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(Onze heures quarante-quatre minutes)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À l'ordre,
s'il vous plaît! La commission de l'agriculture, des pêcheries et
de l'alimentation reprend ses travaux. M. le secrétaire, est-ce qu'il y
a des remplacements ce matin?
Le Secrétaire: Oui, il y aurait un remplacement. M.
Charbonneau (Verchères) remplace M. Blais (Terrebonne).
Projet de loi 71
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
secrétaire. Ce matin, la commission a comme mandat de continuer
l'étude du projet de loi 71. Nous étions rendus à adopter
l'article 30. 1 tel qu'amendé. Est-ce que l'article 30. 1 tel
qu'amendé est adopté?
Adopté, M. le Président.
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté sur
division. Est-ce que l'article 16 tel qu'amendé est adopté?
M. Pagé: Adopté.
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté sur
division. Merci. Nous sommes rendus è l'article 17 et la parole est
à vous, M. le ministre.
M. Pagé: Essentiellement, M. le Président,
l'article 17 apportera très certainement et très probablement,
comme on a eu l'occasion de l'indiquer du côté de l'Opposition, un
commentaire favorable de sa part. Nous aurions pu ne pas inclure une telle
disposition dans le projet de loi, ce qui aurait eu pour effet une situation
où, possiblement, un agriculteur ou une agricultrice de 41 ans ou de 42
ans aurait pu prétendre au droit fondamental, pour lui ou pour elle,
d'obtenir ladite subvention d'établissement, et invoquer la Loi sur le
Canada, la Charte canadienne des droits et libertés. Cela aurait
entraîné, pour ce producteur ou pour cette productrice, des
coûts importants de représentation et des procédures
judiciaires. Afin de s'assurer que les dispositions de la loi s'appliqueront
hors de toute représentation contraire en vertu des dispositions
concernant l'âge prévu pour un requérant ou une
requérante, nous avons jugé opportun - j'ai jugé opportun,
comme ministre - d'inclure cette disposition pour laquelle le
député de Lévis m'a dit qu'il voterait d'emblée,
mais d'emblée, avec enthousiasme. J'en recommande l'adoption devant
cette commission.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre. Est-ce que le porte-parole de l'Opposition... ? M. le
député de Lévis.
M. Garon: On voit l'importance, è l'article 17, de la
clause "nonobstant" qui avait tellement été décriée
par le Parti libéral. Si l'article 17 n'était pas adopté,
la Charte canadienne des droits et libertés ne permettrait pas d'avoir
une politique pour les jeunes. On voit à quel point la charte canadienne
a son absolutisme - un peu à l'image de son auteur, le premier ministre
Trudeau - n'a pas la souplesse nécessaire pour faire jouer certains
principes et permettre certaines politiques bienfaisantes pour la population.
C'est évident que, s'il n'était pas possible de faire ces
distinctions basées sur l'âge, le gouvernement ne verrait pas le
même intérêt à faire l'établissement de
personnes, quel que soit leur âge, puisqu'il y aurait des coûts
considérables pour établir des gens qui, au fond, ne pourraient
pas fonctionner longtemps. La charte québécoise des droits a une
autre conception des choses, puisqu'elle n'a pas la même perspective que
la charte canadienne. Nous sommes heureux de constater que le ministre de
l'Agriculture s'est rendu compte que l'utilisation de la clause "nonobstant"
était importante. Elle est d'autant plus importante que, selon la
constitution canadienne, les deux ordres de gouvernement ont juridiction,
autant l'un que l'autre, en matière d'agriculture. C'est le principal
secteur où il est mentionné dans la constitution canadienne que
le Québec a une juridiction égale à celle du gouvernement
fédéral en matière agricole, de sorte que l'utilisation de
la clause "nonobstant" de façon générale pour les lois
agricoles va être nécessaire pour maintenir la juridiction du
Québec sur son agriculture; autrement non seulement il y aurait danger,
mais il arriverait que, s'il n'y avait pas une clause
"nonobstant" pour les lois agricoles, les lois fédérales
pourraient prévaloir sur les lois québécoises.
M. le Président, nous allons voter pour cette disposition, non
pas pour restreindre les dispositions sur l'âge, mais parce que les
objectifs visés par le gouvernement, quels que soient les partis, furent
d'établir une politique pour les jeunes et cette discrimination en
fonction de l'âge est nécessaire pour pouvoir établir une
telle politique d'établissement des jeunes.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions concernant
l'article 17?
M. Pagé: II ne semble pas, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le ministre,
avez-vous autre chose a ajouter?
M. Pagé: Non.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que
l'article 17 est adopté tel que rédigé?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté.
Maintenant, nous passons à l'article 18.
M. Garon: On pourrait peut-être passer è l'article
5. 2 qu'on avait laissé en suspens...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Maintenant?
M. Garon:... pour revenir à l'article 18. Habituellement,
on vote le dernier article sur l'entrée en vigueur, à la fin,
après avoir adopté tous les autres.
Articles en suspens
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord, pas de
problème. Passons à l'article 5. 2 de l'article 3. C'est
l'article 5. 2 de l'article 3?
M. Garon: C'est cela.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le ministre, je
vous écoute.
M. Pagé: Moi aussi, je vous écoute.
M. le Président, a l'article 5. 2 de l'article 3 de la
présente loi, des réserves furent formulées concernant le
libellé exact du texte. Les députés autour de cette table,
tant de la majorité ministérielle que de l'Opposition, se sont
dits inquiets de voir le libellé tel que formulé dans le projet
de loi qui est déposé. J'ai demandé à mes
collaborateurs de revoir le texte pour qu'il soit plus clair de façon
à assurer qu'il dise bien ce que l'on veut dire, ce que l'on veut
faire.
Essentiellement, la problématique était de savoir comment
écrire les dispositions afin que, si deux époux ont
déjà qualifié ensemble un groupe à l'obtention
d'une subvention en vertu des articles 2, 5 ou 7, -soit les dispositions de la
loi antérieure, la loi qu'on s'apprête à corriger - chacun
d'eux soit présumé avoir qualifié le groupe pour le
maximum du montant de la subvention de sorte qu'il ne pourra obtenir ou faire
obtenir de subvention à nouveau en vertu de la loi.
En fait, j'ai clairement indiqué que la volonté du
gouvernement c'était - d'ailleurs, cette prime, c'est une prime à
l'établissement de jeunes producteurs et de jeunes productrices - que la
condition à remplir pour obtenir, à compter du 1er juillet 1987,
une subvention pour un montant de 15 000 $, donc de 30 000 $ dans le cas des
deux époux, était que ce soit effectivement un
établissement. J'ai évoqué que cela pourrait être,
par exemple, dans certains cas, dans le cadre d'une nouvelle structure
juridique. Il faut être un exploitant agricole, avoir moins de 40 ans et
ne pas avoir déjà bénéficié des dispositions
de la loi actuelle qui permet une subvention de 8000 $, ou de ne pas avoir
qualifié par sa présence dans un groupe ledit groupe à
recevoir une subvention de 8000 $.
Le texte que nous proposons est celui-ci. On remplacerait l'article 5. 2
par le texte suivant: "Lorsqu'une corporation... " Vous avez très
certainement l'amendement proposé.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que vous
avez copie de cela?
M. Pagé: Je crois l'avoir distribué, M. le
Président, mais j'en ai d'autres.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Cela a
été distribué? Vous en avez une copie?
M. Garon: Cela a été distribué hier. M.
Pagé: Cela a été distribué hier.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Ah! excusez.
M. Pagé: Je vous l'avais distribué, mais j'en ai
plusieurs copies. Compte tenu qu'il y a un intérêt manifeste en
regard de cet article, j'en ai fait faire plusieurs copies.
Le Président (M. Tremblay, Iberville):
Le président n'en a pas eu.
M. Pagé: M. le Président, il me fait plaisir de
vous remettre officiellement une copie.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci.
M. Pagé: Faites-en bon usage...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Surtout.
M. Pagé:... et surtout bonne interprétation.
"Lorsqu'une corporation d'exploitation agricole, une société
d'exploitation agricole, une coopérative d'exploitation agricole ou un
groupe de personnes visé aux articles 14 et 15 a touché une
subvention prévue aux articles 2, 5 ou 7 lesquels, entre
parenthèses, continueront à s'appliquer pendant un certain temps
- selon le cas, et qu'au moment où cette subvention a été
accordée deux personnes visées à l'article 23 qui en
faisaient partie réalisaient chacune les conditions prévues par
la présente loi pour rendre cette corporation, cette
société, cette coopérative ou ce groupe admissible
à la totalité ou a une partie de cette subvention, chacune
d'elles est, pour les fins du paragraphe 3° du premier alinéa de
l'article 5. 1, réputée lui avoir déjà fait toucher
un montant de subvention. "
M. le Président, je conviens avec vous que le texte tel que
modifié est plus clair, plus précis et fait moins place à
interprétation que le texte précédent. Je vous recommande
et je recommande aux membres de cette honorable commission de l'adopter.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre. Est-ce qu'il y a des interventions sur ce nouvel article
amendé?
M. Garon: M. le Président, dans le texte, quand on dit:
"... qui en faisaient partie réalisaient chacune les conditions
prévues par la présente loi pour rendre cette corporation, cette
société, cette coopérative ou ce groupe admissible... ",
cela ne veut pas dire nécessairement que les deux, même si elles
réalisaient les conditions, s'en sont prévalues.
M. Pagé: La personne qui respectait les conditions a
qualifié l'entreprise. Voulez-vous dire, M. le député,
qu'il se pourrait qu'une personne... Je vois l'exemple que vous voulez donner.
Vous voulez donner l'exemple d'une personne - prenons le cas de l'épouse
- qui avait 20 % des actions et qui était exploitante avec son conjoint,
son époux, dans une corporation qui s'est qualifiée et qui a
obtenu la subvention de 8000 $, probablement plus parce qu'il y avait des
multiples...
M. Garon:... il y avait des multiples.
M. Pagé: Cependant, parce qu'elle était son
épouse, elle n'a pas pu en bénéficier. Si vous me demandez
aujourd'hui si cet article va permettre a cette personne, par exemple, la femme
qui est déjà dans une entreprise et qui a 20 % des actions, qui a
34 ans ou 35 ans, peu importe, qui a moins de 40 ans, si elle peut demain matin
aller frapper à la porte de l'office et dire: Je n'étais pas
admissible, maintenant je le suis devenue, je veux avoir 15 000 $, la
réponse, c'est non. Cela a été très clairement
exprimé au moment du dépôt du projet de loi dans les
échanges initiaux que nous avons eus. Il faut toujours avoir à
l'esprit que la prime est une prime à l'établissement et le cas
auquel je me réfère par l'exemple que je donne, c'est le cas
d'une entreprise où les gens qui se sont établis ont
bénéficié d'une subvention de 8000 $. Peut-être que
dans certains cas, s'ils étaient cinq requérants, Ils ont
bénéficié d'une subvention de 32 000 $ jusqu'à
maintenant.
M. Garon: Mais, là, on rend plus difficile
l'établissement qu'avant.
M. Pagé: Mais non!
M. Garon: La principale qualité avant, ce n'était
pas que vous soyez établi ou non, c'était que vous ayez eu la
subvention ou non. Je pense à quelqu'un, par exemple, qui, autrefois -
et je demanderais l'interprétation un peu de l'office - s'était
établi mais n'avait jamais eu la subvention... Supposons qu'il
s'était établi à 22 ans ou 23 ans, qu'il n'avait jamais eu
la subvention et qu'il la demandait quatre ou cinq ans après
s'être établi, est-ce qu'on la lui donnait ou on ne la lui donnait
pas?
M. Pagé: On la lui donnait.
M. Garon: Là, on ne la lui donnera plus maintenant.
M. Pagé: Si elle n'a jamais été
demandée, il va pouvoir...
M. Garon: À ce moment, ce qui arriverait...
M. Pagé:...
(12 heures)
M. Garon: Oui, parce que vous allez dire: La femme ou l'homme
n'ont pas eu le multiple. Ils sont tous les deux ensemble, ils répondent
aux conditions, mais il y a eu 8000 $ versés. Par cette disposition,
l'autre personne ne peut plus s'établir légalement alors qu'avant
elle le pouvait.
M. Pagé: Vous savez, l'essentiel...
M. Garon: La discrimination en fonction du sexe demeure comme
avant.
M. Pagé: Bien non! Le commun dénominateur de ce
projet de loi...
M. Garon: Toutes les femmes de moins de 40 ans qui n'auront pas
joui de la subvention ne pourront plus l'avoir. Avec cette disposition, elles
ne pourront plus l'avoir.
M. Pagé; Cela dépend. Le commun dénominateur de
cette loi apparaît partout. C'est non seulement les normes d'âge de
18 à 40 ans et le fait d'être considéré comme
exploitant en vertu de l'office, etc., c'est également le fait qu'une
personne ayant déjà touché ou ayant déjà
qualifié son groupe ou d'autres personnes, afin de toucher une
subvention, ne peut pas revenir cogner à la porte de l'office pour la
deuxième fois. C'est le principe de base du projet de loi. Ce principe
est sous-entendu partout dans la loi.
Je vais vous donner un autre exemple. La jeune dame - a 40 ans, une
femme est encore jeune, comme un homme, d'ailleurs -était dans une
exploitation. Elle n'a pas qualifié, elle n'avait pas 20 % des actions
ou, encore, elle avait 20 % des actions, mais elle n'a pas qualifié son
groupe pour un motif ou pour un autre. Elle pourrait, dans le cadre d'une
restructuration juridique d'une autre entreprise, venir se qualifier.
Mais si ce que vous me demandez, c'est de faire en sorte que l'Office du
crédit agricole révise tous les dossiers, fasse le tour de toutes
les corporations et dise: Mesdames, vous vous êtes établies, par
exemple, en 1981 et vous n'étiez pas admissibles à ce moment,
voici un chèque de 15 000 $. Je m'excuse, c'est non.
Je dois vous rappeler, M. le député, que le dernier
alinéa de l'article 6 de la Loi favorisant l'établissement de
jeunes agriculteurs, dit bien ici: "Pour l'application du premier alinéa
de l'article 7 et de l'article 16, tout exploitant agricole ou tout
agriculteur, selon le cas, qui, lorsqu'une subvention a été
accordée à une exploitation de groupe en vertu de la Loi
favorisant la mise en valeur des exploitations agricoles, faisait partie d'une
telle exploitation et réalisait toutes les conditions requises pour la
rendre admissible à une telle subvention est présumé avoir
fait obtenir la totalité de cette subvention à cette exploitation
de groupe, si celle-ci l'a touchée en tout ou en partie. "
C'est essentiellement le même concept, si je peux utiliser le
terme, qui est reproduit dans la disposition que j'ai introduite à
l'article 5. 2, tel que modifié, en termes de texte, que ce qui
était dans la Loi favorisant l'établissement de jeunes
agriculteurs.
M. Garon: Sauf que, par cette disposition, on vient
établir qu'une femme qui n'a jamais été établie aux
fins de la loi, ne pourra pas s'établir aux fins de l'article 23,
même si elle a moins de 40 ans, parce qu'on aura assumé que, parce
que son mari a été établi, elle l'était aussi.
C'est ce que cela vient dire. Elle ne pourra plus s'établir et elle
n'aura jamais eu de subvention.
M. Pagé: Non, ce n'est pas le cas, M. le Président.
Le député donne une interprétation erronée des
dispositions des articles de la loi et de l'intention du législateur.
Qu'on prenne l'exemple d'un cas...
M. Garon: II faut revenir è la définition de
"corporation d'exploitation agricole". La femme n'a pas fait obtenir le
multiple. Alors, une corporation d'exploitation agricole est une corporation
constituée en vertu de la Loi sur les compagnies ayant pour
activité principale l'exploitation d'une ferme rentable dont elle est
propriétaire ou locataire, pourvu que tous ses actionnaires soient des
personnes physiques et que, au moins 60 % des actions de chaque
catégorie émises soient la propriété d'un ou de
plusieurs exploitants agricoles dont la majorité a pour principale
occupation l'exploitation de cette ferme.
Alors, la femme qui n'a pas pu faire obtenir le multiple était
membre actionnaire. Donc, elle n'a pas eu la subvention dans le passé et
ne pourra plus l'avoir dans l'avenir à cause de cette disposition que
vous introduisez.
M. Pagé: Mais elle pourrait en recevoir dans le cadre de
la restructuration d'une autre entreprise parce qu'elle adéjà contribué...
M. Garon: Non, vous dites...
M. Pagé: Pas dans cette entreprise. Je reviens è
l'exemple que je vous ai donné tantôt. Si l'objectif du
député de Lévis est de faire en sorte que l'office fasse
le tour des fermes corporatives du Québec et dise: Madame, bienvenue. Le
ministre Pagé a déjà adopté sa loi, voici 15 000 $.
Ce n'est pas cela. Je vous le dis tout de suite.
M. Garon: Mais si c'est un homme, c'est cela...
M. Pagé: Cependant...
M. Garon: Si c'est un garçon qui a moins de 40 ans, lui,
il va pouvoir, mais la femme ne pourra pas.
M. Pagé: Non, si l'entreprise a déjà
été qualifiée, elle a qualifié autant pour lui que
pour elle.
M. Garon: Non, la femme ne pouvait pas qualifier un multiple.
Elle n'a pas eu son multiple.
M. Pagé: Oui, je suis d'accord, mais... M. Garon:
Elle ne l'aura jamais.
M. Pagé: On n'a pas de mesure rétroactive. C'est
clair, ça? On n'a pas l'intention et on n'a pas la
capacité...
M. Garon: Ce n'est pas rétroactif, elle ne l'a jamais eu.
Elle n'a jamais qualifié. Je vais vous donner un exemple.
M. Pagé: Oui, mais je vais vous donner d'autres exemples,
moi.
M. Garon: Écoutez bien l'exemple. Il y a cinq
garçons et une fille. La fille n'a jamais qualifié l'entreprise.
Elle ne l'a jamais eu la subvention et elle ne l'aura jamais, à cause de
la disposition que vous apportez ce matin.
M. Pagé: Je vais vous donner un autre exemple.
L'entreprise était familiale. M. X était propriétaire de
la ferme. Il était marié à Mme Y. Ils décident de
gérer l'entreprise en corporation, compte tenu de leur âge et peu
importe pour quel motif. Ils ont deux enfants dont un est marié. C'est
possible. Peu importe l'âge de l'homme, la dame a 39 ou 40 ans; son plus
vieux, qui a 19 ans, vient de se marier; l'autre, qui a 18 ans, est prête
à s'impliquer. Ils vont créer une corporation et ils peuvent
récupérer le multiple de 15 000 $. Ils récupéreront
donc 45 000 $.
M. Garon: Non. Si le mari...
M. Pagé: Bien oui. C'est ce qu'on veut faire.
M. Garon: Si le mari l'a déjà eu et que la femme ne
l'a jamais eu...
M. Pagé: S'il l'a eu...
M. Garon: Elle ne l'a pas eu et elle ne peut plus l'avoir.
M. Pagé: Bien oui. Si M. X a eu son montant de 8000 $, il
y a cinq ans, ce n'est pas compliqué, comme je l'ai dit, il suffira
qu'il ne se qualifie pas, lui, et que le pourcentage des actions aille à
celle qui a 18 ans ou à celui qui a 19 ans, à la femme ou la
mère qui a 39 ans et à la femme de son fils qui a au moins 18 ans
ou 19 ans.
Une voix: Cela fait une somme de 45 000 $. C'est cela.
M. Garon: Ce que je veux dire...
M. Pagé: Écoutez, M. le député, vous
connaissez et j'ai exprimé maintes fois, au moins pendant trois heures
et demie, quatre heures, le plus clairement possible, en collaboration avec mes
adjoints, l'objectif poursuivi. Si vous nous demandez une mesure
rétroactive, je vous le dis tout de suite: C'est clair, c'est non.
M. Garon: Oui, mais regardez bien là. Je vous repose la
question différemment pour bien comprendre. Un couple s'établit
en 1975, en 1983 ou en 1984. Ils ont 23 ou 24 ans tous les deux. L'article 23
ne permettait pas à la femme...
M. Pagé: Ont-ils formé une compagnie?
M. Garon: Oui, ils s'établissent, tout cela, mais
l'article 23 ne permettait pas à la femme, même si elle
était qualifiée, de faire obtenir la subvention è la
compagnie. Jusque-là, êtes-vous d'accord?
M. Pagé: Voulez-vous répéter, je
m'excuse?
M. Garon: Un couple, un homme et une femme...
M. Pagé: Oui.
M. Garon:... sont qualifiés dans les mêmes
conditions. Mais, à cause de l'article 23, ils n'avaient droit
qu'à une seule subvention. Vrai ou faux?
M. Pagé: Oui. C'était la loi.
M. Garon: Bon! La loi est adoptée. La femme ne l'a jamais
eue...
M. Pagé: C'était une corporation.
M. Garon: C'était une corporation. La femme ne l'a jamais
eue. Est-ce qu'elle va pouvoir l'avoir dans l'avenir?
M. Pagé: Non. C'est une femme qui est déjà
établie.
M. Garon: C'est ce que je dis. Cela veut dire que les femmes qui
ont moins de 40 ans et qui sont mariées à un homme qui s'est
déjà établi ne pourront jamais avoir de subvention.
M. Pagé: Cependant, il faut retenir que c'est une prime
à l'établissement pour la mise en valeur... D'accord, mais...
M. Garon: Oui, mais attendez un peu là! Ce que vous
apportez là, comme je le disais, c'est bien important et je l'ai
souligné è plusieurs reprises.
M. Pagé: Je vous le dis...
M. Garon: II y a un point que je voudrais vous faire valoir.
M. Pagé: C'est ce que je vous ai répondu
tantôt. On ne fera pas le tour du Québec pour distribuer des
chèques de 15 000 $. Je m'excuse! Si c'est ce que vous voulez, on ne le
fera pas...
M. Garon: Ce n'est pas ce que je veux dire. Ce n'est pas
ça. Ce que vous semblez apporter comme notion d'établissement
-c'est très important et c'est pourquoi j'ai dit "les nouvelles
définitions"; j'ai bien insisté quand on a parlé de
l'article 29. Avec de nouvelles définitions, on va faire dire des choses
bien nouvelles. Il n'a jamais été question dans le passé
que, pour des fins d'établissement, quelqu'un ou ceux qui avaient
commencé son établissement étaient établi. Ce n'est
pas cela. Quelqu'un qui avait moins de 40 ans, quel que soit le moment
où il faisait la demande au crédit agricole ou le nombre
d'années après qu'il se fut établi, avait droit à
la subvention, pourvu qu'il ait moins de 40 ans et que son programme soit
accepté. Par exemple, si j'achète une ferme à 23 ans, je
ne demande jamais un sou au crédit agricole. Mais à l'âge
de 30 ans, j'ai un programme de mise en valeur et là je demande la prime
à l'établissement prévue par la Loi favorisant la mise en
valeur des exploitations agricoles. J'y avais droit et, si mon programme
était acceptable, l'Office du crédit agricole l'acceptait et
j'avais droit à la prime à l'établissement, même si
en réalité j'étais déjà établi depuis
cinq ou six ans. La notion qu'introduit le ministre actuellement, c'est! S'il
est déjà établi, c'est fini, il est déjà
établi. C'est une subvention pour qu'il s'établisse mais, s'il
est déjà établi, il n'aura plus droit à la
subvention. C'est ce qu'il dit, c'est une notion totalement nouvelle. Je ne
sais pas si on me comprend bien. Je vois le député de
Prévost qui me regarde. Saisissez-vous la différence dans ce que
je veux manifester? C'est une nouvelle forme d'établissement que le
ministre introduit et qui est complètement différente du
fonctionnement qu'on a connu dans le passé pour les fins
d'établissement. Mais ce n'est pas moi le gouvernement et je suis
prêt à voter.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Berthier.
M. Houde: Merci, M. le Président. J'aimerais que le
ministre me réponde pour simplifier la question qu'il a posée
tantôt. Le couple qui était établi il y a dix ans, si
demain matin la dame se retire de l'entreprise de son mari et en lance une
autre avec ses deux fils, l'épouse et les deux fils auront chacun droit
à 15 000 $. C'est clair, n'est-ce pas?
Une voix: Non.
M. Houde: La femme sort de la compagnie, donc...
M. Pagé: Elle était dans une corporation.
M. Houde: Oui, mais elle sort de la corporation et elle en
crée une autre et elle s'en va avec ses garçons et sa fille.
M. Pagé: Est-ce que la corporation l'a déjà
eue?
M. Houde: Non, elle ne l'a jamais eue.
M. Pagé: Ah! si elle ne l'a jamais eue, il n'y a pas de
problème.
M. Houde: C'est bien clair, d'abord.
M. Pagé: Si on veut passer, je suis prêt à
faire...
M. Houde: Non, c'est clair.
M. Pagé: Cela va dépendre de l'ordre du leader. Si
vous voulez qu'on se convie et que l'on donne un ordre en Chambre pour
siéger jusqu'au 30 juin, je suis prêt à amener toute la
batterie de l'office, puis on va regarder les 478 cas qui sont passés
l'année dernière et on peut faire des scénarios
d'hypothèses en regard des 907 que l'on prévoit pour
1986-1987.
Ce que je vous dis très clairement c'est ceci: L'objectif
fondamental de cette loi a toujours été d'aider des jeunes
à s'installer, s'établir, déposer un plan de
développement, etc. D'accord? Il y avait des mesures discriminatoires
qui causaient un préjudice tangible et vécu par des milliers de
femmes du Québec qui n'ont pas pu en profiter. Nous avons
décidé dans le cours de cette session, malgré que nous
soyons à seulement six mois de la désignation du gouvernement, de
respecter nos engagements électoraux et cela témoigne très
clairement d'une volonté de notre gouvernement d'agir et en même
temps de considérer la part des femmes en agriculture.
Le député de Lévis tente par tous les moyens
d'essayer de nous faire dire ou de nous faire confirmer nos intentions. Je vous
l'ai dit clairement, le débat était ouvert, cela a duré
des heures et des heures. Il n'est pas question que cette subvention soit
rétroactive. C'est clair. Cependant, on élabore toute une
série de critères et de normes en vertu desquels une personne, un
groupe ou une corporation peut se qualifier.
Il y en a des milliers d'exemples. Les principes fondamentaux sont les
suivants: premièrement, que la personne ait moins de 40 ans et plus de
18 ans; deuxièmement, qu'elle soit exploitant ou exploitante;
troisièmement, qu'elle n'ait pas touché ou fait toucher par sa
participation à un groupe la subvention. C'est certain, dans l'exemple
que vous donnez, que si elle était dans une corporation elle ne peut
s'inscrire pour venir chercher les 15 000 $. Cependant, avec l'exemple que j'ai
donné tantôt... Puis là, on pourrait élaborer des
milliers de scénarios: le couple marié qui avait une ferme
appartenant, comme la tradition l'a voulu pendant un certain temps, à M.
X. Point final, à la ligne, c'était à lui. Elle
travaillait pendant 32 heures, mais elle n'avait pas ses titres de
propriété. Bon. Le transfert de la propriété se
fait au profit d'une corporation dont la femme - à partir du 1er juillet
-répond aux critères: elle a moins de 40 ans, c'est une nouvelle
structure juridique, c'est une nouvelle exploitation. Ce n'est pas plus
compliqué que ça.
(12 h 15)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre. Maintenant je cède la parole au député de
Lévis.
M. Garon: Je voulais dire que, contrairement à ce qu'a dit
le ministre, on est prêt à voter, on ne retarde rien.
C'était une demande du député de Berthier. Nous ne pensons
pas que c'est cette interprétation qui va prévaloir. Il y a
quelque chose que je veux demander. Le ministre a dit qu'il y avait 907
cas.
M. Pagé: Est-ce que je peux donner les prévisions,
M. le Président?
M. Garon: II y a 907 demandes devant l'office en vertu de la
nouvelle loi.
M. Pagé: Ce sont nos prévisions. Nous
prévoyons avoir à traiter 907 cas dans le cadre de l'exercice
financier 1986-1987. Si on ventile, on évalue à 286 personnes
pour 8000 $ et 621 personnes ou groupes pour 15 000 $. Les prévisions
qu'on fait à l'office - et on verra si on se trompe - seraient
qu'environ 50 % des montants engagés soient versés dans le cadre
du présent exercice financier. On arriverait à des
déboursés globaux prévisibles de 11 603 000 $ alors qu'on
a une enveloppe budgétaire de 12 000 000 $. C'est ce qu'on
prévoit.
M. Garon: Les montants périmés. M. Pagé:
Pardon?
M. Garon: Vous auriez des montants périmés.
M. Pagé: Auquel cas, je serais... M. Garon: On est
prêt à voter.
M. Pagé: M. le Président, je ne comprends pas le
sourire. Auquel cas j'aurais un montant périmé de 397 000 $ sur
un budget de 12 000 000 $ et sur un budget global de 514 000 000 $, ce qui est
bien moins que les dizaines et les dizaines...
M. Garon: On verra cela l'an prochain.
M. Pagé:... de millions de dollars, les 246 000 000 $, si
ma mémoire est fidèle, que le député de
Lévis a votés, qu'il a annoncés aux agriculteurs, qu'il
n'a pas dépensés. Un quart de milliard, M. le Président,
que mon prédécesseur a annoncé comme devant être
versé au bénéfice des agriculteurs.
M. Garon: M. le Président, le ministre est en train de se
"filibuster" lui-même.
M. Pagé: Sa force et sa vigueur ont fait en sorte que cela
retourne au Trésor.
M. Garon: On va voter.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Étant
donné qu'il n'y a pas d'autres interventions, nous allons passer
à l'adoption, à l'article 3, de l'article 5. 2 tel
qu'amendé.
M. Garon: II faut voter l'amendement d'abord.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que
l'amendement est adopté?
M. Garon: Un vote enregistré.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
secrétaire, qu'on appelle le vote.
Le Secrétaire: M. Messier (Saint-Hyacinthe)?
M. Messier: Pour l'amendement.
Le Secrétaire: M. Dubois (Huntington)?
M. Dubois: Pour.
Le Secrétaire: M. Beaudin (Gaspé)?
M. Beaudin: Pour.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forgets Pour.
Le Secrétaire: Mme Legault (Deux-Montagnes)?
Mme Legault: Pour.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière)?
M. Camden: Pour.
Le Secrétaire: M. Houde (Berthîer)?
M. Houde: Pour.
Le Secrétaire: Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Pour.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Pour, M. le Président.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Iberville)?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Pour.
Le Secrétaire: M. Desbiens (Dubuc)?
M. Desbiens: Contre.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Contre.
Une voix: Adopté,
Une voix: Sur division.
M. Garon: On revient è l'article 3.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Nous revenons
à l'article 3. Est-ce que l'article 3 est adopté tel
qu'amendé?
Une voix: Adopté.
M. Garon: Sur division. Le même vote.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté sur
division. Le même vote.
M. Garon: Le même vote enregistré.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Même vote
enregistré. Très bien. Nous reprenons maintenant l'article
18.
M. Garon: On vient d'adopter l'article 5. 2 tel
qu'amendé.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Et l'article 3 qui
comprend 5. 2 et 5. 1 tel qu'amendé.
M. Garon: II faudra le faire après, l'article 3; on a
voté l'article 5. 2.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On adopte l'article
3 aussi.
M. Garon: Bien non! On ne peut pas adopter les deux en même
temps. On appelle l'article 5. 2, parce qu'il faut adopter l'article 5. 2 tel
qu'amendé.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui.
M. Pagé: Pourriez-vous tout faire voter, s'il vous
plaît? Faites tout voter, le.
Une voix: L'article 3 n'est pas adopté? M. Garon: Non,
c'est parce que...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Il y a l'article 5.
2. On vient de l'adopter. On vient aussi d'adopter l'article 3 tel
qu'amendé. On avait l'article 5. 2 et, déjà, l'article 5.
1 avait été adopté tel qu'amendé. Je ne comprends
pas votre...
M. Pagé: Dois-je comprendre que le député de
Lévis qui a dit qu'il voterait pour le projet de loi...
M. Garon: Non, ce qu'on vient d'adopter...
M. Pagé:... tient tellement à exprimer son
opposition qu'il veut voter deux fois sur la même chose?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On vient de voter
un amendement du ministre à l'article 5. 2.
M. Garon: 5. 2. On dit: L'article 5. 2 proposé par le
projet de loi est remplacé par le suivant.
M. Pagé: C'est cela.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est l'article 5.
2 amendé qu'on a adopté. Le ministre a le droit de retirer un
paragraphe complètement et de le remplacer par un autre. C'est ce qu'on
vient de faire. On remplace celui-là par celui qui était
là.
Est-ce qu'il y a d'autres questions? Cela ne semble pas clair. Je ne
comprends pas.
M. Garon: Donc, le dernier vote n'est pas sur division, à
ce moment-là.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Le dernier
vote...
M. Garon: J'avais compris que vous appeliez l'article 5. 2, et
qu'après vous
appelleriez l'article 3.
M. Pagé: Donc, vous changez d'idée.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On l'a fait,
l'article 3.
M. Pagé: C'est voté.
M. Garon: Non, non, l'article 3 n'est pas sur division.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'article 3 n'est
pas sur division. Ah! d'accord.
M. Garon: J'ai compris que c'était 5. 2. Pour nous, c'est
l'article 5. 2 qui était sur division, mais l'article 3...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II est
adopté. Vous acceptez l'article 3 adopté tel
qu'amendé.
M. Garon: Oui, parce qu'on n'avait pas adopté l'article...
L'article 3 comprend les articles 5. 1 et 5. 2.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est cela.
M. Garon: Le principe de l'affaire, c'est l'article 5. 1. On
aurait voulu scinder le vote en deux, mais... Est-ce qu'on avait adopté,
la dernière fois, l'article 5. 1?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, l'article 5. 1
est réglé.
M. Garon: Ah bon!
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Attendez un peu. Il
avait été adopté tel qu'amendé, donc ce
n'était pas sur division.
M. Pagé: Vous rappelez-vous comment vous aviez
voté?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, ils ont
voté pour.
M. Pagé: Pour.
M. Garon: Alors, au fond, à l'article 3, c'est une ligne
et demie qu'on adopte.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est cela. On
vient de le faire.
M. Garon: Alors, on est pour l'article 3.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Ah bon!
M. Pagé: Alors, M. le Président, on fait
motion...
M. Garon: II n'y a rien...
M. Pagé:... pour rescinder le vote
précédent, pour que le député de Lévis
puisse reprendre et voter d'une autre façon.
M. Garon: C'est 5. 2 qui était sur division.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Sur division.
M. Pagé: Bon.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Tandis que...
M. Garon: Mais, à 3, il n'y a rien, il y a une ligne.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): ... vous êtes
d'accord avec l'article 3 au complet. C'est parce que l'article 3 comprend,
évidemment 5. 2 et 5. 1.
M. Garon: C'est cela.
M. Pagé: Ce qui se conçoit bien s'énonce
clairement et les votes exprimés en témoignent.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, il n'y a pas
d'autres ambiguïtés? Est-ce que tout est clair?
On revient à l'article 18. M. le ministre, je vous...
M. Pagé: M. le Président, je proposerais
évidemment que les articles du projet de loi 71 soient
numérotés de nouveau, compte tenu qu'on y a apporté
certains changements, qu'un article a été biffé, si ma
mémoire est fidèle.
Une voix: On pourrait faire...
M. Pagé: En tout cas, je dépose la motion. Je
voudrais qu'il soit accepté par l'ensemble des membres de cette
commission qu'une fois le projet de loi étudié au complet il soit
numéroté de nouveau. Il faut faire cette motion strictement de
formalité, compte tenu...
M. Garon: C'est exact.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord, mais on
va le voter à la fin quand même.
M. Pagé: Bon, alors je propose l'adoption de l'article 18,
M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'il y a
des interventions sur l'article 18?
M. Garon: La nouvelle numérotation, est-ce
après...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Après
cela.
M. Garon: D'accord.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On va juste parler
de l'article 18 et...
M. Pagé: Oui, mais vous n'avez pas compris dans mon propos
que c'était une motion suspensive?
M. Garon: Non, non.
M. Pagé: Vous auriez dû. Alors, là, je
commence. La motion étant suspensive...
M. Garon: Attendez un peul Article 18. À l'exception des
articles 3, 5 et 7...
M. Pagé: 3, 5, 7 à 11 et 14 qui entrent en vigueur
à la date qui sera fixée par le gouvernement au regard des
dispositions de transition.
La numérotation va-t-elle changer, M. le Président? Est-ce
que la nouvelle numérotation est susceptible - et je ne le crois pas -
de changer 3, 5, 7 à 11 et 14?
Une voix: C'est 8 qu'on a enlevé.
M. Pagé: Bon, voyez-vous que ma motion n'était pas
si pire!
M. Garon: Non, sauf que...
M. Pagé: II faudrait refaire la numérotation, car,
très probablement, le 8 ne disant plus rien, le 9 va devenir le 8, le 10
va devenir le 9 et le 11 va devenir le 10, auquel cas il faudrait corriger
l'article 18 pour faire en sorte qu'on modifie ainsi: 3, 5, 7 à 10 et
13.
M. Garon: II y a quelque chose que je ne comprends pas
là-dedans.
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On pourrait quand
même finir... Ah oui! D'accord.
M. Garon: Non, attendez un peu. "La présente loi entre en
vigueur à la date de sa sanction, à l'exception des articles 3...
" À 3, on dit qu'il entrera en vigueur à compter du 1er juillet
1986.
M. Pagé: Le régime, on ne peut pas la mettre en
vigueur tout de suite. La loi peut être adoptée, je
présume, si les travaux accéléraient, peut-être
mardi soir, le 17 juin. Tout est terminé, la session est ajournée
pour l'été et la loi est sanctionnée le matin du 19,
devant l'honorable représentant de Sa Majesté. Elle entre en
vigueur le 1er juillet, Fête du Canada. Coïncidence, soit dit en
passant.
M. Garon: Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi vous faites
une exception pour l'entrée en vigueur des articles 3, 5, 7 à 11
et 14, puisque ces articles-là disent qu'ils vont entrer en vigueur le
1er juillet 1986. 3e ne comprends pas.
M. Pagé: Le nouveau régime...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Si c'est
sanctionné avant, cela ne sera pas en vigueur avant le 1er juillet.
M. Garon: Cela ne fait rien. L'article prévoit qu'ils
n'entreront pas en vigueur avant le 1er juillet 1986.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui,
cependant...
M. Garon: Je ne comprends pas. pourquoi vous faites une
exception. C'est déjà prévu à l'article 3, que
c'est à partir du...
M. Pagé: Ce que le responsable du contentieux m'indique
c'est que la loi va être en vigueur le 1er juillet. Cependant, il y a des
règlements à adopter.
M. Garon: II faudrait mettre les mesures transitoires avec
l'article 15 aussi. L'article 15 prévoit que les règlements
continuent à être en vigueur. Je ne comprends pas pourquoi...
M. Pagé: Les dispositions sont pour des personnes, des
corporations, des sociétés ou des coopératives, etc., qui
s'installeront après le 1er juillet 1986. Cependant, le régime va
s'articuler une fois que les règlements seront adoptés: la mise
en place peut se faire en août. C'est la raison pour laquelle le
contentieux de l'office m'indique qu'il est préférable d'inclure
cette disposition dans l'article 18.
M. Garon: Cela veut dire que la loi ne sera pas opérante
à compter du 1er juillet 1986, comme on a voté?
M. Pagé: La loi va être opérante à
compter du 1er juillet si la question du député est à
savoir si une requête déposée le 2 juillet - parce que, le
1er juillet, on fête notre pays et c'est un congé
férié... Si la
personne se présente à nos bureaux le 2 juillet -
j'imagine très bien le député de Lévis, avec une
électrice et un électeur de son comté, par grand matin,
traversant le pont et venant nous voir à Sainte-Foy pour déposer
une requête - elle va être acceptée. Mais on n'aura pas le
chèque en sortant, comme on n'aura pas le plan de développement
en rentrant.
M. Garon: L'entrée en vigueur de la loi.
Présentement, le loi entre en vigueur à la date de sa sanction.
Supposons qu'elle soit sanctionnée, théoriquement, le 20 juin. Je
ne comprends pas pourquoi vous avez besoin d'une exception pour les articles 3,
5, 7 à 11 et 14.
M. Pagé: On se réserve le pouvoir de faire
coïncider l'entrée en vigueur des articles avec le
dépôt des règlements.
M. Garon: Cela veut dire que ça n'entrera pas en vigueur
le 1er juillet. Adopté sur division. Cela n'entre pas en vigueur le 1er
juillet.
M. Pagé: Oui. Toute personne, à compter du 1er
juillet, pourra bénéficier de... Parole de ministre.
M. Garon: Vous ne pourrez pas faire ce que vous voulez faire, vos
règlements, etc..
M. Pagé: On a commencé à travailler.
M. Garon:... pour le 1er juillet. Cela veut dire qu'il va y
avoir...
M. Pagé: On a commencé à travailler. On
travaille tard. On travaille le dimanche et le samedi. On ne travaillera pas le
24 juin parce qu'on va fêter notre Québec. On ne travaillera pas
le 1er juillet parce qu'on va fêter notre pays, le Canada. On va
être là le 2.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'on est
prêt à adopter cet article?
M. Pagé: Le député de Lévis se disait
disposé à l'adopter sur division.
M. Garon: À cause de l'exception aux articles 3, 5, 7
à 11 et 14. Cela va retarder la mise en vigueur de la loi après
le 1er juillet.
M. Pagé: Ce n'est pas 3, 5, 7, 11 à 14.
C'est 3, 5, 7 à 11 et 14.
M. Garon: C'est cela, 3, 5, 7 à 11 et 14. S'il y a une
exception de prévue, la mise en vigueur va pouvoir se faire
peut-être au mois d'août, peut-être au mois de septembre,
selon...
M. Pagé: J'ai clairement indiqué que nos actions
vont s'inscrire sous l'égide de l'efficacité. Cela commence
déjà à paraître. Les CT ne restent pas sur mon
bureau pendant trois mois. Ils sont sérieusement analysés. On en
prend connaissance, on les analyse, on réfléchit, on
décide et on signe.
M. Garon: Pour les programmes régionaux, ça fait
six mois. (12 h 30)
M. Pagé: M. le Président, je vais avoir un
complément de réponse demain sur les programmes régionaux.
Je présume que cela va être susceptible de faire rougir le
député de Lévis, pas dans le sens politique du terme,
évidemment.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce qu'on est
prêt à adopter cela sur division?
M. Pagé: Le projet?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Le 18.
M. Pagé: Le 18, il est adopté.
M. Garon: Sur division.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Donc, l'article 18
est adopté sur division.
Maintenant, il y a la motion du ministre concernant la
renumérotation de la loi. Est-ce que les gens sont d'accord?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté.
Maintenant, nous devons adopter le titre du projet de loi 71, Loi modifiant la
Loi favorisant la mise en valeur des exploitations agricoles. Est-ce que c'est
adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Ibervitle): Adopté.
Est-ce que l'ensemble du projet de loi, tel que modifié, est
adopté?
M. Garon: Adopté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Adopté.
M. Pagé: Avant de terminer, je voudrais remercier les
collègues de s'être conviés a un exercice d'analyse de ce
projet de loi, qui a été modifié et qui a
été bonifié, j'en suis persuadé, par la
contribution importante des députés de notre majorité qui
se sont associés à cette démarche législative. J'ai
trouvé sévères, non
fondés et même inacceptables les propos souventefois
répétés par le député de Lévis, en ce
sens que mes honorables collègues députés n'intervenaient
pas assez souvent, è son goût. Je dois lui dire, et
témoigner ce matin, comme ministre, que les députés de
notre groupe ont été intimement et directement associés
à l'ensemble de cette démarche. On a eu plusieurs rencontres. On
a eu des commentaires, des questions sur l'application, des questions
concrètes, etc. Je voudrais vous remercier, mesdames, messieurs les
députés.
Je voudrais aussi saluer la contribution du député de
Lévis qui a parfois été claire, parfois imprécise,
toujours intéressante. Après autant d'heures de débat sur
un projet de loi pour lequel l'Opposition veut voter, le député
de Lévis aura très certainement, tout comme son collègue,
d'ailleurs, le député de Dubuc, été à
même de constater le degré de patience et d'ouverture du ministre
de l'Agriculture.
Avant de terminer, j'aimerais - parce que notre commission n'ajourne pas
ses travaux, nous suspendons nos travaux jusqu'à 15 heures, pour
reprendre de 15 heures à 17 heures, parce qu'à 17 heures, on doit
aller défendre nos crédits à l'Assemblée pour
quarante-cinq minutes avec l'honorable député de Lévis et
l'Opposition - demander au député de Lévis, pour les fins
de l'ordre du jour respectif de chacune et chacun des membres de la commission
ici, ses prévisions. Lorsqu'on participe à un débat en
deuxième lecture sur un projet de loi comme celui de la Raffinerie de
sucre du Québec, la loi 85, que vous appellerez cet après-midi,
lorsqu'on y a été associé pendant aussi longtemps au
gouvernement - je parle au député de Lévis - celui-ci
devrait être en mesure de nous indiquer - je ne demande pas à la
minute près, mais probablement à la séance près
-combien il prévoit de temps nécessaire pour la discussion du
projet de loi en commission parlementaire, article par article.
M. Garon: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous
écoute, M. le député de Lévis.
M. Garon: Je voudrais dire d'abord, concernant le projet de loi
71, que nous avons apporté toute notre collaboration pour faire en sorte
que le projet de loi soit le meilleur possible. Je comprends qu'il peut y avoir
des divergences d'opinions, mais cela fait partie d'un système
démocratique. Notre collaboration... N'étant pas partisan de la
politique du pire, je n'ai pas essayé de faire en sorte que le projet de
loi soit adopté le plus rapidement possible, sans étude, mais, au
contraire, que son étude amène des modifications pour que le
projet de loi soit meilleur. Il y a eu un certain nombre de modifications.
D'ailleurs, j'en sais gré au ministre d'en avoir accepté
certaines. Je lui reproche de ne pas en avoir accepté d'autres, qui
étaient aussi bonnes. Notre but, notre collaboration... Même si,
parfois, il a trouvé que cela prenait du temps, c'est parce que
ça nous prenait du temps à comprendre, mais notre perspective
n'était pas de faire en sorte que les travaux durent le plus longtemps
possible, mais que la loi soit la meilleure possible. C'est un nouveau
régime qui est établi par la loi. Ce que j'ai compris de
l'engagement libéral, c'était que le montant de 80. 00 $ passait
à 15 000 $, point, et que le régime nouveau qui serait
établi serait restrictif par des définitions ou des termes
nouveaux qu'on emploierait et qui rendraient beaucoup plus difficilement
accessible aux jeunes la Loi favorisant la mise en valeur des exploitations
agricoles. C'est pourquoi on a voulu apporter des amendements dans ce sens. Je
comprends que la solidarité ministérielle a fait en sorte que les
députés ont toujours voté du même bord - pas la
solidarité ministérielle car c'est un terme que l'on emploie
habituellement pour les ministres, mais elle a joué aussi pour les
députés. Plus tard, on reparlera de ces questions. On se
rappellera les débats qu'on a eus. Je suis persuadé qu'il va
être nécessaire de réamender cette loi, puisqu'il y a
certaines dispositions qui n'ont pas été acceptées comme
amendements et qui auraient été nécessaires.
Maintenant, plutôt que le projet de loi 85, j'aurais pensé
qu'on aurait commencé par le projet de loi 69 et qu'on aurait
laissé en suspens les quatre ou cinq articles qui demandaient des
amendements, afin de passer rapidement à travers les autres articles. Le
ministre a choisi de commencer par la Loi sur la vente de la Raffinerie de
sucre du Québec. Il m'est impossible de dire quelle en sera la
durée pour la raison suivante. Le ministre constatera, cet
après-midi, qu'on va demander certains renseignements. Ces
renseignements peuvent-ils être facilement obtenus? Vous comprendrez
qu'il s'agit d'une grosse affaire, d'une entreprise qui, valeur aux livres,
était évaluée il y a deux ans à 132 000 000 $ ou
à 135 000 000 $. Si on calcule l'inflation, le remplacement des
équipements qui sont là, aujourd'hui, cela doit être autour
de 150 000 000 $.
On ne peut pas, sans avoir les renseignements - je vous le dis... Pour
que les gens soient bien certains, je vais demander au ministre, cet
après-midi, de faire le dépôt de l'analyse faite par une
firme allemande spécialisée dans la construction des raffineries
de sucre, à savoir combien cela coûterait de rebâtir ce
qu'on a actuellement comme raffinerie de sucre au Québec. Je le sais,
j'étais ministre ces années-là.
C'est évident que tout cela va dépendre
de la facilité d'acceptation du ministre à fournir
certains renseignements, certains documents qu'on va lui demander de nous
produire. L'adoption de ce projet de loi, au fond, vise à vendre un
équipement qui vaut 150 000 000 $ pour une somme de 10 000 000 $
comptant pour des actifs réalisables à court terme, cela veut
dire, à toutes fins utiles, pour des inventaires, et 40 000 000 $ plus
tard, cela...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II ne faudrait pas
commencer le débat tout de suite.
M. Garon: Non, je ne veux pas le commencer tout de suite.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît, on va terminer ici.
M, Garon: Je veux simplement dire au ministre, au fond, s'il
accepte de marcher cartes sur table avec les documents facilement accessibles,
cela va faciliter de beaucoup l'étude. La durée des travaux va
dépendre de son attitude.
Le Président (M. Tremblay, Iberville);
D'accord. Merci, M. le député de Lévis. Maintenant, le
mandat pour l'étude du projet de loi 71 est terminé. Nous
suspendons nos travaux. Je vous remercie beaucoup, mesdames et messieurs. Nous
reprenons à 15 heures cet après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 38)
(Reprise à 15 h 14)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. le ministre et mesdames, si vous voulez prendre place.
Mesdames et messieurs, je déclare la séance de la
commission de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation ouverte.
M. le député de Verchères, une mise au point?
M. Charbonneau: Non, je vais y revenir...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. Je veux
répéter ce qui a été dit ce matin: Le
député de Verchères, M. Jean-Pierre Charbonneau, va
remplacer M. Blais (Terrebonne).
Alors, mesdames et messieurs, je rappelle...
M. Pagé: Est-ce que c'est du progrès?
Projet de loi 85
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je veux rappeler
aux membres de la commission que nous sommes ici pour étudier le projet
de loi 85. Notre mandat est précis. C'est la Loi sur la vente de la
Raffinerie de sucre du Québec. Oui, M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: Je voudrais faire une intervention, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous
écoute.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Comme je sais que
le ministre est soucieux qu'on aborde rapidement le coeur du litige qui nous
oppose et du projet de loi qui est devant nous, je voudrais, sans tarder, faire
une motion, en vertu de l'article 244, pour que la commission tienne des
consultations particulières.
Motion proposant de tenir des consultations
particulières
avec le Syndicat des producteurs de betteraves
sucrières du Québec
Je vais donc faire la motion suivante: "Que la commission tienne, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi 85, Loi
sur la vente de la Raffinerie de sucre du Québec, des consultations
particulières quant à tous les articles dudit projet et
qu'à cette fin elle entende le Syndicat des producteurs de betteraves
sucrières du Québec. "
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Cette motion est
recevable. Est-ce qu'on peut en avoir une copie?
M. Charbonneau: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Une chose avant de
débattre de cette motion. J'aimerais quand même - vous m'avez pris
un peu de court - que le ministre présente les personnes-ressources qui
sont ici, si vous voulez bien.
M. Charbonneau: Présenter, cela va, mais, si le
ministre...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Juste
présenter.
M. Charbonneau: D'accord, mais, si le ministre m'indique qu'il
veut faire des remarques préliminaires, il faudrait qu'on s'entende. Si
c'est juste présenter les gens, il n'y a pas de problème,
sauf...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est tout
simplement cela.
M. Charbonneau:... qu'ils ne sont pas
invités en soi ici, mais on n'a aucune objection à les
connaître. Il y en a qu'on connaît très bien,
d'ailleurs.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. Est-ce
que vous voulez présenter les personnes-ressources?
M. Pagé: Certainement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Pour les
bénéfices des membres de la commission; tout simplement comme
information pour les gens qui sont ici autour de la table.
M. Pagé: M. le Président, dans un premier temps, je
dois dire que je suis bien heureux d'aborder l'étude du projet de loi
85, article par article. Cet exercice auquel on se convie pendant les quelques
heures qui nous sont allouées sera certainement utile en ce qu'il nous
permettra de préciser certaines choses auprès de
l'Opposition.
M. Charbonneau: Question de règlement, M. le
Président. Avant que le ministre...
M. Pagé: Une chance!
M. Charbonneau: Avant que le ministre aille trop loin et qu'il se
choque inutilement, d'ailleurs...
M. Pagé: M. le Président, jamais je ne me
fâche.
M. Garon: Je dois vous dire qu'il a meilleur caractère que
je pensais. On vient de faire une longue séance...
M. Charbonneau: Écoutez, je voudrais qu'on s'entende
bien.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Tout cela parce que
j'ai demandé qu'on présente les gens. J'aimerais quand même
qu'on y aille.
M. Pagé: II faudrait même que je me
présentel
M. Charbonneau: Le ministre n'a pas besoin de
présentation, et s'il veut introduire le sujet et tout cela...
Présentement, il s'agit de remarques préliminaires. Je n'ai pas
d'objection à ce qu'on s'entende pour en faire, sauf que je voudrais
qu'on ait une entente en ce cas-là parce que j'ai présenté
une motion. M. le Président, je crois qu'en vertu du règlement,
comme vous l'avez considérée recevable, dès le
départ, les interventions se font donc sur la motion et c'est moi qui
avais normalement la parole, étant donné que c'est là
motion que je présente. Je veux bien que le ministre me dise qu'il veut
présenter les fonctionnaires qui l'accompagnent, ses collaborateurs et
collaboratrices, mais j'aurais quelques mots à dire. Dans ce
cas-là, je voudrais qu'on s'entende.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Verchères, remarquez que c'est mon initiative.
Ce n'est pas M. le ministre qui a demandé de présenter ces
gens.
M. Charbonneau: À ce moment-ci, je voudrais, étant
donné que le ministre... Je le voyais aller et il n'était pas
parti, dans les secondes qui suivent, pour présenter ses collaborateurs,
mais plutôt introduire le sujet. Je n'ai rien contre cela, mais je vous
l'ai indiqué, à ce moment-ci, il y a une motion. Si le ministre
me dit qu'il préfère, avant qu'on étudie la motion, qu'on
prenne un peu de temps pour présenter le sujet parce qu'il a des propos
préliminaires à livrer, je n'ai pas d'objection, mais je voudrais
qu'on le sache et qu'on s'entende.
M. Pagé: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. Sans plus
tarder, j'aimerais que vous présentiez vos collaborateurs et
qu'ensuite...
M. Pagé: Je vais me convier à la discipline
habituelle qui me caractérise dans ma participation à de tels
travaux et je vais retirer les mots que j'ai employés selon lesquels
j'étais bien heureux de me retrouver avec les députés de
l'Opposition, aujourd'hui.
Le début de mon commentaire était que j'étais bien
heureux de m'associer avec les députés de l'Opposition,
aujourd'hui, dans une démarche. Je retire complètement cette
phrase, M. le Président, et je me limite à présenter ceux
et celles qui m'accompagnent.
Dans un premier temps, du ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, je vous présente M. Jean-Yves
Lavoie, directeur des études économiques, qui est bien connu au
ministère et des groupes de ceux et celles qui sont
intéressés par les questions agro-alimentaires, agricoles, etc.
M. Lavoie nous a toujours fourni une expertise exacte et rigoureuse en regard
du dossier de la raffinerie de sucre de Saint-Hilaire. Pardon? Dois-je
comprendre que le commentaire du député de Laviolette serait que
mes commentaires favorables à l'égard de mes fonctionnaires ne
seraient pas mérités?
M. Jolivet: J'espère que le pot ne s'en vient pas.
M. Pagé: J'aimerais vous présenter Me Gagné,
directeur du contentieux du ministère
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du
Québec. Homme très avisé. Fidèle serviteur de
l'État du gouvernement.
M. Daniel Paillé du ministère des Finances, qui a
travaillé directement à ce dossier, lui aussi, avec les
fonctionnaires du ministère de l'Agriculture, et M. Lucien Biron, du
ministère des Finances aussi. Évidemment, Mme Rouillard, de mon
cabinet, qui est responsable de ces dossiers.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous remercie,
M. le ministre.
M. Garon: Cela nous fait toujours plaisir de voir Mme Rouillard
accompagner le ministre. De la même façon qu'on dit que la musique
adoucit les moeurs, j'ai l'impression que Mme Rouillard contribue à ce
que le ministre soit plus souvent de bonne humeur.
M. Pagé: On m'a souvent taxé d'avoir un
caractère maussade, ce que je ne laisse jamais voir, cependant, mais
l'équipe qui m'entoure contribue à assouplir mon
caractère.
M. Garon: Quant aux propos que vous avez tenus sur Me
Gagné, j'ai à me féliciter des services de Me Gagné
qui, comme vous dites, est un fidèle serviteur de l'État et dont
j'ai pu, avec les années, apprécier les talents et les
connaissances approfondies des différentes lois agricoles qui sont
très nombreuses.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, sans plus
tarder...
M. Pagé: J'aimerais vous le rappeler, M. le
Président, évidemment.
M. Garon: Et M. Lavoie, qui a beaucoup travaillé à
ces projets. Je me méfie davantage des fonctionnaires du
ministère des Finances, par ailleurs.
M. Pagé: Vous savez, M. le Président,
M. Paillé est le directeur général de la
Direction des sociétés d'État au ministère
des Finances et M. Biron est directeur adjoint. Ils sont très
certainement susceptibles de vous fournir des renseignements
intéressants à l'égard de la société.
Le Président (M- Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre. Je souhaite la bienvenue, évidemment, aux
personnes-ressources. Cela nous fait plaisir de les avoir avec nous cet
après-midi. Maintenant, je reviens à la motion du
député de Verchères, la motion pour tenir des
consultations particulières. "Que la commission tienne, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi 85, Loi
sur la vente de la
Raffinerie de sucre du Québec, des consultations
particulières quant è tous les articles dudit projet et
qu'à cette fin elle entende le Syndicat des producteurs de betteraves
sucrières du Québec. " Comme je l'ai dit, cette motion est
recevable. M. le député de Verchères, vous avez la
parole.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Je comprends que
j'ai 30 minutes pour exposer.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous avez 20
minutes, monsieur.
M. Charbonneau: J'ai 30 minutes, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous avez 20
minutes, monsieur.
M. Charbonneau: J'ai 30 minutes, M. le Président, et je
soulève immédiatement une question de règlement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Quel article?
M. Charbonneau: Sur une question de règlement. Je viens de
passer trois jours à la commission qui a étudié le projet
de loi 58. L'article 243 et les articles suivants, l'article 209, M. le
Président, ont été interprétés par un
président de commission il y a à peine trois jours et j'ai
moi-même bénéficié à plusieurs reprises d'un
temps de parole de 30 minutes, à la commission de l'éducation. Je
pense que plusieurs de mes collègues qui sont ici, le
député de Dubuc, le député de Laviolette et
même le député de Duplessis, si je ne me trompe pas, sont
intervenus et je suis prêt à ce que vous suspendiez les travaux
pour quelques instants pour que vous vérifiiez cette jurisprudence.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): De toute
façon, pour nous, depuis qu'on fonctionne en commission, cela a
été 20 minutes. Il y a même eu une discussion entre le
porte-parole de l'Opposition et le ministre et on n'a jamais laissé le
ministre parler plus de 20 minutes pour présenter des projets de loi.
C'est depuis le début de notre commission. Votre collègue
pourrait confirmer ce que je dis. Oui, M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, je pense qu'il est bien clair
qu'en vertu de la procédure prévue à l'article 209...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'article...
M. Jolivet: L'article 209.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'article 209?
M. Jolivet: II indique les droits de parole
généraux et fait en sorte que, effectivement, le parrain d'une
motion a droit à 30 minutes. Les autres députés ont droit
à 10 minutes et le critique officiel du côté de
l'Opposition a droit a 30 minutes. Nous avons, depuis plusieurs
journées, interprété exactement ainsi cet article et je ne
vois pas pourquoi il ne pourrait pas être applicable ici, peu importent
les ententes qui ont pu exister sur d'autres formes de procédure.
Effectivement, nous avons droit à 30 minutes et je ne vois pas pourquoi
on n'aurait pas cette possibilité, en vertu de l'article 209.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Laviolette, vous avez raison. L'article dit cela, mais,
mot, je vous disais ce qu'était la coutume depuis le début. Mais
vous avez raison, l'article 209 est très clair là-dessus. M. le
député de Verchères, procédez.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président de
l'interprétation que vous avez donnée du règlement.
M. Pagé: Voulez-vous remonter l'horloge, M. le
Président, s'il vous plaît?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, cela s'est
fait. Oui, M. le député, est-ce une question de
règlement?
M. Houde: C'est une question d'information. Si je comprends bien,
cela veut dire que le porte-parole aura droit à 30 minutes et les autres
à seulement 10 minutes chacun.
Des voix; C'est cela.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est exact.
M. Houde: Ils vont être perdants, très bien,
merci.
Une voix: Bien non.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très
bien.
M. Houde: Bien oui, on a toujours 20 minutes chacun. Vous allez
être perdants. Sur cinq, on va y regagner.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Non.
M. Houde: On va y regagner sur cinq parce qu'ils ont droit
è dix minutes chacun.
Autrement, on avait toujours 20 minutes chacun et présentement
ils ont droit seulement à 10 minutes, les autres. On va y regagner. Cela
va aller plus vite dans le projet de loi pour...
M. Charbonneau: On remercie le député de Berthier
de donner des leçons de procédure.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Bon, s'il vous
plaît! Il ne faudrait pas...
M. Garon: Vous croyez qu'on va accélérer les
débats.
M. Pagé: Le député de Berthier vient de
déshabiller la stratégie péquiste.
M. Charbonneau: Il vient de faire la démonstration que les
intentions de l'Opposition sont toutes limpides, claires, sans mauvaises
intentions et sans arrière-pensées, d'ailleurs.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On n'en doute pas
du tout. Alors, voulez-vous procéder?
M. Jean-Pierre Charbonneau
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Donc, je voudrais
justifier la motion de la façon suivante. D'ailleurs, si vous pouviez me
redonner le texte de ma motion ou une copie parce que je n'ai pas de copie. Je
voudrais m'y référer au départ. La motion dit: Que la
commission tienne, avant d'entreprendre l'étude détaillée
du projet de loi 85, des consultations particulières et qu'à
cette fin nous entendions d'abord le Syndicat des producteurs de betteraves
sucrières du Québec.
Nous avons indiqué des consultations particulières parce
que nous croyons que pour la commission, à ce stade, avant
d'entreprendre l'étude détaillée d'un projet de loi qui
va, à toutes fins utiles, permettre au gouvernement de liquider une
entreprise et une industrie agro-alimentaire au Québec, soit l'industrie
du sucre et de la betterave, il est important que les différents groupes
intéressés et engagés dans cette industrie soient
entendus. Je crois que ce serait un précédent que l'on aurait ici
à l'Assemblée nationale qu'un gouvernement donne son consentement
ou fasse lui-même ce qu'il fait actuellement, c'est-à-dire mettre
fin à une industrie sans qu'on puisse donner l'occasion aux personnes
concernées de venir se faire entendre, de donner leurs points de vue et
d'évaluer les conséquences pour l'ensemble de la
société québécoise, selon leurs différents
points de vue, qu'auraient cette décision gouvernementale et ce projet
de loi qui est devant nous.
M. le Président, à peine les travaux venaient-ils de
commencer que je recevais une copie d'un télégramme qui vient
d'être envoyé au ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation. Je ne sais pas si lui l'a reçu mais moi j'ai ici une
copie du télégramme parce que le télégramme est
adressé à M. Michel Pagé, ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation, téléphone 643-2525. Je
pense que c'est le bon numéro de téléphone. "M. le
ministre, comme porte-parole du Front d'aide pour la Raffinerie de sucre du
Québec, j'aimerais que le regroupement représentant 24 organismes
qui s'est formé pour défendre la survie de la raffinerie de sucre
soit entendu en commission parlementaire. "
M. le Président, parmi les organismes qui composent le Front
d'aide pour la Raffinerie de sucre du Québec, un des organismes
initiateurs de ce mouvement d'appui qui existe maintenant depuis un peu plus
d'un an est justement le syndicat des producteurs de betteraves. Parmi les gens
qui sont sérieusement affectés par la décision du ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et du gouvernement
dans son entier, il n'y aura pas beaucoup d'objections ici pour contester le
fait que le syndicat des producteurs de betteraves, en fait les producteurs de
betteraves eux-mêmes, et les employés de la Raffinerie de sucre du
Québec sont sans doute les plus concernés, les plus directement
touchés et les plus directement affectés par la décision
qui a été prise.
M. le Président, voilà maintenant plus d'une quarantaine
d'années que des producteurs agricoles de mon comté et de la
région Richelieu-Yamaska, notamment du comté de Saint-Hyacinthe -
je salue la présence du député de Saint-Hyacinthe qui est
devant nous - et leurs familles sont engagés dans cette production. Au
cours des dernières années, les producteurs agricoles ont
consenti des efforts importants et même des sacrifices pour que survive
cette production agricole et non seulement qu'elle survive, mais qu'elle puisse
prendre de l'expansion et qu'elle puisse connaître un essor important. Je
crois qu'à cet égard il importe de rappeler qu'il y a à
peine trois ans presque 400 producteurs agricoles de la région de
Richelieu-Yamaska étaient engagés dans cette culture importante.
Je sais que le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation a dû être mis au parfum depuis six mois maintenant
sur l'importance de la culture de la betterave pour notre région, sur le
rôle économique que cette culture a joué et continuait de
jouer jusqu'à la décision du gouvernement dans l'économie
régionale de Saint-Hilaire-Saint-Hyacinthe. (15 h 30)
M. le Président, compte tenu de l'impact économique
régional, compte tenu du nombre de producteurs qui sont
concernés, compte tenu du nombre de personnes qui gagnent leur vie
à cause de l'existence de cette culture de betterave, le front commun a
fait une analyse au cours des derniers mois de l'importance de la culture de la
betterave dans notre région. On indiquait, entre autres, le nombre de
personnes qui gagnaient leur vie à temps plein et à temps partiel
dans cette production. Si vous me le permettez un instant, j'ai
traîné mon volumineux dossier sur la raffinerie de sucre et je
prends le document qui avait été produit par le front d'aide pour
la Raffinerie de sucre du Québec et qui était daté du mois
de mars 1985 où, entre autres, on indiquait l'importance pour
l'économie régionale de l'activité de cette culture, de
cette industrie agro-alimentaire et également le nombre de personnes qui
étaient concernées.
Je vous lis quelques paragraphes, M. le Président, de cette
analyse qui avait été publiée et rendue publique par le
front d'aide: Si les associations et les individus qui composent le front pour
la Raffinerie de sucre du Québec ont décidé d'unir leurs
voix et leurs efforts, c'est beaucoup à cause de la conscience qu'ils
ont tous de l'importance dans l'économie régionale et même
québécoise de la présence de cette société
d'État, la raffinerie de sucre, et de la production agricole qu'elle a
fait naître, il y a maintenant plus de 40 ans. La raffinerie de sucre
emploie actuellement à ce moment-là - 93 personnes à temps
plein et environ 200 autres durant les quatre mois d'automne, ce qui signifie
en fait 50 emplois permanents additionnels. Ces 143 emplois permanents sur une
base annuelle engendrent d'ailleurs 350 emplois indirects permanents selon le
ratio habituel utilisé de 2 à 2, 5 emplois indirects pour un
emploi direct en usine. Parmi ces emplois indirects se trouvent, entre autres,
les emplois dans le camionnage qui, sur une base permanente, se chiffrent
à au-delà de 40.
En 1983, comme je l'indiquais, 368 producteurs agricoles ont produit de
la betterave sucrière. 5i on tient compte qu'un emploi dans la grande
culture crée, selon le modèle intersectoriel établi par le
Bureau de la statistique du Québec, 1, 73 emplois indirects, on doit
ajouter aux emplois agricoles 637 emplois additionnels indirects. Au total,
c'est donc environ 1500 emplois permanents directs et indirects qui sont en
cause lorsqu'on parle de la fermeture de la raffinerie de sucre et de
l'arrêt de la production de la betterave sucrière. Certains disent
que dans le cas des producteurs cela ne serait pas dramatique puisque ceux-ci
se recycleraient dans d'autres productions. On oublie alors, disait le front
d'aide, la situation particulière dans les productions alternatives
comme le maïs-grain. Dans ce
domaine entre autres, le plus susceptible d'attirer les anciens
producteurs de betterave, un afflux trop grand de nouveaux producteurs
risquerait d'engendrer des surplus trop importants et, donc, des effets
négatifs sur les prix, acculant ainsi à la faillite plusieurs
agriculteurs.
D'autre part, il faut prendre en considération les pertes
énormes que subiraient les dizaines de producteurs qui se retrouveraient
pris avec des équipements de culture de betterave devenus inutilisables,
bien que presque neufs. Pour plusieurs, ces pertes signifieraient là
aussi la faillite. Parmi les autres données sur l'impact
économique de la raffinerie de sucre, notons qu'annuellement
l'entreprise de Mont-Saint-Hilaire paie plus de 8 000 000 $ en salaires et
dépenses, en bonne partie dans la région environ 25 000 000 $ en
achat de biens et services, le tout pour un chiffre d'affaires annuel de 40 000
000 $. La ville de Mont-Saint-Hilaire perçoit de la raffinerie 225 000 $
en taxes diverses. La perte de ces revenus se répercuterait à
coup sûr sur la facture de taxe municipale de tous les contribuables
hiiairemontais.
Par ailleurs, rappelons encore une fois que la disparition de la
raffinerie de sucre provoquerait un effet à la hausse sur le prix du
sucre payé par les consommateurs québécois. Le retour de
la raffinerie de sucre sur le marché de la commercialisation en 1982 a
eu des effets bénéfiques pour les consommateurs
québécois qui ont épargné annuellement depuis une
quinzaine de millions de dollars. Ces avantages seraient encore plus
appréciables pour l'ensemble du Québec si la raffinerie pouvait
fonctionner à pleine capacité dans une situation
normalisée où une politique canadienne de régularisation
des prix permettrait la création de milliers d'emplois tout en
garantissant des meilleurs prix, bien entendu.
M. le Président, vous voyez déjà l'importance, en
fonction de l'économie régionale et du développement
économique régional, de la culture de betteraves sucrières
dans notre région, y compris dans la vôtre, M. le
Président, qui êtes député d'Iberville. Vous savez
très bien, parce que vous avez des producteurs agricoles dans votre
propre comté, comment tout cela est imbriqué avec notre
économie régionale.
M. le Président, non seulement les producteurs agricoles veulent
se faire entendre, mais, depuis les débuts, ils ont été
parmi les gens qui ont, dès le départ, lorsque le lobby
anti-raffinerie de sucre a commencé à montrer des dents,
été sur la ligne de front pour livrer au public et aux
différents intervenants gouvernementaux et autres des données,
des opinions, des analyses sur la situation.
M. le Président, j'ai ici devant moi le rapport annuel de
l'association des producteurs de betteraves à sucre du Québec de
1985 où on retrouve une abondante documentation sur l'importance de
cette production agricole dans notre région et sur l'impact
économique de cette production. On n'a qu'à penser à - et
on l'a mentionné un peu dans le document que je viens de citer, -
l'impact indirect dans le domaine du camionnage, dans le domaine des engrais
chimiques, dans le domaine des intrants qui entrent dans la fabrication, dans
le domaine aussi des sous-produits de la betterave qui sont produits par la
raffinerie et qui sont aussi liés aux activités
économiques de cette industrie agro-alimentaire.
M. le Président, les producteurs de betteraves, à
plusieurs reprises, se sont déplacés à Ottawa et à
Québec pour venir rencontrer les autorités politiques, pour venir
rencontrer les décideurs qui ont è intervenir dans l'aide aux
producteurs agricoles et aux productions agricoles. Je crois qu'il ne serait
pas correct - et le minimum de décence nous indique déjà
la voie à suivre - de s'attaquer à l'étude
détaillée de ce projet de loi et aux impacts qu'il va avoir, si
on ne prend même pas la peine de rencontrer les producteurs agricoles qui
se sont donné, comme je l'indiquais à plusieurs reprises, le mal
de préparer de la documentation. J'ai encore ici devant moi des
mémoires que le syndicat des producteurs agricoles a
présentés à différentes autorités. Je crois,
M. le Président, que ces gens-là veulent être entendus, et
ils nous le rappellent cet après-midi même, alors que, par
l'entremise du front commun qui regroupe l'ensemble des organismes
intéressés... ' Je vous rappelle qu'ils ont 24 organismes, et non
les moindres; des municipalités régionales de comté, des
chambres de commerce, celle de Saint-Hyacinthe, celle de la vallée du
Richelieu, des associations de producteurs, l'UPA, les centrales syndicales,
les associations de camionnage, les associations de produits chimiques,
d'engrais, etc. On pourra vous donner tantôt la liste
détaillée des participants, des membres du front d'aide. Il y
avait même à une certaine époque le député de
Saint-Hyacinthe et le député d'Iberville. Je crois que ces
derniers, M. le Président, depuis que des personnes nouvelles assument
leurs fonctions, ont un peu pris leurs distances par rapport au front commun.
L'ensemble des autres organismes est toujours solidaire et aujourd'hui nous
signifie qu'il veut être entendu en commission parlementaire.
M. le Président, cette demande - et dans cette demande il y a le
syndicat des producteurs de betteraves - devrait être accueillie
favorablement, d'autant plus qu'elle permet au ministre et à ses
collègues de se racheter un peu et de respecter, au moins en partie,
leurs engagements électoraux. Même s'il n'y a pas la
télévision, M. le Président,
je vais rappeler à mes collègues d'en face leurs
engagements, leur montrer les annonces publicitaires qu'ils ont fait publier
à même leurs fonds électoraux. Je pourrais aller les
montrer au ministre. S'il le permet, je vais juste les lire et je vais les lui
communiquer, à condition qu'il me les rende intactes. "Non, la
Raffinerie de sucre du Québec ne fermera pas, parole donnée. " On
disait ici: "En quoi l'approche du candidat libéral est-elle nouvelle?
Parce que la solution sera avant tout technique et son élaboration
inclura les employés qui, eux, connaissent les problèmes
réels. " Dans d'autres dépliants électoraux on reprend la
même chose: "Mettre sur pied un comité technique pour le maintien
de la raffinerie. " M. Bourassa avait donné l'assurance aux producteurs
agricoles de betteraves, le 2 novembre 1985, en présence de M. Picotte,
aujourd'hui ministre du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, qu'il avait
l'intention de maintenir la culture de la betterave à sucre et qu'il
avait l'intention de maintenir les opérations de la raffinerie de sucre.
Il leur avait donné l'assurance le 2 novembre 1985, à l'Institut
de technologie agricole de Saint-Hyacinthe, que ces producteurs planteraient
des betteraves en 1986. C'est au mois de novembre qu'on leur a donné
cette assurance.
Une voix: En quelle année?
M. Charbonneau: En 1985.
M. Messier: Une question de règlement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, un
instant.
M. Messier: Je sais que le mot "fausseté" serait
antiparlementaire. J'étais à la rencontre, mais effectivement il
n'y a jamais eu de tels propos de M. Bourassa. J'étais présent.
Je pense...
M. Charbonneau: M. le Président...
M. Messier:... que le député de Verchères
est en train de charrier complètement, là.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Un après
l'autre, un instant. Il n'y a pas de question de règlement sur cela.
Procédez, M. le député de Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, j'ai ici devant moi un
article de journal qui montre la photo du candidat libéral dans
Verchères qui, lui, a mordu la poussière, ainsi que la photo du
député actuel de Richelieu, M. Albert Khelfa, ainsi que la photo
du député de Saint-Hyacinthe, M. Charles Messier je crois que
c'est celui qui vient de prendre la parole. Cette photo nous rappelle les
engagements électoraux du Parti libéral, des candidats et des
députés libéraux. J'espère qu'il ne viendra pas
nous dire qu'il n'était pas là et qu'il n'a pas entendu les
propos tenus.
M. Messier: Une très bonne photo, d'ailleurs.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Verchères, il faudrait quand même s'en
tenir à votre motion.
M. Charbonneau: M. le Président, je m'en tiens à ma
motion. Je vous indique qu'il faut faire venir les producteurs, parce qu'on a
fait des promesses è ces producteurs. Parmi les gens qui leur ont fait
des promesses il y a le député de Saint-Hyacinthe, il y a le
candidat libéral du comté de Verchères, et il y a le
premier ministre du Québec. Dans l'annonce que je vous ai remise,
pardon, que je ne vous ai pas remise mais que j'ai montrée au ministre,
on disait: "Est-ce que le Parti libéral et son chef endossent la
position de Michel Chapdelaine? Le Parti libéra! et son chef et tous les
autres candidats de la rive sud appuient sans réserve cette position. "
À moins que je me trompe, M. le Président, vous étiez
vous-même un candidat de la rive sud de Montréal. En fait il y a
peut-être juste le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation qui peut toujours essayer de se sauver en disant:
Écoutez, moi je n'étais pas un candidat de la rive sud, mais le
problème c'est qu'il est coïncé...
M. Pagé: Portneuf...
M. Charbonneau: Portneuf est peut-être sur la rive nord,
mais je pense que le Parti libéral est encore, semble-t-il, relativement
homogène et suffisamment pour que les propos du chef du Parti
libéral, aujourd'hui premier ministre, lient d'une certaine façon
l'ensemble de la députation ministérielle. Je crois que lorsque
des producteurs se font dire à la fin de l'automne: N'ayez crainte, au
printemps prochain vous allez pouvoir semer de la betterave, et qu'à
l'hiver le gouvernement revient sur sa position et leur dit: Écoutez,
maintenant c'est fini, pas de production de betteraves cette année, cela
vient de s'éteindre... On a le pouvoir maintenant, on a donc le pouvoir
d'oublier nos engagements électoraux et on va passer outre et on fait ce
qu'on pense qui doit être fait. Qu'importe ce qu'on vous a dit il y aquelques mois, maintenant c'est autre chose. Dans ce cas, je crois que le
minimum de décence qu'on doit avoir c'est d'inviter ces gens à
nous dire ce qu'ils en pensent, à nous dire quelles sont les
conséquences pour eux de cette décision gouvernementale. Quels
sont les problèmes que ces producteurs vont
vivre et vivent actuellement? Quelle anxiété ont-ils
connue et vont-ils connaître au cours des prochaines semaines ou des
prochains mois? Comment vont-ils pouvoir se recycler? Comment vont-ils pouvoir
s'adapter à leur nouvelle situation? Comment, à leur avis et
selon la connaissance qu'ils ont de la situation du marché du sucre au
Québec, au Canada et sur la scène internationale - parce que ces
gens ont voyagé et ont pu à plusieurs reprises se rendre à
l'étranger et voir ce qui se passe aileurs - la décision
gouvernementale peut-elle Être considérée? Est-ce que c'est
une bonne décision ou est-ce que c'est une décision
précipitée? Est-ce une décision qui mériterait
d'être reconsidérée? D'autant plus qu'on a dit à ces
gens: Écoutez, une des raisons principales c'est que le marché du
sucre n'est pas bien bon. Le prix est à la baisse et il va rester bas.
Depuis que le ministre a déclaré cela la première fois, le
prix du sucre a presque doublé, sinon carrément doublé. Je
pense qu'il est rendu à 0, 0823 $ si les chiffres que j'ai devant moi
sont bons...
M. Pagé: Au 31 mai, 0, 0773 $.
M. Charbonneau: 0, 0791 $ à la fin de mai, presque 0, 08
$.
M. Pagé:... 0, 068 $ lundi. (15 h 45)
M. Charbonneau: Les chiffres ont considérablement
évolué et sont en évolution constante depuis que le
ministre a annoncé cette décision. À cet égard, on
doit donner aux producteurs agricoles l'occasion de se faire entendre et de
dire ce qu'ils ont à dire. Cela les concerne au premier chef.
Écoutez, moi, je ne peux pas comprendre comment on pourrait mettre une
croix sur une industrie complète au Québec sans donner la chance
aux gens d'être entendus et de donner leur point de vue. Je l'ai dit
à plusieurs reprises. On a fait un procès inéquitable sur
le marché du sucre et l'industrie de la betterave sucrière au
Québec et sur la performance possible, actuelle ou passée de la
Raffinerie de sucre du Québec.
M. le Président, quand on est un employeur correct et responsable
et quand on est un gouvernement qui se dit préoccupé du
développement économique et de la création d'emplois, on
ne met pas 1500 emplois directs ou indirects en cause sans donner l'occasion au
moins... Et voici ce qu'on disait: "Pourquoi le candidat libéral veut-il
que la Raffinerie de sucre du Québec demeure en opération? C'est
parce que le Parti libéral du Québec est le parti de l'emploi,
non pas du chômage. " Quand on est un gouvernement qui prétend
être un gouvernement pour l'emploi et non pour le chômage et qu'on
fait disparaître 1500 emplois directs et indirects, on doit au minimum
donner l'occasion à ces gens d'être entendus. On le doit d'autant
plus - j'espère que, lorsqu'il me restera quelques minutes, vous allez
me l'indiquer -...
Le Président (M. Tremblay» Iberville): II en reste
sept, je crois.
M. Charbonneau: II me reste combien de temps?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Sept minutes.
Une voix: Cela passe vite.
M. Charbonneau: Cela passe vite, M. le Président. Je crois
que mes collègues devront revenir à la charge pour étayer
mon argumentation et ma démonstration.
M. Pagé:...
M. Charbonneau: Je pense qu'elle coince tellement le ministre
qu'il va lui en falloir beaucoup. On connaît sa difficulté de
comprendre, parfois, le bon sens. Pourtant il est parfois perçu comme un
homme de bon sens mais à des moments donnés il est aussi
perçu - et on l'a connu à une autre époque -comme un homme
entêté, particulièrement entêté.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Ce n'est pas
pertinent, M. le député de Verchères.
M. Charbonneau: Donc, je voudrais rappeler au ministre un certain
nombre de choses à l'égard du syndicat des producteurs de la
betterave. Je voudrais que vous demandiez au député de
Saint-Hyacinthe de garder son calme, il en a pour un petit bout de temps.
M. Messier:...
M. Charbonneau: M. le Président, le 26 janvier dernier le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
déclarait: "La décision finale du gouvernement sur la raffinerie
de sucre de Saint-Hilaire sera connue d'ici au 31 janvier. " Le 28 janvier,
deux jours plus tard, le ministre revenait sur sa déclaration et il
disait: "L'offre d'achat de la raffinerie de sucre de Saint-Hilaire qu'avait
présentée l'an dernier la compagnie Lantic au gouvernement du
Québec est échue depuis le 31 décembre. Elle n'est donc
plus valide. " C'est curieux, d'ailleurs, on va voir un peu plus tard dans la
discussion que c'est è peu près la même offre qui a
été retenue. "C'est ce qu'ont annoncé conjointement hier
les ministres Michel Pagé et Pierre Fortier. À leur avis, il est
encore trop tôt pour
prendre position sur une éventuelle privatisation de la
Raffinerie de sucre du Québec. "
Le 3 février, le ministre rencontrait le syndicat des producteurs
de la betterave. Il leur annonçait et leur donnait des indications d'une
mauvaise nouvelle qui devait venir et qui était un reniement de la
parole qui avait été donnée. Mais, néanmoins, le
ministre, voulant dorer un peu la pilule, leur a dit: Écoutez, je suis
prêt à recevoir une offre du syndicat des producteurs de ta
betterave. Les gens ont cru le ministre. Ils ont cru qu'il était
sérieux, qu'il était sincère et qu'il voulait
effectivement voir dans quelle mesure le syndicat des producteurs de la
betterave pourrait présenter une offre valable.
Le 25 février nous apprenions par l'entremise du journal Le
Richelieu agricole que la décision que le ministre devait prendre avait
déjà été prise le 10 janvier. Cette information a
été communiquée par un fonctionnaire qui avait
préféré garder l'anonymat mais qui avait
déjà donné des informations au même journaliste qui
avait publié ces informations, des informations qui se sont
effectivement avérées exactes. Donc, on peut présumer que
la source était bonne. Moi qui suis un ancien journaliste je peux vous
dire une chose: Quand une source donne du bon "stock" une fois, on est
porté à lui faire confiance. Effectivement, le problème,
c'est que le ministre n'a jamais été capable de faire la
démonstration claire et nette et hors de tout doute raisonnable que le
10 janvier il n'y avait pas de décision qui avait été
prise.
Comment qualifier un tel comportement alors que le 3 février on
dit aux producteurs: Vous pouvez nous faire une offre, et que le 10 janvier on
avait déjà décidé que tout était
terminé et que, offre ou pas, la raffinerie serait vendue à la
compagnie Lantic? Le 6 mars, donc, un mois plus tard après cette
rencontre avec les producteurs, M. Pagé, ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation et député de Portneuf,
rencontrait à nouveau les producteurs. Le 10 mars, là aussi, il
leur donnait un certain nombre d'ouvertures, bien qu'il leur disait que cela se
présentait un peu mal, mais à cette date il y avait la signature
du protocole d'entente avec la compagnie Lantic. Il y a eu les
déclarations publiques et c'est le qu'on a appris finalement la
décision gouvernementale d'une façon officielle 6 Montréal
alors que le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation et le ministre délégué à la
Privatisation annonçaient cette décision. Alors qu'on avait
déjà dit qu'on attendrait la décision
fédérale, là on avait décidé encore une fois
de revenir sur la parole et on n'attendait plus la décision
fédérale. On procédait avant la décision
fédérale qui est venue quelques jours plus tard.
Ce qui est surtout important c'est que le 28 mars il y avait une autre
rencontre entre les représentants du syndicat des producteurs de la
betterave et le ministre, à la suite de quoi le 1er avril le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation recevait une lettre
signée par le président du syndicat des producteurs de la
betterave, M. Simon Guertin. Il y avait d'ailleurs une copie adressée au
député de Saint-Hyacinthe, M. Charles Messier. Je crois que c'est
le même député qui est intervenu tantôt. Ici, c'est
clair, d'après la lettre que le président du syndicat des
producteurs de la betterave a envoyée au ministre, qu'à
l'occasion de la rencontre du 28 mars il y a eu une nouvelle ouverture de faite
de la part du ministre. Il y a eu des espoirs qui ont été
donnés puisque le président écrit: À cette
rencontre, vous nous avez fait part de différents points de vue et,
entre autres, vous nous avez informé que vous étiez
disposé à nous vendre des actifs de la raffinerie de sucre
à certaines conditions. De plus, vous vous êtes engagé dans
les plus brefs délais à nous faire parvenir par écrit les
conditions de cette éventuelle transaction.
M. le Président, comment qualifier une telle attitude? Devant
tous ces faits pour le moins troublants quant à la façon de se
comporter et à une éthique de comportement à
l'égard des gens qui sont concernés, qui, dans certains cas, sont
engagés dans cette production depuis 20 ans ou 30 ans, comment penser
que le ministre, aujourd'hui, et ses collègues ministériels
refuseraient d'agréer à la motion que j'ai faite et refuseraient
d'entendre le syndicat des producteurs de la betterave? On tend la perche au
ministre et on lui donne au minimum l'occasion en partie de racheter son
comportement. On lui donne au moins l'occasion de prouver au syndicat des
producteurs de la betterave qu'il était de bonne foi à
différentes occasions lorsqu'il les a rencontrés. On lui donne
aussi l'occasion de se justifier et d'expliquer ce qui apparaît à
première vue assez troublant dans le cheminement critique de ce dossier,
c'est-à-dire les différentes étapes, les
différentes rencontres qui ont eu lieu, le comportement qu'on a
adopté et les propos qu'on a tenus à ces diverses occasions.
M. le Président, tout ce que j'ai dit aujourd'hui devrait
être amplement suffisant pour que le ministre agrée et qu'il n'ait
pas besoin de l'utilisation d'un long temps de parole pour dire qu'il est
d'accord avec la motion et qu'il serait prêt à inviter le syndicat
des producteurs de la betterave. Quelle est l'urgence... M. le
Président?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II vous reste moins
d'une minute.
M. Charbonneau: Quelle est l'urgence
de procéder rapidement? Aucune. Il n'y a pas de production de
betteraves cette année. Les gens n'ont pas semé. Mais il y a une
urgence: il y a une compagnie amie qui attend avec impatience d'avoir son
cadeau et sa récompense. Je pense qu'à cet égard dans son
dernier rapport annuel - je l'ai ici - la compagnie Steinberg disait que ses
placements dans Lantic étaient très intéressants. Ce n'est
pas quelques mois ou quelques semaines de plus qui pourraient déranger
la situation financière de la compagnie Lantic ni celle de la compagnie
5teinberg. En l'occurrence, le temps qu'on pourrait prendre pour écouter
ces gens pourrait peut-être permettre au ministre de revenir sur sa
décision et faire en sorte qu'on puisse éventuellement trouver
une solution qui respecte l'objectif de privatisation du gouvernement - avec
lequel on n'est pas nécessairement en désaccord,
c'est-à-dire cette philosophie différente à l'égard
des sociétés d'État - et les intérêts des
producteurs agricoles concernés et de toute une région qui se
voit durement frappée par la décision du gouvernement. Merci, M.
le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Verchères. Avant de continuer, je voudrais
clarifier une situation. Tout à l'heure, à l'article 209, on a
autorisé 30 minutes parce que c'était une question où il y
avait de motion de forme alors qu'à l'article 245 qu'on applique
couramment c'est 20 minutes mais c'est pour l'étude
détaillée article par article. Nous étions quand
même conformes avant et nous sommes conformes aujourd'hui. Nous sommes
constants. Sur cela je cède la parole. Est-ce que le ministre veut
parler maintenant ou est-ce qu'il y a d'autres intervenants?
M. Pagé: Je peux me réserver mon droit de parole
pour plus tard à moins qu'on m'indique que les députés de
l'Opposition ne veulent pas intervenir.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous avez droit a
dix minutes chacun.
M. Garon: Je peux intervenir mais si le ministre veut
répondre peut-être qu'on n'aura pas besoin d'intervenir.
M. Pagé: Peut-être.
M. Garon: Si le ministre dit oui, c'est réglé.
M. Pagé: Je vais intervenir tout de suite.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, je
cède la parole au ministre.
M. Michel Pagé
M. Pagé: En espérant que mes propos seront
suffisamment convaincants pour sécuriser l'honorable
député de Lévis.
M. le Président, cette motion était évidemment
attendue. Point n'est besoin pour moi de vous faire part du constat qui se
dégage des interventions faites jusqu'à maintenant par les
députés du Parti québécois, lesquels, il faut en
convenir, portent l'héritage - et cela, je le comprends - de leur propre
administration. À défaut d'être capables de la justifier,
ils s'acharnent à vouloir la défendre. La motion
présentée par le député de Verchères vise
essentiellement à demander au syndicat des producteurs de la betterave
à sucre de venir se faire entendre devant la commission. Un
élément qui ne me surprend pas dans cette motion, c'est
évidemment le fait que le Parti québécois, qui est un
parti qui a excellé dans l'art de convoquer des gens à de grands
débats, convoquer des gens à des sommets économiques,
è des commissions parlementaires... Ces gens-là ont
consacré plus d'efforts à la parole qu'aux actions. Je crois que
la motion que l'honorable député a plaidée - d'habitude,
il est... Je connais le député de Verchères depuis 1976,
déjà. Il a certaines qualités de parlementaire. On le
connaissait cependant et on le connaît comme plaidant parfois et
même souvent avec plus de conviction qu'aujourd'hui. Je n'ai pas reconnu
la chaleur qui anime ses propos habituels; ce sont des propos non
convaincants.
Pourquoi, M. le Président, la motion doit-elle être
rejetée? Je vais vous l'indiquer clairement. L'Assemblée
nationale a été reconstituée, si je peux utiliser le
terme, le 2 décembre dernier. Le 12 décembre, l'équipe
dirigée par l'honorable Robert Bourassa prenait le pouvoir et formait le
nouveau gouvernement à Québec, une équipe qui a clairement
indiqué sa préoccupation quant à l'affectation des sommes
importantes, de ces milliards de dollars qui sont payés en taxes et en
impôts par ceux qui besognent dur, qui travaillent fort pour
développer notre province et notre pays. On a convié les
Québécois, lesquels nous ont fait confiance de façon
très claire et très précise: 99 députés
élus au soir du 2 décembre dernier. Quelques erreurs de parcours,
évidemment, dans Verchères; il s'en est fallu de peu que le
député de Verchères ne prenne une retraite
accélérée. Mais tout cela pour vous dire qu'on a
été élus avec un mandat de revoir le rôle de
l'État, lequel s'est amplifié depuis 1976, de revoir aussi la
façon de dépenser les sommes d'argent qui nous sont
envoyées par les taxes et les impôts des citoyens et
citoyennes.
Essentiellement, on s'est convié à un objectif: faire
plus, faire mieux et mieux
administrer l'argent qui nous est envoyé. Le
précédent gouvernement passera très certainement à
l'histoire comme celui qui a ignoré tous les préceptes d'une
saine gestion des fonds publics, avec les déficits énormes qui
nous ont été livrés. On se dirigeait vers un
déficit de pas moins de 4 500 000 000 $, C'était devenu presque
régulier et normal d'avoir au-delà de 3 000 000 000 $ de
déficit avec ce gouvernement qui a augmenté le fardeau de la
dette, qui a augmenté notre dette de 500 % en neuf ans. Nous
étions administrés par des gens comme le député de
Verchères. C'est donc explicable que le déficit ait
augmenté de façon aussi substantielle. (16 heures)
Le député se réfère, et je vais
régler tout de suite la question des engagements électoraux au
cas où vous voudriez vous donner le malin plaisir, l'intime jouissance
de faire valoir les textes qui ont été produits en campagne
électorale... Ces textes sont très clairs. Lorsqu'on a
formulé de tels engagements, on les a respectés. Le chef du Parti
libéral du Québec, l'honorable Robert Bourassa, lorsqu'il s'est
rendu dans la région de Saint-Hyacinthe, en novembre 1985, a clairement
indiqué à ceux et celles qui y étaient sa
préoccupation à l'égard de la raffinerie de sucre de
Saint-Hilaire. Il a de plus fait part à ses interlocuteurs et aux
personnes qu'il a rencontrés que, pour nous, l'avenir de la raffinerie
de sucre était intimement lié et connecté même
à une politique sucrière canadienne qui avait du contenu. Une
politique sucrière canadienne qui, si elle était adoptée,
aurait permis, dans un premier temps, de rentabiliser la production de la
betterave à sucre au Canada et aussi de rentabiliser la
société d'État, cette société qui est la
raffinerie de sucre de Saint-Hilaire. C'est pourquoi j'ai
déployé, comme ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation, autant d'efforts pour sensibiliser le gouvernement
fédéral à l'obligation - non pas la possibilité -
qu'il avait d'adopter une politique sucrière canadienne permettant de
garantir la production de la betterave chez nous.
Cela n'est pas venu, malgré les rencontres avec M. Mayer,
malgré les échanges avec M. Wise. La politique sucrière
est venue sur le tard. En fait ce n'était pas et ce n'est pas une
véritable politique sucrière. À preuve, le Québec
ne produit pas de betteraves, cette année, sauf un producteur à
ce qu'on me dit. Dans l'Ouest canadien, l'Alberta ne produirait pas - selon les
informations que je possède - de betteraves à sucre cette
année. C'est donc de bonne foi et ouvertement et clairement que ces
engagements électoraux ont été formulés. Ils ont
été respectés. Je pense que, par suite de l'absence d'une
véritable politique sucrière, le gouvernement du
Québec s'est vu dans l'obligation - je le dis - de se
départir et d'enclencher le processus de cession des actions de la
raffinerie. Comme je l'ai indiqué aux travailleurs et aux travailleuses
le matin du 10 mars - si ma mémoire est fidèle - et aussi aux
producteurs au cours des nombreuses rencontres que j'ai eues avec eux, ce n'est
pas de gaieté de coeur que le gouvernement du Québec a pris une
telle décision. Cette décision a été prise à
la lumière d'un constat très clair, très évident et
très éloquent, à savoir qu'on a 115 000 000 $
d'engagements gouvernementaux. C'est de l'argent, 115 000 000 $ de taxes et
d'impôts des citoyens et des citoyennes. C'était un déficit
très appréciable. On se dirigeait vers un autre déficit,
cette année, compte tenu des prix du sucre. Nous ne pouvions continuer
à injecter des sommes aussi importantes dans un groupe financier qui a
entraîné des déboursés énormes pour une
entreprise techniquement en faillite depuis un an.
Les producteurs et le député demandent, aujourd'hui, que
cette commission suspende l'étude de ces articles pour les entendre. Or,
M. le Président, là je ne veux pas être agressif, on sait
que ce n'est pas mon genre parce que le député de Portneuf s'est
assagi avec les années. Je dois constater et dire au
député, par les propos qu'il a tenus, qu'il témoigne
très clairement du fait qu'il a n'a pas su maintenir une quantité
et une qualité données de contacts avec les producteurs. Le
député, aujourd'hui, vient traiter devant cette commission d'un
dossier qu'il ne connaît pas complètement. Le député
semble vouloir profiter de ce débat pour tenter de se positionner. Ce
n'est pas en regard du fond du problème parce que, concernant la vente,
c'est très clair, la décision est finale, sans appel et
irrévocable. J'interprète le propos tenu par le
député comme une volonté claire de se positionner dans les
journaux de son comté pour tenter de se sécuriser dans une
éventuelle élection. Bonne chance lui en soit faite! J'ai
rencontré...
Cette décision, on ne l'a pas prise à la
légère, on l'a prise à la lumière
d'échanges, dans un premier temps, avec les personnes qui, pour nous,
sont des interlocuteurs et des interlocutrices privilégiés, les
députés élus par la population, celles et ceux qui ont
été mandatés le 2 décembre pour venir
représenter les gens de la rive sud de Montréal, par exemple, de
la région de Salnt-Hilaire, de Saint-Hyacinthe. Comme ministre, j'ai eu
plusieurs contacts avec les députés - à certaines
occasions, avec même le député de Verchères -
témoignant une ouverture d'esprit de ma part. Je n'ai pas invité
seulement les députés de la majorité, j'ai même
invité le député de Verchères à venir
s'asseoir autour de la table et à
ajouter sa contribution, si tel devait être le cas, à nos
débats. Je ne reprendrai pas ici le contenu des conversations que j'ai
eues avec les députés, dont le député de
Verchères. Ce n'est pas mon genre de me référer à
des conversations dites privées que j'ai avec mes collègues, en
commission parlementaire.
J'ai effectivement rencontré les producteurs le 3 février
et à la fin de mars, le Vendredi saint, si ma mémoire est
fidèle, pour voir avec eux le cheminement de ce dossier. Je leur ai
clairement indiqué, dès le début, la situation
financière, l'analyse qu'on faisait au ministère, à
l'intérieur de notre comité. On s'était engagé
à mettre une équipe sur pied et on l'a mise en place dès
la formation de notre gouvernement. C'était une équipe de
personnes du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, qui connaissent ce dossier, qui ont suivi ce dossier et pour
lesquelles le député de Lévis a le plus grand respect. Il
y a des gens du ministère des Finances qui s'y sont aussi
associés, parce qu'ils se devaient d'être associés à
notre processus de réflexion et d'analyse.
C'est ainsi que j'ai clairement indiqué aux producteurs,
dès ma première rencontre avec eux, l'état critique du
dossier financier de la raffinerie de sucre, l'état inquiétant de
la politique sucrière ou de l'économie du sucre...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
ministre...
M. Pagé: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous devez
conclure. Autrement, il me faut le consentement à
l'unanimité...
M. Pagé: Combien me reste-t-il de temps?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On dépasse
le temps.
M. Pagé: Est-ce que j'ai pris 30 minutes?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Non. Vous avez
droit à dix minutes.
M. Pagé: M. le Président, je ne fais que
commencer.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Mais, si les
membres veulent bien, vous pourriez continuer. Si j'ai l'unanimité, vous
pourrez continuer.
Des voix: Pas de problème. D'accord.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que vous
acceptez que le ministre continue de parler plus longtemps que les dix minutes
permises?
Une voix: II n'a pas 30 minutes, lui. C'est seulement vous qui
avez...
M. Garon: Non, mais on... Des voix: Pas de
problème.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. J'y avais
bien pensé. Alors, continuez, M. le ministre.
M, Pagé: Cela semble être très
généreux mais, dans le fond, cela va dans le sens de leur
stratégie.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est pourquoi j'y
avais pensé.
M. Houde: Ils sont bien conscients de cela.
M. Pagé: M. le Président, tous les producteurs ont
été rencontrés. Dès ma première rencontre,
je leur ai dit: Ecoutez, on a formé un comité. Nous sommes toute
une équipe à étudier ce dossier. Il n'est pas certain que
la raffinerie sera maintenue ouverte. Je le leur ai clairement indiqué.
Lors de la rencontre subséquente, je leur ai fait part de notre
volonté de nous départir des actions de la raffinerie et de ses
actifs finalement, que le gouvernement sorte de ce dossier car il y avait
injecté trop de dizaines de millions de dollars. C'est à ce
stade-là que je leur ai dit: Si vous êtes
intéressés, vous pouvez déposer une offre.
À la lumière de ce commentaire, les producteurs se sont
montrés intéressés. Les producteurs, par leur syndicat de
producteurs, par la voix de leur président, M. Guertin, ont pu prendre
connaissance de toutes les données au dossier, des bilans, de toute la
notion de l'imputabilité des coûts pour faire fonctionner la
Raffinerie de sucre du Québec. Les producteurs ne peuvent pas soutenir
qu'ils n'ont pas reçu toutes les informations pertinentes pour prendre
position et porter un jugement sur ce dossier. Jugement qu'ils ont d'ailleurs
porté lorsqu'ils ont déposé une offre, qui était
peut-être intéressante pour eux, mais qui ne résistait pas
à l'analyse pour nous. Dans son offre, le syndicat confirmait qu'il
était impossible de faire fonctionner la Raffinerie de sucre du
Québec dans de telles conditions sans y injecter une somme de 15 000 000
$ par année. La preuve: le syndicat nous demandait de nous engager pour
faire en sorte que les compagnies sucrières paient aux producteurs une
indemnité de 15 000 000 $ par année pendant sept ans. On nous
disait: Après sept ans, on verra, nous ferons le lobby qu'il faudra et
on s'ajustera en conséquence.
Même les producteurs eux-mêmes, ceux qui sont, comme l'a dit
le député de Verchères, directement concernés -
c'était leur production, c'était leur gagne-pain, c'était
leur travail et pour plusieurs la production de la betterave, c'était
une valeur patrimoniale - même ces gens-là nous disaient: On ne
peut pas, à moins que vous nous donniez 15 000 000 $ par année.
Il y a à peu près juste le député de
Verchères qui, lui, croit encore qu'il était possible de
rentabiliser cela et qu'il n'y avait pas de problème. Les producteurs
eux-mêmes ont constaté que les énoncés
formulés et les analyses qu'on a faites étaient justifiés,
fondés et rigoureusement exacts.
Du député de Verchères, je disais tout à
l'heure qu'il témoignait d'une méconnaissance du dossier et qu'il
ne l'avait pas suivi. La preuve, c'est lorsqu'il s'est
référé à la rencontre du 28 mars. Lorsque j'ai
rencontré les producteurs, le 28 mars, on m'a dit: M. le ministre, vous
avez signé un protocole d'entente en vertu duquel vous cédez les
actions de la raffinerie de sucre à la société Lantic.
Vous avez déclaré que, en vertu de ce protocole, le gouvernement
et vous, comme ministre, vous vous réservez le droit de racheter les
actifs pour une somme donnée, après un certain temps. Nous
serions désireux d'acheter les équipements et nous pourrions
produire et vendre notre production aux compagnies sucrières. Par
surcroît, ce que le député de Verchères a omis de
dire, à ce moment-là - ce qui est important dans le débat
et dans le contexte - les représentants du syndicat des producteurs
avaient rencontré les représentants des députés
fédéraux de la région, lesquels, selon les dires du
syndicat, leur auraient fait part des commentaires suivants. Selon les
producteurs, les députés fédéraux se disaient
intéressés à couvrir les déficits d'exploitation de
la raffinerie s'ils l'achetaient. Alors, essentiellement, on m'a dit: M. le
ministre, ce n'est pas compliqué, cela se clarifie, nous sommes dans une
position plus avantageuse qu'avant; vous vendez à Lantic, vous nous
revendez les actifs, nous continuons à produire, nous faisons du sucre
brut et nous le vendons à Lantic. J'ai dit: Oui, c'est
intéressant. Évidemment, j'avais peu d'expérience, je me
suis enquis auprès d'eux afin de savoir quels étaient les
députés fédéraux qui s'étaient
engagés. On m'a dit: Il y a le député - je m'excuse de ne
pas connaître le nom de son comté - M. Danis qui s'est
engagé.
Une voix: Verchères.
M. Pagés M. le député fédéral de
Verchères, j'ai beaucoup de respect pour lui, mais, à ma
connaissance, il n'est pas membre du Conseil des ministres, il est
vice-président de la Chambre, il ne peut engager le gouvernement. On m'a
dit: II y a aussi
Mme la députée de Saint-Hyacinthe qui, elle, est ministre.
J'ai dit: Généralement, elle n'a pas beaucoup de budget.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Elle n'a pas beaucoup de budget, mais elle a le temps
de s'en occuper.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Pagé: J'ai dit: C'est quand même très
intéressant. Pourriez-vous, dans les plus brefs délais, m'amener
une lettre signée par un ministre qui a une responsabilité dans
ces dossiers et qui, par sa signature, peut engager des sommes importantes pour
couvrir les déficits d'exploitation à venir dans votre projet? La
réponse n'est pas venue, évidemment. La réponse est venue
du député ou du ministre régional, là-bas, M.
Bissonnette - si ma mémoire est fidèle - qui, dans une
déclaration très clairement exprimée, a utilisé le
commentaire suivant, en disant: Le provincial nous renvoie la balle. Je le dis,
je le tiens du syndicat des producteurs, ce sont les députés
fédéraux du Parti conservateur de la région qui se sont
étiré le cou dans ce dossier et qui, en ce faisant, ont
contribué à créer de faux espoirs chez les producteurs. La
réponse n'est jamais venue. (16 h 15)
Le député disait tout à l'heure: Le ministre est
revenu sur sa position le 28 mars. Le ministre n'est jamais revenu sur sa
position. La position a toujours été très claire.
Dès le moment où nous avons annoncé, mon collègue,
le député d'Outremont, ministre délégué
à la Privatisation, et moi-même, la position de notre
gouvernement, elle est demeurée la même; sauf qu'il y a eu de faux
espoirs créés par les députés conservateurs de la
région auprès des producteurs qui, je les comprends, ont cru
qu'ils se bataillaient ferme, qu'ils tentaient de tout faire ce qui
était politiquement possible pour maintenir leur entreprise; ils ont cru
aux énoncés des députés de la région, des
députés fédéraux, j'entends. Par la suite, je les
ai rencontrés le 6 avril, c'était un dimanche après-midi
très pluvieux. J'étais à Saint-Hyacinthe. C'est là
qu'on a clos le débat et qu'on s'est mutuellement confirmé la
négociation ou les échanges à venir, qui sont d'ailleurs
venus depuis et qui vont bien concernant un programme d'indemnités par
l'imputation d'une somme de 3 000 000 $ afin d'indemniser les producteurs et
les productrices.
M. le Président, je voudrais dire au député de
Verchères que sa motion, je voterai pour... Je voterai contre et pour,
pour être...
M. Charbonneau:... que le ministre vient de me faire.
M. Pagé: Je suis persuadé que mes collègues
- puisque je n'ai pas consulté -sachant pertinemment qu'ils ont bien
fouillé ce dossier, qu'ils l'ont étudié, connaissent tous
les contacts que j'ai eus avec les gens du milieu, savent qu'il est inopportun
d'entendre les producteurs et de se convier à un exercice qui serait
purement dilatoire, parce que, d'une part, je vous ai clairement dit que la
décision était finale, sans appel et irrévocable. Les
consultations pro forma, le Parti libéral du Québec, dont nous
sommes, ne s'y est jamais convié et n'a jamais appelé les gens
à venir ici pour se faire entendre pour la forme. On n'a jamais commis
ce péché et que Dieu nous garde de le commettre un jour. La
décision étant finale, on n'en a pas l'intention.
M. le Président, je vais voter contre cette motion et très
probablement que les autres commentaires que j'aurais voulu faire, je pourrai
les faire sur la prochaine motion du député.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
ministre. Maintenant, je cède la parole au député de
Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, j'ai écouté avec
attention les paroles du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, Je me suis rendu compte à quel point il y avait
confusion dans ce que le ministre invoquait, à savoir qu'il faisait plus
d'actions que de paroles et que l'ancien gouvernement faisait plus de paroles
que d'actions. Pour considérer l'action du ministre, il faut
considérer que fermer une entreprise qui fait travailler 1500 personnes,
c'est de l'action! À ce moment-là, il n'y a pas grand-chose qui
n'est pas de l'action pour le gouvernement, si on invoque dans les oeuvres
positives le fait de fermer une entreprise qui fait travailler 1500
personnes.
C'est la première fois en dix ans au Parlement et sûrement
dans les vingt années antérieures où j'ai suivi la
politique que j'entends un ministre dire: Je ferme une usine qui emploie 1500
personnes, voilà de l'action! Je n'ai jamais entendu cela. Je suis un
peu sidéré de voir ces députés - je vois ici les
députés de Saint-Hyacinthe, de Gaspé, de Prévost,
de Deux-Montagnes, la jeune députée de
Kamouraska-Témiscouata, je ne dirai pas la jeune, je pense que c'est
contre la Charte des droits et libertés de la personne, on n'a pas le
droit de tenir compte de l'âge, donc je dis la députée de
Kamouraska-Témiscouata; je ne peux pas dire non plus le plus vieux
député de Berthier, parce que là aussi je n'aurais pas le
droit en vertu de cette même charte - qui n'ont même pas
sourcillé devant les paroles du ministre. Cela est un peu
extraordinaire. On ne verra pas souvent dans l'histoire d'un peuple un ministre
dire: Je suis un homme d'action, je ferme des usines. Il faut dire que, depuis
le début de son mandat, à ce compte-là, il a
été d'action vraiment plus que nous, parce qu'il veut fermer la
Société du parc des expositions agro-alimentaires, 40 000 000 $;
il veut fermer la Raffinerie de sucre du Québec, qui vaut 135 000 000 $
ou 150 000 000 $ aujourd'hui en valeur de remplacement; il liquide les
programmes du ministère, fait réduire son budget de 54 000 000 $
et met cela dans les oeuvres positives. C'est pourquoi, dans l'histoire du
Québec, c'est sûrement la première fois qu'on voit des
actions négatives de fermeture d'entreprise dans les
réalisations.
Même Maurice Duplessis était moins entêté. Si
tout le monde se le rappelle, en 1944, Maurice Duplessis, qui avait des
amitiés particulières avec le président d'une raffinerie
de sucre, M. McConnell, pour lequel il avait une certaine amitié,
s'était engagé à fermer la raffinerie de Saint-Hilaire.
Son ministre de l'Agriculture, M. Laurent Barré, a été
assez fort pour le convaincre que ce serait une erreur même -je lisais
justement ces propos dans un volume que me prêtait le
député de Mercier, M. Godin - si, disait-il, c'est un nid de
rouges. Il faut dire que la raffinerie, qui avait été
fondée par l'ancien premier ministre libéral, M. Godbout, en
1943-1944, avait vu à faire travailler surtout des libéraux.
Même Maurice Duplessis n'a pas fermé la raffinerie bien qu'il
s'était engagé, au cours de la campagne électorale,
à le faire. Il a pilé sur son orgueil. Il s'est dit: Je ferais
une mauvais action. Il a décidé de la maintenir ouverte.
Ce qui veut dire, au fond, que l'entreprise de liquidation de cette
industrie, est une oeuvre à laquelle aucun ministre de l'Agriculture n'a
voulu, dans le passé, accrocher son nom. La raffinerie de sucre a
été maintenue ouverte sous le règne d'Adélard
Godbout, qui était premier ministre et ministre de l'Agriculture, et qui
avait fondé cette raffinerie. Elle a été maintenue ouverte
par Laurent Barré, bien que le premier ministre du temps se soit
prononcé pour sa fermeture dès 1944, deux ans après sa
fondation, pour les mêmes raisons qu'avait Robert Bourassa, qui voulait
la fermer pour ne pas faire de concurrence à l'entreprise privée.
Elle a été maintenue ouverte ensuite par le futur ministre de
l'Agriculture, M. Alcide Courcy, sous le règne de Jean Lesage. Elle a
été maintenue ouverte sous le règne du ministre de
l'Agriculture, Clément Vincent, député de Nicolet, sous
les premiers ministres de l'Union Nationale qui se sont succédé,
Daniel Johnson et Jean-Jacques Bertrand, entre 1966 et 1970. Elle a
été
maintenue ouverte sous les ministres de l'Agriculture Toupin et
Drurnmond, même si, comme le dit le ministre actuel, en 1975 le premier
ministre Bourassa voulait la fermer. Elle a été maintenue ouverte
sous le gouvernement du Parti québécois entre 1976 et 1985. Il y
a des sommes considérables qui ont été investies. Et, pour
la première fois de son histoire, un ministre de l'Agriculture veut
fermer une entreprise importante.
M. le Président, dans des circonstances comme celles-là,
on est un peu surpris parce qu'il n'est pas normal que le ministre de
l'Agriculture... Je parle sur la motion. On veut fermer une industrie qui a
été maintenue sous plusieurs gouvernements successifs, sous
plusieurs ministres de l'Agriculture, sans entendre les gens. On ne peut pas
liquider une entreprise qui emploie 1500 personnes, des emplois directs ou
indirects, sans entendre les gens, alors que personne ne demande au
gouvernement de la fermer. La vente de la raffinerie, tout le monde le sait,
équivaut à une fermeture. Il serait normal qu'on entende les
producteurs de betteraves sucrières du Québec qui, de père
en fils, oeuvrent dans cette production depuis 1944. Il s'agit d'une entreprise
qui n'est pas née d'hier, qui existait même alors que certains
députés n'étaient pas au monde, n'étaient
même pas en gestation; la raffinerie, elle, fonctionnait.
Aujourd'hui...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député, il vous reste deux minutes.
M. Garon:... on voudrait fermer cette raffinerie sans entendre
les producteurs de betteraves. Je pense qu'il est important d'entendre les
producteurs de betteraves sucrières du Québec, qui sont l'un des
deux qui ont offert d'acheter la raffinerie et qui étaient ceux qui
voulaient l'acheter pour la maintenir ouverte. Il serait aussi normal qu'on
entende en fin de commission la compagnie qui a fait une offre elle aussi mais
qui veut fermer la raffinerie, laquelle offre le ministre, par le protocole
d'entente, a manifesté l'intention d'accepter.
Motion d'amendement proposant d'entendre Sucre
Lantic
C'est pourquoi je vais faire une motion d'amendement, M. le
Président, une motion d'amendement à la motion pour consultations
particulières, laquelle se lirait comme suit: La motion pour
consultations particulières est amendée en ajoutant, à la
fin de cette motion, les termes suivants: "et la compagnie Sucre Lantic
Ltée".
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors,
M. le député, c'est un sous-amendement à l'amendement.
Une voix: Un amendement à la motion principale.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À la motion,
excusez-moi. Elle est recevable.
M. Pagé: M. le Président, M. le
député de Lévis a combien de temps?
M. Garon: Trente minutes.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est cela
M. Pagé: Trente minutes.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II a trente minutes
sur l'amendement à la motion principale.
Une voix: Si le ministre accepte, il n'y pas de
problème.
M. Pagé: On va écouter ses arguments.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, il serait absolument normal que
cette commission puisse entendre ceux qui veulent acheter la raffinerie pour la
fermer parce que nous allons nous trouver face à diverses solutions et
qu'il y a un certain nombre de questions à poser à la compagnie
Lantic qui s'approvisionne de sucre brut de canne de l'étranger.
Je réfère les spécialistes du ministère des
Finances, qui prétendent depuis longtemps que l'avenir est dans la
canne, à un article - parce qu'ils sont les seuls à penser cela;
nos spécialistes du ministère des Finances sont les seuls gens au
monde à penser que l'avenir est dans la canne - je les
réfère à un article qui vient de paraître dans le
Globe and Mail de samedi dernier. Le Globe and Mail de Toronto du
7 juin 1986, dans un article où on décrit les conditions de
travail dans la canne è sucre à travers le monde, indique que la
Ligue antiesclavagiste de Londres considère la récolte de canne
à sucre comme de l'esclavage moderne. Elle décrit les conditions
de travail d'un dénommé Jean Pierre, d'Haïti, qui travaille
dans la République dominicaine et qui est payé approximativement
70 $ américains pour huit mois de travail, douze heures par jour en
plein soleil. C'est là que nos fameux spécialistes du
ministère des Finances du Québec pensent qu'est l'avenir pour le
sucre: la canne à sucre, basée sur une production dans des
conditions féodales d'esclavage. Comment cela se passe? L'article du
Globe and Mail l'explique. Vous savez, ce ne sont pas nos journaux de
Power Corporation qui parlent de cela. Notre "prima donna" nationale,
chroniqueur économique dans le sucre, qui disait qu'il fallait
faire confiance à nos spécialistes des Finances,
évidemment il n'a rien écrit là-dessus, il n'est
sûrement pas intéressé à ce qui se passe dans les
pays où on coupe de la canne à sucre; il a sans doute
versé une larme sur le discours de mère Teresa. Excepté
qu'il n'a aucune solidarité avec des peuples qui crèvent de faim,
qui vivent dans des conditions d'esclavage comme coupeurs de canne à
sucre. Et on veut baser l'industrie du sucre au Québec sur ces
conditions. (16 h 30)
Vous savez, la République dominicaine ne fait même pas
récolter son sucre par des gens de la République dominicaine. Les
conditions de travail sont indiquées dans ce journal auquel je
réfère. Le ministère des Finances reçoit
sûrement le Globe and Mail de Toronto. Et ce n'est pas un vieux
numéro de ce journal, c'est celui de samedi dernier. On dit que la
République dominicaine a payé entre 1 000 000 $ et 2 000 000 $ au
cours des dernières années au gouvernement de M. Duvalier pour
lui faire rassembler, des années 12 000, des années 16 000... En
1985, le contrat portait sur 19 000 travailleurs d'Haïti pour lesquels la
République dominicaine paie entre 1 000 000 $ et 2 000 000 $. Mais, une
fois qu'ils sont rendus en République dominicaine, ils travaillent huit
mois, douze heures par jour; selon les récoltes cela peut être
sept, six ou huit mois. Donc, on raconte le cas de Jean Pierre qui travaillait
huit mois, douze heures par jour en plein soleil; il coupait de la canne
à sucre à la machette, comme cela a toujours été le
cas parce qu'il n'y a eu aucun développement industriel dans le secteur
de la canne à sucre. Il coupait de la canne à sucre pour 70 $
américains, c'est-à-dire à peu près 100 $ pour huit
mois de travail.
Cet article dit que, si le travailleur est malade, il n'y a pas de soin.
Il a des chances d'être fouetté pour travailler quand même.
S'il meurt, le gouvernement d'Haïti reçoit 45 $ et sa famille ne
reçoit rien. II déclare: Dans les conditions qui sont
signées entre la République dominicaine et Haïti, on dit
qu'un quinzième du salaire sera payé lorsque le travailleur sera
revenu en Haïti, parce qu'on veut s'assurer qu'il va revenir, qu'il ne
restera pas en République dominicaine. La plupart du temps, le
quinzième de son revenu pour huit mois de travail, il ne le
reçoit pas; ce montant est versé au gouvernement d'Haïti
parce qu'on s'est assuré que ce pauvre hère, qui a
travaillé comme un esclave moderne, soit bien revenu en Haïti,
qu'il ne reste pas au crochet des gens en République dominicaine. On dit
même que, cette année, les sommes d'argent ont été
versées en coupures dans deux mallettes; les 2 000 000 $ ont
été versés à Haïti, mais M. Duvalier n'a pas
pu livrer la marchandise, il a quitté Haïti. Par la suite, la
République dominicaine a tenté de faire exécuter le
contrat, mais l'Église catholique, par sa station Radio-Soleil, a
demandé aux gens de ne pas s'engager comme coupeurs de canne à
sucre en République dominicaine parce que c'était de l'esclavage.
Les gens ne se sont pas engagés. C'est ce qui a forcé
l'armée de la République dominicaine à rassembler certains
fonctionnaires à bas niveau, à rassembler aussi les Haïtiens
résidents de la République dominicaine par les forces
armées dans une forteresse et, ensuite, elle les a acheminés vers
les plantations pour récolter la canne.
C'est ce que nos fonctionnaires du ministre des Finances qui ont
préparé le rapport appellent l'avenir de l'industrie
sucrière dans le monde. Je le déplore. Je vous dis que cette
bataille commence; elle ne finit pas, elle commence. Personnellement, je vais
employer tous les moyens dont je dispose pour faire en sorte qu'on soit un peu
plus conséquents avec nous-mêmes, de la même façon
qu'hier j'ai dit: Sans doute beaucoup de sépulcres blanchis ont
pleuré quand ils ont entendu mère Teresa parler des
misères dans le monde, mais en même temps ils vont voter pour un
projet de loi qui va faire en sorte qu'on va faire venir de la canne à
sucre produite dans des conditions d'esclavage dans le monde. C'est ce genre
d'hypocrisie que nous allons fabriquer; je vais vous dire que les
solidarités internationales vont jouer, toutes les solidarités
possibles, pour faire en sorte que cela ne marche pas. Pourquoi? Savez-vous qui
sont les principaux fournisseurs? J'ai voulu le demander au ministre de
l'Environnement qui a vécu en Afrique du Sud. Il a dit: Je ne veux rien
savoir, je ne veux pas vous en parler. J'ai demandé si c'étaient
les Blancs ou les Noirs qui coupaient la canne à sucre en Afrique du
Sud, parce que c'est l'un des principaux fournisseurs du sucre d'ici. J'ai
demandé: Qui est-ce et dans quelles conditions? Il n'a pas voulu m'en
parler. J'ai eu le sentiment qu'il préférait en oublier le
souvenir. Un des fournisseurs de canne à sucre est l'Afrique du Sud. On
entend tous ces beaux discours pour la solidarité humaine, la
démocratie et, de l'autre côté, on va adopter des lois pour
faire en sorte que ces régimes corrompus de bandits, qui font de
l'esclavage dans le monde, qui réussissent à se maintenir
grâce à notre patronage, et patronage dans le sens de
clientèle, parce que nous garantissons leurs achats, alors que
même l'Église catholique en Haïti demande aux travailleurs de
ne pas travailler, par respect pour la personne humaine, dans ces plantations
sucrières... Lisez les noms pour savoir qui sont les fournisseurs de
betterave à sucre...
Une voix: De la canne à sucre.
M. Garon:... de la canne è sucre, pardon. Le Malawi, qui
n'est pas renommé pour son niveau de vie, l'île Maurice, l'Afrique
du Sud, le Zimbabwe, l'Afrique du Commonwealth - j'ai de la difficulté
è lire, c'est mal écrit - Hong Kong, le seul pays qui a un niveau
plus élevé, l'Australie, les îles Fidji, la Guyane, le
Brésil, la Colombie, le Belize, la Jamaïque et Cuba. De Cuba on
achète de moins en moins parce que tout le monde sait que ies conditions
de vie ont augmenté, à Cuba, qui peut en vendre à la
Russie à des prix plus élevés. C'est ce que cela veut
dire, la canne è sucre. Je veux dire au ministre de !'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation que toutes les analyses du
ministère des Finances que j'ai consultées étaient
basées sur la proposition que l'avenir de l'industrie sucrière,
dans le monde, c'était la canne; c'est totalement faux. Est-ce qu'on va
se rendre solidaires d'une fausseté - je n'hésite pas à le
dire -d'une incompétence criante par laquelle on a essayé
d'établir que l'avenir, dans le monde, était dans la canne
à sucre? Tous les experts que j'ai consultés, sans exception,
m'ont dit qu'un jour qui n'est pas éloigné la production de la
canne à sucre disparaîtra de la carte du globe parce qu'il n'y a
eu, au cours des années, aucune augmentation de productivité,
à moins que, comme sur les galères, celui qui dirige la troupe
fouette plus fort. On cueille la canne à sucre, aujourd'hui, dans les
mêmes conditions qu'il y a cinquante ans, cent ans, deux cents ans, trois
cents ans ou mille ans, à la machette, a l'"homme power", non pas
à l'"horse power", mais à I'"homme power", à la "personne
humaine power".
Ce n'est pas surprenant. Le seul pays -je vais vous dire une chose:
c'est un débat qui commence - à l'exception d'Israël, qui
n'a pas de politique sucrière, dans le monde, c'est le Canada.
Israël n'en a pas, parce qu'il ne produit ni betterave, ni canne. Il est
normal qu'un pays qui ne puisse rien produire dans ce domaine n'ait pas de
politique. Le Canada est le seul pays qui n'en a pas. C'est pourquoi - je n'ai
pas la réputation d'être quelqu'un qui flatte le
fédéral quand ce n'est pas nécessaire - il avait raison
d'établir sa politique comme il a voulu l'amorcer. Pourquoi? Parce que
le gouvernement fédéral a dit qu'il voulait, dans les
discussions, essayer à nouveau d'entreprendre des négociations
sur le plan international pour faire en sorte que le pacte international sur
l'industrie du sucre, le pacte de commerce international sur le sucre soit
renégocié et rediscuté. Je pense que le Canada a raison.
Pourquoi? Parce que, actuellement, dans le monde, ce que le Canada
achète, ce sont les surplus du "dumping" international. Tant qu'on
achètera des surplus du "dumping" international de cette façon,
on va permettre de maintenir l'esclavage dans des pays pauvres. Le Canada a un
rôle central à jouer parce qu'il est le plus grand acheteur de ces
surplus internationaux. C'est pourquoi la politique fédérale
annoncée le 13 mars, alors que le ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation du Québec a annoncé sa
politique de vente de la raffinerie le 10 mars... Il aurait pu attendre deux
jours pour la politique du fédéral et voir un peu les
réactions. Il était normal que le fédéral dise: Je
vais commencer par essayer de négocier une entente sur le plan
international dans le domaine de l'industrie sucrière parce qu'il serait
possible à ce moment-là, et je pense que c'est le rôle d'un
pays nanti comme le Canada, de faire en sorte que le niveau de vie des gens
dans ces pays pauvres - le Canada est capable de le faire et, avec l'accord du
Québec, il est encore plus capable de le faire parce que c'est le
principal acheteur de ce genre de sucre - soit augmenté. Le Canada a un
rôle considérable à jouer. Je vous lis la phrase du
communiqué du fédéral concernant son plan. Il disait: Pour
compléter le plan de stabilisation, le Canada continuera de chercher
à établir une entente internationale sur le sucre, pour favoriser
une concurrence loyale et la stabilité des marchés mondiaux. Cela
permettrait en même temps - ce qui devrait être un des objectifs -
que les pays en voie de développement puissent jouir d'un meilleur
revenu pour des productions de canne à sucre faites dans des conditions
misérables.
Aujourd'hui, si on pense un peu è une certaine solidarité
internationale, un pays riche comme le Canada ne devrait pas être un des
principaux exploiteurs dans le monde. Et la politique sucrière qui
existe au Canada... parce que le fait de ne pas en avoir constitue une
politique sucrière. Le fait d'acheter des surplus de "dumping"
international, c'est une politique sucrière. Quand il y a des surplus
comme il y en a actuellement et que le sucre se vend 0, 028 $ la livre, il est
évident que ce sont des conditions encore plus misérables dans
les pays pauvres que les conditions normales. La solidarité humaine la
plus élémentaire, qui fait pleurer les gens qui entendent
mère Teresa leur parler de Calcutta, eh bien, les gens qui produisent le
sucre actuellement dans la plupart des pays ont un revenu qui n'est pas plus
élevé que celui des pauvres de Calcutta. Je n'ai pas vu les
chiffres récents, mais, quand j'étais en Inde, en 1972, j'ai
regardé les revenus et le revenu d'un Hindou était de 3, 29 $ par
mois, ce qui faisait à peu près 38 $ par année. Quand on
voit aujourd'hui que le revenu d'un coupeur de canne à sucre de la
République dominicaine sera de 70 $ américains, soit à peu
près 100 $ par année, cela veut dire, si on tient compte de
l'inflation de l'argent en Inde, que ce sont les conditions les plus
pauvres.
Il ne s'agit pas seulement comme
chrétiens, et là, je ne veux pas faire de pathos, mais
quand tout le monde s'entend pour dire que mère Teresa est une sainte
vivant parmi nous, qu'on trouve cela beau et qu'en même temps, par notre
action quotidienne, on contribue à faire vivre des régimes de
bandits qui exploitent le monde et qui créent de l'esclavage... Il n'y a
pas de différence entre les coupeurs de canne à sucre aujourd'hui
dans ces pays-là et les galériens du temps des Romains qui
étaient enchaînés et qui marchaient au fouet. Il n'y a pas
de différence.
Quand on voit aujourd'hui tout ce qui se passe en Afrique du Sud tous
tes jours dans les journaux, on est dégoûté de voir la
façon de se comporter de ce gouvernement-là, mais il faut savoir
que c'est un de nos principaux fournisseurs de canne à sucre au
Québec et au Canada. Après cela, on va agir d'une façon
incohérente. C'est pourquoi je pense qu'il va être important pour
le Parti québécois de ne pas faire seulement un débat
technique, mais un débat sur la solidarité humaine, un
débat qui va faire en sorte qu'on va commencer à penser en termes
humains, en termes de solidarité, non seulement nationale,
régionale ou locale, mais internationale, pour que nous ne contribuions
pas par nos politiques... Si le gouvernement s'entête à vouloir
adopter cette politique, à fermer la raffinerie pour utiliser la canne
à sucre, il faudrait que la solidarité humaine interdise cette
façon de faire et force le gouvernement fédéral à
adopter une politique sucrière, ce qu'il est sur le point de faire.
Pourquoi? Parce que la politique sur le maïs... Actuellement, le prix du
maïs est très bas. Le gouvernement fédéral n'a pas le
choix d'intervenir. N'ayant pas le choix, pour aider les gens de l'Ontario dans
le maïs qui, à toutes fins utiles, perdent des sommes d'argent
considérables chaque année, le gouvernement fédéral
est sur le point d'intervenir. Nous avions déjà cette information
lorsque nous étions au gouvernement, au ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation. Le ministre actuel
doit aussi l'avoir. Le gouvernement fédéral va intervenir parce
qu'en Ontario l'industrie sucrière du maïs va être en
faillite. Il va devoir l'aider. S'il aide les producteurs de maïs, il
devrait aider les producteurs de betteraves également. C'est pourquoi
nous sommes convaincus que le gouvernement fédéral devra
intervenir là-dedans. (16 h 45)
Je sais que le ministre a été amené dans ce goulot
d'étranglement par ses fonctionnaires. Ce sont des fonctionnaires du
ministère des Finances qui ont essayé de présenter cette
fausse rationalisation. Il s'agissait pour le gouvernement du Québec
d'attendre et de presser le gouvernement fédéral d'intervenir
pour faire en sorte que le gouvernement fédéral adopte une
politique de développement de l'industrie sucrière de betteraves
et de maïs. La politique fédérale de vouloir avoir une
entente internationale est la bonne voie è suivre pour faire en sorte
qu'il y ait sur le plan international une solidarité qui permette
d'élever le niveau de vie des pays en voie de développement dont
une partie importante de l'économie repose sur la canne à sucre.
Cela se fait graduellement, mais ils vont tenter au cours des prochaines
années, comme ils l'ont fait au cours des dernières
années, de réduire les "acrages" en production. Il ne faut pas se
faire d'illusions, les "acrages" en production de canne sont en
réduction dans le monde et la voie adoptée par le gouvernement
fédéral était la bonne, à mon avis, parce qu'elle
permettait de travailler à faire cette entente qui serait
bénéfique pour tout le monde.
Ma motion d'amendement vise à faire en sorte que nous
rencontrions les dirigeants de l'entreprise Lantic pour discuter avec eux des
différentes propositions qu'ils ont faites et des différentes
orientations qu'ils ont l'intention d'adopter. Il est aussi important de savoir
qu'au cours des dernières années la compagnie Lantic, et j'ai
justement eu un appel téléphonique, aujourd'hui, de quelqu'un -
je n'ai pas eu le temps de vérifier - qui me disait qu'il y a quelque
temps encore le sucre coûtait 1, 49 $ le kilo et que récemment il
était à 3, 49 $ le kilo. C'est évident que la
concentration de l'industrie a principalement été
réalisée par l'entreprise Lantic au cours des dernières
années. On se rappellera que les actionnaires de Cartier à
Montréal, une fois après avoir vendu Cartier, ont investi dans la
compagnie Sucre Lantic. Par la suite, Sucre Lantic a acheté la compagnie
Westcane en Ontario. Selon la rumeur publique dans le secteur, Westcane serait
fermée. Pourquoi? Pour des raisons rationnelles, parce que Westcane est
apparemment une entreprise moins bien située. Ensuite, la compagnie
Lantic, qui produit surtout à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, a
décidé d'acheter Sucre Saint-Laurent à Montréal,
qui est l'entreprise la mieux située le long du fleuve Saint-Laurent.
Ensuite, il y a l'ambition de la compagnie Lantic d'acheter la Raffinerie de
sucre du Québec pour la fermer.
Cela fait plusieurs fermetures au cours des dernières
années, ne trouvez-vous pas? Fermeture de Cartier, fermeture,
maintenant, de la Raffinerie de sucre du Québec et éventuellement
fermeture de Westcane. C'est quoi l'idéal et le modèle à
suivre? Est-ce d'arriver à une seule entreprise? II restera, à
toutes fins utiles, dans ce type de raffinerie - si on élimine le
fructose ou le sucre produit à partir du maïs en Ontario -Redpath
à Toronto, Lantic à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick et Sucre
Saint-Laurent à Montréal. Les consommateurs se rendront
compte qu'on est en train de créer un monopole. Il serait pour le
moins important que les gens de la commission rencontrent également les
gens de la compagnie Lentic pour discuter avec eux de leur intention, parce que
ce à quoi nous sommes conviés dans l'étude de ce projet de
loi, pour employer les termes du ministre, c'est à adopter un projet de
loi pour vendre la Raffinerie de sucre du Québec à une entreprise
qui a fermé plusieurs entreprises au cours des dernières
années ou qui vise à fermer plusieurs entreprises.
Est-ce le rôle du gouvernement de créer un monopole par son
action? II avait deux offres d'achat: l'offre d'achat des producteurs de
betteraves, l'offre d'achat de Sucre Lantic. Il serait normal que l'entreprise
qui veut faire l'achat d'une compagnie et qui a voulu signer une entente se
sente l'obligation - elle aurait dû le demander elle-même - de
venir rencontrer les gens de cette commission. Nous sommes des parlementaires
et normalement, notre but c'est de protéger le public. Est-ce que cette
transaction est d'intérêt public? Est-il bon pour
l'intérêt public que cette transaction se fasse? Cette question
est importante et ne recevra pas de réponse, sûrement, si nous ne
rencontrons pas les personnes qui ont un rôle à jouer dans cette
transaction, soit le rôle principal, celui d'être les acheteurs. De
la même façon, nous devrions rencontrer l'autre groupe qui a
offert d'acheter, et nous demander de quelle façon les
intérêts de la collectivité seront les mieux
réalisés dans les offres qui peuvent être acceptables par
le gouvernement. Il ne faut pas se tromper, le gouvernement n'était pas
obligé de vendre à Lantic. Les parlementaires ne sont pas
obligés d'entériner le protocole d'entente qui a
été signé par le ministre de l'Agriculture.
Peut-être que la meilleure chose pour le ministre de l'Agriculture serait
qu'on le sorte de ce guêpier en ne votant pas la vente de la Raffinerie
de sucre du Québec.
L'histoire se rappellera qu'il y a eu des parlementaires courageux qui
ont joué leur rôle et qui ont fait en sorte qu'une mauvaise
décision ne devienne pas une réalité. Tout cela est
possible. Nous allons étudier ce projet de loi aujourd'hui, demain et,
sans doute, au début de la semaine prochaine. Nous avons le temps de
nous faire une opinion. Il serait bon que les députés membres de
cette commission écoutent leur conscience plutôt que de suivre la
phrase de Laborit qui disait: Ecoutant sa conscience qui ne lui disait rien, il
s'écria: Courage, fuyons! Les parlementaires devraient, au contraire,
écouter leur conscience et se demander si leur conscience leur dit
d'approuver un tel projet.
Le principal reproche que je ferai au ministre de l'Agriculture dans
cette affaire, c'est d'avoir agi trop rapidement. C'est un dossier très
complexe. Pour y avoir travaillé pendant neuf ans, je ne pense pas que
ce soit un dossier, dans le cours des occupations d'un ministre de
l'Agriculture, pour lequel il aurait eu le temps de trancher, en prenant le
pouvoir le 13 décembre, en ayant eu le temps d'aller en ski au temps des
fêtes, de se casser une jambe, ce qui l'a rendu immobile pendant un
certain temps... Il n'a pas eu tout le temps disponible dont il aurait eu
besoin.
M. Pagé: Quatre jours!
M. Garon: Je comprends que cela a pris seulement quelques jours,
mais cela l'a affecté. Je suis persuadé que, quand il nous a
annoncé sa politique le 10 mars, il n'avait pas eu le temps
d'approfondir ce dossier.
M. Pagé: On ne décide pas à coups de pied,
nous autres.
M. Garon: Ce n'est pas le genre de dossier qu'on peut approfondir
en quelques jours. Cela demande une longue période de réflexion.
Cette longue période de réflexion, il ne l'a pas eue. Les
parlementaires ont le devoir de se renseigner davantage. Je pense qu'il faut
utiliser les heures et les jours qui viennent pour bien approfondir ce dossier
et non pas que les députés ministériels fassent une "job"
de "suiveux" en disant: On nous commande de voter, on va "tenir" le temps et on
va voter. Si notre règlement avait voulu qu'il en soit ainsi, il y
aurait des machines à voter du côté des
députés ministériels. Si, du côté des
députés, il n'y a pas de liberté, s'il n'y a pas
d'argumentation, s'il n'y a pas d'études, on est aussi bien d'amender
notre règlement et de dire: Le ministre sera accompagné de
machines à voter. Ainsi la solidarité jouera tout le temps. Il ne
sera pas nécessaire d'avoir des députés bien pensants mais
des députés "bien votants".
M. le Président, j'ai présenté cette motion
d'amendement pour faire en sorte que Sucre Lantic soit invitée à
venir nous rencontrer pour que nous puissions lui poser des questions sur ses
intentions et faire le tour de la question. Je vous remercie, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Lévis. Oui?
M. Houde: Seulement une question bien courte. Je voudrais
demander à l'ancien ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation pourquoi il n'a pas adopté ce projet de loi avant qu'il
soit sorti comme ministre. C'était dans son temps, la machine à
voter. J'ai été quatre ans et demi à les voir voter comme
une machine, comme un
robot. On pesait sur un bouton et: un, deux, trois, quatre, cinq, six,
sept, huit. On n'en n'avait pas assez? Attendez, on va aller en chercher
d'autresi On n'en n'avait pas assez pour renverser l'Opposition? On
était présents nous, quand il y avait des discussions. Attendez,
on va encore aller chercher des députés! II nous en manque pour
pouvoir peser sur le boutonl C'était votre temps, cela.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député. Il reste actuellement trois minutes et je cède la
parole...
M. Pagé: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous
écoute, M. le ministre.
M. Pagé: On va entendre les propos de mon cher
collègue de Dubuc. Parce que j'ai aussi perdu mon droit de parole.
Le Président (M. Tremblay, Iberville):
Évidemment.
M. Pagé: Je me sens en sécurité quand vous
êtes là, M. le Président,
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Évidemment.
Il nous reste trois minutes et ensuite nous allons suspendre jusqu'à ce
soir, 20 heures.
M. Desbiens: M. le Président, on peut suspendre tout de
suite, si vous préférez. Le ministre doit aller à
l'Assemblée nationale.
Le Président (Mo Tremblay, Iberville): On suspend? Il ne
reste que deux minutes.
M. Pagé: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II reste deux
minutes.
M. Pagé: Oui, on va suspendre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Mesdames et
messieurs, nous allons suspendre...
M. Pagé: M. le Président, je me réserve,
dès le retour à 20 heures, d'intervenir dans les meilleurs
délais immédiatement après le député de
Dubuc.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Pas de
problème.
M. Pagé: Parce que, dans ce que l'honorable
député de Lévis a dit, il y a des choses qui m'ont
surpris.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très bien,
M. le ministre. Nous suspendons nos travaux jusqu'à ce soir, 20
heures.
(Suspension de la séance à 16 h 55)
(Reprise à 20 h 27)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Mesdames et
messieurs, je déclare la séance de la commission de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation ouverte. Cet
après-midi, nous étions rendus à l'intervention du
député de Dubuc sur...
M. Desbiens: Je ne sais pas, c'est parce que cela a fini
embrouillé.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le ministre,
aimeriez-vous parler tout de suite ou voulez-vous attendre? D'accord.
M. le député de Dubuc, je vous cède la parole sur
l'amendement à la motion. Voulez-vous que je la relise?
M. Desbiens: Oui, ce serait bon.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II y avait une
motion d'amendement... La motion était: "Que la commission tienne, avant
d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi 85, Loi
sur la vente de la Raffinerie de sucre du Québec, des consultations
particulières quant à tous les articles dudit projet et
qu'à cette fin elle entende le Syndicat des producteurs de betteraves
sucrières du Québec. " L'amendement est: "et la compagnie Sucre
Lantic Ltée. " C'est sur cet amendement que nous discutons
présentement. La parole est au député de Dubuc.
M. Hubert Desbiens
M. Desbiens: Merci, M. le Président. Nous sommes
réunis pour étudier ce projet de loi 85 qui prévoit entre
autres des modifications à la Loi sur la Raffinerie de sucre du
Québec qui permettent la vente des actions de cette
société à des intérêts privés.
Ce n'est quand même pas la dernière chose, la Raffinerie de
sucre du Québec, cela fait quelque 43 ans que cela existe, que cela a
été créé au Québec. Mon collègue, le
député de Lévis, qui a présenté l'amendement
à la motion principale pour faire comparaître ici en commission,
afin de la consulter et de l'entendre, la société Lantic... M. le
Président...
Une voix: Les enfants sont encore à l'école...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vois qu'on vous
dérange, M. le député.
M. Desbiens: C'est cela. Mes collègues...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On va mettre de
l'ordre à la séance.
M. Desbiens: Mes collègues m'indisposent.
M. Jolivet: C'est un bill en anglais. Ils lui donnent un bill en
anglais.
Une voix: Cessez ces facéties.
M. Desbiens: Excusez-moi. M. le Président, la Raffinerie
de sucre du Québec est un actif qu'on évalue aujourd'hui à
quelque 150 000 000 $. C'est un actif qui appartient au peuple du
Québec. Cela n'appartient pas au ministre de l'Agriculture ou au
gouvernement actuel ni à aucun gouvernement de tout temps. En
conséquence, si le gouvernement décide de se départir de
cet actif, il doit demander, par le projet de loi 85 qui amende la loi sur la
raffinerie, l'autorisation aux représentants du peuple que sont tous les
députés de l'Assemblée nationale. M. le Président,
c'est bien évident aussi, en tout cas, en ce qui me concerne... Je sais
qu'il y en a qui sont plus versés que moi en agriculture parmi mes
collègues libéraux, entre autres, qui siègent ici. Il
reste que je serais porté à croire que, pour l'étude d'un
projet de loi de cette importance, il serait sans doute avantageux pour eux,
comme pour nous de ce côté de la table, d'avoir les meilleures
informations possible, les informations les plus exactes et les plus
complètes possible qui nous permettent d'exercer notre jugement au nom
du peuple québécois. C'est en son nom que nous sommes ici.
Dans ce sens, la motion principale qui vise à faire
comparaître, pour consultation particulière, le Syndicat des
producteurs de betteraves sucrières du Québec, comme l'amendement
apporté par mon collègue de Lévis, visant à faire
comparaître la société Lantic, m'apparaissent
nécessaires - en tout cas pour moi, dans l'état de ma
connaissance du dossier - pour être en mesure de porter un jugement
éclairé sur le projet de loi qui nous est présenté
et sur l'action qu'entend mener le gouvernement au sujet de la Raffinerie de
sucre du Québec. Il m'apparaît important de pouvoir entendre les
deux groupes qui ont manifesté un intérêt très
évident pour l'acquisition de cette raffinerie, dont le gouvernement...
Je ne juge pas si c'est bien ou non que le gouvernement décide de
privatiser la raffinerie. S'il a décidé de le faire, c'est son
privilège, mais c'est son devoir aussi de demander l'autorisation de
l'Assemblée nationale. C'est ce qu'il fait en présentant son
projet de loi. Pour que l'Assemblée nationale soit en mesure de bien
jouer son rôle, il est important d'avoir les informations suffisantes.
Qui mieux que ceux qui vivent de la production même des betteraves
sucrières, c'est-à-dire le syndicat des producteurs de
betteraves, qui mieux que la société Lantic peuvent nous faire
part de leurs vues sur la privatisation ou sur la non-privatisation de la
raffinerie et, dans le cas des producteurs de betteraves à sucre, de
façon particulière évidemment, sur les conséquences
que cela peut avoir sur leur syndicat et les membres, c'est-à-dire les
agriculteurs qui produisent de la betterave à sucre. Dans le cas de la
société Lantic, qui fait l'objet de l'amendement du
député de Lévis, on pourrait la questionner sur les
propositions qu'elle a soumises au ministre, au gouvernement du Québec.
Parce qu'il s'agit là d'un actif qui appartient au peuple
québécois, je pense que la population, par l'entremise de ses
députés, a le droit de savoir quelles sont les
conséquences de l'acquisition par Lantic, de cette privatisation et
quelles sont donc, par conséquent, les orientations de cette
société, afin de nous rassurer et de rassurer la population. Il y
a un danger évident qui a été souligné par mon
collègue de Lévis, cela va toucher toute la population du
Québec. Qui ne consomme pas du sucre?
Il y a une chose qu'on connaît; je croîs que dans les
années 1973-1974, au gouvernement fédéral, il y a eu - je
n'ai pas suivi tout le détail - une étude, je crois,
sénatoriale, à Ottawa, ou une enquête sur la formation de
monopoles dans l'industrie du sucre. On se souvient que le sucre a
grimpé, à un moment donné, à au-delà de 0,
60 $ la livre, à l'époque, il y a déjà plus de dix
ans; si on pense à l'inflation, cela voudrait dire, aujourd'hui,
peut-être 1 $ la livre. Il y a un danger certain. Qu'est-ce qui va rester
au Québec comme producteurs de sucre? Cela va être Lantic et
Redpath. Quand on sait que Lantic avait déjà fait
disparaître ou avait assimilé, si je peux dire, une autre
compagnie du Nouveau-Brunswick, eh bien, il y a sûrement là
possibilité qu'il y ait formation d'un monopole, d'un cartel du sucre.
Les répercussions, à ce moment-là, seront importantes si
on le laisse se former, si on participe à la formation de ce cartel.
Alors, ce sera sûrement important pour... Cela aura des
répercussions fâcheuses, d'abord, pour les consommateurs, donc
pour la population du Québec. Alors, il est important d'avoir
l'éclairage du Syndicat des producteurs de betteraves sucrières
du Québec, de même qu'il est important d'avoir des consultations
avec la société Lantic. Ce sont les deux groupes qui se sont
manifestés en tout premier lieu.
Il y a un autre groupe qu'il serait important d'entendre, à cause
du rôle journalier d'administrateur qu'il joue dans la
Raffinerie de sucre du Québec, donc des gens qui connaissent
exceptionnellement le domaine, afin qu'ils puissent venir faire part de leurs
lumières, de leurs connaissances à tous les membres de cette
commission, ce serait la haute direction de la Raffinerie de sucre du
Québec.
Je terminerai en faisant un sous-amendement à la proposition
d'amendement de mon collègue, le député de
Lévis...
Une voix: C'est bien!
M. Desbiens:... pour que nous puissions aussi entendre la haute
direction de la Raffinerie de sucre du Québec.
Une voix: Bravo!
Sous-amendement proposant d'entendre la haute
direction de la RSQ
M. Desbiens: Ma motion se lirait comme suit: Que la motion
d'amendement du député de Lévis soit modifiée en
ajoutant, à la fin, les termes "et la haute direction de la Raffinerie
de sucre du Québec".
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, en
sous-amendement, "et la haute direction...
M. Jolivet: M. le Président, il y a des gens devant nous
qui font des gestes qu'on qualifie de débiles. Je n'aime pas bien
cela.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je m'excuse, je ne
les ai pas vus.
M. Jolivet: Je fais juste dire que le député qui
est debout, qui n'est même pas à son siège, a des gestes
incongrus.
Le Président (M. Tremblay, Iberville):
Messieurs».
M. Jolivet: Je dirai son nom si j'ai besoin un jour, surtout
qu'il vient de Saint-Hyacinthe.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs, s'il
vous plaît! À l'ordre! Le sous-amendement se lirait comme suit,
à la suite de l'amendement "... la compagnie Sucre Lantic Ltée et
la haute direction de la Raffinerie de sucre du Québec". Exact? On me
suit?
M. Jolivet: On suit, certain.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est recevable.
Messieurs, vous avez la parole.
M. Desbiens: M. le Président, à moins que le
ministre accepte tout de suite le sous-amendement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous n'étiez
pas... Alors...
M. Pagé: Je m'excuse, M. le Président, pour le
bénéfice du Journal des débats, j'étais en
train d'échanger avec mes collègues sur l'ordre d'intervention de
chacun et de chacune de mes collègues.
M. Jolivet: Parfait.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. Voici,
pour votre information, M. le ministre, c'est qu'il y a un sous-amendement de
présenté...
M. Pagé: Oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): ... qui ajoute,
après l'amendement - vous saviez que l'amendement était "et la
compagnie...
M. Pagé:... Sucre Lantic Ltée. "
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Exact. Maintenant,
le sous-amendement, c'est: "et la haute direction de la Raffinerie de sucre du
Québec. "
M. Pagé: M. le Président, j'ai presque envie de
faire une motion pour détail, parce que j'aimerais demander au
député de Dubuc comment il définit la "haute
direction".
Une voix: II va l'expliquer.
M. Pagé: S'il y a la haute direction, il y a probablement
la basse direction. Qui la haute direction implique-t-elle? Cela part du
président? Est-ce le conseil d'administration, les directeurs de
service? J'aimerais bien vous entendre, M. le député de Dubuc, de
façon à nous éclairer davantage avant qu'on prenne
position comme gouvernement.
Le Président (M. Tremblay (Iberville): La parole est au
député de Dubuc.
M. Desbiens: Merci. Je comprends que le ministre n'est pas
disposé à accepter immédiatement mon sous-amendement.
M. Pagé: Pour le bénéfice du Journal des
débats, je fais signe que non avec ma tête.
M. Hubert Desbiens
M. Desbiens: J'ai mentionné au départ que le geste
qu'a décidé de poser le gouvernement vise, évidemment,
à liquider ou è vendre un actif qui appartient a la population du
Québec. C'est peut-être une
bonne chose, M. le Président. Nous, nous ne le croyons pas, pas
nécessairement. Toutefois, nous jugeons que nous n'avons pas les
informations suffisantes pour être en mesure d'évaluer le geste
que le gouvernement s'apprête à poser par son ministre de
l'Agriculture.
Il pourrait très bien arriver qu'à la fin de
l'étude du projet de loi, si nous obtenons des informations suffisamment
éclairantes, informations que le ministre, sans doute, n'est pas
lui-même en mesure de fournir si je me fie à la réponse
qu'il a faite à mon collègue de Verchères cet
après-midi... Il serait donc d'autant plus important que nous puissions
entendre les personnes directement impliquées, soit les producteurs de
betteraves sucrières du Québec, la société Lantic
qui fait elle-même une proposition - qu'elle vienne présenter ses
orientations, dire ce qu'elle va faire avec cette société qui
appartient au peuple, que le gouvernement est disposé à lui
vendre, si on peut appeler cela une vente; on pourra reparler de cet aspect
ailleurs - de même que la haute direction de la Raffinerie de sucre du
Québec.
La haute direction d'une entreprise, dans mon esprit en tout cas - ce
n'est peut-être pas le langage châtié du ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, mais je pense que
c'est clair un peu pour tout le monde - c'est habituellement le conseil
d'administration, le président et les principaux directeurs de service.
On sait que ces gens, à la direction de la Raffinerie de sucre du
Québec, sont parmi les gens d'affaires les mieux formés dans le
domaine, non seulement au Québec, mais on pourrait, je crois, les
comparer avantageusement à ceux d'autres sociétés
semblables au Canada et sans doute ailleurs. Ces gens ont eu, depuis 40 ans -
pas tous, évidemment, mais à des époques
différentes; il y a sans doute eu des renouvellements - à vivre
les difficultés et le développement de cette entreprise. Ils ont
été appelés à produire des rapports. Ils ont
été appelés à produire des analyses sur la
Raffinerie de sucre du Québec. Ils ont fait de nombreuses rencontres,
non seulement au Québec et en Amérique, mais également
lors de visites faites pour poursuivre leurs études et s'assurer de la
valeur de leurs recherches un peu partout dans le monde. Ils ont eu l'occasion
de discuter et d'étudier avec des intervenants de France, par exemple,
ils ont été en mesure de vérifier la valeur des
données. Ce sont des experts dans le domaine. (20 h 45)
Comme on le sait, il y a deux thèses qui se sont constamment
affrontées au moins ces dernières années, à ma
connaissance. L'une est en faveur d'une vente de la Raffinerie de sucre du
Québec et est défendue par des fonctionnaires du ministère
des Finances. Il y a eu aussi l'autre thèse qui est celle des dirigeants
de la haute direction de la raffinerie de sucre qui ne sont pas dans
l'abstrait, mais dans le vécu des difficultés et de
l'administration de la raffinerie de sucre. Ce sont des experts dans leur
domaine. Ces gens ont préparé et avaient même prévu,
à la suite d'analyses, d'études, comme je le disais tantôt,
qui ont été menées jusqu'en Europe, un plan de
développement différent de la Raffinerie de sucre du
Québec. C'est un plan où, selon eux, la Raffinerie de sucre du
Québec pouvait, à certaines conditions, être rentable.
Donc, il y a deux thèses qui s'affrontent. Si, aujourd'hui, le
ministre choisit, tranche en faveur d'une des deux thèses, il serait
important pour les parlementaires de pouvoir écouter quelles sont les
argumentations qui ont été soumises par ces experts de la
Raffinerie de sucre du Québec, experts dans leur domaine. C'est cet
organisme public, comme beaucoup d'autres, d'ailleurs, qui a permis au
Québec l'éclosion d'une fournée d'administrateurs, de
scientifiques, de femmes d'affaires. On sait que, dans un autre secteur, par
exemple, le gouvernement veut faire la privatisation d'une partie de SOQUEM,
par la formation de Cambior, où on retrouve cette fournée
d'administrateurs québécois d'excellente qualité qui font
la preuve de l'excellence et de la capacité d'atteindre les paliers les
plus importants, les paliers supérieurs, soit dans l'administration, la
finance, etc.
Je pourrais continuer l'énumération; vous le savez aussi
bien que moi, je pense que mes collègues le savent. Par exemple, dans le
domaine de l'hydroélectricité, on sait tout ce que la
société hydroélectrique nationalisée
Hydro-Québec a pu apporter d'ouvertures à nos jeunes
Québécois et Québécoises qui ont pu atteindre un
niveau d'excellence qui en fait aujourd'hui des gens qui sont recherchés
partout dans le monde. Ces dirigeants de la Raffinerie de sucre du
Québec ont aussi atteint ce niveau d'excellence et il me semble que
c'est extrêmement important que ces gens puissent apporter aux membres de
cette commission les lumières qu'ils ont, ce qu'ils avaient
envisagé comme plan de développement pour la Raffinerie de sucre
du Québec.
Une fois en connaissance des deux aspects, c'est-à-dire la
thèse soutenue par le ministre de l'Agriculture, appuyé en cela
par les fonctionnaires du ministère des Finances, et également la
thèse soutenue par les dirigeants de la raffinerie de sucre, je crois
que chacun et chacune des parlementaires ici auraient au moins la conscience,
peu importe la décision finale que le gouvernement pourra prendre,
d'avoir véritablement accompli le travail, la tâche pour laquelle
le peuple québécois nous délègue ici.
J'ai entendu le ministre cet après-midi, et je dois dire que cela
m'a peu surpris de voir ce qu'il a donné comme réponse à
l'argumentation de mon collègue, le député de
Verchères, qui défend un dossier qui lui tient à coeur
depuis longtemps et dont je sais qu'il aurait sûrement obtenu du
succès...
M. Messier: Le député de Verehères est
absent.
M. Jolivet: II n'est pas absent, il est en Chambre. Il a
été convoqué pour la loi sur les rentes du Québec.
Vous devriez connaître cela vous. Mesquinerie.
M. Desbiens: C'est mon droit de parole.
M. Jolivet: II est mesquin, le député de
Saint-Hyacinthe.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À l'ordre,
s'il vous plaît, messieurs!
M. Desbiens: M. le Président, je disais que je regrettais
la façon dont le ministre a abordé l'étude de son projet
de loi cet après-midi. Tout ce qu'il a produit comme argumentation, cela
a été de dire: On est pris avec un héritage du PQ. Nous,
on fait une bonne administration et, s'il y a des problèmes en plus de
cela, c'est parce que les députés fédéraux se sont
étiré le cou là-dedans et qu'ils ont créé de
faux espoirs. C'est la base de son argumentation. Il dit -cela m'a paru plus
déplorable: Nous autres, les députés, ici, voulant dire:
On ne parlera pas là-dessus parce que c'est réglé, c'est
irrévocable, c'est une décision finale. C'était presque un
signe. Je me suis posé la question, à savoir s'il voulait dire
à ses députés: Ne vous ouvrez pas la trappe
là-dessus, vous n'avez pas d'affaire à parler.
M. Camden: Question de privilège, M. le
Président.
M. Desbiens: II n'y a pas de question de privilège en
commission parlementaire.
M. Camden: Je n'ai nullement été
bâillonné par mon ministre, je suis libre de parler.
M. Jolivet: II n'y a pas de question de privilège en
commission parlementaire. Il parlera en son temps.
M. Desbiens: C'est une question d'ailleurs...
M. Jolivet: II montrera qu'il a vraiment le droit de parole.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Desbiens: En entendant parler de cette décision finale,
irrévocable, puisqu'il n'a pas soumis d'argumentation autre qu'une
argumentation politique partisane, cela m'a rappelé ce que je lisais
l'autre jour, une parole qu'on attribue à Napoléon 1er: Ma
maîtresse, c'est le pouvoir. J'ai trop fait pour sa conquête pour
me le laisser ravir ou souffrir même qu'on le convoite. Quoiqu'on dise
que le pouvoir m'est venu comme de lui-même, je sais ce qu'il m'a
coûté de peine.
Cela m'a rappelé cette phrase qu'on attribue à
Napoléon 1er. Je ne sais pas si c'est vraiment lui qui l'a dite.
M. Pagé: Je m'excuse. Puis-je soulever une question de
règlement ici? Est-ce que le député pourrait parler pour
se faire entendre? Je ne vous comprends pas, M. le député.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On peut remonter le
son là-bas.
M. Pagé: Vous ne pouvez approcher le cornet? Pourriez-vous
remonter le son pour M. le député?
M. Desbiens: Non, c'est pour M. le ministre.
M. Pagé: Ce n'est pas pour moi, on ne vous entend pas.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs, s'il
vous plaîtl Continuez, M. le député.
M. Desbiens: Cela serait pourtant bien important qu'il
m'entende.
M. Jolivet: Surtout qu'il comprenne.
M. Desbiens: Oui.
M. Pagé: Vous êtes en train d'expliquer quelque
chose qui semble intéressant.
M. Desbiens: Est-ce que M. le ministre comprend bien? On va
s'assurer que le son est bon.
M. Pagé: Vos décibels sont adéquats,
Hubert,
M. Desbiens: Merci. Je disais que je déplorais la
façon dont le ministre a répliqué cet après-midi
à la motion de mon collègue de Verchères. Au lieu de nous
servir des renseignements ou des arguments basés sur les faits se
rapportant directement à l'objet du projet de loi, il a fait une
intervention strictement partisane en rappelant: C'est l'héritage du
Parti québécois. On est des bons administrateurs; on va
régler cela.
Après, ce sont les députés fédéraux
qui se sont mis le nez là-dedans; ils ont créé de faux
espoirs. J'espère que le ministre m'entend bien.
M. Pagé: Oui.
M. Desbiens: Ce qui m'a davantage surpris de sa part - c'est le
que je me suis même posé une question - c'est la remarque faite en
ces termes: Nous, de ce côté-ci, on a travaillé
là-dessus et on sait à quoi s'en tenir; tous les
députés savent à quoi s'en tenir et notre décision
est finale et irrévocable. Il ne l'a pas dit, mais cela signifie: Parlez
tant que vous voudrez. On ne parle pas là-dessus. On n'a rien à
dire. Cela m'a amené à poser la question: Est-ce que c'est
prévu? Au lieu d'organiser le tour de parole de ses collègues du
gouvernement, il aurait plutôt organisé le tour de non-parole.
Cette approche du ministre de l'Agriculture me déçoit,
bien sûr. Je trouve qu'elle n'est pas du tout conforme à ce que
l'on a entendu depuis le début de ce nouveau gouvernement et dans le
discours d'ouverture de la vice-première ministre du Québec, qui
avait très bien indiqué que ce nouveau gouvernement ferait une
place plus importante au rôle des députés et à leur
fonctionnement, qu'il y aurait peut-être moins de lois, mais que l'on
prendrait le temps de les étudier à fond. Cela n'est pas mot
à mot, mais c'est le sens de ce que l'on retrouvait lors du discours
d'ouverture de ce gouvernement.
M. Pagé: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous
écoute, M. le ministre.
M. Pagé: Je comprends. J'ai écouté avec
beaucoup d'attention, une fois qu'il est devenu audible, le
député de Dubuc. J'apprécierais qu'il cesse de faire
référence à la haute direction de notre caucus que sont
les honorables députés et qu'il en revienne à la haute
direction de la raffinerie.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, si vous
voulez bien poursuivre, M. le député, et rester le plus pertinent
possible.
M. Desbiens: Je pense que vous avez compris que cela
n'était pas une question de règlement.
M. Pagé: Cela n'est pas du tout pertinent ce que vous
dites. C'est regrettable.
M. Desbiens: Oui, c'est pertinent.
M. Pagé: Non.
M. Desbiens: C'est suffisant de toute façon. Il
n'appartient pas au ministre...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, M. le
député, s'il vous plaît!
M. Desbiens:... M. le Président, d'en décider. Je
sais que vous êtes de ceux qui veulent participer très activement
à la préparation de nos lois et que vous appliquez
généralement très bien le règlement de
l'Assemblée nationale. Mes propos sont pertinents parce que c'est la
façon dont le débat se déroule et on essaie d'obtenir par
une motion et deux amendements que les membres de cette commission... Je me
considère comme député de la même façon que
mes collègues du Parti libéral et je me considère sur le
même pied qu'eux, comme eux sans doute de la même façon, et
nous avons droit...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député, personne ne met cela en doute. Si vous voulez
procéder sur votre sous-amendement.
M. Desbiens: Ce que je veux dire répond à ce que le
ministre a dit. Donc, s'il faut que l'on ne se parle plus, même entre
députés, que l'on soit d'un côté ou de l'autre, cela
sera grave tantôt si on ne peut pas s'adresser la parole...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député, il ne faudrait pas soulever de débat avec cela. Si
vous voulez, s'il vous plaît... (21 heures)
M. Desbiens: Non, mais c'est relié, parce que la
façon dont le débat est engagé par le ministre, cela
intervient directement dans le rôle du député à
l'Assemblée nationale et dans les commissions. Quand on demande, par
notre motion, de pouvoir obtenir des renseignements des autorités qu'on
croit être celles qui pourraient nous donner cette information,
puisqu'elle ne nous vient pas du gouvernement, je pense qu'il appartient aux
députés de décider de cela. Cela n'appartient pas au
ministre. Autrement, ce serait une négation complète de notre
rôle. Ce que j'essaie de démontrer, c'est la tentative ou le
souhait que formule très fermement le ministre: que ces débats
soient limités, que le moins de monde possible intervienne. Cela
vient...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît, M. le député, si vous voulez revenir...
M. Desbiens:... empêcher...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II faut revenir,
s'il vous plaît, cela ne donne rien d'émettre des opinions qui
suscitent...
M. Desbiens:... les députés...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): ... des
débats qui sont en dehors de notre rôle qui est d'étudier
le sous-amendement. Alors, s'il vous plaît, revenez à la...
M. Desbiens: Je reviens à la motion, à mon...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît.
M. Desbiens:... point de départ.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très
bien.
M. Desbiens: C'est d'entendre tous les groupes, comme le Syndicat
des producteurs de betteraves sucrières du Québec, comme la
compagnie Lantic et comme la haute direction de la Raffinerie de sucre du
Québec, son conseil d'administration, ses directeurs de service,
lesquels groupes sont en mesure de nous apporter les réponses aux
questions ou la démonstration des thèses qui sont
défendues quant a l'avenir de cette société, la Raffinerie
de sucre du Québec. Cela me semble très pertinent, M. le
Président. Quand je relie le fonctionnement de nos commissions et celui
de l'Assemblée, le rôle des députés à
l'Assemblée nationale, à cette motion...
Le ministre, dès sa première réplique, aurait eu
l'occasion de nous faire une démonstration des arguments - il en a
sûrement, mais il ne l'a pas fait à ce moment-ci - qu'il apporte
pour soutenir une décision quand même importante. Cette
décision, c'est de vendre à des intérêts
privés la Raffinerie de sucre du Québec, qui est la
propriété de la population québécoise; ce n'est pas
la propriété du ministre ou du gouvernement. Encore une fois,
j'espère que, quand on fait ce genre de travail, on exprime sa
solidarité. Ce qui est un peu le rôle d'un député,
c'est d'être solidaire avec son monde, chez lui, dans son comté,
d'abord; c'est ce que je pense. Le rôle de l'Assemblée nationale,
c'est d'administrer un peu cette solidarité.
Ce n'est pas fini!
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II vous reste deux
minutes et demie.
M. Desbiens: Je vais accélérer, M. le
Président! Tout cet aspect de la solidarité est réel et je
pense que le député de Saint-Hyacinthe, malgré qu'il nous
fasse des reproches, est solidaire des gens de son comté. Il y a une
solidarité qui doit jouer à un niveau régional, j'imagine;
je ne connais pas les gens des sucrières, je suis du
SaguenayLac-Saint-Jean, je n'ai pas le bonheur de les connaître.
Vous autres, vous les connaissez. Je suis sûr que vous êtes
solidaires avec eux, de la même façon, je pense, que tous les
députés du Québec doivent être solidaires avec les
citoyens, peu importe où ils se retrouvent au Québec, dans des
circonstances particulières. Ici, c'est une circonstance
particulière.
Quand on a parlé - c'est là-dessus que je vais
peut-être terminer, rapidement - cet après-midi... C'est le
député de Lévis qui a soulevé toute cette question
de solidarité humaine. Si on l'élargit - on l'a vu hier en
Chambre, le ministre délégué aux Affaires
intergouvernementales canadiennes a proposé une motion qui est
très vraie, remarquez. Je l'ai écoutée avec beaucoup
d'attention: Que l'Assemblée nationale saisisse l'occasion du passage de
mère Teresa parmi nous pour saluer l'immense travail accompli par cette
éminente personnalité en faveur des plus
déshérités de la terre. L'Assemblée nationale
souligne l'exemplarité de cette oeuvre débutée a Calcutta
et qui s'étend maintenant partout dans le monde, sans que les
idéaux de partage et de sacrifice qui animaient mère Teresa au
point de départ n'aient été altérés.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Si vous voulez
conclure, M. le député.
M. Desbiens: J'aurais voulu ajouter autre chose là-dessus,
mais peut-être que le ministre sera convaincu, par mes propos, de la
nécessité de bien permettre que nous ayons toutes les
informations suffisantes et nécessaires, afin que chacun et chacune
d'entre nous puissions prendre une décision éclairée par
rapport à son projet de loi; c'est ce que nous souhaitons, c'est
tout.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Dubuc. Y a-t-il d'autres interventions? M. le
ministre.
M. Pagé: M. le Président, est-ce que j'ai dix
minutes?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui.
M. Pagé: II me fait plaisir, évidemment,
d'intervenir.
M. Jolivet:... le parrain est celui... Écoutez,
d'après l'article qu'on nous a lu cet après-midi, il a droit
à trente minutes. Excusez! Vérifiez-moi cela, l'article 244.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Le ministre?
M. Jolivet: Oui, le ministre a droit à trente minutes.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Ce n'est pas
l'article 244, c'est l'article 209. On pourrait vérifier l'article
209.
M. Jolivet: II a droit à une demi-heure.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je ne suis pas
sûr.
Une voix: À moins qu'il y ait consentement.
M. Pagé: Si vous me promettez de ne pas soulever de
question de règlement, je vais vous faire un discours d'une heure. Vous
allez voir! Vous allez le trouver long.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'après
l'interprétation de l'article 209, c'est dix minutes.
M. Jolivet: Écoutez, je vais vous dire une chose...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On peut
revérifier. Il peut commencer et on va vérifier pendant ce
temps.
M. Jolivet: Bon, d'accord, dix minutes. Parfait, allez-y. Je
voulais lui donner plus de temps, mais s'il veut prendre seulement dix
minutes...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le ministre, on
vous écoute attentivement.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je viens
d'entendre un témoignage très clairement et très fortement
exprimé par le député de Dubuc, lequel ajoute des
modifications ou une proposition de sous-amendement à une motion qui a
déjà fait l'objet d'un amendement. Essentiellement, force nous
est de constater que l'Opposition à l'Assemblée nationale a de
gros problèmes internes. Je comprends, je dois retenir des positions
adoptées par le Parti québécois, depuis le début du
mois de juin, en commission parlementaire et en Chambre, qu'il adopte une
politique ou une approche de refus systématique de presque toutes les
lois et mesures qui sont présentées. Qu'il me suffise de me
référer, M. le Président, aux nombreuses heures
passées en commission parlementaire pour étudier le projet de loi
71 lors de l'étude article par article alors que cette loi devait
être étudiée en quelques heures seulement. J'en viens
à croire, M. le Président, que la meilleure façon, pour
cette formation politique qui a vieilli prématuré- ment, qui est
déjà usée, qui est très fatiguée...
D'ailleurs, la dernière année de l'administration du Parti
québécois l'a démontré clairement. II n'y avait
plus de gouvernement à Québec, il n'y avait plus de leadership.
Un parti et un gouvernement qui était sans âme et sans leader.
Aujourd'hui, aussi divisés qu'ils le sont, è la fois sur le
leadership, connaissant les prétentions de plusieurs, dont celles du
député de Lévis notamment, divisés sur leur
programme, divisés en regard des responsabilités que chacun
devrait obtenir à l'intérieur de ce caucus, la seule
façon, pour les députés de se convier à un minimum
de soudure et de solidarité, c'est de travailler en frappant sur le
gouvernement.
M. Perron: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez, oui,
je...
M. Perron: Est-ce que l'intervention du ministre est pertinente
ou non?
M. Jolivet: On va l'entendre quand même.
M. Perron: Est-ce qu'on peut l'entendre sur le fond de
l'amendement qu'on vient de présenter?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je m'excuse, on est
en train de régler la question de l'article 209. Je n'ai pas entendu
tout ce qu'il disait, je m'en excuse. Je vais le laisser continuer et je vais
vous le dire ensuite.
M. Pagé: M. le Président, j'en étais
à dire qu'il a donné les motifs que l'on doit constater au
soutien du "filibuster", du refus systématique d'adopter ce projet de
loi de la Raffinerie du sucre du Québec. Ce n'est pas compliqué.
Ces gens sont divisés. Ces gens ne savent pas où ils s'en vont.
Pour ces gens, la seule façon de s'unir avec un minimum de commun
dénominateur d'appartenance à l'équipe, c'est de frapper
sur l'adversaire. M. le Président, j'en reviens donc à la
motion.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est ce que
j'allais dire, M. le ministre, il faut que cela se rattache à la
discussion de ces amendements.
M. Pagé: Je reviens donc à la motion de l'honorable
député de Dubuc qui nous dit de façon dynamique: On
devrait entendre la haute direction, en plus d'entendre la
société Sucre Lantic Ltée, en plus d'entendre le syndicat
des producteurs de betteraves. Je suis persuadé - on les connaît
ces pauvres péquistes - qu'il y aura un autre amendement
qui viendra bientôt. Là, un député parlera,
sans dire quoi que ce soit mais en occupant beaucoup de temps, temps qui est
d'ailleurs calculé. C'est regrettable parce que j'ai cru
sincèrement qu'on pourrait se convier à un bon exercice, faire
une bonne analyse. Nous sommes prêts à justifier, à
expliquer les motifs, le pourquoi d'une telle décision. Nous sommes
prêts à voir avec les députés péquistes -
encore faudrait-il qu'ils connaissent un peu leur dossier - le pourquoi et le
cheminement gouvernemental dans ce dossier. Il semble que ce soit impossible.
Ce sont des discours è relais et chacun porte le flambeau. Je vais me
limiter à reprendre certains des commentaires qui ont été
faits, notamment par l'honorable député de Lévis. M. le
Président, pourriez-vous demander aux nombreux caucus qui se tiennent
à gauche et à droite...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Laviolette, s'il vous plaît.
Une voix: En arrière!
M. Pagé: Je n'entends aucun bruit en arrière.
Une voix: Non.
M. Pagé: Non. Vous entendez des bruits en avant, je
présume?
Une voix:...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le ministre.
M. Pagé: Le député de Lévis nous a
fait un discours cet après-midi qui reprenait l'essentiel de son
intervention en deuxième lecture. Je n'ai pas voulu
répéter le discours que j'avais fait à l'Assemblée
nationale. Je présume que le député de Dubuc était
là quoiqu'il devient parfois difficile de se rappeler s'il était
ou s'il n'était pas là, compte tenu du faible degré ou de
la faible intensité de ses commentaires ou de sa participation à
nos travaux. Je n'ai pas jugé nécessaire de reprendre mon
intervention, par souci de passer au plus vite à un échange
sérieux avec mes collègues, laquelle expliquait clairement
pourquoi on devait adopter ce projet de loi et pourquoi les actions de la
raffinerie de la sucre devaient être vendues à la
société Sucre Lantic Ltée. Le député de
Lévis a choisi de reprendre le principal de son intervention qui
était ceci: L'avenir est dans la betterave et non dans la canne. Le
député se réfère à un article de journal
qu'il a lu récemment pour soutenir qu'il est inacceptable que les
nations ou les peuples de ce monde acceptent une situation où la canne
à sucre est produite de la façon décrite par le
député de Lévis. Là, c'était vraiment...
Une voix: C'était affreux.
(21 h 15)
M. Pagé: Ce n'était pas affreux mais c'était
très émouvant. On aurait cru entendre le député de
Lac-Saint-Jean, lequel a fait du théâtre, soit dit en passant.
C'est avec beaucoup d'assurance que le député de Lévis
mordait dans ses convictions en disant que c'était de l'esclavage, que
les pays industrialisés abusaient, que la communauté
internationale allait prendre des positions très claires qui lui
permettaient d'en arriver à la conclusion que la canne à sucre
n'avait plus d'avenir. Je comprends que le député de Lévis
est dans l'Opposition, mais ce n'est pas du tout le genre d'opinion qu'il avait
lorsqu'il était ministre de l'Agriculture. MM. les députés
de Duplessis et Dubuc - je me permets une question, parce que je veux quand
même une discussion utile - avez-vous étudié le plan de
relance, d'expansion, proposé au Conseil des ministres par le
député de Lévis?
Et les voix se firent entendrel M. le député de Dubuc,
avez-vous pris connaissance du projet?
M. Desbiens: Ce sont tous ces renseignements que nous voulons
obtenir en demandant la comparution, pour consultation, de ces groupes.
M. Pagé: Merci! M. le Président, je vais
répéter ma question: Le député de Dubuc a-t-il pris
connaissance du projet de développement pour la dernière phase de
production de sucre blanc déposé au Conseil des ministres par le
député de Lévis alors qu'il était ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec, en
date du 19 avril 1985?
Une voix: Pas de réponse.
M. Pagé: Je ne parle pas de Sucre Lantic, je ne parle pas
des hautes autorités ou de la haute direction de la raffinerie. Je ne
parle pas du syndicat des producteurs, je parle de l'un de vos collègues
qui oeuvrait dans un caucus où vous étiez présent,
physiquement tout au moins. Avez-vous pris connaissance de ce document?
M. Desbiens: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je vous
écoute, M. le député.
M. Desbiens: Le ministre vient de dire qu'il ne parle ni de la
Société Lantic, ni des producteurs de betteraves, ni de la haute
direction de la raffinerie de sucre. Alors, il est hors du sujet.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, si vous ne
vouiez pas...
M. Pagé: Pour le bénéfice de la discussion,
avez-vous pris connaissance de ce document concernant le plan de
développement de la Raffinerie de sucre du Québec?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, s'il vous
plaît...
M. Pagé: Je dois comprendre, M. le Président, du
refus systématique de répondre que c'est soit une mauvaise
compréhension, auquel cas c'est inquiétant, soit que vous n'en
avez jamais pris connaissance, auquel cas c'est doublement
inquiétant.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le ministre,
c'est une présomption. Vous pouvez poursuivre.
Une voix: Le ministre se pense en cour.
M. Jolivet: M. le Président, pour régler la
question du temps de parole, êtes-vous prêt à rendre votre
décision? Après consultation, on peut vous dire
qu'effectivement... Je vais vous donner mon opinion sur l'article 209 et je
pense que le député de Portneuf et ministre de l'Agriculture sera
d'accord avec moi.
À l'Assemblée nationale comme ici, les règles
étant les mêmes sur le temps de parole, si le ministre
était parrain d'une motion d'une demi-heure en vertu du
règlement, tel qu'on vient de le faire, il est évident que moi,
comme membre de l'Opposition, si vous me donniez juste 10 minutes, je vous
ferais une méchante bataille, et vice versa. Si le ministre, dans le
contexte... Il sera libre de l'utiliser s'il le veut, mais, à mon avis,
si on a eu 30 minutes en vertu de cette règle de l'article 209, le
gouvernement ou son représentant qui est, en l'occurrence, le ministre
ou quelqu'un d'autre qu'il pourrait nommer, s'il le voulait, ou une personne
parmi le groupe aurait une demi-heure. Après cela, tous les autres, ce
serait des 10 minutes.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Laviolette, l'article 209, si on s'en tient à
l'article, ce n'est pas clair, mais, par tradition, on me dit que cela se
faisait, qu'il y avait 30 minutes de chaque côté. Alors, on peut
aller en ce sens.
M. Jolivet: M. le Président, avant de dire que ce n'est
pas clair, il faudrait vous référer à ce matin, à
l'Assemblée nationale. Quand le leader du gouvernement a parlé 10
minutes, le leader de l'Opposition a parlé 10 minutes. Quand le ministre
de l'Éducation a parlé 30 minutes, le leader adjoint, qui
était notre représentant, a parlé 30 minutes. Ce serait
épouvantable si vous ne nous accordiez pas le même temps. Ce n'est
pas une question de tradition, j'ai participé à
l'élaboration de ce règlement et je peux vous dire que c'est cela
la réalité.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Écoutez, de
toute façon cela ne pose pas de problème, car, actuellement, on
laisse les 30 minutes. Il reste que mot, quand même, je consulte les gens
qui sont des avocats en droit parlementaire et, à un moment
donné, il faut écouter ces avis, en fin de compte... Alors, il
n'y a pas de problème, on continue dans le même sens.
M. Jolivet: Si le ministre veut prendre le temps qu'il lui reste
pour aller à 30 minutes, il n'y a aucune objection.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, si M. le
ministre veut prendre 30 minutes, il va avoir 30 minutes. Alors, M. le
ministre, on vous écoute.
M. Pagé: M. le Président, je dois retenir qu'en ce
qui concerne le projet de développement de la raffinerie de sucre de
Saint-Hilaire proposé par l'honorable député de
Lévis alors qu'il était ministre, que ni le député
de Dubuc, ni le député de Duplessis, peut-être le
député de Verchères... Avez-vous déjà pris
connaissance du projet de développement et du mémoire au Conseil
des ministres formulé par le député de Lévis
l'année dernière?
M. Charbonneau: M. le Président, j'étais au salon
bleu de l'Assemblée nationale et le ministre m'interpelle comme cela. II
devrait me laisser arriver.
M. Pagé: Bienvenue!
M. Charbonneau: Merci beaucoup. Entre-temps, le ministre peut
faire son intervention sans que j'aie à jouer le rôle de ministre
et lui répondre.
M. Pagé: Je prends note, M. le Président, qu'aucun
péquiste...
M. Jolivet: Je m'excuse, M. le Président, mais je ne pense
pas qu'il m'ait posé la question et j'étais pourtant bien au
courant.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît!
M. Jolivet: J'étais même membre du CMPDE.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Nous allons revenir
à notre sous-amendement.
M. Jolivet: II a posé une question, je réponds.
M. Charbonneau: Voulez-vous répéter votre
question?
M. Pagé: Est-ce que le député de
Verchères a déjà pris connaissance du mémoire
adressé au Conseil des ministres par le député de
Lévis alors qu'il était ministre de l'Agriculture en avril 1985,
et proposant au Conseil des ministres d'accepter le plan de
développement, dernière phase, de la Raffinerie de sucre du
Québec?
M. Charbonneau: Bien sûr, j'en ai pris connaissance.
M. Pagé: Enfin, M. le Président. Une voix: Tu ne
l'as pas en main? M. Charbonneau: Je l'ai à mon bureau.
M- Pagé: Très bien. Merci, j'apprécie la
réponse du député de Verchères, lequel semble
beaucoup plus sensibilisé aux problèmes et aux questions de la
raffinerie, et, de toute façon, en général, en regard des
questions gouvernementales, que le député de Duplessis et le
député de Dubuc. J'aimerais référer les
péquistes à ce document.
M. Perron: Est-ce qu'on peut en avoir une copie?
M. Pagé: Non, M. le Président, on ne peut pas faire
de dépôt de document en commission parlementaire.
M. Perron: Je le sais, mais...
M. Charbonneau: De toute façon, j'ai déjà
déposé, lors de mon intervention de deuxième lecture, tous
les documents. En tout cas, je les ai offerts publiquement, devant
témoin, devant la caméra. Le ministre n'a pas profité de
l'occasion, mais ils sont encore disponibles, si le ministre veut les rendre
publics.
M. Pagé: C'est parce que je voudrais être certain
qu'ils l'ont bien lu, qu'ils l'ont analysé.
M. Charbonneau; Je l'avais en après-midi avec moi, mais j'arrive
du salon bleu et je n'ai pas traîné ma caisse; je vais aller la
chercher tantôt, ne vous inquiétez pas.
M. Pagé: Ce que je veux dire, c'est ceci. Le
député de Lévis nous a dit clairement cet
après-midi qu'il n'y avait pas d'avenir pour le sucre produit à
partir de la canne. L'avenir est dans la betterave, disait-il; les peuples
allaient se rebeller contre l'esclavage déplorable et reprochable dans
certains pays en ce bas monde. Bon, c'était très beau à
entendre. Il a traité beaucoup de gens d'hypocrites et, par
surcroît, il a presque voulu culpabiliser les entreprises qui utilisaient
du sucre à partir de la canne à sucre comparativement à la
betterave.
Si on se réfère au plan de développement, on se
rappellera que la proposition du Parti québécois, pour le
bénéfice de mes collègues, était de prendre une
raffinerie, qui produisait du sucre brut à partir de la betterave
à sucre, qui n'était pas rentable compte tenu que le gouvernement
devait y injecter des millions et des millions de dollars, qui était par
surcroît déficitaire, qui était techniquement en faillite
depuis le début de l'année 1985... Sa proposition, à mon
prédécesseur, était de dire au Conseil des ministres: On
va injecter des sommes additionnelles, on va augmenter substantiellement notre
production au niveau local, on va enclencher le procédé de
production de sucre blanc et, pour augmenter notre volume, on va s'alimenter
à partir du sucre de canne.
Donc, le sucre de canne étant à un prix inférieur
au prix à payer pour produire l'équivalent dans la raffinerie
à partir de la betterave, c'était financer une opération
de raffinerie de sucre à partir de la betterave par des volumes
additionnels provenant de la canne. Essentiellement, c'était cela. Dans
les documents du Conseil des ministres, l'honorable député de
Lévis donnait les tableaux et les principales données
utilisées dans les prévisions financières. On sait, entre
parenthèses, que le PQ a toujours été très
performant dans ses prévisions financières, on n'a qu'à se
référer au déficit. Il prévoyait -là, c'est
bien écrit noir sur blanc - pour le sucre brut de canne acheté en
1984-1985, 49 000 tonnes; en 1985-1986, on prévoyait acheter 76 200
tonnes, je parle toujours de canne coupée à la hachette comme il
disait - c'est Jean Pierre qui coupait ça, vous vous le rappelez - 83
400 tonnes en 1986-1987, et le député de Lévis, ministre
de l'Agriculture à l'époque, recommandait au Conseil des
ministres de 87 000 tonnes à 88 000 tonnes. Le député de
Lévis recommandait donc de rentabiliser la Raffinerie de sucre du
Québec, déjà déficitaire, déjà
techniquement en faillite, par la mise en marché de sucre produit
à partir de la canne à sucre et, sur des ventes totales de 121
000 tonnes, 73 % des approvisionnements en 1987-1988 viendraient du sucre de
canne, 75 % en 1986-1987...
Une voix: Pas de Saint-Hyacinthe.
M. Pagé: 84 % en 1985-1986. C'est le député
de Lévis qui vient parler des sépulcres blanchis. Cela, c'est
blanchi en traversant de l'autre côté de la Chambre, selon moi. Le
discours est aujourd'hui
différent de la part des péquistes de l'autre
côté. Ce n'est pas nécessairement le député
de Dubuc, il n'a jamais vu cela de sa vie, mais de la part des
députés de l'autre côté qui viennent nous dire
aujourd'hui... Le député de Lévis a fait un vibrant
témoignage à l'égard des droits humains, Jean Pierre,
disait-il, la hachette, l'exploitation de nous, pays
industrialisés...
M. Jolivet: Est-ce qu'il disait "Jean Pierre" ou...
M. Pagé: Jean Pierre, il a référé au
cas de Jean Pierre. Vous n'avez pas écouté votre
collègue?
Une voix: On n'était pas là.
M. Pagé: C'était très intéressant. Il
a dénoncé cela, parce qu'on sait que le député de
Lévis est très volubile, il parle beaucoup. Je me rappelle les
années glorieuses du crédit social. J'en ai eu dans Portneuf,
j'ai battu un député créditiste. Je me rappelle ses
discours populaires. Ce qu'il a dénoncé aujourd'hui, c'est
exactement ce à quoi il s'est associé comme ministre de
l'Agriculture et, par surcroît, moi, je ne peux pas accepter un tel
propos, je me dis: Cela n'a pas de bon sens. Il rentabilisait sa raffinerie
à partir du sucre de canne et pour lui, par surcroît, les pays qui
produisaient du sucre à partir de la canne à sucre qui plantaient
de la canne à sucre, c'étaient des exploiteurs. Il citait le cas
de la République dominicaine. La République dominicaine produit
seulement 3 % de la production. Sa part de volume du World Sugar Trade est de 3
%. Les principaux exportateurs: Cuba: 22, 63 %, la Communauté
économique européenne: 17, 9 % - cependant, c'est à partir
principalement de la betterave - le Brésil: 10, 2 %, l'Australie: 7, 6
%. Ce ne sont pas tous des pays où l'esclavage est le lot de la
main-d'oeuvre.
M. Desbiens: Est-ce pertinent avec le sous-amendement?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député, c'est toujours en fonction, évidemment, du
sous-amendement, mais on a été...
M. Pagé: Je suis persuadé, M. le Président,
que si la haute direction de la raffinerie était venue témoigner,
le député de Dubuc, averti comme il est, aurait demandé au
président de la raffinerie: Est-ce que vous produisez à partir de
la betterave principalement ou de la canne? Je vous évite de telles
questions parce que je présume que la motion va être
rejetée et que les gens ne viendront pas témoigner. J'y
réponds, M. le député: 75 % des approvisionnements en
fonction de votre plan de relance venaient de la canne. Messieurs, quand vous
tenez le discours qui a été tenu cet après-midi par la
voix de votre porte-parole, quand vous dénoncez avec toute la
véhémence dont vous êtes capables - et on en a vu un
exemple de force et de dynamisme tout à l'heure par le
député de Dubuc - et que vous évoquez la question de la
canne, je ne peux vous comprendre. Vous êtes inconséquents, vous
êtes exactement comme vous étiez au pouvoir. C'est triste de vous
voir comme cela. Parti divisé, vieilli prématurément, qui
doit se convier à des "filibusters" pour tenter de se souder parce
qu'ils ne s'entendent pas sur le chef, ils ne s'entendent pas sur
l'orientation, ils ne s'entendent pas sur le niveau de l'horizon.
M. le Président, tout cela pour revenir au fond de la motion
maintenant... (21 h 30)
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est toujours sur
le même sous-amendement.
M. Pagé: Concernant le volet de la haute direction de la
raffinerie de sucre, nous sommes disposés à répondre
à vos questions. Nous sommes ici pour y répondre. Le ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, lorsqu'il parle, parle
évidemment pour et au nom de ta raffinerie. Je vous ai dit
précédemment concernant la société Sucre Lantic que
je ne crois pas qu'il soit opportun qu'elle vienne témoigner. C'est un
acte qui est posé par le gouvernement. C'est une intention du
gouvernement de céder les actions de la raffinerie à cette
entreprise. On vous a fait part des dispositions générales des
prévisions contenues dans le protocole d'entente. Nous sommes ici pour
répondre à vos questions. Concernant le syndicat des producteurs,
je vous ai indiqué cet après-midi pourquoi il n'était pas
opportun de les convier è une consultation pro forma puisqu'ils ont
été associés à la réflexion du gouvernement,
celle du ministre notamment. Je ne crois pas opportun pour les parlementaires
de convier tous ces groupes, avec des délais, etc. On va voter contre.
Si vous voulez démontrer comme parti que vous êtes sérieux,
vous devriez convier notre commission à discuter du projet de loi,
à discuter du pourquoi de la décision plutôt que d'utiliser
des moyens dilatoires. Vous brûlez du temps qui serait important. Je vois
déjà - parce que je me l'imagine très bien - le
député de Verchères, que je connais et que
j'apprécie. Il est beaucoup plus dynamique que ses autres
collègues, d'ailleurs. Je me l'imagine - si jamais il y a une motion de
clôture -dénonçant le fait qu'il n'a pas eu tout le temps
nécessaire. Je le vois brandir ses mains à la caméra parce
qu'il parle particulièrement à la caméra lorsqu'il
parle.
Une voix: Comme vous.
M. Pagé: Je parle au président.
M. Perron: Au moins lui il ne fait pas de clin d'oeil.
M. Pagé: Je parle au président. Pardon? Des
voix: Ha! Ha! Ha!
M. Perron: Au moins le député de Verchères
ne fait pas de clin d'oeil è la caméra comme le ministre.
M. Pagé: Non. Chose certaine, M. le Président, je
n'en ferai jamais au député de Duplessis. Cela doit lui manquer.
Il ne doit pas y avoir grand monde qui lui en fait.
M. Perron: Je ne le blâme pas non plus. S'il fallait que
cela arrive, je n'aimerais pas cela.
M. Pagé: M. le Président, je m'imagine très
bien le député de Verchères en train de plaider qu'on n'a
pas eu le temps d'étudier tous les articles. Quand je vous dis que vous
brûlez du temps! La perte de temps, parce que c'est cela, il ne faut pas
se faire de cachette, la perte de temps à laquelle vous nous conviez
dans un système qui est comme cela, j'en conviens... Tout un segment
important du fonctionnnement du parlementarisme est convié par ce beau
soir de juin. Alors que nous, députés, pourrions être dans
nos bureaux pour régler les problèmes épineux de ces
citoyennes et de ces citoyens qui ont souffert dans leur vie des effets de la
présence du Parti québécois à Québec pendant
neuf ans, lors que nous devrions être dans nos bureaux, on est
conviés ici à écouter le député de Dubuc
tenter de se démêler dans la haute direction de la Raffinerie de
sucre du Québec dans le cadre de moyens purement dilatoires. Allons-y
voir! Ne venez pas vous plaindre si la guillotine tombe et que vos savants
propos sont interrompus. Continuez, messieurs. Vous êtes agréables
à voir, parfois un peu ennuyants à entendre! Mais nous sommes
très patients.
M. Desbiens: M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): J'avais
reconnu...
M. Desbiens: Question de règlement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. Je vous
écoute.
M. Desbiens: L'arrogance du ministre ne nous impressionne pas
plus que cela. Elle n'a d'égal que le mépris qu'il a pourses propres collègues. On l'a vu ce matin.
M. le Président, est-ce que l'article 73 du règlement
s'applique ici? "Tout député peut également donner des
explications sur un fait qui concerne un de ses collègues absents. "
M. Pagé:... sont durs à digérer.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II faudrait tout
d'abord connaître le fait. Cela doit s'appliquer. Il faudrait
connaître le fait.
M. Desbiens: Oui, le fait s'applique à
l'interprétation erronée que le ministre a faite tantôt des
propos du député de Lévis concernant ce qu'il a dit cet
après-midi même sur la production, l'utilisation de la canne
à sucre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je ne comprends
pas. Quel fait?
M. Desbiens: Le ministre...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On parle d'un fait.
C'est comme s'il y avait un individu attaqué dans ses droits
parlementaires. C'est dans ce sens que l'article est fait, je crois. Je peux
demander une interprétation, mais vous ne pouvez pas revenir...
M. Desbiens: C'est cela que je vous ai demandé comme
directive, si cela s'appliquait.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord, C'est
pourquoi je voulais connaîre le fait. Dans ce cas, d'après moi,
non.
M. Jolivet: Sur la même question de règlement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II faudrait
connaître exactement le fait parce que c'est surtout en fonction du droit
parlementaire d'un individu.
M. Desbiens: Le ministre a dit que le député de
Lévis avait fait un discours émouvant sur les producteurs de
canne à sucre avec la hachette et tout le tralala, et que
lui-même, le député de Lévis, proposait dans son
plan de développement l'utilisation de la canne à sucre pour
rentabiliser... Ce qui est tronquer les propos du député de
Lévis, les déformer, puisque le député de
Lévis a bien dit que, s'il y avait une politique sucrière au
Canada, l'utilisation de la canne à sucre pourrait continuer de se
faire, mais qu'il faudrait à ce moment payer aux producteurs de canne
à sucre un prix suffisant qui permette à ces gens de vivre
honorablement dans leur pays.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous allez me
donner juste une minute, je vais regarder cela. M. le député de
Dubuc,
après consultation, si vous voulez bien écouter, à
l'article 73, on est convaincu que cela s'applique seulement en Chambre.
M. Desbiens: C'est ce que je croyais, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II y a un autre
article qui pourrait s'appliquer dans votre cas, mais le fait que vous
rapportez n'a pas affaire à cet article. Je vous écoute.
M. Desbiens: C'était pour en être sûr.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Desbiens: Je n'en étais pas certain.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): L'article 73 ne
s'applique pas.
M. Jolivet: Sur la question de règlement, juste pour bien
se situer. Quand quelqu'un ici à cette commission interprète les
propos de quelqu'un à la suite d'un discours qu'il a prononcé,
cette personne peut utiliser l'article 212 en Chambre comme ici pour dire,
à la fin du discours pour ne pas interrompre l'individu, qu'il veut
corriger l'interprétation qu'il a faite du discours que l'individu
lui-même a prononcé.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Jolivet: Comme la personne est absente et qu'on profite de son
absence pour déformer ses propos, est-ce qu'un des collègues de
cette personne absente pourrait rectifier les faits?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II faudrait d'abord
me prouver qu'ils ont été déformés.
M. Jolivet: Je vous pose juste une question. Je ne veux pas dire
si cela a été déformé ou pas, je vous pose la
question. Quel est le moyen que j'aurais comme député pour aider
à corriger les propos tenus par un membre du gouvernement a
l'égard d'un de mes collègues qui est absent et qui a
déjà prononcé son discours, mais qui ne peut pas se
défendre? Un de ses collègues pourrait le faire et ce serait moi,
en conséquence. Je voudrais savoir par quel règlement je pourrais
d'abord vous demander d'intervenir pour corriger les propos tenus. On peut vous
laisser le temps d'y réfléchir. On ne demandera pas une
réponse immédiatement. La réponse préliminaire que
vous avez donnée sur l'article 73 confirme ce qu'on croyait. On pensait
être capable de l'utiliser. En commission, on peut vous laisser le temps
d'y réfléchir plus à fond, on n'est pas pressé.
S'il faut corriger, on pourra corriger plus tard.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. On
reviendra un peu plus tard sur votre question.
M. Jolivet: D'accord.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je reconnais
maintenant le député de Duplessis, toujours sur le
sous-amendement.
M. Denis Perron
M. Perron: Merci, M. le Président. Si j'interviens sur
cette motion, c'est bien sûr parce que pour nous, membres de
l'Opposition, c'est tout de même très important qu'on puisse
entendre certaines personnes et certains organismes ici devant cette commission
pour vraiment voir sur le fond si le gouvernement prend une décision
éclairée.
Je voudrais ouvrir une parenthèse en passant à la suite de
l'intervention du ministre concernant l'obstruction systématique qui
serait mise en place de la part de l'Opposition. Pour le bénéfice
de ceux et celles qui sont ici en face de nous dans cette commission
parlementaire, on pourrait peut-être se rappeler qu'à certaines
reprises et même à plusieurs reprises au cours des
dernières années, lorsque le député de Portneuf
était dans l'Opposition comme critique à l'agriculture, on a
même vu dans certains cas ce même député
présenter des motions ayant pour but de changer le président de
la commission, pour faire venir un député libéral en cette
Chambre pour écouter ce que cette personne avait dit.
M. Pagé: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Duplessis, j'aimerais qu'on s'en...
M. Pagé: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez, M. le
ministre, une seconde. J'aimerais qu'on s'en tienne au sous-amendement et
à la pertinence.
M. Pagé: Question de règlement.
M. Perron: Mais je parlais justement, M. le
Président...
M. Pagé: Question de règlement. M. le
Président, je veux rétablir les faits.
M. Perron: Allez-y.
M. Pagé: J'ai déjà participé...
M. Perron: Je n'ai pas eu le droit de rétablir les
faits.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez. Un
instant. Je vais faire une mise au point, s'il vous plaît! Tout à
l'heure, on m'a demandé si on pouvait intervenir à la place d'un
député alors que l'article 212 s'applique directement à un
député visé qui est présent.
M. Pagé: Alors, je suis visé et je suis
présent.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Cela est
différent.
M. Pagé: Je veux rétablir les faits.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Non mais...
M. Pagé: M. le Président, je ne me suis pas
associé au genre de "filibusters" auquel le député fait
référence. J'en ai fait des "filibusters", j'en ai proposé
des amendements. Je ne suis jamais intervenu sur la nomination du
président ou du rapporteur. On savait comment faire les choses. Je vous
mets au défi - vous êtes là? - de me produire un texte
où je suis intervenu pour proposer qu'un rapporteur soit changé
ou qu'un président de commission soit changé.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors...
M. Perron: M. le Président, je ne relèverai pas le
défi du ministre...
M. Pagé: Comme d'habitude.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II faut quand
même... Excusez.
M. Perron:... parce qu'on arriverait ici avec des caisses de
paperasse en réponse au défi qu'il vient de me lancer.
Alors, je reviens à la motion, telle qu'amendée. On sait
que cette motion demande que la commission tienne, avant d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi, Loi sur la vente de la
Raffinerie de sucre du Québec, des consultations particulières
quant à tous les articles dudit projet et qu'à cette fin elle
entende le Syndicat des producteurs de betteraves sucrières du
Québec, la société Lantic et la haute direction...
M. le Président, ce qui me frappe sur cette question de la
Raffinerie de sucre du Québec, qui est, bien sûr, une
société d'Etat, c'est que c'est la population du Québec
elle-même qui en est propriétaire par le biais du ministre des
Finances qui, lui, est actionnaire. Lorsqu'on parle de groupements
intéressés - on ne parle pas de n'importe quels groupements - on
parle de groupements directement impliqués dans le processus entrepris
par le gouvernement. Comme ces organismes et en particulier la haute direction
ont été très impliqués dans le plan de
redressement, je ne vois pas pourquoi cette haute direction ne pourrait pas
venir se faire entendre ici. Pour moi, contrairement à ce qu'a dit le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation tout
à l'heure, ce ne serait pas de brûler du temps a cette commission.
Si on brûle du temps actuellement, c'est justement dû au fait qu'on
veut entendre les représentants et représentantes de ces
différents organismes pour que le gouvernement puisse prendre une
décision plus éclairée parce que, selon nous, membres de
l'Opposition, cette décision n'est vraiment pas éclairée
sur le fond.
Lorsque, par exemple, on parle de certains organismes qui pourraient
être entendus devant cette commission et, en particulier, la haute
direction, il ne faut pas oublier que cet éclairage pourrait
peut-être même aller jusqu'à amener l'Opposition à
changer...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez. Un
instant. J'aimerais ici qu'on ait un peu de calme. S'il y en a qui ont des
discussions, veuillez aller dans Je corridor, s'il vous plaît! Alors,
poursuivez, M. le député de Duplessis. (21 h 45)
M. Perron: Un éclairage des différents intervenants
et des différents organismes pourrait même aller jusqu'à
permettre aux membres de l'Opposition de réviser la position actuelle
que nous avons d'être contre ce projet de loi. Si nous sommes contre,
c'est bien sûr pour des raisons fondamentales, parce que nous y croyons
toujours à cette société d'État,
c'est-à-dire à la Raffinerie de sucre du Québec.
Je ne suis pas d'accord, lorsque le ministre dit à ce sujet,
comme il l'a fait tout à l'heure, qu'il était prêt à
entendre les députés de l'Opposition. C'est ce qu'on fait
actuellement. Mais il voulait qu'on intervienne directement sur le fond, en
rapport avec la raffinerie. Nous, ce qu'on veut, c'est que des organismes qui
sont représentatifs, qui connaissent très bien le fond du dossier
puissent venir nous informer, autant un côté comme l'autre, les
ministériels comme les membres de l'Opposition, à savoir si c'est
une bonne décision qui est prise. Je mentionnais tout à l'heure
que c'était la population du Québec qui en est
propriétaire par le biais du ministre des Finances qui en est
actionnaire. Bien sûr, tous les individus du Québec, incluant les
membres de la direction, sont des Québécois
et des Québécoises. Je ne vois pas pourquoi on
n'entendrait pas ces personnes à cette commission. On pourrait
même aller jusqu'à entendre les travailleurs et les travailleuses
de l'usine en question, de tout le réseau. Comme on veut avoir ici les
membres de la haute direction, le ministre a posé une question: C'est
quoi, la haute direction? M. le Président, je m'excuse, mais le ministre
a peut-être oublié que, dans le cas qui nous touche de
près, la haute direction de la raffinerie de sucre est composée
de la direction elle-même et du conseil d'administration. On sait
très bien qu'au conseil d'administration il y a M. André Marier,
le président, M. Jean-Marc Kirouac, M. Kevin Drummond. Parlant de M.
Kevin Drummond, c'est un ancien collègue du ministre de l'Agriculture,
un ancien membre du Parti libéral et même un ancien ministre du
gouvernement.
Une voix: De l'Agriculture.
M. Perron; De l'Agriculture, en plus.
Une voix: II a gardé la raffinerie ouverte.
M. Perron: II a gardé la raffinerie ouverte et il a
sûrement, pour ce faire, écouté à peu près
tout le monde relié à la Raffinerie de sucre du Québec. Il
a dit que la raffinerie devait être maintenue ouverte. Lorsqu'on regarde
la longue liste des membres de la haute direction de la société
d'État, on peut parler de M. Robert Vachon, président du conseil
d'administration du groupe Christie Ltée. M. le Président, ce
n'est pas de la petite bière, ce dont on parle. On parle du monde qui
connaît les affaires, des gens qui savent exactement où ils s'en
vont. C'est pour cela qu'on veut les entendre. La liste est tout de même
assez longue. Au conseil d'administration, à la haute direction, il y a
actuellement près d'une douzaine de membres. Ces membres se sont
concertés, ils savent très bien à quoi s'en tenir quant
à l'avenir de la Raffinerie de sucre du Québec.
Je ne comprends pas du tout l'attitude gouvernementale dans la
décision qu'il a prise. Pour nous, de l'Opposition, c'est une
décision unilatérale et cela ressemble pas mal à celle sur
Schefferville et à d'autres décisions qui ont été
prises antérieurement et qui sont actuellement à
l'Assemblée nationale, soit en deuxième lecture soit en
commission parlementaire pour l'étude article par article.
Une voix: Ou en bâillon.
M. Perron: Je ne comprends pas l'attitude du gouvernement. Je me
souviens très bien que l'ancien gouvernement a siégé des
heures et des heures à la demande de l'Opposition libérale pour
entendre des mémoires et des gens en commission parlementaire, que ce
soit sur la loi 101 ou sur d'autres lois adoptées par l'Assemblée
nationale. Lorsqu'on parle de la venue de la haute direction, il ne faut pas
oublier - je vais prendre une partie des notes explicatives du ministre - qu'on
ne parle pas de n'importe quoi. On est devant le fait d'un gouvernement qui
veut abolir une société d'État, veut vendre une
société d'État à une autre compagnie faisant
affaires au Québec, la compagnie Lantic. On dit, ici, dans les notes
explicatives, dans la dernière: "Le projet de loi prévoit de plus
que la Raffinerie de sucre du Québec pourra demander sa prorogation. "
Cela veut dire sa disparition. Nous, comme on n'est pas intéressé
pour le moment à voir sa disparition, si on veut aller dans le sens que
veut le gouvernement, on veut être bien informé. Ce n'est pas le
ministre qui est capable de nous informer sur le fond ni les membres du
gouvernement. Ce sont des gens qui y ont été engagés
à tour de bras au cours des dernières années et qui ont
contribué énormément à faire en sorte qu'il y ait
même une remontée de la raffinerie de sucre. Des investissements
ont été faits. C'est vrai que ce n'était pas rentable au
cours des dernières années, mais par contre, dans les
prévisions, c'était une direction prise en fonction de la
rentabilité. Je ne comprends pas du tout pourquoi le ministre et son
groupe gouvernemental nous refusent systématiquement d'entendre des
organismes comme ceux que j'ai mentionnés tout à l'heure, pour ne
pas les répéter.
Dans le cas qui nous occupe actuellement, ce sont des gens importants
dans notre société québécoise et pas strictement
dans le dossier de la raffinerie, dans d'autres domaines aussi. Je mentionnais
les noms des membres de cette haute direction. C'est sûr et certain que
parmi ces gens-là il y en a plusieurs qui sont impliqués
ailleurs, dans d'autres domaines. Ce sont des gens toujours impliqués
dans la question financière. Ce sont des gens impliqués au niveau
de la mise en marché et dans la production. Je ne comprends vraiment pas
l'attitude gouvernementale. Bien sûr, si on regarde, par exemple, quelles
étaient les intentions - qui étaient bonnes à ce
moment-là - de l'ancienne Opposition, c'est-à-dire l'Opposition
libérale d'avant les élections du 2 décembre et celles de
l'ancien gouvernement, elles étaient les mêmes à ce
moment-là. Je ne comprends pas du tout que, dans ta publicité qui
a été payée par le Parti libéral pour la campagne
électorale, on faisait justement remarquer le fait suivant... Le
candidat libéral dans le comté de Verchères disait
exactement ceci en réponse à la question suivante: "En quoi
l'approche du
candidat libéra! est-elle nouvelle?" La réponse du
candidat libéral que vous avez probablement défendu dans sa
région...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je m'excuse, M. le
député de Duplessis. Voulez-vous conclure? On vient d'atteindre
le temps.
M. Perron: Je conclus, M. le Président, en vous disant que
la réponse du candidat Chapdelaine était la suivante: "Parce que
la solution sera avant tout technique et que son élaboration inclura les
employés qui connaissent les problèmes réels. " Il ne faut
pas oublier qu'il y a des membres de cette haute direction qui sont des
employés. Bien sûr, je termine en vous disant que je sais
très bien que vous, comme président, vous êtes une personne
très neutre, ici, à cette commission, et que vous n'avez pas
été impliqué dans ce processus qui était un
processus politique employé dans le temps par les libéraux pour
se faire élire le 2 décembre dernier. Et ils ont réussi:
des promesses partout et pas de résultats par la suite. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Duplessis. Je n'ai pas è répondre
à ce que vous avez insinué.
M. Perron: Je n'ai rien insinué. Question de
règlement, M. le Président. J'ai effectivement dit que le
président était neutre. Vous avez une neutralité
remarquable, d'ailleurs.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Duplessis.
Pour répondre à la question de règlement concernant
le fameux article 212, je vais vous le relire, cela ne s'applique qu'à
un député: "Tout député estimant que ses propos ont
été mal compris ou déformés peut donner de
très brèves explications sur le discours qu'il a prononcé.
II doit donner ces explications immédiatement après
l'intervention qui les suscite. Elles ne doivent apporter aucun
élément nouveau à la discussion, ni susciter de
débat. " Donc, cela exclut que quelqu'un puisse répondre pour un
autre. C'est clair que c'est le député qui est ici. D'accord?
M. Jolivet: Vous me posez une drôle de question en me
demandant si je suis d'accord, parce que normalement je suis obligé de
prendre votre décision.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est
l'interprétation qu'on fait ici. Très bien.
M. Jolivet: La seule chose qui m'inquiète, c'est quand
quelqu'un dira des choses qui ne sont pas correctes par rapport à un
discours d'un autre, j'aurais aimé savoir quel moyen j'ai pour le
rectifier. Vous me dites qu'à la première occasion... Si mon
collègue revient, on lui fera mention de ce qui a été dit
et il vous posera la question è ce moment-là. Ai-je le droit de
parole maintenant?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Avez-vous
demandé le droit de parole?
M. Jolivet: Oui, j'ai demandé le droit de parole.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord. Je vous
accorde le droit de parole, toujours sur le sous-amendement de la haute
direction.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Je suis bien prêt à prendre mon droit de
parole de dix minutes, mais j'aurais aimé entendre, de l'autre
côté, des gens qui m'auraient expliqué pourquoi on refuse
d'entendre les gens de la haute direction de la Raffinerie de sucre du
Québec. Je vais essayer, dans les dix minutes qui viennent, de les
convaincre de ne pas faire les mêmes erreurs qu'ils ont faîtes pour
d'autres projets de loi. Rencontrer ces membres-là pourrait nous
permettre de faire la distinction entre les deux positions qui ont eu lieu au
gouvernement... Est-ce que le ministre m'entend, M. le Président?
M. Pagé: Oui.
M, Jolivet: D'accord, merci.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II est vite, notre
ministre.
M. Jolivet: II ne m'écoute pas mais il m'entend.
Deux positions se sont présentées devant les
comités ministériels de l'époque, celle de la raffinerie
de sucre, les spécialistes du sucre, la direction de la
société, et celle du ministère des Finances. Selon le
document qui est présenté devant nous, j'en viens donc à
la conclusion que ce sont les gars des Finances qui ont gagné. C'est
cela dans le fond parce qu'ils proposaient justement... J'ai essayé de
voir les termes anglais parce que le projet de loi 85 en français, c'est
Loi sur la vente de la Raffinerie de sucre du Québec. Si j'avais une
motion à vous faire, M. le Président, pour suivre la logique du
conseil d'administration, ce serait la loi sur la liquidation de la Raffinerie
de sucre du Québec.
Le texte anglais c'est "Act respecting the sate of the Raffinerie de
sucre du Québec". Alors, j'aurais mieux aimé "Act
respecting the liquidation of the Raffinerie de sucre du Québec".
En fait, c'est cela. C'est donc la thèse des gens du ministère
des Finances qui a eu le dessus avec cette loi sur ceux du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
J'aurais aimé poser la question aux gens qui ont eu les
responsabilités d'aller vérifier dans le monde ce qu'était
le sucre pour le Québec, un peu partout, et qui sont les membres de la
direction et du conseil d'administration. Ils sont les spécialistes du
sucre au Québec. Je sais que le prix du sucre fluctue, ce qui fait que
c'est parfois plus difficile. On pourrait leur demander, sur l'ensemble des
années où cela a existé, quelles ont été les
pertes et les surplus. La raffinerie de sucre n'a pas toujours
été en déficit, dieu mon père, je m'en excuse, mats
il me semble que, effectivement, ce n'est pas cela. On aurait pu leur poser des
questions parce que, s'ils sont là actuellement à la direction de
la Raffinerie de sucre du Québec, c'est parce qu'ils ont une
connaissance certaine du passé et une prévision possible du
futur. Or, ces spécialistes proposaient, par l'intermédiaire du
ministre de l'époque, un moyen de rentabiliser la Raffinerie de sucre du
Québec. C'était là la proposition dans le document du 18
avril 1985, dont le ministre nous a fait mention, qui avait été
présenté par le ministre à l'époque, M. le
député de Lévis. C'était la position de ces
spécialistes. Un véritable plan de rentabilisation de la
Raffinerie de sucre du Québec lui permettant de maximiser ses revenus
doit par conséquent comporter -c'était
énuméré: 1. Un programme de contrôle des
approvisionnements en betterave. 2. L'installation d'équipements de
raffinage en blanc et d'emballage. 3. Un programme d'assainissement de la
situation financière.
C'était là la proposition faite par les gens de la
Raffinerie de sucre du Québec dont le ministre faisait la
défense, alors qu'on a devant nous un ministre qui en fait la
liquidation. II y a un ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation qui est devant nous qui dit: On liquide cela, on vend cela
à Lantic. J'aurais aimé connaître de la part de la
direction, et je suis sûr que si elle venait ici on aurait des
réponses nous permettant de connaître la réalité de
la Raffinerie de sucre du Québec et on pourrait lui poser les trois
questions suivantes: fermeture, statu quo ou rentabilisation? Ils pourraient
certainement nous dire que la fermeture au cours des prochains mois de la
raffinerie de sucre, ne pourrait se faire sans le remboursement complet du
déficit accumulé par le fonds de l'assurance-stabilisation de 7
000 000 $ et le paiement des dettes de la raffinerie, 45 700 000 $. Ils
pourraient nous dire que les perspectives de récupération pour la
fermeture lors de la vente des actifs ne dépassent guère la somme
de 4 000 000 $. Et, étant donné le haut degré de
spécialisation des équipements à mettre en vente, la
nécessité de rembourser une partie de la subvention versée
par le ministère de l'Expansion économique régionale et
les frais qui seront encourus par cette liquidation - et on parlait bien de
liquidation, on n'a pas peur des termes, on ne disait pas vente, on disait
liquidation - si on ajoute à ces déboursés nets 48 700 000
$ et qu'on fait le calcul, la perte du capital-actions déjà
versé à la raffinerie, le coût de la fermeture ou de la
liquidation voisine les 85 000 000 $. La fermeture donc est nettement la plus
coûteuse des trois solutions que j'ai avancées. (22 heures)
Le statu quo, deuxièmement. On pourrait les interroger, on
pourrait s'informer et prendre la meilleure décision possible. Le statu
quo doit être aussi rejeté. C'est ce qu'on disait à
l'époque. Il faudrait leur demander pourquoi les spécialistes du
sucre au Québec nous disaient cela. Non seulement parce qu'il se
révèle très coûteux, 40 300 000 $, mais surtout
parce qu'il maintient la Raffinerie de sucre du Québec dans une
situation de dépendance permanente à l'égard des
fluctuations irrationelles des cours mondiaux et surtout à la merci des
membres du club canadien de raffinage. On en a des exemples frappants. Au
moment où le ministre dit qu'on liquide, le ministre de la liquidation
ici, "liquida, liquida-meublés", le coût du sucre a eu des
variations importantes. La raffinerie, dans le contexte du statu quo, et on
pourrait leur poser la question et s'informer, demeurera une entreprise
vouée à des déficits chroniques. Donc, on ne voulait pas
liquider parce qu'on disait que cela coûterait trop cher, on ne veut pas
garder le statu quo parce qu'effectivement on avait des déficits
chroniques, mais ce que cherchaient les gens c'était les moyens que l'on
a pour rentabiliser la Raffinerie de sucre du Québec. Or, les avantages
du plan de rationalisation qui était proposé - et ces
gens-là pourraient longuement nous en entretenir - regardez les gens du
conseil de direction et du conseil d'administration... J'aime autant ne pas
trop vous en parler, parce que ce sont des gens qui connaissent cela en
sapristi. Mais ils pourraient nous dire que les avantages du plan de
rentabilisation ne sont pas seulement budgétaires. On pourrait se
libérer par l'installation de capacités de raffinage. De quoi
pourrait-on se libérer? Du carcan imposé par le gouvernement
fédéral. On pourrait dire, soda, on devrait faire venir les gens
du fédéral pour nous dire s'ils ont un plan de sucre pour
l'ensemble du Canada. Ont-ils un plan dans cela? Ainsi la raffinerie devient
une entreprise rentable, capable de générer une activité
économique profitable aux Québécois
si elle se libère, comme je l'ai dit, du carcan imposé par
le fédéral. Le ministre avait dit: Attendons la politique
sucrière du fédéral, et on avisera. Il n'a pas attendu. Il
a décidé de déposer son projet de loi avant même que
la politique n'arrive, et vous savez ce que cela a donné. Cela a fait
qu'en l'annonçant avant il était déjà pris dans le
goulot d'étranglement. Là, on se retrouverait avec des gens qui
pourraient nous dire que cette attitude n'avait pas de bon sens.
Au seul niveau de l'usine, le plan de rentabilisation ajoutera 90
personnes-années d'emploi. Le député de Saint-Hyacinthe
devrait être content. Cela fera 90 personnes de plus en protégeant
les agriculteurs qui produisent de la betterave à sucre. Donc, 90
personnes-années d'emploi qui s'ajouteraient. Pour traiter 250 000
tonnes de betteraves, l'usine actuelle embauche 95 permanents et 120
travailleurs occasionnels pendant 50 jours. De 90 personnes-années,
à 95 permanents, c'est doubler le nombre de personnes qui travaillaient
là à temps plein. En 1987, la nouvelle raffinerie fournira de
l'emploi à 190 permanents et 70 occasionnels pendant 70 jours, disait le
programme de rentabilisation. L'emploi passera donc ainsi de 120 à 210
personnes-années, emplois permanents de ce gouvernement qui disait,
pendant la campagne électorale, qu'il allait créer des emplois
permanents. Le plan de rentabilisation assure aussi une augmentation importante
des emplois reliés à la production de betteraves. Rappelons que
ta production, disait le document, de 450 000 tonnes de betteraves signifie la
création ou le maintien de 500 personnes-années d'emploi, 200
directement sur les fermes et 300 dans les entreprises de fabrication
d'intrants et le transport. Mon Dieu! Pourquoi le liquide-t-on si ce plan de
rationalisation était si bon que cela? C'est cela qu'on devrait poser
à la direction et au conseil d'administration comme question et
peut-être que le ministre pourrait changer d'idée, au lieu de
faire les projets de loi 58, 61, 67, 85, 86, 87, 88, 75 et 84; je reviendrai,
parce que j'aurai l'occasion de parler de ces lois où on a refusé
des consultations.
Je vous dirai, en terminant, M. le Président, qu'il y a une loi
où j'ai réussi à convaincre le ministre de
l'Éducation, la loi 30, d'accepter une consultation particulière.
Quel a été le résultat? Vous allez le voir lundi. Le
ministre va déposer un nouveau projet de loi réimprimé,
changé complètement, parce qu'il a écouté les gens
et en les écoutant il a compris qu'il y avait une erreur. Il a
corrigé. C'est grâce à l'intervention de l'Opposition que
cela a été fait. J'aurai l'occasion d'y revenir, M. le
Président. On est ici pour de longues heures.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Laviolette. J'ai reconnu, maintenant, le
député de Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président, je vous signalais que...
Écoutez, M. le Président, si le député de
Saint-Hyacinthe veut parler, on va le laisser parler.
M. Messier: Bien oui. J'aimerais cela m'exprimer.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui, bon.
M. Charbonneau: Qu'il nous explique pourquoi on ne ferait pas
venir la direction de la raffinerie de sucre.
Le Président (M. Tremblay, Ibervîlle): Alors, est-ce
que vous cédez votre droit de parole?
M. Charbonneau: Ah! Volontiers, M. le Présidentl On pourra
le citer, par la suite, dans le Courrier de Saint-Hyacinthe.
M. Messier: Oui, d'ailleurs j'ai...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très bien.
M. le député de Saint-Hyacinthe.
M. Charbonneau: On va revenir, M. le Président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Toujours sur le
sous-amendement de la haute direction de la raffinerie de sucre.
M. Charles Messier
M. Messier: Effectivement, je vais m'exprimer. Cela me donne
l'occasion de me faire valoir un peu, en cette Chambre.
Pour répondre au député de Laviolette, qui faisait
mention tout à l'heure du conseil d'administration de ceux qui y
participaient, j'aimerais citer le Courrier de Saint-Hyacinthe du mercredi 1er
février 1984. Sous le titre "Les yeux plus grands que la panse" on
écrit: La production de betteraves sucrières est un atout
important dans la région agricole de Saint-Hyacinthe. Elle a encore sa
place, mais il faudra cesser d'avoir les yeux plus grands que la panse en
matière de raffinage du sucre et faire face à la
réalité.
Celui qui s'exprime ainsi a déjà été membre
du conseil d'administration de la raffinerie de sucre de Saint-Hilaire. Il
s'agit de Marcel Ostiguy, ancien député libéral
fédérai. On voit qu'il était... Il a déjà
été député provincial, cela va de soi. Il a
déjà été membre du conseil d'administration de la
Raffinerie de sucre du Québec. Il savait de quoi il parlait. Tout
à l'heure, on faisait un étalement des personnalités
relativement importantes de la Raffinerie de sucre du
Québec. M. Ostiguy parlait donc en connaissance de cause.
Pour revenir à la motion qui fait état de ceux qui
devraient être entendus ici en cette Chambre, j'ai une lettre ouverte qui
a été envoyée au Courrier de Saint-Hyacinthe. Je vais m'y
référer souvent. Ce journal est lu et il semble bien
apprécié dans la région, autant de Saint-Hyacinthe que du
comté de Verchères, et le député de
Verchères semble le lire relativement... Cette lettre ouverte est
adressée à René Lévesque, premier ministre, et elle
est signée par M. Langlois, président, MM. Thuan,
vice-président, Savard, secrétaire, Guilbert, trésorier et
Mme Bélec, directrice. Elle faisait mention d'un certain malaise
exposé par les cadres de la Raffinerie de sucre du Québec. Cette
lettre était adressée à M. Lévesque en date du 29
mai.
Une voix: Le 29 mai de quelle année?
M. Messier: Le 29 mai 1984. Cette lettre, adressée
à M. Lévesque, relatait les malaises qui existaient à la
Raffinerie de sucre du Québec. Le parallèle que je veux
faire...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Une seconde!
Messieurs, s'il vous plaît, je voudrais avoir seulement une
séance, et non deux ou trois. Procédez, M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Messier: Le parallèle que je veux faire avec cette
motion, c'est que les gens de l'Opposition, lorsqu'ils étaient au
pouvoir, n'ont même pas écouté les employés de la
Raffinerie de sucre du Québec, ni les producteurs agricoles, ni
même les cadres. Et, aujourd'hui, on veut le faire à
l'emporte-pièce, on veut les entendre ici même. Alors qu'elle
était au pouvoir, l'Opposition actuelle n'a même pas daigné
les rencontrer ou répondre à leurs critères.
Je voudrais simplement citer quelques points de cette lettre. On fait
mention de M. Marier qui, non seulement n'a pas accepté de nous
rencontrer, mais qui n'a même pas daigné accuser réception
de nos lettres, faisant ainsi preuve, sinon de mépris à notre
égard, de manque évident de courtoisie. Il évoqua sans
doute le manque de temps pour justifier une telle attitude - II faut penser que
M. Marier "fait", 50-50, SOQUIA et la Raffinerie de sucre du Québec - On
en fait toujours mention ici, mais cela nous apparaît tout de même
inacceptable, compte tenu des délais qui se sont écoulés
depuis notre lettre du 16 avril dernier et de l'urgence de régler les
questions salariales des cadres. Aussi, M. le premier ministre, nous vous
demandons d'intervenir pour amorcer un dialogue entre la direction de la
Raffinerie de sucre du Québec et ses cadres qui, dans la grande
majorité, ont adhéré à notre association.
Il faut comprendre que les cadres de la Raffinerie de sucre du
Québec s'étaient regroupés, car il y avait un malaise, il
y avait des tensions à l'intérieur de la Raffinerie de sucre du
Québec. Les signataires de la lettre continuent: Si les cadres de la
Raffinerie de sucre du Québec ont décidé de se regrouper
en association, c'est qu'ils veulent être traités comme de
véritables collaborateurs dans la gestion de l'entreprise. Ils veulent
être consultés sur toute mesure visant à changer les
conditions de travail, au même titre que les autres travailleurs de la
raffinerie, ce qui n'est pas le cas présentement. Il n'y a aucun
dialogue entre la direction et les cadres.
On voit qu'il y avait une certaine tension. On l'a vu souvent. J'ai ici
plusieurs documents qui concernent la Raffinerie de sucre du Québec et
l'on voit que, sous l'ancien gouvernement, les péquistes n'avaient pas
tendance à consulter énormément les gens de la Raffinerie
de sucre du Québec. J'ai ici une autre coupure de presse en date du 7
mars 1984. Alors que 200 personnes étaient à l'ITAA de
Saint-Hyacinthe - le Courrier de Saint-Hyacinthe mentionnait alors qu'il y
avait 200 personnes - ni M. Garon, ni M. Marier ne se présentent. C'est
titré ainsi "Les producteurs de betteraves, lé ministre Garon
n'était pas là. " On écrit: La journée du 1er mars
avait comme thème la recherche sur la betterave - cela nous concerne.
Les noms de M. André Marier, président et directeur
général de la Raffinerie de sucre du Québec, de
Saint-Hilaire, et M. Jean Garon, ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation, figuraient au programme, ce qui avait, de toute
évidence, contribué à attirer beaucoup de gens à la
rencontre qui se tenait à l'auditorium de la polyvalente
Hyacinthe-Delorme. Le conflit qui a jailli l'automne dernier entre les
producteurs de betteraves à sucre et la raffinerie de Mont-Saint-Hilaire
aurait dû faire un pas de plus vers sa solution lors de cette rencontre.
Mais il manquait les représentants du gouvernement pour poursuivre les
débats. Les producteurs sont donc restés sur leur faim une fois
de plus.
Une fois de plus. Mon Dieu! C'est à se demander ce qui se passait
à la Raffinerie de sucre du Québec lorsqu'on étale une
motion qui, d'après moi... Comme jeune parlementaire, j'en jasais avec
le ministre tout à l'heure, c'est tuer le parlementarisme que de
siéger ici ce soir... Entendre les gens parler sur la motion, cela va,
mais pourquoi ne pas attaquer le problème de front? Pourquoi ne pas voir
ce qu'étaient les problèmes cruciaux qu'a vécus la
Raffinerie de sucre du Québec? Mais c'était supposé que
sur la motion de report... Je me suis
exprimé sur la motion de report et la même chose pour
l'adoption du principe. On devrait voir ce qui a flanché à la
Raffinerie de sucre du Québec, s'il arrive une deuxième
Raffinerie de sucre du Québec, un autre concept, pour voir vraiment ce
qui se passe, étudier le problème de front. Ce qu'on fait, c'est
une perte de temps épouvantable.
Comme je l'ai déjà exprimé à plusieurs
reprises, le fait de fermer la Raffinerie de sucre du Québec, c'est une
décision politique. On ne pouvait pas, au nom de l'autosuffisance,
injecter des millions et des millions de dollars. Je pense qu'il n'y a pas un
contribuable québécois qui aurait voulu opter pour cela. La
décision économique, c'est à la suite des déficits
de fonctionnement. On sait qu'il y en a eu énormément. J'aimerais
vous faire mention de deux choses, peut-être, qui ont contribué
davantage à augmenter les déficits de la Raffinerie de sucre du
Québec. J'aimerais ici citer, en date du 5 mai 1984: "Du rififi dans la
betterave". C'est Alain Dubuc qui s'exprime.
Je regarde le scénario qui se passe depuis environ 15 heures, cet
après-midi. On dit: Toute l'affaire, qui tenait jusqu'ici du vaudeville,
- cela ressemble un peu à ce qu'on fait - dégénère
actuellement...
M. Jolivet: Du vaudeville. Allez chercher le dictionnaire. M. le
Président, question de règlement. Qu'il retire son mot
"vaudeville".
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Actuellement, il
est en train de lire un article.
M. Jolivet: Mais ce n'est pas ici. Il n'a pas écrit
l'article ce soir.
M. Messier: Non, je cite l'article.
M. Jolivet: Je sais. Ce que je veux dire, c'est qu'il parle de ce
soir.
M. Messier: Oui, oui.
M. Jolivet: M. le Président, il parle de ce soir. Il ne
peut pas citer un article de ce soir.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Jolivet: Le journaliste l'a écrit pour demain,
voyons!
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, s'il vous
plaît...
Une voix: II est en train de citer l'article de demain.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous devez vous en
tenir à la pertinence du sous-amendement. La haute direction, toujours.
Vous étiez bien parti.
M. Messier: Merci beaucoup, monsieur.
Toute l'affaire, qui tenait jusqu'ici du vaudeville - on parle de la
Raffinerie de sucre du Québec et de tout le tralala
-dégénère actuellement en queue de poisson. Le ministre
responsable du gâchis, M. Jean Garon, de l'Agriculture, est pris en
sandwich entre Ottawa qui l'accuse de dumping et les cultivateurs qui menacent
de ne plus produire de betteraves.
On voit qu'il y avait encore une certaine tension avec les producteurs
de betteraves à sucre. On sait que l'ancien ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation n'avait pas tendance à vouloir
négocier facilement. Il a toujours été acculé au
pied du mur pour faire quoi que ce soit. Je l'ai vu a maintes reprises à
l'école de médecine vétérinaire et avec les
producteurs de la Raffinerie de sucre du Québec.
Où je voulais en venir concernant l'augmentation des
déficits de la Raffinerie de sucre du Québec - et je vous cite
toujours Alain Dubuc, le 5 mai 1984: La manière dont cela a
été fait est étonnante. Pour "convaincre" Provigo et
Richelieu de choisir le sucre Marie perle plutôt qu'une autre marque, on
leur a versé des ristournes de plus de 1 000 000 $, ainsi que d'autres
avantages. Selon le représentant de l'une de ces chaînes, la
raffinerie leur a fait une offre qu'on ne pouvait pas refuser.
Cela me fait peur, cela me fait penser au Parrain. On offre 1 000 000 $
à des compagnies pour qu'elles achètent la marque Marie perle. Je
trouve que c'est un peu exagéré pour pouvoir vendre un produit
quelconque. II s'agit de voir si, effectivement, pour la Raffinerie de sucre du
Québec, la marque Marie perle, on devait s'en aller dans ce type de
rencontre. (22 h 15)
Peut-être un autre élément a fait augmenter les
déficits. On se rappelle qu'en 1982, en grosses négociations
collectives, on s'est aperçu que le député de Ver
chères a joué un rôle paternaliste lorsqu'il a voulu se
mêler des négociations et celles-ci ont été
très coûteuses. Il s'est quand même perdu 25 000 000 de
tonnes de betteraves cette année-là en ce qui concerne la
négociation. Une chance que les conseillers syndicaux ont tassé
le député. Je regarde ici et toujours dans le Courrier de
Saint-Hyacinthe, en date du 27 octobre 1982, le conseiller syndical Alain
Dupont a confirmé la tenue d'une telle rencontre. Le
député de Verchères était présent.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Saint-Hyacinthe il vous reste
moins d'une minute.
M. Messier: Merci, je vais revenir plus tard. J'étais bien
parti là.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très
bien.
M. Garon: Votre article du 1er mars, c'est le 1er mars de quelle
année?
M. Messier: Je vous le dirai tout à l'heure. Le conseiller
syndical Alain Dupont a confirmé la tenue d'une telle rencontre mais
pour le reste il s'est dit d'avis que ce sont les membres du syndicat qui ont
gagné la bataille et que c'est leur grève qui a fait bouger le
député et la partie patronale. Point è la ligne. On voit
qu'il faudrait que le député de Verchères soit au pied du
mur pour commencer à bouger en ce qui concerne la Raffinerie du sucre du
Québec dans les négociations, etc.
Je vais conclure et je vais revenir un peu plus tard. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Saint-Hyacinthe. Je cède maintenant la parole au
député de Lévis.
M. Garon: M. le Président, j'aurais aimé savoir en
quelle année.
M. Messier: En 1982.
M. Jean Garon
M. Garon: 1982. II est arrivé en quelques circonstances
que des gens aient mis mon nom sur des réunions sans que j'en ai
été averti. C'est arrivé à quelques reprises. J'ai
appris plus tard que j'avais été annoncé à des
places où je n'avais jamais su qu'il y avait une réunion
où j'étais invité. C'est arrivé quelques fois. Je
dois vous dire que cette semaine pour moi c'est une très bonne semaine.
Je suis de bonne humeur et j'ai reçu justement le jugement du Conseil de
presse du Québec où j'ai porté plainte. Je peux vous le
lire.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Ce n'est pas
pertinent au sous-amendement.
M. Garon: Oui, cela va porter sur la
crédibilité...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Sur la
crédibilité?
M. Garon:... du député.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Votre
crédibilité n'a pas été attaquée ici.
M. Garon: Oui il m'a attaqué quand il a parlé du
journal La Presse et des articles dans le journal La Presse. J'ai justement
porté plainte concernant un article dans ce journal. Je vous dirai que
dans l'affaire de Claude Marsolet, de la Presse, le jugement vient de sortir le
4 juin dernier. Que dit-il? Après étude de ce dossier, le conseil
en est arrivé aux conclusions suivantes: "Le choix et le traitement des
informations relèvent du jugement rédactionnel des médias
et des journalistes. Ceux-ci doivent cependant se conformer à
l'obligation et au devoir que leur impose leur rôle d'informateurs
publics de livrer une information conforme aux faits et respectueuse des
événements et des personnes.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis, il faudrait revenir à la
pertinence.
M. Garon: Les gens citent des articles et il faudrait quand
même mesurer la crédibilité de ces articles.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord, mais il
faudrait quand même être en relation avec l'autre.
M. Garon: J'ai quelques lignes. J'ai terminé, M. le
Président. On dit: "Dans le cas présent, l'article
dénoncé contenait des erreurs de fait que le journaliste et le
journal admettent eux-mêmes ainsi que des insinuations propres à
discréditer le plaignant aux yeux de l'opinion publique. Le conseil
blâme donc le journaliste pour son manque de rigueur et il reproche
à la Presse d'avoir publié un tel article où l'amalgame
d'erreurs factuelles et d'insinuations est de nature à tromper le
lecteur sur le sens et la portée véritables de
l'événement. " C'est le premier jugement que j'ai reçu
cette semaine. J'en ai reçu un autre après être allé
devant la Commission d'accès à l'information contre le
ministère du Revenu où j'ai gagné aussi. Vous pourrez voir
dans les journaux de demain par les cotes d'écoute d'une émission
de radio à laquelle je participe que la crédibilité du
député de Lévis est assez élevée.
M. Messier: Je voudrais me prévaloir de l'article...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Est-ce que M. le
député de Lévis accepterait une question?
M. Garon: Après.
M. Messier: Une question de règlement.
M. Pagé: Sur le même sujet, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Une seconde. Sur le
même sujet.
M. Garon: Après. M. Pagé: Très
brève.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Non?
M. Pagé: Très brève question. Vous
acceptez?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors vous acceptez
la question?
M. Garon: Oui.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Pagé: Le député de Lévis vient de
se référer à une plainte qu'il a portée devant le
Conseil de presse du Québec où il a gagné.
M. Garon: Oui.
M. Pagé: Le député de Saint-Hyacinthe s'est
référé à de nombreux articles qui reprochaient ses
actions au député de Lévis. Est-ce que vous aviez
porté plainte au Conseil de presse du Québec contre ces
articles?
M. Garon; Je n'ai pas lu ces articles.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
Maintenant procédons. M. le député de Lévis, si
vous voulez continuer.
M. Messier: Une question de règlement à l'article
213, s'il vous plaît! Je veux juste poser une question au
député de Lévis. J'ai cité Alain Dubuc. Je voudrais
savoir le nom du journaliste que vous avez cité tout à l'heure.
J'ai mal entendu.
M. Jolivet: Claude Marsolet. M. Garon: Claude V. Marsolet... M.
Messier: D'accord.
M. Garon: C'est concernant le Manoir des Érables et la
dernière subvention du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation au mois de décembre; cela a été
cité abondamment par le Parti libéral et è ce sujet le
journal La Presse a été condamné à 100 %
ainsi que le journaliste.
Une voix: Alain Dubuc, économiste.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, excusez une
seconde.
M. Garon: J'ai eu l'occasion de parler à M. Dubuc au
téléphone...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît!
M. Garon:... sur l'industrie du sucre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je voudrais dire au
député de Saint-Hyacinthe que l'article 213 parle de revenir
à la fin de l'intervention.
Une voix: Voilà, M. le Président. M. Messier: II
n'a pas terminé?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Non, il n'a pas
terminé.
M. Messier: C'est dommage.
Une voix: II n'a pas commencé encore.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis...
Une voix: On commence.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): ... on vous
écoute attentivement.
M. Garon: M. le Président, j'ai justement parlé
avec des gens tout à l'heure au téléphone qui me disaient
à quel point le prix du sucre a déjà commencé
à monter au marché de détail parce qu'il y a moins de
concurrence qu'il y en avait auparavant. Ils me citaient des chiffres de l'an
dernier par rapport à cette année. J'ai parlé à des
gens représentant des associations de consommateurs qui se
préparent à demander un contrôle du prix du sucre au
Québec parce qu'il n'y aura plus de concurrence. Quand on pense
qu'actuellement, impunément, on va se retrouver avec seulement une
entreprise dans le sucre au Québec et qu'il n'y aura plus aucune
concurrence, la population ne va rien dire? Voyons donc! M. le
Président, le sucre, comme la farine et certains autres produits, est
une denrée de base qui entre dans un grand nombre de produits et on ne
peut pas impunément faire que le prix du sucre ait n'importe quel
comportement parce que le gouvernement refuse de prendre ses
responsabilités.
Pourquoi demandons-nous de convoquer la haute direction de la Raffinerie
de sucre du Québec? Parce que j'ai eu l'occasion personnellement
d'assister à une rencontre, à une confrontation entre les
fonctionnaires du ministère des Finances et les hauts fonctionnaires de
la Raffinerie de sucre du
Québec. Je peux vous dire que le document du ministère des
Finances n'était même pas signé, parce que personne n'avait
voulu signer ce document, une feuille de 8 1/2 X 14, avec une série
d'éléments mentionnés signés par personne et qui
ont été démolis d'une façon fulgurante. Le
député de Verchères était présent.
Je dis qu'actuellement il est très important pour les membres de
la commission de rencontrer la haute direction de la Raffinerie de sucre du
Québec qui connaît le secteur ou parmi laquelle il y a des gens
qui connaissent le secteur. Je vous dirai que, quand le ministre Mayer est venu
à mon bureau et qu'il a rencontré les gens du Québec
oeuvrant dans le secteur du sucre, il m'a demandé si nous accepterions
que M. Marier agisse comme membre du comité canadien pour établir
une politique du sucre, parce qu'il considérait que M. Marier
était la personne la plus compétente qu'il avait
rencontrée dans toutes ses réunions jusqu'à
maintenant.
Je vous dirai également que j'ai eu l'occasion de rencontrer des
gens qui ont été présents à des rencontres, par
exemple, M. Little, un expert dans le secteur du sucre, qui y a oeuvré,
je ne me souviens pas si c'est 20 ou 25 ans, et qui est un expert dans le
domaine du sucre. C'est beau, mais je vous dirai que le sous-ministre adjoint
aux Finances, M. Claude Séguin, n'a sûrement pas oeuvré
beaucoup d'années dans le secteur du sucre. À part ses
connaissances livresques du ministère des Finances, il n'a pas d'autres
renseignements.
Je vous dirai aussi que les articles de M. Dubuc sont des ramassis
d'information véhiculée par l'Institut canadien du sucre, de
langue anglaise ou de langue française, qui est essentiellement une
organisation payée à 100 % par les deux raffineries de sucre qui
forment un oligopole au Canada. Ne nous contons pas d'histoire. J'ai
parlé avec M. Dubuc moi aussi au téléphone et M. Dubuc n'a
pas fait lui-même beaucoup de recherche sur le sucre, il a seulement
répété ce qu'on lui avait dit, ce que les gens lui ont
dit. Deuxièmement, dans son dernier article, il s'est prononcé en
disant: En l'absence d'information, faisons confiance aux gens des Finances,
ils doivent connaître cela. Je vous dis, pour avoir assisté
à des réunions où les gens des Finances étaient
présents, qu'ils ne connaissent pas le secteur du sucre. C'est pourquoi
le précédent gouvernement n'a pas pris de décision comme
l'avaient proposé certains fonctionnaires des Finances, parce qu'il
apparaissait d'une façon évidente, au cours des réunions,
que le dossier, les renseignements que véhiculaient les fonctionnaires
du ministère des Finances n'étaient pas appuyés
concrètement sur des données.
Actuellement, le projet de loi qui est devant nous constitue une erreur
parce que les gens qui ont eu à travailler à ce dossier ne
connaissent pas le secteur. Ne nous contons pas d'histoire, ils ne connaissent
pas le secteur. Il est temps qu'il y ait une décision qui soit
éclairée et qu'on permette à des gens qui connaissent le
secteur de venir rencontrer les membres de la commission. Les demandes qu'on
fait sont essentiellement... Je ne vois pas pourquoi la commission refuserait
d'être éclairée. Il n'y a que les gens bêtes qui
refusent d'être éclairés. Qu'on veuille rencontrer le
Syndicat des producteurs de betteraves sucrières du Québec... Le
projet n'est pas de moderniser, c'est de fermer une industrie du sucre au
Québec, fermer l'industrie de la betterave à sucre au
Québec. C'est cela exactement le projet. Qu'on refuse de rencontrer les
producteurs de betteraves sucrières du Québec, qu'on refuse de
rencontrer les représentants de la compagnie de sucre Lantic, qu'on
refuse de rencontrer la haute direction de la Raffinerie de sucre du
Québec, ce serait absurde. Les autruches se mettent la tête dans
le sable et le derrière au vent pour ne pas voir venir les
événements, mais, habituellement, les êtres humains ont
plus d'intelligence. Actuellement, tout ce qu'on demande à cette
commission, au fond, c'est de rencontrer des gens qui connaissent quelque chose
dans le secteur. Il me semble que la compagnie de sucre Lantic ne devrait pas
avoir honte de venir devant cette commission. Si elle a des choses à
dire, elle devrait être fière de les dire.
Je suis persuadé que les producteurs de betteraves
sucrières du Québec ne refuseront pas, ils seront fiers de
rencontrer les membres de la commission. Je suis certain que les membres de la
haute direction de la Raffinerie de sucre du Québec le seraient aussi.
Les producteurs ont même demandé par télégramme le
pourquoi de cette façon, pour une commission parlementaire, de refuser
de rencontrer des gens qui sont dans un secteur industriel qu'on veut fermer
à toutes fins utiles. Qu'est-ce que c'est? Sommes-nous dans un
régime fasciste? Sommes-nous en régime totalitaire où les
commissions parlementaires ne pourront plus rencontrer les gens? C'est
justement le rôle des commissions parlementaires. On a accepté de
rencontrer cette semaine - cela s'est bien déroulé - les
différents intervenants concernés par la protection sanitaire des
animaux.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député, il vous reste une minute et demie.
M. Garon: M. le Président, j'aurai l'occasion d'intervenir
a nouveau. Je veux simplement dire que ce qu'on demande, c'est que la
commission accepte de rencontrer les
gens du secteur. Je vois le député de Gaspé; si,
demain matin, on dit qu'on ferme les pêches au Québec sans
rencontrer les gens du secteur, qu'est-ce que vous diriez?
M. Beaudin: Je pense que c'est ce qui se passe aux
Îles-de-la-Madeleine, M. le député.
M. Garon: Quai?
M. Beaudin: La fermeture des pêches.
M. Garon: Quoi?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): On est en train de
discuter le sous-amendement.
M. Garon: Je ne sais pas si cela se passe actuellement, sous le
nouveau ministre, spécialiste du "bicycle".
Une voix: Vous êtes provoqué, là.
M. Garon: Je vous dirai qu'aux Îles-de-la-Madeleine,
lorsque j'étais ministre, le nombre des emplois a augmenté et
s'élevait à au-delà de 2000 dans le secteur des
pêches.
M. Beaudin: Avec les déficits que vous connaissez
aussi.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs, ce n'est
pas pertinent.
M. Garon: II n'y avait pas de déficit, aux
Crustacés des Îles, durant la première année de
fonctionnement. On en a fait la modernisation et on était en train, au
contraire, de faire une bonne année. Au contraire!
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Concluez, M. le
député, il vous reste une demi-minute.
M. Garon: Le député de Gaspé est ici. J'ai
justement rencontré un couple de la Gaspésie, l'autre jour,
à Lévis. Ils ont voulu me parier pour me dire: Depuis que vous
êtes parti des pêches, il ne se passe plus rien en
Gaspésie.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Garon: Dans le secteur des pêches, la construction est
arrêtée. Je peux vous dire que j'ai l'intention d'aller passer un
bout de temps, plusieurs jours en Gaspésie cet été.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député, s'il vous plaît, concluez, votre temps est
terminé.
M. Garon: Cette intervention est un appel à l'intelligence
des députés afin qu'ils ne refusent pas d'être
éclairés par des gens qui connaissent le secteur. On vous demande
de rencontrer la haute direction de la Raffinerie de sucre du Québec.
Est-ce qu'il y a quelque chose d'anormal là-dedans? Je regarde le
député de Kamouraska-Témiscouata qui a le regard brillant
par instants; il ne peut pas refuser de rencontrer ceux qui connaissent
l'industrie du sucre, il ne connaît pas ce secteur. Le
député de Berthier ne connaît pas l'industrie du sucre. Le
député de Deux-Montagnes ne connaît pas l'industrie du
sucre, non plus - je termine...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député, s'il vous plaît!
M. Garon:... que le député de Prévost, le
député de Gaspé, le député de
Lotbinière et le député de Saint-Hyacinthe.
M. Forget: Je dois vous reprendre, M. le député de
Lévis, je connais la production du sucre.
M. Garon: Vous connaissez la production, mais vous ne connaissez
pas l'industrie sucrière. La haute direction de la raffinerie...
M. Forget: Bien oui, j'en ai moi-même produit. N'oubliez
pas que dans Rousseau on en a produit.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît! À l'ordre, à l'ordre, à l'ordre!
M. Garon: À plus forte raison, le député de
Prévost ne peut refuser le droit aux cultivateurs de venir nous
rencontrer pour nous dire ce qu'ils en pensent...
Une voix: On vient d'en entendre un producteur.
M. Garon:... de même que la compagnie de sucre Lantic, et
la haute direction de la Raffinerie de sucre du Québec. Autrement, ce
sera un geste de honte qui sera écrit en lettres de bronze dans le front
des députés ministériels pour avoir fermé une
industrie qui emploie 1500 personnes sans avoir entendu qui que ce soit.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député, c'est terminé et j'ai été
très permissif. Je cède maintenant la parole à M. le
député de Verchères. (22 h 30)
Une voix: Ce n'est pas fort.
M. Jean-Pierre Charbonneau M. Charbonneau: Regardez bien mes
arguments, mon cher monsieur. La demande de mon collègue de
Dubuc, qui présente une motion ayant pour but d'entendre la direction de
la Raffinerie de sucre du Québec, c'est probablement, l'une des demandes
que nous allons formuler qui est la plus pertinente, la plus importante. Je
l'ai dit à plusieurs reprises, depuis quelques semaines à chaque
fois qu'on a eu l'occasion de discuter du dossier de la raffinerie, nous
n'avons jamais caché qu'il y avait au sein de l'appareil gouvernemental
deux thèses. La thèse du ministère des Finances et la
thèse des gens de l'Agriculture, comprenant la direction de la
Raffinerie de sucre du Québec. J'ai déposé à
l'Assemblée nationale, j'ai rendu public... Je n'ai pas vu un
député ministériel me demander de déposer les
documents et de les rendre publics. Seuls les députés de
l'Opposition, du Parti québécois, m'ont demandé des copies
des documents. Mais, dans les documents que j'ai rendus publics, il y en avait
plusieurs qui ont été produits par la direction de la raffinerie
de sucre. J'en prends un entre autres, daté du 17 juin 1985, qui avait
été préparé par !a direction de la raffinerie. Il
s'adressait à l'ancien ministre de l'Agriculture et, je dois le dire
à sa décharge, ce n'est pas lui qui m'a transmis la copie. Cela
s'intitulait: Rétablissement des faits dénaturés par les
agents du ministère des Finances concernant le plan de
développement de la raffinerie de sucre. II n'y a pas un membre
ministériel qui s'apprête à voter sur ce projet de loi qui
s'est donné la peine de prendre connaissance de ce document. Pas un!
Peut-être le ministre de l'Agriculture, mais je n'en suis pas certain. La
façon dont il parle et les décisions qu'il a prises me font
douter sérieusement qu'il se soit donné la peine de lire ces
documents, de les demander et d'en prendre connaissance. Or, M. le
Président, vous avez dans ce document que je viens de citer, du 17 juin
1985, sans une démonstration éclatante de 17 pages, avec des
tableaux, des statistiques, des évaluations, une réfutation d'une
série d'arguments qui ont été présentés
à plusieurs reprises par les fonctionnaires du ministère des
Finances.
Nous avions promis en campagne électorale d'entendre les
différentes parties et je vous rapelle ce que je vous ai
déjà dit, M. le Président, ainsi qu'à vos
collègues: l'engagement libéral avait été pris
après que le premier ministre Johnson eut lui-même pris un
engagement formel en campagne électorale le 13 novembre 1985. M. Johnson
avait écrit une lettre au Syndicat des producteurs de betteraves
sucrières du Québec, M. Simon Guertin, celui-même qui
préside l'association qu'on voulait convoquer en priorité
aujourd'hui. Entre autres, M. Johnson disait à M. Guertin: Le
gouvernement du Québec mettra en oeuvre des me- sures visant à
rechercher auprès du secteur privé des partenaires financiers qui
pourraient permettre une relance efficace de la raffinerie ou qui pourraient
permettre une injection de capitaux adéquats. Le gouvernement est
conscient qu'il faut une fois pour toutes atteindre un consensus sur l'avenir
de la raffinerie. Le Québec ne pourra pas éternellement investir
à fonds perdus, pas plus que les producteurs de betteraves, les
employés de la raffinerie et la direction ne pourront continuer à
vivre dans l'incertitude et l'insécurité face à leur
avenir et à celui de la production sucrière. En
conséquence, j'endosse la proposition des députés
Charbonneau et Dupré quant à la formation d'un comité
quadripartite formé des représentants des ministères
concernés, Finances et Agriculture d'une part, de la direction de la
raffinerie de sucre, de son syndicat et du syndicat des producteurs de
betteraves. Je mandate ce comité pour faire le point de façon
définitive sur le dossier et de s'entendre sur des
éléments d'analyse qui nous permettent, à partir de
données communes, de discuter d'une même réalité et
de trouver des solutions acceptables aux parties en présence et qui
respectent les meilleurs intérêts du Québec.
M, Jolivet: Parole donnée.
M. Charbonneau: Ça, c'était la parole
péquiste, M. le Président, donnée par le premier ministre
du Québec, pas juste par un chef de parti, par le premier ministre du
Québec. Nous avions déjà commencé à mettre
en oeuvre cet engagement, parce qu'il y avait eu mandat donné au
ministre des Finances de mettre en place ce comité. La direction de la
raffinerie de sucre a produit des documents. Est-ce qu'on peut comprendre qu'on
va mettre fin à l'existence de la raffinerie de sucre sans entendre la
direction? Je ne comprends pas qu'il n'y ait même pas aujourd'hui,
à cette commission, un seul représentant de la direction de la
raffinerie de sucre qui soit venu assister à cette commission
parlementaire. C'est un peu inqualifiable. Il y a des gens qui ont donné
je ne sais combien d'années de leur vie à se battre pour une
entreprise, pour concurrencer les grands du sucre qui ont leur lobbyiste qui
est ici. Il vient justement de quitter la salle. Ils ont leur lobbyiste
payé depuis des années pour se battre contre la raffinerie de
sucre. Il est payé à l'heure. Il me le disait tantôt. Il a
dit: Continuez, moi je suis payé à l'heure. Il est payé
par la compagnie Lantic pour faire du lobby depuis des années. Je me
rappelle, il y a quelques années, il m'a demandé d'aller
dîner avec lui et j'y suis allé. Tout son argumentation,
c'était pour nous convaincre que la raffinerie, c'était
épouvantable. Il fallait remettre cela au
secteur privé. Ce n'était pas une bonne affaire, la
raffinerie de sucre, cela leur rentrait dans le corps, etc. Les gens qui se
sont battus contre cela, ce sont les gens de la direction de la Raffinerie de
sucre du Québec. Ces gens ont produit des documents comme le document du
17 juin 1985 qui a été remis è l'ancien ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation qui est présent
ici aujourd'hui, le député de Lévis, qui mange mon orange,
M. le Président.
Des voix: Ha! Ha!
M. Charbonneau: M. le Président, à la suite de la
présentation par les gens du ministère des Finances d'une
proposition de la compagnie Lantic, qui a son lobbyiste ici depuis le
début de nos travaux, les dirigeants de la raffinerie de sucre et un
haut fonctionnaire du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation qui est ici, dans cette salle, M. Lavoie, avaient produit un
document le 10 octobre 1985. Ils l'ont transmis au ministre de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation. Ce document s'intitulait: Comparaison
des propositions du ministre des Finances et du ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation.
M. le Président, comment penser qu'on va voter ce projet de loi
et qu'on nous imposerait éventuellement la clôture parce que vous
refusez toutes nos motions et qu'on va s'engager dans un processus de
liquidation d'une société sans qu'on ait donné aucune
chance aux dirigeants de cette entreprise de se faire entendre publiquement? On
nous avait promis en campagne électorale qu'il y aurait un procès
juste et équitable à l'égard de la raffinerie de
sucre.
Une voix: Un procès?
M. Charbonneau: Un procès dans le sens où les
thèses contradictoires, celle des Finances, de M. Paillé, qui est
ici, qui défend la thèse de son ministère, et celle du
ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et
des dirigeants de la raffinerie, les deux thèses pourraient se
confronter. C'était cela l'engagement électoral que les
libéraux ont pris, comme l'engagement que le Parti
québécois avait pris: un comité où il y aurait les
gens des deux ministères concernés, des spécialistes et
les gens concernés, c'est-à-dire les employés et les
producteurs; il y avait aussi la direction qui était impliquée.
C'était cela l'engagement électoral. Ce qu'on fait avec la motion
du député de Dubuc, c'est de permettre au ministre de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation de respecter, comme on
le disait cet après-midi pour les producteurs, sa promesse
électorale.
M. le Président, je pense que l'histoire va se rappeler un
gouvernement qui n'a pas eu le courage politique de respecter sa parole. Il n'a
pas eu le courage politique d'inviter à la commission parlementaire,
pour être entendus, les premiers concernés, ceux qui ont
donné leur vie depuis des années, qui ont mis des heures et des
heures pour produire des documents, pour aller vérifier à
l'étranger ce qui se passait dans le secteur du sucre et qui ont,
probablement au Québec, accumulé plus d'expertise que le ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation en a et en aura
jamais sur ce dossier.
M. le Président, quoi de plus normal que d'entendre la direction
de la raffinerie de sucre? Quoi de plus normal que de faire en sorte que les
documents du ministère des Finances et du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation et de la raffinerie de
sucre soient confrontés? Si le ministre ne partage pas le point de vue
des analyses qui ont été préparées par la direction
de la raffinerie de sucre, ce serait l'occasion rêvée, si ces gens
avaient la chance de se faire entendre, de leur demander ce qu'ils pensent de
tel ou tel élément, d'essayer de les contredire, d'utiliser M.
Paillé et M. Claude Séguin, sous-ministre adjoint au
ministère des Finances et d'essayer de les mettre en contradiction.
C'est cela, finalement, quand on veut avoir la vérité. Le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation est avocat.
C'est un bon plaideur. Il sait très bien que lorsqu'on veut avoir la
vérité dans un procès on confronte les témoignages
des uns et des autres et qu'on essaie, par cette confrontation, d'avoir une
idée claire de la situation.
M. le Président, faire venir les dirigeants de la Raffinerie de
sucre du Québec, comme faire venir les représentants de la
compagnie Lantic, non seulement M. Morin qui nous écoute, grassement
payé, mais les dirigeants de la raffinerie, de la compagnie Lantic et
les producteurs...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Concluez.
M. Charbonneau: M. le Président, dans le dossier qui nous
occupe, ce sont des demandes qui sont élémentaires. Je ne peux
pas penser que le gouvernement va liquider une entreprise, liquider une
industrie sans faire venir les premiers intéressés.
Le Président (M, Tremblay, Iberville): M. le
député de Verchères, je vous remercie. Est-ce qu'il y a
d'autres interventions, sinon on va mettre le sous-amendement aux voix?
M. Pagé: Non, M. le Président.
Des voix: Vote nominal.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je ferai l'appel du
vote par le secrétaire.
Une voix: Le député de Saint-Hyacinthe, même
s'il n'est pas là, on pourrait faire comme s'il avait voté du
côté ministériel. On donnerait notre permission.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II faut
procéder. Vu qu'il n'est pas ici...
Une voix: Quand il arrivera, il donnera son vote.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): En tout cas.
Maintenant, il faut voter sur le sous-amendement. Le sous-amendement
c'était "et la haute direction de la Raffinerie de sucre du
Québec". M. le secrétaire.
Le Secrétaire: M. Camden (Lotbinière)?
M. Camdem: Contre.
Le Secrétaire: M. Assad (Papineau)?
M. Assad: Contre.
Le Secrétaire: M. Forget (Prévost)?
M. Forget: Contre.
Le Secrétaire: Mme Legault (Deux-Montagnes)?
Mme Legault: Contre.
Le Secrétaire: Mme Dionne
(Kamouraska-Témiscouata)?
Mme Dionne: Contre.
Le Secrétaire: M. Houde (Berthier)?
M. Houde: Contre.
Le Secrétaire: M. Pagé (Portneuf)?
M. Pagé: Contre.
Le Secrétaire: M. Tremblay (Iberville)?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Contre.
Le Secrétaire: M. Jolivet (La violette)? M. Jolivet:
Pour.
Le Secrétaire: M. Charbonneau (Verchères)?
M. Charbonneau: Pour.
Le Secrétaire: M. Garon (Lévis)?
M. Garon: Pour.
M. Jolivet: Quand le député de Saint-Hyacinthe sera
présent tout à l'heure, vous lui poserez la question.
M. Houde: Tantôt, il en manquait un et on a fait la
même chose. On a reporté le vote. Je pense que c'est pareil pour
tout le monde.
Reprise du débat sur la motion
d'amendement
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est
rejeté. Nous revenons maintenant à l'amendement qui était:
"et la compagnie Sucre Lantic Ltée".
M. Jolivet: M. le Président, est-ce que j'ai la
parole?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui. Vous avez la
parole, oui, si vous voulez.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: C'est avec grand plaisir que je vais prendre la
parole sur la motion de mon collègue le député de
Lévis, l'ex-ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, qui avait avec mon collègue de Verchères eu
plusieurs entretiens avec beaucoup de personnes sur l'ensemble du dossier. Si
on a demandé de faire venir la compagnie Lantic, c'est pour voir les
façons dont elle voit la vente - j'ai appelé cela une
liquidation, le texte de loi pour le moment dit vente - de cette raffinerie de
sucre et de ce qu'elle pourrait en retirer. Je pourrais parler du document qui
avait fait le parallèle - mon collègue de Verchères en a
fait mention tout à l'heure - entre la position du ministère des
Finances et celle du ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et
de l'Alimentation. Dans ce document, on parle longuement de la façon
dont Lantic pourrait se porter "acquéreuse" - le féminin
d'acquéreur, c'est acquéreuse? - de la raffinerie de sucre.
La façon dont on le présentait, au niveau du
ministère des Finances... Les questions à la compagnie Lantic
seraient intéressantes pour savoir quels sont les
bénéfices qu'elle pourrait en retirer, quelles pourraient
être les capacités...
M. Pagé: Est-ce que vous me permettez une question?
M. Jolivet: Oui. Vous ne m'entendez pas?
M. Pagé: Je vous entends très bien.
Étiez-vous professeur de français?
M. Jolivet: Oui, cela s'adonne que j'étais professeur de
sciences humaines, français, histoire, géographie, botanique,
zoologie, à l'époque.
M. Pagé: Acquéreure avec un e.
M. Jolivet: Acquéreure, bon merci. J'ai fait une erreur et
je suis toujours capable de corriger. C'est pour cela que j'ai posé la
question. Je ne m'en souvenais pas. Les blancs de mémoire existent
toujours. Vous savez que comme avocat vous avez aussi des blancs de
mémoire dans une plaidoirie. Cela peut être intéressant de
les relever, mais on ne le fera pas ce soir. (22 h 45)
Une des propositions que l'on faisait qui permettrait à la
compagnie Lantic de se porter acquéreure de la Raffinerie de sucre du
Québec était que la compagnie achèterait les actions de la
Raffinerie de sucre du Québec pour un montant X. On prévoyait
à ce moment un montant de 52 400 000 $. Du montant de 52 400 000 $, il y
avait 12 400 000 $ obtenus de la vente des stocks et de la
récupération des comptes recevables de la Raffinerie de sucre du
Québec. La reste de la transaction, c'est-à-dire 40 000 000 $ sur
les 52 400 000 $ dont on a distrait 12 400 000 $ pour la vente des stocks et la
récupération des comptes recevabies, donc les 40 000 000 $
étaient financés par un prêt que le ministère des
Finances prévoyait à l'époque d'environ 10 % par
année et dont le capital serait remboursable entre 1992 et 1997.
C'était la proposition. La compagnie donc ne devait faire aucun
déboursé avant 1992, sauf, bien entendu, ce qui est normal quand
on fait des propositions comme celle-là, pour les intérêts
de la dette. Le gouvernement restait responsable de la dette de la Raffinerie
de sucre du Québec envers...
Une voix: C'est plutôt le liquidateur.
M. Jolivet:... envers la Banque Nationale. Oui, le liquidateur.
Mais dans la proposition qui est faite actuellement comme liquidateur. La
proposition qui a été faite a l'époque... Donc, on parlait
de 55 000 000 $ au 31 mars 1985. Il restait aussi responsable des
déficits que subirait, à ce moment, la Raffinerie de sucre du
Québec entre le moment de la transaction et son
démantèlement - on dit bien dans le texte
"dé-man-tè-le-ment"; liquidation ou démantèlement,
cela doit être synonyme - au terme d'une période qu'on appelle
dans nos termes un "phasing out". On disparaît et on recommence. En fait,
le "phasing out", "phasing in", selon le principe habituellement reconnu, de la
production de betteraves à sucre.
La transaction prévoit en effet que la Raffinerie de sucre du
Québec maintiendrait ses activités pendant environ... Pardon?
M. Garon: On va faire appel à l'ordre un peu. Cela a l'air
un peu d'une foire, votre commission. Je voudrais un peu quand
même...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis, vous avez raison. On remet de l'ordre et
on écoute attentivement.
M. Jolivet: C'est important parce que je dis que c'est sûr
que j'aimerais que la compagnie Lantic soit présente pour qu'on lui pose
des questions. Cette transaction prévoyait en effet que la Raffinerie de
sucre du Québec maintiendrait ses activités pendant environ trois
ans - le "phasing out" dont on faisait mention - soit le temps
nécessaire pour permettre aux producteurs de betteraves à sucre,
et je pense que cela intéressera mon collègue de Prévost,
de réorienter leurs activités. Vous savez ce que cela comporte
comme difficulté pour des gens qui produisent de la betterave à
sucre de pouvoir réorienter... Vous m'avez fait mention "off-the-record"
comme on dit, tout à l'heure en discussion, que des gens avaient
réorienté leur activité dans d'autres choses dont le
maïs-grain en particulier. Donc, il serait important de savoir quel impact
la compagnie, en faisant le démantèlement de la raffinerie,
aurait chez les producteurs de la betterave à sucre. Étant
donné qu'au cours de cette période la raffinerie va
nécessairement traiter des volumes qui vont être de plus en plus
petits, de certaines façons, même ridicules, il est prévu
que l'entreprise accumulerait à ce moment des déficits
supplémentaires de l'ordre de 25 000 000 $. C'était là la
proposition faite par le ministère des Finances dans la vente de la
raffinerie de sucre à la compagnie Lantic.
Je viens de voir arriver le député de Lafontaine. Je suis
sûr que le député de Lafontaine est très
intéressé par l'achat de Lantic dans son coin à
Montréal. Mais je suis sûr que les gens de Saint-Hilaire, tous les
producteurs de betteraves à sucre, trouvent cela un peu moins
drôle parce que, tout è l'heure j'en faisais mention, vous
n'étiez pas présent, M. le député, mais on faisait
mention de plusieurs emplois qui étaient préservés. Ces
emplois préservés et même augmentés dans le secteur
là-bas devaient passer de 120 à 210 personnes-années. Je
ne suis pas sûr que la compagnie Lantic à qui on poserait la
question nous garantirait des emplois permanents de cet ordre. Cela est
important.
Et, des producteurs de betteraves à sucre, on dit: Maintiendrait
500 personnes-années d'emploi. Je suis sûr que vous allez
comprendre que 500 personnes-années d'emploi, avec la vente
à la compagnie Lantic, c'est disparu dans le portrait. C'est non pas,
par la liquidation qui est faite, une augmentation du nombre de personnes
travaillant, mais une mise en chômage de personnes.
La compagnie Lantic, dans la proposition qui a été faite -
on pourra regarder dans le projet de loi qui a été
présenté -conservait un droit fiscal de réduire de ses
revenus les pertes occasionnées par la transaction. On parlait d'environ
90 000 000 $: 27 000 000 $ dont on parlait tout à l'heure des pertes
accumulées par la Raffinerie de sucre du Québec au 31
décembre 1985 et plus de 60 000 000 $ de valeurs comptables
rayées aux livres lors de la liquidation des immobilisations. Je pense
que c'est important pour les gens des finances de savoir ce que cela veut dire
quand on raie aux livres des pertes... Est-ce que ce sont des pertes? Il
faudrait peut-être poser la question à la compagnie Lantic pour
savoir comment elle l'interprète. Des pertes d'argent liquide ou des
pertes par le fait qu'on raie aux livres des valeurs comptables? Cela me fait
penser qu'on pourrait se poser des questions sur le budget du ministre des
Finances du 1er mai, des transferts de colonnes et de l'argent... En tout cas,
on en reparlera. Mais la valeur comptable, la nouvelle façon de
comptabiliser les finances au Québec... Le taux d'imposition de 35, 5 %
permettrait à Lantic de récupérer environ 32 000 000 $ au
cours des sept ou huit prochaines années. Ce serait intéressant
de poser des questions à la compagnie Lantic, à savoir quels sont
les droits fiscaux prévus par la loi qui lui permettraient de faire une
transaction de 90 000 000 $ de réduction de revenus et, en même
temps, d'aller récupérer 32 000 000 $ au cours des sept ou huit
dernières années au taux d'imposition de 35, 5 %. Si on ne les a
pas ici, les représentants de la compagnie, comment voulez-vous qu'on
puisse leur poser des questions? J'ajouterais que le ministère des
Finances demandait une chose à Lantic: Vous allez
déménager votre siège social de Toronto à
Montréal où il se trouve, d'une façon ou d'une autre,
effectivement, la transaction théorique n'impliquant aucun transfert
d'employés...
Sous-amendement proposant d'entendre l'Association des
cadres de la RSQ
Comme j'ai l'intention de parler davantage - j'aurai l'occasion de le
faire dans les minutes qui vont suivre - je vais faire une motion d'amendement.
Ce sera un sous-amendement pour amender la motion de mon collègue de
Lévis afin d'ajouter à la fin - et je vais certainement faire
plaisir à mon collègue de Saint-Hyacinthe - les mots "et
l'Association des cadres de la Raffinerie de sucre du Québec". Si vous
l'acceptez, M. le Président, je commencerai à parler de cette
motion de sous-amendement pour faire plaisir à mon collègue de
Saint-Hyacinthe.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Le sous-amendement
est recevable.
M. Jolivet: Donc, vous me redonnez, encore une fois, le droit de
parole, M. le Président?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Évidemment,
30 minutes.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci. J'écoutais avec beaucoup d'attention.
Je suis très heureux que, dans votre sagesse, vous ayez accepté
ce sous-amendement, parce que cela répond à une demande. Au
moins, on va avoir une chance de passer au travers avec un vote positif. Ce
n'est pas une présomption. Je pense que M. le député de
Lotbinière va bien comprendre que ce n'est pas une présomption.
Le député de Saint-Hyacinthe a dit: Vous auriez dû demander
une rencontre avec les cadres de l'entreprise. C'est ce qu'on va faire.
Pourquoi demander une rencontre avec les cadres?
Une voix:...
M. Jolivet: Non, non, je le sais. C'est pour cela que je dis
qu'il va y avoir au moins un vote. Je ne dis pas que je vais avoir tous les
votes - c'est sûr que je peux perdre le reste - mais avoir au moins un
vote de plus en notre faveur pour des raisons bien simples. Des gens disent: On
avait invité le ministre de l'époque. Le ministre a dit: J'ai
été invité à beaucoup d'assemblées et je ne
le savais même pas. On a dit qu'il n'était pas présent.
Quelquefois, il y a des gens qui utilisent le nom d'une personne pour inviter
bien du monde, mais il ne lui a même pas demandé la permission
d'inscrire son nom sur la liste. Vous avez vu cela quelque part. En plus, il
disait M. Marier, président de... Pardon?
Une voix: J'étais en train de parler avec madame.
M. Jolivet: Ah! Excusez-moi. D'accord. Donc, il disait - je vais
prendre le texte -André Marier, président-directeur
général. Dans le conseil d'administration, on le présente
comme président de la Société québécoise
d'initiatives agro-alimentaires et, effectivement, ce monsieur avait
été invité par les cadres qui disaient: On a de la
misère à le rencontrer, on n'a pas les mêmes opinions.
On va l'avoir, l'occasion. On vous avait proposé de rencontrer la
haute direction de la Raffinerie de sucre du Québec et on va rencontrer
- j'espère que vous allez nous donner l'occasion de le faire -
l'Association des cadres de la Raffinerie de sucre du Québec.
L'association des cadres pourrait justement répondre à une
question du député de Saint-Hyacinthe. J'espère que
lorsqu'on prendra le vote nominal il pourra nous appuyer. Le
député de Saint-Hyacinthe dit: II y a des balivernes qui se
disent. Cela n'a pas de bon sens. On parle pour rien dire. Dans le fond, c'est
ce qu'il voulait dire. Il a utilisé des textes de journaux pour dire que
c'était... Je ne répéterai pas le mot parce que je trouve
que ce n'était pas ça du tout. On essaie de vous convaincre de
les rencontrer. Il a dit: On ne peut pas faire ça, on devrait
étudier le fond de la question de la Raffinerie de sucre du
Québec. Comment voulez-vous qu'on étudie le fond du
problème de la Raffinerie de sucre du Québec quand on nous
propose une liquidation? Ou bien on est logique ou bien on ne l'est pas. Si on
nous demande d'étudier le fond, je suis prêt. Invitons tout le
monde, les gens des Finances d'un bord et les gens du ministère de
l'Agriculture et on regardera les deux thèses qui s'affrontent. L'une
dit "liquidez" et l'autre dit "rationalisons" et toutes les deux semblent dire
que le statu quo n'a pas de bon sens.
Donc, ces argumentations, on va poser des questions et on va essayer de
les confronter. Je ne veux pas dire que c'est un genre de tribunal parce que je
ne voudrais pas donner la chance à notre collègue, le
député de Portneuf, de trop se réhabituer à son
rôle de plaideur. Si on avait en même temps l'association des
cadres d'un bord et à côté M. Marier, on pourrait
même demander à mon collègue de Lé vis de s'asseoir
à côté de M. Marier, on poserait les questions et il
pourrait de lui-même y aller et dire: Moi, je suis
intéressé à vous dire ce que je pense. Comme le
député de Lévis a eu l'occasion...
M. Pagés...
M. Jolivet: Je vois d'avance que je ne pourrai même pas
faire une proposition et inviter mon collègue, mais ça ne fait
rien. M. Marier, qui représente le conseil d'administration,
peut-être que le député de Lévis pourra lui poser
des questions et confronter ce que M. Marier dit d'un bord par rapport à
l'association des cadres après avoir entendu les gens
représentant le ministère de l'Agriculture et le ministère
des Finances. On pourrait jouer è les confronter et voir le fond du
problème, ce qui permettrait à la députée de
Kamouraska-Témiscouata qui malheureusement ou heureusement - cela
dépend comment on regarde - n'a pas de betteraves à sucre chez
elle. Elle a cependant le sucre Marie perle. M. Garon: II y a juste des
"bettes".
M. Jolivet: Comme il n'y en a pas, elle pourrait savoir des gens
de la Raffinerie de sucre du Québec, de Lantic, de l'association des
cadres, du ministère des Finances, du ministère de l'Agriculture,
de tous ceux qu'on aurait pu inviter, qu'on devrait inviter... Du moins, je
pense que l'association des cadres serait une de celles qu'on a des chances de
faire venir ici si le député de Saint-Hyacinthe est capable de
convaincre les autres. C'est pour ça que je demanderais d'aller me le
chercher pour qu'il comprenne bien que je veux le convaincre de convaincre les
autres de sa formation politique.
Une voix: II s'est sauvé.
M. Jolivet: Je dis qu'effectivement on pourrait étudier le
fond du problème au lieu de faire ce qu'on fait ce soir, essayer de
convaincre les gens de ne pas faire la liquidation. Pour ça, la
députée de Kamouraska-Témiscouata pourrait poser des
questions a l'association des cadres. Elle verrait leur position, elle verrait
que des emplois permanents sont perdus.
La députée de Deux-Montagnes qui a certainement des
betteraves dans son coin... Non? Pas à sucre, mais des betteraves, oui.
C'est tellement proche du comté du député de
Prévost qui disait qu'il y en avait dans son coin que je pensais faire
une jonction entre les deux. C'est à peu près comme si on parlait
de Saint-Barnabé, de Saint-Boniface, de Sainte-Flore, de
Grand-Mère.
M. Garon: Le député de Prévost doit
être un moyen capitaliste. Il avait 225 vaches, je ne sais pas combien de
porcs, de la betterave en plus...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs, s'il
vous plaît!
M. Jolivet: Je n'ai pas d'objection à ce que mon
collègue se permette de poser des questions additionnelles au
député de Prévost. Je pense que le député de
Prévost prendra certainement la parole sur cela parce qu'il se retient
depuis tout à l'heure. Il sera certainement intéressé
à nous dire pourquoi il ne veut pas ou il veut entendre l'association
des cadres. Je suis sûr qu'à la fin de mon intervention le
député de Prévost demandera la parole, parce qu'il va
essayer de me convaincre peut-être de l'inverse. Peut-être qu'il
vous dira que je l'ai convaincu. Peut-être que, s'il ne veut pas
être convaincu par moi, il pourra dire: C'est le député de
Saint-Hyacinthe qui m'a convaincu.
Quant au député de Gaspé, c'est sûr
que dans les hautes montagnes il y a du très beau bois, il y a
des terres qu'on aurait même voulu, à l'époque de
l'opération dignité dans le fond des paroisses de la
Gaspésie...
M. Garon: Dans le comté de Matane, lui demeure dans le
comté de Gaspé.
M. Jolivet: Ah bon!
Une voix: Je connais celui-là aussi. (23 heures)
M. Jolivet: Donc, d'une façon ou d'une autre, je crois
comprendre qu'il n'y a pas de betterave à sucre chez eux. Mais, comme
tout le monde...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît, à l'ordre!
M. Jolivet: Je ne les interromprai pas, moi. Sur la table, chez
lui, dans les restaurants de Percé et un peu partout, à
Rivière-à-Claude - j'aime la Gaspésie, je l'ai
visitée souvent et je pense que je vais y retourner encore, c'est
très beau - je suis sûr qu'il y a partout du sucre Marie perle. On
pourrait lui expliquer d'où vient le sucre Marie perle et pourquoi il
faut le maintenir. Le sucre Marie perle pourrait disparaître du secteur;
Lantic l'achète et ne prend pas le nom du produit. C'est à peu
près comme vous, vous changez tous les mots des projets du Parti
québécois pour être sûr que ce n'est pas pareil tout
en ayant peut-être la même philosophie au bout de la course. Je
vous donne l'exemple de la politique forestière; au lieu d'appeler cela
une politique forestière, vous appelez cela un régime
forestier.
Je voulais simplement vous démontrer qu'il y a une
possibilité de ne pas voir de sucre Marie perle sur les comptoirs, dans
les restaurants. Je viens de voir arriver le député de
Saint-Hyacinthe. J'expliquais à vos collègues que vous m'aviez
ouvert une de ces belles portes en disant qu'on devait étudier le
problème de fond. En conséquence, j'ai proposé - j'ai
accepté votre proposition - de convoquer ici, à cette commission,
en audience particulière, l'Association des cadres de la Raffinerie de
sucre du Québec.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Laviolette, vous êtes censé vous adresser
au président.
M. Jolivet: M. le Président, par votre
intermédiaire, je voulais convaincre le député de
Saint-Hyacinthe d'amener ses collègues, hommes et femmes, à
accepter ma proposition. Juste un exemple de la façon dont sont
traitées les motions qu'on présente. Les gens de l'autre
côté sont têtus, ils refusent nos motions. Nous aussi, on
est têtus, on vous propose de vous convaincre. C'est notre but, je pense,
comme Opposition.
Vous ne pouvez pas nous accuser de ne pas essayer. On essaie, chose
certaine. Je veux dire aux gens qu'il ne faudrait pas, dans le cas qui nous
préoccupe, refuser de recevoir l'Association des cadres de la Raffinerie
de sucre du Québec. Prenons la loi 58. On a refusé d'entendre les
gens, les consultations ont toutes été refusées. Sur la
loi qui modifie Radio-Québec, pas question de recevoir personne. On est
la voie, la vérité et la vie, ne nous dérangez pas. La loi
67 sur Schefferville, encore une fois, le ministre a dit: J'ai vu tout le
monde! Vous autres, les gars et les filles de l'Opposition, vous n'avez pas
besoin de voir cela. Vous n'avez pas besoin de les inviter ici. C'est ce que
vous proposez encore une fois avec les cadres.
Le ministre de l'Éducation me l'a dit encore aujourd'hui, et je
vais aller répliquer tout à l'heure, avant la fin des discours
sur la motion de clôture, il nous a dit: Moi, comme ministre, je suis
allé voir chacune des associations. Je n'ai pas attendu qu'on m'invite,
je suis allé les voir. Vous autres, de l'Opposition, vous devriez aller
les voir; prenez vos jambes, a-t-il dit, prenez le téléphone.
Cela n'a pas de bon sens. C'est vrai que cela n'a pas de sens et je vais vous
expliquer pourquoi. C'est pour cela que je voudrais que les gens de
l'association des cadres soient ici; ce n'est pas dans vos cabinets de
ministre, ce n'est pas dans vos réunions secrètes, en catimini,
qu'on va avoir la réponse aux questions. Moi, c'est devant le monde,
écrit dans le Journal des débats que je veux avoir leur
position.
Je suis bien prêt à aller les voir chez eux et à
jaser avec eux, mais je vais confronter ma position et la vôtre, ou ce
que j'ai compris, et vous allez me dire: Cela n'a pas de sens, ce n'est pas ce
qu'ils nous ont dit. On va les avoir ici, on va les écouter toutes, ces
associations, et on va toutes les comprendre, espérons-le, de la
même façon. Donc, l'association, c'est ici qu'elle doit
être, c'est ici qu'elle doit répondre à nos questions, Je
pose une question à l'association, elle me répond, vous la prenez
d'une autre façon en disant: M. le Président, j'aurais une
question à poser à mon tour. Vous posez une question en disant:
Je n'ai pas trop compris la réponse par rapport à la question qui
a été posée et j'aimerais être sûr d'avoir
bien compris. C'est cela, le jeu démocratique, mais ce n'est pas ce que
vous nous suggérez.
Là, je m'en vais à la loi 86, la loi qui abroge la
société sur le parc des expositions agro-alimentaires; personne
à recevoir, pas question, nous sommes la voie, la vérité
et la vie. La loi 87, les organismes relevant du ministère de la
Justice, la loi 88, le Code civil, les bureaux d'enregistrement...
M. Messier: Ce n'est pas pertinent.
M. Jolivet: M. le Président, le député de
Saint-Hyacinthe me dit que ce n'est pas pertinent. J'essaie de le convaincre
qu'il ne faudrait pas ajouter à ces refus un autre refus, c'est
pertinent, c'est de cela que j'essaie de le convaincre. La loi qui modifie le
Code civil, ce sont des bureaux d'enregistrement dans vos milieux à vous
autres, le milieu agricole, en particulier. Je le sais ce que cela veut dire
chez nous. Il y a La Tuque, il y a Saint-Tite... En fait, Saint-Tite, on
l'appelle plutôt Sainte-Geneviève-de-Batiscan. Ils vont être
obligés de partir de La Tuque et d'aller à Shawinigan. Ils
n'iront plus à Sainte-Geneviève-de-Batiscan. De ce coin-la, ils
vont aller à Shawinigan ou à Trois-Rivières
dépendant des distances. Je dis qu'on a l'exemple de la loi 75, Loi
modifiant la Loi sur les services de santé et les services sociaux, la
loi 84, la Loi sur la protection des non-fumeurs dans certains lieux publics.
Ce sont des choses qui ont été refusées. Je veux vous
convaincre à partir de cet argument, il y a une loi où le
ministre de l'Éducation...
M. Houde: M. le Président. Je veux poser une question au
député de Laviolette.
M. Jolivet: Non, non, non.
M. Houde: Alors, je peux faire une constatation. On a entendu
cette chose-là par la même personne, tantôt. On ne va pas
l'entendre ce soir pour la deuxième fois.
M. Jolivet: M. le Président, c'est non. Il pourrait sortir
s'il le veut, cela ne me dérange pas. C'est non.
M. Houde: Non, je ne sors pas. Je reste ici.
M. Jolivet: II posera la question en vertu de l'article 213.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs, il
faudrait revenir à la pertinence du débat.
M. Camden: Permettez au député de Berthier de
s'informer davantage.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II faudrait revenir
à la pertinence...
M. Jolivet: Moi, je respecte le règlement, M. le
Président. Quand j'ai tort, je le dis.
Une voix: Quand on respecte la démocratie, on laisse les
gens s'exprimer.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs, s'il
vous plaît!
M. Jolivet: M. le Président, il ne me dérange pas.
Je suis bien calme. La seule chose, c'est que notre règlement dit que
c'est après mon intervention qu'il posera des questions et j'y
répondrai après, pas maintenant. La deuxième argumentation
que je veux apporter concerne le ministre de l'Éducation. Je le
rencontre, il me présente un projet de loi - imaginez-vous - de quatre
articles. Quatre articles. Je me suis dit: Cela doit être un petit projet
de loi. C'est un "mini-puce" parce qu'ils ne font plus de projets de loi
omnibus. C'est un "mini-puce" ou "mini-bus", ou "octopuce", à
l'Éducation. Mais de toute façon, on fait l'analyse du document
qui m'est présenté, on travaille consciencieusement comme membre
de l'Opposition, on communique avec la commission scolaire de Joutel-Matagami
et on dit: Écoutez, il y a un projet de loi pour vous.
M. Houde:...
M. Jolivet: M. le Président, est-ce qu'il n'est pas
fatigant, lui?
M. Houde: Ce n'est pas pertinent, cela, M. le Président.
De grâce!
M. Jolivet: C'est très pertinent, vous allez comprendre
pourquoi.
M. Houde: De grâce!
Le Président (M. Tremblay, Iberville): II faut quand
même qu'il y ait une corrélation avec le sous-amendement.
M. Jolivet: M. le Président, je vais vous la donner.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Jolivet: La corrélation est la suivante. Je veux les
inciter à accepter mon invitation de convoquer, à cette
Assemblée, l'Association des cadres de la Raffinerie de sucre du
Québec. Pour leur prouver que cela va être bon, qu'ils vont avoir
des bons bénéfices, je donne un exemple de ce qui s'est
passé et j'ai le droit. Ce droit consiste à convaincre le
ministre de l'Éducation du fait que la commission scolaire a de la
difficulté à vivre avec ce projet de loi. On demande des ententes
au ministre. Pour la première fois, il me dit oui. Quand il a dit oui,
je rencontre le leader de mon côté, lui le sien, on se rencontre
et on fait un retour en arrière par une motion présentée
par le leader du gouvernement à l'Assemblée nationale lorsqu'on
en était à l'adoption du principe, pour entendre, en consultation
particulière, la commission scolaire de Joutel-Matagami. On les a
entendus. Savez-
vous quel a été le résultat? Ceia a donné
que le projet de loi de quatre articles sur une seule page va devenir, demain,
peut-être, cinq articles, mais sur deux pages. Le projet de loi est
complètement remanié. Là, le ministre pourrait se vanter
d'avoir été un homme démocratique et libéral: J'ai
écouté le député de Laviolette comme membre de
l'Opposition, j'ai accepté des ententes et, voici, j'ai corrigé
ma version que j'ai confrontée avec la commission scolaire. Alors, le
monde est heureux, ce sera facile de parler du projet de loi et de l'accepter.
Je ne vous dirai pas que je n'aurai pas l'occasion d'en parler durant le temps
qui m'est alloué par le règlement. Je vous dis que le ministre
pourrait dire: J'ai été un homme libéral. Moi, je lui dis:
Parfait. Mais, si nous n'avions pas été là, vous auriez
été un dictateur parce que vous spoliiez la commission scolaire
de 1 000 000 $.
Je vais arrêter sur cette chose pour vous dire que, demain ou
lundi au plus tard, le ministre va déposer en Chambre un projet de loi
réimprimé. C'est la première fois que cela vous
arrive.
M. Houde: C'est bien. C'est bon pour les libéraux.
M. Jolivet: Je n'ai pas dit l'inverse.
M. Houde: Quand c'est nécessaire. Mais ce n'est pas
nécessaire avec le ministre qu'on a actuellement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs, s'il
vous plaîtl
M. Jolivet: Mon oncle Albert! Écoutez, là. Je dois
vous dire...
M. Messier: Question de règlement.
M. Jolivet: Non, non. Il m'a appelé M. Jean-Pierre. Boni
Simplement pour dire ceci. C'est qu'il y a... M. le Président, le
député de Saint-Hyacinthe était absent, tout à
l'heure, et on était tranquilles. Depuis qu'il est arrivé, il
n'arrête pas de parler.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît, messieurs!
M. Jolivet: Comment voulez-vous que je le convainque s'il parle
en même temps que moi?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs, s'il
vous plaît!
M. Garon: M. le Président, si cela continue, il va falloir
engager des "baby sitters"...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît, messieurs!
M. Jolivet: Si vous ne l'arrêtez pas, là!
Une voix: Il va arriver quoi?
M. Messier: II paraît que vous avez attendu mon absence
pour déblatérer contre moi!
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs, s'il
vous plaît!
M. Messier: Question de règlement. Le député
de Laviolette...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Non. Ce n'est pas
une question de règlement.
M. Messier: Le député de Laviolette sollicitait ma
présence en cette Chambre et, maintenant, il commence à dire que
je n'ai pas d'affaire ici. Cela prendrait quand même un certain
jugement!
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît, revenons au sous-amendement.
M. Jolivet: M. le Président, c'est à vous que je
parie.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Alors, allez-y.
M. Jolivet: J'essaie de bien faire comprendre au gouvernement
actuel qu'il est dans son intérêt de faire venir, ici, à
cette commission parlementaire, l'Association des cadres de la Raffinerie de
sucre du Québec pour répondre à une demande du
député de Saint-Hyacinthe et aller au fond de la question. Le
fond de la question, c'est quoi? C'est la différence qu'il y a entre le
ministère des Finances qui propose la liquidation et la vente, que le
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation a
acceptées et que le ministre délégué à la
Privatisation - beau mot négatif d'une certaine façon, car c'est
plutôt "liquidation" - en tout cas...
M. Pagé: Est-ce que vous me permettez un commentaire?
M. Jolivet: Non, à la fin.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît!
M. Jolivet: Donc, vis-à-vis de cela, nous en arrivons
à un projet de loi où on aurait pu confronter la position du
ministère des Finances avec celle du ministère de l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation. Le ministère de l'Agriculture,
des Pê-
chéries et de l'Alimentation, c'est un peu difficile de le
confronter avec le ministère des Finances. Il a accepté la
position du ministère des Finances. Il n'a pas défendu sa
position. Il a défendu celle du ministère des Finances où
il a été mis au service d'un ministre qui doit faire une
privatisation pour que le coup réussisse, la première bonne
privatisation, semblerait-il, - mais une liquidation!
À ce moment-là, nous aurions pu demander aux cadres quel
effet cela aura sur leurs emplois. On pourrait leur demander s'ils croient
encore, eux, è la parole donnée du Parti libéral qui,
pendant la campagne électorale, disait ceci: Question: "Pourquoi le
candidat libéral, Michel Chapdelaine, veut-il que la raffinerie demeure
en opération?" Réponse: "Parce que le Parti libéral du
Québec est le parti de l'emploi, pas du chômage. Parce que la
raffinerie est un atout important pour la région et le comté de
Verchères, elle doit être en opération douze mois par
année. " Question: "En quoi l'approche du candidat libéral
est-elle nouvelle?" Réponse: "Parce que la solution sera avant tout
technique et que son élaboration inclura les employés qui, eux,
connaissent le problème réel. " Qui, mieux que les cadres,
connaissent eux aussi les problèmes réels? Ce sont des
employés. Question: "Est-ce que le Parti libéral et son chef
endossent la position de Michel Chapdelaine?" Réponse: "Le Parti
libéral - et là, on doit sous-entendre certainement Jean-Claude
Rivest qui donnait les OK dans tout le Québec - son chef et tous les
autres candidats de la rive sud appuient sans réserve cette position. "
En bas, c'est marqué: "Parole donnée", et en haut - j'ai une
photocopie, donc je n'ai pas les couleurs, ici, à l'Assemblée
nationale, on n'a pas encore les machines reproduisant les couleurs - c'est
indiqué en rouge sur l'original: "Non, la Raffinerie de sucre du
Québec ne fermera pas!" D'ailleurs, c'est habituel: non à des
commissions parlementaires; non à des consultations; non au
référendum. Pour une fois que le non est un oui. C'était
le oui pour la garder ouverte. Sapristi! On n'a même pas fait cela. Au
contraire, le député d'Outremont, mon ancien critique aux
Forêts...
M. Fortier: Je m'ennuie.
M. Jolivet: Moi aussi. Il y avait au moins des réponses
aux questions.
M. Fortier: C'est moi qui posais les questions.
Des voix: Ha! Ha! Ha!
M. Jolivet: Donc, le député d'Outremont devrait
être content de voir qu'on veuille le libérer d'une promesse.
Finalement - les cadres pourraient nous le dire, les employés pourraient
nous le dire, les gens de la direction pourraient nous le dire - cela causera
de l'emploi... du chômage plutôt - du chômage plutôt
que de l'emploi -alors que la promesse était de garder l'emploi et de
l'augmenter.
Le député d'Outremont dit, à la première
question que j'ai posée: II s'est fait battre. Je ne trouve pas cela
drôle "pantoute". Je ne trouve pas cela drôle que votre candidat se
soit fait battre. Malheureusement, il s'est fait battre, ou heureusement, je ne
le sais pas. Une chose est certaine, il semble heureux pour eux qu'il soit
actuellement battu, parce qu'ils seraient vraiment mal pris. Le Parti
libéral serait vraiment mal pris, car on aurait vraiment un document qui
l'incriminerait...
M. Perron: Malgré qu'il le soit pas mal.
M. Jolivet: Le député d'Outremont, à la
façon dont il procède, est sûrement intéressé
à rencontrer les cadres publiquement, ici, en commission.
M. Fortier: Ils sont jolis...
M- Jolivet: Pardon?
M. Fortier: Je parle des cadres.
M. Jolivet: Ils sont quoi?
M. Fortier: Ils sont jolis.
M. Jolivet: Ah! Je ne le sais pas. Je ne sais pas s'il y a
plusieurs femmes ou s'il y a juste des hommes. La seule chose que je peux vous
dire, c'est qu'il y a du beau monde, il y a du bon monde et il y a du monde qui
connaît cela - surtout cela!
M. Perron: Et qui ne sont pas sexistes. (23 h 15)
M. Jolivet: Mon collègue me dit que, en plus, ils ne sont
pas sexistes.
Mais les cadres pourraient nous dire si, pour eux autres, c'est vrai
qu'avoir changé de gouvernement, c'est avoir changé pour du
solide. Est-ce que c'est avoir changé pour du solide? J'ai plutôt
l'impression que non. J'aimerais les confronter à mon dire.
Peut-être que c'est moi qui ai tort. Peut-être qu'eux autres vont
dire: Écoutez, M. Jolivet, vous voulez bien nous défendre, mais,
dans le fond, on aimerait mieux ne pas être défendu, on aimerait
mieux perdre notre job. On va se trouver des jobs ailleurs, le Parti
libéral a raison. Arrêtez de faire une bataille pour nous faire
conserver nos emplois. D'une façon ou d'une autre, comme on est des
cadres, on est capable de se trouver des emplois ailleurs. Mais je pourrais
leur poser
la question: Est-ce que vous pensez que c'est facile pour le producteur
agricole de changer sa production? M. le député de Prévost
pourrait nous le dire. Les cadres pourraient se poser ces questions avec nous,
M. le député de Prévost.
M. Forget: Vous savez très bien que les gens ont tous
ensemencé ce printemps.
M. Jolivet: Bon. Ils ont ensemencé du maïs-grain ou
des betteraves à sucre? Pour qui?
M. Forget: Vous le savez très bien, du maïs, de
l'orge.
M. Jolivet: Finalement, ils pourraient nous dire aussi en
même temps qu'eux autres n'ont pas besoin de se préoccuper des
employés syndiqués ou occasionnels. Les cadres pourraient nous le
dire ou, encore, nous dire: On est tellement prêt à
défendre nos occasionnels, nos employés permanents qu'on
demandera au gouvernement libéra! de réviser sa position, de
faire en sorte que, finalement, on soit capable de prouver que la position du
ministre de l'Agriculture de l'époque, ou le plan d'expansion et de
financement de la Raffinerie de sucre du Québec était un plan en
vue de rentabiliser la Raffinerie de sucre du Québec. Je parlais du plan
tout à l'heure, et je répète pour bien vous faire
comprendre, le plan prévoyait l'installation de capacités
modernes de raffinage et d'emballage au coût de 12 000 000 $.
L'investissement permettait à la Raffinerie de sucre du Québec de
produire jusqu'à 135 000 tonnes de sucre blanc raffiné
fabriqué à partir de la betterave, et on pariait de 600 000
tonnes, et de sucre brut importé jusqu'à 100 000 tonnes.
Deuxièmement, il prévoyait un programme de contrôle
des approvisionnements en betteraves permettant à la Raffinerie de sucre
du Québec de faire varier ses achats de betteraves de 300 000 à
600 000 tonnes de façon à tirer le maximum de profit de la
fluctuation du prix mondial du sucre brut. Ce programme prévoit
également le remplacement du programme actuel d'assurance-stabilisation
par un contrat de prix indexé assumé entièrement par la
Raffinerie de sucre du Québec à partir du moment où elle
sera dotée des facilités de raffinage et, enfin, le dernier, un
programme d'assainissement de la situation financière de la Raffinerie
de sucre du Québec.
Il est évident que les cadres qui auraient eu à vivre avec
cette proposition sont capables de nous dire que oui ou que non, selon la
façon dont ils votent le sujet, le projet proposé de relance, de
stabilisation de tout le programme de la Raffinerie de sucre du
Québec... Je pense que le projet qui était présenté
- cela touche les cadres, qui pourraient nous le certifier, ou l'infirmer, ou
le confirmer, comme on dit - maintient des emplois a la Raffinerie de sucre du
Québec. On parlait de 93 employés réguliers et de 180
employés saisonniers et l'addition - j'en faisais mention tout à
l'heure - de 100 personnes-années d'emploi lorsque les immobilisations
dont on parlait auraient été faites. Le maintien de la production
betteravière, avec ses avantages agronomiques et économiques...
L'usine qui était projetée achèterait annuellement,
d'après les dires, quelque 450 000 tonnes de betteraves, donc la
variation entre 300 000 et 600 000. Ils pourraient nous dire quels sont les
moyens de s'assurer de la rentabilité.
Je le disais tout à l'heure, cela créera 500
personnes-années d'emploi, soit 200 dans les fermes et 300 dans les
entreprises de transport et de fabrication d'intrants. Les cadres sont capables
de nous certifier cela. L'association des cadres va maintenir ses emplois. Si
elle maintient ses emplois, vous savez ce que cela implique pour un pourcentage
de cadres par rapport aux employés dans des installations, dans des
usines comme celle-là. Donc, si on parle de X nombre de personnes
à temps plein, ils sont compris là-dedans, mais ils peuvent faire
la différence entre les deux et nous dire: Si on en a plus, on va
être plus et, s'il y en a moins, on est moins. C'est exactement comme les
directeurs d'école: s'il n'y a plus d'élèves, il n'y a
plus de directeurs d'école et il n'y a plus d'enseignants.
On parlait aussi d'un accroissement de l'autosuffisance alimentaire
québécoise. Le ministre a dit un bout de temps que ce
n'était pas un de ses sujets préférés de discussion
ni un rêve à faire, l'accroissement de l'autosuffisance
alimentaire québécoise. Il y a eu une amélioration de la
balance commerciale de l'ordre de 20 000 000 $ par année. Donc, il y a
des effets très positifs et les cadres pourraient nous assurer de cette
capacité de production. On parlait de la rentabilisation du
capital-actions de 50 000 000 $ investis par le gouvernement du Québec.
Il y a de l'argent qui avait été investi, donc on ne le perdrait
pas. Il y a l'assurance que le Québec conserverait - je pense que c'est
important, ils pourraient nous le dire eux: ils l'ont vécu, ils
étaient dedans et on espère qu'ils seront encore dedans -une
place dans l'industrie du raffinage du sucre. Rappelons que de 1979 à
1982 le nombre de Québécois travaillant dans le secteur a
chuté de 1067 à 390 alors que les livraisons de sucre
raffiné d'origine québécoise diminuaient de 335 000
tonnes, ou 120 % d'autosuffisance, à 140 000 tonnes, ou 51 %
d'autosuffisance. Le projet du ministère que le ministre de
l'Agriculture,
des Pêcheries et de l'Alimentation pourrait se faire convaincre
par les cadres d'adopter aurait ramené cette production à
brève échéance à plus de 300 000 tonnes,
c'est-à-dire le maintien d'un niveau minimal de concurrence sur le
marché du sucre raffiné au profit des consommateurs et des
industries achetant du sucre. Eux pourraient nous dire que le danger c'est
qu'il y ait de moins en moins de concurrence et que le prix augmente de plus en
plus. Qui va être pénalisé? Ce sont les consommateurs. Les
cadres font partie du groupe des consommateurs, j'espère. Ils doivent
certainement acheter leur sucre. Ils pourraient nous dire que le travail qu'ils
font leur portent profit. II y a la possibilité -disait-on - pour le
Québec de participer au développement des technologies
industrielles de pointe en collaboration avec des intérêts
européens. Le seul projet d'implantation de l'usine de lysine de
Rhône-Poulenc, à proximité de la Raffinerie de sucre du
Québec, qui est impensable sans la présence d'une raffinerie de
sucre de betteraves, entraînerait l'implantation d'une première
grande usine de biotechnologie au Québec. Ce n'est pas à perdre.
Le député de Saint-Hyacinthe est prêt à laisser
tomber cela.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député, il vous reste deux minutes.
M. Jolivet: Merci. Des investissements de près de 50 000
000 $ et l'embauche de façon permanente de 100 personnes, ce sont des
choses que le député de Saint-Hyacinthe, s'il n'est pas capable
de convaincre les gens de sa formation de faire venir ces gens qui nous
l'expliqueraient, perdrait. Il perdrait des emplois dans son propre
comté et dans sa propre région. C'est dur à dire. Une
usine de lysine par Rhône-Poulenc. Vous êtes mieux placé que
moi pour dire ces noms, vous.
Une voix: Rhône-Poulenc.
M. Jolivet: Poulenc, c'est bien cela. Merci. D'une façon
ou d'une autre, et je termine par cela, les cadres pourraient nous dire cela en
termes de budget. La proposition du ministre de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation qui était présentée
était préférable à celle du ministre des Finances.
C'est en termes de développement de l'agricuture et de l'économie
québécoise qu'elle prend sa vraie dimension et malheureusement,
si on ne reçoit pas les cadres ici, on ne pourra pas se faire convaincre
et le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation
continuera à pencher du côté du ministre des Finances et
surtout du ministre de la liquidation. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Laviolette. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Oui. Alors j'ai reconnu le député de Lévis.
M. Garon: M. le Président.
M. Camden: Juste un instant, M. le Président. En vertu de
l'article 213, est-ce que le député de Laviolette m'autorise
à lui poser une question?
M. Jolivet: Oui.
M. Camden: Ah! C'est avec grand plaisir que je vais vous poser
cette question. Dans le même esprit que celui où vous vous
êtes engagé à solliciter la présence d'intervenants,
est-ce que vous entendez, dans le cadre de vos amendements et sous-amendements,
solliciter aussi la comparution devant cette commission des ministres
fédéraux face à cette politique hypothétique qu'est
la politique sucrière?
M. Jolivet: Si vous m'appuyez, ce serait une bonne idée.
On y pensait justement.
M. Camden: Est-ce que vous songeriez effectivement à
exercer de la pression pour qu'ils y soient?
M. Jolivet: Oui, on est prêt, n'importe quand.
M. Camden: Est-ce que vous pourriez nous assurer qu'ils seront
présents?
M. Jolivet: M. le Président, une question non pas 36.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Excusez.
M. Jolivet: Une.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Jolivet: La réponse c'est que s'il fait la proposition
on va l'appuyer.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Très bien.
Merci, messieurs. Je cède la parole au député de
Lévis.
M. Jean Garon
M. Garon: M. le Président, le député de
Lotbinière va sûrement être intéressé par mes
propos parce que je voulais justement traiter un peu de cette
question-là. Nous avons fait des motions pour que la commission
parlementaire de l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation
entende le Syndicat des producteurs de betteraves sucrières du
Québec, la compagnie Sucre
Lantic Ltée, la haute direction de la Raffinerie de sucre du
Québec, ce qui vient d'être refusé par la commission, et
maintenant l'Association des cadres de la Raffinerie de sucre du Québec,
C'est évident que, si nous demandons è la commission
parlementaire, dont c'est le rôle, de rencontrer différents
dirigeants et qu'elle refuse, il faudra trouver de nouveaux forums. Je vais
vous dire qu'un des forums sera la Loi relative aux enquêtes sur les
coalitions. Je vais vous dire une chose, on va être partis pour un bon
tour de voiture, parce que c'est un débat qui commence et c'est un
débat - je dois vous le dire - où la compagnie Lantic va
regretter le jour où elle a décidé de s'embarquer dans
cette affaire-là. Nous avons l'intention de défendre les
intérêts du public québécois, et la limitation de la
concurrence au Québec en créant un monopole n'est pas
l'intérêt du peuple québécois.
II y aura aussi des amendements. Il y aura des organismes parce que,
déjà, des associations de consommateurs m'ont dit qu'il va
falloir procéder à faire en sorte que dans l'industrie du sucre
il y ait un prix réglementé. Il y a aujourd'hui un ministre
spécialiste de la privatisation qui, normalement, devrait aimer la
concurrence. Actuellement, il est le spécialiste de la non-concurrence
qui vise non pas à privatiser les entreprises, mais à les fermer.
Il y a une plainte qui vient d'être annoncée par la
Fédération nationale des associations de consommateurs; il y a
seulement trois fabricants de farine et on voit que le prix de la farine et le
prix du pain viennent d'augmenter de façon anormale. Alors que le prix
des grains diminue au Canada, le prix de la farine augmente et le prix du pain
augmente de façon abusive. C'est un produit de base. Je comprends qu'on
puisse se moquer des consommateurs, on peut se foutre de tout - c'est possible
de le faire -mais on ne peut pas se foutre de tout le monde tout le temps. Dans
cette affaire, le sucre est une denrée de base. Je vais vous dire une
chose - s'il faut prendre l'engagement politique, on y verra - s'il le faut, il
faudra regarder pour que cela devienne une denrée dont le prix sera
réglementé et régi au Québec, parce qu'on sera
devant une situation de monopole, à toutes fins utiles.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député de Lévis.
M. Garon: J'ai reçu...
Le Président (M. Tremblay, Iberville}: II faut qu'il y ait
une corrélation avec l'Association des cadres de la Raffinerie de sucre
du Québec.
M. Garon: C'est justement ce que j'ai dit au point de
départ.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Garon: Nous demandons de rencontrer les gens devant cette
commission. Si cette commission de l'agriculture, des pêcheries et de
l'alimentation refuse d'être le forum québécois, il faudra
trouver d'autres instances. Il y en a d'autres qui existent. Croyez-moi, s'il
faut aller à Ottawa pour faire valoir nos points de vue, s'il faut aller
devant les organismes fédéraux en vertu des lois
fédérales, nous le ferons. Nous n'hésiterons pas. Ce que
la commission fait, c'est qu'elle refuse d'être le forum où les
Québécois peuvent parler. Il est tout à fait normal, quand
on veut fermer une industrie sucrière de 1500 employés, emplois
directs et indirects, que les producteurs de betteraves à sucre puissent
être entendus. Il est absolument normal que la compagnie qui veut fermer
l'usine, l'acheter pour la fermer, qui en a déjà fermé
d'autres, puisse être entendue. II est absolument normal que la haute
direction de la Raffinerie de sucre du Québec puisse être
entendue. Il est absolument normal que l'Association des cadres de la
Raffinerie de sucre du Québec puisse être entendue
également. Si la commission refuse et considère qu'elle ne doit
entendre personne, qu'elle doit fermer les industries au Québec, le
ministre délégué à la Privatisation sera le
ministre de la liquidation. Privatiser, ce n'est pas liquider des entreprises.
Actuellement, le ministre délégué à la
Privatisation, avec l'appui du ministre de l'Agriculture, des Pêcheries
et de l'Alimentation, avec l'absence de défense du dossier du
député de Saint-Hyacinthe... Cela a l'air d'être une mode
dans le Parti libéral de ne pas défendre les dossiers, de la
même façon que le député de Beauce-Nord est
incapable de défendre la prison de son comté qui est une prison
régionale, dont les coûts sont les troisièmes plus bas sur
29 centres de détention au Québec. Il n'a pas défendu le
dossier, il n'a pas fait son travail de député. Actuellement, le
député de Saint-Hyacinthe qui est impliqué dans le dossier
ne fait pas son travail de député régional et, au lieu de
défendre le gouvernement, il devrait défendre les dossiers de sa
région pour que les différents points de vue puissent être
entendus.
M. Messier: Question de règlement, s'il vous
plaît!
M. Camden: Je peux vous en parler des consultations sur les
lignes électriques dans Lotbinière.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs, s'il
vous plaît!
M. Messier: Question de règlement, M. le
Président.
M. Garon: Pardon? (23 h 30)
M. Camden: Je peux vous en parler des consultations sur les
lignes électriques dans Lotbinière.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): À l'ordre,
messieurs! Quel est le règlement?
M. Messier: Le député de Lévis me
prête des intentions et je pense qu'il devrait retirer ses paroles. Je
vous remercie, M. le Président.
M. Garon: Je n'ai pas de paroles a retirer. Le
député n'a pas défendu le dossier...
M. Messier: Vous me prêtez des intentions de ne pas
défendre mes dossiers. C'est ce que vous dites.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je m'excuse,
messieurs. Les propos n'étaient pas antiparlementaires. Alors, M. le
député de Lévis, si vous voulez continuer.
M. Messier: Je ne dis pas que ce ne sont pas des propos
antiparlementaires, je dis qu'il me prête des intentions.
M. Garon: Je ne vous prête pas des intentions, je constate
des faits.
Une voix: S'il le dit, il a raison. Une voix: C'est son
opinion.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): C'est tout.
M. Garon: On est en train de vivre une époque un peu
curieuse dans l'histoire du Québec. On lisait dans le journal de ce
matin qu'on veut vendre une partie d'Hydro-Québec pour venir
développer les ressources du Québec dans le domaine
électrique. Qu'on vende des entreprises à des oligopoles pour se
rapprocher le plus possible du monopole, qu'on ferme des entreprises sans
vouloir entendre les gens, c'est une nouvelle façon de gouverner. Si
nous faisons ces motions, c'est pour faire valoir et tester la bonne foi du
gouvernement. Il n'est pas normal qu'on veuille fermer une industrie
complète sans même entendre les gens. Il ne s'agit pas de
privatiser, on n'est pas dans le domaine de la privatisation actuellement, on
est dans le domaine de la liquidation. J'ai le sentiment que le ministre
délégué à la Privatisation devrait s'acheter un
habit d'entrepreneur de pompes funèbres parce qu'il est beaucoup plus un
assassin industriel qu'un promoteur industriel.
Une voix: Landru!
M. Garon: Oui, un genre de Landru qui se spécialise
actuellement dans la fermeture d'entreprises. On remarque que les entreprises
qui ont eu le moindrement d'appui de la part du gouvernement ont pu passer des
périodes difficiles.
M. Pagé: Je m'excuse de déranger le
député de Lévis. Ce n'est pas mon habitude de le
déranger. J'apprécierais qu'il retire le propos "assassin".
M. Garon: C'est ça, c'est un assassin industriel parce
qu'il assassine les industries. Il vient d'assassiner une industrie.
Une voix: II n'a tué personne.
M. Pagé: Le député de Lévis ne peut
convier notre commission à un langage aussi violent.
M. Garon: Ce n'est pas un langage violent, l'industrie va
mourir.
M. Gobé: Invitation à la violence. M. Garon: Le
responsable...
M. Pagé: Elle était financièrement
moribonde, elle est morte d'elle-même, elle était techniquement en
faillite, M. le député.
M. Garon: La mort d'une entreprise...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Je m'excuse,
j'aimerais attirer l'attention du député de Lévis pour lui
demander d'avoir un qualificatif un peu moins fort parce que ce qualificatif
vient en contradiction avec l'article 35. 7°.
Si vous voulez continuer, M. le député de
Lévis.
M. Garon: M. le Président, le député
d'Outremont a décidé de se faire expert en matière
agricole et agro-alimentaire. Sa vaste expérience du domaine lui
confère une crédibilité dont personne ne doute
sûrement, sauf que nous sommes estomaqués de voir que les gens qui
présentent ce projet de loi ne veulent entendre aucun des experts du
domaine de l'industrie sucrière. Je suis content de voir que le nouveau
député de Lafontaine est là puisque, étant
Français d'origine, il a vu la prospérité de l'industrie
de la betterave à sucre en France, qui est une des industries les plus
dynamiques, et il est à même de constater qu'il n'y a pas
d'industrie de la canne en France, qu'elle se
retrouve surtout dans les pays pauvres où on peut trouver une
main-d'oeuvre à bon marché, à tel point que la Ligue
antiesclavagiste de Londres dit que la récolte de la canne a sucre -
c'est ce qu'on a dit dans le Globe and Mail du 7 juin dernier -est une sorte de
"modem slavery". C'est de l'esclavage moderne. Tous les gens savent
actuellement que l'industrie du sucre est une industrie sur le plan
international qui est une des plus dures au monde pour les travailleurs. C'est
pourquoi, dans un monde où, encore hier, des milliers de personnes
allaient voir mère Teresa pour l'entendre parler de solidarité,
d'amour humain, de charité et de solidarité internationale, on
peut trouver un peu incohérent par la même occasion qu'on puisse
permettre aux exploiteurs des pauvres dans le monde de gagner leur vie.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député, j'aimerais vous rappeler qu'il ne reste pas tout à
fait deux minutes et il faudrait faire une corrélation avec
l'association des cadres de la raffinerie de succre.
M. Garon: C'est cela que je dis.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): D'accord.
M. Garon: Je dis qu'il faut absolument comprendre qu'actuellement
le gouvernement refuse d'entendre les seuls experts qu'il y a dans le sucre au
Québec. Je ne dis pas d'entendre les lobbies du sucre financés
par l'oligopole dans le sucre ou le quasi-monopole dans le sucre qui se donnent
des titres ronflants comme Canadian Sugar Institute. On a l'impression qu'on
est quasiment face à une faculté universitaire alors
qu'essentiellement il s'agit d'un lobby, un groupe de lobbyistes payés
à 100 % par le quasi-monopole du sucre au Canada. Aujourd'hui, la
commission parlementaire refuse d'entendre les seuls experts qu'il y a
véritablement dans le sucre. J'ai bien dit: On n'a pas
écarté la compagnie de sucre Lantic; au contraire, la compagnie
de sucre Lantic devrait être invitée à venir.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député, je vous demande de conclure. Votre temps est
écoulé.
M. Garon: La compagnie de sucre Lantic est invitée
à venir et, dans cette proposition d'amendement que je viens d'appuyer,
on demande également que l'Association des cadres de la Raffinerie de
sucre du Québec soit entendue par la commission. Il n'y a rien d'anormal
là-dedans. Dans un monde civilisé, démocratique, se faire
éclairer par des experts, cela fait partie du cheminement et du
fonctionnement normal d'un Parlement.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Merci, M. le
député de Lévis. J'avais reconnu M. le ministre.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Sûrement. Un simple constat. Je dois vous
exprimer, encore une fois, comme j'avais eu l'occasion de le faire
préalablement, ma surprise, mais vraiment ma surprise de constater que
le député de Lévis formule des jugements qui sont clairs,
mais qui sont pour le moins surprenants provenant de sa part. Il indique qu'il
est tout a fait incohérent de se déclarer sensibilisé
à l'égard de la situation qui est faite aux pauvres travailleurs
et travailleuses de la canne à sucre qui travaillent dans la production
de la canne à sucre dans les pays pauvres. Il a donné longuement
l'exemple de Jean Pierre et sa hachette qui gagnait 70 $ US par année,
il a fait référence à l'article du Globe and Mail. Il
considère comme incohérent, d'une part, d'être sensible
à la situation qui est faite à ces personnes qui gagnent un
revenu - même pas très modeste - très minime et, en
même temps, acheter ou encourager la production d'un tel produit.
Il a même utilisé l'expression "exploiteurs des pauvres".
Comment dois-je comprendre que le député de Lévis, alors
qu'il était le ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de
l'Alimentation, ait préparé son mémoire au Conseil des
ministres, qu'il l'ait présenté en avril 1985, établissant
les prévisions financières conséquentes ou qu'allait
suivre la réalisation de la phase de production de sucre blanc pour
laquelle il demandait la permission au Conseil des ministres? Dans ce document,
j'ai eu l'occasion de l'indiquer tout à l'heure, la stratégie de
mon prédécesseur était de rentabiliser la production de
sucre à partir de la betterave en augmentant les volumes d'achat de
sucre de canne. C'était, pour 1987-1988, 86 000 tonnes qui
étaient prévues; 1986-1987, 83 400 tonnes; et cela pour un volume
global de 111 000 tonnes. Devons-nous comprendre que, ce faisant, le
député de Lévis était incohérent et qu'il
s'associait à une démarche visant à exploiter les pauvres
de ces pays?
M. Garon: Voulez-vous que je réponde? M. Pagé: Bien
oui.
M. Garon: C'est bien simple. J'ai appuyé la
démarche fédérale, contrairement à vous, qui a
été annoncée au mois de mars. J'ai eu l'occasion d'en
parler antérieurement. J'ai appuyé la démarche
fédérale de faire une entente internationale sur le commerce
du sucre...
M. Pagé: M. le Président.
M. Garon:... et, contrairement au ministre qui n'a pas compris
l'importance de cette démarche - je n'ai pas la réputation
d'appuyer impunément le fédéral - j'ai
considéré, je l'ai dit publiquement, que la démarche
fédérale dans l'établissement d'une politique
sucrière au Canada était cohérente et correcte. La
première étape était une entente internationale sur le
commerce du sucre pour faire en sorte que l'exploitation des pauvres dans des
conditions de travail inhumaines, dans des conditions misérables, dans
des conditions de dumping sur les marchés internationaux devait cesser
et que la démarche fédérale était appuyée
par nous.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs, vous
n'êtes pas pertinents. C'est l'Association des cadres de la Raffinerie de
sucre du Québec.
M. Pagé: Premièrement, est-ce que le
député de Lévis convient que l'entente internationale sur
le sucre n'est pas opérante depuis 1977? Deuxièmement, est-ce que
le député convient que l'appel ou la suggestion formulée
par le gouvernement du Canada le 12 ou le 13 mars n'a pas reçu
réponse encore? Comment le député peut-il justifier la
position qu'il véhicule ce soir, à savoir que c'est
littéralement exploiter les pauvres que d'acheter du sucre de canne
alors que lui-même fondait la rentabilité de son entreprise et de
son projet sur une telle production? Voyons, cela n'a pas de bon sens.
M. Garon: Cela a du bon sens. M. Pagé: Bien, voyons!
M. Garon: Le gouvernement fédéral lui-même
propose de se faire l'instigateur d'une entente internationale sur le commerce
du sucre. Le Parti libéral actuellement au pouvoir dit qu'il ne peut pas
tout réaliser en quelques semaines ou quelques mois. Il ne veut jamais
donner a son interlocuteur fédéral la chance de mettre en oeuvre
des politiques qui ont du sens. Moi, je dis qu'au fond le ministre
québécois de l'Agriculture devrait appuyer la démarche
fédérale de faire une entente internationale sur le commerce du
sucre pour éviter des situations de dumping. Je pense que le Canada est
bien placé pour le faire, parce que c'est le seul pays producteur de
betteraves ou de maïs, des intrants ou des produits capables de faire du
sucre, qui n'a pas de politique sucrière et qui peut mettre en oeuvre
une telle politique. C'est pourquoi j'ai appuyé immédiatement
dès son annonce le plan proposé par le gouvernement
fédéral en vue de mettre en oeuvre une politique sucrière
au Canada. Il me semble que la première étape est bien
pensée, bien choisie de faire une entente sur le commerce international
du sucre.
M. Pagé: L'étapisme dans l'exploitation des
pauvres.
M. Garon: Non, établir, au contraire, des règles du
jeu différentes qui vont faire en sorte qu'il n'y aura pas
d'exploitation des pauvres.
M, Pagé: Ce n'est pas une argumentation très
forte.
M. Garon: Oui, elle est très forte et je vais vous dire
pourquoi.
M. Pagé: Vous vouliez rentabiliser la raffinerie en
achetant du sucre de canne.
M. Garon: Un instant! Non, non, non. Il s'agit d'une
politique...
M. Pagé: Vous dénigrez ceux qui en
achètent.
M. Garon: Je voudrais bien me faire comprendre. Je vous dis que
c'est un domaine dans lequel il n'y a pas beaucoup d'experts au Québec,
même au Canada. Essentiellement, quand on dit qu'il y a un prix du sucre
dans les différents pays qui ont un prix administré du sucre, un
prix intérieur du sucre».
M. Pagé:...
M. Garon: Actuellement, qu'est-ce qui existe? Une situation de
dumping où le sucre est vendu à des prix inférieurs, sur
les marchés internationaux, au prix auquel il se transige dans leur
pays.
M. Pagé:... oui. (23 h 45)
M. Garon: II devrait y avoir comme entente internationale sur le
commerce du sucre une situation telle que les pays ne puissent pas faire ce
genre d'exercice, ce genre de commerce. À ce moment-là, on se
rendra compte que cela favorisera l'établissement de prix normaux.
Lorsque le prix de dumping est è 0, 028 $, la République
dominicaine ou les pays pauvres qui produisent du sucre ne le produisent pas
pour le manger eux-mêmes mais pour le vendre sur le marché
international. Ils le vendent è des prix de famine parce qu'il n'y a pas
de régime, il n'y a pas d'organisation du marché du sucre dans le
monde pour les surplus de commercialisation. Lorsque le Canada - la preuve que
c'est possible de le faire - vend du sucre aux États-Unis, est-ce qu'il
le
vend... Le ministre, s'il sait la réponse, peut me la fournir.
Quand les États-Unis importent du sucre et fixent des quotas
d'importation du sucre canadien aux Etats-Unis, à quei prix est-il
importé? Au prix du marché américain. Si les
États-Unis sont capables de le faire pour le sucre qui vient du Canada,
pourquoi le Canada fonctionnerait-il dans un prix de dumping alors que
lui-même ne vend pas son produit, quand il le vend aux États-Unis,
à un prix de dumping?
M. Pagé: Parce qu'il n'y a pas de volonté politique
de la part du gouvernement d'avoir une véritable politique
sucrière et l'établissement d'un prix intérieur au
Canada.
M. Garon: Non. C'est une entente internationale qu'il faut
établir. Il faut que cette cohérence existe.
M. Pagé:... depuis 1977.
M. Garon: Oui. Ce n'est pas parce qu'une politique n'existe
pas...
M. Pagé: Est-ce qu'à la suite de l'appel
lancé par le fédéral, à des fins strictement
stratégiques...
M. Garon: Votre gouvernement, veut discuter dans une
négociation de libre-échange qui n'existe pas depuis 100 ans.
M. Pagé:... d'en arriver à une entente nationale,
on a acquiescé à cette demande? Est-ce que cela a
débouché sur des rencontres? Est-ce que des rencontres ont
été confirmées pour plus tard? Niet. C'était
purement une stratégie du gouvernement du Canada.
M. Garon: Vous avez refusé la politique
fédérale.
M. Pagé: C'est à ne plus rien comprendre. Le
député de Lévis défend le gouvernement
conservateur.
M. Garon: Je défends une politique à laquelle je
crois. Je crois que l'entente internationale sur le commerce du sucre est une
forme d'entente qui peut être intéressante et c'est une avenue qui
doit être explorée à mon avis.
M. Pagé: Pendant ce temps, vous, vous financiez la
raffinerie avec du sucre de canne, ce que vous dénoncez depuis
tantôt.
M. Garon: Non. Pas du tout.
M. Pagé: Bien oui. 88 000 tonnes que vous avez
prévues pour 1987-1988 et 33 000 tonnes seulement de sucre de betterave.
Vous vouliez profiter des prix faibles, ce à quoi vous
référez ici, pour rentabiliser la raffinerie, pour faire du sucre
blanc.
M. Garon: Non. M. Pagé: Bien oui.
M. Garon: C'est une façon de fonctionner pendant plus de
journées.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Garon: Je peux vous dire une chose. Non seulement cela...
Une voix: En exploitant les pays pauvres.
M. Garon: Non, pas du tout. En marchant dans le cadre d'une
entente.
M. Pagé: M. le député.
M. Garon: Plus que cela. Ce qu'il faut, c'est établir une
politique. Ce n'est pas l'établissement d'une politique comme on
établit actuellement d'année en année. Il faut
établir une politique du sucre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs.
M. Garon: II faut établir une politique du sucre et cela
ne peut pas être une politique annuelle.
Le Président (M. Tremblay, Iberville}: À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Garon: Cela doit être une politique à
caractère permanent. Actuellement, c'est un sucre de dumping. Ce qu'il
faut faire, c'est se sortir de cette situation de marché de dumping. Ce
que le fédéral a proposé, c'est justement de sortir de
cette situation de marché de dumping, parce que le gouvernement
fédéral a lui-même des lois. Je l'avais déjà
suggéré à la raffinerie et je pense qu'elle aurait
dû le faire. Je pense qu'éventuellement il va falloir, en vertu
des lois antidumping, interdire l'achat de produits de dumping à
l'étranger.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député, je dois vous arrêter pour donner la parole au
député de Duplessis.
Une voix: L'homme du Nord du Québec.
M. Garon: Ne trouvez-vous pas que c'est un sucre de
dumping...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Vous avez
demandé la parole? Avez-vous changé d'idée?
Des voix: Non, non, non.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Non. D'accord.
M. Garon: Vous m'avez ôté la parole pour rien.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Non, ce n'est pas
cela. Vous répondiez à une question du ministre.
M. Garon: II faut être bien conscient actuellement que le
gouvernement fédéral a des lois antidumping...
Une voix: Une vraie cassette.
M. Garon: Ce qu'on achète actuellement au Canada ou au
Québec, avec la canne à sucre, c'est un produit de dumping.
M. Forget: Oui, mais, par contre, est-ce qu'il y a des endroits
dans l'agriculture internationale... Dans quel domaine en a-ton?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs, un
dialogue à minuit peut continuer toute la nuit.
M. Garon: II y en a dans plusieurs pays.
M. Forget: On n'en a pas présentement. Même au
niveau des pêches, vous n'en avez même pas.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs,
Messieurs.
M. Forget: C'est beaucoup plus facile au niveau des pêches
qu'au niveau du sucre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs, je
cède la parole au député de Duplessis. Il est
prêt.
M. Garon: C'est plus facile au niveau du sucre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs, sur le
sous-amendement, l'Association des cadres de la Raffinerie de sucre du
Québec. M. Perron. Je m'excuse, M. le député de
Duplessis.
M. Perron: M. le Président, si le député de
Prévost veut intervenir avant moi, je n'ai aucune objection. Je pense
qu'il semble intéressé à vouloir argumenter avec l'ancien
ministre de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation.
M. Forget: Je vous laisse la parole mais je peux parler.
M. Perron: Je comprends. Personne n'a parlé de votre
côté.
Une voix: Oui, oui. Tantôt, oui.
M. Perron: Oui? Cela fait longtemps.
M. Houde: Le député de Saint-Hyacinthe a
parlé presque 20 minutes et l'ex-ministre n'aimait pas bien cela.
M. Perron: Comment a-t-il pu faire cela?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs.
M. Houde: II s'est expliqué dans ses termes...
M. Perron: Avec les engagements que son parti a pris au cours de
la campagne électorale?
M. Houde:... pour faire comprendre aux gens de l'Opposition que
ce n'était pas clair.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Messieurs, je dois
vous dire qu'en commission on s'adresse au président et ce n'est pas par
vanité, c'est par règlement.
M. Denis Perron
M. Perron: M. le Président, je comprends très bien
la situation actuelle...
Une voix: Parlez-lui.
M. Perron:... face à la réglementation que nous
vous imposons ici en cette Assemblée nationale et en commission
parlementaire. M. le Président, ce sous-amendement que nous avons
apporté à la première motion que nous avons
présentée, je crois que c'est un sous-amendement qui est
très important pour l'ensemble des contribuables du Québec. Si on
veut, à ce sous-amendement, que la commission parlementaire de
l'agriculture, des pêcheries et de l'alimentation entende l'Association
des cadres de la Raffinerie de sucre du Québec, ce n'est pas pour rien.
Je voudrais rappeler aux membres de cette commission - j'en ai parlé
quelque peu tout à l'heure - que lorsqu'on parle de la loi 85, Loi sur
la vente de la Raffinerie de sucre du Québec, on peut remarquer dans les
notes explicatives combien il est important que les membres de cette commission
entendent certaines personnes représentant des organismes du
Québec parce que c'est un projet de loi qui concerne beaucoup
d'éléments.
Je voudrais que les membres de cette commission, et en partie les gens
d'en face, lisent attentivement une partie des notes
explicatives de ce projet de loi. On dit, par exemple: "Le projet de loi
prévoit de plus que la Raffinerie de sucre du Québec pourra
demander sa prorogation en société commerciale régie par
la Loi sur les sociétés commerciales canadiennes. Enfin, ce
projet de loi prévoit les dispositions nécessaires pour permettre
l'abrogation de la Loi sur la Raffinerie de sucre du Québec et certains
articles de la présente loi. " Je crois qu'il y a lieu de permettre
à cette Association des cadres de la Raffinerie de sucre du
Québec de venir nous expliquer d'abord l'état actuel des choses,
puisque ces gens sont impliqués directement dans ce que nous avons en
rapport avec la Raffinerie de sucre du Québec.
Lorsqu'on lit une autre partie des notes explicatives, il est
mentionné: "Le projet prévoit en outre des modifications è
la Loi sur la Raffinerie de sucre du Québec qui permettent la vente des
actions de cette société à des intérêts
privés. " Et lorsqu'on parle d'intérêts privés
à cette commission parlementaire et dans le projet de loi
lui-même, on est en droit de se poser de sérieuses questions. On
voudrait savoir ce que pense l'Association des cadres de la Raffinerie de sucre
du Québec, par exemple, du cas Lantic. Vous allez me permettre de vous
lire ici un extrait illustrant le danger que pourrait comporter la
décision gouvernementale sans qu'on soit éclairé face
à cette décision. Quand on lit la Loi relative aux enquêtes
sur les coalitions, au chapitre C-23, ce n'est pas n'importe qui qui parle, ce
n'est pas n'importe qui qui écrit, M. le Président, MM. les
membres de cette commission et MM. les membres du Parti libéral, c'est
un parti fédéraliste. C'est censé être très
important pour vous autres.
On peut lire ce qui suit. C'est là le danger. Personne d'entre
vous n'en a parlé concernant un monopole possible. On lit, à la
définition de monopole: "... signifie une situation dans laquelle une ou
plusieurs personnes contrôlent pour une grande part ou
complètement, dans tout le Canada ou quelques-unes de ses
régions, la catégorie ou l'espèce d'entreprise à
laquelle se livrent ces personnes et ont exploité ou semblent devoir
exploiter cette entreprise au détriment ou à rencontre des
intérêts du public... " Dans le cas qui nous touche, le public,
c'est le Québec. C'est la population du Québec. C'est vous,
mesdames et messieurs du gouvernement, et c'est nous aussi que cela touche, les
membres de l'Opposition, les hommes et les femmes qui siègent dans cette
Opposition. Je continue: "... qu'il s'agisse de consommateurs, de producteurs
et d'autres personnes, mais une situation n'est pas réputée un
monopole, selon la présente définition, du seul fait que
l'exercice de quelque droit ou la jouissance de quelque intérêt
découlant de la loi"... etc.
M. le Président, c'est là justement que dans ce projet de
loi, s'il est adopté à l'Assemblée nationale sans entendre
les organismes que nous avons mentionnés... Je veux bien mentionner aux
membres de l'Opposition et a vous, M. le Président, qu'il y a d'autres
organismes qui auraient pu être mentionnés. II y en a d'autres. Il
n'y a rien qui dit que l'Opposition ne présentera pas d'autres
sous-amendements, parce qu'on pense, et là-dessus on est à peu
près assuré, qu'il est nécessaire, autant pour le bien du
gouvernement que pour le bien de la population du Québec, pour le bien
même de l'Opposition, qu'on entende ces organismes pour qu'ils puissent
venir nous expliquer sur le fond l'ensemble de leurs positions.
M. Houde: M. le Président, est-ce que je peux lui poser
une question?
M. Perron: Non, M. le Président, je vais continuer, je
vais finir et il posera les questions qu'il voudra, mais à son
ministre.
M. Houde: Bien non, c'est vous qui parlez, c'est à vous
que je veux la poser.
M. Perron: Lorsqu'on parle de l'organisme en question,
c'est-à-dire l'Association des cadres de la Raffinerie de sucre du
Québec, il ne faut pas oublier que ces personnes, ces hommes et ces
femmes, sont d'une importance primordiale pour les membres de la commission. Ce
n'est pas n'importe qui, ce sont des gens qui sont actuellement sur le terrain,
ce sont des gens impliqués dans différents milieux, dans leur
propre entreprise et qui pourraient permettre au ministre, è
l'Opposition et aux membres du gouvernement un éclairage beaucoup plus
important que ce que le ministre nous a dit jusqu'à maintenant, c'est
bien sûr.
Il ne faut pas oublier que, lorsque le Parti libéral
lui-même, dans une annonce payée qu'il avait faite... Là,
je vais relever les deux mots importants de cette réponse du candidat
libéral au cours de la dernière campagne électorale dans
le comté de Verchères.
Une voix: Défait!
M. Perron: Effectivement, il a été défait et
c'est une bonne chose qu'il ait été défait, il y a au
moins quelqu'un ici qui défend les intérêts des gens de son
milieu, le député de Verchères - s'il me le permet, je
vais le nommer - M. Jean-Pierre Charbonneau, contrairement aux gens du
gouvernement qui ne défendent rien, qui ne défendent que les
thèses du Conseil des ministres.
M. Pagé: Le député de Duplessis, M. le
Président...
M. Perron: Ils sont accrochés, tous les 99, sur des choses
bien précises.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît!
M. Pagé:... ne croit-il pas qu'on défend les
intérêts des citoyens et citoyennes du Québec? Vous avez
engouffré des millions de dollars dans plusieurs entreprises non
rentables.
M. Perron: M. le Président, est-ce que je peux
continuer?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Oui.
M. Perron: Le ministre va à l'encontre du
règlement.
M. Pagé: Vous êtes des spécialistes du
déficit avec 500 % d'augmentation du déficit en neuf ans, il faut
le faire!
M. Perron: Le ministre ne respecte pas le règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le ministre,
s'il vous plaît!
M. Pagé: II faut le faire! L'administration à la
petite semaine!
M. Perron: Lorsqu'on parle de ce candidat libéral qui se
posait une question à lui-même - c'est le Parti libéral qui
a payé la publicité avec l'argent de ses membres et
peut-être des gens qui étaient impliqués dans la fermeture
de la raffinerie, il n'y a rien là-dessus qu'on sait vraiment, il serait
peut-être bon de faire venir ces gens, si on peut mettre la main sur
leurs noms...
M. Houde: C'étaient peut-être des anciens
péquistes aussi!
M. Perron: Cette question qu'il se posait à lui-même
était: "En quoi l'approche du candidat libéral est-elle
nouvelle?" La réponse fut la suivante: "Parce que la solution sera avant
tout technique...
M. Pagé: C'est un bon but.
M. Perron:... - j'ai bien souligné le mot "technique" - et
que son élaboration inclura les employés qui, eux, connaissent
les problèmes réels. " Lorsqu'on parle de la partie technique, ce
n'est pas n'importe qui qui parle, c'est quelqu'un de chez vous, du Parti
libéral; ce n'est pas n'importe qui qui a payé cela et qui a
écrit cela, ce sont des gens de chez vous.
M. Pagé: II a respecté ces engage-
ments-là.
M. Perron: Mon oeil! Il a respecté ces engagements, mon
oeil!
Des voix: Oh!
M. Perron: Mon oeil! Il a respecté ces engagements!
M. Pagé: On a créé un comité et le
tout était conditionnel à une politique sucrière.
M. Perron: M. le Président...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): S'il vous
plaît, M. le ministre...
M. Perron: Lorsqu'on parle, dans cette réponse du candidat
Chapdelaine dans Verchères, le candidat libéral...
Une voix: II a été battu.
M. Perron:... il parle du côté technique et il parle
des employés, des gens de l'Association des cadres de la Raffinerie de
sucre du Québec. Us sont aussi des gens très bien informés
au niveau technique. Ce sont des gens qui, parce qu'ils travaillent sur le
terrain, connaissent bien leur milieu. Ce sont aussi des gens qui sont
employés de la raffinerie de sucre. Je pense qu'il est important qu'on
entende ce que les gens ont à dire parce que ce n'est pas n'importe qui,
ce ne sont pas des gens qui travaillent dans des boulettes de fer sur la
Côte-Nord ou des gens de la forêt de
l'Abitibi-Témiscamingue.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député...
M. Perron: Ce sont des gens impliqués dans le milieu, dans
le sucre.
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député, il vous reste une minute et quart.
M. Perron: Je termine en vous disant que pour nous, de
l'Opposition, ce qui est important - et je répète ce que j'ai dit
tout à l'heure - c'est que, si on entend les personnes de ces organismes
qui viennent nous informer, éclairer les membres de la commission, rien
ne dit que l'Opposition ne changera pas sa position par rapport a la loi
actuelle. Rien ne dit cela, mais on sait qu'actuellement, tel que
libellé, on est contre le projet de loi...
Le Président (M. Tremblay, Iberville): M. le
député, voulez-vous conclure?
M. Perron:... et on va voter contre.
M. Houde: Est-ce que je peux poser une question au
député de Duplessis?
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Non, je regrette,
nous avons terminé la séance.
M. Perron: Là-dessus, M. le Président, il fera
comme le candidat libéral Chapdelaine, il se posera la question à
lui-même et il y répondrai
Le Président (M. Tremblay, Iberville): Mesdames et
messieurs, nous ajournons nos travaux sine die.
(Fin de la séance à minuit)