vis des gens qui étaient
élus, autant à Montréal qu'au niveau des
municipalités de banlieue.
Troisièmement, vous ouvrez la possibilité de la nomination
d'un président qui ne serait même pas membre du conseil.
Franchement, je pense qu'on marche à reculons, on fait un pas en avant
et deux pas en arrière. Il me semble que ça n'a pas de bon sens.
On crée une communauté urbaine, dont la structure repose
essentiellement sur la participation des élus du peuple, et on peut
arriver avec un type qui ne sera même pas membre du conseil comme
président de toute l'institution.
Je ne veux pas vous prêter de motif, M. le ministre, je ne veux
pas dire que vous désigneriez une personne qui serait plus proche de vos
vues que des miennes; in experientia patet, comme on le disait autrefois,
l'enseignement de l'expérience nous indique que cela va plus souvent de
ce côté que de l'autre. Je ne crois pas non plus que ce soit un
bon principe. Indépendamment de cet aspect plutôt secondaire, je
crois que c'est un bien mauvais principe que vous introduisez ici. Nous, de
l'Opposition, sommes en complète opposition à cette façon
de voir.
Le ministre a dit, au stade de la commission qui entendait les
représentants des parties intéressées: À la
rigueur, si on ne peut pas s'entendre, je nommerai quelqu'un de
Montréal. Je pense que vous avez entendu ces propos de la bouche du
ministre. (12 h 15)
M. Ciaccia: Oui, je les ai entendus.
M. Ryan: Je trouve cela effrayant que le ministre vienne nous
dire, au stade où nous en étions: Ne vous inquiétez pas,
faites-moi confiance, je nommerai un gars de Montréal. Il faut
être plus sérieux que celai Nous faisons de la législation,
nous ne faisons pas de petits arrangements politiques. Nous faisons de la
législation sérieuse. Si vous pensez vraiment que c'est quelqu'un
de Montréal qu'il faut nommer, il faudrait que vous prévoyiez
structurellement la possibilité que cela arrive par le libre jeu de la
confrontation démocratique entre les intéressés.
Ce sont les quatre objections que nous nourrissons à l'encontre
du projet de loi tel qu'il est conçu actuellement. J'en ajoute une
cinquième qui va servir d'introduction à l'amendement que nous
voulons suggérer. Il est dit dans le texte: On fait un premier tour de
votation et on vote suivant la règle de décision prévue
à l'article 53, c'est-à-dire la règle de double
majorité en vertu de laquelle un candidat devra avoir recueilli la
majorité des voix du côté des représentants des
banlieues et la majorité des voix du côté des
représentants de Montréal. Si cela pouvait se produire dans un
premier tour, ce serait remarquable; c'est une solution qui serait
préférable aux yeux de tout le monde et nous n'aurions
sûrement pas d'objection à la garder comme première
étape du processus. Mais supposons que cela ne fonctionne pas et qu'on
ne puisse s'entendre, comme ils nous l'ont annoncé avec beaucoup de
force au cours des audiences que nous avons tenues avec eux, qu'est-ce qui va
arriver? Le ministre nous dit: On fera un deuxième vote et cela ira
à la majorité des deux tiers lors de l'assemblée suivante.
Si cela ne fonctionne pas, on en arrive à la nomination possible par le
gouvernement.
Je reviens à la deuxième étape, à la
majorité des deux tiers des voix. Encore là, à la rigueur,
je vais être bon prince avec vous. Ce n'est pas dans l'amendement que
nous proposons. Nous n'aurons pas d'objection que ce soit aux deux tiers des
voix, c'est déjà moins rigoureux que la double majorité.
Mais si cela ne fonctionne pas, il faut arriver avec quelque chose à la
fin. Il me semble que l'objectif que le ministre poursuit avec nous est que la
question soit décidée, dans toute la mesure du possible, par les
intéressés et non pas par le gouvernement. Là, si vous
ajoutiez au moins la majorité absolue, personne ne peut se plaindre de
cela, c'est le bon sens le plus élémentaire. Vous avez
été élus, vous autres, avec combien de voix? Vous avez
obtenu 49%, la dernière fois, par chance, à cause d'un malentendu
suscité par certains de nos amis peut-être. La fois
précédente, vous avez été élus avec 40%,
41%. Vous avez gouverné légitimement toutes les affaires du
Québec. Vous avez dicté vos volontés à la ville de
Montréal et à tout le monde. Là, on arriverait pour cette
affaire, je me demande quel caractère sacré il y a
là-dedans. On exige les deux tiers. Franchement, je pense que la
règle de la majorité absolue à la fin du compte c'est
déjà une règle très exigeante. Si vous étiez
prêts à ajouter un paragraphe de cette nature, si vous voulez
maintenir les deux autres étapes, moi, cela ne me fait rien, cela va
revirer comme les conclaves pour le choix d'un pape. Cela va être
très compliqué. Si vous ajoutiez au moins cette dernière
ligne de retranchement démocratique qu'il serait élu, alors,
à la majorité absolue des membres, et le reste, bonsoir la
visite. On n'est pas des enfants. Ils ont dit eux-mêmes qu'ils sont des
gens sérieux. Je pense qu'ils sont capables de s'entendre
là-dessus. Cela éviterait, M. le Président, de donner
l'impression qu'on fait une loi parce qu'on vise un homme et la majorité
qu'il détient à Montréal.
J'entendais le député de Saint-Jacques l'autre jour
évoquer les différends qu'il a déjà eus avec le
maire de Montréal. Je pense que c'est un point que nous avons en commun.
Il n'y a rien qui me répugne comme une loi qui semble viser trop
particulièrement une personne ou un parti. Il faut
légiférer d'une manière plus générale.
Il
pourrait très bien arriver qu'à Montréal, aux
prochaines élections, à condition que l'Opposition s'unisse, la
majorité du parti du maire Drapeau soit réduite. Nous ne le
savons pas et ce sont les électeurs de Montréal qui
décideront. Il me semble que si on avait ici la règle de la
majorité absolue, on aurait quelque chose qui pourrait êtrs
acceptable peut-être des deux côtés de la Chambre. J'ai bien
hâte de connaître à ce sujet la réaction des
députés péquistes de l'Est de Montréal qui ont dit
qu'ils n'étaient pas d'accord avec le ministre au sujet de son
projet.
J'espère que, sur ce point-ci, ils vont faire cause commune avec
la véritable démocratie, qu'ils vont comprendre que ceci
améliorerait beaucoup le projet au point de vue démocratique. Je
sais que la conférence des maires de banlieue nous avait dit, par
l'entremise de son ancien président, M. le maire d'Anjou, qu'elle avait
confiance que ça finirait par bien tomber si le gouvernement faisait la
nomination, mais c'est un point au sujet duquel je suis en désaccord.
Cela me fait de la peine, parce que j'estime beaucoup le maire de la ville
d'Anjou de même que mon maire, le maire d'Outremont. Je pense que ce sont
des désaccords que nous comprenons, mais nous visons à un
équilibre fondamental de cette législation. Je pense qu'il y a
des améliorations considérables qui ont déjà
été apportées. Je le soumets avec toute la conviction dont
je suis capable, pour votre considération.
Le Président (M. Rodrigue): Avez-vous un texte de votre
amendement?
M. Ryan: On va vous le remettre dans une seconde. Je vais vous
dire que nous prévoyons d'autres dispositions par après. Je ne
vous les donne pas tout de suite parce qu'à mon point de vue, elles ne
sont pas vraiment nécessaires. J'aurais peur de vous mêler dans
vos cartes, M. le ministre. Vous avez déjà assez de
difficulté à saisir notre point. Je ne voudrais pas vous en
donner davantage. Ce sont des blagues que je fais, peut-être que le reste
viendra un petit peu plus tard.
M. Léonard: Si vous permettez, M. le chef de l'Opposition,
juste un commentaire, parce que le député de Verdun a
trouvé qu'il y avait beaucoup de papillons. Si je comprends, vous aurez
des papillons à votre papillon vous aussi?
M. Ryan: Je n'ai pas de brouillon. La copie qu'on va vous donner
va être très simple, deux lignes.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Rosemont. Il faudrait quand même commencer par l'amendement.
M. Paquette: Oui, je vais parler sur l'amendement.
M. Ryan: Je vais le faire tout de suite. L'article 8 de la Loi
sur la Communauté urbaine de Montréal, remplacé par
l'article 3 du projet de loi, est modifié en ajoutant au
troisième alinéa que si, lors de l'assemblée du conseil
où un vote est pris pour la nomination du président, aucun
candidat ne recueille la majorité des deux tiers des voix, le
président est élu à la majorité absolue des
voix.
Je m'excuse, mais...
M. Léonard: L'Opposition va nous quitter.
M. Ryan: ... nous avons un caucus à 12 h 30 et j'ai
quelques consultations à faire avant. Je m'excuse de...
Le Président (M. Boucher): On n'aura pas le temps.
M. Léonard: On peut suspendre la séance.
Le Président (M. Boucher): II y a consentement pour que
l'on suspende les travaux. Il faudra quand même ajourner sine die
jusqu'après la période des questions. Ajournement sine die. M. le
député de Rosemont avait demandé la parole avant
l'ajournement.
(Suspension de la séance à 12 h 25)
(Reprise de la séance à 15 h 46)
Le Président (M. Rodrigue): La commission élue
permanente des affaires municipales reprend ses travaux pour l'étude
article par article du projet de loi 46, Loi modifiant la loi de la
Communauté urbaine de Montréal.
Les membres de cette commission sont les députés suivants:
M. Bissonnet (Jeanne-Mance), M. Caron (Verdun), M. Dubois (Huntingdon)
remplacé par M. Ciaccia (Mont-Royal), M. Fallu (Groulx), M. Lachance
(Bellechasse) remplacé par M. Laplante (Bourassa), Mme Lachapelle
(Dorion), M. Léonard (Labelle), M. Ouellette (Beauce-Nord)
remplacé par M. Charron (Saint-Jacques), M. Rochefort (Gouin), M.
Rocheleau (Hull) remplacé par...
M. Ciaccia: M. Ryan (Argenteuil).
Le Président (M. Rodrigue): ... M. Ryan (Argenteuil), M.
Tremblay (Chambly).
Les intervenants à cette commission sont les
députés suivants: M. Beauséjour (Iberville)
remplacé par M. Paquette
(Rosemont), M. Bélanger (Mégantic-Compton) remplacé
par M. Leduc (Saint-Laurent), M. Brouillet (Chauveau) remplacé par Mme
Harel (Maisonneuve), M. Desbiens (Dubuc), M. LeBlanc (Montmagny-L'Islet), M.
LeMay (Gaspé), M. Picotte (Maskinongé) remplacé par...
M. Ciaccia: ... M. Maciocia. Non, non, on l'a M. Leduc. M.
Maciocia (Viger)...
Le Président (M. Rodrigue): M. Maciocia (Viger), M.
Saintonge (Laprairie).
M. Ciaccia: ... remplacé par M. Polak (Sainte-Anne).
Le Président (M. Rodrigue): Remplacé par M. Polak
(Sainte-Anne).
À l'ajournement des travaux, nous en étions à
l'étude de l'article 3 du projet de loi et le chef de l'Opposition a
présenté un amendement qui se lit comme suit: "L'article 8 de la
loi de la Communauté urbaine remplacé par l'article 3 du projet
de loi no 46 est modifié en remplaçant les troisième et
quatrième alinéas par le suivant: Si aucun candidat ne recueille
la majorité des deux tiers des voix lors de cette assemblée, le
président est nommé à la majorité absolue des
voix."
L'amendement est reçu. M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je veux seulement expliquer
le sens...
M. Léonard: II y avait M. le député de
Rosemont qui avait demandé la parole.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Rosemont, je m'excuse.
M. Paquette: J'avais demandé l'ajournement, M. le
Président.
M. le Président, dans son intervention, le chef de l'Opposition
s'est dit curieux de connaître comment son amendement serait reçu
par les députés ministériels qui ont voté contre en
deuxième lecture. Cela m'étonne un peu qu'il ait cette position.
C'est plutôt nous qui devons constater qu'il en est arrivé
à la même conclusion que nous avons défendue depuis six
mois, c'est-à-dire que c'est au niveau du comité exécutif
de la Communauté urbaine de Montréal que devait s'exercer la
prépondérance de Montréal, et pas entre les lignes d'un
projet de loi parce que, dans le texte, on ne la trouve nulle part. Je pense
que cet amendement va permettre de savoir, puisque le ministre dit qu'il
propose la parité dans les institutions mais qu'il retient une
idée de prépondérance, laquelle de ces deux notions
contradictoires, à mon avis sera retenue. Je ne considère pas
qu'il y a prépondérance de Montréal parce qu'il sera plus
difficile pour la banlieue d'obtenir la majorité des deux tiers.
Qu'aurait-il fallu mettre dans le projet de loi pour circonvenir à ce
fait qui résulte de la taille des populations en présence?
L'Opposition propose qu'advenant un échec des mécanismes
de double majorité et de majorité des deux tiers, le
président du conseil soit élu par la majorité.
Personnellement, ce n'est pas une position qui me satisfait pleinement mais je
m'y rallierais volontiers. Je pense que le ministre pourrait, assez facilement,
avoir presque l'unanimité de cette assemblée s'il acceptait cette
proposition, qui n'est quand même pas très éloignée
de celle qu'il a affirmée à la commission parlementaire lorsqu'il
disait que, s'il devait en définitive nommer le président, ce
serait quelqu'un de Montréal. Cela nous éviterait de faire en
sorte que dans l'éventualité où il y aurait un autre
ministre des Affaires municipales, quelles que soient les circonstances, dans
la loi serait incluse la règle, si importante en démocratie, de
la majorité.
Si on n'amende pas le projet de loi, que va-t-il se passer? Il va se
passer que nous allons presque automatiquement être placés,
soixante jours après la promulgation du projet de loi, puisque c'est le
délai qu'on laisse à la communauté urbaine pour choisir
son président et les autres membres du comité exécutif,
dans la situation où le ministre pourra nommer un président. On a
remplacé "devra" par "pourra", mais je ne vois pas comment le ministre
pourrait laisser la communauté sans président
indéfiniment.
Donc, tôt ou tard, le ministre devra faire les nominations. C'est
une disposition extrêmement dangereuse pour l'autonomie municipale. Si on
peut laisser aux élus le soin de choisir le président du
comité exécutif, je pense qu'on aurait un progrès
réel, important et satisfaisant pour les Montréalais. Il va de
soi que, tant que la population de Montréal serait majoritaire, le
président proviendrait de Montréal. Je pense qu'on devrait
retenir cet autre article du projet de loi qui fait en sorte que le
président doit démissionner de toute fonction pour être
président du comité exécutif. Je ne vois pas comment il
aurait une optique moins communautaire que s'il était choisi par le
ministre. Je pense qu'à la longue ce président, quelle que soit
sa provenance, finira par penser un peu "communauté", comme tous les
membres du comité exécutif.
Je pense que dans ce projet de loi on doit respecter la taille des
populations. On doit respecter le rôle prépondérant de
Montréal au niveau du développement économique, au niveau
du rayonnement culturel et international. Nous ne nous trouvons pas dans une
situation comme à Toronto où il y a cinq grandes villes de taille
un peu équivalente qui se font
contrepoids les unes les autres. Dans tout ce projet de loi, on a
l'impression qu'il y a deux identités créées sur papier
qui sont tout à fait équivalentes. On traite Montréal d'un
côté et les autres municipalités de l'autre
côté presque à chaque article du projet de loi comme si
c'étaient deux entités équivalentes. Or, la
réalité, ce n'est pas cela. Nous avons, d'un côté,
une ville dont la population dépasse de 200 000 la somme des populations
des 28 autres municipalités. Parmi ces 28 autres municipalités,
il y en a qui ont la taille d'un village, il y en a qui sont dans la
continuité de la trame urbaine de Montréal, qui pourraient
être un quartier de Montréal, qui ne sont pas vraiment des
villes-dortoirs, et d'autres qui sont des villes-dortoirs avec très peu
de pôles industriels. Toutes ces villes sont dans des situations
différentes.
Vouloir comme par magie créer sur le papier deux entités,
cela m'apparaît ne pas respecter la réalité. Puisqu'il y a
une telle disproportion et puisqu'il y a, de par la géographie, de par
l'histoire, de par l'économie, ce rôle central qui doit revenir
à Montréal, je pense que c'est au niveau du comité
exécutif qu'il doit être reflété, parce qu'avec
toutes les autres dispositions du projet de loi on a un conseil renforcé
où les décisions se prennent à la double majorité.
Donc, rien ne peut être imposé à la banlieue. On a des
commissions paritaires, malgré qu'il y a peut-être des
éléments à regarder de ce côté, mais qui se
veulent paritaires et qui ont un rôle d'initiative où les
représentants des banlieues, avec ceux de Montréal, auront
intérêt à arriver à des consensus s'ils veulent que
leur position se rende au conseil. Assis à une table d'une commission
des transports, les représentants de la banlieue et de Montréal
auront avantage à s'entendre s'ils veulent que leurs travaux et leurs
idées se rendent au conseil.
Le mode de nomination, également, au comité
exécutif est extrêmement important. C'est toute la
différence du monde, la situation actuelle où, automatiquement,
les sept membres du comité exécutif de Montréal se
retrouvent au comité exécutif de la communauté urbaine et
cinq maires de banlieue s'y retrouvent également, c'est toute la
différence du monde entre ce mode de nomination et celui qui est dans le
projet de loi, et qu'il faut, à mon avis, maintenir, où ce sont
les présidents et vice-présidents de commissions choisis par le
conseil. Ce qui fait que les représentants de la banlieue vont voter sur
le choix des représentants de Montréal qui siégeront au
comité exécutif et inversement. Il faudra donc que les
représentants de Montréal qui seront au comité
exécutif aient fait preuve d'un certain esprit communautaire et soient
acceptables aux représentants de la banlieue, et inversement.
Quatrièmement, sans compter d'autres éléments que
je ne mentionnerai pas, la question du veto suspensif sur toutes questions
litigieuses qui ne seraient pas au comité exécutif, qui ne
seraient pas appuyées par quatre des membres du comité
exécutif, sera automatiquement déférée au conseil.
C'est donc dire que toutes les questions litigieuses font l'objet d'un
débat public et que la pression politique des représentants de la
banlieue pourra s'exercer pleinement sur les représentants de
Montréal qui voudraient un peu trop tirer la couverture du
côté de Montréal.
Je pense qu'on a suffisamment de dispositions dans ce projet de loi pour
changer fondamentalement la dynamique. Voilà pourquoi, contrairement au
maire de Montréal, on se serait opposé à ce qu'on retarde
ce projet de douze mois ou qu'on se contente de faire quelques réformes.
Ce projet de loi va au coeur du problème, mais rendu au niveau du
comité exécutif, il prive cet organe, qui est le principal
créateur des politiques communautaires, d'une représentation de
Montréal qui corresponde à la réalité. Ce simple
fait risque d'être extrêmement dangereux parce qu'il sera mal
accepté, parce qu'il amènera le ministre à faire des
nominations; le projet de loi pourrait potentiellement amener le ministre
à faire toutes les nominations s'il n'y avait pas entente au niveau du
choix des président et vice-président de chacune des commissions,
président et vice-président du conseil et président du
comité exécutif. Le ministre devrait nommer tout ce monde selon
l'article 139.
Si, en définitive, le président était élu
à la majorité au lieu d'être nommé par le ministre,
on respecterait davantage la réalité. On éviterait, ce qui
s'est passé à l'occasion, un certain impérialisme de
Montréal, qu'il faut éviter si on veut promouvoir l'esprit
communautaire. Souvent, on a l'impression que la ville de Montréal
pratique une forme de démocratie qu'il est difficile de comprendre,
qu'on arrive mal à s'expliquer. Cela nous a été
abondamment expliqué par les représentants des banlieues. Je
pense qu'on aurait là, même avec cet amendement du
député d'Argenteuil, un projet de loi qui respecte
fondamentalement les banlieues. Si jamais le ministre trouvait ce projet
d'amendement inacceptable, j'en ai un autre qui assurerait que la
présidence ne soit pas toujours occupée par quelqu'un de
Montréal et qui respecterait quand même la
prépondérance de Montréal au comité
exécutif. Je pense qu'il y a plusieurs modalités possibles. Cela
devrait être faisable de respecter davantage la réalité
tout en poursuivant et en réalisant l'objectif qui est le
développement d'un véritable esprit communautaire à
Montréal. (16 heures)
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Merci, M. le Président. Avec l'amendement tel
que présenté, quelle que soit la décision qu'on aura
à prendre lors de la nomination du président, on arrivera
toujours au même. C'est un septième membre qui sera
président de l'exécutif... En somme, le président sera le
treizième membre.... Quelle que soit la solution qu'on prenne
actuellement, avec vos propositions, on arrivera à cela. Dans la
proposition que vous faites, vous enlevez l'élément principal du
projet de loi. C'est qu'avant d'arriver à la présidence les gens
puissent se parler, faire des concessions entre eux, essayer d'évaluer
le meilleur homme ou la meilleure femme entre eux. Pour moi, ce qui accroche
dans tout cela - j'aurais peut-être suivi les autres
députés de Montréal - c'est que lorsque, en commission
parlementaire, j'ai essayé d'avoir des réponses de la part de la
ville de Montréal, le maire a déclaré à un moment
donné: Quelle que soit la position que vous prenez, jamais on ne votera
pour quelqu'un de la banlieue, je suis resté marqué
là-dessus. Si on trouvait un mécanisme pour donner en permanence
la présidence à Montréal, ce serait une insulte aux autres
municipalités aussi; une insulte dans le sens qu'elles ont des hommes,
des femmes, capables d'administrer, d'une envergure aussi forte que ceux de
Montréal.
Dans tout cela, ce que je vois, c'est une communauté urbaine. Ce
n'est même plus la ville de Montréal, ce n'est même plus les
villes de banlieue; c'est une communauté urbaine qui place des services
ensemble, en commun. Cela me paraît drôlement important. Ils s'en
viennent là avec des représentations à peu près
égales, puis on nomme le président à l'exécutif
dont les pouvoirs... on en fait des gorges chaudes et on dit que les pouvoirs
de l'exécutif sont très diminués par rapport à ce
qu'ils sont aujourd'hui.
Mais pourquoi est-ce qu'on y tient tant à cette
présidence? Pourquoi est-ce qu'on tient tant à ce que les gens ne
puissent se parler entre eux pour en venir à une espèce de
consensus pour l'élection de ce fameux président? Ce sont des
barrières que j'ai de la difficulté à comprendre. Si on
prend le processus d'élire le président à la
majorité simple, comme on le fait là, pourquoi est-ce qu'on ne
continue pas notre ligne de pensée en disant aussi: Quant à
donner le pouvoir à Montréal, on le donne au complet, mais pas
juste un petit morceau comme cela? Pourquoi est-ce que les veto sont
nécessaires? Pour moi les veto ne sont plus nécessaires. Si on
fait une brèche quelque part, qu'on arrive à une majorité
simple, c'est une perte de temps. Dire: Tu vas retourner au conseil avec une
double majorité. Donc on accorde tout de suite une majorité aux
décisions, on va gagner du temps, on va épargner beaucoup de
choses à ce moment-là, mais ça restera à la
communauté urbaine à peu près comme c'est aujourd'hui.
Depuis douze ans qu'il y a du chamaillage puis on ne sait pas qui a tort, qui a
raison.
Moi, j'aurais bien aimé trouver une solution à un moment
donné. Le ministre a déjà donné une garantie pour
le départ de la communauté urbaine en disant: Je vais
considérer le premier président; s'ils n'en viennent pas à
une entente, j'accepterai quelqu'un de Montréal en respectant sa
population. Mais, on ne dit jamais, par exemple, même si Montréal
a regroupé 57% de la population et les banlieues 43%, que
l'évaluation des municipalités de banlieue est presque
égale à celle de Montréal, ce qui fait que les banlieues
paient aussi 48% du budget de cette communauté urbaine.
Je pense que l'argent dans nos municipalités, c'est un nerf de la
guerre aussi: quand les comptes de taxes nous arrivent chez nous, on ne dit pas
que Montréal-Nord a 100 000 de population. Ce n'est pas cela qu'on dit.
On dit: Le compte est trop élevé. Jamais on ne va dire qu'il
n'est pas assez élevé, mais on va regarder les taxes qu'on paie.
Dans les questions qu'on va poser à nos élus municipaux, on dira:
Pourquoi nous autres, à Montréal-Nord, paie-t-on ce montant?
Jamais le maire ou un échevin ne va nous répondre: C'est à
cause de ma population. Il va dire: C'est à cause de mon
évaluation. Je pense que l'évaluation doit être
traitée par une administration de la communauté urbaine au
même titre qu'une population. Si les municipalités de banlieue
paient déjà 5% de plus, comparativement aux populations, cela
veut dire que lorsque nous à Montréal, nous empruntons les
services de Montréal, on paie déjà un surplus par rapport
à notre population. Notre population est moindre et on paie plus.
Il va falloir à un moment donné arrêter de parler de
population, il va falloir parler d'une entité de la Communauté
urbaine de Montréal de par son évaluation. C'est là, je
pense, qu'on pourra trouver le centre de nos discussions. Le fait
d'élire un président de l'exécutif n'aura plus
d'importance à ce moment-là pour moi, parce que les gens se
seront parlé par l'argent et non par les têtes de pipe qu'il peut
y avoir dans ces villes. Ce sera rationnel à ce moment-là.
Qu'est-ce qui me dit que, dans cinq ans, même dans trois ans, les
municipalités de banlieue ne dépasseront pas Montréal en
évaluation? C'est très près, parce qu'on connaît des
projets à venir dans les municipalités de banlieue qui feront
peut-être que cela dépassera l'évaluation de
Montréal. Mais est-ce qu'on partira en guerre, à ce
moment-là, en disant: Maintenant que nous détenons le
drapeau de l'évaluation chez nous, que nous payons plus dans la
communauté urbaine, vous allez effacer les présidents qu'il y a
là, les commissions vont nous appartenir parce que cela demande encore
de l'argent, la présidence de la commission des finances va nous
appartenir parce que, nous autres, nous payons encore plus? Ces choses peuvent
aller loin. Qu'on laisse donc les gens se parler entre eux. Montréal en
a la chance, il y a une porte ouverte actuellement. J'en suis certain parce que
le président des maires de banlieue, M. Corbeil, lorsqu'il est venu en
commission parlementaire, n'a jamais dit qu'il ne voterait pas pour une
personne de Montréal. Ils ont toujours soutenu qu'ils voteraient pour le
meilleur administrateur à leurs yeux. Je pense que c'est
déjà une garantie de bon sens qui fait que c'est une discussion
qu'on fait qui est presque inutile à mes yeux. C'est une lutte de
pouvoir qu'on essaie de partager pour faire plaisir à un et ne pas
déplaire à l'autre. On essaie de jouer le "jello" un peu
là-dedans. On est là pour prendre des responsabilités, on
est là avec une loi qui, on l'espère, va durer des années.
Je pense qu'on doit dépasser l'élément de partisanerie
politique et y aller d'une justice sociale entre deux entités qui sont
là pour Montréal. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants? M. le député de Verdun.
M. Garon: M. le Président, il faut admettre, avec tout le
respect qu'on peut avoir pour le maire de la ville de Montréal, qu'en
commission parlementaire ce n'était pas trop rassurant pour nous de se
faire dire qu'il ne voterait jamais pour les villes de banlieue. Je pense que
le maire oublie de regarder que, depuis les trois dernières
années, depuis qu'il y a un président de banlieue, les liens sont
meilleurs. Cela a changé énormément à la
communauté urbaine. C'est pour cela que dans notre projet de loi, il
faut être prudent. Il faut le faire dans l'ensemble. C'est entendu que la
présidence a de l'importance; le président peut influencer
à certains moments. On sait tout cela ici. C'est un peu pour cela qu'il
y a une bataille, la bataille de Montréal. Si on veut avoir le
président chez soi, c'est pour le contrôler. C'est normal que le
président puisse à un certain moment influencer. Je pense que
cela se fait, il n'y a pas de cachettes à cela.
C'est pour cela qu'il faut être prudent. Il faut essayer, dans le
projet de loi... On reconnaît même que Montréal
dépense plus. Cela coûte plus cher parce qu'il y a plus de monde
et que l'évaluation est plus chère, mais il faut aussi être
près des gens de banlieue et essayer de faire cela comme un genre de
mariage. C'est pour cela qu'on voudrait que les gens s'entendent, et c'est
possible qu'ils s'entendent.
Si le ministre nous disait au moins dans son paragraphe que ce sera une
personne élue. C'est cela qu'on veut, on veut avoir des personnes
élues. C'est cela, la démocratie; or, ça ne l'est pas.
Actuellement, c'est ce ministre-là, on ne sait pas si plus tard ce sera
le même ministre. Peut-être que l'autre qui arrivera aura d'autres
façons de voir les choses. Nous, de ce côté-ci, cela nous
inquiète. Si le ministre marquait dans son projet de loi que ce sera une
personne élue sur le territoire de la communauté, probablement
que cela nous ferait réfléchir, mais ce n'est pas le cas
actuellement. Des écritures, c'est bien mieux que des paroles.
Si le ministre pouvait m'assurer qu'il est prêt à mettre
dans son projet de loi que ce sera une personne élue, c'est cela qu'on
veut. On veut en avoir une là et on veut en avoir une à l'autre
commission. On y reviendra tout à l'heure. C'est cela que j'avais
à dire, M. le Président.
Une voix: Est-ce que vous êtes favorable à
l'amendement?
M. Caron: C'est juste pour répondre à ce que vous
avez dit, à savoir pourquoi on se bat pour la présidence. C'est
parce que la présidence contrôle.
M. Rochefort: M. le Président, est-ce que le
député de Verdun me permettrait une question?
M. Caron: Non, mais je voulais répondre au
député de Bourassa.
M. Rochefort: Ah non!
M. Laplante: Vu que vous me nommez, M. le député de
Verdun, est-ce que vous êtes, en somme, favorable à l'amendement
du... M. le député de Mont-Royal, je pense qu'il est assez vieux
pour penser par lui-même. Est-ce que vous êtes favorable à
l'amendement du député d'Argenteuil?
M. Caron: Tout à l'heure, quand on va voter...
M. Laplante: Non, non, mais...
M. Caron: Tout à l'heure, vous êtes sorti de
l'assemblée...
M. Laplante: Je veux voir si vous avez une continuité dans
vos idées.
M. Caron: Vous, vous êtes sorti de l'assemblée tout
à l'heure. Quand le vote viendra, je serai capable de prendre mes
responsabilités. Moi, je ne sors pas.
Le Président (M. Rodrigue): Un député a le
droit de poser une question; un autre député a le droit de
refuser d'y répondre ou d'y répondre plus tard.
M. Caron: Moi, je ne sors pas pour aller...
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Oui, exactement, M. le Président. Je pense
bien que le député de Verdun votera de la façon qu'il juge
à propos, en temps et lieu.
M. Caron: Moi, j'ai voté avec les neuf. Vous vous rappelez
cela?
M. Ciaccia: En temps et lieu. Je voudrais donner quelques
explications sur cet article tel que rédigé par le gouvernement,
par le ministre, et sur les amendements qui sont apportés par le chef de
l'Opposition officielle, le député d'Argenteuil. De la
façon dont cet article est maintenant rédigé, le principe
de la prépondérance de Montréal est accepté
partiellement. Vous acceptez cela comme principe parce que vous dites que si,
lors de la première assemblée du conseil, aucun candidat ne
recueille la majorité des voix prévue par l'article 53, la double
majorité, vous donnez prépondérance à
Montréal. Vous dites que la nomination est faite à la
majorité des deux tiers des voix lors de l'assemblée suivante
qui, effectivement, donne un droit de veto à Montréal. La
nomination ne peut pas se faire sans le consentement de Montréal. Alors,
il y a le principe partiellement accepté de la
prépondérance de Montréal.
Deuxièmement, vous allez plus loin et vous prévoyez que,
si aucun candidat n'obtient la majorité des deux tiers, vous vous donnez
le droit comme ministre de nommer le président. Non seulement de le
nommer, mais vous allez plus loin que cela, vous dites que cela pourrait
être une personne qui n'est pas membre du conseil. Nous avons deux
objections. Premièrement, nous avons une objection quant à la
nomination par le ministre. Je comprends que la question de parité ou
non, c'est un sujet très délicat pour les banlieues. Non
seulement vous vous donnez le droit de le nommer... Nous nous opposons aussi au
fait que vous pouvez nommer quelqu'un comme président qui n'est
même pas membre du conseil. Il n'y a aucune limitation quant à la
nomination de cette personne. Dans notre amendement, dans l'amendement qui a
été déposé par le chef de l'Opposition officielle,
on écarte l'ingérence du ministre; on n'accepte pas le fait que
la personne nommée soit en dehors du conseil. (16 h 15)
Le principe selon lequel le ministre ne devrait pas s'ingérer
dans certaines procédures, certaines nominations, certains travaux de la
CUM, je pense que vous l'avez accepté quant au budget. Sur le budget,
les prévisions qui étaient dans le projet de loi voulaient que,
si on ne s'entendait pas, éventuellement, le ministre pouvait imposer un
budget. C'est le même problème qui existe maintenant. La plainte
habituelle des gens de la banlieue, c'est: Bien, écoutez, le budget,
c'est automatique, et on perd le contrôle. Alors, vous avez
accepté ce principe. Vous avez accepté le principe que la
question du budget, il faut que ça soit réglé entre les
banlieues et la ville de Montréal. Si on parle de parité, je la
vois plutôt à ce niveau, au niveau des budgets, parce que le
contrôle des budgets, c'est vraiment le contrôle de la direction de
la CUM et des dépenses que la CUM va pouvoir faire. C'est une
réponse aux contribuables. La parité, je ne la vois pas vraiment.
Vous pourriez avoir la parité au niveau du conseil de la
présidence. Même la, elle n'existe pas, la parité, parce
que le ministre peut arriver et nommer; il peut y avoir des pressions de faites
sur le ministre par un côté ou l'autre. Cela ne touche pas, je
crois, l'aspect vital des contribuables. On parlait d'évaluation, on
parlait des dépenses, l'aspect vital, c'est le budget.
Effectivement, vous dites aux banlieues: Vous avez un droit de veto sur
le budget. Vous dites la même chose à Montréal: Vous avez
un droit de veto sur le budget. Je pense que cela, c'est le coeur du
problème, le noeud du problème. L'amendement que nous apportons,
c'est pour reconnaître le même principe que vous avez reconnu dans
le deuxième alinéa, le principe de la
prépondérance, mais le reconnaître d'une façon...
Vous ne pouvez pas reconnaître un principe et ensuite ne pas le
reconnaître, parce que c'est cela que vous faites. Vous reconnaissez le
principe de la prépondérance des deux tiers, mais après
cela vous dites: Je peux le nommer si vous ne vous entendez pas, et je peux
nommer n'importe qui. On vous dit: Écoutez, vous voulez le
reconnaître, ce principe, donnez-lui une façon d'être mis en
application. Cela n'écarte rien pas ceux qui ont prétendu que les
parties ne peuvent pas se parler, parce qu'on maintient la question des deux
tiers, on maintient le principe de discuter entre les parties. La seule chose
qu'on dit, c'est que l'arbitre de tout cela ne devrait pas être le
ministre parce que là, on ouvre la porte à toutes sortes de
pressions. Quant à moi, le but principal de l'amendement, la raison pour
laquelle je l'appuierai, c'est que je crois que cela ne devrait pas être
le gouvernement, le ministre qui va nommer le président du conseil
exécutif. Je crois qu'il devrait être nommé parmi les
membres du conseil
exécutif et qu'il devrait être nommé par les
élus eux-mêmes. Autrement, cela ouvre la porte à toutes
sortes de problèmes.
Pour ces raisons je crois qu'en apportant cet amendement, on
n'écarte pas totalement le principe de la parité, quant à
moi en tout cas, parce que si sur le budget les banlieues peuvent dire:
Écoutez, on n'accepte pas ces dépenses, il va falloir que,
même s'il y a la prépondérance de Montréal au
conseil exécutif, l'on s'asseoie avec les banlieues et qu'on en vienne
à une entente. C'est là où je vois les vrais
problèmes, l'aspect où on peut offrir un genre de protection aux
contribuables des banlieues, parce que jusqu'à ce jour, je crois qu'ils
se sentent très frustrés dans leur compte de taxes et par le
manque de contrôle qu'on a à la CUM sur les dépenses. Cela
a été trop facile, les élus pourraient dire:
Écoutez, cela est adopté automatiquement. Qui est responsable?
Ceux qui étaient responsables, ce n'étaient pas les gens pour qui
on votait ou pour qui les banlieues votaient.
Ce sont les réflexions que j'ai sur l'amendement. Je crois que
cela rendrait la nomination plus efficace et que cela resterait plutôt
parmi ceux qui sont élus.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: À la fin de son intervention, le chef de
l'Opposition nous a dit qu'il avait hâte d'entendre les
députés de l'Est de Montréal de la formation
ministérielle réagir à sa proposition d'amendement. Je lui
soulignerai que l'intérêt et la hâte d'entendre des
députés se commettre sur le projet de loi 46 étaient
plutôt de ce côté-ci, c'est-à-dire du
côté des députés péquistes de
Montréal, qui avaient hâte d'entendre les députés
montréalais de la formation libérale donner leur opinion, une
fois pour toutes, sur ce projet. D'ailleurs, on remarquera encore aujourd'hui
qu'ils sont à peu près tous absents, les députés de
la formation du Parti libéral qui représentent les citoyens de la
ville de Montréal, que ce soit les députés de Laurier, de
Saint-Henri, de Saint-Louis, de Viau, de L'Acadie, de Sainte-Anne, de
Notre-Dame-de-Grâce, alors que nous, les députés
péquistes de l'Est de Montréal, nos positions sont connues depuis
le tout début du débat sur le projet de loi 46, que ce soit au
moment de son dépôt, au moment de la commission parlementaire, de
l'audition des différents mémoires, que ce soit à
l'occasion de nos discours en deuxième lecture et surtout de notre vote
en deuxième lecture. Je crois que nos positions sont connues, qu'elles
sont claires et elles n'ont été entachées d'aucune
tergiversation ni d'aucune hésitation quant à notre
volonté de défendre à l'Assemblée nationale du
Québec les intérêts de nos électeurs qui sont des
citoyens de Montréal.
Sur la question de la parité ou de la prépondérance
de Montréal au comité exécutif de la Communauté
urbaine de Montréal, je rappellerai, premièrement, la position
que j'ai énoncée à l'occasion de mon discours en
deuxième lecture à l'Assemblée nationale. Il est clair,
quant à moi, qu'il faut absolument en venir à créer des
regroupements municipaux sur le territoire de la Communauté urbaine de
Montréal de façon à éliminer des articulations
qu'on retrouve dans le projet de loi 46 comme dans le projet de loi qui avait
créé la communauté en 1969, cet artifice qu'on appelle la
banlieue de Montréal, comme si c'était une municipalité,
tout en maintenant l'autonomie des 28 municipalités qui constituent -
peut-être 27 à partir d'aujourd'hui, du moins des prochaines
journées - la banlieue de la ville de Montréal.
Il est clair, quant à moi, qu'il faut que chaque
municipalité ait une place, ait un rôle spécifiquement
reconnu dans la loi par sa taille à elle et non à
l'intérieur de quelque chose qu'on appelle la banlieue, qui est
considérée tant dans la loi de 1969 que dans le projet de loi 46,
comme un tout homogène, alors que tout le monde s'entend pour
reconnaître la très grande diversité, les très
grandes différences et surtout l'absence de points communs entre chacune
des municipalités constituant la banlieue de la ville de
Montréal.
Ceci dit, il est clair que, sur la question de la
prépondérance, je souhaite que le projet de loi 46 reconnaisse la
prépondérance de Montréal, prépondérance qui
lui avait été reconnue et attribuée dans le projet de loi
de 1969 créant cette communauté. Toutefois, il me semble que
cette prépondérance ne doit pas s'exprimer par une attribution
automatique de la présidence de la communauté à la ville
de Montréal, mais bien par une reconnaissance d'une majorité de
sièges à l'exécutif sans décider à qui devra
revenir la présidence de la communauté.
Je dis que je souhaite que cette prépondérance soit
reconnue. Je reprendrai rapidement trois raisons majeures qui font, quant
à moi, qu'on doit reconnaître cette prépondérance
à Montréal, qu'on doit la lui maintenir. D'une part,
effectivement, Montréal est la ville la plus populeuse de la
communauté et elle est aussi plus populeuse que l'ensemble des villes
formant la banlieue de la ville de Montréal au sein de la
communauté. Jusqu'à hier, Montréal représentait
près de 56% de la population, j'imagine que cela va monter à peu
près à 58%, 59%. Donc, on doit reconnaître cela.
Deuxièmement, on doit reconnaître aussi qu'incombe à
Montréal, de par son rôle, de par sa force, la
responsabilité d'être le moteur de la Communauté urbaine
de
Montréal, en même temps que d'être le moteur
économique de tout le Québec.
Sur la question de l'assiette fiscale, je me permettrai de souligner
que, d'une part, quels que soient les discours qu'on puisse faire sur cette
question, il est établi que les Montréalais paient plus que les
citoyens de la banlieue dans les coûts de la CUM. Deuxièmement, on
a répété à quelques reprises, et encore ici
aujourd'hui, que c'était de 48% à 52%, donc que c'était
très près, et que finalement la banlieue, étant moins
populeuse et souscrivant 48% de l'assiette fiscale de la communauté,
elle souscrivait un peu plus que sa part relative de population au sein de la
CUM.
Je voudrais rappeler que la plupart des édifices gouvernementaux
du Québec se retrouvent, dans l'île de Montréal, dans la
ville de Montréal et qu'avec la réforme de la fiscalité
municipale le gouvernement du Parti québécois a posé un
geste qu'aucun autre gouvernement n'avait posé en faisant en sorte que
le gouvernement paie ses taxes foncières comme n'importe quel autre
citoyen, ce que d'ailleurs le gouvernement fédéral ne fait pas
encore. Toutefois, il faut se rappeler que la part de la participation du
gouvernement du Québec en ce qui a trait à sa contribution
à l'impôt foncier sur ses édifices n'est que de 60%
à l'heure actuelle. Cette part grimpera à 100% lorsque le
gouvernement aura les moyens de réaliser cette réforme
complètement. À ce moment, la part de Montréal dans
l'assiette fiscale de la communauté sera beaucoup plus
élevée qu'elle ne l'est maintenant. On nous dira: Donc, c'est
grâce au gouvernement du Québec. Je dirai: Non, c'est que
Montréal a sur son territoire les principaux édifices du
gouvernement du Québec et qu'il ne faut prétendre d'aucune
façon que cela constitue un cadeau pour Montréal, parce qu'il
faut voir toutes les responsabilités que Montréal doit assumer,
ayant sur son territoire la plupart des édifices gouvernementaux du
Québec.
Quant à la proposition du chef de l'Opposition, je dois souligner
qu'elle soulève un certain nombre de questions et qu'elle n'est pas,
quant à moi, complètement satisfaisante, même si elle va un
peu plus dans le sens de ce que nous avions demandé concernant la
prépondérance de la ville de Montréal. Les questions je me
pose sur cette proposition sont les suivantes. Premièrement, je me
demande quelle sera la crédibilité du président de la
Communauté urbaine de Montréal après qu'il aura subi une
première tentative d'élection à la double majorité
qui aurait échoué, puis après en avoir subi une
deuxième à la majorité des deux tiers qui aurait
échoué aussi, et que finalement il réussisse à se
retrouver président de la communauté par un troisième test
électoral qui, lui, serait à la majorité absolue. Je crois
que c'est une question qui se pose.
Deuxièmement, c'est qu on inscrit, dans un projet de loi, que la
prépondérance de Montréal est liée uniquement
à sa population et qu'à partir du moment où la population
de Montréal ne serait plus majoritaire au sein de la CUM, tout en
étant très majoritaire par rapport à chacune des
municipalités -par exemple, Montréal pourrait se retrouver avec
45% de la population de la communauté et demeurer la principale ville,
et de loin, de l'ensemble de la communauté et du Québec - elle
aurait toujours les mêmes responsabilités de moteur, de principal
animateur, de leader économique de toute la communauté et de tout
le Québec.
Finalement, je crois qu'elle remet en question un principe important du
projet de loi avec lequel j'ai toujours été d'accord, qui est de
donner vraiment au président un rôle de responsable de
l'équilibre communautaire. À partir du moment où ce
président serait élu uniquement par un groupe et où on
consacrerait que le président sera toujours un citoyen de
Montréal tant et aussi longtemps que Montréal sera majoritaire au
niveau de la population, je crois que cela pourrait apporter des
problèmes de fonctionnement au sein de la communauté. D'ailleurs,
dans la situation actuelle, il y a un président de la communauté
qui n'est pas un représentant de Montréal et cela a quand
même donné des résultats intéressants. Il me semble
qu'on ne doit donc pas rechercher la prépondérance de
Montréal particulièrement en l'assurant de la nomination ou de
l'élection d'un président venant de Montréal, mais en
assurant à Montréal une majorité de sièges au sein
de l'exécutif, ce qui permettrait, premièrement d'éviter
une nomination gouvernementale, deuxièmement une nomination d'un
non-élu à la présidence de la CUM et ce qui permettrait
aussi à tout élu municipal de la banlieue d'espérer, de
pouvoir ambitionner d'assumer (un jour) la présidence de la
communauté urbaine.
Évidemment, on connaît la position du gouvernement qui est
de ne pas vouloir reconnaître la prépondérance de
Montréal, en lui accordant une majorité de sièges à
l'exécutif. Comme plusieurs de mes collègues de Montréal,
j'ai fait valoir à maintes reprises un point de vue différent. Je
crois qu'il faut admettre que ce point de vue n'a pas été retenu
par l'Assemblée nationale du Québec au moment de l'adoption en
deuxième lecture du projet de loi et je ne me fais donc pas d'illusion
sur les résultats des travaux de la commission sur cette question, le
gouvernement pouvant toujours revenir, au moment de la prise en
considération du rapport à l'Assemblée nationale du
Québec, au texte actuel du projet de loi, si jamais celui-ci devait
être changé par un amendement adopté en
commission. Pour cette raison, je m'abstiendrai quand vous appellerez le
vote sur cette proposition d'amendement.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Je passe pour le moment, M. le
Président.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Saint-Laurent. (16 h 30)
M. Leduc: Je n'aime pas tellement être identifié
comme quelqu'un de la banlieue. D'ailleurs, dans mon comté, j'ai des
gens de Saint-Laurent en majorité, et j'ai également des
contribuables de Montréal. Je pense qu'on pose le problème
dès le départ. Il faut tendre à être des partenaires
égaux, comme dans le mariage où, je pense, il n'y en a pas un qui
est supérieur à l'autre. Ici, on a deux clans, on a le clan de
Montréal par rapport aux autres. Ce n'est pas nécessairement par
rapport aux contribuables, les maires ou les gens de la banlieue. Moi, je
m'identifie comme quelqu'un de la communauté urbaine, pas quelqu'un de
la ville de Saint-Laurent ou du comté de Saint-Laurent. On a
parlé de la population, il faudrait encore en parler longtemps; on
pourrait peut-être mentionner qu'au point de vue électoral les
Îles-de-la-Madeleine, c'est quoi? C'est 9000, je pense; dans mon
comté, c'est 42 000.
Alors, je suis d'accord qu'on doive regarder le fardeau fiscal, je pense
que c'est important. On tend à peu près à
l'égalité. C'est quoi? 48, 52. Je pense que cela est tout de
même un facteur qui est très important, la population. Il faut
peut-être regarder aux Nations-Unies, l'île Maurice, qui est un
point sur la carte et qui a un vote, et puis la Chine, également, qui a
1 000 000 000. Moi cela me va, au départ, la majorité dans chacun
des blocs. On a connu des problèmes; apparemment, il y a eu des
problèmes très sérieux à la CUM parce qu'on disait
que c'était 7-5. Or, 7.6 ne changera rien, à mon sens, c'est
toujours la même chose. Cela veut dire un côté, un clan
majoritaire. En fait, lorsqu'on fait le décompte des voix et qu'on
arrive à 7-5 et 7-6, c'est la même chose.
En ce qui concerne le deuxième processus, à savoir qu'il
faudrait avoir les deux tiers, je pense que c'est acceptable. Cela veut dire
qu'il va falloir des compromis; qu'on dise: Ce sera peut-être quelqu'un
qui aura passé par différentes formules et, à la fin, ce
n'est peut-être pas nécessairement le meilleur, mais il faut
peut-être retenir le processus dans le choix des chefs des partis. Bien
des fois, il faut aller au deuxième ou au troisième tour. Cela ne
me fatigue pas qu'on soit obligé de faire deux tours ou trois tours. Il
va falloir qu'il y ait un certain compromis; il va falloir, si vraiment,
d'abord, on part du point de vue que Montréal est majoritaire, 950
contre 775, que Montréal négocie, qu'elle discute avec les
banlieues. Je pense que c'est louable et c'est ce qu'on doit chercher. Je sais
que la formule n'est pas parfaite. D'ailleurs, je pense qu'il n'y a pas de
formule parfaite; alors, ça m'irait.
Ensuite, qu'on procède à la troisième étape.
Si ça ne fonctionne pas... On a dit, au lieu de "nomme", "peut
être nommé". C'est pas mal du pareil au même, mais il faut
arriver à une solution; qu'il soit nommé par le gouvernement en
dernier lieu, moi j'accepterais cela, vu qu'il n'y a pas d'autre solution. Mais
il faudrait, à mon sens, que ce soit une personne élue; autrement
dit, il faudrait que le choix soit fait à l'intérieur des
membres, des représentants élus. C'est ma position.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: M. le Président, on fait état
très régulièrement du rôle moteur de la ville de
Montréal. Il faut quand même nuancer que la Communauté
urbaine de Montréal et la ville de Montréal sont deux choses
très distinctes. Il est évident qu'il faut regarder ce dossier de
façon très objective. Je suis un ancien maire de banlieue, je
demeure toujours en banlieue, je suis très fier d'être un
banlieusard et je suis très fier d'être dans la
municipalité de Saint-Léonard, où je demeure.
Il reste qu'après avoir siégé pendant deux ans et
demi à l'intérieur de la communauté urbaine, au conseil de
la Communauté urbaine, et avoir aussi visualisé pendant plus de
huit à neuf ans toutes les assemblées de la Communauté
urbaine de Montréal, je me dois, avant de prendre cette décision,
d'être le plus objectif possible au nom de toute la collectivité
du grand Montréal pour que la communauté urbaine progresse au
lieu d'être dans une période stagnante.
À l'intérieur de ce projet de loi, nous retrouvons des
dispositions qui améliorent grandement le statut des
municipalités de banlieue. Il est évident qu'il faut prendre une
décision. Le député de Bourassa parlait
d'évaluation. À ce que je sache, dans la province de
Québec, nous sommes 122 députés et je suis convaincu que
le député de Westmount a une évaluation de taxes
rapportées à l'État beaucoup plus grande que ce que le
député de Bourassa a d'impôts rentrés au
gouvernement. Nous avons, ici au Québec, une politique de
représentativité dont la formule est une personne un vote. Ma
position est que tous les membres qui résident dans les banlieues sont
évidemment des Montréalais, mais
comme on a une population de plus de 900 000 habitants, près de 1
000 000 - on a mentionné tantôt que la population de
Montréal pourrait augmenter de façon surprenante dans les
prochains mois - je considère, M. le Président, qu'on ne peut pas
arriver à un consensus. Il y a treize membres, dont six d'un
côté et six de l'autre... Il faut prendre position et, selon moi,
l'argumentation devrait se fonder sur la représentativité. Je
pense que c'est d'être le plus objectif et le plus logique possible.
À l'intérieur du comité exécutif de la CUM,
on parle de deux blocs. Il est difficile logiquement de parler autrement que de
deux blocs. Ce sont effectivement deux blocs. Cela a été
conçu de façon à faire deux blocs distincts et cela est
demeuré ainsi. Il y a eu quand même la nomination, comme
président de la communauté urbaine d'un maire de banlieue qui,
selon tous les observateurs politiques, selon tous les députés
qui sont ici, a fait un merveilleux travail comme président du
comité exécutif de la CUM. Il l'a fait tout en étant maire
d'une ville, ce qui est un avantage à son crédit. Ainsi, dans les
dispositions que nous allons étudier, que nous allons adopter, que ce
soit par nomination d'un ministre, ou par des dispositions législatives
à l'intérieur de ce projet de loi, il est évident qu'on
veut avantager Montréal du fait de sa population. Mais qu'on soit donc
clair et précis et qu'on l'indique dans la loi. C'est le premier point
que je veux souligner.
Nous sommes en face d'une compagnie privée, M. le
Président, qui a 1 600 000 actionnaires dont 998 000 d'un
côté et 760 000 de l'autre, et qui veut créer un conseil
d'administration. C'est un exemple que je vous donne. C'est ainsi que cela se
passe dans les compagnies privées. Là, on élit un conseil
d'administration et il y en a six venant d'un côté et six de
l'autre. Il faut faire un choix. Où les actionnaires voteront-ils
suivant la formule un vote, une action?
Dans ce projet de loi, lorsque la décision au comité
exécutif sera minoritaire - je sais ce que c'est, j'ai
déjà été maire minoritaire, je peux en parler, M.
le Président, ce n'est pas facile, ce n'est pas facile pour les maires
de banlieue de se retrouver à l'intérieur d'un comité
exécutif où ils sont minoritaires il y a une disposition qui
permet que le débat, qui était à huis clos, devienne
public. Donc, à ce moment-là, pour les maires de banlieue, c'est
un progrès très remarquable sur l'ancien projet de loi.
D'autre part, on a aussi ajouté, dans cettre grande phase de
démocratisation, que j'appuie à 100%, une période de
questions, mais les citoyens n'y assistent en majorité qu'à cinq
ou six, à l'intérieur de la communauté urbaine. Il n'y a
pas de foule, M. le Président, qui suive ces débats.
D'ailleurs, il n'y a aucun sentiment d'identité des citoyens de
Montréal ou de la banlieue vis-à-vis de la communauté
urbaine. Les citoyens s'identifient à leur ville respective.
Par contre, dans le principe du choix du meilleur candidat à
l'intérieur de cette communauté urbaine, de ce conseil de la
communauté urbaine, il y a une difficulté, parce que le meilleur
homme capable d'être le meilleur administrateur de cette
communauté pourrait être mis de côté, parce qu'il
fait partie d'un bloc plutôt que de l'autre. C'est la difficulté
que je trouve à l'intérieur du projet de loi, mais on ne peut pas
en sortir. On est pris avec deux blocs. En tant que député, je
suis très à l'aise à cause de la population et non
à cause du rôle moteur parce que je compare les deux: ce sont deux
organismes différents. Le rôle de la ville de Montréal peut
être moteur en tant que ville de Montréal au niveau international.
Cela ne se fait pas via la communauté urbaine. La communauté
urbaine est là pour régir les services de police, les services de
transport, les services d'évaluation, les services de promotion
économique qui bénéficient à toute la
communauté, quelles que soient les villes qui y sont incluses.
Donc, je suis très à l'aise, même si j'ai
été un maire de banlieue, de voter pour donner une
prépondérance à cause de la population. L'amendement que
le chef du Parti libéral a proposé, cela va donner
également l'occasion - parce que depuis qu'on étudie ce projet de
loi en commission parlementaire, imaginez-vous pas que la situation s'est
améliorée quand les intervenants sont venus ici - cela va
permettre, M. le Président, à cause du vote des deux tiers, des
négociations possibles entre les villes de banlieue et la ville de
Montréal quant au choix du président du comité
exécutif. Il y a des possibilités.
Mais on retrouve là une difficulté. Il est évident
que jamais la ville de Montréal ne permettra qu'un président soit
nommé s'il provient des banlieues parce que la majorité du
comité exécutif sera confiée aux banlieues. Donc,
logiquement, ce que le maire Drapeau a dit... Vous savez, il a sa
municipalité à faire représenter à
l'intérieur de la communauté urbaine. Il va essayer de la
protéger et d'avoir le contrôle de son comité
exécutif.
La seule possibilité pour qu'un président émane des
banlieues, à mon sens, c'est qu'il y ait une majorité à
l'exécutif. À ce moment-là, on retrouverait, comme on le
retrouve actuellement, le président qui pourrait émaner des
banlieues. Je ne pourrais pas arriver avec une proposition en ce sens, mais
cela recoupe un peu les indications du député de Gouin. Ce serait
possible. Actuellement, on discute, on établit une parité sur
douze membres. C'est six. Il s'agit
de nommer une treizième personne. Il est évident que la
seule façon que la banlieue, par ses représentants, et la ville
de Montréal puissent arriver à une entente, c'est à
l'intérieur du vote des deux tiers.
Si on n'arrive pas à une entente, M. le Président, je
pense que ce n'est pas au ministre de nommer la personne. Je pense que c'est
à la communauté urbaine, au conseil de la communauté
urbaine, qui représente la population, de le faire.
Le Président (M. Rodrigue): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: M. le Président, je vais tenter d'être
brève. Je suis intervenante à cette commission. Je voudrais
simplement rappeler que cette disposition qui est mise en cause et l'amendement
qui est apporté traitent essentiellement de la représentation
politique au sein de la communauté urbaine, au sein du conseil
exécutif. Il faut bien voir qu'on distingue, comme a pu le faire le
député de Mont-Royal, les décisions à prendre. On
sait que le projet de loi prévoit qu'elles soient paritaires, notamment,
au moment de la discussion sur le budget et de l'adoption du budget. Quand on
discute de la représentation politique, qu'est-ce qu'on doit prendre en
considération? Comme certains l'ont invoqué un peu plus
tôt, si on prend en considération, dans un projet de loi qui
aménage des structures d'une population de près de 2 OQQ 000
d'habitants et qui aménage les structures politiques d'une population,
notamment la ville de Montréal, qui est le sixième de la
population du Québec, et si on prend en considération les
paroles, par exemple, tenues en commission parlementaire par le maire d'une
municipalité, même si c'est une municipalité centrale,
comme on l'a invoqué, je pense qu'on fait faux bond. Ce qui est en
cause, ce n'est pas le Montréal de Jean Drapeau, c'est le
Montréal des Montréalais et des Montréalaises, bien
évidemment.
Dans ce projet de loi, qui aménage les structures et qui met en
cause la représentation politique, mon collègue de Bourassa a
invoqué un certain nombre de principes qu'il considère devoir
être utilisés pour fonder la disposition telle qu'incluse dans le
projet de loi et avec lesquels je suis en total désaccord. Rapidement,
je m'explique là-dessus. (16 h 45)
Quand on parle du meilleur candidat, il ne faut jamais oublier que le
meilleur candidat ou la meilleure candidate, même dans notre cas, est
soumis à l'approbation d'un vote qui doit être majoritaire. Est-ce
qu'on peut prétendre, nous, être les meilleurs? Je vous dis que si
on peut le prétendre, je suis en désaccord parce qu'il y aurait
beaucoup plus de femmes à l'Assemblée nationale si c'était
la règle du meilleur qui prévalait. Donc, tout notre
système n'est pas fondé sur la règle du meilleur ou de la
meilleure. Notre système est fondé essentiellement sur la
règle d'une représentation majoritaire par voix
électorale, dans un aménagement de structures qui ne fait pas
appel au suffrage universel. Comme c'est cela qui est fondamental, on sait
très bien qu'il s'agit d'un pouvoir politique indirect. On ne fait pas
appel à un vote de l'ensemble des populations sur le territoire. Si
c'était le cas, on pourrait invoquer la possibilité ou le droit
pour tous d'aspirer à l'éligibilité de la
représentation. En suffrage universel, il y a le droit de vote pour tous
et, sauf exception très particulière, exception qui a d'ailleurs
été faite même pour les détenus dans les prisons du
Québec, le droit pour tous d'aspirer à
l'éligibilité. Ce n'est pas le cas dans une représentation
indirecte. Ce n'est pas un argument valable que de prétendre que tout un
chacun peut aspirer à la présidence de la communauté
urbaine, quand il s'agit d'une structure politique de représentation
indirecte. Cela ne vaut que si on applique le suffrage universel.
D'autre part, quand on invoque le fardeau fiscal, permettez-moi de
rappeler, comme d'autres l'ont fait - peut-être ai-je
particulièrement apprécié l'intervention de mon
collègue de Jeanne-Mance - qu'à ce que je sache, la
représentation censitaire, c'est terminé au Québec. On ne
paie pas. Selon une justice distributive, on n'est pas représenté
en fonction de ses richesses. Je vous rappellerai que, lors de l'adoption du
projet de loi en 1969, le ministre de l'époque, le Dr Lussier, rappelait
constamment qu'il s'agissait de justice distributive, qu'on ne finançait
pas en fonction de ses richesses, mais en fonction des services qu'on
occasionnait pour soi et de ceux qu'on nécessitait aussi chez les
autres. Il ne s'agit pas seulement des services qu'on génère du
fait d'habiter dans l'une ou l'autre des municipalités, mais aussi de
ceux qu'on peut procurer en allant travailler, se récréer ou
commercer dans une autre des municipalités. C'est là le principe
de la répartition; cette représentation politique au sein d'une
structure indirecte et au sein, d'ailleurs, d'une représentation
politique dans un corps politique n'est pas en fonction de la richesse; c'est
en fonction essentiellement, dans nos sociétés
démocratiques, de la représentation électorale des
citoyens et des citoyennes.
Quand le député de Saint-Laurent fait
référence, comme il le fait à certaines occasions,
à des organismes internationaux, je rappellerais qu'à l'ONU tous
les pays ont peut-être un droit de vote, mais qu'il y en a certains qui
sont plus égaux que d'autres, ayant un droit de veto non suspensif.
Alors,
on reconnaît, même là, la force; effectivement, on
reconnaît qu'il y a un rapport de forces auquel on ne peut pas
échapper. L'ensemble des raisons invoquées, qu'elles soient de
l'ordre du fardeau fiscal ou qu'elles soient de celui de l'aspiration de
quiconque à vouloir présider les destinées de cette
communauté, m'apparaissent alors non fondées, non en concordance
avec les règles du jeu admises dans notre société.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que l'amendement du...
il n'y a pas d'autre intervenant?
M. le ministre.
M. Léonard: Je voudrais quand même intervenir sur
cette proposition d'amendement. D'abord, je m'étonne... Est-ce qu'il y a
quelqu'un d'autre qui veut intervenir? Bien écoutez...
Le Président (M. Rodrigue): M. le ministre.
M. Léonard: Je m'étonne de la continuité ou
de l'absence de continuité de la pensée de l'Opposition
là-dessus. Il y en a un débat en deuxième lecture et un
vote sur cette question qui touchait beaucoup la façon dont, finalement,
on nommait les gens au niveau de l'exécutif et particulièrement
le président. Je voudrais relever juste une chose rapidement. On a
comparé les municipalités à une compagnie privée.
Je voudrais quand même faire une distinction très importante.
M. Bissonnet: La question concernant le nombre de
population...
M. Léonard: II reste quand même que les citoyens,
les contribuables ne sont pas des actionnaires et que, dans mon esprit,
même..
M. Bissonnet: Non. Ça leur appartient.
M. Léonard: ... si on peut considérer le partage du
fardeau fiscal dans la proportion de 48%-52%, à l'heure actuelle, ceci a
une valeur relative par rapport aux institutions politiques elles-mêmes;
cela a une valeur, mais elle est relative.
Je vais revenir sur les points fondamentaux, il me semble, du projet de
loi. On parle d'une communauté urbaine, d'une communauté. On a
établi ce point très clairement en commission parlementaire au
mois de mars. Si on parle de communauté, on va parler des
intérêts de la communauté, on va parler des
responsabilités de la communauté, non pas simplement des
responsabilités des municipalités locales; on parle de l'ensemble
des municipalités, d'un organisme intermunicipal.
Si on parle du progrès, on parle du progrès de toute la
communauté de l'île de Montréal. C'est dans cette
perspective qu'il faut situer les discussions. Lorsqu'on arrive au niveau des
décisions prises à l'exécutif, il apparaît qu'il y a
certaines décisions qui ont une importance à l'exécutif,
qui vont être controversées et qui vont donner lieu - on en
discutera un peu plus loin dans le projet de loi - à un veto et à
un vote aux deux tiers.
Quant à la décision de nommer le président, c'est
une décision très importante, il ne faut pas le nier. Son
rôle, à mon avis, au niveau de la communauté urbaine, va
être déterminant. On a dit qu'il pourrait être le
médiateur, le conciliateur dans toutes sortes de questions où les
intérêts pourront être divergents. Il va essayer d'amener
les parties et les différentes municipalités à concevoir
ou à se rallier par rapport à des dénominateurs communs
concernant le progrès et l'intérêt de la communauté.
Il faut voir le rôle de ce président dans toute sa perspective,
aussi. Nous avons voulu le dégager de son origine, nous en avons
parlé encore ce matin. Le président, c'est le président de
toute la communauté; ce n'est pas un président provenant de
Montréal ou le président provenant de la banlieue, c'est le
président de toute la communauté. Alors, son rôle cela va
être d'amener les parties, d'amener la création de l'esprit
communautaire le plus possible. S'il y en a un dans la communauté qui va
être responsable de tout cela, c'est lui. Tout le monde, tous les membres
de l'exécutif vont en être responsables, mais le président,
je pense qu'il a une responsabilité accrue et additionnelle
là-dedans.
Le mécanisme des deux tiers dans toute cette question, c'est que
cela assure que le président ne sera pas nommé par une seule
ville. Il va devoir être nommé par plus d'une ville sur
l'île de Montréal; cela m'apparaît important si vraiment on
parle d'une communauté. Il faut que les décisions importantes
soient prises par plus d'une ville. Je comprends que dans tout cela on puisse
parler de la prépondérance de Montréal. Mais dès
qu'il s'agit d'un vote des deux tiers, elle a plus de 50%, mais elle n'a pas
les deux tiers. Elle doit aller chercher l'appui d'une autre, de deux, de
trois, ou de quatre villes de la banlieue, et cela me paraît
refléter la construction de consensus qu'il va falloir favoriser le plus
possible au cours des prises de décisions à l'intérieur de
la communauté. Cela donne cependant une bonne langueur d'avance à
Montréal dans le contexte. Il ne faut pas le minimiser non plus. Je
trouve que dès qu'il y aura des décisions controversées le
moindrement qui vont aboutir au niveau de l'exécutif, à ce
moment, les votes peuvent se partager également de part et d'autre, mais
c'est là où le président va jouer son rôle,
où le mécanisme des veto va faire en sorte que la
communauté elle-même va s'en mêler. Je trouve que
là on est en train de construire autour d'un processus qui devrait
être positif et pas du tout négatif; il devrait assurer qu'on ne
se regarde pas comme deux blocs adversaires, mais deux blocs qui ont
peut-être des divergences à l'occasion, mais qui vont être
capables de faire des compromis.
Sur un autre plan d'intervention du gouvernement, je sais bien que ce
n'est pas la chose qu'on peut proposer de gaieté de coeur comme cela,
mais je rappellerai que c'est cependant la situation actuelle depuis 1969, avec
encore une étape de moins. Le vote se prend à la double
majorité à l'heure actuelle quant à la présidence,
sinon, c'est le gouvernement qui intervient tout de suite. C'est cela l'article
251 qui intervient tout de suite. Nous avons voulu introduire une autre marche
à monter par le vote des deux tiers, de façon que l'on puisse,
peut-être par des compromis autour des candidatures, s'entendre. À
ce moment, ce n'est qu'au bout de ce processus, si jamais on n'arrive pas
à s'entendre, que le gouvernement interviendra. Je pense que si on
n'arrive pas à cela, à s'entendre a ce moment-là, il faut
que le gouvernement intervienne. On ne va tout de même pas adopter une
loi spéciale pour nommer le président de la Communauté
urbaine de Montréal. Revenir à un vote -comme le propose
l'amendement - à 50% c'est dire qu'une seule ville peut nommer le
président. Je pense qu'entre les deux, nous sommes au niveau d'un
processus qui conduit seulement, en dernière analyse, en dernier
recours, le gouvernement à intervenir. Je dirai que là-dessus, le
gouvernement aura à prendre ses responsabilités. C'est cela sa
responsabilité, parfois, de dénouer des situations. Ce sera en
dernière analyse et je suppose que son premier choix sera vraiment de
nommer une personne élue, mais il faut quand même lui laisser sa
liberté. Sur ce plan, c'est à lui, au gouvernement, ou au
ministre, à l'occasion - si jamais cela doit arriver, parce que ce n'est
pas arrivé encore - de se justifier si jamais il nommait quelqu'un de
non élu.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Saint-Jacques.
M. Charron: M. le Président, non seulement le ministre
mais d'autres collègues ont évoquée, ce que j'appellerais
le fond du problème, actuellement, en ce qui concerne notre divergence.
La divergence porte fondamentalement sur l'évaluation du rôle de
cette treizième personne. J'aimerais d'emblée souscrire - et si
je n'étais pas Montréalais, probablement que je serais
attiré naturellement à le faire - à la conception du
treizième personnage comme vient de le décrire le ministre des
Affaires municipales: médiateur, conciliateur, incarnation de l'esprit
d'une nouvelle communauté, parrain spirituel des 2 000 000 d'habitants
sur ce territoire, sage qui fera les conciliations que les élus sont
incapables de faire entre eux.
Malheureusement, j'habite depuis 35 ans dans la Communauté
urbaine de Montréal. Je ne vois pas le jour où, dans les rapports
de forces vifs, presque personnalisés, maintenant, que se livrent
différents élus sur le territoire de Montréal, on puisse
nous laisser l'espoir qu'un grand conciliateur de cette nature viendra
transformer la nature de la Communauté urbaine de Montréal.
La Communauté urbaine de Montréal, s'il est
exagéré de dire qu'elle est, en certains domaines, un champ de
bataille, est à tout le moins un vif terrain d'échanges où
le partage des dollars et des sous use des hommes et des femmes politiques au
niveau des municipalités, aussi bien qu'à l'intérieur du
conseil, conseil de la communauté aussi bien que conseil
exécutif, actuellement.
D'ailleurs, ce n'est que ce qu'en savent tous les citoyens de la
communauté urbaine. On entend parler de la communauté urbaine
deux fois par année. Une fois quand elle refuse de se mouiller les mains
dans le conflit du transport, où elle fait semblant de ne pas exister,
même s'il y a là des élus de la population, disant: Loin de
moi ce calice! et elle nous passe la patate, à l'Assemblée
nationale. L'autre fois, c'est lorsque la foire "pogne" vers la fin de
décembre au moment de l'adoption du budget, où on apprend, d'une
manière qui sombre presque dans le ridicule, que tous ces élus
sont incapables de s'entendre sur la création d'un budget et qu'on
risque d'avoir une reconduction automatique d'un budget; alors c'est l'impasse
la plus totale et le ministre est obligé d'intervenir selon les
dispositions de la loi actuelle.
Donc, de penser - je ne parle pas uniquement comme Montréalais -
qu'à Saint-Laurent, à Kirkland, à Tétreaultville,
on vit cette communauté - à Pointe-aux-Trembles, pardon, je
pensais à la décision d'hier - qu'à Montréal-Est
qu'on puisse être prêts, être aptes à atteindre ce
souhait que je trouve honorable, actuellement, que le climat politique qui est
sous-tendu par des profondes questions financières, je ne fais
qu'évoquer le débat que nous avons eu ce matin sur
l'évaluation pour dire qu'effectivement c'est une préoccupation
fondamentale, que le climat 1982 à Montréal est apte à
recevoir une structure comme celle-là... Peut-être que dix
années d'amélioration et surtout de relance économique
où le partage des coûts ne deviendra pas une question aussi
âpre qu'actuellement feraient qu'on serait en mesure d'obtenir une
structure comme cela et de penser à ce médiateur et
conciliateur.
La raison de ma dissidence, telle que je l'ai exprimée, c'est que
je ne crois pas, selon mon analyse - je la confronte à celle
du ministre et je m'inclinerai devant la sienne et celle de la
majorité de mes collègues - je le dis tout haut, lire la
réalité de la Communauté urbaine de Montréal de la
même façon que ce projet de loi nous invite à le faire. En
ce sens, je suis plus proche du député de Verdun, il ne s'en
réjouira peut-être pas, mais je lui dirai... (17 heures)
M. Caron: C'est encore drôle.
M. Charron: Tout à l'heure, dans la dernière phrase
de son intervention, il a dit: Le treizième, c'est celui qui va
contrôler. Je pense que je le cite mot à mot. C'est comme cela
que, quand on vit dans la communauté urbaine, on voit le rôle du
treizième actuellement. On ne le voit pas venir comme médiateur
et conciliateur. On dit: C'est lui qui va avoir le gros bout du manche. Ce
n'est pas pour rien que Montréal et la banlieue se livrent actuellement
une guerre de tranchée au sujet du treizième homme. Ce n'est pas
pour rien que des adversaires acharnés du gouvernement le flattent
d'avoir eu le courage de leur donner la chance de mettre la main sur le
treizième homme. Ce n'est pas pour rien non plus que dans toute cette
querelle de l'évaluation, la décision, désormais, tombera
aux mains... comme on vient de souhaiter, par l'entremise de la commission des
finances, je suis parfaitement d'accord avec l'analyse qu'on en faisait ce
matin - que la solution de cette terrible question sociale sur le territoire de
Montréal va dans son application concrète et quotidienne, une
fois que le conseil, par son système de double majorité, se sera
branché sur un correctif quelconque, au lendemain du rapport du
comité que l'on sait, dans les champs qu'on décidera d'envahir
comme ceux qu'on décidera d'abandonner, en fin de compte, dans certains
sujets, être la décision de cette treizième personne. La
décision de cette treizième personne aura ainsi un effet sur le
compte de taxes municipales de plusieurs d'entre nous.
Je voudrais qu'il soit un médiateur, mais je dis que ce sera un
homme qui décidera très souvent d'un compte de taxes. En ce sens,
on ne peut pas aujourd'hui négliger sa provenance. Comme d'autres de mes
collègues, si j'étais assuré que cette treizième
personne est de Montréal, je ne réclamerais pas pour celle la
présidence de l'exécutif. Malheureusement, par le processus qui
est là, il semble acquis qu'à la première, aussi bien
qu'à la deuxième, aussi bien qu'à la troisième
étape, puisque le ministre s'est engagé à nommer quelqu'un
de Montréal, la présidence reviendra à Montréal.
Nous n'en demandions pas tant, mais nous ne voulions pas prendre le risque de
ne pas l'avoir non plus. En conséquence, le système actuel, qui
vise à une majorité de conseillers de Montréal, en fait le
comité exécutif de
Montréal, avec la présidence de quelqu'un de la banlieue,
semble être un régime qui est vivable pour Montréal et qui
a été très lucratif pour la banlieue. Un des premiers
effets de cette présidence par un maire de banlieue a sans aucun doute
été de convaincre le ministre des Affaires municipales qu'il
fallait apporter une modification à cette structure.
Pour les éléments que nous avons dits, je crois que, tant
et aussi longtemps que le rapport de forces démographique joue en faveur
de Montréal, ce serait mal lire la réalité... Les
prévisions démographiques - je ne parle pas des annexions qui
viennent de nous replacer à 1 000 000 d'habitants, je parle du
phénomène naturel - par exemple, l'opération 10 000
logements, la politique d'aménagement que l'on connaît, de
même que la simple crise économique qui incite beaucoup plus de
personnes à se rapprocher du centre, le centre comptant encore une bonne
proportion, trois emplois sur cinq ou à peu près sur le
territoire de la communauté urbaine, je crois donc que tout cela joue en
faveur de Montréal actuellement, comme la conférence des maires
de banlieues a dû, contre son gré, semble-t-il, le
reconnaître devant les études qui lui ont été
fournies. En conséquence, je ne lis pas la même
réalité, je me dis: Si c'est vrai que Montréal va prendre
une proportion encore plus importante sur le territoire, je ne comprends pas la
logique qui, en sens inverse, risque de la mettre en minorité, et quand
je dis "risque de la mettre en minorité", c'est que si on s'en va
à la nomination gouvernementale dans un cas d'impasse, il n'est pas dit
qu'un gouvernement ne soit pas tenté par des pressions très
fortes, surtout s'il est fortement représenté dans la banlieue
par rapport à Montréal, de concéder ou d'arriver - je
dirais d'une manière très généreuse - à
cette idée de l'alternance, comme on l'a instaurée dans
différentes autres institutions du Québec. Ce serait
extrêmement malheureux parce que je répète le fond de la
question. Je ne suis pas le maire Drapeau, du tout, dans ses banderoles et dans
ses déclarations à l'emporte-pièce sur l'honneur, la
fierté, la grandeur. J'ai une fierté d'être
Montréalais et je n'ai pas besoin de bâtir un stade pour me la
prouver.
Mais ce que je sais, toutefois, c'est que ça risque d'avoir une
conséquence sur ce que je paie comme locataire - parce qu'à
Montréal je suis locataire - ce que mes concitoyens de Saint-Jacques
payent comme locataires. Les petits propriétaires du bas de la ville qui
assument terriblement, eux, le coût d'être la métropole et
qui accueillent des milliers de citoyens chaque jour dans nos rues et sur nos
trottoirs, ça va changer leur contribution parce que, par exemple, le
jour où il se trouverait que le treizième provient de la banlieue
et qu'on décide de ne pas
occuper un champ de juridiction, que la majorité tranche ou met
du temps à occuper un champ de juridiction qui est celui de la
communauté, nous devrons, au niveau de la municipalité de la
ville de Montréal, assumer cette responsabilité quand
même.
Le rapport de forces - je l'ai décrit non seulement comme je le
vois, mais comme je l'ai vécu - sur le territoire est inscrit dans
l'histoire même de la communauté et dans sa naissance. Elle n'est
pas née d'un grand amour fraternel, elle n'est pas née d'un grand
amour universel, cette structure qui s'appelle la communauté urbaine;
elle est née par une loi qui l'a forcée parce que nous vivions
une situation anarchique à Montréal qui était le bout du
bout quand, le 7 octobre 1969, nous avons subi une grève des
policiers.
Pourquoi a-t-il fallu...? Parce qu'il existe... Je n'en veux pas
à la banlieue pour ce réflexe tout à fait naturel: le
moins on paie le mieux c'est. Nous faisons tous cette réaction
très légitime et, tant et aussi longtemps que la banlieue ne
participait pas à des coûts que désormais elle est
obligée de partager par l'entremise de la communauté urbaine, on
l'a vue se doter d'équipements, d'installations qui, lorsque nous
faisions du tourisme à l'extérieur des limites de Montréal
tout en restant sur notre île, nous rendaient tout à fait envieux
et qui a même décidé plusieurs Montréalais à
décrocher de Montréal pour aller s'y installer; j'ai vu - je suis
natif du West Island - surgir des forêts de la montée Saint-Jean
ou de la montée Saint-Charles des villes absolument artificielles, qui
n'ont aucune espèce de communauté naturelle, qui s'appellent
Kirkland, qui s'appellent Dollard-des-Ormeaux, inventées en saignant
Montréal. Les plus chanceux qui pouvaient quitter Montréal s'en
allaient dans ce petit havre de paix, piscine et bibliothèque fournies,
qui nous faisait encore rêver, nous qui devions nous contenter du bain
Généreux, au coin d'Amherst et Ontario, et qui, à ce
moment-là, nous obligeait à penser qu'un jour justice viendrait
et qu'on leur demanderait de faire leur quote-part.
Je dis que le temps à Montréal n'est pas encore
arrivé pour cette structure. Cette structure serait, je dirais,
adéquate si, par exemple, le partage des coûts ne provoquait pas
les affrontements que l'on connaît: autant que possible passer la facture
à d'autres, autant que possible avoir la quote-part la plus basse,
autant que possible laisser à Montréal le soin d'assumer ses
responsabilités parce que c'est elle qui a la population la plus
nombreuse. Cette bataille se joue encore très concrètement et
très réellement tous les jours. Prenons l'exemple qu'on
invoquait, l'autre jour, la simple question de la gestion des déchets,
l'idée d'une intervention de la communauté urbaine, de quelque
nature que ce soit, mais qui aurait pour effet, par exemple, d'annuler ou de
rendre périmées des ententes intermunicipales qui existent entre
Montréal et d'autres villes de la communauté urbaine et qui, pour
nous Montréalais, sont des sources de revenus. Ainsi, si
unilatéralement, demain matin, à cause d'une majorité que
nous aurions perdue à la communauté urbaine, on mettait sur pied
un système dit communautaire qui aurait peut-être de bons effets
pour d'autres, mais qui, pour Montréal, s'avérerait une perte de
revenus nets et bruts à l'occasion. Tout cela, ce sont des domaines que
nous ne sommes pas prêts à quitter, à abandonner. En tout
cas, j'aime mieux conclure de la façon dont je l'ai fait l'autre fois,
aussi pour ne pas abonder dans le sens du maire Drapeau inconditionnellement;
je dis que cette loi ne va pas dans ce sens. Je veux l'affirmer, parce que tous
ceux qui travaillent sur le texte le savent, cette loi n'a pas pour effet
d'enlever à Montréal la majorité, même sur
l'exécutif de la Communauté urbaine de Montréal. Il n'est
pas dit en toutes lettres que le treizième membre ne viendra pas de
Montréal. Si c'était le cas, je pense que cela n'aurait pas de
bon sens, mais je dis que cette loi en porte la possibilité, cela aussi
est écrit en toutes lettres, elle en porte peut-être même
à certains égards la probabilité et, en ce sens, le temps
n'est pas mûr pour Montréal, dans sa situation actuelle, dans le
rôle qu'elle occupe, avec la proportion de population qu'elle a sur le
territoire de l'île, d'accepter, dirais-je, béatement de courir ce
risque.
M. le Président, un dernier mot en conclusion. Il y a une
différence, je reviens à l'amendement même du chef de
l'Opposition, de conception sur cette question entre l'Opposition et nous. Pour
nous, c'était une question de principe. Cela nous a amenés
à prendre une position normale relativement à cette question de
principe. Nous avons été défaits, défaits dans
notre propre formation politique et défaits par le vote de
l'Assemblée nationale également. Si vous, M. le Président,
vous considériez cela comme question de principe, vous pourriez
même dire que l'amendement du chef de l'Opposition est irrecevable, parce
qu'il va à l'encontre d'un principe qui a été voté
à l'Assemblée. J'abonderais alors dans votre sens, mais je ne
vous demande pas d'avoir cette rigueur, parce qu'il est bon que nous ayons ce
débat et, si l'amendement du chef de l'Opposition nous permet de
l'avoir, tant mieux. Cependant parce que je crois que c'est un principe, parce
que je respecte la règle de la majorité, comme j'aimerais qu'elle
soit respectée à l'intérieur de la Communauté
urbaine de Montréal, je n'essaierai rien, je ne considérerai pas
ma présence à cette table de la commission
avec mes collègues de Montréal comme étant un
commando qui pourrait en s'alliant à quelques députés de
l'Opposition, renverser une décision du gouvernement et, ensuite, avoir
le grand jeu final sur le parquet de l'Assemblée nationale. Je dis tout
de suite que, même si des aspects sont plus proches de ma position
personnelle dans la motion du chef de l'Opposition, comparativement au texte du
projet de loi que nous sommes appelés à voter, je respecte la
décision de la majorité et, en conséquence, je ne
prêterai pas mon vote à un renversement de la décision de
cette majorité. Quand vous soumettrez la motion du chef de l'Opposition
au vote, je m'abstiendrai, M. le Président.
Le Président (M. Rodrigue): Y a-t-il d'autres intervenants
sur cet amendement? M. le député de Verdun.
M. Caron: M. le Président, je pense que la majorité
des gens qui sont ici ont entendu mon intervention, lors de la deuxième
lecture. J'ai bien dit que la communauté urbaine était là,
qu'elle était là pour y rester et qu'il fallait
l'améliorer. Je le maintiens encore. Je n'ai absolument rien contre
l'administration Drapeau, loin de là, mais je représente moi
aussi des citoyens, des citoyens inquiets. Et qui paient. Je suis d'accord avec
cela, il faut qu'ils paient. Il faut payer les services que les
municipalités de banlieue ne payaient pas autrefois. Je suis conscient
de cela. Je suis conscient aussi que, quand on retourne dix ou quinze ans en
arrière, les rôles d'évaluation étaient faits par
chaque municipalité et que peut-être, dans ce temps-là, la
façon d'évaluer les propriétés n'était pas
la même qu'aujourd'hui. L'inquiétude des contribuables de mon
secteur, c'est qu'ils paient le gros prix et il y a moins de services. Nous,
qui sommes ici, on doit essayer non pas de leur demander d'arrêter de
payer, c'est impossible, et cela n'ira pas en diminuant, mais au moins que ces
gens, M. le Président, aient les services qu'on avait dans le
passé. (17 h 15)
C'est pour cela que ces gens sont insatisfaits et qu'ils viennent cogner
à notre porte. Si on avait, comme le chef de l'Opposition et mon
collègue de Mont-Royal le disaient ce matin, une commission avec le
service d'évaluation, cela aiderait énormément et cela
aiderait tous les gens qui sont élus sur le territoire. Il semblerait
que c'est impossible. Je sais que le treizième vote a de l'importance.
C'est l'homme qui va contrôler, un peu, comme le pouvoir. On l'a eu le
pouvoir, on sait ce que c'est. On avait des choses qu'aujourd'hui on n'a pas.
C'est vous autres qui les avez. Ce n'est pas nous qui avons inventé
cela. Cela fait des années que c'est inventé, depuis qu'il y a
des politiciens, depuis qu'il y a des directeurs de compagnies... enfin, cela
paraît moins dans les compagnies parce que c'est l'entreprise
privée. C'est là pareil, le pouvoir.
Cette personne-là, M. le Président, pour ma part, si au
moins dans le projet de loi le ministre acceptait... Une des raisons pour
lesquelles le chef de l'Opposition est arrivé avec son amendement, c'est
que le ministre ne nous dit pas qui il va nommer. Si au moins on savait qui il
nommerait. Actuellement, on a un ministre des Affaires municipales mais il ne
sera pas là à vie, comme personne de nous. J'imagine que ce
projet de loi est structuré pour une autre période de dix ans.
Cela fait déjà longtemps qu'on le demande. On devait le faire
mais on ne l'a pas fait. Il y a eu des élections et on l'a
demandé. Cela fait déjà cinq ans que vous êtes au
pouvoir. Cela fait cinq ans qu'on vous le demande. On l'a demandé
à l'ex-ministre des Affaires municipales. C'est pas toujours facile de
rouvrir un projet de loi, on est conscient de cela.
Pour toutes ces raisons, je ne veux pas reprendre tout ce qui s'est dit.
Je pense qu'on est tous ici alentour de la table pour essayer de donner au
projet de loi les meilleures structures possible. Je ne voudrais pas que les
gens de Montréal soient des citoyens de deuxième classe. Je ne
voudrais pas non plus que les gens de banlieue soient des citoyens de
deuxième classe, comme cela s'est dit.
Je demanderais, avant qu'on puisse voter, si c'était possible
d'avoir l'assentiment du ministre, s'il y aurait une possibilité... S'il
maintient qu'il veut garder son droit de nommer quelqu'un, est-ce qu'il nommera
quelqu'un du territoire de l'île de Montréal? Est-ce que ce sera
quelqu'un d'ailleurs? Est-ce que le ministre sera sous l'influence du cabinet
ou du bureau du premier ministre, de M. Boivin, s'il est encore là ou
enfin...?
On rit peut-être, mais c'est vrai, c'est comme cela que ça
se passe, je n'ai pas de cachettes à vous faire. Quand on a le pouvoir
on joue avec. C'est pour toutes ces raisons, M. le ministre... Cela vous fait
rire, mais c'est vrai, il faut le dire. Il ne faut pas se cacher. Quelquefois,
on peut cacher des petites affaires. Mais là on est devant une
décision qui sera prise; peut-être qu'elle sera très bien
prise, mais peut-être qu'il y aura de l'influence. Dieu sait que quand
cela devient des grosses "jobs" comme cela, il peut y avoir de l'influence qui
joue. Cela se fait chez les syndicats, chez le clergé, cela se fait
partout. C'est là mon inquiétude, M. le Président.
Avant de voter, j'aimerais que le ministre puisse nous dire: Oui, on va
changer. Ce sera une personne de Montréal. Au moins ce sera une personne
qui est élue. Cela nous aiderait avec l'amendement que le chef de
l'Opposition a apporté. Merci.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Une courte intervention, M. le Président. On
va enlever toute ambiguïté aussi sur la question de finances. On
dit que la ville de Montréal n'est pas prête a diviser les
recettes avec les municipalités de banlieue. D'accord, les
municipalités de banlieue sont prêtes à assumer leur part,
comme elles l'ont assumée depuis douze ans dans la communauté
urbaine, pour la police, le transport, les parcs, l'assainissement et d'autres
services. Aussi, il faut être juste, la ville de Montréal ne peut
pas se débarrasser seulement de ses dettes, ce n'est pas payant pour
elle. Lorsqu'on parle des vidanges, du recyclage des vidanges, d'enlever des
revenus à Montréal, on ne le donne pas; on va attendre que
Montréal soit en déficit avant de le donner à la
communauté urbaine. Il y a ce danger-là aussi. On ne demande pas
à Montréal de donner l'eau non plus. Elle a un service qui est
rentable mais qui, en réalité, appartiendrait à une
communauté urbaine; lorsque que ça deviendra déficitaire,
je suis certain que la communauté urbaine héritera d'un partage
des dépenses, alors que les municipalités de banlieue n'ont pas
un mot à dire là-dessus actuellement. Par exemple, l'usine
Desbaillets. Quand on sait le prix que ça a coûté, cette
chose! C'est nous autres qui allons hériter de ces pots-là.
Aussi, la ville de Montréal, en guise de bonne foi, pourrait au moins
remettre à la communauté urbaine les terrains qui lui
appartiennent pour le métro. Actuellement, il y a des stationnements
payants dont les recettes ne vont pas à la communauté urbaine,
mais à la ville de Montréal.
Il va falloir avoir une équité aussi entre les deux. Quand
on parle de la communauté urbaine, c'est le noyau d'une
communauté urbaine mais, actuellement, c'est un pouvoir qui est
exercé en matière de finance aux dépens d'un autre
pouvoir, soit les municipalités de banlieue. Il faudra comprendre cela
aussi. C'est tout ce que j'avais comme mise au point.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce qu'il y a d'autres
intervenants sur cet amendement? Le sous-amendement du député
d'Argenteuil se lit comme suit: L'article 8 de la Loi de la Communauté
urbaine de Montréal, remplacé par l'article 3 du projet de loi no
46, est modifié en remplaçant les troisième et
quatrième alinéas par le suivant: "Si aucun candidat ne recueille
la majorité des deux tiers des voix lors de cette assemblée, le
président est nommé à la majorité absolue des
voix." Est-ce que ce sous-amendement est adopté? Le vote nominal est
demandé.
M. Bissonnet (Jeanne-Mance)?
M. Bissonnet: Pour.
Le Président (M. Rodrigue): M. Caron (Verdun)?
M. Caron: Pour.
Le Président (M. Rodrigue): M. Ciaccia (Mont-Royal)?
M. Ciaccia: Pour.
Le Président (M. Rodrigue): M. Fallu (Groulx)?
M. Fallu: Contre.
Le Président (M. Rodrigue): M. Laplante (Bourassa)?
M. Laplante: Contre.
Le Président (M. Rodrigue): Mme
Lachapelle (Dorion)?
Mme Lachapelle: Je m'abstiens.
Le Président (M. Rodrigue): M. Léonard
(Labelle)?
M. Léonard: Contre.
Le Président (M. Rodrigue): M. Charron
(Saint-Jacques)?
M. Charron: Abstention.
Le Président (M. Rodrigue): M.
Rochefort (Gouin)?
M. Rochefort: Je m'abstiens.
Le Président (M. Rodrigue): M. Ryan (Argenteuil) est
absent. M. Tremblay (Chambly)?
M. Tremblay: Contre.
Le Président (M. Rodrigue): Les votes sont les suivants: 3
votes pour, 4 votes contre. Cet amendement est donc rejeté, où
plutôt ce sous-amendement du député d'Argenteuil est
rejeté. Nous revenons à l'étude de l'amendement qui a
été présenté par le ministre.
M. le député de Rosemont.
M. Paquette: Je vais faire une dernière tentative pour
bien préciser quels sont les objectifs de mes collègues de
Montréal et de moi-même dans ce projet de loi découlant des
interventions de mes collègues de Gouin et de Saint-Jacques qui ont bien
dit que nous ne tenons pas à ce que le président du comité
exécutif, qui est un personnage extrêmement important, qui aura un
rôle
d'initiative déterminant, soit nécessairement de
Montréal. L'amendement du député d'Argenteuil faisait en
sorte qu'obligatoirement, à toutes fins utiles, quand on connaît
la situation politique à l'intérieur de la communauté, le
président de l'exécutif soit de Montréal puisque, en
définitive, il aurait été élu à la
majorité simple; jamais Montréal n'accepterait d'être en
minorité au comité exécutif.
J'ai l'intention de déposer un amendement qui touche
principalement les articles 8 et 10, avec des concordances à quelques
autres articles. On me pardonnera la rédaction, puisqu'on n'a pas toute
une armée de légistes derrière nous, mais si le ministre
manifestait quelque intérêt, ce que j'espère toujours, il
pourrait profiter de la pause à l'heure du souper et regarder cela plus
attentivement.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que vous pourriez nous
signifier quelle est la teneur de votre amendement?
M. Paquette: Certainement, M. le Président.
À l'article 8, il s'agirait de remplacer les troisième et
quatrième paragraphes par le paragraphe suivant: "Le président
doit être choisi parmi les représentants de la ville de
Montréal pour ce qui est du premier mandat suivant l'entrée en
vigueur de la loi. Par la suite, le président devra être choisi
parmi les représentants des autres municipalités puis de la ville
de Montréal, suivant le principe de l'alternance, à moins que le
conseil ne décide de renouveler le mandat du président sortant.
Dans ce cas, la règle de l'alternance reprend à la fin de ce
mandat renouvelé."
Je vous dépose les copies de l'amendement.
Le Président (M. Rodrigue): C'est un sous-amendement
à l'article 8?
M. Paquette: Oui.
Le Président (M. Rodrigue): À la suite de
l'amendement que le ministre a apporté lui-même.
M. Paquette: Je pense que, pour bien comprendre la portée
de cet amendement, il faut que j'explique...
Le Président (M. Rodrigue): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Paquette: Oui.
Le Président (M. Rodrigue): Je pense qu'on voulait me
faire des remarques sur la recevabilité. Si vous voulez me permettre
d'en prendre connaissance et également faire de même, puisqu'on va
vous distribuer l'amendement...
M. Paquette: M. le Président, j'aimerais tout de
même avoir la possibilité d'en expliquer la teneur.
Le Président (M. Rodrigue): On m'a signifié qu'on
voulait me soumettre des points de vue sur la recevabilité de votre
motion de sous-amendement. Si vous permettez, nous allons quand même
prendre le temps de la lire attentivement de façon à nous assurer
que la décision qui sera rendue sera la bonne.
On me suggère de suspendre la séance pour deux
minutes.
Suspension de séance, deux minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 28)
(Reprise de la séance à 17 h 32)
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît! On va reprendre la séance. À ce stade-ci, avant de
me prononcer sur la recevabilité ou non de la motion d'amendement du
député de Rosemont, je vais permettre au député de
Bourassa, qui m'a demandé la parole là-dessus, de s'exprimer sur
la recevabilité, à moins que le ministre ne le fasse
lui-même. C'est à votre aise.
M. le député de Bourassa, sur la recevabilité de la
motion.
M. Laplante: Sur la recevabilité de la motion. À
mon avis, elle ne peut être recevable, parce qu'elle change, en somme, le
principe même de ce qu'on a voté à l'Assemblée
nationale, le fond du projet. Lorsque vous lisez les notes explicatives, on
donne la définition de ce que pourraient être la composition et le
mode d'élection d'un président, et les autres articles,
lorsqu'ils remplacent aussi l'article 10, donnent une autre définition
absolument contraire à l'objectif du projet de loi. C'est surtout
là-dessus que je me base pour la recevabilité de la motion du
député de Rosemont.
En acceptant cela, on se trouve à mettre en doute la raison pour
laquelle on a voté, à l'Assemblée nationale, en
deuxième lecture, sur le fond du projet de loi. Les notes explicatives
sont très claires. Lorsque vous lisez les quatrième et
cinquième paragraphes, vous voyez que la composition telle que
définie aujourd'hui par la motion du député de Rosemont ne
peut pas concorder avec le projet de loi. C'est tout, M. le
Président.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Rosemont, sur la recevabilité.
M. Paquette: Sur la recevabilité, M. le Président,
je signale que nous en sommes à l'article 3. Je ne me rappelle pas si
vous avez - c'est un premier point que je voudrais éclaircir, c'est
plutôt une question de directive - subdivisé chacun des articles
pour fins de vote ou si on regarde l'article 3 dans son ensemble. J'ai
préparé une proposition de sous-amendement qui touche plusieurs
points, on ne m'en a laissé lire que le premier. Mais il va de soi que
si, par exemple, l'un des autres était jugé irrecevable et
surtout si le b était jugé irrecevable, je ne présenterais
pas le premier, parce que les deux sont intimement liés. Alors, est-ce
que vous voulez qu'on discute de la recevabilité...
Le Président (M. Rodrigue): Nous avons...
M. Paquette: ... de tous les sous-amendements à l'article
3 ou seulement du point qui concerne l'article 8?
Le Président (M. Rodrigue): Nous avons examiné
l'article 3 dans son ensemble et nous avons accepté des amendements
à certains des paragraphes de cet article. Cependant, la décision
qui avait été prise et la façon dont nous avons
mené les débats jusqu'à maintenant, cela a toujours
été d'examiner l'article dans son ensemble. Comme vous me le
signalez, comme vous faites vous-même la liaison entre le a et le b de
votre proposition d'amendement, nous allons les considérer comme
liés et les traiter en bloc.
M. Paquette: M. le Président, sur la recevabilité,
je ne pense pas que cet amendement change le principe qui est celui d'un
équilibre entre Montréal et la banlieue au sein de la
communauté, et aussi, nous dit le ministre, d'une certaine
prépondérance de la ville de Montréal. Que fait cet
amendement? Il fait en sorte que le président de l'exécutif soit
choisi par le conseil, Montréal et la banlieue en alternance, avec une
certaine souplesse permettant le renouvellement du mandat d'un président
sortant. Il vise aussi à faire en sorte que le choix des douze autres
membres du comité exécutif - c'est la partie b - soit tel que,
lorsque le président de l'exécutif est de Montréal, le
président du conseil est de la banlieue, et vice versa. Enfin, il vise
à ce que l'un des deux vice-présidents du comité
exécutif soit nécessairement nommé par Montréal, le
reste du projet demeurant à peu près inchangé. Il y a des
amendements de concordance qu'il faut faire, mais tout cela est secondaire.
Cela a pour effet ce qui suit: Peu importe les situations, le comité
exécutif sera toujours composé de sept membres en provenance de
la ville de Montréal, soit cinq présidents ou vice-
présidents de commission, le vice-président de l'exécutif
et l'un ou l'autre du président du comité exécutif ou du
président du conseil, et de six membres en provenance de la banlieue,
soit cinq présidents ou vice-présidents de commission et l'un des
deux personnages suivants: le président du comité exécutif
ou le président du conseil. Si l'amendement du député
d'Argenteuil, qui avait le même résultat, à toutes fins
utiles, était recevable - c'est-à-dire le même
résultat en ce sens que le comité exécutif était
composé, tant que Montréal serait majoritaire dans la
communauté, de sept représentants de Montréal et de six
représentants de la banlieue - je ne vois pas pourquoi cet amendement ne
le serait pas également. D'autre part, le député de
Bourassa évoque des notes qui sont au projet de loi. Je vous signale que
toutes les notes qui permettent de décrire un projet de loi ne
constituent pas toutes des principes. Il suffirait de regarder n'importe quel
projet de loi, on s'apercevrait qu'il est ridicule de prétendre une
telle chose.
Le Président (M. Rodrigue): Toujours sur la
recevabilité, M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je crois que le
sous-amendement du député de Rosemont, de la façon dont il
est rédigé, est effectivement irrecevable. Il ne faudrait pas
aller à l'encontre de... Je vais vous montrer la différence entre
le sous-amendement du député d'Argenteuil, le chef de
l'Opposition, et celui-ci. Ce n'est pas la même teneur. Il ne faudrait
pas refaire tout le débat en deuxième lecture. Il y a certains
principes, malgré la réticence et les arguments de certains
députés, qui ont été acceptés en
deuxième lecture. L'un de ces principes, c'est la question de la
nomination de la présidence du comité exécutif. Il n'y
avait pas le genre de restrictions qui est inclus ici. Le député
d'Argenteuil a seulement suivi l'amendement que le ministre avait
apporté. Le ministre avait dit: Cela prend la majorité des deux
tiers. Nous avons enlevé les deux tiers. Nous avons dit que cela
prendrait la majorité du conseil. Si vous mettez une restriction en
disant que le président doit venir d'un certain endroit et ensuite d'un
autre endroit, à ce moment, je crois qu'on va à l'encontre du
principe du projet de loi qui n'avait pas de telles restrictions sur la
présidence. Ce n'est pas seulement une modalité, vous changez
complètement la teneur de l'article 8 du projet de loi parce que vous
ajoutez à cela, vous dites: Ce n'est pas l'article 8, ce n'est plus une
question qu'il soit nommé par le conseil parmi ses membres et qu'il ait
besoin des deux tiers. Vous restreignez; c'est une restriction sur qui sera
nommé président. Je crois que cela va
à l'encontre du projet de loi. Vous dites: Pour quatre ans, il va
venir de tel endroit et après, pour encore quatre ans, il va venir d'un
autre endroit. Il n'y a pas de telle restriction. Maintenant, si le ministre
veut refaire la deuxième lecture, c'est une autre affaire, on peut
retourner à l'Assemblée nationale, mais, tel que le projet de loi
est présentement rédigé, je pense que cet amendement va
à l'encontre du principe et est irrecevable.
M. Caron: M. le Président, c'est tellement...
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Verdun.
M. Caron: J'aimerais dire pourquoi j'ai voté pour
l'amendement du chef de l'Opposition. Je demandais au ministre de
spécifier et, ici on nous arrive avec une restriction. Le ministre ne
veut pas restreindre dans son projet de loi, il peut le prendre à
Chicoutimi, c'est cela... Là, le député de Rosemont arrive
avec... la, c'est restreint, il faut que ce soit Montréal, ça
finit là. C'est complètement en dehors de ce qu'on veut
étudier ici, en commission parlementaire; le débat, on l'a fait
en haut.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, je constate que les
députés libéraux ont peut-être un peu peur
d'être amenés éventuellement à voter
là-dessus si on jugeait que c'est recevable; ils ne sont peut-être
pas les seuls.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que vous vous prononcez
sur la recevabilité de la motion, toujours?
M. Paquette: Oui, M. le Président. Dans son
discours de deuxième lecture, le ministre a énuméré
un certain nombre de principes; je crains d'en oublier, mais j'en ai un certain
nombre ici, aux pages 3132 et 3133 du journal des Débats du 28 avril
1982. Il disait, entre autres, ceci: "Je pense que c'est une règle
fondamentale au niveau intermunicipal que toutes les municipalités
doivent être représentées au niveau du conseil."
Voilà un principe qu'il jugeait fondamental. Ensuite: "Nous avons donc
tenu à ce que la ville centrale détienne sa
prépondérance logique et naturelle à ce stade ultime de
toutes les grandes décisions." Il parlait au niveau du conseil. Donc, il
reconnaît qu'une certaine prépondérance de Montréal
est désirable.
Le Président (M. Rodrigue): Sur la recevabilité de
la motion, M. le député de Rosemont, j'ai de la difficulté
à vous suivre.
M. Paquette: Qu'est-ce que vous pensez que je fais, M. le
Président? Je suis en train de vous dire que le ministre lui-même
a défini quels étaient les principes de ce projet de loi dans son
discours.
Je termine, ce ne sera pas très long. On parle ailleurs d'un
autre principe extrêmement important qui est l'équilibre
communautaire. Je pense que l'amendement aménage différemment ces
concepts qui sont des principes fondamentaux du projet de loi.
L'équilibre communautaire est respecté d'une façon
différente; la prépondérance de la ville de
Montréal également. La représentation des
différentes villes qui composent la communauté urbaine n'est pas
affectée; alors, je ne pense pas que le principe soit
affecté.
D'autre part, lorsque le député de Mont-Royal dit que cet
amendement est très différent de celui du député
d'Argenteuil en ce sens qu'il limiterait les possiblités de choix, je
signale que l'amendement du député d'Argenteuil limitait lui
aussi les possiblités de choix puisque, dans le projet initial en cas de
non-entente aux deux tiers des voix, en cas de dernier recours, le ministre
peut choisir quelqu'un n'importe où, que ce soit un élu municipal
ou non, il peut choisir n'importe qui. L'amendement du député
d'Argenteuil visait dans son effet même à restreindre ce choix
à des élus de Montréal, qui seraient élus à
la majorité du conseil.
Donc, il restreignait quand même le choix. Alors, je pense que
dans l'amendement il y a un équilibre un peu différent, mais les
principes du projet de loi sont respectés.
Le Président (M. Rodrigue): Un instant, s'il vous
plaît! D'autres personnes m'ont demandé la parole, mais je pense
être suffisamment éclairé. Vous allez me permettre une
pause de quelques minutes et, par la suite, je rendrai ma décision.
Suspension de la séance.
M. Bissonnet: Vu qu'il est 17 h 45, est-ce qu'on pourrait
suspendre jusqu'à 20 heures?
Le Président (M. Rodrigue): Non, je préfère
régler cela moi-même, parce que, ce soir, je ne peux pas
présider...
Des voix: Ah bon!
Le Président (M. Rodrigue): ... de sorte que je ne
voudrais pas passer ce paquet à mon successeur.
M. Laplante: En dehors du micro, M. le Président...
Le Président (M. Rodrigue): En dehors du micro, je ne peux
pas vous entendre.
(Suspension de la séance à 17 h 45)
(Reprise de la séance à 17 h 46)
Le Président (M. Rodrigue): La proposition du
député de Rosemont, en sous-amendement, contient les mots
suivants qui m'apparaissent significatifs pour la décision que j'ai
à prendre. À la quatrième ligne du bas, on dit: "Par la
suite, le président devra être choisi parmi les
représentants des autres municipalités puis de la ville de
Montréal, suivant le principe de l'alternance."
M. le député de Rosemont, en faisant votre proposition de
cette façon, vous introduisez un nouveau principe pour la nomination
d'un président. C'est-à-dire que, dans le projet de loi...
Des voix: ...
Le Président (M. Rodrigue): À l'ordre, s'il vous
plaît! Dans le projet de loi qui est devant nous, le principe qui est
retenu pour la nomination du président du comité exécutif,
c'est le vote des deux majorités ou encore des deux tiers, si cela ne
fonctionne pas, et ultimement, si cela ne fonctionne pas, c'est la
décision du ministre. Or, vous venez introduire un nouveau principe, qui
est celui de l'alternance, et d'ailleurs vous l'avez qualifié de tel.
Pour cette raison, je ne peux pas accepter votre proposition de
sous-amendement.
M. Paquette: Vous êtes bien sévère, M. le
Président, pour une proposition qui a autant de valeur. J'espère
que le ministre la considérera. On aurait pu remplacer "suivant le
principe de l'alternance" par "en alternance." À mon avis, ce n'est pas
un principe.
Le Président (M. Rodrigue): M. le député de
Rosemont, vous n'êtes sûrement pas en train de vous prononcer sur
une décision que j'ai déjà rendue.
M. Paquette: Jamais je ne remettrais en question vos
décisions, M. le Président, mais je pense que vous vous en tirez
bien facilement.
Le Président (M. Rodrigue): Je vous remercie. Alors, sur
l'amendement du ministre à l'article 3, est-ce qu'il y a d'autres
remarques à formuler?
M. Ciaccia: Le chef de l'Opposition avait présenté
un amendement, je ne veux pas revenir sur cet amendement, on a pris le vote. Je
voudrais vous demander... Vous insistez ou vous avez, dans votre amendement ou
votre projet de loi, une stipulation suivant laquelle ce n'est pas
nécessaire que cette personne soit membre du conseil. Autrement dit, le
président peut être nommé "at large", non seulement il ne
serait pas membre du conseil, mais même pas de Montréal. Est-ce
que...
Une voix: ...
M. Ciaccia: Je ne le sais pas. Est-ce qu'il va avoir l'âge
de raison? Je ne le sais pas. Est-ce que vous seriez prêt à
enlever cet aspect du projet de loi? Autrement dit, si aucun candidat ne
recueille la majorité des deux tiers des voix lors de cette
assemblée, le président peut être nommé par le
gouvernement, mais il faudrait restreindre votre nomination aux membres du
conseil, ne pas vous laisser le champ complètement ouvert alors que cela
pourrait être n'importe qui, n'importe où. Le but...
M. Bissonnet: ...
M. Ciaccia: II me semble que ça serait plus dans
l'esprit... vous avez expliqué l'esprit de votre loi. C'est une
communauté, bien, dans cette communauté, il y a des gens qui sont
élus. Il sont des élus de Montréal, ils sont des
élus des banlieues. Vous voulez un conseil exécutif qui sera
formé de ces élus. Je pense que la logique, la suite de cette
logique devrait être que le président devrait faire partie des
élus. Alors, même si vous retenez le droit de nommer le
président, s'il n'est pas nommé par les deux tiers et qu'il y a
une difficulté, au moins mettez une restriction pour garder l'esprit de
la loi, pour être plus conforme à l'esprit de la loi.
M. Léonard: Je ne fais pas partie du club de ceux qui
désespèrent de la Communauté urbaine de Montréal
parce que je crois que les possibilités que le gouvernement aura
d'intervenir sont quand même très minces. À mon avis, les
processus que nous avons enclenchés vont amener une nomination par le
conseil. C'est vraiment cela qui est visé, qui est encouragé, et
même à l'heure où il y avait un vote à la double
majorité, finalement, on s'est entendu sur un président; alors,
je fais le pari qu'on s'entendra aussi sur la nomination d'un président.
Par ailleurs, si le gouvernement est amené à le nommer - je ne
veux pas limiter d'avance l'action du gouvernement là-dessus - je pense
très sincèrement qu'il va nommer quelqu'un du conseil, qui va
essayer de rallier des parties, mais je ne peux pas l'assurer non plus d'avance
dans une hypothèse très pessimiste. Là-dessus, je crois
que ce sera au gouvernement à se justifier publiquement devant la
population de l'île de Montréal et à dire, à
expliquer son choix. Je pense qu'il faut laisser cette occasion au
gouvernement, tel que c'est rédigé dans la loi.
Le Président (M. Rodrigue): Est-ce que l'amendement
à l'article 3 est adopté?
M. Caron: Adopté.
M. Ciaccia: Est-ce qu'on parle de tout l'article 3?
Le Président (M. Rodrigue): De tout l'article 3, oui.
M. Ciaccia: Sur division.
Le Président (M. Rodrigue): L'amendement à
l'article 3 est adopté sur division.
Est-ce que l'article 3 tel qu'amendé est adopté?
M. Ciaccia: Adopté sur division.
Le Président (M. Rodrigue): L'article 3 tel
qu'amendé est adopté sur division.
Je vous signale qu'il est 17 h 52. Est-ce que vous prévoyez que
la discussion sur l'article 4 sera relativement longue? Étant
donné que je ne présiderai pas ce soir, j'aimerais bien donner la
chance à mon successeur de savoir où il en est rendu dans le
débat lorsqu'il ouvrira la séance.
La commission élue permanente des affaires municipales suspend
ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 53)
(Reprise de la séance à 20 h 16)
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre s'il vous
plaît! Messieurs, madame.
Mme Lachapelle: ...
Le Président (M. Desbiens): La commission élue
permanente des affaires municipales reprend ses travaux pour poursuivre
l'étude article par article du projet de loi no 46, Loi modifiant la Loi
de la Communauté urbaine de Montréal. Avant de débuter, M.
le député de Groulx.
M. Fallu: Je voudrais vous demander une faveur à vous
ainsi qu'à mes collègues. Le député de Chambly doit
bientôt se retirer puisqu'il doit aller travailler dans une autre
commission et nous solliciterions le privilège de substituer à
son nom le nom de M. Jacques LeBlanc, le député de
Montmagny-L'Islet, pour la soirée.
Le Président (M. Desbiens): Avec plaisir!
M. Fallu: Merci infiniment.
Le Président (M. Desbiens): Consentement pour M. LeBlanc
(Montmagny-L'Islet) à la place de M. Tremblay (Chambly).
Pouvoirs du comité exécutif
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! J'appelle l'article 4. Est-ce que l'article 4 est
adopté?
M. Léonard: Simplement une explication. La modification
est de concordance et prévoit que la règle voulant que les
communications avec le comité exécutif, les fonctionnaires et
employés de la CUM passent par l'intermédiaire du directeur
général ne s'applique pas dans les cas où les
fonctionnaires et employés concernés font partie d'un service
dont le directeur n'est pas sous l'autorité du directeur
général, comme, par exemple, dans le cas du service de la police.
Dans un tel cas, les communications passent par l'intermédiaire du
directeur du service intéressé.
Le Président (M. Desbiens): II y aurait donc un amendement
qui se lirait ainsi.
Une voix: Oui, parce que ce n'est pas cela qu'on dit.
Le Président (M. Desbiens): L'article 26 de la Loi sur la
Communauté urbaine de Montréal, modifié par l'article 4 du
projet de loi no 46, est de nouveau modifié par l'insertion, à la
cinquième ligne du deuxième alinéa, après le mot
"besoin", des mots "ou le requérir du directeur du service
intéressé si ce dernier n'est pas sous l'autorité du
directeur général".
M. Ciaccia: Alors, vous changez le projet de loi où,
présentement, il pourrait requérir l'information directement du
fonctionnaire sans passer par le directeur général.
M. Léonard: À l'heure actuelle, il n'y a pas de
directeur général. Le projet de loi no 46 l'institue à
l'article 4, mais il y a un papillon dans le cas où le directeur, par
exemple, du service de la police ne relève pas du directeur
général; donc, il peut passer directement. C'est une question de
concordance.
M. Ciaccia: Votre amendement est une question de concordance,
mais l'article 4, c'est...
M. Léonard: L'article 4, c'est qu'il faut qu'il passe par
le directeur général; c'est la règle.
M. Laplante: Adopté.
M. Ciaccia: Merci beaucoup.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement est-il
adopté?
M. Ciaccia: Adopté. Est-ce que vous aviez une raison
spéciale pour ne pas donner au comité exécutif la
discrétion de...
M. Léonard: Évidemment, ça apparaît
comme étant vraiment du détail, mais, dans le cas de lois
municipales, comme il n'y a pas de réglementation qui accompagne cela,
on est obligé d'aller assez loin dans le détail, de
préciser tout ce que l'on veut parce que, dans l'économie des
lois municipales, ce qui n'est pas prévu n'est pas permis.
M. Ciaccia: Je comprends, mais pourquoi? Est-ce que vous avez une
raison spéciale pour restreindre...
M. Léonard: Pour assurer la coordination du travail au
niveau interne de la CUM; c'est une définition, en fait, du poste de
directeur général que cela implique.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 4 est adopté
tel qu'amendé. J'appelle l'article 5. Est-ce que l'article 5...
M. Léonard: Vous avez un papillon pour changer le mot
"commissaire" par le mot "directeur du service de l'évaluation", parce
qu'il y a le directeur général et des directeurs de services;
donc, c'est une concordance.
Ensuite, dans l'article 5 lui-même, vous avez le remplacement des
termes "secrétaire général" par "directeur
général", en concordance avec l'article 31 qu'on verra tout
à l'heure; cela est le premier paragraphe.
Le paragraphe 2 de l'article 5 permet, d'une part, au comité
exécutif d'aliéner un bien de 10 000 $ ou moins autrement que par
une vente et, d'autre part, il prévoit que la valeur du bien, s'il
s'agit d'un meuble, est déterminée par le directeur du service
intéressé plutôt que par le directeur du service de
l'évaluation; c'est une question de régie interne.
Le paragraphe 4 ajoute deux pouvoirs utiles aux pouvoirs
généraux actuels du comité exécutif; d'abord, celui
d'autoriser la conclusion d'un contrat permettant à la CUM de
bénéficier d'une servitude nécessaire ou utile à
l'exécution de ses travaux; ensuite, celui de faire radier les
créances irrécouvrables au niveau du comité
exécutif.
Le Président (M. Desbiens): Sur l'amendement, M. le
député.
M. Laplante: Non, c'est seulement pour savoir si cela faisait
partie de l'ancienne loi, comme l'aliénation d'un bien de 10 000
$...
Une voix: Non, c'est inscrit "addition". M. Léonard:
Un instant!
M. Ciaccia: II y avait une limite dans l'ancienne loi de 10 000
$.
M. Laplante: La ville de Montréal l'a dans sa charte.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: Oui, c'est une précision dans les
termes, je pense. Dans l'ancienne loi, on disait "vendre un bien de 10 000 $;"
ici, on dit "aliéner". Aliéner, cela implique un
échange.
M. Ciaccia: Ou bail emphytéotique.
M. Léonard: Oui, c'est cela.
M, Laplante: Le quatrièmement...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: ... c'est l'addition, n'est-ce pas? C'est une
addition d'un paragraphe nouveau, c'est une servitude, n'est-ce pas?
M. Ciaccia: Présentement, qui a ce pouvoir de donner une
servitude?
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Bourassa.
M. Ciaccia: Présentement...
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: Excusez-moi.
Le Président (M. Desbiens): Je m'excuse, j'avais
donné la parole au député de Bourassa.
M. Laplante: Sur les servitudes, c'est un article nouveau,
n'est-ce pas? "... ou un autre droit nécessaire ou utile à cette
exécution".
M. Léonard: Oui, cela correspond à la pratique
courante. Comme ce n'était pas prévu pour l'exécutif de la
CUM, on voudrait que l'exécutif ait ce pouvoir pour faciliter la
signature de contrats, ce qui est du ressort même des fonctions de
l'exécutif.
Le Président (M. Desbiens): M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: L'exécutif ne l'a-t-il pas
présentement?
M. Léonard: II paraît que ce n'est pas très
clair. En pratique, il est obligé de signer des contrats parfois avec
des servitudes, mais on nous dit que cela faciliterait beaucoup les choses de
le préciser.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Verdun.
M. Caron: Au paragraphe m, "radier des livres de comptes de la
communauté une créance irrécouvrable en fait ou en droit,
selon le rapport du trésorier". Ne serait-ce pas bon de garder cela pour
un certain nombre d'années? Il me semble qu'un compte, on le garde
pendant un certain nombre d'années, à peu près comme un
mandat. Je ne sais pas, c'est une suggestion que je fais. Je ne ferai pas un
débat là-dessus.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: Je comprends très bien que la radiation
de créances irrécouvrables est un geste délicat et qu'il
faut que ce soit fait selon des formes très précises. À
titre de comptable agréé, je sais très bien que cela peut
impliquer quelques problèmes.
Cela, c'est l'exécutif au niveau des municipalités
locales.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: M. le député de Verdun,
effectivement, ce pouvoir n'est pas prévu dans les pouvoirs de
l'exécutif à la CUM, à l'heure actuelle, de sorte que la
liste des comptes s'allonge indéfiniment depuis des années et
qu'il faut les rayer, à un moment donné.
Maintenant, on me dit - c'est un autre article du projet de loi qu'on
retrouvera en cours de route - qu'il y a des obligations de publicité
relativement à la radiation des comptes ou des créances
irrécouvrables.
M. Ciaccia: M. le Président, si tel est le cas, s'il y a
un autre article, pour le rendre conforme, je crois qu'il faudrait au moins
lire: Sujet à tel article. Autrement, cet article pourrait être
interprété comme donnant un droit absolu, ayant
préséance. Je prends des cours de français aussi, pas
juste le droit municipal. Sujet à l'article...
M. Léonard: Si on lit les articles 36 et 37, vous voyez
qu'il y a certaines dispositions. À l'article 36, je simplifie, on dit
que "les procès verbaux du comité exécutif et du conseil
font preuve de leur contenu s'ils sont approuvés et signés par le
secrétaire et par le président de l'assemblée ou, le cas
échéant, par une personne désignée. "Les documents
et copies émanant de la communauté faisant partie de ses archives
font preuve de leur contenu s'ils sont certifiés conformes par le
secrétaire."
À l'article 37, on dit que les livres, registres et documents
faisant partie des archives peuvent être consultés durant les
heures de bureau par toute personne qui en fait la demande. À 97b, on
dit: Le secrétaire est tenu de délivrer à toute personne
qui en fait la demande, sur paiement des honoraires exigés en vertu du
tarif fixé par le comité exécutif, des copies ou des
extraits des livres, registres ou documents faisant partie des archives de la
communauté.
M. Ciaccia: Ces articles confirment seulement que si le
comité exécutif décide de radier de leurs livres certains
comptes, ils vont être radiés. Il n'y a pas de limite de temps, il
n'y a pas de contrainte. Vous nous avez cité les articles 36 et 37, qui
veulent dire...
M. Léonard: II y a des contraintes de publication.
M. Ciaccia: II n'y a pas de délais.
M. Léonard: Oui, mais en ce qui concerne la radiation de
créances irrécouvrables, vous savez que les délais sont
quand même flexibles là-dessus. Vous pouvez...
M. Ciaccia: Ce n'est pas une contrainte de...
M. Léonard: De quelle sorte de contrainte parlez-vous?
M. Ciaccia: C'est une obligation de donner de l'information.
M. Léonard: C'est ça. Oui, ici, à 36 et
à 37.
M. Ciaccia: À 36 et 37. Mais si personne ne demande de
l'information, on ne la donne pas et le compte doit être
radié...
M. Caron: Dans un an, deux ans, trois ans, on ne le dit pas.
M. Ciaccia: Trente jours, soixante jours. Il n'y a pas de limite,
pas de contrainte. Ce que l'on suggère, c'est qu'avant de radier des
livres certains comptes, il faudrait que le compte soit dû depuis un
certain temps, il
faut qu'il y ait une contrainte de temps. (20 h 30)
M. Laplante: Dans les municipalités, actuellement, si,
disons, un compte de taxe d'eau, une faillite se produit et s'il y a un
immeuble dont elles ne peuvent pas récupérer les impôts
fonciers, ont-elles un laps de temps avant de... Elles n'en ont pas? L'un me
dit oui, l'autre me dit non.
M. Léonard: II y a des délais normaux prévus
au Code municipal ou à la Loi sur les cités et villes
là-dedans pour le recouvrement.
M. Laplante: Pour le recouvrement?
M. Léonard: Si ces comptes ne sont pas recouvrés,
c'est publié dans les journaux, vous voyez ça...
M. Laplante: On ne peut pas employer le même article pour
ça?
M. Léonard: Non, parce que ce ne sont pas
nécessairement des comptes de taxes dans ce cas. Il y a toutes sortes de
comptes qui peuvent intervenir, c'est comme dans une entreprise. Au fond, vous
avez différents comptes; les délais dans lesquels cela devient
irrécouvrable, ça peut être très variable et, dans
ce cas, il ne s'agit pas de comptes de taxes, parce que les comptes de taxes se
trouvent au niveau des municipalités locales et non pas au niveau de la
Communauté urbaine de Montréal. Il s'agit d'autres comptes
à recevoir; ils deviennent irrécouvrables, soit en termes de
délais, soit en termes de nature aussi, parce qu'une créance est
irrécouvrable si elle est mal fondée ou en droit, ou en fait. Un
débiteur devient insolvable pour une raison ou pour une autre. Dans les
affaires, en général, on fait une radiation des comptes à
recevoir une fois par année, lors de la vérification des livres
comptables. À ce moment, cela fait partie d'une procédure
très précise en termes de radiation. Je crois que c'est au
conseil à établir la réglementation ou le processus
à suivre dans le cas où on radie des comptes.
M. Charron: Quand on dit "irrécouvrable en fait selon le
rapport du trésorier", veut-il dire que c'est à la
discrétion du trésorier...
M. Léonard: Non.
M. Charron: ... que d'aviser le conseil exécutif que c'est
irrécouvrable en fait?
M. Léonard: Ce n'est pas...
M. Charron: Même si cela pourrait être recouvrable en
droit.
M. Léonard: Cela n'est pas à la discrétion
du trésorier, c'est à la discrétion de l'exécutif,
en tout cas, dans le texte du projet de loi. Le trésorier fait rapport
sur telle créance et dit qu'en fait elle est devenue
irrécouvrable. Par exemple, si un débiteur fait faillite, de
fait, cela devient irrécouvrable même si, en droit, vous avez une
bonne créance.
M. Charron: Si la personne fait faillite, c'est de droit qu'elle
devient irrécouvrable.
M. Léonard: Ultérieurement.
M. Charron: C'est cela. C'est la présence de "en fait".
Irrécouvrable en droit, tout est là pour dire quand c'est
irrécouvrable en droit, mais irrécouvrable en fait, c'est
discrétionnaire.
M. Ciaccia: C'est une opinion. M. Charron: C'est une
opinion.
M. Ciaccia: Je pense que je suis d'accord avec le
député de Saint-Jacques. C'est une opinion à savoir que le
trésorier donne. Il donne une opinion que c'est irrécouvrable en
fait. Il n'y a pas de délais. Ici, on cherche à éviter des
erreurs, des abus possibles dans certaines situations. On voudrait imposer une
certaine obligation ou, tout au moins, un certain délai et dire: Si le
compte est dû depuis une année ou deux années, à ce
moment, on peut donner une opinion à savoir, que c'est
irrécouvrable. Là, il n'y a pas de restriction du tout. Par
erreur, on peut perdre le recouvrement de ces dettes.
M. Leduc (Saint-Laurent): Qui a décidé en droit que
c'est prescrit?
M. Léonard: La loi.
M. Leduc (Saint-Laurent): Selon un rapport. Est-ce que c'est lui
qui va établir qu'il y a prescription? C'est qui? Ce n'est pas mieux. En
droit, ce n'est pas mieux, il va décider en fait et il va décider
en droit également. Si ce n'est pas un avocat, s'il ne connaît pas
cela?
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: Je pense que la distinction devient assez
ténue, parce que si vous avez une mauvaise créance de fait, en
droit, elle peut être bien fondée, si vous avez une mauvaise
créance de fait, vous cherchez le créancier, vous ne le trouvez
pas. Donc, de fait, vous ne pourrez jamais la faire exécuter en droit,
car vous ne le trouverez pas; quand même vous enverriez 50 huissiers
pour le trouver, vous ne le trouverez pas. Donc, le fait devient le
droit, si on veut, mais je pense qu'il faut inclure "en fait" dès le
départ.
Je comprends que la radiation de créances irrécouvrables
est une opération qui doit être étroitement
surveillée, ce n'est pas le trésorier qui en décide, c'est
l'exécutif, et le conseil peut toujours demander un rapport sur la
question. Maintenant, la distinction en fait et en droit...
M. Leduc (Saint-Laurent): Après "irrécouvrable", on
pourrait mettre un point.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Leduc (Saint-Laurent): On met un point. Ils demanderont le
rapport qu'ils voudront, mais avec les avis des avocats. Il s'agit simplement
de dire: radier des livres de comptes de la communauté une
créance irrécouvrable.
C'est suffisant.
M. Léonard: J'aime autant le libérer de la loi
à ce moment-là...
M. Leduc (Saint-Laurent): On le qualifie.
M. Léonard: ... le libérer en fait et en droit.
M. Leduc (Saint-Laurent): Selon un rapport.
M. Ciaccia: Vous ne voyez pas la nécessité
d'imposer un délai. En fait, je peux comprendre qu'une personne, on ne
peut pas la trouver. Quelqu'un doit 500 $ à la ville, il est
déménagé et on ne sait pas où il se trouve. Alors,
le trésorier dit: En fait, je ne peux pas trouver cette personne, c'est
irrécouvrable, on prend les 500 $... Mais, s'il y a un certain
délai, supposons que, trois ou quatre mois après, on peut trouver
la personne, si on l'a radiée, ce n'est plus recouvrable.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: M. le député de Mont-Royal, dans
ce domaine, c'est vrai qu'il y a des imprévisibles aussi. Si vous mettez
un délai, supposons que vous mettez 12 mois, et qu'au bout de 12 mois
cela devient par hasard recouvrable, à ce moment-là, vous
créez une prescription dans la loi.
M. Ciaccia: Non, je ne dis pas que tous les comptes de 12 mois et
plus sont irrécouvrables. Ce que je veux dire, peut-être que je me
suis mal expliqué, c'est qu'on ne peut pas radier un compte à
moins que ce compte ne soit dû depuis un certain nombre de mois ou un
certain nombre d'années. Pour ce qui est dû pour un an ou deux
ans, à ce moment-là, on peut aller chercher le rapport du
trésorier, et si le rapport du trésorier dit qu'il est
irrécouvrable, le conseil peut le radier. Le trésorier ne devrait
pas être en mesure de faire rapport qu'un compte est irrécouvrable
à moins que ce compte ne soit que pour un montant minimal de taxes.
Comprenez-vous? En tout cas, c'est une suggestion.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre. Oui, M. le
député de Saint-Jacques.
M. Charron: Si c'est totalement, si c'est le moindrement
discrétionnaire, voyons cela plutôt de sous cet angle, le
trésorier peut faire rapport à l'exécutif que telle dette
est irrécouvrable après cinq mois, par exemple, parce qu'il a
envoyé deux lettres qui lui sont revenues, qu'il a envoyé des
huissiers qui ont dit que cette personne n'existait plus, qu'elle est partie
pour la Californie ou je ne sais où, et dans d'autres cas il peut
attendre 12 mois avant de faire le même rapport et le même avis. Le
contribuable, dans certains cas, le justiciable même, puisqu'il s'agit
d'une poursuite pour dettes non payées, dans un cas, peut
bénéficier d'une largesse et, dans l'autre, il peut ne pas
l'avoir. Dans un sens, l'intervention du député de Mont-Royal
porte sur le fait qu'il y ait un temps minimal à partir duquel on peut
déclarer un compte irrécouvrable, mais pas au bout de trois
semaines et, dans un autre cas, au bout de dix mois...
M. Leduc (Saint-Laurent): En fait, je pense qu'on mêle deux
choses. On en a trop de créances, on en a une liste, donc, on veut en
enlever, c'est une chose.
M. Léonard: On ne peut pas l'enlever à l'heure
actuelle.
M. Leduc (Saint-Laurent): Ensuite, la prescription, c'est autre
chose. Je ne pense pas qu'on puisse parler de prescription. Je dirais
simplement: radier des livres des comptes de la communauté toute
créance irrécouvrable. Ensuite, si la prescription s'applique,
elle s'applique.
M. Ciaccia: Je ne parle pas de prescription. Une prescription
veut dire qu'automatiquement... Je parle d'un délai minimal avant de
pouvoir la déclarer irrécouvrable.
M. Leduc (Saint-Laurent): Cela devrait être dans un autre
article.
M. Ciaccia: Je suis pour l'étudier dans cet article. Si on
l'étudie dans un autre, je le mettrai dans l'autre aussi. En attendant,
je vais le mettre dans l'article dans lequel je l'étudie.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: Disons, un peu par expérience
là-dessus, que vous avez à l'intérieur d'une entreprise
comme d'une institution certaines procédures pour radier des comptes.
Cela reste sur le plan interne. Par ailleurs, lorsque la vérification
des comptes est faite en fin d'année, après la clôture de
l'année financière, au moment où l'on dresse les
états financiers officiels, vous avez les vérificateurs qui font
l'audition, la vérification des livres, et cela fait partie des
procédures de vérification d'un vérificateur public que de
vérifier tous les comptes radiés au cours d'une année. Il
y a alors un jugement qui est porté tant sur la provision pour
créances douteuses que sur la radiation des comptes qui a
été faite durant l'année. À mon avis, cela fait
partie des procédures généralement acceptées dans
le monde de la vérification comptable. Je pense que la loi, règle
générale, se libelle comme cela, des créances
irrécouvrables en fait ou en droit et la preuve reste à faire de
la part du trésorier comme aussi de l'exécutif qui a pris la
décision.
Le Président (M. Desbiens): Alors, est-ce que...
M. Caron: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): Oui, M. le
député de Verdun.
M. Caron: Je voudrais juste vous donner un exemple. Au moment
où nous avions la taxe d'eau - aujourd'hui, on ne l'a plus, parce
qu'elle est facturée au propriétaire et on épargne 1 000
000 $ par année avec cela; c'est comme cela de la bonne administration -
on gardait le compte dans nos livres. À la fin de l'année, on
était obligé d'adopter une résolution de mauvaise
créance pour les vérificateurs, mais on la gardait quand
même. Est-ce que la communauté les garde quand même? Cela,
je ne le sais pas.
M. Léonard: Ce qui arrive, comme elle n'a pas le droit
à l'heure actuelle de rayer les créances irrécouvrables,
elle ne peut pas les rayer; donc, si je comprends, elle les garde aux livres
depuis la création de la Communauté urbaine de Montréal,
soit depuis 1969-1970.
M. Caron: On ne pourrait pas dire: Au bout de cinq ans les
éliminer, à peu près comme disait la documentation, les
brûler après tant d'années...
M. Léonard: Oui, mais, M. le député,
à ce moment-là, supposons qu'on a une créance
irrécouvrable de la part d'une municipalité, que, durant cinq ans
telle municipalité refuse de payer son compte et qu'à ce
moment-là elle invoque la prescription, je pense qu'on ne peut pas
mettre cela comme ça; si vous, vous refusez de payer votre quote-part
à la CUM et qu'au bout de cinq ans ça devient une créance
irrécouvrable...
M. Caron: Je pense que toutes les municipalités baissent,
ça ne doit pas être les comptes des municipalités, ces
comptes-là.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Disons qu'on a un compte irrécouvrable et que
cela passe au conseil, est-ce que l'individu ou la compagnie qui devrait ce
compte-là... À un moment donné, est-ce que la
communauté peut le percevoir quand même, si on s'aperçoit
qu'on retrouve le bonhomme? Est-ce que ces gens peuvent le
récupérer quand même, même s'il y a eu une
motion?
M. Léonard: Oui, je pense que cela n'éteint pas le
droit de la communauté de se faire payer; cependant, ce que ça
fait, c'est que cela décourage ceux qui seraient tentés de faire
des efforts pour continuer à essayer de recouvrer le compte, de le
faire.
Le Président (M. Desbiens): Alors, est-ce que d'abord
l'amendement à l'article 5 est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Est-ce que
l'article 5 tel qu'amendé est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. L'article 6;
est-ce que l'article 6 est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 6, adopté.
Est-ce que l'article 7 est adopté?
Les crédits autorisés
M. Léonard: C'est une précision de texte qui est en
concordance avec les articles 88 et 89 qu'on verra: Dès que le conseil
de la CUM autorise un emprunt, les crédits correspondant au montant
de
l'emprunt sont votés, ils existent sans que l'on ait à
attendre que l'emprunt soit effectué par le comité
exécutif. On appelle cela des emprunts autorisés; autrement dit,
les crédits existent même si le produit de l'emprunt n'a pas
encore été encaissé.
M. Ciaccia: C'est un changement avec la loi actuelle.
Actuellement, vous parlez du produit des emprunts.
M. Léonard: Actuellement, il faut attendre que l'emprunt
soit encaissé.
Le Président (M. Desbiens): Alors, l'article 7 est-il
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. J'appelle
l'article 8; est-ce que l'article 8 est adopté?
M. Ciaccia: Oui, adopté.
M. Léonard: Alors, l'article 8 introduit dans la loi de la
CUM une disposition qui existe depuis 1971 sous une forme analogue dans la Loi
de la Communauté urbaine de Québec; la justification, je crois,
est évidente. Il s'agit de permettre au comité exécutif,
dans un cas de force majeure attestée par un écrit du
président ou du directeur général, de
décréter une dépense ou d'octroyer un contrat pour
remédier à la situation, sans suivre les formalités
autrement applicables, quitte pour le comité exécutif à
justifier sa décision, mais c'est un cas de force majeure; ils font
rapport au conseil.
M. Ciaccia: Alors, même dans un cas de force majeure, il
faut absolument que ce soit fait à la demande écrite du
président ou du directeur général.
M. Léonard: II y a des personnes qui se commettent et, en
plus, il y a un rapport par la suite au conseil.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 8 est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté. (20 h 45)
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Il y a un
amendement à l'article 9. L'article 33 de la Loi de la Communauté
urbaine de Montréal, modifié par l'article 9 du projet de loi no
46, est de nouveau modifié par l'addition, à la fin du
deuxième alinéa, de ce qui suit: "Cette délégation
de responsabilité peut être faite au directeur du service
intéressé si ce dernier n'est pas sous l'autorité du
directeur général." Avez-vous des remarques sur cet
amendement?
M. Léonard: On verra sur le fond de l'article
lui-même ce qu'il en est. En fait, c'est...
Le Président (M. Desbiens): L'amendement est-il
adopté?
M. Léonard: ... de concordance dans le cas où c'est
un directeur de service qui ne relève pas du directeur
général, comme dans le cas du directeur de la police en ce qui
concerne sa responsabilité. L'article 9 porte sur le fond. Cela donne au
comité exécutif de la CUM un pouvoir analogue à celui
qu'exerce le Conseil du trésor, par exemple, face aux ministères.
Il peut, avec l'approbation du conseil, édicter les normes
administratives, établir des plans d'organisation des services de la CUM
et prévoir les effectifs requis pour la gestion des services. Cela lui
permet de jouer de façon concrète et ordonnée son
rôle de responsable ultime de l'administration de la CUM et, pour
l'exécution quotidienne de ces grandes décisions administratives
du comité, celui-ci peut déléguer, en tout ou en partie,
au directeur général ou à un directeur de service, selon
l'amendement qu'on propose, dans le cas où il ne relève pas du
directeur général, la responsabilité de l'application des
normes administratives ou du plan d'organisation de l'engagement du
personnel.
Il s'agit de la définition des pouvoirs de l'exécutif
d'édicter des normes administratives, de faire le plan
d'organisation.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement est
adopté. L'article 9, tel qu'amendé, est-il adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Il y a
également un papillon à l'article 10. L'amendement proposé
à l'article 10 est le suivant: "L'article 35 de la Loi de la
Communauté urbaine de Montréal, modifié par l'article 10
du projet de loi no 46, est de nouveau modifié, premièrement, par
le remplacement du deuxième alinéa par le suivant: "II signe avec
le secrétaire tous les contrats de la communauté. Toutefois, le
comité exécutif peut désigner une autre personne pour
signer avec le secrétaire tous les contrats de la communauté, une
catégorie de ceux-ci ou un contrat particulier. Cette personne ne peut
signer un contrat que dans le cas où le président et les
vice-présidents ne peuvent ou ne veulent pas le faire, dans les
circonstances mentionnées à l'article 36."; deuxièmement,
par le remplacement, dans la première ligne du troisième
alinéa, du mot "il" par les mots "le président du
comité exécutif".
L'alinéa se lirait: "Le président du comité
exécutif peut suspendre pour cause..."
M. Ciaccia: Quelle est la raison du premier amendement que vous
avez fait? Oui, dans le premier papillon, vous dites: "dans le cas où le
président et les vice-présidents ne peuvent ou ne veulent pas le
faire". Pourquoi? Y a-t-il une raison spéciale?
M. Léonard: C'est dans un souci de simplification
administrative. Cela précise aussi les exceptions à la
règle de la signature des contrats à la CUM. Les contrats
à la CUM sont signés par le président et le
secrétaire, règle générale. Si le président
n'est pas là, c'est un des deux vice-présidents et, s'ils ne le
peuvent pas, à ce moment-là, c'est l'amendement, le papillon que
vous avez qui s'applique.
M. Ciaccia: S'ils ne veulent pas?
M. Léonard: S'ils ne peuvent ou ne veulent pas.
M. Caron: Les mots "ne veulent pas ou ne peuvent pas" me semblent
drôles.
M. Léonard: Oui.
M. Caron: Cela sonne dur à l'oreille.
M. Léonard: Oui, je pense qu'il y a des dispositions
à prendre, s'il y a des causes valables.
M. Ciaccia: Supposons qu'il y a des causes valables. S'il y a des
causes valables...
M. Léonard: Si, par exemple, l'exécutif doit
exécuter ou signer un contrat et que quelqu'un se désiste, qu'il
ne peut pas le faire, à un moment donné, s'il y a des engagements
de pris, il faut que quelqu'un le fasse. L'exécutif peut statuer dans
ces circonstances.
M. Laplante: Pour empêcher les empêchements de
signer, pour arrêter un fonctionnement. Cet amendement-là, je le
trouve très sage.
M. Léonard: Je pense qu'un exécutif ne peut
fonctionner longtemps ou souvent comme cela. Dans le cas où cela
arrive...
M. Ciaccia: Et quand, plus tard, vous parlez de la suspension
d'un fonctionnaire ou d'un employé, quel est le recours? Est-ce que vous
prévoyez un recours pour ce fonctionnaire ou cet employé?
M. Léonard: Oui. Dans le cas où ce sont des
employés syndiqués, si jamais l'exécutif a à
statuer, je pense que c'est selon la convention collective. Par ailleurs, dans
le cas de hauts fonctionnaires, ce sont les articles 93 et 94 de la loi qui
s'appliquent.
M. Ciaccia: Un instant!
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Peut-être que le ministre pourrait nous donner
plus d'explications sur la question de la signature des contrats. Par votre
amendement, vous donnez un droit de signature au comité exécutif.
Vous désignez une personne. Ce qui nous préoccupe, ce sont les
mots "ou ne veulent pas le faire". Évidemment, le ministre devait avoir
quelque chose en vue quand il a mis ces mots. D'après les règles
d'interprétation, chaque phrase, chaque mot doit avoir une
signification. Or, si vous avez inséré cette phrase dans
l'article, c'est parce que vous deviez avoir quelque chose à l'esprit.
Le fait au moins d'ajouter "ne veulent pas le faire" sans raison valable, c'est
une protection additionnelle. Si le type a une raison valable de pas le faire,
on peut comprendre, mais si...
M. Léonard: Oui, je pense qu'il faut prévoir, par
exemple, les conflits d'intérêts où un
vice-président pourrait être en même temps maire d'une
municipalité et qu'il y ait une entente signée entre la
municipalité et l'exécutif. À ce moment-là, il se
désisterait et préférerait qu'un autre signe. Il demande
donc au comité exécutif de faire signer une autre personne
à sa place. Ce sont des cas qui peuvent se produire.
M. Caron: Remarquez bien que, moi, cela me semble...
M. Léonard: Normalement...
M. Caron: M. le ministre, s'ils sont trois qui ont ce pouvoir de
signer, si le président ne peut pas ou si un des deux
vice-présidents ne peut pas, sur les trois, les mots "ne veulent pas",
je les enlèverais. "Ne peuvent pas", j'accepterais cela, mais "ne
veulent pas", je ne suis pas capable d'accepter cela. Probablement qu'on vous a
apporté cela, que vous n'avez pas eu l'occasion de lire tous les mots et
c'est normal.
M. Léonard: Vous trouvez cela dans plusieurs lois
municipales, M. le maire. Vous l'avez sûrement vu déjà.
Cela m'étonnerait que vous ne l'ayez pas déjà vu.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Cela ne se serait-il pas vu aussi, à un
moment donné, qu'une de ces personnes qui a à signer
préfère ne pas signer? Elle ne veut pas signer peut-être
parce qu'elle prévoit un conflit d'intérêts si elle
signe.
M. Ciaccia: Bien, s'il y a un conflit, elle ne le peut pas.
M. Laplante: Mais si elle pense qu'il peut y en avoir un, s'il y
a un doute dans son esprit, ça peut être une des raisons,
ça aussi. Ça se voit souvent dans les conseils municipaux; si
vous avez un règlement à adopter ou une décision à
prendre, vous dites: C'est mon voisin, je ne peux pas signer.
M. Fallu: M. le Président, si je peux faire une remarque
aux honorables députés, c'est la formule consacrée aux
Affaires municipales. Vous vous souvenez de nos débats au moment de la
loi no 33 avant Noël; nous nous étions longuement interrogés
sur un amendement à apporter à la loi no 125 sur la
capacité de siéger du maire au conseil de la MRC. Vous vous
souvenez de notre discussion? On se demandait si ça devait être le
maire suppléant ou quelqu'un d'autre qui soit désigné.
Constamment, la loi avait cette prévision qui était toujours dite
de la même façon: en cas d'incapacité ou de refus, c'est un
terme qui est constant en droit municipal. On le trouve dans le Code municipal,
on le trouve dans la Loi sur les cités et villes et on le trouve
constamment dans la loi no 125.
M. Ciaccia: Les exemples que le député de Groulx
nous a donnés s'appliquent à d'autres circonstances, si une
personne ne veut pas remplir une certaine fonction, mais c'est ici une
situation qui peut être assez spécifique, délicate. On
parle de signature de contrat et, si quelqu'un ne veut pas signer un contrat,
il faudrait qu'il ait des raisons valables pour ne pas le faire.
M. Léonard: On me signale aussi, M. le Président,
que c'est déjà dans la loi actuelle et on retrouve ça
effectivement très couramment dans les lois municipales. Vous avez
l'article 89 de la loi actuelle qui traite des services administratifs et des
fonctionnaires, où il est dit au dernier paragraphe de l'article: "Le
vice-président du conseil exerce tous les pouvoirs du président
du conseil au cas d'absence, de refus ou d'incapacité d'agir de ce
dernier". Pour différentes raisons qui peuvent être
invoquées à l'occasion, par exemple, une matière sur
laquelle il y aurait dissension à l'intérieur de
l'exécutif et que le président refuserait de signer
ultérieurement et que ce serait le vice-président, je pense qu'il
faut essayer de prévoir tous les cas parce que vous avez quand
même une responsabilité de signer les contrats à la minute
où il y a des engagements et des décisions majoritaires prises au
sein de l'exécutif.
M. Laplante: Adopté.
M. Ciaccia: Le pouvoir de suspendre un fonctionnaire, c'est
nouveau dans la loi ou est-ce que ça existe dans la loi actuelle?
M. Léonard: Ça existe dans la loi actuelle. On va
vous trouver le numéro, on peut vous le redonner tout à l'heure,
le numéro de la loi actuelle.
M. Ciaccia: Est-ce que vous référez à
l'article 35?
M. Léonard: Non. C'est dans la Loi de la Communauté
urbaine de Québec, pas dans la Loi de la Communauté urbaine de
Montréal.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Les amendements sont
adoptés et l'article 10 est adopté tel qu'amendé.
M. Ciaccia: Adopté. (21 heures)
Le Président (M. Desbiens): Article 10, adopté tel
qu'amendé. J'appelle l'article 11, l'article 11. À vous avez
également un papillon. L'article 36 de la Loi de la Communauté
urbaine de Montréal, remplacé par l'article 11 du projet de loi
no 46, est de nouveau remplacé par le suivant: "Chacun des
vice-présidents du comité exécutif, à tour de
rôle, est le premier vice-président pour une période de
trois mois. Lorsqu'il les nomme, le conseil détermine lequel est le
premier vice-président pour la période initiale de trois mois.
L'alternance n'est pas affectée par le remplacement de l'un ou l'autre
des vice-présidents. "Le premier vice-président remplace le
président en cas d'absence ou d'incapacité ou de refus d'agir de
celui-ci, ou en cas de vacance de son poste s'il ne peut ou ne veut pas
continuer d'exercer ses fonctions jusqu'à l'entrée en fonction de
son successeur. "En cas d'absence ou d'incapacité ou de refus d'agir du
premier vice-président, ou en cas de vacance de son poste s'il ne peut
pas ou ne veut pas continuer d'exercer ses fonctions jusqu'à
l'entrée en fonction de son successeur, le second vice-président
agit à sa place conformément au deuxième
alinéa."
Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais juste remarquer
qu'on adopte ici et on semble accepter le principe de l'alternance. Je pense
que cela avait été invoqué comme principe pour rendre un
autre amendement irrecevable.
M. Léonard: Je ferai remarquer tout de même au
député de Mont-Royal qu'il s'agissait de l'alternance à la
présidence du comité exécutif et non au niveau de la
succession des vice-présidents, du premier et du deuxième
vice-présidents.
M. Ciaccia: Si le ministre avait accepté notre amendement
d'avoir seulement un vice-président, on n'aurait pas eu le
problème de cette alternance. Là, vous auriez pu être
cohérent dans la loi.
M. Léonard: En ce qui nous concerne, ce n'est pas un
problème très grave.
M. Ciaccia: II y a un peu de... C'est ambivalent.
M. Charron: Dans ce cas-ci, ce n'est pas un principe, c'est un
vieux truc.
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): L'article 11 est
adopté. Il s'agit en fait d'un remplacement.
M. Léonard: D'un remplacement.
Assemblées du comité
exécutif
Le Président (M. Desbiens): J'appelle l'article 12.
Alors, l'article 12 est adopté?
M. Léonard: C'est un article de concordance qui avait
été amendé par un papillon.
Le Président (M. Desbiens): L'amendement.
M. Laplante: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Un instant, s'il vous
plaît!
L'article 37 de la Loi de la Communauté urbaine de
Montréal remplacé par l'article 12 du projet de loi no 46 est
modifié par le remplacement dans la deuxième ligne des mots: "son
vice-président" par les mots: "un de ses vice-présidents".
L'amendement est adopté. L'article 12 est adopté tel
qu'amendé. Article 13. Est-ce que l'article 13 est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 13, adopté.
Article 14, il y a un papillon également. La modification est la
suivante, c'est-à-dire 1-, l'article 40a de la Loi de la
Communauté urbaine de Montréal, édicté par
l'article 14 du projet de loi no 46 est modifié par l'addition à
la fin du troisième alinéa de ce qui suit: Cette confirmation ne
confère pas à la décision du comité un effet plus
grand que celui qu'elle aurait eu si elle n'avait pas fait l'objet de
l'opposition mentionnée au premier alinéa. 2- L'article 40b de
cette loi édicté par l'article 14 de ce projet de loi est
modifié par le remplacement dans la deuxième ligne du premier
alinéa des mots: "de son assemblée suivante" par les mots "d'une
assemblée subséquente".
Est-ce que cet amendement est adopté?
M. Ciaccia: Est-ce que le ministre... M. Rochefort: M. le
Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: J'aimerais au moins me faire expliquer le sens de
l'amendement qu'on retrouve au 3e paragraphe de l'article 40:" Cette
confirmation ne confère pas à la décision du comité
un effet plus grand que celui qu'elle aurait eu si elle n'avait pas fait
l'objet de l'opposition mentionnée au premier alinéa".
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: Et-ce que le député de Gouin a
fini? Avez-vous terminé?
M. Rochefort: Oui, oui. Je voudrais me le faire expliquer.
M. Léonard: En fait, lorsque le conseil maintient un veto
on statue là-dessus, cela n'a pas pour effet de conférer une
valeur plus grande à la décision de l'exécutif. Je
m'explique. S'il s'agit d'une recommandation du comité exécutif
et non d'une décision quant à l'octroi d'un contrat, mais
simplement d'une recommandation, cela demeure une recommandation, cela ne
devient pas une décision pour autant. Le fait que le conseil de la
communauté urbaine statue sur une question ne change pas la nature de la
décision du comité exécutif. C'était pour
éviter des erreurs
d'interprétation, pour préciser de façon
très nette ce qui en était.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Mme la députée de Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le député de Dubuc. Concernant
les procès-verbaux, c'est technique, j'imagine. Par ailleurs, il
pourrait y avoir plusieurs réunions du conseil, sans que des
procès-verbaux de l'exécutif soient déposés.
Théoriquement, on pourrait, par exemple, imaginer qu'un
procès-verbal puisse être déposé trois, quatre, cinq
ou six mois après que les discussions ont eu lieu au niveau du conseil.
Il n'y a pas de limite quant à la présentation.
Ma question est la suivante. Compte tenu de l'article 40a et du vote
suspensif au conseil exécutif, pour que la question soit portée
à l'attention du conseil, est-ce qu'il faut que ce soit par le biais du
procès-verbal? En d'autres termes, si, à 40a, il y a une
opposition confirmée une deuxième fois, le débat doit se
faire au niveau du conseil; est-ce que cela se fait dans le cadre du
dépôt du procès-verbal des décisions prises?
M. Léonard: Oui.
Mme Harel: Ce qui veut donc dire que, théoriquement, s'il
n'y a pas de date limite au dépôt du procès-verbal du
comité exécutif devant le conseil, une décision qui fait
l'objet d'un vote suspensif, si le procès-verbal n'est pas
déposé, peut rester en suspens pendant des mois?
M. Léonard: On fait des recherches là-dessus, mais
sur un point en particulier. S'il y avait une réunion spéciale du
conseil, elle ne serait pas assujettie, alors que, dans le texte de loi,
à l'heure actuelle, le veto devrait être traité même
dans la réunion spéciale du conseil de la CUM. Par ailleurs, il y
a des délais de rédaction aux procès-verbaux, des
délais normaux aussi qui impliquent qu'il peut y avoir une
réunion régulière avant que le procès-verbal soit
terminé. Mais, règle générale, les
procès-verbaux sont déposés à temps et je vois mal
qu'on décale la production d'un procès-verbal durant des mois. Il
s'agit des assemblées de l'exécutif.
Mme Harel: M. le Président...
M. Léonard: Je vais reprendre quand même ce que j'ai
dit jusqu'ici. L'approbation du procès-verbal par le comité
exécutif pourrait aller à une séance subséquente,
parce qu'on parle du procès-verbal du comité exécutif et
non pas du conseil. Cependant, le procès-verbal ou la question qui fait
l'objet d'un veto pourrait même aller au conseil de la CUM même
sans procès-verbal, mais à une réunion
subséquente.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que cela va?
M. Ciaccia: ... "subséquente" n'est pas suffisante.
Immédiatement après, vous avez laissé que cela peut
être sans limite, vous avez parlé de "subséquente."
M. Léonard: Oui, mais un exécutif peut
siéger assez fréquemment. Vous avez des assemblées deux
jours, trois jours de suite, s'il y a une question urgente. Par exemple, je
suppose que l'exécutif va siéger assez fréquemment en
temps de budget, lors de la confection du budget. Cela donne un peu plus de
flexibilité. Par ailleurs, j'imagine mal que, dans un organisme comme la
CUM, on puisse passer six mois sans produire de procès-verbaux; surtout
avec la période de questions qu'on vient d'instaurer, cela
m'étonnerait que cela puisse traîner en longueur.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: II faut certainement avoir un peu l'esprit chagrin
pour penser à ce genre de farce et d'attrape. Je me dis, par exemple,
que l'utilisation des cloches au Parlement fédéral,
c'était un trou. C'est évident que, si tant est que des personnes
veulent faire obstruction, elles peuvent toujours utiliser ces moyens.
M. Léonard: Oui, mais je pense que, si on utilisait des
moyens comme ceux-là, c'est dans le cas où il y a un débat
qui deviendrait rapidement public. Je pense que, même si on camouflait ou
si on tentait de camoufler des décisions prises en retardant la
production de procès-verbaux, on raterait plutôt l'effet. C'est
l'effet contraire qui serait atteint.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Je ne voudrais pas rater l'occasion qui m'est
fournie par l'étude article par article de l'article 14 pour souligner
concrètement ce que j'ai souligné à quelques reprises sans
entrer dans les détails, c'est-à-dire qu'il y avait des
dispositions dans le projet de loi no 46 qui pouvaient permettre, en bout de
course, à une minorité d'imposer ses vues à la
majorité des citoyens de la Communauté urbaine de
Montréal. Si nous nous retrouvions à l'exécutif de la
communauté urbaine avec un président qui proviendrait de la
banlieue et si, par exemple, à l'occasion d'une assemblée du
comité exécutif qui, avec les amendements qu'on vient d'apporter
tantôt au projet de
loi, était présidé à une de ses
assemblées par un vice-président qui est celui des deux qui
représente la banlieue et si une décision était prise par
l'addition de ce vote prépondérant aux six de la banlieue, nous
aurions donc une décision affirmative du comité exécutif
de la Communauté urbaine de Montréal. Devant cette situation,
Montréal se prévaudrait des dispositions de l'article 14 et, par
le vote de quatre de ses représentants à l'exécutif,
imposerait son veto à cette décision. Celui-ci étant
suspensif, on y revient à la réunion du comité
exécutif qui suit. On rediscute la question. La ville de Montréal
réexprime son veto devant un vote identique de la part des six
représentants de la banlieue auxquels s'est additionné le vote du
président ou du vice-président qui pourrait provenir de la
banlieue et nous allons au conseil de la communauté. Le conseil, dans
cette situation, de par les dispositions prévues au projet de loi no 46,
doit, pour maintenir le veto, donc pour renverser la décision qui a
été prise au comité exécutif, appuyer le veto
à la majorité des deux tiers. Il faut savoir que Montréal
ne détenant pas les deux tiers, la municipalité de
Montréal aura une grande difficulté à l'obtenir, d'autant
plus qu'il ne faut jamais perdre de vue que les six représentants de la
banlieue au comité exécutif ne représentent pas leur
muninicipalité respective, mais l'ensemble de l'entité qu'on
appelle banlieue dans le projet de loi no 46. Il est évident que les
municipalités de banlieue se sentiront très solidaires du vote
qui aura été exprimé par les représentants de la
banlieue au sein de l'exécutif et qu'il y a donc très peu de
chance que les municipalités de banlieue se fractionnent au moment du
vote des deux tiers du conseil. (21 h 15)
Ce qui risque de se produire de façon plus certaine, c'est
qu'elles votent en bloc, toutes ensemble, ce qui empêchera
Montréal d'atteindre les deux tiers des voix requises pour maintenir son
veto, donc de renverser la décision que l'exécutif aura prise. Je
crois que c'est important de souligner ce danger que contient l'article 14 du
projet de loi, surtout que, jusqu'à maintenant, on n'a pas eu beaucoup
l'occasion de l'expliquer de façon détaillée, et je
croyais que l'article 14 était une bonne occasion pour faire ressortir
cette possiblité, ce danger que j'ai exprimé à quelques
reprises comme certains de mes collègues dans les différentes
étapes qu'a subies l'étude du projet de loi no 46 jusqu'à
maintenant. Je veux quand même souligner cet aspect que j'ai beaucoup de
difficulté à accepter, et indiquer qu'évidemment on
adoptera cet article sur division sûrement en ce qui me concerne.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Bourassa.
M. Rochefort: Vous me permettrez, M. le Président, de
prendre deux secondes pour terminer. Évidemment, on me dira que la
situation est la même et qu'effectivement Montréal aussi pourrait
jouir d'une décision affirmative du comité exécutif et que
ça prendrait les deux tiers à la banlieue pour renverser cette
décision affirmative, sauf que, lorsque je vous dirai que vous avez
totalement raison, Montréal a toutefois la majorité de la
population au sein de la communauté, ce qui n'est pas le cas de la
banlieue.
M. Laplante: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Si j'inversais cela, par exemple, qu'on prenait ce
qui se passerait pour Montréal, mais qu'on l'applique aux
municipalités de banlieue, l'inverse, c'est presque nous dire à
un moment donné: Faites-nous donc une petite communauté urbaine
pour nous tout seuls de Montréal. En somme, c'est un peu cela, parce
qu'il faudrait que Montréal gagne toujours à l'exécutif.
Or, ce n'est pas cela le principe d'une communauté urbaine, c'est un
lieu de discussion, de mise en commun de services. Écoutez, si le
président n'y est pas, il y a les vetos qui sont là, ça
irait, et on revient encore sur les deux tiers du vote au conseil. C'est
là qu'on va découvrir si les gens se parlent.
Actuellement, par le vote que le député de Verdun a
donné tout à l'heure, il y a déjà des votes de
trouvés pour Montréal, et, si on prend l'article 3, vous avez
Pointe-aux-Trembles, où on a déjà retrouvé des
votes pour appuyer Montréal. Vous allez me dire que ce n'est pas
homogène, les municipalités de banlieue, elles peuvent se
séparer n'importe quand. Cela s'est vu, dans les 28
municipalités, c'est difficile d'avoir les mêmes idées chez
28 maires, tandis que Montréal a élu un chef qui s'en va
là et elles peuvent beaucoup plus facilement que les
municipalités de banlieue avoir une certaine
homogénéité; c'est cela que je ne comprends pas.
M. Caron: On ne connaît pas l'avenir, cela ne veut pas dire
qu'elles auront tout le conseil de leur côté, peut-être
qu'un jour elles seront à deux tiers et un tiers; cela va bien,
là, mais on a vu déjà, les choses virer de bord.
M. Léonard: Je pourrais peut-être donner une
explication par rapport au scénario de départ, si vous le
permettez, M. le député de Mont-Royal, c'est que, si le
président n'est pas là, vous avez un vice-président
qui préside, et le vote est de 6 à 6 parce que le
vice-président n'a pas de vote prépondérant. On est donc
devant une égalité et quand il y a une égalité des
voix, la décision est négative, il n'y a pas de décision.
Donc, on est porté, on est reconduit à une autre
séance.
M. Rochefort: J'accepte bien cette explication, M. le ministre,
mais on conviendra que, dans la situation où le président
viendrait de la banlieue, la situation que j'ai décrite pourrait se
produire, pas dans le cas d'un vice-président, je retiens ce
bout-là de mon intervention.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Cet article-là, l'article 14, dans un projet de
loi, pour moi c'est le coeur, c'est l'économie générale du
projet de loi. On a discuté abondamment de l'article 3, mais il reste
que la régulation, l'équilibre des forces, c'est beaucoup plus
à l'article 14 qu'on le retrouve.
Moi, ce que je voudrais demander au ministre, c'est ceci: Compte tenu de
son intention d'inciter le plus possible les groupes en présence
à établir un échange dans leurs rapports,
c'est-à-dire des règles du jeu qui permettent de donner
satisfaction. Par exemple, est-ce qu'il ne serait pas plus intéressant,
lorsqu'il y a une discussion qui est apportée par une opposition au sein
du conseil exécutif devant le conseil de la communauté,
plutôt que de laisser à un groupe qui pourrait être
minoritaire, c'est-à-dire les sept de l'exécutif qui voient leur
décision maintenue, confirmée, à moins d'un vote contraire
des deux tiers, que la question qui est décidée par le conseil
puisse être maintenue à moins que les deux tiers des voix ne
soient positives, la décision du comité étant
infirmée à ce moment-là. Le mécanisme ferait en
sorte que les personnes qui ont une opposition au sein du conseil
exécutif voient la décision du conseil exécutif
infirmée, à moins que le conseil exécutif n'aille chercher
le vote des deux tiers. Dans ce processus, cette dynamique consisterait
à amener le conseil exécutif devant le conseil de la
communauté, à amener le conseil exécutif à aller
chercher un appui des deux tiers pour maintenir la décision, parce que
c'est exactement l'économie contraire du projet de loi. Dans le dernier
paragraphe de cet article 14, l'exécutif voit sa décision
maintenue, à moins d'un vote négatif, tandis que là
l'exécutif, pour faire maintenir sa décision, aurait besoin d'un
vote positif.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: Puis-je donner quelques explications
là-dessus? Il me semble que, si on examine bien ce que cela produirait
dans les faits, à l'exécutif, toutes les décisions
devraient être prises aux deux tiers et, finalement, sur les douze ou
treize membres, cela en prendrait quatre ou cinq pour bloquer une
décision, faisant ainsi appel au conseil de la CUM et, là, on
demanderait encore les deux tiers. Au fond, cela revient à dire que
toute décision serait prise aux deux tiers à l'exécutif,
aux deux tiers au conseil et je m'interroge beaucoup sur l'effet
stérilisateur d'un tel mécanisme. Au fond, à moins que
toutes les décisions ne soient prises aux deux tiers, vous bloquez tout.
Finalement, si vous recherchez, par exemple, l'impact sur des décisions
qui pourraient favoriser Montréal, vous donnez un pouvoir énorme
à l'autre partie, parce qu'il faut renverser la dynamique. Elle peut
jouer dans certains cas en faveur d'une des parties, mais il faut voir de
façon générale ce qui arriverait. Je pense que, de
façon générale, cela permettrait à un groupe
minoritaire de bloquer à peu près toute décision.
Mme Harel: Mais, si vous permettez, rapidement, il reste qu'il y
a un élément très novateur, à savoir l'aspect
public des débats au conseil. Il est bien évident que
l'opposition qui se manifesterait à l'exécutif, cette opposition
ferme qui amènerait le débat devant le conseil, donc qui
amènerait un débat public, ne pourrait pas se faire de
façon frivole, parce que les personnes qui prendraient la
responsabilité d'amener le débat public devant le conseil, si
elles utilisaient de façon frivole et fréquente ce
procédé, y perdraient, mais cela forcerait l'exécutif de
la communauté à faire soutenir ses décisions quand elles
seraient considérées comme litigieuses.
M. Léonard: Cela forcerait, au fond, la ville de
Montréal, par exemple, à aller chercher une partie de la banlieue
pour faire adopter la moindre mesure, sur toute décision.
M. Ciaccia: Est-ce que cela ne risquerait pas de paralyser les
décisions de l'exécutif, parce que...
M. Léonard: Cela risque de le paralyser, je pense que cela
paralyse l'exécutif.
M. Ciaccia: Cela veut dire que, chaque fois qu'il y aurait une
décision de l'exécutif, quatre membres pourraient dire: Non, on
s'en va au conseil et il faut que le conseil vote pour. Vous transférez
alors le pouvoir de l'exécutif au conseil. Ce n'est plus
l'exécutif qui va gérer, qui va avoir le pouvoir que lui confie
la loi. Indirectement, cela va être le
conseil parce que, s'il faut obtenir les deux tiers pour confirmer la
décision du conseil, effectivement, vous transférez le pouvoir au
conseil.
M. Léonard: Pour paralyser le conseil aussi.
M. Ciaccia: C'est comme un effet négatif. C'est pour
empêcher, pour bloquer une décision de l'exécutif. Alors,
de la façon que je vois cela, c'est qu'on donne le
bénéfice du doute à l'exécutif qui est
nommé, qui a un mandat. On lui donne le bénéfice du doute
que les décisions qu'il va prendre vont être bonnes. Elles vont
pouvoir être mises en application. Mais cela se peut qu'une
décision particulière puisse affecter un certain sujet, un
certain groupe. Là, on donne l'occasion d'aller au conseil. Pour
renverser la décision de l'exécutif, il faut avoir les deux
tiers. Cela ne peut pas être renversé sans le consentement de
Montréal parce que, pour avoir les deux tiers, il faut avoir le
consentement de Montréal.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de Maisonneuve.
Mme Harel: Vous voyez bien qu'à ce moment-là, le
bénéfice du doute se trouve à reposer sur un groupe
plutôt qu'un autre. Il faut bien voir qu'avant d'en arriver à ce
que le président du conseil soit le grand médiateur qu'on
espère, il restera qu'il appartiendra ou qu'il penchera du
côté d'un groupe ou d'un autre. À partir du moment
où son vote est prépondérant, compte tenu de la
règle des deux tiers pour infirmer, c'est évident que cela fait
reposer tout l'accent sur cette fonction du président qui a ce vote
prépondérant.
Le Président (M. Desbiens): M. le ministre.
M. Léonard: C'est sûr que cela fait jouer au
président un rôle important. Cela fait aussi jouer à
l'exécutif un rôle important. Il reste que le mécanisme du
veto fait que des décisions qu'on considère comme importantes,
sur lesquelles on ne s'entend pas, vont être
déférées au conseil et discutées publiquement.
Je voudrais, pour resituer le débat, revenir sur une affirmation
du député de Gouin qui a dit: une partie peut imposer ses vues.
Le mot "vues" là-dedans, "ses vues", je pense qu'il faut faire attention
parce que, ce qui est discuté à l'exécutif, ce sont des
décisions d'administration courante. Au niveau du conseil, ce sont les
orientations. Quand on dit: discuter de ses vues, imposer ses vues, je pense
qu'on parle plutôt d'orientations. Alors qu'au niveau du comité
exécutif, on va exécuter ces orientations. On va les appliquer.
Les décisions qu'on va prendre vont porter sur la signature de contrats,
sur la négociation de conventions collectives, sur la négociation
d'emprunts, donc, des matières de gestion courante qui ne mettent pas en
cause les orientations.
Je pense que c'est important de situer cela pour les fins du
débat. On discute donc d'administration. Si, par exemple, au niveau de
l'exécutif, on discute de la nomination, supposons, d'un directeur du
service de l'évaluation... Disons d'un autre service parce que, s'il est
connu - ce n'est pas parce que je veux le remplacer ce soir... Disons d'un
directeur de service. Les gens vont en discuter; ils ne s'entendent pas et ils
considèrent que c'est une question importante. Il y a un veto de mis. Le
président tranche pour l'un ou pour l'autre. Cela peut être une
bonne ou une mauvaise décision. En fait, c'est une décision
d'administration courante qui ne remet pas en cause les orientations de la
communauté. On applique le système du veto et, finalement, cela
va au conseil. C'est une discussion publique et il y a le vote des deux
tiers.
Au départ, il faut quand même donner le
bénéfice du doute, comme le dit le député, à
l'exécutif. Sinon, il est complètement paralysé. C'est
comme si on ne lui faisait plus confiance du tout. Ce n'est que dans des cas
où vraiment on juge qu'il n'y a pas eu l'information nécessaire,
qu'il y a d'autres considérations qu'il faudrait faire intervenir dans
le débat, que le conseil, par un vote des deux tiers, va remettre en
cause cette décision. Je pense que ce qu'il faut aussi voir, c'est que,
tout le long de ce processus, il y a d'abord les discussions au niveau de
l'exécutif. Je pense aussi que le président, avant de trancher
lui-même, va peut-être proposer de déférer la
question à une autre réunion pour essayer d'amener les parties
à s'entendre. Si elles ne s'entendent pas, il va finir par trancher. (21
h 30)
II y a un veto qui reporte la discussion et déjà, en soi,
c'est assez paralysant de retarder sans arrêt des décisions comme
ça. Cela s'en va ensuite au niveau du conseil. Il y a tout le processus
de négociation, de l'obtention d'un compromis possible tout le long du
chemin, qui va intervenir et qui, à mon avis, devrait faire que des
votes de maintien du veto aux deux tiers au niveau du conseil soient
extrêmement rares et non pas la règle générale.
C'est plutôt une exception, où il y aurait un vote aux deux tiers
au conseil, un vote sur un veto, plutôt que la règle
générale.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: D'abord, je dois souligner
que je considère qu'on a présentement une discussion
très importante sur une des dispositions majeures du projet de loi 46
que nous n'avions pas eue jusqu'à maintenant. Il est temps de discuter
très largement et je crois que c'est très positif pour la bonne
compréhension et pour l'avenir de la communauté. Ce que je
voudrais dire à ce moment, c'est un certain nombre de choses, compte
tenu du débat que mon intervention a suscité. D'abord, mon
objectif n'est pas de faire en sorte que Montréal ait toujours raison,
loin de là. Je crois que j'ai été un des parlementaires
qui ont appuyé avec beaucoup d'énergie le fait d'accorder une
place beaucoup plus importante à la banlieue et une voix au chapitre de
façon très majeure quant aux décisions qui doivent
être prises au sein de la communauté. Je maintiens ces positions.
Toutefois, je maintiens aussi que, dans les dispositions du projet de loi 46,
il n'y en a aucune qui retouche la question de la taille relative des
municipalités les unes par rapport aux autres. On ne peut donc
prétendre qu'on se retrouvera avec le projet de loi 46 dans une
situation idéale à tous égards. Donc, il faut absolument
s'assurer que le projet de loi 46 ne créera d'aucune façon une
situation qui pourrait, je dis bien pourrait - je ne dis pas que ce sera
ça qui se produira à toutes les semaines - qui pourrait faire en
sorte qu'une minorité impose ses vues à la majorité.
Quand je parle de "ses vues", je suis en partie d'accord avec
l'intervention du ministre qui disait que, finalement, les grandes orientations
seront de la compétence du conseil et c'est une des grandes
qualités du projet de loi 46. Toutefois, je ne veux quand même pas
aller aussi loin qu'il l'a fait dans la description des pouvoirs du
comité exécutif qui sont beaucoup plus importants que son
intervention peut le laisser croire. Par exemple, il faut bien voir que, sur un
sujet qui a fait l'objet de très longs débats jusqu'à
maintenant au sein de la communauté, particulièrement de la part
des municipalités de banlieue, c'est le comité exécutif
qui va décider des plans d'embauche des policiers de la
Communauté urbaine de Montréal. C'est quelque chose d'important.
D'autre part, c'est le comité exécutif de la communauté
qui va soumettre au conseil un projet de budget. Quand on connaît toutes
les mécaniques que nous avons prévues pour faire en sorte qu'il
n'y ait plus d'adoption automatique du budget, il faut donc voir qu'à
partir du moment où l'exécutif aura mis sur la table une
proposition budgétaire, il faudra s'assurer qu'elle satisfasse
jusqu'à un certain point toutes les parties de façon à
éviter qu'on se retrouve dans une situation où on aura pendant
des trimestres des budgets qui sont non indexés par rapport à
l'année qui aura précédé, par exemple.
Je crois qu'il faut quand même reconnaître que
l'exécutif a des pouvoirs très importants en soi et compte tenu
de l'histoire de la communauté et des principaux sujets qui ont fait
l'objet de débats importants au sein de la communauté. Moi, je
crois que cette disposition renferme un danger, je le répète. Je
ne crois pas que ça va se produire à toutes les semaines mais le
danger est présent et, quant à moi, je ne peux y souscrire.
Finalement, il faut quand même bien comprendre. On nous a dit
tantôt: Bon, bien, écoutez, la banlieue, ce n'est pas un bloc
homogène, les gens ne votent pas toujours ensemble. S'il y a quelqu'un
qui croit que la banlieue ce n'est pas un bloc homogène, je crois que
c'est moi. Toutefois, je répète et je rappelle que les
dispositions et les principales articulations du projet de loi 46 comme du
projet de loi qui avait créé la communauté en 1979 vont
dans le sens d'inciter le plus possible la banlieue à travailler en
bloc. Par exemple, sur la disposition sur laquelle nous discutons depuis
quelques minutes, quand les représentants de la banlieue à
l'exécutif auront voté dans un sens, il est clair qu'ils auront
au moins prévu leurs arrières dans des discussions qu'ils auront
eues au préalable, par exemple, à la conférence des maires
de banlieue, pour s'assurer que, par la suite, ils auront le soutien
nécessaire au sein du conseil de la communauté. Il faut aussi
souligner qu'autant on dit oui, mais quand même les 28
municipalités ne voteront pas toujours ensemble, c'est vrai... Il faut
aussi savoir, on l'a vécu au moment où il y avait 18 conseillers
de l'Opposition au conseil municipal de Montréal, que les votes de
Montréal non plus ne sont pas homogènes, ils ne s'exprimeront pas
toujours en bloc. Je pense qu'à ce point de vue cela s'équivaut
de façon en tout cas sensible.
Je ne veux pas allonger le débat sur cette question. Je voulais
quand même utiliser le moment de l'étude de l'article 14 pour
souligner un des dangers, que j'ai indiqué à quelques reprises,
que contenait le projet de loi no 46, sans avoir l'occasion d'aborder cette
question sous tous ses aspects. Je veux répéter que, quant
à moi, c'est un danger qui est grand et qui est possible tout en
n'étant pas, je le souhaite comme vous tous, susceptible de se produire
toutes les semaines.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Nous ne sommes pas d'accord avec cette
interprétation de l'article 14. Je crois que donner l'occasion à
quatre membres du comité exécutif, s'ils s'opposent à une
mesure ou à une décision du comité, de renvoyer la
décision au conseil, c'est une mesure de sécurité au cas
où il y aurait quelques décisions du comité
exécutif sur lesquelles un groupe ou l'autre, que ce soit celui
des banlieues ou celui de la ville de Montréal, pourrait comporter de
sérieuses réticences ou de sérieuses objections. Je ne
pense pas que cela rende minoritaire la ville ou la banlieue; je dirais
même que, s'il y a un vote prépondérant, rien ne peut
arriver sans le consentement du vote des représentants de la ville de
Montréal. Pour obtenir les deux tiers, il faut absolument avoir les
votes de la ville de Montréal. C'est une partie importante. C'est une
mesure, pourrais-je dire, de sécurité au cas où il y a une
décision sur laquelle quelqu'un a des réticences. Mais pour aller
à l'encontre de la décision, il faudrait que les deux tiers
votent contre. Autrement, cela veut dire qu'on présume, qu'on donne le
bénéfice du doute au comité exécutif et la
décision va être confirmée. Je pense que cela
n'enlève pas de droits, je crois plutôt que cela ajoute des droits
aux deux groupes, que ce soient les banlieues ou la ville de Montréal,
dans des décisions importantes, cela donne un moyen de
réflexion.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Tout simplement, une dernière courte
intervention à la suite de celle du député de Mont-Royal.
Il me corrigera si j'ai mal compris, et je le souhaite. Est-ce que vous avez
dit qu'aucune décision ne pouvait être prise sans l'appui de
Montréal?
M. Ciaccia: Non, j'ai dit qu'au conseil... M. Rochefort:
Oui.
M. Ciaccia: ... pour aller à l'encontre, pour infirmer la
décision du comité exécutif, pour obtenir les deux tiers
des voix au conseil, cela prend la participation de Montréal. Les
banlieues n'ont pas les deux tiers.
M. Rochefort: Oui, oui, sur cela on s'entend.
M. Ciaccia: Bon!
M. Rochefort: Si, par exemple, la décision qui fait
l'objet d'un débat qui a nécessité l'expression du veto et
le retour au conseil est une décision qui était affirmative dans
le sens des positions de Montréal, je suis d'accord pour dire que
Montréal est très bien protégée, mais si la
décision à l'exécutif allait dans le sens des positions de
la banlieue et que c'est Montréal qui se prévalait de son droit
de veto, Montréal ne détenant pas les deux tiers des votes, il
est clair qu'il pourrait y avoir une décision qui soit prise à
l'encontre des positions de Montréal. Je ne veux pas débattre du
nombre de possibilités, je veux simplement répéter que le
projet de loi tel qu'il est rédigé à l'article 14 permet
cette situation.
M. Ciaccia: Tout est possible.
M. Rochefort: L'avenir nous dira si, effectivement, cela se
produira, mais le danger est inscrit dans la loi si nous maintenions l'article
14 tel qu'il est rédigé actuellement.
M. Ciaccia: Le problème que vous venez de souligner n'est
pas sur l'article 14. Il est sur la composition du comité
exécutif. C'est vous qui vous êtes abstenu de voter sur notre
amendement au comité exécutif. Ne vous plaignez pas maintenant
que la ville de Montréal va être minoritaire. C'est bien facile,
on s'abstient quand on vote pour donner du pouvoir à la ville de
Montréal. On arrive à l'article 14 et on se prétend les
grands défenseurs de la ville de Montréal.
Décidez-vous!
M. Rochefort: M. le Président...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: ... sur cette question, je rappellerai au
député de Mont-Royal que je n'ai pas attendu aussi longtemps que
lui ou sa formation politique pour faire connaître mes couleurs sur le
projet de loi 46 et faire savoir où je logais, je n'ai changé
d'idée à aucune reprise tout au long du débat,
contrairement à d'autres qui se trouvent autour de cette table. J'ai
bien précisé que la proposition d'amendement du chef de
l'Opposition cet après-midi ne me satisfaisait pas, donc que je
n'étais pas d'accord avec cette proposition. J'ai expliqué
pourquoi. Si vous voulez qu'on refasse le débat, on va le faire.
Deuxièmement, j'ai indiqué que, même si elle ne me
satisfaisait pas, elle allait plus dans le sens de mes positions que le projet
de loi actuel. C'est pour cette raison que je ne voulais pas voter contre cette
proposition d'amendement. Je vous rappellerai aussi que, si une décision
était prise ici qui mettait en minorité le gouvernement, en tout
temps il pourrait revenir, au moment de la prise en considération du
projet de loi à l'Assemblée nationale, et, par sa
majorité, faire revenir l'Assemblée au projet tel que
rédigé à l'heure où on se parle. Il est clair que
je ne ferai pas perdre le temps des membres de la commission, ni le mien ni
celui de l'Assemblée nationale, en jouant à la procédure.
C'est bien clair.
M. le député de Jeanne-Mance, je vous rappellerai comment
vous avez voté en Chambre au moment de la deuxième lecture.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce....
M. Bissonnet: Je vais vous répondre, vous. On a tout vu
cela aujourd'hui.
Le Président (M. Desbiens): ... que les amendements
à l'article 14...
M. Bissonnet: Cela se cache, c'est peureux.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Rochefort: Je suis très à l'aise quant à
mes prises de position.
M. Bissonnet: Vous n'êtes pas trop à l'aise.
Franchement, ce n'est pas fort.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que les
amendements...
M. Bissonnet: Les citoyens de Gouin n'ont pas été
impressionnés par votre jugement aujourd'hui.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Rochefort: On verra votre vote en troisième
lecture.
M. Bissonnet: Ne vous inquiétez pas, je me suis fait une
opinion à deux reprises.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jeanne-Mance, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: Demandez le droit de parole et dites-lui ce que vous
voulez lui dire.
M. Bissonnet: Non, j'ai très bien compris, M. le
Président. J'ai été surpris même de voir mes
collègues...
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Laplante: II me fait penser à l'ancien
député de Laurier.
M. Bissonnet: M. Laplante, prenez soin de vos médicaments
et ce sera très bien pour vous.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Jeanne-Mance, vous avez la parole.
M. Bissonnet: Premièrement, M. le député de
Bourassa, quand il y a un vote à l'Assemblée nationale, je ne me
retire pas pour me cacher derrière les rideaux, comme vous l'avez fait
cet après-midi.
M. Caron: ... c'est un ami de M. Drapeau... Il aurait voté
avec nous cet après-midi.
M. Rochefort: À l'ordre, s'il vous plaît!
Mme Lachapelle: La récréation est à 10
heures.
M. Bissonnet: Mme la députée de Dorion, vous avez
raison.
Le Président (M. Desbiens): Vous avez terminé?
M. Bissonnet: Cela va. Je vérifie le jugement du
député de Gouin. Je le suis de très près, j'ai
même des gens qui ont les yeux sur son comté. Alors, je m'occupe
d'avoir un très bon candidat contre lui à la prochaine
élection. Ne soyez pas inquiet, dans Gouin, on va y arriver.
M. Rochefort: II me fera plaisir d'avoir enfin un adversaire
véritable qui me permettra de mener une vraie campagne
électorale...
M. Bissonnet: Vous allez voir cela, on va vous en trouver tout un
bon.
M. Rochefort: ... où on discutera des vrais sujets. J'aime
me battre.
M. Bissonnet: II n'y a pas d'inquiétude.
M. Rochefort: J'espère que c'est un engagement ferme.
M. Bissonnet: On prendra une gageure sur votre moustache.
M. Rochefort: Cela me fera plaisir.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'amendement
à l'article 14 est adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté sur
division?
M. Ciaccia: Un instant, s'il vous plaît.
Une voix: Est-ce que l'article 14 est adopté?
Le Président (M. Desbiens): Non, l'amendement est
adopté. Est-ce que c'est correct? M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Afin qu'il n'y ait pas de malentendu quant au
vote sur division, je demanderais le vote enregistré sur cet
article.
Le Président (M. Desbiens): Sur l'article complet. Alors,
le vote est demandé sur l'article 14. Quels sont ceux qui sont en
faveur? Non, c'est plutôt par noms.
M. Bissonnet (Jeanne-Mance)?
M. Bissonnet: Pour, avec plaisir.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Verdun?
M. Caron: Je suis pour, moi aussi, avec plaisir, M. le
Président.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Mont-Royal?
M. Ciaccia: Pour, M. le Président.
M. Laplante: M. le Président, une question de...
Le Président (M. Desbiens): On prend le vote; s'il vous
plaît, à l'ordrel (21 h 45)
M. Bissonnet: Le député de Bourassa se permet de
vous interrompre pendant que vous demandez le vote, M. le Président.
Est-ce que le député a un respect pour vous, ce
député qui n'a même pas voulu voter cet après-midi?
Il s'est caché derrière les rideaux pour ne pas voter sur une
"faillance" et une faiblesse du Parti québécois.
M. Léonard: Une "faillance"?
M. Bissonnet: Vous "faillez" partout. Ah! Ah!
Le Président (M. Desbiens): Alors, on poursuit le vote,
s'il vous plaît.
M. Bissonnet: On va vous revoir, je tiens à vous le dire.
M. le député de
Bourassa, vous avez été chanceux la dernière
fois.
Une voix: C'est mon privilège de voter, M. le
Président.
M. Bissonnet: Vous êtes plus rassuré parce que vous
allez avoir votre pension, mais on va s'occuper de vous.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! Le vote est commencé. Alors, c'est le privilège du
député de Groulx de voter maintenant.
M. Fallu: Oui, M. le Président, je vote positivement.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Pour, monsieur.
Le Président (M. Desbiens): Mme la députée
de Dorion?
Mme Lachapelle: Je m'abstiens.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Labelle?
M. Léonard: Pour.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Gouin?
M. Rochefort: Contre.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Saint-Jacques?
M. Charron: Je m'abstiens. Une voix: Encore!
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Montmagny-L'Islet?
M. LeBlanc: Pour.
Le Président (M. Desbiens): Donc, 7 voix pour, une voix
contre et deux abstentions. Donc, l'article 14 est adopté tel
qu'amendé. J'appelle l'article 15. M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Si Pointe-aux-Trembles est annexée
éventuellement à Montréal, est-ce que cela va affecter la
composition des votes au conseil? Est-ce que cela va affecter la question des
deux tiers?
M. Léonard: Cela ne change pas la composition du conseil
de la communauté.
M. Ciaccia: Pas la composition, mais les voix? Est-ce que...
M. Caron: Deux, trois votes de plus, à
Montréal.
M. Ciaccia: II va avoir moins de votes.
M. Léonard: Le mode de représentation, c'est un
vote par 1000 habitants; alors, ça reste cela, quel que soit le nombre
de villes ou le nombre de conseillers.
M. Ciaccia: Maintenant, pour déterminer les deux tiers,
présentement, ni Montréal ni les banlieues n'ont les deux tiers.
Est-ce que cela va continuer?
M. Léonard: Cela continue pareil.
M. Ciaccia: Cela continue pareil, il n'y a pas assez de
votes.
M. Léonard: Je pense qu'à part cela,
au-delà de cela, au-delà des décomptes, il y a le
principe qu'à mon avis, si on parle d'une communauté, ce n'est
pas une seule ville qui prend la décision, il faut qu'il y ait quand
même le concours de plusieurs membres, de plusieurs villes membres de la
communauté.
M. Ciaccia: Je comprends.
Le Président (M. Desbiens): L'article 15 est-il
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Adopté. J'appelle
l'article 16.
M. Laplante: Une question juste en passant. Disons qu'un conseil
ne veut pas déléguer son maire, est-ce qu'il le peut
là-dessus? Je ne veux pas faire allusion au député de
Verdun, pas du tout, je parle en général. Ce que je veux savoir,
c'est le pouvoir du conseil municipal à un moment donné de dire:
On ne veut pas que ce maire aille là. Est-ce qu'il peut en
désigner un autre à la place du maire?
M. Léonard: Oui, M. le député. J'inviterais
aussi le député de Verdun à lire cet article parce qu'il
aura une réponse à la question qu'il me posait tout à
l'heure. Je lis: En cas d'absence ou d'incapacité ou de refus d'agir du
maire - comme on l'a dit tout à l'heure - ou en cas de vacance de son
poste, le conseil de la municipalité désigne comme
délégué un autre de ses membres par résolution dont
copie ..., etc.
M. Laplante: Cela ne répond pas à ma question.
Disons que le maire est minoritaire et que les conseillers décident
d'envoyer quelqu'un d'autre que le maire au conseil.
M. Bissonnet: Pardon? Vous parlez de la minorité? Je
connais cela.
M. Léonard: M. le Président, j'aurais dû lire
la première ligne: Dans le cas des municipalités autres que la
ville de Montréal, le maire est d'office délégué au
conseil de la communauté.
M. Bissonnet: Excellent! Bonne initiative!
M. Laplante: Si c'était, pour ne pas entamer une
discussion ce soir...
M. Charron: J'espère que vous ne prenez pas le train ce
soir, vous allez vous tromper de porte!
M. Bissonnet: Une minute, je vais vous répondre. J'aime
cela vous répondre, vous, vous partez dès que c'est chaud.
Le Président (M. Desbiens): À l'ordre, s'il vous
plaît! M. le député de Bourassa, l'article a
été adopté.
M. Laplante: Vous avez raison, M. le Président. Je
m'excuse.
Le Président (M. Desbiens): J'ai appelé l'article
16. M. le député de Jeanne-Mance, sur l'article 16?
M. Bissonnet: J'aimerais que le député de Bourassa
soit plus explicite sur la minorité, je vois qu'il a
réfléchi là-dessus.
Le Président (M. Desbiens): Sur l'article 16. Est-ce que
l'article 16 est adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 17. Oui, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, sur l'article... non,
excusez-moi. Adopté, 17.
Le Président (M. Desbiens): Article 17, adopté.
L'article 18 comporte une série d'amendements.
M. Léonard: Non, il s'agit d'autres articles
intercalés entre 18 et 19.
Le Président (M. Desbiens): C'est intercalé?
D'accord, cela va. J'appelle l'article 18. Est-il adopté?
M. Ciaccia: Est-ce que ce sont des amendements?
Le Président (M. Desbiens): Ce sont des ajouts. C'est un
nouvel article.
M. Léonard: II serait en concordance avec...
Le Président (M. Desbiens): Oui, ce serait
intercalé entre l'article 18 et l'article 19. Oui, M. le ministre.
M. Léonard: L'article 18 est en concordance avec l'article
17 qu'on vient d'adopter sur la convocation du conseil de la communauté.
Cela permet donc à une commission de convoquer une assemblée
spéciale du conseil, en plus des personnes à qui la loi actuelle
donne déjà ce droit. Cet article, de plus, rend explicite ce qui
est déjà implicite dans la loi actuelle. L'avis de convocation
d'une assemblée spéciale pour tenir lieu d'ordre du jour doit
mentionner les sujets devant faire l'objet de discussions.
M. Ciaccia: Les articles 18.1 et 18.2
sont séparés? Les prend-on un par un?
M. Léonard: Oui, ce sont d'autres articles, l'article 18.1
et l'article 18.2.
M. Ciaccia: Article 18 adopté.
Le Président (M. Desbiens): Article 18, adopté.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Desbiens): II y aurait l'insertion
après l'article 18 d'un nouvel article qui sera numéroté
pour l'instant 18.1. Vous l'avez sur un papillon: "L'article 48 de cette loi,
modifié par l'article 2 du chapitre 87 des lois de 1975, est de nouveau
modifié par l'addition, à la fin, de l'alinéa suivant: "Le
secrétaire fait publier un avis préalable de la tenue de chaque
assemblée du conseil dans un journal diffusé dans le territoire
de la communauté."
Ce nouvel article 18.1 est-il adopté?
M. le député de Verdun.
M. Caron: M. le ministre, vous dites "dans un journal
diffusé dans le territoire". Est-ce que ce journal doit couvrir
complètement le territoire ou est-ce que cela peut être un journal
de quartier? C'est une bonne question, n'est-ce pas?
M. Léonard: Quand on parle de publication dans les
journaux, je pense qu'on parle de la publication la plus large possible et on
entend, je pense, les grands journaux de Montréal. Il n'y en a quand
même pas un grand nombre.
M. Caron: Non, mais je pose la question.
M. Léonard: Vous dites un journal de quartier. Par
définition, ce n'est pas un journal qui couvre l'ensemble du
territoire.
M. Caron: Un journal diffusé dans le territoire, cela peut
être un journal de quartier, qui ne couvre qu'un secteur.
M. Léonard: On me dit que ce sont des règles de
rédaction du ministère de la Justice. Je crois qu'il faut aussi
s'en tenir à l'objectif. Il s'agit de faire connaître le fait
qu'il y a réunion du conseil. Si les gens s'en tiennent à une
diffusion sous le boisseau, comme on disait, il me semble qu'on n'atteint pas
du tout les objectifs et qu'on ne se conforme pas à la loi.
M. Caron: Cela pourrait être cela.
Le Président (M. Desbiens): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: S'il y a une assemblée spéciale ou une
assemblée d'urgence, est-ce qu'ils sont tenus de faire la même
publication? Avez-vous quelque part une restriction pour les assemblées
d'urgence?
M. Léonard: Chaque assemblée du conseil. Ce n'est
pas spécifié s'il s'agit d'une assemblée
régulière ou d'une assemblée spéciale. Toutes les
assemblées.
M. Laplante: Qu'arrive-t-il s'ils n'ont pas le temps de faire la
publication pour une assemblée d'urgence?
M. Léonard: Même dans la convocation des
assemblées spéciales, il y a des délais minimaux. Cela
donne le temps de publier dans un quotidien. Dans un quotidien, à
vingt-quatre heures d'avis, quarante-huit heures au maximum...
M. Laplante: Adopté, pour ma part.
Le Président (M. Desbiens): Est-ce que l'article 18.1 est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté, M. le Président.
Assemblées du conseil
Le Président (M. Desbiens): Adopté. Le nouvel
article 18.2 se lirait ainsi: Les articles 50 et 51 de cette loi sont
remplacés par les suivants: "Article 50. Les assemblées du
conseil sont publiques. Une assemblée du conseil comprend une
période au cours de laquelle les personnes présentes peuvent
poser des questions aux membres du conseil. "Article 51. Le conseil peut
adopter un règlement relatif à sa gouverne et à sa
régie interne. Ce règlement peut notamment prescrire la
durée de la période de questions lors d'une assemblée du
conseil, le moment où elle a lieu et la procédure à suivre
pour poser une question. "51a. Le quorum des séances du conseil est
formé par la majorité des membres, dont au moins le tiers des
représentants de la ville de Montréal et le tiers de ceux des
autres municipalités."
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: La façon dont l'article 18.2 est
rédigé, c'est qu'on institue une période de questions,
mais on stipule que c'est le conseil qui peut adopter un règlement
relatif à cette période de questions et le règlement peut
prescrire la durée de la période, le moment où elle a lieu
et la procédure à suivre pour poser une question. Cela serait
possible, de la façon que c'est écrit ici, que le conseil
permette seulement les questions écrites. Je voudrais être
assuré et je voudrais suggérer un amendement pour que
ce soit clair que ce sont des questions orales. Je proposerais donc
qu'une assemblée du conseil comprenne une période au cours de
laquelle les personnes présentes peuvent poser des questions orales aux
membres du conseil. Mon amendement se lirait comme suit: L'article 50 de la Loi
de la Communauté urbaine de Montréal, remplacé par
l'article 18.2 du projet de loi no 46, est modifié en ajoutant à
la troisième ligne du deuxième alinéa après le mot
"questions" le mot "orales".
Le Président (M. Desbiens): Bon, alors, sur la
recevabilité de l'amendement. Sur l'amendement?
M. Charron: Sur l'amendement, parce que je pense que ce que vient
de dire le député de Mont-Royal rejoint ce que j'ai l'intention
de dire. Je ne sais pas - c'est le ministre qui nous le dira - si le
libellé de cet article rejoint à la lettre ce qui a
été inclus dans ce qui s'appelait la Loi sur la démocratie
municipale, quant aux obligations du conseil de ville, mais chien
échaudé craint l'eau froide. C'est peut-être pour ça
que j'allais dans le même sens que l'amendement du député
de Notre-Dame-de-Grâce.
Nos administrations municipales dans tout le Québec, celles de la
communauté urbaine ont été loin de faire exception, se
sont rapidement adaptées, si on peut dire, dans le mauvais sens du mot,
à cette nouveauté dans les lois municipales. À plusieurs
endroits, la possibilité laissée au conseil de se doter de
règlements a, à toutes fins utiles, donné lieu à
l'adoption de règlements tels qu'on a tué dans l'oeuf
l'initiative qu'on voulait adopter. Je pense que l'administration sortante de
Montréal va passer à l'histoire comme étant une des moins
démocratiques qu'on aura eues sur notre territoire, mais je ne voudrais
pas lui faire porter seule le blâme. Je vous assure que dans les 28
autres municipalités de la communauté urbaine, il y a de jolis
petits empires aussi qui existent, où certains dirigeants municipaux
n'ont pas de leçon de démocratie à donner à la
municipalité de Montréal.
Dans ce sens, je suis un peu sceptique. Je ne peux pas voter contre cet
article, c'est bien certain. Je suis un peu sceptique de la latitude
donnée parce qu'on pose des conditions. Par exemple, on va dire: Si on
n'adoptait pas l'amendement du député de Mont-Royal ou quelque
chose dans ce sens. Par exemple, on peut adopter un règlement selon
lequel une question qui doit être posée au conseil municipal doit
avoir été acheminée trois mois avant au secrétaire
du Conseil exécutif, ce qui est, à toutes fins utiles,
ridiculiser les citoyens et se départir de l'obligation qui est dans la
loi.
Je ne sais pas s'il existe au ministère des Affaires municipales
un bilan de la réalisation de la Loi sur la démocratie municipale
mais j'ai l'intuition que cela ne doit pas être très rose comme
expérience. C'est pour cela que j'aimerais entendre le ministre sur,
à la fois le bilan et sa réaction à une proposition du
genre de celle du député de Mont-Royal.
M. Léonard: Est-ce que vous me permettez de
dépasser légèrement le temps?
Après on pourra reprendre la discussion demain sur cela, parce
qu'il y a moyen d'échanger...
M. Bissonnet: On peut continuer parce que c'est "hot". On n'est
pas pressé.
Le Président (M. Desbiens): Très
légèrement.
M. Léonard: Très légèrement,
simplement pour dire que le texte qu'il y a là correspond exactement
à ce qu'il y a dans la Loi des cités et villes.
M. Bissonnet: C'est cela.
M. Léonard: Dans la loi 105 il y avait une disposition
particulière pour les municipalités dont le conseil se composait
de plus de 20 conseillers. Là, il y avait des questions par
écrit.
Par ailleurs, très rapidement si vous permettez, je pense
qu'après deux ans d'exercice de cette loi il y a tout de même eu
des améliorations très sensibles en comparaison avec la
première année et que les gens graduellement appliquent
correctement, à mon avis, la loi. J'en prends à témoin des
discours sur le budget de cette année qui ont été beaucoup
plus positifs que l'an dernier. Il y a eu une nette amélioration, je
trouve vraiment quelque chose de positif à cela. Maintenant, la question
qu'il faudrait se poser: Est-ce qu'une disposition comme cela, si on devait
l'améliorer, ne devrait toucher que la CUM et ne devrait pas toucher
l'ensemble des municipalités? Par ailleurs, il faut aussi faire
confiance jusqu'à un certain point à l'exercice de la
démocratie au plan local et à l'expérience même des
élus qui, en définitive, trouvent l'expérience pas aussi
négative que cela pour eux-mêmes.
Le Président (M. Desbiens): La commission élue
permanente des affaires municipales ajourne ses travaux à demain matin,
dix heures.
(Fin de la séance à 22 h 03)