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(Onze heures trente-deux minutes)
Le Président (M. Blank): La commission élue
permanente des affaires municipales se réunit pour adopter des projets
de loi privés.
Les membres sont: MM. Bissonnet (Jeanne-Mance), Caron (Verdun), Dubois
(Huntingdon), Fallu (Groulx), Mme Harel (Maisonneuve), M. Lachance
(Bellechasse), Mme Lachapelle (Dorion), MM. Léonard (Labelle), LeMay
(Gaspé) remplace Ouellette (Beauce-Nord), Rochefort (Gouin), Rocheleau
(Hull), Tremblay (Chambly).
Les intervenants sont: MM. Beauséjour (Iberville),
Bélanger (Mégantic-Compton), Brouillet (Chauveau), Desbiens
(Dubuc), LeBlanc (Montmagny-L'Islet), Leduc (Saint-Laurent), Ouellette
(Beauce-Nord) remplace LeMay (Gaspé), Picotte (Maskinongé), Ryan
(Argenteuil).
Comme rapporteur, on va renommer notre ami, le député de
Gaspé; tout le monde est d'accord.
Le premier projet de loi à l'étude ce matin: le projet de
loi no 202, Loi concernant la ville de Montréal-Est et...
M. Rochefort: Est-ce que ce serait possible que vous nous donniez
l'ordre de discussion des différents projets de loi sur lesquels on doit
discuter aujourd'hui?
M. Léonard: Oui, mais je pense qu'il y aura des
modifications là-dessus.
M. Rochefort: Le minimum pour ce matin.
M. Léonard: Avant-midi: Montréal-Est, Verdun,
Kirkland, dans ce sens-là. Mont-Royal sera étudié cet
après-midi ou ce soir.
M. Rocheleau: Montréal-Est, Verdun, Kirkland.
M. Léonard: Montréal-Est, Verdun, Kirkland
peut-être Grand-Mère, si on a le temps de le commencer.
M. Paquette: J'ai devant la commission un projet de loi à
mon nom, j'aimerais savoir si...
Le Président (M. Blank): Le projet E.P.I.C..
M. Paquette: II va passer cet après- midi? Oui, le projet
E.P.I.C.
Le Président (M. Blank): Cet après-midi.
M. Léonard: On va les entendre cet après-midi.
Projet de loi no 202
Le Président (M. Blank): Le projet de loi 202, est-ce que
le député de Bourassa a trente secondes pour...
M. Laplante: Oui, je veux souhaiter la bienvenue aux
représentants de Montréal-Est et sympathiser avec vous surtout
à cause de la grave maladie de votre premier représentant, M. le
maire Rivest. Vous lui présenterez mes amitiés et mes voeux pour
un prompt rétablissement.
À ce moment-ci, M. le Président, j'aurais une proposition
à faire à la commission, si les membres sont d'accord. Le projet
de loi 202 est identique en tous points au projet de loi no 235 concernant la
ville de Val-d'Or; on y trouve le même nombre de numéros, les
mêmes articles et j'en proposerais l'adoption en bloc, si les membres de
la commission sont d'accord.
M. Léonard: M. le Président, d'abord je voudrais
souhaiter la bienvenue aux gens de Montréal-Est et souhaiter aussi un
prompt rétablissement à M. le maire Rivest.
Je voudrais simplement faire remarquer qu'il y a cependant une petite
différence parce qu'on n'a pas mis dans la demande de réserve
foncière un bout qui dit: "Le présent article ne s'applique pas
à l'acquisition d'immeubles pour fins industrielles." Normalement, dans
toutes les réserves foncières que nous accordons à l'heure
actuelle, ce texte y est, et je ne sais pas si vous avez des raisons
particulières pour l'exempter ou le sortir.
Une voix: Non, nous n'avions pas de raisons particulières.
J'ai pris des textes des villes d'Anjou et Pointe-aux-Trembles qui ont
été accordés... alors c'est le même texte;
maintenant, si vous voulez y ajouter une restriction.
M. Léonard: Je pense que c'est là, dans les autres;
moi, je voudrais plutôt l'incorporer pour que ce soit le texte
général
qui s'applique chez vous. On n'a pas d'objection à la
réserve foncière vous comprenez bien, et puis on le ferait comme
on l'a fait hier à Val-d'Or parce qu'on ajoute cela, il y a une
réserve pour acquisition d'immeubles pour fins industrielles et, comme
vous avez un peu d'industries chez vous, ce ne serait peut-être pas
mauvais.
Une voix: D'accord. Alors, à quel article
suggérez-vous, M. le ministre, de...
Une voix: À l'article 1, M. le ministre? M.
Léonard: Oui. À la fin.
M. Laplante: Êtes-vous d'accord avec cela, monsieur?
M. Rocheleau: De réserves foncières pour fins
d'habitation ou d'industrie?
Le Président (M. Blank): Le présent article ne
s'applique pas. L'article 1 est adopté tel qu'amendé?
Adopté. L'article 2 est adopté. L'article 3 est adopté.
L'article 4 est adopté. L'article 5 est adopté. L'article 6 est
adopté. L'article 7 est adopté. L'article 8 est adopté.
L'article 9 est adopté. L'article 10 est adopté. La loi est
adoptée telle qu'amendée.
M. Pigeon (Robert): Alors, M. le ministre, Robert Pigeon,
procureur de la ville de Montréal-Est, et M. Yvon Labrosse, qui est
maire suppléant à la ville de Montréal-Est, vous
remercient de même que tous les membres de la commission de votre
compréhension et de nous avoir accordé les pouvoirs
demandés. Merci.
Projet de loi no 247
Le Président (M. Blank): Le projet de loi no 247, Loi
concernant la cité de Verdun.
M. Léonard: Cela, je pense que c'est très
compliqué. Il me semble qu'on devrait décoller cela dans un bon
six mois, M. le Président.
M. Rocheleau: Oui, oui, ça va être dur.
Le Président (M. Blank): Oui, l'année prochaine
peut-être.
Une voix: Cela va être ardu.
M. Léonard: II a des gens qui sont en conflit
d'intérêts, il me semble, là-dedans.
M. Bissonnet: S'il y a un type qui n'est pas en conflit
d'intérêts, c'est bien le député de Verdun...
Le Président (M. Blank): Est-ce que j'ai une copie, M.
Lanctôt?
M. Bissonnet: ... puisqu'il est l'administrateur numéro un
et le type le plus populaire à Verdun.
Le Président (M. Blank): Est-ce que vous avez une copie
des amendements? La même qu'à Québec? Les SIDAC, oui. Mais,
on va écouter le parrain et non le maire. M. le député de
Verdun.
M. Caron: M. le Président, le parrain étant
à son bureau parce qu'on devait passer à trois heures, on peut
l'excuser et c'est tout à fait normal. Alors, on souhaite la bienvenue
à Me Gilles Hébert, qui est le procureur de la ville, et à
M. Gérard Guay, qui est directeur du personnel et adjoint au
gérant. Trois conseillers nous arrivent: M. Bill Manville, qui
représente le beau secteur de l'île des Soeurs; M. Robert
Liboiron, conseiller no 10 et notre ex-directeur des incendies; M. Lucien
Desjardins, qui est conseiller avec nous. Vous voyez que cela va bien aller. Il
n'y a pas d'opposition, M. le Président, cela va bien aller. On a
laissé l'opposition en ville.
Le Président (M. Blank): L'article no 1.
M. Léonard: ... dans un secteur de la ville.
M. Hébert (Gilles): Alors, M. le Président, M. le
ministre, messieurs, cet article a pour but d'autoriser la ville à
acquérir un certain terrain qui se trouve, dans la ville. C'est un
immeuble où on avait fabriqué, dans le temps de la guerre,
où on fabriquait, dans le temps de la guerre, des munitions et qui est
désaffecté maintenant; il a été utilisé
pendant un certain temps par les locataires pour de petits commerces.
L'immeuble a passé au feu en 1979, le terrain est donc rasé et il
constitue, dans le territoire, 21 acres sur un ensemble de 1579 acres. Nous
voulons l'acquérir pour ensuite l'aménager, y implanter des
services municipaux et aussi effectuer des ventes à l'industrie ou pour
des fins commerciales ou résidentielles. À ce moment-là,
nous ferons approuver nos titres par la Commission municipale en vertu de la
loi générale.
Le Président (M. Blank): M. le ministre.
M. Léonard: Je n'ai pas très bien suivi. Pourquoi
ne prenez-vous pas la réserve foncière habituelle?
M. Hébert: Bien, ce texte-là vient d'un...
M. Léonard: Parce qu'à l'heure actuelle, on a un
texte sur les réserves foncières qui
s'applique à peu près à toutes les
municipalités et qui correspond à ce qu'on veut faire. Il n'y a
pratiquement pas d'exceptions à cela et je voudrais savoir finalement
pourquoi. Là vous voulez acquérir des terrains pour fins
commerciales et industrielles. Il y a la Loi sur les fonds industriels en ce
qui concerne les biens ou les terrains acquis pour fins industrielles. Cela
peut aussi, à l'occasion, servir pour des fins commerciales. Pourquoi
donner cela dans une réserve municipale?
M. Hébert: Le conseil ne voulait pas l'étendre
à l'ensemble de la municipalité. Il ne voulait pas avoir un
pouvoir très large. Il voulait avoir un pouvoir très
déterminé sur un lot en particulier, qui est celui où se
trouve ce qu'on appelait en fait la DIL autrefois. Cela se limite, comme vous
le voyez, à un terrain bien spécifique. Cela avait
déjà été accordé à la ville de La
Prairie, qui a justement procédé exactement de cette façon
pour développer un seul terrain. Le conseil ne voulait pas avoir un
pouvoir très large à l'époque pour se lancer dans des
investissements dans toute la municipalité. Il voulait restreindre son
pouvoir à un seul terrain. C'est dans ce sens, évidemment, qu'il
a présenté ce projet de loi. Les citoyens étaient d'accord
pour que nous allions exclusivement vers ce terrain. M. le maire pourrait
peut-être vous faire des commentaires plus précis. C'était
la raison...
M. Caron: M. le Président, M. le ministre, pour vous
éclairer dans votre décision, il s'agit du fameux terrain dont on
a parlé durant quelques années. Il y a un site aussi où
l'on voulait, à un certain moment, installer un centre commercial.
À cause des marchands, il y a eu du brouhaha dans le temps. C'est M.
Tardif qui était ministre des Affaires municipales. On a
été reçu à la Commission municipale et cela n'a pas
été rejeté tout à fait. On voulait qu'on
procède d'une autre façon. La ville a décidé de
laisser tomber ce projet de centre commercial pour pouvoir construire des
logements à prix modique.
Notre garage municipal, qui est une nécessité dans la
ville de Verdun et qui est à la sortie du métro, sera vendu pour
des terrains ordinaires. Si la Société d'habitation attend
après cela, nous, de la municipalité, attendons après cela
pour notre garage municipal. C'est à la satisfaction de l'Association
des marchands de Verdun qu'on procède de cette façon. On vend
notre garage municipal qui est situé dans un secteur résidentiel,
ce qui n'est pas trop agréable pour ces gens, à cause du bruit,
etc. On pourrait construire encore des logements à prix modique ou sur
une rue transversale à la rue Wellington. C'est à la satisfaction
de tout le monde, cette entente.
Le fait qu'on laisse tomber le projet de centre commercial, le nombre de
boutiques et tout cela, c'est à leur satisfaction. Ils ne sont pas venus
ici parce que c'est la vente de trottoir à Verdun. Vous voyez qu'il n'y
a pas d'objection. Ils sont même heureux de voir ce que vous avez
accepté de donner à Québec et à d'autres villes,
tel que demandé; c'est encore à leur satisfaction. Naturellement,
si on pouvait mettre des maisons en chantier le plus vite possible, je pense
que ce serait dans l'intérêt de tout le monde. C'est un site mort
depuis une trentaine d'années.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, comme parrain de ce projet de
loi, je voudrais juste appuyer ce que le député de Verdun, qui en
est en même temps le maire, vient de dire. Savez-vous, hier, on a
reçu des représentants de la ville de Québec et le
ministre a indiqué qu'il y avait une demande concernant la fluctuation
des taux d'intérêt qui n'avait jamais été
présentée. C'était quelque chose de nouveau - je comprends
très bien cela -dans l'argument présenté quand la ville de
Québec est venue. Ici, la demande a des précédents. Les
gens ne demandent pas quelque chose qui n'existe nulle part ailleurs, il y a
des précédents. La ville de Verdun ne demande aucunement une
faveur ou un traitement différent des autres. Les gens ont pensé
à l'intérêt de la ville, tout en se basant sur un
précédent, comme l'avocat de la ville vient de l'expliquer, qui
existe déjà. Donc, à Verdun, c'est très bien
reçu et j'espère que le ministre va appuyer cette demande.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: Tout à l'heure, le ministre a
questionné la ville pour savoir pourquoi elle n'utilise pas un peu la
loi qu'on a votée pour plusieurs autres municipalités il y a
déjà quelques années et qu'on a votée aussi hier
à quelques reprises, qui semblerait, en tout cas à
première vue, donner plus de pouvoirs à la ville. Elle ne serait
pas obligée d'utiliser tous ces pouvoirs mais elle aurait quand
même plus de pouvoirs. Cela rendrait cette loi conforme à celle
des autres municipalités. Je n'ai pas compris quels étaient les
motifs qui faisaient que ça n'intéressait pas Verdun d'avoir la
latitude que l'autre projet de loi donne.
M. Caron: M. le Président, pour répondre un peu
à mon collègue de Chambly, comme le procureur vient de vous le
dire, c'est un site qui borne le chemin qui va au pont Champlain, c'est un site
complètement
à part, un site qui est mort. La population de Verdun -
même l'environnement autour -et les deux conseillers qui
représentent le secteur, qui ne sont pas ici, sont d'accord une fois
pour toutes d'en finir. C'est notre ex-collègue, l'ancien
député de Sainte-Anne et son frère. Je ne vois pas
pourquoi, pour sauver du temps... On veut aider le gouvernement dans la
construction, on a ce qu'il faut pour développer. Ce ne sera pas 10 000
logements comme à Montréal, mais nous, si on peut en faire 1000
ou 2000... Le fait de déménager notre garage municipal qui existe
depuis environ 80 ans, dans le temps qu'il y avait des chevaux... On n'est plus
adéquat.
Je pense qu'on a 250 unités à Verdun actuellement. Le
ministre des Travaux publics a eu l'occasion à l'ouverture de la semaine
des travaux publics de venir chez nous. Il a vu qu'on est très bien
organisé au point de vue de l'équipement, mais cet
équipement traîne un peu partout, à trois, quatre places
dans la municipalité. En hiver, à certains moments, on a de la
difficulté à le faire partir, c'est comme autre chose. De plus,
on n'est pas exempt du vandalisme chez-nous, comme ça se fait ailleurs.
Alors, imaginez-vous des morceaux d'équipement de 150 000 $ qui se font
abîmer le soir et les fins de semaine. On a aussi une bonne partie de
l'argent nécessaire pour mettre le chantier en marche. On a la
réserve pour. C'est la raison pour laquelle on demande ces pouvoirs.
Même la banque d'expansion qui a l'hypothèque sur la
propriété ne s'y oppose pas. Cela nous sauverait du temps et on
ne crée pas un précédent, cela a déjà
été fait.
M. Tremblay: M. le Président, je comprends bien cela et,
en fait, on est d'accord. On parle de la même chose. On constate que vous
voulez régler certains problèmes. Ce qu'on disait, c'est qu'il
existe un texte de loi qui a été adopté pour plusieurs
autres municipalités, qui vous donne ces pouvoirs, plus d'autres. En
quoi cela vous dérangerait-il d'avoir les mêmes pouvoirs, qui sont
plus grands, que les autres municipalités?
M. Caron: M. le Président, juste pour répondre
à mon collègue de Chambly, le procureur nous a
suggéré de procéder de cette façon. Je ne suis pas
un procureur, j'essaie d'administrer à ma façon, mais je pense
que si le procureur nous suggère cela, à ce jour, il a fait ses
preuves, alors...
M. Hébert: Ce qui arrive, c'est que ce dont vous parlez
actuellement, qu'on accorde généralement aux villes, c'est des
pouvoirs d'approprier des terrains pour des réserves foncières et
pour l'habitation. Si vous voulez acquérir des terrains pour des fins
industrielles ou commerciales, vous devez à ce moment créer un
fonds industriel, vous devez emprunter à même le fonds industriel.
C'est la seule façon de procéder. Quant à nous,
actuellement, nous n'avons pas de fonds industriel. Comme M. le maire le
soulignait tantôt, nous voulons procéder assez rapidement parce
que ça traîne déjà depuis deux ou trois ans, cette
chose. On veut, par ce texte spécifique, ne pas passer par la Loi sur
les fonds industriels, mais procéder directement à l'achat, faire
la subdivision, implanter des services et revendre à l'entreprise
privée ou au gouvernement ou l'utiliser pour des fins municipales.
Il ne faut pas oublier que ce terrain est borné, sur un de ses
côtés, par toute la voie Décarie qui aboutit au pont
Champlain. C'est évident que, tout le long de cette voie, on ne peut pas
construire des immeubles résidentiels; il faudra trouver une formule -
est-ce que ce sera de l'industriel? - mais, entre-temps, il faudra créer
le fonds, il faudra procéder à un emprunt à même le
fonds industriel, etc. Là, on se retarde d'environ deux ou trois ans
avec cette chose-là.
C'est la principale raison pour laquelle ce texte spécifique, qui
a déjà été accordé à La Prairie, vous
a été proposé. Comme je l'ai dit tantôt, ça
ne s'applique pas à l'ensemble de la municipalité, mais à
un terrain bien spécifique.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Groulx.
M. Fallu: La ville de Verdun réclame un pouvoir
spécifique sur un terrain. Néanmoins, on sait que la presque
totalité de Montréal et des villes de l'Est de Montréal a
maintenant la réserve foncière - on l'a accordée à
Montréal-Est à l'instant - qui effectivement a essentiellement le
même effet, c'est-à-dire ne retarde rien du seul fait que la loi
soit sanctionnée d'ici 24 heures ou 36 heures, vous acquérez le
même droit que vous avez ici.
Pour ce qui a trait au fonds industriel, vous avouez vous-même
que, pour le moment, vous mettrez quand même quelques mois à voir
cette implantation. Il y a une réflexion d'aménagement qui doit
se continuer, ce qui vous laisserait le temps de créer le fonds
industriel, en vertu des lois du Québec. Toutefois, j'y verrais un
avantage. Je sais fort bien qu'il y a un problème à régler
d'une façon spécifique, mais il existe quand même à
Verdun des trous à la suite d'incendies, de démolition, il y a
quelques terrains vacants. À un moment donné, il y aavantage à faire de la consolidation de terrains comme la ville de
Montréal tente d'en faire un peu partout présentement. Au point
de vue de la fiscalité municipale, c'est une dimension essentielle parce
que tout lot vacant dans une municipalité n'est pas
productif, depuis la réforme de la fiscalité.
Je sais que vous êtes modestes dans votre demande, mais je vous
inciterais à ne pas l'être. Avoir des pouvoirs qui de fait vous
donnent ceux que vous réclamez, mais qui permettent à la
municipalité, quand elle le voudra, quand elle l'entendra, selon son
propre rythme, de faire la consolidation de son propre territoire et voir non
seulement à l'aménagement, mais aussi au développement du
territoire dans les parties qui pourraient l'être éventuellement
ou qui le sont déjà ailleurs, je veux donc souligner avec force
que ce que l'Assemblée nationale offre, c'est encore plus que vous ne
demandez et avec, à court terme, exactement le même
résultat.
M. Léonard: Avec le pouvoir de réserve
foncière ordinaire, vous pourriez faire un grand bout de chemin.
M. Garon: Ce projet de loi, vous l'avez depuis un an; on l'a
retardé aux fêtes, il y avait des raisons de le retarder et
j'étais d'accord, mais, plus on retarde, ce n'est pas seulement la
construction du garage, c'est la Société d'habitation qui attend.
En plus, la municipalité attend pour rénover des rues, on est
dans un secteur où il y a de la rénovation, alors...
M. Léonard: On est d'accord. Si vous avez le pouvoir de
réserve foncière - non pas général, mais celui
qu'on accorde de plus en plus fréquemment aux municipalités, et
sur lequel on n'a pas d'objection - je pense que ça ira, on va
l'inscrire là-dedans et on va vous l'accorder tout de suite.
M. Caron: Je demanderais au procureur d'émettre son
commentaire.
M. Hébert: II y a évidemment une différence
qui est bien spécifique, vous allez voir que pour le pouvoir d'emprunt,
l'approbation ne se fait que directement par le ministre et la Commission
municipale, mais c'est relié à un seul terrain. Dans le cas des
pouvoirs qui sont généralement accordés aux villes, le
pouvoir d'emprunt, lorsqu'il est exercé, doit être soumis à
l'ensemble des procédures prévues par la Loi sur les cités
et villes pour les emprunts, ce qui n'est pas le cas dans le texte qu'on vous
propose.
M. Léonard: Je m'en tiendrais à la réserve
foncière qu'on a accordée tout à l'heure à
Montréal-Est. (12 h 15)
Le Président (M. Blank): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Me Hébert, juste une question. En fait, on
veut un texte. On a un terrain qui est bien spécifique à
développer et c'est assez urgent. En ce qui a trait à
l'argumentation que vous avez présentée tout à l'heure,
concernant le fonds industriel, j'ai bien saisi que la ville de Verdun n'a
jamais été impliquée dans la Loi sur les fonds
industriels. Elle n'a pas de parc industriel qu'elle a développé.
Beaucoup de municipalités revendent des terrains et il faut des
approbations de la Commission municipale du Québec, mais pourriez-vous,
s'il vous est possible, en parler davantage parce que c'est là que je
vois la différence en ce qui a trait à votre demande et en ce qui
a trait à la demande générale. C'est là qu'est la
différence entre les deux.
M. Hébert: Si on obtient le pouvoir qui est accordé
à l'ensemble des municipalités, il faudra faire deux
opérations: la première, mettre en application les nouveaux
pouvoirs qui vont nous être accordés pour tout ce qui va concerner
les fins municipales et les fins d'habitation. Il faudra, d'autre part, pour le
secteur qu'on voudra acquérir pour des fins commerciales et des fins
industrielles, créer le fonds industriel, faire l'emprunt pour le fonds
industriel. C'est à la suite de ces deux opérations qu'on
acquerra une partie du terrain par le fonds industriel. Évidemment,
c'est une procédure qui va être beaucoup plus longue.
M. Bissonnet: Si vous avez l'avantage de cette loi d'exception,
au niveau du fonds industriel, je comprends bien que c'est la ville de Verdun
qui va l'opérer directement, à même son budget annuel.
M. Hébert: Si la loi nous est accordée, comme on le
propose, demain matin, lors de la sanction, on envoie un avis d'expropriation
et on exproprie immédiatement. On n'a pas à procéder par
la création d'un fonds industriel, etc.
M. Bissonnet: Compte tenu de la situation financière
avantageuse de Verdun, en vertu de la loi générale, contrairement
à la loi d'exception que vous demandez, cela peut représenter
combien en coût.
M. Hébert: Le coût va être un peu plus
élevé pour les avis publics, etc. C'est une question de temps.
Évidemment, cela voudra dire que toute la section industrielle...
M. Bissonnet: Combien de temps? M. Hébert: Cela
peut prendre... M. Bissonnet: Approximativement.
M. Hébert: Seulement les délais de loi, c'est au
moins huit mois, parce qu'il faudra donner des avis de motion, créer le
fonds, créer l'emprunt...
M. Bissonnet: On peut dire huit mois.
M. Hébert: ... avoir les approbations du
ministère...
M. Bissonnet: Cela veut dire un an et demi.
M. Hébert: ... de l'Industrie et du Commerce, la
Commission municipale du Québec, le ministre des Affaires municipales,
etc. Je ne dis pas que cela prend du temps partout, mais c'est la
procédure. Il faut suivre les délais prévus par la
loi.
M. Bissonnet: M. le Président, M. le ministre, je pense
qu'on a une situation assez particulière à la ville de Verdun et
je pense que, si la commission parlementaire adopte cette disposition qui est
spécifique à un secteur bien délimité par annexe,
on fait avancer tous les citoyens de Verdun en même temps. On ne les
retarde pas d'un an et, juste pour cette raison, M. le ministre, je pense qu'il
faut aller de l'avant avec ce projet de loi.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, je voudrais juste faire le
point. Il s'agit évidemment d'un projet de loi privé. La ville de
Verdun ne demande pas du tout de changer la loi générale, mais,
au point de vue de l'efficacité, on entend l'expression de la part de
l'avocat. Je connais le problème parce que je sais qu'il y a un besoin
criant. Vous devez savoir, par exemple, qu'à Verdun, toute la jeunesse
quitte maintenant. J'ai parlé l'autre jour avec un curé qui me
disait qu'il y avait eu 80 mariages dans son église à Verdun. Il
n'y a pas un couple qui est resté, parce qu'il n'y a pas d'habitation
où les gens veulent rester. C'est un problème social très
grave. La jeunesse part, elle va à LaSalle, etc. Donc, l'idée
justement de ces terrains, d'une partie de ces terrains, c'est pour bâtir
des logements à prix raisonnable où les jeunes couples pourraient
demeurer. Le plan est tout prévu. Ensuite, il y a le problème du
garage municipal. Si on peut faire quelque chose pour un dollar qui autrement
coûterait deux dollars, il faut être efficace aussi. Ce n'est pas
la question de demander une faveur. C'est un besoin social qui est criant. Il y
a un autre point, évidemment. C'est qu'on parle toujours de
problème économique. Ici, la construction pourrait commencer
presque tout de suite. Cela va créer des emplois, cela va aider tout le
monde. Tout est prêt pour le faire, au lieu d'attendre encore un an, un
an et demi. Vous savez, M. le Président, cela se fait. Deux
députés, celui de Verdun et celui de Sainte-Anne, sont
prêts. Il ne s'agit pas d'une demande de politique partisane, c'est
vraiment un problème où on peut se situer au-dessus de lignes
partisanes et vraiment trouver une solution qui va énormément
plaire à la population. On va résoudre le problème. On ne
demande pas de déroger à une loi générale. Je sais
qu'il y a une loi générale qui existe, mais on vient d'expliquer
qu'il s'agit d'un cas très particulier; Verdun, c'est une ville
où il ne reste pas beaucoup de terrains. Il n'y a que ce terrain, c'est
le seul terrain qui existe. C'est pour cela qu'on a procédé par
le biais d'un projet de loi privé et j'espère recevoir l'appui du
ministre et du député, parce qu'on demande quelque chose de
très raisonnable, qui va être efficace, qui va être rapide,
qui coûtera beaucoup moins cher par rapport à toutes sortes de
frais. Je pense que cela devrait être accordé, même si
peut-être le conseiller du ministre - je le vois, je ne le blâme
pas, c'est un fonctionnaire qui connaît bien le domaine municipal. Tout
de même, il ne faut pas avoir peur d'accéder à une demande
de temps en temps, si elle est en soi très raisonnable. Cela est un cas
exceptionnel et il faut donc que ce soit régi par une décision
exceptionnelle pour le bénéfice de tout le monde.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Dans le dossier -
j'aimerais m'adresser au procureur - est-ce que vous avez fait l'étude
de projets de loi accordés à d'autres municipalités qui
ont eu des problèmes similaires et, si c'est le cas, est-ce qu'elles les
ont réglés par cette loi? Est-ce que des problèmes ont
été créés par suite ou à cause de
l'application de la loi?
M. Hébert: Nous avions demandé un pouvoir semblable
à l'époque pour la ville de La Prairie; c'était un
problème très particulier, soit l'implantation du projet Gulf
à La Prairie. On devait exproprier des terrains bien spécifiques
le long de la voie maritime, etc.; on a acquis, on a revendu, des terrains et
le projet fonctionne actuellement. Vous pouvez le voir, d'ailleurs, à La
Prairie. C'est un texte de loi identique - j'en ai donné copie
tantôt - qui avait été adopté en 1971 pour un
terrain très particulier.
M. Rocneleau: En somme, la permission qu'on a accordée par
loi à La Prairie n'a pas créé de problèmes du point
de vue de l'application après ou...
M. Hébert: Aucunement.
M. Rocneleau: Au point de vue de la rapidité, c'est
beaucoup plus rapide
d'application de le faire sous forme de projet de loi privé que
d'appliquer...
M. Hébert: Si on applique la loi générale,
il faut créer notre point industriel. Mais, avant, il faut
déterminer immédiatement - donc, il y a une longue étude
à faire avant l'expropriation - quelle partie on va acquérir pour
des fins industrielles, quelle partie pour des fins résidentielles,
après étude seulement. Donc, il faut commencer une étude.
Tandis que là on peut, avec les pouvoirs directs que nous allons avoir,
procéder tout de suite à l'acquisition du terrain et commencer en
même temps - les procédures vont être simultanées -
une étude complète de l'aménagement du terrain. Sinon, il
faut déterminer immédiatement quelle partie sera industrielle,
quelle partie sera réservée à des fins municipales et
d'habitation, alors que les deux études peuvent se faire
simultanément. On me dit, à la ville, qu'il est urgent de faire
ce travail parce que ça traîne déjà depuis deux ans.
Les démolitions, en fait, datent déjà de trois ans. Le
terrain est rasé. Il y a une station de métro sur ce terrain.
Vous comprendrez que c'est intéressant d'y amener des logements,
etc.
M. Rocheleau: M. le Président, du point de vue de la
planification, est-ce que la ville de Verdun a fait des études?
M. Hébert: II y a eu plusieurs plans de faits, mais rien
n'est décidé de façon définitive avant d'avoir un
pouvoir. Beaucoup d'études ont été faites, mais il n'y
aura pas de conclusions tant qu'on n'aura pas le pouvoir bien spécifique
d'acquérir.
M. Rocheleau: Ce pouvoir vous permet ou vous permettrait de
démarrer immédiatement plutôt que d'être
obligés d'engager un processus qui pourrait prendre encore un an.
M. Hébert: Je pense que l'étude complète de
toutes nos choses va prendre à peu près sept, huit mois parce que
les procédures d'expropriation vont déjà prendre au moins
six mois, un an. Il faut commencer le plus rapidement possible. Maintenant, si
la commission croit que vous devez nous donner les pouvoirs
généraux en plus - ce n'est pas qu'on les renie, on les trouve
excellents -pour qu'on applique à toute la ville le pouvoir
général d'acquérir des terrains pour fins de
réserve foncière et d'habitation, on n'a pas d'objection du tout.
Si on a des problèmes spécifiques à certains endroits, on
les règlera. Pour le terrain, en particulier, si on procède
rapidement, on demande un pouvoir très spécifique.
M. Léonard: Vous avez bien dit que cela évitait les
avis de motion et tout ça. C'est là qu'on gagnerait du temps.
M. Hébert: Vous voyez, s'il faut utiliser les deux
procédures, à savoir...
M. Léonard: C'est ce que vous avez dit tout à
l'heure. Je regrette là-dessus...
M. Hébert: II y a les études, il y a les
règles...
M. Léonard: Je m'excuse de vous interrompre. En fait, vous
vous trouveriez à passer à côté de la Loi sur les
fonds industriels et à éviter les avis de motion. Cela va
bien.
M. Hébert: Non, pas éviter...
M. Léonard: Vous évitez les
propriétaires.
M. Hébert: Pour l'approbation des règlements, c'est
exact, je ne le cache pas, le texte est bien clair. Les emprunts sont...
M. Léonard: Je suis disposé à accorder
à la ville de Verdun le pouvoir de réserve foncière qui
lui donne quand même beaucoup de flexibilité, mais qui
procède aussi selon la Loi sur les fonds industriels. Il faut donner des
avis de motion aux citoyens quand on fait des travaux. Il faut procéder
selon la loi.
Les premiers cas de réserve foncière au départ ont
été accordés à La Prairie et à Longueuil, en
donnant des pouvoirs assez considérables aux villes, mais graduellement
on a réussi à baliser le pouvoir de réserve
foncière. Il nous semble que le texte que nous avons est assez large,
mais il reste quand même certaines balises au niveau du fonctionnement de
la municipalité, de la démocratie municipale. Le texte qu'on
accorde le plus souvent maintenant est celui-ci: Une ville est autorisée
à acquérir, de gré à gré ou par
expropriation, tout immeuble dont l'acquisition est jugée
appropriée pour fins de réserve foncière ou d'habitation
et pour des travaux connexes à ces fins, ainsi que tout immeuble
désuet ou dont l'occupation est nocive. C'est très large. Donc,
il me semble que c'est suffisant comme pouvoir.
M. Polak: M. le Président, si le ministre bloque, sur les
avis, pourquoi ne pas accepter cette formule et insérer quelque chose
pour satisfaire le problème des avis? Si vous pensez qu'il y a quelque
chose de caché là-dedans, inscrivez donc dans ce texte: Sujet
à publication de tel et tel avis. Vous serez content avec votre
objection d'avis et la ville aura ce qu'elle a ici pour travailler de
manière efficace.
M. Hébert: Pour les emprunts, avec le texte qu'on vous
propose, on va procéder exactement suivant la Loi sur les cités
et villes. Il y a seulement les approbations qui sont directement ici. On va
donner l'avis de motion, on va passer le règlement, on va le voter en
assemblée publique, on va venir chercher les approbations, on va publier
le règlement ensuite, mais il n'y aura pas la procédure du
registre.
M. Tremblay: M. le Président, tout à l'heure le
député de Verdun...
M. Caron: Je ne comprends pas, pourriez-vous avancer votre micro,
s'il vous plaît?
M. Tremblay: Tout à l'heure, dans votre intervention, vous
avez dit que vous aviez déjà l'argent; j'imagine qu'il n'y aura
pas de règlement d'emprunt.
M. Hébert: Pour l'édifice municipal, c'est
sûr que la ville a les sommes nécessaires actuellement.
M. Léonard: Est-ce qu'on serait d'accord sur le pouvoir de
réserve foncière ordinaire ou si on retire l'article...
M. Hébert: On va prendre la réserve foncière
ordinaire.
M. Léonard: ... pour prendre le temps de le remplacer?
M. Caron: D'accord, on va l'accepter comme ça.
M. Hébert: M. le ministre, nous allons prendre la
réserve foncière.
Le Président (M. Blank): C'est-à-dire que l'article
1 va reproduire...
M. Hébert: ... les articles...
Le Président (M. Blank): ... de
Montréal-Est.
M. Léonard: Montréal-Est, mutantis, mutandis.
Le Président (M. Blank): C'est cela.
M. Caron: La même chose que Montréal-Est.
M. Léonard: Amendé...
Le Président (M. Blank): Amendé ce matin, comme le
bill adopté aujourd'hui.
M. Tremblay: C'est le même article que pour Québec,
moins les 60%.
(12 h 30)
M. Léonard: II s'agit des SIDAC, je pense que nous sommes
d'accord. Hier, nous avions un texte, celui de la ville de Québec, tel
qu'amendé c'est-à-dire 50% à l'article 13 ou au
sous-article 13, comme on voudra.
Le Président (M. Blank): L'article 2 est adopté tel
qu'amendé?
Une voix: Oui.
M. Léonard: Nous sommes bien d'accord, alors il n'y a pas
de discussion. Cela va.
Le Président (M. Blank): On a un papillon pour le nouvel
article 3. Cela a l'air que c'est sur les chiens et les chats au
Québec.
M. Caron: On a quatre papillons, M. le Président. Je vous
le dis: On épargne de l'argent.
M. Hébert: M. le Président et M. le ministre, je
pense que le maire de Verdun a des commentaires à vous faire sur
certains articles qu'il a vus apparaître à l'ordre du jour lors
des études où il était présent. Je pense qu'il a
des commentaires à vous faire.
M. Léonard: Est-ce que c'est vraiment le texte de
Québec ou ce qu'on a accordé hier à Vanier?
M. Caron: Oui, oui, la même chose, mot à mot.
M. Léonard: Mot à mot.
M. Caron: On a changé seulement le nom de la ville, c'est
le mot à mot.
M. Léonard: D'accord, est-ce que c'est exact, M. le
procureur?
Une voix: C'est exact.
Le Président (M. Blank): Est-ce qu'il est
adopté?
Une voix: Oui, adopté.
M. Polak: Maintenant, j'ai une question là dessus. Je
viens de lire le texte. Là où nous sommes, sur les chiens, on
dit: Et en autoriser l'élimination d'une manière sommaire. Cela
me fait penser un peu au temps de la guerre. On procédait vite. Je me
demande... Si je suis propriétaire d'un petit chien qui a un nom, je
veux avoir au moins une chance de le chercher avant qu'on décide de
l'éliminer d'une manière sommaire. Donc...
M. Garon: C'est pour les abus.
M. Polak: Bien, c'est correct, je comprends, mais tout de
même. H y a ce qu'on appelle les officiers de contrôle d'animaux
etc., et cela peut se faire vite. J'aimerais au moins avoir une certaine
protection pour que le propriétaire ait le droit, je ne sais pas,
pendant deux ou trois jours, d'aller chercher son chien avant qu'on le tue.
Une voix: 24 heures.
M. Bissonnet: M. le Président, les pouvoirs de modifier
l'article 17 ont été accordés à la ville de Vanier
et on les accordera également à la ville de Verdun, probablement,
je le souhaite. Est-ce qu'il est de l'intention du ministère, dans un
autre projet de loi, lorsqu'on étudiera la Loi sur les cités et
villes d'adopter cet article pour que toutes les municipalités puissent
réglementer en ce sens et n'auront pas à venir ici
individuellement pour présenter leur demande pour leur permettre de
réglementer? C'est un problème dans toutes les villes, alors je
demande au ministre si c'est l'intention du gouvernement de modifier la Loi sur
les cités et villes, non pas simplement pour la ville de Vanier et la
ville de Verdun, ce matin, mais pour toutes les municipalités au
Québec.
M. le ministre, mon intervention a pour but de faire
bénéficier toutes les municipalités de ce pouvoir de
réglementation qu'on a prévu pour la ville de Vanier et qu'on
prévoit, ce matin, pour la ville de Verdun.
M. Hébert: On a pris exactement le texte qui est, comme
vous le voyez, mais je pense qu'hier, il y avait même cette erreur.
M. Rocheleau: II y a une erreur M. le ministre, une petite
erreur, dans le texte d'hier qu'on aimerait corriger sur la...
Une voix: II y a une erreur dans le texte d'hier.
M. Rocheleau: C'est au "profit" de la ville et non au "projet" de
la ville.
M. Léonard: Ah! oui.
M. Hébert: M. le ministre, je vous ai dit tantôt que
c'était le même texte. Il y avait la même erreur hier, si
vous vous en souvenez.
M. Léonard: Oui, oui, on l'avait corrigé hier.
M. Hébert: On m'a remis ce texte, ce matin, alors on m'a
dit que c'était exactement le même texte...
Le Président (M. Blank): Est-ce que cet article est
adopté?
M. Hébert: ... même l'erreur s'y trouve. M.
Bissonnet: M. le Président.
M. Léonard: Je vais répondre à la question
du député. C'est le genre de législation, lorsque
ça commence à essaimer, c'est le signe qu'il y a une question qui
se pose à ce sujet-là. Je ne dis pas que, dans une
législation générale, ce sera le texte tel quel qui sera
adopté. Je pense qu'il y aurait lieu de le modifier parce qu'il me
semble que prohiber la garde des animaux ou de certaines catégories,
ça aurait besoin d'un peu de balises. Cela me paraît assez gros
comme pouvoir, mais disons que, si je comprends bien, on vient de trouver une
belle porte et il va falloir revoir cela. Donc, le projet omnibus, on va en
rediscuter.
M. Bissonnet: C'est une nécessité d'amender la loi
générale.
Le Président (M. Blank): Le projet de loi est
amendé en ajoutant un nouvel article, l'article 3, et c'est
adopté. Il y a un nouveau papillon ici pour un nouvel article 4 à
propos des fourrières.
M. Hébert: J'avais envoyé cet article à M.
D'Amours et il devait être inclus au projet de loi imprimé, mais
ça n'a pas été fait. L'article avait déjà
été envoyé et ça devait être inclus dans la
réimpression d'un projet de loi, mais ça n'a pas
été fait. L'article que je vous soumets a été
accordé à Pointe-aux-Trembles dans le projet de loi no 227.
M. Léonard: Oui, d'accord.
Le Président (M. Blank): Le nouvel article 4 est
adopté. Il y a un autre papillon.
M. Hébert: Et l'article 461 qui suit a été
également accordé à Pointe-aux-Trembles dans son projet de
loi no 227 sanctionné le 19 décembre 1981; ça
apparaît à l'article 12.
M. Léonard: On prend quelques instants pour
vérifier.
M. Hébert: Très bien.
M. Tremblay: M. le Président, je peux me permettre de
faire un petit commentaire. Lors de l'étude de la loi no 46, on a
critiqué un peu le ministre. On disait qu'il y avait beaucoup de
papillons dans sa loi. Je dirais que c'est une chance que ce ne soit pas le
député de Verdun qui soit le ministre des Affaires
municipales parce qu'il a des papillons lui aussi dans une petite loi.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Chambly, d'après l'expérience que j'ai des affaires municipales,
il y a une grande quantité de papillons, ça vient de partout.
M. Caron: Mais, pour répondre au député de
Chambly, je sais qu'il y avait deux papillons qui devaient être rendus
ici. Pour une raison ou une autre, vous savez que, dans la grande boîte
du parlement, il se perd bien des choses, il y a bien du fonctionnarisme, bien
de la l"'avocasserie". Alors, ça s'est perdu mais cela ne fait rien. On
se retrouve à un certain moment.
M. Léonard: On entreprend une discussion glissante,
dangereuse parce que M. le député de Verdun, tout à
l'heure, s'est plaint que son texte de loi était ici depuis six mois et
il nous envoie des papillons encore ce matin.
M. Caron: C'est parce que j'apprends. J'apprends toujours des
autres, j'écoute et j'apprends, j'essaie de mettre cela en pratique.
Vous devriez parfois, vous autres les ministériels, nous écouter
un peu plus souvent.
M. Léonard: C'est vrai.
M. Caron: Vous ne seriez peut-être pas dans le trou comme
vous l'êtes actuellement.
M. Léonard: Je suis tout à fait d'accord avec vous
pour dire qu'il n'est jamais trop tard pour apprendre.
M. Tremblay: S'ils nous faisaient des suggestions de temps en
temps au lieu de critiquer, peut-être qu'on pourrait utiliser les
suggestions.
M. Rocheleau: On en fait beaucoup, M. le député de
Chambly.
Le Président (M. Blank): Ce sont deux articles... M. le
député de Groulx, on fait la vérification sur les
deux.
M. Bissonnet: J'étais ici lors de l'étude du projet
de loi privé de Pointe-aux-Trembles, mais il me paraît que ce
texte n'est pas tout à fait le même.
M. Léonard: Voyez-vous, tout à l'heure, on a dit:
Oui, c'est exactement le même, sauf qu'il y avait encore une faute de
frappe; il aurait fallu revenir avec un projet de loi privé pour
corriger cela.
M. Bissonnet: Voyez-vous, on est clairvoyant, on a trouvé
la faute.
M. Léonard: On vous a sauvé 5000 $. M.
Bissonnet: On a trouvé la faute.
M. Lachance: ... député de Verdun qui vient de
parler.
M. Bissonnet: C'est l'homme le plus populaire de Verdun, cela est
certain.
M. Rochefort: Après...
M. Caron: C'est pas mal populaire parce que, pour être
président d'élection dans le comté de Verdun, c'est 50 $
de plus. Alors, ce n'est pas si mal.
M. Bissonnet: Moi, dans mon comté, c'est 300 $. 300 $,
mais c'est l'époux de l'épouse.
M. Lalonde: Dans mon comté, je ne sais pas ce que cela
coûte, mais il faut être l'ancien agent officiel du Parti
québécois.
Une voix: Ah oui!
M. Rochefort: Vous n'aimez pas qu'on prenne des gens
compétents pour faire cela.
M. Tremblay: Dans la prochaine loi...
M. Rochefort: Ils n'aiment pas qu'on prenne des gens
compétents.
M. Caron: Je ne vous blâme pas de faire cela mais, quand on
sera au pouvoir, il ne faudrait pas que ceux qui resteront - il n'en
restera...
M. LeMay: Je ne vous demanderai pas la permission, on vous
connaît.
M. Caron: ... peut-être pas beaucoup -nous disent cela trop
souvent, on va ressortir cela.
M. LeMay: Je ne vous demanderai pas la permission.
M. Lachance: On va avoir le temps de changer la loi d'ici
à ce que vous retourniez au pouvoir.
M. Rochefort: Ils vont la changer pour revenir au statu quo.
M. Tremblay: II y a du favoritisme là-dedans, il faut
changer la loi.
M. Rocheleau: Non, mais j'ai cru comprendre des paroles du
premier ministre, ce matin, qu'il en restait une couple à changer et,
après cela, la loi va arriver.
M. Lalonde: C'est ce que tout le monde a compris.
M. LeMay: Oui, oui. C'est cela, exactement comme la loi 50. Quand
tout le monde a été placé, la fonction publique est
arrivée.
M. Lalonde: Est-ce qu'on étudie ou si tout est
enregistré?
M. Bissonnet: On attend la vérification du texte.
M. Rochefort: On est en commission plénière.
M. Polak: Vu que nos travaux avancent très bien,
peut-être qu'on pourrait revenir à l'article 1 et l'adopter, tel
que suggéré. L'atmosphère est très bien
maintenant.
M. Rochefort: L'atmosphère est bonne. M. Lalonde:
Le climat est favorable. M. Polak: L'article 1 est...
Le Président (M. Blank): D'accord, on va au nouvel article
5. On parle des modifications à l'article 461 de la Loi sur les
cités et villes.
M. Léonard: "Le conseil peut disposer des véhicules
automobiles confiés à la garde de la ville, abandonnés ou
trouvés ou non réclamés, etc."
Le Président (M. Blank): Adopté? M.
Léonard: Adopté.
Le Président (M. Blank): Le nouvel article 5 est
adopté. Le nouvel article 6.
M. Léonard: Oui, adopté.
M. Caron: On a donné cela à Trois-Rivières
hier. Adopté.
Le Président (M. Blank): Adopté.
L'article 7: "La présente loi entre en vigueur le jour de sa
sanction." L'article est-il adopté?
M. Rocheleau: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
demander...
Le Président (M. Blank): L'annexe est biffée?
M. Rocheleau: ... au maire et au député de Verdun
s'il y a d'autres papillons?
Le Président (M. Blank): Le projet de loi est
adopté tel qu'amendé. Le titre et le préambule sont
adoptés.
M. Hébert: Alors, M. le Président, M. le ministre,
messieurs, merci de votre courtoisie, de votre accueil et merci au parrain de
nous avoir si bien reçus.
M. Polak: J'attends une invitation pour le lunch.
Le Président (M. Blank): Maintenant, le prochain projet de
loi doit être celui de Kirkland, mais on me dit que les avocats de
Kirkland ne sont pas encore arrivés. On passerait au projet de loi de la
ville de Montréal, est-ce que les avocats...
M. Léonard: Un instant. Kirkland.
Le Président (M. Blank): À Montréal, est-ce
que le député...
M. Léonard: Mont-Royal, non. Moi, j'ai un "briefing" ce
midi sur Mont-Royal. Est-ce qu'on peut finir...
Le Président (M. Blank): D'accord. On peut...
M. Léonard: Grand-Mère, on n'est pas prêt non
plus. Trois-Rivières, est-ce que c'est terminé? On devra
ajourner.
Le Président (M. Blank): D'accord, on ajourne.
M. Bissonnet: On ajourne.
Le Président (M. Blank): On suspend les travaux de cette
commission jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 44)
(Reprise de la séance 15 h 20)
Le Président (M. Blank): À l'ordre, messieurs! On
poursuit les travaux de la commission permanente des affaires municipales afin
d'étudier les projets de loi privés. On me dit que, nonobstant le
fait que le projet de loi de Verdun est déjà adopté -on ne
rouvrira pas le projet de loi - il semble que la chambre de commerce veuille
faire des commentaires sur une section de ce projet de loi qui s'applique
à la ville de Verdun.
M. Caron: M. le Président, on me l'a souligné
à l'heure du dîner et je n'ai aucune objection. Il me fait plaisir
d'entendre la chambre de commerce parce que ces gens font un excellent travail.
On a besoin de beaucoup d'organismes de cette trempe-ci au Québec.
Une voix: ...
M. Tremblay: Non, non, ce n'est pas rouvert.
Le Président (M. Blank): Non.
M. Léonard: On verra et on va prendre le temps d'entendre
les gens.
M. Boudreault (Louis): M. le Président, je me
présente, mon nom est Louis Boudreault; je suis vice-président
aux ressources humaines à la Chambre de commerce de la province de
Québec.
Mes collègues ici sont: M. Marcel J.-B. Tardif, qui est le
directeur général des affaires publiques à la Chambre de
commerce de la province de Québec, Me John Mooney, qui est le directeur
des affaires juridiques, et M. Michel Bergeron, l'adjoint au directeur des
services aux membres affiliés.
Je remercie M. le ministre d'avoir permis que nous soyons ici cet
après-midi. Vous me permettrez cependant de souligner que nous nous
trouvons dans une situation un peu étrange en venant vous livrer nos
remarques alors que le projet de loi qu'elles visaient a été,
avons-nous appris en arrivant, adopté ce matin. Nous avions
effectivement été convoqués pour cet après-midi
à 15 heures. Cependant, sachant que ces mêmes remarques ne visent
pas spécifiquement la ville de Verdun, mais bien plutôt tout futur
projet de loi de même nature, particulièrement cette section
concernant les SIDAC, nous croyons nécessaire de vous faire
connaître l'opinion de la chambre.
Le Président (M. Blank): M. Boudreault, je ne veux pas
être méchant ou vous priver de votre droit de parole, mais le
mandat de cette commission est d'étudier des projets de loi
privés sur des détails pour chaque ville. On m'a demandé
de vous laisser parler avec le consentement des deux côtés de la
Chambre. Je vous dirai qu'il y a aussi les règlements de la Chambre et
ici c'est moi qui suis le maître. Suivant nos règlements, on n'a
pas le droit d'entendre des représentations générales,
parce que pour des représentations générales il y a
d'autres moyens, comme approcher le ministre dans son bureau avec un
mémoire, ou n'importe quel autre moyen qui lui permette de prendre
connaissance de vos représentations affectant toutes les lois ou toutes
les municipalités du Québec. Ici, on doit se limiter à
chaque projet de loi. Je suis prêt à vous entendre nous dire
pourquoi cela ne doit pas s'appliquer à Verdun, mais non à nous
parler de Montréal, Québec, Trois-Rivières, Val-d'Or ou
n'importe quelle autre place. Depuis que je suis ici, depuis hier, je crois que
c'est la cinquième ville à qui on a donné ces pouvoirs.
Comme je vous le dis, vos représentations doivent être
limitées à la ville de Verdun et non pas toucher d'autres
villes.
M. Boudreault: C'est ce que nous ferons, mais je pensais donner
l'explication pour répondre en partie à quelqu'un qui se
demandait pourquoi nous étions ici si le projet de loi avait
été adopté ce matin.
Le Président (M. Blank): Sur la question de la
convocation, le mandat de la Chambre était de commencer à neuf
heures ce matin, c'est-à-dire après la période des
questions, et de siéger jusqu'à minuit. Il n'y avait aucune heure
de spécifiée pour les projets de loi, ni de temps limité.
On les prend dans l'ordre où ils ont été donnés. Je
ne sais pas qui a décidé de convoquer des gens à telle ou
telle heure, ce n'est certainement pas la Chambre.
M. Caron: M. le Président, je m'excuse, sur cela je dois
prendre la part de la chambre de commerce aussi bien que de la journaliste du
journal local chez moi. Je lui ai dit que cela serait après 15 heures.
La convocation qu'on avait eue pour le projet de loi de Verdun était
après 15 heures, jeudi. Je m'excuse, M. le Président, si j'ai
à vous dire cela, il y a peut-être eu un malentendu quelque part.
Vous savez que c'est une grosse boîte ici et il arrive souvent qu'il y en
ait de petits malentendus. Ces gens qui sont ici, ce n'est pas leur faute si le
projet de loi a été adopté ce matin. C'est que cela a
été plus vite que prévu, mais il faut aussi donner le
crédit à ces gens.
M. Léonard: Effectivement, M. le Président, je
pense qu'il faudrait demander de rectifier les convocations parce qu'il y a
cette convocation, et on m'a parlé d'un autre cas au moins où il
y avait une heure précise sur la convocation, alors qu'au sujet des
projets de loi privés, il n'y a pas d'heure de précisée
sur une telle convocation, c'est la journée. Par ailleurs, je dois
signaler que c'est peut-être quelqu'un qui a fait cela dans le but
d'améliorer les choses, parce que je me rappelle qu'avant Noël,
nous avions convoqué tout le monde après la période des
questions, le matin. Tout le monde s'est amené à 11 heures, a
attendu, dans certains cas, jusqu'à 23 h 30, le soir, pour passer. Les
gens ont dit: Cela n'a pas de bon sens. Alors, quelqu'un de bonne
volonté, une bonne âme généreuse a dit: Je vais
essayer d'en convoquer à certaines heures précises. Et là,
on voit ce que cela fait, vous avez été la victime de tout cela.
Je pense que dorénavant, on fera attention à cela. Vous voudrez
transmettre nos représentations à ce sujet.
M. Boudreault: Très bien. Les propos
que vous livrera mon collègue, M. Tardif, tout à l'heure,
se veulent une contribution positive au débat qui s'amorce par
l'entremise de ce projet de loi concernant les SIDAC. Le texte qu'il vous
livrera, c'est celui d'une lettre adressée à M. le ministre
Jacques Léonard, le lundi 15 avril, où la Chambre de commerce du
Québec analyse sous divers angles le sujet. D'ailleurs, M. le ministre
en a accusé réception dès le 26 avril. Bien qu'il ait
relevé avec satisfaction l'intérêt de la chambre pour la
revitalisation des centre-ville par le truchement de la revivification des
artères commerciales, peut-être a-t-il sous-estimé
certaines de nos remarques sur la méthode par laquelle nous entendons y
parvenir. La chambre désire donc reprendre ses remarques pour le
bénéfice d'un plus grand nombre, de telle sorte que son point de
vue soit perçu pour ce qu'il vaut vraiment.
La chambre n'ignore pas que le projet de loi a été
adopté et qu'il s'inscrit en partie dans le sens de la recommandation no
33 du rapport CEFECQ. Cependant, elle estime primordiale une étude
attentive de cette loi dans une juste perspective des choses. Tout n'est pas
noir sur blanc. Les opinions de la chambre de commerce méritent
d'être retenues et les modifications de fond qui en découlent
manifestement valent d'être considérées afin
d'éviter qu'une autre idée non dépourvue de mérite
soit appliquée au détriment d'un cadre d'exercice plus
généralement répandu de la liberté d'association.
Au stade de la réforme de la fiscalité municipale, le
législateur a pris sur lui de reconsidérer le régime
d'émission des permis et taxes ou les frais inhérents. Or,
l'institution, la création de SIDAC résultera en un transfert du
pouvoir fiscal à partir des municipalités vers des organismes
privés; qui plus est, on créera de toutes pièces une taxe
d'affaires d'un nouveau type. Somme toute, le législateur recourra au
SIDAC pour s'assurer, entre autres, d'un contrôle plus effectif et
à moindre frais pour lui, bien qu'aux dépens des commerces
visés, du versement de la taxe d'affaires applicable, puisque le revenu
éventuel des SIDAC en dépendra largement. Le législateur
reportera donc sur le secteur privé l'odieux d'un tel contrôle. En
fait, ce que le législateur propose, c'est l'autoréglementation
forcée par le biais d'une autotaxation coercitive. S'est-on assez
demandé les conflits qui résulteront bientôt d'une
évaluation contestée de la valeur locative des administrés
lorsque celle-ci sera remise en cause par des confrères concurrents?
Qu'adviendra-t-il des démarcheurs, faiseurs d'affaires par
téléphone ou par courrier ou marchands et commerçants non
résidents livrant biens et services dans une autre municipalité
que la leur? Faudra-t-il les taxer partout où ils sont appelés
à faire affaires? Élèvera-t-on des barrières quasi
tarifaires, intermunicipales pour prévenir la libre circulation des
biens et services? (15 h 30)
Pourquoi taxer davantage les PME en ces temps difficiles? Pourquoi
forcer une polarisation par secteur de la concurrence? La majorité des
municipalités et villes au Québec est-elle si grande qu'on
veuille fragmenter les districts commerciaux? Qui fixera les modalités
de dissolution des SIDAC? Les gens d'affaires répugnent très
majoritairement à toute formule Rand à saveur plutôt
syndicale. Seront-ils forcés maintenant de s'associer avec tous et
chacun sans espoir de voir leur droit à la liberté d'association
reconnu et respecté?
La Chambre de commerce du Québec compte 200 chambres locales
affiliées, lesquelles regroupent 39 000 membres, sans compter ses 2900
membres corporatifs. Or, ceux-ci y adhèrent volontairement et la chambre
est et demeure, à l'échelle du Québec, un agent de
promotion, de développement économique de premier rang et de la
liberté d'entreprise. La chambre redit sa foi dans l'économie de
marché, elle affirme que, mieux que tout autre mode - le gouvernement
nous semble d'accord - le jeu libre de l'offre et de la demande peut assurer
une affirmation et un essor de l'industrie et du commerce, peu importe le
contexte.
La chambre souscrit à tout effort de relance des milieux, mais
remet en cause la méthode coercitive d'association que sous-tend la
formule SIDAC. Est-il démocratique de dire que de 0% à 33%
d'opposition - de non - à un projet peut être
interprété comme une manifestation d'assentiment suffisante, les
abstentions étant comprises comme des oui?
Je demanderai à M. Tardif, mon collègue, de faire lecture
de la lettre de la chambre, après quoi nous essaierons de
répondre le mieux possible à vos questions.
M. Tardif (Marcel): M. le Président, nous entendons, tel
que vous nous y avez invités, vous faire part de commentaires qui,
spécifiquement, portent sur le projet ou ce qui est maintenant la loi
247, Loi concernant la cité de Verdun, dont l'objet est ou était
la constitution d'une société d'initiative et de
développement d'artères commerciales, SIDAC.
Sur le fond, la chambre de commerce n'ignore pas combien la
désaffectation progressive de certains centre-ville peut, entre autres
conséquences, miner les activités d'affaires qui y prennent
place. Elle sait le rôle qu'y a joué et que continue d'y jouer le
commerce local. De plus, elle reconnaît que le développement
économique ne saurait y être assuré dans un contexte de
détérioration constante du tissu urbain. Aussi
souscrit-elle d'emblée à tout effort qui tend à
promouvoir, dans le cadre d'un réaménagement du milieu, la
relance des centre-ville par la revivification des artères commerciales
qui en sous-tendent l'infrastructure.
Par ailleurs, la chambre n'estime pas que, dans un contexte de
liberté d'entreprise, la meilleure façon d'atteindre cet
objectif, à court terme, consiste à se doter, par la coercition,
de structures associatives répondant mal au principe
élémentaire de formation d'organismes du genre. Lorsqu'on
court-circuite en l'occurrence le droit démocratique de l'association
libre, le seul résultat prévisible nous paraît être,
au mieux, la dotation d'un organisme peu représentatif et; au pire,
l'imposition d'un organisme non fonctionnel, puisque la volonté d'agir
pour le mieux-être du plus grand nombre est absente au moment de la
définition des objectifs et du mode de fonctionnement de l'association
ainsi créée.
D'autre part, la situation particulière de certains centre-ville
suppose non seulement des solutions innovatrices, mais également des
structures de représentation adaptées. Or, toute formule
d'emprunt et, a fortiori, celles qui tirent leur origine d'un pouvoir
coercitif, ne saurait répondre adéquatement aux attentes des
édiles et représentants d'affaires de quelque municipalité
que ce soit qui veulent contrer, à long terme, la
désagrégation de leur centre-ville. Il en est des structures
comme de leurs manifestations, plus elles sont particulières plus elles
répondent à des besoins spécifiques. Les chambres de
commerce locales se sont pénétrées de cette conviction
profonde au point d'ajuster leur tir en fonction des attentes des gens
d'affaires qu'elles ont mandat de représenter.
Quant au glissement de l'activité économique au profit
d'autres pôles d'attraction, il procède davantage d'un
dépérissement stucturel plutôt que conjoncturel de la
situation. Autrement dit, ce phénomène, du moins dans
l'état actuel des connaissances, ne saurait se renverser de
lui-même sous le seul effet conjugué de mesures ponctuelles. En
effet, il est le signal économique d'un mal profondément
ancré. Notre assertion trouve toute sa résonance dans le fait
qu'on a songé, jusqu'ici, à d'autres moyens que de contraindre
à la participation des gens d'affaires pour pallier, si possible,
retourner cette tendance à l'éclatement des centre-ville. La
chambre estime que le remède suggéré ne sera tout
simplement pas efficace, parce que le diagnostic a été mal
posé. En conséquence de quoi, le patient ne saurait s'en
retrouver mieux. À cette crise d'émanation structurelle, la
chambre est plutôt d'avis que le gouvernement doit trouver le courage
qu'il faut pour réduire substantiellement les fardeaux fiscal et
réglementaire des entreprises avant que ne craque, de toutes parts, la
société.
Sur la forme, le projet de loi no 247 prévoit ceci - je m'excuse
des termes, vous me permettrez de ne pas ajuster au fur et à mesure de
cette lecture entre projet de loi et loi - à l'article 2: "Dans la
poursuite de ses objets constitutifs, cette société a les droits,
privilèges et obligations d'une corporation au sens du Code civil et de
la partie III de la Loi sur les compagnies. Elle peut, notamment, promouvoir le
développement économique du district, établir des services
communs à l'intention de ses membres et de leurs clients, opérer
un commerce dans le district, construire et gérer un garage ou un parc
de stationnement et exécuter des travaux sur la propriété
publique ou privée avec le consentement du propriétaire." Il est
donc possible que la société, outre qu'elle sera chargée
de la promotion du développement économique du district
visé, concurrence sur le plan commercial certains de ses membres.
Compte tenu du mode de formation de cette société, le
moins qu'on puisse dire c'est qu'un nombre plus élevé de
contribuables tenant une place d'affaires dans le district aurait dû
être initialement prescrit au stade de la création de cette SIDAC.
Bien sûr, les opposants auront toujours cette possibilité
technique de faire valoir leur point de vue en assemblée
générale, une fois la société formée, et
tenter de défaire toute proposition qui ne leur convient pas. Cependant,
il aurait été plus simple de ne point les contraindre à
participer aux délibérations d'un organisme dont ils rejetaient
dès le départ l'institution.
Par ailleurs, le projet de loi prévoit ce qui suit, toujours
à l'article 2: "Une telle société peut être
formée à la requête de cinq contribuables tenant une place
d'affaires dans le district. Sur réception de cette requête, le
conseil ordonne au greffier d'expédier, sous recommandation postale, un
avis à tous les contribuables payant une taxe d'affaires dans le
district, les informant qu'un registre sera ouvert dans un local situé
à l'intérieur du district ou à une distance d'au plus deux
kilomètres du périmètre de ce district, afin de recevoir
la signature des contribuables s'opposant à la formation de la
société. Le registre est ouvert de 9 heures à 19 heures,
le premier mardi qui suit l'expiration d'une période de quinze jours de
l'envoi de l'avis ou, s'il s'agit d'un jour férié, le premier
jour ouvrable qui suit. Le greffier joint à l'avis une indication des
limites du district, le nom et l'adresse des contribuables à qui l'avis
a été envoyé et le texte du présent article et de
tout règlement s'y rapportant. "Si plus de 50% des contribuables
à qui l'avis a été adressé signent le registre,
la
requête est rejetée et une nouvelle requête ne peut
être présentée avant l'expiration d'une période de
six mois. "Si moins de 33% des contribuables signent le registre, le conseil
peut constituer la société par résolution. "Si 33% ou
plus, mais pas plus de 50% des contribuables signent le registre, le greffier
procède, de la manière prévue au troisième
alinéa, à l'envoi d'un avis informant les contribuables de la
tenue d'un scrutin dans les quatre-vingt-dix jours du dépôt de la
requête. Des règles prévues pour la tenue du registre
s'appliquent à la tenue du scrutin. "Si plus de 50% des contribuables
ayant voté indiquent qu'ils y sont favorables, le conseil constitue la
société par résolution. Dans le cas contraire, la
requête est rejetée et une nouvelle requête ne peut
être présentée avant l'expiration d'une période de
six mois. Tous les contribuables payant une taxe d'affaires dans le district
ont un droit de vote et ils sont membres de la société. Le
conseil d'administration est formé de neuf personnes, dont sept sont
élues par l'assemblée générale des membres parmi
ces derniers et deux sont désignées parmi les membres par le
conseil."
Ainsi donc, cinq contribuables tenant une place d'affaires dans le
district peuvent obliger tous les contribuables payant une taxe d'affaires dans
le district à se rendre, à tous les six mois s'il le faut,
signer, en guise de protestation, un registre. Enfin, si moins, mais
près de 33% des contribuables signent le registre, même si
personne d'autre que les cinq contribuables ayant produit la requête
initiale n'est intéressé à la création de cette
SIDAC, il demeure que le conseil peut constituer la société par
résolution, le scrutin ne devenant obligatoire dans les 90 jours du
dépôt de la requête que si 33% ou plus, mais pas plus de 50%
des contribuables ont signé le registre.
À vrai dire, l'instigateur du projet de loi convie le
législateur à déléguer une partie de son pouvoir
fiscal. La chose commande donc qu'on s'interroge sur l'à-propos de
l'exercice de ce droit nouveau en milieu d'affaires et surtout sur le processus
qui doit en enclencher le mécanisme. Faut-il le rappeler, il importe
d'éviter, ce faisant, que d'autres droits ne soient brimés. Quant
à l'enclenchement du processus, la chambre s'étonne qu'il soit
préconisé d'adopter une formule qui puise son inspiration de la
non-participation.
Il lui semble davantage que, pour que soit établi le besoin qu'on
entend satisfaire, il eût été préférable de
suggérer le recours à un mode éprouvé de
consultation populaire qui fonde sa légitimité du fait même
de la participation volontaire et de l'acquiescement majoritaire des premiers
intéressés. Ce qui est consenti de la sorte associe plus
sûrement le caractère représentatif de l'organisme
éventuellement créé. À cet égard, pourquoi
ne pas reprendre la formule du référendum que prescrivent les
articles 14 et 15 de la Loi sur les producteurs agricoles et 25 de la Loi sur
la mise en marché des produits agricoles?
Le projet de loi prévoit encore, à l'article 2 toujours,
que sur réception du budget de fonctionnement, le conseil peut
l'approuver, après s'être assuré que toutes les
formalités ont été suivies pour son adoption, et peut
imposer par règlement à tous les contribuables payant une taxe
d'affaires dans le district une taxe d'affaires spéciale basée
sur la valeur de chaque place d'affaires inscrite au rôle de la valeur
locative lors de son dépôt et dont le produit est égal au
revenu indiqué au budget comme provenant de cette source.
Il s'agit donc bel et bien d'une taxe d'affaires spéciale
basée sur la valeur de chaque place d'affaires inscrite au rôle de
la valeur locative. Conséquemment, le pouvoir
délégué requis sera d'ordre fiscal. Si la formule
préconisée dans ce projet de loi devait faire tache d'huile en
province, elle ne ferait qu'ajouter à un fardeau fiscal et
réglementaire déjà bien lourd de jeunes entreprises,
lequel, d'ailleurs, frise le seuil de l'intolérable. Sur la foi de ce
qui précède, la chambre recommande de renoncer à ce type
de démarche avant que l'ensemble du Québec n'en soit atteint.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Blank): Merci. M. le député
de Jeanne-Mance a une question.
M. Bissonnet: M. le Président, oui. En ce qui a trait au
projet de loi de Verdun, je tiens à dire qu'il y en aura un autre d'une
autre municipalité qui sera présenté. La formation d'une
SIDAC a été faite en collaboration avec la Chambre de commerce de
la ville de Saint-Léonard pour défendre des droits particuliers.
Je voulais seulement souligner que dans le cas d'une municipalité qui
présentera un bill privé, probablement à l'automne parce
qu'il y a des difficultés sur autre chose, il y a eu effectivement une
résolution de la chambre de commerce encourageant la municipalité
à faire la demande pour la formation d'une SIDAC.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Polak: Si je peux me permettre juste une ou deux questions...
(15 h 45)
Le Président (M. Blank): Une minute, M. Tardif veut
répondre. M. Tardif.
M. Tardif (Marcel): Le député a mentionné
Saint-Léonard. Dans le cas qui
nous préoccupe, le projet de loi 247, il semble bien s'agir de
Verdun, c'est ce qu'on nous a rappelé tout à l'heure.
M. Bissonnet: D'accord, c'est ce que j'ai dit aussi.
M. Tardif (Marcel): Je m'excuse, j'ai bel et bien entendu
Saint-Léonard.
M. Bissonnet: J'ai dit Verdun, mais il y en a un autre qui s'en
vient avec le même texte.
Le Président (M. Blank): ...
M. Tardif (Marcel): Nous avons vérifié avec la
chambre de commerce en question et nous serions curieux de voir la
résolution en question.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, je ne suis peut-être pas
trop objectif parce que c'est moi qui suis le parrain du projet de loi,
concernant Verdun. Je dois vous dire que j'admire beaucoup le mémoire de
la Chambre de commerce de la province de Québec. J'aimerais que le
gouvernement, en général, écoute un peu plus le contenu de
leur mémoire, sauf en ce qui concerne ce mémoire-là, je ne
suis pas d'accord.
Je voudrais vous poser quelques questions. Vous savez très bien
que si on prend un centre commercial, par exemple, à Montréal, on
en a de très grands. Vous savez très bien qu'il y a des baux qui
contiennent une clause selon laquelle chaque marchand qui se trouve locataire
dans ce centre d'achat doit, obligatoirement, sans aucun choix, devenir membre
de l'association, payer pour frais de publicité, vente sur le
trottoir... Vous connaissez toutes ces choses. Si vous êtes contre le
projet de loi no 247, est-ce que vous êtes aussi contre le fait que dans
les baux commerciaux, c'est bien devenu une méthode ordinaire qu'une
telle clause se trouve là-dedans et qui ne donne même pas la
possibilité à un commerçant de dire: Je refuse d'y
participer.
Ma deuxième question est: Connaissez-vous la situation de la
ville de Verdun? Je ne veux pas vous prendre par surprise, mais à
Verdun, on n'a pas de centre commercial. C'est justement pour éviter que
les gens aillent ailleurs, hors des limites de la ville, qu'on cherche à
protéger les marchands locaux qui ont énormément de
problèmes, de faire face à la concurrence de ces grands centres
commerciaux. On a voulu chercher, par cette loi, à protéger ces
gens en leur permettant de se mettre ensemble, de faire une certaine campagne
publicitaire conjointe de vente où on vend certains articles à
rabais. Cela peut changer pendant les périodes de l'année, d'un
marchand à un autre où tout le monde met un peu d'eau dans son
vin, pour que l'unité en bénéficie. J'aimerais avoir vos
commentaires sur ce point.
M. Boudreault: M. le Président, à la
première question, je pense qu'il y a lieu de dire que dans le cas d'un
marchand dans un centre commercial, ce même marchand a la liberté
d'aller exploiter son commerce dans le centre commercial. S'il décide
d'exploiter son commerce dans ce centre commercial, il accepte automatiquement
les conditions qui sont reliées à sa présence et à
l'exploitation de son commerce dans le centre commercial. Il le fait donc
librement et c'est sa décision de s'installer dans le centre
commercial.
Pour ce qui est du cas particulier de la ville de Verdun où vous
dites qu'il n'y a pas de centre commercial, je vous ferai observer que dans nos
remarques, nous avons exprimé l'opinion, que nous sommes d'accord avec
les projets qui visent la relance du milieu, particulièrement des
centre-ville. Nous nous opposons cependant à la formule
préconisée par les SIDAC. Donc, il y a une différence
fondamentale entre l'association des marchands d'un centre commercial et une
association créée de façon coercitive, comme elle le
serait par le SIDAC.
M. Polak: J'ai une dernière question, M. le
Président, avec votre permission. Vous parlez de méthode
coercitive. Si on regarde le projet de loi, il y a tout de même des
barèmes établis qui laissent beaucoup de latitude à ceux
qui ne veulent pas s'organiser. Ce n'est pas comme quand la ville dit: Voici
dans telle et telle zone, il y a une SIDAC, tout le monde doit participer. Ce
n'est pas du tout ce que le projet dit. Cela prend des pourcentages et un vote
est pris. C'est un peu comme une ville qui veut apporter un amendement au
règlement de zonage. À un moment donné, les
propriétaires peuvent venir protester, s'ils veulent s'organiser, s'ils
sont tellement contre ce projet de loi ou contre les règlements, ils
n'ont qu'à se présenter, à voter et à ce
moment-là, il n'y aura pas de SIDAC.
M. Boudreault: Je vais demander à M. Mooney de
répondre à cette question.
M. Mooney (John): Si vous me permettez, l'aspect
démocratique ou antidémocratique, selon le point de vue ou l'on
se place, nous a aussi beaucoup inquiétés. D'ailleurs, quand nous
lisons le projet de loi, la première chose qui nous surprend, c'est
qu'il n'y a pas de formule de dissolution de la SIDAC. Cela va être
laissé au règlement. Alors, si l'on se fie à
l'expérience passée par exemple, dans le cas de
Montréal, on a adopté une formule de dissolution. Il y a eu un
incident très révélateur dont vous êtes tous au
courant, naturellement. La réunion de la SIDAC Monk qui a eu lieu le 16
février. Alors, qu'est-ce qui est arrivé à la SIDAC Monk?
Beaucoup de gens ont dit qu'ils avaient été mal informés
et ont voulu une réunion. Ils ont dit: C'est un processus
démocratique, alors on veut avoir une réunion et on va dissoudre
la SIDAC. Alors, effectivement, il y a eu la réunion et 58% des gens ont
voté pour la dissolution de la SIDAC. Mais, la SIDAC n'est pas dissoute
parce que, dans ce cas, il fallait une majorité non pas des membres
présents, mais des membres tout court. C'est intéressant de
regarder, à cette lumière, la formule de création de la
SIDAC. Lors de la création d'une SIDAC, si tu ne vas pas enregistrer ton
opposition, ton abstention équivaut à un oui. Lors de la
dissolution, si tu ne te présentes pas à l'assemblée,
l'abstention est considérée comme un non. Alors, l'abstention
change du oui au non, suivant la création ou la dissolution,
c'est-à-dire qu'il y a un biais méthodique envers la
création et la préservation des SIDAC. Alors, pour nous
justement, la création de la SIDAC, cela a été la
première chose qui nous a sauté aux yeux. Dans le cas de la SIDAC
Monk où il y a eu un très gros vote de contestation, les gens
justement disaient -et beaucoup le disaient - qu'ils n'étaient pas au
courant. Vous savez qu'un homme d'affaires reçoit
énormément de documentation et si vous allez sur la rue et que
vous demandez aux hommes d'affaires ce qu'est une SIDAC... Nous le savons parce
que cela fait longtemps que nous travaillons au dossier et vous aussi le savez,
mais il y a très peu de gens d'affaires dans la province de
Québec qui savent ce que c'est une SIDAC. Ils savent encore bien moins
qu'il y a une taxe d'affaires spéciale qui vient avec la SIDAC. Alors,
la formule de l'abstention équivaut à un oui. On ne trouve pas
cette formule démocratique. Si l'on voulait être
démocratique, il faudrait dire: Écoutez, vous en voulez, une
SIDAC, alors 51% des gens doivent venir signer le registre. Si vous en voulez
une tant que cela, vous allez vous déplacer, vous allez venir. On dit
cela et même si l'on regarde la formule qui est ici et qu'on l'applique
à d'autres villes, le même problème qui s'est posé
à la SIDAC Monk et à la SIDAC Saint-Hubert va se reproduire,
l'armée prochaine, dans un an et demi. Ce sera toujours le même
problème.
Alors, l'autre élément sur lequel je voudrais aussi
attirer votre attention, concernant des détails plus techniques du
projet de loi, c'est l'autonomie de la SIDAC. On présente la SIDAC comme
étant un organisme autonome. Si on lit le projet de loi, on voit que
c'est la cité qui va fixer les modalités de fonctionnement de la
SIDAC. Elle va nommer deux membres, d'ailleurs, du conseil de la SIDAC.
Peut-être qu'on pourrait vous poser la question: Pourquoi, exactement, la
cité nommerait-elle deux membres? Elle va...
M. Polak: ...
M. Mooney: D'accord. Elle va approuver le budget de la SIDAC.
Alors, l'autonomie même de la SIDAC qui est présentée comme
un corps indépendant est aussi biaisée dans le projet de loi. Je
vous laisse...
M. Fallu: M. le Président, je suis un peu perplexe devant
la réaction... On parle toujours du projet de loi de Verdun, n'est-ce
pas, M. le Président?
Le Président (M. Blank): Oui, je vois cela.
M. Fallu: En débordant quelque peu.
M. Mooney: Quelque peu, oui.
Le Président (M. Blank): Je vois cela.
M. Rochefort: C'est un gros projet de loi.
M. Fallu: ... qui crée un modèle, mais
déjà créé auparavant. Il arrive que je suis
étonné et surpris, mais en même temps
intéressé par le débat qui se passe cet après-midi
parce que c'est vraiment tout un son de cloche nouveau par rapport à la
dimension SIDAC, dans le sens de la revitalisation des centre-ville.
Jusqu'à maintenant, les représentations que nous avons eues des
regroupements de marchands, des associations de marchands et du RCVQ, d'une
façon générale, des colloques auxquels j'ai
participé, colloques régionaux à Drummondville il y a un
mois et demi, à Louiseville, celui de...
M. Léonard: Rivière-du-Loup.
M. Fallu: ... Rivière-du-Loup, il y a quinze jours... Tout
allait dans un sens diamétralement opposé. On nous pressait et
les villes nous pressent, plus de 30 villes nous pressent actuellement d'agir.
Vous le voyez par la série de projets de loi privés que nous
avons devant nous depuis deux jours. Vous savez que du côté des
associations existantes de marchands, il y a également une hâte
d'arriver à la formule SIDAC. Vous le prenez d'une façon
très théorique en parlant d'autotaxation coercitive, de
barrières tarifaires intermunicipales; de polarisation de la concurrence
par secteur. Vous parlez de la formule Rand, de la liberté d'entreprise,
du
fardeau fiscal et réglementaire, etc., du renouveau dans le
milieu des affaires. Vous parlez toujours d'une façon théorique,
sauf que ce n'est pas ainsi que cela se vit dans le milieu. Cela se vit d'une
façon très concrète, les gens demandent des outils pour
travailler en commun. Certains quartiers... prenons la rue Laurier. Nous sommes
un peu loin de Verdun, mais quand même ça reste dans la
communauté urbaine. Dans la rue Laurier, à Montréal, on a
réussi à faire quelque chose d'équivalent sans le faire,
sans même avoir d'association de marchands, par bon voisinage. À
d'autres endroits, les associations de marchands ont des bonheurs un peu
relatifs, quelquefois elles se dissolvent, etc.
La formule SIDAC a été lancée à la demande
des marchands, à la demande de la ville, et on peut maintenant,
après un an, en faire un bilan. Je pense que dans l'ensemble il est
très positif. Néanmoins, je retiens de votre analyse un
élément extrêmement concret, c'est celui du départ.
Il est évident qu'il y a eu de l'improvisation à Montréal
lors de la formation de deux des quatre SIDAC, parce qu'il n'y avait pas
là préalablement des associations de marchands, il n'y avait pas
les conditions préalables à la fondation d'une SIDAC, à
mon avis. Il n'y a pas eu non plus l'information et l'animation requises,
ça s'est fait d'une façon un peu technocratique.
Effectivement, c'est le scénario que vous décrivez.
À la demande de cinq, on procède et par la suite on a le
boumerang, on a l'effet contraire. C'est très juste, et je pense que ce
qu'il faut retenir de ces deux implantations, c'est qu'il y a une
méthode pour le faire et ce sont des méthodes de nature politique
et non pas des méthodes de nature juridique. Si vous prenez l'exemple de
la SIDAC Masson, tout s'est merveilleusement bien passé, il y a eu
entente. Les gros commerces ont hésité, les banques, quelques
supermarchés et finalement tout le monde est entré dans le rang,
avec un peu de neutralité pour quelques-uns, mais ils sont entrés
dans le rang. Tout le monde s'est mis ensemble et on voit le résultat
maintenant. Après tout juste une année de fonctionnement, il y a
beaucoup d'enthousiasme et de vie collective; on a renouvelé le
milieu.
Je refuse d'aller sur votre terrain qui est de nature
idéologique. Je voudrais qu'on revienne à un terrain pratique
à la condition de fondation, aux méthodes de fondation, à
l'animation qui doit être faite. Cela doit reposer sur des
créations préalables d'associations de marchands, sur la
dynamique d'un milieu qui est prêt à assumer collectivement
notamment la concurrence avec les centres commerciaux. Des marchands sont
prêts, librement, majoritairement, à se doter d'un
équipement commun, à s'autotaxer, c'est un fait, avec une mise en
commun de leurs taxes de valeur locative pour faire ensemble la promotion de
leur artère commerciale, pour faire même des créations dans
leur artère commerciale. Quand on écoute les marchands,
lorsqu'ils nous parlent de ces débuts de réalisation, c'est
extraordinaire ce qu'ils sont en train de nous dire, à mon avis. Ils
sont en train de nous dire qu'il faudrait leur donner d'autres pouvoirs
infiniment plus grands, celui, par exemple, de vraiment faire
l'aménagement de leur rue, voire même de posséder des
commerces qui brûlent ou des lots vacants pour pouvoir eux-mêmes
faire la gestion en commun, la construction, la rénovation de certains
commerces qui sont abandonnés. Ils pourraient même se donner entre
eux par règlement le pouvoir de faire de la distribution pour en arriver
à ce qu'ils appellent un "mix" commercial. Ce sont des marchands qui
nous disent cela, ce sont des gens de la libre entreprise qui nous disent
cela.
Donc, votre discours qui est un peu théorique, à mon avis,
ne représente pas cet après-midi ce que depuis un an j'entends de
la part des utilisateurs et de ceux qui sont actuellement les demandeurs devant
l'Assemblée nationale. Je m'excuse de le dire aussi franchement, mais je
me dois de le faire à cause de la pratique. (16 heures)
M. Tardif (Marcel): M. le Président.
Le Président (M. Blank): Un instant. M. Marcel Tardif veut
répondre.
M. Tardif (Marcel): Vous parlez d'exposé théorique,
je pense qu'il était effectivement beaucoup plus pratique que
théorique lorsque nous faisions allusion au mode de consultation pour
fins de formation de la SIDAC. Je me demande si en établissant un
parallèle avec la loi, puisqu'il s'agit de votes, de scrutin, somme
toute, qui soit à la positive ou à la négative, si on
établissait un parallèle entre le régime électoral
provincial, que diriez-vous, messieurs, si on vous proposait tout
bêtement qu'à l'avenir à moins que 33% de la population
s'incrive à un registre pour dénoncer l'administration en place,
celle-ci demeurera au pouvoir. Trouveriez-vous cela tout à fait correct
et démocratique? Deuxième point, vous mettez en parallèle
le politique et le juridique. Nous, nous mettrions plutôt en
parallèle, d'une part, le politique, le juridique et
l'économique. Nous ne sommes pas tout à fait persuadés et
loin d'être certains que les personnes qui vous parlent dans le sens
où vous l'avez indiqué, comprennent bien, malheureusement, que ce
à quoi elles font allusion, c'est effectivement une formule qui
amènerait les autres parties dans le district, les autres gens
d'affaires à
souscrire à une formule qui oblige tout le monde, alors que le
but véritablement recheché est un but d'efforts, de concertation
- on lui donnera le qualificatif qu'on voudra - pour fins de promotion. Je me
dis: Est-ce qu'il faut institutionnaliser la concurrence pour que la
concurrence soit. Je n'ai pas l'impression que la concurrence joue mieux dans
les pays où effectivement nous faisons face à une
institutionnalisation de la structure économique, bien au contraire, me
semble-t-il.
Et, finalement, vous parlez de cet effort collectif pour fins
d'aménagement. Je pense qu'on est un petit peu loin de la promotion des
commerces en tant que telle. Si on parle de l'aménagement du territoire,
je vous dirai tout bêtement que c'est probablement une
responsabilité de la structure municipale et est-ce qu'on n'arrive pas
avec une formule comme celle proposée: rétrécir l'assiette
fiscale et la reporter tout simplement sur le dos d'une partie de la
population, c'est-à-dire les entreprises elles-mêmes pour faire en
sorte qu'il y ait cet aménagement auquel vous faites allusion.
Je demanderais à Me Mooney d'ajouter peut-être ses
commentaires.
M. Mooney:' M. le député, je pense, a
soulevé la grande question, à savoir: Les commerçants
veulent-ils des SIDAC? Cela, c'est bien difficile de jauger les
commerçants. C'est sûr que toutes sortes d'associations ont leur
point de vue. Mais si on va sur les expériences de la base, on a quand
même l'expérience encore - et puis j'y reviens - de la SIDAC Monk
qui avait voté à 58% pour la dissolution. Alors, c'est difficile
de jauger, d'abord de savoir s'ils en veulent vraiment et c'est là,
justement, qu'il faut faire très attention pour ne pas sauter aux
conclusions et puis peut-être encore faire des études et jauger
davantage la volonté des commerçants.
Le Président (M. Blank): M. le ministre, cela clôt
le débat.
M. Léonard: Oui, s'il y en a d'autres qui ont des choses
à dire.
M. Caron: M. le Président, vu qu'on touche à...
Est-ce que je peux dire quelques mots parce que dans le fond, cela touche
Verdun.
M. Léonard: Allez-y, allez-y, oui. Le Président
(M. Blank): D'accord.
M. Caron: Je m'excuse, M. le Président, M. le ministre.
J'aimerais expliquer aux gens de la chambre de commerce comment la demande est
parvenue au conseil de ville. C'est sur l'enthousiasme d'une vente sur le
trottoir qu'on a eue à Verdun d'où, je peux vous donner un
exemple, il y avait eu un gâteau qui avait été fait et qui
s'étendait d'une rue à l'autre. Je pense que cela a fait l'envie
de tous les marchands du Québec. Alors, c'est parti à ce
niveau-là de demander au conseil de ville la permission de pouvoir
s'organiser en SIDAC. Verdun, comme vous le savez, n'a pas de centre commercial
et, au moment où la ville voulait en faire un, les marchands ne
voulaient pas. À un certain moment, on s'est entendu. On a dit qu'il n'y
en aurait pas, comme je l'ai dit ce matin au ministre. Alors, on va le
maintenir tant et aussi longtemps que je serai en poste, il n'y aura pas de
centre commercial sur l'emplacement qu'on a spécifié.
Peut-être qu'ailleurs il y a eu de mauvais exemples comme dans
n'importe quoi, que ce soit au gouvernement provincial, au gouvernement
fédéral, au gouvernement municipal, il y a des choses qui se font
et qui réussissent et il y a des choses qui se font et qui ne
réussissent pas. On a l'exemple de Tricofil, qui a été une
faillite. Par contre, il y a eu d'autres choses qui ont été
bonnes. Il y en a eu d'autres. Je suggère qu'on fasse confiance et qu'on
l'essaie. Je dis et je maintiens, je vais parler pour chez nous, je ne parlerai
pas pour les autres, que la réussite de la SIDAC dépendra de la
qualité de ses administrateurs. Qu'on lui fasse confiance. Si, pour une
raison ou une autre, à la fin de quelques années, cela ne
réussit pas, on saura pourquoi. À ce jour, on a eu de la
difficulté à organiser une association des marchands à
Verdun, parce que ce sont les ventes-trottoir qui marchent et quand c'est
intéressant, tout le monde veut y participer. Mais quand c'est le temps
de faire des efforts, il y a moins de gens qui veulent participer et qui
veulent faire l'effort de participer. Si les gens embarquent, ce n'est pas nous
qui allons les forcer à embarquer, ce sera leur choix. On vit en
démocratie et, de plus en plus, on doit vivre en démocratie. Ce
sera le temps pour les marchands de faire savoir et de faire valoir si, oui ou
non, ils veulent embarquer. S'ils embarquent, ce sera à eux
d'élire des gens compétents pour pouvoir en faire une
réussite. Je pense que la municipalité avait le devoir de leur
offrir l'occasion de s'organiser. J'ai aussi entendu dire à certains
endroits qu'on avait eu de la difficulté, mais cela revient toujours
à dire que le succès dépendra de la qualité des
gens qui seront élus ou nommés pour former le conseil
d'administration et pour décider comment ils sauront dépenser
à la bonne place.
Si vous avez des cas précis, il serait bon de le dire. Vous vous
servez de Verdun, je sais que ce n'est pas Verdun en particulier, on doit
parler de Verdun, parce
que la demande a été faite, mais il ne faut pas être
plus catholique que le pape. On peut s'élargir. Je pense que si vous
êtes la Chambre de commerce du Québec, vous parlez à
l'ensemble. Pour ma part, je pense que c'était très difficile de
refuser aux marchands ce pouvoir. Cela me fait plaisir, je suis content qu'on
nous l'ait donné, on l'attendait depuis plusieurs mois et on l'a eu. On
va donner des structures aux gens pour le mettre en place, mais comme je vous
le dis, que cela soit chez nous ou ailleurs, cela dépendra de la
qualité des administrateurs. Si vous avez des cas précis
où cela n'a pas fonctionné, il serait bon de le souligner aux
membres de la commission.
Le Président (M. Blank): Une minute.
M. Léonard: M. le Président, est-ce que vous
vouliez réagir? Allez-y!
M. Tardif (Marcel): En fait, il n'y a pas de cas patent à
citer, pour une raison très simple, et je pense que le
député ne l'ignore pas, la formule est beaucoup trop
récente pour qu'on puisse se rabattre sur un cas ou plusieurs cas. Mon
collègue a mentionné la situation qui s'est produite à la
SIDAC Monk. Nous avons bel et bien eu, un vote tenu en assemblée
délibérante, et vous savez comment se prennent les votes en
assemblée délibérante. Je n'ai pas besoin de rien vous
expliquer. Vous adoptez des choses au vote assez souvent, la règle
générale, sauf erreur, c'est la majorité qui décide
des personnes présentes. Or, il nous apparaît qu'il y ait un vice
de forme. Vous avez dit: "Nous avons voulu leur fournir l'occasion de
s'associer". Cela m'étonne un peu de votre part, parce qu'en fait il me
semblait qu'on s'associait bien par contrat ou autrement avec les personnes
avec lesquelles on voulait bien s'associer alors qu'en fait vous ne fournissez
pas l'occasion à des gens de se doter d'une structure dite associative
mais vous mettez de facto en place une structure de laquelle les personnes du
district concerné ne peuvent pas se couper. On est obligé d'en
faire partie, qu'on le veuille ou non, et c'est cela qu'on remet en cause. Ce
n'est pas, comme on l'a dit au départ dans nos commentaires, le fait
qu'il y ait des initiatives en vue de la promotion de la revification des
artères commerciales. Il est bien évident qu'on serait mal venu
de s'opposer à cela, puisque nous nous voulons nous-mêmes des
agents de première impulsion, en termes de promotion et de
développement économique. Mais c'est la formule qui nous
apparaît - je m'excuse du terme peut-être un peu fort -
viciée au départ. On ne donne pas la possibilité à
des gens de se doter de quelque chose. On impose somme toute une formule
à laquelle, si on n'est pas d'accord, on est quand même partie. Et
parce qu'on est partie, il va falloir évidemment payer la taxe qui vient
avec elle. C'est cela qu'on remet en cause.
Le Président (M. Blank): M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, je voudrais d'abord
regretter qu'il y ait eu ces malentendus quant aux convocations, encore une
fois, j'espère bien que ça ne se reproduira pas, ce n'est
vraiment pas intentionnel de la part de personne, je crois. Nous allons voir
à ce qu'il n'y ait plus ces problèmes de logistique. Je voudrais
simplement passer quelques commentaires, parce qu'il y en a eu un certain
nombre de faits autour de la table. Je ne veux pas allonger indéfiniment
la discussion sur le projet de loi privé de la municipalité de la
cité de Verdun. Mais, enfin, vous me permettrez de faire quelques
remarques. S'il y a un milieu qui a besoin d'une
régénération du centre-ville, c'est bien celui de Verdun.
Il faut se poser la question, comment fait-on pour rénover un tel
centre-ville, parce qu'il y en a un? Je dirais aussi que, par association ou
par comparaison, il y a ailleurs dans le Québec un paquet de
centre-ville qui sont presque en voie de dépérissement. J'ai eu
l'occasion de décrire des choses assez souvent aussi là-dessus.
Des centre-ville se déménagent tous les vingt ans, dans tous les
centres de 10 000 ou 20 000 habitants, c'est régulier, c'est courant.
Cela a été courant au cours des dix ou quinze dernières
années. Et là, on a le dépérissement d'un
centre-ville, avec la création d'un autre centre-ville ou presque, mais
qui le devient au bout de vingt ans avec une désagrégation de la
ville et de ces centres. Je pense qu'il y aussi cela dans le cas de Verdun et,
dans ce cas, en plus, il y a un centre-ville qui date de longtemps; Verdun est
une très vieille ville, il y a donc certains éléments de
son tissu urbain qui peuvent être plus détériorés.
La question qu'on doit se poser, il me semble, par rapport à la
conjoncture présente et future et en comparaison avec le passé,
c'est qu'on va être obligé de vivre avec ce qu'on a
déjà construit. Ce n'est pas vrai que, dans les vingt prochaines
années, on va être encore obligé de déménager
des centre-ville, qu'on va faciliter l'exode urbain. Il faut donc rester en
ville, bâtir la ville en ville. Quels sont les éléments
dont on a besoin? Au départ, il me semble que c'est cela, le commerce et
l'habitation. Cela, c'est très important. Je pense que ce sont deux
éléments très fondamentaux de toute
régénérescence du tissu urbain. À ce moment, le
commerce, dans la mesure où des gens ont leur propre
intérêt à ce qu'il se maintienne, à ce qu'il se
développe, dans la mesure où ils veulent le faire, leur
développement, je pense qu'il faut leur en faciliter la tâche.
L'habitation souvent suit
de très près. L'habitation a suivi l'exode des centres
commerciaux en dehors des villes. À la minute où on va
régénérer les artères commerciales, on peut penser
que des gens vont être intéressés à se fixer,
à habiter tout proche. Qu'en est-il, si on veut favoriser la
régénérescence ou la rénovation d'artères
commerciales comme celles-là? On essaie de trouver une formule. Cette
formule nous a été amenée pour la première fois par
la ville de Montréal il y a deux ans. Nous avons dit oui à
l'époque; on est d'accord pour faire l'expérience, on est
d'accord pour voir un peu les problèmes que cela pose, comment on
pourrait l'ajuster par la suite. Et c'est là que nous en sommes. (16 h
15)
Je ne veux pas juger sur tel ou tel aspect de la formule, je constate
simplement ceci, c'est que, après deux ans, il y a une foule de villes
qui nous demandent la formule, en plus du fait que le regroupement des
centre-ville, qui représente en bonne partie des marchands, aussi
demande la même chose. Je crois que maintenant le milieu est mûr,
nous sommes tous mûrs pour faire un bon débat de fond sur la
question et je m'apprête vraiment à pousser là-dessus pour
lancer des pistes - pas juste lancer des pistes, elles sont déjà
là, je crois bien - et essayer de l'étayer et l'encourager parce
qu'on en a besoin, il faut faire quelque chose là-dedans. Si la formule
a besoin d'être corrigée, je vais l'admettre, peut-être
bien. Pour l'instant, c'est celle qu'on nous demande et nous disons: Oui.
Je vois votre réaction, vous pourrez la manifester après,
lors d'un bon débat public sur la question. Moi, je pense que maintenant
il y a cette expérimentation qui a été faite à
Montréal; Québec la veut, encore ce matin avec Verdun, c'est le
projet de loi que nous avons étudié. Je trouve que c'est sain et
je vois votre opposition; alors, les suggestions que vous nous faites pourront,
je pense, être intégrées, pourront être
considérées dans un débat public sur la question. Je
trouve ça très correct et je suis très heureux que vous
soyez venus nous les dire, ici, à cette commission parlementaire; je
pense que c'est bien lancé.
Le Président (M. Blank): Merci.
M. Boudreault: Si vous permettez, M. le ministre, bien sûr,
au nom de la chambre, nous accueillons avec plaisir cette suggestion ou cette
possibilité d'un débat public sur la question et veuillez croire
que nous y participerons certainement.
M. Tardif a mentionné, tout à l'heure, qu'il était
un peu tôt pour faire une évaluation des expériences qui
ont été faites à différents endroits. Je dois vous
dire que la Chambre de commerce de la province de Québec, d'accord avec
les chambres locales, fera certainement une évaluation des
expériences. Je pense aussi que la chambre s'engagera dans un processus
de sensibilisation de ses membres à cette question, de telle sorte que
le débat public que vous envisagez soit davantage fructueux, parce qu'il
impliquera davantage de représentations des différents milieux.
La chambre provinciale, par ses chambres locales, étant implantée
dans toutes les régions du Québec, je pense qu'elle peut
contribuer à ce débat de façon fructueuse et que ses
suggestions - sans doute parce qu'elles émaneront de la base de ses 39
000 membres - seront certainement fructueuses et qu'elles pourront contribuer
à trouver l'avenue que vous recherchez et que nous recherchons aussi,
comme nous l'avons dit.
Le Président (M. Blank): Merci. M. le député
de Verdun.
M. Caron: Moi aussi, M. le Président, au nom de notre
formation politique, je vous remercie, ça nous a fait plaisir de vous
accueillir pour entendre vos suggestions et vos commentaires. On essaiera de
tirer profit de vos suggestions. Je vois que les journalistes en prennent note;
les populations de Verdun et d'ailleurs s'en serviront. Merci.
Le Président (M. Blank): Merci. Je veux seulement ajouter
qu'à cause de l'imbroglio de 15 heures, vous avez joui d'une heure et 20
minutes; je puis vous garantir que, le matin, vous n'auriez pas eu
ça!
M. Boudreault: Merci, nous vous en sommes reconnaissants.
Merci.
Projet de loi no 229
Le Président (M. Blank): Le projet de loi no 229, Loi
concernant la Fondation E.P.I.C..
Est-ce que le député de Rosemont veut faire des
représentations?
M. Paquette: M. le Président, j'aimerais simplement, avant
d'entendre les personnes représentant la Fondation E.P.I.C. qui nous
font cette demande de projet de loi privé, vous dire pourquoi j'ai
accepté de le parrainer. Essentiellement, c'est que le centre E.P.I.C,
qui n'est pas situé dans le comté de Rosemont mais en
périphérie et qui dessert les citoyens de l'est de
Montréal depuis de nombreuses années, m'apparaît un
organisme extrêmement valable, qui a fait ses preuves,
particulièrement dans le domaine de la médecine
préventive, sur le plan des maladies cardiaques, par un concept original
qui couple des possibilités de conditionnement physique avec un centre
médical, grâce à une entente faite avec l'Institut de
cardiologie de Montréal. Le projet de loi
concerne certains problèmes qu'a eus la Fondation E.P.I.C. avec
certaines dispositions de la loi de l'évaluation foncière. Elle a
demandé à plusieurs reprises une exemption qui lui a
été refusée et finalement elle a obtenu une exemption
d'évaluation foncière en 1978. Le projet de loi comporte, bien
sûr, un élément rétroactif et c'est toujours
délicat sur le plan juridique. Alors, M. le Président, avant de
décider du sort que nous ferons à ce projet de loi, je pense
qu'il serait important d'entendre les représentants de la Fondation
E.P.I.C. Je pense qu'il y aussi des représentants de la ville de
Montréal et je crois qu'il serait important de les entendre.
Après les avoir entendus, je vous redemanderai probablement la parole.
Merci.
Le Président (M. Blank): Est-ce que Me Gilles
Hébert représente les requérants et Me Jean
Péloquin également?
M. Mahoney (Bernard): Me Bernard Mahoney plutôt, M. le
Président, et je suis accompagné de M. Pierre Boyer, qui est chef
de l'imposition au service des finances de la division du revenu de la ville de
Montréal.
Le Président (M. Blank): Me Hébert.
M. Hébert (Gilles): M. le Président, M. le
ministre, merci de nous accueillir. J'ai avec moi M. Lionel Théoret, qui
est directeur général de la Fondation E.P.I.C. depuis le
début, qui connaît toute l'histoire de la fondation. Alors, si
vous avez des questions à lui poser, vous serez les bienvenus.
Je pense que la première chose qu'il faut vous souligner, c'est
ce que le mot E.P.I.C. signifie. Plusieurs personnes se demandent ce que cela
veut dire. D'abord, le sigle vient des mots suivants: étude pilote de
l'Institut de cardiologie. C'est un mouvement qui a débuté en
1968 et c'est un organisme sans but lucratif reconnu par le ministère du
Revenu du Québec depuis déjà 1972 et le ministère
du Revenu national depuis 1972 également comme organisme de
charité. Fondation E.P.I.C. est locataire par bail emphytéotique
de soixante ans de l'hôpital Marie-Enfant à Montréal d'un
terrain sur lequel est construit un immeuble - voici notre premier
problème - qui s'appelle le centre E.P.I.C. Donc, c'est un immeuble
établi sur un terrain appartenant à la fondation. Cet immeuble,
et ceci je le répète depuis le début, a toujours
été à l'usage du public, ouvert au public. Les
participants y suivent des activités de conditionnement physique, des
cours et des activités sportives - voici notre deuxième
problème - axés sur un programme de médecine
préventive, ce qui n'a jamais existé. C'est le premier centre au
Canada et il est établi à Montréal. Il sert
également à donner des cours de réadaptation aux patients
coronariens en collaboration avec l'Institut de cardiologie de
Montréal.
Donc, nous sommes en fonctionnement depuis 1974 à des fins
récréatives et scientifiques depuis le début. Notre
organisme offre à la population les mêmes services que la plupart
des autres organismes qui sont cependant et ont toujours été
reconnus, que ce soit, par exemple, les YMCA, le Centre
Immaculée-Conception, autrefois la Palestre nationale, etc. Nous offrons
encore plus, et c'est peut-être notre problème - c'est
probablement pour cela qu'on n'a pas été compris - la
médecine préventive. C'est une des raisons, par exemple, pour
lesquelles nous n'avons été reconnus qu'en 1978. Nous avions
été refusés autrefois par la Commission municipale. On
nous a pris au départ comme étant un organisme relevant du
ministère des Affaires sociales. On nous a demandé d'aller faire
une visite au ministère des Affaires sociales pour savoir - on nous l'a
suggéré lors de la première audition - si nous pouvions
être reconnus comme un organisme pouvant faire partie des organismes du
ministère, de sorte que nous puissions être reconnus sous un autre
article. Je vous soumets que nous avons été les seuls, je crois,
qui aient eu à prouver devant la commission que nous étions un
organisme. Il y a eu probablement certaines demandes de cas bien isolés,
mais je pense que, quant à nous, nous devions nous présenter
devant la Commission municipale, puisque nous sommes entrés en fonction
en 1974, donc, après la Loi sur l'évaluation foncière.
Nous avons été les premiers à nous présenter. Tous
les autres organismes étaient déjà reconnus en vertu de
l'ancienne disposition de la Loi sur les cités et villes où on
n'avait pas à se présenter devant la Commission municipale.
Vous êtes au courant sûrement, j'ai un texte de loi par
lequel la ville de Montréal, en 1980, a proposé... Je pense que
ce serait bon que vous ayez copie, si c'est possible d'en faire la
distribution, de ce projet de loi no 200, sanctionné le 15 avril 1980,
de la ville de Montréal. Ce projet de loi est assez intéressant.
On parle évidemment d'un précédent, mais il y en a un
intéressant qui a été créé à ce
moment. Je vais vous dire pourquoi. D'abord, à l'époque, nous
avons découvert que nous étions les seuls à devoir nous
adresser de nouveau devant la Commission municipale, à la suite de
l'adoption de la Loi sur l'évaluation foncière. Je présume
que ce texte de loi a été adopté à l'époque
pour régulariser la situation de certains organismes qui étaient
déjà reconnus par la loi et qui avaient fait une demande avant le
31 décembre 1980. Si vous regardez bien le texte, vous voyez qu'on y
dit: Les immeubles situés dans la ville de Montréal
appartenant à des institutions ou organismes reconnus par la
Commission municipale avant le 31 décembre 1980 - c'est notre cas: nous
avons été reconnus en 1978, je saute le reste - qui
étaient exempts de taxe foncière avant l'entrée en vigueur
de ladite Loi sur l'évaluation foncière - nous ne pouvons
être exempts parce que nous sommes entrés en opération en
1974 seulement - sont, sous réserve du supplément de la
compensation, etc., exempts de toute taxe foncière depuis le 1er janvier
1972 jusqu'au 31 décembre 1980.
Nous avions soulevé en 1977 au ministre, à
l'époque, que nous étions les seuls à devoir nous
présenter devant la commission, à n'être pas reconnus de
façon automatique. Les YMCA l'étaient, etc., ils étaient
reconnus comme non imposables au rôle. Pour quelle raison? Je ne le sais
pas, mais c'est nous qui avons été obligés de nous
présenter devant la commission et de faire la preuve pour la
première fois que nous étions un organisme sans but lucratif,
ouvert au public, etc. Je serai bien précis avec vous, la commission
à l'époque - et j'en parle ouvertement, je n'étais pas au
dossier -a mentionné dans ses décisions qu'on utilisait le mot
membre du centre E.P.I.C.. Or, vous savez que, quand vous allez au YMCA, vous
êtes membre du YMCA également et vous êtes membre du centre
Immaculée-Conception. Vous devez payer une cotisation. On nous dit: Vous
ne pouvez pas être reconnus parce que vous faites payer une cotisation.
Or, lorsque nous avons été reconnus en 1980, nous faisions
également payer une cotisation. Tout ceci, alors qu'on nous a reconnus,
ce qui est assez rare. Je pense que c'est le seul organisme qui est en
opération, qui exerce les mêmes fonctions que d'autres organismes
qui actuellement en sont exempts et depuis toujours, qui a dû se
présenter devant la commission pour prouver son cas et qui doit
actuellement payer certaines sommes pour avoir du se présenter devant la
commission. (16 h 30)
Je pense que c'est un centre de médecine préventive, c'est
un cas bien spécifique. Je ne pense pas que nous devions être
pénalisés, que nous devions être traités comme tous
ces immeubles appartenant à des corporations sans but lucratif qui
existent déjà. On dira probablement qu'il y a actuellement des
causes pendantes. C'est exact, c'est nous qui avons pris les actions pour ne
pas être vendus pour des raisons de taxation en attendant que ce projet
de loi qui nous a été suggéré soit
présenté devant vous. Je ne voulais sûrement pas que le
centre E.P.I.C., un immeuble de 2 500 000 $, qui a été bâti
en grande partie par les dons des citoyens de Montréal, soit vendu
à l'enchère pour des taxes municipales. Je dois vous dire
également qu'il n'est pas très sympathique, lorsque vous voulez
faire des souscriptions pour continuer à exploiter un centre semblable,
de dire que vous faites une souscription pour payer des taxes municipales.
Alors, je mets tout ceci devant vous et je vous demande tout simplement
de nous traiter comme tout autre organisme semblable qui était en
exploitation avant 1972.
Le Président (M. Lachance): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, simplement une
précision pour ma gouverne, parce que c'est un fait que j'ignore. Quand
on regarde les jugements rendus par la Commission municipale, à trois
reprises, en 1974, en 1975 et en 1977, avant que, finalement, elle ne vous
reconnaisse en 1978 à des fins d'évaluation, le principal
argument invoqué, c'est que vos installations n'étaient pas
à l'usage du public, parce qu'elles n'étaient accessibles qu'aux
membres et organismes reconnus ou affiliés avec lesquels vous aviez des
ententes. En 1978, la Commission municipale reconnaît que vos locaux sont
accessibles au public, un an après le premier jugement. Pour ma
gouverne, je trouve cela extrêmement important. Entre les deux, est-ce
qu'il y a eu un changement dans la politique du centre E.P.I.C. qui aurait fait
qu'avant les installations n'étaient accessibles qu'à une
catégorie limitée de citoyens et qu'après elles auraient
été accessibles à tout le monde?
M. Hébert: Le changement légal qui est intervenu,
pour des raisons purement administratives, c'est que la fondation
elle-même a pris en charge l'immeuble. Cependant, je vais demander
à M. Théoret, qui est là depuis le début, de vous
expliquer ce qui se faisait avant et ce qui se faisait après 1978.
M. Théoret (Lionel): Merci, M. le Président. On
faisait exactement la même chose avant. Je pense que nous avons
été victimes des circonstances lors de notre première
comparution devant la Commission municipale, en 1974. Il nous a
été dit - ce n'est pas écrit dans le document - par le
président de la commission qui siégait: Vous faites de
l'activité physique, comme les YMCA et tout cela, mais vous avez aussi
un aspect de médecine préventive. C'est embêtant, on
était le premier centre canadien, à Montréal, qui avait
cet aspect global de médecine préventive axée sur
l'activité physique. On avait en plus de l'activité physique un
aspect médical d'évaluation, des diététistes et des
infirmières.
On nous a envoyés au ministère des Affaires sociales qui
nous a dit: Cela ne nous concerne pas, vous n'avez pas de lits, ce n'est pas un
hôpital. Il avait raison. On est retourné devant la Commission
municipale. La deuxième fois, on nous a dit: Vous demandez une
cotisation à vos membres; c'est tellement plus facile de dire non une
deuxième fois, après qu'il y a déjà eu un non. On a
gagné la cause en 1978 avec ces cotisations; on demandait encore des
cotisations pour s'autofinancer, c'est évident. La troisième
fois, par une technicité qu'il y avait dans notre charte, parce que
c'était une charte qui datait de 1968 - à l'origine,
c'était une étude pilote de l'Institut de cardiologie - on a
fondé l'organisme privé l'année suivante parce qu'une
étude, un projet de recherche, dure un an à deux ans;
celui-là a duré un an. On a continué à collaborer
avec l'Institut de cardiologie. En 1972, on a bâti le centre avec des
dons et tout cela; en 1973, on a eu la première demande de parution
devant la Commission municipale. On nous a demandé: Êtes-vous
ouvert au public? On est entré en janvier 1974, on n'avait pas encore
installé nos meubles, on les a eus dans la même année, en
avril; on a fait l'ouverture officielle en septembre. Dès septembre de
cette année-là, nous avions la même philosophie et la
même politique que nous avons aujourd'hui d'ouverture au public. Nous en
avions moins, c'est évident, c'était nouveau. Aujourd'hui, il y
en a davantage, si cela peut répondre à vos questions.
Le Président (M. Lachance): Me
Mahoney.
M. Mahoney: Merci, M. le Président.
M. Léonard: Vous représentez la ville de
Montréal, est-ce que c'est cela?
M. Mahoney: C'est exact, M. le Président. Comme je
l'indiquais tantôt, je suis accompagné de M. Pierre Boyer, qui est
le chef d'imposition des taxes...
Le Président (M. Lachance): Excusez-moi. Est-ce que vous
pourriez parler un peu plus fort, s'il vous plaît, pour le
bénéfice de tout le monde?
M. Mahoney: Oui. Merci, M. le Président. C'est exact.
Comme je le disais tantôt, je suis accompagné de M. Pierre Boyer,
qui est le chef d'imposition des taxes au secteur au revenu de la ville de
Montréal. Je pense que, MM. les membres et M. le Président, vous
avez eu l'occasion peut-être bien de prendre connaissance du
mémoire que notre cabinet a déposé devant votre commission
pour faire valoir le point de vue de la ville de Montréal à
l'égard de la demande ou, enfin, de l'étude du projet de loi no
229 dont vous êtes actuellement saisis. Vous avez sûrement
noté que la ville a déposé une objection, une opposition
formelle à l'encontre de ce projet de loi pour les motifs qui sont
exposés dans notre mémoire. Cependant, avant d'en faire le
relevé succinct, j'aimerais relever certaines observations qui ont
été faites par mon collègue, Me Hébert, de
même que par M. Lionel Théoret, qui est le
président-directeur général de la Fondation E.P.I.C.. En
ce qui a trait principalement à l'usage par le public...
Le Président (M. Lachance): Permettez-moi de vous
interrompre...
M. Mahoney: Je vous en prie.
Le Président (M. Lachance): Est-ce qu'il serait possible
d'approcher votre microphone?
M. Mahoney: Oui, bien sûr, excusez-moi, M. le
Président. Alors, principalement en ce qui a trait à l'usage par
le public du centre E.P.I.C., j'ai attiré votre attention, M. le
Président et MM. les membres, plus particulièrement sur le
contenu de chacune des décisions que cite en annexe notre
mémoire, principalement celle rendue le 7 mai 1974. Premièrement,
vous noterez au dernier paragraphe, avant la conclusion, que la Commission
municipale se dit d'avis que le critère à l'usage du public est
difficilement applicable à l'utilisation d'un immeuble dont on demande
l'exemption de toutes taxes foncières. En ce qui a trait à la
décision qui a été prononcée également par
la Commission municipale le 12 mars 1975, vous pourrez noter, au bas de la page
2 de cette décision, au dernière alinéa de cette
décision, que la commission, encore une fois, réitère le
même principe, et les faits présentés l'ont convaincue que
cet immeuble est à l'usage des membres du club de santé E.P.I.C.
et des personnes faisant partie de groupes affiliés, mais qu'il n'est
pas à l'usage du public.
Finalement, c'est également le même principe qui a
été retenu par la Commission municipale lorsqu'elle a
arrêté sa décision du 18 février 1977 et je me
permettrai de vous mettre en évidence le deuxième alinéa
de la première page de cette décision où, encore une fois,
la Commission municipale, après avoir entendu les parties, pris
connaissance de leurs représentations écrites, se dit d'avis que
le club de santé E.P.I.C. ne répond pas à toutes les
conditions du paragraphe 10 de l'article 18 de la Loi sur l'évaluation
foncière, plus particulièrement en ce qui a trait à
l'usage par le public des immeubles en cause. Finalement, ce n'est que le 12
avril 1978 que la Commission municipale, que présidait alors, si ma
mémoire est fidèle, Me Mathieu, a changé d'avis et ce
n'est pas sans
raison. C'est qu'une preuve fort bien étoffée et
documentée avait été soumise par les procureurs de centre
E.P.I.C. Il s'est avéré que la politique de fréquentation
et d'accessibilité des installations sportives du centre E.P.I.C. avait
été - je le soumets respectueusement - radicalement
modifiée. Il y avait eu depuis le prononcé de la dernière
décision une ouverture très large à l'égard du
public. C'est à tout le moins - et je le soumets respectueusement - la
conclusion à laquelle la commission est parvenue à ce moment,
compte tenu des faits que la Fondation E.P.I.C. avait eu tout le loisir et
toute la latitude de mettre en preuve devant elle. Je ne voudrais pas
contredire radicalement ou carrément les représentations qui vous
ont été faites tantôt par les représentants de la
fondation, mais il demeure qu'à mon avis il y a eu une évolution
dans la vocation du centre E.P.I.C, qui s'est ouvert davantage au public avec
le temps, et c'est en 1978 seulement que cette évolution a
été amenée à son terme de sorte que la Commission
municipale a cru, conformément aux dispositions de la loi habilitante et
plus particulièrement de l'article 18, paragraphe 10, de la Loi sur
l'évaluation foncière que le temps était venu pour la
Commission municipale de reconnaître la Fondation E.P.I.C
Je ferai d'autre part, une seconde observation et vous me permettrez, je
vous en prie, en ce qui a trait à d'autres institutions ou d'autres
associations ou organismes qui oeuvrent dans des domaines d'activités
relativement similaires à celles qu'exercent la Fondation E.P.I.C. de
diverger d'opinion en ce qui concerne les représentations faites par Me
Hébert.
Pour ma part, je sais fort bien que le YMCA de même que le Centre
de loisirs Immaculée-Conception, dans le dernier cas, c'est votre humble
serviteur qui a eu l'occasion de plaider cette cause auprès de la
Commission municipale, se sont adressés à la Commission
municipale du Québec pour se faire reconnaître conformément
aux dispositions de la loi. Je trouve donc difficilement concevable aujourd'hui
que la fondation tente en quelque sorte de demander à l'Assemblée
nationale de mettre de côté trois décisions
prononcées, je le soumets, de façon claire, alors que la
Commission municipale avait devant elle une longue preuve, de mettre de
côté ces trois décisions, dis-je, qui ont été
prononcées par un tribunal quasi judiciaire et dont les pouvoirs
étaient arrêtés par une loi générale
applicable à tous les intéressés, quels qu'ils soient.
Je me permets de faire remarquer immédiatement que donner suite
au projet de loi dont vous faites actuellement l'étude serait en quelque
sorte faire une entorse très sérieuse et, à mon avis,
injustifiée à la nouvelle législation fiscale municipale
qui vise à rendre davantage uniformes les règles qui doivent
prévaloir à l'imposition des taxes et aux différentes
exemptions que le législateur a cru bon dernièrement de retenir
à l'égard de certains contribuables et de certains types
particuliers d'institutions. C'est en grande partie la raison pour laquelle la
ville de Montréal, d'une part, s'oppose à ce que ce projet de loi
soit adopté, et, d'autre part, il y a également beaucoup d'autres
motifs qui, je crois, militent en faveur du retrait de ce projet de loi.
Comme nous l'avons mentionné dans notre mémoire, il faut
tout de suite, je pense bien, noter le caractère rétroactif de ce
projet de loi que, comme je le pense -tous les membres de cette commission en
sont conscients - il répugne généralement au
législateur d'adopter en adoptant une mesure à caractère
rétroactif du genre de celle qui est actuellement à
l'étude; on porte ainsi atteinte au principe de la stabilité des
finances municipales, ce qui a pour effet d'affecter l'ensemble des
contribuables de Montréal.
Si, par exemple, nous étudions l'hypothèse selon laquelle
le projet de loi a été adopté dans l'état où
il est présentement soumis à votre attention, la ville de
Montréal pourrait s'exposer à effectuer le remboursement de
certaines taxes qui ont valablement été validement
imposées à l'époque, et la ville est actuellement en droit
de compter sur des revenus de taxation qui s'élèvent à
environ 431 000 $. Si le projet de loi devait avoir effet, compte tenu que des
taxes d'environ 210 000 $ ont déjà été
perçues par la ville de Montréal, il est possible - je ne dis pas
que ce serait le cas que la ville pourrait être appelée à
rembourser, tout en conservant la compensation qui est prévue dans le
présent projet de loi, une somme d'environ 192 000 $ et peut-être
même, avec certains intérêts dont le taux et la date de
départ pour le calcul ne sont même pas précisés au
projet de loi. (16 h 45)
Inutile de vous dire que cela nous paraît, comment dire,
particulièrement je ne dirais pas odieux, mais tout au moins
fâcheux d'avoir à envisager telle hypothèse. D'autre part,
il faudrait que la ville inscrive à ce moment-là une perte dans
ses revenus durant l'exercice financier en cours alors que cette perte aurait
été tout à fait imprévisible et tout à fait
inattendue jusqu'à ce qu'elle prenne connaissance de ce projet de loi.
Enfin, et je le réitère, par son caractère exceptionnel,
qui vise à accorder un traitement de faveur à la Fondation
E.P.I.C., on déroge complètement, je le soumets, à
l'économie générale de la nouvelle législation
municipale, on trahit en quelque sorte l'esprit d'une réforme qui,
je
pense, est en train de produire ses fruits et qui cherche à
uniformiser encore une fois les règles d'imposition de taxes et
d'exemption en matière de taxes municipales. Par conséquent, je
ne crois pas qu'il soit à propos pour les membres de cette commission de
recommander à l'Assemblée nationale de multiplier encore une fois
les cas particuliers, comme on l'a trop souvent vu dans le passé.
Enfin, peut-on dire que les circonstances sont à ce point
exceptionnelles qu'elles justifieraient les membres de votre commission de
recommander à l'Assemblée nationale l'adoption d'un projet de loi
qui confère ce traitement exceptionnel dont on vient de parler à
la Fondation E.P.I.C. J'aimerais peut-être attirer votre attention, M. le
Président, messieurs les membres, M. le ministre, sur un aspect bien
particulier, si vous voulez, du déroulement, de la chronologie des faits
en ce qui concerne la Fondation E.P.I.C. La construction du centre E.P.I.C,
comme l'indiquait d'ailleurs M. Théoret, il y a quelques instants,
était terminée en janvier 1974 et ce n'est qu'en septembre 1974
que l'inauguration du centre a eu lieu, de sorte qu'avant cette date, il me
paraît, à sa face même, impossible de croire que le centre
ait été fréquenté par qui que ce soit et
certainement pas par le public en général. De plus, la fondation
a eu tout loisir, toute latitude de s'adresser à la Commission
municipale ainsi que toutes les autres associations, tous les autres organismes
qui oeuvrent dans des domaines relativement similaires, parmi ceux qui sont
prévus ou qui étaient alors prévus par le Loi sur
l'évaluation foncière pour se faire exempter par la Commission
municipale de l'imposition des taxes sur leurs immeubles. Ces demandes, pour
les raisons que je vous ai tantôt soulignées, ont
été rejetées à trois reprises jusqu'au changement
intervenu dans la vocation du centre E.P.I.C.
Enfin, il faut noter - et mon collègue, Me Hébert, en a
touché un mot tantôt -qu'il y a, je pense, une
ambiguïté dans le libellé du premier article du projet de
loi. L'article commence ainsi: "Les immeubles situés dans le territoire
de la ville de Montréal appartenant à la Fondation E.P.I.C. sont
exempts de toute taxe foncière, etc." J'ai peine à concevoir ou
à comprendre la nécessité et l'utilité de l'emploi
du pluriel. Pourquoi a-t-on parlé des immeubles plutôt que de
l'immeuble puisque la Fondation E.P.I.C. exploite principalement son centre du
5055 de la rue Saint-Zotique, à Montréal. Si, par l'emploi de ce
pluriel, de ce substantif au pluriel on entend viser certaines occupations de
locaux effectuées ailleurs à Montréal pendant certaines
périodes données par la Fondation E.P.I.C, je pense qu'il est ou
serait sage pour les membres de votre commision de se rendre compte et de noter
encore une fois bien spécifiquement que certains recours ont
été intentés devant la Cour supérieure de
Montréal et ces instances sont toujours pendantes, en ce qu'elles
concernent la cassation de certaines inscriptions au rôle.
Il me paraîtrait - je le soumets respectueusement et en toute
déférence pour les membres de votre commission - M. le
Président, M. le ministre, qu'il serait à propos de laisser le
tribunal statuer premièrement sur cette question. Pour tous ces motifs,
M. le Président, la ville de Montréal réitère son
opposition à l'adoption de ce projet de loi et vous prierait
respectueusement de n'en pas recommander l'adoption aux membres de
l'Assemblée nationale. Merci.
M. Raquette: M. le Président.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, j'aimerais d'abord rassurer
les représentants de la ville de Montréal. Même si je
parraine ce projet de loi, j'ai également à coeur les
intérêts des contribuables de Montréal, vu que je
représente un comté de Montréal, de même que
certains de mes collègues. Je pense que nous sommes ici justement pour
évaluer les arguments de part et d'autre et essayer de déterminer
où se trouve l'équité dans cette question. J'aimerais
entendre ce que les représentants d'E.P.I.C. ont à dire sur la
question de la date que vous avez mentionnée à la fin, septembre
1974, plutôt que ce qui est inscrit au projet de loi, 1er janvier 1972.
Peut-être avez-vous raison? Je l'ignore. Quant au terme "des immeubles",
au pluriel plutôt qu'au singulier, je comprends votre
préoccupation également. J'aimerais voir ce que la Fondation
E.P.I.C. a à dire sur cela.
Quant à l'aspect rétroactif du projet de loi, je vous
accorde que c'est une question qui doit être maniée avec beaucoup
de circonspection. Cependant, à l'occasion, il y a certains projets de
loi privés qui sont rétroactifs, il y a même certains
projets de loi publics qui le sont. À cet effet, l'article 58 du projet
de loi no 200, la charte de la ville de Montréal, ce projet de loi qui a
été adopté le 15 avril 1980, avait lui-même un
certain caractère rétroactif, puisqu'il visait à exempter
d'impôt foncier les immeubles situés dans la ville de
Montréal et appartenant à des institutions ou organismes reconnus
par la Commission municipale avant le 31 décembre 1980. Je vous signale
que, pour cette partie de l'article, c'est le cas de la Fondation E.P.I.C.
Cependant, un peu plus loin dans l'article, on dit que "cela ne s'appliquera
qu'à ceux qui étaient exempts de taxe foncière avant
l'entrée en vigueur de la
Loi sur l'évaluation foncière", donc avant 1972.
La question que j'aimerais vous poser, puisque cela était dans la
charte de la ville de Montréal et donc que c'était proposé
par la ville de Montréal, est-ce volontairement que vous avez voulu
exclure la Fondation E.P.I.C. de l'application de cet article avec un certain
caractère rétroactif et qui visait à faire en sorte que
les institutions qui étaient exemptes avant la Loi sur la
fiscalité municipale de 1979 continuent d'être exemptées?
Si tel était le cas, il me semble que cela serait important de le savoir
pour juger de la valeur de la requête qui est devant nous.
D'autre part, une autre question. À votre connaissance, je pense
que, Me Mahoney, vous avez eu à plaider ce cas à quelques
reprises devant la Commission municipale, dans le jugement de 1978 qui
accordait finalement l'exemption d'évaluation foncière à
la Fondation E.P.I.C, on fait état d'une longue série de faits
qui appuient l'énoncé que l'établissement est ouvert au
public. Notamment, on donne les inscriptions en 1978. En moyenne, en tout cas
pour les trois premiers mois, autour de 12 000 personnes par mois
fréquentaient le centre. Je pense qu'il n'y a pas plus
fréquentation publique que cela. Est-ce que vous avez l'impression que,
de 1977 à 1978, la Fondation E.P.I.C. est passée du statut de
club privé avec quelques dizaines ou quelques centaines de membres
à 12 000 membres en 1978 comme par enchantement? Ou ne faut-il pas tout
simplement voir le développement d'un organisme, d'un projet
commencé en 1974 et qui a accueilli de plus en plus de citoyens? Je vous
dis cela parce que je n'ai pas en ma possession - je ne sais pas d'autre part
si le centre E.P.I.C. pourrait mettre cela devant nous - l'argumentation qui
avait été présentée devant la Commission municipale
en 1974, en 1975 et en 1977. On a l'argumentation pour 1978; la décision
a été rendue favorablement a la Fondation E.P.I.C, on ne l'a pas
pour les autres. Il faut essayer de voir s'il y a eu effectivement renversement
de la situation, si on est passé d'une espèce de club
privé a un organisme ouvert au public brusquement entre 1977 et 1978. Ou
n'y a -t-il pas des indices qui nous laissent présager que
c'était le cas avant, que l'institution était
fréquentée par le public dès sa fondation avec
peut-être moins de fréquentation qu'en 1978, mais qu'elle
était quand même ouverte au public? Voilà les quelques
questions que j'avais à vous poser.
M. Mahoney: Avec votre permission, M. le Président,
j'aimerais répondre, si vous me permettez, aux questions que m'adresse
M. le député de Rosemont. D'une part, en ce qui a trait à
l'article 58 du projet de loi 200, ce projet de loi visait un cas bien
spécifique, si ma mémoire m'est fidèle. Il s'agissait de
certaines inscriptions qui avaient été portées au
rôle, non pas par la ville de Montréal, mais par le commissaire
à l'évaluation de la communauté urbaine avant bien
sûr que la Loi sur l'évaluation foncière n'entre en
vigueur, soit en vertu de dispositions législatives qui pouvaient
apparaître dans la charte de la ville ou encore dans des lois à
caractère privé, avant que ne se passe cette première
rationalisation, si vous me permettez l'expression, de la législation
fiscale municipale.
Pour des raisons qui sont peut-être difficiles à expliquer,
le commissaire à l'évaluation avait maintenu certaines de ces
exemptions qui avaient été donc accordées dans le temps
par le législateur au rôle nonobstant l'entrée en vigueur
de la Loi sur l'évaluation foncière. Ainsi, on s'est
retrouvé dans une situation où certaines institutions qui avaient
eu ce "traitement de faveur" accordé par le législateur se
l'étaient vu maintenir un peu probablement par erreur par le commissaire
à l'évaluation, alors que ces organismes auraient dû perdre
cette exemption jusqu'à ce qu'ils puissent l'obtenir de nouveau ou se la
faire confirmer par la Commission municipale.
Lorsque le problème a été découvert, la
ville de Montréal, dans une tentative pour régulariser la
situation, s'est adressée au législateur afin d'obtenir la
disposition dont M. le député vient de faire mention. Cet article
a permis à plusieurs organismes de s'adresser à la Commission
municipale et de faire la preuve qu'il cadrait bien avec les nouveaux objectifs
de la loi, que la définition de leurs tâches de leur vocation
répondait aux nouvelles exigences de la loi et, dans certains cas,
d'obtenir que ce traitement soit prolongé. C'était en quelque
sorte régulariser une situation de fait qui, à tout le moins,
techniquement parlant, pouvait être jugée illégale, mais
qui, dans les faits, était le résultat d'un imbroglio juridique.
Il y a, je le soumettrai, une distinction importante avec le cas de la
Fondation E.P.I.C. dont vous faites présentement l'étude, parce
qu'il s'agit, dans le cas de la Fondation E.P.I.C. d'un organisme dont la
création est relativement récente, et dont les activités
ont commencé uniquement après l'entrée en vigueur de la
Loi sur l'évaluation foncière. Je pense qu'il s'agissait que ce
cas se distingue nettement de ceux qui étaient couverts par l'article 58
du projet de loi 200. D'autre part, pour répondre à la seconde
question de M. le député. Oui?
M. Paquette: Est-ce qu'au moment où vous avez
proposé cet article 58 dans la charte de Montréal, vous avez
considéré le cas de la Fondation E.P.I.C. si c'est tout
simplement que tel n'était pas l'objet, selon
vous, de l'article?
M. Mahoney: Effectivement, tel n'était pas le cas, M. le
député, parce qu'il s'agissait de régler le cas ou de
régulariser la situation d'anciennes exemptions, si vous me permettez
l'expression...
M. Raquette: D'accord.
M. Mahoney: ... de cas qui dataient d'avant l'entrée en
vigueur de la Loi sur l'évaluation foncière. C'est pourquoi je ne
crois pas que cette disposition puisse être applicable au cas de la
Fondation E.P.I.C. D'autre part, pour répondre à votre seconde
question, M. le député, je pense, dans la mesure ou, autant
encore une fois, ma mémoire m'est fidèle et que je ne trahis pas
trop les décisions qui ont été prononcées par la
Commission municipale, qu'il y a eu effectivement un changement,
peut-être pas véritablement dans la vocation même du centre
E.P.I.C. ou dans les objectifs que poursuit la fondation, mais il y a eu une
ouverture au public qui s'est manifestée beaucoup plus
libéralement, beaucoup plus largement à compter de 1977-1978. Je
crois me souvenir qu'il y a eu, entre autres, une modification substantielle
dans le moyen d'avoir accès aux installations du centre E.P.I.C. plus
particulièrement par une politique de fréquentation à la
pièce qui avait été établie juste au début
de l'année 1978 par certaines mesures qui visaient à favoriser
une facilité d'accès aux installations de la fondation. (17
heures)
Je ne voudrais pas me substituer aux commissaires qui ont rendu la
décision, mais je crois - c'est mon opinion personnelle -que c'est
surtout cette nouvelle façon pour le centre E.P.I.C. de favoriser un
accès libre et large à nos bassins de population environnante qui
a motivé les commissaires de la Commission municipale à rendre
cette décision favorable à la Fondation E.P.I.C, en 1978. Il faut
souligner que depuis lors, évidemment, la Fondation E.P.I.C. est exempte
de taxes et qu'elle jouit du privilège qu'elle recherche. C'est
évidemment cet aspect rétroactif, que j'ai tenté de mettre
en relief, qui ferait en sorte de renverser ces trois décisions
antérieures de la Commission municipale, qui écarteraient en
quelque sorte le processus quasi judiciaire de sa fonction, du rôle
qu'elle est appelée à jouer qui me paraît un peu difficile
à soutenir devant vous, aujourd'hui.
M. Raquette: M. le Président, une dernière
question, si vous permettez, aux représentants de la Fondation E.P.I.C,
question qui concerne certaines remarques qu'ont faites les
représentants de la ville de Montréal. Ainsi, pourquoi faire
commencer ce projet de loi en 1972 plutôt qu'en 1974, date à
laquelle le centre a commencé ses activités? D'autre part,
pourquoi ce pluriel au sujet du terme "des immeubles" plutôt que "d'un
immeuble"?
M. Hébert: M. le député de Rosemont, les
deux textes sont sensiblement les mêmes. Quand on prend l'article 58 du
projet de loi no 200, on dit: "Les immeubles situés dans la ville de
Montréal, appartenant à des institutions..." On a pris le
même vocabulaire quant à l'article que nous proposons.
Quant à 1972, je rappelle que nous faisons également
référence à la Loi sur l'évaluation foncière
et nous retournons au 1er janvier 1972, exactement comme l'ancien texte de
Montréal, parce que, pour nous - M. le procureur l'a bien dit
tantôt - nous voulions régulariser d'anciennes exemptions. Cela
veut dire qu'il y a eu quelque chose qui ne fonctionnait pas et, quand on parle
d'une entorse à la législation avec un projet de loi
rétroactif, on l'a fait également, en 1980, dans le projet de loi
de Montréal. Si on a fait une entorse pour un ensemble d'organismes sans
but lucratif à l'époque, je ne vois pas la difficulté d'en
faire une deuxième pour régulariser un problème qui a
été créé à l'E.P.I.C, à
l'époque.
Mais, pour répondre plus spécifiquement à votre
question, les textes sont reliés les uns aux autres.
M. le député, si vous jetez un coup d'oeil aux
décisions de la Commission municipale, vous verrez que la
première décision parle de "membres". On a toujours pensé
que c'était un club privé, c'est absolument faux. Le directeur
général vous a dit tantôt que la politique d'accès
et d'utilisation a toujours été la même. Nous avons
essuyé un refus le 7 mai 1974, alors que le centre a été
ouvert en septembre... On nous refuse déjà le 7, mais parce qu'on
parle de membres et qu'on exige une cotisation annuelle de 150 $, alors qu'on a
peut-être été plus astucieux, en 1978, on a parlé
d'abonnés au lieu de membres, c'est quand même la même
chose. La Commission municipale admet, à ce moment, qu'on paie une
cotisation, elle le répète d'ailleurs de façon très
précise à la page 3 de l'ordonnance de la décision de
1978, on parle des "abonnements", on a alors appelé ça
"abonnés" au lieu de "membres".
En fait, c'est une injustice qu'on croit devoir être
régularisée. Quand on parle également des sommes, c'est
vrai qu'on a déjà fait une avance de 150 000 $.
Évidemment, on peut s'asseoir et peut-être essayer de faire une
compensation. Je dois dire aussi - je remercie le procureur de m'avoir ouvert
la porte - que la ville de Montréal loue également des locaux
dans le centre E.P.I.C et elle nous doit un peu d'argent avec des
intérêts qui atteignent
presque les 100 000 $. Je pense qu'on oublie tout ça, mais nous
sommes rendus à au-delà de 100 000 $, parce qu'elle nous loue des
locaux - dont elle est très heureuse d'ailleurs, et nous aussi - et
qu'elle nous doit au-delà de 100 000 $. Je pense qu'il faut mettre tout
ça dans la balance; il y a peut-être moyen de faire une
compensation sur les sommes qui seraient dues de part et d'autre.
M. Léonard: Elle ne pourrait pas vous en louer plus? Cela
vous donnerait des revenus pour combler!
M. Hébert: On pourrait augmenter sa... Mais, à ce
moment-là, ce ne sera plus à l'usage du public, ça va
être à l'usage de la ville de Montréal et on va encore
être aux prises avec le même problème.
Une voix: Le contribuable de la ville de Montréal!
M. Théoret: On a effectivement fait une campagne de
souscription pour payer des taxes; cela n'est pas drôle! C'est comme cela
qu'on a réussi à en payer pour 112 000 $. On avait payé
aussi, en 1974, un montant totalisant presque 150 000 $ et 81 000 $ en location
de locaux, ce qui fait 231 000 $. Nous n'avons pas additionné les
intérêts, parce qu'on attend comme dans le cas de Montréal.
Alors, cette somme de 230 000 $ que la ville nous doit est tout près du
capital qu'elle réclame dans le compte d'aujourd'hui, soit 244 000 $,
auquel elle ajoute 207 000 $ en intérêts pour nous parachuter
à 485 000 $.
Je m'en voudrais de ne pas préciser ce qui a été
dit tout à l'heure, au sujet de 1974-1975 et 1977; Me Mahoney
était effectivement là, du moins dans les deux dernières
causes. On s'est fait dire à temps et à contretemps que des
membres qui fréquentaient le centre E.P.I.C. ne faisaient pas partie du
public. C'est comme cela qu'on a perdu nos causes. Or, la politique
d'accès au centre E.P.I.C, de 1974 à 1978, n'a pas sauté
d'un coup sec, comme l'a fait remarquer le député de Rosemont
tout à l'heure. C'est incroyable; elle n'a pas sauté d'un coup
sec d'une année à l'autre, elle a commencé à la
mesure des moyens que nous avions, parce que nous sommes un organisme sans but
lucratif. On boucle à peine les budgets. On faisait des campagnes de
souscription et, au fur et à mesure des moyens que nous avions, nous
ouvrions davantage. En 1978, quand on nous a parlé d'une ouverture plus
grande, on a ouvert et je pourrais dire que depuis ce temps-là, on a
ouvert encore davantage. Alors, notre politique d'ouverture au public a
toujours été la même, mais elle a progressé avec les
moyens que nous avions. Merci.
Le Président (M. Blank): M. le ministre.
M. Léonard: Je voudrais connaître quels sont vos
revenus annuels présentement.
M. Théoret: J'ai un état financier que je peux
produire...
M. Léonard: Je veux avoir une idée de l'ordre de
grandeur.
M. Théoret: Les revenus annuels viennent des abonnements
des membres, des abonnés et de tous ceux qui fréquentent le
centre. Puisqu'il passe à peu près de 125 000 à 130 000
personnes par année et, là, j'exclus le montant de location de la
ville, les revenus sont de l'ordre de 345 000 $ à peu près, cette
année. Nous n'arriverions pas, si nous n'avions pas une subvention du
ministère des Affaires sociales qui paie une partie du
paramédical, soit 145 000 $. Les autres revenus, ce sont des locations
ou des ententes que nous avions, par exemple, avec la Sûreté du
Québec et l'Institut Teccart, mais en raison des coupures
budgétaires gouvernementales dans le prochain budget, on perdra ces
revenus. Les revenus sont là: ce qui totalise à peu près,
pour cette année, 650 000 $.
M. Léonard: Les revenus en provenance de la ville de
Montréal se chiffrent à combien?
M. Théoret: Les revenus sont de 32 500 $ par année,
mais on n'a pas reçu les chèques.
M. Léonard: D'accord.
M. Théoret: C'est en opposition.
Apparemment, ils vont vous le confirmer, ils en ont fait la
déduction automatique sur certaines taxes.
M. Léonard: II y a toujours des causes pendantes devant
les tribunaux, à l'heure actuelle.
M. Hébert: Lorsqu'on a voulu nous vendre pour taxes, nous
avons contesté la vente pour taxes, parce que si on vendait... Vous
savez, la procédure est assez rapide. Au 1er décembre, vous
passez et vous disparaissez de la circulation, parce qu'on prend l'immeuble
automatiquement. C'est une procédure qui est encore plus rigoureuse que
celle qui est prévue par la Loi sur les cités et villes; alors,
on a contesté la vente pour taxes et les actions qui en
résultent: les inscriptions au rôle devant la Cour
supérieure et la Cour provinciale.
M. Léonard: Vous n'avez pas vu ou rencontré la
ville de Montréal, étant donné
les fonctions que vous vous êtes données ou les objectifs
que vous vous êtes assignés, pour avoir une aide quelconque de la
ville de Montréal, puisque vous rendez des services à la ville de
Montréal en termes de fins récréatives, de médecine
préventive, etc., Parce que, au fond, il reste tout de même un
grand principe général: le compte de taxes municipales sert
à payer les services municipaux. Je pense que cela est reconnu de plus
en plus comme principe fondamental de la fiscalité municipale; alors, je
comprends que, là, on parle d'années antérieures, 1972
à 1978. Au fond, c'est le passé qu'on essaie de
régler.
M. Théoret: M. le ministre, M. le Président, avec
votre permission. En effet, la ville de Montréal nous a toujours dit
qu'elle était fort sympathique à notre cause, mais qu'elle ne
pouvait pas y changer un iota, parce que c'est la Commission municipale du
Québec qui règle ces choses-là. Ils n'ont pas le droit de
renoncer à leurs taxes et c'est ainsi qu'ils en sont venus à
louer des locaux chez nous et qu'ils ont appliqué le revenu des locaux
comme taxe. Mais, supposons qu'ils ne l'auraient pas appliqué, les
revenus de cette location ne nous permettaient même pas de payer
l'intérêt sur le capital, de sorte qu'on n'en sortirait jamais. Il
en a été question avec la ville de Montréal, à un
moment donné. J'ai dit: Si vous louiez des locaux pour que la taxe
puisse se payer en quatre, cinq ou six ans... On était ouvert à
des solutions, même si on trouvait que la décision rendue sur
notre cause était injuste et, peut-être, révoltante dans
notre cas, puisqu'on n'était pas traité sur le même pied
que les YMCA et les autres. On était même prêt à
faire des concessions. La ville était prête, mais elle ne pouvait
pas louer des locaux plus que pour tel montant, à cause de son
budget.
M. Léonard: Quelle est la contribution annuelle d'un
abonné régulier? C'est quoi? Est-ce 150 $? Est-ce 200 $?
M. Théoret: Non. Pour un abonné régulier,
les cotisations commencent, suivant les catégories, à 125 $ par
année, pour ce qu'on appelle des membres autonomes, 95 $ par mois, pour
une session de trois mois, et 280 $ par année environ, pour ceux qui
viennent annuellement. Ici, je voudrais faire remarquer que j'ai des chiffres
et des statistiques prouvant que nos prix, malgré qu'on soit un
organisme privé, sont moins élevés que les prix
exigés par les cégeps, tels les cégeps Bois-de-Boulogne et
Ahuntsic et le pavillon de l'Université de Montréal.
M. Léonard: Mais, s'ils sont moins élevés,
disons que vous auriez une marge de manoeuvre de ce côté-là
et vous pourriez, à un moment donné, récupérer les
coûts passés.
M. Théoret: On ne peut pas. Nous sommes
déficitaires chaque année et l'état financier au 30 avril
que j'ai ici, est...
M. Léonard: Si vous augmentiez votre cotisation, vous ne
perdriez pas nécessairement beaucoup d'abonnés.
M. Théoret: À Toronto, cela coûte 800 $ par
année pour faire partie d'un centre comme le nôtre...
M. Léonard: C'est cela, mais vous, vous n'exigez que 280
$.
M. Théoret: Oui, mais nous voyons déjà dans
le contexte actuel et depuis plusieurs années, même quand la
cotisation est arrivée à 280 $ ou 290 $ depuis quatre ans, une
diminution considérable du nombre de participants.
M. le Président, pourrais-je ajouter un autre détail?
E.P.I.C. est un centre de médecine préventive qui a
été lancé avec l'Institut de cardiologie de
Montréal par un projet de recherche. Depuis lors, on a grandi. On a
construit le centre E.P.I.C. et nous nous sommes rendu compte, à un
moment donné, qu'on ne pouvait pas aller plus loin, en médecine
préventive, sans s'associer à un centre hospitalier ou quelque
chose du genre. C'est ainsi qu'il y a deux ans, a été entreprise
une étude d'association, d'affiliation, voire d'intégration avec
l'Institut de cardiologie de Montréal. Or, en 1981, nous avons
signé un protocole d'entente avec l'Institut de cardiologie de
Montréal prévoyant l'intégration du centre E.P.I.C.
à l'institut. C'est un engagement du ministre des Affaires sociales de
l'époque qui est venu, chez nous, faire cette promesse; de là,
l'entente signée avec l'institut. Mais depuis, le dossier repose aux
Affaires sociales et je pense que l'impact - ce qui a peut-être
empêché le ministère d'agir - d'une dette -je le mets entre
guillemets parce qu'on croit toujours cela injuste - a peut-être agi dans
la balance ou dans le retard de la décision devant être prise
à cet effet.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Verdun a une question.
M. Caron: M. le Président, j'aimerais savoir, si mes
renseignements sont bons, pourquoi le YMCA serait exempté. Je ne sais
pas si quelqu'un de la ville de Montréal pourrait me corriger, si je me
trompe. Je vois mal si le YMCA est exempté de taxes et le groupe qui est
devant nous, la Fondation E.P.I.C... Je pense, quand on regarde sa structure,
qu'elle est pas mal proche parente du YMCA. Elle donne des services à
peu près comme le YMCA en
donne. Je vois très mal que Montréal perçoive une
taxe du groupe E.P.I.C. et que le groupe YMCA en soit exempté. Est-ce
que vous pourriez me donner de l'information, monsieur de la ville de
Montréal, s'il vous plaît? (17 h 15)
M. Mahoney: Oui, il me fait plaisir de donner une réponse
à M. le député. Effectivement, le centre E.P.I.C. ou la
Fondation E.P.I.C. est maintenant exemptée depuis 1978,
conformément à la décision de la Commission municipale,
qui a été rendue le 12 avril 1978, à propos du paiement de
ses taxes. C'est la période antérieure à 1978 qui fait, je
pense, problème dans l'esprit des gens de la Fondation E.P.I.C. La
distinction est la suivante: avant la preuve versée devant la Commission
municipale, en 1978, les faits n'avaient pas convaincu la Commission municipale
du fait que le centre E.P.I.C. exerce des fonctions analogues à celles
d'un YMCA. Ce qui est en cause, ce n'est pas véritablement les buts ni
la nature des activités actuelles de la Fondation E.P.I.C. qui,
maintenant, est assez bien assimilable à celle d'un YMCA, mais c'est la
période d'avant le mois d'avril 1978, alors que la Commission municipale
avait jugé que les deux cas pouvaient probablement être
distingués l'un de l'autre.
M. Rochefort: M. le Président, j'aurais une question qui
s'adresserait au représentant de la ville de Montréal qui vient
de parler. En quoi jugez-vous différentes les activités du centre
E.P.I.C. avant 1978, de celles d'un YMCA, par exemple?
M. Mahoney: C'était principalement, selon les termes des
décisions rendues par la Commission municipale, en ce qui a trait
à l'accès du public. Il n'y avait pas cette ouverture qu'on peut
retrouver, par exemple, dans un YMCA où toute personne peut venir,
moyennant une contribution à la pièce, par exemple, profiter des
installations, d'une piscine, avoir accès à la piscine sur simple
demande. La Commission municipale avait toujours eu comme exigence - et je
pense à bon droit, conformément à la loi - que l'ouverture
du centre ou de l'immeuble suivant ce que prévoyait l'article 18,
paragraphe 10 de la Loi sur l'évaluation foncière, qu'elle soit
ouverte au public sur une base simple et rapide. Je pense, par la nature
même des activités de la Fondation E.P.I.C, qu'on désirait
plutôt assurer un certain suivi de nature médicale et on engageait
les gens à s'abonner sur des périodes assez longues, où il
n'y avait pas cet accès facile à court terme rapide sur une base
modique, modeste aux installations de la Fondation E.P.I.C, à ce
moment-là.
M. Rochefort: M. le Président, j'aimerais adresser la
même question au représentant du centre E.P.I.C pour avoir sa
version sur cette question de la différence que la ville de
Montréal voit dans les activités que vous aviez avant 1978, par
rapport à celles d'un YMCA à la même époque.
M. Théoret: Je pense que c'était sur la
contradiction du mot membre, parce que, chez nous, cela s'appelait des membres.
Remarquez bien que, dans les YMCA, on appelle cela aussi des membres,
d'ailleurs, c'est ce qui nous a fait perdre notre cause. Or, le YMCA, en 1972,
1973, 1974, faisait de l'activité physique et après que nous
avons ouvert le centre de médecine préventive, le YMCA, le centre
du boulevard Saint-Joseph, le centre Immaculée-Conception et d'autres
endroits ont ajouté cet aspect médical que nous avons chez
nous.
M. Rochefort: Tout en continuant de jouir de l'exemption
fiscale.
M. Théoret: Tout en continuant de jouir de l'exemption et
en ayant les activités physiques comme on les avait. Nous, depuis le
début, je l'ai dit tantôt, je le répète, on a
élargi, mais depuis le début, nous acceptons le public chez nous
et ce n'est que sur le mot "membre" qu'on a perdu nos causes. On a dit: Vous
êtes un club privé, ce sont des membres. C'est autour de tout cela
qu'a tourné... Je ne me mettrai pas en colère, mais...
M. Rochefort: D'autre part, j'aimerais peut-être que vous
fassiez état aux membres de la commission des différents
démêlés que vous avez eus à connaître la
façon par laquelle vous deviez procéder pour faire régler
cette question, puisque, au départ, on vous avait plutôt
orienté du côté du ministère des Affaires sociales.
Donc, on vous a fait perdre quelques années à partir d'un mauvais
renseignement qui vous a été fourni par quelqu'un de la fonction
publique.
M. Théoret: Je vais garder mon calme encore une fois, je
vais tenter d'y aller bien tranquillement, je ne veux mettre personne en cause.
Ce qu'on s'est fait dire subtilement, à un moment donné: Ce ne
sont plus des membres qui fréquentent le centre E.P.I.C, mais ce sont
des abonnés, des participants et c'est inclus dans la dernière
décision municipale. Je ne peux pas vous en dire plus que cela. Est-ce
que cela répond à votre question?
M. Rochefort: Ce à quoi je faisais allusion aussi, est-ce
qu'on ne vous a pas déjà répondu que ce n'était pas
par l'entremise d'un projet de loi privé à la commission des
affaires municipales que vous
deviez demander d'être exemptés, mais plutôt que vous
deviez aller au ministère des Affaires sociales, étant
donné qu'il y avait une question de santé réliée
à votre centre? Vous avez perdu du temps et finalement, on vous a
ramenés à une procédure de projet de loi privé
à la Commission municipale, ce qui vous a fait perdre quelques
années.
M. Théoret: Oui, un détail important, je pense: en
décembre 1972, on a acquis le terrain par bail emphytéotique et
la demande de parution devant la Commission municipale est venue en 1973. La
décision a été rendue le 7 mai 1974, mais ce
n'était pas encore bâti. On ne pouvait pas accueillir des gens
dans le centre. Or, la première comparution nous a été
produite. On a reçu un compte de taxes. C'était une opposition
à la taxe sur le terrain. C'était pour cela, la première
fois qu'on est allé à la Commission municipale. Le temps que nous
y sommes arrivés, là, le centre s'en venait. Cela répond
à un aspect de la question, je pense. En 1975, c'est là que le
mot "membre" est revenu et il est revenu en 1976. On nous l'a dit
carrément. Je m'étais choqué en commission et c'est
là que j'avais dit que des membres, cela doit être du public.
Ensuite, nous nous sommes fait dire subtilement - nous étions
tannés, nous sommes revenus - que des membres étaient
plutôt des abonnés que des participants.
On a perdu du temps en 1973. À la première
décision, nous sommes allés aux Affaires sociales et cela nous a
parachutés en 1975. Les gens du ministère des Affaires sociales
ont dit: Vous n'avez pas d'affaires à venir nous voir; vous n'avez pas
de lit; vous n'êtes pas un hôpital; vous n'avez pas de lit chez
vous. Bon! On est retourné devant la commission. Je ne peux pas
blâmer les juges de la Commission municipale; ils étaient devant
une première canadienne. Qu'est-ce que c'est, cela, un centre de
médecine préventive? Cela n'existait pas. On avait
l'activité physique qui existait comme dans les YMCA et les autres.
S'ils nous avaient jugé là-dessus, cela aurait été
comme cela, mais non, cela allait plus loin et il y a eu cet aspect public.
Alors, on nous a envoyés aux Affaires sociales, les Affaires sociales
nous ont retournés. Cela nous a amenés à la
deuxième décision qui était en 1975. Je voudrais ajouter
un détail important: Quand on a rendu la décision, le 12 avril
1978, on était heureux, on pensait gagner une année puisque
c'était l'année fiscale qui se terminait le 30 avril et les juges
ont rendu la décision très vite, je pense qu'ils en
étaient conscients. On s'y attendait. Il y a même quelqu'un qui
m'a dit: Je pense que cela va englober l'année en cours. Mais non, cela
a commencé le 12 avril; alors, cela venait de coûter 100 000 $ de
plus avec tous les intérêts que cela a accumulés depuis. On
s'est défendu.
M. Rocheleau: J'amerais poser une question soit à M.
Hébert ou au directeur général. Depuis ce temps, est-ce
que le statut d'abonné ou de membre est différent, quoi?
M. Théoret: C'est la même chose. Si vous vous
abonnez au YMCA... Nous, ce qui nous a un peu choqués - je m'excuse -
quand on a perdu la cause, j'avais dit devant les juges: Pourquoi, dans ce cas,
les gens du YMCA Immaculée-Conception... C'est comique, ce sont des
abonnés, bien sûr, mais on leur donnait leur carte de membre et on
les appelait "membres". On les appelle encore "membres" aujourd'hui, à
l'exception de tous ceux du public qui viennent pour la piscine, pour les cours
de natation, les cours de rythmique, les cours de yoga, les cours de
ballet-jazz, etc. Ces gens n'ont pas besoin de carte de membres. Mais, aux
autres, on remet une carte de membre, comme il y en a dans les YMCA et
partout.
M. Rocheleau; Maintenant, dans l'hypothèse d'une décision,
ici, à la Commission municipale de rejeter votre demande, dans quelle
situation cela place-t-il la Fondation E.P.I.C.?
M. Théoret: Naturellement, si l'on n'a pas une
décision favorable, si l'on ne gagne pas les causes en cours, je devrai
porter mes gants noirs et une cravate noire, c'est aussi grave que cela, c'est
la clé dans la porte. Non seulement, on perdrait les 300 000 $
approximatifs, les 230 000 $ de frais que cela nous a coûté pour
mener toute cette cause depuis 1974, ce qui est à peu près 300
000 $, 230 000 $ qu'on a payés à la ville et qu'on n'aurait pas
dû payer normalement. On paie nos taxes de compensation, entre
parenthèses, et l'on se réveillerait avec les autres 500 000 $,
on ne peut même pas payer ces 500 000 $. Alors, cela veut dire qu'on
ferme définitivement le centre, il n'y a rien à faire, à
moins qu'un ministère ne subventionne cette partie. Alors, on ferme, et
puis, c'est adieu E.P.I.C., adieu la médecine préventive qui est
endossée par les gouvernements, par le gouvernement qui a
précédé celui-ci comme par celui-ci et de beaucoup, par
tous les ministres qui sont passés aux Affaires sociales. Alors, c'est
adieu la médecine préventive, adieu tout ce qui se fait chez
nous, les dizaines de milliers, les centaines de milliers de personnes qui sont
passées depuis dix ans, les malades coronariens dont nous avons le plus
important groupe au Canada, cela se fait chez nous, cela nous coûte de
l'argent; alors, c'est adieu tout cela et c'est aussi la mise à pied de
20 employés.
M. Rocheleau: Dans une dernière question, est-ce que
l'exécutif ou le conseil d'administration d'E.P.I.C. a rencontré
j'imagine que oui - le maire de Montréal, M. Drapeau, ou
l'exécutif afin de tenter de trouver une solution acceptable pour ne pas
mettre en péril la Fondation E.P.I.C? Est-ce que cela s'est fait?
M. Théorêt: J'ai eu des pourparlers avec M. Drapeau;
si on veut les nommer, des gens de l'exécutif, le vice-président
de l'exécutif, M. Lorange, qui endosse beaucoup notre cause, et d'autres
membres de l'exécutif qui sont très sympathiques à la
cause d'E.P.I.C, mais ils ont dit: On ne peut pas renoncer à nos taxes,
on ne peut même pas renoncer à "une cenne" d'intérêt,
on est bien sympathique à votre cause, mais cela relève de la
Commission municipale du Québec. Quand elle a rendu sa décision
en 1978 - il ne faut pas la blâmer, la Commission municipale - ce
n'était pas de sa juridiction. Il n'était pas possible pour elle
de rendre un jugement rétroactif. Avec la nouvelle loi sur la
fiscalité, je pense que c'est maintenant possible; je ne suis pas
avocat, mais il me semble avoir vu cela. Je trouve cela plus intelligent, mais
ils ont été "pognés" avec cela; il y a ceux qui sont
sympathiques à notre cause, mais ils ont dit: On ne peut rien faire.
M. Garon: II ne faudrait pas que ceux qui sont liés avec
la Commission municipale, d'un autre côté, nous envoient leur
banqueroute à nous autres, mais je pense que si Montréal voulait
réellement nous sauver, comme vous dites, si cela va jusqu'à
fermer la porte, il faut, à un certain moment, que ce soit elle ou une
autre municipalité. Moi, je l'ai fait chez nous et d'autres l'ont fait
dans d'autres municipalités, soit donner une subvention ou que
Québec nous donne le pouvoir. Je crois bien que cela serait très
désagréable que le centre ferme, parce que je pense que vous avez
une très bonne renommée, le centre E.P.I.C, une renommée
extraordinaire et il serait regrettable que la ville de Montréal perde
ce centre-là, pour elle et pour ceux qui en ont profité, ceux qui
en profitent et les autres à venir. On prêche cela depuis nombre
d'années, je crois qu'on devrait... J'espère que le ministre va
prendre cela en considération et que Montréal va continuer
à vivre, même si elle a cela de moins dans ses goussets.
Montréal a toujours ses trucs pour venir à la porte, ici, puis on
fait la grande génuflexion, toujours. Je pense qu'il est bien important
de sauver le centre actuellement.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Rosemont.
M. Raquette: M. le Président, une dernière remarque
avant de connaître l'opinion des autres membres de la commission.
J'aimerais simplement vous dire qu'il est bien certain qu'un projet de loi
privé est une question d'exception et l'on veut se dispenser d'en voter
le plus possible. Il est bien sûr qu'il y a eu des décisions
antérieures de la Commission municipale et que le projet de loi
viendrait en quelque sorte les renverser. Moi, je dirais
qu'indépendamment de cette question légale, souvent dans nos
projets de loi privés, on vise à réparer des injustices;
ma perception personnelle, c'est qu'il y a eu une injustice qui a
été faite au centre E.P.I.C. Le problème fondamental vient
de nous être exposé, c'est la fermeture d'un centre de
médecine préventive dans le domaine des maladies cardiaques, dont
nous avons besoin à Montréal, et j'espère qu'on va trouver
une solution. Je ne sais pas s'il y a moyen de trouver une solution au
problème financier avec la ville de Montréal; s'il y a un espoir
de ce côté-là, on pourrait entreprendre les
démarches de ce côté, sinon cela m'apparaît
être le dernier recours. C'est justement pour cela que les projets de loi
privés existent, c'est un mécanisme de dernier recours pour
empêcher que des injustices se commettent au nom de technicalités
juridiques.
M. Léonard: Alors, M. le Président, il y a eu
beaucoup d'information livrée, cet après-midi. Ah bon!
Excusez-moi. (17 h 30)
M. Mahoney: Avec votre permission, M. le Président,
j'aurais peut-être aimé apporter, tout de même, le point de
vue de Montréal en réponse à ce qui a été
dit tout dernièrement. Je pense qu'il convient de ne pas dramatiser
inutilement la situation. Il reste tout de même que le centre E.P.I.C.
est en opération encore et qu'il l'est depuis un bon moment. Il
conviendrait que, dans un premier temps, la Fondation E.P.I.C. épuise
les recours judiciaires qu'elle a intentés. Il est possible qu'elle
obtienne gain de cause devant le tribunal. On ne peut, je pense,
présumer du sort des décisions devant être rendues par la
Cour supérieure. D'autre part, M. Théoret en a fait état,
il y a des solutions également qui peuvent être envisagées
dans l'étalement, par exemple, du remboursement des taxes qui sont dues
à Montréal. Actuellement, la ville de Montréal effectue la
location de certains locaux de la Fondation E.P.I.C. et de ce fait verse un
loyer qui permet d'effectuer un remboursement partiel, qui va peut-être
nécessiter un certain temps, des dettes de taxes que la Fondation
E.P.I.C. a encore envers Montréal.
Alors, je pense que des solutions de type administratif peuvent
être envisagées et qu'il y aurait lieu pour la Fondation E.P.I.C.
de faire d'autres propositions de ce type à la
ville de Montréal plutôt que de s'adresser, je le fais
remarquer très respectueusement, à l'Assemblée nationale
afin de faire réparer ce qu'elle estime, elle, être une injustice
parce que, encore une fois, MM. les membres, M. le Président, je ne suis
pas certain, enfin, j'allègue que c'est faire injure à la
Commission municipale du Québec en ce qui a trait aux trois
décisions qu'elle a rendues en 1974, 1975 et 1977 que de dire qu'il y a
injustice à l'égard de la Fondation E.P.I.C.
La Commission municipale du Québec a été saisie
valablement de trois demandes, elle a étudié une preuve qui lui a
été faite librement suivant le processus prévu par la loi
alors en vigueur, applicable à tous les contribuables et aujourd'hui on
prétend avoir été victime d'une injustice. La Fondation
E.P.I.C. avait tout le loisir de faire la preuve de la fréquentation du
public qu'elle a réussi à faire en 1978 si tel était le
cas. Je ferai remarquer que ce n'était pas tout à fait la
même situation et c'était probablement loin d'être la
même situation qui prévalait en 1974, 1975 et 1977 que celle qui a
été établie en 1978 grâce au procédé
que M. Théoret a tantôt souligné qui a fait changer la
politique d'accès du public aux installations du centre E.P.I.C.
Alors, encore une fois, MM. les membres, M. le Président,
j'estime qu'il serait mal venu, je soutiens respectueusement, pour les membres
de votre commission de faire une recommandation favorable à
l'Assemblée nationale dans le sens visé par le projet de loi.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: M. le Président, est-ce qu'il ne serait pas
possible de demander aux représentants de Montréal de faire part
d'un voeu, qui, je l'espère, sera unanime, des membres de la commission
aux autorités politiques de la ville de Montréal de discuter de
cette question à l'occasion de leur visite la semaine prochaine pour
étudier le projet de loi no 200, qui est lundi, qui aura lieu ici
même à cette commission? On pourrait demander aux
représentants de la Fondation E.P.I.C. de revenir nous visiter cette
même journée. D'ici ce temps-là, il y aurait même
possibilité qu'il y ait discussion entre les deux parties et qu'on en
arrive à une solution de compromis lundi prochain à l'occasion de
la comparution des autorités politiques de la ville de Montréal
sur le projet de loi privé no 200 qui les concerne au plus haut point.
Est-ce qu'il y a consentement?
M. Léonard: Nous avons obtenu beaucoup d'informations
aujourd'hui de part et d'autre. D'ailleurs, il y a un certain nombre
d'éléments qu'on va vérifier. On va reprendre ce qui a
été dit au cours de la commission aujourd'hui à partir de
la transcription et lundi, comme les gens de Montréal seront là
aussi, on pourrait bien entendre ce qu'ils ont à dire par rapport
à cela.
Alors, quant à moi, c'est donc reporté à la semaine
prochaine, au moment où la commission reviendra sur les projets de loi
privés.
Le Président (M. Blank): L'étude de ce projet de
loi est remise sine die.
Projet de loi no 204
Projet de loi no 204, Loi concernant la ville de Kirkland. On donne
finalement la chance au député de Nelligan.
M. Lincoln: M. le Président, est-ce qu'on attend le
ministre? M. le Président, j'aurais voulu tout d'abord souhaiter la
bienvenue aux deux représentants de la ville de Kirkland, le maire, M.
Sam Elkas, et le procureur de la ville, Me Yvon Denault. Je suis très
heureux et très fier d'avoir ici les représentants de la ville de
Kirkland, une des villes du comté de Nelligan. La ville de Kirkland
célèbre, cette année, son 21e anniversaire. Le maire Elkas
me disait même tout à l'heure qu'en 1968 lorsqu'il est venu
habiter Kirkland, il y avait dans cette ville 800 maisons et, maintenant, on
compte 12 000 résidents. Je pense que ce fait démontre le
dynamisme de la ville de Kirkland. Je peux dire sans exagérer que tous
les gens qui suivent le progrès des villes et des municipalités
à travers le Québec savent qu'elle est gérée avec
une efficacité, un bon ordre et un bon sens de direction qui font grand
honneur à Kirkland et à ses citoyens.
Le projet de loi no 204 présenté ici a pour objet de
modifier la Loi sur l'aménagement et l'urbanisme afin d'annuler
certaines dispositions concernant différents lots comme cela va
être expliqué par le procureur de Kirkland. Il vise
également à ajouter des pouvoirs réglementaires à
la ville de Kirkland en ce qui a trait à certaines fonctions comme la
garde des animaux par les citoyens ainsi que les règlements
régissant certaines activités commerciales. Je voudrais passer la
parole aux intervenants de la ville de Kirkland, Me Denault et M. le maire
Elkas.
M. Denault (Yvon): M. le Président, en ce qui concerne
l'article 1, nous comprenons que le ministère n'est pas favorable
à ce qu'une modification soit faite à la loi
générale; s'il y un cas particulier à régler, il
vaut mieux s'attaquer directement au cas particulier. Alors, nous demandons
l'autorisation de retirer l'article 1 du projet.
Le Président (M. Blank): L'article 1 est
retiré.
M. Denault: En ce qui concerne l'article 2, nous avons eu de
longues discussions avec le contentieux du ministère des Affaires
municipales ainsi qu'avec le contentieux du ministère de la Justice et
ils nous ont suggéré, finalement, une dernière version du
texte qui, comme vous le constaterez, ne vise qu'un cas. Nous avons
retiré un certain nombre de cas qui étaient mentionnés
là parce que, finalement, il ne reste qu'un cas qui fait
problème, c'est celui des lots 156-87 et 157-20. Ce sont deux lots
adjacents qui faisaient partie d'un terrain qui avait été
cédé à la municipalité pour la construction d'un
parc. Ce n'est pas un cadeau que le promoteur a fait. On entend souvent ces
gens-là dire qu'ils ont donné des rues ou un parc à la
ville... Je pensais que vous vouliez intervenir!
Le Président (M. Blank): D'accord, vous n'avez pas besoin
de plaider une cause qui est déjà gagnée.
M. Denault: Bon! Article 2.
Le Président (M. Blank): L'article 2 est adopté tel
qu'amendé.
M. Oenault: Pour les mêmes raisons, nous retirons ce qui
était l'article 3. Le problème s'est réglé
autrement depuis l'impression du projet de loi.
Ce qui était l'article 4 devient maintenant l'article 2. Il
s'agit d'un article qui vise à régler une situation assez
particulière qui cause une injustice à des citoyens. Il y a
à peu près 25 ou 30 ans, un promoteur astucieux a
subdivisé dans ce qui était, à Kirkland, en plein bois, un
terrain en 272 lots qu'il a vendus à des individus. J'imagine que ces
gens pensaient un jour faire fortune avec cela. On est en 1982, ces lots sont
toujours où ils sont, mais ils ne sont pas conformes au règlement
de zonage, donc on ne peut y construire de maisons. D'autre part, ils sont
traversés par des rues qui apparaissent sur le plan de subdivision qui
n'aboutent pas avec les rues existantes de la ville dans le quartier. Or, ces
gens paient des taxes sur des lots avec lesquels ils ne peuvent rien faire.
Personne n'est intéressé à les acheter, parce qu'il
faudrait avoir la certitude de les avoir tous. La ville a commencé
à en acquérir. Il y en a qui ont abandonné en cours de
route, la ville les a repris pour défaut de paiement de taxes. Il
faudrait, une fois pour toutes, que la ville puisse acquérir tous les
terrains en les payant leur juste valeur, annuler la subdivision et remettre le
terrain en vente pour qu'on recommence sur un bon pied.
Le Président (M. Blank): Adopté. L'original article
4. L'original article 5.
M. Denault: À ce qui était l'article 5, et qui
devient l'article 3, la modification principale concerne le premièrement
par le remplacement du paragraphe 3. C'est le problème des arcades de
jeux. Il ne s'agit pas d'un texte nouveau, mais on ajoute principalement unedisposition concernant les arcades de jeux qui, comme vous le savez,
prolifèrent dans les municipalités et qui sont une source de
plaintes continuelles au conseil municipal afin que celui-ci fasse quelque
chose pour en empêcher la prolifération.
M. Léonard: Sur originalement l'article 5, nous sommes
d'accord avec le premier paragraphe qui se lit: "Par le remplacement du
paragraphe 3 par le suivant, etc.: "3. pour autoriser, moyennant un permis,
réglementer ou prohiber les jeux de boules, etc." C'est d'accord.
Deuxièmement, cet article serait remplacé... On dirait:
"par l'addition, après le paragraphe 23e, des suivants: "24. pour
réglementer les boutiques où l'on vend ou offre en vente des
marchandises à caractère erotique; "25. pour réglementer
les salons de massage."
M. Denault: On n'a pas tellement l'intention d'émettre des
permis et je comprends le but de la modification, qui ne nous servirait
à rien. En fait, c'est réglementer qu'on veut. Alors, c'est
parfait.
Je comprends que le proposeur, M. le député de Nelligan, a
une suggestion de modification additionnelle à proposer. Je m'excuse, si
on n'en a pas parlé au préalable, mais c'est une chose assez
mineure concernant des pouvoirs plus précis en matière de
réglementation de chiens. Je comprends que, ce matin, on a
accordé ce pouvoir à la ville de Verdun. Comme la ville de
Kirkland ne vient pas souvent à l'Assemblée nationale, on s'est
dit qu'on pourrait peut-être profiter de l'occasion pour le demander. Je
dois dire que, chez nous, c'est effectivement un problème.
M. Léonard: L'article 17 de la ville de Québec;
c'est ça?
M. Denault: Ou de la ville de Verdun, ce matin.
M. Lincoln: Oui, c'est ça, mais je voulais proposer cela
comme un ajout, comme un nouvel article 4 du projet de loi. Vous connaissez le
mot à mot, M. le ministre, alors je ne vais pas le lire.
M. Denault: Je vais en déposer une copie; c'est,
semble-t-il, le texte qui a été adopté pour Verdun ce
matin...
M. Léonard: Cela provient de la ville de Québec,
hier; nous l'avons aussi proposé pour Vanier.
M. Lincoln: C'est l'article 412 de la cité de...
M. Léonard: II y a une correction à faire à
l'intérieur, il faut dire "pour le profit de la ville" ou "au profit de
la ville".
M. Denault: Oui.
Le Président (M. Blank): L'article concernant les chiens
sera l'article 4.1...
Une voix: ...
Le Président (M. Blank): Non, ça vient avant
l'article concernant les machines à boules.
M. Denault: Cela devrait être avant.
Le Président (M. Blank): L'un touche l'article 412 et
l'autre l'article 460. L'article 4.1 est adopté.
M. Lincoln: M. le Président, est-ce qu'on n'aurait pas pu
laisser l'article 3 tel quel et ensuite ajouter ça comme un nouvel
article 4?
Le Président (M. Blank): La numérotation sera
refaite.
M. Lincoln: Bon, d'accord.
Le Président (M. Blank): Article 6.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Blank): L'article 6 est adopté. Le
projet de loi est adopté avec les amendements.
M. Denault: Merci, M. le ministre; merci, MM. les membres de la
commission.
Projet de loi no 222
Le Président (M. Blank): Projet de loi no 222, Loi
concernant la ville de Mont-Royal. M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: M. le Président, je veux accueillir les
représentants de la ville de Mont-Royal. Il s'agit d'un projet de loi
qui a pour but d'établir un régime de retraite pour les
conseillers qui siégeaient depuis un certain nombre d'années
avant que la présente loi soit adoptée en 1974. C'est une
reconnaissance pour les longues années de service que ces gens ont
données à la ville de Mont-Royal. (17 h 45)
Je voudrais signaler, M. le Président, que le maire de
Mont-Royal, en novembre cette année, sera à ce poste depuis
trente et un ans. C'est un record, je crois, dans tout le Canada. Aucun maire,
dans aucune municipalité au Canada, n'a été en fonction
aussi longtemps.
Le projet de loi qui est devant nous a pour but de créer un
régime de retraite en reconnaissance des longues années de
service des conseillers de la ville de Mont-Royal. Comme vous le savez, la
ville de Mont-Royal est peut-être une des mieux administrées. Son
administration est, à mon avis, impeccable et ces gens se sont
dévoués durant de longues années au service de leurs
concitoyens. Je crois qu'il serait tout à fait dans l'ordre de leur
donner les pouvoirs demandés dans le projet de loi qui est devant nous.
Je demanderais au représentant de la ville de Mont-Royal d'expliquer un
peu plus en détail le projet qui est devant nous.
Le Président (M. Blank): M. l'avocat.
M. Côté (Michel): M. le Président, Michel
Côté, avocat, je représente la ville de Mont-Royal. J'ai
l'avantage d'être accompagné de M. John R. Warren, le
gérant de la ville, et de mon collègue, Me David Ulin, de mon
cabinet. Comme le député l'a dit il y a un instant, il s'agit
d'un projet de loi - pour tomber dans les questions un peu plus techniques -
qui est presque calqué sur le principal projet de loi
précédent, celui de Saint-Laurent, au chapitre 43 des lois de
1980. Ils s'inspire également - et je regrette que le
député de Verdun ne soit plus avec nous - du chapitre 44 des lois
de 1980, qui est l'amendement à la charte de la ville de Verdun, ainsi
que du chapitre 45 des lois de 1980, qui concerne la ville de LaSalle, tout en
empruntant certains avantages au chapitre 38 des lois de 1981, qui est une
modification à la charte de la ville de Sainte-Foy. Il ne s'agit donc
pas d'une affaire nouvelle.
La seule distinction qui existe au niveau des comparaisons valables
qu'on puisse faire entre ces diverses lois et le projet qui est devant votre
commission aujourd'hui, c'est que ce projet ne vient pas modifier des
dispositions antérieures qu'aurait utilisées la ville de
Mont-Royal à l'avantage des membres de son conseil. Il vient
plutôt rectifier une situation antérieure dont ce conseil n'avait
pas pris avantage lorsque la loi R-16, qui est la loi générale,
est entrée en vigueur le 1er janvier 1975.
Le contentieux du ministère nous a demandé de remplacer le
premier alinéa de l'article 66.3 proposé par un alinéa qui
se lirait plutôt comme suit: "Les articles 66,
66.1 et 66.2 ne s'appliquent pas aux personnes qui sont devenues membres
du conseil après le 1er janvier 1975." De cette façon, on ferme
l'accès à ceux qui avaient déjà de longs
états de service à cette date. Ma cliente, la ville de
Mont-Royal, n'a aucune objection à cette modification. Je n'ai pas
déposé un papillon à cet égard puisque le
contentieux du ministère m'a dit qu'il allait le proposer, mais je puis
dire à l'avance que nous sommes d'accord.
Il s'agit donc de la situation suivante. Le maire de la ville, qui est
toujours en fonction, a été élu pour la première
fois au conseil en 1950 comme conseiller. Il est certain que l'utilisation de
la loi générale telle qu'elle existe actuellement ne rendrait pas
justice à un serviteur public ayant des états de service aussi
prolongés. Ce que nous demandons par ce projet de loi, c'est une pension
qui serait contributoire, bien sûr, à 6% et qui permettrait
d'obtenir 50% du traitement des douze derniers mois après huit ans de
service et avec une addition de 5% de plus jusqu'à un maximum de 75%, ce
qui veut dire qu'après treize ans de services préalables au 31
décembre 1974, un membre du conseil pourrait prendre avantage de ces
dispositions.
Pour vous éclairer davantage et vous démontrer qu'il ne
s'agit pas d'une mesure générale qui va s'étendre
longuement dans l'avenir, puisqu'elle serait fermée suivant les voeux
que m'ont fait connaître les membres du contentieux du ministère
avec lesquels nous sommes d'accord, au 31 décembre 1974, si mes
renseignements sont exacts, M. Dawson, le maire actuel, avait au moins 24 ans
de service au conseil municipal. M. Henderson en avait douze et M. Desaulniers
en avait dix. Je dois informer la commission que, pour ce qui est de M.
Desaulniers, il a, lui, pris avantage du régime général
avec le rachat de la rétroactivité de cinq ans qui est permis. Je
connais l'interprétation du ministère sur les dispositions de
l'article 7 de la loi R-16 et, bien sûr, je ne suis pas ici pour en
discuter. Il reste donc deux personnes qui n'ont jamais pris avantage des
dispositions de la loi générale et qui sont MM. Henderson et
Dawson, avec 24 excusez-moi, je vais retrouver la note - et 12 ans de service
respectivement au 31 décembre 1974.
Il me semble, M. le Président et M. le ministre, que ce n'est pas
abusif de requérir un avantage pour ces serviteurs publics, mais qu'au
contraire, il n'existe pas de principe de droit - cela dit avec respect pour
l'opinion contraire - qui veuille que ce soit différent de créer
un tel régime aujourd'hui que de transformer, comme cela a
été le cas d'autres municipalités auxquelles vous avez
accordé ce pouvoir, un régime minime qui existait dans le
passé en un régime semblable à celui que nous demandons
aujourd'hui. Le principe du pied dans la porte l'emporterait-il sur la
règle d'équité? J'en doute. Je vois le ministre des
Affaires municipales qui sourit avec raison, mais j'en doute
énormément. Ce n'est pas parce que quelqu'un aurait eu un petit
droit dans le passé qu'il pourrait l'élargir librement pour
l'avenir et ce n'est pas parce qu'une petite municipalité se serait
retenue ou aurait peut-être en des excès de décence
à ne pas demander davantage pour ses élus pendant de longues
années qu'elle devrait être empêchée de le faire
maintenant. Nous sommes tout à fait disposés à
agréer toute modification qui pourrait faire en sorte que ceci ne
consisterait pas en un précédent inacceptable pour le
ministère, pour votre commission. Nous sommes à votre disposition
pour répondre aux questions à cet égard comme à
tout autre, mais, avant de terminer, M. le Président, j'aimerais ajouter
que, jusqu'en 1969, alors que la loi générale l'a rendu
obligatoire, les membres du conseil de Mont-Royal, dont le maire, M. Dawson,
n'ont reçu aucun traitement pour leurs services. Donc, M. Dawson a servi
pendant 19 ans de façon purement gratuite comme maire de Mont-Royal.
Tous les autres conseillers en ont fait autant à l'époque et ce
n'est que lorsque la loi a été généralisée
qu'ils ont retiré un traitement. Ils n'ont pas cru bon à cette
époque de demander davantage, eux qui étaient habitués
à travailler pour la gloire. Le terme n'est pas trop fort. Ils n'ont pas
cru bon en plus de recevoir le traitement que la loi fixait, de demander qu'on
puisse leur voter des prestations de retraite, mais, dans la situation
actuelle, ces états de service dont j'ai parlé, il me semble
qu'il n'est pas déraisonnable que ceci puisse leur être
accordé aujourd'hui.
Le Président (M. Blank): Merci. M. le ministre.
M. Ciaccia: Pourrais-je seulement ajouter, M. le
Président, aux remarques de Me Côté, que comme M.
Côté l'a souligné, il n'y avait pas de régime
institué par la ville de Mont-Royal avant 1974. Cela ne devrait pas
être une raison pour les pénaliser aujourd'hui, pourrait-on dire.
Ceux qui connaissent le maire Dawson et le conseiller Henderson savent qu'ils
ont été vraiment au service de leur ville et le conseil n'a pas
pris le temps à ce moment-là de penser aux intérêts
ou à un régime de retraite pour les conseillers. Je ne pense pas
que cela devrait être une raison aujourd'hui de pénaliser ces
membres du conseil qui se sont dévoués à leur ville. Ce
serait tout à fait acceptable et même louable de maintenant
permettre un régime de retraite. Le maire Dawson, je pense, est
très bien connu de tous les membres de cette commission et de la
population. Il a été membre de la
commission Blier pour l'étude des problèmes municipaux de
l'île de Montréal. Il a été directeur de l'Union des
municipalités. Il a été président de la
Fédération canadienne des maires et des municipalités. M.
Henderson est né en Gaspésie, s'est établi à
Mont-Royal et a apporté toute son expérience dans le domaine des
affaires au service de sa ville.
Je pense que ce serait tout à fait dans l'intérêt
d'une bonne administration municipale de permettre un régime tel que
préconisé dans le présent projet de loi. Ce serait dans
les normes d'une bonne administration et on ne créerait pas un
précédent indu, en permettant à la ville de Mont-Royal
d'instituer maintenant un tel régime. Il y a des
précédents; d'autres municipalités ont amendé des
régimes qui existaient avant 1974 et le fait de permettre d'en
créer un pour des gens qui se sont vraiment dévoués au
service de leurs concitoyens serait tout à fait rationnel, acceptable et
même dans les intérêts d'une bonne administration
municipale.
Le Président (M. Blank): M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, on en a discuté
d'ailleurs depuis le début de cette commission, on en a discuté
aussi dans les dernières séances consacrées aux projets de
loi privés, en ce qui concerne les fonds de retraite, c'est une demande
qui est venue plusieurs fois devant cette commission et, chaque fois, la
commission a dit non à la création de nouveaux régimes de
retraite. En fait, quand il y avait des régimes de retraite, on a pu,
à ce moment-là, les modifier. On peut modifier un régime
de retraite qui existait par une loi ou par une réglementation, avant le
1er janvier 1975, mais, quand il n'en existait pas, aller en créer comme
on est en train de vouloir créer un régime de retraite pour des
années antérieures à 1975, c'est faire de la
législation pas mal rétroactive. Tous ces cas avaient
été réglés normalement par la loi que
vous-mêmes et votre gouvernement aviez votée en décembre
1974.
Je me vois dans l'obligation de dire non, sauf une chose que je dois
répéter aussi: c'est qu'il y a eu des démarches faites par
l'Union des municipalités du Québec pour revoir le régime
de retraite des élus municipaux au Québec. Je me suis
déclaré ouvert à cette question, on nous l'a posée
en relation avec le régime qui touche les députés. La
réponse que j'ai été obligé de donner à
l'occasion, c'était de dire: Si vous faites une relation avec le
régime des députés, nous sommes en train de réviser
le nôtre. Dès qu'on le fera, je suis prêt à ouvrir le
dossier, en fait, non pas l'ouvrir, parce qu'il est déjà ouvert,
mais à le réexaminer.
(18 heures)
M. Ciaccia: M. le Président, est-ce que je pourrais
demander au ministre quelle différence il voit entre le changement d'un
régime de retraite qui avait déjà été mis en
vigueur et qui avait été adopté avant 1974 -le ministre
vient de nous dire qu'il a accepté des modifications à un tel
régime - et la création d'un tel régime? Vous dites que
c'est une loi rétroactive; même le changement d'un régime
qui existait, c'est rétroactif aussi. Je croirais qu'il serait moins
nuisible à la bonne administration municipale de permettre la
création d'un régime. Je ne veux pas critiquer les changements,
mais ce serait même moins nuisible de permettre la création d'un
régime que de permettre, comme vous l'avez fait, le changement d'un
régime qui existait avant 1974. Ce qu'on fait maintenant, ce que le
ministre vient de nous dire maintenant, c'est: Écoutez, il y a des gens
qui ne se sont pas préoccupés de leurs propres
intérêts personnels, c'est cela, pour instituer un régime
de retraite; il aurait fallu que les conseillers et le maire pensent à
eux-mêmes avant de penser à la ville. Parce qu'ils ne l'ont pas
fait avant 1974, même si cela faisait 24 ans qu'ils étaient au
service de leur ville, eh bien, là, c'est "just too bad", aujourd'hui
ils ne peuvent pas le faire. On punit des gens qui se sont
dévoués pour la ville, qui ont toujours mis les
intérêts de la ville avant leurs propres intérêts.
Aujourd'hui, parce qu'ils ont été pénalisés par
l'adoption de la loi 74, on dit: Non, c'est de valeur, mais on ne peut pas
permettre la création d'un régime de retraite. Tandis que
quelqu'un qui avait créé un régime de retraite avant 1974,
qui avait pensé à ses propres intérêts, aujourd'hui,
on lui permet de venir dire: Ben, écoutez, on peut le modifier.
Je crois que le précédent que vous créez
aujourd'hui en ne permettant pas à la ville de Mont-Royal
d'établir un régime de retraite avant 1974 est dangereux par
l'exemple qu'on peut donner à l'avenir pour des conseillers, des maires
et des membres d'une administration municipale qui se sont
dévoués, qui n'ont pas pensé à eux-mêmes. On
va dire aujourd'hui: On va récompenser les gens qui ont pensé
à eux-mêmes. Si vous avez eu l'occasion de penser aux
intérêts des conseillers avant de penser aux intérêts
de la ville, là, on va vous permettre de le modifier. Je crois que c'est
cela qui serait un précédent plutôt, je ne dirais pas
dangereux, mais moins souhaitable.
Je peux comprendre aussi, si je peux me permettre, que le ministre
reçoive des avis de ses conseillers et des avis de son ministère,
de son sous-ministre ou d'autres conseillers juridiques. J'ai été
sous-ministre, je connais un peu l'engrenage et la tendance dans la fonction
publique. C'est, s'il n'y a pas de précédent, qu'on ne peut rien
le
faire. C'est pour cela que vous êtes ministre. Même si vous
recevez des conseils à dans ce sens - je ne dis pas que vous en l'avez
reçu - c'est à vous... Le sous-ministre, quant à lui,
regarde le cas qui existe devant lui, il ne voit pas de
précédent. Peut-être qu'il dit: Bien, il n'y a pas de
précédent, vous ne pouvez pas le faire. Mais le ministre, quant
à lui, doit regarder la situation globale, il doit regarder la situation
qui est devant lui, l'administration de la ville de Mont-Royal, les gens
impliqués. Il faut qu'il démontre une certaine flexibilité
et certaines règles de bonne administration municipale. Si vous
considérez les personnes qui seront affectées, il y a seulement
deux individus, le maire, M. Dawson, et M. Georges Henderson. Si vous regardez
les faits, bien, c'est vrai, ils n'ont pas établi un régime, mais
ce n'est pas une raison pour les pénaliser. Je pense que, sur tous ces
aspects, la conclusion à laquelle vous devriez venir, je vous le
suggère très respectueusement, c'est de permettre un tel
régime. Autrement, si vous ne le faites pas, c'est plutôt
encourager à l'avenir des conseillers à dire: Écoutez,
regardez la ville de Mont-Royal est allée en commission parlementaire et
parce que les conseillers n'ont pas agi dans leurs intérêts,
aujourd'hui, ils sont pénalisés. Dorénavant, c'est un
avertissement à tous les conseillers de toutes les municipalités:
Pensez à vos propres intérêts parce que si vous ne le
faites pas et que vous venez devant la commission parlementaire à
l'Assemblée nationale, eh bien, là, ce sera de valeur pour vous,
mais on ne vous permettra pas de rectifier et d'établir certains
régimes ou certaines procédures qui seraient tout à fait
normaux. Alors, j'espère, M. le ministre, que vous pourrez
réfléchir à ce cas particulier, aux principes qui sont en
jeu. Parce que c'est vrai qu'il y a un principe, c'est-à-dire le
précédent; ils n'ont pas créé un régime et
un autre principe. Je ne pense pas qu'il faille pénaliser les gens parce
qu'ils n'ont pas agi dans leur propre intérêt et ont toujours
pensé plutôt aux affaires de la ville plutôt qu'à
leurs propres affaires. Alors, j'espère que vous pourrez
réfléchir, reconsidérer votre décision, quitte
à faire certains changements si vous pensez qu'il y a certaines clauses
du projet de loi qui devraient être changées. Je pense que dans
l'intérêt de la bonne administration municipale, ça
créerait plutôt une atmosphère favorable et ça
créerait aussi un bon précédent.
M. Léonard: Alors, M. le Président, je comprends
que le conseil municipal de Mont-Royal et spécialement son maire ont
été au service de la population de Mont-Royal longtemps. Je
considère que leur cause est éminemment sympathique; d'accord,
sauf qu'en 1974, il a été créé un régime
général. Vous me permettrez de rappeler que vous avez voté
pour ce régime général, M. le député de
Mont-Royal. À ce moment, ça mettait tous ceux qui n'avaient pas
de fonds de retraite sous ce régime et les autres avaient le choix entre
l'ancien régime et le nouveau; ils choisissaient, mais de façon
irrévocable. Ce qu'il reste finalement, c'est simplement les cas
où il y avait des régimes particuliers qui sont ajustés
parfois pour tenir compte de l'inflation. Ces villes ont une justification
à fournir chaque fois qu'elles viennent, mais il n'a jamais
été créé depuis, ni sous votre gouvernement ni sous
le nôtre, de nouveaux régimes de retraite rétroactivement
à 1975 et je pense qu'il faut s'en tenir à cela.
Maintenant, si le régime général qu'il y a à
l'heure actuelle demande bonification, c'est une autre question, mais
envisagée dans le cadre d'un régime général; je
pense qu'il faut maintenir cette politique et je m'en tiens à ma
décision là-dessus de ne pas recommander...
M. Ciaccia: Est-ce qu'il y a d'autres municipalités au
Québec qui n'avaient pas de régime avant 1974?
M. Léonard: II y a plein de municipalités qui
n'avaient pas de régime avant 1974, il n'y en avait pas. Il y avait
seulement quelques municipalités qui avaient un régime.
M. Ciaccia: Mais, est-ce qu'il y avait des municipalités
qui n'avaient pas de régime et qui avaient des conseillers ou des
membres du conseil qui avaient été en fonction depuis
tellement... Dans le cas du maire Dawson, c'est 24 ans, parce que le
régime actuel, lorsque vous parlez de le bonifier, il peut seulement
être rétroactif, je crois que c'est cinq ans.
M. Léonard: C'est difficile à dire, je ne pourrais
pas vous donner cela de mémoire, mais je sais que beaucoup de maires
avaient de longues années au service de leur mairie en 1974, j'imagine
bien qu'il y en avait d'autres qui avaient au-delà de 20 ans, 25 ans
aussi, comme maintenant. Je ne peux pas vous l'affirmer de façon
absolue, mais je pense bien qu'il y en avait.
M. Ciaccia: Est-ce que M. Côté voudrait ajouter
quelque chose?
M. Côté: M. le Président, j'ai une opinion
contraire. Je crois qu'on a trop parlé de rétroactivité
aujourd'hui, on étend le concept de la rétroactivité
à des choses qui ne méritent pas de le recevoir. Ce que le projet
de loi no 222 vous demande de faire, ce n'est pas de créer un
régime rétroactivement, c'est de créer aujourd'hui un
régime qui soit limité à un certain
nombre d'années de service qui se terminent à une certaine
date. Il y a une distinction profonde entre rendre une loi rétroactive
ou déclaratoire et faire une loi permissive, comme c'est le
présent cas, qui permette à un conseil municipal d'adopter
à partir de maintenant et dans l'avenir un régime dont la
participation sera limitée à ceux qui avaient longuement servi
avant le 31 décembre 1974.
Alors, avec beaucoup de respect pour l'opinion contraire, il ne s'agit
pas d'une loi rétroactive, nullement, il s'agit simplement d'une loi
corrective pour l'avenir d'une situation passée qui, en
équité, mérite, comme le parrain a su si bien le dire et
comment le dire, d'être considérée par la
Législature non pas comme un accroc à la loi
générale, mais comme une correction qui s'inscrit dans le
même environnement que les correctifs qui ont été
apportés dans les quatre ou cinq autres villes dont j'ai cité les
précédents.
M. Fallu: M. le Président...
Le Président (M. Blank): M. le député de
Groulx.
M. Fallu: Merci.
Est-ce que ces trois élus municipaux que vous représentez,
M. Côté, ont, depuis 1975 puisque la loi a été
appliquée en 1975, effectivement cotisé au nouveau régime?
Je veux bien croire que la rétroactivité de huit ans,
c'était pour quelques années un peu difficiles, du fait que,
comme cela retournait suffisamment en arrière, il fut un temps où
ils n'avaient même pas de rémunération mais ils ont eu une
rémunération, effective à partir de 1969.
M. Côté: Parfaitement.
M. Fallu: Donc, ils pouvaient payer leurs cotisations
rétroactives de 1969 à 1974 et s'inscrire au régime en
1975; ils y seraient donc inscrits maintenant, ce qui fait tout de même
un certain nombre d'années; soit dit en passant, cela fait treize
ans.
M. Côté: M. le Président, pour
répondre à la question du député de
Terrebonne...
M. Fallu: C'est Groulx maintenant. M. Côté:
Pardon.
M. Fallu: Nous avons changé de circonscription.
M. Côté: Voyez-vous, c'est parce que les vieux
souvenirs s'effacent difficilement et ce sont souvent les meilleurs.
M. Fallu: II m'arrive encore, même après une
année, de me tromper moi-même.
M. Côté: II vous arrive encore de dire cela. Alors,
M. le député de Groulx, je m'excuse - M. le Président. Il
y a eu un seul de ces membres qui a pris avantage du régime
général - le gérant me corrigera si je me trompe - il a
acquis cinq ans de rétroactivité, comme le régime
général le lui permettait, jusqu'à 1972, je pense.
M. Fallu: C'est-à-dire que ce que vous nous demandez cet
après-midi, c'est de créer un régime spécial
rétroactif...
M. Côté: Pas rétroactif. Ce serait
créer maintenant un régime à l'égard
d'années de service passées et, quand on crée des
régimes, c'est toujours à l'égard d'années de
service passées, sauf quand on les exclut. Ce n'est pas de la
rétroactivité et je pense que le ministre est d'accord avec
moi.
M. Fallu: Je ne veux pas me chicaner sur les mots, je n'ai pas
mon dictionnaire Robert, mais j'appellerais cela, pour les bienfaits de la
conversation, "rétroactif" et rétroactif pour des années
pour lesquelles normalement le régime général aurait pu
s'appliquer.
M. Côté: Non. M. Fallu: Non? M.
Côté: Pas avant 1972.
M. Léonard: Huit ans. À partir de 1966 ou 1967.
M. Côté: Dans le cas des membres du conseil, ils
sont là depuis beaucoup plus que huit ans. Huit ans, c'est la
qualification pour pouvoir participer au régime que je vous propose de
créer. Ce n'est pas seulement pour huit ans.
M. Fallu: Mais ce que vous nous demandez s'appliquerait
également, pour deux de ceux-là, aux années de 1975
à 1982.
M. Côté: Oui, sûrement. C'est-à-dire
que les années de service de 1975 à 1982 compteraient dans les
années de service dont il faudrait tenir compte pour calculer la rente,
pourvu évidemment qu'ils paient leur cotisation sur la période de
rétablissement.
M. Fallu: Vous venez nous demander de rétablir dans leurs
droits rétroactivement des gens qui avaient des droits auxquels ils
n'ont jamais souscrit.
M. Côté: Non, avec respect, ce n'est pas ce que je
demande.
M. Fallu: Sous une autre forme?
M. Côté: Non plus. S'il était question de les
rétablir dans des droits qu'ils avaient perdus par l'écoulement
du temps, ce serait ce que vous dites, mais ce qu'il est question de faire,
c'est de créer aujourd'hui un régime et non pas leur permettre de
participer différemment au régime public. C'est de créer
un régime qui sera limité à ces deux personnes parce que
ce sont les deux seules qui sont qualifiées pour y participer, parce
que, dans leur cas particulier, les dispositions du régime public ne
sont pas assez favorables vu la comparaison qui peut être faite entre la
rétroactivité rachetable et les années de service beaucoup
plus longues qu'ils avaient. Il s'agit simplement de créer une
règle d'équité et c'est souvent ce qu'on fait ici.
M. Fallu: Cette rétroactivité s'appliquerait sur
l'ensemble des années, que ce soit 24, 19, 17 - vous avez donné
des chiffres tout à l'heure - 17 ou 30 ans? (18 h 15)
M. Côté: C'est limité à 13 ans, il y a
un maximum. La pension proposée est de 50% du traitement des douze
derniers mois du mandat pour les huit premières années; elle
augmente de 5% par an pour les années subséquentes et elle est
limitée à 75%. Alors, 75 moins 50, cela se divise facilement par
5.
M. Fallu: Si je reprends votre calcul, elle est limitée
à treize années rétroactives?
M. Côté: Non, treize années de service au
moment du départ. De toute façon...
M. Fallu: Que le départ se fasse demain matin, c'est
treize années rétroactives.
M. Côté: S'il se fait demain matin, oui. S'il se
fait dans dix ans, c'est trois ans.
M. Fallu: Or, si ces gens s'étaient inscrits à
l'époque au régime, en 1975, avec cinq années de
rétroactivité, ils arriveraient à presque treize
années.
M. Côté: Ils peuvent encore le faire.
M. Fallu: Mais pourquoi ne leur conseillez-vous pas de le
faire?
M. Côté: Ah! Évidemment, ils ont
demandé à la Commission administrative du régime de
retraite, la CARR, les résultats que cela donnerait et ces
résultats ne sont pas comparables à ce qui, en
équité, était jugé utile de donner; c'est pourquoi
on l'a demandé par loi privée.
Le Président (M. Blank): Le député de
Mont-Royal a une question.
M. Ciaccia: Est-ce que je pourrais demander au ministre - je sais
que le temps s'écoule et je ne prendrai pas plus de temps qu'il ne le
faut - quelle est la différence, en termes de
rétroactivité avec un régime qui existait avant 1974 et
que cette commission parlementaire a permis de modifier maintenant? Je parle du
cas, je crois -corrigez-moi si je me trompe - de Saint-Laurent, de Verdun, de
LaSalle et de Sainte-Foy. Ces régimes n'existaient-ils pas avant 1974,
mais ont été modifiés ici?
M. Léonard: Oui.
M. Ciaccia: Alors, s'ils ont été modifiés
ici pour les années avant 1974, c'était rétroactif? Quelle
est la différence, à vos yeux, entre modifier un ancien
régime rétroactivement et venir ici demander la création
d'un régime qui n'avait pas été créé?
M. Léonard: Entre-temps, il y a quand même eu le
régime général de créé. Le régime
général - je viens de relire le texte -permet de racheter une
période de huit ans antérieurement à 1972, nous reportant
à 1964, plus une autre période de trois ans de 1972 à
1975, de sorte que onze années précédentes peuvent
être rachetées. Alors, cela donne le choix; le nouveau
régime a été créé et les gens ont pu
racheter les années antérieures en passant par le régime
général. Même à Mont-Royal on pourrait le faire. On
aurait pu le faire jusqu'à la fin de 1977, je pense. Dans le cas d'un
régime particulier, dans certaines villes, tous ces régimes ont
pris naissance sûrement après 1964. On me dit qu'il n'y en avait
aucun en 1967-1968, ils ont donc été créés par la
suite, mais le détenteur d'un tel régime ne peut pas avoir les
avantages du régime général, parce qu'il y a aussi des
avantages au régime général. Alors, sur ce plan-là,
les modifications sont examinées à la loupe par mon
ministère et nous prenons les recommandations du ministère sur
les éléments qui peuvent être modifiés. En
général, c'est souvent sur des questions d'indexation que cela
peut jouer, mais c'est très limité. Vous avez vu passer ces
modifications-là et nous espérons qu'il n'y en aura plus.
Maintenant, je pense qu'on devrait s'arrêter là où c'en
est.
Mais ces régimes existaients et ceux qui participent à ces
régimes ne participent pas au régime général et ne
peuvent pas bénéficier de quelque avantage que ce soit dans le
régime général à l'heure actuelle. Alors, bon.
M. Ciaccia: De la même façon, ceux qui
participeraient au régime qui sera établi
par la loi 222 ne participeraient pas...
M. Léonard: M. le Président, il est 18 h 20.
M. Ciaccia: ... au régime général. M. le
Président, je ne vois pas...
Le Président (M. Blank): Cela a l'air que...
M. Ciaccia: ... la logique de la décision de faire cette
distinction entre un régime qui existait et qu'on peut modifier et un
régime qui n'existait pas et qu'on ne peut pas instituer. Je trouve la
décision du ministre très regrettable.
Le Président (M. Blank): Est-ce que la commission rejette
le projet de loi no 222?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Blank): La commission suspend ses travaux
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 h 20)
(Reprise de la séance à 20 h 20)
Projet de loi no 258
Le Président (M. Blank): À l'ordre, messieurs. On
reprend le travail de la commission permanente des affaires municipales et on
commence avec le projet de loi no 258 sur la ville de Grand-Mère.
M. le député de Champlain.
M. Gagnon: M. le Président, vous m'accordez quelques
minutes?
Le Président (M. Blank): Vous êtes sur le bill?
M. Gagnon: Oui.
Le Président (M. Blank): C'est vous qui êtes le
parrain. Je pensais que c'était le député de
Châteauguay. Excusez-moi; une barbe pour une autre barbe.
M. Gagnon: M. le Président, juste quelques mots pour
d'abord souhaiter la bienvenue aux représentants de la
municipalité de Grand-Mère qui sont accompagnés par ceux
de la municipalité de Shawinigan-Sud et de Saint-Jean-des-Piles. Alors,
la municipalité de Grand-Mère présente une loi
privée extrêmement importante. Vous allez vous en rendre compte
à l'étude de cette loi. Je voudrais, d'abord, la remercier de
m'avoir demandé de parrainer leur loi privée. Peut-être que
c'est parce que le député du comté de Laviolette
n'était pas capable de le faire. Elle a senti qu'elle avait un meilleur
député dans le comté de Champlain.
Vous avez à la table M. Jean-Marie Lafontaine, le maire de
Grand-Mère. Vous avez Me Conrad Delisle, procureur de la ville de
Grand-Mère. Je voudrais aussi souhaiter la bienvenue à M. Michel
Lépine, maire de Saint-Jean-des-Piles, à M. Gilles Grondin, de
Shawinigan-Sud, et à M. Jules Dubé, gérant de la ville de
Grand-Mère.
Le Président (M. Blank): II y a des représentants
ici de la ville de "Sainte-Piles"?
Une voix: Saint-Jean-des-Piles.
Le Président (M. Blank): Saint-Jean-des-Piles.
M. Gagnon: M. le maire est ici. Ils vont intervenir.
Le Président (M. Blank): Je veux être certain qu'ils
sont ici.
M. Jolivet: M. le Président, est-ce que vous m'accordez un
privilège qui est rarement accordé à un
vice-président?
Le Président (M. Blank): Voyant que vous êtes le
président en charge de la "vice", vous pouvez parler.
M. Gagnon: C'est pour me remettre le change.
M. Jolivet: Simplement pour remercier mon collègue de
Champlain - avec des amis comme ceux-là, on n'a pas besoin d'ennemis -
qui a décidé de présenter ce projet de loi puisque la loi
m'interdit comme vice-président de le présenter. Donc, nous avons
eu plusieurs discussions ensemble avec les gens de la municipalité et
les procureurs. Je leur souhaite la plus grande des bienvenues en leur
souhaitant bonne chance avec leur projet de loi privé. On va essayer de
l'améliorer s'il le faut, mais, comme ils l'ont très bien
préparé, je suis assuré que vous porterez une attention
très spéciale à ce projet de loi. Merci.
Le Président (M. Blank): L'article 1?
M. Delisle (Conrad): L'article 1 a pour objet de régler
une situation existante. C'est que, le 1er avril 1981, la ville de
Grand-Mère a vendu à Hydro-Québec son réseau
d'électricité, qui était un réseau municipal. La
vente s'est faite au moyen d'un paiement comptant.
Par contre, la ville de Grand-Mère a encore des règlements
d'emprunt qui affectent ce réseau. Il y a des obligations
d'émises sur le marché qui viendront à
échéance d'ici quelques années. Alors, dans le but de
garantir et d'amortir ces emprunts, la ville demande le pouvoir de
déposer dans un fonds spécial le prix de vente qu'elle a eu
d'Hydro-Québec de façon à garantir en priorité les
emprunts, à les amortir et à rembourser les dettes au lieu de
recontracter les soldes.
S'il y a un solde, s'il reste des montants additionnels, à ce
moment, la ville de Grand-Mère demande dans la loi le pouvoir de les
appliquer à des dépenses en immobilisation déjà
faites qui sont sur le fonds général. Alors, en priorité,
les sommes provenant du prix de vente à Hydro-Québec vont
être appliquées aux dettes qui viendront à
échéance au cours des prochaines années et le solde sera
appliqué à des dettes existantes. C'est le but de l'article
1.
La loi actuelle sur les cités et villes ne prévoit pas
cette possibilité, parce que toute somme d'argent non appropriée
tombe dans le fonds général et devient un surplus de
l'année précédente. Alors, on ne peut pas geler des fonds
sur dix ou quinze ans d'avance. Cela devient des surplus qui doivent être
appliqués aux taxes de l'année suivante. C'est le but de
l'article 1. Il y a un amendement qui a été déposé
au secrétariat des commissions. Je ne sais pas si des copies ont
été distribuées.
Le Président (M. Blank): ... pour l'article 1.
M. Léonard: À l'article 1...
Le Président (M. Blank): J'ai des amendements aux articles
2, 3, 4.
Une voix: Je ne les ai pas, les amendements.
Le Président (M. Blank): Pas d'amendement à
l'article 1.
M. Bourbeau: L'Opposition veut avoir les amendements aussi.
M. Léonard: J'en aurais un à l'alinéa...
M. Delisle: On ne les a pas eus. J'ai déposé au
secrétariat des commissions les amendements aux quatre premiers
articles.
Le Président (M. Blank): J'ai seulement les amendements
à 2, 3 et 4.
Une voix: Vous l'avez. Il y en a qui l'ont.
M. Delisle: Les quatre amendements ont été
déposés en même temps, alors je ne comprends pas pourquoi
il y en a un qui a été imprimé et que l'autre ne l'a pas
été.
De toute façon, ces amendements ne font que concrétiser
des suggestions faites en accord avec le ministère des Affaires
municipales.
M. Léonard: ... les amendements au remboursement, par
exemple.
M. Delisle: Exactement, c'est cela.
M. Léonard: Au remboursement, au paiement, etc.
M. Delisle: C'est cela.
M. Léonard: Et l'autre côté, approprie...
M. Delisle: Exact. Et un paragraphe est ajouté,
c'est-à-dire un alinéa: Le prélèvement des taxes
spéciales imposées dans les règlements visés au
deuxième et troisième alinéas est réduit en
proportion des sommes ainsi affectées ou appropriées.
M. Léonard: Là, je pense que cela a l'air d'avoir
du sens, mais...
M. Delisle: C'est à la suite des conversations, alors,
j'ai inclus dans...
M. Léonard: On va attendre que le papillon arrive, je
pense qu'il s'agit simplement de le faire photocopier.
M. Delisle: Oui.
Le Président (M. Blank): Article 2?
M. Léonard: On peut passer à l'article 2, si on
veut.
Le Président (M. Blank): D'accord. L'article 1 est
suspendu, on passe à l'article 2 amendé.
M. Delisle: À l'article 2, il y a un amendement. On peut
continuer sur l'amendement à l'article 2. L'article 2 vise la protection
des sources d'alimentation en eau de la ville de Grand-Mère et, à
cet effet, la ville de Grand-Mère a installé des prises
d'alimentation en eau en 1920 dans le lac des Piles. Selon un rapport du temps,
qui a été déposé d'ailleurs au secrétariat
des commissions en même temps que les autres documents, le ministre de la
Santé, avec l'approbation du Conseil supérieur d'hygiène,
en 1920, déjà à cette date, demandait entre autres que la
ville de Grand-Mère obtienne le contrôle des trois chaînes
autour du lac.
Alors, dès 1920, le ministre de la Santé et le Conseil
supérieur d'hygiène recommandaient le contrôle des rives du
lac parce qu'il n'existait pas d'usine d'épuration. L'eau du lac et
l'eau que le citoyen a dans son verre, c'est la même. On demandait en
plus d'empêcher le canotage dans la baie où serait
établie la prise d'eau, de permettre l'accès au lac sur les
terrains contrôlés par la municipalité uniquement par des
permis accordés annuellement et on disait que la possession d'un terrain
bordant le lac concédé avant 1880 ne donnait, pas le droit au
propriétaire et à sa famille d'aller sur le lac. On exigeait que
toutes les maisons soient munies de privés étanches ou mieux
encore de "chemical cosets". C'était ainsi; dès 1920, on
recommandait aux municipalités de contrôler au moins la
réserve des trois chaînes, ce qui n'a pas été
fait.
Entre-temps, dans les années postérieures, des projets de
loi ont été adoptés, par exemple, en 1934 - on en fait
état dans les dispositions transitoires à la fin - prohibant
complètement la baignade dans le lac Giguère, par exemple, qui
est situé dans la municipalité de Saint- Jean-des-Piles.
C'était une prohibition qui allait jusqu'à empêcher toute
nuisance ou cause de nuisance, de faire quoi que ce soit dans ce lac. Alors,
c'est une prohibition absolument totale. La même chose existe dans le lac
des Piles, toujours en vertu de cette loi de 1934. (20 h 30)
Postérieurement à cette loi de 1934, il y a eu en 1952 une
loi qui prohibe toute exploitation forestière sur l'une des îles
dans le lac des Piles. À partir de cela, aujourd'hui, la
municipalité s'est posé la question de savoir si cette
prohibition qui était totale, est devenue peut-être trop lourde et
inutile dans certains cas. Par contre, dans d'autres sections du lac, il serait
avantageux de pouvoir réglementer de façon beaucoup plus forte
que ce qui existe actuellement ou ce que les lois actuelles permettent.
À ce sujet, il y a eu même, au cours des années, en 1979
par exemple, des rencontres entre les municipalités concernées,
Saint-Jean-des-Piles et Saint-Gérard-des-Laurentides, pour essayer
d'obtenir une réglementation uniforme, d'adopter des règlements
conjoints. Cela a été suivi d'échanges de documents,
c'est-à-dire que la ville de Grand-Mère a transmis en 1980 aux
deux municipalités concernées un projet d'entente et un projet de
règlement de façon à obtenir une réglementation
conjointe. L'Association des résidents du lac des Piles a fait des
recommandations en ce sens et tous les documents auxquels je me
réfère actuellement ont été déposés
à la commission.
En fait, rien ne s'est réglé. Il y avait des
problèmes de juridiction, des problèmes d'application de
règlement. Récemment, cela a été exposé au
ministère de l'Environnement, et, Me Jean Piette, directeur du
contentieux du ministère, a déposé une lettre qui est, je
pense, devant la commission; elle a été déposée
avec les autres documents. Cette lettre dit que la seule façon, c'est
d'obtenir une loi spéciale pour réglementer et protéger
les abords du lac des Piles, du lac Giguère et du lac Chrétien.
Alors, ils sont d'accord avec cette proposition. Entre autres, ils disent que
le sous-ministre de l'Environnement, le Dr André Cayer, la Direction
générale des Bois-Francs et de la Mauricie et la Direction de
l'aménagement des lacs et des cours d'eaux du ministère de
l'Environnement sont également de cet avis. Ils appuient les initiatives
de notre cliente en ce sens.
À partir de tous ces documents, la municipalité a
préparé un projet qui prévoit qu'elle pourra adopter des
règlements pour la protection du lac des Piles et des autres lacs qui
servent de prises d'eau et que ces règlements devront être
approuvés par le ministre des Affaires municipales et le ministre de
l'Environnement. Par contre, pour avoir effet à l'extérieur de la
limite territoriale - c'est-à-dire sur les rives du lac qui sont dans
Saint-Jean-des-Piles parce que le lac est dans Grand-Mère et la rive est
dans Saint-Jean-des-Piles - il faut d'abord obtenir son approbation, sinon,
cela n'a pas d'effet à l'extérieur de la municipalité. Il
est bien entendu que l'on prévoit qu'à défaut d'entente,
à défaut d'approbation, le ministre des Affaires municipales va
trancher et l'on va même plus loin que cela dans l'article tel
qu'amendé, on suggère que les municipalités, avant
d'adopter le règlement ou de l'approuver, procèdent à une
consultation publique selon la Loi sur l'aménagement du territoire, qui
utilise la même procédure et qui consulte les citoyens. Cela est
prévu dans l'article tel qu'amendé.
Pour protéger encore plus les citoyens et les
municipalités concernés si, dans l'avenir, le règlement,
même approuvé, même s'il a fait l'objet d'un décret,
devient abusif, le ministre des Affaires municipales, sur recommandation du
ministre de l'Environnement, a le pouvoir, sans demander à qui que ce
soit, de casser le règlement, de le modifier ou de retirer son
approbation en tout temps. C'est donc la technique utilisée.
Sur cette question, je demanderais au maire de Grand-Mère, M.
Lafontaine, de vous donner plus de détails sur le but social de
l'article.
M. Lafontaine (Jean-Marie): M. le Président, comme
théorie de base, lorsqu'il est question de la protection de la
santé publique, un gouvernement, à quelque niveau que ce soit,
doit prendre les mesures pour protéger cette santé du public.
Étant donné que la source d'approvisionnement en eau potable,
actuellement, est en partie dans la ville de Grand-Mère et dans les deux
municipalités de Saint-Jean-des-Piles et de
Saint-Gérard-des-Laurentides, nous demandons au ministre d'agir de
façon que le gouvernement local puisse répondre aux
responsabilités sociales et sanitaires en ayant toutes les
juridictions nécessaires pour appliquer une réglementation qui
évitera à l'avenir l'aménagement d'une usine
d'épuration des eaux.
Si l'on regarde la situation industrielle de la ville de
Grand-Mère, nous possédons à l'intérieur de nos
murs des usines de textile qui font de la teinture. Comme on le sait, lorsque
les eaux sont traitées chimiquement, il devient de plus en plus
onéreux pour les industries de répondre à la
qualité de leur produit. Aussi, beaucoup de travailleurs du domaine du
textile demeurent à Grand-Mère et sont des propriétaires;
on doit avoir une réglementation pour conserver le bassin d'eau potable
à cet état naturel de façon à nous donner tous les
moyens nécessaires de protéger ces industries, mais surtout la
santé des citoyens.
Bien sûr qu'il y a une question de coopération entre les
municipalités voisines. On est conscient que les administrations locales
qui nous voisinent sont responsables. La responsabilité de maintenir un
bassin d'eau potable en excellente qualité incombe à ceux qui
travaillent et qui paient pour maintenir cette eau potable en excellente
qualité. Alors, nous vous demandons de nous donner les pouvoirs requis
par les textes que nous vous soumettons avec les modifications que Me Delisle
vous a mentionnées tout à l'heure, afin que nous puissions garder
cette responsabilité et agir en administrateurs responsables.
D'ailleurs, la lettre de Me Jean Piette, du contentieux du ministère de
l'Environnement, le spécifie très bien. C'est le seul moyen pour
arriver aux fins de la demande dans cette loi spéciale.
M. Delisle: Peut-être deux renseignements additionnels. Le
lac Chrétien est situé entièrement dans le territoire de
la ville de Grand-Mère, donc l'extraterritorialité ne se pose
pas. Le lac Giguère est situé entièrement dans la
municipalité de Saint-Jean-des-Piles. Par contre, la ville de
Grand-Mère possède autour du lac 25 arpents carrés de
territoire; donc, elle est propriétaire de tout le territoire, sauf une
petite partie qui est dans son territoire et pas à l'extérieur.
Dans le cas du lac des Piles, la municipalité dans le passé a
exproprié - ce qu'elle a le pouvoir de faire - jusqu'à, je pense,
14 chalets, justement pour éliminer les cas de pollution. Alors, c'est
la façon actuelle, selon les lois actuelles, avec certains pouvoirs
qu'elle a, mais disons que si elle veut continuer dans le même sens elle
va être obligée de continuer à exproprier autour du lac, ce
qu'elle a fait dans le passé. Il y a eu 14 expropriations: des chalets
et un hôtel ont été expropriés dans le but justement
de prévenir. Il ne s'agit pas d'un moyen de régler le
problème des sources de pollution; il s'agit ici d'une demande dans le
but d'éviter qu'il se crée des sources de pollution. Le maire de
Saint-Jean-des-Piles est ici. Le projet lui a été envoyé,
mais non pas le projet amendé; c'est le projet qui ne prévoyait
pas de consultation populaire. Je pense que son conseil municipal a
statué sur le projet original. Je céderais la parole au maire de
Saint-Jean-des-Piles.
M. Léonard: M. le procureur, j'ai en main une lettre qui
m'a été adressée, datée du 4 juin, par M.
Lépine, qui est le maire de Saint-Jean-des-Piles, et M. Pronovost, le
maire de Saint-Gérard-des-Laurentides, qui s'opposent... Maintenant, si
je comprends, il s'agit du texte original ou d'un autre texte. J'aimerais les
entendre parce qu'ils sont ici devant nous par rapport à cette
proposition de la ville de Grand-Mère.
M. Lépine (Michel): M. le ministre, la proposition, on ne
l'a pas eue comme telle. On m'a dit qu'on avait apporté des
modifications tout dernièrement; on n'a pas eu le temps de prendre
connaissance des amendements à la proposition. Toutefois, le conseil
municipal de Saint-Jean-des-Piles vous a fait parvenir une résolution
mardi matin qui vous demande à toutes fins utiles de retirer l'article 2
du projet de loi no 258 parce qu'on trouve que les autorités municipales
n'ont été consultées en aucune occasion avant le
présentation de ce projet de loi et que, compte tenu que le littoral du
cours d'eau, le littoral du lac des Piles est en grande partie dans la
municipalité de Saint-Jean-des-Piles - au moins à 50% - nous
pensons que nous aurions dû être consultés, nous sommes
aussi du même avis que M. le maire de Grand-Mère, pour
protéger cette ressource en eau potable qui est celle du lac des Piles.
Nous pensons même un jour aller nous approvisionner à cet
endroit.
Toutefois, on aimerait bien pouvoir, avant même que vous adoptiez
ce projet de loi, rencontrer les autorités, soit à
Saint-Gérard-des-Laurentides, la ville de Grand-Mère et
nous-mêmes, pour discuter d'un règlement qui ferait entente et
où on en viendrait à un commun accord entre les parties.
Tantôt, on nous disait que la municipalité de
Saint-Jean-des-Piles avait déjà été
rencontrée à ce sujet. Effectivement, en 1964, elle avait
été rencontrée et, à ce moment, c'était Me
Raymond Boulet qui était avocat pour la ville de Grand-Mère.
Toutes les parties intéressées avaient refusé le projet de
règlement de la ville de Grand-Mère. Me Boulet concluait: "Le
projet qui a déjà été adressé à
toutes ces parties est donc annulé par les présentes et le
dossier est fermé". Selon Me Conrad Delisle et M. le maire de la ville
de Grand-Mère, les pouvoirs avaient été donnés en
1920. Si on avait eu quelque
pouvoir que ce soit, on aurait sans doute utilisé ces pouvoirs.
Je pense que le pouvoir revient à chaque municipalité dans
l'état actuel des choses et que, si on avait le pouvoir de le faire, on
ne présenterait pas justement l'article 2 du projet de loi no 258. Comme
la théorie de base dit que, dans les municipalités, un maire est
mandaté par résolution ou qu'un règlement a foi lorsqu'il
est adopté par le conseil et vu que, dans tous les papiers qui ont
été déposés par la ville de Grand-Mère, je
ne crois pas qu'en quelque occasion que ce soit vous ayez eu une
résolution de la municipalité de Saint-Jean-des-Piles où
on mentionnait que les élus qui étaient présents aux
séances d'information avaient été mandatés pour
négocier quoi que ce soit avec la ville de Grand-Mère, donc, nous
vous demandons, M. le ministre, de bien vouloir retirer l'article 2 du projet
de loi no 258 jusqu'à ce qu'il y ait entente entre les parties.
Le Président (M. Blank): Est-ce que le maire de
Saint-Gérard-des-Laurentides va intervenir?
M. Jolivet: C'est le maire de
Shawinigan-Sud. C'est en vertu de l'article 4.
Le Président (M. Blank): M. le ministre.
M. Léonard: L'autre maire, celui de Saint-Gérard,
ne vient pas?
M. Grondin (Gilles): II ne pouvait être ici ce soir pour
des raisons personnelles.
M. Delisle: Mais la partie du territoire qui affecte
Saint-Gérard est vraiment minime. C'est, justement, un petit coin du lac
des Piles. Cela ne change rien au principe, je vous l'accorde, mais je pense
que l'important, c'est surtout pour Saint-Jean-des-Piles.
M. Léonard: M. le procureur, les Falkland sont des petites
îles dans l'Atlantique.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Laviolette? (20 h 45)
M. Léonard: Tout de même, sur une autre note, M. le
maire de Saint-Jean-des-Piles et M. le maire de Grand-Mère, est-ce que
vous avez pu explorer d'autres possibilités de régler la question
en dehors de la législation privée, par exemple, par le biais de
la loi no 125? A la minute où vous faites un schéma
d'aménagement, où vous allez le faire et adopter chacun un plan
d'urbanisme et une réglementation conforme au schéma, il me
semble que cela devrait entrer dans un schéma, parce que votre prise
d'eau implique certaines obligations de la part de l'autre municipalité.
Est-ce que cela a déjà commencé à faire l'objet de
discussions ou attendez-vous que la MRC soit vraiment en fonction pour vous
rencontrer?
M. Lafontaine: M. le ministre, de mémoire, selon la
connaissance que j'ai de la loi 125, on fait l'aménagement du territoire
et, ensuite, on fait une réglementation pour l'appliquer. Sauf erreur,
je pense qu'il n'est pas question dans la loi 125 des activités qui
doivent être acceptées ou refusées à
l'intérieur d'une municipalité. Ce sont les constructions qu'on
peut réglementer, mais pas nécessairement les activités
reliées à la construction.
M. Léonard: Excusez-moi, si vous me permettez. Lorsque
Saint-Jean-des-Piles fera son règlement de lotissement et qu'elle
adoptera par la suite un règlement sur les fosses septiques - les deux
en même temps probablement - il me semble qu'il devra y avoir une
conformité par rapport au schéma d'aménagement. Les prises
d'eau d'une municipalité, c'est un élément à
considérer dans un schéma d'aménagement. J'aimerais savoir
du maire de Saint-Jean-des-Piles comment il entend en tenir compte
ultérieurement, lui.
M. Lépine: Présentement, M. le ministre, je pense
que le problème ne se pose pas parce que tout règlement qui est
adopté au niveau de l'aménagement de Saint-Jean-des-Piles, on
doit vous en présenter les modifications, selon J'article 283 concernant
le parc national. Étant donné qu'on est contigu au parc national,
on doit toujours vous présenter nos règlements et vous les
acceptez après en avoir pris connaissance. Donc, il n'y a aucune
possibilité au niveau du zonage et au niveau du lotissement.
M. Léonard: Oui, je comprends qu'il y a le parc de la
Mauricie dans le décor, mais en réalité, en ce qui
concerne la prise d'eau de Grand-Mère, vous pourrez toujours faire appel
à la Commission nationale de l'aménagement, mais il me semble
qu'il y a un élément de conformité dans cette question par
rapport au schéma d'aménagement et à votre
règlement de lotissement et de fosses septiques. Est-ce que vous avez
l'intention d'en tenir compte?
M. Lépine: Au niveau du lotissement, il est entendu que,
si le maire de la ville de Grand-Mère ainsi que les autres parties
intéressées s'asseoient ensemble, ils en arriveront possiblement
à une entente pour protéger les endroits stratégiques
concernant le lac des Piles. De plus, la municipalité de
Saint-Jean-des-Piles a adopté, par le règlement 145-81 de la
municipalité, la réplique intégrale du règlement
sur les fosses
septiques que vous avez déposé et accepté à
l'Assemblée nationale.
Donc, on pense que, de ce côté, on a la
réglementation nécessaire. Ce qui nous manquait un peu,
c'était d'avoir un inspecteur pour en faire l'application. C'est
là-dessus qu'il y avait eu une certaine entente avec la ville de
Grand-Mère voulant qu'on utilise le même inspecteur municipal.
Compte tenu du fait que le projet, pour des raisons que j'ignore, n'a jamais
connu de réponse, on a décidé nous-mêmes...
M. Léonard: M. le maire, vous ne les connaissez pas ou
vous les connaissez trop bien?
M. Lépine: Je ne les connais pas, puisqu'on devait se
rencontrer et il n'y a jamais eu de rencontre. On a toujours
procédé par téléphone et non par lettre, et on
décommandait. À ce moment, on a décidé
nous-mêmes d'engager un inspecteur municipal, c'est Jean-René
Trépanier, qui a suivi des cours reconnus par le ministère de
l'Environnement et qui est vice-président des inspecteurs municipaux de
la province. On pense qu'on a une personne capable de voir à
l'application de ce règlement. Advenant qu'on soit obligé
d'appliquer des sanctions, on va se référer immédiatement
au ministère de l'Environnement et à la Cour des sessions de la
paix.
M. Léonard: M. le Président, si vous permettez, M.
le maire de Grand-Mère, qu'est-ce qui ne vous satisfait pas dans le
règlement de lotissement de Saint-Jean-des-Piles et son système
d'inspection?
M. Lafontaine: M. le ministre, tout d'abord, il y a une question
de juridiction territoriale, il y a la question de la Cour municipale.
Saint-Jean-des-Piles n'a pas la présence de là Cour municipale et
ne peut donc pas aller directement à cette cour pour régler les
cas de manquement à ses règlements; on doit aller à une
autre cour. Nous avons une Cour municipale à Grand-Mère. Alors,
par l'entente qui pourrait se passer suivant l'article 2 et avec ses
modifications...
M. Léonard: D'accord, si vous permettez. Quant aux
juridictions des cours municipales, il y a des ententes possibles entre les
municipalités, elles peuvent s'entendre sur la même Cour
municipale. Saint-Jean-des-Piles...
M. Lafontaine: Oui, mais cela exigerait que tout le territoire de
Saint-Jean-des-Piles fasse affaires avec la Cour municipale de
Grand-Mère. Je ne pense pas que ce soit l'intention d'aucune des deux
parties pour l'instant. Ce n'est pas le cas. Il s'agit tout simplement de
prévoir une réglementation et qu'elle soit sanctionnée de
la même façon dans les deux municipalités. Si la
réglementation est commune, les lois actuelles ne permettent pas de dire
que telle partie du territoire va faire affaires avec telle Cour municipale et
puis, le reste va faire affaires avec la Cour des sessions de la paix. Il
s'agit d'avoir une application uniforme s'il y a une réglementation
conjointe dans ce sens-là.
M. Léonard: Juste sur ce point-là - M. le maire de
Grand-Mère, vous pourrez continuer - pourquoi le territoire de
Saint-Jean-des-Piles ne fait-il pas affaires avec la seule et même Cour
municipale qui serait, par exemple, à Grand-Mère? Je ne sais pas
si le maire de Saint-Jean-des-Piles pourrait nous répondre?
M. Lépine: Jusqu'à maintenant, M. le ministre, on
n'a pas eu besoin d'aller en Cour municipale, on s'est toujours
référé...
M. Léonard: ...pour les règlements de lotissement
et des fosses septiques?
M. Lépine: Non, parce que les plaintes qu'on a eues, on
vous les a présentées.
M. Léonard: Votre inspecteur travaille un peu?
M. Lépine: Oui, il travaille beaucoup; d'ailleurs
lui-même est venu, l'an dernier, rencontrer les associations et il
était même mandaté par le ministère de
l'Environnement pour faire une certaine éducation au niveau des abords
des lacs et il était payé par le ministère de
l'Environnement justement pour donner ces cours. Six personnes avaient des
fosses septiques non conformes ou pas tout à fait conformes, et elles
les ont changées. M. Lafontaine disait tout à l'heure qu'il
faisait cela dans le but de protéger la santé publique, mais si
on retirait l'article 2, je ne pense pas que, demain matin, quelqu'un mourrait
à Grand-Mère avant que les parties aient le temps de se
rencontrer et d'étudier le problème à fond.
C'est depuis 1920 que cela dure et, si on retardait le projet ou si on
retirait tout simplement l'article pour une couple de mois, disons six mois ou
un an, personne à Grand-Mère n'en souffrirait. C'est ce que nous
demandons.
M. Léonard: M. le maire de Grand-Mère.
M. Lafontaine: M. le Président, je pense qu'il y a une
modalité à discuter sur l'article 2. On pourrait indiquer que
l'article 2 pourrait être accepté mais il prendrait effet
seulement lorsqu'il y aura entente
entre les municipalités, une réglementation bien
établie et, deuxièmement, s'il n'y a pas entente, le ministre
pourra faire une consultation entre les municipalités concernées
et déterminer une réglementation qui permettra ensuite de
fonctionner suivant la demande que nous faisons, M. le ministre. Ce n'est pas
une demande punitive que nous faisons, c'est une demande de protection d'un
territoire qui entoure la source d'eau potable qui est à l'état
naturel et qui est déversée dans le système d'aqueduc de
la ville à l'état naturel avec un système de
"chlorination" automatique.
Je pense que nous devons prendre tous les éléments
nécessaires pour arriver à préserver cette source d'eau
potable. On mentionne qu'en 1920, il y avait des propositions à faire,
à réglementer, mais il reste un fait, c'est que le maire actuel
est en fonction depuis 1970 et les documents de 1920, je ne les avais pas en
main au moment où je suis entré en fonction. Alors, cela a
été probablement un manque de responsabilité des
administrations antérieures, sans les accuser. En 1982, le gouvernement
actuel, avec raison, insiste énormément sur la
nécessité et l'obligation de protéger les bassins en eau
potable qui alimentent les citoyens. Ce n'est pas un article de loi pour nuire
au bon fonctionnement des municipalités environnantes mais bien pour
établir une procédure de protection à l'avantage de tous
les citoyens qui habitent aux environs du lac des Piles, les citoyens de
Grand-Mère en particulier, M. le ministre.
M. Léonard: Cela fait combien de temps que la situation
est ce qu'elle est?
M. Lafontaine: Vous parlez de la source d'eau potable?
M. Léonard: Oui, parce que vous prenez là votre eau
potable depuis un certain temps.
M. Lafontaine: La première conduite, si ma mémoire
est bonne, d'après les informations que j'ai, a été
installée en 1924. C'est une conduite...
M. Léonard: Dans Saint-Jean-des-Piles? M. Lafontaine:
Non, dans Grand-Mère.
M. Léonard: D'accord, mais depuis quand prenez-vous votre
eau à Saint-Jean-des-Piles?
M. Lafontaine: C'est dans le lac des Piles, depuis 1924. On a
demandé l'autorisation en 1920 pour procéder à
l'aménagement d'une prise d'eau et les travaux se sont faits en 1923 ou
1924.
M. Léonard: Est-ce qu'il y a un élément
d'urgence présentement ou si, au fond, c'est une précaution que
vous voulez prendre?
M. Lafontaine: M. le ministre, je dis que, quand on parle d'eau
potable, c'est toujours une situation d'urgence. S'il faut attendre que les
problèmes nous tombent dans les mains pour prendre toutes les
décisions nécessaires pour corriger une situation, il est
déjà trop tard. On sait qu'il y a toutes sortes de
possibilités de pollution dans un bassin de cette envergure. De plus,
actuellement, ce lac, d'après les informations qu'on a, est navigable et
flottable. Il y a la circulation des canots automobiles et la puissance des
moteurs n'est pas réglementée, la vitesse non plus. Nous n'avons
pas de juridiction, étant donné que c'est un lac navigable et
flottable.
M. le ministre, vous devez nous donner cette autorité, mais sous
réserve que l'article entrerait en vigueur lorsque l'entente sera
conclue entre les municipalités. S'il n'y a pas entente ou s'il y a
certains points litigieux, le ministre devra faire une consultation avec ses
spécialistes auprès des trois municipalités et trouver un
terrain d'entente, afin d'assurer une protection totale de ce bassin d'eau
potable qui appartient aux citoyens du Québec et en particulier aux
citoyens de la ville de Grand-Mère.
M. Léonard: Je suis éclairé jusqu'à
un certain point, je ne dis pas que j'ai toute la lumière
là-dessus. Je pense qu'il y a un certain contexte qui devrait nous
amener à un règlement. Je comprends le problème de la
ville de Grand-Mère qui veut s'assurer de la qualité de sa source
d'eau potable. Qu'elle prenne des précautions, je trouve cela
très sage de la part de son maire de s'en préoccuper à ce
moment-ci. Il y a cependant, en face de cela, le droit de la
municipalité de Saint-Jean-des-Piles par rapport à son territoire
et son droit de réglementation. On ne peut pas passer pardessus si
facilement que cela. S'il n'y a pas eu tellement de discussion, si les
dernières discussions concrètes remontent à 1964, vous
allez comprendre que ce n'est pas très récent et qu'il y a encore
un petit peu de marge pour négocier entre-temps. Si on ne
négociait pas par rapport à cela, peut-être bien que,
plutôt que d'avoir une usine de filtration, en termes sociaux, ce serait
moins coûteux d'aller à une source de Saint-Jean-des-Piles.
La question devient: Quel serait le délai qu'il faudrait pour en
venir à une entente? Quel est votre délai?
M. Lafontaine: Si vous me permettez de corriger une certaine
chose, c'est que possiblement, en 1964, il y a eu des
propositions. J'étais conseiller en ce temps-là. Mais il
reste qu'en 1979, il y a eu une invitation à une rencontre à
laquelle il y avait deux conseillers de Saint-Gérard, deux conseillers
de Saint-Jean-des-Piles et une délégation de l'Association du lac
des Piles, des propriétaires de chalets du lac des Piles, qui ont en
partie résidence à Saint-Jean-des-Piles, en partie à
Grand-Mère et en partie à Saint-Gérard-des-Laurentides.
Nous avons soumis un projet de règlement qui a été
transmis au ministère de l'Environnement pour vérifications, pour
voir s'il n'y avait pas des contradictions avec les règlements existants
à ce moment-là. On nous a répondu de suspendre les
discussions parce que le ministère de l'Environnement étudiait
une réglementation globale sur les bassins d'eau potable. Alors, nous
avons suspendu ces négociations, mais la réglementation, si ma
mémoire est bonne, n'est pas encore terminée ou, si elle est
terminée, c'est en partie.
Nous avons, comme gouvernement local, M. le ministre, la
responsabilité de protéger le bassin d'eau potable qui appartient
aux citoyens. C'est une question de santé, et quand on parle d'une
question de santé, je pense qu'on n'a pas besoin de demander aux
citoyens, de prime abord, s'ils veulent garder leur santé ou non. C'est
la responsabilité d'un gouvernement d'agir pour assurer une
sécurité aux citoyens. Le gouvernement local a actuellement une
juridiction partielle sur le lac des Piles, mais cette administration demande
de l'avoir dans son entier. (21 heures)
Comme je l'ai mentionné tout à l'heure et je reviens
là-dessus, je demande que cet article demeure à
l'intérieur du projet de loi, mais que son application soit remise
suivant les modalités qu'on vient de mentionner, M. le ministre.
À ce moment-là, je pense qu'aucune des parties n'est
pénalisée. Au contraire ça va obliger les trois parties
à s'asseoir et à réglementer toute cette partie-là.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, s'il y avait des accords sur certaines
parties de la réglementation, le ministre a le droit et le devoir de
faire une consultation, de déterminer et de finaliser les points qui
seraient en litige. À ce moment-là, il n'y a personne qui est
pénalisé; au contraire, ça augmente la valeur des
propriétés qui seraient construites éventuellement dans le
pourtour du lac des Piles et ça permet de conserver un bassin d'eau
potable qui est extrêmement vital pour une population, M. le ministre.
Vous avez vu des exemples dans d'autres municipalités où des
bassins d'eau potable sont pollués ou sont à la veille
d'être pollués. Il ne s'agit pas d'attendre que le problème
nous arrive entre les mains; II s'agit de le prévenir et, justement, cet
article-là est un article de prévention.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, M. le maire de
Grand-Mère, avant la décision de votre conseil municipal de
demander un projet de loi privé, est-ce qu'il y aurait pu y avoir
certaines approches de faites avec le conseil municipal de Saint-Jean-des-Piles
ou si on a préféré, tenant compte du passé,
procéder immédiatement à une demande? Est-ce qu'il y a un
conlit qui existe entre les deux municipalités qui pourrait faire que
ça ne se règle pas, quoi?
M. Lafontaine: M. le député, c'est bien sûr
qu'il aurait pu y avoir certaines formes de rencontres avant. Il reste que la
rencontre antérieure la plus proche, celle de 1979, a été
réduite partiellement du fait que le ministère de l'Environnement
nous a demandé d'attendre avant de mettre cette réglementation en
application. Cette réglementation n'est pas encore en application ou, si
elle l'est, elle est partiellement en application. On sait qu'on ne peut pas
tout régler d'un trait, mais il reste que, le vendredi 4 juin, nous
avons fait parvenir - parce que nous savons très bien qu'à
l'intérieur de cet article il n'y a aucune pénalité, il
n'y a rien, simplement une coopération qui doit obligatoirement se faire
entre les municipalités - aux municipalités concernées une
lettre les avisant de la situation. Vous avez vu la lettre de réponse
à cela c'est une opposition formelle des deux municipalités. Il
reste que c'est une question de santé et ça, j'y tiens
énormément.
M. Rocheleau: M. le maire, si je lis bien le deuxième
paragraphe ici, il dit: "Tout règlement adopté en vertu du
présent article doit, pour avoir effet dans la partie d'un lac ou dans
la partie d'une zone de protection située dans la municipalité de
Saint-Jean-des-Piles ou dans la paraisse de
Saint-Gérard-des-Laurentides, être approuvé par ces
municipalités ou, à défaut, faire l'objet d'un
décret du ministre des Affaires municipales. À compter de cette
approbation ou de la publication de l'avis de la délivrance de ce
décret..." Il reste, quand même, que des négociations
devront être faites et devront être acceptées et c'est s'il
n'y a pas d'acceptation que vous demandez par projet de loi privé au
ministre d'arbitrer.
M. Delisle: C'est une demande d'arbitrage purement et
simplement.
M. Rocheleau: Est-ce qu'il n'y aurait pas eu lieu, afin
d'éviter cela, que les discussions aient pu avoir lieu avant? S'il n'y
avait pas eu d'entente quelconque, on aurait pu, à ce moment-là,
plus facilement, je pense, demander un projet de loi privé pour
trancher une question qui ne semblait pas être en mesure
d'être tranchée.
M. Lafontaine: Je respecte votre opinion, M. le
député, mais il reste une chose qui est extrêmement
importante: si, entre gouvernements locaux, les choses traînent en
longueur... On en a plusieurs exemples. Je n'accuse personne, mais on a vu
d'autres gouvernements locaux qui sont adjacents l'un à l'autre et les
solutions traînent en longueur. Les années passent et il n'y a
rien qui se fait. Je pense que, par cet article, il y a une obligation, et je
pense que tout le monde est conscient de cela, les trois municipalités
concernées sont conscientes de cela, il y a obligation de s'asseoir et
de déterminer une réglementation qui pourrait être
acceptée par les trois municipalités. S'il y a mésentente
en partie dans certains articles, on demande au ministre dans l'amendement de
faire une consultation et de trouver le terrain d'entente afin de finaliser une
fois pour toutes cette question. D'ailleurs, la lettre de 1920 est beaucoup
plus radicale que cela. On demandait à ce moment le contrôle des
trois chaînes autour du lac. C'était une condition d'obtention du
permis d'aménagement d'un aqueduc dans le lac des Piles. Mais, si
l'administration du temps n'a pas pris ses responsabilités, je n'en suis
pas responsable.
M. Rocheleau: L'autre municipalité qui n'est pas
présente ce soir et qui semble moins impliquée, mais elle l'est
quand même, puisqu'il y a une parcelle de terrain qui passe dans sa
municipalité, est-ce qu'elle semble avoir les mêmes
problèmes? Est-ce qu'il y a eu des consultations avec cette
municipalité aussi?
M. Lafontaine: En 1979, oui. Je répète la
même chose, c'est que le ministère de l'Environnement a
demandé qu'on suspende le règlement jusqu'à ce que la
réglementation soit faite par le gouvernement du Québec. Alors,
on en est là. Si on attend et on attend, on va se réveiller avec
un problème majeur. Je pense qu'il ne faut pas attendre cela, il faut
avoir une disposition dans une loi qui oblige les municipalités à
s'asseoir et à définir la réglementation qui va
protéger tout le monde. On ne sait jamais si un beau jour
Saint-Jean-des-Piles pourra prendre son eau dans le lac des Piles parce
qu'actuellement on n'a pas de système d'aqueduc à
l'intérieur du village. Ce sont toutes des prises d'aqueduc
individuelles. Alors, un jour, on aura un système d'aqueduc et je crois
que la prise d'eau la plus proche, c'est le lac des Piles.
M. Rocheleau: M. le maire, est-ce qu'automatiquement le
ministère de l'Environnement, pour un cas semblable, ne peut pas
émettre un décret ou une ordonnance tout simplement afin de
protéger justement la qualité de l'eau?
M. Lafontaine: Sur les questions légales, je vais demander
à Me Delisle de répondre.
M. Delisle: J'ai une lettre du directeur du contentieux du
ministère de l'Environnement qui me dit, avec l'approbation de son
sous-ministre et des autorités impliquées, au sujet de ce que la
ville de Grand-Mère vise, que cette protection ne peut être
assurée que par un projet de loi privé tel que
déposé. Je ne parle pas de la question extra-territoriale mais
des objets du projet de loi. Les lois actuelles ne répondent pas
à cela. C'est ce qu'il me dit et qui est déposé devant la
commission. Il dit que le pouvoir actuel, c'est de l'expropriation. La ville de
Grand-Mère en a fait dans le passé. Quand arrive un
problème, elle exproprie. À un moment donné, cela devient
onéreux et c'est peut-être mieux de prévenir que
d'exproprier quand il y a un problème. C'est un article de
prévention, bien sûr.
M. Rocheleau: C'est vrai, M. le Président, que le ministre
de l'Environnement est pas mal occupé avec ses élections
fédérales mais il va peut-être revenir sur terre un de ces
matins. Il n'en demeure pas moins que, s'il avait pu y avoir entente au
préalable, cela aurait été sûrement souhaitable.
D'autre part, quand il n'y a pas d'entente, vous savez, messieurs les maires,
le gouvernement peut vous arriver avec un projet de loi fusionnant vos
municipalités d'une façon forcée et c'est peut-être
un peu moins souhaitable.
M. Léonard: J'ai le goût de demander au
député de Hull ce qu'il a mangé ce soir parce que, cet
après-midi, il était très gentil.
M. Rocheleau: Je me prépare pour demain, M. le
ministre.
M. Garon: Qu'il y a-t-il demain? Est-ce le projet de loi 37?
M. Lafontaine: Un fait demeure, M. le ministre, c'est qu'aussi
longtemps qu'il n'y aura pas obligation de s'asseoir et de discuter une
réglementation, aussi longtemps cela retardera.
Je répète ce que j'ai dit tout à l'heure, je vous
demande de garder l'article dans la loi spéciale mais de suspendre son
obligation jusqu'à ce qu'il y ait une entente. Si cela tarde, vous avez
le pouvoir de faire la consultation et de définir la position exacte des
trois municipalités, M. le ministre. Je pense que c'est votre devoir de
le faire,
vous êtes le ministre des Affaires municipales, donc notre
ministre responsable.
Une voix: Oh! la la!
M. Léonard: Malgré ce que vous en dites, M. le
maire, il reste tout de même que je considère un certain nombre de
choses dans cela. Je considère que vous avez raison sur le fond
présentement. Il faut que votre source d'eau potable soit
protégée. Si je comprends, jusqu'ici, elle l'a été.
Vous craignez plutôt l'avenir que ce qui a été fait dans le
passé. Maintenant, compte tenu de ceci, je dirais relativement au
territoire même qui est en cause, parce qu'il me semble que le territoire
aussi est important dans le décor, que la municipalité de
Saint-Jean-des-Piles a un premier droit quant au territoire et, le maire de
l'autre municipalité n'étant pas ici, que j'incline plutôt
à la prudence à ce moment-ci. J'ajouterai qu'il me semble
qu'à ce moment, il faudrait qu'il y ait d'autres négociations. Il
faudrait aussi que, par le schéma d'aménagement, on utilise
toutes les portes qu'il y a, parce que nous venons d'examiner la loi
là-dessus et, par le principe de la conformité, vous pourriez
aller pas mal loin là-dedans.
D'autre part, je pense qu'il faudra que la municipalité de
Saint-Jean-des-Îles et l'autre municipalité,
Saint-Gérard-des-
Laurentides, adoptent une réglementation pour protéger
efficacement votre source d'eau potable, mais je dirais que le fardeau de la
preuve dans le cas vous appartient plutôt, compte tenu que c'est dans le
territoire de l'autre municipalité. Alors, sur ce plan, je pense que je
suis enclin à laisser un délai, à retirer l'article du
projet de loi, mais si jamais cela ne se réglait pas, je pense que vous
seriez bienvenus de revenir ici. J'accorde le délai plutôt en
faveur des autres municipalités qu'à Grand-Mère, mais je
suis d'accord avec vous qu'il y a un gros point d'interrogation qui est
posé présentement quant à la réglementation et
à l'application de la réglementation.
M. Lafontaine: M. le Président, me permettez-vous une
autre intervention?
Le Président (M. Blank): Oui.
M. Lafontaine: Voici. C'est que, depuis 1971, la ville de
Grand-Mère a déjà investi en expropriations et en achats
immobiliers au-delà de 300 000 $, dans le but de protéger son
bassin d'eau potable. On a le pouvoir d'exproprier et ce pouvoir peut
même aller outre-territoire pour que la ville de Grand-Mère puisse
protéger son bassin d'eau potable.
Ce n'est pas cela qu'on veut faire. On veut simplement que, dans
l'article de la loi, on définisse un territoire, une ligne de
séparation pour les fins de protection du bassin d'eau potable, non pour
aller chercher du territoire sur une municipalité voisine. Loin de
là, on en a déjà suffisamment, depuis 1970, avec une
fusion avec la paroisse Sainte-Flore, dans le temps, et on a encore
énormément de territoire à développer. Mais, je le
répète, M. le ministre, vous devez considérer la question
de santé publique; c'est cela qui est important. Ce n'est pas la
question de savoir si on a juridiction sur un autre territoire ou non, c'est
une question de santé publique. Et cela, j'y tiens
énormément et je réitère ma demande d'accepter cet
article, mais d'y mettre une clause pour que l'article n'entre pas, n'ait pas
d'effet avant qu'il n'y ait entente entre les municipalités. Nous
voulons vous impliquer, M. le ministre, nous savons que vous prenez vos
responsabilités et on sait que le ministère de l'Environnement
les prend aussi.
Moi, je veux, par cet article de loi, qu'il y ait une obligation de
s'asseoir et de définir, une fois pour toutes, une réglementation
qui va protéger un bassin d'eau potable qui appartient à tout le
monde dans le fond. Les résidents qui sont en bordure du lac des Piles
puisent leur eau potable dans le bassin, actuellement, et c'est une eau qui
n'est pas chlorée, puisqu'elle est puisée à la source.
M. Léonard: Est-ce que je peux demander au maire de
Saint-Jean-des-Piles s'il prend l'obligation de s'asseoir avec le maire de
Grand-Mère pour ajuster la réglementation là-dessus?
M. Lépine: Bien, M. le ministre, je pense que je n'ai
jamais eu de crainte à ce sujet. On est prêt à s'asseoir
avec la municipalité de Grand-Mère et à discuter d'un
règlement, mais ce qu'on n'aime pas tellement, dans l'article 2 du
projet de loi 258, c'est que justement...
M. Léonard: Je ne voudrais pas recommencer toute
l'argumentation. Je vous demande simplement si vous prenez l'obligation de vous
asseoir avec la municipalité de Grand-Mère pour dire: on va vous
assurer que vous aurez une bonne source d'eau potable.
M. Lépine: Certainement, M. le ministre.
Le Président (M. Blank): L'article 2 est biffé.
L'article 1 est adopté tel qu'amendé. L'article 3.
M. Léonard: Je voudrais qu'on revienne à l'article
1. Nous avons examiné les amendements et nous sommes d'accord.
Le Président (M. Blank): L'article 1 a
été adopté.
M. Léonard: Ah! c'est adopté. Ah! l'article 1 est
adopté, ça va. Tel qu'amendé?
Le Président (M. Blank): Tel qu'amendé. À
l'article 3, on a un papillon, une version amendée. (21 h 15)
M. Delisle: L'article 3 vise à ratifier une situation qui
existe depuis 1931. C'est qu'en 1931, la Shawinigan Water and Power et la
Consolidated, c'est-à-dire la Laurentide Paper, ont fait une donation
conditionnelle à la ville de Grand-Mère. Elles ont donné,
je pense, 40 000 $ à ce moment-là pour que cela serve à
des prêts à des industries et à des fins industrielles. Au
cours des années, les deux compagnies concernées, qui sont
maintenant la Consolidated-Bathurst et la Compagnie d'électricité
Shawinigan, qui appartient à 100% à Hydro-Québec, ont
rajouté des sommes d'argent. Ce sont donc des donations conditionnelles
que la ville de Grand-Mère administre pour ces compagnies.
Aujourd'hui, ce fonds est d'environ 200 000 $. Ces compagnies voudraient
se retirer de l'administration du fonds et la ville de Grand-Mère
voudrait intégrer ces sommes dans son fonds industriel, parce que le
fonds a fonctionné sans tenir compte de la Loi sur les fonds
industriels; la municipalité prêtait même de l'argent
à un comité composé de représentants de la
Compagnie d'électricité Shawinigan et de la
Consolidated-Bathurst.
Ce qui est demandé, c'est de ratifier les actes faits depuis
1931; ce ne sont pas des sommes qui proviennent des fonds publics, ce sont des
donations conditionnelles, les deux compagnies concernées ont
été consultées sur le projet de loi et j'ai des lettres de
chacune disant qu'elles sont d'accord. Ces lettres sont déposées
au secrétariat de la commission. J'ai des lettres de la Compagnie
d'électricité Shawinigan et de Consolidated-Bathurst, sur
l'intégration et elles sont déposées.
M. Léonard: M. le procureur, nous avons examiné
votre article, c'est l'article 3. Nous sommes d'accord avec les amendements que
vous nous proposez, M. le Président. Je pense que vous avez le texte,
c'est celui qui est souligné, qui constitue les amendements, et nous
sommes d'accord avec l'article tel qu'amendé.
Le Président (M. Blank): L'article 3 tel qu'amendé
est adopté. L'article 4.
M. Delisle: Sur l'article 4, j'avais déposé un
texte amendé et je pense que les officiers du ministère des
Transports ont un texte qui est à peu près semblable.
J'ai examiné le texte proposé par le ministère des
Transports et on arrive en principe aux mêmes objectifs. Il y a quelques
petites modalités différentes mais je n'ai pas d'objection sur le
texte.
M. Léonard: Vous seriez d'accord?
M. Delisle: Ici, j'ai les trois municipalités
concernées par cet article, Shawinigan, Shawinigan-Sud, et Saint-Georges
qui ont déposé une résolution à la commission
parlementaire, au secrétariat, disant qu'elles étaient d'accord
avec le texte du projet. Je suis accompagné du maire Grondin, de
Shawinigan-Sud, qui est président de ce comité intermunicipal,
pour lequel on demande la ratification des actes et je lui passerai la parole
pour qu'il vous expose le but de l'article.
M. Grondin: M. le Président, M. le ministre, messieurs, je
pense que la plupart des gens sont au courant du problème qui a
amené la ville de Grand-Mère à présenter à
l'intérieur de son bill privé un article qui nous permettrait de
régulariser un peu ce qui s'est passé dans la situation du
transport en commun au Centre Mauricie à partir de 1979. À cause
d'une situation d'urgence créée par la déclaration du
transporteur de ne plus fournir le service par suite d'un déficit qu'on
nous a présenté sur ce qu'il appelait un bilan et que nous, nous
pouvions qualifier de papier purement et simplement, un déficit de 122
000 $, on a réussi, après discussion et après
vérification, à obtenir un bilan prévisionnel qui nous
permettait de déterminer au niveau des municipalités un certain
montant qui pourrait apparaître comme déficit d'exploitation,
compte tenu d'une certaine supervision, d'une certaine vérification
qu'on pourrait faire des opérations du transporteur.
Au moment où on a réussi à s'entendre sur ces
modalités, on a commencé, de concert avec le ministère des
Transports, à assumer une partie du déficit mensuel, du
déficit d'opérations de notre transporteur, et on a mis en place,
par le biais de nos administrateurs, certains mécanismes de
contrôle qui nous permettaient de mieux voir ce qui se passait. Ces
mécanismes de contrûle étaient partiels tant et aussi
longtemps que le transporteur opérait, mais, au mois de décembre
1981, la Banque fédérale de développement a
décidé de saisir les actifs d'Autocar Shawinigan et, à ce
moment-là, à quelques heures d'avis, on apprenait qu'il n'y
aurait plus de service de transport en commun au centre Mauricie.
C'était juste durant la période des fêtes, cela nous a
créé un problème et on a décidé...
Évidemment, on savait pertinemment, jusqu'à un certain point,
qu'on était dans l'illégalité, mais il y avait quand
même une situation d'urgence et, à ce
moment-là, on a décidé d'y aller pour assurer aux
citoyens du centre Mauricie un service de transport en commun qui soit le plus
adéquat possible dans les circonstances, quitte à faire amende
honorable un peu plus tard. C'est un peu ce que nous venons faire ce soir, en
demandant cet article, l'article 4.
Évidemment, au cours des mois qui ont suivi, au moment où
la BFD s'est saisie des actifs d'Autocar Shawinigan et au moment où les
villes ont accepté de jouer un peu le rôle de superviseur,
d'administrateur que nous déléguions, on a établi des
mécanismes de contrôle, tant au niveau des revenus qu'au niveau
des dépenses, qui font qu'à partir d'un bilan prévisionnel
qui établissait un déficit de fonctionnement de l'ordre de 220
000 $ avec possibilité d'aller jusqu'à 260 000 $ et qu'on avait
présenté au mois de septembre dernier au ministre Clair... On
s'est rendu compte, en faisant un contrôle serré à la fois
des revenus et des dépenses, que ce déficit ne sera certainement
pas atteint. Et, à partir des subventions que nous avions reçues
du ministère des Transports, il y aurait même une certaine partie
de ces sommes qui devrait retourner au ministère des Transports, chose
qui a surpris plutôt agréablement les gens du ministère des
Transports, la semaine dernière, lorsque nous les avons
rencontrés.
Évidemment, c'est un cas que je pourrais qualifier d'unique. Je
ne crois pas qu'il y ait tellement de régies intermunicipales de
transport en commun et qu'il y ait tellement de cas de situation de transport
en commun qui peuvent se vanter ou, au moins, se prévaloir d'avoir un
montant de déficit qui ne sera pas atteint. Cependant, ce qui nous
préoccupe pour l'avenir, tout en régularisant le passé, et
c'est un peu ce qui, personnellement, me déçoit du projet qui est
présenté, c'est qu'on ne puisse pas, à partir d'une
situation vécue, qui était peut-être sur une base
temporaire et à titre exceptionnel, comme on nous l'a souligné
à quelques reprises, essayer ou continuer ces activités à
peu près sur le même principe, c'est-à-dire en permettant
qu'il y ait une espèce de participation mixte des municipalités
avec des entrepreneurs privés ou avec un entrepreneur privé, de
telle sorte qu'on puisse faire partie d'une compagnie. A ce moment-là,
on pourrait avoir droit de participer à la gérance et à la
gestion des opérations de la compagnie, de telle sorte qu'on pourrait
continuer à avoir un service de transport qui s'améliore, comme
c'est le cas actuellement, et qui se fait à un coût plus
qu'acceptable pour à la fois le ministère des Transports et les
municipalités.
Je sais que la question des précédents pose un certain
problème. Je sais qu'il y a des précédents qui sont
difficiles à accepter, tant du côté des Affaires
municipales que du côté du ministère des Transports.
Le Président (M. Blank): Le ministre est d'accord avec
l'article et l'article 4...
M. Grondin: Oui, mais l'article 4...
Le Président (M. Blank): ... est amendé.
M. Grondin: Le papillon.
Le Président (M. Blank): Voulez-vous poser des
questions.
M. Grondin: Est-ce que c'est illégal?
Le Président (M. Blank): Non, ce n'est pas
illégal.
M. Bourbeau: C'est exceptionnel. Je voudrais poser une question
pour m'enquérir un peu de la situation; est-ce que je peux le faire?
M. Léonard: Sur le plan de la lecture de l'article, on me
dit que, par prudence, il faudrait lire l'article.
Le Président (M. Blank): Lire...
M. Léonard: En tout cas, au moins un premier paragraphe et
un deuxième au complet, parce que cela fait cinq minutes. Allons-y!
L'article 4 du projet de loi est remplacé par le suivant: "La
ville de Grand-Mère, la ville de Shawinigan, la ville de Shawinigan-Sud
et le village de Saint-Georges peuvent conjointement, par règlement,
conclure une entente pour exploiter, gérer et administrer un service de
transport en commun de personnes dans leurs territoires ainsi qu'à
l'extérieur pourvu que le point d'origine ou le point de destination
soit dans leurs territoires. "Ces municipalités peuvent, par cette
entente, constituer un comité intermunicipal, l'habiliter à
exercer les pouvoirs qu'elles possèdent à l'égard de cette
compétence. "L'entente doit prévoir le montant des subventions
que les municipalités verseront au comité intermunicipal en vertu
de l'article 467 de la Loi sur les cités et villes (L.R.Q., chapitre
C-19). "Cette entente ne requiert pas d'autre approbation que celle du ministre
des Transports. "L'entente lie les municipalités et dure jusqu'à
la date prévue au dernier alinéa du présent article. Elle
ne peut être modifiée que de la façon prévue pour
son adoption et son approbation. "Toute convention avec un propriétaire,
un possesseur ou un détenteur de biens affectés directement ou
indirectement à l'usage d'un service de transport ne peut lier
les municipalités au-delà du montant approuvé en
vertu de l'article 467 de la Loi sur les cités et villes. "La Loi sur
les transports (L.R.Q., chapitre T-12), les règlements adoptés
sous son empire et les ordonnances mentionnées au deuxième
alinéa de l'article 89 de cette loi s'appliquent à ces
municipalités sauf en ce qui concerne l'obligation de détenir un
permis et l'établissement des parcours, des horaires et des tarifs. "Le
comité intermunicipal est réputé être titulaire d'un
permis de transport en commun de la Commission des transports du Québec
pour les fins de l'application de l'ordonnance générale no 17
(1969) concernant les voyages spéciaux ou à charte-partie
adoptée par la Régie des transports du Québec le 19 mars
1970. "Le comité intermunicipal peut conclure un contrat de transport
scolaire avec une commission scolaire, une institution d'enseignement
privée ou un collège d'enseignement général et
professionnel autorisés à organiser le transport pour sa
clientèle. Depuis le 15 mai 1982, le comité et ces institutions
d'enseignement peuvent aussi, avant l'ouverture des soumissions publiques,
conclure de gré à gré des contrats de transport scolaire
pour un nombre de véhicules n'excédant pas dix-sept. "Toute
municipalité dont le territoire est contigu à l'une des
municipalités mentionnées au premier alinéa peut, avec
l'autorisation du ministre des Transports aux conditions qu'il
détermine, adhérer à l'entente conclue en vertu du
présent article. "Les actes posés, les contrats passés,
les engagements pris et les transactions faites depuis le 1er juin 1981 par ces
municipalités ou les officiers relativement à un service de
transport ne peuvent être déclarés nuls sur le motif de
l'absence d'habilitation législative, sur le motif de l'omission d'une
formalité même impérative ou sur le motif de l'absence
d'une approbation requise par une loi. "Le présent article cesse d'avoir
effet à la date qui sera fixée par décret du gouvernement
ou, au plus tard, le 30 juin 1983."
Le Président (M. Boucher): M. le député.
M. Bourbeau: Si je comprends bien vous faites fonctionner un
système de transport en commun sur une base volontaire et vous avez pris
les actifs d'un transporteur privé qui était plus ou moins en
faillite. Est-ce que c'est cela?
M. Grondin: Nous avons pris les actifs... c'est qu'il y a eu une
saisie par la Banque fédérale de développement, et il y
avait à ce moment-là une menace d'interruption complète de
service. Quand on a vu qu'il y avait menace d'interruption, on a demandé
à la BFD de pouvoir continuer à faire fonctionner le service en
ses lieu et place, mais on a nommé deux administrateurs qui ont
assuré la relève en lieu et place des municipalités
impliquées, parce qu'on ne pouvait pas assumer la gestion.
M. Bourbeau: Êtes-vous devenus actionnaires de la compagnie
qui était en difficulté financière ou si c'est encore elle
qui, légalement, est propriétaire des actifs? Comment cela se
passe-t-il sur le plan légal? Cela m'intéresse un peu parce que
je suis préoccupé par le transport en commun et j'aimerais savoir
exactement ce qui se passe.
M. Delisle: Ce qui est arrivé, c'est qu'il y avait un
transporteur, Autocar Shawinigan, qui avait emprunté des sommes d'un
prêteur, qui était la Banque fédérale de
développement. Il avait, en vertu d'un acte de fiducie, donné
tous ses biens à la Fiducie du Québec. Alors, la
réalisation d'un acte de fiducie, ce n'est pas comme une faillite, le
fiduciaire prend tous les biens. Le fiduciaire a pris tous les biens et,
à partir de ce moment-là, il a dit: Je liquide. Les
municipalités ont dit: Un instant! Alors, la Banque
fédérale, qui était le prêteur, a dit aux
muncipalités: Si vous voulez administrer les autobus et nous donner un
montant mensuel équivalant à la dette, au remboursement,
autrement dit, occupez-vous-en, on finira par trouver un acheteur et, à
ce moment-là on remettra cela à l'entreprise privée.
C'était la liquidation ou trouver un administrateur. Les
municipalités agissent comme administratrices des biens qui
appartiennent à un créancier et qui ont été saisis.
(21 h 30)
Les municipalités ont dit: Comme cela va bien, on aimerait
continuer de cette façon. Même si on retourne cela à
l'entreprise privée, on aimerait avoir la possibilité de demeurer
actionnaires d'une compagnie même privée afin non seulement de
donner des subventions, mais de vérifier sur le plan administratif parce
qu'il se sont rendu compte, en reprenant l'administration, que le
déficit vient de deux ordres: premièrement du fait que le
transport urbain est un peu déficitaire, et aussi du fait que ça
peut être plus ou moins bien administré. Ce sont deux sources qui
occasionnent un déficit. On dit: Le fait de subventionner ne
règle pas tous les déficits; on aimerait pouvoir continuer et
avoir un droit de regard même au niveau d'un administrateur. Pourquoi ne
pourrait-on pas avoir 5% ou 8% des actions dans une compagnie de transport et
avoir un délégué au conseil d'administration. Il ne s'agit
pas tout simplement de municipaliser le transport.
C'était la demande et le ministère des Transports
maintient cet article sur une base temporaire en disant: Les lois actuelles
prévoient deux possibilités: la municipali-sation ou l'entreprise
privée; quant à votre demande de faire une entreprise mixte, on
n'est pas prêt. C'est pour cela que le texte tel que soumis ne fait
état que de l'administration temporaire jusqu'au 30 juin prochain;
après cela, les municipalités devront se retirer à
100%.
M. Bourbeau: Quand les municipalités vont se retirer
à la fin, ça va être un nouvel acquéreur
privé qui aura acquis les actifs?
M. Delisle: Si le prêteur qui détient des biens a
trouvé un acheteur.
M. Bourbeau: Est-ce que vous avez envisagé la
possibilité de créer une commission de transport sous l'empire de
la Loi sur les corporations intermunicipales de transport?
M. Delisle: Non, les municipalités...
M. Grondin: Non, il n'est pas question de créer une
corporation intermunicipale de transport en commun chez nous.
M. Bourbeau: Actuellement, vous n'avez pas droit aux subventions
du ministère des Transports parce que vous n'êtes pas une
compagnie publique?
M. Grondin: Non, par contre, il y a la loi no 31 qui entre en
ligne de compte actuellement et, selon un rapport qui nous a été
soumis et sur lequel on doit se pencher mardi prochain, on a une recommandation
à l'effet de passer par l'entreprise privée et se
prévaloir de la loi no 31 qui a été...
M. Bourbeau: Pour le transport d'écoliers uniquement?
M. Grondin: Non, le transport d'écoliers et le transport
privé.
M. Bourbeau: Pour le transport...
M. Grondin: Dans les territoires qui ne sont pas desservis par un
réseau de transport en commun.
M. Bourbeau: La loi no 31, c'est la loi qui a réglé
le transport scolaire.
M. Grondin: Exact, et qui permet également le
transport...
M. Bourbeau: Qui permet le transport à même les
véhicules affectés au transport scolaire.
M. Grondin: Exact.
M. Bourbeau: C'est une compagnie de transport scolaire qui
était en difficulté?
M. Grondin: C'est-à-dire que c'est une compagnie qui avait
sept permis et il y avait du transport urbain, il y avait quelques autobus qui
étaient de vieux autobus achetés de régies
intermunicipales et il y avait des autobus scolaires servant pour le transport
urbain.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le nouvel article 4
est adopté?
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 5.
M. Delisle: L'article 5 vise une situation sur laquelle la ville
de Grand-Mère s'est déjà penchée. Il est
prévu, dans cet article, que le maire suppléant pourrait avoir
droit à la moitié de la rémunération du maire; il
est aussi prévu que, lorsque le maire n'est plus en fonction par suite
d'une démission ou quoi que ce soit, à ce moment-là, le
maire suppléant aurait droit à la même
rémunération que le maire. En 1981, la ville de Grand-Mère
a adopté un règlement à cet effet et elle s'est rendu
compte que la loi ne lui permettait pas d'adopter un tel règlement.
C'est pourquoi elle demande, aujourd'hui, le pouvoir de faire ce que les
élus ont voté en 1981 et qu'ils n'ont pas mis en application
parce que la loi ne le leur permettait pas. Il s'agit tout simplement de
prévoir une situation qui n'est peut-être pas prévue par la
Loi sur les cités et villes.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Léonard: Je vois bien que cet article a pour but de
permettre à la ville de verser une rémunération
additionnelle au conseiller qui agit comme maire suppléant parce que la
loi générale actuelle ne permet pas une telle
rémunération additionnelle, mais il me semble qu'une telle
question devrait être réglée par une loi
générale parce que ce n'est pas une condition particulière
à la ville de Grand-Mère ou à quelque autre ville, il y a
deux précédents qui ont effectivement été
retrouvés concernant cette question: la ville de Hull, en 1975, et la
ville de Québec, en 1974, mais ces deux exceptions ou ces deux
précédents ont été rayés dans la loi no 105.
À l'heure actuelle, il n'y a nulle part de rémunération
additionnelle prévue pour le maire suppléant; le seul cas qui
pourrait s'y apparenter, mais de loin, c'est le cas où il y
aurait un président de conseil qui ne serait pas le maire. Il n'y
a pas de précédent et nous n'avons pas l'intention d'en
créer.
M. Lafontaine: Est-ce que vous avez l'intention de modifier la
loi générale, M. le ministre?
M. Léonard: On pourrait toujours reconsidérer la
question, dans le cas d'une loi générale sur la
rémunération des élus municipaux.
M. Lafontaine: Oui.
M. Léonard: Peut-être, à ce moment que cela
peut venir sous forme de demande et être étudié à
son mérite. Vous allez comprendre très facilement que si jamais
cela était créé dans une ville, l'an prochain, on aurait
peut-être 50 projets de loi privés demandant la même chose.
C'est le cas type d'un cas de réglementation de loi
générale, en fait.
M. Lafontaine: D'accord. M. le ministre, juste pour rappeler
à votre mémoire de ne pas oublier de consulter les documents de
l'Union des municipalités du Québec, qui en parlent quelque peu
et aussi du remodelage du fonds de retraite des maires et des conseillers.
M. Léonard: Exactement, la question du fonds de retraite,
j'ai eu l'occasion d'en parler hier, aujourd'hui et ce soir encore; je
comprends bien. L'Union des municipalités du Québec m'a
demandé d'ajuster cela sur le fonds de retraite des
députés. Comme nous sommes en pleine discussion à ce sujet
et que les décisions m'ont l'air très difficiles à
prendre, nous attendons que ce soit pris; après cela, on ajustera les
choses là-dessus.
M. Lafontaine: Je vous en faisais la remarque.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'article 5 est
rejeté?
M. Léonard: Oui, rejeté.
Le Président (M. Boucher): L'article 6.
M. Delisle: Pour l'article 6, je pense qu'il n'y a pas de
précédent non plus. Il s'agit de prévoir une situation de
départ pour le maire de la ville de Grand-Mère et les
conseillers. Pour le maire, c'est qu'il est à temps plein. À ce
moment, s'il quitte ses fonctions, il est prévu qu'il a droit à
une indemnité, à titre d'allocation de départ,
basée non pas sur la partie des dépenses -actuellement, le
salaire du maire est composé d'un tiers de dépenses et de deux
tiers de rémunération - mais uniquement sur la partie de la
rémunération et elle serait proportionnelle à la
période de durée de sa fonction. Il est sûr et certain que,
du jour au lendemain, pour une personne coupée complètement d'une
source de revenu, il est nécessaire de prévoir une certaine
période d'ajustement.
M. Léonard: M. le procureur, si jamais on vous accordait
cela, demain matin, je vous invite à la période des questions, le
député de Maskinongé me posera une question sur les
allocations de départ.
M. Delisle: Mais, au moins, il y aurait une loi qui mettrait les
balises.
M. Lafontaine: J'allais justement vous faire la remarque, M. le
ministre. Les allocations de départ sont à la mode ces temps-ci,
comme vous l'avez bien vu. Sérieusement, il reste un fait: c'est qu'un
administrateur public, comme un député, un ministre ou un autre,
après quelques années, se trouve dans une situation où il
doit se retrouver ou se relocaliser dans un plan de travail quelconque et,
pendant cette période, je pense qu'il devrait... D'ailleurs, avec une
réglementation municipale, si on demande l'autorisation de faire cette
réglementation et si cela devient "carbone" comme on dit en termes
politiques, bien, bravo pour tous les autres. Mais il reste un fait: c'est
qu'il y a une responsabilité sociale dans cela, de la part des citoyens,
de prévoir une certaine forme de sécurité pour les
administrateurs publics afin qu'ils puissent avoir le temps de vivre d'une
façon assez convenable et de se replacer dans le monde du travail. Je
pense que ce n'est pas un précédent qui fait mal à
beaucoup de monde. Au contraire, c'est pour encourager des citoyens à
prendre des charges publiques. Vous pourriez avoir des personnes de très
haute compétence qui hésitent à prendre ces charges, parce
qu'elles aussi vont avoir des difficultés à se replacer dans le
monde de travail.
Je vous demande de prendre cela en très sérieuse
considération, M. le ministre, et de nous donner cette occasion...
M. Léonard: Je pense, M. le maire, que vous avez raison.
Je crois qu'il s'agit de toute la question de la rémunération des
élus, des fonds de retraite et des primes de séparation ou des
allocations de départ. Effectivement, il faut reconnaître que,
dans le monde de la politique, cela prend un certain temps avant de se
resituer. Je pense encore une fois que cette question ne se discute pas
à l'occasion d'un projet de loi privé mais d'un débat
public sur la rémunération générale de
l'élu, qui comprend les différents volets que vous avez
apportés, dont deux, ce soir, soit l'allocation de départ et le
remplacement qui peut être fait, dans
le cas du maire suppléant ou de quelqu'un qui remplace ailleurs
aussi. Je suis très sensible à ceci, je crois que ce sont des
choses que nous inscrivons relativement aux débats qui devraient avoir
lieu et qu'on devrait reprendre.
M. Lafontaine: Je veux vous apporter notre coopération
à cela, M. le ministre.
M. Léonard: Merci.
Le Président (M. Boucher): L'article 6 est
rejeté?
M. Léonard: Rejeté.
Le Président (M. Boucher): Article 7.
M. Delisle: L'article 7 vise une situation qui existe
peut-être ailleurs dans d'autres municipalités, mais c'est surtout
le problème des personnes qui n'ont pas de résidence au
Québec, les cas où la municipalité doit faire parvenir des
avis municipaux de toutes sortes. Cela peut être un avis de nettoyer un
terrain. Cela peut être un avis préalable concernant les mauvaises
herbes dans les champs. Cela peut être un compte de taxes, des avis de
vente pour taxes. Il y a souvent des gens qui ont uniquement des casiers
postaux à l'extérieur. Il s'agirait de prévoir que ces
personnes puissent, sur demande, se nommer ce qu'on nommait anciennement un
agent; le terme plus exact serait un fondé de pouvoir. Il existe
actuellement dans la Loi sur les cités et villes et dans le Code
municipal, l'agent, un citoyen doit se nommer un agent résidant dans la
municipalité pour recevoir la signification des avis municipaux. Cela
existe donc pour les avis municipaux.
Mais, aujourd'hui, il y a beaucoup d'autres avis qui sont, à
titre d'exemple, les comptes de taxes. Vous avez des avis en vertu de lois
particulières comme la Loi sur les abus préjudiciables à
l'agriculture. Vous avez des avis concernant les nuisances. Ces
différents avis ne sont plus visés par l'article 348 actuel. La
ville de Grand-Mère a donc, ce problème de se demander lorsque
plus d'une personne est copropriétaire indivis d'un immeuble, à
qui on envoie le compte de taxes. Si, par exemple, il y a une succession et
s'il y a sept ou huit personnes à qui on envoie les comptes, à
qui on envoie les avis, est-ce qu'on en envoie à tout le monde? En ce
moment toutes les compagnies le font couramment.
Les compagnies nomment un représentant pour voter mais, chaque
fois qu'il y a un règlement, chaque fois qu'il y a une demande, elles
doivent répéter le même geste, qu'elles adoptent une
résolution, qu'elles envoient cela à la municipalité. Ici,
il s'agit tout simplement de prévoir que cette résolution d'une
compagnie doit être bonne pour toutes les fins municipales, pour ne pas
avoir à faire une demande chaque fois. Pour elles, il s'agit de mettre
sur pied un système de représentants; les pénalités
sont quand même minimes. On dit que le greffier fait une demande pour les
cas problèmes. Ces gens doivent se nommer un fondé de pouvoir.
S'ils ne le font pas, à ce moment, on va déposer les documents au
greffe de la municipalité. Il ne s'agit pas de brimer qui que ce
soit.
Dans le Code de procédure civile, à l'article 123, il
existe actuellement un système pour fins de procédure civile,
où un fondé de pouvoir peut être nommé pour recevoir
la signification des cas de procédure civile. Le projet innove un peu
dans le sens qu'on l'étend à des sommations, à des
procédures pénales. J'ai rencontré des gens du
ministère de la Justice qui, pour l'instant, ne sont pas d'accord avec
cette partie. On serait prêt à retirer la partie qui concerne les
procédures judiciaires de notre projet et à garder à la
municipalité, la possibilité dans les cas problèmes, de
demander qu'une personne ou un groupe de personnes se nomme un fondé de
pouvoir pour savoir avec qui faire affaires et avoir quelqu'un qui va s'occuper
des terrains. Il ne s'agit pas de brimer qui que ce soit ou de faire vendre des
immeubles sans avertir les gens, mais il s'agit d'avoir un responsable et ce
système de fondé de pouvoir, est fort répandu. Ceux qui
ont fait affaires à l'extérieur du Québec se sont rendu
compte que ça existe et que c'est très général. Il
y a certains pays ou certains États américains où le
système est très général.
M. Léonard: Nous avons reçu votre projet de loi il
y a à peu près un mois. Nous avons trouvé cette
idée très intéressante effectivement. Je le dis sans
ironie absolument.
M. Delisle: J'ai même préparé un
amendement.
M. Léonard: On a posé un certain nombre de
questions autour de nous pour demander comment cela s'appliquerait, quelles
seraient les embûches et il est revenu certaines questions. Je vais vous
dire tout simplement qu'on ne se sent pas prêt comme ministère
à dire oui à cela, présentement. D'une part, on a des
interrogations de la part du ministère de la Justice. Il nous a dit:
Oui, c'est intéressant, mais qu'est-ce que ça donne? Par
ailleurs, il y a des remarques. Par exemple, dans le cas où vous avez
une corporation située à l'étranger, qu'est-ce que
ça prend pour nommer un fondé de pouvoir? Comment cela
s'articulerait-il? On a noté votre demande mais on ne se sent
présentement pas prêt à
l'agréer. (21 h 45)
M. Delisle: Dans les discussions avec les gens du
ministère de la Justice, la plus forte objection a porté sur les
copropriétaires, à cause des immeubles destinés à
la copropriété.
M. Léonard: Les héritiers...
M. Delisle: II y avait aussi les procédures
juriciaires.
M. Léonard: Cela pose toute une question de droit
civil.
M. Delisle: Pour fins municipales, c'est qu'il existe l'agent,
dans le Code municipal, au niveau des cités et villes.
M. Léonard: Cela est connu, c'est déjà
balisé. Alors...
M. Delisle: Et la compagnie, pour voter, pour signer des actes,
nomme toujours quelqu'un. Il s'agit tout simplement d'en nommer un qui agisse
de façon générale et nous sommes prêts, en fait,
à le modifier dans le sens des principales remarques faites par les
officiers du ministère de la Justice, cet après-midi. J'ai un
texte qui exclut toute procédure judiciaire de ce fondé de
pouvoir...
M. Léonard: Oui.
M. Delisle: ... et qui exclut les copropriétaires, parce
que ce sont des gens du coin...
M. Léonard: Mais voyez-vous...
M. Delisle: ... et qui le maintient uniquement pour les personnes
qui n'ont pas de résidence ou de domicile au Québec ou les
compagnies et associations qui le font déjà.
M. Léonard: Mais, vous voyez, juste dans l'espace d'un
mois, toutes les interrogations que cela a soulevées.
M. Delisle: Ah! oui, c'est nouveau.
M. Léonard: C'est cela. Mais, à part cela, je
dirais aussi que c'est un cas, une question qui doit se retrouver, qui se
retrouve d'une façon assez générale au Québec,
surtout dans les milieux où vous pouvez avoir des résidences
secondaires, peut-être bien. Un délai de 60 jours qui est
indiqué à l'article. Il faudrait peut-être se demander s'il
est suffisant. Est-ce que c'est 60 jours, est-ce que c'est six mois, est-ce que
c'est trois mois de nomination.
M. Delisle: On n'a pas voulu en faire un article
général obligatoire. On a dit: C'est pour des cas
spéciaux, sur demande du greffier.
M. Léonard: Nous avons eu une expérience exactement
hier. Quelqu'un nous a demandé une réglementation très
particulière sur les chiens et les chats, et on se retrouve aujourd'hui
avec je ne sais combien de municipalités qui sont passées ici qui
veulent avoir l'article de réglementation sur les chiens et les chats. A
la minute où vous ouvrez une porte de ce type, vous ne pouvez pas savoir
quand vous allez la fermer, et cela, je pense que c'est vraiment une
réglementation de type général. Je suis convaincu que,
pour d'autres, cela pourrait être très intéressant...
M. Delisle: Ils peuvent avoir le même problème.
M. Léonard: ... et nous aimerions l'ajuster avant de dire
un oui, un non. En toute hypothèse, je pense que cela devrait se
retrouver dans une loi générale.
M. Delisle: Alors, elle deviendrait obligatoire et non pas sur
demande. Je pense que si c'était...
M. Léonard: Cela pourrait rester sur demande quand
même.
M. Delisle: Ce n'est pas ce que la ville de Grand-Mère
voulait, une loi qui oblige tout le monde à embarquer là-dedans.
C'était pour justement prévoir des cas spéciaux.
Peut-être que cela mériterait d'être essayé dans une
municipalité; si cela va bien...
M. Léonard: Vous savez, vous n'êtes même pas
le dernier ce soir, M. le procureur, il y a la ville de Longueuil qui vient
tout de suite après, et je serais fort étonné si elle ne
le demandait pas elle aussi.
M. Lafontaine: Juste pour votre information, M. le ministre, on a
un cas comme cela, c'est une corporation en Allemagne de l'Ouest et qui est
propriétaire d'une bâtisse évaluée à 800 000
$. Cela nous a pris deux ans pour venir à bout de lui faire payer ses
taxes, avec un avis de poursuite. Là, elle a payé son compte, qui
était de 40 000 $. Alors, 40 000 $ sur un budget de 500 000 000 $, il
n'y a pas de problème mais sur un petit budget de 7 000 000 $, il y a
des problèmes. C'est une façon de voir la question aussi.
M. Léonard: Cela confirme l'intérêt de la
question que vous nous posez aujourd'hui. Au bout d'un mois, on se demande
jusqu'où on va là-dedans. Ayant un légiste de mon
contentieux ici à côté de moi, je lui
demande que, dans notre prochain bill omnibus, on traite de la question,
c'est effectivement ce que ça veut dire.
M. Gagnon: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain, M. le député de Laporte a demandé la parole. M.
le député de Laporte.
M. Bourbeau: Deux points. Vous avez souligné le cas d'un
propriétaire d'immeuble qui demeure en dehors du pays, que cela vous
crée des problèmes. Je ne saisis pas pourquoi, parce que, quand
un compte de taxes n'est pas payé, vous faites vendre la
propriété pour taxes. Les comptes de taxes sont quérables
et non pas portables. Vous envoyez des avis, mais c'est la
responsabilité du payeur de taxes de venir payer ses taxes à
l'hôtel de ville. Si elles ne sont pas payées, vous n'avez pas
à courir après indéfiniment. En quoi pouvez-vous apporter
cela comme argument pour justifier votre impossibilité de faire vendre
un immeuble pour les taxes?
M. Lafontaine: Parce que c'est un groupe de personnes qui sont
propriétaires de la bâtisse. Ils sont plusieurs
propriétaires.
M. Bourbeau: Dès que les taxes ne sont pas payées,
vous mettez l'immeuble sur la liste de vente pour taxes.
M. Lafontaine: Cela prend trois ans pour l'envoyer au conseil de
comté. Cela prend trois ans d'arrérages.
M. Delisle: S'il y a cinq propriétaires indivis, à
qui on envoie le compte, il faut rejoindre les cinq, il faut trouver un moyen
de rejoindre les cinq. Alors, quand il y a des procédures
judiciaires...
M. Bourbeau: Pas du tout. Vous envoyez votre compte de taxes
à...
M. Delisle: À qui?
M. Bourbeau: ... la personne dont le nom apparaît sur
l'acte de vente lors du contrat original...
M. Delisle: Les cinq?
M. Bourbeau: Avec copie à chacun, et si ce n'est pas
payé, je ne sais pas, dans les délais, c'est vendu pour taxes. Ce
n'est pas comme une action en justice où vous devez signifier ça
au débiteur.
M. Delisle: C'est-à-dire que, dans les ventes pour taxes,
pas nécessairement dans tous les cas, il faut aviser par lettre
recommandée, par un avis spécial, avant de procéder
à la vente. Il faut prouver aussi que les comptes ont été
envoyés à la bonne adresse à tous les
copropriétaires et, souvent, il y a des déménagements, on
les reçoit, ils ne reviennent pas, il n'y a pas de retour. Ce qui est
visé ici, c'est d'avoir au Québec quelqu'un de responsable, pas
nécessairement pour brimer qui que ce soit, mais surtout pour la
question du nettoyage des terrains. À ce moment, si on envoie un avis en
Allemagne en disant: Ton terrain, il y a des carcasses d'automobiles, etc.,
viens t'en occuper, il n'y aura pas de réponse. Par contre, si cette
personne a délégué quelqu'un de responsable, on peut
s'adresser à cette personne. C'est beaucoup plus facile d'avoir une
collaboration.
M. Bourbeau: Je ne suis pas de votre avis en ce qui concerne les
ventes pour taxes. Il y a des municipalités dans mon comté, comme
Saint-Hubert, où des milliers de propriétaires sont en dehors.
Pardon? Dans ma région. La ville de Longueuil a des milliers de
propriétaires qui sont au Venezuela ou je ne sais pas trop où.
Quand on fait des ventes pour taxes, on ne produit pas un rapport d'huissier
démontrant que chacun des propriétaires a été
signifié. Les taxes sont payables à l'hôtel de ville. Si
elles ne sont pas payées, on les fait vendre et on ne demande pas, lors
de la vente pour taxes, de faire la preuve que chacun a reçu le compte
de taxes et qu'il a été signifié. Enfin, je ne veux pas
faire un débat là-dessus. Je ne pense pas que cet argument soit
bien fort.
Vous parlez des copropriétaires. Parlez-vous du système de
la copropriété ou des propriétaires indivis?
M. Delisle: Indivis.
M. Bourbeau: Le mot "copropriétaire" n'est pas un mot
très propre.
M. Delisle: J'avais un amendement là-dessus.
M. Bourbeau: La copropriété, ce sont des gens qui
sont propriétaires divis.
M. Delisle: Ils ont une partie indivise aussi, une partie
commune.
M. Bourbeau: D'accord.
M. Delisle: C'est un peu dans ce sens. Pour éclaircir la
situation, j'avais prévu un amendement précisant les
copropriétaires indivis, pour être bien sûr que cela
n'appartient qu'à la partie indivise et non pas à la partie
divise d'un immeuble.
M. Bourbeau: D'accord.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain.
M. Gagnon: M. le Président, tantôt, le ministre a
trouvé que c'était une suggestion très intéressante
et il a dit: II faudrait la retenir. Il a demandé à son
légiste d'enregistrer, de commencer à faire des recherches pour
éventuellement la présenter dans une loi-cadre. Je voulais lui
demander si ça pouvait être dans les coutumes d'un ministre de
faire une expérience pilote quand une idée intéressante
comme celle-là lui est soumise. Est-ce qu'il n'y aurait pas
possibilité de prendre une ville et de faire une expérience
pilote basée sur un article comme ça? Cela ne se fait pas
habituellement ou, comme expérience pilote, est-ce que ça
créerait un précédent?
M. Léonard: Oui, il y avait quand même une lueur de
cas particulier là-dedans, et deuxièmement, s'il n'y avait pas
d'objection de la part d'un ministère ou d'interrogation qui tourne
presque à l'objection, ce qui est un peu le cas du ministère de
la Justice présentement par rapport à cet article. Ce n'est pas
une objection définitive de la part du ministère de la Justice.
C'est juste sur le système même du droit civil, on se demande
quelles seraient les répercussions. Dans le noir, il
préfère, à l'heure actuelle, dire plutôt non que
oui. De plus je pense que ça pose un certain nombre d'interrogations et
je crois qu'il peut y avoir des réponses aux questions: Où sont
les balises? Comment ça se fait-il? Comment articule-t-on cela? Quels
sont les délais? C'est tout ça dont il s'agit. Mais je pense que
ça se fait. Cela existe dans d'autres pays, effectivement. Donc, il y a
moyen de passer à travers.
Comme on a depuis un mois cette question, on préfère pour
le moment s'abstenir. Vous avez remarqué qu'on n'a pas dit un non
catégorique. Ce n'est pas ça qu'on dit. On dit: Plus tard, ou
dans une loi générale.
Le Président (M. Boucher): L'article 7 est rejeté.
Article 8.
M. Léonard: Sur la réglementation du stationnement?
Ah! c'est la contravention!
M. Delisle: Oui, il existe actuellement un article dans la charte
de la ville de Grand-Mère, les lois de 1952-1953, qui est
complètement désuète et qui vise...
M. Léonard: M. le procureur, je pense qu'on n'argumentera
pas longtemps sur cet article. La justice s'y oppose formellement. Nous l'avons
rejeté plusieurs fois depuis le début de la commission
parlementaire dans le cas d'autres villes qui en ont fait la demande. Pour les
délais quant à la justice, la procédure est uniforme au
Québec. Même ici, nous n'avons pas le pouvoir de la modifier. Je
peux vous dire que, même si on en parlait pendant une heure...
M. Delisle: II y a une partie, c'est l'article 20.3 qui ne vise
pas la Justice à ce moment. Il vise le stationnement des
véhicules automobiles en infraction qui entravent l'accès
à une propriété. Quand même, je ne vois pas
l'intervention du ministère de la Justice sur ce point de permettre
à la municipalité de faire enlever les véhicules en
infraction à un règlement, qui entravent l'accès à
une propriété.
M. Léonard: En quoi les dispositions de la Loi sur les
cités et villes ne vous suffisent-elles pas?
M. Delisle: C'est parce que c'est dans les cas d'urgence
déterminés par règlement. C'est ce qui existe dans la Loi
sur les cités et villes. C'est la première partie.
Véhicules routiers immobilisés ou stationnés, en cas
d'enlèvement de la neige ou dans les cas d'urgence
déterminés par règlement. La ville de Grand-Mère va
plus loin en disant: En plus de cela, il y a des véhicules qui entravent
l'accès à une propriété privée, ce n'est pas
un cas d'urgence nécessairement, mais le propriétaire
privé se voit mal de téléphoner à un
garagiste...
M. Léonard: Est-ce que, M. le procureur, vous avez
examiné le nouveau Code de sécurité routière? Il y
a quand même des choses là-dessus qui viennent de sortir.
M. Delisle: C'est au niveau provincial, c'est au niveau du Code
de sécurité routière que ce pouvoir est accordé aux
municipalités.
M. Léonard: Le code ne s'applique-t-il pas aux
municipalités à l'intérieur... On se pose la question
à l'heure actuelle à savoir si la municipalité ne peut pas
appliquer le Code de sécurité routière à
l'intérieur de la municipalité. Vous pourriez adopter un
règlement probablement et vous l'auriez.
M. Delisle: C'est la question que tout le monde se pose
actuellement au sujet du Code de sécurité routière. Je
n'ai pas voulu y toucher non plus parce qu'il y a bien des interrogations.
M. Léonard: Cela revient, encore une fois, à une
question de législation générale.
M. Delisle: D'accord. Ici, c'est quand même très
simple. Les municipalités ont le pouvoir de faire enlever des
véhicules dans des cas d'urgence déterminés par
règlement.
II s'agit tout simplement de prévoir très simplement que,
quand cela gêne l'accès à une propriété
privée, ce n'est pas un cas d'urgence nécessairement, mais c'est
un problème pour le citoyen. Le citoyen n'a pas les moyens qu'a une
municipalité. Le citoyen est pris pour téléphoner à
un garagiste, et le garagiste va dire: Si tu me paies, je vais y aller. Tandis
que la municipalité a déjà un service. C'est tout
simplement le service municipal de la police qui se rend sur les lieux et qui
constate l'infraction et déplace des véhicules. C'est une
protection pour le citoyen d'avoir accès à sa
propriété. Je pense que c'est une responsabilité de la
municipalité d'assurer l'accès aux propriétés
privées, alors que les lois actuelles ne le permettent pas dans ces
cas.
M. Léonard: Par rapport au stationnement, il y a l'article
9 qui vient par la suite, vous avez des choses...
M. Delisle: Sur les terrains privés, mais je parle de
l'accès à une propriété privée. C'est
quelqu'un qui est stationné devant votre entrée, autrement dit -
c'est ce cas que je vise - ou qui est stationné à
côté d'une borne-fontaine. Ce n'est pas un cas d'urgence, une
borne-fontaine, mais cela peut le devenir. Selon la loi actuelle, je peux, si
les pompiers arrivent, faire déplacer un véhicule qui est
à côté d'une borne-fontaine. S'il n'y a pas d'incendie, la
loi ne me permet pas de déplacer le véhicule. C'est encore une
mesure préventive. La municipalité, ce qu'elle vise, c'est
d'assurer aux citoyens l'accès à sa propriété. Elle
est responsable de la circulation et du stationnement. Elle veut que les
citoyens puissent avoir accès à leur propriété.
Elle veut en prendre la responsabilité. C'est dans ce sens.
Il y a un autre phénomène aussi, M. le ministre.
Actuellement, la loi prévoit que, dans les cas d'urgence, la
municipalité déplace les véhicules à ses frais.
Ici, on ajoute que si elle est en infraction, c'est aux frais de la personne,
mais je pense que cela n'existe pas dans la loi actuelle.
M. Léonard: En cas d'urgence, c'est
déterminé par règlement. (22 heures)
Le Président (M. Boucher): L'article 8 est-il
rejeté au complet?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Boucher): Article 9?
M. Léonard: Adopté.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
Article 10?
M. Delisle: La première partie de l'article 10 existe
actuellement dans les lois. Il est prévu que les municipalités
peuvent, quand des personnes demandent l'exécution de travaux municipaux
pour de nouvelles constructions, exiger un cautionnement.
La ville de Grand-Mère a eu l'expérience, dans les deux
dernières années, de personnes qui, pour de nouveaux projets,
demandent une modification complète de toute la réglementation
d'un secteur et n'y donnent pas suite. La municipalité envoie tous les
avis, apporte toutes les modifications à ses règlements, refait
une partie de son plan d'urbanisme sans qu'il y ait de suite à cela. Il
ne s'agit pas de demander aux gens de payer pour des modifications. Il s'agit
d'exiger que les personnes qui se présentent pour de nouveaux projets -
je pense que c'est quand même très limitatif - donnent une
garantie qu'elles vont donner suite à leur demande. Cette garantie est
nécessairement remise, lorsque les travaux sont complétés,
de la même façon qu'actuellement, quand quelqu'un vient voir la
municipalité et dit: Je voudrais faire un développement, vous
allez me construire une rue, immédiatement, la municipalité fait
faire des plans et devis. Elle fait des dépenses. On peut exiger un
cautionnement. Dans la loi actuelle, l'article 470 permet d'exiger un
cautionnement avant de faire des frais pour des travaux municipaux. Le
même phénomène existe dans le cas de nouveaux projets pour
les personnes qui mettent en branle tout le service d'urbanisme d'une
municipalité pour les réaliser.
Si le projet est sérieux, c'est sûr que, de la même
façon que pour des travaux, on va donner une caution. Probablement que
la caution sera la même, à la fois pour les travaux et pour la
réglementation. Cette caution est nécessairement remise, parce
que c'est une caution. Elle devient confisquée si la personne
n'exécute pas les travaux promis. Il ne s'agit pas du tout de viser le
citoyen qui a un problème de ligne entre sa propriété et
son lot et de lui demander de payer pour modifier le règlement de
zonage. Il n'est pas visé par cet article qui ne touche que les
nouvelles constructions, de la même façon qu'on le fait
actuellement pour des travaux municipaux. Dans des cas semblables, la ville
s'est fait prendre à deux ou trois reprises récemment. Elle a
fait des dépenses assez importantes, engagé plusieurs milliers de
dollars pour modifier un projet qui semblait très sérieux, dans
le fond, pour réaliser une nouvelle réglementation et,
après que les dépenses eurent été faites et que les
règlements eurent été modifiés, on n'y a pas
donné suite.
M. Léonard: Je sais qu'on avait discuté
très longuement de toute cette question lors de l'adoption de la
loi 125. En réalité, quand on lit très bien l'article,
cela, peut nous amener à faire payer les modifications au
règlement de zonage par un constructeur, juste la réglementation.
Je dois vous dire que nous nous opposons à cet article
présentement. On s'y est opposé à plusieurs occasions
antérieurement, soit dans le cas de la ville de Varennes - je me demande
même si vous n'étiez pas, à ce moment-là, dans le
dossier - ...
M. Delisle: Ce n'était pas dans le même contexte. Il
y a des demandes actuellement.
M. Léonard: ... de Charlesbourg et de LaSalle.
M. Delisle: On visait, à ce moment-là, à
obtenir le paiement de frais de modifications. Ici, il ne s'agit pas du tout de
faire payer quoi que ce soit.
M. Léonard: D'amener des garanties. M. Delisle: On l'a
pour les travaux. M. Léonard: C'est parce que...
M. Delisle: Vous l'avez dans votre loi pour les travaux
municipaux. Cela existe à l'article 470, tel quel, pour des travaux.
Est-ce que cela ne devient pas des travaux le fait de mettre en branle tout le
service d'urbanisme? C'est pour de nouvelles constructions. C'est simplement
pour généraliser, pour étendre un peu ce qui existe dans
la loi actuelle pour des travaux municipaux.
M. Léonard: C'est très habile.
M. Delisle: Plusieurs municipalités ont demandé le
pouvoir d'exiger des frais, que les gens paient un montant de 300 $, 400 $ ou
500 $ pour les frais de modifications au règlement, et la ville mettait
l'argent dans ses coffres. Ici, il ne s'agit pas du tout d'exiger quoi que ce
soit et de le garder, il s'agit de demander un cautionnement. Un cautionnement,
ça peut être sous plusieurs formes, ce n'est pas
nécessairement de l'argent. Il y a des municipalités,
actuellement, qui demandent des lettres de crédit bancaire; d'autres
demandent...
M. Léonard: Si ce n'est pas de l'argent, je me demande si
ce n'est pas le père qui va donner sa fille en garantie, en
cautionnement.
M. Delisle: II existe d'autres formes de caution que des otages.
Cela peut être des lettres de crédit sans que ce soit de l'argent,
des lettres de crédit pour réaliser les travaux.
M. Lafontaine: M. le ministre, on vient de vivre un cas
semblable. Il y a deux ans, un développeur demande un amendement au
règlement de zonage. On fait faire les plans et tout ça. À
un moment donné, il nous avise qu'il ne fait plus le
développement. On ne garde pas un règlement dans un tiroir. Il
faut refaire toute la procédure en sens inverse pour annuler le
règlement, les mêmes procédures qu'on a prises pour
construire le règlement, les avis, les avis de motion, les publications,
etc. Les avis municipaux coûtent très cher; il ne s'agit pas de 25
$ et 50 $, c'est rendu à 300 $ ou 400 $ pour un avis de publication dans
un journal. Quand on y va à plusieurs reprises, c'est très cher.
On ne conteste pas la procédure, ce qu'on conteste, c'est que la
personne demande un développement et ensuite ne le fasse pas. Ce sont
des dépenses imputées aux citoyens à même un budget.
C'est très important. Je dis que vous devriez considérer cela
sous cet angle.
M. Tremblay: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: Je comprends que c'est un problème qui
s'applique à toutes les municipalités, en fait. Il arrive
toujours des demandes dans les municipalités et c'est trop facile,
présentement, pour n'importe quel farfelu de dire: Moi, je vais
développer tout ce coin-là. Tant qu'il n'a pas mis un peu
d'argent sur la table ou un peu de garantie, on ne sait pas si c'est un gars
sérieux ou une fille sérieuse. Avec des choses comme ça,
avant d'aller demander des choses à la ville sachant qu'il aura des
frais à payer si ça ne va pas, il va travailler son dossier et il
va s'occuper de son affaire avant d'occasionner des frais à la
ville.
M. Delisle: Quand même, à la ville, ce ne sera pas
cas par cas, ce sera un règlement qui s'appliquera à tous les
citoyens. Si le règlement est trop difficile, bien sûr, ça
va retomber sur les citoyens, mais, de façon générale, il
ne s'agit pas de dire: Dans le cas de telle demande, c'est tant, et dans le cas
de telle autre demande, c'est tant. Je pense qu'il s'agit d'avoir l'assurance
que la personne va réaliser les travaux pour lesquels elle met en branle
le processus municipal. Cette assurance, en parlant de caution, par
expérience, ce n'est pas nécessairement de l'argent. Il y a des
lettres de crédit bancaire, il y a toutes sortes de formes de garantie,
il y a des délais de réalisation. Dans un cas, la
municipalité a dit: Si le projet est réalisé
dans les deux ans, on lui remet sa garantie, on le libère de sa
garantie, qui était une lettre de crédit, non pas 0,50 $, il n'y
avait aucune somme déboursée. Dans d'autres cas, ce sont des
garanties de taxes. Cela existe pour les travaux municipaux.
Le Président (M. Boucher): L'article 10 est
rejeté?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Boucher): L'article 11.
M. Léonard: À l'article 11, il n'y a pas de
problème.
M. Delisle: À l'article 11, vu le rejet de l'article
concernant lac des Piles, il va falloir garder les dispositions qui existent
dans la charte de la ville de Grand-Mère et qui prohibent de
façon complète certaines activités au lac Giguère,
qui est dans Saint-Jean-des-Piles, et certaines activités au lac des
Piles qui sont complètement prohibées par la charte actuelle. On
demande de garder les dispositions existantes que le nouveau règlement
nous aurait permis d'assouplir.
M. Léonard: Est-ce que vous en gardez? Elles sont
abrogées...
M. Delisle: Le paragraphe 4 de l'article 11 serait retiré,
le paragraphe 6 de l'article 11 serait retiré.
M. Léonard: On garderait les paragraphes 1, 2, 3 et 5?
M. Delisle: C'est ça.
M. Léonard: Le paragraphe 5 devient 4.
Le Président (M. Boucher): Le paragraphe 4 est
rejeté, le paragraphe 6 est rejeté.
M. Léonard: Le reste est adopté.
Le Président (M. Boucher): Le paragraphe 5 deviendrait
4.
M. Léonard: L'article 11 est adopté.
Le Président (M. Boucher): Ce serait adopté?
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 13.
M. Léonard: À l'article 5, est-ce que votre fonds
de roulement est épuisé?
M. Delisle: À l'article 5? M. Léonard: Au
paragraphe 5. M. Delisle: II faut l'abroger. M. Léonard:
II faut l'abroger.
M. Delisle: C'est l'article qui limite -c'est l'article 6 du
chapitre 75 des lois de 1952-1953 - à 5 $ les amendes pour le
règlement de circulation et de stationnement.
M. Léonard: Ah!
M. Delisle: C'est pourquoi on arrivait avec une nouvelle
disposition, mais le ministère de la Justice préfère faire
sa refonte générale. Alors, au moins, on va essayer de s'ajuster
à la loi actuelle qui...
M. Léonard: L'article 3 se réfère à
un fonds de roulement. Est-ce qu'il faut l'abroger aussi?
M. Delisle: Maintenant, la ville a un fonds de roulement selon la
Loi sur les cités et villes.
M. Léonard: D'accord.
M. Delisle: Si elle a un fonds de roulement, cet article est
devenu inopérant.
M. Léonard: Cela va.
M. Delisle: L'article 13 est retiré.
Le Président (M. Boucher): L'article 12...
M. Léonard: Oui, d'accord.
Une voix: À l'article 12, vous vous référez
à l'article 4.
Le Président (M. Boucher): Le nouvel article 4.
M. Léonard: Oui, le nouvel article 4.
M. Delisle: L'article 12 vise le transport.
M. Léonard: D'accord.
M. Delisle: Alors, comme il s'agit de ratifier des actes faits,
il faut que cela soit déclaratoire.
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. L'article
13?
M. Delisle: L'article 13 est retiré parce
qu'il concernait toujours le lac des Piles et on stipulait que les lois
existantes cesseraient d'avoir effet avec la nouvelle
réglementation.
M. Léonard: Retiré.
Le Président (M. Boucher): Retiré. L'article
14?
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Alors, le projet
de loi no 258, Loi concernant la ville de Grand-Mère, est adopté,
tel qu'amendé. Je demanderais au rapporteur de faire rapport à
l'Assemblée nationale au nom des membres de la commission.
M. Léonard: Je dois remercier les gens de la ville de
Grand-Mère. Je trouve qu'ils ont un bon score sur un projet de loi aussi
difficile.
M. Lafontaine: M. le Président, M. le ministre, MM. les
membres de la commission parlementaire, vous me permettrez de terminer mes
propos en vous transmettant mes remerciements pour la patience que vous avez
eue à nous écouter, même si on a fortement insisté
dans certains cas.
Je voudrais remercier d'une façon toute particulière le
parrain du projet de loi, le député de Champlain, M. Marcel
Gagnon, ainsi que M. le vice-président de l'Assemblée nationale,
qui n'a pas ménagé ses efforts pour nous faciliter l'accès
à tous les ministères.
Ce soir, je suis accompagné de cinq de mes six conseillers, qui
sont MM. André Bélanger, Jacques Gélinas, Roger Thibodeau,
Gérald Bastarache et Jean Saint-Hilaire, et aussi du procureur, Me
Conrad Delisle, qui n'a pas ménagé son temps, même qu'il a
passé des journées de 24 heures à travailler sur notre
dossier.
En fin de compte, je dis merci à tout le monde. M. le ministre,
je vous dis ceci. L'article 2, vous allez le voir réapparaître
à la prochaine session.
M. Léonard: On a un engagement de
Saint-Jean-des-Piles.
M. Lafontaine: II y a aussi le gérant, M. Gilles
Dubé, qui a travaillé aussi très fort à bâtir
les dossiers. Enfin, on a formé une équipe complète pour
essayer de régulariser des situations. On vous remercie infiniment.
M. Gagnon: Je vais essayer de convaincre le ministre.
Le Président (M. Boucher): Merci beaucoup au nom de tous
les membres de la commission.
Maintenant, le projet de loi concernant Trois-Rivières. On me dit
qu'on serait prêt à l'adopter pour les articles suspendus.
Une voix: Cela va aller à la fin.
Le Président (M. Boucher): Cela n'est pas prêt?
M. Léonard: Non.
Le Président (M. Boucher): On va suspendre pour une
dizaine de minutes.
M. Léonard: Non. Il y a Longueuil.
Le Président (M. Boucher): Oui, mais on m'a dit de
suspendre, entre-temps, pour préparer...
M. Léonard: D'accord, suspension de dix minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 14)
(Reprise de la séance à 22 h 38)
Projet de loi no 264 (suite)
Le Président (M. Boucher): Nous reprenons le projet de loi
no 264, Loi modifiant la charte de la ville de Trois-Rivières. Les
articles 3 et 7 avaient été suspendus. J'appelle l'article 3.
M. le ministre.
M. Léonard: Est-ce qu'il faut le lire, M. le
Président?
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît.
M. Léonard: Je vais le lire. L'article 3 se lirait comme
suit: "L'article 415 de la Loi sur les cités et villes est
modifié pour la ville par l'addition au paragraphe 6 des alinéas
suivants: "Pour exiger du requérant d'un permis de construction, au lieu
de l'espace de stationnement requis par le règlement de zonage, le
paiement d'une somme d'argent résultant de la multiplication de la
superficie de stationnement requise par un facteur déterminé,
cette somme d'argent ne devant jamais être supérieure à
1000 $. "Le produit de ce paiement doit être versé dans un fonds
spécial qui ne peut servir qu'à l'achat ou à
l'aménagement d'endroits, bâtiments ou espaces
réservés et aménagés en permanence pour le
stationnement hors-rue de véhicules."
Adopté?
Le President (M. Boucher): Le nouvel article 3 est adopté.
J'appelle l'article 7. Il y a une annexe à l'article 7.
M. Léonard: L'article 7, 1. "La ville de
Trois-Rivières est autorisée à acquérir, de
gré à gré ou par expropriation, tout immeuble dont
l'acquisition est jugée appropriée pour fins de réserve
foncière ou d'habitation et pour les travaux connexes à ces fins
ainsi que tout immeuble désuet ou dont l'occupation est nocive. "La
ville est également autorisée à acquérir, de
gré à gré ou par expropriation, l'immeuble décrit
à l'annexe. "La ville peut exercer les pouvoirs prévus au premier
alinéa à l'intérieur de son territoire. "Le présent
article s'applique sous réserve de la Loi sur la protection du
territoire agricole (LRQ, chapitre P-41.1). "Le présent article ne
s'applique pas à l'acquisition d'immeuble pour fins industrielles. 2.
"La ville est autorisée à détenir, louer et administrer
les immeubles acquis en vertu du paragraphe 1. Elle peut aménager ces
immeubles et y installer les services publics nécessaires; elle peut
également démolir ou restaurer les bâtiments et autres
ouvrages y ériger ou y construire de nouveaux bâtiments pour fins
d'habitation, de loisirs, de récréation et autres fins
accessoires. La ville est aussi autorisée à construire sur
l'immeuble acquis en vertu du deuxième alinéa du paragraphe 1 de
nouveaux bâtiments pour fins commerciales et de stationnement. "La ville
est autorisée à exercer les pouvoirs prévus au premier
alinéa sur les immeubles dont elle est déjà
propriétaire. Elle peut les aliéner aux conditions qu'elle
détermine avec l'approbation de la Commission municipale du
Québec, pourvu que le prix d'aliénation soit suffisant pour
couvrir toutes les dépenses relatives à l'immeuble
concerné y compris celles encourues pour la restauration, la
démolition et la construction, le cas échéant. "La ville
peut aliéner, à titre gratuit, ou pour un prix inférieur
à celui prévu au présent article, un tel immeuble ou
bâtiment en faveur du gouvernement, de l'un de ses organismes, d'une
corporation scolaire ou de son office municipal d'habitation, ou un autre
organisme à buts non lucratifs; dans ce dernier cas, l'autorisation de
la Commission municipale du Québec est requise."
Adopté?
Le Président (M. Boucher): Adopté. Le nouvel
article 7 est adopté.
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Et l'annexe?
M. Léonard: L'annexe: "Trois-Rivières, lots 737-2,
736-2, 735-2, 734-2, 742-4, 742-3, 733-2, 732-2, 742-2, 731 du cadastre
officiel révisé de la ville de Trois-Rivières."
Le Président (M. Boucher): Annexe adoptée?
M. Bourbeau: Adopté sur division. Le Président
(M. Boucher): Alors...
M. Léonard: À l'article 3 que nous avons
adopté tout à l'heure et qui pourrait se dire: "L'article 415 de
cette loi," cela signifiait de la Loi sur les cités et villes (L.R.Q.,
chapitre C-19).
Le Président (M. Boucher): II faut ajouter l'article 415
de cette loi, entre parenthèses...
M. Léonard: À la place de "cette loi", vous...
Le Président (M. Boucher): ... de la Loi sur les
cités et villes (L.R.Q., chapitre C-19). C'est adopté tel
qu'amendé?
M. Léonard: D'accord. Article 11.
Le Président (M. Boucher): L'article 11 n'était pas
adopté?
M. Léonard: Non, vous pouvez l'adopter.
Le Président (M. Boucher): L'article 11 n'était pas
adopté. Est-il adopté? Oui?
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Le préambule est-il
adopté?
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Le projet de loi no 264, Loi
modifiant la charte de la ville de Trois-Rivières, est adopté tel
qu'amendé. Je prie le rapporteur d'en faire rapport à
l'Assemblée nationale au nom des membres de la commission.
M. Léonard: L'annexe est-elle adoptée aussi?
Le Président (M. Boucher): Nous avons adopté
l'annexe tantôt.
M. Léonard: L'annexe est adoptée.
Projet de loi no 220
Le Président (M. Boucher): J'appelle
maintenant le projet de loi...
M. Léonard: ... no 220, Loi modifiant la charte de la
ville de Longueuil.
Le Président (M. Boucher): ... no 220, Loi modifiant la
charte de la ville de Longueuil, projet présenté par M. Roland
Dussault.
M. Léonard: D'une épaisseur respectable, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le député
de Châteauguay?
M. Dussault: Si on me permet, M. le Président, je ne suis
pas membre de la commission ni intervenant. J'avais ce soir à intervenir
sur le projet de loi 75 sur la SDI. Puis-je tenir pour acquis que, si j'ai
à intervenir, j'ai le consentement de la commission?
Le Président (M. Boucher):
Habituellement, le parrain peut intervenir.
M. Dussault: Merci, M. le Président. Je ne doute pas que
les gens de Longueuil soient aptes à défendre leur projet de loi.
Je pense qu'ils vont le faire très bien, mais je pourrai peut-être
y mettre mon grain de sel à un moment donné.
Le Président (M. Boucher): Bien sûr. M. le ministre
ou M. le maire. Oui, vous demeurez assis. Le micro vous...
M. Robidas (Marcel): M. le Président, M. le ministre, MM.
les membres de la commission parlementaire, je vous remercie de nous recevoir
alors que votre feuilleton est tellement chargé. Vous arrivez à
la fin de la session. Je sais que vous êtes pas mal fatigués. Vous
avez fait beaucoup de bon travail pour nous, les citoyens du Québec,
mais je voudrais vous remercier quand même au nom de tous les membres du
conseil de nous recevoir ici ce soir. (22 h 45)
Je voudrais vous présenter ceux qui m'accompagnent. Vous avez
devant vous les membres d'un comité ad hoc que la ville de Longueuil a
nommé spécifiquement pour le projet de loi privé de
Longueuil. Je vous les présente dans l'ordre où ils sont ici et
je vous donne le titre qu'ils ont au conseil: M. Jacques Bouchard, conseiller
indépendant; M. Paul-Émile Paquin, conseiller du Parti civique.
À ma gauche, MM. Roger Ferland et André Létourneau, qui
sont les deux représentants du Parti municipal. Cela vous donne un
portrait du conseil et c'est un bon portrait qui se présente devant
vous. Me Jean-Jacques Rainville...
M. Bourbeau: Non seulement un bon, mais un beau portrait
aussi.
M. Robidas: C'est cela. Je vous remercie d'avoir
complété ce que j'avais à dire. Me Jean-Jacques Rainville
est le conseiller juridique qui a été engagé pour la
présentation de ce bill. Me Claude Séguin que vous voyez ici, qui
est le directeur du contentieux de la ville, et M. Fernand Poiré, le
directeur général, sont venus de leur propre chef, parce qu'ils
sentaient le besoin pour eux d'être présents ici. Voilà,
dans l'ensemble, les présentations.
Ceci pour vous dire que, depuis 1969, la ville de Longueuil est devenue
la quatrième en importance au Québec par la fusion des anciennes
cités de Longueuil et de Jacques-Cartier. Depuis 1969, cette ville a
pris de l'importance. Elle est passée d'un peu moins de 100 000 à
135 000 habitants. À quatre reprises, nous nous sommes
présentés ici devant l'Assemblée nationale pour obtenir un
comité exécutif, parce que nous croyions que c'était un
outil nécessaire pour une ville de cette importance. Malheureusement,
pendant toutes ces années, l'unanimité ne s'était pas
faite sur le comité exécutif. Les raisons invoquées
à l'époque étaient que le conseil n'était
formé que de huit membres, avec le maire, soit neuf membres, et que cela
ne justifiait pas - à l'époque - un exécutif. Cependant,
la loi no 44 et la loi no 105 nous ont donné, si vous le voulez, un
nombre considérable de conseillers puisque nous en avons 17
présentement; nous en aurons 19 à partir du mois de novembre
prochain, ce qui fait un conseil de 20 personnes. Alors, vous comprendrez que
cela devient impérieux. C'est pour cela qu'aujourd'hui, le principal
article que nous souhaitons discuter avec vous, c'est bien cet outil
très important et que j'estime essentiel à la bonne marche de
l'administration municipale à Longueuil. Je ne voudrais pas être
bien long, je voulais simplement faire ce préambule. Je sais que l'heure
est tardive. Nous allons essayer d'être très conciliants, nous
allons essayer de faire cela aussi vite que possible pour que vous puissiez
bénéficier de quelques heures de sommeil, parce que je sais que
vous n'en avez pas beaucoup de ce temps-là. Alors, voilà
brièvement.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le maire. M. le
ministre, est-ce que vous avez des commentaires préliminaires?
M. Léonard: Oui. Des officiers du ministère et vos
officiers se sont rencontrés pour examiner le projet de loi. Quant
à nous, nous avons examiné la situation de la ville de Longueuil
par rapport aux autres villes du Québec et surtout par rapport à
cette question du comité exécutif. Nous avons
constaté effectivement que Longueuil était la seule ville
qui n'avait pas de comité exécutif parmi les grandes villes du
Québec. C'est la quatrième grande ville du Québec qui,
disons, dépasse les 100 000 habitants et, compte tenu d'un certain
nombre de facteurs, nous sommes donc disposés à accorder un
comité exécutif. Maintenant, la loi no 105 a été
adoptée quand même assez récemment. Elle contenait des
dispositions qui amènent plutôt la formation d'un comité de
type administratif, mais, en tout cas, tout cela est fait en fonction d'une
meilleure transparence possible des décisions du conseil, de
l'exécutif, des élus municipaux par rapport à la
population et à ce qu'elle désire. Alors, je pense que, tout au
cours de l'étude de ce projet de loi, nous voudrions que tout le monde
garde le souci que nous avons et avons eu en tête lors de l'adoption de
la loi no 105 et que nous voulons maintenir dans le projet de loi privé
de la ville de Longueuil. Quant à l'exécutif, nous sommes
d'accord sur le principe.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député de Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, il me fait plaisir, au' nom
de l'Opposition, de souhaiter la bienvenue aux visiteurs, représentants
de la ville de Longueuil qui, comme on l'a déjà dit à une
couple de reprises, est l'une des villes les plus importantes en termes de
population au Québec, la quatrième. Je signale aux membres de
cette commission que la ville de Longueuil a le grand avantage d'être
représentée à l'Assemblée nationale par trois
députés dont deux font partie de la formation gouvernementale et
un de l'Opposition. Évidemment, les députés de la
formation gouvernementale siègent tous les deux au Conseil des ministres
alors que le député de l'Opposition est un député
ordinaire, mais, malgré ce déséquilibre apparent dans le
poids relatif des députés qui représentent la ville de
Longueuil, je note qu'un seul des trois députés a jugé le
projet de loi suffisamment important pour venir ici ce soir le défendre
à la table des commissions.
Ceci dit, M. le Président, je peux le dire...
M. Rochefort: Vous allez sûrement être
réélu aux prochaines élections avec ce discours.
M. Bourbeau: ... nous allons collaborer entièrement au
projet de loi et je suggère qu'on passe le plus tôt possible
à l'article 1.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député. J'appelle donc l'article 1. M. le maire.
M. Rainville (Jean-Jacques): M. le Président, cette
disposition a principalement pour but de pallier une lacune en ce qui concerne
le ville de Longueuil. À l'heure actuelle, la ville de Longueuil a
beaucoup de terrains qui sont sous baux emphytéotiques bien que la loi
générale ne prévoie pas ce pouvoir en particulier.
Déjà, dans la charte de la ville de Longueuil, il y a des
dispositions concernant le bail emphytéotique, mais ces dispositions, de
toute évidence, ne s'appliquent qu'à des parcelles du territoire
de la ville de telle façon qu'il semble y avoir une
insécurité juridique qui pourrait mettre en doute les baux
emphytéotiques consentis jusqu'à ce jour par la ville. Je vous
réfère à l'article 5 du projet de loi adopté en
1964 par l'Assemblée nationale (11-12 Élizabeth II, chapitre 83)
qui, lui, a accordé à la ville, par texte législatif, le
pouvoir de conclure des baux emphytéotiques. Mais ce texte ne semble pas
avoir effet sur l'ensemble du territoire et c'est pour éviter cette
ambiguïté que nous vous demandons aujourd'hui d'adopter ce
changement.
M. Léonard: Écoutez, je pense que ce pouvoir est
déjà prévu à la Loi sur les cités et villes.
Il n'y a personne qui s'en est plaint jusqu'ici. Tout le monde a bien
fonctionné avec ça. Mes juristes trouvent que c'est inutile.
M. Rainville; Sans doute, la loi de 1964 l'était-elle aussi
à ce moment, mais, au plan de l'interprétation des principes
juridiques, le législateur s'est déjà prononcé dans
la charte de la ville. S'il ne le fait pas pour l'ensemble du territoire, il y
a un doute juridique qui va subsister.
M. Léonard: Je pense que c'est déjà
prévu à la Loi sur les cités et villes. Le
législateur ne parle pas pour rien dire. Si on fait ça, il va
falloir que toutes les villes reprennent leurs baux emphytéotiques pour
les rendre conformes à cet article en faisant adopter des bills
privés. Non.
M. Rainville: Enfin, la Loi sur les cités et villes est
muette en ce qui concerne les baux emphytéotiques. Ce n'est pas
prévu. La Loi sur les cités et villes est muette sur ce
sujet.
M. Léonard: La Loi sur les cités et villes permet
de disposer d'un terrain. Quand vous passez un bail emphytéotique, vous
disposez d'un terrain.
M. Bourbeau: II s'agit à ce moment -c'est une question de
sémantique - de décider si le mot "disposer" veut signifier louer
par bail emphytéotique. Vous dites que le Fait d'utiliser le mot
"disposer" signifie que ça inclut "loué par bail
emphytéotique".
Maintenant, la distinction que vous faites au sujet de votre loi de
1964, y aurait-il moyen de reprendre cela? Vous avez eu un bill privé en
1964, une loi privée...
M. Rainville: Écoutez, je pense qu'il est important de
signaler que cet objet n'a qu'un but préventif. Cependant, si les
légistes du ministère peuvent en prendre bonne note, je pense
qu'il y a un vrai problème. Il n'y a pas urgence à ce qu'il soit
réglé demain matin, mais il est important que ce problème
soit réglé, en particulier parce que le législateur s'est
déjà prononcé par loi privée. En
conséquence, quand le législateur se prononce sur un sujet, c'est
parce que, s'il ne s'était pas prononcé, il n'y aurait pas eu de
pouvoir. Donc, comme le législateur s'est déjà
prononcé pour la ville de Longueuil, c'est qu'il n'y avait pas de
pouvoir; sans ça, il n'aurait pas eu besoin de se prononcer. Et, s'il
n'y avait pas de pouvoir, c'est donc que, pour le reste, il y a un doute
juridique qui est néfaste, qui est dangereux et pour lequel il pourrait
y avoir des problèmes.
M. Bourbeau: La loi de 1964...
M. Rainville: Oui, elle disait "aliéner par vente ou bail
emphytéotique à l'enchère ou après demande de
soumissions publiques des terrains rendus disponibles pour le
réaménagement." Mais ces terrains ont été
longuement énumérés précédemment; c'est pour
cette raison que je parle de parcelles du territoire de la ville.
M. Bourbeau: C'étaient des terrains que vous aviez acquis
de la Voie maritime, je suppose?
M. Rainville: Oui.
M. Bourbeau: D'ailleurs, je connais bien ces terrains. Ce sont
des terrains pour lesquels même votre titre de propriété
était mis en doute.
M. Rainville: Oui.
M. Bourbeau: L'objet de la loi n'était-il pas de ratifier
votre titre de propriété sur ces terrains? C'est ce que je
présume.
M. Rainville: Entre autres, il avait pour objet d'assurer ce
titre, mais également d'assurer un mode d'exploitation pour permettre
à la municipalité de les mettre en valeur.
Une voix: D'accord. Rejeté.
Le Président (M. Boucher): L'article 1 est
rejeté.
M. Bourbeau: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division. L'article 2?
M. Rainville: L'article 2 est simplement la disposition
première concernant le comité exécutif qui prévoit
que la ville est représentée et que ses affaires sont
administrées par un conseil composé du maire et des conseillers
et par un comité exécutif composé du maire et de quatre
conseillers dont un agit comme président et un autre comme
vice-président.
Ce sont des modalités. On aurait pu en choisir d'autres. Il y a
eu un consensus qui s'est développé, sur la scène
municipale, concernant ce comité exécutif après de
nombreuses réunions entre les intervenants de la scène
municipale. Je pense qu'il n'est pas nécessaire d'élaborer
longuement, compte tenu de l'heure en particulier et du fait que le ministre
nous a mentionné, tout à l'heure, qu'il considérait
l'importance, pour la municipalité de la ville de Longueuil, d'avoir un
comité exécutif. C'est l'article introductif concernant ce
comité exécutif.
M. Léonard: Comme je l'ai dit tout à l'heure, nous
sommes d'accord avec ce comité exécutif. Quant à sa
composition, dans tous les comités exécutifs qu'il y a au
Québec, à l'heure actuelle, sauf celui de Montréal, qui
est une ville de 1 000 000 d'habitants, c'est le maire qui agit comme
président. Alors, je pense qu'il va falloir apporter un amendement
à l'article et nous l'adopterons: par un comité exécutif
composé du maire et de quatre conseillers... Je ne sais pas comment on
veut le libeller.
M. Rainville: Composé du maire qui agit comme
président.
M. Léonard: Dont le maire est le président.
M. Rainville: Composé du maire qui agit...
M. Léonard: Composé du maire qui agit comme
président et de quatre conseillers dont un...
M. Rainville: Dont un agit comme vice-président.
M. Léonard: ... agit comme vice-président.
Le Président (M. Boucher): Composé du maire...
L'amendement se...
M. Léonard: Attendez un peu! S'il vous plaît! Il y a
un libellé général, là-dessus. C'est l'article
5.
M. Rainville: Oui.
M. Léonard: La ville est représentée et ses
affaires sont administrées par un conseil composé du maire et des
conseillers et b par un comité exécutif composé du maire
comme président et de quatre conseillers dont l'un agit comme
vice-président.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'amendement au
paragraphe b est-il adopté?
M. Bourbeau: Est-ce que cela satisfait les membres de la ville de
Longueuil?
M. Rainville: Oui. Cela va. Je pense que c'est une
modalité qui ne devrait pas poser de problème dans son
application.
M. Léonard: II faudrait l'écrire. Est-ce que vous
avez un texte? C'est parce que le président a besoin de cela.
M. Bourbeau: Ce n'est pas un amendement qui est difficile
à rédiger. Il a quelques mots, simplement.
M. Léonard: C'est qu'il va y en avoir plusieurs. Il n'y a
tout de même pas beaucoup d'éléments à
rédiger qui vont être différents.
Si vous me permettez une considération d'esprit
général qui va faciliter les choses, nous avons certaines lois
privées qui ont été adoptées, concernant les
comités exécutifs et nous allons intégrer cela pour que
cela convienne à Longueuil. À partir de là, il va falloir
rédiger maintenant, parce que c'est "à la mitaine"... On
espère finir à temps. J'espère qu'on aura votre concours
pour continuer après minuit.
M. Bourbeau: M. le maire, je ne forcerai pas les gens de
Longueuil à revenir demain. Je suis prêt à passer la nuit,
s'il le faut.
M. Rainville: Les dispositions de l'article suivant concernent
les pouvoirs...
Le Président (M. Boucher): Je m'excuse. M.
Léonard: Un instant!
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 2...
M. Léonard: II faut reprendre l'amendement. Ce ne sera pas
long. Le paragraphe b serait modifié et se lirait comme suit: "Par un
comité exécutif composé du maire comme président et
de quatre conseillers dont l'un agit comme vice-président."
Le Président (M. Boucher): ... et de quatre conseillers
dont...
M. Léonard: Dont l'un agit comme
vice-président.
Le Président (M. Boucher): Dont un ou l'un...
M. Léonard: Dont l'un...
Le Président (M. Boucher): ... agit comme
vice-président... (23 heures)
M. Léonard: ... agit comme vice-président.
Le Président (M. Boucher): Article 2, adopté, tel
qu'amendé?
M. Léonard: Oui, l'amendement est adopté et
l'article 2 est adopté tel qu'amendé.
M. Bourbeau: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 3.
M. Léonard: M. le Président, nous sommes d'accord
avec l'article 3, sauf le paragraphe g.
M. Rainville: En fait, cette disposition qui fait partie de notre
projet de loi, vous la retrouverez également dans beaucoup d'autres
lois, particulièrement de mémoire, dans celle de la ville de
Laval, celle concernant le comité exécutif de Hull et qui fait en
sorte que le conseil peut, par règlement, déléguer tous
ses pouvoirs à l'exception de ceux qui sont conférés par
cet article au comité exécutif. C'est un pouvoir qui est
évidemment important, mais le conseil n'a pas l'obligation de le faire.
Il peut le faire selon ce qui lui semble opportun et, encore une fois, ce n'est
pas là créer quelque chose de nouveau. Ce sont des dispositions
qui existent dans d'autres lois. Les gens qui siègent actuellement au
conseil considéraient qu'il était important, étant
donné que l'on ne peut pas dans un projet de loi privé
prévoir toutes les situations, avoir cette espèce de soupape
supplémentaire pour faire en sorte que dans une situation non
prévue par la loi on puisse déléguer néanmoins au
comité exécutif le pouvoir d'agir. Cela permettra
éventuellement d'éviter d'avoir à revenir avec une
nouvelle loi privée parce que les pouvoirs que le comité
exécutif pourra exercer seront tous les pouvoirs que la ville peut
exercer sur règlement à cet effet par le conseil, sauf les
règlements prévus ou les dispositions, les pouvoirs prévus
par l'article.
M. Robidas: M. le Président, M. le ministre, messieurs, je
crois qu'au paragraphe g, c'est un pouvoir qui est donné et qu'il est
discrétionnaire au conseil de l'accorder ou de le retirer,
effectivement. Si le conseil
accorde des pouvoirs dans un règlement, il a également le
pouvoir de les retirer si l'exécutif ne se rend pas digne de la
confiance qui lui a été accordée par le conseil. Je pense
que tout le monde est bien protégé dans cet article.
M. Léonard: Je vais simplement faire remarquer que, dans
les derniers comités exécutifs qui ont été
créés, cela a été retiré, notamment,
à Charlesbourg, et le pouvoir de délégation du conseil
vers le comité exécutif, c'est justement un cas où ce
serait trop facile d'en déléguer beaucoup à
l'exécutif et finalement la transparence y perdrait beaucoup. Je pense
que c'est un élément assez important de l'article 3 g, à
mon avis, par rapport à la transparence. Sainte-Foy ne l'a pas eu.
Charlesbourg ne l'a pas eu. Je pense que, quand on considère cela, ce
sont seulement les premiers comités exécutifs qui ont
été créés qui ont eu cela et cela n'a pas
été accordé aux derniers.
Le Président (M. Boucher): Oui, monsieur?
M. Ferland (Roger): M. le Président, j'aimerais vous faire
remarquer que cette disposition existe actuellement dans le Code scolaire et
s'applique à toutes les commissions scolaires. Je pense que les
villes...
M. Léonard: Mais est-ce que les municipalités
prennent cela comme un modèle de démocratie?
M. Ferland: Je ne dis pas cela. Je dis simplement que je pense
que les villes devraient avoir au moins autant de pouvoirs que les conseils de
commissaires. Cela ne vous convainc pas, je pense.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, il est bien évident
que...
M. Léonard: Si vous me permettez, juste pour terminer
là-dessus, c'est qu'il y a une différence entre les deux.
L'exécutif siège à huis clos alors que le conseil
siège en public. C'est cela la différence. Il faut voir que,
lorsqu'il y a une délégation comme cela "at large", pour moi, ce
n'est vraiment pas la lancée de la loi no 105 qui est
là-dedans.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, le ministre fait toujours
référence à la ville de Charlesbourg. Je lui ferais
remarquer que la ville de Longueuil est quand même une ville beaucoup
plus importante en termes de population que la ville de Charlesbourg, sans
vouloir en aucune façon dire quoi que ce soit de dérogatoire
à l'égard de la ville de Charlesbourg. D'autre part, comme l'a
fait remarquer M. Ferland tout à l'heure, cela existe déjà
dans les commissions scolaires. Je sais que le gouvernement n'accorde pas la
même importance au maintien des commissions scolaires que l'Opposition,
mais je pense que cela existe quand même depuis longtemps. En ce qui
concerne la transparence, nous sommes tout à fait d'accord, mais il y a
aussi l'efficacité qui doit, je pense, être
considérée là-dedans. Le but de la demande et de
l'obtention d'un comité exécutif, je pense que c'est pour obtenir
une meilleure efficacité. Je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas
permettre au conseil municipal de Longueuil de déléguer à
son comité exécutif la majorité de ces pouvoirs qui sont
indiqués, quitte à retirer ces pouvoirs si jamais le conseil
municipal se rend compte que les pouvoirs sont trop importants.
M. Lachance: M. le Président, question de directive, s'il
vous plaît.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Bellechasse.
M. Lachance: Est-ce qu'en commission parlementaire, les
députés peuvent faire une motion non annoncée?
Le Président (M. Boucher): Vous pouvez faire une motion
d'amendement.
M. Rochefort: Allez-y, on vous le dira.
M. Lachance: On voudrait faire une motion non annoncée
pour demander de remplacer le député de Laporte par celui de
Hull.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. Bourbeau: Si je ne connaissais pas le député, je
pourrais peut-être m'insurger contre une telle remarque, mais je sais
qu'il dit cela pour badiner, je vais passer outre.
M. Lachance: Heureusement qu'on a trouvé quelqu'un ce soir
pour siéger.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le paragraphe g est
retiré?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Boucher): Retiré.
M. Bourbeau: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division. L'article 3
est-il adopté tel qu'amendé?
M. Léonard: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 4?
M. Bourbeau: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur
division..
M. Bourbeau: Bien oui. S'il y a un article qui est sur division,
je pense bien que tout le paragraphe devient sur division. Ce serait assez
illogique d'opposer un...
Le Président (M. Boucher): La division, c'est sur
l'amendement.
M. Léonard: C'est un bon score, il y a juste le g qui a
sauté.
M. Bourbeau: Le paragraphe g, c'est tout.
Le Président (M. Boucher): L'article 4.
M. Rainville: L'article 4 concerne le mode de nomination des membres du
comité exécutif. Cette disposition a encore fait l'objet
d'observations et de représentations de la part des membres du
comité ou du conseil. Il y a eu de longues délibérations
et on a trouvé un mode d'élection ou de nomination qui puisse
convenir aux différents intervenants de la scène municipale de
Longueuil. C'est un mode de nomination qui n'est pas exceptionnel. Je pense
qu'il n'y a pas d'objection du contentieux du ministère en ce qui
concerne ces dispositions.
M. Léonard: Pourquoi est-ce que ce n'est pas le maire qui
choisit les membres de l'exécutif?
M. Rainville: En fait, la situation qui est vécue, je
pense qu'elle est bien connue de tous. Il arrive que, dans des
municipalités, le maire ne soit pas nécessairement majoritaire en
regard de son parti politique et de toutes les autres formations. À
l'heure actuelle, par exemple, et durant une très longue période,
au conseil de la ville de Longueuil, la majorité a pu varier et il y a
même eu de longues périodes où il n'y a pas eu de
majorité au conseil, les indépendants constituant un groupe, un
parti d'Opposition constituant un autre groupe, le parti du maire constitutant
un autre groupe. Il a été considéré comme
important, en tenant compte des dispositions de la loi qui font qu'à
l'heure actuelle il y a des partis politiques sur la scène municipale,
que ce soit le conseil qui nomme ou élise les membres, bien que le
projet prévoie la possibilité pour le maire de soumettre à
l'approbation du conseil une première motion relative à la
nomination de quatre membres du comité exécutif. Si cette motion,
qui ne peut être amendée, n'est pas adoptée, le conseil
procède de sa propre initiative à la nomination et à
l'élection des quatre membres du comité exécutif, selon la
procédure d'élection qui est prévue à l'article.
C'est donc pour permettre et assurer une représentation adéquate
des divers mouvements qui pourraient éventuellement composer le conseil
municipal de la ville que tous les intervenants actuels du conseil ont
accepté cette formulation, après avoir examiné celle
où le maire procède à la nomination comme cela existe
ailleurs et également celle où, comme dans d'autres
municipalités, il y a ouverture à une élection par les
membres du conseil. Il a été jugé que cette façon
de procéder permettrait une meilleure représentation au sein de
l'exécutif des diverses tendances du conseil.
M. Bourbeau: Est-ce que je pourrais dire un mot
là-dessus?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Oui. J'aimerais m'exprimer sur cet article, M. le
Président. Je pense que la situation qui prévaut à
Longueuil depuis quelques années est tout à fait
particulière. Il n'y a peut-être pas un autre exemple au
Québec où l'on a trois groupes de conseillers qui ne sont pas du
même parti, comme vient de l'expliquer le procureur et, à
l'occasion, il y a eu même des modifications dans les groupes.
Malgré cette situation qui est assez spéciale, il y a quand
même une certaine harmonie qui a réussi à se maintenir au
cours des années et qui a fait que la ville de Longueuil a quand
même réussi à s'administrer d'une façon tout
à fait exemplaire. Je pense qu'il serait illogique qu'on permette, par
exemple, après une élection à un maire de désigner
les membres du comité exécutif si, par exemple, il n'avait pas la
majorité au conseil. Je voudrais simplement donner l'exemple suivant. Il
y aura 19 conseillers à Longueuil à partir du mois de novembre
prochain. Alors, on a une élection. Supposons que quelqu'un est
élu maire, que ce soit le maire actuel ou un autre, et qu'il a avec lui
cinq conseillers dans son équipe et que le parti de l'Opposition a 14
conseillers, on pourrait alors voir se réaliser une situation tout
à fait loufoque où vous auriez le maire et ses quatre conseillers
qui seraient membres du comité exécutif et où l'ensemble
du conseil municipal, la très grande majorité, n'aurait
absolument aucun mot à dire dans l'administration des choses de la
ville. Alors, ce serait la démocratie bafouée où la
très
grand majorité des citoyens qui ont élu des trois quarts
des conseillers municipaux, non seulement n'auraient pas élu le maire,
ce qui est tout à fait normal, parce que le maire est élu au vote
universel, mais n'auraient même pas un seul conseiller municipal au
comité exécutif.
À mon avis, je trouve que la rédaction de cet article est
sage et elle est également souhaitable parce qu'elle donne la
possibilité au maire de nommer l'exécutif, si le maire est
majoritaire. Donc, dans un premier temps, le maire propose un exécutif;
si le maire a la majorité avec son équipe, évidemment,
cela va passer du premier coup. Dans le cas contraire, c'est le conseil, qui
représente vraiment l'ensemble de la population, qui nomme alors les
membres du comité exécutif. Si jamais l'on se retrouvait avec
deux ou trois équipes qui se divisent également les conseillers,
ce pourrait faire l'objet d'un arbitrage entre les différents groupes
pour faire en sorte que le comité exécutif soit
représentatif. Quant à moi, je trouve que cet article est
très important, parce que si l'on ne l'adopte pas, il va avoir pour
effet la possibilité de créer une très grave injustice
pour la population en général. Je recommanderais fortement
à cette commission d'accepter l'article 52, paragraphe 1, enfin le
premier paragraphe qui est là.
Le Président (M. Boucher): M. le député.
M. Rochefort: M. le Président, je suis un peu surpris de
l'article qui nous est présenté ici quant à toute cette
belle mécanique qui est détaillée sur quelques pages dans
le projet de loi privé de la ville de Longueuil sur la façon de
nommer le comité exécutif de cette ville. Ma première
inquiétude, c'est que, finalement, je comprends un peu l'introduction de
M. le maire tantôt et le conseil municipal de Longueuil étant ce
qu'il est - je respecte cela, il est très légitime - on a
constitué un comité représentant les différentes
tendances qui sont présentes au conseil municipal pour en arriver
à produire le projet de loi qui est présentement devant nous. (23
h 15)
Je ne doute pas que le contenu de ce projet de loi, donc la
mécanique qui nous est proposée pour la formation du
comité exécutif reçoive l'assentiment de tout le monde,
tout le monde se disant: Au moins, cela nous donnera un certain nombre
d'assurances, de protections, de chances, etc., sauf que j'avoue que je ne suis
pas convaincu que l'ensemble des citoyens de Longueuil pensent la même
chose. Je n'ai pas la certitude que ce que nous retrouvons là soit
nécessairement quelque chose qui va dans le sens des
intérêts et des volontés des citoyens et des citoyennes de
Longueuil. Effectivement, cela me semble représenter les volontés
de ceux que cette population a élus à la dernière
élection municipale. Rien ne nous dit que nous revivrons la même
situation à la prochaine élection municipale. Rien ne nous dit,
même si les citoyens de Longueuil reportaient au sein du conseil
municipal de Longueuil, à l'occasion de cette prochaine élection,
un conseil, toutes proportions gardées, formé de
différentes tendances comme c'est le cas actuellement, que cette
population souhaiterait que le maire qu'elle a élu pour administrer la
municipalité ait si peu de marge de manoeuvre que cela pour constituer
son comité exécutif avec lequel il devra présider presque
quotidiennement aux destinées de cette municipalité.
Je crois qu'on essaie de créer une situation qui satisfait les
forces actuellement en présence, mais qui ne nous donne aucune assurance
quant à l'avenir et qui n'illustre sûrement pas - en tout cas, je
me pose des questions sur cela - la volonté des citoyens de Longueuil.
Quant à moi, on devrait plutôt respecter le jeu de la
démocratie. Si les citoyens de Longueuil vont élire un maire, au
cours de la prochaine élection municipale, pour qu'il gouverne, pour
qu'il administre leur municipalité, je pense qu'il est aussi important
de considérer que le tout, incluant les conseillers qui seront
élus, donnera le conseil municipal que Longueuil connaîtra
à ce moment-là et ils auront aussi des pouvoirs de contrôle
sur l'exécutif, ils seront en mesure de contrôler le comité
exécutif et il y aura donc un jeu démocratique qui
s'exercera.
Mais je pense qu'on doit retenir la formule qui prévaut à
peu près partout ailleurs, à ma connaissance, quant à la
formation des exécutifs de façon à s'assurer que les
règles démocratiques prévalent mais qu'aussi
l'efficacité du comité exécutif et la marge de manoeuvre
nécessaire au rôle de maire soient présentes dans le
fonctionnement des différentes instances du conseil municipal de
Longueuil.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Léonard: J'abonde dans le même sens que le
député de Gouin. Au Québec, le maire est élu sur le
territoire de l'ensemble de sa municipalité. Il tient sa
légitimité de tout le monde, alors que le conseiller la tient
généralement de quartiers; surtout à Longueuil, c'est le
cas.
D'autre part, si on compare différents systèmes municipaux
dans le monde, on peut peut-être opposer deux systèmes, le
système français et le système anglo-saxon. Dans le
système français, le maire est élu parmi les conseillers;
alors, il n'a pas de légitimité par
lui-même, règle générale - en tout cas, cela
dépend - alors qu'en Angleterre, dans le système anglo-saxon, le
maire est élu par toute sa municipalité, il est le chef de la
municipalité et il a des pouvoirs considérables. En France, il
n'a pas de pouvoirs. Ce qui reviendrait à dire que le maire, si le
conseil n'est pas d'accord, même s'il a été élu par
l'ensemble de la population, risque d'avoir d'énormes difficultés
à gouverner, au niveau de l'exécutif, parce qu'on peut lui
imposer des gens avec lesquels il travaillerait très mal.
À l'article précédent, quand on a décrit les
pouvoirs de l'exécutif, les balises, on fait une
délégation de pouvoirs très précise à
l'exécutif, donc, on limite son râle mais, en même temps, il
faut lui permettre de fonctionner. La représentation ou
l'équilibre de la représentation se retrouve au conseil. La
tâche de l'exécutif, lui, est de fonctionner. Vous demandez un
exécutif; pour qu'il soit efficace, il faut qu'il y ait une
équipe qui se tienne à l'intérieur de l'exécutif.
Je pense qu'il ne faut pas introduire à l'intérieur de
l'exécutif des dissensions qu'on peut retrouver normalement au niveau du
conseil. C'est pour cela que je ne suis pas disposé à accorder un
truc comme cela. Le maire, c'est le chef de l'exécutif.
M. Rainville: À ce sujet-là, tout en tenant compte
des arguments que vous avez soulevés, ainsi que le député
de Gouin, il reste néanmoins possible il y a des situations où
l'expérience s'est vécue et sans doute se vivra encore - qu'un
maire, même indépendant, ou un maire avec un parti de deux ou
trois conseillers, alors qu'il y a trois ou quatre conseillers à la
mairie, avec un nombre de suffrages...
M. Léonard: M. le procureur, je suis d'accord avec vous
pour dire que cela peut se produire, mais si vous imposez à un maire,
à l'intérieur d'un exécutif, de travailler avec des gens
avec lesquels il ne peut s'entendre, cela ne fonctionnera pas.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: M. le Président, le procureur était en
train de faire une intervention lorsqu'il a été interrompu par le
ministre, j'aimerais entendre ce que le procureur voulait dire. Pourriez-vous
poursuivre votre argumentation?
Le Président (M. Boucher): M. le procureur.
M. Rainville: J'allais dire qu'il est important de noter qu'il
est possible qu'un maire soit élu avec un nombre de voix nettement
inférieur à 50% des voix exprimées, avec un nombre de
conseillers qui soit bien nettement inférieur à la
majorité des membres du conseil et, à ce moment-là, on se
retrouvera dans une situation où l'exécutif, qui devient l'organe
important dans l'administration de la ville, sera dirigé, sera partie
d'une formation qui, elle, n'a pas recueilli l'assentiment d'une
majorité des électeurs de la municipalité. Cela me semble
important comme règle démocratique. Par ailleurs, si le maire a,
au contraire, cet assentiment populaire, il y a de fortes chances que cet
assentiment populaire lui permette, tel qu'il apparaît à cette
disposition, de présenter au conseil une proposition qui recevra
l'assentiment du conseil, proposition qui lui permet de présenter une
liste de quatre personnes. S'il y a agrément du conseil,
évidemment, il résultera que ces quatre personnes seront choisies
et feront partie de l'exécutif avec le maire, mais cela
présuppose que le maire ait cette autorité qui devrait
normalement lui échoir, de son élection, de même que de
l'élection des gens de son équipe.
Pour éviter qu'une situation qui n'est pas souhaitable, mais
possible, fasse qu'un maire qui ne détient pas une majorité de
voix, dont l'équipe ne détient donc pas non plus une
majorité de voix, monopolise l'exécutif, cette disposition
prévoirait un mécanisme qui permette, dans pareille situation,
aux autres membres du conseil de participer à l'exécutif.
Évidemment, si le maire a cette majorité - une majorité
importante - il y a tout lieu de croire que cela lui permettra de
présenter une liste et, à ce moment-là, de former
l'équipe qu'il désire former à titre
d'exécutif.
M. Léonard: Oui, M. le maire.
Le Président (M. Boucher): M. le maire.
M. Robidas: M. le Président, M. le ministre, la Loi sur
les cités et villes, telle qu'elle est en ce moment, confère au
maire élu au suffrage universel le pouvoir de chef exécutif.
Quand on parle d'un exécutif, c'est le prolongement des pouvoirs du chef
exécutif, en réalité, prolongement qui fait qu'il appelle,
pour l'aider à jouer ce râle, un certain nombre de membres du
conseil élu. Les arguments qu'on a invoqués à l'encontre
du fait que le maire nommerait - et ce serait définitif - les membres de
l'exécutif, jouent également dans l'autre sens
présentement. On peut dire qu'à l'élection de 1978, le
maire de Longueuil a été élu avec le double des voix de la
totalité de la majorité des conseillers du Parti municipal. Que
voulez-vous? C'est un phénomène qu'on est obligé de
reconnaître. Cela dépend du nombre de quartiers, de la population
où sont regroupés les conseillers de ce parti qui sont
majoritaires au conseil et qui peuvent contraindre le maire,
l'exécutif et les autres à agir dans la direction qu'ils veulent
bien indiquer.
Mais le maire a un pouvoir exécutif et c'est dans ce sens qu'il
faudrait conserver au maire ce pouvoir exécutif. Le fait d'avoir
à se représenter devant les membres du conseil pour amener les
divisions du conseil à l'exécutif, je vous concède que
cela pourrait avoir exactement l'effet contraire de ce qu'on veut avoir
ici.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Dois-je comprendre de votre intervention, M.
Robidas, que vous n'êtes pas d'accord avec la proposition qui se retrouve
à l'article 4, enfin 52.1 à la page 4?
M. Robidas: Je ne dis pas que je ne suis pas d'accord, je dis
qu'il y a un danger. Vous avez signalé un danger et c'est l'autre
danger. Vous avez parlé de balises... Je pense que si la population de
la ville de Longueuil a suffisamment confiance en une personne pour
l'élire maire avec une majorité, je pense qu'elle devrait lui
faire confiance et penser qu'elle a l'intelligence de se choisir des
conseillers parmi les conseillers qui vont lui permettre, pendant les quatre
ans, de conduire la ville dans la bonne direction. Je pense que c'est difficile
de prévoir cela. C'est là le problème qu'on a vu
nous-mêmes dans notre comité ici. On a essayé de faire un
compromis et l'on voit ici à la discussion qu'il y a deux
extrémités qu'il faut éviter là-dedans. Je pense
qu'il faut faire confiance au maire parce qu'il est élu à la
majorité des voix. Peu importe qui sera élu au mois de novembre
prochain, on n'a pas le choix, une fois élu, il aura à jouer ce
râle et il va avoir à obtenir pour quatre ans - on parle de deux
ans, c'est peut-être quatre ans - comment dirais-je, la confiance de ceux
avec qui il va travailler.
M. Bourbeau: Quand on parle de légitimité, parce
qu'il semble qu'on emploie beaucoup l'expression, on a beaucoup recours
à la légitimité dans les arguments, c'est sûr que le
maire qui est élu par l'ensemble de la population a une
légitimité évidente, quoiqu'il n'est pas absolument
certain que ce soit l'ensemble des citoyens qui l'élisent dans le cas
où il y a trois candidats à la mairie, par exemple, comme on l'a
souligné tout à l'heure. On pourrait avoir un maire qui,
théoriquement, a 35% des voix et qui est élu maire de la ville.
Je pense qu'on peut également dire que l'ensemble des conseillers
municipaux représentent aussi l'ensemble de la ville puisqu'ils sont
élus dans l'ensemble des quartiers. Dans ce sens, ils ont aussi autant
de légitimité collectivement que le maire en a individuellement.
Donc, je ne pense pas que je vais convaincre le ministre, parce qu'il ne semble
pas écouter mon argumentation, mais, quant à la
légitimité, je pense que l'ensemble du conseil municipal aautant de légitimité, puisqu'il est élu aussi par
l'ensemble de la population, comme le maire. À mon avis, si l'ensemble
du conseil municipal n'accepte pas la proposition du maire de nommer les
membres de l'exécutif, je pense que l'argument de la
légitimité va autant, sinon plus, en faveur de l'article 52.1 tel
qu'il est rédigé. Maintenant, le ministre disait tout à
l'heure que, dans les conseils municipaux du Québec qui ont des
comités exécutifs, on n'emploie pas cette méthode, mais,
à ma connaissance, M. le ministre, la ville de Montréal a un
comité exécutif qui est nommé par le conseil et non pas
par le maire. Je ne connais pas tous les comités exécutifs des
autres villes, mais il y a au moins un exemple qui me vient à l'esprit
d'un comité exécutif qui est nommé par le conseil
municipal et non pas par le maire.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Léonard: Là-dessus, c'est bien
spécifié au départ que Montréal était la
seule ville où le maire n'était pas le président de
l'exécutif, alors, du coup, tout change. Effectivement, on prend une
avenue ou l'autre. À la minute où on en a adopté une et,
quant à moi, je pense que, dans une ville de 100 000 habitants et plus,
les quatre grandes villes du Québec, il y a Laval, Québec et
Longueuil, ce sont des villes sensiblement de la même taille, Laval
étant plus grande que les autres, à la minute où l'on dit:
C'est le maire qui est le chef de l'exécutif, il ne faut pas mettre une
superstructure, je pense, comme celle de Montréal. On n'est pas devant
une ville de 1 000 000 d'habitants. À partir de ce moment-là,
tout s'ensuit. Quant à moi, je pense qu'il faut organiser
l'exécutif pour que le maire ait le pouvoir au niveau de
l'exécutif, tout cela étant balisé au niveau du conseil et
le conseil joue son râle. Je pense que, dès le départ -
c'est qu'on ne l'avait pas vu effectivement - mais, à la minute
où on a enlevé le délégué au comité
exécutif, à l'article 3, c'est que, déjà, on
enclenchait un équilibre entre l'exécutif et le conseil et je
pense que c'est comme cela qu'il faut voir les choses dans une ville de la
taille de celle de Longueuil.
M. Létoumeau (André): M. le ministre, j'aimerais
quand même souligner que, depuis huit ans que je siège au conseil
de ville de Longueuil, il est quand même vrai que le maire est élu
démocratiquement au niveau de la population, mais rien n'empêche
qu'on vit
depuis huit ans avec un conseil divisé. Lorsqu'on a
discuté de cette clause et enfin que tout le monde au conseil s'est mis
d'accord avec cela, je ne pense pas qu'il y ait eu de stratégie ou de
cassage de bras là-dedans. Tout le monde a accepté cela, je pense
bien que c'était pour le bien de la population. Je crois encore, M. le
ministre, que, lorsque les lois donnent au conseil de ville le pouvoir de
décréter des lois, je ne vois pas pourquoi le conseil de ville
n'aurait pas les mêmes pouvoirs de déléguer au moins le
représentant au comité exécutif. (23 h 30)
Au fond, c'est vrai que le maire est élu et qu'il a des pouvoirs,
mais les conseillers ont aussi des pouvoirs. Les conseils de ville avec
lesquels on a vécu depuis les huit dernières années, ce
sont des conseils de ville divisés et on n'a pas amélioré
notre sort avec tout cela. Je pensais et je pense encore que la
procédure pour déléguer l'exécutif était
quand même la meilleure; je le crois foncièrement. Je ne pense pas
qu'on aide la ville de Longueuil en enlevant cette clause du comité
exécutif. C'était mon commentaire.
M. Léonard: Juste un mot, avant le député de
Gouin, qui a demandé la parole, s'il Veut bien.
M. Rochefort: Allez-y!
M. Léonard: Je pense qu'il n'y a rien qui empêche le
maire de nommer, parmi l'équipe de l'exécutif, quelqu'un de
chacun des partis.
M. Rochefort: C'est cela.
M. Léonard: Mais si on procède à l'inverse,
si c'est le conseil qui nomme le maire, que voulez-vous, son principe sera: Je
suis leur chef, il faut donc que je les suive. C'est ce principe qu'il va
appliquer tout le long?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Oui, M. le Président, justement, je me
permettrai d'ajouter à l'intervention du ministre qu'il faut bien voir
que l'article 3 du projet de loi, qu'on a adopté tantôt, donne des
pouvoirs importants aux membres du conseil. Ce sont eux qui adoptent le budget,
votent les crédits, consentent les contrats, etc. J'imagine donc qu'il y
a suffisamment, à l'article 3, donc, à l'article 47,1 (a, b, c,
d, e, f) de pouvoirs aux membres du conseil, quelle que soit la forme que
prendra la composition du conseil, pour permettre à ce conseil d'exercer
un pouvoir réel sur l'ensemble des grandes décisions de la
municipalité, donc, en même temps, d'exercer un contrôle sur
le comité exécutif que le maire proposera.
D'autre part, moi - et ce n'est pas seulement depuis que je suis un
homme politique - j'ai toujours fait confiance aux hommes et aux femmes
politiques et à leur jugement. Si un maire ne se sert pas de son
jugement, par exemple, dans une hypothèse comme celle que vous
décriviez tantôt, qui est élu uniquement avec 37% des voix,
qui se retrouve avec seulement quelques conseillers sur le nombre de 19 que
constitue le conseil municipal de Longueuil, il va devoir faire des compromis,
il va devoir constituer un comité exécutif qui renfermera quand
même, jusqu'à un certain point, les différentes tendances,
s'il veut que ce comité exécutif ait la confiance du conseil.
S'il forme un comité exécutif qui se fait battre chaque
fois qu'il arrive au conseil avec des recommandations de budgets, d'attribution
de contrats ou de règlements municipaux, il est évident que la
municipalité ne fonctionnera pas, donc, il ne sera pas en mesure de
remplir le mandat pour lequel il a été élu, le mandat
qu'il a sollicité de ses concitoyens de Longueuil. Je pense qu'on a
là un rapport de force structuré, qui nous donne toutes les
assurances, et je me dis: De deux choses l'une, ou les intervenants vont se
servir de leur jugement et, donc, cela va aller convenablement, ou ils ne s'en
serviront pas et cela va casser. Là, on retournera devant la population
et elle décidera si elle veut maintenir plusieurs tendances au conseil,
un déséquilibre, comme l'a dit mon collègue de Chambly, ou
bien elle décidera de changer le rapport de forces autour de la table du
conseil et de vraiment donner tous les pouvoirs à un seul groupe
municipal.
On ne peut quand même pas imposer à une population,
à mon avis, à un collège électoral, d'autant plus
qu'il représente au-delà de 100 000 personnes, une
mécanique comme celle-là qui, pour l'instant, fait l'affaire de
l'ensemble des membres du conseil municipal mais pour laquelle on n'a aucune
garantie quant à l'avenir et au point de vue de la population de toute
la municipalité.
Le Président (M. Boucher): Oui, monsieur.
M. Ferland: J'aimerais seulement faire remarquer, suivant
l'argumentation du député de Gouin, qu'advenant qu'un maire soit
minoritaire avec son exécutif et que le conseil décide de tout
bloquer, le député dit: Ma foi, il faudrait retourner devant la
population. La loi ne nous permet pas de retourner devant la population quand
ça ne fonctionne pas; il va falloir vivre cette situation pendant quatre
ans, ce qui n'est pas le cas à l'Assemblée nationale. Si le
gouvernement était défait en Chambre,
j'imagine mal que le Conseil des ministres soit minoritaire, que le
parti qui forme le Conseil des ministres soit minoritaire à
l'Assemblée nationale. Je me demande comment vous feriez pour vivre
pendant quatre ans comme cela.
M. Rochefort: Avec un gouvernement minoritaire?
M. Ferland: Pardon?
M. Rochefort: Avec un gouvernement minoritaire?
Une voix: Vous allez en élection, vous autres.
M. Rochefort: Pas nécessairement, ça
dépend.
M. Ferland: Cela pourrait être minoritaire, mais, dans le
cas de l'Assemblée nationale, si cette situation se présentait,
normalement, vous retourneriez en élection et vous demanderiez à
la population de retrancher la question. Mieux que cela, c'est que le chef du
gouvernement à l'Assemblée nationale représente
automatiquement le chef du parti majoritaire, ce qui n'est pas le cas dans une
ville.
M. Rochefort: M. le Président. M. Ferland: Alors,
je pense que...
M. Rochefort: Seulement un commentaire sur votre intervention.
Sans suivre quotidiennement ce qui se passe à Longueuil, je me rappelle
avoir lu un certain nombre d'articles de journaux, avoir suivi un peu dans les
médias d'information ce qu'on pourrait appeler le choc qu'a produit le
résultat des élections municipales où le maire se
retrouvait, en même temps qu'il avait personnellement un mandat fort,
avec un conseil très divisé; il était minoritaire et tout
cela, et on a vu cela dans d'autres municipalités. Il est évident
que les premières interventions des différents intervenants
impliqués nous faisaient croire que cela serait bloqué ad vitam
aeternam et qu'il n'y aurait jamais moyen d'en venir à des consensus,
à des compromis au départ. Finalement, tout le monde a fini par
décanter cela, a essayé de s'adapter, s'est regardé et a
vu de quelle façon il y avait moyen de fonctionner. Je pense que c'est
un petit peu de la même façon... Si jamais le maire, au
départ, y va un peu trop fort, forme un comité exécutif
qui est vraiment à l'opposé des volontés du conseil et
qu'il s'aperçoit qu'il n'y a rien qui passe, j'ai la certitude que, dans
les six à douze mois qui vont suivre, il va s'organiser pour se
constituer un exécutif qui va permettre de faire fonctionner la
municipalité, tout en respectant les rapports de forces et les pouvoirs
des deux groupes, ce qui va permettre vraiment à tous de faire le
travail pour lequel ils ont été élus. Quant à moi,
je fais confiance aux hommes et aux femmes politiques.
M. Ferland: J'ai juste un dernier commentaire là-dessus.
À entendre le député de Gouin, c'est comme si les partis
politiques n'existaient pas à la ville de Longueuil. On sait fort bien
que, lorsqu'on dit parti politique, on dit partisanerie politique. J'aime bien,
quant à moi, entendre des voeux pieux, comme l'exprime le
député, mais j'aimerais bien voir l'Assemblée nationale
fonctionner de cette façon et voir quelquefois des votes qui ne sont pas
partisans. Je pense qu'il faut être réaliste. Vous nous imposez
des règles que vous ne suivriez pas vous-mêmes. En tout cas, j'ai
de la difficulté à accepter cet amendement que vous voulez
apporter. Évidemment, c'est vous qui êtes législateurs, on
va le prendre, on n'a pas le choix.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Chambly.
M. Tremblay: II arrive à l'occasion que des membres d'un
parti politique votent contre ce parti politique. C'est arrivé
d'ailleurs cette semaine sur la loi no 46 où six des membres, dont le
député de Gouin, ont voté contre le gouvernement.
Maintenant... Pardon?
M. Bourbeau: Ils ont voté avec l'Opposition.
M. Tremblay: L'Opposition est un peu girouette dans ce
cas-là.
M. Rochefort: ...
M. Tremblay: Ils ont convaincu l'Opposition.
M. Bourbeau: Enfin!
M. Tremblay: Effectivement, nos six ont convaincu l'Opposition
puisqu'en deuxième lecture l'Opposition avait voté avec le
gouvernement et, en troisième lecture, nos six ont convaincu
l'Opposition.
M. Bourbeau: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Je voudrais simplement signaler au
député de Chambly, pour qu'il comprenne bien la différence
qu'il y a entre
un vote en deuxième lecture et un vote en troisième
lecture, sur la loi no 46 qui amendait la CUM, l'Opposition était
d'accord avec le principe de... Je regrette, mais ce n'est pas moi qui ai
introduit le sujet, M. le ministre.
Le Président (M. Boucher): On n'est pas dans le sujet.
M. Bourbeau: Si le député de Chambly pouvait parler
de ce sujet, je pense bien que je peux lui donner la réplique.
M. Tremblay: Je vais parler aussitôt que vous aurez avoir
terminé.
M. Bourbeau: Je disais seulement qu'on était d'accord sur
le principe de l'amendement à la loi de la CUM, mais pas sur les
modalités.
M. Rochefort: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! S'il
vous plaît:
M. Rochefort: Quelle violation de règlement le
député de Laporte invoque-t-il?
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Tremblay: Est-ce que je peux poursuivre, M. le
Président?
Le Président (M. Boucher): Le député de
Chambly a apporté un exemple et le député de Laporte a
soulevé une question de règlement pour démolir l'exemple.
Alors, M. le maire.
M. Robidas: Voici, j'aimerais...
M. Tremblay: Je n'ai pas terminé mon intervention, M. le
Président.
M. Robidas: Est-ce que vous avez terminé, M. Tremblay? Ah
bon!
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Chambly, s'il vous plaît, sur le sujet!
M. Tremblay: Tout à l'heure, on a évoqué la
possibilité qu'il y ait un conseil dont le maire soit minoritaire et
l'on disait que, dans ce cas, l'exécutif serait battu constamment.
Prenons les pouvoirs du conseil; en fait, le conseil a tous les pouvoirs,
l'exécutif n'a que le pouvoir de les exécuter. Admettons, par
exemple, que l'exécutif propose un budget qui ne soit pas conforme
à ce que le conseil désirerait. Non seulement il n'adopterait pas
ce budget, mais il le modifierait et finalement adopterait un budget conforme
à ses désirs. C'est la même chose pour tous les pouvoirs.
Consentir les contrats de la ville dans les cas où le comité
exécutif ne peut le faire... Si un contrat comme celui-là ne fait
pas l'affaire du conseil, celui-ci va vouloir le modifier. Il va le renvoyer
à l'exécutif qui va faire quelque chose, il va prendre une
décision sur ce contrat. On est bien obligés de prendre une
décision, il faut que la ville fonctionne. C'est comme cela, finalement,
sur tous les articles, sur tous les pouvoirs qui sont donnés à la
ville.
Une voix: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le maire.
M. Robidas: M. le Président, M. le ministre, messieurs, on
a fait toutes sortes d'hypothèses; le maire y manque un peu de
génie et choisit les mauvaises personnes; le conseil bloque
complètement toutes ses décisions. On dit à ce
moment-là: II faudrait bien qu'on soit capable de se reprendre, il
faudrait que ce ne soit que pour une période de temps. S'il s'est
trompé, qu'il en prenne d'autres.
Il ne faut pas oublier une chose: II y a toutes sortes d'autres
règles qui jouent là-dedans. Par exemple, depuis qu'on a les
partis politiques municipaux, des membres sont élus par un parti et, en
cours de route, ils sont transfuges; alors, ils changent les majorités.
La majorité s'en va, elle évolue. Il ne faut pas laisser aller au
gré des vents une administration comme celle-là. J'opinerais tout
de suite pour la position que M. le ministre vient de donner, même si ce
n'est pas celle que le comité vous a proposée, tout simplement
parce qu'il faut, à un moment donné, trancher. Et si ça ne
fonctionne pas, le conseil qui sera élu au mois de novembre se
représentera devant l'Assemblée nationale, expliquera pourquoi
ça ne fonctionne pas et demandera que ce soit modifié. Je pense
qu'il ne faut pas discuter trop longuement là-dessus.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Léonard: M. le Président, je serais prêt
à proposer un amendement qui tienne compte de la discussion qu'on vient
d'avoir. Je pense qu'on peut libeller l'article 4, en tout cas, au moins, au
début: "Cette loi est modifiée pour la ville par le remplacement
de l'article 52 par les suivants: 52.1. À la première
séance qui suit une élection générale et que
préside le greffier, le conseil élit un de ses membres pour
exercer la présidence aux séances du conseil. "Pour
l'élection du président, le maire a un vote
prépondérant en cas d'égalité des voix.
"Immédiatement après le choix du président du
conseil, le maire a le droit de nommer les quatre conseillers qui font partie
du comité exécutif. S'il n'exerce pas ce droit, cette nomination
se fait par vote, chaque conseiller devant, sous peine de nullité de son
bulletin, voter pour quatre conseillers à la charge de membres du
comité exécutif. "Le bulletin est une liste imprimée par
les soins du greffier et signée de ses initiales sur lequel sont
inscrits, par ordre alphabétique, les noms des conseillers. "Pour voter,
chaque conseiller reçoit ce bulletin du greffier qui a rayé le
nom du président. Le conseiller se retire à l'intérieur
d'un isoloir et y fait, dans un carré imprimé à cette fin,
une croix en regard du nom de chaque conseiller pour lequel il vote. "Chaque
bulletin doit être signé des initiales du greffier et être
remis sous enveloppe cachetée. Ces enveloppes ne sont ouvertes qu'au
dépouillement du scrutin, alors que le vote donné pour chaque
conseiller est rendu public. "En cas d'égalité des voix entre les
conseillers auxquels un vote de plus donnerait le droit d'être
proclamés élus, le maire pourra demander un nouveau scrutin ou
donner son vote prépondérant. "Tant que le conseil n'a pas
élu les membres du comité exécutif, il ne peut ni
suspendre ni ajourner sa séance."
Le Président (M. Boucher): Oui, monsieur.
M. Ferland: J'aimerais juste poser une question. Pourriez-vous
répéter la première partie concernant la nomination d'un
président d'assemblée? Ma question est la suivante: Est-ce qu'on
parle d'un président de cette assemblée en particulier ou d'un
président qui présidera toutes les assemblées de la
ville?
M. Léonard: Du conseil.
M. Ferland: Du conseil municipal.
M. Léonard: Je relis le début, si vous voulez. Pour
les fins des Débats, c'est enregistré. Je peux relire et vous
pourrez peut-être suivre mieux, maintenant, parce qu'on a une
première idée du texte.
M. Ferland: Allez-y, on va vous écouter.
M. Léonard: "À la première séance qui
suit une élection générale et que préside le
greffier, le conseil élit un de ses membres pour exercer la
présidence aux séances du conseil". Donc...
M. Ferland: La présidence signifie le pluriel.
M. Léonard: ... c'est le président du conseil qui
est élu.
M. Ferland: D'accord.
M. Léonard: Pour l'élection du président, le
maire a un vote prépondérant en cas d'égalité des
voix. Cela va?
M. Ferland: D'accord, cela va.
M. Léonard: Immédiatement après le choix du
président du conseil, le maire a le droit de nommer les quatre
conseillers...
M. Ferland: Cela va.
M. Léonard: ... s'il ne l'exerce pas, à ce
moment-là, il y a une élection.
M. Ferland: D'accord.
M. Léonard: Mais, c'est d'abord le maire qui a le droit de
nommer ses conseillers.
M. Ferland: Cela veut dire que c'est un membre du conseil qui
présidera toutes les assemblées du conseil dorénavant.
M. Léonard: C'est cela, oui. M. Ferland: D'accord,
merci.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Ferland: Habituellement, c'est le maire qui
préside.
M. Bourbeau: Selon les modifications importantes que propose le
ministre, premièrement, dorénavant, à Longueuil, ce ne
serait plus le maire qui présiderait les assemblées du conseil,
mais un conseiller.
M. Ferland: C'est cela.
M. Bourbeau: Deuxièmement, dans le cas de la nomination de
l'exécutif, c'est le maire qui nommerait l'exécutif et, si le
maire décide de ne pas exercer ce choix, ce droit, ce serait le
conseil.
M. Ferland: Suivant ce qui est ici. (23 h 45)
M. Bourbeau: Maintenant, je souligne ceci, c'est que le projet de
loi qu'on a devant nous, a été adopté, je pense, par le
conseil municipal de Longueuil. Enfin, le conseil a adopté ce projet de
loi à l'unanimité, n'est-ce pas?
M. Rainville: Oui, c'est exact, cela a
été adopté unanimement.
M. Bourbeau: M. le ministre arrive avec une modification
importante qui fait en sorte que l'exécutif serait nommé par le
maire. Je ne sais pas si le conseil municipal de Longueuil, dans sa
majorité ou dans sa totalité, sera d'accord avec l'amendement du
ministre, de sorte que l'on pourrait se trouver dans une situation où le
conseil ne voudrait pas de cette modification. Est-ce qu'on va imposer à
une ville ce qu'elle ne veut pas? Je pense qu'il faudrait tout de même
que le conseil municipal de Longueuil se prononce dans sa majorité sur
cet amendement, parce qu'il pourrait même aller jusqu'à dire qu'il
retire le projet de loi, devant une décision comme celle-là. Je
ne sais pas ce que le ministre a à dire là-dessus.
M. Léonard: M. le député de Laporte, je vais
simplement vous rappeler une chose fondamentale. Les municipalités sont
une législation déléguée et ne sont pas un
gouvernement. Notre problème, c'est que, justement, au Québec, il
y a deux gouvernements: l'un fédéral et l'autre à
Québec. C'est cela le problème: dans un pays, il y a un
gouvernement. Les municipalités, dans tous les pays du monde, sont une
législation déléguée, alors les lois qui
constituent les municipalités sont des lois votées par un
Parlement et ce n'est pas un conseil municipal qui vote lui-même sa
charte.
M. Bourbeau: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Bourbeau: Je pense que le ministre n'a pas besoin de me donner
un cours de droit constitutionnel. J'ai déjà fait mes
études de droit.
M. Léonard: Vous m'avez posé la question, M. le
député de Laporte, vous avez eu la réponse.
M. Bourbeau: Ce n'est pas cela, M. le ministre, que je voulais
vous faire valoir. C'est que toutes les municipalités sont régies
par la Loi sur les cités et villes...
M. Léonard: Oui.
M. Bourbeau: ... et que, quand un conseil municipal décide
de présenter un projet de loi privé, il demande au gouvernement
d'amender sa charte. Le conseil municipal n'est pas obligé de demander
au gouvernement d'amender sa charte. S'il le fait, c'est lui-même qui
décide de le faire. Il propose de le faire selon certaines
modalités. Si le gouvernement n'est pas d'accord avec le projet de loi,
évidemment, il peut lui dire: on n'est pas d'accord avec certains
articles ou l'ensemble du projet. Est-ce que le gouvernement ou
l'Assemblée nationale - elle peut sûrement le faire,
l'Assemblée nationale pourrait même changer le nom du ministre, si
elle le voulait - peut ou devrait, en toute légitimité, en toute
justice, imposer à une municipalité une charte dont elle ne veut
pas ou qu'elle ne demande pas, ou des articles qui sont tellement importants
que la municipalité retirerait sa demande? Je pense qu'il serait tout
à fait antidémocratique d'imposer à la ville de Longueuil,
un article ou même un projet de loi qu'elle n'a pas demandé et
qu'elle ne souhaite pas. Quant à moi, je dis que cet article est
très important. J'aimerais savoir si l'ensemble du conseil municipal de
Longueuil souhaite que cet article soit adopté et s'il ne
préférerait pas même retirer son projet de loi,
plutôt que de se faire imposer une disposition dont il ne veut pas et
cela sans vouloir contredire du tout ce que le ministre a dit tout à
l'heure.
M. Dussault: M. le Président, est-ce que je pourrais
rappeler au député de Laporte que le projet de loi no 220 que
j'ai déposé à l'Assemblée nationale n'appartient
plus à la ville de Longueuil, mais qu'il appartient à
l'Assemblée nationale? Il ne pourrait y avoir qu'une motion à
l'Assemblée nationale pour le retirer du feuilleton, en fait pour le
rendre complètement inopérant maintenant, ou pour qu'il puisse
être retiré. Évidemment, cela pourrait être
demandé par la ville de Longueuil, mais c'est l'Assemblée
nationale qui devrait vraiment prendre une telle décision.
M. Léonard: II est devant la commission.
M. Bourbeau: Je comprends bien que, techniquement, la commission
soit saisie du projet de loi; c'est bien évident. C'est tout de
même assez surprenant. On pourrait prendre un projet de loi, par exemple,
d'une municipalité qui se présenterait ici avec un projet de loi
et le gouvernement pourrait décider de le modifier complètement,
d'y ajouter des articles qui n'ont absolument rien à voir avec ce qui
est demandé. Il pourrait changer le nom de la municipalité, il
pourrait faire enfin n'importe quoi qui n'est pas même souhaité
par la municipalité. Je pense que c'est un projet de loi privé
qui vient d'une municipalité qui demande au gouvernement de faire des
modifications à sa charte et je conçois difficilement qu'en toute
justice et en toute honnêteté envers la municipalité, un
gouvernement déciderait de lui imposer des articles ou des prescriptions
qu'elle ne souhaite pas et même auxquelles
elle s'opposerait d'une façon importante. Je pense que la
démocratie veut que le ministre demande au conseil municipal de
Longueuil s'il est prêt à accepter une modification semblable.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laporte.
M. Léonard: Quant à moi, je pense que...
Le Président (M. Boucher): C'est un amendement
proposé à l'article 4 et il peut être voté ici.
M. Bourbeau: M. le Président, je ne conteste pas le droit
du...
Le Président (M. Boucher): C'est un article de...
M. Bourbeau: ... gouvernement d'apporter des amendements et de
voter par sa majorité à peu près ce qu'il veut...
M. Léonard: Ils peuvent tout retirer. S'ils ne sont pas
d'accord, ils retirent le projet de loi.
M. Bourbeau: ... mais je souligne quand même que l'ensemble
du conseil municipal de Longueuil devrait nous faire savoir s'il est d'accord
avec cet amendement qui est capital.
M. Léonard: M. le député de Laporte,
là-dessus, je dirai que tout à l'heure nous avons discuté
du principe de l'exécutif. Tout le monde a dit: II faut un
exécutif. À partir du moment où tout le monde a
été d'accord avec un exécutif, des amendements nous
paraissent nécessaires pour avoir une bonne législation. On ne
peut pas mettre n'importe quoi dans un exécutif.
Si le conseil municipal décide de retirer son projet, cela
demeure sa liberté présentement, sauf que, peut-être... M.
le député, vous avez l'expérience de l'Assemblée
nationale, mais...
M. Dussault: C'est vrai dans toute assemblée, M. le
ministre. Dès le moment où il y a eu un vote de principe quant
à l'à-propos de déposer une motion, il appartient à
l'Assemblée...
M. Léonard: Je voudrais poser la question aux gens de
Longueuil.
M. Rochefort: C'est cela.
M. Léonard: Moi, je poserais la question aux gens de
Longueuil. Êtes-vous d'accord qu'on continue?
M. Rochefort: M. le maire?
M. Robidas: En tant que maire de la ville, je peux dire qu'il est
bien évident que la représentation est modifiée, d'accord.
Pour ma part, je n'avais pas envisagé qu'on nomme un président
d'assemblée, mais je suis bien prêt à accepter qu'on nomme
un président d'assemblée dorénavant. Même si ce
n'est pas notre proposition, je sais que cette proposition a été
acceptée par d'autres villes et je sais que ça fonctionne. Donc,
on n'est pas pour réinventer la roue chaque fois qu'on vient devant
l'Assemblée nationale.
Comme je l'ai dit il y a quelques instants, si ça ne fonctionnait
pas, on peut toujours revenir devant l'Assemblée nationale et faire
valoir pourquoi ça ne fonctionne pas, si c'est vrai.
M. Bourbeau: J'aimerais quand même, étant
donné l'importance de cet article, qu'on demande l'opinion des gens qui
représentent la ville de Longueuil, qui représentent les divers
groupes du conseil municipal de Longueuil. Ici, il y a quatre conseillers
municipaux. M. Robidas a fait valoir son opinion, la sienne et, je
présume, celle de quelques-uns de ses conseillers. Il y a des
représentants du Parti municipal, des représentants des
indépendants, j'aimerais que l'ensemble des conseillers puissent se
faire entendre pour qu'on puisse avoir une idée de ce que l'ensemble du
conseil municipal pense à ce sujet.
Le Président (M. Boucher): M. le procureur.
M. Dussault: M. le Président, auparavant, si vous me le
permettez...
M. Léonard: Écoutez, on ne demande pas à un
maire qui est accrédité, s'il représente bien l'opinion de
son conseil. D'habitude, on s'adresse au maire et c'est lui qui
représente la municipalité. Maintenant, je veux bien le demander
à tout le monde ici présent, à tous les gens qui sont ici,
mais j'ai l'impression qu'on a un exemple de ce que cela fait.
Le Président (M. Boucher): M. le procureur.
M. Dussault: M. le Président, si vous me le
permettez...
Le Président (M. Boucher): M. le procureur.
M. Dussault: ... auparavant...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: ... je voudrais que tous les intervenants
comprennent bien que ce que j'ai dit tout à l'heure n'est pas une
position sur le fond. Si la ville de Longueuil voulait retirer le projet, je me
ferais le plaisir d'être à son service pour faire cette demande
à l'Assemblée nationale; ce n'est pas une position sur le
fond.
Le Président (M. Boucher): M. le procureur.
M. Rainville: Je pense qu'il est important et fondamental que
l'étude se poursuive. Je pense que, quoi qu'il en soit de toutes ces
questions, un principe demeure, celui de la volonté d'obtenir un
comité exécutif. Néanmoins, si le conseil le désire
-et je pense que le conseil s'exprimera en réunion du conseil - et qu'il
prend la décision - et je ne dis pas qu'il est impossible qu'il la
prenne - de demander au parrain, à celui qui a présenté le
projet de loi à l'Assemblée nationale, de prendre les
procédures pour le retirer, le conseil le fera une fois qu'il sera saisi
de l'ensemble des décisions de cette commission. Je pense que nous ne
sommes qu'au début des dispositions et il serait sans doute sage de
continuer l'étude de ce projet de telle façon que ce soit le
conseil qui pourra décider de déposer une demande sur l'ensemble
de la question et que, lorsqu'il en sera saisi... Tous les membres du conseil
en seront saisis.
M. Léonard: Effectivement, c'est tout à fait
logique. Ce n'est pas ici qu'on va faire une réunion du conseil
municipal de Longueuil, ce serait illégal, les avis n'ont pas
été donnés. Ici, on fait de la législation.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'amendement
proposé par M. le ministre est adopté?
M. Léonard: M. le Président, un instant. Est-ce
qu'il y a des remarques? Je ne veux dire qu'une chose: c'est la façon
dont ça fonctionne dans les villes qui ont des comités
exécutifs, sauf à Montréal. C'est le cas de Charlesbourg,
de Sainte-Foy...
M. Rainville: C'est semblable à ce qu'il y a à
Laval aussi.
M. Léonard: Oui.
M. Létourneau: Est-ce qu'il y a une de ces villes qui est
divisée?
M. Léonard: Jusqu'à nouvel ordre, cela a
fonctionné dans les autres villes.
Le Président (M. Boucher): Oui, monsieur.
M- Létourneau: Est-ce qu'il y a une de ces villes qui a un
conseil divisé, M. le ministre?
M. Léonard: II y a des partis politiques dans les
villes.
M. Létourneau: C'est nouveau...
Le Président (M. Boucher): Oui, monsieur.
M. Létourneau: Est-ce qu'il y a une de ces villes qui a un
conseil divisé, M. le ministre?
M. Léonard: II y a des partis politiques dans les villes.
À Sainte-Foy, il y a un parti politique, je pense même que c'est
presque à égalité ou...
M. Tremblay: Même si elles n'en ont pas, elles pourraient
en avoir.
M. Létourneau: Sauf qu'il y a des majorités.
M. Tremblay: Non, mais il pourrait y en avoir. Il pourrait
arriver qu'à Laval, par exemple, dans une élection future, il y
ait un conseil divisé. Cela ne change pas le problème. Quand on
légifère, on le fait non seulement pour la situation
présente, mais aussi pour les situations qui peuvent se présenter
à l'avenir.
Le Président (M. Boucher): Alors, oui, monsieur.
M. Léonard: Oui, monsieur.
M. Bouchard (Jacques): M. le Président, si la ville de
Longueuil est venue ici aujourd'hui, c'est pour présenter un bill
privé. On fait des demandes, mais on est quand même conscient que
ce ne sera pas accepté de A à Z; il y aura des modifications et
je pense que la modification que vous venez de proposer est acceptable. Elle
est peut-être un peu nouvelle pour nous, par exemple, quand vous parlez
d'un président du conseil; maintenant, c'est quand même
acceptable. Je sais bien qu'en tant que conseiller indépendant mon
groupe ne s'opposera pas à ces choses. Évidemment, dans le
contexte, je verrais fort bien un maire indépendant. Ce serait
l'idéal.
M. Rochefort: La campagne électorale est
lancée.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'il y a d'autres
opinants?
M. Léonard: Adopté, M. le Président.
M. Ferland: M. le Président, la seule remarque que je
voudrais faire, c'est que M. Létourneau et moi représentons la
moitié du conseil et je suis d'avis que le parti municipal n'accepterait
pas ces amendements. Autrement dit, si l'on avait su d'avance que
c'était ce genre d'exécutif que vous nous auriez proposé,
on ne se serait pas présenté ici. On aurait tout simplement
retiré notre projet de loi. Maintenant, on peut toujours poursuivre
l'étude, mais je retiens les remarques de Me Rainville et il se pourrait
fort bien que le conseil demande le retrait de ce projet de loi. Toute la
discussion qu'on a eue ou le gros de la discussion que nous avons eue sur ce
projet de loi a tourné autour de l'exécutif et principalement de
la nomination de ses membres. Alors, si vous changez notre projet de loi de
fond en comble, nous serons portés à le retirer tout
simplement.
Le Président (M. Boucher): M. le maire.
M. Robidas: Les choses étant ce qu'elles sont, je
représente l'autre moitié du conseil et vous savez que toute
motion qui est égale est négative. Vous avez compris?
C'est-à-dire que neuf contre neuf veut dire que c'est négatif. Si
le Parti municipal proposait de retirer le bill, cela ne passerait pas puisque
ce serait négatif, ce serait neuf contre neuf. Est-ce que c'est
clair?
M. Bourbeau: II n'aurait qu'à proposer de le garder
à ce moment-là.
M. Robidas: II vaut mieux que vous sachiez exactement comment
c'est.
M. Bourbeau: Si le Parti municipal propose de garder le bill,
peut-être que vous pourriez voter contre.
M. Robidas: Ce serait unanime.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que le paragraphe 52.1
est adopté?
M. Létourneau: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Oui, monsieur.
M. Létourneau: Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu dans les
circonstances qu'on puisse revenir avec... parce qu'on a quand même eu un
mandat clair et précis du conseil de ville. Je veux bien que M. le maire
dise qu'il parle pour la population, mais le mandat du conseil, de son parti et
le nôtre, c'était cette entente-là. Si on fait le
contraire, j'ai l'impression d'être pris en otage.
Le Président (M. Boucher): Je constate que nous sommes
à deux minutes près de demander à la commission si elle
veut continuer de siéger après minuit, étant donné
que nous devons arrêter à minuit.
M. Rochefort: M. le député de Laporte a pris un
engagement formel tantôt, qu'il passerait la nuit pour Longueuil.
Le Président (M. Boucher): Je demande à la
commission si elle est prête à continuer de siéger
après minuit.
M. Bourbeau: M. le Président, je demanderais de suspendre
la séance quelques minutes pour réfléchir à cette
proposition que vous faites. Peut-être qu'on pourrait prendre cinq
minutes.
M. Rochefort: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Gouin.
M. Rochefort: Oui. La question que vous avez posée aux
membres de la commission, c'est s'il y a consentement pour que nous
poursuivions nos travaux après minuit. J'aimerais que nous disposions de
cette question. Ensuite, on pourrait très bien décider de
suspendre la séance pour réfléchir aux questions qui sont
actuellement en débat. Pour l'instant, nous devons décider si
nous avons le consentement des membres...
Le Président (M. Boucher): C'est cela.
M. Rochefort: ... pour poursuivre nos travaux.
Le Président (M. Boucher): II est minuit moins une minute,
j'attendais minuit pour le demander.
M. Léonard: Je serais d'avis qu'on adopte cet article,
qu'on suspende la séance immédiatement après et on
verra.
M. Rochefort: Non, mais il y a consentement pour poursuivre?
M. Léonard: Oui.
Le Président (M. Boucher): Alors, il y a consentement pour
poursuivre après minuit?
M. Bourbeau: M. le Président.
M. Léonard: On suspend la séance
immédiatement et l'on verra après, mais il y a consentement,
quant à moi, pour poursuivre.
M. Rochefort: Non, mais il y a consentement pour que la
commission
poursuive ses travaux?
M. Léonard: Oui, c'est cela.
M. Bourbeau: Un instant, je voudrais quand même m'exprimer
là-dessus.
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le député
de Laporte.
M. Bourbeau: Est-ce que la proposition qu'on a devant nous
actuellement, c'est d'adopter l'article ou de continuer après
minuit?
M. Rochefort: Continuer après minuit.
Le Président (M. Boucher): II est minuit et je pose la
question aux membres de la commission. Est-ce que vous désirez prolonger
après minuit? Cela prend un consentement unanime.
M. Bourbeau: Je m'y oppose.
Le Président (M. Boucher): Alors, il n'y a pas accord pour
continuer après minuit et la commission ajourne ses travaux sine
die.
(Fin de la séance à 00 h 01)