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Commission permanente
des affaires municipales
et de l'environnement
Etude du projet de règlement relatif à
la qualité de l'atmosphère
Séance du mardi 14 septembre 1976 (Dix heures quarante-deux
minutes)
M. Houde, Limoilou (président de la commission permanente des
affaires municipales et de l'environnement): A l'ordre, messieurs!
La commission des affaires municipales et de l'environnement
étudie le projet de règlement relatif à la qualité
de l'atmosphère.
Les membres de la commission, ce matin, sont les suivants: M.
Bédard (Chicoutimi); M. Bédard (Montmorency); M. Bellemare
(Johnson); M. Boutin (Abitibi-Ouest); M. Caron (Verdun); M. Lachance
(Mille-Iles) remplace M. Chagnon (Lévis); M. Lacroix
(Iles-de-la-Madeleine) remplace M. Déziel (Saint-François); M.
Goldbloom (D'Arcy-McGee); M. Massicotte (Lotbinière) remplace M. Harvey
(Charlesbourg); M. Leduc (Taillon); M. Léger (Lafontaine); M. Ostiguy
(Verchères); M. Pagé (Portneuf); M. Faucher (Nicolet-Yamaska)
remplace M. Parent (Prévost); M. Roy (Beauce-Sud); M. Samson
(Rouyn-Noranda).
M. Lachance (Mille-Iles) est suggéré comme rapporteur de
la commission.
M. Leduc: Accepté.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Adopté. Les
organismes suivants ont été convoqués pour aujourd'hui:
SIDBEC, Steel Company of Canada, Dominion Bridge, Industries Abex
Limitée, Société canadienne de métaux Reynolds;
Société d'élec-trolyse et de chimie Alcan, les Fonderies
de Sorel, Allied Chemical Canada Limitée, Consumer Glass Company,
Lasalle Coke et Quebec Iron and Titanium.
Le ministre des Affaires municipales.
Exposés préliminaires M. Victor
Goldbloom
M. Goldbloom: M. le Président, tout d'abord, je voudrais
remercier tous ceux qui ont accepté cette invitation et sont venus ici
aujourd'hui pour y présenter leur point de vue sur le projet de
règlement relatif à la qualité de l'atmosphère,
adopté en vertu de la Loi de la qualité de l'environnement. C'est
peut-être la première fois que l'opinion publique est aussi
directement invitée à prendre en considération un des
grands dilemmes d'une société moderne et industrialisée.
Nous avons fait un développement industriel, nous vivons à
même se développement industriel, cette activité
industrielle, entre autres activités économiques
évidemment. Nous constatons maintenant, depuis un certain temps, un
certain nombre d'années, que notre conscience est éveillée
aux problèmes que nous causons à l'environnement.
Il est trop facile de prendre une attitude rigide d'un côté
ou de l'autre, de dire que nous ne pouvons absolument pas nous dispenser de
tout élément de cette activité industrielle et qu'elle
doit avoir toute liberté de se poursuivre.
A l'autre extrémité de l'éventail des opinions, on
ne peut pas dire non plus que nous devons imposer des exigences si
immédiates que la poursuite des activités deviendrait impossible.
Entre les extrémités de l'éventail de l'opinion et de
l'action, il y a certainement un juste milieu qui respectera l'objectif qui est
devenu pour nous tous un objectif fondamental, c'est-à-dire la
protection à long terme, en permanence, de notre environnement naturel
et, en même temps, de la santé des gens qui sont touchés
directement ou indirectement par les activités industrielles.
M. le Président, sur le plan pratique, j'aimerais vous faire une
suggestion. Nous avons reçu approximativement une quarantaine de
demandes de gens qui désirent être entendus devant cette
commission parlementaire. Nous constatons, en analysant cette liste de
demandes, qu'il y a de nombreuses compagnies qui oeuvrent dans à peu
près le même domaine d'activités industrielles. Vous verrez
qu'aujourd'hui, notamment, nous avons des sidérurgies, des alumineries
et des compagnies qui oeuvrent dans le domaine des métaux et certaines
compagnies du domaine chimique aussi. J'aimerais vous suggérer que,
quand nous aurons entendu un opinant dans un domaine donné, vous
invitiez d'autres compagnies, si elles le veulent, à s'exprimer sur le
même sujet avant que nous passions à une période des
questions. Ce serait peut-être une façon d'éviter des
répétitions.
Nous avons essayé dans les invitations de grouper les compagnies
de cette façon. Vous constaterez donc que, demain après-midi, ce
sera l'industrie des pâtes et papiers qui sera présente et, jeudi
matin, ce sera le tour des raffineries de pétrole et d'autres compagnies
viendront à d'autres périodes pendant ces trois jours.
Vous avez deviné, par ma dernière remarque, M. le
Président, que je voudrais proposer que la commission parlementaire
siège ce matin, cet après-midi et ce soir, ne siège pas
demain matin, mais siège demain après-midi et demain soir, cela
à cause, évidemment, de la séance hebdomadaire du Conseil
des ministres, et siège jeudi matin, après-midi et soir.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Est-ce que les membres
de la commission sont d'accord avec la proposition du ministre?
M. Léger: Autrement dit, si nous avons terminé les
organismes qui sont prévus pour une journée, nous pourrons
terminer plus tôt, sinon on ira jusqu'à la fin des heures que vous
avez prévues.
M. Goldbloom: A moins qu'il n'y ait d'autres personnes
présentes qui voudraient s'exprimer à ce moment.
M. Léger: On jugera, à ce moment-là, de
la... M. Goldbloom: D'accord!
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Lafontaine.
M. Marcel Léger
M. Léger: M. le Président, si nous sommes ici
aujourd'hui, c'est pour examiner la valeur des normes fixées par le
règlement relatif à la qualité de l'environnement de
l'atmosphère particulièrement, qui a été
publié en projet dans la Gazette officielle du 30 décembre
dernier.
Il m'apparaît d'abord important de situer ce projet dans
l'ensemble de la réglementation issue de la loi 34 de 1972. Comme le
Parti québécois l'a déjà fait remarquer, seulement
six règlements sont en vigueur à partir de la loi 34. En moyenne,
il s'est passé à peu près un an entre la publication du
projet et le texte définitif dans la Gazette officielle. Dans un cas,
soit celui sur la disposition des déchets chimiques et combustibles, le
délai a été de 780 jours.
Par ailleurs, M. le Président, six autres projets sont en avis
actuellement dans la Gazette, dont celui sur les véhicules automobiles,
qui l'est depuis deux ans. Ce projet est relié de très
près, c'est évident, à celui sur la pollution
atmosphérique.
Par ailleurs, il manque 32 règlements pour couvrir le champ de la
loi 34. Au rythme où fonctionne actuellement le gouvernement, une simple
projection nous permet de penser qu'il prendra près de 20 ans
s'il est encore au pouvoir pour seulement accoucher des
règlements. Quand on pense qu'en plus tous ces règlements fixent
des délais souvent très éloignés dans le temps, on
peut douter de l'intensité et de la vigueur des efforts des services de
la protection de l'environnement pour quadriller les diverses activités
en rapport avec la protection du milieu de vie.
Tout ceci permet de mieux situer les significations de cette commission
parlementaire. Il faut avoir à l'esprit que le ministre actuel avait
promis formellement de tenir des audiences publiques sur la
réglementation de la loi 34. Cette promesse les paroles
s'envolent, mais les écrits restent est consignée au
journal des Débats du 23 novembre 1972. Or, c'est la première
fois que de telles audiences ont lieu et ce, en septembre 1976, soit quatre ans
après.
Pour saisir certains éléments importants qui font que nous
sommes ici, je voudrais rappeler qu'en mars 1976, l'Opposition donnait une
conférence de presse au cours de laquelle nous regardions de près
le projet de réglementation sur la pollution atmosphérique
publié le 30 décembre précédent. Outre certaines
comparaisons avec les normes ontariennes et californiennes, nous avons pu nous
livrer à des comparaisons avec un docu- ment de travail des services de
protection de l'environnement daté du 2 octobre 1973, deux ans avant le
projet de réglementation que nous trouvons dans la Gazette
officielle.
Autrement dit, l'avant-projet du 2 octobre 1973 était un projet
scientifique des services de protection de l'environnement et le projet de
règlement dans la Gazette officielle du 30 décembre est le projet
politique, c'est-à-dire que la décision politique a
été prise entre les études scientifiques faites par le
service de protection de l'environnement, le lobbying des compagnies et la
décision politique du gouvernement qui a reculé, ce que je
démontrerai plus loin.
Entre les deux, les normes les plus importantes ont subi un affaissement
majeur. Ces faits me semblent assez importants pour que je me permette de citer
rapidement des extraits de cette conférence de presse. Il s'agit donc de
la différence entre le projet de règlement fait par le service de
protection de l'environnement et le projet présenté à la
Gazette officielle pour être adopté, c'est-à-dire le choix
politique du gouvernement après le lobbying des compagnies.
Normes de l'air ambiant, section III, articles 5 et 8. Les
différences les plus importantes notées entre les deux textes
étudiés portent sur les particules en suspension, aux
retombées de poussière, à anhydride sulfureux et à
l'hydrogène sulfuré. Concernant les particules en suspension
entre le projet de règlement, l'étude et le projet final, il y a
eu une permissibilité augmentée de 25%; le premier projet parlait
de 120 milligrammes par mètre cube et le règlement de la Gazette
officielle était augmenté à 150 microgrammes par
mètre cube. Déjà, c'était trop 120 milligrammes et
on est monté à 150 dans le projet de règlement
après que le gouvernement se fut affaissé devant les
compagnies.
Deuxième point, les retombées en poussière: une
augmentation de permissibilité de 44%. On est passé de 5,2 tonnes
par kilomètre carré à 7,5 tonnes.
Troisièmement, l'anhydride sulfureux: une augmentation de
permissibilité de 47%, soit de .34 à .50 particules par million.
Pour l'hydrogène sulfuré, de huit particules par billion, maximum
instantané, on est passé à cinq particules par billion sur
deux heures, ce qui rend possible 600 ppb pour une minute sur la période
de deux heures, soit une augmentation de 7400%. Pour ce qui est des fluorures
dans le fourrage, réglementation de 1975 seulement, l'Ontario fixe
à 35 particules par million le maximum, alors qu'au Québec le
règlement varie de 40 à 80 particules par million. C'est
paradoxal quand on songe à l'importance de l'industrie laitière
au Québec.
Concernant les fluorures dans l'air, les gaz et les particules, aucune
norme au Québec. L'Ontario a une réglementation très
détaillée. Les normes d'émission de matières
particulaires ont été considérablement
atténuées pour différents groupes d'industries, soit les
alumineries, cimenteries, cokeries, les usines de bouletage de minerai, les
usines de cuivre, les usines de ferrosilicium, de
chromesilicium, de silicium des fours de carbure de calcium, les usines
de pâtes et papiers (procédé kraft) et les appareils
à combustion.
Toutes les usines énumérées étaient, dans le
texte de 1973, régies par des normes générales
d'émission qui décroissaient en fonction de la production, donc
qui touchaient plus sévèrement les grosses usines. Mais dans le
projet de 1975, M. le Président, des exceptions ont été
prévues et les normes sont fixes. Elles ne décroissent pas en
fonction de la production, ce qui permet des concessions en matières
particulaires pouvant atteindre jusqu'à 200 fois plus pour certaines
grosses usines.
Les normes d'émission de soufre dans l'atmosphère sont
également moins sévères dans le règlement de 1975.
Le pourcentage de soufre contenu dans les combustibles est passé de 1,5%
à 3% dans le cas des huiles lourdes et de 1% à 2% pour le
charbon, une augmentation de 100% dans les deux cas. Alors que le gouvernement
avait proposé de mettre un maximum de 2,5 dans le cas des huiles
lourdes, le règlement lui-même a démontré une
augmentation à 3,0, ce qui veut dire que l'influence des compagnies a
été très forte. Or, on sait qu'à 2,5 les compagnies
ont très bien réussi et qu'à Montréal, dans les
endroits où on a une densité d'industrie et de pollution, la CUM
demande 1,5 pour les huiles lourdes.
M. le Président, le gouvernement s'est affaisé une autre
fois en montant ça à 3%. Il est à noter que les normes de
la Communauté urbaine de Montréal sont plus sévères
que celles du règlement de 1975. Si jamais on songe à
intégrer les services de l'environnement de la communauté urbaine
à ceux du gouvernement du Québec, il faudrait s'assurer que la
réglementation de la première demeure.
Dans le cas des usines de cuivre, les émissions de soufre peuvent
être jusqu'à 65 fois plus importantes que dans le texte de 1973.
De même les sulfures totaux réduits provenant des usines de
pâtes et papiers peuvent être jusqu'à cinq fois
supérieurs.
Les émissions de carbone rejetées par les cheminées
de cokerie, des cubilots, des hauts fourneaux, des usines de craquage
analytique et autre procédés de raffinage passent de 50
particules par million à 500 particules par million et même
jusqu'à 1000 particules par million dans le cas des usines de craquage
analytique existantes. Ceci signifie la permission d'émettre dix fois
plus de monoxyde de carbone dans l'atmosphère.
Dans le cas des incinérateurs, la norme de CO a été
tout simplement omise dans le règlement de 1975. La norme des carboryles
totaux a subi le même sort. De même la norme d'oxyde d'azote
émise par les appareils à combustion a été
abandonnée.
Les vapeurs d'hydrocarbure, soit les essences, les huiles, etc., qui
s'échappent des réservoirs d'entreprise devaient être
éliminées par la construction de toits flottants sur les nouveaux
réservoirs de 155 kl, soit 34 000 gallons. Le projet de 1975 fait
exception pour tous les réservoirs existants d'une capacité de
1500ml ou moins. Le texte de 1973 obligeait les entreprises à construire
le toit flottant sur tous les réservoirs existants de plus de 227 kl. Le
règlement de 1975 est donc six fois moins sévère. Notons
que dans l'est de Montréal, où on trouve plus de 100
réservoirs qui ont une capacité de moins de 1500 ml, rien ne sera
fait, ce qui n'était pas le cas pour le projet de 1973.
M. le Président, de l'étude comparative faite par le Parti
québécois, il ressort que la réglementation de 1975 est
considérablement allégée par rapport à celle du
document de travail des services de protection de l'environnement de 1973. De
plus, on semble avoir été plus tolérant pour certains
genres d'entreprises que pour d'autres et certainement plus pour la grande que
pour la petite entreprise.
Que s'est-il passé pendant la rériode d'octobre 1973
à décembre 1975? Qui a eu accès au document de travail?
Quels sont ceux qui ont fait des recommandations? Quelles pressions ont
été faites pour les modifier?
Pour ma part, je viens ici dans l'espoir même si je connais
une bonne partie des réponses là-dessus que les organismes
invités puissent nous faire connaître leurs opinions sur ces
normes, la comparaison qu'ils en ont faite avec les normes
étrangères des pays les plus avancés dans la protection
écologique, puisque ce n'est sûrement pas le Québec, bien
au contraire, qui bat la marche en Occident quand il s'agit de protéger
notre milieu de vie, et, d'autre part, que nous puissions obtenir des
témoignages sérieux sur les effets en soi de l'exposition aux
contaminants atmosphériques, en termes de temps et de
quantité.
Soit dit en passant, comme député d'un comté qui
compte la presque totalité des raffineries du Québec, on ne
s'étonnera pas que j'insiste, au cours de cette commission, sur la
pollution causée par les raffineries, dans la veine du rapport du
département d'épidémiologie de l'Université McGill,
connu sous le nom du rapport Aubry, où entre autres il est
démontré qu'à Pointe-aux-Trembles le taux de
SO2, entre 1972 et 1974, a été plus que deux fois la
norme canadienne.
Finalement, j'espère que le ministre pourra, quant à lui,
justifier chaque norme de son règlement, car je lis dans le Soleil du 7
janvier 1976 que "les services de protection de l'environnement, selon le
communiqué du ministère, ont de fait constitué une
abondante documentation qui leur permettra éventuellement de justifier
chaque norme, tant sur le plan technique que sur le plan des effets de la
pollution de l'air sur la qualité de l'environnement dans son
ensemble".
J'espère également que les organismes qui viendront devant
la commission seront en mesure d'informer ou de confirmer mon opinion
personnelle, sur l'application des normes des services de protection de
l'environnement en général, à l'effet que le
système d'inspection est inadéquat, ridiculement insuffisant et
que le champ des amendes inscrites dans la loi est beaucoup trop bas.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Johnson.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare (Johnson): Je suis particulièrement heureux
ce matin de faire partie de cette commission parlementaire, M. le
Président, et d'y apporter la contribution nécessaire, parce que
nous avons, dans la province, grandi à pas de géant depuis
quelques années.
Durant les 40 dernières années, l'industrie a
progressé d'une manière fantastique et a donné au
Québec une réputation d'industrialisation inévitable et
nécessaire à notre population ouvrière.
Il est certain qu'il s'est développé, à
côté de cette expansion économique et industrielle,
certains apports généreux dans la pollution que nous avons connue
au Québec, puisque, pendant les seize dernières années
particulièrement, la pollution a augmenté d'après les
statistiques officielles, de 40%.
Je pense aussi, M. le Président, que, devant ces faits, le
gouvernement devait prendre action. En 1972, particulièrement par sa loi
sur les services de protection de l'environnement, il a prescrit un nombre
considérable de détails et de prescriptions quant à
l'installation et surtout la protection de l'environnement.
Ce qui me surprend un peu, ce matin, cela a été de lire
aussi dans les journaux, en janvier dernier, un article où l'on disait
que le gouvernement se proposait de pratiquer des coupures majeures dans le
budget des services de protection de l'environnement. C'est un article qui a
paru dans le journal Le Devoir qui est un journal assez bien
informé, surtout quand il s'agit de la politique du lundi, 5
janvier 1976, où le ministre disait que ce projet de règlement
représente, pour l'ensemble de l'industrie québécoise, un
programme de dépollution.
L'an prochain, selon le journal Le Devoir c'est encore
cité dans le même article le budget tombera à $17
millions, soit une coupure de 30%. L'inflation jouant, je pense que ce
pourcentage de 17% pourrait peut-être être encore réduit
dans une proportion de 7% à 8%.
Je pense qu'il y a deux questions qu'il faut se poser. La
première, c'est que nous sommes très heureux d'entendre ce matin
ces messieurs qui viennent nous présenter des mémoires. Nous
allons certainement nous former une opinion. Mais la loi ayant
été édictée en 1972, le ministre dans le temps
avait dit, si je relis le journal des Débats: II faudra, à ce
moment, qu'on puisse employer, au cours des mois qui viennent, au-delà
de 200 personnes, 200 fonctionnaires nouveaux pour l'application de cette
législation. Voici une des questions que je me pose: Est-ce que, au
moins, il y a eu véritablement l'engagement de fonctionnaires nouveaux
qui ont dû, eux, dans l'application de la réglementation,
particulièrement celle qui a été édictée le
30 décembre 1975, relative à la qualité de
l'atmosphère, faire les enquêtes voulues dans ce domaine, et
est-ce que cela a produit véritablement des effets pour le
bénéfice de la population québécoise? Combien
d'argent, puisque le budget de 1976 est réduit à $17 millions, a
été véritablement investi?
Ma grande question est: Est-ce que nous avons véritablement
appliqué les sanctions qui étaient prévues dans la loi de
1972? Il y a une autre question qu'il faudrait peut-être aussi
élucider, et à laquelle nous devrions avoir une réponse:
Quelle est maintenant l'attitude du gouvernement devant les problèmes
difficiles à régler avec certaines corporations, certaines
compagnies? Certains groupes sont ici, ce matin. Nous allons les entendre.
Ils ont dû prendre acte de la réglementation qui a
été faite, mais il faudrait savoir aussi quelle part les
compagnies, ces grandes institutions financières ont prise dans la
réglementation qu'a édictée le ministre en 1972. Je
comprends qu'il ne faut pas non plus tuer la poule aux oeufs d'or, qui produit
énormément de travail pour nos ouvriers du Québec, en leur
imposant une restriction trop draconienne, mais il y a aussi la santé de
toute la population qui est mise en cause.
Nous vivons dans une société moderne. Il y a quelques
années, les champs de patates ont été remplacés par
des logis multiples. On n'est plus à l'ère des grands
développements de culture. Nous vivons plutôt à
proximité des villes où la culture est presque rare, dans
certains cas. Je regarde dans ma région, particulièrement,
où les villes sont entourées de certains cultivateurs, mais
beaucoup moins nombreux. Les villes d'aujourd'hui sont devenues un potentiel
extraordinaire d'un rassemblement de gens qui vivent avec deux pieds
carrés d'aire. Je vous garantis que dans nos municipalités, cela
affecte énormément la santé publique.
Le ministre responsable de l'environnement nous disait tout à
l'heure que c'est bon que nous puissions étudier cela ensemble pour voir
à ce que la Loi de la qualité de l'environnement soit affective.
Mais aussi il faudrait savoir si véritablement ou a engagé de
nouveaux fonctionnaires, combien il y a de fonctionnaires pour mettre en
application la loi de 1972, combien il y en a eu dernièrement sur le
budget de 1975 d'engagés véritablement, combien il y a eu de
procédures de prises, dans combien de cas la loi s'est
véritablement appliquée. Si c'est simplement pour faire de la
bonne parade, je suis bien heureux d'entendre ces messieurs nous exposer le
programme de leurs compagnies.
Je voudrais savoir du gouvernement, particulièrement, lui qui a
la responsabilité ultime, quelle attitude il va prendre face aux
différentes lois qu'il a devant lui présentement et qui sont
inopérantes. C'est bien beau de voter des lois, c'est merveilleux
d'édicter des lois qui voient au bien commun, à la santé
publique, mais est-ce que ce n'est pas plutôt, dans certains cas, pour
faire un peu de parade? Si c'est seulement pour enlever à la population
la psychose mentale qu'elle a dans certains cas de subir cette pollution de
l'air et de l'eau, je pense que le gouvernement serait sûrement
condamné par une large partie de la population. On parle de l'air, mais
on parle aussi de l'eau. Dans la réglementation, il est question de
l'air et de l'eau. On ne parle pas de la politique. Dans la politique aussi, il
y a des déchets que la politique
traîne souvent dans son sillon. Cela arrive assez souvent. Mais il
y a d'autre chose que la politique. Il y a les grands problèmes de l'air
et de la pollution aujourd'hui qui jouent un rôle important. Vous allez
aller dans des réunions, dans des congrès, on va vous parler de
la pollution de l'air. On se demande véritablement où on est
rendu présentement et pas seulement dans la province de
Québec.
Dans la province de l'Ontario, on a déjà adopté des
lois qui ne sont pas opérantes, qui n'ont pas les outils, les moyens,
les fonctionnaires pour les mettre en oeuvre. Elles sont donc
inopérantes. Je serais heureux de connaître, de la part du
ministre, et devant ces honorables messieurs, le nombre de fonctionnaires
nouveaux qui ont été engagés, le budget qui a
été mis à la disposition de ces messieurs, et surtout les
causes, les procès qui ont été intentés à
ceux qui n'ont pas voulu respecter la réglementation qu'a
édictée, le 30 décembre, le ministre de
l'environnement.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable ministre
des Affaires municipales et de l'environnement.
M. Victor Goldbloom
M. Goldbloom: Si l'honorable député de Johnson a
terminé?
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Goldbloom: Bon, d'accord.
M. le Président, je ne voudrais pas prolonger indûment
cette partie de la discussion, parce que le but principal était de faire
venir des gens qui veulent s'exprimer sur le projet de règlement et
permettre ainsi aux membres de la commission parlementaire de leur poser des
questions, et, en les posant, de formuler des opinions quant à la valeur
de chaque élément du projet de règlement.
M. le Président, le député de Lafontaine a
parlé longuement de différence entre un document de travail sur
lequel il a réussi à mettre la main je ne sais pas comment
on ne sait jamais comment et le texte qui a été
publié. Je dois souligner, M. le Président, que quand il a
commencé à faire ses commentaires au début de cette
année, il l'a fait d'une façon qui ne respectait pas la
vérité, parce qu'il a laissé entendre que partout, sur
l'île de Montréal, c'était une chose honteuse que l'on
n'avait pas les règlements et les normes que l'on devrait avoir, et que
ce qui était présenté par le gouvernement ne
répondait pas aux exigences d'une telle protection de
l'environnement.
Mais, M. le Président, justement, la Communauté urbaine de
Montréal a un règlement qui s'applique dans son territoire, et
quand nous avons examiné l'opportunité de faire appliquer un
règlement d'une telle sévérité à
l'échelle de toute la province, là où on n'a pas la
concentration intense d'industries qu'on a sur l'île de Montréal
et notamment dans l'est de l'île, il ne nous a pas semblé logique
d'essayer d'imposer des exigences aussi sévères partout dans le
territoire du Québec.
Donc, il y a effectivement une différence entre ce qui est
proposé pour l'ensemble du territoire et ce qui est appliqué
présentement par la Communauté urbaine de Montréal qui
doit être plus sévère.
M. le Président, il est facile de dire que l'on devrait avoir les
normes les plus sévères possible, mais il faut aussi être
réaliste. Il faut se demander à quel coût on atteindra une
norme X, ou à quel coût on atteindra une norme X plus Y. L'on voit
souvent que l'on peut, avec des dépenses abordables, atteindre une
amélioration d'entre 90% et 95%, et que pour atteindre les derniers 5%
à 10%, il faut des dépenses même supérieures
à ce qu'il a fallu pour atteindre une amélioration de 90%
à 95%.
Entre-temps, il y a souvent, dans le même secteur industriel,
d'autres problèmes pour lesquels il faut dépenser des millions de
dollars. Alors, c'est une question de jugement de savoir jusqu'à quel
point on doit aller quant à chaque procédé industriel pour
atteindre un degré d'amélioration aussi parfait que possible.
Il y a aussi des problèmes qui se présentent et dont on
doit tenir compte. Il est toujours facile de dire: On devrait exiger
l'utilisation de matériaux, de substances les moins polluants
possible.
On peut, par exemple, parler de la teneur en soufre de l'huile. C'est
très facile de dire à l'opinion publique: C'est terrible, c'est
scandaleux. Le gouvernement devrait exiger partout de l'huile à une
teneur de 1 1/2%.
S'est-on arrêté pour se demander quelle est la
disponibilité d'huile dans le monde à une teneur de 1 1/2%? Y en
a-t-il? C'est une bonne question qu'il faut poser avant d'imposer une norme et,
s'il n'y en a pas, que fait-on?
Soyons réalistes dans l'examen de ces normes et regardons la base
de chacune pour voir non seulement si c'est l'idéal de pouvoir atteindre
une norme x, mais aussi si c'est possible. Y a-t-il en disponibilité les
éléments nécessaires à l'atteinte d'une telle
norme?
Il y a aussi la facilité avec laquelle on dit qu'il n'y a que six
règlements qui ont été adoptés en vertu de la Loi
de la qualité de l'environnement. Je me permets de vous rappeler
simplement que les règlements de l'ancienne Loi de l'hygiène
publique ont été transférés comme règlements
de la Loi de la qualité de l'environnement et sont en vigueur en vertu
de cette loi.
Alors, même s'il y a une modernisation à faire dans
certains de ces domaines c'est ce sur quoi nous nous penchons depuis un
bon moment il y a des règlements au nombre beaucoup plus
important que six et qui touchent un vaste éventail de domaines.
Alors, ne laissons pas cette fausse impression que la loi ne trouve pas
son application parce qu'il n'y a que six règlements qui ont
été adoptés. Il y en a beaucoup d'autres. Enfin, le
député de Johnson a posé plusieurs questions d'ordre
pratique. Combien de fonctionnaires par comparaison avec
le nombre que nous avions au moment de l'entrée en vigueur de la
loi? A la fin de 1972, il y avait 350 fonctionnaires. Nous sommes rendus,
aujourd'hui, à 512, plus une centaine d'occasionnels.
Alors, il y a une augmentation considérable.
Deuxièmement, il a parlé des coupures de budget...
M. Bellemare (Johnson): 350 en 1972. M. Goldbloom: C'est
cela.
M. Bellemare (Johnson): Et, aujourd'hui, c'est...
M. Goldbloom: 512, plus une centaine d'occasionnels.
M. Bellemare (Johnson): Les occasionnels ne peuvent pas
l'être plus de six mois maintenant.
M. Goldbloom: Cela est vrai, mais quand il y a du travail
à faire...
M. Bellemare (Johnson): La loi ne le permet pas.
M. Goldbloom: En ce moment, le député de Johnson
parle de l'occasionnel individuel dont l'engagement doit être
limité...
M. Bellemare (Johnson): ... à six mois.
M. Goldbloom: ... quant à sa durée. Mais cela est
différent du nombre d'hommes-année attribués à
chaque ministère. Si un occasionnel ne peut avoir un engagement d'une
durée plus longue que six mois, si la disponibilité
d'hommes-année est attribuée par le Conseil du trésor, il
y a la possibilité de prendre une autre personne pour continuer le
même travail, s'il le faut. Alors, ce n'est pas aussi simple que
cela.
Je reviens aux coupures de budget et l'on constatera à l'examen
je l'ai dit, si ma mémoire est fidèle, à l'occasion
du débat lors de l'étude des crédits que nous avons
payé, à la fin de l'année financière 1975/76, avec
une somme de $6 500 000 au Bureau d'assainissement des eaux du Québec
métropolitain.
Avec ce versement, nous avons complété notre participation
aux travaux accomplis jusqu'à maintenant, aux programmes
réalisés jusqu'à maintenant et il n'était pas
prévisible que nous soyons appelés à verser des sommes
additionnelles en 1976/77. Donc, cette somme n'est pas reproduite au budget. On
pourrait dire facilement: II y a d'autres fins auxquelles une telle somme
aurait pu être utilisée. Cela est vrai, mais il y a aussi des
domaines d'une importance comparable où l'on a besoin d'argent
additionnel. L'éducation, les affaires sociales, les choses qui touchent
la santé humaine et l'avenir de notre société doivent
avoir un appui financier suffisant aussi. Puisque nous avions
complété le financement d'un certain programme, la
décision du Conseil du trésor était de ne pas renouveler
cette somme au budget. Or, il y a une différence, mais c'est
essentiellement la seule différence qui existe au budget.
Enfin, l'honorable député de Johnson a demandé des
statistiques quant aux procédures prises. Puisque je n'avais pas
prévu cette question, je n'ai pas les chiffres ici. Nous les avions
quand nous avons préparé le cahier pour la défense des
crédits. Alors, je ferai sortir les chiffres et je pense bien que demain
je pourrai les fournir à l'honorable député de
Johnson.
M. Léger: M. le Président, sur certaines
affirmations du ministre. Je suis surpris que le ministre puisse garder son
sérieux et affirmer ce qu'il vient d'affirmer, entre autres quand il
parle de la teneur en souffre de l'huile pour le centre-ville de
Montréal. Il dit que, pour le reste de la province, on ne devrait pas
avoir une même sévérité dans la
réglementation sur la teneur en souffre de l'huile lourde. La
Communauté urbaine de Montréal mentionne 1,5% et le projet de
règlement dont je parlais tantôt, des Services de protection de
l'environnement, prévoyait 2,5 pour la province. Le projet de
règlement a été inscrit dans la Gazette officielle
il n'est pas adopté pour l'information de la commission parlementaire
et on l'a présenté à 3% plus élevé
que le projet initial. Est-ce que le ministre va nous dire que le centre-ville
de Sherbrooke n'est pas aussi pollué que le centre-ville de
Montréal, que le centre-ville de Québec n'est pas aussi
dangereusement pollué que le centre-ville de Montréal, que le
centre-ville de Hull, où il y a des industries polluantes, ne
mérite pas aussi d'avoir la même protection que le centre-ville de
Montréal? Son chiffre de 3% est absolument ridicule. On a tout
simplement cédé au lobbying de compagnies qui ne se soumettront
que si le gouvernement a i'échine de leur imposer des règlements
déterminés par le ministère.
M. le Président, les compagnies n'iront jamais plus loin que ce
que le gouvernement va leur demander. Le gouvernement doit avoir le courage
d'aller au bout de sa logique et de permettre qu'on soit capable de
contrôler. Même actuellement avec 1,5% dans la teneur en souffre
dans l'huile à Montréal-Est, on a de la pollution inacceptable
dans l'air ambiant et on a dépassé les normes acceptables au
niveau canadien.
M. le Président, qu'on ne vienne pas me dire qu'il faut savoir si
on a assez d'huile dans le monde, si on est capable d'avoir de l'huile de cette
teneur facilement; c'est une façon facile de s'en sortir. Je pense qu'il
y a un principe qu'on ne doit pas oublier, c'est que le développement
économique est une chose et la qualité de l'environnement en est
une autre. C'est un faux problème que de mettre cela ensemble. On doit
d'abord voir la qualité de l'environnement, le milieu ambiant dans
lequel on vit. C'est cela qui est important. S'il faut, pour avoir de l'air pur
dans un milieu, ajouter des méthodes de dépollution qui
coûtent de l'argent, que le pollueur paie et qu'on inclue dans le produit
fini le coût de dépollution comme on inclut le coût du
téléphone, le coût de l'électricité, le
coût de la publicité. A ce moment-là, on sera certain
d'avoir de l'air respirable.
Deuxième point, M. le Président, je demanderais au
ministre de nous dire le nombre d'inspecteurs au Québec. Quand on parle
de 350 augmentés à 500, ce ne sont pas les inspecteurs, cela va
jusqu'aux secrétaires, aux dactylos, etc.
Il y a à peine une centaine ou un peu plus d'inspecteurs dans le
Québec. Pour la région de Montréal, on n'a pas tout
à fait 30 personnes responsables des services de protection de
l'environnement au niveau de la pollution de l'air; là-dessus, il y a 10
ingénieurs et une vingtaine de techniciens. On aurait besoin du double
de ça, aux services de protection de l'environnement. Parce que le
ministre n'a pas la force de faire passer au Conseil des ministres un budget
adéquat, il ne peut pas donner à ces services de protection de
l'environnement la quantité de personnel qu'il faut, la qualité
de personnel qu'il faut et le temps voulu pour aller au fond des
problèmes, M. le Président. C'est ça le problème de
la protection de l'environnement: on n'a pas de budget, on n'a pas de personnel
et le ministre n'a pas le courage d'aller obtenir du Conseil des ministres le
budget nécessaire pour être capable de surveiller décemment
le domaine de la pollution au Québec. C'est ça le
problème, M. le Président.
Actuellement, dans Montréal-Est, dans mon comté, il y a
des stations télémétriques pour détecter la
qualité de l'air ambiant. Ce sont les stations des compagnies sur
lesquelles le gouvernement utilise des données pour pouvoir
détecter la qualité de l'air. On a à peine cinq ou six
stations télémétriques du gouvernement dans la
région de Montréal-Est, Pointe-aux-Trembles et Anjou, et sur les
six qu'il y avait dernièrement, il y en a cinq qu'on vient de fermer,
qui ne fonctionnent qu'à temps partiel, M. le Président, elles ne
fonctionnent plus à temps plein.
J'ai obtenu cette information, dernièrement, qu'on est
obligé de les fermer faute de personnel, On les rouvre de temps en
temps, elles ne sont pas fermées complètement. Mais elles ne sont
pas complètement, totalement et toujours ouvertes. J'aimerais bien que
le ministre m'affirme le contraire. On les a fermées dernièrement
parce qu'on n'avait pas le personnel pour faire les analyses dans ces cinq
stations de Montréal-Est. Il en reste une qui est ouverte, la grosse
station de Pointe-aux-Trembles. Les autres, on les fait marcher, on les ferme,
on les ouvre parce qu'on n'a pas le personnel.
M. le Président, je pense qu'il est grand temps que le ministre
ait le courage de ses affirmations publiques, qu'il obtienne du Conseil des
ministres le budget nécessaire pour faire fonctionner le
ministère de l'Environnement.
Je pense qu'en plus de cela, quand on étudie aujourd'hui le
projet de règlement, je trouve quand même un peu drôle qu'on
nous donne aujourd'hui l'ensemble des mémoires des compagnies alors
qu'on voulait faire siéger la commission parlementaire la semaine
dernière. Je pense bien qu'on aurait dû avoir ces documents au
cours de la semaine dernière. Nous allons aujourd'hui entendre des
mémoires qui nous sont soumis à 11 heures le matin,
écouter des personnes sur des su- jets techniques, et on nous donne les
documents ce matin.
Je pense que ça ne fait pas sérieux, M. le
Président et je voulais savoir jusqu'à quel point le ministre a
réellement l'intention de faire quelque chose au niveau de la
qualité de l'air au Québec.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): C'est simplement pour vous dire que
l'argument que j'avais apporté tout à l'heure au sujet de la
diminution du budget du service de l'environnement était
considérable cette année. Le ministre m'a donné une
réponse qui ne me satisfait pas, c'est sûr, quand il dit: Ecoutez,
on a des problèmes d'aide sociale, on a des problèmes
d'hôpitaux, on a des problèmes d'éducation. Tout ça,
c'est vrai. Mais dans l'agencement de la politique qu'avait mise à jour
le ministre, en 1972, il était bien décidé, à ce
moment-là, que des millions seraient engagés pour remédier
à ce malaise qui est occasionné par la pollution de l'air.
Au lieu d'augmenter un budget, il l'a diminué
considérablement, et la plus grande partie de son budget est
donnée pour des services municipaux. Cela n'atteint pas du tout le grand
rêve qu'avait eu le ministre de faire une guerre, de mener à bon
terme toute la législation qu'il avait devant lui en 1972. Il a mis dans
la Gazette officielle un règlement que nous étudions maintenant
qui était pour 60 jours. J'ai ici un document qui dit que cela a
été prolongé à 120 jours, jusqu'à ce que la
commission parlementaire étudie le bien-fondé de toute la
réglementation. Je pense que mon collègue de Lafontaine a
parfaitement raison quand il tient comme acquis qu'il y a des besoins urgents
et que dans l'augmentation du personnel qui se fait dans votre
ministère, vous n'avez pas en main les outils nécessaires, les
hommes-clés pour répondre à un besoin d'application d'une
loi comme celle que vous avez là.
Vous avez parlé d'une augmentation de 152 et d'environ une
centaine d'employés occasionnels. Cela peut être, comme le disait
le député de Lafontaine, des aides, des commis de bureau et des
sténos; mais quand il s'agit d'ingénieurs, d'hommes qui peuvent
véritablement détecter le mal et y remédier, je pense que
le ministre n'a pas le budget non plus pour le faire.
Quand il me réfère à ces grands besoins de
l'administration, je suis d'avis que le ministre, avec son influence au
cabinet, s'il en a il en a encore beaucoup, je le pense pourrait
peut-être faire augmenter son budget pour agir en conséquence.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
ministre.
M. Goldbloom: M. le Président, on se trouve toujours dans
cette même situation. Je ne fais pas de reproche à l'honorable
député de Johnson qui n'abuse pas. On convoque des gens pour
faire des représentations sérieuses et on passe, avec le Parti
québécois, une longue période de discussion
théorique et généralement démagogique. On
fait attendre les gens et ensuite, on n'est pas en mesure d'accomplir
raisonnablement, décemment, le travail pour lequel la commission
parlementaire a été convoquée.
J'ai l'intention de répondre brièvement à
quelques-unes des affirmations du député de Lafontaine. Cela me
fait de la peine de voir qu'encore une fois, c'est ce genre de chose qui se
produit.
M. Lacroix: Vous avez du temps à perdre.
M. Goldbloom: II est évidemment facile de dire toutes
sortes de choses et toujours facile de faire des attaques personnelles,
spécialité du député de Lafontaine. Je pense que
dans tout ce qu'il a dit, je n'ai pas entendu l'affirmation qu'il y a
effectivement, en disponibilité immédiate, ou dans un avenir
rapproché, une quantité suffisante d'huile à faible teneur
en soufre pour permettre d'insister pour que cette huile soit utilisée.
Si elle n'est pas disponible, que fait-on? Une fois que l'on a adopté un
règlement en vertu de la loi, celui qui n'est pas capable de respecter
le règlement est dans l'illégalité, il peut et doit
être traduit devant les tribunaux. Si c'est sa faute, parce qu'il a
refusé de se conformer à quelque chose, c'est une chose. Si c'est
parce qu'il n'y a pas eu de disponible, ce qu'il lui faut pour pouvoir
respecter le règlement, on est absolument injuste d'imposer quelque
chose qui ne peut pas être respecté.
Effectivement, notre analyse du marché de l'huile nous indique
qu'il n'y a pas assez d'huile à faible teneur de disponible
présentement. On se rappellera que pendant la crise du pétrole,
on a dû, sur l'île de Montréal, relâcher
temporairement les exigences afin de pouvoir continuer de chauffer les maisons
avec le genre d'huile qui convient à cela et avec laquelle nous aurions
voulu que l'huile lourde soit diluée pour en réduire la teneur en
soufre. Mais il n'y en avait pas assez pour les deux fins. Il faut être
pratique dans tout cela, M. le Président. Je voudrais souligner que nous
avons étudié ce marché.
Je vous fais remarquer une erreur, M. le Président, dans le texte
du projet de règlement, à la page 6510. Vous remarquerez, en haut
de la page, qu'il y a un petit alinéa qui paraît en anglais, mais
qui ne paraît pas en français. Cet alinéa indique que
l'exigence de 3% s'applique à partir du 1er décembre 1976, mais
que le chiffre de 2,5% s'applique à partir du 1er décembre1979,
parce que nous croyons qu'au cours de ces trois années il y aura une
amélioration dans la production d'huile à faible teneur en
soufre, ou peut-être que certaines usines se seront converties à
d'autres formes d'énergie. Mais c'est une considération qui est
assez simple et fondamentale.
M. le Président, il y a aussi les chiffres que brasse le
député de Lafontaine. Il dit qu'il y a une centaine d'inspecteurs
et qu'il en faudrait 200.
Quand il parle d'une centaine d'inspecteurs et quand il cite
l'augmentation que nous avions espéré obtenir en ce domaine, ce
sont les inspec- teurs en milieu rural, qui ne touchent pas des industries.
L'équipe industrielle est une équipe qui est
évidemment concentrée à Montréal et à
Québec et qui comprend un nombre moindre de personnes, mais de personnes
spécialisées dans les domaines nécessaires. Nous
travaillons en collaboration avec le gouvernement fédéral. Les
deux équipes, provinciale et fédérale, vont ensemble dans
les usines et font leurs inspections, afin d'avoir une cohérence
d'action et une cohérence entre les règlements du
fédéral et du provincial.
M. le Président, je pense qu'on est rendu au point où l'on
devrait inviter nos invités à prendre la parole.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Si les membres...
M. Léger: M. le Président, seulement un instant. Je
ne veux pas prolonger le débat, mais il n'y a qu'un point que j'aimerais
faire valoir au ministre. Le ministre a affirmé qu'il n'y avait pas
suffisamment d'huile pour la norme que nous demandions. Je vais faire remarquer
au ministre que, dans l'Etat de New York, il y a une taxe spéciale, une
taxe progressive sur l'huile lourde, qui augmente selon la quantité
d'huile lourde qui dépasse le 1,5%.
C'est donc dire que l'Etat de New York a jugé qu'il était
préférable qu'il y ait moins de teneur en soufre dans l'huile
lourde et, pour cela, il y a eu une taxe progressive. Si l'Etat de New York a
réussi à adopter une législation dans ce sens, pour quelle
raison le Québec se servirait-il de prétextes extérieurs,
provenant d'argumentations venant des compagnies qui ont fait du lobbying
auprès du ministère, pour essayer de ne pas être
sévère dans sa réglementation?
Je trouve inacceptable que le ministre essaie de s'en sortir encore une
fois alors que d'autres Etats qui sont aussi et peut-être beaucoup plus
industrialisés que l'Etat du Québec ont réussi à
imposer une taxe progressive pour la teneur en soufre dans l'huile lourde
dépassant 1,5%. Quand le ministre vient nous dire cela aujourd'hui, je
ne veux pas recommencer le débat, mais je ne peux laisser passer cette
affirmation sans la relever.
M. Goldbloom: M. le Président, imposer une taxe, c'est une
façon de récolter de l'argent. Cela ne change pas la teneur en
soufre de l'huile. S'il n'y en a pas en disponibilité, il n'y en a pas.
On peut taxer, si l'on veut, pour récolter davantage d'argent, mais on
ne change pas la situation quant à la protection de l'environnement.
C'est peut-être, à la longue, une certaine incitation, mais cela
ne change pas les faits.
Nous allons parler sûrement, au cours de ces trois jours, de
l'anhydride sulfureux et de la nécessité de
récupérer l'anhydride sulfureux pour protéger
l'environnement. C'est un thème qui revient souvent dans les
commentaires du député de Lafontaine. Soyons pratiques là
aussi. C'est facile de dire qu'il faut enlever l'anhydride sulfureux des
gaz d'échappement des cheminées. Comment est-ce qu'on le
fait? On le fait en transformant ce soufre en autre chose, en acide sulfurique,
par exemple.
Nous sommes rendus à un point où il n'y a plus de
marché pour l'acide sulfurique dans le monde. Qu'est-ce que nous allons
en faire? Est-ce que nous allons l'entreposer dans de vaste réservoirs?
C'est une substance qui comporte un certain danger. S'il y a un
écoulement accidentel, qu'est-ce qu'on va en faire? C'est très
facile de dire il faut protéger l'environnement. Nous sommes tous
d'accord. Ce que nous voulons examiner aussi, aujourd'hui c'est ce qu'on peut
faire, sur le plan pratique. Quels sont les obstacles entre notre désir
commun, notre désir universel et profond de protéger
l'environnement et la réussite des mesures qui sont nécessaires?
Quelles sont les implications de chaque mesure? Quelles sont les implications
de chaque norme? C'est cela que nous avons voulu examiner aujourd'hui à
la commission parlementaire.
M. Bellemare (Johnson): Le ministre me permettrait-il simplement
une question en terminant? Le député de Lafontaine a posé
une question au ministre: Pourquoi ne pas avoir reçu ces documents une
semaine avant? Est-ce qu'il y a eu quelque chose?
M. Goldbloom: Je ne le sais pas, M. le Président.
M. Bellemare (Johnson): Vous ne le savez pas. Parce que cela
aurait été bien plus facile pour nous si nous avions eu un peu...
C'est volumineux à regarder... Je comprends que ceux qui vont nous les
lire vont... C'est bien technique et cela aurait mérité une
étude plus approfondie, un peu, avant d'entendre ces honorables
messieurs. Est-ce qu'il y aurait une raison, des formalités
quelconques?
M. Goldbloom: Non, M. le Président. Je dois dire que j'ai
reçu moi-même, la semaine dernière, un petit paquet de
documents, moins du tiers de l'ampleur de ce paquet que nous avons ici
aujourd'hui. J'ai tenu pour acquis que, puisque je l'avais reçue, les
autres membres de la commission parlementaire avaient reçu la même
documentation en même temps. Le grand paquet, je l'ai reçu
moi-même aujourd'hui.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Si les membres de la
commission sont d'accord, il y a deux autres organismes qui veulent se faire
entendre aujourd'hui: l'Association québécoise des industries de
la peinture et l'Association des mines de métaux du Québec.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que vous pourriez nous donner les
numéros dans votre échéancier? Il y a des numéros;
il y a 37, il y a 36, il y a 39 et il y a 40. On ne le sait pas, parce qu'on
n'a pas eu le temps de les regarder.
M. Lacroix: II y a IM.
M. Bellemare (Johnson): IM.
M. Lacroix: Les industries de la peinture, il y a IMA. Qu'est-ce
que vous avez dit, M. le Président, pour l'autre?
Le Président (M. Houde, Limoilou): Association des mines
de métaux du Québec.
M. Lacroix: 5M et 5MA. On n'a pas besoin de bureau de recherche
pour trouver cela.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Alors, j'invite
immédiatement le ou les représentants de SIDBEC.
M. Lacroix: Ce ne sont pas des documents préparés
par nos bureaux de recherche.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Voulez-vous vous
présenter, s'il vous plaît?
SIDBEC-DOSCO
M. Czapski (Hutten): Oui, mon nom est L.J. Hutten Czapski. Je
représente SIDBEC-DOSCO. M. le Président, suite à
l'invitation qui nous a été faite de vous présenter nos
commentaires sur le projet des règlements relatifs à la
qualité de l'atmosphère, SIDBEC-DOSCO désire vous
soumettre respectueusement le présent mémoire, en formulant le
souhait qu'il soit favorablement accueilli. Dans notre commentaire, nous
tenterons d'être constructifs afin d'en arriver à des normes qui
soient profitables, susceptibles d'être généralement
acceptées, bien équilibrées du point de vue
économique, applicables du point de vue technique, faciles
d'interprétation et d'exécution.
Ces recommandations ont pour but de trouver des solutions satisfaisantes
pour toutes les parties. Les solutions tiendront compte de la santé et
du bien-être de la population, de l'environnement, de l'économie
et de la consommation d'énergie au Québec. Pour faire une petite
illustration de ce que je dis, j'ai ici deux graphiques qui nous montrent
quelle est la situation des coûts face au pourcentage de contrôle
de l'émission. Si vous pouvez voir ici, c'est un graphique qui vous
montre par cette ligne le pourcentage des contrôles. Ici, il y a
contrôle nul, zéro; ici, il y a un contrôle,
théorique seulement, à 100%. Ce sont les coûts ici. Vous
voyez que les coûts sont exponentiels dans chaque point des
améliorations. Si vous avez cette situation, les coûts, c'est
cela. Si vous voulez améliorer deux fois plus, la courbe est plus
agrandie. Ce sont les coûts exponentiels. Il n'est pas possible d'avoir
100% d'amélioration. Le coût lui-même serait incroyable.
Aussi, il y a une limite de "profitabilité" d'une industrie. Si les
coûts sont trop grands, la "profitabilité" est nulle. Aussi, il
n'est pas possible de faire quelque amélioration que ce soit.
Aussi, il y a l'autre graphique qui montre quelque chose de bien
important pour compren-
dre la situation du point de vue de l'industrie. Voici une ligne qui
montre les émissions pour une aciérie. Ici, il y a la même
ligne. C'est une amélioration des contrôles. Si vous n'avez pas
tout à fait le contrôle, vous avez une émission de
l'aciérie.
Ici, ce sont les coûts de l'émission des aciéries.
Il y a une autre émission dans une usine électrique qui fournit
la puissance pour les moteurs de ventilateurs. Cette émission d'usine
électrique qui utilise l'huile est agrandie avec le contrôle de
rémission. Il y a un point dans lequel toutes les émissions sont
comprises, c'est-à-dire les émissions des aciéries et des
usines électriques, où elles sont au minimum. Si vous allez plus
loin avec le contrôle, l'émission totale des aciéries et
des usines électriques est plus grande. Pour cette raison, il n'est pas
profitable pour une amélioration "beyond this point", parce que
l'émission totale dans le pays est plus grande.
Il y a aussi une ligne verte ici de bénéfice social.
Qu'est-ce que nous pouvons faire en allant vers ce point? Nous pouvons obtenir
un meilleur bénéfice social dans cette situation. Le
bénéfice social est le point qui est le plus proche de la plus
simple réglementation que de la plus grande réglementation.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que vous me permettez une
question?
M. Czapski: Oui, monsieur.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que votre graphique est
basé sur ce qui se produit dans d'autres aciéries qui sont en
terre américaine, par exemple?
M. Czapski: Oui, monsieur.
M. Bellemare (Johnson): C'est basé sur les...
M. Czapski: C'est basé sur le chiffre que je connais qui
est plus ou moins vérifiable. Nous avons obtenu les chiffres de
l'Amérique du Nord. Il y a un article sur ce sujet que j'ai donné
aux représentants de l'Environnement quand ils ont dit qu'il y a une
balance que vous pouvez obtenir. Cela veut dire la balance de contrôle,
la balance de rémission de l'énergie électrique
vis-à-vis de rémission que vous avez dans l'usine
électrique. Cette somme est démontrée ici.
Ce graphique est idéalisé parce que, quand vous changez
les méthodes de fonctionnement, il n'y a pas une ligne "fluente". Ce
sont les faits. Mais ici j'ai fait la ligne pour fins de démonstration
optique.
M. Bellemare (Johnson): Avez-vous une copie de cela?
M. Czapski: Oui. Elles sont à votre disposition.
M. Bellemare (Johnson): Le secrétaire peut-il en
donner?
Une autre question avant que vous passiez à un autre sujet, parce
que celle-là est la base même de tout votre dossier. Est-ce que le
graphique que vous venez de nous établir se compare actuellement
avantageusement avec ce qui existe ailleurs dans les règlements de la
pollution en Ontario, par exemple?
M. Czapski: Je ne peux pas vous donner la réponse
totalement, parce que c'est la situation de notre usine particulièrement
pour le calcul financier.
Je peux vous dire que j'ai fait un calcul pour notre usine qui
démontre...
M. Ostiguy: Laquelle de vos usines?
M. Czapski: C'est l'usine de Contrecoeur.
Nous suggérons pour l'émission maximale... Nous avons
quatre cas dans lesquels nous pouvons faire une amélioration.
Amélioration nulle: Emission totalement dans l'air. Cela veut dire 1%...
des procédés entre l'air... Le deuxième, nous pouvons
installer un quatrième trou dans le toit du four. Cela donne plus ou
moins 80% à 85% de contrôle. Nous pouvons ajouter des hottes
au-dessus du four. Cela donne 93% de contrôle, plus ou moins. Mais il y a
toujours 13% qui sortent par l'orifice.
Ce n'est pas possible de faire un contrôle complet. Si vous
demandez de faire un contrôle complet, les coûts sont
incalculables. J'ai fait un calcul des coûts d'assainissement de l'air
dans chaque cas. J'ai ici un tableau qui nous démontre, quant à
l'évacuation libre dans l'atmosphère, que le coût des
contrôles est minimal. C'est un investissement de seulement $500 000.
Pour le système d'évacuation directe au four, les coûts
pour cette aciérie sont de $7 millions, et pour ce qui est
mentionné ci-dessus, en plus des hottes, ils sont de $14 millions. Et si
vous voulez faire une cellule autour de chaque four pour pouvoir évacuer
dans chaque cellule séparément, le coût est plus de $20
millions. Ceci veut dire que cela représente 25% d'investissement dans
la machinerie.
Il y a aussi le coût pour l'exploitation. La capacité des
systèmes est aussi grande que 3,5 millions cubes par minute. Cela veut
dire que c'est un édifice aussi grand que cet édifice "A". C'est
un grand édifice pour prendre toutes les poussières de cette
salle.
C'est pour cela que nous voulons recommander que les normes qui sont
discutées peuvent être une bonne balance sociale. Cela veut dire
que nous pouvons maintenir notre industrie en développement et que nous
pouvons obtenir une bonne santé, un bon bien-être de notre
population québécoise.
En particulier, nous avons quelques points à discuter. Ce sont
les points contenus dans le projet de règlement.
En vue d'éviter toute fausse interprétation, nous
suggérons d'ajouter, à l'article 1: "... à l'exception des
ssources mentionnées aux articles traitant d'industries ou de
procédés particuliers".
En particulier, nous n'avons pas trouvé de règlement pour
les industries sidérurgiques. Dans l'industrie sidérurgique, nous
avons plusieurs procédés qui sont spécialisés. Il
est impossible
d'avoir une source fixée parce que dans ce règlement, il
n'y a qu'un point: source fixée. Les hauts fourneaux, les cokeries, le
four à arcs, le four électrique à arcs, le four de
réchauffage ne sont pas des sources fixées. Pour cette raison,
nous suggérons qu'il y ait un article séparé pour les
normes sidérurgiques. Nous croyons aussi que...
M. Bellemare (Johnson): M. le Président...
Le Président (M. Houde, Limoilou): A l'ordre, s'il vous
plaît! Je demanderais aux membres de la commission d'attendre la fin de
l'exposé.
M. Bellemare (Johnson): Je dois vous dire que c'est assez
difficile. C'est bien technique et, lorsqu'il discute d'un sujet en
particulier, il faudrait absolument... Si vous nous laissez lui poser des
questions après que l'explication sera donnée, il est difficile
de revenir sur le sujet. Si vous ne nous le permettez, on va le noter, mais
c'est parce qu'en passant sur l'amendement qu'il propose, on pourrait
peut-être lui demander pourquoi il veut exclure tous les
procédés particuliers.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Je ne peux permettre
cela parce qu'autrement...
M. Bellemare (Johnson): Que faisons-nous ici d'abord?
Le Président (M. Houde, Limoilou): Par la suite. Prenez
cela en note.
M. Bellemare (Johnson): Par la suite, ce n'est plus explicable,
ces mécaniques. Parce que dans son amendement, il dit: Tous autres
procédés d'exception. Cela va loin. Tous autres
procédés particuliers, c'est quoi? Ecoutez, c'est
général. Il faut vraiment que ce monsieur nous dise. Il va assez
loin quand il dit: A l'exception des sources mentionnées aux articles
traitant de l'industrie.
D'accord, mais quand il entre dans le particulier, il dit: Tous les
procédés particuliers. Qu'est-ce que c'est? Pour le ministre,
comme pour nous, pour moi personnellement, en tout cas, je suis un profane,
j'aimerais bien savoir.
M. Czapski: Monsieur, est-ce que je pourrais faire une petite
réponse? Il y a quelques possibilités techniques pour une
amélioration. C'est pour cela que nous devons considérer qu'il y
a une possibilité dans un procédé qui existe dans un autre
procédé. Les procédés sont fixés. Nous avons
un progrès dans la sidérurgie. De temps en temps, il y a un
nouveau procédé et de temps en temps il faut...
M. Bellemare (Johnson): Ecoutez. C'est trop
général. Vous ajoutez: A l'exception des articles traitant de
l'industrie et vous allez plus loin en disant: Aussi de tous les
procéoés particuliers. Là, vous élargissez
sensiblement le domaine. On ne comprend pas pourquoi. Vous savez pourquoi, mais
nous ne savons pas pourquoi vous élargissez autant quand vous ajoutez
tous les procédés par- ticuliers. Si vous me donnez une bonne
raison, je suis bien prêt à vous entendre. Si le président
ne veut pas, on va prendre des notes et... Parce que c'est trop technique,
autrement.
M. Caron: II va vouloir.
M. Ostiguy: C'est un bon président.
M. Bellemare (Johnson): Oui, d'accord.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, sur ce point, je n'ai
pas d'objection à ce que le député de Johnson, lorsqu'il
voit une énormité comme celle-là, s'exprime; mais, il ne
faudrait pas que ce soit une règle générale parce que je
pense qu'on a treize organismes à entendre aujourd'hui et on ne pourra
pas les entendre. On serait peut-être mieux de prendre des notes,
à moins qu'il n'y ait une énormité comme celle-là.
Je comprends le député de Johnson de sauter pour des cas
particuliers, mais pour des cas généraux, je pense qu'on est
mieux de suivre le fonctionnement habituel des commissions parlementaires, de
prendre des notes et de poser des questions après chaque
mémoire.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Exactement. Alors, je
demanderais au représentant de SIDBEC de continuer la lecture de son
mémoire et, par la suite, les députés poseront des
questions.
M. Czapski: Est-ce que je peux lire notre
présentation?
M. Bellemare (Johnson): Allez-y. On va entendre cela tout
seul.
M. Czapski: Nous étions à l'article 2. La
définition de "procédés" prête à confusion et
mérite d'être clarifiée. Par exemple, dans le cas de fours
électriques à arcs, la définition serait équivoque
si l'on considère l'enfournement, la fusion et la coulée en poche
comme des opérations indépendantes. A notre avis, les taux
d'émission admissibles seraient plus réalistes si telle
était l'interprétation. Cette définition prête aussi
à confusion dans le cas de plusieurs fours desservis par un même
système de dépoussiérage.
Un procédé consiste en des changements physiques ou
chimiques, ou les deux, subis par une matière. Les opérations
successives sont des procédés indépendants.
Fusion de ferrailles et de boulettes dans un four électronique
à arcs, c'est le procédé no 1. Transfert du métal
en fusion dans la poche de coulée et traitement chimique, c'est le
procédé no 2.
Article 5. Il importe de bien déterminer l'endroit où les
mesures de contrôle seront effectuées: nous suggérons que
ce soit en dehors des limites de l'établissement industriel. Sans quoi,
si le règlement était appliqué à la lettre, il y
aurait des endroits à proximité des orifices
d'évacuation
des cheminées où il serait impossible de maintenir les
normes de qualité de l'atmosphère.
Article 7. L'article 7 est d'une grande portée, surtout quand il
est combiné à l'article 5. Celui-ci établit des normes
à caractère général et universel une
concentration moyenne sur 24 heures des particules en suspension de 0 à
150 milligrammes par mètre cube pour l'ensemble du territoire du
Québec. On peut aller jusqu'à dire que l'aire de la
cheminée ainsi que l'intérieur d'une usine font partie de
l'ensemble du territoire. En pratique, les dispositions des articles 7 et 5
s'appliqueraient aussi à l'intérieur des limites d'une usine, ce
qui susciterait des problèmes très difficiles à surmonter.
La portée de l'article 7 repose sur le mot "susceptibles" pour lequel
aucune définition n'est donnée.
Articles 9 et 10. L'opacité est un phénomène
physique influencé par la lumière diffusée,
l'éclairage direct et les particules quant à leur couleur, leur
densité et leur grosseur. D'après la définition de la
méthode de mesure, l'opacité ne peut être mesurée la
nuit. La vapeur d'eau peut changer, diminuer considérablement
l'opacité.
La mesure de l'opacité est très subjective et n'est pas
précise. Si la visibilité des gaz effluents doit être
contrôlée, nous proposons de mettre au point une méthode
plus objective et des appareils plus adéquats.
Les règlements relatifs à l'opacité, tels que
définis aux articles 9 et 10, prêtent selon nous à
confusion et engagent à la malhonnêteté. L'opacité
ne peut être mesurée la nuit. En fait, l'article 9, de par sa
définition même, ne s'applique pas la nuit. Tout est possible la
nuit et plusieurs établissements peuvent en tirer profit. C'est ce que
nous entendons par malhonnêteté même si, en fait, c'est
légal.
Les règlements relatifs à l'opacité devraient
être modifiés de façon à être applicables 24
heures sur 24 et à établir des normes d'opacité propres
à un établissement donné, la norme d'opacité devant
être déterminée seulement après la mise en marche
des installations.
Dans presque tous les cas, les normes d'opacité obtenues par
l'application des règlements américains sont plus rigoureuses que
les normes basées sur le calcul du poids des matériaux sur
lesquels le travail est effectué.
Articles 12 et 13. Ces articles devraient être redéfinis,
vu qu'ils ont trait à une norme relative au poids des matériaux
sur lesquels le travail est effectué. Comment peut-on déterminer
le poids d'un bâtiment démoli ou celui d'une voie de circulation?
Les normes devraient alors être différentes selon qu'il s'agit
d'un bâtiment neuf ou vieux. Ou, si Ia norme de 50 mg/m3 doit
s'appliquer, où les mesures doivent-elles être prises? A la
source? A une certaine distance? A quelle distance de la source? Dans quelle
direction par rapport au vent?
Article 14. Les objections relatives aux articles 12 et 13 s'appliquent
également à l'article 14. De plus, en ce qui concerne le
transport des agrégats par convoyeur, il n'est pas nécessaire que
ledit convoyeur soit confiné ou recouvert si, au cours de leur
transport, les agrégats ne peuvent être emportés par un
vent de vitesse moyenne et si la poussière se répand dans une
zone où personne ne travaille ou vit en permanence. Article 15. En ce
qui a trait aux poussières, la visibilité varie selon les
individus. Nous suggérons de remplacer cette exigence par une
méthode de mesure objective.
L'article 15 est très vague en stipulant: "Des émissions
de poussière visibles à plus de 2 mètres de la source
d'émission." La visibilité est fonction de la lumière et
des concentrations extrêmement faibles peuvent être vues dans les
conditions appropriées.
Article 17. Les poussières récupérées par un
dépoussiéreur à sec peuvent être transformées
en boues dans un malaxeur, par exemple, ou mises en boulettes avant
d'être enlevées. Dans ce cas, elles pourront être
transportées dans des véhicules à plate-forme.
On n'a pas tenu compte du fait que les poussières peuvent
être transformées en boues dans un malaxeur avant d'être
transportées. D'après l'article 17, même les boues obtenues
doivent être transportées dans un contenant clos.
Article 18. Nous proposons d'ajouter à l'article 18 "II est
interdit de brûler des branches, des arbres et des feuilles mortes
à moins de 100 mètres de l'habitation la plus proche".
Article 20. Un taux d'émission admissible de 50 mg/m3
est très restrictif. Par exemple, les taux d'émission
d'équipements neufs, de conception avancée et fonctionnant dans
des conditions normales sont approximativement comme suit:
dépoussiéreur à manches: 30 50 mg/m3
dépoussiéreur électrostatique: 40 80
mg/m3 laveur venturi haute pression: 50 140 mg/m3
cyclone: 150600 mg/m3
Nous proposons de porter à 250 mg/ m3 la valeur de ce
taux admissible.
Article 16. La vitesse minimum de 10m/s, lorsqu'un appareil fonctionne
à son régime minimal, peut ne pas être pratique dans le cas
de brûleurs modernes dont la capacité peut être
réduite dans un rapport 1/8 ou plus. Il s'ensuivra une forte chute de
pression dans la cheminée. Vu que cette exigence ne contrôle en
rien les émissions, nous proposons de supprimer l'article 26.
Article 54. Mêmes commentaires que pour l'article 20.
Article 55. Ceci constitue un grand problème en hiver: l'arrosage
des boulettes.
Pour conclure, nous suggérons d'ajouter une section ayant trait
aux fours électriques à arcs utilisés pour la fusion de
l'acier, tel que décrit dans le mémoire ci-joint daté du
22 janvier 1976.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
ministre.
M. Goldbloom: Je m'excuse, monsieur. Est-ce que vous avez
terminé votre présentation?
M. Czapski: Je pense que ma présentation est donnée
dans la lettre que je vous ai adressée. Vous pouvez obtenir toute
l'information que vous
désirez. Je suis toujours à votre disposition, M. le
ministre.
M. Goldbloom: Le député de Lafontaine a fait
allusion à plusieurs reprises à un lobby de compagnies. Vous
représentez une des importantes aciéries du Québec et vous
représentez un organisme dont le gouvernement du Québec est
indirectement responsable. En théorie, nous pourrions avoir des raisons
de ne pas vouloir imposer des exigences sévères à
l'endroit de SIDBEC-DOSCO.
N'est-il pas vrai que votre usine de Contrecoeur qui ne fonctionne pas
convenablement présentement quant à la pollution
atmosphérique il y a des problèmes qui suscitent des
plaintes est soumise à un programme que nous avons exigé
et que vous avez déjà commencé à mettre en
application?
M. Czapski: Oui, monsieur. Nous avons un grand programme que nous
suivons maintenant. Ce programme se poursuit étape par étape. Il
n'est pas possible de faire toutes les améliorations en une seule fois.
Il faut faire une investigation de la condition naturelle.
Pour cette raison, nous faisons maintenant un effort pour obtenir tous
les chiffres qui sont nécessaires pour le dessin d'un nouveau
système de dépoussiérage plus efficace et plus
économique.
M. Goldbloom: N'est-il pas vrai que ce programme aura pour effet
de réduire de 95% ou approximativement les émissions de
particules, notamment?
M. Czapski: Oui. Notre système peut être efficace
à un taux de 90% à 93%, environ.
M. Goldbloom: Vous avez une nouvelle usine qui doit commencer ses
activités bientôt à Port-Cartier, n'est-ce pas?
M. Czapski: Oui.
M. Goldbloom: Quand la compagnie a présenté son
projet pour cette usine, notamment son projet en ce qui concerne la protection
de l'environnement, n'est-il pas vrai que la compagnie a proposé qu'une
haute cheminée serait la façon d'éviter la principale
pollution atmosphérique dans la région? Et n'est-il pas vrai que
nous avons refusé cela et que nous avons insisté sur une
dépense additionnelle considérable pour l'installation
d'appareils antipollution?
N'est-il pas vrai que nous avons gagné cet argument, non pas la
compagnie?
M. Czapski: C'est vrai. M. Goldbloom: Merci!
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, j'aurais simplement une
question à poser au ministre à l'article 5, arti- cle sur lequel
la compagnie SIDBEC a fait certaines recommandations. A l'article 5, on dit
ceci: "Normes de qualité de l'atmosphère: Les normes de
qualité de l'atmosphère pour l'ensemble du territoire du
Québec sont les suivantes: ..." On nomme sept matières polluantes
possibles. C'est tout.
Plus loin, à l'article 7, on dit: "A compter du 1er janvier 1980,
il est interdit de construire ou de modifier une source fixe ou d'augmenter la
production d'un bien ou d'un service dont les émissions de particules de
poussières, d'anhydride sulfureux, de monoxyde de carbone... sont
susceptibles d'augmenter la concentration de ces contaminants..."
En d'autres termes, il n'y a que sept polluants inclus dans cette norme,
alors qu'on en connaît plusieurs centaines qui ont des effets
néfastes pour la santé. Ces normes ont été, de
plus, atténuées par rapport au texte de base de 1972. Elles sont
en général moins sévères et beaucoup moins
complètes que celles de l'Ontario. De plus, cet article n'exprime que
des voeux pieux, puisqu'il ne prévoit aucune façon de relier la
responsabilité d'un pollueur à un dépassement de la norme
d'air ambiant. L'article 7, qui est une timide tentative en ce sens, ne
s'applique qu'à partir de 1980 et pour les industries qui sont
construites après cette date.
Ainsi, comme exemple, à Montréal-Est, même si la
norme de SO2 est dépassée de 300%, il serait impossible, selon
l'article 5, tel que rédigé actuellement, d'en attribuer la
responsabilité aux raffineries, puisque celles-ci ont été
construites avant 1980 et ne tombent pas ainsi sous l'application de l'article
7. Cet article 5, tel qu'il est rédigé, ne peut être qu'un
trompe-l'oeil.
J'aimerais demander au ministre comment il peut interpréter
l'article 5, où serait pris l'échantillonnage pour évaluer
le degré de pollution et comment il peut déterminer qu'une
compagnie n'aurait pas respecté la loi. Comment peut-il
interpréter l'article 5 dans ce sens?
M. Goldbloom: Je ne comprends pas la question, M. le
Président. Est-ce que le député peut l'expliciter?
M. Léger: Oui, M. le Président.
M. Goldbloom: Que veut-il savoir exactement?
M. Léger: II y a deux points dans ce que je viens de
mentionner. D'abord, où le ministère va-t-il prendre son
échantillonnage pour établir qu'il y a un dépassement des
normes acceptables selon l'article 5 du projet de règlement?
Première question. Dans la même question, je disais: Comment
être capable d'évaluer la responsabilité des industries qui
ont contrevenu à la loi?
M. Goldbloom: M. le Président, en ce qui concerne
l'endroit où l'on prend l'échantillonnage, c'est une chose qui
doit être déterminée cas par cas. Il y a d'autres
juridictions en Amérique du Nord où on détermine les
concentrations de pol-
luants seulement à la limite de la propriété de la
compagnie, prétendant que c'est à cet endroit que l'on commence
à avoir un impact sur l'environnement et notamment sur la santé
publique. Il nous semble que ce n'est pas une façon satisfaisante de
procéder, quant à nous au moins. Je ne critique pas les autres
qui l'ont choisie, mais, quant à nous, nous ne sommes pas satisfaits de
procéder de cette façon. S'il y a une compagnie qui a une grande
étendue de terrains, c'est évident qu'il y aura une certaine
diffusion entre la source d'émission et la limite de la
propriété, mais il y a possiblement des effets néfastes
qui peuvent être subis entre les deux points, comme, par exemple, par les
travailleurs qui sont exposés à ces émissions, aux
retombées.
Aussi nous devons nous préoccuper des accumulations globales de
certaines substances et le fait que l'on puisse voir une diffusion locale qui
diminue à un certain point, à une certaine distance de la source
d'émission, la concentration ne nous permet pas d'être
indifférent à la question de l'émission totale.
L'argument qui a été invoqué un peu par le
député de Lafontaine la première fois qu'il a posé
sa question, que l'on doit tenir compte de la qualité de l'air ambiant,
c'est évident que le but des normes et le but de leur application c'est
d'atteindre une qualité raisonnable d'air ambiant.
Ce n'est pas possible de se baser seulement sur la qualité de
l'air ambiant à cause de ces considérations que je viens de
mentionner et, notamment, à cause des accumulations globales. Pour cette
raison, nous avons suivi la méthode des normes d'émission. Nous
avons, dans une certaine mesure, assorti ces normes par des normes d'air
ambiant. C'est un mariage des deux qui est nécessaire quant à une
application valable de règlements de cette nature.
La deuxième question du député porte sur
l'identification d'un polluant par rapport à sa source. C'est
évident que, dans plusieurs endroits, c'est extrêmement difficile
de le savoir. S'il y a, dans une seule ville, trois usines qui produisent la
même chose, le même polluant, on peut avoir de la difficulté
à identifier la source d'une particule, d'une molécule, d'une
substance. Evidemment, si l'on veut dépenser énormément et
faire un travail extrêmement sophistiqué, il y a moyen
d'identifier, de libeller, si vous voulez, de mettre des étiquettes,
comme on le dit, sur des molécules et les suivre. On peut le faire. Le
résultat serait la possibilité d'intenter des poursuites. Il y a
des gens pour lesquels la seule façon d'appliquer une loi, c'est par des
poursuites. S'il n'y a pas de poursuite, la loi n'a pas d'effet.
Pour nous, c'est par exception que l'on doit envisager des poursuites.
C'est en vertu d'une mauvaise foi surtout que l'on doit envisager des
poursuites. Si un programme est tracé et que ce programme est
respecté, on n'a pas de raison d'intenter des poursuites contre la
compagnie. Dans une situation où il y a trois sources, l'important n'est
pas tellement de pouvoir identifier laquelle des trois a fourni tel ou tel
polluant. C'est plutôt de faire diminuer les trois à un niveau
raisonnable. La difficulté d'identifier la source ne doit pas nous
empêcher de procéder à l'application des mesures
nécessaires à toutes les usines. Avec le temps qu'il faut, parce
qu'il faut un certain temps, on arrive à des résultats.
M. Léger: M. le Président, je pense que c'est un
point majeur qui doit être clarifié au niveau des
règlement, parce qu'il faut que ce soit spécifié dans la
réglementation, sinon c'est une réglementation trompe-l'oeil. Il
faut spécifier à quel endroit on doit prendre
l'échantillonnage de cette qualité de l'air. Est-ce que ce sera
à l'intérieur de l'usine? Est-ce que ce sera à la sortie
de ventilation? Est-ce que ce sera sur le territoire de la compagnie? Est-ce
que ce sera en dehors du territoire de la compagnie? Si ce n'est pas
spécifié, on peut facilement contourner le règlement et
cela devient, à ce moment, si on étudie cela de la façon
dont le ministre parle, cas par cas, discrétionnaire. Je ne pense pas
qu'une réglementation doive être discrétionnaire. Elle doit
être générale et doit tenir compte de l'ensemble des
possibilités qu'on va retrouver dans les différents territoires
du Québec. A ce moment, on devrait être capable d'avoir une
réglementation où on dit: C'est à tel endroit, à
telle distance qu'on doit faire l'échantillonnage. On doit être
capable aussi d'identifier la compagnie ou le responsable de cette
émission de matières polluantes si on veut réellement
faire respecter le règlement. Autrement, c'est un voeu pieux. Je pense
que c'est un point majeur.
M. Goldbloom: M. le Président, le député de
Lafontaine a identifié quatre endroits où l'on devrait prendre
l'échantillonnage. C'est évident qu'il faut les faire à
tous les quatre. Il faut absolument faire des échantillonnages à
l'intérieur de l'usine pour protéger la santé des
travailleurs. Il faut avoir une notion de ce qui sort du système de
ventilation, d'évacuation des polluants possibles. Il faut avoir une
idée de ce qui est la concentration près de l'usine. Il faut
avoir une idée de ce qui existe à une distance plus importante
là où habitent des gens. C'est pour cela que, quand nous faisons
l'étude de la pollution atmosphérique dans une
municipalité, nous classons plusieurs postes d'échantillonnage
à divers endroits et il faut les choisir.
Si l'on était obligé, dans chaque cas, de dire: C'est
exactement à 500 pieds ou à 500 mètres ou à une
distance X, Y, Z, d'après un règlement, on pourrait ne pas avoir
un contrôle valable du problème particulier.
Incidemment, M. le Président, entre parenthèses, je
voudrais corriger une impression laissée par le député de
Lafontaine, plus tôt. Il a dit que des postes d'échantillonnage
ont été fermés faute de personnel. Il y a eu
temporairement quelques interruptions parce que le personnel était en
vacances. Les postes d'échantillonnage sont maintenus et seront
maintenus en fonction continue.
M. Léger: M. le Président, le ministre affirme que,
actuellement, les postes d'échantillonnage fonctionnent 24 heures par
jour. Est-ce ce que le ministre affirme actuellement?
M. Goldbloom: Pardon?
M. Léger: Le ministre affirme que les postes
d'échantillonnage dans l'est de Montréal fonctionnent 24 heures
par jour.
M. Goldbloom: Oui.
M. Léger: Ah bon! Je reviendrai avec des preuves, M. le
Président, pour démontrer qu'ils ne fonctionnent que d'une
façon temporaire et sporadique à cause non pas des vacances, mais
à cause de l'absence de personnel compétent, qualifié et
en nombre suffisant.
Maintenant, M. le Président, je voudrais revenir...
M. Goldbloom: M. le Président, je suis informé par
les responsables qu'au moment où nous nous parlons, les postes
fonctionnent 24 heures par jour, selon les horaires prévus pour la
détermination des divers paramètres.
M. Léger: Je reviendrai là-dessus, M. le
Président, mais sur le point...
M. Goldbloom: M. le Président, je voudrais aussi attirer
l'attention du député sur l'article 66 qui parle de
méthodes de mesure et qui expose en détails considérables
des moyens de mesurer avec allusion à des textes standards, comme vous
verrez. "Standard of Performance for New Stationary Sources, Opacity
Provision".
M. Léger: Quel article?
M. Goldbloom: L'article 66. M. le Président...
M. Léger: Est-ce que toutes ces mesures spécifient
des endroits particuliers, parce qu'on n'a pas ce renseignement?
M. Goldbloom: Oui, M. le Président, selon le type
d'industrie, il y a des exigences; c'est justement pour être conforme
à la meilleure pratique scientifique et légale en Amérique
du Nord notamment que nous avons adopté ces façons de
procéder, pour agir de la même façon que les autres.
M. Léger: Est-ce que cela veut dire, M. le
Président, selon l'interprétation que le ministre donne, que le
technicien pourra prendre l'échantillonnage à l'endroit où
il juge qu'il pourrait y avoir le plus de matières polluantes?
M. Goldbloom: Oui, M. le Président; mais puisque ce que
vient de proposer le député de Lafontaine est clairement
discrétionnaire et qu'il s'est élevé tout à l'heure
contre la discrétion dans ce domaine, j'attire son attention sur le fait
qu'il y a des normes de procédure et que le technicien qui fait des
échantillonnages doit prendre le texte standard et s'en servir et suivre
la procédure qui est édictée dans un texte qui est
utilisé à l'échelle de l'Amérique du Nord.
M. Léger: Nous ne connaissons pas ces procédures
quand même. Quant à ces procédures, quand vous parlez de
discrétionnaire, je dis que c'est une discrétion technique. Si,
dans la loi ou dans le règlement, on dit au technicien qu'il peut et que
ce n'est pas illégal de sa part d'aller prendre des
échantillonnages où il jugera qu'il y a des matières les
plus polluantes, incluant même le territoire de la compagnie, incluant
même l'intérieur de l'usine, est-ce que l'article permet cela?
M. Goldbloom: M. le Président, j'attire également
l'attention du député de Lafontaine sur l'article 8 qui, lui
aussi, parle de méthodes et modalités de mesure; je lui fais
comprendre que, parmi les méthodes et modalités prescrites dans
ces textes et adoptées par nous, il y a l'échantillonnage
à la sortie de la cheminée. Puisque c'est là où
l'on a la plus forte concentration, c'est automatique que le fonctionnaire doit
faire l'échantillonnage à l'endroit où la concentration
est maximale.
M. Léger: C'est un point très important et majeur
dans toute cette réglementation.
Mais, pour reprendre un point précis, parce que ce ne sont quand
même pas des choses pour lesquelles nous avons des méthodes, des
procédés, prenons la question de l'anhydride sulfureux, à
l'article 66d et à l'article 8c, je pense.
Quelle façon exacte pourrait-on prendre selon la
réglementation l'échantillonnage et la vérification
pour déterminer qui est responsable de cette matière
polluante et comment va-t-on évaluer la situation au niveau de la
qualité de l'air pour ce qui est de l'anhydride sulfureux?
M. Goldbloom: Cela dépend de la sorte de
responsabilité que l'on veut établir. Si l'on veut établir
la responsabilité d'une compagnie pour l'émission d'une
quantité X, on fait les analyses à la sortie du système
d'évacuation et l'on peut ainsi mesurer la quantité produite par
la compagnie en question. S'il s'agit, cependant, de déterminer à
une distance quelconque de cette usine les dommages que peuvent avoir subis des
personnes quant à leur santé ou à leur
propriété, c'est autre chose et cela prend un travail de
détective avec identification des substances par rapport à leur
source. Alors, faisons cette distinction.
Si c'est en vue d'une action possible en dommages, c'est bien difficile
d'identifier la source, s'il y en a plusieurs, et donc d'attribuer une
responsabilité de cet ordre, mais s'il s'agit de savoir si une usine
respecte des normes ou non, on prend des échantillons à la sortie
du système d'évacuation et on le sait.
M. Léger: C'est justement l'aspect du lieu dont je voulais
parler. Oublions la responsabilité. Est-ce que, à l'article 66d,
on veut dire précisément que le technicien a le pouvoir, par cet
article d'aller vérifier soit à l'intérieur, soit dans le
conduit de ventilation, soit près du bassin pour déterminer la
qualité de l'émission qui ressort de ces endroits?
M. Goldbloom: Oui. M. Léger: D'accord.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Verchères.
M. Ostiguy: M. Czapski, quelle est votre fonction chez
SIDBEC-DOSCO?
M. Czapski: Ma fonction officielle est la suivante: je suis
adjoint au directeur de l'ingénierie.
M. Ostiguy: Au directeur de l'ingénierie? M. Czapski:
Oui.
M. Ostiguy: Lorsque, à l'article 5, on parle d'effectuer
un meilleur contrôle et de déterminer les meilleurs endroits pour
prendre des échantillons, actuellement, à SIDBEC-DOSCO, à
contrecoeur, êtes-vous au courant que les effets polluants nuisent
beaucoup aux résidents de Contrecoeur?
M. Czapski: Oui. Je sais. Il y a eu des représentations
publiques pour faire améliorer notre système. Nous avons
trouvé que notre système peut être amélioré.
Il y a des problèmes techniques, mais il y a aussi des problèmes
de fonctionnement. De temps en temps, il est nécessaire de faire une
coulée quand les bacs marchent à terre sèche. Dans cette
situation, il y a une émanation de la poussière plus grande que
prescrite dans les calculs normaux.
M. Ostiguy: C'est justement cette émanation de la
poussière...
M. Czapski: C'est le problème de maintenir
l'équipement à un niveau assez bon.
M. Ostiguy: Ce sont justement ces poussières dont vous
parlez qui semblent causer des dommages et des préjudices aux
résidents de Contrecoeur, par exemple, sur leurs maisons. Sur une maison
peinturée il y a ces petits grains dont on nous parle et qui vont sur
les autos aussi.
M. Czapski: Oui.
M. Ostiguy: Est-il vrai que les appareils antipolluants je
ne sais comment vous les appelez fonctionnent le jour, mais pas la
nuit?
M. Czapski: Ce n'est pas vrai.
M. Ostiguy: Vous m'affirmez qu'ils fonctionnent 24 heures par
jour?
M. Czapski: Ils fonctionnent tout le temps parce qu'ils sont
désignés pour faire cela. Il n'y a pas une coordination de nuit
et de jour. Ils fonctionnent tout le temps, mais de temps en temps, ils ne sont
pas en assez bon état pour fonctionner.
M. Ostiguy: De temps en temps, cela peut arriver assez souvent
aussi.
M. Czapski: Oui.
M. Ostiguy: A l'article 14, on parle de convoyeurs recouverts.
Actuellement, vous construisez un convoyeur qui va partir du Saint-Laurent pour
se rendre jusqu'à l'usine.
M. Czapski: Oui.
M. Ostiguy: Est-ce que vous pouvez nous assurer, parce que ce
convoyeur n'est pas couvert, sauf au-dessus de la route 132, que ce convoyeur
ne dégagera pas des poussières lorsqu'il sera en
opération? Il a une bonne longueur.
M. Czapski: Nous avons fait une étude pour cela. La
capacité de ce convoyeur est plus grande que nécessaire. Pour
cette raison, nous pouvons utiliser ce convoyeur seulement de temps en temps.
Il y a des conditions atmosphériques dans lesquelles il y a une
possibilité de contamination, quand il y a un grand vent, par exemple.
Dans cette situation, nous pouvons arrêter ce convoyeur. Il n'y a pas de
problème de poussière. Le passage de ce convoyeur au-dessus de la
route est totalement inclus.
M. Ostiguy: II est sur une longueur de combien de pieds? Est-ce
que vous avez la longueur?
M. Czapski: Plus ou moins 80 pieds. Je n'ai pas les chiffres en
mémoire.
M. Ostiguy: Parce que vous savez qu'où il est
installé il va être exposé à des vents et les vents
prédominants vont souffler sur la ville.
M. Czapski: Oui. C'est un problème que nous pouvons
inclure dans nos calculs, mais, s'il y a un grand vent, s'il y a des conditions
d'averses, nous arrêtons les convoyeurs.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, je voudrais demander au
ministre s'il pourrait nous expliquer la relation qui existe entre l'article 5,
concernant les normes d'air ambiant pour les particules en suspension en
relation avec la section VII, articles 20 et plus, et les tableaux a) et b) qui
sont des normes différentes. Quelle sorte de relation y a-t-il entre ces
différentes normes qui visent toutes les particules en suspension?
M. Goldbloom: II s'agit justement, M. le Président, du
mariage auquel j'ai fait allusion entre les normes d'émission et les
normes d'air ambiant. Il y a une nécessité d'appliquer des normes
précises à plusieurs industries et, en même temps, de viser
à des normes d'air ambiant. Ces normes doivent
être le résultat des mesures particulières
appliquées aux industries. Je tiens à souligner, en
réponse à un commentaire antérieur du député
qui a mentionné qu'à l'article 5 il n'y a que sept
paramètres qui sont indiqués, que, s'il regarde la page 6516,
à l'article 44, il verra des allusions aux hydrocarbures, à
l'acide chlorhydrique. Aux pages 6520, 6521 l'acide sulfurique est
mentionné. Alors, selon la nature de l'industrie, il y a les
particularités qui sont indiquées dans les diverses sections.
M. Léger: Ce ne sont pas des normes d'air ambiant. Ce sont
des normes d'émission.
M. Goldbloom: Oui. Ce sont des normes d'émission en ce qui
concerne les industries individuelles.
M. Léger: Ce n'est pas la même chose que ce dont je
parlais. Un autre point. Dans le mémoire de la compagnie SIDBEC, on
parle, aux articles 9 et 10, de la question de l'opacité et des
émissions de contaminants. On semble dire, dans le mémoire de la
compagnie SIDBEC, que c'est impossible d'évaluer le
phénomène d'opacité la nuit. Les observations qu'on
pourrait faire selon le règlement, c'est le jour et d'une façon
un peu subjective, puisqu'on se base sur une sorte d'image montrant plus ou
moins dense l'évaluation de cette opacité. C'est quand même
assez subjectif.
Quelle est la méthode technique avec laquelle le gouvernement ou
le ministère peut réellement vérifier l'opacité de
l'émission des contaminants le jour et la nuit? Est-ce qu'il n'y a pas
de méthode technique prévue pour ça? Plus objective
même.
M. Goldbloom: II y a des méthodes techniques oui, mais,
quant à l'opacité, le jour, c'est la façon habituelle de
la déterminer. Il y a des échelles de couleur ou d'opacité
qui sont fournies pour permettre des comparaisons. La nuit, c'est un
procédé beaucoup plus sophistiqué; cela peut se faire et
c'est une question de pouvoir faire les investissements nécessaires pour
les appareils en question. C'est toujours possible; on le sait dans beaucoup de
domaine, la nuit, qui porte conseil, a aussi l'effet de couvrir des
activités. On a entendu parler assez souvent de bateaux qui vidangent
leurs réservoirs d'huiles usées en haute mer la nuit. La nuit est
la nuit, on voit moins bien, on voit moins clair.
Il y en a qui ne voient pas clair même le jour, mais c'est autre
chose.
M. Léger: II y en a qui ne veulent pas voir clair aussi,
M. le Président. Pour revenir à la question de l'opacité,
est-ce qu'il n'y a pas un système d'infrarouge pour vérifier
l'opacité des matières contaminantes 24 heures par jour?
M. Goldbloom: En réponse à la question
précise, non. Paraît-il que nous ne connaissons pas de
méthodes utilisant des rayons infrarouges pour déterminer
l'opacité. Il y a des façons d'installer des appareils à
la sortie du système de ventilation pour mesurer ce qui équivaut
à l'opacité quand c'est visible le jour. On peut faire cela.
M. Léger: II existe, en Californie, des méthodes
d'évaluation 24 heures par jour pour le "smog"; de toute façon il
en existe des méthodes. Je demandais au ministre si le ministère
avait commencé à trouver des solutions là-dessus. Je pense
que vous êtes en train d'étudier ça, mais vous n'êtes
pas encore rendu à des solutions plus approfondies pour faire une
étude 24 heures par jour du degré d'opacité.
M. Goldbloom: M. le Président, nous allons au cours des
trois jours parler de toutes sortes de choses. J'espère qu'à la
fin nous ferons l'addition des coûts impliqués.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Merci, messieurs. Alors
j'invite immédiatement le ou les représentants de Steel Company
of Canada.
Voulez-vous vous présenter ainsi que celui qui vous accompagne,
s'il vous plaît?
Steel Company of Canada
M. Lepp (Jim): M. le Président, messieurs. Je m'appelle
Jim Lepp. Je suis le directeur général d'exploitation, pour la
région de l'Est, de STELCO. Cette présentation a pour but de vous
faire connaître les résultats de nos études sur le projet
de règlement relatif à la qualité de l'atmosphère,
Loi de la qualité de l'environnement, 1972, chapitre 49.
Nous vous remercions de nous avoir donné la possibilité
d'étudier et de commenter ce projet de règlement publié le
30 décembre dans la Gazette officielle du Québec.
La STELCO est un complexe sidérurgique diversifié qui
exploite quatre usines et possède un siège administratif
régional dans la province de Québec. Au Québec, 1700
personnes sont employées dans la production d'acier basique, le laminage
à chaud de barres et de profilés, la fabrication et la finition
de produits tubulaires, de for-geage à chaud et à froid de clous
et d'éléments d'assemblage, le tréfilage et la fabrication
de produits de fil et les procédés connexes comme la
galvanisation, le traitement thermique, etc.
Nous reconnaissons que l'industrie doit s'engager à maintenir un
environnement propre. Comme exemple de cet appui des objectifs du gouvernement
dans ce domaine, nous avons, à la STELCO, montré l'existence d'un
tel engagement de la compagnie en incorporant à notre aciérie de
Contrecoeur l'équipement d'assainissement de l'environnement le plus
moderne possible. Cela a été fait au moyen de mises de fonds
supplémentaires qui représentent une partie importante du
coût du projet, et la conception fut approuvée par les
autorités gouvernementales. En outre, nous améliorons constamment
nos plus anciennes usines, afin de respecter les normes industrielles
généralement acceptées et les objectifs du
gouvernement.
II est reconnu que le maintien et la restauration de la qualité
de l'air ambiant sont le but principal de ce règlement, et nous sommes
d'accord avec l'esprit du projet. Cependant, il y a des cas où les
normes relatives aux émissions devraient s'appliquer, de concert avec
l'activité communautaire et non pas seulement parce qu'il existe un
règlement.
Compte tenu des limitations de la technologie de contrôle et de la
capacité des bassins atmosphériques de tolérer les
émanations, le but premier devrait être de ne pas
détériorer, d'une façon significative, la qualité
d'ensemble de l'air ambiant.
Il faut trouver un mécanisme qui permettrait d'élaborer
d'autres normes d'émission pour les cas spéciaux, comme les
usines éloignées d'une collectivité ou les anciennes
installations. Le maintien d'une certaine souplesse pour prolonger les
échéances est une question importante. Ce principe ne change
nullement l'objet du règlement, mais permet plutôt d'inclure
d'autres facteurs dont le rapport coût-avantage et les besoins de la
collectivité en vue de déterminer l'approche à adopter
pour avoir et conserver un environnement sain.
Maintenant, nous aimerions préciser les points que nous
considérons les plus importants. Pour cette partie de notre
présentation et afin que je ne massacre plus la belle langue
française, j'aimerais vous présenter M. Normand Fournier,
surveillant des projets pour la région de l'Est, de la compagnie
STELCO.
Le Président (M. Houde, Limoilou): M. Fournier.
M. Fournier (Normand): Section III Normes d'air ambiant.
Article 7: Nouvelles sources fixes. La nature prohibitive de cet article du
règlement peut imposer des restrictions rigoureuses à une
compagnie qui souhaite s'accroître avec l'économie. La croissance
d'une entreprise existante peut être freinée par l'apport de
nouvelles entreprises dans la région. Des mesures de contrôle
peuvent être nécessaires à l'intérieur du
procédé de planification pour empêcher tout
empiétement. Bien qu'une compagnie s'installe dans un secteur qui pourra
s'accommoder des émissions résultant des limitations de la
meilleure technologie praticable, le développement industriel dans le
voisinage immédiat peut annihiler le projet original concernant l'emploi
du bassin atmosphérique. Situer les sources d'émission à
un endroit stratégique est extrêmement important pour le maintien
de la qualité de l'air ambiant à mesure que croît
l'activité industrielle. Cependant, la planification ou le
contrôle des terres ne relève pas du développeur original.
Par conséquent, avant d'entreprendre un nouveau développement
industriel, il faut être assuré que le plein potentiel de la
propriété peut être réalisé.
Les conséquences de la nature prohibitive de cet article
pourraient se traduire en un exode inutile des entreprises établies dans
une région industrielle.
Nous sommes d'accord avec le principe général de
contrôler les nouvelles émissions au moyen d'une
réglementation plus stricte après le 1er janvier 1980. Les normes
doivent toutefois être réalisables avec la technologie disponible.
L'expérience a montré que les progrès technologiques ne
sont pas allés de pair avec les exigences de certains règlements.
Par conséquent, il en a résulté des problèmes
administratifs. Il est difficile de prévoir avec la moindre assurance
que le cap-tage et la récupération des émissions sont
techniquement et économiquement possibles pour satisfaire à la
réglementation. L'application de cet article du règlement exige
une approche très prudente.
Nous ne sommes pas d'accord avec le plan visant à prohiber toute
modification au procédé après le 1er janvier 1980 dans les
cas où les normes de qualité de l'air ambiant données aux
articles 5 et 6 seront dépassées. Evidemment, dans ces cas, toute
l'activité industrielle dans la région concernée requiert
une révision pour déterminer les vraies causes du
problème. Certaines sources d'émission provenant d'un autre
secteur de bassin atmosphérique peuvent dépasser, de façon
significative, les normes d'émission proposées pour les sources
existantes. Il faudra du temps pour réduire ces émissions aux
concentrations fixées dans les normes. D'ici là, il ne sera pas
permis, dans un secteur industrialisé complexe, de moderniser des usines
qui répondent déjà aux normes d'émission. Par
conséquent, les parties intéressées à
améliorer l'efficacité et la production pourraient être
indûment pénalisées tant que d'autres pollueurs ne se
seront pas conformés à l'exigence minimale. Techniquement, ce ne
serait peut-être pas possible dans le cas de certains
procédés.
L'interdiction en ce qui concerne les modifications ne devrait pas
entrer en vigueur le 1er janvier 1980 et cette date devrait être
supprimée. Nous recommandons plutôt que votre ministère
étudie les principales modifications de procéder sur une base
individuelle et applique le principe de la meilleure technologie de
contrôle praticable.
Ce mode d'étude pourrait commencer immédiatement sans
diminuer la souplesse de l'accroissement, la sécurité d'emploi et
le désir d'améliorer la qualité de l'air ambiant. En fait,
nous croyons que plus de progrès réels seraient
réalisés par le mode d'étude plutôt que par
l'interdiction.
Article 8. Méthodes et modalités de mesure.
Généralement parlant ceci s'applique à toutes les
méthodes d'essai nous estimons que certains problèmes
nécessitent la possibilité d'adopter d'autres méthodes
d'essai sans avoir à changer le règlement. Pour cette raison,
nous proposons d'ajouter "ou autre méthode approuvée" à
toutes les méthodes d'essai.
Section IV Emissions diffuses. Article 14. Tas d'agrégats
et de matériaux. Cet article devrait être énoncé de
nouveau pour rattacher les mesures de contrôle des substances diffuses
à la meilleure technologie praticable. Des solutions spéciales
peuvent être requises pour des secteurs d'entreposage qui couvrent un
grand nombre d'acres. Le règlement devrait prévoir, sur une base
individuelle, l'acceptabilité de solutions spéciales.
Section VII Normes générales d'émission des
matières particulaires. Article 20. Normes. Une aciérie
intégrée ne pourra pas répondre aux exigences
établies aux annexes A et B si elle est considérée en
entier comme un seul procédé ou opération, puisque les
opérations de gros volume sont pénalisées. Même si
cet article s'applique à chaque procédé pris
individuellement comme les convertisseurs à oxygène et si la
meilleure technologie praticable a été utilisée, des
difficultés de conformité avec l'annexe A sont
prévues.
De plus, l'annexe B, sur la base de la technologie connue, pose des
problèmes économiques qui mettraient en danger la
viabilité des opérations existantes ou nouvelles. Les
ramifications de l'application des calendriers respectifs ne sont pas
complètement connues, mais tous les indices montrent qu'elles sont
particulièrement négatives. Nous ne nous soucions pas seulement
de l'assurance d'agrandir les installations, mais nous nous préoccupons
également de l'application de la règle relative aux modifications
de procédés, tel qu'il est établi à la section I,
article 2, étant donné que l'annexe B s'appliquerait alors au
calcul des émissions permises provenant des installations
existantes.
Il est aussi à noter que de telles restrictions vont
vraisemblablement à l'encontre des objectifs. Par exemple, une
aciérie à four électrique munie d'un excellent dispositif
antipollution élimine environ 94% du total des émanations,
d'où s'échappe environ 40 livres de fumée à
l'heure. Un système servant à éliminer la moitié
des émissions excédentaires coûterait plus de $2,25
millions et nécessiterait un surplus de 1500 kilowatts.
Des calculs montrent que l'élimination de ces 20 livres à
l'heure, constitués de poussières de four, surtout des oxydes,
engendreraient 30 livres à l'heure d'émissions de centrale
électrique et gaspillerait 15 millions de BTU. Ce serait donc aller a
rencontre des objectifs en termes d'amélioration de l'environnement et
gaspiller des ressources rares en capital et énergie.
En conclusion, nous estimons que le projet de règlement
dépasse les possibilités de la technologie disponible aux
opérations de gros volume. De plus, nous ne pouvons être certains
que des innovations plus efficaces et consommant moins d'énergie seront
apportées dans l'avenir immédiat.
Il est de plus a noter que la fabrication d'acier dans une usine
intégrée n'est pas standardisée et une multitude de
variations de procédés existe dans l'industrie, chacune ayant ses
propres problèmes, surtout si ces procédés doivent
être rénovés pour être munis de dispositifs
antipollution. Il faut donc précisément que chaque
procédé soit revu individuellement, et, à partir de cette
révision, il sera possible d'élaborer des critères
d'émission exécutables.
Conséquemment, nous recommandons fortement que les annexes A et B
ne s'appliquent pas à la fabrication de l'acier, mais qu'un
règlement basé sur la meilleure technologie disponible soit
promulgué pour chacun des divers procédés utilisés
dans la fabrication de l'acier.
Section XI: Cokeries. Article 30, anhydride sulfureux. La règle
donnée dans cet article requiert la désulfuration des gaz
produits par une cokerie. Le procédé de désulfuration est
complexe et coûteux sur le plan technique et peut se
révéler inutile si une petite cokerie doit être construite
dans une région éloignée d'autres sources
d'émission ou de centres démographiques.
Il faut remarquer que la houille pour coke métallurgique
utilisée dans le centre du Canada produit des gaz d'une teneur en soufre
qui équivaut à la combustion du pétrole à faible
teneur en soufre (1,25% de soufre ou moins). De plus, la présence de
soufre dans les gaz émis par une seule batterie de fours de
cokéfaction est minime comparée aux émissions de soufre
provenant d'usines thermiques et de certaines usines métallurgiques. Par
conséquent, il est recommandé que l'article 30 soit
supprimé et remplacé par une règle qui contrôlerait
les émissions sur la base de leurs effets sur la qualité de l'air
ambiant.
En résumé, nous désirons souligner que notre
inquiétude provient surtout des effets que le règlement
projeté pourrait avoir sur le développement de l'industrie dans
la province.
La section VII pourrait limiter l'industrie dans l'expansion de ses
usines en vue d'obtenir le rendement maximum, même en utilisant la
meilleure technologie de contrôle de l'environnement et même si
l'appauvrissement de la qualité de l'air devait résulter d'une
mauvaise planification localisant une autre industrie dans le même bassin
atmosphérique.
Le paragraphe 20 et les annexes A et B empêchent l'implantation
dans le Québec d'une aciérie basique conventionnelle. Une
aciérie basique à l'oxygène utilisant la meilleure
technologie de contrôle de l'environnement ne pourrait satisfaire aux
normes des annexes A et B qui pénalisent une concentration de diverses
grosses unités de production. La solution à ce problème
serait de promulguer des règlements spécifiques pour chacun des
procédés des aciéries, de la même façon que
ceci est fait pour la fabrication du coke, et libérer les
aciéries de l'obligation de se soumettre aux annexes A et B.
Quoiqu'il puisse paraître que nous sommes extrêmement
inquiets pour l'avenir, nous désirons souligner qu'historiquement, dans
d'autres régions géographiques, il a été
très difficile d'atténuer des règlements trop restrictifs
et que, généralement, il est beaucoup plus facile d'en augmenter
la sévérité.
En conséquence, nous recommandons fortement que ce
règlement soit amendé.
Messieurs, permettez-nous de vous remercier de l'attention que vous avez
bien voulu nous accorder.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
ministre.
M. Goldbloom: M. le Président, merci à M.
Fournier.
Dans ce document, la STELCO exprime des
inquiétudes quant à la possibilité technique et
quant aux coûts de l'application des éléments qui se
trouvent dans le projet de règlement. Vous faites des commentaires
détaillés là-dessus. Mais vous avez, vous l'avez dit, une
usine à Contrecoeur et c'est un peu par hasard que vous êtes le
deuxième opinant après SIDBEC-DOSCO.
Nous avons des exigences et nous avons constaté que, votre usine
étant relativement moderne, si je comprends bien, vous êtes en
mesure de respecter la plupart des exigences actuelles, qu'il y a des
améliorations à apporter au niveau de la coulée de
l'acier, mais que vous êtes en train de vous conformer aux exigences
présentes, exactement comme nous avons imposé ces exigences
à la SIDBEC-DOSCO.
Voici ce que j'essaie de comprendre. Sachant que les problèmes
semblent en voie de se résoudre en vertu de ce qui est requis
présentement, je constate une très grande inquiétude dans
votre document quant à des exigences à venir.
Vous semblez indiquer que c'est parce que la nature de votre usine est
différente de certaines autres. Vous parlez de sidérurgie
intégrée, par exemple, et vous semblez indiquer que ce fait
constitue un problème.
Puis-je vous demander, en quelques mots seulement ce n'est pas
tout un cours sur les sidérurgies que je vous demande si vous
pouvez nous expliquer quelle est la différence et pourquoi dans votre
cas le respect éventuel des normes proposées serait tellement
plus difficile que pour d'autres compagnies possiblement?
M. Fournier: On a préparé ici un exemple en se
basant sur les installations du lac Erié, en Ontario, de la STELCO
là-bas. Alors, l'usine intégrée là-bas comprend une
cokerie, un haut fourneau, deux fours à oxygène basique, deux
coulées continues et un laminoir. Pour une production annuelle de 1 980
000 tonnes, avec le meilleur équipement d'épuration existant sur
le marché, les émissions sont estimées pour des sources
ponctuelles les cheminées à 51 kilogrammes l'heure;
pour les émissions de sources de bas niveaux, 37,5 kilogrammes l'heure,
pour un total de 88,5 kilogrammes l'heure. Ce sont les émissions qu'on
s'attend de trouver là-bas.
Assumant que, pour chaque tonne d'acier produite, deux tonnes de
matériaux sont requises, on multiplie 1 980 000 tonnes par 2 par ,9, ce
qui nous donnerait 3,59 par 106 tonnes par année; la moyenne
horaire calculée avec ces matériaux bruts nous donne 416 tonnes
l'heure. Si on applique la formule de l'annexe A du règlement, cela nous
donne un taux d'émission permissible de 30,5 kilogrammes l'heure alors
qu'avec la meilleure technologie actuelle on va émettre 88,5 kilogrammes
l'heure.
M. Léger: Quelle est la norme ontarienne?
M. Fournier: Je ne suis pas au courant des règlements de
l'Ontario.
M. Lepp: Pour ce projet en Ontario, le gouvernement ontarien a
fait des études avec la compagnie STELCO. Cette dernière a
dû soumettre un rapport indiquant les effets sur l'environnement dans la
région de l'aciérie.
Cette aciérie est maintenant en construction avec l'approbation
gouvernementale de l'Ontario.
M. Léger: Est-ce que vous avez plusieurs industries en
Ontario?
M. Lepp: Oui.
M. Léger: Ce que je ne comprends pas c'est que les normes
d'antipollution concernant la qualité de l'atmosphère, en
Ontario, sont plus sévères qu'au Québec. Je prends
l'exemple des particules en suspension où les normes de l'Ontario sont
de 120 microgrammes par mètre cube, alors que le règlement, ici,
prévoit 150 microgrammes. Au niveau de l'anhydride sulfureux, en Ontario
c'est .25, et ici, dans le projet de règlement, c'est de .50. Alors, il
est beaucoup plus sévère en Ontario. Est-ce que vous voulez dire
par là que vous respectez les normes de l'Ontario, mais que vous ne
seriez pas capable de respecter celles du Québec?
M. Lepp: Dans ce cas que nous avons souligné, selon nos
calculs, c'est vrai.
M. Léger: Est-ce que vous avez un plan d'investissement de
procédé de dépollution en Ontario, et est-ce que vous en
prévoyez un aussi pour le Québec? Quelles sont les sommes que
vous investissez en Ontario sur le procédé de
dépollution?
M. Lepp: Je n'ai pas les chiffres avec moi, mais si vous voulez
que nous répondions à cette question, je pourrais ramasser les
chiffres de l'Ontario et les envoyer par lettre. Est-ce possible?
M. Léger: D'accord.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
ministre.
M. Léger: Juste un dernier mot sur la question.
M. Lepp: Au ministre ou à...
M. Léger: La seule chose que je me demandais c'est pour
quelle raison vous étiez capable d'accepter les normes de l'Ontario et
les respecter. Vous dites que les normes du Québec sont moins
sévères que celles de l'Ontario et que cela vous coûterait
trop d'argent pour les respecter comme telles.
M. Lepp: Nous avons simplement fait un calcul d'une
aciérie de base, de gros volume que nous sommes en train de construire
en ce moment en Ontario. Avec la réglementation proposée ici au
Québec, ce ne serait pas possible de construire la même usine
selon des...
M. Léger: Ils ne suivent pas les normes?
M. Goldbloom: M. le Président, il y a quelque chose
d'absolument fondamental ici que je tiens à éclaircir.
Le député de Lafontaine se plaît à
répéter et répéter que les normes en Ontario sont
plus sévères que celles du Québec. M. le Président,
les mesures sont faites à des endroits différents et c'est pour
cette raison qu'il faut des normes différentes. En Ontario, on prend les
mesures à la limite de la propriété, là où
il y a eu une diffusion; c'est pourquoi, à cet endroit, elles sont plus
sévères. Les nôtres sont faites plus près de la
source. A cet endroit, il y a une concentration plus forte.
M. le Président, que l'on comprenne ça clairement, parce
que si on le comprend, on va l'exprimer correctement. Si on le comprend et on
continue de prétendre qu'il y a une différence entre l'Ontario et
le Québec et que le Québec est le paradis des pollueurs et toute
cette démagogie, ce sera tout simplement démagogique de le
faire.
Qu'on comprenne exactement ce dont il s'agit.
De plus, M. le Président, qu'on comprenne que dans le cas qui est
devant nous, le genre de four qui est proposé, un four à
oxygène, n'existe pas au Québec, il n'y en a pas. Il est vrai que
si un tel four qui est différent des fours électriques doit
être agencé de façon à respecter les normes, ce sera
extrêmement difficile d'atteindre cela et c'est ça que la STELCO
nous dit.
M. le Président, la vérité a ses droits et il faut
savoir de quoi on parle et par l'éclairement de ce dont on doit parler.
Je tenais à faire ces mises au point, puis nous pourrons continuer une
discussion plus intelligente.
M. Léger: M. le Président, je m'étonne de la
colère subite du ministre alors que je lui donne...
M. Goldbloom: Je crois qu'il le sait depuis plusieurs
années, M. le Président...
M. Léger: ... les contenus parce que le ministre sait
qu'il ne règle pas les problèmes et il veut s'en sortir. Mais
quand j'ai affirmé que les normes sont différentes en Ontario et
au Québec, je mentionne des normes précises provenant de la
qualité de l'atmosphère, de l'air ambiant. Que le ministre dise
qu'au Québec on va les prendre à des endroits différents,
tant mieux, mais ce n'est pas inscrit dans le règlement comme tel. Le
ministre disait tantôt qu'on va se permettre d'aller chercher
l'échantillonnage là où on voudra. Je suis d'accord avec
ça, mais ce n'est pas encore inscrit dans le règlement.
M. Goldbloom: Non, non, M. le Président, les
échantillonnages seront faits selon les textes standards qui sont
identifiés dans le règlement. L'Ontario est plus souple à
cet égard que nous, elle n'a pas de règlements aussi
précis que les nôtres. Elle a une tradition, justement, de
programme discrétionnaire à l'endroit de chaque industrie selon
son cas et elle a un programme, une pratique courante de prendre les mesures
à la limite de la propriété.
Nous voulons être plus rigoureux que cela et établir des
méthodes standards qui sont indiquées par allusion aux textes
reconnus et utilisés en Amérique du Nord.
M. Léger: Ce serait peut-être bon que le ministre
distribue bientôt ces textes dans lesquels on pourra évaluer
chacun de ces détails. Je ne parle pas du projet de règlement
qu'on a devant les yeux, mais je parle de tous ces textes...
M. Goldbloom: M. le Président, je prends... M.
Léger: De tous les textes de mesures.
M. Goldbloom: Je prends l'article 66d et je cite: "l'anhydride
sulfureux est mesuré selon la méthode numéro 6
intitulée "Determination of Sulphur Oxides", que l'on retrouve dans les
"Standards of Performance for New Stationary Sources", publié dans le
Federal Register des Etats-Unis d'Amérique, partie II, volume 36,
numéro 247, en date du 23 décembre 1971, par l'Agence
américaine de protection de l'environnement (E.P.A.)". On ne peut plus
précis, M. le Président.
M. Léger: De toute façon, M. le Président,
nous n'avons pas le contenu. Je n'avais pas d'autre question à poser
à l'organisme qui est ici. Je le remercie d'être venu. Nous
pourrons continuer ce débat d'une façon beaucoup plus sereine, je
l'espère, cet après-midi. On continuera à étudier
la qualité de ce règlement au cours des prochaines heures.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Est-ce que les membres
de la commission ont d'autres questions à poser à Steel Company
of Canada? Merci, messieurs.
La commission suspend ses travaux jusqu'à quinze heures cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 13 h 06)
Reprise de la séance à 15 h 41
M. Houde (Limoilou, président de la commission permanente des
affaires municipales et de l'environnement): A l'ordre, messieurs!
J'invite immédiatement le représentant de Dominion
Bridge.
M. Léger: M. le Président, je voudrais, avant de
commencer, reprendre une affirmation du ministre tantôt qui, à
l'occasion de la clôture de la commission de ce matin, a fait une
affirmation à l'emporte-pièce, d'une façon même
coléreuse. Il affirmait que les règlements de l'Ontario
n'étaient pas plus sévères que ceux du Québec et
que la grande différence provenait du fait que le lieu de la prise
d'échantillonnage en Ontario était en dehors ou à la
limite du territoire de l'entreprise, alors qu'au Québec on se basait
sur l'article 66a), b), c), d), e), f) qui donnait les méthodes de
modalité des mesures et qui déterminait qu'au Québec,
contrairement à l'Ontario, on prenait les mesures directement à
la source et à l'entrée même de l'émission de
matières polluantes.
Comme de raison, quand le ministre affirme quelque chose et qu'on n'a
pas les documents devant nous, c'est assez difficile de réfuter les
affirmations du ministre. Mais je pense qu'il nous en a passé une belle,
une rapide, ce matin, à moins qu'il nous explique, peut-être dans
d'autres termes, qu'on est dans l'erreur.
J'en ai pris une au hasard, à l'article 66f, concernant le
monoxyde de carbone, et à l'article 67 qui se lit comme suit: "le
monoxyde de carbone est mesuré selon le méthode numéro 10
intitulée "Determination of Carbon Monoxide Emission" que l'on retrouve
dans les "Standards of Performance for New Stationary Sources", publiés
dans le Federal Register des Etats-Unis d'Amérique..."
On est allé voir, à l'heure du dîner, le fameux
manuel, parce qu'on ne peut pas tous les avoir ici, le Federal Register,
à la page 9319 de la méthode no 10, et je tiens à dire au
ministre, à moins qu'il ne me demande de lire tout cela on l'a lu
qu'à aucun endroit il n'est indiqué que le
règlement présenté à l'article 66f pour
déterminer les méthodes et mesures ont dit "le lieu" où le
Québec pourra prendre ces mesures.
Au contraire, je lis seulement un premier paragraphe: "Principle and
applicability determination of carbon monoxide emissions from stationary
sources, principle and integrated or continuous gas sample is extracted from a
sampling point and analysed for carbon monoxide contents using a Luft-type non
dispersive infrared analyser or equivalent".
C'est la seule référence au lieu. Donc, il n'y a aucun
endroit dans le règlement 10 qui détermine le lieu où. le
Québec pourra prendre ses échantillonnages pour établir
s'il y a des matières polluantes, vérifier et mesurer la
quantité de matière polluante donnée. Quand le ministre
nous a jeté à la face ce matin, en colère, qu'on voulait
faire de la démagogie, il nous a sorti la méthode 10 d'un manuel
que nous n'avions pas devant nous. On est allé le chercher. J'aimerais
bien que le ministre me dise s'il y a un endroit, dans ces trois pages, qui
indique que le Québec va se fier à la méthode 10, tel
qu'indiqué dans l'article 66 f), qui démontre le lieu
précis où on fera l'échantillonnnage.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le ministre.
M. Goldbloom: M. le Président, c'est bien simple. Le fait
demeure que la pratique du Québec, c'est de prendre les
échantillons à la sortie du système d'évacuation.
En Ontario, on a la pratique de prendre les échantillons à la
limite de la propriété...
M. Léger: ... de réglementation, comme affirmait le
ministre ce matin. Je lui ai demandé ce matin: Est-ce que cela veut dire
que c'est inscrit dans le règlement que le lieu de la prise de
l'échantillonnage est un endroit qui peut être aussi bien à
l'intérieur de l'usine qu'à la sortie d'une émanation? Le
ministre m'a dit oui. Après cela, il s'est emporté pour dire:
C'est clair, c'est écrit dans le règlement, puisqu'on a dit le
règlement 10. On a sorti le règlement 10. Le ministre, encore une
fois, nous a joué, parce qu'il a affirmé une chose pour gagner
son point. Il n'a absolument rien prouvé. Encore une fois, le ministre
ne nous a pas donné l'exacte vérité à la question
que nous posions. La méthode de vérification dans le
règlement du Québec ne dit à aucun endroit le lieu
précis où on devrait prendre l'échantillonnage. M. le
Président, je veux bien croire que le ministre veut faire son possible,
mais qu'il ne nous affirme pas des choses qui ne sont pas exactes comme
cela.
M. Goldbloom: M. le Président, je suis dans la vie
publique depuis plus longtemps que le député de Lafontaine. J'ai
toujours le principe en tête que, quand un ministre déclare
quelque chose, il s'engage, et c'est dans le journal des Débats. C'est
cela la pratique du Québec. C'est le principe de l'application du
règlement.
M. Léger: M. le Président, est-ce que le ministre
peut dire si, quand on adopte une loi, qu'un ministre affirme dans une
commission parlementaire ou dans un comité plénier que tel
article de loi veut dire telle chose, dans la pratique du droit, quand les
avocats seront pris à établir devant un juge, selon telle loi, la
justesse ou l'iniquité d'un tel geste, on va se fier sur ce qui a
été dit pendant qu'on a adopté des lois en Chambre?
M. le Président, ce qui est écrit dans une loi doit
être spécifiquement indiqué, de façon que ceux qui
auront à interpréter la loi l'aient dans la loi et non pas dans
une interprétation donnée à l'occasion d'une commission
parlementaire.
M. Goldbloom: M. le Président, c'est plus que cela. Nous
avons déjà parlé ce matin de la différence entre
des normes d'émission et des normes d'air ambiant. Puisque nous avons
plus que certaines autres juridictions mis l'accent sur les normes
d'émission, des normes d'émission veulent dire des normes
d'émission. L'émission se fait à
un endroit. C'est à cet endroit d'émission que nous
déterminons les quantités. C'est pour cela qu'on les appelle
normes d'émission. Ce n'est pas plus que ça. Une norme
d'émission n'est pas une norme à quelques centaines de pieds de
la cheminée.
M. Léger: Toute la différence, c'est qu'en Ontario
les normes sont prises à la limite des territoires des compagnies. Vous
avez basé toute votre argumentation, quand je disais que les normes de
l'Ontario sont plus sévères que celles du Québec, sur le
fait qu'on ne prend pas les échantillonnages au même endroit. Je
viens de vérifier à l'invitation du ministre et on
s'aperçoit qu'il n'y a aucun article dans la réglementation du
Québec qui assure qu'on va prendre les émissions directement sur
le territoire de la compagnie. Or, contrairement à ce qu'on disait ce
matin, selon lui, en Ontario, c'est en dehors du territoire.
Actuellement, ce que vous avez affirmé ce matin, ce n'est
absolument pas exact. Vous pouvez aussi bien prendre vos émissions au
même endroit où l'Ontario les prend. Si vos normes sont moins
sévères que celles de l'Ontario lorsque vous prenez votre
émission au même endroit, c'est donc que les normes du
Québec sont moins sévères que celles de l'Ontario.
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai dit ce que nous
faisons. J'ai indiqué la base du règlement comme étant la
prise d'échantillons à l'endroit où l'émission se
fait. Le but de ces séances de la commission parlementaire, c'est
justement de voir s'il y a des points de détail ou des aspects de
phraséologie qui sont insuffisamment clairs et qui doivent être
améliorés. S'il faut, pour convaincre tout le monde que c'est
ça, l'écrire noir sur blanc, on va le faire. Ce n'est pas plus
compliqué que ça. C'est une des choses que nous allons regarder,
mais ne faisons pas une cause célèbre avec ça.
M. Léger: Non, si le ministre est d'accord pour
réviser la rédaction de la réglementation, je suis
d'accord, mais pourvu qu'on ait clarifié ce point.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le ou les
représentants de Dominion Bridge, s'il vous plaît.
Alors, je prends l'organisme suivant: Industries Abex Limitée
dont M. J. Laporte... Il n'est pas ici.
Société d'électrolyse et de chimie Alcan.
Les Fonderies de Sorel, M. Lefebvre.
M. Bédard (Montmorency): M. le Président, on
m'informe que les compagnies que vous nommez sont appelées pour
jeudi.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Allied Chemical Canada
Limitée. Lasalle Coke, M. Du-chesneau.
Lasalle Coke (Gaz métropolitain) et Fer et
Titane du Québec
M. Duchesneau (Jules): Je peux m'asseoir, M. le
Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Vous allez maintenant
présenter ceux qui vous accompagnent.
M. Duchesneau: M. le Président, mon nom est Jules
Duchesneau, avocat à Montréal. Je représente ici cet
après-midi Gaz Métropolitain Inc., propriétaire de Lasalle
Coke, dont le représentant à ma gauche est M. Arsène
Lessard, vice-président. Je représente aussi en passant,
vous verrez sur votre liste la compagnie Fer et Titane du Québec,
sise à Sorel. Le représentant de cette compagnie, à ma
droite, est M. Jean Frère, un des directeurs.
Cela peut vous sembler un peu drôle que je représente deux
personnes en même temps, mais il se fait que par le hasard des choses mes
deux clients, Gaz métropolitain et Lasalle Coke, et Fer et Titane du
Québec ont presque le même problème.
Enfin, je suis ici un peu comme un gériatre cet
après-midi. Cela veut dire pour les petits vieux.
En effet...
M. Goldbloom: Vous allez combler le député de
Lafontaine!
M. Léger: Parce que le ministre est
désespéré!
M. Duchesneau: Je dirais que c'est un bon sujet! Voilà, en
fait, comme gériatre...
M. Lacroix: Psychiatre?
M. Duchesneau: Gériatre. En effet, on pourrait un peu
regarder ces deux compagnies comme des vieillards de l'industrie qu'elles
occupent.
En effet, Gaz métropolitain (Lasalle Coke) est une entreprise de
cokerie qui existe maintenant à LaSalle depuis près de 50 ans.
C'est une usine qui a été construite, dans le temps, selon les
normes reconnues de ce moment-là. Quand je dis 50 ans, je parle d'une
usine. Cela vaut peut-être 100 ans ou 200 ans dans nos normes humaines.
Par contre, Fer et Titane du Québec, qui est sise à Sorel, est
une usine de tout près de 30 ans. Encore une fois, comme le faisait
remarquer M. Bellemare ce matin, l'industrialisation au Québec a pris un
essor depuis une vingtaine d'années. Alors, on peut facilement
comprendre que, dans le cas de mes clients, Fer et Titane et Lasalle Coke,
lorsqu'on a construit les deux usines, il y a 30 ans ou 50 ans, il n'existait
pas, messieurs, quelque norme que ce soit relativement à la pollution.
Cela n'existait pas. Cela ne faisait pas partie des moeurs. On n'était
pas conscient de ce genre de problème. Je pense bien qu'on ne serait pas
ici aujourd'hui à discuter de ceci si, pour une raison ou pour une
autre, on avait été conscient du problème de la pollution
et surtout de l'antipollution. Alors, je ne pense pas qu'on puisse faire des
reproches à mes clients pour la situation dans laquelle ils sont
placés.
Je vais parler pour les deux en même temps. Je ne suis certes pas,
messieurs, pour répéter ce qui a été dit de
façon si savante ce matin par ces
messieurs de SI DBEC et de STELCO qui ont fait un exposé
très complet quant aux différentes observations qu'ils avaient
à faire relativement à différents articles. En effet, on
pourrait peut-être nous accuser de plagiat, mais, croyez-moi, il n'y a
pas eu de concertation entre mes clientes et ces autres personnes relativement
au contenu de ces mémoires. Il s'adonne qu'on a des textes assez
restreints et que les idées qui vous ont été transmises ce
matin, plus particulièrement sur la définition d'air ambiant, par
exemple, sont les nôtres. Alors, je dois déclarer, dans le but
d'accélérer ces débats, que nous faisons nôtres les
représentations verbales faites par ces deux entreprises par leurs
représentants éloquents et savants. J'aimerais ajouter,
cependant, un mot sur la question de l'air ambiant, la définition que
l'on retrouve à l'article 5 du projet de règlement. Il s'agit
d'une question philosophique. Nous avons entendu tout à l'heure des
échanges intéressants entre le député de Lafontaine
et l'honorable ministre relativement à l'endroit où cela se
mesure exactement; est-ce à la sortie des émissions ou est-ce
à la limite du terrain? Je pense bien là, je parle pour
mes clients qu'on devrait plutôt considérer l'effet de ces
émissions non pas à leur source même, sur le terrain de
l'entreprise, mais plutôt aux limites de l'entreprise.
On peut ici avoir certaines confusions, M. le ministre et MM. les
membres de la commission, avec d'autres lois ou d'autres règlements. En
effet, vous êtes tous conscients du fait qu'il existe présentement
des projets de règlement relativement à la qualité du
milieu de travail. Certes, si on prend une usine comme Fer et Titane, à
Sorel, où on traite de l'ilménite pour en faire du titane, du fer
et si on prend Gaz métropolitain, Lasalle Coke, qui traite de
l'anthracite, du charbon pour en faire du coke, il y a beaucoup, beaucoup de
poussière; croyez-moi, je suis allé souvent à ces
endroits, dans le sein des usines. A l'extérieur, il y en a pas mal
aussi, mais forcément, lorsque vous avez une usine qui a un mille par un
mille je parle du terrain les émissions sont beaucoup
moindres chez le voisin que chez soi.
Je prierais la commission de se pencher sur cette question et de la
regarder de cet oeil aussi. Si on conçoit qu'il va y avoir des
règlements traitant de la qualité du milieu de travail, à
ce moment-là il ne faudrait pas qu'il y ait de contradiction entre les
deux. Je vous soulève le problème, M. le ministre, pour que vous
en preniez connaissance.
J'arriverais maintenant à l'aspect tout à fait pratique de
la question. En effet, si je regarde les programmes antipollution de Gaz
métropolitain, à Lasalle Coke, depuis 1972, l'année
où cette question de pollution a commencé, ma cliente a
dépensé $2,5 millions pour effectuer certaines
améliorations dans ce domaine. Elle a réussi à
réduire de 30% la pollution. Ma cliente, Fer et Titane, à Sorel,
a investi depuis le même moment environ $4 millions. Elle a réussi
à réduire la pollution, les émissions de 40%. Ce n'est pas
peu mais ce n'est pas beaucoup non plus. Lorsqu'on considère les
investissements faits eu égard à l'âge de ces en- treprises
et à leur rentabilité, je pense bien qu'on peut déclarer
que les succès sont très relatifs pour les investissements
faits.
Par contre, philosophiquement parlant, je pense que mes clientes, et je
le déclare, se doivent, en bonnes citoyennes, de faire tout leur
possible pour éliminer ces émissions polluantes dans les
délais raisonnables et selon une rentabilité acceptable pour ne
pas les acculer au bord de la faillite. Il faut être pratique.
D'ailleurs, M. le ministre ce matin, je me le rappelle fort bien, a
parlé de l'Ontario, de son approche.
On a parlé de la question de l'huile, du contenu en soufre, de
même que de la pénurie d'huile, il y a quelques années. Il
a fallu peut-être accepter d'outrepasser les normes à cause d'une
situation pratique. C'est bien beau avoir de l'huile propre, mais il ne faut
pas geler non plus. On a réussi à être pratique, à
ce moment-là.
Je vous inviterais, messieurs et c'est le point sur lequel je
voudrais vraiment appuyer dans vos cogitations collectives, à
penser, à concevoir, dans le règlement, une possibilité,
pour une entreprise donnée, de pouvoir s'asseoir avec les
autorités compétentes du service de protection de l'environnement
ou d'autres représentants autorisés c'est une question
technique sur laquelle je ne voudrais pas m'aventurer s'asseoir et dire:
Voici les normes.
Les normes, c'est à vous de les fixer, messieurs; ce n'est pas
à nous d'intervenir dans ce sens-là. Les normes nous semblent
peut-être idéales ou idéalistes, mais peuvent-elles devenir
réalisables? Oui, si la technologie se développe, si on met
à point, après étude, des méthodes de
perfectionnement pour réduire cette pollution.
Si on pouvait s'asseoir entre gens compétents et dire:
Voilà le problème. Voilà la technologie qui est à
notre disposition. Voilà ce qu'on peut faire aujourd'hui, ce qu'on peut
faire demain. Voici un programme d'étude qu'on va entreprendre.
L'échéancier prévu pourrait être de quatre
ans, cinq ans, six ans, peu importe le nombre d'années; mais au moins,
à un moment donné, on atteint le but visé de
dépolluer notre air, au Québec, sans pour cela agir de
façon précipitée et peut-être mettre en application
une technologie qui devient désuète, surannée, le
lendemain, ou entreprendre des dépenses considérables pour une
technologie qui est incomplète. Je dis que c'est un domaine très
sérieux et il y a plusieurs milliards de dollars qui sont en jeu ici; ce
ne sont pas des millions de dollars, ce sont des milliards de dollars
d'investissement.
Ma cliente, à ma droite, Fer et Titane, entrevoit un minimum de
$25 millions d'investissement pour parfaire une situation, qui, je l'admets,
est désagréable pour tout le monde. Mais comme je l'ai dit tout
à l'heure, je ne veux pas me répéter, à ce
moment-là, on n'était pas préoccupé, personne, par
la pollution.
A ma gauche, ma cliente, Gaz métropolitain, entrevoit des
investissements considérables de peut-être $5 millions; Lasalle
Coke n'est pas une entreprise de la même envergure que d'autres.
Je crois, messieurs, que si on pouvait réaliser un programme
d'étude de mise en oeuvre de ces programmes d'antipollution, selon des
échéanciers pratiques et rentables, il ne faudrait pas imposer
à Fer et Titane d'investir $25 millions d'ici la fin de 1978.
Cela ne se peut pas. Elle n'a pas d'argent. Elle ne peut pas emprunter
$25 millions sur le marché sans avoir un certain retour sur
l'investissement. On ne peut pas demander à Gaz métropolitain
d'aller chercher $5 millions sans demander aux actionnaires de dire:
Très bien, $5 millions d'investissement d'ici la fin de 1978. Je pense
que vous êtes tous des hommes conscients de l'économie d'une
entreprise, de la façon d'approcher un problème de façon
pratique.
Je vous suggère plus que respectueusement et de la façon
la plus forte que je puisse le faire qu'on devrait prévoir, dans le
règlement proposé, une formule ad hoc, une formule de discussion
et de négociation entre les parties concernées afin qu'on puisse
s'entendre sur les modalités d'application pour atteindre, dans la
mesure du possible... C'est un peu le message que vous a transmis aussi STELCO
et SIDBEC, mais d'une autre façon.
Je vous demanderais d'apporter un amendement au projet de
règlement qui permettrait, dans la mesure où le règlement
serait respecté selon les normes... Je ne pense pas que les
délais soient importants dans le contexte social d'aujourd'hui. Je pense
qu'il est important qu'on atteigne les normes, mais après cinquante ans
de pollution, est-ce qu'une année ou deux de plus va faire la
différence? Je ne le crois pas.
Je vous invite à prendre connaissance de nos mémoires qui
répètent en substance les commentaires apportés par mes
prédécesseurs ici à cette table et, surtout sur ce point
nouveau, je demanderai votre réaction, parce qu'il me semble qu'on
attaque ici le noeud du problème.
Sur ce, i'ai terminé. Je vous remercie de votre excellente
attention.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
ministre.
M. Goldbloom: Me Duchesneau, l'usine qu'on appelle
communément Lasalle Coke, dans la ville de LaSalle, a provoqué
jusqu'à il y a un certain temps un très grand nombre de plaintes.
Je dirais que si je fais la ventilation de mon courrier, il y a un certain
temps, jusqu'à il y a une année ou deux, j'avais plus de plaintes
au sujet de cette usine, non pas tellement, je dirais, à cause
d'inconvénients subis localement autour de l'usine, mais de gens qui,
d'autres parties de la ville c'est une usine qui, en bas de la
côte, est extrêmement visible se plaignaient de la
fumée noire qui sortait de l'usine.
Depuis un certain temps, il y a, je dirais, une amélioration, au
moins si je peux en juger par mon courrier. Si j'ai bien compris, suite
à nos exigences et à celles de la Communauté urbaine de
Montréal, il a fallu reconstruire les unités de combustion, de
brûlage, une par une et leur poser, comment dirais-je, une couche de
briques à l'inté- rieur pour remplacer ce qui était
usé et qui permettait l'échappement de beaucoup de
fumée.
J'aimerais vous demander si ce travail est vraiment
complété ou s'il en reste à faire.
M. Duchesneau: La réfection des fours? Je demanderais
à M. Lessard de répondre à la question.
M. Lessard (Marcel): M. le Président, ce travail n'est pas
complété. C'est un programme intensif qui va durer,
d'après moi, encore une couple d'années. Il a été
entrepris en 1972. Depuis cette année-là, nous dépensons
environ $1 million par année pour la réfection des fours.
M. Goldbloom: Vous avez combien d'unités à refaire
de cette façon? Combien y en a-t-il au total et combien en reste-t-il
à corriger?
M. Lessard (Marcel): Au total, il y a 74 unités. Je crois
que, présentement, il y en a une douzaine à refaire, soit en
partie ou soit totalement. C'est un programme qui est continu et qui,
d'après moi, ne s'arrêtera jamais, puisque l'opération
elle-même fait que les pierres réfractaires se dégradent.
Il faut donc les remplacer d'une façon continue. Depuis 1972, on a
accéléré ce programme. Avant 1972, je crois qu'on
dépensait $200 000 à $300 000 par année.
Présentement, nous dépensons $1 million par année pour ce
genre d'activités.
M. Goldbloom: Quelle est la vie utile d'un enduit
réfractaire, à peu près?
M. Lessard (Marcel): La vie utile d'un enduit réfractaire
est assez difficile à déterminer puisqu'il y a un facteur humain;
ce sont des humains qui poussent le charbon, c'est-à-dire le coke
à l'extérieur des fours. Alors, s'ils ne font pas attention, ils
pourraient endommager les fours plus rapidement qu'à l'ordinaire. Je
pourrais dire qu'avec une très bonne opération cela pourrait
probablement durer à peu près une dizaine d'années.
M. Goldbloom: Vous avez présentement un filtre
électrostatique qui remplace...
M. Lessard (Marcel): Oui, présentement, nous terminons ce
projet. C'est un filtre électronique qui devrait fonctionner d'ici au
mois de novembre. Ce projet a commencé il y a deux ans.
M. Goldbloom: Dans les secteurs de broyage et de criblage, vous
avez des appareils ou des mesures antipollution qui sont appliquées
présentement?
M. Lessard (Marcel): Oui, en fait, on a remplacé le
système de tamisage qui fonctionne présentement; il y a à
peine une semaine qu'il fonctionne. Il a été conçu selon
les techniques les plus disponibles présentement, avec des
dépoussié-reurs et tous les genres d'équipements qu'on
pouvait utiliser pour empêcher la pollution. Dans les années
antérieures, on a aussi installé des
dé-poussiéreurs sur les covoyeurs existants.
En fait, les $2,5 millions que M. Duchesneau a mentionnés
comprennent $2 millions pour le filtreur et $500 000 pour les autres
dépoussiéreurs. A cela, il faudrait rajouter le $1 million qu'on
dépense annuellement ou une partie de ce $1 million pour la
réparation des pierres réfractaires.
M. Goldbloom: Votre usine représente, dans une certaine
mesure, un problème en ce qui concerne l'anhydride sulfureux, n'est-ce
pas? Il y a une certaine émission.
M. Lessard (Marcel): Oui, il y a une certaine émission. On
n'a pas fait d'essais pour déterminer la quantité.
M. Goldbloom: Cela veut dire que, dans les programmes que vous
avez exposés tout à l'heure, vous n'êtes pas encore rendus
à traiter de ce problème particulier.
M. Lessard (Marcel): Non, pas encore. M. Goldbloom: Merci,
M. le Président.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, en lisant les deux
mémoires que vous avez préentés, je n'ai pas
décelé quels sont les articles ou quelles sont les normes que
vous critiquez particulièrement dans ce projet de loi. Quels sont ces
points que vous critiquez en particulier?
M. Duchesneau: D'abord, M. le député de Lafontaine,
la question de la définition de l'air ambiant. Comme j'ai dit tout
à l'heure, c'est un point important. C'est une question philosophique
qui se pose. Quant à nous, nous considérons que la
définition qui devrait être acceptée, ce serait celle de
l'influence sur les tiers, donc à la limite du territoire de
l'entreprise. C'est une question philosophique. Evidemment, si vous
décidez que c'est autrement, c'est autrement. Mais nous pensons que
c'est plus pratique et plus acceptable. D'ailleurs, dans notre mémoire,
à la page vous allez m'excuser, mais je ne la connais pas par
coeur si je vais au mémoire de Gaz métropolitain, on le
retrouve à la page 8 et, si je vais au mémoire de Fer et Titane
du Québec, c'est à la page 9. Evidemment, agissant pour deux
clients différents, ça se ressemble passablement, ce que j'ai
à dire.
Vous allez voir, par exemple, qu'aux Etats-Unis, selon la
définition de l'EPA, The Environmental Protection Agency, le 25 novembre
1971, air ambiant c'est traduit ici signifie la portion de
l'atmosphère à l'extérieur des bâtiments auxquels le
public en général a accès. Le public en
général a accès. Je crois, à moins que je ne me
trompe, que le public en général n'inclut pas les travailleurs de
l'entreprise. Donc, ce sont les limites du territoire.
Ensuite, je dirais, comme remarque d'ordre général, M.
Léger, qu'on s'est penché, dans le projet de règlement,
sur une foule de définitions, sur des procédés. Je pense
que tout ce que le règlement devrait faire, c'est de dire: Voici la
norme. Mais la façon de l'atteindre, je pense bien que l'industrie peut
se débrouiller fort bien quant aux procédés pour atteindre
les normes établies. Je pense qu'il est juste et même essentiel
que l'Etat dise: Voici la norme. Mais de là à commencer à
discuter dans des règlements sur certaines méthodes, je pense que
c'est aller beaucoup trop loin. Par exemple, on parle des tas d'agrégats
de matériaux. Comment protéger ça, on dit comment le
faire.
On parlait des déchets ce matin, comment les brûler. Vous
avez soulevé un point intéressant, M. Léger, ce matin,
quant à la méthode subjective je trouve cela un peu
amusant, personnellement de vérifier avec le pouce, selon les
méthodes de Ringelman, l'opacité selon le degré de
noirceur, de gris ou de blancheur des fumées. Je trouve cela un
peu...
M. Léger: ...artisanal.
M. Duchesneau: Oui. C'est ce que je cherchais. Je ne voulais pas
le dire. Je suis content que quelqu'un d'autre l'ait dit! Alors, artisanal...
Ce n'est pas très professionnel. Il me semble qu'il y a des
techniques... Pardon? C'est le 9e siècle, me dit-on.
Voilà certaines choses qui me semblent un peu cocasses, mais en
soi, le but du règlement visé est d'établir des
normes.
M. Léger: Pour ce que vous venez de dire, nous avons
vérifié depuis l'heure du midi et il existe des méthodes
à l'infrarouge qui permettent de photographier et de voir
l'opacité. Il en existe. Je pense bien qu'il y aura moyen un jour qu'on
l'utilise, qu'on sera rendu à ce point.
Sur un autre point, je remarque, dans un document d'Environnement
Canada, que l'émission de Metallurgical Coke, qui touche votre domaine,
est un problème beaucoup plus ontarien. On voit ici, dans le rapport, si
on compare les oxydes de soufre, que pour un total de 40 000 tonnes d'oxyde de
soufre, il y a 32 000 tonnes qui sont perçues en Ontario et 7000 dans le
reste du Canada. Mais comme c'est un problème de l'Ontario, ils ont
dû réagir et c'est là que l'Ontario a des normes. Je
mentionnais, ce matin, qu'en Ontario, les normes sont deux fois plus
sévères que les normes du Québec sur l'air ambiant. Je
sais bien que cela n'est pas votre problème. Vous dites: Trouvez une
norme, nous, on veut avoir le temps de l'appliquer. Mais je pense qu'il est
important de remarquer qu'au Québec, dans le projet de règlement
qui nous est présenté, c'est 0,5 particule par million, alors
qu'en Ontario, c'est 0,25. D'ailleurs, c'est là que la plus grande
partie des oxydes de soufre provenant des industries qui sont similaires
à la vôtre...
Comment se fait-il que des industries en Ontario puissent s'adapter
à cette mesure et que vous, vous jugiez que ce serait beaucoup plus
difficile? Vous avez même avancé un chiffre, tantôt, de $25
millions pour réaliser tout cela. $5 millions? $5 millions au lieu de
$25 millions.
De toute façon, je présume que cela va coûter de
l'argent. Mais quand des organismes viennent donner de tels chiffres, cela me
rappelle un peu, il y a quelques années, lorsque l'Etat de Californie
avait demandé aux compagnies de témoigner sur la
législation pour rendre la ceinture de sécurité
obligatoire dans les automobiles. General Motors et Ford sont venues pleurer
à la commission en disant que si on les obligeait à mettre ces
ceintures, cela coûterait $150 de plus par voiture, et il est
arrivé par la suite que cela n'avait coûté que $12.
C'est pour cela que lorsque vous donnez des chiffres de $5 millions, on
sait que cela veut dire que ça va coûter quelque chose, mais de
là à affirmer que ce seront ces chiffres, je pense bien que c'est
un peu trop tôt, sauf qu'il faut admettre le principe que si on veut une
meilleure qualité de l'air, cela va coûter quelque chose.
Il faut, quand même, d'une façon plus pratique aussi, vous
donner le temps de le faire. Je pense que c'est une question de volonté
gouvernementale et d'adaptation aussi avec les compagnies. Nous sommes d'accord
là-dessus qu'il faut que les compagnies elles-mêmes fassent des
efforts, mais comme cela leur demandera des efforts, il faut s'entendre
là-dessus.
Je comprends que votre mémoire démontre que vous voulez
sensibiliser la commission parlementaire au fait qu'on doit vous donner le
temps de le faire. Si on vous laisse tout le temps voulu, c'est une chose, et
si on détermine un certain temps par des spécialistes du
ministère de l'environnement, c'est une autre chose.
M. Duchesneau: M. Léger, vous avez parfaitement raison. En
fait, on se base ici sur des estimations, bien entendu, lorsqu'on parle de $16
millions dans le cas de Gaz métropolitain et, dans le cas de Fer et
Titane du Québec, de $25 millions. Ce sont des estimations, et ce sont
des estimations réalistes parce que ces gens-là étudient,
j'en suis au courant personnellement, depuis fort longtemps ces
problèmes surtout provoqués, bien entendu, par le projet de
règlement. Les gens ont fait des estimations sérieuses et ce sont
des chiffres assez ronds auxquels on est arrivés. Mais vous avez bien
saisi la situation. Notre message réel et important, c'est que les
normes, vraiment, c'est à vous de les créer; des normes sociales
acceptables, mais, mon Dieu, donnez-nous la chance de pouvoir les mettre en
application dans des délais acceptables à tous sans nous acculer
à la faillite ou sans rendre l'opération non rentable.
M. Léger: D'accord. M. le Président, en ce qui nous
concerne, je voudrais simplement conclure qu'une chose est certaine, c'est que
dès que le gouvernement aura établi d'une façon
définitive des normes, il va falloir que les compagnies s'adaptent. Il
faut leur donner le temps de le faire. Il s'agit de voir quel temps cela prend.
De toute façon, il faut quand même ajouter que si dans les autres
provinces, où les normes sont plus sévères, les compagnies
ont réussi à s'adapter à cela et si les concurrents de ces
compagnies ont aussi réussi à s'y adapter, je ne vois pas
pourquoi cela ne pourrait pas se faire au Québec de la même
façon.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
ministre.
M. Goldbloom: M. le Président, si c'était
simplement cela, ce serait vrai, mais c'est plus complexe que cela, puisque
j'ai indiqué que nos normes sont basées sur un
échantillonnage à la sortie du système d'évacuation
tandis que dans d'autres provinces on fait l'échantillonnage à
des distances plus éloignées. On revient essentiellement à
la même chose. Puisqu'on a eu un certain plaisir à dire toute la
matinée qu'on est moins sévère que les autres et des
choses de cette nature, je voudrais souligner, M. le Président, qu'en ce
qui concerne la pollution atmosphérique, les compagnies qui sont ici
présentes, qui viennent de témoigner par la bouche de leur
conseiller juridique, sont en train de réaliser des progrès et on
indiqué elles-mêmes l'ordre de grandeur des coûts
impliqués. Je voudrais souligner qu'en ce qui concerne les industries de
titane, il y en a deux au Québec, et le problème est un peu
spécial. En ce qui concerne l'ensemble des problèmes, plus
particulièrement en l'occurrence le problème de la pollution de
l'eau, nous avons prévu une série d'interventions et nous allons
rencontrer les compagnies au cours des prochaines semaines pour
déterminer les programmes qui seront conformes à nos
exigences.
M. le Président, je pense qu'au fur et à mesure que nous
avons des industries devant nous ici à la commission parlementaire
et nous sommes en mesure d'examiner ce qui se fait dans la
réalité nous constatons qu'il n'y a eu ni du
côté des services de protection de l'environnement, ni du
côté des compagnies, une inertie.
Il n'y a pas eu de négligence à l'endroit de la protection
de l'environnement. On peut discuter abondamment et longuement sur les
détails. Est-ce que le calendrier est trop long, trop court? Est-ce que
les exigences en détail sont tellement minutieuses que cela pose un
problème? Est-ce que le fait d'accepter que telle ou telle chose
continue pendant un certain temps parce que la technologie ne semble pas
disponible, est une démission devant les compagnies? Tous ces gros mots,
toute cette dramatisation d'une situation qui est très réelle et
très pratique ne nous conduisent pas très loin.
Quand nous avons la possibilité d'examiner exactement quels sont
les problèmes et exactement ce qu'on peut faire de part et d'autre pour
corriger ces problèmes, on se trouve sur un terrain qui est beaucoup
plus réaliste et cela nous permet de voir qu'il y a du progrès
qui se fait au Québec dans le domaine industriel.
M. Léger: M. le Président...
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Lafontaine.
M. Léger: ... je veux quand même dire au ministre
que, quand le ministre voudra apporter des modifications au règlement ou
des amendements pour que l'échantillonnage soit pris à la source
de l'émission et non pas dans l'air ambiant, on arrêtera de dire
que les règlements seront moins sévères qu'en Ontario.
Mais, tant qu'il ne nous aura pas présenté cela, le
règlement actuel ne dit à aucun endroit que c'est à la
source de l'émission qu'on prendra l'échantillon. Quand ce sera
fait, on acceptera de dire peut-être que ce sera aussi
sévère. Mais, tant que ça ne sera pas mentionné,
soit par une proposition ou un amendement, on est obligé de conclure le
contraire. Le ministre ne jpeut pas m'empêcher d'affirmer cela puisqu'il
a dit lui-même qu'il verrait à faire les corrections voulues.
Quand ce sera fait, on sera d'accord avec le ministre.
Sur le deuxième point, quand le ministre essaie de recorriger
certaines affirmations que j'ai faites quand je parlais de négligence,
je dis, quand même, que, quand une loi a été adoptée
en 1972 et que les règlements sont présentés quatre ans
après, on doit quand même penser qu'il y a eu un peu de
laisser-aller.
M. Goldbloom: M. le Président, il est évident que
je n'empêcherai pas, dans une société libre et
démocratique comme la nôtre, le député de Lafontaine
de dire ce qu'il veut dire. Peut-être qu'on finira par l'empêcher
de se faire élire, ça, c'est une autre chose.
M. Léger: Essayez.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Autres questions des
membres de la commission? Merci, messieurs.
M. Duchesneau: M. le Président, je veux remercier, au nom
de mes clients et en mon propre nom, de leur attention les membres de la
commission et le ministre.
Le Président (M. Houde, Limoilou): J'invite les
représentants de l'Association québécoise des industries
de la peinture.
Association québécoise des industries de
la peinture
M. Dessureault (Claude): M. le Président, messieurs, mon
nom est Claude Dessureault, président du bureau des gouverneurs de
l'Association québécoise des industries de la peinture. A ma
gauche, M. Bonnier, vice-président de l'association et, à ma
droite, M. Turrell, directeur technique de l'association.
Messieurs, nous vous avons distribué, à midi, notre
mémoire soumis à cette commission. Vous me permettrez de le
lire.
Je pense qu'il apportera un peu de lumière sur vos discussions
préalables.
L'Association québécoise des industries de la peinture a
déjà contribué à la préparation de
mémoires, conjointement avec le Conseil du patronat du Québec et
l'Association des manufacturiers canadiens.
Nous avons concentré nos efforts sur la Section V, article 11, du
projet de règlement.
Ce mémoire est donc soumis par l'association. Nous avons
attaché une liste des compagnies membres, à titre documentaire.
Pour votre information, le Québec est le second plus important
producteur de peinture au Canada, avec une concentration de 41 usines employant
environ 2500 cadres et ouvriers dont la masse salariale, pour 1973,
dépassait $20 millions.
Si l'on considère que l'industrie achète chaque
année pour $45 millions de matières premières et $500 000
de combustibles pour réaliser un chiffre d'affaires de près de
$85 millions, on se rend compte que ces chiffres représentent
approximativement un dixième de l'apport de l'industrie chimique au
Québec.
Une description détaillée de notre industrie et de notre
association fait l'objet d'un autre document. Cependant, si la commission le
juge nécessaire, nous sommes entièrement disposés à
en faire le sommaire immédiatement. Si le temps alloué ne nous le
permet pas, nous espérons que ce document servira à titre
documentaire. Nous vous invitons à en faire la. lecture, parce que ce
document présente, en fait, l'historique de l'industrie de la peinture
au Canada et au Québec. C'est un document exclusif qui vient tout juste
d'être publié et qui n'est pas distribué normalement.
Les peintures, vernis et laques sont utilisés depuis des
années à des fins décoratives et protectrices. Dans
certains cas, ils servent à l'isolation électrique et comme
éléments de résistance aux agents chimiques. Les peintures
et vernis actuels sont produits à la suite de réactions chimiques
strictement contrôlées et de formulations proportionnelles
exactes. Les produits sont élaborés à partir d'une
rigoureuse sélection de matières premières dotées
de propriétés spécifiques.
En effet, des milliers de matières premières sont à
la disposition du fabricant de peinture et celui-ci peut utiliser plus de 1000
matières premières pour créer plus de 5000 variantes d'un
même produit.
De façon générale, une peinture ou un
revêtement se compose d'au moins deux et, habituellement, de trois
éléments: un liant formant un feuil à base de
résines et d'huiles siccatives; un solvant volatil ou l'eau pour la
fluidité; une composition pigmentaire comprenant des matières
colorantes et opacifiantes, ainsi que plusieurs extendeurs.
Le liant et le solvant réunis forment ce que l'on appelle
ordinairement le véhicule.
Comme les laques, toutes les peintures contiennent des pigments. Les
vernis sont des revêtements transparents non pigmentés.
Lorsqu'une peinture ou un revêtement est appliqué au
substrat, la partie volatile s'évapore et le liant et le pigment forment
un feuil adhérent et homogène.
La formation du feuil ou le durcissement après application se
produit à la suite de plusieurs
opérations chimiques ou physiques. Au cours du séchage
à l'air, les peintures et vernis à base de solvant durcissent par
polymérisation à cause de la réaction du liant
exposé à l'oxygène qui se trouve dans l'air une fois le
solvant évaporé. Les laques qui sèchent à l'air,
telles que les laques ni-trocellulosiques pour meubles, par exemple, forment
des feuils uniquement par évaporation du solvant.
Les enduits thermodurcissables à base de solvant durcissent par
condensation ou autres réactions chimiques à haute
température. Les peintures à base d'eau forment des feuils par la
coalescence du liant avec le pigment lorsque l'eau s'évapore.
Le procédé de fabrication. La fabrication de la peinture
nécessite les opérations suivantes: le mélange du pigment
avec une quantité suffisante de "véhicule" afin de
préparer une pâte se prêtant au broyage; le broyage de la
pâte dans une broyeuse jusqu'à ce que les agrégats se
décomposent; la dilution de la couche de fond avec les matières
qui restent; la teinture à la couleur désirée; la mise
à l'essai; le filtrage, la mise en boîte et l'emballage.
Le mélange et le broyage sont souvent combinés. La
fabrication de la peinture demeure, dans une large mesure, une production par
lots, en raison de la quantité des matières premières et
des produits finis nécessaires.
Un grand nombre de "véhicules" utilisés dans la
fabrication des peintures est produit par un procédé chimique
comprenant les réactions de plusieurs composés organiques. Ces
réactions sont expérimentées dans un récipient
communément appelé cuve à réaction, dans des
conditions de température, de pression et à un degré de
brassage rigoureusement contrôlées. La résine alkyde
synthétique est un exemple de "véhicule".
Quelques fabricants de peinture préparent leurs propres
véhicules et d'autres les achètent. Je dois vous dire ici qu'au
Québec, sur 41 manufacturiers de peinture, un seul prépare ses
propres véhicules. Chez les fournisseurs, un seul aussi prépare
des véhicules à l'intention des fabricants de peinture. Dans ce
cas, la fabrication des peintures et revêtements devient essentiellement
un procédé de mélange et de broyage. Dans le cas
précédent, le dégagement d'émissions de solvants
dans l'environnement doit être soigneusement évité.
L'industrie de la peinture et la pollution. La fabrication de la
peinture, conformément à la majorité des
procédés de fabrication, nécessite l'utilisation de
matières premières et leur transformation en produits finis. Au
cours de cette opération, une quantité de matières
premières se perd et les déchets qui en résultent doivent
être éliminés.
Les principaux genres de déchets et d'émissions que l'on
obtient sont les suivants: Tout d'abord, les déchets liquides: l'eau de
lavage utilisée par le nettoyage des bacs de mélange, etc.; les
solvants de lavage utilisés pour le nettoyage des réservoirs de
mélange; d'autres déchets liquides y compris le traitement des
résidus et des solvants non récupérables.
Deuxième type de déchets et d'émissions: les
déchets solides. Ces déchets comprennent les sacs de pigments
vides, d'autres articles en papier, des contenants inutilisables, etc.
Troisièmement, les émissions dues à la combustion.
Celles-ci sont provoquées par les chaudières et
l'incinération des déchets, etc.
Quatrièmement, les émissions d'odeurs.
Cinquièmement, les solvants organiques. Le projet de
règlement relatif à la qualité de l'atmosphère que
nous discutons aujourd'hui nous intéresse surtout du point de vue des
solvants organiques.
Si on se réfère à la section V, article 11,
composés organiques gazeux, cette question figure à l'article 11
du projet de règlement. D'après les définitions, un
composé organique est "un composé constitué de carbones et
d'hydrogènes, combinés ensemble ou à un ou plusieurs
autres éléments".
L'hydrocarbure est un composé contenant seulement de
l'hydrogène et du carbone. Les solvants organiques peuvent contenir, en
plus de l'hydrogène et du carbone, un ou plusieurs des
éléments suivants: l'oxygène, l'azote, le soufre et les
halogènes. Les halogènes, vous les connaissez, le chlore, le
brome, l'iode.
Les émissions d'hydrocarbure et de solvants organiques dans
l'atmosphère peuvent avoir des effets directs et indirects.
Les premières sont causées par des émissions
originales, non modifiées. Les deuxièmes sont causées par
des substances qui se forment à la suite des réactions
photochimiques que subissent les émissions originales lorsqu'elles
rencontrent d'autres substances dans l'atmosphère.
Parmi les sources d'émissions d'hydrocarbures, citons le
raffinage du pétrole, la mise en marché et la distribution de
l'essence, l'industrie chimique, l'incinération et l'élimination
des déchets. Les sources d'émissions de solvants organiques
comprennent la fabrication et l'application des peintures et revêtements,
la fabrication des produits chimiques, des plastiques et du caoutchouc, le
nettoyage à sec, l'imprimerie, etc.
Le pourcentage de solvants qui se dégagent durant la fabrication
des peintures ne semble pas important. Cela varie entre 65% et 66%. s'il
n'existe pas de données précises à ce sujet, on estime
cependant que, dans un simple procédé de broyage et de
mélange, les émissions de solvants se produisent durant le
broyage lorsque la température de la cuvée s'élève,
ce qui provoque l'éva-poration de certains ingrédients. Ce
phénomène se produit également durant la dilution.
Toutefois, cette perte peut être évitée dans une large
mesure grâce à l'utilisation de réservoirs
entièrement étanches. On estime généralement
à environ 1% à 2% la quantité de solvants perdus dans
l'atmosphère durant ce procédé. Par contre, la perte
durant la fabrication du véhicule est plus grande et, pour les
résines alkydes, peut varier entre 4% et 6%.
En ce qui concerne les produits de notre industrie, la perte la plus
grande se manifeste lors
de l'application, notamment, lorsque la majorité des solvants
organiques utilisés se dégagent dans l'atmosphère. Que
cette situation exige ou non des mesures de contrôle dépend d'un
grand nombre de facteurs, dont le volume total d'émissions, étant
donné que l'application de la peinture et les conditions
atmosphériques et météorologiques contribuent à
augmenter ce volume.
Le premier règlement sur les émissions de solvants
organiques dont nous ayons connaissance a été mis en vigueur vers
la moitié des années soixante en Californie. A la suite d'un
concours de circonstances, un brouillard et une fumée photochimiques se
formèrent dans la région métropolitaine de Los Angeles. En
général, un tel phénomène se produit dans les
conditions suivantes:
D'abord, des matières organiques réactives au-dessus d'une
certaine valeur-seuil, un seuil de la concentration de la substance;
deuxièmement, une quantité suffisante d'oxydes d'azote bien
mélangée avec les matières organiques;
troisièmement, une atmosphère de stagnation;
quatrièmement, une intense lumière solaire; de la lumière,
pas nécessairement de la chaleur.
D'après un expert en la matière, l'absence de l'un de ces
éléments empêche la formation d'un brouillard et d'une
fumée photochimiques. Etant donné qu'ils existaient dans la
région de Los Angeles ainsi que dans la région de San Francisco,
bien qu'à un degré inférieur dans cette dernière,
un règlement a été émis pour contrôler les
types et quantités de matières organiques réactives
dégagées dans l'atmosphère de ces deux régions.
Le règlement 66 fut ainsi mis en vigueur dans le comté de
Los Angeles. Il vise à limiter les émissions de solvants
réactifs par procédé photochimique et les émissions
de solvants provenant d'appareils où il y a eu contact avec une flamme,
cuisson, durcissement par voie thermique ou par polymérisation. Il
restreint aussi quelque peu l'utilisation et la vente des revêtements
architecturaux contenant des solvants réactifs par procédé
photochimique et défend l'usage de ces matériaux pour diluer les
revêtements architecturaux.
Le règlement 3 de San Francisco ne limite que les
émissions de composés très réactifs
définis.
M. Louis Fuller, Air Pollution Control Officer, dans le comté de
Los Angeles, déclarait, lors d'un discours, que de tous les
règlements nationaux de contrôle de la pollution de l'air, il
semble que le règlement 66 soit celui qui ait fait couler le plus
d'encre, et que, bien que plusieurs communautés américaines et
étrangères aient manifesté un certain intérêt
vis-à-vis de la question, il recommandait de définir la nature et
la portée de leurs problèmes avant d'essayer de les
résoudre. Il ajoutait également que le règlement porte sur
des milliers de produits, de procédés, de combinaisons
d'appareils, de lignes de production et d'applications et qu'il a
été conçu uniquement pour le comté de Los Angeles.
Il peut, par conséquent, s'avérer inapplicable dans d'autres
régions.
Citons, également à titre de référence, une
excellente source de renseignements qui s'intitule: The State of California
Implementation Plan for Achieving and Maintaining the National Ambient Air
Quality Standards, publiée le 30 janvier 1972.
La Californie a été divisée en deux bassins
atmosphériques pour les besoins du contrôle de la pollution. Le
comté de Los Angeles se trouve dans le South Coast Air Basin. On estime
la quantité moyenne d'émissions quotidiennes produites par les
gaz organiques très réactifs à 1790 tonnes en 1970 dans ce
bassin, même après application du règlement. 87% de ces
émissions sont causées par les véhicules automobiles; 6%
par les utilisateurs de solvants organiques; 4% par les raffineries de
pétrole et 3% proviennent d'autres sources.
Au Canada, un sondage national révélait en 1970 que 76,8%
des émissions d'hydrocarbures provenaient du transport; les
procédés industriels comptaient pour 2,2%; les incendies de
forêt pour 8,2% et les revêtements de surface pour 5,9%.
Bien que les proportions soient sensiblement les mêmes, des signes
évidents prouvent que le problème est moins grave au
Québec.
Le contrôle du niveau d'oxydants représente un facteur
important dans ce genre de programme de réglementation. Les oxydants
sont les principales causes de la formation de brouillard et de fumée
photochimiques. En effet, ceux-ci se forment à la suite d'une
série de réactions chimiques entre les précurseurs des
agents oxydants les oxydes d'azote et les hydrocarbures organiques
catalysés par la lumière solaire. L'ozone, O 3, ou trois
éléments d'oxygène, est un composé oxydant
commun.
Selon M. Milton Feldstein, Deputy Air Pollution Control Officer, Bay
Area Air Pollution Control District toujours en Californie la
tâche consiste à réduire le degré ou la
quantité d'oxydants mesurés dans les .3 aux .6 parties par
million d'ozone à approximativement .1 à .15 parties par
million.
Pourtant, dans le rapport sur la qualité de l'air de la
Communauté urbaine de Montréal de 1970, on note une lecture de
quantité maximale d'ozone de .147 parties par million et une moyenne
arithmétique pour l'année de .014 parties par million. Ces
données sont inférieures au niveau que les autorités
californiennes essayent d'atteindre.
Signalons également que, si le problème californien est
bien plus sérieux que celui qui existe au Québec, l'article 11 du
projet de règlement est bien plus rigoureux que le règlement 66
de la Californie.
En effet, l'article 11, tel que proposé, restreint le
dégagement de déchets organiques dans l'atmosphère
à 1,3 kg. (2.86 livres) par heure ou à 6,8 kg. (14.96 livres) par
jour. Ici, j'aimerais attirer votre attention sur le fait qu'un gallon de
peinture, par exemple, qui pèse environ dix livres, qui dégage
environ 60% à 65% ou 66%, peut suggérer que l'on devrait
restreindre nos productions à trois gallons de peinture par jour dans
nos usines, selon le règlement tel que proposé.
Le règlement 66 restreint le dégagement à trois
livres par heure ou à quinze livres par jour uniquement dans les cas
où les solvants organiques sont produits par contact avec une flamme,
cuisson, durcissement par voie thermique ou par polymérisation.
Les solvants organiques ont des capacités différentes de
réaction photochimique et ont été classés en
Californie en deux catégories: les réactifs et les non
réactifs.
On pourrait vous donner des exemples: Pensez au benzène, pensez
au naphte, pensez au varsol. Ce sont des réactifs.
La limite pour les solvants réactifs autres que ceux
décrits dans les cas cités ci-dessus est fixée dans le
règlement 66 à huit livres par heure ou 40 livres par jour.
La limite pour les solvants non réactifs est de 450 livres par
heure ou 3000 livres par jour. Quelque 20 autres Etats américains
possèdent une réglementation pour les émissions de
solvants organiques. Et, si vous le désirez, nous pouvons vous produire
la liste complète de ces Etats. En général, leur
réglementation s'inspire du règlement que nous venons
brièvement de décrire.
Plusieurs tehcniques de contrôle sont utilisées dont le
changement des procédés ou des méthodes
opérationnelles, le remplacement des matériaux, l'installation
d'appareils de contrôle comme les incinérateurs. La ligne de
conduite adoptée aux Etats-Unis consiste à remplacer les
matériaux, par exemple, à utiliser des solvants moins
réactifs et à se servir des appareils de contrôle.
L'article 11, par contre, n'envisage pas le remplacement des matériaux
comme solution.
Il est vrai qu'aux Etats-Unis la tendance est d'admettre que tous les
solvants organiques sont réactifs au bout d'un certain temps et que, par
conséquent, les appareils de contrôle s'imposent à long
terme. Pourtant, selon une déclaration de principe de l'Agence de
protection de l'environnement américaine, parue dans le Federal Register
du 5 février 1976, "le remplacement des composés à basse
réactivité par des composés à haute
réactivité est acceptable et nécessaire en tant que mesure
de contrôle intérimaire..."
D'après nos calculs, 80% des peintures et revêtements
vendus et appliqués au Québec sont à base de solvants de
pétrole contrairement à ce qui se présente aux Etats-Unis,
où les peintures et revêtements à base de solvants de
pétrole sont à l'inverse, 75%-25% en faveur du latex à
base d'eau.
L'utilisation de produits dont le solvant est l'eau ou qui contiennent
une quantité minime de solvants de prétrole augmente, certes,
mais nous devrons attendre encore quelques années avant d'être en
mesure de remplacer les substances à base de pétrole.
Or, l'article 11 impose de sérieuses contraintes aux utilisateurs
de peintures et de revêtements à base de pétrole car, selon
le règlement, il sera défendu d'appliquer plus de trois gallons
par jour, sans prévenir le dégagement de vapeurs de solvants. Si
cet article entre en vigueur immédiatement, presque toutes les
applications commercia- les et industrielles de peintures et revêtements
seront défendues et même l'application de ces produits par la
ménagère ou le propriétaire d'habitation sera
sérieusement limitée. Par conséquent, la
réglementation proposée se révèle la plus
restrictive en Amérique du Nord.
En outre, une telle réglementation aura des effets foudroyants
sur l'économie. En effet, les utilisateurs de peintures et de
revêtements, tant dans le commerce que dans l'industrie, sont incapables
de se procurer et d'installer des appareils d'épuration en quelques
semaines ou même en quelques mois. L'équipement en question est
coûteux à obtenir et à faire fonctionner surtout car il
nécessite une grande consommation d'énergie.
Par ailleurs, nous trouvons très discutable le besoin d'appliquer
la réglementation la plus sévère en Amérique du
Nord pour contrôler un des problèmes les moins graves.
Il faudrait, par conséquent, examiner l'objectif poursuivi
à savoir: un environnement amélioré en fonction de
considérations telles que l'emploi, le maintien des investissements au
Québec et la capacité concurrentielle des entreprises qui
fabriquent au Québec. L'article 11 n'établit pas de distinction
entre les sources existantes et nouvelles. Donc, à moins que le besoin
actuel de mesures de contrôle dans la province de Québec soit
prouvé par des études scientifiques pertinentes, besoin dont nous
doutons d'ailleurs sérieusement, il serait raisonnable d'exiger que les
nouvelles sources utilisent les techniques les plus praticables,
c'est-à-dire les moins coûteuses. Une telle exigence ne serait pas
économique pour les sources existantes et une stratégie
différente devrait être adoptée.
Messieurs, nous proposons les recommandations suivantes: 1.L'article 11
devrait être éliminé ou différé en attendant
les résultats des sondages proposés à l'alinéa 2b
suivant. 2. Avant d'adopter toute réglementation, une étude
exhaustive devrait être entreprise afin de quantifier les degrés
d'oxydants au Québec et d'identifier les sources importantes des
émissions organiques qui contribuent à la formation d'oxydants.
3. Si les résultats de l'alinéa 2a justifient la prise de mesure
de contrôle, la législation qui en découlerait devrait: a)
reconnaître que des sources existantes et des sources nouvelles exigent
des stratégies de contrôle différentes; b) spécifier
la source, c'est-à-dire examiner séparément chaque source
principale d'émission, industrielle ou de transformation, selon le cas.
Quant aux questions relatives aux méthodes et aux délais de
contrôle des émissions, elles devraient être
tranchées entre le ministère de l'environnement et la source en
question. 4. Seules les applications commerciales ou industrielles fixes de
peintures seraient sujettes à la réglementation. Toutes les
applications de peinture à pied d'oeuvre devraient être
exemptées, y compris les applications de revêtements
architecturaux ou d'entretien par les propriétaires d'habitation et les
entrepreneurs.
Les membres de l'Association québécoise des industries de
la peinture offrent leur entière collaboration au ministère,
à cette commission, afin de trouver des mesures pratiques de protection
de l'environnement. Merci de votre attention et si vous avez des questions,
à moi ou à mes collègues, nous sommes prêts à
y répondre.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
ministre.
M. Goldbloom: M. le Président, je ne pense pas avoir de
question ou de commentaire pour l'instant. J'aimerais entendre le
député de Lafontaine sur le sujet.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Lafontaine.
M. Léger: Je voudrais simplement faire un parallèle
avec la Colombie-Britannique qui a voté des règlements sur la
pollution provenant des émissions de compagnies de pétrochimie et
de peinture. Contrairement à l'article 11, la Colombie-Britannique a
présenté un règlement à trois niveaux, et au lieu
de faire une définition simplement générale de
matières polluantes, elle a fait une décomposition par
contaminants en en énumérant peut-être une vingtaine et en
donnant à chacun un degré permissible d'émission de ces
matières. Trois niveaux: un niveau immédiat, un niveau
intermédiaire, c'est-à-dire un objectif à atteindre
après un certain temps, et un niveau définitif, objectif à
atteindre à long terme et divisé par différents
contaminants. Est-ce que vous êtes au courant de cette
réglementation de la Colombie-Britannique, et qu'est-ce que vous pensez
de cette façon de présenter une réglementation sur les
contaminants provenant de votre industrie?
M. Dessureault: M. Léger, malheureusement,
personnellement, je ne suis pas au courant de la réglementation de la
Colombie-Britannique. Je suis toutefois au courant des démarches faites
en Ontario en ce qui concerne les émissions de gaz organique. C'est une
étude qui se prolongera sur une période de cinq ans. A la suite
de cette étude faite en coopération avec l'industrie, il y aura
émission de règlements.
Pour ce qui est de la Colombie-Britannique, sûrement que nos
bureaux de Toronto sont très familiers avec cette situation et, si vous
le voulez, on peut prendre des informations et ajouter une annexe avec nos
commentaires à notre document.
M. Léger: II y a déjà des normes en
Colombie-Britannique et on me dit qu'il y a environ 21 compagnies qui y
produisent de la peinture; au Québec, je pense qu'on en a à peu
près une quarantaine.
M. Dessureault: II y a 149 manufacturiers de peinture au Canada.
Il y en a 73 en Ontario, 41 au Québec et 7 ou 8 en Colombie-Britannique.
Alors...
M. Léger: D'après le document, on parle de 21 en
Colombie-Britannique.
M. Dessureault: 21 en Colombie-Britannique, oui.
M. Léger: On y a présenté un
règlement avec trois niveaux, mais en faisant une décomposition
des matières contaminantes. Il y en a peut-être une trentaine. Il
y en a qui ne vous touchent pas. Je ne suis pas un chimiste, mais je vais en
nommer quelques-unes, entre autres: organic disul-phides, organic sulphides,
particules de solide, phénol, phtalic anhydride, toluène. Il y en
a sûrement qui vous touchent là-dedans. Je donne un exemple
significatif. Pour le phénol, on dit qu'au premier niveau, pour
l'immédiat, ce n'est pas plus de 500 mg/ m3, pour le niveau
intermédiaire, 200mg/ m3, et l'objectif final est de 100mg/
m3. On dit que toute ancienne industrie devrait se conformer
à ces trois étapes, mais toute nouvelle industrie devrait
immédiatement avoir préparé son installation en fonction
de l'objection final qui est le dernier.
Est-ce que, plutôt qu'un règlement qui est très
général comme à l'article 11, une décomposition des
matières polluantes divisées selon leur degré pourrait
convenir mieux, puisque, en Colombie-Britannique, la troisième province
en importance au niveau de la quantité d'industries de votre domaine,
cela semble bien fonctionner? Est-ce que ça pourrait vous satisfaire
plus?
M. Dessureault: En fait, je reconnais que c'est dans ce but qu'on
recommande de faire une étude approfondie pour en arriver à une
situation comme celle-là. Je vous réfère cependant
à une présentation qui doit être faite par GM demain
probablement. J'ai lu la présentation. Une partie technique de la
présentation faite par GM demain couvre un peu cet aspect. Vous pourriez
peut-être lui poser la question. Il y a aussi l'Association
québécoise des industries pétrolières qui
étudie l'aspect de la question de cette façon.
Je vous demanderais d'adresser la question à ces deux organismes.
De notre côté, nous retenons la question et nous nous proposons de
faire une démarche auprès de nos représentants de
Colombie-Britannique pour avoir l'information et les commentaires de
l'Association des fabricants de peinture du Canada là-dessus. Nous
transmettrons à la commission, avec votre permission, cette information
de notre part.
M. Léger: Je vous remercie.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Autres questions des
membres de la commission? Le ministre.
M. Goldbloom: M. le Président, justement, je pense que
nous avons devant nous un excellent exemple du genre de problèmes
auxquels nous faisons face, parce que l'article 11 est rédigé
d'une façon globale, générale et universelle, et quand on
commence à en examiner l'application dans une industrie
particulière, on constate que ce n'est pas si simple que ça. Il y
a une terrible tendance de la part de certaines personnes qui sont cela
leur
fait honneur particulièrement préoccupées
par la protection de l'environnement d'envisager toute la réglementation
comme étant en quelque sorte le onzième commandement: Tu ne
pollueras pas. Ce n'est pas si simple que cela. Malgré notre bonne
volonté de rédiger quelque chose qui serait d'application
générale, nous constatons, par des mémoires comme le
vôtre, qu'il y a effectivement des nuances que nous devons apporter.
Même si notre intention était de reproduire, en quelque
sorte, le règlement 66 de Los Angeles, en essayant de simplifier ce
texte et de produire quelque chose de concis et d'application
générale, nous nous sommes trouvés effectivement, et cela,
M. le Président, sans lobbying de la part de la compagnie ou de
l'association... C'est aujourd'hui que je prends connaissance du
mémoire.
Justement, notre réaction est que vous avez raison, en bonne
mesure; que nous devons refaire cet article pour le nuancer quant à son
application, pour faire, par exemple, une distinction entre les solvants qui
sont photochimiquement réactifs et ceux qui ne le sont pas. C'est un
problème un peu particulier et nous croyons à première
vue, ayant lu votre mémoire aujourd'hui, que nous devons effectivement
nous pencher sur une distinction possible entre ces deux catégories de
solvants.
Deuxièmement, il nous faudra tenir compte, sur une base horaire
et journalière, de la quantité de peinture qui est
utilisée, soit dans la production, soit dans l'utilisation à
d'autres fins.
Nous croyons aussi que nous pourrons, par une application plus
nuancée d'un règlement dans ce domaine, avoir un effet encore
meilleur en ce qui concerne les odeurs qui constituent un problème que
nous connaissons.
Comme vous l'indiquez, il y a effectivement divers types d'hydrocarbures
et nous devrions faire une ventilation de la composition des peintures pour
tenir compte, en plus de détails, de ces différences qui
existent.
M. le Président, je pense que c'est exactement par des
contributions détaillées de cette nature, de la part de gens qui
vivent les problèmes quotidiens de l'industrie en question, que nous
pouvons constater que, dans certains cas, sans affaiblir notre mesure
générale de protection de l'environnement, nous pouvons quand
même permettre à des gens de fonctionner sans être dans
l'illégalité et progresser vers une amélioration
raisonnable qui respecterait l'intérêt du bien commun.
M. le Président, je pense que c'est dans cet esprit que nous
avons convoqué la commission parlementaire et que nous avons
invité tous les intéressés à venir s'exprimer
devant nous. Je peux vous indiquer que nous allons reprendre l'article 11 et le
refaire de façon à tenir compte des nuances qui sont, à
certains égards, plus que des nuances, mais des différences
réelles entre les genres de substances que nous pouvons appeler tout
simplement peintures et les soumettre à des exigences très
précises.
M. le Président, pour ma part, je remercie les
représentants de l'association canadienne pour leur
présentation.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, je voudrais simplement
dire que de la façon dont l'article 11 est présenté,
même Picasso aurait peut-être été pris dans ce
problème, parce qu'il faisait lui-même son mélange de
peinture.
Pour répondre à la boutade du ministre qui disait que ceux
qui veulent protéger l'environnement n'ont qu'un seul commandement: Tu
ne pollueras point, il faut quand même admettre que la loi de
Yahvé était simple. Ce sont les églises qui ont
compliqué les péchés et les ont rendus plus
sophistiqués. Il faut toujours partir d'un point simple. Si on veut
trouver des solutions, il faut partir d'un principe qui est simple. Je pense
qu'il est normal de penser qu'au départ, il ne faut pas polluer. Il
faut, le plus possible, trouver les méthodes pour arrêter cette
pollution.
Je pense que si le ministre se penchait un peu sur ce que j'ai
présenté tout à l'heure, la réglementation de la
Colombie-Britannique, qui décompose les matières
polluantesje pense que l'EPA, l'Environnement Protection Agency des
Etats-Unis a la même méthode si le ministère se
penchait sur cette solution, peut-être que ce serait une solution
acceptable, comme ce l'est pour les compagnies qui la vivent actuellement en
Colombie-Britannique, entre autres.
M. Goldbloom: M. le Président, c'est toujours dangereux de
parler de péché. Ceux qui font preuve de la plus grande expertise
s'attirent des soupçons.
M. Léger: D'abord que vous n'êtes pas près de
trop de pierres.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Merci, messieurs!
J'invite immédiatement les représentants de l'Association des
mines de métaux du Québec Inc.
Association des mines de métaux du
Québec Inc
M. Drouin (Claude): M. le Président, j'aimerais me
présenter d'abord. Je suis Claude Drouin. Je suis le directeur des
services techniques pour l'Association des mines de métaux du
Québec et mon collègue est M. Alex Balogh, qui est directeur des
opérations métallurgiques pour le groupe No-randa et
président de Canadian Electrolytic Zinc du Canada, à Valleyfield,
membre de notre association.
Nous n'entrerons pas dans les détails du règlement. Nous
voulons simplement poser quelques points beaucoup plus à
caractère philosophique qu'à caractère spécifique.
D'ailleurs, vous avez le mémoire. Je crois qu'avec ce mémoire
vous pourrez certainement prendre connaissance des points
spécifiques.
Le projet de règlement relatif à la qualité de
l'atmosphère publié dans la Gazette officielle le 30
décembre 1975 comporte de nombreux change-
merits comparativement à la prépublication d'octobre 1973.
Dans la plupart des cas, les exigences sont moins sévères que
dans la première rédaction rendue publique. Nous avons
noté particulièrement que les normes d'émissions sont
moins restrictives, que les restrictions sur la qualité des combustibles
sont généralement plus acceptables, que la réglementation
au sujet des odeurs est maintenant limitée à des problèmes
très spécifiques. Cela ne veut pas dire pourtant que ce soit
nécessairement plus permissible.
Bien que les entreprises minières espèrent pouvoir exercer
leurs activités à l'intérieur des limites du
règlement, il y a encore des problèmes majeurs
créés par le projet de règlement et nous devons alors
présenter des divergences d'opinions sur plusieurs points.
J'aimerais en profiter pour faire une parenthèse pour parler du
processus d'échange d'informations avec le gouvernement à ce
sujet, processus qui, aux yeux de certains, peut paraître un peu long.
J'aimerais faire remarquer que, dès le début du lancement des
projets de règlement sur l'environnement, les entreprises
minières se sont immédiatement mises à la tâche,
c'est-à-dire qu'elles ont plutôt accéléré la
tâche car nous avons fait un relevé de la qualité de
l'environnement et des travaux de l'environnement effectués par
l'industrie minière. Nous avons d'ailleurs démontré dans
notre publication de 1972 où cela en était. Nous ne croyons pas
que ce processus de consultation soit un ralentissement qui soit vraiment
onéreux car le simple fait de lancer un projet de règlement a
pour effet de mettre la machine de contrôle en marche
immédiatement.
Les problèmes majeurs que nous voulons souligner sont en fait en
trois points. Il existe réellement des lacunes en technologie et, en
vertu de cette réalité, l'industrie sera incapable de vivre
à l'intérieur des exigences du règlement. Par exemple, la
précipitation électrostatique ne donne pas les résultats
escomptés pour la récupération des particules d'oxydes
métalliques à cause des problèmes de
résistivité électrique et de plusieurs autres variables
encore indéfinies. Il y a de nombreux problèmes
technico-économiques qui entourent la récupération de
l'anhydride sulfureux. La prévention des émissions diffuses
provenant des tas de matériaux est extrêmement complexe. Nous
croyons qu'au moins, dans ces trois conditions, nous serons dans
l'incapacité de répondre aux demandes du règlement.
Deuxièmement, la technologie, à un moment donné,
peut paraître comme étant disponible en certains cas, mais les
coûts sont prohibitifs. De plus, les conditions actuelles du
marché et de l'inflation viennent alourdir la barrière
économique qui s'oppose à la mise en place de projets de
contrôle ou d'essais de contrôle de grande envergure.
Par exemple, nous avons des projets qui ont été mis au
rancart il y a deux ans à cause d'une concurrence interprovinciale;
d'autres projets ont aussi été mis au rancart à cause de
la viabilité des entreprises.
Dans l'industrie secondaire ceci, il est très important de
le souligner les coûts de production sont transférés
aux clients. Dans le cas des mines, le marché international fixe le prix
des métaux. Les coûts de production doivent simplement être
inférieurs au prix du marché si on veut assurer la subsistance.
Il faudra regarder l'évolution des événements à
court terme, peut-être, dans la vie des mines d'or, par exemple,
aujourd'hui.
Troisièmement, la régulation des émissions devrait
être basée sur la nécessité démontrée
par la qualité de l'air ambiant et non strictement sur des normes
d'émissions correspondant aux conditions idéales de technologie.
Le principe revendiqué par toutes les industries est celui de la
régionalisation. Les normes d'émissions doivent varier d'un
milieu à l'autre en fonction de la capacité d'absorption du
milieu ambiant. Nous croyons que tout contrôle excessif est un gaspillage
qui n'est pas à l'avantage de la société
québécoise. L'exemple des carburants est frappant. Dans un milieu
où la densité de population est élevée, où
la densité d'activité industrielle est élevé, il
est évident qu'on ne peut pas se permettre la même qualité
de carburants que dans les milieux où l'activité industrielle est
isolée, où les chances d'atteindre les concentrations ambiantes
sont défavorables.
D'ailleurs, récemment, le Sénat américain
soumettait trois amendements au "Clean Air Act". Ces amendements exigeraient de
la Commission nationale sur la qualité de l'air qu'elle étudie
les impacts économiques, technologiques et d'environnement de
l'implantation de programmes dans les régions où la
qualité de l'air ambiant répond déjà aux normes
prévues. Cette annonce est une indication claire que l'on réalise
aux Etats-Unis qu'il n'est pas logique d'avoir des normes d'émissions
égales partout, sans considérer la qualité du milieu
ambiant. La régionalisation comporte des difficultés pour le
législateur, il est vrai, mais l'économique doit avoir
prépondérance dans ce cas. D'ailleurs, le Conseil consultatif de
l'environnement va endosser le principe de la régionalisation. Il est
important de parler maintenant un petit peu du principe de la meilleure
technologie. Pardon?
M. Léger: Est-ce que vous faites référence
au rapport du Conseil consultatif de l'environnement?
M. Drouin: Oui, monsieur,
M. Léger: Avec le président, M. Piché.
M. Drouin: Non, le président, maintenant, est le Dr
Bundock.
M. Piché est vice-président.
Je suis d'ailleurs membre du Conseil consultatif de l'environnement.
M. Léger: D'accord.
M. Drouin: Les normes d'émissions atmosphériques
proposées par le Québec supposent que
chaque activité industrielle sera dotée d'un meilleur
système de traitement de l'air, et, en plus, que ces systèmes
fonctionneront avec un maximum d'efficacité. Cet objectif est
véritablement désirable, mais il faut se poser trois questions:
Est-il toujours nécessaire? Est-il toujours technologiquement possible?
Est-il toujours économiquement réaliste?
Au point de vue de la nécessité, certaines
opérations sont effectuées en milieu isolé. Il n'y a pas
de population exposée aux émissions. La qualité des
émissions est physiquement et chimiquement la même que celle du
sous-sol ambiant. Dans ces milieux, le traitement des effluents gazeux par
précipitation dynamique ou par collection en milieu humide peut
être satisfaisant. Je pense, particulièrement, aux ateliers de
broyage dans les mines où, strictement, on fait de la concentration
physique. Dans ces endroits, l'émission n'est certainement pas mauvaise
lorsque le traitement des gaz se fait par précipitation dynamique ou
collection en milieu humide. Toutefois, lorsque la population environnante est
sujette à l'influence directe des émissions
atmosphériques, il faut utiliser des méthodes plus efficaces,
comme la filtration, la précipitation électrostatique, les
récupérateurs humides du type Venturi.
Alors, la notion de meilleure technologie devrait correspondre à
celle des exigences du milieu ambiant, ainsi qu'à l'étendue du
territoire susceptible d'être affecté par l'émission.
Possibilités technologiques. Les équipements de traitement
de l'air sont loin de donner le rendement promis par les vendeurs. Les
théories de fonctionnement de ces appareils sont encore empiriques. Les
variables d'opération sont extrêmement nombreuses. Leur
flexibilité d'adaptation aux différentes opérations
industrielles est relative. Il nous semble que, lorsqu'un opérateur a
mis en place un équipement considéré comme étant de
haute efficacité, même si le rendement ne correspond pas aux
normes d'émissions, l'opérateur doit être
considéré comme ayant satisfait à l'esprit de la loi,
surtout si la population n'est pas exposée à une qualité
d'air ambiant inacceptable. Nous avons des quantités
considérables de dossiers où, justement, le rendement est loin
d'être égal à la promesse des vendeurs.
Le facteur économique. Les systèmes d'épuration
d'air qu'on retrouve dans l'industrie donnent un certain rendement, mais si on
veut améliorer leur efficacité de collection, il faut augmenter
considérablement les coûts pour n'obtenir en fait qu'une
augmentation à peine significative.
En fait, quand on regarde les équations qui ont été
présentées par le ministère dans les différentes
sections des normes d'émission, on s'aperçoit qu'on vise toujours
vers les 99% de collection, sinon plus en général. Si on regarde
le tableau que vous avez au bas de la page 5, vous voyez, par exemple, que, si
on travaille avec un "Venturi scrubber", avec une efficacité de 97%, par
exemple, on a un coût qui est de l'ordre de $60 000 pour tel genre
d'usine. A la même usine, pour obtenir une amélioration de 2%, on
en est rendu à un coût de $140 000. Cette différence de
prix est tout de même très forte par rapport à
l'amélioration de la qualité de l'environnement qui en
découle.
Nous proposons que le ministère considère un programme en
deux étapes au niveau des émissions. Premièrement, nous
disons que le ministère pourrait proposer des normes d'émissions
plus tolérantes, mais sans être permissives; il pourrait y
adhérer rigoureusement.
Deuxièmement, le ministère pourrait proposer les normes
contenues dans le présent règlement comme objectifs, ce qui
aurait pour effet d'amener l'implantation graduelle de la meilleure technologie
plutôt que subitement.
D'ailleurs, ce genre d'approche rendrait certainement les communications
beaucoup plus efficaces entre l'industrie et le gouvernement. De toute
façon, le ministère pourra toujours réviser sa position et
modifier son règlement par arrêté en conseil au moment
opportun.
L'industrie doit améliorer tous les aspects de l'environnement et
il est impensable pour elle de rectifier, d'améliorer ou d'implanter
tous les dispositifs et programmes désirables d'un seul coup. Qu'on le
veuille ou non, les budgets vont obliger les entrepreneurs à faire des
choix de priorités et ils ne permettront pas de satisfaire à tous
les échéanciers simultanément.
Nous insistons pour qu'il soit clairement compris que nous ne
recherchons pas des formules pour perpétuer les problèmes de
pollution atmosphérique reliés à l'industrie
minière, mais plutôt une extension des échéanciers
de façon à distribuer les coûts sur une période plus
longue et la possibilité de vivre à l'intérieur des
limites fixées par les règlements.
Il nous semble opportun, ici, de citer dans sa langue originale,
l'argumentation d'un groupe d'experts de l'Organisation pour la
coopération et le développement économique (OCDE). Notre
façon de concevoir les problèmes d'environnement coïncide
assez bien avec celle de ce groupe international. "The main recommendations
contained in our paper can be summarized as follows: - Environmental control
policies should be established on the basis of practical and attainable
regulations. Such regulations must consider ecological, economic and technical
factors and be related to agreed ambient criteria for public health and social
requirements. -Implementation of control measures should be established on the
basis of utilizing the most effective means to adequately meet and maintain the
requirements as stipulated in the regulations. Excessive demands beyond the
requirements of the regulations are a wasteful misuse of valuable material and
financial resources. -Implementation of control measures necessary regulations
requiring 'best practical means' should be discussed by the control authorities
and industry so there is clear understanding as to limitation on emissions and
the time period for which such control measures will remain valid".
Un petit mot sur l'impact économique.
Le rôle du ministère de l'Environnement est
évidemment d'énoncer des politiques et d'implan-
ter des règlements dans les buts d'améliorer, de
protéger ou de conserver les valeurs de l'environnement. Or, toutes ces
actions gouvernementales peuvent être très coûteuses aux
contribuables et nous déplorons le fait qu'aucune étude d'impact
économique ne précède ou n'accompagne la
préparation et la publication des règlements.
Des contraintes économiques importantes existent actuellement
dans notre industrie et nous espérons qu'elles seront dûment
considérées lors de l'acceptation du règlement sur la
qualité de l'atmosphère.
En page 9, nous parlons d'échéancier. Je crois qu'il est
important de dire qu'il s'agit là de notre plus importante
recommandation, à notre point de vue.
Le projet de règlement fixe des dates d'échéance
uniformément applicables à toutes les industries d'une même
catégorie, quelles que soient les particularités
spécifiques. Il semblerait souhaitable que le service de l'environnement
considère les problèmes de chacune des installations et, sur
demande, il pourrait convenir d'un calendrier spécial d'application et
s'entendre avec les opérateurs sur un mode d'opération de
manière à faire face aux besoins économiques,
technologiques et de l'environnement. A cette fin, il y aurait lieu de
prévoir dans le règlement une formule pour autoriser des
délais aux entrepreneurs lorsqu'il est prouvé que
l'échéancier réglementaire est impossible à
respecter et que l'environnement n'en subit pas de graves
préjudices.
Il sera indispensable pour l'industrie minière de pouvoir
discuter d'un échéancier plus convenable afin de se conformer aux
exigences des sections VI, XX, XXI et XXIII.
Cet échéancier doit pouvoir se discuter directement entre
une entreprise et le directeur.
Peut-être une courte remarque ici sur les
références. Nous parlons de l'échelle Ringelmann. Nous
parlons de l'usage des formules mathématiques de San Francisco et de Los
Angeles. Nous parlons des qualités d'air ambiant.
Je crois qu'on peut simplement résumer tout cela en disant qu'il
est peut-être un peu dangereux d'importer un peu trop facilement des
formules approuvées dans un milieu et qui ne s'appliquent pas
nécessairement littéralement à notre environnement et
à notre milieu, c'est-à-dire qu'il faut une
régionalisation, principalement au niveau des normes d'émission
et il n'est pas impensable d'en considérer la possibilité au
niveau de l'air ambiant.
Et c'est d'ailleurs une étude qui vient d'être
publiée, au mois de mai 1976, par le Bureau Domestic Commerce, aux
Etats-Unis.
En conclusion finale, messieurs, nous disons qu'il faut donner à
l'industrie minière la possibilité de vivre dans la
légalité et, également, tout en la gardant sous une
pression rationnelle, l'amener à améliorer continuellement le
respect des valeurs de l'environnement.
Quant aux détails, je crois que vous pourrez vous y
référer en temps et lieu.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Merci. Le ministre des
Affaires municipales.
M. Goldbloom: M. Drouin, la thèse de votre mémoire
est que les normes devraient être des normes d'air ambiant surtout. C'est
une recommandation que vous formulez à plusieurs endroits dans le
document.
J'aimerais vous demander à quelle échelle, parce qu'il y a
l'échelle absolument locale autour de l'industrie. Il y a
l'échelle de la province. Il y a l'échelle mondiale aussi. Alors,
quand on regarde certaines substances qui s'accumulent dans l'atmosphère
globale, on doit se préoccuper de l'équilibre entre ce qui est
émis par la terre toute entière, par le globe vers
l'atmosphère et ce qui lui revient par la suite.
Avez-vous analysé le problème en ces termes en ce qui
concerne les émissions de l'industrie minière?
M. Drouin: Nous en sommes au niveau du degré de
concentration d'urbanisation, principalement, par exemple, nous
considérons que, sur le plan global, des grandes municipalités,
des grandes villes comme Montréal et Québec,
Trois-Rivières et peut-être Sherbrooke ont des caractères
qui sont plus communs que, par exemple, la ville de Val-d'Or ou encore de
Chibougamau. Les mêmes normes ne peuvent être les mêmes
à San Francisco qu'à Chibougamau. C'est un peu ce genre de
principe qu'on accepte mal.
M. Goldbloom: C'est essentiellement ce que nous avons reconnu en
acceptant...
M. Drouin: Dans le domaine du carburant, vous l'avez fait.
M. Goldbloom: Oui, et en ce qui concerne la Communauté
urbaine de Montréal qui a des problèmes particuliers. J'ai
remarqué aussi votre recommandation à l'effet que si une
compagnie investit dans de l'équipement antipollution et que cet
équipement, selon les données que l'on peut obtenir a son sujet,
devrait fournir les résultats escomptés, les résultats
indiqués dans la littérature commerciale etc., que si, par la
suite, les résultats laissent à désirer,
l'opérateur, en vertu de sa bonne foi, devrait être
considéré comme ayant satisfait à l'esprit de la loi.
Vous reconnaîtrez avec moi que, sur le plan de la
responsabilité, s'il faut chercher à poursuivre quelqu'un, s'il
faut chercher des recours, on peut dire: Moi, j'ai agi de bonne foi, j'ai
commandé de l'équipement qui aurait dû fournir les
résultats escomptés et ce n'est pas ma faute; c'est un autre qui
devrait être poursuivi et condamné. Je reconnais cela, mais
entre-temps l'environnement n'est pas davantage protégé.
M. Drouin: M. le Président, ce n'est pas exactement dans
ce concept que nous avons regardé cette suggestion. Supposons que nous
installons un équipement qui, d'après les vendeurs, va nous
permettre une récupération de l'ordre de 95% ou de 90% des
particules ou de 80% des gaz. Une fois en application, au lieu des 95%, tel
qu'on s'y attendait et qui auraient pu représenter une effica-
cité acceptable, on s'aperçoit qu'avec cet
équipement on a 85%. C'est dans cette proportion. Je ne parle pas d'une
marge absolue, mais d'une espèce de limite de tolérance entre la
marge escomptée et la marge que l'on atteint. Ici au Québec,
dernièrement, nous avons installé des précipitateurs
électrostatiques. On s'attendait à des résultats garantis
d'au-dessus de 90%, 92% d'efficacité. On les fait marcher et on
s'aperçoit qu'on a à peine 80%. On peut aller à peine plus
loin que cela dans la modernisation de l'équipement pour le moment,
parce qu'il faut disperser les fonds, les énergies suivant d'autres
activités qui sont importantes au point de vue de l'environnement. Il
nous semble que ceci devrait permettre d'établir des priorités,
à un moment donné Sans fermer le processus au complet et dire:
C'est complètement éliminé, il semble qu'il y aurait moyen
de dire: On a fait ce qu'il y avait de mieux à faire pour le moment. On
peut concentrer nos efforts, nos énergies dans un autre domaine
actuellement.
M. Balogh (Alex): Un autre exemple, peut-être, M. le
Président, l'exemple de Gaspé Copper où on a
installé un système pas mal fort pour fixer l'acide sulfurique.
On s'attendait à fixer à peu près 80% du soufre qui
était dégagé avant et nous ne trouvons que 65% à
70%, c'est le plus que nous pouvons faire, avec une dépense pas mal
forte, d'à peu près $15 millions à $20 millions.
M. Goldbloom: Et ces 60% à 70% représentent combien
de tonnes d'acide sulfurique par jour, par exemple?
M. Balogh: Cela représente 1000 tonnes par jour presque et
c'est de l'acide qu'on met sur le marché avec une perte d'argent.
M. Goldbloom: Et, effectivement, l'engagement que vous avez
donné en créant cette installation additionnelle était de
fixer 930 tonnes par jour.
M. Balogh: A peu près, oui.
M. Goldbloom: Donc, vous atteignez cet objectif qui a
été fixé dans le programme pour cette usine, mais le
pourcentage d'émission est moindre que prévu.
M. Balogh: C'est cela. Et on vend l'acide avec une perte.
M. Goldbloom: M. Drouin, je vous reviens avec une dernière
question. Vers la fin de votre représentation, vous avez formulé
une recommandation assez précise. Dans chaque cas où un
problème peut se présenter, on devrait avoir une discussion entre
l'entreprise et les services de protection de l'environnement. Vous ne craignez
pas de passer pour un lobby?
M. Drouin: Pardon?
M. Goldbloom: Vous ne craignez pas de passer pour un lobby
industriel?
M. Drouin: C'est peut-être déjà fait. Je
crois que là-dessus, M. le Président, il y a des
échéanciers, malgré tout. Il est difficile de
généraliser une formule d'une usine à l'autre. Les gens de
la peinture qui sont passés ici avant nous ont tout de même
démontré que la formule générale est
extrêmement difficile d'application universelle. Qu'on le veuille ou non,
chaque cas devient toujours un peu un cas spécifique.
On demande de limiter au règlement les normes précises,
mais, malgré tout, le directeur devrait pouvoir établir des
échéanciers en fonction d'une condition particulière, pas
comme règle générale, mais comme condition
particulière.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Le député
de Lafontaine.
M. Léger: Au début de votre mémoire, M.
Drouin, vous dites que le projet de règlement relatif à la
qualité de l'atmosphère publié le 30 décembre 1975
comporte de nombreux changements comparativement à la
prépublication d'octobre 1973. Vous trouvez que les exigences sont moins
sévères maintenant que dans la première rédaction.
Vous avez noté particulièrement que les normes d'émissions
sont moins restrictives, que les restrictions sur la qualité des
combustibles sont en général plus acceptables. Est-ce que vous
avez présenté, depuis le début de 1973 à 1975, des
recommandations qui ont été acceptées ou d'autres qui
n'ont pas été acceptées par le service de
l'environnement?
M. Drouin: Quelques-unes de ces conditions ont été
acceptées, mais l'Association des mines était peut-être une
parmi les 90 organisations qui ont présenté des mémoires.
M. Roy avait, d'ailleurs, tenu une réunion au Holiday Inn, à
Montréal, le mois de mai suivant, faisant état de la somme des
recommandations qu'il avait eues. L'argumentation principale où il y a
eu un gain et qui est très minime dans le rapport ici, on le
considère comme étant minime c'est dans les normes
d'émission. Les normes d'émissions sont basées sur des
équations de San Francisco Bay, du "bay area", et sont basées sur
des petites unités. Ceux qui ont calculé ces équations de
régression, IOCOM en particulier, ont bien démontré que
ceci s'appliquait pour des petites entreprises où il n'y avait pas de
grosses entreprises minérales. On n'avait pas tenu compte de ces
choses.
Aujourd'hui, dans les nouvelles équations, on multiplie ces
normes d'émissions par deux. Même à ça, ce n'est pas
suffisant, quand on sait à l'avance ce qu'on peut obtenir des
équipements que nous avons actuellement dans les grandes entreprises.
Dans les petites organisations, ils ont plus de succès, mais, dans les
grosses, ça ne s'équilibre pas, parce que la capacité de
récupération des appareils nettoyeurs n'est pas
nécessairement exponentielle; elle est arithmétique,
peut-être pas linéairement, mais certainement pas un
exponentielle.
M. Léger: A la suite de vos représentations
auprès du ministère de l'environnement, vous avez
eu satisfaction sur certains points, mais il y a encore des points
où vous n'êtes pas satisfaits dans cette
réglementation.
M. Drouin: Les points que nous avons acceptés avec
satisfaction sont décrits au premier paragraphe du mémoire.
M. Léger: D'accord. C'est parce que le ministre me disait
tantôt qu'il était surpris que j'aie en main un exemplaire du
règlement d'octobre 1973.
M. Goldbloom: Je ne suis pas surpris.
M. Léger: C'est parce que ce document a été
distribué auprès de différentes compagnies.
M. Goldbloom: Cela ne me surprend pas.
M. Léger: Ecoutez, ce projet avait été
distribué auprès de différents organismes ou
différentes compagnies qui seraient affectés par le projet de
réglementation. Je pense que c'est normal que l'Opposition soit au
courant d'un document qui a circulé auprès des compagnies qui
avaient des choses à dire sur ça.
Maintenant, je doute que les organismes qui s'intéressent
à la qualité de l'environnement, particulièrement SVP et
STOP, aient eu des documents comme cela que le ministère ait aussi leurs
propres commentaires sur ce projet de règlement.
C'est dans cet esprit que j'avais mentionné le fait que le
lobbying s'était fait auprès de gens à qui ont avait
demandé ce qu'ils pensaient de ces règlements pour obtenir, par
la suite, un nouveau règlement qui a été
présenté le 30 décembre 1975. C'est pour répondre
à l'allusion du ministre tantôt, concernant la question du
lobby.
M. Goldbloom: M. le Président, il ne s'agit pas ici de
trouver un équilibre entre ceux avec les chapeaux blancs qui sont les
péquistes et les fanatiques de la protection de l'environnement, et ceux
avec les chapeaux noirs qui sont les industriels et le gouvernement qui est
à leur remorque. Ce n'est pas si simple que ça. C'est un
problème scientifique et c'est un problème technologique. Il faut
trouver la réalité de ce que l'on peut faire. Avant de coucher
sur papier des exigences, il faut reconnaître qu'en ce faisant on place
des gens dans l'illégalité, on les traduit devant les tribunaux
s'ils ne respectent pas ce qui est placé sur papier.
Si on prend cette responsabilité, il faut être certain de
ne pas placer injustement des gens dans l'illégalité à
cause de l'impossibilité de se conformer aux conditions techniques des
normes que l'on veut établir.
M. le Président, ce n'est pas une question sentimentale et ce
n'est pas une question politique. C'est une question professionnelle et
scientifique et technologique. C'est ce que nous essayons de
résoudre.
Quand nous arrivons avec la bonne idée de vouloir protéger
l'environnement au maximum, tel doit être notre objectif, en
édictant un règlement qui va jusqu'au bout.
Et quand nous constatons que, malgré notre désir d'aller
jusqu'au bout, nous avons omis de tenir compte de certains
éléments de procédés industriels, peut-être
par rapport au volume de production, peut-être par rapport à une
variété de substances que nous avons classées sous une
seule tête de chapitre, à ce moment-là il faut faire des
ajustements. Faire des ajustements, ce n'est pas capituler devant des
intérêts; en l'occurrence, c'est reconnaître une
réalité scientifique et technologique.
M. Léger: Le ministre peut quand même admettre que
c'est une question politique au niveau du choix final définitif sur le
projet de règlement. Autrement, on ne se parle pas. On ne parle pas de
la même chose.
M. Godlbloom: M. le Président, dans une certaine mesure
et cette mesure est économique j'en ai parlé dans
le début de nos discussion, j'ai indiqué il y a au moins
un des témoins qui l'a souligné dans sa présentation
qu'on peut se rendre assez facilement, sans des dépenses
extraordinaires, jusqu'à 80%, 90%, peut-être 95%
d'amélioration. Mais on peut se trouver devant une situation où
les derniers 5% vont coûter même plus cher que les premiers 95%.
Là il y a des choix à faire; il y a toute une économie qui
est en jeu. Et il y a une responsabilité globale qui est celle, non
seulement d'un gouvernement qui peut être au pouvoir à un moment
donné, mais d'une société québécoise qui
doit vivre. C'est là où il faut faire des choix.
Dans ce sens, oui, il y a des choix politiques à faire. Mais cela
commence par des choix d'ordre professionnel, scientifique et technologique; on
commence par cela. Ce n'est qu'après avoir examiné tout cela
qu'on peut peut-être se laisser convaincre par des arguments d'ordre
économique que le coût serait trop élevé.
Si l'on réduit tout cela à une simple question de
coût et que l'on dit: Le gouvernement n'a pas voulu forcer les compagnies
à payer plus parce que les compagnies sont chères au gouvernement
et, si l'on force trop, cela va créer des remous qui vont se faire
sentir sur le plan politique, M. le Président, c'est une caricature de
la réalité. La réalité, c'est que nous devons tous
vivre ensemble. Un élément important de l'économie
québécoise, c'est l'industrie et l'industrie doit être en
mesure de continuer de fonctionner, souvent dans un marché international
où la concurrence est forte. Nous devons tenir compte de toutes ces
choses-là.
Mais, en rédigeant un projet de règlement, on commence par
un objectif. On fixe cet objectif et on rédige le règlement en
vertu de cet objectif. Par la suite, parce qu'on n'est pas omniscient, on se
trouve face à des complications techniques que l'on doit
résoudre. Devant ces complications, on doit, dans certains cas, modifier
les exigences.
J'ai donné l'exemple de l'article 11 où nous avons reconnu
la validité des arguments qui viennent d'être
présentés aujourd'hui même. M. le Président, il faut
être un peu logique et un peu
conséquent avec soi-même et arriver à la conclusion
qu'il y a beaucoup plus qu'une question politique et beaucoup plus qu'une
question d'influence sur un gouvernement, parce que ce n'est pas cela du
tout.
M. Léger: M. le Président, le ministre admettra
quand même que, lorsque le gouvernement établit ses lois
d'impôt, il ne va pas consulter les compagnies pour connaître leur
opinion là-dessus. C'est parce qu'au niveau de la qualité de
l'environnement, c'est sûr que cela va coûter de l'argent aux
compagnies pour accepter des normes qui sont nécessaires pour la
qualité de l'environnement. C'est une sorte de taxation qui ne vient pas
nécessairement comme une loi d'impôt, mais c'est quand même
un coût qu'une compagnie doit payer pour avoir un rôle social; trop
souvent, elle l'ignore.
Mais, si on regarde à la page 3 du mémoire, il est dit,
à la fin, concernant les normes d'émission, qu'elles ne peuvent
pas être égales partout, sans considérer la qualité
du milieu ambiant.,
A la fin, M. Drouin, vous dites: La régionalisation comporte des
difficultés pour le législateur. Autrement dit, cela ne devrait
pas être les mêmes normes dans tous les milieux à cause des
différences de milieux. Et vous ajoutez: Mais l'économique doit
avoir prépondérance dans ce cas.
Que voulez-vous dire par l'économique prépondérante
dans ce cas?
M. Drouin: Cela veut dire qu'on n'adopte pas des lois seulement
dans le but de les rendre faciles d'application. Il faut qu'avant tout ces lois
soient conformes à une certaine réalité. On n'adopte pas
une loi seulement parce que ce sera facile de l'appliquer. Par exemple, on
pourrait faire une loi en étant...
M. Léger: Que voulez-vous dire par régionalisation.
Compte tenu qu'il n'y a pratiquement pas de mines dans les villes, sauf
peut-être à Asbestos ou Chibougamau, où les villes sont
quasiment la propriété des compagnies? Habituellement, les mines
ne sont pas à l'intérieur des municipalités. Que
voulez-vous dire par régionalisation à ce moment?
M. Drouin: Je pense en particulier au problème des
carburants. Vous allez dans une région comme Sept-lles par exemple. Si
à Sept-lles on emploie des carburants à 3% de souffre, les
chances de varier ou même de modifier la qualité de
l'environnement au point de vue du soufre dans cet environnement sont
absolument nulles, parce que la masse de dispersion dans l'atmosphère
est telle qu'il n'y a pas de problème. Pourquoi forcer l'entrepreneur
à dépenser $2 millions de plus par année pour le simple
fait de se conformer à une règle? Je pense par exemple à
nos ateliers de broyage dans les mines de Chibougamau, par exemple. Il n'y a
rien là-dedans pour les ouvriers. Mais chaque mine, naturellement, a un
atelier de broyage et de concassage. Ces opérations font de la
poussière.
Au point de vue de la santé des travailleurs, on veut sortir le
maximum de poussières à l'extérieur. Or, quand on
travaille à Chibougamau, à Mata3 gami ou encore
à Val-d'Or, qu'on travaille avec des températures à
l'extérieur de moins 20 et de moins 30 en hiver, les BTU sortent
à la pelletée à l'extérieur. On essaie, dans ce
cas, de réduire les pressions, les demandes d'énergie au minimum
pour les systèmes que l'on fait. Pour cela, on va avoir de la
récupération de poussières qui offrent moins de
résistance.
Automatiquement la qualité de l'émission est moins bonne
que celle qu'on recommande à la section XXIII, mais cela devient un
gaspillage par exemple à Val-d'Or. La mine Lamaque ou mine Sigma par
exemple n'a pas besoin d'avoir un pré-cipitateur électrostatique
sur ces broyeurs ou encore des sacs filtrants. Cela devient un gaspillage,
parce que, finalement, il n'y a pas d'environnement à protéger
dans ce milieu. C'est très local; c'est un espace très restreint,
à l'intérieur de la propriété. C'est cela que nous
voulons dire.
M. Goldbloom: M. Drouin, ce n'est pas si simple que cela, je
m'excuse pour une seconde.
M. Léger: Allez-y, M. le ministre.
M. Goldbloom: Quand vous dites cela, cela peut être vrai
aujourd'hui, mais il y a une chose que je constate avec les importantes
industries, c'est que, quand nous déterminons un programme pour une
importante usine, la compagnie nous dit: Ecoutez, on est prêt à
faire les investissements nécessaires, mais nous voulons avoir une
certaine assurance qu'une fois que nous aurons fait ces investissements ils
seront bons pour une période raisonnable de temps, que vous ne
reviendrez pas, l'an prochain ou dans deux ans, pour nous demander des
investissements additionnels qui sont considérables.
Mais si, dans un tel contexte, on a des exigences qui sont moindres dans
une ville qui est un peu excentrique par rapport à la concentration
d'industries au Québec et si par la suite on veut amener deux autres
industries à la même ville qui ne sont pas de même nature
strictement, mais qui émettent les mêmes polluants, avec le
résultat qu'il y a trois sources là où il n'y en avait
qu'une seule auparavant, la première va nous dire: Ecoutez, nous avons
agi de bonne foi. Vous avez exigé de nous telle chose, nous l'avons
faite.
Vous nous avez dit que, pour un certain nombre d'années, vous ne
nous dérangeriez pas par rapport à des mesures additionnelles.
Entretemps, quand même, l'atmosphère pourra avoir souffert
considérablement à cause de l'arrivée d'autres industries.
Si l'on a des normes d'émissions qui limitent à un montant X la
production, l'évacuation vers l'atmosphère des polluants pour
toutes les usines, quelles qu'elles soient et où qu'elles soient
situées sur le territoire québécois, à ce moment,
on n'est pas pris dans des problèmes de cette nature.
M. Léger: M. le Président, il y a aussi le fait que
ce n'est pas uniquement pour la protection
des êtres humains qu'on parle de la protection de l'environnement.
Il y a aussi la protection de la faune et de la flore qui est importante aussi.
Quel que soit l'endroit au Québec, peut-être qu'il n'y a pas
beaucoup de gens qui peuvent demeurer dans une région
résidentielle particulière, il peut y avoir beaucoup d'animaux,
de flore, ce qui fait que ce sont les individus qui vont manger ces produits
qui vont en subir les conséquences.
Si je regarde à la page 6 de votre mémoire, vous dites
que, parmi les propositions, nous proposons des normes d'émissions plus
tolérantes sans être permissives. Là, on pourrait y
adhérer rigoureusement. Si on fait l'historique un peu de l'attitude des
compagnies, spécialement des compagnies de mines, si on regarde
l'attitude qu'elles ont eue pour la protection de l'environnement dans les
derniers cent ans, je pense bien que ce ne sont pas elles qui ont fait le plus
d'effort de ce côté. Quand on regarde les trois secteurs
d'industries qui polluent le plus, celui des pâtes et papiers, celui des
raffineries, celui des mines, je pense que les mines n'ont pas de record de
leadership jusqu'à maintenant au niveau de la qualité des mesures
pour la protection de l'environnement.
Si on sait aussi que, dans les mesures des équipements
antipollution, il n'y a pas d'impôt à payer là-dessus et
que, très souvent, cela amène une amélioration de la
technique du procédé même de réalisation de l'objet,
je pense qu'il devrait y avoir davantage un esprit de participation à
une réglementation sévère sur la qualité de
l'environnement. Je pense même qu'au niveau de la technologie, s'il n'y
avait pas une loi ou une réglementation sévère, on ne
ferait pas d'effort pour faire avancer la technologie, et même que la
technologie n'avancerait pas tellement, parce que, jusqu'à maintenant,
il n'y a pas eu beaucoup de règlements sévères pour la
qualité de l'environnement au niveau des mines. Cela n'a pas
amené beaucoup d'efforts de la part des compagnies minières
elles-mêmes à trouver des solutions pour protéger la
qualité de l'environnement, parce qu'ils se sont dit: II n'y a pas de
problème, il n'y a pas de loi qui nous empêche. On y va et cela va
nous coûter moins cher de production.
Je pense, personnellement, que le mémoire qui nous est
présenté démontre une préoccupation
économique de la situation, une préoccupation de coûts que
cela pourrait amener pour corriger une situation. Je suis très perplexe
sur la qualités des résultats si le gouvernement n'a pas une
réglementation sévère et, particulièrement, je
rajouterais aux pages 15 et 16, pour le ministre, où on parle justement
des normes de l'air ambiant. On n'a pas lu ce paragraphe, mais il est là
quand même dans le mémoire, où il est dit que les normes
d'air ambiant spécifient des valeurs pour les retombées de
poussières et les particules en suspension sans tenir compte des
différences spécifiques des trois espèces de particules,
ni de la position des postes d'échantillonnage.
A la page suivante, à la page 16, à l'air ambiant, on dit
encore: "II y aurait lieu de définir l'expression "air ambiant" dans ce
règlement. Il nous semble que cette définition doit exclure les
espaces situés au-dessus du territoire qui est à
l'intérieur des limites de la propriété de
l'entreprise".
C'est donc dire que ce n'est pas clair dans le projet de loi et qu'on
craint qu'on puisse aller là. Mais dans le règlement,
actuellement, je pense qu'il est bien important que ce soit bien
spécifié d'inclure les lieux d'échantillonnage, de
façon qu'on puisse réellement évaluer la qualité de
l'environnement et la qualité même des échantillonnages
qu'on va déceler dans le lieu même, à la sortie même
des matières polluantes.
M. le Président, c'est tout ce que j'avais à dire sur ce
mémoire. Je ne sais pas si le ministre a d'autre chose.
M. Goldbloom: M. le Président, tout simplement pour dire
qu'effectivement, si l'on parle de normes d'émissions, c'est à
l'endroit où l'émission se fait que l'on doit déterminer
les...
M. Léger: II n'y a aucune place dans le projet de
règlement où on parle d'émissions.
M. Goldbloom: Bon, M. le Président... M. Léger:
On parle d'échantillonnage.
M. Goldbloom: ...j'ai indiqué ce que ça veut dire.
Si, dans le texte, par rapport aux lois et règlements qui soutiennent ce
projet, ce n'est pas assez clair, nous allons le clarifier.
M. le Président, en remerciant les représentants de
l'association...
M. Roy: M. le Président...
M. Goldbloom: Oui, je m'excuse.
Le Président (M. Houde, Limoilou): L'honorable
député de Beauce-Sud.
M. Roy: ...j'aurais une question à poser. Vous avez
beaucoup parlé d'application régionale dans votre mémoire.
Est-ce que vous voulez dire par là que le règlement devrait
être un peu différent, qu'il devrait tenir compte de certaines
zones, de certains territoires à cause de la densité de
population ou à cause de l'absence de population dans des régions
données, afin qu'on exige moins des usines, moins des industries dans
des secteurs où il n'y a peu ou pas de population que dans des
régions urbaines fortement urbanisées?
Vous parliez tout à l'heure, par exemple, de la région de
l'amiante, de Thetford Mines ou Black Lake. C'est bien ça que j'ai
compris?
M. Drouin: C'est exactement ça que je veux dire, M. le
Président. Je pense, par exemple, que si vous avez une fonderie
prenons l'exemple d'une fonderie plutôt qu'une mine qui serait
située en plein milieu de Saint-Ours, elle n'a pas les mêmes
problèmes que celle qui serait située à cinq milles de
Saint-Ours, en pleine zone rurale. Les contraintes ne sont certainement pas les
mêmes dans ces cas.
Avec les mines, c'est la même chose. A Mata-garni, où la
ville est à huit milles les contraintes qu'il pourrait y avoir dans ce
milieu, au point de vue social, au point de vue de l'environnement, ne sont
certainement pas les mêmes que pour les mines qui sont situées en
plein centre de la ville, comme à Val-d'Or, par exemple. Ce ne sont pas
les mêmes contraintes. Cela tient compte de la densité de
population et du site...
En tout cas, ce que nous prévoyons principalement, ce sont des
normes d'émissions différentes en fonction de la situation
géographique et territoriale.
M. Roy: D'accord!
Une deuxième question: Si vous pouviez résumer
brièvement, parce que j'imagine que vous l'avez sûrement
étudié, le projet de règlement qui a été
publié ici par le Québec, comparativement, par exemple, avec ce
qui se fait dans l'Ontario, non pas que je veuille prendre l'Ontario à
titre d'exemple, mais on sait très bien que dans le domaine minier, si
on prend les Territoires du Nord-Ouest, si on prend le nord de l'Ontario, c'est
sensiblement la même chose... Est-ce que, par voie de comparaison, vous
êtes en mesure, aujourd'hui, de nous donner un peu de détails
là-dessus, de préciser? Est-ce que l'Ontario est plus
sévère, actuellement, que le Québec? Est-ce que l'Ontario
est moins sévère? Est-ce que vous avez des données
là-dessus?
M. Balogh: Quant aux critères pour l'air ambiant,
peut-être qu'on peut dire... Mais en Ontario, la loi n'est pas
rédigée exactement de la même manière. Il faut
souligner ici que les règlements aux Etats-Unis sont passablement moins
sévères que ceux qui sont proposés au Québec.
M. Roy: Quand vous parlez de règlement aux Etats-Unis,
vous parlez du règlement général?
M. Balogh: Le règlement aux Etats-Unis, celui de l'EPA,
est moins sévère que ceux proposés au Québec et de
beaucoup.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Merci, messieurs.
J'invite M. Irwin, de la compagnie Dominion Bridge. On a mentionné que
le représentant de cette dernière était ici.
M. Godlbloom: II serait peut-être bon de vérifier
si, parmi les diverses compagnies qui ont été appelées et
qui n'étaient pas présentes, il y a maintenant quelqu'un qui
voudrait parler en leur nom.
Le Président (M. Houde, Limoilou): Y a-t-il des
représentants de la compagnie Industries Abex Limitée, de la
Société d'électrolyse et de chimie Alcan, des Fonderies de
Sorel, d'Allied Chemical Canada Limitée?
M. le ministre, il n'y a pas d'autres représentants d'organismes
qui sont présents.
M. Goldbloom: II me fait plaisir de proposer l'ajournement des
travaux de la commission jusqu'à demain après-midi, 15
heures.
Le Président (M. Houde, Limoilou): La commission ajourne
ses travaux à demain 15 heures.
(Fin de la séance à 17 h 53)