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(Quinze heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Blais): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. le ministre et M. le critique officiel, nous allons reprendre le
travail de la commission parlementaire. Nous étudions actuellement le
projet de loi 71, Loi modifiant la Loi favorisant la mise en valeur des
exploitations agricoles.
Je tiens à dire que je remplace, comme vice-président, le
président. Le président m'a annoncé que le parti
ministériel avait fait un très beau travail jusque-là et
avait été ferme dans ses positions. Je tiens à
féliciter le parti ministériel. On m'a également dit que
l'Opposition avait été très lucide et avait, avec
clarté, essayé d'apporter des modifications. Je la
félicite également et je félicite les deux
côtés de la table. Nous continuons.
Une voix: M. le Président, je voudrais vous
demander...
Le Président (M. Blais): Un instant, monsieur, juste une
seconde! M. le secrétaire aurait un remplacement à faire.
Le Secrétaire: M. Richard (Nicolet) remplace M. Messier
(Saint-Hyacinthe).
Le Président (M. Blais): D'accord? Tout le monde est
d'accord sur cela et moi aussi.
M. Pagé: Est-ce que c'est débattable, M. le
Président?
Le Président (M. Blais): Le remplacement? Oui, c'est
débattable.
M. Pagé: C'est adopté quant à moi.
Le Président (M. Blais): Adopté. M. Garon, M. le
ministre dit que c'est débattable. Est-ce que vous voulez
débattre de l'arrivée d'un nouveau joueur, M. Maurice Richard, de
l'autre côté?
M. Garon: Je vais laisser mon collègue de Duplessis, qui
est plus familier avec les commissions parlementaires et l'arrivée des
nouveaux joueurs, une fois que la série est commencée...
M. Perron: Aucune objection, M. le Président, parce que
cela a l'air que c'est un bon joueur.
M. Pagé: Une très bonne recrue!
Le Président (M. Blais): Comme arbitre, je tiens... Oui,
M. le député de Lévis.
M. Garon: J'aimerais dire, par exemple, que c'est un nouveau
joueur qui joue. Alors, si c'est un nouveau joueur qui ne joue pas plus que les
autres et qui ne parle pas, c'est comme si on n'avait pas de nouveau joueur,
c'est un nouveau joueur sur le banc.
Le Président (M. Blais): II y a certains jeux, M. le
ministre, qui consistent à se cacher. C'est tout un art.
M. Pagé: Pardon?
Le Président (M. Blais): II y a certains jeux où il
s'agit de cacher.
M. Pagé: Pourquoi m'adressez-vous de tels propos?
Le Président (M. Blais): Non, pas à vous. C'est le
critique, excusez. Excusez, M. le critique. Alors, c'est accepté.
M. Perron: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Blais): Question de règlement, M.
le député de Duplessis.
Pouvoir de réglementation du
gouvernement
M. Perron: M. le Président, lorsque j'ai laissé la
commission, l'autre soir, une dizaine de minutes avant qu'elle ne soit
terminée, le président devait rendre une décision se
rapportant à l'interprétation de l'article 245 du
règlement. Il y avait une motion à ce moment qui avait
été présentée par mon collègue de Laviolette
pour qu'on étudie l'article 14, alinéa par alinéa,
paragraphe par paragraphe. Est-ce que je pourrais connaître la
décision de la présidence concernant cette question
précise?
Le Président (M. Blais): Voulez-vous répéter
la question? Votre confrère, le député de Laviolette,
avait fait une intervention sur l'article 29.
M. Perron: Je répète, M. le Président.
À l'article 14 qui amende l'article 29 de la Loi favorisant la mise en
valeur des exploitations agricoles, mon collègue, de Laviolette avait
déposé une motion afin qu'on puisse en discuter alinéa par
alinéa et paragraphe par paragraphe. Je voudrais savoir si le
président a rendu sa décision en rapport avec l'article 245 de
notre règlement concernant l'étude détaillée en
commission?
Le Président (M. Blais): M. le député de
Duplessis, je sais que dans les derniers dix minutes, vous n'étiez pas
là. Je tiens à vous aviser que le président avait pris sa
décision et qu'il avait maintenu la décision indiquant que c'est
une motion de forme et que, sur l'article 29, introduit par l'article 14 du
projet de loi, étudié paragraphe par paragraphe, on devait
procéder ainsi. Il avait maintenu cette décision.
M. Perron: Si je comprends bien c'est que...
Le Président (M. Blais): Vous comprenez bien.
M. Perron: M. le Président, vous êtes plus
pressé que je le suis.
Le Président (M. Blais): Pas du tout.
J'ai vu dans votre sourire que vous compreniez bien. C'est la raison
pour laquelle j'ai dit: Vous comprenez.
M. Perron: Si je comprends bien, c'est qu'on va discuter
globalement de l'article 29.
Le Président (M. Blais): C'est exact. L'article 29,
c'est-à-dire l'article 14.
M. Perron: L'article 14 qui amende l'article 29 de la loi.
Le Président (M. Blais): C'est cela. M. Perron:
Merci, M. le Président. M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Blais): Oui, M. le député
de Lévis.
Motion proposant de biffer le paragraphe
1°
M. Garon: Je vaudrais proposer une motion d'amendement qui aurait
pour effet de biffer le paragraphe ou l'alinéa, selon qu'on l'appelle
l'un ou l'autre, employez le terme qui vous convient, 1 de l'article 29 qui est
remplacé par l'article 14, un paragraphe biffé, le paragraphe
1°: "définir le mot "établissement" et les expressions
"principale occupation", "activité principale", "culture du sol",
"élevage d'animaux de ferme", "programme d'améliorations
générales" et "programme d'améliorations foncières"
ainsi que fixer les conditions applicables à ces programmes. "
Le Président (M. Blais): Votre amendement, M. le
député de Lévis, c'est de biffer le paragraphe 1° en
entier.
M. Garon: En entier. Une voix: C'est recevable.
Le Président (M. Blais): C'est recevable, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Voici quel est le but de mon amendement, M. le
Président. C'est que la Loi favorisant la mise en valeur des
exploitations agricoles existe depuis 1969. Elle a été
adoptée en 1969. Elle a connu une application dans des milliers et des
milliers de cas. On a mentionné le nombre, je ne me rappelle pas le
nombre total. Il y a déjà des définitions
réglementaires de ces termes. On fait de la législation pour
rien, si on fait un tel amendement, puisque tous ces termes sont
déjà définis par règlement, le mot
"établissement", le mot "principale occupation", parce que c'est la base
sur laquelle s'articule cette législation. Le mot "établissement"
se trouve déjà dans plusieurs articles. On indique
déjà dans ces articles que le tout doit se faire
conformément au règlement.
Vous comprendrez, M. le Président, que le législateur ne
doit jamais parler pour ne rien dire. Quand il parle pour ne rien dire, les
tribunaux interprètent qu'il n'a pas parlé pour ne rien dire et
cherchent une interprétation nouvelle à ce qui est fait. Ici, on
dit: définir le mot "établissement" alors que la Loi sur la mise
en valeur des exploitations agricoles a été adoptée en
1969, qu'elle a été appliquée dans des milliers et des
milliers de cas, avec des règlements déjà existants
puisqu'il y a déjà des règlements... Il y a l'article 29
général qui le dit déjà mais d'autres articles,
à l'intérieur du projet de loi, indiquent que certains termes
doivent connaître leur application, tel que défini dans le corps
du projet de loi.
L'article 29, on l'a déjà mentionné, a connu son
application et l'article 29 actuel date de 1969, justement, chapitre 44,
article 22 à ce moment-là. Qu'est-ce que l'article 29 actuel dit?
"L'office peut édicter tous règlements conciliables avec les
dispositions de la présente loi pour en assurer l'exécution et le
bon fonctionnement. Ces règlements sont soumis à l'approbation du
gouvernement? ils entrent en vigueur à la date de leur publication dans
la Gazette officielle du Québec ou à toute autre date
antérieure qui y est fixée. "
Ceci veut dire que l'Office du crédit agricole a
déjà défini ces termes dans des règlements. Il a
déjà soumis ces règlements à l'approbation
gouvernementale et il n'y a pas utilité à changer quatre trente
sous pour une piastre quand on fait de la législation.
De plus, si vous regardez dans le corps de la loi, vous allez voir
à différents endroits qu'on indique que ce que va faire l'Office
du crédit agricole doit être conforme au règlement qui aura
dû être édicté par le gouvernement et l'Office du
crédit agricole. Je donne un exemple ici et, si vous regardez le corps
de la loi, vous allez trouver cela un peu partout. Ici, par exemple, an voit,
à l'article 5, troisième paragraphe: "Cette subvention est
accordée à l'agriculteur ou à l'aspirant-agriculteur qui
en fait la demande, aux fins de l'aider à réaliser sur cette
ferme un programme d'améliorations foncières conforme au
règlement. " Le règlement prévoit déjà les
améliorations foncières qui peuvent être faites et comment
doit s'élaborer le programme. Il y a déjà un
règlement là-dessus.
Si on regarde d'autres articles, par exemple, la subvention
d'améliorations générales, à l'article 2,
troisième paragraphe: "Cette subvention est accordée à
l'agriculteur ou à l'aspirant-agriculteur qui en fait la demande, aux
fins de l'aider à mettre cette ferme en valeur conformément au
règlement. " C'est évident que, dans le règlement, on a
prévu les améliorations générales qui pourraient
faire l'objet de subventions.
Donc, ces choses sont déjà définies. On peut
retourner le projet de loi et, un peu partout, on va voir dans le projet de loi
que les termes qu'on utilise sont déjà définis par
règlement. Je pourrais demander, à ce moment-ci, quels sont les
termes qui n'ont pas déjà été définis par
règlement dans les termes qui sont compris dans l'article 1. Je suis
persuadé qu'on va me dire que déjà, à tous points
de vue... Je peux le demander parce que je ne pense pas, M. le
Président, que cela coupe mon droit de parole si je pose une question.
Je continue sur le même droit de parole.
Alors, je demanderais ceci au ministre, qui peut avoir l'information du
président de l'Office du crédit agricole qui l'accompagne: Est-ce
que les règlements actuels définissent le mot
"établissement" et les expressions "principale occupation",
"activité principale", "culture du sol", "élevage d'animaux de
ferme", "programme d'améliorations générales" et
"programme d'améliorations foncières"? Et est-ce qu'ils fixent
des conditions applicables à ces programmes? (15 h 30)
M. Pagé: Pour répondre à l'honorable
député de Lévis, il y a seulement la définition du
terme "établissement" qui n'apparaît pas au règlement
adopté par l'office et approuvé par le gouvernement. Le
règlement qui prévaut actuellement prévoit à
l'article 1, la définition de la loi, de l'office, de la principale
occupation et de l'activité principale, la culture du sol,
l'élevage d'animaux de ferme. Les programmes d'amélioration
générale, les programmes d'amélioration foncière
sont détaillés et définis par conséquent aux
articles 2 et 3 du règlement.
M. Garon: II y aurait seulement le mot "établissement" qui
n'est pas défini?
Le Président (M. Blais): M. le ministre. M. Pagé:
Par déduction, oui.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Actuellement, les subventions de mise en valeur
s'appliquent. Mais pourquoi serait-il nécessaire à ce moment de
parler d'établissement, alors que dans le passé on n'a jamais
parlé d'établissement pour les fins de la Loi favorisant la mise
en valeur des exploitations agricoles?
M. Pagé: II y en a eu quand même.
M. Garon: Oui, pour les gens qui s'établissent...
M. Pagé: C'est-à-dire qu'en l'absence de
définition, on a jugé utile d'en inclure une.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Dans ces différentes sections, c'est là
que je crains la nouvelle définition, on définit comment vont
s'appliquer, à qui vont s'appliquer les subventions? Exemple: Un
aspirant agriculteur, on dit: Toute personne physique âgée d'au
moins 18 ans et d'au plus 40 ans, propriétaire ou locataire d'une ferme
qui s'adonne à l'agriculture sans en faire sa principale occupation et
s'engage à en faire sa principale occupation dans des délais et
souvent des conditions fixées par règlement. On ne procède
pas par la notion d'établissement. La Loi sur l'établissement des
jeunes agriculteurs, elle, était fondée sur la notion
d'établissement, parce qu'elle se reliait à l'entreprise. Mais la
Loi favorisant la mise en valeur des exploitations agricoles est un concept qui
est différent. Pourquoi? C'est ce que je ne comprends pas. Parce qu'on a
ajouté un terme à l'article 5. 1, on dit: Le ministre peut, sur
recommandation de l'office, accorder une subvention pouvant atteindre 15 000 $
à tout agriculteur ou aspirant agriculteur qui, à compter du
1er
juillet 1986, requiert ou loue aux fins de son établissement une
ferme rentable. Essentiellement, comme on a voulu utiliser la loi sur la mise
en valeur, su fond on a trouvé un mauvais véhicule, et depuis le
début j'ai dit que le véhicule était
dépassé, que la Loi sur la mise en valeur des exploitations
agricoles n'était pas le véhicule approprié. On essaie de
justifier aujourd'hui un engagement qu'on a fait de cette façon.
La loi, telle qu'elle est faite, prévoit dans des termes
différents les mêmes fonctions. C'est pour cela que, quand on
parle aujourd'hui, si on regarde l'article 5. 1 et l'article 5, on voit qu'il
s'agit de notions qui équivalent à la même chose, à
l'article 2 et à l'article 5, sans employer le mot...
C'est-à-dire qu'on employait le mot établissement dans le titre
de la section II. La section II dit quoi? Établissement de jeunes
agriculteurs. Et cet article 5. 1 dit: "aux fins de son établissement",
s'inscrit dans une section qui porte déjà pour titre
établissement de jeunes agriculteurs. On n'a jamais eu besoin pendant
dix-sept ans de définir le terme "établissement" pour donner des
subventions pour amélioration générale sur la ferme, pour
donner des subventions pour amélioration foncière.
Moi, ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi, d'un coup sec, on a
besoin d'introduire une définition, alors qu'on fait de
l'établissement et qu'on donne des subventions pour fins
d'amélioration générale ou fins d'amélioration
foncière depuis des années, depuis 1969, et d'un coup sec on
aurait besoin d'un certain nombre de définitions. Moi, je pense que
c'est dangereux. Actuellement, il y a une façon de faire, il y a
déjà une réglementation et vouloir adopter une nouvelle
réglementation peut avoir pour effet et aura sûrement pour effet
d'interpréter les choses différemment, parce qu'on aura
changé et mis en place d'autres définitions.
Si on veut reproduire les mêmes définitions que celles
qu'on a actuellement dans un nouveau règlement, c'est de la tautologie.
Je ne comprends pas l'objet de cela. Ou bien on veut faire de nouveaux
règlements et on a déjà les pouvoirs de le faire dans la
loi, parce qu'on a le droit de changer des règlements qu'on a
déjà adoptés ou bien on se donne un nouveau pouvoir
réglementaire qui ne donne rien, puisque ces mots-là sont
déjà définis. Le seul mot qui n'est pas déjà
défini était dans la loi depuis le début et on n'a pas de
problème à l'appliquer sans définition. On a
déjà défini comment se ferait l'établissement de
jeunes agriculteurs, puisque la section II porte exactement
là-dessus.
Je prends le député de Duplessis, qui est à
côté de moi, à témoin. La section II dit, comme
titre principal: "Établissement de jeunes agriculteurs. " Si les
députés du gouvernement n'ont pas cette loi originale de 1969, je
peux leur envoyer une copie. Ils verront que la loi vise l'établissement
de jeunes agriculteurs, que toutes les expressions que l'on trouve à
l'article 1 sont déjà définies dans le règlement
actuel, que le droit de faire un règlement prévu dans la loi
actuelle emporte le pouvoir de modifier le règlement actuel. Là,
on légifère pour le plaisir si on se donne des pouvoirs qu'on a
déjà. Qu'est-ce que cela donne exactement? Ma crainte, c'est
qu'on interprète éventuellement qu'on a voulu changer des choses
qu'on ne veut pas changer. Ce que j'ai compris, c'est que le ministre a dit: On
donnait 8000 $, maintenant on veut donner 15 000 $ sauf pour les conjoints dans
d'autres dispositions. Si c'est cela, il n'est pas nécessaire de
chambarder toutes les définitions ou de se donner un nouveau pouvoir
réglementaire quand on l'a déjà.
Je sais à quel point le temps de la Chambre est précieux,
que ces commissions parlementaires siègent à grands frais et
qu'on ne devrait pas faire des règlements dont on n'a pas besoin pour
noircir du papier et pour donner l'impression que les projets de loi sont
volumineux alors qu'ils sont petits. Je ne comprends pas et j'aimerais
connaître la raison pour laquelle on pourrait... Je vois que le
député de Berthier lit le Radar...
M. Houde: Je vous écoute tout le temps, M. le
député de Lévis.
M. Garon: C'est un bon titre parce qu'un radar, cela guide.
M. Camden: II essaie de guider le député de
Lévis.
M. Houde: Oui, il pourrait l'enligner... M. Camden: Tant
bien que mal... M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Blais): S'il vous plaît: S'il vous
plaît, M. le député de Berthier.
M. Garon: Je continue.
M. Pagé: M. le Président, je tiens à dire
que c'est très utile, pour ceux qui sont sur le pilote automatique,
d'avoir le radar en face d'eux. On continue, M. le Président?
Le Président (M. Blais): Je tiens à dire que vous
êtes allé à rencontre du règlement mais
c'était quand même une belle remarque.
M. le député de Lévis.
M. Garon: Je commence à faire école depuis
longtemps à cette commission du pilote automatique, du ministre du
Revenu qui est sur le pilote automatique, etc. Je
suis content de voir que j'influence tranquillement le
député de Portneuf et que lui aussi se méfie des gens qui
sont sur le pilote automatique au lieu d'être au radar. Je peux vous dire
que cela fait longtemps que je suis au radar plutôt qu'au pilote
automatique. Je suis content de voir que le député de Berthier se
met au radar aussi.
M. Pagé: Atterrissez!
Le Président (M. Blais): À l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Garon: C'est un journal que le député qui vous
accompagnait tout à l'heure a dû vous prêter.
M. Houde: Je n'ai pas les moyens de m'en acheter, je ne suis pas
comme un ex-ministre. Je n'ai pas un salaire pour en acheter, je prends ceux
des autres.
Le Président (M. Blais): Un instant, s'il vous
plaît' M. le député de Berthier, vous voulez la parole?
Cela me fait plaisir. Allez-y! Question de règlement, M. le
député de Berthier?
M. Houde: Non, je disais que je n'ai pas eu le salaire d'un
ministre auparavant. Donc, je préfère prendre le journal de mon
voisin qui ne me coûte rien. Je peux me permettre de le lire.
Le Président (M. Blais): À quel article du
règlement?
M. Houde: Je m'excuse, M. le Président.
Le Président (M. Blais): Ahl C'était une question
antiréglementaire? Excusez-moi. M. le critique et député
de Lévis.
M. Garon:... les excuses du député de Berthier. Le
président... Je continue en disant essentiellement - je ne voudrais pas
que les gens pensent qu'on parle pour parler - qu'en droit, tout le monde sait
que les tribunaux ont un principe de base. Lorsque le législateur a fait
quelque chose d'inutile, ils ne peuvent pas croire qu'il a fait quelque chose
d'inutile et ils cherchent une interprétation. Si je ne me trompe pas,
le jeune homme en arrière de la salle qui travaille au
secrétariat de l'Assemblée nationale et qui a sans doute une
formation juridique pourrait nous confirmer, comme personne impartiale, qu'un
des principes de base d'interprétation des tribunaux est qu'ils assument
toujours que le législateur n'a pas parlé pour ne rien dire.
Faire un nouveau règlement qui dit la même chose que l'ancien,
pour les tribunaux, ce n'est pas possible. On dit que le législateur n'a
sûre- ment pas parlé pour ne rien dire. En ajoutant seulement la
définition du mot "établissement", est-ce qu'on veut changer la
façon d'octroyer les nouvelles subventions pour l'établissement
des jeunes agriculteurs en vertu de la Loi favorisant la mise en valeur des
exploitations agricoles ou si c'est seulement le montant qui a changé?
Si on veut changer les affectations, si on veut changer les
définititions, parce qu'on veut faire une nouvelle structure
d'affectation des subventions, je pose la question au ministre: Qu'est-ce qu'il
envisage par ces nouvelles définitions qu'il veut adopter par
règlement?
Le Président (M. Blais): M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, le député
de Lévis s'est fortement préoccupé de l'ajout dans le
premier paragraphe de la définition du mot "établissement"; cela
l'inquiète beaucoup. Il faut retenir que la loi actuelle se voit
appuyée par un règlement qui est adopté par l'office et
approuvé par le gouvernement et qui donne les définitions
auxquelles je me suis référé tout à l'heure, sauf
celle du mot "établissement". Le député de Lévis
s'inquiète du fait que les primes à l'établissement aient
été versées dans le passé sans que le terme
"établissement" ait été spécifiquement
défini et qu'on y ajoute le fait qu'à l'avenir le
règlement adopté en vertu de la loi modifiée
prévoira une telle définition. Je lui dirai simplement ceci: Les
mesures législatives antérieures avaient comme objectif, en ce
qui concerne entre autres l'article 7 de la loi, d'aider la productrice ou le
producteur pour fins d'agrandissement de sa ferme. De plus, comme on le sait,
la loi avait comme objectif - et les règlements venaient l'étayer
qu'une partie importante des sommes versées en subventions soit
affectée à l'amélioration foncière. Or, nous sommes
conscients - et tout le monde était unanime à le constater - que,
de plus en plus, les exigences d'investissement en regard des
améliorations foncières seront limitées ou
décroissantes. De plus, il faut constater que les dispositions de
l'article 7 qui prévoyaient une subvention de 4000 $ pour un cas
d'agrandissement disparaissent. C'est donc dire que le principal objectif des
subventions maintenant versées en vertu de cette loi visera
l'établissement des jeunes productrices et producteurs. C'est ce
pourquoi il devenait encore plus opportun, même nécessaire, de
définir le terme "établissement", laquelle définition sera
de concordance presque mutatis mutandis avec la définition du mot
"établissement" prévue dans le règlement adopté en
vertu de la Loi favorisant l'établissement de jeunes agriculteurs qui a
été adoptée par mon prédécesseur. C'est
tout, M. le Président. (15 h 45)
Le Président (M. Blais): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lé vis, il vous reste deux minutes et trente
secondes sur cet amendement.
M. Garon: M. le Président, ayant écouté le
ministre, je suis en train de constater qu'il me donne raison quand je dis que
le projet de loi qu'il a présenté n'aurait pas dû
être présenté dans le cadre de la Loi favorisant la mise en
valeur des exploitations agricoles, mais dans le cadre de la Loi favorisant
l'établissement de jeunes agriculteurs, puisqu'il dit qu'il ne veut plus
utiliser la mise en valeur par l'amélioration foncière qui est le
principal but de l'existence de la loi.
M. Pagé: Question de règlement.
Le Président (M. Blais): Question de règlement, M.
le ministre.
M. Pagé: Je comprends que le député de
Lévis s'est inscrit dans une démarche de retard
systématique d'une loi pour laquelle ils ont voté en
deuxième lecture, mais il ne faudrait quand même pas que cette
stratégie lui permette d'interpréter de façon
erronée les propos que je tiens comme ministre. J'ai indiqué
qu'on se retrouve de plus en plus placés devant le constat suivant: Pour
les améliorations foncières, beaucoup d'argent a
été investi sur les terres du Québec. Il devient donc, au
fil des ans, moins nécessaire d'intervenir à ce chapitre,
d'où une modification des orientations de la loi, et ce n'est pas le
législateur qui le fait, c'est, en fait, l'économie agricole qui
dessine cette orientation. On ira davantage vers l'établissement comme
tel que vers des améliorations foncières. Le député
de Lévis vient de dire: Le ministre ne veut plus faire cela. Je
m'excuse, ce n'est pas ce que j'ai dit, et je suis en droit de m'attendre
à beaucoup de rigueur de la part du député de
Lévis. C'est un honorable membre du Barreau par surcroît.
Le Président (M. Blais): Merci, M. le ministre. M. le
député de Lévis.
M. Garon: C'est justement, j'ai été très
précis. Au fond, ce que le ministre nous dit, c'est que son projet de
loi vise beaucoup plus l'établissement dans le cadre duquel il peut y
avoir des améliorations générales, différentes
mesures de même que de l'amélioration foncière, ce qui est
précisément le but de la Loi favorisant l'établissement de
jeunes agriculteurs, tandis que la Loi favorisant la mise en valeur des
exploitations agricoles a été fondée sur des travaux
d'améliorations foncières et toute l'économie de cette
loi. C'est avec rigueur que je fais cette constatation, comme ancien correcteur
aux examens du Barreau. Il faut être précis dans les termes qu'on
utilise. Actuellement, le ministre nous dit qu'essentiellement il veut se
référer davantage maintenant è l'établissement dans
lequel il pourrait y avoir des améliorations foncières, mais il
dit moins d'améliorations foncières qu'auparavant. C'est
justement dans cet esprit que la Loi favorisant l'établissement de
jeunes agriculteurs a été fondée et il aurait
été de beaucoup préférable sur le plan
administratif - je sais qu'on s'était embarqué dans une refonte
du crédit agricole, qui peut prendre du temps, justement pour regrouper
huit ou neuf lois dans une seule loi - cela aurait été une bonne
occasion à ce moment-ci de faire disparaître la Loi favorisant la
mise en valeur des exploitations agricoles pour se retrouver avec une seule loi
d'établissement, la Loi favorisant l'établissement de jeunes
agriculteurs, qui aurait été dans le même esprit, tant au
point de vue du choix entre les 50 000 $ et la subvention de 15 000 $, le choix
entre les deux. Maintenant ce sera dans le cadre de deux lois
différentes avec, comme l'a dit le ministre, des définitions qui
vont être très près l'une de l'autre dans une loi ou une
autre. Cela aurait été beaucoup mieux, à mon avis, d'avoir
une seule loi avec le mot "établissement" défini dans une seule
loi. Au fond, il n'est pas besoin d'avoir de différence au point de vue
de l'établissement et des termes qui ont déjà
été définis au cours des années, qui sont
très difficiles è définir. Ne nous trompons pas, quand on
parle de définir des termes comme "principale occupation", il y a eu des
débats. Le président de l'Office du crédit agricole peut
dire à quel point il y a des débats là-dessus. Qu'est-ce
qu'on entend par "principale occupation"? Je vous dis qu'il y a des romans, des
séries importantes de volumes qui pourraient être écrits si
on colligeait tout ce qui a été dit là-dessus.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Lévis, en conclusion, s'il vous plaît!
M. Garon: Oui, je conclus en disant que nous souhaitons
éliminer ce paragraphe pour qu'il n'y ait pas d'ambiguïté
dans l'interprétation qu'on va donner aux termes qui ont
été utilisés depuis des années dans la loi sur la
mise en valeur.
Le Président (M. Blais): Merci, M. le député
de Lévis.
M. Pagé: M. le Président, j'ai fait valoir les
motifs invoqués au soutien de l'application et de l'adoption de
l'article et le rejet de l'amendement du député de Lévis,
alors je suis prêt à voter.
Le Président (M. Blais): Y en a-t-il
d'autres qui veulent prendre la parole sur cet amendement? Personne
d'autre ne prend la parole. Alors, à ce moment-là, on
procède au vote. Un instant.
M. Pagé: Vote, M. le Président.
Le Président (M. Blais): D'accord. Le député
de Lévis propose ce qui suit en amendement à l'article 14: Biffer
le premier alinéa de l'article 29 introduit par l'article 3 du projet de
loi.
Quels sont ceux qui sont en faveur de cet amendement? On procède
par ordre alphabétique normalement en commission parlementaire. Pas
d'appel nominal?
Une voix: Appel nominal.
Le Président (M. -Blais): Vous demandez l'appel nominal.
Alors, par ordre alphabétique.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé)?
M. Beaudin: Contre.
Le Secrétaire: M. Blais (Terrebonne)?
M. Blais Je préside.
Le Secrétaire: Vous pouvez voter.
Le Président (M. Blais): Je peux voter?
Le Secrétaire: Oui.
Le Président (M. Blais): Je trouve cela curieux.
Normalement, comme président, je suis censé m'abstenir, non?
Une voix: Le président vote.
Le Président (M. Blais): C'est sérieux?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Blais): Je suis pour cet amendement, bien
sûr.
Le Secrétaire: Mme Dionne (Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Contre.
Le Secrétaire: M. Dubois (Huntingdon)?
M. Dubois: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Pour.
Le Secrétaire: M. Houde (Berthier)?
M. Houde: Contre.
Le Secrétaire: M. Richard (Nicolet)?
M. Richard: Contre.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Contre.
Le Secrétaire: M. Perron (Duplessis)?
M. Perron: Pour.
Le Président (M. Blais): C'est un résultat
très serré, M. le secrétaire.
M. Pagé: M. Farrah.
Le Président (M. Blais): Est-ce qu'il est membre?
Le Secrétaire: II est membre, mais il n'était pas
là au début du vote.
Le Président (M. Blais): Je n'ai aucune objection à
enregistrer votre vote, mais selon le règlement, si on veut être
très rigide, au début du vote, vous n'étiez pas. à
votre siège. À moins qu'il y ait unanimité pour que son
vote soit enregistré.
M. Perron: Cela ne dérange pas, on va se faire battre plus
fort.
Le Président (M. Blais): D'accord, on enregistre le vote
contre du député. Donc, l'amendement est rejeté 8 contre
3.
M. Garon: II n'a pas assisté du tout au débat. Je
pense qu'il serait mal placé pour voter alors qu'il n'a pas
assisté du tout au débat sur cet amendement.
Le Président (M. Blais): Ce n'est pas une question de
règlement, M. le député de Lévis. Sans parler, on
peut entendre les débats et ainsi se former un jugement.
M. Garon: II n'était pas là, il était
absent.
Le Président (M. Blais): II y a les perroquets.
M. Pagé: M. te Président, ee gentilhomme est parti
des Îles-de-la-Madeleine pour venir siéger et voter ici.
Le Président (M. Blais): Article 29. On reprend les
débats généraux sur l'article 29. Quelqu'un veut-il
s'exprimer sur l'article 29?
M. Pagé: Adopté sur division.
M. Garon: M. le Président, je voudrais proposer un
amendement.
Le Président (M. Blais): Oui, M. le député
de Lévis.
Motion proposant de biffer le paragraphe
3°
M. Garon: Biffer le paragraphe 3 de l'article 29, selon l'article
14.
Le Président (M. Blais): Vous dites: Biffer le
troisième alinéa de l'article 29 introduit par l'article 3 du
projet de loi. C'est votre amendement?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Blais); Il est recevable.
M. Pagé: L'article 3 a été
amendé.
Le Président (M. Blais): L'article 5 a été
amendé, pas le 3.
M. Pagé: Le député de Lévis a suivi
le débat de très près, il y a participé pendant
plusieurs heures, est-ce qu'il pourrait nous faire lecture de l'amendement qui
a été adopté et auquel, d'ailleurs, il a eu l'occasion de
se référer pendant plus de vingt minutes?
M. Garon: L'article 3?
M. Pagé: Oui.
M. Garons C'était votre amendement.
M. Pagé: II a été amendé.
M. Garon: Oui, mais c'est votre amendement.
M. Pagé: Pourriez-vous nous donner la nature de
l'amendement? Est-ce que vous l'avez?
M. Garon: Oui.
M. Pagé: Cela dit quoi?
M. Garon: C'étaient les modalités de paiement. Il y
a déjà des articles qui prévoient des modalités de
paiement, la possibilité de faire des modalités de paiement dans
la loi.
M. Pagé: C'est ce pourquoi vous voulez le retirer?
Le Président (M. Blais): Je m'excuse, mais il me semble
qu'on devrait tenir nos rôles réciproques. Un amendement a
été proposé et je crois, M. le ministre... M. Pagé:
II a été accepté.
Le Président (M. Blais):... qu'il est recevable.
M. Pagé: Le sien ou le mien? Le mien a été
adopté.
Le Président (M. Blais): Oui, mais l'article 3 tel
qu'amendé.
M. Pagé: C'est cela.
Le Président (M. Blais): Voilà, c'est ce que vous
vouliez dire.
M. Pagé: Exactement.
Le Président (M. Blais): Ah bon! Alors, l'article
3t tel qu'amendé, vous demandez qu'on le biffe de l'article
29.
M. Garon: Oui. C'est cela.
Le Président (M. Blais): D'accord. Votre précision,
M. le ministre, était vraiment de bon aloi, puisqu'on n'avait pas dit
article 3 tel qu'amendé. Alors, je reconnais le bien fondé de
votre intervention.
M. Pagé: M. le Président, j'apprécie votre
commentaire.
Le Président (M. Blais): Merci beaucoup, M. le ministre.
M. le député de Lévis, à vous la parole.
M. Garon: M. le Président, essentiellement, il s'agit d'un
projet de loi qui est pertinent pour des fins importantes et pour lequel il
serait complètement anormal que les fins pour lesquelles on veut verser
ces montants d'argent soient déterminées par règlement
plutôt que dans le projet lui-même. M. le Président, depuis
des années, le Parti libéral nous a dit qu'on vidait les lois de
leur contenu en faveur des règlements. Actuellement, on est en train de
déterminer, on est en train de vouloir adopter un amendement à la
loi où on ferait en sorte que les fins pour lesquelles une subvention
sera accordée, pour lesquelles elle peut être utilisée et
la teneur du programme d'utilisation d'une telle subvention, tout cela va
être déterminé par règlement.
Ou bien le Parti libéral pendant des années a
trompé la population, a dit n'importe quoi, s'est moqué du monde,
ou bien il a dit vrai. S'il a dit vrai, il ne peut pas adopter des articles
comme ceux-là, parce que ces articles vont exactement dans le sens
contraire de toute l'argumentation qu'a tenue le Parti libéral au cours
de ces années. Écoutez! Ce ne sont pas des
technicités, des petites modalités. J'ai été
capable de faire - Imaginez-vousl - une loi sur la protection du territoire
agricole, qui est drôlement plus complexe qu'une loi comme celle-ci, en
mettant tous les éléments dans la loi et très peu
d'éléments dans les règlements; à toutes fins
utiles, il y a quelques points de procédure qui sont indiqués
dans les règlements et tous les points, tout le fond de la Loi sur la
protection du territoire agricole a été mis dans la loi. Je l'ai
fait volontairement pour qu'il ne soit pas possible au gouvernement ou plus
facile de faire un règlement que de faire une loi. Quand on fait une
loi, il faut aller devant la population. Il y a différentes lectures.
Les gens ont le temps de réagir, tandis que l'aspect
réglementaire... M. le Président, j'aimerais, si vous le voulez,
faire garder l'ordre. S'il y en a qui veulent tenir des conversations... Je ne
parle pas pour le plaisir de la chose. Je parle pour faire améliorer le
projet de loi. Il me semble que le député de Huntingdon
mène des conversations...
Le Président (M. Blais): M. le député de
Lévis. S'il vous plaît! Je demanderais aux gens qui ont quelque
discussion de parler un petit peu moins fort, s'il vous plaît. Quand
même, M. le député de Lévis, j'aimerais qu'on
comprenne que, parfois, il y a quelques mots qu'on doit glisser entre nous. Je
le fais moi-même avec M. le secrétaire. On va essayer d'être
le plus calme possible pour nous permettre d'entendre ce que vous avez à
nous dire. La parole est toujours à vous, M. le député de
Lévis.
M, Garon: Alors, essentiellement, ici, ce ne sont pas des pouvoirs
réglementaires de petite technicité. On veut faire
déterminer et je le lis encore une fois: Le gouvernement peut adopter
tout règlement pour, troisièmement, déterminer les fins
pour lesquelles une subvention accordée en vertu de l'article 5. 1, 16.
1, 16. 2 ou 16. 3 peut être utilisée et la teneur du programme
d'utilisation d'une telle subvention.
Au fond, c'est l'existence même du projet de loi. Et là, on
veut faire adopter cela par règlement. Même normalement, les
députés ne veulent pas se priver de leur pouvoir comme cela.
L'Assemblée nationale, normalement, ne veut pas se priver de ses
pouvoirs. Et actuellement, qu'est-ce qu'on est en train de déterminer?
On est en train de dire: les fins pour lesquelles une subvention va être
versée, envoyons cela à l'exécutif, envoyons cela à
l'administration! Alors qu'au contraire, ce sont des pouvoirs qui devraient
être réservés aux députés ou à
l'Assemblée nationale, parce que ce sont des pouvoirs importants. (16
heures)
C'est arrivé dans le passé. Le député de
Portneuf faisait mention dans des discussions antérieures qu'il
considère important que les concepts centraux soient dans les projets de
loi. Dans quelle loi récemment, le parti gouvernemental disait qu'il
voulait mettre de la substance, parce qu'il considérait important que la
substance du projet de loi soit dans le projet de loi. Durant toutes les
années que j'ai passées au Parlement, cela a été
une des batailles les plus fortes qu'a menées le Parti libéral en
disant: II faut réduire la réglementation et il faut redonner
plus de pouvoirs aux députés en mettant la substance dans le
projet de loi plutôt que dans le pouvoir réglementaire. Moi, j'ai
toujours été d'accord à 100 % avec cela. À tel
point que, si une analyse est faite, par exemple sur la Loi sur la protection
du territoire agricole, sur laquelle j'ai eu à travailler beaucoup sur
la conception, on retrouvera, dans le projet de loi, tous les
éléments. Et c'est simplement quelques technicités de
procédure d'obtenir des copies au greffe ou de tarifs qui peuvent
être modifiés en cours de route qui sont prévus dans le
règlement parce que, là, il s'agit de modalités de
procédure qui n'ont pas d'impact par rapport è la loi.
Tous les éléments sont dans le projet de loi.
Actuellement, une des grandes plaintes que font les spécialistes de la
science politique, c'est de voir que de plus en plus de projets de loi sont
vidés de leur contenu au profit d'un pouvoir réglementaire qui
fait en sorte que les élus ont de moins en moins d'importance. Ce qui
fait en sorte, également, que, dans la population, on ressent cela. On
remarquera, aujourd'hui, quand il y a des enquêtes, que les gens n'ont
pas une haute opinion des gens en politique. Pourquoi? Parce que les gens qui
sont en politique n'ont même pas le respect d'eux-mêmes quand ils
votent des lois pour se vider de leurs pouvoirs et pour se vider de la
définition des enjeux. Quand on a des projets comme celui-là -
remarquez qu'on n'est même plus intéressé, comme
députés, à déterminer les fins pour lesquelles les
subventions vont être utilisées alors que c'est un projet de loi
qui porte là-dessus - on serait aussi bien d'avoir un projet de loi
général qui dit: Le gouvernement peut verser des subventions dont
il déterminera les affectations par règlement, faire une
loi-cadre générale pour tous les ministères, si la
façon dont on va déterminer l'affectation des subventions n'a
plus d'importance.
C'est cela qu'on est en train de faire actuellement. Il n'est pas normal
que, dans une législature moderne et démocratique, les
députés veuillent d'eux-mêmes se priver de leur rôle
ou réduire leurs fonctions, parce que c'est cela que cela veut dire.
Chaque fois qu'on confie les pouvoirs au pouvoir réglementaire, chaque
fois qu'on permet à l'administration de faire des règlements
plutôt que de déterminer les enjeux dans le projet de loi
et de réduire le pouvoir réglementaire, qui est un pouvoir
administratif plutôt qu'un pouvoir démocratique, qu'est-ce qu'on
fait? On contribue à éloigner les citoyens des enjeux. On
contribue à réduire la portée des enjeux et on contribue
à faire en sorte que tout se passe en arrière des rideaux
plutôt que sur la scène.
C'est pourquoi, moi, quand ces points de vue étaient
soulevés par le Parti libéral, je ne pouvais pas parler beaucoup
pour répondre, mais je croyais au même principe. J'en faisais
l'application dans les lois que je présentais. Maintenant, je suis
étonné qu'un jeune gouvernement - un gouvernement qui a six mois
et est encore en culottes courtes; au fond, il commence - ait
déjà abandonné ces principes les plus importants sur
lesquels il a fait le plus d'Interventions au cours des dernières
années. Vous savez, le Parti libéra! a porté des
accusations féroces contre l'Office du crédit agricole. Il a
accusé l'Office du crédit agricole d'à peu près
tous les maux. Il a fait parader, devant la commission, des gens qui ont
porté impunément n'importe quelle accusation contre l'Office du
crédit agricole. Aujourd'hui, ou bien ces accusations avaient un
léger fondement....
M. Pagé: Question de règlement.
M. Garon:... ou bien elles n'avaient pas de fondement.
M. Pagé: Question de règlement.
Le Président (M. Blais): Question de règlement, M.
le ministre.
M. Pagé: J'apprécierais que le député
de Lévis s'en tienne à la rigueur de l'amendement qu'il a
proposé et concernant le troisième paragraphe de l'article 29
amendé par l'article 14 de la loi 71.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Lévis, veuillez respecter la pertinence du sujet. La parole est à
vous, M. le député.
M. Garon: Je suis exactement dans le cadre du règlement.
Je suis en train de dire que le Parti libéral, pendant toutes ces
années-là, a reproché justement à l'Office du
crédit agricole de fonctionner la bride sur le cou, d'être
incitatif, de viser à faire faire des choses aux gens qu'il
n'était pas souhaitable de faire. Aujourd'hui, au lieu de définir
l'encadrement dans la loi... Ou bien ils ont fait ces accusations gratuitement,
ils n'en croyaient rien et c'était uniquement pour que les gens croient
à des balivernes, ou bien ils ont cru un peu à quelque chose. Je
ne leur demande pas d'y avoir cru à 100 %, mais, s'il y avait le
moindrement de véracité dans ce qu'ils ont dit, ils essaieraient
d'encadrer un peu plus l'office qu'il ne l'était auparavant au lieu de
l'encadrer moins. Le paragraphe 3 est, au fond, l'abandon du pouvoir
législatif au profit du pouvoir exécutif. On dit: Le gouvernement
pourra faire des règlements pour déterminer les fins pour
lesquelles une subvention accordée en vertu des articles 5. 1, 16. 1,
16. 2 ou 16. 3 peut être utilisée et la teneur du programme
d'utilisation d'une telle subvention. On ne prévoit rien dans la loi. Je
ne comprends pas que des députés qui se sont fait élire en
faisant un certain nombre de promesses aux gens, qui ont garanti certaines
choses, qui ont passé des heures devant cette commission ne soient pas
plus préoccupés d'appliquer les principes qu'ils ont
défendus.
M. Farrah: On respecte nos promesses, les 15 000 $.
Le Président (M. Blais): Vous voulez la parole, M. le
député des Îles-de-la-Madeleine?
M. Farrah: Après.
Le Président (M. Blais): Je vous remercie. La parole est
à vous, M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, si le député des
Îles-de-la-Madeleine veut intervenir, il me fera plaisir de le laisser
intervenir et je reprendrai après son exposé. Je pensais qu'il
était muet et je suis content de constater qu'il veut parler. Je vais
donc laisser immédiatement la parole au député des
Îles-de-la-Madeleine. Je ne voudrais pas qu'il change d'idée si je
continue à parler. Je reprendrai après, dans le cadre de mes 20
minutes.
Le Président (M. Blais): Merci, M. le député
de Lévis. M. le député des Îles-de-la-Madeleine, la
parole est à vous.
M. Farrah: Le député de Lévis se demandait
pour quelle raison on ne parlait pas. C'est simplement parce qu'on tient nos
promesses. Le fond du projet de loi, c'est d'augmenter de 6000 $ à 15
000 $ la subvention aux jeunes, et on le fait. Le député de
Lévis dit qu'on ne tient pas nos promesses, ce n'est pas vrai,
premièrement. Deuxièmement, en ce qui concerne l'image des hommes
et des femmes publics, c'est peut-être à cause des conditions dans
lesquelles on se trouve que notre image est vue de façon négative
par les gens. Je trouve qu'il y a ici une énorme perte de temps.
Le Président (M. Blais): C'est la fin de
vos commentaires, M. le député des
Îles-de-la-Madeleine? M. le député de Lévis, la
parole vous revient.
M. Garon: De continue. Le Parti libéral ne s'est pas fait
élire sur un seul engagement. Il ne s'est pas fait élire non plus
en disant: On va vous donner les 15 000 $ et la manière dont vous allez
le faire ne nous intéresse pas. À quelles fins ces 15 000 $
seront-ils utilisés? On va laisser cela à l'office. Nous, comme
députés, on s'en fout comme de notre première chemise,
c'est la dernière de nos préoccupations. J'imagine que, lorsque
vous avez pris l'engagement des 15 000 $, vous avez dit aussi que vous
étiez préoccupés par les jeunes agriculteurs. Vous
n'étiez pas ici, mais je peux vous rappeler que les gens disaient
à ce moment-là: L'office a incité les cultivateurs
à se lancer dans le porc. Quand ils voulaient y aller juste un peu, il
les incitait à y aller davantage. Il les a incités à
s'intégrer, à faire telle ou telle chose. J'ai entendu cela des
dizaines, des dizaines et de dizaines de fois. On disait: Quand on va
être au gouvernement, nous allons faire un encadrement, nous allons faire
en sorte que nous puissions vérifier, comme députés, dans
quelle direction se donneront les subventions. Qu'est-ce que je vois
aujourd'hui?
Le Président (M. Blais): M. le ministre, question de
règlement.
M. Pagé: Pourriez-vous convier le député de
Lévis au respect du règlement et de la pertinence du débat
en regard de l'amendement qu'il a proposé, M. le Président?
Le Président (M. Blais): Merci de votre intervention, M.
le ministre. M. le député de -Lévis, je crois que vous
dérogez un tout petit peu à la pertinence.
M. Garon: Non, j'explique ce que les libéraux voulaient
faire et ce que dit l'article. C'est pour cela que je demande de biffer un
article qui devrait être remplacé plus tard par autre chose de
plus précis dans le projet de loi. Au fond, je dis que pendant des
années ils ont dit le contraire de ce qu'on trouve dans cet
article-là. Je suis toujours sur l'article. Je dis qu'on donne au
gouvernement le rôle de déterminer, sur proposition de l'office,
l'encadrement, alors que, durant toutes ces années, les libéraux
se sont plaints que l'office fonctionnait la bride sur le cou, qu'il
encourageait trop les gens... C'est pourquoi je dis... Le député
sait et comprend à quel point c'est pertinent... Que dit le paragraphe
3? On va laisser déterminer par le gouvernement... Par le gouvernement,
cela veut dire quoi? Les règlements vont être proposés par
l'office et les députés n'auront plus rien à dire, parce
qu'ils ne sont pas dans ce processus. "Déterminer les fins pour
lesquelles une subvention accordée en vertu des articles 5. 1, 16. 1,
16. 2 ou 16. 3 peut être utilisée et la teneur du programme
d'utilisation d'une telle subvention. " D'un coup sec, les libéraux ne
se méfieraient plus que l'office soit trop incitatif. Ils ne se
méfieraient plus de quoi que ce soit, seulement parce qu'ils sont au
gouvernement. Ils seraient prêts à abandonner tous leurs pouvoirs
de précision des objectifs.
C'est un article comme celui-là qu'ils s'engageaient è ne
pas faire durant toutes ces années. On est en train, avec ce pouvoir
réglementaire, de réduire les pouvoirs des députés.
C'est pourquoi cet amendement au projet de loi est très important, parce
que c'est grâce à cet amendement qu'on va pouvoir biffer l'article
3 et remettre dans la loi le pouvoir législatif plutôt que de
confier à l'exécutif des objectifs qui sont fondamentaux par
rapport au projet de loi.
Pourtant, je trouve que c'est assez simple ce que j'explique; ce n'est
pas très compliqué ce que j'explique. Je suis convaincu que
même les nouveaux députés sont capables de comprendre cela.
Ce que je dis, c'est qu'on ne peut pas être cohérent par rapport
aux engagements qu'on a pris de vérifier de façon précise,
de mettre des balises et d'empêcher l'office d'être trop incitatif
et, en même temps, confier à l'office, à toutes fins
utiles, le pouvoir de faire des règlements hors de l'emprise des
députés pour verser des subventions à des fins qui seront
précisées plus tard par règlement, hors du contrôle
des députés.
M. le Président, vous qui avez l'expérience d'un premier
mandat, vous comprendrez à quel point il est nécessaire que les
députés qui se plaignent toujours de se faire tasser par le
gouvernement... À moins que les députés ne soient
indifférents au rôle qu'ils vont jouer comme législateurs.
Si l'article 3 est là pour priver l'Assemblée nationale et la loi
de la définition des fins qui lui appartient, les fins pour lesquelles
sont accordées les subventions. Autrement -je l'ai dit tout à
l'heure - si on fait cela dans différents projets de loi, adoptons une
loi générale qui donne le pouvoir de verser des subventions dans
toutes sortes de domaines et confions le pouvoir réglementaire au
gouvernement, puisque cela ne semble pas intéresser les
députés du Parti libéral de contrôler l'affectation
des fonds publics. Cet article dit essentiellement comment va être
déterminée l'affectation des fonds publics. C'est cela que
l'article dit. Il le dit simplement, mais c'est tellement évident.
Une voix: C'est évident.
M. Garon: II est normal que les députés
veuillent, pas nécessairement immédiatement,
aujourd'hui... En faisant ce que je leur demande de faire, c'est-à-dire
de biffer l'article 3, on va demander de revenir avec un projet de loi qui va
préciser éventuellement les fins pour lesquelles les subventions
vont être accordées. N'oubliez jamais que des subventions ont
été accordées pendant 19 ans - pardon - depuis 1969, dans
le cadre de la loi... Pardon?
M. Pagé: 86 moins 69 égale 17. M. Garon: Je
ne comprends pas.
M. Pagé: La loi est entrée en vigueur en 1969.
M. Garon: Oui. Cela fait 17 ans. M. Pagé: Cela ne fait pas
19 ans.
M. Garon: Cela fait 17 ans. C'est ce que j'ai dit. Je me suis
repris en disant...
M. Pagé: On se dirige vers la dix-septième
année.
M. Garon:... depuis 1969.
M. Pagé: La superéquipe des gars qui savaient
compterl (16 h 15)
M. Garon: Non, c'est pour cela que je me suis repris en disant
depuis 1969, plutôt que de faire le calcul ou que les gens qui liront nos
propos plus tard soient obligés de faire le calcul. Alors, je simplifie
la chose en disant; Depuis 1969. Vaut mieux indiquer un nombre d'années.
Quand les gens liront nos propos en 1990, ils diront: De 1969 à 1990,
cela fait 21 ans. Actuellement, cela fait 17 ans. Les cultivateurs vont vous
dire que vous ne faites pas votre travail et que vous ne vouiez pas
déterminer les fins. Quelles sont les fins pour lesquelles vous voulez
que ces subventions soient accordées? Vous êtes-vous posé
la question? Je serais bien curieux d'entendre le député des
Îles-de-la-Madeleine, qui va voter sur l'amendement tantôt, me dire
quelles sont les fins pour lesquelles les subventions accordées pourront
être utilisées et quelle devrait être la teneur du programme
d'utilisation d'une telle subvention. Ou, est-ce qu'il dit: Moi, c'est le
moindre de mes soucis? Je vois le député de Lotbinière, je
le prends à témoin. Est-il intéressé aux fins pour
lesquelles les subventions vont être accordées, vont être
utilisées et à la teneur du programme d'utilisation d'une telle
subvention? Est-il intéressé à cela ou s'il n'est pas
intéressé? Je vois le député de Nicolet
aussi...
M. Camden: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Blais): M. le député
de...
M. Pagé: Question de règlement. Une voix:
Lotbinière.
Le Président (M. Blais):... Lotbinière, question de
règlement.
M. Camden: M. le Président, on invoque mon nom, on cite le
nom de mon comté et je dois dire au député que je suis
préoccupé par la situation de ce projet de loi. Je
considère que je serai dans l'obligation de dire à mes
électeurs, par le biais des médias d'information, que j'ai
très nettement l'impression de perdre mon temps et qu'on pourra
augmenter de façon très substantielle notre productivité
et notre efficacité et bonifier d'une façon différente ce
projet de loi. Je pense que c'est dans cet esprit que je m'étais
engagé et c'est dans cet esprit que je me suis présenté
à l'élection. Si j'ai défendu et articulé ce projet
lors de la campagne, c'est parce que cela répondait à un besoin
de mes électeurs et c'est la raison pour laquelle je suis ici
aujourd'hui.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Lotbinière, j'ai vaguement l'impression que ce n'était pas une
question de règlement. Une question de mise au point.
M. Camden: C'était très à propos, comme vous
le dites.
Le Président (M. Blais): Donc, vous n'étiez pas
conforme au règlement. M. le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, j'ai été heureux
d'entendre parler le député de Lotbinière. C'est une des
rares fois que je l'ai entendu parler jusqu'à maintenant.
M. Camden: M. le Président, question de privilège.
J'ai l'occasion de prendre la parole à l'occasion...
Le Président (M. Blais): Un instant!
M. Camden:... et je pense qu'on charrie. Il suscite un
débat. Je regrette.
Le Président (M. Blais): Un instant, s'il vous
plaît, M. le député de Lotbinièrel Vous pouvez
invoquer un article du règlement, si vous voulez.
M. Garon: C'est un compliment. Je suis content de l'entendre
parler. Je l'avais si peu entendu parler que je ne connaissais à peu
près pas le ton de sa voix.
M. Camden: M. le Président, ce n'est
pas ce qui a été dit.
Une voix: Suscite le débat.
Le Président (M. Blais): Un instant, M. le
député de Lévisi
M. Garon: J'ai dit: Je suis content.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Lotbinière, question de règlement.
M. Garon: Pourquoi me faire fâcher parce que je suis
content qu'il ait parlé?
M. Camden: M. le Président, il n'a pas fait valoir qu'il
était content que je parle, mais il a plutôt dit qu'on ne parlait
pas souvent et que je ne parlais pas souvent. C'est une différence au
niveau de l'interprétation des propos, à mon sens.
M. Garon: C'est vrai.
Le Président (M. Blais): Je m'excuse. Il n'y a pas de
question de règlement; je n'en vois pas. Si je ne la vois pas et si vous
croyez qu'il y a question de règlement, rappelez-moi le numéro de
l'article, que je vous donne raison ou que je vous donne tort. Pour le moment,
je ne vois pas selon quel article du règlement votre intervention est
faite et je redonne la parole au député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, l'amendement que j'ai
présenté a pour but d'accroître le rôle des
députés. C'est mon principal motif, non pas que je pense que cet
amendement ou ce projet d'amendement a été présenté
de mauvaise foi par le ministre, pas du tout. Je pense qu'il est important de
spécifier le pouvoir de déterminer les fins pour lesquelles une
subvention accordée en vertu des articles 5. 1 et 16. 1, 16. 2 ou 16. 3
peut être utilisée. La teneur du programme d'utilisation d'une
telle subvention, je pense que c'est important. C'est pourquoi j'ai
présenté cet amendement pour donner la chance aux
députés de se prononcer sur cette question. Si les
députés pensent que je ne devrais pas biffer entièrement
le paragraphe, mais en biffer seulement une partie pour maintenir le pouvoir
réglementaire dans une partie seulement, soit la teneur du programme
d'utilisation d'une telle subvention, et seulement enlever la partie des fins,
je suis prêt à présenter un autre amendement dans cette
perspective pour faire en sorte que la partie qui se rapporte un peu plus
à l'administration soit faite par l'administration. Je pense qu'il
serait de beaucoup préférable que la substance des fins se trouve
dans le projet de loi, que la substance de la teneur du programme d'utilisation
d'une telle subvention se trouve dans la loi, et cela ne veut pas dire que pour
cela il faut absolument qu'un grand nombre d'articles de loi s'y retrouvent.
Mais il est important que ce pouvoir des députés soit
réservé aux députés, que les députés
puissent jouer leur rôle à ce point de vue car, autrement, c'est
confier à l'administration des rôles qui sont normalement
dévolus aux députés. On trouve habituellement ces choses
dans le corps du projet de loi.
Avez-vous déjà vu - regardez d'autres lois - des projets
de loi dans lesquels les fins pour lesquelles les subventions seront
accordées ne se trouvent pas dans le projet de loi, mais se retrouveront
dans les règlements plus tard?
M. Pagé: Question de règlement, M. le
Président.
M. Garon: Moi, je n'ai pas vu cela souvent.
Le Président (M. Blais): Un instant, M. le
député de Lévis. M. le ministre.
M. Pagé: Ce n'est pas vrai, ce que dit le
député de Lévis, c'est une interprétation...
Le Président (M. Blais): Question de règlement?
M. Pagé: M. le Président, on ne peut quand
même pas dire n'importe quoi. Le député de Lévis est
un homme...
Une voix:... M. le Président.
M. Pagé: Je suis déjà sur une question de
règlement, je vous en prie. Je n'ai pas abusé du temps de la
commission cet après-midi.
M. Desbiens:... M. le ministre.
M. Pagé: Et le député de Dubuc se
réveilla!
Une voix: Ah! Ah! Ah!
M. Pagé: Et il Intervint par surcroît!
M. Desbiens: Selon quel article, M. le Président?
M. Pagé: Article 71, M. le Président, si vous
pouviez vous y référer, s'il vous plaît.
Le Président (M. Blais): Allez-y.
M. Pagé: Le député de Lévis dit des
faussetés. Le député de Lévis a déjà
été ministre de l'Agriculture, le député de
Lévis a été neuf ans à la tête de ce
ministère et il est susceptible d'être lu, avec un
intérêt
relatif, j'en conviens, mais il est susceptible d'être lu.
Actuellement, il s'apprête à dire des faussetés. C'est
erroné, ce n'est pas vrai. Les objectifs de la loi, les conditions pour
lesquelles les subventions seront versées...
Le Président (M. Blais): M. le ministre...
M. Pagé:... sont décrites dans la loi.
Le Président (M. Blais): M. le ministre...
M. Pagé: J'ai terminé, M. le Président. Le
Président (M. Blais): Oui.
M. Garon: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Blais): Un instant, M. le
député de Lévis. Je crois que vous vouliez rectifier des
choses, mais cela ne concernait pas l'article 71.
M. Pagé: Non?
Le Président (M. Blais): Non, pas du tout. Je vous ai
écouté pendant 71 secondes et votre intervention n'était
pas justifiée en vertu de l'article 71.
M. Pagé: Mon point est établi.
Le Président (M. Blais): Question de règlement,
d'abord, de M. le député de Dubuc. Et, ensuite, le
député de Lévis.
M. Desbiens: M. le Président, je pense que vous aviez
constaté avant moi que le ministre a utilisé un article qui n'a
aucun rapport avec l'objet de son intervention. Si le ministre veut intervenir,
il aura tout le loisir, en commission, de répondre aux arguments et,
s'il y a lieu, de remettre les choses au clair à sa façon, comme
il l'entend, sans utiliser les questions de règlement à cette
fin, qui n'en sont pas, d'ailleurs, vous l'avez dit vous-même.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Dubuc, je suis très heureux que vous approuviez la décision que
j'ai prise. M. le député de Lévis, en question de
règlement.
M. Garon: Le ministre de l'Agriculture n'a pas à me
prêter des intentions. La meilleure façon de me répondre
serait de me dire où se trouvent les fins dans la loi. J'ai dit que les
fins ne sont pas dans loi. Au lieu de dire que ce que je dis n'est pas vrai
-d'ailleurs, ce sont des propos antiparlementaires...
Le Président (M. Blais): M. le député de
Lévis.
M. Garon:... je voudrais que le ministre retire ses paroles. Il
me prête des intentions, ce qu'il n'a pas le droit de faire selon notre
règlement. Il n'a pas le droit.
M. Pagé: Votre interprétation est fausse et
erronée.
M. Garon: II n'y a pas d'interprétation dans ce que je
lis.
M. Pagé: Bien oui!
M. Garon: Non! Non! Je dis que les fins ne sont pas dans la loi,
elles seront définies par règlement.
M. Pagé: L'objectif de cette loi, j'ai eu l'occasion de le
dire à plusieurs reprises, est d'aller dans le sens d'un engagement
formulé par un parti, une formation politique qui respecte ses
engagements. L'objectif de la loi est donc de majorer de 8000 $ à 15 000
$ la subvention pour que plus de jeunes productrices et producteurs puissent en
bénéficier. L'objectif de la loi est d'enlever cette clause
discriminatoire qui a été maintenue par un gouvernement qui avait
le verbe facile mais l'action plutôt lente. Comment voulez-vous que je le
convainque, M. le Président, il n'écoute pas. Quand, par
surcroît, il écoute, je le soupçonne de ne pas
comprendre.
Vous vous référez aux objectifs. Les objectifs sont
très clairs: respecter un engagement, une volonté de M. Bourassa,
de son équipe de femmes et d'hommes qui sont députés ici,
d'être davantage généreux, d'inciter un peu plus, de faire
mieux, de corriger finalement vos devoirs. Ce sont les objectifs de la loi, et
on entend prendre les moyens, on se donne les dispositions nécessaires.
La loi ne contient que 18 articles, j'en conviens, mais ce sont des
modifications apportées à une loi existante, la loi sur la mise
en valeur. Je me permets d'être en complet désaccord avec les
affirmations, qui sont fausses et erronées, du député de
Lévis, et c'est regrettable.
Le Président (M. Blais): M. le ministre, vous avez droit
à votre opinion. M. le député de Lévis, sur
l'amendement il vous reste trente secondes.
M. Garon: Je reviendrai si cet amendement n'est pas voté.
Vous en aurez peut-être un plus acceptable.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Lévis, est-ce que vous êtes sur une question de règlement
encore?
M. Garon: Non.
Le Président (M- Blais): Donc, vous finissez votre trente
secondes. D'accord, M. le député de Lévis.
M. Garon: II faut dire que les articles 2, 5 et 7 qui
s'appliquaient ne pourront plus s'appliquer après le 1er juillet 1987.
Ce qui va s'appliquer, ce sont les articles 5. 1 et 16...
M. Pagé: Je m'excuse, M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Blais): Un instant! M. le ministre.
M. Pagé: Ce n'est pas vrai ce que le député
dit.
M. Garon: Pour les 15 000 $, les articles 2, 5, et 7 ne
s'appliqueront plus.
M. Pagé: Ils ne s'appliqueront plus, mais pour les 8000 $
Us s'appliqueront, puisque les jeunes qui se sont installés auront
jusqu'au 1er juillet 1987 pour s'inscrire en demande, pour déposer leurs
plans de développement, lesquels seront appliqués par la suite en
fonction des dispositions des articles 2, 5 et 7. Lorsque le
député dit que les articles 2, 5 et 7 ne s'appliqueront plus, ce
n'est pas vrai, ils s'appliqueront.
M. Garon: Pour les fins des 15 000 $, ils ne s'appliqueront
pas.
M. Pagé: Bien oui, mais on ne peut pas le dire de
façon générale. C'est comme cela, c'est ce pourquoi je
vous disais tantôt que vous induisez les gens en erreur et c'est
regrettable.
M. Garon: Bien non, je vais vous lire le paragraphe 3 encore.
S'il vous plaît, M. le Président. Qu'est-ce qu'il dit? "29. Le
gouvernement peut adopter tout règlement pour - écoutez bien, je
lis pour les députés qui n'ont jamais fait de cours de droit pour
qu'ils jugent? Que dit le paragraphe 3? -déterminer les fins pour
lesquelles une subvention accordée en vertu des articles 5. 1, 16. 1,
16. 2 ou 16. 3 peut être utilisée... " C'est pour les fins de ces
articles. Ces articles se réfèrent tous è la subvention de
15 000 $ et non pas à la situation antérieure. Ils se
réfèrent à la situation postérieure au 1er juillet
1986. Je vous mets au défi de trouver dans ces articles la
précision des fins auxquelles vient de faire référence le
ministre. Il n'y a aucune fin d'indiquée, sauf de dire qu'il y aura une
subvention de 15 000 $ pour l'établissement. Comment? Pour quel but?
Rien de tout cela n'est marqué dans ces articles.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Lévis, je regrette, mais votre temps de parole sur cet amendement est
terminé. M. le ministre, la parole est à vous.
M. Pagé: Je n'ai qu'un commentaire, M. le
Président. Si le député de Lévis voulait pousser
son honnêteté intellectuelle un peu plus en avant, il aurait
dû lire les dispositions des articles auxquels on fait
référence dans l'article 29, troisièmement. Il aurait
dû lire les articles 5. 1, 5. 2, 5. 3, ce qu'il s'est abstenu de faire et
de généraliser.
M. le Président, nous constatons, nous retenons qu'on se retrouve
par un vendredi après-midi, une équipe de plusieurs femmes et
hommes qui ont été délégués pour venir
siéger è l'Assemblée nationale du Québec pour
défendre les intérêts de nos commettants. On se retrouve
dans une circonstance - malheureusement notre système parlementaire a
ses grandes qualités mais aussi ses défauts - où nous
sommes conviés à un refus systématique d'adopter une loi
de l'équipe gouvernementale, l'équipe de l'Opposition se
demandant légitimement ce qui arrive, où s'en va son
porte-parole?
M. le Président, cette loi a été adoptée en
deuxième lecture, si ma mémoire est fidèle, lundi
après-midi. L'Opposition a adopté, a voté, a
accepté le principe du projet de loi. On sait qu'un système
parlementaire comme le nôtre s'appuie entre autres sur la bonne foi, la
parole donnée. C'est important, sans cela ce seraient des tiraillages
quotidiens. (16 h 30)
Le système parlementaire dans lequel nous sommes ne pourrait
fonctionner s'il n'y avait pas un minimum de relations entre le gouvernement
par la voie de son leader parlementaire et l'Opposition par la voie de son
leader parlementaire. Or, ceux et celles qui suivent les débats à
l'Assemblée nationale, soit par leur présence, soit par le
Journal des débats, soit par la télédiffusion des
débats remarqueront qu'au-delà des chefs, qu'au-delà des
whips, qu'au-delà des demandes de l'Assemblée, il y a une
interaction qui se crée entre trois personnes qui sont le
président, le leader de l'Opposition et le leader du gouvernement. On
entend parfois, M. le président, parler des conférences des
leaders, lesquelles, soit dit en passant, deviennent presque institutionnelles
et statutaires à compter de la fin d'une période intensive, soit
aux mois de juin et de décembre, pour les fins de session,
périodes intensives. Je ne mets pas en doute, loin de là, la
parole, la bonne foi et le sens du "fair-play" qu'on reconnaît à
l'honorable député de Joliette qui est le leader parlementaire de
l'Opposition, lequel nous indiquait en début de semaine: Vous savez, le
projet de loi 71 peut être déféré en deuxième
lecture, à l'étude article par
article. C'est un projet de loi à l'égard duquel nous
avons l'intention de voter pour, nous avons donc tous les motifs de croire que
le débat sera très restreint.
C'est donc de bonne foi et franchement convaincus qu'on pouvait se
livrer ici à un exercice d'échanges utile, efficace, que les
membres de la majorité se sont réunis à compter de mardi
et de mercredi. Or, on constate que depuis mercredi soir, nous sommes devant un
refus systématique d'adopter le projet de loi. Nous sommes devant des
motions purement et simplement dilatoires. Nous sommes devant de longs
préambules et des commentaires qui sont vidés de tout sens.
Venant du député de Lévis, cela s'explique. Je me dis de
deux choses l'une. Ou bien le porte-parole, le critique - et pour adopter un
terme qui est utilisé par mon collègue le député de
Brome-Missisquoi, l'honorale ministre du Travail et ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu, qui dit toujours "mon
critique", je vais dire "mon critique", ou "mon critiqueux" - le
député de Lévis n'a pas lu le projet de loi, auquel cas il
a donné un avis à son leader disant: On va voter pour, il n'y a
pas de problème. Il est très inquiétant qu'un critique
officiel, d'une formation politique aussi importante et qui prend autant de
place dans notre règlement que l'Opposition, ne lise pas un projet de
loi et ne l'analyse pas avant de venir le débattre. Il y a vraiment de
quoi pour le chef de l'Opposition, l'honorable M. Johnson...
M. Garon: Une question de règlement.
Le Président (M. Blais): Un instant, M. le ministre.
M. Pagé:... d'avoir très peu confiance en cet homme
qui est le député de Lévis.
Le Président (M. Blais): Un instant, s'il vous
plaît. Une question de règlement.
M. Pagé: C'est la première possibilité. Il
me reste la deuxième.
Le Président (M. Blais): Une question de règlement,
M. le député de Lévis, s'il vous plaît.
M. Garon: II y a une question de règlement que je veux
soulever tout simplement. Il y a un amendement sur lequel le ministre peut
parler. La critique que je fais d'un projet de loi dont on a voté le
principe en deuxième lecture... En première lecture et en
deuxième lecture, on a voté pour. On a eu très peu
d'orateurs en deuxième lecture où on a précisé
qu'on discuterait des modalités en commission parlementaire, ce que nous
faisons actuellement. Nous avons demandé de procéder paragraphe
par paragraphe, ce qui est souvent consenti d'un commun accord, mais ce qui a
été refusé par le ministre. Nous progressons, dans le
cadre de l'article 14 qui remplace l'article 29, normalement et en posant des
questions normales. Il n'est pas question d'empêcher l'adoption de ce
projet de loi. Pas du tout. On soulève des points qu'on veut faire
enregistrer au journal des Débats pour ceux qui éventuellement...
Quand on dira: II y a telle chose, telle chose qui ne marche pas, on va dire,
nous, qu'on avait averti le ministre qu'on peut se référer au
journal des Débats. Ce sera écrit là.
Le but de cette discussion, c'est justement de faire améliorer le
projet de loi dans ses modalités. La preuve, c'est que vous avez
dû chercher certaines choses et que vous avez mis un article en suspens
pour regarder cela. On ne vous reproche rien. Au contraire, on trouve que c'est
correct. Là, c'est comme si à un moment donné vous vous
étiez dit: II ne faut pas que j'en fasse trop, cela va avoir l'air
drôle. On continue dans le même état d'esprit sur le projet
de loi. On vous a dit tout à l'heure que l'article 15 qu'on a
laissé là, c'est parce qu'on se dit que cela va avec l'article
14. Si vous changez votre idée par rapport à l'article 14,
l'article 15 n'est plus nécessaire. Il y a des discussions qui ont
été faites. Le député de Portneuf n'a pas à
évaluer ma conduite, qu'il parle sur l'amendement.
Le Président: (M. Blais): M. le député de
Lévis, un instant. Je crois que dans votre question de règlement,
j'en ai entendu suffisamment pour savoir que vous invoquez l'article 35. 6,
soit qu'on vous impute des motifs.
M. Garon: C'est cela.
Le Président (M. Blais): J'ai très bien compris. M.
le ministre.
M. Pagé: Je peux continuer?
Le Président (M. Blais): Certainement.
M. Pagé: Merci, M. le Président. J'en étais
à dire que de deux choses l'une. La première, le
député de Lévis n'a pas lu le projet de loi avant de
donner son accord à son leader ou...
Le Président (M. Blais): Maintenant...
M. Pagé:... le député de Lévis n'a
pas respecté la parole qu'il a donnée à son leader. Dans
les deux cas, c'est inquiétant.
M. Garon: II n'y a pas eu de parole donnée à mon
leader.
M. Pagé: Pardon?
M. Garon: Parole qu'on étudie le projet. Je l'ai dit
publiquement ce qu'on ferait. C'est enregistré en deuxième
lecture.
M. Pagé: M. le Président, le député
de Lévis vient de se désolidariser de façon très
claire du leader de l'Opposition.
M. Garon: En quoi? J'ai donné la parole sur quoi? On est
ici pour étudier le projet de loi en deuxième lecture, selon
l'ordre de la Chambre.
M. Pagé: M. le Président, à la
conférence des leaders, le leader de l'Opposition a clairement
indiqué au leader du gouvernement que l'étude en commission,
après analyse de son porte-parole, allait être brève.
M. Garon: Ce n'est pas très long.
M. Pagé: Or, M. le Président, je dois
concéder que le député de Lévis et les membres de
cette Assemblée ont été conviés à un
exercice utile, intéressant la première journée de notre
commission. Mais depuis et, entre autres, mecredi soir où on a dû
reprendre nos travaux à 21 heures, se sont amenés ici à la
commission plusieurs députés, dont le député de
Duplessis, le député de Laviolette, le député de
Dubuc, qui ont ajouté, qui ont brûlé du temps, qui ont pris
des 20 minutes pour le plaisir de les prendre.
Je dis à l'Opposition: c'est votre droit le plus strict. Vous
êtes jugés par vos actes. Mais on doit quand même retenir la
lecture qu'on doit faire des travaux de cette commission aujourd'hui. Et
mercredi soir, la lecture qu'on doit en faire, c'est que c'est un refus
systématique de collaborer, c'est au-delà d'une dizaine de
députés qui sont ici alors qu'ils pourraient vaquer à
leurs occupations pour bien représenter, pour régler les
problèmes de leurs concitoyennes et concitoyens, c'est une équipe
de recherche du côté de l'Opposition, c'est toute l'équipe
de l'Office du crédit agricole - l'équipe, en faisant
référence au président et à ses principaux adjoints
qui sont ici; on doit retenir qu'il y a des dossiers qui sont en attente
là-bas. C'est tout le personnel qui est convié à couvrir
ces débats cet après-midi, avec les frais d'impression, etc, pour
entendre discourir le député de Lévis qui
répète essentiellement les mêmes choses en regard du
pouvoir réglementaire qui est utilisé dans le présent
projet de loi, lequel pouvoir réglementaire était tout aussi
exorbitant dans les lois qu'il administrait lui-même.
Je dois en venir à la conclusion que c'est un refus
systématique. Ce n'est peut-être pas du "filibuster" parce qu'ils
ont dit qu'ils voteraient pour. Peu importe leur approche, nous voterons contre
votre amendement. Je vous dis tout de suite, M. le Président, que je
n'ai pas l'intention... parce que lundi on doit procéder a
l'étude du projet de loi en deuxième lecture de la raffinerie de
sucre.
Vous aurez très probablement 23 interventions, 23 interventions
aussi sur la motion de report que probablement vous présenterez. Ce qui
veut dire qu'on terminera probablement de siéger mardi vers 8 h 30.
Mardi, à 10 heures, nous sommes conviés è entendre les
groupes parce qu'on va siéger. Le député de Lévis
s'interroge à savoir pourquoi 8B h 30? Parce que si vous êtes 22
à intervenir pendant 20 minutes en deuxième lecture, cela fait
440 minutes et une heure de la part du porte-parole, cela fait 500 minutes et
au moins une heure de la part du porte-parole officiel qui dépose le
projet de loi, le ministre, cela fait 560 minutes, au moins une demi-heure de
la part de l'honorable ministre délégué à la
Privatisation, cela fait 590 minutes, plus des députés
libéraux qui vont se faire entendre sur le projet de loi de la
raffinerie.
Ajoutez à cela 22 interventions de dix minutes sur une motion de
report que vous présenterez, auquel cas il faut ajouter 220, plus les
interventions du ministre, plus les interventions des députés,
nous sommes donc conviés à siéger à compter de 14
heures lundi après-midi jusqu'à au moins 8 h 30 ou 9 heures en
matinée mardi. Nous reprendrons nos travaux à 10 heures.
J'entends déposer une motion pour obliger cette commission-ci
à faire rapport, parce que je n'ai pas l'intention, comme ministre,
qu'on se convie à un exercice inutile, superfétatoire, avec des
arguments plus vides les uns que les autres, plus longtemps. Le temps est trop
important, parce que mardi nous devons entendre tous les groupes qui ont
été dûment invités par la présente commission
en regard du projet de loi 69 sur la santé animale.
Ce débat étant terminé, il n'est pas impossible que
le rapport soit fait mardi. Il peut être déposé mardi soir
à minuit, minuit et demi en Chambre, après qu'on aura
complété l'audition des témoins et à cause de la
façon dont vous fonctionnez, j'ai fermement l'intention de recommander
au leader du gouvernement d'amener la prise en considération du rapport
qui aurait été fait à ce moment par la présente
commission dans la nuit de mardi à mercredi.
Notre temps est trop utile, trop pressant, pour qu'on se livre à
l'exercice auquel vous vous référez depuis mercredi
après-midi. Pour ces motifs, je vous dis délicatement, avec toute
la politesse et la convenance qui m'animent, de présenter vos
amendements, M. le député. Vos amendements ne sont pas
très contributifs et nous voterons contre, purement et simplement. Bon
après-midi!
Le Président (M. Blais): Votre argumentation de
règlement est terminée, M. le ministre?
M, Pagé: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Lévis, M. le ministre, je tiens à vous dire que, d'abord, M. le
ministre impute des motifs au député de Lévis, qu'il ne
veut pas. Deuxièmement, un député doit accepter la parole
de l'autre comme étant vraie. On n'a pas le droit de refuser d'accepter
la parole. Alors, M. le député de Lévis, vous dites que
vous faites, de bonne foi, votre argumentation et nous sommes obligés -
en tant que Président, je suis obligé d'accepter que vous le
faites de bonne foi. Je pense que M. le ministre, vous aussi, vous êtes
obligé de le prendre comme tel. Il vous reste, dans votre
argumentation... Elle est terminée? Votre temps pour votre amendement,
M. le député de Lévis, est terminé.
On appelle le vote sur l'amendement qui se lisait comme suit: Le
député de Lévis propose ce qui suit: Biffer le
troisième alinéa, tel qu'amendé, de l'article 29 introduit
par l'article 3 du projet de loi. Il est accepté?
M. Pagé: L'amendement?
Le Président (M. Blais): Oui.
M. Pagé: Rejeté.
Le Président (M, Blais): Rejeté.
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Blais): Rejeté sur division.
J'allais dire "M. le Président"; je ne suis pas habitué de
présider, vous voyez! Rejeté sur division. Nous continuons
l'étude de l'article 29. M. le député de Lévis.
Autre motion d'amendement
M. Garon: Je voudrais proposer un autre amendement au paragraphe
3 de l'article 29 qui remplace l'article 29 de la loi, tel qu'il est
prévu à l'article 14. L'amendement se lirait comme suit:
L'article 3. Après le mot "déterminer", biffer les mots "les fins
pour lesquelles une subvention accordée en vertu des articles 5. 1, 16.
1, 16. 2 ou 16. 3 peut être utilisée et".
Le Président (M. Blais): On biffe tout cela. Alors,
l'article demeurerait: "déterminer les fins... "
M. Garon: Non, l'article se lirait...
Le Président (M. Blais): "... déterminer la teneur
du programme d'utilisation d'une telle subvention".
M. Garon: Oui et les modalités de paiement de celle-ci...
Non, l'article se lirait:... et ajouter, après la teneur du programme
d'utilisation d'une telle subvention accordée en vertu des articles 5.
1, 16. 1, 16. 2 ou 16. 3 et les modalités de paiement de cette
subvention.
Le Président (M. Blais): Bon, juste une seconde...
M. Garon: Au fond, c'est de...
Le Président (M. Blais): M. le député de
Lévis, votre amendement est un peu complexe. Est-ce qu'on suspend une
minute? On vous demanderait de nous le présenter par écrit, s'il
vous plaît! Cela va, M. le ministre?
M. Pagé: Je m'excuse, M. le Président, je
n'écoutais pas le député de Lévis.
Le Président (M. Blais): L'amendement...
M. Garon: Regardez, le ministre jase avec quelqu'un; on va le
faire pendant ce temps.
Le Président (M. Blais):... est un peu complexe, on va suspendre
une minute pour avoir un amendement écrit, si vous le permettez.
Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 44)
(Reprise à 16 h 52)
Le Président (M. Blais): À l'ordre, s'il vous
plaîtî Nous avons écrit l'amendement proposé: Biffer
les mots "les fins pour lesquelles une subvention accordée en vertu des
articles 5. 1, 16. 1 ou 16. 3 peut être utilisée et", ajouter
après le mot "subvention" les mots "accordée en vertu des
articles 5. 1, 16. 1, 16. 2 ou 16. 3".
La parole est à vous, M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, si j'ai présenté
cet amendement, c'est dans un esprit de coopération. Cela va me
permettre en même temps d'être encore plus explicite. Contrairement
à ce que le député de Portneuf peut penser, je n'avais pas
eu le temps de dire dans les vingt minutes tout ce que j'avais à dire.
Je vais le dire de façon plus claire encore à ce moment-ci... La
députée de Kamouraska-Témiscouata aurait
intérêt à écouter ce que je vais lui dire; elle va
apprendre beaucoup. J'ai le sentiment, si je lui faisais passer un examen sur
cette loi
et sur ce projet de loi et si les réponses pouvaient être
vérifiées par un correcteur impartial, que j'aimerais cela savoir
combien il y en a de bonnes.
Je vais dire ceci: Déterminer la teneur du programme
d'utilisation d'une telle subvention par règlement, on peut laisser
cela. L'amendement du ministre était à mon avis correct. Les
modalités de paiement doivent être déterminées par
règlement parce que cela entre dans les technicités. "Les fins
pour lesquelles une subvention accordée en vertu des articles 5. 1, 16.
1, 16. 2 et 16. 3 peut être utilisée", ce n'est pas possible.
D'autant plus que le ministre, je pense, n'est pas au courant suffisamment du
projet de loi parce que je n'ai pas pu répliquer à sa
dernière intervention dans laquelle it a laissé entendre que les
fins se trouvaient aux articles 16. 1, 16. 2 et 16. 3 et que je me suis
arrêté dans ma lecture à l'article 5. 1.
Je réfère les membres de la commission - ici, on ne
réfère plus à l'ancien projet de loi, mais seulement - au
nouveau projet de loi. Si vous comparez la facture des articles 5. 1, 16. 1,
16. 2 et 16. 3 du projet de loi du ministre, Loi modifiant la Loi favorisant la
mise en valeur des exploitations agricoles, avec celle des anciens articles qui
donnaient ouverture aux subventions, les articles 2, 5 et 7, vous remarquerez
que, dans ces articles, les fins des subventions étaient
indiquées, alors que dans les articles 5. 1, 16. 1 et 16. 2 et 16. 3,
les fins pour lesquelles les subventions peuvent être utilisées,
ne sont indiquées d'aucune façon. Je vais en faire la
démonstration.
Étant donné que le ministre a indiqué que je ne
m'étais pas rendu aux articles 16. 1, 16. 2 et 16. 3, si je lui fais la
démonstration que les articles 16. 1, 16. 2 et 16. 3 ne précisent
pas plus que l'article 5. 1, les fins pour lesquelles la subvention peut
être utilisée, à ce moment, le ministre va accepter mon
amendement parce qu'il va dire: Le député de Lévis a
raison.
Je me suis trompé. Je pensais que c'était dans les
articles 16. 1, 16. 2, 16. 3. Cela ne s'y trouve pas. Je vais le regarder
simplement. D'abord, voyons l'ancienne loi: c'est tellement vrai ce que je vous
dis que l'article 2 de la loi de 1969 dit même, dans l'espace à
gauche: Subvention pour amélioration générale sur la
ferme. Cela a-t-U été assez dit? Pourquoi? "Le ministre peut, sur
la recommandation de l'Office, accorder une subvention pouvant atteindre deux
mille dollars: à tout agriculteur (... ) qui acquiert (... ) ou loue,
pour s'y établir, une ferme rentable. "Cette subvention est
accordée à l'agriculteur ou à l'aspirant-agriculteur qui
en fait la demande, aux fins de l'aider è mettre cette ferme en valeur
conformément au règlement. "La demande visée au
deuxième alinéa doit être reçue par l'Office (...
)"
Maintenant, on le limite. Il n'y aura plus de cela, maintenant. On
inscrit, au deuxième alinéa: Subvention pour amélioration
générale sur la ferme. Si vous regardez à l'article 5, on
lit également dans la marge: Subvention pour amélioration
foncière. On dit bien que l'article 2 - tout le monde l'a dit ici -
concerne la subvention pour amélioration générale sur la
ferme. Et quand le ministre signe - parce qu'il signe des subventions - il
arrive sur des tableaux, des feuilles où il y a un grand nombre de
subventions en fonction de l'article 2; ce n'est pas indifférent. Tout
le monde sait que ce sont des subventions pour fins d'amélioration
générale sur la ferme. Quand, à un moment donné, on
a eu un débat au début de la commission et qu'on a laissé
entendre que l'office pouvait verser des subventions pour d'autres fins que
cela, quand on a déterminé dans quel pourcentage étaient
affectées les subventions, on s'est rendu compte qu'exactement toutes
les subventions aux fins de l'article 2 étaient pour amélioration
générale et que les subventions en vertu de l'article 5 pour
amélioration foncière faisaient référence aux fonds
de terre, aux bâtiments, aux ensemencements ou aux engrais. Tous des
investissements qui ont pour effet de faire des améliorations
foncières.
Si vous regardez l'article 5, vous voyez aussi la même chose.
Regardez le troisième alinéa de l'article 5 de la loi de 1969:
"Cette subvention est accordée à l'agriculteur ou
l'aspirant-agriculteur qui en fait la demande, aux fins de l'aider à
réaliser sur cette ferme un programme d'améliorations
foncières conforme au règlement. " Les fins sont
indiquées. Maintenant, on pourrait aller è l'article 7 et on
verrait la même chose. Si vous voulez, je vais faire
référence à l'article 5. 1 de la loi actuelle que nous
avons étudiée et qui est devant nous. Je vous défie de
trouver, à l'article 5. 1, une seule indication des fins. Qu'est-ce
qu'on dit à l'article 5. 1? Je vais le lire tranquillement et je vais
lire 16. 1, 16. 2, et 16. 3 et vous me trouverez un seul endroit où on
précise les fins. L'article 5. 1 dît essentiellement: Aux fins de
son établissement...
M. Pagé:... aux fins de son établissement...
M. Houde: Vous ne comprenez pas...
M. Pagé: Vous ne voulez pas qu'on définisse
"établissement"?
M. Houde: Si vous ne comprenez pas, vous nous
l'épellerez.
M. Pagé: M. le Président, le
député...
M. Garon: Ce n'est pas cela. Vous avez dit... J'ai
laissé... Quand on arrive è l'article... Laissez-moi terminer,
vous parlerez après, si vous voulez. Si vous regardez au paragraphe
3...
Le Président (M. Blais): M. le député de
Lévis. M. le ministre.
M. Pagé: Le député de Lévis vient de
lancer un défi: Celui de trouver une fin applicable dans les
dispositions de l'article 5. 1. C'est très clair. C'est "aux fins de
l'établissement". C'est ce à quoi je fais référence
au début et...
M. Garon: Oui, mais...
M. Pagé:... la définition de
"l'établissement", on va la détailler par le pouvoir prévu
à l'article 29.
M. Garon: Oui, mais ce ne sont pas des fins,
l'établissement. La fin générale... C'est évident.
On le voit dans le titre de l'ancienne loi: dans le titre, il est
précisé que c'est pour l'établissement des jeunes
agriculteurs. Mais les programmes, les investissements, les subventions ne sont
pas accordées, uniquement pour des fins d'établissement, c'est
évident, c'est l'objectif général. Mais, accorder à
des fins pour lesquelles une subvention peut être utilisée, c'est
pour faire des choses. Quand vous regardez l'article 5. 1, lisez-le: "Le
ministre peut, sur la recommandation de l'Office, accorder une subvention
pouvant atteindre quinze mille dollars à tout agriculteur ou
aspirant-agriculteur qui, à compter du 1er juillet 1986, acquiert ou
loue, aux fins de son établissement, une ferme rentable et qui: "1°
à la date de la réalisation de son établissement, est
âgé d'au moins 18 ans et d'au plus 40 ans;
Je continue. "2° dans le cas d'un agriculteur, satisfait, à
la date de réception par l'Office ou de sa demande écrite de
subvention, à des conditions fixées par règlement quant
à son expérience agricole ou à sa formation
professionnelle; (17 heures) "3° n'a pas déjà, è titre
d'exploitant agricole ou d'agriculteur, fait toucher, en tout ou en partie,
è une corporation d'exploitation agricole à une
société d'exploitation agricole, à une coopérative
d'exploitation agricole ou à un groupe de personnes visé aux
articles 14 et 15 une subvention prévue à la présente loi
ou une subvention visée aux articles 2 ou 14 de la Loi favorisant
l'établissement de jeunes agriculteurs... ou n'a pas encore
touché lui-même, en tout ou en partie, l'une ou l'autre de ces
subventions ou des mesures suivantes: "a) la remise prévue à
l'article 30 de la Loi sur le crédit agricole; " Tout ce que l'on
énonce, ce sont des conditions pour dire que l'on n'aura pas le droit
d'avoir la subvention. "b) l'avantage prévu par l'article 4 de la Loi
sur les prêts agricoles; "c) la subvention pour consolidation de ferme
prévue par l'article 25, tel qu'il se lisait avant le 1er janvier 1970,
de la Loi sur le ministère de l'agriculture et de la colonisation...
"
Si vous regardez d, là non plus, il n'y a rien, on parle du loyer
ou de la redevance, des intérêts en vertu du règlement sur
la banque de terres arables. On en parle ainsi: "Cette subvention est
accordée à l'agriculteur ou à l'aspirant-agriculteur qui
en fait la demande et qui produit un programme d'utilisation de subvention
conforme au règlement, en vue d'améliorer la rentabilité
de son exploitation agricole, dans le cadre des fins prévues par
règlement. " L'article ne comprend aucune fin, nulle part. On dit:
"Lorsque cette subvention est accordée à un aspirant-agriculteur,
celui-ci doit, au plus tard dans les 30 jours de l'expiration du délai
visé au quatrième alinéa de l'article 24, démontrer
à l'Office que la ferme visée au premier alinéa est
rentable et qu'il satisfait aux conditions fixées par règlement
quant à son expérience agricole ou à sa formation
professionnelle, à défaut de quoi il est déchu de son
droit à telle subvention. "
Si vous allez à l'article 16. 1, qu'est-ce que vous y trouvez?
Vous ne trouvez nulle part des fins, vous trouvez la structure juridique,
différents cadres de structures juridiques. C'est pour cela que je parle
ainsi depuis le début, que je dis qu'on est en train de mélanger
des concepts. On parle, à l'article 16. 1, d'une structure juridique.
À l'article 16. 2, de quoi parle-t-on? On continue à parler de
structures juridiques; è l'article 16. 3 également.
Qu'est-ce qu'on dit à l'article 16. 1? "Le ministre peut, sur la
recommandation de l'Office, accorder une subvention pouvant atteindre quinze
mille dollars à une corporation d'exploitation agricole, une
société d'exploitation agricole, une coopérative
d'exploitation agricole ou un groupe de personnes visé aux articles 14
et 15 qui, à compter du 1er juillet 1986, acquiert ou loue, aux fins de
son établissement, une ferme rentable, pourvu qu'il compte parmi ses
actionnaires, ses sociétaires, ses producteurs actionnaires ou ses
membres, selon le cas, un exploitant agricole ou un agriculteur, selon le cas,
qui: "1° à la date de la réalisation de cet
établissement, est âgé d'au moins 18 ans et d'au plus 40
ans, a comme principale occupation l'exploitation de cette ferme et
détient au moins 20 %:
"a) s'il s'agit d'une corporation d'exploitation agricole: des actions
de chaque catégorie émises par cette corporation; "b) s'il s'agit
d'une société d'exploitation agricole: des intérêts
dans cette société; "c) s'il s'agit d'une coopréative
d'exploitation agricole: des actions ordinaires ou des parts sociales, selon le
cas, émises par cette coopérative... "
Avez-vous vu les fins quelque part? Il n'y en a pas eu jusqu'à
présent. Si vous regardez d, on parle d'exploitants conjoints; à
e, on parle des indivis, des propriétaires indivis d'une ferme. Lisez la
fin de l'article 16. 1 et vous ne trouverez nulle part de fins, on ne traite
pas des fins des subventions. Si vous allez à 16. 2, on définit
les conditions: "Lorsqu'une corporation d'exploitation agricole, une
société d'exploitation agricole, une coopérative
d'exploitation agricole ou un groupe de personnes visé aux articles 14
et 15 compte parmi ses actionnaires, ses sociétaires, ses producteurs
actionnaires ou ses membres, selon le cas, plus d'un exploitant agricole ou
d'un agriculteur... " Et là, on parle des multiples. On ne parle pas
plus des fins à l'article 16. 2 qu'à l'article 16. 3. Le
ministre, tantôt, me disait que c'était parce que je n'avais pas
lu les articles 16. 1, 16. 2 et 16. 3, c'est lui qui ne les a pas lus. Vous ne
voyez aucune fin à 16. 1, aucune fin à 16. 2 et, à 16. 3,
vous n'en verrez pas plus. À l'article 16. 3, on parle encore là
du nombre, des multiples, mais nulle part vous ne verrez les fins pour
lesquelles ces subventions seront accordées.
Je peux relire l'article 16. 3 avec vous pour qu'on le regarde ensemble:
"Tant que le nombre total d'exploitants agricoles ou d'agriculteurs, selon le
cas, qui ont rendu une corporation d'exploitation agricole, une
société d'exploitation agricole, une coopérative
d'exploitation agricole ou un groupe de personnes visé aux articles 14
et 15 admissible à une subvention en vertu des articles 16. 1 - qu'on
vient de lire - ou 16. 2 - qu'on vient de lire aussi - ou en vertu du
présent article demeure inférieur à quatre, le ministre
peut, sur la recommandation de l'Office, jusqu'à ce que ce nombre soit
atteint - on a parlé de cela en moult détails ces derniers jours
- accorder à cette corporation, à cette société,
à cette coopérative ou à ce groupe qui en fait une demande
écrite à l'Office un autre montant de subvention pouvant
atteindre quinze mille dollars, chaque fois que... " Là, on dit dans le
cadre de la structure juridique: "1° un exploitant agricole ou un
agriculteur, selon le cas, qui n'était pas un actionnaire... " J'entends
des voix nouvelles, je me méfie tout le temps, "... un
sociétaire, un producteur actionnaire ou un membre, selon le cas, de
cette corporation, de cette société, de cette coopérative
ou de ce groupe au moment où une subvention lui a été
accordée en vertu des articles 16. 1 ou 16. 2 du présent article
le devient par la suite et démontre à l'Office: "a) s'il
satisfait aux conditions prévues au paragraphe 3° du premier
alinéa de l'article 5. 1, que la ferme exploitée par cette
corporation, cette société, cette coopérative ou ce groupe
continue d'être rentable, qu'il a comme principale occupation
l'exploitation de cette ferme et qu'il détient le pourcentage de
participation visé au paragraphe 1 du premier alinéa de l'article
16. 1;
Vous n'avez pas vu de fin nulle part jusqu'à maintenant. "b)
qu'à la date où il a commencé à satisfaire aux
exigences du sous-paragraphe a du présent paragraphe, il était
âgé d'au plus 40 ans; "c) qu'à la date de réception
par l'Office de cette demande de subvention, il est âgé d'au moins
18 ans et satisfait à des conditions fixées par règlement
quant à son expérience agricole ou à sa formation
professionnelle; "2° une personne qui, bien qu'étant un actionnaire,
un sociétaire, un producteur actionnaire ou un membre, selon le cas, de
cette corporation, de cette société, de cette coopérative
ou de ce groupe au moment où une subvention lui a été
accordée en vertu des articles 16. 1 ou 16. 2 ou du présent
article, ne l'a pas encore rendue admissible à cette subvention, mais
démontre par la suite à l'Office qu'elle satisfait aux conditions
et exigences mentionnées aux sous-paragraphe a à c du paragraphe
1°. "Cette subvention est accordée au requérant qui produit
un programme d'utilisation de subvention conforme au règlement en vue
d'améliorer la rentabilité de son exploitation agricole, dans le
cadre des fins prévues par règlement. " On dit partout que les
fins seront prévues par règlement.
On est en train de viser des subventions de 15 000 $ dont on ne
mentionnera nulle part dans la loi pour quelles fins. C'est quelque chose! On
n'est pas, comme le disait tantôt le député des
Îles-de-la-Madeleine, dans les cure-dents. Non, c'était un autre
député qui disait cela. Le député de Saint-Louis,
à la commission du budget et de l'administration, disait: Ce n'est pas
un cure-dent, ce n'est même pas un 2 x 4, c'est un madrier.
Les fins ne sont indiquées nulle part dans le projet de loi. Je
suis convaincu de cela. Je dois vous dire que c'est arrivé dans le
passé que les fonctionnaires m'ont suggéré de faire des
projets de loi comme cela. J'ai toujours dit non parce que je pense que les
fins doivent être indiquées dans les projets de loi. Il est
impossible de mettre le maximum d'information dans le projet de loi
pour respecter le pouvoir parlementaire des députés.
Autrement, on n'a plus besoin de Parlement. Faisons un article
général pour dire: Le gouvernement a le droit de verser des
subventions dont les règlements détermineront la teneur, les
fins, etc. On pourrait avoir un article général pour tous les
ministères. Autrement, cela ne nous donne rien. Pourquoi? Le but est
d'indiquer les fins auxquelles ces subventions seront versées. C'est
important de maintenir le pouvoir parlementaire des députés. Les
fonctionnaires veulent pouvoir déterminer eux-mêmes un paquet de
choses, je compends qu'ils aimeraient faire cela, mais, comme
députés, est-ce notre rôle de dire qu'on donne le maximum
de pouvoirs aux fonctionnaires, allez-y sur le pilote automatique et, nous
autres, comme députés, on va légiférer plus vite de
cette façon-là?
Au contraire, il appartient aux députés qui
reçoivent les plaintes dans leur comté, qui rencontrent les gens
dans leur comté, qui se font dire par des gens: On aimerait telle chose,
on pense telle chose... Le président de l'office sait à quel
point on a paradé devant la commission de l'agriculture où les
gens du Parti libéral, le député de Berthier était
là, quand les gens venaient de Saint-Cyrille-de-Wendover, qu'ils se
donnaient l'allure la plus misérable possible pour dire: L'office nous
massacre. Il veut nous mettre en prison. Il veut vendre nos terres, faire telle
chose... Les députés disaient: C'est épouvantable. Vous
avez incité les agriculteurs à faire telle chose, telle chose,
telle chose, et vous n'auriez pas dû. J'ai dit: Un jour, ces
paroles-là reviendront, ce sera comme l'arroseur arrosé. Ils ont
dit qu'on n'avait pas assez précisé de fins, et vous en
précisez moins que jamais. Dans des lois qu'on a faites, on a
précisé beaucoup plus de choses...
M. Houde: On peut déréglementer.
Le Président (M. Blais): Un instant! Vous voulez la
parole?
M. Houde: On le laisse aller.
M. Garon:... que cela et, actuellement, on fait une coquille, une
canistre sans contenu. On dira: On envoie la canistre au Conseil des ministres
avec l'office, et ils mettront ce qu'ils voudront dedans. Ce n'est pas normal.
Je comprends que la canistre contiendra 15 000 $ mais on dit: Comment cela
va-t-il aller, qu'est-ce que ce sera, de quelle façon, pour quelles
fins, etc? On n'est pas intéressé.
Combien de fois le ministre nous a-t-il dit qu'il veut discriminer,
encourager telle production, faciliter la vie dans telle chose pour ceux qui
ont plus de besoins, etc? On aimerait voir ces fins-là, mais rien, pas
un son, pas un mot. C'est pour cela, M. le Président, pas dans le but de
retarder les travaux de la commission. M. le premier ministre me disait: Je
suis d'accord avec vous, c'est ce qu'on a défendu. Je n'ai pas
été là parce que j'étais à la commission du
travail, je ne le savais pas autant. L'actuel ministre des loisirs, qui
était critique en matière agricole n'a pas eu le temps de me
"briefer" suffisamment. On dirait: Parfait! On n'est pas là pour
l'obstiner. Moi, je n'ai pas entendu cela durant des années alors que
j'étais d'accord avec le fait de mettre un cadre, non pas un carcan,
mais des balises. J'étais d'accord avec cela et je disais: Je ne peux
pas m'obstiner avec vous, je suis d'accord là-dessus. Je ne veux pas
exagérer non plus. Actuellement, non seulement on ne va pas dans le sens
qui a toujours été indiqué pendant toutes ces
années mais on s'en va à l'arrière en faisant en sorte que
même le cadre qu'il y avait à ce moment-là n'y sera plus.
Il n'y aura plus de cadre du tout. C'est le but de mon intervention. Je
comprends que, lorsque vous défendez un projet de loi à titre de
ministre, vous aimeriez que cela se fasse le plus vite possible. Je ne
blâme pas le ministre, parce que j'aimais faire la même chose
aussi. Mais j'ai fait du temps en mosus devant la commission.
M. Houde:...
M. Garon: Vous demanderez aux fonctionnaires. J'en ai fait du
temps, j'ai présenté plusieurs projets de loi. Je les ai
défendus et, quelquefois, je n'ai pas été capable de les
faire adopter. La Société du parc d'exposition agro-alimentaire,
les députés n'ont pas voulu que j'adopte cela. J'ai
été obligé de revenir au printemps, parce que je n'ai pas
pu le faire adopter à Noël, parce que les députés de
l'Opposition libérale n'étaient pas d'accord. J'ai passé
du temps devant la commission. Je veux dire une chose...
M. Pagé: M. le Président, est-ce à dire que
le député de Lévis va accepter que j'adopte ma loi sur le
parc des expositions cette année?
M. Garon: Bien non! Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Je ne ferai pas mon possible... Mais ce que je veux
dire, essentiellement... Je ne veux pas faire un "filibuster", je veux faire
une présentation la plus convaincue possible.
M. Houde: Mais, est-ce que vous savez ce que vous faites cet
après-midi'' Est-ce que vous tenez compte de ce que vous faites
cet après-midi?
M. Garon: Non. Il y en a qui pensent... Je ne veux pas faire
cela.
Le Président (M. Blais): Un instant: M. le
député de Berthier. Un instant, M. le député de
Lévis.
M. Houde: Je pose la question.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Berthier, vous avez la parole, allez-y.
M. Houde: Certainement. Je veux poser la question au
député de Lévis: Est-ce que ce n'est pas ce que vous
êtes en train de faire cet après-midi?
M. Garon: Je vais vous dire une chose: Moi, je ne fais pas
partie...
M. Houde: Une minute! Ou bien vous ne vous rendez pas compte de
ce que vous faites. C'est l'un ou l'autre.
M. Garon: Non. Je ne fais pas partie des députés
qui, lorsqu'il fait chaud, disent: J'aimerais mieux être dehors, sur une
terrasse à prendre une bière. Je ne fais pas partie des
députés qui disent: À 5 heures, cela ne me le dit plus, je
m'en vais, passons cela vite. J'ai été élu pour mettre le
temps, je mets le temps.
M. Pagé: Nommez-les.
M. Garon: Non, je n'en nommerai pas, mais je sais que cela
arrive. Dans mon comté, je mets le temps, dans mon bureau au
ministère, je mettais le temps aussi. Tout le monde le sait.
M. Houde: Vous dites cela parce que vous n'êtes pas a
l'heure...
M. Garon: Ici, comme critique, je vais mettre le temps. Je ne
vous reprocherai pas de...
M. Houde: Je suis à l'heure.
M. Garon: Je suis content de voir... J'ai remarqué que le
ministre - je ne lui dis pas cela pour l'agacer et je ne lui reprocherai pas
cela - quelquefois n'était pas è l'heure. Je sais à quel
point à titre de ministre de l'Agriculture on se fait accrocher partout.
Tout le monde a un petit projet, une affaire qui prend un peu de temps. Comme
il y a des milliers de cas... Je sais ce que c'est que s'en venir et de
traverser les corridors et se faire accrocher ici et se faire accrocher
là. Je sais ce que c'est. Je ne le blâmerai pas d'arriver dix ou
quinze minutes en retard, parce que je sais que cela fait partie de la "game".
Je me le suis fait reprocher souvent, mais je ne le reprocherai pas aux autres,
parce que je sais à quel point être ministre de l'Agriculture, ce
sont des milliers de demandes. Juste pour les travaux de drainage - je ne me
souviens pas des chiffres exacts - ce sont 15 000 ou 20 000 demandes; pour les
travaux mécanisés, ce sont 12 000 demandes.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Lévis, j'aimerais préciser que vous êtes
probablement...
M. Garon: J'étais peut-être un peu emporté
par mon enthousiasme.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Blais): Oui, oui.
M. Pagé: Vous acceptez sa demande?
M. Garon: Où est-on rendu?
Des voix: Ha! Ha! Ha!
Le Président (M. Blais): Très bien. Revenez
à la pertinence, M. le député de Lévis.
M. Garon: D'accord. Je pensais que j'étais pertinent en
disant cela. Ce que je veux dire et je veux vraiment être pris pour
quelqu'un qui est convaincu, c'est que je suis convaincu que l'amendement que
je présente est un bon amendement et qu'il va obliger à plus de
rigueur. Il va obliger plus de débats dans cette commission
parlementaire, mais c'est pour cela qu'on a été élus. Dans
une commission parlementaire, discuter ensemble des fins d'utilisation des
subventions è accorder, cela ferait un excellent débat. Je suis
persuadé qu'il y en a qui voudraient privilégier telle ou telle
autre chose.
Le Président (M. Blais): Une minute et demie.
M. Garon: Une minute et demie? Cela marche. Cela m'avait
plutôt l'air d'une minute et quart.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Je ne présenterai pas d'autre amendement
à cet article, au paragraphe 3, parce que j'ai fait le tour de ce que je
voulais passer...
M. Houde: Cela a pris du temps un peu, mais cela ne fait rien,
vous avez atteint vos fins.
M. Garon: Non. C'est ce que je voulais présenter à
ce paragraphe, parce que je
pense que ce serait important dans un projet de loi. Je sais que le
gouvernement a le droit de légiférer. On a dit dès le
départ qu'on était pour le principe de ce projet de loi mais
qu'en commission parlementaire on essaierait d'améliorer certains
articles. On pense qu'on travaille dans ce sens en faisant cela. (17 h 15)
Je vais vous dire une chose. Je sais que, parfois, comme parti, c'est
difficile de dire: Oui, on devrait changer cela de telle façon; c'est
une bonne idée. Sauf que c'est une garantie en même temps, parce
que le gouvernement sait que, l'Opposition concourant avec lui à amender
un article, on est bien mal venu après de venir critiquer ce qu'on a
fait avec eux. C'est beaucoup plus facile, vous savez, d'adopter un projet de
loi vite. Il y en a qui me l'ont déjà dit. Ils ont dit: Au lieu
de faire un travail comme vous faites, des articles... Ne pensez pas... j'ai
autre chose à faire que de critiquer les articles de ce projet de loi?
Ce n'est pas parce que je manque d'imagination. Je vais vous dire une chose.
J'ai un projet de loi à lire en fin de semaine, un projet
fédéral qu'il faut que j'étudie parce que je pense qu'on
se fait organiser.
Une voix: On n'est pas au fédéral.
M. Garon: Regardez! Il a un pouce d'épais. Des lois de
même, je peux vous dire...
Le Président (M. Blais): M. le député de
Lévis, votre temps est terminé. 5i vous voulez conclure.
M. Garon: Je conclus.
M. Pagé: Est-ce que c'est pour votre émission de
radio, M. le député?
M. Garon: Non. C'est pour une...
Le Président (M. Blais): Est-ce que c'est une question de
règlement, M. le ministre?
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Garon: C'est quelque chose qui intéresse fortement mon
comté parce que c'est dans le domaine maritime.
Le Président (M. Blais): En conclusion, M. le
député de Lévis.
M. Garon: Je termine en disant que je pense que l'amendement qui
est là est excellent. Je sais que l'office est capable -parce qu'ils
vont faire l'effort pour les fins du règlement - de faire l'effort pour
les fins de la loi, et ce serait bénéfique pour la commission que
les fins pour lesquelles les subventions accordées peuvent être
utilisées soient indiquées, car si c'était dans le cadre
de la loi, cela permettrait beaucoup plus de rigueur, parce qu'il y aurait la
critique de l'expérience de tous les députés qui
pourraient bonifier cette chose alors que, dans des règlements, vous
savez, avec le nombre, les milliers de pages, les centaines de milliers de
lignes, je vais vous dire...
Le Président (M. Blais): En conclusion, M. le
député de Lévis, s'il vous plaît!
M. Garon: II manque souvent l'apport des députés.
Je termine là-dessus en espérant avoir convaincu mes
collègues autour de cette table.
Le Président (M. Blais): Merci beaucoup, M. le
député de Lévis. M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, c'est avec beaucoup
d'attention et même un intérêt certain que j'ai
écouté le député de Lévis qui, au
début de son propos, nous a livré un vibrant plaidoyer pour nous
indiquer que, contrairement à mes soupçons, il avait
effectivement lu le projet de loi. Je dois dire que son commentaire
accrédite mes soupçons parce que, sur les 20 minutes, il a pris
12 minutes pour lire les articles.
Des voix: Ah!
M. Pagé: M. le Président...
M. Garon: J'écoute. Et j'ai deux oreilles.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Garon: Quand j'écoute, vous pouvez être certains
que j'écoute.
Une voix: Parfois, il a les yeux fermés.
M. Pagé: M. le Président, j'invite donc son
recherchiste à continuer de lui parler dans l'autre oreille.
Je disais, M. le Président, que pour les mêmes motifs
invoqués au soutien de mon argumentation concernant la
précédente motion qu'il a présentée, je ne crois
pas que nous abusions du pouvoir réglementaire. On a eu l'occasion d'en
discuter, les députés, entre nous.
Les objectifs de la loi sont clairement définis, clairement
établis. L'essentiel du projet de loi, c'est, comme je le disais, une
aide aux fins de l'établissement des jeunes agriculteurs et des jeunes
agricultrices. Compte tenu que les articles 2, 5 et 7
n'auront plus leur application, nous sommes tout à fait
légitimés de référer en termes d'orientation -
c'est là notre objectif -légitimés d'intervenir pour
assurer des facilités à l'établissement de ces jeunes.
Pour les mêmes motifs, M, le Président, on va voter contre la
motion du député de Lévis. C'est un bel effort.
Le Président (M. Blais): Merci beaucoup, M. le
ministre.
Avez-vous terminé, M. le ministre?
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Blais): Merci beaucoup. Est-ce qu'il y en
a d'autres qui veulent s'exprimer sur cet amendement? Personne ne veut
s'exprimer sur cet amendement. On demande le vote sur l'amendement à
l'article 14 qui se lit comme suit. M. le député de Lévis
propose ce qui suit: "Biffer, dans le troisième alinéa de
l'article 29 introduit par l'article 3 du projet de loi, les mots: "les fins
pour lesquelles une subvention accordée en vertu des articles 5. 1, 16.
1, 16. 2 ou 16. 3 peut être utilisée et", et ajouter, dans la
troisième ligne, après le mot "subvention", les mots
"accordée en vertu des articles 5. 1, 16. 1, 16. 2 ou 16. 3". Est-ce que
cet amendement est adopté?
M. Garon: Adopté.
M. Pagé: Rejeté, M. le Président.
M. Garon: Vote enregistré.
Le Président (M. Blais): Rejeté.
M. Garon: On va faire un vote enregistré.
Le Président (M. Blais): Vote enregistré. M. le
secrétaire, si vous voulez commander le vote, s'il vous plaît!
Le Secrétaire: M. Beaudin, (Gaspé)?
M. Beaudin: Contre.
Le Secrétaire: M. Blais, (Terrebonne)?
Le Président (M. Blais): Pour.
Le Secrétaire: M. Camden, (Lotbinière)?
M. Camden: Contre.
Le Secrétaire: M. Desbiens, (Dubuc)?
M. Desbiens: Pour.
Le Secrétaire: Mme Dionne, (Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Contre.
Le Secrétaire: M. Farrah,
(Îles-de-la-Madeleine)?
M. Farrah: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget, (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: M. Garon, (Lévis)?
M. Garon: Pour.
Le Secrétaire: M. Houde, (Berthier)?
M. Houde: Contre.
Le Secrétaire: M. Pagé, (Portneuf)?
M. Pagé: Contre.
Le Secrétaire: M. Richard, (Nicolet)?
M. Richard: Contre.
Le Président (M. Blais): Alors, la motion est
rejetée. Un instant, s'il vous plaîti
Le Secrétaire: M. Perron, (Duplessis)? Excusez-moi.
M. Perron: Pour.
Le Président (M. Blais): Malgré le vote
retardataire de M. Perron, la motion est rejetée.
M. Perron: Excusez-moi, M. le Président. Question de
règlement. C'est parce que le secrétaire a oublié mon nom
tout simplement. Ce n'est pas parce que j'étais retardataire.
Le Président (M. Blais): Bien, votre vote était
retardataire parce que M. le secrétaire ne vous a pas appelé. Je
vais faire un amendement. J'espère que tout le monde l'accepte. Alors,
c'est rejeté sur division.
M. Pagé: L'article est adopté, M. le
Président.
Le Président (M. Blais): Adopté. Une voix:
L'amendement, pas l'article.
Reprise de la discussion
générale
Le Président (M. Blais): Non, non. Ah! Un instant.
Excusez-moi. À cette heure-ci, cela fait plusieurs. Nous continuons
l'article 14, à l'article 29. La parole est au député
de Lévis.
M. Garon: Une question d'information. En vertu du paragraphe
4°, déterminer les caractéristiques que doit comporter un
contrat de société pour qu'elle soit une société au
sens du paragraphe i de l'article 1. Quelles sont les caractéristiques
qu'il veut ajouter par règlement?
Le Président (M. Blais): M. le ministre.
M. Pagé: M. le Président, le député
de Lévis me demande... J'ai presque envie de vous demander, M. le
Président, si la question du député de Lévis est
recevable, mais je la déclare recevable.
Les caractéristiques auxquelles nous faisons
référence à l'article 29, 4°, c'est-à-dire
celles que doit comporter un contrat de société, comprendront
presque mot pour mot ce qui est actuellement prévu au règlement
adopté par l'office et ratifié par le gouvernement.
Par exemple, le contrat de société d'exploitation agricole
requis au paragraphe 1°, etc., doit notamment comporter les dispositions
relatives aux questions suivantes: a) La nature des apports de chaque
société, chaque associé, la valeur proportionnelle que de
tels apports représentent pour chaque associé dans la
société - c'est normal si on veut être capable de juger qui
qualifie vraiment l'entreprise et qui se qualifie à l'obtention de
subventions - la participation de chaque associé aux profits et aux
pertes de la société à moins de partage égal. On a
sensiblement les mêmes dispositions dans la loi tandem qui s'applique
depuis 1978. Ce n'est pas plus compliqué que cela.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Lévis.
M. Garon: Dans le fond, c'est un pouvoir que vous avez
déjà, un règlement que vous avez déjà,
à toutes fins utiles, un article inutile. Je n'ai pas l'intention de
commencer le débat parce que j'ai l'impression que...
M. Pagé: M. le Président, excusez-moi. Le
Président (M. Blais): M, le ministre.
M. Pagé: L'article 7 du règlement actuel s'applique
pour la loi actuelle. Il fallait donc en reprendre l'essentiel dans les
dicpositions des amendements apportés à la loi, laquelle va
entraîner une refonte de la réglementation, cela va de soi.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Lévis.
M. Garon: L'article 29 donnait ouverture à tout cela. La
généralité de l'article 29 actuel donnait ouverture
à tout cela. Ce n'était pas nécessaire de faire...
M. Pagé: Oui, mais, M. le Président, si on ne
l'avait pas précisé, le député de Lévis nous
le dirait, nous tiendrait grief que nous sommes trop général,
qu'on se donne un pouvoir général d'intervention qui n'est pas
précisé. Alors, on le précise de premièrement
à huitièmement. Et là, vous venez me dire: Vous auriez
dû vous prévaloir des dispositions générales. Il
faudrait être conséquent, M. le député.
M. Garon: Non, non. Moi, ce que j'ai dit, c'est qu'on en met trop
dans les règlements. Avant, même avec un article
général, on en mettait moins dans les règlements qu'on va
en mettre maintenant avec un pouvoir réglementaire défini. Les
fins, par exemple, avant on les trouvait dans la loi, maintenant on va les
retrouver dans le règlement.
M. Pagé: C'est là-dessus qu'on ne s'entend pas.
C'est qu'au début de nos échanges nombreux sur l'article 29 qu'on
amende, j'ai clairement indiqué qu'on faisait une ventilation de notre
pouvoir d'intervention, qu'on précisait notre pouvoir d'intervention.
C'est beaucoup plus transparent. C'est beaucoup plus ouvert que de se limiter
à écrire un pouvoir d'intervention général. C'est
ce que vous avez maintenu. C'est ce que vous n'avez pas amendé lorsque
vous étiez titulaire du ministère. Je ne comprends pas votre
argumentation.
M. Garon: Parce que les fins étaient
précisées à l'article 2, à l'article 5 et à
l'article 7. On va continuer.
M. Pagé: Est-ce que l'article est adopté?
M. Garon: Non parce qu'on passe... J'aurais voulu procéder
comme cela, les adopter un par un. Mais là, je vous les passe un par un
parce qu'on n'a pas voulu les adopter un par un.
M. Pagé: Je parle de l'article en
général.
M. Garon: On continue au paragraphe 5°. Qu'est-ce qu'ajoute
le paragraphe 5°, M. le ministre? "Prescrire les éléments que
doit contenir le document à être fourni à l'Office pour
constituer la preuve... " qu'est-ce que cela ajoute?
M. Pagé: "... dans le cas d'exploitants conjoints, de
l'exploitation conjointe d'une ferme rentable constituée de l'ensemble
de
leurs fermes. " Je présume que le document qui doit être
fourni à l'office doit contenir les titres... On y fait
référence dans le règlement actuel à la section 7:
La preuve d'exploitation conjointe d'une ferme par des exploitants conjoints,
où on dit que la preuve doit être faite à l'office dans un
document qui établit, dans un premier temps, la convention
d'exploitation en commun de ces fermes, aussi longtemps que le dernier
versement de la subvention demandée n'aura pas été
payé; la nature des apports de chacun des exploitants conjoints; la
participation de chacun d'eux dans l'administration et la participation de
chacun d'eux dans les revenus et les dépenses. Il faudra en faire la
preuve formellement devant l'office comme cela se faisait dans le
passé.
M. Garon: Est-ce que c'est...
M. Pagé: Ce sont exactement les mêmes conditions qui
seront récrites, peut-être à un iota ou à une
virgule près.
M. Garon: Là aussi, c'est inutile au fond, le
règlement existe déjà. Prenons 6 "fixer les délais
dans lesquels et les conditions suivant lesquelles une personne physique doit
s'engager à faire de l'agriculture sa principale occupation pour
être considérée comme aspirant-agriculteur. " Là
c'est nouveau. Le paragraphe 6° est nouveau parce que je pense
qu'auparavant c'était fixé dans la loi.
M. Pagé: Je m'excuse, M. le Président,
j'étais en consultation avec vous. C'est ce qui m'a privé...
Le Président (M. Blais): M. le député de
Lévis, voulez-vous répéter votre question? Je tiens
à vous souligner, M. le député de Lévis, que sur
l'article 29 lui-même, sur les 20 minutes auxquelles vous avez droit
depuis les deux jours que vous parlez sur cet article, il vous reste six
minutes.
M. Garon: Je parle sur les amendements. Je ne parle pas sur
l'article en général.
Le Président (M. Blais): Non, non, mais je veux dire sur
l'article en général, sur les 20 minutes auxquelles vous avez
droit, il vous reste six minutes. Mais si vous faites des amendements à
l'article 29, il vous reste autant de temps que vous voulez. Je parle de
l'article 29 et il ne vous reste que cinq minutes et demie, même.
M. Perron: En ce qui concerne le député de
Duplessis...
Le Président (M. Blais): Concernant le député de
Duplessis, si vous me laissez quinze secondes, je vais vous le dire.
M. Pagé: Le député de Duplessis est
intervenu. Je me rappelle son savant propos.
M. Perron: Merci, M. le ministre.
Le Président (M. Blais): Sur l'article 29, M. le
député de Duplessis, vous n'êtes pas intervenu une seule
fois. Il vous reste donc 20 minutes sur cet article de même qu'au
député de Dubuc.
M. Perron: II y a une erreur quelque part parce que... D'accord,
j'ai parlé sur l'amendement...
Le Président (M. Blais): Je tiens à vous
dire...
M. Perron:... proposé au paragraphe 3° de l'article
29.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Duplessis, si vous parlez sur un amendement, sur un paragraphe de l'article 29,
ce temps n'est pas compté à même les 20 minutes auxquelles
vous avez droit sur l'article même. Cela ne prend pas votre temps. C'est
pour cela que depuis deux jours M. le député de Lévis
parle sur l'article 29, mais qu'il lui reste encore cinq minutes et demie. Le
temps sur les amendements est de 20 minutes à chaque fois et il n'est
pas pris théoriquement par la présidence sur le temps
alloué à chacun des articles. (17 h 30)
M. Pagé: Vous convenez, M. le Président, que le
député de Lévis a utilisé son temps.
Le Président (M. Blais): Pas encore. Il reste cinq minutes
et demie.
M. Garon: Je pense qu'auparavant les délais étaient
fixés dans le règlement également.
M. Pagé: Oui.
M. Garon: Un délai de cinq ans fixé dans les
règlements.
M. Pagés Le règlement, c'était la section X ou on
réfère à l'aspirant-agricul-teur...
M. Garon: II y a des considérations
là-dedans...
M. Pagé: Essentiellement, on va... Pardon?
M. Garon: Mais le règlement existe déjà?
M. Pagé: C'est-à-dire qu'existe déjà
un règlement qui pourra être réécrit sur proposition
du ministre.
M. Garon: Je cite: "7° prescrire les documents et
renseignements qui doivent être produits à l'Office à
l'occasion et à la suite d'une demande de subvention et les
pièces justificatives qui doivent être produites pour les fins de
l'article 24; ". Je parle vite parce qu'il ne me reste pas beaucoup de temps.
Pourriez-vous me dire...
M. Pagé: Pour répondre, je n'en prendrai pas
beaucoup, mais en fait, c'est...
M. Garon: Pouvez-vous me dire si c'est un nouveau
règlement ou si c'est un règlement existant?
M. Pagé: En fait, M. le Président, c'est se donner,
décrire et définir les moyens ou les façons dont
l'agriculteur pourra transmettre à l'office la preuve des
dépenses, les factures, la façon dont il a procédé
dans le but de réaliser le plan de développement qu'il aura
déposé à l'office. C'est la section IX actuelle du
règlement qui prévoit les dispositions concernant les demandes de
subvention et la production de documents où on dit que toute demande
doit être faite sur une formule, etc. L'office peut également
requérir d'une personne qui fait une demande de subvention tout document
qu'il juge utile, requérir la production des documents suivants: a) pour
la corporation d'exploitation agricole; les lettres patentes, le registre des
actionnaires, les états financiers, un certificat de
régularité; b) pour la société d'exploitation
agricole: le contrat de formation de la société, la liste des
sociétaires, la liste certifiée par le secrétaire de la
société corporative, les états financiers, soit un bilan
et l'état des profits et pertes, etc.
M. Garon: Donc, c'est à peu près le même
règlement qui va être adopté en vertu...
M. Pagé: C'est-à-dire qu'il est évident que
le règlement a les mêmes objectifs. Cependant, vous comprendrez
que je me réserve le droit, comme ministre, de profiter de cette refonte
pour y apporter des améliorations.
M. Garon: Je continue: 8 C'est un pouvoir général
déjà contenu à l'article 29 puisqu'on dit: "Édicter
toute autre mesure nécessaire ou utile à l'exécution et au
bon fonctionnement de la présente loi. " C'est à peu près
ce qu'on trouvait antérieurement à l'article 29 où on
disait: "L'Office peut édicter tout règlement conciliable avec
les dispositions de la présente loi pour en assurer l'exécution
et le bon fonctionnement. " C'est une disposition générale de
même nature que l'article 29, ce qui veut dire que seulement le
paragraphe B aurait été suffisant. Le paragraphe 8
équivaut...
M. Pagé: Par souci de clairvoyance et de transparence, on
a voulu le préciser ici mais c'est normal, c'est explicable, c'est
justifié pour le législateur d'accorder au gouvernement le
pouvoir général prévu à l'article 29. 8 de
façon que, si jamais pour un motif ou un autre, par exemple un constat
de la part du contentieux, une contestation ou une décision
amenée devant les tribunaux, un avis du Protecteur du citoyen qui nous
oblige à intervenir de façon à corriger ou à
modifier une lacune ou un libellé du règlement, on ne soit pas
obligé de convoquer le législateur rapidement, d'urgence, etc.,
pour apporter une telle correction. On pourra intervenir par voie
réglementaire et le règlement sera évidemment soumis aux
dispositions de la loi 12.
M. Garon: Vous avez une bonne idée avec le Protecteur du
citoyen. Je suis persuadé que, dans les cas de saisie, on pourrait
conseiller aux gens d'aller voir le Protecteur du citoyen et cela
pourrait...
M. Pagé: Pardon?
M. Garon: Le ministre qui était au ministère du
Travail ne sait pas à quoi je réfère.
M. Pagé: Oui, oui.
M. Garon: Ce qui est arrivé avec nos grévistes de
la faim...
M. Pagé: J'ai lu les rapports, M. le
député.
M. Garon:... ils faisaient appel au Protecteur du citoyen.
M. Pagé: Qu'est-ce que vous avez dit, M. le
député?
M. Garon: Pardon?
M. Pagé: Avez-vous dit "les", "nos" ou "mes"?
M. Garon: Non.
Le Président (M. Blais): En termes d'agriculture, ce doit
être "veaux".
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Nos grévistes de la faim. Ils sont venus
tellement souvent et de nombreuses heures devant la commission de
l'Agriculture que je pense qu'aujourd'hui on peut dire "nos"
grévistes de la faim sans que personne ne se trompe.
M. Pagé: Le député de Lévis se
rappellera que j'ai été présent durant une heure à
cette commission. Je ne sais pas s'il se le rappelle.
M. Garon: Mais, lorsqu'ils sont venus à votre bureau,
apparemment, vous n'avez pas été très accueillant, pas
aussi accueillant que lorsque vous étiez dans l'Opposition.
M. Pagé: M. le Président, je n'étais pas
à mon bureau lorsqu'ils sont venus.
Le Président (M. Blais): J'ai l'impression que vous
enfreignez le règlement d'un côté comme de l'autre.
M. Pagé: J'étais au COMPADR. Moi, j'y vais tous les
mercredis matins, à 7 h 30.
Le Président (M. Blais): Un instant, s'il vous
plaît! Est-ce que je pourrais vous demander, des deux côtés,
de revenir à la pertinence du débat, s'il vous plaît?
M, Pagé: Où en étiez-vous?
M. Garon: On était rendu au paragraphe 8: "édicter
toute autre mesure nécessaire ou utile à l'exécution et au
bon fonctionnement de la présente loi". C'est un article
général, de même nature que la disposition qui existait
auparavant. De même que le dernier paragraphe qui dit: "Les
règlements adoptés en vertu de la présente loi entrent en
vigueur à la date de leur publication à la Gazette officielle du
Québec ou à toute autre date ultérieure qui y est
fixée. " C'est le même article, à toutes fins utiles, que
le deuxième paragraphe de l'article 29 de la loi actuelle, qui n'ajoute
rien.
J'ai présenté un certain nombre d'amendements...
Le Président (M. Blais): J'ai vu cela, M. le
député.
M. Garon: J'aurais pensé qu'un certain nombre d'entre eux
auraient été adoptés, parce qu'ils allaient dans le sens
que souhaitait le Parti libéral. Comme je sais qu'il ne me reste que
trois minutes et au cas ou j'en aurais besoin plus tard, je vais maintenant
laisser parler le député de Duplessis.
Le Président (M. Blais): Merci beaucoup, M. le
député de Lévis. M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. J'ai pris la peine de
regarder le projet de loi 71,
Loi modifiant la Loi favorisant la mise en valeur des exploitations
agricoles. Il est surprenant de voir que ce gouvernement, qui a
décrié durant de nombreuses années la
réglementation qui était préparée par certains
ministres et approuvée par le Conseil exécutif, fait exactement
le contraire de ce qu'il a toujours dit lorsqu'il était du
côté de l'Opposition face à la réglementation. Dans
ce projet de loi, on s'enligne exactement sur une surréglementation.
Lorsque j'ai parlé hier - je pense que le ministre et mes
collègues de cette commission parlementaire vont se le rappeler...
M. Houde: Pas hier.
M. Perron: Avant-hier, plutôt. Lorsque j'ai parlé
è cette commission parlementaire, j'ai mentionné que je disais
moi-même non a la réglementation surchargée et que je
disais non au fait que cette réglementation puisse être faite par
le Conseil exécutif sur recommandation du ministre au lieu d'être
préparée par l'office pour ensuite être approuvée
par le Conseil exécutif.
Pour l'information des membres de la commission, si on regarde le projet
de loi 71 que j'ai mentionné tout à l'heure, on remarque
qu'à la page 6, il y a cinq mentions de règlements. Si on va plus
loin, à la page 8, on mentionne une fois "règlement". Lorsqu'on
passe à la page 9, on parle de trois règlements. On est rendu a
un total de neuf. Si on continue à la page 11, on parle de quatre autres
règlements, ce qui fait treize au total, et cela, sans compter les
mentions de règlements qui sont faites à la page 12 et, bien
entendu, au huitième alinéa de l'article 14 qui amende l'article
29 de la loi actuelle.
Le ministre pourrait-il nous informer, expliquer aux membres de cette
commission, par exemple, ce qu'il entend lorsqu'il mentionne, au
huitième paragraphe de la page 12, "édicter toute autre mesure
nécessaire ou utile à l'exécution et au bon fonctionnement
de la présente loi"? Qu'est-ce qu'il entend par "autre mesure
nécessaire"? Est-ce qu'il les connaît déjà? Si oui,
je voudrais connaître ces mesures nécessaires qui pourraient venir
éventuellement.
Le Président (M. Blais): Vous référez
à quel paragraphe, M. le député de Duplessis?
M. Perron: Je réfère au huitième
alinéa. M. le Président, je répète que je
réfère au huitième alinéa de l'article 14 qui
amende l'article 29 de la loi actuelle. On se comprend bien?
Le Président (M. Blais): Oui, cela va.
M. Pagé: J'ai écouté avec beaucoup
d'attention le député de Duplessis et je suis persuadé
qu'une lecture peut-être un peu plus attentive de sa part lui permettra
de constater la portés de telles dispositions, parce que le texte parle
par lui-même.
M. Perron: Est-ce que vous avez l'intention que je lise le projet
de loi au complet, M. le ministre?
M. Pagé: Non, mais vous me référez à
la portée des dispositions prévues à l'article 29,
huitièmement. Je vous dis que le texte parle par lui-même.
M. Perron: Mais si le texte parle par lui-même, est-ce
qu'on pourrait me dire pourquoi on a mis ce huitièmement?
M. Pagé: Je parle du texte au huitièmement qui
parle par lui-même.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: M. le Président, lorsqu'on considère,
par exemple, la question de la réglementation, je peux vous dire que
face à toute celle que nous avons à l'intérieur de ce
projet de loi, cela m'inquiète énormément et pour les
mêmes raisons que, lorsque vous étiez dans l'Opposition, vous vous
inquiétiez vous-même lorsque l'Exécutif s'accordait un
pouvoir réglementaire au lieu de l'écrire dans la loi.
Lorsqu'on voit que l'article 29 de la loi actuelle, c'est-à-dire
de la Loi favorisant la mise en valeur des exploitations agricoles, chapitre
M-36, si ma mémoire est bonne...
M. Pagé: Oui, elle est bonne.
M. Perron:... dit: "L'Office peut édicter tous
règlements conciliables avec les dispositions de la présente loi
pour en assurer l'exécution et le bon fonctionnement", je suis
parfaitement d'accord avec cet article, mais il est quand même
amendé par le projet de loi que nous avons là. Plus loin, on dit:
"Ces règlements sont soumis à l'approbation du gouvernement; ils
entrent en vigueur à la date de leur publication à la Gazette
officielle du Québec ou à toute autre date ultérieure
qui y est fixée. " Donc, cela veut dire qu'il faut absolument que ce
soit approuvé par le gouvernement, par le Conseil exécutif avant
toute application. Normalement, c'est l'Exécutif lui-même qui met
la date d'application du règlement ou d'une partie du
règlement.
M. Pagé: Vous comprenez.
M. Perron: Je comprends très bien et vous aussi, M. le
ministre.
Lorsqu'on regarde par exemple l'article 14 de la loi 71 qui parle aussi
de réglementation et qui enlève cet article 29 pour le remplacer
par un article qui parle énormément de réglementation dans
tous ses alinéas et dans tous ses paragraphes, je pense que cela vient
encore accroître le pouvoir de l'Exécutif face à l'office
déjà existant. Lorsqu'on lit l'article 18 du projet de loi qui
dit: "La présente loi entre en vigueur à la date de sa sanction,
à l'exception des articles 3, 5, 7 à 11 et 14 qui entreront en
vigueur à la date qui sera fixée par le gouvernement. " Et si on
regarde les articles que je viens de mentionner, c'est-à-dire les
articles 3, 5, 7 à 11 et 14, la grande majorité de ces articles
parlent effectivement de réglementation. Alors, le ministre veut-il
probablement apporter une nouvelle réglementation ou veut-il amender la
réglementation actuelle?
M. Pagé: Je suis prêt à répondre.
M. Perron: Je n'ai pas fini, M. le Président.
M. Pagé: La réponse sera plus complète.
Continuez!
M. Perron: Lorsqu'on parle de la reprise en charge de la
réglementation par le pouvoir exécutif et si l'on regarde
l'ensemble des régions du Québec, l'office pouvait très
facilement, beaucoup plus facilement qu'un Conseil exécutif et
même beaucoup plus facilement qu'un ministre, faire des recommandations
dans le domaine de la réglementation concernant certaines régions
du Québec - je crois que l'office pouvait le faire, si ma mémoire
est bonne.
M. Pagé: L'office peut toujours formuler des
recommandations.
M. Perron: Qui doivent être effectivement approuvées
par le gouvernement. Mais, lorsque l'office... Ce que je veux dire...
M. Pagé: Oui, mais même si l'office écrivait
ses propres règlements, ceux-ci devaient être approuvés par
le gouvernement aussi.
M. Perron: Je suis d'accord qu'ils devaient être
approuvés par le gouvernement, mais pourquoi l'office ne
préparerait-il pas la réglementation devant être ensuite
approuvée par le Conseil exécutif, par le gouvernement? L'office
qui est sur le terrain, qui connaît très bien toutes les
régions du Québec, qui a des milliers de dossiers à
traiter annuellement, donc qui connaît ces milliers de dossiers à
l'intérieur de la loi qu'il fait fonctionner et aussi dans certains
programmes sous sa responsabilité, je crois
qu'il est beaucoup mieux placé pour faire la
réglementation et la recommander au gouvernement que l'inverse. Je crois
que c'est ce qui est en train de se passer. Le gouvernement préparera la
réglementation, l'imposera par la suite à l'office et pas
nécessairement après discussion avec lui.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Blais): Vous avez terminé, M. le
député?
M. Perron: Qu'on me cite l'article en question qui dit le
contraire dans ce projet de loi.
Le Président (M. Blais): M. le ministre.
(17 h 45)
M. Pagé: Le député de Duplessis apporte deux
commentaires que je trouve intéressants. Dans un premier temps, le
député nous dit: Je ne peux souscrire, je m'oppose
fondamentalement au fait que l'article 29 modifié par l'article 14 de la
présente loi devienne pour lui beaucoup plus exorbitant en ce qu'on y
prévoit huit paragraphes qui précisent le pouvoir
réglementaire du gouvernement et, par conséquent, du ministre.
J'ai cependant une très brève question à lui poser. Vous
avez dit, M. le député: Je reprends les propos ou l'orientation
adaptée par vous lorsque vous étiez dans l'Opposition. Je vous
poserais la question suivante: Est-ce que vous êtes contre ce principe
parce que vous êtes dans l'Opposition ou si c'est parce que,
fondamentalement, vous ne pouvez pas accepter cela, vous, dans votre âme
et conscience de législateur?
M. Perron: Je m'excuse, M. le Président, mais je n'ai
jamais dit que j'étais contre le principe du projet de loi...
M. Pagé: Non, je ne parle pas du principe du projet de
loi.
M. Perron:... mais tout le monde est contre le principe qu'il y
a, à l'intérieur, ici. Ce que j'ai dit - il faut bien se
comprendre là-dessus - c'est que je vais voter pour le projet de loi,
mais ce qu'on essaie de faire en commission parlementaire ici, c'est d'apporter
des amendements nécessaires selon nos...
M. Pagé: Je ne doute pas de votre bonne foi à
vouloir bonifier une loi.
M. Perron:... convictions et selon la façon dont cela
devrait être fait.
M. Pagé: Je vous pose donc la question autrement. Est-ce
que c'est en raison de votre conviction personnelle que vous êtes contre
le fait d'avoir une liste aussi exhaustive de pouvoirs réglementaires ou
si c'est parce que vous êtes purement et simplement dans
l'Opposition?
M. Perron: Non, ce n'est pas parce que je suis purement et
simplement dans l'Opposition, parce que, M. le Président...
M. Pagé: Donc, c'est par conviction. M. Perron: C'est par
conviction.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Ma question au
député maintenant: Comment, lors du vote, si vous êtes en
désaccord...
M. Perron: Attention!
M. Pagé: Non, j'ai une question. C'est important.
M. Perron: Mes convictions ne sont pas nécessairement les
mêmes que celles de mes collègues autant d'un côté
comme de l'autre de cette table, M. le Président.
M. Pagé: D'accord. Je vous pose une question. Vous dites
et je vous crois - j'ai du respect pour les députés qui ajoutent
de façon contributive au débat - parce que vous vous adressez au
président: M. le Président, moi, je suis contre le fait que le
gouvernement puisse adopter tout règlement pour 1, 2°, 3, 8. Bingo!
Comment pouvez-vous expliquer la position que vous adoptez aujourd'hui, alors
que vous avez voté comme député, en 1978, pour la Loi
favorisant l'établissement de jeunes agriculteurs...
Une voix: En 1982.
M. Pagés... c'est-à-dire en 1982, qui prévoit,
à l'article 17, que le gouvernement peut adopter tout règlement
pour 1°, 2°, 3°, 4°, 5°, 6°, 7°, 8° et 9°?
Nous le reprenons dans le projet de loi qu'on étudie actuellement
presque mot à mot, mais je vous donne l'assurance que les principes sont
les mêmes que ce qui est déjà prévu dans l'article
17 de la LEJA pour laquelle vous avez voté. Où étiez-vous,
M. le député, à ce moment-là?
M. Perron: J'étais à l'Assemblée
nationale.
M. Pagé: Où était votre conviction?.
Où étaient vos principes?
M. Perron: J'étais à l'Assemblée nationale,
M. le Président, et j'étais...
M. Pagé: Mais vous n'étiez pas dans
l'OpDosition.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Perron: Non, je n'étais pas dans l'Opposition, mais je
voudrais tout de même m'expliquer, donner une réponse au ministre.
H pose des questions. Normalement, c'est l'inverse qui se passe. Normalement,
c'est nous qui posons des questions au ministre et, là, c'est lui qui
m'en pose.
Le Président (M. Blais): Exceptionnellement, M. le
député de Duplessis, allez-y, répondez. Cela compte dans
votre intervention quand même.
M. Perron: Je vais répondre à cette question. M. le
Président, vous savez très bien que le ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation, qui est un parlementaire aguerri,
sait très bien de quelle façon cela fonctionne. Lorsque, par
exemple, on n'est pas d'accord avec un projet de loi ou quelques articles d'un
projet de loi, cela ne veut pas dire que, si on n'est pas d'accord avec tel ou
tel article d'un projet de loi, on vote contre le projet de loi. Vous le savez
très bien. Par contre, à l'intérieur des comités de
députés, c'est là que se fait le travail face au
gouvernement lorsqu'on est au gouvernement et face à l'Opposition
lorsqu'on est dans l'Opposition. Vous le savez très bien et je pense que
tous mes collègues ici autour de cette table savent très bien la
façon dont cela fonctionne.
Par contre, si on est contre un article d'un projet de loi qui en compte
peut-être 40 ou 50, cela ne veut pas dire qu'on doit voter contre le
projet de loi lui-même. Si le principe général du projet de
loi est bon et que l'ensemble du projet de loi est bon, on ne peut pas
s'abstenir de voter; de voter contre un projet de loi comme celui-là ou
pour un projet de loi comme celui-là selon le principe et le contenu
général. Cela veut dire - je termine là-dessus, en
réponse au ministre - que, si je suis contre un projet de loi à
49, 9 %, je vais voter contre. D'accord? Si je favorise un projet de loi
à 51 % et plus, je vais voter pour. C'est simple. Il peut y avoir des
articles auxquels je m'oppose, mais concernant la question
générale, c'est la façon dont j'interprète mon vote
à l'Assemblée nationale et aussi en commission parlementaire.
Maintenant, je voudrais que le ministre me réponde...
Une voix: Le député est fatigué avec tous
ses sondages.
M. Pagé: Je pense, M. le Président...
Le Président (M. Blais): Non, je ne le croirais pas.
M. Perron: Non, M. le Président.
M. Pagé: Nous sommes épuisés d'entendre le
député.
M. Perron: En passant, M. le Président, je commence
à épuiser mes arguments.
Le Président (M. Blais): M. le ministre, pour
répondre à votre question, M. le député de
Duplessis a utilisé la moitié de son temps. Il lui reste dix
grosses minutes.
M. Perron: Merci, M. le Président. Lorqu'on regarde, par
exemple, le chapitre M-36, Loi favorisant la mise en valeur des exploitations
agricoles, on remarque, dans la section I, les définitions suivantes:
Interprétation, agriculture, exploitant agricole, agriculteur,
aspirant-agriculteur, ferme, ferme rentable, corporation d'exploitation
agricole, et on continue de l'autre côté: coopérative
d'exploitation agricole, société d'exploitation agricole,
exploitants conjoints, subvention, office, ministre et règlement.
Je reviens à l'article 14 qui amende l'article 29 de la loi dont
je viens de parler. Je voudrais toucher l'alinéa premier. Pourquoi le
ministre dit-il, dans l'article 29: "Le gouvernement peut adopter tout
règlement pour: 1° définir le mot établissement... "
Je me pose la question, pourquoi le ministre n'a-t-il pas défini dans la
loi qu'il nous a déposée, c'est-à-dire la loi 71, comme
c'est fait dans la loi que nous avons, le chapitre M-36, au lieu de le faire
par règlement? À ce moment, on serait très bien
informé des orientations que pourrait prendre le ministre dans telle et
telle définition.
M. Pagé: Je peux dire qu'à l'article 1 du chapitre
M-36, Loi favorisant la mise en valeur des exploitations agricoles, nous
définissons le concept général de ce qu'est, par exemple,
un exploitant agricole. Par le pouvoir réglementaire qui est
accordé au ministre en vertu de l'article 29, nous précisons le
concept général.
M. Perron: Est-ce que je comprends bien par la réponse du
ministre que, lorsqu'on parle, par exemple, de culture du sol, on peut se
rapporter à une des interprétations qui sont données entre
a et n de la section I du chapitre M-36, Loi favorisant la mise en valeur des
exploitations agricoles?
M. Pagé: Cela me semble bien concret, M. le
Président, de la complémentarité entre le concept
général et la précision d'un tel concept par le pouvoir
réglementaire. Vous lisez à l'article 1: "agriculture: la culture
du sol ou l'élevage d'animaux de ferme. " C'est le concept
général. Par le pouvoir réglementaire, nous pourrons, par
exemple, préciser si, pour l'élevage, le renard est un animal de
ferme couvert par la définition
générale prévue à l'article 1.
Si on regarde le règlement actuel: élevage d'animaux de
ferme, lequel s'applique par le pouvoir réglementaire, c'est inscrit,
à l'article le du règlement: "élevage d'animaux de ferme:
l'élevage de bovins, de moutons, de porcs, de volailles, de
chèvres, de lapins, de poissons, d'abeilles, de visons et de chevaux,
excepté les chevaux de course, ou l'exploitation de telles
espèces et leurs productions; à titre accessoire è
l'entreprise principale... " Cela veut dire que, si le renard... On sait que le
renard argenté, entre autres, les prix s'en viennent
intéressants, c'est une fourrure qui est en demande. Cela se
développe d'ailleurs de plus en plus dans Portneuf. Si jamais le
gouvernement décidait, sur recommandation de l'office, parce qu'on
travaillera toujours en étroite collaboration avec l'office, cela va de
soi, de faire en sorte que l'élevage du renard soit couvert par les
dispositions de telle loi, il suffirait d'adopter un arrêté en
conseil, de publier un avis public et l'élevage du renard serait
considéré en vertu de cette loi plutôt que...
M. Perron: Par règlement.
M. Pagé:... par règlement, plutôt que de
convoquer d'urgence, le 24 ou le 25 juin dans l'après-midi, tous les
députés a Québec, obliger le député de
Duplessis, qui sera très probablement, comme plusieurs d'autres
d'ailleurs, en train de jouer au golf, s'il fait beau dans le coin de
Sept-Îles, l'obliger à revenir au parlement pour adopter une loi
d'urgence, suspension des règles, convocation de la Chambre, pour une
loi contenant un article qui pourrait vouloir dire, si je n'avais pas ce
pouvoir réglementaire, la Loi favorisant la mise en valeur des
exploitations agricoles est modifiée par l'article 1. À l'article
1, on ajouterait dans la définition: animaux de ferme comprend la
production de l'élevage du renard. Article 2: La loi est adoptée
le jour de sa sanction. Là, le député de Duplessis
pourrait avoir un dilemme au cas où il serait d'accord avec le premier
et en désaccord avec le deuxième, parce qu'il serait 50-50.
M. Perron: Cela dépend du contenu.
M. Pagé: Cela ne serait pas drôle de vous faire
revenir et de convoquer la Chambre. On nous a déjà indiqué
que cela coûtait... Vous souvenez-vous, M. le Président, combien
cela coûtait une journée de session? 8000 $?
Le Président (M. Blais): Je sais qu'un
député coûte 250 000 $ par année.
M. Pagé: Imaginez-vous ce que cela peut coûter de
convoquer la Chambre d'urgence pour une seule journée. C'est beaucoup
d'argent.
Le Président (M. Blais): Ce serait
épouvantable.
M. Pagé: Je suis persuadé que vous allez acquiescer
avec moi, à la lumière de l'exemple que je vous donne, que vous
êtes d'accord, tout comme vous l'étiez d'ailleurs en 1982 puis en
1978, lorsque vous avez voté pour de telles choses.
M. Perron: Pour revenir sur le fond, si je comprends la
réponse du ministre, cela veut dire que l'article 14, qui amende
l'article 29 de la loi, est un complément à ce qu'il y a
déjà dans la loi actuelle par rapport à l'article 1 de la
loi actuelle.
M. Pagé: C'est-à-dire que, comme je vous
l'indiquais tout à l'heure...
M. Perron: Cela complète...
M. Pagé: Par l'article 1 de la loi actuelle, on donne des
définitions générales, lesquelles doivent être
précisées par le pouvoir réglementaire, comme
c'était le cas avant et comme ce sera le cas à l'avenir. Le
pouvoir réglementaire est évidemment plus précis, comme
j'ai eu l'occasion de l'indiquer, puis je dois dire, et j'ai l'impression de
parfois me répéter, mais dès le début du
débat entourant l'étude de cet article il y a deux jours, j'ai eu
l'occasion de préciser pourquoi nous y allons de façon
précise de premièrement à huitièmement, en nous
inspirant du modèle des lois et la façon dont le
législateur, dont vous étiez, du côté droit du
président, est intervenu en 1978 et en 1982.
M. Perron: M. le Président...
M. Pagé: Je précise qu'il est 17 h 57.
Le Président (M. Blais): II vous reste chacun trois
minutes, M. le député de Duplessis et M. le député
de Lévis.
M. Perron: M. le Président, je reviens au huitième
alinéa de l'article 14 qui amende l'article 29 de la loi.
M. Pagé: Oui.
M. Perron: Une partie de la réponse que m'a donnée
le ministre antérieurement à ma deuxième question explique
l'effet de "toute autre mesure nécessaire ou utile". Lorsqu'il parle de
certains animaux qui ne seraient pas couverts par la réglementation
actuelle ou par la loi actuelle, il peut préciser par règlement
sur cette question.
M. Pagé: C'est un article général qui
m'habilite, comme je le disais tout à l'heure à la
question de l'honorable député de Lévis, au cas où
le même règlement serait contesté, au cas où une
interprétation serait donnée par un intervenant habilité
à le faire, par exemple, le Protecteur du citoyen.
Le Président (M. Blais): Est-ce que l'article...
M. Perron: Je veux terminer en disant que, malgré les
réponses du ministre, je suis toujours en désaccord avec la
façon dont cela se fait actuellement, parce que je crois toujours que
l'article 29 pourrait plutôt être amendé très
simplement peut-être pour rencontrer les voeux du ministre, mais que
c'est toujours l'office qui devrait faire la préparation de la
réglementation pour ensuite demander au gouvernement de l'approuver.
Le Président (M. Blais): II nous reste 30 secondes.
L'article 29, tel qu'amendé, est-il adopté?
M. Garon: Je dirais un mot rapidement, même si on
dépassait de deux ou trois minutes?
Le Président (M. Blais): Est-ce qu'on a le temps, M. le
ministre?
Une voix: II faut qu'il soit adopté. M. Garon: Oui,
adopté, 29.
Le Président (M. Blais): D'accord. Alors, allez-y, M. le
député.
M. Garon: Je veux simplement dire qu'au fond, le
député de Duplessis dit la même chose que je disais tout
à l'heure. Quand je voulais abolir le paragraphe 1° de l'article 29,
c'est parce que je pense que ces définitions devraient se retrouver dans
l'article 1 de la loi, mais avec les définitions dans la loi. C'est pour
cela que je demandais l'abolition pour que l'article 1 se retrouve au
paragraphe 1° dans la loi et avec des définitions contenues dans la
loi. C'est ce qui donne la plus grande sécurité aux clients de
l'office, parce qu'à ce moment-là, ce sont des définitions
qui ont été adoptées par les députés. Quand
c'est dans un règlement, les députés n'ont pas beaucoup de
prise là-dessus. (18 heures)
Nous avons discuté des différents paragraphes de l'article
29 et, è moins que mon collègue de Oubuc ne veuille dire quelque
chose...
Le Président (M. Blais): Vous avez terminé sur
l'article 29?
M. Garon: J'ai terminé.
Le Président (M. Blais): Est-ce que quelqu'un du
coté ministériel a quelque chose à dire sur l'article
29?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Blais): Est-ce que l'article 29, tel
qu'amendé, est adopté?
M. Garon: Appel sur...
Le Président (M. Blais): Sur division?
M. Garon: Non, sur appel..
Le Président (M. Blais): Appel nominal. M. le
secrétaire, voulez-vous appeler le vote, s'il vous plaît?
Le Secrétaire: Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Pour.
M. Pagé: L'article 29, tel qu'amendé, M. le
Président.
Le Président (M. Blais): Oui, tel qu'amendé.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé)?
M. Beaudin: Pour.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Pour.
Le Secrétaire: M. Richard (Nicolet)?
M. Richard: Pour.
Le Secrétaire: M. Farrah (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Farrah: Pour.
Le Secrétaire: M. Houde (Berthier)?
M. Houde: Pour.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Pour.
Le Secrétaire: M. Desbiens (Dubuc)?
M. Desbiens: Contre.
Le Secrétaire: M. Perron (Duplessis)?
M. Perron: Contre.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Contre.
Le Secrétaire: M. Blais (Terrebonne)?
M. Blais Tout contre.
M. Pagé: M. le Président...
M. Garon: M. le Président, je demande la suspension du
débat.
M. Pagé:... avant, M. le Président... Je m'excuse.
C'est bien l'article 14 qui a été adopté?
Le Président (M. Blais): Non, l'article 29, M. le
ministre.
M. Pagé: C'est l'article 14 de la loi.
Le Président (M. Blais): L'article 14, c'est tout un autre
"outfit", comme on dit dans le terme vulgaire. Il faut recommencer la
même chose; tout le monde a droit à vingt minutes.
M. Pagé: Non, l'article 14 modifie l'article 29.
Le Président (M. Blais): Oui, mais, selon nos
règlements, l'article 29 vient d'être adopté. L'article 14,
on peut demander si les gens l'acceptent, mais tous les gens ont encore droit
à vingt minutes sur cet article, selon les règlements. Je
m'excuse. Je suis obligé de faire respecter les règlements.
M. Pagé: Les articles 14 et 15 ont été
adoptés.
M. Perron: L'article 15 a été suspendu en attendant
que l'article 14 soit réglé.
M. Garon: C'est cela.
Le Président (M. Blais): Je n'étais pas là;
vous pouvez vérifier quand même si l'article 15 a
été adopté. Mais selon...
M. Pagé: Est-ce que l'article 14 est
réglé?
Le Président (M. Blais): Non, l'article 14 n'est pas
encore adopté, selon ce que j'ai devant moi.
M. Pagé: L'article 14 est adopté? M. Houde: Cela
fait vingt minutes...
Le Président (M. Blais): M. le député de
Berthier, nos règlements font une différence entre un article et
un sous-article. Le sous-article 29 vient d'être adopté, mais
l'article 14, selon les principes de notre système, n'est pas
adopté. On peut demander s'il est adopté, malgré qu'on
dépasse l'heure et je n'ai pas d'objection. Mais je ne peux pas vous
dire qu'il est adopté, s'il ne l'est pas.
M. Pagé: M. le Président, une motion d'ajournement.
C'est suspendu, M. le Président.
Le Président (M. Blais): On ne peut pas amender l'article
29, bien sûr. Mais l'article 14, entre nous...
M. Perron: On peut amender l'article 14.
Le Président (M. Blais): Qu'est-ce que tu veux! II faut
que tu adoptes l'article 14, mais tu as le droit de parler vingt minutes. Tu as
droit de faire des amendements sur l'article 14. Mais je suis là pour
faire respecter le règlement.
Une voix: Est-ce qu'on peut être d'accord sur le
libellé de 29?
Le Président (M. Blais): Sur le libellé de
l'article 14, le règlement est ainsi fait. M. le député de
Berthier, venez voir. Je ne suis pas habitué; c'est la première
fois que je préside. Mais venez voir, je vais vous le montrer ici.
M. Pagé: D'accord. M. le Président, nos travaux
sont ajournés?
Le Président (M. Blais): Oui, mon capitaine!
M. Pagé: C'est parce que votre micro est ouvert!
(Fin de la séance à 18 h 4)