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Commission permanente
des affaires municipales
et de l'environnement
Etude du projet de règlement relatif à
la qualité de l'atmosphère
Séance du jeudi 16 septembre 1976 (Dix heures quinze minutes)
M. Séguin (président de la commission permanente des
affaires municipales et de l'environnement): A l'ordre, messieurs!
Les membres de la commission, pour la séance de ce matin, sont
les suivants: MM. Bédard (Chicoutimi), Bédard (Montmorency),
Bellemare (Johnson), Vallières (Richmond), Caron (Verdun), Lachance
(Mille-Iles), Perreault (L'Assomption), Goldbloom (D'Arcy-McGee), Harvey
(Charlesbourg), Leduc (Taillon), Léger (Lafontaine), Osti-guy
(Verchères), Pagé (Portneuf), Parent (Prévost), Roy
(Beauce-Sud), Samson (Rouyn-Noranda).
N'étant pas ici hier, j'ai appris que M. Lachance (Mille-Iles)
était le rapporteur. Il continuera donc de remplir cette fonction pour
la séance de ce matin. S'il n'y a pas de... Oui, M. le ministre,
allez-y.
M. Goldbloom: M. le Président, il y a une confirmation que
je voudrais donner ce matin. Nous avons eu des divergences
d'interprétations, des divergences de chiffres hier. Je voudrais
confirmer que nos recherches ont démontré que, dans le cas de
l'hydrogène sulfuré si ma mémoire est
fidèle, c'était la substance en question une partie par
milliard est l'équivalent de 1,3 microgramme par mètre cube. Un
rapport nettement différent de celui indiqué, de bonne foi
sûrement, par le député de Lafontaine.
M. Léger: J'avais dit que c'était sous toutes
réserves. On le verra si on relit le journal des Débats.
Le Président (M. Séguin): Merci, messieurs. Sans
plus de commentaires, nous passons à l'Hydro-Québec. Si on m'a
informé correctement, c'est Me Boulanger qui doit s'adresser à la
commission au nom de l'Hydro-Québec.
Hydro-Québec
M. Boulanger (Jean): Mon nom est Jean Boulanger, je suis
directeur du contentieux à l'Hydro-Québec. Ayant pu me
libérer des obligations que j'ai mentionnées hier à la
commission, il me fait plaisir de faire partie, ce matin, de l'équipe
qui vient présenter à cette commission le mémoire de la
Commission hydroélectrique de Québec sur le projet de
règlement relatif à la qualité de l'atmosphère.
Je voudrais vous présenter, tout d'abord, les autres membres de
cette équipe. A ma droite, M. Gaston Galibois, qui est directeur de
l'environnement à l'Hydro-Québec. Nous sommes également
accompagnés de divers spécialistes de la direction environnement,
dont M. Louis-Philippe Roy, immédiatement à ma gauche; M. Louis
Varfalvy, à la gauche de M. Roy, et M. Serge Roy, qui est à la
droite de M. Galibois.
Avant d'aborder les commentaires sur le projet de règlement
lui-même, j'aimerais faire deux remarques de portée
générale. La première c'est que l'Hydro-Québec
cherche toujours, par des études poussées et par une conception
et un choix judicieux de ses équipements, à tenir compte, d'une
façon concrète, des exigences de la protection de
l'environnement.
Dans le cadre de cette préoccupation, elle anticipe même
l'application de mesures visant à atténuer les effets de ses
activités ou de ses projets dans la mesure de leur justification
sociale.
Le deuxième commentaire général, c'est que nous
sommes en mesure d'affirmer que l'Hydro-Québec tient compte des
prescriptions du règlement proposé pour la qualité de
l'air et qu'elle le fait déjà. Ces normes, celles qui sont
contenues dans le projet de règlement, n'imposeront pas à notre
entreprise des dépenses trop lourdes qui auraient des
conséquences pour nos abonnés si l'on apporte les quelques
modifications que nous suggérons dans le mémoire que nous vous
soumettons aujourd'hui.
Rappelons que nous avons déjà adressé au ministre
responsable de l'application de la Loi de la qualité de l'environnement
un mémoire le 24 février 1976 et que nous tenons à
compléter ce premier mémoire par celui qui vous a
été remis ce matin. Ce mémoire, effectivement, reprend
simplement dans ses grandes lignes les commentaires déjà faits
afin de mieux illustrer les différentes contraintes auxquelles seraient
soumis nos projets et nos activités si le règlement devait
être adopté tel quel.
Etant donné les répercussions économiques à
court et à long terme de l'application de ce règlement pour notre
clientèle, nous croyons opportun de vous soumettre des commentaires en
vue d'en atténuer la portée sur certaines contraintes tout en
respectant adéquatement la qualité du milieu de vie.
Nos premiers commentaires sur le projet de règlement
lui-même concernant les normes d'air ambiant que l'on retrouve dans la
section III et particulièrement à l'article 5. Nos premiers
commentaires portent sur l'ozone.
Les normes horaires quotidiennes et annuelles d'air ambiant
proposées dans le règlement pour l'ozone n'affectent pas de
façon appréciable les acitvités de l'Hydro-Québec
en rapport avec le transport et la distribution de l'électricité.
Nous avons fait faire récemment une étude à ce sujet et
elle a démontré que sur la production de l'ozone par les lignes
de transport à haute tension, la production d'ozone demeurait un
phénomène tout à fait négligeable. Les
résultats de cette étude rejoignent d'ailleurs les observations
des entreprises exploitant de grands réseaux de transport.
Toutefois, nous nous interrogeons sur les raisons et
l'opportunité de prévoir les trois paliers d'évaluation
suggérés dans le règlement pour la
concentration de l'ozone. En effet, aucun Etat américain, pas
plus que l'agence fédérale américaine EPA, n'ont
jugé opportun de promulguer de semblables dispositions à trois
paliers. La norme retenue a été dans presque tous les cas la
norme horaire et ce, même pour la Californie qui est pourtant aux prises
avec de graves problèmes de pollution photochimique.
Il nous semble que les normes journalières et annuelles
proposées pour l'ozone dans le projet de règlement sont trop
sévères et difficiles d'application. Selon les données
actuelles, la concentration de fond de l'ozone, provenant de sources
naturelles, est mal connue et pourrait être supérieure aux valeurs
proposées dans le règlement. D'après la littérature
géophysique, ces concentrations de fond varient
généralement entre 0.02 et 0.03 parties par million. Il nous
semblerait donc approprié de réexaminer les normes
proposées par le projet de règlement pour qu'elles
s'établissent nettement au-delà des niveaux observés dans
la nature.
Nous avons également des commentaires sur l'hydrogène
sulfuré. Cette norme proposée dans le règlement
présente un grand intérêt pour l'Hydro-Québec
à cause des répercussions économiques importantes qu'elle
est susceptible d'impliquer. En effet, le programme d'équipement
témoin de l'Hydro-Québec prévoit que le Québec aura
de plus en plus à compter sur le nucléaire pour produire son
énergie électrique par suite de l'épuisement progressif de
son potentiel hydroélectrique. Or, la filière canadienne CANDU
utilise de grandes quantités d'eau lourde comme modérateur. La
production de l'eau lourde, selon les procédés de fabrication
courants implique l'utilisation de grandes quantités d'hydrogène
sulfuré.
Nous sommes bien conscients des contraintes que présente pour
l'environnement l'implantation d'une usine d'eau lourde dans une région
donnée. Au départ, notre entreprise cherchera donc, dans la
mesure du possible, à localiser ces usines dans des régions
à faible densité de population où la nuisance ne se posera
pas avec acuité, et à prévoir les dispositifs
antipollution selon la meilleure technologie possible.
Selon les informations dont nous disposons, il semble que la conception
des usines canadiennes d'eau lourde repose sur une norme d'hydrogène
sulfuré de 20 parties par milliard pour une demi-heure, ce qui
correspond à 15 parties par milliard pour deux heures.
M. Léger: Quinze ou dix-sept? M. Boulanger: Nous
avons quinze.
M. Léger: Quinze? Dans votre mémoire,
c'était inscrit dix-sept.
M. Boulanger: Disons que le tableau doit avoir le chiffre le plus
correct. Ce serait 17.
M. Léger: Dix-sept? M. Boulanger: Oui.
Une analyse comparative de la norme proposée dans le projet de
règlement et celles qui sont en vigueur dans la province de l'Ontario et
des Etats américains indique que la norme québécoise
serait beaucoup plus sévère. La commission pourra consulter le
tableau donné en annexe de notre mémoire qui fait voir les normes
adoptées pour l'hydrogène sulfuré dans l'air ambiant
à différents endroits au Canada et aux Etats-Unis.
J'aimerais préciser, puisqu'il en a été question
ici, devant la commission, hier, que pour les normes indiquées pour le
Canada, c'est-à-dire les chiffres d'Environnement Canada, le chiffre de
10 doit être précisé à 10.7 dans le tableau, et que
le chiffre de 9, dans la troisième colonne, doit être
précisé à 9.5. Le chiffre de 10.7, dans la première
colonne, correspond, d'après nos calculs, à une norme de 15
microgrammes par mètre cube. Nous avons la commission pourra le
constater fait les conversions nécessaires pour qu'on puisse
obtenir l'équivalence sur deux heures, de sorte que les chiffres
intéressants sont réellement dans la troisième colonne de
cette annexe.
Donc, comme conclusion de cette étude, nous avons pu observer que
la norme proposée dans le règlement de cinq parties par milliard
pour deux heures était nettement supérieure à celle
édictée par l'Ontario qui, elle, est de 20 parties par milliard
pour une heure, ce qui correspond à 17 parties par milliard pour deux
heures.
En fait, M. Léger, dans le premier paragraphe, la norme de 15 que
nous avions mentionnée, c'était la norme de conception des
usines, alors que, dans le deuxième paragraphe, le chiffre est vraiment
de 17 parties par milliard.
Une Voix: 15.
M. Boulanger: Excusez-moi, c'est bien 15. La norme de conception
est de 15, mais la norme réglementaire que nous mentionnons plus bas est
de 17 parties par milliard pour deux heures.
M. Léger: Est-ce qu'on pourrait s'arranger pour dire
16?
M. Boulanger: Cela fait une moyenne de 16. Donc, la norme
québécoise proposée serait nettement supérieure
à celle que l'on retrouve en Ontario et dans les Etats américains
qui ont senti la nécessité de légiférer sur la
teneur de cette substance dans l'air ambiant.
Nous croyons intéressant de noter que le Nouveau-Mexique qui
possède la législation la plus contraignante, soit de 3 parties
par milliard pour une heure, a également prévu une norme beaucoup
plus élevée, soit 100 parties par milliard pour 30 minutes, ce
qui équivaut à 76 parties par milliard pour deux heures pour un
bassin particulier.
Récemment, Environnement Canada proposait une valeur de 10
parties par milliard pour une heure, ce qui correspond environ à 9,5
parties par milliard pour deux heures.
Alors, étant donné les grandes implications que
présente le choix du niveau de la norme qui
doit être adoptée, nous croyons qu'il y aurait lieu de
prévoir dans le projet de règlement une norme qui tienne compte
de la valeur proposée récemment par Environnement Canada et aussi
de celles qui prévalent en Ontario et dans les Etats américains
qui ont cru bon de statuer sur cette question.
Un autre point qui nous préoccupe au niveau des normes d'air
ambiant à l'article 5, c'est le fait suivant: il est vrai qu'en ce qui a
trait aux méthodes et mesures pour les émissions telles que
prévues à l'article 66, les méthodes
intégrées dans le règlement par référence
prévoient l'endroit de mesures qui est généralement
à la source d'émissions.
Pour les normes d'air ambiant, le règlement prévoit
à l'article 6 que les échantillons doivent être
prélevés au-delà de la limite de la
propriété de la source d'émissions. Nous croyons que, pour
les normes d'air ambiant tel que l'hydrogène sulfuré, les normes
de mesure devraient également être prises au-delà des
limites de la propriété de la source d'émissions. Nous
disons cela parce que nous ne croyons pas que les méthodes
mentionnées à l'article 8 spécifient clairement ce point.
Nous croyons qu'il est essentiel, pour une bonne application de la loi et des
règlements en ce qui a trait à l'air ambiant, que la même
stipulation que celle qui est faite pour l'article 6 soit faite pour l'article
5.
Quant aux composés organiques gazeux, section V, article 11, nous
remarquons que la prohibition qui est contenue vise tout genre
d'émissions de composés organiques gazeux dans
l'atmosphère, qu'il y ait ou non un phénomène de
combustion associé à ces émissions. L'application de cet
article aux appareils de combustion fixe utilisant un combustible fossile
poserait des problèmes d'application presque insurmontables étant
donné la technologie actuelle. D'autre part, nous tenons à
souligner que les articles 22 à 27 du projet de règlement
limitent déjà des émissions produites par les appareils de
combustion fixes qui utilisent un combustible fossile. Finalement, après
examen de la législation américaine, il nous paraît
évident que le premier paragraphe de cet article ne devrait viser que
des activités spécifiques produisant l'émission de vapeur
organique dans l'atmosphère telles que l'entreposage des produits
pétroliers, la manipulation des solvants organiques, les
opérations de transformation de l'essence, le nettoyage à sec,
etc. Nous demandons que les termes de cet article soient modifiés en
conséquence.
Nous avons également inclus dans notre mémoire des
commentaires sur les émissions diffuses, articles 12 à 19,
contenues dans la section VI.
Tout d'abord, une remarque générale. La section ne semble
pas différencier dans son champ d'application les circonstances
particulières qui peuvent prévaloir sur les chantiers
éloignés de toute zone d'habitation.
Nous pensons que l'intention du gouvernement, en adoptant ce
règlement, est d'assainir et de protéger la qualité de
l'atmosphère, principa- lement dans les zones habitées. Il
conviendrait donc, à notre avis, de distinguer entre les chantiers
situés en zones habitées et ceux éloignés des
populations.
En effet, il faut s'attendre que les conséquences visées
par l'article 20 in fine de la loi puissent ne pas être aussi importantes
et même parfois totalement inexistantes dans ces régions
éloignées. C'est pourquoi nous sommes d'avis qu'il y aurait lieu
de soustraire du règlement les grands chantiers de construction
reliés à la réalisation de travaux de construction de
digues, barrages, centrales hydroélectriques, postes de manoeuvre et de
transformation et de lignes de transport d'énergie, sauf dans un rayon
de 10 kilomètres d'une cité, d'une ville ou d'un village
habité en permanence et existant avant le début desdits
travaux.
Quelques remarques spécifiques à ce sujet,
particulièrement sur l'article 18. Cet article interdit de brûler
des déchets à ciel ouvert autres que des branches, des arbres et
des feuilles mortes. Nous proposons que la combustion des déchets de
construction en bois soit également autorisée étant
donné qu'il s'agit d'un matériau de même nature que ceux
spécifiquement exemptés de l'article 18.
Nous croyons qu'il serait préférable d'ajouter cette
exemption puisque les termes "branches, arbres et feuilles" ne couvriraient pas
le bois sous une forme autre que dans sa forme naturelle.
M. Gaston Galibois, qui est avec moi, se fera un plaisir aussi d'ajouter
quelques commentaires sur des points particuliers de notre
présentation.
M. Galibois (Gaston): Nous avons noté qu'il n'y avait
aucune définition du terme "air ambiant". Nous nous demandons s'il ne
serait pas bon d'avoir une définition qui pourrait se rapprocher de
celle que l'on retrouve dans une norme américaine qui est la norme de
l'EPA "on national primary and secondary ambiant air quality standards".
Dans cette norme, on définit l'air ambiant dans les termes
suivants: "Ambiant air means that portion of the atmosphere external to
buildings to which the general public has access".
Je crois que cela aiderait peut-être davantage l'application du
règlement.
M. Goldbloom: M. le Président, si les représentants
de l'Hydro ont terminé leur présentation, j'aurai d'abord un
commentaire d'ordre général. Nous abordons ce matin notre
troisième journée d'examen de mémoires
présentés par divers organismes. Il y a deux jours, nous
commencions par, entre autres choses, une déclaration qu'il y avait un
terrible lobby des compagnies et que, comme résultat, les normes
préconisées par le Québec sont plus faciles que celles
préconisées ailleurs.
Ce n'est pas la première fois, M. le Président, depuis le
début de ces séances, que nous entendons des organismes nous dire
que ce que nous préconisons est plus sévère qu'en Ontario,
plus sévère qu'au fédéral, plus
sévère qu'aux Etats-Unis, et nous demander d'être, en
quelque sorte,
plus conciliants. Je tiens à souligner cela, M. le
Président.
Deuxièmement, j'ai un commentaire sur le premier sujet
abordé dans le mémoire, celui de l'ozone. Nous sommes saisis
d'une recommandation. Je ne sais pas, en ce moment, comment les deux paliers de
gouvernement finiront par en disposer, mais nous sommes saisis d'une
recommandation sérieuse de laisser tomber le critère qui se
rapporte à une période de 24 heures, et de conserver alors deux
critères: un critère horaire et un critère annuel.
Donc, cela pourra simplifier l'application du règlement si c'est
éventuellement la décision des deux paliers de gouvernement.
Cette recommandation a été faite récemment au gouvernement
fédéral et au gouvernement du Québec.
Maintenant, j'aimerais vous demander, parce que vous accordez une partie
relativement importante du mémoire à l'ozone, comment vous voyez
l'ozone comme élément de pollution. Je ne sais pas si vous avez
une réponse à donner, mais quand même, sur le plan
intellectuel, c'est un problème que nous devons examiner de très
près.
J'ai l'impression, en général, que c'est un cas semblable
à celui de beaucoup d'autres substances. Si l'on n'en a pas assez, on
est en état de déficience, et si l'on en a trop, on est en
état d'empoisonnement. Il y a un juste milieu qui convient à la
vie, à la santé et à la protection de l'environnement.
C'est un peu le cas du fluor, par exemple. Si on n'en a pas du tout, on
est en état de déficience; si l'on en a trop, on est en
état d'empoisonnement. Entre les deux, il y a une teneur en fluor qui
devrait être maintenue dans le système humain. L'ozone, d'un
côté, est un polluant. Au-delà d'un certain niveau, c'est
clairement un polluant qui présente des dangers.
D'autre part, par rapport à la diffusion dans l'atmosphère
d'hydrocarbure fluoré, les fréons` le nom
générique, ou nom simple on a évoqué le
danger d'une disparition d'une partie de la couche protectrice d'ozone qui
absorbe en bonne mesure les rayons du soleil qui pourraient être
dangereux. Est-ce que l'Hydro, qui a comme organisme affilié l'Institut
de recherche en électricité du Québec qui poursuit un
grand nombre de projets de recherche chaque année, s'est penchée
sur cette question? Avez-vous des commentaires à nous faire sur ce sujet
assez intéressant?
M. Galibois: Gaston Galibois. La seule raison pour laquelle nous
avons fait des commentaires sur l'ozone, c'était peut-être pour
reprendre ceux que nous avions déjà soumis dans le premier
mémoire. A ce moment-là, nous n'avions pas fait de mesure de
concentration d'ozone près de nos lignes de transport. Il y avait encore
un doute qui subsistait dans notre esprit quant à l'importance de cette
production d'ozone.
Nos lignes de transport à très haute tension, sous
certaines conditions atmosphériques, produisent un
phénomène qu'on appelle l'effet couronne au cours duquel il y a
une production d'ozone. Nous avons depuis, tant à la direction
environnement qu'à l'institut de recherche de l'Hydro-Québec,
entrepris une étude exhaustive de la documentation et, également,
nous avons effectué de nombreux essais près de nos lignes de
transport. Or, nous pouvons maintenant affirmer que ce phénomène
de production d'ozone près de nos lignes de transport est
définitivement négligeable, il ne présente aucun
problème à la santé. C'est une source de production
d'ozone qui est très faible et qui ne permet pas d'accroître les
concentrations d'ozone à des niveaux même décelables,
à toutes fins pratiques.
Si nous avons quand même voulu commenter cela ici, c'était
tout simplement parce que dans notre premier mémoire, nous en avions
parlé. Mais, pour nous, aujourd'hui, quelle que soit la norme, cela ne
présente aucune difficulté particulière pour
l'Hydro-Québec.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président.
Je voudrais tout simplement revenir à la question de
l'hydrogène sulfuré pour donner un exemple de ce que je disais
tout à l'heure. On constate que, dans le projet de règlement, le
maximum proposé comme concentration acceptable d'hydrogène
sulfuré sur une période de deux heures serait de 5 parties par
milliard, le gouvernement fédéral 9,5 et l'Ontario 17.
Qu'on ne me dise pas que le Québec ne prend pas au sérieux
le problème de la pollution.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Lafontaine.
M. Léger: Est-ce que le ministre, dans cette bonne veine,
pourrait nous dire, dans ce cas-ci, parce que c'est là un des exemples
qui est un exemple à l'inverse, pourquoi au Québec les services
de protection de l'environnement ont décidé de donner comme
mesure .5 plutôt qu'un chiffre plus élevé?
Environnement Canada, qui peut le faire d'une façon normale, un
peu plus généreuse qu'au Québec, le fait à 0,9%;
quant à nous, on le fait 17%. Quelle est la cause particulière
qui fait qu'au Québec on a cru bon de le faire à ce niveau?
M. Goldbloom: M. le Président, il y a deux raisons. La
plus importante est sûrement que nous avons cru, à l'analyse de la
documentation, qu'il est possible d'atteindre une telle norme. Autrement, on
n'aurait pas été logique en inscrivant un tel chiffre dans le
projet de règlement. Deuxièmement, nous avons visé cette
limite de cinq parties par milliard, parce que c'est à peu près
le seuil de la perceptibilité de l'odeur. Je ne reviendrai pas sur le
sujet des mauvaises odeurs dans l'est de Montréal, mais il y en a et le
député de Lafontaine s'en plaint presque quotidiennement. Une
chose est claire, c'est que, si nous n'arrivons pas à l'application
d'une norme de cinq parties par milliard, il y aura encore des odeurs dans
l'est de Montréal. Est-ce possible? Il y a des gens qui viennent ici et
qui nous disent: Ce n'est pas possible technologiquement, à
l'échelle de ce que l'on doit faire. On a parlé, notamment, d'une
usine d'eau lourde et le
Québec est intéressé à avoir une usine d'eau
lourde. On nous dit: Techniquement, ce n'est pas possible. C'est ce qu'il nous
faudra évaluer. Voilà les deux bases de la norme proposée
dans le projet de règlement.
M. Léger: M. le Président, est-ce que le ministre
peut me dire s'il y a une troisième raison? La première, vous
avez dit que c'est parce que c'était possible, selon vos services de
l'environnement. La deuxième, c'est le seuil pour faire
disparaître l'odeur. Est-ce qu'il y a une raison particulière au
Québec, puisque l'Ontario a dû, elle aussi, réaliser que le
seuil de cinq particules par million était peut-être possible
à atteindre et que, plus que cela, on avait encore des odeurs? Est-ce
qu'il y a des raisons particulières pour le Québec? Est-ce parce
qu'au Québec il y a une situation particulière qui fait que chez
nous il faut le faire? C'est cette question que je posais tantôt. C'est
beaucoup plus: Est-ce que le Québec a une raison particulière
d'être plus sévère dans ce cas que l'Ontario? Est-ce que le
type d'usine que nous avons est différent? Est-ce que les concentrations
sont différentes? Est-ce que les interactions des polluants sont
différentes?
M. Goldbloom: M. le Président, je ferai deux commentaires
en réponse. D'abord, je crois c'est une impression personnelle
que je n'ai pas pris le temps de vérifier avec mes collaborateurs qui
m'accompagnent que, quand nous avons commencé à travailler
sur ce projet de règlement, il y a déjà au moins trois
années, la question d'une usine d'eau lourde n'était pas autant
d'actualité que dans le moment. Cela pose un problème un peu
particulier. Deuxièmement, je dirais que, s'il y a une raison
particulière au Québec, la seule que j'identifierai
personnellement serait toujours l'est de Montréal avec les raffineries,
à cause de la concentration d'une production industrielle aussi
élevée sur un territoire aussi restreint.
M. Léger: Dans votre premier projet, celui qui a
été remis à différentes compagnies pour
consultation, avant votre dépôt d'un règlement dans la
Gazette officielle de décembre 1975, il avait été question
de 8 ppb maximum, instantané. Vous êtes revenu à 5 ppb. A
ce moment, vous avez, au départ, évalué que le seuil
pouvait être à 8 ppb, instantané, parce que c'est beaucoup
plus permissible en deux heures qu'instantané. Alors, qu'est-ce qui
s'est passé entre les deux?
M. Goldbloom: C'est parce que l'idée que nous avons eue
d'une norme par mesure instantanée ne s'est pas avérée
pratique. Son application aurait été impossible. Il a fallu
établir une norme tenant compte d'une moyenne sur une certaine
période de temps. Une mesure instantanée ne serait pas vraiment
applicable dans un tel contexte.
J'aimerais souligner aussi que, quand on s'assoit pour préparer
un projet de règlement, ça semble simple. On prend le
règlement d'une autre province, on prend les normes
fédérales et on dit: On va reproduire ça en l'adaptant
à l'économie des lois du Québec. Mais, quand on commence
à approfondir l'examen de la question, on trouve que c'est beaucoup
moins simple. On trouve, par exemple, que là où certaines normes
ont été établies la jurisprudence qui a suivi a
démontré que la norme n'était pas applicable et
n'était pas appliquée par les tribunaux. Donc, c'est inutile de
coucher sur papier quelque chose qui n'aura pas d'effet parce que la
jurisprudence sera négative. Il faut analyser cela.
Deuxièmement, M. le Président, personne, même pas le
député de Lafontaine, n'est capable de tout savoir dans le
domaine de l'environnement et surtout dans le domaine industriel; à
cause de cela, quand on commence la préparation d'un projet de
règlement, on commence à la bibliothèque. C'est l'endroit
normal. On sort les textes. On regarde les textes scientifiques. On regarde les
lois qui existent et on regarde les articles qui sont publiés.
Continuellement, à tous les jours, il y a des revues scientifiques qui
sont publiées et qui apportent des connaissances nouvelles, qui
appellent une adaptation de ce que nous savions auparavant et ce que nous
croyions vrai auparavant. Quand on a fait tout cela, M. le Président, on
a un document qui a l'air parfait. Il a toujours l'air parfait, parce qu'on a
extrait de la documentation ce qui semblait être les meilleurs
éléments. A ce moment-là, M. le Président, si on a
le moindre sens pratique, il faut partir pour le secteur industriel et lui
rendre visite. Il faut aller dans les usines. Il faut examiner exactement ce
qui se fait, usine par usine. Dans bien des cas, nous avons visité,
conjointement avec le gouvernement fédéral, toutes les usines,
sans exception, oeuvrant dans le domaine d'activités industrielles au
Québec.
Après cette série de visites et après la
réception de mémoires de toutes sortes de la part des industries,
comme de la part d'autres personnes, nous avons dû nous rendre à
l'évidence que l'application désirable, toujours
désirable, n'était pas toujours possible. Plus
sévères sont les normes, plus la santé et l'environnement
sont protégés. Il n'y a pas de discussion là-dessus. La
discussion porte sur les aspects pratiques de l'application d'un texte de loi.
L'on se rend compte, dans bien des cas, que l'application n'est pas simple,
n'est pas pratique et on est obligé d'apporter des ajustements. Mais, M.
le Président, je pense que si l'on doit choisir entre commencer par des
exigences théoriques et extrêmement sévères et les
ajuster devant l'évidence qui est produite et commencer par la
présentation de normes qui ne sont pas tellement sévères
et essayer, par la suite, de les raffermir, c'est beaucoup plus logique de
commencer dans le premier sens et de dire: On va viser un objectif très
sévère et, si on nous donne la preuve que ce n'est pas possible
de l'atteindre, nous allons la modifier, parce qu'il n'y a pas moyen d'arriver
à atteindre cette norme. Mais, à moins d'être
confrontés par des preuves assez solides, nous allons maintenir les
meilleures normes que nous pouvons définir et que nous croyons aptes
à être appliquées et aptes à être
appliquées pas simplement par nous dans nos échantillonnages,
mais par les tribunaux, si l'on se retrouve devant les tribunaux.
M. Léger: M. le Président, je voudrais simplement
dire au ministre que je pense que c'est une approche très logique. Comme
je suis appelé très souvent à critiquer des attitudes, je
dois aussi admettre, quand c'est le cas, que c'est une bonne décision
d'avoir une approche plus sévère, qui est nécessairement
théorique au départ. Au contact de la réalité, il
s'agira de savoir quels sont les éléments qui nécessitent
une réglementation moins sévère. Il faut
nécessairement arriver à cette attitude. Je pense que c'est une
bonne attitude que le ministère a prise à ce point de vue.
M. le Président, je n'ai pas d'autres questions à poser
aux représentants de l'Hydro-Québec. Je veux les remercier de
leur mémoire, et je pense que ce sera très utile pour la
commission.
Le Président (M. Séguin): Avant de passer au
prochain organisme, y avait-il d'autre chose, Me Boulanger?
M. Boulanger: Nous tenons simplement à remercier la
commission de nous avoir donné l'occasion de nous faire entendre.
Le Président (M. Séguin): Merci beaucoup.
L'Association pétrolière du Québec, M. Roger Hamel.
M. Goldbloom: M. le Président, en attendant que les
représentants de l'Association pétrolière se rendent au
micro...
M. Léger: Quand je vois le sourire du ministre,
là...
M. Goldbloom: Les membres de la commission parlementaire sont-ils
intéressés à prendre des gageures sur le nombre de
journaux et le nombre de postes de radio et de télévision qui
reproduiront la déclaration que vient de faire le député
de Lafontaine? Pour ma part, je ne gage rien, y a-t-il des preneurs?
M. Léger: Vous allez vous faire planter encore.
Le Président (M. Séguin): Si vous permettez, il n'y
aura pas de débat sur ce sujet.
M. Goldbloom: M. le Président, je m'excuse... M.
Léger: Je peux les prendre, si vous voulez.
M. Goldbloom: Oui, d'accord. Je constate que dès que le
député de Lafontaine a commencé à reconnaître
la validé de l'approche du gouvernement, la table des journalistes s'est
vidée.
M. Léger: M. le Président, je ne voudrais pas que
le ministre s'enfle la tête tout à coup pour un compliment, parce
que lorsque les fleurs arrivent, le pot suit. Alors, il est mieux d'être
plus prudent dorénavant.
M. Bédard (Montmorency): Les compliments sont tellement
peu nombreux que cela permet de les signaler.
M. Léger: Je m'excuse, mais je pense que la population n'a
pas élu l'Opposition dans le but de faire des compliments au
gouvernement.
Le Président (M. Séguin): M. Hamel.
M. Goldbloom: La population a élu et le gouvernement et
l'Opposition pour être honnêtes.
M. Léger: Pour avoir chacun un rôle important
à jouer et essayer de le jouer le mieux possible.
Le Président (M. Séguin): Messieurs, j'ai pourtant
dit qu'il n'y aura pas de débat. Je remarque que sur l'ordre du jour, M.
Hamel, à la suite de la présentation de votre mémoire il y
aurait Imperial Oil, Gulf Oil Canada Limited, Texaco, BP Canada, Petrofina,
Aigle d'or du Canada et Shell Canada Limitée. Maintenant, je vois aussi
qu'il y a des noms de personnes qui devraient représenter ces
compagnies. Ce que je veux établir dès le début de nos
travaux, c'est si l'association représente, en fait, toutes ces
compagnies?
M. Hamel (Roger): M. le Président, oui. L'association
représente toutes les compagnies, mais je crois qu'il y en a
quelques-unes qui désirent faire une présentation
séparée pour souligner quelques points qui les troublent un peu
plus que les autres. Maintenant, je ne connais pas lesquelles.
Le Président (M. Séguin): Bon.
M. Hamel: Par exemple, on m'a dit que Texaco était
intéressée. Notre compagnie, la Compagnie
Pétrolière Impériale Limitée, n'a pas l'intention
de se présenter séparément. Notre point de vue est contenu
dans le mémoire de l'APQ.
Le Président (M. Séguin): Votre mémoire
représente-t-il, en fait, la pensée générale de
toutes ces compagnies?
M. Hamel: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Alors, si vous voulez
commencer, à moins que M. le ministre ait des commentaires à
faire, ou encore le député de Lafontaine.
M. Léger: Non.
Le Président (M. Séguin): M. Hamel. C'est M. ou Me
Hamel?
M. Hamel: M. Hamel, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Présentez-nous les
gens qui vous accompagnent, si vous voulez.
M. Hamel: Oui, nous sommes tellement heureux de vous voir de si
belle humeur ce matin que ce sera un plaisir pour moi.
Le Président (M. Séguin): Vous savez, lorsque je
préside, j'apporte toujours le soleil.
Association pétrolière du
Québec
M. Hamel: Justement. Alors, M. le Président, M. le
ministre, messieurs les députés, permettez-moi de me
présenter, mon nom est Roger Hamel. Je suis président de
l'Association pétrolière du Québec et aussi directeur au
Québec pour la Compagnie pétrolière Impériale
Limitée. A mon extrême gauche, se trouve M. Robert Picard,
directeur de la raffinerie à Montréal-Est pour la compagnie Shell
Canada Limitée; M. Marc Saint-Cyr, ingénieur au contrôle de
l'environnement aussi à Montréal-Est pour la compagnie Texaco
Canada Limitée; immédiatement à ma droite se trouve M.
Paul Donato.
M. Donato est président de l'Association industrielle Laval et
directeur de la raffinerie de la Compagnie Pétrolière
Impériale Ltée à Montréal-Est. Il y a aussi M.
Roger de Ginet, qui est le secrétaire général de notre
association. Il n'y a pas un avocat dans le groupe, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Pas de commentaire, M.
Hamel, s'il vous plaît.
M. Hamel: Probablement que notre présentation va
être très courte.
Si vous le permettez, l'Association pétrolière du
Québec accorde une haute priorité, tout comme le gouvernement du
Québec, au contrôle de la qualité de l'atmosphère
pour protéger la santé et assurer le confort des
Québécois. L'APQ, formée de quelque 15 compagnies
pétrolières qui raffinent, commercialisent et transportent les
produits pétroliers au Québec, est une organisation fondée
en 1959 aux fins de coordonner les diverses activités de l'industrie et
ainsi de faire entendre avec autorité une voix responsable aux divers
échelons gouvernementaux.
En vous présentant son mémoire, l'Association
pétrolière a cherché d'abord à exposer l'une de ses
préoccupations fondamentales au sujet des programmes de contrôle
de la qualité de l'air au Québec, c'est-à-dire que ces
programmes doivent correspondre à des besoins réels, être
avantageux pour l'ensemble de la population et rester économiquement
réalistes. Il est essentiel de maintenir un juste équilibre entre
les dépenses consacrées à l'amélioration de
l'environnement et les avantages que nous en tirons. Nous avons
déposé notre mémoire en février 1976; nous y avons
fait des commentaires détaillés et plusieurs recommandations.
Pour y ajouter des clarifications et appuyer nos recommandations, nous
avons déposé aujourd'hui des renseignements
supplémentaires devant cette commission. Ils se trouvent dans ce
dépliant, ce petit livre que vous avez, qui est en deux sections, la
première avec nos commentaires supplémentaires qui donnent
quelques explications de plus et le mémoire qui avait été
présenté au mois de février. Je me bornerai ici à
vous résumer certains aspects de notre mémoire, qui nous
préoccupent plus particulièrement, aussi bien dans notre
intérêt de producteur d'énergie que dans celui des
consommateurs.
Pour mieux comprendre le contexte dans lequel nous travaillons, il est
important de se rappeler que six des sept raffineries de pétrole du
Québec sont situées dans l'est de Montréal. Ce secteur de
l'île de Montréal constitue la plus forte concentration
industrielle au Québec et au Canada. Les membres de l'Association
pétrolière du Québec qui possèdent des raffineries
dans l'est de Montréal, c'est-à-dire les six, sont
également membres de l'Association industrielle Laval. Cette association
existe depuis 1960 et groupe l'ensemble des entreprises de ce secteur
industriel, industries pétrolières et autres, d'où son nom
de Laval qui était le nom du comté à l'époque de la
fondation de l'association. Comme vous le savez tous, à la suite, d'une
refonte de la carte électorale, ce comté porte maintenant le nom
de Lafontaine. Les deux seuls buts de cette association étaient
d'étudier les problèmes existants et potentiels de la pollution
de l'air et des eaux par l'industrie dans l'est de l'île de
Montréal et de prendre les mesures correctives.
Contrairement à ce que l'on croit souvent dans le public, les
sociétés pétrolières ont commencé à
se préoccuper de la qualité de l'environnement bien avant que les
mots "écologie" et "pollution" soient sur les lèvres de toutes
les personnes au Québec. Au cours de ses quinze années
d'existence, les membres de l'Association industrielle Laval ont collectivement
consacré un total de plus de $55 millions en coûts pour la
prévention, la diminution ou la suppression de la pollution de l'air et
de l'eau.
Malgré l'importance des investissements qui ont été
faits, il peut sembler, à première vue, que les résultats
obtenus sont faibles. Il faut, cependant, tenir compte du fait que, pendant
cette période allant de 1960 à 1975, l'indice de production que
les membres de l'association avaient établi à 100 au
départ est passé à 198.
Le raffinage du pétrole brut, des produits pétrochimiques
et raffinage du cuivre ont donc doublé au cours de cette période.
Par contre, pendant cette même période, les niveaux de pollution
ont diminué en termes absolus. Je me dois aussi de mentionner
l'existence, depuis 1956, d'une usine de récupération de soufre,
la Laurentide Chemicals & Sulphur Ltd.; cette usine a été
mise sur pied grâce à la collaboration des raffineries
elles-mêmes.
Un pipe-line d'une longueur totale de 30 milles achemine les
composés sulfurés de ces six raffineries et d'une usine
pétrochimique pour en extraire le soufre. En 1975, sa production s'est
élevée à 66 000 tonnes, ce qui équivaut à
une récupération de 362 tonnes par jour d'anhydride sulfureux qui
auraient autrement été émises dans
l'atmosphère.
D'autre part, les raffineries de pétrole membres de l'association
effectuent présentement des investissements substantiels
consacrés au traitement des eaux usées et qui seront
complétés dès la fin de 1979. En ce qui a trait à
ce problème, l'as-
sociation a mis au point un échantillonner automatique d'eaux
usées. Cet appareil est breveté et on l'utilise même
à l'extérieur du Québec.
A la lumière de ces quelques faits, on comprend facilement que
les sociétés pétrolières se préoccupent de
la qualité de l'environnement et qu'elles n'hésitent pas à
y consacrer une grande quantité d'efforts et de capitaux.
Nous nous sommes d'ailleurs attaqués depuis un certain temps au
problème qui est celui de toute première importance,
c'est-à-dire celui de l'anhydride sulfureux dans l'est de
Montréal. Malgré la réduction de la teneur en soufre des
combustibles, deux des cinq postes d'échantillonnage de l'Association
industrielle Laval, soit ceux au coeur du secteur industriel lui-même,
ont relevé des augmentations de taux d'anhydride sulfureux au cours des
deux dernières années. Les coordonnateurs de l'environnement des
différentes sociétés pétrolières ont
étudié cette situation. Ils en ont d'ailleurs fait foi dans leur
rapport annuel, que plusieurs des membres qui siègent ici aujourd'hui
ont reçu. Nous avons, il y a déjà plus de huit mois,
retenu les services d'une firme d'ingénieurs-conseils qui
procèdent à une étude détaillée de cette
situation. Elle devrait nous soumettre des recommandations d'ici peu. Nous y
accorderons toute notre attention et ces recommandations auront certainement un
rôle important dans notre lutte visant à réduire le taux
d'anhydride sulfureux dans l'atmosphère.
Cependant, je voudrais attirer votre attention à nouveau sur un
aspect du problème qui semble peu connu, mais qui est d'une importance
primordiale. Je veux parler de la concentration industrielle de l'est de
Montréal, qui est la plus intense, comme je vous l'ai dit, au
Québec et au Canada. Cette concentration, qui nous apporte des
bénéfices économiques indiscutables, rend également
beaucoup plus difficile la solution de notre problème de pollution de
l'air.
M. le Président et MM. les députés, je recommande
au nom de notre association l'adoption des modifications proposées par
l'Association pétrolière du Québec dans son
mémoire. Notre association recommande de réviser le
règlement visant la qualité de l'atmosphère en
transformant les structures provinciales de contrôle des émissions
polluantes et des normes qualitatives des combustibles en faveur d'une
structure englobant le contrôle des émissions et les techniques de
gestion de qualité de l'air. Si l'on ne peut parvenir aux normes de
qualité de l'air grâce à une technologie pratique, il
serait préférable d'adopter des principes de gestion de l'air,
tels que la dispersion, le partage de l'atmosphère, etc.
En adoptant les modifications que nous proposons, on pourrait
réduire les investissements à un niveau acceptable sans
compromettre la qualité de l'air que nous visons tous à
atteindre.
Pour se conformer au projet de règlement concernant la
qualité de l'atmosphère, l'industrie pétrolière
québécoise devrait envisager des investissements de $134 millions
à $296 millions. Cependant, en adoptant les modifications
proposées par l'APQ, on pourrait réduire ces investissements
à un montant variant de $75 millions à $83 millions.
Ceci, je le souligne, sans compromettre la qualité de l'air. Ces
écarts peuvent surprendre ceux qui ne sont pas familiers avec
l'éventail des solutions possibles pour régler les
problèmes de cet ordre; nous avons, en annexe, des tableaux qui
clarifient les chiffres que nous mettons de l'avant aujourd'hui. De cette
façon, l'on pourra assurer à la population
québécoise un maximum d'amélioration de l'environnement
à des coûts réalistes.
Il faut éviter de placer les entreprises
québécoises dans une position défavorable face à
leur concurrence de l'extérieur du Québec et de
l'étranger. Il est essentiel à la survie des entreprises
québécoises qu'elles bénéficient des conditions
économiques analogues à celles dans lesquelles évoluent
les entreprises extérieures avec qui elles sont en concurrence. Un
règlement trop strict relativement aux conditions qui existent ailleurs
imposerait à nos entreprises un fardeau financier qui handicaperait leur
capacité concurrentielle, menaçant ainsi leur croissance
économique sinon leur existence même. Il est évident que le
progrès économique du Québec en serait lourdement
affecté.
M. le Président, en résumé, voici les points que je
veux souligner aujourd'hui.
Premièrement, l'APQ est d'accord avec le gouvernement du
Québec pour accorder une haute priorité au contrôle de la
qualité de l'air de façon à protéger la
santé et le bien-être des citoyens québécois. C'est
pour cette raison que l'APQ appuie, d'une façon générale,
les normes sur l'air ambiant, telles qu'énoncées dans le projet
de loi.
Deuxièmement, pour se conformer au projet de loi tel que
rédigé actuellement, il en coûterait à l'industrie
pétrolière approximativement de $60 millions à $210
millions de plus que si le projet de loi était amendé
conformément aux amendements que nous avons proposés. De plus,
ces très importants investissements additionnels n'apporteraient aucun
bénéfice tangible à la population
québécoise.
Troisièmement, notre association est convaincue que l'anhydride
sulfureux que nous trouvons dans l'atmosphère de Montréal-Est
constitue le seul problème que l'on puisse imputer à la marche de
notre industrie et pour lequel un programme de contrôle est actuellement
nécessaire.
Quatrièmement, nous sommes d'avis que ce problème ainsi
que d'autres problèmes relativement à la qualité de l'air
peuvent être solutionnés plus efficacement par une
législation inspirée de la philosophie et des techniques de
gestion de la qualité de l'air, ainsi que d'un niveau d'émissions
de pollution permises amendé conformément à notre
mémoire de février 1976.
En conclusion, en ce qui concerne la pollution de l'atmosphère,
deux grands problèmes nous préoccupent aujourd'hui: celui du
confort et celui de la santé de la population. L'APQ comprend
très bien les préoccupations des citoyens dans ce domaine ainsi
que de ceux qui les représentent ici.
Dans les deux cas, nous travaillons sincèrement pour
améliorer la situation. Cependant, la meilleure façon, selon
nous, de continuer à évoluer, c'est de se fixer des objectifs
réalistes et possibles à atteindre. C'est dans cet esprit,
messieurs, que nous avons présenté notre mémoire et que
nous espérons pouvoir continuer le travail entrepris. M. le
Président, cela complète mon exposé.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. Hamel. M. le
ministre.
M. Goldbloom: M. le Président, ce n'est pas la
première fois que j'ai l'occasion de discuter avec l'industrie
pétrolière, du problème de la pollution de
l'environnement. Comme nous l'avons souligné un peu plus tôt
aujourd'hui vous l'avez indiqué dans votre mémoire, vous
l'avez reconnu la concentration sur un territoire restreint de tant
d'activité industrielle pose un problème particulier. Mais il
faut quand même le résoudre dans toute la mesure du possible.
Un des thèmes de votre mémoire, c'est que
l'atmosphère a une capacité d'absorption et de diffusion et que
l'on devrait en tenir compte plutôt que d'appliquer des normes
d'émissions qui seraient précises et rigoureuses.
Je tiens à vous dire, M. le Président, que nous avons
consulté le gouvernement fédéral à cet égard
et que les deux gouvernements sont d'accord sur les normes d'émissions.
Surtout dans une situation comme celle dans l'est de Montréal, il n'y a
pas moyen d'attribuer à chaque raffinerie un bloc, si vous voulez, de
l'atmosphère au-dessus de ce territoire. Il faut que le résultat
global, en ce qui concerne la santé et le confort des citoyens, soit
atteint.
Deuxièmement, puisque j'ai mentionné notre consultation
avec le gouvernement fédéral, je voudrais revenir à une
question qui a été examinée hier ou avant-hier. Nous avons
indiqué, dans notre projet de règlement, à l'article 23,
une norme de 3% en poids pour l'huile lourde, en ce qui concerne la teneur en
soufre, avec une diminution, à partir du 1er décembre 1979,
à 2,5%.
Dans nos consultations avec le gouvernement fédéral, le
gouvernement fédéral se dit d'accord sur cet objectif et indique
qu'il est convaincu, comme nous, que cet objectif peut être atteint pour
le 1er décembre 1979. Pourtant, le gouvernement fédéral ne
nous recommande pas d'être encore plus sévère. Le
gouvernement fédéral est d'accord sur la progression des
exigences que nous exposons dans le projet de règlement.
Il y a, à la page 6 de votre mémoire, si ma mémoire
est fidèle oui, vers le bas de la page une estimation des
investissements nécessaires pour que les raffineries se conforment au
projet de règlement tel que publié. On calcule cela sur une
rangée assez large de $134 millions à $296 millions. L'on indique
que si les exigences sont assouplies, on pourrait diminuer
considérablement ce montant.
Il y a deux ans, vers le milieu de 1974, nous avons calculé les
investissements nécessaires pour une amélioration acceptable chez
les raffine- ries du Québec par rapport à la pollution de l'air.
Je couvre l'anhydride sulfureux, le monoxyde de carbone, les hydrocarbures et
les matières particulées. Nous arrivions, il y a deux ans,
à une somme globale de $34 millions. Il y a une marge énorme que
je m'explique difficilement, surtout quand on regarde certains avantages que
peuvent tirer les raffineries de l'application de certaines mesures,
c'est-à-dire qu'en diminuant l'émission de monoxyde de carbone on
épargne de l'énergie et en quantité appréciable.
Nos calculs, à l'époque, indiquaient l'épargne
équivalente à 200 000 barils d'huile par année et, en ce
qui concerne les hydrocarbures avec des toits flottants sur les
réservoirs, une diminution assez spectaculaire de la perte
d'hydrocarbures vers l'environnement et des épargnes équivalant
à 494 000 barils d'huile par année.
Je pense que ces chiffres nous pourrons revenir là-dessus
individuellement, si vous voulez appellent des commentaires et des
explications. Je voudrais souligner, parce qu'il y a d'autres
éléments dont nous ne parlerons pas aujourd'hui, vu que le projet
de règlement touche l'air, que vous avez des programmes importants en ce
qui concerne la protection des cours d'eau récepteurs. Si nos chiffres
sont justes, il s'agit là d'un investissement qui totaliserait quelque
$88 millions, dont $24 millions déjà dépensés selon
nos relevés.
Alors, je n'aurais pas voulu vous questionner sur les investissements
nécessaires pour la protection de l'air, sans reconnaître qu'il y
en a d'autres qui sont nécessaires pour la protection de l'eau et que
les compagnies ont déjà commencé à dépenser
des sommes importantes à cet égard. Elles nous ont soumis des
programmes assez complets qui seront poursuivis et nous avons été
en mesure d'obtenir des assurances de la part de toutes les compagnies que tous
les programmes qui visent la protection de l'eau seront réalisés
tels que prévus, tels qu'acceptés par les services de protection
de l'environnement.
J'ajoute un autre élément pour établir un lien
additionnel entre ces deux considérations, protection de l'air et
protection de l'eau. Nous avons l'impression, sans en avoir la preuve
chiffrée, que les investissements que je viens de mentionner, qui se
chiffrent par $88 millions pour la protection de l'eau, auront un
résultat bénéfique secondaire en ce qui concerne la
pollution atmosphérique, c'est-à-dire que, dans une certaine
mesure, la récupération de polluants qui s'en vont vers l'eau
présentement effectuera une diminution de l'éva-poration ou de
l'émission de certains polluants vers l'atmosphère; donc, il y
aura des bénéfices pour l'air par l'application des mesures pour
la protection de l'eau. Peut-être que vous avez des commentaires
additionnels que vous voudrez faire sur cet aspect, mais c'est la
deuxième raison pour laquelle j'ai voulu faire le lien entre les
deux.
M. Hamel: M. le Président, M. le ministre,
évidemment, a fait plusieurs affirmations. Vous avez parlé du
gouvernement fédéral, du soufre dans les combustibles, des
émissions et des coûts pour ar-
river au niveau d'émissions proposé, du monoxyde de
carbone et des épargnes possibles. Nous sommes très heureux,
évidemment, d'avoir de l'aide pour nous faire épargner de
l'argent encore plus, parce qu'on est là pour cela. Vous avez
parlé des programmes d'assainissement de l'eau, etc. Avec tout le
respect que je leur dois, j'aimerais bien que le gouvernement du Québec
et les fonctionnaires qui travaillent sur ces règlements ne soient pas
aussi myopes que nos collègues au niveau fédéral. Le
soufre dans les combustibles dépend de deux facteurs, en somme. Je pense
qu'il y en a seulement deux. C'est le soufre qui se trouve dans la
matière brute, le pétrole brut, et les processus de raffinage. Je
pense que les processus de raffinage, on peut les comparer ici et ailleurs
où on peut avoir des méthodes semblables, mais le soufre qui se
trouve dans le pétrole brut est beaucoup plus élevé ici au
Québec. C'est un pétrole brut importé qui est "plus
sûr" que le pétrole canadien. On sait que, d'ici deux à
quatre ans, même le pétrole brut qui est importé à
Montréal en ce moment de l'Ouest canadien va augmenter pendant un
certain temps, mais va aller en diminuant.
On dit qu'il sera probable qu'en 1982 le pipeline sera renversé,
etc. Je pense que ce sont des histoires que tout le monde connaît et
qu'on sera, à ce moment-là, à la merci, pour choisir une
expression, du pétrole importé, qui peut être du golfe
Persique, de l'Afrique du Nord, du Venezuela, etc., qui a une haute teneur de
soufre. Si on veut réduire les normes établies, disons, de 3%
à 2,5% en 1979, je pense vraiment, ainsi que les membres de notre
association, que ce sera une directive, un standard vraiment très
coûteux. Quand on parle, ici, des coûts pour les industries, je
parle globalement, parce que ce sont les consommateurs, éventuellement,
qui devront payer probablement jusqu'à $1 ou plus le baril pour avoir un
produit qui satisfasse à ces spécifications. Je parle de l'huile
lourde, numéro 6.
J'aimerais encore souligner que je pense qu'on a tort si on cherche, en
1979, à réduire le montant de soufre dans les combustibles pour
l'industrie. Je le pense honnêtement. Maintenant, on met à part
l'île de Montréal. Pour l'île de Montréal,
déjà, la spécification est 2,5. Je pense qu'on accepte
ça, vu la concentration de l'industrie, des commerces, des consommateurs
d'huile lourde. Mais je pense qu'ailleurs dans la province, quand on se trouve
dans une usine ou une scierie ou quelque chose comme ça qui est loin des
centres de population, on peut accepter un niveau un peu plus
élevé...
M. Goldbloom: Je m'excuse de vous interrompre, mais vous avez dit
tout à l'heure 2,5.
M. Hamel: 1,5.
M. Goldbloom: C'est 1,5.
M. Hamel: 1,5, vous avez raison. Je m'excuse.
En ce qui concerne les émissions, nous avons fait nos calculs de
coûts. Il y a deux tableaux dans le mémoire qu'on a
déposé, avec le couvert vert, les tableaux 8 et 9 qui comparent
les investissements nécessaires, selon nous et selon nos membres qui ont
fait des études. Elles ne sont pas complètes dans tous leurs
détails, mais elles sont suffisamment détaillées pour nous
justifier à mettre devant vous cet éventail de coûts qui
varient de $134 millions à $295 millions si l'on suivait les normes
établies par les règlements de l'environnement, tels que
proposés, et qui varieraient de $75,3 millions à $83,2 millions
si le gouvernement du Québec était prêt à accepter
les suggestions faites par notre association.
Maintenant, je pense qu'ici on ne peut pas rentrer dans l'analyse au
détail, l'examen des plans et devis, etc., pour résumer en quoi
consistent ces différences. Mais on y revient toujours, nous croyons
sincèrement qu'avec les investissements proposés par nos membres,
dont six ont des raffineries à Montréal-Est, la qualité de
l'air ambiant serait aussi bonne, qu'elle satisferait aux normes. Vous voyez
qu'on ne s'est jamais opposé, sauf peut-être pour la question des
retombées de poussière, dans notre mémoire aux normes
proposées. On s'oppose seulement à la façon de les
atteindre.
En ce qui concerne le monoxyde de carbone je pense que vous
l'avez mentionné il est vrai qu'on peut avoir des bouilloires
supplémentaires qui utilisent d'une certaine façon le monoxyde de
carbone, mais nos calculs, encore une fois, sont que le rendement du capital
investi est vraiment insatisfaisant en procédant de cette
façon.
En ce qui concerne la pollution des eaux, je pense que vous l'avez dit,
nous sommes absolument d'accord. Il y a des projets qui sont en marche.
Evidemment, c'est combiné dans le tout. Il y a des déchets qui
sont ramassés dans des cours d'eau, etc., qui seront enlevés
à l'avenir, lorsqu'il y aura des investissements de capitaux pour nous
permettre de le faire. Le tout rendra meilleure l'atmosphère autour de
nos raffineries à Montréal-Est, parce qu'on y tient, à
l'améliorer. Il faut se rappeler qu'on a des employés non
seulement qui travaillent là, mais qui habitent dans le secteur. Je
pense que les compagnies de pétrole au Québec ont fait la preuve,
depuis 85 ans, qu'elles sont de bons citoyens québécois.
On a à coeur de satisfaire aux objectifs, aux normes tels que
proposés, mais je pense qu'on doit s'opposer, parce qu'il ne faut pas
vivre au-delà de nos moyens. Si on fait ces investissements tels que
prévus ici, ça devra éventuellement se payer.
Je pense qu'il faut arriver à un point où on se dit:
Ecoute, il faut échanger quelque chose. Il faut échanger des
coûts extrêmement élevés contre une qualité de
l'air ambiant. Nous recommandons je pense que les processus ont
été essayés ailleurs des processus. Les
investissements sont encore bien élevés dans ce que nous
proposons, mais nous allons encore arriver à une qualité d'air
ambiant qui sera très satisfaisante, du moins, elle va correspondre aux
normes proposées par le gouvernement.
Maintenant, il y a un facteur dans le mo-noxyde de carbone que je
devrais mentionner. Je vous prie d'excuser la façon de nous exprimer,
mais nous ne sommes pas coupables; nous ne sommes pas devant le Barreau ici, je
sais que ce n'est pas une cause, mais nous ne sommes pas coupables du CO2 et du
monoxyde de carbone, le CO. Il y a énormément d'autres sources de
monoxyde de carbone que les raffineries à Montréal-Est, quand on
voit tous les véhicules qui circulent dans les rues de la ville de
Montréal et au centre-ville où on trouve les plus fortes
concentrations. Surtout quand on voit le vent qui vient de l'ouest normalement,
il y a une tendance plutôt à envoyer le peu de CO que nous
produisons.
Alors, M. le Président, ce sont mes commentaires sur les
commentaires de M. Goldbloom.
M. Goldbloom: II est évident que, si vous vous
étiez sentis coupables, vous vous seriez fait accompagner d'un
avocat.
M. Hamel: Justement.
M. Goldbloom: Je ne veux pas être désagréable
en le disant, mais vous avez parlé de myopie dans vos commentaires, je
pense qu'il y a un élément de myopie dans l'argument que vous
avez fourni: Puisque d'autres produisent beaucoup de monoxyde de carbone, on ne
devrait pas être trop sévère à notre endroit. C'est
évident que le total est là, qu'il y a des mesures qui se
prennent en ce qui concerne les émissions des tuyaux
d'échap-pernent des automobiles et que nous devons avoir une approche
globale en ce qui concerne une substance jugée nocive.
Alors, je pense que, lorsqu'on se penche sur le fait que d'après
nos chiffres, non seulement il y a de l'épargne, mais selon notre
évaluation de la situation, les compagnies gagneraient en coût,
compte tenu de ce qui serait récupéré en termes
d'énergie, et nous avons intérêt à poursuivre notre
programme qui amènerait les raffineries à diminuer leurs
émissions de monoxyde de carbone.
Je voudrais revenir pour un instant sur le sujet du soufre qui est un
élément chimique qui ne se volatilise pas. S'il y a un atome de
soufre, cet atome continue son existence. Le lieu où il se trouve peut
changer, le soufre peut être emporté par le vent et se retrouver
ailleurs; mais un atome de soufre est, à toutes fins pratiques,
indestructible.
Or, nous sommes obligés de viser une diminution de la teneur en
soufre de l'air que nous respirons. Vous dites que ce serait très
coûteux de modifier les procédés de raffinage de
façon à récupérer davantage le soufre parce que, si
nous avons comme matière brute de l'huile à forte teneur en
soufre, il n'y a pas moyen de s'en sortir; la seule façon serait
d'extraire le soufre par un procédé ou un autre.
Mais je tiens à souligner que si votre produit, en vertu d'une
norme moins exigeante, était distribué pour utilisation dans
d'autres industries et brûlé avec l'émission du soufre qui
est toujours là, l'atome de soufre est indestructible, il est là
dans l'huile, n'est-ce pas qu'on déplace tout simplement le
problème? On serait obligé de viser d'autres investissements
à d'autres endroits, mais à des endroits
éparpillés.
Multiplier les interventions et les dépenses plutôt
qu'attaquer le problème à la source et diminuer la teneur en
soufre là où on peut traiter toute l'huile en même temps
par un seul système et un seul investissement, je comprends que vous
défendiez votre industrie. C'est parfaitement normal, c'est pour cela
que nous avons tenu ces séances de la commission parlementaire. C'est
normal que vous disiez: Mais vous nous imposez tout le fardeau. Vous exigez de
nous les investissements et les coûts et les frais d'exploitation annuels
et tout cela.
Mais l'histoire de votre industrie, comme celle de beaucoup d'autres
industries, de presque toutes les industries, est que si des exigences, quelles
soient gouvernementales ou naturelles ou autres, vous imposent des
investissements additionnels, c'est le consommateur qui finira par payer. Vous
n'allez pas absorber les coûts additionnels. Vous l'avez dit et pas pour
la première fois. Toute industrie dit cela. Nous ne sommes pas en mesure
de maintenir notre rentabilité et d'absorber tous les coûts
additionnels imposés en vertu de règlements gouvernementaux et
par des problèmes d'autres sortes. Alors, n'est-ce pas que le coût
doit être absorbé par toute l'économie, d'une
manière ou d'une autre, et que l'efficacité d'un traitement qui
empêcherait le soufre de gagner l'atmosphère, si ce traitement se
fait à fa raffinerie, n'est-ce pas que cette approche aurait des
avantages considérables par comparaison à ce que nous imposerions
à l'ensemble des industries qui utilisent des combustibles?
M. Hamel: M. le Président, est-ce que vous me permettez de
répondre? M. le ministre, avec tout le respect que je vous dois, ma
réponse est non. Je vais vous dire pourquoi. J'essayais de penser
à un exemple. Si on parlait, par exemple, d'hygiène, est-ce qu'on
établirait les mêmes normes dans les cimetières que dans
les hôpitaux? Non, je ne le pense pas, parce que l'utilisation et ce qui
se passe est bien différent. C'est un mauvais exemple, je le sais, mais
j'ai essayé de trouver quelque chose de bien... Ce qui arrive...
M. Goldbloom: Surtout quand vous vous adressez à un
médecin.
M. Hamel: Surtout quand on s'adresse à un médecin.
Encore plus, je dirais, quand on s'adresse à un médecin.
M. Goldbloom: Invitez un médecin la prochaine fois, si
vous ne voulez pas d'avocat.
M. Hamel: Je pense qu'on devrait continuer à permettre le
même niveau de soufre dans les combustibles lourds, le mazout qui s'en va
dans des industries vraiment espacées et surtout éloignées
dans la province. Il n'y a pas tellement d'industries, en
général, qui consomment le mazout.
Ce sont surtout les aciéries, les industries sidérurgiques
et l'industrie des pâtes et papiers. Les industries des pâtes et
papiers ont une tendance à être éloignées et je me
demande, je me pose la question, si par exemple, dans la région de
Chicoutimi je ne sais pas si les tests ont été faits, j'ai
des experts techniques ici à côté de moi mais je me
pose la question et je pense que je peux y répondre, la qualité
de l'atmosphère au-dessus de la région de Saguenay, par exemple,
où on se sert de ces combustibles à "forte teneur de soufre"
depuis des années a changé. La réponse à cela est
que je pense que non.
Quand on arrive dans la ville de Montréal, la question est bien
différente. On accepte cela, les ajustements ont déjà
été faits et on fournit le produit en conséquence. Mais
maintenant, faire payer la collectivité québécoise en
général pour une qualité qui n'est pas nécessaire
à d'autres endroits, je pense que c'est une dépense, pour le
moment peut-être qu'à l'avenir, dans des années, des
décennies cela changera mais pour le moment, je ne crois pas que
ce soit nécessaire.
Le Président (M. Séguin): Merci. Le
député de Lafontaine.
M. Léger: M. Hamel, je voudrais au départ vous
expliquer un peu, parce que cela fait quand même un certain temps que
j'ai l'occasion de parler des problèmes de pollution dans l'est de
Montréal en particulier.
J'ai rencontré plusieurs compagnies, j'ai même
visité certaines usines et on m'a invité dernièrement
encore à visiter d'autres usines. Je voudrais bien qu'on comprenne
l'attitude d'un député d'un comté qui a la
particularité d'avoir une concentration aussi grande d'industries qui
ont comme effet secondaire d'émettre des matières polluantes dont
les conséquences sur la population sont quand même très
difficiles.
Je pense que, jusqu'à maintenant, le rôle que j'ai
essayé de jouer comme représentant de l'Opposition était
un rôle de surveillant auprès du gouvernement. J'ai talonné
le gouvernement de façon qu'on ait des mesures suffisamment
sévères, mais aussi acceptables par les industries pour
améliorer la qualité de l'environnement et de l'air que les
citoyens du comté de Lafontaine que je représente ont à
respirer tous les jours. C'est cette attitude que j'ai dû avoir
régulièrement, peut-être d'une façon fatigante pour
le gouvernement et pour le ministre. Mais je pense que cela a été
un travail de critique positive pour essayer d'améliorer une situation.
Je pense que c'est mon rôle de le faire et je pense qu'à long
terme cela peut avoir des résultats positifs.
Ce matin, je voudrais vous poser quelques questions sur
différents tableaux que vous avez présentés. Avant, je
dois vous féliciter, spécialement l'Association industrielle
Laval pour l'honnêteté et l'intégrité de ces
études et de ces dossiers qu'elle a mis à ma disposition pour
évaluer la situation. Je pourrais vous dire que, si les compagnies de
pâtes et papiers et les mines étaient aussi honnêtes que les
compagnies de pétrole, peut-être qu'il serait plus facile
d'améliorer la situation dans ce milieu.
Je sais que, chez vous, vous avez présenté des dossiers,
même s'ils ne donnaient pas une belle image de vous; vous l'avez fait
quand même et je veux vous féliciter pour ça. C'est une
marque d'honnêteté et d'un sens social qui est à votre
honneur.
Cependant, malgré tout cela, c'est sûr que, si le
gouvernement n'agit pas, ce n'est pas vous qui allez essayer de rendre plus
dure votre situation et faire des dépenses que vous ne jugerez pas
absolument essentielles à moins qu'il n'y ait une réglementation
qui vous oblige à le faire. Aussi, si on regarde, pour les cinq
dernières années la moyenne annuelle d'anhydride sulfureux
émis dans l'air permise par le gouvernement fédéral et par
les autres provinces, l'Ontario, la Colombie-Britannique, c'est 0,02%
d'anhydride sulfureux par année. Sur les cinq stations que vous avez
pour évaluer ces analyses, en incluant celle de la Communauté
urbaine de Montréal, Pointe-aux-Trembles et 9e avenue, on
s'aperçoit qu'il y a certaines stations qui ont presque toujours
été en deçà des normes permises. Je pense à
la station de la Montée Saint-Léonard, à celle de
Notre-Dame Est qui étaient de 0,15% et de 0,18%, soit en
deçà du niveau permissible.
Cependant, dans les stations nos 5 et 6 qui sont dans
Pointe-aux-Trembles, celle no 10 dans Montréal-Est, vous dépassez
de beaucoup la norme de 0,02%, puisque vous avez 0,39% à une station,
0,48% à l'autre, 0,65% dans Montréal-Est et à celle de la
Communauté urbaine de Montréal, 0,49%. Cela, vous l'avez
dépassé malgré le fait que vous avez accepté de
diminuer la quantité de soufre dans les combustibles. Je vois que vous
êtes passés, de 1970 à 1975, de 2,2% à 1,34%. C'est
donc dire que vous avez toujours réussi, depuis au moins trois ans,
à vous tenir en deçà de ce que la communauté
urbaine vous demandait dans sa réglementation qui est beaucoup plus
sévère que celle présentée par le gouvernement du
Québec, qui avait présenté un premier mémoire avec
2,5% et qui est arrivé avec le deuxième à 3%.
Je ne comprends pas aujourd'hui pourquoi vous semblez ne pas accepter
cela, alors que vous réussissez à baisser le taux de soufre dans
les combustibles à 1,34%. Est-ce que vous dites que, respectant le taux
de la communauté urbaine actuellement, vous en voulez au taux que le
gouvernement du Québec propose, qui est plus permissible? Je ne
comprends pas le point.
M. Hamel: Vous avez fait plusieurs points. Le dernier, le taux
moyen de 1,34%, comme vous l'avez dit, le taux moyen de soufre contenu dans les
combustibles. Les raffineries elles-mêmes sont de gros consommateurs de
combustible. C'est un taux moyen. Il n'y a pas seulement un combustible qui
sert à la raffinerie. Il y en a de multiples sortes dont l'une est
l'huile lourde, le numéro 6, qui est maintenant, à l'île de
Montréal, de 1,5%.
Il y a d'autres combustibles. Il y a le gaz naturel par exemple. La
moyenne de tout cela a réduit
le taux de 2,2% qui était en 1970 à 1,34% qu'il est
maintenant en 1975. C'est une moyenne.
Auparavant, lorsque je répondais à la question du
ministre, je parlais d'un produit qui est celui vraiment en question, qui est
l'huile lourde numéro 6. C'est celui-là, je pense, qui, en dehors
de la ville de Montréal, devrait continuer à se vendre à
un niveau de 3%.
Je ne sais pas si j'ai vraiment bien compris. On reconnaît
je l'ai dit dans mes remarques devant vousque l'anhydride sulfureux est
un pro-blème. On a engagé une firme d'ingénieurs-conseils
pour l'étudier. Le poste d'échantillonnage qui mesure la plus
grande augmentation d'anhydride sulfureux se trouve au point de rencontre,
apparemment, des vents prédominants. C'est logique qu'il y ait
peut-être une plus forte concentration.
Nous-mêmes, nous voudrions savoir le pourquoi de cela. Nous avons,
comme vous l'avez dit, réduit le niveau de soufre moyen dans les
combustibles utilisés par nos membres, qui sont les raffineries.
M. Léger: Mais le vent vient de l'ouest. C'est pour cela
que les stations...
M. Hamel: On nous a présenté quelque part...
M. Léger: ...de Saint-Léonard et d'Anjou sont en
bas du .02%, parce que le vent, habituellement, vient de l'ouest et vous n'avez
pas nécessairement été capable de capter à ces deux
stations les émissions qui venaient de Pointe-aux-Trembles et de
Montréal-Est. Ce sont surtout aux stations qui sont à l'est des
industries que vous avez dépassé les normes.
M. Hamel: On me dit que la station numéro 10 est sur notre
territoire. Je pense que c'est une des stations qui ont connu...
M. Léger: Les stations numéros 6 et 5 aussi. La
station numéro 5 est au no 12200 de la rue Sherbrooke et la station
numéro 6 est au coin de Prince-Albert à Pointe-aux-Trembles. La
station numéro 10 est à Montréal-Est. Les trois
dernières où vous avez dépassé sont sur votre
territoire.
M. Hamel: Est-ce que vous avez cette carte? Je pense qu'on ne l'a
pas dans le mémoire de l'APQ, mais elle était dans le rapport
annuel de l'Association industrielle Laval. Il y avait une carte qui montrait
la distribution des postes d'échantillonnage. Si vous voyez le poste
numéro 10, il est en plein centre de cette concentration industrielle,
pas seulement des raffineries de pétrole.
M. Léger: D'accord.
M. Hamel: Nous sommes d'accord avec vous que c'est un
problème. Nous sommes en train d'essayer de l'étudier, de
l'analyser et de connaître le pourquoi. Il y a un autre petit point qu'on
a fait dans notre mémoire, c'est-à-dire les remarques
supplémentaires que nous avons soumises aujourd'hui.
Aux Etats-Unis, on a reconnu que le problème était
très difficile à résoudre et on a augmenté
récemment de 50% le niveau moyen de concentration permise de
,02%à ,03%. C'est un problème. C'est parce qu'on se trouve
vraiment dans une région industrielle très concentrée.
C'est votre comté. Je comprends qu'il y a des désavantages pour
vous. Vous voulez améliorer la qualité de l'air et nous
aussi.
Mais il y a aussi des avantages qu'il faut considérer. Il ne faut
pas tuer la poule aux oeufs d'or non plus. Il y a des avantages du fait que
nous sommes industriels. Mais on veut améliorer. On est en train
d'étudier. J'espère que bientôt nous aurons le rapport des
ingénieurs-conseils qui travaillent à ce problème. On
pourra vous donner une réponse plus complète.
M. Léger: D'accord. Vous avez réussi à
diminuer la moyenne annuelle du taux de soufre dans les combustibles et,
malgré cela, il y a eu une augmentation de soufre dans l'air qui
provient d'autres raisons qu'uniquement le soufre dans l'huile. Je regarde dans
votre rapport et le total d'émissions de SO 2 dans
l'atmosphère était de 139 000 livres par jour, comparativement
à 200 000 avant. Donc, vous avez baissé à 139 000
livres.
Cependant, si on regarde le résultat, les chiffres qui
proviennent d'un rapport déposé à l'Assemblée
nationale sur la quantité d'émissions d'anhydride sulfureux par
compagnie, on s'aperçoit que l'ensemble des compagnies que vous
représentez se chiffre, par année, par 19 000 livres-heure, ce
qui équivaut à environ 230 tonnes.
Si on considère 230 tonnes et que vous admettez que vous avez
baissé à cause du pourcentage de soufre dans les combustibles
à 139 tonnes, il y a environ 91 tonnes qui proviennent d'autres sources.
Cela provient d'autres sources que chez vous et non pas uniquement de la
portion qui est causée par le pourcentage de soufre dans les
combustibles. Est-ce que vous pouvez nous dire si cela provient du
procédé des bouilloires ou du craquage catalytique qui fait que,
malgré que vous ayez diminué la teneur en soufré, vous
avez quand même augmenté la quantité d'anhydride sulfureux
dans l'air?
M. Hamel: Normalement, les principaux facteurs de pollution
atmosphérique sont, premièrement, les appareils de combustion qui
émettent des matières particulaires et l'anhydride sulfureux. Les
procédés de transformation, surtout le craquage catalytique,
émettent du monoxyde de carbone et, les autres, les matières
organiques volatiles, viennent des réservoirs. Surtout l'anhydride
sulfureux et certaines oxydes d'azote proviennent des appareils de combustion.
Tout ce qu'on peut savoir...
M. Léger: Dites-vous que le craquage catalytique
n'émet pas d'anhydride sulfureux?
M. Hamel: J'ai dit que l'anhydride sulfureux vient surtout des
processus de combustion.
M. Léger: D'accord, mais il y a au moins 20% à 25%
qui proviennent du craquage catalytique.
M. Saint-Cyr: II y en a sûrement, mais c'est très
difficile à évaluer.
M. Léger: J'ai les chiffres précis, ici, des
services de protection de l'environnement. On dit que, sur les 19 000
livres-heure, il y a 7400 livres qui proviennent du "process heater", 7100
livres qui proviennent du "power house", la bouilloire, et 4400 qui proviennent
du craquage catalytique. C'est l'ensemble des émissions.
Dans votre mémoire, vous admettez que vous avez diminué de
200 000 à 139 000 livres, ce sont plutôt des tonnes
britanniques-jour, je pense. Il manque 91 tonnes. Dans ce que vous nous donnez
comme rapport, il en manque sur le total qui a été perçu.
Je me demande de quelle façon allez-vous être capable de diminuer,
autrement que par la teneur en soufre dans les combustibles, les autres sources
d'émanation d'anhydride sulfureux provenant de votre industrie qui ne
sont pas causées par le pourcentage de soufre dans les huiles.
M. Hamel: M. le Président, je parle ici pour l'APQ,
l'Association pétrolière du Québec, mais nous avons aussi
un représentant avec nous, M. Donato qui est président de
l'Association industrielle Laval. Il nous souligne encore qu'une étude
se fait présentement par des ingénieurs-conseils
commanditée par ou commandée par l'Association industrielle Laval
qui groupe non seulement les raffineurs, mais toute l'industrie de l'est de
l'île de Montréal.
Quand on aura les résultats de cette étude, à
savoir d'où viennent ces composés polluants, on pourra alors
répondre à vos questions avec beaucoup plus de précision;
on pourra surtout prendre les mesures nécessaires pour réduire le
taux d'anhydride sulfureux, parce qu'on sait qu'on dépasse le niveau
proposé de .02. On le sait, on a des tableaux dans notre mémoire,
mais on veut résoudre ce problème nous-mêmes. Avant de
connaître la source et ses causes, je pense que c'est très
difficile de l'attaquer. Je ne peux pas répondre plus
précisément.
M. Léger: Vous admettrez qu'au moment où un
contaminant comme celui-là est en expansion, je trouve quand même
difficilement acceptable que vous demandiez une diminution d'un
règlement sévère là-dessus. Cela va en augmentant,
vous l'admettez vous-mêmes. Pourquoi demanderiez-vous qu'on soit moins
sévère dans notre réglementation alors que, justement
là, on s'aperçoit que cela augmente? Je me place au point de vue
de celui qui va respirer l'air, mais je ne me place pas au point de vue de
celui qui aurait à corriger la situation.
Normalement, c'est sûr que cela va coûter de l'argent.
J'admets cela. Mais au moment où vous admettez vous-mêmes
on le sait, on relève les chiffres prouvant qu'il y a une augmentation
de ce contaminant qu'il faut diminuer la sévérité
de la réglementation, je ne crois pas que ce soit le bon moment de
demander cela, mais plutôt le moment de trouver des techniques, comme
vous avez dit tantôt, pour améliorer la situation.
M. Hamel: Si vous regardez au tableau, je pense qu'il serait
temps de vous y référer le tableau no 2, dans le livre
vert qu'on a soumis on voit qu'en moyenne, en 1975, au cumulatif
Pointe-aux-Trembles, à la dernière ligne, on est rendu à
.049.
M. Léger: Est-ce que vous affirmez que c'est le cumulatif
ou si c'est la station de la communauté urbaine?
M. Hamel: Pardon, CUM, communauté urbaine. On voit que sur
tout, sauf la 5, la 6 et la 10, on dépasse de beaucoup. La 10 est
vraiment au centre, au coeur de l'industrie de l'est de l'île de
Montréal. Je pense que déjà...
M. Léger: ...des masques à gaz et quand les gens
passent, ils ont des problèmes, c'est à ce moment que...
M. Hamel: Je ne le pense pas, honnêtement; je vais souvent
à la raffinerie. Vous savez, ceux qui travaillent dans l'industrie du
parfum aiment bien le parfum. Moi, je n'aime pas cela. Je suis dans l'industrie
du pétrole, et honnêtement, je ne trouve pas que cela sente si
mauvais que cela.
M. Léger: Je changerais l'autre parfum contre
celui-là, par exemple.
M. Hamel: Je le dis devant le ministre, qui est vraiment un
expert dans le domaine, je me trouve en santé. Franchement, j'aime bien
cette odeur. N'importe, on reconnaît...
M. Léger: ...je changerais le Chanel no 5 pour le Shell no
5.
M. Hamel: Ou l'Esso extra, ce serait peut-être encore plus
favorable. Je reconnais ce facteur. On veut réduire. Le 0,3,
d'après nous, sera très difficile à atteindre au centre de
cette concentration industrielle. Là encore, je me répète,
il faut attendre le résultat de nos études.
M. Léger: Maintenant, de toute façon, on a quand
même une impression générale de la difficulté, mais
aussi du besoin de corriger la situation. Vous admettez que vous avez
engagé une firme d'ingénieurs pour vous trouver des solutions
là-dessus. Je pense que c'est un bon pas. Je vous félicite. On
verra ce que cela va donner, par exemple. Maintenant, vous dites aussi que pour
apporter les corrections, vous avez évalué, selon certains
tableaux, que vous devriez envisager des investissements de $134 millions
à $296 millions. Est-ce que vous pourriez nous donner des
détails. Vous avez des tableaux là-dessus, je l'admets,
mais...
M. Hamel: Le tableau no 8,
M. Léger: ...concernant la quantité en prix
d'équipements qui sont nécessaires, comme des équipements
améliorés qui vont être encore des équipements
absolument essentiels pour vous autres et que le fait que vous voulez corriger
la situation, cela devient un peu du renouvellement aussi de
l'équipement, dans ce chiffre. Il doit y en avoir dans cela.
M. Hamel: Le pourcentage du total?
M. Léger: En pourcentage ou en chiffre, oui.
M. Hamel: C'est tout du nouvel investissement. Dans ces calculs,
dans ces chiffres, on me dit: II y a de $134 millions à $295 millions,
au tableau no 8; il n'y a pas de remplacement.
M. Léger: II n'y a pas d'équipement
là-dedans?
M. Hamel: II y a de l'équipement, oui, on l'indique. Vous
voyez la colonne du milieu, sur le tableau no 8. On indique, grosso modo,
l'équipement nécessaire, comme par exemple...
M. Léger: Là, il n'y a pas de renouvellement
d'équipement.
M. Hamel: II n'y a pas de renouvellement d'équipement.
C'est du nouvel équipement.
M. Léger: Sauf que quand c'est de l'automatisation, cela
voudrait dire quand même des épargnes au niveau du personnel.
M. Hamel: On parle de $200 000. Ce n'est pas le gros facteur.
Quand on parle de $295 millions, c'est un petit...
M. Léger: Vous avez aussi, en Ontario, d'autres
succursales ou d'autres industries de la même compagnie qui, elles,
doivent respecter les normes de l'Ontario. Est-ce qu'elles n'ont pas
déjà des équipements qui permettent de respecter ces
normes qui sont aussi sévères qu'ici?
M. Hamel: Je demanderais à M. Saint-Cyr de répondre
à votre question.
M. Saint-Cyr (Marc): Concernant le soufre dans les combustibles,
dans les combustibles liquides, en particulier, en Ontario, il n'y a aucune
restriction à l'extérieur du Toronto métropolitain.
M. Léger: Pour l'anhydride sulfureux, il n'y en a pas?
M. Saint-Cyr: Pour l'anhydride sulfureux, c'est très
semblable. Dans la qualité de l'air ambiant, c'est la même chose
qu'au Québec, ce qui est suggéré.
M. Léger: Mettons une industrie d'Esso, à Sarnia,
doit avoir trouvé le moyen de respecter les normes de l'Ontario. Donc,
ce devrait être la même chose pour Pointe-aux-Trembles, dans
Montréal-Est?
M. Hamel: M. le ministre, M. le député... M.
Léger: Pas tout de suite.
M. Goldbloom: Comme on dit en bon français "Don't hold
your breath!"
M. Léger: Malgré que c'est ce qu'ils ont
été obligés de faire à Pointe-aux-Trembles.
M. Hamel: Je m'excuse, j'aurais dû dire M. le
Président.
M. le Président, là encore, on ne s'oppose pas
généralement aux normes, mais, dans l'Ontario, on ne retrouve pas
les concentrations d'industries, même à Sarnia, qu'on trouve dans
l'est de la ville de Montréal. Je dois me répéter encore:
Les membres de notre association qui ont des raffineries dans l'est de
l'île de Montréal vont chercher continuellement à
améliorer la situation. Dans notre mémoire de février
1976, auquel nous avons ajouté des explications, nous faisons des
propositions d'investissements substantiels. Il faut reconnaître que,
quand on parle de $75 millions à $80 millions, c'est de l'argent. En
d'autres mots, on ne dit pas qu'on va rester assis sur notre derrière et
ne rien faire. On est prêt à faire des investissements et on veut
rencontrer les normes. Tout ce qu'on dit, c'est qu'on veut approcher le
problème d'une façon un peu différente et on va avoir un
air ambiant, sur l'île de Montréal et dans les secteurs de
l'île de Montréal, qui va être très satisfaisant. On
ne s'oppose pas généralement aux normes. On a fait quelques
commentaires ici et là.
M. Léger: Mais je ne comprends pas votre raisonnement
quand vous dites que c'est concentré. Si je comprends bien ce que vous
dites, les gens qui vivent, par exemple, dans l'est de Montréal sont
condamnés à vivre avec des normes moins sévères
parce qu'ils vivent là et qu'ailleurs, parce que c'est moins
concentré, les normes sont plus faciles. Les gens ont droit quand
même... S'il fallait que les usines de pâtes et papiers soient
toutes concentrées à la même place, il faudrait que ce soit
plus sévère à cet endroit? Je ne vois pas le
raisonnement.
M. Hamel: M. le Président, ma femme me dit toujours que je
m'exprime mal et voilà un autre exemple. Ce n'est pas ça que j'ai
voulu dire, si je l'ai dit. On accepte généralement les normes
proposées dans le règlement, mais ce que nous n'acceptons pas, ce
sont les façons d'atteindre les objectifs visés par ces normes,
c'est tout. Nous voulons procéder d'une autre façon qui, nous le
croyons, va atteindre les objectifs que nous visons tous, que nous
désirons, chacun de nous, avoir une meilleure qualité de l'air
ambiant. Nous voulons procéder d'une autre façon.
Je demanderais à M. Picard, peut-être, d'amplifier ces
remarques.
M. Picard (Robert): M. le Président, j'aimerais faire un
commentaire sur la dernière intervention de M. Léger pour
l'assurer que l'équipement dans nos raffineries à
Montréal-Est n'est pas techniquement moindre que l'équipement qui
existe dans les autres raffineries au Canada. Par exemple, à
Montréal-Est, pour parler de la raffinerie chez nous, nous avons, comme
résultat d'une expansion qui s'est faite en 1968, l'équipement
qui peut être dit le plus moderne. C'est donc dire que les
problèmes qu'on discute ce matin ne sont pas dus à un
équipement qui serait identifié comme désuet ou à
une technologie qui aurait été due, si vous voulez, à du
laisser-aller. Tout au contraire, il est extrêmement important de
comprendre que, dans nos installations, il est d'extrême importance
d'avoir une technologie toujours à jour, c'est-à-dire que,
lorsque vous visitez une raffinerie à Montréal-Est, si vous
alliez visiter une raffinerie en Ontario ou en Colombie-Britannique, vous
verriez le même genre de technologie, le même genre
d'équipement auquel on apporte une maintenance très
poussée.
Je ne sais pas si ça répond à la question.
M. Léger: Oui, de toute façon, je sais que vous
faites des investissements. Je sais que Shell est en train de faire des
investissements de plusieurs millions de dollars dans Montréal-Est. Je
pense que c'est bien, qu'il faut vous féliciter là-dessus, mais
c'est le raisonnement de M. Hamel que je ne saisis pas. Vous venez de dire que
vous ne contestez pas qu'il y ait des normes, mais c'est la façon dont
on va y arriver que vous contestez. Voulez-vous me répéter
ça, parce que, si on est d'accord, on n'en parlera plus. Il me semble
qu'on dit la même chose si vous dites ça.
Est-ce que vous les contestez actuellement ou pas, les normes
proposées par le ministère de l'environnement?
M. Hamel: Généralement non. On dit, dans notre
mémoire, si je me rappelle bien, qu'on aimerait voir un changement dans
les normes de retombées de poussières. Je pense qu'on mentionne
le fait que les ,02% d'anhydride sulfureux vont être très
difficiles à atteindre. On mentionne qu'ailleurs, par exemple, aux
Etats-Unis, on a cru bon d'augmenter. On aimerait voir un allégement
dans cette norme. Mais, généralement, on ne s'oppose pas aux
objectifs visés par le projet de règlement. Ce que nous
suggérons, c'est une autre approche, des investissements un peu
différents.
M. Léger: Qui peuvent avoir les mêmes
résultats?
M. Hamel: Qui vont avoir les mêmes résultats,
oui.
M. Léger: Dans le même moment ou est-ce que
ça prendrait plus de temps?
M. Saint-Cyr: Comme on l'a déjà mentionné,
il y a, à l'heure actuelle, une étude qui se fait par une firme
d'ingénieurs-conseils. Ils ont en main à peu près toutes
les données qu'on a pu leur fournir pour notre équipement
à la raffinerie et le genre d'émissions qu'on a, celles qu'on
pouvait estimer nous-mêmes.
C'est assez compliqué pour certaines unités de
connaître exactement toutes les émissions qui peuvent être
émises à ces unités.
Maintenant, nous ne nous opposons nullement à la question de la
qualité de l'air ambiant, aux normes de la qualité de l'air
ambiant; on trouve que c'est compatible avec d'autres législations
d'autres provinces. Ce qu'on trouve un peu difficile, ce à quoi on
s'oppose un peu, c'est qu'il y a aussi les normes sur les émissions
à la source. On sait que dans d'autres provinces, principalement la
province voisine, il y a ce qui est admis par le gouvernement ontarien, la
gestion de l'air. Autrement dit, les industries partagent l'air. C'est aux
industries de trouver les moyens pour satisfaire aux normes de l'air ambiant.
On ne leur impose pas des limites d'émission, mais on veut s'assurer que
les normes de la qualité de l'air ambiant sont respectées par ces
industries. La plupart du temps cela se fait au moyen d'ordinateurs. Les
raffineries, les usines utilisant les combustibles donnent les quantités
totales d'émissions escomptées et, en fonction de l'air ambiant,
on estime ce qui peut faire la réduction qu'ils doivent accomplir pour
respecter les normes de l'air ambiant.
Quand les normes de l'air ambiant sont dépassées, il y a
un système d'alerte et les compagnies en question sont appelées
à réduire leurs émissions d'une façon ou de l'autre
pour s'en tenir aux normes de l'air ambiant. On trouve que c'est un programme
viable et, pour arriver à ce programme chez nous, on a
décidé d'aller à une firme conseil pour savoir quelles
sont les mesures qu'on devrait prendre au niveau des raffineries pour arriver
à respecter les normes de l'air ambiant.
Tout à l'heure vous avez dit que le règlement du
gouvernement du Québec était moins sévère que celui
de la Communauté urbaine de Montréal en ce qui a trait à
la teneur en soufre dans les combustibles. En fait, il est très
semblable. Quand, dans notre rapport annuel, on parle de la proportion de
soufre dans les combustibles, sauf Laval, de la proportion de 2,2 qui descend
à 1,3 ou l,4, c'est la moyenne de soufre dans les combustibles liquides
et gazeux, mais non exclusivement liquides. Les raffineries brûlent
beaucoup de gaz et beaucoup de combustible liquide et on en fait la moyenne
pour arriver à ce que vous avez au tableau de notre rapport annuel
à la page 26. La même dispense nous est allouée par le
gouvernement du Québec. A l'article 24, il y a une exception qui dit que
nous ne sommes pas obligés de respecter les 3% au poids dans l'huile
lourde si, en même temps, il y a un combustible gazeux de
brûlé, et on en fait la moyenne pour autant qu'on ne
dépasse pas le 3.
M. Léger: Maintenant, j'aimerais toucher un autre aspect,
l'hydrogène sulfuré, le H2S. Il semble que vous aviez
réussi, depuis un certain temps, à contrôler ces
émanations qui ont l'odeur d'oeufs pourris et en 1974-1975 il me semble
qu'on revoit
à nouveau une augmentation. Je voyais qu'en 1975 les stations 5
et 10 ont une augmentation énorme du nombre d'heures où le seuil
que vous jugez normal vous le calculez à 10 ppb, et je vous crois
très généreux est dépassé. Nous, en
général, on calcule 5 ppb comme un seuil normal pour l'odeur.
Mais, en 1975, vous êtes passés de 6 à 274 heures
dans l'année où vous avez dépassé ce seuil et
à la station 10, c'est 126 heures. Pouvez-vous me donner la raison pour
laquelle ce que vous contrôliez avant est dépassé tout
à coup d'une façon fulgurante?
M. Hamel: M. le Président, comme le dit M. Léger,
on reconnaît qu'on enregistre une légère augmentation
d'hydrogène sulphuré dans l'atmosphère parce qu'il se fait
maintenant beaucoup plus de désulfuration, ce qui implique une plus
grande manipulation du gaz. Cependant, les concentrations moyennes demeurent
encore très basses même si les niveaux supérieurs à
5 ppb semblent plus fréquents. On dit qu'une vigilance accrue et
l'intensification des programmes d'entretien, de même que l'installation
de nouveaux épurateurs d'eau acide qui sont actuellement soit à
l'étude ou en construction, vont contribuer grandement à diminuer
les niveaux d'hydrogène sulphuré dans l'atmosphère. Alors,
on a connu une petite hausse temporairement parce qu'on transporte... il y a
beaucoup plus de manutention et il y a beaucoup plus de désulfuration
qu'il n'y en avait au cours des années passées. Maintenant, il y
a des mesures qui sont prises par l'industrie elle-même pour
contrôler et revenir aux normes, à l'expérience connue dans
le passé.
M. Léger: M. Hamel, vous semblez dire que c'est une
expérience passagère et négligeable, mais vous êtes
passés quand même de 26 heures à 274 heures à la
station no 5, et, à la station no 10 de 36 heures à 100 heures et
à 126 heures. C'est pour 10 ppb; ce qui veut dire qu'à 5 ppb, il
se peut fort bien que ce soit le double de cela. Si on remarque le nombre de
fois, cela peut vouloir dire qu'il y a des sections dans la région de
Montréal-Est et de Pointe-aux-Trembles où on a peut-être
senti les oeufs pourris quasiment tous les jours. Cela peut être une
heure par jour et cela peut être 365 jours différents, comme cela
peut être toute une journée complète. Je ne pense pas que
ce soit négligeable. 274 heures pour 10 ppb, cela ne dit pas ce que
c'était pour 5 ppb. Je pense que ce n'est pas négligeable.
Qu'est-ce que vous pouvez faire pour corriger cette situation. Avez-vous
quelque chose de planifié là-dessus.
M. Hamel: On a M. Saint-Cyr de...
M. Saint-Cyr: Dans le même rapport annuel, l'association
donne aussi les concentrations qui sont supérieures à 5 parties
par milliard. Tout à l'heure, le Dr Goldbloom mentionnait que les
investissements qui seraient faits dans le domaine de l'épuration des
eaux usées aurait aussi probablement des effets secondaires sur la
qualité de l'air. Entre autres, justement, plusieurs raffineries avaient
des épurateurs d'eaux acides. Les eaux acides, ce sont les eaux qui
contiennent le H2S et l'amoniac. Il y avait au moins deux raffineries en 1970,
je crois, qui avaient des épurateurs en marche. Depuis ce temps, trois
autres les ont mis en marche cet hiver et il en reste une qui doit
compléter son programme, l'épurateur est censé entrer en
fonctionnement au mois d'octobre cette année. A ce moment-là, on
estime que les odeurs nauséabondes qu'on donne à
Montréal-Est devraient pratiquement disparaître.
M. Léger: Je vous remercie infiniment. Il semble, en tout
cas, selon vos propos et les rapports que vous nous donnez, que vous êtes
préoccupés par la situation. C'est de bon augure. Je vais
attendre les résultats de votre enquête et de vos études.
Je vous souhaite bonne chance. Je nous souhaite aussi bonne chance parce qu'on
aura tous à vivre cela.
M. Hamel: D'accord.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. Hamel, ainsi
que vos collègues. M. le ministre.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais revenir à
la charge avec deux ou trois questions. D'abord, j'aimerais qu'on souligne les
dernières paroles du député de Lafontaine. Il ne s'exprime
pas toujours de cette façon.
Je voudrais faire un commentaire sur la thèse que vous avancez,
savoir que l'on doit viser la qualité de l'air ambiant et on doit
essentiellement laisser aux compagnies le soin de s'entendre sur le partage de
la responsabilité et les façons d'atteindre cet objectif. Mais en
vous écoutant et en analysant ce que vous dites, je ne peux
m'empêcher de conclure que ce que vous proposez, c'est tout simplement la
dilution, savoir que si cela s'en va dans l'atmosphère, on n'a pas de
problème qui est directement évident, que cela devrait être
acceptable.
Je souligne que le problème auquel nous faisons face est plus
compliqué et implique des accumulations globales dans
l'atmosphère, implique l'équilibre, le transport entre notre
environnement local et l'atmosphère au-dessus dans les deux directions.
Pour n'importe quelle substance, il y a une balance qui peut être
déterminée: combien monte et combien descend. Il faudrait,
à mon sens, être plus sophistiqué que cela, parce que nous
avons, par exemple, des problèmes de corrosion, nous avons des
problèmes d'acidification des lacs avec des effets sur la vie biologique
de ces lacs.
Je ne veux pas attribuer à une seule industrie ou à une
seule substance la responsabilité technique, pratique de cela. Mais il
reste quand même que les transformations chimiques subies par l'anhydride
sulfureux sont de nature à contribuer de façon importante
à ces problèmes. L'oxydation de l'anhydride sulfureux du SO2
donne du SO 3, et SO 3 avec H2O donne l'acide sulfurique. Cela peut
avoir des effets sur l'arbre bronchique des êtres humains, peut
avoir des effets sur des édifices et des équipements. C'est un
problème qui est terriblement réel, et si les retombées de
vapeur d'acide sulfurique ont des effets sur nos lacs, nous allons en
écoper et pour longtemps.
C'est dans cette perspective globale que nous essayons de
déterminer la juste mesure dans laquelle nous devons intervenir
auprès des compagnies.
M. Hamel: M. le Président, est-ce que vous permettez que
je commente les propos de M. le ministre? Vous vous êtes servi des mots
"à eux seuls". Je ne pense pas qu'on demande d'être laissés
complètement seuls. Nous reconnaissons le devoir que vous avez dans ce
domaine. On reconnaît aussi et on le dit dans notre mémoire, je
peux citer une phrase textuellement: "D'autre part, il est certain qu'une telle
façon d'aborder le problème ne peut obtenir de succès sans
une participation totale et entière de tous les
intéressés, y compris les services de protection de
l'environnement. Etant donné qu'il faut posséder
énormément de données pour qu'une telle entreprise puisse
réussir, nous suggérons fortement de multiplier les stations
d'enregistrement de la qualité de l'air," etc, etc.
On ne pense pas qu'on sera laissés seuls. On comprend très
bien le rôle du gouvernement de gouverner et on ne s'attend pas à
ce que, du jour au lendemain, vous allez cesser de le faire. Au contraire, on
demande votre coopération. En ce qui concerne les eaux, je pense que,
même aujourd'hui, M. Donato pourra me corriger si je me trompe,
mais c'est ce que je comprends, je parle ici pour la société que
je représente, la Compagnie Pétrolière Impériale
les eaux qui sont renvoyées de notre raffinerie, les poissons
pourront vivre dans ces eaux, quand notre programme de renvoi d'eau de la
raffinerie dans le fleuve sera complété.
M. Donato: Oui, c'est une des normes qui ont été
demandées par Environnement Canada et qui sont suivies par le
gouvernement du Québec. Quand notre programme va être fini
et même présentement, il y en a qui y vivent les poissons
vont pouvoir vivre dans l'eau qui sort des raffineries.
M. Hamel: On vous invitera pour une partie de pêche un de
ces jours.
Et troisièmement, l'anhydride sulfureux est un problème,
on le reconnaît, on l'a souligné, on fait quelque chose pour
l'éliminer. Je ne peux pas aller plus loin que ça.
M. Goldbloom: II va sans dire que nous allons étudier de
façon détaillée et objective toutes les prises de
position, toutes les recommandations que vous faites dans votre
mémoire.
Ma deuxième question revient au monoxyde de carbone. N'est-il pas
vrai que, sur les six raffineries de l'est de Montréal, quatre ont des
appareils pour récupération du monoxyde de carbone, et seulement
deux n'en ont pas jusqu'à maintenant?
M. Hamel: Je demanderais à M. Saint-Cyr de répondre
à cette question.
M. Saint-Cyr: C'est exact, Dr Goldbloom. Le fait que certaines
raffineries ont choisi les chaudières au monoxyde de carbone n'implique
pas que d'autres raffineries n'essaient pas de récupérer
l'énergie.
Les deux autres raffineries du moins, j'en suis convaincu pour
une...
M. Donato: L'autre aussi.
M. Saint-Cyr: L'autre aussi... se servent de la chaleur
générée au régénérateur et
convertissent de l'eau en vapeur qui est utilisée dans nos
procédés. Il n'y a pas un gaspillage et on n'y met pas le
monoxyde de carbone sans en récupérer quelque chose. On a choisi
d'aller dans cette direction; on a décidé de prendre cette
façon de récupérer la chaleur. D'autres raffineries ont
décidé d'oxyder pour convertir plus ou moins un combustible
gazeux. Ce n'est pas une perte complète chez nous.
Si on était obligé d'installer des chaudières au
monoxyde de carbone, à ce moment-là, le système dont on se
sert on appelle cela un refroidisseur de gaz de Carnot, des gaz
d'échappement on serait obligé de l'abandonner
complètement pour le remplacer par une chaudière au monoxyde de
carbone.
M. Goldbloom: C'est un point technique que nous devrons examiner.
Si je comprends bien, toutes les raffineries en Ontario ont des bouilloires
pour la récupération du monoxyde de carbone.
M. Saint-Cyr: Je ne saurais répondre. Mais je sais qu'il
n'y a pas de rectrictions sur la teneur du monoxyde de carbone à la
sortie des unités de craquage par catalyseur fluide. Je ne peux pas vous
dire si toutes les raffineries en Ontario ont des chaudières au monoxyde
de carbone. Est-ce que quelqu'un est capable de répondre à cette
question-là? Moi, je ne saurais le dire.
M. Goldbloom: Cela se vérifie sans trop de
difficultés. Il y a une dernière question que je voudrais vous
poser. Je reconnais que ceux qui sont ici pour présenter le point de vue
de l'industrie s'identifient comme étant membres de l'Association
pétrolière du Québec. Mais les compagnies qui constituent
l'Association pétrolière du Québec sont présentes
ailleurs au Canada aussi. Elles sont même des compagnies multinationales
et sont actives dans le commerce international.
Il y a une relation commerciale que nous avons avec les Etats-Unis, en
vertu de laquelle le Canada, à même ses réserves dans
l'Ouest du pays, exporte de l'huile aux Etats-Unis. Si l'on comparaît la
moyenne de la teneur en soufre de ce qui est exporté vers les Etats-Unis
avec la moyenne de la teneur en soufre de ce qui est
conservé au Canada, y aurait-il une différence? N'est-ce
pas que les exigences des Etats-Unis sont plus sévères que les
nôtres présentement?
M. Hamel: M. le Président, je n'ai pas toutes les
données devant moi, l'ordre de grandeur, mais, en ce moment, nous
produisons au Canada environ 1 700 000 barils par jour de brut, surtout du
bassin sédimentaire du Canada.
Sur les 1 700 000 barils de brut produits, il y a environ aujourd'hui
450 000 barils qui sont exportés. Cela s'en va, comme vous le savez, en
diminuant. Les exportations vont disparaître en 1980 ou 1981. Le brut qui
est exporté est exactement de la même qualité en
général parce qu'il y a des variations selon les
différents champs pétrolifères que le brut dont
nous nous servons nous-mêmes dans nos raffineries au Canada.
M. Goldbloom: Votre réponse est très
précise. Puisque nous avions eu une impression différente, vous
me permettrez sûrement d'aller aux sources.
M. Hamel: Oui. Je vous donne une réponse de ma
façon de comprendre le problème. Je n'avais pas la question au
préalable. Je vais moi-même me renseigner. Mais, d'après
mes connaissances, aujourd'hui les acheteurs de brut achètent de
différents fournisseurs en général, il n'y a pas de
différence de qualité.
M. Goldbloom: Je ne mets pas en doute votre parole. D'ailleurs,
vous en prenez la responsabilité publiquement. Votre déclaration
est enregistrée au journal des Débats.
M. Hamel: Oui.
M. Goldbloom: Puisque j'ai d'autres renseignements, j'aimerais
pouvoir aller un peu plus en détail, mais pas présentement parce
qu'on n'a pas le temps de le faire.
M. Hamel: Moi-même, je vais prendre la peine, de la part de
nos membres, de me renseigner plus en détail.
M. Goldbloom: D'accord.
M. Hamel: Si j'ai fait erreur, si j'ai tort, je vais certainement
aviser nos membres que j'ai eu tort. Il faudrait, à ce moment, vous
aviser aussi.
M. Goldbloom: Merci!
M. Léger: M. le Président, avant de terminer, je
voulais simplement vous dire ceci. C'était mon devoir, comme
député d'un comté qui vivait des expériences assez
difficiles, de faire très souvent des déclarations publiques sur
des abus qu'il y avait au niveau de la qualité de l'air et de l'eau. Je
veux vous assurer, devant votre bonne foi, que je me ferai un devoir de
souligner publiquement les améliorations que vous allez apporter, comme
je continuerai aussi à dénoncer ce que je jugerai n'être
pas selon les besoins de la population du comté.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. Hamel. On vous
a dit que vous étiez enregistré au journal des Débats.
Vous n'avez pas tout de même signé de chèque en blanc. Cela
se résume à cela.
M. Hamel: Je vous remercie de ce commentaire, M. le
Président. C'est tout.
Le Président (M. Séguin): Imperial Oil.
M. Léger: M. le Président, je ne sais pas si...
M. Hamel: M. le Président, je représente ici la
Compagnie Pétrolière Impériale Ltée, que je veux
inscrire au débat aussi, parce que c'est notre raison sociale
française à partir du 21 avril de cette année. La
Compagnie Pétrolière Impériale Ltée ne se
présentera pas, parce que ses vues ont été
exprimées. Nous vous avons avisé aussi par Télex, il y a
quelques jours. Nous ne devions pas nous présenter. Nos vues ont
été comprises dans celles de l'association que je
représente ici aujourd'hui.
M. Goldbloom: M. le Président, il serait peut-être
plus simple de demander s'il y a des compagnies qui veulent faire des
présentations individuelles.
Le Président (M. Séguin): C'est cela, oui.
M. Léger: M. le Président, je voudrais le demander
si ce serait possible. Jusqu'ici, on a entendu les six compagnies qui
étaient représentées par l'Association
pétrolière du Québec. Il y en a une qui n'est pas
représentée dans ce groupe. C'est l'Aigle d'Or. Je ne sais pas si
on pourrait entendre Aigle d'Or, qui n'était pas
représentée dans ce groupe en premier.
Le Président (M. Séguin): Peut-être.
M. De Ginet (Roger): M. le Président, la compagnie Aigle
d'Or fait aussi partie de l'Association pétrolière du
Québec.
M. Léger: Ah bon! D'accord.
Le Président (M. Séguin): Y a-t-il d'autres
compagnies qui voudraient...
M. Cleyn (Otto): La compagnie Texaco, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Texaco. Texaco est membre
de l'Association pétrolière du Québec. Ce sont des
commentaires additionnels.
M. Cleyn: Oui, M. le Président, très brefs
d'ailleurs.
Le Président (M. Séguin): Si vous voulez vous
nommer, monsieur, ainsi que ceux qui vous accompagnent.
M. Cleyn: M. le Président, je suis Otto Cleyn,
vice-président pour l'Est du Canada de la compa-
gnie Texaco Canada Ltée et en même temps directeur
régional du Québec. Je suis avec M. Marc Saint-Cyr, qui a
d'ailleurs accompagné l'Association pétrolière du
Québec et qui est de notre raffinerie de Montréal-Est, ainsi que
par Me Henri Lanctot. Je m'empresse tout de suite de vous assurer que,
quoiqu'il soit avocat, il n'est pas ici à ce titre, mais à titre
de collaborateur avec moi et comme notre expert dans nos relations et nos
travaux avec l'Association pétrolière du Québec.
Vous avez entendu le mémoire de l'Association
pétrolière du Québec, Texaco, comme on vient de vous
l'indiquer, est un membre actif de cette association et nous avons
participé en détail à la rédaction de ce
mémoire qui vient de vous être présenté. Il va sans
dire que nous appuyons totalement le contenu du mémoire de
l'association.
Le motif de notre intervention, à la suite du mémoire de
l'association, est d'illustrer l'impact dramatique de certaines dispositions du
projet de règlement sur nos activités de transport et de
raffinage à Montréal-Est. Pour votre information, notre compagnie
produit 77 000 barils par jour à sa raffinerie à Montréal,
laquelle compte 420 employés permanents. De plus, Texaco est
impliquée dans tout le Canada et particulièrement dans le
Québec dans le transport et la mise en marché d'un grand nombre
de produits pétroliers.
Mon exposé portera sur quelques aspects du projet de
règlement qui sont pour Texaco des sujets de préoccupation
majeure.
Concernant les émissions de monoxyde de carbone, nous sommes
d'avis que les mesures prévues pour quasiment éliminer tout
contenu de monoxyde de carbone ne sont pas nécessaires et doivent
être retirées.
Cet article 49 oblige Texaco à réduire de 99,5% les
émissions de monoxyde de carbone provenant de l'unité de craquage
catalytique de notre raffinerie à Montréal-Est, à un
coût de $5 millions, et cela, malgré le fait que l'air ambiant
quant à l'aspect du monoxyde de carbone est actuellement de
qualité supérieure aux normes de qualité
atmosphérique prévues au projet de règlement.
En outre, nous considérons comme totalement irréalistes la
date limite du 1er décembre 1979 pour l'installation de toits flottants
sur les réservoirs d'essence et de pétrole brut.
Il est au-delà de nos capacités physiques d'accomplir le
travail requis et d'effectuer les changements nécessaires pour ce 1er
décembre 1979.
Nous prévoyons réaliser les travaux et les transformations
à nos équipements d'une manière ordonnée et
scientifique sur une période de huit années. Nous
suggérons que le calendrier pour l'exécution et la terminaison
des travaux pour rendre nos équipements conformes aux normes
prévues à l'article 52 du règlement, soit discuté
avec chaque compagnie.
Nous vous demandons d'étudier également avec attention les
commentaires et les recommandations du mémoire de l'association
pétrolière sur le contrôle de la teneur en soufre du
mazout, chose qui a d'ailleurs été discutée assez
longuement, ce matin. Nous estimons que l'application de tels contrôles
est très onéreuse. De plus, nous croyons qu'il n'est pas
nécessaire que ces normes strictes prévues pour régions
urbaines soient imposées et appliquées dans d'autres
régions, et particulièrement dans les régions rurales.
Là encore, je me rends compte que je répète les paroles
qui ont été dites tout à l'heure.
Texaco est consciente de ses responsabilités en matière de
protection de l'environnement, mais notre compagnie ne dispose pas de moyens
financiers extraordinaires pour tout faire dans l'immédiat.
Les lourdes dépenses en immobilisation pour la protection de
l'environnement, y compris l'assainissement de l'air, préoccupent
spécialement Texaco, compte tenu des difficultés auxquelles nous
faisons face pour faire accepter nos augmentations de coût.
Comme vous le savez, l'industrie pétrolière est
actuellement dans l'impossibilité de récupérer les sommes
affectées à la protection de l'environnement, parce que ses
profits et disponibilités, c'est-à-dire "cash flow" sont
continuellement soumis à des restrictions gouvernementales et
sérieusement touchés par les gels de prix.
Pour assurer les activités de Texaco Canada au Québec, des
investissements importants sont nécessaires, et il faudra plusieurs
années pour que les profits compensent les investissements dans le
domaine de l'environnement. En d'autres termes, il en coûterait à
Texaco $14,7 millions pour se conformer aux règlements
québécois sur la qualité de l'air. Afin de
récupérer cet investissement, ainsi que les $25 millions
exigés par le programme québécois de traitement des eaux
usées, soit une somme globale de $40 millions, il faudrait consacrer le
total des revenus de la région du Québec de notre compagnie
prévus pour les neuf prochaines années. De plus, s'il
était nécessaire, des montants supplémentaires très
substantiels devraient être consacrés pour répondre aux
normes touchant la teneur en soufre de combustible liquide.
Nous pensons que les diverses utilisations des ressources
financières de l'industrie pétrolière et de ses
capacités techniques dans le domaine de l'exploration, par exemple, sont
d'une importance tellement vitale pour l'économie canadienne, à
court ainsi qu'à long terme, qu'on ne devrait pas exiger que cette
industrie vienne au premier rang en matière de protection de
l'environnement, bien qu'elle soit prête à faire sa part.
Texaco Canada Limitée est prête à respecter un
programme raisonnable d'améliorations s'échelonnant sur une
période réaliste. Par conséquent, nous préconisons
l'établissement de mesures de contrôle basées sur les
besoins reconnus pour la protection de l'environnement, ainsi que la mise sur
pied d'un calendrier d'exécution appro-Drié afin d'éviter
des pressions inutiles sur les ressources financières limitées de
notre compagnie.
Ce sont là les remarques que j'avais à faire et, au nom de
notre compagnie, je vous remercie de nous avoir fourni l'occasion de les
présenter.
Merci, M. le Président !
Le Président (M. Séguin): Je vous remercie. M. le
ministre, des commentaires?
M. Goldbloom: M. le Président, je sais que chacun qui
présente un mémoire espère que la commission parlementaire
en prendra note au point d'avoir des questions. Mais puisque nous avons
examiné avec l'Association pétrolière du Québec des
aspects fort détaillés du problème, je pense que vous
comprendrez que je n'ai pas de questions additionnelles en ce moment.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Lafontaine.
M. Léger: Quelques courtes questions. A la page 2 de votre
mémoire, je ne comprends pas ce que vous voulez dire quand vous affirmez
que l'article 49 obligerait Texaco à des dépenses
évaluées à près de $5 millions, et cela,
malgré le fait que l'air ambiant, quant à l'aspect monoxyde de
carbone, est actuellement, donc avant même que vous mettiez sur pied
votre système, d'une qualité supérieure aux normes de
qualité atmosphérique prévues. Autrement dit, si vous
installiez votre système pour répondre à l'article 49,
ça vous coûterait $5 millions et vous auriez un air moins bon que
celui qu'on a actuellement?
M. Cleyn: M. le Président, j'aimerais essayer de
répondre à cette question, quoique j'aie mon expert ici, avec
moi. Mais si vous permettez, je voudrais tout simplement vous dire, pour
répondre à la question de M. Léger, qu'on parle de deux
sujets un peu différents. On parle de l'atmosphère ambiante et on
parle des émissions qui sortent du craquage. Au point de vue de
l'atmosphère ambiante, on est au-delà des normes proposées
par le projet de loi.
En ce qui concerne l'émission du craquage, on ne l'est pas. Nous,
on prétend qu'après tout, on devrait se conformer sur l'air
ambiant, plutôt que de s'inquiéter des émissions qui
sortent de la tour. Mais, si vous permettez, je demanderais à M.
Saint-Cyr d'ajouter des explications à ce sujet.
M. Léger: Oui, parce que si vous corrigez la
qualité des émissions...
M. Cleyn: D'accord.
M. Léger: ...je ne comprends pas que vous allez avoir,
dans l'air ambiant, un air moins bon que celui qu'on a actuellement. C'est
ça...
M. Cleyn: On ne dit pas qu'il sera moins bon, mais on
prétend, et on peut le prouver, que les normes préconisées
par le règlement sont au-delà des données actuelles dans
l'air ambiant qui se trouve autour de notre raffinerie.
M. Saint-Cyr?
M. Saint-Cyr: Je n'aurais pas pu dire mieux que ça.
D'ailleurs, dans la présentation de l'Association
pétrolière du Québec, on a ajouté un tableau, le no
7, dans lequel on donne des valeurs qui ont été
enregistrées par Environnement Canada à une station de
Pointe-aux-Trembles, et jamais le maximum horaire de monoxyde de carbone n'a
dépassé douze. Le règlement proposé ici dit que
pour la moyenne horaire, c'est 30 parties par million. On est tellement plus
bas, je me demande pourquoi exiger de nous d'installer une chaudière au
monoxyde de carbone.
M. Léger: C'est ça que je voulais que vous
m'expliquiez. Dans le règlement ici, on parle de 1000 particules par
million de monoxyde de carbone sur une base sèche, et le
règlement parle de 30. Faites-moi donc le lien. Qu'est-ce que cela veut
dire sur une base sèche?
M. Saint-Cyr: La base sèche, ce n'est pas le gros
problème. Quand on parle de 1000 parties par million de monoxyde de
carbone, on parle à la sortie même de l'unité.
M. Léger: Une base sèche, ça veut dire
à la sortie même?
M. Saint-Cyr: C'est calculé sans vapeur d'eau.
M. Léger: C'est plus compliqué que ça,
d'accord.
M. Saint-Cyr: 1000 parties par million, c'est à la sortie
même, mais quand on parle de l'air ambiant, c'est seulement 30 parties
par million et, même en y mettant bien au-delà de 1000 parties par
million chez nous, on s'est rendu compte qu'aux stations du gouvernement
fédéral, dont les statistiques sont publiées et
disponibles pour tout le monde, le mois de janvier 1976 a été le
pire mois et qu'en aucun temps la moyenne horaire n'a dépassé 12.
On ne comprend donc pas pourquoi on veut exiger une telle chose d'une
industrie.
M. Léger: Vous terminez en mentionnant "afin
d'éviter des pressions inutiles sur les ressources financières
limitées de notre compagnie". Le mot "limitées" m'a fait sourire.
Si on regarde la conjoncture économique des compagnies de pétrole
à l'heure actuelle, elles sont à peu près dans un
état d'euphorie. Si on regarde les rapports financiers des
dernières années, ce sont, je pense, les années où
vous avez les plus gros profits. Je me demande si ce n'est pas plutôt le
temps, dans cette période d'heureuse conjoncture économique, que
les compagnies en profitent pour mettre non pas uniquement des profits mais un
peu quand même pour corriger la situation au niveau de la qualité
de l'environnement. Quand on parle de ressources financières
limitées, alors que vous êtes dans une période où
les profits analysés chaque année sont très
élevés et spécialement ceux des deux dernières
années, je trouve étrange cette affirmation. Il me semble que
vous devriez dire: C'est le temps, on a fait de l'argent, on va essayer de
corriger la situation; on va mettre de l'argent pour corriger une situation
qu'il faut corriger et dont vous êtes vous-mêmes convaincus de la
nécessité de le corriger.
M. Cleyn: M. le Président, évidemment...
Le Président (M. Séguin): A l'ordre, s'il vous
plaît, à l'ordre! Un instant! Je ne dois pas m'ingérer
à l'intérieur d'un débat, mais je voudrais qu'on prenne
bien soin de noter qu'il ne s'agit pas ici de faire l'étude
financière ou l'étude des finances de quelque compagnie que ce
soit. La question est posée; je demanderais tout simplement à
celui qui doit y répondre de s'en tenir à mes commentaires, parce
qu'en réalité nous étudions un projet de règlement
et non pas les finances de Texaco ou d'autres compagnies.
Répondez dans le contexte d'une réserve en ce qui concerne
vos affaires.
M. Léger: II ne s'agit pas de déposer un bilan
financier.
Le Président (M. Séguin): Non, mais c'est que,
souvent, M. le député de Lafontaine, on exige le
dépôt d'un document qui pourrait être relatif à ces
choses et je voudrais le prévenir.
M. Cleyn: Dans notre projection budgétaire, pour
répondre à M. Léger, nous avons un montant
d'au-delà de $20 millions qu'on se propose d'investir dans les
prochaines quelques années justement dans ce domaine.
Deuxièmement, je pense que, dans la quatrième page de mon texte,
j'indique les problèmes ou j'essaie d'expliquer pourquoi on trouve nos
ressources financières plutôt limitées quand je dis que,
pour dépasser les montants projetés, cela nous prendrait neuf
années pour récupérer ce montant.
M. Léger: Je vous remercie de votre commentaire.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais revenir à
un sujet qui vient d'être discuté. J'ai demandé tout
à l'heure, quand les six compagnies étaient présentes
ensemble, s'il n'est pas vrai qu'il y en a quatre qui récupèrent
le monoxyde de carbone et deux qui ne le font pas, et la discussion a
révélé qu'effectivement il y en a deux qui ne le font pas
et Texaco est une de ces deux compagnies.
Votre réponse est que vous récupérez la chaleur et
que de cette façon vous épargnez nos ressources d'énergie.
Mais est-ce que vous prétendez que cette récupération
d'énergie est aussi efficace, aussi complète que dans le cas des
quatre compagnies qui récupèrent le monoxyde de carbone?
M. Cleyn: M. le Président, je demanderais à M.
Saint-Cyr de répondre à la question du ministre.
M. Saint-Cyr: C'est sûrement une très bonne
question. Cela prendrait une étude passablement détaillée
pour faire le bilan, mais je me fie à notre compagnie. Si on n'a pas
opté pour une chaudière au monoxyde de carbone, c'est que cela
impliquait des investissements substantiels et que le retour sur
l'investissement ne justifiait pas une telle chose.
M. Goldbloom: Peut-être, mais avez-vous des chiffres sur la
quantité de monoxyde de carbone que l'usine émet par jour?
Combien de tonnes par jour?
M. Saint-Cyr: C'est très substantiel, oui.
M. Goldbloom: Justement. C'est très substantiel et nous ne
pouvons accepter une quantité illimitée de monoxyde de carbone
dans l'atmosphère. Nous avons nettement l'impression que, si vous aviez
une chaudière à monoxyde de carbone ou si vous aviez un
procédé de récupération, de
régénération à haute température, votre
récupération d'énergie serait beaucoup plus efficace que
dans le moment. Vous avez indiqué que vous allez regarder cela et nous
fournir des informations plus précises. Je vous fais part de notre
impression actuelle. Je pense que nous ne pouvons considérer le sujet
comme clos et accepter tout simplement l'hypothèse que vous avancez dans
le mémoire. Il faudra que nous allions plus loin avec vous et avec
l'autre compagnie qui n'a pas de système de récupération
de monoxyde de carbone.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. le ministre.
Alors, s'il n'y a pas d'autres commentaires de votre part, nous vous
remercions.
M. Cleyn: Merci.
Le Président (M. Séguin): Dans les autres
compagnies, Gulf Oil, est-ce qu'il y a quelqu'un? BP?
Une Voix: Gulf n'est pas représentée.
Le Président (M. Séguin): Gulf n'y est pas.
Pe-trofina? Avez-vous des commentaires à faire?
M. Lachapelle (Normand): Oui, nous avons des commentaires
à soumettre.
Le Président (M. Séguin): En avez-vous pour
longtemps?
M. Lachapelle (Normand): Nous en aurons pour environ quinze
à vingt minutes, peut-être.
Le Président (M. Séguin): On va suspendre nos
travaux à 13 heures. On vous entendrait si on avait l'assurance que
c'était à l'intérieur de cette période, mais on ne
peut pas contrôler les questions. On va commencer, on va voir ce qui
va...
M. Goldbloom: Commençons, M. le Président, parce
que nous avons de nombreux organismes.
Le Président (M. Séguin): Mais l'idée
était de ne pas couper sa présentation en deux parties si
c'était possible.
Commencez donc, si vous voulez, en vous nommant.
M. Lachapelle (Normand): Je vous remercie, M. le
Président. M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés, je m'appelle Normand Lacha-
pelle, je suis ingénieur au département des services
techniques à notre raffinerie de Pointe-aux-Trembles. Je suis
accompagné de M. MacDonald, à ma gauche, assistant
exécutif à notre président, qui m'assistera au besoin.
Notre présentation devant vous, aujourd'hui, ne touchera que
trois articles du projet de loi, à savoir les articles 48, 49 et 52.
Nous estimons que l'incidence économique de l'application sans
modification de ces articles serait très sérieuse pour notre
compagnie et toucherait notre rentabilité économique, dans un
marché par ailleurs très compétitif.
Le mémoire de l'Association pétrolière du
Québec, dont nous sommes membres, a présenté les vues de
l'industrie du raffinage sur les autres articles du projet et nous y
souscrivons pleinement.
Petrofina appuie les objectifs du gouvernement dans son désir de
réglementer les émissions à l'atmosphère pour la
santé et le bien-être des citoyens du Québec. De ce fait,
notre compagnie profite de l'occasion qui lui est offerte de comparaître
devant la commission parlementaire des Affaires municipales concernant la
qualité de l'atmosphère pour lui fournir tous les renseignements
et l'aide nécessaires.
A titre de membre de l'Association pétrolière du
Québec, Petrofina Canada a déjà fait part de son opinion
et de ses recommandations au ministre de l'Environnement à la suite de
la publication du projet de réglementation dans la Gazette officielle du
Québec en décembre 1975.
Dans un mémoire distinct, daté du 27 février 1976,
Petrofina a, en outre, exposé ses vues quant aux modifications à
apporter au projet de loi. A noter que le rapport de i'APQ ne faisait pas
mention de ces dernières modifications car celles-ci avaient trait aux
méthodes d'épuration des effluents déjà en vigueur
à notre raffinerie de Pointe-aux-Trembles ou encore à de
l'équipement spécifique qui n'existe nulle part ailleurs dans la
province.
Les divers points abordés dans notre mémoire du 27
février 1976 sont résumés ci-après dans le
même ordre.
Monoxyde de carbone, article 49. Ce règlement vise la mise en
place obligatoire d'une chaudière à monoxyde de carbone et ne
concerne que la technologie du craquage catalytique sur lit flui-disé,
laquelle n'est pas utilisée par Petrofina. A noter que depuis 1962,
notre compagnie a mis en place une chaudière à monoxyde de
carbone sur son unité de craquage catalytique à lit mouvant.
Cette chaudière diminue les émissions de monoxyde de carbone dans
une proportion de 93% mais n'est pas conforme à la réglementation
proposée.
Petrofina opère une seconde unité de craquage catalytique
dont les émissions de monoxyde de carbone sont nulles.
Recommandation: Comme Petrofina possède la seule unité de
craquage catalytique à lit mouvant dans la province, cette unité
étant conforme au but de la réglementation, à savoir
l'installation d'une chaudière pour monoxyde de carbone, les nouveaux
règlements ne devraient s'appliquer qu'aux unités de craquage
catalytique sur lit flui-disé.
Matières particulaires (article 48). Le projet de
règlement concerne la technologie de diminution de la pollution
applicable aisément aux unités de craquage catalytique sur lit
fluidisé et semblable technologie n'a pas été mise au
point, à notre connaissance, pour les unités à lit mouvant
comme celle de Petrofina. Les règlements de l'EPA en ce qui concerne les
émissions de particules de raffineries en opération aux
Etats-Unis ne s'appliquent qu'aux unités de craquage catalytique sur lit
fluidisé. Au Canada, dans son rapport sur les émissions à
l'atmosphère, l'équipe de travail composée de membres des
gouvernements fédéral et provinciaux, ainsi que de
représentants de l'insdutrie, a accepté d'exclure les
unités à lit mouvant de ses directives sur les matières
particulaires.
On évalue à $35 millions le coût de remplacement de
l'unité à lit mouvant déjà en place par une
unité de craquage catalytique sur lit fluidisé. Un tel
remplacement pénaliserait sérieusement notre entreprise et,
conséquemment, affaiblirait notre position concurrentielle.
Notre recommandation. Les nouveaux règlements ne devraient
s'appliquer qu'aux unités de craquage catalytique sur lit
fluidisé.
Cokéfaction sur lit fluidisé (article 48). Petrofina
Canada possède la seule unité cokéfaction sur lit
fluidisé au Québec. Cette unité est actuellement à
l'arrêt pour fins de transformations visant à satisfaire aux
règlements de la CUM quant à l'opacité des fumées.
L'autorisation de remise en fonctionnement de l'unité dépendra du
succès des modifications qui, à notre connaissance, n'ont pas
été effectuées chez d'autres raffineurs au pays ou
même en Amérique. On ne sait pas encore si ces modifications
permettront d'atteindre le niveau d'émission autorisé en vertu de
l'article 48.
Recommandation. Modifier l'article 48 pour qu'il ne s'applique pas aux
unités de cokéfaction sur lit fluidisé lorsque ces
unités sont conformes aux exigences locales. Il apparaît peu
raisonnable que deux niveaux de gouvernement imposent des règlements
d'une portée différente pour la seule unité de
transformation de ce genre dans la province.
Réservoirs de stockage (article 52). 80% de la capacité de
stockage de pétrole brut, à notre raffinerie, sont conformes au
projet de règlement, car les réservoirs construits depuis 1968
sont pourvus de toits flottants. Toutefois, les réservoirs de stockage
d'essence ont tous été équipés d'un système
de conservation des vapeurs, aussi efficace qu'un toit flottant dans la plupart
des circonstances.
Recommandation. Modifier l'article 52 pour autoriser l'utilisation d'une
technologie équivalente de conservation des vapeurs. Je vous remercie,
M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. Lachapelle.
M. Goldbloom: M. le Président, ce mémoire souligne
certaines différences de technologie qui peuvent poser des
problèmes particuliers. C'est évident que nous devrons les
examiner à leur juste valeur. Vous soulignez la différence entre
un lit fluidisé et un lit mouvant. Votre recommandation est que le
règlement ne s'applique qu'au lit fluidisé. Je ne pense pas qu'on
puisse dire: C'est un règlement qui ne s'applique qu'à un
procédé; ce sont les résultats qui comptent.
Nous pourrons reconnaître des différences et en tenir
compte dans la rédaction d'un règlement pour être
réalistes. Il en est de même, mais le problème est moindre,
en ce qui concerne votre deuxième recommandation qui arrive à la
fin où vous nous invitez à rédiger le règlement de
façon à reconnaître qu'il y a d'autres méthodes
d'éviter la perte de vapeurs d'essence à part les toits
flottants, c'est une question de rédaction, je pense bien; si l'on
reconnaît qu'une autre technologie est bonne, il s'agit de rédiger
l'article du règlement de façon à obtenir le
résultat.
Je pense que nous pouvons prendre bonne note de votre mémoire
avec les commentaires que je viens de faire.
Le Président (M. Séguin): M. le
député de Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, le ministre a
touché les deux points que je voulais toucher. Je suis du même
avis que le ministre là-dessus. Ce qui compte pour la technique du lit
fluidisé ou du lit mouvant, c'est le résultat. C'est la
même chose pour la question des toits flottants. Vous faites une nuance
ici je ne sais pas si le ministre en a tenu compte c'est que les
réservoirs de stockage d'essence sont équipés d'un
système de conservation des vapeurs "aussi efficace qu'un toit flottant
dans la plupart des circonstances". Pouvez-vous affirmer dans toutes les
circonstances?
M. Lachapelle (Normand): Cela dépend des cas, M. le
Président. Dans certains cas, un système de conservation des
vapeurs peut être plus efficace qu'un toit flottant. Dans d'autres cas,
c'est le contraire. Ceci dépend du mouvement de l'inventaire à
travers les réservoirs. Ceci demande une étude du mouvement de
l'inventaire à travers les réservoirs et une quantification des
pertes par déplacement dans le réservoir, de même que des
pertes par respiration dans le réservoir.
M. Léger: Si vous m'affirmiez que vous avez le même
résultat, il n'y aurait pas de problème. C'est une question de
rédaction, comme le dit le ministre.
M. Lachapelle (Normand): Nous avons un système de
récupération des vapeurs à la raffinerie. Il fonctionne.
Nous avons une capacité d'y ajouter de l'expansion, s'il
s'avérait qu'il était moins efficace dans la plupart des
circonstances qu'un système de toit flottant.
Nous aimerions pouvoir profiter de ce que nous avons
présentement. Le coût, pour nous, de modifier tous ces
réservoirs d'essence pour leur mettre un toit flottant serait de $750
000. Vous comprendrez qu'un système qui a des possibilités
d'être équivalent, que nous avons, nous chercherons à en
faire le meilleur usage possible.
M. Léger: D'accord, je vous remercie.
M. Ostiguy: Lorsque vous dites que deux paliers de gouvernement
imposent des règlements d'une portée différente, est-ce
que vous voulez dire la CUM et le gouvernement provincial ou le gouvernement
fédéral?
M. Lachapelle (Normand): La CUM et le gouvernement
provincial.
M. Ostiguy: D'accord.
M. Lachapelle (Normand): Si je peux brièvement
m'étendre sur le sujet du craquage catalyti-que, il serait bon que le
gouvernement prenne note qu'il y a trois types de craquage catalytique dans la
province ici. Le plus nouveau type de craquage catalytique est à
l'hydrogène sur lit fluidisé. Il n'y a strictement aucune
émission de monoxyde de carbone ou de particules. C'est un
procédé récent, très dispendieux. Il y a aussi le
craquage catalytique sur lit fluidisé, qui est très populaire en
Amérique présentement. Il y a des centaines d'unités de
par le monde. Il y a aussi quelques unités de craquage catalytique sur
lit mouvant. Cette technique est considérée un peu comme
l'ancêtre du craquage catalytique sur lit fluidisé. Il y a
peut-être quelques dizaines d'unités en activité dans le
monde. Donc, ce que je veux mettre de l'avant, c'est que la technologie n'est
pas immédiatement disponible, ayant seulement quelques unités
dans le monde, pour nous soumettre aux lois proposées ici, tandis que,
pour les lits fuidi-sés, l'expérience est abondante. Je vous
remercie.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. Lachapelle, M.
MacDonald. Aigle d'Or? Oh, il est 13 heures. Est-ce qu'Aigle d'Or est ici?
Seulement un instant, il y a Shell aussi. Est-ce que Shell est ici? Elle ne
fera pas de commentaire. Aigle d'Or, vous avez l'intention de faire...
M. Goldbloom: M. le Président, je pense que nous devons
suspendre C'était entendu de cette façon. Même si
c'était entendu hier avec la General Motors que sa présentation
serait la première à 15 heures, puisqu'il ne nous reste, si je
comprends bien, qu'un seul mémoire de la part de l'industrie
pétrolière, je suggérerais que nous demandions la
compréhension de la General Motors, que nous commencions par Aigle d'Or
et que nous continuions quelques minutes plus tard avec la General Motors.
Le Président (M. Séguin): La commission suspend ses
travaux jusqu'à 15 heures. Pour votre information, nous reprendrons
à 15 heures jusqu'à 18 heures, si nécessaire. Si nous
n'avons pas terminé, nous reprendrons ce soir à 20 heures.
(Suspension de la séance à 13 h 1)
Reprise de la séance à 15 h 11
M. Séguin (président de la commission permanente des
affaires municipales et de l'environnement): A l'ordre, messieurs!
Continuant là où nous avons laissé à 13
heures, Aigle d'Or du Canada.
M. Miron (Yves): Mon nom est Yves Miron. Je suis directeur au
département de l'environnement de la Société Aigle d'Or,
Saint-Romuald, Québec.
M. le Président, M. le ministre, messieurs les
députés, messieurs, la Société Aigle d'Or a
beaucoup moins d'envergure que les sociétés qui se sont fait
entendre ce matin. Néanmoins, il y a certains points techniques que je
voudrais relever par ce court mémoire, et également vous
renseigner sur la façon pour nous d'aborder le problème de
l'environnement.
Nous apprenions dernièrement, par la voix du ministre des
Affaires municipales et de l'environnement, le Dr Victor Goldbloom, qu'un
projet de loi touchant la qualité de l'atmosphère allait
être déposé sous peu. Nous avons étudié de
façon objective les différents articles du projet de loi. Nous
avons formulé des revendications auprès du ministre, et nous nous
présentons à cette commission parlementaire pour en discuter
davantage.
Depuis nos tout premiers contacts avec le ministre, nous avons
remarqué qu'il insistait sur l'aspect "de bonne foi" pour en arriver
à réconcilier, de part et d'autre, les exigences et les droits de
chacun.
Nous, à la raffinerie Aigle d'Or, nous avons certes fait preuve
de bonne foi et même davantage, comme le manifeste d'ailleurs une copie
ci-annexée des sommes affectées à l'environnement. Ce
document date de décembre 1970, alors que la raffinerie a
démarré en septembre 1971. Plus précisément, nous
avons dépensé $5,5 millions pour la protection de l'air et de
l'eau, tout en nous conformant aux exigences émises par le
ministère à cette époque. Bien entendu, nous avons
continué d'investir depuis ce moment, en fonction des exigences futures,
si bien que l'on se retrouve aujourd'hui en accord avec la majorité des
articles de ce projet de loi.
Comme vous pourrez le constater dans ce qui suit, nous ne soulevons que
trois des points du projet relatif à la qualité de
l'atmosphère. Ceci, à mon avis, prouve hors de tout doute une
nette prise de conscience au moment de la conception de notre raffinerie.
Le premier article donc, que je relève, l'article 23, la teneur
en soufre: Dans un premier temps, les normes proposées dans cet article
sont satisfaites présentement sans exception. Dans un deuxième
temps, on parle d'une réduction pour le 1er décembre 1979. Je
souligne ici que, pour une petite société comme la nôtre,
le changement de la source d'approvisionnement de nos bruts serait
nécessaire. Le coût additionnel serait de $6,6 millions par
années, soit une différence de $0.20 le baril pour un volume
annuel de production de 33 millions de barils.
Nous recommandons dans ce cas le statu quo jusqu'à ce que le
coût du pétrole brut se stabilise en quelque sorte, ce qui ne nous
semble pas être le cas dans le moment.
Article 48. Les matières particulaires. On se
réfère ici aux particules émises par les unités de
fractionnement de catalytique. Nous soutenons que la norme de 115 milligrammes
par mètre cube de gaz non dilué est beaucoup trop restrictive, et
ceci pour les raisons suivantes. Premièrement, en plus d'un cyclone
séparateur installé dans le réacteur et dans le
régénérateur, des précipitateurs
électrostatiques, dont le coût s'élève à
environ $2 millions chacun, seront nécessaires. Deuxièmement,
pour atteindre un tel niveau, il faudrait que les cyclones primaires et
secondaires, ainsi que les précipitateurs fonctionnent à haute
efficacité, et ce de façon continue, ce dont nous doutons
fortement. Ici, je me réfère à une conversation que j'ai
eue avec Exxon Corporation pas plus tard qu'hier après-midi, alors
qu'ils m'ont expliqué la divergence qu'il y avait et c'est surtout le
point que je veux souligner; la différence est assez énorme entre
l'efficacité théorique et le rendement pratique qu'on obtient de
ces pièces d'équipement dans les raffineries ou autres
industries.
Finalement, les précipitateurs coûtent très cher en
entretien et, de plus, il est très souvent requis d'injecter un
polluant, tel que l'ammoniac, pour que certaines particules aient la charge
électrostatique idéale à leur précipitation. Nous
croyons qu'un niveau de particules réalisable de 250 milligrammes par
mètre cube devrait être maintenu.
Le troisième article que je souligne traite des émissions
des hydrocarbures. Cet article concernant l'émission d'hydrocarbures en
est un dans le projet de loi qui nous offre un retour sur lecapital investi et
nous reconnaissons sa très grande importance. Nous voulons, cependant,
attirer votre attention sur le fait que, pour installer un toit flottant dans
un réservoir, il faut suivre quelques étapes, dont voici un
échantillon. D'abord, il faut se débarrasser de tout composant
explosif; le rendre ensuite parfaitement exempt de toute anomalie;
procéder à l'installation du toit flottant; enfin,
procéder à l'essai hydrostatique du réservoir. Pour des
réservoirs de 500 000 barils, on parle d'une somme de $380 000, plus un
coût de nettoyage d'environ $60 000. Ce sont des coûts
récents qui m'ont été confirmés encore hier.
Nous croyons que l'échéance proposée est
irréalisable et beaucoup trop hâtive. Nous recommandons enfin un
programme négocié qui tiendrait compte des impératifs de
l'environnement et des sommes considérables que l'industrie devra
investir.
Le Président (M. Séguin): Avez-vous terminé,
monsieur?
M. Miron: J'ai terminé.
Le Président (M. Séguin): Je vous remercie, M. le
ministre.
M. Goldbloom: M. le Président, ce mémoire expose
certaines particularités de la raffinerie de Saint-Romuald. On a
soulevé un point d'une importance considérable, parce que
justement j'ai eu l'occasion de la souligner a plusieurs reprises au
cours de notre travail il y a des gens qui déclarent, de la
façon la plus simpliste possible: De l'équipement existe, il doit
être installé et ainsi on va corriger le problème de la
pollution. Plus on travaille dans ce domaine, plus on sait que ce n'est pas si
simple que cela. Vous avez parlé de l'efficacité théorique
et de l'efficacité réelle. J'ai l'impression, je ne veux pas
être désobligeant à l'endroit de qui que ce soit, comme
observateur de l'extérieur, que dans le domaine de la fabrication et
surtout de la vente d'appareils antipollution, il y a des vendeurs qui exercent
autant de pression que s'il s'agissait d'une encyclopédie, d'un
téléviseur portatif ou d'une voiture d'occasion. Nous constatons,
dans de nombreux cas, que nous exigeons quelque chose, la compagnie fait la
dépense nécessaire, l'appareil est installé et le
rendement vanté comme étant de 95% par le fabricant, se trouve
à 50% quand l'appareil est installé. Des fois, il y a des
problèmes de rodage et l'on peut obtenir un meilleur rendement; mais des
fois, malgré toute l'expertise que nous pouvons apporter, des
consultants de l'extérieur et tout, nous n'arrivons pas toujours
à obtenir l'efficacité théorique des appareils.
Puisque ce dont nous parlons est un texte de loi et puisque l'adoption
d'un tel texte rendrait tout contrevenant passible d'être traduit devant
les tribunaux, je pense qu'il est important que les membres de la commission
parlementaire soient sensibles à ce problème pratique que ce qui
fonctionne sur papier ne fonctionne pas toujours avec la même
efficacité dans l'usine.
Dans certains cas parce qu'on a fait grand état de
modifications à certains chiffres depuis un document de travail d'il y a
trois ans c'est justement parce que l'on constate que la technologie
disponible est excellente sur papier, mais, dans les faits, dans les usines
où nous avons observé son installation et son fonctionnement, les
résultats n'ont pas été ceux qu'on avait escomptés.
C'est la seule remarque que je voudrais faire à partir de ce
mémoire.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. le ministre. Le
député de Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, je pense que, ce matin,
nous avons eu l'occasion de poser beaucoup de questions aux
représentants des compagnies d'huile du Québec. J'aurais une
simple question à M. Miron. Les compagnies d'huile dans le complexe de
Pointe-aux-Trembles-Montréal-Est envoient la quantité de soufre
extrait de leurs produits par un conduit à une usine. A Québec ou
à Saint-Romuald, comment vous départissez-vous de votre surplus
de soufre?
M. Miron: M. le Président, nous n'avons pas ce
mécanisme présentement. Mais on a respecté les normes
émises par le gouvernement. Nous considérons présentement
un projet d'expansion très considérable et, pas plus tard que la
semaine prochaine, je vais discuter des mécanismes antipollution eau et
air avec M. Jean Roy. On a prévu ça et on va certainement y
voir.
M. Léger: Actuellement, qu'est-ce que vous faites?
M. Miron: On a une très haute cheminée de 250 pieds
de haut où il y a de la diffusion; le soufre dans nos gaz, dans notre
mazout a une teneur acceptable.
M. Léger: Est-ce que vous avez une station quelconque ou
des stations télémétriques pour capter les
échantillonnages de l'air ambiant pour évaluer la quantité
d'anhydride sulfureux, entre autres, qui retombe dans la région?
M. Miron: Vous comprendrez, M. le Président, que Golden
Eagle a démarré le 8 septembre 1971. Nous avons
déjà investi énormément d'argent. Nous sommes les
seuls à Québec. On n'a pas d'Association industrielle Laval qui
regroupe un grand nombre d'industries pour répartir les coûts
d'équipement; on est seul. Cela demande des approches
différentes. Mon impression personnelle sur ce problème c'est que
je préfère tenter de dépenser de l'argent pour
arrêter la pollution au niveau des procédés plutôt
que de la mesurer.
Je fais confiance au gouvernement sous ce rapport.
M. Léger: D'accord. Jusqu'à maintenant, vous ne
pouvez pas la mesurer; vous n'avez pas les moyens. Est-ce que vous pouvez dire
combien vous produisez de barils par jour?
M. Miron: Dans le moment, on est arrêté. Pour les
deux derniers mois de la production, cela s'est chiffré entre 100 000 et
115 000 barils par jour.
La capacité nominale est de 108 000. On peut aller beaucoup plus
haut.
M. Léger: D'accord. Je vous remercie, M. Miron. Je n'ai
pas d'autres questions particulières.
M. Miron: M. le Président, je vous remercie de m'avoir
donné la chance de faire valoir les revendications de ma compagnie. J'en
profite pour féliciter l'assemblée de la façon de discuter
avec nous.
Le Président (M. Séguin): Merci. General Motors.
Est-ce M. Hamel qui est le porte-parole?
M. Turgeon (Jean):- Non. Mon nom est Jean Turgeon, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): M. Turgeon? M.
Turgeon: Oui.
Le Président (M. Séguin): Vous pouvez
commencer.
M. Turgeon: II y a également M. Descarie.
Le Président (M. Séguin): Vous présenterez
vos collègues qui auront à prendre part, ou qui vous
accompagnent. Commencez immédiatement.
General Motors du Canada
M. Turgeon: Je suis accompagné, M. le Président, M.
le ministre, MM. les membres, à mon extrême droite, de M. William
Stirling, qui est directeur de l'ingénierie, pour le Canada, de la
compagnie General Motors du Canada; à mon immédiate droite, M.
Jean-Pierre Descarie, responsable du contrôle de l'environnement à
l'usine de Bois-briand; à mon extrême gauche, M. James Stevenson,
qui est surintendant de l'ingénierie à l'usine de
Sainte-Thérèse à Boisbriand; M. Elias Blouin,
ingénieur senior de projets à l'usine située à
Boisbriand également et immédiatement à mes
côtés, à ma gauche, M. Edmond Piasecki, ingénieur
senior de projets de Détroit.
La présence de ces six personnes venues de Détroit,
d'Oshawa et de Boisbriand s'explique par l'importance que la corporation
attache à la préservation de la qualité de
l'atmosphère.
Il va de soi que ces personnes, de même que les membres du
personnel de l'ingénierie de General Motors offrent au gouvernement du
Québec leur collaboration et leur expertise dans la poursuite des
objectifs qui sont visés par la réglementation.
Il est en effet de la politique de la corporation, comme le mentionne
son mémoire, corporation qui, présentement, emploie quelque 4000
personnes au seul niveau manufacturier, il est de sa politique, dis-je,
d'appuyer tous les efforts raisonnables et rationnels de la part des
autorités responsables pour protéger et préserver
l'environnement.
General Motors a démontré sa bonne volonté en
contribuant aux frais de contrôle de l'environnement par le
développement d'appareils de contrôle d'émission pour ses
produits et ses usines. Ses efforts sont reconnus comme étant ceux d'un
citoyen responsable.
Etant donné le caractère hautement technique de cette
réglementation, j'invite M. Jean-Pierre Descarie, responsable du
contrôle de l'environnement à l'usine de Boisbriand, à vous
donner non pas la lecture, mais un aperçu des points les plus importants
du mémoire soumis par la corporation. M. Descarie.
M. Descarie (Jean-Pierre): M. le Président, pour faire
suite à Me Jean Turgeon, je désirerais vous présenter un
résumé du mémoire que nous avons soumis au
ministère de l'Environnement relatif à certains articles du
projet de règlement qui auraient des effets à court ou à
long terme sur notre industrie.
L'article 10, section IV, régissant l'opacité des
émissions devrait être amendé tel que stipulé
à la page 5 de notre mémoire, de façon à tenir
compte du temps réel requis pour accomplir certaines tâches
normales d'opération de bouilloire, tel le dé- part et
l'arrêt d'une chaudière à grilles mobiles ainsi que le
retrait des cendres.
A la section III, régissant les normes d'air ambiant, le
ministère propose des normes de 150 et 70 microgrammes par mètre
cube. Environment Protection Agency, des Etats-Unis, a établi pour la
protection de la santé des normes de 260 et 75 microgrammes par
mètre cube. Il est aussi un fait connu que ces normes des Etats-Unis
sont à maintes reprises dépassées par les
éléments naturels, comme la poussière des routes et des
champs, particulièrement pendant les périodes où la pluie
n'est pas abondante.
Nous croyons que des normes semblables à celles des Etats-Unis
seraient suffisantes. Voici l'article le plus important...
M. Léger: Le mémoire que vous présentez,
est-ce un résumé d'un mémoire que vous avez?
M. Descarie: C'est un résumé du mémoire que
nous avons présenté au ministère il y a quelques
semaines.
M. Léger: Vous n'avez pas de copies de votre
résumé?
M. Descarie: On en a donné au ministère. Il nous
ferait plaisir d'en fournir au besoin.
M. Léger: C'est pour être capable de...
M. Goldbloom: ... le mémoire entier.
M. Léger: On n'a que le mémoire complet.
M. Descarie: Vous avez le mémoire au long? Ce à
quoi je réfère est toujours dans le mémoire, il n'y a rien
de nouveau, sauf que peut-être on engage un peu plus de monde
présentement qu'il n'y en avait lors du mémoire, de l'ordre de
600 personnes de plus, 600 ou 700 personnes de plus.
Est-ce que je peux continuer?
M. Léger: D'accord.
M. Descarie: C'est spécifique à la section V,
article 11, régissant les composés organiques gazeux. Cet article
imposerait l'installation d'appareils d'épuration à quiconque
émet plus 1,3 kilogramme par heure ou trois livres ou 6,8 kilogrammes
par jour ou 15 livres de composés organiques gazeux, c'est-à-dire
des hydrocarbures.
Ce règlement, présentement, défie toute
conformité en considérant les techniques présentes.
N'importe quelle industrie ou personne utilisant plus de trois gallons de
peinture par jour sera par conséquent contrainte d'installer des
appareils de contrôle pour s'y conformer. Ni l'usine de
Sainte-Thérèse, ni l'usine d'autobus de notre division General
Motors Diesel à Saint-Laurent ne peuvent se soumettre à ce
règlement par les moyens techniques présentement disponibles.
De plus, il n'y a aucune preuve qu'un besoin existe de réduire si
rigoureusement les émissions
d'hydrocarbures et les sources stationnaires pour protéger la
santé et la sécurité des gens du Québec. Pour fins
de comparaison, d'après les statistiques publiques, le Québec
émet 731 917 tonnes par année d'hydrocarbures dans
l'atmosphère pour une étendue de territoire de 594 860 milles
carrés, à quelques milles près, tandis que la
région de Los Angeles, avec seulement 4083 milles carrés,
émet plus de 899 000 tonnes, par année. Ceci démontre
l'ampleur du problème de Los Angeles relativement à celui de la
province de Québec.
Maintenant de ces 731 917 tonnes d'hydrocarbures émises, presque
80% sont reconnues comme étant les produits des transports, tels les
voitures, les camions, les avions, les locomotives ainsi de suite. Et les 20%
qui restent sont fournies par les sources stationnaires.
Les automobiles d'avant 1969 émettaient onze grammes par 1000
d'hydrocarbures, tandis que celles de 197576 n'émettent que de 1,5
à 2 grammes par 1000. Lorsque toutes les voitures d'avant 1975 seront
remplacées sur les routes d'ici quelques années, les
émissions totales d'hydrocarbures seront alors réduites de
60%.
En comparaison, la quantité de douze tonnes par jour que l'usine
de Saint-Thérèse émet est insignifiante et ne
représente que, 38 de 1% de ces 732 000 tonnes.
Une chose à mentionner aussi, c'est que ces douze tonnes
d'hydrocarbures sont extrêmement diluées dans 1,632 milliard de
pieds cubes d'air par jour provenant de nos kiosques et de nos fours à
peinture. Cette immense quantité d'air à très faible
teneur d'hydrocarbures défie la technologie existante
d'épuration.
Dans l'éventualité où une technique utilisable
serait développée et prouvée, l'installation de cet
équipement interromprait nos activités pour une période
indéterminée.
Il est clair qu'une telle interruption de production affecterait nos
4000 employés. Nous désirons réitérer que cette
technique n'est pas présentement disponible et qu'il n'y a aucune
assurance qu'elle sera jamais développée. La
dépréciation et le coût de l'énergie additionnelle
pour cet équipement de contrôle représente une augmentation
importante dans le coût d'assemblage d'une automobile. Etant donné
l'absence de justification pour un règlement si rigoureux, l'absence de
techniques disponibles compatibles à nos procédés et les
coûts prohibitifs anticipés, nous proposons que cet article soit
retiré.
Dans l'avenir, si une réglementation des hydrocarbures devenait
nécessaire, la reformulation des solvants de peinture à une forme
moins réactive devrait être le moyen de contrôle.
Passons à la section IX, article 22, pour les appareils de
combustion. Même si notre usine de Boisbriand n'est pas
présentement impliquée, nous désirons mentionner que cet
article, pour une réduction de seulement 6% des matières
par-ticulaires, forcerait l'installation d'appareils coûteux, difficiles
à entretenir et très inconsistants dans leur qualité
d'épuration.
L'article 26, régissant la vitesse des gaz à la sortie des
cheminées, ne tient pas compte des normes établies pour la
conception des cheminées et, de plus, on omet le facteur fondamental de
l'élévation finale de la cheminée au-dessus du sol. Donc,
nous n'en voyons pas les besoins.
Et finalement, les annexes A et B, Normes d'émission de
matières particulaires pour les sources fixes existantes et nouvelles.
Nous croyons ici que l'annexe B devrait être éliminée en
raison de la disponibilité de techniques pour l'appliquer.
Ceci, M. le Président, termine notre exposé.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. Descarie. M. le
ministre, avez-vous des commentaires?
M. Goldbloom: Oui, M. le Président. En regardant la page
12 du mémoire qui a été déposé, je remarque
le chiffre de douze tonnes de solvants par jour comme estimation de la
quantité émise par l'usine de Boisbriand, et c'est évident
que cette quantité nous paraît passablement
élevée.
Dans nos recherches, dans la documentation scientifique, nous avons
trouvé un article publié par deux représentants de la
compagnie Dupont, tiré de la revue Journal of the Air Pollution Control
Association, en date d'avril 1976, volume 26, numéro 4. L'article
s'intitule "Reducing Solvent Emissions in Automotive Spray Painting". Je ne
vais pas dans tout le détail, ce serait fastidieux de le faire; mais,
nous constatons que l'analyse est faite de l'opération de peindre une
voiture et de la durée du séjour de l'automobile dans chaque
section de la partie de l'usine où cette opération se fait.
Il y a des analyses de faites des façons de réduire
rémission de solvant à même la peinture utilisée. Il
y a des considérations de la nautre de la peinture elle-même et
aussi des techniques de ventilation. On indique une diminution des besoins
énergétiques, c'est-à-dire qu'on peut faire fonctionner le
système avec une diminution de consommation de combustible. La
conclusion se lit comme suit: We conclude that it is possible to reduce the
solvent emission from an automotive top coat area to meet an emission limit of
less than 3000 pounds per day per source at a reasonable additional investment
and operating cost without requiring energy for treatment by: 1-Using two coat
instead of three coat solvent base paints; 2-Selectively venting solvent wean
air; 3-Staging air from manual through automatic zones to thermal treatment or
carbon absorption; 4-Using the resulting hot gas from incineration or catalytic
oxydation as an energy source for coating area ovens.
Je cite ces éléments techniques simplement pour le journal
des Débats, ces précisions, quant à ce qui peut être
fait. Si je fais la comparaison entre les 3000 livres qui sont fixées
comme objectif par l'agence américaine ou par plusieurs Etats
américains... je m'excuse, je ne devrais pas induire la commission
parlementaire en erreur. Ce sont, si je comprends bien, des Etats
américains qui, individuellement, ont établi une telle norme,
mais, selon l'article, il y en a plusieurs. Alors, 3000 livres et 24 000 livres
indiquées dans votre mémoire.
Sans vouloir vous amener à commenter une publication
professionnelle, technique, à brûle-pourpoint, je voulais vous
demander si vous avez eu l'occasion de prendre connaissance du travail
publié par Du Pont et si, dans ce genre de système ou dans un
autre, vous voyez la possibilité de réduire de façon
importante les émissions de solvants de votre usine de Boisbriand.
M. Descarie: M. le Président, nous sommes au courant des
travaux que Du Pont a faits dans ce domaine. Néanmoins, ce n'est que
purement au niveau de la recherche et du développement. Il n'y en a
aucun en opération nulle part à ce moment-ci. En ce qui a trait
aux 3000 livres par jour, Du Pont réfère à un
système qui serait l'application d'une couche de peinture et la cuisson
de cette couche. Par contre, lorsque nous nous référons aux 24
000 livres, c'est pour l'entité de l'usine de toutes les couches de
peinture, les solvants, les adhésifs, ainsi de suite. Aussi, nous avons
fait du travail à notre usine de Boisbriand pour réduire les
émissions d'hydrocarbure par une couche d'apprêt par
électrophorèse, ce qui est une peinture à dispersion
aqueuse. Cette peinture ne contient que 2% de diluant d'hydrocarbure au lieu de
85% comme les peintures habituelles. Donc, nous avons déjà fait
du travail dans cette direction et nous continuons.
M. Goldbloom: Je note que l'article indique que, si l'on essaie
d'ajouter des appareils pour récupérer et purifier l'air, les
coûts et les besoins énergétiques peuvent être
très élevés et que, de cette façon, on peut arriver
à une situation très peu rentable tandis que, par la
procédure qui n'implique pas, si je comprends bien l'article,
l'installation d'équipement compliqué qui nécessite un
changement du type de peinture dont on se sert, et c'est un
élément important de la thèse avancée ici, il y a
moyen de réduire considérablement les émissions et de
diminuer les besoins en énergie aussi.
Je ne veux pas prolonger indûment les discussions
là-dessus, mais c'est un article qui nous frappe de façon
particulière.
M. Descarie: M. le Président, je ne peux que
réitérer que le travail de Du Pont est théorique et, comme
M. le ministre le mentionnait tantôt, il y a de ces systèmes qui,
sur papier, ont l'air de fonctionner très bien, mais, en pratique, ce
n'est pas nécessairement cela. La corporation, incidemment, a
travaillé en collaboration avec DuPont à notre usine de
Wilmington, au Delaware, sur cette possibilité. Cela a été
laissé en plan.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, je voulais tout
simplement dire un mot concernant les matières, les solvants qui
découlent du travail de peinture que vous soulevez dans votre
mémoire. Je ne sais pas si... On a parlé hier justement avec
l'industrie de la peinture. Celle-ci nous avait fait remarquer la
difficulté de faire adopter telle qu'écrite la
réglementation de la peinture. A ce moment-là, on a parlé
de la possibilité d'avoir une réglementation basée sur une
décomposition des différents contaminants avec une
réglementation basée par niveau de réalisation. Il
semblait que cela pourrait être une rédaction un peu plus
acceptable.
Est-ce que vous êtes au courant de cette réglementation de
la Colombie-Britannique sur la "Pollution Control Objective", touchant
spécialement les "emissions from the petrol chemical resin and paint
industries"? Est-ce que vous êtes au. courant de la réglementation
de la Colombie-Britannique là-dessus?
M. Descarie: M. le Président, je regrette, mais je ne suis
pas au courant de cette réglementation.
M. Léger: De toute façon, c'est simplement pour
vous dire que la réglementation dont nous parlions hier semblait une
façon de trouver une méthode de réglementation par
contaminant, une décomposition des différents contaminants de
façon que chacun soit jugé selon l'importance ou le degré
de pollution et divisé par étape, ce qui pourrait être une
façon peut-être plus acceptable. De toute façon, je pense
que le ministre disait hier que la rédaction de cette partie de la
réglementation serait revue. Alors, c'est seulement pour vous dire qu'il
y a peut-être possibilité de trouver des solutions qui pourraient
vous convenir là-dessus.
Merci.
Le Président (M. Séguin): Est-ce qu'il y aurait
d'autres commentaires de la part de General Motors?
Messieurs, nous vous remercions.
M. Descarie: Merci, M. le Président.
M. Léger: M. le Président, avant d'entendre le
prochain groupe, j'aurais peut-être une question à poser au
ministre.
Dans le règlement concernant l'amiante, c'est l'article 46 je
pense, je remarque que parmi les groupes qui doivent venir dans les prochains
jours, il n'y a aucune industrie de l'amiante, aucune compagnie
représentant l'amiante. Hier, on a eu l'association des mines, mais pas
particulièrement quelqu'un de l'amiante qui aurait pu nous donner un
point de vue là-dessus. Je remarque que la définition, ici
à l'article 46, des fibres d'amiante dit tout simplement: "Tout
procédé de concassage, de séchage, de stockage de la
pierre sèche et de traitement du minerai utilisé". On parle de
pas plus de deux fibres d'amiante par centimètre de cube d'air. Si on
regarde la réglementation de l'Ontario, on donne comme
réglementation deux fibres par ce pour 8 heures de travail. Cela c'est
pour l'intérieur. Un peu plus loin, pour l'extérieur, on parle de
0,04 fibre par ce sur une moyenne de 24 heures. Donc, on a divisé la
réglementation sur la pollution: celle de l'intérieur et celle de
l'extérieur. Il y a aussi les heures.
Je voudrais seulement demander au ministre ce n'est pas une colle
les deux fibres d'amiante dans l'article 46 de la réglementation,
est-ce que c'est pour l'intérieur ou pour l'extérieur? Est-ce que
c'est pour un certain nombre d'heures? Ce n'est pas détaillé.
Quelles sont les intentions du ministère là-dessus?
M. Goldbloom: C'est pour l'extérieur, M. le
Président, le milieu dé travail étant soumis à une
autre réglementation et les activités minières comme
telles étant de la responsabilité du ministère des
Richesses naturelles. C'est une norme générale en ce qui concerne
l'émission vers l'extérieur. Je rappelle...
M. Léger: Mais si c'est concassé à
l'intérieur de l'usine? Est-ce que vous parlez de tout
procédé de concassage, de séchage?
M. Goldbloom: Quand il y a un tel procédé qui est
poursuivi par une compagnie, il y a un certain nombre de problèmes qui
peuvent être identifiés selon le lieu où l'on fait
l'échantillonnage. Et il y a, très clairement, à
l'intérieur de l'immeuble, à l'intérieur de l'usine, un
problème. Ce problème n'est pas touché par ceci. C'est
l'émission vers l'atmosphère, à même ce genre
d'activité à l'intérieur. Mais on revient toujours
à l'endroit où l'on prend l'échantillonnage. Le principe
général de ce projet de règlement est que l'on fait
l'échantillonnage à la sortie du système de ventilation.
C'est donc ce qui est émis vers l'extérieur. Pour pouvoir parler
du milieu de travail de ceux qui oeuvrent dans le domaine de l'amiante, il
faudrait aller à une autre commission parlementaire et parler d'un autre
règlement.
M. Léger: Comme on en parle dans le projet de
règlement actuel, il n'y a pas de référence au nombre
d'heures. La question de temps. Les deux fibres, est-ce que c'est une pointe,
un chiffre absolu, et c'est pour quelle période de temps?
M. Goldbloom: La réponse se trouve à l'article 65c
qui détermine, pour l'application... Je m'excuse, M. le
Président, je ne veux pas induire la commission en erreur. Je vois que
l'article 46 n'est pas directement touché.
M. le Président, même si ce n'est pas
spécifié que l'article 66c) s'applique à l'article 46
quant à la façon de prendre les échantillonnages, c'est
sur une période de deux heures et les fibres sont comptées par
microscope.
Est-ce que, dans la future rédaction, on va inclure les deux
heures? Ou est-ce que vous calculez que, de la manière que c'est
rédigé, avec référence, cela veut dire
ça?
M. Goldbloom: Je ne suis pas satisfait de la rédaction en
ce moment. Il faudra que je la regarde avec mes collaborateurs pour être
certain que c'est correctement exprimé.
M. Léger: Est-ce qu'on peut dire qu'une fibre d'amiante
dans l'atmosphère peut être identifiée comme une particule
en suspension, ce qui est couvert par la réglementation à
d'autres articles?
M. Goldbloom: Dans la mesure que c'est en suspension, oui. Quand
cela tombe, ce n'est plus en suspension.
M. Léger: C'est sûr que tout ce qui monte doit
redescendre un jour. Mais, en attendant que cela descende, cela peut être
considéré comme une particule en suspension? C'est une question
que je me pose.
M. Goldbloom: Oui. Je ne voudrais pas m'aventurer trop à
cet égard en ce qui concerne les fibres d'amiante. Si, dans un volume
donné d'air, on compte le nombre de particules en suspension, on va
sûrement compter les fibres d'amiante s'il y en a, parce qu'on compte le
total des particules.
Mais je ne voudrais pas affirmer que, par cette définition
très générale, là où il y a une
réglementation précise qui touche l'amiante comme substance, en
même temps, toute la réglementation sur les particules
s'appliquerait aussi de façon spécifique à l'amiante. Je
veux prendre cette précaution que je ne suis pas en mesure de
répondre précisément et que l'amiante, comme tout le monde
le sait, fait l'objet d'une préoccupation particulière.
M. Léger: Etant donné qu'une définition
juridique est quand même quelque chose de bien précis, dans
l'article 5, on parle des particules en suspension. Quand on calcule une
moyenne géométrique annuelle de 70 milligrammes par m3
pour des particules générales, comment comparer les deux
fibres dans ce chiffre-là? Est-ce que vous avez une relation quelconque?
Est-ce que c'est cet article 5 qui s'adapterait à l'article 46, par
hasard?
M. Goldbloom: Non, parce quand on détermine le nombre de
particules en suspension, c'est sans égard à leur nature et c'est
un poids global qui est déterminé. Je ne connais pas le poids
d'une fibre d'amiante. Il y a des longueurs différentes et donc, des
poids différents. Mais simplement, de façon
générale, l'inconvénient représenté par les
particules en suspension est déterminé en les pesant.
Ce n'est pas une façon sophistiquée de régler le
problème de l'amiante. Il faut traiter ce problème d'une
façon beaucoup plus détaillée.
M. Léger: Le chiffre mentionné à l'article 5
pour les particules en suspension, qui parle de 70 milligrammes par
m3, il faut quand même connaître le lien au niveau de la
fibre d'amiante, parce que cela peut vouloir dire que le nombre de 70
milligrammes peut être beaucoup plus restrictif en fibres, ou
peut-être plus permissif. Il y a un lien qui doit s'établir au
niveau de l'aspect juridique de la réglementation, pour les fibres.
M. Goldbloom: M. le Président, peut-être que d'ici
à ce soir nous pourrons faire un peu de recherche pour déterminer
quel est le poids moyen
d'une fibre d'amiante. Cela pourra peut-être s'exprimer par une
comparaison quelconque.
Je ne voudrais pas faire de promesse à cet égard, c'est un
peu compliqué.
M. Léger: Je suis d'accord avec le ministre.
C'est beaucoup plus une question d'ordre juridique que chimique,
puisqu'il s'agit de savoir laquelle des deux est plus permissive et de quelle
façon on peut évaluer dans la rédaction si c'est plus
permissif que l'article 46. De toute façon, si vous avez l'occasion, par
le truchement de vos fonctionnaires, de donner une réponse
là-dessus, cela permettrait d'avoir une réglementation
réellement précise, surtout au point de vue juridique.
M. Goldbloom: J'essaierai d'avoir une réponse un peu plus
détaillée.
Le Président (M. Séguin): L'Association des
constructeurs de routes et grands travaux du Québec. M. Fournier.
Association des constructeurs de routes et grands
travaux du Québec
M. Fournier (Alcide): M. le Président, me
référant à ce qui a été discuté ce
matin, je dois vous avouer au départ que je suis avocat, mais,
étant prudent, j'ai pris la précaution de me faire accompagner
par deux ingénieurs. A ma droite...
M. Léger: II n'y a pas de médecin?
M. Fournier: II n'y a pas de médecin. A ma droite, M.
Carol Wagner, ingénieur, président-directeur
général de l'Association des constructeurs de routes et grands
travaux du Québec, et M. Gaston Moreau, à ma gauche,
ingénieur également et président de la section des
carrières de notre association.
Compte tenu du fait que nous avons déjà fait
connaître nos vues sur plusieurs règlements concernant
l'environnement, entre autres, concernant les carrières, notre
présentation sera quand même assez brève sur le
règlement relatif à la qualité de l'atmosphère,
étant donné qu'une partie seulement de ce règlement est
applicable à notre secteur d'activité.
Fondée en 1944, l'Association des constructeurs de routes et
grands travaux du Québec représente les employeurs de la
construction du secteur voirie et génie civil ainsi que les fabricants
d'agrégats de béton ou de béton bitumineux.
Les membres de l'ACRGTQ participent à toutes les phases de
construction d'un projet à partir de la fabrication des matériaux
jusqu'à la réalisation finale d'un ouvrage de construction.
Sans minimiser l'importance des autres industries au Québec, nous
pouvons affirmer que l'industrie de la construction est la plus importante. En
effet, son chiffre d'affaires total représente environ 25% du produit
national brut québécois. Elle nécessite l'emploi,
directement ou indirectement, d'environ 200 000 travailleurs.
Les matériaux que nos membres produisant, pierres
concassées, sable, gravier, béton, béton bitumineux, sont
des matériaux clés dans cette industrie. Ces matériaux
sont utilisés dans tous les secteurs de la construction et il s'en
produit près de 100 millions de tonnes par année.
C'est dire que l'application d'une réglementation qui se traduit
par une augmentation des coûts de production affectera directement le
coût de construction à partir des maisons d'habitation jusqu'aux
centrales d'énergie.
Ceci ne signifie pas cependant qu'aucune réglementation ne
devrait s'appliquer à ce secteur d'activité, bien au contraire.
L'ACRGTQ croit que des mesures doivent être prises pour la protection de
notre environnement. Elle est en faveur de l'adoption d'un règlement
relatif à la qualité de l'atmosphère, comme elle s'est
déjà prononcée en faveur de l'adoption d'un
règlement relatif aux carrières.
Nos remarques se veulent donc les plus cons-tructives possible afin de
rendre applicable dans les faits le projet de règlement sur la
qualité de l'atmosphère, sans entraîner des augmentations
excessives des coûts de production.
Avant d'entreprendre l'étude de la réglementation article
par article, il nous semble indispensable que deux principes de base soient
acceptés et que ces principes servent de guide à la
rédaction du présent règlement.
A notre avis, le premier principe est d'accepter que les normes puissent
être différentes selon la situation géographique de la
source de contamination. En effet, nous croyons que l'émission d'une
poussière quelconque faite dans un rayon de soixante milles de tout
habitation a des conséquences très différentes de celle
qui est faite dans un milieu urbain. Nous insistons donc fortement sur la
nécessité de la régionalisation des politiques de la
protection de l'environnement, car les besoins ne sont pas les mêmes
selon que l'on se trouve en milieu urbain rural ou encore en territoire non
habité.
Le deuxième principe général est d'établir
des normes selon que les dommages causés à l'environnement sont
de nature permanente ou de nature temporaire. Ce caractère de permanence
peut s'appliquer tant à la source d'émissions qu'au produit
contaminant lui-même. Par exemple, une usine qui est installée
pour dix ans peut se permettre de contrôler ses émissions de
poussière. Egalement, la poussière émise peut, selon sa
composition, causer des dommages plus permanents qu'une autre sorte de
poussière. Là, je donnais un exemple: Une poussière de
produits chimiques peut avoir un effet différent d'une poussière
de pierre. D'ailleurs, il y a certaines poussières de pierre qui sont
utilisées comme engrais pour la culture. Nous insistons donc pour que
cette étude soit faite et que des normes spécifiques soient
édictées en tenant compte des dommages permanents ou temporaires
qui peuvent être causés à l'environnement.
La section I. Compte tenu des remarques précédentes, nous
suggérons d'ajouter trois notions. D'abord, les milieux urbains qui
comprendraient
les territoires des cités et villes, tels que définis par
la Loi des cités et villes; les milieux ruraux qui comprennent les
territoires utilisés pour fins agricoles; les milieux
éloignés qui comprennent les autres territoires. Les normes de
protection de l'environnement pourraient être plus
élaborées en milieux urbains qu'en milieux
éloignés.
Normes d'air ambiant. Nous recommandons que les normes de qualité
de l'atmosphère soient déterminées selon la situation
géographique que nous proposons à la section I. De plus, il
devrait nécessairement être tenu compte du caractère
permanent ou temporaire des émissions de particules ou des effets des
particules dans l'élaboration des présentes normes. A la section
IV, opacité des émissions, nous recommandons que ces normes ne
s'appliquent qu'en milieux urbains et ruraux et non pas en milieux
éloignés; que ces restrictions soient retranscrites dans la
réglementation concernant les usines de béton bitumineux et les
carrières, à la section "prévention de la pollution
atmosphérique".
Section VI, émissions diffuses. Articles 12 et 13,
émissions de poussière et voies d'accès. En tenant compte
de la régionalisation et du caractère permanent ou non, nous
préconisons l'établissement de normes précises en cette
matière afin d'éviter toute discrimination arbitraire dans
l'application future de ces dispositions. En effet, le règlement ne
précise pas les qualités de poussière et dans quelle
circonstance la réglementation s'applique.
Article 14, tas d'agrégats et de matériaux. Cet article
doit, à notre avis, être biffé du présent
règlement, car il est irréalisable. Les différentes
méthodes qui sont proposées dans cet article pour contrôler
la poussière sur les tas d'agrégats sont prohibitives. En effet,
on nous propose de construire des abris, de mettre des toiles, d'arroser ou des
choses comme cela, alors qu'on sait que, si on a une montagne de 100 000 tonnes
de pierre concassée, si vous la mouillez, vous devez en tenir compte
lors de la préparation du béton. Si vous la mouillez pour faire
de l'asphalte, vous ne pouvez plus faire de l'asphalte avec, etc. Alors, cela
cause des problèmes d'application pratique insurmontables.
Article 15, transfert et chute des agrégats et matériaux.
Telles que rédigées actuellement, les normes contenues dans cet
article sont prohibitives. D'abord, nous croyons que son application devrait
être limitée aux territoires urbains et que le
procédé préconisé pour récupérer les
poussières pourrait économiquement être remplacé par
des jets d'eau qui sont tout autant efficaces. De plus, la norme de deux
mètres est complètement irréalisable, car, lorsque vous
chargez ou déchargez des camions de matières en vrac, il est
possible que des poussières soient visibles au-delà de cette
distance.
Article 16, nettoyage par jet abrasif. Cet article, à notre avis,
devrait également être biffé du règlement, car nous
le considérons comme irréalisable. A titre d'exemple, si on veut
repeinturer le pont Pierre-Laporte, est-ce qu'on va être obligé de
construire un enclos autour pour récupérer les poussières
avant de commencer à l'arroser avec du sable?
Article 17, poussières récupérées. Il est
très important de trouver des solutions à l'élimination
des poussières récupérées. A ce stade, nous n'avons
pas de solution à soumettre autre que de vous suggérer
d'entreprendre des études, soit par le ministère lui-même
ou par des industries privées, afin de trouver des solutions à
l'élimination des poussières récupérées.
A ce stade-ci, nous n'avons pas de solution à soumettre autre que
de vous suggérer d'entreprendre des études, soit par le
ministère lui-même ou des industries privées, afin de
trouver une utilisation à ces tonnes de matériel. En effet, c'est
beaucoup de matériel et il semble qu'il pourrait être utilisable
dans la fabrication de poudre de ciment. Il semble, en tout cas, que certaines
de ces poussières pourraient l'être.
Normes générales d'émissions des matières
particulaires. A notre avis, les normes édictées dans cette
section sont inapplicables à tout transbordement ou stockage de
matériaux en vrac et toutes opérations de mélange de
sable. Les autres sections du présent règlement ne s'appliquant
pas spécifiquement dans ce secteur, nous nous abstenons de les
commenter.
Conclusions générales. Ce sont là, messieurs, les
considérations que notre association voulait vous soumettre relativement
au règlement concernant la qualité de l'atmosphère.
Cependant, nous ne pouvons dissocier le présent règlement, le
règlement concernant les carrières et l'état actuel des
conditions d'exploitation des carrières, et il est à
prévoir des augmentations considérables des coûts de
production si des mesures énergiques ne sont pas prises
immédiatement.
En effet, nous pouvons, dès à présent, identifier
trois facteurs principaux qui vont provoquer ces augmentations:
premièrement, les systèmes de protection de l'environnement;
deuxièmement, la discrimination des municipalités;
troisièmement, l'effet combiné des deux premiers.
L'effet des systèmes de protection de l'environnement. Notre
évaluation des investissements requis pour respecter les exigences du
règlement des Services de la protection de l'environnement, pour une
carrière existante de grosseur moyenne, se situe dans les environs de
$280 000 à $300 000. Nous entendons par entreprise de grosseur moyenne
une carrière qui produit 400 000 tonnes par année et qui demande
environ 40 000 CFM, ce qui signifie une hausse annuelle du prix des
agrégats dès la première année.
Deuxièmement, l'effet de l'intransigeance des
municipalités. Les carrières qui occasionnent des
problèmes au niveau de l'environnement, du moins suivant l'avis des
protestataires dans ce domaine, ont été installées au
départ en banlieue des centres urbains et ne causaient alors que
très peu de problèmes. Sans politique de développement
définie par rapport aux carrières, les milieux urbains ont
littéralement encerclé les carrières, avec le
résultat qu'aujourd'hui on leur implique
tous les maux sans tenir compte de leur rôle et des
conséquences des contraintes qu'on leur impose. On modifie même
des règlements de zonage pour permettre la construction des secteurs
résidentiels autour des carrières existantes.
Toute la publicité tapageuse des dernières années a
créé dans l'esprit de la population une image défavorable
sinon hostile à l'égard des exploitations de carrières au
point où la plupart des municipalités passent des
règlements d'urbanisme en limitant très étroitement ce
genre d'exploitation ou tout simplement en les interdisant complètement.
Ce genre d'activité est donc repoussé de plus en plus loin
à un rythme accéléré et non ordonné en
fonction de l'expansion urbaine.
Le transport représentant un des principaux facteurs dans le
coût des agrégats, un recul de 10 milles aurait pour effet
d'augmenter le coût des agrégats à plus de $1 la tonne,
donc des augmentations annuelles de $100 millions pour l'industrie des
agrégats et ainsi de suite, au fur et à mesure de
l'éloignement de ces sites.
L'effet combiné des deux contraintes. Les difficultés
financières occasionnées par les ajustements à des
exigences trop sévères, les difficultés de relocalisation
ou les difficultés de trouver des sources appropriées dans les
seuls endroits qui seront tantôt encore disponibles, les problèmes
de circulation de plus en plus difficiles sur des distances de plus en plus
longues occasionnent la fermeture de plusieurs carrières d'exploitation
déjà marginale, la limitation de l'expansion des facilités
existantes, l'abandon des initiatives de l'industrie privée dans ce
secteur, la possibilité de contrôle de ce secteur par seulement
quelques industries à caractère national ou multinational.
Les pénuries qui en résulteront risquent d'influencer les
prix et il n'est pas exagéré de penser que, dans un avenir plus
ou moins rapproché, le prix des agrégats de notre province aura
doublé et même triplé. Il est donc vital pour l'industrie
de la construction et pour l'essor économique du Québec de
prendre des mesures nécessaires pour assurer une stabilité dans
l'industrie de la construction.
Troisièmement, l'avenir de l'industrie des agrégats.
Toutes les contraintes que nous venons d'énumérer ainsi que la
demande croissante de matériaux granulaires, spécialement dans
Jes centres urbains, causent des inquiétudes sérieuses aux
producteurs québécois sur la situation qui prévaudra dans
dix ans ou dans vingt ans à cause de la rareté de ces sources de
matériaux non renouvelables.
Il est essentiel que les régions urbaines aient des sources
suffisantes d'approvisionnement en sable, pierre et gravier si l'on veut
maintenir l'industrie de la construction sur des bases saines et
économiques. Les principales menaces qui nous guettent sont
l'épuisement, l'étalement des zones urbaines et les
réglementations de zonage restrictif.
Il devient donc urgent qu'un inventaire complet soit fait de toutes ces
sources de matériaux non renouvelables et que des formules soient
établies afin de les protéger contre leur utilisation par des
entreprises concurrentielles comme la construction d'habitation, le commerce,
les équipements industriels, etc.
Nous croyons qu'il est urgent que le gouvernement entreprenne une telle
étude. Nous pouvons lui assurer la collaboration des entrepreneurs du
Québec. A ce propos, sans vouloir féliciter ni blâmer qui
que ce soit, nous nous sommes procuré une étude qui a
été faite en Ontario concernant justement ces sources
d'approvisionnement en minerai non renouvelable. Or, on peut vous dire que la
région centrale, entres autres, de l'Ontario a été
subdivisée en régions où il peut y avoir de l'exploitation
de minerai de fer et, dans d'autres régions, où il ne peut pas y
en avoir, en respectant les territoires et en protégeant les territoires
où on peut faire de l'exploitation, en protégeant en même
temps les territoires où il doit y avoir de l'habitation.
C'est un peu le même genre de réglementation que l'on prend
dans les villes pour protéger les secteurs industriels. Alors, je vous
remercie.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. Fournier. Vos
collègues auraient-ils d'autres choses à ajouter? Non. M. le
ministre.
M. Goldbloom: M. le Président, je note avec
intérêt la dernière recommandation que vous formulez. Je
pense justement que nous n'avons pas un inventaire. Je le dis sous
réserve, parce qu'évidemment ce n'est pas le ministre de
l'Environnement qui serait le mieux placé pour connaître
l'inventaire de telles ressources à l'échelle de la province, ce
serait plutôt, je pense et je vais le consulter le ministre
des Richesses naturelles qui est responsable des activités
minières en général. Mais je pense que justement le
problème se pose de la façon dont vous l'exposez à la fin,
c'est-à-dire, nous pouvons avoir le désir tout à fait
naturel et compréhensible de vouloir éloigner les
activités de cette nature et ainsi protéger le confort et, dans
une certaine mesure qui doit toujours être déterminée de
façon continue, la santé des gens; mais, il faut aussi savoir
où on va trouver les agrégats dont on aura toujours besoin et je
ne suis pas convaincu que nous avons nécessairement un portrait
suffisant du Québec à cet égard.
Or, il y a un intérêt qui est clair de la part du ministre
de l'Environnement, j'ai mentionné celui du ministre des Richesses
naturelles; il y a un intérêt très grand qui est
exprimé continuellement par le ministre des Transports. C'est votre
principal interlocuteur à cet égard. Il y a d'autres
ministères qui peuvent être intéressés comme, par
exemple, celui de l'Industrie et du Commerce.
Je pense que vous avez mis de l'avant une idée constructive qui
va nous aider à voir plus clair dans une politique à long terme
dans ce domaine.
Je me permets de souligner que l'article 3 du projet de règlement
exclut quand même les usines de béton bitumineux et les
carrières, sauf pour la section IV qui traite de l'opacité et
c'est précisé-
ment parce qu'il y a déjà un règlement qui est en
vigueur et qui régit les usines de béton bitumineux. Un
règlement sur les carrières est en train d'être
rédigé et sera publié prochainement.
Alors ces deux secteurs d'activité sont ou seront traités
d'une façon particulière. Cela ne diminue pas la valeur des
commentaires que vous faites ici. Vous nous rappelez certains problèmes
et certaines contraintes et c'est le cas de tous les opinants qui viennent
devant la commission. Nous devons analyser l'application pratique de toute
mesure que nous voulons inscrire dans le texte définitif de
l'éventuel règlement. C'est tout ce que je voulais dire, M. le
Président. J'aurai peut-être des questions au fur et à
mesure que la discussion se poursuivra.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. le ministre. Le
député de Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, pour renchérir un
peu sur ce que disait le ministre, il y a plusieurs ministères qui font
chacun un petit bout de chemin avec des réglementations touchant
à des choses connexes. Le ministère des Transports a
déjà déterminé, chez ceux qui ont des contrats du
gouvernement, la localisation des carrières, de façon qu'on ne
fasse pas partout des carrières qui causent des problèmes dans
des régions, parce qu'il y a trop de carrières et on tient compte
de cela.
Je pense que c'est l'ensemble des décisions ou des
réglementations de différents ministères qui peut toucher
l'ensemble de ces problèmes. Mais, dans le mémoire, à la
page 6, article 14, vous dites que c'est absolument prohibitif et
irréalisable de voir à ce que les tas d'agrégats et de
matériaux soient protégés par un enclos recouvert ou
arrosés par de l'eau. Je me demande, entre autres, quand il pleut, ce
n'est pas vous qui les avez mouillés, mais cela donne le même
résultat que si vous l'aviez fait vous-mêmes.
M. Fournier: Non, mais quand il pleut on ne fait pas de pavage
non plus.
M. Léger: Non, mais les agrégats ou le
matériel, vous êtes mieux d'en tenir compte quand même quand
vous faites du ciment pendant une journée ou deux.
M. Fournier: Oui, oui, pour le ciment on doit en tenir compte.
Mais si on parle d'asphalte, lorsque le matériau est mouillé, on
doit le sécher avant de le faire. Ce qui arrive, c'est que les tas
d'agrégats ou de matériaux peuvent être entreposés
dans des carrières, mais peuvent être aussi entreposés sur
n'importe quel chantier de construction. Alors, si on doit mettre des abris ou
les arroser un peu partout, lorsque vous avez un tas d'agrégats, cela
peut être 100 000 tonnes, cela peut être trois tonnes. Lorsqu'on
parle, dans le règlement, de tas d'agrégats, c'est un tas
d'agrégats. Alors, s'il se dégage une quelconque poussière
d'un tas d'agrégats de la grosseur que l'on veut, là, on doit
prendre les mesures qui sont indiquées dans le règlement, soit
l'arrosage, etc. Ce qui implique que, sur chaque chantier de construction, en
tout cas dans le secteur qui nous occupe, on devra nécessairement
arroser une bonne partie du chantier. Vous pouvez prendre, lorsque vous
construisez une route, un matériel sur une montagne en avant et
l'envoyer un peu plus bas dans le creux, ce qui veut dire que cela devient des
agrégats; il faut prendre ces mesures.
M. Léger: Si vous mettiez des bâches ou des toiles
pour couvrir, comme c'est le cas, comme cela devrait être le cas pour les
camions et même pour les tas qui sont à ciel ouvert? Ce n'est
quand même pas prohibitif des bâches.
M. Fournier: Oui, on fait aussi une distinction entre le milieu
urbain, le milieu rural et les milieux éloignés. Si vous vous
promenez sur la rue Sainte-Catherine avec un camion qui répand de la
poussière énormément, là on est d'accord que
certaines mesures soient prises pour éviter cela. On dit
également qu'il n'est peut-être pas nécessaire, pour avoir
un air ambiant quand même respectable pour les plantes ou tout
l'environnement globalement, d'avoir toutes ces mesures partout,
c'est-à-dire qu'il peut y avoir certaines mesures qui s'appliquent dans
un certain endroit et d'autres mesures qui s'appliquent dans certains autres
endroits. Egalement on dit que, selon la nature de la poussière qui peut
être émise, si c'est une poussière de produits chimiques
toxiques, par exemple, évidemment il faut prendre des mesures pour se
protéger de cela. Par contre, il peut y avoir des poussières
émises, comme je le disais tantôt, qui servent d'engrais. Alors,
si vous êtes en milieu rural, je ne pense pas qu'on cause tellement de
dommage à ce moment-là. Le règlement est fait d'une
façon générale.
Je pense qu'il est, au départ, assez difficile de prévoir
toutes les situations dans la rédaction d'un tel règlement.
M. Léger: Vous n'avez pas répondu à ma
question au départ. La question de bâches, de toiles, ces
bâches ne seront pas achetées chaque fois; ça va être
utilisé pour différents tas. N'êtes-vous pas d'accord pour
dire que des toiles devraient couvrir au moins tous les camions?
M. Fournier: C'est déjà obligatoire sur les
camions.
M. Léger: C'est ça. Dans le deuxième article
de la réglementation, on parle des camions. Disons que vous vous
êtes déjà conformés à ça.
M. Fournier: Sur les camions, il n'y a pas de
problème.
M. Léger: Dans les endroits à ciel ouvert, les
endroits statiques, des bâches ou des toiles, qui peuvent être
continuellement réutilisées pour d'autres tas ou d'autres
agrégats, est-ce si prohibitif que ça?
M. Moreau (Gaston): Parce qu'on a construit une route et qu'on a
des tas d'agrégats ici et là sur la route, on ne peut pas penser
mettre des bâches sur la longueur d'une route. A ce moment-là, il
faudrait en mettre sur les routes en gravier.
M. Fournier: Alors, toutes les routes de
pénétration forestière, par exemple, devraient être
recouvertes de bâches, parce que, lorsqu'un camion passe et qu'un coup de
vent arrive, il y a de la poussière qui se soulève et qui est
visible à plus de deux mètres, évidemment.
M. Léger: Un chemin de gravier, ce n'est pas un tas, quand
même.
M. Bédard (Montmorency): Non, mais il produit de la
poussière.
M. Fournier: En fait, ce que vous soulevez, c'est un
problème général qui, dans l'application pratique, selon
nous, est quand même difficilement réglable parce qu'on va couvrir
à peu près tout de bâches ou d'abris ou de coupe-vent. On
peut réaliser un village comme Fermont, mais, de là à
faire ça dans tous les villages du Québec, c'est peut-être
une solution trop dispendieuse.
M. Léger: A l'article suivant, à l'article 16, vous
essayez de prouver par l'absurde les difficultés d'adaptation en parlant
du pont Pierre-Laporte comme difficulté Impensable pour les nettoyages
par jets abrasifs, "sand blasters". Mais est-ce que vous pourriez accepter
l'idée que, dans des cas exceptionnels comme le pont Pierre-Laporte, il
pourrait y avoir un certificat donné par le Service de protection de
l'environnement? Pour les cas généraux, comme il y a tellement de
sable qui a été envoyé dans toutes les directions, on se
conformerait au règlement. Je ne parle pas des cas exceptionnels comme
des ponts. Est-ce que vous ne pensez pas que, pour des cas exceptionnels, il
pourrait y avoir un certificat, mais que, pour l'ensemble, il faudrait faire
ça?
M. Fournier: C'est justement ce qu'on voulait souligner,
c'est-à-dire que, dans certains cas, par exemple, le nettoyage d'un
édifice où le travail peut se faire à partir du sol, des
choses comme ça, il est possible de protéger l'environnement de
la poussière dégagée par ce travail. Mais il y a certaines
autres opérations, dans d'autres endroits, où on ne peut pas le
faire; entre autres sur les ponts, les viaducs, des structures comme ça,
où c'est élevé, il faudrait pratiquement bâtir un
édifice autour pour récupérer les poussières. En
principe, un pont est, dans bien des cas, dans un endroit assez
aéré; ce n'est pas comme entre deux édifices où
vous faites un "sand blasting" en anglais. La contamination par la
poussière est beaucoup moins grande que dans une ville où vous
faites ce travail.
Il est possible d'avoir une norme générale contenue dans
le règlement, mais en prévoyant certains cas où soit la
direction de l'environne- ment ou les personnes responsables de ça
pourront voir à l'application du règlement dans certaines
situations particulières.
M. Léger: D'accord. Si on avait à faire un
nettoyage par jet abrasif pour le stade olympique, ça prendrait
réellement un bon toit pour couvrir tout cela.
M. Fournier: Un autre?
M. Goldbloom: J'étais pour suggérer qu'on proscrive
le député de Lafontaine comme abrasif.
M. Léger: C'est parce que vous avez peur du jet, je
suppose.
M. Goldbloom: M. le Président, j'aimerais quand même
souligner une chose, c'est que le projet de règlement n'est quand
même pas aussi général que cela quand on regarde l'article
14 et quand on l'examine par rapport à l'article 20 de la Loi de la
qualité de l'environnement. Ce n'est pas le fait qu'un tas
d'agrégats existe et qu'il y a un peu de poussière qui rend
automatiquement quelqu'un passible d'une poursuite; c'est par rapport à
l'article 20 de la loi qui dit s'il y a un risque réel "d'atteinte
à la vie, à la santé, à la sécurité,
au bien-être ou au confort de l'être humain", un risque réel
de dommage ou de "préjudice à la qualité du sol, à
la végétation, à la faune ou aux biens".
Vous reconnaîtrez avec moi que si effectivement il y a un
problème, s'il y a effectivement un gros tas d'agrégats qui
dégage beaucoup de poussière et que des gens sont
incommodés et leur respiration gênée et leur linge sali,
etc., nous ne pouvons être indifférents à cela et nous
devons avoir un mécanisme juridique qui nous permet de dire: Ecoutez,
messieurs, il faut que vous fassiez quelque chose, il faut que ce quelque chose
soit élaboré au moins dans ses grandes lignes quelque part dans
un texte.
Je comprends la préoccupation que vous avez. Vous regardez le
problème de l'autre bout du télescope. C'est la perspective de
celui qui peut se retrouver devant les tribunaux un jour et qui veut sentir
qu'il est traité avec justice.
Comprenant cela et ayant retenu les commentaires que vous avez faits,
nous allons certainement regarder les textes de la loi et du projet de
règlement pour être aussi certains que possible de ne pas
être injustes à l'endroit de ceux qui, de bonne foi, essaient de
gagner leur vie en servant la collectivité.
M. Fournier: Si vous me permettez un commentaire additionnel, je
pense que la question sur laquelle nous voulions surtout vous sensibiliser,
c'est l'aspect global de la situation. C'est-à-dire que nous vivons des
problèmes tant au niveau des municipalités qu'au niveau de la
réglementation comme telle.
Au niveau des municipalités, comme on l'exposait tout à
l'heure, si vous exploitez une carrière, aucun règlement
municipal ne défend à qui-
conque de venir s'installer à côté de la
carrière. On peut vous citer de multiples exemples de carrières
qui ont de gros problèmes dans le moment parce que tout le monde est
venu se bâtir autour. Finalement, les gens qui sont rendus autour se
plaignent du fonctionnement de la carrière qui, elle, était
là 100 ans avant eux.
M. Goldbloom: Le long du boulevard Métropolitain, à
Montréal, on a de parfaits exemples.
M. Fournier: C'est déjà un problème. L'autre
problème qu'on veut vous souligner, c'est le problème de la
régionalisation. On établit au départ une distinction
entre la poussière qu'on émet et certaines autres
poussières qui pourraient être plus toxiques que celle que nous
émettons.
Compte tenu de ce fait, on dit que l'incommo-dation qui est
causée à des gens en milieu urbain par cette poussière
peut nécessiter une certaine réglementation. Mais on dit que
cette réglementation devrait être différente selon qu'on
est en milieu rural ou en milieu éloigné.
Je peux vous citer un exemple. Dans la réglementation de la
dynamite, il était dit que, lorsque vous entreposez de la dynamite, vous
devez la mettre dans une cabane blindée, entourée de fils
barbelés et éclairée.
Lorsqu'on a construit la ligne de transport d'énergie du
Churchill Falls jusqu'au poste de Mi-coua, les seuls points illuminés
dans le Nord du Québec étaient les caches de dynamite. Si on
voulait s'en procurer, évidemment, c'était plus facile. C'est
pour vous dire que les conditions, dans une ville, peuvent différer de
celles en territoire éloigné. C'est surtout cela qu'on voulait
souligner, dans l'optique globale d'abord de l'inventaire des ressources, pour
protéger une fois pour toutes ces ressources et défendre la
construction d'habitations, et, du même coup, défendre
l'exploitation de carrières dans des zones réservées pour
l'habitation.
On ne demande pas de faire disparaître l'habitation, mais on dit:
On va faire l'inventaire des ressources et, une fois cet inventaire
terminé, on n'aura pas le problème qu'on connaît dans le
moment, où tout le monde vient habiter pratiquement dans le trou de la
carrière. C'est surtout cela qu'on veut éviter.
M. Goldbloom: Un dernier point, M. le Président. Nous
faisons effectivement une distinction entre le milieu urbain et le milieu rural
dans le sens que nous visons le territoire du Québec en
général. Je reconnais que, dans votre cas particulier, si je vous
comprends bien, vous trouvez ce projet de règlement passablement
exigeant à l'endroit de l'industrie que vous représentez.
Nous visons la province à l'extérieur de l'île de
Montréal par ce projet de règlement, sauf exception, et nous
encourageons la Communauté urbaine de Montréal à avoir sa
propre réglementation, qui est plus sévère, parce que le
problème est plus concentré sur ce territoire.
Le Président (M. Séguin): Autres commentaires? Nous
vous remercions pour votre exposé.
Canadian Chemical Producers Association. Je crois que c'est M. Picard.
Pourriez-vous me dire, au début, si vous représentez aussi Allied
Chemical Canada?
M. Picard (Robert): Oui. Mais, par contre, je crois que certaines
compagnies dont vous avez la liste ne feront pas de présentation
individuelle.
Le Président (M. Séguin): Est-ce que Allied
Chemical est ici?
M. Picard (Robert): Oui, mais elle ne fera pas de
présentation.
M. Léger: Y a-t-il d'autres compagnies qui ne feront pas
de présentation et qui sont inscrites aujourd'hui?
M. Picard (Robert): A ma connaissance, il n'y en a aucune qui va
faire de présentation.
Le Président (M. Séguin): Avez-vous la liste, dans
la salle, de notre ordre du jour?
M. Picard (Robert): Non, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Canadian Chemical
Producers Association; Allied Chemical, vous dites qu'elle ne fera pas de
représentation spéciale; Société
d'électrolyse de chimie Alcan; vous êtes ici; vous faites une
représentation? L'institut canadien des textiles, avez-vous une
représentation à faire?
Avocats Viau, Delisle et Massé?
Ciment Canada Lafarge Ltée? Vous présentez un
mémoire?
Edemer Industrial Equipment Inc.? Un mémoire?
Abrasive Grain Association? Pas de commentaires.
Continental Can Company of Canada Ltd? Personne ici?
Wabush Mines, avez-vous un mémoire?
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Séguin): Evironmental Eva-luators
Ltd., avez-vous un mémoire?
Une Voix: Oui.
Le Président (M. Séguin): General Abrasive Canada
Ltd?
Kraft Foods Ltd?
STOP, is there a brief?
There is another one CMA? Vous avez un mémoire.
Je m'excuse, j'avais passé par-dessus sans m'en rendre
compte.
M. Picard.
Association canadienne
des manufacturiers de
produits chimiques
M. Picard (Robert): M. le Président, je suis Robert
Picard, directeur de la raffinerie de Shell à
Montréal-Est. Avec moi, j'ai M. Lederer, qui est directeur
technique de Dioxyde du Canada, et qui est aussi le président du
comité sur l'environnement pour l'Association canadienne des
manufacturiers de produits chimiques.
Nous avions l'intention, au début de paraître devant vous
avec un groupe de sept personnes, dont les cinq autres sont dans la salle
aujourd'hui, mais nous avons dû nous rendre compte que, lors des
présentations d'hier et d'aujourd'hui, l'ensemble des points compris
dans notre mémoire a déjà été discuté
en détail.
Je me propose donc, avec votre permission, de ne pas vous lire le
mémoire, mais de discuter celui de l'association qui, en somme, est un
résumé de la présentation faite et produite en
février 1976, et de tout simplement faire deux remarques très
courtes.
Premièrement, j'aimerais vous dire que les membres de
l'association restent disposés à participer avec les
organisations gouvernementales à tout travail qui s'avérerait
souhaitable.
Nous croyons qu'il serait très souhaitable d'avoir des
discussions plus fréquentes et des discussions conjointes,
c'est-à-dire des représentants de l'industrie, ainsi que des
représentants des différentes agences gouvernementales.
J'aimerais tout simplement vous assurer de la collaboration des membres de
l'association et vous dire que les commentaires déjà faits dans
le mémoire n'ont pas besoin d'être rediscutés selon nous.
Merci.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. Picard.
M. Ostiguy: Est-ce que vous pourriez nous donner le nom des
membres de votre association?
M. Picard (Robert): Vous voulez dire, ceux qui sont ici
aujourd'hui ou...
M. Ostiguy: Non, les membres de votre association.
M. Picard (Robert): Je pourrais vous fournir cette liste...
M. Ostiguy: C'est une longue liste? M. Picard (Robert): II
y en a 59.
M. Ostiguy: Oui.
M. Picard (Robert): Si cela vous intéresse, cela me fera
plaisir de vous...
Le Président (M. Séguin): M. le ministre, avez-vous
des commentaires?
M. Goldbloom: M. le Président, je m'excuse, j'ai
été un peu pris avec des discussions administratives et je n'ai
pas été en mesure de suivre attentivement la
présentation.
M. Picard (Robert): M. le Président, je peux dire en deux
mots à M. le ministre. Nos membres, lors de la séance d'hier
après-midi et de ce matin, ont écouté très
attentivement les discussions. Nous nous sommes rendu compte que la plupart de
nos arguments avaient déjà été discutés en
détail lors des discussions précédentes. Donc, nous
croyons simplement rappeler que nous avons présenté un
mémoire en février 1976. Nous croyons qu'il ne serait pas
nécessaire de rediscuter le tout. Nous voulons aussi vous offrir une
collaboration des plus étroites. Nous croyons que nous avons une
expertise à l'intérieur de l'industrie qui pourrait être
utilisée d'une façon pratique lors du règlement de
certains problèmes.
M. Goldbloom: Merci; encore une fois, mes excuses. Justement,
nous avons l'intention de reprendre un par un les mémoires, même
ceux qui n'auront pas été présentés officiellement
au cours de cette séance de la commission parlementaire. Tout ce que
nous avons en main, nous allons l'étudier. Effectivement, une
étude comparative est déjà amorcée de tous les
points de vue qui ont été mis de l'avant. Merci beaucoup.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Lafontaine.
M. Léger: Je voudrais simplement faire remarquer
qu'à l'article 1, plusieurs mémoires ont mentionné,
incluant le vôtre, qu'il y avait une erreur de définition pour la
question de l'huile, la viscosité de l'huile à telle
température. Je pense qu'il faudrait, à un moment donné,
voir à la correction de la définition. Je ne sais pas ce que cela
veut dire. C'est une nouvelle définition. Je pense qu'il faudrait
s'attarder là-dessus. Je vous remercie.
Le Président (M. Séguin): Merci, messieurs. La
Société d'électrolyse et de chimie Alcan.
>
Société d'électrolyse
et
de chimie Alcan
M. Senécal-Tremblay (François): M. le
Président, M. le ministre, messieurs, permettez-moi d'abord de me
présenter. Je m'appelle François Senecal-Tremblay. J'occupe le
poste de vice-président de l'exploitation, région de l'est. Je
suis aussi directeur régional de la Société
d'électrolyse et de chimie Alcan, pour la section du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Je suis accompagné de M. Laurent Tessier, qui
est directeur du contrôle de l'environnement auprès de la
même société au Québec.
Nous tenons à remercier la commission parlementaire de nous
fournir l'occasion de lui faire des commentaires sur le projet de
règlement relatif à la qualité de l'atmosphère
publié dans la Gazette officielle du Québec le 30 décembre
1975.
Tout d'abord, permettez-moi de préciser que la
Société d'électrolyse et de chimie Alcan, Ltée,
connue sous le vocable SECAL, a été constituée en
1975.
Elle a pour fonction de diriger les secteurs canadiens
d'électrolyse et de chimie de la société mère qui
est l'Aluminium du Canada Ltée. SECAL gère la production du
métal en lingot et des produits chimiques et approvisionne les
marchés canadiens, américains et ceux des autres pays. Elle
compte cinq usines d'électrolyse pour la production d'aluminium
primaire, dont quatre au Québec et une en Colombie-Britannique; le plus
vaste ensemble de chimie inorganique au Canada, celui-ci localisé
à Jonquière; d'importants réseaux privés de
centrales hydroélectriques, des installations portuaires, ainsi que des
chemins de fer.
Les quatre alumineries de SECAL au Québec ont une capacité
totale de production de 805 000 tonnes d'aluminium par année
répartie de la façon suivante: à Jonquière, les
usines d'Arvida produisent annuellement 454 000 tonnes; à Aima, les
usines d'Isle-Maligne en produisent 105 000; Shawinigan, 95 000 tonnes, alors
que Beauharnois produit 51 000 tonnes, pour un total de 805 000.
Les usines d'Arvida ont vu le jour en 1925 et elles sont devenues,
depuis ce temps, le plus vaste complexe de production d'aluminium du monde
libre. Au Canada, le personnel de l'Alcan réunit 21 000 personnes, soit
près du tiers des 64 300 qui constituent l'effectif total d'Alcan dans
le monde, dont 12 000 travaillent au Québec.
Nous sommes bien conscients des besoins d'amélioration dans
certains secteurs d'activités au Québec en vue du respect des
exigences des temps présents au sujet de la qualité de
l'environnement. L'établissement de règlements relatifs à
la qualité de l'atmosphère est une étape essentielle pour
assurer la réalisation des objectifs de la Loi de la qualité de
l'environnement. Nous croyons que l'on pourrait définir ces objectifs
comme étant la protection et l'amélioration progressive et
régulière de l'environnement au Québec pour atteindre un
niveau de qualité qui assurera la protection de la santé et du
bien-être public, de même que celle de la vie animale et
végétale, tout aussi bien que la protection de la
propriété.
Relativement au présent projet de règlement, nous croyons
que les objectifs de qualité de l'atmosphère doivent être
accompagnés de normes d'émissions qui permettent la
réalisation de ces objectifs. Ces normes d'émissions devraient
avoir une certaine flexibilité permettant de tenir compte de la
capacité d'assimilation des divers milieux, des implications
socio-économiques et des possibilités technologiques disponibles
et applicables. Dans le cas de nouvelles usines d'aluminium, ceci implique
l'utilisation de la meilleure technologie disponible. Pour les usines
existantes, ceci implique l'utilisation de la meilleure technologie applicable
qui tient compte du facteur coût par rapport aux améliorations de
la qualité de l'environnement qui peuvent résulter de
l'utilisation de cette technologie. Ceci permettra d'atteindre les objectifs de
la qualité de l'air poursuivis, sans imposer de fardeaux financiers non
réalistes pour ces usines existantes.
Le 26 février 1976, nous avons soumis au ministre de
l'environnement un mémoire détaillé sur nos commentaires
et suggestions au sujet du pré- sent projet de règlement. Ce
mémoire contient nos objections relatives à certains articles de
ce projet de règlement, lesquels s'appliqueraient tout
particulièrement aux activités de SECAL au Québec. Nous
supposons que les membres de la commission parlementaire ont déjà
une copie de ce mémoire et nous ne croyons donc pas qu'il y aurait lieu
d'en faire lecture au complet aujourd'hui. Cependant, nous tenons à
reprendre les points saillants de nos commentaires relatifs aux normes
d'émissions proposées pour les alumineries.
Nous sommes en accord avec les normes d'émissions pour les
matières particulaires et les fluorures, telles qu'indiquées
à la section VIII pour les nouvelles alumineries. La technologie est
disponible et rentable pour assurer le respect de ces normes par les
alumineries modernes du type que nous projetons de construire dans la
région de Bagotville-Port-Alfred.
Au sujet des alumineries existantes, nous tenons à souligner que
la plupart des salles de cuves de l'Alcan au Québec sont en
activité depuis près de 35 ans et qu'elles sont donc relativement
anciennes.
Nous avons déjà annoncé le besoin de remplacer ces
anciennes salles de cuves par des salles de cuves modernes aussitôt que
les ressources financières seront disponibles pour le faire. Les
coûts de ce projet de reconstruction sont estimés à plus
d'un milliard de dollars ($1,000 000 000).
En attendant la réalisation de ce programme de reconstruction,
nous avons déjà entrepris un programme de modernisation des
installations existantes. L'objectif de ce programme est d'améliorer
considérablement les conditions de travail et la qualité de
l'environnement extérieur afin que ces installations soient plus
acceptables en attendant que leur remplacement soit possible. Les coûts
de ce programme d'amélioration sont très élevés car
ils sont estimés à $83 millions pour les salles de cuves
seulement. A ceci, il faut ajouter un montant de $40 millions que nous
investissons pour l'assainissement de l'environnement aux autres installations
de l'Alcan au Québec. Ce programme, qui est en marche depuis plus de
trois ans maintenant et qui représente un effort financier
considérable, nous permettra de respecter les normes proposées
pour le 1er décembre 1978 au sujet des émissions de
matières particulaires et de fluorures. Cependant, il ne nous permettra
pas de respecter les normes d'émissions proposées pour le 1er
décembre 1981. Et c'est la nécessité d'établir ces
normes additionnelles à ce stade que nous contestons.
Nous sommes assurés que le programme d'assainissement en cours va
améliorer la qualité de l'air ambiant à un niveau
très acceptable dans le voisinage de nos alumineries au Québec.
Nous nous questionnons donc sérieusement sur la justification, à
ce stade, de faire suivre les normes du 1er décembre 1978 par d'autres
normes beaucoup plus restrictives à compter du 1er décembre 1981
à l'endroit des installations existantes.
Selon nous, compte tenu des objectifs de la qualité de l'air
ambiant, la nécessité d'imposer ces dernières normes est
incertaine à ce stade-ci, et
les investissements additionnels que le respect de ces normes
impliquerait ne sont pas encore connus avec assez de précision. Vu
l'importance des investissements pour le programme d'assainissement en cours,
nous croyons fortement que la décision de procéder à
l'établissement d'une deuxième étape dans la
réglementation ne devrait pas être prise avant que nous ayons pu
évaluer les résultats de ce programme sur la qualité de
l'air ambiant dans le voisinage de nos installations, c'est-à-dire, pas
avant le début de 1979. Ceci permettrait alors de choisir des normes
d'émissions plus restrictives, s'il y a lieu, ayant en main des
informations beaucoup plus précises quant au besoin
d'amélioration additionnelle de la qualité de l'air ambiant, et
ayant en main des informations beaucoup plus précises quant aux
investissements requis pour leur application.
Comme vous le savez probablement, il est beaucoup plus dispendieux
d'améliorer le contrôle de la pollution à des salles de
cuves existantes que d'installer le même genre d'équipement
à des nouvelles salles de cuves. Quoique nous, de l'AI-can, soyons
déterminés à respecter les objectifs de la qualité
de l'air ambiant dans le voisinage de nos installations, vous comprendrez
facilement que nous voulons le faire en utilisant nos ressources
financières de la façon la plus judicieuse et intelligente
possible. Réglementer les émissions des usines existantes avec
réalisme et avec un certain degré de flexibilité nous
aidera très sûrement dans cette tâche.
M. le Président, ceci termine notre présentation et nous
tenons à remercier les membres de la commission parlementaire de leur
attention. Il nous fera plaisir, à mon collègue et
moi-même, de répondre aux questions que vous auriez à nous
poser sur le contenu de notre mémoire.
Le Président (M. Séguin): Je vous remercie M.
Senécal-Tremblay. Le député D'Arcy McGee.
M. Goldbloom: M. le Président, il y a deux ou trois ans
ma mémoire me fait défaut quant au calendrier
l'Alcan a annoncé un programme, évalué à
l'époque à $19 millions, pour l'amélioration de
l'environnement autour de ses usines au Québec. Les chiffres qui sont
indiqués dans votre mémoire d'aujourd'hui indiquent-ils un ordre
de grandeur de ce qu'est devenu ce programme en termes de coûts?
Vous avez subi sûrement une escalade de coûts en essayant de
réaliser le programme que la compagnie s'était fixé.
M. Senécal-Tremblay: II y a eu une escalade de
coûts. Il y a aussi eu une modification à l'ampleur du projet
original, modification qui l'a rendu peut-être plus complet et
peut-être plus adapté à la situation à laquelle nous
faisons face. Mais les augmentations de coûts, au chapitre de ces
appareils, ont été phénoménaux depuis deux ou trois
ans.
M. Goldbloom: Je prends l'exemple de votre usine de Beauharnois.
Si je comprends bien, elle a deux salles de cuves.
M. Senécal-Tremblay: C'est bien cela.
M. Goldbloom: Vous avez installé des équipements
convenables dans une des salles, l'autre est encore à être
dépolluée. Si nos chiffres sont véridiques, vous avez
atteint une efficacité de l'ordre de 90% et même plus dans le cas
des fluorures de récupération, de rétention des polluants.
Cette seule salle de cuves, toujours si nos chiffres peuvent être
confirmés, vous a coûté $11 millions.
M. Senécal-Tremblay: Précisément, M. le
ministre. Les installations de Beauharnois étant du même type que
celles que nous avons à Arvida, mais par contre ne pouvant pas
bénéficier de terrains d'emmagasinage des déchets
liquides, nous avons opté pour la solution d'épurateurs par voie
sèche. Les coûts ont été de $11 millions pour une
installation. C'était largement une installation expérimentale
sur des cuves du type que nous utilisons dans le Québec et les
coûts se sont avérés extrêmement plus
élevés que ce que nous avions prévu. L'efficacité,
par contre, comme vous le mentionnez, dépasse sur les fluorures les 95%,
malgré que M. Tessier aurait peut-être des informations plus
précises là-dessus.
M. Goldbloom: Toujours selon nos dossiers, à Shawinigan,
vous avez effectué la dépollution de quatre salles et vous avez
atteint une efficacité de quelque 98% pour les fluorures et à peu
près 64% pour les matières particulées. Peut-être
que depuis ces chiffres vous avez fait mieux. Je l'espère.
M. Senécal-Tremblay: Non, je pense que ce genre
d'efficacité est maintenu. Le procédé employé dans
les usines de Shawinigan, qui est d'ailleurs semblable au procédé
employé dans les usines d'Arvida, n'a pas, au point de vue de la
récupération des particules, une efficacité aussi haute
que par voie sèche.
M. Goldbloom: Est-ce que vous avez toujours votre laboratoire de
recherche et d'analyse à Arvida?
M. Senécal-Tremblay: Oui.
M. Goldbloom: Dans ce laboratoire vous poursuiviez des recherches
quant aux effets de vos émissions sur la végétation, entre
autres choses, si ma mémoire est fidèle. Est-ce que vous pouvez
nous donner, dans quelques mots seulement, un compte rendu de ce que vous
faites là et de ce que vous avez découvert?
M. Senécal-Tremblay: Peut-être que je devrais
demander à M. Tessier, qui est directeur du département en
question, de vous donner plus de précisions à ce sujet.
M. Goldbloom: D'accord.
M. Tessier (Laurent): M. le Président, dans ce laboratoire
auquel M. le ministre fait référence, nous faisons des
observations sur l'impact de nos
installations sur l'environnement tant intérieur, conditions de
travail, qu'extérieur. Alors, l'impact extérieur est surtout
relié aux retombées de poussières et aux poussières
en suspension et aussi aux effets des fluorures sur la
végétation. Nous avons, effectivement, des effets qui se font
sentir à cause de l'émission de fluorures gazeux sur
végétation dans le milieu environnant. Dans certains endroits
nous dépassons les normes qui sont proposées actuellement. Mais
les programmes en cours d'équipement antipollution à toutes nos
installations vont limiter les émissions de fluorures gazeux d'une
façon aussi adéquate que la meilleure technologie.
Ainsi, nous sommes assurés que nous allons respecter les normes
de concentration de fluorure dans le fourrage destiné à la
consommation du bétail.
M. Senécal-Tremblay: J'aimerais peut-être ajouter un
ou deux mots sur l'exposé que vient de donner M. Tessier. Le
département que M. Tessier dirige maintenant a été
formé en 1957 et compte, dans le moment, à peu près une
quarantaine de spécialistes. Parmi les travaux que nous faisons, en plus
du contrôle des appareils installés dans les usines pour s'assurer
qu'ils fonctionnent d'une façon convenable, il y a les
prélèvements, tant dans le voisinage de nos usines que dans les
zones d'influence, prélèvements de fourrage, analyse de fourrage
de manière qu'on puisse garder, d'année en année, une
connaissance détaillée et constante de l'impact de nos
émissions atmosphériques sur l'environnement.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. le ministre. M.
le député de Lafontaine.
M. Léger: M. le Président, vous avez dit,
tantôt, que vous aviez établi une méthode de contrôle
de l'émanation de fluorure à près de 90%, je pense, si
j'ai bien compris.
M. Senécal-Tremblay: Oui, plus que 95%, à peu
près 96%.
M. Léger: Est-ce que cela veut dire qu'avec le
contrôle que vous avez actuellement, vous êtes en mesure... 95%
équivalent au respect de l'article 21 qui dit que "... plus de 1,5
kilogramme de fluorures totaux par tonne d'aluminiun produit". Est-ce que votre
moyen de contrôle vous permet de respecter cette norme de la
réglementation?
M. Senécal-Tremblay: Quant aux émissions de
fluorures gazeux, nous respectons ces normes, mais quant aux fluorures totaux,
le programme que nous avons en cours nous permettrait de nous soumettre aux
réglementations de 1978, mais nous donnerait certaines
difficultés très nettes pour celle de 1981.
M. Léger: Je pense que vous avez aussi une usine de chlore
alcali?
M. Senécal-Tremblay: Oui.
M. Léger: Est-ce que vous pourriez répondre
à une question qu'on a posée hier et pour laquelle on n'a pas eu
de réponse? Est-ce que vous êtes capable d'évaluer s'il
existe des émanations de mercure dans l'atmosphère? Parce qu'il y
en a dans l'eau. Est-ce qu'il y en a aussi par évaporation?
M. Senécal-Tremblay: Oui, il y en a dans l'eau, nous les
contrôlons. Comme vous le savez probablement, depuis que ce danger ou
cette dimension nouvelle dans les usines de chlore alcali a été
porté à l'attention de tout le monde au début des
années soixante-dix, nous avons mis sur place les dispositifs
nécessaires pour contrôler les déchets dans l'eau selon les
normes permises. Dans l'air, effectivement, nous faisons des mesures de nos
pertes à l'atmosphère et nous sommes en état de dire que
nous perdons dans le moment à peu près cinq livres par jour
d'opération. Ces cinq livres par jour, incidemment, sont à peu
près identiques à la limite maximale que la société
américaine, c'est-à-dire l'EPA américain a établi
pour les usines de soude caustique par source.
M. Léger: Comment cela se perd-il?
M. Senécal-Tremblay: Cela se perd par évaporation
de différentes façons, c'est-à-dire que, dans le
processus, vous avez des parties qui sont à température assez
élevée pour volatiliser une partie du mercure. Vous avez des
vapeurs de mercure dans chacune des cellules. Ces vapeurs sont captées
par un système de récupération où les gaz, avec les
vapeurs de mercure, sont ramenés dans des condenseurs de sorte que le
minimum de mercure s'échappe. Mais dans l'opération normale de
ces cellules, toutes les vapeurs de mercure ne sont pas captées; donc
elles s'échappent un peu partout par les ouvertures de
l'édifice.
M. Léger: Est-ce que le ministre peut me dire si la
réglementation actuelle est en mesure de couvrir cette perte possible de
cinq livres de mercure par jour par évaporation?
M. Goldbloom: Je ne sais pas si la question posée par le
député de Lafontaine concerne la possibilité de mesurer
ces quantités, ou s'il veut savoir si les programmes que nous avons
institués qui visaient les pertes vers l'eau ont eu un effet
bénéfique pour réduire l'évaporation, ce qui est
sûrement le cas, mais dans une mesure qu'il est un peu difficile de
déterminer.
M. Léger: Ma question touche le projet de
réglementation. Actuellement, est-ce que cela couvrirait la perte par
évaporation du mercure?
M. Goldbloom: Oui. Ce que nous avons fait, M. le
Président, on se rappellera que nous avons traversé une
période au cours de laquelle notre préoccupation était la
perte vers l'eau et nous étions conscients du problème de la
présence de
mercure dans l'eau, dans les sédiments, notamment dans la chair
des poissons, et des effets possibles sur la santé humaine, à
cause de la consommation de ce poisson contenant du mercure.
Ce n'est que plus tard, dans le travail sur ce dossier, que nous nous
sommes rendu compte du problème sous-estimé auparavant de
l'évaporation du mercure. En même temps, je voudrais souligner que
nous avions poursuivi certaines analyses biochimiques, c'est-à-dire des
examens du sang, des cheveux, et des examens cliniques aussi,
évidemment, chez des personnes qui pouvaient être atteintes d'un
empoisonnement au mercure.
M. Léger: Par ingurgitation.
M. Goldbloom: Oui, par ingurgitation.
M. Léger: Mais ce dont je parlais, c'était au
niveau de l'évaporation dans l'air.
M. Goldbloom: D'accord, M. le Président, j'y arrive. Je
veux tracer brièvement le cheminement de notre préoccupation. Il
y a des personnes qui ont été examinées dans des
hôpitaux montréalais et on a trouvé chez elles des taux
relativement élevés de mercure dans leur système. On n'a
pas, dans ces premiers examens, d'après les rapports que nous avons
obtenus, décelé des signes de maladie.
Nous n'étions pas satisfaits de ces résultats. Nous avions
une conviction morale qu'il y avait quand même des risques de maladie
réelle chez des personnes qui avaient, dans leur système, des
taux aussi élevés de mercure.
En novembre dernier, nous avons constitué une équipe
médicale spécialisée et nous l'avons envoyée sur le
territoire. Nous avons reçu le rapport, au mois de juin de cette
année, indiquant effectivement que des symptômes se
présentent chez un certain nombre de personnes, et que ces
symptômes peuvent être attribués à l'empoisonnement
au mercure.
A cause de cela, même si nous ne savons pas si le diagnostic est
absolument solide et étanche, nous devons, devant des données
cliniques de cette nature, agir. Nous avons agi de deux façons: d'abord,
en indiquant aux interressés les espèces de poissons qui
constituent un danger et les espèces qui n'en constituent pas. Nous
avons, à cet égard, travaillé avec les associations des
autochtones pour que la communication se fasse de la façon la plus
efficace et la plus crédible possible.
Mais aussi, nous avons décelé cette possibilité
d'évaporation à même les usines qui utilisent le mercure
dans leurs procédés. A cause de cela, nous avons
déterminé un programme additionnel, notamment pour l'usine de
Lebel-sur-Quévillon qui est celle qui se trouve sur le territoire
où le problème le plus important semble se présenter.
Mais pour les autres usines aussi, nous avons déterminé un
programme, et pour mettre ce programme en application, nous avons émis
des avis, préalables à des ordonnances, à ces
compagnies.
Dans le cas de la Domtar, à Lebel-sur-Quévillon, nous
avons convoqué la compagnie et nous avons exposé le programme
nécessaire, la nécessité de procéder
immédiatement à ce programme.
Séance tenante, nous avons obtenu l'assentiment de la compagnie
et le programme doit être mis en application dans les jours qui
courent.
Je pense que c'est la réponse la plus importante. Ayant
été alertés au problème, nous avons imposé
des mesures additionnelles qui auront sûrement l'effet de réduire
l'évaporation. Mais, pour aller jusqu'à établir des normes
très précises, avec des méthodes de mesure comme on en
trouve dans le projet de règlement, je ne crois pas que nous soyons
avancés au point de pouvoir faire cela. Peu importe cet aspect, nous
avons agi auprès des compagnies et les quatre ont été
visées par des avis préalables à l'émission d'une
ordonnance.
M. Léger: Je remercie le ministre pour cette
déclaration importante et ces informations essentielles, mais ce
n'était pas ma question. Ma question était plutôt: Y a-t-il
un article du règlement actuel qui couvre la perte de mercure dans
l'atmosphère et quel est cet article?
M. Goldbloom: M. le Président, la réponse est non;
il n'y a pas d'article dans ce projet de règlement. Mais justement parce
qu'il y a un nombre limité de cas, nous les avons visés
individuellement par règlement avec des exigences précises.
Puisque cela pouvait se faire immédiatement sans attendre le processus
d'adoption d'un règlement global, nous avons agi de cette
façon.
M. Léger: Le fluorure dans les alumineries, ce sont quand
même des cas bien particuliers. Vous les avez déjà
touchées par réglementation. Pourquoi procédez-vous par
ordonnance pour cela plutôt que par réglementation?
M. Goldbloom: Les deux choses se sont faites en parallèle,
M. le Président. C'est que nous avions préparé, il y a
déjà un bon moment, le projet de règlement et il avait
été publié dans la Gazette officielle. C'est pendant cette
période subséquente que nous avons été davantage
alertés au problème du mercure et nous sommes intervenus
directement là où le problème se présente.
Il y a lieu, je pense, d'examiner l'opportunité d'ajouter un
article au projet de règlement, au texte définitif de
règlement pour couvrir le mercure. C'est certainement une chose à
examiner.
M. Léger: Serait-il possible d'intégrer les textes
des ordonnances au règlement?
M. Goldbloom: Je ne pense pas que, comme technique
législative, cela conviendrait. La nature d'une ordonnance est
différente. C'est une directive émise à une compagnie par
rapport à ses installations, ses équipements et les mesures
spécifiques qui doivent être entreprises par cette compagnie pour
améliorer la situation. Mais, à
même les ordonnances, nous pourrons fort probablement extraire un
article si cela semble, aux yeux de nos équipes techniques et
juridiques, la façon de couvrir davantage ce problème.
M. Léger: On le souhaite énergiquement, M. le
Président. Je remercie le ministre.
Le Président (M. Séguin): Merci, messieurs, pour
votre exposé?
M. Senécal-Tremblay: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): Je demanderais aux
représentants de...
M. Léger: Le ministre pourrait-il nous envoyer une copie
des ordonnances?
Le Président (M. Séguin): Je demanderais aux
représentants de STOP...
M. Goldbloom: Je m'excuse, M. le Président. Le
député de Lafontaine m'avait posé une question. La
réponse est oui, immédiatement dans le cas de la Domtar, parce
que c'est devenu un document public. Dans le cas des trois autres, ce n'est pas
encore un document public. L'avis vient d'être expédié vers
la compagnie. Au fur et à mesure que cela pourra être
publié... La Domtar est le cas le plus important. C'est un document que
nous pouvons déposer.
M. Léger: D'accord, merci.
Le Président (M. Séguin): Les représentants
de STOP. Contrairement à ce que j'avais annoncé, messieurs,
mesdames, nous devions siéger ce soir, mais à cause de
circonstances imprévues, nous devons terminer nos travaux à 18
heures. C'est dire que nous pourrons possiblement, avec la coopération
de chacun, en entendre quatre, peut-être un cinquième d'ici
l'ajournement.
Je nomme immédiatement ces groupes, en commençant par
STOP. Nous entendrons en deuxième lieu, Ederner Industrial. Ensuite,
nous entendrons Environmental Evaluators Ltd, pour passer à l'Institut
canadien des textiles, et si possible, CMA, la Canadian Manufacturers
Association. Il resterait donc Wabush et Ciments Canada Lafarge Ltée
que, malheureusement, nous ne pourrons pas entendre à cette
séance. Le ministre a bien précisé que nous avions en main
les mémoires de ces deux organisations, en plus de toutes celles qui ont
passé aujourd'hui. C'est pour permettre à ceux qui savent
définitivement qu'ils ne seront pas entendus aujourd'hui de rester ou de
s'absenter, s'ils le veulent. Alors, si vous voulez procéder.
Society to Overcome Pollution (STOP)
M. Raab (Karl): M. le Président, M. le ministre, messieurs
les membres, mon nom est Karl Raab. Incorporé à Québec en
1970, à titre d'organisme écologique, formé de citoyens,
STOP oeuvre pour la protection de l'environnement de la rationalisation de
l'exploitation et de la consommation des ressources naturelles. Notre objection
écrite a déjà été communiquée au
ministre. Permettez-moi de dire brièvement quelques extraits de notre
mémoire.
In general, we believe the regulation is quite comprehensive and
compares favorably with standards and guidelines issued by other regulatory
agencies.
Section 7: A postponement until 1980 seems excessively long.
Section 11: This section will be impossible to enforce for new plants.
For exemple, two comme-ting processes for the manufacture of the same product
may have such different emissions before control that the first process with
85% control may emit more organics that the second process uncontrolled and yet
may be cheaper to build and operate. Although we would like to have the second
process even without controls rather that the first, this regulation will not
ensure it.
We suggest that a paragraph be added stating that the best commercially
available means must be used to minimize organic emissions except where the
emissions are less than 6.8 kilograms per day.
Section 23: The sulphur contents should be lowered as follows: Heavy
oil, 2,5% by weight; intermediate oil, 1,0%; light oil, 0,5%; coal, 1,5%.
In addition, effective December 1, 1979, the sulphur content of heavy
oil shall not exceed 2,0% by weight.
Since individual point sources using heavy oil are usually the biggest
problem, we propose to lower the sulphur content of heavy oil. Our proposals
for 2% sulphur in heavy oil and 1,5% sulphur in coal correspond to an emission
rate of 2 pounds of sulphur dioxide per one million BTU. We believe this to be
satisfactory even in relation to the Environmental Protection Agency "New
Source Performance Standard for Coal-fired steam generators" of 1,2 pounds of
sulphur dioxide per one million BTU.
Also, a reduced sulphur content in heavy oil will decrease capital
requirements for users of this product who may be required to meet ambient air
standards according to section 27.
Section 48: Existing technology could reduce particulate matter emission
from petroleum refinery to the same level required of the industries cited in
section 20. We recommend that this be required.
Merci pour votre attention.
Le Président (M. Séguin): Thank you very much, Dr.
Raab. Merci.
Le ministre de l'environnement.
M. Goldbloom: Merci, M. le Président.
Could I ask you, in your comments with regard to section 23 and your
recommandations that the limitations on sulphur content for the different
grades of oil be more severe than those which are
proposed in the drafted regulation, could you give us some indication of
the basis on which that recommendation is formulated? Specifically, is it based
on an evaluation of the availability of such oil or on the ease with which
sulphur could be removed from oil of a higher content? Or is it rather, how
shall I say? an encouragement to greater effort, without a market analysis or
technical analysis, to demonstrate that this is, in fact, something which can
be attained in the time frame put forward?
M. Raab: I do not believe that our suggestions are based upon the
first two premises which you mentioned. We have engineers on our voluntary
staff, and the implication is, from this suggestion, that the 2.6% level
present in the city of Montreal prior to 1970 was attainable, even at that
time. Consequently, we felt, hopefully, not naively, that 2.5% might be
attainable in 1979.
M. Goldbloom: Do you know if it was attainable before 1970
because there was more low-sulphur content oil available or was it attained by
the extraction of sulphur from oil?
M. Raab: I would rather not answer that.
M. Goldbloom: I have no idea. I am simply looking for information
in that regard. I would tend to suspect that there was not that much being done
to extract sulphur from oil at that time.
I would like to come back to section 11. One or two of those who
commented on it before indicated, in their own words, in their own view, that
there would be difficulties in application of that section. And, if I remember
correctly, we found it advisable, in listening to some of those comments, to
rework the text of it.
But, in your comments, you indicate that it would not be applicable to
new industries. I am not quite sure that I understand why you would find it not
applicable to new industries or new processes, particularly because our overall
approach has been that, for any new industry, for any new process, for any
significant expansion of existing industrial activity, we have to require from
the outset the best practicable technology, whereas the whole problem that we
are discussing here is the problem of the existing industry primarily, because
of the difficulty of introducing into processes and structures which have been
there for some time and into budgetary arrangements which have not been
foreseen in advance as requiring the extra investments, the necessary measures
to control pollution.
I would like to understand, because it bothers me to think that we might
be putting in a regulation which would not have an adequate affect on new
industry if I understand correctly your argument.
M. Raab: I am a biochimist. This suggestion came from two
chemical engineers in industry. The point we have tried to make here in my
letter of March 5th to you, Sir...
M. Goldbloom: Yes.
M. Raab: ... is that if there were hypothetical^ two new plants
to be built in a competing process and it just happened that it was possible to
build a cheaper plant, a dirtier plant, and then put a control system which
would control 85% of the emissions for not much more money that that plant
would satisfy the law and would put out far more pollution than a much more
expensive plant which did not have any controls at all. I think that there is
anology in the automotive emission, the automotive industry I am sure
you are aware that there are some automobiles which have control and others
that do not, because the motors are built better. This is an analogy in the
construction of plants.
M. Goldbloom: You relate this specifically to article 11 which,
as I indicated, seems to require some reworking. In general, our approach has
been to impose emission standards, so, whatever the process might be or the
design of the plant, it would be the result that would matter and the
measurement taken at the outlet of the evacuation system would determine
whether an acceptable situation existed or not.
M. Raab: If that is in the law, then, we have no objection, but
our reading of the regulation was that it would be possible for two new plants
to be built with this type of a comparison and we would not like to see that
happen.
M. Goldbloom: Mr Léger, in the earlier discussion, raised
that question as to whether the regulation was adequately specific as to where
the measurements should be taken in order to determine whether complaints had
been obtained or not, and article 66 spells out a number of standard procedures
by reference to well-known and widely accepted texts. It may prove, and I have
some examples of those texts to table here, that this is not universally so in
all of the wastings and I have undertaken that we will make it clear in the
regulation throughout.
Le Président (M. Séguin): Thank you. Le
député de Lafontaine.
M. Léger: Je n'ai aucune question, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): D'accord. Thank you very
much, Mr Raab.
M. Maltais (Pierre): M. le Président, si vous me permettez
d'intervenir, je représente les cimentiers de la province de
Québec.
Le Président (M. Séguin): Pardon?
Cimentiers du Québec
M. Maltais: Je représente les cimentiers de la province de
Québec. Malheureusement, ils ne
pourront pas être entendus, faute de temps. Comme nous avons
certains amendements à apporter, qu'on se proposait d'apporter
verbalement au mémoire qui a été soumis, et comme il y a
une section complète du règlement qui concerne
spécifiquement les problèmes des cimenteries, je me demandais si
la commission nous accorderait l'autorisation de produire au moins un
résumé, écrit des prétentions qu'on voulait
particulièrement faire valoir.
M. Goldbloom: M. le Président, il n'y a aucun
problème. Peut-être je ne sais pas connaissez-vous
dans la salle les représentants des autres organismes, parce que c'est
un peu spontanément que nous avons essayé de faire une
sélection. Pour être très francs, nous avons
constaté qu'il y a sur la liste d'importantes compagnies ou associations
et des particuliers qui sont venus s'exprimer, et puisque les compagnies sont
généralement en mesure d'assumer les frais de voyage plus
facilement que des particuliers, je n'ai pas voulu renvoyer bredouilles les
particuliers.
Peut-être que vous pourrez vous entendre, je ne sais pas, avec
l'Association des manufacturiers ou avec les textiles pour passer avant eux. Je
n'aurais pas d'objection pour ma part.
M. Maltais: M. le ministre, je ne veux pas priver qui que ce soit
de son droit d'être entendu. Je constate simplement que le sort veut que
le temps expirant, nous ne serons pas entendus. Je ne voudrais pas du tout
priver qui que ce soit de ce droit. Cependant, si avec votre permission nous
pouvions produire un document supplémentaire...
M. Goldbloom: Certainement.
M. Maltais: ...dont je vous inviterai à prendre
connaissance évidemment, nous serions satisfaits.
M. Léger: Je suis bien d'accord que vous produisiez un
document. Vous pouvez être assuré qu'il va être lu avec
attention.
M. Maltais: Merci bien. Le Président (M.
Séguin): Edemer Industrial. Edemer Industrial Equipment
M. Sanborn (Edmond B.): Je suis le Dr San-born et je suis le
vice-président de Edemer. Je suis bien bref. Il s'agit seulement de la
section XIX, article 52: Réservoirs de composés organiques. A
l'article 52, on commence avec une capacité de 1500 kilolitres ou plus.
C'est quelquefois des réservoirs beaucoup plus petits que ceux-ci qui
donnent des problèmes beaucoup plus sérieux que les plus
grands.
If you let me go on in English, I can give this rather more...
Le Président (M. Séguin): No question of letting,
Sir, go ahead.
M. Sanborn: The turnover time of any tank is far more important
than the evaporation from the tank itself. If you look at the American
Petrolium Institute figures for losses due to evaporation and Tilling losses,
in a tank that is filled fourty times a year the losses due to filling since
the more or less saturated gas above the level of the fluid is expelled from
the tank each time it is filled, the losses at that point are enormous and
therefore, filling tanks is much more... The number of times a tank is filled
is more important that the size of the tank as far as the losses are concerned.
True enough, the larger the tank, the less turnover times it requires to become
economical to introduce a deck.
Now, with the price of fuel as it is today, it probably is economical to
introduce a deck in all these tanks. But the wording of your section 52 is in
error in certain respects. In a), it says that these tanks of certain size be
provided with a floating roof of the pan or pontoon type. The point is that the
floating roof and the floating deck are quite different. The floating roof is
the roof itself which floats on the fluid and acts as a roof for the tank. This
is a common method of preventing evaporation in hot climates whether it is not
a great snow load and in some of the larger tanks we have that in Canada also.
But most of the tanks that your are concerned with are tanks with a rigid roof
and there is a deck that floats within the tank beneath that fixed roof. So it
becomes a floating deck. Now you have just the two types of pan or pontoon
type. The pan type is probably the poorest of all of the decks. You have
neglected other types of deck. By the wording of it, it is very difficult to
see how one would call it either of these two classifications such as the decks
that are made out of a very light material which floats by itself.
The whole deck then is really a pontoon, I suppose one could twist it
that for. So, I believe the wording should be changed to include the ura-thene
type of decks.
In our supplementary material which I presented today, you will see in a
B P Tank that we have here, a reduction, if we look at the last line, the air
in this tank, now of these figures that are listed before that are readable by
a gas meeter in tank eight, which was equipped with an Edemer floating deck.
None of them were readable by a gas meeter, this is gas that has been taken out
and analyzed for the molecular quantity that is in it.
And, as you see in the last line, the air in this tank, even at the end
of May, during the hottest part of this year, we had 99,9% air, 0,1% of total
vapours, whereas in the tank not protected by an internal floating deck, it was
only 67,5% air in June, and in the cold weather, in February, it was only 80%
air. So, we feel that this type of deck should be included in the... it has a
great effe-ciency because of its insulating qualities as well. None of the
other decks have as great at insulating quality and therefore, it keeps heat of
the fluid in the tank lower, thus reducing the vapour pressure within the fluid
beneath the deck.
So that is the one point. The other point that I wanted to make is that
the time frame for the insu-
lation of all decks is unrealistic and probably a longer time should be
given for the insulation of all of the decks, but a percentage of their total
surface area should be covered each year or we are likely to end up four years
from now with the same situation as we have today. So, I would think that the
best idea would be to have a percentage and those with the greatest turnover
time, which are the greatest polluters, or who have noxious materials that
really create a problem should come first, and those with a lower turnover time
could be delayed for a longer period of time than your 1969.
Le Président (M. Séguin): I would ask, please, for
your forgiveness. I did not get your name when you started to speak.
M. Sanborn: Sanborn.
Le Président (M. Séguin): ... burn?
M. Sanborn: ... born.
Le Président (M. Séguin): ... orn. M. le
ministre.
M. Goldbloom: Si vous me le permettez. Dr Sanborn, you and Mr
Szasz have written to us in the past with regard to the proposed regulation and
to the article in particular that you commented on, and I have understood your
viewpoint to be that the text as written, and this is still the text that you
originally commented on, was not sufficiently accurate, nor sufficiently broad
to cover all the types of adequate equipment that would be used in this kind of
pollution control measure, and that, therefore, apart from any interest that
you may have because of your activity in that field, you wanted to make it
clear to us that the definition had to be a better one and a broader one than
is in the text at the present time.
I just wanted to point out to you that this text was printed and is the
original text and that we will be taking account of your comments, both those
that you have sent by letter earlier and the comments that you have made
verbally today, so as to get a better difinition and one which will make the
distinctions between a floating roof and a floating deck and the other
considerations that you have pu forward.
Le Président (M. Séguin): Est-ce qu'il y a des
questions?
M. Léger: Je n'ai pas de question, M. le
Président.
Le Président (M. Séguin): Merci beaucoup. Thank you
very much, Sir.
Nous entendrons maintenant Environmental Evaluators Limited.
Environmental Evaluators Limited
M. Gordon (Arthur): Mr. President, Mr. minister, gentlemen, I am
the spokesman for our company, Arthur Gordon, Environmental Evalua- tors
Limited, and I am accompanied with my confrere, Maxime Cloutier. I have a
submission which is in English only and refers to the English text of the
regulations. We apolize for not having down the time to prepare it in both
languages that we can do so.
As an independant firm of consultants and evaluators, we are pleased to
have this opportunity to appear before you to present our viewpoint regarding
the proposed "Regulation Respecting the Quality of the Environment". We do this
in the recognition of the fact that the Minister of the Environment, the
Director of Environment Protection Services, their staffs and you, gentlemen as
a commission, have a difficult task. The difficulty in increased if the
expectation is that you will please everyone.
Our presence here has more than one purpose. First, we trust we can be
of service from a technical standpoint and that our comments will be considered
as contructive since they are based on a number of years of experience.
Second, we believe speedy adoption of sensible regulations is necessary
to bring a sense of fairness to environment protection and pollution control by
establishing norms common to all in related industries. Adoption will also
provide the final incentive for some to proceed with emission inventories and,
where necessary, corrective action. We as consultants and evaluators will be on
a firmer base with respect to acquiring the necessary instrumentation and to
honing the skills for performing the tests to be specified.
The comments herewith apply to the English version of the Draft
Regulations published in the Gazette officielle du Québec, December 30th
1975. We will follow the numbering system of the Draft.
Underdivision 1. Interpretation. Definitions. 1(b) "Sulphuric acid
mist". We believe the definition should refer to very fine "droplets" as
opposed to spray carryover. Much of the troublesome mist is formed by the
contact of sulphur trioxide (SO 3) with water vapour and is in a size range all
less than 1 micrometer and much of it less than 0.1 micrometer in size.
Section (d) "Organic compound". These can more readily be defined as
compounds of carbon, most often associated with hydrogen, and excluding such
"inorganic" compounds as carbon monoxide, carbon dioxide, metallic carbonates,
cyanides and other similar compounds.
We believe an additional term can be added to the list titled
"hydrocarbons". While such compounds are "organic" by usage they are separated
from such compounds as alcohols, aldehydes, ketones, etc., particularly since
they react differently in the atmosphere.
Section (k) "Smoke". More correctly defined as extremely fine particles
of ash, carbon and combustible substances, usually associated with incomplete
combustion, and carried in a gaseous medium. The particles are usually less
than 0.1 micrometer in size.
Division II. General Divisions.
Article 3. Purpose. This paragraph should make reference to the fact the
Regulations also include methods of analysis.
Division III: Ambient air standards. Article 5, atmospheric quality
standards. Since the table lists ozone and nitrogen dioxide would it not be
appropriate to include hydrocarbons, since they are a part of the atmospheric
interaction producing photochemical smog, is the limit on hydrogen sulphide
specific to h2S or can it include other compunds such as mercaptans?
Article 8, we suggest inclusion of instrumentation for analysis by gas
chromatographflame photometric detection as an alternative method.
Under division IV: Opacity of emissions. Article 9, standards of
opacity. Paragraph b) of section 66 is applicable during daylight hours only
and we believe it should be clearly stated in the regulations that it is
supplementary to paragraph a).
Article 10, exceptions. We suggest interpretation of this article would
be simplified if an additional statement is included to the effect that, under
no circumstances, are exceptions allowed that would cause the emissions to
interfere with maintaining the atmospheric quality standards established in
article 5 of the regulations.
It might be useful to specifically limit the number of episodes of
excessive emissions on a daily or weekly basis as well as the hourly basis.
Division V: Gaseous organic compounds. Article 11, prohibition.
Reference could be made in this paragraph to other limitations in the
regulations such as those for odour.
Division VI: Fugitive dust. Articles 12, 13, 14 and 15. Difficulty can
arise in measuring the quantity of emissions for such unconfined dusts. May we
also suggest the emissions during transport be limited to zero?
Division VIM: Aluminum smelters. Article 21, particulate matters and
fluorides. Reference is made in the last paragraph to particulate matter
including the fraction collected by the impingers. Does this mean that goseous
and volatile compounds such as sulphur dioxide and some organic compounds would
thus be included as particular?
Division IX: Fuel burning equipment. Article 26, evacuation of fuel
gases. Fuel gases would be better described as combustion gases. The
requirement of this paragraph may be counterproductive if fuel conservation is
taken into account. Perhaps it could be limited to new sources.
Division XI: Metallurgical coke manufacturing industry. This division
makes no specific reference to organic compounds and we believe it should.
Division XIII: Cupolas for the production of cast iron. Does this
division include electric furnaces?
Division XVI: Incinerators. Article 44, emissions, paragraph c). We
believe this paragraph should refer to organic compounds rather than stricly
hydrocarbons and would also include chlorinated hydrocarbons.
Division XVIII, petroleum refineries. No reference is made to sulphur
compounds as measurable emissions from catalytic cracking units. Are future
references to be made to other specific emis- sions from refineries such as
sulphur compounds and organic compounds?
Division XIX: Organic compound storage tanks: The last paragraph of this
division is difficult for us to understand and we would appreciate
clarification. Also does this section apply to underground gasoline storage
tanks at service stations?
I would like to depart briefly from my prepared text to make reference
to what might be classified some future requirements or developments in the
regulations. Of extreme importance to us is the measurement of concentrations
of particulate matter and the regulations refer specifically to the environment
Canada report EPS 1 AP-74-1. We believe there is room for a properly described
method using an instack filter for measuring emissions. It would provide more
freedom in the methods of measurement and would cover cases wich cannot
suitably be covered by EPS 1 AP-74-1.
Also, we think a more acceptable reference method for organic compounds
could follow the lead taken by the Los Angeles County Air Pollution Control
District with their rule 66. This method lends itself to refinement and
equipment needed and to overall simplification without compromising its
accuracy of the validity of measurements taken to date.
This method is referred to in the APCA journal of April 1975 and in a
recent news letter of the Source Evaluation Society.
We also feel the lack of criteria which may be the responsability more
of Environment Canada than of the provincial environmental protection services,
but we believe the development and issuing of criteria would be helpful in many
ways in that is would provide understanding of the reasons for the specified
limits, norms, methods and so on, and might even reduce the tendency that
develops for adversary positions. Also, in the article 66, item g), our
understanding of the method 8 for sulphuric acid mist is that the sulphuric
acid mist is actually a supplementary measurement and the SO2 is a separate
measurement in itself.
The method is for SO2 and SO 3 and sulphuric acid. We believe it would
be helpful if the draft regulation established a timetable for some of the
preliminary procedures which lead up to the deadlines for compliance. For
example, an accurate inventory of existing emissions based on standard methods
of measurement should be prepared at least one year before the date of
compliance, the sooner the better. The inventory should include all fugitive
emissions and take into account the frequency of inadvertent emissions.
We thank you for this opportunity to comment and we are at your disposal
if any further clarification of our position is needed. If future regulations
are to be forth-coming regarding the competence of emission testing firms or
personnel or the official inspection of work by such firms, we would hope to
have an opportunity to submit recommendations. Please depend on our cooperation
in all these matters. Yours respectfully, Arthur Gordon
Le Président (M. Séguin): Thank you, Mr Gordon.
M. le ministre?
M. Goldbloom: Mr Chairman, this has been a detailed and technical
presentation which raises a number of points of which we will certainly take
note and examine the text by comparison to the recommendations made.
There are two comments that I would make. One concerns the suggestion
that article 66 in particular be adjusted so as to include the possibility of
methods equivalent to those set out in the standard references put forward.
Actually, the text of, I think, article 8, does provide that extra degree of
flexibility and I think that, in using the word "equivalent", we could come to
an easier application of the article and, therefore, of the whole
regulation.
The other comment is with regard to your suggestion that the
transportation of material by conveyor or a motor vehicle makes measurement
difficult because there is not a point source at which you can identify the
emission. Your conclusion is that perhaps the emission during transport should
be limited to zero. I do not think that we could, in terms of the application
of a law, very easily limit anything to zero, because then the least emission
measured under any circumstances would be illegal and would bring the
responsible person before the courts. But I see the point that you make in your
brief, and we will put our heads together and see if we can come up with a
better expression of what we are trying to accomplish.
M. Gordon: I think it is referred elsewhere as to know visible
emission or something of that order. It would make it easier to measure, Dr
Gold-bloom, if it were zero.
Le Président (M. Séguin): Le député
de Lafontaine?
M. Léger: Pas de commentaires.
Le Président (M. Séguin): Thank you very much once
again, Sir.
Nous entendrons maintenant l'Institut canadien des textiles.
Institut canadien des Textiles
M. Robertson (James): M. le Président, M. le ministre,
messieurs les députés, je m'appelle James Robertson, de
l'Institut canadien des textiles. Je suis ici aujourd'hui avec M. Charles
Planger, de Dominion Textile, qui est aussi président de notre
comité d'environnement. Comme la plupart des suggestions et
recommandations que nous avons faites dans notre mémoire ont
été déjà évoquées aujourd'hui et lors
des deux derniers jours, je passe actuellement tout de suite à une seule
section du règlement, qui touche directement à l'industrie du
textile; c'est la section V, article 11: Prohibition de composés
organiques gazeux. Selon cet article, "nul ne peut émettre dans l'atmos-
phère plus de 15% des composés organiques gazeux qui seraient
émis sans l'installation d'appareils d'épuration, sauf dans le
cas où ces émissions sont inférieures à 1,3
kilogramme par heure ou à 6,8 kilogrammes par jour."
L'industrie du textile utilise un grand nombre de produits chimiques
pour la finition des tissus; entre autres, lors d'une impression les
pâtes à teinture sont d'abord émulsifiées avec des
hydrocarbures de type essence minérale. Ces produits sont
évaporés pendant le séchage du tissu imprimé et
sont alors émis dans l'atmosphère sous forme de composés
organiques gazeux.
Comme environ un gallon ou dix livres d'hydrocarbures sont
utilisées par 100 verges de tissu imprimé, une usine de finition
moyenne dépasserait donc de beaucoup le minimum permis de 6,8 kilos par
jour. Jusqu'à maintenant, aucune usine d'impression n'est
équipée d'appareils d'épuration ou d'incinération.
Cependant, ces produits évaporés se mêlent à de
grandes quantités dans l'air et sont finalement émis dans
l'atmosphère sous une forme très diluée. Il existe bien de
nouveaux procédés d'impression comme l'impression par
l'écran rotatif où les pâtes à teinture sont
émulsifiées dans l'eau, mais on ne croit pas pouvoir convertir
l'impression des produits textiles en entier à ce nouveau
procédé dans un avenir rapproché. Et ceci, pour deux
raisons principales.
La première est simplement que le coût de remplacement des
machines à imprimer à rouleau conventionnelles par des machines
à impression par écran est prohibitif. La deuxième est
que, pour les impressions fines à motif délicat, les pâtes
à teinture à base d'eau ne permettent pas les réalisations
de tissus imprimés de qualité acceptable.
D'autre part, l'industrie utilise de nombreux produits chimiques dans la
finition des textiles, soit pour les rendre imperméables à l'eau,
résistants aux taches, antibactériens ou ignifuges. En
général, ces produits sont des solutions à base d'essences
minérales ou d'hydrocarbures qui sont évaporés
après que les tissus ont été imbibés de ces
produits. Encore ici, il n'existe pas de procédés de
récupération ou d'épuration, mais de toute façon,
pour une usine de taille moyenne, chacun de ces produits excéderait les
quantités maximales permises par le projet de règlement.
Nous précisons que les méthodes d'échantillonnage
requises pour déterminer les quantités d'émissions
atmosphériques sont pratiquement irréalisables et seraient
très onéreuses si l'on veut en arriver à des
résultats concrets dans l'identification de tous les composés
organiques gazeux.
D'une part, les quantités de composés organiques gazeux
permises par le projet sont trop strictes et, d'autre part, ces mêmes
composés ne peuvent pas faire l'objet d'un échantillonnage
réaliste comme groupe. Cet échantillonnage peut s'effectuer
facilement sur des composés déterminés ou constituants du
groupe de composés. Le règlement devrait donc porter sur
l'élimination des concentrations nocives d'émissions aux abords
des usines plutôt que d'essayer de contrôler les quantités
émises dans l'atmosphère.
Notre proposition est d'identifier les composés organiques gazeux
nocifs et de déterminer leur degré de concentration permis. Ceci,
M. le Président, est la seule chose sur laquelle nous voudrions porter
votre attention aujourd'hui, car tout le reste a été
déjà très bien couvert par les autres organismes et vous
avez déjà le mémoire que nous avons soumis au ministre, il
y a quelques mois.
Le Président (M. Séguin): Merci beaucoup, M.
Robertson.
M. Goldbloom: M. Robertson, comme vous avez constaté de
votre côté que des représentations déjà
faites ont touché plusieurs autres articles, de notre côté
nous avons posé des questions sur un grand éventail de sujets.
Vous soulignez certains problèmes par rapport à l'article 11 et,
déjà, j'ai mentionné que c'est un article que nous devrons
revoir. Or, vos commentaires seront utiles pour cet examen. Pour la part, j'ai
écouté et, j'espère, compris la présentation que
vous avez faite. Je n'ai pas d'autres questions présentement
là-dessus, mais nous allons garder et regarder votre mémoire.
M. Robertson: Merci, monsieur.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. le ministre; je
vous remercie, M. Robertson.
Nous entendrons maintenant la Canadian Manufacturers Association.
Canadian Manufacturers Association
M. Czapski (Hutten): M. le Président, M. le ministre, MM.
les membres de la commission, je représente l'Association des
manufacturiers canadiens, division du Québec. Nous avons reçu
plusieurs lettres d'invitation de nos membres et je vais seulement faire un
résumé de notre mémoire à la commission des
politiques générales qui, nous croyons, devraient être
appliquées dans ce règlement.
A notre avis, le règlement relatif à la qualité de
l'atmosphère devrait être un compromis bien
équilibré qui tienne compte tant des conditions
atmosphériques idéales que des aspects pratiques suivants: les
coûts, les possibilités techniques, l'incidence sur le plan de
l'énergétique québécoise au point de vue de la
croissance et de la concurrence avec les industries d'autres juridictions.
Ce sont là des principes fondamentaux qui devraient
assurément influer sur la préparation d'un tel règlement.
Une étude de notre comité sur l'environnement démontre que
l'application du règlement projeté coûtera entre $500
millions et $2 milliards. C'est comparable aux Jeux olympiques. Cette
estimation comprend les changements technologiques qu'il faudra apporter aux
usines que nous possédons dans la province de même que celui de la
surveillance et l'administration gouvernementale.
Il faut ajouter plus ou moins 200 ou 300 employés de votre
ministère pour faire une politique de cette administration.
Naturellement, ces coûts devront être passés aux
consommateurs québécois sous forme de majoration des prix et des
taxes. Il nous semble que toutes les personnes qui sont responsables de la
préparation et de l'application d'un tel règlement doivent
considérer sérieusement ce facteur économique.
Selon l'article 5 du projet de règlement, les normes de
qualité de l'atmosphère proposées s'appliquent à
l'ensemble du territoire du Québec. Il est difficile de penser que la
formulation d'une politique de gestion de l'air ambiant ne comporte pas de
clause de régionalisation relativement aux normes d'émissions.
Les normes d'émissions, en zone urbaine à forte densité
d'occupation, ne sauraient être nécessaires en zone rurale plus ou
moins isolée.
On ne saurait parler de normes bien équilibrées si elles
ne sont pas le fruit d'une consultation approfondie avec les
représentants de groupes différents, mais découlent
plutôt d'un règlement arbitrairement imposé. Nous sommes
bien disposés à vous offrir l'entière collaboration de nos
spécialistes en la matière qui connaissent très bien les
conditions régionales, les techniques, et savent estimer le rapport
avantages/coûts.
Chaque industrie, et en certains cas chaque usine, peut se trouver aux
prises avec des problèmes spécifiques pour se conformer aux
règlements tels qu'envisagés. Il est donc impérieux de
considérer et de comprendre les plaintes fondées et d'y
réagir comme il se doit.
Concernant les normes relatives à la qualité de
l'atmosphère, nous croyons que les efforts conjoints du gouvernement et
de l'industrie du Québec donneraient les meilleurs résultats si
l'on adoptait notre proposition à l'effet que les spécialistes en
environnement de notre secteur lesquels représentent diverses
industries soient consultés au moment où l'on discute
d'articles spécifiques les visant.
Si cette suggestion vous agrée, nous vous adresserons volontiers
la liste de nos experts spécialisés en environnement pour chacune
des principales industries et il ne fait aucun doute que le Québec
profitera de cette collaboration.
Nous joignons à la présente nos commentaires
généraux relatifs aux articles qui touchent l'ensemble de
l'industrie manufacturière.
En ce qui concerne les articles visant les industries
spécifiques, nous serons en mesure de vous transmettre nos commentaires
le moment venu par l'intermédiaire de nos spécialistes dans les
domaines particuliers.
Nous limiterons nos commentaires aux articles susceptibles de toucher
plus d'une industrie. Quant aux autres qui ont trait à des industries
spécifiques, ce n'est pas notre division elle-même qui les
commentera mais des groupes intéressés composés de nos
membres qui vous feront part de leurs observations.
Nous tenons à attirer votre attention sur le fait
que des industries d'importance majeure n'ont pas été
considérées par ce projet de règlement, par exemple celle
de l'acier. Cette omission sera sans doute corrigée.
Il se peut aussi que de nouvelles industries se développent
à l'avenir au Québec. Nous croyons que le règlement en
question devrait contenir des dispositions visant à les englober dans
son champ d'application.
Dans notre mémoire, il y a plusieurs pages et des commentaires
sur des points qui ont déjà été soulevés par
les autres. Je pense que ce mémoire peut être utilisé pour
des développements particuliers, mais nous avons quelques points
à discuter, dont le point politique de ce règlement.
Premièrement, nous voulons être sûrs que les
contrôles ne sont seulement appliqués que lorsqu'ils sont
absolument nécessaires. Un exemple: un convoyeur où il n'y a pas
de population doit être couvert pour prévenir la pollution. Ce
n'est pas nécessaire à mon avis. Quand le règlement
doit-il être appliqué? Présentement ou dans le futur?
Pourquoi justifie-t-on un tel degré de contrôle? Pour le
bien-être de la population, pour l'économie?
Visibilité technique, coûts, impact social. Qui va payer? Y
a-t-il un temps d'application? Nous suggérons qu'il y ait une
coopération de spécialistes du gouvernement pour atteindre ce
but. Nous croyons qu'il devrait y avoir une possibilité d'exceptions
dans les cas justifiés et aussi une amélioration du
règlement quand il y a un développement de nouvelles
techniques.
C'est tout pour le moment, merci.
Le Président (M. Séguin): Merci, M. Hutten Czapski.
M. le ministre.
M. Goldbloom: Je pense, M. Hutten Czapski que vous comprendrez
que l'examen fort détaillé que nous avons fait au cours des trois
journées ne nous laisse pas vraiment de questions à poser sur
chaque point. Il arrive, par le hasard de l'ordre des présentations, que
ces dernières portent sur des considérations qui touchent la
rédaction de certains articles. Nous allons en prendre note. Comme j'ai
indiqué un peu plus tôt dans la journée, l'étude
comparative de tous les mémoires est déjà en cours. Alors,
je vous remercie sincèrement de cette contribution, cet éclairage
que vous donnez à notre lanterne. La suggestion que vous faites, qui est
à la base de votre mémoire, c'est que nous risquons d'être
trop théoriques dans notre approche d'un problème, et que
l'Association des manufacturiers canadiens a des experts, parmi ses membres,
parmi le personnel de ses membres, qui pourraient nous éclairer sur des
points précis, cela est évident. Puisque nous avons l'habitude de
convoquer les industries, conjointement avec le gouvernement
fédéral, et aborder une discussion, aller dans les usines, les
visiter, et faire des inspections préalables à la
rédaction d'un projet de règlement, je pense que nous avons
déjà établi certains contacts de cette nature. Votre
suggestion à cet égard est certainement bienvenue.
M. Czapski: Merci bien. M. Goldbloom: Merci.
Le Président (M. Séguin): Est-ce que les
représentants de Wabush sont encore ici? Ils sont partis? Alors, il nous
reste, comme tout dernier mémoire, les commentaires additionnels de la
Cimenterie du Québec.
Cimentiers du Québec (suite)
M. Maltais (Pierre): Je vous remercie, M. le Président, de
bien avoir voulu daigner nous entendre. Je comprends que l'heure est
très tardive. Tout le monde est fatigué. Je vais m'efforcer
d'être le plus bref possible.
Je me présente. Mon nom est Pierre Maltais, avocat. Je
représente l'industrie cimentière qui est formée de cinq
compagnies qui ont fait parvenir à la commission un mémoire
conjoint au mois de février.
J'ai à mes côtés M. Landry, de la compagnie Ciments
Saint-Laurent, ainsi que M. Farvacque, des Ciments Lafarge, qui vont
m'assister, vont m'apporter l'aide technique dont un avocat a toujours
besoin.
Je me limiterai donc à quelques points essentiels, et,
évidemment, tirés du mémoire que nous avons
déjà présenté au mois de février.
Je suis heureux des déclarations de M. Goldbloom,
déclarations qu'il a faites, de temps à autres, durant les
séances de cette commission, selon lesquelles il reconnaissait que
l'industrie n'avait pas fait preuve d'inertie en face du problème de
l'environnement et de la pollution de l'environnement.
Je me contenterai donc de cet accusé de réception, afin de
passer immédiatement à l'essentiel du sujet qui me
préoccupe.
Nous avons constaté, à l'article 28 du règlement,
qui établit une distinction entre les usines nouvelles et les usines
existantes, que les compagnies, de façon générale, tout en
consentant, évidemment, des investissements qui sont assez
considérables, vont être en mesure de respecter les normes
proposées. Nous nous inquiétons, cependant, d'une norme en
particulier, qui est mentionnée à l'article 28, sous la colonne
d'usines nouvelles, et en regard de l'élément ou du poste
refroidisseur à clinker. On y parle de la norme de 80 grammes/tonne.
C'est, dans ce tableau de normes, le seul sujet de préoccupation que
nous ayons vraiment. En effet, la technologie et les moyens que nous
possédons actuellement ne nous permettent pas d'atteindre cette norme.
Nous disposons, de façon générale, de trois grands moyens
de filtration: le filtre à manche, le filtre à gravier et le
filtre électrostatique.
Le filtre à manche nous permettrait d'atteindre les 80 grammes
par tonne, mais, comme je voudrais que mon collègue l'explique tout
à l'heure, il représente des inconvénients majeurs, de
sorte qu'il doit être écarté. Quant aux deux autres moyens
de filtration, les expertises et les expé-
riences qui ont été faites récemment
démontrent qu'il n'est pas prévisible que nous soyons en mesure
de respecter la norme. Ce qui nous place donc dans une situation assez
particulière, en ce qui concerne les usines nouvelles, parce que
l'industrie sera toujours soumise à cette insécurité dont
on parle, et risquera constamment de se faire prendre dans
l'illégalité.
J'aimerais que M. Landry, qui est à côté de moi,
vous expose l'expérience que Ciments Saint-Laurent a fait des filtres
à manche qui sont les seuls qui pourraient nous permettre d'atteindre la
norme de 80 grammes par tonne. Alors, je voudrais lui passer la parole pour
quelques instants.
M. Landry (Jean-Paul): En 1973, la Compagnie des Ciments du
Saint-Laurent a entrepris la construction d'unités appelées
filtres à gravier pour justement remplacer des unités existantes
de filtration au niveau du refroidisseur à clinker. La raison qui a
incité la compagnie à le faire a été principalement
de diminuer les problèmes que causaient ces unités chez la
population avoisi-nante de l'usine.
Depuis un an maintenant que les unités sont en opération
nous avons fait certains essais d'émission qui ont
révélé que même ces équipements, qui
rencontrent la garantie des constructeurs, émettent plus que 80 grammes
par tonne, norme qui est proposée dans le présent
règlement.
Nous suggérons, donc, que, pour les usines neuves, ce
règlement soit moins sévère et la valeur de 175 grammes
par tonne serait souhaitable. Nous savons qu'il est possible de respecter la
valeur de 80 grammes-tonne, mais avec une autre technologie. Tel que l'a
mentionné Me Maltais, cela peut être possible avec des filtres
à manche. Nous désirons, toutefois, porter à votre
attention les dangers que peut représenter une telle obligation pour
l'industrie cimentière.
En effet, tel qu'il est permis par Environnement Canada et EPA aux
Etats-Unis, un tel type d'équipement nécessite dans le texte de
loi une prévision pour un système de dérivation des gaz,
système qui doit être employé sous certaines conditions du
procédé inévitable et qui arrive à
l'imprévu.
Pendant ces périodes où le système de
dérivation est employé, des émissions de dix à
quinze fois supérieures aux normes sont enregistrées. Nous
voudrions donc vous faire remarquer qu'une norme trop sévère de
80 grammes par tonne pourrait entraîner l'installation de telles sortes
d'équipements et, par le fait même, produire à certains
moments des émissions telles que la population avoisinant les usines
existantes et les futures usines serait fortement incommodée.
Merci.
Il est évident qu'on est en face du problème de la
flexibilité de la norme. D'une part, nous avons, dans notre
mémoire, recommandé que la norme soit fixée à 300
grammes-tonne pour la rendre conforme aux directives d'Environnement Canada.
Cependant, c'est là l'amendement princi- pal que je voulais apporter
devant cette commission, nous avons fait procéder à certaines
expériences depuis la soumission de notre mémoire et nous avons
découvert que nous pourrions respecter 175 grammes-tonne. En
dépit du fait que nous affirmons dans notre mémoire que la norme
de 300 grammes-tonne soit émise, nous sommes tout à fait
consentants à la réduire à 175 grammes-tonne, qui est, de
toute façon, la garantie. Cela ne nous laisse pas beaucoup de marge de
flexibilité pour les périodes exceptionnelles de fonctionnement,
arrêt de four, bris du matériel. Ce sont des circonstances qui ne
sont pas prévues dans le règlement et que, pourtant,
Environnement Canada reconnaît en prévoyant certaines mesures
d'assouplissement de son règlement. De sorte que nous pensons
qu'à 175 grammes-tonne nous pourrions à la fois concilier les
désirs du ministère ainsi que le désir des compagnies de
ne pas être constamment placées sous l'épée de
Damoclès que représente les 80 grammes par tonne, qui est une
norme extrêmement rigide dont on ne peut pas sortir.
J'en arrive à un autre point que je voulais souligner et qui est
extrêmement important également; c'est la définition qui
est faite dans le règlement de l'usine existante par rapport à
l'usine nouvelle. Nous retrouvons dans la définition donnée
à l'article 1r du règlement une définition qui comporte le
mot "modifié". Donc, serait usine nouvelle toute usine établie,
construite après telle date, ainsi que modifiée. Le mot
"modifié" nous laisse fort perplexes. Est-ce que le règlement
veut dire que, si on ajoute une installation quelconque à l'usine, si on
la modernise dans ses accessoires, si on bâtit un garage dans un coin de
la cour, on va modifier l'usine? Auquel cas, nous croyons que ce serait
pénaliser de façon très sérieuse les usines qui ont
été construites, pour la plupart, il y a environ quinze à
vingt ans, en leur interdisant, à toutes fins pratiques, de se
moderniser pour ne pas tomber sous le coup de mesures extrêmement
sévères qui sont imposées pour les usines nouvelles.
Or, les usines nouvelles, il est concevable que le règlement soit
relativement sévère, parce qu'on présume que la
technologie qui prévaut actuellement et qui prévaudra dans les
années à venir permettra d'abolir les sources d'émissions
qui existent actuellement. Mais en ce qui concerne les usines existantes qu'on
modifierait éventuellement, on ne peut pas faire du neuf avec du vieux.
On ne peut pas, en changeant un moteur de voiture, en rendre le modèle
comparable à celui des voitures qui sortent actuellement.
Nous suggérons deux solutions: ou bien que les rédacteurs
du règlement établissent une échelle de normes qui tienne
compte des modifications réelles apportées à l'usine,
c'est-à-dire là je laisse le soin aux spécialistes
d'en juger qu'on fasse en fait trois divisions, une division d'usines
existantes, une division d'usine modifiées et une division d'usines
nouvelles; ou qu'on assimile purement et simplement l'usine modifiée
à l'usine existante, de manière à encou-
rager l'industrie à moderniser ses équipements et à
les maintenir en bon état.
Nous avons également constaté avec un certain
étonnement que tout en établissant une distinction entre usine
nouvelle et usine existante, l'article 28 cesse de poursuivre dans sa ligne de
pensée au chapitre du reste de l'usine et au chapitre des usines de
broyage de clinker où on n'établit qu'une seule norme sans
distinction entre l'usine existante et l'usine nouvelle. Je crois que les
justificatifs qui ont amené le ministère à proposer cette
distinction prévalent également dans le cas des refroidisseurs
à clinker et du reste de l'usine, de sorte que nous suggérons que
là, également, on ait deux modèles de normes
s'ap-pliquant, d'une part, au reste des usines existantes et nouvelles, et
ainsi en est-il pour les broyeurs à clinker.
C'étaient les quelques points sur lesquels je désirais
insister plus particulièrement.
J'aurais voulu m'adresser à cette honorable commission de
façon peut-être un peu plus prolongée, mais, étant
donné l'heure tardive et le privilège que vous nous faites de
bien vouloir nous entendre, je m'arrêterai là, mais mon
collègue et moi sommes tout à fait disposés à
répondre aux questions des membres de la commission.
Le Président (M. Séguin): Merci. M. le
ministre.
M. Goldbloom: M. le Président, très
brièvement, l'article 28 et les chiffres qu'il contient ont
été préparés dans un but qui est le même que
dans tous les autres cas et en vertu des connaissances que nous avions et des
renseignements que nous avions pu obtenir au préalable.
Vous faites deux commentaires au sujet des chiffres. Vous indiquez que
celui de 500 est passablement élevé, généreux et
que l'industrie pourrait vivre avec 300...
M. Landry: Je parle de 300, mais elle peut vivre avec 175.
M. Goldbloom: Oui.
M. Landry: Au chapitre de 80 grammes/tonne, dans notre
mémoire, nous avions suggéré comme alternative, au lieu de
80 grammes/tonne, 300 grammes/tonne, ce qui est suggéré par
Environnement Canada. Mais par la suite, depuis la présentation de notre
mémoire, nous nous sommes rendus compte que nous pouvions parfaitement
vivre avec 175 grammes/tonne, pour les usines nouvelles.
M. Goldbloom: Oui.
M. Landry: Sous le chapitre des usines nouvelles.
M. Goldbloom: Et en ce qui concerne les usines existantes?
M. Landry: En ce qui concerne les usines existantes, il est
évident que nous ne nous trou- vons pas dans la même situation,
chaque usine par rapport à l'autre. L'évolution de l'industrie se
fait de façon inégale, de sorte que, pour certaines usines,
l'évaluation de 500 grammes/tonne requiert moins d'investissements que
pour d'autres. Cela s'échelonne environ de $400 000 d'investissements
pour certaines usines, afin d'en arriver à respecter la norme des usines
existantes, jusqu'à $3 millions, $3,5 millions, pour d'autres.
C'est la marge. Nous considérons être en mesure, dans un
avenir plus ou moins prochain, de respecter la norme de 500 grammes/tonne
édictée pour les usines existantes.
M. Goldbloom: Oui.
M. Landry: En ce qui concerne les usines nouvelles, la
technologie ne nous permet pas ai on construit une usine actuellement,
d'atteindre les 80 grammes/tonne au chapitre des refroidisseurs de clinker.
Par contre, nous suggérons qu'elle soit établie à
176 grammes-tonne contrairement à ce que nous disons dans notre
mémoire, alors que nous pensions qu'il faudrait 300 grammes-tonne.
M. Goldbloom: J'avais mal compris un peu vos chiffres tout
à l'heure. Vous admettrez avec moi qu'il y a certaines cimenteries au
moins, sinon la majorité, qui provoquent des plaintes
considérables de la part de la population. Vous invoquez le coût
des transformations nécessaires. Je suis certain qu'il y a des gens qui
diraient que les inconvénients et les pertes pécuniaires subies
par les gens qui sont exposés à des retombées des
cimenteries feraient, au cours d'une période X de temps, une somme
comparable d'argent, mais répartie parmi beaucoup de gens.
Je pense que, tout en reconnaissant que vous mettez le doigt sur un
chiffre qui est peut-être trop sévère, les 80 que nous
indiquons pour une nouvelle usine, nous sommes disposés à revoir
ce chiffre à la lumière de ce que nous avons appris entre-temps,
même avant d'avoir entendu votre présentation.
Nous avons des données qui proviennent d'analyses faites dans des
usines où l'équipement convenable existe et nous constatons que,
dans une série au moins d'échantillonnages, il y a six
résultats et tous sont en bas de 150.
Nous allons regarder ces éléments. Nous avons l'impression
que le chiffre de 500 pour les usines existantes peut être un peu
élevé. Nous allons peut-être voir ce côté
aussi. Je suis heureux que nous ayons pu vous entendre. Cela ne semblait pas
devoir être possible. Puisqu'il y a eu une entente entre les membres de
la commission, nous avons accepté de rester un peu plus tard et de vous
entendre.
Je vous remercie de votre patience. Nous accorderons une attention
sérieuse à vos représentations.
M. Landry: Nous apprécions énormément le
fait que vous ayez été assez patients pour nous entendre.
M. Goldbloom: Si j'ai bien compris, vous voudrez quand même
nous envoyer un document additionnel par écrit; sentez-vous libres de le
faire.
M. Landry: Cela pourrait développer un peu davantage la
présentation qu'on aurait voulu faire, idéalement.
M. Goldbloom: Très bien.
Le Président (M. Séguin): Avant de vous remercier,
je voudrais encore faire un appel. Est-ce qu'il y a quelqu'un ici
présent de Wabush Mines? Je le regrette. Il est parti à la suite
des commentaires que j'ai faits, il y a quelques minutes, malheureusement. Il
s'agit d'ajourner, je pense.
M. Goldbloom: M. le Président, si vous me permettez de
prendre à peu près deux minutes pour proposer l'ajournement,
j'aimerais faire un petit commentaire en résumé de nos trois
journées de travail. Pour ma part, et je crois parler pour les membres
de la commission en ce disant, c'étaient trois journées de
très grande valeur. Nous avons, après un début où
la discussion était moins sérieuse, commencé à
examiner en détail, selon la compétence des membres de la
commission, des présentations constructives, des défenses d'un
point de vue, c'est normal. Je crois que nous avons démontré que
des impressions largement répandues dans certains milieux sont nettement
de fausses impressions. Par exemple, on a dit à plusieurs reprises: Le
gouvernement a cédé à un lobby des industries. On a
également dit: Les exigences du Québec sont moins
sévères que celles de l'Ontario, du gouvernement
fédéral, des Etats-Unis. Nous avons la preuve, on n'a qu'à
relire le journal des Débats de ces trois journées pour le
constater, que même si un chiffre, celui proposé par le
Québec, peut-être plus généreux que celui de
l'Ontario, nous avons eu compagnie après compagnie qui est venue nous
dire: Vous êtes plus sévères que le fédéral
et plus sévères que les autres provinces et que l'agencé
américaine de protection de l'environnement.
Je pense qu'il était salutaire que nous ayons cette occasion et
qu'il était salutaire que nous puissions regarder ensemble ce que j'ai
défini au tout début de nos travaux, le dilemne, non pas d'un
gouvernement, le dilemne de la société
québécoise.
Nous devons trouver la juste mesure qui protégera notre
environnement et qui permettra à notre économie de fonctionner.
Dans tout cela, de la part de qui que ce soit, si je parle pour ceux qui sont
venus s'exprimer et pour les membres de la commission, au moins dans la mesure
que je connais les membres de la commission, je crois pouvoir dire qu'il n'y a
pas de manque de sincérité et d'objectivité dans ce que
nous faisons. Il ne s'agit pas de faire des compromissions. Il s'agit
d'établir, sur une base scientifique, ce qui est possible et sur une
base économique, ce qui est raisonnable, et, en tout cela,
protéger convenablement la santé des Québécois et
l'environnement naturel qui est indispensable pour notre survivance.
Or, M. le Président, c'est tout simplement dans ce but que nous
avons publié un projet de règlement, que nous avons voulu
l'exposer aux commentaires de tous les intéressés. C'est dans ce
but que nous avons voulu tenir ces séances, et pas pour la
dernière fois, je crois. L'expérience a été
tellement encourageante, tellement valable que, pour moi, ça vaudra la
peine de faire la même chose, même pour des projets de
règlement qui n'ont pas l'envergure et l'impact de celui-ci, qui est
nettement le plus important que nous avons publié jusqu'à
maintenant en vertu de la Loi de la qualité de l'environnement.
M. le Président, j'aimerais remercier tous ceux qui sont venus
s'exprimer devant la commission parlementaire. Je voudrais remercier
nous ne le faisons pas assez souvent les fonctionnaires qui ont
été un appui particulièrement utile et je dirais
raffiné, parce qu'il y a beaucoup de détails qui échappent
à n'importe quel individu, même s'il a une certaine formation
scientifique, parce qu'il a été et est encore médecin. M.
le Président, je voudrais remercier très sincèrement mes
collègues de la commission parlementaire pour leur patience et leur
intérêt. Je crois que leur intérêt a trouvé sa
récompense dans la qualité des discussions que nous avons eues au
cours de ces trois journées.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Séguin): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 34)