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(Onze heures quarante minutes)
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît! Si
chacun veut prendre son siège. Reprise de la commission des affaires
municipales pour l'étude article par article au projet de loi no 37, Loi
regroupant les villes de Baie-Comeau et de Hauterive.
Les membres de cette commission sont: MM. Bissonnet (Jeanne-Mance);
Caron (Verdun) remplacé par Ciaccia (Mont-Royal); Dubois (Huntingdon)
remplacé par Bélanger (Mégantic-Compton); Fallu (Groulx);
Mme Harel (Maisonneuve) remplacée par M. Lessard (Saguenay); M. Lachance
(Bellechasse); Mme Lachapelle (Dorion); MM. Léonard (Labelle); Ouellette
(Beauce-Nord) remplacé par Lafrenière (Ungava); Rochefort (Gouin)
remplacé par Lévesque (Kamouraska-Témiscouata); Rocheleau
(Hull) et Tremblay (Chambly).
Les intervenants sont: MM. Beauséjour (Iberville);
Bélanger (Mégantic-Compton) remplacé par Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys); Brouillet (Chauveau), Desbiens (Dubuc), LeBlanc
(Montmagny-L'Islet); Leduc (Saint-Laurent), LeMay (Gaspé); Picotte
(Maskinongé) remplacé par Scowen (Notre-Dame-de-Grâce);
Ryan (Argenteuil) remplacé par Gratton (Gatineau).
Lorsque nous avions ajourné nos travaux, le mardi 8 juin dernier,
nous avions entendu un groupe de travail qui a préparé un rapport
sur Baie-Comeau-Hauterive. Nous avions auparavant nommé le rapporteur.
Maintenant, est-ce que j'appelle l'article 1?
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Avant d'appeler l'article 1, je voudrais demander si
la commission serait d'accord pour qu'on laisse le droit de parole non
seulement aux membres de la commission...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal, je pensais que c'était plutôt une question de
directive que vous vouliez avoir. Je sais que nous en sommes aux travaux
préliminaires. D'habitude à une commission, on demande au
ministre s'il a des remarques générales sur le projet de loi, et
après cela, à l'Opposition ou à d'autres membres s'ils ont
des remarques préliminaires sur le projet de loi. M. Ciaccia: M.
le Président... Le Président (M. Laplante): Oui.
M. Ciaccia: ... si vous me le permettez, je voudrais faire une
motion. Ma motion se lirait comme suit: Que les députés qui ne
sont ni membres, ni intervenants à la commission permanente des affaires
municipales puissent prendre la parole sans devoir obtenir, au
préalable, la permission et ce, pour toutes les séances que
tiendra ladite commission relativement à l'étude article par
article du projet de loi no 37.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal, votre motion est recevable. Si vous voulez un commun accord pour ne
pas déroger aux règles des commissions, elle est absolument
recevable à cette commission. Si on commençait, selon les
règles habituelles d'une commission, par écouter le ministre
présenter son projet de loi, avant d'appeller l'article 1, ensuite les
remarques du député de Hull, et après cela, je garde tout
de suite votre motion. Qu'en pensez-vous?
M. Ciaccia: Très bien, M. le Président, si cela
peut aider à collaborer pour le mieux aux travaux de notre commission,
je suis entièrement d'accord.
Le Président (M. Laplante): Merci de votre
coopération, M. le député de Mont-Royal. M. le ministre,
remarques préliminaires.
Remarques préliminaires M. Jacques
Léonard
M. Léonard: M. le Président, nous avons
déjà commencé cette commission parlementaire qui va faire
l'étude article par article du projet de loi. Déjà, lundi
dernier, nous avons reçu les gens du comité conjoint. Nous les
avons entendus et je pense que maintenant c'est le moment de passer à
l'étude article par article de ce projet de loi. Je rappellerai
simplement les dates de tout ce projet de loi. Nous l'avons
déposé le 30 novembre, nous avons fait siéger une
commission parlementaire durant le mois de décembre. Par la suite, il y
a eu des
travaux, il y a eu des discussions, les gens ont eu le temps de bien
comprendre le projet de loi, il y a eu ce comité conjoint qui a
siégé avec l'assistance technique de la Commission municipale du
Québec. (11 h 45)
Encore une fois, la Commission municipale n'était pas membre du
comité. C'est le rapport du comité technique qui nous est
parvenu. Les gens du comité conjoint ont eu l'occasion de venir
s'expliquer, d'expliquer comment ils avaient élaboré leurs
hypothèses et comment ils étaient arrivés à
certaines conclusions. Je pense que maintenant le dossier est clair pour tout
le monde. Depuis six mois maintenant, ou même plus, six mois et demi, ce
projet de loi est sur la table et nous sommes prêts à
procéder à l'étude article par article. Je pense que c'est
important qu'on le fasse le plus rapidement possible, parce qu'il y a certains
esprits qui peuvent s'échauffer, qui commencent à le faire. Il
n'est pas souhaitable que cela aille plus loin, parce que, au fond, je suis
convaincu qu'un tel projet de loi va être très
bénéfique pour la région par la création d'une
grande ville sur la Côte-Nord, un grand pôle régional. Je
pense que Baie-Comeau et Hauterive, c'est la même communauté et,
maintenant, elles vont pouvoir travailler ensemble dans la même
ville.
M. Lessard: On réunit ce qui a été
divisé.
M. Léonard: Oui, il s'agit de réunir ce qui a
déjà été divisé, de façon
forcée aussi, malheureusement. M. le Président, nous sommes
prêts à procéder au premier article.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Hull.
M. Gilles Rocheleau
M. Rocheleau: Merci, M. le Président. Nous sommes rendus
aujourd'hui au 11 juin. Le projet de loi 37, fusionnant Baie-Comeau et
Hauterive d'une façon forcée, a été
déposé à l'Assemblée nationale le 30 novembre
dernier. Le 15 décembre, nous avions une commission parlementaire afin
d'inviter les principaux intervenants, c'est-à-dire les
municipalités ou les villes de Baie-Comeau et de Hauterive, les
organismes régionaux, tels que le CRD, la Chambre de commerce de
Baie-Comeau, la Chambre de commerce de Hauterive et les comités de
citoyens, qui ont été entendus lors de cette séance du 15
décembre qui s'est terminée le 16 décembre à 3
heures du matin.
Depuis ce temps, M. le Président, l'Opposition, tenant compte
d'une fusion possible entre les deux municipalités de Baie-Comeau et de
Hauterive, a voulu que les citoyens puissent connaître les états
financiers de chacune de ces municipalités, puissent connaître les
coûts possibles et les projections au cours des cinq prochaines
années des coûts de cette fusion et des sacrifices que les
citoyens auraient à faire dans le cas où cela coûterait
plus cher à une ou à l'autre des municipalités. On n'a
jamais voulu accorder - plus particulièrement le député de
Saguenay, à plusieurs reprises, s'y est opposé - la formation
d'un comité ou l'élaboration d'un rapport ce qui aurait permis
à la population de Hauterive et de Baie-Comeau de connaître les
coûts de la fusion. L'Opposition avait demandé, justement, qu'un
comité soit formé, composé des villes de Baie-Comeau et de
Hauterive afin que, s'il devait y avoir fusion, les municipalités
puissent, autour d'une table ronde, discuter d'une fusion volontaire et traiter
des coûts advenant cette fusion. L'Opposition avait même
demandé et souhaité la présence de la Commission
municipale du Québec afin d'agir comme arbitre dans ces discussions et
d'apporter toute l'objectivité que l'Opposition souhaitait dans une
forme de fusion que nous souhaitions, à ce moment, volontaire. On sait,
M. le Président, que les principaux artisans ont toujours combattu avec
toute l'agressivité qu'on leur connaissait, au cours des années
1974-1975, les fusions forcées dans nos municipalités du
Québec. Ces mêmes députés, membres de
l'Assemblée nationale, qui occupent aujourd'hui le côté
ministériel, sont ceux qui par une loi, telle la loi 37, provoquent les
populations et de Baie-Comeau et de Hauterive.
Nous avons finalement eu le rapport du comité conjoint,
déposé le 18 mai, et le ministre des Affaires municipales ainsi
que le député du comté de Saguenay pouvaient en prendre
connaissance. Nous endossons en tout point le rapport du comité conjoint
et nous respectons l'intégrité, l'honnêteté et la
compétence de ceux qui ont fait partie de ce comité conjoint qui
était composé, d'une part, de représentants de la ville de
Hauterive, entre autres, le gérant, la trésorière et un
membre du conseil municipal, et aussi de trois représentants de la ville
de Baie-Comeau, c'est-à-dire le gérant, le gérant adjoint
ou ingénieur des services des travaux publics et techniques ainsi qu'un
conseiller municipal.
Le ministre des Affaires municipales avait accepté que la
Commission municipale soit présente à titre d'observateur, d'une
part, tel qu'il l'avait énoncé, mais, à la suite de la
lettre que nous avons reçue du juge et président de la Commission
municipale, c'était beaucoup plus à titre de participant.
D'autant plus, M. le Président, qu'on se souvient que le rapport du
comité conjoint a été signé par les neuf membres,
à l'unanimité, et nous pouvons dès lors
mentionner, contrairement à ce qu'a affirmé encore hier le
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, député du
comté de Saguenay, que le rapport du comité conjoint ne comporte
pas de dépenses extraordinaires ou de nivellement des dépenses
à la hausse ou de services chromés.
Au contraire, au cours des prochaines heures, nous aurons à faire
la preuve - et, malheureusement, il est difficile de faire une preuve quand les
gens d'en face, du côté ministériel, ne veulent rien
entendre des revendications que l'on peut faire... Il n'en demeure pas moins
que, pour le bénéfice des citoyens de Baie-Comeau et de
Hauterive, nous allons faire cette preuve démontrant qu'une fusion
forcée des municipalités de Hauterive et de Baie-Comeau ne
corrige en rien le problème qui existe aujourd'hui, qui a existé
hier et qui a existé il y a plusieurs années. Au contraire, ce
gouvernement, plus particulièrement avec l'entêtement du ministre
des Affaires municipales à poursuivre l'adoption ou à vouloir
poursuivre l'adoption d'une loi matraque, avec l'aide, la complicité, du
député du comté de Saguenay qui était un des
guerriers qui, en 1974-1975, annonçait aux quatre vents à toute
la population du Québec qu'il était contre toute fusion
forcée. Il l'a même répété au mois de
février 1981, quelques mois avant les élections
générales, afin de se faire réélire parce que
jamais les citoyens de Baie-Comeau, de Hauterive et du comté ne lui
auraient donné le mandat de fusionner deux municipalités contre
le voeu de la population sans une consultation ou un référendum
dans les municipalités concernées et à la suite d'un
rapport qui déterminerait les coûts de cette fusion et qui
déterminerait aussi les avantages comme les désavantages.
M. le Président, le ministre s'est caché, depuis le 18
mai, derrière le rapport du comité conjoint. Il ne l'a jamais
commenté personnellement. Les citoyens de Baie-Comeau, la semaine
dernière, faisaient parvenir à l'Assemblée nationale, plus
particulièrement au ministre des Affaires municipales et au premier
ministre du Québec, une pétition de 6059 noms, qui comprenait 75%
de l'électorat de Baie-Comeau qui ne s'oppose pas nécessairement
à une fusion, mais qui demande au ministre des Affaires municipales
d'aller expliquer le rapport du comité conjoint aux gens de Baie-Comeau
qui sont pénalisés par ce projet de loi, tenant compte toujours
du rapport qui a été rendu public, et tenant compte d'un rapport
qui ne tient pas compte des besoins de Hauterive, selon son mémoire
soumis au premier ministre du Québec en 1980, alors que Hauterive
élaborait dix programmes particuliers pour les citoyens de Hauterive.
Nous aurons l'occasion d'y revenir au cours des discussions.
Dans le rapport du comité conjoint, on a retenu l'aspect
uniquement correctif qui tenait compte du plateau, à Hauterive, pour un
montant approximativement de 10 000 000 $. On se ferme complètement les
oreilles, on ne veut entendre absolument personne, on n'accepte pas de se
rendre dans une municipalité, celle qui, d'après le rapport du
comité conjoint, va être pénalisée,
pénalisée parce qu'elle a donné à ses citoyens, au
cours des dernières années, une bonne gestion,
pénalisée parce que la ville voisine, au cours des
dernières années, s'est endettée d'une façon
considérable, a même doublé la dette de ses contribuables,
toujours dans le but de faire payer les pots cassés par des citoyens qui
seraient davantage en mesure de doter leur municipalité d'une bonne
gestion.
M. le Président, nous avions demandé, lors de la
deuxième lecture, une motion visant à reporter au mois de
septembre 1982 l'adoption possible d'un projet de loi, ce qui aurait permis de
respecter la démocratie en consultant les gens, une fois ces
gens-là bien informés des coûts. Mais ce qui est plus
important, c'est que, encore ce matin, nous croyons à une fusion
possible parce que les deux villes se sont assises ensemble. Même si le
ministre et député du Saguenay prétendait que jamais elles
n'iraient s'asseoir ensemble, ces gens se sont parlé, et sont
prêts à fusionner, pourvu que le gouvernement du Québec
corrige la situation qui a été créée, pas
nécessairement par ce gouvernement-là; nous, on a
l'honnêteté d'admettre que des erreurs ont pu être commises
par d'autres gouvernements, entre autres un gouvernement libéral, dans
les années 1970 à 1976. On est capable d'admettre certaines
erreurs qui ont pu se glisser. Je pense qu'il faut être honnête
avec la population et lui dire ce qui est arrivé, (midi)
Quand on a, en 1971, tenant compte de la loi 50, éliminé
les "en-lieu" de taxe sur les barrages de Manic, à Manicouagan-Outardes,
et qu'on a enlevé d'un même coup des subventions importantes
à Hauterive, on a créé des problèmes particuliers
à Hauterive. Tous les rapports, tous les mémoires qui ont
été déposés, soit au premier ministre, soit au
ministre des Affaires municipales, soit au député du comté
de Saguenay, ont toujours démontré que Hauterive n'aurait plus de
problèmes si on apportait les correctifs, c'est-à-dire qu'on
rétablissait les subventions coupées en 1971, soit les
subventions d'Hydro-Québec qui totalisaient environ 2 000 000 $ par
année. Hauterive, à ce moment-là, pouvait offrir, dans le
cas d'une fusion, aux citoyens de la ville voisine, Baie-Comeau, des
états financiers, une richesse comparable, possiblement, tenant compte
des remboursements et des immobilisations, un ensemble qui pouvait
représenter une
nouvelle ville, c'est-à-dire Baie-Comeau et Hauterive, sans
créer pour autant de problèmes particuliers à l'une ou
à l'autre des municipalités.
Ce que nous regrettons le plus, c'est qu'on a utilisé la
population de Baie-Comeau et de Hauterive, qu'on a utilisé l'Opposition
officielle du Parti libéral depuis le 30 novembre dernier pour nous
amener le projet de loi 37 quand ça faisait l'affaire du gouvernement
afin de boucher des trous alors qu'il n'avait pas de législation
à nous proposer, puis alors que nous entrons dans la phase finale, le
sprint final de la fin de session et qu'on se fait bousculer du matin au soir,
même après minuit, à l'Assemblée nationale afin
d'adopter les lois dont certaines sont des lois matraques à
l'égard des travailleurs, à l'égard de citoyens qui
veulent vivre paisiblement dans un climat social amélioré. Vous
avez même actuellement, M. le Président, un député
qui se dit représentant de cette population et qui active actuellement
une provocation.
M. le Président, nous allons, nous de l'Opposition officielle,
tout faire pour que la démocratie au Québec ne se traduise pas
simplement par des paroles, mais que ce soit aussi à l'intérieur
de gestes concrets, comme le fait de respecter les populations. Nous aurons
l'occasion aussi de dire que, quand un gouvernement ne respecte même plus
les engagements de son parti politique, qui vont totalement à rencontre
de fusions forcées -nous aurons l'occasion d'en parler plus tard -ce
gouvernement ne doit plus recevoir et ne mérite plus le respect de la
population du Québec.
En concluant là-dessus, je tiens à mentionner que, le 17
décembre dernier, le premier ministre du Québec, qui actuellement
se cache... Notre chef d'orchestre se cache en arrière du ministre des
Affaires municipales, en arrière du député de Saguenay
pour faire ses mauvais coups, pour tenter de reconsidérer une promesse
qu'il aurait faite en 1979, alors qu'il a dit que ça prenait une fusion,
mais sans regarder de quelle façon il fallait que ça se
fasse.
Le premier ministre, dis-je, le 17 décembre, dans le journal des
Débats, disait ceci: II n'est pas question de "bulldozer" un projet de
loi comme ça s'il n'y a pas une sorte de consensus qui s'établit.
Mais je suis convaincu que ça va s'établir rapidement. Qu'on
laisse l'occasion aux citoyens de ces deux municipalités
d'établir ce consensus, que le ministre prenne ses
responsabilités, aille expliquer aux gens de Baie-Comeau ce que
ça va être, un projet de loi, qu'il permette cette consultation et
nous allons, de notre côté, offrir toute notre collaboration, dans
le respect de la démocratie, par rapport aux responsabilités que
le gouvernement doit prendre vis-à-vis de Hauterive. Nous allons
même l'aider et l'appuyer s'il met les fonds nécessaires pour ne
pas créer de problèmes à la municipalité de
Baie-Comeau et si, finalement, on accepte de consulter la population qui doit
le plus légitimement être consultée dans les circonstances,
c'est-à-dire la population et de Baie-Comeau et de Hauterive. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Michel Bissonnet
M. Bissonnet: J'aurais des remarques préliminaires
à faire, à la suite de l'exposé très explicite du
député de Hull. Nous avons assisté, il y a trois ou quatre
semaines, à une consultation populaire des citoyens d'une ville
relativement à un projet de fusion. Il s'agit effectivement du vote qui
a eu lieu à la ville de Pointe-aux-Trembles sur les possibilités
de l'annexer à la ville de Montréal. Cette consultation a eu lieu
de façon démocratique. Le conseil de ville de Pointe-aux-Trembles
et le conseil de ville de Montréal, dans le cadre des lois respectives
qui couvrent ces deux municipalités et d'un commun accord, ont soumis un
projet de fusion aux concitoyens de la ville de Pointe-aux-Trembles. Si l'on
compare à un projet de loi spécial, comme le projet de loi no 37,
pour forcer le regroupement de la ville de Baie-Comeau et de la ville de
Hauterive, nous sommes en présence de deux projets de fusion dont l'un
suit les règles démocratiques, les règles des lois en
vigueur.
Par ce projet de loi, on fait une exception à la Loi favorisant
le regroupement des municipalités, qui a été
adoptée le 23 décembre 1971. Donc, nous assistons à un
projet de loi spécial. Lorsqu'on est maire d'une ville, comme le
député de Hull l'a été, on fait tout son possible
pour consulter la population, pour consulter les citoyens. Aujourd'hui,
lorsqu'on veut amender un règlement de zonage, le processus
démocratique selon la Loi sur les cités et villes, en vertu de la
loi de l'aménagement également, a été
amélioré pour qu'on puisse consulter davantage les concitoyens
afin qu'ils puissent donner leur point de vue.
Hier, je remarquais, lors de la présentation du projet de loi
privé sur la ville de Verdun, que le ministre, encore une fois, a voulu
respecter le processus démocratique afin que les citoyens de la ville de
Verdun puissent, s'ils le désirent, s'opposer à un tel projet
d'expropriation en vertu du projet de loi qui a été soumis hier
par la ville de Verdun.
M. le Président, dans les années quatre-vingts nous sommes
dans une ère où nous favorisons la consultation des citoyens dans
toute décision importante qui touche leur vie quotidienne. Nous sommes
en présence d'un projet de loi qui veut forcer deux
municipalités, deux régions avoisinantes, à se
regrouper. Lorsqu'on regarde le programme du Parti québécois, qui
est contre la possibilité de forcer la fusion des villes alors que les
citoyens n'ont pas été consultés, on se demande ce que
vaut ce programme qui a été soumis à la population. Avec
ce programme, le député de Saguenay a été
élu. Il est certain que la population du comté de Saguenay,
lorsqu'elle a voté, savait très bien que son représentant,
son candidat du Parti québécois était contre la fusion
forcée à l'intérieur du comté de Saguenay,
particulièrement pour les villes de Baie-Comeau et de Hauterive.
L'Opposition l'a mentionné à quelques reprises, on a
promis aux citoyens, dans un premier projet de loi, d'ajouter "de subventionner
le projet de fusion d'un montant de 700 000 $". Quelques mois après, le
gouvernement ajoutait 1 300 000 $ à ce programme d'aide à la
fusion possible. Lorsqu'on regarde de façon très
détaillée les "en lieu" de taxes à la suite de la fusion,
pour les cinq prochaines années, ou parce que la nouvelle ville
projetée aura une population plus importante, il y a une perte annuelle
qui minimise cette subvention de 1 300 000 $ additionnels.
Le comité conjoint, qui a été formé,
à la demande du député de Hull et également
à la demande d'une des deux parties de la ville de Baie-Comeau, a eu
effectivement pour résultat que, peut-être pour une
première fois, les représentants autant au niveau des
élus, qu'au niveau des fonctionnaires à l'intérieur de ce
comité conjoint, se sont parlé et ont soumis un rapport que tous
les mandataires, les six mandataires, trois provenant de la ville de
Baie-Comeau et trois provenant de la ville de Hauterive, ont dûment
signé. Dans ce rapport, on arrive à ce qu'un projet de fusion
puisse se faire à l'intérieur des villes des Baie-Comeau et de
Hauterive, qu'une subvention d'un montant de plus de 4 000 000 $ soit
accordée. On est parti avec 700 000 $ et, aujourd'hui, nous avons comme
objectif, pour réaliser une fusion où les citoyens des deux
villes pourraient être traités de façon égalitaire,
une subvention possible du gouvernement de 4 000 000 $.
Nous avons remarqué l'entêtement, tel que le faisait valoir
il y a quelques instants le député de Hull, du ministre du Loisir
, de la Chasse et de la Pêche et député de Saguenay. En
1981, il disait, dans une émission radiophonique qui s'adressait aux
citoyens de Baie-Comeau-Hauterive, que jamais, jamais, les citoyens de
Baie-Comeau et de Hauterive ne seraient forcés de fusionner; on les
consulterait. Et chaque fois qu'on parle du projet de loi no 37, le ministre
nous dit: M. le député de Hull, il faut faire un
référendum, mais il ne faut pas qu'une partie ait
prépondérance sur l'autre.
Lorsqu'on a une loi favorisant les regroupements, c'est la loi qui est
en vigueur. Qu'on suive les lois, ce n'est pas compliqué. On demande que
vous suiviez les lois, que vous consultiez la population. Il y a eu des
progrès immenses depuis le dépôt du projet de loi no 37.
Par la formation d'un comité, nous avons proposé à
l'Assemblée nationale une motion de report dans le but de retarder
l'étude de ce projet de loi pour permettre aux citoyens des deux villes
de bien connaître les aspects financiers d'un tel projet de fusion.
Aujourd'hui, nous sommes beaucoup plus renseignés sur les coûts
qui seront imputés aux citoyens des deux villes par un projet de
fusion.
Mais nous demandons à ce gouvernement, ce gouvernement qui se dit
démocratique, qui se dit social-démocrate, qui veut même
imposer - nous en avons discuté longuement hier - un ticket
modérateur aux moins nantis pour recevoir les services de l'aide
juridique, nous disons à ce gouvernement, qui se dit
démocratique, qui aime tellement la démocratie, de mettre en
usage le programme de son parti et de consulter les citoyens de ces deux villes
qui ne demandent qu'à être consultés.
Rapport du comité conjoint. On a parlé de la participation
de la Commission municipale, M. le ministre. Même si les trois
délégués qui ont été nommés par le
ministre n'étaient pas membres comme tels de la Commission municipale,
dans la discussion qu'il y a eu entre les deux partenaires, soit la ville de
Baie-Comeau et la ville de Hauterive, je pense qu'ils ont bien fait leur
travail, qu'ils ont discuté avec les deux partenaires pour en arriver
à un rapport que tous les intervenants ont signé.
Quand je regarde la position du ministre des Affaires municipales, qui
n'a pas encore commenté, de façon officielle ce rapport du
comité conjoint pour l'étude de la fusion, quand je vois, M. le
ministre, que deux municipalités, la ville de Montréal et la
ville de Pointe-aux-Trembles - et là, ce ne sont pas tous les citoyens
de Pointe-aux-Trembles qui veulent s'annexer à la ville de
Montréal; probablement que tous les citoyens de la ville de
Montréal, eux, sont bien heureux qu'une municipalité de banlieue
fasse partie de la ville de Montréal, cela permet à la
municipalité de Montréal de conserver son chiffre de 1 000 000
d'habitants - il est certain qu'à l'intérieur de la population de
Pointe-aux-Trembles cela crée des difficultés pour plusieurs
citoyens, comme cela en crée également, M. le ministre des
Affaires municipales, M. le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, dans n'importe quel projet de fusion. (12 h 15)
Je me rappelle, M. le ministre, du projet de fusion de la ville de Laval
où on a annexé quatorze villes en 1965. Après seize
ans il y a toujours deux blocs à l'intérieur de la ville
de Laval. Il y a le bloc de l'est et le bloc de l'ouest. Il est certain que
dans un projet de fusion où la population des deux villes acceptera
majoritairement, démocratiquement de fusionner sa ville, cela va faire
des remous. Ce ne sont pas tous les citoyens des deux villes qui veulent
s'annexer. On s'identifie à une ville. On a parlé du projet de
loi de la communauté urbaine. Il n'y a pas encore d'identité dans
la Communauté urbaine de Montréal. Les gens ne s'impliquent pas
comme des membres intégraux de la communauté urbaine. Ils
s'impliquent plutôt comme citoyens d'une ville. Celui qui demeure
à Montréal-Nord, c'est un type de Montréal-Nord.
Je pense que ce gouvernement, devrait en toute logique avec son
programme politique, en toute logique avec les déclarations de ses
ministres avant les dernières élections, aller... On a fait une
commission parlementaire aujourd'hui. Nous savons très bien que ce soir
on attend plus de 20 000 personnes qui viendront ici, dans un autre domaine,
faire des revendications. Comment les citoyens qui veulent venir écouter
ici les représentations des membres de l'Opposition pourront-ils entrer
dans cette salle ce soir? Comment pourront-ils entrer ce soir pour assister
à nos délibérations? Je demanderais, M. le
Président, que vous interveniez auprès du président de
l'Assemblée nationale afin que l'on trouve un moyen pour permettre
à la population d'entendre les porte-parole qui ont à s'exprimer
sur ce projet de loi.
Je pense qu'on aurait dû même aller plus loin que cela et
tenir cette commission parlementaire sur les lieux de Baie-Comeau et de
Hauterive pour permettre à la population de bien comprendre. Je sais
très bien, M. le député de Mont-Royal, que comme moi vous
êtes d'accord que ce serait même plus qu'utile pour que ces
populations puissent davantage comprendre le rapport du comité conjoint.
Cela permettrait également au ministre des Affaires municipales de ne
pas rester à Québec et d'aller sur les lieux. Il faut aller sur
les lieux. Quand le ministre des Affaires municipales est-il allé
à Baie-Comeau et à Hauterive? Quand? Je ne le sais pas.
Pour conclure, je me ferai très actif, M. le Président,
à l'intérieur de ce débat. Ayant été maire
d'une ville et considérant le pourquoi des lois.... Pourquoi
faisons-nous des lois? Pour consulter nos concitoyens. Depuis plusieurs
années, depuis plus de dix ans toutes les lois se font en vertu d'une
consultation maximale. Ce projet de loi va à l'encontre de votre
programme politique et à l'encontre de la consultation normale des
citoyens qui, eux, ont raison de donner leur opinion et de faire savoir au
gouvernement ce qu'ils veulent dans ce projet de loi. C'est à eux qu'on
doit s'en remettre, M. le Président. Merci.
Le Président (M. Laplante): Oui, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Je voudrais demander à cette commission si on
pourrait remplacer, comme intervenant, M. Bélanger
(Mégantic-Compton) par M. Maciocia (Viger).
Une voix: D'accord. M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Messieurs, c'est le changement
d'un membre pour un autre, il n'y a pas de problème.
M. Lessard: M. le Président, juste sur une question de
règlement. Il est entendu que ces changements se font de façon
permanente, c'est-à-dire que nous n'avons pas l'intention d'accepter,
à chaque heure ou au cours de cet après-midi, des modifications
à l'enregistrement des noms que nous avons ce matin.
Le Président (M. Laplante): Ce que je veux bien comprendre
ici, c'est qu'il arrive assez souvent dans une commission parlementaire qu'on
soit obligé de susbtituer un nom à un autre - laissez-moi finir
-même après l'appel nominal, mais si le membre qui remplace a
déjà parlé, l'autre est privé de son droit de
parole par le fait même.
Une voix: Aie! Les seuls qui n'ont pas le droit de parler
là-dessus, ce sont les citoyens, c'est nous autres, les citoyens. On est
venus ici pour parler justement. C'est assez, on ne nous entend pas parler du
tout là-dessus. Ils ne viennent même pas à Baie-Comeau, eux
autres, ces gens-là et on est supposé parler. On veut se faire
entendre.
Une voix: OK là!
Le Président (M. Laplante): La séance est
suspendue.
(Suspension de la séance à 12 h 21)
(Reprise de la séance à 12 h 24)
Le Président (M. Laplante): Reprise de la séance.
M. le député de Mont-Royal avait la parole.
M. Rocheleau: J'ai une question de règlement avant.
M. Ciaccia: Un instant! Un instant! M. le Président, dans
les circonstances, je voudrais passer la parole au député de
Gatineau qui aurait une suggestion à faire à la commission
parlementaire.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, d'abord, j'aimerais tout de
suite dire que ce genre de manifestation en commission parlementaire, aussi
bien que n'importe où à l'Assemblée nationale, n'a pas sa
raison d'être. En l'occurrence, il me semble que les membres de la
commission doivent être complètement libres de s'exprimer, sans
aucune pression indue de qui que ce soit, qu'ils soient du gouvernement ou de
l'Opposition, quel que soit le point de vue qu'ils véhiculent.
On ne peut cependant passer outre à ce qui vient de se passer ici
à la commission. Compte tenu qu'il est 12 h 25, qu'il ne reste que 35
minutes, j'aimerais proposer que nous ajournions nos travaux, que vous fassiez,
à titre de président, rapport au président de
l'Assemblée nationale de ce qui s'est passé ici ce matin, de
façon que tous et chacun puissent prendre les dispositions
nécessaires pour assurer le bon ordre dans le travail de la commission.
J'en fais une proposition formelle, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous en faites une
motion ou une proposition, M. le député de Gatineau?
M. Gratton: C'est une motion en vertu du règlement, M. le
Président, que la commission fasse un rapport intérimaire
à l'Assemblée.
Le Président (M. Laplante): Une décision a
déjà été rendue sur des motions du genre de celle
que vous présentez. L'article 1 n'étant pas encore appelé,
on ne peut pas faire de rapport intérimaire à l'Assemblée
nationale à ce moment-ci. Ma décision est rendue, la motion que
vous proposez, M. le député de Gatineau, est non recevable.
M. Gratton: M. le Président, j'aimerais attirer votre
attention sur l'article 161, paragraphe 2, qui se lit comme suit: "Une
commission peut, en tout temps, faire à l'Assemblée des rapports
spéciaux ou intérimaires sur une motion qui ne peut être
faite qu'une seule fois au cours d'une séance." Donc, une commission
peut, en tout temps, il n'y a aucune spécificité quant
à...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau, vous m'avez mal compris, vous êtes un président de
commission vous-même. Il y a une nette différence entre une motion
de rapport et une motion d'ajournement. Je voudrais que vous fassiez la
différence.
M. Gratton: Non, M. le Président, je fais une motion en
vertu...
Le Président (M. Laplante): Pour faire un rapport à
l'Assemblée nationale, il faut que nos travaux aient
débuté en appelant l'article 1, pour qu'on puisse y faire
référence.
M. Gratton: M. le Président, si vous aviez...
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez faire une
motion d'ajournement des travaux, je suis prêt à la recevoir,
monsieur, si cela peut vous aider.
Motion d'ajournement
M. Gratton: Bien, oui. Dans le fond, je ne partage pas votre
point de vue, M. le Président, mais ce n'est pas à moi de le
contester. Si vous me suggérez que pour la bonne compréhension de
tout le monde je fasse une motion d'ajournement, c'est ce que je vais faire. Je
fais une motion d'ajournement des travaux.
Le Président (M. Laplante): D'accord. Elle est recevable.
Est-ce qu'il y en a qui veulent discuter de la motion d'ajournement?
M. Gratton: M. le Président, si le gouvernement entend
l'accepter, je n'interviendrai pas mais si, au contraire, le gouvernement a
l'intention de la refuser, j'argumenterai, comme me le permet de le faire le
règlement.
M. Lessard: M. le Président, très
brièvement, d'abord, je regrette, moi aussi, ces
événements. Tout gouvernement, quel qu'il soit, a des
décisions à prendre et nous avons à les prendre.
Justement, accepter la motion qui est présentée par le
député de Gatineau, dans le cadre de ce qu'il a soulevé
tout à l'heure, à savoir que les membres de cette commission sont
libres de travailler sans influence de l'extérieur, sans influence
indue, libres de travailler en vue de l'adoption, de l'amélioration et
de toute discussion du projet de loi, accepter la motion qui nous vient du
député de Gatineau, dis-je, serait laisser entendre qu'à
chaque fois...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Je ne peux pas être désagréable
à votre endroit, mais on sait que les règlements de
l'Assemblée prévoient que le député qui fait une
motion d'ajournement du débat peut intervenir pendant dix minutes. Je
n'ai pas eu l'occasion de le faire, M. le Président, mais je ne voudrais
pas que les
propos que tient le ministre présentement soient
interprétés comme étant le droit de parole exercé
par le gouvernement et que, à titre de proposeur de la motion, je ne
puisse pas intervenir. Je n'ai pas d'objection à ce que le ministre
continue de parler...
Le Président (M. Laplante): Je vous donnerai votre droit
de parole, je respecterai votre droit de parole, M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Merci.
M. Lessard: Alors, M. le Président, accepter de suspendre
les travaux de cette commission parlementaire après ces
événements qui, en fait, je l'espère, ne
représentent pas les objectifs de l'ensemble de la population de la
région Baie-Comeau-Hauterive, eh bien, ce serait justement laisser
l'impression, à l'encontre de ce que disait tout à l'heure le
député de Gatineau, que nous pourrions, comme membres de
commissions parlementaires ou membres de l'Assemblée nationale,
être soumis dans nos décisions à des interventions
extérieures. (12 h 30)
M. le Président, nous avons un travail à faire et,
quelquefois, ce travail n'est pas facile. C'est une décision de
l'Assemblée nationale d'étudier le projet de loi no 37. Quant
à moi, comme député, comme membre de cette commission, je
ne peux accepter la motion présentée par le député
de Gatineau.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que vous avez
terminé? M. le député de Gatineau.
M. Gratton: Si je fais cette motion d'ajournement de nos travaux,
ce n'est sûrement pas pour accepter d'aucune façon le genre de
manifestation dont on a été témoin tantôt.
D'ailleurs, ce ne serait pas la première fois que ça se produit
à l'Assemblée nationale. Le député de Saguenay est
probablement mieux placé que quinconque pour pouvoir apprécier
que ce genre de chose s'est produit de façon beaucoup plus grave,
beaucoup plus sérieuse dans le passé. Je me réfère,
entre autres, à une certaine occasion alors qu'une commission
parlementaire était saisie du projet de loi no 22 et que des personnes
étaient venues s'attacher littéralement à leur chaise, au
salon rouge, de façon à pouvoir manifester sans qu'on puisse les
expulser. À ce moment-là, à titre de président de
la commission, j'avais choisi de mon propre chef, sans qu'une motion soit
nécessaire, de suspendre les travaux de façon à assurer
l'ordre. On n'est quand même pas, j'en conviens-Le Président
(M. Laplante): M. le député de Gatineau, à ce
moment-ci, je prends acte de ce vous dites dans votre allocution et
j'espère très sincèrement que ce n'est pas un blâme
que vous faites à la présidence actuellement. Si c'en est un, M.
le député de Gatineau, je vous demande d'en faire part au
président de l'Assemblée nationale parce que l'allusion que vous
faites actuellement, je ne l'accepte pas.
M. Gratton: M. le Président, vous avez un problème
ce matin, un problème de compréhension. Je suis en train de
justifier ma motion. Si je ne laisse pas les gens dans la salle
m'empêcher de parler, je ne laisserai pas le président le faire
non plus. M. le Président, vous avez le devoir de m'écouter
justifier ma motion d'ajournement du débat et j'ai l'intention de le
faire à ma façon, que ça vous plaise ou pas, je regrette.
Je n'ai fait aucun blâme, je vous raconte ce qui s'est passé dans
une autre commission.
Le Président (M. Laplante): D'accord, j'aime mieux
ça, M. le député de Gatineau.
M. Gratton: J'aimerais que vous me disiez en quoi j'ai enfreint
cette règle jusqu'à maintenant.
Le Président (M. Laplante): Vous relirez les
galées, M. le député. Peut-être ne vous
êtes-vous pas rendu compte de ce que avez dit, mais vous relirez les
galées.
M. Gratton: Je vais répéter mot à mot ce que
je viens de dire. Contrairement à la situation actuelle, quand nous
avons connu ces pénibles moments en 1974, alors qu'on débattait
la loi 22, je n'avais pas attendu qu'un membre de la commission fasse une
motion d'ajournement, j'avais moi-même décrété,
à titre de président, la suspension des travaux. Vous l'avez fait
tantôt, M. le Président, sauf que, présentement, je
désire m'exprimer sur la motion d'ajournement de nos travaux pour qu'on
puisse faire rapport au président de l'Assemblée nationale et que
le président puisse prendre les mesures nécessaires pour que,
justement, les membres de la commission parlementaire puissent s'exprimer
librement, dans le calme, sans aucune pression indue.
On n'est quand même pas pour demander à des membres de la
commission de discuter objectivement quand on vient de constater jusqu'à
quel point ce sujet passionne certaines personnes. Il me semble qu'il y aurait
peut-être avantage que le président de l'Assemblée
nationale considère la possibilité de transférer nos
travaux au salon rouge, par exemple, où ce serait beaucoup plus
convenable au point de vue de la discussion sereine et objective d'un projet de
loi qui a sûrement des retombées très importantes non
seulement pour les citoyens de Baie-Comeau et de Hauterive, mais pour
un grand nombre de contribuables de municipalités qui sont
susceptibles elles aussi d'être frappées par des lois de fusion
forcée.
M. le Président, si nous ajournions nos travaux à 25
minutes de leur fin normale, ce ne serait quand même pas le gouvernement
qui en tomberait, même s'il est chancelant à bien des points de
vue. Ce serait simplement vous fournir l'occasion, à titre de
président de la commission, ainsi qu'au ministre responsable du projet
de loi qui, d'ailleurs, fait à souligner, ne nous a pas dit s'il
était d'accord ou pas avec la motion d'ajournement. On a constaté
- depuis le début, d'ailleurs, c'est le cas - que c'est le parrain de la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, le député de Saguenay
et ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, qui fait les frais de
cette commission. C'est d'ailleurs lui qui est la cible des manifestants qui
sont venus s'exprimer ce matin.
Il me semble que la sagesse la plus élémentaire exigerait,
pour la bonne conduite de nos travaux, de nous fournir toutes les chances
possibles de bonifier ce projet de loi auquel nous nous opposons et de
suspendre la séance. Il n'est pas question pour nous de faire croire
autre chose que ce qu'on a dit depuis le début, nous nous opposons
à ce projet de loi et nous utiliserons les moyens parlementaires, nous
utiliserons les dispositions du règlement de l'Assemblée
nationale pour nous y opposer, ce qui n'implique aucunement qu'on souscrive
à quelque manoeuvre, à quelque manifestation que ce soit qui
viendrait exercer une pression indue auprès des députés,
que ce soit le ministre responsable du projet de loi, que ce soit le
député de Saguenay ou tout autre membre de la commission.
Je répète donc qu'il serait d'une sagesse des plus
élémentaires de suspendre nos travaux - même si je dois
faire une motion d'ajournement, il s'agit de suspendre pour recevoir ,un autre
mandat de l'Assemblée nationale dès 15 heures cet
après-midi. On aurait perdu - si on peut utiliser l'expression -
à peine vingt minutes, mais nous pourrions reprendre dans un meilleur
climat cet après-midi et possiblement en arriver à terminer les
travaux de la commission avant ce soir, comme l'a souhaité le
député de Saguenay, apparemment, dans sa région hier, en
les faisant sérieusement et consciencieusement.
M. le Président, je maintiens que la commission devrait ajourner
ses travaux jusqu'à cet après-midi, jusqu'à ce que
l'Assemblée nationale l'indique autrement. J'espère que certains
collègues du gouvernement appuieront cette motion.
Le Président (M. Laplante): Est-ce que la motion du
député de Gatineau sera adoptée?
Une voix: Rejetée.
M. Rocheleau: Vote enregistré, s'il vous plaît, M.
le Président.
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur.
M. Bissonnet (Jeanne-Mance).
Une voix: II n'est pas là.
Le Président (M. Laplante): M. Ciaccia (Mont-Royal).
M. Ciaccia: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Bélanger
(Mégantic-Compton) remplacé par M. Maciocia. M. Maciocia
(Viger).
M. Maciocia: Pour.
Le Président (M. Laplante): M. Fallu (Groulx).
M. Fallu: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. Lessard (Saguenay).
M. Lessard: Contre.
Le Président (M. Laplante): M.
Lachance (Bellechasse).
M. Lachance: Contre.
Le Président (M. Laplante): Mme
Lachapelle (Dorion).
M. Léonard (Labelle).
M. Léonard: Contre.
Le Président (M. Laplante): M.
Lafrenière (Ungava).
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata). M. Rocheleau
(Hull).
M. Rocheleau: Pour.
Le Président (M. Laplante): M.
Tremblay (Chambly).
M. Léonard: N'est-il pas remplacé?
Le Président (M. Laplante): Non, il n'est remplacé
par personne. Trois pour, six contre. Motion rejetée.
La parole était au député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: J'avais demandé de remplacer le
député de Mégantic-Compton, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): D'accord,
c'est fait, M. le député.
M. Ciaccia: Cela a été fait et adopté.
Le Président (M. Laplante): II y avait le
député de Notre-Dame-de-Grâce qui avait demandé la
parole.
M. Scowen: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): À vous la parole, M. le
député.
M. Scowen: Me permettriez-vous de céder la parole à
M. le député de Gatineau?
Le Président (M. Laplante): Au député de
Gatineau, c'est votre choix. M. le député de Gatineau.
Remarques préléminaires (suite) M.
Michel Gratton
M. Gratton: Merci, M. le Président. Merci surtout à
mon collègue de Notre-Dame-de-Grâce. Je tâcherai de faire
rapidement de façon à ne pas le brimer dans son droit
d'expression.
M. le Président, contrairement à ce que j'avais dit
à l'Assemblée nationale, au moment de la deuxième lecture,
je ne ferai aucune remarque sur le discours que vous avez prononcé
à l'Assemblée nationale au moment de la deuxième lecture
du projet de loi no 37. Donc, je vous avise tout de suite que vous ne devriez
trouver absolument rien de répréhensible à votre
égard, dans les propos que j'ai l'intention de tenir, M. le
Président.
Je l'ai dit lors de la deuxième lecture, M. le Président,
il me semble que ce projet de loi 37 que nous présente le ministre des
Affaires municipales pour et au nom du ministre du Loisir, de la Chasse et de
la Pêche, le député de Saguenay, est tout à fait
inacceptable pour une et une seule raison. C'est tout simplement que pour un
gouvernement quel qu'il soit, qu'il soit libéral, qu'il soit
péquiste, qu'il soit unioniste, mais surtout pour un gouvernement qui a
comme programme électoral, comme programme politique de ne pas imposer
de fusion à des municipalités qui ne le souhaitent pas, à
des contribuables qui ne le souhaitent pas, il est inacceptable qu'un
gouvernement procède comme le gouvernement actuel procède avec le
projet de loi 37.
J'ai relaté, lors de la deuxième lecture,
l'expérience que j'ai personnellement vécue, au moment où
le gouvernement était, effectivement, libéral, avec le projet de
loi no 98 qui regroupait 32 municipalités de l'Outaouais en 8
municipalités.
M. le Président, j'ai, très fraîches à la
mémoire, les interventions du député de Saguenay en
particulier et du député de Lafontaine, maintenant ministre de
l'Environnement qui, à ce moment-là, était le critique
officiel de l'Opposition en matière d'affaires municipales, qui
s'opposaient avec toute leur énergie au projet de loi 98 qui regroupait
les municipalités de l'Outaouais et certaines autres du Saguenay, alors
que dans le projet de loi 98, il n'était absolument pas question de
fusionner des municipalités qui s'y opposaient. Au contraire, dans
chacun des cas où les municipalités ont été
regroupées dans l'Outaouais, en 1975, par le biais du projet de loi 98,
dans chacun des cas, les municipalités avaient accepté, avaient
voté des résolutions souhaitant que leur municipalité soit
fusionnée à l'intérieur des hypothèses de
regroupement qu'avaient édictées, à ce moment-là,
le gouvernement.
C'est tellement vrai, M. le Président, que certaines fusions qui
étaient souhaitées par le gouvernement, je pense en particulier
à celle de la ville d'Aylmer avec la ville de Hull, à celle de la
municipalité de Hull-Ouest avec la ville de Hull, n'avaient pas
été entérinées dans le projet de loi 98, alors
qu'elles étaient partie intégrante du décret qui avait
précédé le dépôt de la loi. Elles n'avaient
pas été entérinées, M. le Président, parce
qu'on n'avait pu s'assurer, de différentes façons, que non
seulement les conseils municipaux s'opposaient aux fusions
décrétées, mais surtout, parce que c'est cela qui est
important, que les citoyens s'y opposaient de façon très
catégorique.
Certains députés ministériels pourraient dire: Vous
n'avez pas procédé à une consultation populaire dans
l'Outaouais en 1975. Et c'est vrai, M. le Président. On n'a pas
procédé à une consultation populaire parce que, d'abord,
notre vision des choses nous amenait à observer qu'effectivement les
gens n'en voulaient pas et, de façon à ne pas nous tromper, on
avait décrété et on avait tenu des consultations dites de
sondage scientifique qui avaient indiqué, par exemple, que dans la ville
d'Aylmer, il y avait quelque chose comme 90% des citoyens qui s'opposaient
à la fusion avec Hull. C'est ainsi qu'Aylmer n'a pas été
fusionnée avec Hull et qu'Hull-Ouest n'a pas été
fusionnée avec Hull, alors que d'autres fusions, d'autres regroupements
décrétés l'ont été. Il y avait une
municipalité, M. le Président, la municipalité de
Buckingham qui était le résultat d'un regroupement de huit
municipalités diverses, dont l'ancienne ville de Buckingham, où
l'intention était un peu plus cachée, dans le sens qu'on avait
l'impression, selon les sondages, que la population était
partagée à peu près moitié moitié. (12 h
45)
Effectivement, on aurait peut-être dû à ce
moment-là - et pas peut-être, sûrement
qu'on aurait dû - faire un référendum, tenir une
consultation populaire en bonne et due forme pour savoir exactement ce que la
population de ces huit municipalités-là souhaitait, mais
sûrement pas de façon aussi claire que le gouvernement actuel,
agissant tout de même dans l'erreur. Le gouvernement avait
décidé de procéder à former la nouvelle ville de
Buckingham issue du regroupement des huit anciennes municipalités et on
a vu ce que cela a donné.
On a vu que c'est devenu un enjeu électoral de première
classe dès l'élection de 1976. Vous vous rappellerez d'ailleurs
votre coloré ex-collègue, le député de Papineau,
qui en avait fait un engagement formel à sa campagne électorale
de 1976 et qui avait grâce à sa persistance... Et Dieu sait qu'il
était persistant, le député de Papineau, M. Jean Alfred.
Il a même réussi à convaincre le ministre des Affaires
sociales de faire construire un hôpital dans la ville de Gatineau. Le
ministre des Affaires sociales se demande maintenant comment le faire
fonctionner; mais, cela est une parenthèse en passant. Mais, grâce
à sa persistance, le député de Papineau avait
réussi à convaincre le ministre des Affaires municipales d'alors,
le député de Crémazie, de "défusionner" -vous vous
imaginez un peu cela - la ville de Buckingham. Parce qu'il y avait eu erreur
dans la fusion au départ on a, parce que les citoyens, semble-t-il, le
souhaitaient, "défusionner". Et je dis: semble-t-il que les citoyens le
souhaitaient, parce qu'au moins là, le gouvernement, le même
gouvernement qu'on a présentement, le gouvernement péquiste avait
décrété la tenue d'un référendum avant de
procéder au "défusionnement".
Seulement 22% des citoyens avaient exercé leur droit de vote
à ce moment-là, ce qui nous avait fait dire, à nous de
l'Opposition qui nous nous opposions au "défusionnement" pour les
mêmes raisons que nous nous opposons au projet de loi no 37, qu'il
n'était pas clair dans notre esprit que les populations
concernées désiraient le "défusionnement". Mais le fait
demeure qu'à partir de 22% seulement de participation où environ
60%, 65% des gens avaient voté oui au "défusionnement" alors que
les 35% avaient voté contre, le ministre des Affaires municipales
d'alors s'est senti justifié de présenter un projet de loi pour
procéder au démembrement de la ville de Buckingham.
Est-ce que c'est ce qu'on souhaite faire avec le projet de loi no 37,
créer une situation...? J'entendais le ministre du Loisir, de la Chasse
et de la Pêche ce matin à l'Assemblée nationale dire que le
projet de loi no 37 vise à restaurer la paix sociale à
Baie-Comeau et Hauterive. Félicitations, beau succès, avec ce
qu'on a vu ce matin en commission parlementaire. Franchement, si on veut
rétablir la paix sociale, chapeau! vous y allez de la bonne
façon. Quand on voit des gens se déplacer, venir en commission
parlementaire et devoir en venir à prendre les moyens extrêmes
qu'ils ont pris ce matin pour se faire entendre, mais surtout pour
démontrer leur objection à ce projet de loi-là, si c'est
comme cela qu'on va faire la paix sociale à Baie-Comeau et Hauterive,
c'est quelque chose!
Moi, je suis conscient que les populations de Baie-Comeau et Hauterive
sont probablement majoritairement favorables à ce regroupement. Je pense
que les sondages le démontrent le plus clairement possible, mais les
gens veulent être consultés, ils veulent pouvoir s'exprimer. Qu'y
a-t-il de scandaleux là-dedans, que des gens qui payent des taxes qui
ont un sentiment d'appartenance à une municipalité puissent
s'exprimer démocratiquement et librement? C'est quoi? Qu'est-ce qui
pousse le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche à y
aller coûte que coûte? C'est son testament politique qu'il veut
laisser.
Moi, j'y ai fait allusion d'ailleurs en deuxième lecture, on
avait entendu des rumeurs que le ministre a niées, à l'effet que
la seule raison pour laquelle le député de Labelle avait
accepté de présenter ce projet de loi - parce que, entre nous, il
n'est pas très convaincant quand il nous parle du bien-fondé du
projet de loi no 37, je ne lui en fais pas le reproche, M. le Président
-c'est qu'il est pris par la solidarité ministérielle et par je
ne sais quelle entente existant entre le député de Saguenay par
rapport à son gouvernement sur une démission éventuelle
quelconque.
Ce que je dis, c'est que si le député de Saguenay a
l'intention de démissionner après l'adoption du projet de loi 37,
que ce soit comme député ou comme ministre, je le mets en garde,
je lui dis bien amicalement: Vous êtes en train de faire une erreur
monumentale, vous êtes en train de faire exactement le contraire de ce
que vous prétendez vouloir faire: rétablir la paix sociale.
Il me semble que quand on a raison, quand on sait dans son for
intérieur qu'on a raison, on ne devrait pas avoir peur de ne pas
réussir à convaincre les citoyens. Est-ce que c'est parce qu'on
pense que les citoyens de Baie-Comeau ne sont pas assez intelligents pour se
rendre à la valeur des arguments que le député de
Saguenay, que le ministre des Affaires municipales, que n'importe quel
député du Parti québécois pourrait faire valoir?
Est-ce que ces gens ne sont pas assez intelligents pour comprendre? Si vous
avez réellement raison, si, par hasard, par contre, vous n'aviez pas
tout à fait raison, est-ce que ce n'est pas le droit sacré de ces
gens de pouvoir le dire en votant dans un référendum?
Encore, si on parlait d'un gouvernement qui n'y croit pas au
référendum, cela passerait. On a quasiment l'impression que le
gouvernement ayant subi, justement, l'expérience d'un
référendum, ne s'en étant jamais d'ailleurs relevé
complètement, a l'intention de ne plus jamais en tenir nulle part, en
tout cas, sûrement pas d'être à l'origine d'un
référendum quelconque.
Je ne veux pas digresser trop longtemps là-dessus, mais - oui, on
a vu cela aux dernières élections et on peut en parler longuement
- nous avons accepté le verdict de la population aux dernières
élections. On est de ce côté de l'Assemblée et on
fait l'Opposition au gouvernement qui est en face de nous. Et je sais bien que
ça ferait bien plus l'affaire du gouvernement si on s'en allait tous
chez nous, et qu'on disait: Vas-y Lulu, il n'y a pas de problème. Mais,
malheureusement, on est plus responsables que cela. Et il ne s'agit pas ici de
faire des menaces, on ne fera pas comme le ministre a fait apparemment dans sa
région, hier, et dire: C'est tellement bon cette affaire-là et
ça va être fini à telle heure, telle date. Nous on ne dira
pas: Ce ne sera pas fini. On dit: Ce sera fini quand on aura fini de discuter
sérieusement, quand on aura fait tous les efforts possibles pour
convaincre le gouvernement qu'il fait fausse route avec son projet de loi no
37. Et si on avait besoin de plus de preuves que celles qu'on a reçues
autant de la municipalité de Baie-Comeau, autant des nombreux
témoignages qu'on a reçus de contribuables de ces deux
municipalités, autant du comité conjoint que le ministre a mis
sur pied, qui a donné raison à la ville de Baie-Comeau à
plusieurs égards.
Mais on a, en plus, le sentiment de frustration très
évident dont on a été les témoins ici à la
commission et je n'insisterai jamais trop là-dessus. On sait qu'il y a
des débats à l'Assemblée nationale qui suscitent toujours
beaucoup de sentiments. Il y a la langue, il y a la religion et il y a aussi le
sentiment d'appartenance que des contribuables peuvent avoir à leur
localité. Et si le temps me le permettait, je reprendrais certaines
déclarations du ministre-parrain fantôme de ce projet de loi no
37, le député de Saguenay.
Par exemple, le 18 décembre 1974, c'était au moment de
l'adoption du projet de loi 38 dont je parlais tantôt. Il disait ceci: Je
sais que tôt ou tard, il faudra envisager des possibilités de
fusion entre deux villes comme Baie-Comeau et Hauterive, cependant dans la
région, jamais nous n'accepterons que le gouvernement vienne nous
imposer une fusion sans aucune consultation.
Quand vous étiez dans l'Opposition et que le gouvernement
était libéral, le député de Saguenay disait: Jamais
nous n'accepterons que le gouvernement vienne nous imposer une fusion sans
aucune consultation, sans qu'il y ait au préalable un
référendum parmi la population. Pourquoi est-ce que cela n'aurait
pas été correct pour le gouvernement libéral de faire cela
en 1975, alors que le député de Saguenay était dans
l'Opposition, et que c'est maintenant correct de le faire, maintenant que le
député de Saguenay est ministre et que son parti est au pouvoir?
Jamais au cours de ce débat, qui dure depuis six mois quand même,
le député de Saguenay n'a réussi à nous expliquer
ce qui l'a amené à faire sa volte-face.
Il me semble qu'un politicien responsable... Quant à moi, en tout
cas, je ne pourrais jamais dire à mes électeurs du comté
de Gatineau: Quand vous m'avez élu, vous saviez que j'étais
fédéraliste... Il y en a même de ce
côté-là qui disent que je suis un fédéraliste
inconditionnel. Savez-vous que cela ne me déplaît pas, à
part cela, que vous me disiez cela? Surtout quand je me compare à vous
autres, cela me plaît même beaucoup. Je sais où je m'en vais
avec mon option constitutionnelle. Vous autres, je vous regarde zigzaguer et je
trouve que vous n'irez pas bien vite là où vous voulez aller,
mais, je ferme la parenthèse. Je dis que si mes électeurs de
Gatineau m'ont élu parce qu'ils savaient que j'étais
fédéraliste, forcément, il y a eu, je ne sais pas, 41% des
gens qui ont voté pour le candidat péquiste parce qu'ils ne
voyaient pas les choses comme moi, mais est-ce que je m'aviserais, au lendemain
de l'élection, parce que je suis dans l'Opposition, de dire: Maintenant,
je deviens souverainiste? Est-ce que je rendrais justice à la confiance
que mes électeurs ont placée en moi en faisant une telle
volte-face? Ce que fait le député de Saguenay, ce n'est pas
mieux. C'est aussi contradictoire, c'est aussi malhonnête. On ne peut
dire à des gens: Élisez-moi et jamais je ne vais faire la fusion,
je ne vais promouvoir la fusion de Baie-Comeau et Hauterive sans qu'il y ait
une consultation populaire. Après cela, quand on se retrouve au pouvoir,
on se dit: C'est la fin de ma carrière, il faut quand même que je
laisse un testament quelconque à la population, là, on le
fait.
Le député de Saguenay va avoir tout le temps, j'aimerais
qu'il nous explique ce que sont les considérations profondes. Ce n'est
sûrement pas son amitié avec le maire, M. Leonard, de Baie-Comeau.
Justement, en faisant référence à lui, je me demande si ce
n'est pas cela le fond de toute la question. Je me demande si le projet de loi
no 37 n'est pas la petite vengeance, le grand coup que ce grand ministre va
donner à son adversaire politique, le maire de Baie-Comeau. Il va lui
montrer qui mène ici au Québec. On prend les grands moyens, on a
le pouvoir. D'ailleurs, on le fait avec les fonctionnaires, on leur a consenti
des
augmentations de salaires avant le référendum et,
là, on va aller les leur enlever par le biais du bill no 70. Alors, le
moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils sont constants, ils se contredisent tout
le temps.
Dans le cas du projet de loi no 37, il me semble que strictement sur le
plan personnel, strictement pour pouvoir me regarder dans le miroir le matin et
me dire: Moi, je suis le même gars après l'élection que
j'étais avant l'élection... Au cas où le ministre me
dirait: J'ai dit cela en 1974... 11 l'a répété le 6
février 1981. Ce n'est pas dans le temps de Jean Lesage, cela. Le 6
février 1981, il a répété exactement les
mêmes propos que je viens de citer. D'ailleurs, il n'était pas
tout seul, il y avait un autre grand personnage, le chef de l'Opposition
officielle - je pense qu'il revenait de Bruxelles - le député de
Sauvé, M. Jacques-Yvan Morin...
Le Président (M. Laplante): M. le
député.
M. Gratton: Pardon?
Le Président (M. Laplante): Si vous voulez conclure, s'il
vous plaît!
M. Gratton: Oui. Il me reste une minute, M. le
Président?
Le Président (M. Laplante): Une dernière minute,
c'est exact. (13 heures)
M. Gratton: Alors, suffisamment de temps pour citer le
député de Sauvé, alors chef de l'Opposition officielle,
qui disait: Au Parti québécois, on s'est mis d'accord dans le
programme pour favoriser le regroupement municipal mais sur une base
volontaire. Il ne disait pas sur une base volontaire dans la tête du
député de Saguenay. Il fallait comprendre que c'était sur
une base volontaire au point de vue de la population concernée. Donc,
sur une base volontaire. Cela est beaucoup moins facile que d'imposer des
regroupements, n'est-ce pas que c'est vrai? C'est beaucoup moins facile de
convaincre la population, de lui arracher un assentiment de quelque
façon, par les moyens légitimes, bien sûr, de lui faire
dire: Oui, nous acceptons la décision du gouvernement, que de dire
d'autorité: Je suis ministre, c'est moi qui décide et, Leonard,
on va t'organiser le portrait, on fusionne de force. Cela demande quelquefois,
disait le député de Sauvé, des années d'efforts,
d'études, de commissions, de sondages, de référendums,
c'est vrai, mais c'est la seule façon de construire de façon
durable.
M. le Président, je fais miens les propos du député
de Sauvé. Dieu sait que ça ne m'arrive pas souvent et que je
souhaite que ça ne m'arrive pas souvent, mais, pour une fois que je suis
d'accord avec lui, c'est avec plaisir que je le dis et je demande au
député de Saguenay, ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, de réfléchir. Que ce qui est arrivé ici
à la commission ce matin le fasse réfléchir aux
conséquences de cette obstination, de cet entêtement d'imposer ce
que la population accepterait probablement dans une consultation
démocratique.
Le Président (M. Laplante): II est maintenant 13 h 01 et
les travaux sont suspendus jusqu'à 15 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 01)
(Reprise de la séance à 15 h 07)
Le Président (M. Laplante): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Si vous voulez prendre vos sièges.
Reprise des travaux de la commission des affaires municipales pour
l'étude du projet de loi no 37, Loi régissant les villes de
Baie-Comeau et de Hauterive.
Lorsque nous avions suspendu nos travaux, la parole avait
été demandée par le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
Est-ce qu'il y en a un autre, avant qu'il arrive, qui
préférerait la prendre?
M. le député de Viger, voulez-vous la prendre?
M. Maciocia: Oui; est-ce qu'on ne peut pas attendre quelques
minutes M. le Président?
M. Léonard: On peut vous entendre entre-temps pour
économiser du temps. Allez-y, prenez la parole.
M. Maciocia: Étant donné que la parole était
au député de Notre-Dame-de-Grâce...
M. Léonard: On peut être d'accord pour qu'il la
prenne après. Il ne faut pas vous gêner.
M. Bissonnet: Ce sont des gens gênés.
Une voix: Vous autres, vous devriez être
gênés.
Le Président (M. Laplante): Le député de
Viger.
Est-ce qu'on appellera l'article 1, s'il n'y a pas d'autres
opinants?
M. Maciocia: Non, non.
M. Bissonnet: On peut passer à l'article 1. M. le
Président, je vais prendre la parole.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jeanne-Mance, il vous reste sept minutes.
M. Michel Bissonnet (suite)
M. Bissonnet: M. le Président, j'ai bien
réfléchi encore davantage à mon heure du dîner et je
suis convaincu d'une chose: je ne peux pas comprendre comment un gouvernement
qui se dit démocratique, qui a une constitution et un programme
politique qui se veulent démocratiques, en vienne à la conclusion
de forcer une population à s'unir sans qu'il y ait un consentement.
Tel que cela a été mentionné à plusieurs
reprises par notre porte-parole qui a fait un travail exceptionnel dans ce
dossier, qui n'a pas compté son temps afin de bien étudier la
question, il est bien certain que nous de l'Opposition, nous voulons absolument
que les citoyens de Baie-Comeau et Hauterive puissent se prononcer,
favorablement ou défavorablement. C'est à eux de prendre leur
responsabilité et de décider s'ils veulent que leur ville
devienne la ville de Hauterive-Baie-Comeau de façon
fusionnée.
Au niveau des coûts également, si on parle du principe de
la fusion, il y a un manque pour les deux municipalités afin que cette
fusion... Si les citoyens acceptent le principe de la fusion, il est certain
que le gouvernement devra à l'intérieur du projet de loi no 37
prévoir les montants, que le comité conjoint après une
étude exhaustive entre les deux partenaires, de 4 200 000 $... C'est
bien loin des prévisions du député de Saguenay au
départ, soit 700 000 $. C'est très loin. Il y a une
différence de 3 300 000 $. Il est certain que, pour que les deux
partenaires, à l'intérieur de la région de
Hauterive-Baie-Comeau, puissent bien accepter une fusion, le gouvernement doit
y apporter la subvention nécessaire pour que cette fusion, si elle est
acceptée par les citoyens après un référendum... On
dirait que vous avez peur des référendums. On dirait que le
gouvernement a peur de consulter la population. C'est très simple ce que
nous demandons. Dans notre programme politique, on est pour la
démocratie et on voudrait que votre parti qui se dit
démocratique, suive ses positions et ses vues exprimées en
congrès...
M. le Président, je suis convaincu que la population de
Baie-Comeau et de Hauterive... Il y a eu un incident, ce matin, qui est
regrettable. Je pense qu'une population qui veut être consultée
peut prendre, à l'occasion, des moyens exceptionnels...
Une voix: Comme la séquestration...
M. Bissonnet: Non, pas des moyens exceptionnels comme cela, mais
ils se retrouvent dans un état où ils sont tellement
fâchés, à cause de vous. Ils ne vous séquestreront
pas. Allez plus souvent à Baie-Comeau et vous allez peut-être
mieux connaître l'esprit de la population, M. le ministre. M. le ministre
des Affaires municipales, vous auriez intérêt, vous aussi,
à y aller.
Ultérieurement à cette commission, il serait
intéressant, pour être plus près du milieu, de discuter -
comme les discussions que nous avons actuellement - du principe du projet de
loi 37, du principe de la fusion. Nous sommes très libres de parler du
principe de la fusion. On n'est pas contre la fusion de Baie-Comeau et de
Hauterive. On veut que la population de Baie-Comeau et de Hauterive
décide elle-même. Les gens sont assez grands pour décider
de leur propre sort, si deux municipalités veulent vivre en
collectivité à l'intérieur d'une grande ville, dans votre
région, M. le ministre. C'est ce qu'on demande. Cela vous prend bien du
temps à comprendre parce que cela fait dix mois qu'on vous demande cela.
Pourtant, cela n'est pas compliqué.
Depuis que le projet de loi a été déposé, ce
sont les revendications de l'Opposition et ce sont également les
revendications de la majorité de la population qui veut se prononcer de
façon démocratique. Ce n'est pas compliqué, M. le
ministre. Il s'agit tout simplement de demander aux gens: Est-ce que vous
êtes d'accord ou non? Il faut quand même que la population
connaisse exactement, de façon complète, l'étude du
dossier qui vient d'être terminée. À ce que je sache, les
six signataires ont tous été unanimes à signer le rapport
dans lequel on prévoit qu'il y aura un manque de 4 200 000 $,
relativement à un montant de 700 000 $ que le ministre nous avait dit,
de façon officielle, à l'Assemblée nationale. Je pense que
la ville de Baie-Comeau a revendiqué, parce qu'elle n'était pas
satisfaite du chiffre qui a été avancé. Pour les
dirigeants de la municipalité de Baie-Comeau, ce chiffre de 700 000 $
était un chiffre qui ne révélait pas l'exactitude du
montant qui manque pour équilibrer la fusion.
M. le Président, connaissant plusieurs députés du
Parti québécois et après avoir discuté avec
quelques-uns d'entre eux, lorsqu'on leur parle de démocratie, ils sont
bien contents de nous parler de cela, mais agissez donc en fonction de ce que
vous avez proposé à la population! Cela ne vous gêne pas,
M. le ministre, de forcer du monde à fusionner, alors que vous leur avez
dit que...
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Je voudrais dire à
l'assistance que, d'aucune façon, le règlement ne permet de
manifestation. Si un tel incident ou si j'appréhende un incident comme
celui qui a pu avoir lieu ce matin, je serai dans l'obligation de faire
siéger la commission à huis clos.
M. le député, si vous voulez conclure, s'il vous
plaît!
M. Bissonnet: M. le Président, je suis bien d'accord avec
vous pour qu'il n'y ait aucune manifestation ici. Je pense que nous sommes en
train d'étudier sérieusement ce projet de loi...
M. Rocheleau: Question de directive, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Hull.
M. Rocheleau: M. le Président, je n'ai pas vu les gens
manifester. J'ai entendu des gens rire. Est-ce que les gens doivent rire par
en-dedans ou par en dehors?
Des voix: Ah!...
Le Président (M. Laplante): C'est justement, M. le
député de Hull, ce genre de remarque qui, souventes fois,
réchauffe une assistance et occasionne peut-être des
désordres comme on a eus ce matin.
Des voix: Oh!
Le Président (M. Laplante): M. le député
de...
M. Lalonde: Provocateur. Tu n'as pas honte?
M. Bissonnet: M. le Président. (15 h 15)
M. Ciaccia: M. le Président, question de règlement.
M. le Président, il ne faudrait pas faire d'insinuations.
J'espère que ce n'était pas votre intention d'insinuer que ce
sont les remarques de l'Opposition qui ont provoqué les incidents de ce
matin parce que je m'opposerais à une telle interprétation, M. le
Président. Nous sommes ici, nous faisons des représentations sur
le projet de loi 37 tel que nous le voyons et je ne voudrais pas que vos
remarques soient interprétées en aucune façon dans le sens
que ce serait l'Opposition qui aurait provoqué des manifestations ce
matin.
Je crois que les remarques que le député de Hull a faites
ce matin l'ont été d'une façon humoristique. Je pense bien
qu'il n'avait aucune intention de provoquer qui que ce soit. Il voulait
seulement faire la remarque que ce n'étaient pas des manifestations,
c'étaient des réactions de la part des gens présents
à cette assemblée.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Jeanne-Mance, quinze secondes encore.
M. Bissonnet: M. le Président, je tiens à vous dire
que souvent vous me dites des choses publiquement et que je réagis. Il
peut arriver à l'occasion que certains propos incitent des personnes...
Quelquefois ce sont des propos; vous en faites souvent à mon
égard, je ne vous les reproche pas aujourd'hui, vous n'en avez pas
fait...
Le Président (M. Laplante): Votre temps est
écoulé, M. le député. M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Bissonnet: Je voudrais terminer, juste pour conclure. Je
reviendrai.
M. Ciaccia: M. le Président, est-ce que je pourrais
demander une directive?
Le Président (M. Laplante): Oui?
M. Ciaccia: Je pense que cela arrive très peu souvent dans
les us et coutumes de couper la parole directement à un
député qui a la parole. Je pense qu'habituellement le
président demande au député de conclure et je crois que
cela créerait une meilleure atmosphère si on pouvait continuer de
fonctionner selon ces us et coutumes. Si le temps d'un député est
écoulé, il serait préférable que vous lui rappeliez
que son temps est écoulé et que vous lui demandiez de terminer
son intervention plutôt que de lui couper la parole brusquement.
Le Président (M. Laplante): C'est ce que j'ai fait, M. le
député de Mont-Royal, son temps était même
écoulé depuis deux minutes. Je pense que j'ai été
d'une certaine façon assez généreux...
M. Bissonnet: Sur la question de règlement, M. le
Président, vous auriez pu quand même me demander de terminer.
J'aurais conclu, et si vous me permettiez de conclure en quinze secondes...
Le Président (M. Laplante): Je croyais que vous aviez
conclu par les remarques que vous aviez faites sur la présidence, M. le
député de Jeanne-Mance.
M. Bissonnet: Ah: je vais conclure que... Je peux vous
dire...
Le Président (M. Laplante): Si vous vous voulez vous en
tenir aux remarques sur le projet de loi, je suis bien d'accord de vous
redonner quinze secondes.
M. Bissonnet: Je vais continuer à faire des remarques sur
le projet de loi. Ce que je voudrais dire à tous les membres de cette
commission, c'est que les paroles que le ministre Lessard a prononcées
en février 1981, à savoir que jamais il n'y aurait de fusion
forcée, je les reprends à mon compte: Jamais l'Opposition
n'acceptera qu'un projet de loi force une communauté à fusionner
non librement.
Le Président (M. Laplante): Merci, M. le
député. M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Reed Scowen
M. Scowen: J'ai suivi ce dossier depuis quelques mois et
franchement je ne comprends pas pourquoi il y a de tels problèmes.
Personnellement, je sais qu'on est au début d'un débat sur le
projet de loi article par article et que nous avons jusqu'ici tenu une attitude
assez négative, nous, de l'Opposition officielle à l'égard
de ce projet de loi. Je dois vous dire sincèrement que je n'ai pas du
tout une attitude négative envers la fusion de Baie-Comeau et de
Hauterive. Je serais même prêt à proposer à mes
collègues, surtout au député de Hull, qui est l'expert
dans ce dossier, de voter pour le projet de loi pourvu que le ministre
réponde à quatre questions d'une façon satisfaisante. S'il
veut prendre note de ces quatre questions et s'il est prêt à y
répondre dans sa réplique de façon à nous
satisfaire, mon opinion à moi, c'est qu'on doit l'appuyer.
Je vais les résumer très brièvement. Une
première chose a été déjà soulevée.
Il y a des rumeurs qui circulent selon lesquelles à un moment
donné, et même à deux reprises, le ministre aurait dit
publiquement qu'il n'obligerait jamais les deux villes à fusionner d'une
façon forcée. Je ne crois pas que ce soit possible qu'il ait dit
cela parce que, s'il l'avait dit, c'est sûr qu'il ne serait pas ici
aujourd'hui avec une loi qui a pour effet de faire exactement le contraire.
Très brièvement, j'aimerais, premièrement, que le
ministre nous dise clairement qu'il n'a jamais dit publiquement, soit aux gens
de Baie-Comeau et de Hauterive, soit ici à l'Assemblée nationale,
qu'il n'y aurait jamais de fusion forcée et que nos déclarations,
de temps en temps, sont fausses. Je suis certain que s'il l'avait dit - c'est
un homme de parole - il ne serait pas ici aujourd'hui avec un projet de loi qui
vise exactement le contraire. S'il peut nous dire de son siège qu'il n'a
jamais dit qu'il y aurait une fusion forcée, c'est la première
des quatres conditions très simples, quant à moi, qu'on doit
accepter pour voter avec le gouvernement sur ce projet de loi.
Le deuxième, c'est qu'il doit absolument accepter, si c'est le
cas - la première, c'est le cas, il nous dit qu'il n'a jamais dit cela,
il doit prendre les conséquences logiques de cette déclaration,
il doit permettre aujourd'hui ou dans un proche avenir de tenir un vote libre
dans chacune des deux villes, un référendum sur cette fusion.
Je sais très bien que le ministre a proposé, à un
moment donné, un référendum global dans lequel le vote
sera compté pour l'ensemble des citoyens des deux villes. Je lui ai
même fait une offre d'accepter cette solution, s'il acceptait une autre
revendication en revanche, et même de la proposer, mais il a
refusé. Il a refusé parce qu'il sait très bien qu'un
référendum qui lie une ville plus grande, qui veut une fusion
avec une ville plus petite qui n'en veut pas, c'est se moquer du principe
même du référendum. Je suis certain que c'est un argument
qui va faire rire même ses propres collègues, quand il propose un
tel référendum, parce que le Parti québécois est un
parti spécialisé dans les référendums. Comme je
l'avais dit, il n'acceptera jamais un référendum canadien sur
l'avenir politique du Québec. Baie-Comeau n'acceptera jamais un
référendum des deux villes ensemble qui va décider de son
avenir politique. C'est la deuxième condition que je trouve assez
importante, que ce référendum se tienne de la même
façon que n'importe quel référendum démocratique
doive se tenir. Un référendum de chacune des parties en cause
dans l'affaire et que chacune ait l'occasion de s'exprimer librement sur le
choix. Jusqu'ici, ce ne sera pas difficile pour le ministre d'accepter ces deux
suggestions, ces deux revendications que je trouve, en toute simplicité,
en toute honnêteté, très faciles à accepter.
Le troisième point pourrait être un peu plus
compliqué, parce que, dans ses discours, le ministre a dit que tout le
monde allait bénéficier de cette fusion. II y avait eu des
débats terribles ici à l'Assemblée nationale et à
Baie-Comeau et Hauterive sur les coûts de cette fusion et les coûts
d'administration pour une ville fusionnée. Parce qu'il y avait tous ces
débats, le ministre a décidé ou les gens de Baie-Comeau et
Hauterive ont décidé de former un comité conjoint qui a
étudié les coûts d'une fusion et les coûts
éventuels d'une ville fusionnée. Le voici, c'est le document
orange, c'est signé par les représentants des deux villes, ils
ont comparu devant nous, la semaine passée. C'est signé par trois
personnes de chaque ville. C'est une analyse qui a été faite
conjointement et sur laquelle tout le monde est d'accord. Si je passe à
la page 37, où se trouvent les conclusions, je vais lire les deux
premières: "La fusion provoquera des coûts d'intégration
des effectifs, des équipements, des services et des locaux." Cela ne me
dérange pas beaucoup. C'est normal, si vous proposez de
faire une fusion entre deux villes, qu'il y ait des coûts de cette
intégration au départ. Je trouve que c'est presque normal, mais
c'est la deuxième conclusion qui m'a frappé. Si je comprends, le
ministre a toujours prétendu que la fusion va créer une
épargne importante pour les "payeurs de taxes" des deux villes et que 1
plus 1 vont égaler 1,5. Les coûts de fonctionnement de l'ensemble
de la nouvelle ville seront moindres que les coûts des deux villes
séparément.
Écoutez les conclusions du comité conjoint, je les cite:
La fusion entraînera une certaine normalisation des niveaux de services -
très bien - qui se traduira par des accroissements, des frais
d'administration et des travaux de capitalisation. Effectivement, après
une étude approfondie par les deux villes, par les représentants
des deux villes, dûment signée par les représentants des
deux villes, ils disent, en noir sur blanc, que les coûts de
fonctionnement futurs, seront en permanence plus élevés que si
les deux villes étaient séparées: 1 plus 1 vont valoir
3.
Alors, je me pose des questions. Le ministre a dit que, par une fusion,
les choses seront plus efficaces: on aura besoin seulement d'un hôtel de
ville, d'un maire, d'un directeur des loisirs, d'un parc industriel, etc. et
qu'il était évident que les coûts totaux seront moins
élevés. Après une étude approfondie de gens qui
connaissent leurs chiffres, des deux côtés, signée par les
trois représentants de la ville de Hauterive, ils disent: Après,
M. le ministre, cela va coûter aux contribuables plus cher
qu'aujourd'hui, non seulement à Baie-Comeau, mais à Hauterive
aussi. Ce sera plus cher pour tout le monde, après la fusion
qu'avant.
Ce n'est pas moi qui le dis, je n'ai pas de parti pris dans cette
affaire, je viens d'un petit comté du centre-ville de Montréal.
Je ne vais rien perdre dans cette discussion. Je ne veux pas profiter de cela.
Le rapport dit clairement, M. le ministre, qu'après, ce sera plus
coûteux qu'avant.
La troisième invitation que je fais au ministre est de nous dire
clairement que le rapport, signé par ces six personnes, trois de chaque
ville, est carrément faux et qu'il peut prouver que les coûts ne
seront pas plus élevés après qu'avant. Je pense que c'est
une suggestion très raisonnable. Si vous faites la fusion de deux villes
simplement pour alourdir un fardeau fiscal déjà très
élevé, je pense que tout le monde sera d'accord pour dire que
cela n'a pas de bon sens.
En dernier lieu, la quatrième chose sur laquelle je veux que le
ministre nous rassure, c'est la question des retombées
économiques. À un moment donné, j'ai été
surpris par la déclaration du ministre, dans l'un de ses discours,
lorsqu'il a dit que l'avenir économique de la région au complet
était en jeu dans cette fusion et que, sans fusion, le
développement économique sera ralenti et même rendu
impossible, alors qu'avec la fusion le développement économique
de la région ne sera pas assuré, mais certainement rendu plus
facile. C'est quelque chose de très important. Si c'est vrai, si on peut
faire quelque chose ici, avec une fusion, même si les coûts de
fonctionnement de la ville seront plus élevés, mais que cela aura
un effet d'entraînement important pour le développement
économique de la région, mon Dieu, nous sommes pour. Même
si l'impôt foncier augmente légèrement, si cela peut
assurer un développement économique plus grand de la
région dans l'avenir, c'est un argument très important. (15 h
30)
Mais, le ministre n'a jamais fait la démonstration de cet
argument. Comment se fait-il qu'en fusionnant deux villes, on puisse donner une
plus grande assurance du développement économique de la ville? Il
y a la Reynolds; va-t-il y avoir trois Reynolds si la ville est
fusionnée? Est-ce que les compagnies vont aller s'implanter plus
facilement dans l'un ou l'autre des deux parcs industriels? Qu'est-ce qui va
arriver, d'après le ministre, pour s'assurer que le simple fait de
fusionner deux villes va permettre de réaliser un développement
économique? Je lui ai donné l'exemple de la Beauce que je connais
un peu. J'ai habité à Saint-Georges de Beauce pendant un bout de
temps; il y a une rivière, la rivière Chaudière, il y a
Saint-Georges-Est et Saint-Georges-Ouest. Ces deux villes sont à part,
chacune avec un maire et un conseil de ville et ainsi de suite. Comme vous le
savez, cela ne va pas trop mal dans la Beauce quand vous comparez cette
région avec le reste de la province. Ils ont réussi à
développer l'économie de la Beauce même avec le
pénible fardeau de deux villes séparées par la
rivière Chaudière. Moi, parce que je connais ces deux villes
assez bien et aussi l'économie de la région, je peux vous dire
que cela ne saute pas aux yeux immédiatement que si le ministre faisait
une fusion forcée entre Saint-Georges-Est et Saint-Georges-Ouest, que le
développement économique de la région de la Beauce serait
mieux assuré.
Le lien n'est pas fait dans mon esprit. Ce n'est pas encore fait. Je
veux le croire parce que si on peut au moyen de la fusion des villes enrichir
la population sur le plan collectif et économique, bien entendu on est
pour. Je sais qu'il ne me reste pas beaucoup de temps, mais je veux simplement
répéter les quatre questions très simples et si le
ministre peut répondre de façon satisfaisante, je suis
persuadé que tout le monde sera prêt à voter avec lui.
M. Lessard: Je ne perdrai pas mon temps auprès du
député.
M. Scowen: Premièrement, je veux simplement que le
ministre nous dise clairement qu'il n'a jamais promis qu'il ne fera pas de
fusion forcée parce que c'est inimaginable qu'il puisse revenir sur sa
propre parole. Deuxièmement, qu'il accepte un référendum
démocratique dans chacune des deux villes parce que lui et son parti
politique connaissent très bien le principe et le fonctionnement des
référendums et il sait très bien que l'idée de
faire le référendum dans les deux villes, ensemble, c'est
farfelu, c'est impossible, c'est antidémocratique, c'est un non-sens.
Troisièmement, qu'il nous dise clairement que les conclusions du rapport
du comité conjoint, sont fausses et que les coûts d'administration
de la ville fusionnée ne seront pas, comme il le prétend dans le
rapport, plus élevés, mais moins élevés.
Quatrièmement, qu'il nous fasse la démonstration beaucoup plus
claire, que celle faite jusqu'à maintenant, selon laquelle cette fusion
forcée va stimuler en soi un développement économique plus
poussé, plus intéressant pour les gens de la région.
Je vous dis, M. le ministre, M. le Président, que si le ministre
peut faire la démonstration de ces quatre revendications qui, pour moi,
sont très simples et très faciles, doivent être très
faciles si vraiment il veut faire la fusion, s'il peut faire la
démonstration de ces quatre demandes, je suis prêt à
proposer à mes collègues, ici, maintenant, qu'on donne un appui
entier au projet de loi parce que ce sera clairement indiqué que c'est
dans les intérêts des gens de Baie-Comeau et de Hauterive. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Laplante): Merci. M. le
député de Viger.
M. Cosmo Maciocia
M. Maciocia: Merci, M. le Président. Cela fait longtemps
qu'on parle de ce projet de loi no 37. Je crois que le gouvernement, par
l'entremise de l'Opposition, a essayé de camoufler encore plus le
problème qui est relié directement au projet de loi no 37, parce
qu'il faut se dire que dans le projet de loi no 37, il y a là deux
problèmes. C'est le problème de la fusion forcée et le
prix que coûte cette fusion. M. le Président, je ne sais pas de
quelle façon ce gouvernement et, spécialement, le ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche puissent permettre aujourd'hui de
demander à la population de Baie-Comeau et de Hauterive de faire une
fusion forcée quand lui-même, en 1974, avait déclaré
qu'il n'y aurait jamais de fusion forcée des deux municipalités.
C'étaient ses propres propos en 1974. On comprend qu'à ce
moment-là il était dans l'Opposition et qu'aujourd'hui il est au
pouvoir. On comprend aussi ses problèmes vis-à-vis du maire
de
Baie-Comeau, un adversaire politique.
J'aurais une question à lui poser. Je ne sais pas si je peux la
lui poser devant la commission. Vous savez, une fusion, c'est comme un mariage.
Je ne crois pas que lorsque le ministre s'est marié, il ait
été forcé d'épouser sa femme. Je crois plutôt
qu'il a fait un choix libre, un choix sensé, un choix entre plusieurs
filles qu'il a rencontrées au moment où il a décider de se
marier. S'il est prêt à me dire aujourd'hui qu'on l'a forcé
à épouser sa femme, je termine mon raisonnement, et je laisserai
tous les autres députés qui sont ici autour de la table faire
leur discours. Étant donné que le ministre ne me répond
pas, je dois conclure qu'il a fait un choix libre au moment où il a
choisi la femme qu'il a épousée.
S'il a eu ce choix, pourquoi la population de Baie-Comeau et de
Hauterive n'aurait-elle pas ce privilège de faire le choix de leur
avenir? C'est un avenir dont on ne pourra pas sortir après que la loi
sera adoptée. Vous savez très bien que dans le mariage, c'est
vrai qu'on peut obtenir le divorce, mais on est quand même lié par
certaines contraintes vis-à-vis de la femme qu'on a
épousée. On est obligé de payer un certain prix
vis-à-vis de cette situation. Ce serait donc la même chose pour
les villes de Hauterive et de Baie-Comeau.
M. le Président, on comprend aussi, et je le disais l'autre fois
en commission parlementaire, que c'est probablement le testament politique du
député du Saguenay. C'est probablement la dernière chose
qu'il va faire. Jusqu'à quand sera-t-il encore député et
ministre de l'Assemblée nationale? Je me pose des questions sur la
validité de ses propos et sur la possibilité d'une telle
fusion.
J'ai devant moi une lettre, datée du 2 juin 1982, adressée
au premier ministre, qui se lit comme suit: "M. René Lévesque,
premier ministre du Québec, président du Conseil exécutif.
Sujet: Projet de loi no 37, fusion Baie-Comeau-Hauterive. M. le premier
ministre, nous vous transmettons une copie d'une pétition, signée
par 6059 de nos concitoyens, demandant au ministre des Affaires municipales,
Jacques Léonard, de venir expliquer sa position face au rapport du
comité conjoint. "Également, nous joignons à la
présente nos commentaires en ce qui a trait à l'évolution
de ce dossier depuis la remise du rapport de ce comité. "Nous anticipons
que vous voudrez bien intervenir auprès de votre ministre des Affaires
municipales pour qu'il accède à la demande de nos concitoyens.
"Veuillez agréer, M. le premier ministre, l'expression de nos sentiments
les plus distingués. Le regroupement des citoyens de Baie-Comeau."
M. le Président, dans cette pétition, on
lisait exactement les mots suivants: "Le regroupement des citoyens de
Baie-Comeau a fait circuler une pétition à Baie-Comeau entre le
30 mai et le 2 juin 1982. 6059 citoyens et citoyennes de Baie-Comeau ayant
droit de vote ont signé la pétition qui se lit comme suit:
"Attendu que le ministre des Affaires municipales a accepté de
défendre le projet de loi 37 à Hauterive, le 5 avril 1982 sur
invitation du comité des citoyens n'ayant pas présenté de
rapport à la commission parlementaire du 15 décembre 1981;
"Attendu que le comité conjoint formé de représentants des
deux villes et assisté par des membres de la Commission municipale du
Québec a rendu son rapport; "Attendu que ce rapport confirme les
chiffres présentés par la ville de Baie-Comeau en commission
parlementaire et démontre que les coûts exorbitants de la fusion
projetée seraient assumés par les citoyens de Baie-Comeau;
"Attendu que ce rapport constitue un élément nouveau dans le
dossier; "En conséquence, nous, citoyens et citoyennes de Baie-Comeau,
demandons au ministre des Affaires municipales, Jacques Léonard, de
venir à Baie-Comeau expliquer en assemblée publique sa position
et répondre à nos questions face au rapport du comité
conjoint avant la poursuite des travaux parlementaires sur le projet de loi no
37. La population de Baie-Comeau a de nouveau manifesté son désir
d'être informée et consultée sur les implications d'un
projet qui risque d'hypothéquer dangereusement son avenir. Nous
demandons que le ministre des Affaires municipales, Jacques Léonard,
prenne en sérieuse considération cette volonté clairement
exprimée de la très grande majorité des électeurs
du vrai Baie-Comeau."
M. le Président, face à une pétition aussi claire
que celle-là, je suis convaincu que le ministre des Affaires municipales
aurait dû prendre - je ne sais pas s'il l'a pris encore - la
décision d'aller vraiment dans la ville de Baie-Comeau consulter et
informer les gens de Baie-Comeau. Je ne peux pas comprendre pourquoi le
ministre des Affaires municipales est allé à Hauterive le 5 avril
1982, sur invitation d'un groupement de citoyens, pour expliquer la position du
gouvernement et que cette même possibilité est refusée aux
gens de Baie-Comeau.
M. le Président, dans un journal local de la ville de
Baie-Comeau, le maire de la ville disait: Pas de fusion sans
référendum. Je crois que, si on veut vraiment que la
démocratie exerce son pouvoir, la chose la plus naturelle qu'on pourrait
faire, c'est consulter les gens avant qu'on fasse n'importe quoi, disons qu'on
fasse, dans le cas actuel, une fusion aussi fondamentale pour la population de
Hauterive et de Baie-
Comeau. Dans ce journal, on disait encore: "Consultez-nous, a
lancé le maire à l'endroit des ministres Jacques Léonard
et Lucien Lessard. Si les citoyens de notre ville, majoritairement, consentent
à cette perte d'identité et de pouvoir, alors le gouvernement
pourra procéder dans la légalité législative qu'il
a déjà et dans la légalité morale qu'il aura
obtenue." De la part des municipalités et des maires des
municipalités, je ne pense pas qu'on puisse avoir des propos plus
naturels, plus clairs pour une population comme Baie-Comeau vis-à-vis de
cette fusion. (15 h 45)
Je me pose encore cette question: Pourquoi le ministre a refusé
d'aller consulter ces gens? On le lui a même demandé, je pense,
mercredi ou mardi dernier, quand le comité conjoint est venu exposer les
raisons du coût exorbitant de cette fusion, et le ministre n'a jamais
été capable de nous prouver vraiment que cette fusion
était nécessaire. Nécessaire dans le sens que la
population ne devrait pas être consultée pour que cette fusion se
fasse. Jamais il ne nous a dit un mot de cette situation. Il nous a dit
seulement: Oui, cela se peut qu'il y ait des coûts. Si on se le rappelle,
le député de Saguenay, ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche, disait: La fusion va coûter 0 plus 0. On s'aperçoit
qu'avec le comité conjoint la fusion va coûter 4 300 000 $, M. le
Président. Je sais que probablement pour le ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche, 4 000 000 $ ce n'est rien, on le sait très
bien. Pour le gouvernement actuel, 4 000 000 $ ce n'est rien? On se permet de
dépenser de l'argent n'importe où, on jette de l'argent par les
fenêtres, dans des toilettes, on jette de l'argent dans des primes de
séparation et tout cela. Mais pour lui 4 000 000 $, pour la fusion de
Baie-Comeau et de Hauterive, c'est trop d'argent, le gouvernement ne peut pas
donner cet argent-là. Il peut en dépenser dans d'autres domaines,
jeter des 15 000 000 $ dans Québecair ou dans d'autres endroits, mais
pour la fusion de Baie-Comeau et de Hauterive le gouvernement est dans une
situation économique précaire; c'est la faute du
fédéral, c'est la faute des taux d'intérêt, ce n'est
jamais la faute de ce gouvernement. J'ai toujours dit, et je le
répète encore aujourd'hui, que c'est un gouvernement
irresponsable, un gouvernement dont l'incurie n'est plus à prouver.
Vous savez très bien, comme je le disais tout à l'heure,
que probablement c'est le testament politique du ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche. C'est un testament, probablement, dont il va
toujours porter le poids. Un jour, les gens de Baie-Comeau et de Hauterive
réaliseront vraiment, s'ils sont forcés à une fusion,
les
dangers de cette fusion. Cette population, pour des raisons qu'on ne
connaît pas actuellement, pourrait se trouver dans une situation vraiment
lamentable du côté social comme du côté
économique. Je ne sais pas si le député de Saguenay sera
encore aussi favorable à une fusion. Beaucoup de gens considèrent
aujourd'hui qu'elle ne devrait pas être faite de cette façon.
M. le Président, je ne voudrais pas être tellement long sur
cette question, mais je me promets de revenir un peu plus tard parce que j'ai
encore des choses pas seulement à dire mais à prouver au
député de Saguenay sur l'irresponsabilité qu'il y a
à parrainer une fusion forcée des villes de Baie-Comeau et
Hauterive. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Germain Leduc
M. Leduc (Saint-Laurent): M. le Président, lorsqu'il a
été question de la loi no 37 en deuxième lecture, je
n'avais pas encore ce privilège de siéger à
l'Assemblée nationale, je n'étais pas encore élu. Je dois
vous dire que ça n'avait pas tellement d'impact dans le milieu de
Saint-Laurent, la question de la loi no 37. Je ne pense pas que ce soit du fait
que la loi a été présentée que j'ai pu obtenir 80%
des votes, mais je pense que, si c'était aujourd'hui et qu'il
était question de la loi no 37, j'irais peut-être rafler 95% des
voix.
J'aurais peut-être expliqué aux gens de Saint-Laurent, mes
concitoyens, que c'est possible des fusions qui ne sont pas volontaires, c'est
possible avec ce gouvernement-là des fusions forcées. Nous, les
gens de la banlieue de Montréal, avons une certaine hantise. Une
île, une ville, ça nous fatigue beaucoup. Alors ce serait
peut-être une bonne chose d'avoir à expliquer à mes
électeurs, aux gens de Saint-Laurent qu'avec ce gouvernement-là
c'est possible qu'il y ait une fusion; on pourrait nous imposer une f sion
à Montréal. Saint-Laurent aurait peut-être à
disparaître, et je ne crois pas que les citoyens accepteraient
facilement. Moi j'ai toujours pensé que, passé l'ère
duplessiste, la question des fusions forcées c'était
terminé, que maintenant ça devait être des fusions
volontaires; ça veut dire qu'on devait s'entendre, on devait arriver
à un consensus; d'ailleurs, je pense qu'on à affaire à un
gouvernement qui fonctionne à coups de consensus, c'est reconnu.
Je pense que surtout il faudrait peut-être, je ne sais pas...
M. Lessard: Sous le Parti libéral, pas sous l'ère
duplessiste.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je ne sais qui vous avez copié,
mais je pense bien que vous avez retenu l'ère duplessiste
là-dessus; on imposait sans aucun discernement les fusions et les
annexions. D'ailleurs, on les a connues même dans notre bout, à
Saint-Laurent; des paroisses disparaissaient, puis c'était les villes.
Ce n'étaient même pas des fusions, on appelait ça des
annexions. Je pensais, en arrivant à Québec, que cette
époque était révolue, mais il semble que ce n'est pas le
cas. On impose des fusions à des villes. Je pense que ç'a
beaucoup d'impact surtout face aux précédents. Si, maintenant, on
peut procéder à des fusions sans aucune consultation - on a
consulté, mais on n'a pas tenu compte du résultat, on impose - je
pense bien que les autres villes du Québec doivent être
drôlement préoccupées. Je pense que ces gens accepteraient
difficilement un précédent. Les citoyens du Québec doivent
s'attendre, à un moment donné, à être obligés
de subir une fusion. C'est un précédent qu'on ne devrait pas
accepter et, surtout, que le Parti québécois, avec sa
transparence, ne devrait pas imposer. Je ne dis pas, si c'étaient les
libéraux, on aurait peut-être pu faire ça, mais un parti
social-démocrate ne pourrait sûrement pas se permettre
ça.
En ce qui concerne Baie-Comeau et Hauterive, c'est un cas qui n'est pas
différent, c'est absolument identique à tout ce qui se passe au
Québec. On a vu le cas de Pointe-aux-Trembles. Ce qu'on a fait à
Pointe-aux-Trembles, je pense qu'on devrait le faire également dans le
cas présent. On devrait consulter les gens, on devrait faire un
référendum comme à Pointe-aux-Trembles. Je m'explique mal
qu'à Pointe-aux-Trembles on ait obligé les gens à se
soumettre à un référendum alors que, dans le cas de la loi
37, on ne passe pas par cette modalité. Les deux villes doivent
nécessairement y trouver leur avantage. Si les deux villes n'y trouvent
pas leur avantage, je ne vois pas pourquoi on pourrait les forcer à
procéder à une fusion. C'est un mariage forcé, comme le
disait mon collègue tantôt, et je ne pense pas qu'on aurait des
couples tellement heureux si on forçait les gens à se marier.
C'est un mariage forcé, mais c'est surtout un mariage d'argent.
Apparemment, si je comprends bien, c'est une question de gros sous. On dit:
Voici, on veut bien qu'il y ait une fusion, mais paie! En somme, le
gouvernement ne veut pas en payer le coût. Il faudrait peut-être
que le gouvernement pense à débourser les sommes
nécessaires pour permettre que les gens soient heureux dans ce
coin-là.
Ce qui va arriver, c'est qu'on va imposer la fusion. Je ne vois pas
quelle sera la solution. Le problème va demeurer entier. Si les gens de
ce coin-là n'acceptent pas la fusion, on va maintenir encore deux
villes. Il
y aura sûrement une division, comme on en voit à plusieurs
endroits. J'ai vécu des fusions de commissions scolaires où on a
maintenu des esprits de clocher parce qu'on n'avait pas été
consulté, on avait imposé cette fusion. On va arriver exactement
à la même solution. Bien sûr, il va y avoir une fusion, il
va y avoir une seule entité, une seule ville, il y aura deux groupes de
citoyens. Il y aura les citoyens de Baie-Comeau et les citoyens de
Hauterive.
Plusieurs observateurs prétendent que la fusion serait une bonne
chose. On est d'accord, mais on veut que ce soit de consentement mutuel. Je
comprends une chose, c'est que je ne pense pas qu'on puisse y revenir par la
suite. Je ne pense pas qu'on puisse ensuite dire: La fusion n'a pas
été un succès, on devrait y revenir. Ce sera fait une fois
pour toutes; la fusion étant faite, il faudra que les gens vivent
ensemble. Il faut s'assurer que ces gens soient heureux dès le
départ. Il y aura des ajustements au départ, bien sûr, mais
il faudra que les gens vivent ensuite en communauté, une seule
communauté, non pas deux. Pour arriver à cela, apparemment,
ça prend un référendum. On l'a fait à
Pointe-aux-Trembles, je ne vois pas du tout pourquoi on ne le ferait pas
ici.
Je pense que ce parti a montré que les référendums
s'accommodaient très bien de cela. On a vu le "renérendum" pour
une question qui était drôlement moins importante que le cas
présent. Il s'agit ici de citoyens, il ne s'agit pas de militants d'un
parti. Je ne pense pas qu'à Hauterive et à Baie-Comeau, il y a
des péquistes, des libéraux et des membres de l'Union Nationale,
il y a des citoyens, alors si on a jugé bon de faire un
référendum pour des militants, à l'intérieur d'un
parti, je pense qu'il y a drôlement plus de raisons dans le cas
présent de faire un référendum pour une fusion de deux
communautés. Les édiles de la ville de Baie-Comeau ont dit:
Voici, lorsqu'il y a une fusion en vertu de la loi no 53, c'est la commission
municipale qui, normalement, fait les enquêtes, rejoint les gens,
prépare un rapport et arrive à une conclusion. Vu qu'on va sauter
cette étape, il y aurait peut-être lieu que la commission
parlementaire, comme certains l'ont suggéré, se déplace et
aille sur les lieux faire l'enquête, écouter les gens,
peut-être que là, on vous informerait, on vous donnerait l'heure
juste, messieurs les péquistes, on vous dirait exactement ce qui se
passe. Il y a un ministre qui demeure dans ce coin-là, mais apparemment,
il ne sait pas ce qui se passe chez lui ou bien il n'est jamais là, je
ne sais pas. Peut-être qu'en écoutant les gens, il aurait l'heure
juste, il verrait les problèmes, également, il pourrait
peut-être vérifier, regarder les mémoires qui ont
été préparés et y donner suite. Peut-être que
les gens reconnaîtraient que le gouvernement fait un effort. C'est
peut-être cela que les gens de Baie-Comeau et de Hauterive attendent,
c'est que le gouvernement tienne compte de leurs revendications. Qu'on aille
chez eux les écouter.
On parle de testament politique pour M. Lessard, je suis un ancien
notaire - je suis encore notaire d'ailleurs - je serais peut-être
prêt à refaire son testament.
M. Lessard: Je ne me fierais pas à vous.
M. Leduc (Saint-Laurent): Je serais peut-être prêt
à refaire son testament politique. Il devrait peut-être indiquer
dans son testament qu'il nous promet qu'il n'y aura pas de fusion, sans
consentement mutuel.
Une voix: II l'a déjà dit, cela.
M. Leduc (Saint-Laurent): II l'a dit, mais il devrait le
réaffirmer, le réitérer et le mettre sous forme
notariée.
Une voix: Ah, bien oui!
M. Leduc (Saint-Laurent): Cela deviendrait un acte authentique,
non changeable. En conclusion, je pense que ce gouvernement cherche les
problèmes. Au fait, il n'y en a pas de problème, si je comprends
bien. Simplement, consultez les gens, allez les voir, demandez-leur ce qu'ils
pensent, écoutez-les; ensuite, vous pourrez voir si, à la suite
de certains gestes, la ville de Hauterive est en déficit ou s'il y a un
manque à gagner, vous pourrez peut-être le combler. Mais on
impose. Je pense que si on met des conditions, on devrait peut-être
mettre les moyens nécessaires pour arriver à la
réalisation de cette fusion. Peut-être que les citoyens de ce coin
seraient satisfaits et l'ensemble du Québec également. Je pense
qu'on ne traumatiserait pas les Québécois avec cette fusion
imposée. Je pense qu'on va les traumatiser. Cela veut dire que c'est un
précédent inacceptable surtout de la part d'un gouvernement
social-démocrate. Comme je disais tantôt, sûrement pas de la
part des méchants libéraux, ce n'est surtout pas possible; non,
mais de la part d'un parti social-démocrate, cela ne se fait pas. Je
pense que vous sécuriseriez drôlement les gens dans le
Québec. Vous les rassureriez et, à l'avenir, vous n'en aurez pas
de fusion. Surtout pour nous, gens de la banlieue de Montréal, on serait
sûrement tranquillisé. On dirait: Écoutez, M. Drapeau, il
n'y a pas trop de danger, il va falloir qu'il nous consulte. Je pense que si
l'on consulte chez nous, on ne serait peut-être pas tellement d'accord
avec la fusion. Quant à nous, "Une île, une ville", on n'en veut
pas. Peut-être qu'il y a des gens ici qui n'en veulent pas.
Mais avec une consultation générale, avec un
référendum, je pense qu'on devrait agir suivant la
majorité. Il faudra que la minorité respecte la décision
de la majorité. Alors, je pense qu'avec cela les gens devraient
être satisfaits. Merci, M. le Président. (16 heures)
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: M. le Président, la commission parlementaire,
ce matin a été témoin de certains événements
que, pour le moins, on pourrait dire malheureux. Il est très rare qu'en
commission parlementaire on voie de telles démonstrations. Sans doute,
comme l'a souligné le député de Gatineau, on doit
s'assurer que la commission parlementaire puisse poursuivre ses travaux en
toute sérénité et sans de telles interruptions.
Naturellement, nous ne pouvons pas appuyer de telles démonstrations.
Cependant, la question qu'il faut se poser, c'est: Pourquoi les
événements de ce matin se sont-ils produits? Les gens ne viennent
pas pour rien en commission parlementaire avec des démonstrations de ce
genre. Même si on ne les approuve pas, il faut en chercher la cause. Il
faut dire pourquoi des gens se sont sentis assez frustrés pour faire de
telles démonstrations comportant de grands risques pour eux-mêmes
et pour les membres de cette commission. Il faut aller chercher les causes.
C'est malheureux que le gouvernement agisse de telle façon; que,
plutôt que d'éviter ce genre de démonstration et d'acculer
le monde au mur, il continue et ne porte pas attention du tout à la
volonté de la population. Vous savez, même si on n'approuve pas,
on ne peut pas approuver non plus la provocation du gouvernement, la
provocation du ministre, la provocation des gestes que le gouvernement pose. On
dirait que c'est cela. Quand des gens font cela, c'est comme un dernier
recours. Ils ne savent plus quoi faire pour essayer de faire comprendre au
gouvernement qu'il y a quelque chose qui ne va pas dans son projet de loi,
qu'il y a d'autres mesures, d'autres moyens.
Vous savez M. le Président, la différence entre une
démocratie et une dictature? En démocratie la majorité
à l'Assemblée nationale pourrait adopter toutes les lois que vous
voulez. Ce qui distincte la démocratie d'une dictature, c'est que la
démocratie, même avec la majorité, respecte les droits des
minorités, respecte les droits d'autres personnes. Vous ne cessez pas de
les acculer au mur. Plutôt que des lois spéciales, employez les
mesures qui existent maintenant. Il existe une loi pour favoriser la fusion des
municipalités. Elle existe cette loi. Vous la mettez de
côté, vous ne vous occupez pas de la volonté de la
population, vous ne passez pas par l'entremise d'un référendum,
vous ne consultez pas et vous dictez. C'est cela une dictature. Vous dictez
votre point de vue et vous ne vous occupez pas de ce que la population
veut.
M. le Président, on ne peut accepter cette façon d'agir du
gouvernement. De la même façon qu'on ne peut accepter les gestes
de ce matin, on ne peut accepter la façon d'agir du gouvernement, parce
que vous avez provoqué ces gens, vous les mettez dans une position
où ils n'ont presque pas de choix. Ils ne savent plus comment faire pour
essayer de porter à votre attention qu'ils ne peuvent pas se faire
dicter une telle loi, s'imposer de telles mesures qui, d'après eux, vont
leur causer des problèmes, vont causer des préjudices. Ils ne le
veulent pas sans être consultés et sans avoir le droit de vous
dire: Si vous voulez faire une fusion, il y a certaines conditions au
préalable qui doivent être respectées. Il faut
déplorer la façon d'agir du gouvernement. Il y a une loi qui
favorise la fusion des municipalités. Le gouvernement ne respecte pas
ses propres lois. C'est le gouvernement du Parti québécois qui a
fait adopter cette loi à l'Assemblée nationale. Aujourd'hui il
arrive avec une loi spéciale et il dit à la population:
Malgré cette loi qui existe et que nous avons fait adopter, on ne s'en
occupera pas. On va dire à la population de Baie-Comeau et de Hauterive
quoi faire.
M. le Président, on a drôlement l'impression qu'on utilise
les lois de l'Assemblée nationale, le pouvoir de légiférer
contre des ennemis politiques du gouvernement. C'est drôlement
l'impression qu'on a. Autrement, si ce n'était pas cela, l'intention du
gouvernement, si ce n'était pas sa façon d'agir, il y aurait
d'autres mesures à prendre. Il pourrait agir autrement, il ne serait pas
obligé de forcer la fusion de ces deux villes. Il pourrait faire un
référendum. Un des problèmes, c'est la question des taxes
d'Hydro-Québec sur les barrages. Je suis pas mal certain que si le
gouvernement obligeait Hydro-Québec, comme il peut le faire, à
payer des taxes sur les barrages, on n'aurait pas le problème qu'on a
aujourd'hui, soit qu'on aurait rétabli un équilibre financier
entre les deux villes, à ce moment, je pense bien que la question de
fusion deviendrait un aspect technique, ou bien, Hauterive, si elle n'avait pas
le déficit qu'elle a tous les ans et si elle percevait les taxes
municipales du barrage, les taxes d'Hydro-Québec, ne demanderait pas
à être fusionnée et voudrait continuer son administration
comme ville autonome. Le rapport - c'est une autre chose qu'on ne comprend pas
- démontre que quand les deux villes vont se fusionner, les
dépenses vont augmenter. Il n'y a aucune ville qui veut se placer dans
une position où
les dépenses administratives vont augmenter, où les
administrateurs, les élus d'une ville vont être obligés
d'augmenter les taxes. Une des suggestions serait peut-être, pour
éviter tout le problème, éviter les
événements de ce matin, de s'assurer qu'on respecte la
volonté des résidents et des citoyens de Baie-Comeau et de
Hauterive d'obliger Hydro-Québec à payer des taxes sur les
barrages.
M. le Président, j'avais fait une motion à
l'Assemblée nationale dans le sens de changer ou d'améliorer le
système d'évaluation pour enlever les déséquilibres
qui existaient entre différentes catégories de contribuables. Le
gouvernement a amendé la motion pour obliger le gouvernement
fédéral à payer des taxes aussi sur ses installations au
Québec. Quand on a voulu ajouter que non seulement le gouvernement
fédéral, mais aussi le gouvernement du Québec paie des
taxes municipales, des taxes foncières, le gouvernement ne l'a pas
accepté. Il semble y avoir deux poids, deux mesures pour deux
différents niveaux de gouvernement. Je suis persuadé qu'une des
mesures qui éviterait les problèmes qui existent aujourd'hui, ce
serait que le gouvernement prenne ses responsabilités, au lieu de
toujours accuser l'autre niveau de gouvernement, le fédéral, de
refuser de payer des taxes, même s'il paie des "en-lieu", des sommes "en
lieu" de taxes.
Je voudrais demander à l'un ou l'autre des ministres: Est-ce que
votre projet de loi vaut la peine de perturber le climat social? Est-ce que
cela vaut la peine de faire cela? Quelles sont les justifications? Il me semble
que le gouvernement devrait éviter de causer un climat social
empoisonné, qu'il devrait faire la paix entre les citoyens et ne pas
causer la confrontation. Je me demande ce qui est tellement important, dans
votre projet de loi, pour que vous puissiez causer les difficultés, les
problèmes entre citoyens que nous avons constatés ce matin.
Il me semble, si on veut respecter les êtres humains et respecter
son voisin, qu'il n'y a aucun projet de loi qui vaille cela, pas pour moi. Cela
ne prend pas moins de courage. Vous en sortirez encore plus respecté si,
après les événements que vous voyez, non seulement ce
matin, mais qui se produisent tous les jours et toutes les semaines, vous
dites: Écoutez, on va respecter la volonté des gens de
Baie-Comeau, on va retirer ce projet de loi ou on va procéder par
référendum. Je pense, M. le Président, que la population
aurait beaucoup plus de respect pour vous si vous preniez ce genre d'attitude
plutôt que de procéder de la façon que vous le faites.
On a des problèmes économiques, on a toutes sortes de
problèmes au Québec et, plutôt que d'essayer de les
régler, vous en ajoutez. Mettez-vous dans la situation des contribuables
de Baie-Comeau. Avec tous les problèmes économiques qui existent,
vous venez leur imposer un projet de loi qui va augmenter leurs taxes, qui va
causer possiblement des problèmes à l'économie de
Baie-Comeau. Comment voulez-vous qu'ils acceptent cela? Même dans une
période normale, si on avait une croissance économique, ce serait
un principe, une situation difficile à accepter. Mais avec les temps
difficiles qui existent aujourd'hui, avec les problèmes
économiques que nous avons, vous venez imposer, en plus de cela, un
projet de loi qui va ajouter aux problèmes de chaque individu. C'est
bien beau de parler des collectivités. C'est bien beau de dire: On agit
pour la collectivité, pour le plus grand intérêt de la
collectivité, mais pensez donc qu'au bout de cette collectivité
il y a des individus. Il y a des individus à Baie-Comeau qui vont
souffrir et qui vont être brimés dans leurs droits parce que vous
insistez pour leur imposer, contre leurs intérêts, à un
coût qui est établi même par le rapport du comité
conjoint, ce fardeau fiscal additionnel. Mais ne vous attendez pas qu'il n'y
ait pas de réactions. Savez-vous que les lois d'un gouvernement
dépendent du consentement de la population? La base de la
démocratie, c'est cela. On n'impose pas; on obtient le consensus et
l'appui de la population. C'est seulement ainsi que le gouvernement peut
gouverner. Vous pert rbez le climat social et vous créez des
précédents dangereux par la façon dont vous
procédez. Je ne vois pas pourquoi, à tout prix, vous voulez
absolument obliger la population à accepter votre projet de loi.
Chose curieuse, M. le Président - le député de
Saint-Laurent, je crois, a fait allusion au cas de Pointe-aux-Trembles -
à Pointe-aux-Trembles, il y a eu un référendum. Je crois
que le ministre n'est pas certain de l'accepter. C'est le monde à
l'envers, M. le Président, avec ce gouvernement. Ici, on demande un
référendum et on dit: Non, on n'en fera pas. Je ne peux pas
comprendre cela. C'est un concept de démocratie qu'on ne peut pas
définir et qu'on ne peut pas comprendre. M. le Président, on fait
des suggestions et des recommandations au gouvernement et il se montre pas mal
intransigeant face aux suggestions valables et aux recommandations que nous
faisons, pas pour empêcher nécessairement la fusion, pas pour
l'arrêter pour toujours, mais pour respecter la volonté des gens.
Voyonsl Comprenez donc ce qu'est un gouvernement démocratique.
M. le Président, le sentiment de la population de Baie-Comeau a
peut-être été exprimé mieux que je peux l'exprimer
par un projet de lettre qui a été préparé par des
citoyens de Baie-Comeau et qui a été envoyé au ministre,
le député de Saguenay, pour lui demander de le signer et de
résoudre le
problème qui est causé par ce gouvernement. Je voudrais
lire ce projet de lettre, parce que je pense que cela reflète, mieux que
les paroles que nous pouvons dire ici, le voeu des personnes sur les lieux.
Nous pouvons faire des représentations, mais ceux qui sont
affectés, parfois, ce sont eux vraiment qui expriment leur
volonté et ils peuvent l'exprimer mieux que n'importe quel
représentant autour de cette table. Et je voudrais vous lire, M. le
Président, le projet de lettre qui a été
préparé et qui a été envoyé, je crois, au
ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche. C'est une lettre qu'on
voudrait que le ministre signe et ce n'est pas encore trop tard pour le faire,
mais je pense que je vais la lire pour démontrer vraiment la
volonté, la perception des gens de Baie-Comeau. Alors, c'est une lettre
qui se lit comme suit: "Chers électeurs, électrices, - c'est une
lettre du ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche - comme il a
fallu beaucoup de courage... (16 h 15)
M. Lessard: Ce n'est pas une lettre du ministre du Loisir.
M. Ciaccia: Non, c'est un lapsus, je n'avais pas
l'intention...
M. Lessard: Comme vous en avez fait un en Chambre l'autre
jour.
M. Ciaccia: Non, une lettre qu'on aurait voulu que le ministre du
Tourisme, Chasse et Pêche signe. "Comme il a fallu beaucoup de courage
pour présenter un projet de loi imposant la fusion forcée des
deux principales villes de mon comté, il en faut encore davantage pour
rédiger la présente. Après cinq mois de lutte intense, de
campagnes d'information, d'engagements de part et d'autre, rien ne va plus. Ce
projet de loi qui avait pour but ultime de rapprocher les populations de
Baie-Comeau et de Hauterive a eu l'effet contraire, créant des divisions
profondes au sein des familles, de groupes d'amis et de cercles de travail.
Jamais auparavant le climat social n'a été aussi mauvais dans une
région pourtant aussi accueillante. Bien que je demeure persuadé
-c'est encore, M. le Président, les mots qu'on voudrait que le ministre
signe dans le projet de lettre qu'on lui a envoyé - du bien-fondé
du projet de fusion, je me dois de considérer l'opposition presque
unanime de tous mes électeurs de Baie-Comeau. C'est le lot d'un
gouvernement démocratique. Ainsi, après entente avec mon
collègue le ministre des Affaires municipales, je recommanderai le
retrait du projet de loi 37 afin d'éviter de créer une nouvelle
ville sur des bases de frustration et de haine. Je tiens à affirmer
à mes concitoyens que je continuerai à travailler avec
acharnement pour le rapprochement de nos deux communautés, mais
j'utiliserai des avenues qui, cette fois, seront susceptibles d'être
acceptées d'emblée par l'ensemble des citoyens des deux villes.
L'étude présentement réalisée par les deux
municipalités et la Commission municipale servira sûrement de base
à cette nouvelle approche que nous voudrons plus démocratique et
moins hasardeuse financièrement pour les deux villes. Citoyens de mon
comté, je vous assure tous de mon attention. Votre député,
Lucien Lessard."
M. le Président, ce n'est pas encore trop tard pour le
député de Saguenay de signer une telle lettre et de
rétablir le climat social. Ce n'est pas une question personnelle, parce
que parfois, c'est possible, on va à l'encontre de certains voeux de
certains électeurs, mais ce sont des principes de justice,
d'équité et c'est le bon sens même qui dictent les propos
de cette lettre.
Le Président (M. Laplante): Pour conclure, s'il vous
plaît, M. le député.
M. Ciaccia: Je conclus sur cet appel que je fais au ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche, le député de Saguenay,
de bien vouloir nous dire maintenant s'il est prêt à signer cette
lettre pour rétablir la paix sociale et le climat social à
Baie-Comeau, Hauterive.
Le Président (M. Laplante): S'il vous plaît! M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: Merci, M. le Président. Il me fait plaisir de
m'associer à mes collègues de l'Opposition pour tenter de faire
comprendre au gouvernement le véritable sens de son geste actuellement.
Nous avons tenté en vain de le faire lors de la deuxième lecture.
Nous avons cru que le travail du comité conjoint, qui a produit son
rapport il y a quelques semaines, pourrait éclairer le gouvernement dans
le sens de ce que nous croyons être l'intérêt des
populations concernées. Mais, là aussi, notre souhait a
été vain. Pourquoi nous opposons-nous à ce projet de loi,
M. le Président, est-il utile de le répéter? C'est
strictement et uniquement parce que le projet de loi prétend forcer la
fusion de deux villes, c'est-à-dire procéder à la fusion
sans consulter les populations.
Qu'est-ce qui empêche le gouvernement, le ministre parrain et le
ministre qui semble être le véritable responsable de cette loi, le
député de Saguenay, de faire un référendum? On n'a
jamais eu la véritable explication.
Une voix: C'est exact.
M. Lalonde: Vous me direz, M. le Président, que le
gouvernement est devenu
très nerveux quand on parle de référendum. Il a
développé une certaine crainte des référendums.
Cela, on ne peut l'en blâmer. On pourrait quand même le raisonner
et lui dire que ce n'est pas aussi méchant que cela, des
référendums. De toute façon, quand il y en a, il n'en
tient pas compte. Je vais vous donner deux exemples: au
référendum sur la séparation du Québec, le
résultat a quand même été évident: 60% de
non, on continue à diriger la province comme un gouvernement
séparatiste.
Il est allé à Ottawa pour négocier; nous
espérions qu'il allait le faire suivant le verdict
référendaire, mais non, il était tellement dans une
situation de contradiction qu'il a tout perdu. Il a perdu le droit de
véto, il s'est fait jouer comme un petit garçon; il a fait
négocier cela alors qu'il était en train de jouer au poker
pendant la nuit, c'est absolument ridicule.
Alors, on comprend qu'il ait développé une certaine
appréhension des référendums. On vous a donné un
référendum où il n'était pas engagé:
Pointe-aux-Trembles. Il y a eu un référendum à
Pointe-aux-Trembles et eux étaient d'accord; s'ils sont d'accord non pas
pour une fusion, mais pour une annexion, enfin, le résultat est le
même. Le ministre, qu'a-t-il dit depuis le référendum de
Pointe-aux-Trembles?
Une voix: Rien.
M. Lalonde: Rien. Il étudie le résultat du
référendum. Cela prend du temps pour étudier le
résultat d'un référendum, M. le Président, il faut
compter tous les votes. À mon avis, il est en train de compter tous les
votes un par un, pour être bien sûr qu'ils sont là.
Le problème de ce gouvernement, après seulement cinq ans
et demi, c'est qu'il pense qu'il a raison. Le député-ministre de
Saguenay pense que c'est bon la fusion de Hauterive et de Baie-Comeau. Je suis
convaincu que, sincèrement, il pense que c'est bon et qu'il a
réussi à convaincre ses collègues que c'est une bonne
chose abstraitement que ces deux villes se fusionnent.
Je ne vous donnerai pas de noms, M. le Président, mais on a des
conversations entre nous. Il n'y a pas très longtemps, je discutais avec
quelques députés péquistes...
Mme Lachapelle: II y en a encore qui vous parlent.
M. Lalonde: Oui, il y en a encore qui me parlent. Il y en a qui
sont bien gentils et bien indulgents à l'égard des
méchants députés de l'Opposition qui osent poser des
questions.
Une voix: Tu me déçois.
M. Lalonde: Ils me décrivaient, avec la meilleure foi
possible que, ayant survolé la région et s'apercevant
qu'au-delà de plaines désertes, de montagnes, il y a ces deux
entités qui existent à quelques kilomètres l'une de
l'autre, ce serait bon que ce soit une ville. Donc, il y a sûrement des
raisons qui ont amené ces gens à dire que la fusion serait une
bonne chose. Comme exercice de l'esprit, ce n'est pas détestable, ce
n'est pas impossible à comprendre, mais là où cela
commence à être dangereux, c'est lorsqu'un gouvernement ou un
ministre qui pense qu'une chose est bonne veut l'imposer malgré la
volonté des gens. Quand un gouvernement devient autocrate, on a ce qu'on
voit ici actuellement en vertu de la loi no 37. On voit ce qu'on voit
actuellement au salon rouge comme conséquence de la loi no 70. Le
gouvernement veut imposer parce qu'il pense que c'est bon, mais c'est
dangereux; le caprice du prince, ça peut mener loin.
Je n'ai jamais compris pourquoi le gouvernement a décidé
de ne pas faire confiance à la population là-dedans, parce qu'au
fond ces gens-là, le gouvernement, ce sont des gens raisonnables
normalement. On ne partage pas les mêmes idées, on n'a pas les
mêmes vues sur un tas de sujets, mais fondamentalement, je ne pense pas
que le gouvernement ait décidé de faire du mal, de faire des
choses qui font du mal au monde. Non, c'est pire que cela, ces gens ont
décidé que ce qu'ils pensent, eux autres, c'est bon. C'est cela,
être autocrate. Et, si c'est bon, on l'impose même si le monde
pense que ce n'est pas bon, mais les gens, ils vont comprendre, on va les
amener petit à petit à comprendre, à changer, on va
manipuler leur opinion, ils ne comprennent pas, parce qu'ils ne savent pas. Il
y en a qui sont experts dans ce gouvernement-là; enfin, je ne veux pas
mentionner un absent, un député, un ministre qui n'est pas ici,
mais il y en a qui sont experts là-dedans.
On fait l'examen de la situation, on donne un verdict, on dit: La
population ne comprend pas que c'est bon pour elle, mais c'est bon, moi j'ai
décidé que c'est bon. Je vais lui dire que c'est cela qu'il faut
que le peuple fasse et, petit à petit, on va faire une prescription
parce que le monde d'après ce gouvernement-là est malade, mais il
ne sait pas qu'il est malade, le gouvernement le sait, lui; il est malade et il
faut le soigner. Vous savez que les malades n'aiment pas beaucoup cela prendre
des potions, mais c'est important, il faut la prendre, la potion. Tu ne sais
pas que tu es malade, mais moi, je sais que tu es malade.
C'est cette attitude répugnante à l'esprit
démocratique qui provoque la réaction de l'Opposition et le Parti
libéral, de quelque milieu que les députés viennent,
quelle que soit la région qu'ils représentent, est uni dans cette
action-là. Vous avez peut-
être remarqué qu'il y a des députés de
Montréal, des régions, de l'Outaouais qui sont unis dans une
même bataille. Pourquoi Baie-Comeau et Hauterive? C'est loin du
comté de Marguerite-Bourgeoys, c'est très loin, c'est très
loin aussi du comté de Saint-Laurent et des autres comtés
représentés par les libéraux, mais nous partageons une
chose, nous partageons un désir, c'est de respecter les
Québécois où qu'ils soient, d'empêcher le
gouvernement et un ministre en particulier qui, pour des raisons qu'il a mal
expliquées, enfin que je n'ai pas comprises, il les a peut-être
bien expliquées, le député de Saguenay, je ne les ai pas
comprises... Comment un ministre peut-il dire publiquement qu'il ne fera pas
une fusion forcée et un an après, la faire? Expliquez-moi cela.
Moi je n'ai pas trouvé d'explication.
Ce serait si simple de dire aux gens... Oh! oui, on me souffle qu'il y
avait une élection entre les deux. Vous savez qu'on ne peut pas
prêter d'intention aussi basse, même à un adversaire.
Jamais, jamais, le député de Saguenay ne succomberait à la
tentation de l'électoralisme. Non, voyons! Tout le monde sait que c'est
absolument incroyable! Je rejette du revers de la main cette idée qui
m'a été soufflée parce que je ne suis -heureusement que je
n'ai pas vu celui qui me l'a soufflée parce que je lui ferais des
reproches - aucunement... (16 h 30)
Une voix: On va en parler au caucus.
M. Lalonde: Alors, c'est ce qui fait que nous ne voulons pas
laisser passer ce projet de loi à moins qu'il ne soit changé.
C'est ce que nous allons nous appliquer à faire: faire les modifications
afin que la population touchée par cette loi soit respectée. On
n'en demande pas plus. Si la population de Baie-Comeau et la population de
Hauterive, consultées toutes les deux de la façon normale, sont
d'accord pour une fusion, nous serons les premiers à applaudir parce que
ces populations auront concouru dans la décision. Mais, actuellement, ce
que nous pensons, d'après ce que nous savons, c'est que l'accord n'a pas
été obtenu. Nous savons qu'il n'y a pas eu de
référendum. Nous n'allons pas faire de prophéties selon
lesquelles le référendum va être négatif à
Baie-Comeau et positif à Hauterive. Nous ne sommes pas ici pour faire
des prophéties. Nous voulons simplement que les populations aient
l'occasion de parler et de décider et que ce ne soit pas le
député-ministre qui décide pour eux. De quel droit
impose-t-il une solution, simplement parce qu'il pense que c'est la bonne?
Est-ce qu'une dizaine d'années de politique peuvent rendre un
homme raisonnable à de tels excès? Pourtant, c'est un bon
garçon! Oui, oui, oui, je l'ai dit en deuxième lecture, ce n'est
pas un mauvais garçon.
Une voix: Ah!
M. Lalonde: Ah! Un égarement. Quand je l'ai dit en
deuxième lecture, je le croyais. Je le crois encore, je ne sais pas
combien de temps je vais le croire, par exemple, parce qu'un égarement
est par définition, temporaire et cet égarement commence à
être long. Quand va-t-il se réveiller et dire: Mais, mon
intérêt politique, mon intérêt comme simple citoyen,
ma réputation, mon honneur me disent que c'est mieux que les autres
décident plutôt que moi? Je suis convaincu
qu'éventuellement il va s'apercevoir que, aussi convaincu puisse-t-il
être qu'il a raison, même s'il le pense, je suis convaincu qu'il va
se rendre, à un moment donné, jusqu'au bout de son cheminement et
qu'il va comprendre que c'est mieux de laisser la population décider,
même si la décision a des chances de ne pas être la
même que la sienne. Alors, c'est pour cela que nous sommes ici, pour
inviter par des amendements, par des suggestions, par la
délibération franche, le ministre à poursuivre ce
cheminement qui va aboutir, espérons-le... Il fait partie d'une
formation politique qui a toujours prôné la démocratie. Je
ne vois pas comment dans une tradition démocratique, on voit
actuellement cet accroc antidémocratique impose sans permission, sans
demander l'opinion. On dira: Oui, on a consulté, il y a eu un
comité conjoint. Encore là, ce comité conjoint qui ouvrait
une porte à une solution qui était, pour nous de l'Opposition,
une occasion bienvenue de trouver un peu plus de vérité de
recevoir un éclairage et une occasion pour le ministre, aussi, de dire:
Voici, le rapport révèle des choses que je ne soupçonnais
pas. Je connaissais le dossier, je pensais le connaître, mais j'avoue -
je suis seulement un ministre après tout - que je ne connaissais pas
toutes les implications de la fusion. Nous nourrissions beaucoup d'espoir
à l'égard de ce comité et de son rapport.
Depuis que le rapport a été rendu public, qu'avons-nous eu
de ce gouvernement? Quand le ministre des Affaires municipales, qui est le
parrain formellement de ce projet, a-t-il annoncé ses couleurs, en ce
qui concerne le rapport? Je l'invite à le faire maintenant. Je l'invite
aussi à examiner la situation parce que, s'il restait silencieux, il
manifesterait à l'égard du comité, de ses membres et des
membres de l'Opposition une certaine arrogance. On sait que ce n'est pas un
homme arrogant non plus et qu'il va sûrement, éventuellement,
j'espère, nous dire ce qu'il va faire avec les conclusions du rapport.
Est-ce que c'est vrai? Est-ce qu'il les accepte? Est-ce qu'il ajoute cela dans
la balance pour décider de changer son projet
de loi et d'aller consulter la population?
Par exemple, je vais vous citer quelques extraits de ce document dans
les observations, paragraphe 7.2: "Des faits analysés par l'étude
menant à ce présent rapport, nous croyons devoir soumettre
à nos conseils respectifs et au gouvernement certains
éléments de réflexion: "La fusion entraînera une
certaine normalisation des niveaux de service qui se traduira par des
accroissements - non pas des diminutions - des frais d'opération et des
travaux de capitalisation." Ceci est un élément dont la
population doit tenir compte en décidant si l'on veut changer la
structure. Je continue la citation: "La fusion provoquera des coûts
d'intégration des effectifs." Là, d'autres accroissements de
coûts Je poursuis la lecture: "Le problème du secteur Le Plateau
et la perte du réseau de l'électricité de la ville de
Baie-Comeau deviennent deux éléments majeurs qui se traduiront
par un accroissement de la charge foncière des deux villes d'environ 5
700 000 $."
M. le Président, ce ne sont pas des pinottes, c'est de l'argent,
ce sont des charges qu'on veut imposer à la population. Il me semble
que, lorsqu'on veut changer les structures, c'est pour une meilleure
efficacité et que les deux parties d'une fusion, lorsqu'il s'agit d'une
fusion, doivent y trouver leur compte, comme disait le député de
Saint-Laurent. Il doit y avoir un désir et un avantage de chaque
côté.
Je suis convaincu, M. le Président, que le député
de Saguenay ne dort pas; il réfléchit, il m'écoute.
J'espère que de ses réflexions sortira une décision
favorable et conforme à nos arguments.
C'est ainsi que nous abordons l'étude, article par article. Dans
quelques minutes ou quelques heures, je l'ignore, cela dépendra du
désir de cette commission et des autres députés
ministériels... Je n'ai pas été ici tout le temps
naturellement; sous cette réserve, jusqu'à présent je n'ai
pas entendu beaucoup d'interventions du côté ministériel.
Je suis convaincu que les députés ministériels qui nous
font face ont beaucoup de choses à dire sur ce sujet. Aussitôt
qu'ils auront terminé leurs interventions préliminaires ou
après l'étude peut-être de quelques motions, si jamais il y
en a qui sont présentées, on pourra aborder l'étude
article par article, dans l'esprit que ce projet de loi respecte la population.
C'est tout ce que nous désirons.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Laplante): Merci, monsieur.
J'appelle l'article.
M. le député de Viger.
M. Maciocia: Est-ce que j'ai encore du temps à ma
disposition?
Le Président (M. Laplante): Vous avez cinq minutes encore,
M. le député de Viger.
M. Maciocia: Combien?
Le Président (M. Laplante): Cinq minutes.
M. Cosmo Maciocia (suite)
M. Maciocia: J'espère avoir plus de chances que le
député de Marguerite-Bourgeoys de réveiller le ministre,
parce qu'il dormait. Il était quasiment en train de ronfler tout
à l'heure tellement cela l'intéresse vraiment, cette fusion entre
Hauterive et Baie-Comeau.
Vous comprendrez quel respect a cette personne pour la population et je
dirais même les gens qui représentent cette population, parce
qu'on est en train de lui prouver, de lui démontrer que cette fusion
forcée - il faut le répéter - est tellement
irréaliste que lui, ça ne lui fait complètement rien,
ça ne l'intéresse même pas de connaître les raisons
pour lesquelles il devrait changer d'idée, les raisons qui vraiment
devraient le pousser à prendre leurs observations en
considération avant que ce projet de loi soit adopté d'une
façon vraiment je dirais irresponsable de la part du gouvernement. On
est là pour essayer de le convaincre de changer d'idée, mais
pourtant il est là assis sur une chaise d'une façon très
commode, de manière à montrer qu'on le laisse indifférent.
Probablement qu'on peut le laisser indifférent, nous de l'Opposition,
mais je crois que la population de Hauterive et de Baie-Comeau a droit au
respect.
M. Lessard: Je soulève une question de règlement,
M. le Président. Je ne pense pas que le projet de loi me laisse
indifférent, mais les propos du député me laissent
indifférent.
M. Maciocia: M. le Président, j'ai eu l'honneur, j'ai eu
au moins le privilège que je m'étais promis au commencement de
réveiller le député de Saguenay. Vous voyez que j'ai
réussi ce que vraiment je n'espérais pas, mais, de toute
façon, quand je disais qu'on essaie dans le moment de convaincre le
député, même si cela est probablement son testament
politique, on essaie de le convaincre en tant que citoyen - je ne sais pas s'il
est citoyen de Hauterive ou de Baie-Comeau - et député de cette
région d'avoir le respect de cette population qui est là, qui
perd quasiment des journées de travail, qui vient ici depuis six mois,
assez souvent faire valoir ses revendications sur ce projet de loi. Disons que
le comportement du député et ministre tout à l'heure
vis-à-vis de mes propos démontre encore son indifférence
et son irresponsabilité en face de ce projet de
loi et de la population de Hauterive et Baie-Comeau.
M. le Président, je ne voudrais jamais me trouver dans une
situation semblable, je ne voudrais jamais être dans la peau du
député de Saguenay parce que je considère qu'actuellement,
lui qui a été élu par cette population, il ne
défend pas les intérêts pour lesquels il a
été élu et pour lesquels il est ici à
l'Assemblée nationale. Actuellement, ce député,
d'après moi, ne mérite pas la confiance de ces gens.
D'après moi, en posant le geste qu'il est en train de poser et en
étant parrain de ce projet de loi, il continue vraiment de
mépriser les gens qui l'ont élu et qui attendaient de lui un sens
plus aigu de ses responsabilités envers cette population.
Le Président (M. Laplante): Pour conclure, s'il vous
plaît!
M. Maciocia: M. le Président, je réitère ma
demande au député et ministre, au parrain de cette loi, de
prendre nos demandes en considération avant que le gouvernement aille de
l'avant avec ce projet de loi; je lui demande de prendre en
considération les revendications de ces gens et d'arriver au moins
à dire: Probablement que, dans la vie, ce n'est pas facile, je me suis
trompé. Mais il faut avoir le courage de le dire et ce serait beaucoup
apprécié par la population concernée. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Laplante): On appelle l'article 1...
M. Ciaccia: M. le Président, si vous me permettez.
Le Président (M. Laplante): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Si vous vous rappelez, j'avais fait une motion, vous
l'avez déclarée recevable et vous avez suggéré de
retarder, de reporter la discussion sur cette motion après les remarques
préliminaires. Alors, je vous demande si... (16 h 45)
Le Président (M. Laplante): J'ai annoncé à
ce moment-là, M. le député de Mont-Royal, que je recevrais
cette motion et que je la jugerais recevable au moment où elle
viendrait. Est-ce que vous avez une motion, M. le député
de...
Motion permettant à tous les
députés d'intervenir
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais faire la motion
suivante: Que les députés qui ne sont ni membres ni intervenants
à la commission permanente des affaires municipales puissent prendre la
parole sans devoir obtenir au préalable la permission et ce, pour toutes
les séances que tiendra ladite commission relativement à
l'étude article par article du projet de loi no 37.
Le Président (M. Laplante): Recevable. Voulez-vous me
donner, s'il vous plaît, votre...
M. Ciaccia: Alors, M. le Président, je remarque... Est-ce
que j'ai le droit de parole, M. le Président?
Le Président (M. Laplante): Oui, monsieur.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Alors, M. le Président, le ministre du Loisir,
de la Chasse et de la Pêche, le député de Saguenay, a
indiqué que cette motion ne sera pas acceptée par lui ou, je ne
sais pas, par le côté ministériel. Cela suscite certaines
questions à notre esprit, M. le Président. C'est une motion pour
donner le droit de parole à tous les députés qui
voudraient intervenir sur ce projet de loi.
Je comprends mal, M. le Président, pourquoi le gouvernement
refuse. Le gouvernement ne veut pas que les députés de
l'Assemblée nationale interviennent dans le projet de loi. Ce ne sont
pas seulement les députés du côté de l'Opposition
officielle, comprenons-nous bien, ce sont aussi les députés du
côté ministériel. On veut restreindre le débat en
disant: Écoutez, on va forcer le projet de loi 37, on va le bulldozer
à la fin de la session et on ne donnera pas le droit de parole aux
députés qui ne sont pas inscrits comme membres ou intervenants
à la commission.
M. le Président, vous le savez, je n'ai pas besoin de vous le
rappeler, à une commission permanente le nombre de députés
qui sont membres et qui sont intervenants est limité et, d'après
nos règlements, seulement eux ont le droit de parole. Nous voulons
élargir ce droit de parole. Pourquoi voulons-nous le faire?
Premièrement, M. le Président, il y a beaucoup de documents qui
font partie du dossier. Il y a le rapport du comité conjoint et nous
voulons, M. le Président, que tous les députés qui ont de
l'expérience dans le domaine municipal, et du côté de
l'Opposition officielle, c'est plus que les sept députés qui sont
à la commission, puissent avoir le droit de venir ici pour
éclairer la commission parlementaire, pour donner leur point de vue. On
a un rapport du comité conjoint. Est-ce qu'on a peur d'en discuter? Je
peux comprendre que le gouvernement ne veuille pas entendre les parties - on y
reviendra - ne veuille pas entendre certaines parties de Baie-Comeau et de
Hauterive parce qu'il craint les
représentations qui seront faites. Il craint les propos, la
vérité qui sera dite. Pourquoi craindre et avoir peur des
représentations des députés? Par là, M. le
Président, on voit l'approche de ce gouvernement, on voit l'abus de
pouvoir du gouvernement qui refuse de donner le droit de parole aux
députés de l'Assemblée nationale qui voudraient venir
parler devant cette commission parlementaire.
De notre côté, M. le Président, il y a une autre
raison pour laquelle nous voulons donner le droit de parole à tous les
députés. C'est parce qu'il y a certains députés qui
ont eu une expérience particulière, soit dans des projets de
fusion, soit dans d'autres domaines du monde municipal et je crois, M. le
Président, que ce serait dans l'intérêt de tous les membres
de la commission d'entendre ces députés.
M. le Président, il y a ceux qui représentent des
comtés de banlieue, soit à Montréal ou à d'autres
endroits où il y a des fusions possibles et, puisque le gouvernement
veut forcer la fusion de Hauterive et de Baie-Comeau, on voudrait que ces
députés puissent venir à la commission parlementaire pour
éclairer le gouvernement sur les conséquences d'une fusion
forcée.
Qu'arriverait-il à l'avenir si à d'autres endroits des
citoyens sont obligés de fusionner contre leur gré entre
différentes municipalités? Qu'arrivera-t-il à l'avenir de
ces municipalités? Dans le passé, qu'est-il arrivé
à d'autres municipalités obligées de le faire contre leur
consentement? Je pense que ce sera dans l'intérêt de tout le monde
d'avoir l'expérience de ces députés.
M. le Président, on pourrait poser la question au gouvernement:
Qu'avez-vous à cacher? Le ministre du Loisir, de la Chasse et de la
Pêche me dit: Rien. Si vous n'avez rien à cacher, donnez votre
consentement, ça éviterait les discussions qu'on a maintenant
plutôt que d'essayer de justifier. Je vais prendre quelques minutes pour
vous donner les raisons pour que vous accordiez votre consentement à
notre motion. Plutôt que de faire cela, je pense que les travaux de cette
commission iraient beaucoup plus vite si le gouvernement acceptait notre
motion. On pourrait continuer immédiatement au prochain sujet et cela
ferait gagner beaucoup de temps. Et quand on entend dire que le gouvernement
est intéressé au déroulement des travaux de la commission,
l'attitude qu'il vient de prendre est un peu contradictoire.
Il y a beaucoup de problèmes qui existent dans d'autres
régions du Québec où certains députés ont
une expérience très valable à apporter à la
commission et on pourrait peut-être inviter le ministre de
l'Environnement, le député qui représente les gens de
Pointe-aux-Trembles, et lui demander pourquoi, suite à un
référendum où ces gens ont accepté et
demandé d'être fusionnés, il n'accepte pas les
résultats de ce référendum? On a le droit à ses
explications et, là, je comprends pourquoi le gouvernement est un peu
réticent. On voudrait obtenir l'intervention de certains
députés pour voir les chiffres qui ont été
cités dans le rapport du comité conjoint. S'il y a un autre cas
où le gouvernement a demandé et a consenti à un rapport
d'un comité conjoint et où il a complètement mis de
côté les résultats de ce rapport, on serait
intéressé de savoir cela.
Premièrement, le gouvernement a consenti au comité
conjoint, à la formation et à la préparation d'un rapport.
Le comité conjoint a préparé ce rapport; il a donné
des réponses, il a donné des chiffres. Est-ce qu'il existe un
précédent ou une situation semblable où le gouvernement
met complètement de côté ce rapport, ne s'en occupe
même pas et où le ministre provoque la population.
Les incidents qu'on a vus se produire ici... Quand le ministre du
Loisir, de la Chasse et de la Pêche nous dit que la fusion peut
coûter moins cher que ce que l'on dit, que le rapport du comité
conjoint a retenu des hypothèses de service chromé et que c'est
pour cela que ça coûte tellement cher, c'est fausser
complètement la réalité. C'étaient des services
moyens, il y avait même un rapport de la ville de Hauterive qui avait
donné une liste de dix points qui devraient être pris en
considération et que des fonds seraient nécessaires pour donner
ces différents services. Le rapport a écarté neuf de ces
dix points et, n'en a retenu qu'un. Ce ne sont pas des services chromés,
ce sont des services qui sont même en bas de la moyenne. Alors, ce serait
intéressant de voir s'il y a un précédent où un
gouvernement accepte d'avoir un rapport d'un comité avant l'adoption
d'un projet de loi et où le gouvernement met ce rapport
complètement de côté, ne s'en occupe pas et est
déterminé à procéder, à mettre en
application ses intentions à l'encontre non seulement de la population
de Baie-Comeau, mais même à l'encontre des rapports d'un
comité conjoint qui contenait les représentations des deux villes
et des représentants de la Commission municipale.
M. le Président, j'espère que le ministre ou les membres
du gouvernement pourront nous expliquer pourquoi ils refusent d'accorder le
droit de parole aux membres de l'Assemblée nationale qui voudraient
intervenir dans le débat. On dirait qu'on veut bafouer la
démocratie. On fait des lois pour la démocratie, on est en faveur
des principes démocratiques, mais on ne respecte pas cette
démocratie, M. le Président. Premièrement, on ne la
respecte pas en refusant d'avoir un référendum à Hauterive
et à Baie-Comeau pour voir l'intention et la volonté de la
population. C'est un aspect où on met de
côté les principes fondamentaux d'une démocratie.
Maintenant, ici, on met de côté les principes de notre
démocratie une autre fois, en refusant le droit de parole aux
députés de l'Assemblée nationale. Je sais que le
règlement permet au gouvernement de nous le refuser. Le règlement
a été fait de cette façon, mais ce n'est pas une raison
pour le gouvernement de se cacher derrière ce règlement et de
refuser les interventions des députés.
Si le gouvernement n'avait rien à cacher, si vraiment il voulait
respecter les règles de la démocratie, il accepterait
immédiatement le droit de tous les intervenants, tous les membres de
l'Assemblée nationale à intervenir. On ne demande pas, M. le
Président, d'entendre les parties, d'entendre des gens en dehors de
l'Assemblée nationale, quoiqu'on pourrait le faire. On demande de
respecter le droit des membres de l'Assemblée nationale qui ont
été élus membres de l'Assemblée nationale pour
venir y faire des représentations et on veut enlever ce droit de parole.
Comprenez-vous cela? La population va avoir de la difficulté à
comprendre. La population a l'impression que, quand quelqu'un est élu
à l'Assemblée nationale, il peut venir parler à
l'Assemblée nationale. La commission parlementaire est un prolongement
de l'Assemblée nationale. Un député peut venir y faire des
représentations pour faire prévaloir son point de vue et
représenter ses électeurs, spécialement sur un projet de
loi qui n'affecte pas seulement Baie-Comeau et Hauterive, mais aussi sur un
principe fondamental qui est en jeu ici, la fusion forcée de deux
municipalités.
L'autre principe est qu'on a une situation économique très
difficile et on va imposer à une ville des conditions et un fardeau
fiscal plus lourds dans une conjoncture économique désastreuse.
Il est difficile de comprendre pourquoi le gouvernement refuse, parce qu'il y a
des différents aspects du projet de loi qui vont affecter les citoyens
de Baie-Comeau et Hauterive et je crois que c'est élémentaire.
Pour moi, c'est élémentaire, M. le Président, de leur
accorder ce droit de parole. Si le gouvernement le leur refuse, encore une
fois, c'est la marque de commerce de ce gouvernement de ne pas respecter le
point de vue des autres, non seulement de ne pas respecter leur point de vue,
mais même de leur refuser de faire des représentations devant
cette commission parlementaire.
Le Président (M. Laplante): Avant de continuer les travaux
de cette Assemblée, j'aimerais me prévaloir de l'article 163.
"À moins de dispositions contraires, les règles relatives
à l'Assemblée s'appliquent aux commissions."
Je vais donc vous lire l'article 44 et je ne donnerai aucune explication
après. "Au cas de désordre à la Chambre ou lorsqu'il le
juge nécessaire à cause de circonstances particulières, le
président peut ajourner la séance ou la suspendre pour un temps
déterminé."
Les travaux sont ajournés à lundi, 10 heures.
(Fin de la séance à 17 heures)