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(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît! Reprise des travaux de la commission de
l'Assemblée nationale chargée d'étudier le projet de loi
no 90, Loi sur l'Assemblée nationale.
Les membres de la commission pour la présente séance sont
M. Baril (Arthabaska) -s'il vous plaît - M. Bertrand (Vanier), M. Blank
(Saint-Louis), M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. de Belleval (Charlesbourg), en
remplacement de M. Chevrette (Joliette), M. Beaumier (Nicolet), en remplacement
de M. Fréchette (Sherbrooke), M. Gratton (Gatineau), M. Jolivet
(Laviolette), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M. de Bellefeuille
(Deux-Montagnes), en remplacement de M. Leduc (Fabre), M. Marx (D'Arcy McGee) -
s'il vous plaît - M. Guay (Taschereau), en remplacement de M. Marquis
(Matapédia), M. Desbiens (Dubuc), en remplacement de M. Ouellette
(Beauce-Nord), M. Pagé (Portneuf), M. Picotte (Maskinongé), M.
Rancourt (Saint-François) et M. Vaillancourt (Jonquière).
Conformément à l'entente intervenue hier, disons que
chaque député pourra intervenir et faire part d'un seul trait de
tous les commentaires qu'il veut adresser à l'endroit du leader sur la
loi 90. M. le député de Sainte-Marie.
Projet de loi no 90 (suite) M. Guy Bisaillon
M. Bisaillon: M. le Président, comme on avait convenu
hier, je vais faire la liste des articles sur lesquels j'ai un certain nombre
de commentaires. Je passerai plus rapidement sur les articles qui ont
déjà été mentionnés, quoique je vais les
mentionner juste pour indiquer au leader du gouvernement qu'il peut y avoir
plusieurs parlementaires qui pensent la même chose sur les articles, mais
je ne développerai pas ceux qui ont déjà été
traités hier. Article 7, que je relie à l'article 13,
c'est-à-dire: "L'Assemblée siège dans la ville de
Québec; elle peut aussi siéger à tout autre endroit du
Québec." On a souligné hier que ça pouvait poser des
problèmes de fonctionnement, d'enregistrement des débats,
peut-être, et d'immunité parlementaire. Je souligne juste qu'on
pourrait ajouter une modalité qui ferait en sorte que ça pourrait
être décidé par le Bureau de l'Assemblée nationale.
À ce moment, s'il était prévu que le bureau puisse statuer
sur le fait de siéger ou de ne pas siéger à
l'extérieur, on pourrait régler de cette façon un certain
nombre de problèmes. Et, comme au bureau il y a une participation des
parlementaires de toutes les formations et de toutes les orientations, on
serait préservé.
Article 8, le quorum. Je souligne la même chose qu'hier. Quant
à moi, je préfère de beaucoup un quorum plus
élevé, mais qui ne s'applique, comme on en a déjà
discuté dans le passé, qu'à un quorum de départ et
à un quorum de vote, la notion de quorum étant absente à
l'extérieur de ces deux possibilités.
Au sujet de l'article 10, je pense que c'est relié à la
réforme parlementaire et on pourrait le laisser de côté
pour l'instant. Quant à l'article 15, j'ai déjà
exprimé ce que j'en pensais, hier. Il me semble qu'il y aurait une autre
possibilité, celle de laisser le serment d'allégeance et
d'ajouter la possibilité pour un député de faire la
déclaration solennelle. Cela correspond à un certain nombre de
critères des décisions gouvernementales. C'est astucieux. J'y ai
pensé hier, sur le coin de la table, à la dernière
minute.
À l'article 24, le gouvernement peut nommer les adjoints
parlementaires. Ce sont les mêmes questions que celles que j'ai
soulevées hier. Ce n'est pas tellement sur le nombre que je me pose des
questions comme sur la tâche. Depuis longtemps, on parle de la
tâche que doit remplir un adjoint parlementaire. Il me semble qu'on
aurait avantage à préciser les fonctions des adjoints
parlementaires dans la Loi sur l'Assemblée nationale, en particulier
à la lumière de ce qui a été recommandé par
le rapport Vaugeois. Cela veut dire, par exemple, que le rapport Vaugeois
suggérait que les adjoints parlementaires soient davantage
affectées à tout ce qui concerne la législation
déléguée, la mise en place de la réglementation, la
défense de ces règlements au niveau d'une commission
parlementaire, spéciale ou pas. Il pourrait y avoir aussi d'autres
tâches confiées à l'adjoint parlementaire. Cela pourrait
être, par exemple, la révision des programmes du ministère
ou l'élaboration de méthodes budgétaires
différentes, non seulement pour impliquer davantage les
adjoints parlementaires, mais pour qu'on sache quel est le cadre de
leurs responsabilités. À ce moment-là, cela
n'empêcherait pas... Selon moi, en tout cas, cela ne devrait pas
empêcher que, sur les points où la loi leur reconnaît une
responsabilité, on puisse leur poser des questions au même titre
que les ministres à l'Assemblée nationale.
À l'article 29, M. le Président, je trouve la
deuxième partie de cet article fort abusive, surtout à partir du
moment où on parle d'une réforme parlementaire, empêcher un
député de déposer un projet de loi sous prétexte
que ce projet de loi entraînerait des dépenses de fonds. Quand on
sait que c'est le gouvernement qui est le seul maître, dans le fond, de
l'appel des projets de loi, il n'y a donc pas de risque à permettre
à un député de déposer un projet de loi, même
s'il entraîne des dépenses, parce que c'est le leader qui
décide si le projet de loi est appelé ou pas. Si le projet de loi
n'a pas de sens, s'il entraîne trop de dépenses pour le
gouvernement, on sait qu'il ne sera jamais appelé. Les arguments qui ont
toujours été invoqués pour conserver cette disposition
dans la loi, c'était que les membres de l'Opposition, qui ne sont pas en
position de gouvernement, pourraient fort bien déposer des projets de
loi appelant un paquet de dépenses et dire: Voyez-vous, nous autres, si
on était là, on passerait ce projet de loi.
Je pense que, de plus en plus, la façon dont se déroulent
les travaux parlementaires, c'est beaucoup plus sérieux. Par
définition, un membre de l'Opposition aspire à devenir un membre
ministériel. Il sait fort bien qu'un jour ou l'autre c'est ce qu'il va
lui arriver et qu'il ne peut pas faire n'importe quoi quand il est dans
l'Opposition ou proposer n'importe quoi, parce que, un jour ou l'autre, il sera
pris devant le problème de réaliser ce qu'il voulait faire
réaliser par les autres.
Je ne pense pas que, ni au plan public ni au plan politique, on court un
risque en laissant la possibilité aux députés de
déposer des projets de loi, peu importent les conséquences.
À ce sujet, M. le Président, je note qu'il serait peut-être
intéressant de faire faire une étude plus approfondie de cette
question et de la façon dont on l'a appliquée dans le
passé. Il me semble que, même de la façon dont c'est
rédigé actuellement, il y aurait des possibilités pour un
député de déposer des projets de loi. Alors, si ce qu'on
veut éviter, c'est qu'un député dépose des projets
de loi, je pense qu'on n'atteint pas nécessairement l'objectif de la
façon dont il est rédigé. En gros -pour moi, c'est un
article fort important -on devrait permettre à un député
de déposer un projet de loi, qu'il entraîne ou pas des
dépenses, le gouvernement étant toujours libre d'appeler le
projet de loi, de le faire discuter ou de ne pas le faire discuter.
Article 38. C'est un détail au deuxième paragraphe de
l'article 38. Les personnes qui reçoivent des lois doivent
défrayer les coûts entraînés par ça. On dit:
"Les sommes ainsi reçues sont versées au fonds consolidé
du revenu". C'est juste, pour relier ça, M. le Président, une
recommandation de la commission spéciale sur la fonction publique qui
trouvait cette pratique non seulement abusive, mais démobilisante aussi
pour des administrateurs. Il me semble que ces sommes pourraient être
conservées à l'Assemblée nationale, mais qu'on s'entende
à l'avance pour les affecter à, ou bien une augmentation de
services aux citoyens, mais qu'on les fasse servir à une meilleure
qualité des services ou une augmentation des services de
l'Assemblée nationale, puisque, de toute façon, ils ne
proviennent pas du budget.
L'article 54. L'article général dit: "Nul ne peut porter
atteinte aux droits de l'Assemblée. Constituent notamment une atteinte
aux droits de l'Assemblée les actes suivants: "10 essayer d'influencer
le vote, l'opinion, le jugement ou l'action du député par fraude,
menace ou intimidation."
Il me semble, M. le Président, que, rédigé comme
cela, cela peut aller fort loin. Il faudrait préciser que c'est à
l'extérieur de l'Assemblée nationale ou par des gens
extérieurs à l'Assemblée nationale, parce que cela
supposerait que même un ministre ne peut pas tordre les bras à
quelqu'un de son propre parti ou même le chef de l'Opposition ne pourrait
pas dire à un de ses députés: écoute, si tu...
Autrement dit, tel que c'est rédigé, cela s'applique même
à des collègues. Il faudrait peut-être préciser -
parce que c'est une pratique qu'on connaît - que ce n'est pas comme cela
qu'on l'entend et que cela s'adresse à des gens qui sont
extérieurs aux membres de la deputation. Le même article, à
12° dit: "entreprendre une procédure contre un député
dans une intention malveillante..."
Je trouve que, de façon générale, la
rédaction de cet article est très large et prête beaucoup
à interprétation. On s'adresse beaucoup plus aux intentions que
les gens ont qu'aux gestes qu'ils posent. Qui va déterminer si
l'intention était malveillante ou si elle ne l'était pas?
C'est la même chose à l'article 55, quand on dit "une
plainte frivole". La frivolité, cela me rappelle les chansons des
années 1930, mais je trouve que, dans une loi, cela fait un peu
étrange. Qui va déterminer que quelque chose est frivole ou pas?
C'est tout à fait relatif, M. le Président. Vous savez fort bien
que, pour vous, il y a des choses qui sont frivoles et que pour moi, elles ne
le sont pas et inversement. La rédaction de cet article laisse à
désirer, à cause de son imprécision et aussi parce qu'on
s'adresse davantage aux
intentions plutôt qu'aux gestes qui sont posés.
Allons à l'article 58. M. le Président, je me pose
énormément de questions sur le troisième paragraphe de
l'article 58, qui est une innovation sur laquelle je m'interroge fortement.
L'article 58 dit: "Est incompatible avec la fonction de député
tout mandat, fonction ou emploi auquel correspond une
rémunération ou un avantage tenant lieu de
rémunération." Et là, il y a deux premières
conditions puis une troisième, "d'un État étranger ou
d'une organisation internationale."
Je voudrais savoir, M. le Président, d'où cela vient?
Qu'est-ce qui justifie cela? Qu'est-ce qui a motivé qu'on ajoute cet
aspect et qu'est-ce qu'on entend par avantage tenant lieu de
rémunération? Est-ce qu'on a peur qu'on aille voir les
Palestiniens encore ou bien si on a peur qu'on aille visiter Moscou ou bien si
on a peur qu'on participe à des organisations non gouvernementales
affiliées à l'ONU. Il n'y a pas de salaire d'affecté
à ces déplacements, mais on sait fort bien, M. le
Président, que dans ce genre d'organisation il n'y a pas de salaire
d'alloué. Par ailleurs, l'hébergement est assumé par les
pays qui reçoivent. Est-ce que c'est un avantage qui tient lieu de
rémunération? Je veux que cela soit clair parce qu'il m'est
arrivé d'être dans cette situation, d'aller à
l'étranger. C'est arrivé à des membres de
l'exécutif, c'est arrivé à des membres de l'Opposition. Je
pense qu'il faut qu'on clarifie cela et qu'on arrête... Si cela vise des
situations passées, si c'est là pour corriger des situations
passées, je voudrais que ce soit mis sur la table, qu'on en parle
clairement et qu'on sache exactement ce que cela vise pour qu'à l'avenir
il n'y ait pas de problème d'interprétation qui provienne de cet
article. Je pense qu'il est honnête, au moment où on se parle, de
placer cela tel que je l'ai interprété quand je l'ai lu, parce
qu'il n'en a jamais été question, à ma connaissance,
depuis 1976. J'aimerais qu'on en discute honnêtement et ouvertement pour
savoir si c'est placé là parce qu'on pense qu'il y a eu des abus
dans le passé.
Je passe à l'article 75 qui concerne à l'embauche d'un
jurisconsulte. Je dois vous dire que j'ai déjà reçu des
explications là-dessus. Ma question était beaucoup plus dans le
sens suivant: Est-ce qu'il est nécessaire de créer une
fonction...
Une voix: ...
M. Bisaillon: Comme le leader du gouvernement va avoir à
me répondre tantôt...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Bisaillon: La fonction de jurisconsulte, je m'interroge sur sa
nécessité. Est-ce qu'il est absolument nécessaire, pour
arriver aux fins qui sont dans cette section, Avis consultatifs, d'avoir une
fonction de jurisconsulte ou si cela ne pourrait pas être fait par des
services existants? S'il y a des raisons particulières pour lesquelles
on a besoin d'une fonction nouvelle qui s'appelle le jurisconsulte, j'aimerais
qu'on me les explique. De toute façon, même quand on me les aura
expliquées et qu'on me les aura justifiées, pour être
logique avec une des recommandations du rapport de la commission, j'aimerais
qu'on m'indique aussi que cette nouvelle fonction n'amènera pas un
engagement additionnel puisque cela supposerait, à mon avis, une
mauvaise utilisation des ressources humaines qu'on a déjà
à l'emploi de l'administration publique.
Concernant toute la section du Bureau de l'Assemblée nationale,
j'ai deux commentaires. Le premier, c'est sur sa formation. On dit que les
membres du bureau autres que le président sont désignés
par les députés de chaque parti selon la répartition
suivante: quatre du parti gouvernemental, trois du parti de l'Opposition
officielle.
Ma position n'a pas changé depuis la sous-commission - là
je ne parlerai pas des députés indépendants, malgré
ce que plusieurs pensent - et je demeure convaincu que si on veut un Bureau de
l'Assemblée nationale qui soit vraiment représentatif des
parlementaires de l'Assemblée, un vote est nécessaire. Ce vote
peut se faire à l'intérieur de la proportion ou du nombre de
personnes qui sont déjà comprises dans le projet de loi.
Autrement dit, si on tient pour acquis que quatre doivent venir du parti
ministériel et trois de l'Opposition ou des Oppositions, je pense que
l'ensemble des membres doit se prononcer sur les quatre et sur les trois.
C'est un vote de confiance de placer quelqu'un à un Bureau de
l'Assemblée nationale; c'est une démarche de parlementaire comme
parlementaire et j'ai tout aussi le goût de me prononcer sur les membres
de l'Opposition qui seront au Bureau de l'Assemblée nationale que sur
ceux du parti ministériel. Je pense que cela peut être aussi vrai
pour les membres de l'Opposition. Est-ce qu'ils veulent quatre personnes du
parti ministériel, n'importe quelles, ou s'ils n'ont pas, selon les
personnes qui se présentent, avantage à voter pour quatre noms de
ministériels? De la même façon du côté de
l'Opposition. Autrement dit, selon moi, cela prend un vote qui pourrait
être significatif, donc, mise en candidature de chaque côté,
les gens de l'Opposition intéressés se déclarant
intéressés, les gens du parti ministériel
intéressés se déclarant intéressés, et
l'Assemblée nationale votant pour quatre noms du côté
ministériel et trois
noms du côté de l'Opposition. (10 h 30)
Vous me direz que la ligne de parti existant et la solidarité
interne jouant, il pourrait fort bien se trouver qu'il y en ait seulement
quatre d'un bord et trois de l'autre qui se présentent. Au moins, le
principe sera préservé. Peut-être qu'une année cela
ne fonctionnera pas et qu'il y en aura cinq et quatre et qu'on sera
obligé de se prononcer sur les sept qu'on veut voir comme
représentants.
Il ne faudrait pas oublier les tâches que le Bureau de
l'Assemblée nationale aura à accomplir. Je prétends que
ces tâches-là sont suffisamment importantes pour que l'ensemble
des parlementaires se prononce, de la même façon qu'on se prononce
pour l'élection du président de l'Assemblée nationale et
des deux vice-présidents. Ce n'est pas pour rien qu'ils ne sont pas
nommés par le premier ministre et que cela prend un vote de l'ensemble
de l'Assemblée nationale. Il me semble que c'est à peu
près la même chose quant au bureau et qu'on devrait
procéder de la même façon.
Le deuxième aspect m'amène à parler des services de
l'Assemblée nationale et à vous rappeler qu'il y avait une
recommandation, dans le rapport de la commission spéciale de la fonction
publique, qui concernait le personnel de l'Assemblée nationale. Je pense
qu'on ne peut pas voter une loi de l'Assemblée nationale sans, au moins,
faire cette discussion, ou bien pour repousser la recommandation de la
commission, ou bien pour l'appuyer et voir les modalités d'application
de cette recommandation.
On se souviendra que la commission avait recommandé que le
personnel de l'Assemblée nationale soit indépendant de la
fonction publique, tout en conservant les privilèges qu'il a
déjà ainsi que les droits acquis de par son appartenance à
la fonction publique, qu'il devrait être syndiqué et qu'un
régime particulier pour les employés de l'Assemblée
nationale ne devrait pas éviter pour eux la syndicalisation; donc, ils
pourraient être syndicables de la même façon qu'ils le sont
actuellement. Il y a une discussion à faire, selon moi, pour savoir s'il
est exact que le personnel de l'Assemblée nationale doit avoir un statut
différent de celui de la fonction publique. La commission
spéciale a répondu dans un sens et je pense que c'est le moment,
lors de l'étude du projet de loi no 90, de faire cette discussion,
quitte à mandater une autre sous-commission pour pousser les choses plus
loin. On ne peut voter le projet de loi no 90 sans tenir compte de cette
recommandation de la commission, d'une part, parce qu'il y a du personnel de
l'Assemblée nationale qui a vu cette recommandation, qui est en accord
ou en désaccord avec cette recommandation, et qui attend une
réponse, qui attend de savoir ce qu'on va faire avec cette
recommandation. Qu'on la repousse ou qu'on l'adopte. Si on l'adopte, qu'on
indique aussi ses modalités d'application; il me semble que c'est
important.
Article 142: la réglementation. Je maintiens que quand on aura un
autre projet de loi, c'est-à-dire une réimpression du projet de
loi - si j'ai bien compris, c'est vers cela qu'on se dirigeait - il faudrait
avoir, en parallèle, les amendements que cela va supposer au
règlement de l'Assemblée nationale et qu'on fasse, en même
temps, une discussion sur les implications des articles qu'on va voter.
Ce que je viens de donner n'est pas limitatif, cela ne veut pas dire
qu'à la discussion je ne pourrais pas avoir d'autres commentaires
à faire; dans un premier jet, c'étaient les articles sur lesquels
il m'a paru nécessaire d'avoir ou bien un certain nombre
d'éclaircissements ou d'informations ou encore qui devaient amener une
discussion entre les membres de la commission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Jean-Talon.
M. Jean-Claude Rivest
M. Rivest: M. le Président, j'ai simplement un bref
commentaire à adresser au ministre pour sa réflexion sur le
projet de loi no 90 au sujet du préambule. Il me semble que tout le
monde peut endosser les principes formulés au préambule. Il me
semble qu'il y a manifestement, en tout cas, à la première
lecture qu'on peut en faire, une erreur de perspective. Le préambule
semble indiquer et articuler la Loi sur l'Assemblée nationale en
confiant à l'Assemblée nationale la responsabilité unique
ou exclusive de la défense des droits et prérogatives de
l'Assemblée nationale du Québec par rapport au pouvoir
fédéral. Je trouve qu'on peut affirmer ce principe et sans doute
qu'il est sain. De la manière, d'ailleurs, dont il est formulé au
niveau du préambule de l'Assemblée, dans une loi sur
l'Assemblée, comme d'ailleurs dans une loi qui coifferait, par exemple,
la Loi de la Chambre des communes à Ottawa, je pense qu'il est beaucoup
plus important d'affirmer l'indépendance, la souveraineté de
l'Assemblée nationale par rapport au pouvoir exécutif
québécois, puisque l'essence de la démarche dans une loi
sur l'Assemblée nationale du Québec, c'est une loi des
parlementaires, une loi du pouvoir législatif qui affirme ses droits et
prérogatives face à l'invasion du pouvoir exécutif.
Je voudrais simplement attirer l'attention du ministre... Oui, je
comprends le quatrième considérant. Mais je voudrais qu'on le
précise directement, parce que tous les
autres parlent des droits et pouvoirs. Je prends le troisième
considérant pour l'instant: droits et pouvoirs historiques et
inaliénables du peuple québécois, de le défendre
contre toute tentative de l'en spolier ou d'y porter atteinte. Je comprends
que... Je ne sais pas, en fait, si c'est le sens que le ministre lui a
donné par rapport à la protection de l'ordre des juridictions qui
incombent à cette Législature. Je voudrais qu'on le
précise beaucoup plus clairement parce que toute la dynamique
sous-jacente au projet de loi, enfin les différentes dispositions que le
ministre a prévues dans son projet de loi sont effectivement à
l'égard du pouvoir exécutif. Je voudrais qu'on le dise
effectivement quand on parle de la souveraineté et de
l'indépendance de l'Assemblée nationale et du fait de
protéger ses travaux contre toute ingérence. Le mot
"ingérence" est presque... Ce n'est pas de l'ingérence que
l'exécutif fait dans les prérogatives, c'est le terme
"ingérence" qui m'a amené à penser que c'était
plutôt de la part d'une préoccupation du ministre de donner
à l'Assemblée nationale la vocation de protéger les
droits, la souveraineté du Parlement québécois face au
Parlement fédéral. Au fond, le pouvoir de l'exécutif ne
fait pas de l'ingérence dans les fonctions de l'Assemblée...
Une voix: De la gérance.
M. Rivest: Oui, il fait de la gérance. Je voudrais que le
ministre regarde pour reformuler d'une façon beaucoup plus
précise l'indépendance du pouvoir de l'Assemblée nationale
face au pouvoir exécutif, c'est ce qui est à la base, je pense,
du rapport Vaugeois et de la démarche qui a suivi ce mandat. Je n'ai pas
de proposition formelle, ce matin, mais j'aimerais que le ministre regarde
cela. Ensuite, étant donné que le ministre invoque... Il y a un
autre problème, évidemment. "Considérant le profond
attachement du peuple québécois aux principes
démocratiques de gouvernement; considérant que l'Assemblée
nationale du Québec, par l'intermédiaire de ces
représentants élus qui la composent, est l'organe suprême
et légitime d'expression et de mise en oeuvre de ces principes;..." Je
ne sais pas, si dans le nouveau contexte constitutionnel actuel,
l'Assemblée nationale a certainement une responsabilité
là-dedans, si la formulation est rigoureusement exacte sur le plan
juridique, dans la mesure où l'adoption de la charte constitutionnelle
canadienne de 1982 a fait en sorte que les principes démocratiques dont
il s'agit sont maintenant, dans l'ordre constitutionnel, sur le plan
strictement juridique, placés au-dessus de l'Assemblée nationale
et au-dessus du Parlement canadien puisque ces principes démocratiques
sont maintenant consacrés dans la charte constitutionnelle. L'inclusion
même de ces principes dans la charte constitutionnelle les a
placés au-dessus des institutions parlementaires, qu'elles soient
québécoises ou canadiennes. Je ne sais pas si le ministre a
regardé la rédaction de ce texte, les conséquences
juridiques, si le texte qu'il a choisi... Les intentions sont absolument
incontestables. Je pense qu'il y aurait moyen de regarder le texte en prenant
cela en considération.
Troisièmement, je sais, évidemment, que le ministre ne
procède actuellement qu'au niveau de la Loi sur l'Assemblée
nationale. L'Assemblée nationale n'a pas tous les pouvoirs, dans la
mesure où on est dans un régime fédéral. Je
voudrais simplement signaler au ministre - je sais que le ministre ne peut pas
tout faire en même temps - que les beaux principes qu'il énonce
quant à la Loi sur l'Assemblée nationale et la nouvelle
rédaction qu'il a choisie, c'est tout empreint d'un discours que l'on
connaît bien. Est-ce que le ministre ne pourrait pas demander à
ses collègues du Conseil des ministres de revoir également le
texte de la Loi sur l'Exécutif, qui est aussi importante, dans laquelle
on trouve une rédaction beaucoup moins adaptée au langage
contemporain et qui, elle, a au moins le mérite d'être beaucoup
plus claire et respectueuse de l'ordre constitutionnel dans lequel on se situe
actuellement et qui demeurera, à tous égards, dans nos statuts.
J'attire l'attention du ministre là-dessus.
M. Bertrand: J'ai l'impression que le député de
Jean-Talon a dû contribuer à sa rédaction, il y a quelques
années.
M. Rivest: Non. Le député de Jean-Talon, comme vous
le savez, n'est malheureusement pas éternel. Il n'était pas
là puisque la Loi sur l'Exécutif, pour l'information du
député, est probablement une vieille loi du temps de la bonne
vieille Union Nationale, qui est bien connue.
Des voix: Ah! Ah!
M. Bertrand: Quelqu'un que je connais?
M. Rivest: Non, non, celle que vous avez connue.
J'attirais simplement l'attention du ministre sur ces
éléments de rédaction et de formulation. Pour
résumer, je voudrais qu'on tienne compte, premièrement, de
l'ordre constitutionnel dans lequel on se situe depuis l'adoption de la charte
constitutionnelle canadienne et, deuxièmement, je voudrais que dans le
préambule de la Loi sur l'Assemblée nationale la démarche
première soit bien celle de la défense des pouvoirs et des
prérogatives des représentants élus par la population face
au pouvoir fédéral ou à
l'autre ordre de juridiction au pays, mais surtout - il me semble que
c'est le sens premier d'une loi de l'Assemblée nationale -face au
pouvoir exécutif québécois. Le ministre a toutes les
justifications pour faire cela, dans la mesure où les propositions qu'il
apporte à l'ensemble du projet de loi ont précisément pour
effet de raffermir les droits de l'Assemblée nationale face aux pouvoirs
du Conseil exécutif. J'aimerais qu'il puisse peut-être
l'évoquer ou trouver une formulation quelconque pour le manifester
beaucoup plus clairement qu'il ne l'a fait dans la rédaction de son
préambule.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Rivest: M. le Président, seulement une dernière
remarque. La défense - je m'excuse auprès de mon collègue
- des droits et des prérogatives du peuple québécois face
au peuple canadien - mettons-le comme ça -ce n'est pas la
responsabilité exclusive de l'Assemblée nationale du
Québec, c'est la responsabilité première du gouvernement
du Québec également, donc du pouvoir exécutif. Il faudrait
qu'il y ait une espèce de cohérence, qu'on sache qui fait quoi.
La défense des droits dans l'ordre constitutionnel canadien est une
responsabilité qui incombe d'abord et avant tout au pouvoir
exécutif qui, par le mandat qu'il reçoit de la population, a
depuis toujours ce mandat. Tout ce que l'Assemblée nationale peut faire
à cet égard, c'est d'appuyer son pouvoir exécutif quand il
s'agit de défendre les droits et les responsabilités
constitutionnels du Québec, dans l'ordre constitutionnel canadien;
l'Assemblée nationale ne peut prendre aucune espèce d'initiative,
en tant que telle, qui risque d'avoir des conséquences concrètes.
L'Assemblée nationale est un forum, un lieu de débat,
d'expression d'opinions, un lieu de contrôle du pouvoir exécutif,
mais, dans l'ordre constitutionnel canadien, ce sont les gouvernements qui
doivent, en tant que tels, défendre leurs prérogatives
respectives autant au niveau fédéral qu'au niveau provincial.
Alors, ces remarques que je fais au ministre, je voudrais bien qu'il en
prenne note, de manière à resserrer davantage ou à
clarifier les principes par ailleurs très nobles qu'il évoque au
niveau du préambule de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Herbert Marx
M. Marx: Oui, M. le Président, j'aimerais juste soulever
deux ou trois points.
Premièrement, dans le préambule, au paragraphe 1, on parle
du "peuple québécois", et dans le serment on parle du peuple du
Québec. Dans la version anglaise on parle "of the people of
Québec". Je pense qu'il y a une distinction mince et subtile, mais
peut-être importante entre "le peuple du Québec" et "le peuple
québécois". Est-ce que c'est nécessaire de discuter...
Une voix: Voulez-vous la faire? (10 h 45)
M. Marx: Je peux la faire si vous le voulez. On m'a
déjà dit, à l'Assemblée nationale et ailleurs, que
je ne faisais pas partie du peuple québécois, mais c'est
indéniable que je fais partie du peuple du Québec. Si vous
voulez, cette distinction a déjà été faite par le
premier ministre du Québec, à savoir qu'il y avait à
l'Assemblée nationale une cinquième colonne de
députés qui n'appartiennent pas au Québec dont les chefs
de file étaient Herbert Marx, Harry Blank et Jean-Noël Lavoie. Les
gens se sont toujours demandé ce que Jean-Noël Lavoie venait faire
là-dedans! Mais, de toute façon...
M. Bertrand: En d'autres mots c'était vrai pour vous et
pour votre collègue, mais pas pour Jean-Noël Lavoie!
M. Marx: Je soulève cette distinction qui m'a
frappé, parce que la version anglaise est différente de la
version française et il y a une différence entre le
préambule et le serment. Je pense que, si on met dans le
préambule "le peuple du Québec", ce sera plus conforme au serment
et à la version anglaise. C'était juste un point.
M. Bertrand: On ne débattra pas longtemps
là-dessus.
M. Marx: Bon, heureusement! Il y a un deuxième point.
Vous savez que vous êtes en train de proposer un changement dans
la formule introductive d'une loi, parce que, maintenant, c'est: "Sa
Majesté, de l'avis et du consentement de l'Assemblée nationale du
Québec, décrète ce qui suit". Maintenant, vous voulez
changer cela pour: "Le Parlement du Québec décrète ce qui
suit." Je vais vous dire tout de suite que ce n'est pas une innovation. On a
déjà adopté des lois comme celles-là au XIXe
siècle. Donc, nous avons déjà eu des gouvernements
anti-monarchistes avant le gouvernement présent, mais, dans la formule
actuelle, c'est: Sa Majesté, de l'avis et du consentement de
l'Assemblée nationale. Dans la coutume, on sait que Sa Majesté ou
le lieutenant-gouverneur n'a aucun pouvoir, parce qu'il va agir seulement sur
l'avis de l'Assemblée nationale.
Dans la nouvelle formule, cela ne se fera pas comme cela, parce qu'on
parle, par
exemple, du Parlement du Québec. On dit, à l'article 2:
L'Assemblée nationale du Québec et le lieutenant-gouverneur
constituent le Parlement du Québec. Cela est vrai. Et on dit que la
formule introductive d'une loi est la suivante: Le Parlement du Québec
décrète ce qui suit, mais on met le lieutenant gouverneur et
l'Assemblée nationale sur un pied d'égalité. On ne dit
nulle part que le lieutenant-gouverneur agit sur l'avis de l'Assemblée
nationale. C'est une distinction, mais c'est de ne pas donner plus de pouvoir
qu'il ne faut au lieutenant-gouverneur, étant donné qu'il ne peut
pas agir, sauf sur l'avis de l'Assemblée nationale. C'est dans les
faits, mais ce n'est pas en droit.
Un troisième point, sur le serment d'allégeance. Je suis
heureux d'apprendre que le ministre va réétudier la
constitutionnalité d'un tel changement, mais j'aimerais suggérer
que, si on prête serment au peuple du Québec, je suis tout
à fait d'accord. On fait cela dans l'État de New York, dans
l'État de la Californie. Cela ne choquera personne...
M. Bertrand: Cela ne choque pas M. Reagan?
M. Marx: Dans le serment, on dit: dans le respect de la
constitution du Québec. Je me demande si c'est assez de dire: dans le
respect de la constitution du Québec et de ne pas ajouter: dans le
respect des constitutions du Québec et du Canada, pour la raison
suivante. Dans la constitution du Canada, qui fait aussi partie, dans un sens,
de la constitution du Québec, on trouve, par exemple, des droits
démocratiques, le droit pour tout le monde de voter, il faut avoir une
session de l'Assemblée nationale par année, etc. Je pense que,
comme députés à l'Assemblée nationale, nous sommes
aussi tenus de respecter ces droits démocratiques qui se trouvent dans
la constitution du Canada. Donc, il serait plus correct en droit et plus
correct en ce qui concerne nos devoirs d'ajouter: dans le respect des
constitutions du Québec et du Canada.
M. de Bellefeuille: Pour le moment.
M. Rivest: Pour longtemps.
M. Marx: Je pense que...
M. Bertrand: En tout cas, tant que le député de
Jean-Talon va vivre.
M. Guay: Entre le moment et longtemps...
M. Bertrand: Mais il n'est pas éternel. Un aveu de taille.
J'espère qu'on en parlera demain dans les médias.
M. Marx: Est-ce que cela ferait mal au ministre de prêter
serment sur les constitutions du Québec et du Canada?
Une voix: Oui.
M. Marx: Au ministre, pas au simple député.
M. Lalonde: ... pouvoir législatif...
M. Bertrand: On va gratter le caractère...
M. Marx: Est-ce que cela va faire mal au ministre?
M. Bertrand: ... juridique et constitutionnel.
M. Marx: Mais est-ce que cela va faire mal au ministre de
prêter serment sur les constitutions du Québec et du Canada? C'est
une question assez simple.
M. Bertrand: Ce qui me fait beaucoup de bien, c'est de me sentir
loyal et fidèle envers le peuple souverain du Québec qui m'a
envoyé à l'Assemblée nationale.
Une voix: Voilà.
M. Marx: Est-ce que vous allez laisser l'article tel quel? Est-ce
que vous allez enlever "dans le respect de la constitution du Québec"
parce que vous ne voulez pas ajouter la constitution du Canada?
M. Bertrand: C'est comme la réponse que j'ai donnée
hier sur le serment d'allégeance. On va vérifier le
caractère juridique et constitutionnel de cette proposition de serment
ou déclaration solennelle.
M. Marx: C'est plutôt une question
d'honnêteté. Est-ce qu'on va prêter un serment qui englobe
tous nos droits et devoirs ou si on va faire de la politique et ne pas
prêter serment à la constitution du Canada qui englobe, veux ou
veux pas, les droits démocratiques? Je peux vous dire, de l'autre
côté de la table, que quand on a eu des discussions sur la charte
des droits, à la commission permanente de la justice, vous étiez
d'accord. Le premier ministre et le ministre des Affaires intergouvernementales
étaient d'accord pour enchâsser, dans la constitution canadienne,
des droits démocratiques et des droits fondamentaux. S'ils
étaient d'accord, c'est dans la constitution maintenant, dans la charte
canadienne des droits. Donc, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas
prêter serment sur ces droits démocratiques qu'on était
d'accord pour enchâsser dans la constitution canadienne. Cela m'a
frappé, à l'époque. Les
ministres qui ont assisté à la commission étaient
d'accord pour enchâsser ces droits démocratiques. Si on
était d'accord pour les enchâsser, je vois mal pourquoi on n'est
pas d'accord pour prêter serment sur ces droits démocratiques.
Discussion générale
M. Bertrand: M. le Président, je serais probablement
enclin à tomber facilement dans l'argumentation du député
de D'Arcy McGee si j'avais le sentiment qu'à l'inverse les
députés fédéraux qui siègent à la
Chambre des communes respectaient la constitution du Québec, les droits
et les intérêts du Québec et les privilèges de
l'Assemblée nationale.
M. Lalonde: On ne va pas recommencer. Ils ne voteront pas cette
loi-là.
Une voix: Voulez-vous qu'on en parle un peu?
M. Rivest: On va en parler.
M. de Bellefeuille: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Sur cette question, il me semble que le
député de D'Arcy McGee soutient lui-même que certains
éléments de la charte des droits fédérale font
partie juridiquement de la constitution du Québec. Cela étant, je
pense qu'il est suffisant de parler, dans ce passage, de la constitution du
Québec puisque cela comprend les éléments pertinents de la
constitution du Canada.
M. Marx: Juste une correction.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Si le député lit la Loi constitutionnelle
de 1982, il y verra que c'est écrit "la constitution du Canada". Cela
réfère à un certain nombre d'articles dans toutes les lois
constitutionnelles du Canada. Les droits démocratiques, juridiquement,
font partie de la constitution du Canada parce que, pour modifier cela, cela
prendrait le consentement de toutes les provinces et du gouvernement
fédéral quoique, pour d'autres dispositions qui font partie de la
constitution du Québec, cela prendrait juste le consentement de
l'Assemblée nationale. Il y a une distinction sur le plan juridique. Je
pense que ce sont des distinctions juridiques qui sont subtiles, mais souvent
importantes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Taschereau.
M. Guay: M. le Président, sur ce que vient de souligner le
député de D'Arcy McGee, ce n'est pas sur certains
énoncés qui peuvent se trouver dans le nouveau texte
constitutionnel qu'on peut avoir des objections. Mais en prêtant serment
sur la constitution du Canada, on se trouve à aller carrément
à l'encontre de ce que l'Assemblée nationale a dit,
jusqu'à maintenant en tout cas, sur cette constitution.
C'est-à-dire que ce n'est pas nécessairement ce qu'il peut y
avoir dedans, encore qu'il y ait des choses dedans qui sont inacceptables, mais
pas nécessairement à ce chapitre-là, au chapitre des
droits. C'est le fait qu'elle soit imposée sans le consentement de
l'Assemblée nationale et que, ce faisant, ce serait contradictoire de
dire, d'une part, que l'Assemblée nationale s'y oppose parce qu'elle
n'est pas partie prenante et de dire en même temps qu'on prête
serment à cette constitution. Il y aurait là une contradiction,
un illogisme qui fait que, jusqu'à nouvel ordre, en tout cas, il me
semble qu'on est mieux de s'en tenir à la formulation qui est
prévue dans le préambule. D'autant que l'argumentation du
député de Deux-Montagnes m'apparaît pertinente. Ce qu'il a
dit m'apparaît très juste. Si la constitution du Canada est
prévue dans la constitution du Québec, en prêtant serment
à la constitution du Québec, on se trouve à tacitement
prêter serment aussi à ce qu'il y a dedans.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
qu'un autre député voudrait prendre la parole?
M. Guay: On va ajourner les travaux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je tiens
pour acquis qu'aucun autre député ne veut intervenir sur le
contenu même du projet de loi no 90. À ce moment-ci ...
M. Lalonde: M. le Président, j'ai cru voir dans les yeux
de mes collègues une attente...
M. Bertrand: Le député de Marguerite-Bourgeoys a
des visions.
M. Lalonde: ... de certaines réponses du ministre à
des interrogations qui lui ont été communiquées. C'est
pour cela que nous gardions un silence quasi ministériel.
M. Bertrand: Ouvrez vos yeux, M. le député de
Maskinongé, qu'on puisse y lire.
Le Président (M. Vaillancourt,
Jonquière): M. le leader du gouvernement.
M. Picotte: Ce sont vos réponses que j'ai du mal à
saisir.
M. Bertrand: Ah! Articles 7 et 14.
M. Blank: On parle des conflits d'intérêts et des
fonctions incompatibles. À l'article 137, on parle des punitions et cela
va jusqu'à la perte de son siège. D'accord? Il y a ici des
dispositions qui sont référées à la commission de
l'Assemblée nationale pour rapport à l'Assemblée. Si
l'Assemblée donne raison à ces rapports, elle peut imposer une de
ces peines-là.
On a aussi l'article 55 qui dit: "Le fait pour un député
de porter devant l'Assemblée une plainte frivole contre un autre
député constitue une atteinte aux droits de
l'Assemblée."
Par exception à l'article 135, il est dit que: "les peines
prévues à l'article 137 s'appliquent dans le cas de l'article
55." Cela veut dire que, pour porter une plainte frivole, dans l'opinion de la
majorité de la commission de l'Assemblée nationale,
c'est-à-dire le côté ministériel, on peut perdre son
siège. Je pense que cela va plus loin, un peu trop loin.
M. Bertrand: Vous êtes avocat vous-même, notaire, je
crois?
M. Blank: Non, avocat. M. Bertrand: Avocat.
M. Blank: J'ai passé mes examens du barreau.
M. Lalonde: C'est là une plainte frivole.
M. Bertrand: La notion de la frivolité...
Une voix: C'est léger.
M. Blank: Mais, M. le ministre...
M. Bertrand: Comment est-ce qu'un avocat interprète la
frivolité sur le plan juridique?
Une voix: Léger!
M. Lalonde: Sans aucun format.
M. Blank: Ce n'est pas une question d'interprétation, M.
le ministre.
M. Lalonde: Sans aucun format, inventé, en fait, purement
et...
M. Blank: M. le ministre, j'ai peur de ce que vous dites à
savoir qu'on n'arrive pas à une interprétation légale,
mais à une interprétation politique.
M. Lalonde: Mais oui.
M. Blank: C'est là que j'ai peur.
M. Bertrand: Ah! D'accord!
M. Blank: Dans les autres choses, incompatibilité de
fonctions, conflits d'intérêts, ce sont des faits. C'est facile de
décider oui ou non, mais, quand on parle de frivolité, est-ce une
décision qui serait prise par la majorité d'une formation
politique? La définition juridique tombe. Je pense qu'on va un peu loin
avec cet article.
M. Bertrand: Cela mérite d'être regardé. Je
ne voudrais surtout pas qu'un député, pour des raisons frivoles,
perde son siège.
M. Lalonde: II n'y aurait plus personne à
l'Assemblée nationale au bout d'un certain temps. Sauf le
président, naturellement, avec tout le respect qu'on lui doit.
M. Rivest: C'est ce qui est arrivé à un de vos
collègues au Conseil des ministres, semble-t-il.
M. Lalonde: Non?
M. Bertrand: Malicieux! Il a été
décidé qu'il n'y aurait ici aucune remarque malicieuse aux
travaux de cette commission.
M. Lalonde: Avec ça, il peut perdre son siège.
Une voix: Ce sont là des propos dangereux.
M. Rivest: Excusez-moi, excusez-moi.
Une voix: II s'en va dans quelques minutes.
M. Rivest: Je m'en vais.
Une voix: Ce sont des propos frivoles. (11 heures)
Une voix: Tout cela sans malice.
M. Lalonde: M. le Président, si vous me permettez, avant
que le ministre ne réponde...
M. Rivest: ... ne financera pas Léger...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): À
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Rivest: ... propos légers.
M. Lalonde: ... ne réponde, naturellement, la forme de nos
interventions, de nos délibérations est un peu inusitée.
Nous ne sommes pas à l'étape de l'étude article par
article. Nous tentons de ne pas entrer dans des considérations
précises. L'exemple que le député de Saint-Louis a
donné est justement l'interprétation d'un article précis.
On pourrait remplir le temps qui nous est alloué, l'après-midi et
la soirée à le faire. L'exercice est donc un peu...
Une voix: Frivole.
M. Lalonde: ... non pas frivole, mais un peu difficile. Nous nous
y prêtons quand même le moins frivolement possible.
Une voix: C'est dur, avec le député de Jean-Talon
à côté.
M. Lalonde: J'aimerais que le ministre, lorsqu'il aura
répondu à certaines de nos interrogations, sache bien que nous
avons beaucoup d'autres suggestions précises à faire non pas pour
mettre de côté, mais pour améliorer la loi, pour en assurer
un fonctionnement efficace. Nous n'entrerons pas dans ce sujet aujourd'hui, ce
n'est pas le but de notre exercice, mais je ne voudrais pas qu'on
interprète certains silences de notre part comme étant une
satisfaction totale et une acceptation de la loi telle qu'elle nous est
présentée.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
leader.
Réponse du ministre M. Jean-François
Bertrand
M. Bertrand: Effectivement, j'avais bien compris que nos
collègues voulaient poser un certain nombre de questions et faire un
certain nombre de remarques pour guider le ministre qui aura à
représenter le projet de loi à l'Assemblée nationale
à la reprise des travaux, à procéder à
l'étude en deuxième lecture et, ensuite, à aller en
commission parlementaire pour l'étude article par article. Je suis
très conscient qu'on devra éplucher davantage chacun des
articles. On aura probablement à le faire d'ailleurs dans un contexte
aussi intéressant, j'ose l'espérer en tout cas, que celui qui a
prévalu lors de l'étude du projet de loi no 65, Loi sur
l'accès à l'information gouvernementale et sur la protection des
renseignements personnels.
M. Lalonde: Le ministre est chanceux: jusqu'à maintenant,
il a des lois qui nous sont agréables.
M. Bertrand: Oui, je me sens bien servi...
Une voix: C'est un bon ministre.
M. Bertrand: ... par les collègues qui siègent
à cette commission parlementaire.
Pour donner quelques éléments de réponse
très rapides à certaines des questions qui ont été
soulevées, les articles 7 et 14, qui sont deux articles relatifs
à cette possibilité qui nous serait donnée de faire
siéger l'Assemblée nationale ailleurs qu'à Québec
et de faire siéger des commissions parlementaires ailleurs qu'à
Québec, sur l'article 7, comme député de la région
de Québec et non pas comme leader du gouvernement, je vous indiquerai
que je scruterai cet article avec beaucoup de soin en commission
parlementaire.
M. Lalonde: Mot par mot.
M. Bertrand: Je ne veux pas dire qu'il y a là une
tentative qui aurait été préparée avant que je ne
devienne leader du gouvernement pour déménager le Parlement et la
capitale ailleurs...
M. Lalonde: Mais...
M. Bertrand: ... mais, en tout état de cause, nous ferons
en sorte que cet article puisse être balisé, comme le souhaitait
le député de Marguerite-Bourgeoys, comme l'article 14,
d'ailleurs, pour les commissions parlementaires, c'est-à-dire qu'on
puisse définir les modalités sur la base desquelles des
décisions seraient prises relativement à la tenue d'une
commission parlementaire à l'extérieur de Québec comme
cela a été le cas, disons pour le transport en commun. On a eu
à faire face à un certain nombre de difficultés. Je ne
crois pas qu'il soit souhaitable que le président de l'Assemblée
nationale ait à trancher dans des situations comme celles-là. Il
est normal que les parlementaires trouvent ensemble les modalités qui
leur permettent d'en arriver à prendre leurs décisions
eux-mêmes, sauf qu'au bout du compte il ne faudrait pas non plus
s'empêcher de trouver une solution, de telle sorte qu'on ne puisse donner
suite à une suggestion qui me paraît tout à fait correcte,
c'est-à-dire que des commissions parlementaires, en certaines
circonstances, sur certains dossiers, puissent être amenées
à siéger dans certaines régions du Québec.
Sur l'article 15, le député de Marguerite-Bourgeoys a eu
des réponses hier relativement aux caractères légal et
constitutionnel du serment d'allégeance. Je me suis engagé
là-dessus à faire toutes les recherches nécessaires et
à en faire part à mes collègues lors du débat de
deuxième lecture ou lors de la discussion en commission parlementaire
article par article,
lorsque nous reviendrons à cette commission de l'Assemblée
nationale pour en débattre.
L'article 8, je crois aussi y avoir répondu. Oui, c'est l'article
relatif au quorum. Le député de Marguerite-Bourgeoys m'a
posé une question sur l'article 8 hier. J'ai répondu en disant
qu'il m'apparaissait qu'avec toutes les nouvelles responsabilités que
nous allions confier aux membres de l'Assemblée nationale, le quorum
fixé au dizième des membres de l'Assemblée nationale
m'apparaissait correct, surtout si on le compare à d'autres quorums, par
exemple, celui de la Chambre des communes à Ottawa, de la Chambre des
communes de Londres, de l'Assemblée nationale française, de
l'Assemblée législative de l'Ontario, etc.
Quant à l'article 24 sur lequel et le député de
Marguerite-Bourgeoys et le député de Sainte-Marie se sont
arrêtés, je constate qu'il y a deux écoles de pensée
différentes. Le député de Marguerite-Bourgeoys ne souhaite
pas qu'il y ait plus d'adjoints parlementaires qu'il n'y en a
déjà, ou en tout cas voudrait empêcher qu'un article comme
celui-là permette, à toutes fins utiles, de créer 27
postes d'adjoints parlementaires ou même 54, ce qui n'est
évidemment pas l'intention du gouvernement et ce qui n'est certainement
pas l'intention en tout cas qui se trouve derrière cet article 24.
On sent qu'il y a une approche différente lorsque le
député de Marguerite-Bourgeoys parle et lorsque le
député de Sainte-Marie parle quant aux pouvoirs
conférés aux adjoints parlementaires. Le député de
Sainte-Marie voudrait voir les pouvoirs de l'adjoint parlementaire accrus,
précisés et qu'on ne se gêne pas pour ajouter d'autres
éléments qui ne sont pas mentionnés spécifiquement
à l'article 24. Le député de Marguerite-Bourgeoys, au
contraire, considère qu'on doit continuer de fonctionner comme on
fonctionnait jusqu'à maintenant, c'est-à-dire que les adjoints
parlementaires ne puissent pas présenter des projets de loi qui auraient
des incidences financières au nom de leur ministre et qu'ils ne puissent
pas non plus débattre de ces projets de loi en commission parlementaire
lors de l'étude article par article à la place du ministre.
M. Lalonde: Est-ce que le ministre me permettrait d'intervenir
ici parce que c'est important qu'on comprenne bien notre préoccupation.
C'est de ne pas ouvrir la porte de telle façon que désormais
l'habitude, la tradition, l'usage seront que les adjoints parlementaires se
retrouveront régulièrement à la barre des commissions
à la place des ministres pour défendre les projets de loi, pour
les amender, etc. Que les pouvoirs des adjoints parlementaires soient
précisés, je suis d'accord qu'on leur donne toutes sortes de
fonctions additionnelles qui vont augmenter l'efficacité de
l'institution, nous sommes parfaitement d'accord. Nous aurons sûrement
des suggestions précises à faire au moment de l'étude
article par article, mais que chaque ministre ait sa batterie d'adjoints
parlementaires, un ou davantage, et que ceux-ci se retrouvent
régulièrement nos interlocuteurs alors qu'ils ne siègent
pas au Conseil des ministres, il y aurait là une brisure qui ne serait
pas dans le sens d'augmenter l'efficacité de l'institution.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
leader du gouvernement.
M. Bertrand: Tenant compte, bien sûr, des remarques que
vient d'apporter le député de Marguerite-Bourgeoys, je comprends
donc qu'on peut, sur la base de l'article 24, tenter de voir de quelle
façon il pourrait s'appliquer concrètement et comment aussi on
pourrait donner suite à certaines des représentations qui ont
été faites par le député de Sainte-Marie. Je crois
même ne révéler aucun secret d'État en disant que,
du côté ministériel, il y a plusieurs députés
qui non seulement voudraient voir ces pouvoirs davantage
précisés, accrus, mais peut-être aussi la fonction
elle-même revue à tous points de vue. Donc, il y a là un
débat qui peut s'ouvrir et qui pourrait être fort
intéressant. Je ne vois pas, d'ailleurs, pourquoi on s'empêcherait
lors des travaux de la sous-commission de la commission de l'Assemblée
nationale d'évoquer ce sujet puisqu'il fait partie du projet de
réforme parlementaire.
Relativement aux remarques du député de D'Arcy McGee, la
première, qui était relative à cette différence qui
existe dans le préambule au sujet du serment et de la déclaration
solennelle entre peuple québécois et peuple du Québec, je
crois qu'il n'y aura pas de difficulté majeure. On essaiera
d'établir une concordance parfaite. Je peux dire au député
de D'Arcy McGee que quant à moi, je le considère comme faisant
partie autant du peuple québécois que du peuple du
Québec.
M. Marx: Que le message soit passé au premier
ministre.
M. Bertrand: Je pense que le premier ministre a toujours
pensé la même chose du député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Mais il ne parle pas comme cela.
M. Bertrand: Ensuite, concernant les articles 2 et 30, je note
que c'était une remarque technique que faisait le député
de D'Arcy McGee. Effectivement, nous verrons à vérifier s'il y a
un problème d'ajustement
à effectuer au niveau de la rédaction de l'article 30 pour
bien être certain qu'on va aussi dans le sens de l'adoption de l'article
2. Là-dessus, on regardera cela sur le plan technique. Je pense que cela
ne posera pas de problème majeur.
Quant au serment d'allégeance, j'ai donné des
réponses hier au député de Marguerite-Bourgeoys qui
m'avait posé des questions là-dessus. Sur les notions de
constitution du Québec et de constitution du Canada, là aussi
nous allons regarder cette question et nous apporterons les réponses
lors de la présentation du projet de loi à l'Assemblée
nationale à la reprise des travaux.
Quant aux remarques du député de Jean-Talon qui
demandait...
M. Bisaillon: Pourrais-je savoir de la part du leader s'il
procède par article ou dans l'ordre des intervenants, parce qu'il
était rendu à l'article 30.
Une voix: ...
M. Bisaillon: Ah, bon! D'accord.
M. Bertrand: Je procède par ordre d'intervenants.
M. Bisaillon: D'accord.
M. Bertrand: Effectivement, avant le député de
Jean-Talon, il y a eu le député de Sainte-Marie.
M. Bisaillon: C'est seulement parce qu'à l'article
29...
M. Bertrand: Très bien.
M. Bisaillon: Non, c'est parce que si vous aviez
procédé par article, j'avais passé un commentaire à
l'article 29 sur lequel j'aimerais vous entendre.
M. Bertrand: Très bien. À l'article 7 d'abord, le
député de Sainte-Marie propose que le bureau... À
l'article 7.
Une voix: ... articles 7 et 14.
M. Bertrand: Ah, oui! Pour ce qui est des articles 7 et 14,
effectivement, c'est la même remarque que pour le député de
Marguerite-Bourgeoys.
À l'article 10...
M. Bisaillon: II est laissé de côté, parce
que c'était relié à la réforme parlementaire.
M. Bertrand: Ah, d'accord. Je vous avais dit qu'on en reparlerait
au moment de la réforme. Très bien. D'ailleurs, de toute
façon, c'est un article qui devra être modifié, parce qu'on
ne pourra plus dire, par exemple: L'Assemblée peut constituer des
commissions permanentes et spéciales, étant donné toute la
nouvelle proposition sur laquelle on aura à discuter avec le nombre
d'organismes qui ne peuvent pas être distingués entre commissions
permanentes et commissions spéciales. Il va falloir apporter des
éclaircissements là-dessus au niveau de l'article 10.
Au niveau de l'article 15, le député suggère qu'on
ait le choix: en d'autres mots, s'il y a des problèmes, si quelqu'un
veut absolument faire sentir à la population du Québec que ses
sentiments monarchiques sont très élevés, que cela puisse
être permis; et que si quelqu'un, au contraire, sent qu'il détient
ses pouvoirs par la volonté du peuple souverain du Québec, que
c'est à ce peuple souverain du Québec qu'il se doit d'être
fidèle et loyal, que le choix puisse être permis. Nous examinerons
cette question. De toute façon, j'avais retenu les propos du
député de D'Arcy McGee, comme les propos des
députés de l'Opposition. Même le député de
D'Arcy McGee a été très clair dans l'entrevue qu'il a
accordée aux journalistes. Je l'ai dit hier. Je pense pouvoir le
répéter. Si Herbert Marx se déclare favorable à
l'abolition des symboles monarchiques, tant au niveau fédéral
qu'au niveau provincial, il suggère cependant au gouvernement de
procéder de manière légale et constitutionnelle afin
d'éviter les problèmes et les tracasseries juridiques. Je
comprends donc qu'effectivement le député de D'Arcy McGee n'est
pas plus monarchique que cela.
M. Marx: Moins que vous autres. Je suis moins monarchiste que
vous autres et je veux souligner...
Une voix: Oui, mais nous autres, c'est plus clair.
M. Marx: ... qu'en 1981, quand vous avez signé l'accord
avec les autres provinces pour modifier la monarchie au Québec, cela
prendra le consentement de toutes les provinces et du gouvernement
fédéral. Autrefois, Québec avait un veto, mais
l'Île-du-Prince-Édouard n'avait pas de veto. Maintenant, s'il y a,
parmi la population de 80 000 habitants de
l'Île-du-Prince-Édouard, beaucoup de monarchistes, ils peuvent
bloquer toute cette réforme de la monarchie qu'on veut faire ici au
Québec. Donc, vous êtes plus monarchistes que nous, parce que vous
avez donné le veto sur cette question à Terre-Neuve, à
l'Île-du-Prince-Édouard, etc. Je pense que c'est regrettable que
vous ayez agi de cette façon, après les élections, et
assez vite quand même. (11 h 15)
M. Bertrand: Vous avez raison, il y a effectivement beaucoup de
monarchistes de
notre côté et je vous avoue avoir eu beaucoup de
difficultés à convaincre mes collègues du caucus
ministériel d'approuver cette modification au serment
d'allégeance.
M. Bisaillon: Par solidarité...
M. Guay: On s'est fait tordre le bras.
M. Bertrand: Mais il y a des opérations comme ça
qui, à l'occasion doivent être faites.
M. Brassard: II y a de l'intimidation, M. le député
de Sainte-Marie.
M. Bertrand: Les députés finissent par
comprendre.
M. Marx: Si vous êtes de cette opinion, pourquoi, en
négociant l'accord avec les autres provinces, n'avez-vous pas
pensé à ça à l'époque? Pourquoi avez-vous
donné le veto à Terre-Neuve, à
l'Île-du-Prince-Édouard, sur cette réforme, pas seulement
des symboles au Québec, mais des symboles au Canada? Pourquoi
n'avez-vous pas pensé à ça? Pourquoi n'avez-vous pas
demandé que ce soit un pouvoir provincial de modifier ça?
Pourquoi avez-vous donné le veto à
l'Île-du-Prince-Édouard? C'est pourquoi ça m'a donné
l'impression que vous êtes plus monarchistes que nous, parce que vous
n'avez même pas pensé, à l'époque, à
protéger le Québec.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Revenons
au projet de loi no 90, s'il vous plaît!
M. Brassard: Seriez-vous un républicain?
M. Guay: Comme disait Diefenbaker: "Rampant republicanism".
M. Bertrand: L'article 24. Le député de
Sainte-Marie, effectivement, souhaite qu'on puisse accroître les pouvoirs
de l'adjoint parlementaire et a fait mention d'un certain nombre de fonctions
additionnelles qui pourraient être dévolues à la loi.
M. Bisaillon: Puis-je préciser? Quand j'ai parlé de
préciser les devoirs et les pouvoirs des adjoints parlementaires, ce
n'était pas un ajout à ce qu'il y avait là. Je constate,
par expérience, que ce qu'il y a d'écrit là s'est rarement
pratiqué. Il y a eu quelques exemples, mais, de façon
générale, ce n'est pas utilisé. Donc, l'Opposition n'a pas
de crainte à avoir de ce côté, ça ne se pratique
pas.
Alors, quant à avoir des adjoints parlementaires qui ne
pratiquent pas les seules choses qu'on inscrit dans la loi, je dis: Inscrivons
donc des choses que les adjoints parlementaires vont faire, parce que ça
va être leur responsabilité. Parce qu'ils ont cette
responsabilité, on pourra, en fonction des responsabilités qui
leur sont dévolues par la loi, les questionner à ce sujet. C'est
juste ça que je dis.
M. Bertrand: Quant à l'article 29, qui ne le permet pas en
ce moment, mais pour lequel le député de Sainte-Marie souhaite
des amendements pour permettre à un député de
présenter un projet de loi qui aurait des incidences financières,
je pense que, en principe, il n'y a pas d'objection philosophique. Mais, en
pratique, il dit: De toute façon, le leader du gouvernement, qui est
celui qui appelle les projets de loi, pourrait très bien décider
de laisser de côté 30 projets de loi présentés par
des députés, parce qu'ils ont des incidences financières,
ou d'en retenir un certain nombre, si on considérait qu'effectivement
l'intérêt public serait servi par l'adoption d'un tel projet de
loi.
Je crois qu'on ne doit pas se fermer à cette hypothèse, on
doit pouvoir l'évaluer. En tout cas, moi, je suis prêt à
l'évaluer très franchement et à regarder s'il n'y aurait
pas possibilité d'introduire un tel amendement à l'article
29.
M. Bisaillon: C'est parce que, sans ça, les seuls projets
de loi qui vont émaner des députés, ça va
être des projets de loi sur la fumée et...
M. Bertrand: C'est justement, le député "de la
boucane" voudrait prendre la parole sur la question.
M. Blank: Je voudrais attirer l'attention du leader sur le fait
que n'importe qu'elle loi de député, un "money bill" ou un projet
de loi tel que le mien, n'a aucune chance. C'est impossible d'avoir un
débat et un vote sur un projet de loi de député, avec nos
règlements et nos lois actuelles. Je pense que, au moins, on doit avoir
l'occasion de trouver un moyen qui fera qu'un projet de loi
déposé par un simple député de l'Opposition ou un
député ministériel même, pourra être
débattu à un certain moment et même mis aux voix si
nécessaire. C'est un droit absolu du député. Le
système à Ottawa prévoit un certain nombre d'heures par
semaine pour les bills privés, ce qui peut amener un vote, à
moins que - comment dit-on cela - "it is talked out". Il y a au moins une
possibilité qu'il y ait un vote ou une discussion sur le projet de loi.
Dans notre système, c'est impossible. Il n'y a rien dans nos
règlements, dans nos lois indiquant que le projet de loi privé
peut être débattu sans le consentement du gouvernement. Je trouve
que c'est une atteinte aux obligations et aux pouvoirs d'un
député qui représente une population.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le leader du
gouvernement.
M. Bertrand: Bien. Alors, sur l'article 38, le
député de Sainte-Marie demande qu'on puisse conserver les sommes
à l'Assemblée nationale plutôt que de les verser au fonds
consolidé. Je voudrais lui faire remarquer d'abord que, dans le projet
de réforme parlementaire, on indique bien que le Bureau de
l'Assemblée nationale et le président de l'Assemblée
nationale auraient complète autonomie pour prévoir les budgets
qui seront affectés au travail qui est directement relié à
la fonction de député ou au travail qui est directement
relié aux fonctions des commissions parlementaires, de quelque nature
qu'elles soient. Pour avoir moi-même été sollicité,
à l'occasion, par le député de Sainte-Marie et le
député de Verchères qui ont oeuvré au sein de
commissions spéciales, avec toutes les difficultés qu'on sait sur
le plan des services, autant en termes de ressources humaines qu'en termes de
ressources matérielles et financières, je suis sensible à
ces remarques. Je pense que c'est probablement par l'intermédiaire des
articles qui définissent les responsabilités du président
et du Bureau de l'Assemblée nationale relativement aux prévisions
budgétaires qu'on pourrait arriver à articuler ce concept
d'autonomie budgétaire, en fonction des responsabilités des
députés et des commissions parlementaires, quelles qu'elles
soient.
L'article 54, dixièmement. C'est l'article relatif à
l'intimidation, aux menaces qui seraient faites pour tenter d'influencer le
vote, l'opinion, le jugement ou l'action du député. Le
député de Sainte-Marie dit: II s'agit de gens de
l'extérieur. Il n'est pas absolument certain que ce soient toujours des
gens de l'extérieur qui puissent effectivement contrevenir à un
tel article. Il y a des gens à l'intérieur qui pourraient tenter
d'influencer le vote, l'opinion, le jugement ou l'action du
député, par des menaces ou une intimidation de
l'intérieur. Alors, s'il s'agit d'apporter des précisions
à ce dixièmement ou pour le limiter aux gens de
l'extérieur, ou pour prendre en considération ce qui pourrait se
passer à l'intérieur; je crois qu'il faudra en mesurer les
implications.
M. Bisaillon: Le sens de mes propos, c'était de le limiter
à l'extérieur des membres de l'Assemblée, parce qu'on n'en
sortira plus.
M. Bertrand: On regardera cela à ce moment-là. Je
prends note de la remarque du député de Sainte-Marie.
Quant à l'article 55 sur la frivolité, j'ai pris bonne
note des savantes remarques des juristes qui travaillent avec nous à
cette commission pour, d'abord, noter qu'il y a là effectivement
matière à poursuite devant les tribunaux. Deuxièmement, il
s'agit, par contre, de bien s'entendre sur la portée politique d'un tel
article. Je crois qu'il faudra arriver à concilier, quant à son
interprétation, la portée juridique et la portée politique
de l'article 55.
Quant à l'article 58, j'ai bien compris ce à quoi faisait
allusion le député de Sainte-Marie. Il faut bien comprendre aussi
le sens de l'article 58, qui est de faire en sorte qu'un député
qui assume sa fonction de député à l'Assemblée
nationale du Québec ne reçoive pas en même temps une
rémunération qui tienne lieu, à toutes fins utiles, de
salaire comme s'il travaillait à temps plein, ou même à
temps partiel, au sein d'un ministère du gouvernement, d'un
ministère du gouvernement du Canada, d'un État étranger ou
d'une organisation internationale. Il n'est pas fait état de la
possibilité pour un député d'aller participer ou de
contribuer à quelque chose, à queique niveau que ce soit. Ce dont
on fait mention dans cet article, c'est de l'impossibilité pour un
député d'aller se chercher, à toutes fins utiles, un
emploi à temps plein.
M. Blank: Savez-vous qu'après les prochaines
élections je tomberais en conflit avec cet article. Je vais avoir ma
pension de vieillesse fédérale.
Des voix: Ah!
M. Bertrand: On ne parle pas de cela ici.
M. Blank: Oui. C'est un avantage du gouvernement du Canada.
Une voix: Un des nombreux avantages.
M. Bisaillon: M. le Président, pour que...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Sainte-Marie.
M. Bertrand: Rémunération est entendue ici au sens
d'indemnité.
M. Blank: La rémunération, c'est un avantage. C'est
quelque chose que je reçois.
M. Bisaillon: M. le Président, pour que le leader du
gouvernement comprenne exactement ce que je voulais dire. Je suis d'accord avec
les objectifs qui sont poursuivis par l'article, qu'on se comprenne bien, sauf
que je dis que l'expression "ou un avantage tenant lieu de
rémunération", quand on l'applique à une organisation
internationale, cela a plus ou moins de sens. En tout cas, je voudrais savoir
d'où cela vient et pourquoi c'est là. Par exemple, un
député qui donnerait des cours à une
université, on accepterait cela. Mais il ferait le même genre de
travail qu'à l'université pour une organisation non
gouvernementale affiliée à l'ONU et, en compensation du travail
et du temps qu'il donnerait, lorsqu'il se déplacerait pour aller,
disons, à New York, à une session de l'ONU, on
l'hébergerait et on lui paierait son voyage en avion, et cela serait "un
avantage tenant lieu de rémunération". C'est simplement que je
trouve l'expression trop large compte tenu du troisième paragraphe qu'on
ajoute, comme cela peut s'appliquer à autre chose. Par exemple, un
avocat qui continue à faire un peu de pratique privée et qui ne
la fait pas en lien direct avec un ministère, on lui permet de le faire.
On permet à un universitaire qui est député de donner
quelques cours de temps à autre. Mais pourquoi le troisième
paragraphe? À partir du moment où on le met, est-ce que
l'expression "un avantage tenant lieu de rémunération" n'est pas
trop large pour ce qu'on veut couvrir, tout en me déclarant d'accord
avec les objectifs poursuivis?
M. Bertrand: D'accord.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Au même article 58, M. le
Président, il me semble qu'il y a deux objectifs concevables. Vous me
corrigerez au besoin. Un des objectifs, c'est d'éviter des situations de
conflits d'intérêts. Un autre objectif, c'est l'idée que le
député à l'Assemblée nationale du Québec est
député à temps complet et qu'il ne doit pas, en même
temps qu'il est député, gagner sa vie en faisant autre chose. Il
me semble que cet objectif est possible. Si tel est le cas, je me demande
pourquoi, au deuxième paragraphe, on fait exception des forces
armées régulières ou de réserve. Si un
député est, en même temps, lieutenant-colonel et passe
toute sa journée de travail à remplir cette fonction de
lieutenant-colonel, j'ai l'impression qu'il y aurait là, en quelque
sorte, une entorse à cet objectif que les députés soient
députés à temps complet. Je me demande si on ne devrait
pas supprimer cette exception pour les forces armées
régulières ou de réserve étant donné que
quelqu'un qui fait du service militaire de réserve quatre heures par
semaine, par exemple, comme cela pourrrait être le cas, ne recevrait pas
"une rémunération ou un avantage tenant lieu de
rémunération".
M. Blank: Durant la guerre, des députés
étaient dans l'armée et ils gardaient leur siège en
même temps.
M. Bertrand: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
leader du gouvernement.
M. Bertrand: Concernant les articles relatifs au jurisconsulte,
je voudrais indiquer qu'il s'agit là d'une proposition qui fait partie
de la réforme parlementaire. C'est pour permettre aux
députés qui pourraient considérer qu'ils se trouvent
placés en situation de conflit d'intérêts ou
d'incompatibilité de fonctions de se faire donner un avis par quelqu'un
dont ce serait la responsabilité très spécifique. Il ne
s'agit pas, par contre, de créer un nouveau poste ou d'ajouter quoi que
ce soit. On peut très bien, à même le personnel dont on
dispose dans la fonction publique, peut-être même à la
Commission de la fonction publique, trouver une personne qui remplirait cette
fonction de jurisconsulte. (11 h 30)
Quant au Bureau de l'Assemblée, le député de
Sainte-Marie fait un certain nombre de propositions quant au choix, au mode de
sélection, d'élection des représentants des formations
politiques, davantage que des formations politiques, du côté
gouvernemental, du côté de l'Opposition ou des oppositions. Je
crois que cela mérite d'être regardé. Si on peut s'assurer
effectivement que les sept représentants de l'Assemblée nationale
qui siégeront au bureau ont été choisis dans un contexte
qui leur donne toute la légitimité et toute la
crédibilité nécessaires pour assumer leurs fonctions, je
pense que l'institution comme telle ne s'en trouvera que valorisée.
Voilà sur les remarques du député de Sainte-Marie.
Quant à celles du député de Jean-Talon, je suis
réceptif à cette idée de regarder s'il n'y aurait pas
moyen de trouver une rédaction qui permettrait d'indiquer que le pouvoir
législatif est une chose et le pouvoir exécutif une autre et que,
prenant appui sur la réforme parlementaire que nous soumettons à
la sous-commission de l'Assemblée nationale, on puisse l'indiquer d'une
façon quelconque dans le préambule. Par contre, il faut savoir
que le Parlement dont il est question dans le préambule,
l'Assemblée nationale, c'est aussi, bien sûr, les ministres.
J'avoue qu'il y a une question très importante que la réforme
parlementaire aborde de front, qui est la distinction entre le pouvoir
exécutif et le pouvoir législatif, mais les ministres sont aussi
membres de l'Assemblée nationale.
Une voix: ...
M. Bertrand: Oui.
M. Lalonde: Dans notre régime.
M. Bertrand: Dans notre régime. Il faut donc essayer
d'évaluer quelle pourrait être la
portée de la rédaction d'un tel considérant ou
d'une modification à l'un des considérants du préambule,
si on voulait introduire l'idée, avec laquelle je suis d'accord par
ailleurs, d'établir les distinctions entre le pouvoir législatif
et le pouvoir exécutif.
Quant aux premier et deuxième considérants du
préambule, le député de Jean-Talon me demande d'en
évaluer les conséquences juridiques pour être bien
sûr que la rédaction ou l'adoption de ces deux considérants
ne nous entraîne pas devant les tribunaux, à cause du
caractère illégal ou inconstitutionnel de leur
rédaction.
Le député de Jean-Talon a fait référence
à la Loi sur l'exécutif en disant qu'il n'y avait pas de
préambule solennel comme pour la Loi sur l'Assemblée nationale et
qu'il incombait d'abord au gouvernement d'être le défenseur des
droits du Québec. Là-dessus, je pense qu'on pourrait faire de
longs débats. Pour ma part, l'Assemblée nationale est au moins
aussi impliquée dans la défense des droits et des
intérêts du Québec que peut l'être le gouvernement du
Québec, mais je pense qu'on pourrait en parler très longtemps. On
y reviendra peut-être à la deuxième lecture ou à
l'étude article par article.
J'oubliais deux autres remarques que le député de
Sainte-Marie a faites: Donner des moyens aux commissions. Je suis tout à
fait d'accord, j'ai répondu tout à l'heure à cette
question du député de Sainte-Marie. Nous allons effectivement
tenter de préparer un projet de réforme parlementaire et de
préciser les articles du projet de loi no 90 qui se
réfèrent aux prévisions budgétaires de
l'Assemblée nationale pour que les commissions aient les moyens de
travailler efficacement.
Quant à cette idée de fonctionnaires qui ne seraient pas
rattachés à la fonction publique et qui seraient
syndiqués, en tenant compte des remarques qui sont contenues dans le
rapport du groupe de travail que le député de Sainte-Marie a
présidé, là aussi nous allons regarder quelles seraient
les implications de l'adoption de telles recommandations sur le fonctionnement
de l'Assemblée nationale.
Enfin, quant à la réglementation, à l'article 142,
évidemment que, sur la base de l'adoption de cet article, nous pourrons
apporter par la suite, au règlement de l'Assemblée nationale, les
modifications qui doivent y être apportées pour donner suite
à la réforme parlementaire que nous discuterons en
sous-commission et que nous adopterons par la suite à l'Assemblée
nationale du Québec.
Enfin, quant à la remarque du député de Saint-Louis
sur la perte de sièges, à l'article 137, sur la base de l'article
55 qui parle de frivolité, il y a probablement lieu, effectivement, de
regarder d'un peu plus près s'il ne faudrait pas faire une distinction
entre les sanctions prévues à l'article 137 pour un certain
nombre de comportements ou de menaces ou d'intimidations qui auraient
été proférées à l'endroit de membres de
l'Assemblée nationale et cette notion de frivolité dont on fait
état à l'article 55. Je crois que cela mérite aussi
d'être gratté. Voilà l'ensemble des réponses que je
voulais, dans un premier temps et le plus brièvement possible, donner
aux questions et remarques, toutes plus pertinentes les unes que les autres,
faites par mes collègues ministériels et mes collègues de
l'Opposition.
Avant de passer à autre chose, j'aimerais beaucoup que nous
puissions, tout en comprenant qu'il y a encore des consultations à mener
de part et d'autre, de ce côté-ci, indiquer que nous souhaiterions
que la sous-commission de la commission de l'Assemblée nationale que
vous présiderez puisse commencer à travailler le plus rapidement
possible sur la réforme parlementaire; elle a beaucoup de travail
à faire, beaucoup de pain sur la planche. J'aimerais que nous puissions
aussi, avant de mettre fin à nos travaux, demain, adopter effectivement
- nous avons déjà adopté une motion...
M. Lalonde: Aujourd'hui.
M. Bertrand: ... aujourd'hui, si c'est possible.
M. Lalonde: Oui, avant l'ajournement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
c'est possible, j'en ai parlé avec le leader de l'Opposition.
M. Lalonde: Je suis prêt.
M. Bertrand: Ah! Bon! Nous aurions une proposition très
concrète à faire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
mais avant, M. le député de Portneuf.
Autres observations M. Michel Pagé
M. Pagé: M. le Président, je vous remercie et je
m'excuse auprès du leader du gouvernement. J'aurais aimé faire un
commentaire et poser quelques questions. Cependant, vous comprendrez que j'ai
dû me rendre à l'autre commission parlementaire à 10 h 15
et c'est ce qui a expliqué mon retard de quelques minutes ici. Nous
avons pris connaissance du projet de loi no 90, lors de son dépôt
en juin dernier; ce projet de loi était le résultat d'un travail
en sous-commission à deux reprises. Comme l'a
indiqué à juste titre le leader de l'Opposition tout
à l'heure, pour plusieurs d'entre nous, le contenu du projet de loi no
90 et de ses articles est finalement le résultat d'une consultation qui
s'est tenue et d'un travail qui s'est fait alors que les différents
partis ont été invités à se prononcer, ce qui n'a
pas été le cas, évidemment, de tout l'aspect de la
réforme parlementaire comme telle qui a été
déposée hier et pour laquelle on doit témoigner de notre
appréciation de la décision du leader du gouvernement d'accepter
que le tout soit déféré en sous-commission afin qu'on
puisse, nous aussi, soumettre cela à notre caucus et voir les
écueils possibles et surtout l'amélioration possible du projet
tel que présenté.
Ceux qui nous écoutent constateront qu'on ne passe
peut-être pas beaucoup d'heures sur l'étape article par article ou
sur les différents éléments. On n'a pas à
étudier le projet article par article à ce moment-ci, mais il y a
des choses très importantes qui sont prévues dans le projet de
loi no 90 et on aura l'occasion d'y revenir en deuxième lecture. Nous
aurons aussi l'occasion d'y revenir lors de l'étude du projet de loi
article par article, je présume, après la deuxième
lecture.
Je retiens que des choses très valables et très positives
ont été incluses dans le projet de loi. Personnellement, M. le
Président, je dois vous exprimer ma satisfaction à l'égard
de la formation du Bureau de l'Assemblée nationale qui va remplacer la
fameuse régie interne où siégeaient des membres du Conseil
des ministres.
La création d'un poste de jurisconsulte est certainement de
nature à régler plusieurs petits problèmes qui
étaient susceptibles de devenir de gros problèmes dans la vie
d'un parlementaire, de quelque parti que ce soit, qui était élu.
Cependant, j'ai, moi aussi, des réserves à formuler au chapitre
des adjoints parlementaires. J'espère que les travaux de la
sous-commission nous permettront de préciser les intentions
gouvernementales. Nous ne voudrions pas assister à la nomination d'un
nombre très élevé d'adjoints parlementaires. Le leader du
gouvernement devra toujours avoir à l'esprit l'obligation pour le
législateur, lorsqu'il établit une fonction comme
celle-là, de prévoir des attributions réelles avec un
cadre de travail et de responsabilités bien défini. À cet
égard, il comprendra que nos réserves à cette
possibilité que le législateur, que l'adjoint parlementaire
puisse présenter des projets de loi au nom d'un gouvernement, même
des projets de loi qui engagent des dépenses de deniers publics, cela
remet en cause tout le principe de notre responsabilité parlementaire
ici.
Un autre sujet qui, je crois, n'a pas été traité,
ce sont les articles 49, 50 et 51, en ce qui concerne le privilège pour
le Parlement de convoquer un témoin. Ces articles sont finalement la
reproduction de textes précédents, d'anciens articles de la Loi
sur la Législature. On sait que le Parlement, parce qu'il est souverain,
a le droit de faire comparaître en commission une personne qui a
causé préjudice ou encore qui intervient dans le processus
législatif ou qui l'entrave autrement. On sait que c'est le droit absolu
de la commission de l'Assemblée nationale ou de toute commission de
convoquer quelqu'un à la barre de la commission pour venir
témoigner sur des choses sur lesquelles il est susceptible d'ajouter une
contribution aux travaux de la commission.
M. le Président, je sais que vous avez maintenant au cabinet du
président de l'Assemblée nationale des conseillers ou le poste de
conseiller législatif ou de conseiller en loi. Il serait peut-être
opportun que, d'ici à ce que nos travaux commencent en sous-commission,
on fasse le tour ou que quelqu'un ici à l'Assemblée nationale et
plus particulièrement cette personne ou ces personnes puissent faire le
tour de la question, du vécu de la comparution des témoins en
commission parlementaire. J'ai personnellement assisté à deux cas
spécifiques depuis que je suis député, le cas de la
comparution et l'obligation qui avait été impartie à une
entreprise de déposer ses bilans. On a eu aussi le cas de la comparution
d'un avocat de la région de Québec, qui avait entrepris une
procédure judiciaire pour empêcher en 1974 ou 1975 un
député de présenter un projet de loi privé. On se
rappelle qu'en 1974 ou 1975, un député avait
présenté un projet de loi privé et c'est du domaine
public, évidemment. Cela concernait le traversier-rail Matane-Godbout,
Cogema. C'était mon directeur de cabinet qui, à l'époque,
était député et cela avait fait l'objet d'une
requête présentée devant les tribunaux pour empêcher
ce député de présenter un projet de loi.
La commission de l'Assemblée nationale avait siégé
et avait obligé l'avocat de la région de Québec à
comparaître. On disait en badinant à cet avocat qu'on pouvait
même lui offrir un séjour d'un an dans la tour du parlement parce
que cela pouvait aller jusqu'à une peine d'emprisonnement d'un an.
Finalement, l'avocat avait été sauvé par les
élections. Les élections sont arrivées et le
député a été défait à
l'élection générale. Ce que je veux vous dire, M. le
Président, c'est que, chaque fois qu'un cas de comparution de
témoin est soulevé par un député dans une
commission parlementaire, on a toujours des problèmes avec cela. On a
toujours des problèmes d'interprétation de la jurisprudence. On a
toujours des problèmes d'interprétation en ce qui concerne le
témoignage, la portée du témoignage. Il
serait peut-être opportun que quelqu'un de votre personnel
à l'Assemblée puisse revoir l'ensemble de cette question, des cas
vécus depuis 10, 15, 20 ou 25 ans, de façon à
peut-être préciser davantage la portée des articles 49, 50
et 51.
Autre chose qui m'a particulièrement frappé et qui aura
probablement frappé le député de Lac-Saint-Jean. Comme
whip de mon parti, je dois vous manifester mon inquiétude de voir le
quorum ramené à 10% de ses membres. Je dois vous dire, je dois
vous avouer, et le whip en chef du gouvernement ne peut peut-être pas en
témoigner, parce qu'il vient d'être désigné, mais si
le ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche était ici, il
serait probablement lui aussi en mesure de témoigner qu'il n'est pas
toujours facile d'avoir un nombre voulu de députés à
l'Assemblée, non pas parce que ceux-ci ne sont pas
intéressés, mais parce qu'ils sont à d'autres commissions,
ils sont ailleurs au Québec, ils siègent à un
exécutif de parti, etc. Je dois vous dire que treize
députés, ce n'est pas beaucoup. Je vous invite à
être très prudent sur la question du quorum. Je comprends qu'on a
comparé cela au Parlement d'Ottawa, qu'on a comparé cela au
Parlement de l'Ontario, etc. Vous savez, il ne faudrait pas, parce que, dans
d'autres législatures, on a peut-être des problèmes ou
qu'on a peut-être été faible sur la question du quorum,
pécher nous aussi. (11 h 45)
Une chose devra être précisée, M. le
Président, dans des délais, encore une fois, assez brefs, c'est
toute la question de la télédiffusion des débats à
l'Assemblée nationale. On se rappelle que les différents partis
à l'Assemblée ont non seulement accepté, mais se sont
associés à la télédiffusion, à la
retransmission des débats à l'Assemblée nationale. Les
différents partis ont accepté le principe que les commissions
parlementaires puissent être télévisées. D'ailleurs,
l'équipement est installé au salon rouge, et cela a
impliqué un capital financier assez important. Je dois vous avouer que
comme membre et représentant de mon parti au comité consultatif
de la télédiffusion des débats, c'est toujours
délicat pour nous de nous prononcer sur l'opportunité ou non de
la télédiffusion d'une commission parlementaire par rapport
à une autre. C'est le même problème aussi, je
présume, du côté de la majorité. Il faudrait que ces
règles soient précisées dans des délais assez
brefs, parce que j'ai retenu de la proposition de réforme globale
soumise par le leader du gouvernement hier qu'éventuellement on pourrait
télédiffuser des commissions plutôt que de
télédiffuser les débats en Chambre. Je dois vous dire que
cela m'inquiète beaucoup. On aura l'occasion d'y revenir, mais avant de
penser à télédiffuser les commissions plutôt que de
télédiffuser les travaux qui sont faits sur le parquet de
l'Assemblée, on devrait au moins avoir un cadre établi pour la
télédiffusion des commissions parlementaires, et cela devrait
être fait assez vite.
Mon dernier commentaire, M. le Président, est bien personnel. Je
pense que plusieurs vont être d'accord avec moi. Le leader du
gouvernement nous dit depuis un bon bout de temps que la réforme
parlementaire vise à la revalorisation du rôle, du travail des
députés, à l'aspect productif de nos travaux - plusieurs
députés ont fait allusion hier à la question de
l'étude des crédits. C'est beau, c'est très bien. Des
voeux pieux, c'est acceptable. Tout le monde ne peut qu'y souscrire, cela fait
partie inhérente de notre mandat, mais j'ai toujours entendu des propos
analogues de la part des leaders du gouvernement. Tous les leaders du
gouvernement, de quelque parti que ce soit, ont toujours été
unanimes à parler de l'importance qu'il y a à revaloriser le
rôle du député, à être productif, etc., mais
ce sont toujours ces leaders du gouvernement qui ont fait siéger bien
souvent la Chambre jusqu'à 5 heures du matin. Je comprends que notre Loi
de la Législature va être modifiée.
Je comprends qu'on devra arriver éventuellement à des
modifications au règlement de l'Assemblée nationale. D'ailleurs,
le président de l'Assemblée a évoqué ce fait
à plusieurs reprises. Songez-vous à revoir les heures de
séance de l'Assemblée? À plusieurs moments, selon les
saisons et les charges de travail, je présume, ou du
rouleau-compresseur, les députés se sont inquiétés,
se sont interrogés sur l'opportunité, le caractère
valable, positif ou non de faire siéger l'Assemblée nationale du
Québec à des sessions qui ne sont pas à date fixe. Par
exemple, cette année, on commence le 9 novembre. Cela veut donc dire
qu'on aura trois semaines en novembre et, après, on sera soumis au
rouleau-compresseur qui est toujours susceptible de nous passer sur le corps,
et vous le savez, à partir du 1er décembre. Ce n'est pas vivable,
il ne faut pas se le cacher. Non seulement ce n'est pas souhaitable, mais ce
n'est pas vivable de la part des députés. Aux mois de juin et de
décembre, on assiste à une bousculade au cours de laquelle
plusieurs projets de loi sont étudiés en même temps. Les
commissions siègent en même temps. Quel que soit le gouvernement
qui sera là, je persiste à dire que ce n'est pas une façon
valable de travailler au mois de juin et au mois de décembre. Est-ce
à dire que cela impliquera l'obligation de revoir les périodes de
session, notre règlement? Serait-il souhaitable qu'on commence à
date fixe? Serait-il souhaitable que le gouvernement soit obligé de nous
convoquer au plus tard en octobre ou au plus tard en février? Ce
sont
des choses qu'on devra revoir. Une chose est certaine: Peu importe le
contenu de tout cela, peu importe le contenu du règlement et peu importe
les voeux pieux que vous formulerez, si les règles de fonctionnement de
l'Assemblée prévoient autant de bousculade dans les travaux
parlementaires, je suis loin d'être persuadé qu'on puisse
atteindre nos objectifs, tout louables soient-ils.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Deux-Montagnes.
M. Pierre de Bellefeuille
M. de Bellefeuille: Sur une des questions que le
député de Portneuf a soulevée, la question du quorum, il
ne faudrait pas donner l'impression à la population que nous voulons
donner aux députés plus de temps libre. Ce que le projet de loi
ferait, ce serait de modifier le quorum afin qu'il soit désormais de
10%. Cela représente une diminution du quorum, bien sûr, puisque,
à l'heure actuelle, il est de 24% ou de 16%, lorsqu'il y a des
commissions qui siègent; donc, il y a une diminution du quorum. Mais ce
n'est pas du tout dans l'intention de donner plus de temps libre aux
députés. Au contraire, c'est dans l'intention de leur permettre
de participer plus pleinement aux travaux en commission, étant
donné que le coeur de la réforme parlementaire que nous
proposons, c'est le travail en commission. Nous remplaçons la grande
majorité des commissions déjà existantes par une nouvelle
série de commissions que nous voulons beaucoup plus efficaces et
auxquelles nous voulons que les députés puissent participer
beaucoup plus assidûment, plutôt que de faire des allers et
retours, comme malheureusement il faut souvent en faire dans le régime
actuel. On se promène d'un endroit à l'autre, du salon bleu au
salon rouge, à la salle 81, à la salle 91, sans
nécessairement être très assidu à l'un où
l'autre de ces endroits. En diminuant le quorum, nous allons permettre aux
députés de se consacrer de façon beaucoup plus suivie au
travail d'une commission en particulier.
Le député de Portneuf a fait allusion à des
comparaisons. Effectivement, on peut faire des comparaisons. On constate, par
exemple, qu'au Parlement fédéral du Canada, le quorum est de
7,1%, 20 députés sur 282. Donc, à Québec, on aura
un quorum plus exigeant, même après la réforme, même
avec l'adoption de la loi, que ce n'est le cas au Parlement d'Ottawa.
Une autre comparaison qu'on peut faire, c'est avec "la mère des
Parlements", comme on dit en anglais, le Parlement de Londres, Westminster,
où, assez curieusement, il n'y a pas de quorum du tout pour le
déroulement du débat; à Londres, il n'y a un quorum que
pour le vote. Au moment d'un vote, il faut qu'il y ait, à la Chambre,
à Westminster, au moins 40 députés présents sur
634, ce qui ne fait pas un quorum très exigeant. Je répète
que, pour le débat lui-même, à Londres, il n'y a aucune
exigence de quorum. Il peut n'y avoir à la Chambre que cinq
députés présents et la Chambre peut quand même
siéger...
M. Brassard: ... celui qui fait le discours.
M. de Bellefeuille: Oui, l'intervenant, à l'absurde, peut
même être seul...
Une voix: Avec le président.
M. de Bellefeuille: ... avec le président. Cela fait deux
députés présents sur un nombre total de 635 et la Chambre,
à Londres, dans ces conditions, siège tout à fait
légalement.
Je dis ça pour bien montrer que la question du quorum n'a pas les
aspects qu'on pourrait craindre; ce n'est pas une question de s'assurer que les
députés travaillent. À Londres, il n'y a pas de quorum et
personne ne mettra en doute qu'effectivement le Parlement de Westminster est un
Parlement qui travaille de façon réelle et efficace.
De la même façon, nous, avec un quorum réduit,
permettant un travail plus efficace en commission, nous pourrons
améliorer le fonctionnement de notre Parlement par cette
réduction du quorum. Merci, M. le Président.
M. Jean-François Bertrand M. Bertrand: M. le
Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
leader du gouvernement.
M. Bertrand: ... sur quelques remarques faites par le
député de Portneuf. D'abord, les adjoints parlementaires, nous en
avons discuté à l'occasion de deux interventions l'une faite, par
le député de Marguerite-Bourgeoys, l'autre par le
député de Sainte-Marie.
Quant aux articles 49, 50 et 51, je dois dire que lors d'une
réunion de travail, en fin de semaine, avec certains de mes
collègues, on s'est effectivement posé des questions nous aussi
sur tout cet aspect de comparution devant la commission de l'Assemblée
nationale, qui a des pouvoirs d'enquête importants dans la loi actuelle
et dans le règlement actuel. Je suis effectivement très ouvert
à ce que nous puissions discuter de tout cela.
Si, pour en discuter, on pouvait avoir des documents qui auraient
été préparés au
bureau du président de l'Assemblée nationale ou ailleurs,
il serait tout à fait intéressant qu'on puisse en prendre
connaissance avant d'aborder l'étude de ces articles.
Le quorum, mon collègue, le député de
Deux-Montagnes, en a parlé.
La télédiffusion des commissions. Effectivement, je crois
que le député de Portneuf - qui est une des deux personnes
consultées chaque fois qu'il y a une décision à prendre
là-dessus - sait à quel point nos mécanismes sont
très mal définis, en ce moment, pour ce qui est d'une
décision à prendre relativement à la
télédiffusion des commissions parlementaires, et que c'est
toujours agaçant de laisser le président trancher quand il n'y a
pas consensus entre le parti de l'Opposition et le parti
ministériel.
Par ailleurs, je veux lui indiquer que lorsque nous avons
rédigé notre projet de réforme parlementaire, nous avons
bien indiqué que la télédiffusion des débats en
commission parlementaire se ferait en même temps ou à la place de
ceux de l'Assemblée. Dans notre esprit, cela ne voulait pas dire qu'on
laissait tomber la télédiffusion des débats à
l'Assemblée. Dans mon esprit, cela veut plutôt dire qu'on devrait
pouvoir, en plus de la télédiffusion des travaux à
l'Assemblée, permettre la télédiffusion des travaux de
certaines commissions parlementaires.
Quant au nouvel horaire de travail, je n'ai pas besoin de vous dire que
si on pouvait trouver une façon de modifier notre règlement, sans
pour autant empêcher le Parlement d'adopter la législation qu'il
doit adopter, de le faire en respectant le minimum de vie privée
à laquelle a droit tout membre de l'Assemblée nationale... Je
pense que cette vie privée est dangereusement remise en question quand
on siège pendant quelques jours durant les trois dernières
semaines de session, en juin et en décembre, à des heures parfois
indues. Quand cela va jusqu'à cinq ou six heures du matin, je crois
qu'on n'a pas, le lendemain, des parlementaires qui sont tout à fait en
forme pour refaire une journée de travail qui, très souvent, est
du même genre que la précédente en ce qui concerne les
heures. Si on pouvait trouver des mécanismes nouveaux, si on pouvait
là-dessus apporter des modifications aux règlements, M. le
Président, on est très réceptif. Je dois vous dire
d'ailleurs que dans le projet qu'on a déposé hier à la
commission, il manque beaucoup d'éléments: la question avec
débat, je sais que cela intéresse beaucoup les
députés de l'Opposition, pour en avoir déjà
discuté avec l'ex-leader de l'Opposition, le député de
Bonaventure; toute la question des motions non annoncées; la question du
dépôt des pétitions. Il y a plusieurs
éléments comme cela qu'on trouve dans notre règlement qui
mériteraient d'être revus et qui ne doivent pas, par contre, nous
empêcher de nous pencher d'abord et avant tout sur des
éléments plus substantiels de la réforme parlementaire;
mais ils devront être regardés de très près. Le
député de Portneuf ne l'a pas évoqué, mais je crois
que cela aussi devra être fait, de revoir les indemnités
additionnelles qui sont versées à différents
parlementaires qui occupent des fonctions en plus de celle de
député: là-dessus, je pense rejoindre certaines
préoccupations, non seulement de députés de l'Opposition
mais aussi de députés ministériels. Je ne verrais pas
pourquoi la sous-commission ne regarderait pas d'un peu plus près tout
ce dossier des indemnités additionnelles en tenant pour acquis,
évidemment, qu'il ne faudra certainement pas tomber dans le panneau de
l'article 24, si ma mémoire est bonne, où l'on pourrait, à
toutes fins utiles, nommer cinquante-quatre adjoints parlementaires à
vingt-sept ministres différents. Voilà pour les remarques du
député de Portneuf.
Alors, M. le Président, je reviendrais à ce que j'avais
commencé à dire...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... de
la sous-commission.
M. Bertrand: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Fernand Lalonde
M. Lalonde: En passant à la formation de la commission, on
se trouve à quitter ou à terminer la délibération
des considérations générales sur le projet de loi 90.
Alors, avant de terminer, j'aimerais simplement dire ceci: j'ai oublié
une question, mais je veux en donner un pré-avis en ce qui concerne soit
le projet de loi 90 ou la réforme parlementaire. Il s'agit des fameux
projets de loi omnibus. J'aimerais que le ministre prépare son
argumentation là-dessus, que lorsque nous aurons terminé nos
travaux sur le projet de loi 90 et la réforme parlementaire, il ne soit
plus possible que des accidents comme celui de la fameuse bouteille de
vin...
Une voix: Des coquilles. (12 heures)
M. Lalonde: ... ce qu'on a appelé des coquilles, mais je
ne veux pas faire reproche à une personne qui n'est pas ici à la
table, d'avoir employé ce mot là. Cela va plus loin que la
coquille. C'est réellement de la mécanisation à outrance
de notre fonction de législateur. Je ne vois pas pourquoi un ministre
serait appelé à présenter à
l'Assemblée nationale, simplement parce qu'il se trouve à
être le superjurisconsulte du gouvernement, le ministre de la Justice,
des amendements à des lois qui ne sont pas du tout de son ressort, dont
il ne connaît ni A, ni B, ni C, et auxquelles, par surcroît, il
propose des amendements après la deuxième lecture, alors que
l'Opposition n'a qu'un porte-parole ou deux qui, eux non plus, n'ont aucune
connaissance particulière des dossiers couverts par le projet de loi
omnibus.
J'aimerais qu'on profite tous et qu'on fasse profiter, par voie de
conséquence, nos commettants de l'expérience vécue du
dernier projet de loi omnibus et des conséquences que cela a
entraînées pour faire en sorte que, désormais, quelle que
soit la formule que nous pourrions adopter, au moins que les ministres
responsables des amendements ou des lois qu'on veut amender soient les
porte-parole qui présentent ces amendements à l'Assemblée
nationale. Ce serait peut-être une façon de le faire. Je veux
qu'on profite de nos erreurs. Quand je dis nos erreurs, j'embarque autant
l'Opposition que le parti ministériel. S'il est arrivé des
erreurs autrefois, il n'y a aucun doute que c'est parce que l'Opposition n'a
pas été assez vigilante, quoique cette erreur ait
été engendrée par le gouvernement. Je voudrais qu'on
profite de nos erreurs pour que cela ne se reproduise plus. C'est presque de la
parodie de législation.
Enfin, je veux simplement conclure en disant au ministre que si la
réimpression du projet de loi tient compte des nombreuses remarques et
considérations que nous avons exprimées - je parle de notre
formation politique - il trouvera parmi nous, lors de la présentation du
projet de loi réimprimé - j'ai l'impression qu'il sera
réimprimé - des interlocuteurs extrêmement
intéressés à ce que ce projet de loi devienne probablement
la principale loi de notre société. Je l'invite donc à
tenir compte de nos observations.
Formation de la sous-commission
M. Bertrand: Je n'y manquerai pas, M. le Président.
D'ailleurs, je tiens immédiatement à remercier le
député de Marguerite-Bourgeoys de m'indiquer dans quel climat
nous effectuerons l'étude du dossier, que ce soit à
l'Assemblée nationale ou en commission parlementaire pour l'étude
article par article. Je peux lui dire que le même climat va
prévaloir du côté ministériel.
Quant à la sous-commission, la proposition que je ferais serait
la suivante: Que la sous-commission de la commission de l'Assemblée
nationale soit formée de neuf membres, quatre du parti
ministériel, trois de l'Opposition. Nous sommes tout à fait
d'accord que le député de Sainte-Marie, qui a travaillé
sur ces questions pendant de nombreuses années, puisse se joindre
à nous et, évidemment - je m'excuse de terminer ainsi, M. le
Président - c'est en même temps pour souligner que cette
sous-commission ne fonctionnera pas si vous n'en êtes pas le
président. Je crois que ce nombre de neuf nous permettrait probablement
de fonctionner en même temps de façon efficace et
démocratique.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que cette motion sera adoptée?
M. Lalonde: M. le Président, j'aimerais simplement
consentir à cette proposition, y compris la proposition que le
député de Sainte-Marie fasse partie de la sous-commission. Il est
sûrement bien préparé pour y participer et il est chanceux
aussi d'être le seul indépendant. Je ne suis pas sûr qu'on
aurait cette attitude-là s'il y en avait cinq ou six. J'aimerais aussi
qu'on puisse prévoir un pouvoir de substitution.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est
cela que j'allais dire. Je pense qu'il faudrait...
M. Bisaillon: M. le Président, est-ce que je peux ajouter
un petit commentaire aux propos du député? S'il y avait cinq ou
six indépendants, il n'y aurait peut-être pas
d'indépendant.
Le Président (M.
Vaillancourt,
Jonquière): Pour compléter la motion du leader du
gouvernement, je pense qu'il y aurait lieu ...
M. Lalonde: On ne serait même pas obligé de vous
reconnaître à ce moment-là.
M. Bertrand: Vous faites du maraudage en ce moment.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... de
désigner par leur nom les membres du parti ministériel, du parti
de l'Opposition - c'est fait pour le député de Sainte-Marie - et
de prévoir un pouvoir de substitution de ces membres.
Alors, du côté ministériel, quatre
députés ministériels, la motion serait...
M. Bertrand: Le député de Deux-Montagnes, M. de
Bellefeuille, le député de Taschereau, M. Guay, le
député de Lac-Saint-Jean, M. Brassard, et le député
de Vanier.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): De la
part de l'Opposition?
M. Lalonde: Le député de Saint-Louis, M. Blank, le
député de Portneuf, M. Pagé, et votre serviteur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que les membres de la commission seraient d'accord pour prévoir,
à la fin de cette motion formant la sous-commission, un pouvoir de
substitution des membres qui ont été désignés?
M. Bertrand: D'accord. M. Lalonde: Oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que ...
M. Bertrand: Autre chose, M. le Président. Nous pourrions
décider que les discussions, les débats qui auront lieu en
sous-commission de la commission de l'Assemblée nationale, puissent
être enregistrés au journal des débats.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
qu'à ce moment-là il appartiendra à la sous-commission de
le décider ou d'en parler lors de sa première réunion,
à moins que vous vouliez en parler aujourd'hui.
M. Lalonde: C'est mieux de laisser cela à la
sous-commission.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
que comme d'habitude il appartiendra à la sous-commission de
déterminer elle-même ses règles de pratique et de
fonctionnement lorsqu'elle se réunira.
M. Bertrand: Oui, ce n'était pas nécessairement
pour prendre une décision aujourd'hui, M. le Président, mais
simplement pour indiquer ceci: S'il y a enregistrement, il n'y a
évidemment pas de problème, on peut colliger l'ensemble des
interventions, mais, s'il n'y a pas enregistrement et que pour des raisons
d'efficacité on veuille que ce soit fait comme pour un groupe de travail
fonctionnant en dehors des institutions formelles de l'Assemblée
nationale ...
M. Lalonde: Comme on a travaillé jusqu'à
maintenant.
M. Bertrand: Oui... qu'il puisse y avoir des méthodes de
...
M. Lalonde: M. le Président, obliger de nommer un
secrétaire...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Comme
cela s'est d'ailleurs passé...
M. Bertrand: ... transcription ou de rapports très
détaillés.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ... au
Manoir Richelieu l'an passé, si la sous-commission décide de ne
pas enregistrer ses débats, l'Assemblée nationale verra à
ce que du personnel de son Assemblée accompagne la sous-commission pour
faire en sorte que le rapport qui sera rédigé soit conforme
à l'état des délibérations qui auront
été tenues.
M. Bertrand: Là-dessus, M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Conformément à la demande des leaders, on fera en sorte que
cette sous-commission se réunisse le plus tôt possible. Avant
même de décider de cette date, j'ai l'intention, au cours des
prochains jours, de convoquer les deux leaders et le député de
Sainte-Marie pour essayer de connaître leur opinion sur un calendrier qui
puisse faire leur affaire.
M. Bertrand: Très bien.
M. Bisaillon: M. le Président...
M. Lalonde: II va faire des jaloux. Vous allez avoir des
compagnons bientôt.
M. Bisaillon: ... juste une question sur la notion de
substitution. Est-ce qu'on parle de substitution ...
Une voix: ...
M. Lalonde: Cela en prend au moins deux.
M. Bisaillon: ... permanente, dans les circonstances, ou
occasionnelle?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Occasionnelle.
M. Lalonde: II n'y a rien de permanent ici.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
D'accord?
M. Bertrand: M. le Président, je voudrais simplement
indiquer que, lorsque
vous aurez décidé d'ajourner nos travaux, nous reviendrons
demain matin à 10 heures et nous discuterons à ce
moment-là du dossier de la réforme du régime de
retraite.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Les
travaux de l'Assemblée sont ajournés à demain 10
heures.
(Fin de la séance à 12 h 10)