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Etude de la télédiffusion et de la
radiodiffusion des débats ainsi que
de certains amendements au règlement de
l'Assemblée nationale
(Onze heures dix minutes)
Le Président (M. Richard): A l'ordre, messieurs!
Je déclare ouverte cette séance de la commission de
l'Assemblée nationale réunie suivant l'avis qui a
été donné pour étudier la
télédiffusion des débats et le règlement de
l'Assemblée nationale.
Sont présents ou absents, suivant le cas, M. Bellemare (Johnson),
absent; M. Bertrand (Vanier), absent; M. Bisaillon (Sainte-Marie), absent
vous m'indiquerez les remplacements s'il y a lieu M. Blank
(Saint-Louis), présent; M. Burns (Maisonneuve), présent; M.
Cardinal (Prévost), présent; Mme Cuerrier (Vaudreuil-Soulanges),
absente; M. Fallu (Terrebonne), présent; M. Gendron (Abitibi-Ouest),
présent M. Godin avait déjà été
remplacé, je pense, par M. Richard Guay, n'est-ce pas? M. Richard
Guay (Taschereau), absent; M. Grenier (Mégantic-Compton), absent; M.
Lamontagne (Roberval), absent.
M. Lavoie: Remplacé par M. Fernand Lalonde.
Le Président (M. Richard): M. Lalonde, Fernand
(Marguerite-Bourgeoys) remplace M. Lamontagne (Roberval); M. Laplante
(Bourassa), absent; M. Lavoie (Laval), présent; M. Proulx (Saint-Jean),
présent; M. Richard (Montmorency), présent; M. Vaillancourt
(Jonquière), présent.
M. Gendron: II serait peut-être bon de mentionner qu'au
moment de l'appel le député de Vanier, M. Jean-François
Bertrand, de même que le député de Taschereau, M. Guay, ne
sont pas là, mais ils sont censés être membres de la
commission aujourd'hui et être présents.
M. Burns: Ils vont être là dans quelques secondes,
m'a-t-on dit.
M. Gendron: C'est plus un retard qu'une absence.
M. Brochu: M. le Président, voulez-vous prendre note que
je remplace le député de Johnson?
Le Président (M. Richard): M. Brochu (Richmond) remplace
M. Bellemare (Johnson).
Je vous inviterais à désigner un rapporteur de cette
commission. Etant donné que c'est hors session, cela m'apparaît
assez important.
M. Burns: M. le Président, je propose que le
député d'Abitibi-Est...
M. Gendron: Ouest.
M. Burns: ... Ouest, pardon, soit désigné
rapporteur. M. François Gendron, pour être bien sûr.
Le Président (M. Richard): Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. Brochu: Adopté.
Le Président (M. Richard): Adopté. M. Gendron, vous
êtes désigné rapporteur. M. le leader parlementaire du
gouvernement.
Exposé préliminaire, M. Robert
Burns
M. Burns: M. le Président, je pense bien que je n'ai pas
à insister. Vous avez expliqué l'ordre du jour. Après
consultations avec les représentants de l'Opposition, il
m'apparaît que les deux sujets qui vont être discutés
à la commission parlementaire pourraient être pris dans l'ordre
suivant: télédiffusion des débats et, par la suite, les
modifications possibles à notre règlement, soit sous forme
sessionnelle ou encore sous forme permanente. J'aurai des propositions à
vous faire à ce sujet. Je vais vous suggérer
éventuellement des modifications à caractère
sessionnel.
J'avais espéré, M. le Président, que nous pourrions
entreprendre nos travaux parlementaires de 1978 sous les feux de la rampe.
Malheureusement, des difficultés temporaires nous ont obligés
à ajuster notre appareil, mais j'espère qu'après les
explications et les informations qui seront données à cette
commission, l'image de la télévision des travaux à
l'Assemblée nationale sera tout aussi précise que celle qui sera
produite par les caméras professionnelles que nous souhaitons installer
prochainement à l'intérieur de l'Assemblée nationale.
Même si le tableau a déjà été assez
bien brossé lors de la présentation du projet de loi no 78, au
cours de la session précédente, il reste que certaines
données techniques n'ont pu être suffisamment expliquées
aux parlementaires; nous sommes réunis justement dans ce but de fournir
tous les renseignements que les membres de la commission pourraient vouloir
obtenir. En ce qui a trait à la réforme parlementaire et
la diffusion des travaux par les media électroniques en étant un
des éléments importants je n'ai jamais
ménagé mes efforts ni ma volonté constante d'y
procéder avec l'accord de tous les membres du Parlement. C'est toujours
cette même attitude qui m'anime, en tant que ministre d'Etat à la
réforme électorale et parlementaire, et je suis certain que nous
en viendrons à un consensus comme cela s'est produit à d'autres
occasions concernant des modifications importantes de notre façon de
fonctionner, soit à l'intérieur du Parlement, soit à
l'extérieur du Parlement, mais dans le but de faire cette espèce
de réforme à plus ou moins long terme et, dans certains cas,
à court terme.
La même chose, M. le Président, en ce qui a trait aux
modifications qu'il faut apporter à notre règlement. On se
rappellera qu'avant la prorogation de la session, j'ai tout simplement
retiré toute une série d'amendements parce que, sur un seul
point, on n'avait pas su rallier tous les parlementaires. Si le temps nous le
permet, j'aimerais bien qu'on reprenne ce sujet au point où nous nous
sommes laissés à ce moment-là, en décembre, afin de
nous entendre sur un calendrier sessionnel fixe. Ce que nous avons vécu
au cours de la dernière session m'indique que ce qui concerne la
réforme ne doit se faire qu'avec mûrissement, prudence et calme.
Peut-être avons-nous voulu faire un peu trop vite là-dessus
je suis prêt à battre ma coulpe, à l'admettre et à
dire que, possiblement, il faut laisser mûrir les choses avant d'arriver
à quelque chose de très concret.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai demandé la
convocation de cette commission en dehors de la période sessionnelle,
période où nous avons trop de pain sur la planche pour vraiment
accorder toute l'attention que méritent les réformes que nous
mettons de l'avant.
Nous avons tous pris un peu de repos, l'atmosphère est sans doute
plus favorable à un échange serein et j'espère qu'au
sortir de cette séance, nous aurons fait des progrès ou tout au
moins fait avancer ce projet de la télédiffusion de nos travaux
qui me tient particulièrement à coeur, de même que les
amendements au règlement qui visent à améliorer le
fonctionnement de notre travail parlementaire.
Au risque de répéter ce que j'ai déjà dit au
sujet de la télédiffusion des travaux de l'Assemblée
nationale, permettez-moi, M. le Président, de faire ressortir les grands
objectifs qui sous-tendent notre détermination à l'égard
de cet aspect nouveau de l'accès des média électroniques
à l'Assemblée nationale. Personne d'entre nous, j'en suis
sûr, ne s'oppose aux droits qu'a la population de recevoir l'information
la plus précise, la plus exhaustive et la plus objective possible,
suivant les moyens techniques les plus modernes et les plus efficaces. Dans
cette perspective, quoi de plus significatif que l'information
instantanée et authentique produite par l'oeil de la caméra?
Songeons que 98% des foyers du Québec ont accès à la
télévision et que c'est principalement par ce moyen que
l'ensemble de la population est renseigné.
Je ne crois pas cependant nécessaire d'élaborer plus
longuement ce point du droit du public à l'information et, qui plus est,
à l'information sur ce qui se passe à l'Assemblée
nationale. Je reprends ici les paroles mêmes du leader parlementaire de
l'Opposition officielle qui disait le 8 décembre dernier: "Si un endroit
doit être le lieu privilégié d'information, c'est bien une
Assemblée nationale où toutes les grandes décisions d'un
peuple se prennent."
C'est justement cette idée d'une plus grande accessibilité
de nos institutions politiques à l'ensemble de la population qui guide
et motive notre détermination face à ce projet qui deviendra
bientôt, je l'espère, une certaine réalité. Certains
se sont posé des questions sur l'intérêt de la population
pour ce type d'émission. D'abord, je voudrais souligner que voilà
justement un instrument propre à susciter l'éveil des citoyens
à l'activité parlementaire, à une meilleure connaissance
du fonctionnement de leurs institutions, à un meilleur contrôle de
leurs représentants.
J'expliquerai d'ailleurs plus spécifiquement comment nous
entrevoyons diffuser nos travaux et comment déjà certains
diffuseurs entendent utiliser les images et le son produits à
l'Assemblée nationale, mais je peux déjà assurer la
commission que les contacts que nous avons eus avec les diffuseurs nous ont
démontré que l'intérêt est loin d'être faible.
D'ailleurs, on peut en tirer une confirmation de l'expérience actuelle
de la télédiffusion des travaux à la Chambre des communes
à Ottawa. Déjà, nous avons reçu de
Radio-Québec, de Radio-Canada, de l'Association des
câblodis-tributeurs, de Télécâble-Vidéotron
des lettres très significatives quant à leurs intentions
d'utilisation. Je pourrai, éventuellement, en transmettre copies aux
membres de la commission.
Je crois que nous pouvons également trouver une certaine
assurance dans l'expérience d'Ottawa. A l'heure actuelle, en plus des
grands réseaux qui s'alimentent directement sur le signal transmis par
Bell Canada, il y a 44 câblodistribu-teurs qui diffusent les travaux de
la Chambre des communes à partir de cassettes vidéo; il faut
souligner que 39 de ces 44 câblodistributeurs diffusent tous les
débats d'une façon intégrale et ce nombre s'accroît
rapidement. Par exemple, il a déjà été
annoncé que, dans la région de Québec,
Télécâble de Québec diffusera intégralement
les débats des Communes, avec une journée de décalage et
cela, dès le mois prochain. Les renseignements qui nous viennent
d'Ottawa nous indiquent également que la demande des diffuseurs va
toujours s'accentuant à un point tel qu'on a dû ajouter plusieurs
appareils de duplication pour la transmission en différé,
c'est-à-dire au moyen de cassettes. Donc, je crois qu'il est manifeste
que l'intérêt ne manquera pas pour les travaux de
l'Assemblée nationale. C'est d'ailleurs ce que nous indiquait le sondage
fait par Communication-Québec, que l'on retrouve dans la première
tranche du rapport Godin où 89% des répondants se disaient
intéressés à suivre la télédiffusion des
travaux de l'Assemblée nationale.
J'en viens maintenant à la question suivante: Quels sont les
travaux qui doivent être diffusés? Le rapport Godin a
recommandé la mise sur pied d'un "hansard" électronique pour
l'enregistrement des travaux de l'Assemblée nationale et de ses
commissions. C'est le système qui est en vigueur à Ottawa sauf
qu'il ne s'applique pas aux commissions à Ottawa. Après
réflexion, le gouvernement propose que tous les travaux de
l'Assemblée nationale soient enregistrés pour diffusion et que
l'enregistrement des travaux d'une commission puisse se faire, mais uniquement
sur autorisation spécifique de l'Assemblée nationale. Le
gouvernement est fermement convaincu que le rôle de l'Assemblée
nationale doit être limité à l'enregis-
trement même des débats et que la diffusion de ces
débats doit être laissée entièrement à la
responsabilité des diffuseurs.
Il serait malsain, à notre avis, que l'Assemblée tente de
déterminer elle-même quelle partie de ses travaux pourra
être diffusée et quelle partie ne le serait pas.
Il ne viendrait à l'idée de personne, d'ailleurs,
d'imposer de telles limitations aux journaux ou aux autres media écrits
quant à la partie qui doit être diffusée ou la partie qui
ne devrait pas l'être. Il est aussi impensable de vouloir imposer de
telles limites aux media électroniques. Il vaut beaucoup mieux suivre
les recommandations du comité Go-din et l'exemple d'Ottawa et rendre
disponibles aux diffuseurs tous les travaux de l'Assemblée dans leur
intégralité. C'est d'ailleurs ce que nous demandent les
diffuseurs eux-mêmes.
Le gouvernement est prêt à faire confiance aux diffuseurs
qui utilisent les enregistrements électroniques des débats pour
remplir leurs obligations d'information publique. Le gouvernement espère
que tous les partis et tous les parlementaires adopteront la même
attitude. Je suis persuadé qu'aucun d'entre nous ne veut remettre en
question le principe de la liberté de presse et la confiance naturelle
envers les media qui découle de ce principe. Nous avons tous eu,
jusqu'à un certain point, l'expérience des media
électroniques, et, à ma connaissance, très peu de
questions de privilège ont été soulevées quant
à un mauvais traitement que nous aurions pu y recevoir.
Quand, par exemple, nous acceptons de participer à une
émission de radio ou de télévision, à moins qu'on
ne transmette cette émission en direct, des montages sont susceptibles
d'être faits. Nous faisons alors confiance au sens d'éthique
professionnelle des diffuseurs, et nous nous sommes habitués à ce
nouveau type d'information sans trop de heurts dans les faits.
A cela s'ajoute, M. le Président, que si la diffusion
intégrale est faite par les câblodistributeurs, comme ils nous
l'ont indiqué assez clairement, il y a de plus cette garantie de
replacer, quoi qu'il advienne, un extrait dans son contexte global. Je termine
donc ce point en disant que nous sommes des acteurs sans scénario
préconçu et qu'il n'en revient qu'à nous, finalement,
d'être les maîtres d'oeuvre de l'image que nous voulons produire
à l'Assemblée nationale.
Enfin, il y a un dernier point sur lequel je voudrais dire quelques
mots. Cela concerne les règles qui doivent régir la façon
dont se fera l'enregistrement des travaux. Le gouvernement croit que
conformément à notre tradition parlementaire, et comme cela se
fait pour le journal des Débats, c'est le président de
l'Assemblée nationale qui devrait avoir la pleine autorité sur ce
qu'on pourrait appeler la production des émissions.
C'est du président que doivent dépendre le
réalisateur et l'équipe de production. M serait bon cependant
que, pour aider le président dans cette tâche qui, soit dit en
passant, sera assez lourde, je le pense, tout le monde va l'admettre, la
commis- sion de l'Assemblée nationale puisse être habilitée
à discuter de la télédiffusion des débats et, au
besoin, à adopter les règles de fonctionnement susceptibles de
garantir la qualité et l'impartialité des émissions
produites à l'Assemblée nationale.
Je suis conscient de n'avoir peut-être pas, M. le
Président, couvert in extenso tout le dossier de la diffusion de nos
délibérations parlementaires. Comme je l'ai indiqué au
début, je suis disposé cependant, de même que les experts
qui m'accompagnent, à répondre à vos questions ou à
faire les recherches nécessaires, si nous n'avons pas les renseignements
présentement disponibles.
Au moment où nous nous sommes quittés en décembre
dernier, j'avais tenu à assurer l'Assemblée nationale que toutes
les étapes qui, normalement, devraient précéder la
télédiffusion de nos débats, seraient franchies
après pleine et totale discussion avec les représentants, tant du
côté ministériel que du côté de l'Opposition,
qu'avec votre collaboration, d'ailleurs, M. le Président. J'ai tenu
parole, je pense, comme vous pouvez le constater, et ce sont toujours les
mêmes dispositions qui m'animent. Je souhaite seulement que nos
discussions ne retardent pas trop longtemps l'introduction de cet instrument
qui mettra l'Assemblée nationale à la portée de tous les
citoyens.
Le Président (M. Richard): M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle.
Remarques de l'Opposition M. Jean-Noël
Lavoie
M. Lavoie: M. le Président, je tiens à remercier le
leader parlementaire du gouvernement de son exposé. J'ai l'impression
qu'il a fait un tour d'horizon précis et objectif du déroulement
de cette discussion depuis l'élection du gouvernement actuel. Je sais
qu'il est animé la plupart du temps des meilleures intentions; par
contre, comme il l'a reconnu lui-même, je ne voudrais pas prendre des
mots qui susciteraient trop de débats et créeraient des
affrontements, il reconnaît que, malgré ses meilleures intentions,
il y a eu certaines bousculades à certains moments.
Je crois que c'est l'occasion, comme vous avez fait votre tour
d'horizon, de reconnaître qu'il est exact, vous vous le rappelez, que
dès l'élection du gouvernement actuel, après des
consultations rapides par téléphone, il y a eu, autant avec le
chef de l'Opposition officielle qu'avec les autres partis, qu'avec celui qui
vous parle, des intentions, à certains moments, de diffuser le discours
du premier ministre du Québec lors de l'ouverture de la première
session. On ne s'est pas entendus.
Après cela, il y a eu des projets encore assez rapides et
bousculants de diffuser le discours sur le budget du ministre des Finances.
Il y a eu un autre projet sur lequel nous avions certaines
réserves, auxquelles on a reconnu un certain fondement par la suite,
entre autres, l'immunité parlementaire qui existait. A la suite de nos
représentations, vous avez jugé à propos d'appor-
ter un amendement à la Loi de la législature qui couvrait
cette question d'immunité parlementaire.
A une autre occasion, vous avez proposé encore, d'une
manière assez rapide, un peu trop rapide à notre goût, la
diffusion de la présentation des mémoires sur la loi no 1. Vous
vous rappelez? C'est à la suite de cela que nous avons tenu une ou deux
séances de la commission élue de l'Assemblée nationale
pour aborder cette question et nous avons, à notre demande, fait venir
des experts, entre autres de Radio-Québec, et des représentants
des câblodistributeurs.
Dès l'ouverture de la session, en mars 1977, c'est à notre
demande que, dès la première réunion de la commission de
l'Assemblée nationale, il y a eu la formation d'une sous-commission pour
examiner les modalités d'implantation de la radiodiffusion et de la
télédiffusion des débats parlementaires.
Cette sous-commission a été créée à
notre demande. Une première séance s'est tenue le 13 mai, et nous
avons discuté, à ce moment-là, de la
télédiffusion possible des auditions sur le projet de loi no 1.
Mais cela n'a pas abouti, vous le savez comme moi, parce que les auditions
commençaient à quelques jours d'avis et, à cause des
travaux qui se faisaient ici, il était question de transporter la
commission dans d'autres...
M. Burns: Je suis d'accord avec le leader de l'Opposition,
c'était un peu précipité. D'ailleurs, je l'ai admis dans
mon texte de présentation.
M. Lavoie: Je veux faire l'historique pour arriver au
point...
M. Burns: Non, vous avez bien raison.
M. Lavoie: ... nous avons toujours offert notre collaboration.
Nous le voulons. D'ailleurs, quand j'occupais le poste de président de
l'Assemblée nationale, on avait commencé à faire des
études sur les expériences qui s'étaient faites dans
d'autres provinces canadiennes et je pense que je vous avais laissé des
dossiers assez complets, M. le Président, sur toute cette question de la
télédiffusion. (11 h 30)
Comme vous l'avez dit vous-même, il y a des institutions et
surtout on sait que, dans un Parlement, il y a des susceptibilités; ce
sont des partis qui se font face. A tort ou à raison, on
considère, autant dans l'Opposition qu'au pouvoir, qu'il y a des impacts
ou des gestes qui peuvent être posés qui ont des
conséquences énormes, peut-être à tort, pour
l'avenir strictement des partis politiques plus peut-être que pour le
bien-être de la population. Cela, on le reconnaît; où il y a
des hommes, on sait ce que c'est et surtout lorsqu'il y a des hommes
politiques.
Par la suite, vous avez établi, au sein de votre cabinet, une
équipe des plus valables, je crois, qui a travaillé d'une
manière tout à fait sérieuse, j'imagine, du moins. Il y a
eu le rapport Godin sur la radiotransmission ou, si vous voulez, sur ce qui
concerne la radio et un autre comité où M. Chan-telois a
travaillé, je crois, d'après les documents qu'on nous a remis
d'ailleurs vous allez le reconnaître aux tout derniers
jours de la dernière session. On a eu, en cours de route, certains
documents, mais je crois que ce rapport de M. Chan-telois nous a
été remis au mois de décembre, durant les travaux, la
fournée de fin de session.
On aurait souhaité c'est peut-être un reproche que
je vous fais qu'à la suite de la sous-commission qui avait
été créée au mois de mars 1977 la commission ou la
sous-commission ait pu siéger à plusieurs reprises pour faire
toute la cuisine ou le défrichement durant l'année 1977, ce qui
n'a pas été fait. Cela a été fait uniquement du
côté ministériel, au sein de votre cabinet. Je vous le dis
honnêtement: Je ne suis pas un expert en télédiffusion et
je ne m'y connais pas. Vous, par contre, vous aviez l'équipement humain
pour le faire; vous aviez tout le personnel voulu qui a fait un travail que
nous ne connaissons pas. Je suis ignorant, du début à la fin, de
tout le mécanisme de la mise en place d'une formule de
télédiffusion, soit en direct ou en différé, par
câble, à la disposition de tous les media.
Aux tout derniers jours, je crois que c'est à peine une semaine
ou dix jours avant la fin de la dernière session on sait quel
pain on avait sur la planche, 30 ou 35 projets de lois à adopter dans
une quinzaine de jours le président nous a convoqués pour
quelques instants, durant une séance de l'Assemblée, pour nous
dire que vous aviez demandé des soumissions à différentes
maisons pour le service, si je me rappelle bien, parce que je n'ai pas tous les
documents d'ailleurs, je pense qu'on n'a pas les documents pour
une expérimentation, avec un contrat de location-achat et de location de
personnel, de techniciens. Je ne me rappelle pas le montant; c'était
grosso modo $1 million ou $1,5 million, je ne le sais pas.
Vous nous avez mis quand même devant une situation. Vous nous avez
demandé d'accepter cela. Nous, on ne l'a pas accepté, parce qu'on
n'a pas participé à l'élaboration de cela. On a
demandé, à ce moment-là, que ce soit remis au
président, ce qui a été accepté. Le
président, je crois, n'a pas donné suite à ce contrat; il
n'a pas accepté la soumission.
Une journée ou deux jours après, toujours, vous savez,
dans l'intensité de la fin de session je crois que c'était
vers le 15 ou le 18 décembre réunion d'urgence chez le
président; M. Bellemare, M. Brochu et M. Samson étaient
là. En somme, ce que vous nous avez proposé alors, c'est pas mal
le texte qui est contenu dans ce document.
C'est la position du gouvernement que vous nous avez donnée,
votre intention d'avoir un "hansard " électronique, un "hansard" qui
filmerait en totalité tout ce qui se fait à l'Assemblée
nationale, un peu comme le journal des Débats. Si je me rappelle bien,
à ce moment-là il y avait des témoins, vous n'abordiez pas
et je crois que c'est une amélioration que vous avez dans votre
document la possibilité de télédiffuser les
commis-
sions parlementaires; c'est une amélioration que vous avez dans
votre texte actuel.
J'ai eu l'expérience d'être président, j'ai
étudié un peu la question avant et je connais le Parlement. Nous
allons arriver à la période des questions, parce que nous avons
des questions à vous poser, à vos techniciens, à votre
personnel, d'abord sur les coûts. Je me suis permisje vous dis cela
parce que je n'ai pas de texte préparé de me poser des
questions. Nous voulons que, dès l'ouverture de la session, on puisse
l'expérimenter; nous voulons cela. Par contre, si vous vous rappelez
bien, je vous avais fait des suggestions. Je me pose la question si on doit, au
départ, tout filmer de a à z ce qui se fait à
l'Assemblée nationale. Je vous transpose dans le milieu du Parlement,
entre autres dans les trois ou quatre dernières semaines d'une fin de
session comme nous l'avons vécue au mois de décembre. Je me
demande ce que la population va comprendre, soit sur câble ou n'importe
quoi. Dans la même journée nous abordons cinq ou six lois, nous
marchons par consentements. Il n'y a pas souvent de débats de fond
à l'Assemblée nationale parce qu'on n'a pas le temps. Il y avait
35 lois à adopter et tout ce qui était intéressant se
faisait à ce moment-là en commission parlementaire, soit la loi
45 et la loi 67. Tout ce qui était valable, tout ce qui était
consistant à l'Assemblée nationale se faisait en commission.
Votre projet était de ne pas filmer les commissions.
Encore là, vous voulez, au tout début d'une session, dire:
On fait un "hansard " électronique de ce qui se passe au Parlement alors
qu'au début d'une session, avec la tradition que nous avons, il ne se
passe rien à l'Assemblée nationale; l'Assemblée ajourne
dès après la période des questions pendant à peu
près deux mois pour se transformer en deux ou trois commissions
parlementaires qui vont étudier les crédits. J'aimerais avoir des
éclaircissements. Les travaux à l'Assemblée nationale,
c'est normal que cela se fasse il fallait que cela se fasse de toute
façon au point de vue technique: filerie, acoustique. On n'a rien
à dire sur cela; vous faites bien de procéder.
Le principe, d'accord. Les modalités, la mise en place annuelle
je ne sais pas c'est quelques millions de dollars. Je me pose la
question si, au départ, c'est valable et si c'est vraiment une image
fidèle, honnête, objective du Parlement qu'on va donner si on
diffuse toute l'Assemblée. Je me demande si l'autre formule ne serait
pas de vivre l'expérience pendant un an. Entre autres, la période
des questions, cela va; message inaugural au début, discours du premier
ministre, c'est tout le programme législatif du gouvernement pour la
session qui s'annonce; les interventions des différents chefs de parti,
les positions du Parti libéral, de l'Union Nationale, des
créditistes et autres; peut-être quelques autres interventions de
fond. Mais est-ce qu'il y a lieu de diffuser les 25 heures ou les 20 heures sur
le message inaugural? Là je me pose des questions.
Qu'il y ait des débats, des lois importantes comme...
Le Président (M. Richard): Discours sur le budget.
M. Lavoie: Le discours sur le budget, c'est sûr, c'est un
autre événement capital de la session. De même que les
discours du ministre des Finances et des représentants des autres
partis, l'étude il va y avoir des lois importantes des lois
de fond, soit sur les consultations populaires ou autres. Qu'il y ait les
discours de celui qui propose la loi et les principales interventions des
partis d'Opposition. Vous savez qu'au Parlement il arrive des lois je
vous donne un exemple où l'Opposition improvise une lutte qu'elle
n'avait pas prévue lorsque la loi a été
présentée. Je vous donne un exemple qui me vient à
l'esprit, la loi 31 sur les taxes, 30%, les plaques d'automobiles, que vous
donniez aux municipalités. Je vais vous le dire bien honnêtement,
au début on pensait que cela passerait comme une lettre à la
poste. Il est arrivé quelque chose un soir et on a dit: On ne leur donne
pas la deuxième lecture ce soir. On a réalisé, on a eu des
répercussions, que la loi n'était pas bonne pour la population,
qu'elle était mal reçue. On a décidé
d'enchaîner et on a fait 40 discours. Est-ce que cela sera valable de
diffuser vraiment ces 40 discours?
M. Burns: Je dois dire que c'est un des cas où
l'Opposition a très bien joué son rôle de convaincre le
gouvernement de retirer sa loi.
M. Lavoie: D'ailleurs, vous avez reculé.
M. Burns: C'est normal, c'est le rôle de l'Opposition, et
c'est le rôle d'un gouvernement qui accepte de recevoir ce genre de
représentation.
M. Lavoie: Voyez-vous, les questions que nous nous posons, c'est
sur les modalités, ce n'est pas sur le principe. C'est sur les
modalités, à cause des implications de dépenses, de
coûts que cela représente. En plus de cela, est-ce qu'en filmant
la totalité, cela rend service autant au Parlement qu'à la
population? Je me pose des questions. Laissez-moi... Je vais terminer ce ne
sera pas bien long. Pourquoi et c'est la suggestion que je vous faisais
cette commission ne siégerait-elle pas intensément? S'il
faut qu'on siège la semaine prochaine pendant deux ou trois jours, on
est d'accord, je pense qu'on aurait une multitude de questions à poser
aux experts que vous avez à côté de vous. Peut-être
pourrait-on faire venir à la barre même des journalistes de la
télédiffusion, qui ont de l'expérience, qui vont nous
donner leur point de vue. Ils font partie quand même un peu de la famille
parlementaire. Et qu'on invite d'autres représentants, par exemple de
l'Association des câblodistributeurs et d'autres aussi, si on veut
être renseignés. Je crois que ce serait nécessaire que nous
nous rendions une journée ou deux à Ottawa et dans d'autres
provinces canadiennes où on a fait certaines expériences. Je
pense que c'est normal.
Vous donnez comme base qu'à Ottawa on ne fait pas les
commissions. Mais vous réalisez
comme moi que les commissions n'ont pas à Ottawa l'importance
qu'on leur donne au Québec. Au Québec, il y a maintenant une
tradition suivant laquelle nous allons en commission dès après la
première lecture pour les projets de lois importants. A Ottawa, c'est
très rare qu'il y ait des commissions parlementaires sur des livres
blancs ou sur des livres verts, alors que c'est constant ici.
Je dis qu'au Parlement depuis quelques années il y a une
tradition qui est établie selon laquelle, à mon point de vue, le
travail en commission est plus important que ce qui se passe à
l'Assemblée nationale. L'Assemblée nationale est devenue
uniquement un endroit où on homologue, où on ratifie les
décisions qui, ici au gouvernement du Québec, sont surtout prises
en commission parlementaire. A Ottawa, les commissions n'ont pas cette
importance.
On n'a qu'à se rappeler les commissions parlementaires qui ont eu
lieu dans le passé, autant sur les Olympiques que sur l'énergie
ou sur l'Hydro-Québec, sur les pâtes et papiers que sur la baie
James. A Ottawa, on n'a pas cette tradition des commissions parlementaires
autant que nous l'avons ici.
Je vous donne cela un peu à bâtons rompus. La
télédiffusion, oui, le principe, oui. Mais comment l'appliquer
dans le meilleur intérêt de la dépense des fonds publics,
dans le meilleur intérêt de l'information? Et, je le
répète, s'il y a un endroit où tout doit vraiment
être ventilé, aéré, c'est bien le Parlement, parce
que c'est ici que toutes les grandes décisions se prennent. Mais qu'on
le fasse de la manière la plus rentable possible. Je reviendrai
peut-être par la suite en vous posant des questions. C'est notre
position.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Richmond.
M. Yvon Brochu
M. Brochu: M. le Président, j'aimerais émettre
quelques commentaires avant qu'on entre dans le vif du sujet, en posant
certaines questions plus précises. En ce qui concerne la position de
l'Union Nationale par rapport à la diffusion des débats, nous
avons déjà souligné notre accord de principe avec cet
élément nouveau introduit au niveau du parlementarisme du
Québec. Nous pensons d'ailleurs qu'à ce sujet le mouvement est
aussi irréversible. Il s'agit de constater simplement ce qui se fait
ailleurs. Je pense qu'une société moderne comme celle dans
laquelle nous vivons doit se doter des outils d'information nécessaires.
Le ministre a souligné tout à l'heure, dans son introduction,
l'importance du droit à l'information et, automatiquement aussi,
l'accessibilité qui s'ensuit. A ce sujet, nous sommes d'accord et nous
considérons que le fait d'introduire dans nos travaux parlementaires
cette diffusion des débats pourra justement permettre d'atteindre ces
objectifs qui font l'unanimité.
Les questions qui restent en suspens sont de savoir quand on pourra
introduire ce mécanisme et comment on va arriver à
l'établir. Je pense que l'Opposition officielle a souhaité
également qu'on puisse y arriver le plus tôt possible. C'est
également notre désir. J'espère que les travaux de cette
commission parlementaire qui siège aujourd'hui ou ceux des autres
journées de session qui pourront être entrepris à ce sujet
pourront nous donner des éclaircissements qui doivent être
apportés à différents niveaux. Je pense que les questions
sont nombreuses également.
En ce qui concerne le problème de l'immunité, il a
évidemment été réglé avec le projet de loi
no 78, tant au niveau des membres du Parlement que des diffuseurs
eux-mêmes. Les problèmes qui restent, à mon sens, sont
d'abord techniques.
Les grandes questions que l'on se posait, en ce qui nous concerne, c'est
d'abord de savoir quel genre de structure on va mettre en place pour faire
fonctionner tout ce système. Est-ce que ce sera une structure d'ordre
interne ou est-ce que ce sera une structure d'ordre externe à
l'Assemblée nationale? Est-ce que ce sera sous la juridiction des
câblodiffuseurs ou de Radio-Canada ou de Radio-Québec? Le ministre
nous a donné certains éléments de réponse dans
l'exposé qu'il a fait tout à l'heure, en mentionnant qu'il
reviendrait donc à la présidence d'en assumer la
responsabilité, avec la commission de l'Assemblée nationale. Je
pense qu'il va être très important, à ce niveau, de bien
définir quel rôle et quelle responsabilité jouera la
commission de l'Assemblée nationale, par rapport à la diffusion
de nos travaux et quelle forme cela prendra. Est-ce que ce sera le
comité d'accueil qui sera agrandi, d'une certaine façon, pour
assumer cette juridiction ou est-ce que ce sera sous forme d'une nouvelle
régie qui devra assumer cette responsabilité?
Il faudrait également, au cours de nos discussions, à
notre sens, que le ministre dépose les tableaux comparatifs en ce qui
concerne les coûts par rapport à ces différentes
façons d'agir.
En ce qui concerne la diffusion comme telle, est-ce que ce sera
uniquement aux diffuseurs à choisir les extraits? Si on se place dans
l'optique que l'on fait l'enregistrement de tout ce qui se passe à
l'Assemblée nationale, je pense que cette question est aussi assez
importante et le ministre devrait peut-être nous apporter certaines
indications.
Si on se place du côté de la presse écrite,
évidemment, le principe qui prévaut actuellement, c'est que le
journal prend également ce qu'il veut, la partie qu'il veut
présenter à la population, selon les journalistes, selon les
journaux, selon les centres d'intérêt qu'il découvre dans
les discussions, au fur et à mesure qu'elles se produisent à
l'Assemblée nationale. Peut-être, au cours de la discussion,
pourrait-on avoir plus d'information à ce sujet.
Une autre question au sujet de laquelle il nous apparaît important
d'avoir plus d'information... Il s'agit de la qualité technique des
appareils qu'on va mettre en place pour faire cette diffusion parce qu'il nous
apparaît primordial que l'image qui sera transmise de l'Assemblée
nationale et aussi de ses
travaux parlementaires soit une image de la plus haute qualité
possible parce qu'il y va quand même de la perception de
l'Assemblée nationale par les citoyens du Québec; je pense que ce
sera la première fois que les portes seront ouvertes toutes grandes sur
les travaux parlementaires, sur la plus haute institution des
Québécois et je pense que l'image qui doit en ressortir, sur le
plan technique, devra être, à notre sens, de la plus haute
qualité possible. Il m'apparaît, à ce stade-ci on
pourra évidemment en discuter plus en profondeur au cours de nos
sessions futures qu'on doive, s'il le faut, peut-être investir un
peu plus du côté de la qualité technique de nos appareils,
pour être capables d'arriver à un résultat qui soit
vraiment de qualité.
En ce qui concerne le problème qui a été
soulevé, celui d'enregistrer, de façon intégrale, oui ou
non, nos travaux, à ce stade-ci, je serais porté à
souligner qu'on devrait peut-être commencer à faire certaines
expériences dans des domaines précis comme la période de
questions, le discours sur le budget, le discours inaugural, certains
débats qui prennent une ampleur nationale et où les
Québécois peuvent avoir un intérêt particulier. Il
m'apparaît, du moins au point de départ on pourra en
discuter plus à fond que ce serait peut-être une formule
souhaitable, mais je pense quand même qu'on ne doit pas perdre de vue que
nous devrions reconnaître le principe que l'on doive faire
l'enregistrement intégral de tous les travaux de l'Assemblée
nationale.
Je sais qu'il y a certaines réserves qui peuvent être
discutées; cependant, l'Assemblée nationale est ce qu'elle est et
je pense que, au nom du même droit à l'information qui s'applique
dans les autres media...
Je pense que, lorsque les caméras ouvriront les portes de
l'Assemblée nationale aux citoyens du Québec, les citoyens du
Québec devront aussi avoir accès à la
réalité de ce qu'est le Parlement, avec ses bons
côtés comme avec ses mauvais côtés. A l'occasion, un
député ou l'autre peut peut-être avoir certains
écarts non souhaitables, mais il reste un fait, c'est que c'est la
réalité et je pense que, à ce moment-là, ce sera
aux citoyens à juger tout simplement leurs représentants. Il
m'apparaîtrait même, à ce stade-ci, que ce serait
peut-être vouloir farder encore l'institution parlementaire que de dire:
On va mettre une censure à l'extrême de ce côté. (11
h 50)
II m'apparaît qu'on devrait envisager de reconnaître ce
principe que l'on doive enregistrer de façon complète ce qui se
passe à l'Assemblée nationale. C'est l'institution, c'est au
fait, c'est la réalité, et on doit fournir l'accès
à ce qui s'y passe aux citoyens du Québec.
C'est dans ce sens... J'aimerais aussi, M. le Président, en
terminant, émettre le voeu que cette commission, soit aujourd'hui ou
lorsqu'elle siégera à nouveau, puisse recevoir certains experts.
Nous ne sommes pas des experts en diffusion. Il y a plusieurs données
techniques qui nous échappent. Certaines nous sont accessibles.
Plusieurs questions se posent actuellement. Je pense que si nous avions
l'avantage, d'avoir accès à des experts en la matière, on
pourrait avoir les réponses exactes aux questions posées
actuellement. L'expérience est trop importante pour que l'on parte trop
hâtivement et sans des éléments qui nous manqueraient.
M. le Président, en terminant, en soulignant le fait que l'Union
Nationale est tout à fait d'accord sur le principe de la diffusion de
nos débats, j'espère que cette commission parlementaire portera
vraiment fruit. J'espère aussi qu'on pourra avoir accès aux
informations via des experts, soit de Radio-Canada ou de d'autres
sociétés qui pourraient venir ici répondre à nos
questions. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Richard): Merci, M. le
député de Richmond. M. le leader parlementaire du
gouvernement.
Réponse de M. le ministre
M. Burns: M. le Président, je ne tiens pas pour acquis que
d'autres députés ne voudront pas intervenir, mais à la
suite des remarques du député de Laval et du député
de Richmond qui, je pense, présentent le point de vue de leur parti, au
départ je suis très heureux de constater qu'au moins le principe
de la télédiffusion de nos débats n'est pas mis en
doute.
Je n'ai que quelques brèves remarques à faire en
réponse à un certain nombre de questions que se posent les deux
députés que je viens de mentionner. La première, c'est que
je pense que dans ma présentation j'ai donné la réponse
à la question que se posait le leader de l'Opposition lorsqu'il nous
suggère, à toutes fins pratiques, de prendre seulement un certain
nombre de choses. Peut-être n'ai-je pas été assez clair
dans ma présentation. Cela est possible. Si je dois préciser
davantage je vais le faire à ce moment-ci.
Ce que le gouvernement suggère n'est pas de dire aux diffuseurs
ce qu'ils vont diffuser, mais de dire aux diffuseurs: Vous avez tout ce
matériel à votre disposition, diffusez ce que vous pensez devoir
diffuser. Là-dessus je rejoins un peu la remarque qui a
été faite par le député de Richmond. Ce n'est pas
à nous, pas plus que c'est à nous de le faire au niveau du
journalisme écrit, de la presse écrite, ce n'est pas à
nous de dire: Tel extrait de tel discours que vous publiez est bien moins bon
qu'une autre partie de mon discours. Ce n'est pas à moi de choisir cela,
sauf que la presse écrite a justement cette latitude de dire: C'est la
partie qui nous intéresse. On se fie justement à ce sens
d'éthique professionnelle des journalistes et de la presse en
général, qu'elle soit électronique ou qu'elle soit
écrite.
Ce que nous proposons, dans le fond, c'est de dire: Le document on le
met à la disposition de qui veut l'utiliser. Ce document, cependant, on
n'a pas le droit nous, comme Assemblée nationale, de le tronquer au
départ. Cela veut dire, un peu comme le disait le député
de Richmond, une espèce d'en-
registrement, ou, si vous voulez, une production globale de nos travaux
à l'Assemblée nationale qui elle, par la suite, devient un
document qui peut être utilisé par Radio-Canada, par TVA, par les
câ-blodistributeurs, par Vidéotron, dans certains cas de
façon intégrale, dans certains cas de façon partielle.
C'est ce que nous proposons dans le fond. La production elle-même, et
c'est cela qui est essentiel dans l'approche que nous amenons, sera totale et
sera sous le contrôle de la présidence de l'Assemblée
nationale. Elle va être faite par des gens qui sont carrément
à l'emploi de la présidence de l'Assemblée nationale. Si
jamais c'est mal fait le patron est là. Le patron va dire: On va
réorganiser cette façon de produire ce document.
Par exemple, si jamais le président de l'Assemblée
nationale n'est pas satisfait, soit à la suite de suggestions de
l'Opposition ou du côté ministériel, de la retransmission
des débats par l'entremise du journal des Débats, il va y avoir
des corrections qui vont être apportées. Le journal des
Débats, c'est l'exemple typique de ce qu'on peut avoir comme
réaction, soit du côté de l'Opposition ou du
côté ministériel, en disant: Ecoutez, c'est mal foutu,
cette affaire-là, ou vraiment il y a des corrections qui sont faites de
façon inacceptable.
A ce moment-là, une plainte va être formulée
directement au président et la plainte va suivre son cours si elle est
justifiée, parce que le président de l'Assemblée nationale
a autorisé sur ça. C'est un peu ce qu'on propose en disant: II
n'y a pas 62 000 façons de le faire. Il faut que le document soit exact
et il faut, d'autre part, être le point d'alimentation des réseaux
diffuseurs ou des diffuseurs en général. C'est, à toutes
fins pratiques, ce que nous suggérons.
Discussion générale sur la
télédiffusion et la radiodiffusion des débats
M. Blank: Je voudrais poser une question sur ce que vous avez
dit. Il est question que, pour la transmission préparée par
l'Assemblée nationale, on ait un appel au président, comme cela a
été fait ici. Vous avez donné l'exemple le
député de Richmond en a parlé et le député
de Laval a parlé aussi d'un autre cas de la presse écrite.
Cela veut dire que le journaliste peut choisir ce qu'il veut et il imprime
ça. Si on a des plaintes c'est la différence que je
trouve, pas toutes les fois, mais un peu sur l'objectivité des
journaux ou même des nouvelles à la télévision, on
peut toujours faire une plainte au Conseil de presse, mais, quand on arrive aux
câblodiffuseurs, ce ne sont pas des nouvelles, à qui va-t-on se
plaindre, si ces gens tronquent l'affaire un peu? A qui est-ce qu'on va se
plaindre? Ce n'est pas le Conseil de presse qui a juridiction sur ces gens, ni
le président de la Chambre.
M. Burns: M. le Président, ça va faire avancer le
débat. Je vous avais dit dans ma présentation originale qu'il y
avait un certain nombre de groupements, de diffuseurs qui manifestaient un
intérêt certain quant à ça. Alors, je demanderais
à la commission d'accepter le dépôt d'une lettre nous
venant de l'Association des câblodistributeurs du Québec.
Certaines de ces lettres me sont adressées; d'autres sont
adressées au président. On en a fait la somme. Celle-ci, qui date
du 4 novembre, vient de l'Association des câblodistributeurs et m'est
adressée.
M. Fernand Robidoux, qui a fait partie du comité à qui
j'avais demandé de se mettre en oeuvre relativement à ça,
a reçu de Télécâble-Vidéotron une lettre en
date du 22 décembre manifestant ce même intérêt. Cela
vaudrait la peine qu'on en prenne connaissance. M. Robidoux a également
reçu une deuxième lettre, toujours relativement au même
sujet. Je suis prêt à déposer ça, c'est de la
même origine. L'Office de radio-télédiffusion,
c'est-à-dire l'ORTQ, Radio-Québec a adressé une lettre au
président de l'Assemblée nationale en date du 8 décembre.
Si le président me le permet, je pourrais déposer ce document, en
liasse, avec les autres. Radio-Canada, en date du 17 janvier, adressait un
télégramme au ministre d'Etat à la réforme
électorale et parlementaire, donnant également son point de vue
là-dessus, c'est-à-dire son intérêt
manifesté.
Je présume que ce n'est pas limitatif; je pense bien qu'il y a
d'autres organisations dont la préoccupation est de diffuser de
l'information qui seraient intéressées, mais, en tout cas, pour
le moment, nous avons ces marques d'intérêt assez précises.
Si on me le permet, pour compléter le dossier, je demanderais à
la commission d'accepter le dépôt de ces documents.
Le Président (M. Richard): M. le leader parlementaire du
gouvernement, pour les fins d'une application très rigoureuse du
règlement, disons qu'on va appeler cela une mise à la disposition
de la commission, plutôt qu'un dépôt.
M. Burns: Vous avez bien raison, M. le Président.
D'ailleurs, vous avez votre collègue de droite qui nous a rendu une
directive très généralement acceptée.
Le Président (M. Richard): Nous avons toujours eu
très peur de ce précédent.
M. Burns: Vous avez bien raison. Il n'y aura pas de
dépôt de document. Vous avez bien raison, M. le Président.
Je mets à la disposition de la commission les documents que je viens de
mentionner, pour ceux que cela pourrait intéresser.
M. Lavoie: J'aurais une question ou deux à poser, soit au
ministre, soit à quelqu'un de son cabinet. Ce que vous proposez, en
somme, c'est sous l'autorité de l'Assemblée nationale, du
président de l'Assemblée nationale, l'établissement d'un
"hansard " électronique, de filmer en totalité, d'une
manière intégrale, tout ce qui se fait à
l'Assemblée nationale, au complet, sujet à certains projets
d'ouverture sur certaines commissions, à l'occasion.
A ma connaissance, cela existe au Canada, à Ottawa, depuis
quelques mois, cette formule d'en-
registrement intégral, qui est diffusé, si mes
informations sont bonnes, en totalité, sur certains câbles.
Je sais également que cette télédiffusion existe
également d'une manière partielle ou autre dans différents
autres Parlements dans le monde. Ici, au Canada, il y a uniquement à
Ottawa, je crois. L'Ontario ne l'a pas. Au complet?
M. Burns: Non, la période de questions seulement.
M. Lavoie: Je vous parle de l'intégral. M. Burns:
Au complet, seulement à Ottawa. M. Lavoie: Seulement à
Ottawa. M. Burns: Oui.
M. Lavoie: Aux Etats-Unis, est-ce que cela existe au niveau du
Congrès américain, en totalité?
M. Burns: Non. Cela n'existe pas en totalité. La question,
c'est en totalité.
M. Lavoie: En totalité. Intégral.
M. Burns: Vous avez d'autres cas en Amérique du Nord.
M. Lavoie: II y a les commissions sénatoriales
américaines.
M. Burns: Oui.
M. Lavoie: C'est ce que je vous dis, c'est partiel certains
événements.
M. Burns: Si vous parlez de partiel, vous avez parfaitement
raison de dire que cela n'existe pas à tellement d'endroits. Vous avez
les Nations-Unies, où c'est intégral.
M. Lavoie: Mais dans d'autres Parlements, en France, en
Angleterre, en Italie, ou en Belgique? Je crois que c'est assez rare d'avoir le
"hansard" complet intégral, diffusé d'une manière
intégrale et continue.
M. Burns: Là-dessus, je vous réfère au
document que vous avez déjà, qui a été
déposé, le rapport sur la diffusion des
délibérations parlementaires. A la fin...
M. Lavoie: Je vous dis que je l'ai eu à la fin de
décembre et, pendant mes vacances de Noël, je n'ai pas eu le temps
d'en prendre connaissance.
M. Burns: Je ne vous blâme pas, ce n'est pas un reproche
que je vous fais.
Une Voix: Vietnam.
M. Burns: Je vous dis simpelement qu'à la fin. en annexe,
vous avez réponse à tout cela. Vous avez, par exemple, les cas,
sous la troisième colonne, de la fréquence. Par exemple, en
Argentine, c'est à des occasions spéciales; en Bulgarie, c'est
régulièrement; en Tchécoslovaquie, c'est
régulièrement; en Finlande, c'est hebdomadaire.
M. Blank: Le mot "régulièrement", cela veut dire
quoi?
M. Burns: Régulièrement, cela veut dire tout le
temps.
M. Blank: ... en France? M. Burns: En France, c'est
régulièrement. M. Lavoie: Mais ce n'est pas en
totalité. M. Burns: Oui.
M. Lavoie: Vous ne pouvez pas dire qu'en France il y a un
câble complet. Il y a trois antennes en France et ce n'est pas
intégral, jamais. Voyons! Il n'y a pas un câble qui donne
l'intégralité des travaux du Palais Bourbon.
Le Président (M. Richard): II y a une distinction.
M. Burns: D'accord.
M. Lalonde: J'aurais une question à poser. J'ai lu ce
document et je voudrais savoir ce que cela veut dire, la fréquence.
M. Burns: D'accord. Je vais faire la précision suivante:
Avec le développement de l'utilisation du système du câble,
le mot régulièrement veut dire totalement, à toutes fins
utiles. Evidemment, le câble est en train de prendre une place
très importante dans notre façon de communiquer par voie
télédiffusée au Québec.
Par exemple, alors qu'il y a quelques années le câble
n'était accessible qu'à 20% ou 30% de la population,
actuellement, il est en train de dépasser les 50% et, dans certains cas
et dans certaines régions, c'est même plus que cela. Je n'oserais
pas avancer des chiffres, parce que je ne les ai pas, mais c'est en train de
devenir quelque chose qui fait partie de nos institutions.
Par exemple, sur la rive sud de Montréal, je pense à tout
ce qu'il y a à partir de Laprairie en passant par Saint-Lambert,
Longueuil, Saint-Hubert, Verchères, etc., vous avez déjà,
dans ce domaine, quelque chose d'aussi étonnant que quelque 33 canaux
mis à la disposition des gens grâce au câble. C'est
absolument renversant, mais c'est cela quand même.
Si vous êtes abonné à je ne veux pas faire de
commerciaux pour Vidéotron Vidéotron, elle met à
votre disposition, sur la rive sud, 36 canaux. Vous avez les canaux habituels,
c'est-à-dire, à Montréal, le canal 2, Radio-Canada, le
canal 10, TVA, le canal 12, CTV, et le canal 6, Radio-Canada anglais. En plus
de cela, vous avez les canaux
américains et vous avez toute la programmation de
Radio-Québec, plus des canaux sur commande, sur demande, si vous voulez.
On commence à pousser l'affaire un peu plus loin. C'est en train de
s'installer un peu partout à travers le Québec.
Il n'y a pas de doute que, sur le plan de la distribution, le
phénomène de mettre à la disposition de la population un
document visuel va être intimement lié à l'évolution
de ce système de câble qui est en train de prendre des proportions
assez extraordinaires à travers le Québec.
M. Lavoie: D'accord. Nos réserves, au début, sur le
bien-fondé de l'intégralité, de la totalité,
partent du fait qu'autant aux Etats-Unis, le système des câbles,
je crois, doit être aussi avancé qu'au Québec et au Canada,
mais je crois que cela n'existe pas au Congrès américain qu'il y
ait une diffusion intégrale sur câble de tout ce qui se fait au
Congrès américain ou dans des législatures comme celles de
la Californie ou de l'Etat de New York ou de l'Etat de l'Illinois. Je vais me
diriger vers le coût maintenant. Je me pose aussi des questions sur la
cote d'écoute. Y a-t-il eu des enquêtes de faites sur la cote
d'écoute, sur le nombre de personnes au Québec qui seront
intéressées à cela?
M. Lalonde: Si vous me permettez, avant, parce que je suis encore
là-dessus...
M. Burns: M. le député, je m'excuse, mais je ne
veux pas qu'on se mêle. Il ne faut pas confondre les deux notions
différentes, la notion de production et la notion de diffusion. C'est
cela qu'il ne faut pas mêler. La notion de diffusion est
dépendante, d'une part, des moyens qui sont là et du désir
des diffuseurs de diffuser. La notion de production est dépendante de
notre décision à nous. Si on produit le document total, c'est
notre décision à nous.
Qu'on la mette à la disposition des diffuseurs et qu'elle soit
diffusée selon le marketing, si vous voulez, ou selon l'offre et la
demande, si on peut dire, en termes capitalistes, de "concernation", c'est
cela, mais ce qu'on veut dire, régulièrement, dans les notes que
vous avez, c'est que le document est là, à la disposition du
diffuseur. Est-ce diffusé tous les jours? Je ne peux pas vous le dire,
cela dépend.
M. Lalonde: Dans ce tableau, si vous me permettez, M. le
Président, qui est intitulé Télédiffusion des
débats, la fréquence, ce n'est pas de la production,
naturellement, mais de la diffusion, qui dépend de la production.
M. Burns: C'est cela.
M. Lalonde: II y a deux ou trois termes utilisés. Il v a
"occasionnellement", on peut le laisser de côté,
"régulièrement " et "quotidiennement ". cela revient à
quelques reprises. Doit-on inférer de l'emploi du terme
"régulièrement" ou "quotidien- nement " qu'il y a une production
intégrale dans chaque cas où c'est diffusé
régulièrement ou diffusé quotidiennement?
M. Burns: Lorsque vous avez l'expression
"régulièrement", c'est que la production est constante...
M. Lalonde: Intégrale de tous les débats.
M. Burns: ... et intégrale. Il y a des cas comme, par
exemple, le cas typique de l'Australie, où vous avez uniquement ce choix
d'une espèce de régie interne de l'Assemblée nationale
je ne sais pas comment on l'appelle là-bas, je pense que c'est
the House of Commons en tout cas, il y a une organisation qui
relève de la présidence, du "Speaker", qui décide ce qui
va être diffusé.
C'est un des cas en Australie, tant au point de vue de la radio qu'au
point de vue de la télévision. C'est un des cas spéciaux.
Mais quand vous voyez un peu partout "régulièrement", cela veut
dire que le document est accessible. Ce document, par la suite, est
diffusé, comme je vous le dis, selon les besoins, selon les lois de
l'offre et de la demande. D'ailleurs, en Australie, c'est un des endroits
où la cote d'écoute est très élevée.
Evidemment, cela n'est qu'occasionnel et cela n'est que sur choix. (12 h
10»
M. Lavoie: Est-ce que... As-tu autre chose sur...
M. Lalonde: Cela répond à ma question.
M. Lavoie: Prenons, comme vous le disiez tout à l'heure,
l'aspect de la production. Quel sera le coût global en capital je
ferais une distinction entre opérationnel et capital de
l'installation au parlement du Québec, pour permettre la production
intégrale d'un "hansard ' électronique, comprenant...
M. Burns: Je peux vous donner un ordre de grandeur qui...
Evidemment, là-dessus, je demande la collaboration des membres de la
commission parce que ceux qui ont fait des soumissions ne veulent pas que leurs
soumissions soient rendues publiques; j'espère que vous ne me demanderez
pas de déposer le document, d'une part, et, d'autre part, de nommer des
noms de soumissionnaires parce que c'est encore à l'état de
projet, et pour eux et pour nous. C'est un ordre de grandeur de $1.5 million
à $2 millions par année. C'est pour le budget
opérationnel. Excusez-moi. L'investissement capital est de l'ordre de
$1,5 million, aux environs, peut-être allant jusqu'à $1,9
million.
M. Lavoie: Pour l'investissement capital. M. Burns: Pour
l'investissement au départ.
M. Lavoie: Est-ce que cela comprend l'aménagement de
certains locaux à des fins de "vi-sionnement" pour le public
extérieur, des équipes de certains membres, l'installation des
signaux?
M. Burns: Là, je vous parle de ce qui relèverait du
budget de l'Assemblée nationale.
M. Lavoie: En dehors du budget des Travaux publics.
M. Burns: C'est cela. Les Travaux publics, eux, ont une autre
partie.
M. Lavoie: Avez-vous une idée de l'ordre de grandeur de la
dépense qui relèverait du budget des Travaux publics et de la
partie de $1,9 million du budget de l'Assemblée nationale?
M. Burns: II y a un certain nombre de travaux d'ailleurs,
je pense que le député de Richmond et le député de
Laval avaient été mis au courant par le président de
l'Assemblée nationale au cours du mois de décembre qui
étaient prévus, de toute façon, à
l'Assemblée nationale, mais qui ont été examinés en
vertu d'une éventuelle télédiffusion des débats. De
sorte que tout l'aspect je ne sais pas si le mot est très
français du "refilage" de notre système électrique
qui était déjà prévu; il faisait partie des
projets. Sauf que, sachant qu'à un moment donné, on augmentera
nécessairement notre besoin d'électricité, on a tenu
compte de cela. Le phénomène de la climatisation de
l'Assemblée nationale était déjà prévu, mais
il peut être considéré, si vous voulez, comme une des
dépenses nécessaires à la mise en place d'un
système de radiotélédiffusion.
Il y a une série de facteurs comme ceux-là: la
réfection, en général, de l'Assemblée nationale
fait partie d'un projet qui est absolument indépendant de tout cela,
mais qui relève des Travaux publics, un projet dont les Travaux publics,
en prévision d'une éventuelle radiotélédiffusion,
vont tenir compte.
C'est difficile de faire le partage.
Le Président (M. Richard): ... qu'on est parti à
peu près de tous les projets qui existaient, y compris le projet qui a
été préparé sous vos soins. Il serait
extrêmement difficile d'établir de façon précise
l'augmentation des dépenses pour la télédiffusion, mais je
dirais que c'est très peu parce que tout devrait être fait de
toute manière, sauf qu'il y a des précautions qui ont
été prises en ce qui concerne la filerie. Même
l'aération et l'éclairage devaient être
améliorés et c'était prévu, de toute
manière.
M. Lavoie: Quel est l'ordre de grandeur des travaux qui
s'exécutent actuellement à l'Assemblée nationale? En
avez-vous une idée? Est-ce qu'il y a quelqu'un des Travaux publics?
M. Burns: Oui.
Le Président (M. Richard): Les Travaux publics...
M. Burns: Le représentant des Travaux publics qui est ici
me dit que dès cet après-midi, nous serons en mesure de vous
donner cette réponse de la façon la plus précise possible
en vous donnant, d'une part, fort probablement l'arrêté en conseil
qui autorise les Travaux publics à effectuer ces travaux,
deuxièmement en donnant également l'estimation des coûts,
et troisièmement en donnant également possiblement la
répartition. On va essayer de vous obtenir cela pour dès le
début de l'après-midi. Mais pour le moment, on s'en excuse, on ne
pensait pas que la question viendrait aussi rapidement que cela. C'était
prévu pour cet après-midi.
M. Lavoie: Maintenant, sur la question production, budget
opérationnel annuel, si vous voulez, personnel, techniciens,
caméramen, cassettes, etc., quel est l'ordre de grandeur pour le...
M. Burns: C'est ce dont je vous parlais tout à l'heure, de
$1,5 million à $2 millions, selon le soumissionnaire à qui on
accorderait le contrat. Il faut être bien précis là-dessus.
Dans la première année ou dans les deux premières
années, suivant le genre de contrat que nous signerons, ou en fait que
le ministère des Travaux publics signera, il y aura, au départ,
si c'est un an, c'est évidemment plus cher que si c'est deux ans,
année par année, c'est plus cher par année. Si vous faites
un contrat de deux ans, c'est moins cher année par année que si
vous signez deux contrats d'un an. C'est un peu comme si vous louez une
automobile...
M. Lavoie: C'est un bail-achat d'équipement.
M. Burns: C'est cela. C'est un bail-achat. Il y aurait un bail
qui serait signé avec une firme qui met à notre disposition des
appareils et du personnel. De sorte qu'au point de vue de l'Assemblée
nationale, il n'y aurait qu'à trouver du personnel cadre,
c'est-à-dire un réalisateur et un ou deux adjoints qui verraient
à l'organisation de tout cela. Je comprends bien que le président
de l'Assemblée nationale n'ira pas agir comme réalisateur,
directement, de ces émissions-là ou de la production de ces
émissions-là. A moins que cela le tente bien gros! Je
présume que cela ne le tente pas.
M. Lavoie: II a plus l'allure d'une vedette que d'un
producteur!
M. Burns: II aime mieux être devant la caméra que
derrière.
M. Lavoie: Je le verrais plus devant que derrière la
caméra! Ce qui va être, d'ailleurs.
M. Burns: Disons que c'est cela, et cela voudrait dire, selon les
soumissions qui nous ont été faites, ce serait de cet ordre de
grandeur. Maintenant, je tiens à souligner que dans toutes et chacune de
ces soumissions, si on se lance dans un bail-achat, la ou les caméras
deviennent propriété de l'Assemblée nationale au bout du
bail. Evidemment, là les employés, les caméramen etc.,
tout l'aspect technique est fourni avec les caméras.
M. Lavoie: Cela ne comprend aucune couverture des commissions
parlementaires, ce budget? Il faudrait prévoir...
M. Burns: Non. C'est pour cela que, dans mon exposé de
tout à l'heure, j'ai laissé l'ouverture à ce que la
commission de l'Assemblée nationale poursuive l'examen plus
précis des cas particuliers de commissions parlementaires qui devraient
être couvertes.
J'irais même plus loin, il y aurait peut-être lieu de
créer, sous les auspices de la présidence, un comité de
régie qui serait formé d'un représentant des partis
politiques à l'Assemblée nationale, si la présidence veut
en prendre l'initiative éventuellement. Je pense que ce ne serait pas
incompatible avec notre façon d'approcher le problème pour,
justement, se pencher et sur les cas d'abus possibles des diffuseurs, soit au
point de vue d'un mauvais montage absolument exorbitant...
M. Lavoie: Vous voyez...
M. Burns: ... ou encore quant à l'utilisation du
système à l'endroit d'une commission parlementaire plus que
l'autre. Maintenant, vous avez des problèmes techniques qui vont vous
arriver en pleine face si vous dites: Cette commission, on doit la couvrir. Si
on s'équipe pour fonctionner, à l'Assemblée nationale,
avec l'éclairage, avec tout ce que cela comporte, il n'est pas sûr
que la salle de la commission parlementaire en question, elle, va être
équipée pour cela.
M. Lavoie: Vous voyez l'intérêt que je désire
porter aux commissions parlementaires. Avec l'expérience qu'on a, si on
veut toujours que le Parlement soit l'endroit de choix pour fournir
l'information à la population, je pense que vous allez reconnaître
avec moi l'importance des commissions. Prenons des lois importantes comme la
loi 67 ou les auditions sur le livre blanc sur les consultations populaires. Il
y a quand même plus d'intérêt, plus d'information, plus
d'éducation qu'on peut diriger vers la population, plus de
renseignements lors des commissions parlementaires que lors de la loi
elle-même. Le ministre qui présente une loi sur l'assurance
automobile, ou le leader du gouvernement qui va présenter une loi sur la
consultation va faire un très beau discours d'une heure, l'Opposition
aussi. Mais, vraiment, le fond de la question, les détails, les
modalités, le renseignement à la population, c'est toujours en
commission, surtout lorsqu'on invite la population ou les corps publics
à venir. C'est là qu'est vraiment l'information à la
population, non pas dans la rhétorique des ministres ou des
députés. Ce n'est pas là qu'on peut...
M. Burns: Je suis le député de Laval partiellement
dans son raisonnement. Je vais vous dire tout de suite jusqu'où je vais
le suivre et quand je vais le lâcher. Je pense qu'il a parfaitement
raison sur un certain nombre de sujets, comme par exemple les mémoires
qui furent présentés relativement au projet de loi no 1 ou le
projet de loi 101, Charte de la langue française; aucun doute que
c'était d'un intérêt national
généralisé et que la cote d'écoute aurait
été superbe là-dessus. Il n'y a pas de doute
également que l'autre exemple qu'il a mentionné sur la
consultation populaire est quelque chose qui intéresse beaucoup de gens,
de sorte que les mémoires auraient pu...
M. Lavoie: Le projet de loi 67, la loi des assurances...
M. Burns: II y a une série de cas qu'on peut sortir.
Cependant les commissions parlementaires, lorsqu'elles retroussent leurs
manches et qu'elles étudient article par article les projets de loi, on
est dans un domaine très technique qui, de façon
générale, n'attire aucun intérêt.
M. Lavoie: J'ai mentionné surtout les commissions
parlementaires après la première lecture.
M. Burns: Une fois qu'on aura instauré le système
et qu'on aura tout ce qu'il faut pour faire fonctionner cela, ce serait
justement quelque chose à faire examiner par la commission de
l'Assemblée nationale, mais on ne peut pas régler tout à
la fois.
M. Lavoie: Je crois justement qu'on devrait commencer par l'autre
si on veut vraiment donner l'information à la population.
M. Burns: Là-dessus je ne partage pas l'opinion du
député de Laval.
M. Lavoie: Depuis quelques années au Parlement, depuis
votre élection, etc., vos projets de fond importants qui faisaient
partie de votre programme, qui sont identifiés avec votre politique, la
grande information, les grands sujets de discussion, c'était en
commission parlementaire. Sur la loi 2... En Chambre qu'est-ce qu'on a? Ce sont
des discours académiques d'intervenants pendant une heure; on n'entre
pas dans les détails. En deuxième lecture, on ne parle que du
principe. En troisième lecture, où on peut aller dans les
détails, il n'y a pratiquement pas de discours de troisième
lecture. Ce n'est pas cela l'information de la population.
M. Burns: Le député de Laval va admettre avec moi
que, justement, c'est le principe qui est le plus informatif au point de vue de
l'approche que les représentants de chaque parti peuvent amener dans le
débat. Le jour où vous commencez à entrer dans les
détails, que vous changiez une virgule à l'article 4 du projet de
loi no 41, il n'y a pas grand monde qui est intéressé à
cela.
M. Lavoie: ... dans les détails que sont l'application de
la loi.
M. Burns: Je m'excuse là-dessus, mais c'est là que
je quitte le raisonnement qui nous est présenté par le leader de
l'Opposition.
M. Lavoie: Ce n'est pas dans le principe. Si on veut revaloriser
le rôle des députés, ce qui est une de vos intentions
importantes, et je vous en félicite, c'est en commission parlementaire
que les députés se font valoir et qu'ils peuvent participer aux
débats. On en a eu la preuve depuis un an ou un an et demi,
spécialement dans les débats. Les députés
ministériels ne sont presque pas intervenus dans les débats de
deuxième lecture en Chambre, non pas à cause du tempsou de la
limite de temps, et non pas parce qu'ils n'en avaient pas la capacité ou
l'intérêt. Ils sont obligés de montrer leur
intérêt en commission. Ce n'est pas de cette manière que
vous allez revaloriser le rôle des députés.
M. Burns: Encore une fois, je le répète, je suis
prêt à suivre le député de Laval dans une partie de
son raisonnement, mais je ne suis pas prêt à le suivre
entièrement. Si vous voulez que votre cote d'écoute des travaux
de l'Assemblée nationale baisse, la meilleure façon, c'est de
faire l'examen des projets de loi article par article, de le
télédiffuser et... Il n'y a plus personne
d'intéressé à cela.
M. Lavoie: Je ne vous parle pas d'après la deuxième
lecture, mais avant la deuxième lecture.
M. Burns: Je suis ouvert à cela, mais ce que je veux dire,
c'est que cela ne me frappe pas comme étant quelque chose
d'acceptable.
M. Lavoie: Dans la même ligne de pensée, les
Etats-Unis, c'est un peuple de 225 millions, où il se prend de grandes
décisions, qu'est-ce qu'ils ont décidé de
télédiffuser? Ce sont les grandes commissions sénatoriales
sur les grands sujets, Watergate ou d'autres. Ce ne sont pas les débats
de fond, académiques et rhétoriques, sur les projets de loi.
M. Burns: Sauf que ce n'est pas cela ici, ce sont des commissions
parlementaires. Ce sont des commissions d'enquête là-bas.
Le Président (M. Cardinal): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je n'ai pas eu l'occasion de
dire tantôt qu'il faut souligner l'ouverture que le ministre a
démontrée ce matin dans son texte de présentation sur la
possibilité de télédiffuser les débats de certaines
commissions parlementaires. Je n'aimerais pas qu'à l'occasion d'un
mini-débat ou d'un commencement de débat ici, on se referme
complètement devant la possibilité de diffuser les débats
des commissions parlementaires, même au niveau de leur étude,
article par article, d'un projet de loi. On sait que le ministre a eu cette
expérience, peut-être moins depuis un an, parce que ses fonctions
ne l'amènent pas tellement à ce niveau de façon
générale, sauf pour les lois qu'il a lui-même
parrainées, mais il se souvient certes que, souvent, l'étude
d'une loi article par article, c'est l'occasion de démontrer quelle sera
l'application pratique de tel article.
Je sais que l'on se heurte souvent aussi à des aspects
techniques, une virgule ici ou là, et à du juridisme aussi. On
pourrait citer des centaines d'exemples et, plus récemment, celui du
projet de loi 67, malgré le peu de temps qu'on a eu pour en discuter,
où on arrive à tel article le député de
Jonquière s'en souvient et qu'on dit: Qu'est-ce qui arrive dans
tel ou tel cas avec cet article? Qui est indemnisé, qui ne l'est pas et
combien? C'est ce qui intéressait le public. Ce n'est pas tellement la
philosophie en arrière d'un grand projet social, mais ce qui m'arrive
à moi, si j'ai un accident. Je ne sais pas si c'est l'endroit ici de
faire ce débat, mais j'aimerais que l'ouverture que le ministre a
montrée, non seulement à propos des commissions parlementaires,
mais aussi à propos du fait que ce soit le président de
l'Assemblée nationale qui soit le plus grand patron de tout ce projet,
ait une suite. On a évoqué, encore plus récemment, la
possibilité d'avoir une sorte de comité conjoint, paritaire ou un
conseil de régie à l'Assemblée nationale. Je pense que
toutes ces initiatives ne sont peut-être pas nouvelles, j'arrive dans le
débat, mais j'ai examiné tous les débats jusqu'à
maintenant et il m'apparaît que c'est un pas en avant que le ministre
vient de faire. Je ne voudrais donc pas qu'il s'arrête là, quant
aux commissions parlementaires. C'est le voeu que je veux exprimer
actuellement.
Le Président (M. Cardinal): M. le leader parlementaire du
gouvernement.
M. Burns: M. le Président, je veux rassurer
là-dessus le député de Marguerite-Bourgeoys. Je n'ai pas
du tout l'intention de me fermer à cela. Au contraire, je maintiens
cette ouverture qui faisait partie de ma présentation de ce matin. Ce
que nous visons, c'est d'aller à l'essentiel. C'est de rendre d'abord
l'Assemblée nationale accessible à l'ensemble de la population,
de trouver les moyens pratiques et techniques à de telles occasions, et
je partage entièrement là-dessus le point de vue du
député, pour rendre cela encore plus accessible en parlant de
certaines commissions et même en disant que certaines commissions,
même article par article, peuvent avoir un intérêt. Je ne
voudrais pas que ce soit dès le départ un prérequis, qu'on
fasse le tout pour pouvoir commencer à le faire. (12 h 30)
C'est dans ce sens qu'on vous dit: N'y aurait-il pas lieu de commencer
par l'Assemblée nationale en créant cette ouverture, que
certaines commissions pourraient être l'objet de
télédiffusion et que, par la suite, on perfectionne cette
méthode, justement par voie de discussion par l'entremise de la
présidence? C'est ça qu'on vous suggère dans le fond.
M. Lalonde: Si je pouvais enchaîner, si c'est encore
l'intention, comme il apparaît dans certains
rapports que nous avons devant nous, du gouvernement de procéder
à une expérience, enfin, d'avoir l'approche expérimentale,
il serait intéressant de faire, dans ce projet pilote, la
télédiffusion d'un projet de loi qui affecte la population de
façon bien précise, qui l'intéresse beaucoup, au niveau de
l'étude article par article, et de comparer les cotes d'écoute.
Je pense que ça pourrait être intéressant.
Le Président (M. Cardinal): Le député de
Richmond, si vous permettez.
M. Burns: Je trouve que c'est une suggestion à
retenir.
Le Président (M. Cardinal): D'accord. M. le
député de Richmond.
M. Brochu: Sur le même point, M. le Président.
Est-ce que le ministre ne serait pas prêt à considérer
qu'au niveau de la diffusion, par exemple, des travaux parlementaires, des
commissions parlementaires, on ne devrait pas retenir, tout au moins, les
projets de loi où on va en commission parlementaire immédiatement
après la première lecture, où on passe à l'audition
de mémoires? Je pense que cela revêtirait un intérêt
peut-être beaucoup plus particulier que l'étude technique, article
par article, d'un projet de loi, après sa deuxième lecture.
Je pense que, lorsque le gouvernement convoque une commission
parlementaire, après la première lecture, c'est que,
déjà, le projet de loi revêt une importance
générale et, lorsque le gouvernement convoque en même temps
à cette commission parlementaire tous les témoins qui peuvent
avoir des remarques ou des revendications à faire au niveau des
changements législatifs à être apportés au niveau de
ce cadre législatif, je pense que ça dénote que,
déjà là, on a un élément qui nous indique
l'intérêt et la portée générale de cette
pièce de législation que le gouvernement met de l'avant.
Est-ce que le leader du gouvernement serait prêt à
considérer d'inclure possiblement, au point de départ, dans la
diffusion des débats, les commissions parlementaires qui devront
siéger spécifiquement sur l'étude de mémoires
à être soumis?
M. Burns: Ce n'est pas exclu. Au contraire, j'ai
créé une ouverture à cet endroit, justement à la
suite de vos suggestions, des suggestions des membres de l'Opposition. Sauf que
les informations que j'ai eues étaient que ça posait des
problèmes sur le plan pratique, de télédiffuser des
commissions. Mais ce n'est pas exclu. Au contraire, c'est une grande ouverture
qu'on fait là-dessus en disant: Allons à l'essentiel,
c'est-à-dire l'Assemblée nationale, et, par la suite, si on pense
que c'est possible, avec des coûts normaux et avec un personnel
adéquat, qu'on y aille. Il n'y a aucune espèce de
difficulté. Il n'y a pas de blocage du côté gouvernemental
là-dessus, loin de là.
M. Brochu: Le ministre revient quelquefois à l'aspect des
problèmes que ça poserait de diffuser au niveau des commissions
parlementaires...
M. Burns: II y a des problèmes techniques dans tout
ça.
M. Brochu: Est-ce que vous pourriez nous donner des exemples?
M. Burns: Je m'excuse auprès du député de
Richmond. Par exemple, ce matin, si nos travaux étaient
télédiffusés, vous voudriez vous en aller chez vous depuis
au moins trois quarts d'heure. Ce ne serait pas vivable ici si on se mettait
à télédiffuser. Cela veut dire qu'il faudra trouver une
salle qui sera adaptée aux besoins précis de la
télédiffusion, c'est-à-dire l'éclairage, etc. Ce
n'est sûrement pas avec les cent watts que nous avons ici, même
s'il y en a plusieurs, qu'on sera capable de donner un éclairage
adéquat pour télédiffuser ici. On sera donc obligé
d'augmenter l'éclairage. C'est la salle la plus inconfortable au point
de vue de la température lorsque arrivent les mois de mai, juin et
juillet. Imaginez-vous qu'est-ce que ça donne si vous ajoutez quelque
chose comme 75 ou 80 bougies pied. C'est ça que ça veut dire
comme problèmes techniques.
M. Brochu: Dans le sens de l'ouverture que le ministre indique
par rapport à ça, ici, je sais que le problème se pose de
façon assez aiguë, parce que le local est quand même tout
petit, mais est-ce qu'il ne serait pas possible de prévoir une des
salles, je pense en particulier au salon rouge, où une salle pourrait
être disponible?
Le Président (M. Richard): M. le député de
Richmond, je vais répondre à votre question, sans prendre parti
du tout. Dans le moment, en tout cas, il m'apparaît absolument
impensable, je ne suis pas un expert en la matière, surtout pas, je suis
même ignare, mais c'est absolument impensable. Nous n'avons pas
l'équipement et nous n'avons pas les salles pour pouvoir retransmettre
les débats des commissions à la télévision. Ce qui
n'exclut pas, et la distinction est peut-être intéressante
à faire, qu'on pourrait radiodiffuser.
Là, il y aurait peut-être une distinction à faire
entre l'autorisation de la radiodiffusion, pour commencer, des débats
des commissions parlementaires et la possibilité qui, pour le
moment, est inexistante de télédiffuser les commissions.
On imagine mal, par exemple, quand deux commissions parlementaires
extrêmement importantes, un bon jour, siègent en même temps
que l'Assemblée nationale, qu'on puisse télédiffuser
à la fois l'Assemblée nationale et les deux commissions
parlementaires. En tout cas, dans le moment, ce n'est pas possible.
M. Brochu: Ce que j'avais surtout en tête, à ce
moment-là, dans la suggestion que j'ai faite au ministre tout à
l'heure, c'est de retenir la possibilité de diffuser les travaux d'une
commission
parlementaire sur un sujet d'intérêt national, par exemple,
sur le projet de loi sur le référendum ou un autre qui touche
toute la population. Si, à ce moment-là, il y avait entente entre
les partis ou avec la commission de l'Assemblée nationale pour que les
commissions de grande importance, lorsqu'il y a dépôt de
mémoires, ce soit retransmis, ce soit diffusé, est-ce qu'il n'y
aurait pas possibilité de prévoir une des salles? Cela
éviterait cette complication. Evidemment, ce n'est pas possible de
penser à deux ou trois commissions qui seraient diffusées en
même temps.
Mais je reviens aussi là-dessus avec le même principe que
vous avez souligné tout à l'heure. Actuellement, on est en train
de refaire la filerie et la structure même des bâtisses. Est-ce que
cela ne serait pas le moment choisi pour prévoir cela, d'abord? Sinon,
est-ce que vous prévoyez dans un délai x d'ouvrir la porte
à cette diffusion?
Le Président (M. Richard): Bien sûr que cela va
être fait et cela pourrait être fait à une occasion
donnée, par exemple au salon rouge où cela serait probablement
moins pire qu'ailleurs, mais même là...
M. Burns: M. le Président, puisqu'on parle
également d'aspects techniques, cela veut dire que pour y arriver, il
faut à peu près passer à travers tous les problèmes
que nous vivons actuellement à l'Assemblée nationale et les
transporter au salon rouge.
M. Lavoie: Et les régler là-bas.
M. Burns: Cela veut dire, sur le plan de l'équipement
technique, me dit-on, purement et simplement de l'équipement, sans
compter les réfections et tout et tout, un minimum d'un demi-million de
dollars pour s'équiper en conséquence. On n'est pas fermés
à cela. Au contraire, c'est une des choses qu'on va examiner comme
possibilité.
Déjà, on parle d'expérience pilote à
l'Assemblée nationale. On dit: Faisons-le à l'Assemblée
nationale et en voyant le résultat de cette chose, les effets
bénéfiques ou pas de cette chose-là, voyons si,
d'après le coût, il vaut la peine de transporter cela dans une
commission. Je pense qu'on pourrait s'engager à dire que si cela va bien
à l'Assemblée nationale, tout le monde va souhaiter que cela se
fasse également, à l'occasion, dans certaines commissions.
C'était cela, le type d'ouverture que je laissais dans ma
déclaration préliminaire.
M. Lavoie: M. le Président, j'aurais une question.
Le Président (M. Richard): M. le leader parlementaire de
l'Opposition.
M. Brochu: Sur le même sujet?
M. Lavoie: A peu près. Je voudrais laisser les
commissions. La question que je voudrais poser à
M. Chantelois est: Etant donné que la seule place
où cela existe d'une manière continue, intégrale et tout,
en Amérique du Nord, c'est peut-être à Ottawa, où la
diffusion, et non pas la production... Je ne sais pas, je ne reçois pas
chez moi la diffusion de ce qui se passe et j'en ai à peine vu quelques
parties lors des nouvelles ou quelque chose comme ça. Combien y a-t-il
de citoyens au Québec ou même en Ontario, qui sont branchés
sur le câble ou qui ont l'accessibilité aux travaux du Parlement
fédéral actuellement?
M. Burns: M. le Président, M. Chantelois répond en
mon nom.
Actuellement, à Montréal, vous avez un
câblo-distributeur qui a manifesté son intention de diffuser;
c'est Vidéotron de Longueuil, qui diffuse également
Québec, sur la rive sud. Actuellement, c'est intégral.
Vidéotron...
M. Lavoie: Les travaux d'Ottawa?
M. Burns: Oui, et même, je pense, dans les deux langues.
Cela veut dire que sur deux canaux, on diffuse la version avec
interprétation française et la version avec interprétation
anglaise.
M. Lavoie: Intégrale?
M. Burns: Oui. D'autre part, selon les recherches que nous avons
effectuées tout récemment, il semble qu'il y ait 44
câblodistributeurs à travers le Canada qui, actuellement,
diffusent intégralement également les travaux à Ottawa, 39
câblodistribu-teurs intégralement et 44 qui ont manifesté
l'intention de diffuser.
M. Lavoie: En direct ou en différé?
M. Burns: En différé, à une journée
d'avis. C'est-à-dire que c'est tout par système de cassettes de
trois quarts de pouce qui sont acheminées tous les jours de la Chambre
des communes aux câblodistributeurs et c'est retransmis le lendemain,
avec à peine 24 heures de délai.
M. Lavoie: Avez-vous des statistiques ou des chiffres sur la cote
d'écoute?
M. Burns: Lors de notre dernière rencontre à
Ottawa, M. Fraser nous a dit qu'il effectuait ces travaux. Il semble
qu'actuellement les centres qui manifestent le plus d'intérêt
concernant la Chambre des communes soient Ottawa et Toronto. A Ottawa, M.
Fraser nous a dit que les réactions étaient extrêmement
favorables, à l'exception de la première journée où
les gens étaient un peu bousculés dans leurs habitudes
d'écoute, mais, par la suite, il y a eu une adaptation de la compagnie
de câble d'Ottawa, la compagnie Laurentienne, je pense, et les
réactions sont très bonnes. Je sais que le service de M. Fraser
se tient constamment au courant de l'évolution des cotes
d'écoute.
M. Lavoie: S'il y avait un diffuseur au Québec qui
jugerait à propos de diffuser uniquement les
travaux de la Chambre, comme première étape, d'une
manière intégrale, y aurait-il un coût pour
l'Assemblée nationale ou est-ce que le coût serait assumé
uniquement par le distributeur?
M. Burns: Ce qui a été proposé, lors de nos
recherches, c'est qu'il y ait, si vous voulez, un circuit, un "feed", pour
employer une expression, qui relie l'Assemblée nationale à une
compagnie, par exemple, de téléphone, que ce soit Bell Canada ou
d'autres compagnies, ici à Québec, qui devient à ce
moment-là le centre de distribution, parce qu'elle a toutes les
facilités pour distribuer le circuit audiovidéo. S'il fallait que
l'Assemblée nationale s'équipe des mêmes pièces pour
diffuser, cela deviendrait énorme. Cela veut dire que l'Assemblée
nationale mettrait à la disposition d'une compagnie de
téléphone le circuit audiovidéo. Après cela, tout
diffuseur qui désirerait s'y brancher, s'y brancherait à ses
frais, mais cela n'a pas été déterminé.
M. Lavoie: Cela n'a pas été
déterminé.
M. Burns: Non, sauf que c'est le diffuseur, à ce
moment-là, qui négocie avec la compagnie, étant
l'élément de diffusion.
La compagnie de téléphone, oui.
M. Lavoie: Y aurait-il un coût défrayé par
l'Assemblée vis-à-vis de la Compagnie Bell Canada, disons? Y
aurait-il un coût? Est-ce un abonnement ou quoi?
M. Burns: C'est-à-dire qu'actuellement, par exemple, lors
de notre rencontre avec Radio-Canada, cela a été clairement
établi que Radio-Canada désire défrayer ce coût,
c'est-à-dire qu'à partir de la compagnie de
téléphone elle désire avoir l'acheminement du circuit
audiovidéo directement à la place haute ville, je pense, à
l'Auberge des Gouverneurs. Elle reçoit, à ce moment-là, le
circuit intégral, c'est-à-dire l'enregistrement intégral.
Elle procède elle-même à son enregistrement.
Sur le plan du réseau TVA, nous avons également
rencontré, M. Lapointe. M. Lapointe pense qu'il va, pour commencer,
recourir à certains extraits, ce qui veut dire qu'il peut demander, par
exemple, l'extrait de telle heure à telle heure et également
procéder avec la station de Québec qui est la station CFCM,
Télé 4. Il se pourrait que Télé 4 demande
également un circuit en direct avec l'Assemblée nationale. A ce
moment-là, je pense que ce sont elles-mêmes qui vont
défrayer le coût entre la compagnie de téléphone et
la station de télévision. Elles sont déjà
reliées d'ailleurs par réseau micro-ondes entre
Télé 4 Québec et Télé-Métropole,
Montréal. Il en va de même pour Radio-Canada.
Au niveau de la radio, c'est la même chose, c'est un circuit qui
est donné sur la qualité de huit à dix kilocycles de
façon à avoir une qualité de radiodiffusion.
M. Lavoie: Avez-vous l'idée du coût c'est la
raison pour laquelle je proposais qu'on aille faire un petit voyage à
Ottawa annuel opérationnel à la Chambre des Communes?
M. Burns: Dans un premier temps,...
M. Lavoie: Opérationnel ou sur la période d'un
an?
M. Burns: Opérationnel, incluant le personnel,
incluant...
M. Lavoie: Tout.
M. Burns: ...tout, c'est environ $1 million.
M. Lavoie: Mais ils avaient acheté l'équipement,
eux? C'est en dehors des dépenses de capital?
M. Burns: Oui, c'est-à-dire qu'à Ottawa, c'est un
petit peu différent de la procédure; au moment où la
décision a été prise, tout le contrat d'implantation a
été confié à Radio-Canada de telle façon que
cela puisse se faire dans des délais extrêmement courts,
Radio-Canada n'ayant pas à procéder par soumissions publiques.
Radio-Canada a eu le contrat d'implantation et, par la suite, Radio-Canada a
orienté toute l'embauche du personnel technique; donc, c'est un peu
différent. A ce moment-ci, tout l'équipement est acheté et
tout le personnel est déjà régi par la Chambre des
Communes. D'autre part, dans le coût de $1 million, une chose qui est
très importante, c'est que la Chambre des Communes défraie tout
le coût de diffusion, c'est-à-dire, par exemple, les cassettes,
c'est la Chambre des Communes qui paie.
M. Lavoie: Qu'est-ce que cela représente?
M. Burns: Cela représente assez cher; on pourrait
peut-être l'évaluer à $300 000. Si vous avez 44
câblodistributeurs qui font appel... Une cassette, c'est 60 minutes.
M. Lavoie: A Ottawa, le coût opérationnel annuel
pour le personnel en place et tous les techniciens, environ $1 million, y
compris les...
M. Burns: L'achat des bandes magnétiques, l'achat des
bandes magnétoscopiques, l'achat des cassettes; tout cela compris, c'est
environ $1 million par année.
M. Lavoie: Quel était le coût en capital de
l'installation?
M. Burns: Actuellement, il est à $3,3 millions. Au moment
où nous sommes allés rencontrer des ingénieurs de
Radio-Canada, il était à $2,7 millions et il restait encore des
pièces d'équipement à acheter et d'autres à
changer.
M. Brochu: Au niveau du personnel, maintenant, j'aimerais revenir
sur l'aspect du bail-achat. Dans le montant que vous avez donné tout
à l'heure en ce qui concerne le bail-achat, vous avez mentionné
que le personnel pour les opérations était compris dans le
montant. Mais qu'est-ce qui arrive une fois que l'achat a eu lieu et que la
transaction a été complétée? Qu'est-ce qui arrive
au niveau du personnel?
M. Burns: Une fois le bail-achat terminé, les
caméras d'abord nous appartiennent, à ce moment-là. C'est
bien sûr que l'Assemblée nationale doit défrayer le
coût des employés qui, au départ, viennent avec les
caméras ou, si vous voulez, accompagnent les caméras.
M. Brochu: Cela n'est pas, pour le moment, dans le budget.
M. Burns: Au départ, ils n'apparaissent pas dans le
budget, mais comme, à un moment donné, vous n'avez plus à
payer les caméras, le coût est sensiblement inférieur,
parce que vous n'avez qu'à payer du personnel. Cela relèverait de
l'Assemblée nationale.
M. Lavoie: M. Chantelois, dans votre prospection actuellement,
est-ce qu'il y a eu j'ai pris connaissance un peu de la lettre de la
société Radio-Québec qui mentionne, entre autres, qu'elle
serait intéressée à la période des questions, elle
serait intéressée à une émission hebdomadaire, un
résumé de la semaine, elle serait intéressée
à une période d'éducation populaire pour le fonctionnement
du Parlement mais est-ce que vous avez des distributeurs qui ont
manifesté l'intérêt de diffuser en totalité,
intégralement, soit en direct ou en différé, in extenso,
tous les travaux de l'Assemblée?
M. Burns: La compagnie Vidéotron, de Montréal.
M. Lavoie: Et est-ce que c'est la seule?
M. Burns: Non. En totalité c'est à peu près
la seule.
M. Lavoie: En totalité ce serait la seule? Et combien y
a-t-il d'abonnés?
M. Burns: II en a 70 000.
M. Lavoie: Cela veut dire qu'il y aurait 70 000
privilégiés au Québec qui auraient le spectacle de
l'Assemblée nationale?
M. Burns: Si vous le permettez, des contacts que nous avons
déjà eus, il semble que la première qui se soit
manifestée par écrit soit la compagnie Vidéotron. D'autre
part, lors des contacts que nous avons eus avec la compagnie National
Câblevision, par exemple, qui est à Montréal c'est
la même compagnie qui s'appelle Té- lécâble ici
à Québec ils ont manifesté un très grand
intérêt à diffuser in extenso les débats de
l'Assemblée nationale. D'autre part, dans les relations que nous avons
eues avec l'Association des câblodistributeurs du Québec, il
semble aussi qu'ils aient manifesté un très grand
intérêt à diffuser in extenso les débats de
l'Assemblée nationale, soit, dans un premier temps, par la distribution
de cassettes, ou, éventuellement, c'est à négocier, par le
système de distribution Microbec qui est déjà
implanté. De ce côté-là, je ne voudrais pas
interpréter faussement les paroles de M. Duhamel, le président,
mais il semblerait qu'ils aient manifesté un très grand
intérêt, ce qui veut dire que si vous avez, par exemple, à
Montréal, Câble-TV, et National Câblevision, à
Québec, Télécâble, et à Lévis,
Vidéotron, vous regroupez dans ces quatre compagnies près de la
moitié de la population du Québec.
Pour donner une réponse encore plus précise, je vous
réfère à la série de lettres que j'ai
déposées en liasse. Celle de
Télécâble-Vidéotron nous dit que, actuellement, au
moment où on se parle, c'est-à-dire au 2 décembre en tout
cas, cela voulait dire que les régions suivantes étaient
touchées quant à Télécâble-Vidéotron:
Rive-sud de Montréal, Rive-sud de Québec,
Saint-Jérôme et région, Gatineau et région,
Buckingham et région, Mont-Laurier et région, Beloeil et
région, pour un total de 70 000 foyers et rejoignant plus de 275 000
citoyens à travers le Québec. C'est la lettre même que je
vous ai remise pour fin de référence éventuelle.
Comme M. Chantelois le dit, c'est un des domaines où il y a de
plus en plus d'expansion, actuellement. Dans deux ans, ces chiffres vont
être complètement périmés, dépassés.
On sait fort bien que, de plus en plus, l'implantation du câble est en
train de faire son chemin à travers le Québec. Actuellement on
parle de 48% de la population, dans deux ans c'est un chiffre qui ne sera
peut-être plus exact. (12 h 50)
M. Lavoie: Une dernière question avant d'ajourner.
M. Burns: Oui.
M. Lavoie: Justement, la lettre de M. Pierre Hébert
je ne sais pas s'il est ici actuellement de
Télécâble-Vidéotron, mentionne qu'il y aurait une
possibilité de deux millions d'habitants au Québec qui pourraient
bénéficier de cette transmission. Il mentionne: "Cette
retransmission par micro-ondes permettrait d'éliminer tous les frais
occasionnés par les coûts d'achat, d'enregistrement et de
transport des cassettes. " Mais, encore une fois, est-ce que ce serait par le
même système... Non, c'est micro-ondes. Mais est-ce qu'il y aurait
un coût pour l'Assemblée dans cette affaire?
M. Burns: A ce moment-là, je pense que c'est
négociable. C'est-à-dire que s'ils vont vers le système de
cassettes ou s'ils vont vers le système Mi-
crobec qui est déjà implanté, je pense que c'est
peut-être négociable.
M. Lavoie: Vous n'avez pas d'ordre de grandeur s'il y a des
dépenses pour l'Assemblée ou non?
M. Burns: On a une idée de ce que peut représenter
l'utilisation du système Microbec. Par exemple, entre Montréal et
Québec, à huit heures par jour, je pense que c'est environ $10
000 par mois. C'est pour un réseau de micro-ondes. Celui de
l'Association des câblodistributeurs est déjà
implanté. Est-ce que ce serait le même coût? S'il y avait
à créer un réseau de micro-ondes, à ce moment, cela
rejoindrait $10 000 par mois pour relier Québec à
Montréal.
M. Lavoie: Est-ce que vous avez l'intention de suspendre?
M. Burns: Oui, vers 13 heures.
Avez-vous d'autres questions? Je vais, à la suite des suggestions
des membres de l'Opposition, vous faire une suggestion ou, en tout cas,
partager votre suggestion et demander au président de l'Assemblée
nationale d'organiser, dans les meilleurs délais, un voyage à
Ottawa de représentants de partis qui siègent à la
commission de l'Assemblée nationale, peut-être pour
compléter ces informations. Je n'ai aucune espèce d'objection. Je
vous dis tout de suite que ce n'est pas par manque d'intérêt que
je ne ferai pas partie de ce voyage. Ce n'est pas parce que je trouve que ce
sera inutile ou utile, mais ces informations, je les ai déjà en
ce qui me concerne. Mais cela peut peut-être aider les membres de
l'Opposition et même les députés ministériels
à compléter leurs connaissances dans ce domaine qui, je l'avoue,
n'est pas quelque chose que l'on saisit la première journée. Je
souhaite, M. le Président, si cela correspond aux vues de l'ensemble de
la commission, que vous preniez l'initiative d'organiser un tel voyage à
Ottawa et peut-être même à Toronto, si c'est possible. Par
contre, je vous dis qu'il serait intéressant que cela ait lieu le plus
rapidement possible.
M. Lavoie: On pourrait le faire la semaine prochaine, si vous le
voulez.
M. Burns: Je ne voudrais pas que cela retarde nos travaux.
M. Lavoie: Non, je suis bien d'accord, mais je trouve que le
ministre devrait se joindre à ce groupe. D'ailleurs, vous vous rappelez
un voyage archirapide qu'on a fait à Washington, Sacramento...
M. Burns: Ce fut bien le "fun" d'ailleurs.
M. Lavoie: ... et à Ottawa, en 72 heures, sur la loi 2.
Vous savez quand on rencontre les gens qui sont responsables de ces dossiers,
je crois que c'est à poser des questions que l'on découvre...
Le Président (M. Richard): Je me charge de convaincre le
ministre c'est l'année nouvelle de nous accompagner.
M. Burns: Vous allez être obligé, M. le
Président...
M. Lavoie: Je peux lui trouver un visa pour aller à
Ottawa, en plus de cela.
M. Burns: M. le Président, d'abord, je dois dire que je
suis très touché par l'invitation affectueuse du
député de Laval. J'espère que cela augure bien pour la
session qui s'en vient, mais je vous dis tout simplement que ce n'est pas moi
qui vais refuser d'y aller; c'est mon agenda qui va le refuser; c'est dans ce
sens-là et aussi à cause du fait que, déjà, j'ai
été très sérieusement informé par nos
experts techniques dans ce domaine sur ce qui se passait à Ottawa et
à Toronto; à Toronto, on a eu l'occasion à quelques
reprises de vérifier sur place moi-même d'ailleurs
ce qui se passait.
Le Président (M. Richard): Dans votre esprit, ce
serait...
M. Burns: M. Chantelois me fait la précision suivante, et
il a parfaitement raison; à Toronto ce n'est pas de la
télévision, on enregistre sur film, le film est mis à la
disposition... La technique est tout à fait différente.
M. Lavoie: C'est pour cela que, cet après-midi, si on
continue d'étudier le même dossier, j'aimerais qu'on aborde le
côté "editing ", le choix de diffusion de certaines parties des
débats. Je pense que c'est une question assez importante et on aura
certaines suggestions à faire sur cela.
M. Burns: Ce que je suggérerais à la commission, ce
serait, étant donné que cela répond aux vues de l'ensemble
de la commission, que ce voyage se fasse. On pourrait peut-être suspendre
la discussion sur la télévision jusqu'à ce que ce voyage
ait été fait, et peut-être qu'on pourra aborder le
problème du règlement cet après-midi. Les questions seront
peut-être encore plus précise à la suite du voyage.
Là-dessus, M. le Président, je vous dis tout de suite que
nos experts techniques qui m'ont conseillé dans ce dossier seront
à votre disposition, si vous pensez que certains d'entre eux doivent
vous accompagner dans le voyage. Cela est tout à fait votre
gré.
M. Lavoie: Je suis tout à fait d'accord avec le ministre
qu'on devrait suspendre le débat. On discutera là-bas la question
de l'"editing ", du découpage, de l'équilibre, de
l'impartialité, de l'objectivité de la diffusion. Je remercie le
ministre d'avoir acquiescé à la demande de la commission à
cet effet.
Le Président (M. Richard): Je vais organiser cela
dès aujourd'hui pour la semaine prochaine. Cela irait? Je voudrais que
vous m'indiquiez deux
choses. Je suppose qu'uniquement des membres de la commission, plus les
experts associés au ministre ou à l'Assemblée nationale,
feront le voyage, mais pas tous les membres de la commission, n'est-ce pas?
M. Burns: Je présume que ce serait difficilement possible.
Cela ne serait pas tellement possible que tous les membres de la commission y
participent, mais peut-être des représentants du côté
ministériel...
M. Lavoie: L'Opposition officielle, peut-être...
M. Burns: Je laisse cela à vos bons soins, M. le
Président. Vous êtes habitué à organiser des
voyages.
Le Président (M. Richard): C'est la nouvelle loi qui
m'interdit de devenir un agent de voyages. Les travaux sont suspendus
jusqu'à 15 heures.
M. Burns: Je m'excuse, mais, pour faciliter nos travaux de cet
après-midi, j'ai des projets d'amendements qui sont déjà
rédigés. Je vous en fais distribuer des copies
immédiatement pour que vous puissiez en prendre connaissance avant 15
heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
Reprise de la séance à 15 h 19
Le Président (M. Richard): A l'ordre, messieurs!
Il s'agit de la même séance que ce matin, dont les travaux
ont été suspendus. Si j'ai bien compris, tant que nous n'aurons
pas effectué un voyage à Ottawa, on ne reprendra pas la
discussion sur la télévision des débats.
M. le leader parlementaire du gouvernement.
Amendements au règlement
M. Burns: M. le Président, j'aimerais, à ce
stade-ci, reprendre la discussion sur le règlement de l'Assemblée
nationale. Déjà, nous avions, au cours de la session
précédente, soumis un certain nombre de règles sur une
base sessionnelle. Je pense, par exemple je vais déposer le
document, M. le Président aux articles 30, 31, 174A, 106, 119A,
162A, que nous pourrions reconduire purement et simplement, qui ont
été adoptés comme règles sessionnelles.
A la commission, M. le Président, je proposerais donc que les
amendements au règlement de l'Assemblée nationale contenus dans
le règlement sessionnel adopté le 17 novembre 1977 soient
reconduits, à titre de règlement sessionnel, pour la durée
de la présente session.
Je pense ne pas avoir à commenter davantage cette proposition,
puisque déjà nous avons expérimenté partiellement
et de façon très brève ces amendements, sauf qu'on pourra
me demander pourquoi je reviens à un règlement sessionnel sur
cette affaire ou ces affaires. La réponse est bien simple, c'est que
nous pensons que nous n'avons pas eu, j'espère que l'Opposition partage
notre opinion là-dessus, suffisamment de temps pour examiner les effets
de tels changements à notre règlement.
On propose simplement de dire: Peut-être une autre année
nous aiderait à savoir exactement quels sont les défauts, les
bons côtés de tels règlements, pour nous ajuster en cours
de route, purement et simplement.
Le Président (M. Richard): M. le leader parlementaire de
l'Opposition.
M. Lavoie: Pour cette partie de la reconduction du
règlement sessionnel de la dernière session, je pense que, dans
l'ensemble, nous sommes d'accord pour le reporter. Lorsqu'on a réduit ou
remodelé les heures de séances de l'Assemblée en
éliminant la séance du vendredi matin pour en faire une
séance de commission sur un point en particulier, je suis bien d'accord
que cela n'a pas été rodé suffisamment. Il y a eu deux
telles séances: une à la demande de l'Opposition officielle et
l'autre à la demande de l'Union Nationale.
Nous, nous serions prêts à expérimenter de nouveau,
au début de la prochaine session, cette formule, quitte, même si
on l'adopte d'une manière sessionnelle, après discussion entre
les leaders, si cela fonctionne plus ou moins bien, après
la première partie de la session du printemps, à revenir
peut-être. On verra en temps et lieu.
Le seul autre commentaire que je voudrais faire, c'est qu'il y a eu un
accrochage, une fois, sur la question du pouvoir du leader du gouvernement de
reporter au lendemain un vote, au début de la séance suivante. Je
ne me rappelle pas exactement des circonstances, c'était sur
l'ajournement d'un débat, je crois.
M. Burns: C'était l'enregistrement d'un vote sur une
motion d'ajournement.
M. Lavoie: Est-ce qu'il y a eu...
Le Président (M. Richard): C'est qu'on ne voulait pas, en
vertu des articles qui disent qu'on ne peut pas entreprendre la
troisième lecture...
M. Lavoie: Avant que la question soit vidée ou que le
vote...
Le Président (M. Richard): Avant que la question soit
vidée, oui. Comme le vote avait été différé,
il y a eu des objections, à la fois de l'Union Nationale et de
l'Opposition officielle, pour dire: Comme le vote a été
différé, on ne pourra pas entreprendre...
M. Lavoie: Une autre étape.
Le Président (M. Richard): ... une autre étape
aujourd'hui.
M. Lavoie: Quelle fut votre décision?
Le Président (M. Richard): Ma décision je
suis heureux que vous ne vous en souveniez pas, parce qu'elle ne vous a pas
marqué trop profondément a été pour dire que
vous aviez tort.
M. Burns: Très bonne, très bonne.
Le Président (M. Richard): Je suis heureux que vous
souleviez la question, parce que cela va permettre de clarifier. Je vous dis
immédiatement que si vous l'adoptiez tel quel, moi je vais suivre la
jurisprudence qui a été faite à ce moment-là. En
d'autres termes, quand on a pensé à différer le vote
et cela avait été le sens de ma décision, et vous
étiez passablement d'accord, je pense, avec la présidence
à ce moment-là. Après coup...
M. Lavoie: Vous n'avez pas le droit de m'imputer des motifs qui
sont nés dans votre esprit.
Le Président (M. Richard): Non, c'est une
présomption, ce qui n'est pas juris tantum, je le reconnais.
M. Lavoie: C'est pire.
Le Président (M. Richard): Le sens de l'amendement avait
été d'accélérer les travaux de la Chambre. Par
conséquent, il m'apparaissait aberrant qu'on puisse non pas
accélérer, mais retarder les travaux de la Chambre en faisant en
sorte qu'on ne puisse pas entreprendre une autre étape le jour où
le vote a effectivement lieu.
M. Lavoie: Je ne suis pas encore convaincu. De toute
façon, il faudra que ce règlement soit adopté par une
motion de l'Assemblée, au début. Dans l'ensemble, je ne vois pas
de difficulté, mais je me réserve, à la suite d'un caucus
prochain que nous aurons, l'Opposition officielle, de vous donner notre accord
avant la première séance de la prochaine session sur cette
question du vote.
M. Burns: On se rend bien compte que, même si vous dites
oui ici à la commission de l'Assemblée nationale, vous avez le
droit de dire non à l'Assemblée nationale elle-même. C'est
une espèce d'indication que la commission de l'Assemblée
nationale aura adopté ces amendements qui éventuellement pourront
être soumis pour discussion à l'Assemblée. C'est tout.
M. Lavoie: J'aimerais que le rapporteur mentionne ma
réserve au rapport, parce que je ne voudrais pas me faire dire que j'ai
changé de parole après. Je ne voudrais pas qu'on dise que cela a
été unanime en commission et qu'on a changé
d'idée.
Le Président (M. Richard): Pour ce qui concerne l'article
106?
M. Lavoie: Oui, réserve sur le report du vote à
l'Assemblée.
M. Burns: Cela va. Il n'y a pas de problème, c'est tout
à fait normal.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: M. le Président, pour ce qui nous concerne, sur
la proposition du leader du gouvernement, avec l'expérience qu'on a
vécue à la fin de l'autre session avec le règlement
sessionnel qui a été proposé, pour ma part, en tout cas,
en vertu de mes intérêts particuliers, je trouve que cela vaut la
peine de l'explorer un peu plus loin. Je garde peut-être un peu la
même réserve. Je vais devoir, quand même, soumettre cette
proposition au caucus de l'Union Nationale afin de prendre une position
définitive à ce sujet, mais, en principe, pour ce qui me
concerne, je pense que cela a valu la peine de faire l'expérience.
Pour ce qui concerne, entre autres, le vendredi par exemple, la question
avec débat, je pense que cela vaut la peine de souligner que beaucoup
d'éléments positifs sont ressortis de cette expérience. On
aurait peut-être avantage à projeter plus d'éclairage sur
cette question qui donne à notre parlementarisme une autre avenue pas
mal positive et qui peut donner de bons résultats à l'avenir
aussi.
Le Président (M. Richard): Je vous souligne, M. le
député de Richmond, par souci d'honnêteté, que le
leader parlementaire de l'Union Nationale avait exprimé certaines
réticences en ce qui a trait à l'application également de
l'article 106.
M. Brochu: Merci.
M. Burns: M. le Président, en ce qui concerne l'article
106, je pense qu'il faudra se pencher là-dessus et les examiner s'il y a
des raisons qui nous sont soumises et qui nous apparaissent, en tout cas,
possibles à retenir. Dans ce sens-là, je suis disposé
à ce qu'on en rediscute éventuellement.
M. Lavoie: Pardon?
M. Burns: L'article 106.
M. Lavoie: Oui.
M. Burns: Vos remarques nous ont touchés.
Le Président (M. Richard): Est-ce que la motion du leader
parlementaire du gouvernement est adoptée?
M. Lavoie: C'est qu'il y a quand même des implications.
Pensez à un parlement assez serré, où un gouvernement
pourrait être battu par un vote. Si cela est remis au lendemain, il peut
y avoir des implications.
M. Burns: C'est d'ailleurs cela qui m'a convaincu. Je suis
entièrement d'accord avec vous.
M. Lavoie: Mais le vote?
M. Burns: Non, non. On va y regarder et je pense qu'il faut
mettre des balises à l'utilisation de cette affaire. C'est à
force de l'utiliser qu'on va se rendre compte qu'il y a des défauts et
qu'il y a des bonnes choses.
M. Lavoie: C'est la raison pour laquelle on ne les vote que de
façon sessionnelle, pour les roder, mais pour les vivre!
M. Burns: C'est d'ailleurs pour cela que je propose que ces
règlements deviennent sessionnels à nouveau. C'est cela qu'on
voulait dire au début.
Le Président (M. Richard): C'est un mariage à court
terme que vous proposez?
M. Burns: Oui, M. le Président. Le Président (M.
Richard): A l'essai. M. Burns: Un mariage à l'essai. M.
Lavoie: Bon, d'accord.
M. Burns: J'espère que personne n'y perdra son hymen.
Une Voix: Amen!
M. Lavoie: Si hymen il y a.
Le Président (M. Richard): Cette motion est-elle
adoptée? Adopté. M. le leader parlementaire du gouvernement.
M. Burns: D'accord. M. le Président, voici une
deuxième série d'amendements. Je pense d'ailleurs que tous les
membres de la commission ont reçu une copie des amendements.
Ce sont, à toutes fins pratiques, les amendements que nous avions
proposés préalablement, relativement... globalement, on peut
peut-être encadrer cela en disant le calendrier parlementaire. A
l'époque, je me souviens qu'une des grandes raisons de divergence
d'opinions entre l'Opposition et le gouvernement se plaçaient autour du
fait que nous demandions que, durant le dernier mois de la session, grosso
modo, que ce soit à l'été ou que ce soit à l'hiver
ou à la fin de l'automne, durant ce dernier mois, automatiquement, ce
qu'on appelle les règles de fin de session puissent s'appliquer. La
divergence d'opinions se tenait autour du fait qu'on devait finir à
minuit et que, d'autre part, du côté gouvernemental, cela ne
devait pas finir à minuit à cause du fait que,
déjà, on se limitait à quelque trois semaines, trois
semaines et demie, peut-être quatre semaines de session parlementaire.
Pour aider l'Opposition à accepter je ne m'en cache pas
cette chose, on a fait un pas de plus et le pas de plus se retrouve à
l'article 2 de la proposition que vous avez reçue, et plus
particulièrement à l'article 31A, alinéa 4, de l'article
2, dans la motion que je fais.
Ce qui posait des problèmes, semble-t-il, était le fait
que le gouvernement pouvait abuser de ce droit de faire siéger
l'Assemblée nationale à n'importe quelle heure du jour ou de la
nuit lorsqu'on arrivait durant cette période du 1er décembre au
21 décembre ou encore du 1er juin au 23 juin. Dans le but de
démontrer à tout le monde qu'on n'a pas l'intention d'en abuser
et que, d'autre part, il est absolument aberrant, stupide et niaiseux de
refaire à toutes les fins de session une motion de fin de session comme
on la connaît, on se dit:
Je ne vois pas pourquoi on ne le mettrait pas dans notre
règlement. Là où l'Opposition a parfaitement raison, c'est
de dire qu'il est absolument anormal et je vous parle au nom du
gouvernement, ce n'est pas une patente que j'ai décidé de faire
ce matin en me levant; c'est au contraire quelque chose qui a été
soumis au Conseil des ministres, au comité des priorités du
gouvernement qui, dans l'un et l'autre cas, ont donné leur assentiment
à cette proposition tant dans l'intérêt de
l'Opposition que dans l'intérêt du gouvernement que nous ne
connaissions pas un peu plus d'avance les projets de loi qui vont être ou
pourraient être déposés au mois de juin ou au mois de
décembre.
Je n'ai pas été soit dit en passant
très flatté par le fait que la majorité des journalistes
nous ont dit que, dans les trois ou quatre derniers jours de la session, nous
avions adopté 16 projets
de loi. Je ne pense pas que l'Opposition soit flattée non plus
par cela. Je pense que c'est une espèce de récollection que nous
pouvons faire et nous dire que ce n'est peut-être pas la meilleure
méthode de fonctionnement. De sorte qu'il y a deux pôles à
cela. Il y a le pôle des ministres eux-mêmes qui doivent arriver
avec le produit devant l'Assemblée nationale. Il y a l'Opposition; il y
a également les services de l'Assemblée nationale, M. le
Président, qui doivent éventuellement voir à ce que tout
cela fonctionne. Dans le but justement de protéger au moins un
élément, nous suggérons, à l'article 31A, la
possibilité que, sauf en cas d'urgence, aucun projet de loi
déposé après le 1er juin ou le 1er décembre ne
pourra être adopté, sauf en cas d'urgence déclarée
par l'Assemblée nationale ou encore ce qui n'est pas
mentionné là, mais qui sous-tend tout notre règlement
avec l'assentiment unanime de l'Assemblée nationale. Aucun projet
de loi ne pourra passer l'étape de la troisième lecture s'il n'a
pas été déposé avant le 1er juin ou avant le 1er
décembre. C'est la grosse modification.
Je le dis vraiment sans cacher mes flûtes, en disant simplement
que j'ai l'impression que c'est un très bon élément pour
permettre à l'Opposition d'accepter une demande qui leur paraît
actuellement un peu excessive, à savoir que durant le dernier mois de
chacune des fins de session la règle de la fin de session pourra
s'appliquer automatiquement. Cela m'apparaît aussi comme quelque chose de
très constructif, de quelque chose qui pourra se faire aussi avec
négociations.
Je pense que, tant dans le gouvernement précédent que dans
le gouvernement actuel, il n'y a pas eu tellement de bousculade au point de vue
de l'utilisation des heures nocturnes de l'Assemblée nationale. On a
fait cela parce qu'à un moment donné, de part et d'autre, on se
disait que c'était possible et qu'il fallait vraiment fonctionner et
débattre un certain nombre de sujets. C'est un peu dans ce même
sens que nous proposons cela.
La proposition, d'autre part, est faite, contrairement à la
première version qui vous avait été soumise, sur une base
sessionnelle. Lorsque nous avons proposé ce document, sauf l'aspect
obligation, c'était une obligation gouvernementale qui était
ajoutée, sauf pour cela, c'est de façon identique ce que nous
vous avions proposé l'automne dernier. Mais à ce moment
là, à cause du fait que la fin de session arrivait à
très court terme, on avait suggéré que cela devienne un
règlement permanent. Parce qu'actuellement on a cette possibilité
de regarder venir le coup, nous proposons que cela devienne également un
règlement ses-sionnel, en se disant si jamais cela ne fonctionne pas, ce
n'est pas plus grave que cela, on n'aura pas amendé le règlement
et tout le monde se sera dit que cela n'a pas fonctionné, que c'est
complètement mal foutu, et à ce moment on révisera et on
réexaminera.
Pour le moment, on vous suggère que les articles 23, 31, 31a, 127
soient amendés sur une base sessionnelle au même titre que ce que
nous vous avons suggéré préalablement, qui étaient,
dans le fond, des amendements sessionnels que nous avons mis à l'essai
depuis les quelques derniers mois avant l'ajournement de décembre. C'est
tout ce que j'avais à dire, M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le leader parlementaire de
l'Opposition.
(15 h 39)
M. Lavoie: Très brièvement, M. le Président,
deux remarques préliminaires sur les deux grands débats que nous
avons à chaque session, soit celui sur le message inaugural et celui sur
le discours sur le budget. Je crois que nous avions accepté, tous les
partis à l'Assemblée, un genre de compromis entre les 25 heures
actuelles et les 15 heures proposées, soit 20 heures. C'était
à la suite de représentations, surtout de M. Bellemare de l'Union
Nationale.
Je pense que, comme première étape, quitte
éventuellement à arriver à 15 heures, ce qui serait
peut-être un changement un peu brusque, on pourrait réduire cela
à 20 heures.
M. Burns: Est-ce que le député me permet une
question? Est-ce qu'on ne pourrait pas faire une distinction entre le discours
inaugural et le discours du budget, les deux venant presque bout à bout?
Je suivrais votre raisonnement quant au discours inaugural, j'irais
jusqu'à 20 heures. En nous disant que tout le monde a déjà
à peu près réussi à s'exprimer sur le discours
inaugural, et comme dans le fond, le discours du budget n'est pas tout à
fait du même calibre au point de vue de son exposition à l'endroit
des media, on pourrait peut-être dire moi je marcherais
là-dedans 20 heures au niveau du discours inaugural en maintenant
15 heures sur le discours sur le budget.
M. Lavoie: Ecoutez, je ne peux pas vous donner aujourd'hui un
acquiescement sur tout ce que vous proposez parce que je dois le soumettre au
caucus.
M. Burns: Ce n'est pas final, de toute façon, ce qu'on
fait aujourd'hui. Cela m'apparaîtrait, M. le député de
Laval, un bon compromis, alors que tout le monde dit 25 heures. On a
l'impression qu'on doit les utiliser, alors que ce n'est pas nécessaire
de les utiliser. Une fois qu'on a utilisé ces 25 heures ou 20 heures sur
le discours inaugural, peut-être qu'on peut utiliser moins d'heures sur
le discours sur le budget.
M. Lavoie: Nous allons nous en tenir à 20 heures sur le
message inaugural, au moins, quitte à vous soumettre...
M. Burns: Je peux vous dire d'avance que, si vous me faites cette
proposition, j'ai des fortes chances de l'accepter.
M. Lavoie: Pour l'autre, disons que je vais soumettre à
mes collègues de porter ça à 15 heures au lieu de 20
heures.
A l'article 31A, j'aurais des remarques que je considère
importantes, suite à l'expérience, d'ailleurs, de la toute
récente session. Je crois que notre période intensive à la
dernière session a duré deux semaines, si mes renseignements sont
bons. Je n'ai pas les dates, mais je crois que la période intensive
à la dernière session a duré deux semaines où nous
avons abordé et adopté une trentaine de loi. On pourrait le
vérifier. Je ne dis pas qu'il n'y en avait pas qui étaient
rendues en troisième lecture ou en commission, mais je crois qu'on a
finalisé, durant cette période, pas loin de 30 projets de
loi.
Vraiment, j'aurais trois amendements à vous proposer. Si on
considère que les heures que vous nous proposez, 10 heures du matin,
tous les jours de la semaine, y compris le samedi, tenons pour acquis qu'on ne
siégerait pas après minuit, comme on l'a fait la dernière
fois je ne crois pas qu'on ait dépassé minuit.
M. Burns: Une fois, on a dépassé, mais de
consentement.
M. Lavoie: J'ai trouvé cela pas mal intense et je pense
que les ministres et le leader parlementaire du gouvernement ont aussi
trouvé cela exténuant. Les journalistes doivent avoir
trouvé cela exténuant également, s'ils voulaient se
permettre d'avoir une certaine couverture des travaux de l'Assemblée,
sans parler de la présidence et des officiers de l'Assemblée et
tout le personnel qui oeuvre autour de l'Assemblée nationale.
Ce que vous nous proposez, c'est ce qui avait été
proposé, c'est trois semaines intenses, y compris le samedi cela
peut aller jusqu'à 60 heures par semaine sans dépasser
minuit et vous vous gardez le droit de dépasser minuit.
Je vous dis que c'est trop, à mon point de vue. C'est vraiment
excessif. Ce n'est pas vivable. Il n'y a pas un employé manuel ou un
technicien qui peut quasiment se permettre cela, sans penser qu'il y a de la
préparation. On ne peut pas arriver en Chambre et... Il y a quand
même une préparation, il y a des caucus qui se tiennent, il y a
des préparations de dossiers et tout. Je vous dis que ce n'est pas une
manière de procéder. N'oubliez pas que vous accaparez quasiment
trois semaines ordinaires et plus de session, parce qu'une session ordinaire a
à peu près 18 heures de séance; multipliez par trois, cela
fait 54. On est rendu à 60, en prenant comme hypothèse qu'on ne
déborde pas minuit.
Je vous dis que c'est énormément trop. Vous rendez les
hommes publics comme des esclaves aux travaux forcés. C'est aux
galères que nous sommes. S'il y avait une meilleure planification...
C'est sûr qu'avec le quatrièmement cela va vous forcer à
une meilleure planification, mais il va falloir que...
M. Burns: Justement, et c'est une critique qui a
été faite par l'Opposition actuelle, à laquelle j'ai
participé quand j'étais dans l'Opposition, que je trouve tout
à fait justifiée. Nous sommes à l'unis- son
là-dessus. Cela n'a pas de bon sens que le gouvernement arrive avec des
projets de loi dans lederniermoisdela session, si ces projets de loi sont
substantiels.
M. Lavoie: Vous en aviez plusieurs vous-mêmes. Je ne
voudrais pas attaquer...
M. Burns: Je vous dis que cela n'a pas de bon sens...
M. Lavoie: Je vous le dis, vous avez été pires que
les autres gouvernements d'avant. Trois ou quatre lois importantes...
M. Burns: Me laissez-vous parler? Moi, je ne vous ai pas
interrompu, M. le député de Laval.
M. Lavoie: Vous avez tenté.
M. Burns: J'ai fait des... Pour une fois qu'on parle dans le
même sens, ne m'interrompez pas. Je vous dis tout simplement que cela n'a
pas de bon sens. Le Conseil des ministres est entièrement d'accord avec
ce que je vous propose aujourd'hui. Vous savez ce que cela veut dire? Vous
savez que les ministres, qui sont membres du Conseil des ministres, viennent
juste de déclarer qu'ils vont s'imposer également cette
règle. C'est cela qui n'est pas bête, il ne faut pas l'oublier. On
pourrait trouver un tas de cas qui ont été adoptés en fin
de session, durant la période du 1er décembre au 22
décembre, qui n'auraient pas été adoptés, parce
qu'on ne pouvait pas alléguer urgence.
C'est également parce qu'il avait été
déposé en première lecture, après le 1er
décembre. D'une part, pour protéger l'Opposition, c'est tout
à fait normal que l'Opposition dise: Arrêtez de nous amener des
projets de loi à la dernière minute, de nous dire que c'est bien
important et qu'il faut les adopter; c'est, d'une part, pour cela; c'est aussi,
d'autre part, pour protéger le gouvernement, pour dire à ce
gouvernement et aux membres qui parlent en son nom: II faudrait peut-être
que vous planifiiez d'avance vos interventions législatives.
C'est peut-être se leurrer de croire que cela va se faire de part
et d'autre. Je pense que non. Je pense qu'on a justement actuellement un groupe
de gens, une Opposition suffisamment nombreuse pour pouvoir recevoir un certain
nombre de projets de loi assez à l'avance et d'avoir sa réaction
au moment précis où c'est souhaité.
D'autre part, on a également une volonté carrément
et clairement donnée par le Conseil actuel des ministres à qui
ces projets ont été soumis pour qu'il dise: Oui, on va se plier
à cela. Dans le cas d'un membre du Conseil des ministres, je fais appel
en particulier au député de Marguerite-Bourgeoys, qui a connu ces
grandeurs et ces petitesses du Conseil des ministres, il sait fort que ces
vicissitudes, ou appelez cela comme vous voulez, il sait fort bien ce que je
veux dire là-dessus, que cela pose un certain nombre de
problèmes. Je vous donne simplement un exemple. Si on impose à un
ministre de se dire que dans un projet de loi
qui est déposé après le 1er juin de chaque
année ou le 1er décembre de chaque année, il faudra qu'il
sache exactement ce qu'il veut présenter au Conseil des ministres, au
moins, dans le cas du mois de juin, avant le 1er mai et, dans le cas du mois de
décembre, avant le 1er novembre, c'est parce qu'il faut arriver avec un
mémoire au Conseil des ministres, qu'il faut avoir un comité de
législation entre les deux et qu'il faut laisser un certain temps pour
l'impression, pour la traduction du projet de loi, etc.
M. Lavoie: D'ailleurs, c'est une protection pour le leader du
gouvernement, parce qu'il y a beaucoup de ministres qui le bousculent à
la dernière minute. On veut vous protéger, M. le leader.
M. Burns: C'est bien gentil.
M. Lavoie: Nous serons votre défenseur.
M. Burns: Vous me montrerez vos deux mains, quand vous me
défendrez.
M. Lavoie: Je pense qu'on devrait faire un amendement, est-ce
qu'on va le faire formellement ou quoi? Etant donné que vous en faites
une motion en bonne et due forme, je crois qu'il y aurait lieu que je fasse un
amendement, qui pourrait d'ailleurs être révisé
après consultation avec mes collègues, mais avec ceux que j'ai
ici.
Tout d'abord, y a-t-il lieu de faire un amendement ou est-ce que vous
modifiez le vôtre, concernant le message inaugural, pour vingt heures de
débats? Si vous modifiez votre proposition...
M. Burns: Vingt heures, oui.
M. Lavoie: ... je n'aurai pas la peine de faire d'amendement.
M. Burns: Non.
M. Lavoie: Vous modifiez votre motion.
M. Burns: Je suis prêt à mettre cela
là-dedans...
M. Lavoie: Sur le discours du budget, qu'est-ce que vous
faites?
M. Burns: ... sauf que je vous demanderais de songer à la
possibilité que le discours du budget puisse garder les quinze
heures.
M. Lavoie: Mettez-les à vingt heures, quitte à
discuter à nouveau des deux.
M. Burns: Gardez-les donc à quinze heures, quitte à
en discuter.
M. Lavoie: C'est vous qui faites la motion, ce n'est pas moi.
M. Burns: Non, mais je vous dis que je suis prêt à
modifier mes amendements, mes suggestions d'amendement à vingt heures de
débats sur le discours inaugural. C'est le moment où vraiment les
députés...
M. Lavoie: Comme je peux présumer de votre acquiescement
à ma proposition, à mon amendement suivant, je vais accepter
votre proposition de vingt et quinze heures comme un bon échange.
M. Burns: II y aurait 20 heures au niveau du discours
inaugural.
Le Président (M. Richard): Au niveau du discours du
budget, c'est cela?
M. Burns: Nous, on se met d'accord là-dessus.
M. Lavoie: L'autre amendement formel que je voudrais faire, c'est
à l'article 31A, alinéa 3. Je vous le fais tel que je l'ai
exprimé tout à l'heure en vous disant que cinq jours de travail,
du lundi au vendredi, de dix heures à minuit, avec quatre heures de
suspension chaque jour pour le déjeuner et le dîner, les lundi,
mardi, mercredi, jeudi et vendredi, pour un total de 50 heures par semaine,
c'est amplement suffisant, cela représente trois semaines dans une de
session ordinaire. Mon amendement est le suivant et je le réduis
trois semaines, je trouve que cela serait trop long à deux
semaines. L'amendement est donc le suivant: Du 8 au 23 juin et du 8 au 21
décembre, je vous donne six semaines de session. Dans les deux
premières semaines de la première partie de session, je vous
donne six semaines de session; c'est trois semaines dans une, si vous calculez
les heures, 50 heures par semaine. Je vous propose dans ma motion d'amendement,
entre le 8 et le 23 juin et entre le 8 et le 21 décembre, de
siéger tous les jours de la semaine...
Le Président (M. Richard): Le 21 ou le 23? Vous avez dit
le 23 décembre tantôt.
M. Burns: Donnez-nous une date en somme.
M. Lavoie: Je vais vous donner jusqu'au 23, si vous voulez, pour
qu'il y ait une concordance. Du 8 au 23 juin et du 8 au 23 décembre,
siéger tous les jours de la semaine, sauf le samedi et le dimanche. Mon
collègue dit qu'il faut respecter le sabbat.
M. Burns: Vous venez d'ajouter le samedi.
M. Lavoie: Oui, oui. 50 heures, j'enlève le samedi et le
dimanche. Tous les jours, de dix heures du matin à minuit.
M. Burns: Le texte actuel dit: Sauf le dimanche, vous ajoutez le
samedi.
M. Lavoie: Oui, sauf le samedi et le dimanche.
M. Burns: D'accord. Je veux comprendre votre...
M. Lavoie: De dix heures à minuit.
M. Lavoie: II y aurait une concordance à faire à
l'article 31A, alinéa 1: il faudrait marquer: Ni du 24 décembre
au 31 janvier, à cause de la concordance.
M. Burns: Ecoutez, je ne veux pas faire un débat long et
difficile là-dessus. Je ne pourrai pas, au nom du gouvernement, accepter
l'amendement du député de Laval, même si je comprends les
bonnes intentions qu'il y a derrière sa proposition. Plutôt que
d'adopter cela, je vais vous dire que je vais même retirer la proposition
que je vous fais parce que, au fur et à mesure que les jours avancent,
je sais que cela n'est pas possible. Je voudrais quand même le dire de
façon claire, pas par mesquinerie, pas parce que je ne veux pas
me...
M. Lavoie: Je l'ai fait de bonne foi, vous le faites de bonne
foi.
M. Burns: D'ailleurs, je reconnais cela.
Ce n'est pas parce que je ne veux pas qu'on fasse autre chose, on l'a
d'ailleurs prouvé autrement, si vous avez des suggestions qu'on est
prêt à accepter, je suis entièrement d'accord pour examiner
cela. C'est une espèce de chose qui doit se faire ensemble, avec un
certain nombre d'expériences qu'on a connues chacun de notre
côté. Dans le cas de l'article 31 A, je ne peux pas, mais vraiment
pas l'ayant examiné, parce que ce n'est pas la première
fois que la suggestion m'est faite, le leader de l'Opposition m'en a
parlé à plusieurs reprises, et en commission parlementaire et
à l'extérieur de la Chambre, on a donc eu l'occasion de s'en
parler; on a donc eu le temps, de mon côté, de se demander si
c'était faisable ou non dire que c'est faisable. Il n'y a aucun
gouvernement sérieux qui accepterait de limiter son droit de
fonctionner, en cours de fin de session, à minuit. Ce n'est pas
possible. C'est impossible. Je ne dis pas que nous voulons utiliser cette
disposition à outrance. Je dis même, au contraire, qu'on a
l'intention de s'en servir le moins possible. Que n'importe quel gouvernement
intelligent ne devrait même pas s'en servir s'il en était capable,
s'il planifiait par rapport, entre autres, à l'alinéa 4. Je
pensais que c'était un élément qu'on vous amenait pour
vous permettre d'accepter le "non-minuit". L'alinéa 4 de l'article 31A
était justement offert à l'Opposition comme une assurance qu'on
ne vous bousculerait pas en dernière minute, dans les dernières
trois semaines de la session. Je me disais que l'Opposition pourrait au moins
se dire: Si le gouvernement nous amène des projets de loi en retard et
de dernière minute, le gouvernement a au moins cette obligation de se
voir dire par l'Opposition: Ce n'est pas urgent, premièrement, c'est
votre premier recours; le deuxième, c'est que même si c'est
urgent, discutez-en. Si ce n'est pas urgent, votre troisième lecture,
vous ne pouvez pas l'avoir. C'est ce que dit l'alinéa 4 de l'article 31
A.
C'est quelque chose qu'on s'impose comme gouvernement et je vous avoue
que c'est à tel point que je trouvais cela important que j'ai cru de mon
devoir de soumettre cela au Conseil des ministres hier, et le Conseil des
ministres a dit: Oui, on va s'imposer cela. Et on va dire qu'à l'avenir
des projets de loi qui ne sont pas urgents ne pourront pas, s'ils ne sont pas
déposés avant le 1er juin ou avant le 1er décembre,
être adoptés de façon finale avant la fin de la session qui
est prévue déjà à l'article 31A. C'est un peu cela
qu'on se disait que l'Opposition accepterait comme pendant à ce que je
vais admettre comme étant une chose assez difficile à accepter
pour l'Opposition, à savoir que vous ayez une règle automatique
de fin de session, à partir du 1er juin ou du 1er décembre, selon
le cas. Je comprends cela. Je comprends que vous aimeriez en débattre
à un certain moment, mais si on en débat, ce sont des heures
qu'on utilise justement dans le cadre d'un calendrier et qui ne seront pas
utilisées à débattre des choses qu'on veut régler
à l'intérieur de ce calendrier. C'est dans ce sens-là. (15
h 59)
M. Lavoie: Votre quatrièmement, M. le leader.
M. Burns: Si ce n'est pas possible... Non, écoutez, ce
n'est même pas dans le but de vous intimider ou quoi que ce soit, je vous
dis: Si ce n'est pas possible, je suis prêt à retirer ces
amendements, autrement je ne vois pas comment un calendrier puisse être
fait si le gouvernement n'a pas la possibilité, à
l'intérieur de sa planification à lui, qu'on lui impose
déjà de façon restreinte, via 31A, de passer au moins le
minimum des pièces de législation qu'il veut faire passer.
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lavoie: Juste un mot, avec votre permission. Sur ce point, il
ne faut quand même pas se leurrer. Votre quatrièmement est
très habile; félicitations, M. le leader, votre
quatrièmement, c'est un peu comme aller à la pêche à
la "troll". Cela veut dire que cela ne vous empêche pas, durant cette
période de fin de session, de présenter un projet de loi
très important, capital, avec un élément de surprise qui
peut être un projet de loi très important, vous avez le droit de
passer votre première lecture, vous avez le droit de passer votre
deuxième lecture en nous faisant siéger après minuit, vous
avez le droit de faire siéger la commission à des heures ad
infinitum, à des heures indécentes, et tout ce que vous dites: en
troisième lecture, 84 ce n'est qu'un débat de deux heures, pour
que vous ayez le droit de passer votre troisième lecture.
Il ne faudrait pas nous prendre pour plus stu-pides qu'on en a l'air,
quand même. Ce n'est que cela que 84 dit: Lorsque la première
lecture d'un projet de loi a lieu...
M. Burns: M. le député.
M. Lavoie: Laissez-moi terminer.
M. Burns: M. le député, la dernière fois,
c'est à votre suggestion qu'on a décidé de limiter les
commissions à minuit.
M. Lavoie: Non, mais je reviens à l'argumentation de la
disposition de votre quatrièmement.
M. Burns: Non, mais cela ne marche plus. M. Lavoie: Ne me
déviez pas, là. M. Burns: Non, mais regardez donc
l'article... M. Lavoie: Lisez le quatrièmement.
M. Burns: Oui, mais lisez tout, vous aussi. C'est à votre
suggestion qu'on a fait cela la dernière fois. Article 150,
alinéa 2: "Toutefois, seulement deux commissions peuvent siéger
durant les séances de l'Assemblée et aucune ne peut siéger
durant la période des affaires courantes et après minuit. C'est
vous qui nous avez demandé cela, on l'a mis dans notre texte.
M. Lavoie: Oui, mais pendant la période intense
prévue à 31A, troisièmement, pendant les trois semaines
que vous proposez, à la fin de juin et à la fin de
décembre, les commissions peuvent siéger jusqu'à six
heures le matin.
M. Burns: Non, ce n'est pas vrai. Je ne ferai pas
l'exégèse de ce texte, mais c'est votre suggestion.
M. Lavoie: Attendez une seconde, "siéger tous les
jours..."
M. Burns: Lisez...
M. Lavoie: Un instant...
M. Burns: II n'y a pas d'un instant, c'est votre suggestion, M.
Lavoie.
M. Lavoie: M. le Président, voulez-vous faire respecter le
bon ordre dans cette assemblée? On va l'interpréter;
écoutez...
Le Président (M. Richard): M. le leader parlementaire de
l'Opposition, vous avez la parole.
M. Lavoie: Je lis 31A, troisièmement: "Nonobstant toute
autre disposition, l'Assemblée peut, du 1er au 23 juin et du 1er au 21
décembre, siéger tous les jours de la semaine, sauf le dimanche,
de dix heures jusqu'à ce qu'elle décide de s'ajourner, avec
suspension des travaux de 13 heures à 15 heures jusqu'à ce
qu'elle décide de s'ajourner, cela veut dire cinq ou six heures le matin
avec suspension des travaux de 13 heures à 15 heures et de 18
heures à 20 heures, et à toutes ces séances l'ordre des
affaires du jour est celui prévu pour le mardi." Cela veut dire que
ça peut siéger en tout temps.
A l'article 150, on dit: "1. Les commissions élues peuvent
siéger en tout temps lorsque l'As- semblée n'est pas en session
ou lorsqu'elle a ajourné ses travaux pour plus de cinq jours. 2. Dans le
cas contraire, les commissions peuvent siéger aux mêmes heures que
celles prévues pour l'Assemblée, de même que le lundi,
à compter de 15 heures, et le vendredi de 10 heures à 13 heures.
Toutefois, seulement deux commissions peuvent siéger...
M. Burns: Toutefois! Insistez sur "toutefois" et vous allez
comprendre ce que veut dire la dernière phrase.
M. Lavoie: ... durant les séances de l'Assemblée et
aucune ne peut siéger durant la période des affaires courantes ou
après minuit." Il faudrait clarifier la rédaction parce qu'il
peut y avoir deux interprétations.
M. le Président, vous êtes l'arbitre de ces travaux, je
vous demande une directive. Si le leader du gouvernement veut faire
siéger après minuit, dans les trois dernières semaines de
juin et les trois dernières semaines de...
M. Burns: Je n'ai pas le droit. M. Lavoie: Ecoutez...
M. Burns: Voulez-vous un aveu? Je dis que je n'ai pas le droit,
comme leader du gouvernement, de les faire siéger après
minuit.
M. Lavoie: Est-ce que vous êtes d'accord avec moi que la
rédaction n'est pas tout à fait assez claire?
M. Burns: Je ne suis pas d'accord avec vous.
M. Lavoie: Un article dit que l'Assemblée pendant les
trois dernières semaines peut siéger jusqu'à ce qu'elle
décide de s'ajouner et un autre article dit: Les commissions
siègent aux mêmes heures que l'Assemblée.
M. Burns: M. le député de Laval, j'admets mes torts
quand ils sont tellement flagrants. Pourquoi n'admettez-vous pas les
vôtres?
M. Lavoie: M. le Président, est-ce que je peux vous
demander une directive?
M. Burns: Je vous dis: "Toutefois, seulement deux commissions
peuvent siéger". Toutefois a un sens dans la langue française.
"Toutefois, seulement deux commissions peuvent siéger ". Alors qu'on
vient juste de dire: On peut siéger n'importe quand en dehors des
sessions, là, on dit: Toutefois, deux seulement et pas après
minuit. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise si vous voulez avoir quelque
chose de plus clair que cela? J'admets que je n'ai pas le droit de faire
siéger des commissions après minuit.
Le Président (M. Richard): M. le leader parlementaire de
l'Opposition officielle, cela ne me tente pas de rendre une directive sur un
texte
inexistant. J'ai déjà assez d'en rendre sur des textes qui
sont en vigueur. J'ai le sentiment qu'une commission ne pourrait pas
siéger après minuit avec ce texte.
M. Lavoie: Est-ce qu'il y aurait dommage à clarifier la
rédaction?
Le Président (M. Richard): Non, je ne suis pas
chatouilleux là-dessus.
M. Lavoie: II y a un article qui dit... L'Assemblée qui
est souveraine, à ce qu'on dit, qui est la maîtresse un
instant, l'Assemblée, c'est quand même le principal aurait
le droit de siéger toute la nuit, mais un accessoire, une
créature de l'Assemblée n'aurait pas le droit. Je demanderais une
clarification sur cela.
M. Burns: D'une part, j'ai dit que ce n'était pas notre
intention de la faire siéger et de faire siéger des commissions.
Je pense que j'ai été assez clair là-dessus. Il peut
arriver que de consentement, on le fasse. Dans le passé, c'est comme
cela que cela s'est fait. Le député de Laval nous disait tout
à l'heure qu'il y avait eu une occasion au cours de la dernière
session où alors qu'on s'était dit qu'on ne dépassait pas
minuit, effectivement on avait dépassé minuit. Oui, c'est bien
sûr, mais cela a été fait comment? De consentement. C'est
le genre de chose qu'on ne peut pas bulldozer à l'endroit de quelque
Opposition que ce soit. Si j'étais dans l'Opposition aujourd'hui, je ne
l'accepterais pas non plus. Les membres de l'Opposition actuelle ne peuvent pas
l'accepter et je les comprends.
Que voulez-vous? Cela ne pose, à mon avis, aucun problème
à partir du moment où je vous dis: Les commissions parlementaires
ne dépasseront pas minuit, sauf si jamais on se dit, comme c'est
arrivé dans le cas des affaires municipales: Donnez-nous quelque chose
comme une demi-heure, trois quarts d'heure de plus et on va passer à
travers, et ils ont passé à travers. Je pense qu'il restait deux
projets de lois à discuter.
Ce n'est pas une question de dire: On veut imposer à l'Opposition
des règles absolument anormales. C'est une question de dire: Ce sont des
choses possibles. Je ne veux pas, cependant, me faire dire par
l'Assemblée nationale durant les périodes concernées: Je
m'excuse, il est minuit et vous n'avez pas le droit de continuer ou je
m'excuse, il est onze heures et on ne peut pas continuer. C'est uniquement sur
une base d'entente. Le député de Laval sait fort bien que ce
genre de chose ne se fait pas proprio motu du côté du leader du
gouvernement. Cela se fait habituellement par entente.
M. Lavoie: M. le Président, votre deuxièmement de
l'article 150 a vraiment besoin d'une nouvelle rédaction et là je
vais venir à votre propre rescousse. Savez-vous que, tel que cela est
rédigé dans le moment je viens pour améliorer votre
proposition vous ne pourriez pas faire siéger vos commissions le
mardi matin et le jeudi matin, ce qui s'est fait depuis toujours? Vous les
limitez aux heures de l'Assemblée. Vous voyez que cela vous prend une
nouvelle rédaction.
M. Burns: Je sais que vous m'avez parlé de cela au mois de
décembre.
J'ai mis tout ça en discussion et vous avez fort probablement
raison. C'est justement pour ne pas vous amener un projet d'amendement au
règlement qui soit différent de celui que je vous avais soumis
dans le temps que je vous ai présenté ce projet de loi, sauf pour
le paragraphe 4 de l'article 31A.
Si vous voulez, il n'y a aucun problème à
réexaminer tout ça, mais en tenant compte du fait que nous ne
pouvons pas j'insiste beaucoup là-dessus, du côté du
gouvernement et il n'y a aucun gouvernement qui pourrait accepter ça
s'il est sérieux dire: On se barre les pieds à ne pas
siéger passé minuit. On ne peut pas faire ça, c'est
absolument impossible. Par contre, on est prêt à dire à
l'Opposition: On ne vous prendra pas par surprise avec des projets de loi
pondus à la dernière minute, qui vont vous être
amenés dans les dernières heures de la session pour être
adoptés dans les dernières heures de la session.
Le Président (M. Richard): Le député de
Marguerite-Bou rgeoys.
M. Lalonde: Avant que le leader du gouvernement ne retire
formellement cette motion, il m'apparaît qu'une des questions les plus
importantes, à propos de laquelle l'Opposition officielle en particulier
et le chef de l'Opposition officielle en font une question de principe, c'est
la question de minuit. En passant, je pense qu'on peut quand même
reconnaître que l'article 4 impose une discipline plus grande au
gouvernement, à l'Assemblée nationale...
M. Burns: Vous voulez dire l'article 31A, paragraphe 4.
M. Lalonde: Oui, le paragraphe 4 de l'article 31A. Je pense que
le leader de l'Opposition officielle a parfaitement raison en disant qu'en fait
l'obligation de recourir à l'article 84 veut simplement dire un
débat de deux heures de plus, mais je verrais quand même assez mal
un gouvernement se faire reprocher, à la fin d'une session, d'avoir
dû recourir à l'article 84 trois ou quatre fois, durant une fin de
session. Je ne pense pas que ce soit une situation désirable qu'un
gouvernement veut créer.
Je pense que cela améliore la situation, mais cela ne
règle pas le problème de minuit. Je voudrais poser une question:
est-ce que la question de minuit, le leader de l'Opposition s'oppose à
cette proposition parce que c'est trop tôt ou parce que c'est une
question de principe? Autrement dit, si minuit, c'est trop tôt, est-ce
que deux heures, ça ferait? Ou une heure, ou trois heures?
M. Burns: Non, c'est que... Ecoutez...
M. Lalonde: II sait que lui-même, lorsqu'il était
dans l'Opposition...
M. Burns: On est...
M. Lalonde:... il a souvent soulevé cette question.
M. Burns: On est entre adultes...
M. Lalonde: ... on peut avoir l'Opposition à l'usure.
M. Burns: On va se parler entre adultes, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys. L'Opposition a parfaitement ce
droit. Je reconnais, sans aucune réticence, d'ailleurs, y avoir
participé. Comme on dit dans la fable de Lafontaine, j'ai quelquefois
tondu de la largeur de ma langue ce pré, je ne sais trop quoi, mars
c'est parfaitement le droit de l'Opposition de faire un "filibuster" à
un moment donné.
D'autre part, c'est parfaitement le droit du gouvernement de dire:
"Filibuster" ou pas, ce projet de loi va être adopté. On s'impose
des balises, des normes, des cadres très précis qui s'appellent
le 23 décembre et le 23 juin. On s'encadre. A ce moment-là, il
faut qu'on prenne aussi des précautions; on augmente ce cadre en disant
que, pour tout ce qu'on va faire après le 23 juin ou après le 23
décembre et avant le 1er janvier ou le 7 septembre, il faudra qu'on
dénonce qu'il y a urgence.
On ajoute à ça le fait que, si on veut passer les trois
étapes d'un projet de loi déposé après le 1er juin
et après le 1er décembre, c'est-à-dire aller
jusqu'à la troisième lecture, donc éventuellement
jusqu'à la sanction, on devra démontrer également qu'il y
a urgence.
C'est un gouvernement qui s'impose un certain nombre d'obligations. Vous
savez fort bien qu'il y a un certain nombre de projets de loi qu'on a
adoptés dans les derniers jours de la session et qu'on n'aurait pas pu
adopter, en vertu de ces règles, si l'Opposition n'avait pas
décidé de dire: D'accord, ça va. Par entente, on discute
de ce projet de loi, deuxième lecture, troisième lecture,
etc.
Ce sont des normes qu'on s'impose. Et je trouve que c'est
bénéfique pour l'ensemble de l'institution parlementaire. Je prie
les membres de l'Opposition de tenir compte de ce phénomène.
C'est bénéfique pour l'Opposition qui n'aura pas à se
faire bousculer à la dernière minute, à moins qu'il y ait
eu négociation, discussion, etc., avec le projet de loi, comme je l'ai
fait au nom du gouvernement à de nombreuses reprises où j'ai
donné, quelques jours d'avance, même avant le dépôt
du projet de loi, le projet de loi, même sous forme de galées,
à des représentants de l'Opposition.
Mais c'est bénéfique également pour le gouvernement
qui sera obligé de s'imposer des normes, qui sera obligé de se
dire: On n'adopte pas un projet de loi comme celui-là, à la
dernière minute, à la vapeur. Tout est là. C'est le genre
de proposition qui m'apparaît devoir recueillir un as- sentiment vraiment
généralisé, tant du côté de l'Opposition que
du côté du gouvernement.
Il impose, il n'y a pas de doute, à l'Opposition, un
acquiescement préalable; il impose au gouvernement une obligation
préalable. Mais il impose à l'institution politiaue, qui
s'appelle l'Assemblée nationale, une espèce de désir de
fonctionnement meilleur. Si quelqu'un me dit que cela diminuera le
fonctionnement de l'Assemblée nationale au point de vue de son
rendement, je suis prêt à réexaminer tout cela. Je pense
que, décemment et logiquement, on n'est pas capable de dire que ces
propositions, à 31A, sont de nature à diminuer le fonctionnement
ou diminuer le rendement de l'Assemblée nationale. Je pense qu'au
contraire c'est quelque chose qui est fait justement pour aider les
députés et aider le gouvernement et même forcer le
gouvernement à réagir de façon intelligente et, sur le
plan législatif, de façon cohérente.
M. Lalonde: M. le Président, la réponse du ministre
ne me rassure pas du tout. D'une part, on veut mettre un peu d'ordre, un peu
plus de cohérence dans les travaux parlementaires et, d'autre part, dans
le même souffle, on veut conserver cette menace à l'égard
de l'Opposition de la forcer à siéger durant la nuit, au cas
où cela serait nécessaire. C'est bien ce que le ministre a dit,
au cas où l'Opposition voudrait faire un "filibuster".
Mais c'est un couteau à deux tranchants. Si l'Opposition trouvait
que la question est assez importante, assez urgente pour faire un "filibuster "
en pleine nuit, pour attirer l'attention de l'opinion publique, c'est là
le deuxième tranchant du couteau. Mais il reste que le gouvernement
imposerait à l'Opposition un débat au prix de la rigueur
intellectuelle, au prix de la cohérence. C'est justement ce qu'on essaie
de faire ici, à cette commission, en sorte que les travaux
parlementaires profitent le plus possible d'une plus grande cohérence,
d'une plus grande rigueur.
Ce que j'avais cru être simplement une question: Est-ce que c'est
trop tôt minuit? Est-ce qu'une heure cela serait suffisant? Il y a
peut-être moyen de s'entendre là-dessus. Mais non, cela
m'apparaît donc une question de principe et, là-dessus, je ne
pense pas qu'on puisse bouger.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Terrebonne.
M. Fallu: M. le Président, on joue un peu, cet
après-midi, cartes sur table. C'est peut-être une bonne chose de
le faire, sauf qu'il y a des cartes qu'on n'a pas ouvertes. Il serait
peut-être temps de les ouvrir et de dire effectivement ce qu'il y a comme
atout. (16 h 19)
Au moment où le règlement sessionnel avait
été proposé on se souvient que cela avait
été en Chambre, à ce moment-là, après que la
commission élue de l'Assemblée nationale eût
déjà fait un premier déblayage on avait
refusé, à ce moment-là, justement, l'une des deux
barrières, celle de minuit, et on en était tout simplement
re-
venu au règlement traditionnel de la Chambre avec un
règlement de fin de session. Pourquoi ce refus de la part de la partie
ministérielle? C'est bien simple, c'est même facile à
calculer puisqu'on l'avait fait pour notre part. On avait estimé, par
exemple, que, s'il fallait, à partir du moment où le
règlement sessionnel, avec les deux bornes, à savoir celle d'une
date, d'une part, et celle d'une heure de clôture journalière,
d'autre part, calculer le nombre d'heures, très
précisément, qui restaient de cette date jusqu'à la fin de
la session, c'est-à-dire jusqu'au 23 décembre,
c'est-à-dire qu'en termes de stratégie je suis d'accord
avec cela de l'Opposition, on aurait pu, à partir de là,
déterminer très précisément combien
d'interventions, quelle nature d'interventions, combien de débats
privilégiés, en vertu de quelques articles qui subsistent, mais
qui sont évidemment raccourcis, de telle sorte qu'à la date
d'échéance du 23, un maximum de quatorze projets de loi auraient
pu être adoptés en troisième lecture, en ne tenant pas
compte des questions de privilège, en ne tenant pas compte des points de
règlement, en ne tenant pas compte non plus des demandes de
directives.
Cela aurait été, de ce fait "paralyser", s'il y avait eu
cette volonté, non pas le gouvernement, mais "paralyser" la Chambre. Il
faut absolument pour un gouvernement qu'il y ait, nonobstant les droits
fondamentaux de l'Opposition à faire du "filibuster" et cela même
de nuit si cela rapporte sur le plan publicitaire, ce sera à elle
à l'exercer nécessairement une des deux soupapes qui soit
ouverte, soit une date, soit une heure. Je le dis exactement comme cela peut se
calculer. On sait qu'à la fin de la session, même s'il y a eu, non
pas au sens strict du terme, des "filibusters", mais des retards dans
l'adoption des lois j e ne le dis pas d'une façon
péjorative; d'ailleurs, le mot "retard ", c'est qu'il y a eu des droits
de parole un peu plus abondamment pris sur l'une des mesures
législatives ou l'autre on savait par ailleurs qu'il y avait
quand même une volonté commune d'arriver à une fin de
session avec une entente entre les partis. C'est d'ailleurs le fondement
même du parlementarisme britannique, des ententes entre les partis.
De ce point de vue, il est évident que cela prend à un
gouvernement au moins l'une de ces portes de sortie. Ce n'est pas pour casser
l'Opposition, c'est tout simplement pour empêcher que l'Assemblée
nationale soit bloquée à un moment ou à un autre.
Première remarque.
Deuxième remarque. Relativement à l'article 150.2, le
leader de l'Opposition officielle nous fait remarquer que les commissions
élues ne siègent pas durant la période des affaires
courantes et il fait une objection sur les deux mots "après minuit".
Effectivement, cet "après minuit" ne peut s'appliquer que pendant la
période où l'Assemblée pourrait siéger
elle-même à un rythme accéléré, à
savoir du 1er ou du 8 juin ou décembre au 21 ou 23 décembre ou
juin. Il y aurait peut-être moyen de clarifier, puisque cela ne semble
pas clair au leader parlementaire de l'Opposition, en ajoutant, peut-être
à la fin, un membre de phrase semblable à celui-ci: "ou
après minuit, quant l'article 31A s'applique". Ce serait clair de ce
point de vue puisqu'en tout temps...
M. Lavoie: Là, vous me donnez raison.
M. Fallu: Non, je ne vous donne pas raison, je dis que, si cela
satisfait votre curiosité intellectuelle, je donne la
référence, parce qu'on sait qu'en dehors de ces périodes
d'accélération, les commissions ne peuvent pas siéger
après 22 heures, selon le règlement sessionnel qu'on
s'apprêterait vraisemblablement à adopter.
Une troisième remarque, celle qu'évoquait plus
qu'autrement le leader parlementaire de l'Opposition et le leader du parti
ministériel relativement au fait que les commissions sont souvent
appelées à siéger en dehors des heures de session. La
tradition parlementaire a voulu que cela se fasse même si cela
n'était pas inscrit dans nos règlements. Qu'on appelle une
commission à dix heures le matin, est-ce qu'il est vraiment
nécessaire, avec une si forte tradition, de l'inscrire dans le
règlement comme tel? Je pense que personne n'a songé,
jusqu'à maintenant, à contester cet appel des commissions de la
part du leader parlementaire. Je poserais même carrément la
question, en l'occurrence, au leader du parti libéral.
M. Lavoie: Non, ce qui était convenu, la tradition, c'est
qu'une commission pouvait siéger en dehors de la session en tout temps
et elle se terminait vers dix heures le soir, en général. Mais
c'est sûr que tel que le paragraphe 2 est rédigé
actuellement, de deux choses l'une. Cela veut certainement dire... Avec une
rédaction, vous savez comme moi qu'une tradition est détruite. On
ne va pas à l'encontre d'un texte écrit; vous ne pouvez pas
invoquer la tradition à rencontre d'un texte écrit. Le paragraphe
2 de l'article 50, c'est du droit nouveau. Si on l'interprète, cela
voudrait dire qu'on ne pourrait plus siéger, durant la période de
session, le mardi matin, ni le jeudi matin. Je fais une exception pour le
mercredi parce qu'en vertu de notre nouveau règlement, la Chambre
siège le mercredi; elle pourrait siéger après les affaires
courantes.
Une autre chose: si vous dites qu'elle ne peut pas siéger
après minuit, si je comprends bien, cela voudrait dire qu'elle pourrait
siéger pendant que la session est en cours. Même si on n'est pas
dans les dernières périodes, la Chambre arrêterait à
dix heures, mais la commission pourrait aller jusqu'à minuit. Est-ce que
c'est cela que vous voulez dire? On a arrêté le débat
là. Je pense que cela prend une nouvelle rédaction pour dire ce
qu'on veut dire. Je pense bien qu'on veut continuer à faire
siéger les commissions même le lundi ou le mardi matin, le
mercredi et le jeudi matin pendant que la session siège et que cela se
termine à dix heures le soir ou à l'heure de séance qui
est l'heure de l'Assemblée. Ce que je comprends et ce qui était
mon entendement, c'est que lorsque des heures
spéciales s'appliquent pour l'Assemblée et que cela peut
aller après minuit, les commissions pourront aller jusqu'après
minuit. C'est la façon dont je le conçois. Qu'on ait une nouvelle
rédaction, c'est tout.
S'il y a des heures extraordinaires pour la Chambre, je me dis que ces
heures extraordinaires s'appliquent aux commissions. Ce n'est pas en Chambre,
d'ailleurs, que le grand retard se fait. Des "filibusters", c'est jamais
à l'Assemblée. Ce n'est pas à l'étape de la
deuxième lecture ni de la troisième lecture qu'il y a un
"filibuster"; c'est uniquement en commission parlementaire.
M. Burns: C'est à l'Assemblée qu'on met fin au
"filibuster".
M. Lavoie: Oui, par la clôture. Encore là, le droit
de parole est limité à dix minutes par député; il
n'y a pas de "filibuster" là. S'il n'y a pas d'amendement, il n'y a pas
de division de la question, il n'y a rien. Pour clôturer ce débat,
nous vous avons fait une proposition que nous trouvons raisonnable: deux
semaines, au début de l'été, au cours de la
première partie de la session où on vous donne 100 heures de
travaux, et, au mois de décembre, de nouveau 100 heures de travaux. En
somme, c'est deux fois six semaines de session. Je trouve que minuit, c'est
convenable. Le samedi, pourquoi être quand même des
galériens à ce point, surtout à ces périodes de
l'année?
Quatrièmement, la soupape que vous nous mettez pour donner des
balises ou des contraintes aux ministres, cela vaut ce que cela vaut. Si vous
avez le droit de siéger après minuit et que vous dites: On veut
notre troisième lecture, et que vous nous imposez un petit débat
de deux heures qui va avoir lieu de deux heures à quatre heures du matin
pour avoir votre troisième lecture, ce n'est pas cela qui va
sensibiliser l'opinion publique. Il ne faut pas se laisser leurrer quand
même par un appât tel que l'article 4. Pour avoir la
troisième lecture en vertu de l'article 4, lisez l'article 84; c'est
uniquement un petit débat. Vous épuisez l'Opposition.
Pas en deuxième parce que je vous dis que ce n'est pas là
le "filibuster", mais pour un projet de loi assez important, vous
l'épuisez jusqu'à trois ou quatre heures du matin, en commission,
pendant trois, quatre jours et là vous dites: On n'a pas le droit
à notre troisième lecture, on va vous mettre un petit
débat de deux heures, parce que vous avez le droit après
minuit!
M. Bertrand: Est-ce que je peux poser une question au leader de
l'Opposition?
M. Lavoie: On peut se parler, comme vous dites, les cartes sont
sur la table.
M. Bertrand: Si le leader de l'Opposition officielle était
le leader du gouvernement, et qu'il ait cet article 31A avec une date limite,
peu importe que ce soit deux ou trois semaines dès lors qu'on
veut faire un horaire sessionnel, c'est certainement parce qu'on trouve qu'il y
a des abus de siéger le 15 juillet et le 21 août et qu'on pense
qu'il faut mettre des limites dans le temps est-ce que,
honnêtement, le député de Laval, s'il était leader
du gouvernement, accepterait, avec une limite dans le temps,
c'est-à-dire une date, le 23 juin, de s'obliger, en même temps,
à se fixer une heure limite pour les débats, soit minuit le soir,
quand il sait qu'il aura à peu près deux semaines pour
écouler sa législation?
M. Lavoie: On l'a vécu. Je vais répondre à
votre question, d'ailleurs elle est tellement hypothétique que je ne
pourrais jamais et je n'accepterais jamais d'être le leader du
gouvernement actuel parce que je ne voudrai jamais remplacer celui qui fait un
si bon travail actuellement...
M. Bertrand: M. Ryan, ou quelqu'un d'autre...
M. Lavoie: Je dois vous dire qu'on a quand même vécu
une fin de session toute récente où, pendant deux semaines, nous
nous sommes limités à minuit, où nous avons produit
on pourrait reprendre les procès-verbaux où on a
adopté une trentaine de lois.
M. Bertrand: C'est parce que l'Opposition a collaboré!
M. Burns: II y a plus que cela.
M. Lavoie: Je veux terminer ma réponse.
M. Burns: J'ajoute à ce que le député de
Vanier vient de dire, et que je partage entièrement, il y avait aussi en
plus, j'ajoute cela à ce que le député de Vanier vient de
dire, que non seulement cela a bien été, mais on avait aussi
l'arme il ne faut pas se cacher les mots on avait l'arme de
continuer. Ce qu'on n'a pas. Ce qu'on n'a pas avec la proposition qu'on vous
fait. Je vous assure on va se le dire ouvertement qu'il
était évident, et du côté gouvernemental et du
côté de l'Opposition, que la menace qui pouvait venir du Bon Dieu
lui-même ou de son délégué direct à
l'Assemblée nationale, le leader du gouvernement...
M. Lavoie: On a assez d'un pape qui s'en vient...
M. Burns: Ce qui menaçait tout le monde, c'était le
fait que je disais à qui voulait l'entendre que si on ne passait pas
cela, cela et cela, on revenait le lendemain de Noël. Je me rappelle
d'avoir insisté auprès du député de Laval,
auprès du député de Richmond et de son collègue le
député de Johnson, également, auprès du
député de Beauce-Sud et du député de Rouyn-Noranda.
Je leur disais: Ce ne sont pas des menaces que je vous fais. Je vous dis qu'il
faut passer cela. Et si on ne passe pas cela, on revient après
Noèl, le 26. ça vient de s'éteindre. Bon. Ce
n'étaient pas des menaces, c'étaient juste des faits.
M. Lavoie: Pour compléter la question du
député de Vanier, n'oubliez pas que le gouvernement
a d'autres armes, comme la clôture, qui a été
appliquée autant par l'ancien gouvernement que par le gouvernement
actuel, sur des projets de loi d'importance majeure. C'est une arme que vous
avez, et vous avez amplement le temps, durant ces périodes, d'appliquer
une clôture sur les lois que vous jugez à propos de passer, s'il y
a un "filibuster" du côté de l'Opposition. Vous avez
également 84 qui vous permet de dépasser ces dates. Ce n'est pas
pour cinq lois, mais il peut arriver un cas, une loi, et vous avez le droit
de...
M. Burns: On ne veut pas abuser de cela, vous le savez.
M. Lavoie: Je le sais, mais je crois que... Ecoutez, vous faites
une proposition et on la trouve trop forte. On vous fait une
contre-proposition. Pourquoi ne pas négocier à partir de
là? Qu'on négocie à partir de là.
M. Burns: On peut se dire qu'on va penser de part et d'autre
à tout cela.
M. Lavoie: Oui.
M. Burns: De toute façon, je ne pense pas qu'on soit en
mesure de terminer cela. Je pense, d'autre part, qu'il est désirable que
dans le cas de modifications substantielles au règlement, cela doit
faire partie d'une espèce de consensus des partis politiques, et j'ai
toujours été un très chaud partisan de cette approche. Je
pense que le député de Laval partage également mon opinion
là-dessus. Du moins, quand on a modifié des règlements, en
1971, il était très fortement engagé dans cette direction.
Je partage ce point de vue et je pense que vous aussi, M. le Président,
vous visez à ce que le règlement, lorsqu'on le modifie, soient
quelque chose qui obtienne...
Le Président (M. Richard): Qui provienne d'un très
large consensus.
M. Burns: ... un très large consensus. Je suis prêt
à réexaminer toute la patente, à essayer de trouver un
commun dénominateur le plus large possible. Mais je vous dis, entre
autres choses, que. dans le cadre d'une session qui est limitée au 23
juin ou au 23 décembre, dans l'un ou l'autre cas, je ne peux pas
accepter de limiter le gouvernement. Si j'étais du côté de
l'Opposition, je pense que j'appuierais le leader du gouvernement s'il disait
la même chose que ce que je suis en train de dire. Je ne pourrais pas
accepter qu'à ce moment-là on se limite à minuit. C'est
parce qu'à ce moment-là on se limite aux deux endroits et le
gouvernement a quand même le droit... Ce n'est pas à l'Opposition,
avec tous les moyens qu'elle a pour faire obstacle à un certain nombre
de projets de loi du gouvernement, de dire: Non, vous ne présenterez pas
tel projet de loi. Cela est l'un des éléments de base de toute
saine démocratie. Plus loin que cela, en dehors de l'affaire de minuit,
je suis prêt à revoir toute la situation. Mais si on me dit qu'en
même temps je suis obligé de limiter la durée de la
session, de m'imposer une date maximum pour la présentation des projets
de loi et qu'en plus de cela je suis obligé de m'imposer des normes
absolument rigides quant à l'acceptation des projets de loi, je vous dis
que ce n'est pas possible et je ne rends service à aucun gouvernement,
je ne rends même pas service à l'Opposition. Même là,
si c'est suffisamment important, dans l'esprit de l'Opposition, qu'il faille
obtenir cette chose de son côté, moi, je vous dis que c'est
suffisamment important, du côté du gouvernement, pour oublier
complètement le calendrier qu'on vous propose, donc oublier même
carrément d'amender ces choses. C'est ce qui ressort de nos discussions.
Je suis d'accord pour en rediscuter, je suis d'accord pour repenser tout cela,
mais, d'autre part, il y a un certain nombre de choses minimales que je ne peux
pas, au nom du gouvernement, accepter.
M. Lavoie: Juste un mot de la fin. J'ai vécu cette
expérience en 1971. Même, dans la préface du nouveau
règlement, il est dit qu'il faut respecter le droit du gouvernement de
faire adopter sa législation, tout en respectant les droits fondamentaux
de l'Opposition. J'ai joué, à ce moment-là, entre le
gouvernement du temps et l'Opposition, le rôle de médiateur ou de
conciliateur, appelez cela comme vous le voudrez, mais je crois que c'est le
rôle du président.
M. Burns: Sous votre signature, M. le député de
Laval: "Nous avons voulu assujettir le règlement à la
réalité de l'Assemblée pour qu'il fasse de celle-ci un
Parlement moderne, efficace, qui permettra à la majorité de faire
adopter sa législation, à l'Opposition de s'exprimer en toute
liberté, à l'opinion publique de se manifester et à tous
les députés de remplir pleinement leur rôle de
législateurs".
M. Lavoie: C'est beau!
M. Burns: Je n'ai pas un "moses" de mot à changer à
ça. Comme je suis d'accord avec ça!
Le Président (M. Richard): Je dois vous dire que vous
n'êtes pas si éloigné l'un de l'autre pour penser que c'est
irréconciliable. Je pense qu'il y a moyen de réconcilier deux
leaders qui le sont de droit divin. (16 h 39)
M. Cardinal: M. le Président, ce sont deux juristes. M. le
leader parlementaire de l'Opposition officielle, ce n'est pas un arbitre; il
faudrait faire attention à la carrière passée du
président. Il faudrait dire un amiable compositeur.
M. Lavoie: Je n'ai pas dit un arbitre. Le Président (M.
Richard): Très bien.
M. Burns: M. le Président, je suis bien d'accord pour que,
chacun de notre côté, on essaie de songer à tout cela.
Je ne m'attendais pas d'ailleurs à ce que sauf
peut-être pour ce qui a paru comme faisant une espèce de consensus
assez général relativement aux amendements qui existaient
déjà sous forme sessionnelle à part cela je ne
pensais pas qu'on pouvait régler tout cela aujourd'hui, ni sur le plan
de la télédiffusion, ni sur le plan de cet amendement. Je suis
prêt à réexaminer tout cela. Je demanderais
également à l'Opposition de réexaminer cela pour essayer
de trouver une solution qui nous sera mutuellement agréable. Et sur ce,
M. le Président, je propose l'ajournement de nos travaux, sine die.
Le Président (M. Richard): M. le leader parlementaire du
gouvernement, j'aimerais avoir votre sentiment; je l'ai déjà, je
pense, de la majorité et d'une partie de l'Opposition. Si,
éventuellement, je vous proposais un amendement pour que, durant la
période de questions, les questions de privilège et de
règlement soient réglées en quelque sorte proprio motu par
le président, comme cela existe dans d'autres Parlements, quel serait
votre sentiment? Je ne voudrais pas le faire inutilement. C'est pour interdire
le "filibuster" de la période de questions par une formation politique
ou par une autre.
M. Cardinal: Dans le fond c'était la règle des
mini-débats.
Le Président (M. Richard): C'est ce qui existe à
Ottawa, entre autres. J'ai noté qu'il y avait des périodes de
questions qui s'écoulaient en questions de privilège, souvent au
détriment d'une formation politique ou même de la majorité,
et que c'était une forme de "filibuster" de la période de
questions, et le règlement...
M. Lavoie: Je vois cela d'un très bon oeil, M. le
Président.
Le Président (M. Richard): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: Comme le reste, on peut le prendre en
réflexion. On donnera un avis à ce sujet.
M. Burns: M. le Président, en ce qui me concerne...
Evidemment, je suis moins concerné que les membres de l'Opposition, mais
dans l'intérêt du parlementarisme je serais favorable à
votre suggestion. Je pense que, si on doit avoir une période de
questions, elle doit se passer en période de questions plutôt
qu'en période de tours de passe-passe via des questions de
privilège. Je pense que c'est dans l'intérêt du
gouvernement autant que de l'Opposition que la période de questions soit
bonne, bien faite. Pour ma part, je considère que le gouvernement va
être meilleur si l'Opposition est meilleure.
M. Lalonde: On ne doit pas être bien bons.
M. Burns: C'est ce qu'on souhaite, que vous soyez meilleurs.
Le Président (M. Richard): Vous devenez dangereusement
modeste, M. le député de Marguerite-Bourgeoys. Cela
m'inquiète.
M. Lalonde: Excusez-moi.
M. Burns: Je prends acte, M. le Président, de
l'admission.
M. Lavoie: Prenez acte de deux actes.
Le Président (M. Richard): La commission ajourne sine
die.
M. Lavoie: Si je comprends bien, cela reste tel que... Le
rapporteur fera un rapport de la commission.
M. Burns: Je pense qu'on s'est bien compris. Avant de pousser
plus loin cette discussion, tant sur la télédiffusion que sur les
règlements, tout au moins quant à la télédiffusion,
on va laisser faire le voyage par ceux qui devront y participer, sous vos
auspices, M. le Président. Cela va nous donner le temps de
réfléchir aux amendements qu'on envisage de part et d'autre.
Le Président (M. Richard): J'ai noté vos bonnes
dispositions pour l'année 1978, sans vous souhaiter un congrès
à chaque année. J'espère que les dispositions demeureront
les mêmes. La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 16 h 44)