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Commission permanente
des affaires municipales
et de l'environnement
Etude du projet de règlement relatif à
la qualité de l'atmosphère
Séance du mercredi 15 septembre 1976 (Quinze heures vingt-cinq
minutes)
M. Bédard (Chicoutimi, président de la commission
permanente des affaires municipales et de l'environnement): A l'ordre,
messieurs!
Avant de continuer les travaux de cette commission, je voudrais
souligner les changements suivants: M. Lachance (Mille-Iles) remplace M.
Chagnon (Lévis); M. Brown (Missisquoi) remplace M. Déziel
(Saint-François); M. Faucher (Nicolet) remplace M. Harvey
(Charlesbourg); M. Perreault (L'Assomption) remplace M. Pagé
(Portneuf).
J'inviterais comme premier organisme à se faire entendre, au
cours de cette séance, la Société canadienne des
métaux Reynolds représentée par M. H.W. Dejong,
vice-président exécutif et directeur général.
Remarques préliminaires
M. Goldbloom: M. le Président, si vous permettez que je
dise quelques mots avant le début de notre travail formel...
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Le ministre
des Affaires municipales.
M. Goldbloom: ... j'ai deux choses à signifier. D'abord,
il y a une entente, que j'ai indiquée hier, selon laquelle, cet
après-midi, nous aurons l'occasion d'examiner le problème
particulier de l'industrie des pâtes et papiers. Je tiens pour acquis
qu'il y a des représentants de cette industrie ici. Je n'ai certainement
pas d'objection à ce que l'on commence par la société
Reynolds, mais il faudra que nous laissions le temps nécessaire pour
l'industrie des pâtes et papiers si effectivement elle est
présente et je crois comprendre que oui. Je vous souligne cela, M. le
Président.
Deuxièmement, je suis informé, d'un côté
comme de l'autre de la table de la commission parlementaire, que nous ne serons
pas en mesure de siéger ce soir. Je tiens à en informer les
membres de la commission. Donc, il faudra que nous fassions diligence un peu,
sans escamoter les sujets, pour faire rapidement notre travail.
Une autre chose que je voudrais vous dire, M. le Président, c'est
qu'hier, au cours de nos discussions, nous avons examiné
l'identification de l'endroit où il faut prendre les
échantillonnages.
Dans le projet de règlement, il y a des références
à des documents standards qui sont notamment d'origine américaine
et qui sont d'application générale en Amérique du
Nord.
Or, M. le Président, je voudrais attirer votre attention vers un
document que vous n'avez pas présentement entre les mains mais dont je
pourrai faire faire des photocopies. C'est titré du Federal Register des
Etats-Unis, volume 39, numéro 47, vendredi, 8 mars 1974. Ce document
s'intitule Rules and Regulations et concerne les méthodes
d'échantillonnage. L'on trouve ici, à deux endroits
indiqués très clairement, et je cite: "Place the probe in the
stack" et une deuxième fois: "Place the probe in the stack".
M. le Président, il n'y a pas d'équivoque, c'est dans la
cheminée qu'il faut insérer l'instrument
d'échantillonnage.
Je prends une publication datée de septembre 1975 du Service de
la protection de l'environnement du ministère fédéral de
l'Environnement et intitulée Méthodes normalisées de
références, pour le contrôle à la source, dosage du
dioxyde de soufre émis par les sources fixes.
A la page 1, première ligne, on lit ce qui suit, et je cite: "On
prélève un échantillon de gaz en un point près du
centre de la cheminée".
M. Léger: M. le Président...
M. Goldbloom: Donc, M. le Président, je voulais simplement
établir que ce que nous indiquons dans notre projet de règlement
se réfère à ces documents et c'est clairement dans la
cheminée même que l'on prend des échantillons.
M. Léger: A quel paragraphe de l'article 66 se
réfère le ministre pour parler du Federal Register des
Etats-Unis? Est-ce que c'est à l'article 66f?
M. Goldbloom: L'article 66f, oui, mais le principe est
général.
M. Léger: Les autres paragraphes relèvent d'autres
Registers. Il y en a un qui est en date du 23 décembre 1971 pour le
paragraphe d), un autre de 1973 pour le paragraphe e) et le paragraphe f),
c'est pour celui que j'ai cité hier.
M. Goldbloom: M. le Président, nous nous sommes entendus
hier à l'effet que le but du gouvernement est de faire
l'échantillonnage là où se fait l'émission de
polluants possibles. Dans le cas que j'ai cité qui concerne directement
et précisément le paragraphe f), c'est explicité dans les
documents de base, de référence.
Si dans les autres cas il faut préciser parce que ce
détail ne se trouve pas dans le document de référence,
nous allons le faire.
M. Léger: M. le Président, c'est très
important je suis heureux que le ministre en décèle
l'importance et qu'il fasse la recherche voulue de savoir le lieu
où on va faire l'échantillonnage pour évaluer la
qualité de l'environnement basée sur des émissions qui
peuvent venir de différents endroits, d'une usine ou d'un milieu. Le
ministre peut-il me dire si, à chacune des références de
chaque paragraphe, a) à I), de l'article 66, il y a une identification
claire du lieu? Hier nous en avons pris un, nous autres, au hasard. On a pris
le paragraphe f) où il n'y avait pas d'indication de lieu.
Le ministre me parle d'une définition générale.
Est-ce que chacun des paragraphes nous démontre une
référence où il y a un lieu expressément
mentionné de façon qu'on n'ait plus ce problème de dire
que ce n'est pas...
M. Lachance: Les mêmes normes que l'Ontario.
M. Léger: C'est cela, ce sont les conditions...
M. Goldbloom: M. le Président, d'abord une réponse
générale, c'est oui. S'il n'y a pas je viens de le dire
de précisions quant à l'endroit de
l'échantillonnage, nous allons ajouter cette précision dans le
texte final du règlement. Mais, de plus en plus, en fouillant les
documents de base, je viens à la conclusion qu'effectivement, dans les
textes de référence, il y a une précision, il y a une
exigence. Je prends ici un autre texte qui m'a été remis, qui est
intitulé Standard Gaz Sampling Procedures for Organic Compounds in Vents
and Stacks. Les premiers mots sont les suivants: The following stack sampling
procedures. Cela veut dire dans la cheminée.
J'ai un autre document d'origine fédérale. Je m'excuse
humblement auprès du député de Lafontaine de continuer de
citer des documents fédéraux, mais, que voulez-vous, le Canada
est encore un pays uni et est appelé à le demeurer.
M. Léger: Je pense que vous devez le faire, parce que,
jusqu'ici, le fédéral, dans le domaine de l'environnement, est
beaucoup plus actif que le ministère de l'environnement du
Québec.
M. Goldbloom: Non, M. le Président. C'est peut-être
plus en évidence à certains égards.
M. Léger: Ce n'est pas parce qu'on ne veut pas, mais on
n'a pas les moyens.
M. Goldbloom: Ah, M. le Président!
M. Bédard (Montmorency): II va finir par comprendre.
M. Goldbloom: Je pense que nous sommes...
M. Léger: Je m'excuse, je pense que le
député a mal saisi la nuance. Ce que je voulais dire, c'est que
les fonctionnaires du ministère de l'Environnement le désirent,
mais on ne leur donne pas les moyens financiers et le personnel voulu pour
réaliser l'objectif qu'ils voudraient réaliser.
M. Bédard (Montmorency): Je reviens encore, M. le
Président...
M. Goldbloom: Comme il y a des gens et des organismes qui ne sont
pas capables de fournir les ressources financières nécessaires
à la survie d'un journal, mais cela, c'est autre chose.
M. Léger: C'est une vieille nouvelle.
M. Goldbloom: Oui. Je pense que nous sommes sur le bord...
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): A l'ordre,
messieurs!
M. Goldbloom: ...d'être non conformes au
règlement.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Je ne
voudrais pas intervenir dans les débats.
M. Goldbloom: Je reviens à ma citation
fédérale sans d'autres excuses, ce deuxième document
s'intitule "Méthodes de références normalisées en
vue d'essais aux sources", mesure des émissions de particules provenant
de source X. L'on voit ici, à la première page "Modes
opératoires", "Choix du site et du nombre minimal de points de mesure".
Je continue la citation: "Choisir comme site d'échantillonnage toute
section transversale de la cheminée ou du conduit situé à
au moins huit diamètres du conduit ou de la cheminée en aval, et
deux diamètres en amont de toute turbulence dans le flux gazeux, ainsi
de suite".
Je pense avoir démontré clairement que l'intention et les
références sont claires. C'est dans la cheminée qu'on
prend les échantillons. Si, à l'examen des autres documents de
base, nous trouvons qu'il n'y a pas de précision suffisante, nous
l'ajouterons, mais notre but était de faire référence
à des textes normalisés, des textes d'application à
l'échelle nord-américaine. Ces textes indiquent clairement que
c'est dans la cheminée que l'on prend les échantillons.
M. Léger: M. le Président, est-ce que le ministre
aurait objection à ce que son ministère dépose à la
commission, du moins pour l'Opposition et possiblement pour les
députés qui le désirent, les volumes ou les manuels
directement reliés par référence avec ce projet de
règlement?
M. Goldbloom: M. le Président, l'Opposition ayant, par
définition, besoin de plus d'éclairage de sa lanterne, je serai
heureux de déposer les documents de référence. Nous en
ferons une compilation. Nous ferons un dépôt. Si ce n'est pas
possible de le faire d'ici à demain soir, je les enverrai à
l'Opposition.
M. Léger: Je remercie le ministre, parce que le ministre
sait fort bien que c'est un boomerang et que chaque fois qu'il éclaire
l'Opposition, l'Opposition est là pour le suivre et le pousser à
prendre de bonnes décisions.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi): Messieurs,
est-ce que vous êtes d'accord pour entendre...
M. Goldbloom: Les boomerangs retournent contre ceux qui les
lancent. Si l'Opposition ne veut pas en subir les effets, qu'elle n'en lance
pas.
Le Président (M. Bédard, Chicoutimi):
J'inviterais le président de la Société canadienne de
métaux Reynolds à se faire entendre et peut-être
présenter aussi ceux qui l'accompagnent à la commission.
Société canadienne de métaux
Reynolds
M. Roy (Bernard): M. le Président, M. le ministre,
messieurs les membres de la commission, en guise d'entrée en
matière, j'aimerais d'abord faire la présentation des gens qui
m'accompagnent ici aujourd'hui. D'abord, mon nom est Bernard Roy. C'est moi qui
vais faire la présentation du mémoire qui a été
déposé hier après-midi, et je vois qu'on vous en remet un
exemplaire à l'instant même.
A mon extrême gauche, M. Larry Tropea. M. Tropea est le directeur
de l'environnement pour la compagnie mère américaine, la
compagnie Reynolds dont le siège social aux Etats-Unis est situé
à Richmond, en Virginie. A ma fauche, M. Ed Poirier, qui est le
coordonnateur de la réduction, et à ma droite, M. Harry Smith,
qui est coordonnateur de l'environnement.
Ces messieurs, qui sont des experts dans ce domaine, qui sont des
techniciens hors pair pourront sûrement répondre aux questions que
vous voudrez bien leur poser après que j'aurai terminé
l'exposé du mémoire.
En guise de préambule à notre présentation, j'ai
cru qu'il y avait peut-être lieu que nous vous donnions quelques mots
d'explication et l'historique quant aux opérations de la compagnie
Reynolds à Baie-Comeau.
Cette usine, qui emploie environ 1300 employés, tous de la
région de Baie-Comeau, a été construite en 1957. Sa
production annuelle d'aluminium est d'environ 162 000 tonnes. Le
procédé qu'on utilise est un procédé par
électrolyse en utilisant des cuves, le procédé portant le
nom de cellules de type Soderberg à goujons verticaux.
A la suite de la publication du projet de réglementation, qui
fait l'objet du débat ici, dans la Gazette du Québec en
décembre 1975, les représentants de la compagnie ont fait
parvenir une lettre, non pas un mémoire comme nous l'avons
indiqué ici au préambule, mais plutôt une lettre dans
laquelle ils ont fait valoir leur point de vue. Ils ont émis certaines
suggestions, fait certaines recommandations visant à obtenir des
changements au projet de réglementation.
Nous sommes devant vous aujourd'hui, et ce mémoire ne constitue,
à toutes fins pratiques, qu'une répétition, mais plus
amplifiée, plus élaborée du contenu de la lettre qui avait
été expédiée auparavant au ministre.
La compagnie, comme citoyenne, est tout à fait consciente des
responsabilités, et ces responsabilités comportent, bien entendu,
celles de prendre les mesures nécessaires pour amenuiser et
réduire les dangers de pollution.
Il est évident que, pour pouvoir satisfaire à ces
obligations et à ces responsabilités, ceci nécessite un
programme constant de modernisation de son équipement et des
installations. Il y a sûrement encore des problèmes. D'autre part,
nous croyons qu'il y a eu amélioration; il y a encore matière
à amélioration. La compagnie continue toujours de
développer son programme et ce programme dans le but d'améliorer
la qualité de l'air ambiant de ses installations. Ce programme
nécessite des investissements considérables; nous avons
mentionné un chiffre à la page 2 de notre mémoire, qui est
de $5 millions. Alors, c'est donc dans un esprit de coopération que nous
nous présentons devant vous aujourd'hui pour faire certains commentaires
et vous proposer certaines suggestions dans le but de changer le projet de
réglementation en l'améliorant.
Notre premier commentaire porte sur l'article 5, intitulé normes
de qualité de l'amosphère; il s'agit du premier article à
section III, normes d'air ambiant. Il y a trois sujets qui sont visés
à cet article. D'abord, les particules en suspension; ensuite, les
retombées de puissières et, finalement, l'anhydride sulfureux. Il
est bon, d'abord, de dire, sous la rubrique "anhydride sulfureux", qu'aux
Etats-Unis la législation en la matière, qui porte le nom de
"Clean air Act", prévoit l'établissement de normes nationales
pour protéger la santé et le bien-être de la
population.
Ces normes ont été établies à partir des
données scientifiques et des études les plus récentes qui
tiennent compte des effets des contaminants dans l'air ambiant. Nous avons,
à la page 3, donné un tableau, une nomenclature des normes qui
ont ét'é adoptées aux Etats-Unis et qui régissent
la qualité de l'air ambiant. Si on fait une comparaison entre ces normes
en vigueur et celles qui sont proposées au règlement que nous
avons devant nous, on constate que les normes au Québec, contenues au
projet de règlement, sont sûrement plus sévères et
plus restrictives.
Comme nous l'avons noté plus tôt, étant donné
que les normes américaines ont été adoptées et
établies à partir d'études sérieuses de
données portant sur les effets de l'anhydride sulfureux et comportent
une marge de sécurité, nous croyons c'est le voeu et la
suggestion que nous formulons qu'il y aurait avantage à songer
à retenir les mêmes normes que celles qui prévalent aux
Etats-Unis.
Je pense que je suis en mesure de dire que, si on adopte des normes plus
sévères, ceci aura sûrement des répercussions sur
l'échéancier que nous nous sommes fixé pour la
réalisation du programme de l'environnement pour le 1er décembre
1981. Quant aux retombées de poussières, nos commentaires sont
très brefs sous cette rubrique. En effet, étant donné
qu'il y a déjà des normes prévues pour l'anhydride
sulfureux, le SO2, nous ne croyons pas qu'il y ait lieu que des normes
s'appliquent en matière de retombées de poussières. Il est
bon de noter qu'historiquement plusieurs pays, surtout des pays
européens, ont adopté des normes en matière de
retombées de poussières à l'origine, mais, à
compter du moment où on a légiféré sur l'anhydride
sulfureux, on a retiré ces normes. Nous croyons donc que les nor-
mes que nous proposons au sujet des particules en suspension sont
adéquates pour contrôler la qualité de l'air ambiant.
Arrivons-en maintenant aux particules en suspension. Nous avons,
là aussi, procédé par voie de comparaison avec les normes
en vigueur aux Etats-Unis. Vous constaterez, à la lecture de nos
commentaires sous le paragraphe c), particules en suspension, que les normes
que nous proposons sont égales ou moindres que celles qui sont
adoptées aux Etats-Unis, qui sont de l'ordre de 260 milligrammes par
mètre cube et de 75 milligrammes par mètre cube et non, comme la
réglementation le prévoit actuellement, de 200 et 75.
Maintenant, j'aimerais faire certains commentaires...
M. Goldbloom: Je m'excuse de vous interrompre, mais vous venez de
dire, si je vous ai bien compris, que le projet de règlement indique 200
et 75, mais le texte devant moi indique 150 et 70.
M. Roy (Bernard): Je m'excuse, vous avez raison. Maintenant, il y
a un point extrêmement significatif pour nous qui est le suivant: c'est
qu'en vertu de l'article 124 de la loi tout règlement adopté par
le lieutenant-gouverneur en conseil entre en vigueur à compter de sa
publication, à moins qu'une date ultérieure n'ait
été prévue au règlement. Or, que je sache, nulle
part dans le projet de réglementation que nous avons devant nous, sauf
pour les normes d'émission, y a-t-il un échéancier ou une
date qui permettraient justement aux gens qui sont assujettis à cette
réglementation de pouvoir y échapper durant un certain intervalle
de temps.
Alors, nous croyons donc que ceci est susceptible de créer des
problèmes extrêmement sérieux surtout compte tenu de
l'interrelation qui existe entre, d'une part, les émissions et les
normes d'émission que nous allons commenter un peu plus loin dans notre
travail à l'article 21, et, d'autre part, les normes de qualité
de l'atmosphère. En effet tout le monde sait qu'il y a une interrelation
entre ce qui est émis par une cheminée et ce qu'on peut
recueillir et mesurer dans l'air ambiant.
Selon notre proposition, si vous acceptez le principe d'établir
un échéancier pour les normes d'émission, nous voyons
difficilement comment il n'y aurait pas un échéancier semblable
en ce qui a trait à l'application des normes d'air ambiant.
Quant à la deuxième recommandation que nous faisons sous
cette rubrique, nous croyons que les règlements actuels devraient
être modifiés de façon qu'un échéancier soit
établi pour les régions où les normes de l'air ambiant ne
sont pas ou ne seront pas respectées. De plus, nous croyons que le
projet de réglementation devrait permettre la construction d'une
nouvelle source dans un endroit où les normes de la qualité de
l'air ambiant ne sont pas atteintes à condition cependant que cette
source corresponde aux normes d'émission afférentes à sa
catégorie. En effet, je pense que tout le monde apprécie le fait
que dans certaines régions, il peut y avoir des sources de pollution qui
sont non industrielles, soit, par exemple, la poussière provenant de la
route; nous croyons que ce serait pénaliser les industries qui sont
situées dans ces régions où il y a des sources non
industrielles ambiantes qui ne peuvent pas leur être attribuées,
ou qui ne peuvent pas être attribuées à leurs propres
opérations. Alors, c'est donc dans cette optique que nous faisons cette
recommandation.
Enfin, nous croyons que les sources existantes ne devraient pas avoir
à installer des appareils de contrôle d'émission
supérieurs à ceux qui sont nécessaires pour atteindre les
normes de leur catégorie dans l'endroit où justement il y a des
sources non industrielles qui contribuent, pour une large part, à la
pollution de l'air.
Nos commentaires, maintenant, portent sur les articles 9 et 10;
L'opacité des émissions. Toujours dans le contexte d'industries
qui correspondent aux normes d'émission prévues à
l'article 21, nous ne croyons pas, donc, qu'il y ait lieu que ces industries
soient pour autant contraintes à satisfaire aux normes d'opacité.
D'autre part, si vous faisiez fi de notre suggestion, si vous y passiez outre,
nous croyons quand même que vous devriez sérieusement songer
à rendre moins sévère la norme que l'on retrouve à
l'article 9, de façon qu'un niveau de 30% d'opacité soit permis
pour les sources existantes.
Maintenant, nous en arrivons à l'article 21 qui est, avec celui
que nous avons commenté plus tôt sous la rubrique Norme d'air
ambiant, susceptible de causer le plus de problèmes et les
préjudices les plus sérieux aux industries existantes et
sûrement à la compagnie Reynolds. D'abord, nous avons, en guise
d'introduction, porté à votre attention, à l'article 21,
les normes américaines et de quelle façon elles ont
été adoptées.
Je me sens à l'aise pour parler des normes américaines
puisqu'on trouve plutôt les modes et les méthodes de mesures, on y
réfère abondamment dans le projet de réglementation, et il
a été souvent question, si je ne m'abuse, au cours des
présentations antérieures, de l'IPA qui est I organisme
omniprésent et omnipuissant aux Etats-Unis en matière de normes
de la qualité de l'environnement.
Comme nous le soulignons à l'article 21, les normes qui ont
été adoptées et qui régissent les alumineries aux
Etats-Unis ne contiennent pas de normes pour les matières particulaires.
En effet, comme nous l'indiquons dans notre mémoire et nous avons
donné la référence au Federal Register les raisons
pour lesquelles l'agence américaine n'assujettit pas les nouvelles
alumineries primaires aux normes pour les matières particulaires se
retrouvent à la page 8, à la citation que nous avons reproduite
textuellement.
Nous l'avons résumée après la citation en disant
que le raisonnement qu'a adopté l'agence américaine repose sur le
fait que l'opération de l'équipement de contrôle pour les
fluorures permet de capter environ 96% des matières particulaires. En
somme, si vous vous attaquez résolument au problème des fluorures
et que vous avez un bon système de contrôle, vous arrivez à
résoudre largement le problème des matières
particulaires
et c'est ce qui semble avoir été l'idée
prédominante qui explique que l'on n'ait pas
légiféré en matière de normes particulaires aux
Etats-Unis.
Les normes d'émission pour les alumineries existantes. Je fais un
bref retour en arrière pour souligner, et c'est ce que vous allez
retrouver aux pages 8 et 9 de notre mémoire, l'historique de la
construction de cette usine. Il est évident qu'en 1957, les moyens
modernes et la technologie n'étaient certes pas ceux que l'on
connaît maintenant, avec le résultat que le contrôle des
émissions posait et pose encore des problèmes. Nous avons
expliqué, aux pages 8 et 9, comment il se fait que les émissions
provenant des cuves à goujons verticaux causent et entraînent des
problèmes à l'intérieur de cette usine. Non seulement ce
problème est dû à la conception même, au design de
l'opération mais ceci pose encore plus de problèmes pour pouvoir,
à l'heure actuelle, à partir de ce genre de cuve, remédier
au problème qui existe.
Je ne crois pas qu'il soit nécessaire pour moi de vous expliquer,
même de vulgariser l'opération de ce genre de cuve. Je pense que
les explications et la description que vous retrouvez aux pages 8 et 9 sont
suffisantes.
La position de la compagnie, eu égard aux normes que l'on
retrouve à l'article 21 est la suivante. Après avoir fait une
étude sérieuse des normes et de la possibilité de
réalisation des objectifs et des normes qui sont contenus au projet de
réglementation, nous en sommes venus à la conclusion suivante: II
est totalement impossible pour la compagnie, avec les moyens qu'elle a à
l'heure actuelle et surtout avec la technologie que l'on connaît, de
répondre aux normes, en ce qui a trait aux kilogrammes de fluorures
totaux par tonne d'ici le 1er décembre 1978, normes qui sont
fixées à cinq kilogrammes par tonne d'aluminium produit.
D'autre part, il nous apparaît beaucoup plus important de
concentrer tous nos efforts et nos énergies dans le but d'atteindre les
objectifs que l'on retrouve à la réglementation, en ce qui a
trait aux normes devant être en vigueur à compter du 1er
décembre 1981. Il y a cette restriction que nous faisons. Encore une
fois, compte tenu des moyens à notre disposition de la technologie
existante, nous vous soumettons respectueusement que nous ne sommes pas en
mesure et que nous ne serons pas en mesure de nous conformer à la norme
de 2,5 kilogrammes de fluorure totaux par tonne, mais bien de 5 kilogrammes de
fluorure totaux par tonne. Même pour se conformer à cette norme de
cinq, ceci va nécessiter un programme intensif de travaux
d'ingénierie, d'amélioration des installations sur une
période d'au moins cinq ans. Cela veut dire que la compagnie devra
immédiatement mettre en branle le mécanisme nécessaire
pour pouvoir effectuer les transformations et les améliorations
requises.
Ces travaux vont nécessiter des investissements de l'ordre de $30
millions à $50 millions. J'ouvre une parenthèse pour souligner
que certains d'entre vous, M. Léger, entre autres, hier, ont
semblé manifester, non pas de l'impatience, mais un certain
intérêt devant ces chiffres qui sont lancés par les gens
qui viennent vous coummuniquer leurs doléances et leurs
préoccupations face à ce projet de réglementation.
Il est évident qu'on pourrait prétendre qu'il est toujours
très facile pour l'industrie de venir plaider sa cause en faisant valoir
les investissements considérables que cela nécessitera et de
lancer, comme cela, des chiffres en l'air.
Je peux vous assurer, messieurs, que dans le cas de la compagnie
Reynolds il y a eu le même problème qui s'est
présenté dans d'autres usines à l'extérieur du
pays, aux Etats-Unis, qui ont nécessité des études
sérieuses, de façon à déterminer le coût des
améliorations, des impenses à être apportées. Je
suis en mesure de vous dire qu'à la suite de ces études qui ont
été faites le chiffre que nous avançons dans le
mémoire, de $30 millions à $50 millions, est une estimation, bien
sûr, mais il correspond à des données extrêmement
sérieuses. Nous serions en mesure, en temps et lieu, de satisfaire les
représentants du ministère quant au bien-fondé des
chiffres que nous avançons dans ce mémoire.
J'ai peut-être voulu devancer une question de M. Léger,
plus tard, en ouvrant cette parenthèse, que je referme
immédiatement.
M. Léger: Si je peux me permettre, avant de la refermer
complètement. Les données de prévision budgétaire
pour cela, j'espère qu'elles sont plus sérieuses que celles qu'on
nous avait fournies pour les installations olympiques.
M. Roy (Bernard): Je ne dis mot, M. Léger. Je ne consens
pas pour autant.
M. Léger: L'autre, c'était une prévision qui
était beaucoup inférieure, alors que la vôtre peut
être beaucoup soit inférieure ou peut-être
supérieure.
M. ROY (Bernard): Nous décrivons, au bas de la page 10, la
nature des améliorations ou des travaux qui seront
nécessités pour rencontrer l'objectif de cinq kilogrammes de
fluorure, totaux. Le principal travail, si on peut le dire ainsi, est d'ajouter
un système de collection d'air secondaire.
D'ailleurs, il y a une compagnie qui a semblé innover en France,
la compagnie Péchiney qui, elle-même, a installé un
système de récupération de collection d'air secondaire. Il
est possible que ce système, même s'il est extrêmement
dispendieux, puisse être utilisé ici pour remédier au
problème.
C'est donc dire que, compte tenu de l'ampleur des travaux, un programme
d'ingénierie devra être mis sur pied pour nous permettre
d'atteindre les objectifs que nous mettons de l'avant. La durée des
travaux, au risque de me répéter, nécessitera au moins
cinq ans.
Nous indiquons au bas de la page 11 que l'échéancier que
nous avons prévu, de cinq ans et plus, tient compte du fait qu'il va
falloir apporter
des modifications aux cuves, les bassins, les cuves individuelles. Ces
cuves doivent être, de toute façon, refaites et reconstruites tous
les trois ans.
Si nous obtenons un délai suffisant pour apporter les changements
et les améliorations, nous pourrons donc, à l'intérieur de
l'échéancier que nous nous sommes fixé, faire les travaux
au fur et à mesure que nous devrons reconstruire les cuves. C'est ce que
nous souhaitons.
Dernier commentaire que nous aimerions faire, toujours au chapitre des
normes d'émission; nous référons, encore une fois, aux
études qui ont été faites par l'EPA au sujet du fluorure.
En effet, il y a des études qui ont été faites aux
Etats-Unis pour déterminer si le fluorure était nocif, pouvait
constituer un danger pour la santé publique. Je peux vous dire, avec
référence à l'appui c'est le Federal Register, en
date du 17 novembre 1975 que la conclusion préliminaire que l'EPA
en a tirée, c'est que, vu l'aspect non nocif du fluorure, l'EPA a
l'intention de ne pas considérer les émissions de fluorure des
alumineries comme pouvant être un facteur nuisible à la
santé.
Permettez-moi, cependant, d'ajouter un commentaire additionnel qui
n'apparaît pas au mémoire. Ces études, qui ont
été effectuées sous l'égide du EPA ont, cependant,
révélé que la végétation ou une certaine
végétation pouvait être affectée par les
émissions de fluorure.
D'ailleurs, l'an dernier, la compagnie a fait faire une expertise, une
étude par un organisme qui s'appelle le Boice Thompson Institute dans le
but de déterminer justement quels pouvaient être les effets et les
répercussions des émissions de fluorure sur la
végétation. Le Dr Labrie, représentant du service de
l'environnement, a assisté et a participé à cette
étude. Je peux vous dire que les conclusions que l'on peut
dégager de cette étude sont qu'avec les améliorations et
le progrès qui vont continuer de s'effectuer les problèmes
causés à la végétation environnante devraient
s'estomper au cours des années à venir.
Le dernier commentaire que nous formulons a trait aux méthodes
d'échantillonnage des matières particulaires. En effet, vous
aurez constaté au bas du tableau de l'article 21 qu'il est prévu,
et je cite: "Pour les fins d'application du présent article, les
matières particulaires comprennent la fraction recueillie par les
impacteurs dans le dispositif d'échantillonnage." Or, encore une fois,
avec référence à l'appui la référence
étant toujours le Federal Register nous constatons, en effet,
à la lecture de l'extrait que vous retrouverez au haut de la page 13,
qu'on a abandonné, aux Etats-Unis, cette façon de calculer les
matières particulaires en ne tenant pas compte de la fraction qui est
recueillie par les impacteurs parce que les gaz qui proviennent des sources
demeurent dans l'atmosphère et ne se transforment en matières
particulaires que lors de leur condensation dans les compacteurs. Nous
référons, d'ailleurs, à la méthode cinq de l'EPA,
le pendant canadien de cette méthode, vous le retrouvez exprimé
à la réglementation. Il s'agit de la méthode qui a
été adoptée par Environnement Canada, à l'article
66, alinéa c), la méthode portant le numéro EPS
I-AP-74-I.
Cela termine la lecture et le résumé du mémoire de
la société Reynolds.
Le Président (M. Lafrance): Le ministre responsable de
l'environnement.
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai lu le mémoire
au fur et à mesure que M. Roy en discutait. Je vois qu'il y a plusieurs
allusions à ce qui peut être capturé par la jupe. Je pense
que nous avons tous été, heureusement, capturés,
captivés, captés par la jupe. C'est bien.
J'attire votre attention, M. Roy, aux pages 7 et 8 de votre
mémoire. Vous invoquez là une approche américaine que vous
prétendez différente de la nôtre. Vous dites, d'un
côté: L'agence américaine de protection de l'environnement
a publié des exigences qui ne comportent pas de normes précises
en ce qui concerne l'émission des matières particulées.
Vous citez une explication de cette raison et vous terminez cette section en
indiquant que ce raisonnement repose sur le fait que l'opération de
l'équipement de contrôle pour les fluorures capturent
automatiquement environ 96% des matières particulaires.
Si je comprends bien, d'après l'évaluation que nous avons
pu faire de vos installations, vous êtes à peu près
à 50%. Entre 50% et 96%, il y a une marge assez importante. Si vous
pouviez atteindre les 96% qui semblent constituer la norme de fonctionnement
des appareils approuvés par la EPA, vous n'auriez pas à craindre
les normes qui sont présentées dans le projet de
règlement.
M. Roy (Bernard): M. le ministre, ce qui vous apparaît
peut-être être un écart entre, d'une part, ce que nous
prétendons être le taux d'efficacité de l'équipement
de contrôle et, d'autre part, le taux effectif de notre équipement
de contrôle repose sur le fait que, justement, nous devons et
c'est ce que nous nous proposons de faire au cours des cinq prochaines
années installer un système de
récupération.
Ce système, s'il a l'efficacité que nous croyons qu'il
aura, nous permettra, à ce moment-là, de capter, non pas
capturer, mais bien capter 96% des matières particulaires. Mais le
système actuel, évidemment, nous le reconnaissons, ne se conforme
pas à cette norme de 96%. C'est ce que nous voulions dire.
Le caveat que j'ajoute à ça: il est évident qu'il
faut qu'il y ait, et je me réfère à la citation, "proper
operation and maintenance of such control", parce que s'il y a "improper
operation", on n'obtient évidemment pas les résultats
escomptés.
M. Goldbloom: D'accord, mais il y a une différence entre
la bonne opération de l'équipement et des problèmes
techniques imprévus que l'on peut rencontrer, surtout pendant une
période de rodage. Nous devons toujours présumer que
l'opération sera faite d'une façon efficace et d'une façon
consciencieuse.
M. Roy (Bernard): Si vous permettez une explication
additionnelle, M. le ministre, nous avons
expliqué, aux pages 10 et 11, les problèmes auxquels nous
avons à faire face avec l'équipement actuel. Etant donné
que l'opération que nous décrivons est telle qu'elle permet
l'émission des gaz, et que les jupes qui entourent la cuve ne
réussissent pas à capter tous les gaz, nous avons à faire
face à un problème dont nous ne voulons pas minimiser
l'importance, sûrement. C'est dans ce but que nous nous proposons des
travaux considérables au cours des prochaines années pour
régler ce problème.
M. Goldbloom: Alors, il faudra regarder l'aspect calendrier, mais
l'objectif est là.
M. Roy (Bernard): Sûrement!
M. Goldbloom: Vous mettez l'accent, dans votre mémoire,
sur la santé publique, à plusieurs endroits, et à juste
titre, évidemment. C'est une préoccupation primordiale pour nous
tous. Vous indiquez, avec raison, quoique vous ne le précisez pas
peut-être aussi parfaitement que je l'aurais espéré, que
l'émission de fluorures vers l'atmosphère et l'inspiration de ces
fluorures par les êtres humains ne semblent pas constituer un danger
important à la santé, contrairement aux effets possibles de
l'ingestion, par voie digestive, de fluor, quelle que soit sa forme. Mais je
tiens à souligner que là où vous invoquez une
différence entre les normes que vous aimeriez voir dans le
règlement et celles que nous y avons inscrites dans le projet, vous
invoquez la santé comme raison de dire: On n'a pas besoin d'aller plus
loin que 260, au lieu de 150 ou 200, et ainsi de suite.
Je tiens à souligner qu'il y a quand même des
inconvénients, il y a des questions de confort entre le niveau de 260 et
le niveau de 150, et que l'on peut effectivement vivre dans un état ou
dans une situation où le danger à la santé n'est pas
évident, mais être incommodé par la pollution émise
par l'usine. Je tenais à souligner cela.
M. Roy (Bernard): Comme non fumeur, je suis incommodé
quand quelqu'un fume à côté de moi, sûrement. Dans
les limites où on peut parler d'in-confort, j'accepte votre
proposition.
M. Goldbloom: Puisque vous parlez de la cigarette, je me permets
de souligner que, pour la première fois depuis mes dix années et
plus de vie publique, je me trouve dans un vrai conflit d'intérêts
à titre de ministre responsable de la Régie des installations
olympiques. D'un côté, je devrais encourager les fumeurs, et, de
l'autre côté, comme médecin, je conseille à tout le
monde de ne pas fumer.
Merci!
M. Léger: Qu'on achète des cigarettes, mais qu'on
ne les fume pas!
M. Goldbloom: Je tiens à souligner, en terminant mon
intervention pour le moment, que, si on regarde les recommandations, les
demandes de la société Reynolds et les chiffres qui sont
préconi- sés dans le projet de règlement, on voit que,
là où nous avons mis 150 microgrammes par mètre cube et
comme moyenne sur 24 heures, la compagnie aimerait que ce soit 260. Là
où nous avons mis un maximum de 70 microgrammes par mètre cube
pour la moyenne géométrique annuelle, la compagnie voudrait que
ce soit 75, si ma mémoire est fidèle.
M. Roy (Bernard): C'est 200, M. le Président, je
m'excuse.
M. Goldbloom: Ah! Vous préconisez 200?
M. Roy (Bernard): C'est cela. Il y a 260 aux Etats-Unis.
M. Goldbloom: Parce que vous faites allusion aux normes
américaines de 260, mais vous nous dites: Mettez cela à 200?
M. Roy (Bernard): C'est exact.
M. Goldbloom: Mais quand même je dois dire, et pas
tellement à vous, mais au député de Lafontaine: Si vous
êtes un lobby, vous n'avez pas été très
efficace.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Lafontaine.
M. Léger: C'est une phobie, chez le ministre, à
chaque mémoire, de ramener cela au député de Lafontaine
avant de me donner la parole; c'est une façon normale de me remettre la
parole.
Je voudrais simplement dire au ministre au départ que, s'il a
trouvé que la jupe était souvent mise en évidence dans le
mémoire, s'il regarde la photo, il verra qu'elle est beaucoup moins
sexée qu'on pouvait le prévoir, la jupe que la compagnie
possède pour récupérer ou contrôler les
matières polluantes.
Vous faites référence dans votre mémoire à
la réglementation américaine du Clean Air Act; si je ne m'abuse
c'est une réglementation fédérale aux Etats-Unis.
M. Roy (Bernard): C'est cela.
M. Léger: Aux Etats-Unis, je pense que la
réglementation fédérale est un seuil minimal permettant
à chacun des Etats d'avoir des mesures ou des règlements beaucoup
plus sévères selon les locaux ou les endroits qui ont besoin
d'une plus grande rigidité dans la réglementation.
M. Roy (Bernard): Vous avez raison.
M. Léger: Si je regarde les règlements de la
Californie, ils sont beaucoup plus sévères que ceux du Clean Air
Act. Si on regarde la situation du Québec, nous avons à peu
près la plus grande production d'aluminium au monde et elle est
concentrée dans plusieurs endroits. Nous avons tous raison de
prétendre qu'au Québec on ne doit pas se fier aux mesures les
plus permissives qui
existent dans le monde, mais plus à des mesures beaucoup plus
adaptées au Québec et beaucoup plus sévères. C'est
ici qu'on a à peu près la plus grande production au monde et
c'est ici aussi qu'on a les endroits les plus concentrés de
production.
Au départ je n'accepterais pas l'idée de dire qu'on doit
se fier à une réglementation très permissive. Je comprends
le point de vue de la compagnie, qui va certainement se soumettre à une
réglementation, mais elle doit nous faire part des obligations ou des
contraintes ou des conséquences qu'elle subirait en acceptant des normes
sévères.
M. Roy (Bernard): Vous savez, M. Léger, que les Etats-Unis
sont les plus gros producteurs d'aluminium primaire au monde. Il est
évident que ce que vous avez dit est tout à fait exact en ce qui
a trait à l'adoption de normes en vertu du Clean Air Act; les Etats sont
libres, bienentendu, de légiférer, soit en suivant ces normes ou
en ne les suivant pas.
M. Léger: Je pense quand même que le ministre en a
parlé tantôt. Concernant le fluorure, vous semblez dire que les
problèmes de respiration, les problèmes humains sont moins
concernés. Le rapport Marsan, qui a été publié
dernièrement, démontrait que les conséquences de la
pollution par fluorure dans le fourrage touchaient particulièrement la
végétation et spécialement les animaux, les bovins. Comme,
au Québec, l'industrie laitière est une industrie très
importante, il y a déjà un problème au niveau du lait et
je dirais une réaction secondaire pour l'humain quant aux aliments qu'il
ingurgite.
C'est la raison pour laquelle je pense qu'au niveau du fluorure on doit
être assez sévère.
M. Roy (Bernard): M. le Président, si vous me permettez.
Je n'ai pas voulu déplacer le problème ici en voulant trop
insister sur les répercussions qui sont négligeables au niveau de
l'être humain.
Il est vrai que des études ont été faites je
suis convaincu que les spécialistes du ministère sont au courant
qui révèlent que le fluorure absorbé
quotidiennement par nous tous qui sommes ici, soit dans notre nourriture, dans
l'air, etc., est en quantité plus considérable que ce qui peut
être respiré à l'intérieur d'une usine de ce
genre.
Je reconnais avec vous que les répercussions se situent beaucoup
plus au niveau de la végétation et du fourrage aussi. Je dois
dire cependant que, dans notre cas et je dis bien seulement dans notre
cas il n'y a pas d'animaux, il n'y a pas de fourrage qui se fait,
à moins de dix, quinze ou vingt milles de l'usine. Alors, cela ne
présente pas de problème; il n'y a pas de répercussions
à ce niveau. D'autre part, sur le plan de la végétation,
je le reconnais, il y en a. C'est, d'ailleurs, la raison pour laquelle j'ai
fait une mise au point tout à l'heure, en disant que l'introduction de
nouvelles méthodes devrait largement contribuer à réduire
les effets au niveau de la végétation.
M. Léger: Maintenant, c'est sûr qu'il y aura
toujours le problème des investissements que les entreprises devront
faire pour protéger l'environnement dépendant d'une
volonté gouvernementale au niveau d'une législation
sévère à ce niveau. Je pense que la qualité de
l'environnement, qui préoccupe les Québécois comme
n'importe quel citoyen, signifie qu'au départ c'est plus important de
vivre une vie normale que de faire une production à outrance qui ne
tient pas compte de cela. Le problème de la qualité de
l'environnement est tellement important qu'il y a des vies humaines qui en
subissent des conséquences.
Si je me rappelle, à Baie-Comeau, je pense, votre compagnie a eu
un problème dernièrement; des employés ont poursuivi la
compagnie pour avoir attrapé des maladies pulmonaires qui s'appelaient
quelque chose comme la pneumoconiose.
M. Roy (Bernard): Les gens à côté de moi me
font signe que non. Je ne sais pas si mes...
M. Léger: Ce n'est pas la Reynolds de Baie-Comeau que vous
représentez?
M. Roy (Bernard): Oui, mais ces gens sont quand même sur
place constamment et ils me disent qu'ils n'ont jamais entendu parler de
cela.
M. Léger: Selon les informations que nous avons, la
Reynolds aurait été poursuivie par des employés qui
avaient attrapé une pneumoconiose. Même la Commission des
accidents du travail les aurait aidés à poursuivre la compagnie
et, dernièrement, les employés auraient gagné leur point
et la compagnie aurait été obligée de payer une certaine
amende.
Maintenant, ma question n'était pas dans le sens de cette
poursuite, mais pour savoir quelle serait, selon vous, la cause de cette
maladie, la pneumoconiose.
M. Roy (Bernard): D'abord, j'ignore l'existence de cette maladie.
Je peux peut-être demander à mon collègue ici de tenter de
répondre à votre question.
M. Poirier (Ed): Je pense, M. le ministre, que c'est un cas
particulier qui n'est pas encore réglé. De fait, je pense que
c'était un employé qui a reçu une compensation de la
Commission des accidents du travail. Il y a eu un vice de forme dans la
présentation et ceci est présentement sous enquête; il y a
une enquête qui est en cours. Il se plaignait d'affection pulmonaire. La
maladie s'est déclarée trois ans après qu'il a
laissé la compagnie.
M. Léger: Trois ans?
M. Roy (Bernard): Oui, trois ans après, après la
prescription autrement dit.
M. Léger: Maintenant, est-ce que cette maladie, c'est la
seule que vous avez pu déceler chez
les employés qui auraient respiré un air provenant de
l'industrie?
M. Roy (Bernard): Actuellement, c'est la seule qui a
été constatée.
M. Léger: Alors, vous n'êtes pas plus au courant de
cette maladie que cela?
M. Roy (Bernard): Non. M. Léger: D'accord.
Merci.
M. Roy (Bernard): Je pourrais vous remettre, M. Léger, le
résultat d'une recherche qui a été faite à l'usine
de British Aluminum, en Ecosse. On donne ici les conclusions de cette
étude qui a été faite. On s'est penché
précisément sur la possibilité qu'il y ait des
répercussions sur les voies respiratoires. Si vous voulez, je peux vous
remettre ce document; je l'ai en plusieurs exemplaires et il est
extrêment intéressant.
M. Goldbloom: M. le Président, un seul commentaire. Le
député de Lafontaine a suggéré que nous devrions
emprunter les normes de la Californie.
Il est évident que la Californie, ayant d'abord une population
équivalente à celle de tout le Canada, et étant un des
Etats les plus attrayants des Etats-Unis, peut se permettre d'être le
leader, et c'est effectivement le cas depuis le début, dans toute
l'activité de protection de l'environnement. Mais par comparaison avec
la Californie, nous, au Québec, nous avons deux désavantages:
nous avons un hiver rigoureux et nous avons des pé-quistes.
M. Roy (Bernard): ...M. le ministre.
M. Léger: Tant que le gouvernement nous verra comme un
problème, cela nous rassure.
Le Président (M. Lafrance): Sur cette note humoristique,
je remercie la Société canadienne de métaux Reynolds
d'avoir présenté son mémoire et d'avoir bien voulu
répondre aux questions posées par les membres de la
commission.
M. Roy (Bernard): Merci, messieurs.
Le Président (M. Lafrance): Nous entendrons maintenant
l'Ordre des chimistes du Québec et M. Réal Laliberté.
M. Léger: II faut dire qu'en Californie ils ont Reagan,
nous, nous avons M. Bourassa.
Le Président (M. Lafrance): M. Laliberté et vos
collègues, la parole est à vous.
Ordre des chimistes du Québec
M. Ouellet (Ludovic): M. le Président, M. le ministre,
messieurs les membres de la commis- sion, avec votre permission, je suis
Ludovic Ouellet, président de l'Ordre des chimistes et je
présenterai moi-même le rapport de l'organisme.
Le Président (M. Lafrance): Alors, je m'excuse M. Ouellet,
il y avait une erreur.
M. Ouellet: Je crois qu'on vient de vous distribuer, M. le
Président, une copie du texte. Une loi de l'Assemblée
nationale...
Le Président (M. Lafrance): Je m'excuse, M. Ouellet, si
vous voulez nous présenter vos collaborateurs au cas où...
M. Ouellet: J'avais l'intention de le faire au milieu, mais je
vais le faire tout de suite.
Le Président (M. Lafrance): C'est pour le
bénéfice du journal des Débats.
M. Ouellet: Merci. Alors, j'ai, à ma gauche ici, M. Marcel
Allard, qui est vice-président de l'Ordre des chimistes et au
contrôle de la qualité de la Société des alcools du
Québec; M. Serge Ally, qui est à l'assainissement de l'air de la
CUM, organisme assez bien connu; M. Pierre Fortin, des Services de la
protection de l'environnement, et M. Réal Laliberté, à ma
droite, secrétaire administratif de l'ordre. Je suis moi-même
président de la commission de la recherche de l'Université Laval,
en plus d'être président de l'ordre.
Une loi de l'Assemblée nationale définit comme fin de
l'Ordre des chimistes du Québec d'exercer une surveillance
générale sur l'exercice de la chimie professionnelle et de
déterminer les qualités requises d'un chimiste professionnel et
ses obligations et responsabilités envers le public. Comme le projet de
règlement relatif à la qualité de l'atmosphère,
adopté en vertu de la Loi de la qualité de l'environnement,
concerne directement le public et repose en grande partie sur des actes qui
relèvent de l'exercice de la chimie, le bureau de l'Ordre des chimistes
veut exprimer, devant les membres de cette commission, le point de vue de
scientifiques impliqués. Il faut bien réaliser que, dans les
faits, les chimistes ont la responsabilité des contrôles et des
évaluations qui, seule, permettra que ce projet de règlement
atteigne ses objectifs.
En tant que président de l'ordre, j'ai constitué un groupe
de travail formé de chimistes impliqués dans le contrôle de
la qualité de l'atmosphère et que je viens de vous
présenter. Ces chimistes connaissent les polluants et les
méthodes de mesure que vous mentionnez dans le projet de
règlement. Ils peuvent, si vous le désirez, constituer un
comité compétent et désintéressé que vous
pourrez consulter au besoin. En vous offrant cette collaboration, M. le
Président, nous croyons remplir nos obligations professionnelles.
Pour avoir une juste perspective, voyons tout d'abord l'ensemble du
projet, et disons que celui-ci a été bien accueilli par le bureau
de l'ordre. Il témoigne de votre souci de contrôler la
qualité de
l'air. Si nous passons maintenant au détail, nous avons
noté, d'après l'article 3: "Ce projet a pour objet
d'établir des normes d'air ambiant (...) ainsi que des mesures de
contrôle pour prévenir, éliminer, réduire le
dégagement de contaminants provenant de sources fixes". Le premier
objectif, établir des normes, n'est pas de notre compétence
exclusive. Aussi, nous n'interviendrons guère sur ces normes. Toutefois,
nous voulons porter à l'attention de la commission la situation
particulière qui existe concernant la moyenne de 0,08 partie par million
sur une heure de l'ozone qui apparaît à l'article 5.
Cette norme a été établie il y a quelques
années alors qu'on a considéré la présence de
l'ozone comme résultant principalement de l'action du soleil sur des
hydrocarbures et oxyde d'azote. C'était en sorte un indicateur de
pollution industrielle ou automobile. On se rend compte maintenant qu'il existe
d'autres sources d'ozone possiblement d'origine naturelle et que même
dans les campagnes les plus reculées, en Angleterre et dans l'Etat de
New York, cette moyenne sur une heure est souvent dépassée. Je
pourrais déposer à la commission des travaux récents
à ce sujet.
Cela dit, passons au deuxième objectif du projet,
c'est-à-dire aux mesures de contrôle dont l'efficacité
repose en bonne partie sur des évaluations qui sont de la
compétence exclusive du chimiste. En effet, l'évaluation de la
concentration moyenne de l'anhydride sulfureux, de l'hydrogène
sulfuré, du monoxyde de carbone, des oxydes d'azote, des fluorures, des
métaux, des composés organiques, des hydrocarbures, des acides
chlorhydrique ou sulfurique, du soufre dans l'huile, des sulfures est de
l'exercice de la chimie.
C'est pourquoi, à l'article 8, nous croyons qu'il faut leur en
attribuer explicitement l'exclusivité tout en leur conservant le droit
d'obtenir des résultats équivalant à ceux obtenus selon
les méthodes citées pour qu'ainsi les chimistes puissent adapter
les méthodes proposées aux situations concrètes qu'ils
vont rencontrer.
Ainsi, cet article 8 pourrait se lire, dans notre proposition: Les
concentrations des contaminants visés à l'article 5, soit
l'anhydride sulfureux, le monoxyde de carbone, l'ozone, l'hydrogène
sulfuré, le dioxyde d'azote et, à l'article 6, les fluorures
doivent être déterminés sous la responsabilité d'un
chimiste de sorte qu'il soit possible d'obtenir des résultats
équivalant à ceux obtenus selon les méthodes et les
modalités suivantes. Les paragraphes actuels 8c, 8d, 8e, 8f, 8g et 8h
devraient suivre.
Nous croyons aussi que l'article 66 doit être modifié de
façon à attribuer explicitement au chimiste l'exclusivité
des actes cités plus haut tout en prenant bien soin d'inclure dans le
nouveau texte une clause leur permettant d'adapter les méthodes aux
circonstances rencontrées. C'est dans ce domaine que les
interférences apparaissent souvent. Des normes trop rigides ne peuvent
que nuire. Ainsi la présence simultanée d'hydrogène
sulfuré et d'anhydride sulfureux pourrait amener une erreur positive
dans l'évaluation de la concen- tration du second, alors qu'une
présence simultanée d'oxyde d'azote et de ce même anhydride
sulfureux, pourrait amener une erreur négative. Le choix de la
méthode ou encore une modification de la méthode peuvent seuls
permettre d'en arriver à des résultats exacts à l'article
66.
Notre proposition serait alors le texte suivant: Les concentrations des
contaminants visés aux articles 11, 21, 23, 25, 27, 29, 30, 40, 44, 49,
52, 53, 57, 59, 61, 63, et 64 soit l'anhydride sulfureux, le monoxyde de
carbone, l'ozone, l'hydrogène sulfuré, le dioxyde d'azote, les
composés organiques, le soufre et les sulfures, le plomb, les
hydrocarbures, l'acide chlorhydrique, l'acide sulfurique, les fluorures doivent
être déterminés sous la responsabilité d'un chimiste
de sorte à obtenir des résultats équivalant à ceux
obtenus selon les méthodes et les modalités suivantes. Les
actuels paragraphes 66d, 66e, 66f, 66g, 66h, 66j, 66k, 66I doivent suivre.
En confiant à des professionnels responsables la compilation,
l'inscription des résultats obtenus, vous vous assurez un contrôle
exact de ces normes. Ce faisant, M. le Président, vous utilisez des
moyens et des garanties que vous offrent le Code des professions et la Loi des
chimistes du Québec.
Messieurs, je vous remercie.
Le Président (M. Lafrance): Le ministre de
l'environnement.
M. Goldbloom: M. Ouellet, la qualité de votre
mémoire vous fait honneur, la défense des intérêts
de votre profession vous fait honneur et votre contribution au personnel, au
Conseil de la politique scientifique du Québec vous fait honneur
aussi.
Je pense que vous admettrez avec moi que nous ne devons pas permettre
à chaque ministère de déterminer dans ses
règlements qui doit faire quoi, cela doit plutôt être
déterminé au niveau de l'Office des professions, des
mécanismes prévus dans les lois qui régissent les diverses
professions.
Je me permets ce commentaire tout en vous disant que nous voulons
respecter le rôle de chaque profession qui est appelée à
oeuvrer dans le domaine de la protection de l'environnement.
Votre mémoire nous sensibilise davantage à la
nécessité pour nous de consulter l'Office des professions, le
ministre responsable de l'application des lois régissant les
professions, pour être certain que nous ne commettons pas d'impairs dans
l'attribution de responsabilités en vertu de notre loi et de nos
règlements.
Je vous explique en disant que possiblement nous ne nous trouverons pas
éventuellement à modifier le texte du règlement dans ce
sens-là, mais plutôt à travailler de concert avec l'Office
des professions et le ministre responsable, pour assurer que la juste
attribution des responsabilités se fasse ici, comme dans l'ensemble des
activités.
C'est à peu près le seul commentaire que j'ai en
réponse à votre présentation. Quant aux détails,
nous allons les étudier soigneusement. Vous faites des commentaires sur
l'ozone, par exemple,
une substance qui, d'un côté, est identifiée comme
polluant et, d'un autre côté, est identifiée comme
protectrice de notre atmosphère et de notre peau contre les rayons du
soleil. Vous avez certainement raison d'attirer notre attention vers la
nécessité de repenser les normes quant à la
présence d'ozone, en fonction de ce que fait l'ozone pour et contre
notre santé.
Je vous remercie de cette mise au point et des autres que contient votre
mémoire. Nous allons certainement, par respect de votre mémoire,
consulter les autorités compétentes pour être
assurés que nous serons justes, sur le plan des responsabilités
professionnelles, à l'endroit de tous les intéressés et
notamment à l'endroit des chimistes.
Le Président (M. Lafrance): L'honorable
député de Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, je veux tout d'abord
remercier M. Ouellet et son groupe de nous avoir présenté un
mémoire qui nous amène un éclairage pas mal particulier.
Dans une ère où les méthodes évoluent, où il
y a beaucoup de recherche qui se fait, les techniques, parfois, peuvent
changer. Vous nous soumettez une façon d'arriver aux mêmes
résultats que ceux que la réglementation nous propose, pour ne
pas rester prisonniers des règlements actuels si les méthodes
évoluent.
Je trouve que votre mémoire a ceci de très
intéressant. On peut adapter les nouvelles techniques de mesure, il peut
y avoir une variation dans les méthodes d'analyse des
spécialistes qui font de la recherche régulièrement. Comme
de raison, ce n'est pas une discrétion complète que vous
demandez, parce que là-dessus on aurait peut-être
été malheureux d'accepter cela comme tel. Vous voulez obtenir des
résultats équivalents, mais en vous basant sur les techniques
modernes nouvelles qui peuvent être découvertes, plutôt que
de faire revenir chaque fois une commission parlementaire pour refaire des
règlements parce que les techniques de vérification sont
désuètes. Je trouve que votre présentation est pas mal
intéressante. On a vu hier, lorsqu'on parlait de la méthode pour
évaluer l'opacité, qu'on avait souvent des techniques un peu
subjectives pour vérifier, dans le jour, l'opacité de telle
matière polluante, alors que, dans la nuit, on n'était pas
équipé. Il y a des méthodes nouvelles comme celle de
l'infrarouge qui permettent de le faire.
Ce que vous proposez, au niveau des recherches chimiques, c'est
d'être à la hauteur, d'être disponibles pour vous servir des
méthodes les plus modernes des chimistes pour atteindre les mêmes
résultats.
Je pense que c'est un point pas mal intéressant et cela
permettrait une efficacité pas mal maximale de la réglementation
que le gouvernement veut présenter.
J'ai une seule question à vous poser. Dans un comté comme
le mien, il y a une concentration d'industries pétrolières et
beaucoup d'industries d'autres types. Chacune des industries émet dans
l'air des matières polluantes, des gaz polluants différents, et
les contacts dans l'atmosphère de différents polluants
amènent des réactions tertiaires ou autres qui sont
inconnues.
Comment votre organisme peut-il trouver des solutions à cette
pollution provenant de contacts de plusieurs matières polluantes et dont
chacun n'est responsable que d'une partie? Cela est une troisième
matière polluante qui provient d'un mélange de deux polluants de
sources différentes.
M. Ouellet: II n'y a évidemment pas d'autres solutions
à ce problème que des études spécifiques aux
endroits où ce contact de différents polluants puisse exister,
puisqu'il faut faire l'analyse chimique de ces points. Sur le point que vous
venez de soulever ainsi que M. le ministre, nous nous inquiétons, nous
de l'Ordre des chimistes, du fait de bien confier des responsabilités de
contrôle. Comme vous avez noté, nous ne nous sommes pas
impliqués dans les normes autres que pour poser des questions sur celle
de l'ozone parce que nous avons des travaux récents qui indiquent
qu'elle serait désuète.
Ceci dit, nous nous sommes inquiétés de la
compétence du personnel qui va faire le travail et ceci résout
beaucoup de problèmes d'échantillonnage, etc. C'est la
compétence des personnes qui le font. C'est peut-être plus simple
que de faire un règlement.
M. Léger: Pour revenir à ma question
précédente, comment pensez-vous qu'on puisse détecter, par
des échantillonnages actuels, ce qu'on a actuellement, ces
troisièmes polluants qui proviennent de la rencontre dans
l'atmosphère de deux matières polluantes venant d'industries
différentes? Est-ce par les machines que nous avons déjà
en place qu'on peut détecter cela, par les particules en suspension
qu'on reprend? Comment est-ce que cela peut se retrouver?
M. Ouellet: Avec votre permission, je vais passer la parole
à un de mes collègues qui est de ce domaine.
M. Fortin (Pierre): Si je comprends bien votre question, vous
voulez peut-être déterminer l'origine d'un polluant pour pouvoir
déterminer, dans un mélange quelconque d'air ambiant, d'où
cela peut provenir. Est-ce bien le sens de votre question?
M. Léger: C'est plutôt
l'interpénétration de deux contaminants différents.
M. Fortin: L'effet synergétique.
M. Léger: D'accord, c'est un mot plus scientifique,
oui.
M. Fortin: Souvent ce n'est pas le produit tertiaire. On
connaît des exemples assez classiques de produits tertiaires, de
réactions secondaires dans les "smogs" photochimiques ou la
réaction
de l'oxyde d'azote avec l'ozone et les hydrocarbures, etc., tout cela
forme des produits qu'on appelle justement des polluants secondaires, parce
que, en fait, ce sont des réactions secondaires. Entre autres,
là-dedans vous avez le "PAN" abréviation d'un produit
chimique que je ne nommerai pas qui est une des conséquences de
réactions secondaires. Il existe, dans certains cas, des
méthodes, mais, comme vous le dites, c'est un domaine qui est
extrêmement mobile et où la recherche sur ces effets
synergétiques ne fait que débuter.
Cela vient un peu appuyer notre mémoire à savoir que des
méthodes existantes pour mesurer des effets de ce genre, il n'y en a
presque pas. C'est pour cela qu'on demande, en tant qu'organisme
intéressé, une possibilité d'équivalence dans les
méthodes justement pour nous permettre de rester à la fine pointe
de la recherche dans ces domaines.
M. Léger: Les stations télémétriques
qui existent actuellement...
M. Fortin: Elles ne mesurent pas...
M. Léger: ... ne peuvent pas mesurer cela.
M. Fortin: Non, elles vont mesurer les polluants primaires comme
l'anhydride sulfureux, l'hydrogène sulfuré, mais il n'y a pas
d'échantillonnage en continu par exemple du "PAN" qui serait un produit
secondaire. A ma connaissance, il n'y a aucun échantillonnage qui se
fait en continu ou même à la source de produits possiblement de
réactions. Même dans les produits de cheminées,
l'échantillonnage des cheminées n'en est qu'à ses
débuts. On fait encore des polluants primaires comme l'anhydride
sulfureux et l'hydrogène sulfuré.
M. Léger: J'avais à l'esprit l'exemple d'une
région où on installe une compagnie qui est la seule
installée là et où nous avons des normes de pollution
à ne pas dépasser; parce qu'on a calculé que telle
industrie pouvait envoyer et mettre telle qualité de polluant, mais, par
la suite, d'autres compagnies viennent s'installer qui viennent changer toutes
les conséquences de l'air ambiant par le fait qu'elles-mêmes
envoient une autre sorte de matières polluantes et, à ce moment,
les normes qui sont là ne tiennent pas compte des
interpénétrations des deux matières polluantes ou des
trois matières polluantes lancées en l'air qui ont des
réactions que vous appelez synergétiques, je ne le sais pas...
C'est dans ce sens. On n'a pas de méthode jusqu'ici pour contrôler
cela.
M. Fortin: Non, là aussi, c'est pour contrer ceci qu'on va
maintenant de plus en plus à l'échantillonnage à la
source. Les émetteurs de polluants, c'est encore embêtant de dire
que cela vient du voisin quand c'est pris dans votre propre
cheminée.
M. Léger: On ne peut pas, actuellement, défendre
à une nouvelle industrie, qui émettrait un certain gaz ou un
certain polluant, de venir s'installer près d'autres industries
déjà là? On ne peut pas leur dire: Vous ne pouvez pas vous
installer là, parce que vous allez créer une sorte de pollution
encore plus grave au contact des polluants qui sont déjà
là. On n'est pas capable de prévenir cela.
M. Fortin: Je ne pense pas qu'on puisse dire cela
actuellement.
M. Léger: D'accord, je vous remercie infiniment.
Le Président (M. Lafrance): M. Ouellet, avez-vous quelque
chose à ajouter?
M. Ouellet: M. le Président, je voudrais vous remercier de
nous avoir reçus et insister, encore une fois, sur le point de vue du
mémoire que nous avons présenté, qui est celui de la
compétence des personnes responsables des résultats. Il y a eu
trop d'exemples dans le passé de gens qui ont présenté des
résultats qui n'étaient pas interprétables par des
professionnels et qui ont mené, dans certains cas, des industriels
à des catastrophes. Nous en sommes conscients.
M. Léger: Est-ce que vous avez évalué la
possibilité que l'utilisation d'un personnel qualifié comme le
sont les membres de votre corporation demanderait une augmentation du budget du
ministère de l'environnement?
M. Ouellet: Je dois dire que nous ne le croyons pas. C'est aussi
clair que cela.
M. Léger: D'accord.
Le Président (M. Lafrance): Je remercie, au nom de la
commission, l'Ordre des chimistes du Québec et M. Ouellet, en
particulier. Nous entendrons maintenant l'Association des industries
forestières du Québec et M. Lachance. M. Lachance, quand vous
serez prêt.
Association des industries forestières du
Québec
M. Lachance (Paul E.): M. le Président, messieurs,
laissez-moi d'abord vous dire que, si c'est l'Association des industries
forestières du Québec qui est devant vous dans le moment, c'est
qu'il y a eu fusion récemment entre cette association et le Conseil des
producteurs de pâtes et papiers du Québec qui a reçu
l'invitation de présenter ses vues sur le projet de règlement qui
nous occupe présentement. Nous vous remercions de nous offrir l'occasion
de vous signaler certains points qui, d'après nous, seraient de nature
à améliorer les règlements proposés et de vous dire
aussi combien l'industrie des pâtes et papiers du Québec, tout
comme le gouvernement, est intéressée à améliorer
la qualité de l'atmosphère.
Depuis plusieurs années et bien avant qu'il soit question de
règlements, l'industrie papetière s'est efforcée, dans la
mesure de ses moyens et en tenant compte des procédés de
fabrication en
usage et des développements techniques, d'assurer le mieux
possible la qualité de l'environnement. Il est nécessaire que le
Québec, comme ailleurs, ait ses règlements relatifs à
l'environnement, soit l'eau, l'air et le milieu de travail. Par contre, comme
nous l'avons dit plusieurs fois, il nous semblerait dommage que la
rigidité des normes établies, tout autant que
l'échéancier fixé pour en arriver à des
résultats concrets soient impossibles à rencontrer ou tellement
coûteux à réaliser qu'ils compromettraient la position
financière de certains secteurs industriels.
Quant à l'industrie des pâtes et papiers du Québec
qui dépend, comme vous le savez, d'un marché d'exportation et
doit se soumettre aux fluctuations du marché mondial dans la vente de
ses produits et rencontrer la concurrence, elle est limitée dans les
dépenses qu'elle peut faire sans compromettre son existence. Elle peut
difficilement faire tout à la fois. Ce ne sont pas seulement les
dépenses relatives à l'assainissement de l'air qu'elle doit
assumer, mais celles de l'eau, du milieu de travail et, en même temps,
toutes les autres charges, de plus en plus grandes que lui imposent les
gouvernements au niveau fédéral, provincial et municipal. C'est
cette pyramide de dépenses qui la préoccupe. L'industrie
papetière du Québec n'entend aucunement se soustraire à
ses obligations sociales et répondra le mieux possible aux exigences de
nos gouvernements.
L'Association des industries forestières du Québec estime
que les directives ou règlements provinciaux en matière de
contrôle de la pollution devraient avoir pour but de protéger
l'environnement des effets délétères des rebuts des
exploitations industrielles. Les limites devraient être établies
en fonction de valeurs reflétant l'application de procédés
de réduction ou de techniques de contrôle actuellement
utilisées.
L'objectif devrait être de garantir que les fabricants de
pâtes et papiers adopteront et utiliseront de façon satisfaisante
des procédés et moyens de contrôle nécessaires pour
réduire au minimum les effets délétères des
dégagements de contaminants. Les directives en matière de
contrôle de pollution devraient être conçues eu tenant
compte d'une norme de base minimale. Les services de protection de
l'environnement du Québec pourraient imposer d'autres exigences
fondées sur des problèmes spécifiques liés aux
sites et indentifiables une fois que les exigences de base auront
été satisfaites.
Un comité technique de l'environnement de l'Association des
industries forestières du Québec a fait l'étude du
règlement dont il est question aujourd'hui et a rédigé
cette critique qui présente diverses objections au projet actuel et
propose quelques recommandations.
Dans cette réglementation, il est question de dates fixes
auxquelles certains articles seraient applicables. Nous tenons à
formuler une objection formelle à l'application de dates fixes et ce,
pour plusieurs raisons. L'application de dates fixes à toutes les usines
actuelles sous-entend que celles-ci sont en mesure, matériellement et
éco- nomiquement parlant, de les observer, ce qui n'est absolument pas
le cas. Certaines usines pourraient peut-être y parvenir au prix de
quelques additions mineures à leur équipement antipollution. Les
autres, cependant, devraient faire face à des travaux
considérables de remplacement de leurs installations présentes ou
d'additions majeures; ceci exigerait de longs délais de mise au point et
de fabrication, compliqués par les problèmes de livraison du
matériel advenant le cas où les différents secteurs de
l'industrie se disputeraient les services du fournisseur aux mêmes dates.
Notre recommandation à ce sujet est que le calendrier des dates
d'application soit établi séparément pour chaque usine,
suite à des consultations entre ses dirigeants et le Service de la
protection de l'environnement, tenant compte de la situation
géographique, de l'âge, des procédés particuliers et
de l'économie de l'usine.
Il est de la plus haute importance de traiter les usines sur une base
individuelle. En effet, il faut non seulement formuler des programmes de
contrôle de pollution de l'air, mais encore planifier, financer et mettre
en oeuvre dans un même temps des programmes de réduction de la
pollution des eaux et le contrôle des déchets solides.
Les normes relatives à l'air ambiant font toujours partie du
projet de règlement, en plus des normes relatives aux émanations.
L'industrie des pâtes et papiers endosse les principes que vous avez
énoncés selon lesquels les contrôles de l'environnement
devraient être basés sur les critères ou besoins relatifs
à l'environnement, d'une part, et sur l'exitence de moyens de
contrôle pratiques et éprouvés, d'autre part. Les
règlements devraient refléter ces principes de façon non
équivoque et être basés uniquement sur des normes
d'émissions plutôt que sur les normes concernant l'air
ambiant.
Nous reconnaissons que les services de protection de l'environnement ont
accommodé les grandes industries en étoffant les normes
d'émissions spécifiques de manière à y inclure des
dispositions concernant les émissions particulaires propres à
chaque procédé industriel. Nous estimons qu'une telle mesure
facilitera l'administration des règlements.
D'une façon générale, la plupart des normes
d'émissions proposées pour les usines existantes
inquiètent vivement l'industrie des pâtes et papiers. Les
anciennes usines éprouvent beaucoup de difficultés à
respecter les niveaux d'émissions relatifs aux particules, aux sulfures
totaux réduits et à l'anhydride sulfureux énoncés
par le passé. Il s'agit de difficultés technologiques, et la
possibilité économique de telles mesures est clairement
discutable dans de nombreux cas. Nous répétons que le
problème provient du fait que de l'équipement extrêmement
coûteux devrait être remplacé et que d'autres pièces
d'équipement devront être ajoutées aux installations afin
de pouvoir respecter les normes proposées.
Article 8f. Nous recommandons que la publication de Paré soit
réécrite sous forme d'une méthode d'essai, qui serait
alors évaluée en fonction
des interférences, de l'exactitude et de la précision
avant d'être acceptée comme méthode standard. On devrait
notamment étudier les effets de l'anhydride sulfureux et des sulfures
organiques comme causes possibles d'interférences pendant le
prélèvement d'échantillons.
Section IV Opacité. Article 9. Techniquement parlant, il
n'est pas rationnel d'appliquer cet article à toutes les sources fixes
étant donné que l'échelle de mesure Ringelman ne convient
pas pour les sources autres que celles provenant des appareils de combustion.
Nous recommandons que l'application de cet article se limite à ce genre
d'équipement. Les émissions particulaires ayant comme source des
procédés de fabrication sont suffisamment
réglementées dans chacune des normes appropriées de
l'industrie. Il ne devrait pas être nécessaire de
réglementer en plus l'opacité des émissions.
Article 10. Cet article a trait évidemment aux équipements
à combustibles fossiles et renforce encore l'argument exposé
à propos de l'article 9 ci-dessus.
Composés organiques gazeux, article 11. Nous croyons que cet
article a été prévu à l'intention des hydrocarbures
et de leurs dérivés. Tel qu'il se présente, on pourrait en
déduire qu'il vise des composés particuliers dont il est question
dans d'autres articles du règlement (en particulier les sulfures totaux
réduits du traitement des pâtes kraft). Nous recommandons
l'insertion d'une exception couvrant ces cas-là, ou une révision
du libellé de l'article qui le clarifierait.
Section VI Emissions diffuses, généralités.
Pour les sources fixes, nous recommandons que les émissions diffuses
soient seulement réglementées en fonction de leur impact sur la
qualité de l'atmosphère au-delà des limites de la
propriété. Nous recommandons également que les
méthodes de contrôle à cette fin ne soient pas
spécifiées dans la réglementation mais
décidées avec l'approbation du directeur, conformément
à l'article 22 de la Loi sur la qualité de l'environnement.
Article 18. Nous recommandons que l'exception relative au brûlage
des branches, arbres et feuilles mortes s'applique plus explicitement au
brûlage des abattis après la coupe du bois, comme moyen de
prévention approuvé contre les incendies, conformément aux
règlements de la Loi des terres et forêts.
Section VII Normes générales d'émission des
matières particulaires. Article 20. Nous recommandons que les questions
soulevées par l'émission de matières particulaires dont
parle cet article, et s'appliquant aux usines de pâtes et papiers et aux
scieries, soient traitées comme s'il s'agissait d'émissions
diffuses et ne soient réglementées que si ces émissions
sont reconnues comme dommageables au-delà des limites de la
propriété. La limite de 50 milligrammes par mètre cube est
souvent non réalisable. Par exemple, nous signalons que cette technique
n'est pas compatible avec le transport pneumatique des copeaux de bois vers un
endroit d'entreposage extérieur. Nous recommandons qu'on n'impose pas
d'exigences globales pour les diverses opérations mentionnées
dans cet article.
Les problèmes devraient être abordés
séparément, pour s'assurer que les émissions diffuses ne
causent pas d'ennuis au-delà des limites de la propriété.
Si l'on identifie certains problèmes particuliers dans les
opérations mentionnées, nous recommandons que des limites
d'émissions soient fixées pour chacune de ces
opérations.
Appareils de combustion. Article 22, matières particulaires. Cet
article du projet de règlement n'est pas réaliste quant aux
appareils chauffant au charbon. Les niveaux concernant les combustibles
liquides et gazeux sont parmi les plus stricts en Amérique du Nord.
(Voir les rapports mentionnés ici) Nous mettons en doute la
nécessité de normes aussi strictes sauf sans des régions
particulières où la pollution de l'air l'exige.
Articles 23 à 25. Les teneurs de 2% en soufre dans le charbon et
de 2,5% dans le mazout à compter de 1979, ne sont pas réalistes
si l'on considère la situation mondiale des approvisionnements en
charbon et en produits pétroliers.
Nous comprenons que vous désirez présenter des
règlements rationnels et pratiques. Nous reconnaissons également
que les règlements sont d'autant plus forts qu'ils sont clairs et
établis compte tenu de la technique. Pour y parvenir, nous recommandons
respectueusement à votre commission de mettre sur pied un comité
technique conjoint, gouvernement-industrie, qui serait chargé d'examiner
en détail le projet de règlement et de résoudre tous les
problèmes véritables qu'il contient dans la mesure où ils
concernent l'industrie des pâtes et papiers.
Selon nous, un tel comité technique devrait être
institué dans les meilleurs délais et la promulgation officielle
des règlements ne devrait se faire qu'une fois que vous aurez eu
l'occasion d'étudier le rapport dudit comité. Moyennant quelques
efforts, il devrait être possible de rédiger des règlements
permettant d'arriver dans des délais raisonnables à un
contrôle efficace des émissions dans l'atmosphère.
Voici maintenant les remarques relatives à ce projet de
règlement que nous tenons à vous signaler.
Section Interprétation, article 1 h et 1 r. Nous suggérons
que l'on définisse une usine existante comme celle qui a
déjà commencé à décharger les contaminants
dans l'atmosphère ou pour laquelle une autorisation de principe a
déjà été accordée par le directeur à
la suite de publications de ce règlement dans la Gazette officielle du
Québec. Conséquemment, une usine nouvelle serait toute usine
n'entrant pas dans la définition d'une usine existante.
Dispositions générales, article 3. Nous nous opposons
à cet article pour les deux raisons suivantes: a) Nous nous opposons
à l'application de normes communes à l'air ambiant et aux
émissions. Nous recommandons énergiquement que les
émissions tombent sous le coup de normes et que seulement des objectifs
soient applicables à la qualité de l'air ambiant sans force de
règlement.
Les problèmes découlant de l'application de normes
à l'air ambiant sont multiples. Le rapport existant entre le taux
d'émission d'un contaminant et sa concentration au point de
retombée est à la fois complexe et soumis à diverses
variables dépendant de la situation ou du moment. Les meilleures
techniques antipollution peuvent ne pas suffire à satisfaire constamment
à ces normes ambiantes au point de retombée.
Un cas qui nous inquiète particulièrement est la norme
concernant l'hydrogène sulfuré dans l'air ambiant. Nous estimons
que, même dans les usines kraft actuelles qui utilisent les techniques
les plus reconnues, leurs émissions produiront des concentrations en
hydrogène sulfuré au point de retombée qui
dépasseront la norme prescrite.
En résumé, nous croyons que la qualité de
l'environnement atmosphérique sera convenablement protégée
par les normes d'émission. Dans les cas où des conditions locales
particulières exerceraient un effet défavorable constant sur la
qualité de l'air ambiant et dans les cas où les sources fixes
particulières répondent aux normes d'émission, la solution
au problème devrait être négociée avec les
responsables de ces sources fixes dont les émissions se sont
révélées la cause du problème. b) Le choix des
appareils ou moyens antipollution devrait être laissé aux
responsables des émissions et ne devrait pas être
spécifié par voie de règlement.
Section III. Normes d'air ambiant, article 5. Outre les recommandations
portant sur l'article 3 ci-dessus, nous en ajoutons d'autres à propos du
tableau des exigences concernant la qualité atmosphérique.
Dans la colonne 2, la concentration moyenne devrait s'exprimer par une
seule valeur, la concentration maximale admissible.
Dans la colonne 3, la durée de retombée de
poussière devrait se lire "cumulative" pendant 30 jours au lieu de
"moyenne" pendant 30 jours.
La teneur en hydrogène sulfuré a été
mentionnée plus haut. La concentration de 5 parties par milliard en
volume se trouve près de la limite de détection et n'est pas
raisonnable. On devrait quadrupler cette valeur.
L'article 7. Si l'on s'en tient à notre recommandation que la
qualité de l'air ambiant soit considérée comme un
objectif, cet article deviendrait superflu. Nous admettons que les effets d'une
nouvelle source fixe sur la qualité de l'air ambiant devrait constituer
un facteur important dans toute demande de certificat d'autorisation de la
source en question, comme prévu à l'article 22 de la Loi sur la
qualité de l'environnement.
Nous apprécions l'intention contenue dans les articles 24 et 25,
tout en estimant que l'application de ces dispositions se
révélera très difficile dans la pratique.
Article 26. Nous nous opposons à la vélocité
minimale de 10 mètres par seconde imposée pour les gaz
d'évacuation au taux d'opération minimum. Nous recommandons que,
dans ces conditions, une vélocité de 20 mètres par seconde
au taux d'opération nominale soit spécifiée. De plus, les
gaz qui sortent d'un appareil de combustion sont assez chauds que la force
ascentionnelle à la sortie de la cheminée est dominante et
l'effet de jet est négligeable.
Combustion du bois, article 32. Nous estimons que les installations plus
anciennes auront de la difficulté à respecter les niveaux
d'émissions de matières particulaires imposés aux
chaudières actuelles. La limite de 50 kilogrammes-heure de taux
d'émissions désavantage les gros appareils et devrait être
supprimée. Nous estimons que le taux d'émission de
matières particulaires provenant d'un brûleur conique est
irréalisable et nous mettons en doute les données qui ont servi
de base à cette limite.
Article 34. Voir nos commentaires à propos de l'article 26
ci-dessus.
Section XXV, usines de pâtes et papiers, article 63. La double
norme de kilogrammes de matières particulaires par tonne de pâte
séchée à l'air et de milligrammes par mètre cube
est illogique et nous recommandons que la norme de concentration soit
supprimée. Nous insistons pour que les tables de valeurs de cet article
soient révisées par le comité technique que nous vous
avons suggéré au début de ce mémoire. Par exemple,
nous ne sommes pas certains que chaque usine pourrait se conformer aux valeurs
mentionnées dans le projet de règlement sans avoir à
reconstruire complètement ses fours de récupération et ses
appareils de contrôle de matières particulaires. Ceci ne pourrait,
d'ailleurs, se faire dans le temps requis.
Article 64. Les niveaux d'émission d'anhydride sulfureux
présentés comme normes sont trop bas pour les usines existantes
de pâte au sulfite acide. Nous recommandons comme réalisable,
selon nous, une norme de 30 kilogrammes par tonne de pâte
séchée à l'air.
Section XXVI, méthodes de mesure, article 66, a) et b).
Prière de se reporter à nos commentaires à propos de
l'article 9, section IV.
Article 66h. L'instrument décrit par Eckstein a été
conçu pour mesurer le soufre total plutôt que les sulfures totaux
réduits et est donc inutilisable pour la présente application. Il
est à prévoir que des changements et des perfectionnements de
méthodes fort importants interviendront d'ici deux ou trois ans dans le
domaine de l'analyse du soufre gazeux. Nous sommes d'avis que toute
méthode sûre doit inclure une séparation satisfaisante des
sulfures totaux réduits de l'anhydride sulfureux et du carbonyle
sulfuré. Les progrès récents portent à croire que
cette méthode comprendra une technique chromatographique du gaz. Nous
recommandons instamment qu'une méthode de mesure des sulfures totaux
réduits soit spécifiée seulement quand le stade de
développement sera complété.
Ce mémoire vous est présenté au nom de
l'Association des industries forestières du Québec et les
recommandations qui s'y trouvent sont appuyées sans réserve par
les compagnies dont les noms sont mentionnées dans le
mémoire.
Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. Lafrance): Merci, M. La-chance.
L'honorable ministre de l'environnement.
M. Goldbloom: M. Lachance, vous indiquez, à la fin du
mémoire, aux pages 18 et 19, les compagnies qui se déclarent
solidaires de ce mémoire. J'en ai compté 17. Est-ce que cela
représente toutes les compagnies du Québec? Je ne veux pas...
M. Lachance (Paul E.): Cela représente, M. le ministre,
toutes les compagnies membres de l'association qui, autrefois, jusqu'à
dernièrement, étaient membres du Conseil des producteurs de
pâtes et papiers. Au point de vue de la protection, cela peut
représenter à peu près 95% de la production des
pâtes et papiers.
M. Goldbloom: Quand nous avons reçu des mémoires et
des demandes d'être entendu, plusieurs compagnies de pâtes et
papiers ont indiqué leur désir de faire une
présentation.
Y en a-t-il qui voudraient faire des présentations individuelles
ou pouvons-nous discuter de l'ensemble de l'industrie à partir de ce
mémoire?
M. Lachance (Paul-E.): Je pense, M. le ministre, qu'il faut se
rallier à ce mémoire, étant donné que les
compagnies qui avaient manifesté le désir de se faire entendre se
sont ralliées et étaient d'ailleurs représentées
par le comité technique qui a écrit ce mémoire.
M. Goldbloom: Je ne voudrais pas empêcher les compagnies
individuelles de parler et je voudrais, si elles ont des représentants
ici dans la salle, qu'elles se sentent libres de venir au micro et de
parler.
Vous faites des commentaires d'ordre technique sur plusieurs articles et
je pense qu'il serait un peu difficile d'aller dans tous les détails. Ce
sera plutôt la tâche de notre équipe technique de prendre
connaissance de tous vos commentaires et de les analyser en détail.
Je suis frappé par la philosophie qui se trouve dans votre
mémoire, qui met un accent sur les normes d'émission en
suggérant que les normes de qualité d'air ambiant sont
très difficiles à respecter. Et pourtant nous avons eu hier des
discussions sur l'avantage de définir les normes par rapport à la
qualité de l'air ambiant plutôt que d'insister sur des normes
d'émission. Il me semble que nous avons, malgré tout, une
responsabilité à l'endroit de ceux qui, à un endroit
donné, à une distance donnée de l'usine, sont
exposés à des inconvénients et possiblement à des
dangers.
C'est cela qui me préoccupe. Ce que vous indiquez je
voudrais bien comprendre le point de vue de l'industrie c'est que si une
usine installe des appareils qui, en principe, selon leur description technique
et leur performance ailleurs, devraient fournir des résultats d'une
certaine qualité d'un certain degré, si, effectivement, dans les
échantillonnages faits aux points d'émission vers
l'atmosphère, aux points d'évacuation, on trouve des
résultats qui sont à l'intérieur des normes, l'on devrait
se contenter de cela, même si, à un endroit donné, il y a
des problèmes qui existent. Vous indiquez que, si une telle situation se
présente, vous recommanderiez que nous entreprenions des
négociations avec les compagnies qui peuvent être
impliquées.
J'aimerais que vous expliquiez un peu cette pensée parce que
l'accent a été un peu différent dans les discussions que
nous avons eues hier.
M. Lachance (Paul-E.): Nous nous sommes penchés longuement
sur le problème, et les membres du comité étaient d'accord
pour dire que nous préférions de beaucoup que ce soient des
normes à l'émission. C'est beaucoup plus facile, pour le service
de l'environnement, à contrôler. Cela rejoint un peu ce que vous
disiez au début de la séance, cet après-midi, en parlant
du contrôle dans les cheminées.
Si vous avez des normes à l'émission satisfaisantes, il
n'y aura pas de problème à trouver une qualité d'air
ambiant satisfaisante.
M. Goldbloom: Maintenant M. Lachance, je vous fais remarquer, et
vous y avez sûrement pensé, que même le meilleur appareil,
même le meilleur dispositif anti-pollution risque de fournir une
performance variable. Certaines compagnies, certaines industries diraient:
Ecoutez, laissez-nous la marge de variation quant aux émissions, pourvu
que les résultats, à un point donné, la qualité de
l'air ambiant à une distance donnée de l'usine, soient
acceptables.
Ne venez pas intenter des poursuites contre nous si nous
dépassons, dans la cheminée, une norme X, si, à
côté de l'usine, il n'y a quand même pas
d'inconvénients pour les gens qui y habitent.
Je ne porte pas de jugement de valeur là-dessus, mais je trouve
que l'industrie s'étire le cou pas mal en disant: Ce sont les normes
d'émissions que nous trouvons les plus importantes.
M. Lachance (Paul-E): Comme normes. Et qu'il y ait des objectifs
à atteindre comme air ambiant.
M. Goldbloom: D'accord. Mais quand il y a une norme qui est
inscrite dans un texte de loi et le règlement, une fois
adopté, devient un texte de loi il y a des poursuites auxquelles
une compagnie devient passible si la norme est dépassée.
M. Lachance (Paul-E): Je pense que c'est pour cela que nous ne
voudrions pas que les normes aux émissions soient telles que nous ne
puissions pas y répondre. Evidemment, c'est un point de vue. D'autres
peuvent partager une idée différente.
M. Goldbloom: J'arrive à un cas particulier,
l'hydrogène sulfuré. Vous élaborez une certaine discussion
à ce sujet dans votre mémoire. C'est une substance qui comporte,
selon la concentration, l'exposition, un certain danger à la
santé.
Mais, entre le niveau de concentration qui représente un danger
et le niveau beaucoup plus bas qui évite l'inconvénient de
l'odeur caractéristique, il y a une marge considérable.
Il y a des gens, dans l'est de Montréal par exemple, qui se
plaignent des raffineries. Vous ne représentez pas les raffineries, mais
l'on sait qu'il y a un inconvénient important qui, en ce qui concerne
l'hydrogène sulfuré, peut ne pas représenter un danger
à la santé. Je ne me prononce pas là-dessus, mais j'avance
l'hypothèse qu'un niveau peut être perceptible sans constituer un
inconvénient à la santé. Il est certain que des usines de
pâtes et papiers provoquent des plaintes à cause de l'odeur.
Vous recommandez un niveau de 20 parties par milliard. Vous remarquez un
maximum de cinq dans le projet de règlement et vous dites: C'est
excessivement sévère. Quadruplez cette norme et laissez-nous
aller jusqu'à 20.
Je voudrais d'abord vous demander, sur l'échelle, entre cinq et
vingt, où se situe le seuil de perceptibilité quant à
l'odeur.
Deuxièmement, pour éclairer ma lanterne, j'aimerais vous
demander si vous êtes capable de faire la traduction rapide; moi je n'en
suis pas capable, parce que je n'ai pas tous les éléments devant
moi, mais peut-être que vous le savez. Quel serait, en termes de
microgrammes par mètre cube, l'équivalent de cinq ou de vingt
parties par milliard? Est-ce que vous le savez?
M. Lachance (Paul-E): Non, je regrette, M. le
Président.
M. Goldbloom: II faudra que nous fassions les recherches pour
déterminer exactement ce que cela veut dire. Mais est-ce que vous
êtes en mesure de m'indiquer où se situe le seuil d'odeur?
M. Lachance (Paul-E): Non, je ne peux pas. Ce que je sais au
point de vue odeur, c'est qu'aux Etats-Unis, dans le Midwest américain,
on a dépensé énormément d'argent pour en arriver
à un contrôle satisfaisant qu'on pensait à l'épreuve
de tout pour éliminer les odeurs et on n'a pas réussi. C'est
très difficile d'en arriver à un contrôle complet des
odeurs.
M. Goldbloom: Pour l'instant je n'ai pas d'autres questions, M.
le Président. Je m'abstiens. C'est un grand effort, mais je m'abstiens
de tout autre commentaire sur les mauvaises odeurs dans l'est de
Montréal.
Le Président (M. Lafrance): L'honorable
député de Lafontaine.
M. Léger: Le message est encore passé. De toute
façon, je pense que le ministre est venu quelquefois dans mon
comté.
M. Goldbloom: Pour l'assainir.
M. Léger: Pour l'assaillir. Tout d'abord, je voudrais
poser une question à M. Lachance. Il y a quelques mois, dans les
journaux, on annonçait qu'il y avait eu une perte de plusieurs
centaines, peut-être plusieurs milliers de tonnes de mercure qui n'a pas
été retrouvé par les usines de pâtes et papiers.
Est-ce que vous êtes en mesure de me dire si vous avez fait des
études là-dessus pour évaluer la cause de cette perte de
mercure et est-ce que cela s'est fait par ruissellement ou par
évaporation?
M. Lachance (Paul-E.): Je regrette de ne pas être capable
de répondre à votre question qui est bien sensée. C'est un
problème qui ne regardait qu'une compagnie, qu'une usine. Je pense que
cette compagnie serait probablement plus en mesure de vous répondre. Je
regrette de ne pas pouvoir le faire.
M. Léger: On sait que l'industrie des pâtes et
papiers au Québec est de première importance. Je pense qu'il est
important qu'on garde un leadership mondial. On alimente le nord des Etats-Unis
en pâtes et papiers produits au Québec. Mais, malgré cela,
je pense qu'on peut dire que les usines de pâtes et papiers sont une des
industries les plus polluantes qui existent au Québec.
En regardant votre mémoire, je suis porté à dire
que votre peur de règlements sévères provient certainement
de l'intérêt que vous avez à vous protéger au
départ pour avoir une productivité qui soit compétitive.
Mais je pense que le premier objectif de cette réglementation, c'est de
protéger l'environnement. Je doute fort que votre argument nous persuade
d'être moins sévères quant à la
réglementation; parce que, justement, les compagnies, comme celles que
vous représentez aujourd'hui, ont été responsables de la
pollution de l'eau, et ont causé, au moins, par le ruissellement ou
autrement, la maladie de minamata, dont on a parlé, qui est la
conséquence de l'ingurgitation, de l'absorption de l'eau polluée
par le mercure, par des Indiens et d'autres personnes.
Je pense qu'il est malheureux que nous soyons obligés
d'être peut-être un peu durs aujourd'hui en disant que, jusqu'ici,
les compagnies de pâtes et papiers sont très bien traitées
au niveau de la réglementation. La réglementation ne sera jamais
assez sévère, parce qu'il y a eu des conséquences
très graves. Il ne semble pas que les compagnies aient
d'elles-mêmes la volonté de vouloir corriger cette situation. Je
pense qu'on veut souvent attaquer l'Opposition parce qu'on dit que l'Opposition
n'est pas sérieuse, elle veut être trop sévère au
niveau de la qualité de l'environnement et que cela peut diminuer la
qualité de la production. Je peux dire aujourd'hui qu'on ne doit
peut-être pas être en opposition aveugle avec le progrès,
mais on doit être en opposition avec le progrès aveugle. Je pense
que le progrès, aveuglément, qui n'a comme seule
préoccupation sociale que le profit et qui ne fait aucun effort pour
améliorer la qualité de l'environnement doit être
sévèrement poursuivi. Il y a des pays comme le Japon où on
a même mis en ruine des compagnies qui avaient pollué
l'atmosphère et qui avaient affecté assez fortement la
santé des citoyens. Je ne
vois pas comment aujourd'hui on puisse dire qu'il faille aller d'une
façon encore plus douce, adopter une réglementation moins rigide,
alors qu'au Québec les compagnies de pâtes et papiers sont reines
et maîtresses. Elles ont une productivité provenant des richesses
naturelles du Québec et leurs préoccupations sociales doivent
être beaucoup plus éveillées.
En ce qui me concerne, je me dois d'être de plus en plus
sévère devant l'attitude que les compagnies ont devant le
problème de la qualité de l'environnement. Je vois, entre autres,
un exemple à la page 10 où vous dites que le teneur en
hydrogène sulfuré, comme le disait le ministre tantôt, on
l'a mentionné plus haut, la concentration de 5 ppb se trouve près
de la limite de détection et ce n'est pas raisonnable. On devrait
quadrupler cette valeur.
Ce que je ne comprends pas, c'est que vous affirmez qu'on est trop
près de la limite de détection à 5 ppb, dans la
réglementation présentée par le Québec, alors que
la réglementation de l'Ontario parle de 2 ppb. Comment se fait-il que
l'Ontario peut déceler 2 ppb dans la réglementation et que vous
affirmez qu'on n'est pas capable de le détecter à 5 ppb?
M. Lachance (Paul-E.): Je serais porté à croire
qu'en Ontario ce sont des objectifs a atteindre et non pas une
réglementation.
M. Léger: C'est la réglementation de l'air ambiant,
"Réglementation under the Environmental Protection Act, 1971". Ce n'est
pas un objectif; c'est la réglementation de l'hydrogène
sulfuré. C'est fait pour une heure, mais je pense bien qu'il n'y a pas
une grande différence pour deux heures au niveau de la perception. C'est
pour cela que je trouve drôle cette affirmation. Pouvez-vous m'expliquer
pourquoi vous dites que ce n'est pas détectable, alors que l'Ontario
l'a?
M. Lachance (Paul-E.): Je ne peux pas vous répondre
à cela, parce que c'est une question absolument technique. Que ce soit
pendant une heure ou une moyenne, je ne peux pas vous répondre à
ces choses. Par contre, M. Léger, vous avez dit des choses qui sont
sensées. C'est évident que l'industrie des pâtes et papiers
pollue. On n'est pas du tout exempt de cela. Toute industrie pollue l'air et
l'eau. Toutes celles qui se servent de l'eau le font, pas seulement l'industrie
des pâtes et papiers, mais toute l'industrie en général. Et
nous-mêmes, comme particuliers, nous polluons l'air et l'eau.
A tout événement, ce que je tiens à vous
mentionner, c'est que l'industrie des pâtes et papiers, comme je le
disais au début du mémoire, est absolument consciente de ses
obligations sociales et entend s'y soumettre et ne pas négliger la
question de l'assainissement de l'eau, de l'air et de la qualité au
travail. Par contre, elle ne peut le faire qu'à la mesure de ses moyens.
Vous dites qu'on n'a rien fait. Uniquement au Québec, en instrumentation
directement rattachée à l'épuration de l'eau et de l'air,
nous avons dépensé à ce jour $106 millions. Nous avons
dépensé $91,6 millions depuis 1960 pour l'eau. Nous avons
dépensé $15 millions depuis 1965 pour l'épuration de
l'air. Je pense qu'en 1965 il n'y avait pas de réglementation ou de
règlement qui nous forçait, du moins, à épurer
l'air. Nous croyons que, pour en arriver à se rendre aux exigences
actuelles du règlement cela seulement pour l'instrumentation
directement applicable et non pas pour les améliorations de
procédés qui ont aidé à une meilleure
qualité des eaux-vannes ou de l'air...
M. Léger: Vous semblez avoir des chiffres
préparés en me disant qu'il y a eu une dépense de $106
millions pour la protection de la qualité de l'environnement. Est-ce
que, depuis 1960, en seize ans, vous avez à côté des
chiffres nous montrant quelle proportion des revenus des compagnies dans le
domaine des pâtes et papiers équivaut à ces $106
millions?
M. Lachance (Paul-E.): Non, je n'ai pas les chiffres que vous me
demandez là.
M. Léger: $106 millions, cela peut valoir beaucoup...
M. Lachance (Paul-E.): Oui.
M. Léger: ... mais comparativement aux revenus des
compagnies, c'est peut-être très infime.
M. Lachance (Paul-E.): Oui, mais vous connaissez les revenus des
compagnies, surtout de ce temps. Les journaux sont pleins de rapports
financiers des compagnies. Il y en a même qui sont en déficit, de
ce temps. S'il fallait entrer dans le domaine économique et vous
décrire la situation financière de toute l'industrie, je pense
que ce ne serait pas tellement encourageant, de ce temps.
M. Léger: Là, on parle d'une période. Vous
avez sorti vous-même un chiffre qui frappe, $106 millions. C'est pour
seize ans. Je me demandais comment on pouvait évaluer la
préoccupation sociale de l'industrie des pâtes et papiers. On ne
peut le faire qu'en comparant la proportion du budget de ces compagnies qui est
portée à la protection de l'environnement, puisqu'on fait des
profits au Québec à même les richesses naturelles des
Québécois, mais on pollue aussi les Québécois.
Quelle proportion de notre budget va-t-on mettre pour protéger la
qualité de l'environnement de ces Québécois? Vous me
sortez un chiffre comme cela, mais un chiffre, c'est relatif. Cela peut vouloir
dire beaucoup, cela peut vouloir dire très peu.
M. Lachance (Paul-E.): C'est évident. Nous avons
calculé que, dans les dernières années, c'était
à peu près 10% du budget annuel des compagnies.
M. Léger: 10%. Alors, $106 millions, cela voudrait dire
que les compagnies de pâtes et papiers,
en seize ans, auraient fait un milliard de dollars comme chiffre
d'affaires.
M. Lachance (Paul-E.): C'est exact.
M. Léger: La dernière question: Est-ce que vous
êtes au courant je ne sais pas si vous êtes un technicien
dans ce domaine si le mercure peut avoir une évaporation qui
pourrait être détectée dans l'atmosphère?
M. Lachance (Paul-E.): Non, je ne suis pas au courant. Je ne peux
pas vous dire cela, M. Léger, malheureusement.
Ce que je peux ajouter, par contre, c'est qu'au point de vue
pécuniaire, si les choses semblent vous intéresser, nous avons
fait un calcul, qui n'est qu'une estimation tout de même, et nous croyons
que, pour satisfaire aux règlements proposés, il en
coûterait environ un minimum de $127 millions. Ce qui veut dire que, pour
les usines Kraft, par exemple, cela pourrait représenter, pour la
première année, des investissements qui correspondraient à
environ $50 la tonne de production, et $25 la tonne pour les usines à
papier journal.
M. Léger: De toute façon, dans les $106 millions
dont vous nous avez parlé, vous devez admettre quand même que les
équipements antipollution ne sont pas taxés, et que les
dépenses faites pour la qualité de l'environnement ne sont pas
imposables non plus. Elles sont déductibles de l'impôt.
M. Lachance (Paul-E.): Oui, mais je crois que c'est un
règlement qui va disparaître, je pense, à la fin de
l'année ou l'an prochain.
M. Léger: Ah ça! je...
Le Président (M. Lafrance): L'honorable ministre de
l'Environnement. .
M. Goldbloom: M. le Président, tout à l'heure, le
député de Lafontaine a fait une affirmation. Il a dit: Le projet
de règlement qui est devant nous propose un maximum de cinq parties par
milliard pour l'hydrogène sulfuré, sur une période de deux
heures, et il a affirmé que le règlement ontarien exige deux
parties par milliard. Il n'a pas...
M. Léger: J'ai dit tantôt: Par heure.
M. Goldbloom: Par heure, bon, d'accord!
M. le Président, j'ai devant moi un document intitulé:
"Regulations under the Environmental Protection Act, 1971, Regulation 15,
Revised Regulations of Ontario, 1970, as amended by Ontario Regulations 873,
1974," et le document est daté de décembre 1974.
A la page 39, no 44, hydrogène sulfuré, 30 microgrammes
par mètre cube d'air pour une période d'une demi-heure. J'ai
essayé d'avoir des renseignements là-dessus. Nous avons l'impres-
sion je la donne sous réserve que 30 microgrammes
représenteraient 22 parties par milliard. Nous allons vérifier
cela dans nos calculs, mais c'est approximativement la relation que nous
établissons.
Je constate que le gouvernement fédéral vient de publier
un communiqué, daté du 8 septembre 1976, et le maximum acceptable
qui est proposé est de 15 microgrammes par mètre cube pour une
heure. Cinq microgrammes par mètre cube comme moyenne pour 24 heures.
Nous exigeons, dans notre projet de règlement, jusqu'à cinq
parties par milliard, ce qui, selon notre calcul approximatif, ne
représenterait pas plus de sept microgrammes par mètre cube pour
deux heures. Or, M. le Président, je crois que nous sommes plus
sévères que ce que je viens de citer de l'Ontario, plus
sévères que ce que vient de recommander le gouvernement
fédéral. Face à notre sévérité
proposée, l'industrie des pâtes et papiers nous dit: Vous
êtes tellement exigeants que ce ne sera pas facile d'atteindre une telle
pureté des gaz, des émissions qui viennent de nos usines. Nous
sommes disposés à regarder cela, mais, M. le Président, je
pense que nous devons établir exactement ce que sont les diverses normes
qui sont établies par les diverses autorités au Canada et
ailleurs.
M. Léger: M. le Président, on est en train de se
lancer des particules par la tête et non pas par millions, mais ce sont
des ppm et des microgrammes. Il y a un tableau d'ajustement qu'on doit faire,
et ce que j'ai comme renseignement jusqu'à maintenant, c'est que 5
particules par milliard équivalent à 75 microgrammes.
Maintenant, c'est une chose à vérifier; même les
chiffres du ministre il dit qu'il doit lui-même les
vérifier doivent être vérifiés. Mais si les
miens sont bons je ne l'affirme pas présentement les 30
microgrammes que le ministre vient de mentionner équivaudraient à
peu près à la même chose que ce que je disais
tantôt.
M. Goldbloom: Oui, M. le Président...
M. Léger: J'ai la parole. Je l'ai écouté
tranquillement. Le ministre pourrait-il quand même ne pas toujours penser
que je veux l'attaquer? Il est rendu qu'il en fait une maladie de se sentir
attaquer. Je voulais simplement lui...
M. Goldbloom: Non, aujourd'hui cela va bien.
M. Léger: II y a des journées que cela passe et il
y a des journées que cela revient. Mais de toute façon, comme je
le vois souvent, cela revient plus souvent que cela passe.
M. Goldbloom: Vous n'avez qu'à laisser tomber les attaques
personnelles, cela ira bien.
M. Léger: C'est un problème que vous avez, mais ce
n'est pas le mien.
M. Goldbloom: Non, non.
M. Léger: Ce que je suis en train de dire, c'est que la
relation que je voulais faire au début n'était aucunement une
relation versus la réglementation du Québec et de l'Ontario.
C'était simplement au niveau de la détection. J'ai
mentionné ces chiffres pour dire que, dans le mémoire qu'on nous
présente aujourd'hui, on nous dit que 5 particules par milliard, c'est
trop proche de la limite de la détection. Alors, je disais que l'Ontario
y allait à 2 particules par milliard dans le document de 1971. C'est
donc dire que la détection est possible au niveau de deux particules par
milliard, si le ministre m'écoute bien. C'est au niveau de la
possibilité de la détection que je disais: Si l'Ontario est
capable de détecter les 2 particules par milliard, le Québec,
à 5 par milliard, doit être capable de le faire. C'est pour
répondre à l'argument qui est présenté dans le
mémoire à la page 10.
Maintenant, si on fait une bataille de microgrammes et de particules par
milliard, on n'ira pas loin parce que ce sont des choses très
techniques; c'est simplement au niveau de la possibilité de
détecter, tel que le mentionnait le mémoire de l'organisme qui
est devant nous.
M. Goldbloom: M. le Président, il ne s'agit pas de faire
une bataille de chiffres et de microgrammes, il s'agit de déterminer la
vérité. Selon l'équipe technique qui m'accompagne, la
relation la plus exacte que nous pouvons déterminer par nos calculs
et nous allons la vérifier pour demain c'est qu'une partie
par milliard représente 1,3 microgramme par mètre cube. M. le
Président, je souligne que, si les calculs du Service de recherche du
Parti québécois étaient vrais, si 5 parties par milliard
étaient l'équivalent de 75 microgrammes par mètre cube, si
le niveau de détection était soit à 5, soit à 2,
qu'on établisse une norme qui serait l'équivalent de 15 ou de 30
microgrammes contre les 75 qui, selon le Parti québécois,
seraient le seuil de détection, nous serions extrêmement loin, non
seulement de ce seuil de détection, mais encore beaucoup plus loin du
seuil de nocivité à la santé humaine. Or, cela ne me
semble pas logique, M. le Président.
Notre argument tourne autour du fait qu'il y a une marge entre ce qui
peut être détecté par les narines et ce qui peut constituer
un danger à la santé, et c'est dans cette rangée qu'il
faut trouver un niveau raisonnable d'exigences. Nous voudrions bien tous
imposer un niveau au seuil de détection pour que les narines des gens de
n'importe où ne soient pas assaillies.
Une chose est certaine. Si on se limite au seuil de détection, on
protège la santé publique, cela est clair. Alors, on n'a pas
à chercher à aller en deçà du seuil de
détection afin de protéger la santé publique.
M. le Président, je pense que, si l'on me suggérait que 5
particules par milliard équivalaient à 7,5 microgrammes par
mètre cube, ce serait une relation plus logique; notre calcul est 6,5.
Nous allons vérifier cela et nous pourrons le dire demain, je pense,
parce que les textes scientifiques sont sûrement disponibles pour nous
permettre de vérifier ce point.
Nous allons arriver avec des éclaircissements plus précis
quant à l'exigence pour l'hydrogène sulfuré.
M. Léger: M. le Président, je ne voudrais pas
prendre comme une attaque personnelle ce que le ministre vient de dire. Quant
il essaie avec une équipe de spécialistes de son propre
ministère, dont c'est la responsabilité de voir à avoir
des normes et c'est son ministère qui a présenté ce projet
de règlement, ce n'est pas, parce que nous, l'Opposition, avec les
moyens que nous avons, alors que le document sur lequel on parle nous a
été donné exactement il y a vingt minutes, qu'on peut vous
apporter des chiffres définitifs, alors que le ministre avec son
équipe actuelle ne peut même pas me donner des chiffres sûrs
et officiels, il doit lui-même revérifier; qu'il vienne me dire
que le Parti québécois avec son système de recherche a
donné de faux chiffres, il n'est même pas capable lui-même
de me donner des chiffres sûrs et officiels. Je ne m'y attends pas non
plus, je n'ai jamais dit que c'étaient des chiffres officiels.
D'ailleurs, M. le Président, le ministre aurait dû comprendre, au
départ, que c'était uniquement une préoccupation pour
essayer de trouver une solution à l'affirmation faite dans le
mémoire, au sujet de la détection. Alors je n'ai comparé
que le 5 ppb de détection de la réglementation
présentée par le ministre, à la détection qui se
faisait dans l'Ontario avec le 2 ppb.
C'est le ministre qui est arrivé avec ses microgrammes. Pour ma
part, j'ai parlé du ppm, la particule par milliard. Alors, restons donc
dans ce domaine. Je sais que le ministre se sent personnellement visé,
ce qui n'est pas le cas. Je voudrais bien que ce soit clair, pour lui. Je n'ai
jamais attaqué la personne du ministre pour qui j'ai beaucoup de
respect. J'ai attaqué, comme c'est mon rôle de responsable de
l'Opposition, la responsabilité du ministre. Comme ministre, s'il peut
continuer à conserver cela ainsi, on va continuer à travailler
selon nos propres responsabilités; mais qu'il ne se voie pas
continuellement attaqué personnellement, parce qu'il va être
malheureux inutilement le reste de ses jours.
M. Goldbloom: M. le Président, je ne suis pas malheureux,
je me défends, c'est aussi simple que cela. Si je n'étais pas
intervenu, je vous fais remarquer, M. le Président que le Journal des
Débats n'aurait conservé que l'affirmation du
député de Lafontaine qu'il s'agissait de deux parties par
milliard, quant au seuil de détection et, par implication, qu'il
faudrait réduire l'exigence qui paraît dans le projet de
règlement de cinq parties par milliard à deux parties par
milliard. C'est, je pense, sur des chiffres un peu plus précis qu'il
faudra poursuivre la discussion.
J'ai pris la précaution de dire que je n'affirme pas comme
vérité évangélique que la relation est de une
partie par milliard à 1,3 microgramme par mètre cube, mais c'est
l'approximation que nous avons produite d'après nos connaissances
scientifiques. Nous allons donner la confirmation demain.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
L'Assomption.
M. Perreault: J'aurais une question à poser. Dans votre
mémoire, à la page 9, l'article 3, vous mentionnez que le choix
des appareils aux moyens antipollution devraient être laissé aux
responsables des émissions et ne devrait pas être
spécifié par voie de règlement. Pourriez-vous nous en
donner la raison?
M. Lachance (Paul-E.): C'est une suggestion encore du
comité technique et nous laissons au service de l'environnement le soin
de vérifier ce que nous pensons. Nous croyons que les instruments
devraient être laissés au choix de l'usine, quitte
évidemment à en arriver à des résultats qui...
M. Perreault: Est-ce que vous ne trouvez pas qu'ils devraient
être au moins approuvés?
M. Lachance (Paul-E.): Sûrement.
M. Perreault: Ils devraient être approuvés par
l'environnement tout d'abord.
M. Lachance (Paul-E.): Pas d'objection à cela.
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci beaucoup.
M. Léger: J'aurais une dernière question au
ministre. Est-ce que les services de l'environnement peuvent actuellement dire
que le règlement, tel que présenté, peut permettre le
contrôle de l'émission du mercure par évaporation?
M. Goldbloom: Ce projet de règlement ne touche pas le
mercure. On sait qu'il y a tout un travail qui se fait sur le mercure et que
des exigences ont été imposées aux compagnies qui
déversent le mercure. Par coïncidence, dans une certaine mesure, il
y a une compagnie qui produit du papier et qui déverse du mercure en
même temps.
C'est parce qu'à l'usine en question la production de chlore
alcali, de soude caustique est nécessaire sur place à cause de
l'éloignement de l'usine, et c'est à cause de cela qu'il y a un
déversement à cet endroit. Mais en ce qui concerne l'industrie
des pâtes et papiers en général, cette industrie utilisait
autrefois, jusqu'à il y a au moins six ans, des composés de
mercure comme fongicides, et cette pratique a été
abandonnée. Donc, même si l'on doit reconnaître qu'une
partie de la quantité de mercure qui se trouve aujourd'hui dans
l'environnement peut être attribuable à l'utilisation ancienne des
composés de mercure comme fongicide dans la production du papier,
l'industrie en question ne s'en sert pas. Il y a quatre usines de chlore alcali
au Québec, comme le sait fort bien le député de
Lafontaine, et, par nos interventions, nous avons obtenu une diminution de 95%
des déversements de mercure vers l'eau. Entre-temps, nous avons
été sensibilisés progressivement à ce
deuxième problème, cette deuxième facette du
problème qui est l'évaporation de mercure. C'est un
problème qui, à plusieurs égards, est plus difficile que
celui du déversement vers l'eau. Nous travaillons là-dessus, et
ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de chapitre dans ce projet de
règlement qui porte sur la vapeur de mercure que l'on peut
prétendre et je suis certain que personne ne le prétend
qu'il n'y a rien qui se fait pour améliorer ce problème
particulier.
M. Léger: Mais pourquoi est-ce que ce n'est pas inclus?
Est-ce parce que vous n'avez pas découvert comment le
déceler?
M. Goldbloom: C'est en partie cela. On peut évidemment
mesurer la présence de mercure dans un volume donné d'air, mais
le problème est beaucoup plus complexe que cela. On sait que nous avons
suivi la santé des travailleurs dans les usines où le mercure
peut être dégagé. Le problème de la santé de
ces travailleurs ne se présente pas du tout de la même
façon que celui de la santé des gens beaucoup plus
éloignés de l'usine, mais qui absorbent du mercure et qui
semblent l'absorber beaucoup plus en consommant du poisson qu'en inspirant le
mercure transporté par l'atmosphère. Il est possible que le
mercure qui se trouve dans l'écosystème, dans l'eau, dans les
sédiments, et dans la chair des poissons, à une distance
considérable des usines, peut avoir été transporté
jusque-là par l'air. Cela est difficile de prouver que oui, prouver que
non. C'est extrêmement difficile. Pour le faire, il faudrait, à
mon sens et je n'ai qu'une formation scientifique limitée par
rapport à ce genre de problème; j'ai quand même une
certaine formation scientifique à titre de médecin il me
semble qu'il faudrait étiqueter les molécules de mercure et les
suivre. Et ce n'est pas du jour au lendemain qu'on les retrouvera à
quelques centaines de milles de distance d'une usine donnée si
effectivement elles sont transportées sur une telle distance. Or, c'est
un problème beaucoup plus difficile et beaucoup plus sophistiqué
quant au moyen d'analyse que le genre de problème qui est touché
par le projet de règlement.
Nous continuons de travailler là-dessus. Le gouvernement a
indiqué un investissement important dans la poursuite des recherches
pour identifier davantage, plus en détail, les problèmes et leurs
solutions possibles. Cela fera l'objet d'autres règlements au fur et
à mesure que nous nous sentirons capables d'identifier les
problèmes, les méthodes de mesure et les solutions.
Le Président (M. Lafrance): Merci beaucoup, M. Lachance,
de votre présentation et d'avoir bien voulu accepter de répondre
aux questions des membres de la commission.
M. Lachance (Paul-E): Merci.
Le Président (M. Lafrance): Domtar Limitée.
M. Lachance (Paul-E): Non, ils ne viendront pas.
Le Président (M. Lafrance): On peut considérer
Domtar, la Compagnie internationale de papier, Consolidated Bathurst et les
papiers Reid comme...
M. Lachance (Paul-E): ... faisant partie...
Le Président (M. Lafrance): ... faisant partie du
présent mémoire. Merci bien. Dominion Bridge Company. Messieurs,
la parole est à vous.
Dominion Bridge Company
M. Stein (Charles): M. le Président, mon nom est Charles
Stein et je suis accompagné ici de trois dirigeants de la compagnie
Dominion Bridge, MM. Parthenais, directeur des relations extérieures, le
deuxième à ma droite, et, à l'autre
extrémité à ma droite, M. Borowski qui s'occupe des
réacteurs nucléaires, directeur adjoint, et, à
côté de moi, à droite, M. Georges Hayers, surintendant de
l'ingénierie et de la maintenance, qui va vous lire un bref
mémoire et répondra à vos questions.
M. Hayes (Georges): M. le Président, M. le ministre, MM.
les députés, je vous dis merci pour l'opportunité de faire
une représentation sur ce projet de loi.
M. le Président, les usines de la compagnie Dominion Bridge
à Lachine et dans la ville de Québec sont des centres
manufacturiers d'une grande envergure où on effectue la fabrication
d'équipement de grande dimension sur le marché
nord-américain.
Lorsqu'en opération, l'équipement fonctionne souvent sous
de dures conditions de corrosion. Pour cette raison, les devis de peinture
soumis par nos clients sont très rigoureux et requièrent souvent
plusieurs couches de peinture à base de composé organique. Dans
presque tous les cas, cette peinture est appliquée après la
fabrication du produit, mais avant que celui-ci soit expédié de
l'usine.
Donc, si nous voulons obtenir des contrats pour de l'équipement
de grandes dimensions, nous devons nous soumettre aux exigences du devis de
peinture et, pour une usine de notre envergure, il nous faut souvent appliquer
60 gallons par journée de huit heures de peinture à base de
composé organique.
La quantité du solvant organique varie selon le type de peinture
employé, habituellement 33-72% par volume de peinture jusqu'à 150
kilogrammes par jour de solvant qui s'évapore dans l'atmosphère
à mesure que la peinture sèche. Presque toute peinture
sèche rapidement 15 minutes à une heure sèche au
toucher et le solvant se propage dans les locaux durant l'application de
la peinture.
Afin de protéger la santé des peintres et nous soumettre
au règlement provincial relatif à la qualité du milieu de
travail, une quantité considérable d'air frais est introduite
dans les locaux afin de diluer le solvant qui s'évapore à un
niveau raisonna- ble. La dimension du produit qui doit être
peinturé, jusqu'à 25 pieds de hauteur et plus de 50 pieds de
longueur, exclut l'emploi d'une cabine de peinture avec peu de ventilation. Les
locaux en question sont très grands et, si le degré de dilution
varie selon le type de solvant et de peinture employés, une circulation
d'air de 40 000 cfm est requise afin de réduire la concentration du
solvant à 30-300 ppm. Cet air est par la suite émis dans
l'atmosphère et se dilue immédiatement, sans aucun autre danger
possible.
Selon le projet de règlement, nous serions requis d'enlever 85%
du solvant de l'air soutiré, ce qui, pour des quantités et des
concentrations de solvant, tel que mentionné ci-dessus, serait
très difficile à obtenir et aussi très coûteux.
L'enlèvement au moyen d'incinération exigerait une mise de
fonds en équipement de plus de $100 000 et consommerait quelque
65x106 BTU/heure d'énergie équivalent à 700 000
gallons/année d'huile pour une usine comme la nôtre. Cette
consommation d'énergie pourrait être réduite par
incinération catalytique mais à un coût d'investissement
beaucoup plus élevé.
L'enlèvement du solvant par absorption chimique exigerait une
mise de fonds très élevée en équipement,
spécialement pour des concentrations au-dessous de 500 ppm. Une
soumission que nous avons obtenue se chiffre par $372 000 en mise de fonds sans
compter le coût de l'installation.
Il est bien certain, par conséquent, que l'investissement et les
coûts d'opération pour nous soumettre aux exigences du
règlement tel que proposé seraient assez élevés et
affecteraient sérieusement notre position compétitive
vis-à-vis des manufacturiers des Etats-Unis et des autres provinces
canadiennes. Nous perdrions la majeure partie de notre marché pour
lequel nous avons une réputation mondiale.
Nous suggérerions que le règlement indique le maximum
permis de concentration considérée raisonnable de solvant qui
peut être mis dans l'atmosphère, semblable aux degrés
indiqués au règlement relatif à la qualité du
milieu de travail plutôt que le degré de solvant qui doit
être enlevé.
Merci.
Le Président (M. Lafrance): Merci beaucoup. L'honorable
ministre de l'Environnement.
M. Goldbloom: M. le Président, j'ai essentiellement deux
questions à poser. Dans votre mémoire, vous indiquez que la
peinture se séchant rapidement, cela cause un dégagement
considérable sur une courte période de temps du solvant
impliqué, solvant organique qui, se dégageant de la peinture, est
nécessairement respiré par les gens qui sont dans la
pièce. Vous avez indiqué que vous n'avez pas constaté de
problèmes en ce qui concerne la santé des peintres qui
poursuivent ce travail.
M. Hayes: On a pris des mesures normales dans ces situations pour
régler le problème au
point de vue de l'atmosphère pour les hommes qui travaillent dans
ce milieu.
M. Goldbloom: Non, je m'excuse, continuez.
M. Hayes: La question qu'on pose ici, c'est une question de
disposition du solvant quand il sort de l'usine.
M. Goldbloom: D'accord, c'est justement une distinction que je
voulais faire. Est-ce que vous demandez ou recommandez aux peintres de porter
des masques? Est-ce que cela arrive?
NI. Hayes: Normalement, si c'est nécessaire, nos
employés portent des masques; mais souvent il arrive que l'air se dirige
vers l'employé qui applique la peinture. On a des systèmes pour
le repousser dans l'atmosphère. C'est une question de disposition de
solvants.
M. Goldbloom: Maintenant, les lois du Québec font une
distinction entre l'atmosphère qui est définie comme étant
l'air à l'extérieur de l'usine et le milieu du travail à
l'intérieur de l'usine. Le milieu du travail est régi par
d'autres lois et d'autres règlements. Il y a, présentement, une
collaboration interministérielle en vertu de la publication d'un projet
de règlement de notre part, publication qui a
révélé certains manques de concordance entre d'autres
règlements et le nôtre. Alors, on règle cela.
Vous indiquez, dans votre mémoire, que si le projet de
règlement demeure tel quel et devient loi, vous seriez obligés de
trouver un moyen quelconque d'enlever 85% des solvants organiques qui sont
dégagés vers l'air à l'intérieur de l'usine et qui
partent ensuite par un système d'évacuation vers
l'atmosphère à l'extérieur. Je voudrais bien comprendre:
Est-ce que vous voulez dire précisément que, si la concentration
de solvants est mesurée au point d'évacuation, c'est là
où vous seriez obligés de réduire de 85% la
quantité ou la concentration de solvants de substances organiques?
M. Hayes: Le problème est d'enlever 85% de solvants qui
passent dans l'atmosphère ou à l'extérieur. Il y a deux
moyens: l'incinération et le ca-talytique. C'est une activité de
carbone qu'on peut utiliser.
M. Goldbloom: Je sais...
M. Hayes: ... il y a une complication.
M. Goldbloom: Je sais que vous cherchez notre
bénédiction, mais vous vous adressez peut-être au mauvais
ministre pour l'obtenir, dans les circonstances.
M. Hayes: Les deux moyens sont très dispendieux. En plus
de cela, on n'est pas certain si c'est possible avec le deuxième, dans
plusieurs circonstances.
En effet, quand on fait une dilution jusqu'au point où les hommes
peuvent travailler dans ce milieu, on a un autre problème chimique.
M. Goldbloom: J'ai une dernière question à vous
poser. Est-ce que votre personnel qui fait la peinture, qui se sert de ces
substances, est un personnel à temps complet? Est-ce que ces personnes
travaillent jour après jour, cinq jours par semaine, 40 heures par
semaine ou le nombre d'heures qu'il faut, à faire de la peinture et
est-ce qu'elles sont exposées continuellement à ces
substances?
M. Hayes: Normalement, oui.
M. Goldbloom: Et votre compagnie n'est pas jeune. Elle existe
depuis des décennies et des décennies. Est-ce que la vie utile,
si je peux le dire comme ça, est-ce que la vie du travail des gens qui
font la peinture est plus courte que pour d'autres travailleurs ou est-ce que
des gens vont faire une carrière de 40 années
là-dedans?
M. Hayes: Nous n'avons pas d'indication qu'il y a ce
problème, parce que, normalement, dans les endroits où ces gens
travaillent, il y a des systèmes pour l'évacuation de l'air. Il y
a des situations, peut-être, qui sont un petit peu différentes,
mais, à notre connaissance, nous n'avons pas d'indication qu'il y a ce
problème. Mais je veux dire qu'on fait des recherches, notre groupe de
chercheurs, avec d'autres organisations, comme "The Structurel Steel Painters'
Council", afin de trouver des moyens par exemple, on peut utiliser plus
d'eau comme moyen de transport pour plusieurs raisons, pour remplacer
cela. Notre technologie est en train de se développer.
M. Goldbloom: M. le Président, merci. Je pense qu'on va
leur emprunter quelques peintures pour effacer les slogans du Parti
québécois.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Lafontaine.
M. Léger: Nous avons une quarantaine de mémoires.
Je présume que le ministre doit avoir une quarantaine de slogans sur le
Parti québécois, parce qu'il en a un à chaque
mémoire.
M. Goldbloom: Au moins.
M. Léger: A la page 3 de votre mémoire, vous
mentionnez une soumission que vous avez obtenue pour faire les installations de
l'équipement pour arriver à respecter les normes du
règlement. Cette soumission vous a obtenu un chiffre de $372 000 en mise
de fonds, sans compter le coût de l'installation.
Je me pose une question. Quant à la vie des personnes qui
travaillent chez vous et ceux qui vont subir les conséquences de la
pollution des matières polluantes qui sont dégagées chez
vous, pour une compagnie qui fait $79 millions par an-
née, voyez-vous un grand problème dans une dépense
de $372 000?
M. Hayes: II y a deux points dans cela. Premièrement, nous
ne sommes pas certains que nous pouvons régler le problème avec
l'équipement proposé. Il y a des chances quand on descend
à 300 parties par million que ce système peut marcher. On peut
appliquer ce cas, par exemple, quand on a un dehors de peinture, comme on peut
dire en anglais, "a paintbooth", pour faire une évacuation avec un
niveau plus élevé que cela. Mais la chimie change en bas de cela
et ce n'est pas certain que cela peut marcher. On doit regarder aussi la nature
des fabrications qu'on fait. J'ai mis des portraits qui donnent une idée
géométrique, si vous voulez, de l'équipement qu'on
fabrique et normalement ce n'est pas toujours la même chose. On a besoin
de systèmes portatifs et toutes sortes d'autres choses. Nous sommes bien
concernés au sujet des conditions de travail de nos employés.
C'est un autre secteur qu'on considère dans cette
présentation.
M. Léger: De toute façon, si vous avez une
installation à mettre sur pied pour avoir une technique de
contrôle de la pollution chez vous qui coûterait ce montant de $372
000, si on le répartit sur une dizaine d'années, parce que cet
équipement va rester là, cela fait quand même une
dépense d'à peu près $37 000 annuellement sur un chiffre
d'affaires de $79 millions. Je ne vois pas pourquoi vous vous opposeriez
à accepter une réglementation qui a été
étudiée par des spécialistes du ministère pour une
dépense si basse. Si vous m'aviez parlé de plusieurs millions,
j'aurais dit: II faut y penser, mais on vous parle de $372 000. C'est un
équipement qui va durer...
M. Hayes: Peut-être pour chaque contrat, on a besoin de
placer cela ailleurs et on prend les contrats avec les soumissions
concurrentielles. Peut-être à cause du système des treuils
et toutes ces choses, on ne peut pas fabriquer dans tel et tel coin.
Dans cet article, on parle beaucoup plus peut-être pour une
installation comme la nôtre, mais en plus de cela, pour le système
de "activited carbon", je doute que l'on puisse réussir.
M. Léger: D'accord, de toute façon, en ce qui me
concerne, je trouve que le chiffre que vous mettez de l'avant, même s'il
doit être corrigé, est tellement bas comparativement à
l'importance de l'objectif qu'on veut atteindre. Je le trouve quand même
pas tellement élevé et je ne vois pas pourquoi vous vous
opposez.
M. Hayes: Si c'est possible, je pense, d'être capable de
mettre cela dans un endroit, une installation, nous avons toujours la
même sorte d'équipement qui passe peut-être... mais à
notre usine à Lachine surtout, on a des projets certainement qui ne sont
pas nécessairement la même chose.
M. Léger: D'accord, je vous remercie.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
L'Assomption.
M. Perreault: Voici, ma question...
M. Parthenais: Voici, M. le député, ce qu'il a
voulu dire à mon sens, c'est que ce montant pourrait être
répété selon les produits que nous aurons à
fabriquer, à peinturer. Si vous regardez dans le volume ici, vous allez
voir qu'il y a des choses qui ne se font pas dans tous les services de l'usine.
C'est un peu pour cela que ce montant de 372,000 pourrait être
répété selon les morceaux que nous avons à
faire.
M. Léger: D'accord.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
L'Assomption.
M. Perreault: Voici le problème qui me préoccupe.
Vous mentionnez que vous envoyez dans l'atmosphère 150 kilogrammes par
jour de solvant, qui viennent de la peinture; mais 150 kilogrammes par jour de
solvant, c'est beaucoup dans l'atmosphère. Comment vous proposez-vous de
réduire cela si vous n'employez pas ces méthodes? Est-ce que vous
voulez les laisser dans l'atmosphère ces 150 kilogrammes par jour?
Comment vous proposez-vous de les réduire?
M. Hayes: Je ne pense pas qu'on puisse réduire le montant
qui s'échappe dans l'atmosphère. C'est une question de dilution
et, après cela, c'est une question de passer cela dans
l'atmosphère; mais le choix de brûler, par exemple; 700,000
gallons d'huile par année, dans une usine comme celle de Lachine, cela
va prendre cinq ou six... et la chimie d'incinération n'est pas
très exacte. Peut-être peut-on causer beaucoup plus de
problèmes organiques dans l'atmosphère. Aussi, si on veut
peinturer un pont comme le pont de Québec, on va aller à
l'encontre de la loi, ainsi que pour votre maison avec la peinture à
solvant avec plus de trois gallons; parce que c'est purement un terme
absolu.
M. Perreault: Mais c'est 150 kilogrammes par jour. Est-ce que
c'est tous les jours?
M. Hayes: Sûrement, oui.
M. Perreault: Tous les jours de la semaine.
M. Hayes: Mais on peut avoir des contrats avec beaucoup de
peinture, et peut-être que pendant trois mois on ne peut en avoir un
où on a besoin de peinture dans l'usine.
M. Perreault: Vous voulez dire que pendant trois mois il peut ne
pas y avoir de peinture.
M. Hayes: Peut-être. Cela peut arriver. M. Perreault:
Alors, pour réduire...
M. Hayes: Cela dépend des matériaux ou de
l'équipement qu'on fabrique.
M. Perreault: Vous pourriez tout de même réduire
cette quantité en étalant sur le temps votre peinture, par
exemple. Au lieu de le faire dans un temps donné, pour atteindre 150
kilogrammes par jour, vous pourriez l'étaler sur une plus grande
période.
M. Hayes: On a eu un projet, par exemple, de barrage pour
Manitoba Hydro, l'année passée. On a fait de la peinture pendant
peut-être trois mois. On a établi le système
d'évacuation du solvant dans l'atmosphère pour créer des
conditions pour les hommes au travail. On est correct du point de vue de
l'environnement pour les hommes, mais c'est la question de mettre le solvant
dans...
Le Président (M. Lafrance): Alors, merci, M. Hayes ainsi
que la Dominion Bridge pour cette présentation. Il reste encore deux
mémoires à entendre, alors on demandera demain matin, à
l'ouverture de la séance, à GM du Canada et l'Hydro-Québec
de passer en premier. Sur ce, la commission...
M. Goldbloom: M. le Président, peut-être qu'avant de
clore la séance, nous devrions nous informer de la disponibilité
de ces deux compagnies demain matin, si c'est possible pour elles d'être
ici.
Le Président (M. Lafrance): Alors, les porte-parole de GM
et de l'Hydro.
M. Turgeon (Jean): M. le Président, M. le ministre,
messieurs les députés, mon nom est Jean Turgeon, je
représente General Motors du Canada. Evidemment, nous croyions pouvoir
être entendus aujourd'hui. J'ai parlé à M. le
Président et, malheureusement, s'il est impossible de se faire entendre
au tout début de l'après-midi... Etant donné que c'est
notre tour, à cause d'engagements que j'ai personnellement, s'il y avait
possibilité que ce soit porté au tout début de
l'après-midi. Par contre, je vais faire l'impossible, parce qu'on ne
veut pas perdre notre tour pour...
Le Président (M. Lafrance): Est-ce que vous
préférez trois heures demain après-midi ou dix heures
demain matin?
M. Turgeon: Trois heures demain après-midi. Par contre, je
ne veux pas reculer tous les autres.
M. Goldbloom: M. le Président, je pense que, pour les deux
compagnies qui ne peuvent être en- tendues ce soir, c'est à leur
choix. Demain, si c'est l'après-midi qui fait leur affaire,
parfaitement.
M. Léger: D'accord.
M. Turgeon: M. le ministre, pour autant qu'on ne perde pas notre
tour demain, par contre. On voudrait bien passer à trois heures.
M. Goldbloom: Non, non. Certainement. M. Turgeon: Merci, M. le
Président.
M. Roy (Fabien): Est-ce que ça veut dire que la commission
siégerait, quand même à 10 heures demain matin?
M. Goldbloom: Oui.
Le Président (M. Lafrance): Est-ce qu'il y a un
porte-parole de l'Hydro-Québec ici?
M. Boulanger: Evidemment, nous aurions
préféré être entendus aujourd'hui, mais nous aurons
quelqu'un de disponible ici demain pour faire la présentation du
mémoire.
Le Président (M. Lafrance): Pour demain matin, à 10
heures?
M. Boulanger: Je ne pourrai pas être ici, mais il y aura
des représentants de l'Hydro-Québec qui présenteront le
mémoire pour nous.
Le Président (M. Lafrance): Pour l'ouverture ou demain
après-midi?
M. Boulanger: A l'heure qu'il plaira à votre commission de
fixer.
Le Président (M. Lafrance): On pourrait le fixer tout de
suite; l'Hydro-Québec, demain matin, à 10 heures et GM, demain
après-midi, à 3 heures.
M. Goldbloom: M. le Président, immédiatement
après l'Hydro-Québec demain matin, ce sera l'industrie
pétrolière, l'Association pétrolière du
Québec et les compagnies individuelles ayant été
invitées à venir demain matin, comme c'était le cas cet
après-midi pour l'industrie des pâtes et papiers.
Le Président (M. Lafrance): D'accord.
La commission permanente des affaires municipales et de l'environnement
ajourne ses travaux à demain matin, 10 heures.
(Fin de la séance à 18 h 12)