Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Onze heures vingt-sept minutes)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Messieurs, je déclare la séance ouverte. Je rappelle, pour
le profit des membres, que le mandat de notre commission est de procéder
à l'étude détaillée du projet de loi 71. Hier, nous
étions à l'article 6. M. le ministre, nous sommes à
l'article 6,
Corporations, coopératives et
sociétés d'exploitation agricole (suite)
M. Pagé: Merci, M. le Président. Nous sommes
effectivement à l'article 6. Essentiellement, les dispositions
prévues visent à modifier l'article 18 et c'est de concordance de
façon que les dispositions puissent s'appliquer de la même
façon que les dispositions prévues à l'article 12. C'est
cela. C'est une modification de concordance seulement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
des interventions au sujet de l'article 6?
M. Garon: M. le Président, une demande d'information. Je
pense que c'est assez technique que le ministre doit sûrement se
référer au président de l'office. On ajoute: "Une personne
qui, à titre d'exploitant agricole ou d'agriculteur... " Quand on se
réfère aux définitions de la loi principale, on observe
qu'il n'y a pas une grosse différence entre "exploitant agricole" et
"agriculteur". Les deux sont des personnes physiques - dans un cas, on ajoute
propriétaire ou locataire - dont l'agriculture est la principale
occupation. Quelle distinction, quelle différence y a-t-il entre les
deux? Pourquoi précise-t-on "exploitant agricole ou agriculteur"?
M. Pagé: Comme le député le sait,
l'agriculteur peut bénéficier de la subvention comme exploitant
à titre individuel, comme personne physique, alors que, lorsqu'on se
réfère à la terminologie de l'exploitant agricole, on se
réfère à la même personne, mais qui s'inscrit
à l'intérieur d'un groupe. On parie toujours d'un
agriculteur...
M. Garon: L'agriculteur, c'est le propriétaire
individuel.
M. Pagé: C'est cela. Le propriétaire
individuel.
M. Garon:... à son compte, avec sa femme et ses enfants.
Dans l'autre cas, on veut se référer à quelqu'un qui
est...
M. Pagé: On le qualifie d'exploitant.
M. Garon:... dans une société ou dans un groupe
comme exploitant agricole.
M. Pagé: C'est cela.
M. Garon: II y a toujours la même ambiguïté,
dont on parlait hier, sur les 20 %.
M. Pagé: C'est cela.
M. Garon: Est-ce que vous avez eu ie temps de regarder...
M. Pagé: L'article? M. Garon: Oui.
M. Pagé: Je vais y revenir, M. le Président.
M. Garon: Pardon?
M. Pagé: L'article dont on avait suspendu l'étude?
On va y revenir.
M. Garon: Oui. Et l'article 4, je pense.
M. Pagé: II a été adopté,
celui-là. Après qu'on a échangé hier soir, on l'a
adopté.
M. Garon: II y en avait un autre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est l'article
3.
M. Pagé: C'est l'article 3. On va y revenir à la
fin.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Exactement. C'est
l'article 3, paragraphe 5. 2.
M. Pagé: On va y revenir à la fin de l'étude
des articles.
M. Garon: Cela va.
M. Pagé: Alors, Si est adopté?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que
l'article 6 est adopté tel quel? Adopté. Très bien. Nous
passons maintenant à l'article 7.
Dispositions d'application
générale
Subvention accordée une seule fois
M. Pagé: L'amendement au premier alinéa de
l'article 21 en est un de concordance. Le troisième alinéa en est
aussi un de concordance. En fait, c'est le principe fondamental à savoir
que la personne qui s'est déjà qualifiée ou qui a
déjà qualifié une entreprise en ayant plus de 20 % de ses
actions ne peut se qualifier de nouveau pour obtenir un montant de 20 000 $.
C'est dans ce sens que ces dispositions sont des modifications strictement de
concordance avec l'esprit général de la loi et des autres
articles.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
des interventions sur cet article?
M. Garon: Quand vous inscrivez "Sous réserve de l'article
16. 3; nul ne peut obtenir plus d'une fois une subvention en vertu des articles
2, 5, 5. 1, 16. 1 ou 16. 2", quelle réserve voyez-vous dans l'article
16. 3? Si la corporation reçoit un multiple de quatre parce que quatre
personnes se qualifient, est-ce que c'est cela? Est-ce qu'il y a d'autres
réserves que celle-là?
M. Pagé: C'est l'article auquel on a fait
référence hier. Hier, on a eu une discussion intéressante
sur l'article 16. 3, pour lequel j'ai eu la possibilité de donner les
explications suivantes, è savoir qu'un exploitant ou un agriculteur peut
se qualifier de deux façons: soit qu'il n'était pas actionnaire
d'une entreprise, qu'il le devient et qu'il répond aux normes de moins
de 40 ans, 20 %, etc. C'est la première possibilité pour lui
d'obtenir la subvention de 15 000 $.
Au deuxième paragraphe, on dit: Une personne qui, bien
qu'étant un actionnaire, un sociétaire, un producteur ou un
membre, selon le cas, de cette section ou de ce groupe au moment où une
subvention lui a été accordée en vertu des articles 16. 1
ou 16. 2, ne l'a pas alors rendu admissible à cette subvention, mais
démontre par la suite à l'office qu'elle satisfait aux conditions
et aux exigences. Soit qu'il ne l'était pas et qu'il se qualifie
maintenant, soit qu'il était actionnaire, mais qu'il ne possédait
pas les 20 %, par exemple, et qu'il le devient. C'est strictement de
concordance avec l'article 16. 3.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions en fonction de cet article?
M. Garon: Je voudrais poser une question parce qu'on semble
écarter, dans le deuxième et le troisième alinéas,
la Loi favorisant l'établissement de jeunes agriculteurs. Supposons une
corporation qui a reçu un prêt de 50 000 $ sans
intérêt pendant cinq ans et que vient se regrouper, après
le 1er juillet 1986, avec cette corporation un jeune qui serait dans le cas de
l'article 16. 3, paragraphe 1° "un exploitant agricole ou un agriculteur,
selon le cas, qui n'était pas un actionnaire, un sociétaire, un
producteur actionnaire ou un membre, selon le cas, de cette corporation, de
cette société de cette coopérative ou de ce groupe au
moment où une subvention lui a été accordée en
vertu des articles 16. 1 ou 16. 2 le devient par la suite... " Oublions
l'article 16. 3. 1. Il devient membre d'une société qui a
déjà eu les 50 000 $ sans intérêt pendant cinq ans.
Il n'était pas dans cette corporation à ce moment-là et il
devient actionnaire à 20 %. Est-ce que ce jeune qui possède
toutes les qualifications pourra permettre à cette société
qui a reçu un prêt sans intérêt de 50 000 $ pendant
cinq ans d'obtenir une subvention de 15 000 $ par la qualification de ce
jeune?
M. Pagé: Non, M. le Président.
M. Garon: C'est cela que j'avais compris. Est-ce que vous voulez
vraiment l'écarter ou...
M. Pagé: C'est qu'en fait c'est clairement indiqué
que l'esprit de la loi actuelle et l'esprit de la loi modifiée par le
projet de loi 71 demeurent les mêmes, à savoir qu'une personne qui
s'est déjà qualifiée, qui a déjà
présenté une requête, qui a déjà
touché une subvention au même titre qu'une entreprise ne peut se
qualifier à nouveau en fonction d'une autre programme. Il est clairement
indiqué que, dans les cas où la Loi favorisant
l'établissement de jeunes agriculteurs, la LEJA, permet un prêt de
50 000 $ sans intérêt, elle exclut la possibilité de
bénéficier des avantages prévus à la Loi favorisant
la mise en valeur des exploitations agricoles.
M. Garon: Oui.
M. Pagé: Dans ce cas particulier auquel vous vous
référez, l'interprétation que j'en donne, c'est que ce
nouvel actionnaire qui viendrait posséder 20 % du capital-actions d'une
entreprise qui aurait déjà bénéficié de la
LEJA ne pourrait qualifier en même temps l'entreprise pour obtenir 15 000
$...
M. Garon: C'est-à-dire que... M. Pagé:... et
l'inverse aussi.
M. Garon:... dans ces lois-là, il s'agit de concepts
différents. Dans la Loi favorisant l'établissement de jeunes
agriculteurs - je n'ai pas la loi devant moi, mais je me la rappelle un peu par
coeur -c'est le concept d'entreprise qui est utilisé; ce n'est pas le
concept de structure juridique. C'est, justement, parce que nous pensions - et
je le pense encore - que le concept de structure juridique n'est pas ce qui est
le plus important. C'est le concept d'entreprise qui, à mon avis, est le
plus important. Alors, la Loi favorisant la mise en valeur des exploitations
agricoles est basée sur un concept juridique, des personnes physiques,
corporations, sociétés, et permet des subventions à des
personnes physiques ou à des corporations, à des structures
juridiques, tandis que, dans l'autre loi, c'est un concept d'entreprise.
À ce moment-là, pour faire le parrallèle entre les
deux...
M. Pagé: Il y a une exception, cependant.
M. Garon: Oui.
M. Pagé: Oui. Il y a...
M. Garon: Ce que je voulais dire, c'est qu'à ce
moment-là la personne physique que vous voulez subventionner, qui peut
le faire dans une structure juridique, est-ce qu'elle ne pourrait pas qualifier
aussi une entreprise qui va avoir une forme de structure juridique avec
quelqu'un qui va s'y joindre après le 1er juillet 1986, avec les
qualifications nécessaires en vertu de la Loi modifiant la Loi
favorisant la mise en valeur des exploitations agricoles?
M. Pagé: Oui.
M. Garon: C'est qu'à ce moment-là cela peut
créer des problèmes...
M. Pagé: Non.
M. Garon:... importants.
M. Pagé: J'ai un complément de réponse
important à donner au député. Le député se
référait au cas où un agriculteur ou un exploitant qui se
qualifie, qui n'a jamais bénéficié de la subvention de
8000 $, achète un bloc d'actions de 20 % dans une corporation qui adéjà bénéficié de la LEJA. D'accord?
M. Garon: C'est cela.
M. Pagé: C'était le sens de la question.
M. Garon: Oui.
M. Pagé: On doit se référer à la Loi
favorisant l'établissement de jeunes agriculteurs. Si cette corporation
a bénéficié seulement de 80 % du montant de 50 000 $, par
exemple, si l'exploitant qui a présenté sa requête en vertu
de la LEJA possédait 80 % de l'entreprise, s'il n'a pas touché la
totalité de la subvention de 50 000 $, l'agriculteur auquel le
député se réfère pourrait se qualifier et qualifier
l'entreprise pour le solde entre les 80 % reçus et les 100 % qu'il peut
recevoir, non pas en vertu de la Loi favorisant la mise en valeur des
exploitations agricoles, mais en vertu de ia Loi favorisant
l'établissement de jeunes agriculteurs.
M. Garon: Là, cela peut créer des
problèmes.
M. Pagé: Si je me réfère à l'article
14 de la Loi favorisant l'établissement de jeunes agriculteurs elle dit
au premier paragraphe: "une subvention complémentaire applicable
à l'intérêt produit par tout prêt à
l'égard duquel une subvention lui a déjà été
accordée en vertu de l'article 2, à chaque fois que: (et c'est
là qu'il pourrait l'obtenir) 1° l'une de ces personnes acquiert une
participation additionnelle d'au moins 20 % dans cette exploitation et
satisfait aux conditions prévues à l'article 16. "
C'est-à-dire que dans le cas que vous donnez, le jeune ne pourrait pas
se qualifier en vertu de la Loi sur la mise en valeur des exploitations
agricoles, mais il pourrait se qualifier et qualifier la corporation dans
laquelle il possède 20 % de nouvelles actions pour la différence
entre ce que cette entreprise a reçu de la LEJA et ce qu'elle pourrait
recevoir, par exemple, 20 %.
M. Garon: À ce moment-là, il y a des entreprises
qui vont être mal prises, parce que les fluctuations dans le temps vont
dépendre beaucoup des taux d'intérêt. Les choix ont
été faits dans le temps. À un moment donné,
l'entreprise a commencé à fonctionner. Les années ont
passé; il y a un jeune dans la famille qui veut se joindre au groupe et
il ne pourra pas se qualifier en vertu de la Loi sur la mise en valeur des
exploitations agricoles, alors qu'il aurait pu le faire autrement.
M. Pagé: Oui, mais le député conviendra avec
moi qu'en fonction des programmes gouvernementaux, que ce soit ce
programme-là ou d'autres lois gouvernementales, il est fréquent
qu'un requérant ait à faire des choix et ces choix, il doit les
faire de la façon la plus éclairée possible, en fonction
des possibilités de développement de son entreprise et des
perspectives de développement. Une fois que le choix est fait, le
choix est très clair, parce qu'on souscrit à la Loi favorisant
l'établissement de jeunes agriculteurs ou à la Loi favorisant la
mise en valeur des exploitations agricoles.
M. Garon: Oui, mais...
M. Pagé: On doit supporter la conséquence de nos
choix aussi et c'est pour tout individu dans cette société.
M. Garon: Je ne suis pas de cet avis et je vais vous dire
pourquoi. Quand on a établi le prêt de 50 000 $ sans
intérêt pendant cinq ans en 1982, il y avait un choix en vue, soit
l'abandon de cette loi, parce que la mise en valeur des exploitations agricoles
avec des améliorations foncières, c'est dépassé. Il
y a des subventions au ministère pour le drainage; il y a des
subventions pour les travaux mécanisés; il y a toutes sortes de
politiques qui font en sorte qu'il y a des programmes pour
l'amélioration foncière. C'est pour cela qu'on pariait d'y aller
avec 100 000 $ de plus, d'offrir un choix avec 100 000 $ de prêt et
d'abandonner cette subvention, puisque la plupart disaient qu'ils
préféraient avoir un taux d'intérêt gradué
dans les prêts.
Maintenant, il faut se placer dans le temps vis-à-vis des taux
d'intérêt. Il est évident que, si les taux
d'intérêt baissent, les 15 000 $ vont être
intéressants, mais si les taux d'intérêt montent...
M. Pagé: Plus intéressants.
M. Garon: Au taux d'intérêt actuel, les 50 000 $
sont encore plus intéressants. Mais si le taux d'intérêt
baisse, les 15 000 $ vont être intéressants, et si le taux
d'intérêt monte, les 15 000 $ ne seront plus
intéressants.
M. Pagé: Selon le cas. On pourra analyser les
statistiques.
M. Garon: Je comprends. C'est une affaire de groupe possiblement,
mais cela va favoriser le gigantisme des fermes. Cela va favoriser les groupes
et, en favorisant les groupes, cela va faire des fermes immenses.
S1 vous favorisez des groupes...
M. Pagé: Cela fait des fermes plus grosses.
M. Garon: Oui, mais avec la nécessité de disloquer
les fermes régulièrement, parce que les gens ne sont pas capables
d'administrer des fermes de cette grosseur. Cela va amener la construction de
grosses fermes avec des équipements pensés en fonction de cela
et, ensuite, des diminutions.
Une génération va passer et les gens vont avoir de la
difficulté è se structurer au moment de la relève de cette
façon-là.
Alors, c'est pour cela qu'une phase transitoire, à mon avis,
manque entre les deux. Le choix entre les 50 000 $ sans intérêt et
les subventions va varier en fonction des taux d'intérêt. Si le
taux d'intérêt monte ou baisse, on va aller dans une formule ou
dans l'autre. Ce qui peut arriver, c'est que ceux qui sont plus jeunes -les
enfants habituellement ne s'établissent pas tous ensemble; on sait qu'il
y en a un fort pourcentage dans le domaine agricole qui sont des fils ou des
filles d'agriculteurs -ceux qui n'auront pas participé au premier
établissement vont être laissés pour compte. Ils vont
être mal pris un peu plus tard, parce que, si la structure des taux
d'intérêt change, la formule ne sera plus la même, elle ne
sera plus avantageuse. (11 h 45)
Comme il n'y a pas de pont entre les deux formules, on va obliger des
gens à choisir lors du commencement de l'établissement. Mais
quand les autres vont arriver, ils vont être mal pris. Je suis convaincu
qu'il serait bon de trouver une formule entre les deux régimes.
Autrement, cela va rendre la situation difficile pour les jeunes dans les
familles. Les plus vieux vont être avantagés et les plus jeunes
vont être mal pris.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vais donner la
parole au ministre. Ensuite, il y a deux intervenants qui ont demandé
à prendre la parole sur cet article.
M. Pagé: D'accord. Le député
s'inquiète, dans un premier temps, du fait qu'un jeune actionnaire,
désireux de participer à la société, ne pourrait
bénéficier de la prime à l'établissement. Il faut
quand même retenir que, si cette entreprise a
bénéficié du prêt de 50 000 $ sans
intérêt, c'est qu'elle s'est déjà établie et
elle l'a déjà touché. L'entreprise l'a déjà
touché, d'accord?
M. Garon: Oui.
M. Pagé: Deuxièmement, vous dites: Le choix va se
faire davantage en fonction des taux d'intérêt. Il faut retenir
aussi que le choix va se faire particulièrement en fonction de la taille
de l'entreprise. Vous dites - et c'est le cas, cela est possible, on pourra
l'analyser après un an - que cela va favoriser l'intégration ou
la participation de quatre sociétaires, lesquels vont aller chercher 60
000 $. Comme on le disait hier, dans le cas d'une vente d'une ferme du
père au fils avec un financement par le père, il peut devenir
plus intéressant pour le producteur de procéder à une
structure
juridique de corporation où il sera actionnaire avec son
épouse et d'aller chercher 30 000 $ de subvention. Ce ne sont pas
seulement les taux d'intérêt qui vont influencer, selon nos
prévisions et notre estimation, le choix qu'effectuera le jeune, mais
davantage les taux d'intérêt et aussi la taille de
l'entreprise.
En terminant, ce que je peux vous dire, c'est ceci: En vertu de la Loi
favorisant la mise en valeur des exploitations agricoles, un agriculteur ou un
exploitant agricole peut toujours se qualifier et qualifier, par
conséquent, son entreprise, tant et aussi longtemps qu'il n'a pas quatre
lots de 15 000 $ qui ont été distribués. Cela demeure la,
premièrement.
Deuxièmement, même chose dans le cas de la LEJA; tant et
aussi longtemps que le paiement des intérêts sur la
totalité des 50 000 $ n'est pas acquis, comme je vous le disais tout a
l'heure, un exploitant ou une exploitante peut venir combler la
différence entre ce qui a été financé, et les 50
000 $.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je cède la
parole au député de Prévost.
M. Forget: M. le Président, je vais faire très
rapidement. Concernant le projet de loi, je trouve que c'est un projet de loi
qui va favoriser les moyennes entreprises, contrairement à ce que
certaines personnes pourraient penser. Si on regarde au Québec
présentement, les sociétés, les grosses entreprises
agricoles sont en train de se diviser. Dans plusieurs sociétés
présentement, les gens se chamaillent à l'intérieur de la
boîte et ils sont en train de penser à s'établir ailleurs
et au niveau des compagnies, c'est la même chose.
L'agriculture, ce n'est pas comme autre chose. C'est très
difficile de travailler pendant 24 heures, dans un groupe, tous ensemble. C'est
une chose qu'on vit présentement et, avec le projet de loi qui est
présenté actuellement, l'homme et la femme peuvent chacun aller
chercher un montant de 15 000 $. Je pense qu'on favorise en
réalité la vraie ferme familiale qu'on est en train de
développer au Québec.
Les prêts, je ne suis pas trop d'accord avec cela. Il va falloir
développer, lorsqu'on parle de la ferme familiale, l'esprit que la
famille va s'impliquer à l'intérieur de la botte, un peu comme
avant. Avec les grosses fermes commerciales qu'on a voulu développer, on
n'a pas le résultat qu'on attendait. Je pense que le projet de loi qu'on
dépose présentement va réellement favoriser le rôle
de la vraie ferme familiale.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Prévost. M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je vais poser une question. Supposons que vous ayez un
père de famille et sa femme qui sont qualifiés comme
entreprise...
M. Pagé: Qui se sont qualifiés?
M. Garon: Qui se sont qualifiés, qui ont eu les 50 000 $
sans intérêt pendant cinq ans. Il faut dire que, lorsque cela a
été voté en 1982, les taux d'intérêt
étaient à 20 %. C'est pour vous dire qu'il n'y avait pas de doute
entre les deux. L'homme et la femme se sont établis comme entreprise,
ils ont eu 50 000 $ sans intérêt pendant cinq ans. Ils sont sur un
pied d'égalité 50-50 ou 75-25, peu importe. Ils veulent commencer
à embarquer leurs jeunes avec eux. Cela ne viendra pas tout de suite,
mais cela peut arriver assez rapidement. Le jeune veut s'établir avec
eux. Quels moyens pourra-t-il prendre pour s'établir avec eux,
même avec 20 %? Ils ont des enfants qui sont en âge de commencer
à prendre une participation. La ferme comme entreprise a
déjà eu ses 50 000 $ sans intérêt pendant cinq ans.
Les enfants qui ont vingt ans, on veut commencer à les faire participer.
Comment va-t-on pouvoir le faire à ce moment-là? C'est pour cela
qu'à mon avis cela prend une mesure transitoire pour ceux qui n'ont
jamais qualifié une ferme avec 20 % des actions. Cela, c'est le
problème des générations, c'est le gros
problème.
M. Pagé: M. le Président, c'est clair. Vous donnez
le cas - je veux bien qu'on se comprenne - du couple qui avait moins de 40 ans,
en 1982, qui a bénéficié de la LEJA. Quatre, cinq ans
après...
M. Garon: Mettons 40 ans.
M. Pagé:... aujourd'hui, deux jeunes de 20 ans
désirent s'associer aux parents. C'est le cas que vous donnez?
M. Garon: Un ou deux ou trois.
M. Pagé: L'entreprise ayant déjà
bénéficié des dispositions de la Loi favorisant
l'établissement de jeunes agriculteurs ne peut se qualifier à
nouveau pour bénéficier des dispositions de la Loi favorisant la
mise en valeur des exploitations agricoles. Cependant, dans ce cas concret, si
le jeune achète un bloc d'actions de son père et de sa
mère et qu'il embarque dans l'entreprise, il n'est pas admissible aux 15
000 $. Mais, si le jeune achète l'entreprise avec son frère, sa
soeur, avec d'autres dans le cadre d'une nouvelle structure juridique, il peut
se qualifier et aller chercher 60 000 $.
M. Garon: Oui, mais...
M. Pagé: En fait, le principe fondamental et
général qui guide l'administration de ces deux lois, c'est qu'un
exploitant agricole ou une exploitante, qui s'est qualifié et qui, en
conséquence, a qualifié son entreprise pour
bénéficier soit d'un prêt sans intérêt ou
d'une subvention de 8000 $, ne peut revenir à nouveau pour toucher un
autre montant de 15 000 $ ou toucher, s'il a déjà touché
les 8000 $, un prêt sans intérêt en vertu de l'autre
loi.
Dans l'exemple concret que vous donnez, je suis d'accord avec vous et
c'est ce qu'on veut faire pour respecter le principe général. Le
jeune homme dit: Vous aviez 50-50, j'achète 10% de papa et 10 % de
maman, j'ai 20 %, je qualifie. Il ne peut pas recevoir une subvention de 15 000
$, parce que l'entreprise a déjà reçu un prêt sans
intérêt de 50 000 $. Cependant, s'il l'achète seul ou
encore s'il forme un groupe, il peut obtenir les 15 000 $ ou un multiple de
quatre des 15 000 $.
M. Garon: Mais, dans la réalité des choses, la
transmission des fermes ne se fait pas comme cela. Cela se fait graduellement
sur un certain nombre d'années. Moi, je pense que, s'il n'y a pas de
mesure transitoire, de pontage, si l'on veut, entre les deux régimes, il
va y avoir des problèmes graves. Dans un cas, dans la Loi...
M. Pagé: M. le Président, si vous me le
permettez...
M. Garon: Un instant! Dans un cas, dans la Loi favorisant
l'établissement de jeunes agriculteurs, c'est le concept d'entreprise,
pas le concept juridique. C'est un concept réel, économique
d'entreprise, tandis que, dans la Loi favorisant la mise en valeur des
exploitations agricoles, c'est un concept juridique qui ne renvoie à
aucune valeur de la ferme. La ferme peut être toute petite. Il n'y a pas
de réalité opérationnelle derrière cela,
véritablement. C'est une structure juridique. Donner des subventions sur
des bases de structure juridique plutôt que sur des faits réels,
on sait à quel point cela devient emberlificoté tout ce
système de subvention dans le cadre de structures juridiques et de
modifications aux structures juridiques.
Là, on a deux systèmes différents et sans aucun
lien. Or, des gens se sont établis sous la forme d'entreprise et surtout
à une époque où c'était avantageux de le faire
parce que les taux d'intérêt étaient très
élevés. À mon avis, là, il manque un lien, ce qui
va créer des problèmes considérables à ceux qui
vont vouloir s'organiser. Il faudrait que les parents vendent la ferme au
complet. Les gens ne voudront pas vendre leur ferme au complet.
M. Pagé: II faut déduire ceci du commentaire que
j'ai fait tout à l'heure et de l'interprétation que j'ai
donnée aux dispositions de la loi qu'on entend adopter: Vous avez
référé au cas où monsieur et madame sont
actionnaires à 50-50 de la ferme A Inc.
M. Garon: Peu importe. Peu importe. Même si le mari est
actionnaire seul...
M. Pagé: Oui, oui. Même chose.
M. Garon:... c'est l'entreprise...
M. Pagé: Si vous voulez me laisser compléter, M. le
député de Lévis. Si le fils devient actionnaire de cette
entreprise qui a déjà bénéficié de la LEJA,
pourra-t-il bénéficier de la loi de mise en valeur? Je vous ai
dit non. Cependant, s'il y a une nouvelle restructuration de l'entreprise... Je
comprends que c'est du juridique, mais le juridique est important; s'il n'y
avait pas de juridique et s'il n'y avait pas d'avocats, il n'y aurait
peut-être pas de procès, mais il y aurait pas mal de
cafouillage.
M. Garon: Je ne sais pas. Au Japon, il y en a moins et ils
arrivent mieux.
M. Pagé: On fera une commission rogatoire...
M. Garon: II y a à peu près dix fois moins
d'avocats au Japon.
M. Pagé:... on amènera le Barreau et on ira voir
cela.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Pour l'instant, on
n'est pas au Japon.
M. Pagé: Pour revenir à mon exemple, s'il y a une
nouvelle entreprise, s'il y a une restructuration de l'entreprise et que le
fils détient, dans la ferme qui est maintenant devenue la ferme B Inc 20
%, il peut se qualifier pour obtenir ses 15 000 $. Cependant, si son
père détient 80 %, il ne pourra pas se qualifier à nouveau
pour obtenir 15 000 $ parce qu'il a déjà
bénéficié, il a déjà qualifié la
ferme A pour obtenir son prêt sans intérêt pour cinq
ans.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Donc, cela ne
limite pas.
M. Pagé: Non, cela ne limite pas, pour autant qu'il y a
une nouvelle entreprise.
M. Garon: Exemple...
M. Pagé: L'exemple est concret.
M. Garon:... si le père est le
propriétaire de la ferme à 100 %... M. Pagé:
Oui.
M. Garon:... et fait une restructuration avec sa femme et son
garçon...
M. Pagé: Oui. Les deux pourront toucher 30 000 $.
M. Garon:... les deux vont pouvoir toucher 30 000 $ dans une
restructuration juridique.
M. Pagé: C'est cela. C'est mieux que 16 000 $.
M. Garon: Oui, mais c'est un peu absurde.
M. Pagé: Ce n'est pas un peu absurde.
M. Garon: Cela est basé sur la restructuration juridique
plutôt que sur l'entreprise réelle.
M. Pagé: Bien oui, mais le principe fondamental de la loi
est de s'assurer de donner des moyens à des personnes qui travaillent
dans l'agriculture, comme agriculteurs, comme exploitants agricoles, de
s'établir. En ce faisant, l'exemple que vous donnez est l'exemple le
plus patent. Nous sommes fiers de ces dispositions. Le propriétaire
possédait 100 % de son entreprise - le père de famille - il y a
une restructuration juridique, son épouse, si elle a moins de 40 ans, si
elle a 20 % des actions, va pouvoir toucher les 15 000 $ et le fils aussi s'il
a 18 ans.
M. Garon: Si on prend l'exemple d'un cultivateur de 45 ans...
M. Pagé: Oui. Il l'a déjà, oui.
M. Garon:... qui a déjà eu le prêt de 50 000
$ sans intérêt pendant cinq ans.
M. Pagé: II faudrait qu'il ait 44 ans.
M. Garon: Non, non. Lui, il a 45 ans ou 50 ans, peu importe. Il
divorce. Il marie une femme qui a moins de 40 ans. Il a un fils de IB ou 19
ans.
Une voix: Cela arrive.
M. Garon: II pourrait se qualifier pour 30 000 $ grâce
à son divorce.
M. Pagé: Non, non. Cela dépend. Les trois
pourraient se qualifier parce que votre bonhomme qui a 50 ans ne pouvait pas
avoir moins de 40 ans en 1982.
M. Garon: Oui, mais... Il ne pourra pas faire de don? Je parle
pour plus tard, dans un certain nombre d'années.
M. Pagé: D'accord. Je pensais que vous donniez l'exemple
de la LEJA de tantôt.
M. Garon: Mettons en 1982. Mettez-le à 44 ans ou 45 ans,
peu importe, et qu'il divorce.
M. Pagé: Oui.
M. Garon: II se remarie avec une femme qui a moins de 40 ans et
il a un garçon...
M. Pagé: Oui.
M. Garon:... qui a 19 ans. Il qualifie à 20 %. Cela ne le
dérange pas. Il donne 20 % à sa nouvelle femme et il garde 60 %
pour lui.
M. Pagé: Et s'il n'y avait pas eu de divorce et que son
épouse - d'un premier mariage - avait eu moins de 40 ans, elle aurait pu
détenir les 20 % d'actions et obtenir les 15 000 $, elle aussi.
M. Garon: Non. Disons que son épouse a 42 ans.
M. Pagé: M. le Président, on prend là un cas
très hypothétique. (12 heures)
M. Garon: Non, ce que je veux dire, c'est qu'actuellement tout
cela repose uniquement sur des...
M. Pagé: Et connaissant les valeurs profondes de la
famille dans cette communauté francophone, profondément
catholique, que nous sommes, j'hésite à croire que quiconque au
Québec va divorcer pour toucher 15 000 $, après que son
épouse qui, par surcroît... On le sait, les femmes, en
agriculture, travaillent en moyenne 32 heures à la ferme, en plus de
faire la gestion, en plus d'élever les moussaillons. On prend un cas
très très hypothétique, M. le député.
M. Garon: Non, il y a des cas plus nombreux que vous ne le
pensez. Les avocats vont, justement, être là pour conseiller.
M. Pagé: Oui, les avocats... Je connais la sagesse de nos
producteurs agricoles, M. le Président, il n'y en a pas beaucoup qui
vont divorcer pour toucher 15 000 $ et se condamner à une pension
alimentaire toute leur vie. Cela coûte pas mal plus cher que 15 000 $,
d'habitude, cela. En tout cas...
M. Garon: Là-dessus, il y a 23 000
dossiers à l'office, il n'y en a pas seulement un ou deux. On le
sait, actuellement, les causes des difficultés financières sont
souvent d'autres ordres que l'agriculture.
M. Pagé: Oui.
M. Garon: Quand on base les subventions essentiellement sur des
structures juridiques, sur des cadres juridiques ou des véhicules
juridiques, on n'est pas complètement dans la réalité. On
sait à quel point, à l'office même, il y a des gens qui
croient a cela. Quand les premières délibérations avaient
été faites sur la protection des terres agricoles, il y en avait
qui voulaient utiliser le concept de ferme plutôt que le concept de lot,
justement à cause de l'entité que formait la ferme. En tout cas,
je crains les créations juridiques qui font en sorte que l'on base tout
le système de subventions à l'établissement en agriculture
sur des concepts juridiques plutôt que sur des réalités
économiques d'entreprises, et, surtout, qu'il y ait deux systèmes
qui soient parallèles comme deux rails de chemin de fer, qui ne se
rejoindront jamais et qui ne se toucheront jamais parce que l'un est
basé sur un système de réalité économique de
l'entreprise et l'autre sur des créations juridiques qui peuvent se
modifier dans le temps comme on veut.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): J'ai reconnu le
député de Laviolette.
M. Jolivet: J'écoute avec attention, depuis le
début, la discussion qui a lieu. J'aimerais poser une question à
M. le ministre concernant l'ensemble du projet de loi, mais en particulier
l'article 21 qui est modifié par le projet de loi, à l'article 7.
Quand on parle de multiples de 15, on parle d'un maximum de 60 000 $. À
l'article 21, on dit qu'une personne qui a déjà eu une subvention
en vertu de la Loi favorisant l'établissement de jeunes agriculteurs
n'est pas admissible ou, si elle l'est, c'est en partie pour la portion qui n'a
pas été obtenue. On a parlé de quelqu'un qui l'aurait eue
à 80 %. Il est peut-être admissible à 20 % pour se rendre
aux 100 % admissibles.
Voici la question que je pose à M. le ministre. Dans la loi qui
est devant nous qui a pour but de modifier la Loi favorisant la mise en valeur
des exploitations agricoles, dans le cas où une personne a pu, dans la
restructuration juridique dont il faisait mention tout à l'heure,
obtenir une aide pour s'établir, mais d'un autre organisme, soit une
société, une banque, le prêt fédéral, etc.,
est-ce que cette personne - en plus de celle qui aura probablement les 50 %
plus un qui deviendra une personne qui n'a jamais été
aidée, en vertu d'aucune loi du Québec - a droit, en plus,
à la deuxième subvention, c'est-à-dire à 30 000 $
au total, ou bien est-ce que pour elle seulement 15 000 $ seraient admissibles
parce qu'elle a déjà participé, disons, à une loi
fédérale? C'est une question qui peut être
intéressante dans la mesure où il peut y avoir des demandes en ce
sens.
M. Pagé: Les critères sont des critères de
base qui sont fondamentaux. Il faut que ce soit un établissement. Il y a
le critère de l'âge, évidemment, et, aussi, il faut que ce
soit la principale occupation.
M. Jolivet: D'accord.
M. Pagé: Il faut que cette personne n'ait pas
bénéficié d'une subvention de 50 000 $ sans
intérêt versée en vertu de la Loi favorisant
l'établissement de jeunes agriculteurs, ou qu'elle n'ait pas
qualifié une entreprise pour l'obtention des 8000 $ auxquels je me
référais.
M. Jolivet: Donc, cela s'adresse...
M. Pagé: Aussi, hier, on a eu l'occasion de nous
référer aux remises qui étaient consenties, pour un
montant de 3000 $, à un exploitant qui avait contracté un
prêt avec la société canadienne en vertu de la loi de 1961,
mais laquelle remise a pu intervenir après 1971. Pour le reste, c'est
l'essentiel des principes qui se dégagent de la loi.
M. Jolivet: En fait, dans la mesure où...
M. Pagé: II faut dire aussi qu'on donne plusieurs cas:
l'épouse, l'enfant, déjà une structure, on change de
structure juridique, etc. Il y a un commun dénominateur et le commun
dénominateur, ce sont des dispositions qui contiennent des normes. Si la
personne, que ce soit la première ou la deuxième épouse,
peu importe - l'office n'a pas à se préoccuper de ces aspects de
la vie privée des citoyens - répond aux critères
d'admissibilité, il n'y a pas de problème, elle pourra en
bénéficier.
M. Jolivet: En fait, ma question portait surtout sur ceci:
étant donné que la personne, dans le cas présent, n'a
jamais obtenu aucune aide du Québec dans aucune loi du Québec,
mais a reçu une aide fédérale, est-ce qu'elle est
admissible à 30 000 $ ou si elle est admissible à 15 000 $ moins
la différence?
M. Pagé: Si la personne détient 20 % des actions
d'une corporation, qu'elle est exploitant, etc., elle peut qualifier
jusqu'à concurrence de 15 000 $ seulement et, pour ce qui est du solde
de l'autre actionnaire, si cet autre actionnaire se retrouve dans une
situation juridique analogue à celle de la première
personne, il peut aussi bénéficier des 15 000 $. Chacun doit
répondre aux critères et au commun dénominateur qui est de
ne pas avoir déjà été qualifié ou de ne pas
s'être déjà qualifié individuellement. Est-ce que
vous faisiez référence à un cas spécifique dont ia
première lettre du nom de famille serait B? C'est un cas particulier,
à ce qu'on me dit.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions concernant cet article?
M. Pagé: C'est un cas de comté. Vous savez, si on
n'avait pas de cas de comté, si on n'avait pas nos comtés, on ne
serait pas ici personne.
M. Jolivet: Donc, j'ai bien compris qu'il y a des
possibilités.
M. Pagé: Non, mais dans ce cas, le monsieur B en question
a déjà bénéficié de la Loi favorisant
l'établissement de jeunes agriculteurs...
M. Jolivet: D'accord.
M. Pagé:... les 50 000 $ sans intérêt. Donc,
il ne pourrait pas se qualifier dans la présente loi.
M. Jolivet: Parfait.
M. Pagé: Sa femme, cependant, pourrait l'avoir.
M. Jolivet: D'accord.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions concernant cet article de
loi? Pas d'autres interventions? J'attendais, je pensais que vous aviez
d'autres notes explicatives concernant cela. D'accord. L'article 7 est-il
adopté?
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Sur division.
D'accord.
M. Garon: Oui, parce qu'il me dit qu'il n'y a pas de mesure
transitoire entre les deux régimes.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Cette partie de
l'article 7 est adoptée sur division.
M. Garon: Il n'y a pas de mesure pour faire le pont entre les
deux systèmes; donc, je ne peux adopter cet article.
Le Président (M. Tremblay, Iberville: Maintenant, nous
passons à l'article 8.
Remboursement de la subvention
M. Pagé: M. le Président, comme on le sait, en
vertu de l'article 21. 2, "Tout propriétaire d'un immeuble à
l'égard duquel une subvention est octroyée est soumis, pendant
les dix années à compter de l'octroi d'une telle subvention,
à l'obligation mentionnée à l'article 21. 1". L'article
21. 1, comme on le sait tous, stipule ceci: "Toute personne, y compris ses
ayants droit, qui, dans les dix ans à compter de l'octroi d'une
subvention accordée le ou après le 15 mars 1979, utilise ou
permet d'utiliser à des fins autres que l'agriculture, sans
l'autorisation de l'office, la ferme ou le terrain à l'égard
duquel une telle subvention a été octroyée, doit
rembourser immédiatement à l'office tout montant perçu
à l'égard d'une telle subvention".
Cependant, dans l'article 21. 2, il était clairement
mentionné: "Ladite obligation doit faire l'objet d'une
déclaration mentionnant chaque immeuble auquel elle s'applique ainsi que
le nom de son propriétaire".
Voici les dispositions de l'article 8 qui vient modifier l'article 21. 3
de cette loi: "L'article 21. 3 de cette loi est modifié par l'addition,
à la fin, de l'alinéa suivant. Les articles 21. 1 et 21. 2 ne
s'appliquent pas lorsqu'une subvention est accordée en vertu des
articles 5. 1, 16. 1, 16. 2 ou 16. 3. " C'est pour les nouvelles
subventions.
On retient que les dispositions actuelles obligent le
bénéficiaire à ne pas utiliser sa ferme à des fins
non agricoles sans l'autorisation de l'Office du crédit agricole dans
les dix ans. Ce qu'on modifie, c'est l'obligation de faire une
déclaration parce que la Commission de protection du territoire
agricole, selon les informations qu'on m'indique ici - on pourra y revenir et
M. Moreau pourra ajouter - a le mandat, la juridiction pour déterminer
si un producteur ou un exploitant, qui avait une terre zonée agricole,
peut utiliser à des fins autres qu'à l'agriculture une telle
terre ou une telle partie de terrain.
En fait, on ne touche pas le principe... Bien non, on ne touche pas le
principe, M. le député.
M. Garon: Vous allez donner des montants pour
l'établissement en agriculture et, par la suite, les gens vont pouvoir
dilapider leur terre à des fins autres que l'agriculture et garder les
subventions.
M. Pagé: Non. M. le Président, je m'excuse.
M. Garon: Voyons! C'est ce que cela dit.
M. Pagé: La Commission de protection du territoire
agricole va être la pour veiller non pas au grain, mais au lot.
M. Garon: Je comprends, mais vous aurez versé de l'argent
pour l'établissement en agriculture. La terre sera utilisée
à d'autres fins que l'agriculture et les subventions seront
gardées comme si la personne s'était établie en
agriculture.
M. Pagé: À ce moment, si la terre est ainsi
dézonée pour un motif ou pour un autre...
M. Garon: C'est épouvantable! On va donner des milliers de
dollars à des gens pour s'établir en agriculture, ils vont vendre
une partie de leur terre ou leur terre à des fins autres que
l'agriculture et ils vont quand même garder les subventions. C'est
inimaginablel
Regardez ce qu'on dit: "Toute personne, y compris ses ayants droit, qui,
dans les dix ans. " On donne dix ans. On dit: Pendant dix ans, il faut garder
sa terre en agriculture. Autrement, on doit rembourser les subventions. Dix
ans, ce n'est pas une obligation tellement longue. Quelqu'un va recevoir 15 000
$, un couple 30 000 $ et, par la suite, va se revirer de bord et demander
l'autorisation d'être "dézoné" et, par la suite, va garder
les subventions quand même. C'est ce que cela veut dire d'après
l'article 21. 1. Il faut savoir lire les articles de loi. "Toute personne, y
compris ses ayants droit, qui, dans le dix années à compter de
l'octroi d'une subvention accordée le ou après le 15 mars 1979 -
dix ans, cela peut être le 1er juillet 1986 - utilise ou permet
d'utiliser à des fins autres que l'agriculture, sans l'autorisation de
l'office, la ferme ou le terrain à l'égard duquel une telle
subvention a été octroyée, doit rembourser
immédiatement à l'office tout montant perçu à
l'égard d'une telle subvention. " Dans l'amendement qu'on veut apporter,
on vise à ne pas tenir compte de cet article.
M. Pagé: Je m'excuse. Ce n'est pas de...
M. Garon: Voyons! "Les articles 21. 1 et 21. 2 ne s'appliquent
pas lorsqu'une subvention est accordée en vertu des articles 5. 1, 16.
1, 16. 2 et 16. 3. " Cela veut dire que, si vous donnez les 15 000 $ à
quelqu'un, comme vous écartez l'article 21. 1 de l'application de ces
articles pour les fins de ces subventions de 15 000 $, cela veut dire que
quelqu'un se revire de bord, vend sa terre à des fins non agricoles ou
en vend une partie et garde l'argent quand même. Cela n'a ni queue ni
tête.
Une voix: On ne peut pas laisser passer cela.
M. Garon: Cela n'a pas de bon sens!
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Évidemment,
la commission doit se prononcer.
M. Garon: Indépendamment du fait que la commission se
prononce ou non, on donne de l'argent à des gens pour des fins
agricoles, à des fins d'établissement en agriculture. Ils se
revirent de bord et ils vendent leurs biens à des fins autres que
l'agriculture, en partie ou en totalité, et ils gardent les subventions
quand même.
Ce que l'article 21. 1 veut dire, actuellement, c'est que, si les gens
qui ont obtenu une subvention, dans les dix ans, vendent, à des fins
autres que l'agriculture, en tout ou en partie, leur ferme sans l'autorisation
de l'office, ils doivent rembourser. Comme on écarte cet article, cela
veut dire qu'ils vont pouvoir vendre avec les autorisations et garder les
subventions quand même. Cela n'a pas de bons sens!
M. Pagé: Ce qu'on indique dans les dispositions des
articles 21. 1 et 21. 2, c'est ceci: Une déclaration devait être
signée par le producteur comme quoi il s'engageait à utiliser son
sol à des fins agricoles. Cette déclaration est
déposée par l'office au bureau d'enregistrement du comté
ou du district de la terre en question ou du producteur en question. (12 h
15)
Jusqu'à maintenant, après un certain nombre
d'années, les producteurs devaient s'inscrire auprès de l'office
pour une radiation de cette disposition au moment de transactions qui se
faisaient pour des lots, toujours entre agriculteurs. On m'indique -M. Moreau
pourra le confirmer - qu'il n'y a pas eu de cas où l'office a
été placé dans l'obligation d'exiger le remboursement.
Pourquoi? Parce que la Commission de protection du territoire agricole
était là pour s'assurer de l'utilisation agricole du sol en
question.
M. Garon: L'article 21. 1 était là.
M. Pagé: Toutce qu'on change ici...
M. Garon: Vous l'enlevez.
M. Pagé: Pardon?
M. Garon: C'est comme si on l'enlevait.
M. Pagé: Non, on ne change pas l'obligation de
rembourser.
M. Garon: Bien oui!
M. Pagé: Ce n'est pas cela qu'on enlève.
M. Garon: Vous dites que cela ne s'applique pas. "Les articles
21. 1 et 21. 2 ne s'appliquent pas lorsqu'une subvention est accordée en
vertu des articles 5. 1, 16. 1, etc. "
M. Pagé: Le principe de l'article, ce que recherche
l'office par la rédaction de cet article, c'est de s'assurer de diminuer
les procédures administratives qui lui sont imposées par la loi
et qui sont aussi imposées indirectement è l'agriculteur,
confiant qu'il est que la Commission de protection du territoire agricole est
là pour veiller au grain et au zonage.
M. Garon: On veut mettre une pression 9ur le dézonage. On
va créer une pression sur le dézonage. On donne de l'argent
à des personnes pour des fins d'établissement. Ensuite, on va
leur laisser la possibilité de dézoner leur terre, alors qu'on
leur a donné de l'argent pour s'établir. L'article 21. 1
crée l'obligation de garder la terre en agriculture pendant dix ans,
après avoir eu le montant d'argent. C'est le bon sens, dix ans, ce n'est
pas tellement long. Les gens ont eu des sommes d'argent et, surtout, maintenant
que le montant sera plus élevé, une fois qu'ils auront 30 000 $
pour s'établir en agriculture sur une ferme, ils pourront, à
condition d'avoir l'autorisation de la commission, dézoner une partie de
la ferme et la vendre. Cela n'a pas de bon sens! C'est un gaspillage des fonds
publics!
À part cela, cela va créer une pression sur le
dézonage. Les gens vont se dire: Essayons, prenons tous les moyens,
allons devant la commission le plus grand nombre de fois possible pour vendre
des lots ou une ou des parties, etc. Tandis que l'article 21. 1 garde une
logique dans tout le système. Si on donne de l'argent à des gens
pour s'établir en agriculture et qu'ils s'établissent, en
même temps, on ne peut pas les autoriser à vendre leur ferme
è des fins autres que l'agriculture. C'est un peu le vieux débat
entre l'office et la commission.
Je pense que cet article n'a pas de bon sens. L'article 6 qui propose
les articles 21. 1 et 21. 2, je peux vous dire qu'on va le combattre à
tous les instants, en commission parlementaire, au rapport, en troisième
lecture, à tous les niveaux. Cela n'a pas de bon sens! On donne de
l'argent à des gens pour s'établir en agriculture. Si les gens
veulent prendre l'argent et si la somme d'argent est considérable, au
moins, qu'ils gardent leurs biens en agriculture pendant dix ans. Si on
enlève cette obligation, imaginez-vous le nombre de demandes qui vont
arriver, avec tous les problèmes que cela cause vis-è-vis de
l'environnement alors que les gens commencent à s'habituer,
actuellement.
Je peux dire une chose au ministre. J'ai déjà vu une terre
remembrée parce qu'il n'y avait pas d'obligation. Je peux dire
l'endroit, à part cela, en Matapédia. La terre avait
été remembrée à grands efforts par l'office.
Quelqu'un l'acquiert pour des fins agricoles; ensuite, il se revire de bord et
il la vend pour des fins de route, pour des fins d'expansion, pour essayer, en
forçant lui-même, que l'expansion industrielle se fasse sur son
emplacement, pour profiter d'une terre qui a été remembrée
à grands frais par le gouvernement. Si on ne met pas d'obligation dans
les lois, l'appât du gain va rester là. L'Office du crédit
agricole, qui regroupe des terres, qui fait des travaux d'agriculture, vendra
les terres et, ensuite, les gens s'organiseront pour faire une piastre avec
cela, alors qu'il y a des fonds publics considérables qui sont
engagés là-dedans.
M. Pagé: La problématique à laquelle se
réfère le député est toujours
hypothétiquement possible. Cependant, les gens de l'office m'indiquent
que, dans les faits, depuis que la loi est en vigueur, ils n'ont pas eu
à exiger de tels remboursements, premièrement.
Deuxièmement, les dispositions exigeant une déclaration ont
contribué à ajouter des procédures administratives
à l'office, à alourdir la procédure, obligeant l'office
à imputer du personnel pour les radiations, les mainlevées, etc.,
alors qu'on sait pertinemment que la Commission de protection du territoire
agricole est là pour veiller au grain en ce qui a trait aux
objectifs.
Voici l'autre élément. Cette loi a comme objectif
l'établissement d'un jeune en agriculture. Si l'office n'a pas eu
à intervenir, c'est parce que le jeune qui vient chercher 15 000 $, qui
investit dans son fonds de terre, qui fait des améliorations
foncières, n'est pas intéressé à vendre pendant les
années suivantes. Il s'inscrit dans une perspective de
développement.
Quoique, si on est pour en faire une bataille ou une guerre d'usure ou
un "filibuster", si le législateur juge qu'il est opportun de maintenir
une structure plus lourde, plus exigeante en temps et en procédures pour
l'office et pour le producteur, je n'ai pas d'objection parce qu'on sait que,
de toute façon, l'objectif est atteint par la Commission de protection
du territoire agricole. Donc, si l'ensemble des députés est
favorable à ce que l'on maintienne avec autant de rigueur les impacts
que cela peut comporter en procédures, je n'ai pas d'objection. Cela
témoigne de l'ouverture d'esprit du ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Garon: Je fais une proposition, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, M. le
député de Lévis, je vous écoute attentivement.
M. Garon: C'est un amendement parce que je trouve que les
arguments du ministre à savoir que l'office n'ait pas eu de
remboursements à faire jusqu'à maintenant, c'est la preuve
à quel point les articles 21. 1 et 21. 2 sont bons. Je propose comme
amendement d'abroger l'article 8.
Une voix: C'est cela. Appuyé.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Abroger l'article
8: On me dit que c'est irrecevable dans le cadre actuel.
M. Garon: Pourquoi?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Selon le
règlement, seul le ministre peut abroger un article. Il faut que ce soit
le ministre qui veuille abroger ledit article.
M. Jolivet: Relisez-moi cela.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vais vous lire
cela attentivement. Voici l'article 197: "Les amendements doivent concerner le
même sujet que la motion et ne peuvent aller à l'encontre de son
principe. Ils ne visent qu'à retrancher, à ajouter ou à
remplacer des mots. "
M. Jolivet: M. le Président, si je veux...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous
écoute, M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: La motion principale qui a été
présentée par le ministre va dans le sens d'adopter l'ensemble de
ce projet de loi. C'est la première fois que j'entends dire qu'on ne
peut pas proposer des amendements qui ont pour effet de changer une
modalité d'un projet de loi. Le ministre semble dire: Si les
députés sont d'accord... Cela veut dire qu'on peut en discuter.
En conséquence, il n'y a rien qui empêche le député
de Lévis de faire une proposition pour dire que l'article 8 est
amendé en le retirant purement et simplement.
Si vous considérez le mot "abroger" comme un principe, je ne le
pense pas. Je pense que le ministre a fait une motion principale à ce
chapitre. On en enlève une partie. Cela peut être un mot, cela
peut être une phrase, cela peut être un article. C'est exactement
ce que l'on fait. Je ne vois pas pourquoi l'amendement serait jugé
irrecevable.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Parce que
évidemment, ici, on parle d'abroger un article, alors que, dans le
règlement, on dit qu'on peut rajouter des mots pour autant qu'on garde
le principe, ou retrancher ou remplacer des mots, mais cela ne dit pas qu'on
peut éliminer complètement un article.
M. Jolivet: Mais la motion principale...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Mais rien ne dit
que le ministre ne voudra pas aussi.
M. Jolivet: Non, mais écoutez, c'est parce que la question
de la recevabilité est importante.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Jolivet: Si, à partir de cela, le ministre dit: Je ne
l'enlève pas, il n'y a plus rien à faire.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, d'accord.
M. Jolivet: Le but de la commission est de partir de la motion
principale. La motion principale est d'étudier article par
article...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Jolivet: C'est la première fois que j'entends dire que,
dans une commission parlementaire, une proposition ne peut être faite
pour enlever tel ou tel élément qui n'empêche pas le
principe général. Le principe général reste. Mais
la seule chose, c'est qu'une des modalités qui sont proposées
peut être amendée dans le sens de supprimer quelque chose. On peut
supprimer un mot. On peut supprimer une phrase. On peut supprimer un
article.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Exact. Il n'y a pas
de problème.
M. Jolivet: C'est ce que le député de Lévis
propose de supprimer l'article 8, justement, après avoir entendu le
ministre dire qu'il n'y avait pas d'objection, si les membres de la commission
le désiraient. Dans ce sens, je demande qu'on puisse au moins avoir le
choix ou la possibilité de discuter. En commission parlementaire, vous
savez qu'on peut être assez souple dans les procédures pour
permettre une bonne discussion. Si le ministre est très ouvert pour
recevoir une motion semblable, qu'on en discute et, après cela, on
votera. Comme ils ont la majorité et que le ministre semble favorable
à enlever cet article, si les
membres le désirent, on verra après la discussion.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
Maintenant, j'ai reconnu le député de Saint-Hyacinthe.
M. Messier: Le ministre a très bien exposé la
problématique, cela va créer un alourdissement des tâches.
Du côté ministériel, la motion qui vient d'être
proposée par le député de Lévis pourrait être
acceptée, mais cela va créer un alourdissement des tâches
que de garder longtemps les dossiers.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On va regarder la
question de la recevabilité. On va régler cela et, après,
on va continuer à en débattre, s'il y a lieu.
Il faut bien comprendre le texte, on ne veut rien brimer. Si l'article
est là, c'est parce que le ministre en fait la motion. Actuellement,
vous demandez d'abroger, c'est-à-dire que vous voulez que le ministre
retire sa motion. C'est pour cela que c'est irrecevable. L'article que je vous
lisais dit que vous pouvez l'amender, changer des mots, en retrancher et tout
cela, mais vous n'avez pas le droit de retirer la motion faite par le ministre,
s'il ne le veut pas.
M. Garon: La motion, c'est le projet de loi au complet.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'article fait
partie de la motion; parce que le ministre l'a présenté, c'est sa
motion. On parle simplement de règlement mais, s'il le veut bien, on va
atteindre le même objectif. Comprenez-vous?
M. Pagé: M. le Président, sur la
recevabilité de la motion, je retiens de l'interprétation que
vous y donnez qu'un député ne peut pas présenter une
motion pour retirer un article. Cependant, dans l'exemple concret que l'on vit,
un député pourrait faire une motion pour ajouter un
alinéa, disant, par exemple, que le présent article s'appliquera
à compter de l'année 2150. Ce serait probablement admissible.
M. le Président, je ne veux pas ajouter sur la
recevabilité de la motion, je suis prêt à revenir au fond
de la question débattue. Les députés ministériels
sont, eux aussi, sensibles aux préoccupations exprimées par les
dispositions de l'article 8 du projet de loi 71. Il faut retenir que ces
dispositions ont été ajoutées dans ia loi en 1979, alors
que la loi sur le zonage agricole ne s'appliquait pas à l'ensemble du
territoire. Il faut le retenir. Autant, dans un premier temps, il était
opportun en 1979 de se doter d'une mesure protectionniste comme celle-là
- c'était tout à fait louable et acceptable - autant dans un
deuxième temps, je dois signaler qu'il n'y a pas eu de cas où
l'office a eu à intervenir.
J'ai indiqué que cela contribuait à alourdir le
système et je peux vous donner quelques chiffres ici. L'enregistrement
de la déclaration de la mise en valeur, je sais bien que c'est gratuit,
mais, pour les demandes de radiation de l'enregistrement, des
déclarations de mise en valeur, les coûts se répartissent
entre le personnel de l'office, les notaires instrumentant et les
registrateurs. On évalue le personnel de l'office à deux
semaines-personnes, pour environ 1100 $; les notaires instrumentant
coûtent un minimum de 100 $ par dossier, pour un total de 5000 $, qui
sont payés par l'agriculteur. Les registrateurs, c'est 50 dossiers pour
un coût d'environ 900 $. Donc, il en coûte environ 9400 $ pour le
personnel de l'office, 5000 $ pour les notaires instrumentant et environ 900 $
pour les registrateurs, pour un total de 15 300 $ pour une année, en
plus, évidemment, des délais, des périodes, etc.
Cependant, M. le Président, témoignant d'une
volonté ferme, comme je l'ai toujours indiqué comme ministre,
d'être réceptif aux commentaires de ceux et celles qui sont
élus pour représenter la population et compte tenu qu'on va
atteindre le même objectif -les mesures seront plus astreignantes pour
l'office et pour le producteur, mais pas de façon très
exorbitante, parce que c'est environ 5000 $ par année - je suis
prêt à retirer l'article 8.
Le Président (M. Tremblay, Iberville):
Alors, je vous remercie, M. le ministre. Je veux quand même
expliciter. Ce n'est pas une question de vous enlever votre droit, parce que
cela revient au même que vous votiez contre l'article que de demander de
l'abroger. Comprenez-vous? C'est pour cela que, lorsque la motion est
présentée, elle est là parce qu'elle est
présentée par le ministre. Alors, il ne faut pas faire une motion
pour retirer la motion du ministre, tandis que, dans les règlements, on
permet de retrancher ou d'ajouter. C'était seulement pour expliciter.
C'est logique aussi. On ne peut pas faire une motion chaque fois pour demander
de retirer un article. L'article est là. Si vous êtes tous contre,
à ce moment-là, vous votez contre. (12 h 30)
M. Jolivet: Oui, mais...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'était
juste pour expliciter le règlement tel que cela fonctionne.
M. Jolivet: M. le Président, je ne veux pas mettre en
doute...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Mais cela revient
au même complètement.
M. Jolivet:... je veux seulement...
M. Pagé: Avant qu'on revienne au débat de fond,
est-ce que la motion que je présente est acceptée?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui. Alors, je
pense que cela...
M. Jolivet: Oui, mais je veux juste...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): ... rencontre leur
demande.
M. Jolivet: Non, justement. Je veux seulement dire une chose, M.
le Président. Premièrement, je voudrais bien qu'on m'informe. La
motion de M. le ministre, c'est le projet de loi au complet.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Et article par
article. Cela fait partie de la motion.
M. Jolivet: Non, non. On s'en vient étudier article par
article un projet de loi dont la motion principale a été
d'étudier un projet de loi sur son principe.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord, mais on
vote article par article...
M. Jolivet: Mais ce que...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): ... et on l'adopte
article par article. Donc...
M. Jolivet: Oui, je le sais.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): ... c'est une
motion article par article.
M. Jolivet: Je le sais, mais je veux juste souligner que vous me
dites: Si vous êtes tous d'accord, votez contrel
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Non, non.
M. Jolivet: Cela a un effet. Mais, dans la mesure où le
ministre ne voudrait pas le retirer - là, on s'entend, je ne voudrais
pas argumenter longtemps - je veux quand même n'assurer que, lorsqu'on
aura une motion dans ce sens-là, on ait la capacité de pouvoir la
présenter et ils la discuteront, ils la voteront. Mais je dois vous dire
que j'ai le droit de faire une motion dans ce sens-là et j'aimerais que
vous regardiez cela pendant la suspension et que vous nous reveniez avec une
décision ou une de directive. Comment puis-je agir comme
député de l'Opposition si je veux que quelque chose soit
retiré? Vous allez me dire: Vous n'avez qu'à voter contre. Mais
je peux faire une motion et, une fois qu'elle sera là, ils la
discuteront et, après cela, ils voteront contre et, de notre part, nous
voterons pour. Mais il y a une différence de mentalité dans
l'argumentation, car, si elle est jugée irrecevable, on n'a même
pas le droit d'en parler.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est logique dans
le fond, qu'en fin de compte on ne puisse pas la retirer parce que, si vous
votez contre, cela revient à la même chose, évidemment. Si
vous faites une proposition de l'abroger, de l'enlever, c'est la même
chose que de voter contre.
M. Jolivet: Mais, je comprends...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous arrivez avec
deux motions, une du ministre et la vôtre.
M. Jolivet: Mais, M. le Président, ce sur quoi on ne
s'entend pas, c'est sur ceci. Vous avez raison: si je vote contre, je vote
contre. Mais ce n'est pas mon problème. C'est que je peux avoir
discuté longuement de la question et arriver avec une motion à la
fin dans le but de l'abroger, de faire disparaître l'article au complet
et à ce moment-là, je pourrais recommencer avec un droit de
parole que j'ai, si j'en ai besoin. C'est cela que je veux bien vous dire, je
veux une directive. Vous aurez le temps d'y réfléchir et de nous
revenir après; je ne vous demande pas d'y répondre
immédiatement. Je veux savoir ce qui va arriver un matin, où
après avoir discuté longuement d'un article, la décision
à la fin, de notre part, sera de l'abroger, de demander de l'enlever
complètement. Si on n'a pas le droit de présenter cette motion
parce qu'elle est jugée irrecevable, nous aurons à ce
moment-là certaines difficultés à la présenter.
Donc, je vous le demande simplement. Ne me répondez pas
immédiatement, prenez le temps de réfléchir, aller voir la
jurisprudence et parlez-nous-en lors de la prochaine séance.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Laviolette, on va s'informer pour reconfirmer cela,
mais je suis convaincu du règlement. D'accord.
Évidemment, M. le ministre a suggéré d'enlever
l'article. Alors, l'article va être enlevé tout simplement. Nous
allons passer à l'article suivant, l'article 9.
M. Garon: On vote là-dessus?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Donc, l'article 8
est retiré.
M. Garon: D'accord. M. Jolivet: D'accord.
M. Garon: Cela va compter pour la renumérotation des
articles, après cela.
Une voix: C'est la gracieuseté du ministre.
M. Garon: Je pense que le président de l'Office du
crédit agricole nous a donné un bon renseignement quand ii a dit
qu'il n'y a pas eu de remboursements, c'est-à-dire qu'il n'a pas eu de
travail à faire. Il se fait beaucoup moins de demandes, en vertu de
l'article 21. 1 existant, pour retirer les terres de l'agriculture alors qu'il
y a eu des subventions.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. Nous
allons passer à l'article 9.
Durée du bail
M. Pagé: Qui devient 8. Essentiellement, M. le
Président, on assiste, peut-être pas de façon
fréquente, mais occasionnelle, à la situation où un jeune
producteur ou une jeune productrice veut s'établir sur une ferme
louée. Les dispositions de la loi antérieure prévoyaient
une location sur une base de dix ans. On m'indique que, dans les deux
dernières années, sur 478 cas de participation ou de
requête en vertu de la Loi favorisant la mise en valeur des exploitations
agricoles et de la Loi favorisant le crédit agricole à long terme
par les institutions privées, c'est seulement trois cas de baux de
location qu'on a eus. Les requêtes qui nous ont été faites
vont dans le sens de réduire la période du bail,
c'est-à-dire de consentir à l'intervention de la part de
l'office, dans le cadre de cette loi, dans le cas d'un bail de cinq ans. C'est
ce qui est proposé par les dispositions de l'article 9 qui vient
modifier la durée minimale du bail qui est exigé dans le cas
où le requérant est locataire de la ferme sur laquelle il
s'établit.
M. Garon: J'ai mal compris l'affaire...
M. Pagé: C'est de le faire passer de dix à cinq
ans.
M. Garon:... des 478 cas qui faisaient quoi?
M. Pagé: On m'indique que, dans les deux dernières
années, on a 478 cas d'établissement à long terme.
M. Garon: Oui.
M. Pagé: Sur ces 478 cas, il y en a seulement trois qui
présentaient un dossier en vertu duquel ils étaient locataires
d'une terre. Les représentations qui nous sont faîtes, c'est que
l'exigence pour que le bail soit d'une durée minimale de dix ans pour
bénéficier des dispositions de cette loi constitue un frein pour
plusieurs agriculteurs de bénéficier de la subvention parce que,
souvent, c'est un bail d'une durée inférieure à dix ans.
Ici, on vient modifier la durée minimale du bail de façon que le
mot "dix" soit remplacé par le mot "cinq". Le problème ne vient
pas des locataires, mais plutôt des locateurs, lesquels ont des
réserves à signer un bail par lequel ils louent leur terre pour
une période minimale de dix ans.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Pour votre
information, contrairement à ce que le ministre a dit, l'article 9 reste
l'article 9, il ne devient pas l'article 8.
M. Pagé: D'accord. L'article 8 va dire quoi? Rien?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Il est tout
simplement abrogé.
M. Pagé: D'accord.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis, je vous écoute.
M. Garon: Je me demande si le fait que ces dispositions de la
location pour dix ans soient là ne crée pas un incitatif,
justement, à vendre la terre au jeune agriculteur ou à
l'agriculteur. On parle toujours de terres qui sont dans des zones agricoles.
Ces mesures ne s'appliquent pas à des terres qui sont en dehors des
zones agricoles. Pour quelqu'un qui n'est pas un agriculteur, qui a une terre
dans une zone agricole, qui n'a pas de perspective de dézonage, parce
que l'article dit location de dix ans, cela peut créer un incitatif, en
même temps, à vendre la terre au cultivateur plutôt que de
la louer pendant cinq ans. C'est peut-être pour cela qu'on dit que sur
478 établissements il y a eu seulement trois cas de location, à
cause de cette disposition. C'est évident que cela crée une
pression pour faire de l'agriculteur un propriétaire.
Ce que je craignais surtout quand on a mis ces dispositions, c'est qu'on
n'en arrive à faire un genre d'agriculture comme en France ou même
comme en Californie. Je ne sais pas si cela existe actuellement, au cours des
dernières années mais, en France, on gardait des systèmes
où l'agriculteur est un locataire sur une terre possédée
par des tenanciers immobiliers. En Californie, il arrive actuellement que les
gens trouvent un moyen de faire de l'argent en achetant des terres et en les
louant aux agriculteurs, se réservant de cette façon
l'appréciation de la valeur de la terre pour eux-mêmes. Ce n'est
pas pour rien que cette disposition a été mise là dans le
temps.
Il faut avoir une vision véritable de ce qui peut se passer dans
le commerce
immobilier. On remarque selon une étude qui a été
faite moins de cinq ans après la protection des terres agricoles, que 35
% des terres de la région de Montréal avaient été
rendues à l'agriculture, L'INRS a fait une étude - l'étude
de M. Thibodeau, économiste québécois - qui a
été publiée il y a cinq ans. Je me demande si les chiffres
ne datent pas de trois ans après le zonage agricole, après 1978.
En tout cas, en une courte période de temps, 35 % des terres avaient
été rendues à l'agriculture.
La grande crainte qu'on avait quand on a mis cette disposition dans la
loi c'était le mouvement... Justement, des institutions bancaires me
racontaient qu'en Californie il y a une tendance à placer l'argent dans
des fermes. Imaginez-vous, un gars qui a de l'argent un peu. Aujourd'hui,
surtout avec le gain de capital: 500 000 $ non imposables, c'est
intéressant d'acheter une terre bien située, de la louer à
un cultivateur de cinq ans en cinq ans, si on veut, ce sera plus facile
à louer, mais ce sera plus facile aussi de faire en sorte que !es
agriculteurs ne soient plus propriétaires de leur terre. Imaginez-vous,
sur une période donnée, c'est un vrai beau placement parce que
vous n'aurez pas payé d'impôt, vous aurez sans doute loué
votre terre pour les taxes, elle ne vous aura rien coûté, vous
aurez fait un placement qui va vous apporter une appréciation en capital
non imposable ou, si vous dépassez 500 000 $, c'est imposable en partie.
L'effet de cela, c'est que cela va faire en sorte que les gens vont placer leur
argent dans des terres agricoles. On n'a pas idée à quel point il
y a un marché pour placer de l'argent dans des secteurs immobiliers,
dans ce genre de placements. Ce sont les gens des institutions bancaires qui
m'avaient dit cela è ce moment-là, parce que, vous savez, quand
on a fait la protection des terres agricoles, on a regardé à peu
près tout ce qui se passait dans le monde. C'est ce mouvement de
spéculation sur les terres ou d'achat de terres sous forme de placement
où il y a seulement l'appréciation en capital, où on
n'essaie pas nécessairement de faire des revenus. On ne cherche pas
nécessairement à faire des revenus, c'est pour aller chercher le
gain de capital.
C'est évident que cette disposition est plus contraignante. Nous
l'avons faite volontairement plus contraignante pour que dans le milieu
agricole on ait tendance à faire des cultivateurs non pas des
métayers, je ne sais pas si c'est le terme...
Une voix: Métayers.
M. Garon:... ou des gens qui soient des locataires, comme on en
voit en France, mais des gens qui soient véritablement
propriétaires du fonds de terre. Je pense que c'est une disposition qui
ne devrait pas être adoptée, l'article 9. Je vous le dis, le
travail qu'on a fait pour faire la Loi sur la protection du territoire
agricole, à ce moment-là, cela a été un travail
considérable. Il y a une spéculation qui se fait.
Je rencontrais le ministre de l'Agriculture de la France, Son grand
problème, c'était parce qu'il n'avait pas de disposition comme
cela. D'autres pays européens venaient acheter le fonds de terre en
France et essayaient de le louer ou le laissaient pousser en friche. Je vous
donne l'exemple de la Californie. C'est un grand problème en Europe,
c'est un problème dans l'Ouest des États-Unis. Si on
considère que cela n'est pas important que l'agriculteur soit
propriétaire et qu'un autre fasse le revenu avec le gain de capital qui
est un peu le fonds de retraite des cultivateurs... Quand ils revendent leur
terre, leur gain de capital constitue leur fonds de retraite.
Si on considère important que les agriculteurs soient
propriétaires, que la plus-value du capital du fonds de terre revienne
à l'agriculteur, je pense que cette disposition n'est pas utile. On
serait mieux de ne pas l'adopter. Je sais qu'actuellement on est un peu dans la
discussion de cet article 9. J'en glisse un mot au ministre en ce
sens-là. Je pense que cela serait mauvais pour les cultivateurs si la
disposition de l'article 9 était adoptée.
M. Pagé: M. le Président, je pense le contraire.
Notre appréciation, de notre cûté, est différente.
On constate que la période minimale d'un bail de dix ans pour pouvoir
bénéficier des conditions de cette loi a empêché les
jeunes agriculteurs qui ont loué des terres, par exemple, pour cinq ans,
de bénéficier des dispositions de la loi,
premièrement.
Deuxièmement, on retient - les chiffres sont là pour en
témoigner, trois cas sur 478 - qu'il est de plus en plus délicat
et que les locateurs ont de plus en plus de réserves à louer
leurs terres pour une période de dix ans. Notre perception est la
suivante: on doit privilégier le plus possible l'utilisation par des
exploitants de terres agricoles vacantes. On en a encore, des lots qui sont
vacants, qui sont des lots zones agricoles, qui ne sont pas exploités et
pour lesquels les propriétaires ont des réserves, comme on dit,
à s'embarquer pour dix ans.
Cela va créer quoi, la modification à la loi? Cela va
créer une dynamique en vertu de laquelle il est très certain que
le locataire, avant de louer pour cinq ans, avant d'y investir des sommes
importantes, avant de se prévaloir des dispositions de la loi, de venir
se chercher une subvention de 15 000 $, par exemple, va, à
l'intérieur de cette dynamique nouvelle, prendre les
dispositions pour s'assurer qu'à l'échéance du bail
il puisse avoir soit une clause de reconduction ou, encore, une clause
d'achat-vente éventuelle selon telle ou telle condition. Indirectement
plutôt que de voir des propriétaires de terre non
intéressés à la cultiver se buter à l'obligation
des dix ans, cela va inciter davantage de jeunes agriculteurs et de jeunes
agricultrices à s'établir progressivement par l'acquisition de
tel lot ou par la reconduction de baux ou des garanties qu'ils se donneront
à l'intérieur des baux de location en regard des investissements
qu'ils y ont effectués. (12 h 45)
Je suis persuadé, M. le Président, que, d'ici quelques
années, on pourra en arriver là aussi - comme cela a
été le cas dans le passé, dans d'autres choses - à
des constats heureux pour l'ensemble de l'agriculture. La disposition
apportée va favoriser davantage l'utilisation de terres qui sont
propices è l'agriculture et qui ne sont pas cultivées compte tenu
des contraintes et compte tenu de la difficulté, à laquelle on
assiste, que le locateur et le locataire rencontrent quand des conditions
minimales de dix ans sont imparties en vertu de la loi.
M. le Président, c'est le commentaire que je voulais faire. On
pourra le voir à l'exercice, mais nous croyons que les dispositions de
l'article 9 sont tout à fait louables et s'inscrivent dans une
démarche, dans une volonté du gouvernement de favoriser davantage
l'exploitation de nos sols agricoles, parce qu'on parle toujours de sols zones,
cela va de soi, et d'amoindrir les contraintes ou d'améliorer la
relation qui prévaut actuellement entre le locateur et Je locataire
où la période minimaie de dix ans a créé la
problématique à laquelle je viens de me
référer.
Le Président (M. Tremblay, Iberville):
M. le député de Lévis.
M. Garon: Je ne pense pas que c'est ce qui va se produire. Cette
disposition est adoptée, on met des sommes d'argent
considérables. Mettez-vous à la place d'une personne qui n'est
pas cultivateur et qui posède des terrains qui ne sont pas
drainés, dans lesquels il y a des arbustes, etc. Ne nous trompons pas,
quand on parle des zones agricoles, les terres en location, normalement, cela
peut arriver que ce soit d'autres agriculteurs, mais, souvent, il s'agit de
personnes qui ne sont pas dans l'agriculture. Qu'est-ce qui va arriver?
Quelqu'un qui a une terre dans une zone agricole, qui espère qu'un jour
elle sera dézonée, qu'est-ce qu'il va faire? Il va la louer pour
cinq ans à un agriculteur un jeune il va lui dire comme condition et il
n'a pas besoin de l'écrire: Il va falloir que ta subvention aille pour
du drainage dans la terre, en espérant acquérir le drainage et ne
pas relouer dans cinq ans.
Si le ministre dit: Oui, cinq ans, mais avec une option de continuer,
c'est parce qu'il n'a pas de réponse à mon argumentation. Il dit:
En espérant qu'il va louer pour plus de cinq ans. Cela va faire en sorte
que les jeunes agriculteurs vont pouvoir avoir, et c'est vrai, une location
beaucoup plus facilement pour cinq ans, mais cela va inciter beaucoup de gens,
qui ne loueront pas pour plus de cinq ans, à louer des terres pour
seulement cinq ans, parce que le jeune agriculteur va dépenser de
l'argent, va faire des travaux mécanisés, va faire des choses sur
le terrain et l'autre qui veut louer peut, justement, demander cela en se
disant qu'il ne veut pas faire de revenus avec sa terre. Prenez quelqu'un qui a
un peu d'argent, il va se dire que c'est un bon placement. Avec cette
ouverture, c'est un vrai beau placement à faire.
M. Messier: Est-ce que vous l'avez fait?
M. Garon: Je ne l'ai pas fait, mais je vais vous dire une chose.
Je suis intéressé à le faire. Vous achetez une terre et
vous voyez quelqu'un qui veut la louer pour cinq ans. Vous lui dites que vous
êtes prêt à la louer pour cinq ans, pour les taxes, pour que
cela ne vous coûte pas un sou, et vous lui demandez en même temps
de faire des travaux mécanisés avec sa subvention, ses 15 000 $
et peut-être 30 000 $ pour l'homme et la femme. Faites des travaux
mécanisés sur la terre; autrement, je ne vous la loue pas. Je ne
vous demande pas d'argent, je vous demande de prendre la subvention du
gouvernement pour mettre de la valeur sur la terre que je vous loue, pour
enfin, au bout de cinq ans, garder la terre et garder l'argent qui aura
été investi dans la terre. On oublie à quel point les
forces de la spéculation sont fortes.
Nous, ce à quoi nous avions visé, c'est à faire en
sorte que dans les zones agricoles les gens qui sont propriétaires du
fonds de terre soient des cultivateurs, plutôt que des gens qui veulent
faire une piastre avec le fonds de terre et mettre la plus-value dans leurs
poches. Là-dedans, il faut les voir les perspectives. Aujourd'hui, les
analyses vont démontrer à quel point les terres retournent dans
les mains des cultivateurs et les spéculateurs se retirent graduellement
parce qu'il y a eu des contraintes très fortes contre la
spéculation.
Si on donne des ouvertures faciles, cela va être une perspective
facile de placement. Il y a des gens qui ont de l'argent à placer. La
Caisse de dépôt ne sait pas où en placer. Vous ne me croyez
pas? À un moment donné, même la Caisse de
dépôt était intéressée à acheter le
fonds de terre pour l'appréciation du capital. Regardez combien
des terres valaient il y a 10 ans et il y a 20 ans et combien elles
valent aujourd'hui. Vous achetez une terre. Vous avez 40 ans, vous avez un
petit peu d'argent et vous n'avez pas besoin de tout votre argent. Vous voulez
le placer dans des choses où vous paierez moins d'impôt, parce que
le taux marginal d'imposition est de plus de 50 %. Vous savez que vous avez une
possibilité d'un gain de capital de 500 000 $ maintenant. Alors, vous
allez dire: Je vais acheter une terre, je vais la louer à un jeune. Je
vais m'organiser pour qu'il mette ses subventions dans mon fonds de terre et,
quand je la revendrai, je mettrai le gain de capital dans mes poches.
L'agriculture, ce sera fini pour moi.
C'est évident qu'on donne des ouvertures avec des mesures comme
cela. L'agriculture, c'est beaucoup plus fragile qu'on pense. Je vais vous dire
une chose: Quelqu'un qui me dirait: J'ai un peu d'argent, à quelle place
est-ce que je peux le placer, je ne veux pas faire de revenu, parce que cela
s'en va è l'impôt? Je lui dirais: Pas de risque, dans le fonds de
terre.
Les premiers intéressés vont être des ministres.
C'est vrai que vos règles sont moins sévères que les
nôtres. Dans notre temps, à part les obligations du Québec,
il n'y avait pas grand place pour placer de l'argent. Avec les obligations du
Québec, au fond, tu payais quelque ' 60 % en impôt. Il est bien
plus avantageux de dire: Je vais le placer dans un fonds terre.
Regardez, juste pour le "fun", pour le plaisir de la chose, quelle est
la valeur de la terre. Demandez à l'office: C'était quoi, la
valeur de la terre, il y a dix ans, à Saint-Hyacinthe et c'est à
combien, aujourd'hui, l'acre? Vous allez voir à quel point...
Une voix: II y a eu une baisse.
M. Garon: Oui, il y a eu une baisse depuis deux ou trois ans.
Mais entre 1976 et 1986, il y a eu une augmentation considérable.
Justement, quelqu'un qui aurait loué en 1976 pour cinq ans, en 1981,
voyant où en étaient les taux d'intérêt qui
commençaient à monter, aurait eu envie de vendre
immédiatement pour réaliser son gain de capital.
Je pense qu'une disposition comme celle-là va encourager une
spéculation sur les terres parce qu'il y a une appréciation
considérable des terres. L'écart entre le territoire urbain et le
territoire rural se maintient, selon des études qu'on a faites au moment
de la protection du territoire agricole, dans les différents pays du
monde. Dans les différents pays du monde, l'écart se maintient.
Si, par exemple, une terre urbaine vaut 100 000 $, une terre agricole vaut 75
000 $, C'est cela, la proportion, si ma mémoire est bonne. La terre
agricole vaut 75 % de la terre non agricole dans un environnement où
elles sont très proches l'une de l'autre. Cela veut dire qu'il y a une
petite contrainte, mais elle n'est pas forte.
Les valeurs sont connues et on sait que la valeur du terrain va
augmenter de tant par année. Placez un capital - mettez 100 000 $ - avec
les taxes qui sont payées par l'agriculteur qui va être
remboursé. Je lui dis: Tu vas être remboursé pour tes taxes
si tu loues ma terre à 70 %. Le gouvernement va rembourser, parce que
c'est dans le domaine de l'agriculture. Ensuite, vous vous organisez pour que
les subventions d'établissement soient investies sur le fonds de terre
et, finalement, qui bénéficie de tout cela? C'est le
locateur.
Comme les montants vont être augmentés
considérablement, à 15 000 $, pour un couple, c'est 30 000 $,
c'est avantageux pour une terre. À ce moment, je l'ai louée. Je
vais avoir 30 000 $ pour mettre dans le fonds de terre. Cela peut être
une terre à drainer et toutes sortes de choses. Ensuite...
M. Houde: II n'y a pas seulement l'eau.
M. Garon: Bien non, le locateur va faire ses conditions. Il va
dire: Moi, je suis prêt à te louer seulement pour les taxes. Je
loue pour les taxes, mais tu vas te faire rembourser par le gouvernement
à 70 %. Donc, cela va te coûter seulement 30 %. À 100 000
$, les impôts ne sont pas tellement considérables: 70 % de
remboursement, mais à condition que tu mettes la subvention dans le
fonds de terre sous forme de drainage ou de travaux mécanisés et
même fournir un plan pour le faire. Au bout de cinq ans, vous reprenez la
terre avec toutes les acquisitions, toute la valeur ajoutée.
Je dis qu'il y a un risque. Quand c'est pour dix ans, vous dites: Au
moins, la valeur - supposons que cela se fait de cette façon -du montant
de l'argent s'est étalée sur dix ans. Donc, l'argent des fonds
publics va mieux servir l'agriculture.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui.
M. Garon: C'est pour cela que je ferais un amendement. Mais je ne
sais pas si cela va être recevable ou non.
M. Pagé: J'ai droit à un commentaire, M. le
Président.
M. Garon: Oui, mais, en terminant, je ferais un amendement pour
retirer l'article 9.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Ce n'est pas un
amendement. Je maintiens la
même opinion que j'ai donnée tout a l'heure: ce n'est pas
un amendement de retirer l'article 9.
M. Pagé: M. le Président, je voudrais faire un
commentaire à la suite des propos du député de
Lévis. J'ai clairement indiqué que la loi actuelle ne favorise
pas la location des terres par des jeunes agriculteurs ou des jeunes
agricultrices qui n'ont pas toujours les moyens de s'établir globalement
et de se porter acquéreur de la totalité de la superficie qu'ils
désireraient peut-être avoir. J'ai clairement indiqué que
la réduction de la période du bail était un moyen
additionnel pour favoriser l'établissement progressif des jeunes
agriculteurs ou des jeunes agricultrices.
De plus, j'ai indiqué - et les chiffres sont là pour en
témoigner - trois baux seulement sur 478 cas. Qu'est-ce que cela veut
dire concrètement? Cela veut dire que les locataires et les locateurs se
sont butés à la quasi impossibilité dans la très
grande majorité des cas d'en arriver à la signature d'un bail,
étant donné la période minimale de dix ans
exigée.
En modifiant cette période minimale de dix ans à cinq ans,
j'ai indiqué que cela va créer une dynamique nouvelle en vertu de
laquelle le locataire et le locateur vont s'inscrire dans une démarche
de négociation. C'est mal connaître nos jeunes agriculteurs, je
pense, que de croire ou de vouloir laisser croire que le jeune homme ou la
jeune fille ou le jeune couple vont accepter de louer la terre pour le prix des
taxes, d'investir une somme de 30 000 $ pour sa mise en valeur et, après
cinq ans, bingo, bonjour, au revoir, ils vont laisser tout cela au
propriétaire.
Je ne comprends pas les propos du député de Lévis.
Cette modification vient faciliter l'établissement de nos jeunes en
agriculture. Je me fie sur la force, la vigueur de négociation de ces
jeunes pour se donner les moyens, soit par une clause de reconduction du bail,
soit par une clause d'achat au moment de l'échéance du bail. Ce
qui me surprend, c'est que, dans la loi qui permet une subvention pour
l'établissement des jeunes en agriculture, la LEJA, que le gouvernement
précédent, en 1982, a adoptée pour permettre une
subvention sur les intérêts pour l'emprunt de 50 000 $, on fait
référence à un bail de sept ans à l'article 3.
"Bail d'un locataire de ferme. La durée de tout bail visé au
paragraphe 6 du premier alinéa de l'article 6 de la loi ou le laps de
temps à courir sur celle-ci, selon le cas, compte tenu, si besoin est,
de la période de renouvellement qui y est stipulée à
l'option du locataire, doit être d'au moins sept ans". Dans le projet de
loi sur la mise en valeur, on parlait de dix ans. Je parle de cinq ans. Je
propose cinq ans et on va l'adopter. Le député de Lévis
nous dit: Moins de dix ans, cela n'a pas de bon sens. C'est la loi que vous
avez présentée.
De plus, dans le règlement concernant les banques de terres
arables - la loi a été adoptée en 1981, si ma
mémoire est fidèle, et le règlement, quelque temps
après - je prends la section VII du règlement, "Conditions des
actes d'acquisition ou d'aliénation et des baux", et je lis: "La
durée du bail ordinaire ou celle de son renouvellement ne peut
excéder quinze ans et la durée du bail emphytéotique ne
peut excéder trente ans. " Aucune durée minimale du bail. C'est
vous, comme député de Lévis et comme ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation à
l'époque, qui avez ratifié ces règlements.
M. Garon: Ce ne sont pas des règlements...
M. Pagé: Je comprends que le député puisse
exprimer ses réserves, mais les dispositions de l'article 9 visant la
modification de la période minimale du bail de dix ans à cinq ans
sont tout à fait légitimes, acceptables et nous sommes
prêts à voter, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, je vous
écoute, M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, avant qu'on se retire,
puisqu'il est maintenant 13 heures, je dois vous rappeler votre
décision. Même si vous avez déjà rendu une
première décision, je comprends que vous êtes prêt
à l'examiner davantage et à rendre une décision
supplémentaire. Si vous refusiez l'amendement du député de
Lévis qui consiste à retirer l'article 9, dois-je comprendre
qu'il nous restera une solution: celle de changer le chiffre 10 par 11 ou par
15 ou par 7 ou par 8? C'est ce que je comprends de la décision que vous
allez nous présenter cet après-midi.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est exact.
M. Jolivet: Merci.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très bien.
Est-ce que l'article 9 est adopté?
M. Garon: On n'a pas terminé.
M. Jolivet: On attend, justement, comme il est 13 heures, votre
décision, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Ah! Vous allez
revenir cet après-midi.
M. Jolivet: Oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. Je
suspends la séance jusqu'à 15 heures, cet après-midi.
(Suspension de la séance à 13 heures)
(Reprise à 15 h 9)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À l'ordre,
s'il vous plaît!
Mesdames et messieurs, je déclare la séance de la
commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation ouverte.
À la suite de la question de règlement posée ce matin,
après avoir délibéré le temps qu'il a fallu, je
vais citer le cas de Claude Lachance qui était président de la
commission du budget et de l'administration le 13 juin 1985. "Le
président rend sa décision concernant l'amendement du
député de Rosemont visant à biffer du projet de loi les
articles 55 et 56. Le président juge l'amendement irrecevable et il
appuie sa décision sur: a) le règlement annoté de
Beauchesne qui dit à la page 238, paragraphe 773: "II est interdit au
président de recevoir des propositions d'amendement entâché
des vices suivants: 6) s'il ne vise qu'à supprimer un article. En
l'espèce, il suffit, en effet, de voter contre l'article en question".
b) le règlement annoté de Geoffrion qui dit à la page 168,
à la note 7 de l'article 566: "II est irrégulier de proposer de
rayer un article en entier. Quand on veut qu'il soit rayé, on vote
contre son adoption. " c) le Précis des décisions rendues et des
directives données par le président sur des questions de
règlement, qui rappelle à la page 28 une décision rendue
le 3 décembre 1975 relativement à l'article 70: "Un amendement
à une motion visant à écarter la question principale est
irrecevable. " Alors, messieurs.
M. Jolivet: On peut juger votre décision comme
étant bonne et, sur l'autre, peut-être qu'on se poserait des
questions.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, messieurs,
nous allons reprendre les travaux où nous étions ce matin.
M. Garon: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est toujours
à l'article 9.
M. Garon: C'est cela.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous
écoute, M. le député de Lévis.
M. Garon: Je voudrais répondre à l'argumentation du
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation ce matin.
Je vous ferai remarquer qu'il a cité deux cas au point de vue de la
durée du bail. J'ai remarqué, quand il a parlé de la
banque de terres arables, à l'article 13, qu'il s'agit de l'office qui
loue. On dit: "La durée du bail ordinaire ou celle de son renouvellement
ne peut excéder quinze ans et la durée du bail
emphytéotique ne peut excéder trente ans. " Pourquoi? Parce qu'on
ne veut pas que l'office loue essentiellement, mais que l'office achète
et reloue avec option d'achat ou vende. C'était cela, l'objet de cette
loi-là. La preuve, c'est qu'on dit que, pour fixer la durée du
bail ou de son renouvellement, il doit tenir compte des facteurs suivants: la
nature du projet du requérant, sa situation financière, son
âge et la situation de l'immeuble faisant l'objet du bail. Lorsque le
baîl est consenti à un agriculteur ou à une exploitation de
groupe en vue d'agrandir sa ferme - on parlait bien de cas particuliers
d'agrandissement de ferme - pour la rendre rentable ou en accroître la
rentabilité ou afin de l'établir dans une ferme rentable, le bail
peut être emphytéotique ou ordinaire et comporter une option
d'achat.
C'est évident que la loi n'avait pas pour but de protéger
l'office contre lui-même. Ce n'est pas du tout le même type de
règlement dont il est question en l'espèce. Il y a eu des
crédits de 20 000 000 $ accordés à l'office pour qu'il
puisse faire des acquisitions. Évidemment, comme il n'y avait pas de
tradition, qu'il commençait, qu'il avait un mandat pour implanter la
banque de terres arables, il n'y a pas eu de précédents. Sauf que
l'idée de tout l'aménagement de la banque de terres arables n'est
pas que l'office loue les terres, c'est qu'il achète des terres et, dans
des cas exceptionnels ou è la frange, où un cultivateur voulait
agrandir sa terre, il pouvait louer dans ces occasions pour permettre un
agrandissement à l'agriculteur lorsque l'autre personne ne pouvait pas
faire autrement et, on le dit, en tenant compte des conditions dans lesquelles
se trouve le projet du requérant.
C'est évident que le président de l'office sait que, pour
la banque de terres arables, l'objectif n'était pas que l'office loue,
mais achète et revende, non pas pour thésaurises mais pour servir
de pont entre les deux pour permettre la remise en valeur des terres.
C'était cela, l'objectif. Évidemment, l'office n'a jamais
été très pressé de faire fonctionner la banque.
Vous auriez peut-être dû nommer un autre intervenant parce que cela
n'a jamais fonctionné, même si j'ai poussé. Je trouve que,
cela prenait du temps. La banque de terres est un nouvel instrument
additionnel. On avait commencé à vouloir la faire fonctionner,
surtout pour de grands ensembles, pas pour de petites parcelles. Si
on voit le règlement qui avait été adopté
par le Conseil des ministres, on parlait des grands ensembles de plus de 400
acres qu'on voulait mettre en valeur d'abord plutôt que de commencer par
des parcelles. Tous les cas qui étaient en négociation par
l'office étaient des cas d'achats de spéculateurs qui avaient de
grands ensembles pour que l'office puisse les acquérir et les remettre
en valeur. Le mandat était renouvelable chaque année. Cela veut
dire qu'il y avait un contrôle véritable du gouvernement sur les
transactions à court terme de l'office parce que c'était quelque
chose qui commençait.
Dans le deuxième cas, l'établissement des jeunes
agriculteurs, il ne s'agit pas d'une subvention de 15 000 $ qui ne permet pas
vraiment d'acheter du sol; il s'agit de 50 000 $ sans intérêt
pendant cinq ans avec un bail de sept ans où c'est possible. Mais,
l'esprit de cette disposition était de faire des achats et non pas de
faire des locations. La preuve c'est que le montant était beaucoup plus
considérable que le montant de 15 000 $. Et encore là, c'est avec
beaucoup de réticence que j'ai autorisé sept ans dans le cas de
l'établissement des jeunes agriculteurs avec un prêt de 50 000 $.
Pour prêter 50 000 $, l'office doit avoir des garanties et des valeurs.
À ce moment-là, le jeune qui n'achète pas le fonds de
terre pourra difficilement fournir des garanties. Il est évident qu'il y
aurait une situation très exceptionnelle d'un bail. Ce qu'on visait avec
la Loi favorisant l'établissement de jeunes agriculteurs c'est l'achat
des terres par les jeunes agriculteurs et non pas la location.
Éventuellement, c'est une question que j'ai l'intention de
fouiller, justement, parce qu'on a fait au Québec, au cours des
dernières années, du remembrement de terres. On a acheté
des terres. On les a remembrées. On en a revendu. Je serais curieux de
voir aujourd'hui combien il y en a qui sont restées remembrées.
Je pense que les dispositions de ce programme qui avait été fait
avant moi n'avaient peut-être pas tout le caractère coercitif
nécessaire pour maintenir ensemble les ensembles qui ont
coûté assez cher au gouvernement. Quand le gouvernement a
acheté à différents endroits des terres individuelles pour
faire des remembrements, il ne s'est pas impliqué dans ces choses, par
une entente fédérale-provinciale, en vue qu'aussitôt la
vente faite les terres soient démembrées. Autrement, cela serait
un programme absurde. C'est justement parce que j'avais connu un exemple de cas
comme celui-là où celui qui avait acquis était
intéressé à se départir au plus sacrant de la terre
qu'il avait achetée que je me suis posé des questions sur ces
programmes qui avaient pour objectif de remembrer les terres et de les garder
remembrées. Vous savez, cela ne fait pas longtemps que le gouvernement a
annoncé les 500 000 $ de gain de capital exempts d'impôt.
Quelqu'un me parlait justement en fin de semaine, d'un stratagème qui
avait été imaginé par quelqu'un pour faire en sorte que
plusieurs profitent de ces 500 000 $ de gain de capital. Pourquoi? Parce qu'il
y avait une ouverture là qui pouvait permettre à des gens de
gagner beaucoup d'argent rapidement, mais qui n'est pas nécessairement
pour le bien-être du public et l'intérêt public.
De la même façon, je dis que, si on permet cela, il sera
facile, en tenant compte des deux dispositions ensemble, le 500 000 $ de gain
de capital non imposable, pour des gens qui ont un peu d'argent d'acheter des
terres, de les louer aux cultivateurs pour les taxes, et d'exiger comme
condition que des travaux soient faits. Parce qu'il y aura une location pas
chère - c'est évident, louer une terre pour les taxes, ce n'est
pas cher - on demandera que des travaux fonciers soient faits sur la terre
tenant lieu de location et on se retrouvera... Oui?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis, j'aimerais que vous concluiez parce que
cela fait 20 minutes que vous êtes sur le même article.
M. Garon: Je terminais, justement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Garon: Alors, on verra à ce moment-là que les
spéculateurs pourront faire des placements, se débarrasser des
taxes qu'ils ont à payer, faire des investissements par des subventions
du gouvernement et, au bout de cinq ans, si la situation est correcte, vendre
le morceau de terre en étant exempté d'impôt sur le gain de
capital pour 500 000 $.
Motion proposant une durée de 9 ans
Si on met tout cela ensemble, je pense que cette mesure est mauvaise et
c'est pourquoi - comme on ne peut pas l'abroger -je vais proposer, pour donner
la chance à la commission de voter, que, vu qu'on dit: "L'article 21. 4
de cette loi est modifié par le remplacement, dans le premier
alinéa, du mot "dix" par le mot "cinq"" le remplacement du mot "dix" par
le mot "neuf".
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Cette proposition
est recevable.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vais maintenant
donner la parole à M, le ministre.
M. Pagé: Très brièvement, M. le
Président. J'ai eu l'occasion, en matinée, avant ta suspension de
nos travaux, d'indiquer tous les motifs a l'appui de la proposition que nous
avons formulée, à savoir que, dans un premier temps - et je vais
le répéter pour le bénéfice de mes collègues
- il nous est apparu que le délai minimal de dix ans faisait en sorte
que peu de locataires pouvaient trouver une terre à louer et que, pour
les locateurs, c'était s'engager sur une période assez longue.
J'ai, de plus, indiqué que le fait de ramener de dix à cinq ans
la possibilité de contracter un bail allait avoir comme effet
l'implantation graduelle des jeunes agricultrices et des jeunes agriculteurs
sur la ferme, cela respectant pleinement l'objectif poursuivi par la loi
favorisant la mise en valeur. J'ai, de plus, eu l'occasion d'indiquer que la
révision de ce délai minimal allait impliquer que les locataires
allaient très certainement négocier avec les propriétaires
des clauses de reconduction du bail à la venue de son
échéance ou encore des clauses d'achat ou de rachat de la terre,
avec possibilité, évidemment, d'imputer les sommes versées
comme indemnités de location.
Je ne souscris pas - mais pas du tout -à l'argumentation, aux
appréhensions et aux craintes évoquées par le
député de Lévis, lequel, par la position qu'il adopte en
regard de cet article, est tout à fait en contradiction avec les mesures
qu'il a lui-même adoptées ou ratifiées dans le cas du
règlement adopté par l'Office du crédit agricole
concernant la banque de terres arables où il n'y a aucun minimum
exigé pour le bail et, dans l'autre cas, concernant la LEJA où on
se réfère à une location minimale de sept ans. Je
comprends que, cet après-midi, il doive s'inscrire en défense et
c'est ce pourquoi il a pris quinze minutes pour plaider en faveur des
règlements ou des mesures qu'il avait adoptés lorsqu'il
était le titulaire du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, mais force nous est de constater que sa
plaidoirie et son argumentation ne traversent pas la rampe de sa position, qui
est tout à fait illogique et inconséquente avec les propositions
qu'il a formulées, soit dans les règlements ou dans les lois,
ici, à l'Assemblée nationale. C'est ce pourquoi, M. le
Président, nous voterons contre l'amendement du député de
Lévis.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
d'autres intervenants là-dessus? S'il n'y a pas d'autres intervenants,
nous allons... Quels sont ceux qui... Tout simplement, vote sur division?
D'accord. Alors, l'amendement est refusé sur division.
M. Pagé: L'amendement est rejeté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez-moi, non
pas sur division, mais rejeté, tout simplement.
M. Pagé: Est-ce que l'article est adopté?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Maintenant, est-ce
que l'article 9, tel qu'il est, est adopté?
M. Pagé: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté sur
division.
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Nous sommes rendus
à l'article 10. Est-ce qu'il y a des interventions relativement à
l'article 10?
Fin, le 1er juillet 1986, des clauses discriminatoires
envers l'épouse
M. Pagé: M. le Président, les dispositions qu'on
propose à l'article 10 du projet de loi 71 apportent une modification
à l'article 23 de la loi sur la mise en valeur, qui a comme objectif de
respecter un engagement formulé par notre formation politique, plus
particulièrement par la voix de son chef, M. Bourassa, au cours de la
campagne électorale. L'article vise à corriger une situation
malheureuse et déplorable qui prévalait et qui avait comme
résultat que l'épouse d'un agriculteur, d'un exploitant agricole
ne pouvait être considérée comme actionnaire ou
participante à part entière dans une entreprise pour laquelle
elle avait investi du capital humain et beaucoup de temps. Car, comme on le
sait, les femmes du Québec ont été directement et
intimement associées au développement de l'agriculture du
Québec. C'est avec beaucoup de fierté que notre groupe
parlementaire présente cette modification qui vise à supprimer
les clauses discriminatoires envers les épouses et à
reconnaître leur contribution significative à l'agriculture
québécoise.
Le libellé prévoit qu'à compter du 1er juillet 1986
l'épouse pourra se prévaloir des dispositions...
M. Garon: Sommes-nous à l'article 10? M. Pagé:
On est à l'article 10.
M. Garon: Où voyez-vous cela?
M. Pagé: Où voyez-vous cela? M. le
Président, l'élève va parler au maître. En disant
que l'article 23 est modifié par l'insertion, dans la première
ligne, après le
mot "accorder", de ce qui suit: "en vertu des articles 2, 5 ou 7", cela
veut dire que, à compter de ce soir ou de demain, les dispositions
actuelles de la loi vont continuer leur application jusqu'au 30 juin 1986 et
qu'à partir du 1er juillet 1967 - c'est l'effet de l'article 23 sur les
articles 2, 5 ou 7 - parce qu'avant l'épouse ne pouvait se
prévaloir de ces dispositions elle pourra s'en prévaloir,
purement et simplement, et le montant est majoré par un autre article de
8000 $ à 15 000 $.
M. Garon: Vous donnez simplement l'application de l'article 23:
"accorder en vertu des articles 2, 5 ou 7. " L'amendement ne dit pas du tout ce
que vous dites là. L'article 23 dit: "Aux fins des subventions à
accorder" et précise en vertu des articles 2, 5 ou 7, à une
corporation. Mais la même prohibition demeure.
M. Pagé: M. le Président, l'objectif de cette
modification, c'est de limiter l'article 23 afin de permettre à deux
époux, qui font partie ensemble d'une exploitation de groupe et dont
chacun d'eux réalise les conditions requises pour rendre le groupe
admissible c'est-à-dire avoir 18 à 40 ans, être un
exploitant, la principale occupation, etc. à une subvention pouvant
atteindre 15 000 $, de qualifier ce groupe à l'obtention d'une
subvention égale à deux fois ce montant.
M. Garon: Au contraire, ce que le ministre vient de dire, c'est
qu'il continue à limiter un article qui a été voté
en 1975 par son gouvernement. L'article 23 vient du gouvernement Bourassa en
1975. Nous, cette loi, nous avions l'intention de l'abroger, de ne plus nous en
servir après le 1er janvier 1986 de sorte qu'il n'y ait pas de
distinction entre l'époux et l'épouse dans la Loi favorisant
l'établissement de jeunes agriculteurs. Sauf que, par cette disposition,
il vient confirmer qu'il va maintenir la prohibition de donner une subvention
à l'épouse en vertu des articles 2, 5 ou 7 de la loi. C'esc
très clair. Cet article vient dire qu'il continue à limiter...
Bien oui!
M. Pagé: Ce que l'article dit, M. le Président,
c'est qu'à partir du 1er juillet il ne se donnera pas de subventions en
vertu de 2, 5 et 7.
M. Garon: D'accord, mais toutes les demandes...
M. Pagé: Les subventions vont se verser en fonction des
articles 5. 1, 5. 2. C'est cela.
M. Garon: Ah oui, mais toutes les demandes qui ont
été faites avant le 1er juillet 1986, depuis le 2 décembre
1985, elles sont pendantes actuellement devant l'office.
J'aimerais vous demander, par exemple, M. le ministre - le
président de l'office est à côté de vous - si vous
pouvez nous le dire: Combien y a-t-il de demandes de subventions en vertu des
articles 2, 5 et 7 qui sont pendantes à l'office où il n'y a pas
eu de versements, où il n'y a pas eu encore de décisions rendues?
Cela touche encore, j'en suis persuadé, des centaines de personnes dont
les demandes sont pendantes à l'office ou sont en voie de
réalisation et ne sont pas réalisées. Ce sont seulement
les premières demandes à partir du 1er juillet 1986 qui vont
avoir un autre régime. L'amendement qui vient d'être
proposé par le ministre à l'article 23 a pour but de s'assurer
que les articles 2, 5 ou 7 ne permettront pas de donner des subventions
à l'épouse, comme c'était le cas antérieurement en
vertu d'une loi qui a été votée en 1975 par le
gouvernement Bourassa. (15 h 30)
M. Pagé: Laquelle loi a été
révisée et adoptée par le gouvernement
précédent. Si on veut tomber là-dedans, on pourrait passer
peut-être quinze ou vingt minutes au moins. Votre gouvernement n'a jamais
jugé opportun, malgré les possibilités qu'il avait de le
faire, d'enlever les clauses discriminatoires.
M. Garon: Mais oui, notre gouvernement...
M. Pagé: Pour répondre à la question
précise du député, il faudrait qu'il ait un peu de suite.
Le député, en décembre, disait que le fait de prolonger la
loi jusqu'au 1er juillet 1986 aura comme résultat que les gens ne
s'établiront pas en agriculture, que les gens ne se porteront pas
acquéreurs parce qu'ils vont attendre la subvention de 15 000 $.
Aujourd'hui, il nous dit exactement le contraire: Vous devez avoir des
centaines de demandes pendantes.
Tout ce que je peux dire au député est ceci:
Premièrement, nous tenterons de vous donner les statistiques exactes
concernant le nombre de demandes formulées actuellement à
l'étude. D'accord? Deuxièmement, on peut vous indiquer qu'il y a
eu au Québec, cependant, un nombre appréciable,
intéressant et motivant de requêtes présentées par
des femmes qui ont décidé de s'installer ou de s'implanter en
agriculture et de s'associer au développement de l'agriculture du
Québec.
Le présent article - on peut l'étudier en même temps
et l'on pourra y ajouter immédiatement après l'étude de
l'article 3 auquel on faisait référence hier - dit
essentiellement ceci: La loi n'a pas de portée rétroactive.
L'épouse qui n'a pas pu profiter d'une subvention de 8000 $, si elle
répond aux critères ou aux normes, soit 40 ans, exploitant,
principale occupation, etc., dans le cadre d'une restructuration d'entreprise
ou d'une nouvelle entreprise,
après le 1er juillet, si elle détient 20 % des actions de
l'entreprise, si elle se qualifie, si elle n'a pas déjà
qualifié une entreprise dans un autre groupe, sera admissible à
la subvention à partir du 1er juillet.
On n'a pas l'intention et on n'a jamais dit qu'on le ferait sur une base
rétroactive. Cela va de soi. Les dispositions actuelles prévoient
que les clauses discriminatoires qui s'appliquaient n'auront plus cours
à compter du 1er juillet 1987. C'est le sens des dispositions de
l'article 10. Je dois vous dire, que ce soit le Comité provisoire pour
les femmes en agriculture ou l'Association des femmes collaboratrices, qu'elles
se sont montrées très réceptives et satisfaites de la
position très claire et très précise que nous avons
adoptée dans un bref délai après le début de notre
mandat. Nous sommes farouchement convaincus que cette disposition permettra
à davantage de femmes, qui ont bâti ou qui ont contribué
largement à bâtir l'agriculture, de s'impliquer et de devenir des
exploitantes en agriculture. Le tout à compter du 1er juillet.
Dans un premier temps, on va célébrer la fête de
notre beau et grand pays qu'est le Canada. En même temps, on va
célébrer, évidemment, les dispositions de cette loi qui
viennent donner suite concrètement au langage qu'on a tenu, à
notre volonté de faire en sorte qu'en agriculture, pour les femmes, on
passe vraiment du partage des tâches au partage des pouvoirs.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis, je vous écoute.
M. Garon: Je voudrais dire que le ministre avait tellement de
volonté et de détermination qu'il voulait prolonger la loi telle
qu'elle était pour un an encore. C'est à cause...
M. Pagé: Je ne comprends pas là. Quand le
député parle par là-bas, je ne l'entends pas ici.
M. Garon: Oui. Je dis qu'il y avait tellement de
détermination de la part du ministre qu'il voulait prolonger la loi
telle quelle pendant encore un an. C'est parce que l'Opposition n'a pas voulu
et qu'il n'était pas dans les délais pour le faire...
M. Pagé: Bon! M. le Président, la fable de La
Fontaine, la mouche du coche. Bzzz!
M. Garon: J'ai la parole, M. le Président. Je laisse le
député de Portneuf et ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation dire ce qu'il veut, mais je lui dirai
qu'il sait comme moi - et je suis prêt à l'affirmer de mon
siège; est-ce qu'il est prêt à dire le contraire de son
siège? - que ce qu'il a demandé, à savoir de prolonger la
loi telle quelle pendant encore un an, soit jusqu'au 31 décembre 1986,
c'est parce que l'Opposition - je répète que je l'affirme de mon
siège - n'a pas voulu l'accepter que cette loi dure seulement jusqu'au
1er juillet, parce que la loi n'avait pas été
déposée avant le 1er novembre. Je dois dire que c'est parce
que...
M. Pagé: De mon siège, M. le
Président...
M. Garon: Je n'ai pas fini. C'est parce que l'Opposition n'a pas
voulu qu'il a été obligé de se rabattre. Il a
demandé un délai pour refaire le projet de loi. On a dit qu'on
accepterait six mois au maximum. C'est pour cela que les 8000 $ ont
été prolongés de seulement six mois. C'est la même
chose pour la Loi sur la protection sanitaire des animaux. Nous n'avons pas
voulu, non plus, que ce soit plus que huit mois. Autrement, le ministre voulait
encore prolonger cette loi d'un an. C'est l'Opposition qui n'a pas voulu et qui
a dit: Vous avez fait une promesse; vous allez la respecter. Autrement, on ne
vous le permettra pas, parce que vous n'avez pas déposé la loi
dans les délais voulus et que cela vous est impossible de le faire parce
que les élections avaient lieu au 2 décembre.
Le gouvernement a fait prolonger la loi pendant six mois - un peu plus
de six mois -jusqu'au 30 juin 1986. Aujourd'hui, il y a toutes les personnes
qui ont fait des demandes à l'office. Les demandes sont là. Je
l'avais dit dans le temps que beaucoup de personnes ne le sauraient pas,
qu'elles ne seraient pas au courant et qu'elles demanderaient la subvention qui
était de 8000 $ plutôt que la subvention de 15 000 $.
Je dois dire que je suis même un peu étonné que le
ministre me dise qu'il n'est pas au courant du nombre. Cela aurait
été la première question que j'aurais posée au
président de l'office: II y a combien de personnes qui ont fait des
demandes en vertu des 8000 $ et qui, si nous avions adopté la loi au
mois de décembre, auraient eu droit aux 15 000 $?
Mais le ministre me dit: On va pouvoir fournir des chiffres; je ne les
ai pas. Cela ne démontre pas une véritable préoccupation
pour les jeunes. Ma préoccupation aurait été de
demander...
M. Pagé: Sur une question de règlement, M. le
Président. Je m'excuse, une question de règlement
là-dessus.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous
écoute, M. le ministre.
M. Pagé: Je dois dire, M. le Président, que si un
ou des titulaires antérieurs se
conviaient à un tel exercice, je les prie de m'en faire part. Le
ministre de l'Agriculture ne communique pas à 7 h 50 ou à 8 h 10
tous les matins à l'Office du crédit agricole pour savoir combien
il y a de demandes d'entrées. Est-ce qu'elles sont bien entrées?
Est-ce qu'elles étaient bien signées, hier? Je m'excuse, ce
sont...
M. Jolivet: Ce n'est pas une question de règlement, M. le
Président. C'est loin d'être une question de règlement,
c'est une interruption.
M. Pagé:... des relevés périodiques qui nous
sont fournis et le député de Lévis, comme tout autre
député, ne peut adresser quelque reproche que ce soit au ministre
lorsqu'il dit: Je vais vérifier le nombre exact de demandes qui sont
pendantes et je vais vous en faire part.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très bien.
Si vous vouiez continuer, M. le député
M. Garon: Alors, M. le Président, il ne s'agit pas d'une
question de règlement.
M. Jolivet: C'est une interruption.
M. Garon: II aurait été normal, avant de se
présenter ici, que le ministre soit sûr et qu'il se soit enquis
auprès du président de l'office des données pour savoir
combien de personnes auraient seulement droit aux 8000 $ avec les dispositions
de la loi. Quand je faisais une loi, habituellement, je demandais combien de
gens allaient être touchés, combien de gens allaient être
affectés pour voir, après cela, s'il y avait trop de personnes
qui étaient touchées pour les changer.
Mais je vois que le ministre n'a pas eu de préoccupations pour
les jeunes. Je comprends, quand il parle, on a l'impression qu'il pleure
beaucoup. Mais quand on va dans les faits, on se retrouve un peu comme dans
"Les deux orphelines" de Jean Narrache. C'est-à-dire qu'aux vues les
orphelines font pleurer, mais, quand on en voit dans la rue, on dit:
Tassez-vous, mes petites gueuses.
Comparé aux jeunes, j'aurais aimé que le ministre demande
au...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez, M. le
député, je tiens à vous rappeler qu'on est toujours sur
l'article 10.
M. Garon: Oui. Il fallait que le ministre demande combien de gens
vont être affectés. Il essaie de dire: Le gouvernement
antérieur ne s'en est pas préoccupé. Or, le gouvernement
antérieur ne voulait plus utiliser cette loi et, dès 1982, il
avait indiqué son intention de ne plus utiliser cette loi parce qu'il
avait voté une nouvelle loi qui s'appelait la Loi favorisant
l'établissement de jeunes agriculteurs où il n'y avait pas de
discrimination entre le conjoint et la conjointe, entre l'époux et
l'épouse ou l'homme et la femme sur la terre.
La preuve, c'est que le président de l'Office du crédit
agricole peut vous fournir des statistiques qui vous montrent que c'est
à partir de ce moment que véritablement, sur les fermes des
agriculteurs, on a commencé à avoir des compagnies où les
époux et les épouses se trouvaient à 50-50, parce que
cette loi, la Loi favorisant l'établissement de jeunes agriculteurs
qu'on appelle la LEJA, pour la première lettre de chaque mot, avait
éliminé toute discrimination.
Dans les règlements des lois générales de l'office,
il y avait des discriminations quand je suis arrivé au ministère
en 1976. Si un époux faisait un revenu de plus de 14 000 $ ou si une
épouse était dans telle condition, il n'y avait plus de
subvention possible à la ferme. Toutes ces mesures discriminatoires ont
été enlevées sans exception. La seule où il y avait
eu un délai de maintenu, parce que la loi devait être
abrogée éventuellement et qu'on ne devait plus appliquer cette
loi mais la nouvelle loi que nous avions fait voter en 1982, est une
disposition, d'ailleurs, qui se trouvait dans cette loi-là en 1982,
chapitre 29 tel qu'il est indiqué aux articles 2, 5 et 7. Ensuite, il y
a eu un délai additionnel pour ceux qui, malgré tout, voulaient
utiliser cette loi, parce que certains l'avaient demandé, mais cela
n'était plus une loi que le gouvernement de l'époque, le Parti
québécois, voulait utiliser parce qu'il considérait que
cette loi était dépassée.
Alors, le ministre ne peut pas invoquer cet argument puisque
c'était terminé. Cette loi, pour nous, n'était plus une
loi en vertu de laquelle on pouvait faire de nouvelles demandes. Et ce que nous
voulions remplacer c'étaient les prêts de 100 000 $ à taux
d'intérêt gradué et donner le choix, non plus entre une
subvention de 8000 $, mais entre un prêt de 50 000 $ sans
intérêt pendant cinq ans ou un prêt de 100 000 $ à
taux d'intérêt gradué: 1 % la première année,
2 % la deuxième année, 3 % la troisième année, 4 %
la quatrième année, 5 % la cinquième année.
Une voix: Très bon.
M. Garon: C'était cela, notre politique. Maintenant, en
vertu de la loi dont nous discutons, l'effet de l'article 10 qui propose de
modifier l'article 23 sera de maintenir cette discrimination pour le
passé, en spécifiant: "Aux fins des subventions à accorder
- on ajoute: "en vertu des articles 2, 5 ou 7", - deux époux
légitimes non
judiciairement séparés de corps et deux époux de
droit commun habitant ensemble ne peuvent rendre éligible telle
corporation, telle coopérative, telle société ou tel
groupe dont ils font partie ensemble à titre d'actionnaires, de
sociétaires, de membres, de propriétaires indivis ou
d'exploitants conjoints, selon le cas, qu'à une fois le montant de la
subvention prévue aux articles 2, 5 ou 7, selon le cas, et ce nonobstant
les dispositions du deuxième alinéa de l'article 10 et des
articles 11, 16 et 17. "
Je pense que, si le ministre veut vraiment aider les jeunes qui ont pu
demander entre-temps, depuis le 2 décembre, une subvention en vertu de
cette loi et des subventions de 8000 $, il devrait faire une amendement
à l'article 23 et leur dire que ceux qui ont formulé une demande
de prêt è l'office peuvent retirer leur demande et la reformuler
après le 1er juillet 1986 en vertu des nouvelles dispositions.
Autrement, toutes les nouvelles demandes qui ont été inscrites
à l'office depuis le 2 décembre devront fonctionner selon les
anciennes dispositions et ce sont seulement les demandes qui vont entrer
après le 1er juillet 1986 qui pourront bénéficier des
nouvelles dispositions.
M. Pagé: M. le Président, il est très clair
- la loi actuelle le dit., noir sur blanc, et la loi, une fois adoptée,
continuera de le dire - que la prime è l'établissement est
versée à un jeune qui répond à certains
critères, qui acquiert pour s'établir... C'est donc dire que les
subventions è être versées s'appuient non pas sur la date
de la demande, mais sur la date d'acquisition ou de location. Cela a toujours
été très clair. On l'a toujours indiqué et je l'ai
indiqué, M. le Président, au moment où j'ai reconduit les
dispositions de la loi actuelle du 31 décembre 1985 au 30 juin 1986. {15
h 45)
Deuxièmement, le député de Lévis, dans le
début de son propos, s'attribue le mérite d'avoir fait en sorte
que la loi 71 puisse être adoptée en 1986 en disant: C'est nous,
de l'Opposition qui avons obligé le gouvernement, parce que lui voulait
toute l'année, à agir au 30 juin 1986. Je remercie beaucoup le
député de Lévis. Cela démontre, hors de tout doute,
que celui-ci a été le premier de l'Opposition, du Parti
québécois, à souscrire d'emblée et à
exprimer sa confiance dans notre formation politique. Le député
de Lévis a été le premier à constater que le
gouvernement de M. Bourassa est un gouvernement solide, qui allait respecter
ses engagements. Merci beaucoup de votre témoignage, M. le
député! Je l'apprécie bien et on apprécierait que
le chef de l'Opposition, votre bon ami, puisse en faire autant
régulièrement.
L'autre élément, on me dit: Pourquoi ne pas avoir
indiqué... M. le Président, j'ai clairement indiqué, lors
de l'étude du projet de loi sur la reconduction de la loi et sa
prolongation, que le gouvernement libéral de M. Bourassa, notre
équipe, allait respecter ses engagements électoraux. Cela a eu
quoi comme effet? II y a des gens qui ont attendu, qui ne se sont pas
portés acquéreurs tout de suite et qui vont pouvoir
bénéficier des dispositions de la loi à compter du 1er
juillet 1987.
Je n'ai, cependant, jamais dit, et cela, j'avais l'obligation de le
faire, que la loi, et ce dans le débat de janvier, serait adoptée
au 1er juillet 1987. Mais on était en droit de présumer et de
comprendre que la loi allait être modifiée avant,
évidemment, pour qu'on ne se retrouve pas dans une situation de vide
juridique au 1er juillet 1987.
On n'a jamais, mais jamais, de notre côté, laissé
planer l'incertitude, à savoir que la subvention de 8000 $ allait
peut-être être prolongée. Il y a un seul
député, M. le Président, qui, à ma connaissance, a
laissé planer sur le parquet de la Chambre, officiellement, la
possibilité et même la probabilité, selon lui, que la
subvention ne soit pas majorée de 8000 $ à 15 000 $ et c'est le
député de Lévis. C'est le député de
Lévis qui, lors de l'étude des crédits de mon
ministère, disait en Chambre, officiellement - c'est public, nos
débats sont enregistrés, transcrits, reproduits et
diffusés - deux jours avant la présentation du budget de
l'honorable Gérard D. Levesque: Je ne pense pas que cela vienne. Je ne
pense pas que le gouvernement et le Conseil du trésor disent oui,
mésestimant ainsi la force, la vigueur et la vitalité du nouveau
ministre devant le Conseil du trésor.
M. Garon: 54 000 000 $, qu'on titre!
M. Pagé: Nous, nous n'avons pas créé de
doute. D'ailleurs, nos députés ont clairement indiqué
à ceux qui leur ont fait des demandes: La loi s'applique à 6000 $
actuellement. On s'est engagé à majorer cette subvention de 8000
$ è 15 000 $, on va le faire. Les gens sont partis des bureaux de
comté de nos députés en se disant: On fait face à
une équipe qui est responsable, qui a prolongé la loi jusqu'au 30
juin 1986. Ils sont partis convaincus pour la très grande
majorité d'entre eux et d'entre elles, j'en suis persuadé,
qu'à partir du 1er juillet la subvention serait majorée à
15 000 $. C'est ce qui arrive, M. ie Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): J'ai reconnu le
député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, on ne demande pas au ministre
de s'enquérir, tous les matins, à 7 h 45, auprès du
président de l'office de tous ceux qui ont fait des demandes. On
s'attend quand même à ce
que, lorsqu'on fait la présentation d'un projet de loi, on ait au
moins ces informations. Donc, on ne vous le demande pas tous les jours, mais,
au moins, il aurait peut-être été intéressant de
l'avoir aujourd'hui.
M. Pagé: Vous allez l'avoir aujourd'hui, je vous en donne
l'assurance, M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Encore une fois, pour revenir à ce que disait
M. le député de Lévis tout à l'heure, grâce
à l'effort du député de Lévis, critique de
l'Opposition, nous avons une loi déposée par le ministre et cette
loi, si on tient compte de l'historique de l'ensemble, n'aurait pas
été, à son avis, déposée pour adoption au
1er janvier 1987.
Donc, nous avons un projet de loi qui va être adopté pour
le 1er juillet 1986 et c'est ce que M. le député de Lévis
a voulu dire. Il a voulu dire que, effectivement, il y avait de la part de
l'Opposition, une acceptation, puisque les délais légaux
étaient dépassés à l'arrivée au pouvoir du
Parti libéral, nous avons donné notre consentement à la
condition que cette loi ne crée pas, non plus, une
non-possibilité d'investissement dans le secteur agricole par des gens
qui disent: Écoutez, pendant la campagne électorale, ils ont
promis 15 000 $. Nous avons un projet de loi qui va s'appliquer jusqu'au 1er
janvier 1987 à 8000 $, eh bien, on va attendre. Vous venez de le
confirmer, vos collègues sont partis dans les bureaux en disant:
Attendez donc au 1er juillet 1986. Grâce...
M. Pagé: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Une seconde,
oui.
M. Pagé: Je m'excuse.
M. Jolivet: Je ne sais pas ce qu'il y a comme question de
règlement.
M. Pagé: Je m'excuse, M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, je vais
écouter la question de règlement.
M. Jolivet: On va vous écouter.
M. Pagé: Je n'ai jamais affirmé qu'un
député ait dit: Attendez au 1er juillet 1986; je ne l'ai jamais
fait, monsieur.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Ah, bon!
Très bien. Maintenant, poursuivez, M. le député de
Laviolette.
M. Pagé: N'arrondissez pas les coins, là! Ce que
j'ai indiqué, c'est que les députés ont donné la
lecture exacte de la situation juridique qui prévaut, à savoir
que cette subvention de 8000 $...
M. Jolivet: Bien oui! Bien oui!
M. Pagé: Non! C'est important.
M. Jolivet: Écoutez, ne me faites pas la leçon
comme avocat! J'ai vécu une commission parlementaire où il n'y
avait que des avocats autour de moi et j'ai été capable, quand
même, de donner le gros bon sens. Le gros bon sens indique quoi? Si je
suis un député consciencieux, qu'est-ce que je vais faire? Je
vais aller dire: Le ministre a décidé que notre projet de loi
n'aura pas effet avant le 1er janvier 1987. C'était la proposition que
faisait le député de Portneuf et ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation. En conséquence, n'importe quel
député dans son comté, à une personne qui veut
investir et qui va dire: Écoutez, je serais intéressée
à avoir 15 000 $ et non 8000 $, va dire d'attendre au 1er janvier 1987.
Grâce au député de Lévis, cette proposition est
venue...
M. le député de Berthier semble dire: Est-ce que
cela se peut? Bien oui, cela se peut!
M. Houde: Parlez moins fort, s'il vous plaît!
M. Jolivet: Écoutez, c'est ma voix habituelle.
M. Houde: Oh non!
M. Jolivet: Oui, c'est ma voix habituelle.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît, messieurs!
M. Jolivet: Vous allez voir que cela va durer plus longtemps, si
vous m'empêchez de parler, je vais parler quand même.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II n'est pas
question d'empêcher qui que ce soit de parler.
M. Jolivet: Bien, on me dérange. Ce que je veux
dire...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Poursuivez, s'il
vous plaît!
M. Jolivet:... c'est que le député de Lévis,
en vertu des règlements de cette Assemblée nationale, au mois de
décembre 1985, a donné son accord pour qu'un projet de loi soit
déposé et qu'il y ait un prolongement jusqu'au 1er juillet 1986.
Si le député
n'avait pas donné son accord, le ministre aurait
été pris avec un problème: cela aurait été
prolongé jusqu'au 1er janvier 1987. Dans ce contexte-là, c'est
grâce à cet appui accordé par l'Opposition qu'une promesse
faite par le Parti libéral, une de celles qui vont être, au moment
où on se parle, au moins atteintes, est arrivée à sa
résultante qui est le 1er juillet 1986...
Une voix: C'est hors du sujet.
M. Jolivet: Je m'excuse, on peut revenir sur vos promesses parce
que ce n'est pas vrai.
Revenons à ce projet qui est devant nous. Il y a des gens qui ont
donc attendu, mais d'autres personnes, en cours de route, avaient
déjà déposé leur demande. Ce que le ministre vient
de nous dire, c'est qu'il ne veut pas faire une loi rétroactive pour ces
gens-là ou, du moins, qu'il ne veut pas leur permettre ce que demande le
député de Lévis, c'est-à-dire de retirer leur
demande et de recommencer. Il parle d'acquisition et non de dépôt
de demande. Si cela dérange le ministre, il pourra toujours faire comme
son collègue de l'Éducation, proposer un projet de loi
rétroactif. Le projet de loi 58 a des effets rétroactifs.
Pourquoi ne le permet-il pas relativement à cette demande des jeunes
agriculteurs, des femmes en agriculture collaboratrices de leur mari qui
peuvent participer à une demande comme celle-là?
C'est dans ce sens que je dis que le ministre devrait réviser sa
position, accepter qu'il n'y ait pas de discrimination entre le moment
où la loi a été gelée et le 1er juillet 1986 et
qu'elle ait effet dès le moment du dépôt de la demande ou,
du moins, que les gens aient la capacité de reprendre leur demande et
que cette demande soit reconnue comme étant une nouvelle demande
admissible à ce projet de loi.
On dit, de l'autre côté, qu'on a été
très heureux de recevoir cette possibilité chez l'Association des
femmes collaboratrices, des femmes agricultrices. Il me semble qu'on ne devrait
pas pénaliser des gens en cours de route à cause, comme le dit le
ministre, d'un vide juridique qui aurait pu exister et qu'il a, par un
prolongement, proposé de maintenir dans le temps. Pourquoi ne pas
accepter que ces personnes soient considérées au même titre
que toute autre personne qui fera une demande è l'Office du
crédit agricole à partir du 1er juillet 1986?
Le ministre était tellement - c'est une expression bien
québécoise - "mindé" sur le mois de janvier 1987 qu'il a
souvent parlé dans son texte - on pourra le reprendre parce qu'il l'a
bien dit et c'était enregistré -du 1er juillet 1987, alors qu'en
réalité il voulait parler du 1er juillet 1986 parce que, dans son
esprit à lui, c'était quoi, dans le fond? C'était le 1er
janvier 1987. C'est grâce à notre collègue, le
député de Lévis, qu'est apparu - écoutez, c'est
vrai - un projet de loi qui vient faire en sorte que, finalement, c'est le 1er
juillet 1986 que va s'appliquer cette clause.
Je regarde la députée de Kamouraska-Témiscouata,
qui est une dame ici dans cette assemblée et qui me fait un signe de
violon, mon cher Président. Je dois vous dire que c'est, justement,
d'elle qu'on parle quand on parle des femmes collaboratrices, des femmes
soutien de leur mari, des femmes qui ont fait des demandes en cours de route et
pour qui, malheureusement, à cause de cet article, cela va être
complètement impossible de participer à ce programme. C'est dans
ce sens-là qu'on veut faire appel à vous, madame, pour que vous
en parliez à M. le ministre, un appel, je devrais dire, de
dernière minute, pour que ces personnes soient considérées
comme ayant fait une demande le 1er juillet 1986, même si elles l'ont
faite entre la date de l'élection du Parti libéral et
aujourd'hui. Je pense que ce que nous demandons n'est pas illogique. Ce n'est
pas rétroactif dans le sens négatif, c'est rétroactif dans
le sens positif. On demande tout simplement que ces personnes aient la
capacité de participer à ce projet de loi que nous jugeons
important.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Laviolette. Je cède maintenant la parole
à M. le député de Lotbinière.
M. Camdem: M. le Président, j'ai entendu ces commentaires
et je pense que les prétentions de l'Opposition ne sont pas tout
à fait fondées. Je pense qu'on tente de reléguer à
un second plan le rôle des députés ministériels qui
ont fait part au ministre de leurs représentations quant à
l'application de ce programme pour porter la subvention de 8000 $ à 15
000 $, programme qu'on avait, d'ailleurs, expliqué à la
population au moment de l'élection et qui avait reçu un fort bon
accueil dans ma population, dans le comté de Lotbinière.
Je dois rendre hommage au ministre pour son ouverture d'esprit quant
à l'établissement des jeunes en agriculture et également
souligner les échanges étroits qu'il a avec les
députés des circonscriptions rurales. M. le ministre n'est pas
resté insensible à nos représentations. Je dois vous dire
qu'on a eu des échanges fort fructueux. Je profite également de
l'occasion pour souligner que ce projet de loi constitue, à mes yeux,
l'amorce d'une vraie politique de reconnaissance de ta femme collaboratrice au
sein des entreprises et particulièrement au sein des entreprises
agricoles. On vient, encore une fois, de reculer les frontières de la
discrimination par ce projet de loi. Je suis
fort heureux d'être associé à ce gouvernement qui va
voter ce projet de loi qui visera à permettre aux femmes de jouer
véritablement leur rôle au sein des entreprises agricoles et qui
va reconnaître, de fait, leur participation, ce que nous ne retrouvions
pas dans le précédent projet et dans la précédente
loi. Je pense qu'on doit rendre hommage au ministre et on est fier d'être
de cette formation politique qu'est le Parti libéral, qui a
manifesté son ouverture d'esprit et son écoute des jeunes en
agriculture.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Lotbinière. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions concernant cet article? Je vous écoute, M. le
député de Lévis, toujours en fonction de l'article 10. (16
heures)
Motion proposant une rétroactivité au 2
décembre 1985
M. Garon: Oui. À l'article 10, je voudrais proposer un
amendement qui ajouterait un deuxième alinéa à l'article
10 et qui se lirait comme suit: "L'article 23 de cette loi est aussi
modifié par l'insertion d'un deuxième paragraphe: Cet article ne
s'applique pas aux demandes qui ont été formulées en vertu
des articles 2, 5 et 7, après le 2 décembre 1985".
M. le Président, essentiellement, ce que je veux dire, c'est que,
comme il s'agissait d'un engagement libéral - les libéraux ont
pris le pouvoir le 2 décembre 1985 -j'aimerais qu'il n'y ait pas de
discrimination dans le temps et que tous ceux qui ont formulé des
demandes après l'arrivée au pouvoir des libéraux puissent
jouir de la promesse libérale et non pas seulement ceux qui auront
formulé leur demande après le 1er juillet 1986. Vous savez que le
ministre voulait prolonger la loi d'un an. Il y a eu un débat. Je lui
avais dit que plusieurs personnes qui ne seraient pas au courant, et qui
formuleraient leur demande après, ne pourraient pas
bénéficier de cette disposition. Il est important, je pense, de
ne pas faire de discrimination envers les gens qui auraient cru aux engagements
des libéraux. Comme il s'agit de conjoints ou de conjointes ou
d'époux de droit commun qui habitent ensemble, je ne voudrais pas que
ces gens qui auraient droit aux sommes d'argent prévues par les
engagements libéraux se sentent trompés. C'est pourquoi ma
proposition d'amendement a uniquement pour objet de faire en sorte que
l'engagement libéral soit complet, comme eux-mêmes devaient s'y
attendre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je demanderais des
explications à M. Moreau ou à toi concernant la modification.
Est-ce qu'on modifie tout simplement la période de temps ou si cela
modifie fondamentalement?
M. Pagé: Cela modifie la période de temps pour
laquelle l'épouse pourrait recevoir une subvention de 8000 $ è
compter du 2 décembre jusqu'au 1er juillet 1986. C'est ce que cet
amendement veut dire.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. Donc,
l'amendement est recevable parce que cela ne change pas fondamentalement; cela
change la période.
M. Jolivet: M. le Président?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous
écoute, M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Comme le député de Lévis l'a
fait avant les fêtes alors qu'il avait la capacité de proposer
à M. le ministre un délai moindre que ce qu'il voulait proposer,
je pense que cette proposition est justement, vous le dites très bien -
recevable en ce sens qu'on veut aider le Parti libéral à
respecter ses engagements électoraux. Ces engagements électoraux
ne commencent certainement pas le 1er décembre. Ils commencent le 2
décembre. C'est pour permettre aux gens qui, à partir de cette
date, ont cru à ce que les libéraux ont dit dans leur
comté d'avoir le même droit que les autres.
Donc, nous proposons un amendement qui a pour effet de les aider
à respecter leurs engagements électoraux. Il y en a au moins un,
en passant, qui sera respecté entièrement c'est celui de porter
de 8000 $ à 15 000 $ la subvention accordée à ceux qui
vont participer à ce nouveau programme. En ce sens, il me semble qu'on
devrait, de l'autre côté, l'examiner avec beaucoup d'attention,
vraiment dire que cela a bien du bon sens, que cela respecte la proposition du
Parti libéral pendant la campagne électorale, qu'il n'y ait
aucune discrimination entre ceux ou celles qui feront leur demande à
partir du 1er juillet 1986 par rapport à ceux qui l'auraient faite entre
le 2 décembre 1985 et le 1er juillet 1986.
En ce sens, il me semble qu'il n'y a pas lieu d'avoir une grosse
discussion. Les libéraux, de l'autre côté, devraient
accepter d'emblée une telle proposition qui a, justement, pour effet de
les aider à respecter leur engagement électoral. C'est,
d'ailleurs, le but visé par mon collègue de Lévis. C'est
comme il l'avait fait lors de la discussion en décembre 1985, ce qui
avait permis de rapprocher la proposition que le ministre voulait faire
d'étendre cela pendant un an jusqu'au 1er janvier 1987. J'espère
que dans ce contexte les députés libéraux vont voter pour
une telle proposition qui dit: à partir du 2 décembre 1985. Cela
n'aurait pas
de bon sens qu'ils votent contre leur engagement électoral.
J'aurais beaucoup plus aimé une proposition telle que faite par
mon collègue, le député de Lévis, a laquelle le
député de Maskinongé n'a aucunement répondu
à l'époque de la campagne électorale, qui était, si
on prend un exemple de 120 000 $ comme besoin, une subvention la
première année à 1 %, la deuxième année
à 2 %, la troisième année à 3 %, la
quatrième année à 4 %, la cinquième année
à 5 % sur les premiers 100 000 $ et, disons, selon la loi des
marchés, à 7, 5 % pour chacune des années sur les 13 000
$. Quand on fait le décompte de cela sur une hypothèse de 7, 5 %,
on se retrouve dans la proposition du ministre à un montant de 39 375 $
payés en intérêt, tandis que la proposition de mon
collègue prévoyait un montant de 22 500 $, ce qui fait une
différence de 18 875 $. Ceci permettait à l'individu de
rembourser les 15 000 $ et, en même temps, d'avoir un peu d'argent de
poche pour continuer l'ensemble de son prêt.
La même chose si je le reporte à 8 %: c'est 42 000 $, le
coût de la proposition du ministre et le coût proposé par
mon collègue est de 23 000 $, ce qui donne 19 000 $ de
différence. Ces 19 000 $ permettent de rembourser les 15 000 $
empruntés et, en plus de cela, d'avoir 4000 $ de plus pour les
années è venir. Ceci aide l'individu qui, au lieu de payer 8400 $
par année dans le cas de 8 % ou 7875 $ si c'est 7, 5 %, le paie de
façon graduelle les premières années où il a plus
de difficulté et plus de besoins.
En ce sens, on peut aider davantage les conjointes, les épouses
de ces gens qui pourraient faire leur demande, peut-être demain matin,
peut-être le 1er juillet, si elles le désirent; mais dans le cas
des personnes qui l'ont faite entre le 2 décembre 1985 et le 1er juillet
1986, elles peuvent espérer avoir le même traitement que les
autres.
Il me semble qu'on ne devrait pas avoir une longue discussion. C'est
pour cela que je vais arrêter mes propos ici afin de permettre aux
libéraux de voter pour leur promesse électorale, maintenant
devenue une réalité, è partir du 2 décembre
1985.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le ministre, je
vous écoute.
M. Pagé: M. le Président, je prends note de
l'amendement qui est proposé par l'honorable député de
Lévis, lequel a reçu un appui significatif - c'est un plaidoyer
peut-être pas très vibrant, mais quand même formulé
avec la conviction qu'on lui connaît - du député de
Laviolette.
Écoutez, je n'ai pas de cours è vous donner, mais j'ai
presque envie de vous en donner un.
M. Jolivet: Vous devriez nous en donner un.
M. Pagé: Je vais céder à la tentation de
vous donner un cours. Dans un premier temps, votre amendement devrait
prévoir non pas le 2 décembre 1985 mais le 12 décembre. On
a été élus le 2 décembre. On a pris le pouvoir le
12 décembre. D'ailleurs, vous le savez très bien. L'honorable
ministre de l'Agriculture s'est permis de distribuer quelques subventions
même si son gouvernement venait d'être défait, subventions
qui ont été distribuées entre le 2 et le 12. Certaines
nominations ont été reconduites ou reconfirmées le 4
décembre, deux jours après avoir été défait
et ce, malgré les engagements de son chef qui était toujours
premier ministre, mais qui était chef de l'Opposition virtuelle,
engagements qui ont été formulés par M. Johnson à
l'égard de M. Bourassa dès le lendemain de l'élection,
cela va de soi.
M. le Président, je comprends que nos amis d'en face se sont
donné comme mandat de faire de l'opposition. La preuve tangible en est
l'étude de ce projet de loi qui -d'ailleurs, j'en suis persuadé,
il va recueillir l'unanimité - devait être faite en quelques
minutes. On a le plaisir, la grande satisfaction de siéger ensemble
depuis plusieurs heures sur cette question. L'Opposition se dit vigilante.
L'Opposition est en train de faire ses classes comme parti d'Opposition.
L'Opposition est en train d'apprendre son métier. Je vous dirai, entre
parenthèses, M. le Président, que ce n'est pas comme cela qu'on
fait de l'opposition. Ce que vous auriez dû faire, je vais vous le dire.
Vous voulez faire de l'opposition pour faire de l'opposition? Je vais vous dire
comment vous auriez dû faire cela. Vous auriez dû présenter
un amendement prévoyant l'effet rétroactif, enlevant les clauses
discriminatoires et majorant la subvention de 8000 $ a 15 000 $, tant
qu'à y être. Vous allez apprendre votre métier, cela va
venir. Vous allez avoir le temps. Je suis persuadé qu'après neuf
ans d'Opposition vous allez être plus vigilants, vous allez être
plus complets. Vous auriez pu dire aussi aux journalistes, a la population: On
a demandé aux libéraux de respecter leurs engagements non
seulement pour les clauses discriminatoires, mais même pour la subvention
de 8000 $ à 15 000 $. Vous ne l'avez pas fait.
M. Garon: On peut le faire encore.
M. Pagé: Mon enseignement commence è porter fruit,
le député de Lévis dit que ce n'est pas fini et qu'il va
le faire.
M. le Président, je termine ma parenthèse. Vous faites de
l'opposition pogr faire de l'opposition. Vous savez
pertinemment, parce que tous les deux vous avez été
membres du Conseil des ministres qu'adopter une loi qui aurait un effet
rétroactif au 2 ou au 12 décembre, selon le cas, aurait pour
effet de convier l'office et ceux qui se sont implantés, qui se sont
installés sur une ferme, qui ont procédé à
l'acquisition d'une ferme comme suite d'un achat ou d'une location, à
revoir tous leurs dossiers, à revoir le partage dans le cas des groupes,
à revoir la structure juridique et l'imputation du nombre d'actions pour
chacun, alors que le tout a été fait en fonction d'une loi qui
existait en décembre, janvier, février, mars, avril, mai et juin.
De plus, votre disposition, si elle était acceptée, serait
discriminatoire pour ceux qui ont jugé opportun d'attendre au mois de
juillet sur la foi des amendements qui s'en venaient.
Mais oui, la proposition du Parti québécois, c'est de
changer les régies du jeu après la partie. Vous changez les
règles du jeu après que la partie est commencée. La
règle dit clairement que la loi sur la mise en valeur s'appliquait
jusqu'au 31 décembre. Notre gouvernement, dès son
élection, a reconduit les dispositions de la loi, a établi le
cadre de la partie: subvention de 8000 $, etc. La partie doit se jouer jusqu'au
30 juin 1986. Le Parti québécois arrive et, là, il veut
changer cela: les hors-jeu, il n'y en aura plus a la ligne rouge, il y en aura
à la ligne bleue. On ne change pas les règles du jeu après
la partie. Le cadre juridique de la loi actuelle s'applique, les dispositions
s'appliquent. Les gens ont fait des choix, ils ont décidé de
procéder à l'acquisition d'une ferme, d'investir en fonction de
la loi qui s'y applique, sachant pertinemment, confiants qu'ils le sont par la
majorité qu'ils ont exprimée le 2 décembre, que les
libéraux allaient respecter leurs engagements électoraux.
Conscients, de plus, par la diffusion qui en a été faite, que la
présente loi voyait son application devenir caduque après le 30
juin 1986. Ce serait donc discriminatoire pour les gens qui, de bonne foi, ont
fait des choix en fonction d'une loi qui existait et qui prévalait. On
n'a pas l'intention, en ce qui nous concerne, de changer les règles du
jeu après la partie.
De plus, je dois dire que le gouvernement dont nous sommes est beaucoup
plus performant que ne l'était le précédent gouvernement.
Oui, le gouvernement de M. Bourassa est un gouvernement qui livre la
marchandise, c'est un gouvernement qui s'exécute plus rapidement, en
termes d'engagements électoraux, que le Parti québécois.
(16 h 15)
Je me rappelle beaucoup la campagne électorale de 1981; cela
avait été une campagne très intéressante. Je me
rappelle, entre parenthèses, et la parenthèse ne sera pas longue,
lorsque le député de Matane - qui s'est sauvé depuis, cela
va de soi, parce qu'il se serait fait battre - était venu annoncer dans
mon comté la réalisation du projet Delaney. C'était le 2
avril et les travaux devaient commencer le 1er juillet. Les travaux n'ont
jamais commencé, M, le Président. Jamais. Les gens avaient
investi des centaines de milliers de dollars dans la perspective de la
réalisation de cet ouvrage. On n'a jamais vu l'ombre de la
réalisation d'un centième de ce qui avait été
annoncé par le député de Matane, alors ministre de
l'Énergie et des Ressources. Je ferme ma parenthèse.
Il y avait quand même plusieurs engagements électoraux qui
avaient été formulés. Je me rappelle le ministre de
l'Agriculture de l'époque, l'honorable député de
Lévis, qui s'est engagé, pendant la campagne de 1981, à
faire adopter devant l'Assemblée nationale, aussitôt le Parti
québécois élu, une loi pour favoriser
l'établissement des jeunes en agriculture, la LEJA. Cela avait
été formulé par le député de Lévis,
ministre de l'Agriculture, pendant la campagne de 1981, en avril 1981. Or, pour
la petite histoire, on se rappellera que, dès le lendemain de
l'élection de 1981, le premier ministre avait dit que le budget
annoncé par M. Parizeau, formulé le soir du 12 mars au moment du
déclenchement du scrutin, c'était de la bousculade; les taxes
sont venues affliger les Québécois immédiatement
après le mois d'avril. On a siégé quelques jours
après l'élection, après la formation du nouveau cabinet.
Savez-vous quand la LEJA a été mise en application? Le 1er
septembre 1982. Près de 17 mois après elle est entrée en
vigueur.
M. Garon: Elle avait été adoptée avant.
M. Pagé: Bien oui, des lois adoptées! Ce qui est
important pour une personne avantagée par une loi, ce n'est pas la date
de son adoption, c'est la date de son entrée en vigueur. Le gouvernement
du Parti québécois a pris d'avril 1981 à septembre 1982
pour respecter son engagement électoral en ce qui concerne la LEJA. Le
gouvernement libéral est davantage performant. Il livre la marchandise.
Élu en décembre, à la fin juin 1986, la loi est en
vigueur. Formidablel Pour ces motifs, M. le Président, on va voter
contre l'amendement du député.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre. Maintenant, j'avais reconnu le député de Laviolette
avant.
M. Jolivet: Par déférence, je peux laisser parler
mon collègue et je parlerai après lui. Allez-y, M. le
député de Lévis.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis. Excusez-moi, mais autant que possible il
faudrait s'en tenir à l'amendement à l'article 10 que vous m'avez
soumis.
M. Garon: C'est, justement, sur l'amendement que je vais parier
puisque le ministre de l'Agriculture me rappelait ce matin que ses cours sur
les grands principes du droit lui avaient été donnés par
Jean-Charles Bonenfant.
M. Jolivet: Pauvre Jean-Charles!
M. Garon: Je dirai qu'il se rappellera sans doute que M.
Bonenfant disait que le Parlement peut tout faire législativement,
même changer un homme en femme. Cela veut dire qu'il peut sûrement
donner aux femmes des avantages qui appartenaient seulement aux hommes
antérieurement. Selon les principes qu'énonçait M.
Bonenfant lui-même, parce que c'était son principe de base, le
Parlement peut tout faire, même changer un homme en femme!
M. Pagé: Dans le cadre de sa juridiction.
M. Garon: Je suis persuadé que le Parlement, avec l'aide
des députés élus... Je vois le député de
Saint-Hyacinthe, la députée de Kamouraska-Témiscouata, le
député de Lotbinière, le député...
M. Jolivet:... des Îles-de-la-Madeleine.
M. Garon: Cela va un peu moins toucher le député
des Îles-de-la-Madeleine.
M. Jolivet: Deux-Montagnes.
M. Garon: Comme le député de Deux-Montagnes parle
moins souvent, je le connais moins. Le député de
Gaspé...
M. Jolivet: Ici, à côté.
M. Garon: Je suis persuadé qu'ils ne voudront pas...
M. Joîivet: II y a le député de
Prévost aussi.
M. Garon: Le député de Prévost est en train
de changer de côté. Il se rapproche du Parti
québécois. Pour la postérité, je vais,
évidemment, demander un vote enregistré là-dessus afin de
savoir si les députés vont voter contre leur engagement
électoral. Je ne voudrais pas que demain matin les gens
m'écrivent pour me dires J'ai cru aux libéraux, j'ai voté
pour eux et, finalement, je n'ai pas droit aux 15 000 $. Je pourrai dire que
j'ai essayé, que le député de Laviolette a essayé.
Mais, que voulez-vous, c'est le député de Saint-Hyacinthe, la
députée de Kamouraska-Témiscouata et les autres! Et je
pourrai leur dire: Voici ceux qui ont voté pour et ceux qui ont
voté contre. C'est pourquoi je soumets cette disposition, pour permettre
aux députés libéraux de voter en faveur de leur
engagement.
Maintenant, de la discrimination positive, c'est exactement ce que les
associations féminines demandent. Et je suis persuadé que les
deux femmes qui sont ici savent que la principale demande des associations
féminines, c'est, justement, de là discrimination positive pour
rétablir l'égalité le plus passible. Ce que je propose,
c'est vrai que c'est de la discrimination, mais une discrimination pour faire
en sorte qu'il n'y ait pas de discrimination, c'est de discriminer depuis le 2
décembre pour qu'il n'y ait pas de discrimination depuis le 2
décembre. Au fond, j'applique le grand principe demandé par les
associations féminines, de discriminer positivement en faveur des femmes
pour éliminer la discrimination négative qu'il y avait à
l'égard des femmes.
Je vais exactement dans le sens de ce que demandent les grandes
associations féminines. Vous savez que j'ai fait partie de ce
comité ministériel, j'ai assisté aux réunions et
j'ai appuyé régulièrement les demandes des femmes. Je ne
suis pas inconséquent en faisant cet amendement. Je le fais parce que je
crois que les femmes doivent en bénéficier, je le fais d'autant
plus facilement que je suis un père de famille qui n'a pas de
garçon, qui a seulement des filles. Je pense que c'est un peu mon
rôle de faire en sorte que les femmes aient plus de chances égales
au point de départ. En proposant cette mesure, je pense que cela donne
aux femmes un avantage qu'elles n'ont pas.
Si le ministre refuse cet amendement où je veux faire voter
l'application des articles 2, 5 et 7 après le 2 décembre, c'est
évident qu'à ce moment-là on ne modifie pas le
système; c'est lui-même qui a demandé que les demandes
s'appliquent uniquement à partir du 1er juillet 1986. Quand le ministre
de l'Agriculture me provoque, je suis d'accord. Je ne savais pas si
c'était recevable, mais, comme je constate que le ministre laisse
entendre que j'aurais dû proposer un amendement dans ce sens-là,
j'imagine qu'il ne plaidera pas contre la recevabilité et que je pourrai
formuler un deuxième amendement plus tard, pour faire en sorte... En
cela, il m'a donné une ouverture que je ne pensais pas avoir si
facilement. Mais comme il a lui-même fait une ouverture, je ferai une
proposition après pour que les demandes, non seulement, mais les
acquisitions et les locations faites après le 2 décembre 1985
puissent recevoir l'application des dispositions contenues aux
articles 5. 1, 16. 1, 16. 2, 16. 3. Puisque c'est le ministre
lui-même qui m'a dit que j'aurais dû le faire et que j'avais dit
plus tôt que j'avais le sentiment que cette proposition d'amendement ne
serait pas reçue par le président, comme ce qui est
accepté conjointement peut être recevable, je dis dès
maintenant qu'à la suite de ce qu'a mentionné le ministre cela me
fera plaisir de faire un amendement en ce sens-là, étant certain
de recevoir l'aval du ministre qui, lui-même, m'a dit que j'aurais
dû le faire.
Une voix: C'est cela.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Lévis. M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le ministre dit qu'il ne veut pas de loi
rétroactive. Je dois vous dire que, comme le disait mon collègue,
le député de Lévis, je n'ai aucune objection à
présenter un amendement rétroactif qui a pour but de faire une
discrimination positive pour les femmes.
J'ai fait mention dans mon exposé tout à l'heure
auprès du ministre qu'il y a une telle loi qui est devant le Parlement.
Peut-être que, s'il est contre les lois rétroactives, il devrait
parler au ministre de l'Éducation qui a présenté un projet
de loi rétroactif et qui, d'une certaine façon, lèse ceux
qui ont observé la loi et donne des avantages à ceux qui n'ont
pas observé la loi, les "illégaux". Qu'on le veuille ou qu'on ne
le veuille pas, c'est une loi rétroactive. On donne à des gens
des droits qu'ils n'ont pas en vertu de la loi 101, on les leur donne
rétroactivement dans la loi 58. Donc, il devrait, dans ce
sens-là, parler à son collègue et la retirer au plus vite,
s'il est contre les lois rétroactives. Je ne pense pas que c'est ce que
le ministre va faire, d'une façon ou d'une autre.
Comme nous proposons plutôt une discrimination qui est positive
pour les femmes, je comprendrais mal que les femmes votent contre. Il y a une
autre chose que j'aimerais dire à M. le ministre. Il dit: Vous ne jouez
pas votre rôle d'Opposition. Je m'excuse, quand le ministre ce matin a
accepté de retirer l'article 8 du projet de loi, c'est parce qu'on a
fait valoir des points et que l'Opposition a fait son travail. Je vous donne
juste un exemple pour montrer qu'on fait un travail d'opposition qui peut
être très constructif dans la mesure où les gens nous
écoutent de l'autre côté et acceptent notre position. Ils
ont le droit de voter contre et de décider que nous n'avons pas raison.
La force du nombre étant de leur côté, on ne leur en
tiendra pas rigueur, mais au moins on aura essayé.
Je donne l'exemple typique du projet de loi 30. On a demandé,
à la suite de la proposition d'adoption du principe, de revenir, avant
l'adoption du principe, pour recevoir du monde ici même jeudi soir, de 20
heures à 22 heures. Le ministre de l'Éducation, vous le verrez,
va retraiter sur le projet de loi 30 parce qu'on a fait valoir comme Opposition
des points.
C'est dans ce sens que je voudrais que la proposition que nous faisons
reçoive l'aval des gens du gouvernement, des gens que nous aidons
à respecter leurs promesses électorales. C'est une demande qui a
été réitérée cette semaine même,
d'ailleurs, par les groupes de femmes, que ce soient les femmes collaboratrices
de leurs maris en agriculture ou les femmes en agriculture. Je pense, donc, que
les députés, hommes et femmes de l'autre côté,
devraient accorder tout l'appui nécessaire à la proposition qui
est faite par mon collègue pour permettre qu'à partir du 2
décembre 1985 la loi s'applique pour les conjointes, les épouses
de ceux qui auraient pu faire une demande.
Vous savez, il y a toutes sortes de raisons pour faire une demande
à telle date plutôt qu'à telle autre. Il y a des occasions
qu'on ne peut pas refuser quand elles passent et, dans ce sens-là, ces
gens seraient complètement discriminés si on acceptait la loi
telle quelle. D'un côté, M. le ministre dit: On fait de la
discrimination par rapport à ceux qui ont attendu jusqu'au 1er juillet
1986. Quand une personne, après ce qu'elle a entendu, après les
discussions que probablement vous avez eues dans vos propres comtés...
D'après ce que j'entends, vous avez dit aux gens: Écoutez il y a
une loi qui s'en vient. Le ministre vous l'a dit: Nous allons respecter notre
engagement, le 1er juillet 1986, il y aura une loi qui sera certainement
adoptée et je suis sûr que l'Opposition n'y fera pas objection. On
voulait adopter la loi le 1er janvier 1987, mais on nous a demandé de
l'adopter avant. Donc, je ne vois pas en quoi l'Opposition va faire
objection.
Dans ce contexte, les gens ont dit: II ne faut pas prendre de chance.
Pour être sûr d'avoir la subvention, on va attendre jusqu'au 1er
juillet 1986 pour faire notre demande. Ces gens-là ne sont pas
pénalisés, ils ont décidé dans un libre choix
d'attendre cette date. Quant aux autres, il y a peut-être des occasions
qu'ils ne pouvaient pas refuser, une occasion en or, de telle sorte qu'ils ont
été obligés de faire leur demande avant pour l'acquisition
de la ferme ou pour l'ensemble des besoins qu'ils avaient. Dans ce contexte,
eux seraient pénalisés. C'est dans ce sens qu'on dit qu'on veut,
tout simplement, vous aider par un amendement à dire aux gens: Nous
avons écouté l'Opposition et nous avons cru qu'elle avait raison
de nous aider à remplir notre promesse électorale. C'est, tout
simplement, ce que j'avais à ajouter sur cette proposition, en
espérant que les gens de l'autre côté, quand nous voterons,
vont le
faire dans le sens du député de Lévis.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. Je
député de Lavioiette. Maintenant, je reconnais ie
député de Saint-Hyacinthe.
M. Messier: Merci. Si je me rappelle bien, au mois de
décembre 1985, le ministre des Finances annonçait dans ses
crédits, dans son budget, la reconduction de la subvention de 8000 $
jusqu'au mois de juin 1986, de sorte que la population était
déjà avisée de cette reconduction de la subvention et des
mécanismes qui étaient déjà en vigueur au moment
où nous avons pris le pouvoir. D'après moi, cela pourrait
créer un préjudice irréparable si je votais en fonction de
l'amendement qui est présenté par l'Opposition.
Je me rappelle très bien, le 2 novembre 1985, quand M. Bourassa
et M. Picotte étaient dans le comté de Saint-Hyacinthe pour
expliquer le programme électoral du Parti libéral, et j'ai le
texte ici de ce que M. Bourassa avait annoncé: Je vous annonce qu'enfin
le Parti libéral du Québec donnera le choix aux jeunes de la
relève entre un prêt sans intérêt de 50 000 $ pour
cinq ans ou une subvention à l'établissement de 15 000 $. De
sorte que le ministre de l'Agriculture, avec l'amendement ou avec son projet de
loi, ne fait que confirmer nos engagements électoraux et je crois que,
après juste six mois de travail intensif, le ministre de l'Agriculture,
M. Pagé, vient d'étoffer énormément la
crédibilité que le Parti libéral est en train de se faire
dans la population et face au producteurs agricoles et aux agricultrices. Je
vais voter contre la motion et je ne pourrai pas faire de tort aux gens qui
nous ont fait confiance.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Sainte-Hyacinthe. J'ai reconnu Mme la
députée de Kamouraska-Témiscouata. (16 h 30)
Mme Dionne: M. le Président, j'aimerais apporter seulement
quelques commentaires sur certains mots. Le député de Lavioiette
a mentionné "collaboratrice d'un époux"; je pense qu'on devrait
peut-être se situer comme collaboratrice dans une entreprise en
agriculture.. Je pense que c'est peut-être plus le terme, c'est moins
discriminatoire, si vous me permettez l'expression. J'aurais une rectification
à faire sur la discrimination dont on parlait tout à l'heure.
Pendant neuf ans, le député de Lévis a eu à
travailler dans le domaine de l'agriculture, justement.
Si on se rappelle bien, en mars 1979, il y a eu une modification
à la loi. À ce moment-là, aucun amendement n'a
été apporté pour donner aux femmes productrices ou en
agriculture le droit d'avoir la subvention qu'on offre maintenant. Quand
j'écoutais l'Opposition parler de discrimination envers les femmes en
agriculture, je pense que c'est tout nouveau. Je suis très contente de
savoir qu'ils sont dans l'Opposition maintenant et qu'ils s'occupent des femmes
en agriculture maintenant. On a attendu longtemps pour avoir quelqu'un qui s'en
occupe. Dans ce sens, je pense que le Parti libéral a répondu aux
attentes des femmes en agriculture. Je tiens à remercier le ministre
d'avoir agi aussi rapidement dans ce domaine.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, Mme la
députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
M. Pagé: On est prêt à voter, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très
bien.
M. Pagé: Tout simplement, comme dernier commentaire, en
réplique, je n'ai pas épuisé tout mon temps et je n'ai pas
l'intention de l'épuiser.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord, on vous
écoute, M. le ministre.
M. Pagé: C'est tout simplement pour vous dire que nous
respectons nos engagements avec beaucoup de diligence. À cet
égard, on livre la marchandise promise. On est plus expéditif
dans la réalisation de nos engagements électoraux que le
précédent gouvernement ne l'était. Il lui aura fallu
environ 17 ou 18 mois pour intervenir en fonction de ses engagements
électoraux formulés en 1981, au cours de la campagne
électorale.
Le député de Lavioiette se référait au
projet de loi 58. Le projet de loi 58 de mon honorable collègue de
l'Éducation vise, lui aussi, à corriger des situations
malheureuses, survenues à Montréal qui ont été
imposées par le précédent gouvernement.
Aux propos du député de Lévis qui se
référait au bon vieux principe de droit qui dit que le Parlement,
dans le cadre de sa juridiction, peut tout faire, qu'il peut même changer
un homme en femme, c'est vrai. Par contre, entre parenthèses, il y a
toujours quelques petites exceptions. Même si demain matin on
décidait de faire une loi pour changer le député de
Lévis en député libéral, je pense que cela ne
marcherait pas. D'ailleurs, je ne suis pas convaincu qu'on aurait la
majorité de notre côté.
M. Garon: Ce n'est pas certain.
M. Pagé: II faudrait voir. Ce que je veux vous dire, M. le
Président, c'est qu'il
ne nous apparaît pas opportun d'y aller sur une base
rétroactive, puisque des dispositions très claires, largement
diffusées, ont été faites en fonction d'une loi qui
s'applique jusqu'au 30 juin 1986. Nous sommes prêts à voter, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très
bien.
M. Pagé: II a encore le droit?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. Alors, M.
le député de Lévis.
M. Garon: Je dois dire que, pour le nouveau ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, le problème -
je vous comprends - c'est qu'il ne se rappelle pas la chronologie des
événements. Il n'était pas critique en matière
agricole, il était critique en matière de travail. S'il se
rappelle bien les élections du mois d'avril 19B1, le taux
d'intérêt, à ce moment-là, était de 14 % et,
au mois de juillet 1981, le taux était plutôt près de 21 %.
Il faut les avoir vécu, ces événements-là;
dès le printemps, quelques semaines après l'élection, on
avait la flambée des taux d'intérêt. Je dois vous dire que
la préoccupation des agriculteurs, ce n'était pas
l'établissement, c'était de sauver les entreprises existantes. Je
vous ferais remarquer qu'à ce moment-là il y a eu un budget
supplémentaire considérable en matière de crédit
agricole -le président de l'office pourrait confirmer cela au ministre -
et qu'en cette année 1981-1982 nous avons affecté environ 150 000
000 $, 148 000 000 $ ou 149 000 000 $, si ma mémoire est bonne, pour des
subventions d'intérêts. Le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation du Québec a sans doute
trouvé, à lui seul, autant de fonds que tous les ministres de
l'Agriculture des provinces, le ministre fédéral inclus, pour
aider à subventionner des intérêts, en 1981. Ce fut une
année qui a coûté très cher au gouvernement à
cause de la flambée des taux d'intérêt.
Si, au moment où les taux d'intérêt étaient
à plus de 20 %, le gouvernement avait essayé de se
dépêcher de favoriser l'établissement de jeunes, il aurait
été le premier à être blâmé par les
libéraux qui trouvaient qu'on était déjà trop
incitatifs. Il faudrait qu'il y ait un peu de cohérence dans le
discours. Nous avons conçu un projet de loi et nous en avons eu un
adapté aux besoins: 50 000 $ sans intérêt pendant cinq ans,
ce qui ferait que le taux d'intérêt pour les jeunes serait
très faible. C'est une idée qui a pris naissance dans le Parti
québécois, c'est pour cela que le secret a été
très bien gardé, il n'y avait personne dans le secret; on
était deux ou trois personnes dans le secret. Pourquoi? Parce que
c'était une mesure qui était très adaptée aux
besoins, d'avoir 50 000 $ sans intérêt pendant cinq ans. Ce
n'étaient pas les 8000 $ qui étaient la grosse
préoccupation puisque cela ne convenait pas; il faut se situer dans
l'époque: cela ne convenait pas du tout parce que les taux
d'intérêt étaient trop élevés.
Immédiatement, nous avons travaillé à un nouveau
projet de loi, la Loi favorisant l'établissement de jeunes agriculteurs;
cela apportait une aide considérable afin d'annuler le taux
d'intérêt qui était à plus de 20 %. Vous savez que
seulement les 50 000 $ sans intérêt pendant cinq ans, cela a
coûté, par prêt, en 1982-1983, 10 000 $ par année
parce que le taux d'intérêt était de 20 %, à toutes
fins utiles, pour les jeunes. Et, en 1984-1985, le taux d'intérêt
était encore très élevé. C'est simplement à
l'automne 1984 que le taux a commencé à fléchir pour la
peine. Cela veut dire, au fond, qu'il s'agissait là d'une mesure qui
avait été adoptée en tenant compte des besoins, en
n'incitant pas les jeunes agriculteurs... Au moment où les prêts
étaient à plus de 20 %, il faut dire que plusieurs associations,
même des associations religieuses - il y en avait notamment dans la
Mauricie, les jeunes chrétiens en agriculture - nous demandaient de ne
pas inciter les jeunes à s'implanter en agriculture.
Une voix: C'est vrai.
M. Garon: C'est pour cela qu'il faudrait que les propos de
l'actuel ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
coïncident un peu avec les propos du député de
Maskinongé, qui était le critique officie! à ce
moment-là. Il disait exactement le contraire de ce que dit le ministre
actuellement. Il nous critique sur des choses de 1981, 1982 et 1983 alors que,
durant ces années, il n'y a pas un gouvernement en Amérique du
Nord qui a soutenu ses agriculteurs dans la crise comme l'a fait le
gouvernement du Québec. À tel point que même le
député de Maskinongé, le critique en matière
agricole à ce moment-là, disait qu'on était trop
généreux. C'est quelque chose que de dire au gouvernement, quand
on est dans l'Opposition: Vous êtes trop généreux. Votre
plan d'assurance-stabilisation, vos programmes de crédit agricole et
d'assurance-récolte sont trop généreux. C'était
quelque chose d'entendre cela. Pardon?
M. Camden: Pas à l'égard des femmes, cependant.
M. Garon: Non. Je vous dis que, dès ce moment-là,
en 1982, nous avions pris la décision de ne plus appliquer cette loi. Il
y a eu des dispositions introduites dans la loi en
1982; en 1983, on y apportait un amendement afin de la proroger au 31
décembre 1985. Mais, le gouvernement, dès 1982, avait pris ia
décision de ne plus utiliser cette loi qu'on considérait
désuète et, au contraire, d'introduire une nouvelle loi pour
financer les jeunes agriculteurs; ce qui serait différent en vertu d'une
nouvelle loi qui a été adoptée en 1982, qui était
la Loi favorisant l'établissement de jeunes agriculteurs.
Je peux vous dire une chose: On aura l'occasion, au cours des prochaines
semaines et des prochains mois, de montrer aux jeunes ce qu'aurait
été une mesure du gouvernement du Parti québécois
s'il avait gagné les élections. Ceux qui pensent que, dans les
milieux ruraux, les gens ont voté libéral tant que cela, il
faudrait qu'ils révisent leurs chiffres; ils verront qu'ils ont
été élus beaucoup plus dans les villes que dans les
campagnes. Il y a même des comtés où c'est seulement...
Prenez le député de L'Assomption, il n'est pas ici, il peut
regarder ses bureaux de scrutin. Il verra qu'il n'y a pas beaucoup de villages
qui lui ont donné une majorité; je pense qu'il n'y en a pas un.
La députée de Kamouraska-Témiscouata pourra regarder aussi
ses bureaux de scrutin. Dans différents endroits, vous pourrez les
regarder et vous allez vous rendre compte que, dans les milieux ruraux...
M. Messier: Cela veut dire qu'on va gagner plus fort aux
prochaines élections?
M. Garon: Vous verrez qu'aux prochaines élections...
D'ailleurs, quand le député de Portneuf, le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, me dit que je ne sais
pas faire de l'opposition, qu'on pourrait être deux mandats dans
l'Opposition, je sais assez faire de l'opposition pour être seulement un
mandat dans l'Opposition.
M. Pagé: M. le Président, j'ai déjà
entendu de tels commentaires entre 1976 et 1981 de la part de collègues
qui siégeaient avec moi. Cela a duré quand même neuf
ans.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Maintenant que tout
le monde a fait son intervention, je vais relire l'amendement
proposé...
M. Pagé: M. le Président, je voudrais strictement
rappeler, parce que l'honorable député de Lévis a
parlé des comtés ruraux et que je suis d'un comté rural,
qu'il y a 148 bureaux de scrutin sur 148 où on a la majorité dans
Portneuf, M. le député. Est-ce que c'est le cas dans
Lévis? Avez-vous la majorité dans tous vos bureaux de scrutin
dans Lévis?
M. Jolivet: Même chez les Indiens, moi.
M. Pagé: Avez-vous la majorité dans tous les
bureaux de scrutin?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît, messieurs! On n'est pas ici pour régler des comptes
d'élections.
Alors, à l'article 10, je vais lire l'amendement qui a
été proposé. "Ajouter le deuxième alinéa
suivant à l'article 10: L'article 23 est aussi modifié par
l'insertion du deuxième paragraphe suivant: Cet article ne s'applique
pas aux demandes qui ont été formulées en vertu des
articles 2, 5 et 7, après le 2 décembre 1985.
M. Jolivet: Adopté. M. Pagé:
Rejeté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le ministre.
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous nous demandez
un vote enregistré?
M. Garon: S'il vous plaît!
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. Nous
allons faire un vote enregistré là-dessus. M. le
secrétaire, je vous demande d'appeler les membres.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé)?
M. Beaudin: Contre.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière)?
M. Camden: Contre.
Le Secrétaire: M. Desbiens (Dubuc)?
M. Desbiens: Pour.
Le Secrétaire: Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Contre.
Le Secrétaire: M. Farrah (tles-de-la-Madeleine)?
M. Farrah: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M, Garon: Pour.
Le Secrétaire: M. Jolivet (Laviolette)?
M. Jolivet: Pour.
Le Secrétaire: Mme Legault (Deux-Montagnes)?
Mme Legault: Contre.
Le Secrétaire: M. Messier (Saint-Hyacinthe)?
M. Messier: Effectivement contre.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Contre, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Iberville)?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Contre. Alors,
l'amendement est rejeté. On revient à l'article 10. Est-ce que
l'article 10 est adopté?
M. Pagé: Adopté.
M. Jolivet: Malheureusement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'article 10 est
adopté.
M. Pagé: À l'unanimité, M. le
Président?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui.
M. Pagé: Merci.
M. Garon: Non, sur division.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Sur division?
D'accord. Alors, l'article 10 est adopté sur division. Nous passons
maintenant à l'article 11.
M. Pagé: M. le Président, l'article 11 vise
à une modification de concordance. Il y est dit que "les subventions
prévues aux articles 5. 1, 16. 1 et 16. 3 sont payées par
l'office au fur et à mesure de la réalisation du programme
d'utilisation de la subvention visé à l'un ou l'autre de ces
articles, sur production à l'office de pièces justificatives
conformément aux règlements". Alors, c'est strictement de
concordance et je ne pense pas qu'un tel libellé puisse engendrer de
longs débats.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très bien.
Est-ce qu'il y a des interventions concernant l'article 11? Pas
d'intervention?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'article 11 est
adopté te! quel. L'article 12 maintenant.
M. Pagé: M. le Président, c'est une nouvelle
disposition qui dit: "La personne visée au premier alinéa est
déchue de son droit de recevoir tout versement non encore payé
à l'égard d'une subvention lorsque cette personne a cessé
durant plus de trois années consécutives de se conformer aux
exigences de la présente loi et des règlements. "
Alors, la loi actuelle prévoit une suspension d'au plus trois ans
du droit de recevoir des versements d'une subvention lorsque le
bénéficiaire cesse de se conformer à la loi sans
prévoir une déchéance de ce droit après trois ans.
L'amendement remédie è cette lacune de la loi actuelle.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
des interventions sur l'article 12?
M. Garon: Attendez un peu.
M. Pagé: Cette mesure a comme objectif de fermer le
dossier lorsqu'il doit être fermé, alors qu'actuellement c'est
strictement une suspension.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Mesure
administrative.
M. Pagé: C'est cela. Je suis persuadé que mes
honorables collègues de Lévis et de Laviolette, mon bon voisin,
que j'apprécie beaucoup, car j'ai toujours eu comme principe qu'il vaut
mieux avoir un bon voisin qu'un parent qui reste au loin, vont voter pour. (16
h 45)
M. Jolivet: Un bon voisin?
M. Pagé: Cela va?
M. Garon: M. le Président...
M. Pagé: Cela ne va pas.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous
écoute, M. le député.
M. Garon: Je ne vois pas trop l'utilité de mettre cela,
parce qu'il y a déjà l'article 27 qui suspend le droit d'une
personne qui ne se conforme pas aux exigences de la présente loi et des
règlements. Là, si on dit pendant trois ans, il peut arriver des
difficultés. On dit que, si la personne n'a pas satisfait aux
obligations pendant trois ans, elle est déchue de son droit.
M. Pagé: C'est la LEJA.
M. Garon: Oui, mais cela ne fait rien.
M. Pagé: Ah!
M. Garon: Dans la LEJA, on n'a pas les mêmes dispositions.
Dans la LEJA, il s'agit d'une entreprise. Elle évalue l'entreprise et
tout est pensé en fonction d'une entreprise. Là, les dispositions
sont conçues en fonction d'une corporation, en fonction d'une structure
juridique, et les problèmes qui peuvent survenir dans cette structure
juridique peuvent être dus uniquement à la structure juridique.
Cela peut ne pas être nécessaire' ment une question d'entreprise
et les dispositions que l'on met ici peuvent être beaucoup plus
sévères. Le cadre juridique dans la Loi favorisant
l'établissement de jeunes agriculteurs n'est pas fondamental. Au fond,
c'est la viabilité de l'entreprise qui est importante, tandis qu'ici il
peut survenir toutes sortes de problèmes au point de vue de la structure
juridique de l'entreprise, puisque c'est le véhicule qui est fondamental
dans toute cette affaire, le véhicule, avec les participations 20-20-20,
avec toutes sortes de mécanismes qui sont prévus dans cette loi
concernant le véhicule. Je me dis que, si on avait pensé que
c'était nécessaire, on aurait fait un amendement comme celui'
là dans cette loi. Je pense que c'est très sévère,
par rapport au type de loi dans lequel on se trouve, favorisant la mise en
valeur de l'exploitation agricole, d'avoir une telle disposition. Si le
ministre y tient absolument, on l'adoptera sur division.
M. Pagé: D'accord, M. le Président. On va se
convier à cet exercice. En fait, tout ce qu'on souhaite, c'est de ne
plus avoir, avec ie versement d'une subvention qui est suspendu, une jambe sur
l'escalier de la suspension et l'autre jambe nulle part. On ne peut pas
déclarer déchu le versement des sommes additionnelles et cela,
après trois ans consécutifs. C'est donc dire que, dans le cas
d'un établissement, on établit un plan de développement
et, tout à coup, on n'a plus de nouvelles pendant trois ans.
Malgré le commentaire du député, on va exactement dans le
sens des dispositions de la LEJA qui peuvent s'appliquer pour un individu ou
pour un groupe, la même chose.
M. Garon: Non. Ici, voyez-vous, on dit "a cessé",..
M. Pagé: Je suis prêt à ce qu'il soit
adopté sur division puisque...
M. Garon: J'aimerais ajouter quelque chose.
M. Pagé: Allez!
M. Garon: Ce n'est pas la même chose dans la LEJA, les gens
le savent et le disaient, d'ailleurs, ouvertement dans le temps. Même les
fonctionnaires de l'office disaient que la Loi favorisant
l'établissement de jeunes agriculteurs ne forçait pas, n'incitait
pas à créer de grands ensembles. Elle était beaucoup plus
un véhicule adapté pour une ferme dont le nombre des personnes
serait limité. Tandis que la loi actuelle sur la mise en valeur des
exploitations agricoles favorise les fermes de groupe, de plus grands groupes,
avec quatre ou cinq partenaires. Il peut y avoir des conflits entre les
partenaires qui peuvent bloquer, temporairement, l'entreprise parce que les
gens ont des divisions. Il y a des apports de capital qui vont être
différents. Il y a toutes sortes de formulations et il ne faut pas qu'un
des partenaires baisse en bas de ses 20 %.
Cette disposition, dans cette loi-là, est beaucoup plus
sévère qu'une telle disposition dans la Loi favorisant
l'établissement de jeunes agriculteurs. Vous savez, quand j'ai mis en
place la Loi favorisant l'établissement de jeunes agriculteurs, la
principale critique qui était formulée - c'était
peut-être pas la seule, mais en tout cas c'était disons la
principale - c'était qu'elle ne favorisait pas des grands groupes.
J'étais contre parce que beaucoup de gens nous disaient: II faut faire
attention pour ne pas s'en aller vers des fermes de type industriel, même
si la juxtaposition de personnes individuelles est un critère de base
pour établir la grandeur de la ferme. On s'est déjà
essayé à établir ce qu'était une ferme familiale.
M. Moreau se rappellera sûrement qu'aux comités que j'avais mis en
place pour discuter de ces questions, on arrivait à des chiffres
faramineux. S'il fallait multiplier ces chiffres que certains nous proposaient
comme ferme familiale par quatre ou cinq, on arrivait quasiment avec la
même ferme qui pouvait acheter le rang au complet ou, dans certains cas,
acheter le village au complet.
Dans la Loi favorisant l'établissement de jeunes agriculteurs, on
n'a pas essayé de forcer un regroupement qui irait au-delà d'un
certain niveau. C'est pour cela que les 50 000 $ sans intérêts
pendant cinq ans n'avaient pas de multiples, mais c'était une bonne
subvention au taux d'intérêt qu'il représentait. Comme
cette loi-là favorise les multiples - elle est très incitative
pour les multiples, ne nous trompons pas - on va favoriser des entreprises
très grandes avec cette loi. Ah, on verra. Vous allez voir! On verra ce
qui va arriver. Ce qui va arriver, c'est qu'une disposition comme
celle-là va faire que, dans des structures juridiques de groupe,
où des gens ont des dissensions, des difficultés de toute nature
pourront arriver. Sur une ferme où il y a deux ou trois groupes, il peut
y avoir des difficultés importantes - surtout s'il y a eu quatre
multiples de 15 000 $, c'est-à-dire 60 000 $
- à ne pas leur donner plus de trois ans pour se réajuster
dans les difficultés qui peuvent arriver, de même que dans les
types de difficultés qu'on peut connaître si les taux
d'intérêt deviennent élevés et durent longtemps.
Cela peut changer toute la nature de l'entreprise parce qu'on sait que plus
l'entreprise est grosse, plus elle est vulnérable en période de
haut taux d'intérêt, en période de difficultés
économiques. Je peux vous le dire pour l'avoir enseigné assez
longtemps, tous les auteurs disent la même chose. Dans le domaine du
développement économique, durant une période
économique difficile, les gros souffrent beaucoup plus que ies petits
parce que les entreprises ont de la difficulté à demeurer en
place. On a vu à quel point, par exemple, des grandes entreprises comme
Dome Petroleum, qui était un géant, qui progressait comme un
navire amiral sur l'océan des mers, aussitôt que les taux
d'intérêt ont remonté, les banques sont arrivées et
les ont obligées à restreindre leurs activités. Elles ne
peuvent pas s'en tirer facilement, tandis que, dans les petites entreprises,
les gens peuvent s'ajuster beaucoup plus facilement. C'est pourquoi je pense
que cette disposition est mal adaptée au type de loi qu'est la mise en
valeur des exploitations agricoles.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Voulez-vous
conclure, s'il vous plaît?
M. Garon: J'ai conclu.
Le Président (M. Tremblay, Iberville}: Vous avez conclu?
Très bien.
M. Garon; C'est pourquoi nous voterons contre cette
disposition.
M. Jolivet: Bien oui, c'est évident.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, l'article 12
est adopté sur division.
M. Jolivet: Sur division.
M. Garon: Est-ce qu'on peut avoir un vote enregistré, s'il
vous plaît?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Pas de
problème. Monsieur, voulez-vous appeler les membres pour le vote?
Le Secrétaire: M. Beaudin? M. Beaudin: Pour.
Le Secrétaire: M. Blais, absent. M. Camden?
M. Camden: Pour.
Le Secrétaire: M. Desbiens, absent.
Une voix: Non, il est là. M. Desbiens: Contre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II est contre.
Le Secrétaire: Mme Dionne?
Mme Dionne: Pour.
Le Secrétaire: M. Dubois?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II n'est pas
ici.
Le Secrétaire: M. Farrah. M. Forget (Prévost) ou
madame?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. Forget.
M. Forget: Pour.
Le Secrétaire: M. Garon?
M. Garon: Contre.
Le Secrétaire: "M. Berthier", non M. Houde?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II n'est pas
ici.
M. Pagé: M. Houde, M. le Président, c'est "M.
Berthier".
Le Secrétaire: M. Jolivet?
M. Jolivet: Contre.
Le Secrétaire: M. ou Mme Legautt?
M. Pagé: Mme Legault.
Mme Legault: Pour.
Le Secrétaire: M. Messier. M. Perreault n'est pas
là. M. Tremblay?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Pour.
Le Secrétaire: M. Pagé? M. Pagé:
Pour.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Avez-vous
nommé Mme Dionne? Oui? Très bien.
Alors, le résultat est 7 pour, 3 contre. Adopté.
Des voix: Encore.
Annulation du droit de recevoir les versements non
payés d'une subvention
M. Pagé: L'article 13, M. Je Président, vise
à ajouter après l'article 27 de nouvelles dispositions. C'est
qu'on a constaté qu'en vertu de la loi actuelle il ne pouvait y avoir
annulation du droit d'une personne à qui la subvention était
accordée. Un exemple concret: Une personne communiquait avec l'office
pour lui indiquer qu'elle n'avait plus l'intention de donner suite à la
subvention demandée, dans les cas où une personne
décédait, qu'elle cessait de se conformer aux exigences de la loi
ou des règlements. Alors, les nouvelles dispositions devraient, selon
moi, recevoir l'appui unanime des membres autour de cette table parce qu'elles
visent des cas où le ministre peut, sur la recommandation de l'office -
cela va de soi, après analyse du dossier - annuler le droit d'une
personne à qui une subvention a été accordée de
recevoir les versements non payés de cette subvention.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très bien.
Est-ce qu'il y a des interventions sur cet article 13?
M. Pagé: Sensiblement, on reproduit en droit,
légalement, une situation qui prévaut dans la LEJA, à
l'article 22.
M. Garon: L'avez-vous? Je ne l'ai pas avec moi. Pourriez-vous
nous lire l'article 22?
M. Pagé: "Le ministre peut, à la demande de
l'office, annuler le droit d'une personne physique ou d'une exploitation de
groupe è qui une subvention a été accordée de
recevoir les versements non payés à l'égard de cette
subvention lorsque: 1° cette personne ou cette exploitation de groupe
refuse de recevoir le paiement de cette subvention; - ou qu'elle indique
qu'elle n'est plus intéressée à continuer - 2° le
prêt pour lequel elle a été accordée n'est pas
conclu; 3° l'acte constatant le prêt ou l'acte en vertu duquel le
prêt est assumé est annulé ou résilié avant
qu'un versement de cette subvention n'ait été effectué.
"
Motion proposant que l'annulation ne s'applique pas en
cas de décès
M. Garon: C'est ce que je pensais. Je voudrais faire une
proposition d'amendement, M. le Président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, je vous
écoute.
M. Garon:... pour enlever de l'article 27. 1 proposé le
deuxième paragraphe où on trouve le mot
"décède".
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Le deuxième
paragraphe?
M. Garon: Ou le deuxième alinéa.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'alinéa,
d'accord.
M. Pagé: Oui, c'est cela.
M. Garon: Le deuxièmement, si vous voulez.
Le Président
(M. Tremblay, Iberville): D'accord. II
y a une proposition d'amendement pour enlever le numéro deux:
"décède".
M. Garon: Lorsque...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions là-dessus?
M. le ministre, est-ce que vous voulez intervenir là-dessus, soit
d'enlever le deuxièmement: "décède"?
M. Pagé: M. le Président...
M. Garon: Sur la recevabilité, d'abord et, ensuite, on
parlera de la motion.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): La
recevabilité, cela va, il n'y a pas de problème pour cela.
M. Garon: D'accord. Je vais parler.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Elle est
recevable.
M. Garon: Une personne a qualifié une ferme sur laquelle
elle s'est établie et la ferme a pris des décisions en tenant
compte que cette subvention a été accordée. À ce
moment-là, dans une entreprise qui fonctionne, qui est
déjà sans doute assez pénalisée par la mort de la
personne, je pense qu'on n'a pas vraiment besoin de cette disposition parce
que, si le programme n'est pas réalisé, les paiements ne seront
pas faits. Si le programme est réalisé, il y a des engagements,
il y a sans doute eu des contrats d'effectués. Je pense que cela
pénaliserait beaucoup trop l'entreprise. Normalement, c'est le conjoint
du cujus ou du défunt. Il ne faudrait pas, à ce moment-là,
pénaliser davantage l'entreprise parce que la personne à qui la
subvention a été accordée est
décédée. On ne devrait pas annuler le droit de recevoir
les versements non payés de cette subvention si cette personne est
décédée alors que l'entente est signée avec
l'office et qu'en plus le programme est réalisé. Là, c'est
toute l'entreprise qui est pénalisée.
(17 heures)
Il me semble qu'à ce moment-là les droits de la personne
décédée vont se retrouver dans sa succession. Il me semble
qu'on ne devrait pas agir rétroactivement, en quelque sorte, pour
pénaliser un couple dont la personne qui a qualifié la subvention
est décédée. II me semble que cela ne correspondrait
pas...
Les autres parties, par ailleurs, quand on dit: lorsque cette personne
en fait la demande ou cesse de se conformer aux exigences de la présente
loi ou des règlements, sont suffisantes, à mon avis, pour couvrir
l'ensemble de la question. Si les exigences de la loi ou des règlements
- le programme est inclus et couvert par cela -et du programme qui a
été convenu avec l'office ne sont pas réalisées,
les paiements ne sont pas faits de toute façon. Il ne faudrait pas
pénaliser la succession du défunt et surtout, sans doute, l'autre
conjoint parce que le conjoint décédé viendrait mettre
l'autre en difficulté financière. Il y aura déjà
une perte assez grande du fait que la personne est
décédée. Il s'agit à ce moment-là de
personnes qui ne sont pas très âgées, qui se sont
établies, il ne s'agit pas de cas qui peuvent être très
fréquents non plus. Il me semble ce serait pénaliser trop
fortement les personnes.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Garon: C'est la raison de l'amendement que j'ai
formulé.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Si vous le voulez,
M. le ministre aurait des mises au point à faire là-dessus.
M. Garon: Oui.
M. Pagé: M. le Président, la raison de
l'introduction du "2°" dans l'article 27. 1 visant à ce que l'office
puisse régulariser des situations dans le cas d'une personne
décédée, on doit dire, M. le Président, que
l'article 27. 1 doit se lire en fonction de l'article 26. Je ne l'avais point
lu parce que je tiens pour acquis que le législateur est censé
connaître la loi. L'article 26 dît ceci: "Subvention et paiement
des versements au cas de décès. Lorsqu'une personne
décède après avoir fait la demande d'une subvention, telle
subvention peut être accordée même après ce
décès, et, dans ce cas ainsi que dans le cas où la
subvention aurait été accordée avant ce
décès sans cependant avoir été
déboursée en totalité ou en partie, le paiement de ladite
subvention ou de tout solde non déboursé sur celle-ci, selon le
cas, peut être effectué en faveur de toute personne qui, de l'avis
de l'office, est en mesure de continuer adéquatement l'exploitation de
la ferme du défunt. " Cela veut dire que les héritiers du de
cujus, son conjoint... Il arrive et il est même relativement
fréquent que l'office ait à faire face à un dossier comme
celui-là d'une personne. décédée et l'office agit,
somme toute, en bon père de famille. Il juge le dossier, l'analyse et,
si les héritiers du de cujus ont comme objectif de poursuivre, bien
souvent, il n'y a pas de changement, la subvention est versée.
Quel est l'intérêt donc d'ajouter 27. 1? Là,
peut-être que certains collègues diront: A ce moment, c'est
suffisant, c'est assez. C'est qu'il n'existe aucune mesure dans la loi
permettant au ministre, sur la recommandation de l'office, de dire que tel
dossier où la personne est décédée est
fermé. Si le député de Lévis et le
député de Laviolette m'écoutent bien, ils vont bien
comprendre la situation, je vais vous donner un exemple. Une personne est
célibataire, elle répond aux critères, elle a moins de
quarante ans, etc., elle exploite une ferme. La personne décède.
La subvention avait été autorisée, partiellement
versée. Il n'y a aucun moyen législatif en vertu duquel l'office
peut fermer ce dossier. Ce n'est pas dans beaucoup de cas, ce sont seulement
quelques cas, mais, par souci d'efficacité, l'office m'a prié
d'inclure ces dispositions dans le projet de loi et je les ai acceptées
de façon que des dossiers qui traînent soient
régularisés, purement et simplement. Il faut toujours avoir
à l'esprit que l'article 27 doit se lire en tenant compte des
dispositions prévues à l'article 26 qui permettent à
l'office... D'ailleurs, l'office le fait. L'office traite ces dossiers de
personnes décédées dans le sens des objectifs auxquels se
référait le député de Lévis tout à
l'heure, cela va de soi.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre. M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: J'essaie de comprendre le ministre. L'article 27. 1
dit: "Malgré les articles 26 et 27, le ministre peut, sur la
recommandation de l'office, annuler le droit d'une personne à qui une
subvention a été accordée de recevoir les versements non
payés de cette subvention lorsque cette personne: 2°
décède. "
L'argumentation du ministre est basée, comme il le dit
très bien, sur l'article 26 qui se lit comme suit: "Lorsqu'une personne
décède après avoir fait la demande d'une subvention, telle
subvention peut être accordée même après ce
décès, et, dans ce cas ainsi que dans le cas où la
subvention aurait été accordée avant ce
décès sans cependant avoir été
déboursée en totalité ou en partie, le paiement de ladite
subvention ou de tout solde non déboursé sur celle-ci,
selon le cas, peut être effectué en faveur de toute
personne qui, de l'avis de l'office, est en mesure de continuer
adéquatement l'exploitation de la ferme du défunt. "
Donc, voici la question qu'il faut se poser: L'article 26, tel que
libellé actuellement dans la Loi favorisant la mise en valeur des
exploitations agricoles, n'est-il pas suffisant en lui-même? Ce que le
ministre semble vouloir par sa proposition, c'est, sur recommandation de
l'office, annuler le droit, faire en sorte, finalement, d'arrêter le cas
au moment du décès, de fermer le dossier, comme il l'a dit, si
j'ai bien compris, alors qu'une personne pourrait prendre la succession et
être eapable de la mener à terme. J'aimerais bien comprendre,
peut-être que j'ai mal compris. Ce que j'ai cru comprendre, c'est qu'il
faut permettre à l'office de fermer un dossier; sinon, il resterait
toujours ouvert si on n'a pas l'amendement proposé par le ministre,
alors que l'article 26, tel que libellé, permettrait à quelqu'un
qui, en vertu de cet article, pourrait continuer adéquatement
l'exploitation de la ferme du défunt de le faire.
Est-ce qu'il n'y a pas un danger - c'est peut-être là la
question - que l'office, avant même que quelqu'un ou même si
quelqu'un a fait une présentation dans le sens de pouvoir continuer,
parce qu'il est l'héritier, que c'est l'épouse ou peu importe la
personne qui aura à continuer, qui sera en mesure de continuer
l'exploitation... Parce que la personne décède, qu'elle soit, dit
M. le ministre, une personne célibataire ou une personne mariée,
cette personne qui a la succession se verrait incapable de poursuivre, parce
que, sur recommandation de l'office, le ministre pourrait annuler le droit
d'une personne à qui une subvention a été accordée
de recevoir les versements non payés lorsque cette personne
décède.
Je vais essayer de bien comprendre. Peut-être que je n'aurai pas
de questions additionnelles à la suite de cela, mais j'ai de la
difficulté à concilier cela avec le droit d'une personne,
étant un successeur, un héritier légal, de pouvoir
continuer. M. le ministre pourrait peut-être me répondre.
M. Pagé: Essentiellement, l'article 26 prévoit que
l'office peut continuer et verser la subvention. Cependant, l'article 26 ne
donne pas le droit à l'office de fermer le dossier, d'indiquer que le
dossier est fermé et que la subvention ne sera pas versée. Alors,
les dispositions de l'article 26 sont maintenues. L'office, dans le cas du
décès d'une personne admissible è une subvention et qui a
été confirmée ou qui a commencé à toucher
à la subvention, pourra recommander...
M. Jolivet: De continuer.
M. Pagé:... la poursuite et le versement de la
totalité du montant de subvention auquel le de cujus avait droit.
Cependant, l'article 27 confère le pouvoir à l'office,
guidé par l'article 26, cela va de soi, de fermer purement et simplement
le dossier et d'annuler le droit d'une personne au bénéfice de la
succession. Exemple, dans le cas qu'on a dans le moment, une personne s'est
portée acquéreur d'une ferme. Elle a fait une demande. Elle a
reçu une partie de la subvention. La personne est
décédée. Houp! la ferme est achetée par un
"intégrateur". Qu'est-ce qui arrive? L'office n'a pas le pouvoir, en
vertu de la loi, de mettre fin au versement de la subvention. Ce sont des
dossiers qui demeurent en suspens et qui sont susceptibles de demeurer en
suspens ad vitem aeternam.
M. Jolivet: Est-ce que je comprends le ministre en disant que les
montants d'argent qui étaient non versés, à ce
moment-là, ne sont, au fond, versés à personne? Ils ne
peuvent pas être versés à "l'intégrateur" parce que
ce n'est pas l'héritier légal.
M. Pagé: C'est cela.
M. Jolivet: L'argent n'est plus là, il n'est plus
utilisé. Que se passe-t-il à ce moment-là?
M. Pagé: Actuellement, c'est suspendu pour trois ans.
M. Jolivet: Après trois ans, il disparaît?
M. Pagé: C'est cela. M. Jolivet: Bon.
M. Pagé: En vertu de l'article 27, dès le moment
où l'office constate qu'il n'apparaît pas opportun de verser le
complément du montant subventionné, il pourra intervenir - et
pour cause - et recommander au ministre d'annuler le droit de recevoir la
subvention. Ce n'est pas plus compliqué que cela. Il ne faut pas voir
des choses graves partout.
M. Jolivet: Écoutez, je veux seulement savoir.
M. Pagé: II s'agit strictement de lui accorder le
droit.
M. Jolivet: Non, je veux seulement poser des questions et savoir
à quoi m'en tenir. Si j'ai des questions sur une chose semblable, je
vais savoir quoi répondre, ainsi que les députés qui nous
écoutent.
M. Pagé: Exactement, cela me fait
plaisir.
M. Jolivet: La question qui surgit est la suivante: Si une
personne prétend être l'héritier légal d'une telle
personne et que pour des raisons diverses la ferme est achetée par une
autre personne et qu'elle le conteste légalement, actuellement,
l'article 27 permet de maintenir le dossier ouvert pendant au moins trois ans;
au bout de trois ans, des appels devront être faits quelque part pour
fermer le dossier de façon définitive. Si quelqu'un a
entamé des procédures, il faut quand même donner un certain
temps à cette personne pour faire valoir son point légalement.
Vous êtes avocat, vous savez que, parfois, présenter des causes
devant des juges, cela peut prendre un bout de temps. À ce
moment-là, la personne, avant même de connaître les droits
qu'elle a, pourrait intervenir contre une autre personne de la succession qui
aurait vendu des choses sans son accord et, en fin de compte, perdre tous ses
droits parce que l'office a décidé, après avoir
analysé à sa façon, avec les éléments de
connaissance qu'il avait du dossier - non pas de mauvaise façon, mais je
dis avec la connaissance du dossier qu'il a à ce moment-là - de
poser des gestes qui pourraient être préjudiciables à une
personne. Je ne pense pas que ce soit ce que le ministre et l'office
recherchent.
M. Pagé: D'ailleurs, il faut quand même avoir
à l'esprit que la subvention est versée pour des
améliorations à la ferme. D'accord? Dans le cas où
seulement une partie de la subvention a été versée, c'est
parce qu'une partie seulement du plan de développement a
été réalisée. Dans le cas d'une personne qui
décède, pour que la subvention puisse être versée en
fonction de l'article 26, l'office va prendre en considération si
l'acquéreur de la ferme, à la suite du décès, va
réaliser et compléter le plan de développement
déposé initialement. Ce n'est pas une situation où
quelqu'un se promène avec un testament et dit à l'office; J'ai
droit au versement final, à la dernière tranche de subvention qui
aurait dû être versée; ce n'est pas cela. La dernière
tranche de la subvention est toujours en fonction de la réalisation du
plan de développement proposé initialement par la personne
décédée avant de bénéficier de la
subvention. Pour nous, cela paraît très clair. L'article 26 donne
le pouvoir à l'office de verser la subvention. L'article 27 lui donne le
pouvoir de fermer le dossier et de recommander au ministre l'annulation de la
subvention préalablement confirmée. Ce n'est pas plus grave que
cela et c'est pour un souci d'efficacité. Ces dossiers demeurent en
suspens pendant un bon bout de temps et les crédits ainsi votés
demeurent là, sans être utilisés pendant un bon bout de
temps, c'est important aussi.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, d'abord, le ministre a
commencé en disant qu'il y avait une disposition semblable dans la Loi
favorisant l'établissement de jeunes agriculteurs que nous avons fait
voter en 1982. Vérification faite, il n'y a pas de telle disposition
concernant une personne décédée.
M. Pagé: Je parlais des dispositions 3° et 1°.
M. Garon: Oui. Je n'ai aucune objection concernant les autres
dispositions. Vous avez remarqué une certaine cohérence, de
mémoire, sans avoir vérifié le texte de loi. L'amendement
disait la même chose que ce que j'avais fait dans le temps. Pourquoi?
Parce que, dans le cas d'un décès, cette disposition n'est pas
vraiment nécessaire. La preuve, c'est que l'office a fonctionné
pendant 17 ans sans cette disposition et que, dans la Loi favorisant
l'établissement de jeunes agriculteurs, il n'y a pas de disposition
concernant le décès. Pourquoi en ajouter une à ce
moment-ci alors que les articles 26 et 27 sont suffisants et que l'office n'a
pas besoin d'un article 27. 1 dans le cas du décès d'une personne
à qui une subvention a été accordée? Nous croyons
que cette disposition est inutile et que les pouvoirs qu'a l'office
déjà sont suffisamment grands en vertu de l'article 26 puisqu'on
dit bien que "le paiement de ladite subvention ou de tout solde non
déboursé sur celle-ci, selon le cas, peut être
effectué en faveur de toute personne qui, de l'avis de l'office, est en
mesure de continuer adéquatement l'exploitation de la ferme du
défunt. "
Comme l'amendement qui est proposé, qui insère un nouvel
article 27. 1 dit que le ministre peut, malgré les articles 26 et 27,
sur la recommandation de l'office, "annuler le droit d'une personne à
qui une subvention a été accordée de recevoir les
versements non payés de cette subvention lorsque cette personne en fait
la demande. " ou encore: "3° celui de se conformer aux exigences de la
présente loi ou des règlements", à ce moment-là,
l'office pourra toujours demander à la succession du défunt,
à la personne qui continue la personne du défunt, de lui en faire
la demande pour liquider le dossier. Cela va donner l'avantage à
l'individu qui continue la personne du défunt de
bénéficier... Oui, il pourra dire à ce moment-là
qu'il ne veut pas s'en prévaloir ou encore qu'il cesse de se conformer
aux exigences de la loi ou des règlements et le programme est inclus
là-dedans. Au fond, à ce moment-là, il n'aura pas droit
à des subventions.
Je comprends que, pour la beauté, pour l'esthétique... On
pense habitueilement au député de Beauce-Sud, quand il parle de
l'esthétique. Moi, je pense qu'il n'est pas nécessaire à
ce moment-ci de mettre tout le monde dans le même moule et que la
disposition ne nécessite pas d'inclure le cas d'une personne
décédée a qui une subvention a été
accordée.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions?
M. Pagé: M. le Président, si je prends l'exemple
qui m'est donné par le député de Lévis, cela
voudrait dire que, dans le cas dont je donnais l'exemple tout à l'heure
où la personne décède et que la ferme appartenant au de
cujus est acquise par un "intégrateur", il faudrait que l'office
communique avec "l'intégrateur" pour lui dire de faire la demande afin
qu'on mette fin à la subvention. Du tout. L'office n'a pas le droit d'y
mettre fin avant trois ans. On a plusieurs dossiers en suspens comme cela. On
est en train de faire la compilation...
M. Garon: Depuis quand? M. Pagé: Depuis longtemps.
M. Garon: J'ai été là pendant plusieurs
années et je n'ai jamais entendu dire qu'il y avait un problème
là.
M. Pagé: J'ai fait le tour de mon jardin. J'ai
fouillé»
M. Garon: Vous avez fait le tour de votre jardin. Je comprends
que votre première préoccupation a été de voir le
problème des personnes décédées.
M. Pagé: Non, non. On s'est assis avec l'office...
M. Garon: J'imagine cela, oui.
M. Pagé:... et on a dit: Quels sont vos problèmes?
On m'a fait part qu'entre autres cela en était un et qu'on devrait
profiter des modifications à la loi favorisant la mise en valeur pour
régulariser cette situation où l'office, en vertu de l'article
26, avait le pouvoir de poursuivre le versement de la subvention, mais n'avait
pas le pouvoir d'y mettre fin légalement, formellement. Ce n'est pas
plus grave que cela. Et vous êtes favorables, vous autres qui avez
été membres d'un conseil de ministres, à ce que le dossier
qui peut être fermé traîne pendant trois ans. Voyons donc!
Cela n'a pas de bon sens. M. le Président, on va être prêt
à voter.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
d'autres intervenants?
M. Pagé: On va voter sur l'amendement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Sur l'amendement.
Est-ce qu'on est prêt à voter sur l'amendement? Il n'y a pas
d'autres interventions? Non? M. le ministre, vous demandez que soit
rejeté l'amendement?
M. Pagé: Oui, oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'amendement est
rejeté.
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Non.
Rejeté.
M. Pagé: L'article est adopté sur division.
M. Garon: D'accord. L'article vient après.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'amendement est
rejeté.
M. Pagé: C'est un bel effort.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Nous revenons
è l'article 13 comme tel. Est-ce que l'article 13 est adopté?
M. Pagé: Adopté, M. le Président. M.
Garon: Sur division.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté sur
division.
M. Pagé: M. le Président, avant d'arriver à
l'article 14, compte tenu de l'heure et que je dois me rendre au Conseil des
ministres, je vous prierais de suspendre nos travaux. J'avais
espéré qu'on puisse compléter pour 17 heures l'ensemble de
l'étude du projet de loi article par article. Il nous apparaît que
c'est impossible. Je dois me rendre au Conseil des ministres; alors, surtout
compte tenu que j'ai une rencontre qui doit se tenir vers 19 h 30, 19 h 45, je
vous prierais de suspendre les travaux jusqu'à 21 heures.
Le Président {M. Tremblay, Iberville): D'accord.
Considérant que vous ne pouvez pas être présent
jusqu'à 21 heures ce soir, en vertu de l'article 44, je suspends les
travaux jusqu'à 21 heures ce soir.
(Suspension de la séance à 17 h 21)
(Reprise à 21 h 25)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): l'ordre, s'il vous
plaît! Messieurs, je déclare la séance de la commission de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation ouverte. Nous
reprenons.
Réglementation
M. Pagé: M. le Président, article 14. Les
dispositions de l'article 29 de la loi prévoyaient que l'office pouvait
édicter tous les règlements conciliables avec les dispositions de
la présente loi. Or, la nouvelle formulation de l'article 29 permet de
préciser le pouvoir d'édicter les règlements pour
l'application de la loi et de confier ce pouvoir exclusivement au gouvernement.
Pour celui ou celle qui n'a pas un oeil averti le pouvoir réglementaire
prévu au nouvel article 29 du projet de loi 71 peut paraître
très exorbitant. Or, il n'en est pas du tout ainsi. Il s'agit de changer
trois phrases, trois lignes dans le précédent article 29, pour
des précisions additionnelles dans le sens de la nouvelle technique ou
de la technique mise à jour proposée par le comité de
législation au regard du pouvoir réglementaire utilisé par
un membre du Conseil des ministres. La technique de libellé ou de
"textualisation", si je peux utiliser le terme, d'un tel pouvoir
réglementaire prévoit que, dans chacun des projets de loi, le
ministre à qui est conféré un pouvoir d'intervenir par
règlement doit préciser la portée des règlements
à l'appui de chacun des aspects de la loi qu'il entend ou qu'il peut, en
vertu de ladite loi, adopter. Ce qui témoigne de plus d'ouverture, plus
de précision, plus de transparence que la disposition
générale et globale du précédent article 29.
Après ce commentaire, nous sommes prêts à
procéder à l'adoption de l'article 14. Merci.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
d'autres interventions concernant l'article 14? M. le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Messier: II n'y a pas d'intervention du côté
ministériel.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
des interventions à ma gauche?
M. Garon: J'ai écouté avec un peu de
stupéfaction l'énoncé du ministre, puisque tout le monde
sait que le gouvernement a du à plusieurs reprises au cours des
dernières années, lorsqu'il était dans l'Opposition, le
Parti libéral, dis-je, mentionnait qu'il voulait réduire le
pouvoir réglementaire pour une plus grande transparence, et j'entends le
ministre de l'Agriculture dire qu'il va y avoir un plus grand pouvoir
réglementaire, pas une plus grande transparence.
M. Pagé: Question de règlement.
Premièrement, ce n'est pas ce que j'ai indiqué. Le
député n'a peut-être pas compris, mais j'ai indiqué
que c'est davantage transparent de procéder de cette façon,
puisque le législateur prévoit, par l'article 29, que chacun des
aspects ou chacun des articles en vertu duquel le ministre peut agir par
règlement doit être prévu de façon exhaustive, et
c'est ce qu'on fait à l'article 29. C'est évident que si on se
limite à voir le nombre de lignes écrites, cela nous
apparaît très exorbitant, mais ce n'est pas le cas. C'est beaucoup
plus transparent que la disposition antérieure de l'article 29, qui
donnait un pouvoir général global au ministre d'intervenir.
Deuxièmement, je peux vous dire que le précédent
gouvernement avait commencé à témoigner un peu de
transparence dans la LEJA où, essentiellement, les dispositions de
l'article 17, adopté par mon prédécesseur, alors qu'il
était titulaire du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, définissent de façon
exhaustive, tout comme je le fais pour l'article 29, le pouvoir
réglementaire qui est conféré au gouvernement et, par
conséquent, au ministre.
À la lumière de ces éléments, j'étais
en droit de m'attendre que dès 9 h 2 l'article serait adopté.
J'ai constaté, dans un premier temps, que mon honorable collègue
avait été retardé, et, dans un deuxième temps, je
présume qu'il aura quelques questions.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je dirai, avec délicatesse, que depuis que le
ministre m'a demandé de changer les heures des commissions
parlementaires, j'ai accepté et je n'en ai jamais fait état. S'il
veut procéder de cette façon, cela m'est complètement
égal, mais, à l'avenir, on suivra les heures de la Chambre et il
n'y aura pas d'entente ou d'arrangement. À ce jour, je n'ai, à
aucun moment, mentionné que le ministre était en retard, je n'y
ai fait aucune allusion, et si le ministre veut procéder de cette
façon, je suis capable de procéder de cette façon
également.
M. Pagé: Pour répondre au député de
Lévis, je ne lui ai adressé aucun reproche pour avoir
été en retard; au contraire, on aurait pu commencer. J'ai dit
qu'il avait été retardé. Je n'ai pas dit qu'il avait
été en retard, mais qu'il avait été retardé,
ce qui, selon mes préceptes de grammaire enseignés en
sixième année, ou en septième, m'indique que ce
n'était peut-être pas nécessairement sa faute.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
des interventions concernant cet article?
M. Jolivet: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je
vous écoute, M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: J'ai été un peu surpris moi aussi quand
j'ai regardé le projet de loi, tel que présenté, la Loi
modifiant la Loi favorisant la mise en valeur des exploitations agricoles, et
que je regarde la loi actuelle mise en vigueur au premier janvier 1984
où on dit que l'office peut édicter tous règlements
conciliables avec les dispositions de la présente loi pour en assurer
l'exécution et le bon fonctionnement. Ces règlements sont soumis
à l'approbation du gouvernement; ils entrent en vigueur à la date
de leur publication à la Gazette officielle du Québec ou
à toute autre date ultérieure qui y est fixée.
Il faut tenir compte que ces dispositions étaient prévues
par la loi de 1969, chapitre 44, à l'article 22. M. le ministre dit que
parce qu'il a inscrit à l'intérieur du projet de loi que nous
avons devant nous, le projet de loi 71, à l'article 14, l'amendement
à l'article 29 de la loi et en établissant huit
possibilités de règlement, il agit avec plus de transparence. Le
ministre dit tout simplement qu'il n'y a pas grand-chose de changé par
rapport à la loi actuelle, sauf quelques modalités. Je dois dire
que je suis très surpris, compte tenu des nombreux discours que j'ai
entendus à l'Assemblée nationale par les gens qui composent le
gouvernement actuel. J'ai eu, a plusieurs occasions, à écouter
leurs discours et è les entendre que cela n'avait pas de bons sens, que
le gouvernement se donnait des pouvoirs réglementaires, qu'il donnait
à l'office des pouvoirs réglementaires, que finalement, au bout
de la course, on aurait pu déposer l'ensemble de tous les
règlements et dire exactement ce que c'était, qu'on les donnait
en retard. Ce que je vois, moi, ce sont des énoncés de principe,
comme: "1° définir le mot "établissement" et les expressions
"principale occupation", "activité principale... " Au deuxième:
"2° fixer les conditions auxquelles doit satisfaire toute personne physique
visée au paragraphe... " etc. Au paragraphe 3...
Je vais le lire au complet si on veut. Je prends le premier, c'est:
définir le mot "établissement" et les expressions "principale
occupation", "activité principale", "culture du sol", "élevage
d'animaux de ferme", "programme d'améliorations
générales"... " ainsi que fixer les conditions applicables
à ces programmes; " Au deuxième alinéa, on dit: "fixer les
conditions auxquelles doit satisfaire toute personne physique visée au
paragraphe 2 du premier alinéa de l'article 5. 1, au troisième
alinéa de cet article, au paragraphe 2° du premier alinéa de
l'article 16. 1 et aux paragraphes 1° et 2° du premier alinéa de
l'article 16. 3 quant a son expérience agricole ou à sa formation
professionnelle; 3° déterminer les fins pour lesquelles une
subvention accordée en vertu des articles 5. 1, 16. 1, 16. 2 ou 16. 3
peut être utilisée et la teneur du programme d'utilisation d'une
telle subvention; 4° déterminer les caractéristiques que doit
comporter un contrat de société pour qu'elle soit une
société au sens du paragraphe i de l'article 1; 5° prescrire
les éléments que doit contenir le document à être
fourni à l'office pour constituer la preuve, dans les cas d'exploitants
conjoints, de l'exploitation conjointe d'une ferme rentable constituée
de l'ensemble de leurs fermes; 6° fixer les délais dans lesquels et
les conditions suivant lesquelles une personne physique doit s'engager à
faire de l'agriculture sa principale occupation pour être
considérée comme aspirant agriculteur; 7° prescrire les
documents et renseignements qui doivent être produits à l'office
à l'occasion et à la suite d'une demande de subvention et les
pièces justificatives qui doivent être produites pour les fins de
l'article 24; 8° édicter toute autre mesure nécessaire ou
utile à l'exécution et au bon fonctionnement de la
présente loi", et enfin: "Les règlements adoptés en vertu
de la présente loi entrent en vigueur è la date de la publication
à la Gazette officielle du Québec ou è toute date
ultérieure qui y est fixée".
Voyons donc! Ce n'est parce que le ministre a inclus à l'article
14 l'amendement à l'article 29 en mettant tous ces énoncés
généraux qu'il y a plus de transparence. Il n'y a pas plus de
transparence. Quand le règlement proposé par le gouvernement
paraît à la Gazette officielle en prépublication,
que les gens ont le temps d'y participer et de donner leur opinion avant que
l'adoption finale soit édictée en vertu de la procédure
actuelle ou de la procédure amendée par le ministre de la
Justice, responsable de la déréglementation, cela ne change pas
grand-chose, vous savez, M. le Président. La seule chose est de montrer
qu'on exécute une présentation électorale de la question;
et comment se retrouve-t-on? Pas mieux qu'avant, au fond. Pire.
On est ici devant des gens qui sont déterminés simplement
à faire comprendre aux gens qu'ils ont mis en pratique ce qu'ils ont
prôné pendant qu'ils étaient dans l'Opposition. Cela ne
nous donne pas les règlements. Cela ne nous dit pas comment cela va se
faire. La procédure qui sera poursuivie par le ministre responsable de
la déréglementation et ministre de la Justice va être une
procédure équivalant à celle qu'on connaît et
peut-être, dans certains cas, pire.
Je dis que ce n'est pas parce qu'on écrit cela qu'on est plus
transparent, surtout après avoir entendu ce qu'on a dit en Chambre
depuis plusieurs années, surtout dans les dernières années
où le député, ministre de la Justice disait: Cela n'a pas
de bons sens, vous allez voir, nous allons changer cela. On n'a rien
changé, dans le fond. On a peut-être même compliqué
la tâche de ceux qui vont avoir à regarder cela parce qu'on dit:
Il y a des énoncés qui sont là, on va se retrouver avec un
règlement qui va être publié, prépublié
à la Gazette officielle avec les mêmes façons de
procéder que dans le passé et on va arriver avec un
règlement qui, au bout de la course, va donner les résultats qui
étaient à peu près les mêmes qu'avant. Fort
probablement.
Qu'est-ce qu'on a changé? On n'a rien changé. On va nous
faire accroire qu'on est plus transparent, qu'on en indique plus. Ce n'est pas
parce qu'on a mis cinq lignes, vingt lignes, trente lignes de plus qu'on est
plus transparent. Ce n'est pas parce qu'on a mis tout cet ensemble de huit
éléments nouveaux qu'on a changé quoi que ce soit à
la formule et à la façon de présenter les
règlements. C'est du vent. C'est tout simplement vouloir leurrer le
monde et dire qu'on est meilleur, qu'on a changé quelque chose. Ce n'est
pas vrai.
On est devant, donc, une proposition qui est faite et qui a pour but
tout simplement de jeter de la poudre aux yeux et de faire accroire aux gens
qu'on a plus de transparence que l'article 29 actuel qui disait: "L'office peut
édicter tous règlements-conciliables avec les dispositions de la
présente loi pour en assurer l'exécution et le bon
fonctionnement. Ces règlements sont soumis à l'approbation du
gouvernement; ils entrent en vigueur à la date de leur publication
à la Gazette officielle du Québec ou à toute autre
date ultérieure qui y est fixée. "
On suivait une procédure où les gens pouvaient faire
valoir lors de la prépublication l'ensemble de leurs objections. Des
correctifs pouvaient être apportés, les gens faisaient valoir des
choses et si je suivais la logique de la présentation des
députés de l'Opposition de l'époque, il me semble que le
ministre aurait dû nous apporter lors de l'étude article par
article, et même avant, l'ensemble de tous les règlements qui vont
être présentés en prépublication. Où est-ce
qu'on a, à part l'ensemble de ce qui est écrit ici, des documents
qui nous indiquent quels sont tous les règlements qui vont être
adoptés? Il n'y a rien qui nous indique qu'on va diminuer l'ensemble des
éléments qu'on connaissait dans le passé.
On a dit: On va diminuer le nombre de règlements. On va diminuer
ça, c'est ce que j'ai entendu, sauf que, pendant qu'on fait des choses,
on en ajoute d'autres. On amène d'autres façons dans d'autres...
Et là j'ai l'exemple typique de l'autre côté, on est en
train de refaire une nouvelle loi pour l'approvisionnement; de l'autre
côté le ministre délégué aux Services et
Approvisionnements propose encore de nouveaux règlements.
On a donc une façon de voir les choses avant la campagne
électorale, pendant la campagne électorale et après on
arrive aux mêmes résultats qu'avant et même quelques fois
pires. On en ajoute d'autres, de l'autre côté, dans la
réglementation qui s'en vient. On en ajoute d'autres et fort
probablement si on faisait l'analyse de chacun des règlements qui
existaient avant par rapport è ceux qui sont là maintenant,
qu'est-ce qu'on trouverait de changé? On n'a rien changé. On veut
nous faire accroire qu'on est plus transparent. Oui et mon collègue de
Lévis dit: Dans une loi qui est en vigueur depuis près de vingt
ans... C'est de 1969. La loi de 1969, chapitre 44, article 22 édictait
les choses et maintenant on vient nous dire qu'on a changé des
choses.
M. Garon: Et au bout de vingt ans on veut définir la
terminologie. Ha! Ha! Ha!
M. Jolivet: Je pense qu'il y a des choses qui sont connues depuis
longtemps; d'une façon ou d'une autre, quand on regarde: "définir
le mot établissement", est-ce que cela a bien changé depuis 1969?
L'expression "principale occupation", je ne pense pas que ce soit difficile
d'établir la principale occupation avec ce qu'on connaît.
"Activité principale, culture du sot, élevage d'animaux de ferme,
programme d'améliorations générales, programme
d'améliorations foncières ainsi que fixer les conditions
applicables à ces programmes. "... Voyons donc! On a changé quoi,
dans le fond? Je pourrais y aller par article proposé et on
s'apercevrait finalement qu'on n'a rien changé à quoi que ce soit
depuis 1969 avec les amendements habituels qu'on a d'année en
année, chaque fois qu'on a besoin de faire les amendements qui
s'imposent.
Vis-à-vis de cela je pense bien qu'on aurait è s'opposer
à de telles choses en disant: Cela n'a pas de sens, on nous propose une
formule qui va être encore plus compliquée que celle qu'on avait
avant et on va apporter quoi de plus dans les définitions? Je pense que,
entre la parole et les actes, il y a une marge qui n'est pas encore franchie et
le risque dans celle-là comme dans les autres qu'on a de l'autre
côté, c'est d'augmenter encore la réglementation alors que
ce gouvernement, quand il était dans l'Opposition, disait qu'il voulait
diminuer la réglementation. Il voulait même faire
disparaître certains processus parce qu'il trouvait ça trop
compliqué. Ces gens
disaient: Quand nous allons être au pouvoir, si jamais nous le
sommes, nous allons au moins vous présenter les règlements en
même temps que le projet du loi. On va s'assurer que vous aurez la chance
de regarder les règlements, que vous aurez la chance de les analyser et
de vérifier avant la prépublication. Ce n'est pas cela qu'on a.
Je ne les ai pas vus, à moins que je me leurre, mais je ne les ai pas
vus. Qu'est-ce que le ministre vient nous ajouter de plus, sinon de compliquer
la situation? C'est à peu près ce que j'avais à dire, M.
le Président, sur cette question, mais je trouve qu'à vouloir
changer, c'est blanc bonnet, bonnet blanc.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Laviolette. Je reconnais le député de
Berthier.
M. Houde: Merci, M. le Président, J'aimerais sensibiliser
un peu l'Opposition sur ce qui se passait dans votre temps et sur ce qui se
passe aujourd'hui. Quand on regarde l'article 29: "Le gouvernement peut adopter
tout règlement pour... " Regardons ce qui s'est passé sous votre
gouvernement, sous l'ancien ministre de l'Agriculture, en date du 1er
août 1978, dans un projet de loi tandem. Je vais vous lire l'article 37
pour vous donner une petite idée de ce qu'on dit, de ce qu'on fait et ce
n'est pas ce que vous nous dites ce soir.
Règlements du gouvernement, article 37. "Le gouvernement peut
adopter tout règlement pour: "a) définir les expressions
"principale occupation", "activité principale", "culture du sol",
"élevage d'animaux de ferme", "programme d'améliorations
foncières" et "conversion d'exploitation"; "b) fixer les
délais... " Écoutez donc, M. le député de
Lévis, soyez sage, écoutez un peu.
M. Garon: Je sais que le député de Berthier va me
donner un cours de droit, je suis tout ouïe.
M. Houde: On va vous dire ce que vous avez fait, vous. "b) fixer
les délais dans lesquels et les conditions suivant lesquelles une
personne physique doit s'engager à faire de l'agriculture sa principale
occupation pour être considérée comme aspirant agriculteur;
"c) déterminer les caractéristiques que doit comporter un contrat
de société pour qu'elle soit une société
d'exploitation agricole au sens du sous-paragraphe i du paragraphe i de
l'article 1; "d) déterminer les biens mentionnés à
l'article 1979a du Code civil qui peuvent faire l'objet d'un nantissement
agricole en faveur du prêteur en vertu des articles 3 et 4, de même
que ceux qui peuvent constituer la base d'un prêt garanti par
nantissement agricole; "e) désigner toute institution pouvant consentir
un prêt en vertu de la présente loi, outre celles qui y sont
déjà autorisées; "f) prescrire que le programme
d'améliorations foncières et le programme de conversion
d'exploitation prévus à l'article 2 doivent être soumis
à l'office et en déterminer le but et les principales
caractéristiques; "g) déterminer les caractéristiques que
doivent comporter le bail d'un emprunteur qui est locataire d'une ferme et le
bail emphytéotique d'un emprunteur qui est preneur d'une ferme en vertu
d'un tel bail ainsi que les formalités auxquelles doit être
assujetti chacun de ces baux; "h) déterminer la teneur et les conditions
du certificat visé à l'article 13; "i) fixer les bases
d'amortissement et les modalités relatives au remboursement des
prêts; "j) fixer le taux maximum d'intérêt des prêts
ainsi que les époques et les critères d'ajustement du taux
d'intérêt; "k) fixer, aux fins de l'article 17, le mode
d'affectation des paiements faits aux termes d'un acte de prêt; "1)
définir les cas où une assurance sur la vie de l'emprunteur peut
être exigée; "m) définir les cas où un prêt
doit être assorti d'un programme obligatoire d'opérations
financières ainsi que les modalités auxquelles doit être
soumis un tel prêt notamment quant à sa demande, aux honoraires de
sa surveillance, aux obligations de l'emprunteur et à toutes autres
conditions accessoires... "
Oui, monsieur le...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, M. le
ministre.
M. Pagé: M. le Président, je comprends que le
député de Berthier, de façon tout à fait
légitime, est en train de se référer à
l'utilisation du pouvoir réglementaire par le député de
Lévis, alors qu'il était ministre de l'Agriculture. Est-ce que je
peux lui demander s'il en a encore pour longtemps?
M. Houde: J'ai encore huit articles, pour un total de 18
articles, à l'article 37.
M. Pagé: Ce qui témoigne de façon fort
éloquente de l'aspect envahissant du pouvoir réglementaire de mon
prédécesseur. Vous en avez encore pour combien de temps, vous
m'avez dit?
M. Jolivet: Une bonne demi-heure.
M. Houde: J'en ai encore pour au moins cinq minutes, toujours
à expliquer...
M. Pagé: On prend note...
M. Houde:... seulement pour un article du projet de loi.
M. Jolivet: Allez-y! M. Garon: Allez-y donc!
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Berthier, poursuivez.
M. Houde: "n, fixer les bases générales
d'évaluation des fermes et des biens mobiliers devant garantir un
prêt ainsi que les critères de besoin d'un prêt pour
quiconque en fait la demande; "o) fixer les cas où l'office est
autorisé à contribuer au paiement de l'intérêt sur
un emprunt et déterminer l'étendue, les modalités et les
époques de paiement de cette contribution; "p) déterminer, pour
les fins de l'article 34, dans quels cas et à quelles conditions un
prêteur peut accorder mainlevée totale et partielle des garanties
mobilières ou consentir à toute modification à celles-ci;
"q) fixer la proportion payable, respectivement par l'office et par les
emprunteurs, des frais d'évaluation des biens offerts en garantie; (21 h
45) "r) prescrire les documents, les rapports et les renseignements à
produire ou à fournir et le délai de leur production; "s)
prescrire toute autre mesure nécessaire ou utile à
l'exécution et au bon fonctionnement de la présente loi. Tout
règlement adopté en vertu de la présente loi entre en
vigueur à compter de sa publication à la Gazette officielle du
Québec ou à toute autre date ultérieure qui est
fixée. " Tantôt, on marchait avec des numéros et là,
on marche avec des lettres. Il y en a 18 ou 19. Est-ce que c'est assez fort
pour dire ce qu'en...
M. Jolivet: Une question...
M. Houde:... 1978, a été fait par le gouvernement
précédent...
M. Jolivet: M. le député, est-ce que vous me
permettez une petite question? C'est de quelle loi que vous parliez, parce que
je n'ai pas compris le début?
M. Houde: C'est une loi tandem.
M. Jolivet: Est-ce que c'était une nouvelle loi ou si
c'était une loi qui amendait une autre loi?
M. Houde: Écoutez, je n'ai pas tous les documents pour
vous les donner, mais je sais bien que c'était les règlements du
gouvernement pour votre article 37.
M. Jolivet: Donc, c'est une nouvelle loi.
M. Houde: Une nouvelle loi ou une autre loi, si vous voulez, mais
quand vous nous disiez tantôt qu'on voulait réglementer davantage,
j'espère que vous comprenez ce que cela veut dire.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que M. le
député de Berthier a terminé?
M. Houde: C'est terminé, pour lui montrer... J'ai
terminé, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député.
M. Pagé: M. le Président, en ce qui nous concerne,
nous sommes prêts à disposer sauf qu'on aurait une modification
à apporter à l'élément...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Juste une seconde.
M. le député de Lévis avait demandé la parole
avant. Alors, est-ce que vous voulez parler maintenant ou attendre que la
modification soit apportée?
M. Garon: Non, non. Je veux parler immédiatement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très bien.
Allez-y, monsieur.
M. Garon: M. le Président, j'ai été heureux
de recevoir un cours de droit du député de Berthier. Cela m'a
beaucoup intéressé de l'entendre énumérer le
pouvoir réglementaire consenti au gouvernement dans la loi tandem de
1978 pour le financement agricole par des intitutions privées, sauf
qu'il y a une petite différence avec le projet de loi en question. La
loi tandem était une loi nouvelle qui créait un nouveau
financement par les compagnies, par les institutions financières
privées.
Pour donner au député de Berthier une petite leçon
de droit, je vais demander au ministre qu'il demande au président de
l'Office du crédit agricole combien de centaines de millions de dollars
ont été prêtés en vertu de cette loi dès la
première année, en 1978. Combien en 1979. Combien en 1980.
Combien en 1981. Je peux vous dire tout de suite le chiffre, cela va
dépasser le milliard. Il s'agissait d'une première loi, pour une
première fois, qui organisait le financement par les institutions
bancaires et par les caisses populaires. Qu'on n'ait pas défini les
termes avant de commencer alors qu'il n'y avait aucune pratique...
Vous apprendrez aussi et je l'apprendrai au député de
Saint-Hyacinthe, qui se prépare
à intervenir, qu'en droit statutaire, la jurisprudence concernant
une loi ne vaut pas pour l'autre et que nous sommes dans un cas
complètement différent ici où il s'agit d'une loi qui est
en vigueur depuis 1969, dont toutes les définitions ont
été élaborées, dont la tradition et la coutume ont
interprété les baux. Le président de l'Office du
crédit agricole pourra, si le ministre veut bien le laisser parler, nous
dire comment il interprète actuellement le mot "établissement",
comment il applique actuellement, depuis presque 20 ans, de 1969 à 1986,
les mots "principale occupation" dans la Loi favorisant la mise en valeur des
exploitations agricoles. Comment il définit ou il applique les mots
"activité principale" dont il a eu à se servir presque
quotidiennement depuis près de 20 ans. Comment les mots "culture du sol"
sont définis. Que comprennent les mots "élevage des animaux de
ferme". Que veut dire le programme d'amélioration générale
couvert par l'article 2 et que veut dire le programme d'amélioration
foncière fixé par l'article 5 et par l'article 7.
Tout cela pour vous dire qu'au contraire la prudence juridique la plus
élémentaire commanderait de ne pas définir ce qui est en
vigueur déjà depuis 20 ans de crainte de mal définir ce
qu'on applique déjà parce qu'il y a actuellement toute une
série de définition qui est utilisée. Il y a une
jurisprudence, il y a une tradition et, normalement, on ne commence pas
à redéfinir les termes au bout de toutes ces années. On
est dans une situation complètement différente quand on parle de
la loi tandem de financement des exploitations agricoles, parce qu'il s'agit
d'une loi qui s'applique pour la première fois, où on
établit la première réglementation. Le président de
l'Office du crédit agricole pourra me dire comment il aurait
été difficile de signer des ententes avec les différentes
institutions financières si les termes n'avaient pas été
définis dès l'élaboration de la loi. Il pourra nous dire
également que dans la Loi favorisant l'établissement de jeunes
agriculteurs, où on établit pour la première fois le
concept d'entreprise plutôt que la structure juridique, si à ce
moment-là, il aurait fallu procéder graduellement par
l'établissement d'une façon de définir les termes
plutôt que de les définir au moment de l'élaboration de la
loi.
Dans ce cas-ci, on veut commencer à définir les termes
plus tard, en 1986, alors que la loi est en application depuis 1969. On sait
qu'en droit statutaire, l'interprétation est restrictive. Il serait bon
peut-être - nous devrions faire venir les documents - pour
compléter le cours d'interprétation de droit, de voir comment en
droit statutaire on fait l'interprétation et comment, d'un statut
à l'autre, on peut utiliser les termes employés.
Tout le monde sait que les termes employés dans un statut ne
valent pas dans un autre statut. C'est de l'a b c en droit. C'est du pee-wee,
du mosquito en droit. On commence, si on dit que les termes définir dans
une loi, la dénitifion dans l'autre loi statutaire, ne valent pas. Il
était élémentaire de donner ce pouvoir
réglementaire alors qu'on commençait à élaborer une
loi en 1978 ou encore, avec la loi de 1982, la Loi favorisant
l'établissement de jeunes agriculteurs.
Deuxièmement, vous n'étiez pas face à un
gouvernement qui avait créé une loi sur les règlements par
son ministère de la Justice, qui avait pris des engagements pour
éliminer à peu près la réglementation et en plus,
non seulement d'éliminer la réglementation, mais
d'éliminer des règlements existants. C'est cela les engagements
du parti libéral qui a dit: il faut privatiser, il faut
déréglementer? À tel point que je recevais
récemment un mémoire de la Chambre de commerce du Québec
qui avait été présenté au gouvernement
l'après-midi et en fin d'après-midi à l'Opposition et
où il y avait de grandes pages sur la déréglementation,
les bienfaits de la déréglementation. Pourquoi? Parce que le
parti de l'Opposition officielle du temps, le Parti libéral, avait
indiqué que lui, lorsqu'il prendrait le pouvoir, il ferait une grande
déréglementation. Dans quoi se trouve-t-on actuellement? On est
en train de réglementer les lois qui existent depuis 20 ans, leur
créer des pouvoirs réglementaires additionnels.
C'est quoi ces engagements? Je comprends que les vieux politiciens
retors qui ont été dans l'Opposition pendant des années
aux fins de prendre le pouvoir aient pu faire des promesses
inconséquentes. Je vais tous ces jeunes hommes, ces jeunes femmes qui
sont devant moi. Est-ce que c'est pour cela que vous avez pris le pouvoir? Pour
tromper la population? Pour lui dire que vous déréglementeriez
alors que vous allez réglementer plus que jamais.
Actuellement, tout ce que nous définissons, ce sont des pages de
réglementation beaucoup plus considérables qu'auparavant. Des
termes qui sont employés depuis des années, dont l'office a une
grande expérience, on va les définir à nouveau dans une
loi où on les utilise depuis près de 20 ans. Je ne comprends pas
trop trop le but de l'exercice.
Je constate qu'à l'article 29 - et c'est le dernier article que
je me serais attendu à voir dans une mesure du nouveau gouvernement,
surtout au début de son mandat - on se trouve è dire et à
définir ce qu'est un établissement?
Vous remarquerez que même dans la Loi favorisant
l'établissement de jeunes agriculteurs, à l'article 17, on dit
que le
gouvernement peut adopter tout règlement pour définir des
expressions. Mais, on ne se sent pas obligé de définir le mot
établissement dans cet article. Il est défini dans la loi. Oui.
Même nous, sans faire de promesses, nous avions pris la peine de
définir le mot dans la loi et le gouvernement qui, lui, a fait des
promesses, ne définit même pas les termes dans la loi, il veut les
définir dans les règlements. Justement, c'est l'arroseur
arrosé, puisque dès 1982, le gouvernement du Parti
québécois définissait le mot "établissement" dans
la loi. II ne se donnait pas le pouvoir réglementaire de le
définir dans le règlement. C'est quand même quelque chose.
C'est quand même... Vous l'avez le mot "établissement"? On avait
défini le mot "établissement" dans la loi alors qu'on ne
s'était pas engagé à le faire. Le parti qui s'était
engagé, lui, à enlever des règlements, veut faire des
règlements sur des mots mêmes que nous avions mis dans la loi et
que nous n'avions pas établis par règlement. Vous comprenez que
le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation n'a pas
fait ses devoirs. Il dit qu'il a fait ses devoirs, mais vous voyez qu'il ne les
a pas faits. Il a fait l'école buissonnière. Il n'a pas
véritablement fait son travail. J'aimerais que le ministre n'oublie pas
ce que j'ai demandé au début de mon intervention. J'ai
demandé quels étaient les montants qui avaient été
prêtés en vertu de la loi tandem, Loi sur le financement agricole
par les institutions financières privées.
La loi a été adoptée en 1978. En 1978, en 1979, en
1980, en 1981, alors qu'une loi qui n'avait pas connu d'application
commençait pour la première fois, à ce moment, le
financement par les institutions privées, on. n'a pas fait des grands
sparages sur la privatisation. Je n'ai pas dit de grandes paroles sur la
privatisation. J'ai été le ministre qui a confié le
crédit agricole aux institutions privées. Le ministre pourrait
nous dire, en demandant à son président de l'Office du
crédit agricole, maintenant quel est le pourcentage du crédit
agricole qui est fait par les institutions privées et celui qui est fait
directement par la société d'État, en 1986, alors que j'ai
fait adopter la loi en 1978. Ce sera peut-être bénéfique
pour l'éducation des jeunes députés qui sont ici. Je vous
dis d'avance que le chiffre va dépasser 90 %, sans engagement, sans
sparage, sans pétage de bretelles, sans pétage de broue. J'ai
confié le crédit agricole aux institutions privées, aux
caisses populaires et aux banques.
M. Dubois: Le principe était en application avant.
M. Garon: Non, le principe n'était pas en application
avant. Le député de Huntingdon, même s'il a l'air plus
vieux que les autres députés, je peux lui dire que, concernant
les années passées, il se trompe. Essentiellement, le principe du
crédit agricole privé a été établi en 1978
et a été généralisé en 1978. Je peux
demander, par exemple... J'en profite, j'entends parier le député
de Huntingdon, je demande aussi par la même question d'indiquer quel a
été le montant prêté par l'Office du crédit
agricole comme prêt par l'office lui-même, comme office
d'État, et quel est le pourcentage prêté directement par
des institutions financières privées au cours des années
antérieures. Quels sont les montants qui ont été
prêtés directement par les offices, par les institutions
financières privées à partir de 1978, année
d'adoption de la loi, et combien après cela a été
prêté par l'Office du crédit agricole, institution
d'état après l'adoption de la loi tandem, Loi sur le financement
agricole par les institutions financières privées? Après
cela, qu'on vienne me dire que, dans une nouvelle loi, dans des ententes qui
n'avaient pas existé avec les institutions financières
privées, il a fallu signer des ententes avec les principales banques,
avec les caisses populaires, etc.. Pensez-vous que ces institutions
financières auraient aimé avoir à fonctionner avec des
principes à moitié accrochés alors que nous avons
décidé à ce moment de faire un choix judicieux, je pense,
d'avoir une réglementation précise et claire dès 1978 pour
créer une certitude juridique au moment où s'établissait
une nouvelle relation avec les institutions financières? Je fais cette
intervention è ce moment-ci à l'intention de la commission parce
qu'on a porté plusieurs accusations qui n'ont aucun fondement dans la
réalité passée, présente et même à
venir. C'est pourquoi je demanderais au ministre de demander au
président de l'Office du crédit agricole de nous fournir les
chiffres ou de lui demander de les dire lui-même pour établir la
réalité des statistiques des années passées au
point de vue du crédit agricole.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. !e
député de Lévis. (22 heures)
M. Pagé: On s'éloigne beaucoup des dispositions
prévues a l'article 29, lesquelles prévoient le pouvoir
réglementaire qui est conféré au gouvernement pour
articuler la loi 71 que je présente, qui est la Loi favorisant la mise
en valeur des exploitations agricoles. J'apprécie, et je suis à
même de le constater, à la lecture des échanges que je fais
depuis 21 h 25, la force, le bien-fondé des arguments des honorables
députés de la majorité, entre autres, lorsque mon
collègue de Berthier, de façon très claire, a
démontré que le pouvoir réglementaire était
utilisé de façon tout aussi, sinon plus exorbitante par mon
prédécesseur que par moi, ce qui a obligé le
député de Lévis à s'inscrire dans
une démarche ou dans un propos où il était vraiment
sur la défensive en disant, comme souventefois on voit dans une
argumentation ce qui est invoqué par celui qui se retrouve en position
de faiblesse: Mais moi, ce n'était pas pareil. Cela est l'essentiel du
commentaire du député de Lévis, premièrement.
J'apprécie beaucoup la force, ia vigueur et le bien-fondé de
l'argumentation de mes collègues.
Deuxièmement, ce que je dirai, parce que je n'ai pas l'intention
d'éterniser les débats... D'ailleurs, l'Opposition officielle va
très probablement voter en faveur de ce projet de loi qui contribue
à bonifier les actions du gouvernement en regard des jeunes agriculteurs
et des jeunes agricultrices, et plus particulièrement pour les femmes en
agriculture. Si on se réfère à l'article 29 de la loi qui
s'applique actuellement, je comprends que les définitions apparaissaient
aux dispositions, dans les articles préliminaires du projet de loi, mais
l'article 29, et je comprends que le député de Lévis - il
est avocat - s'il mettait sa partisanerie de côté et qu'il pouvait
apporter un jugement tout à fait objectif, un jugement d'universitaire,
le type de jugement qu'il pouvait apporter lorsqu'il enseignait, dans les
années 1970, à l'université, le député de
Lévis souscrirait d'emblée à l'argumentation que je vais
faire valoir. L'article 29 dit, et je cite, pour le bénéfice de
l'honorable député de Laviolette: "L'office peut édicter
tous règlements conciliables avec les dispositions de la présente
loi pour en assurer l'exécution et le bon fonctionnement. "
En droit, cela veut dire quoi? Cela veut dire un pouvoir
général, un pouvoir vaste, un pouvoir étendu qui est
conféré à l'office, lequel avait le droit, en vertu de ces
dispositions, d'adopter des règlements, -d'en proposer l'adoption au
gouvernement, alors que, nous, on y va de façon beaucoup plus claire,
beaucoup plus limpide. Nous reprenons les stipulations de différents
articles de la loi antérieure qui se réfèrent à
l'utilisation du pouvoir réglementaire par le gouvernement et nous les
consignons dans les dispositions de l'article 29 dont les règlements
doivent être adoptés non pas par l'office, mais bien par le
gouvernement, lequel gouvernement est susceptible d'être
questionné, de comparaître devant l'Assemblée nationale et
de venir témoigner, justifier l'utilisation d'un tel pouvoir.
Peut-être que pour les honorables collègues de
l'Opposition, cela peut paraître exorbitant, mais c'est tout à
fait légitime et je reviens au propos initial que je formulais, è
savoir que cela témoigne d'une transparence beaucoup plus palpable de la
part du gouvernement. Je retiens cependant des propos de mes honorables
collègues qu'ils ne souscriront pas et qu'ils n'adopteront cet article.
Je ne leur en sais gré, ils sont là, comme je l'ai
déjà indiqué, ils font de l'opposition bien souvent pour
faire de l'opposition et, par surcroît, le député de
Laviolette s'est joint à l'honorable député de
Lévis pour venir lui donner un coup de main, de façon pas
toujours habile, mais quand même, je n'ai pas à juger.
En terminant, je voudrais déposer la modification suivante
à l'article 29: "Le paragraphe 3° du premier alinéa de
l'article 29 proposé par le projet est modifié par l'insertion,
dans la troisième ligne, après le mot "subvention", des mots "et
les modalités de paiement de celle-ci". C'est strictement une
modification très simple, très minime. J'ose espérer, M.
le Président, que cet article va être adopté dans les
meilleurs délais parce que tempus fugit. Il est déjà 22 h
5.
M. Jolivet: Le temps fuit et me presse.
M. Pagé: Non. Memento moru Souviens-toi que tu vas
mourir.
M. Jolivet: Cela en est une autre. C'est en deuxième.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que vous
avez compris...
M. Jolivet: Le latin? Oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): ... l'amendement ou
voulez-vous que je le répète?
M. Jolivet: Les modalités de paiement de celle-ci...
M. Garon: II y a un proverbe italien qui dit: Qui va piano, va
sano. Qui va lentement, va sûrement.
M. Jolivet: Et les modalités de paiement?
M. Pagé: II signore parla piu piano.
M. Jolivet: Et les modalités de paiement?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est cela. Le
paragraphe 3 du premier alinéa de l'article 29 proposé par le
projet est modifié par l'insertion, dans la troisième ligne,
après le mot "subvention", des mots "et les modalités de paiement
de celle-ci". Maintenant...
M. Jolivet: C'est ce que j'avais compris. C'est cela.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est cela.
Maintenant, j'avais justement
reconnu le député de Saint-Hyacinthe. Une voix:
Parfait.
M. Pagé: Est-ce qu'on peut dire chose jugée, M. le
Président?
M. Jolivet: Non, non.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On va parler sur
l'amendement, évidemment. Alors, j'ai reconnu le député de
Saint-Hyacinthe.
M. Messier: Je ne veux pas me prononcer directement sur
l'amendement, mais sur...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous pouvez parler
de l'ensemble.
M. Messier:... l'ensemble du...
M. Pagé: Est-ce que les Expos jouent, M. le
Président?
Des voix: Oui.
M. Garon: Moi, le base-bail...
M. Jolivet: II doit être fini pas mal!
M. Garon: Je ne m'occupe jamais...
M. Messier: J'aimerais me prévaloir de l'article 232 du
règlement et poser une question au député de Lévis.
Après sa très longue dissertation sur le pouvoir
réglementaire et sur la notion d'établissement de tout à
l'heure, pourquoi n'a-t-il pas déterminé... Je veux dire... Je
regarde son pouvoir réglementaire... Section 3, pouvoir
réglementaire pour l'établissement des jeunes agriculteurs,
définir l'expression "principale occupation"... Pourquoi ne l'a-t-il pas
définie dans son texte de loi et pourquoi a-t-il seulement défini
la notion d'établissement? J'aimerais avoir une réponse
très courte de sa part.
M. Jolivet: Je ne comprends pas.
M. Messier: Il a défini, a-t-il dit tout à l'heure,
lorsqu'il a fait une très longue dissertation, la notion
d'établissement. Pourquoi n'a-t-il pas défini "principale
occupation" dans son texte de loi et dit qu'il y aurait une marge de manoeuvre
très restreinte et tout cela?
M. Garon: II m'apparaissait que dans une loi qui porte sur
l'établissement des jeunes agriculteurs, il allait de soi que le mot
"établissement", qui est le but de la loi, soit défini dans la
loi.
M. Messier: "Principale occupation" ne l'est pas non plus.
M. Garon: C'est une modalité différente.
M. Messier: Quand même très importantel Si le gars
n'est pas un exploitant agricole, il n'est pas éligible. Vous n'avez pas
défini cela. Vous avez gardé comme pouvoir
réglementaire...
M. Garon: J'ai répondu tantôt. Je vous ai dit qu'il
s'agissait d'une loi nouvelle et qu'il fallait fonctionner avec une loi
nouvelle.
M. Messier: Malgré que le règlement soit
entré en vigueur le 1er septembre 19B2, sous votre égide et tout
cela. Je regarde les dispositions de la loi qui ont été
adoptées le premier février 1985, c'est la mise à jour,
mais les dernières modifications rémontaient à janvier
1984. Vous étiez quand même là comme ministre de
l'Agriculture.
M. Garon: Oui. C'est une nouvelle loi. On donne une plus grande
assurance juridique avec un pouvoir réglementaire dès le
début d'une nouvelle loi. Ce n'est pas le cas ici. Nous sommes dans une
loi qui existe depuis 1969.
M. Messier: Mais j'aimerais comprendre que le pouvoir
réglementaire que vous avez est en neuf points. Je regarde le
nôtre qui est en huit points et il me semble d'une très grande
clarté. Je lis le vôtre et j'en perds mon latin. Je ne sais pas si
la transparence que vous aviez...
M. Garon: Ah! Vous trouvez cela? Je vais vous dire une chose!
M. Messier: Je ne sais pas, au niveau de la transparence... Je
regardais le député de Laviolette qui parlait de transparence
tout à l'heure. Je ne sais pas...
M. Garon: Lisez l'article 17 sur le pouvoir réglementaire.
Il y a une demi-page.
M. Messier: II est en neuf points, effectivement. Il est
très vaste.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs, il
faudrait conclure, concernant cela, parce qu'on enfreint le
règlement.
M. Messier: Oui, d'accord.
M. Jolivet: Ce n'est pas moi qui ai commencé.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Non, d'accord.
Mais...
M. Pagé: Des petits gars de onze ans! "Ce n'est pas moi
qui ai commencé!"
M. Jolivet: Non, on n'a pas commencé. On répond aux
questions.
M. Pagé: Voyons donc!
Une voix: Ce n'est pas ma faute, c'est lui...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je suis d'accord.
Mais je m'adresse aux deux personnes. Est-ce que vous avez d'autres
interventions...
M. Pagé: Mon règlement est plus long que le tien!
Mon père est plus fort que le tien! Est-ce que cela a du bon sens?
Voyons, M. le député de Laviolette!
Le Président (M. Tremblay, Iberville); Est-ce
que M. le député de Saint-Hyacinthe a d'autres interventions
concernant...
M. Messier: Je n'ai pas eu ma réponse. Je m'attarderai
avec le député de Lévis plus tard dans le
soirée.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Ce serait mieux
comme cela.
Une voix: Après la commission.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Laviolette, vous avez la parole.
M. Jolivet: Oui, compte tenu que vous avez dit que nous pouvions
parler sur l'amendement. Mais vous avez dit qu'on pouvait parler de l'ensemble,
c'est ce que vous avez dit au député de...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est vrai. Je lui
ai donné ce privilège et je vais vous le donner à vous
aussi.
M. Pagé: M. le Président, combien de temps le
député de Laviolette a-t-il à sa disposition, compte tenu
du propos très appréciable.,.
M. Jolivet: Un bon bout de temps encore!
M. Garon: II a vingt minutes sur l'amendement. On recommence
à zéro.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II a vingt minutes
sur l'amendement.
M. Pagé: II avait débordé tantôt.
M. Jolivet: Non. Je n'ai jamais débordé des vingt
minutes. D'une façon ou d'une autre...
M. Garon: Sur l'amendement, on recommence a neuf.
M. Pagé: Devons-nous comprendre que vous allez faire vingt
minutes sur l'amendement?
M. Jolivet: Sur l'amendement et sur l'ensemble, c'est cela.
M. Pagé: D'accord.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): 5ur les deux...
M. Jolivet: Parce que c'est ce qu'il a donné
à...
M. Pagé: Devons-nous comprendre que c'est un refus
systématique d'adopter cet article et le projet de loi?
M. Jolivet: Non c'est simplement qu'on veut donner des
explications au cas où vous changeriez d'idée.
M. Garon: Sur l'amendement.
M. Jolivet: Non, c'est parce que j'écoutais le
député de Berthier qui partait... et c'est pour cela que je lui
ai posé ia question. Dans l'amendement qui est proposé, et cela a
un effet sur les autres... Vous aviez une nouvelle loi devant vous qui avait
pour effet de vraiment déterminer de façon bien précise
les modalités d'application de cette nouvelle loi. Le
député de Berthier est donc parti en nous lisant un grand texte,
j'en étais fort aise.
M. Houde: M. le Président, j'ai lu seulement sur un
article par sur l'ensemble du projet de loi.
M. Jolivet: Non, non.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez, s'il vous
plaît, il ne faudrait pas aller dans un débat.
M. Houde: C'est cela, un article seulement avec 20
éléments.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Poursuivez, M. le
député de Laviolette, poursuivez en fonction de l'article et du
règlement.
M. Jolivet: Simplement je voudrais rappeler au
député de Berthier que je lui avais posé la question
à la fin de son intervention pour ne pas le déranger
justement.
M. Houde: Je ne voudrais pas que vous partiez et pour
n'arrêter qu'à minuit sur le même amendement.
M. Jolivet: Est-ce que c'est vous, M. le Président, qui
menez ou le député de Berthier?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît! Allez.
M. Jolivet: Ce que je veux dire, M. le Président, c'est
qu'on avait donc une nouvelle loi et le député est venu nous
présenter l'article 1 avec l'ensemble des interprétations, ce qui
était normal. Je regarde la loi actuelle a l'article 29 et il nous
indique qu'effectivement "l'office peut édicter tous règlements
conciliables avec les dispositions de la présente loi pour en assurer
l'exécution et le bon fonctionnement. " On regarde les règlements
d'application de la Loi favorisant la mise en valeur des exploitations
agricoles et là on voit la définition des termes. La façon
de procéder qu'on avait était qu'au lieu d'écrire des
grandes lois avec toutes sortes de définitions qui étaient les
lois amendées, on en arrivait à faire les règlements en
conséquence et ils étaient envoyés en
prépublication à l'intérieur de la Gazette officielle. Les
gens avaient le temps de réagir et au bout de la course de faire les
recommandations qui s'imposaient et le règlement devenait en application
au moment où la publication officielle était faite, à
l'intérieur de la façon de procéder à
l'époque.
Je vous donne juste un exemple pour ce qui est des
interprétations qui étaient données: le mot "loi": Dans le
présent règlement, à moins que le contexte n'indique un
sens différent, les expressions et mots suivants signifient: a) "Loi":
la Loi favorisant la mise en valeur des exploitations agricoles (L. R. Q., C.
M-36); b) "l'office": l'Office du crédit agricole du Québec; c)
"principale occupation" et là j'en reviens au texte que nous avons
devant nous où là le ministre dit: nous allons, le gouvernement
peut adopter tout règlement pour définir les expressions
"principale occupation" ou activité principale. Qu'est-ce que l'on
disait: principale occupation et activité principale. Le fait pour une
personne "i, de consacrer la majeure partie de son temps à son
exploitation agricole, compte tenu de la nature de cette dernière;
là je devrais le dire en chiffres latins, mais... "ii, d'en tirer la
plus grande part de son revenu, sauf durant la période où cette
personne transforme le type d'exploitation principale de sa ferme pour y
adopter un autre genre de production et pour le temps seulement que requiert
cette transformation; "iii, d'y contrôler l'emploi de son temps dans la
mesure que requièrent les opérations normales de son
exploitation, ainsi que l'ensemble de ses décisions; "iv, d'être
reconnu dans son milieu comme s'adonnant principalement à l'agriculture.
"
C'est ce qui était, par rapport à ce qu'on a devant nous,
la définition prévue par le règlement. Les gens avaient eu
l'occasion à ce moment-là de faire valoir leur point et de faire,
avant que la publication du règlement soit officielle, les amendements
qui s'imposaient. Quelle différence y a-t-il par rapport à ce que
l'on présente aujourd'hui et la façon dont on procédait
dans le passé? La façon dont on procédait dans le
passé pour votre connaissance c'était qu'il y avait dans la loi
un article général qui se lisait comme: l'office peut. Et on
disait que ces règlements étaient soumis à l'approbation
du gouvernement. Ce n'était pas fait en l'air, c'était soumis
à l'approbation du gouvernement et ils entraient en vigueur à la
date de la publication à la Gazette officielle du Québec.
C'était tout cela qu'on proposait.
Ce que propose maintenant le ministre c'est que le gouvernement peut
adopter tout règlement pour définir, et là on part dans
une loi qui existe déjà depuis 1969, ce n'est pas une loi
tirée en l'air, une nouvelle loi avec des modalités qu'on ne
connaît pas encore. C'est là la différence entre ce que le
député de Berthier disait tout à l'heure et ce qu'est la
loi. C'est ça que nous disons, que le gouvernement actuel alors qu'il
était dans l'Opposition décriait la façon dont on
procédait et il vient lui-même sous la formule qu'il dit plus
transparente avec l'amendement qui nous est donné ici, nous dire que
finalement, au bout de la course, le ministre nous change complètement
la formule de présentation des règlements et il est plus
transparent. Voyons donc, ce n'est pas vrai ça. Je l'ai
répété tout à l'heure à l'Assemblée,
il y a une loi qui est en discussion et on édicté de nouveaux
règlements qu'on va faire adopter selon la procédure que le
ministre de la Justice a mentionnée et qu'il a présentée
devant l'Assemblée nationale. (22 h 15)
Cela va changer quoi à la formule qu'on a actuellement? Est-ce
que cela va amincir les règlements ou est-ce que cela va les
additionner? Si je comprends bien, ce n'est certainement pas pour les faire
diminuer, c'est pour les augmenter. On en amène d'autres ici et quel est
le but qui est visé? C'est cela qui est important.
Si, comme disait tout à l'heure le député de
Lévis, il y a tout l'ensemble statutaire des règlements qui ne
peut pas être le même d'une loi à une autre et qu'il faut
bien définir quand on présente une loi nouvelle en particulier,
si c'est cela, quel est le but, donc, de faire des propositions ici
dans un article pour les prochains règlements, si on n'a pas le
but de les changer? Qu'est-ce que cela cache, dans le fond? On ne le sait pas
plus. Êtes-vous capables de me le dire, vous autres, ce que cela cache?
Je ne les ai pas, les règlements qu'on va édicter. On va les
connaître comme vous autres lorsque cela va être distribué
à la Gazette officielle en prépublication. On va avoir le temps
de réagir à ce moment-là, à moins que le ministre
ne daigne nous les donner avant l'adoption finale du projet de loi pour qu'on
puisse avoir le temps de les regarder et de les discuter en commission
parlementaire. Est-ce que c'est cela qu'on va faire? Je ne le pense pas.
Qu'est-ce qu'on va avoir changé par rapport au passé,
sinon qu'en présentant le projet de loi à l'article 14 "Le
gouvernement peut adopter tout règlement pour: 1° définir le
mot établissement"'' Alors qu'on connaît, dans la Loi favorisant
l'établissement de jeunes agriculteurs, le mot "établissement",
qu'est-ce qui est inscrit ici dans la loi même, dans les
définitions à l'article 1 - pas dans les règlements? C'est
écrit: "établissement: le fait pour une personne physique ou pour
une exploitation de groupe de commencer à faire de l'agriculture, dans
une ferme rentable, sa principale occupation ou sa principale activité
è l'occasion ou à la suite de l'acquisition ou de la location
d'une telle ferme ou à l'occasion ou à la suite
d'investissements, d'additions ou de constructions de nature immobilière
apportés à une ferme dont elle est propriétaire ou
locataire et qui, de l'avis de l'office, rendent celle-ci rentable; ". Cela
existe dans la Loi favorisant l'établissement de jeunes agriculteurs,
chapitre E-12. 1, mise en vigueur le 1er janvier 1984.
Cela veut dire quoi, le fait que le ministre vienne nous
présenter le règlement? Est-ce que cela veut dire qu'il a
l'intention de modifier ce qui existe déjà? S'il n'avait pas
l'intention de le modifier, présenterait-il un nouveau règlement?
Non. Il va le modifier. De quelle façon va-t-il le modifier? En
restreignant la capacité pour les gens de pouvoir définir leur
activité principale, leur occupation principale, qu'est un
établissement. Qu'est ce que veut le ministre? C'est cela, la question
qu'on se pose. En fait, si on ne présentait pas de changements, c'est la
loi actuelle qui s'appliquerait. Veut-on l'élargir, veut-on la diminuer,
veut-on restreindre ce pouvoir-là? Est-ce qu'on veut restreindre la
définition des mots "culture du sol", "élevage d'animaux de
ferme", "programme d'améliorations générales", "programme
d'améliorations foncières"? Qu'est-ce qu'on veut restreindre ou
qu'est-ce qu'on veut augmenter? Je ne le sais pas. Pour ceux qui sont
agriculteurs ici, dans cette assemblée, ils doivent savoir ce que cela
veut dire.
Quand un gouvernement ou un ministre présentait des amendements,
c'était ou bien pour les restreindre ou bien pour les ouvrir. Le
ministre ne fera pas changement par rapport aux autres. Est-ce que c'est parce
qu'il nous écrit directement dans l'article 29 que c'est sur cela que
vont porter les règlements que cela va changer quoi que ce soit? Est-ce
que c'est cela qui fait que ce soit plus transparent? Voyons donc! Je ne le
crois pas tant que je ne l'aurai pas vu. Je suis peut-être "Thomas",
selon l'expression "voir sans croire". J'espère justement que, quand on
croit, on n'est pas seul à voir, mais quand on voit, on ne croit plus.
Parce que, pour croire, il ne faut pas avoir vu. Cela, c'est du saint Thomas
tout craché, comme vous l'avez appris.
Remarquez bien que je serais bien d'accord pour croire le ministre, mais
je ne suis pas dupe. Je ne suis pas dupe au point de croire le
député de Berthier qui me dit: Écoutez, vous avez devant
vous des choses qui existent en vertu d'une loi des prêts tandem. Si on
n'avait pas mis, justement, les définitions dans la loi tandem, à
l'article 1, ou si on n'avait pas fait les règlements en
conséquence, qu'est-ce qu'on aurait dit du ministre de l'Agriculture de
l'époque? C'est un cachottier. Il veut faire en sorte que le monde ne
sache pas où il va. Il a été clair, le ministre, et je
félicite le député de Lévis d'avoir fait à
cette époque-là quelque chose de clair en termes de
définition dans le projet de loi.
M. Garon: C'est toujours comme cela.
M. Jolivet: J'étais content que le député de
Berthier vienne nous montrer que le ministre de l'époque était
conséquent avec lui-même et qu'il était transparent.
C'était prévu dans les définitions. C'était
prévu dans un règlement qui a été
prépublié, qui a été discuté et,
après cela, qui a été adopté. Qu'est-ce qu'on a de
différent actuellement? Rien, sinon le risque d'aller plus loin en
restreignant. Pourquoi est-ce que je dis cela? Parce que, depuis le 2
décembre, depuis le moment où vous avez été
élus, vous ne faîtes que des coupures, des restrictions, des
compressions. C'est ce qu'on entend. Il y en a eu sur les budgets de la voirie
municipale dernièrement. Tout le monde en a eu, vous avez tous
été compressés. Qu'est-ce qui arrive?
M. Garon: À la cachette.
M. Jolivet: C'est qu'on a finalement des choses, je ne les
connais pas, mais le ministre va peut-être nous dire: Faites-moi
confiance, vous savez bien que j'ai l'intention d'élargir pour permettre
à plus de monde possible d'y accéder. Il pourrait dire l'inverse
aussi. Il pourrait dire...
M. Garon: II ne faudrait pas...
M. Jolivet:... à la cachette.
M. Garon: II ne faudrait pas transformer les officiers du
crédit agricole en "Boubou macoutes" du crédit agricole.
M. Jolivet; Mais, M. le député, je ne veux pas
aller jusque-là, je veux simplement dire qu'au bout...
M. Messier: C'était antiréglementaire encore.
M. Jolivet: C'était antiréglementaire, d'ailleurs.
Mais ce que je veux juste dire, c'est que, pour moi, en fin de compte, quand je
regarde...
M. Messier:... remplace Je député de
Lévis.
M. Jolivet: II me semble que je n'ai dérangé
personne tout à l'heure.
M. Garon: Ou encore un "Gratton macoute".
M. Jolivet: M. le député de Lévis,
laissez-moi finir, s'il vous plaît! Je dois vous dire que, là, je
ne sais pas. Je ne sais pas parce que je n'ai pas vu les règlements.
J'ai devant moi de la poudre aux yeux.
M. Messier:... du Parti libéral, comme le 2
décembre les gens ont fait confiance au parti.
M. Jolivet: Écoutez, M. le député de
Saint-Hyacinthe, si vous voulez prendre la parole, prenez-la donc!
Souvenez-vous de la décision du président de l'Assemblée
nationale qui avait demandé qu'on soit capable de prendre des
décisions face à face. Je vous ai vu faire tout à l'heure,
quand vous êtes allé voir le président pour lui dire que
peut-être mes propos étaient antiréglementaires et qu'il
fallait qu'il me restreigne. Il a été assez honnête pour me
laisser continuer. Vous n'aviez pas à aller voir le président, ce
sont des pressions indues, M. le Président, qu'il a faites.
M. Messier: Non, question de règlement...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît, continuez!
M. Messier: Tout à l'heure, j'ai mentionné
l'article 232 du règlement et c'était l'article 213. Je suis
allé vérifier avec le président. Je ne voulais pas
enfreindre le règlement, absolument pas, je voulais seulement être
conforme au règle- ment. C'est sur l'article 213 que j'ai
interpellé le député de Lévis.
Le Président (M, Tremblay, Iberville): C'est exact.
M. Jolivet: Bon, parfait.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est parce qu'il
avait donné le mauvais numéro du règlement.
M. Messier: Comme ancien président de l'Assemblée,
vous auriez dû me reprendre. Vous n'avez pas été assez
vigilant. Vous vous endormez.
M. Jolivet: Je l'ai fait, mais j'ai...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît! Alors, on...
M. Jolivet:... gardé mon pouvoir de ne pas me faire
déranger dans mon argumentation.
M. Messier: Trop honnête de votre part.
M. Jolivet: Je dois vous dire, M. le Président, que je
suis inquiet, parce que le ministre nous propose dans un projet de loi la
capacité de dire que le gouvernement peut adopter tout règlement
pour définir telle chose, pour fixer les conditions - je pourrais le
relire, mais je ne le ferai pas - pour déterminer les modalités
pour lesquelles... en ajoutant, puisqu'il s'est aperçu qu'il a fait une
erreur même là. Pour les modalités de paiement de celle-ci,
il a fait un amendement. On est prêt à l'adopter dans le sens
où cela va faire une suite logique à ce qui est dans le
troisième alinéa. Mais vous voyez bien que, s'il avait pris le
temps de nous présenter les règlements, on aurait eu l'occasion
de les regarder, d'en discuter. On aurait eu l'occasion de lui permettre de
faire les changements qui s'imposaient, de sorte que, lors de la
prépublication, déjà, ils auraient été
améliorés, déjà, on en aurait eu une meilleure
connaissance. Les gens auraient eu l'occasion de lire les débats de
cette assemblée et de voir que des changements avaient été
apportés, que des modalités avaient été
discutées. Finalement, les gens auraient eu une discussion globale ici
qui leur aurait permis, lors de la prépublication, de se faire une
meilleure idée des règlements et peut-être de
présenter de nouveaux amendements ou même de dire: Tout est
parfait, allez-y, publiez-les de façon officielle, on est d'accord avec
cela. Mais ce n'est pas cela qu'on fait. On veut montrer qu'on est très
transparent. On écrit beaucoup de choses et on ne dit pas comment on va
les déterminer dans le règlement. On dit: Faites-nous confiance
comme les gens nous
ont fait confiance le 2 décembre.
Nous autres, on ne vous fait pas confiance sur ces formes-là.
C'est clair? On ne vous demandera pas un acte de foi dès le
départ. On va simplement vous dire qu'on aimerait bien connaître
ces règlements, qu'on aimerait bien être capable d'en discuter
avec vous autres, de pouvoir faire les changements qui s'imposent. Je donne un
exemple. Quand j'ai demandé au ministre de l'Éducation d'avoir
une rencontre particulière avec des gens sur un projet de loi, il a
accepté. On a eu une bonne discussion ici de 20 heures jusqu'à 22
heures, jeudi passé. Je dois vous dire que le ministre a accepté
nos propositions de changer son projet de loi parce qu'il s'est aperçu
qu'il y avait eu des erreurs et que, finalement, les discussions avaient
porté fruits. La commission scolaire de Joutel-Matagatni était
là. C'est cela qu'on demande.
M. Messier:... Parti libéral...
M. Jolivet: Arrêtez donc de me déranger, vous...
Une voix: C'est un ministre libéral...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît! Alors poursuivez, M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Cela ne fait rien. Je vais continuer quand même
mes 20 minutes.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Continuez.
M. Jolivet: Ce que je veux seulement dire c'est que là, on
a devant nous une bonne occasion de montrer vraiment ce que le Parti
libéral a dit jusqu'à maintenant, à savoir qu'il
était prêt à faire en sorte que les règlements
soient discutés en même temps que le projet de loi. Et même
enlever des règlements. C'est cela qui m'inquiète parce qu'il
vient présenter un règlement et il parlait d'en enlever. Est-ce
qu'il va restreindre au lieu d'ouvrir? Je ne le sais pas. Vous ne le savez pas
plus que moi. Il s'agirait simplement que le ministre nous dépose les
règlements et qu'on les regarde avec les règlements qui existent,
qui sont ici, qui disent ce qu'est la culture du sol.
Je vais vous donner un exemple. L'exploitation du sol en vue de la
production des récoltes devant être transformées sur la
ferme ou vendues en nature et accessoirement l'exploitation des autres sources
du sol. L'exploitation acéricole est considérée comme
culture de sol pour les fins de la loi mais l'exploitation exclusivement
sylvicole ne l'est pas. C'est écrit que le ministre peut adopter tout
règlement pour la culture du sol. Est-ce que c'est la même
définition qui est dans la loi qui va être adoptée ou
est-ce que cela va être une autre chose? Est-ce que cela va être
restreint? Vous ne le savez pas plus que moi. C'est cela qu'on aimerait savoir.
Pensez-vous que nous allons faire confiance au ministre en ce sens-là
tant et aussi longtemps qu'on n'aura pas vu les règlements? S'il avait
fallu partir de cette argumentation, on aurait fait exactement ce que le
ministre de l'Éducation a fait. Il a dit de prendre le projet de loi 30,
de l'adopter le lendemain matin et de ne pas le changer. Mais savez-vous ce que
le projet de loi disait, M. le Président? Il allait spolier 2 000 000 $
à la commission scolaire de Joutel-Matagami. Donc, nous n'avons pas fait
confiance et on a dit que peut-être on pourrait rencontrer les gens de la
commission scolaire Joutel-Matagami. On a réglé le
problème.
M. Pagé: M. le Président, s'il vous
plaît?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, M. le
ministre.
M Pagé: Est-ce que le député de Laviolette,
qui est en train de faire une "job" qu'on peut qualifier d'une "job" de bras
actuellement...
M. Jolivet: Mon Dieu Seigneur!
M. Pagé:... pourrait revenir à la pertinence du
débat?
M. Jolivet: Je donnais un exemple, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Un
exemple dans le débat, c'est acceptable.
M. Jolivet: Bon! Je vous remercie beaucoup, M. le
Président. Parce qu'en fait, c'est cela. Je donnais un exemple qui s'est
passé la semaine dernière...
M. Pagé: Donc, le député de Laviolette a le
privilège de poursuivre ses exemples pendant les quatre minutes qui lui
restent?
M. Jolivet: Je ne veux pas le calculer, c'est le président
qui me dira quand ce sera le temps de finir.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II reste quatre
minutes. C'est exact.
M. Jolivet: Merci. Je n'ai pas regardé cela. Je me fie sur
vous, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
Très bien.
M. Jolivet: Je dois vous dire que je
donnais un exemple pour répondre au député qui me
disait de lui faire confiance. Je ne peux pas faire confiance. Je dois, comme
Opposition, au moins être un peu Thomas au départ. Examiner le
mieux possible avec les gens et avoir aussi un petit doute, voir si vraiment au
bout de la course on a un projet de loi qui est, hors de tout doute
raisonnable, convenable et acceptable. Et je dois vous dire qu'au bout de la
course ce que l'on défend, c'est l'ensemble de la population. J'ai
donné un exemple. J'espère qu'on aura l'occasion de le faire dans
le projet de loi qui est là. Sur les règlements en particulier.
Au bout de la course, peut-être qu'on pourrait aider le ministre à
bonifier à la fois son projet de loi et le règlement qu'il a
l'intention de présenter.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très bien.
Je vous remercie. Maintenant, est-ce qu'on est prêt...
M. Perron: M. Le Président.
M. Pagé: Est-ce qu'il est membre, M. le
Président?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, M. le
député de Duplessis est membre de la commission.
M. Perron: Oui, bien sûr.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II faudrait vous en
tenir è l'amendement.
M. Garon: Et il a en commun avec le député de
Portneuf d'avoir des producteurs de pomme de terre dans son comté.
M. Perron: Effectivement. J'ai aussi en commun avec le
député de Portneuf d'aller demander exactement les choses que ce
même député, avant qu'il soit ministre, demandait à
tour de bras lorsqu'on était en commission parlementaire, et cela
à plusieurs reprises et sur plusieurs projets de loi.
Au ccurs des neuf ans où il était dans l'Opposition et
nous au gouvernement...
M. Pagé: Qu'est-ce que j'ai demandé?
M. Perron: Justement, le dépôt des
règlements...
M. Pagé: M. le Président, je soulève une
question de règlement, parce que je ne peux soulever une question de
privilège. Je soulève une question de règlement...
M. Perron:... des explications sur la réglementation.
M. Pagé:... qui se réfère au
privilège que j'ai comme député. Je vous mets au
défi de me citer les projets de loi, les dates, les moments, les
commissions parlementaires où j'ai demandé le dépôt
de tels règlements. Sur-le-champ.
M. Perron: Je voudrais vous spécifier, M. le
Président, que M. le député de Portneuf n'a pas
changé...
M. Pagé: Sur-le-champ.
M. Perron:... parce qu'il avait demandé exactement la
même chose lorsqu'il était député.
M. Pagé: M. le Président, sur-le-champ. Je vous
mets au défi, si vous voulez étayer le propos accusatoire que
vous venez de tenir à mon endroit...
M. Perron: On ne peut pas laisser les travaux pour aller
vérifier.
M. Pagé:... de me citer le projet de loi, la commission
parlementaire, les dates. Allez-y.
M. Perron: M. le Président. Pour revenir à la
question qui est devant nous actuellement...
M. Pagé: Ah! Ah! Ah!
M. Perron: Bien, écoutez, je n'ai pas l'intention d'aller
fouiller dans tout ce qui a été dit par le député
de Portneuf au cours des neuf dernières années...
M. Pagé: Jamais je n'ai fait référence au
pouvoir réglementaire. Ce n'était pas mon genre. (22 h 30)
M. Perron: Disons que c'était une habitude du parti
libéral, lorsqu'il était dans l'Opposition, de faire exactement
les mêmes demandes.
M. le Président, si vous le permettez, il y a une chose qui est
intéressante à regarder. Lorsqu'on voit le projet de loi qui est
devant nous et qu'on regarde l'article 14 lui-même, dans son ensemble, et
en particulier l'amendement qui vient d'être apporté par le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation au
troisième alinéa de cet article 14 qui modifie l'article 29 de la
loi actuelle, il y a des choses qui m'intéressent
énormément. Par exemple, concernant l'interprétation qu'on
pourrait donner à des règlements qui, éventuellement,
seraient publiés dans la Gazette officielle, je me pose de
sérieuses questions à savoir quelles seraient les
écritures de ces règlements et de ces parties de
règlements quant à des définitions qui seraient
données autant au premier alinéa qu'au huitième. Je peux
vous dire que, comme le soulignait mon
collègue de Laviolette tout à l'heure, lorsqu'on passe
à travers une campagne électorale de la façon dont le
Parti libéral l'a fait lors des dernières élections, en
disant à toute la population du Québec dans son ensemble, de
l'est à l'ouest et du nord au sud, ou du sud au nord, que ce
gouvernement, lorsqu'il serait élu le 2 décembre, serait un
gouvernement transparent, un gouvernement qui se rendrait à la grande
majorité des voeux de la population, un gouvernement qui
démontrerait sa bonne foi à l'Assemblée nationale et en
commissions parlementaires, on s'aperçoit aujourd'hui que depuis qu'on
est en session, c'est-à-dire depuis le 18 décembre dernier, on
n'a pas beaucoup d'avancement de ce côté-là. Je vois le
député de Saint-Hyacinthe qui fait un signe de tête
approbateur et je peux vous assurer que cela m'intrigue même de le voir
faire cela ici, en commission parlementaire.
Il y a des choses qui seraient intéressantes à souligner
au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Je me
rappelle très bien que, par exemple, dans un cas très
spécifique au niveau des pêcheries, lorsqu'on était
à étudier un projet de loi en commission parlementaire, l'ancien
ministre de l'Agriculture, l'actuel député de Lévis, a la
demande de l'Opposition officielle du temps, qui était l'Opposition
libérale, avait déposé un projet de règlement, ici
même, en commission parlementaire, pour permettre aux membres de la
commission d'avoir le contenu de chacun des articles du règlement.
À partir du moment où l'Opposition du temps a eu le contenu de ce
règlement, cela a permis à l'ensemble des membres de la
commission de bonifier, éventuellement, le règlement et de faire
certaines recommandations au ministre.
Comme l'expliquait le député de Laviolette tout à
l'heure, je me demande personnellement, et là-dessus je l'endosse
entièrement, ce que vient faire dans le projet de loi que nous avons
devant nous un amendement à l'article 29 de la loi actuelle par le biais
de l'article 14 qui nous amène une réglementation, J'aime
beaucoup mieux l'article qui est là actuellement, à savoir que,
même si cela doit être approuvé par le gouvernement, ce doit
être l'Office du crédit agricole qui prépare la
réglementation et la fait approuver par le gouvernement. Je pense que
c'est une façon beaucoup moins politique de faire les choses, que c'est
une façon vraiment plus adéquate, puisque l'Office du
crédit agricole et ses fonctionnaires ont assurément une
expertise très élargie en la matière. Je voudrais rappeler
au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation que,
lorsqu'on regarde toute la jurisprudence, tous les programmes et toutes les
décisions qui ont été rendues par l'Office du
crédit agricole, en fonction de la Loi favorisant la mise en valeur des
exploitations agricoles, celles-ci avaient été bonnes. Au moment
où on se parle, si on amène de nouveaux règlements qui
modifient substantiellement ce qui existe actuellement, on va repartir encore
avec une nouvelle jurisprudence, on va repartir encore avec de nouvelles
idées qui vont nous arriver sur le tapis, ou sur le plancher, si vous me
permettez l'expression, et qui vont permettre à un bon groupe
d'agriculteurs, hommes ou femmes, de se poser énormément de
questions quant à l'avenir des sujets qui seront discutés. Je
maintiens qu'effectivement il faudrait que le ministre de l'Agriculture, pour
une bonne compréhension des membres de la commission, dépose ici,
en commission parlementaire, son projet de règlement dont il parle
à l'article 14, article 14 qui modifie l'article 29 de la loi
actuelle.
Je n'ai pas l'intention, pour allonger le débat, de lire chacun
des alinéas de l'article 14 que je viens de mentionner. Mais, par
contre, je voudrais souligner, en passant, que je ne vois aucune
définition réelle à l'intérieur de l'article 14 qui
amende l'article 29 au premier alinéa. J'aimerais bien savoir de quelle
façon le ministre de l'Agriculture et le Conseil des ministres vont
définir le mot "établissement", vont définir aussi
"principale occupation", "activité principale", "culture de sol",
"élevage d'animaux de ferme", "programme d'amélioration
générale" et "programme d'amélioration foncière".
Comme je le mentionnais tout à l'heure, au risque de me
répéter - et je me répète effectivement - je
préfère de loin que ce genre de réglementations
appartiennent à l'Office du crédit agricole quitte à les
faire approuver par le gouvernement, par le Conseil des ministres, plutôt
que d'avoir un changement radical où on voit, dans la majorité
des cas, des personnes qui prennent des décisions sur des
réglementations que, très souvent, elles ne connaissent pas et,
par la suite, les mettent en application comme des règlements qui
découlent de la loi. À ce moment-là, les fonctionnaires,
qu'ils le veuillent ou non, sont dans l'obligation d'aller de l'avant avec la
nouvelle réglementation. Je mentionne à nouveau que cette
réglementation qui, éventuellement, sera déposée
par le ministre de l'Agriculture, va apporter des changements très
radicaux dans certains cas par rapport au règlement que nous avons ici
actuellement.
Je termine, M. le Président, en faisant appel une autre fois au
ministre de l'Agriculture afin qu'il veuille bien déposer dans les plus
brefs délais ce projet de règlement et, s'il n'a pas en main le
projet de règlement, on peut toujours attendre, M. le Président,
qu'il puisse aller le chercher ou qu'il l'apporte ici pour qu'on puisse
l'étudier même ici en commission parlementaire. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Duplessis. Maintenant, je reconnais M. le
député de Dubuc.
M. Desbiens: Merci, M. le Président. L'article 14 de ce
projet de loi touche un point extrêmement important et crucial. Je sais
que mes collègues, le député de Lévis d'une
façon toute particulière et le député de
Laviolette, ont tenté, à leur manière, de convaincre le
ministre et nos collègues d'en face de la nécessité que la
réglementation soit déposée et connue des membres de la
commission parlementaire. Le député de Duplessis le rappelait au
ministre tantôt et je me souviens très bien de les avoir entendus,
lui et ses collègues, à l'époque -et je n'étais pas
loin d'être d'accord avec leurs questions alors - s'insurger contre le
fait que la réglementation découlant d'un projet de loi
n'était pas connue du législateur qui a à prendre la
décision, finalement. Arrive ce nouveau gouvernement, donc, qui nous a
promis des modifications importantes qu'on attend également. 5urtout
quand on a écouté et entendu pendant neuf ans les
députés de l'Opposition de l'époque se plaindre de la
façon de fonctionner du gouvernement précédent concernant
l'adoption des projets de loi et des règlements, on est en droit de
s'attendre, comme parlementaires, et la population aussi est en droit de s'y
attendre, que ce nouveau gouvernement prendra des dispositions nouvelles et
différentes de l'ancien gouvernement et s'appliquera, justement,
à résoudre les difficultés ou ce qu'il considérait
être des défauts de la législation du gouvernement
précédent.
D'autant plus que, dans certains secteurs, on sait avec quelle
hâte et quelle rapidité ce nouveau gouvernement est prêt
à modifier certaines choses, certaines actions. On a, depuis deux jours
et la nuit dernière encore, discuté de l'autre côté,
à l'Assemblée nationale, un projet de loi portant sur le
règlement de ce qu'on appelle le problème des "illégaux".
Je me souviens que, dès l'arrivée au pouvoir, au mois de
décembre, la vice-première ministre du Québec a, d'une
part, à titre de ministre des Affaires culturelles, annoncé - ce
sont presque les premières décisions qu'elle a prises - par
exemple, de modifier la composition et l'administration des trois offices qui
s'occupaient et qui s'occupent toujours, d'ailleurs, pour l'instant, de la loi
101, de l'application de la loi 101. Il y a des exemples déjà de
ce gouvernement qui indiquent une certaine volonté de modifier les
choses que ces gens critiquaient dans le passé comme membres de
l'Opposition, peut-être parfois avec justesse, il faut le
reconnaître. Puisqu'ils ont été élus, c'est sans
doute que leurs critiques étaient justifiées, à certains
égards du moins, et la population, comme nous, doit s'attendre
maintenant à ce qu'ils remplissent ou à ce qu'ils comblent les
espoirs qu'ils ont laissés poindre à la population.
Dans le domaine de la réglementation, et c'est relié
finalement à tout le rôle du député à
l'Assemblée nationale, de représentant élu de la
population... Dès le premier message inaugural que la
vice-première ministre du Québec a lu à l'Assemblée
nationale au mois de décembre, j'en étais très heureux
d'ailleurs et je me suis dit: Bon, enfin, ce gouvernement va donner un coup de
barre supplémentaire qui va venir confirmer l'action entreprise par
l'ancien gouvernement en ce qui concerne le rôle et le travail du
député afin que celui-ci puisse vraiment remplir ce rôle
à l'avantage de la population, bien sûr, mais aussi en toute
connaissance de ce qui se passe. C'est pour cela que toute la question de la
réglementation dans nos lois est reliée finalement au rôle
du député et à son rôle de législateur. On
touche au fond même du travail que la population nous demande d'exercer
en nous élisant ici à l'Assemblée nationale.
Donc, Mme la vice-première ministre, dès le premier
message inaugural, nous a annoncé l'intention de donner un rôle
plus large et plus entier, plus sérieux, aux députés
à l'Assemblée nationale. Je me souviens très bien que le
whip du nouveau gouvernement élu, le whip du Parti libéral, a,
dans les journaux, du moins... J'ai lu son intention de faire en sorte que les
députés du parti au pouvoir... parce qu'on a vécu ta
situation que les nouveaux députés et les nouvelles
députées sont appelés à vivre comme
députés du gouvernement. On sait que les ministres n'ont pas
tellement le temps ou parfois pas tellement le goût non plus de laisser
aux députés le soin d'examiner de façon plus
complète les projets de loi ou les mesures qu'ils entendent faire
adopter et bien sûr qu'à ce moment-là on se sent parfois
inutile et qu'on a une espèce de sentiment - si ce n'est pas encore
ressenti par les nouveaux députés libéraux, les nouvelles
députées libérales, ça viendra sûrement avant
longtemps on a ce sentiment assez rapidement que, finalement, on est des pions
et qu'on est là juste pour dire oui au ministre, faites cela, oui, on
vous appuie, et parfois on ne peut même pas exprimer son opinion. Quand
on aurait l'occasion ou l'intention d'exprimer une opinion...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Dubuc, j'aimerais quand même qu'on s'en tienne
à la pertinence. D'accord, parce qu'à un moment donné on
était rendu loin.
M. Desbiens: Oui, la pertinence, oui, mais c'est que la
réglementation, M. le Président, si vous le permettez, la
réglementation dans les lois touche au rôle fondamental du
député, finalement. C'est une partie de la législation
qu'on veut détacher justement de l'autorité de l'Assemblée
nationale et des députés qui la composent. C'est pour cela que je
profite de cette occasion, de cette première occasion que nous donne le
ministre de l'Agriculture -nous donne... ce n'est pas un cadeau, en fait, mais
l'expression le veut ainsi - de faire ce rappel. J'ai toujours
été l'un de ceux qui ont attaché une grande importance au
rôle que le député, comme représentant élu de
la population, le mandataire, finalement, de la population, doit jouer au
regard de la législation, non seulement les lois comme telles mais aussi
de toute la législation déléguée que constitue ia
réglementation. (22 h 45)
Donc, M. le Président, je disais que la vice-première
ministre avait annoncé la volonté de ce nouveau gouvernement
d'impliquer davantage le député dans son véritable
rôle de législateur. Le whip de ce nouveau gouvernement,
après les fêtes, sauf erreur, avait également
indiqué son désir d'impliquer davantage le législateur
dans tout ce qui concerne la législation, en faisant des comités,
oui, bien sûr, pour étudier entre autres la réglementation.
Vous voyez, je me rattache à l'article en question. Un peu plus tard, un
nouvel espoir, je pense, le leader actuel du gouvernement - même s'il
s'était foutu pas mal des députés en votant
illégalement sa loi sur le tabac - a quand même, du moins en
paroles, manifesté qu'il avait l'intention d'avoir un respect beaucoup
plus profond pour le rôle et l'action que le député doit
jouer dans cette enceinte, d'une part, pour l'étude des lois, bien
sûr... Je le répète, c'est cela qui est important et c'est
cela qui échappe très souvent, parce qu'aujourd'hui on fait des
lois-cadres, très générales. Ce qui vient donner leur vrai
signification à ces lois-là, c'est la réglementation qui
en découle.
M. le Président, bien sûr que la façon de corriger
cette situation... L'article 14 dit que le gouvernement peut adopter tout
règlement pour, premièrement, "définir" les mots,
deuxièmement, "fixer les conditions". C'est là, comme vous voyez
très bien, l'essentiel. L'application de la loi, c'est là que les
citoyens rencontrent - comme on dit - le législateur. C'est dans
l'application de la loi et des règlements, de ia législation
déléguée, "déterminer les fins", "déterminer
les caractéristiques", "prescrire les éléments que doit
contenir... " Il y en a de ces règlements là-dedans. C'est un
vrai désastre. Ce n'est pas le gouvernement qui devait enlever toute la
réglementation, cela? "5° prescrire les éléments que
doit contenir... " "6° fixer les délais... " "7° prescrire les
documents... " "8° édicter toute autre mesure nécessaire... "
Ce n'est pas un cadeau! Mais le ministre dit: On va inscrire cela dans la loi.
C'est nouveau, donc cela va avoir l'allure d'une réforme, je suppose,
dans son esprit. Il indique ces choses-là dans la loi elle-même,
dans la loi que nous étudions présentement, la loi 71, Loi
modifiant la Loi favorisant la mise en valeur des exploitations agricoles.
M. le Président, le ministre n'innove pas beaucoup en indiquant
cela dans cette loi. Par rapport à l'article 29 qui existait auparavant,
il n'apporte pas du tout de modification. Ce n'est pas du tout l'esprit de
réforme, en tout cas, que les députés de l'Opposition
prônaient ces neuf dernières années, comme on les a
entendus le faire très souvent. Ce n'est pas non plus, en tout cas, pour
ma part, ce que j'avais cru comprendre de la vice-première ministre
quand elle parlait de donner beaucoup plus d'importance au rôle du
député élu. De même, ce que le whip avait
laissé entendre ne correspond pas du tout à ce que le ministre de
l'Agriculture tente ici de faire comme modification. Que cela soit fait de la
façon dont c'était indiqué dans l'article 29 de la Loi
favorisant la mise en valeur des exploitations agricoles, ou que ce soit
indiqué de la façon dont le ministre nous le fait ici, dans
l'article 14, par modification à l'article 29, je ne vois pas quelle
différence il y a. Les députés ici vont voter
aveuglément sur 8 articles de règlements qu'ils ne connaissent
pas du tout. Ce sont justement ces règlements qui vont indiquer, qui
vont permettre aux citoyens qui auront à profiter ou qui seront
touchés par cette nouvelle loi, de voir probablement au moment où
ils feront une demande que le mot établissement veut dire telle ou telle
chose. Peut-être parce qu'il y a des gens d'expérience ici en
agriculture, je suis convaincu que - même si moi je n'ai pas
d'expérience en ce domaine, sauf qu'à voir des agriculteurs qui
parfois m'indiquent des choses, des difficultés qu'ils rencontrent en
cours de route, la façon dont les règlements et les programmes
sont appliqués... quelques députés du gouvernement
seraient en mesure - j'en suis convaincu - d'apporter beaucoup
d'éclaircissements au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation pour l'aider à faire sa loi. Son objectif est
d'essayer d'en faire la meilleure loi possible. Donc, ses collègues
députés seraient certainement en mesure de lui apporter beaucoup
d'éclairage pour assurer que la loi ait la meilleure
réglementation, soit celle qui colle le mieux à la
réalité, celle qui colle le mieux aux besoins des agriculteurs,
des jeunes agriculteurs qui auront à présenter des demandes pour
obtenir l'aide qui est prévue
par cette loi.
M. le Président, vous comprenez que je déplore beaucoup
que le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
n'ait pas été fidèle aux représentations que
lui-même faisait. Mon collègue, le député de
Duplessis, l'a mentionné tantôt. Je ne pourrais pas les nommer
parce que je ne voudrais pas qu'il me repose la même question. Je ne suis
pas capable de donner la réponse non plus parce que je n'ai pas sous les
yeux les galées du Journal des débats relatant toutes les
interventions du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation. Il est intervenu souvent, merci. J'aurais espéré
que ce nouveau et jeune ministre de l'Agriculture nous donne une nouvelle
façon de fonctionner à l'Assemblée nationale dans
l'étude et l'acceptation des projets de loi, qu'il innove avec une
nouvelle façon de procéder, comme son gouvernement nous le
laissait entendre, qui permette aux parlementaires de jouer pleinement le
rôle pour lequel la population les a élus, nous a élus
finalement, tous ensemble. Cela permet d'assurer de cette façon, avec
des gens très pratiques, des députés libéraux qui
connaissent très bien le domaine et qui auraient pu mettre en garde le
ministre sur certains pièges de sa réglementation qu'on
connaît moins ou qui est plus loin de la situation ou du vécu des
gens, que nous ne sommes pas capables de voir comme cela. Cela aurait donc
permis au ministre d'avoir une loi encore meilleure. Je déplore ce fait
avec mes collègues de l'Opposition. C'étaient les quelques
remarques que je voulais faire sur ce sujet. Je vous remercie.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député. J'ai reconnu M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, je voudrais parler sur
l'amendement du paragraphe 3 du premier alinéa de l'article 29
proposé par le projet et modifié par l'insertion, dans la
troisième ligne, après le mot "subvention" des mots "les
modalités de paiement de celle-ci". L'amendement vient rajouter à
un article déjà exorbitant. Je vous lis l'article principal.
Mettez-vous à la place... Je fais un appel aux députés ici
qui n'ont pas dit un mot, mais qui doivent être intéressés
par ces questions. Je pense au député de Saint-Hyacinthe, qui est
d'un comté en partie agricole, au député de
Lotbinière qui n'a pas parlé véritablement et qui est d'un
comté agricole, à la députée de Deux-Montagnes, qui
est...
M. Jolivet: Qui est agricultrice?
M. Garon: Agricultrice? Je ne l'aurais jamais pensé parce
qu'elle ne parle pas. Et le député de Prévost. Regardez la
facture du paragraphe 3 de l'article 29 qui est remplacé par l'article
14 du projet de loi. Qu'est-ce qu'il dit? "Déterminer les fins pour
lesquelles une subvention accordée en vertu des articles 5. 1, 16. 1,
16. 2 et 16. 3 peut être utilisée". Dans le projet de loi, on ne
sait même pas les fins pour lesquelles les subventions pourraient
être utilisées. C'est quelque chose. On est en train d'adopter un
projet de loi pour mettre 15 000 $ par bénéficiaire pour des fins
inconnues, qui seront déterminées plus tard par
règlement.
Pensez-y une minute. C'est bien cela, déterminer les fins par
règlement: "Le gouvernement peut adopter tout règlement pour: 3
déterminer les fins pour lesquelles une subvention accordée en
vertu des articles 5. 1, 16. 1, 16. 2 ou 16. 3 peut être utilisée"
Mais on sait que ces articles se réfèrent aux 15 000 $ et aux
multiples des 15 000 $ et la loi ne prévoit pas du tout les fins. Et on
dit quoi aussi? Non pas seulement déterminer les fins, mais
déterminer "la teneur du programme d'utilisation d'une telle
subvention". C'est quelque chose! Le projet de loi ne prévoit pas les
fins pour lesquelles la subvention peut être utilisée et ne
prévoit pas non plus la teneur du programme d'utilisation de la
subvention. C'est quelque chose! C'est comme si je vous disais de vous en aller
à la noirceur, dans une nuit sans lune et de vous rendre à
Montréal directement sans vous tromper. Vous n'avez pas de balise,
aucune directive, aucune indication dans la loi. On donne 15 000 $ en
général. On est dans le fort.
C'est évident que, malgré tout le temps qu'a eu le
ministre pour préparer son projet, il n'a pas véritablement fait
son travail. Il n'a pas fait ses devoirs. C'est inimaginable! Les fins pour
lesquelles la subvention peut être accordée, cela sera
déterminé par règlement. La teneur du programme
d'utilisation de la subvention sera déterminée par
règlement. C'est le pilote automatique. C'est le gouvernement. Le Parti
libéral nous a dit pendant des années, ici, qu'il fallait
arrêter de faire des lois comme cela. Jamais les lois antérieures
n'avaient été faites de cette façon. Là, on est
rendu à l'extrême du pouvoir réglementaire. Tantôt,
on pourra s'imaginer qu'il y aura ce qu'il y avait dans les lois sur les
pêches, il y avait une loi sur la préparation des produits marins
où il y avait deux articles: l'article 1 qui disait qu'on pouvait faire
des règlements et l'article 2 qui mettait l'article 1 en vigueur. On est
quasiment dans des lois du XIXe siècle. Je n'ai jamais vu cela.
Je vais vous dire une chose, je n'ai jamais vu, sauf dans les lois
d'autrefois, un pouvoir réglementaire si général. Je n'ai
jamais vu cela dans dix ans au gouvernement, un pouvoir aussi
général. La preuve, c'est que, quand on réfère
à la Loi favorisant l'établissement de jeunes
agriculteurs, on voit que le pouvoir général, même
sans engagement du Parti québécois, en 1978, avait un cadrage
beaucoup plus déterminé dans la loi elle-même. Si vous
regardez pour le plaisir de la chose... Je mets au défi les
députés du Parti libéral de se donner la peine de lire la
Loi sur la protection du territoire agricole et de lire tous les
règlements. Vous verrez qu'il n'y a rien dans les règlements-
Tout est dans la loi. Dans les règlements, il y a uniquement, è
peu près, à toutes fins utiles, des procédures devant la
commission parce que je ne pouvais pas mettre toutes les procédures dans
la loi. Mais vous ne trouverez à peu près aucun pouvoir
réglementaire. Tout est dans la loi pour des fins, justement, de
cohérence.
Tantôt, on a parlé d'avoir les règlements d'avance.
Dès 1977, dans une loi complexe, alors que le Québec était
à feu et à sang, après l'enquête de la SECO, sur la
question des petits abattoirs, les libéraux m'ont demandé, ils
m'ont dit qu'ils voulaient avoir les règlements parce que la loi...
Remarquez bien, je ne donnais pas... On va étudier une autre loi
tantôt, on va avoir du plaisir. Je n'établissais pas les permis
par règlement. Les permis étaient prévus dans la loi. On
verra cela tantôt, dans d'autres projets de loi, on va avoir du plaisir,
vous allez voir que les sortes de permis sont établies dans les
règlements. Je n'ai jamais vu ça. Notamment, quand on verra la
Loi sur la protection sanitaire des animaux...
M. Jolivet: Oh! là, par exemple. (23 heures)
M. Garon: Vous allez voir que, dans une loi complexe et
importante, même les permis sont définis dans les
règlements; moi, je n'ai jamais vu ça. Les types de permis, et je
vous réfère, je le dis d'avance aux députés, vous
avez le temps, on n'étudiera pas cela avant une semaine, allez voir,
pour le plaisir de la chose, la loi sur l'inspection des aliments. Vous allez
voir les différents types de permis qu'on établit, vous allez
voir qu'on permet les types d'abattoirs, qui vont avoir tels types de permis.
Vous allez voir exactement aussi, pour les usines de préparation du
poisson, les types d'usines pour le poisson congelé, les types de permis
pour le poisson salé, les types d'usines pour la préparation,
etc., tous les types de permis possibles dans la loi, pas dans les
règlements.
Actuellement, je vous le dis franchement, je suis abasourdi,
estomaqué, stupéfait de voir qu'on n'a jamais consenti à
un pouvoir réglementaire aussi vaste. On a l'impression que les gens qui
ont travaillé au projet, que les gens qu'on a engagés... qu'on a
reculé dans le temps jusqu'en 1850 et qu'on a engagé des gens
d'autrefois pour dire: On va faire des lois comme autrefois, quand les lois
avaient un pouvoir général. Le
Parlement, c'étaient des gens à temps partiel,
siégeant quelques semaines à l'automne, quelques semaines au
printemps. Il n'y avait pas de salaires pour les députés et,
à toutes fins pratiques, il n'y avait pas de dépenses non plus.
Les gens couchaient chez leurs cousines à Québec et, à ce
moment-là, les lois n'étaient pas volumineuses et les
fonctionnaires, pendant le reste de l'année, faisaient des
règlements volumineux, relativement volumineux.
Aujourd'hui, la tendance est à l'inverse. On veut définir
davantage dans la loi, parce que le député a un rôle
à jouer. Le député n'est pas là juste pour tenir le
temps et faire quorum. J'ai l'impression qu'on ne vous l'a pas dit encore. Un
député est là pour étudier les projets de loi, pour
voir à quel point ces projets de loi vont servir son peuple, vont servir
ses électeurs, vont servir les gens, ses commettants. Actuellement,
quand on dit que le gouvernement... Vous savez ce que cela veut dire, le
gouvernement? Vous savez ce que cela veut dire? Je vais vous le dire ce que
cela veut dire. En grande partie, cela veut dire que des fonctionnaires vont
préparer des règlements et le ministre, qui va être
accaparé par un tas de choses, n'aura pas de balises. Il va être
seul dans son bureau, avec quelques gens du cabinet surchargés, è
essayer d'analyser cela. Il va aller assez vite, cela va aller au Conseil des
ministres et, là, le premier ministre et le ministre de l'Agriculture
vont se lever. Pensez-vous que chacun des ministres va étudier les
règlements de l'Agriculture? II n'y en a à peu près aucun
qui va les lire. À ce moment-là, ils vont dire au ministre: Le
règlement est-il correct? Souvent, cela va être parmi les
réguliers. Les réguliers, cela veut dire que ceux qui ont des
objections s'opposent.
M. Jolivet: Ceux qui n'en ont pas ne s'opposent pas.
M. Garon: Ceux qui n'en ont pas ne s'opposent pas.
Évidemment, ceux qui ne l'ont pas lu... La plupart des ministres
n'auront pas lu ces règlements-là. Pensez-vous que tantôt,
les règlements sur la protection sanitaire des animaux, beaucoup de
ministres vont lire ces règlements? Cela va passer comme du beurre dans
la poêle. À ce moment-là, les responsables de cette loi
incohérente seront les députés du Parti libéral qui
n'auront pas fait leur travail. Cela se fait en caucus, en caucus des
députés.
Je me rappelle à quel point, sur des, mesures fondamentales, il y
avait des débats au caucus du Parti québécois. Pourquoi?
Les gens disaient: On a peur que telle loi, rédigée de cette
façon-là, dans cette facture, puisse amener à tel abus.
Après cela, l'administration va être sur le pilote
automatique. Ensuite, on faisait corriger les projets de loi. Combien de
fois ai-je eu à discuter avec des députés du caucus du
Parti québécois parce qu'il y avait des représentations
dans leurs comtés et qu'on devait améliorer les lois? Ils me
donnaient des conseils. On avait des discussions tous ensemble et les
députés jouaient un rôle important. Je vous dirai plus:
Pendant ces années, j'ai eu un caucus des députés
agricoles du Parti québécois qui se réunissaient chaque
mardi, dans mon bureau. Le caucus des députés agricoles du Parti
québécois se réunissait chaque semaine. Que faisaient ces
députés? Ils faisaient des représentations sur des projets
de loi et sur les programmes, etc. Cette année, vous avez le temps de
travailler aux projets de loi, il n'y a pas de programmes nouveaux au
ministère de l'Agriculture. Vous avez du temps, les programmes n'ont pas
été changés, ils ont été adoptés et,
quand les fonctionnaires sont venus nous expliquer le fonctionnement du
ministère cette année, ils nous l'ont dit. On le leur a
demandé et ils nous ont dit qu'il n'y avait pas de programmes nouveaux.
C'est évident qu'avec 54 000 000 $ en moins, il n'y a pas de programmes
nouveaux.
Les députés devraient concentrer leurs efforts sur la
législation et sur la réglementation. Là, on se retrouve
devant des projets très généraux. Le paragraphe 4, par
exemple, dit: "déterminer les caractéristiques que doit comporter
un contrat de société pour qu'elle soit une société
au sens du paragraphe 1 de l'article 1. " Le type de société...
La structure qui est la base de ce projet de loi - on l'a dit tantôt - ce
n'est pas la structure de l'entreprise, ce n'est pas le concept d'entreprise,
c'est le concept du cadre juridique. On va faire déterminer cela par
règlement. C'est quelque chose. Pensez-vous que chaque
député va étudier chacun de ces règlements? Cela
veut dire que l'administration, la bureaucratie, c'est le pilote automatique.
Or, les élus sont là pour faire leur travail. L'administration -
et je comprends - recherche une certaine conformité, un certain moule
qui pour elle est plus approprié, mais les habits sur mesure ce sont les
législateurs, ce sont les députés qui font cela. Les
habits faits d'avance, c'est l'administration. Mais l'habit sur mesure, c'est
le député. C'est le député qui doit dire que dans
son comté le monde n'est pas tout petit, le monde n'est pas tout grand,
le monde n'est pas tout gros, le monde n'est pas tout maigre. Il y en a de
toutes les sortes. Cela prend des législations qui peuvent habiller le
monde en fonction de ses besoins. Là, les députés du Parti
libéral qui ont la majorité disent qu'ils se dégagent de
tout cela. Ils adoptent le mot et après cela les fonctionnaires et les
ministres détermineront les caractéristiques. C'est quelque
chose. Je suis un peu estomaqué que dans un projet de loi comme
celui-là, où on parle maintenant de mettre des modalités
de paiement, ces modalités de paiement seront déterminées
- encore là - dans le règlement.
M. le Président, ce que le ministre devrait faire au fond, c'est
enlever l'article 14, quitte à revenir cet automne avec des
modifications qu'il va mettre dans la loi. C'est cela qu'il devrait faire.
L'Office du crédit agricole a fonctionné pendant près de
20 ans, depuis 1969, sans cet article, sans ce pouvoir réglementaire,
sans l'article 29. Comment a-t-on besoin actuellement de cela, que cela soit
une urgence dans les premières semaimes de l'administration d'un nouveau
ministre? II ferait mieux, à mon avis, de prendre le temps qu'il faut et
nous dire qu'on va... D'autant plus que l'Opposition n'est pas contre le
principe, au contraire, qu'on mette davantage d'éléments dans le
projet de loi et que les règlements soient moins considérables
pour garder au pouvoir législatif ses pouvoirs. Au fond, en adoptant des
lois de cette nature, le pouvoir législatif, les députés
abandonnent leur responsabilité. Fondamentalement, c'est cela que cela
veut dire. Et je vais vous dire à quel point. Quand l'Opposition
libérale - dans le temps - disait qu'il fallait mettre davantage dans la
loi et moins dans les règlements, qu'il fallait restreindre le pouvoir
réglementaire au profit du pouvoir législatif pour maintenir la
juridiction des élus, on était sensibles à ces critiques.
D'autant plus que souvent il s'agissait de lois qui avaient été
adoptées avant nous. On était sensibles à cela.
Régulièrement, dans nos réunions, on se disait d'accord
avec les libéraux, à savoir qu'on devrait mettre davantage dans
la loi et moins dans les règlements. Mais une fois que le Parti
libéral est au pouvoir, il fait fi d'une de ses principales critiques,
à un point tel que vous avez un projet de loi devant le Parlement qui
s'appelle le projet de loi sur les règlements où le ministre de
la Justice veut assurer une certaine coordination. Il veut s'occuper de cela.
Il veut faire en sorte... Pourquoi? Est-ce que vous avez déjà vu
ce que sont les règlements au gouvernement? Cela a adonné que
l'ancien député en a laissé un exemplaire dans mon bureau.
Il n'était pas à jour. Il n'était pas très utile.
Il datait de quelques années. Sauf que cela faisait des cahiers
écrits très petits. Un rayon de bibliothèque large comme
ça de règlements. Je me suis dit: Bonne mère, cela n'a pas
de bon sens! Je ne vais pas lire tout cela. J'étais content de trouver
qu'ils n'étaient pas à jour. Je me suis dit que je pouvais m'en
débarrasser. C'était considérable. C'était
incroyable la quantité que cela représentait.
M. le Président, c'est pour cela que je pense que le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation devrait non
seulement retirer son amendement au paragraphe 3 de l'article 29 qui est
remplacé par l'article 14 - c'est un nouvel article 29 qu'on trouve
à l'article 14 du projet de loi - mais il devrait retirer l'article 14
au complet, qui remplace l'article 29 qui donnait un pouvoir
général, pour faire en sorte qu'on retrouve davantage
d'éléments de la réglementation dans la loi plutôt
que dans le règlement. Je suis convaincu que les gens qui travaillent
avec le ministre, les gens qui ont fait tous ces engagements... Je comprends
que le ministre dit: Je n'en ai pas fait d'engagements. C'est vrai que
lui-même n'en a pas fait, parce qu'il n'était pas au
ministère de l'Agriculture et je ne sais pas ce qu'il a dit comme
critique officiel en matière de travail. Je n'étais pas sur cette
commission-là. Je n'ai jamais été membre de cette
commission. Mais je sais que le député de Maskinongé et
les principaux porte-parole du Parti libéral au Parlement le disaient.
Et le gouvernement le disait tellement, que la chambre de commerce est venue
nous présenter un mémoire cette année que je vous
conseille de revoir. Ceux qui voudraient des copies, cela me fera plaisir de
vous en donner à mon bureau; aux députés
ministériels je pourrai envoyer des copies, mais vous pouvez avoir cela
chez vous aussi. Le mémoire de la Chambre de commerce du Québec,
pour l'année 1986-1987, porte essentiellement sur trois sujets: le
libre-échange, la privatisation et la
déréglementation.
Pardon? Non. C'est la chambre de commerce. Pourquoi? Parce que le Parti
libéral a dit que pour lui c'étaient des urgences.
C'étaient, pour lui, des orientations; la
déréglementation, la privatisation et l'approche qu'il aurait par
rapport au libre-échange. Que les projets de loi qui arrivent un par un,
fassent exactement le contraire et réglementent plus que jamais... ! On
a vu à ce jour à l'aide sociale - je vais vous donner des
exemples - qu'on aurait une police spéciale; 9 000 000 $ avec une police
spéciale que les gens ont commencé déjà à
appeler les "Boubou-macoutes".
M. Houde: Est-ce qu'on peut ramener le député de
Lévis à la pertinence, un peu, toujours. Qu'il dise bien
n'importe quoi mais en ce qui touchera le projet de loi.
M. Garon: Non, mais, là-dessus...
M. Jolivet: Wow! Ne qualifiez pas les propos de n'importe
quoi.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez,
allez-y.
M. Houde: Non, mais qu'il dise n'importe quoi, autre chose que
sur le projet de loi, mais qu'il parle du projet de loi.
M. Garon: Non, mais je fais une preuve.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs, s'il
vous plaît.
M. Houde: Pour se renseigner. Il veut nous renseigner. Qu'il nous
renseigne, mais dans le bon sens, dans la pertinence.
M. Jolivet: Des exemples.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À l'ordre,
s'il vous plaît. M. le député de Lévis, il vous
reste une minute et demie.
M. Garon: Parfait. À l'aide sociale, on retrouve un
nouveau genre de police: une police de l'aide sociale. Hier, vous êtes
allé étudier en commission parlementaire du budget et de
l'administration les projets de loi 79, 80, et 81. Qui font quoi? Qui trouvent
un nouveau système de percepteurs, d'agents percepteurs, au
ministère du Revenu. On est en train d'établir une nouvelle
bureaucratie, des polices un peu partout. Je vais vous dire ce qui va arriver
tantôt. Vous allez être obligés de créer un
ministère de l'intérieur, comme dans les vieux pays où il
y a à peu près une police pour cent personnes, où il y a
des gens qui sont dans le contrôle de la population, dans la surveillance
de la population. On est en train d'établir, actuellement, des polices
de toutes natures et il va falloir un ministère pour coordonner tout
cela. Remarquez bien: le même Parti libéral qui disait qu'il
fallait diminuer ce qui existait déjà, est en train de multiplier
les polices comme si c'était la multiplication des pains.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis, il faudrait conclure.
M. Garon: Je dis que cet amendement devrait être
retiré par le ministre. Je sais qu'il a le pouvoir, avec la
majorité, de le faire voter, mais je pense qu'il devrait, pour la
cohérence des projets - Je ne le blâme pas. Je ne suis pas certain
que ce soit lui qui ait demandé d'avoir l'article 14, qui remplace
l'article 29 - qu'il est important que le ministre dise: Holà, c'est
assez! Si, après quelques mois au pouvoir, il n'est pas capable de dire
holà, imaginez-vous, au cours des quatre prochaines années, quand
allez-vous dire holà? On va se retrouver avec une masse de
règlements comme on n'en aura jamais vu dans toute l'histoire du
Québec.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Lévis. Je cède la parole au
député de Laviolette, et je tiens à vous dire avant de
commencer qu'il vous reste trois minutes.
M. Jolivet: Certainement. Je vais être très rapide,
parce que j'ai l'intention de présenter un amendement ou de toute
façon de procéder, parce que nous avons étudié
jusqu'à maintenant le principe de l'article 29, qui dit: "Le
gouvernement peut adopter tout règlement pour: ".
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez. On discute
toujours sur l'amendement, n'est-ce pas?
M. Jolivet: Je suis d'accord avec vous, mais je veux juste
annoncer ce que j'ai l'intention de présenter, parce qu'au fond, vous
avez bien dit tout à l'heure au député de Saint-Hyacinthe
qu'on discutait de l'ensemble. C'est pour cela que j'exécute. (23 h
15)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): J'ai fait une
erreur, mais c'est cela, c'est vrai.
M. Jolivet: J'ai une très bonne mémoire.
Le Président (M. Tremblay, Iberville):
Allons-y.
M. Jolivet: Vous savez...
M. Garon: On parle sur l'amendement.
M. Jolivet: Oui, sur l'amendement mais, en même temps, sur
l'ensemble du principe lui-même.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est que, si vous
voulez présenter un autre amendement, il va falloir disposer de
celui-là avant.
M. Jolivet: Oui, d'accord. Si vous voulez, on peut
procéder tout de suite à l'amendement et je vais revenir à
mon droit de parole ensuite.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Non, non, vous avez
le droit de parole, mais sur l'amendement. À un moment donné, si
vous voulez avoir un autre amendement, il va falloir disposer de
celui-là. C'est tout simplement la procédure.
M. Jolivet: Je suis d'accord avec vous. Dans ce cas-là, je
vais laisser la parole au député de Ouplessis, s'il a des choses
à ajouter, et je reviendrai tout à l'heure.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Ah bon!
M. le député de Duplessis.
M. Perron: Cela va, M. le Président. Je vais revenir
sur...
Une voix: II perd du temps. Une voix: L'amendement.
M. Perron: Oui. Je ne parlerai pas sur l'amendement, mais je vais
revenir sur l'ensemble de l'article...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): De l'article,
d'accord.
M. Perron:... dont on parle actuellement.
Une voix: II faudrait régler l'amendement avant.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Mais, normalement,
il faut disposer de l'amendement avant.
M. Jolivet: C'est cela, on va y aller et, après cela, on
reviendra.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. Alors,
vous y allez ou si...
Une voix: Hop! Le député de Dubuc.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est fini?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
Une voix: C'est parce que je voulais...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Nous allons
disposer de l'amendement maintenant, si vous le voulez bien. Est-ce que
l'amendement est adopté tel que lu?
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté sur
division.
M. Jolivet: Alors, je reviens. J'ai mon droit de parole,
maintenant, M. le Président?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Là, on
revient à l'article 14. Si vous voulez faire un autre amendement...
M. Jolivet: En fait, je ne sais pas comment l'appeler parce que
c'est peut-être...
M. Pagé: M. le Président, avant, est-ce que vous
pourriez nous indiquer l'utilisation du temps qui a été faite par
le député de Laviolette?
M. Jolivet: II me restait trois minutes
qu'il m'a dit tout s l'heure.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Trois minutes.
M. Garon: Sur l'amendement ou sur la motion principale?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est parce qu'on a
discuté des deux ensemble tout à l'heure. On a permis...
M. Garon: Mais non.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, oui.
M. Pagé: C'est cela, oui, oui.
M. Garon: Non, non. On ne peut pas prendre de temps sur
l'amendement...
M. Pagé: Je m'excuse, M. le Président. C'est ce
à quoi se sont conviés le député de Laviolette et
les députés de l'Opposition.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Exact.
M. Garon: On ne peut pas faire cela.
M. Pagé: Oui, M. le Président, je m'excuse.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On peut tout.
L'Assemblée est...
M. Jolivet: C'est ce que le président a dit tout à
l'heure.
M. Pagé: Question de règlement, M. le
Président.
M. Garon: J'ai parlé sur l'amendement, je n'ai pas
parlé sur la motion principale.
M. Pagé: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, je vous
écoute, M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, les députés
de l'Opposition et l'ensemble des collègues ont convenu que les
commentaires formulés en regard de l'article 14 modifiant l'article 29
pouvaient embrasser en même temps l'amendement et le fond. Donc, M. le
Président, il reste trois minutes au député de Laviolette
et on pourra disposer de l'article 14 par la suite.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est exact. C'est
parce qu'il a été convenu tout à l'heure...
M. Garon: Mais pas tout le monde.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous étiez
là, M, le député de Lévis.
M. Garon: J'ai parlé sur l'amendement, je n'ai pas
parlé sur la motion principale.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Laviolette a bien compris et de chaque
côté, on a...
M. Garon: Pardon? Oui, mais pas tout le monde.
M. Pagé: Vous avez parlé de...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Tout le monde a
demandé cela et on a dit qu'il était mieux de discuter les deux
ensemble.
M. Garon: Non, non; c'est l'application du règlement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): De toute
façon, vous pouvez quand même faire un autre amendement, M. le
député. Il n'y a pas de problème.
M. Garon: Cela ne fait rien, mais il faut...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II n'y a pas de
problème.
M. Garon: Pardon? On ne peut pas parler sur la motion principale
et sur l'amendement en même temps. C'est le règlement qui
s'applique là-dedans.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord, mais on
m'a demandé cela et j'ai dit oui. M. le député de
Leviolette est au courant.
M. Pagé: Oui, oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Si vous voulez
quand même que...
M. Garon: Non, non. Il n'y a pas eu d'entente, je regrette.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous étiez
là. Tout le monde a dit: D'accord,
M. Garon: Non, non. Si on veut faire un changement aux
règlements, il faut qu'il y ait l'unanimité. J'ai dit: Je parle
sur l'amendement précisément. Je l'ai spécifié au
début de mon allocution et on ne peut pas faire des ententes pour priver
les députés de leur droit de parole en vertu du
règlement.
M. Jolivet: Je vais essayer de clarifier la situation. J'avais
parlé sur la proposition principale. Je disais que dans ma discussion je
pouvais parler de l'amendement, mais aussi de la motion principale. Donc, j'ai
parlé sur l'amendement et, effectivement, le député de
Lévis n'a pas parlé encore sur la motion principale.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Si vous voulez
bien, pour qu'il ne soit pas brimé dans son droit, il reste sept
minutes. Je vais lui donner sept minutes sur l'article principal. Si on est
d'accord, je vais les lui donner. 11 reste sept minutes.
M. Garon: Ils vont me perdre là.
M. Jolivet: Donc, M. le Président, je vais utiliser les
trois minutes qu'il me reste. En regardant l'article 29, on vient de parler de
l'amendement au troisième alinéa, mais vous savez très
bien que l'article 14, article 29 amendé, est un article qui est
très vaste, qui comporte plusieurs éléments, plusieurs
principes. Je vous demande, M. le Président, de pouvoir - et c'est la
motion que je ferais - discuter du premier alinéa d'abord et d'en
disposer comme on y a toujours été habitué dans les
commissions parlementaires, du deuxième alinéa et d'en disposer.
Nous pourrons donc commencer par le premier alinéa et poser les
questions qui s'imposent et donner les informations qu'on a sur le premier
alinéa d'abord.
M. Garon: L'intérêt de la question, c'est qu'on
pourrait aller plus rapidement. Parce qu'il y a là plusieurs points, il
y a neuf paragraphes.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, mais c'est une
motion.
M. Jolivet: Non. Je m'excuse. M. le Président, je pense
qu'on ne s'entendra peut-être pas là, mais l'article 14 comprend
effectivement neuf paragraphes. Il est toujours possible pour discussion de les
prendre un par un et de poser les questions pertinentes. Je pense qu'on a fait
une discussion globale sur la réglementation, mais on n'a pas pris
chacun des paragraphes pour étude. Le ministre nous a
présenté un amendement au paragraphe 5, mais rien ne nous
empêche de prendre le paragraphe 1, de poser les questions qui le
concernent et de faire les recommandations qui s'imposent.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous avez toute
latitude pour poser toutes les questions que vous voulez, mais il y a une
motion du ministre pour l'article 14. S'il y a des amendements à
apporter... Vous pouvez faire tout ce que vous voulez mais, normalement, il y a
une motion. Il n'y a pas huit motions, il n'y en a qu'une. Et c'est l'article
14.
M. Jolivet: Ce que je vous propose, en vertu du règlement,
c'est de scinder, de faire la scission qui s'impose pour qu'on le discute
paragraphe par paragraphe. J'ai vu cela souvent dans des commissions
parlementaires.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il y a
consentement, il n'y a pas de problème à ce que vous
proposez.
M. Jolivet: Qu'est-ce que c'est, le consentement? D'où
cela vient-il, le consentement? Il s'agit d'une motion de scission. Je peux
présenter la motion et expliquer pourquoi. Ils voteront pour ou ils
voteront contre. Vous m'avez expliqué tout à l'heure que, si je
n'étais pas pour, j'étais contre; donc, que je voterais pour ou
que je voterais contre. Ce que je veux vous proposer, la motion que je fais,
est de scinder la discussion: paragraphe 1°. paragraphe 2°, paragraphe
3°, jusqu'au 9° paragraphe. Je vais expliquer pourquoi je veux une
motion de scission et, alors, je vais commencer mes vingt minutes.
Le président (M. Tremblay, Iberville): On va
vérifier le règlement pour voir si c'est recevable.
M. Jolivet: C'est recevable, certainement!
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Si j'ai bien
compris, vous voulez avoir cela en deux parties ou est-ce paragraphe par
paragraphe?
M. Jolivet: C'est paragraphe par paragraphe. En fait, ma motion
est de discuter paragraphe par paragraphe. Donc, j'ai une motion qui est
recevable.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Juste une seconde,
oui? M. le ministre, je vous donne la parole.
M. Pagé: M. le Président, concernant la
recevabilité de la motion du député de Laviolette,
demandant de scinder la discussion sur chacun des paragraphes de l'article 29
de la Loi sur la mise en valeur des exploitations agricoles modifiée par
l'article 14 du projet de loi 71, elle n'est pas recevable. M. le
Président, cela me surprend qu'une telle motion soit
présentée par un député qui, par surcroît, a
déjà été vice-président de
l'Assemblée nationale. M. le Président, je vous inviterais
à vous référer à la jurisprudence de cette Chambre
et, si ma mémoire est fidèle, une décision analogue - je
vous le dis sous toute réserve - a déjà
été rendue par l'honorable député de
Gatineau au moins d'août 1975 - vous n'y étiez point - lors de
l'étude en commission parlementaire du projet de loi 22, laquelle loi a
fait de la langue française la langue officielle du Québec. M. le
Président, je vous inviterais donc a suspendre l'étude de cet
article pour pouvoir prendre en délibéré la
recevabilité de la motion de l'honorable député de La
violette, mon bon ami, et vous pourrez rendre votre décision demain
soir.
M. Jolivet: Un instant, M. le Président. J'ai le droit de
plaider, moi aussi; je n'ai pas encore plaidé. J'ai proposé une
motion, il juge...
M. Pagé: Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Brève et
courte. D'accord.
M. Pagé: M. le Président, j'avais cru comprendre -
cela fait partie d'une autre décision aussi, je ne pourrais pas vous
signifier de cas, mais c'est arrivé tellement sauvent et le
vice-président devrait se rappeler cela, à moins que vous n'ayez
pas été là à cause des voyages parlementaires, mais
je pense que vous étiez présent - que lorsqu'un
député présente une motion, il intervient. Or, votre
intervention est terminée.
M. Jolivet: Non, je m'excuse. M. le Président, une
question de règlement. J'ai fait une motion, je vous ai demandé
quelque chose et le député m'a interrompu en disant: Je veux
parler sur la recevabilité. Je n'ai même pas eu l'occasion de
plaider moi-même.
M. Pagé: Excusez-moi, M. le Président, sur
la...
M. Jolivet: II y a une pratique coutumière aussi à
l'Assemblée nationale et en commission en particulier - je le sais pour
avoir occupé votre siège - à savoir qu'au moins une
personne de chaque côté plaide. Le président l'a
rappelée en Chambre tout dernièrement. Laissez-moi au moins la
chance de plaider.
M. Pagé: M. le Président, je regrette. Le train est
passé, vous veniez de dire que vous la preniez en
délibéré, que vous analysiez le bien-fondé et la
recevabilité de la motion.
M. Jolivet: Non. M. le Président, je veux parler sur la
recevabilité, moi aussi»
M. Pagé: M. le Président, je vous demande de la
prendre en délibéré. Je n'ai pas l'intention d'abuser du
temps de cette commission qui est ici pour faire un travail efficace, un
travail de fond, un travail de bonification de nos lois, ce qui n'a pas
été le cas ce soir, soit dit en passant, malheureusement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Ce qu'on peut
faire, c'est la prendre en délibéré et continuer avec
l'article suivant.
M. Jolivet: M. le Président, pour au moins mon
interprétation comme député de l'Opposition dont vous
devez préserver les droits...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Jolivet:... permettez-moi de le faire ici et non par
lettre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. Soyez
court, on a l'article suivant.
M. Jolivet: Écoutez, j'ai proposé une motion en vue
d'accélérer le processus de l'étude de chacun des
paragraphes. J'ai eu l'occasion, comme vous, de présider souvent des
commissions parlementaires et, tout dernièrement, pour le projet de loi
24 - tout dernièrement, il y a deux semaines, ce n'est pas il y a quatre
ans, ni en 1975 - le président, le député de Sauvé,
a accepté qu'on scinde la discussion sur chacun des paragraphes pour,
justement, permettre une meilleure discussion, plus normale, plus intelligente
de l'ensemble des paragraphes.
Vous avez, dans chacun des paragraphes, tellement
d'éléments importants. Ces éléments-là
doivent être analysés un à un pour que les gens de l'autre
côté comprennent bien pourquoi nous avons eu une longue discussion
sur les règlements. Je vous demande, bien entendu, de le prendre en
délibéré, si vous voulez, et on va attendre votre
décision. Vous pouvez prendre le temps que vous voulez, une demi-heure,
dix minutes, cinq minutes, pour juger de la recevabilité. Je voudrais
vous faire mention qu'il n'y a pas tellement longtemps un président au
même titre que vous a pris la décision de permettre ces choses
afin d'accélérer l'ensemble de la discussion et de bien
comprendre la teneur de chacun des paragraphes.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. Je vous
remercie. Nous allons maintenant continuer avec l'article suivant, pendant que
nous allons prendre cela en délibéré. Si vous voulez bien,
on va passer è l'article 15. On y reviendra.
Si vous voulez procéder avec l'article 15.
M. Pagé: Avant d'aborder l'étude de
l'article 15, M. le Président, et sans vouloir abuser, encore une
fois, du temps de cette commission parlementaire, le député de
Lévis me demandait les montants prêtés en vertu de la loi
tandem - celle qu'on appelle la loi tandem - adoptée en 1978. Je peux
lui indiquer qu'en 1985-19B6 le montant total des prêts effectués
était de 135 600 000 $; en 1984-1985, de 140 600 000 $; en 1983-1984, de
128 100 000 $; en 1982-1983, de 130 200 000 $; en 1981-1982, de 347 300 000 $;
en 1980-1981, de 346 800 000 $; en 1979-1980, de 344 400 000 $ et, en 1978, de
206 100 000 $.
Cet après-midi, M. le Président, j'ai omis et qu'on m'en
excuse - les propos des honorables députés de l'Opposition
étaient tellement intéressants - de fournir une information que
je possède depuis entre 16 h 15 et 16 h 20, si ma mémoire est
fidèle, concernant le nombre de demandes pendantes en vertu de la loi de
la mise en valeur. On m'a indiqué qu'il y avait actuellement plus ou
moins 55 demandes formulées dans nos bureaux, dans nos régions.
Pour être certain de donner une réponse vraiment adéquate,
compte tenu de toute la rigueur qui nous caractérise dans nos propos, on
a fait faire une vérification dans chacun des bureaux cet
après-midi. C'est donc, plus ou moins, à quelques unes
près, 55 demandes qui sont pendantes, formulées plutôt, et
ici, au siège socia! à Québec, on a reçu 70
demandes, ce qui veut dire 125 demandes environ qui sont non
complétées, dont souvent les actes ou les documents sont
incomplets. Dans 173 cas, l'office a demandé les actes d'achat. M. le
Président, cela répond à la question de l'honorable
député de Lévis. L'article 15... (23 h 30)
M. Garon: Est-ce qu'il s'agit de demandes depuis le 2
décembre ou le 13 décembre ou de demandes pendantes
actuellement?
M. Pagé: Ce sont les demandes pendantes actuellement.
M. Garon: J'avais demandé également les
demandes...
M. Pagé: Nous sommes à faire la ventilation, M. le
Président, et on pourra fournir cette information aux membres de la
commission, peut-être d'ici la fin de la soirée demain soir. Il
faut quand même retenir qu'on les contrôle ou qu'on peut donner un
chiffre plus exact quand les demandes sont acheminées à
Québec et lorsqu'elles sont arrivées à notre bureau de
Québec. Là, on peut voir la date de l'acquisition.
M. Garon: Il y a trois éléments, vous avez raison.
Il y a la date d'acquisition, car, ce qui va compter, c'est l'acquisition avant
le 1er juillet 1986. Ce que je voulais dire, au fond, c'est ceux qui ont fait
des acquisitions avant le 1er juillet 1986, qui ont obtenu du crédit de
l'Office du crédit agricole et qui n'ont pas fait leur demande, mais qui
sont susceptibles d'en faire une et les demandes pendantes. Combien de cas cela
touche?
M. Pagé: M. le Président, le député
de Lévis, à la lumière de la longue expérience
qu'il a, va comprendre que l'office ne peut pas colliger la liste de ceux qui
sont susceptibles de faire une demande.
M. Garon: L'office a cela.
M. Pagé: Susceptibles de faire une demande après le
1er juillet 1986?
M. Garon: Oui, parce qu'ils ont moins de 40 ans. L'office sait
qu'il a fait des prêts à des gens qui vont demander des
subventions. Au moment de l'acquisition, la demande n'est peut-être pas
faite immédiatement...
M. Pagé: D'accord.
M. Garon:... mais, comme ils ont moins de 40 ans...
M. Pagé: Mais, il faudrait... D'accord.
M. Garon:... ils peuvent la faire plus tard. Ce n'est pas
nécessaire de la faire immédiatement au moment de
l'acquisition.
M. Pagé: L'honorable député de Lévis
conviendra avec moi que sa question était de portée
générale lorsqu'il me demandait que l'office nous indique le
nombre de demandes susceptibles d'être formulées après le
1er juillet 1986. Il aurait dû la limiter à ceux qui ont
reçu des prêts et qui sont susceptibles de
bénéficier. On va vérifier...
M. Garon: Oui, mais c'est parce que vous avez fourni...
M. Pagé:... et, dans les jours qui suivront, nous allons
tenter...
M. Garon: Mais l'office a tout cela.
M. Pagé:... avec toute la bonne foi, l'ouverture et la
transparence qui nous caractérisent, de vous donner les informations les
plus exactes possible.
M. Garon: L'office a ces renseignements. L'office le sait parce
qu'il fait des prévisions. Quand il fait ses prévisions au moment
des budgets, il sait qu'il est
susceptible d'avoir tant de demandes.
M. Pagé: On a fait des prévisions...
M. Garon: Parce qu'il sait qu'il a prêté de
l'argent.
M. Pagé:... qu'on espère les plus sûres
possible. Oui.
M. Garon: C'est très simple, au fond, parce que l'office
ne prête à peu près rien. L'an dernier, en 1984 ou 1985, je
peux vous dire qu'il a fait 60...
M. Pagé: 87 prêts.
M. Garon: Oui, autour de cela. Autour de 80 prêts. J'avais
l'impression que c'était 77 ou 79. Mais il me semble que c'est 77.
M. Pagé: On me dit que c'est 85. Mon enthousiasme
était débordant. J'en avais mis deux de plus.
M. Garon: On ne s'obstinera pas pour quelques prêts. C'est
l'ordre de grandeur qui est important. Autour de 80 prêts. Pour faire une
bonne analyse du projet de loi, il faut connaître le nombre de personnes
qui ont acquis avant le 1er juillet 1986 et qui ont des demandes pendantes: Des
demandes ont déjà été faites ou elles ont
indiqué qu'elles vont faire leur demande. L'office sait, par exemple,
que quelqu'un qui a emprunté, qui a 35 ans, qui s'est établi et
qui n'a pas encore soumis son programme, peut soumettre son programme dans six
mois ou dans un an, parce que cette demande s'inscrit dans le cadre de son
acquisition de ferme, qui a été financée par l'office, la
plupart du temps.. L'office sait que les gens sont susceptibles de lui faire
une demande dans le cadre de la loi qu'il administre.
M. Pagé: M. le Président, comme je l'ai
indiqué tout à l'heure, le député se
réfère à un cas où le producteur a acquis son
entreprise, elle est financée. Le producteur a maintenant la
possibilité, en vertu de la loi, de s'inscrire en demande en fonction de
la Loi favorisant la mise en valeur des exploitations agricoles et de
bénéficier d'une subvention de 8000 $ dans le cadre de la loi
actuelle. Nous allons colliger ces informations afin de savoir le nombre le
plus précis passible de celles ou ceux qui pourraient se
prévaloir des dispositions de la loi et qui auront jusqu'au 30 juin 1987
pour le faire.
M. Garon: C'est cela. Parce que, si vous lisez l'article 2...
M. Pagé: Aussitôt que l'information me sera
livrée, c'est avec empressement que je vous la transmettrai.
M. Garon: Je suis certain que l'office a déjà ce
renseignement.
M. Pagé: M. le Président, il est 23 h 34...
M. Garon: Ils ont de gros cahiers de statistiques en
arrière.
M. Pagé: Oui.
M. Garon: Je connais l'efficacité des gens de l'office.
Ils connaissent les analyses et les statistiques du crédit agricole et
les cultivateurs à peu près sous toutes les coutures. Je peux
vous dire une chose là-dessus: J'ai toujours aimé travailler avec
l'office parce que, quand vous demandiez quelque chose, vous n'aviez pas fini
de formuler la question que, habituellement, le président avait la
réponse.
M. Pagé: Je souscris de plein gré aux propos du
député. J'ajouterai, cependant, que mes honorables collaborateurs
de l'office ont constaté que, lorsque le député de
Portneuf et ministre de l'Agriculture donnait un chiffre à un ou deux
chiffres près de différence, il se sentait d'une
culpabilité importante. Tantôt, quand je vous a dit à 87
près et que, en fait, c'était seulement à 85 près,
je me le reproche parce que ce n'est pas exact.
M. Jolivet: L'humilité? C'est différent de ce qu'on
connaît.
M. Pagé: Très probablement que mes honorables
collaborateurs de l'office, dont M. le président et ses adjoints,
pourraient me donner une information et me dire, par exemple, 134. Si, demain
matin, je devais constater que c'est plutôt 144, je m'en tiendrais
rigueur. Alors, on va le préciser. On va vous donner le tableau exact de
nos estimations, parce que cela demeure toujours des estimations qui s'appuient
sur des probabilités, quand même, assez certaines. Comme la
certitude est toujours relative, cela restera à démontrer. Est-ce
que cela répond à votre question, M. le député?
M. Garon: En vertu des articles 2, 5 et 7...
M. Pagé: C'est cela. Ce qui est pendant actuellement, ce
qui est susceptible de venir, en fonction des dispositions actuelles de la loi,
à 8000 $.
M. Garon: La loi ne donne pas de limite, sauf le 30...
M. Pagé: Juin 1987.
M. Garon:... juin 1987. Tous ceux qui
ont acquis ou loué, à compter du 1er novembre 1975, pour
s'établir, une ferme rentable ont droit à une subvention
d'établissement ou à une subvention pour amélioration
générale à la ferme. C'est la même chose pour la
subvention d'amélioration foncière, en vertu de l'article 5.
C'est la même chose, en vertu de l'article 7, pour ceux qui agrandissent,
acquièrent ou louent du terrain additionnel pour agrandir leur ferme.
Cela permettra en même temps d'évaluer le nombre de personnes qui,
s'adressant à l'office, vont se rendre compte qu'elles ont droit
à 2000 $ ou 6000 $ plutôt qu'à 15 000 $. Je pense que c'est
important de le savoir dans le cadre de l'étude du projet de loi.
Maintenant, on peut passer...
Le Président (M. Houde): On pourrait revenir à
l'article 15.
M. Pagé: L'article 15, M. le Président...
Le Président (M. Houde): M. le ministre.
M. Pagé:... c'est une mesure strictement transitoire,
c'est-à-dire que cet article prévoit que les règlements
régissant actuellement les subventions à être
versées pour un montant de 2000 $ et de 6000 $, pour ceux dont
l'établissement serait antérieur au 1er juillet 1986 et pouvant
aller jusqu'au 1er juillet 1987... L'octroi de cette subvention sera
régi par le règlement prévu à l'article 29 du
projet de loi avant amendement, à savoir que c'est le règlement
de l'office qui s'applique et non le règlement prévu à
l'article 14 modifiant l'article 29 pour couvrir les cas où la
subvention de 15 000 $ sera versée. C'est strictement une mesure
transitoire...
Le Président (M. Houde): Est-ce que quelqu'un demande la
parole?
M. Pagé:... pour qu'il n'y ait pas de vide juridique, cela
va de soi. Je suis persuadé que cela devrait être adopté
assez rapidement.
Le Président (M. Houde): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Je ne comprends pas trop le sens de toute cette
opération. C'est quand même une loi qui existe depuis 17 ans, qui
a sa réglementation. On dit: Les dispositions du règlement
d'application de la Loi favorisant la mise en valeur des exploitations
agricoles, adopté en vertu de l'article 29 de la Loi favorisant la mise
en valeur des exploitations agricoles, tel qu'il se lisait avant le moment
où cette nouvelle loi va entrer en vigueur, demeurent en vigueur
jusqu'à ce qu'elles soient abrogées par un règlement
adopté par l'Office du crédit agricole du Québec.
Auparavant, l'office pouvait "édicter tous règlements
conciliables avec les dispositions de la présente loi pour en assurer
l'exécution et le bon fonctionnement. " Ces règlements
étaient soumis à l'approbation du gouvernement; ils entraient en
vigueur à la date de leur publication dans la Gazette officielle du
Québec ou à toute autre date ultérieure qui y était
fixée.
Là, on va faire la même chose...
Une voix: Non.
M. Garon:... un instant, en vertu de l'article 29 où on va
donner un pouvoir réglementaire qui va être encore plus grand.
Bien oui!
M. Pagé: Ce qu'on dit, c'est ceci: Pour les subventions de
2000 $ et de 6000 $, les conditions de versement sont régies par un
règlement qui s'applique actuellement et qui a été
adopté par l'office. Alors, dans l'article 15, on dit ceci - là,
vous m'excuserez, je vais vulgariser les dispositions de cet article - Les
subventions de 8000 $ versées en fonction de l'ancienne loi continueront
à être régies par l'ancien règlement
jusqu'après le 1er juillet 1987, date limite pour se
prévaloir...
Une voix: 1986.
M. Pagé: 1987, je m'excuse.
Une voix: 1987, d'accord.
M. Pagé:... des dispositions de l'ancienne loi.
Une voix: D'accord.
M. Pagé: Quant aux nouvelles dispositions de la loi, elles
seront régies par les règlements adoptés en vertu de
l'article 29 amendé. Ce n'est pas plus compliqué que cela. C'est
de s'assurer que le versement des subventions de 2000 $ et de 6000 $ soit
régi...
Une voix: D'accord.
M. Pagé:... par le règlement qui a cours
actuellement, soit celui de l'office.
M. Perron: Est-ce que je comprends bien, M. le
Président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui.
M. Perron:... ce que le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation vient de mentionner? Si je fais
référence à d'autres lois, par exemple, qu'on
connaît bien car on les a travaillées ensemble en
commission parlementaire, les lois 17 et 42, la loi 42 s'applique à
partir du moment... mais elle ne touche personne antérieurement à
cela.
M. Pagé: C'est-à-dire que le règlement, qui
sera adopté comme devant régir les dispositions du 15 000 $, sera
différent parce qu'adopté par le gouvernement.
M. Perron: D'accord.
M. Pagé: Ce sera un libellé différent, une
section différente, un paragraphe différent du règlement
qui régit actuellement ceux et celles...
M. Perron: D'accord.
M. Pagé:... qui s'inscrivent pour une subvention de 2000
$. Ce n'est pas plus compliqué que cela.
M. Perron: D'accord.
M. Pagé: Lorsque la totalité des subventions aura
été versée ou lorsque l'ensemble des requérants
potentiels auront formulé leur demande avant le 1er juillet 1987, que
les subventions auront été versées, plus tard,
évidemment, le règlement deviendra caduc. C'est ce pourquoi on
inclut dans le projet de loi "indiquer ici la date d'entrée en vigueur
de l'article 14", nouveau, modifié.
M. Garon: Cela va prendre du temps! C'est un programme
d'investissement...
M. Pagé: Oui, oui.
M. Garon:... conforme au règlement.
M. Pagé: Cela aurait pris beaucoup plus de temps si on
avait accepté votre amendement.
M. Garon: Quel amendement?
M. Pagé: Celui que vous avez présenté ce
matin.
M. Garon: Lequel?
M. Pagé: Visant à enlever le délai du 1er
juillet 1987.
M. Garon: Non, non. M. Pagé: Bien oui.
M. Garon: Cela change quoi, au juste? Qu'est-ce que cela donne
d'avoir cela, pour enlever éventuellement un règlement qui est
appliqué?
M. Pagé: Non, non.
M. Garon: Ce qui va arriver, au fond, c'est qu'on va avoir un
programme d'investissement et cela peut prendre des années pour le
réaliser. Le programme d'investissement, on n'a pas besoin de le
réaliser. Au fond, on peut le réaliser sur cinq ou dix ans; cela
peut prendre du temps. Cet article, qu'est-ce que cela donne au juste?
M. Pagé: Vous comprenez avec moi que le versement de la
subvention pour un montant de 8000 $ doit être régi par un
règlement. Ce règlement, c'est celui qui s'applique actuellement.
Donc, on étend sa portée jusqu'à la fin du versement des
subventions en vertu de la loi actuelle.
M. Garon: Mais, tout cela existe en vertu de la loi, la loi n'est
pas abrogée.
M. Pagé: Non, mais c'est que les subventions de 15 000 $
seront versées en fonction des dispositions de l'article 29 tel
qu'amendé par l'article 14 de la présente loi.
M. Garon: C'est cela.
M. Pagé: Et plutôt que d'arriver à un
libellé de règlement qui se référerait tantôt
à la subvention de 6000 $, tantôt à la subvention de 2000
$, tantôt à la subvention de 15 000 $, ce qui pourrait porter
à confusion, de façon à être plus clair, plus
précis, on a distingué purement et simplement les deux
règlements. C'est l'approche qui nous apparaît la plus valable en
droit, de façon à éviter toute matière contentieuse
d'interprétation. (23 h 45)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Y a-t-il d'autres
interventions sur cet article 15?
M. Garon: On peut dire que l'article 15 est nécessaire
parce que l'article 14 existe.
M. Jolivet: C'est cela.
M. Garon: Mais si l'article 14 n'existait pas, l'article 15 ne
serait pas nécessaire.
M. Jolivet: Et on n'a pas encore adopté l'article 14.
M. Pagé: C'est-à-dire que, si la loi n'avait pas
été présentée...
M. Garon: Mais on est dans un drôle de dilemme, adopter
l'article 15...
M. Jolivet: On ferait mieux d'attendre...
M. Garon: On ferait mieux d'attendre...
M. Jolivet:... d'avoir adopté l'article 14. M. Garon:...
d'avoir tranché l'article 14.
M. Jolivet: Si, tout à coup le ministre décidait
d'enlever l'article 14! Alors, on va suspendre l'article, M. le
Président, pour vous permettre de rendre votre décision.
M. Pagé: D'accord, M. le Président, afin de
m'assurer qu'il n'y a pas d'erreur d'interprétation dans nos propos et
que demain ou encore vendredi soir on n'ait pas un débat
là-dessus...
M. Jolivet: On est encore bien conscients.
M. Pagé:... je voudrais m'assurer que le débat est
clos sur cet article, qui est une modalité de concordance. C'est ce que
vous avez dit?
M. Jolivet: Non, non, ce n'est pas cela que j'ai dit. J'ai dit de
l'article 15 qu'afin d'éviter toute difficulté d'abord on le
suspende jusqu'à ce que vous rendiez votre décision sur l'article
14; qu'on adopte l'article 14 s'il le faut, soit par un vote ou d'une autre
façon, et qu'on revienne ensuite à l'article 15.
M. Perron: Après avoir discuté de l'article 14.
M. Jolivet: Donc, suspension de l'article 15, M. le
Président.
M. Perron: On n'a pas fini l'article 14.
M. Jolivet: C'est cela que je dis.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Évidemment,
pour suspendre l'article 15, il faut que tous les gens soient d'accord. Si vous
n'êtes pas tous d'accord, on ne peut pas suspendre l'article 15, il faut
le régler.
M. Jolivet: Un instant! Je commence è trouver cela
drôle qu'il faille qu'on soit tous d'accord pour suspendre l'article
15.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Bien, on est en
train d'étudier l'article 15.
M. Jolivet: Écoutez, voulez-vous suivre la logique, M. le
Président? La logique veut que l'article 15 soit adopté...
M. Pagé: Une question de règlement, M. le
Président.
M. Jolivet: Je suis sur une question de règlement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Une seconde, une
seconde!
M. Pagé: Une question de règlement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, M. le
ministre va juste...
M. Pagé: M. le Président, très
brièvement...
M. Jolivet: J'étais sur une question de
règlement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez-moi, je
n'avais pas compris.
M. Jolivet: Bien oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez-moi, M. le
ministre. 3e vous écoute, M. ie député de Laviolette.
M. Jolivet: L'article 15, M. le Président, ne peut
être adopté si l'article 14 n'a pas été
adopté. L'article 14 a été suspendu. Il serait illogique
comme législateurs, ce soir, d'adopter l'article 15 sans avoir obtenu
l'assentiment sur l'article 14. Donc, suspendez-le de votre propre chef, ne
posez la question à personne, prenez-la, cette décision.
Suspendez l'article 15, on va revenir sur l'article 14.
M. Pagé: II faut le consentement.
M. Jolivet: Non, non. Le président peut prendre d'office
une décision; qu'il la prenne, il est capable.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'article 15 vient
modifier l'autre,
M. Jolivet: Oui, oui. La logique, M. le Président!
M. Pagé: L'article 15 ne modifie pas l'article 14.
M. Jolivet: Non, non.
M. Pagé: L'article 15 est la suite logique de l'article
14.
M. Garon: Si l'article 14 n'était pas adopté,
l'article 15 serait inutile.
M. Jolivet: On ne peut pas adopter quelque chose quand on...
M. Garon: Bien oui, on dit: "Indiquer ici la date d'entrée
en vigueur de l'article 14 de la présente loi. "
M. Jolivet: L'article 14.
M. Garon: Alors, si...
M. Pagé: M. le Président, je pourrais
plaider...
M. Jolivet: Ne le faites pas, ne le faites pas!
M. Pagé:... mais ne voulant pas abuser du temps
précieux de cette commission, je vais accepter en bons princes et bonnes
princesses que nous sommes.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre, de démontrer une telle ouverture d'esprit afin de faciliter la
tâche du président. Nous allons suspendre l'article 15 et nous
allons revenir à l'article 14.
M. Garon: Ce n'est pas parce qu'on veut faire un grand
débat sur l'article 15, c'est sur l'article 14 qu'on veut le faire.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous comprends.
Alors, je reviens à l'article 14 afin de rendre ma décision.
La décision concernant la motion de scission est qu'elle est
irrecevable. Je vais vous expliquer pourquoi, de la façon la plus
explicite possible. C'est qu'une motion de scission suppose qu'il y a plusieurs
principes; là, vous distinguez différents principes, alors que ce
n'est pas cela que vous voulez. Vous voulez tout simplement étudier un
article paragraphe par paragraphe. Un instant, laissez-moi finir. À ce
moment-là, pour faire ce que vous voulez, il faut que vous reveniez avec
une motion proposant que ce soit étudié paragraphe par
paragraphe. C'est tout simplement...
M. Jolivet: M. le Président, pour vous faciliter la
tâche, je vais vous reporter à la page 81 de notre
règlement, à l'article 245: "Le temps...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui.
M. Jolivet:... de parole de 20 minutes dont disposent les membres
de la commission vaut pour chaque article, alinéa ou paragraphe d'un
projet de loi, chaque amendement ou sous-amendement,..
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui.
M. Jolivet;... ou chaque article qu'on propose de modifier ou
d'ajouter dans une loi existante. Ce temps de parole... "
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est cela.
M. Jolivet: Donc, je vous dis simplement d'appliquer l'article
245, lequel nous permettrait, à ce moment-là... Si vous voulez
l'avoir sous forme de motion...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Non,
M. Jolivet:... je fais motion afin d'étudier l'article 1
d'abord, le paragraphe 1...
Une voix: L'alinéa 1.
M. Jolivet:... l'alinéa 1, si on peut l'appeler ainsi,
l'alinéa 2 ensuite. Donc, je vous demande...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous n'avez pas
compris ce que j'ai dit. L'article 245 dit, justement, que c'est quand on veut
modifier. Mais ce que vous voulez présentement, ce n'est pas modifier,
c'est l'étudier paragraphe par paragraphe. Cela prend donc une motion
pour qu'on l'étudié paragraphe par paragraphe parce que l'article
14 est un article dans son ensemble. Si vous le lisez comme il faut, cela dit
oui, chaque alinéa, si vous voulez modifier des choses. Mais ce n'est
pas le cas, vous voulez simplement étudier...
M. Jolivet: Vous ne savez pas si je veux le modifier, vous.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, vous ferez
des amendements à ce moment-là, tout simplement. Mais ce que vous
voulez présentement, vous vouiez l'étudier paragraphe par
paragraphe, numéroté, et cela me prend une motion pour cela parce
que notre façon de faire actuellement est d'étudier article par
article. Et c'est un article. Si vous voulez faire une motion selon laquelle
vous voulez l'étudier paragraphe par paragraphe, on va mettre cela aux
voix.
M. Jolivet; M. le Président, j'essaie de lire...
M. Pagé: Question de règlement.
M. Jolivet: J'étais là-dessus. Un instant!
Pourquoi?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Question de
règlement. Il m'a dit que c'est une question de règlement. Une
seconde.
M. Pagé: Vous venez de rendre une décision, M. le
Président.
M. Jolivet: Non. Il vient de me proposer un moyen. Je veux bien
comprendre le moyen qu'il me propose.
En fonction du règlement, cela reste exactement ce que j'ai dit
tout à l'heure. C'est parce qu'on ne se comprend pas. Il est dit vingt
minutes. Lisez-le comme il le faut. C'est è chaque amendement ou
sous-amendement ou à chaque article qu'on propose de modifier ou
d'ajouter dans une loi existante. Alors, c'est l'article 29 qui est
proposé actuellement. À ce moment-là, comme je le disais
tout à l'heure, s'il y avait eu des principes différents
justifiant la scission que vous auriez voulu faire valoir, s'il y avait deux,
trois ou quatre principes et que vous vouliez les séparer d'accord, mais
ce n'est pas cela. Ce n'est pas cela, c'est un article de loi et on ne peut pas
faire valoir un principe de scission là-dessus.
M. Garon: M. le Président, concernant la question de
règlement, quand on dit: Chaque article, c'est qu'il peut y avoir des
articles qui ont seulement un paragraphe. Il n'y a pas de...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Qu'est que c'est
l'article? L'article, c'est le numéro 29 proposé...
M. Garon: Bien non.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'article, c'est le
numéro 29 proposé à l'article 14 par le ministre
actuellement.
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est cela,
l'article. Comprenez-vous? L'article, c'est tout cela. II comprend les huit
paragraphes.
M. Garon: Non, mais...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est cela,
l'article,
M. Garon: Non, non! Il peut y avoir...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Ce n'est pas non,
nonl C'est oui, ouil
M. Garon: On dit: Vaut pour chaque article, chaque alinéa
ou chaque paragraphe d'un projet de loi. Pourquoi?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Qu'on veut
modifier.
M. Garon: Un article peut avoir seulement un paragraphe. II n'y a
pas d'alinéa, il n'y a pas de paragraphe, mais un article seul. Dans ce
cas-ci, il s'agit d'un article qui a neuf ou dix paragraphes.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, huit
paragraphes.
M. Garon: C'est pour cela, à ce moment-là, qu'on
peut dire que c'est: Pour chaque alinéa ou chaque paragraphe d'un projet
de loi, chaque amendement ou chaque sous-amendement ou chaque article qu'on
propose de modifier ou d'ajouter dans une loi existante. Il s'agit d'un article
qui a plusieurs paragraphes comme il peut y avoir des articles qui ont un seul
paragraphe.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II y a une chose
qu'il ne faut pas oublier. Ici, c'est un projet de loi qui modifie une loi
existante.
M. Garon: Cela ne fait rien.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'article 245
explique tout cela. Je sais bien que c'est compliqué, mais c'est
cela.
M. Garon: Par contre, c'est une loi.
M. Jolivet: M. le Président, pourquoi a-t-on écrit
deux fois le mot "chaque"? Écoutez, j'ai participé è
l'élaboration de ce règlement. Donc, je vous dis qu'effectivement
le temps de parole de vingt minutes dont disposent les membres de la commission
vaut pour chaque article. II n'est pas dit que cela vaut pour un article que
l'on va modifier ou non. Voyons donc! Ensuite, pour chaque alinéa,
chaque paragraphe d'un projet de loi, chaque amendement ou sous-amendement ou
chaque article, on n'a pas répété deux fois le mot
"article" sans avoir une idée derrière la tête, comme
législateurs, quand nous avons présenté ce
règlement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, chaque article
que l'on veut modifier...
M. Jolivet: Oui, mais...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): ... dans une loi
existante.
M. Jolivet: Je m'excuse! "Chaque article, alinéa ou
paragraphe d'un projet de loi" - ce n'est pas une loi existante, c'est un
projet de loi - "chaque amendement ou sous-amendement ou chaque article qu'on
propose de modifier"... Je vous demanderais, M. le Président, avant de
rendre une décision finale, de le regarder encore bien attentivement et
de regarder les précédents. On y reviendra demain.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, ma
décision était prise. Évidemment, j'avais des
consultations à faire avec des gens qui sont des spécialistes
quand même. Un membre de la direction de l'Assemblée nationale, le
conseiller en droit parlementaire était avec moi; alors, je n'ai pas
pris cela tout seul. Je pense qu'on a été assez
éclairé,
mais, pour rendre justice à ce que vous voulez faire, vous pouvez
revenir avec une motion qui propose d'étudier cela numéro par
numéro. À ce moment-là, on la met aux voix.
Comprenez-vous?
M. Jolivet: Elle est bien bonne.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est clair.
M. Houde: C'est cela. Vous avez rendu une décision,
tantôt?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui.
M. Houde: Elle est irrévocable?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, de
façon définitive.
M. Houde: C'est fini, on n'en parle plus. On parle d'autre
chose.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Houde: C'est cela, la normale.
M. Jolivet: M. le député de Berthier, si je trouve
utile de demander une directive au président, cela ne vous regarde
pasl
M. Houde: Est-ce que je vous ai adressé la parole,
à vous, monsieur?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Houde: J'ai parlé au président.
M. Jolivet: C'est une directive que j'ai demandée.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II est minuit moins
deux...
M. Pagé: M. le Président, pendant les deux
dernières minutes qui restent avant l'ajournement de nos travaux
à demain, je comprends et je retiens de l'interprétation que vous
donnez à la motion non fondée - le point de droit erroné
qu'a fait valoir le député de Laviolette - que la décision
que vous rendez implique qu'à la reprise de nos travaux le
député de Laviolette aura complété le temps qui lui
était dévolu pour intervenir sur l'article. Le
député de Dubuc aussi comme l'honorable député de
Duplessis. Il y avait toute la question de savoir si le député de
Lévis avait le droit d'intervenir sur l'article tel qu'amendé.
Celui-ci soutenait qu'il ne s'était pas prévalu de son droit
alors qu'il apparaissait clairement que le consensus s'était
dégagé, que le consentement avait été donné
pour que les échanges puissent porter sur l'ensemble de l'article;
d'ailleurs, le député nous a conviés, dans le propos fort
intéressant qu'il nous a soumis, à des commentaires qui
touchaient l'ensemble de l'article et non pas seulement l'amendement. M. le
Président, demain, lors de la reprise de nos travaux, nous serons
prêts à voter sur l'article 14 pour ainsi être en mesure
d'adopter l'article 15 qui suit et dont le libellé réfère
à l'article 14, pour lequel vous avez proprio motu, à juste
titre, suspendu le débat tout à l'heure.
Là-dessus, comme on ne peut pas faire une motion pour
arrêter l'horloge, je remercie mes collègues de s'être
prêtés à des échanges aussi intéressants.
Vous comprenez, M. le Président, que je me réfère à
vos collègues de la majorité ministérielle qui ont fait du
travail sérieux, valable, constructif et positif et vous me permettrez,
sans remettre en cause le bien-fondé de certains propos des
députés de l'Opposition, de m'interroger. Je profiterai,
évidemment, de mon déplacement vers ma résidence pour
m'interroger, encore une fois, sur le caractère sérieux de
plusieurs des interventions qu'on a entendues aujourd'hui. Il est minuit, M. le
Président.
M. Jolivet: M. le Président, il ne faut pas comprendre,
à partir de ce que le ministre vient de dire, que j'ai perdu mon droit
de parole. II m'en reste encore.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Juste deux
mots.
Une voix: On ne peut pas suspendre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Ah bon! Alors,
merci, mesdames et messieurs et, évidemment, j'ajourne sine die. Demain
après la période de questions?
Une voix: M. le Président, cela va dépendre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Non, c'est vrai, on
ne le sait pas. Cela dépend de l'avis du leader, à ce
moment-là.
(Fin de la séance à 0 h 2)